(A RAR L AA PUR A | VAT AN VAE 4 (TN, k Lt. Ve AVEC Viet EU Cu LADA LOUE 4 Lil CORNE CT A SATA à 1" M : , vi 11 FT | DD 2 mn à nt ET in OF ; "y ENT NUM, LOT TAPIE PT ) LE D. rA FUEE: y DA \ 1h: pi Ve À RONA 000 "T tant pour Paris que pour les Dépatéiee » franc de port, 2 (N°5) Thermidoi an ir. M A. 14 AS. Le N : ENCYCLOPÉDIQUE, ; JOURNAL DES SCIENCES, . DES LETTRES ET DES ARTS; RÉDIG ! Par À. Fi Mitrix, HAN ILS DU. L : BRAIRE. … Le prix de ce Journal est fixé: | à 9 francs pour trois mois, | “HE 8 francs pour six mois, : : francs pour un am, Ox peut s’adresser au Bureau du Journal pour se procuree tous les Livres qui paroissent: en France et chez l'étranger, et pour touf ce qui concerne la Librairie ancienne et Aollertée À Ce Journal, auquel la plupart des hommes qui ont -Ln vom distingué, une réputation justement acquise dans quelque partie des arts ou des sciences, tels que les CC. ALIBERT, DESsGENETTES, Basr, SILVESTRE DE SACY, Fourcroy, HarLé, DuMÉRIL, SCHWEIGHÆUSER, LACÉPÈDE , BARBIER ; BARBIER DU BOCCAGE, LANGLES, LALANDE, LAGRANGE , LEBRUN, MARRON, MEN- - TELLE , BASSINET, MORELLET, Noer, OBERLIN, > CHARDON-LA- ROCHETTE ,CAILLARD, VAN- Mons, SICARD ; TRAULLÉ, LÉVEILLÉ, Cuvier, GE0p- Tome ET, C9 An.) # : FROY, VENTENAT, CAVANILLES; UsTERT, Forts | TIGER ,; VISCONTI, VILLOTSON, WiLLEMET, . NWViNCRLER, Fr. LOBSTE£IN, etc. etc. fournissent des Mémoires: contient l'extfait des ptincipatx ouvrages nationaux : on s'attache surtout à en donñer une ana> 1ÿse exacte, et à la faire paroître le plus promptement possible -aprèsteur pablicution. On y donneunenotice des meïlleurs-écrits imprimés chez l’étranger. On y insère les mémotres les plus interessans sur toutes les parties des arts et des sciences; on choisit principalement ceuxqui sont propres àenaccélérerles progres: On y publie les découvertes ingénieuses, Jes inven- tions utiles dans tous les genres Où y:rend-compte des expériences nouvelles. On y donne un précis de ce que les séances des sociétés littéraires ont offert de plus intéressant ; une description de ce que les dé- pôts d'objets d’artser dèssciences renferment de plus curieux. ES à On y. trouve-des-notices-surla vie -et les ouvrages des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués dont on regrétte-la perte ; enfin, lès nouvelles litté- raires de toute espèce: Ce Journal est composé de six volumes in-8,° par an, de 6co pages chacun. [| paroît:le-premier de chaque mois. La livraison est divisée-en déux nu. méros ,.chaeuv: de: g feutllés. On s'adresse, pour l'abonnement, à Paris, au Bu. reau du Magasin Eneyclopédique, chez le C. Fucus;. Libraire, rue dés Mäthurins, hôtel Cluny. ichez la veuve Changuiünier d'Hengst” chez Van-Gulik. “3 AN Prnxelles, chez Lemaire. À Florence, chiez Molini. À Frauclort-sur-le-Mein,, chez Fleischèr, : chez Mivget, À Genève, { chez So QT À Hambourg , chez Hoffmann. A Leipsic, chez Wolf. À Leyde, chez les frères Mürrray À Londres, chez de Boffe, Gératd Streens À Strasbourg, chez Levrault. A \ieuug, chez Degén. &2 Wesel, chez Géisler, Directeur des Postes. JI faut affranchir les Jettres. LE *A Amsterdam, { MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE. IX° ANNÉE, ROME "EE. A ps 2 (1 FA y Fr ms + M sat LE FAT hu 454 09 ere "12% Le MAGASIN ENCYCLOPEDIQUE, O U JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS; RÉDIGÉ PUR Au MEL LN, CONSERV ATEUR des Anitiques , Médailles et Pierres gravées de la Bibliothéque nutiorale de Ïrance , Professeur d'Hi= stoire et d'Antiquités ; membre de la Société royale des sciences de Gættingue , de celles des Curieux de la Nature à Erlang, des Sciences physiques de Zurich, d'Histoire naturelle et de Minér .logie d'Iéna , de l’Académie royale de Dublin , de la Société linnéenne de Londres; des So- ciétés d'Histoire naturelle , philomathique, galvanique, de statistique , médicale d’émulation , des Observatcurs de l'homme , et de l'Athénée des arts de Paris ; des Sociétés des sciences de Rouen, d Abbeville , de Boulogne , de Poi- tiers, de Niort, de Nismes , de Murseille, d'Aiencon, de Caen, de Grenoble, de Colmar, de Nancy , de Sitras- bourg, etc. etc. DS CANIN EC RE OM E D'EU XLR EME MIA RUES; Chez Fucns, Libraire, rue des Mathurins, maison de Ciunv, n.° 334. AN X1—1803. on: NA d + 1 f! un HS ÿ L À e : ‘4 : & AE És. 4 FT 2 er E ET 4 AA RIDE: end - L w: : Le A à | 3 14 Mere RAR EAP LE La nn ti * M a _ HER RE TE æ 7 ER RCE SS 4° T4 à Re has ass vo Alt ù tir #5 aa FE D SPAERRENT : ENV RUE CT ERERTENT NE L vote ne asts- Ver M4 x Fa" LATIN PS AT A A ; 14 AT HONRIT N) ARTE TE à etrastos Eh, na 1 : e qe Le ouh ass RARE PE 6 Aa LT | Lee dot She Sn UN TN ERA ARS ETT RR D 2 eh péaduno 0 smart maté TA #4 ee sf . + p' | " _ù ns & .stghomoite,, SU CEE Enr dr eunbrrent) #0: aout RULES . À gi. 1 eAlbueshs ; cu de an aa gaie he 08 KE LAON À À Rs Por. 100 sûr aunoigol 53. Mimet D, wine sir ROSE ab © D12 0 Ro Ses 5. ame 5, SE #5 re ER «AsainD CM CA | F2 ne: uk. = ; s 4 # 4A. 4 É. LES Ë er de A AE EE % de È om à Es XF « np ptet tin mt née: a L , 4 P [ - 4 N k l'E CE SRE 2 DER R E ATMTNE it sus épris HAL +ÉMDUT SDL. pu ACr à css RE: CONTI ARE Pete BA À MONSIEUR CHARLES GOTTLOB ANTON. HOMMAGE 'RBSTIMR ET DE RESPECT. dos ei : ‘ 4 É k ? s HOTAA 101 PTO D 8415 ke TÉL | ‘Œ d à d " 0 # E | » +, + * vd En } LI En f à PLAN r rte | C] . ] ” L j | . Ÿ : re , L u ÿ ex A x # h \ d 1 À EF et , ; GIE : 54 4 ' j # Li | ” 0 à r \; re. - 1 a, s L » L { 4 È , Ka \ “ "1 j Le LL. fs MS . "10 72 ; 5 x %. 2. NAS GAS SE PUIN ENCYCLOPÉDIQUE. ENISSROPER HISTOIRE D'HÉRODOTE , traduite du grec, avec des Remarques historiques el crili- ques, un Essaisur la Chronologie d’Hé- rodote , et une ‘table géographique. Nou- velle édition, révue', corrigée et considée- rablermient ausmentée , à laquelle on a joint la Vie d'Homère , attribuée à Hé- rodote , les Extraits de d'Histoire de Perse et de l'Inde’, de Clésias, et le Traité de la malisnité d'Hérodote. Le (out accon- pagné de. notes ; par, M. LARCHER. Neuf volumes in-8.° de 6 à 700 pages l’un dans l'autre, De l’imprimérie du C. Crapelet. À Paris, chez Guillaume Debure Yainé, hbraire de la bibliothéque inationale , rue Scrpente, n° 16, et TAcophile Barrois | 4 à 8 Histoire. père , libraire, rue Hautefeuille, n.° 22. Prix, 6o fr, le papier ordinaire, et 240 fr. le papier vélin, format in-4.° Premier Extrait. C'éroir une belle et grande entreprise que de donner une traduction francoise de l'Histoire d’He- rodote ,: ayec tous les-éclaireissemens dont elle a besoin. Pour y réussir, il falloit étre aussi versé que M. Larcher est dans Pétude de la langue grecque et de toute l'antiquité. Cette traduction parut en 1786, et le succes qu’elle eut, confirma le public dans l'i- dée qu’il avoit depuis longtemps du savoir et des talens de l’auteur. Elle fut vendue rapidement, et les libraires sollicitèrent bientôt M. Larcher d’en donner une nouvelle. F} s'en oceupa imperturbable- ment au milieu des orages de la révolution; et, au bout de dix ans d’un nouveau travail, il a publié celle que nons annoncons. Après avoir rapporté, davs sa préface , les jugemens des anciens critiques sur Hérodote , il rend compte des secours que Îles critiques modernes lui ont. fournis, Ensuite il parle de sa nouvelle édition en ces termes : « Je lai çor- « rigée quand il m’a paru que je n’avois pas saisi « le sens de l'auteur, et j'ai täthé, en mettant plus «“ de précision dans le style ,: de la rendre moins «“ languissante, J'ai réformé les notes qui manquoïent d’exactitude, et j’en ai ajouté un très-grand nom- £ Hérodote. 9 “ bre qui n'ont paru nécessaires pour répandre du “ jour sur tous les points de lantiquité, et prin- “ cipalement. pour faciliter aux lecteurs une plus «“ parfaite intelligence de notre historien. Enfin, « intimement convaincu de toutes les vérités de la « religion chiétienne , j'ai retranché ou réformé « toutes les notes qui pouvoient la blesser. On avoit « tiré des unes des conséquences que j’improuve et « qui sont Join de ma pensée : d’autres renfermoient « des choses, je dois avouer avec franchise et pour “ lacquit de ma conseienee, qu’un plus mûrexamen « et des recherches plus approfondies m’ont démon- « trées reposer sur de trop légers fondemens, ou être “ absolument fausses. La vérité ne peut que gagner « à cet aveu. C’est à elle seule que j'ai consacré « toutes mes veilles. Je me suis empressé de revenir « à elle, dès que j’ai cru l’avoir mieux saisie, ete.» Rien de plus touchant, selon nous, que eet avea dicté par une modestie rare et par cette franchise ou plutôt cette grandeur d’ame, sentiment qui wentra jamaïs dans le cœur de ces hommes superbes, qui, apres avoir outragé la vérité, s’obstinent à ne lui ‘faireaucuneréparation, quelque conviction qu’ilsaient de leurs erreurs, tant l'oroueil nous maîtrise, Heureux celui qui en brisé les fers : ce courage en vaut bien un autre, et le jour d’une pareille vietoire doit être le plus beau de la vie du véritable philosophe. M. Larcher continue de parler des secours qu’il a tirés des ouvrages qui ont précédé le sien. I] rend toute la justice que méritent les savans Wesseling 10 Histoire. et Walckenaer, pour leur excellente édition d'Hé- rodote. 11 dit que si elle lui eût été connue quand il entreprit de traduire cet historien , elle lui auroit épargné uni travailimmense. En effet, ce travail a dû être trés-considérable , ayant été fait sur édition grecque donnée par Henri Étienne, ce qui l’obl'geoit à rassembler, de toutes parts, les observations. D'un autre côté, M. Larcher a mieux.approfondi la ma- tière, et ses recherches ont plus d'exactitude. Aucun écrivain de l’antiquité ne lui a échappé, et il les a tous luset extraits avec un grand soin. Aussi jamais auteur n’a été si savamment éclarci qu'Hérodote, dont M. Larcher donue ensuite Ja vie. Il rapporte tout ce que nous pouvons en savoir, et s'étend sur les voyages que. fit cet écrivain pour s’ivstruire de l'histoire de tous les peuples. Le but d'Hérodote, comme il le dit lui-même, est de célébrer les exploits des Grecs et des Bar-- bares, et de développer les motifs qui les portèrent à se faire la guerre. Par le nom de Burbares, il entend principalement les Perses et les nations qui Jeur furent soumises. Dans son premier livre, il s’at- tache donc à raconter la manière dont Cyrus monta sur le trône, et étendit sou vaste empire. 1] soumit les colonies grecques de l'Asie, apres avoir vaincu Crésus, dernier roi de Lydie. Hérodote entre.dans des détails curieux sur les prédécesseurs de ce mal- beureux prince. L'histoire de Gygès et de Candaules est connue de tout le monde ; et rien n’égale les charmes du récit d'Hérodcte, sur ce sujet. Voyons Hérodote. 17 comme son traducteur les a fait passer dans notre langue. Candaules, éperdument amoureux de sa fémme, veut que Gygès, un de ses gardes, la con- sidère Jui-même toute nue; celui-ci s’y refuse d’a- bord en lui disant : oubliez-vous qu’une femme dépose sa pudeur avec ses vêtemens ? Candaules insiste, et promet de le placer dans sa chambre , de manière quil pourra, facilement et en toute « ‘sureté, considérer à loisir la reine. « Gyges, con- tinue l'historien grec, ne pouvoit plus se refuser aux instances du roi:ilse tint prêt à obéir. Can- daules, à l'heure du coucher, le mena dans sa chambre, où la reine ne tarda pas à se rendre. Gigès la regarda se déshabiller; et, tandis qu’elle tournoit le dos pour gagner le lit, il se glissa hors de Pappartement ; maïs la reine l’aperçut en sor- tant. Elle ne douta point que son mari fut l’au- teur de cet outrage : la pudeur lempécha decrier, et même elle fit semblant de ne l'avoir pas re- marqué, ayant déja conçu dans le fond du cœur le desir de se venger de Candau'es ; car chez les Lydiens, comme chez presque tout le reste des nations barbares , c’est un opprobre, même à un homme, de paroïitre nu. La reine demeura done tranquille , et sans rien découvrir de ce qui se passoit dans son ame. Mais, des que le jour parut» elle s'assure des dispositions de ses plus fidelles officiers, et mande Gygès. Bien éloigné de la croire instruite, il se rend à son ordre; comme il étoit dans l’habitude de le faire toutes les fois qu’elle 12 Histoire. « le mandoit, Lorsqu'il fut arrivé, cette princesse lui dit : Gygès, voici deux routes dont je te laisse le choix ; dévide-toi sur le champ. Obtiens, par le meurtre de Candaules, ma main et le trône de Lydie, ou une prompte mort t’'empéchera désor- mais de voir, par une aveugle deférence pour Candaules, ce qui t'est interdit. Il faut que lun des deux périsse, ou toi, qui, bravant l’honnéteté, mas vue sans vétemens, ou du moins celui qui t’a donné ce conseil.» À ce discours, Giges de- meura quelque temps interdit; puis il conjura la reine de ne point le réduire à la nécessité d’un tel choix. Voyant qu'il ne pouvoit la persuader, et qu’il fahloit absolument, ou tuer son maître, ou se résoudre lui-même à périr; il préféra sa pro- pre conservalion. Puisque, malgré mes réclama- tions, dit-il à la reine, vous me forcez à tuer mon maître, je suis prêt à prendre les moyens d’yréussir. Le lieu de embuscade, répondit-elle, sera celui-là même d’où il m'a exposée nue à tes regards, et le temps de lattaque celui de son sommeil. Ces mesures prises, ele retint Gygès. Nul moyen pour lui d'échapper : il falloit qu’il périt, lui ou Candaules. A l’entrée de la nuit, elle lintroduit dans la chambre , larme d’un poignard et le cache derrière Ja porte. À peine Candaulesétoit eadormi , que Gygès s’avance sans bruit, le poignarde , s'empare de son épouse et de son trône. » On ne pouvoit traduire ce mor- ceau avec plus de fidélité. Malgré mes réclamations ; Hérodote. 13 sont des mots qui me paroissent frop foibles. Le texte dit seulement , puisque ist, vous me forcez, Il faudroit, je pense, n’y rien ajouter. Peut-être encore devroit-on traduire, tu t’élanceras ( open) du lieu même ; et ron, Le lieu de Pembuscade sera ; ete. Il me semble d’ailleurs que la passion se fait mieux sentir dans les premieres expressions. Mais pas- sons à une scène d’un autre genre ; celle de Crésus - sur le bucher. « Les Perses qui l’avoient fait pri- «“ sonner le menèrent à Cyrus. Celui-ci le fit monter, “ chargé de fers, et entouré de quatorze jeunes « Lydiens, sur un grand bucher, dressé exprès, soit « pour sacrifier à quelques dieux ces prémices de “ la victoire, soit pour accomplir un vœu, soit enfin « pour éprouver si Crésus, dont on vantoit tant la “ piété, seroit garanti des flammes par quelque « divinité. Ce fut ainsi, dit-on, qu’il le traita, Cré- «“ sus, sur le bucher, malgré son accablement et « lPexces de sa douleur, se rappela ces paroles de « Solon : que nul homme ne peut se dire heureux « tant qu'il respire encore ; et il lui vint à lesprit, « que ce n’étoit pas sans la permission des dieux “ que ce sage les avoient- proférées, On assure qu’à “ cette pensée, revenu à lui-même, il sortit, par “ un profond soupir, du long silence qu'il avoit “ gardé, et s’écria par trois fois: Solon ; que Cy- « rus, frappé de ce nom, lui fit demander par ses « interprètes , quel étoit celui qu’il invoquoit. Ils « s’approchent et linterrogent. Crésus d’abord ne “ répondit pas ; forcé de parler, il dit : c’est un 14 Histoire. LE « homine dont je préférerois l'entretien aux richesses de tous les rois. Ce discours Jeur paroissant ob- scur, ils l’interrogerent de nouveau. Vaincu par l'importunité de leurs prières , il répondit qu’au- trefois Solon d’Athenes étoit venu à sa cour; qu'ayant contemplé toutes ses richesses, il n’en avoit fait aucun cas; que tout ce qu'il lui avoit dit se trouvoit confirmé par l’événement , et que les avertissemens de ce philosophe ne le regar- : doit pas plus en particulier, que tous les hommes en général, et principalement ceux qui se croyoient heureux. Ainsi parla Crésus. Le feu étoit allumé , et le bucher s’enflammoit parles extrémités. Cy- rus apprenant de ses interprètes la réponse de ce prince, se repent ; il songe qu’il est homme, et que cependant il fait bruler un homme qui n’avoit . pas été moins heureux que lui. D’ailleurs il redoute la vengeance des dieux; et, réfléchissant sur l’insta- bilité des choses humaines, il ordonna d’éteindre promptement le bucher, et d’en faire descendre Ciésus, ainsi que ses compagnons. d’infortune ; mais les plus grands. efforts ne purent surmonter la violence des flammes: Alors Crésus, comme le disent les Lydiens, instruit du changenient de Cyrus, à la vue de ceite foule empiessée à étein- dre le feu sans pouvoir y néussir, implore à grands cris Apollon, le conjure, si ses offiandes lui ont été agréables, de le secourir, de le sauver d’un péril si pressant, Ces prières étoient accompagnées de lärmes. Soudain, au milieu d’un çiel pur et Hérodote. . 5 « serdin , des nuages se rassemblent , un orage crève, «“ une pluye aboïdante éteint le bucher. Ce prodige «+ apprit à Cyrus combien Crésus étoit cher aux dieux « par sa vertu. Il le fait descendre du bucher, et « Jui dit: O Crésus! quel homme vous a conseillé « d'entrer dans mes terres avec une armée, et de “ vous déclarer mon ennemi, au lieu d’être mon « ami ? — Votre heureux destin et mon infortune « m'ont jeté, seigneur, dans cette malheureuse en- « treprise. Le dieu des Grecs en est la cause; lui » seul m'a persuadé de vous attaquer. Eh! quel est « l’homme assez insensé pour préférer la guerre à la « paix ? Dans la paix, les enfans ferment les yeux « à leurs pères; dans la guerre, les pères enterrent « leurs enfans, Mais enfin il a plu aux dieux que les « choses se passassent de la sorte. » Dans ce récit, on s'aperçoit de ce système de fatalisme qu’Héro+ dote semble avoir adopté, imaginant qu’une divinité envieuse se plait à confondre l’orgueil des hommes, et à troubler leur félicité. Certes, s’il s’étoit fait une idée juste de Ja Providence, il n’auroit pas tombé dans cette erreur dangereuse que Ja plupart des anciens historiens grecs repoussent avec raison. C’est pour se confirmer davs un pareil système qu’il raconte cette aventure de Crésus peu vraisemblable, et que paroît démentir le caractère de Cyrus: Aussi Hérodote n’affirme-t-il rien, et répand même des doutes sur sa propre narration. Elle a pour fonde- ment un entretien de Crésus avec Solon, qu'il est bien difficile d’accorder avec la chronologie, puis- 16 Historre, que Solon mourut la même année que Crésus montz sur le trône, suivant le témoignage comparé de Thucydide, d’Aristote ; etc. D'ailleurs, la suite des Archontes s’oppose encore à la réalité de l’entrevue du prince lydien et du législateur d'Athènes. Hérodote est toujours plein de charmes dans ses récits ; et il faudroit le lire en entier, pour en con- noître tout le mérite, Nous n’en citerons plus qu’un morceau d’un genre différent, qui achevera de faire connoitre la manière de son traducteur. Après la mort du faux Smerdis, les grands de Perse mirent en délibération la forme de gouvernement qu’ils adop- teroient. Otanes parla en faveur de la république, Mégabyse se déclara pour l’oligarchie , et Darius, fils d’Hystape , dit son opinion en ces termes : « L'avis de Mégabyse contre la démocratie me pa- « roit juste et plein de sens ; il n’en est pas de « méme de ce qu’il a avancé en faveur de loligar+ « chie. Les trois sortes de gouvernement que l’on “ puisse proposer : le démocratique , l’oligarchique « et le monarchique, étant aussi parfaits qu’ils peu- « vent l'être, je dis que l’état monarchique l’emporte « de beaucoup sur les deux autres ; car il est con« « stant qu’il n’y a rien de meilleur que le gouver- « nement d’un seul homme, queud il est homme de « bien. Un tel homme ne peut manquer de gouver- « ner ses sujets d’une manière irrepréhensible : les « délibérations sont secrètes, les ennemis n’en ont « aucune connoissance. 11 n’en est pas ainsi de l’o+ «“ Jigarchie : le gouvernement étant composé de plu- sieuré Verodoie. 17 sieurs personnes qui s’eppliquent à la vertu dans Ja vue du bien public , il naît ordinairement entre elles des inimitiés particulières et violentes. Cha- cun veut primer, chacun veut que son opinion prévale : delà les haines réciproques et les séditions; des séditions on passe aux meurtres, et des meur- tres on passe ordinairement à la monarchie. Cela prouve combien le souvernement d’un seul est préférable à celui de plusieurs. D’un autre côté, quand le peuple commande , il est impossible qu’il ne s’introduise beaucoup de césordre dans un état. La corruption une fois établie dans la république, pe produit point de haine entre les méchans: elle les unit au contraire par les liens d’une étroite amitié ; Car ceux qui perdent l’état agissent de concert et se soutienrent mutuellement, Ils con- tinuent toujours à faire le mal, jusqu’à ce qu’il s'élève quelque grand personrage qui les réprime , en prenant autorité sur le peuple. Cet homme se fait admirer, et cet admiration en fait un mo- varque; ce qui nous prouve encore que, de tous les gouvernemens, le monarchique est le meilleur. Mais enfin pour tout dire en peu de mots : d’où nous est venue la liberté ? de qui la tenons-nous ? du peuple, de loligarchie, ou du monarque ? Puisqu’il est donc vrai que c’est par un seul homme que nous avons été délivrés de l’esclavage, je con- clus qu’il faut nous en tenir au gouvernement d’un seul : d'ailleurs on ne doit point renverser les lois de la patrie, lorsqu'elles sont sages; cela seroit Tome IL B 18 Iisiorre. « dangereux, » L'avis de Darius J'emporla; mais Qianes, qui desiroit ardemment d'établir Pisonomie, se leva au milieu de l'assemblée, et dit, « Perses, « puisqu'il faut que l’un de nous devienne roi, soit « que le sort on les suffrages de la nation le placent sur le trône, soit qu'il y monte par quelque autre n voie, vous ne m’aurez point pour concurrents je « ve veux ni commander pi obéir; je vous cède lPem- - pire, et je me retire, à condition, cependant , « que je ne serai sous la puissance d'aucun de vous, “ ni moi, ni les miens, ni mes descendans à perpé- « tuité. » Sa demande lui fut accordée, et il n’entra point en concuirence avec les autres pritendans. « Aussisa maison, ajoute Hérodote, est-elle encore « aujourd’hui la seute de toute la Perse qui jouisse « d’une p'eine libeité, n'étant soumise qu'autant “ qu’elle le veut bien; pourvu néanmoins qu’elle ne « transaresse en tien Jes lois du pays.» Ces der- nières expressions et le mot d’isonomie que M. Lar- cher explique très-bien par légalité des lois, l'égale distribution de la justice, etc., me feroient soup- gouner qu'Otanes demandoit moins une démocratie pure , qu’uue espèce d’aristocratie composée des seigneurs perses. C’est une suite des idées qu'Héro- dote lui prête sur le caractere ordinaire des mo- marques, qui, selon lui, commettent les actions les plus atroces , tantôt par insolence , tantôt par envie, « Un tyran, continue Otanes, devroit étre exempt « d'envie, du moins parce qu’il jouit de toutes sortes « de bien; mais c’est tout le contraire, et ses su- Hérodote: 10 « jets ne le savent que trop par expérience. I] hait u les plus honnêtes pens, et senible chagrin de ce “ qu'ils éxistent encore. I! n’est bien qu'avec les « plus méchans. 11 prête volontiers l’oreille à la ca “ Jomnie; il aecueille les délateurs ; mais ce qu'il « ya de plus bizarre, si on le loue modestement, « il s’en offense; si, au contraire, on le recherche « avec-empressement , 1] en est pareillement blessé, « €t ne Pimpute qu’à la plus basse flatterie ; enfin, « et c’est le plus terrible des imconvéniers, il ren- “ verse Îles lois de la patrie, il attaque J’honneur “ des femmes, et fait mourir qui bon lui semble, « sans observer aucune formalité, » Dans tout cela, je ne vois que le portrait des petits tyrans dont la Grèce fourmilloit, et non celui des despotes de POrient qu'Otanes auroit dû avoir principalement en vue. En général, les idées qu'Hérodote donne aux seigneurs perses, me paroissent moins leur con- venir qu'aux Grecs; et peut-être l'historien, dans les diseours qu’il leur fait prononcer, n’a-t.il voulu qu’exposer son propre sentiment sur les trois prin- cipales formes de gouvernement. Ctésias n’a point dit qu’on eût balancé sur le choix , et tout porte à le croire. M. Larcher a traduit aussi ce qui nous reste de cet historien : on auroit desiré qu’il nous _eût rendu le même service par rapport à l'écrit de Plutarque sur la malignité d’Hérodote , au lieu de nous faire réimprimer la traduction d'Amiot qu’il a accompagnée de notes judicieuses. M. Larcher 4 fait plusieurs changemens à la sienne, surtoui dans B 2 20 Histoire. Je premier livre d'Hérodote , qu'il rend partout avec une scrupuleuse fidélité. A la connoissance des mots, il joint toujours celle des choses , de maniere qu’il marche surement, et se tire de toutes les difficultés. On pourroit quelquefois ne pas traduire absolument comme lui, mais ce ne seroit pas sans crainte de g'écarter du vrai sens. Si son style n’a point l’élé- gance soutenue et les graces inimitables de celui d'Hérodote, du moins il en a presque toujours la facilité, et jamais il ne manque de clarté. Enfin, Hérodote conserve dans cette traduction , tout lin- térêt qu’il sut si bien répandre dans ses uarrations diverses. Maisle plus grand s: : ice que M. Larcher lui ait rendu, consiste dans de nombreux et savans éclaircissemens dont nous parlerons dans un autre extrait. S: 105 \ Sc St Qi di ds 4 ne | POLUSIE LATINE SILFES de PUBLIUS PAPINIUS STACE, traduites d'après les corrections de J. MARKLAN D ; avec le texte et des notes, par S. M. DEzZATOUR (x). À Paris, chez Colnet , libraire, rue du Bacq, n.° 618 ; T'reuttel et Würtz, quai Voltaire; et Mon- gte , Palais-Egalité. An xr. Très- fort vol. in-8.° d'environ 650 pag. Prix, pour Paris, 6 fr., et 8 fr. pour les départemens. Second Extrait (2). Ï: est surprenant combien l’homine est variable et versatile ; ei que, dans le même individu , l'homme {x) M. Delstour, jeune littécateur, avantageusement couau par une & traduction, la première des OEuvres complètes de Claudien, avec = des notes et le texte latin. Paris, Dugour. An vr. 2 vol. in-8.° fiv. » Le même jeune littérateur a eu le courage, je ne dirai paint la témérité À d'entreprendre une nouvelle sraduction de Némésien, quoiqu'il em exisiât déja une par Mairault , généralement estimée , imprimée en 1744, dont la fidélité, l'exactitude, la précision et l’élégance ont mérité les éloges des gens de goût. Les notes de ce même traducteur offroient de. plus uue fleur de littérature choisie, une érudition très - variée, une critique sage eu impértiale ,| même envers son auteur. Ou a lieu de s'at- tendre que la version la plus nouvelle doit être plus parfaite encore que les précédentes : ce sera un nouveau service rendu à notre litéreture par M. Delatour. [ Daus la ie de Némésien, qui sert de préface à la mouvelle traduction, on cite plusieurs fois, avec éloge, le nom de Merault; il faut lire Merrault.] (2) Le premier Extrait, concernant les Silves , ce genre de poème, les éditions et ies traductions des œuvres de Sjace, elc. , se trouve, tom V1, an VILL, p. 48. B3 #2 | Poésie latine. de lettres et l’homme social soient très-souvent deux personnages biea différens, Les personnes qui ont le bonheur d’avoir pour ami le nouveau traducieur des Silves, M. Delatour, conviennent toutes qu'il apporte, dans le commerce de la vie, une amabilité ptu commune, une dou- ceur de mœurs et une aménité qui font aimer et rechercher sa société. Mais combien le caractère littéraire de ce sociétaire aimable est différent dans ses livres! Quelle äcreté, quelle dureté ;: quelle morgue envers ‘es devanciers et ses concurrens ! quel emportement coatre ses estimables rivaux (3)! Ce littérateur instruit cependant ne devoit pas igno- rer que la modestie est le véritable cachet de la supériorité. La modestie étoit la vertu et l’orne- ment de, Longin, de Rollin, de Corneille et de Racine; de Buffon, Dussaulx, et de plusieurs au- tres écrivains très-supérieurs à leurs concurrens , qu’its louent , qu’ils estiment, ou qu’ils excusent. fon iatention n’est pas de rompre une lance avec M. Delatour, en faveur des morts et des blessés. Je plaiudrai seulement Biacca, ce traducteur esiimé des Italiens; les Italiens, il est vrai, sont en général beaucoup trop indulgens envers leurs traducteurs, et je pense à cet égard comme M. Delatour. Mais je pense aussi qu’il ne falloit pas écraser un homme, parce qu'il s’est beaucoup trop étendu dans deux courts passages en vers de sa traduction : et, à ce sujet, J'oserai émeitre ici mon sentiment sur les (5) Dans les dix pages xax à zaxs du Discours PRÉLIMINAIRE du ira ducteur, Silves. 23 traductions en vers, dans plusieurs genres de poè- mes, sur(out dans notre langue. Si le grand Rousseau se fût astreint à traduire Horace et Pindare, nous perdions Rousseau, et c’en étoit fait avec lui de notre poésie lyrique. Rousseau s'est bien gardé de traduire le Pindare des Hébreux. 11 a su imiter seulement ce que son génie brülant et élevé lui inspiroïit d’imiter : et dans ses Odes sa- crées, et surtout dans son admirable cantique d’Ezé- chias, il a écalé, il a surpassé, par la douceur et le touchant de ses accords, par l'élévation des pen- sées, par le nombre , le rhythme et harmonie ce sa poésie loute divine, tout ce que l'antiquité grecque et latine peut nous offïir dans ce geure de poème; genre dans lequel très-peu de nos poëtes ont pu réussir. Si La Fontaine s’étoit astreint àtraduire, ce qu’on appelle traduire, Phèdre et les autres poètes, chez lesquels il a puisé les différens sujets de ses Apo- logues, nous perdions également La Fontaine. Mais La Fontaine, au contraiie , au lieu de les suivre eu esclave, s’est appliqué à lutter contre ses modeles et ses originaux ; et, dans une imitation tres-libre de Pyremie et Thisbé, de Phil‘imon ct Baucis, de la Mairone d'Ephese, en un mot, de tous les ad- airables (ab'eaux que lui avoit oflerts la belle anti- quité, il a toujours su triompher de sou sujet ; il .a pu suipasser Phèdre, Ovide et tous ses excellens devanciers ; il a laissé Join, derrière lui, tous ses modeles; et, en imitant, il est devenu lui- méme &nimitable. B 4 24 Poésie latine. Oui, sans doute, la première règle de celui qui entreprend la tâche difficile de traduire dans une langue quelconque, un auteur quel qu’il soit, con- tracte l'obligation d’en rendre le sens, Pesprit et le génie; et il doit s’en écarter le moins possible dans une traduction en prose. Mais le #raducteur en vers peut se permettre beaucoup plus de liberté ; et l’on ne peut condamner toute une traduction en vers, parce que le traducteur aura paraphrasé vingt-cinq lignes du poète original (4). Je ne dirai pas ceperr- dant à tout traducteur en vers : Faïtes comme Rousseau, traduisez eomme a traduit La Fontaine. Non: celui qui pourra le faire n’a pas besoin de leçons à cet égard ; son génie saura bien le lui commander. Je reviens à l'ouvrage même, d’ailleurs très-esti- mable , qui fait l'objet de cet Extrait, et dont je m'etois trop écarté, Maloré l’amertume et la sévé- (4) Une traduction en vers n’est jamais bien litérale ; on ne peut, à cet égard, être si exigeant. Les fabulistes, les conteurs , et géné- ralement les traducteurs Jialiens ont assez le défaut d'être extrème- ment prolixes. En voici un exemple remarquable : On compte, dang leur langue, six traductions connues en vers, des Aléramorphoses. d'Ovide : de toutes, la plus estimée est la version d'Anguïllara : l’histoire de Pyrame et Thisbé est délayée par lui, en 316 stances, qui font 850 vers. Le latin n’en a que 220. Les trois meilleures traductions en vers qui existent dans aucune Yangue sont , je crois, d’abord et au premier rang , la belle traduction de l’Iliade, par Pope; je mettrai au second rang les Géorgiques de Yabbe Delille, et ensuite le Virgile de Dryden. Dryden, plus poète que Pope, quand il est en verve, est trop souvent inégal. Il a le dé- faut quelquefois de pièter à ses personnages un air et uue physiono- mie angloise, de modernisez les olicts qu'il représente, et trop sou- sent de vouloir donxer de l'esprit à son auteur , qui n’a que du génies “ Silves. 25 rité des censures du nouveau traducteur, qu’on peut lui reprocher, sa version , qui paroît lui avoir coûté et du temps et du travail, se présente avec beau- coup d'avantages sur les précédentes. M. Delatour s’est d’abord appliqué à étudier, à distinguer les différens caractères, disons mieux, les différens défauts de tous les commentateurs de son poète adoptif; ce qu’il expose dans son discours préliminaire (5): et, d’après une connoissance ap- (5) Voici une légère esquisse du caractère de chacun des commen- tateurs que réprouve le nouvel interprète des Silves : A Domitius Cai- derinus , il reproche des erreurs grossières; à Bernartius , l’inutilité de plusieurs remarques, et un entassement ridicule de textes puisés duns les Pères de l'Eglise et les jurisconsulies ; à Morellus, une mül- liplicité de citations prodiguées sans choix, et plus de mémoire que de sens. Gervatius, très-supérieur à ses devanciers dans les quatre pre- miers livres des Silves, n’offre plus qu’un travail ébauché dans le cin- quième livre. Cruceus , dit-il, est le Marolles des Commentateurs. . - Le jeune Gronovius , déja trés-estimable par ses vasies connoissances et ses lucubratiors , se perd dans des discussions étrangères à son sujet, et fait acheter cher une erreur savante. Le commentateur Barthius, quoique très-court, est encore bien long (*)! L'édition de Veenhu- sen , 1671, l’une des plus rares des variorum et des plus inutiles , m’ajoute pas une remarque à celles de Gronovius. Quant à l'édition de Beraldus , elle joint à tous les vices de l’édition préeédente, une typographie peu soignée, des notes oiseuses, nne leçon incorrecte et une explication souvent aussi obscure que le texte mème. M. Dela- Wur termine celte appréciation particulière à chacun des commentateurs , (*) Puisqu’on parle de Barthius, le commentateur de Ssece, il n’est pas hors de propos de rappeler que cet érudit avoit composé, dans son enfance, entre 13 et 19 ans, quelques Si/ves qu’il recueiilit avec des Satires , des Eglogues, des Odes , etc. imprimées dans son Juvenilia, 3607, x vol. in-8.0 Il n'est pas besoin d'ajouter, que ces poésies se ressentent et de l'âge et du peu de talent de l’auteur, plus célèbre par ses aombreux e savans commentaires, que par uu goût pur et délicat. 26 Poésie latine. profondie du danger de s’en aider, il s’est déter- miné à prendre pour guide, et à suivre assez cons- tammept J. Markland (6). Voici comment M. De- latour s'exprime lui-même par rapport à la préfé- rence marquée sur les autres interprètes, qu'ii à cru devoir dounér au savant Anglois qu’on vient de nommer: « De tous les commentateurs passés et présens, « le plus parfait, selon nous, est Markland. Jamais “ on ne vit une érudilion mieux dirigée, un goût « plus sûr, un jugement plus exquis, une intelli- « gence plus étendue, enfin, une réunion des qua- « lités les plus propres à placer une interprète au- « près de son original, ... Ses guides ont été le bon par une critique sévère, des traducteurs des Silves dans les langues italienne et francoise. Malgré les défauts reconnus des commentateurs ci - dessus désignés, quelquefois M. Delatour rappelle, dans les Notes qui accompagnent sa traduction, leur sens, leur glose, eic., qu'il rapproche de plusieurs autres commentateurs ; et il explique pourquoi il s'est pluiôt décidé pour la leçon qu'il vient d'adopter. Les autres interprètes, glossateurs, etc. consultés dans ses Notes, sont Beroaldus , Biacca, Bourdelotius, Charisius, S. Chrysosiome , Cælius , Crenius, Dodwell ; Dan. et Nic. Heinsius , Juste Lipse, Mer= eurialis, Poliien, Robortellus, Rutgersius, Scaliger, Servius , Scrive- rius, P. Thompson, Isacius, Tzeiès, Vernsdorf, et quelques autres. J'ai recueilli cette longue nomenclature, pour prouver, en quelque sorte, le soin, les recherches et le travail du nouveau traducteur ; et pour être en même temps utile aux personnes qui, dans un travail semblable, desirant puiser dans les mêmes sources, pourront y avoir recours. (6) Jérémie Markland , savant critique anglois , d'une sagacité fine, déliée, et à laquelle rien n'échappe; né en 1693, et mort en 1776. LYew Biographical Dictionary. London, 1794.1 Sélves. 27 “ sens, la largue et l'exemple des grands poètes, A “ laide de ces trois appuis, il a réussi à corriger « plus de trois cents passages défigurés par une al- « tération manifeste. ..., et à Maikland seul nous « devons d’avoir évité une partie des fautes où l’igno- “ rance impardonnable de son tiavail'a entraîné “ notre prédécesseur. » Les notes de M. Delatour offrent un nombre de rapprochemens littéraires, courts et instructifs pour la plupart des lecteurs. Par rapport à l’épithalame de Violantille, par exemple, il rappelle, dans ce même genre de poeme, le caractère de Catulle, de Claudien, de Sidoine Apollinaire, de S, Paulin, d’Enodius et de Fortunat; et, à cet égard, il fait remarquer la distance considérable de ces derniers chantres de l’hyménée, infuiment inférieurs au poète des Silves [ page 408 ]. Le perroquet de Melior rappelle à notre littéra- teur les monumeus que les Parthes ei les Molosses élevoient à leurs chevaux et à leurs chiens. Ii rap- proche le perroquet de Melior du perroquet de Co- riune, chanté par Ovide (7), et du moineau de {7) Les perroquets immortels, dont on vient de parler, chantés par le grands poètes, m'en rappellent an vauté par Scaliger , moins céièbre sans doute, mais tès-singulier. Celui de Sc:liger imitoit la danse des Savoyards , en ré étant leu: chanson. Au reste, les demoiselles de Nue midie , esjèce de grues, sont appelées demoiselles, parce qu’elles se dounent un bon air en marchant, parce qu'elles aiment à gesticuler avec grace, s’inclinent, font dés révérences , sautent et dansent seule @u réunies , ele. Xéuophon, Aristote, Athénée, Plutarque, Pline. Les fils de l'empereur Claude avoient des perroqueis qui parloieug grec es latine :8 Poésie latine. Lesbie, célébré par Catulle. I] rappelle aï'leurs, par rapport à ces monnmens littéraires, consacrés à des animaux, les poèmes de Claudien et de Lactance sur Je Phénix; les monumens consacrés au cerf de Sylvie, au corbeau de Pline, ete,, p. 451, 52, 56, et 58. On pourroit leur ajouter la Cigale et l'Hirondelle chantées par le poète de Téos, et surtout sa Colombe chérie, messagère de Vénus. Ces monumens poé- tiques, plus anciens et anacréontiques, ne seront pas les moins durables. Le repas de Nonius Vindex est une occasion pour je comentateur interprète, de citer Horace, Pé- tone et Pline , sur l’aniiquité de la vigne romaine, que son poète célebre [ 531 ]. Ailleurs çà et là, c’est une sorie de concordance poétique de passages courts d’'Horace, 538 ; de Virgile et de Lucain, 467 et 62; d’Ovride et de Martial ; de Martial et de Stace, 455; des rapprochemens pour le sens et la langue dans Horace et Ausone, 582; enfin, un rapprochement biographique de Stace et de Juvénal sur les deux Crispinus. Le caractere poétique de l’auteur des Silves mérite d’être apprécié et développé. Eutre les differens au- teurs que nous offre la belle autiquité, ceiui des Sil- ves est un de ces poètes le plus difficile à entendre et à rendre dans notre langue. Sa versification , souvent obscure, est dure et rocail'euse, Elle n’a point la sim- plicité, les graces naturelles, la délicatesse et les fleurs des deux poëtes de Syracuse et de Téos, si bien inuités depuis dans Ja langue des Romains par les deux favoris Silves. 29 de Mécene et d'Auguste. Stace, dans ses différens poèmes, n’a point ce rhythme, cette harmonik, cette mollesse; enfin, ce charme inexprimable qui se re- trouve partout dans les vers de Virgile et d’Horace. Où lui reproche de plus, des répétitions trop fré- quentes dans ses allusions mythologiques, dans ses tournures oratoires, dans ses pièces sentimentales , et surtout dans les sujets funèbres qui dominent trop dans son recueil. Malgré ces grands défauts, l'auteur des Silves est un poete qu’on peut lire avec avantage et avec profit. Sa composition est large, facile, aimable; elle a de Péclat : partout elle ofie l'imagination la plus riche et la plus heureuse ; une foule d'images, de comparaisons , de pensces fines , ingénieuses, souvent brillantes, quelquefois sublimes. Les pièces agréables sont pleines de sel, et quelquefois de gaieté; mais ce n’est pas là le caractère dominant de l’au- teur des Silves. On y admire surtout le talent supé= rieur du poëte dans les descriptions. il met souvent, dans la bouche des héros de ses poemes ou des di- vinités qu'il a fait intervenir dans son sujet, des prosopopées, des discours, et ces discours , pour la plupart, sont très-éloquens. Partout il offre des rap= prochemens les plus heureux de mythologie, d’his- toire, de géographie, etc.; une multitude de tours oratoires, très-poétiques, une abondance et une fé- condité inépuisables ; enfin, une chaleur et un en- thousiasme qui se communiquent à ses Jecteurs. Voilà pourquoi, sans avoir un goût sûr (et pourtant si essentiel dans tout livre classique), je n’en dé- $0 Pocsie latine. fendrois pas la lecture dans les écoles. Je la cons seillerois surtout à ces jeunes étudians, malheureu- sement nés, qui, avec un esprit lent et paresseux, sans chaleur, sans vie, sans imagination, végètent sur Jes bancs, et qui ne sauroient rien produire d'eux-mêmes, Feu de poèmes sont capables d’inspirer et d'échauffer la verve des jeunes poëtes, comme ceux de Stace; peu ont mérité l'admiration générale, et les suffrages d’un aussi grand nombre de sayans. On en compie plus de quatre-vingts en tête de ’édition des Pariorum. L'accusation Ja plus grave, dirigée contre notre péete, et qui paroitroit la mieux fondée, est d’avoir Joué, outre mesure, un prince qui sera toujours Pexécration du genre humain. 11 y auroit bien des choses à répondre à ce re- proche. Stace avoit été sous le rhéteur, son père, compagnon d’études du jeune prince ; et tous deux étant également épris de la poésie et des lettres, il s’étoit formé, dès leurs premieres années, entre l’un et autre, une sympathie naturelle à deux amis des Muses. Le poète avoit recu de Pempereur quelques bienfaits, et des bienfaits d’un genre qui mettent un poète dans les nues {sublimi feriam sidera ver- tice) ; des honneurs, des palines académiques, une couronne d’or proclamée en plein théâtre, l'admis- sion d’un poète peu fortuné à sa table impériale! etc. Siace avoit l’ame la plus reconnoissante ; et, à cet égard , il n’y a presque pas une pièce dans les Sil- ves, qui n’en donne la preuve. Ce sont partout, malgré la variété des sujets, leë Ezlres. 31 Élans et la vivacité d'un cœur noble, généreux, na- turellement sensible et affectueux , les sentimens purs de Ja piété filiale, de l’amour paternel, de l'amitié Ja pus franches On le voit constamment excellent fils, bon père, époux aimant et chéri, ami tendre, Nues d'études et concurrent des palmes poé- tiques, sans intrigues et sans jalousie. Toujours il sut agir de manière qu’on ne connoit ni de lui, ni contre lui, pas une satire ; Pas une épigramme, Martial, son émule, et qui n’avoit épargné per- sonne, n’a pas dit un mot de Stace; et Juvénal, tout satirique qu'il étoit, le mordant Juvénal en fait Péloge (8). En un mot, tous les auteurs con- temporains ont respecté un homme vertueux ; et sa conduite , sans vices ni défauts, l’a mis hors de toute atteinte, de l'envie même, cette éternelle ennemie du mérite, surtout dans ta carrière des lettres. Voilà quel étoit, par le fond de son caractère, le poète adulateur du prince. Dowitien d'ailleurs , tout monstre qu'il étoit, mon- fra quelques vertus : et, au milieu de tous ses vices, et tout couvert de crimes, il lui étoit échappé quel- ques bonnes actions, qui fui méritèrent les éloges de Martial, de Valérius Flaccus, de Quintilies même, et de plusieurs historiens, entre autres de Suétone (9). (8) Sat. VII, v. 22 et suiv. (9) La plupart des historiens conviennent qu'il aima la justice, qu'il fit respecter la magistrature et Jes tribunaux , qu'il s’occupa de la réfor- mation des mœurs par des édits sévères; qu'il rétablit le capitole , les bibliothèques et les édifices publics qui avoient été consumés par le feu; qu'il sjouta à la magnificeace des spectacies; qu'il s’occupa ä soin de 22 Poëste latine, Au reste, la plus grande raison de ces louanges excessives, la voici : C’est qu'avec une certaine éner- gie dans le style, le poète n’en avoit point dans Jame, et qu’il trembloit à l'approche d’un tyran om+ brageux, jaloux et féroce, qui avoit sacrifié à ses emportemens plusieurs philosophes et gens de let+ tres. Aussi l’on a dit que le poète flattoit ce mons+ tre, comme on caresse un tigre pour tâcher de l’ap- privoiser. Domitien joignoit, à. une excessive cruauté, un orgueil et une variié insupportables, qu'on ne pou yoit satisfaire ni rassasier que par des louanges ou-. trées et absurdes (10). @ ant aux flaiteries que le poète se trouvoit forcé de lui adresser, on avouera du moius qu’elles sont composées avec beaucoup d’art. Le plus grand malheur de State a donc été sa mauvaise étoile qui ne lui avoit pas permis de naïtre sous un Auguste ,un Trajan, un Marc-Aurèle. Aussi avoit-il la vie à désoût, et sembloit-il ne trainer, que malgré Jui, une existence pénible (d’ailleurs sans fortune et peu aisée) qui lui étoit à charge. Voilà ce qui a noirci ses icées, et ensanglanté ses pinceaux, ce qui a fait appeler le chantre de la réparer et d'embellir les grandes routes. Enfin, des générations de Romains lui ont dû le bienfait de leur existence, par l'abolition de usage airoce de mutiler de jeunes eafans , jusqu’à leur ôter les sources de la vie. (ro) L'empereur exigeoit que les requêtes qui lui seroient présen- tées, portassent les titres « de Seigneur et de Dieu : Edictum Dominé Deique nostri. » Maer. lib, V, Epigr. & Thébaiïde, Szes: 33 Thébaïde, le Crébillon des latins; et le poète des Siles, un autre Foung. Sa lyre, en effet, dans ces dernières poésies, tou- jours enve oppée d’un crépe, ne rend que des sons tristes, lugubres, mélancoliques ; sa muse ne se plait qu’au milieu des morts, des mourans, des tor- ches funèbres et des tombeaux, Aussi le fil de ses jours fléiri et coupé de bonne heure par des contra- riétés de toute espèce, s’est vu terminé à l’âge de trente-cinq ans, au milieu de sa course, mais déjà remplie, et assez pour laisser un rom à jamais cé- lèbre chez ioutes les nations amies des lettres (11). Peu d'auteurs ont fait naître à leurs lecteurs des sentimens aussi variés, aussi singuliers, et d’une originalité aussi remarquable. 11 est curieux d’en rappeler ici quelques-uns. Scaliger trouvoit les vers de ces deux poèmes héroïques, de la Thébaïde et de l’Achilleide, supérieurs à ceux d’Homere. Sui- vant M. Huet, Malherbe lisoit la Thébaïde avec un enthousiasme incroyable , et la préféroit à V'E- néide. Ange Politien, qui trouvoit les Silves de Stace très-supérieurs à ses deux poèmes héroïques, donnoit à ceux-ci la première place après V’'E- neide (12). Dan. Heinsius préféroit le petit poème du Jour natal de Lucain, à toute la T'hébaïde. C’étoit ce même critique enthousiaste-fou de Lucain, qui (11) Outre les poésies qui nous sont restées de Stace, il avoit en- core cemposé plusieurs ouvrages qui ont été perdus ; quatre potines couronnés, un qui avoit concouru, une tragédie d’Agavé , €t quelques autres ouvrages absolument ignorés aujourd hui. (t2) Dans son Discours prononcé à l'ouverture des écoles publiques, Tome IL, C 34 Poésie latine. le comparoit à un cheval qui hennit; et Virgile avec ses imitateurs, à une troupe d’ânes dont la voix igno= ble décele le goût pour l’esclavage (13). Pour enchérir sur les diverses originalités qui ont rapport à Stace, Dante, qui confond et identifie le poète et le rhéteur, en fait un chrétien, et bien baptisé (14), qui cachoïit sa croyance dans la crainte de la cruelle persécution dirigée contre les prosé- lytes du Christ. Ce fut même cette pusillanimité qui lui valut plus de cinq cents ans de purgatoire (15). (15) On a remarqüé que Ja longue servitude des Espagnols, sous le joug des Maures, n’avoit point abattu leur fierté naturelle. Il est éga- lement remarquable que Sénêque , Lucain , Martial, et quelques autres écrivains de l’Ibèrie , quoique asservis à l'empire romain , et transplantés à Rome, y avoient conservé Jeur caractère national, et porté dans leurs ouvrages, les beautés et les défauts, en quelque sorte, de leur sol : je veux dire, du génie espagnol, presque toujours dans le grand et le magnifique; en un mot, leur caractère noble et élevé. Voilà ce qui a ébloui, de tout temps, quelques esprits prévenus, trop faciles à se laisser séduire et à s’exalter. Mais l’homme ami de la raison et du goût, saura toujours distinguer et préférer au clinquant et à la bouffisure de Sénèque et de Lucain, l'or, le naturel et le discerne- ment de Cicéron, d'Horace et de Virgile. Cette simple observation, qui est vraie, sur le caractère espagnol. à différentes distances , durant un si long-temps, exempt de mésalliance, et loujours inaltérable , cette seule observation prouve mieux que bien. des volumes écrits sur le mème objet, combien est toute - puissante sur l'esprit de l’homme, l'influence des climats. (14) Et pria ch'i conducesse i Greci a fiumi Di Thebe poetando , hebb’ io baîtesmo : Ma per paura, chiuso christian fumi , Lungamente mostrando paganesmo, Puna, cant. xx11. 87, (15) ILAZ. cant. xxr. 68 et xxIr. ga. Silves. 35 L'on vit que c’est ici une idée du poète, et d’un poète qui se piquoit plutôt de singularité que de goût et de vérité. Dante ne fait-il pas ailleurs des- cendre d’un boucher de Paris, Hugues Capet (16), le père de cette branche des rois de France ? Malgré la diversité des opinions des écrivains qui ont apprécié l’auteur des Silves, chacun à leur ma- nière, et si différemment , presque tous se réunis- sent pour l’admirer comme un des plus beaux génies de l'antiquité; et le nombre des commentateurs qui se sont exercés à éclaircir et interpréter son texte, sont encore une preuve de l’estime que ce poète avoit inspirée à cette multitude de savans. La somme de leurs commentaires, qu’on a recueillis et imprimés à Leipsick , en 1664, formoit déja un volume ia-4.°, du plus fin, caractère, qui monte à plus de’ trois mille pages. [L’Extrait de la nouvelle traduction des Sives sera l’objet d’un autre articie.] Æ. B. (15) Chiamato fui di là Ugo Ciapetta : Di me son nati i Philippi é Loigi: - Per cui novellamente, è Érancia retta. Figliuol fui d’un beccaio di Perigi... Ibid, cant xx. 48. [Edition d'Aide, Venise, 1502. 3 vol.in-12.] ANTIQUITÉS ORIENTAEES. A DissERTATION on the newly discovered Babylonian Inscriptions ; by Joseph H4- GER, D. D. Litieras semper arbitror assyrias fuisse. Prune, Hise. nat. lib. vir, c. 57. London, printed for a Tilloch, and sold by Messrs. Richardsons , Cornhill, #ilks et T'aylor, Printers, Chancery-Lane. 18or. DissERTATION sur des Inscriptions baby- loniennes nouvellement découvertes j par le D. Joseph Hager. Avec celle épigraphe tirée de l'Histoire naturelle de Pline , lv. Vi Ch OT Je crois que toute écriture est d'origine assyrienne. A Londres, chez Richardsons, Cornhull , W ils et Taylor, imprimeurs, rue de la Chancellerie. 4 vol. de XxiIm et de 62 pages, avec cinq planches, outre celle du frontis- pice , représentant des inscriptions de Baby- Jone , et d’autres monumens orientaux, dont plusieurs inédits. Cr ouvrage, quoique daté de 180r, n’a paru qu'en 18023 l'extrait suivant ne paroitra donc pas trop tardif, Tnscriprions babyloriennes. 87 L'auteur est cet habile orientaliste, chargé par le gouvernement françois de publier le Dictionnaire de la langue chinoise ; il va, sous peu, faire im- primer à Paris, une Grammaire de cette même lan- gue , ainsi qu’un Mémoire sur les anciennes mon- noies chinoises. Le sujet de la dissertation dont il s'agit, déja très-piquant par lui-même, recoit un nouvel intérêt et des eilorts actuels de plusieurs savans pour dé- chiffrer les écritures cunéiformes, et des premiers succès de M. Grotefend en ce genre; enfin, du compte satisfaisant qu’en a rendu le C. Silvestre de Sacy, dans sa Lettre à M. Müillin , sur les Inscriptions des monumens persépolitains (1). L'ouvrage est dédié aux vingt-quatre directeurs de la Compagnie an- gloise des Indes orientales. Si. leur conduite politique dans l’fnde a souvent blessé Ja justice et Fhumanité, M. Hager les loue sur des points qui ne méritent que des éloges; sur le riche Jurdin des Plantes qu'ils ont dans le chef- lieu des possessions angloises dans l’Inde ; sur’ leur Collése de langues orientales à Calcutta ; sur le Muséum oriental qui existe à Londres dans les bâ- timens de la Compagnie ; sur les publications qu’elle a procurées, à ses frais, en langue angloise, de læ Description des plantes choisies de la côte d: Coro- mandel, par le D. William Roxbure, de la Descrip= 1ion des poissons de cette même côte , par le D. Russel, (x) Aagasin Encycl. aunée VII ,t. V, p. 458 et suiv. C 3 33 Antiquités orientales. et de la Description des serpens de l’Inde , parle même, Parmi les ruines de Babylone, à deux heures de chemin au nord de Hellé, dans l’Zrak Araby , on trouve des briques unies par un ciment bitumineux, et aui portent des inscriptions en caractères cunéi- formes, semblables à ceux des monumens dits per- sépolitains. Ce sont presque les mêmes élémens, sinon que les briques de Babylone ofïent plus de complication dans les traits, et un mélange de lignes plus longues, formant des carrés, des demi-carrés, des étoiles, des triangles, etc. i Lonetemps les voyageurs ont négligé ces inscrip- tions, ou même ne les ont pas apercues. Le premier qui en ait parlé, est un religieux francois, te Pere Emmanuel, carme, dans une re- lation manuscrite citée par Danville, en son Mé- moire sur la position de Babylone. Nieburh avoit dit qu’elles sont du même genre que celles qu’on voit sur d’anciennes briques à Bag- dad , et dans la Perse. L’astionome évêque Francois Beauchamps en donna des notions plus précises dans le Journal des Savans du mois de décembre 1790. Il en en- voya même en France. On asu, par le C. Millin (2}, que la Bibliothéque nationale de France possède les briques de Babylone , envoyées par le C. Beau- champs, et qu’il en a été adressé des plâtres et des dessins à M. Herder, à Weimar, à M. Munter, à Copenhague. (2) Magasin Encyclopéd. Année IX, n.° 5. Tnscriptions baby loniennes. | 39 En 1797, la Compagnie angloise des Indes voulut avoir dans son Muséum quelques-unes de ces briques de Babylone. Alors elle chargea le gouverneur de Bombay de lui en procurer le plus promptement dix à douze par la voie du résident anglois à Bassora. Cette &emande eut son effet ; et l’on reçut à Londres des briques Babyloniennes, dans le courant de Pan 1£or1. Dès le mois d’août de cette même année, M. Hager en publia une dans le Monthly Magasine ; et il entreprit la dissertation dont il s’agit. Il ne prétend pas y expliquer les inscriptions des briques angloises de Babylone ; mais il nous donne en cinq chapitres, 1.° sur l'antiquité des Babyloniens , 2.° sur la vaste étendue de l’empire d'Assyrie, 3,° sur les sciences et les arts qu’on y cultivoit , 4. sur l'é- criture assyrienne en général , 5.° sur l’écriture même des briques Babyloniennes , de savantes recherches qui méritent l’accueil de tous les gens de lettres, et doivent être utiles particulièrement à ceux qui s'occupent avec tant de zèle, d’érudition et de talent, à déchiffrer les écritures cunéiformes. 1. La haute antiquité des Babyloniens déja con- statée par la Genèse, est d’ailleurs ce qu’il y à de mieux attesté par les auteurs grecs et latins. La fameuse tour de Babel, ou le temple de Bel, très - probablement orienté comme les pyramides d’Ægypte , étoit de forme carrée , et avoit huit étages décroissans de bas en haut, ce qui lui donnoit une forme pyramidale. fl semble avoir servi de modèle aux plus célèbres Pagodes indiennes , aux pyramides C 4 49 Antiquités orientales. d’'Ægyple, et aux tours de la Czi Es surtout à la grande tour de Nankin. C’etoit tout-à-la-fois un Pyrée ou Prytanée , une place, un temple du feu, prototype de ceux qui furent élevés dans la suite sur l’ancien continent , et un observatoire auquel le genre humain doit ses plus anciennes connoissances astronomiques. L’ægyptien Ptolémée ne put rien faire de mieux que de nous transmettre ces connoissances dans son Æ/mageste ; et,ce qu'il y a de remarquable, c’est que dans les calculs de cet ouvrage , il n’emploie que l’ère CAal- déenne de Nabonassar, L’astronomie des Indiens n’est que l'ancienne astronomie chaldéenne 3 on ne peut y remarquer aucune découverte faite par les Zndiens mémes. À l’arrivée des missionnaires européens , les Chinois étoient encore inférieurs aux Zndiens dans Pastronomie. Leur histoire parle d’une éclypse 2159 ans avant notre ère ; mais les observations des Clal- déens remontent à une époque encore plus reculée. De même les Persans, quoique M. Re? ait cru leur astronomie plus ancienne que celle’ des Chal- déens, n’ont pu les devancer, puisqu’au témoignage d'Hérodote, les Persans n’étoient encore que des barbares au temps de la conquête de Babylone par Cyrus, puisqu'ils tirérent leurs caractères d’Assyrie, comme atteste le pseudonyme T'hémistocle (Ep. 21.), puisque dans la langue persane les mots qui signifient science et savant , Danousch et Dana , sont d’origine chaldaique. Enfin l’auteur entreprend de faire voir par les éty- Inscriptions babyloniennes. 4% mologies, que Zoroastre, Butta, Schaca ; Sama- nocodom et Godama, ces noms qui retentissent dans toute l'Asie sont primitivement chaldéens. 2, Il soutieut que lempire d’Assyrie comprenoit, outre la Chaldée, la Syrie, la Phénicie , V Arabie, l'Arménie et la Perse, Entre les preuves et les pro- babilités qu’il rassemble , on remarque une multitude de recherches sur les plus anciens alphabets, et sur les plus anciennes langues de lA4sie, d’où il semble résulter que plusieurs de ces alphabets ont des ana- logies avec les caractères Persépolitains , et que toas ces alphabets et toutes ces langues sont d'origine chaldaïque. 3. Un ancien Jexicographe, Hesychius, nous ap- prend que chaldéen étoit synonyme de savant. Les sciencés vinrent de Caaldée en Perse , et non de Perse en Chaldée. On a déja vu que le nom persan de la science fut emprunté de la langue chaldaïque. Les noms arabiques et les plus anciens noms euro- péens relatifs à la broderie sont aussi chaldéens. Rien de plus célebre, dans l'antiquité, que les broderies et surtout la belle architecture de Baby- done. Les formes carrées de cette ville et de son temple de BeZ, lear correspondance aux quatre points cardinaux , et la forme pyramidale de ee temple à sept ou huit étages, furent imitées en des édifices semblables ou analogues dans une grande partie de Pancien continent, en Syrie , en Ægypie, dans Vlnde , à la Chine, en Grèce, et en Ltalie. 42 Anliquilés orientales. Les pyramides ne furent pas inventéesen Ægypte. Ce pays en reçut d’Assyrie , de la Chaldée même, Je modèle ainsi que le nom. Le tombeau , Je temple orienté et pyramidal de Bel, cet édifice que Strabon, appelle une nyramide carrée, existoit à Babylone, bien avant que des rois d'Ægypte fissent élever pour leur sépulture des pyramides à bases carrées et dirigées vers les points cardinaux. Les racines du mot pyramide , Pur-Amud, signi- fient en chaldaïque feu élevé, où colonne du feu autrement du solerl, Il faut avouer qu’on peut encore aimer à choisir entre ces deux étymologies, même apres celle que nous a donnée l’illustre Silvestre de Sacy , dans ses observations sur Le nom des pyramides. (Magasin Encyclop. ) Les pyramides de Saccara plus anciennes que celles de Ghisé , sont construites en briques, comme l’étoit l’ancien temple , ou Pyrée, ou tombeau de Be à Babylone. Celles de Ghisé sont situées précisément aux en- virons de la Babylone d’Ægypte , de la nouvelle Ba- bylone , bâtie par des Chaldéens, comme l’enseignent Diodore de Sicile et Strubon. Le premier de ces auteurs nous apprend que Sé- miremis avoit fait élever, dans une des principales rues de Babylone sur l'Euphrate , un obélisque haut de 103 pieds , et construit en pierres tirées , non pas d’Ægypte, mais des montagnes d'Arménie. Aussi le mot c-bel-isque veut dire êe petit soleil; et ce n’est Inscriptions babyloniennes. 43 pas un mot ægyplien, c’est un mot grec. Le pre- mier qui fit élever un obélisque en Æzgypte fut Sésostris , qui vivoit longtemps après l’époque de Sémiramis. Tel est le précis du troisieme chapitre de notre dissertation relatif aux arts et aux sciences. 4. Si les Chaldéens devancerent en astronomie tous les autres peuples , ils durent avoir aussi les premiers des Caractères, ne fût-ce que pour écrire leurs ob- servations sidérales , dont l’importante série renfer- mant plusieurs siécles consécutifs, fut trouvée à Babylone Jlorsqu’Alexandre conquit cette ville, et, fut envoyée à Aristote par Callisthènes, un des officiers de ce monarque. * Diodore de Sicile nous parle aussi d’une inscription en caracteres syriaques , gravée par ordre de Sémi- ramis sur un-rocher de la Msdie. Hérodote mentionne Pinscription que la même reine avoit ordonné de placer sur son tombeau, et qui subsistoit encore au temps du roi Darius. Outre l'écriture vulgaire , il y avoit chez les Chal- déens, comme en Ægypte , et aujourd’hui encore dans l’fnde une écriture sacrée. Démocrite composa un livre sur l’écriture sacrée en usage à Babylone, et qu’on a soupconné , peut-être ayec raison, avoir été l'écriture cunéiforme. Des écritures assyriennes il nous est resté 1.° le carré chaldaique employé encore par les Juifs mo- dernes, et trouvé aussi à Palmyre ; 2.° le cuth£en ou samaritain; 3. le Sabéen , autrement appelé men- 44 Antiquités orientales. déen , où nabatho-chaldéen , alphabet syllabique , d’après lequel Bayer imagina que les Assyriens eurent peut-être un alphabet syllabique, unissant dans Îles mêmes caractères les voyelles aux consonnes ; 5.° les caractères des monumens persépolitains qui prouvent l'antiquité de lécriture à elous, Enfin, nous avons sur les tuiles de Babylone , une écriture à clous qui ne ressemble bien qu’à celle des monumens persépolitains , et qui n’en diffère qu’au- tant qu’une même écriture varie selon Jes siécles et les pays. L'écriture à clous est moins étrange sans doute que lécriture à feuille de saule, que celle à griffe de dragon et autres inventées en Chine pour com- muniquer plus secrétement entre les six royaumes qui divisoient autrefois ce vaste pays. Des clous fichés dans une muraille ont servi d’annales, du moins à Rome et en Étrurie. 1 n’est donc pas étonnant que Pécriture ait pris la forme de clous, Les caractères même arrondis des Romains furent d’abord arguleux où pointus; on peut s’en convaincre en examinant les anciens alphabets grecs ou éfrusques, syriaques d’origine, et d’où est venu Palphabet lutin. Les anciens caractères persépolitains étoient en- tièrement eunéiformes. Ils venoient probablement des caractères de Babylone qui étoient aussi cunéi- formes. L’antériorité de ceux-ci ne doit pas être con- testée, puisque les Chaldéens furent les maîtres qui ont enseigné les autres peuples; puisque T'hémis- iocle nous atteste lorigine assyrienne des carac- Inscriptions babyloniernes. 45 tères Persans, puisqu'Hérodote la suppose ou la fait présumer. Voici des rapprochemens encore plus curieux. Les caractères sanscrits que les Indiens appellent Deva-nagari, pour exprimer qu’ils les tiennent im- médiatement de la divinité, sont composés de clous; ce qui paroît confirmer que les Indiens tirèrent leurs lettres et leurs sciences d’Assyrie, par le moyen de la Perse, où les modernes ent d’abord découvert l'écriture à clous. La forme de clous est particulièrement remarqua- ble dans les plus anciennes inscriptions en depa- nagart, Dans celles qu’on a découvertes à Mahaba- lipuram , à Kener, à Elora, Elvira, dans l’ile de Salsette, et à Bouddal. Cette écriture indienne pa- roît dériver de lécriture à clous de Babylone. ; On trouve aussi des écritures de ce genre sur des enveloppes de momies d'Égypte. L’alphabet 1/betan qui est venu de l’Znde , surtont le plus ancien tibetan , appelé cuchem , est cunéi- forme, L'écriture à clous paroît exister dans les lettres dites perlées des monnoies samaritaines , et de divers monumens 27ecs. Elle éclate dans l’estranghelo ou syriaque. Un des caracteres des briques de Babylone est exacte- ment semblable au #1 de l’estranghelo. Elle se remarque enfin dans l’alphabet é/hiopique ancien ou aæumitique , et dans le moderne où am- harique ; dans le couzouri, ancien caractère de ja 46 Antiquités orientales: Géorgie , et dans les caractéres runiques du nord de l'Europe. Ainsi les anciennes écritures se rapprochent d’une source commune; et les caractères à clous sont pro- bablement les premières esquisses de tous les carac= tères alphabétiques. 5. Dans le dernier chapitre , l’auteur examine à quel genre d’écriture appartient celle des briques de Babylone , comment on pourroit les déchiffrer, et quel est vraisemblablement leur contenu. On écrivit d’abord sur les pierres, les rochers, les piliers, les murailles; et la plume étoit appa- ramment un clou ou un autre instrument analogue. Selon le témoignage de Pline , les observations as- tronomiques de Babylone étoient inscrites sur des briques. Mais on ne sait pas si ces briques étoient séparées, ou en colonne, ou en corps de muraille. Les Babyloniens écrivirent, des ouvrages sur des colonnes de briques. Nous apprenons de Clément d'Alexandrie, que démocrite avoit tiré des traités de morale d'une pareille colonne bubylonienne. Des rochers, des colonnes, des briques, des mu- railles chargés d’écriture, furent les premiers livres da monde. Delà, probablement, l'écriture perpen- diculaire à laquelle ces sortes de pages étoient plus propres. Nous la retrouvons sur les briques de Ba- bylone , où les clous qui la composent sont rangés la tête en haut et la pointe en bas, où chaque li- goe perpendiculaire est inscrite dans un carré. Telle fut Pécriture des Æthiopiens, des Ægyp- tiens ; telle est celle des Chinois, Inscriptions babyloniennes. 47 Eustathe sur Homère nous apprend que telle fut aussi l’écriture chez les Grecs , qui tiennent leur alphabet des Syriens ou Phéniciens. Encore aujourd’hui les Syriens, comme leurs an- cêtres, écrivent de haut en bas. Les Mongols et les Tartares de Chine, dont l’al- phabet vient aussi de Palphabet syriaque, écrivent aussi perpendiculairement ; non de droite à gauche comme Îles Chinois, mais de gauche à droite comme les Syriens. L'écriture persépolitaine paroît ou alphabétique ou du moins syilabique ; car les mêmes figures y reviennent souvent , tandis que écriture des briques de Babylone, plus près de l’origine de l’art, sem- ble, comme l'écriture des Chinois, hiéroglyphique ou monogrammatique , renfermant dans un seul assemblage , des traits, tout un mot , toute une phrase, En conséquence , l’auteur la croit analogue aux fameux Koua, ou huit trigrammes (3) des Chinois ; espèce d’hiéroglyphes qui représentoient la pensée par des traits et des arrangemens le plus arbitraires dans l’origine. Il croit donc qu’on ne peut essayer le déchiffre- ment des briques babylontennes, qu’en rassemblant un grand nombre de ces pièces, et leur appliquant l’art ou la doctrine des combinaisons, ou en dé- couvrant, par conjecture, ce que peuvent signifier (3) V. Mémoires concernant les Chinois , in-4.°, 1. 2, p. 17 et 18. 45 Antiquités orientales. les inscriptions qu’on possède. Il semble, néanmoins ; que cette première méthode ne peut servir qu'au tant qu’on sait la langue de l'écriture à déchiffrer. Essayant la seconde méthode, M. Hager rassemble quelques probabilités, d’après lesquelles 1l soutient que les inscriptions des briques de Babylone doivent ressembler à celles des briques des autres peuples, comme les Romains et les Étrusques, qui avoient coutume d’y inscrire, négligeamment, des choses de pur intérêt privé, comme des dates, les noms des fabricans , ceux des propriétaires qui faisoient employer les briques, et le nom des lieux où elles devoient être pla:ées. Les principaux résultats de toutes ses recherches et de ses conjectures, sont : 1.° Que les inscriptions persépolitaines sont vraiment de l'écriture, et non des caractères magiques, ni des fleurs. 2.° Que les caractères à clous étoient usités, non pas seulement en Perse , comme on lavoit cru , mais chez les Babyloniens. 3.2 Que ces caractères ne viennent pas originai= sement d'Ægypie, ni de la Bactriane,, mais de Babylone , et qu'on devroit les appeler babylontens plutôt que persépolitains, 4.0 Qu'ils sont précisément les caractères sacrés de Babylone ; sur lesquels Démocrite avoit COmM- posé un livre. 5. Que se sont les plus anciens caractères chal= daïques, 6.° à * Inscriptions babyloniennes, 45 « 6. Que tous les alphabets semblent en dériver primitivement. 7. Que l’ancienne écriture de Babylone étoit , comme celle des Chinois , perpendiculaire et mo- nogrammatique ; que €’est la plus ancienne manière d'écrire , sans dessiner, en tout ou partie , les objets de la pensée. 8.° Que les caracteres persépolilains ne doivent pas étre lus perpendiculairement comme ceux des briques babyloniennes , mais horizontalement et de droite à gauche, Quand on a répandu des lumières comme notre auteur, sur des points d’antiquités aussi curieux et aussi obscurs, on est bien modeste de s'appliquer, comme il fait, ce vers d’Horace : Est quoddam prodire tenus , si non datur ultra. LanNJUINAIS, S. Tome IT. P PRE PERRET ENS EP RRUR CENTAINE TS RER LET LÉ RAT UMR E EXAMEN oratoire des Eglogues de Virgile, à l'usage des Lycées et autres Ecoles de la République ; par V. J. GENISSET ;, ex - professeur de seconde au ci- devant Collége de Dôle, département du Jura. 1 vol. in-8.°. À Paris, de l'imprimerie de Pierre Didot , l'aîné. An x. Se vend chez Lefort , libraire, petite rue du Rempart Saint-Honoré et de la Loi, n.° 961. Cr ouvrage, nouveau dans son genre, ne pouvoit paroître à une époque plus favorable que celle où un Couvernement restaurateur apporte es plus grands soins à organiser l'instruction publique. Le but important de cette production est de faire con- noitre le génie et la langue de Virgile, de manière à dispeuser de revenir à une seconde étude , comme étoicnt obligés de faire tous ceux en général qui fréquentoient naguères les Colléges, et qui vou- loïent ensuite cultiver la littérature latine. L’expé- rience a convaincu M. Genisset, ainsi que tous ceux qui l'ont précédé dans la carrière de lPenseignement, de l'indispensable nécessité d’un commentaire lu- mineux pour acquérir une Connoissance parfaite du mérite poétique de Virgile, et pour l’apprécier, non sur parole, non, £a verba magistri, mais d'apiès Eglogues de Virgile. Sr € un sentiment fondé sur les principes du goût, sur Pimitation de la belle nature. Il suffit d’avoir étu- dié , même sous les maitres les plus distingués, pour être convaincu que des explications purement ver- bales ne font sur Pesprit le plus attentif et le plus avide d'instruction que des impressions légères dont il ne reste bientôt aucune trace. M. Genisset a voulu empêcher que ce désordre classique ne se propageât dans l'instruction publique régénérée, en publiant l'Examen oïatoire des Eglogues de Vir- gile. [I suffit de lire cet ouvrage pour se convaincre qu'il est supérieur à tous ceux qui ont eu le même objet, et qu’il sera infiniment utile aux jeunes gens et au commun des amateurs de la poésie latine. Les uns et les autres y apprendront, non - seulement à se familiariser avec les richesses de cette langue, mais encore ils acquerront, dans cette admirable production, le sentiment de toutes les beautés qui caractérisent essentiellement Virgile. M. Genisset expose dans le plus grand jour, et fait connoître, de la manière la plus sensible, tous les ressorts qu’a employés avec tant de succes le premier des poètes latins : caractères , sentimens, mœurs, images, harmonie, tout ce qui fait le charme des beaux vers est développé, tout-à-la-fois, avec autant de finesse que de profondeur. Les lecteurs qui con- noissent la meilleure méthode d’en:eignement savent qu’il n’y a pas de mots parasites dans les vers de Virgile ; qu’un professeur doit iâcher de fixer lPat- tention de ses éleves sur chaque mot eu particu- lier ; qu’il ne doit n£_liger aucun moyen pour exciter 15 1e 52 Littérature. leur admiration ; et que ce sentiment, quelque exalté qu’il soit, se trouve toujours au dessous de celui qu’ex- cite dans les ames qui en sont susceptibles, un auteur aussi parfait. Ce qui doit mériter particulièrement à M. Ge- nisset l'estime et la reconnoissance de ceux qui de- sirent que l’étude des belles-lettres ne fasse pas né- gliger celle de la morale, c’est qu’il saisit, avec une adresse merveilleuse , toutes les circonstances favo- rables pour exposer les suites funestes des passions déréglées, et pour rappeler ces principes qui font chérir la vertu, et qui font fuir le vice. On ne peut donner une juste idée de l’importance du travail du commentateur qu’en en citant quel- ques passages : on les prendra au hasard; car tout est également intéressant dans cet ouvrage. Il est à propos de remarquer que chaque églogue est la ma- tière d’un discours où le texte et les réflexions, ju- dicieusement combinés , font ressortir toutes les beautés en détail, sans nuire à Pintérêt de l’en- semble. , Dans la premiere Eglogue k Melibée, chassé de son héritage par d’avides soldats qui s’en sont em- parés à la suite des guerres civiles, exhale sa dou- leur aupres du berger Tytire, qui, plus heureux, a été maintenu par Auguste dans la possession de ses champs : At nos hince alii sitientes ibimus afros : Pars scythiam, et rapidum cretæ veniemus Oaxem, Et penitüs toto divisos orbe Britannos. Esglogues de V'irsile. 53 « Le désespoir aime à se nourrir des réflexions « qui livritent. Mélibée , en se retraçant les lieux « de son exil, s'arrête précisément aux sites les « plus sauvages, les plus propres à contraster, d’une « manière effrayante, avec la délicieuse retraite où “ Tytire va couler le reste de ses jours. Au lieu « de ces campagnes rafraïîchies par le souflle des « Zéphirs, ombragées d’un peuple d’arbrisseaux, “ ce ne sont plus que des plages arides, des climats « desséchés par les feux du soleil, sitientes afros ; « au lieu de ces ruisseaux dont le murmure invite « au sommeil, ce sont des torrens qui roulent leur « onde écumante avec un fracas épouvantable , ra pidum cretæ oaxem ; enfin, c’est une contrée sé- « parée du reste de la terre, et comme reculée par- delà les limites du monde. » Impius hæc tam culta novalia, miles habebit! * Barbarus has segetes! en quà discordia cives Perduxit miseros! en queis consevimus agros ! Le désespoir de Mélibée est à son comble, il éclate en imprécations contre ses ravisseurs,. 2m= pius , miles , barbarus. Maïs où sa douleur va-t-elle s’égarer? Ce soldat impie, ce barbare, n’est que l'instrument mercenaire de tant d’injustices et de malheurs ; ce sont les dissentions intesiines qu’a fait naître l'ambition des chefs pour se partager J'empire; ce sont elles qui ont trainé à leur suite la ruine, la spoliation , la misere, inévitables fruits des discordes civiles.... Ainsi, Mélibée, en rejetant sur des causes aveugles l’exces de son in- D 3 84 Littérature. fortune, a soulazé son cœur du sentiment pénible de la haine, et Conné quelque relâche à sa dou- leur : elle ne pouvoit allir plus loin, sans outre- passer les bornes Gé la vérité pastorale. Le tableau de la mort de Daphnis, dans la cin- quième Eglogue, offre des teautés d’un autre genre, qui ont été parfaitement saisies et heureusement rendues par le commentateur. Ezxtinctum nymphæ crudeli funere Daphnim Flebant; vos, coryli, testes, et flumina nymphis ; Cüm complexa sui corpus miserabile nati, Atque deos atque astra vocat crudelia mater. « Jei s'ouvre à nos yeux une scène funèbre : # Daphnis w’étoit plus, une mort cruelle et pré- « maturée venoit de l'enlever à la terre : toute la « contrée étoit en deuil; les nymphes pleuroient. « Ce vers, Extinctum nyÿmphæ crud.li funere Daph- « nim, est doux, triste et simple, Il faut, dans la “ douleur, que vous vous abaissiez, dit Despréaux. « Flebant fait une beauté d'harmonie, parce qu’il « est'dissyllabe et spondée ; un dactyle n’auroit pas u le même effet. Le poète, élevant tout-à-coup la « voix, interpelle les bois et les ruisseaux, comme « s’il avoit besoin de leur témoignage dans le récit «“ d’un événement si extraordinaire. Arrétons-nous « ici pour méditer ce tableau. “ Nous voyons étendu le corps pâlé de Daphnis; « les nymphes éplorées l'entourent dans une atti- « tude douloureuse ; a scène, décorée d’une ma- “ nière analogue au sujet, n'offre que des arbres Eglogues de Virgile. 93 « épars, immobiles, figurant le saisissement de Ja « douleur; des ruisseaux dont les murmures entre- « coupés ressemblent aux gémissemens; on diroit « qu'ils roulent des pleurs : Fos, coryli, testes et Jluminæ... Cependant une mère désolée couvré « de son corps le corps iñanimé de son fils ; ellé £ le tient étroitement serré dans ses bras ef contre « son cœur; elle ne peut s’en séparer , compleæa... I semble qu’elle lutte avec Ja mort pour lui arra- 2 cher sa dépouille: Naf, que ce mot si tendre est bien choisi! il embrasse touté la vie de Daphnis, depuis le moment où sa mére le mit au monde dans les travaux de l’enfantement : c’en est fait, SJ # la Parque impitoyable a cc'pé là trame de sa vie; Daphnis et emporté, à la fléur de son âge; Dapbnis n’est plus, et sa mére vit encore... A « cette pensée, le désespoir la saisit ; elle s’en prend aux dieux; elle accuse les astres qui in- fluent sur la destinée; elle les apostrophe avec un geste menaçant et terrible, atque deos, atque + astra... Elle ose même accuser la justice suprême «“ des dieux , et blasphémer contre leur bienfaisance, « vocat crude/ia : maisles dieux se souviennent qu’elle « est mère, mater... Ce mot vient à la fin, comme « pour excuser son trouble et son égarement. Nous « allons voir toute la nature partager la douleur « de cette mere infortunée, » Non ulli pastos illis egere diebus Frigida Daphni, boves ad fiurine : nulla néque crmnent Libavit quadrupes ; nec graminis atrigit herbam. ii ol; D 4 D 6 Littérature. Daphni ruum pœnos etiam ingemuisse leones Tnteritum, montesque feri silvæœque loquunture “ Une mere au désespoir tenant entre ses bras le corps inanimé de son fils est un spectacle qui va jusqu’à la terreur ; maïs le poète en adoucit l’im- pression, en faisant succéder la pitié, dont il a soin de graduer les effets avec un art inimitable, C’est peu que les bergers nous arrachent des larmes, en payant à la destinée malheureuse de Daphnis le tribut de leursregrets; la compassion augmente, lorsqu'on voit les troupeaux eux-mêmes donner des marques certaines d’une tristesse amere; en- fin, elle est à sou comble, lorsqu'on entend les bétes farouches déplorer en leur langage cette catastrophe funeste : Non ulli pastos illis egere diebus. . . « Ce vers est comme enveloppé d'un voile funè- bre ; il peint la consternation : cette chute traî- nante ét monotone, illis egere diebus, semble p'olonger encore les obseques de Daphnis, et le deuil qui les accompagne. » Tout ce qui tient aux amours de Pasiphaé, dans Ja sixième Eglogue, paroît traité d’une manière aussi supérieure. L’habile commentateur, ne per- dant pas de vue qu’il écrit pour la jeunesse, a su tirer de ce morceau une morale admirable et tou- chante dont, au premier coup-d’æil, il ne semble guere susceptible, II débute par cette catastrophe: » Console-toi, femme de Minos, déplorabie Pa: « Eglogues de Virgile. 87 siphaé ; ta tendresse et tes malheurs t'ont mérité une place dans les chants de Silene. Et fortunatum , si nunquam armenta fuissent, Pasiphaen nivei solatur amore juvenci Ah! virgo infelix, quæ te dementia cæpit! « Silène a choisi cet exemple mémorable, en vue de préserver les bergers qui lécoutent de ces passions effiénées qui consument vainement tout le feu de la jeunesse, épuisent sa vigueur, tour- mentent la raison, l’égarent et la subjuguent. Pour graver plus avant dans son cœur cette im- portante leçon , il représente, avec toute l’énergie de Ja vérité, les redoutables effets de ces passions, dans la flamme honteuse dont brûle Pasiphaé : il nous conduit dans les bois et sur les montagnes à la suite de l'étrange amant pour lequel elle sou- pire ; il nous fait entendre les plaintes et les gé- missemens de cette reine infortunée : et ce qui ne doit pas davantage nous échapper, c’est la mo- dération avec liquelle il traite son sujet, gardant au vce seul toute sa haine, et conservant, pour la triste victime de la tyrannie des passions, ce respect que l’on doit au malheur, cette pitié, cette douce bienveillance, qui cherchent à cou- vrir, à réparer les fautes de Phumaine fragilité. Voilà bien la vertu! Je reconnois son caractère auguste et touchant. Ainsi donc, loin de se ré- pandre en injures contre Pasiphaé, Silène la plaint et la console : il Jui souhaite une meilleure for- tune ; et, plutôt que de J'ayouer coupable, il va 58 Littérature. “ jusqu’à desirer qu’il n’y ait jamais eu de trou- « peaux : il n’ose pas la nommer avant que de “ payer à son malheur le tribut de la compassion ; « surtout il n'oublie rien de ce qui peut affoiblir « les torts de cette infortunée. Le taureau qu’elle «“ aimoit étoit blanc comme la néigé, et n'avoit pas « encore subi le joug, river juvenci. Quoïqu’elle “« fût épouse et mère, il lappeile vérgo, comme « d’un nom plus honorable, plus capable d’intéresser « à son sort, attribuant sa passion à quelques accès “ de démence, » _ Après avoir suivi Pasiphaé errante sur le sommet des montagnes, l’auteur en vient à cette apostrophe: Claudite nymphæ , Dictææ nymphæ, nemorum jam claudite saltus } Si quà forte ferant oculis sese obvia nostris Errabunda bovis vestigie : forsitan illum, Aut herbé captum viridi, aut armenta secutum, Pérducunt aliquæ stabula ad gortyne vaccæ. “ Ce n’est plus Silène qui raconte, c’est Pasiphaé « elle-même qui, semblable à une bacchante, court « à travers les forêts qu’elle:remplit de ses alarmes. “ Loin d’elle et la honte et le remords : sa flamme “ est changée en fureur; et, dans son délire, elle « ose rendre les nymphes confidentes et complices « de sa détestable passion. Fut-il jamais aveugle- « ment si déplorable ! « Qu'on se figure avec quel accent dut être pronon- « cée et de quel geste accompagnée cette éclatante « apostrophe , c'auditenymphæ! L’espèce de silence s qui précède donne à cet éclat de voix inattendu un Eglogues de Virgile. 59 « surcroît de force et d'énergie qui frappe et réveille « comme ensursaut le lecteur. Admirez aussi les mâles « effets de ces répétitions qui se croisent et qui se « fortifient par degrés, 2ymphæ dictæœæ nymphæ nez à morum.,.claudite jam claudite, » C’est ainsi qu'il faut voir et sentir ces objets ; il y a dans ces jugemens et ces analyses autant de vraie philosophie que de goût et de sensibilité. Ce genre d'observations renait sans cesse sous la plume de M. Genisset. Veut-on des effets d'harmonie judicieuse- ment observés ? on n’est embarrassé que sur le choix des citations. Ælrer erit tm typhis, et altera quæ vel dat argo Delectos heroas. « Ce vers remarquable par la légereté et le bondis- “ sement de sä chute, imite le port du navire dont “ les flots soulevent et balancent la nef au milieu “ des mers. » Talia secta suis direrunt currite fusis. « Ce vers court avec la légèreté des fuseaux ; on “ croit voir la trame s’alonger en tournant sur elle- “ même ayec rapidité. » Ædspice convexo nutantem pondere mundurmn Terrasque tractusque maris, cælumque profundum. « O prodige ! les sphères célestes se baläncent « dans leur orbite pour saluer le siécie fortuné qüi “ va régénérer l’univers : la force progressive de ces “ mOts zulanterm pondere , lépithète pittoresque u convexo ; la chute profonde et sonore pondere 60 Littérature. « rnundum , donnent à cette libration sublime du « poids et de la majesté. A ce grand signal, tous les “ élémens répondent ; la terre tremble et s’agite ; -« les vastes plaines de l'océan , tractus...frémissent « et bouillonnent. La voûte du ciel mugit et s’ébranle, « Lerrasque {raclusque mMmaTES cœlumque profundum … « Entendez-vous ce vers éclater comme Île tonnerre « et retentir dans l'étendue ? » Ceux qui cherchent à se former sur les grands modèles ne doivent pas s’en teuir à une stérile admiration : ils doivent se demander compte des sentimens qu’ils éprouvent ; ils doivent , pour ainsi dire, interroger leurs modèles , et chercher à dé- couvrir la raison de leurs perfections. Ceux-là n’au- ront pas à craindre de s’égarer sur les traces du pro- fesseur Genisset. Son examen oratoire est une pro- duction fort importante qui manquoit à notre litté- rature et aux écoles publiques. Elle est le résultat d’une connoïssance approfondie de la langue de Vir- gile et de toute les fiuesses de l’art. On y remarque un goût sûr, une imagination brillante , une morale pure et beaucoup de sensibilité. Ce livre classique est sorti des presses de Pierre Didot, l’ainé, c’est dire assez que l’exécution typo- graphique ne Jaisse rien à desirer. Le mérite réel de cet ouvrage et le besoin que nous en avions ga- rantissent son succès. Il est propre à diriger les maitres et à former les éleves dans l'étude de Ja lan- gue latine et des belles-lettres. SICARD , l’un des 40 de la classe de la langue et de la littérature françoises. TOURS PR UD EN :C:E: ANALYSE du Tableau historique de la Jurisprudence romaine ; par GOUJON , ancien jurisconsulte, Paris, chez Goujon, fils. An xXI1.— 1803. 1 vol. in-8.° L: droit romain a servi de fondement à la légis- lation de presque tous les peuples de l'Europe, et il en servira encore longtemps. La jurisprudence le] cultivée, presque dès la naissance de l’état, par ce 3 PTESG ; peuple orgueilleux de sa bravoure et de sa législa- tion, fut, à la fin de plusieurs siécles, élevée jus- qu’au plus haut degré de perfection. Cette histoire est donc, en général, d’un grand intérêt pour tous ceux qui aiment à observer les progres de l'esprit humain; mais elle est encore d’une plus grande im- portance particulièrement pour les jurisconsulies. Pour connoïtre une chose à fond, il faut savoir son origine, son développement , sa formation, c’est- er yo set ADR à-dire, son histoire; et celui qui connoit assez Phis_ toire du droit romain, a un grand avantaswe sur celui qui ne sait que les règles et les maximes de mémoire, parce qu'il trouvera, par ce moyen, avec Du on AERTS facilité, un chemin et des lumieres dans l’intei pré- ; Ï tation des lois difficiles et de celles qui semblent 1 opposées les unes aux autres, au licu que Pautre se trouve souvent dans un embarras, d’où il ne peut C2 Jurisprudence. sortir qu'après un long travail et avec beaucoup de peine. | | Daas ce moment , où la France se félicite enfin d’a- voir un éode civil par lequel l’uniformité de la législa- tion sera rétablie, et la différence entre les pays du droit écrit et les pays coutumiers sera abolie, c’est une entreprise qui mérite de grands éloges, que celle qui a pour objet de donner principalement à ceux qui commencent l'étude de la jurisprudence , un ta- bleau de l’histoire du droit romain, où l’on a rassem- blé les faits les plus remarquables, autant qu'il est possible de le faire dans un petit volume. « L’histoire «“ du droit romain, par Terrasson , forme un volume « in-fol., dit l’auteur; c’est trop pour un ouvrage qui « nest destiné qu’à servir à une étude préliminaire. » C’est pourquoi M. Goujon a résolu de nous don- ner un extrait de cette histoire célèbre. Tout le monde sera d’avis, avec l’auteur, qu’un volume in-fol, ne convient pas à une introduction ; mais ce n’est pas le seul défaut de Terrasson. Quoiqu'il soit bien vrai que l’ouvrage de cet auteur contienne d'excellentes choses , il est cependant incontestable qu'il est rempli d’une infinité de fautes qui s’y sont g'issées, par négligence, ou qui n’éloient: pas en- core corrigées dans ce temps-là, mais qui, depuis, ont été rectifiées par d’habiles jurisconsultes. Il est cependant resté un grand nombre de ces erreurs dans cet abrégé, sans qu’on ait fait usage des renseigne- mens , des corrections et des snpplémens qui ont été les fruits du progrès des sciences en général, et prin- Jurisprudence romarne. 63 cipalement des recherches savantes qu’on a faites sur l’histoire et sur la jurisprudence dans les temps modernes. C’est surtout un défaut dans un livre des- tiné à servir de préliminaires, et où l’on est obligé, plus qu'ailleurs, de suivre l’ordre des temps. Les époques fixées pour l'histoire du droit, sonf, comme dans ouvrage de Terrasson , les mêmes que celles qu’on a adoptées pour l’histoire politique. Mais il y a encore d’autres faits remarquables, qui, quui- qu’ils ne soient point d’un grand intérêt pour l’histoire d’un état , sont pourtant de la plus haute importance pour le droit, et qui caractérisent un long espace de temps, beaucoup mieux que des événemens po- litiques. Ce sont ces faits d’après lesquels 1] faut régler les époques du droit. Par exemple, le droit changea très-pen dans les premiers temps de la ré- publique, jusqu'à la formation de Ja loi des douze Tables ; mais depuis le temps de la rédaction de cette loi, le droit a subi un grand changement qui étoit assez considérable pour terminer là la pre- miere époque. Quoique cette observation regarde beaucoup plus une histoire de la lévislation romaine, elle concerne pourtant aussi une histoire comme celle ci, dont le but principal est de traiter de la naissance des lois, de leurs changemens et de leurs sources , sans exposer en détail ce qu’elles con- tiennent. Comme il est impossible que la première époque ne contienne pas ici, comme dans lhistoire de cha- que peuple, beaucoup de fables, il n’est pas uéces- 64 Jurisprudence. : saire de répéter tous ces faits dont la fausseté est souvent manifestée , et il suffit de donner des réfle- xions générales sur ces temps. Dans la seconde épo« que, l’auteur commence à parler des tribuns , des decemvirs, et de la loi des douze Tables. Parmi : les jurisconsultes qui ont contribué le plus, par leurs recherches, à restituer et corriger le texte de la loi des douze Tables, Éverhard Otto mérite d’être nommé : c'est lui qui a donné tant d'observations excellentes sur le texte, dans la préface du qua- trième volume de son Thésaurus; et c'est, sans doute, grand dommage qu’on n’en ait pas fait plus d'usage jusqu’a présent, et même dans les commen- taires de M. Bouchaud. Quoique le point de vue sous lequel l'auteur nous a représenté Le droit Flavien et Ælien ne soit pas aussi lumineux qu'il pourroit être, ses observations sur ces lois proprement dites, sur les senatus-consultes, sur les plébiscites , et prin- cipalement sur les édits prætoriens, méritent des éloges. Dans la troisième époque, l’auteur est obligé de parler d’abord de la loi nommée Regia. « Cette « loi, dit-il, dont quelques auteurs ont prétendu, « mal-à-propos, contester l’existence, est posté- « rieure de plusieurs années au commencement de « l'empire d’Auguste. » Quoique la question sur l'existence de cette loi, qui fut souvent agitée, ne soit pas très-importante , comime personne ne Cons testera qu’il n’éioit pas difficile à l’empereur d’ob- tenir une telle loi, je ne passerai pas sous silence cette observation, parce qu’on doit regretter infini- mené - Jurisprudence romaine. 6 ment que l’auteur n’ait pas cité plus précisément les sources où il a puisé ce fait; car Ulpien est le seul qui parle de cette loi, comme du fondement de la constitution. Mais on ne pourra jamais prouver que ce jurisconsulte parle d’Auguste, comme on la présumé ; et, au contraire, les anciens fixoient souvent le commencement de la monarchie des Ro- mains plutot que nous ne le faisons dans l’histoire des empereurs. C’est ainsi qu'Appien , dans son histoire de la guerre civile ( Bell. civ. I. 3. I. 82 et 99./, appelle Sylla le premier monarque. On croit encore que le nom de cette loi appelée Regta dérivoit dé ce qu’elle contenoit, c’est à dire, du pouvoir presque royal qui fut donné à Auguste en vertu de cette loi ; et l'on ne fait pas attention que ce mot regia, est pris pour un nom propre dans la paraphrase grecque des Znstitutes , par Théophile (L. 1 Tit. 2. . 6.}), et n’est pas traduit; et que c'était le même Sylla, à qui le pouvoir suprême fut déféré par la proposition d’un entre-roi { Znterrex) , d'après lequel la loi fut appelée Regia. Enfin, ce que dit Appien sur ce point là est bien remarqua- ble, en parlant du pouvoir suprême dont Auguste jouissoit exclusivement comme d’un fait pôur lequel on v’avoit plus besoin d’une loi. « Non amplius ne à speciem quidem indigens populi suffragüs. » ( Bell. civ. I. 5. ]. Toutes ces raisons assez convaincantes ou au moins assez ingénieuses, ont été rassemblées et exposées par M. Hugo , jurisconsulte célebre d'Allemagne, professeur à l’Université de Gottin- Lonte IT. E 66 Jurisprudence: gue, qui a déja répandu beaucoup de lumières sur l'histoire du droit. Après avoir parlé ensuite de quelques lois et cons- titutions rendues sous les empereurs suivans, l’au- teur s'arrête plus longtemps sur l’édit perpétuel ré- digé par Salvius Julianus, sous l'empereur Adrien. 1 dit: « Ce qu'il y a de plus marquant de son « règne, par rapport à Ja législation, c’est la col- «“ lection des édits annuels des préteurs, exécutée « par ses ordres ,. et publiée sous le titre d’Édie « perpétuel. » L'ouvrage de Julien s’acquit dans la suite une si grande autorité, que les empereurs Dioclétien et Maximien ne firent aucune difficulté de lui donuer le nom de droit perpétuel, Jus per- petuum. (p.165 167). Sans entrer ici dans la dis- eussion sur le plus ou moins d'importance de cet édit, il Faut observer que le nom d’édit perpétuel n'est pas usité depuis ce temps, mais qu’on s’en servoit déja au temps de Cicéron, et il signifoit la méme chose que le mot annuel, Ce qui est attesté par les commissions. des préteurs en matières cri- minelles, lesquelles s’appeloient quæstiones perpetice , c'est-à-dire, anruæ. Les ouvrages de Justinien sont traités en détail et avec beaucoup de soin , comme on peut bien s’y attendre. À l'égard de la dénomination du Diges- um infortiatem (p. 253. ), il y a un grand nombre d'opinions qui méritent peu de créance, parmi les- quelles il faut compter sans doute opinion adoptée ici, qui est que ce nom lui vient de ce que cette Jurisprudence romaine. 67 partie du milieu, à laquelle on l’applique, traitant, dans l’ordre du digeste, des successions, des substi- tutions et de plusieurs matières également impor- tantes et d’un grand usage, étoit celle qui rappor- toit un plus gros revenu aux jurisconsultes. Selon une opinion nouvelle, qui est sans doute juste et viai, ce nom signifie le fortifié, suppléé, parce qu'il y a eu longtemps une lacune dans la L. 82, Dig. lib. 55, tit. 2, à compter de ces mots, 1res Paites, jusqu’à la fin; et ce passage fut appelé ensuite res parles. On trouve dans Ja plupart des manuscrits du Digestum infortiatum , qu’on y a in- séré une feuille, et de là la dénomination Znfortia- tum in 3 partibus et Infortiatum sine 3 partibus. Enfin, l’auteur, en traitant de la translation de droit romain en Orient , dit : « que l’empereur. « Phocas fit traduire le code de Justinien, et qu’il « exigea une paraphrase des Znstitutes , qui fût plus « claire et plus détaillée que le texte »; dessin si par- faitement exécuté par Théophile, qu’on a, pendant longtemps, fait prévaloir la copie sur l’original, au point que Cujas lui-même conseilloit au célèbre Loysel, son contemporain , de recourir à la version grecque , pour mieux entendre Île texte latin de Justinien. Quoiqu’il soit bien vrai que cette para- phrase mérite toutes sortes d’éloges, l’auteur se trompe quand il dit qu’il ne falloit pas confontre ce Théophile jurisconsulte , avec celui du même nom qui fut, sous Justinien, l’un des trois em- ployés à la première rédaction des /astituies. L'au- En EL 2 68 _ Jurisprudence. teur de la paraphrase vint soixante-dix ans après lui. Cette assertion est dénuée de tout fondement ; et une plus grande faute que l’on a souvent commise, c’est de mettre cet auteur de la paraphrase dans lâge des Glossateurs ; maïs il est incontestable que le rédacteur des /nstitutes et l’auteur de la paraphrase ne font qu’une seule et même personne , et M. Gou- jon ne l’auroit pas nié, s’il avoit eu connoissance de la meilleure édition que nous en avons publiée en 1757, en deux volumes in-4.°, à la Haye, par Reiz. Cet éditeur a prouvé ce fait, dans son excel- lente préface , d’une manière évidente. L’auteur finit son ouvrage par une courte exposition de la manière dont le droit romain s’introduisit en France. 11 faut bien regretter encore qu'il y ait dans un tel ouvrage plusieurs noms corrompus, dont la rec- tification ne se trouve point parmi les erreurs ty- pographiques. On n’auroit pas dû faire une telle omission dans un ouvrage destiné à servir de pré- liminaires, JUNCKER. VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. NOUVELLES ÉTRANGÈRES. To NUD'R'ES. Sur le Tannin retiré du Cachou. Quelques journaux ont parlé des essais que l’on fait en Angleterre pour employer au tannage des euirs la substance connue sous le nom de cachou , ou de terra Japonica , qui est, comme l’on sait, un extrait provenant d’une espece de mrmosa. Ces es- sais ont donné un résultat satisfaisant ; et comme le tan d’écorce de chêne est rare en Angleterre, où il coûte environ un denier sterling la livre ( deux sous de France }, il seroit possible qu’on Jui substituât avec avantage dans ee pays le cachou, que les Anglois se procurent facilement par leur commerce avec les Indes orientales. A la vérité, il revient à cinq deniers sterling la livre; mais on prétend avoir reconnu qu’une livre de cette subs- tance fait autant d’effet que neuf livres d’éeorce de E 3 70 IVouvelles littéraïres chêne, de sorte qu'il y auroit encore plus de 40 pour cent d'économie à en adopter l’usage. Il croit, dit-on, sur la côte de Guinée, des ar- brisseaux dont l’extrait contient autant de tannin que le cachou. Peut-être sont-ce aussi des mmosa. Notre commerce du Sénégal pourra nous procurer quelque jour ce nouveau produit, qui ne seroit pas sans utilité pour nos fabriques. SU: Dyf Academie de Stocl/holm. Les deux secrétaires de l’Académie des sciences à Stockholm, M. de Melanderhielm , conseiller de la chancellerie, et M. Nicander, secrétaire du roi, viennent de donner leur démission , et les vice- secrétaires de l’Académie ont été nommés à leurs places. Le premier aura toutes les fonctions rela- _tives à l'observatoire, et le second les autres affaires du secrétariat. DA NN EUMCAIR CNE. Société d'Economie rurale. La Société d'économie rurale de Copenhague a fait faire, vers le milieu du mois de juin, par M. le professeur Wiborg, et en présence de plusieurs économes instruits , l'épreuve de quatorze différentes charrues, pour examiner quelle manière de labourer Ja terre est la meilieure. Nouvelles littéraires. 71 ARTE T'M'ATVG/N\EC: Université de Heidelberz. L’électeur de Bade vient de publier une ordon- nancé très-importante concernant une nouvelle or- ganisation de l'Université de Heidelberg, qui est aujourd’hui le seul établissement littéraire étendu des Etats Badois. Il a affecté à cette Université un fonds portant 40,000 florins d’intéréts annuels ; 30,000 florins serviront au payement des profes- seurs; 1,500 florins à l’augmentation de la superbe bibliothéque ; 1000 florins pour un cabinet d’histoire naturelle, etc. L'Université est divisée en six sections, savoir : 1.° celle de théologie. Il y aura des professeurs en théologie, catholiques, luthériens et réformés ; de manière que les trois branches de la religion chré- tienne y seront enseignées. 2.° Celle de jurispru- dence et de droit publie. 3.° Celle de médecine, 4.° Celle d’économie publique et d’administration. 5. Celle de philosophie, dans laquelle seront com- pris des professeurs de mathématiques, physique, histoire naturelle , histoire | géographie , statis- tique, ete, 6. Celle des arts. RC'ovmuE Ponte et incubation de perroquets. En 1801, M. Ch. L. Morozzo, de l’Institut de- Bologne , informa M. de Lacépède, sénateur, du fait singulier, et rarement observé, d’un perroquet E 4 72 . Nouvelles littéraires: né en Europe (1). Celui dont parle M. Morozze , étoit éclos à Rome. Les deux oiseaux qui lui avoient donné naissance, s’appareillerent de nouveau en 1802, et furent, à l’époque de leurs amours, transportés à Orviette , chez M. Jean-Antoine Passeri, gouverneur de cette ville, à qui ils appartenoient La femelle dépos: trois œufs, les 21, 25 et 29 juin. Elle couva avec assiduité. Pendant ce temps, le mâle lui por- toit à manger. Le 18 juillet, on s’aperçut qu’un œuf avoit été jeté hors du nid. On l’ouvrit, et on n’y treuva aucun vestige d’embryon. Le 20 juillet, la femelle continuant de couver , on soupconna que le fœtus des autres œufs avoit péri. On résolut d'ouvrir ces œufs : on y trouva les deux fœtus bien formés; mais ils éioient sans vie. Ils furent mis dans un bocal rempli d’esprit-de-vin, et proces-verbal fut dressé de ce qui s’étoit passé depuis l’incubation, pour conserver un témoignage authentique de la prolification de cette espèce d’oiseaux en Italie. On pense que ces perroquets n’ayant point été placés dans une chambre séparée, le bruit et le trop de monde qui les approchoit, les auront effarouchés, et que peut-être des tentatives de la femelle, pour transporter ses œufs ailleurs, auront fait périr les petits dans la coque. (:) Magasin Encyclop. Année VII, t. IV, p. 516.- Nouvelles littéraires. 73 ERA NUICSE: ! UFR NN: Ecole de médecine. Il sera établi, dans le courant de l’an XI7, deux nouvelles écoles de médecine à Turin et à Mayence. Ces écoles seront organisées comme celles de Mont- pellier et de Strasbourg ; quant au nombre de pro- fesseurs et au mode de l’enseignement, il n’y aura que quatre adjoints aux professeurs de chacune d’elles. VITASE DEN CL'ENINTE!S, Propriété du Rhus radicans. Le rhus radicans de Linné, ou 1oxicodendron de Tournefort (sumac poison), dont le suc est âcre, corrosif, et qui, par le simple contact, cause com- munément sur la peau des éruptions érésipélateuses, n’étoit connu que par ses qualités nuisibles, et par queïques autres propriétés qui le rendent utile dans la teinture. Un hasard heureux vient de procurer à M. Dufresnoy , docteur de Montpellier, professeur et médecin en chef de l'hôpital de Valenciennes, l’avantage de découvrir dans cette plante des vertus précieuses. Ayant observé qu’un jeune homme, qui portoit depuis six mois une dartre au poignet, avoit été guéri radicalement , apres une éruption érésipé- lateuse qui s’étoit dévéloppée en lui, pour avoir manié le rhus radicans , cet habile médecin résolut d’en éprouver l'effet sur lui-même. Après diverses expériences, il l’employa efhcacement pour détruire les dartres et guérir certaines paralysies. 74 Nouvelles littéraires, PAGES INSTITUT NAT IONAL. PURE NN INÈUR EU LC. ErTAÏS'S €: Mémorre sur les Marées, par le C. LAPLACE. Le but de ce mémoire est de comparer les grandes marées observées le 2 germinal dernier, avec les ré- sultats indiqués par la théorie de la pesanteur uni- verselle. À cette époque , la lune étoit nouvelle et périgée. Ces circanstances , jointes à celles d’une syzygie équinoxiale, sont les plus favorables aux grandes marées ; et si les vents joignent alors leur action à celie des causes régulières, il peut en résulter des inondations contre lesquelles il est prudent de se précautionner. C’est dans cette vue que le bureau des longitudes publie, dans la Connoïssance des Temps de chaque année, le tableau des plus grandes marées qui suivent chaque nouvelle et chaque pleine lune. Pour avoir la véritable hauteur des marées, due à l’action du soleil et de la June, et la distinguer de celle qui est due à l’action momentanée des vents, il ne suffit pas d'observer la hauteur absolue de la pleine mer, il faut observer aussi la basse mer correspondante, et la différence des hauteurs donne Ja marée totale. On sent en effet que les vents ne péuvent que soulever plus ou moins la vraie hau- teur de la pleine et de la basse mer, à-très-peu-présde Nouvelles. littéraires: vi la même quantité. Cette considération est de rigueur, parce que, sans elle, on ne peut conclure de lob- servation que la réunion des oscillations totales, sans pouvoir les décomposer pour les rapporter à leur vé- ritable cause. Les marées du 2 germinal ont été observées à Brest par les CC. Rochon et Mingon : la hauteur t6- tale a été de 7,507 (23 pi: 4po-). C’est la plus con- sidérable que l’on ait encore observée. Celle’ qui s’en approche le plus, remonte au 23 septembre 1714: la lune étoit pleine, périgée, et presque sans décli- naison , ainsi que le soleil : la marée totale fut de 22 pieds 11 pouces. Suivant la théorie exposée dans le quatrieme livre de la Mécanique céleste, la plus grande différence entre la haute et la basse mer dans les syzygies précédentes est de 7,410 (22 pi: 1oP°-), ce qui dif- fère très-peu des observations ; mais on a remarqué, dans le livre cité, que les circonstances locales de chaque port peuvent faire varier le rapport de l’ac= tion du soleil et de la lune sur les phénomènes des marées, La comparaison des observations faites à Brest, a fait connoître au C. Laplace que les cir- constances y accroissent d’un sixième l’action de la lune; et, avec cette modification, le résultat de la théorie tient le milieu entre ceux qui sont donnés | par lobservation. } La pleine mer du 25 septembre 1715, au matin, et celle du 3 germinal dernier, au soir, ont été à- peu-près équidistantes de la syzygie ; ce qui doit donner la même heure pour les marées, si les cir- 76 Nouvelles littéraires: constances locales d’où dépend l'établissement du port, n’ont pas varié dans l’intervalle de près d’un siècle qui sépare les deux phénomènes : le premier fut observé à 4h 30’ du matin, temps vrai; le se- cond, à 4h 29/ du soir; d’où il paroît que les instans des marées, à Brest, n’ont pas varié pendant cet intervalle. Le C. Laplace a proposé à la première classe de Jinstitut de s'adresser au gouvernement, pour le prier de faire faire des observations suivies des ma- rées dans Îles différens ports de la France, et de former une commission pour présenter une instruc- tion simple sur la meilleure manière de faire ces observations. Ces deux propositions ont été adop- tées. | Le mémoire dont nous venons de donner un ex- trait, sera imprimé en entier dans la Connoissance des Temps. SECONDE CLASSE. La seconde Classe de l’Institut ayant à distribuer deux prix, l’un de poésie et l’autre d’éloquence , établis avant la réorganisation de l’Institut en quatre elasses, et cette distribution ne devant se faire que dans l'assemblée publique de la seconde classe, les concurrens sont prévenus que le terme fatal au- delà duquel les pièces peuvent être recues, est pro- rogé jusqu’au 1.°" vendémiaire , auquel commencera l'examen des ouvrages. Ceux qui auroient déja en- voyé quelque pièce, pourront y faire des corrections et des additions, ou en fournir de nouvelles, Nouvelles littéraires. 77 Notice des travauæ de la classe des sciences mathématiques et physiques, depuis la dernière séance publique de l'Institut na- tional. — Partie mathématique , par le C. DELAMBRE, secrétaire perpétuel. On appelle tautochrones les courbes dans lesquelles les oscillations d’un corps pesant sont toujours de la méme durée, quelle que soit leur étendue. Les tautochrones sont célebres par les travaux des plus grands géomètres qui se sont exercés successivement à vaincre les difficultés que présentent les différentes hypothèses qu’on peut faire sur les lois de la pesan- teur et de la résistance. Mais quoique leurs for- mules eussent toute la généralité possible, ils n’y cherchoient que lestautochrones planes, tandis que, pour chaque hypothèse, il en existe une infinité qui sont à double courbure. L'examen de ces nouvelles tautochrones, et leur rapport avec Îles tautochrones planes, font l’objet d’un mémoire du C. B10T. De la considération des formules , ’auteur a su tirer des théorèmes remar- quables parleur simplicité. Mais quelles que soient leur élégance et leur nouveauté, on nous dispensera d'entrer en aucun détail dans une matière tellement abstraite, que le C. Bossut, dans son Essai sur l'histoire des mathématiques, a cru devoir discul- ‘per les géomètres qui ont appliqué leurs forces et Jeur génie à ces problèmes purement théoriques, On ne peut rien ajouter à la solidité des raisons 78 Nouvelles littérarres. qu’il rapporte en faveur de ces spéculations, stériles au premier abord ; et qui finissént par trouver leur application; mais on peut les rendre plus sensibles par un exemple assez frappant. Quand les anciens géomètres recherchoient avec tant de soins toutes les propriétés des sections coniques, quand Apollo- nius en faisoit le sujet d’un traité profond dont on a longtemps regretté les livres qui ne sont pas venus jusqu'à nous, ne paroissoit-on pas en dioit de leur dresser ce méme reproche de perte de temps en méditations qu’on auroit pu mieux employer? Qui pouvoit prévoir alors les nombreuses applications que ces courbes ont trouvées dans plusieurs bran- ches des mathématiques, et qui pouvoit surtout se . douter que Pellypse fût la figure de toutes les or- bites planétaires ? Parmi les problèmes plus élémentaires et d’une utilité plus prochaine, s’il en est un dont on ait multiplié les solutions, c’est assurément celui dont l’objet est de corriger les distances apparentes de la lune au soleil et aux étoiles, pour en conclure }a longitude d’un vaisseau. Ce n’est pas que ce pro- blème soit bien difäcile, mais il est d’un usage jour- nalier : ceux qui sont dans le cas de l’employer n’ont pas toujours une grande habitude des calculs. Dans le temps surtout où il s’agissoit de familia- riser les marins avec des méthodes dont ils n’avoient aucune idée, ou dont l’idée les effrayoit, les as- ‘tionomes cherchoïent tous les moyens d’abréger et de faciliter un calcul qui, par les méthodes les plus rigoureuses, n’exige pas un quart d'heure, Cartes, Nouvelles littéraires. 79 projections, instrumens, tables subsidiaires, tout a été mis en usage. Aux méthodes rigoureuses, on à substitué des approximations plus faciles et tout aussi exactes dans la pratique. On auroit cru la matière épuisée, et cependant des considérations fort simples et qui ne s’étoient encore présentées à personne, viennent de fournir au C. LEGENDRE. une solution toute nouvelle. Sa formule est d’une symétrie remarquable qui sert à la graver dans la mémoire. Il n’y manquoit qu’un peu plus de brié- veté dans le calcul, et l’auteur a su lui donner en- core ce mérite, en renfermant, dans deux tables commodes , plusieurs termes dont la suppression abrége l'opération d’un tiers. D’autres formules que l'on connoiît jouissoient de ce dernier avantage, mais la solution nouvelle ne le cédant que fort peu de ce côté,-a, par dessus toutes les autres, le mérite d’une symétrie élégante qui doit compter pour beau- coup, puisqu'elle contribue à la facilité de Popé- ration. Si les phénomènes des marées n’étoient assujettis qu’aux actions combinées de la lune et du soleil, on pourroit les prédire avec la même précision que les phénomenes célestes. Avec quelques données une fois tirées de l’observation , on pourroit annoncer, d’avance et le moment exact de la haute mer, et l'élévation précise de ses flots. L’action des vents, qui sans doute échappera toujours à nos calculs, ne peut, à la vérité, rendre méconnoissabies les cau- ses principales et périodiques des marées, mais elle en modifie au moins les effets; elle peut les 80 INVouvelles littéraires. augmen{er ou les diminuer, les accélérer ou les re- tarder; et s’il arrive qu’un jour où le soleil et la lune se trouveront placés de manière à produire la plus forte marée, le vent conspire aussi pour élever les eaux, elles pourront alors causer des inondations extraordinaires , dont il importe d’être averti pour prendre , à tout événement, des précautions qui peuvent devenir nécessaires. C’est dans cette vue que, depuis quelques années, la connoissance des temps annonce pour toutes les nouvelles et pleines lunes la force des marées, abstraction faite de toute circonstance locale et accidentelle, Les ma- rées de ventose et de germinal dernier étoient an- noncées comme devant être les plus fortes de l’an- née. Elles ont attiré l'attention des observateurs et celle des curieux. Si l’attente de ces derniers n’a pas été tout à fait remplie, les autres ont eu lien d’en être d’autant plus satisfaits. Ces marées ont été en effet du nombre des plus fortes dont les ob- servations nous aient été conservées; mais l’atmo- sphère étoit calme, et par conséquent, d’après l’an- nonce même, aucun des accidens dont la possibilité seulement avoit été prévue ne devoit arriver. L’ob- servation qu'aucune cause étrangère n’est venue troubler, a été, par -là même, une des plus con- cluantes qu’on pût desirer. Le C. Rochon a com- muniqué à la classe ce qu’il a observé à Brest ; le C. Septfontaines nous a transmis ce qu’il a vu à Calais : leurs notices ont donné au C. Laplace l’occasion ‘de lire un mémoire à la suite duquel la classe, pénétrée de la nécessité d’une suite d’obser- vations Nouvelles littéraires. 8: vations faites en diférens ports et suivant des mé- thodes uniformes, a nommé une commission char- gée de rédiger une instruction propre à guider les observateurs. Le rapport de la commission est imprimé pour être distribué dans les ports ; les ministres ont p:o- mis de donner leurs ordres, et bientôt vont com- mencer des séries d'observations destinées à faire connoîitre, dans les phénomènes des marées, quelle est au juste la partie qui tient aux causes périodi- ques et générales, et ceile qui tient aux causes lo- cales ou accidentelles, Les nouvelles planètes découvertes par MM. Piazzi et Oibers, continuent à fixer l'attention des astro- nomes. Malgré la petitesse de l’aic qu’elles ont par- couru sous nos yeux, malgré les perturbations considérables qu’elles éprouvent de la part de Ju- piter, on a déja les élémens de leurs orbites avec assez de précision pour retrouver ces astres à l’en- droit indiqué par le calcul, quand ils redeviennent visibles après avoir été plusieurs mois perdus dans les rayous du soleil. La plus grande dificulté vient de leur extrême petitesse qui fait quelquefois dou- ter si on les voit, quand on est bien sûr de les te- nir dans le champ de la lunette; ce qui est vrai surtout de Pallas, qui parcit quelquefois comme une étoile de 10, de 11, ou inême de 12.° grandeur, tandis que Ces paroit de 7 ou 8. Aureste, comme il y a quelque chose de trop arbitraire dans cette distribution des étoiles, par ordre de grandeur, nous nous ferons mieux entendre en disant avec le Tome IT. EF * 82 Nouvelles littéraires. C: Messier, que Pallas est tout ce qu’on pent dis= tinguer de plus petit dans une excellente lunette, Une circonstance extraordinaire a momentané- ment donné à cet astre imperceptible, un diamètre plus sensible, une Jumière moins foible. Le 8 prai-. rial, par un fort beau temps, le C. Messier fut surpris de lui trouver une lumiere double de ce qu’elle en avoit quelques jowis auparavant; et ce- pendant, d’après les calculs, les distances aa soïeil et à la terre étant à peu pres les mêmes, l'éclat de la planete n’avoit pas dû changer, Ce n’étoit qu’une apparence dont la cause ne iarda pas à se décou- vrir. La petite planète avoit, dans son chemin, rencontré une étoile dont elle paroïssoit si proche, qu’on ne pouvoit apercevoir le moindre intervalle entre les deux astres. Quaraute-deux mivutes plus tard, la séparation étoit opérée, et saivant la mar- che connue de la planete, Pintervalle devoit être de 15!/ environ. On pourra, tout à loisir, déterminer Ja position de la petite étoile ; et des ebservations répétées qu’on en pourra faire, il résultera, pour lisstant, de l'observation du C. Messier, une dé- termination du lieu de Ja planete plus exacte et plus précise qu’aucune de celles qu’on auroit pu se procurer directement. Ces observations, connues sous le nom d’Appuilses, sont infiniment rares. Quel- que multipl'ées que paroissent les petites étoiles, les intervalles qwelles laissent entre elles sont cepen- dant encore assez grands, pour que les planètes fassent le tour du ciel sans en cacher une seule, au moins de celles qu’on peut observer. La lune de- Nouvelles littéraires: 83 vroit cependant en éclipser quelques-unes tous les jours, mais leur foible lumière s'éteint à la seule approche d’une lumiere plus grande ; et l'observa- tion de ces éclipses est trop difficile, trop incertaine, et présente trop peu d'avantages, pour que les as- tronomes s’en occupent : ils ne donnent quelque at- tention qu'aux étoiles de quatrieme à cinquième grandeur et au-dessus. L’arce du méridien qui a servi aux astronomes françois à déterminer Punité fondementale du sys- téme métrique, étoit déja le plus grand qui jamais cût été mesuré. Le C. Méchain, pendant son séjour en Espagne, avoit remarqué qu’on pouvoit l’étendre encore de deux degrés en formant deux triangles qui, s'appuyant sur la côte d’Espagne entre Barce- Jonre et Tortose, iroient aboutir aux îles de Major- que et d'Ivice. La difficulté étoit de mesurer les angles et d’apercevoir, dans une lunette qui n’a pas un demi-mètre de longueur, des signaux dis- taus de deux cents milles. Ces observations ne pou- voient réussir que dans les circonstances les plus favorables et par conséquent les plus rares; on ne peut les tenter qu’au milieu de l’hiver; elles n’eu- rent alors qu’un demi-succès, Le C. Méchain se vit forcé d'abandonner un projet qui l’intéressoit beau- coup, et dont le plan étoit déja tracé. Les disposi- tions réciproques de la France et de l'Espagne n’é- toient pas alors assez amicales pour qu’on pût se flatter d'obtenir les secours et le concert qui étoient indispensables pour des opérations aussi difficiles ; mais ces dispositions ayant heureusement changé F 2 84 Nouvelles liltéraires. pour le bien des deux nations, le Gouvernement françois, à qui toui Ce qui a quelque grandeur est en droit d’inspirer de l’intérêt, vient d’ordonner ce prolongement de notre méridienne jusqu'aux îles Baléares. Déja le C. Méchain est à Barcelonne avec des instrumens moins disproportionnés à la difficulté des observations. Il attend , pour commencer, qu’il ait pu se concerter avec les commissaires espagnols. Cette nouvelle entreprise promet deux avantages. Le piemier sera d’ajouter deux degrés à l’are me- suté, ce qui sufhroit déja pour dédommager de tout ce qu'il en pourra coûter de temps et de travail. Un autre avantage plus important encore aux yeux de plusieurs personnes, sera d’avoir un arc total divisé en deux, également par le 45.° paraliele, et duquel on pourra, sans aucune supposition, sur la figure de la terre, conciure la grandeur entière du méridien, L'éciat de ces opérations, dont la Frarce a donné Pexemple, a plus d’une fois excité l'émulation des naiions voisines. Ainsi, après les mesures exécutées par les Fiançois au Pérou, au cercle Polaire, en France même et au Cap de Bonne-Espérance, on a vu mesurer les descrés de Rome, de Turin, de Vienne, de Hongrie, de Pensylvanie et de Milan ; les Suédois viennent tout nouvellement de répéter ét d'étendre, avec des instrumens faits en France ét avec tous les moyens que fournit l’étät présent des sciences et des arts, les opérations faites en 1736 au cercle Polaire. Les détails de la nouvelle mesure n’ont pas encore été publiés; mais nous ap- Nouvelles littéraires. 89 prenons par des lettres de M. Melanderhielm, se- crétaire - perpétuel de l’Académie des sciences de Stockholm , et promoteur de la nouveile opération, -que les conclusions qu’il en a tirées ne s’accordent guère avec ce qui résultoit de la première. Celle-cæ donnoit un degré qui s’écartoit considérablement de tous les autres, et supposoit un applatissement si considérable, qu’il avoit fait naître quelques soup- cons sur l’exactitude des mesures. La nouvelle, con- cilie tout. Ce degré, comparé à celui de France, donne, pour lapplatissement, la même quantité à fort peu près que ce même degré de France com- paré à celui du Pérou. Ce résultat seroit si satis- faisant, qu’à peise encore osons nous y croire. On avoit bien quelques doutes sur la bonté des opéra- tions faites en 17363 mais l'erreur qu'il faudroit y reconnoitre , passe de beaucoup les fimites dans lesquelles on la croyoit renfermée. En aitendant que la publication du travail des Sué‘ois ait opéré une conviction entière, nous avons du moins tout lieu de penser que les irrévularités de notre globe ne sont pas aussi grandes qu’on avoit cru jusqu'ici, et que la courbe du méridien , abstraction faite de quelques circonstances locales, s’écarte beaucoup moins de la figure elliptique régulière. Il est reconnu, par les marins les plus habiles, que le port de Brest ne peut , en temps de guerre, être approvisionné par la voie de la mer, et l’on ne peut avoir recours à la voie infiniment onéreuse des charrois que pour les besoins les plus urgens. Le conseiller-d’état Bruix a déja prouvé, dans un F 3 86 Nouvelles lit'éraires. mémoire imprimé , l'indispensable nécessité d’uge communication intérieure entre Brest et la Loire. Des bateaux du port de dix tonneaux au plus, un canal de petite navigation peuvent suffire aux be- soins sans cesse renaissans de la marine. Le C. Ro- chon, qui s’étoit occupé longtemps des projets de navigation intérieure proposés aux Etats de Breta- gne, a donné plus d’exteñsion à ses idées dans un mémoire qu’il vient de lire à la classe. 11] montre comment, en faisant communiquer, et en rendant navigables les rivières de l’Erdre , de l’Isac, de VOurt, de Blavet et du Châteaulin, on établiroit une communication infiniment utile entre Nantes, Lorient et Brest. , À lPoccasion de ce mémoire du C. Rochon, nous dirons un mot de quelques expériences nouvellement faites d’une lunette dont il avoit donné la descrip- tion et les usages dans un mémoire imprimé en Van 1x, et dont nous avons rendu compte dans le temps. On connoît la propriété du erystal d'Islande, qui est d’avoir une double réfraction et de donner deux images. De cette propriété connue depuis longtemps, le C. Rochon a su tirer le parti le plus ingénieux. Un prisme de ce crystal, placé dans lintérieur d’une Junette, y fait donc paroitre deux images de Potjet qu’on observe, et ces images s’approchent ou s’éloi- gnent l’une de Pautre, suivant que ce prisme est pius où moins rapproché de l’œil. Met-on les images en contact ? alors une echelle gravée extérieurement à la lunette indique à l’observateur combien sa dis- Nouvelles littérarres. 87 tance à l’objet observé coniient de fois le diamètie .de ce même objet. Ainsi, counoissant la distance, on auroit la grandeur du diametre, et le diamètre bien connu donneroit une idée suffisamment appro- chée de la distance, Si vous apercevez en mer un Vaisseau que vous ayez intéiét d’attcindie ou d'évi- ter, mettez en contact les deux i Images ; ; Si vous vous _approchez de ce vaisseau, les deux images ne tar- deront pas à empiéter l’une sur l’autre ; au contraire, si les deux vaisseaux s’éloignent l’un de l’autre, les images seront bientôt séparées. Il est aisé de dis- tinguer le rang du vaisseau observé ; vous connoissez dote : à très-peu près les dimensions de sa mâture, Mettez en contact , et bout à bout , les ceux images du grand mât, et vous saurez à combien de longueur de ce mât vous étes actuellement du vaisseau, À terre, vous observez les images d'une troupe ennemie, vous placez ces images de manière que les pieds des unes soient sur la téte des autres ; et si vous évaluez à 17 décimètres la taille moyenne d’un soldat, la lunetie vous montrera combien de fois on compte 17 décimetres dans Ja distance qui vous sépare de l'ennemi. Cet exposé fait assez voir de quelle utilité peut être cet instrument, qui seroit déja fort intéressant quand il ne seroïit qu’un objet de curiosité, Les expériences en unt été répéiées à Saint-Cloud , le mardi 11 prairial. Le premier Con- ul, quise plait, comme chef du Gouveivement : à encourager les inventions qu’il sait apprécier en membre de la classe des sciences physiques et ma- thématiques , a bien voulu assister à nos expériences, F4 88 Nouvelles littéraires. les répéter lui-même, et ordonner la fabrication de plusieurs lunettes semblables. Cette découverte peut encore être d’un grand usage en astronomie. Déja le C. Rochon l’a fait servir à mesurer les diamètres de Mars, Jupiter et Saturne. 1] n’avoit pu d’abord l'appliquer au soleil et à la lune, dont le diamètre est de 30/ environ, parce que l’angle de la réfrac- tion n’est que de 20; mais, par une coupe ingé- nieuse des crystaux, les CC. Rochon et Torelli de Narcy sont parvenus à doubler et même à tripler V’angle de réfraction : il n’est-donc maintenant au- cune planète dont on re puisse ainsi mesurer Île diamètre, pourvu toutefois qu’il soit assez lumi- neux ; car il est visible que les deux images sont nécessairement plus foibles et plus pâles que ne se roit une image unique, Cet inconvénient est nul pour la lune et le soleil, qui n’ont toujours que trop de lumière, et l’on va bientôt adapter un de ces prismes à la meilleure lunette de l'Observatoire national. Musée d'histoire naturelle, Note sur quelques animaux provenant du cabinet de Meyer , et envoyé par M. VAN -MARUM , ax Musée & histoire naturelle de Paris. 1. La Céphalotte ( Vespertilio cephalotes ). Cette chauve souris a tout le port des roussettes : elle s’en rapproche par la forme des dents molaires, la pré- sence d’un ongle au deuxieme doigt de la main, le défaut d’oreillon , la briéveté de la queue, etc. ; Nouvelles littéraires. 89 mais elle sembloit pourtant exclue de ce genre par la considération des incisives, que Pallas avoit trouvé au nombre de deux à la mâchoire supérieure: ces dents, qui manquoient tout-à-fait dans la mä- choire d’en bas , avoient été cassées , accident assez commun dans les chauve-souris ; nous noùs en som- mes assurés en trouvant dans la céphalotte qui nous est parvenue, quatre incisives à chaque mächoire, comme dars toutes les roussettes. Cette observation ne laisse plus de doute sur la détermination géné- rique du lespertilio cephalotes. 2. La Belette de Java. Seba est le seul auteur qui nous ait parlé de cette espèce , et qui lait figurée , tab 48. Les auteurs systématiques n’avoient osé la considérer comme une espèce distincte : c’est du furet qu’elle se rapproche davantage ; mais elle s’en éloigne pourtant par son pelage d’un fauve brun, et par des taches jaunes au dessus des yeux. 3. Un Tatou à dix bandes. Il n’est qu’une variété du cachicame, ou du tatou à neuf bandes, 4. Un Hérisson de Malacca. Celui que nous ve- nons de recevoir est probablement un des jeunes in- dividus que Seba a figurés : il a plus de rapports aux hérisson: d'Europe qu’à ceux de Madagascar. 5. Nouvelle espèce de Musaraigne ( Sorex alba ). On tiouve la figure de cette musaraigne dans le Trésor de Seba, Lab. 35, fig. 7 ; mais comme elle y est donnée sous le nom de rats d'Amérique, elle a eté négligée et ne s’est trouvé employée dans au- cun ouvrage systématique, Ses dents ressemblent , pour le nombre et la forme, à celles de nos niusa- 90 Nouvelles littéraires. raignes d'Europe ; elle est trois fois plus grande , toute blanche ; sa queue est couverte de re longs , rares et verticiilés. Quoique conservée dans la li- queur , elle répand une forte odeur de muse : Seba dit qu’elle se nouriit principalement de noix. Voyage du capitaine BAU DIN. Le capitaine BAUDIN, commandant l'expédition des découvertes autour du globe, ayant recueilli à la Nouvelle - Hollande et aux Moluques, des pro- ductions de la nature, dans ses trois regnes, en suffisante quantité pour le chargement d’un de ses navires , les a expédiées en France. Elles viennent d'arriver au Hâvie sur la corvette le Naluraliste, commandée par le capitaine Hamelin. L’uu des pro- fesseurs du Muséum national d'histoire naturelle de Paris, a été chargé de les y recevoir , et de prendre les mesures les plus promptes pour les faire parvenir avec sureté à leur destination. Cette collection est composée de plus de cent- quarante caisses ou demi-bariques, qui renferment des minéraux , des végétaux et des animaux. Les minéraux sont contenus dans quatorze caisses, Les vegétaux en occupent douze de plantes des- séchées et préparées pour l'herbier; plus, trois ton- neaux remplis d’échantiilons de diverses especes de bois; deux boites de graines, et enfin plus de soixante bailles où demi-barils de plantes embarquées vivantes. Des animaux morts, ou leurs dépouilles, tels que Nouvelles littéraires, OL: madrépores , coquilles , insectes, oiseaux empail!és et peaux de quadrupedes , remplissent trente - six caisses. Les animaux vivans sont contenus dans neuf cages, et sont au nombre de dix-neuf individus. Toutes ces choses, y compris des troncs d’arbres d’un bois propre à la marquetterie et quelques us- teusiles des Indiens, ont été transportées du navire le Nuturalisie sur deux petits bricks de l’Etat, qui doivent les amener à Paris, et les débarquer à la porte du Muséum d'Histoire naturelle. Un jardinier intelligent est chargé de la culture des plantes vivantes pendant cette traversée, et les animaux en vie sont confiés à la garde de celui qui en a pris soiu depuis la Nouvelle-Hollande jus- qu’au Hâvre. Parmi ces animaux, sont deux Cygnes noirs qui sont à-présent sur le bassin du jardin de Malmaison. Cet envoi est un des plus précieux en ce genre qui ait été fait en Europe. Mais malheureusement la longueur du voyage, le défaut de moyens, la multitude de rats, dont étoit rempli le navire, et enfin le manque de connoissances du gouverneur des individus vivans , en ont fait périr le plus grand nombre pendant la traversée de la mer du Sud en France. Beaucoup d'animaux sont morts; plusieurs de ceux qui existent sont blessés ou languissans , et il n’en est qu’une petite quantité qui jouit d’une bonne santé, tels que les biches du Gange et les cygnes noirs, mâle et femelle. Ce sont heureuse- ment les plus intéressans de ceux qui ont été em- barqués, 92 Nouvelles littéraires. Quant aux végétaux en nature, ils ont été encore plus maltraités. Des 800 individus expédiés du port Jackson, il n’en existe qu’une trentaine qui donne encore quelques signes de vie, douze ou quinze qui végetent foiblement , et une demi-douzaire au plus qui soient en bon état. Parmi ces derniers, se troû- vent plusieurs individus du Jin de la Nouvelle-Zé- lande, plante la plus précieuse de l’envoi , par ses usages dans l’économie rurale et domestique. Les caisses qui renferment les minéraux, les her- biers, les animaux morts ou leurs dépouilles, sont sèches , entieres et bien conditionnées. Galerie du Luxembours. La galerie des tableaux du Sénat a été ouverte le 14 messidor, Elle commence depuis le pavillon gauche donnant sur la rue de Condé, et s'étend jusqu’au pavillon parallèle qui regarde le parterre du jardin. Dans les salles d'entrée , on voit les prin- cipaux ports de France, par C. J. Vernet. La suite de ces ports a été continuée par J. F. Hue, p‘intre vivant. Parmi ces tableaux, on distingue celui qui représente le port et la ville de Granville assiégée par les Vendéens, au moment où les habitans livrent la basie ville aux flammes pour en chasser les roya- listes. Cette grande composition offre diverses scenes terribles, dont l’affreuse vérité glace le cœur , en rappelant des temps, des lieux où l’humanité eut à répandre des larmes dont la source se tarira dif- ficilement, ; Nouvelles littéraires. 93 La grande galerie porte le nom de Rubens, et renferme plusieurs chefs-d’œuvres du Poussin, de Champagne, du Titien, de Raphaël, et lHermite de M. Vien. . Le reste de la se se compose de vingt-cinq tableaux, par Rubens, formant l’histoire de Marie de Médicis. Aide) Le plafond de la galerie est orné de douze ta- bleaux représentant les signes du Zodiaque, par Jordaëns, peintre flamand. Celui qui est au centre représente le lever de l’Aurore; il est de M. Callet, de J’ancitnne académie, peintre vivant. Les orne- mens qui décorent le plafond sont exécutés d’apres les dessins de Parchitecte du Sénat, M. Chalgrin. Le pavillon qui termine la galerie de Rubens, s'appelle galerie de Lesueur, dont le buste s’éleve is à-vis la porte. Cette galerie contient virgt-quatrer tableaux de Lesueur, représentant l’histoire de S, Bruno , fondateur de l’ordre des Chartreux. Elle Jui fut demandée par la reine-mère, pour en décorer le cloitre du monastère de Paris. | La rotonde qui forme un déme au milieu ce la facade du Luxembourg , vis-à-vis de la rue de Tour- non, n’étoit autrefois qu’un réduit ouvert aux vents et à la piuie; maintenant il est fermé par de larges croisées, ornées de sculpture , et présente un petit salon dont les quatre facés en rendent la perspective fort agréable. Au milieu est placé, provisoirement, un moiceau de sculpture destiné d’abord pour la laiterie de Rambouillet, et représentant une Naïade faisant paître une chevre au“bord de sa rivière: elle 94 Nouvelles littéraires. croit entendre du bruit, sa pudeur en est alarmée, et l’oblige à voiler ses charmes. Carte d'Egypte. Le ministre de la guerre s'occupe de faire rédiger ja carte d'Egypte , la plus exacte que nous ayons eue jusqu’à ce jour. Les noms des lieux y seront ex- primés en arabe , mais avec des caracteres françois. Cependant, comme il existe dans la langue arabe des articulations que les lettres de notre aljÿhabet ne peuvent rendre, on emploiera des siunes particuliers pour donner à ces lettres une modification conve- nable et indiquer la véritable prononciation. Cendre du Sarrazin. Il résulte des expériences du C. VAUQUELIN, membre de lfnstitut national, que la cendre du sarrazin ( Po/ygonum fugopyrum ) est très - riche en potusse, et peut être employée avantageusement dans les verreries. La cendre des autres vegétaux ne con- tient de cet alkali qu'environ 18 à 20 parties sur cent; c’est-à-dire à ‘peu près un cinquieme. Ceile du sar- razin en contient 33, ou près d’un tiers. Description des Monumens antiques envoyés au premrier Consul, par sa majesté le roi des Deux-Siciles. Lorsqu'on découvrit Jes ruines des trois fameuses villes détruites par le Vésuve dans le voisinage de Naples, Herculanum , lPomperr et Stabiæ, les amis Nouvelles littéraires, : 95 des lettres et ceux qui les cultivent concurent l’es- poir bien fondé, qu’en déterrant les restes échappés à l'empire du feu et du temps, on parviendroit à connoitre avec certitude un grand nombre d’usages dés peuples anciens , à entendre clairement les belles descriptions des auteurs grecs et latins, et à mieux comprendre quelques passages obscurs de leurs écrits : qu’ainsi les sciences et les beaux - arts acquerroient des règles plus sûres , en s’enrichissant de mo- dèles plus parfaits. L’évenemeit répondit parfai- tement à cette attente , et grace aux soins des rois Charles HT et Ferdinand IV on a poussé avec ardeur, et autant que les circonstances des temps l'ont permis, la découverte de ces ruines précieu- ses; et-l’étude de l'antiquité en a reçu un nouvel encouragement. Comme on recueilloit tous ces tré- sors à mesure qu’on les arrachoit du sein de la terre, et qu'on les soumettoit ensuite à une criti- que judicieuse, on vit s’élever dans Naples un riche Musée d’antiques , et paroître un ouvrage savant qui présente, en huit volumes, format d’atlas, Ja description des monumens les plus rares et les plus beaux, et qui, se repandant ensuite par toute PEu- rope, a exercé avec succès l'esprit des artistes et des savans. | C’est de ce Musée que sort la plus grande partie des monumens que sa majesté a envOyés au pre- mier Consul. Je vais en donner une courte notice, Ceux qui voudront en avoir une description plus dé- taillée, la trouveront dans l’ouvrage dont je viens de parler, 96 Wouvelles littéraires. Six volumes en papyrus. Les volumes en papyrus forment le monument le plus rare de la collection d’Herculanum. Ils furent d écouveris, il y a déja bien des années, dans les ruines d'une maison de campagne qu’on croit avoir appartenu à la famille des Pisons. Leur état de carbonisation tempéra en grande partie la joie qu’a- voit causée cette découver'e. En effet, le feu qui les avoit préservés de la moisissure , les avoit aussi réduits à un tel état, qu'il paroïssuit impossible de les dérouler. Mais que ne peut legénie de l’homme, quand il est encouiagf à propos ? Après beau- coup de tentatives et par l’eflet d’une patience ad- mirab'e, ou partint enfin à détacher les lames dé- licates et frêles des volumes réduits en charbon, de manière que sans perdre leur po:ition naturelle, et sans offenser ce nuage léger que les caractères antiques présentent sur le fond noir, ils pussent être aperçus par un œil exercé, et interprétés. Néanmoins il y en a qu'il est absolument impossible de dérou- ler : ce sont ceux qui ont été écrasés par le poids des ruines, ou sur qui l’action du feu n’a pas été assez complète, pour empécher l’humidité-de les pésétrer et de les corrompre entierement. Il ne faut donc pas être étonné que, soit à cause de la diffi- culté de trouver des personnes assez patientes et assez habiles pour se livrer à un travail aussi difi- cile, soit à cause des accidens fréqueus qui foreent à abandonner tantôt une pièce, tantôt une autre, il y ait encore depuis tant d’années si peu de ces papiers ; Nouvelles littératres: 07 papiers, qu’on ait réussi à déchiffrer jusqu’à la fin, ou plutôt jusqu’au commencement du livre ; car c’est dans la partie la plus intérieure que se trouve ordinairement le commencement de l’ouvrage. Le sort nous a été peu favorable pour les œuvres con- tenues dans les papiers qi’on est parvenu jusqu'ici à déchiffrer. On n’y a trouvé autre chose que les Traités du rhéteur Philodéme, dont un est déja imprimé, avec les Supplémens ingénieux et le sa- vant Commentaire, du docte évêque de Pouzzole, Carlo Rosini. Sa majesté voulant faire présent au premier Con- sul de papiers de son Musée, unique dans le monde entier, ordonna qu’il en fût choisi six des mieux conservés, et tels que l’explication en parût moins difficile ; ce qui a été scrupuleusement exécuté par une commission de l’Académie. On a préféré de les envoyer dans leur état antique, soit parce que parmi ceux qu'on avoit déja déroulés, il ne se trouvoit pas d'ouvrage intéressant , soit parce qu'il pouvoit se faire que le premier Consul eût lui- même le plaisir dy trouver le premier quelques- uns des historiens perdus, ou quelque traité inconnu de Ja philosophie ancienne, ou quelque morceau de poésie qui ajoute un nouvel ornement à la lit- térature grecque ou latine, découverte qui rendroit plus illustre encore une époque dont la gloire sub sistera toujours, Ces six pièces, conservées avec soin, sont arrivées intacies à Paris, et l’on espère que le premier Consul en ordonnera le dépouille= Tome Il. G 93 Nouvelles littéraires. ment. Il contentera, par-là, le vœu général et le desir particulier de sa majesté, Monumens en métal précieux, Les vicissitudes du sort auxquelles le genre hu main est et sera probablement toujours soumis, les variations qui se succèdent rapidement dans les usa- ges de la vie civile sont telles, que les ouvrages de métal précieux sont les plus sujets à varier de formes. Ceux dont se servoient les anciens sont au- jeurd'hei devenu tres-rares. Sa majesté en a fait choisir quelques - uns des plus entiers, trouvés sur les squelettes des malheureuses femmes qui n’a- voient pu échapper aux flammes du Vésuve. Ils ° un collier consistent dans les objets suivans : 1. composé artistement de petits anneaux d’or, enfilés l’un dans l'autre, qui soutiennent un médaillon d’or circulaire; 2.° une paire de brasselets du même mé- tal, trouvée à Pompeii ; 3.° une paire de boucles d'oreilles d’or , en forme de quartiers d’oranges; 4° un anneau d’or, qui appartenoit aussi à une dame, et où est enchässée une émeraude gravée qui représente un Bacchus tenant le thyrse dans une main, et dans l’autre la lesse d’un chien qui arrête un lièvre, embléme de l'exercice de la chasse et des plaisirs de l'automne; 5.° un anneau d’or gravé : on y voit un oiseau qui tient deux fruits à son bec, image allésorique de la diversité des goûts et des arts; 6.° une épingle d’argent pour les che- veux : la tête en est tiès-bien travaillée, et ornée Nouvelles litiérarres. 09 dé deux figures représentant Amour et Psyché; 7. une bulle d’or, trouvée à Herculanum au mois de mai 1758 et qui a dû appartenir à un enfant de la classe noble; car les autres ne pouvoient en por- ter que de métal moins précieux, et toujours pour y renfermer les amulettes , suivant l’usage indiqué par leur religion : ces builes se rangent dans la classe des monumens les plus rares, surtout quand elles sont d’or. Peintures. Nous ne connoissions que par le témoignage des écrivains le goût des anciens pour la peinture, Ils en faisaient le plus grand cas, ainsi que des autres beaux arts. Les peintures sur toile ou sur bois, et qui étaient les plus précieuses , n'ont pu résister aux injures du temps. Avant la découverte d’'Hercula- num , il y avoit peu d’édifices avec des peintures à fresque , encore ne donnoient-ils qu’un très-foible apercu des idées variées et nobles des anciens ; mais il nous est venu des ruines de cette ville des mor- ceaux qui, quoiqu’on ne puisse les ranger parmi les chefs-d’œuvres des premiers maîtres, nous font voir néanmoins une pureté de dessin, un heureux choix de couleurs, et souvent même une grace auxque}s on a tiès-rarement atteint. En outre, la peinture ancienne s’est enrichie de nouveaux sujets, et nous avons vu de nos yeux ce que les vieux écrivains nous avaient si bien décrit en vers ou en prose, Parmi les morceaux conservés dans le Musée d’'H.:. Culanum , on peut mettre au premier rang neuf ta- G 2 + 100 Nouvelles littéraires: bleaux, dont huit représentent chacun une Muse, et le neuvième Apollon, leur maître. Ce sont ceux que sa majesté a choisis pour en faire présent au premier Consul, à la perspicacité duquel n’échap- peront certainement pas les deux qualités qui les particularisent ; la premiere, c’est que chaque Muse ayant son nom écrit en grec avec l’attribut qui lui est propre , Ce sont ces tableaux qui ont fixé défi- nitivement nos idées , pour bien déterminer le ca- ractère el la propriété de chacune des Muses + j’en crois sur cela le docte interprète des monumens du Vatican, qui a écrit avec tant d’habileté sur Îles objets en marbre qui se trouvent maintenant à Paris. L'autre qualité, relevée si spirituellement par le même M. Visconti, est que lesdites peintures, grace aux couleurs, nous font bien distinguer les différens ornemens qui se donnoient aux figures des Muses, et nous font connoître positivement Îles idées des anciens sur ce sujet. Ces peintures furent trou- vées à Pompeii en 1795, et malheureusement le morceau de mur sur lequel la neuvieme Muse, Eu- terpe , avait été peinte, était entièrement ruiné. Ces tableaux sont arrvés à Paris sans avoir souf- fert , et cette capitale sent et apprécie en ce mo- ment tout l’avantage d’avoir en sa possession les tableaux les plus rares qui, jusqu’à présent, aient été déterrés et arrachés du milieu des anciennes ruines. Bronzes sacrés. Les anciens faisoient grand usage du bronze, Nouvelles littéraires: 101 non-seulement pour les statues, mais encore pour les ustensiles de sacrifices et pour toute la vaisselle domestique. La Campanie dont les mines, au dire de Pline , donnoient le plus beau bronze, travail- lait agréablement ce métal, ainsi qu’on le savoit déja par ses monnoies élégantes, et qu’on la vu depuis par les autres ouvrages tirés desdites ruines et remis au jour. Sa majesté a envoyé au premier Consul les morceaux qui correspondent à chacune des classes du Musée d’Herculanum. À la première classe appartient la petite statue de Mercure, donnée déja dans la table xxxv du second volume des bronzes , et expliquée très-soi- gneusement par les académiciens d’Herculanum. Les connoisseurs ont admiré la pureté du style dans le dessin , et la finesse du caractere donné à Mercure, à qui lon supposoit la sagacité dans l’esprit et la célérité dans l’action , comme le montre cette belle Statue. Le caractère d’Hercule étoit tout autre, et l’on aperçoit le style différent de Partiste dans une autre - petite statue qui représente ce dieu , et dont on trouve la description à la planche xx du même volume, où sont énoncés les attributs convenables à ce dien qui, à la force pour combattre, réunit le génie pour con cevoir et méditer les moyens de vaincre. La petite statue de Priape diffère enti rement de style avec les deux précédentes. Son attrii utes une tête de bélier, qui indique la force et le mouveiment : le pétase et les sonnettes dont il est orné , lui don- nent Je caractère de la célerité et de la joie qui G 3 102 Nouvelles littéraires: conviennent à ce dieu, qu’une imagination déréglée avoit inventé. Ce bronze très-rare a été trouvé à Her- culanum , au mois d'août 1740 , et il est dessiné dans la planche xxv1 dudit volume. Parmi les monumens destinés à la religion des an- ciens, sa majesté a fait choisir un très-beau trépied travaillé avec tant d'art, qu’il peut se replier en un petit volume. Chaque pied est orné d'une tête , d’une griffe de lion et d’un feuillage. Son réchaud s’adapte dessus avec trois anses, et l’on voit comment il étoit bien disposé pour les différens usages des temples ; c’est-à-dire, pour brûler des parfums, ou ja chair des victimes, ou pour recevoir les li- bations. Au trépied est jointe une patère dont on se servoit pour contenir les liqueurs et les répandre, selon les rits saciés, sur le feu ou sur les victimes , ou pour les méler avec d’autres. Il y avoit encore pour les sacrifices une petite cru- che, dont l’anse est ornée de têtes et de griffes de ion. On en voit souvent de même forme dans les mé- dailles de familles et d’empereurs, quand on veut marquer le pontificat , et souvent encore dans les tombeaux avec d’autres attributs religieux. On croit encore destiné aux usages sacrés un vase avec des anses mobiles qui se replient dessus, et ser voient pour porter sur l’autel les offrandes, et, at- tendu leur mobilité, s’enlevoient très-aisément : le vase restoit en forme de bassin, posé à la place où il devoit être. On regarde comme une très-belle chose un grand Nouvelles lit'éraires. 10% seau de bronze, orné tout autour de différens ou- vrages d’argent , et avec deux anses qui s’abaissent et s’adaptent entièrement aux bords; élevées , elles se joignent ensemble. Ce vase servoit à porter l’eau des- tinée aux lustrations : c’étoit un des plus beaux bronzes de la collection d’Herculanum. Les deux grandes tasses ou cratères, ayant chacune deux anses composées d'animaux marins d’un beau travail, étoient peut-être destinées à contenir les prémices qui s’offroient dans les temples, ou ser- voient comme d’ornement aux temples eux-mêmes, et aux maisons particulières ; car on en a trouvé indistinctement dans les maisons des particuliers ;, et dans les édifices sacrés, Elles posent sur des pieds avec des socles quarrés soutenus par des griffes de lion. On les compte au nombre des monumens les plus rares. Les six candelabres, qui different entre eux pour le travail, ont ét6 trouvés partie à Herculanum, et partie à Pompeii. Ils sont décrits dans le tome v111 de l'ouvrage cité, planches 72, 81 et 82. Ils servoient à soutenir les flambeaux dans les lieux qui n’étoient pas fréquentés. Avant Ja découverte de ces ruines, il étoit tres-rare de voir des candelabres, et plus rare encore d'en voir qui fussent bien conservés. Les lampes dont les anciens se servoient sont pré- cieuses quand elles se trouvent ornées et bien sculp- tées. Telles sont les quatre en bronze envoyées par sa majesté, et dont on peut voir les dessins avec les explications dans ledit tome v1E1, planches 25, 38, 41 et 43. - G 4 104 … Nouvelles littéraires: Bronzes d’un usage domestiques A cette classe appartient un lampadaire soutenu par un socle rectangle avec quatre griffes de lion, duquel s’élève un soutien en forme de pilastre ; du couvercle partent quatre feuillages pour suspendre les lampes. On en voit le dessin, planche 48 du même volume, ainsi que celui des quatre lampes qui en dépendent. C’étoit un meuble très-commode pour les personnes appliquées à un travail quel- conque. Mais il faut avouer que les anciens étoient bien moins entendus que les modernes sur la manière d'éclairer leurs appartemens. De plus , ils étoient ex- posés à un grand inconvénient dont se plaint Vi- truve , celui d’une fumée épaisse que donnoïent ces grosses mêches, parce qu’ils n’en avoient pas de plus fines. Par la même raison ils consumoient beaucoup plus d’huile. On voit sur ce lampadaire la place où se mettoit le canal de l'huile sur le rectangle wis- à-vis le soutien. Pour que le tout fût complet, on a joint au reste Pinfundibulum ou vase à verser lhuile : il est sem- blable à celui qui est dessiné, planche 35 dudit volume, Les anciens faisoient, comme on le sait, un fré- quent usage du bain. {ils avoient "tous les ustensiles nécessaires à cet usage. Sa majesté en a fait faire une collection complette, afin qu’il ne manquäât rien à l’en- voi fait au premier Consul. Le vase qu’on voit en forme de coquille , est d’un assez beau style. On conjecture avec raison qu’ilser- Nouvelles littéraires. 105 voit à jeter de l’eau sur le dos au moment où lon entroit dans le bain, et avant que tout le corps fût plongé , afin de rendre la première surprise moins sensible. Sa forme et son anse paroissent très-conve- nables pour cet usage. Au sortir du bain, on se servoit de strigiles, destinées, par leur frottement, à donner à la peau toute la netteté possible. On en a envoyé quatre; elles ont entre elles tres-peu de différence. Après que le corps étoit bien nettoyé, on em- ployoit les parfums qu’on gardoit dans de petits va-: ses comme celui à deux anses, et garni d’une petite chaîne destinée à les suspendre. Le parfum étoit versé du vase dans une patere, pour en oindre le corps. Parmi ces patères, on en a choisi une qui a le mérite d’avoir Pinscription latine , Cipr Porigr, qui est le nom ou du pro- priétaire ou de louvrier. Il est à observer que les strigiles, ainsi que le petit vase et sa patere, pou- voient être portés ensemble , au moyen d’un anneau ou d’un fil de métal, pour la commodité de celui qui alloit au bain. La rareté des vases destinés à la cuisine, a rendu très-précieux tous ceux qu’on a trouvés dans les ruines d’Herculanum et de Pompeii. On ena choisis quelques-uns pour donner une idée de Ja collection entière. Ce sont une casserole , deux poeles, une léchefrite de forme oblongue, un pot à deux an- ses, un autre à une seule anse et avec son couver- cle, un seau avec une anse comme celle des chau- drons , un vase demi-sphérique fermé en-dessus ; un 106 Nouvelles littéraires. vase assez ressemblant à nos marmites , une tours tiere avec dix-sept creux , probablement destinée à faiñe cuire des œufs ou des pâtisseries. Armes défensives. Dans tous les Musées, on compte au nombre des raretés, toute petite armure dont on econnoit avec certitude lancienneté, Sa majesté a jugé digne de Ja collection envoyée au premier Consul, une ar mure entière, trouvée en 1766 dans un portique qui est derriere la scene dn théâtre fouillé à Pompeii. Ce portique, qui environne un espacé éécouvert rectangle , paroït avoir été un lieu des- tiné au passage public, à mettre les spectateurs à eouvert, en cas de pluie subite, et à placer la force armée , pendant le temps du spectable, pour le maintien du bon ordre; il est à oberver qu'on yoit sur les colonnes de ce portique des dessins gros- sierement faits avec des cloux, peut-être par des soldats désœuvrés : ce sont des hommes dans l’at- titude de combattans, avec des armures qui ressem- blent à celle qu’on va décrire ; le bouclier surtout est de la même forme: cette remarque méritoit d’être faite ; elle fait sentir davantage le mérite du mo- nument. : La pièce la plus curieuse est le casque, qui est tout de cuivre, avec une grande bande tout à l’en- tour; la visiere est composée de six pieces, dont deux son fixes , deux mobiles par le moyen d’une charniere, et les deux autres grillées pour défendre les yeux, sans empécher de voir. La partie anté- Nouvelles littéraires. 107 rieure est ornée d’une tête de Méduse en bas-relief, et d’autres ouvrages ; la sommité de la crête a une tête de griffon toute en bosse. Quand on ne sau- roit pas que les casques du temps de Titus avoient cette forme, l’ancienneté incontestable de cette ar- mure , ainsi que les dessins grossiers dont j’ai parlé, et le lieu où elle a été trouvée, rendent le fait cer- tains, et donnent à ce morceau une valeur sin- guliere. L’armure, destinée à défendre les épaules jusqu’à la jointure du bras , est formée d’une lame de cui- vre avec les creux nécessaires pour s’ajuster sur le corps, et quatre boucles pour recevoir les courroies qui devoient l’assujettir ; sa partie extérieure est or- née &’un croissant de lune et d’une tête d'homme barbu : on voit que ces ornemens ont été argentés. Cette armure est d’une forme qu’on ne connoissoit pas auparavant, même sur les bas-reliefs des an- ciens; et l’on conjecture qu'étant propre pour les combats de mer, celle-ci doit avoir appartenu aux soldats classaires, qui se trouvoient en quartier à Pompeii. Les académiciens ont traité ce sujet à fond dans la Dissertation isagogique , 1° partie, cha- pitre XII, où l’on voit le dessin d’une armure sem- blable, planche 17. Suit une autre armure destinée à défendre la par- tie des cuisses et des jambes; elle étoit arrêtée par des courroies qui passoient dans des boucles ; elle est ornée , au genou, d’une figure ; et, de l’autre côté, d’une corbeille propre aux rits de Bacchus. En outre, on y trouve gravés les caractères M. C.B.; 108 Nouvelles littéraires: sur l'élévation du genou, on voit une tête de Mé- duse en bas-relief. L’armure de l’autre cuisse est en tout semblable à la précédente. Pour defendre la partie inférieure des jambes, on voit deux tibiales, aussi en cuivre, garnies d’an- neaux pour recevoir les courroies, et les attacher. Au milieu d'une des deux tibiales est, en bas-relief, Ja figure d’un homme armé, qui, de la main droite, s'appuie sur une pique ,. et, de la gauche, sur un bouclier. La partie qui défend les chevilles est or- pée d'une plaque, et on y voit gravés avec un poin- çon les trois caractères C. A. R. Au milieu de l’au- tre est, en bas-relief, la figure d'une dame drap- pée, environnée d’ouvrages en arabesque; et, à l’en- droit des chevilles, il y a une figure. Pour bien comprendre comment un soldat étoit en sûreté avec ces armes , il faut se rappeler les grands boucliers dont se servoient les anciens , pour protéger la plus grande partie du corps, boucliers qui étoient en bois et en cuir, afin d’être plus lé- gers ; aussi ne doit on pas être surpris qu’il n’en ait été trouvé aucun avec cetie armure. Ustensiles à peser. Les anciens pesoient comme nous les marchan- dises et les denrées. Ils se servoient, pour les cho- ses de peu de volume et de poids, de la balance à laquelle répond le bi/anx des latins : on en a mis une avec les autres articles, elle est composée d’un Nouvelles littéraires. 109 manche semblable en tout au nôtre , et entièrement de bronze, de petites cordes en dehors, qui proba- blement étoient faites avec du chanvre, car on n’en a pas trouvé vestige. Pour Îles objets d'un poids ou d’un volume plus considérable , on se servoit de la romaine’; celle qu’on a envoyée est entiere et bien conservée : on voit qu’elle pouvoit être employée de deux manières, pour les poids considérables, et pour ceux qui étoient plus petits, en changeant le soutien; elle a ses di- visions en onces et en livres; la lance se termine par un bouton orné d’un petit travail; quatre petites chaïîries soutiennent le plateau, et, au milieu, dans la partie supérieure, joue un morceau travaillé au tour , avec quatre rainures; ce qui fait que les chai- nes ne peuvent se méler, et peuvent embrasser un volume plus grand que le plateau, ou un vase rem- pli de liqueurs, de manière que le mouvement de la balance n’en fasse pas répandre. Le contie-poids ou romaine , que les anciens appeloient sacoma , est sculpté , et représente une tête couronnée de lau- rier. À la balance décrite la première, correspondent huit poids de basalte, qui sont en forme de sphere comprimée aux deux pôles ; le plus fort est de dix livres, le second de cinq , le troisième de trois, le quatrième d’une livre ; les quatre autres poids don- nent Ja division de la livre : c’est un tiers de quatre onces , ou un quarteron de trois onces, ou un sixième de deux onces, et enfin une once. Il ne se trouve pas dans les poids envoyés, non plus que dans les 110 Nouvelles littéraires: autres conservés au Musée d’Herculanum , un rap- port bien exact ; ce qui paroît devoir être attribué ou aux injures du temps, ou à quelque méthode que nous ignorons , et que les anciens pratiquoient en employant où variant les poids. Lampes de terre cuite. On trouve dans les temples , comme dans les mai- sons des plus petits particuliers, des lampes de terre cuite, diversement ornées de différentes figures vu symboles, au choix sans doute de lPouvrier, et celui qui en achetoit prenoit ce qu’il trouvoit à son goût, en consultant sa propre dévotion ou l'élégance du travail. Sa majesté a voulu qu’on en envoyât six des moins communes; il y en a deux qui ont un petit couvercle pour les tenir suspendues : ce sont les mêmes dont on voit les dessins dans le tome Vir1, planche 8, figure 2’; pl. 10, fig. 2; pl. 17, fig. tr; pl. 47, fig. 3; pl. 48, fig. 5 : et en outre un vase propre à verser l'huile dans lesdites lampes ; il n’a rien de curieux que la forme, et est décrit dans le même volume, pl. 14, fig. x. Ouvrage en mosaïque. Les anciens habitans de notre patrie étoient de très-bon goût pour le pavé de leurs maisons; ils employoient communément la mosaïque, qui devoit être un travail d'un grand prix, et ajoutoit beau coup à la noble-se de leur manière de vivre; le plus ou le moins de recherche dans le travail et les pier- res , le dessin plus ou moins élégant, étoient pro- Nouvelles littéraires. tIL portionnés à la condition du maître, et à la qua- té du site ; les pavés trouvés dans les ruines d'Her- culanum et de Pompeii, étoient en mauvais état ; c’est pourquoi sa majesté a préféré d’en envoyer un au premier Consul, trouvé dernièrement dans Pisle de Caprée , parce qu’il est enentieret tres-bien con- servé ; les petites pierres dont il est composé sont d’un beau choix, et tout le dessin est des plus agréables qu'on ait trouvé dans les anciennes ruines. Tout le monde sait combien est rare un pavé de cette qua- lité, de cette grandeur, et auquel nulle réparation n’a été faite de la main des modernes. Il y aussi une table ronde à peu près d’un aussi bon goût, également en mosaique, et bordée de ce marbre qu'on appelle fore di persico : les trois pieds et la traverse en marbre blanc qui la soutiennent , sont ornés de cartouches, feuillages et griffes de lion, lesquels reposent sur de petites bases bien sûres, d’où il résulte un ensemble solide et gracieux , deux qualités qu’il est bon de réunir dans les meubles de ce genre. Le cabinet où doivent être placés les antiques décrits jusqu’ici, donnera, quand il sera oiné de ces mosaiques , l’idée d’une chambre telie que ceiles qü’habitoient les citoyens d’Herculanum ; et certes, il ne peut y avoir rien de plus curieux et de plus intéressant que de se trouver dans un lieu disposé précisément de même que celui dont un grand homme de ce temps eût fait sa chambre. Chaque siècle a eu ses goûts, ses commodités et son luxe. Les rui- mes découvertes dans notre voisinage , nous mettent 112 Nouvelles littéraires: dans le cas de combiner exactement tout ce que, pendant le cours de tant d’années, l’esprit humain a cherché pour ajouter à ce raffinement qui rend la vie moins pesante ; et personne n’ignore que les belles formes des meubles et des édifices ont beau- coup gagné chez les modernes, par limitation des modèles fournis par les anciens. Le premier Consul, qui , aux autres qualités sublimes de son génie, joint un penchant raisonné pour protéger les beaux-arts, et renouveler les temps des hommes vraiment grands, saura lui-même animer les monumens muets qui attestent l’habileté des Grecs et la grandeur des Romains. Vases d'argile. I] ne s’est point trouvé dans les ruines d’Hercu- lanum et de Pompeii de cette sorte de vases qu’on appeloit étrusques, et qu’on a reconnu depuis ap- partenir également à la Grece proprement dite , ainsi qu’à la Sicile et à la Grèce italique. Il est cer- tain qu’au temps de la grandeur des Romains, usage s’en étoit déja perdu; car Suétone dit que, dans le siècle d'Auguste , on les regardoit comme des monumens très-anciens, et qu’on en faisoit un très- grand cas. Si lon en a découvert un grand nombre, et si l’on en découvre de nouveaux tous les jours, nous devons en savoir gré aux coutumes religieuses des anciens Grecs, qui s’en servoient pour y dépo- ser les cendres des morts, et les renfermoient dans leurs tombeaux. pour n’y plus toucher jamais. Les Siciliens, qui bruloient leurs morts, choisissoient le Norvelles littéraires. 1i2 Je plus grand et le plus beau, et ÿ déposoient les cendres. [ls y joignoient des lacrimatoires et autres petits vases, plus ou moins précieux, selon la con dition du défunt , et couvrant ensuite le grand vase d'un morceau grossier ct pesant de terre cuite , ils Je plaçoient dans un creux de pareille grandeur de roc vif, dans le cimetiere commun. Les Italo-Grecs, au contraire, chez qui il n’était pas ordinaire de brûler les morts, faisoient des tombes de roc vif, et y ensevelissoient le cadavre, avec un assortiment plus ou moins riche de vases, tant grands que pe- tits. Il y a quelques années, on découvrit dans Ja Pouille , et proprement à Polignaro, Ces tombes très- distinguées , bien crépies en dedans et même peintes, où l'on trouvoit non - seulement sur le plancher ; mais encore suspendus aux murailles, des vases qui ornoient tout l’intérieur du tombeau; mais les plus grands de ces vases n’étoient pas d’un aussi beau travail que ceux qu’on à trouvés en Sicile , dans la Campanie , et particulièrement à Nole. (La suile au prochain numéro.) COR KR ESP O ND ACNCE- Paris, 13 messidor an xt. Je viens d'apprendre, citoyen , que dans une vente de livres faite par le C. Silvestre, libraire, le 8 de ce mois de messidor et jours suivans , il a été ZTvome IL, Hd 114 Nouvelles littéraires. vendu, à la vacation du 8, un exemplaire mantt- scrit des lecons de grammaire arabe que j'ai dictées dans plusieurs de mes cours. Ce manuscrit étoit in- diqué dans la notice imprimée de cette vente, sous le n.° 13, en ces termes : Grammaire arabe dictée par M, d: Sacy , professeur à la bibliothéque natio- nale, pendunt le “cours de Pan r. Malheureusement je nai pas eu connoissance assez tôt de cette no- tice, et le manuscrit a été vendu. Sans me per-. mettre aucane reflexion sur ce procédé, et quoique je sois convaincu que Ja personne entre les mains de qui il est tombé , est iicapable d’en abuser, comme la même chose pourioit encore arriver, je crois devoir profiter de cette occasion pour déclarer que je désavoue d’avance tout usage que l’on pour- roit faire de ces dictées qui, quand d’ailleurs les copies ne seroient pas fort infidelles, sont ex- trémement incomplettes et insuffisantes. J’ajouterai que, sous un mois au plus, l'impression de ma grammaire sera commencée à lPimprimerie de Ja iépublique , conformément à lautorisation donnée à cet effet, par le gouvernement, au directeur de cette imprimerie. Je vous prie, citoyen, d'insérer cette lettre due voire jourual. J’ai honneur de vous saluer. SILVESTRE DE SACY, de l’Institut national, ei professeur de langue arabe à l’école spéciale des langues orientales vivantes, Nôuvelles littéraires. 115 Au C. MILLIN, rédacteur du Magasin Encyclopédique ,Surun passage d’une lettre znsérée dans le Magasin, n° 21, 1. VE, P: 49, 8° année, au sujet d’une nouvelle traduction des Sylves de Stace. Permettez-moi, citoyen, de relerer dans le pas- sage de cette lettre, qui contient d’ailleurs une ex- ceileute notice sur le genre de poésie Conuu sous le nom de Sy/ves , une double erreur, infiniment pré- judiciable au progres des lettres, et qu'il est essen- tiel, par cette raison, de ne pas laisser passer sous silence. » On a remarqué, dit l’auteur de la lettre, que le style de Stace, dans sa prose très-inférieure à » ses poésies , est embarriasié, obscur, beaucoup » plus difficile à entendre, que ses vers... .Ceci me rappelle une assertion qui tombe d’elle - même, » d’un critique judicieux et tres ins'ruit. Z'out grand » poète, dit l’abbé Desfontaines,tome I des jugemens, » page 273 , est toujours bon prosuteur ; mais tout » bon prosuleur n’est pas toujours grand poète ; l& « raison en est sensible. Qui peut le plus peut Le moins ; el qui peut le moins ne peut pas toujours » Le plus. 1 y a dans cette assertion quelque chose de spécieux et de vrai, à quelques égards, qui » pourroient même être confirme par plusieurs exem- ples....On peut citer a cet égard, Lamotte, Fol- » jaire, Marmoniel, Thomas..,.et plusieurs autres » écrivains parmi les modernes, Maleré ces exemples, H 2 z 116 Nouvelles litléraires. » les faits et Pexpérience sont évidemment contraï- » res au sentiment de l'abbé Desfontaines ; et pour » cela il suffit de rappeler nos plus g'ands poètes, ..» Corneille, Molière, La Fontaine, Rucrne, Boileuu, » et notre grand lyrique, qui ne se sont point mon- » trés supérieurs duns la prose ; on en convient assez n généralement, » 11 nous semble résulter de ce passage, que dans la pensée de l’auteur de la lettre , les écrits en prose des Lamotte, Voltaire, Marmontel et Thomas, sont des modèles de perfection dans notre langue, tandis que la prose de Corneille, Molière , La Fontaine, Racine, Boileau et J.-B. Rousseau , n'étant point supérieure ,; ne doit être lue que pour le fond des matières qui ysonttraitées , sans égard pour lestyle. 1. Nous ne nous érigerons point en juges du mé- rite de la prose des quatre écrivains modernes cités pour exemples par l’auteur de la lettre. Mais nous croyons pouvoir dire, sans esprit de parti, qu’en général la prose de Lamotte est foible, que celle de Foltaire nous paroïit trop ordinairement épi- grammatique et trop coupée, que celle de Mur- montél nous semble trop souvent froide, et que J’enflure se fait trop remarquer dans la prose de Thomas. Il y a donc au moins de l’inconvenance à proposer, comme des modèles à étudier et à sui- vre , quant au style, les écrits en prose de ces quatre écrivains. 2. Nous ne concevons pas comment un homme de lettres , qui a du goût , peut écrire , à la face de l’Euwope, que Racine et Boileau , surtout, ne Nouvelles littéraires. 117 sont pas supérieurs dans la prose. Nous ne pen- sons pas que qui que ce soit aît jamais eu une opi- nion aussi erronée, Nous ne nous contenterons pas, pour ce qui re garde Racine | de réclimer le témoignage de Pabbé d'Olivet, qui , dans son histoire de l’Acadén:ie françcoise, tome 11, page 343, dit que Racine doit avoir parmi ceur de nos auteurs que ont le mieux écrit en prose , lemémerang qu'il lient parminos poètes. . Nous renvoyons l’auteur de la lettre, 1.° aux: deux Lettres de Racine à l’auteur des Hérésies ima- ginaires et des deux Visionnaires, lettres que le même abbé d’Olivet et tous les littérateurs de bon goût comparent aux meilleures Lettres provinciales ; 2 à l'abrégé de l’Histoire de Port - Royal, que Boileau regardoit comme lé plus parfait morceuu d'histoire que nous eussions en notre langue , et qui , comme le disoit l'abbé d’Olivet, est écrit, dans son genre , d’un style aussi parfait que Phèdre et Athalie dans le leur; 3,° aux Discours de Racine à l'Académie francçoise, qui ne contiennent que des choses dans le style le plus noble et le plus pur 4° à ses Lettres à son fils et à." méros, chacun de 9 feuilles. On s'adresse, pour l'abonnement, à Paris, au : reau du Magasin Encyclopédique, chez le C. Fucx Libraire, rue des Mathurins, hôtel Cluny, 4 : , 2 : À Amsterdan, { Ge Eee enenion et d'Heggnts * « à A Bruxelles, chez Lemaire. 1 : LR À: Florence, chez Molini, . PÉTN À Francfortssur-le-Mein, chez Fieischer, À Gent chez Manget, SAME PR PIE { chez Paschoud, À Hambourg, chez Hoffinann, A Leipsic, chez Wolf, A Leyde, chez les frères Murray. ee CON À Londres, chez de Boffe, Gérard Streeu ÿ € À Strasbourg, chez Levrault, ‘ À; Vicnue, chez Degen.' A Wesel, chez Geisler, Directeur des Pesteg. Il faut affranchir les lettres, 222200 PQ CHIRURGIE MEMORrIA chirurgica sui Piedi torti con- geniti dei fanciulli, e sulla maniera di corregere questa difformita ; di Antonio ScARPA, P. professore di nolomia , e chirurgia pratica nell università di Pavia. .. ‘In-4° 1 vol. con Taval. in Pavia, 1803, Josqu'rcr l'étude pratique de la chirurgie ne nous k: fournissoit aucun moyen de rémédier à la torsion congénitale des pieds des enfans. Dans aucun hopi- pita}, dans aucune chaire publique, on n’a démontré _ quelles étoient les indications à remplir, et comment 7 il étoit possible de détruire les pieds bots en leur donnant la configuration naturelle qui leur manquoit. … Le silence des écoles sur cet objet de pratique pou- Yoit-il être exeusé, lors même qu’à Paris, à Lon- ares, en Allemagne, partout en un mot, il existoit des hommes qui n’avoient d’autre occupation que de redresser les pieds? Non sans doute, par cela- même que ces hommes mystérieux, qui faisoient un secret de leur savoir, ont obtenu des succès écla- fans, et en obtiennent encore qu’on ne peut con- tester. Tiphaisne | à Paris, Venel, en Suisse, se sont occupés, avec avantage, de ce point de chi- rurgie pratique; ils ont vendu leur secret avant de mourir, et ceux qui l’ont acheté en font un objet de spéculation qui ne leur permettra pas de sitot … Tome IL, k 146 Chirurgie. de s’en désister en le rendant public. Aujour< d'hui, Jackson , à Londres, redresse tous les pieds , et il se garde bien de donner la moindre notion qui puisse laisser entrevoir quel moyen il emploie. Cette espece de monopole tue la science , n’assure des secours qu'aux familles fortunées, et laisse, dans l'abandon , une infinté de malheureux qui . n’ont d’autre ressource, pour vivre, que la force et l’usage qu’on pourroit leur donner de leurs membres dont on peut corriger la difformité. Depuis quelque temps, quelques praticiens bien- faisans ont, en Allemagne, cherché à pénétrer les secrets qu’il importoit tant de dévoiler. Wantzel, Bruckner ont obtenu quelques renseignemens, obs- eurs à là vérité, sur la mauière de procéder de 7’e- nel. Ils ont calculé les moyens mécaniques, ont fait des expériences, et ont plus ou moins bien réussi. I ne s’agit souvent que de faire un premier pas dans une carrière nouvelle, pour engager beau- coup d’autres à la parcourir avec plus de succes. Wantzel et Bruckser ont, les premiers, eu cette gloire dont on doit leur savoir le plus grand gré ; car dans la simple intention plausible d’être utiles, d’ex- citer l’émulation des personnes de l’art, ils n’ont pas hésité à publier leurs procédés quelqu’imparfaits qu'ils fussent. Ces praticiens doivent beaucoup se féliciter de leur candeur ; ils ont presque complète- ment atteint le but qu’ils s’étoient proposé : j'ose méme dire que leurs desirs sont pleinement accom- plis. Le professeur Scarpe dont le nom est cher à la Pieds torts. 14# science, et dont l'amitié m’honore, s’étoit occupé depuis longtemps du même objet. Cet illustre pra- ticien, auquel l’université de Pavie doit beaucoup de sa célébrité actuelle; puisqu'il attire pres d’elle les nombreux étudians du Piémont ; de Gênes, des États vénitiens, de Bologne, de Parme , de Modène, en un mot de tous les points de l'Italie, avoit, pen- dant son voyage à Paris, en 1781, acquis deja quelques notions confuses sur le traitement le plus convenable pour remédier à la mauvaise conforma- tion des pieds. L'expérience, toujours difficile , n’a peïmis, que fort tard, la publication des moyens les plus constans et les mieux approuvés par le succès dont leur application a été suivie. Enfin l’au- teur s’est cru suflisamment éclairé, et a pensé qu’il étoit temps d’arracher un secret qui n’est possédé que par un très-petit nombre d'individus fort in= rs Les téressés à ne jamais Je révéler. Combien n’avons= nous pas d’ocilistes, de dentistes, d’accoucheurs, de rebouteurs ou renoueurs, d'opérateurs de toutes les espèces, qui ignorent même la structure et l’or- ganisation des parties dont ils veulent spécialement traiter les affections ? Parmi le nombre des personnes qui se mélent de redresser les pieds bots, ii n’en est peut-être pas une qui conuoisse l’anatomie de cette partie, lors même d’une excellente confor- Wation : à plus forte raison, on peut leur demander quels sont les rapports respectifs des parties, dans les cas de torsions congénitales ou accidentelles ? Ces connoïissances préliminaires sont cependant indispensables : elles seules peuvent nous donner un a ARC) 148 Chirurote. point fixe de départ, d’après lequel on puisse caleu- ler les indications curatives, le mécanisme des mo- yens à employer , et prévoir le succès qui pourra en résulter. C’est alors que l’on fait des applications de pratique utiles, que l’on perfectionne jusqu’à ce qu'on soit parvenu au point de ne plus desirer qu’infiniment peu, et de voir ses préceptes multi- pliés, commentés, adoptés sans réserve, ou cor- rigés, selon les circonstances, par des praticiens aussi éclairés que véridiques. Le professeur Scarpa a lavantage d’avoir créé une méthode raisonnée du traitement, fondée sur l’anatomie pathologique du pied, sar la force inégale des muscles qui le meu- vent, et son but est, aujourdhui, en la faisant cornoître, d’engager fous les hommes de l’art à confirmer l'expérience qu’il a acquise, et les succes qu’il a obtenus. Il veut encore que chaque chirur- gen puisse, en tout lieu, dans les grandes villes comme dans le hameau le plus resserré, porter ses secours à toutes les classes de la société , sans accep+ tion du riche ou du pauvre. Cette manière louable de procéder est laseule à suivre. Envain on emploie le secours des lois contre le charlatanisme , contre la distribution des remèdes secrets : il vaut mieux étu- dier ce charlatanisme, passer son temps à dévoiler ces arcanés, les publier s’ils sont utiles, et démas- quer hardiment le faux et le danger de ces pro- messes fastueuses et gigantesques , dont leurs auteurs les embarrassent pour tromper le public toujours trop crédule , et qui, malheureusement, veut être trompé. Le professeur Scarpa espère encore, avec rai- Pieds torts. 149 son, qu'il aura la satisfaction dé réveiller l'attention des hommes instruits, en Îles engageant à publier leurs propres observations, et à faire part des cor- rections dont ils croiront sa méthode susceptible. C’est envain, je pense, qu’il se flatte de piquer d'honneur les chirurgiens qui font commerce de Jeur secret. Jamais il ne pourront se résoudre à faire connoître leurs moyens; ils déclameront con- tre ceux que nous connoissons actuellement, et se garderont bien d'exposer méthodiquement les motifs sur lesquels ils se fondent. Mais qu'importe leur silence ! 11 n’est point nécessaire de savoir si le pro- <édé de Scarpa et le leur sont identiques. Îl suffit de savoir que si cette identité n’existe pas , au moins chaque praticien peut, avec succès, s'em- parer d’un point de chirurgie pratique qui lui restoit toujours étranger. C’est là, selon moi, la meilleure manière de le disputer aux rebouteurs exclusifs. Je n’entreprendrai point de décrire les pièces d'appareils qui sont nécessaires, non plus que leur application. Ces sortes de descriptions analytiques peuvent rarement être bien saisies : il faut lire lori- ginal, et étudier les différentes planches qui l'ac- corapagnent. D'ailleurs, j’ai fait la traduction de ce travail; je me di pose de la publier incessam- ment, et d’en faire jouir complètement le monde chirurpical. En attendant, je fais construire les diffé- rens appareils, et j'espère avoir bientôt l’occasion de les appliquer utilement. Pour seconder les vues de l’auteur, je re négligerai rien pour donner de l'authenticité à mes expériences : je compte trop K 3 150 Chirurgie. sur le zèle des professeurs de l’école de médecine de Paris, et sur celui des chirurgiens les plus dis- tingués, pour croire qu'ils se feront un plaisir de m'assistér, lorsque je le réclamerai, Singul'èrement versé dans la lecture des auteurs anciens , lé professeur Scarpa rend la justice la plus éclätante aux écrits d’Hippocrate, dans lesquels on trouve une description tres-exacte de ce genre de difformité, et des détails fort circonstauciés sur le pansement que le vieillard de Cos a décrit comme le meilleur et le plus constamment suivi de succès. Cet heureux rapprochement me fait regretter, de plus en plus, que des chirurgiens du premier or- dre et d’une pratique consommée, n'aient point en- core commenté la chirurgie du père de la médecine. Qué d’idées , données cemme neuves aujourd’hui, _ paroîtroient évidemment fort anciennes ! Il en seroit de cette partie de l’art de guérir comme de la mé- decine propremeut dite : la chirurgie hippocratique bien étudiée, nous traceroit au juste les progres que la science a faits jusqu’à ce moment. Ici, je n’en- tends nullement parler du manuel des opérations dont la perfection est à rapporter exclusivement au siécle dernier, et au commencement de celui-ci. Pour terminer enfin, l’auteur nous fait espérer qu'il ne tardera pas à publier un second travail re- latif aux torsions de la colonne vertébrale et du tronc, dès que l’expérience laura suffisamment ins- truit de Putilité des appareils élastiques, pour re médier à cette pernicieuse difformité. Léverzcé, D. M. 0 PENTIER PI DRE pr AN PL OU LEE S: MONUMENS antiques inédits ou nouvelle- ment expliqués : Collection de Statues, Bas-retiefs, Bustes, Peintures, Mosaïques, Gravures, Vases, Inscriptions et Instru- mens , tirés des Collections nationales et particulières, et accompagnés d’un texte explicatif ; par A. L. MILLIN , Conserva- teur des Antiques, Médailles et Pierres gravées de la Bibliotheque nationale de France , Professeur d'Histoire et d’Anti- quités , etc. Tome I, VL®® Zivraison. À Paris, chez Laroche , maison de l’Auteur, à la Bibliothéque nationale, rue Neuve-des- Petits-Champs, n.° 11, au coin de celle de la Loi; Fuchs, rue des Mathurins, hôtel de Cluny; ZLevraulr, quai Malaquais, Novs avons indiqué, dans le derrier numéro, les mémoires contenus dans cette sixième livraison qui termine le premier volume. Il nous reste à les faire connoitre à nos iecteurs d’une manière un peu . plus étendue. La première dissertation sur une cor- naline antique qui représente Diane Lochia, a déja paru dans un des premiers volumes du Magasin K 4 152 Antiquités. Encyclopédique (1). M. Millin l’a reproduite dans cette livraison, en l’accompagnant d’une nouvelle gravure du monument. Dans la séconde dissertation, l’auteur décrit un vase grec extrêmement Curieux et important , que M. Durand a rapporté d'Italie. Ce vase est aussi intéressant pour létude de la mythologie et de Phistoire de l’art, que pour la perfection du tra- vail et sa belle conservaiion. Sa matiere est de cette terre fine et légère d’un ton rougeatre qu’on ap- pelle terre de Nola. Les peintures du vase sont rouges sur un fond noir, à la manière des vases de Nola. Ce qui rend encore ce vase remarquable, c’est qu’on y distingue les enfoncemens que l'artiste faisoit dans l’argile encore molle , pour indiquer Jes contours. Ces enfoncemens attestent que ces dessins n’ont pas été faits à l’aide d’espece de pa- trons découpés, comme l’avoit d’abord pensé le chevalier Hümilton, mais que l’artiste traçoit avec une sorie de stylet les premiers contours, pour se diriger dans lexécution de son dessin qui devoit être terminé avec une grande promptitude. La peinture principale de ce vase, celle qu’il faut supposer en avoir occupé le devant, offre trois figures formant un grouppe animé et adiwmirabie, aussi remarquable par l’intéiét du sujet que par la beauté de la composition et la singularité des dé- tails et des costumes. La première figure est celle (1) Année I, t, IV, p. 342. Mélanges. 153 d’un guerrier absolument nu. Sa chlamys a dû tom- ber dans la chaleur du combat : il enfonce sa lon- gue et robuste lance dans le sein d’une guerrière à cheval, qui lui a elle-même porté un coup de lance que le guerrier a recu sur son bouclier. Une autre guerrière, à pied, va décocher une flèche au héros; mais elle ne peut que venger sa compagne, et non la secourir. L’idéal héroïque de la figure nue , le costume des deux guerrières, indiquent suffisamment le combat d’un héros grec contre deux Amazones; mais on ignoreroit toujours les noms des combattans, si l'artiste n’avoit eu le soin de les écrire. Au dessus du héros on lit, en beaux carac- ctères grecs, T'héséus ; au dessus de | Amazone à che- val, Hippolyte ; au desius de l'Amazone à pied, Deinomachè. C’est donc Thésée qui vient de percer de sa lance Amazone Hippolyte; celle-ci est se« Courue par sa compagne Deinomachè,. Avant de revenir sur les détails qu'offre chacune des figures de cette peinture, M. Millin parle des Amazones. 1] résume en peu de mots ce qu’on en trouve dans les difféiens auteurs anciens, tels qu'Homere, Æichyle, Hérodote, Hippocrate, Pla- ton , Diodore de Sicile, Trogue Pompée, etc., et Jes opinions des sayans de nos temps qui se sont occupés de lhistoire des Amazones, M. Millin revient ensuite aux récits des poètes auxquels on doit principalement avoir égard dans explication des monumens de l’antiquité. Les ex- péditions dans lesquelles on voit figurer les Ama- 154 Antiquités, wones sont au nombre de cinq : la première fut leur irruption dans la Lycie, où elles furent défaites par Bellérophon; la seconde fut leur irruption dans le royaume de Laomédon; la 1roisième, expédition d’Hercule pour enlever la ceinture d'Hippolyte (2); la quatrième , celle dans laquelle Hercule amena Thésée qui enleya Antiope, ce qui fut cause de l'entrée des Amazones dans lPAttique , la cinquième Fut le secours que Penthésilée apporta à Priam quand elle alla au siége de Troie. C’est la quatrième de ces expéditions qui forme le sujet de la peinture du vase que M. Millin a à expliquer. Malheureusement les anciennes Théséides dans lesquelles nous trouverions des détails sur cette expédition, sont toutes perdues, Le récit de Plu- farque, dans la vie de Thésée, est tout ce qui (2) Cette expédition étoit figurée par Phidias sur un des côtés du trône de son Jupiter Olympien. Dans le bois sacré d'Olympie, on voyoit Hercule combattant une Amazone à cheval. Ce groupe étoit d'un des plus anciens sculpteurs, appelé Aristocles. Un vase de la seconde collection d’Hamilton (Vases grecs publiés par TiscHssrn, T, pl. x) représente le combat d'Hercule contre une Amazone. Sur plusieurs monumens antiques, on voit Hercule enlevant la ceinture d'Orithyie pour obéir à l’ordre d’Eurysthée et accomplir son nenvième travail. Ceite action étoit figurée sur un bas-relief du temple de Jupiter. Cette mème action se voit aussi sur quelques sarcophages, tels que celui de la Villa Pinciana, où Hercule détache la ceinture de l’Ama- zone étendue à ses pieds et en tient le bout. Sur un marbre du Musée Pio-Clémentin, Hercule tient la ceinture aû dessus de l’Ama- zone, qui est à genoux à ses pieds, Guarrant, dans ses Monumenté énediti, a publié une cornaline qu'il regarde aussi comme représentant Hercule et Mélanippe. Mélanges. 15Ù hous reste, Par ce récit, dont M. Millin donne l'extrait, on voit que Plutarque a réuni, sans cri- tique et sans choix, les différentes traditions qu’il _ a trouvées sur les Amazones, mais qu’il doit y avoir cependant un fond de vérité dans ces récits. M, Millin pense, avec le savant Fréret, qu'il est im- possible de croire que les Amazones de la Sarmati= aient fait une marche de plus de sept cents lieues par terre, des bords du Thermodon dans PAttique. Mais les Thraces, que dans ces temps reculés les Athéniens eurent plus d’une fois à combattre, avoient peut-être alors parmi eux de ces femmes guerrières. Le récit de leurs exploits se confondoit avec ce qu'on racontoit des Amazones sauromatides , et donna lieu à la tradition de leur expédition contre _les Athéniens. Les poëtes s’étoient emparés de cette antique tra- dition, Les exploits qu’ils attribuoient à ces femmes guerrières jetoient de la variété dans leurs descrip- tions, et ils aïmoient à les y faire figurer. Aussi tous les noms que les poètes leur donnent, tels que Mélauippe, Orithyie, Antiope, Hippolyte, sont-ils grecs , et non pas pris dans la langue des Scythes. Les artistes s’emparerent aussi de la fable des Amazones, parce que cette opposition de femmes qui combattent contre des hommes, la singularité du costume, les chevaux sur ‘lesquels ces guerrières sont montées tandis que les Grecs combattent à pied, ferment des grouppes vifs et animés. Mais pour que l’orgueil national des Grecs ne souffrié 156 Antiquités. pas de voir qu’on les mît aux prises avec des femmes, on racontoit d’elles des faits d’audace et de bra- voure prodigieux. Enfin leur invasion devoit avoir exposé l’Attique à un grand danger; et la défaite et la destruction des Amazones avoient 6 un des exploits les plus mémorables des deux héros les plus chèrs aux Grecs, Hercule et surtout Thésée, D’après cela, on ne doit pas s’étonner que ce sujet ait été si souvent figuré sur les plus anciens monu- mens. Les combats contre les Amazones, comme ceux contre les Centaures, étoient très- propres à orner les frises et les frontons des temples ; et les groupes particuliers d’un Grec à pied et d’une Ama- zone à cheval pouvoient, comme les grouppes d’un centaure et d’un lapithe, servir à la décoration des métopes, Micon avoit peint la défaite des Amazones dans le Pœcile : l'artiste avoit choisi ce sujet pour faire ce que nous nommons un pendant à la bataille de Marathon contre les Perses, qu’il avoit aussi re- présentée. Il avoit voulu réunir les plas mémo- rables expéditions des Grecs contre les barbares. Ârisiophane parle de cette peinture qui a été con- nue de Pline et d’Arrien. Le même Micon avoit encore peint ce sujet dans le temple de Thésée, où il convenoit parfaitement. Phidias avoit repré- senté le combat des Grecs et des Amazones sur le bouclier de sa Minerve, et celui d’Hercule contre ces femmes guerrières , sur un des côtés du trône de son Jupiter Olympien. Thésée étoit parmi les 4 ? Mélanges. 197 compagnons d'Hercule. Le combat de Thésée con- tre les Amazones dans l’attique, étoit figuré sur la base de la statue. L’Amazonéide , ou le cercle mythologique. de histoire des Amazones, devint donc le sujet de plusieurs compositions littéraires, et principale- ment de plusieurs ouvrages de l’art : on se plut à les représenter d’une infinité de manieres, et il nous reste encore quelques-unes de ces représenta- tions. Sur un petit nombre de monumens, ou voit les Amazones en marche; elles vont chercher leurs ennemis. C’est ainsi qu’on les voit sur un vase grec de Capo di Monte, que M. Millin se propose de publier dans une des prochaines livraisons. Dans un plus grand nombre de représentations, les Amazones ont pénétré sur le territoire attique; elles livrent un com- bat opiniâtre et sanglant aux Grecs qui ont besoin de tout leur courage pour les repousser, et la vic- toire est indécise. Rarement la reine des Amazones est dans un char, ainsi qu'on la voit sur un beau vase du Cabinet des Antiques que M. Miliin a fait graver, et qu'il se propose aussi de publier bien- tôt dans ce recueil; rarement aussi tous les com- battans sont à pied : le plus ordinairement les Ama- zones sont à cheval, et les Grecs à pied. Souvent le combat se livre en présence des dieux protecteurs de la Grèce, ainsi qu'on le voit par quelques peiu- tures de vases, publiées par M. Tischbein, et sur un magnifique vase inédit de Capo di Monte qui sera également publié par M. Miilin, *98 Anhiquilés. Quelques Théséides perdues parloient probable= ment de certaines rencontres dans lesquelles les Amazones avoient eu lPavantage; car on les voit aussi, terrassant leurs ennemis, sur quelques mo- numens cités par l’auteur. D’autres fois c’est l'Ama- zone elle-même qui est en faite, ainsi qu’on le voit sur un sarcophage du Musée Capitolin, et sur un © bas-relief publié par Beger dans le Thesaurus Bran- denburgicus. On sent bien que l’amour-propre des Grecs a dû les porter à représenter plus fréquemment les Ama- zones vaincues que les Amazones victorieuses. Lors même qu’ils ont figuré l’Amazone victorieuse , le héros vaineu ne succombe jamais entièrement ; un autre guerrier le proitése, et annonce que sa perte m'est pas certaine. L’auteur revient ensuite aux différentes particu= larités qu'offre la peinture de ce vase. La pose du héros combattant est belle, et est en général du meilleur style 3 on y remarque cependant des incorrections qu’un artiste woseroit aujourd’hui se permettre. Le casque qui couvre la tête du guerrier est de la plus belle forme ; il est, avec «on bou- clier, sa seule arme défensive. On voit l’intérieur de ce bouclier, composé de plusieurs lames de cuir, et entouré de deux cercles de métal. Il est ovale, et vers chaque extrémité, il y a une portion de cercle en métal qui forme un rond au milieu : il est tenu par une brassière de cuir, au milieu de laquelle il y a uu bouton de métal, Chacune des extrémités ET PTE W élanges. 19G par lesquelles cette brassière est fixée au bouclier, est bordée d’un cercle de métal, L’épée de Thésée est suspendue à sa ceinture par un baudrier placé transversalement : on y remarque le pommeau et la garde. Il ne f4it usage que de sa longue lance, qu'il a enfoncée dans le corps de son adversaire au moment où elle lui portoit avec la sienne un coup vigoureux qu’il a reçu sur son bouclier. Cette lance a, vers l’endroit où il la tient, une corde tournée en spirale, ou des entailles, alin d’affermir la main et pour empécher l’arme de glisser. Le cheval de Amazone est à tous crins : il se cabie devant Thésée, ce qui ajoute à la vigueur du coup qu’elle vient de lui porter. La longue queue de ce cheval dépasse le corps de l’Amazone qui est à pied. Le frein est remarquable , et , à ce sujet, M. Millin entre dans des détails fort étendus, Le costume des Amazones de ce vase differe es- sentiellement de celui que l’on observe sur les autres monumens : celui d’'Hippolyte offre un mélange du costume seythique et du costume doique. L’habit scythique des Amazones étoit composé de peaux. L'usage de se vêtir de pelleterie est de toute an- tiquité chez les peuples qui habitent les rives de la mer Caspienne et celles de la mer Noire. Strabon dit expressément que les Amazones se faisoient des vêtemens de peaux; et on les voit habillées ainsi sur plusieurs monumens, | L'auteur prend de là occasion de dire quelques 60 Antiquités. choses du commerce des pelleteries chez les an- ciens, et il observe combien l’histoire de quelques denrées et de quelques productions végétales, nom- mément des plantes céréales, de la vigne et de la pelleterie, seroit importante pour l'histoire de la civilisation chez les différens peuples. « Selon Vossius, dit-il, on retrouve des traces du commerce des peaux dans une très - haute antiquité. Il pense que l’expédition des Argonautes pour enlever la toison d’or, est une allégorie du commerce de pelleteries qui se faisoit alors dans la Colchide, où les peaux s’apportoient de l’Ibé- rie, région plus septentrionale, qui a recu le nom de Sibérie par l’addition d’une $, Sous l’em- pire romain , on tiroit beaucoup de pelleteries de l’intérieur de lInde , de la Parthie , d’où ces pelleteries étoient nommées parthiques : ceux qui en faisoient le commerce, furent appelés, dans le droit romain, Parthiarü, On débarquoit les pelleteries sur les bords de la mer Noire. On en tiroit des environs du Caucase, et des provinces situées au nord-est et au sud de la mer Noire : on en tiroit encore de Tauris, à l’embouchure du Don, d’où les peuples nomades de l’Asie et et de l’Europe amenoient aussi des esclaves aux Grecs qui venoient faire ce commerce à Panti- capée. C’est ainsi que les Anglois vont aujourd’hui chercher des fourrures à la baie de Nootka. » Le rigueur du froid contraignoit les habitans de ces régions septentrionales à se vétir de fourrures , et Mélanges. 161 et à s’en couvrir de la tête aux pieds, On faisoit, pour cela, usage de peaux d'animaux qui différoient pour la couleur et la rareté. M. Millin observe que lés anciens confondoient sous le nom de mus, en grec #ÿs, beauroup d’espèces d'animaux que lon a séparées, dans les nomenclatures modernes, en différens genres. Les animaux des genres mus, so- reæ, lalpa, mustela , qui étoient ainsi confondus, sont très-nombreux dans le nord de l'Asie, Les voyages de Palias en ont fait connoître un grand nombre qui sont figurés dans ses spiciléges, ou dans le grand ouvrage de M. Schreber. Il ajoute que les anciens réunissoient également sous le nom de vulpes [ renard ], plusieurs espéces qui appartien- nent au genre cants [ chien ], genre auquel le re- pard appartient lui-même ; et que de là toutes les fourrures que portoient les peuples septentrionaux, et dont il est question dans les auteurs anciens, sont désignées par les noms .de rexzards et de rats. A ce sujet, l’auteur fait l’énumération des animaux dont les peaux ont pu être employées par les peu- ples septentrionaux pour des fourrures. Les contrées habitées par les Amazones, c’est-à- dire, le Caucase et les provinces situées au nord- estet au sud de la mer Caspienne, étoient, dans l'antiquité, une des grandes routes des caravanes ; et on y faisoit un commerce important de pellete- ries, connues en général chez les Romains sous le nom de z71ures partlucr, rats parthiques et rats du Pont, parce que le commerce de ces pelleteries se Tome IL, L 164 Antiquités. faisoit par cette contrée de l'Asie. Maïs de toutes ces fourrures, les plus recherchées éioient encore, comme aujourd’hui, la marte, la zibeline et l’her- mine, sur lesquetles M. Millin rapporte des détails fort curieux. Après cette digression intéressante, l’auteur re- vient à la description de l’habillement de Déino- machè dont la tunique est bordée d’un mæandre, tel qu'on l’observe sur les vétemens grecs. « Pro- « bablement, dit lauteur, l’artiste s’est conformé « aux idées de son pays en faisant cette bordure ; « il à choisi un des ornemens qu’il avoit le plus « fréquemment sous les yeux. On ne peut pas dire « cependant que ce soit précisément une faute de « costume, lei les Amazones sont sur le territoire « attique; elles ont traversé la Grece; et, dans un « si long voyage, elles ont bien pu adopter quel- « que usage du peuple avec lequel cette guerre les a fait communiquer. » La ceinture joue un rôle important dans le cos- tuine des Amazones. Eurysthée ordonna à Hercule, pour son nenvième travail, d’enlever celle de la vaillante Orithye. Cet événement est retracé sur piusieurs monumens. L'usage de cette ceinture at- tribuée aux Amazones, leur avoit fait donner un surnom grec qui signifie Portewses de ceintures ; et à ce sujet, l’auteur entre dans quelques détails sur Ja différence qu'il y a entre la zôre ou ceinture des femmes , le zoster ou bulteus , le baudrier, et sur le carquois et l’arc qu’on observe sur la peinture du vase de M. Durand, Mélanges. 163 De 1à M. Millin passe à la description du cos- tume non moins remarquable de lP'Amazone Hip- polyte : ce costume est à peu pres le même en apparence que celui de Déinomachè, mais il offre des différences précieuses ; et il est très-impoitant pour l’histoire de Part, en ce qu’il consacre le pas- sage du costume scythique des Amazones au cos- tume dorique. Il tient de lan et de l’autre. La figure de PAmazone Déinomackhe sur ce vase, ofie l’ancien costume scythique dans toute sa sé- vérité : celui d’'Hippolyte en difftre sous plusieurs RU elle a un air moins sauvage, plus elfé- miné, plus grécisé que l’Amazone Déinomache. « Elle « lui ressemble parfaitement , dit M. Millin, par les anaxyrides et la chaussure scythique; mais au lieu d’une tunique de peau, elle a une tuni- que d’étoffe parsemée d’étoiles d’or, et ornée, en haut et en bas, d’une bordure sur laquelle on remarque Ce que nous appelons des palmettes étrusques ; genre d’ornement particulier aux Grecs; comme le mæandre. Sur cette tunique courte ,; mais mieux faite; mieux ajustée que celle de Déiromachè, est une cuirassé composée de petites plaques de métal en losanges. Ces lames sont indiquees par les plus anciens auteurs comme un ornement des Cuirasses ; et le mélange des couleurs qu’offrent les differens métaux à fait donner à cette armure, par Ho- mère , l’épithete de variée. La cuirasse d’Agar memnon, dont ce grand poète nous a Jaissé uae Jo 164 Antiquités. “ si belle description , étoit composée de douze « plaques d’or, de vingt d’étain, et de dix de cya- « nus; mais chaque lame d’or étoit bordée d’argent, « dont la blancheur relevoit davantage la couleur « jaune de ce mélal : c’est ainsi que le zoster « d'Hippolyte paroit composé de deux métaux difFé- « rens. On a disputé sur ce qu’on doit entendre “ par cyanus : j'ai pensé que les Grecs désignoient “« par ce mot le plomb; d’autres, d’après Goguet, « veulent y reconnoître Pacier qui a reçu au feu « une couleur bleue qui tire plus ou moins sur le « noir. M. Heyne penche pour mon opinion. La « cuirasse d’Hippolyte nous offre un exemple de « plaques d’or et d'argent, ou de cyanus alter- « nativement disposées : c’est le seul monument « qui nous ait fait voir jusqu'ici les Amazones ainsi « cuirassées, Cette cuirasse est retenue sur les reins « par la ceinture. » « Les deux pointes antérieures de la mitre de « J’Amazone tombent népligemment et avec grace. « Ce bonnet est agencé mollement sur ses cheveux 3 « il laisse voir entiéreinent son beau visage, dont « les traits, pleins de douceur et de mélancolie, « semblent annoncer qu’en combattant Thésée elle « seroit fâchée de lui donner la mort, et que son « ame est aflligée de la recevoir de lui, » Après avoir terminé-ses observations sur le cos- tume des Amazones, M. Millin s'occupe des noms que l’artiste a donnés à chacune des figures qui sont | représentées sur ce vase. Au dessus de celle qui est Mélanges. 165 à cheval on lit INTOAYTH [ Hippolyte ]. Il regne dans les auteurs une grande confusion à l'égard de cette Amazone. M. Millin rapporte en peu de mots ces différentes opinions , d’apres lesquelles il est évident que l’Amazone mere d’Hippoiyte, celle que Thésée épousa, et à laquelle, à cause de la diffé- rence des noms, on attribue quelques avéntures différentes, est nommée par les uns Antiope, €k par les autres Hippolyte; mais que c’est toujours le même personnage. Voici comment M. Millin explique d’où a pu venir celte confusion, « L'usage des Grecs de donner des noms pris « dans leur langue à tout ce qui venoit à leur .«'connoïssance , a été tres-nuisible à l’étude de « l’histoire : c’est ce qui a intioduit (ant de con- « fusion et d’obscurité dans la mythologie ægyp- « tienne, Nous avons aussi remarqué que tous les « noms donnés par eux aux Amazones sont grecs. “et qu'ils ont en général rapport à l’équitation. « Les noms d’Antiope et d’Hippolyte sont également « grecs. Le premier signifie qui regarde en jface : « il est probable que la belle Amazone qui fut épou- “ sée par Thésée, reçut d’abord ce nom qui don- « noit une idée de sa valeur. Le second est un ad- # jectif qui annonce son amour pour les chevaux : “ ainsi Hippolyte n’est qu'un suruom d’Antiope. « Dans la suite, elle n'aura été désignée que par ce « surnom; et enfin ces deux noms ayant été divisés, « auront fait croire à l’existence de deux personnages « auxquels il a fallu attribuer des aventures diffé- m TEntESse L à 166 Antiquités. « Cette conjecture est fortifiée par la manière dont « Euripide caractérise notre guerrière. 1] la nomme « seulement /’Amazone, et il lui donne l’épithète « de phrlippos, c'est-à dire, qui aime les chevaux. On auroit aussi bien pu surnommer Antiope Philippe qu'H'ppolyte Du reste, ce dernier sur- “« nom caractérise, comme le premier, l'amour de « l'équitation. » Les auteurs anciens different également sur la. mort de lAmazone Antiope-Hippolyte. La tradi- tion adoptée par lartiste à qui l’on doit le beau vase de M. Durand, est qu’elle attaqua ouverte- ment Thésée , et qu’elle recut de lui la mort. Sur ce vase, Hippolyte périt de la main de Thésée ; et son air doux et mélancolique semble exprimer que, malgré sa cruauté , il lui est encore cher. L’Amazone Déinomachè est une de celles qui vinrent au secours d’Hippolyte. Cette action parti- culière étoit probablement exprimée dans une Thé- séide, peut-être celle qui est citée par Plutarque; mais on ne trouve rien dans les auteurs sur cette Amazone. La figure de Thésée, sur ce beau vase, est re- . marquable par le rapport frappant qui existe entre elle et une statue célèbre dont elle donne Pexplication, « Cette belle statue, ouvrage d’Agasias, fils de « Dosithéus d’Éphèse , ainsi que nous l’apprend « l'inscription gravée sur le tronc qui lui sert d’ap- « pui, a été découverte sous le pontificat de Paul « V, à l’ancienne Antium, aujourd’hui Nettuno, daus le lieu où étoient le palais et les bains de Li « «e « Li “ LL et Mélanges. 167 / Néron, qu’elle contribuoit surement à embellir. Elle est placée dans le Musée Borghese, et a été connue pendant longtemps sous le nom du Glu- diateur. On en a fait beaucoup d’imitations en marbre et surtout en bronze (3), et elle a été gra- vée un grand nombre de fois. Enfin les antiquaires commencerent à observer que les gladiateurs n’é- toient pas nus, et que leurs combats étoient in- connus chez les anciens Grecs. Le célèbre baron de Stosch proposa, dans une lettre à Winck:#t-- maou , une nouvelle explication : il pensa que: cette statue étoit celle d’un discobole. « Winckelmann opposa, avec raison, à Popinion du baron de Stosch, l’attitude de cette statue, qui n’est pas celle d’un discobole qui doit por- ter le corps en arrière, ainsi que nous le voyons par les différens discoboles qui nous sont restés, et particulierement par celui du Musée des Arts, qu’on peut regarder Comme une imitation de ce- lui de Myron. Winckelmann reconnut donc , dans cette statue, la représentation d’un guerrier qui s'étoit signalé dans une rencontre périlleuse. « Lessing, dans son Laocoon , avarça uue opinion différente : il prétendit que cette statue étoit celle de Chabrias, inventeur d’une attitude défensive, . dans laquelle la statue qui lui fut érigée par les Athéniens le représentoit. On répondit, avec rai- (3) Dans le jardin des Tuileries, en face de la grande porte du palais Uonsul, où en voit une belie copie en bronze, qui a été fondue pay” La 168 Antiqu DLAR son, à Lessing, que l'attitude de Chabrias étoit différente, puisqu'elle consistoit à tenir le bou- clier appuyé sur la jambe gauche, et à porter la Jauce en avant, de la main droite, pour soutenir le choc de Pennemi. Lessing, loin de se rendre à cette raison, chercha à soutenir son opinion dans ses Lettres sur quelques questions d’'antiquités : monument de son savoir, de son esprit et de son extrême irritabilité. °« M. Heyne est le premier qui ait donné une explication raisonnable de cette statue, dans sa Collection de dissertations. I} pense que cette figure faisoit partie d’un grouppe, et qu’elle com- ‘ battoit contre un adversaire à cheval. « Le guer- rier semble, dit il, chercher à se garantir d’un coup qui lui vient d’en haut, et vouloir enfoncer sa lance dans le poitrail d’un cheval, « M. Heyne avoit approché du but ; M. Visconti l'a touché. Dans l’explication d’un Sarcophage qui représente un combat de Grecs et d’Ama- zones , et la mort de Penthésilée, il dit que le prétendu gladiateur d’Agasias lui paroît un guer-" rier grec combattant une Amazone à cheval. Il ya, dans le bas-relief qu’il explique, deux figures qui ont, à peu de différence pres, la même po- sition que celle du Gladiateur Borghese, « M. Lamberti a suivi cette opinion, en parlant du gladiateur dans son agréable description de la Villa Pinciana. » M, Mongez, dans un mémoire lu à lInstis LL 1. Mélanges. 169 tut national sur les Gladiateurs, a pensé que la statue appelée /e Gladiateur Borghese ne repré- sentoit qu'un héros grec livré aux exercices de la gymnastique. F1 se fonde sur ce que l'oreille de la statue est cassée; mais il n’a pas songé que les athlètes ont les oreilles brisées, à la vérité, c’est-à-dire , contuses, mais non pas cassées, et que la cassure de l’oreille de la statue en ques- tion est un outrage du temps, et non une suite de la profession athlétique de celui qu’elle repré: sente, « M. Gibelin , correspondant de l’Institut na- tional, dans un mémoire lu à une séance publi- que de cette illustre compagnie, a prétendu’que cet athlète, c’est l'expression dont il se sert en adoptant la première idée de M. Mongez, est un joueur de ballon. 11 fonde son opinion sur l’atti- tude du Gladiateur, comparée avec celle d’un joueur de ballon qu’il a vu à Rome, et qui étoit remarquable par son adresse et sa beauté. Ceux qui voyoient jouer cet homme, appelé Pezzaro ; ne pouvoient s'empêcher , dit-il, de s’écrier : Foilaà le Gladiateur ! c’est le Gladiateur ! Dureste, il n’appuie cette opinion d’aucun témoignage clas- sique , d'aucune autorité prise des auteurs ou des monumens. | “ L'opinion de M. Heyne et de M. Visconti ést la seule qui soit aujourd’hui admise par les an- tiquaires. La conjecture de M. Visconti, qui complette l’ingénieuse explication de M. Heyne, 170 Antiquités. « est à présent pleinement confirmée par la belle “ peinture que nous expliquons. « L’attitude de Thésée n’est pas précisément “ celle du guerrier d’Agasias, mais elle en approche « beaucoup. La courroie avec laquelle il tient son « bouclier, est semblable à celle qui est restée au « bras de la statue; et la lance que porte notre « Thésée, prouve, sans réplique, que ce n’est pas « par erreur, comme Île prétend M. Gibelin, que «“ le restaurateur de la statue lui en a donné une. « Dans toutes les imitations , cette lance est rem- « placée par une épée. » * Le revers de ce beau vase offre, comme la partie antérieure, trois figures et une inscription au-dessus de chacune : Phylonoè, Politès et Déinomachè. L’attitude de ces trois figures fait penser à M. Millin qu’on y voit Politès recevant de Déinomachè le vin d’adieu, au moment où il prend congé de Phylo- noë. Mais quant à la question de savoir quels sont ces personnages, M. Millin observe qu’on trouve bien dans la mythologie deux Politès, l’un fils de Piiam , l’autre un des compagnons d'Ulysse, mais qu’on ne peut dire si cette peinture se rapporte à Vun ou à l’autre. Selon l’opinion de M. Visconti, ce vase paroît avoir été exécuté pour lusage des trois personnes représentées sur le revers, et dont les noms se lisent au-dessus de leur image. Il appuie cette idée sur la coutume des Grecs, de douner aux femmes des noms guerriers, tels que ceux d'Andromaque , de Mélanges. 17É Nicostrate, Nausistrate, Lysistrate, Elpinice, Bé- rénice, Stratonice , Nicandre , Nicopolis, ete. qui, par leur composition , signifient la victoire remportée sur les hommes, sur les armées de terre et de mer, la prise des villes, ete. Les Grecs donnoïent aux Amazones des noms guerriers ou tirés de l’équita- tion : peut-être celui de Déinomachè étoit-il le nom d’une Amazone qui jouoit un rôle distingué dans une Thés‘ide, ou étoit-il inscrit sur le célèbre ta- bleau de Micon, placé à Athènes, qui représen- toit le combat de ces femmes guerrières con{re Thésée. D’après cela, M. Visconti pense que Phy- lonoè est la fille de Déinomache, et que Polites est l'époux de Phylonoe, et par conséquent le gen- dre de Déinomachè. Il ne croit pas que Polites prenne ici congé de son épouse et de sa belle-mère. 1] regarde enfin ce vase comme destiné pour la cé- rémonie des noces de Politès et de Phylonoe ; et la pudique attitude de la jeune fille le confirme dan: cette opinion. On sait d’ailleurs qu’un des rites de la solennité des fiançailles étoit de présenter à boire aux nouveaux mariés. Cette opinion peut d’au- tant plus étre soutenue, que ceux qui commandoient ces beaux vases grecs s’y faisoient quelquefois repré- senter, et ajoutoient même souvent leur nom pour qu’on pût reconnoître leur image. Le vase de M. Durand , par l’élégance de sa forme, la perfection de son exécution, sa purété, sa conservation qui ne laisse rien à desirer, la beauté de ses peintures, les inscriptions qui les accompa- 172 Antiquilés. gnent , l'important sujet qu’elles représentent, la singularité des costumes, les détails curieux et éru- dits auxquels son examen donne lieu, doit être re- gardé comme un des plus beaux et des plus pré- cieux monumens de l’antiquité; et les amateurs de Pantiquité doivent savoir gré à M. Millin d’avoir publié ce beau monument , qui, sans contredit, est uu des plus importans de ce recueil. Après la description de ce vasé , l’auteur donne celle de l’urne cinéraire de Subidia, conservée au Cabinet des Antiques de la bibliothéque. 1] donne ensuite une notice et la figure du dip- tyque de Besancon, dont M. Coste a fait insérer dans ce journal une description détaillée (4). Dans le dernier mémoire, M. Millin donne la description d’un beau torse ægyptien trouvé dans la Basse-Æogypte près de Semenhoud , rapporté en France par le général Vial, et donné au Cabinet des Antiques par le premier Consul, avec un pré- cieux manuscrit, sur lequel il seroit à desirer que M. Akerblad pût continuer les recherches impor- tantes qu’il avoit commencées sur la partie de l’ins- cription de Rosette, écrite en caractères vulgaires. … Ce torse est remarquable et par le travail et par Tes attributs qu’on y voit encore, et par la belle conservation des hiéroglyphes qui ornent le pilastre auquel il est adossé, et qui donnent à M. Millin occasion de déterminer plusieurs animaux et végé= 1 (4) Magasin Encyclopéd. Année VILE,t. V, p. 419- Mélanges. 179 taux qui se voient fréquemment parmi les hiérogly- phes. M. Miliin pense que cette belle statue doit avoir été exécutée ; lorsque les artistes eurent été plus iustruits dans les arts par leur communication avec les artistes grecs. La matière dont elle est faite est cette roche de corne, d’un gris noirâtre, qu’on nomme ordinairement basalte noir. M. Millin se propose de traiter ailleurs plus amplement l’histoire de cette substance, parce qu’elle a été le sujet de beaucoup de confusion dans l’archæologie et dans l’histoire naturelle. Nous avons déja dit dans l'annonce insérée dans le dernier numéro (5), que le volume est terminé par quatre tables, une des articles, une autre des planches, une table des auteurs, et enfin une qua- trième des matieres, ce qui facilitera considérable- ment l’usage de l'ouvrage. T. E. W, (5) Suprà, p. 144. | P A. L:Æ.0;G.-R A PH IE. SECONDE LETTRE de D'ANSSE DE VI1- LOISON à M. AKERBLAD , correspondant de l’Institut de France, sur l'Inscription grecque de Rosette (uote 1), sur le litre de Dieu donné aux rois payens et aux em- pereurs grecs chrétiens , et sur l’ancten- neté du grec vulgaire. Moser ET ANCIEN AMI; Le digne continuateur de l’Héstoire du Bas- Empire de Le BEAU, notre savant confrère Ameilhon, vient de rendre un nouveau service aux lettres, et d'acquérir de nouveaux titres à noire reconnoissance , en pu- bliant ses Ecluircissemens sur linseription grecque du monument trouvé à Rosctte (note 2), avec le texte grec, une version latine , et deux traductions francoises. Cet ouvrage intéressant , que je me suis empressé de parcourir , avant de vous annoncer cette bonne nouvelle, répond parfaitement à lattente des amateurs de l'antiquité, et à l’idée qu’ils s’étoient formée. Oserais - je prendre Ja liberté de hasarder , et de vous soumettre, monsieur , ainsi qu’à ce docte éditeur , quelques autres écluircissemens , et une très- petite partie des nombreuses observations que m’a Nota. Les notes de Villoison se trouvent pages 192 et suir. Inscription de Roselle. 175 susgérées une lecture fort rapide, et un examen su- perficiel de ce précieux monument. Je trouve d’abord dans la sixieme et septieme ligue de notre inscription ( note 3), qu'il est parlé exclusivement des grands-prétres , des prophètes , des ministres des autels qui entrent dans le sanctuaire pour habiller les dieux , des TEPO®'OPAI, des écri= ÿains sacrés ; enfin de tous les autres prêtres qui , de tous les temples situés dans le pays, s’éloient rendus à Memphis , auprès du roi( Ptolémée V Epi- phare ) , pour assister à la cérémonie de son ayée nement a la COUTOIILE, Notre savant collégue observe ( note 4), » que « la dénomination de ATEPO®S'OPAI est donnée icè « (note 5 ) à des femmes , comme l'indique , ajoute- « t-il, sœ Lerminaison Jéminine.» Mais je remarque, 1.° que, dans tous les mots précédens et suivans de ces deux lignes, dans cette énumération exacte et détaillée , il n’est fait mention que des prétres, et nullement des prétresses. Elles ne devoient pas se trouver placées au même rang , et entre les ministres distingués qui entroient dans le sanctuaire , et les écrivains sacrés qui étoient revétus des dignités les plus éclatantes, et occupoient les premières places dans la hiérarchie de l'Egypte. 2.9 Que même, si on avoit voulu indiquer des prétresses, on auroit égalemeñt dit au féminin, comme au masculin , &Tépo@per, et noh pas #%soOépeu , mais qu’on auroit alors ajouté Particle féminin &, pour prévenir lPéquivoque : et que la forme de &lepo@éper est bien plus conforme à l’analogie, ét à 176 Palæographie: l'usage constant. J’en pourrois citer une foule d’exem- ples : je me contenterai de celui de la p'étresse des Locriens Epizéphyriens de la grande Grèce, qui est appelée 7as Qrarnpies ; et non pas QuaryQogas, dans Polÿbe (note 6). 3.° Enfin qu'Hesychius, sur le mot z7spo@opes, ( et non pas zepe@cpæs), dit formell--ent que c’est le nom qu’on domnoit en Egypte à un ordre, à une classe de prétres. Je soupçonne donc, qu’au lieu de 27epogéses , il faut lire zlepogcper dans notre inscription; et que c’est une des fautes du sculpteur qui a gravé ce décret’ sur la pierre. Notie collégue a déja relevé quel- ques - unes de ces erreurs avec sa pénétration or= dinaire. Il en reste encore ( note 7 ). Mais quelle est la signification et la cause de ce surnom de ptérophores ,. alepopôpar | donné à certains prêtres Egyptiens ? « Ce mot, dit notre collégue (note 8), signifie à la lettre des porteuses d'ailes, ou de plumes. Ces ptérophores avotent - elles des atles attachées ä £ 2 « leurs épaules , ou bien les tenoient-elles à la man, « ou autrement ? C’est ce que j'ignore. J’obserteras « que les atles éloient un symbole sacré qui figurott « beaucoup dans la religion Égyptienne., .lsis avoït « des atles...On pourroit, avec raison, supposer « que ces ptérophores étoient des prétresses qui , duns les, pompes religieuses , représentoient lu, déesse « Isis. On sait que , dans les processions Ejyptiennes, « les prêtres prenoieut , pour winsi dire, le mnusque « des divinités au culte desquelles ils étoient attaches ; u yu'uis Inscription de Rosette. 177 “ qu'ils y paroïissoient couverts de tous leurs orne- « mens, M. Pau ( note 9 ) parle des femmes Egyp- “ {zennes QUE se travestissoient en cherubs , en s’up= « pliquant deux grandes paires d'ailes, comme on « les voit , dit-il, représentées sur les lanses des mo= à mmies., Ce sont probablement ces femmes que lins- « criplion désigne sous la denomination de ptéro- « phores, » Pour moi, je pense que Îles ptérophores n’étoient pas des prélresses , mais des prétres ainsi nommés parce qu'ils portoient non des afles attachées à leurs épaules, ou autrement , mais des plumes sur la tête. Cuper et M. Schmidt en ont déja fait la remarque ; le premier dans son savant Traité intitulé Harpo= érates , ( note 10 }, et le second dans sa belle Dis- sertation De sacerdotibus et sacrificüis Ægyptiorum (note 11 ). Ces deux ouvrages, pleins de recherches, répandent beaucoup de jour sur différens points de notre inscription , et nous dispensent de lire les Johanuis Olivæ in marmor Isiacum, Rom& effossum, exercitationes (note 12 ). Diodore de Sicile( note 13) dit que l'écrivain sacré, icsoypægwaets, portoit une plume d’épervier sur la tête, @opeir aepor. Clément d'Alexandrie (note 14 ), déja cité à cette occasion par un membre de la Société royale de Gottingue ( note 15), observe que ce scribe sacré avoit une plume sur la tête, et, dans les mains, un livreetune écritoire avec de lencre, et le jonc qui lui servoit à écrire. Notre inscription de .Rosette est la seule qui nous apprenne que les péérephores portoient une plume, de même que les écrivains sacrés, el a soin Zome IL M 178 Palæographie. de distinguer ( note 16 } ces différens ministres des autels , de peur qu’on ne les confonde : or auroit été tenté de le faire d’après les passages que nous ve- nons de ciier. Si M. Schmidt avoit pu connoître ce précieux reste de l'Antiquité , il n’auroit pas manqué d’en faire usage, et d’en tirer grand parti dans son excellente dissertation sur les sacrifices et sur les prêtres de l'Egypte. Il indique ( note 17) plusieurs monumens donnés par Montfaucon et par le comte de Caylus, et qui représentent des prêtres Egyptiens, avec des plumes sur la tête, tels qu’on nous peint Mercure, le chef du sacerdoce , l'inventeur de lé- criture, des arts et des sciences. M. Schmidt auroit pu citer de même la fameuse J'able Isiaque , publiée par Laurent Pignoria ( note 18 ), et maintenant conservée à la Bibliothéque nationale. Cette aigrette, ces plumes sont parfaitement figurées sur un célèbre bas-relief de la maison Matt&i de Rome ( note 19 ). On y remarque un prêtre égyptien, qui porte un chapeau , un petasus pareil à celui de Mercure , avec des plumes, et qui tient à la main un rouleau, . comme dans la description que Clément d'Alexandrie (note 21) fait d’un écrivain sacré. J'ai retrouvé en- core ces mêmes plumessurune figure égyptienne d'une pierre gravée de jaspe vert foncé , nuanté de rou- geatre , nouvellement découverte aux environs de la ville du Puy, dans le ci-devant Vélay, et dont on vient de me communiquer l’empreinte. Les caracteres magiques qui sont tracés sur cette p'erre , ressem- blent parfaitement à ceux de plusieurs @orexlnsiæ, amuleties, des gemmæ astriferæ de Gori, dont la sé tirs tnt dla De RÉ LR EE à RS de de Inscription de Roselte. 179 plus grande partie n’est pas l'ouvrage des Basilidiens, comme on lavoit cru mal-à-propos avant Passeri, Je vais, monsieur , vous proposer un autre doute, Il'est dit dans notre iascription de Rosette (note2r), que Ptolémée V Epiphane a fait de grandes dépenses eu argent et en blé, bera ]5 Tu Atryunlor tus eddy éyayiir (note 22 ), c’est-à-dire, pour rétablir le calme dans PEgypte , xei 1x iepæ valaslioued y. Notre docte con- frère traduit ainsi ces derniers mots en latin (note 23), | el ad templa erigenda., et en francois, et y élever des temples ( note 24 ). Je demande la permission d’observer que Tx iep, veut dire ici les choses sacrées , et non pas les tem- ples, et qu’ainsi xaleclieurSa Tù is ne signifie point élever des temples, mais rétablir l'ordre , la décence, . da discipline duns le culte , dans les cérémonies reli- gieuses, régler tout ce qui concerne le culte et ses ministres , en un mot, res sacras componere. C’est la vraie signification du verbe »#/x0/404734. Polybe dit de même (note 25), en parlant des affaires de la Lybie ; xeleclioerlo Ta aa ray AiBlm , rebus in Liby& compositis , et ailleurs ( note 26), xaraclnräurres ra sara Ty mé, rebus in urbe composttis , et enfin dans un autre endroit ( note 27 ), xaraslyrœuéy ra xüla Tes érocrdÿles IAwpiss , rebus in e& Ll/yrici parte que defe- cerat , constiutis, Mais sans avoir recours à Polybe, je trouve un exemple remarquable de cette même signification dans notre in.cription, qui est heureu< sement assez longue, pour qu’on puisse souvent l'expliquer par la confrontation des divers passages ( note 28 ). J’y vois dès le commencement ( note 9), M 2 180 Palæographie. +3 rh” Avyurloy KAT AZTHEAM'ENOY, met Tæ pos vs Sue n c'est-à-dire, que Ptolémée a réglé les affaires de l'Egypte, et celles qui concernent le culte des Dieux, qu’il les a rétablies, remises en ordre, et-qu'il est pieux, et vainqueur de ses adversaires , ivos@ès, æai évriréko dredtps ( note 30 ). De plus l'auteur de cette inscription ne se sert ‘pas du mot xdlacrheurde , mais bien d'idpérarte s lorsqu'il veut exprimer l’idée d'élever des temples, des autels , des chapelles. H dit dans le dernier sens, période van ( mote 31), et ailleurs, ispù, al veus, au Biebs idpicaro ( note ae )aret enfin 20» idpderde4 ( note 33). Notre inscription parle sans cesse des peinesque : to- Jémée avoit prises pour rétablir la pompe et la ma- gnificence.du culte, et rapporte, (note 34), que s'étant soigneusement informé de l’état où se trouvoient les choses les plus précieuses renfermées dans les tem- ples ,illes avoit renouvelées et restaurées dans un état décent. Ille fait mention des exemptions, des re- mises que Ptolémée avoit accordées aux prêtres (note 35 ):et ajoute immédiatement après (note 26), qu'il a rétabli sur l’ancien pied ( note 37), d’une manière convenable , tout ce qui avoit été néoligé, omis dans les temps précédens , pendant les troubles (note 38), et qu'il a donne tous ses soins pour faire observer tout ce qu’on étoit dans l'usage de pra- tiquer à Pégard des dieux, et qu’il a rendu justice à-chacun { note 39 ); qu'il n’a épargné aucune dé- pense en argent et en blé, pour que les temples des dieux , et les habitans de l'Egypte fussent à l'abri | Inscription de Rosette. 185 de tout danger ( note 40). Vous voyez que dans:le cours de cette inscription, il est constamment parlé du bien que Ptolémée avoit fait à l'état et à la religions et du dommage que les impies révoltés avoient causé aux temples et aux habitans de l’Égypte qu'ils avoient ravagée ( note 41 ). Ptolémée , Continue cette même inscription (note 42), est le bienfaiteur des édifices sacrés, de ceux qui n’ont pas d’antre demeure, et de tous ses sujets (note 43). Les lignes 15.°, 16°, 17.2, Rhino Arfa 3319 bi éten, contiennent l’énumération des bienfaits dont ce jeune roi avoit comblé Îles temples et les ministres des autels. Il-avoit assuré les revenus affectés à leur en- tretien ; et l’auteur de cette inscription n'oublie pas de nous en spécifier la nature (note 44). C’étoient des contributions annuelles ( note 45 ) qu’on leur payoit tant en blé qu’en argent, des poitions c'e terres con- sacrées aux dieux, et réservées sur les vignobles ( note 46), sur les verger; en un mot, tous les droits qui leur étoient acquis du temps de Ptol£inée Philopator ( note 47 ). La piété généreuse de Piolé- ,mée Epiphane , fils et successeur de Philopator, ne s'étoit pas contentée de ces établissemens. Il avoit encore fait de nouvelles fondations, et con- sacré au service des temples de nouveaux revenus considérables, en argent et en blé ( note 48 ). Hermapion, qui a forge la traduction grecque des hiéroglyphes d’un obélisque érigé, selon lui, en Phonneur de Rhamestès, roi d'Egypte ( note 49}, dit de même dans cette piétendue version ( note 50), que ce prince avoit rendu de grands honneurs aux M 3 182 Palæographie. dieux qui avoient des autels dans la ville d'Héliopolis, ronvrimres Tke iv HAis méhe Debs émdpoutwss , et un peu auparavant { note 51), qu'il avoit couvert de gloire l'Egypte et la ville d’Héliopolis ; qu Alyvmror doférus, éyaaomouiras Ty Fais mou, comme il est dit de Ptolémée Epiphane par allusion à son nom, dans l'inscription de Rosette (note 52), 78 érigerñ morravros Tuy Te déve age nai My xélo , c’est-à-dire , qui aïllustré la haute et la basse Egypte. Hermapion ajoute ( note 53), que Rhamestès a prêté un nouvel éclat à la ville du soleil ( Héliopolis) , et au Soleil même, le maître du ciel , txtounos “HAig mov , opolas #ai æôroy "HAter, diorélm ëpeg. Il fait dire au Soleil ( note 54), qu'il a donné au roi Rhamestès Ja puissance , dtddpmeey > x#l@, et le pouvoir sur tous; et plus haut { note 55), que les avantages dont ce prince jouit, subsisteront éternellement, # r& 4ya9ù iv mur]i divcives na. C’est ainsi qu’on lit dans notre inscription (note 56) : les dieux ont donné à Ptolémée la santé, la victoire, la puissance , et les autres avantages, Xdunar, . :xpur@ , x TaW dyaJx , la couronne devant Jui rester éternellement, ainsi qu’à sa posterité la plus reculée , r$s Banincias dauesvérns abro, etc. , etes Les Sigéens souhaitent de même à Antiochus Soter, et à la reine sa sœur et femme, dans un décret en leur honreur, publié par Chishull ( note 57), vois Ta re de dyax , 10 Tu ( POUT Mr ) Pacracla évroïs digérer. Dans le sixieme concile œcuménique , le troisieme de Constantinople, en 68r, les peres forment ce vœu pour les empereurs ( p. 1416 ,t.111): éen@ diaptivn n Barirsiu dpar. Dans l'inscription d'Hé- : Inscription de Roselte. 183 Hopolis, Rhamestès est appelé le bien aimé du Soleil, d’Apollon, d’'Ammon , t'Hu@- qnë , etc. (note58) et "Agua dyara ( note 59) , €t Hau@ HT'OTHEÈEN (note 6o ). Ce dernier mot est évidemment corrompu. Jacques Gronovius corrige ( note 61) HPOTHSEN, que le soleil a secour; mais cette expression ne me paroit pas grecque : je crois qu'il faut lire "AT'ANHSEN, chérit, comme on voit plus haut, % Apper éyamè, celui qu'Ammon chérit. C’est ainsi qu’ilest souvent dit de Ptolémée , dans notre ins- cription de Rosette (note 62), qu'il est ‘HTATH- M'ENOE ür0 18 @93, chéri de Phtha. Un autre titre de Ptolémée dans l’inscription de Rosette ( note 63), C’est xupis Baruüv, maître des couronnes, des em- pires, comme dans l'inscription d’Héliopolis (note64), donne | et xinu1© diudur1@ , le maître du diadéime. Ilest aisé de voir que l’imposteur mal-adroit qui a voulu faire accroire qu’il entendoit et traduisoit les hiéroglyphes d’un obélisque:, Hermapion, n’a fait qu’adapter à un ancien roi, et copier le style em phatique , les protocoles , 1ss formules ordinaires , la langue des inscriptions bien ‘postérieures consa- crées à la gloire des Ptolémées, C’est comme si on donnoit à Pharemond les titres de Louis XIV. Cette prétendue traduction est faite à plaisir, et aussi fausse que Pinscription égyptienne d’Osiris, rapportée par Théon de Smyrne ( note 65 }; et ensuite expliquée et restituée par Thomas Reinésius ( note 66 ), et par Charles Patin ( note 67) , et dont Mafféi a dé- montré la supposition ( note 68 ). L'inscription d’Hé- Jiopolis appelle Rhamestes le fls éternel du Soleil, M 4 184 Palæograplie. et engendré de D'eu, Sroyémyr@- ( note 60); comme Ptolémée, dans l’inscription de Rosette ( note 70), est nommé fils de Dieu , émépyar Osos tx es | et image vivante de Jupiter, fils du Soleil (note7t), fils des dieux Ptolémée Philopator et de sa femme Arsinoë , éxyors Seüv diaomaærôpur ( note 72). L’on voit de même dans une inseription de Zchéhel-minar , Pancienne Persépolis , un prince de la dynastie des Sassanides, qualfié du titre de fils de Dieu , et de Dieu lui-même, ix yéss eo, txyors S:8, enfin 9+8, { note 73). Ce titre de Dieu, commun aux rois d'Égypte et de Syrie, aux rois des Parthes de la dynastie des Arsacides ( note 74), qui est souvent donné à Ptolémée-Épiphañe , (Dieu visible qui s’est manifesté ) dans linscription de Rosette(note75), que les empereurs chrétiens se sont arrogé , comme mous le prouverons plus bas, que la religion musul- mane interdit aux monarques si fastueux.de l’Orient, l'inscription d’Héliopolis n’ose pas Paccorder à Rha- mestès ; mais elle lapelle trois fois éawS-, dont la vie est immortelle { note 76), et ume fois rot éternel ; Bacitus diovG ( note 77 ). L'épithète d’étarpiG est une de celles que Pinscription de Rosette donne à à Ptolémée ( note 78). S. Athanase (note 79 ) reproche aux Ariens d'avoir décerné à l’empereur Constance , le titre de aftrey dismerm, et de roi éternel, didwuor Ranits, qu'ils rez fusoient au fils de Dieu. Voyez la lettre de leur conciliabule de Sirmich, écritele 22 mai 359 (note 80), où ils appellent cet empereur r3 doæors, Adyéols, 1% Sels, sBaols, 1] paroïît que par la suite, dans le cins Tscription de Rosette. 185 guième siecle , les princes et même les princesses de la maison impériale de Constantinople, adopterent ce titre sans égard pour lobservation de S. Athanase. Je trouve en effet dans les actes du concile de Chal- cédoine ( note 81 ), une lettre de Valentinien LIT, qui commence par ces mots : Palentinien 1oujours Toi, et fils, dei Bacinevs 494 dis, au muôtre T'héodese , T& diomory Orédorim , roi éternel, et père , ain» Baonë, #4 mærpi. Théodose IL étoit son beau-père. La lettre de Placidia au même prince, commence de la même manière ( note 82 ) : Galla Placidia, reine éternelle, et mère, ( de Valentinien IT ):aw maître T'héodose, toujours roi, et fils, dermory Ocodonin , dei Barirë x64 UD, diovia Bains, © murmp. Licinia Eudoxia Augusta, femme de Valentinien IT, écrit pareillement à son père Théodose If ( note 83 ) : Licénra Eudoxia , très pieuse, et florissante , reine éternelle, droviæ Barixis, et fille, au maître Théodose, triomphant , toujours rot, et père. Dans une autre lettre ( note 84), Théo- dose IT donne à son gendre Valentinien HIT, les titres de son maître, d:onérn tu , d’éternel, d'Auguste, &tavi» , aùyéore. Valentinien III et Marcien s’inti- tulent dei Racincis, toujours rois, dans une lettre au pape S. Léon ( note 85), et äticituolor, dans des lettres aux évéques, et au concile de Chalcédoiné ( note 86): ce dernier mot est le semper Aügustus des Latins.'Marcien est appelé ons, Aiyéels, dans une lettre aux évêques ( note 87), et on lit ériowre, Aÿyérois , dans une lettre d'Eusèbe , évêque de Dos rylée (note 88 ). = Mais bientôt le titre d’éternel ne fut plus suffisant ; 196 Palæographie. il fallut y joindre celui de très-divin | Serfler@-. Tes pères du concile de Chalcédoine ouvrent presque tou- tes leurs sessions en déclarant qu’ils se sont assemblés en vertu des ordres de leur très-divin maître et éternel Marcien, xara xtheveiy 78 Sudlérs dromors juüy Mapxiavs T8 éiavis ( note 89). Eustathe, évêque de Béryte, ajoute (note go), que c’est aussi l’impératrice Pulché- rie qui les a convoqués ; et ils annoncent eux-mêmes, au commencement de la troisième session (note gt ), qu'ils se sont réunis d’après l’oracle des empereurs; ëx Jromiquar@. Cette expression Séozieux , oracle , est également celle qu’emploie le concile en corps dans sa lettre au pape S. Léon ( note 92 ); de même que lesempereurs Valentinien et Marcien , dans leur lettre au même concile de Chalcédoine ( note 93). Les juges annoncent dans la quatrieme session ( note 94), que le très-divin maître de l'univers , l'empereur , a trouvé bon, 13 Suordle diomern ris aixspivns pet, Que les saints évêques procédassent non pas d’après ses lettres divines , Séïa ypæsuale , mais d’après les canons et les règles fixées par les saints pères. Les requêtes des évêques Photius et Bassien, aux empereurs Va- lentinien et Marcien , sont intitulées ( note 95 ) : aux maîtres de la terre et de la mer, et des nations et des peuples de tout l'univers , aux éternels et triom= phans , Augustes , rais diuvleis , 94 Tpomaugyous, Adysrious. Il semble lire les titres pompeux que l’inscription d’'Héliopolis prodigue à Rhamestés. L’on y voit ré- pété à chaque page , que le soleil donne à ce roi d'Égypte, le gouvernement de tout lunivers, la puissance et le pouvoir sur tous les hommes, qu'il Inscription de Rosette. 187. est le fondateur , le restaurateur de toute la terre, lilas rôs oixepims, quetoute la terre lui est soumise, qu'il a illustré Héliopolis, et fondé, ou rétabli , xl{cus le reste de la terre, qu'il en est le roi, le maître, etc. Le patriarche grec d’Alexandiie est plus humble. Ii veut bien permettre, qu’en lui écrivant, on se borne à lui dire : Zrès-heureux , très-sage , et très- éloquent maître, patriarche, etc. , pasteur des pas- teurs | archevéque des archevëéques , treizième apôtre, juge de toute la terre, noilé rûs oinsprs ( note 97). On donnoit alors aux édits des empereurs grecs le nom d’oracles , et à leurs lettres l’épithète de divines. La traduction latine du concile de Chalcédoine a tâché d’adoucir ces expressions qui sentoient le pa- ganisme, et substitue presque toujours sacré à divir, et décret à oracle. Les empereurs Marcien et Valen- tinien, en écrivant à ce concile, disent eux-mêmes que leurs léttres sont divines, Selon ua ypéppa , Sea ypéppala (note 98 ). L’impératrice Sainte Pulchérie, s’est conformée au style de la chancellerie impériale, Dans la suscription de ses épitres dogmatiques à Bassa, supérieure d’un couvent de femmes, situé à Ælia ( l'ancienne Jérusalem), et aux Archimandrites et autres moines de la même ville , elle est qualifiée de très-divine maîtresse , d’éternelle , Storarns deomoirné por æievias ( note 99); et elle parle deux fois elle- même de ses divines lettres , Seiav cumæ£äy (note 100 ). Bassien , évêque d’Éphèse , humble évéque , comme ila raison de s’intituler ( note 101 ), dans sa requête aux empereurs Valentinien et Marcien , ne se con- tente pas de leur déférer les titres qu’il ne pouvott 1:88 Palæographie. pas leur refuser, de votre sérénité , ñ ouerépe yarnlns ( note 102), de votre puissance, ro imélepes xpér@» ( note 103 ), et de faire des vœux pour leur puissance éternelle , aiuns nedss 3 il ajoute encore qu’il se pros- derne devant leurs pieds purs et divins ( note 104); et qu'il supplie la puissance céleste de ces princes, TO Spéyioy xpér@ , de daigner rendre un oracle en sa fareur , et d'envoyer une note divine aw saënëé concile de Chalcédoine. H leur parle de leurs orerlles divines , et conjure enfin leur DIVINITÉ de vouloir bien rendre un oracle : Demi ray uilesey OELOTHTA (note 105). Ces mêmes empereurs, dans leur lettre aux évêques pour la convocation d’un concile , disent d’abord, 7% use mmspdli, notre douceur, notre clémence , et ensuite, rw #uilépe @ETOTHTA , notre DiviniTÉ ( note 106 ); ce que le traducteur latin rend mal par nostra pietas; et Marcien, dans une lettre à Macaire , évêque, et aux moines des couvents du mont Sinaï, parle des loix de sa DiIviNiTÉ, Ths usépes OETOTHTOE veuss ( note 107), Il y a dans la version latine , majestatis nostræ leges. À la tête de la lettre du même empereur aux .Archiman- drites et moines d’Æjia ( note 108), on lit, copie des divines lettres de notre très-divin maître Murcien , éternel, suguste. leur dit, en parlant de sa femme, Sainte-Pulchérie , la très-divine maîtresse , dirmoueær, épouse de notre sérénilé , ris 4mileezs yennviar@-. Cette sainte dit de ce prince , dans une lettre à l’abbesse d’un couvent de la même ville d’Ælia { note 109 }s ceux qui habitent Ælie, ville appartènunt à ma sé- Ténité , et au très - pieux maître de l'univers , el époux Inscription de Rosette. 189 de ma DiviNITÉ, rés iwjs @EVOTHTOZ, ce que le traducteur latin rend encore mal par majestatis meæ. Cette impératrice canonisée s'exprime ainsi dans une autre lettre aux Archimandrites, et aux moines d’Ælia ( fote 110 ) : le très-divin et très- doux ( ou clément , #w:pérer@-), empereur, époux de ma sérénité, et ma DiviNiTÉ ( et non pas mea serenitas , comme le traducteur latin met en place de Sens ). Elle leur rappelle( note 111 ) les lettres de la DiviNiTÉ de son mari , 74 rÿs airë @ElOTHTOZ yoémpara. Ici le traducteur latin se croit enfin forcé de mettre litteræ ejus divinitatis, L’empereur Théo- dose IT, dans un édit intitulé divin oracle, Sits So miruur@, et recueilli dans les actes du concile d’É- phèse, avoit déja parlé, en 435 , deux fois de sa DiviniTÉ, une fois de ses 4rès-divines oreilles, et trois fois de son divin oracle, c’est à-dire , ordon- nance pour faire brüler les écrits de Porphyre , et s’étoit servi pareillement de cette expression , Serrilous , nous rendons cet oracle( note 112). Les empereurs grecs du Bas-Empire furent plus modestes, et se contenterent du titre de suit maire, wyue dlir- more , qu’on donne aujourd’hui aux évêques grecs en leur parlant : ét encore les empereurs n’eurent - ils Pépithete de saints, que parce qu’ils avoient été sacrés en montant sur le trône. Le sixieme concile œcuménique, le troisième de Constantinople, tenu en 68r , défère très - souvent à Pempereur Constantin Pogonat, le titre de srès- pieux, etrien de plus, et quelquefois à la vérité , = » s ” Le] celui d'alors, Adyéors, éternel, Auguste (note 113). 190 Palæographie. Ce même concile répette à chaque page ( note 114 } qu’il s’est rassemblé par l’ordre ++ aûrë Seorops yaan= rérr@, €t non pas de sa divinité , appelle souvent les ordres de ce prince Six rap ( ce deinier mot est le sacra des latins ) , ses ordonnances Siezisuæ , oracle, et très-divins ordres, Sciorérais mporréken ( note 115). Les pères prient Constantin Pogonat de ratifier les décisions de leur concile par ses divins édits, Alg Seiwr Hdixqer ( note 116) : VE latin du mot edictum rendu par un H ( qui répondoit alors à V1), dans ädxra , est remarquable. On voit deux fois dans le mêwe concile, lpærxiori, pour ‘EAmmeri, en grec (n. 117). Au reste, c’est dans les acclamations , dans les élans spontanés des conciles grecs, qu’on trouve les premières traces du grec vulgaire, par exemple, le ao r& 4, (le muchos annos des Espagnols) qui est sans cesse dans la bouche des grecs modernes, qu’on lit perpétuellement dans le concile de Chal- cédoine , et dans tous les suivans, et dans la relation de l’ambassade de Luitprand à la cour de Nicéphore Phocas { note 118 ). L’on ne sera pas étonné de voir les pères du con- cile de Chalcédoine se servir du grec vulgaire dans le premier mouvement, quand on observera que quelques-uns d’entre eux étoient peu instruits. Je trouve parmi les souscriptions des évêques qui s’y rendirent, celles de plusieurs qui font signer par d’autres , et déclarent ne pas savoir écrire ( note 119); et je vois dans le concile de Constantinople, sous Men- nas, en b36 (note 120), deux supérieurs de couvens: ui sont obligés d'emprunter une main étrangère, et q 3 ° Inscriplion de Rosette. 194 . Forcés de se contenter de faire une croit, comme pos paysans, au haut de cette signature ; zpdlcëy / Tipuioy Taper. Luitprand ne trace pas un portrait flatteur des évêques grecs du dixième siécle ( note 121 }. La re- lation intéressante de son ambassade à cette époque, m'offre plusieurs termes du grec:vulgaire qui est beaucoup plus ancien qu’on ne le croit communé- ment. J’y observe, par exemple, wéva, pére, ma mère, ma mère, pour g#r#p ( note 122), perivolium, pour #epécmo, verger ( note 123 ), Coriphus, ou plutôt Coryphus , l'ile de Corfou, l’ancienne Corcyre (note 124). La capitale de cette île est appelée Ke- pvdo , dans l’Alexiade d'Anne Comnène, du mot grec mesvn, lieu élevé : et c’est cette ville située sur un rocher escarpé, qui a donné son nom au reste de V’ile (note 125). Le précieux traité De administrando ämperio de Constantin Porphyrogenète , empereur du dixieme siécle, est rempli d’une foule d’expres- sions de grec vuloaire. Dans le colloque entre Jus- tinien et le peuple révolté de Constantinople, dia- Jogue rapporté par Théophane ( note 126), auteur du neuvieme siccle, le peuple parle en grec vulgaire, et on lui répond au nom de l’empereur, en grec ancien. Comparez les expressions populaires qu’em- ploie une faction rébelle du cirque, dans le même historien ( note 127). Voyez aussi Bergler, à la fin dela préface de son édition de l'Odyssée, et mon savant ami M. Alter, dans sa curieuse préface du second tome de son écition de lIliade ( note 128 }. Cet habile philologue 192 Palæographie. observe qu’il a trouvé dans Homère beaucoup de traces de Ja lingue vulgaire; et dit qu'il est persuadé que, sans la counoissauce de ce dernier idiome , on we peut pas entendre parfaitement les anciens classi- ques grecs, dont la langue approche beaucoup plus du grec moderne , que le latin de l'italien. Mais je m'aperçois, mon cher et savant Hiéiophante, que je passe les bornes d’une lettre: dans ma suivante, je reviendrai sur l’inscription de Rosette , et tâcherai d’en expliquer plusieurs passages, en attendant les doctes commentaires que M. Weston et M. Visconti nous font espérer. Croyez que vous n'avez pas d’ami ni d’admirateur plus sincère que votre confrère D’'ANSSE DE VILLOISON , de l’Institut de France, et de l’Académie d'Upsal. À Paris, ce 2 juin 1805. LC 9 ON MA DCR 7" Note 1). Voyez ma première lettre pag. 70 et suivantes, du zuméro 21, germinal an x1, et le supplément à cette même lettre, page 358 et 379, numéro 23 , floréal de la même année. Note 2). Paris, floréal, an x1 ( 1803), in-4.° de 121 pages, chez Buudouin. Note 3 ). Inscription de Rosette, page 12 et 109. Note 4 }). Page 41. Note 5). Ligne 7. Note 6). Polybe, liv. x11, chap. 5, pag. 303, tom. 111, de l'excellente édition de M. Schweighæu- ser. C'est ainsi que dans la cinquième ligne de notre inscription; Inscription de Rosette. 198 inscription , page 12, Pyrrha, fille de Philinus , est nommée Canéphore( Ka»19cp#, et non pas KerïQipas) , de Bérénice bienfaisante ; Bepevixns ivepyelid@- ÿpes rng Dhs xawnhops, tandis qu'Aria , fille de Diogène, étoit prétresse d’Arsinoë Philadelphe , ’Aporréss gra dEne 'Apcies rs Aioyéves iepelas | comme Irène , ( file de Ptolémée ) , l’étoit d’Arsinoë Philopator , ’Apoivèns Diomérop@- , Eiprvys. Dans ce dernier membre de la phrase , on sous entend ispeles , prétresse , qui appar- tient également au second et au premier, à Irène, comme à Aria , et dont la répétition auroit été inu- tile et même fastidieuse. Voilà donc les trois fonc- tions de ces trois femmes bien distinctes , et consacrées au service de trois princesses différentes, assignées suivant ordre dans lequel ces trois petites phrases sont symétrisées ; comme l’exige, avec raison , notre savant confrère, page 34. Îl est également fondé à soutenir ibidem, qu’é3aogéps ne peut passe rapporter au prêtre Aëte dont le nom est trop éloigné. Je construis ette épithète &Sxo@cps , victorieux dans les jeux, avec les épithètes précédentes données à Ptolémée V Épi- phane ,ériQarës , tüxaæpiors , 29 no@ops, visible , gracieux, vainqueur ans lesjeux, J'ai prouvé, d’après Athénée, liv. v, page 203, que les Ptolémée se faisoient cou- rouner dans les jeux. En admettant la ponctuation adoptée par notre collégue , il faut se permettre une foule de suppositions arbitraires et gratuites, se livrer sans guide à des conjectures vagues et incer- taines , et donner un réoime à l'adjectif 4920p0p@, qui n'est pas un substantif comme éyareQns , et &SnoSiye, mais se trouve joint aux mots &#p, ir#@-,et leur sert d’épithète dans Homère, Pindare, Oppien, ete. Pour que Pinscription égyptienne pâût dissiper ces nuages, 1] faudroit, 1.° qu’elle fût littérale , par- faitement conforme à l'inscription grecque, et lai Tome II. N 194 Palæograplies x répondit exactement : 2.° qu’on fût très-sûr de la vraie leçon et du sens de la totalité de la phrase Copte. Note 7 ). L'on auroit tort de compter parmi les fau- 1es Euyd es, et de corriger gas Ed 1458, au lieu de Exydix qu’os lit ligne 6, pagé 13, Voyez ce.que Fabricius dit de EmSuel nom d’un mois Macédonien, pages 423 44,46, 47, de son Menologium ; sive libellus de men sibus , Hamburg, 1712, iu-8# L'on pourroit con sidérablement augmenter ce traité fort utile. … Par exemple, page 44, à Particle XXXHIT des menses Syro-Græcorum , sive Syro - Macedonum s Antioch:norur, ete. , il a oublié les mois des ha- bitans de Païmyre , qui sont à la vérité les mêmes mais il auroit du obseryer que dans sept inscriptions grecques de Palmyre, pages, 1, 2, 3, 6,9, 12 et 13, de; [uscriptiones 2 TŒœC®E Paimy F'HOTUIN , CUT scholiis Edivardi Bernardi, et Thonmiæ Smithi, Trajecté ad Rhenum, 3698, in-@°, au lieu de Ze, on lit Zeidixos , comiue dans notre insexr iption grecque d’ Égyyte. Les Grecs piononcent au jourd’hui le T, { mais jamais Je © }, apres un N, comme un A, Au coniraire vous avez remarqué, page 16.de votre leure inimortellé , que les Coptes substituent souyent un T au A, et que dans l'inscription égyptienne du monument de Ro:ette, le nom d’Alexaadre est Ccrit par un T. J’ajourerai cette observation de Quintilien, Liv. x3y chap. 1v, ,spage 22, edit. de Gesner, Got- dingue , 1799, in-4. 2 quid 'T düteræ cuin D 'quæcuem coguiio ? Quare miuts mérunmr, si Ên veluslis ope- RATE ALEXANTER et CasSANTRA. EN aussi ce que la Nauze dit du rapporl de L'oucien culendriér des Alvxandrins errc le calendrier Jatien des Romaurs pages 188 elsuiyvantes, tom. XVI des, Mémoires de l'Acuuciuie des inscriptions , et du urbis uostræ , et. Celebribus termplis degatur ! | Tuscription de Roselte. 10 apport des mois Égyptiens , Judaïques , et Macédo- miens, pages 201 et suivantes , zbidem. Maflei, dans son Museum Veronense | a redonné, d’après Gruter, page 216, une belle inscription grecque , le testament d’Epicteta ; dont loriginal se trouve maintenant à la Bibliothéque nationale. On lit sur ce marbre, le nom de deux mois Lacédé- moniens inconnus à Fabricius, AroSuew, pages 20 et 28 ( voyez aussi la note du même Maffei, page 123), et AraQior, pages 16 et 20 , rbidem. Com- parez la remarque de ce savant antiquaire , page 105 , et surtout page 112, de son Ouvrage rare el trop peu connu , intitulé Z'radutiori Italiant , ag- £&'ünto il volgarizzamento d’alcune insiont Iscriziont Greche , in Venezia, 1720, in-8.°, et page 132, Jiv. IIT, chapitre I de son Artis criticæ lapidarie. Les inscriptions de Cyzique nous fournissent les noms de huit à neuf mois de l’année civile de cette République. Voyez le modeste et docte abbé Bel- ley ,; page 235 et suivantes, tome Il du Recuerl des Antiquités du comte de Caylus, et page 240, ibidem , où il donne la comparaison des mois des Athéniens , des Grecs Asiatiques, des Macédoniens, et de Cyzique. Pour ce qui regarde les mois Siciliens, consultez le feu prince de Torremuzza , page 66, et sui- vantes, de ses intéressans Prolegomena'Siciliæ vete- tuin inscriplionum , Panormi, 1784 : 1n-folio , 2.4 Ed. Je retiouve le nom suivant d’un mois Cappadocien (également omis par Fabricius ), dans la 90.° lettre de S. Grégoire de Nazianze, page 844, tome [, édition de Paris, 1609 , in folio s Xncocîais éylois pérruct ny À Elus siphy 4v év Apiarlois rois cuis soglcGopesy T x 73 n«Ÿ jus AAOOYEA, Je posside une copie que Je céicbre Bimard de la Bastie avoit fait fanre d’un Na 156 Palæographie. maouscrit grec inédit de la Bibl'othéque Laurentictire de Florence, intitulé ‘Hurpoñcyior pv dixpoour CLEATTI et j'y vois que les Cappadociens donnoient le nom de AAOOY àu mois d'octobre Faut-il corriger AA@OYZA, d’après S. Grégoire de Nazianze ? Note 8 ). Pages 41 et 42. Note 9 ). M. P auw ; Recherches sur les Esyptiens, tome 1, page 48, Berlin, in-12, et page 54 de x de Lausanne, 1784. Note 10 ). Cuper, Harpocrates , page 497 , tome 1 des utriusque Thesauri nova Supplementa de Poleni. : Note 11) M. Schmidt, pages 138 et 139, Dis- surtatio de sacerdotibus et sucrificiis Æ$ &Ypliorum ; Tubingæ.ÿ 1768, in 8.° de 324 pages. Ce beau trai:é avoit été couronné en 17964, par l’Académie des inserip'ions , qui lui avoit précédemment adjugé en 1762, le prenrier prix pour sa Dissertutio de commercits el ravigalionibus Ploleinaecrum ; insérée “pages 123 et suivantes, de ses Opuscula quibus res Aiïgypliècæ illustraniur, Curolsruhæ , 1565 , in-8.°. Le second prix sur le même sujet fut décerné à notre collègue Ameilhon , qui fit aussi A HENMEE depuis sa Pisseitation sous ce titre : Histoire du commerce et de la navigation des Égyptiens, sous le règne des Piolémées, Paris, 1766, iu-8.°. Voyez page 2, tome XX XI de l'Histoire de l'Académie des Inscriptions et Beiles-Lettres. Note 12). Cette compilation médiocre où jai cher- ché inutilement quelques renseignemens ; a paru en Jatin et en francois, pages 125 et suivantes, des Œuvres diverses de l'abbé Oliva, Paris, 1758, in-8.° Note 13). Diodore de Sicile, liv. [, chap. 87; page gè, tome À, édit, Wesseling. Note 14). Clément d’Alexandiie, S/romat. , live Vi, page 797, tome Il, édit. de Potter. Voyez L Iascription de Rosette. 197 Sur ce passage important, ce que disent Martorelli, lv. 1, chap. VIII, pages 190 et 191 , tome f, De regi& thec& calamari@, Neapoli, 1756, in-4°, et surtout M. Schmidt , pages 143 et 144, Dissertatio de sacerdotibus et sacrificiis Ægyptiorum, qui expli- quent la forme de Pécritoire des scribes sacrés. Clé- ment d'Alexandrie l'appelle ae, et Martorelli veut substituer rev, cistam Comparez Fob:e:vation de Saumaise Plinian. exercitution. , page 265 , col. 2, qui dérive le mot latin du moyen âge, ceaicwlum écritoire, et le xæxatier, et le xavxasuz des Grecs du Bas-Empire, de l’ancien grec 2147 et rever, Alors on pourroit lire tout simplement daus Clément Alexandrin , xeve au lieu de xevévz. Maïs voyez aussi du Cange, pages 258 et 378 de ses notessur l’Æ4/exiads d'Anne Comnène , à la suite de son édition de Jean Cinnamus , et dans son Glossærium Medie Græciletis, Montfaucon, Pa/æograph. Græc., lv. 1, pag. 22, approuve Îa correction du savant Ducange, qui lit dv , au lieu de xusére | dans ce même endroit des Stromates. Note 15 ). Voy ez le Magasin ency Ou pas 396 , n.° 15, nivose an XH. Note-16 ). nscription de Rosette, Jigne 7,p 7x2 Note 17 }. M. Schmidt ,pages 140 et 141, Disser- talio de sacerdotidbus et sacrificiis Æoypiiorum. - Note 18) Ee Laurent Pignoria, savant antiquaire, avoit été, presque toute sa vie, divecteur de nounes à Padoue , sa patrie. Note 19 ). Voyez figure 11 , planche XXVH, tome II des ’etera monumenta Malthæiorum , Rome, 3778 , in-folio, de feu Pabbé Amaduzsi. * Note 20).Clément d'Alexandrie, Stromar., Liv. VE, page 757, édir. de Potter. Si Martorelli avoit ccnnu ces nombreux monumens , et s’étoit rappelé les pas= N à 193 Palæographie. sages de Diodore de Sicile et d’Hesychius, rap= portés plus hant ,il se seroit sûrement bien gardé de nier si formellement lexistence de ces plumes, de dire qu’on ne trouve aueun exemple d’un ornement: aussi indécent, pour me servir de son expression » et que dans cet endroit de Clément d’Alexandrie, il faut nécessairement corriger rire, tiare , au lieu de 2%, plumes. I tâche de prouver cette fausse restitution, liv. [, chap. 8, pages r91 et 192, tom. f de son immense traité De regi thec@ calamarié , Neapoli, 1756, in-4.°, ouvrage savant, maïs plein. de conjectures, d'explications et de corrections ha- sardées , et devenu rare, parce que les puissans amis du respectable Mazzocchi , fort mal traité dans ee livre, en firent supprimer le plus grand nombie possible d’exempiaire:. Caussin, pages 257 et 258, Observat. in Horupollinem, édit. de Corneille de Pauw, Utrecht, 1727, in-4.°, cite aussi ce passage de Clément d’Alexandiie , et traduit mal igar #1: imi Ths xiQaNÿs , par ALAS hubens in capite , au lieu de penuas , plumes. Note 21 ). Inscription de Rosette, ligne 1F pag. 13. Note 22). Eëdie pris dans le sens figuré de culme, de sérénité | est une expression métaphorique ; Pisdare emploie souvent. Voyez Olymp. L, v. 158, Pt N , v. 32, Isthum. VIF, v. 53, et le vers du même lyrique , cité par Polybe, liv. IV, chap. 3x, page 79, tome JT de l’édition du savant Schwei= ghæuser, dont on peut consulter la note, p.52,t. VI. Note 23 ). Inscription de Rosette, page 13. Note 24). [bidem , pages 51 et 100. Note 25). Polybe, liv. Il, chap. 1 , pag. 222, t. I. Note 26). Potybe, liv. LE, chap. 54, pag. 343, t. [. Note 27). Polybe, liv. 11, chap: 8, pag. 237, tome I, Le docte Schweighæuser , dans son Lexicon 40 JInscription de Rosete. 109 Polybianum , pag. 338, colonne 2 , explique très- bien , d’après plusieurs exemples, xeléclenis par rons- diüutio rerum , composilio et sedatio seditionts , vel Mmoluun quorumcoumque , restitutio in tranguéllurm sta- Lum , et ipse status Certus , tranguillus , Jfifmusque rerumm. Noslferres nuÿedu Tu Tu mpéyule néiéclsoir , croyant que les affaires prendroient une certaine cont- ststance , dit Polybe , liv. XVIIT, chap. 28 , p.119, tome IV. ]1 joint, tome IV, Liv. XXII, chap. 14, page 211, le mot de year, calme, à celui de Sanacre eæSeonuiæ ; mer tranquille | comme Virgile a dit, Églog: IT ,v 26, cum placidum veñtis STARET mare. TE image de 7@ icpa zalaclirar 4, res SACFGS COML- ponere, ( Virgile Énéide , iv. 1, v. 139, H010S COM- PONERE fluctus) , FL BEE de pa arfaitement à celle de 7» Ayvelor ts eddir éyerür , qui précede immédia- tement. En général ,le style de Poiybe , de D'odore de Sicile RATE Helénisiee qui! arloient I: dialecte Nacédo en d MA e dès quedoseph, Philon, les divers traducteurs grecs des livres de l’Ancien Testa- ment, les auteurs des livres des Machabées, et du Nouveau Testament, se rapproche infiniment de la langue de notre inscription grecque d'É syp'e ,et en Miroré plusieurs idiotismes singuliers. Je me bb nérai à rapporter ici quelques-uns des AU uombreux que Jai recueillis. L'inscription de Posette, aprés avoir dit que Etolémée, vaiuqueurde l’Feypte , et pa- cificateur, rétab!iilordre et le calme nue l'élat, et @aris des temples 2 ajoute , lignes 19 et 20 , pages 15, 57 et1it, qu'it ordonna que les Égypliens qui éloiens rentrés, et avorent quitie le parti des rébelles armes, et de ceux dont Les sentimens avorent été dans les temps de troubles, onposés au SOUVCTACHENL , JusscnE Mantenus en possession de leurs propriétés, rts KAT2= ŒOPEYOM'ENOTS... .KATEAO'ONTAZ, ,. .éérey ém) tén X 4 200 Palæographie. ide xl4rav. L'auteur du second livre des Machabées, fait écrire aux Juifs, par Antiochus, dans une occa- sion semblable, chap. XI, v. 29 et 30 : KATEA- @'ONTAE YM'AZ yite dy mpas rois IA'IOIE* raïs &y KATA- THOPEYOM'ENOIE méxpt CA TICE Eaydixs , et non pas EuvdiS comme dans l'inscription de Rosette. Cette expression. de xalamopruautyss est toujours celle qu’on trouve dans Polÿbe pour désigner les exilés, les fuorusciti , comme les appellent Machiavel et les autres historiens Florentins , les émigrés rentrés. Voyez Polybe, liv. IV, chap 17, pag. 46, tom. IT; Hiv. XXIX , chap. 8, pag. 44r , tome IV; liv. XXII, chap, 2, pag. 247, tome IV, etc.; et le fragment LXXXV., page 92, tome V. Pour effacer jusqu'aux moindres traces des trou= bles, et réparer les maux de la guerre civile, Pto= lémée Philadelphe avoit renvoyé absous tous les iwalheureux qui avoient été mis en prison dans les temps de soulèvement et de révolution, ( ligne 14, pages 14 et 53) lès év rois Quaaxais amryptres( expression singuliere dont se servent également les septante , Genèse, chap. 39 , v. 22 ; chap. 40, v. 3:°et chap. 42, v. 16), et ceux qui étoient accusés de- puis longtemps, rès à élus évræs; c’est un terme de Polybe, liv. XI, chap. 27, page 365, tom. IL, et même de Démosiliène dans son épitre au SépRt et au peuple, page 1471, tomeIl , édit. de Reiske. Notre confrère, page 14, traduit en latin , qui in jus vocaii erant, et en françois, pages 53 et 110, ceux qui avoient été mis en Jugement. Ces dissidens avoient eu des sentimens opposés à ceux du gouvernement, rñs éerpior#r@- , ligne 23, page 16. Notre inscription se sert toujours de termes mesurés et modérés pour ne pas rouvrir des plaies encore saïgnantes. Notre confrère traduit en latin , Inscription de Rosette. 20% page 16, rebellandi animus , et en françois, P 59 æt IIT, Par it de révolte. Ce mot anTpéras qui ré- pond au françois , disposition des cœurs aliénés , ràv &Rpie Proyncévray , Comme On lit ibidem , D 19 et 20 , page 15, se retrouve dans Polybe, liv. IF, Chap. 44 , pag. 323, tome [; liv. X , chap. 37, page 273, tome [Il ;liv. XXX, chap. 1 , pag. 453, tome IV; et liv. XXXVIIL, chap. 1 , page 684, tome [V. Les rébelles avoient des chefs, r3s A®HTHEAM'E= NOTE rüy émoclavrer ; rien de plus commun que cette expression dass les septante. Ptolémée étoit le réformateur desmœurs, r& ro fier Tv érSpor a iravopJaræTrC>, ligne. 2, pag. 11, Comme Polybe a dit, liv. I, chap. 35, page 89, tome I, -mp0s imavépSuoi T$ rür érdpazaer Bis. Casaubon a donc eu raison de corriger tzacp£oew , au lieu de drpd ocre div. XV , chap. 20, pag. 534, tome III. Ce prince avoit accordé aux prêtres beaucoup . d’exemptions. Il affranchit les temples du droit d’ar- zabe imposé sur chaque aroure de la terre sacrée, dméhure Tic ST Bns » ligne 30 , page 18. On voit de même dans Polybe , liv. XXI, chap. 9, page 160, et liv. XXII, chap. 27, page 241, tome 1V, émoaiuv Tüv Pop , et liv. ILE, chap. 88, pag. 587, tome I, ämoniras ris nur yiy ærpaluias. Ces derniers mots de Polybe répondent parfaitement à ceux des lignes 16 et 17, page 14 de notre inscription, #méves rë xelémam Aussi les jours de sa naissance et de son avéne- ment à lacouronne sont-ils appelés zoaûr dyaSür dpxnyoi, une source de biens , ligne 47, page 22. Polybe emploie la même expression, liv.1, chap. 66, page 165 ; liv. I, chap. 81, page 203; et liv. IT , chap. 27, page 270 ,tome [, éynyor «4 ia. Euripide avoit dit auparavant dans son Hippolyte , v. 881 , xaxû apy#yov Ayo, Voyezsur ce vers la note du respectable Valcke< 202 | Palæographie. | paer, page 258 de son édition , Leyde, 1568, in-4°, et page 58, colonre 2.° de la magnifique édition qr'é Paimable et savant-M. Egerton a donnée de cette même pièce, à Oxford, 1796 , in-quarto , avec de nouvelles notes pleines d’érudition hébraïque, arabe, persanne et grecque, ete. , etc. < Note 28 ). H n’y a point de regle de critique plus sûre que celle-ci : unusquisque auctor oplimus suê Znéerpres, Note 29). Inscription de Rosette, liv. [ et 11, page 11. | Note 30). La comparaison de divers passages pa- rallèles que j'ai cités plus haut, et le double but de cette inscription qui tend à honorer dans la per- sonne de Ptolémée, 1.° le bienfaiteur et le pacifi- cateur de l'Égypte en général; 2.° ke bienfaiteur des prêtres en particulier, et le restaurateur du culte, me font inclinér pour la ponctuation, et par con- séquent pour Fexplication que notre coflégue adopte pages 21, 27 et 108, de préférence à sa conjecture : de la page 120 et 121, qui m’étoit venue Ja pre- mière dans Pesprit, en parcourant cette phrase, mais qui ne s’accorde pas si bien avec la suite. Ce sävant dit, page 721, » qu'on pourroit aussi rap- « porter r& mpos rès Seës au niot suivant évsBës, el “ nOu pas au précédent xararloaués, et alors regarder « Particle rx comme régime d’xfss, et traduire » Æizypti stabilrtore , et pio Circa res que pertinent «“ ad Deos. » Dansce casil faudroit plutôt sous-en- tendre xe7% avant r&, eomme C’est lusage. Quoiqu'il en soit , reracrncauirs Ty Atyvaley veut toujours diré celui qui a rétabli l'ordre et le calme dans l'Égypte. Quant au mot éyrimider, 1] se trouve souvent dans Polybe | comme vzsgls dans Plutarque, et dans. Pindare , Nem. 1V , v. 02, ümiglepos datur , supérieurs j Inscription de Rosette. 203 aux ennemis. Dans ces siécles postérieurs , et surtout dans la ville d'Alexandrie , on employoit beaucoup de termes poétiques, c’est-à-dire , pour la plupart, de vieilles expressions. C’est ainsi qu'on voit sur toutes les médailles grecques de l'Égypte , L, lettre initiale , et abréviation de Avxe8er@-, année, mot Homérique. Note 31 ).Inscriptio de Rosette , lig. 41, pag. 20. Note 32). Ibid. , ligne 34, page 18. Note 53 ). Tbid., ligne 52, page 23. Note 34). Ibid. ligne 35, pages 19 et 74. : Note 35 ). Lignes 17 et 18, page 14 et 15. Note 36 ). Ligne 18, page 15. Note 37 }. Il s’est glissé une faute d'impression dans l’édition de notre confrère, ligne 18 , page 15, qui a disparu page 57 , éronalté ne , pour éronditolnrer. Note 38 ). rà iynexcmpetva mare. Notre savant cou- frère traduit page 57, quil a rétabli l'ordre conve- nable dans TOUTES LES PARTIES où t! avoit été pré= cédemment négligé , et 11 suit le même sens dans sa seconde traduction françoise, page 110 : je crois qu’il ne s’agit pas ici de toutes les partiss de l’ad- ministration , mais uniquement de celle qui concerne le culte, dont il est exclusivement parlé dans la par- tie précédente et suivante de cet article. . Note 39 ). ibid. lignes 18 et 19, page 15. . Note 40 ). “Ligne 21, pages 15, 16 et 58. Note 41 ). Ligne 23, pages 16 et 59; et ligne 27, pages 17 , 65 et 112. Note 42). Lignes 9 et 10, page 13. Note 43 ). rus umo ray BAZSIAE IAN 4918 rucromirss regiæ ipsius potestati subjectos. C’est ainsi qu’on lit ibidem , ligne 35 >» Page 19, dérawe5lo mi Ts teur BAZIAE IAE , qu’il a renouvelé pendant son règnes Notre confrère traduit page 19, {n suê 1psius regnoÿ 204 Palæograplie. et pages 113 et 74, dans son royaume. Il ajoute, page 75, » que le pronom teurs , sut ipsius , au lieu « d'air3, qui auroit pu suffire, paroët placé ici pour « faire entendre que ces réparations faites aux tem- u ples, D ’avoient pas eu lieu dans toute étendue du “ pays soumis à la dorhination de Ptolémée Épiphane, « mais seulement dans celle partie que formoit spé= «_c'alément son royaume,son omaine principal, c’est- « à-dire l'Égypte. » 11] me semble que wi rie teurg Barixas, veut dire, pendant son règne , et non pas dans son royaume. Je crois qu’il faut faire attention à la signification des diverses propositions , et ne pas confondre ni ris Ruciatius tauré ; sous son règne, comme on lit plus bas deux fois, lignes 15 et 16, page 14, ini T8 murpos ailg, sous son père ; aveC iv 7ÿ Boo dvr8, dans son royaume. L'auteur de notre inscription fait lui-même cette distinction de Ja manière la plus frappante, et Ja plus positive, ligne 13, Il y dit, page 13, que Ptolémée voulut que le peuple vécüt dans l'aisance sous son règne , éri rÿs iaurë BeriAtias ; et il parle ensuite dans la même ligne 13 , page 14, des habitans de PE- gypte, et de ceux des autres parties de ses états, de son empire ; alors au lieu d’ërs avec le génitif, il se sert de la préposition # avec l’ablatif, oi &s AiyorTa , Hg) 01 êy Th AoëmY Barineiæ dvrs. Hn général ) Bacidsie se prend dans le sens de règne, de couronne , comme ligne 36, page 19 , ris Racinclas diapevéons , la couronne devant lui rester éternellement | atünst qu'à sa postérité, son vègne devant durer, ete ; et liv. 31, page 18, spciaror y mp0 duré Bariheüv, mot à mot, plus que les règnes prévédens, c’est-à-dire, plus que les rois ses prédécesseurs. Ii est évident que Éeceèv, règnes, est mis pOur Bento, rois , et il n'est pas sur qi'e ce soit une faute du sculpteur. L'on Inseription de Rosette. 205 trouve à chaque page dans les historiens de la By- zantine , dans les auteurs grecs du moyen âge, à Barixela us, ma royauté, Pour ty» Baornsès | moi le roi, comme disent les rois d'Espagne : en parlant aux empereurs grecs, on les appeloit # Barade cs, votre royauté. Nous voyez dans notre inscription, ligne 28, page 17, érapivar Ta FUTpi y À) TA Eaurs Burinele | vengeant son. père et sa couronne : et lignes 7et8, page 12, ris mapalmVees Tüs Bariacius , lors- que Piolemée prit possession de la couronne quil tenoit de son père ; et lignes 28 et 45, pages 17 et 27, dans le même sens, 7f mapennÿe TA Bannties , et ligne 47 , thid. page 21 , mapthañe rw Bariaciay zàp ( pour Sep ) T8 murpes. Comparez les lignes 1, page 11, et 43 et 44, page 21. Dans l'inscription de Rhamestes donnée par Ammien Marcellin, livre 17, page 178, on voit que ce prince avoit érigé des statues tv rñds T Barikiæ , in hocce regno , dans ce royaume. Note 44). Lignes 14,15 et 16, page 14. L'imprimeur de notre collègue a fait une faute en mettant #bid. li- gne 14, page 14, rs mporddus au lieu de rès pocidus , et Page 79, tuvrs, pour éevrs. Vous voyez que j'imite l’at- tention scrupuleuse avec laquelle notre savant con- frere a soin d’indiquer page 117 et suivantes, les erreurs des éditions précédentes de ce monument précieux qu’on ne sauroit publier avec trop d’exac- titude, Note 45). Des contributions annuelles, cuwréëus xaT” laure, et NOD pas en un seul mot zxerermaures , comme on lit ligne 14, pages 14 et 53 , et ligne 53, pages 23et 104. Note 46 . Plutarque. de Iside et Ostride, pages 13 et suivantes, édit. de Samuel Squire, Cambridge, 1743, in-8.°, et le stoicien Chæremon, liv. IV, S 6, pages 312 et 313 du traité de Porphyre, De 206 Palæographie. abstinentiä animelium , edit. Rhoer, Utrecht, 1767 in-4.° , nous fournissent des détails curieux sur lu- sage modéré que les prêtres Éeyptiens faisoient du vin. Hérodote, liv. IT, chap. 77, page 139, édit. de Wesseling, dit que de son temps il n’y avoit pas de vignes en Egypte, c’est-à-dire , dans la partie destinée à la culture du blé, Voyez les savantes notes de notre confrere Larcher, pages 353 et 334, 250 et 251, tome Îf de la nouvelle édition de son excel- Jenie tiaduction d'Hérodote, Paris, 1802, in-8.°. potre inscription parle aussi de ces vignobles, et de cette terre sucrée, consacrée au Culte, rss bepäs y , ligne 30, page 18. Note 47 }. inscription , ligne 15 , page r4. Note 48 }). Ligne 11, page 13. Les empereurs chrétiens donnoient aussi du blé à la partie de la Libye qu'Ammien Maïceilin, liv, XXIL, chap. 16, page 370, édit. de Jacques Gronovius, Leyde, 1653, iu-4.°, appelle siccior, et aridior , page 377. C’étoit pour nourrir les pauvres étrangers et les ha- bitans de certe province absolument sterile , et pour fournir à la consommation de la Sainte- Table. Je trouve dans les actes du concile de Chalcédoine, page 325, tome 11, actorum concilivrum, édit, du P. Hardouin , une lettre curieuse d’ischyrion, diacre d'Alexandrie , contre le patriarche Dioseure. El lui reproche d’avoir acheté , revendu tres-cher , et em- péché les é:êques de cette malheureuse contrée de recevoir et distribuer le blé que les empereurs avoient coutume d’y envoyer ; de sorte, ajoute- t-il, que faute de pain on ne put pas célébrer le sacrifice de la messe, et que les pauvres furent privés de secours. Note 49). Voyez Ammien Marcellin , liv. XViT, chap. 4, pages 177 et 178. Tnscription de -Rosette. 20 Note 5o ). Page 177. Note 51 ). I£idem, page 177. Note 52 ). Inscription de Rosette, ligne 46, page 27. Note 53 ). Ammieñ Marcellin > page 178. Note 54). /bid, page 178. [lest dit dans l’inscrip- tion de Rosette, que le “Soleil a donné Ja victoire à Ptolémée. Comparez ligne 39 , page 29. Note 55 ). Ammien Marcellin, pag. 197. Note 56 }. Inscription de Rosette, ligne 35 et 36, pages 19 et 7d Note 57 ). Chishull , Anliquitat. Asiatic. , pag. 5T, liv. 23 et 24: Notre REX a eu soin d'indiquer cette inscription des Siséens. Note 58). Ainmien Marcellin, pages 1977 et 178, Note 59 ). Zhid. page 177. Note 6o ). Ibid. page 178. Note 61 ). Ibid. page 178. Note 62 ). Inscription de Rosette, loue 4. P: II lignes 8 et 9 , page 12, ligne 49, page 22. "Note 63 }. Ibid. Ki. de page 11. Note 64 ). Ammien Marcellin , pages 177 et 178, Note 65 }. Théon de Smyrne, eorum quæ in ma- thematicis ad Platonis lectionemutilia sunt ,expositro, chap. 47, pages 164 et 165 , éd. d’fsmaël Bouilliau, Paris, 1664, in-4.°. e Note 66 ). Reinesius , Znscription. antig. class. prüm., page 210. à Note 67 ). Charles Patin, Commentar. in anti- quum monurnentum Marcellineæ , pages 1120 et 1F29 tome II. Supple ment. Poleni ad trumque 7 Pheinits Au lieu d’'EPQ TE qui ne forme aucun sens, et que Pouilliau a traduit, page 165 , prædicabo, Reinesius et Charles Patin ont bien lu, "Epse, à l'Amour, . père de tous les étres présens es 208 Palæographie. Note 68 ). Maffei, Artis criticæ lapidariæ , iv. IL. chap. 1, page 15, tome [ du Veterum Inscrip-. tionum novissimus Thesaurus de Sébastien Donati Lucques , 1775 , 1n-folio. Note 69 ). Ammien Marcellin, pages 177 et 1784 Note 70 }). Inscription de Réseite, lig. 10, pag. 13. Note 91 ). Ibid. ligne 3, page 11. Note 72 ). Zbia. , ligne 3, page 11, et ligne 9, page 13, ligne 37, page 19, et ligne 41, page 20, Note 73). Voyez page 31 des Mnbiree sur di- verses antiquités de la Perse, Paris, 1793, in-4®, ouvrage immortel de notre confrère de Sacy, qui est au dessus de tous les éloges. Note 74 ). Voyez ibid. , pages 35 et suivantes. Note 75 ). Inscription de Rosette, ligneb, p.11, lignes 8 et 9, page 12, lignes 37 et 38, page 19, ligne 41, page 20, lignes 49 et 51, page 22, et lig. 57, page 23 etc. Note 76 }. Ammien Marcellin, pages 177 et 178. Note 77 ). Ibid., page 178. Note 78 ). Ins po de Rosette , ligne4, p.11, lignes 8 et 9, page 12, et ligne 49, page 22. Note 79 ). S. Athanase , Epistoli de synodis, page 718 , tome II, édit. de Montfaucon, Paris, 1698, én-folio. : Note 80 ). {bidem , page 721, tome II. Note 81 ). page 36, tome IT, de lédition des conciles du P, Éatdouin He 1714, in-folio. Note 82 ). Ibid., page 36. Note 83 ). Ibid., p. 37. Note 84 ). 1bid. page 40. Note 85 ). Ihbid., page 41. Note 86). Ibid, , pages 45, 49 et 52. Note 87 ). Ibid., page 45; de méme que Cons- tantin Pogonate dans le troisième concile de Cons- tantinopie , Inscription de Rosette. 209 tantinople, le sixieme œæcuménique, en 680 , page 1072 , etc. tome JIT, édit. Concil. Harduin, Note 88 ). Concil. Chalcédor. , page 69. Note 89 ). Concil. Chalcedon, , pages 53, 273, 381, 445, 457, 485, 488, , 492, 496. 5or, 5oB, 545 ; 565, 572, 624, ete., tome IL, ed. Har- duini. Voyez aussi page 436. Note 90 }). Ibid., page 436. - Note 91 ). page 209. C’est aussi l'expression dont se servent les pères du troisieme concile de Cons- tantinople, le sixième œcuménique, page 1006 , tome III, etc. Note 92 ). Concile de Chalcédoine , page 656, Note 93 ). Ibid., page 52. Note 94 ). Ibid. , page 437. Note 95 ). Ibid. , pages 436 et 548. Nôte.96 ). Ammien Marcellin , page 177 et 178. Note 97 ne Voyez page 83 du Néor émirronëprer , Ve= nise , 1778 ,in-8.° , où l’on trouve toutes les formules de politesse, tous les titres d’honneur , que les Grecs sont maintenant obligés d'employer, et de donner dans leurs lettres aux personnes en place, Cet ouvrage répond à notre ancien Secrétaire de la cour. Note 98 ). Conci!/. Chalcedon., pages 52, 545, 664,668, 674, 688, etc. Note 99 ). Ibid. , page 687. ; Note 100 ). ibid. , pages 680 et 6Br. Note 1or ). Zbid., page 548. Il raconte, page 549, qu’il avoit fondé un hopital de soixante-dix lits, xpaGGarie, pour les pauvres malades et blessés. Note 102 ). L'impératrice Sainte-Pulchérie se sert trois fois de cette expression en parlant d’elle-même, pages 680 et 68r , ainsi que les empereurs Marcien et Valentinien , pages 52 et 672. Note 103 ). En parlant aux empereurs grecs, on ‘Zome II, 210 Palæographie. leur disoit ro éméripor xpér@ , votre puissance, et ils disoient d'eux-mêmes ro suérepoy »pér@-. Voyez le même concile de Chalcédoine | pages 488 , 665, 668, 672, 681, 684, 688, etc. Ainsi, dans la ligne 35, page 19 de Pinscription de Rosette, où il est dit que les dieux ont donné à Ptolémée la santé, la victoire , et xpér@, je ne traduirois pas xp#r@-, en Jatin par robur, ni en françois par force , comme on l’a rendu pages 19, 75,et 113, mais par poten- tium, puissance. C’est ainsi que dans l'inscription d’Héliopolis ( Ammien Marcellin, li. XVII, ch. 5, page 178) le soleil donne au roi Rhamestès ro xp&r@, la puissance , et Pautorité sur tout le monde, 44 rw art mévray tégcley. Au lieu de mpeerépoy xpér@ , et To dpérepor xpér@, dans la bouche des empereurs grecs, et de ceux qui leur adressoient la parole , on trouve sou- vent n#uerépe ei deelpe Baridela dans les Historiens grecs de la Byzantine ,comme je l'ai déja observé , et dans le concile de Chalcédoire, pages 429, 488, 644, 681, etc. , et dans celui d'Ephese, pages 1502, 1340, 1341, etc., tome Î, où l'on voit aussi le mot de xp#r@* employé dans le même sens. Dans le 6. concile œcuménique , le 3.° de Constantinople, page 1419, tome HI : 6 Sos Quaaën To xpér@" Uubve o Deos Tuy Baoirtiey Uudv eipyyeuon. Note 104 ). Concile de Chalcédoine, page 548. François Prossalente , moine grec, et, diacre de Corfou, signe Le très - humble et indigne esclave , et marche - pied de votre toute-sainteté , üzemodioy räv moduy Ths cas mavæyioryres, au bas de sa dédicace au patriarche Gabriel , de son livre intitulé, ‘O æiperimos did'aruan@ vmo TB opJodobs padnré ixeyyoue@, Amster- dam, 1706 , in-12. L’on peut voir sur cet ouvrage rare, écrit en grec littéral contre l’église anglicane, et sur son auteur, ce que disent Helladius, pages 206, 317 et 328 de son Status prœsens ecclesiæ græcæ, Inscription de Rosette. 215 1714, in 8.°, Renaudot, page 15 de la préface de son édition des Gennadii Homiliæ , Paris, 1709, in-4.° et tome IV, liv. IF, chap. 2, pages 129 et 130, liv. VI, chap. 7, pages 514 et suivantes , et Jiv. VIT, chap 4, pages 544 et 545 de sa Perpétuité de la foi, Paris, 1711, et tome V ; liv. VI, chap. 2, pages 488 et 480, Paris 1713,’et pages 109, 505, et suivantes de sa Défense de la perpétuité de la foi, Paris, 1709 , in-8.° Note 105 ). Concile de Chalcédoine , page 548, Note 106 }). Ibid., page 4b. Note 107 }). 1bid., page 665. Note 108 }. Zhid., page 668. Note 109 ). /b:d., page 680. Note 110 ). 1brd., page 681. | Note 111 ). {bid., page 681. Le P. Contuccio Contucci , jésuite ,et célèbre antiquaire( à la solli- . Citaton de ses doctes confrères , le P. Emmanuel Azevedo, que j'ai beaucoup connu à Venise, et le P. Fabio Danzetta), donna la vie de Sainte Pulchérie en 1754, à Rome, sous le titre de J’zta di S. Pul- cheria , vergine , imperadrice. Le P. Azevedo et le P, Danzetta composerent le propre, les lecons parti- culières , et la messe pour l'office de cette sainte, et obtinrent de Benoit XIV , un bref à l’effet de faire chanter cette messe, et ces heures canoniques, le 7 juillet , dans plusieurs communautés religieuses. Ces trois savans étoient pleins de zèle pour la g'oire de l’impératrice Pulchtiie. Note112). Concil. Epheëinum , page 1720,tomel, édit. Concitior. Harduinr. Note 113), Concilium VT,pag. 1141, ete. tom. Ii, ed. Harduini. . Note 114 ). Concil. FT, pages 1051, 1065 , 1068, 1149 , 1164, 1192, etc, tome III. O 2 ÊTE Palæographuie. Note 115). Ibid., page 1417. Note 116 }). {bid., page 1424. Note 117 ). Ibid. , page 1584. Note 118 ). Luitprandi legatio ad Niceplorum Pho= cam, page 138 de l’édition de ses œuvres, Anvers, 1640 , in-folio. C’est ce que ie même Luitprand tra- duit ainsi, page 144: Deus annos ut multiplicet ; conclamant Grœci. | Note 119 }). Concile de Chalcédoine, page 270, etc, Tome II. Note 120 }. Concile de Constantinople sous Ménas, pages 1213 et 1216. Nôte 127 }. Luitprand, page 159. Note 122 À Luitprand , page 143. Note 123 }. Luitprand, Zbid., page 148. Note 124 ), Luitprand , Jbid.., page 159. No'e 125 ). Anne Comnèns, Alexiade , liv. T, page 38, et liv. XT, page 342. Voyez Ducange, page 240 de ses notes sur PAlexiade. Note 126 }. Théophane , Chronographia , pages 154 et 155. Note 127 }. Théophane, ibidem , page 200. Il en étoit de même chez les latins où le peuple parloit une langue corrompue dont l'italien appioche beau- coup. lan ul liunsearn quemaëmodum vulod im- periti loquuntur, dit Quintilien, liv. 1, chap. 6, page 41,.édit. Gesner, Gotting. 1798, in-4° 1oa sæpè thcalra , et omnem Circt lurbain exclarnasse barbarè , scimus. Noyez Ducange, pige 6, præfa- tionis Glossar, mediæ græcitatis. Note 128 ). M. Alter, page 86, préface de son Horneri Ilius ad editionem Vindobonensem latinè expressa, volumen alterum , Viennæ , 1790; in-6.° Fnscription de Rosette. 213 P. 58. J’avois oublié de dire que le sénateur Sym- maque emploie précisément en latin les mêmes ter- mes que les pères grecs du concile de Chalcédoine, dans ses lettres aux empereurs Théodose, Arcadius, et Valentinien III. A chaque ligne de ces épitres qui forment la plus grande partie de sen dixième . livre, et doat il seroit trop long et superflu de citer les pages, il donne à ces princes les titres de c/e- mentia vestræ, serenus clementiæ vestræ animus , serenitas vestra, numinis vestri clementia, majestas vestra (lors même qu’il n’écrit qu’à un seul ) ; dr- vus Senilor meminis Lui, perennilas vestru, æteThitas vestra venerubilis, et œternt!as numiinis ÿestri, dans sa lettre à Théodose, la 16.° du 10.° livre, p.255, éd, de Juret, Paris, 1604, in-4.°, où Symmaque nous apprend que l’usige de faire venir à Rome des Grecs d’Athenes, pour enseigner publiquement la philosophie à la noblesse Romaine dan: les gym- pases, subsistoit encore de son temps. Il parle aussi aux empereurs des orcilles sacrées de leur éternité, aures sacras perennitatis vestræ ; de leurs divins discours, de leurs divins ordres , de leurs divines ordonnances, divinis sermonibus , divinis sanctiont- bus, præceptione divind. N consulte l’oracle, c’es1- à-dire , la réponse de leur divinité, sacrum numinis vestri oraculum , €t impetratione speciul:s oraculi ;. il prie leur divinité de rendre un oracle salutaire pour confirmer, selon leur usage, les décrets du sénat : expectomus oracuium, quo Saluluriler, wé vestro numint familiure est, patrum decreta firme- tis (Ep. 21, L x,p. 257). Comparez aussi la re- marque de M. Meister dans sa Censura ingenit et morum Q. Aurelii Symmachi, p. 112, part. [, vol. I des Miscellanea plulologica , edidit Augustus Muts thige , Altenburgt, 1803, in-8.° Si les sénateurs Ra= O 2 214 Palæographie. mains ne faisoient pas difficulté d'employer ces ex- pressions consacrées par l’usage , on ne doit pas étre surpris des épithètes pompeuses que l’inscrip- tion de Rosette prodigue à Ptolémée Epiphane. Je suis plus étonné de retrouver ce langage dans la bouche des pères du concile de Chalcédoine. Mais du moins on ne peut pas leur faire le reproche que l’auteur de la Pie de Saint Théophane, publiée par le père Combeñs à la tête de son édition de cet annaliste, Paris, 1655, in-fol., fait aux pères du second concile de Nicée, le septième œcuménique, tenu en 787. Cet hagiographe dit qu’ils s’y rendirent tous montés sur de superbes chevaux , et revêtus d’habits magnifiques, tandis que S. Théophane en- treprit ce voyage sur une anesse, et avec le vêtement de poil de chameau qu’il portoit ordinairement. Le même auteur ajoute, rbidem , p. 9 , que c’est le plus beau trait de la vie de ce saint , Tüv ixeirs xenüy To péryialor. £ Quant au grec vulgaire, je le retrouve dans deux lettres écrites sans orthographe, l’an 1306, et pu- bliées par Ducange , pag. bo et 5r-de son Recueil de diverses Chartes , à la suite de son Histoire de Cons- tantinople sous les Empereurs francois. L’infinitif y est déja remplacé par la préposition »* avec le sub- jonctif, pour #«, comme dans les lettres postérieures que Cantacuzéne a insérées dans son Histoire. VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. NOUVELLES ÉTRANGÈRES. PADOUE. Les lettres viennent de faire une perte considé- rable dans la personne du chanoine Cogno/ato di Monselice, antiquaire distingué et très-grand lati- niste. Il avoit rassemblé un nombre considérable de mots latins et de locutions latines dont il se proposoit d'enrichir le grand dictionnaire de Forcel- lini. Son travail étant terminé, il seroit à desirer que sa mort n’empéchât pas l’exécution d’une nou- velle édition de ce bel ouvrage. PL'ÉSTSELRAS NB OU PR, 6. M. KoEcHLeR se propose de publier incessam- ment un ouvrage sur les médailles anciennes de la Crimée. Il y expliquera toutes les médailles connues de ce pays 1emarquable ; et il y joindra la repré- sentatiun de soixante-dix médaiiies encore inédites, 316 Nouvelles littéraires. C.207 PEN M 'AUG UE: 11 y a eu depuis peu quelques changemens à Puniversité de cette ville. . M. le professeur RISBRIGH , qui avoit été nommé conseiller-d’état, a donné la démission de sa chaire de philosophie, et a eu, pour successeur, M. TREs- CHOW , jusqu'alors recteur à Christiania. M. J. BADEN, professeur de langue et de littéra- ture latine, a également donné sa démission ; il a été remplacé par M. Birgerus THORLACIUS, qui, depuis son retour de Paris, avoit occupé la place de professeur extraordinaire. Les professeurs extraordinaires, MM. Wozr, K1E- RULF et Wap, ont été nommés professeurs ordi- paires de mathématiques, d’histoire et d’histoire naturelle. SA A: VX Ge DA GRENOBLE. Notice de la séance publique extraordinaire , tenue par la Société des sciences et des arts (ci dewant le Lycée) de Grenoble. Le C. GATTEL, professeur de grammaire géné- rale , président, a ouvert la séance par un discours. M. l’évêque de Grenoble, un des correspondans de la Société les plus distingués, par ses talens et son éloquence ; le C. PETIT, médecin de Lyon, le re- jeton unique d’une famille dont les Grenoblois ne doivent prononcer le nom qu’avec enthousiasme; le Nouvelles littéraires. 217 €. Boxxor de Mably, neveu des illustres abbés de Mably et de Condillac, élèves de J. J. Rousseau, étoient au nombre des spectateurs. Le président, en terminant son discours d’ouver- ture a fait hommage à la Société, au nom de M.me de Drée, du portrait gravé et d’un exemplaire de PEloge de son fière, l’immortel Dolomieu, lun des membres correspondans de la Société, prononcé par le C. Lacépède, à PInstitut national. Parmi les letires adressées à la Société par les correspondens, et lues par le C. BERRIAT SAINT- Prix, secrétaire, on remarque : 1.° celle où le C. CHaIxX, sous-préfet de Briançon, fait hommage d’un mémoire sur un nouvel instrument de son in- vention, nommé Panoramagraphe , destiné à dessi= ner avec exactitide les perspectives; 2.” celle où le C. LoMET, chef de division au mini:tère de la guerre, après avoir adressé un mémoire sur J’em- ploi des aérostats dans les reconnoiïssances militaires, annonce qu'il s’occupe d’un traité complet du ni- vellement, et de la description d’une nouvelle es- pèce de pompe à feu, dont il a exposé le modèle au salon du Louvre; il a profité, dans la fabricati. n de cette machine, des observations du C. D:usse, ingénieur en chef, et Bonin, ferblantier à Grenoble, tous les deux membres de la Société. Nous allons indiquer rapidement les Mémoires et Dissertations qui ont été lus après la correspon- dance. Le C. VinAuD-DANTHON.— Dissertation svr la peinture, et principalement sur les genres de l’hi:- 218 Nouvelles littéraires. toire ét du portrait, et sur l’harmonie, Le C. Dan- thon y donne, avec la clarté et la simplicité con- venable, un ouvrage didactique, des conseils utiles, dictés tout à-la fois par l'expérience et par le goût. Le C. J.B. PALIN. — Idylle en prose, intitu- lée : la Cascade de Pelletière. L'on y trouve une bonhommie originale, un naturel précieux. Le C. Maurez, conseiller de préfecture, — Za mort de Sénèque , traduction de Tacite. Plusieurs critiques pensent qu'il faut savoir bien composer pour pouvoir bien traduire. Le C. Maurel a fait ses preuves dans l’un et l’autre genre. Le C. LASALCETTE, ancien général de brigade, inspecteur d'artillerie. — Notice abrégée sur l’his- toire du Galvanisme. L'intérêt que le monde savant attache à la découverte de Galvani, est un indice de celui qu’a inspiré cette notice, où nous avons à louer la même clarté que dans le Mémoire du C. Danthon. Le C. GRANGE, membre du conseil général du département. — Imitation en vers d’une ode d’Ho- race. Dans cette ode, le poète latin essaie de con- soler un ami d’une perte récente et douloureuse ; le C. Grange remplit le même devoir envers un de nos concitoyens. Le C. PeTiT, de Lyon.— Epître en vers sur la confiance en médecine. Une versification aisée, des pensées nobles et sentimentales, une imagination vive et brillante ont mérité à l’auteur de cette épître des applaudissemens universels. Nouvelles littéraires. 219 Le C. Dugois-FONTANELLE, professeur de belles- lettres. — Dissertation sur les quaiïre grands poètes trugiques. Les principaux chefs - d'œuvres de Cor- peille, de Racine, de Voltaire, de Crébillon, sont analysts dans cette dissertation avec beaucoup de discernement et de goût. Le C. LauRENCE, ex-législateur. — Traduction en vers de l’ode d’Horace : Rectius vives, Lucini. Le président ajourne à la séance suivante deux rapports qui devoient être présentés dans celle-ci, par les CC. Duruy-Borpas, professeur de ma- thématiques; et PATURAL , ingénieur des ponts et chaussées. Le premier , sur le mémoire du C. LOMET, relatif aux aérostats ; le second, sur le panorama- graphe du C. CHaix. Ce dernier rapport aura en méme temps pour objet une machine du même genre , et un horographe ou mécanique destinée à tracer géométriquement des Cadrans horizontaux ; Pune et l’autre inventées par des membres de la Société, B, RouEn. Société des sciences , lettres et arts. La Société des sciences, lettres et arts de Rouen, propose , pour l’an x11, le sujet de prix suivant : 1° Démontrer les avantages et les inconvéniens des réglemens qui déterminoient la laize, le compte des fils dans la fabrication des toiles et toileries de Rouen ; 2.° Démontrer les avantages et les inconyéniens £20 Nouvelles littérarres. de la liberté illimitée qui s’est étiblie à cet égard depuis la révolution ; - 3.9 Etablir, par la comparaison historique et rai- sonnée de ces différens avantages et inconvéniens, le systeme préférable pour la prospérité des manu- factures et du commerce national; 4° Indiquer les meilleurs moyens à employer, soit pour remédier aux abus de la liberté illimitée, soit pour rétablir les r‘glemens. Le prix sera une médaille d’or de la valeur de 300 fr. 11 sera décerné, dans la séance publique de lan x11, le jour correspondant au 9 juin de l’année 1804 ( vieux style). Les ouvreges ne seront admis que jusqu’au 3a germinal an X113; ils seront adiessés au C. Robert Saint-Victor, secrétaire de correspondance de la Société. Les paquets non affranchis ne seront pas reçus. Chaque personne qui voudra concourir, aura soin de mettre son nom dans un billet cacheté et annexé eu méimoire, es COLMAR. Socièté d'Emulation. La Société d’Emulation de Colmar a tenu sa séance publique le 29 floréal dernier, en présence des membres du conseil-général du département , des autorités civiles et militaires, et d’un nombre considérable d’auditeurs. Le prélet, président de la Société, a ouvert la be Nouvelles littéraires. 22T séance par un discours éloquent , dans lequel il l’a félicitée sur la direction qu’elle a donnte à ses tra- vaux, sur leur utilité et sur les services qu’elle a rendus à ladministration, en appelant sa sollici- tuce sur des objets de la plus haute importance, objets qui ont reçu en partie leur exécution. Il lui a voté des remercimens au nom de ses administrés, et l’a engagée à suivre avec le même zèle la mar= che qu’elle s’est tracée. Ce discours a été suivi de la lecture de plusieurs mémoires intéressans sur l’économie rurale, et de quelques pièces littéraires, qui ont été entendus avec beaucoup d’intérét, La Société a proposé, pour lan x1r, le sujet d’un prix qui sera de la valeur de 300 fr., et qui con- siste dans la solution de la question suivante: « Jusqu'à quel point la liberté indéfinie de l’agri- « culture peut - elle se concilier avec ses véritables « intérêts? » Une prime d’encouragement , de la valeur de 200 fr., sera accordée à celui des cultivateurs du _ département qui justifiera, par un mémoire rai- sonné, appuyé sur des -faits authentiques, avoir contribué le plus à perfectionner l’art de faire le vin. Les mémoires seront écrits en francois ou en al- lemand, et adressés à la Société avant le 1.°° ger- .minal an X11, sous le couvert du piéfet du dépar= tement , ou remis entre les mains du secrétaire. Le nom de lauteur, avec son adresse et sa devise, sera enfermé dans un billet cacheté , qui ne sera 222 Nouvelles littéraires: ouvert par la Société que dans le cas où la pièce aura été couronnée. Les républicoles et les étrangers sont admis à concourir pour le prix ; les citoyens domiciliés dans le département, peuvent seuls concourir pour la prime. PArALMRETSSS: INTITUT NATIONALE. Prix de Littérature. La classe de la langue et de la littérature fran- gaises de l’Institut national avoit prorogé jusqu’au 1.°* vendémiaire prochain, le terme de rigueur au-delà duquel on ne recevra plus de pieces pour le concours | des prix de prose et de poésie qui doivent être adjugés au 1." nivôse suivant. Il faut ajouter à cet avis qu’il y a trois sujets-de prix proposés aux concurrens; deux de prose : l’un pour l’Éloge de Boileau , Vautre pour l’Éloge de Dumarsais ; et un de poésie sur ce sujet : La Vertu est la base des Républiques. Grand prix de composition mitsicale. Le gouvernement ayant ajouté aux encourage- mens donnés aux arts, un grand prix de composition musicale , qui procurera au compositeur couronné. avantage inappréciable d’être envoyé et entretenu, pendant cinq ans, en Italie, aux frais de la répu- blique , la classe des beaux-arts de l’Institut national, chargée de décerner les grands prix de peinture, Worveiles littéraires. 323 sculpture, architecture, gravure, et de composition musicale, ouvrira, le 1.°" fructidor prochain , un con- cours pour ce dernier prix. Les conditions du concours sont d’être Francois ou naturalisé, et de n'avoir pas plus de 30 ans. Les concurrens se feront inscrire au secrétariat de l’Institut national, du 1.°° au 20 thermidor. Le 1.°' fructidor ils seront examinés sur la marche et la théorie des accords, pour savoir s'ils sont admissibles au concours. Du 2 au 25 fructidor, ils concourront sur le contre point, la fugue et une scène dramatique , composée d’un récitatif obligé, d’un cantabile, suivi d’un ré- citatif simple et terminé par un air de mouvement d’un caractere prononcé. Si le prix est décerné , il sera exécuté dans la séance publique de la classe des beaux-arts de l’Ins- titut national, Pierres tombées du ciel. Le C. B10T a rendu compte à l'Institut du voyage qu'il vient de faire, par ordre du gouvernement, dans le département de lOïne, relativement au météore observé aux environs de Laigle, le 6 floréal dernier. De cette relation, qui n’est que l’exposé fidele des faits et la comparaison critique des témoi- ‘gages , il résulte que le phénomène dont il s’agit est réellement arrivé, et qu’il est tombé ce jour-là aux environs de Laigle une épouvantable pluie de “pierres, qui s’est étendue sur un espace de plus de 224 Nouvelles littéraires. deux lieues carrées. Le nombre de ces pierres est at moins de deux ou trois mille. Leur poids varie depuis deux gros jusqu’à dix-sept livres et demie. Cet événement a été amené par l’explosion d’un globe enflammé qui a paru dans l’atmosphere quel- ques instans auparavant. La classe des sciences physiques et mathématiques de l’Institut national , a ordonné l’impression ex- traordinaire de ce mémoire. On y joindra d’après les cartes de Cassini le relevé exact des lieux sur lesquels s’est étendu lPexplosion. 11 est remarquable que sa direction déterminée par le C. Biot, s’est trouvée coincider parfaitement avec celle du méri- dien magnétique. Fin de la Description des Monumens antiques envoyés au premier Consul, par sa majesté le roi des Deux-Siciles. Quoique le Musée d’Herculanum ne contienne pas de vases peints, en terre cuite, cependant sa ma- jesté a cru que le premier Consul recevroit avec plaisir un échantillon de ces ouvrages antiques de nos contiées , que trois choses surtout rendent pré- cieux ; 1.° la maniere de les peindre au feu par un secret que, malgré toutes les tentatives qu’on a faites, on n’est pas encore parvenu à connoître; 2.9 Ja noblesse du dessin, qui quelquefois le dispute aux plus beaux chefs-d’œuvres , et qu’il est extré- mement difficile de copier; 3.° la nouveauté des sujets tirés pour la plupart de la fable, ou d’une religion Nouvelles littéraires. 225 religion plus ancienne, ou des traditions historiques les plus reculées, qu’il est trés-difficile et quelque- fois même impossible de comprendre. Il est de mon devoir de faire remarquer ce qui est peint sur Jes vases envoyés par sa majesté. Je ferai observer d’a- bord qu’on a jugé convenable d’y joindre un modèle pris exactement sur les tombes des anciens Campa- niens, afin qu’on sût comment , en creusant dans la terre jusqu’à une profondeur considérable , on a quelquefois le bonheur d’y trouver un monument antique , et, en le découvrant avec soin, d’y aper- cevoir des vases entiers , ou brisés, si un tremblement les a remués ou bou versés. : N° Ie. Urne à deux anses, haute d’un pied deux pouces. On voit quatre figures sur la partie la plus belle de ce vase. La principale paraît être Vénus assise sur un rocher, tenant de la main gauche une longue branche de myrte, et une tasse de la main droite, Elle est nue jusqu’à la ceinture , et a la tête cou- ronnée de myrte., Un jeune guerrier richement ha- billé, et avec un casque phrygien, est debout de- vaut elle, tenant une pique de la main droite « de l’autre côté de la déesse, on voit Mercure de- bout, avec son manteau attaché au col. Sa téte est couverte du pétase. Il tient son caducée de la main gauche. ]l a Pair de parler à un homme nu, qui est debout tenant sa lance de la main gauche, et qui parait écouter avec attention : il soutient de la main drite une draperie légère jetée sur le bras Tome IL, 1% 226 . Nouvelles littéraires. gauche, Au revers, C'est-à-dire dans la partie la moins distinguée, on voit deux figures, dont deux tiennent un bâton. Le vernis de ce vase est beau; le dessiu en est élégant et pur. Les figures de der- rière sont brutes, comme on le voit dans presque tous les vases semblables, quand les figures n’ont point de rapport au tableau principal. Ces figures parais- sent souvent être des portraits costumés à lPanti- que, et peut-être,ceux de la famille qui commandait le vase. NES CIE Une pareille urne à la précédente: un pied deux pouces.el demi de hauteur. Le tableau représente trois hommes à cheväl. Le premier fuit vers la droite 3 il n’a d’auire arme qu'un bouclier suspendu à son col Le second, armé d’une lauve , le poursuit : deux Victoires vo- lent à ses côtés ; une d’elles lui présente une cou- ronne ; Pautre uue banderole, Le troisieme, armé d’une lance, suit la même direction. Le champ pré- sente des lances brisées. Il y a trois figures sur le revers. NC TRT. F'ase de forme et grandeur semb'ables. Une Victoire aîlée, vêtue d’une tunique légtre, miène un quadrige , et conduit sur le char un guer- rier d’une belle stature, armé d’un bouclier. Sa tête est couverte d’un casque , où l’on voit pour devise un serpent, Les deux chevaux sont peints en blanc, ? Sur le revers sont trois figures avec des banderoles ou rubans. Al | | Nouvelles littéraires, 227 Ne IV. Ürne d'une très-belle forme, haute d’un pied deux pouces et deini. Le tableau représente une table agréablement or- née et servie, autour de laquelle cinq personnes sont assises sur des coussins. Au milieu est Ariane, à qui un génie ailé présente un miroir dans lequel elle se regarde; à droite Bacchus, qui tient élevé de la main droite une corne à boire, presque semblable à celle qui sera décrite au n.° xXX1V. A la droite d'Ariane est une figure barbue qui ressemble à un dieu. Aux extrémites deux faunes , l’un mâle, et l’autre femelle. Sur le revers trois figures. NSP EEV à Vase pareil, haut d'un pied deux pouces. Bacchus sur une panthère , tenant dans sa main gauche une couronne de lierre , et dans sa droite un bâton orné de fleurs, auquel pend un masque. Silène le suit, avec un bâton et un masque pareil, et te- nant une corbeille qui contient quatre pains et des fruits. Une bacchante marche devant elle, et joue de Ja flûte double. Un petit enfant iient à la main d’autres flûtes pour les présenter à la bacchante quand elle veut varier ses tons. Sur le revers'un génie nu, aîlé, avec une couronne à la main droite, et à la gauche une corbeille avec quatre pains. Il est tourné en face d’une femme debout , qui tient dans sa main dioite deux pommes. Au bas du tableau un cigne et une souche, P 3 220 Nouvelles littéraires. DEV. Urne à deux anses , haute d'un pied un pouce et demi, La peinture de ce vase est d'un très-bon style, et nous représente un des travaux d’Hercule. On voit dans le milieu ce héros, avec sa massue en l'air; il tiént enchaîné un taureau peint en-blanc et repré- sentant le fleuve Achéloüs qui, par ses inondations, dévastoit les campagnes et confondoit les limites de l'Etolie et de lAcarnanie , qui occasionnoit des guerres fréquentes entre les habitans des deux pays. Une Victoire en voltigeant présente à Hercule Ia banderole, pour marquer qu'il a triomphé de la force de ce fleuve qui, suivant lPallégorie des poètes, se changeait tantôt en dragon et tantôt en taureau. Minerve , assise sur le bouclier, armée d’une pique, indique la constance de cette déesse à favoriser les travaux d’Hercule, qui rendaient la félicité au genie humain, c’est-à dire cette félicité qui est fille de la sagesse et de la force, en détruisant les monstres physiques ou moraux; de l’autre côté, un vieillard revêtu d’un habit long, une couronne sur la tête et un bâton à la main, représente le roi Œnée, qui, pour récompenser Hercule, lui donne en mariage Déjanire, sa fille. Sur le revers sont trois figures d’un style négligé. N° NS IT Urne semblable, d’un pied un pouce de haut. Bacchus debout, tout habillé, avec une longue Nouvelles littéraires. 229 barbe et une mitre, couronné de lierre , tenant de la main droite une tasse à boire, et de la gauche un thyrse ; une femme , couronnée de lierre, porte un long flambeau de la main droite, ct de la gauche une petite cruche ; un faune les précède avec une lyre à cinq cordes : il tient l'archet de la main droite; sur le revers sont trois figures négligées ; une au milieu ent une Jyre à quatre cordes. N°" NIET. Urne, haute de deux pouces et demi. Le tableau de ce vase est d’une composition très= belle et très -expressive. On voit au milieu une femme aîlée debout; sa tête est ornée d’un ban- deau ; elle fait signe à un homme de l’écouter. Cet homme , couronné de laurier et vétu d’un man- teau , semble converser avec elle. I] tient de la main gauche un volume lié avec un ruban. De l’autre côté, un homme costumé de même préte attention à la conversation, et tient suspendus à sa main droite deux volumes liés avec des rubans. Il y a au revers trois figures, N° TX Urne, d'un pied deux pouces de hauteur. Bacchus assis sur une panthère, tenant un vase plein de vin de la main droite, et de la gauche une patère avec quelques alimens pour la panthère. I} est suivi d’une femme habillée ; elle tient un thyrse d’une main et une couronne de l’autre ; il a devant lui une autre femme qui porte un flambeau et un tam- P 3 230 Nouvelles littéraires. bour; en tête est un faune qui joue de la flûte doubles Au revers sont trois figures, Ne X. = Vase à deux anses, haut de dix pouces. Un Siléne qui danse, appuyé sur un bâton, et une nymphe , vêtue d’une tunique peinte admira- blement , joue de la flûte double ; sur l’autre côté du vase sont deux faunes qui luttent à qui boira le mieux ; l’un vide une cruche, l’autre une outre; pour se garantir de l’ivresse, il ont çà et là des branches de lierre. EE TES Urne plus svelte, haute d'un pied et demi. Quoique les couleurs de ce vase ne soient pas vives, la composition du tableau est tres-belle : on voit un Bacchus debout , orné agréablement d’une draperie légére et de guirlandes de corymbe. Il a au bras de doubles brasselets ; il tient de la m4in gauche un thyrse , et, de la droite, il fait signe à un satyre. On ne peut trouver nne physionomie plus expressive que celle de ce satyre, qui écoute en suspens l’ordre de son maitre; il a le corps tout velu, et de sa tête partent deux grosses cornes ; il tient de la main gauche vu flambeau, pour marquer que l’action se passe pendant la nuit , et de la droïte une couronne, Dans le champ du tableau sont divers ornemens de femme, qui peuvent faire soupconner que Bac- chus donne au satyre une Commission galante, comme d'inviter une nymphe à venir partager ses * Nouvelles littéraires. 231 plaisirs: Sur le revers sont deux figures debout, cou- ronnées de corymbes ; ure d’elle tient une branche de lierre : on voit de côté une petite colonne couronnée d’un ruban, sur laquelle sont des fruits présentés en offrande, NOR LE Une très-belle urxe à deux anses, haute d’un pied, Bacchus, sous la forme de Mercure, est couronné de laurier, comme on le voit dans les médailles de Naxos; il a son manteau sur les épaules, son pé- tase suspendu à la nuque du col, ses talonnieres aux pieds, son caducée, sous le bras; de la main gauche il tient une couronne de corymbe , et une corbeille où il paroit qu’il y a des herbag:s et des fruits; de la main droite il force un bouc, en le tirant par les cornes, à le suivre vers un trore d’arbre : derrière une roche, on ape:çoit la moitié de la figure de Silène, avec un thyrse. Mercure protégeait la bergerie, et Bacchus la vigre , que la dent du bouc empoisonne et détruit. Ainsi, Vidée du peintre a été de faire voir la punition du bouc que Bacchus avait surpris en prenant les formes de Mercure. Au revers est une femme as- sise, tenant de la main gauche une corbeille ét une banderole, et, de la droite, une couronne de corymbe. N° XITIE. Vase à cloche avec deux anses , haut d'un pied sep pouces. | Banquet de Bacchus et d'Ariane, On voit un cor P4 232 Nouvelles littéraires. tege de dix autres figures de faunes et de nymphes ; qui dansent et servent ; un génie nu , aîlé et debout, semble cueillir une vervène. Au revers sont deux faunes qui dansent avec une nymphe. La composi- tion du tableau est très-belle, et le vase d’une forme rare. Ne TAN: Vase de forme semblable, haut d'un pied quatre pouces. On y admire la beauté du vernis et de la forme, quoiqu'il n’y ait point de figures, N° XV. Vase semblable , haut d'un pied neuf pouces. C’est un morceau extrêmement précieux, et qui peut honorer la collection de vases la plus riche. Le tableau est composé de sept figures , dont la princi- pale est Cadmus armé d’un poignard ; il tient de la main gauche un vase, et de la droite une pierre qu’il est prêt à lancer sur un énorme serpent qui lève la crête, tire la langue et le menace, Mercure est présent, et l’on voit différentes figures em- ployées au culte de Bacchus : ce dieu descendoit de Cadmus par Semelé sa mère. Je ne m’efforcerai pas à donner la description d’un monument si beau, également précieux par sa singularité, par la fable fameuse qu'il représente , par la beauté du dessin, des couleurs et de la composition; il mérite un commentaire étendu. Au revers, on voit trois figures qui sont aussi très-expressives, Nouvelles littéraires: 233 No TS Urne avec deux anses attachées au bord , haute d'un pied et demi. Un homme et trois femmes , dont une joue de la flûte double ; et les bâtons recourbés qu’on voit dans les mains de deux des figures marquent une danse. Les paysans des campagnes où l’on se servoit de ces vases, font encore aujourd’hui usage de ces bâtons, qu'ils font jouer en les joignant ensemble ou les détachant. Au revers sont trois figures , dont deux ont un bâton. N° AVAT Urne entièrement semblable et de même grandeur. Un homme, avec une barbe et vêtu simplement, conduit un quadrige : un génie ailé se présente à sa rencontre , comme s’il vouloit l’arréter. Au revers sont trois figures, dont deux tiennent un bâton, Ce vase et le précédent ressemblent, pour le dessin et la forme, à ceux qui se trouvent communément en Sicile, et peut-être contiennent des sujets usités dans ce pays. Il est probable que le commerce fai- soit passer d’un pays dans l’autre les ouvrages de terre cuite. Ainsi il ne faut pas être étonné du lieu où on les trouve, NA RNMEERL et XI XX Deux yases oblongs, hauts de deux pieds huts pouces. Ces deux vases parfaitement semblables et des- tinés à figurer ensemble pour orner un cabinet, 234 Nouvelles littéraires. ont été trouvés dans le même tombeau. Les pein- tures annoncent le même culte. C’est un petit tem- ple, dont le fronton est soutenu par deux colonnes doriques. On ÿ voit assis un homme nu avec un manteau léger, une pique à la main droite, un cha- peau pendant sur les épaules où un bouclier. Un homme nu, debout et costumé de même, tient un pot de Ja main droite, et un bassin de la gauche. Sur l’autre vase le même personnage qui est assis, tient de Ja main droite une tasse, et l’autre lui verse d’une liqueur avec une aiguière, tenant de la main gauche une serviette ou quelque chose de sembla- ble. On voit, hors du temple, un homme et une femme avec divers orncmens et offrandes ; au revers sont deux femmes, et au milieu un autel couronné _de deux rubans; l’un blane , et l’autre noir. On doit admirer la grandeur , la belle forme et le beau coloris de ces deux vases. NU N NX. Cruche haute d'un pied. Une bacchante avec un tambour à la main gau- che , et une couronne dans la droite. Un faune nu lui présente des mets dans une patère; il tient de la gauche un pot tout orné de fleurs. Né LATE Autre semblable.® Une femme assise, tenant un miroir de la main droite , et un pot de la gauche. Derrière , une autre femiue debout, tient un autre miroir, de manière Nouvelles littéraires. 225 que Ja dame assise peut ajuster l’ornement derrière sa tête. Une autre femme debout avec un panier à la main droite, et une corbeille remp'ie d’of- frandes à la main gauche. Au milieu un bassin, dans lequel est un eygne. Dans le champ on voit des rubans; ce qui fait juger que la dame s’habille et se pare pour aller porter son offrande à une divinité quelconque, NPA T: Vase de forme semblable, Une bacchante, à qui un géuie aîlé présente une branche de laurier. On voit un tambour , une corne à boire et des fleurs. IP RON IE Fe Vase de forme semblable. Un homme armé à cheval , avec un casque peint en blanc et orné de plumes, porte une lance de * laquelle pend un morceau d’étoffe ; une femme debout lui présente à boire dans un vase à deux anses. NN TATUNE Vase de huit pouces. Une femme assise sur une pierre , avec une bran= che de myrte : un génie lui offre des dons. Dan NE. Fase semblable. Bacchus assis avec une couronne et une guirlande de corymbes, son thyrse à la main droite; une femme debout s'appuyant sur un tronc avec une couronne 236 Nouvelles littéraires. à la main gauche, et un miroir à la main droite, semble écouter ce que le dieu dit. \ NS ACT SC VRE. Pot à deux anses prééminentes, haut de dix pouces. Le tableau de ce vase, d'une forme assez rare, représente une figure de Vénus , les cheveux épars, tenant de la main droite une branche de myrte; un faune nu lui offre des dons. Dans le champ, uve colombe voltige vers elle. De l’autre côté, une femme qui se regarde dans un miroir , et une suivante ap- puyée sur une petite colonne dorique. Dans le champ, des ornemens de femmes. BE RERA IV TE LE Gobelet à boire, haut de neuf pouces et demi, Ce vase, de belle forme et de terre très-fine, est bien peint. On y voit une femme vétue magnifi- quement , ayant trois brasselets au bras droit, et quatre au bras gauche. 1] paraît qr’elle vient de re- cevoir un présent d’un faune, qui tient de la main gauche une branche de lierre, et de la droite une couronne de corÿymbes. Au 1evers , on voit la même femme assise, tenant à la main un grand miroir, tandis qu’une nymphe lui présente des objets de parure. N° IX EX NV TE I. Petit gobelet à deux anses , haut de quatre pouces et demi. Bacchus, avec une barbe, couronné de laurier, danse , pendant qu’une femme joue de la flûte Nouvelles littéraires. 237 double. De l’autre côté le même Bacchus, avec une figure de jeune homme, et couronné'de laurier, a devant lui une nymphe qui lui présente une grappe de raisin. NME EX Patère de neuf pouces et demi de diamètre. On voit, dans le fond, une femme qui se re- garde dans un miroir tenu par un faune, et, à Pextérieur, six figures, trois de chaque coté, cou- vertes de longs habits. NN AUX XX Auire patère, du diamètre de neuf pouces. Deux figures dans le fond, et à l’extérieur six figures, trois de chaque côté. C’est peut-être une danse semblable à celle du vase n.° XVI. NX EURE" Autre patère, du diamètre de sept pouces et demi. Dans le fond une danseuse , et à l’extérieur quatre figures d’un côté, et quatre de l’autre, représentant deux guerriers, et deux femmes qui dansent. NSWXEX ROLE Petit vase noir, en forme de panier, cannelé avec de petites fleurs, quatre pouces de haut. No UXIX X'LTI E Entonnoir à parfums , haut de cinq pouces et demi, avec des fleurs et une téle de femme. NP EXT, Vuse à boire, lung de neuf pouces, en forme de 238 Nouvelles littéraires. téte de sanglier, sur lequel on & peint une.tête de. fimme et des fleurs. Les vases de cette forme sont assez rares dans les collections , et rappellent l’usage très-ancien des cor- nes pour boire, qu’on fit ensuite en argile, mais en conservant la mêine forme. NU NE TVET. e Petit vase, avec un large pied et cannelé ; pour marquer la décadence de Part. L'auteur de cette notice regrette que ses foibles connoissances ne lui aient pas permis d’apporter à cette noticé toute lérudition convenable, mais il trouve un motif de consolation dans la ferme persua- sion où il est que, dans cette illustre capitale, qui abonde en savans, une autre main plus habile que la sienne perfectionnera un travail digne du héros g t auquel appartiennent les monumens décrits ci-dessus. Paris , le 3 messidor an 11. Signé, FRANCESCO CARELLI, Etablissement de PIRANESI. Les frères PIRANEST, établis sous la protection spéciale dù Gouvernement au Collége de Navarre, montagne Saint-Géneviève , viennent de faire au palais du Tribunat, rue Saint Honoré n°. 1354, une exposition qui offre divers degrés d’intérét. Les amis des arts y trouveront une collection de vues du meilleur choix, tirées de l'Egypte, de la Grèce, de l'Italie et de la France: elles sont peintes à l’aqua- Nouvelles littéraires. 239 velle, à la gouache et à l’huile, Cette exposition offre en outre les beaux modeles de l’antique et du siècle des Médicis, formés d’une argile découverte récemment dans les dépendances de Morfontaine ; elle réunit la finesse à la beauté de la couleur, de manière à étre comparée avec avantage aux plus belles terres de antiquité. Les Piranesi, pour donner à cette fabrication toute la perfection dont elle est susceptible, ont employé la touche gracieuse et sa- vante du C. Clodien. Cette argile est d’autant plus précieuse qu’elle présente différens points d'utilité, et les Piranesi se proposent d’offrir au public une suite de frises choisies propres à décorer les appar- temens , les poëles, les cheminées et les dessus de portes. Ils ont aussi publié, au simple trait, les pein- tures de la Sala Borgia et de la Villa Lante; et ils se préparent à mettre au jour de la même manière les fresques du cabinet de Jules IT, des Villa-Ma- dama et Altoviti, la Farnesine et autres. La répu- tation de Piroli, avantageusement connu par ses productions d'Herculanum, de la Villa Boighese, et par les dessins de Flaxmann, devenu collabora- teur des Piranesi, assure à juste titre le mérite de cet ouvrage. Les sujets contenus en deux. cahiers, composés de vingt-huit gravures, forment le 24°. vol. de la colliction Piranesi. On les trouve sous le format demi-Colombier, et sur petit format pour la facilité des artistes et des amateurs. Les frères Piranesi offrent en outre au publie, dans leur dépôt au palais du Tribunat, une collec- tion rare et précieuse de marbres travaillés, des 240 Nouvelles littéraires. tableaux et des gouaches de différens artistes mo« dernes, des scaglioles d'Italie , des pâtes et des camées , un choix de gravures, des médailles et des livres d’art. L'étendue de cette collection, produits de r'italie et de la France, le goût qui a présidé au choix qui en a été fait, et les soins que les frères Pirañesi apportent pour multiplier les beaux mo- dèles, tout leur fait espérer la bienveillance des amis des arts, et des relations commerciales plus étendues. N'É:CR O0 LOCTE. Mort de DEZOTEUX. La chirurgie vient de perdre Francois DEZOTEUX, ancien chirurgien consultant des camps et armées, et chevalier de l’ordre de Saint-Michel. I] est un de ceux à qui l’on doit, en France, l’introduction de linoculation. Il fut successivement chirurgien des hôpitaux ambulans de l’armée de Flandre ; chirur- gien major du régiment du roi, où il succéda au célèbre Garengeot ; inspecteur des hôpitaux militai- res, et médecin des {nvalides de Versailles. Il étoit né à Boulogne-sur-mer en 1724. Il est mort à Ver- sailles, agé de 79 ans. Toute sa vie fut consacrée au service de Phumanité. Il fit plusieurs voyages à Londres pour perfectionner les connoïssances qu’il avoit acquises dans Part de Pinoculation, fit ses premières expériences à Nancy et à Passy pres Paris, et soutint un proces célebre contre le parlement de Besancon, Nouvelles littéraires. 24T Besançon, qui s’étoit déclaré contre l’inoculation. Les malheurs de la révolution lui enlevèrent toute sa fortune; mais sa pauvreté ne lui enleva ni la re- connoissance publique , ni l’attachement de ses amis, COURPRSE"S BO'N"D'A NN CE. Extrait de plusieurs lettres de M. 4. DE HUMBOLDT. Il y avoit quelque temps qu’on n’avoit point eu de nouvelles du voyage de M. Alexandre de Hum boldt dans l'Amérique méridionale. Son frère, qui se trouve présentement à Rome, vient de recevoir trois lettres à la fois de lui: du 3 juin 1802, de Quito; du 13 juillet 1802, de Cuenca; et du 25 novembre 1802, de Lima, capitale du Pérou. Elles annoncent que M. de Humboldt reviendra sous peu, et qu’il compte débarquer, au mois d’août ou de septembre de cette année, à Cadix ou à la Corogne ; mais c’est la dernière de ces lettres, sur- tout, qui contient des détails intéressans. En en donnant l’extrait suivant, on a eu soin d’y insérer en même temps ce qui, dans les deux premières, pouvoit mériter l'attention du public. À Lima, ce 25 novembre 1802, Vous devez savoir mon arrivée à Quito par mes lettres précédentes, mon cher frere. Nous ÿ arrivâme , en traversant les ne ges de Quiridien et de Tolima Tome 1L, Q 242 . JNouvelles littéraires. car, comme la Cordillière des Andes forme trois branches séparées, et que nous nous trouvions à Sañta F6 de Bogota sur celle qui est la plus orien- tale, il nous fallut passer la plus élevée pour nous approcher des côtes de Ja mer du Sud. Il n’y a que les bœufs dont on puisse se servir à ce passage pour faire porter son bagage. Les voyageurs se font porter ordinairement par des hommes que l’on nomme lurgeres. [ls ont une chaise liée sur le dos, sur laquelle le voyageur est assis; ils font trois à quaire heures de chemin par jour, et ne gagnent que quatorze piastres en cinq à six semaines. Nous préférâmes d’aller à pied ; et, le temps étant très- beau, nous ne passames que dix-sept jouis dans ces solitudes, où l’on ne trouve aueune trace qu’elles aient jamais été habitées : on y dort dans des ca- bänes formées de feuilles d’héliconia que l’on, porte tout exprès avec soi. À la descente occidentale des Andes, il y a des marais dans lesquels on eufonce jusqu'aux genoux. Le temps avoit changé; il pleu- voit à verse les derniers jours 3 nos bottes nous pourirent aux jambes, et nous arrivâmes les pieds nus et couverts de meurtrissures à Carthago, mais enrichis d’une belle collection de nouvelles plantes, dont je rapporte un grand nombre de dessins. Be Carthago, nous allâmes à Popayan par Buga, en traversant la belle vallée de la rivière Cauca, et ayant toujours à nos côtés la montagne du Choca et les mines de platine qui s’y trouvent. Nous restâmes le mois de novembre de l’année 1801 à Papayan, et nous y allâmes visiter les mon- Nouvelles littérarres. 243 tagnes basaltiques de Julusuito, les bouches du volcan de Puracé, qui, avec un bruit effrayant, dégagent des vapeurs d’eau hydio-sulfureuse, et Jes granites porphyritiques de Pisché, qui forment des colonnes de cinq à sept pans, semblables à celles que je me souviens d’avoir vues dans les * monts Kuganéens de l’Italie, et qui sont décrites par Stiance. La plus grande diffculté nous resta à vaincre pour venir de Popayan à Quito. Il fallut passer les À Paramos de Pasio , et cela dans la saison des pluies, qui avoit commencé en attendant. On nomme Pa- ramo dans les Andes tout endroit où, à la hanteur de dix-sept cents à deux mille toises, la végétation | cesse , et où l’on sent un froid qui pénetre les os. Pour éviter les chaleurs de la vallée de Patia, où lon prend, dans une seule nuit, des fièvres qui durent trois ou quatre mois, et qui sont connues »sous le nom de culcuturas (fièvres) de Putiw , nous - passâmes au sommet de la Cordillière, par des pré- . cipices affieux, pour aller de Popayan à Almager, et de là à Pasto, situé-au pied d’un volcan ter- rible. L'entrée et la sortie de cette petite ville, où nous passâmes les fêtes de Noëi, et où les habitans nous reçurent avec l’hospitalité la plus touchante, est tout ce qu’il y a de plus affreux au monde. Ce sont des forêts épaisses, situées entre des marais, les dl des 1avins si profonds et si étroits, que l’on croit entrer dans les galeries d’une mine. Aussi les che- ÇG 2 mules y enfoucent à mi-corps; et l’on passe par 244 Nouvelles littéraires. mins sont-ils pavés des ossemens des mules qui ÿ ont péri de froid et dé fatigue. Toute la province de Pasto, y compuis les environs de Guachucai et de Tuquères, est un plateau gelé, presque au dessus du point où la végétation peut durer, et entouré de volcans et de soufrieres qui dégagent conti- puellement des touibillons de fumée. Les malheu- reux habitans de ces déseits n’ont d’autres alimens que les patatas ; et si elles leur manquent , comme Vannée derniere, ils vont dans les montagnes man- ger le tronc d’un petit arbre nommé achupalla ( Pourretia pilcarnia ) : mais ce même abie étant l'aliment des ours des Andes, ceux-ci leur dis- putent souvent la seule nouniture que leur pré- sentent ces régions élevées. Au uord du volcan de Pasto, j'ai découvert dans le petit village indien de Voisaco , à treize cent soixante-dix toises au dessus de la mer, un porphyre rouge, à base ar- M gileuse , enchässant du feldspath vitreux, et de la cornéenne qui a toutes les propriétés de la serpen- tine du fhtel-gebrree. Ce porphyre a des pôles très - marqués, et ne montre aucune force attrac- tive. Après avoir été mouillés jour et nuit pendant deux mois, et après avoir manqué de nous noyer près de la ville d’Ibarra par une crue d’eau très- subite, accompagnée de tremblemens de terre, nous arrivâmes , le 6 janvier 1802, à Quito, où le marquis de Selvaalègre avoit eu la bonté de nous préparer une belle maison, qui, après tant de fa- tigues, nous offioit toutes les commodités que lon pourroit desirer à Paris ou à Londres, Nouvelles littéraires. 245 La ville de Quito est belle, mais le ciel y est triste et nébuleux ; les montagnes voisines offrent peu de verdure, et le Froid y est très considérable, Le grand tremblement de terre du 4 février 1797, qui bouleversa toute la province et tua, dans un seul instant, trente-cinq à quarante mille hommes, a aussi été funeste à cet égard aux habitans. I] a tellement changé la température de Pair, que le thermomètre y est ordinairement à 4 — 10° de Réau- mur; et que rarement il monte à 16 ou 17°, tandis que Bouguer le voyoit constimment à 15 ou 16°. Depuis cette catastrophe, il y a des tremblemens de terre continuels ; et quelles secousses! il est pro- bable que toute la partie haute n’eit qu’un seul vol- can. Ce qu’on nomme les montagnes de Cotopoai et de Pinchincha ne sont que des petites cimes, dont les crateres forment des tuyaux differens, tous aboutissant au même creux. Le tremblement de terre de 1797 n’a malheureusement que trop prouvé cette hypothese; car la terie s’est ouverte partout alors , et a vomi du soufre, de l’eau, etc. Malgré ces horreurs et ces dangers dont la nature les a en- vironnés ; les habitans de Quito sont gais, vifs et aimables. Leur ville ne respire que la volupté et le Juxe, et nulle part peut-être il ne règne un goût plus décidé et plus général de se divertir. C’est ainsi que l’homme s’accoutume à s'endormir paisi- blement sur le bord d’un précipice. Nous avons fait un séjour de près de huit mois dans la province de Quito, depuis le commence- ment de janvier jusqu’au mois d'août. Nous ayons Q 3 246 Nouvelles littéraires. employé ce temps à visiter chacun des volcans qui s’y trouvent ; nous avons examiné, l’une apres l’au- tie, les cimes du Pic'incha, Cotopoxi, Antisana et Iliniça, en passant quinze jours à trois semaines auprès de chacune d'elles, et en revenant dans les intervalles toujours à la ville de Quito, dont nous sommes partis le 9 juin 1802, pour nous rendre aux envions du Chimboraço , qui est situé dans ia partie méridionale de la province. Je suis parvenu deux fois , le 26 et le 28 de mai 1802, au bord du cratère du Pichincha , montagne qui domine la ville de Quito. Jusqu'ici personne , que l’onsache, si cen’est la Condamine , ne avoit jamais va ; et la Condamine Ini - même n’y étoit arrivé qu'après cinq ou six jours de recherches inutiies et sans instrumens , et n’y avoit pu rester que douzé à quinze minutes, à cause du froid excessif qu’il y faisoit. J’ai réussi à y porter. mes instrumens ; j’ai prisies mesures qu’il étoit intéressant de connoitre , et J'ai recueilli de l’air pour en faire Pan:lyse. Je fis mon premier voyage seul avec un Indien. Comme la Condamine s’étoit approché da cratere par la partie basse de son bord, couverte de reise, c’est là qu’en suivant ses traces, je fis ma premiere terta- tive. Mais nus manquâmes périr, L’Indien toxba jusqu’à la poitrine-dans une crevasse , et nous vimes avec horreur que nous avions marché sur un pont de neige glacée ; car à quelques pas de nous il y avoit des trous par lesquels le jour donnoit. Nous nous trouvions donc, sans le savoir, sur des voûtes qui tiennent au cratere même, Effrayé , mais non paë Nouvelles littérarres. 247 découragé, je changeai de projet. De l’enceinte du cratère sortent , en s’élançant pour ainsi dire sur l’abîme, trois pics , trois rochers qui ne sont pas couverts de neige , parce que les vapeurs qu’exhale la bouche du volcan les y fondent sans cesse. Je montai sur un de ces rochers, et je trouvai à son sommet use pierre qui, étant soutenue par un côté seulement , et minée par dessous , s’avancçoit en forme de balcon sur le précipice. C’est là que je n'établis pour faire mes expériences. Mais cette pierre n’a qu'environ douze pieds de longueur, sur six de lar- geur , et est fortement agitée par des secousses fré- quentes de tremblemens de terre, dont nous comp- tâmes dix-huit en moins de trente minutes. Pour mieux examiner le fond du cratère , nous nous cou- châmes sur le ventre , et je ne crois pas que l’imagi- palion puisse se figurer quelque chose.de plus triste , de plus lugubre et de plus effrayant que ce que nous vimes alors. La bouche du volean forme un trou cir- culaire de près d’une lieue de circonférence, dont les bords , taillés à pic, sont couverts de neige par en haut ; l’intérieur est d’un noir foncé: mais le gouffre est si immense, que l’on distingue la cime de plu- sieurs montagnes qui y sont placées. Leur sommet sembloit être à trois cents toises au-dessons dé nous : jugez donc où doit se trouver leur basé. Je ne doute point que le fond du cratère ne soit de niveau avec la ville de Quito. La Condamine avoit trouvé ce cratère éteint et couvert même de neige ; mais c’est une triste nouvelle que nous avons dû porter aux habitans de Quito , que je volcan qui leur est voisin, est embrasé Q 4 248 Nouvelles littéraires. actuellement. Des signes évidens nous en convain- q'irent cependant à n’en pouvoir douter. Les vapeurs de soufre noussuffiquaient presque, lorsque nous nous approchions de la bouche ; nous voyions même se promener çà et là des flammes bleuâtres; et de deux à trois minutes nous sentions de fortes secousses de tremblemens de terre , dont les bords du cratère sont agités, et dont on ne s’aperçoit plus à cent toises de là. Je suppose que la grande catastrophe du 7 février 1797 a aussi rallumé Îles feux du Pichincha. Après avoir visité cette montagne seul, j’y retournai deux jours après , accompagné de mon ami Bonpland et de Charles de Montufar, fils du marquis de Selvaalegre. Nous étions munis de plus d’instrumens encore que la première fois , et nous mesurâmes le diamètre du cra- tère et la hauteur de la montagne. Nous trouvâmes à l'an 754 toises (1), et à autre 2477. Dans l’intervalle de deux jours qu’il y eut entre nos deux courses au Pichincha, nous eûmes un tremblement de terre très- fort à Quito. Les Indiens l’attribuèrent à des pou- dres que je devois avoir jetées dans le volcan. À notre voyige au volcan d’Antisana , le temps nous favorisa si bien , que nous montâmes jusq”à la hauteur de 2773 toises. Le ba:omètre baïssa , dans cette région élevée , jusqu’à 14 pouces 7 lignes , et le peu de densité de l'air nous fit jeter le sang par les lèvres , les gencives et les yeux même ; nous sentions une foiblesse extrême , et un de ceux qui nous accom- pagnoit dans cette course s’évanouit. Aussi avoit-on 1) Le cratère du Vésuve n’a que 312 tosies de diamètre. Nouvelles littéraires. 249 ru impossible jusqu'ici de s'élever plus haut que jus- qu’à la cime nommée le Corazon , à laquelle la Con- damine étoit parvenu , qui est de 2470 toises. L’ana- Jyse de l’air rapporté du point le plus élevé de notre course , nous donna 0,008 d’acide carbonique sur 0,218 de gaz oxygène, Nous visitâmes également le volcan de Cotopoxi , maïs il nous fut impossible de parvenir à la bouche du cratère, [l est faux que cette montagne ait baissé à l’époque du tremblement de terre de 1797. Le 9 juin 1802, nous partimes de Quito pour nous rendre dans la partie méridionale de la province , où nous voulions examiner et mesurer le Chimboraco et Je Tunguragua , et lever le plan de tous les pays bouleversés par la grande catastrophe de 1797. Nous avons réussi à nous approcher jusqu’à environ 250 toises près de la cime de l’immense colosse du Chimbo- raço. Une traînée de roches volcaniques , dépourvue de neiges, nous facilita la montée : nous montâmes jusqu’à la hauteur de 3031 toises, et nous nous sen- tions incommodés de la même maniere que sur le sommet de l’Antisana. [| nous restoit même encore deux ou trois jours ap:ès notre retour dans la plaine, un malaise que nous ne pouvions attribuer qu’à l'effet de l’air dans ces régions élevées, dont l’ana- lyse nous donna 20 centièmes d'oxygène. Les Indiens qui nous accompagnoient nous avoient déjà quittés avaut d’arriver à'‘cetie hauteur , disant que nous avions inteution de les tuer. Nous resiâmes donc seuls, Bonpland , Charles Moutufar , moi, et un de mes domestiques qui portoit une partie de mes 250 Nouvelles littéraires, instrumens ; nous aurions poursuivi malgré cela notre chemin jusqu’à la cime, si une crevasse trop pro- fonde pour la franchir ne nous en eût empéchés : aussi fimes-nous bien de descendre. Il tomba tant de neige à notre retour, qne nous eûmes de la peine à nous reconnoitre. Peu garantis eontre le froid per- çant de ces régions élevées, nous souffrions horri- blement ; et moi, en mon particulier, j’eus le dé- sagrément d’avoir un pied ulcéré d’une chute que J'avois faite peu de jours auparavant ; ce qui n'in- commoda horriblement dans un chemin où à chaque iostant on heurtoit contre une pierre aigue , et où il falloit calculer chaque pas. La Condamine a trouvé la hauteur du Chimboraço de près de 3217 toises. La mesure trigonométrique que j'en ai faite, à deux dif- férentes reprises , m’a donné 3267 , et j’ai lieu de mettre quelque confiance dans mes opérations. Tout cet énorme colosse ( ainsi que toutes les hautes mon- fagnes des Andes) n'est pas de granit, mais de por- phyre , depuis le pied jusqu’à la cime, et le porphyre ÿY à 1900 toises d’épais:eur. Le peu de séjour que nous fimes à l’énorme hauteur à laquelle nous nous étions élevés , fut des plus tristes et des plus lu- gubres ; nous étions enveloppés d’une brume qui ne nous laissoit entrevoir de temps en temps que les abîmes affreux qui nous entouroient. Aucun étre animé, pas même le condor , qui sur l’Antisana planoit continuellement sur nos têtes , ne vivifioit les airs. De petites mousses étoient les seuls êtres organisés qui nous rappeloient que nous tenions en core à la terre habitee. Nouvelles littéraires. 25t Il'est presque vraisemblable que le Chimboraco est comme le Pichincha et l’Antisana , de nature volca- nique. La trainée sur laquelle nous y montâmes , est composée d’une roche brülée et scorifiée , mélée de pierre ponce : elle ressemble à tons les courans de : laves de ce pays ci, et continue au-delà du point où il fallut mettre un terme à mes recherches , vers Ja cime de la montagne. 1] est possible que cette cime soit le cratère d’un volcan éteint , et cela est même probable ; cependant l’idée de cette seule possibi'ité fait frémir avec raison : car, si ce volcan se rallu- moit, ce colosse détruiroit toute la province. La montagne de Tunguragua a baiisé à l’époque du trenblement de terre de 1797. Bouguer Jui donne 2620 toises ; Je ne lui_en ai trouvé que 2531: elle a donc perdu près de 100 toises de sa hau- teur. Aussi les. habitans des contrées voisines assu- rent-ils avoir vu s'écrouler son sommet devant leurs yeux. | Pendant notre séjour à Riobamba, où nous pas- sâmes quelques semaines chez le frère de Charles Montufar, qui y est corrégidor , le hasard nous fit faire une découverte tres curieuse. On ignore abso- Jument l’état de la province de Quito avant la con- quête de l’Inca Tupayupangi (2). Mais le roi des Indiens, Léandro Zaÿla, qui vit à Lican, et qui, pour un Indien, a l'esprit singulièrement cultive, conserve des manusCrits rédigés par un de ses an- cêtres au seizieme siecle, qui contiennent l’histoire (a) La conquête de Quito par les Péruviens se fit en 1470: 252 Nouvelles lit/érarres. de cette énoque. Ces manuscrits sont écrits en langre Purugay. Cette langue était autrefois la langue gé- nérale du Quito; mais dans la suite des temps elle a cédé à la langue de linca où Anichna , et elle est perdue maintenant. Heureusement qu’un autre des aïeux de Zapla s’est amusé à traduire ces mé- moires en espagnol. Nous y avons puisé de précieux renseignemens, sur-tout sur la mémorable époque de l’éruption de la montagne nommée Nevado del Atlas, qui doit avoir été la plus haute montagne de Punivers , plus élevée que le Chimboraço , et que les Indiens nommoient Capu-urcu , chef des montagnes. Ouainia Abomatha, le dernier cocho- cando (roi), indépendant du pays , régnoit alors à Lican. Les prêtres l’avertirent que cette catastrophe étoit le présage sinistre de sa perte. « La face de Vunivers, lui dirent-ils, se change : d’autres dieux chasseront les nôtres. Ne résistons pas à ce que le destin ordonne, « En effet, les Péruviens introdui- sirent le culte du Soleil dans le pays. L’éruption du volcan dura sept ans , et le manuscrit de Zapla pré- tend que la pluie de cendres à Lican étoit si abon- dante , que pendant sept ans il y fit une nuit per- pétuelle. Quand on envisage la quantité de matières volcaniques qui se trouvent dans la plaine de Ta- pia, autour de l’énorme montagne écroulée alors, et que l’on pense que le Cotcpaxi a souvent enve- loppé Quito dans des ténèbres de quinze à dix-huit heures, an peut croire au moins que l’exagération n’est pas de beaucoup trop forte. Ce manuscrit, les traditions que j’ai recueillies à la Paiime , et les hié- Nouvelles littéraires. 253 roglyphes que j’ai vus dans le désert du Casiquiare, où aujourd’hui il ne reste guère de vestiges d’hom- mes ; tout cela joint aux notions données par Cla- vijero sur l’émigration des Mexicains vers le midi de l'Amérique , m’a fait naîire des idées sur l’origine de ces peuples, que je me propose de développer dès que j'en aurai le loisir. Je me suis beaucoup occupé anssi de l'étude des langues américaines, et j’ai vu combien ce que la Condamine dit de leur pauvreté est faux. La langue Caribe est à la fois riche, belle, énergique et po- lie : elle ne manque point. d'expressions pour les idées abstraites ; on y parle de postérité, d’éternité, d'existence, etc. ; et les signes numériques suffisent pour désigner tout»s les combina:sons possibles des chiffres, Je m’applique sur-tout à la langue Inca; on Ja parle communément ici dans la société, ct elle est si riche en tournures fines et variées, que les jeunes gens , pour dire des douceurs aux femmes, commencent à parler Inca, quand ils ont épuisé les ressources du Casti]lan, Ces deux langues, et quelques autres également riches , suffroient seules pour prou- ver que l'Amérique a possédé autrefois une plus grande culture que celle que les Espagnols y trou- vèrent en 1492. Mais j’en ai recueilli bien d’autres preuves encore , non-seulement au Mexique et 4u Pérou | mais même à la cour du roi de Bogota {pays dont on ignore absolument l’aistoire en Eu- rope , et dont même la mythologie et les traditions fabuleuses sont tres-intéressantes ). Les prêtres sa- voient tirer une méridienne et observer le moment 254 Nouvelles littéraires. du solstice ; ils réduisoient l’année lunaire À une année solaire par intercallations ; et je possède moi- méme une pierre heptagone , trouvée près de Santa- Fé, qui leur servoit pour calculer ces jours interca- laires, Mais ce qui plus est, même à lPErevato, dans l’intérieur de la Parime , les sauvages croient que la lune est habitée par des hommes , et savent par les traditions de leurs ancêtres que sa lumiere vient du soleil. De Rio-Bamba, je dirigeai ma course par le fa- meux Paramo de lAssuay vers Cuenca ; mais je vi- sitai auparavant les grandes mines de soufre de Tir- rau. C’est à cette montagne de soufre que les Indiens révoliés en 1797, apres le tremblement de terre, voulurent mettre Île feu. C’étoit sans doute le projet le plus désespéré qui eût éte jamais conçu ; ear ils espéroient former par ce moyen un volcan qui en- gloutiroit toute la province d’Alaussy. Au haut du Paramo de l'Assuay , à une élévation de. 2300 toises, sont les ruines du magnifique chemin de Pinca. 11 conduisoit presque jusqu’au Cuzco, étoitentièrement construit de pierres de taille , et très-bien alligné ; il ressembloit aux plus beaux chemins romains. Dans les mêmes environs se trouvent aussi les ruines du palais de l’Inca Tuapayupangi, dont la Condamine a douné la description dans les Mémoires de l’Académie de Berlin. Dans la carrière qui en a fourni lespierres, on en voit encore plusieurs à demi-travaillées. Je ne sais si la Condamine a aussi parlé du soidisant billard de l’Inca. Les Indiens nomment cet endroit, en langue quichua , Zncui-Chungana , le jeu de l’Inca: Nouvelles littéraires. 255 je doute cependant qu'il ait eu cette destination. C’est un canapé taillé dans le roc , avec des orne- mens en forme d’arabesques , dans lesquelles on croit que couroit la boule. Il n’y a rien de plus élé- gant dans nos jardins anglais, et tout y prouve le bon goût de l’Inca ; car le siége est placé de manière. à y jouir d’une vue délicieuse. Non loin de là, dans un bois , on trouve une tache ronde , de fer Jaune , dans du grès. Les Péruviens l’ont oinée de figures, croyant que c’étoit l’image du soleil, J’en ai pris le dessin. Nous ne sommes restés que dix jours à Cuença , et de la nous nous sommes rendus à Lima par la pro- vince de Jaen, où, dans le voisinage de fa rivière des Amazones ; nous avons passé un mois, Nous sommes arrivés à Lima le 23 octobre 1802. Je compte aller , d’ici au mois de décembre, à Acapuloo, et de là au Mexique, pour me rendre, au mois de mai 1803, à la Havane. C’est 1à que, sans perdre de temps , je m’embärquetai pour lPEs- pagne. J’ai abandonné, comme vous voyez , l’idée de retourner par les Philippines. J’aurais fait une immense traversée de mer sans voir autre chose que Manille et le Cap; ou si j’avois voulu faire une tournée aux Indes orientales, j'aurois manqué des facilités nécessaires pour ce voyage, qu’il étoit im- possible de me procurer ici. Nous avons eu quarante à cinquante jeunes cro- codiles, sur la respiration desquels j'ai fait des ex- périences trés-curieuses, Au lieu que d’autres ani- maux diminuent le volume de l’air dans lequel ils 256 Nouvelles litleraires. vivent , le crocodile laugmente. Un crocodile mis dans mille parties d’air atmosphérique , qui en con- tiennent deux cent soixante-quatorze de gaz Oxy= gène, quinze d’acide carbonique et sept cent onze d’azote | augmente en une heure quarante-trois mi- nutes cette masse de cent vingt-quatre parties ; et ces onze cent vingt-quatre parties contiennent alors ( comme je lai vu par une analyse exacte ) 106,8 d'oxygène , 79 d’acide carbonique ; et 938,2 de gaz azote , mélé d’autres substances gazeuses inconnues. Le crocodile produit done , en une heure trois quarts, 64 parties d’acide carbonique ; il absorbe 167,2 d'oxygène: mais comme 46 parties se retrou- vent dans 64 parties d’acide carbonique , il ne s’ap- proprie que 121 partie d’oxysène ; ce qui est très- peu, vu la couleur de son sang. Il produit 227 parties d’azote , ou autres sub:tances gazeuses, sur lesquelles les bases acidifiables n’exercent point d’action. J’ai fait ces expériences dans la ville de Munpox , avec de l’eau de chaux et du gaz nitreux tres-soi- gneusement prépaié. Le crocodile est si sensible au gaz acide carbonique , et à ses propres exhalaïsons , qu’il meurt quand onle met daus de l'air corrompu par un de ses camarades. Cependant il peut vivre deux ou trois heures sans respirer du tout. J’ai fait ces expériences avec des crocodiles de 7 à 8 pouces de long. Malgré cette petitesse, ils sont capables de couper le doigt (avec leurs dents), et ils ont le courage d’attaquer un chien. Ces expériences sont très pénibles à faire, et demandent beaucoup de circonspection. Nous portons des descriptions très- détaillees NN TNT AN Nouvelles littéraires. DS détaillées du caïiman ou crocodile de l'Amérique méridionale 3 mais les descriptions de celui de PEgypte, qu'on avait à mon départ d’Furope, n’étant pas également circonstanciées , je n’ose décider si c’est la même espece. À present , certainement l'[ns- titut d'Egypte en aura fait qui leveront tout doute à cet égard. Ce qu’il y a de certain ; c’est qu'il y a trois différentes espèces de crocodiles sous les tro- piques du nouvean continent , et que le peuple y distingue sous le nom de baya, caïman et crocodile, Aucun naturaliste n’a encore distingué suffisamment À ces espètes , el cependant ces monstres sont les vrais poissons de ces climats, tantôt ( comme à la Nou- velle-Barcelone ) d’un si bon naturel qu’on se baigne à leur vue, tantôt (eomme à la Nouvelle-Guianne } si méchans et si cruels que , dans le temps que nous b y fûmes , ils dévorèrent un [ndjgn au milieu de la rue , au quai. À Oratuen, nous avons vu une fille indienne de dix-huit ans, qu’un crocodile tenoit par »le bras; elle eut le courage de chercher de l’autre main son couteau dans sa poche, et d’en donner tant de coups dans les yeux du monstre, qu’il la lächa en lui coupant le bras près de l'épaule. La présente d’esprit de cette fille fut tout aussi éton- nante que l’adresse des Indiens pour guérir heureu- sement une plaie aussi dangereuse : on eût dit que le bras avoit été amputé et traité à Paris. Près de Santa-Fé se trouvent dans le Campo de Gigante, à 1370 toises de hauteur , une immensité d'os fossiles d’éléphans, tant de lespèce d’Afiique , Tome IL, R 258 Nouvelles littéraires. que des carnivores qu'on a découverts à l’Ohio. Nous y avons fait creuser, et nous en avons envoyé des exemplaires à l’Institut national. Je doute qu’on ait trouvé jusqu'ici ces 05 à une si grande hauteur : depuis, j’en ai reçu deux d’un endroit des Andes situé vers le 2° de latitude du Quito et du Chili, de mauière que je puis prouver l’existence et Ja des- truction de ces éléphans gigantesques depuis Ohio jusques aux Patagons. Je rapporte une belle collec- tion de ces 0: fossiles pour M. Cuvier. On a décou- vert, il y a quinze ans, dans Ja vallée de la Ma- deleine ; un squelette entier de crocodile, pétrifié dans une roche calcaire ; l'ignorance l’a fait briser , et il m’a été impossible de m’en procurer la tête; qui existoit encore il y a peu de temps. LH EAN S. THÉATRE LOUPOIS. La Prison militaire, où les Trois Prison- niers ; comédie en cinq acles et en prose jJouce le 29 messidor an XI. On peut placer cette comédie au nombre des pièces les plus intriguées qui aient paru depuis long- temps sur ce théâtre consacré au genre dit Variétés, La curiosité est à tout moment éveillée par des incidens qui se succèdent avec une rapidité éton- Nouvelles littéraires, 259 mante. Ce sont des travestissements ; des quiproquos, des substitutions de lettres et de clefs ; il est im- possible dans une courte analyse d’entrer dans tous les détails de cette intrigue. Nous nous contenterons d'indiquer le sujet. | Le lieu de la scene est à Boston. Le gouverneur de cette ville est amoureux d’une jolie veuve qui lui préfère Edmond son jeune neveu. Pour se dé- barrasser de ce rival, il le fait mettre aux arrêts et projette de lui donner une mission pour la France. Sophie cherche un moyende s’introduire dans la prison de son amant , et y parvient en se déguisant en homme et en venant sous le nom de Y’alcour, jeune officier français qui est arrivé le jour même. Lorsque la jeune dame arrive à son tour, le concierge refuse de la re- cevoir. Le véritable Valcour profite de cet incident, convient qu’il avoit voulu s’introduire dans la prison, et recouvre ainsi sa liberté. Sophie continue son rôle en passant toujours pour Valcour ; mais celui-ci est encore arrêté et ramené à la prison, où le gou= verneur reconnoit son fils. Il se désole de ne pas avoir de moyen de le sauver, attendu qu’il est accusé de désertion , n’ayant pas rejoint le vaisseau sur lequel est parti son régiment, mais Sophie qui est parente du général, apporte sa grace, et épouse Edmond. À Le style de cette pièce est vif et serré; mais rem- pli d’afféterie et souvent hors de la nature, L’auteur a couru après les phrases. Au reste, l'ouvrage est comique et bien conduit, les rôles assez bien tra KR 2 260 Nouvelles littéraires, à cés. Celui du concierge, l’un des plus longs, a été. rendu d’une manière très-plaisante par Picard. Son frère a très bien joué aussi le rôle d’un factionnaire qui sert beaucoup à l'intrigue , malgré quelques marques d’improbation données par des gens sé- vères, la majorité l’a emporté et a demandé Pau- teur, C’est. M. DurATY, qui a beaucoup de talent, mais qui devrait travailler dans un meilleur genre, et qui pourrait alors se promettre des succès plus durables, THEATRE DU VAUDEPILLE. Cassandre avergle ; ou le Concert d' Arlequin. nf Les arlequinades soht un peu passées de mode, et depuis quelque temps il est rare d’en voir réussir, à moins que ce ne soit au boulevard, où les tra- vestissemens , les décorations et la féerie rajeunis- sent ce genre usé. Mais une magie infiniment plus naturelle et plus agréable a procuré un grand suc- cès à celle qui a été jouée au Vaudeville le 26 mes- sidor ; c’est esprit et la gaieté réunis à une critique fine et mordante. | Cussandre, grand amateur de musique, doit donner à Gtlles'sa fille Colombine , s’il le conduit au con- cert de l'Opéra, qu’il a grande envie d’entendre, et pour lequel toutes les places sont retenues d'avance depuis longtemps. Gilles ne peut pas avoir de bil- lets, Cassandre s’emporte; mais Arlequin arrive à propos de Russie pour arranger tout cela. 1] pro- Nouvelles littéraires. 261 mène en fiacre M. Cassandre, le ramène chez lui, où l’on a entouré son fauteuil d’un petit paravent qui imite assez bien le devant d’une loge. On lui donne un concert assez agréabe, et Cassandre se croit à l'Opéra. Gilles, d’après le conseil d’Arle- quin, prend ce temps pour déclarer à Colombine qu'il ne veut tenir sa main que d’elle- même, et qu’il se moque de il. Cassandre. Celui-ci les en- tend; Arleguin lui dit qu'ils sont dans une loge voisine, et le bonhomme retient sa colère. Jusque- Jà, tout va bien : mais un ami de Cassandre, qui sort du concert, vient tout oâter, en découvrant le mystère : Cassandre d’abord lui impose silence, et Arlequin et ses amis, imitant un parterre de mauvaise humeur, crient contre les gens qui inter- rompent je spectacle. Bientôt Cassandre est désa- busé, et apprenant la maladresse de Gilles et la ruse d’Arlequin, il donne sa fille à ce dernier, Cette intrigue est légère, mais la scène où Cas- sandre se croit à l'Opéra, est d’un bon comique, et jouée en perfection par Chapelle. Le dialogue est semé de traits piquans, et les couplets pleins d'esprit et parfaitement écrits ; ils ont tous été ap- plaudis, surtout le vaudeville final et des couplets sur la différence entre la France et la Russie, Une scène fort jolie est encore celle où Arlequin fait une lecture à Cassandre. Entre autres ouvrages, il lui lit quelques morceaux d’Hippolyte ; tragédie en trois actes, qui n’est autre chose que PAèdre refaite, Refaite ! dit avec naïveté le bonhomme R 3 262 Nouvelles littéraires. Cassandre : mais Phèdre n’étoit pas ma’. Enfin, ce vaudeville mérite son grand succes. Il est de MM. Moreau, CHAZET et d’un anonyme. Laporte a joué le rôle d’Arlequin avec sa gentil- lesse ordinaire. On a redemandé le couplet suivant: Gilles demande à Arlequin s'il fait froid en Russie dans les salles de spectacle : Arlequin répond que. cela dépend des ouvrages que l’on y donne. ÀAtïr de Sterne. Mon cher, le thermomètre étoit, Pendant PhAædor , au froid durable ; Et le baromètre marquoit, Pour Helena, le variable; Pour 4/hamar le vent siffla; Pour sule, tempête entière : Et le beau temps ne se fixa Qu'au Misanthrope de Molièræ CS SA SC 7 | L'UVIR ES D I VER SK). HMISTOFTRE NA CEDIU LR EE MENE, ANNALES du Muséum national d'Histoire naturelle. Neuvième cahier. À Paris, chez les frères Levruult , libraires, quai Malaquais, et à Strasbourg, chez les mêmes. An X1.— 1803. Les articles contenus dans ce cahier sont : Des observations sur des Crystaux qui renferment £a chaux carbonatée ; unie au fer sgns manganèse ; par M. Hauy. Un Mémoire sur deux espèces de Bœufs, dont on érouve les crances j'ossiles en Allemagne ,en France, en Angleterre , dans le nord de l Amérique et dans d'au- tres contrées; par M. FAUJAS-SAINT-FOND. — Ces cornes n’appartiennent pas à l’urus : M. Faujas pense qu’elles ont appartenu à une espece perdue , qui peut-être se trouve dans l’Inde, et a été dispersée dans des latitudes où elle n’a pu soutenir son existence, Observations sur les Calculs des Animaux coin- parés à ceux de l'Homme ; par À. F. FOURCROY, — Nous avons analysé le beau travail de M. Four- croy sur les calculs urinaires ; il le continue sur les bezoards intestinaux ; il en donne la description et l’analyse. Description du Geranium hirtum (Gexanium pu- bescent ) de Forskal; par M. DEsFONTAINES. (:) Les articles marqués d’une * sont ceux dont nous donnerons za RATES R 4 264 Livres divers. Description dune nouvelle Espèce de Laïtron; par le même.— Il Pappelle /uitron étalé ( Sonchus di- varicatus ) , et en donne la figure, Sur le Petunia, genre nouveau de la fimille des plantes solunées; par À. L Jussieu. — M. de Jus- sieu en décrit deux espèces qu’il appelle PETUNTA parviflora, et PETUNIA nyclaginiflora, Suite des Mémoires sur les Fossiles des environs de Paris: par M. Lamarck.— Le savant profes- seur continue son Catalogue depuis le genre STROM- BUS jusqu’au genre MUREX. Observations sur un Envoi de Plantes vivantes , et sur la Naturalisation et la Culture du Lin de læ Nouvelle-Zelandé qui en juisoit partie ; par A. THOUIN. — Plusieurs genres intéressans entrent, pour la première fois, au Muséum. Ces genres, envoyés par M. GRiMwoon, fleuriste jardioier, à Londres , sont : le CATESBEA Spinos® , PoLr- GALA Hersteria dont il faut faire un genre distinct des polygula, la BILLARDERTIA Scandens, la Drz- LENTA, la CORREA ulba , la LERIA spinosa , VHELICONIA psithacorum, un U-long de la Chi- ne, etc. Une des plantes les plus intéressantes est le PHORMIUM tenar, appelé communément Lin de la Nouvelle - Zélande , dont les fibres ont une force surprenante, ainsi que le prouve le beau mé- moire que VW. Labill:rdière a deja publié sur cette plante. M. Thouin indique la culture qu’il convient de lui donner, pour naturaliser en, France un vé- gétal si précieux. Description du Tupinambis orné ; par F. M. Dauuwn.— À ce mémoire est joint une figure de ce reptile singulier. Sur trois Bouquelins et un Ichneumon nouvelle- } { Livres divers. 265 ment acquis pour la ménagérie nationale ; par E. GEOFFROY, Sur une Chouette funèbre observée près de Stras- bourg et de Colmar par Schavenburg fils ; par F. M. DauDin. — Cette chouette est la STr1X fune- Tea ; c’est par erreur que Gmelin l’appelle une autre fois Srr1x hudsonia. Ce n’est qu’une méme espèce. Notice de divers Envois faits et recus par le Muséum; par À. THOUIN. État des Graines et des Plantes vivantes envoyées au Muséum par les établissemens et les personnes avec lesquels il est en ES TUE depuis le pre- nier prairial an IX jusqu'au cinquième jour com- plémentaire an x. { ANATOMIE. FRAGMENT d’Anatomie physiologique sur l'Orga- nisetion de la Matrice dans l’espèce humaine , lu à la première classe de la Société d'Agriculture , Sciences et Arts du département du Bas - Rhin , à dans sa séance du 11 ventose an XI ; par Jean- Frédéric LOBSTEIN , docteur en médecine , eb prosecteur à l'École de Médecine de Strasbourg. A Paris, chez Levrault freres , libraires, quai Malaquai , et à Strasbourg chez les mêmes. An XI. — 1803. In-8.° Ce mémoire est celui qui a été inséré précédem- men( dans le Magasin Encyclopédique. Suprà,tT, p. 350. A GR IC UVL T U-R EF. TRAITÉ complet sur les Pépinières , tant pour les arbres fruitiers et forestiers que pour les arbris- 266 Livres divers. sceaux et les arbustes d'ornemens , avec des instruc= tions pour faire les semis de toutes espèces, les marcottes, les boutures , pour préparer le terrain , mettre le plan en pépinière , le conduire , le gref= Jer , élever les arbres, les diriger, les déplanter et les transplanter de la manière la plus utile e4 la plus économique ; par Etienne CALFEL , ci-de- vant membre de plusieurs académies , Sociétés lit- téraires et d'agriculture , avec l’épithète : Per varios usus, artem experientia fecit ÆExemplo monstrante viam . . .. Mani. lib. 1, 61. À Paris, chez lAuteur, rue Macon , près celle de Saint-André-des-Ares, n.° 11, et chez André, libraire, rue de la Harpe, n.° 477. An x1.—1803. Gros volume in-12, avec plusieurs figures. Prix 3 fr., et 4 fr. par la poste. MÉDECINE. Mémorres de la Société médicale d'Émulation , cinquième année. 1 vol. in-8.° de près de 600 pages, orné de gravures en taille-douce. Prix, 6 francs, et 7 francs 5o centimes franc de port par la poste. A Paris, chez Crapart , Cuille et Ravier, libraires, rue Pavée Saint-André, n.° r2. Ces Mémoires sont précedés de l’Æ/oge de Xavier Bichat , par Le Vacner DE LAFEuTRIE. Ceux qui, dans les différens genres, nous ont paru pré- senter un intérêt plus général , sont : un Mémoire sur la rage , par BOSQUILLON ; quatre Mémoires sur le climat des Antilles, par CAssAN; des Éclaircis= semens sur quelques points de la mécanique du mou- sement de l’homme , par BaARTHEZ; une Disserlaziom Livres divers. 267 sur les attributs, les surnoms d’ Apollon médecin , et les monumens qui le représentent ; par À. L. Miixin. Le volume est terminé par une Lettre du célèbre FoNTANA, sur une maladie du blé, nommée vul- gairement PErgot , et sur une plante connue sous le nom de Trémella. Les observations réitérées de ce sayant naturaliste, démontrent que le grain affecté de l’Ergot , contient une quantité de petites anguilles, d’abord très-vives, qui ensuite mortes et desséchées , au point d’être réduites en poudre en les touchant avec la pointe d’un cheveu, resaisissent le mouvement et la vie au contact de l’eau. Ses ob- servations sur la Trémella l'ont conduit aux mêmes résultats , d’où il conclut que cette plante est le der- nier anneau de la grande chaîne des corps animaux , et le premier de celle des végétaux. MÉTAPHYSIQUE. ÆEssAr d’Idéologie servant d'introduction à la gram- maire générale ; par L. J. J. DAUBE , professeur à l’école centrale des Huv.es-Pyrénées ; avec l’épi- thète de Saint- Augustin : Absit error opinantium se scire quod nesciunt. A Paris, chez Gide, libraire, quai Malaquai, n.° 1920, près la rue des Saints-Peres, An x1.— 1803, In-8.° de 407 pages. GRAMMAIRE. CoRRIGÉ de la Cacologie à l’usage des professeure , avec l’épithète de Voltaire : 4 Dès qu’une expression vicieuse s’introduit, la foule s’en empare. A Paris, chez Barbou , libraire , rue des Ma- thurins. An X1.—1803. Prix 1 fr. 80. cent, 268 : Livres divers. é de la COGRAPHIE @ l'usage des insti= CoRRIGÉ de la CACOGRAPHIE à l'usage d ? tuteurs. Chezle même. Prix, 1 fr. So cent. broché. û BEA VX -VANRUTS. La VILLE des Victoires sur lechamp de bataille de Marengo , dédiée au premier Consul de la répu- blique françcoise; par J. RIVAUD, commissaire des guerres. À Paris, de l’imprimerie de Bertrand- Potter, rue Galande, n.° 56. In-8.° de 19 pages.. M. Rivaud donne dans cet écrit le plan d’une ville qu’il desire s’élever sur le sol qui fut témoin de la célebre bataille de Marengo. AURNCNA IUTNENCIEIUVRNE. ARCHITECTURE civile. Maisons de ville et de cam- pagne , de toutes formes et de tous genres, pro= Jetées pour étre construites sur des terrains de différentes grandeurs. Ouvrage utile à tous cons- trucleurs et entrepreneurs, et à toutes les personnes qui, ayant quelques connoissances en construciion , veulent elles - mémes diriger leurs bâtimens. Par L. 4. DUBUT , «archutecte, et pensionnaire du gou- vernement à l’École francoise des Beaux-Arts à Rome. XI.° livraison (x). ECONOMIE PO LIT IQ UE- RECHERCHES sur l’état actuel des Sociétés politiques, ou Jusqu'à quel point léconomie intérieure des (1) Prix du cahier, papier ordinaire, 5 fr. ; papiér de Hollande , 6 fr.; lavé à l'encre de la Chine , 24 fr. On souscrit, à Paris, chezle C. Dubne, architecte, cloître Notie- Dame, n.° 2, sous l’arcade qui conduit au terrain, et chez les principaux libraires et marchands d’estampes. 11 en coûte 1 fr. 25 cent. de plus par chaque cahier , pour le recevoir frape de port par la poste dans les départemens, Livres divers, |. 269 états modernes leur permet -elle de se rappro- cher de la liberté et de l'égalité; par le citoyen À. M. RAGGUNEAU, commissaire de l'autorité pu- blique près les octrois de Strasbourg , membre de la Société d'agriculture , des sciences et arts de cette ville. À Paris, chez Levrault frères, libraires, quai Malaquai. An x1.—1803. In-8.° de 313 pages. DTA TAG TI ATP OL ARLES Là = ANNALES de Statistique françoise et étrangère. Ou- vrage spécialement destiné à présenter le tableau réclet annuel de chaque puissance de l Europe , sous le rapport de l'étendue et de la division du territoire; de lu population ; des productions des trois règnes de la nature ; de l’état des sciences, des arts ét de la littérature ; de l’industrie ; du commerce et de ses moyens ; de la navigation maritime et inté- rieure ; des revenus de l’étät; des forces de terre et de mer, etc ; par Louis BALLOIS, juriscon- sulle , secrétaire perpétuel de la Société de statis- tique de Paris, membre de l’Académie de légis- ion , etc. Deuxieme année, X111.%* Livraison (1). Ce cahier contient, r.° Extrait d’un ouvrage inédit de M. Cros, médecin , sur le Sorezois ( pays de Sorèze }), précédé du rapport fait à l’Institut national surcetouvrage ; par M. DÉSESSARTS ; —2.° quelques notions sur la Statistique ;—3.° Statistique étrangère: royaume de Suède.--République Batave (2.fextrait); (x) Le prix de Ja souscription est de 24 fr. par an, pour Paris, et de 30 fr. pour les départemens et pour l'étranger. On peut souscrire pour six mois. On s’abonne , à Paris , au bureau des Annales de Sra- tistique et de la Jurisprudence administrative, quai de l'Horloge du Palais, n.° 42; et chez tous les libraires et directeurs des postes. 270 Livres divers. Allemagne : archevêché de Saltzbourg. — Electorat d'Hanovre. — 4.° Détails sur les établissemens de bienfaisance publique de la ville de Strasbourg ; état de situation de ces établissemens pendant l’an X ; par M. Urricx, secrétaire de la commission admi- nistrative des hospices.—5.° Annonces concernant les sciences, les arts et la littérature. Cette XIII. livraison confirme la bonne opinion qu’on a pu prendre de l’ouvrage dans les numéros de la première année. GÉOGRAPHIE. ALLGEMEINE geographische Ephemeriden , verfasset von einer Gesellschaft Gelehrten, und herausgegeben von À.C. GASPARI ,und F. J. BERTUCH. Sechster Jahigang. Junius 1803; Weimar im Verlage des Landes-Industrie-Comptoirs. 1803. C'est-à-dire, Éphémérides géographiques un iverselles, rédigées par une Société de savans , et publiées par A. C. GAsPARI et F.J. BERTUCH. Sixième année, mois de juin 1803; Weimar, au comptoir d'industrie, 1803. In-8.° Ce numéro contient outre plusieurs extraits inté- ressans et des notices bien faites, un Mémoire de M. Triesnecker sur la mesure de la méridienne faite en Hollande , par M. Snellius : des notices bio- graphiques sur Edme Mentelleet surJ.-M Vansleben, appelé communément en françois Vansleb. Le nu- méro est précédé du portrait du géographe françois Louis Delisle de la Croyère, et terminé par une carte des côtes de la Norwège. Livres divers, 27% VOYAGES. lVoracx pitloresque de Constantinople et de see environs. Une multitude d’ouvrages publiés sur la Turquie ont dü suffisamment nous faire connoître les mœurs et les usages de ses habitans. Les monumens des arts, et les ruines magnifiques qui ornent ce beau pays ont également exercé la plume d’une foule d'écrivains, parmi lesquels on distinguera toujours M. de Choiseul.Gouffer, dont le livre, rempli d’é- rudition et de goût, a enlevé les suffrages des con noisseurs , qui en attendent la continuation. _ Il restoit à desirer qu’une suite de tableaux fû€ uniquement consacrée à retracer fidelement les sites pittoresques de la nature, l’aspect incomparable de Constantinople, cette antique capitale du monde, et les points de vue merveilleux qu’offre de toutes parts ce célèbre Bosphore, dont le moindre orne- ment sont les palais et les jardins, qui décorent encore moins qu'ils ne surchargent ses bords enchanteurs. Les dessins qu’on a donnés jusqu’à présent de quel- ques parties de ce fameux canal, qui commence à Constantinople et finit à l'embouchure de la mer Noire, sont tous plus ou moins incomplets et cé- fectueux, les aitisies qui s’en sont occupés n'ayant jamais séjourné assez longtemps aux environs de ces beaux lieux, dont l’accès d’ ailleurs leur avoit tou- jours été interdit. M. Melling, dessinateur distingué, dont les ta- lens et les ouvrages ont obtenu l’approbation des voyageurs et des amateurs les plus renommés, Va enfin remplir vis-à-vis du public une attente qu’on a’espéroit plus de voir réalisée : un séjour de dix- 572 Livres divers, huit ans à Constantinople, et l'emploi de dessina< teur et architecte de la sultane “sœur du grand-sei- gneur, dont il a été longtemps revétu , l'ont mis à portée de voir et d'exécuter ce dont, avant lui, on n’avoit pu se former qu’une idée tres-imparfaite (1). La direction de cette belle entreprise, à laquelle M. Melling ne cessera de présider, est confiée, quant à la gravure, à M. Née, avantageusement connu par les Tableaux de la Suisse, la Description générale et particulière de la France, les gravures de l’Histoire ancienne et moderne, par Le Clerc, les Chansons et PEssai sur la Musique , par Laborde , et notamment par lintéressant l’oyage de l’Istrie et de Lx Dalmac matie (2), qu'il vient de terminer, et dont il est seul éditeur. Il sera aidé dans cette entreprise par ses avciens coilaborateurs et amis, MM. Masquelier, Moreau le jeune, Marillier, Desmoulins, Gonaz, Deque- vauvilliers, Desaulx, Mille Levé, Paris, Beitaux, Coiny, Malapeau fils, Dupare, Liénard, Pihement, Niquet frères, Filhol, Lerouge, Desmaisons, etc.,7 etc , lesquels artistes ne laisseront rien à desirer pour cetie partie. Chaque estampe sera accompagnée, dans un texte à part, de l’explication du point de vue ou de Pé- difice qu’elle represente : on y joindra, sil y a lieu, des notes historiques et des observations critiques relatives aux mœurs et aux coutumes, particuliere- (1) Nous avons vu les dessins de M. Melling, et nons pouvons assu- rer qu'ils sont de Ja plus grande beauté , remarquables par leur effet et leur harmonie, et précieux par la multitude et l'exactitude des détails. A. L. M. (2) Nous avons annoncé séparément chaque livraison de ce bel ou- vraue, et nous en avons publié un extrait général, etc, uès-bien fait par M. Winckler. A. L. M. ment L 0 D Livres divers. 273 ment lorsqu'il s’agira de relever quelques erreurs, ou de rectifier des notions peu exactes. Cette tâche sera remplie par un voyageur instruit qui a résidé cinq ans à Constantinople, où il a fait une étude particulière des hommes et des lieux. Ce voyage ne devant être comparé à aueun de ceux qui l’ont précédé, attendu l’extrême grandeur des planches, on ne peut suivre dans son exécution ni le même plan ni la même marche; la seule en- treprise qui s’y rapporte est celle des Ports de mer de France, d'après Vernet, gravés par les célébres Cochin et Le Bas, dont M. Née est élève : c’est aussi le modèle qu’on s’est proposé. L'ouvrage entier sera composé de cinquante-deux planches, y compris la carte et le plan de Constan- tinople, pour servir à l'intelligence des cinquante vues pittoresques , dans Îles grandeurs ci-après: La première grandeur sera de 9 décimètres 20 mil: limetres (34 pouces) de large sur 4 décimètres 87 millimètres (18 pouces) de haut, formant dix plan- ches de cette grandeur. La deuxième grandeur sera de 8 d'cimètres r2 millimètres (39 pouces) de large sur 4 décimètres 33 millimètres (16 pouces) de haut , formant quatorze planches de cette grandeur. La troisième de 7 décimètres 04 millimètres (26 pouces) de large sur 4 décimètres’06 millimètres (15 pouces) de haut, formant 14 planches de ladite grandeur, La quatrième et dernière grandeur de 6 décimetres 65 millimetres (24 pouces) de large sur 4 décimetres cé millimètres (15 pouces) de haut, formant qua- torze planches de ladite grandeur. Ces cinquante -deux planches sexont divisées et distribuées aux souscripteurs en treize livraisons, Tome II. 5 274 Livres divers. s Chaque livraison sera composée de quatre estam- pes prises dans les quatre grandeurs énoncées. Le prix de chaque livraison sera de 84 fr. pour ceux qui auront souscrit, et de 96 fr. pour ceux qui ne souscriront pas. La première livraison paroîtra en fructidor an x11 (septembre 1804), et les autres successivement de six mois ep six mois. Nota. Les amateurs et les connoïsseurs sentiront aisément que des planches dans les grandeurs ei- dessus mentionnées ne peuvent pas s’exécuier avec la même rapidité que celles qui ont composé les divers Voyages déja publiés. Chaque livraison sera accompagnée du texte ex- . plicatif et descriptif pour chacune des estampes, lequel sera imprimé par P. Didot l'aîné, au Louvre. Il sera tiré quelques exemplaires sur papier vélin, dont chaque livraison sera du prix de 120 fr, Il en sera tiré également quelques exemplaires sans lettre, sur papier vélin, dont le prix sera de 150 fr. Les éditeurs n’exigeant aucune avance, on ne paiera chaque livraison qu’en la recevant. Néanmoins on sera libre de payer un quart d’a- vance pour chaque livraison; et, dans ce cas seule- ment , l’on ne paieroit que 72 fr: , au lieu de 84 fr. Ceux qui voudront se procurer l’ouvrage, et s’as- surer les premières épreuves, sont invités à s’ins- crire, chez Boulard, notaire, rue Saint-André-des- Arcs, n.° 28, pres celle Pavée ; Melling , auteur dudit ouvrage, et l’un des éditeurs, rue de la Liberté, ci- devant des Fossés-M.-le-Prince, n.° 34; Née, gra- veur et directeur dudit ouvrage, rue des Francs- Bourgeois-Saint-Michel, n.° 127; P. Didot Vainé, imprimeur, aux galeries du Louvre, n.° 3; et chez Livres divers. 275 tous Îles libraires et marchands d’estampes de France et des pays étrangers. À la fin de l’ouvrage , on donnera la liste des sous- cripieurs, imprimée du même format que l'ouvrage. Tous les dessins originaux seront conservés et re- cueillis avec le plus grand soin en un volume unique, et digne de figurer dans les plus somptueuses biblio- théques. HISTOIRE. ÉPHÉMÉRIDES politiques, littéraires et religieuses, présentant, pour chacun des jours de lPannée , un tableau des événemens remarquables qui datent de ce même jour dans l’histoire de tous les siécles et de:tous les pays , jusqu’au premier janvier 1803 ; par le C. NoEL, inspecteur-général de l’instruc- tion publique ; et le C. PLANCHE , instituteur, à Paris , avec l'épithète d'Ovide : Et quo sit facto quæque notata dies. A Paris, chez Le Normant , rue des Prêétres Saint- Germain-l’Auxerrois , n.° 42. An X1.—1803, In-8.° de 287 pages. ABRÉGÉ de l'Histoire d'Espagne de Don Thomas d'Friarte, traduit de lPespagnol par CH. BRUNET , pour servir à l'éducation de la jeunesse ; suivi d'une description géographique de l'Espagne et du Por- tugal , par le méme auteur, 1 Vol. in-12, 3 francs -et 4 fr franc de port, À Paris, chez Gérard, libraire, rue Saint-André-des-Arcs , n.° 44. Cet Abrégé est utile et bien fait. Le traducteur lauroit rendu plus commode en y joignant au moins uue table des chapitres. S 2 276 Livres divers. NoricEe de l'ouvrage intitulé, Abdollatiphi Histerié Ægy pti compendium arebicè et latinè Oronit 1809; par À. J. Sr1r2srTRE Dr Sacr: De l'imprimerie de Lesueur et Delance, In 8.° ce 70 pages. À Paris, chez Treuttel et Iurtz, libraires, quai Voltaire, C'est la Notice qui a été publiée dans le Magazin, et que l’Auteur a fait tirer séparément. AN T_I QU X TE S: QuATuoR Monumenta ænea e terra in Suecria erula, tabulis acreis et brevi Commentatione illustrata 3 ab J, HALLENBERG. Accessere nonnulla de lit- teratura cufica. Stockholmiæ apud direct, Job. a Carlbohm. 1002. In 8.” de 71 pages. Les monumens qui sont le sujet de cette disser- tation de M. de Hallenberg, ônt été trouvés dans un champ appelé T'ullinge, de la paroisse Bo/kyrka, à deux lieues de Stockholm, possédé par M. André Tottie, sous une très-petite quantité de terre. Le premier est un bracelet de bronze en spirale, sans doute pour imiter le bracelet en forme de serpens. M. de Hallenberg a rassemblé, à cette occasion, quel- ques passages des anciens sur ce genre d’ornement. Les autres monumens sont des especes de coins de bronze semblables à ceux qui se trouvent f16- . quemment dans différentes parties de la Gaule (1) et de la Grande-Bretagne, et qui ont été figurés par Molinet, Montfaucon, Oberlin , et principa- lement par M. Lott (2). Quelques -uns de ces es- () M. Paris, connu par son goût pour les livres élégans, et pour les beaux morceaux de minéralogie, en a trouvé dans sa terre auprès ae Hâvie et de Honfleur, un dépôt de plus de quarante. A. L. M. (2) "M. de Hallenberg a cité les auteurs prècédens ; il paroît qu'il n'a Livres divers. 277 péces de coin: ont une cavité à leur extrémité su- périeure, d’où on a pensé qu’ils servoient à-la-fois à des usages civils et militaires, et qu'après en avoir fait usage comme de coins, de ciseaux ou de haches, on pouvoit faire de ceux-ci des especes de Javelots. Ceux de M. de Hallenbers ont cela de particulier, que cette cavité est fermée par un couvercle conique orné de quelques cercles, et terminé par une pointe. M. de Hallenberg en con- clut que ces instrumens ne sont pas ce qu’on à cru jusqu'ici, mais que ce sont de véritables vases du nombre de ceux que les anciens appeloient vasa Jutilia, parce que ne pouvant se tenir sur leur pied, ils étoient d’un usage inutile. Il pense que ces ins- trumens étoient déposés dans une caisse qui a été détruite par le temps, et a formé l’hamus ou terre noire qu'on a trouvé autour. ll recherche ensuite d’où ces vases ont pu venir; il croit qu'ils peuvent avoir été offsrts en dons par des navigateurs aux dieux de la Samothrace, et que le nombre de deux appartenoit part'cuiièrement à leur culte, ce qui le conduit à des considérations sur les nombres pairs et impairs. La forme de serpent du bracelet paroit -aussi avoir rapport, selon lui, au culte dont il est ici question. Il termine par quelques observations sur l’étymologie du mot Cabyre. M. de Hallenberg ‘outient son opinion avee beau- coup de savoir et d’érudition; eependant la quan- tité d’in trumens semblables, trouvés. dans différentes parties du nord connues des arciens, leur conformité semble autoriser à croire que c’etoient des instru- mens et des armes, Le couvercle que l’on trouve pas conuu fa dissertation de M. Lott, imprimée dans l'archæologie biiz. tannique, t. V, p. 106, où il a fguré., dans quatre planches, soixante de ces insuumens. À, L. M. 4 S à Livres divers. 278 ici sur la cavité étoit peut-être pour la conserver, quand on ne mettoit pas cette arme au bout d’un bâton. Il se peut aussi que cette cavité ait fait réel- lement l'office d’un vase, et qu’elle ait servi à y contenir quelque graisse qui facilitât l'entrée de Vinstrument dans les substances qu’on vouloit atta- quer. Du reste on ne peut toujours avoir que des conjectures sur ces instrumens dont aucun auteur ancien ne fait mention , jusqu’à ce que quelqu’au- tre découverte nous instruise encore davantage. Les instrumens figurés par M. de Hallenberg ont tou- jours une particularité nouvelle et eurieuse , et ajoutent à ce qu’on savoit déja sur leur forme. M. de Hallenberg est profondément versé dans la connoïssance des langues orientales. Nous avons donné une notice d’une dissertation de sa compo- sition sur le rom de Dieu dans toutes les langues. La difficulté des communications avec la Suëde nous a empêché d’être instruits des rech«ches savantes qu’il a faites depuis. Nous voyons seulement, par la dissertation que nous annonçons, qu’il a publié une Collection de Monnoies cufiques ( Collectio nu- morum cuficorum , Stockholmiæ , 1800). Il rapporte quelques observations que M. Tychsen lui a com- muniquées sur son ouvrage. |] a ajouté à la disser- tation que nous annonçons, une explication de quel- ques monnoies cufiques. L’une est une monnoie de Almostanser Billah, frappée de 1226 à 1242: on y voit son portrait, à la maniere de ceux des princes sur quelques monnoies du Bas-Empire. On sait que les Musulmans ont les images en horreur, et on n’a pas encore pu expliquer pourquoi. l’on en trouve dans leur monnoies. L'autre monnoie n’offre que les for- mules d’inscriptions ordinaires, seulement les mots ‘sont diferemment distribués. Les autres pièces sont Livres divers. 279 une monnoie et des fragmens de monnoies trouvés en Finlande. La monnoie entiere a été frappée à Samarkand , en 915; le lieu où les fragmens parois- sent avoir été frappés est aussi le même. On voit dans cette dissertation que M. Tychsen s'occupe des anciens caracteres espagnols. La biblio- théque nationale possède un tres-grand nombre de pièces avec ces anciens caractères, dont la connois- sance pourroit lui étre utile. M. de Hallenberg nous apprend aussi que M. Malmstroem , bibliothécaire du roi de Suede, s’oc- cupe des médailles cufiques que le cabinet du roi renferme. Il est à desirer que son travail soit bien- tôt publié. Les savans doivent aussi desirer que M. de Hallenberg continue ses doctes recherches. Nous nous empresserons de faire connoître ses productions dans notre patrie. A. L. M. BIBLIOGRAPHIE. ANNALES de l’Imprimerie des Aldes, où Histoire des trois Manuces et de leurs éditions ; par Ant. Aug. RENOUARD. Paris, chez Antoine-Augustin Renouurd. An X1.—1803. 2 vol. in-8.° Cet ouvrage est un traité profond et important de bibliographie et d’histoire littéraire : tous-ceux qui se sont occupés sérieusement des lettres , savent qu’Alde l’ancien et son fils Paul Manuce, méritent d'occuper les premiers rangs dans l’art si utile de Ja typographie ; qu’on leur doit la publication d’une infinité d'ouvrages anciens ; qu’on leur doit surtout de les avoir rendus d’un usage plus universel et d’une acq'isition moins dispendieuse; qu’ils ont employé pour la publication de ces précieuses éditions , leurs doctes veliles, et qu’ils ant été secondés Feu les S 4 280 Livres divers, hommes les plus savans. Une histoire de leurs tra- vaux est donc une partie intéressante de l’histoire littéraire de leur temps, les notices imparfaites qu’on avoit sur ces célèbres imprimeurs ne suffisoient point pour les faire bien connoitre; elle tient à tant de détails, qu’il falloit un homme à-la fois lettré, bi- bliographe et typographe pour la bien traiter. Per- sonne n’étoit donc. plus en état de remplir cette tâche que M. Renouard ; et on peut dire qu’il s’en est acquitté à la satisfaction générale, Le second volume , qui peut - être devroit être le premier , contient l’histoire des trois Manuces ; d’a- bord celle d’Alde Manuce, ou Alde l’ancien qui fut le fondateur de la célebre imprimerie Aldivne , puis celle de Paul Manuce , enfin celle d'Alde Ma- puce, connu sous le nom d’Alde le jeune , le dernier de cette famille. Ces notices biographiques emuras- sent donc depuis 1466 jusqu’en 1597. Elles sont ac- compagnées d'une foule de traits curieux relatifs à Vhistoire littéraire, et d’excellentes réflexions sur l’art typographique. Ce volume est terminé par une série de pièces justificatives très-rares et très-curieuses , telles que les différens privilèges accordés à Alde l’ancien par le sénat de Venise et par les papes ; le catalogue de ses editions donné par lui-même ; un catalogue des excellentes éditions d'André d’Asola, beau - pere d’Alde l’ancien; un autre des ouvrages vendus à Paris par les libraires Bernard, Turrisan et Co- Jombel , qui décoroient les ouvrages qu’ils faisoient imprimer du signe si renommé de l’imprimerie Al- dine ; un catalogue des ouvrages faits à limitation de ceux d’Alde. Ici on voit avec chagrin les peines que les contrefacteurs lyonnois causèrent à cet homme infatiyable , en copiant , et souvent en défigurant Livres divers. >8t desimpressions qui lui avoient couté tant de travaux, de dépenses et de soins. On iit avec intérét les avis publiés, par Alde lui-même , sur ces contrefactions. Le premier volume est entièrement consacré à la description de toutes les éditions publiées par les Aides ; elles sont rangées dans un ordre chronolo- gique, et forment les véritables annates de leur im- Primerie ; c’est pourquoi M. Renouard leur a con- sacré le premier volume. Chaque édition est décrite avec le plus grand soin ; M. Renouaïd , avant de se livrer à ce grand travail , à acquis toutes les éditions Aldines qu’il a pu rencontrer ; il ne lui en manque qu'un petit nombre dont il donne le catalogue ; il les a trouvées chez des amis ou dans les bibliothéques publiques , de sorte qu’il peut assurer , et on est aisement convaincu que toutes ces descriptions ont été faites sur les ouvrages mêmes. Ces descriptions sont semées de détails curieux sur le mérite des éditions, sur les divers travaux entrepris sur les - classiques, et de beaucoup d’anecdotes littéraires. Si > on compare ces descriptions aux notices d'éditions Aldines données par Nuger, Zeno , Manni, Lazzeri, Maittaire et Tiraboschi , on reconnoîtra bientôt combien ces guides étoient infidèles, ainsi que lim portance et l’utilité de l’ouvrage de M. Renouard. Outre ces grands catalogues par ordre chronolo- gique , on trouve encore une notice des éditions Aldines par ordre de matières. M. Renouard a joint à cet ouvrage les figures nécessaires pour completter tout ce qu’on peut de- sirer savoir sur les Aldes, Les portraits d’Alde l’an- cien et de Paul Manuce sont bien gravés au burin par l’excellent artiste M. Saint-Aubin, d’après des originaux authentiques, et celui d’Alde le jeune, est gravéen bois par feu Beugnet ; enfin , M. Renouard a 282 Livres divers. fait exécuter tres -fidèlement, par le même graveur en bois, les cinq marques différentes qui décorent et caractérisent les éditions Aïdines, signe si re- nommé que plusieurs imprimeurs l’ont adopté de- puis, sans donner pour cela plus de mérite à leurs éditiuns. On en trouve cinq figures depuis la forme la plus simple, adoptée par Alde l’ancien, jusqu’à celle où on les voit surmontées d’un aigle dans Pecus- son qui fut donné à Paul Manuce, par l’empereur Maximilien. M. Renouard , dans le cours de son ouvrage, se plaint souvent de la manière dont on imprime à- présent , du luxe avec lequel on réimprime tant d’ou- vrages, et de la négligence avec laquelle on exécute les livres d’un usage courant et utile ; de l’introdue- tion du papier non-collé et de eelle du papier vélin sans corps qui n'offre aucune solidité. Il a joint Pexemple au précepte , son édition est sans luxe , mais Je papier, est beau et fort, l'impression est soignée , disposée avec intelligence ; enfin , c’est un modele que devroient suivre tous ceux qui se mélent d'im- primer. A. L. M. À POÉSIE. CHoIX des plus beaux Morceaux dw Paradis perdu de Milton, traduits en vers par Louis Racine et Nivernois, avec une Notice sur sa vie, et l’Ana- lyse d'Adisson sur ce poëme. On y à joint une notice sur Gay, et ses ouvrages ; avec trois de ses fables traduites en vers ; par G. M. Bon- TEMPS. À Paris, chez l’auteur, Hbraire, rue de la Loi, n.° 760, Debray , libraire, place du Mu- séum, près le Louvre, n.° 9. x vol. in-18, prix x fr. So cent. et 1 fr, 8o cent. franc de port. On Livres divers. 283 trouve aux mêmes adresses : le Fablier anglois, Choix de fubles de Gay , Moore et autres, x vol. in-8°, 3 fr. Les MÉTAMORPHOSES d'OFIDE, traduction nou- velle ; par MALFILATRE, auteur du poème de Narcisse ; nouvelle édition, enrichie de 194 gra- suüres en taille douce , et augmentée d’une table à chaque volume, contenant l'explication abrégée des gravures qu’il renferme. À Paris, chez Crapart, Cuille et Ravier , libraires, rue Pavée-Saint-An- dré, n.° 12. 3 vol. in-8.° Prix, 24 fr. et 27 fr. francs de port, Les figures pouvant se joindre à l’ancienne édi- tion de Malfilatre, ainsi qu’à toute autre traduc- tion des Métamorphoses, de format in-8.° , se vendent séparément en 1 vol, in-8 12 fr, Poésres deMarguerite-Éléonore-Clotilde de V ALLON- CHALrs, depuis M." de Surville, poète francois -du quinzième siècle ; pupliées par Ch. VANDER- BOURG. À Paris, de l’imprimerie de Didot Paineé ; chez Henrichs , rue de la Loi, n.° 1231, ancienne librairie de Dupont. 1 vol. in-8°; prix 4 fr., avec gravures et musique 6 fr., idem papier vé- Jin 12 fr. 1 fr 25 cent. de plus, franc de port. Cet ouvrage excite l'intérêt et l’attention pour deux motifs; le premier parce qu’il est plein de paturel, de grace et de charmes; le second parce qu’on assure qu’ilappartient à ces temps de loyauté, d’honneur et de chevalerie, qui plaisent tant au cœur et à l'imagination. Iestimable éditeur, M. Vanderbourg, à qui nous devons l’excellente traduc- tion du Laocoon de Lessing , etabiit dans la préface 284 Livres divers. les preuves d’après lesquelles ces poésies doivent être de Clotilde de Survilie, née en 1405, et qui a chanté, en 1495, le triomphe de Charles VII. Ces poésies ont passé comme un bien de famille à Joseph-Étienne de Surville, qui a perdu dans son émigration le manuscrit original Cet infortuné à été fusillé en 1798. La copie qu'il avoit Faite de ce manuicrit a été remise, par sa veuve, à M. Van- derbourg qui la publie avec des notes explicatives, La plupart des morceaux ont été déja cités par les journaux , et on a révoqué en doute leur au- thenticité : pour nous, nous croyous très- fermement que le nom de l’auteur est supposé, et peut-être même la supposition est-elle quelquefois très-mani- feste. Ce recueil n’en sera pas moins précieux comme une charmante imitation de cette vieille poésie française, appelée improprement gauloise. L’ou- vrage est accompagné de vigneites et d’un frontis- pice d’un excellent goût. A. L. M. PME ALTIRONES. n L'ANTI-CÉLIBATAIRE ou les Mariages ; comédie en trois actes et en vers, représentée pour la pre- mière fois , en cènqg actes, sur le théätre Louvois , le 1.% nivose an XI; par J. B, PUJIOULX : édi- tion conforme à læ divième représentation. À Pa- ris, chez Huet, libraire, rue Vivienne, n.° 8. An x1. In-8.° de 59 pages, prix 1 fr. 50 cent, HERMAN et VERNER ou les Militaires, fait histo- rigue, en trois actes et en prose; pur M. F4r1à- RES. Réprésentée pour la première Jois par les comédiens sociétaires du théâtre Francois de la République ; le 27 floréal an XI. À Paris, chez \ } Livres divers. 285 Het , libraire, rue Vivienne, n.° 8. In-8.° de 63 pages. Prix 1 fr. 5o cent, UN£ FoLIE , comédie en deux actes , mélée de chants, paroles de J. N. BOUILLF, musique de MÉuUL, représentée pour la première fois sur le théâtre de l'Opéra comique national , le 15 ger- minal. À Paris, chez Huet, libraire, rue Vivienne, n° 8. An xX1— 1803. [n-8.° de 78 pages. Prix ï fr. 5o cent. ROMANS. {Le FIrzs D'ADOPTION ou Amour et Coquetferie , traduction libre d'un roman allemand d'Auguste Lafontaine, 2ntitulé HENRIETTE BELMAN ; par .Mime Isubelle de MONTozIEU. À Paris, chez Debray , libraire, place du Muséum central des Arts, n.° 9.3 vol. in-12. Prix 6 fr., 8 fr. francs. de port. MÉLANGES, SuITE des éditions stéréotipes d’après le procédé de Firmin Didot , en vente à Paris, chez Pierre Di- dot l'aîné, imprimeur rue des Orties, galeries du Louvre , et Firmin Didot, libruire , rue de Tluon- ville , n.°% 116 et 1850. Œur res de Montesquieu. — LETTRES Persannes, 2 vol, in-18. Prix, broché, papier ordinaire 1 fr. 7o cent.; papier fin, 2 fr. 7o cent.; papier vé- lin, 6 fr. 20 cent. ; grand papier vélin, 9 fr. _ 20 cent. ŒUVRES complettes de Voltaire. — SrÈCLESs de Louis XIV et de Louis XP, 5 vol. Prix brochés, 286 Livres divers. papier ordinaire, 4 fr. 25 cent.; papierfin, 6 frs 75 cent.; papier vélin, 15 fr. 5o cent.; grand papier vélin, 23 fr. ŒUVRES de Plutarque, traduites par Amiot , arec les observations de MM. Brotier et Vauvilliers. Nouvelle édition, revue , corrigée et augmentée d'un volume de divers fragmens inédits; par E. CLAVIER , actuellement sous presse. Ces 22 volumes, dont deux viennent de paroître , sont ornés de figures en taille douce , et de 136 mé- daillons fidèlement dessinés et gravés d’après l’an- tique. Le tome XXIIT, ainsi que les deux volumes de table, serviront à completter les deux éditions de Plutarque , publiées par le méme libraire. Ce XXXIIL® volume pourra encore servir de supplé- ment à une autre édition en 18 volumes in 8.° La souscription continuera d’avoir lieu jusqu’à l’époque de la publication de ce dernier volume, à Paris, chez Cussac, imprimeur-libraire, rué Croix-des-Petits- Champs, n.° 33, à raison de 6 fr. ; par volume , imprimé sur carré fin, in-8.°; 12 fr. 5o cent. sur carré vélin, même format; 8 fr. 50 cent. sur grand raisin fin, grand in-8.°; et 16 fr. 5o cent, sur grand raisin vélin, grand in-8.° GIoRNALE dell italiana Littératura. In Padova, 1802. 1 vol. in-8.° de 319 pages. Il y a longtemps que nous aurions dû rendre compte de cet intéressant journal, qui a commencé à paroître dans l'année 1802. Les trois premiers nu= méros que nous en avons reçus contiennent beau- Livres divers. 297 eoup d'articles curieux et intéressans. I] est dirigé par deux littérateurs très-habiles, M. le comte GrrozAMO del! Rro (1), et M. le comte Nrcoro dell Rro son frère, qui s'occupe -avec succès des sciences physiques. Ce journal est uniquement des- tiné à la littérature italienne dans toutes ses par- ties, de sorte qu'il devient indispensable pour tous ceux qui veulent être au courant de ce qu’on pu= blie en Italie. Deux numéros forment un volume; le premier est précédé d’un discours préliminaire fort bien fait. Ce volume contient, comme ceux qui le suivent, des extraits d'ouvrages nouveaux, et quelques mémoires inédits. Parmi les extraits, on distingue particulièrement ceux du Traté de M. Savi sur les Arbres de la Toscane ; de la Dy- narnique animale des Insectes, par M. COMPARETTI. Cet extrait renferme beaucoup de faits curieux et intéressans pour la physique et la physiologie, une notice de l'Analyse des Euux thermules de Monte- Jalcone, par M. VipaLr; un extrait de l’Histoire de la Fièvre épidémigque de G... , par M.RAssOrI;un autre du Zraité des Maludics des yeux du docteur |Scarra ( M. Léveillé en a donné aussi dans le Magusin, une excellente analyse); un extrait du Traité de M. Agostino GOBBETTI sur lÉpidémie (tifo contagioso) du district de Rovrigo, en 1801. Tels sont les divers extraits d'ouvrages sur les scien- ces physiques et médicales. On lit après cela avec plaisir deux mémoires particuliers, Pun sur les Pro- grès de la Vuccine en Ltalie , l'autre est une Lettre (1) C’est M. le comte de Girolemo del Kio qui m'a envoyé, pour la Bibliothèque nationale , un exemplaire de l’Enrico de Malmignati, poëme très-rare, dont le célébre d'Ansse de Villoison a donné un extrait fort curieux. Voy. Magasin Encycl. année V,t. I, p. 299+ ÿ18. A. L. M. 288 Livres divers. de M. Pezzont DE Lonr, sur l’Inoculation de là V'accine à Constantinople. Les principaux extraits d’écrits sur les sciences mathématiques sont : celui du Traité de M. CaAG-. NOLI sur les Sections coniques ÿ la Description de la nouvelle Carte d'Italie, publiée à Florence par M, Gio.- Antonio R1z21 ZANNONI. Dans Ja littérature, on remarque une notice de la Traduction.de Saluste, par M. Muttco DANDOLO; et plusieurs odes de M. PorcasrTro. Dass la partie de l’érudition , on trouve un très- bon Mémoire de M. Fincent MALACARN£, chirur- gien, sur un Sceuu de Ploms , qui représente une femme habiliée comme au quinzième siècle , et autour duquel on lit : SAL&SIN FILIE MOOTIS FERRATI VXORIS NEAPOLEONIS DE FILIIS VRSI. C'est-à-dire, Sigillum Alesinæ, filiæ marchionis Montisferrati , uxoris Neapoleoni de filis Ursi : Sceau d’Alesine, fille du marquis de Montferrat, épouse de Néapo- léon, un des fils d’Urso. M. Malacarné , après avoir . trailé son sujet avec une érudition qui atteste que: l’histoire du moyen âge, et surtout de sa patrie, lui: est aussi familière que l’art chirurgical, prouve que cette Alesina est la fille de Boniface IV, surnommé le Géant , épouse de Néapoléon ( de filüis Ursr ), baron romain , puissant et unique frere du pape Nicolas LIT, et qu’elle vécut de 1355 à 1388. j Ce volume contient enco:e beaucoup de notices intéressantes, qui font honneur au goût’ du savant éditeur de ce recueil. A. L. M. ne er Table des Articles contenus dans ce Numéro. Cursavnoetrz. Pierres tombées du ciel. 229 4 dE Fin de la Description des Monu- Memoria chirurgica sui Piedi forti | mens antiques envoyés au pre= cougeniti dei fianciulli, e sullah ++: Consul, par sa majesté la fnaniera di correggere questa dif- | co1 7 a Deux-Siciles. 224 Formità ; di Antomo Scarpa. 145 NiexoLo6is:. AnNTIQUITÉS, ; 3 Tort de Désoreuæ. 24e Monumens avtiques inédits ou nou vellément expliqués; par À L. Cac xSPONDAKNCE:. Aillin.Tome I, VL.° hvrais. 15t DER ; Extrait de plusieurs lettres de M. P1LMOGRArHI1IS. À. de Humboldt. ÉTAT Seconde Lettre de d'Ansse de Tuiiavuauzus. Villoison à M. Akerblad, sur : Inscription grecque de Rosette, La Prison militaire, êu les Trois Y : sur le titre de Dieu donné aux] prisonniers. 258 Yojs_ payens. et anx empereurs | Cassandre aveugle, ou le Concert grecs chrétiens , et sur l’ancien- F d’Arlequin. 26e neté du grec vulgaires *\ 174 F3 LIVRES DIVERS. . VARIÉTÉS, NOUVELLESETCOR- \ RESPONDANCE LITTÉR AIRES, Histoire naturelle, Annales du Muséun national d'hiss toire naturelle. Eés cahier, 268 1 Nouveztes ÉrrANGdnEs. 4 . Nouvelles de Padoue. 215 | Nouvelles de Pérersbourg. 14id. Anatomie, - ? Wouvellés de Copenhague. : 216 RSR { L Fragment d'Anatomie physiolopi- ‘ k que sur l’organisation de la ma 7 trice dans l'espèce humaine; par Jeau-Frédéric Lobstein. : 268 1 "Frawce, ) traordinaire, tenue par Ja Société des sciences et des arts (ci-devant le Lycée) de Grenoble. 216 à Société des sciences, leitres et arts de Rouen, 219 k. £ Notice de la classe publique ex- k Agriculture, Traité complet sur les Pépinières; par Etieuue Calvel. ‘Ibid, Médecine, Mémoires de Ja Société médicals d'Emulation, V.e année. . 264 à ociêté d'Emulation de Colmar, 220 na Pan 14. - Institut national. Métaphysique. Prix de Littérature. 222 ) Essai. d’Idéologie servant d'intro- IGrand prix de composition mur 2 cale. ne a ( ‘ duction à la grammaire générale; par L. J. J. Daube, dbide Ibid, Grammaire: Corrigé de la Catologie à l'usage de PL 207 Corrigé de la Cacographie, à dar: + ; 8 des instituteurs. * Benix -Arts, La Ville des Victoires sur le tha : de bataille de Marengo, dédi . au premier Consul de la Répu- blique françoise; par J: R/ Architecture. Architécture civile 3 par L. AL. : PTTA ." Ÿéid! “Economie politique. Recherchès sur. l'étst ‘actuel dés Sociétés politiques ; par le C.'A. M, Ragounecw. ” Ibid. * Staistiqués Annales de Statistique Francoise ot étrangère; par L. Ballois. XIIIe Livraison. ù a5g Géographie: Sphémérides géographiqües ühi- verselles , rédigés par une Société de savans , et publiés par A, C. Gaspari et F. J. Bertuch, Juin 3803. a70 Voyages, Voya e pittoresque de Const#iti- , nople et de ses environs; par M. L Melling. | Histoire. Ephémérides politiques, littéraires et religieuses; par les CC. Noel | et Planche: NE 276 Abrégée de l'Histoire d’Espagne de don Thomas d'Yriarte, “ne 1e de J'espagnol par Ch. Brune Abd: ‘ Antiquités. terra in Suecia eruta, =) bulis cereis er brevi Commen- .tatione illustrata ; ab J. Hal- lenberg. | 254 = Bibliogtaphies À ales de l'Imprimerie des Al: - 68; par À. À. Renouard. 27 Poésie. des plns beaux morceaux du ‘'aradis perdu de Milton, traduits en vers par Jouis Racsne et Nivernois. 284 Les Métamorphoses d'Ovide, tra- duction nouvelle; par af latre, 283 Poésies. de Marguerite - Fléonore+ Clotilde de Vallon -Chalys, des ! puis madame de Surville, poète françois du quinzième siècle ; Fe bliées par Ch. Fanderbourg. 15, Théâtres. : L'Auti - Célibataire; our kes Mas tiages ; par J, B. Pujoulx: 384 Herman et Vernér, ou les Mili- täires; par M. Favières. Ibid, Une Folie; par J.N. Bouilly. 288 Romans, ‘ Le fils d'adoption, ou Amour et. | Coquétterie ; par madame lsa- belle de Monvolieu. : Ibid, Mélanges. Suite des éditidns stéréotypes d’aprèg le procédé de Firmin Didor. = * OEuvres de Montesquieu: — Let tres persannes. — OEuvtes com plettes de Voltaire: =— Siècles de Louîs XIV et de Louig XV. 1bid. OEuvres de Plutarque, traduites par Amyor, avec les observations de MM. Brotier et Vauvilliers # nouvelle édition augmentée d'um volume ; E. Clavier … "a8@ Quoruor Monurnenta ænsa « |Giornale di ialians Literdura. Lx : {N° 7.) Écuchiaor ni À L: MAGASIN | ENCYCLOPÉDIQUE . JOURNAL DES SCIENCES, _ DES LETTRES ET DES ARTS, | Par A. te MiLuin. { AVIS DU LIBRAIRE, … Le prix de ce Journal est fixé: # à 9 francs pour trois mois, 18. francs pour six mois, 36 francs pour un an, tant poux Paristque pour les Départemens, franc de port. ) ON peut s'adresser au Bureau du Journal pans se. procüreË N mous les Livres qui paroissent en, Franceer chez l'étranger , et pour tout ce qui concerne la Librairie ancienne et moderne. C: Journal, auquel la plupart des hémmes qui ont un nom distingué, une réputation justement acquise ans quelque partie des arts ou des sciences, tela ue les CC. ALIRERT, DESGENETTES, BAsT, 'ILVESTRE DE SACY, FOURCROY, Harté, MDUMÉRIL, SCHWEIGHÆUSER, LACÉrÈDe, M'BarBIER , BARBIER DU, BOCCAGE, LANGLES , LaLanDe, LAGRANGE, LEBRUN, MARRON, MEN- MELLE , BASSiINET, MORELLET, NOEL, OBERLIN, CHARDON-LA-ROCHETTE ,CAILLARD, VAN-Moxs, Sicarp, TRAULLÉ, LÉVEILLÉ, CuviER , GEO Tome II, (9° An.) w Mio er FROY, VENTENAT, CAVANILLES, USTERT, Borx+ TIGER, VISCONTI, VILLOISON, WILLEMET; WainckLER,Fr. LOBsTEIN, etc. etc. fournissent dés\ Mémoires, contient l’extrait des principaux ouvrages nationaux : on s'attache surtout à en donner une ana= lyse exacte, et à la faire paroître le plus promptement ! possible après leur publication. On y donneunenotice des meilleurs écrits imprimés chez l'étranger, On y insère les mémoires les plus intéressans sur: toutes les parties des arts et des sciences; on choisit. principalement ceux quisont proprès à en accélérer les progrès. ‘, On y publie les découvertes ingénieuses , les inven- tions utiles dzns tous les genres, On y rend compte des expérieices nouvelles. On y donne un précis de. ce que les séances des sociétés littéraires ont offert de plus intéressant ; une description de ce que les dé- pôts d’objets d’arts et des sciences renferment de plus. curieux. | ‘On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués dont on regrette la perte; enfin, les nouvelles litté- raires de toute espèce. * Ce Journal est composé de six volumes in-8.° par an, de 600 pages chacun. Il paroît Je ‘premier de chaque mois. Ea livraison est divisée en deux nu- méros, chacun de 9 feuilles. D On s’adresse, pour l’abonnement, à Paris, au Bu- reau du Magasin Encyclopédique, chez le C. Fucxs, Libraire, rue des Mathurins, hôtel Cluny: 4 re HN ta { chez la veuve Changuion et d'Hengst: chez Van: Gulik. À Bruxelles, chez Lemaire. À Florence, chez Molini. A Francfort-suf-le-Mein, chez Eleischers À CU. ‘chez pts EEE CRE RSR ST SR À chez Paschoud, À Hambourg, chez Hoffmann. A Leipsic, chez Wolf. : : A Leyde, chez les frères Murray: A Londres, chez de Boffe, Gerard Streets À Strasbourg, chez Lévraulr. : 7 À Vienne, chez Degen. :: : À Wesel, chez Geisler, Directeur des Postes IL faut affranchir les lettres, ANTHROPOLOGIE. HISTOIRE NATURELLE DE LA FEMME, suivie d’un Traité d'Hygiène appliquée à son régime physique ét moral, aux diffé rentes époques de la vie ; par Jacques L. Moreau (de la Sarthe), professeur d’Hy- giène à l’Athénée de Paris, sous - biblio- thécaire de l'Ecole de médecine, membre des Sociétés médicales de Paris et de Mont- pellier, de la Société philomatique, de celle des Observateurs de l'Homme , des Sociétés de médecine de Bruxelles et de Bordeaux, etc. Avec onze planches gravées en taille douce et deux tables synoptiques. 3 volumes in-8.°, bien imprimés sur papier fin d’An- goulèême (1). À Paris, chez Ê. Duprat , Letellier et Comp.*, rue Saint-André-des- Arcs, n.° 40. Lo. ouvrage se compose de deux parties bien distinctes, savoir ; 1.° l'Histoire naturelle et philoso= phique de la Femme. 2.° La Physiologie spéciale du sexe féminin et l’Hygiene appliquée au régime physique et moral des Femmes dans les différentes périodes de la vie, (x) Il a été tiré de cét ouvrage quelques exemplaires sur papier vélim. Z'ome IT, A > 200 Anthropologie, PREMIERE PARTIE. Dans cette première partie, l’auteur réunit tous les points de vue de son sujet qui intéressent plus particulièrement le moraliste ou le physicien; et donnant à lHistoire naturelle de la Femme l'étendue qu’exige son importance, il emploie, à Pexemple de plusieurs naturalistes, des données de zoonomie et de médecine, sans lesquelles il eût été impossible de traiter complétement quelques points importans de cette premiere partie; tels que le pa- rallèle physiologique des deux sexes , la nature de la femme, les changemens que l’âge fait éprouver à sa constitution, les tempéramens dont son organisation est le plus susceptible , etc. etc. Les caractères qui distinguent l’organisation de Ja Femme de celle de la femelle des autres mam- mifères, forment le sujet que M. Moreau traite d’abord dans’cette première partie. Il range ces caractères sous deux chefs, 1.° les caractères communs aux deux sexes, 2.° les carac- teres propres à l’organisation de la Femme. Parmi les premiers que constituent priucipalement les dis positions de la main et du pied, les reliefs qui forment les fesses et les mollets, la direction du trou occipital , l’ouverture de l’angle fœcial , lau- teur place aussi quelques traits qui n’avoient point fixé l'attention des naturalistes , et qu’il rapporte à la forme du col et au nombre et à l’heureuse com- binaison des lignes ondoyantes et serpentines qui apparoissent à la surface du corps; caractères qui Femme. 291 / se présentent chez la femme avec une expression plus séduisante et plus marquée que dans l’homme, suriout à cette époque de la vie où ils résultent de l'élégance des. contours, de la transparence de la peau , de lPazur des veines, de la légerete et de la grace dans toutes les attitudes et les mourémens. Parmi les caractères de la deuxieme classe, la difficulté de Paccouchement , qui résulie de la con- formation du bassin, doit surtout fixer l'attention, Les auires caractères de la même classe sont la di rection du canal vulvo -utérin (2), et la présence de lhymen, qui souvent accru et affermi avec l’âge, augmente les difficultés des premières approches conjugales. De ces considérations, M. Moreau passe à un pa- rallele des deux sexes très-étendu, et dans lequel, appliquant à son sujet une nouvelle division ‘des phénomènes de la vie, il compare l’homue et la femme dans les quatre grands ordres des fonctions que comprend l’exercice le plus complet de l’orga- nisation ; savoir : 1.° LES FONCTIONS DE REPRO- DUCTION; 2° LES FONCTIONS DE RELATION (/& locomotion et la sensaiion ) ; 3° LES FONCTIONS SPÉCIALES DE NUTRITION / lu digestion, l’ub= sorption ; la circulation, dont la respiration n’est qu’un iemps ou acte ); 4.° les FONCTIONS GÉNÉ- RALES DE NUTRITION, ou la vie réduite à sa plus simple expression, (2) Canal vulvo-utérin , dénomination que M. Moreau substitue à celle de vagin, qui ne donne pas une idée aussi exacte de la position et des rapporis de l’orgaue dont il s’agit. > Ta / 292 Anthropologie. Nous ne suivrons pas, d’ailleurs, M. Moreau dans les détails auxquels le conduit l'examen de l’homme et de la femme, ainsi observés dans tous les phé- romènes de la vie où Pexpression des sexes paroît se montrer, et nous nous bornerons à citer quelques passages de ce parallele, en choïsissant d’abordile suivant qui termine l’examen du squelette fémi- nin : « Les caractères du bassin, dans la femme, « présentent des résultats très-importans à Panato- “ miste philosophe; sa largeur, sa forme et le rap- « prochement des genoux influent, d’une manière « sensible , sur la marche, que ces dispositions « rendent vacillante et mal assurée. Par la même “ cause, réanie à un pied plus étroit, à la position « des épaules et à la direction générale du corps, « les femmes, qui exécutent avec tant d’adresse « les mouvemens doux et légers, ne se livrent pas « avec avantage aux grandes évolutions ; courent « difficilement, sans graces; fuient mal, pour être « atteintes, comme disoit Rousseau ; et ne peuvent « se consacrer à des professions pénibles, à des’tra- « vaux dont le sexe plus foit doit être exclusive- « ment chargé, sans s'éloigner de leur nature, et « Juiter contre leur organisation. » Dans un autre endroit de sa physiologie compa- rée des deux sexes, M. Moreau, après avoir re- marqué qu’en général Jes femmes consomment, toutes choses égales d’ailleurs , une quantité d’ali- mens moins considérable que les hommes, ajoute: “ Les femmes auxquelles des professions pénibles, ou « des habitudes vicieuses n’ont pu enlever une par- 4 Femme, 203 « tie de leurs attributs et de leurs charmes, usent e aussi moins abondamment que les hommes, de « boissons alcooliques ; et si notre ivresse est quel- « quefois accompagnée d’une franche gaieté et « d’une sorte de plaisir, celle des femmes repousse, « est hiteuse, et devient une profanation des graces « et de la beauté, un état que d’ailleurs la mobilité « nerveuse de la constitution féminine rend plus dan- # reux , et complique souvent d'accès histériques « très-funestes. « Certaines qualités d’alimens que dédaisnent les « hommes sont en outre recherchées par les femmes, « qui préferent presque toujours les mets agréables « et légers aux substances qui nourrissent beaucoup, “ sans flatter le palais de leurs parfums et de leur s saveur. D’autres gouts, d’autres appétits ne pa- « roîtroient pas naturels ; et, si l’on observe l’effet « désagréable que produit , en géneral, le spectacle « d’une femme qui mange ct boit avec excès, qui « dévore des alimens grossiers et les engloutit avec “ avidité, on sera tenté de croire que la beauté, « digne d’un régime moins terrestre, moins matériel, « doit se nourrir d’encens et ne vivre que d’am- “ broisie, » | Au tableau comparatif des deux sexes, M. Moreau a ajouté des remarques sur l’hermaphrodisme, qui complettent ce tableau, en l’enrichissant de plusieurs faits très-curieux. Son troisieme chapitre a pour cbjet lexamen physiologique de la beauté qui, suivi, développé avec beaucoup de détails, et d’après un nouveau Nu Te 204, Anthropologie. plan de recherches, comprend 1.° des remarques sur les circonstances qui sont plus ou moins fa- vorables au sentiment du beau, 2.° Le tableau des modeles qui réunissent au plus haut degré les ca- ractères d la beauté; 3° L'examen de ces carac- tères considérés dans la conformation des différentes parties du corps et dans les attributs généraux de proportions, de grandeur, d’expr sion; et 4.° Pana- lyse particulière du sentiment que fait éprouver l’as- pect du beau idéal; 5.° enfin , des vues générales sur Ja patrie de la beauté : article très important et dans lequel l'auteur traite des effets du climat sur la perfection des formes chez les femmes, de la comparaison des différentes parties du globe reia- tvement à cet effet, et des circonstaaces qui ont le plus d'influence sur la beaute , tels que le croisement des races, la qualité des alimens , la nature des mé- tiers et des professions. Le troisième chapitre présente un grand nombre d’aperçus nouveaux et plusieurs applications d’une physiologie transcendante à la théorie des beaux arts, ainsi qu’on pourra le voir dans les passages suivans , où l’auteur considère la beauté dans ses rapports avec les autres qualités et facultes de l’organisation. « Les grands modeles de beauté nous plaisent « non-seulement parce que leurs formes, leurstraits «“ sont combinés et disposés de la maniere la plus heu- «“ reuse pour affecter agréablement Porgane de la « vue; mais encore parce que tout cet extérieur «* semble répondre à des qualités sublimes et an- « noncer un plus grand degré d'élévation dans Ia Femme. 208 condition de l'humanité. L’imagination croit voir alors l’excellence d’une nature supérieure percer LA à travers une enveloppe matérielle et animer d’un feu divin toutes les parties de ces grandes com- positions, “ Tels doivent paroître plusieurs des monumens grecs, aux regards des physiologistes, dont l'esprit passe rapidement de la beauté des formes au dé- veloppement vital qu’elle lui fait supposer. « Oh! si jamais la nature réalisoit Îles fictions du ciseau antique ; si dans la formation de homme elle s’élevoit à cette perfection que Îles beautés de l’Apollon paroissent révéler, quelles faculiés, quelle puissance de vie seroient attachées à une semblable organisation! u ‘« Le génie le plus élevé ne répondroit-il pas à la “ conformation de la tête, à cette g ande ouverture de l'angle facial, qui donne la mesure du cerveau et de Pintelligence, ; « Les muscles, dépourvus de ces rudes saillies qui rappellent des exercices violens, et signalent la constitution d’un athlete , exécuteroient sans efforts des mouvemens rapides et légers. Le corps livré à leurs faciles contractions, se détacheroit du sol avec grace , et paroîtroit tenir à peine au séjour terrestre. « Le sangle plus pur animeroit toutes les parties ÿ les différeus organes exerceroient leurs puissances respectives daus tous Îes sens, dans toutes les di- rections , sans que jamais la foiblesse d'aucun d’eux T4 2096 Anthropologie. ou sa prédominance d’action fit naître un fem- pérament particulier ou le plus léger obstacle au développement plein et entier de tous les moyens, de toutes les puissances de la vitalité. « La beauté humaine paroit done résulter de la perfection des formes , et de l'accord de cette per fection avec un degré de supériorité et un déve- loppement très- étendu du‘ mode d’existence qui est propre à l’homme. Tous les traits extérieurs qui disiinguent davantage Porganisation humaine de celle des animaux, doivent, d’après ces vues, contribuer principalement à la beauté et en former les principaux caractères. En effet, plus les formes distinctives de l’homme se prononcent et révelent avec une grande expression la supériorité de sa nature, et mieux elles font naître en nous l’idée de la beauté. Si elles sont légerement esquissées, ou développées d’une manière incomplette et tres- peu caractéristique , leur aspect est repoussant , hideux ; nous lui rapportons aussi-tot l'idée de la laideur. | « Les types de l’Apollon et de la Vénus qui réunissent si completement tous les attributs du beau, présentent avec une expression surnaturelle tous les caractères de l’homme, et sont séparés par une espace immense du dernier comme du premier des singes, tandis que les différentes variétés de lespece humaine s’en rapprochent d’autant plus qu’elles s’éloignent davantage de la beauté, come ‘ on-le voit dans le nègre ei le kalmouc, qui'sont Femme. 297 plus voisins du orang-outan que les individus de la belle race. « En dernier résultat, la beauté humaine*sem- ble donc consister essentiellement dans la réunion la plus complette des caractères extérieurs de l’homme, qui nous paroît toujours d’autant plus beau, qu'il est plus homme et plus disposé à remplir les grandes destinées de son espèce. “ Cette manière de considérer la beauté est éga- lement applicable aux deux sexes; mais dans le type de la femme, le modèle de le:pèce présente des nuances particulières ; le beau dont il est sus- ceptible se rapproche davantage de la manière dont Buike le considère, pour le distinguer du sublime ; tous les traits, tous les caractères, tous les attributs en sont aimables ; ils n’inspirent point la crainte ni le respect ; ils caressent également . Pœil et l'esprit, ils font naître la tendre prédilec- tion, le desir, l'amour. « L'air sévère, un trait de rudesse , ou même le caractère de la majesté nuiroit à l’effet de ce genre de beauté que nous desirons dans fa femme ; et c’est avec raison que Lucien nous re- présente le dieu des amours efayé de l’air mas- culin de Minerve. « La beauté mâle a sans doute un plus grand caractère ; elle occupe davantage la pensée, et indique peut-être une organisation plus parfaite et une sphere de vitalité plus étendue. La beauté de la femme est moins imposante et plus aimable, 208 Anthropologie. elle inspire moins d’admiration que d'amour, elle s'adresse plutôt à lœil , aux sens en général, et au cœur qu’à lesprit. Les formes du plus bel homme, l’Idéal, l’Apollon , par exemple, ap- pellent toutes les idées de perfection et de supé- riorité dans tous les actes de la vie, et indiquent la force, le génie, la plénitude de toutes les qua- lités de la nature humaine, et l’entier dévelop- pement de leur perfectibilité, ou même une excellence surnaturelle. Le sentiment que fait naître le caractère de la beauté féminine, porté également jusqu’à l'idéal, comme dans la Vénus, est plus agréable mais plus resserré, plus ex- clusivement relatif aux attributs du sexe, pius rapproché de lémotion que de la pensée, et des lors plus lié à des idées de plaisir, d'amour et de volupté. Un bel homme et une belle femme ne doivent pas d’ailleurs être comparés l’an à l’autre. En ce qu’ils ont de commun, dit Rous- seau, ils sont égaux ; en ce qu’ils ont de différent, ils ne sont pas comparables. Une femme parfaite et un homme parfait ne doivent pas plus se res- sembler d'esprit que de visäze, et la perfection n’est pas susceptible de plus et de moins. Ajou- tons, d’apres les réflexions qui précedent , que leur beauté respective est toujours un produit compo- sé, et dont les deux facteurs sont : 1.° l’expres- sion la plus complette et la mieux prononcée des caractères de l’espèce ; 2.° le développement non moins remarquable du sexe et de l’ensemble de Femme. 209 2 [MN toutes les différences et de toutes les nuances que nous avons déja indiquées, et qui tiennent aux fonctions sexuelles par une liaison , par une sym- pathie qu'il n’est pas toujours possible d’aper- « cevoir. » Les autres objets traités dans la seconde partie de Pouvrage que nous analysons, sont : l’examen spécial de la natu:e de la femme, le tableau de ses âges, l’ana- lyse des tempéramens dont son organisation est le plus susceptible, et l’histoire des variétés que nous offrent chéz les peuples anciens et modernes , sa constitution physique, sa condition , ses rapports avec l’autre sexe, ses mœurs particulières, et prin- cipalement les usages relatifs à la cosmétique et aux habillemens. Ce dernier point de vue de la monographie spé- ciale des femmes est très-étendu , et forme à lui seul un ouvrage qui manquoit depuis longtemps à notre littérature philosophique. SPFCONDE PARTIE La physiologie spéciale du sexe féminin forme d’abord l’obiet de ceite deuxième partie, et com- prend, sous deux principaux chefs: 1.° l’histoire de ce sexe considéré dans tous les êtres qui se repro- duisent par génération; 2.2 liistoire particulière du sexe féminin dans l'espèce humaine. Au premier chef se rapportent trois sections , savoir : 1.° les expériences de Spallanzani , dont les résultats font connoitre l’influence essentielle du 300 Anthropologie. sexe féminin dans la génération; 2.° l’histoire natu= relle des particularités du même sexe , considérées relativement aux différences dans Punion conjugale, les modes de fécondation et de développement ; 3. l'anatomie et la physiologie comparée du sexe féminin. L'histoire particulière de ce sexe dans l’espèce humaine, comprend son anatomie et sa physiologie que l’auteur préiente d’après l’état actuel des con noissances et en les éclairant souvent par des aper- çus, des expériences et des observations qui lui sont propres, ou qui lui ont 6€ communiquées par ses collégues Burdin, Bichat , Dupaytren, etc. L’éruption des règles, la virginité, le mariage et Ja conception formant d’ailleurs, dans l’histoire phy- sique de la femme, des événemens dont on est porté à s'occuper avec, une sorte de prédilection, M, Mo- reau a cru devoir leur consacrer des détails tres- étendus. Cette partie de louvrage est terminée par des vues générales sur quelques problémes pbysiologi- ques, que toutes fois l’auteur avoue ne pas êire également dignes de fixer l’attention du philoso+ phe, et qu’il réduit aux œuestions suivantes : Les femmes éprouvent-elles plus vivement que les hommes le, plaisir de l’amour (3) ? Peut-on : procréer les sexes à volonté? Quelles sont, en gé- (3) Cette question a fait le sujet d'une thèse qui se trouve dans la collection unique et curieuse de Baron, sous le titre : AN sazacion Murs vo? Femme. d0T, néral, les circonstances. les plus favorables ou Îles plus nuisibles à la fécondation ? Enfin que doit-on penser de lPinfluence de la mére sur la beauté et les autres qualités du produit de la génération ? La premiere et la deuxieme de ces questions sont plutôt indiquées que sérieusement examinées ; ef relativement à l’influence de la volonté sur la dé- termination du sexe des esfans, l’auteur observe qu'il suffit pour en démontrer limpossibilité, de remarquer que, dans la fécondition, la semence ne {ombe pas à droite ou à gauche comme dans des canaux inertes, mais qu’elle est portée et con- duite jusqu'aux ovaires par l’action involontaire des conduits qu’elle parcourt; il remarque en outre que les oiseaux n’ont qu’un ovaire, et que l’extirpation de l’un de ces organes sur une femelle de mammi- fère ne l’empéche pas de procréer des males et des femelles. La question relative. à l’influence maternelle sur les produits de la conception, et diverses recher- ches sur les principales causes de fécondité ou de stérilité, donnent lieu à des développemens plus di- gnes de lhistoire naturelle. ! Les principales causes de la stérilité sont rangées sous ‘deux titres : 1.° les causes générales ; 2.° les causes particulières. Au premier titre sont rapportés un défaut de convenance dans le tempérament des époux ; l’usage de certaines boissons, un embon- point excessif, des antipathies, d:: degoit et des iufinnités qui repoussent l'amour, des maladies sus- 302 Anthropologie. ceptibles de se transmettre par voie de génération, Les causes partie lières sont principalement les conformations vicieuses, et quelques maladies des organes de la génération , soit qu’elles forment des obstacles invincibles à la conception , soit qu’elles puissent étre corrig'es par une heureuse application de la médecine. Les détails consacrés à Vexamen de ces différens objets sont suivis de re- marques et d'observations d'un grand intérêt sur les formes et les qualités qui se transmettent par voie de génération, l’influence de la mere sur la consti- tution des enfans, celle du père sur la beauté des formes et l’examen des effets que doit avoir l’état de foiblesse ou d'exaltation des organes mâles, au moment de la conception. Voici comment l’auteur s’exprime à ce sujet, en faisant une application aussi neuve qu’'ingénieuse des idées de Bordeu sur l’action des glandes, « L’emploi des organes masculins étant une sé- « crétion , ses résultats , comme tous ceux des “ opérations du même genre , dépendent néces= « sairement de la sensibilité des filtres actifs et « animés qui les effectuent ; et si la salive est plus « pénétrante lorsque la faim ou la présence ‘d’un «“ aliment desiré en détermine une plus abondante “ excrétion, si les larmes sont brüiantes lorsqu'une « douleur tres-vive ou une irritation mécanique les « fait couler, si plusieurs autres sécrétions s’exaltent « ou changent de nature lorsque les organes sont «“ plus vivement excités, pourroit-on se refuser à 2 Femme. 303 = pénser que l’élaboration de la semence n’est pas « soumise aux mêmes lois, que la liqueur prolifique « qui est formée et versée pendant l'émotion rapide « d’une volupté sans énergie, jouit des mêmes pro- « prictés et exercera la même influence sur le ger- “ me, que celle qui s’élabore et qui est lancée dans « les circonstances d’une irritation vive, d’une ar- « deur sans borne et d’un ineffable plaisir- » L'hygiène spéciale des Femmes fait suite et sert de complément au tableau physiologique du sexe fé- minin. L'auteur qui la fait essentiellement consister dans les soins et les applications diététiques, dont les principaux événemens de la vie sexuelle sont Vobjet, en rapporte successivement les diverses par- ties, 1° à la menstruation ; 2.° à l’amour physique et au mariage; 3° à le grossesse ; 4.° à l’accou- chement et aux suites de conches ; 5.° à l’alaitement; 6.° à la cessation des rèoies et à la mort du sexe. Ce qui concerne la menstrualion conduit à exa= miner les symptômes de son début, leurs difficultés, l'éducation physique qui les prévient ou les dimi- nue, les retours, les accidens des rèles pendant le cours de la vie, enfin le régime le plus appro- prié à la direction de ce phénomène, et les at- tentions , les soins, les égards dont les femmes doivent être l’objet pendant tout le temps de leur durée. Le chapitre sur l’amour physique et le mariage p’a pas moins d’étendue, et embrasse une suite de considérations tres-importantes sur le danger des 204 Anthropologie. jouissances prématurées, des plaisirs solitaires, et des habitudes lesbiennes ; les effets de l'amour phy- sique exalté ou non satisfait, l'inconvénient du veu- vage, la fureur utérine et la nymphomanie, les vapeurs, les migraines qui dépendent de la même cause, enfin la consomwation du mariage , les pré- cautions , les égards qu’elle exige dans quelques circonsiances , et le régime des nouvelles épouses. Le chapitre sur l'hygiène spéciale de la femme enceinte se compose de plusieurs articles, dans les- quels, apres avoir présenté quelques vues gésérales et philantropiques sur la grossesse, on rapporte le régime particulier qu’exige cet état; 1.° à la di- rection des imouvemens musculaires et de la sensi- bilité; 2.° au choix des alimens; 3° aux relations ° aux saignées de précaution, atmosphériques; 4. aux pertes de sang et aux accouchemens prématu- rés. Le même chapitre a aussi pour objet d’éciairer la sensibilité et les soins des personnes qui environ- nent les femmes pendant l’accouchement , et d’ap- pliquer aux suites de cette pénible fonction des vues d’hygiene capables d’en diminuer le danger. L'auteur termine ce chapitre de la manière sui- vante : « Un résultat bien important de l’arithmé- “ tique politique nous apprend que la plus grande u mortalité des femmes est entre 20 et 35 ans, « c'est-à-dire, dans la période où l'accouchement “ et ses suites multiplient davantage pour elles les « chances d’une mort accidentelle et prématurée. « D’autres résultats du même genre font connoître ,: a qu à , 6 Femme. . 305 w qu'a Genève, à Londres, à Dublin, à Manchesg= # ter et dans plusieurs autres villes de l'Angleterre, “u des soins bien administrés, et une distribution « moins intpale des bienfaits de la civilisation, ont # beaucoup diminué le nombre des femmes qui « meurent en couches, depuis le commencement du “ dernier siècle. « Quels motifs pour donner un nouveau degré « d'activité à l'attention des gorvernemens qui, « depuis quelques années, se sont beaucoup plus “ occupés de cet objet important , et auxquels, “ néanmoins, il reste beaucoup à exécuter, si l’on “ compare Ce qui a éié Fait avec ce qui reste à “ faire, et avec ce que réclame des administrateurs “ de la chose pnblique ; l’état d’un sexe qui a « tant de droits à tous les genres de secours et de = protection ! » L'intéressante question de l’alaitement maternel, quelques réflexions sur un passage de l’Émmile rela- tivement à cette question, la préparation du sein, de mode d’alaitement, le régime qui convient pen- dant l’exercice de cette fonction, et les soins, le traitement qu’exige le sevrage ; tels sont les objets compris dans le cinquième chapitre et rapportés à l'hygiène spéciale des nourrices, avec un détail et une sollicitude qui ne laissent rien à desirer. La cessation des regles demandent d’autres soins, et M. Moreau présente aux femmes qui touchent au moment de celte crise, toutes les données et les conseils dont l'application lui paroït propre à 1en- Zome Il, V 306 Anthropologie. dre ce passage moins dangereux et moins difficile. Les autres fonctions vitales sont communes aux deux sexes, ct en tout semblables à l’homme , ex- cepté dans les traits et les nuances générales qui dépendent de la nature des sexes, la femme est assujettie aux mêmes besoins et doit, comme lui, régler le développement de sa sensibilité, user d’un aliment réparateur , des bienfaits du sommeil, d'un air pur et d’un vêtement qui la protége contre Îles intempéries atmosphériques. M. Moreau a cru ce- pendant que quelques parties générales de Phygiène devoient être considérées dans leurs rapports par- ticuliers avec la santé et le bonheur des femmes, ce qui Pa conduit à traiter successivement et sous ce point de vue; 1.°-de la direction du mouve- ment musculaire et de la sensibilité; 2.° des rap- ports atmosphériques; 3.° de la cosmétique consi- dérée comme l’ensemble des soins et des moyens qui ont la beauté pour objet. Ce dernier article est Je plus étendu. Il ne se borne pas aux soins et à la culture de la peau, maïs s'étend à Ja disposition des vêtemens, et appliquant l’arthopédie à l'art du tailleur, fait connoître plusieurs moyens à l’aide desquels on peut aisément faite valoir et conserver la beauté des formes, où même prévenir et corriger plusieurs difformités. ‘L'auteur de l’ouvrage dont nous venons de ren- dre compte ne s’est pas borné au point de vue écientifique de son sujet. 11 a recueilli, dans les écrits des littérateurs es des philosophes, tous les Femme. 307 fraits qui pouvoient s’y rapporter et les a liés par des rapprochemens très- heureux et qui lui sont propres; ce qui répand beaucoup de variété et d’a- grément dans son ouvrage. Quant au fonds du travail, nous pouvons assurer qu’il est constamment au niveau de létat actuel des connoïssances chi- miques, physiologiques et médicales ; et que M. Mo- reau a cherché en outre à contribuer, sur différens points, aux progrès de la science, soit par des aper- çus nouveaux , soit par des résultats particuliers d'expérience et d’observations, C. DUMÉRIL, PU YSIOLOGTE ZA GLANDE PAROTIDE Considérée sous $es rapports analomiques , physiologiques et pathologiques ; Essai presenté à P Ecole de médecine de Paris, par À. L. MURAT, médecin-chirurgien en second de l'hospice de la Salpétrière, membre de la Société médicale d’émulation de Paris, etc. Les monographies contribuent puissamment aux progrès des sciences, a dit le savant et judicieux auteur de la nosographie philosophique. L'utilité et les avantages de ce genre de travail ont été for- VA 808 Physiologre, . tement sentis depuis quelques années, et nous pos- sédons aujourd’hui, sur presque toutesles maladies, ces dissertations ou traités particuliers qui nous permettent espérer que nous sommes arrivés au point où nos richesses en ce genre sont presqu’en rapport avec nos besoins. La dissertation que nous annonçons nous manquoit cependant encore, et nous devons savoir le plus grand gré à M, Murat, d’avoir si heureusement rempli cette importante lacune. Personne ne s’étoit encore occupé de tracer le tableau général et assez nombreux des affections de la glande parotide. Nous ne possédions sur la plu- part des maladies de cette glande , que quelques préceptes généraux et assez vagues, ou quelques obserrations isolées, M. Murat a soigneusement rapproché les faits les plus exacts, dont il s’est servi comme d'autant de matériaux, pour tracer l'his- toire de la glande parotide. Je vais offrir le plan de san travail. Persuadé qu’on ne doit s'élever à la connoissance des maladies qui peuvent affecter un organe , sans se faire une idée exacte sur ses rapports de situation, sa forme, sa structure, ses usages, il a cru devoir présenter d’abord Püistoire anato- mique el physiologique de cette glande. C'est sur- tout dans les fistules de son conduit excrétant, que l'étude de lanatomie fait sentir ses grands avanta- ges. Les notions les plus exactes sur les rapports de la parotide avec les parties qui l’avoisinent , ne sont pas moins nécessaires lorsqu'il s’agit de pro- noncer sur l’exirpation de cette glande squirreuse. bé a, rs “4 \ Glande parotide. 3c9 Le mode de transmission de la salive dans la ca- vité de la bouche par l’intermède du canal de sténon, a été un sujet de division parmi les physiologistes ; mais l'opinion du grand Bordeu a prévaiu, et l'on est aujourd’hui généralement convaincu que Paction vitale est la cause eisentielle de toute excrétion ; et se prononcant en faveur de ce célebre médecin, M. Murat offre le résultat de quelques! recherches anatomiques qui confirment les vérités énoncées par ce physiologiste. Il a remarqué à lhospice de Bicêtre, sur les cadavres de quelques hommes qui fumoient habituellement , que les glandes salivaires avoient plus de développement et vne coueur d'un blanc roageâtre plus intense, que les mêmes glan- des considérées sur les cadavres d’hommes qui n’a- voient pas contraeté cette habitude. Îl est, je crois, Île premier qui nous ait fait connoitre une semblable disposition organique. Apres avoir considéré la glande parotide dans Pétat sain et aux différentes époques de la vie, l'auteur Fétudie dans l’état de maladie. Il range , sous quelques chefs principaux , les diverses especes _d'engorgement dont cette glande salivaire est sus- ceptible. Il commence par considérer les tumeurs qui se développent au-dessous des oreilles, princi- palement chez les enfans, et qu’ou nomme oreillons. On sait qne leur aflfaissement est fréquemment suivi d'une fluxion sur les testicules, et quelquefois sur d’autres organes essentiels à la vie. Ici M. Muras & rassemblé les faits qui lui ont paru offrir le plus Y à 310 Physiologie. d'intérêt pour établir la doctrine curieuse, intéres- sante et encore trop méconnue, des métastases qui surviennent lors de laffaissement de ces tumeurs. Ces considérations le conduisent à l'examen des tu- meurs des parotides qu’on regarde comme crise Où comme symptômes de quelques maladies aiguës. On pensoit généralement que Te tissu cellulaire qui re- couvre et avoisine cette glande étoit le siége de ces engorgemens, M. Murat croit être autorisé , d’après des recherches et des dissections muitipliées, à assurer que l’engorgement se propage le plus or- dinairement jusque dans le tissu propre de cette glande. La parotide est susceptible / comme tous les autres organes glanduleux , d’être affectée par des engor- gemens qui ont une marche lente. « Tantot, dit « l’auteur, le développement de cette glande tient « à la dilatation des vaisseaux qui vont l’alimenter, « maladie heureusement tres-rare, et cependant « très-essentielle à connoitre ; tantôt à la salive re- « tenue dans ses conduits excréteurs; quelquefois « elle acquiert un état squirreux. Nous n'avons « peut-être pas d’exemple bien constaté qui nous « prouve que linduration de cette glande passe à « l’altération cancéreuse. » On a souvent confondu le squirre de la parotide avec des tumeurs développées sur le trajet de cette glande. L'auteur donne les caracteres propres à faire distinguer toutes les différentes espèces de tumeurs, lorsqu'elle n’ont pas acquis un très-grand dévelop L4 - : - Glande parotide. 311 pement. Ces caractères, quoiqu’en petit nombre, sont d’un grand secours dans le diagnostique souvent obscur de cette maladie, Pour mieux faire saisir, ou plutôt pour faire ressortir avec plus de force ceux qui appartiennent au squirre de la parotide, M. Murat les met en opposition avec ceux qui Ca- ractérisent les tumeurs développées sur son trajet, et qui ont, avec l’engorgement de cette glande, plusieurs traits de ressemblance. La connoissance des moyens curatifs le conduit à l’extirpation de cette glande squirreuse; question chirurogïcale importante, qu’il essaye de résoudre en s’aidant des connoiïssances anatomiqnes et des faits les plus exacts publiés sur cette opération. Sans se dissimuler ses dangers, il cherche à prouver que cette opération tres-redoutée ou peu connue en France (1),n’est pas impossible comme on l’a ayancé, On sait en effet qu’elle a été pratiquée avec le plus gravd succes, et un assez grand nombre de fois, en Allemagne, en Suede, en Hoiïlande, en Espagne, etc., etc, Après avoir parlé des divers corps vulnérans qui peuvent intéresser cette glande et son conduit ex- créteur, l’auteur présente l’hisioire des fistules sa- livaires d’une maniere plus détaillée qu’ou ne l’avoit fait jusqu'ici. Ce genre d’altération organique, quoi- que très connu de nos jours par plusiehrs observa- (1} La littérature médicale francoise ne nous offrant presque rien sur ceile question, l’auteur a été obligé de metire à contribution des ou« vrages allemands, suédois, hoilaudois , etc. V4 313 Physiologre. tions particulières et quelques mémoires publiés à ce sujet , nécessitoit une distribution méthodique des différens moyens curatifs proposés, et le rap= prochement de beaucoup de faits épars, égarés ou isolés dans de longues discussions. Enfin M4, Murar termine son travail par l’énoncé de quelques faits rares et peu connus, qui consta- tent que le canal de S/enon est susceptible comme celui de Æfarton, quoique beauconp plu. rarement que ce dernier, d’être distendu par la salive, lors- que son orifice fermée par quelque substance’ en« durcie, ou son diamètre rétreci par une tumeur sis tuée sur son trajet, s'opposent à l'issue de ce fluide. La dissertation medico-chirurgicale que nous ve nons de faire connottre , est écrite avec ciarté et pré- cision, le style en est simple et naturel, Pérudition yest employée avec choix et discernement ; et nous pensons que cette thèse, faite pour honorer son auteur et fixer l'attention de l’école céèbre à la- quelle elle a été présentée, doit être lue par tous les hommes qui suivent les progrès de la science médicale. sclst OREE DPALÆOGRAPHIE. TROISIÈME LETTRE de D'ANSSE DE VILLOISON à M. AKERBLAD, Corres- pondant de Pinstitut de France, sur l’In- scription grecque de Rosetle (note 1), et sur les Fêtes solennelles des Egyptiens eë des Grecs anciens et modernes , et sur le Dialecte Macédonien. Li LEE ET SAVANT AMI, ET CONFRÈRE , Je continue mes remarques sur Inscription grecque de Rosette, et m’empresse de vous en faire passer la suite. Vous avez acquis des droits sacrés, mon cher Hiérophante, sur tout ce qui concerne l'Egypte, et vous êtes le véritable Œüdipus Æagyptiacus. Notre inscription de Roseite ( note 2) parle des revenus affectés à l’entretien des temples et de leurs ministres, des contributions annuelles qu’on leurpayoit tant en bled qu’en argent; en un mot, de tous les droits qui leur étoient acquis du temps de Ptolémée Philopator ; et ajoute ( note 3 ), que son fils et successeur Ptolémée KEpiphane , ordonna que ces droits gives èmi papas, ce que notre savant confrère Ameïilhon traduit en latin, manere per regionem , (note 4), et en françois ( note 5 ), continuerotent se percevoir dans le pays, : 314 Palæographie. I étoit difficile de les percevoir hoïs du pays, vû surtout la nature de ces biens qui consistoient pour la plupart en portions de terrain réservées et con- sacrées aux dieux, sur les vignobles , sur les vergers, en terres labourables qui formoient ce qu’on apyeloit la terre sacrée ( note 6 ). . d’observerai ensuite, que si 272 apr gere vouloit dire ici, dens le pays , il y auroit xalè T'HN xéper, avec Particle qui est exprimé dans d’autres engroits de la même inscription { note 7). Agatharchide a dit de même (note 8), en parlant de l'Egypte, zala T'HN xéper tx, comme Hérodote ( note 9 }» © T'HI xûpe. Mais eve mi gps, dans ce passage de notre inscription, et partout ailleurs, signifierester en p'ace, dans son ancien élat , immuable | intact, subsister sur lPancien pied, et non pas rester dans le pays, de même que xl xépar t& veut dire laisser subsister , laisser à sa place, ne pas toucher , respecter. Aussi Hesychius explique-t-il Kala »@pey par éxivilo, im muable ( note 10 ). Cet idiotisme très - commun, pv ai papas, et xalù jéner, et à xépe , a déja été suffisamment éclairci par Budée ( note 11 ), Henri Etienne (note 12), Constantin (note 13), François Vigier ( note 14 ) , Kuster ( note 15), Abresch ( note 16), Valckenaer, ete. ( note 17 ). Ces mots xalù poney prévus, subsister , rester en place, sont opposés à xaIwpe3ry, étre renversé ; dans ce passage de Plutarque ( note 18 ), qui, pour dire que les statues de Cléopatre furent renversées, tandis que celles de Cléopatre subsisièrent, s’esprime en . Ÿ Inscription de Rosette. ar ces fermes : æ; phy y ’Alevis ruSaptOnras eleves, æi de Kacozélpns KAT'A X'@PAN "EMEINAN. Hérodote dit de même au figuré ( note 19 ), MENEIN 79 ôpuior xurû Xévav, que le serment tiendroit, seroit respecté. Tso- crate observe { noie 20) qu’il y avoit dans les traités avec les Perses, des conditions qu'on avoit violées, et qui n’existoient en vain que sur les colonnes où on les voyoit gravées, day Afavrey, #9) méruy ts als siaus or, d'autres articles qui subsistoient dans leur entier, KAT'A X'QGPAN M'ENEI, et qu'on les ra- tifioit , aie ina cou, tandis qu’on auroit dû les abolir , von érepn , et ne pas les laisser subsister un seul jour À 39 PPLE puiay tcy AHEpa. Wolfius explique très-bien ces derniers mots { note 21), par à xaru XObay pese , 2 dxies Ex t&y : C'est ainsi qu’on lit dans Démosthene ( note 22), ris ropess KAT'A X'OPAN MENEIN ié, laisser subsister les lois. Le même Wolfius rend ayec raison ( note 23) dans Isocrate , xaTe jäper pee Par ümmol® manent conditiones ; mais Guillaume Battie, qui a donné une nouvelle édition et version latine de cet crateur grec, subs- titue fort mal-à propos, hæc fædera PER REGIO- NEM MANENT'( note 24). Athanase Auger ne s’est pas laissé entrainer par l’exemple de Battie, Il tra- duit , eæ demuim loco manent (note 25), et en fran- çois ( note 26) , i/s sont conservés, et a soïn de rapporter ce passage dans son /ndex græcus (note 27) ; mais il oublie, ce qui lui arrive souvent , d’avertir qu’il ne fait que transcrire l'article de l’Zrdex græcus … que feu M. Morus avoit joint à sa bonne édition du panéeyrique d’Isocrate, Le savant et élégant M. Morus æ 316 Palæographie. avoit ajouté ce passage de Thueydide ( note 28 }, # peer xuTx paper Ta meéymale, res in eodem stutw non permansuras. Battie auroit du faire attention à ces paroles précédentes d’Isocrate qui suffisoient pour Jui indiquer le véritable sens de cet idiotisme si connu : r@y VeypepepsEv ar Tous opeodoyiæis rè xiipiere Tuyyévopey AIADYA’ATTONTES. Ptolémée V Epiphane ordonna donc , dit l’ins- cription de Rosette , qu’on laissât subsister sur l’an- cien pied À qu’on respectât, peëvess Erri Opus ‘æporilaée , les rentes en bled et en argent, les revenus consis= tant en portions de vignobles, de vergers, dont les prêtres jouissoient sous le règne de son père, ii 76 molpes duré ( note 29 ), et même depuis un temps immémorial. En effet, nous voyons dans la Genese ( note 20 }, que Joseph, devenu premier - ministre , etinvesti du pouvoir absolu d’un monarque de l'Egypte, se garda bien de toucher à la terre que Pharaon avoit donnée aux prêtres , et que, dans Je temps de famine , il leur fit fournir du bled des greniers publics. 1 eut ces égards pour les minis- tres d’une religion qui n’étoit pas la sienne, non parce qu'il avoit épousé la fille d’un des prêires d'Héliopolis, selon l’historien Joseph ( note 3r), mais d’après les. principes d'équité que M. Schulze ( note. 32) et M. Rosenmuülier ( note 33 ) dévelop pent judicieusement. M. Schmidt ( note 34), et après lui le docte Larcher ( note 35. ), citent ce même chapitre de la Genèse, et prouvent par le témoignage de l'historien Joseph ( note 36), et de Diodore de Sicile ( note 37), que la première des trois parties s Zrscription de Rosette. 817 de l'Égypte appartenoit à l’ordre sacerdotal, étoit dans l’origine exempte de toute sorte d'impôts , sersoit aux sacrifices, et à l’entretien des prêtres, et que ce fat fsis, ou plutôt les rois qui donnèrent aux ministres du culte le tiers du royaume. C’est ainsi que Moyse assigna depuis des fonds de terre aux Lévites. Les prêtres de l'Égypte ancienne in- fluoient beaucoup sur la nomination des premiers rois 3 et Synesius ( note 38) nous a conservé de pré- cieux détails sur l’élection de ces monarques , et sur Ja manière de recueillir les suffrages. Notre observation sur le sens de Pidiotisme, 27% Xopay , OÙ Éri jépas pmiew, Va encore nous servir à deuuer l’explication de cet autre passage de la même inscription de Rosette ( note 39 ) ) TA TE Tire Ty APTA ai Tos Alyunls, drueripuuer ter uépas. Ce que notre sa- vant conirere traduit en latin ( note 40 ), et jura templorum , et Ægypti, conservayit IN REGIONE, et en françois (note 41 ), qu’il & eu soin que les droits des temples , et ceux de l'Ægypi'e fussent con- serrés DANS LE PAYS, conformément aux lois. » Par cette phrase, dit notre confrère ( note 42), « les prêtres semblent exprimer les sentimens de « leur: reconnoissance envérs Ptolémée Epiphane, de ce qu’étant Macédonien, et par conséquent « prince étranger, il a toujours respecté les droits + des temples, ou de la religion, et ceux de la ration, et n’a donné aucune atteinte aux usages et pri- vileges DU PAYS. C’est le sens qui est, je crois, indiqué par ces paroles, ii xépus, énongSus rois » myquus. Tè riix ne pourroit-il pas signifier aussi 318 Palæographie. æ les monumens curieux , Les choses rares ? De sorte « que cet article du décrêt paroitroit faire ici un « mérite à. Ptolémée Epiphane d’avoir sauvé des « ravages des impies les monumens qui se voyoient « dans les temples , et dans les divers lieux de l’E- «“ gypte. Toutefois il faut avouer , continue notre “ docte collégue , que ces mots qui suivent, éxoa83ws « rés vous, ne s’accorderoient pas. si bien avec cette « seconde interprétation qu'avec la précédente. » Je prendrai la liberté de r’admettre aucune de ces deux explications, et de m’en tenir à la significa- tion de ér: xépes dont j'ai parlé plus haut. Le sens de cette phrase est que, conformément aux loix, il a toujours respecté et conservé intactes, diulertpnxes ini xépas, les prérogatives des temples, et de lPEgypte. Je crois que ra rue ne veut pas dire simplement les droits, mais proprement /es droits honorifiques, les prérogatives, comme on le voit dans une foule d'inscriptions. Polybe, auteur contemporain, a dit (note43), x Tama Avril, à rluiæ, et ( note 44), Enm}erogeoy de meviær Ta tv TÀ moitie TILGY. L’une des expressions les plus rares et les plus remarquables de notre inscription de Rosette , c’est celle de x21ayapieu ( note 45 ). Notre savant confrere la rend en latin ( note 46 ) par prælibare, qu'il prend apparemnent dans le sens de prélever ; et ïl traduit en françois ( note 47), mettre à part des fonds. Il croit ( note 48 ) , que xalaywpiry veut dire dans cette occasion prendre une part sur les revenus particuliers affectés à chaque temple. Je pense que sél:gupiCa signifie proprement transcrire , inscrire | L£ nscriplion de Rosette. 319 sr un registre , enregistrer. C’est ainsi qu’on lit dans la traduction grecque du livre d’Esther ( note 49): mporilaker © Bacixiès KATAXOP'ISAI els perneuvey ty Tÿ Baux BiStod ven , c’est-à-dire , le roi ordonna qu'on instrât , qu’on transcrivit ce trait , pour en conserver le souvenir ; dans la bibliothéque royale. Trommius (note bo) observe que d’autres lisent xaleypade, au lieu de xaleyporirey ; mais c’est une glose qui ne doit pas prendre la place de la vraie lecon. Le texte : hébreu, et les versions chaldaïque et syriaque , em- : ploient dans cet endroit le mot katav, écrire. L’on voit de même dans les paralipomènes ( note 51 ) : ä KATEXQPISOH 6 épiQpos iv BiGAia Aôyay Thy 1ppoy TB Baréos Aebid , c’est-à-dire , le rôle de ce dénom- brement ne fut pas inséré, . inscrit dans le livre des Annales du roi David. Voyez aussi Grotius {note 52), sur ces paroles du troisième livre des Machabées , dmoyuapomives. . . TIPOKATAXOPIZAI ( note 53), qu’il explique, et relatos in matriculam....in album pro- prium referri, seorsim ab illis qui accensehantur. Strabon, pour dire qu'Homère avoit insété, fait entrer dans ses poëmes, tout ce qn'il avoit appris sur Ethiopie, sur l'Egypte, et sur la Lybie, se sert | pareillement du terme KATAXOPISAI ts rh molyeir { note 54), insérer , mot à mot , donner place dans ses poésies. 11 y avoit dans le texte KATAXQÏHE AI: Casaubon a très-bien restitué KATAXQPISAI à la marge , et a donné les raisons de ce léger change- ment, dans son commentaire ( note 55 ). La philologie sacrée, trop négligée , est fort utile pour éclaircir la profane, Cette signiScation particu- »“ 320 Palæographie. lière de xaleyopiry,va me servir à expliquer un endroit d’un décret des républiques grecques d’Hermione et d’Asiné, publié d’abord par Gori ( note 56), et ensuite redonné par Muratori( note 57), et enfin par le feu prince de Torremuzza ( note 58), mon illustre et savant ami , dont je regreiterai sans cesse la perte. On y lit { note 59 ), rès dé vouoyoägus KATA= XOPTEAI rôge déyua, ce que la traduction latine de Gori, adoptée par Muratori et par le prince Tor remuzza, rend fort mal, scribas ver concedere de cretum hoc. Le sens est : que les greffiers chargés du soin de transcrire les Lis , enregistrent ce décret ; comme on voit plus bas dans la même inscription ( note 60), éraypédey deyne. Les interprêtes grecs de la bible m’aident encore à fixer le sens d’un autre passage de l'inscription de Rosette, qui dit de Ptolémée V Epiphane(note6x), y à ‘H@us@ idoxiuure. Notre confrère traduit en latin ( note 62), guem T'ulcanus approbavit , cten françois (note 63), que FVulcain & approuvé , ou comme il l’explique aussi ( note 64), à qui Fuicain a rendu témoignuge, 1 me semble qu’il faut rendre ainsi édoziua:y, que Vulcain a éprouvé. Ce motse trouve à chaque page en ce sens, dans la version des Sep- tante, et dans le texte grec du Nouveau Testament, ( note 65 ). Nous voyons en eHet, dans le cours de notre inscription, et surtout dans Saint-Jérôme (uote 66), que la minorité de Ptolémée V Epiphane pouroit étre regardée comme un temps d'épreuve, doxuarias ; que les premières années de son règne avoleut été orageuses , et fort agitées par les guerres yes Inscription de Rosette, 321 que lui suscitèrent Antiochus-le-Grand , roi de Syrie, et Philippe, roi de Macédoine, qui démembrerent plu- sieurs villes dependante: de l'Egypte : que quelques provinces, précédemment soumises à ce royaume, te révoltèrent, et que l'Egypte même , indignée de la conduite d'Agathocle | tuteur de Ptolémée V Epiphare , fut livrée en proie aux séditions : que les rebelles avoient dévasté les temples, et le pays, et que ce jeune prince fut abligé d’emporter de force la ville de Lycopolis, dans le canton de Bu- siris, où les impies s’étoient fortifiés , etc., etc, Ils avoient saccagé l'Egypte, dont Ptolémée Phi ladelphe tiroit par an, quatorze mille huit cents talens d'argent, et quinze cents mille artabes de froment : l’artabe valoit trois modius ou boisseaux Romains , et un tiers en sus, selon S. Jérôme dont on peut voir le passage intéressant et classique { note 67 ). Je n’en ai rapporté que ce qui peut nous donner une idée de cetie mesure de capacité, parce qu’il est fait mention des artabes de bled dans Pinscription de Rosette (note 68}. Ce mot s’est con- servé dans la langue Arabe et Syriaque, et dans celle des Coptes qui disent ePTOB ; et les savans com- mentateurs d'Hésychius, sur le mot ’Apr457, ont eu soin d'indiquer plusieurs des auteurs anciens et mo- dernes qui ont parlé de cette mesure originaire de Perse, plus grande de trois chénices attiques que le médimne attique, selon Hérodote ( note 60 ). . L’artabe étoit de 28 chenices, ou 108 septiers , dit le savant Larcher ( note 70 ): mais il y avoit trois sortes d’artabes ; la grande dont parle Hérodote : Zome 11, : X 322 Palæographie, la moyenne et Ja commune , suivant l'observation de Wilkins ( note 71 ). La Croze dit , d’après Kircher { note 72 ), que l’erT@B des Coptes est un poids ‘de six centslivres. Consultez aussi Reland (note73)}), et Bernard ( note 4 ). S. Jérôme, qui nous apprend des détails curieux sur l’histoire peu connue des rois d'Egypte et de Syrie , observe ( note 75) qu’il n’a fait qu’abréger Ja narration de Porphyre , et que ce dernier avoit Jui-même suivi celle de Suctorius. S. Jérôme donne dans un autte endroit (note 76 ) , la liste des auteurs presque tous malheureusement perdus, que Porphyre avoit consultés pour composer son livre sur la pro- phétie de Daniel qu’il attribuoit faussement à un Juif contemporain d’Antiochus Epiphane ( note 77), Ce livre de Porphyre étoit le douzième des quinze qui formoient sontraité contre les chrétiens (note 78), Je vous ai marqué dans ma précédente lettre, qu'il falloit lire dans l'inscription de Rosette ( note 78 ), mlpopopor au lieu de ætpohepay qui est évidemment une faute du sculpteur. C’est ainsi qu’il a mis mal à- propos un A un lieu d’un E, dans une autre ligne ( note 70 ) , oi ivairÿ M'ANTAZ pour H'ANTES, J’avois aussi ajouté, que, quand même il s’agiroit de pré- tresses au féminin, il faudroit également restituer mepopaper, d’après les regles de la langue grecque. Je trouve une nouvelle preuve de cette assertion dans S. Jérôme ( note 85 }. Ce savant père de l’église nous apprend que Bérénice, fille de Ptolémée Phi- ladelphe ( note 81 ), füt surnommée @pgo@*, dotalis, comine il traduit ce mot, ( et non pas | Inscription de Roseite. 929 Peprsdes@, comme le porte l’édition de Martianay }; parce qu'elle apporta une grande dot à son mari, Antiothus le Dieu, Apulée, dans sa description d’une procession de la fête d’Isis (note 82), parle d’un prêtre qui marchoit Je troisième , et tenoit une palme dont les feuilles étoient travaillées en or avec beaucoup de délica- tesse. S. Epiphane ( note 83 ) rapporte qu’un jour les payens d'Alexandrie rasèrent Origène, le firent asseoir par force sur les marches du temple de Sé- rapis, et voulurent en vain l’obliger à distribuer des branches de palmier aux ministres de leur culte, qui vencient sacriñer à cette fausse divinité. S. Epi- phane ajoute que les prêtres Egyptiens tenoient des branches de palmier à la main ; et ils sont repré sentés -rasés sur la fameuse mosaique de Palestrine, On y voit , dit le docte et ingénieux abbé Barthé- Jemy ( note 84 ), un prêtre qui porte une palme. 11 fait observer dans un autre endroit ( note 85), une femme debout , qui tient de la main gauche une palme. Ce n’est pus une prétresse , ajoute ce savant immortel ; Les Égypliens n'en avoient pas. Mais notre inscription de Rosette ( note 86) suflit pour réfuter cette dernière assertion, et pouve que bien avant le règne d’Hadrien , il y avoit des prétresses égyp= tiennes , non seulement-subalternes, du second or- dre, canéphores | mais même grandes prétresses en titre , iepelus. Comparez ce que le même abbé Bar- thélemy , dans son explication d'un bas-relief ésypa tien (note 87) , le comte de Caylus ( note 88), M. Schmidt( note 89 }, et le profond Larcher, x 824 Palæograplue. (note 90), avoïent dit sur ce sujet que notre inscrip- tion éclaircit singulièrement. La mémeinscription porte (note ç1), que dans les grandes solennités où l’on a coutume de faire sortir des sanctuaires les temples ou chapelles des dieux, Tor var, on fera aussi sortir celle du dieu Ptolémée Epiphane, c’est-à=dire , visible , très-gracreux. A pu- lée dit de même dans sa description d’une procession d’Isis (note 92 }, que le second prêtre soutenoit avec ses deux mains les petits AUTELS, qu’on ap- peloit les secours ; Au nom que la providence secou- rable de cette grande déesse leur avoit fait donner. C’étoient des espèces de châsses, ou plutôt de petits temples de bois doré, vds ptnpos Eliv@>, name purapréyG") comme les appelle Hérodote ( note 93), qui se sert de la même expression que l'inscription de Rosette, La statue de la divinité dont on célébroit la fête, étoit renfermée dans ces petits tabernacles ou temples. Jablonski , Cuper ( note 94 ), et M. Schmidt ( note 95 ), observent avec raison que ces châsses étoient portées par les Pastophores, guod sacrosanclum collegii nomen est , dit À pulée (note 96), qui dépeint ainsi dans un autre passage ( note 97), Vun de ces Pastophores : linteis intectum ; qui 1hyr- sos, et hederas , et tacenda guædam gerens ,; etc. Apulée raconte ensuite ( note 98 ), qu’il fut lui-même admis dans cette classe de prêtres ( note 99 ). Cuper ( note 100) cite le passage d'Hérodote ( note 1or ), qui parle de la statue de la ville de Paprémis, placée dans une petite chapelle de bois doré qu’on transportoit dans un autre temple, la veille de la * Inscription de Rosette. 325 fête , sur un char à quatre roues tiré par les prêtres. Le même Cuper (note 102), Wesseling noie 103), et M. Schmidt (note 104) , rapprochent également ce que Dicdore de Sicile ( note 105) dit du temple, By ve, de Jupiter, que les Egyptiens transportcient tous Jes ans sur le Nil en Libye, et qu'ils rappor- toient au bout de quelques jours, come si c’eut été ce dieu qui revint d’Ethiopie. Le même histo- rien croit que ce qui a donné lieu à la fabie des amours de Jupiter et de Juno sur le mont Ida, et à la fiction ingénieuse de ces fleurs que la Terre eut la galanterie de faire éclore pour favoriser l'avion de cesépoux , et leur servir de lit nuptial( noie 106), c'étoit l'usage de transporter daus les grandes :êies, les temples ou chapelles, rar, de Jupiter et de Juuon, sur une montagne que les prétres avoient soin de joncher de fleurs. Le prophète Amos (note 107), et d’apies lui S. Etienne ( note 108 )], reprochent de même aux juifs d'avoir porté le tabernacle , où Ja tente en forme de pavillon, du Dieu Moloch : Ë ) évcndosle ru Cxmyy 73 Moy. Au reste, le mot de Pasiopñaores veut dire férentes Lhalamos ; OT, dans 7 J > , la iangue mystique des Esyptiens, 4hu/amus sisnifie le] / of Lt ? D temple. Go'in nous l’appreud, et s’exprime en ces termes ( note 109 ): Delubra quibus succecebal , au£- incububal Apis , mysiicè nomimabont TH ALAMOS. Pline fait la même remarque au sujet du bœuf Apis ( note 110 ) : Delubra éi gemine, quæ vorvant T'HA- LAMOS. Aus i Saramaoni étoit - il synonyme de gaclopépar , comme l’abserve Saumaise ( note 111 ) Le comte de Caylus a donné la figure d'un Fasto= X 3 . 326 Palæograplie. phore qui porte de même une espèce de tabernacle. Voyez ce qu'il en dit ( note 112), ainsi que M. Schmidt (note 113), qui indique d’autres monu- mens Egyptiens de ce genre. C’est peut-être un de ces autels ou tabernacles, surmonté d’un candélabre, que la mosaique de Palestrine ( note 1r4 ) nous re- présente porté par des prêtres. : L’Historiu Lausiaca de Palladius ( chap. LIF, page 980, tome II de la Bibliotheca veterum patrum , Paris, 1624, in-folio), nous apprend , que du temps de l'abbé Apollon, il y avoit dans une bourgade de Ja Haute-Egypte, un grand temple, et une statue de bois fort renommée ; que les prêtres la portoient en procession dans les villages voisins, éxépeztver mepiQieailes; qu'ils partageoient l’enthousiasme , l'ivresse du peuple | Baxyedaïles pilé 75 mass, et que c’étoit une cérémonie religieuse en l’honneur du Nil. Clément d'Alexandrie ( note 115 ) observe que dans les fêtes appelées en Egypte vaarias , on portoit en procession les statues d'or des Dieux , deux chiens, un épervier, et un ibis. M. Schmidt (note 116) compare aussi les fêtes des Ethio- piens, où l’on portoit en cérémonie les images des Dieux qui alloient à un festin, o Jos xœuabov rule give CuriSciev arepiQepouex@" 9 dit Diodore de Sicile { note 117 ). Wesséling pense sur ce passage, que les xowæoiy Éétoient des solennités où l’on portoit en pompe les simulacres des Dieux, qui étoient censés aller à un banquet, comessabundi quasi, et que les Comastes ,: Kouaæslai , étoient des prêtres Egyptiens qui portoient ces statues, et mangeoient les mets a mn Some Ge le 264 PC RE ET Tnseriplion de Rosette. 827 offerts aux Dieux. Petau avoit eu la même idée, 11 croit ( note 118 ) que les Kapaclai étoient les Epulones des Romains, qu’ils présidoient aux sacri- fices , ainsi qu’aux banquet; sacrés, aux grandsrepas que les Ecyptiens donnoient dans les temples et dans les carrefours, et qui se prolongeoient quelquefois pendant une semaine , comme celui dont parle Ju- vénal (note 119 ): nn nerve eee. «7e ZLaætum hilaremque diem, ne magnæ gaudia cænæ Sentirent positis ad templa et eompita mensis, Pervigilique toro, quem nocte ac luce jacentera Septimus interdum sol invenit. . .., + ns resserss... Inde virorum Saltatus nigro tibicine; qualiacumque Unguenta, et flores , mulræque in fronte coroncæ, C’est ainsi qu’on voit dans l'inscription de Rosette ( vote 120 ) , que la fête et la solennité de Ptolémée Epiphane ( note 121 ) , top «4 mamyveas , dura cinq jours, pendant lesquels on portoit des cou- ronnes ( note 122 ), en faisant les sacrifices et les Jibations. Petau (note 123) prouve par le témoignage de diférens auteurs, que les xäsoi étoient des festins en l’nonneur des Dieux, des orgies consacrées par une fausse piété (note 124). Ces banquets s’é- toient introduits sous le nom d’Agapes { note 125 ) dans l’église primitive, et avoient dégénéré en abus. Clément d'Alexandrie ( note 126 } observe que les festins re igieux des Egyticns, #ômor, se célébroiené au son de la flûte, du psaltérion, au milieu des danses, des bals, au bruit des applaudissemens et X 4 328 Palæographie. des cris tumul!ueux. Îl oppose ces orgies bruyantes aux pieuses réjouissances des Chrétiens, qu’il appelle x eôyapiol@- ( note 127). S. Épiphane ( note 128) parle de ces espèces de bacchanales épyptiennes, de ces mascarades qui sont la source des nôtres, de l'usage de tous les habitans de Bouto, jeunes et vieux, de se barbouiller le visage pour célébrer la fête d'Horus et d'Harpocrate. L'on voit dans Apulée ( note 129 ), que la marche pompeuse de la pro- cession. imposante d’Isis s’ouvroit par une masca- rade : plusieurs personnes du cortege étoient tra- vesties et déguisées en soldats, en chasseurs, en femmes, en gladiateurs, en magistrats, en philo- sophes, en pêcheurs, en oiseleurs. On y remarquoit un ours apprivoisé, dans une chaise-à-porteur , £t habillé en femme de qualité; un singe vêtu à la Phrygienne, terant une coupe d’or à la main, et représentant Ganymède ; un âne auquel on avoit attaché des ailes, et qui marchoit à côté d’un vieillard foible et languissant, Vous eussiez dit que c’étoit Pégase et Bellérophon. Je trouve de même dans Hesychius ( note 130 ), qu'il y avoit une fête en Italie où l’on portoit des masques de bois pour exciter la risée. Démosthène ( note 13r } relève l’impudence de l’exécrable Cyrivion, qui avoit Pef- fronterie d'aller sans musque à ces orgies dans les : ; » CET , / T PTOCessiONS , 5 TOIS TOHMUIS LNEU TPOTO TS xwna0es. es. femmes d’une mauvaise conduite sy trouvoient avec Jeurs amans, comme la Néæra dont parle Démos- thene ( note 132). Lambert Bos ( note 133 ), et Agésilas Mariscotti ( note 134 }, indiquent le por+ Ne à LD. si 2 CR Inscription de Rosette. 329 trait que Philostrate ( note 135) fait de Comus, le Dieu de ces festins, xâwor. On le voit s’avancer dans les ténèbres ; au son des instrumens , couronné de roses, le visage enflammé , à moitié ivre , dormant debout , #49 3945; le flambeau qu’il tient échappe de sa main tremblante : la ceinture et la chaus- sure des personnes des deux sexes qui forment son cortège , ne different point. ( Ce Dieu, ajoute Philostrate ( note 136 ), autorise les femmes à s’habiller en hommes, et les hommes à prendre les vétemens des femmes. } C’est dans cet état que les amans qui faisoient ces parties de débauche, ve- noient jouer de la flûte, frapper violemment à la porte de leurs maîtresses , et leur donner des séré- nades , ôtove; xopuolns (ur Tù dvaw Supoxoztt, dit Elien (note 137). Libanius termine sa description de la rawyupts | Où fête solennelle , en disant que le soir, la ville est éclairée par une foule de flambeaux, et qu’elle retentit du son des instrumens, des flûtes, et du bruit des chansons des personnes qui font ces parties , et célèbrent ces orgies. On lit dans Pécition de Reiske ( note 138) ; æoai 2apu0Te4 ; 44 ’AYT QN on, à Coplyyar; mais "AYT ON, est une faute , et il faut restituer 'AYAQN, fltes, comme dans la pre- mière édition de Léon Allatius (uote 139), et dans la seconde de Patusa ( note 140). Voyez aussi M. Hoepfner sur le 39° vers de son édition du €yclope d'Euripide. Quant au style de cette. inscription, composée dans ie Dialecte Alexandrin , on ne doit y chercher ni la pureté, ni l’elégance d'Isocrate et de * Blaton, mais y remarquer beaucoup de termes et 930 Palæographie. de tours particuliers. Rien de plus vrai que cette observation du docte Huet (note 141 ) : « Quis ac- « curatam Hellenismi munditièem in Alexandrin& « requirat dialecto , quæ à Macedonicä profecta est, « barbar& ips@ primüm et impur& , et extra græcarum « Censum numerat&, {ot deinde gentium commercio « inguinat@ , etab Ægyptiis demüm , inter guos COn= « sedit, distort& , et corrupté ? Inde fit ut A'exan- « drinorum loquelam tam sæpè carpant Critici anti- “qui, Phrynichus, Thomus magister, et Helladius « Besantinous, » ; Le Dialecte Macédonien d'Alexandrie, barbare dès sa première origine , apporté en Egypte et en Sy- rie par des soldats sans lettres et de toutes sortes de nations , s’est toujours corrompu de plus en plus en s’éloignant de sa source , et s’altéra considéra- blement par le mélange des mots Egyptiens, Hé- breux, Syriaques , Phéniciens, Perses , Latins, ete. Consultez ce que disent à ce sujet Saumaise (note 142}, l'ingénieux et savant M. Diodati ( note 143), et le: docte et judicieux M. Sturz (note 144.) M. Sturz observe avec raison ( note 145), que la quantité prodigieuse de juifs établis dans la ville d'Alexandrie, a dû introduire beaucoup de termes et d’idiotismes Hébreux et Syriaques dans le Dialecte Macédonien. Il y avoit aussi des mots Perses naturalisés dans eet idiôme , comme celui d'éflaéîn, qui est venu en Egypte avec Cambyse, et qui se trouve dans notre inscription (note 146). Les Macédoniens d'Alexandrie se servent souvent de mots égyptiens , tels que Croën, dans la version des Septante du lévitique (note 147}, Inscription de Rosette. 331 tenté, vin, dans Lycophron (note 148), Tzetzès sur ee poète ,et Eustathe (note 149), disent que c’est le nom que les Egyptiens donnent au vin, Les Coptes Pappellent de même HP, comme ils disent Aoph, pour dus , serpent. On lit dans notre inscription grecque de Rosette ( note 150), une expression qui est sûrement égyptienne , et que vous devriez retrou- ver dans inscription Copte: #1 xaagutrs Baointiæ YXENT y meme, etc. : ce qu’on appelle le PSCHENTroyel dont Plolémée étoit revétu lorsqu'il entra dans le temple , ou dans le palais de Memphis. C’est envain qu’on chercheroït ce mot dans nos dictionnaires grecs et coptes. Notre savant confrere ( note 151), dit que s’il étoit accompagné de l'adjectif farsure (il a voulu, ou dû dire £eciuxs) au lieu du SUBSTANTIF BASIAEÏIA, alors on pourroit en effet le prendre pour un vétement royal; mais BAZIAEIA veut impérieusement, ajoute- t-il, gu'on attache au mot Copte ou Égyptien Yxn1, l’idée d’un ornement de tête, d’un diadéme , ou d’une couronne. Les mots y x2Azm## qui précèdent 4x1, prouvent que c’est une expression consacrée par Pu- sage. Je crois qu’il s’agit du manteau royal dont les Ptolémée étoient revétus en montant sur le trône, C’est ainsi qu'Anastase, dans sa relation de l'exil de S. Martin I ( note 152), donne deux fois le nom de psachnion au manteau pontifical de ce pape. Voyezce que Ducange et M. Adelung disent de ce dernier mot, dans leurs glossaires de la latinité du moyen âge. J'observe de plus, que de la Cerda en avoit déja parlé dans ses Adyersafia sacra ( note 153). Les Macédoniens d'Egypte et de Syrie avoient non- 332 : Palæographie. seulement des constructions et des expressions, mais encore des formes qui leur étoient particulières. C’est ainsi qu’on lit dans l'inscription de Rosette Cnote 154), 2p 1 malçes. Je n’ai pas l'honneur d’être de l’avis de notre docte collégue, qui croit que c’est une faute, et qu’il faut corriger saga (note 155). . C’est un dorisme. Ie se trouve «ans cesse dans Ho- mère qui employoit tous les dialectes, parceque la Jangue et la grammaire n’etoient pas encore fixées de son temps, et dans une foule de passages d’au- teurs Doriens indiqués par Maïttaire ( note 156 ). Mon savant ami M. Sturz observe tres-bien ( note 157), que le dialecte macédonien dérivoit du do- rique , et lui ressembloit infiniment, Ces mêmes Ma- cédloniens chanseoïent le © en A, comme le remar- que aussi M. Sturz ( note 158), d’après les Horti Adonidis d’Alde ( note 159) C'est pour cette raison qu’on lit dans sept inscriptions de Palmyre que j'ai indiquées précédemment, et dans la nôtre de Rosette (note 160 ), pes Eardixë , au lieu de £e$123 qu’il faut bien se garder de substituer. L'on voit danslinscription de Rosette ( note 161), cime, au lieu d’eer. C’est la forme Ja plus ordinaire chez les Alexandrins , et var conséquent dans la version des Septante composte presque à ia même époque dansla ville d'Alexandrie : M. Sturz en a donné une foule d'exemples (note 162) ; et cette forme s’est conservée dans le grec moderne, parceque la version des Septante a eu la même in- fluence sur le style des Grecs q'ie la vulgate sur celui des écrivains latins du moyen âge, et la traduction de Luther sur celui des Allemands. Hérodote (note À Inscription de Rosette. 333 163) dit que ceux des Fgyptiens qui étoient mili- faires, destinés à la profession des armes , néymor, expression qu’on retrouve dans notre inscription (note 164), s’appeloient dans leur lang'ie sœnasioues ; et il ajoute ( note 165 ), qu’eux seuls, après les prêtres, jouissoient de quelques privilèges, et que chacun de ces guerriers avoit douze arures , àgépas, exemptes de tonte charge, et de toute imposition : que l’arure étoit une pièce de terre qui contenoit cent coudées d'Egypte en tout sens, et que la cou- dée d'Egypte étoit égale à celle de Samos. Nous lisons au contraire dans notre inscription ( note166 ), qu’à l’avénement de Ptolémée Epiphane à la cou- ronne, chaque arure de lasterre consacrée à len- tretien du culte et de ses ministres, étoit grevée de l’imposition d’une artube. Voyez sur ce mot Alexan- din &pspa , le docte et trop peu consulté Oromas= icon rerum et verborum difiiciliorum de Rosweide (note 167). Athénée ( note 168) observe que plusieurs habi- tans de l’Aïtique, qui avoient eu des relations avee les Macédeniens , en avoient pris quelques expres- sions, pesx:doviCovras |, comme le fameux poète co- mique Ménandre, qui étoit fort lié avec Démé- trius (note 169). Athénée se sert de l'expression de paxtdoviéulas, de même que Plutarque , qui( note 170) dit que les rois, prédécesseurs de Cléopâtre, w’avoient jamais pu apprendre parfaitement la lan- gue égyptienne , et que quelques-uns même des Ptolémée avo'ent oublié le Macédonien , ro maxs- done , tandis que cette princesse répondoit sans in- 334 Palæographie. terprête aux Fthiopiens, aux Troglodytes , aux Hé- breux, aux Arabes, aux Syriens, aux Médes, et aux Parthes, etc. M. Hase, jeune, aimable, vertueux, et savant Saxon, qui fera un jour l’ornement de l'académie de Jena, me rapportoit dernièrement ce passage classique dans mon cours de grec moderne, Adieu, mon cher et docte hiérophante : aimez- moi comme je vous aime, et croyez que vous n’ayez pas d'ami, ni d’admirateur plus sincère que votre confrère D’ANSSE DE VILLOISON , de l’Institut de France, et de l’Académie d’Upsal. Paris, 15 juin 1803. NOTES. Note 1). Voyez ma première lettre sur la même inscription grecque , page 70 et suivantes du numéro 21 , germinal, an X1, et le HAPIÉRIES à cette Rire , page 378, et suivantes du n.° 23 , floréal an XI , et ma seconde lettre page AT jet sRTARoES du numéro 6, prairial, du Magasin encyclopédique de la méme année, Note 2 ). Inseript. de Posette, ligne 15, page 14. Note 3 ). Ligne 16, page 14. Note 4 ). Ligne 16, page 14. Note 5 ). Ligne 16, pages 54 et 110. Note 6 ). Ligne 15, pages 14 et 54 , ligne 30, pages 18 et 54. Note 7 }). Ligne”, page 12, etlig. 36, page 19,7 æalà THN xéper iepèr, ligne 20, page 15, pv imi T'ON idior xluiecar , et ligne 46, page 21, T'HN 7 dre xôee, gt T'HN xéls, toujours ayec l’article, Inscription de Roselte, 335 Kote 8 }. Agatharchide , De rubro mari, pag. 16, fome [ des Geographiæ veteris scriplores græct mi= nores , Oxroniæ , 1698 , in-8.°. Dans ce même passage, Agatharchide parle d’une armure particulière, de longues robes qui couvroient tout le corps à l’ex- ception des ÿeux, et dont Ptolémée revétit une troupe d'élite de l’avant-garde :il se sert de l’expres- sion émis TIEP\ EOHKE ‘pemer , comme dans la 44.° ligne de notre inscription, 5 s@aspéry Basile 0851, à TIEPIG'EMENOZ, etc. Nate 9 }. Hérodote, liv. IT, chap. 77, page 139, édit, Wesseling, Note 10 ). Heotiue : sur Île mot Keÿx yépar, page 191, tome Il, édition d’Alberti. Ce lexico= graphe interprête aussi x:72 Quow. Je serois tenté de soupconner qu'il avoit en vue les versets 23 et 28 du XIII chapitre de la version du lévitique des Septante, qui disent en parlant des taches de la lèpre, 42 aa papas pelrn , xo4 mn disxtiley , st elle reste dans le méme etat , à la même place, sans s'étendre sur la peau, ph dayvi is Ta dipuali, verset 28, Au lieu de pv xerx papa, on lit mi xépes, dans le méme sens, et dans le même chapitre, verset 37: éay pelon Emi papas ro Jexdoue. Note 11 ). Budée , page 295 , Commentarii linguæ græcæ, édit. de Robert Etienne, Paris, 1548, in-folio. Note 12 ). Henri Etienne sur le mot xéye, page 662, tome IV Thesaur. linguæ grece. Note 13 ). Constantin, sur le mot yapæ, .. Note 14 ). François Viguier De præcipuis grœcæ dictionis idiotismis , page 161 de l’excellente édition de M. Hermann, Leiïipsick, 1802, in-8. Voyez aussi la note de Zeunius ibid. Ce dernier , ainsi qu'E&rnesti , et d’après lui, M. Schweighaeuser, C1 Palæographie. page 668 de son excellent Lexicon Polybianum ; sur le mot ya, observent une signification plus singulière dece même mot, Joseph, Antiquit. Judaïe., livre VI, chap. 10, page 25r ,tome I , édit. d'Hudson, dit, ds dv peser durivoræ , Lui ayant donné une meil eure place, dans le sens françois de charge ; emploi; et Polybe, liv. [, chap. 43, page 109, tome Ï, rôv ràs peyirqus pépes iporrer , ceux qui ont les plus grandes places. Voyez aussi livre XV, chap. 25, page 543, tome II; et livre XXXV, chap. 4, page 664, tome IV, éaciaun Très papas, qu’il y a des places vacantes, C’estainsi que Fite-Live emploie souvent ie mot de /oca , comme par exemple, livre IV, chap. 16. Voyez la note de Jean - Fré- déric Gronovius , ( page 921 , tome |, édit. de Dra= kenborch, Leyde, 1738, in-4.° }, et la remarque de son fils Jacques Gronovius sur ce passage de Polybe, page 128 omt octavi part. prior , ed. Schweighaeuser. Note 15). Kuster, surle mot d’Hesychius "Es tion, page 1258, , tome [, édit. d’Alberti, et sur le 367.° vers du Plutus d’Aristophane. Hemsterhuis observe sur ce même vers, page 108 de son édition, Har- lingen , 1744, in - 8°, que dans un manuscrit , le xa& yaper d’Aristophane est expliqué par xal& va madsolneos à ny t@s di. Note 16 ). Abresch, page 69, tome I des Miscel- laneæ observationes Criuicæ novæ, Amstelædami , 1740, in-6.° Note 17 ). Valckenaer, note 74, page 340, édit. de PHérodote de Wesseling. Note 18 ). Piutarque, vie d'Antoine , page ie s tome V, édit. de Re Note 19 ). Hérodote, liv, IV, chap. 207, page 369, édit. Wesseling, Note oo ES SRE ÉIPRE L ES EE LG Inscription de Roselte. 837 Note 20 ). Isocrate, 27 Panegyrico, page 126 et z27 de l'édition de ce discours donné par Morus, Leipsick, 1768, in - 8. et pag. 109 de la nouvelle édition de M. Lange , Halle, 1803, in 8.° Note 2r ). Wolfius, page 389 Annotationum in panegyricum ,; dans son édition d’Isocrate, Basle, 1570, in-folio. Note 22 ). Démosthène contra Timocratem, page nor, tome [ , édit. de Reiske. Note 23 }. Wolfius, page 111 de son édition d’Iso- crate, Basle, 1570, et page 132 de l'édition de Paris, 1621, in-8.° Note 24 ). Guillaume Battie, page 215 tome I de son édition, Londres, 1749, in-8,° Note 25 ). Auger, page 287, tôme TI, Jsocratis. opera, græcè et latinè , cum versione nov&, Parisiis, 1762 , in-8.° Voyez le jugement que M. Lange, . page 24 et suivantes de la préface de sa nouvelle édition d’Isocrate , poite de celle de l'abbé Auger. Note 26 ). Auger, page 115 , tome IL de ses œuvres complètes d’Isocrate | traduites en francois, Paris, 1781, in-8.° Note 27). Auger, Zndex græcus, sur le mot xépæ, page 384 tome Jil de son édition grecque et latine. M. Lange, dans son Zndex, page 817, explique de même , /oco manere. Note 28). Thucydide , liv. IV, chap. 76, page 283, édit. Dukeri. Note 29 ). inscription de Rosette , lignes 15 et 16, page 14. | Note 30 }). Genese, chap. 47, verset 22. Note 31 ). Joseph , Antiquités Judaïques , Li. If, chap. 6, page 59, tome I, édit. d'Hudson. Note 32). Jo. Christ. Frid, Schulzi scholia tn vetus Tome II. à 4 LL] 538 Palæographie. testamentum , voluminis I sectio T , Norimberge, 1783 , in-8.°, pages 3o1 , 302 et 303. Note 33 ). M. Ernest-Frédéric-Charles Rosen- müller, pages 310 et 311, tome Ï d’un ouvrage du même genre et du même titre que le précédent de M. Schulze, Scholia in vetus testamentum | pars prima, Lipsiæ, 1738 , in-8.° Note 34). M. Schinidt, Déssertatio de sacerdotibus et sacrificüis Ægyptiorum , Tubingær, 1768 , in-8.° C’est un traité complet sur cette matiere. Note 35). Le savant Larcher, page 237 , tomelII de la premiere édition de son excellenté traduction d'Hérodote , Paris, 1786 , in-8,°, et pages 249 et 250 tome Î1 de la seconde édition, Paris, 1802, surle 3.° chapitre du second livre d’Hérodote, * Note 36). Joseph, Antiquités Judaïques, liv. IT, chap. 7, page 7r, édit. d'Hudson, et page 95 de celle d’'Havercamp. Consultez les notes des commen- tateurs sur Ce passage. Note 37 ). Diodore de Sicile, Liv. F, chap. 2r, page 25, et chap. 73, page 84, tome I, édition de Wesseling. Note 38 ). Synesins , De providenti&, liv. 1, page 93 et suivantes , édition de Petau, Paris, 1633, in-folio. Quant aux cérémonies, et aux fêtes qu’on célébra depuis dans des temps bien postérieurs, : à l'avénement des Ptolémée à la couronne, é2xAnr/pie, lorsqu'on les consacroit et installoit dans leur palais de Memphis selon les Joix de l'Egypte, Nexuale 2er THy MéQuy évSporsGogeévs Tois Éarinciors À LOT Ts Aiyoalley vues, pour me servir de Pexpression de Diodore de Sicile, (Ercerpta de virtutibus et vitiis , page 95, tome IT, édit. de Wesseling ), on peut consulter les notes de Henri de Valois et de Wes- Fnscription de Rosette. 539 seling ,7bid., pages 594 et 595, et Polybe, Liv, XVIII, chap. 38, page 119, tome IV , où il parle de l'inau= guration de Ptolémée Epiphane, que des raisons d'état, et des considérations politiques firent accélé- rer, avant que Ce jeure prince eût atteint l’âge fixé par les Joix ; et liv. XXVIIT , chap. 10 , pag. 408, S. Jérôme dit dans son commentaire sur le onzième chapitre de Daniel, col. 1128, tome JII, édit. de * Martianay : Adscendens Memphim, et ibi ex more Ægyyti regnum accip'ens. On lit pareillement dans Pinseription de Rosette , lig. 1, page 11, zeparabal@- rhy Barrie, c’est-à-dire, accipiente regnum. Polybe a dit de même, liv. 1, chap. 8 , page 18, tom.I, “mepanaGay rhy pur, ACCIpiens , suscipiens magis{ralum, et liv. IT, chap. 70, page 545, maparubales ry àpxiv. C’est proprement succéder à un autre, prenûre La place de son prédéc esseuT. Polybe se sert aussi de lexpression rh mapéanduw rüs dsxñs, liv. 11, chap. 3 È page 225, tome I. C’est ainsi que dans notre ins- cription de Rosette , dont le style est le méme que celui de Polybe et des Septante, on voit, lignes 7 et 8, page 12, que tous les prêtres s’étoient rendus de tous les temples de Egypte, pour as- sister à la solennité de la prise de possession de la couronne, pos THy Tuyyvery Ts Gupahn eos Ts BariMcias Uoxwais, que Ptolémée tenoit de son père par droit de succession ) NV mapthabes map TE Zurpos duré; et ligne 45, page 21, 1bëd., Ta vopuloueve + mapañiVes rhs Barinias. Polybe s'exprime de méme en pareil cas, liv. XXVIJII, chap. 10, page 408, tome IV: évyovey dur Ta NOMIZOMENA yiynodey vois Baie, olay es Hauxiay tAJoow , évernnrapre. 1 est dit dans la ligne précédente , la 44%, page 21 de l'inscription de Losette , ñ PPrET ET Bariciæ Ve, #» GEpiS egsey@ sichAdey is To ty MtuP. , à . reAco 9% ( Je lis Méuges *"2 340 Palæographie; Barincroy tas, OÙ ve , Tenec9 ) ra vouiGoueve TA mépen AV ris Brrixcias. Notre savant confrère , pages 03 et suivantes , remplit ainsi cette lacune , 7ù y MéuQe iepor , dans le temple de Memphis, et croit qu'il faut lire , po , temple ; et non pas Baie, palais , parce qu’il est dit plus haut , ligne 8, page 12, que les prêtres s’étoient assem- blés dans le temple de Memphis, & 75 à Méues 3, pour prendre cette résolution en Fhonneur de Ptolémée : mais on pourroit lui objecter qu’il étoit naturel que les prêtres s’assembilassent dans le temple pour délibérer, et que les rois fussent installés sur leur trône, dans leur palais de Memphis, comme le dit formellement Diodore de Sicile , que j'ai déjà cité A Toners LATE THY Mésqu évSpovsGopesvss rois Bacieloise Alors le avi ro mpotspyséver Baoiassov , (c’est - à - dire, dans le palais dont il a été parlé plus haut) devien- droit clair, d’autant plus que de l’aveu de notre collégue, page 93, ce mot £usixuwv n’avoit point encore paru dans l'inscription , quoiqu’elle suppose qu’il en avoit été fait mention précédemment, ro apougmutroy. Le savant Ameiïlhon pourroit encore op- poser à l’autorité grave et positive de Diodore de Sicile, ce passage formel du scholiaste latin des Germanici Aratea phænomena , page 71, tome IL de l’excellente édition d’Aratus de M. Buhle, Léip- sivk, 1801, in-8.°: in templo Ægypti Memphis , ubi mos fuit solio regio decorari reges qui egnabant ; ihi enim sucris initiabuntur primum, ut dicitur,reges. Dira-t-on que le scholiaste de Germanicus a seu- lement voulu parler du trône royal qu’on plaçoit dans le temple de Memphis, pour les rois qui s’y faisoient initier ? Qu bien n’a t-il fait mention que - de Ja cérémonie religieuse du sacre dans le temple, tandis que Diodore de Sicile ne parle de son côté Inscription de Rosette. 341 que de la cérémonie civile de l'installation dans le palais ? Il seroit aussi fort aisé d'attaquer le témoi- gnage du scholiaste latin de Germanicus, avec les armes que fournit un grand critique, M. Buhl, qui vient de redonner cet Auteur. Voici ses expressions, pag. 178 : Est ille a diversis hominibus e pluribus anti- quoribus græcorum in Aratum commentaris , sicué scholia ad Aratum græca , conflatus absque u!!o or- dine ; quare etiam eadem sæpis repetuntur, afferuntur Sibi contraria ; et sermo est tam bartarus , incomptus ; et vitiosus , ut totus hic comimentarius non veteris Zlatini seriptoris opert, sed pueruli nostræ ætatis exer- citio styli léfini sümilis videatur.... Scholiis unius &rammalici latini uddita et intermixta posteà sunt alia ; undè repugnantiæ ortæ sunt. Aussi notre con- frère, qui cite ce passage des scholies latines de Germanicus, d’après Jablonski et Pauw, convient- il, page 44, qu’en général ce scholiaste, dont le texte est fort corrompu, el très-peu intelligihle , ne peut être d’une grande autorité. Votre traduction du texte égyptien fixera un jour la vraie leçon, et dé- cidera s’il faut suppléer £asaso, paluis , où isse, temple. En attendant je vais indiquer d’autres exem- ples de Pexpression mrepanaei Thy BariAiar, si fré- quente dans nôtre inscription. Vous retrouverez ce terme dans la version grecque de Daniel, chap. 5, vers, 31, chap. 7, vers. 18, et à la fin, dans l’flis- toire du dragon, vers: 1:06 Basiacbs ’Arloæyys ZhoctriQ# mpos Ts mélipus aÿré «À Trapéame: KG 0 Tiésoys T4Y Barinciar dure, c’est-à-dire , lui succéda. Dansle second livre des Machabées , ehap. 4, verset 7 : mluna£añl@ Où roy Bioy Lihtbus , # Hupahaoyr@ ryy Burisiæey ’Arlioys TS EniQarës. l’auteur de la version grecque de Jérémie emploie ce verbe au mojen dans le sens d’Aériter, vers, 2, chap. 80 de sa traduction, ou cüap. 49, 342 Palæographie. du texte hébreu | mepaxñÿerey ‘lopaña ra épyhr curés. et zbid., vers 1 : ñ mapanyÿu:r@ ëx Eoliy tv rois, est-ce qu’il n’y a pas d’héritier parmi eux ? Ce que Symmaque rend aïnsi, #3 xanporu@ 8x terw àvra 3 voyez page 546, tome Il Hervuplorum Origenis , édit. de M. Bahrdt , Leipsick, 1779, in 8.° Note 39 ). Inscription de Rosette , ligne 33, page 18. \ Note 40 ). Tbidem, page 18, Note 41 ). Jbid., pages 71 et 113. Note 42 ). Jbid. , page 7r. Note 43 }. Polybe , liv. XXXIIE, chap. 3, page 398 , tome IV. Note 44 ). Polybe, liv. VI, chap. 9, page 4743 tome II. Note 45 ). Inscription de Rosette , ligne 51, page 23. Note 46 }). Ibid., page 23. Note 47 ). Ibid., pages 104 et 117. Note 48 ). Ibid., page 104. Note 49 }. Esther, chap. 2, verset 23. Note 5o ). Trommius, sur le mot xaerayopién , page 869 , tome [ Concordantiæ græcæ versionis LXX Interpretum , Amstelodami, 1718 , in-folio. Note 51 ). Paralipomènes , liv. I, chap. 27, versel 24. Note 52 ). Grotius, pages 370 et 371, tome IT, Annotationes in velus testamentum , ed Vogel ; Halæ , 1776, in-4° Note 53 ). Machabées, liv.IIT, chap. 2, verset 29. Note 54 ). Strabon, liv. I, page 16, édit. du Louvre , 1620 , in-folio. Note 55). Casaubon , commentarü et castigationes in Straboncm ; page 12, col, 1. | | JInscription de Rosette. 343 Note 56 ). Gori, page 136, class. TF7, Inscrip- tiones Donianæ , Florentiæ, 1731, in-folio. Note 57 ). Muratori, vol. IT, class. VF LIT , page 607, novus thésaurus, Mediolant, 1740. Note 58 ). Le prince de Torremuzza, page oo, class. FILIT, Siciliæ inscriptionum nova collectio , Panormi , 1794, in-fol., sec. edit. Note 59 ). Inscription d’Hermione et d’Asine, lignes 23 et 24. Note 6o ). La même inscription d'Hermione et d’Asine , lignes 27 et 28, page 137 des inscrip- tiones Donianæ de Gori. Note 61 }+ Inscription de Rosette, lis.3, pag. T1. Note 62 ). Ibid. , page xr. Note 63 }. Ibid, pages 30 et 108. Note 64 ). Ibid. , page 3. Note 65 ). Vers l’an 574 de la fondation de Rome, les controleurs généraux des Lacédémoniens, ou au moins Îles ecmimissaires qui vérilioient les comptes des deniers publics , sont appelés dormarrüpes Tôv xowëv daus trois endroits de Polybe, lis. 25, pages 329 et 330, tome IV. Note 66 }). S. Jérôme, commentar. in Danielis caput 11, col. 1124, tome AI, édit. de Martianay, Paris, 1704, in-folio. Comparez aussi la narration de Justin , liv. XXX, chap. 2 et 3, pages 562 et suivantes, édit. d'Abraham Gronovius, Levde , 3760, in-8.°; et liv. XXXI, chap. 1 , pages 568 et suivantes ; et Polybe , By. HT, chap. 2 , page 389, tome | , liv. XV , chap. 20, pages 32 et suivantes, tome LIT ,liv. XVII, chap. : , pages 7 et 8, tom. IV, et liv. XVII , chap. 33, page 110, et chap. 34, page 112, tome IV, et liv. XV , chap. 33, pages 560 et suivantes, tome JIL, où il décrit une scene horrible qui fait frémir l’humanité, etliv. XXII, 344 Palæographie. chap. 16, pages 279 et 280, tome IV , où il parle du siége de Lycopolis, rw Adxw seu. Polyhe étoit contemporain de Ptolémée Epiphane , dont il éelair- cit l’histoire et Pinscription. Lycortas , préteur des Achéens, successeur de Philopæmen, et père de notre historien , avoit renouvelé le traité d’alliance de la ligue Achéenne avec Ptolémée Epiphane, et alloit repartir avec son fils Polybe, qui étoit nommé, conjointement avec lui , ambassadeur à la cour d'Egypte , lorsque la mort de ce prince survint. Polybe, liv. XXIII, chap. 1, page 245, et liv. XXHIF, chap. 9, pages 262 et suivantes , let liv. XXV, chap. 7, page 328 , tome IV. Voyez aussi Zonaras, liv. IV, page 200, tome I, édit. du Louvre , Jo- seph, Antiquit. Juduie., iv. XIL, chap.3, pag. 520, et suivantes, tome F, édit. d'Hudson, le Chronieon Paschale, page 177, George Syncelle, page 283 ,etc. Note 67 ). S. Jérôme, 1bid., col. 1122. C’est ce que Rhemuius Fannius Palæmon exprime aïnsi dans son poeme de ponderibus et mensuris, page 33 de l'édition d’Elie Vinet des Priscient, Rhemnit Fannit ; libride nummis , ponderibus | mensuris, numeris ,ete. Parisüs, 1565, in-8.°: ÆEsr etiam terris quas advena Nilus inundat, Artaba, cui superat modii pars tertia posttres : Namque decem modiis explebitur artaba triplex. S. Jérôme dit aussi , sur le cinquième chapitre d’Isaie, col. 49 ; tom. IL: pro triginta modiis quos nos pro coro posuimus , qui Hebraicè dicitur OMER , Septuagintæ verterunt ART'ABAS SEX ; quæ mensura Æ;gyptiacæ est, et facit modios viginti, Dalmatius, auteur inédit, dans son histoire des saints d'Egypte, citée par Ducaïge, 21 Glossario mediæ græcitatis, sur le mot ’Agrécn , page 129, observe à l’article de Sérapion, Inseription de Rosette. 345 que chacun recevoit de salaire annuel douze artabes ; ce qui, ajoute- -t-il, » répond à à quarante de nos modius, godr 8ç mue peiv aeyoueloss. Note 68 ). Inscription de Rosette, ligne 30, pages 18 et 68, Note 63 }. Hérodote, liv. I, chap. 192, pag. 97. Note ro }. Le savant Larcher, page 506, tom. E de la nouvelle édition de sa traduction d'Hérodote, Paris, 1802, in-8.° Note 71 ). Wilkins, page 96 , Dissertat, de lingu& coplic& ad Chamberlaynium. Note 72 ). La Croze, Lexicon Æzyptiaco-latinum, sur le mot EPTOB, page 18. Note 73 ). Reland, Dissertatio VIII de veteri lingu& Persicd , pages 134, et suivantes, de ses dissertetionum Miscellanearum , tome II, Utrecht, 1707, in-8.°. Note 74 ). Bernard parle de l’artabe des Mèdes, des Perses , des Egyptiens , des Alexandrins, et des Rabins, pages 63, 66 et suivantes ; pages 77, 56,73, de son docte traité de mensuris, et ponderibus an- tiguis, Oxoniae , 1688, 2.° édition. Selon lui, ibid., page 56 : Artaba Mardi contrahit frumenti libras | mnasve A/exandrinas 204, quarum singulae erpendunt drachmas 144, granave tritici 9216144 » IX 64 Il cite pour garant Mohammed Sephadi, auteur Arabe , et a soin de distinguer , page 67, Ja grande et la petite ariabe. Isidore , Origin. ‘iv. XVI, chap. 25, page 1234 des Auctores latinae linguue de l'édition de Denys Godefoy , Genève, 1622, in 4°, dit : Artuba mensura est apud Ægyp- tios sexlariorum LXXIT, composita ex numero , propler LXXII gentes , vel linguas, quae orbem impleverunt. IL a tiré cette singulière explication de S. Epiphane, qui ( de mensuris et ponderibus, 346 Palæographie. pages 18r et 182, tome IT de l'édition de Petau, de Cologne , on plutot de Leipsick) prétend de même que c’étoit à cause des soixante et douze hommes qui bâtirent la tour de Babel, et dont la dispersion donna l’origine à soixante et douze langues, et à l’épithete d’Homère » pégomts » cis Thy rpeepeoeévy yADeT ES Comparez le passage de l’étymologicon grec inédit , cité et corrigé par Reland , pages 135 et 136 , tome IT, Dissert. VIII. Joseph ( Antiquit. judaie. , Liv. XI, chap. r , page 470 ,tome I, édit. d'Hudson) fait dire à Cyrus, dans une lettre aux Juifs, qu'il leur donne pour le temple de Jérusalem , vingt mille cinqcentsartabes de pur fioment. Antiochus-le-Grand, roi de Syrie, écrit pareillement à Ptolémée Epiphane, dans Joseph, Antiquit. juduic., liv. XIE, chap. 3, page 521, tome [ , édit. d'Hudson, que pour ré- compenser les juifs de leur attachement, il veut contribuer à l’entretien de leur culte, et fournir Pour sa part, Zapuosçsir ray els rés Jucias S'YNTAEIN. .« Csidéxens ‘APT'ABAZ icpass & , naT& Toy icripapioy Yéuoe Cette expression de Joseph, Chaës , est remarquable, et précisément la même que celle de notre inscrip- tion, lignes 14 et 15, page 14 : rès mporidss ra épov , toy rus Oidosceves dis dulx nul émauroy EYNT AFEIE ciluxés re 4) épyopinés. C’est contributions , et non pas taxæationes, ou redevances, comme le traduit notre savant confrère, pages b4, 110 et 14. Poiybe, div. XXII, chap. 27, page 241, tome LV : 64 pair TOY Téncay mélénsr AYiéy® Quovy. .. .ruuras pts AITEAYZAN Täy Qopay ( comme dans notre inseription , lignes 16 et 17, page 1, "AD'EAYSEN +8 zarëmhs) cr d° "Alan Z'YNTAEZIN ( terme plus doux que celui d'impôt, de tribut } dés, ravreus tmélabey roy ébroy Lopeéves dudévey Qépor. C’est quelquefois une pension , un traitement an- nuel pour subvenir à l'entretien, et proprement la Inscription de Rosette, 347 contribution que chacun est obligé de donner pour sa part. Les Septante, exode , chap. 5, versets & et 18, se servent du mot de (élakiy rñs mauwSupyies , Et mAiv- Deles, pour désigner la quantité de briques fixe et déterminée, que les Israélites étoient obligés de fournir par jour. Pharaon déclare ibid., verset 11, qu’il n’en feut rien rabattre : 3 9 dDauirey mo vus Coléécos ipüy 9%, Thid. , verset 14 : & (ouleaérue rès Coilé£us cuir 545 mawdees. Voyez Suidas sur ce mot, et Spanheimw, page 166 de ses notes sur Julien, Leipsick, 1696 ,\ in-folio. Voyez aussi le troisième livre des rois, chap. 4, verset 28, où il est parlé des fournitures pour lentretien de la maison de Sa- lomon,. Polyén, Stratogem. (liv. IV , chap. 32, pages 354 et 355, édition de Maasvich , Leyde, 1690, in-6.°) observe que l'artabe des Perses répond au médimne attique , et rapporte la quantité incroyable d’urlabes de farine de diverses qualités qui se con- sommoient chaque jour à la table des rois de Perse, dont Alexandre avoit lu le menu gravé sur une co- Jonne d’airain du palais. Il paroit que ce furent les Perses qui apportérent en Kgypte cette mesure de leur pays, lors de l’invasion de Cambyse. Note 75 j. S. Jérome , in Danielis cap. XI, col. 22901: III. Note 76 ). S. Jérome, præfit. explanationis in Danielem, col. 1074, t. IN: » Ad intelligendas ex-" “ dremas parties Dunielis, muliipleæ Græcorum his- x torla necessuria est, Suctorit, videlicet Callinici , « Diodori, Hieronymr, l'olÿbii, Posidonit, C'au- « dir, Theonis, et Andronicé cognomento Alypit, ques et Porphyrius esse sequutum se dicit : Josephi quogue ; el eorum quos ponit Josephus , præcipue- que nostri Livir, et Pompeti Trogi, atque Justini ; “ qui omnem exiremæ visionts ( Danielis ) narranë 348 Palæographie. “ historiam, et post Alexandrum usque ad Cæsarem “ Augustum, Syriæ, et Ægypti, id est Seleuci, et “ Antiochi, et Ptolemæorum bella deéScribunt.» C’est ainsi que Vitringa dans son excellent commentaire sur Jsaie, et Jean Gottlieb Kalinsky dans ses Fati- cinia Chabacuci et Nachumi, savant ouvrage imprimé à Breslau, 1748, in-4°, ont fait un grand usage de l'Histoire ancienne, et en ont éclairci plusieurs points. Les écrivains qu’indique S. Jérome, auroient pû répandre beaucoup de jour sur divers passages de notre inscription de Rosette, par exemple, sur la révolte d’une partie de l'Egypte, sur le siége de Lycopolis, ete. Maïs pour nous diriger dans la vaste mer de Pantiquité, il ne nous reste que les planches d’un naufrage ; et ii faut compulser tous les auteurs sacrés et profanes de tous les âges, pour pouvoir réunir quelques fragmens épars. Martianay met mal à propos une virgule apres Suctorii videlicel , et avant Callinier. C’est Callinicus, surnommé Sue- torius, où plutôt Sutorius , qui avoit composé et dé- dié à Cléopatre une histoire d’Alexandrie. Voyez Fabricius | Bibliothec. græc. iv. IV, chap. 30, page 413 , tome IV. Note 78 ). Inscription de Rosette, lig. 7, p. 12. Note 79 }). Ibid. lig. 19, page 16. Note 80 ). S. Jérome surle XI.° chapitre de Da- miel, col. 1123, tome III, édit. de Martianay. Note 81 ). Il ne faut pas confondre cette Béré- nice, femme d’Antiochus II /e Dieu, roi de Syrie, avee une autre Bérénice, sa sœur, selon Catulle, et par conséquent selon Callimaque, et selon Hygin, ct fille de Ptolémée Philadelphe, roi d'Egypte, ou bien de Magas, roi de Cyrene, suivant Justin et Polybe, dont le savant et respectable Eckhel adopte l'opinion , Doctrina numorum, pars 1; vol. IV, p. 19 Inscription de Rosette. 349 Cette derniere Bérénice épousa Ptolémée Ever- gète, après avoir fait assassiner , dans le lit et dans les bras de sa’ propre mère Arsinoé devenue sa rivale, son premier mari Démétrius, frere d’An- tigone, roi de Macédoine , qui et ipse ex fili& P1o- Temaer procreatus erat, dit Justin, L. 26, c. 3, p. 534. M. Eckhel cite ce trait id. p. 14, pour prou- ver qu’elle avoit un courage au-dessus de son sexe, Juisse animi supra sexum generosi, Un historien tel que Justin a pû se permettre de dire, ibid. p.534, édit. de Leyde, 1760, in-8.°: Arsinoë, audit@ yoce filiæ ad fcres stantis , et præcipientis ut matri par- ceretur, adulterum paulisper corpore suo proteæit. Quo interfecto , Berenice et stupra matris, SALV A PIETATE, ulia est, et in matrimonio sortiendo jJu- diciwmn patris secuta. ( Son pere l’avoit destinée à Ptolémée Évergète ). Mais il seroit bien surprenant que ce fût ce meurtre horrible dans toutes ses cir- constances, qui eût valu à Bérénice le titre de magnanimam que lui donne Catulle, de comé Be- renices, V. 2b et 26: ons sesesses At te ego certà Cognoram à parvd virgine magnanimamn. Comment un poète adulateur, comment Callima- que, dont Catulle n’est que le traducteur dans cette piece, monument insigne de flatterie, eut-il osé rappeler ce souvenir affreux à une reine, lui retracer le libertinage honteux de sa mère, la f6- liciter d’un assassinat, pour lui faire sa cour, et ajouter, dans la crainte apparemment que l’allusion à ce beau trait ne fût pas assez généralement sen- tie : Anne 50Num oblita es facinus quo regium adepta es Conjugium , quod non fortior ausit alis ? 350 Palæographie. Mais Ja discussion de ces points de l’histoire dé- goutante des Ptolémée est heureusement étrangère à mon objet, et id de l'inscription de Rosette. Note 82 ). Apulée, Métamorphos. liv. XT, pages 774 et 775 , édit. d'Oudendorp , Leyde , 1786, in-4.°: bat tertius atiollens palmam àuro subuliter Joliatam. Voyez ce que le P. Carmeli dit des pro- cessions des payens, liv. [, chap. 4, pages go et suivantes, tome [. S7ORIA di vari costumi sagri e profant, in Venezia , 1778 , in-8.° Note 83 ). S. Epiphane , adversus hireses ; live 2,/1ome Ls Pe- 524. Note 84 à L'abbé Barthélemy , page 519, Tome XXX des Mémotres de l’Académie des Inscriptions. Note 85 ). Ibid. page 518. Note #6 }). Inscription de Rosette, lig. 5, pag. 12. Note 87 ) L'abbé Barthélemy, page 73r et 732, tome XXXII des Mémoires de lAcudémie des Ins- criptions. Note 88 ). Le comte de Caylus, pages 37 et 38, tome If, Recueil «Antiquités. Note 89 ). M. Schmidt traite cette matière à fond , depuis la page 89 jusqu’à la page 97 de sa Dissertalio de Sacerdotibus et Sacrificiis Ægyp- diorum. Note 90 ). M. Larcher, note 117.°, sur le 35.° chapitre du second livre d’Hérodote , pages 237 et 238, tome II de la dernière édition de sa précieuse traduction. Note 91 ). Inscription de Rosette lignes 42 et 43, pages 20 et 80. Note 92 ). Apulée, Métamorphos. liv. XI, ‘pa- ges 774 el 775: secundus ( antistes sacrorum) ma- nibus ambabus gestabat ALTARIA, id est, auxilia , bte Fm, © = PR NS Br! - Inscription de Rosette. 351 quibus nomen dedit proprium Deæ summatis auxi- diuris providentia. Note 03). Hérodote, liv. IT, chap. 63, page 133, édit. Wesseling. Note 94 ). Jablonski , Panthéon ægyptiacum , part. I, livre. 2, chap. 2, page 164. Cuper, ën . Barpocrate ; page 492, tome. Il des Utriusque - Z'hesauri nova Supplementa de Poleni. Note 95 ). M Schmidt, Dissertatio de Sacerdo- tibus et Sacrificiis Ægyptiorum, Tubingæ, 1768, in-8° Voyez aussi Corneille de Pauw, page 326 de ses notes sur le 41.° chapitre d’Horapollon, Hieroglyphica | Utrecht, 1727, in-4° Note 96 ). Apulée, Métamorphos. liv. XI à p. 789. Note 97 ). Apulée, rbid. page 811. Voyez sur ces 1acenda quædam, ce que dit Wesseling, note 30, page 177, tome Î de son édit. de Diodore de Sicile. Note 98 ). Apulée , ibid. page 817. Note 99 ). Les pastophores étoient chargés du soin de porter les tabernacles , les petites cha- pelles, et de garder les temp'es. Cuper (2 Harpo- crale; page 492 tome IT, édit. de Poleni ) et M. Schmidt ( Dissertatio de Sucerdotibus et Sucrificis Ægypl., page 194) Citent ce passage d’'Horapol- lon qui ( Hieroglyph., liv. L, chap. 41, page 56.) dit que les Ægyptiens , pour représenter un pasto- phore, peisnoient le gardien de la maison, parce- que le pastophore gurdoit les temples. Maïs ils au- roient dû observer que dans cet endroit d’'Horapol- lon , il faut sousentendre «iv, chien, un chien qui garde la maïsoi, puisque dans les chapitres précé- dens 39.° et 40° ( pages 52 et suivantes , et page 56) dont le 41° n’est que la suite, et doit même faire 352: Palæographie. partie, il n’est question que de l’hiéroglyphe du chien et de ses différentes significations. L/on voit, ibid, chap. 40, pages 55 et 56, que le symbole, lPhiéroglyphe d’un magistrat, d’un juge, n’étoit pas un chien, gardien de la maison, mais un chien avec une robe royale placée à ses côtés. Requier a aussi fort mal rendu ce passage, page 85 de ses Hiéro- glyrhes dits d'Horapolle, ouvrige traduit du grecs Paris 1779 in-12; et je n'indique sa traduction que pour avertir qu’on y trouvé dans les notes quelques variantes de deux manuscrits de la bibliothéque na- tionale, cotés 2832 et 2992, qu’un nouvel éditeur feroit bien de collationner. Comme les pastophores - demeuroïent dans les temples dont la garde leur étoit confiée, c’est de la qu'est venu le mot de Saclopogiey qu'on trouve souvent dans les auteurs profanes, et dans les Septante, pour désigner lha- bitation des ministres des autels. Voyez Saumaise sur Solin, page 856 , col. 2, édit. d'Utrecht, 1689, in - folio. Note 100). Cuper, #n Fiaiaes page 493; édit. de Poleni. Note 101 ) Hérodote, liv. II, chap. 63, page 133, édit. Wesseling. Note 102 ). Cuper, 17 Harpocrate, page 403. Note 103 ). Wesseling, sur onu page 133. Note 104 }). M: Schmidte Diss. de Sacerd., et Sa- erif. pages 204 et 205 , note D. Note 105 ). Diodore de Sicile, liv. 1, chap. 97, page 110, tome JT, édit. Wesselins. Note 106 ). Homère, Iliade, Liv. XIV, v. 347 gt suivans. Note 107 ). Amos, dans la Version grecque, ehap. 5, verset 26. Note el ’l le pal à rl ni \ ÿ » Inscription de Roselte. 353 * Note 108 }). S. Etienne, Actes des Apütres, chap. m, Vérset 43. \ Note 109 }). Solin, chap. 32, page 43, édit. de Saumaise. Note 110 ). Pline, liv. VIIL, chap, 71, ou 46, selon d’autres éditions. ® Note 1r1 ). Saumaise, page 856, col. IT, £xer- citat. tn Solinum. Note 112 ). Le comte de Caylus, Recueil @ An- tiquités , tome VI, planche XIII, n.° 1. Zbid. pages 36 et suivantes. Note 113 ). M. Schmidt, pages 205, 207et 208, Dissert, de Sacerdot. et Sacrif. Note 114 ). Explication de la Mosaïque de Pales- trine , page 519 tome XXX des Mémoires de l Aca- ak des Inscriptions. M. Schmidt , page 207, Dissert. de Sacerd. et Sacrif. Note 115 ). Clément d’Alexandrie , Stromat. , liv. V, page 671, tome IE, édit. de Potter. Note 116 ). M. Schmidt, page 212, note OQ, de son excellente Dissertition que j’ai souvent citée, et qui répand beaucoup de lumière sur notre ins- cription, et sur les antiquités de l'Egypte. Note 117 ). Diodore de Sicile, liv. IT, chap. 146, page 177, tome Î, édit. de Wesseling, dont on peut consulter la savante note, 1bidem. L’on voit de même dans le premier livre de lIliade, vers 423 et suivans, que Jupiter et tous les autres Dieux étoient allés assister à un banquet chez les Ethiopiens , et n’en devoient revenir que le douzième jour. Eustathe ( page 128 , lig. 10, tome 1, édit, de Rome) ,et les Scholiastes de Venise que j’ai pu- bliés, disent, sur le 425.° vers, page 33, colonne 3 de mon édition), qu’il y a.oit à Diospolis un très- grand temple de Jupiter ; que les Ethiopiens y J'ome LL, 354 Palæographie. alloiert prendre sa statue et celle des autres Dieux du Pays, etcélébroiïent des fêtes magnifiques, za deus, pendant douze jours, c’est-à-dire , pendant au tant de jours qu’ils avoient de dieux du preniier ordre. M. Heire, sur le vers 425, liv. [, page 115, tome I de son excellente édition, vraiment digne de PI- liade, observe qu’on croyoit alors que les Dieux se rendoient à leur fêtes pour assister aux sacrifices qu’on leur ofiroit, et en manger leur part; mensæ credere alesse Deos, dit Ovide ( Fast., div. VE, v. 306 }). C’est ce que M. Heyne prouve par plusieurs passages de liliade, liv. IX, vers 53r, de lOdys- sée, liv. VIT ,.vers 201 et 202; de Pindare, O/ymp. VIT, vers 68. Ce savant, respectable à tant de titres , ajoute , 40/2. , que c’est de là que le mot dus veut dire tout à Ja fois sacrifice et repas. En effet, toutes les fêtes, tous les sacrifices de l’An- tiquité se terminoient par des repas et par des danses, comme Île remarque le docte abbé Gae- tan Marini ( qui depuis la renaissance des lettres , n’a guère eu de pareil dans la connoissance des ins- criptions latines) page 200, tome I Gli atti e mo- numenti de’ fratelli Arvali, in Roma, 1705, éu-4.° 11 cite l'exode ( chap. XXXII, v. 6 ) où l’on voit les Israelites se meitre à manger, à boire et à dan- ser, aprés avoir consacré leur veau d’or qui étoit fait à l’initation du Dieu Apis dont l'entretien coutoit si cher à PÉeypte Inscription-de Rosetie, ligne 31, page 18). Leurs cris d'allégresse, leurs hymnes en l'honneur de ce veau frappent les oreilles de Moyse. Il s’écrie (#4id. chap. XXXIT, v. 18): Durs Eugsce la eus yo dxta, C'est-Q-dire, j'entends la voix de ceux qui se mettent à boire; mais j'observerai que le mot &ws est corrompu , n’a aucun rapport avec l’expression Hébraique cor- 5e Inscription de Rosette. 355 télative du texte, et qu’il faut lire &wz, de ceux gui entonnent un cantigue de louanges , au lieu d’éne , qui se mettent à boire. Cette correction si simple , si ingénieuse , et si heuieuse , est de Chris- tianus Sehotanus ; page 35 Diatribe de authoritate Versionis Græcae quæ dicitur LXX Interpretum , ad- sersus Tsaacum Fossium, Franekerae , 1663 , in-4.° Macrobe ( liv. I, chap. 16, page 285, édit. de Zeu- nius, Leipsick, 1774, in-8.°) définit ainsi la sacre celebritas, où pervigilium des Latins, c’est-à-dire, la awryveas des Grecs anciens et modernes qui ont conservé ce mot : « Sacra celebrilas est, vel cum « sacrifiia Diis oferuntur , vel cum dies divinis epu- « lationibus celebratur | vel cum ludi in honorem « aguntur Deorum, vel cum feriæ observantur. n Lis banius ( pages 1117 et suivantes, vol. IV de l’édi- tion de Reiïske, Altenburg, 1787 ,in-8.° , et pages 409 et suivantes t. [ de PE’yzuxhoz œude Qiñonoyixn de Jean Patousa, Venise, 1610, in-8.°, et pages 90 et sui- vantes ds Excerpta Varia Græcorum Sophistarurm de Léon Aliatius, Rome, 1641, in-8.° ) donne une description d’une æewryvas parfaitement semblable à celles que j'ai vues en Grèce. Dans l’ile de Siphanto { Sphnos ), il y a des hommes riches qui font vœu de célébrer la zayusus, ou fête d'un saint, dans une chapelle éloignée , et d'y nourrir tout le peu- ple qui s’y porte en foule, quelquelois au nombre de cinq cents personnes. J’assistai le 9 septembre 1585, à la mewyris, ou fête de la décollation de S. Jean Baptiste. Le primat de Siphnos, M. Apos- tolaki Bao, en fit les frais. Il avoit fourni 300 pains, et une grande provision de (:g5 ( espèce de poisson salé qui vient de la mer Noire), defèves, de purée de favette, d'olives de caviar, de capres, d'ül, d'oignon, et destiné deux barils de vin pour Z'a 396 | Palæographie. régaler toutes les personnes qui pouvoient se rendre à cette solennité. C’est ce que les anciens Grecs appeloieut dmmoSoniz ; mot qui se rencontre souvent dans les inscriptions. «Apres le repas, les Grecs se mirent à chanter, à danser au son de la lyre, et à tirer des coups de pistolet en signe de joie. Note 118 ). Petau, pages 29 et 30 de ses notes, sur Ja page 79 de Synésius , édit. de Paris, 1633 , in-fol. Note 119 ). Juvénal, Sat. 15, vers 40 et suive Note 120 ). ee de Rosette, ligues 49 et bo, page 22. Note 121 }. Je rends toy #94 mavifupy de l'inserip= tion de Rosette, liv. XLIX, page 22, par Jéte et solennité. Notre savant confrère met, pages 100 et 115, fête et grande assemblée. Tuvifvus en grec-an- cien et moderne, est la sacra celebritas de Macrobe , la fête du saint de nos villages, la sagra des Vé- nitiens. Ces fêtes attiroient un grand concours; et c’est cette réunion qui les a fait appeler serfyvgs Musée décrit une de ces solennités dans son poëme des amours de Léandre et d’Héro, et dit, vers 42: Ah 9 Kumpid}n mardios HAŸey éopln , Ty dé Zfcloy éysow A'dandi, 454 Kodterins comme dans notre Inscription, ligne 49, page 22, yes togrur nf muyvpu 7 Troxueis. Musée ajoute, vers 44 : Havovdiy d' tomeudoy ts iepor muae ixtrdy, ele, Nous avons vu plus haut que c’étoit dans les grandes solennités, & raïs meyéreus mavryléecw, qu'on faisoit sortir les châsses ou tabernacles des Die “selon l'inscription de Rosette (ligne 42, page 20) qui se sert aussi de l’expression zamyvecw, lignes 4x et 45, page 20, et ligne 32, page 18, où ce Tascripli on de Rosette. 337 mot se {rouve joint à Enr de Suriäv, sacrifices. Notre confrère, dans ce dernier endroit, pages 7o et 119, traduit encore sæwrylesow par grandes assemblées. Hérodote, liv. IL, chap. 111, page 131; dit que ce sont les Égyptiens qui ont inventé les roua}, pro- cessions , et les rærsyéers. Note 122 ). Inscription de Rosette , ligne bo, page 22, Note 123 ). Petau, page 30 Nofarum in Synesium. Note 124 ). Voyez ce que le P. Panel dit des orgies des peuples ce l’antiquité, chap. 4, 5, 26 et suivantes de son traité De cistophoris , Lyon, ‘1734, in-4.° Note 125 } Consxitez Ja détrto du P, Car- meli sur ies Agapes des premiers Chrétiens, liv, I, chap, 5, pages 107 et suivantes, tome [, S/oria & vart tune sacré e profani , dagli antichi fino a, nOL pervenuti, edizione terza, ir Venezia, 1778, in- -8.?, etle P, Mamachi, chap. 2,1. 1, pages 88 et suivantes tome II, De’ costumi de? primilivi Cris= liant, in LÉ 1757, in-8.° Note Fi Clément d'Alexandrie , Pelegors liv. IT , chap. 4, page 192, tome I, édit. de Potter. Note 127 ). Clément d? ER rie , ibid. page 104. Ce mot eiyéçulos est une épithète que notre inscription donne très-souvent à Ptolémée Épiphane, Usserius, page 552 de ses Annales veteris Testa= menti, Londini, 1650, in-fol., croit que c’est de ce Ptolémée Épiphane que Caton avoit dit dans son discours contre Thermus : Piolemæo, rege op- timo , et BENEFICISSIMO. Voyez Priscien qui nous a conservé ce fragment, liv. 11, chap. 1, page 603 des Grammaticæ Latinæ auctores antiqui, Hanoviæ , 1605, in-4.° En effet ce roi se fit estimer dans le: commencement de son règne, au rapport de Dio- Z 3 Se 558 Palæographie. dore de Sicile, Excerpta de virtutibus et vitüs, page 573, tome Il, édit. Wesseling. Note 128 ). S. Épiphane, adversus hæreses , liv. IT, pages 1092 et 1093, tome IT, édit. de Petau, Cologne, ou plutôt Leipsick, 1682, in-fol. Note 129 }. Apulée, Metamorphos. , liv. XI, pages 769 et suivantes, édit. d'Oudendorp, Leyde, 1786, in - 4.° Note 130 ). Hesychius, sur le mot Kuzerlaf. Note 131 ). Démosthène , De legatione malè gestä, page 433, tome 1, édit. Reiske. Note 132 ). Démosthène, contra Neæram,p 1356, t I], ixouale pil 415. Voyez sur les xäüuor, la disser- tation de Schwartzius De comissationibus veterum , Altorfit, 1744, in -4,°3 Jacques Duport, prælec- tiones in Theophrasti characterum chap. 12, pages 400 et suivantes , édit. de Cambridge, 1712,in-8.°; les notes des commentateurs sur la troisième Idylle de T'héocrite ,et sur la sixieme Ode d’Anacréon, etc. Note 123 ). Lambert Bos, sur le 13.° verset du 33.° chapitre de FEpitre de S. Paul aux Romains, pages 117 et suivantes, Exercitationes philologice, Franequeræ ; 1713, in-8,° Note 134 ). Agésilas Marescotti, De personis eë Tarvis Syntagmalion , chap. 4, page 1123, vol. IX Thesauri Antiquit,. Romanar. Grœvi , Venetis , 1735. Note 135 }. Philostrate, Icon. liv. I , chap. 2, pages 765 et 766, édit. d'Oléarius, Leipsick, 1709, in - folio. Note 136 }). Philostrate, zbid. page 766. Note 137 ). Élien, De natur& animalium, liy. Le chap. 5o, page 31, édit. de M. Schneider. Athénée, liv. XIV , chap. 2 , page 618: adorer siciy évouale sas Inscription de Roseite. 359 aus … Sugonomimby 1 eut | xg4 weuoituesr, Eustathe cite ce passage, page 1236, ligue 57, tome II. Note 138 ). Lib page 1113, tome IV, édit. de Reiske. Note 139). Léon Allatius, Excerpta varia græcorum Soplustarum , Romæ, 1641, in-4.° p. 88. L'on voit , 16. p.87, que pendant ces jours de fêtes solennelles, les uns se livrent à la bonne chère dans ies temples, et les autres dans leurs maisons. On chercheroit en vain ce morceau curieux dans l'édition de Mo- rel; et Léon Allatius dit, dans sa préface , qu'il Va tiré d’un excellent manuscrit de Libanius, de la bibliothéque Barbérini, très-correct , et qui peut servir à corriger, et à completer tous les autres Ouvrages imprimés de ce Sophiste, et à remplir les lacunes. 11 donne, ibidem , le titre des pièces de Libanius que ce manuscrit de coton renferme, et qui manquent dans l'édition de Morel. Noie-140 ). Jean Patousa d'Athènes, supérieur du collége des Grecs à Venise, page 411, tome T de son E’yzunomaidtie Goo YEN collection en quatre volumes in-6.°, imprimée à Venise en 1710. C’est un livre classique chez les Grecs, et dans le genre de celui-ci qui est beaucoup moins connu, et à l'usage des Portugais, et fort bien imprimé sur du Hope et avec des caracteres grecs tirés d’An- gleterre : SiJecta optimorum grecæ linguæ scripto- ruin , ên publicum QAmmims juventutis commodum s ex præscripto fidelissimi regis Joseph L, ad schola Tum usum, oper@ ct studio Custodi Josephi Olive- il, presbyteri sæcularis, linguæ græcæ professoris regit , Olisiponæ , ex typographiä regié, 1773 ;, in-8.°, avec des notes latines à a fin, par le même M. Custodio José (Joseph) de Oliveira. Le T a donc pris mal à propos la place du A F Z 4 360 Palæographie. dans aÿräy, comme au contraire je crois qu’il faut mettre un T au lieu d’un 11, dans cette phrase de Themistius, Orutione XXII, de amicitiä, page 279, édit. Harduini, Paris, 1684, in-fol. zaptdaxs Tù Aéovls diya éxérepoy E'YIIPEN H © éÿmorov Supur, EGRE- GIAM e/ fucilem prædam , dit le traducteur latin de ce passage qui me paroît corrompu. Je suis sur- pris de ce que les savans Petau et Hardouin ne se sont pas aperçus qu'il faut restituer EYTPEUTH, paratim, promptam , prædam , au lieu d'EYOPENH. ‘Note 141 ). Huet, Origenianorum lv. 1, chap. 1, page 2, tome 1 de l'édition de 16€8, de Leip= sick, qui porte le faux titre de Cologne, pour ne pas inspirer de défiance , et la faire passer librement en Espagne, en Portugal, etc. Note 142 ). Saumaise, pages 441 et suivantes, De Hellenistic& Commentarius; et pages 152, 169, 260, 284, 285 et 290 de son Funus linguæ Helle- nisticæ. : : Note 143 ). M. Diodati, pages 65 et suivantes, Exercitatio de Christo grœcè loquente | Neapoti, 1767, in 8.° Au reste l'inscription grecque et Egyp- tienne de Rosette, sufñt pour réfuter lPopinion d’Isaac Vossius (ad iteratus P. Simonii objectiones Responsio, page 350 , Fariarum Obsercationum li- ber, Londini, 1685 , in-4.°) et de M. Diodati( page 16, Exercitatio de Christo græcè loquente) qui vou- loient soutenir contre Richard Simon, que du temps des Ptolémée, on ne parloit plus égyptien , mais seulement grec en Égypte : qu’on n’avoit pas même entendu nommer la langue copte avant la conquéte des Arabes; et que cet idiome très - moderne s’est formé de la corruption du grec et du mélange de V’Arabe. On avoit dit, avec aussi peu de fonde- ment, que, sous Je regne des Ptolémée, l'usage des Inscription de Rosette. . 361 eractères hiéroglyphiques éloit perdu. Voyez M. de Rossi. p. 41 et suiv. Della lingua propria di Cristo, Parma, 1772, in-4.° Note 144 ). M. Sturz a donné deux savantes dissertations ,. in-4.°, De dialecto Alexandrinä; la premiere à Leipsick, en 1786, la seconde à Géra, en 1768. Il seroit à souhaiter qu’il continuât ce tra- vail important. Simplicius , Olympiodore , Jean Philoponus , et les autres commentateurs grecs d’Aristote, lui fourniroient beaucoup de matériaux. Note 145 ). M. Sturz, page 20 de sa première dissertation De dialecto Alexandfin. Note 146 ). Aux auteurs que nous avons cités sur ce mot, on peut joindre Rosweide, à l’article "AËl&én, pages 114 et 115 de son AE M Onomas= ticon rerum et verborum dificiliorum, à la fin de ses Vitæ patrum, sive Historiæ eremilicæ libri X, Antuerpiæ, 1628, in-fol., seconde édition. Note 147 ). Lévitique, chap. 19, verset 27. Note 148 ). Lycophron, v. 579. Note 149 ). Eustathe, page 1633, ligne 5, tome 3, édit. de Rome. Sapho avoit employé la même expression d’£ezis pour oivws, de même qu'Hipporax. Voyez Athénée, liv. II, page 39, et la note de Casaubon, page 81, chap. 2, liv. Il, ÆAnimad- vers., et pages 56 et b7 des Sapphüs fragmenta de Védition de Jean - Christophe Wolf, Fame + 1733, in-4.° Note 150 }. Inscription de Rosette , ligne 44, page 21. Note 151 ). Inscription de Rosette page ot. Note 152 ). Anastasius Bibliothecarius, #7 com- memoratione eortenrr quæ acta surt in Sanctum Mar- tinum , Papam Romæ , page 47, col. I, tom. XITE de la Bibliotheca yeterum patrum d'André Galiand, 362 “ Palæographie. Venise, in-fol. ; 1788, collection où l’on trouve plus de cent-quatre‘vingts traités qui manquent dans les autres Bibliothéques des Pères. Note 153 ). Joh. Ludovici de la Cerda, Adrer= saria sacra, Lugduni, 1626, in- fol., chap. 3, pages 1 et 2. Note 154 ). Inscription de Posette, ligne 47, page 21. On lit oçè 18 mas, ibid. ligne 1, page 11, et ligne 8 , page 12. : Note 155 }. Inscription de Rosette, page 97, note r. Note 156 ). Maittaire , Græcæ linguæ dialecti , page 254, Londini, 1742, in-8.e Note 157 ). M. Sturz , pages 23 et 33 de sa première dissertation De dialecto Alevandriné. Note 158 ). M. Sturz, ibid. page 23, note E, et page 25. Note 159 ). Horti Adonidis , fol. 77. Comparez, Maittaire, Græcæ linguæ dialecti, page 2. Note 160 ). Inscription de Rosette, ligne 6, page 12. Note 161 ). Ibid. ligne 8, page 12. Note 162 ). M. Sturz, pages 32 , 33 et 34 de sa Première dissertation De dialecto Alexandriné. Note 163 ) Hérodote, livre If, chap. 164, page 185; et liv. IX, chap. 31, page 707, édit. Wes- seling. Note 164 ). Inscription de Rosette, ligne 19, page 15. Note 165 ). Hérodote, liv. II, chap. 168, p. 185. Note 166 ).'Inscription de Rosette, ligne 30, page r8. Note 167 ). Rosweide, page 1014 de son édit, des V’itæ Patrum, Anvers, 1628, in-fol. Note 168 ). Athénée, liv. II , ch. 33, p. 122. Inscription de Rosette. 363 Note 169 ). Voyez M. Sturz , page 23, note F, de sa première dissertation De dialecto Alexan- drinä. Note 170 ). Plutarque, vie d’ Antoine, page 147, tome 4, édit, de Reiske. P. 5. Le N ideaxvclixbr à la fin des verbes et des noms, qu’on ne met ordinairement qu'avant une yoyelle, pour éviter les hiatus , se trouve à chaque page avant une consonne , dans le précieux ma- nuscrit alexandrin de la version grecque commu nément désignée sous le nom des Septante , et faite à Pusage des Juifs d'Alexandrie ; et dans notre inscription de Rosette , composée dans le même dialecte , ligne 3, page 11, ligne 8, page 12, ligne 47, page 21, ligne 9, page 13, ligne 13, page 14, lignes 16 et 17, page 14, lignes 18 et 19, page 15, ligne 24, page 16, lignes 26 et 28, page 17, ligne 33, page 18 , ligne 36, page 19, etc, etc. Ce N iqerrcurn sur lequel George Choeroboscus avoit composé un traité, dont une petite partie a été insérée dans les Horti Adonidis d’Alde, est le plus souvent placé après une voyelle suivie du A, du T, ou du K3 mais il paroît que ces formes étoient un peu arbitraires. On lit dans l'inscription de Rosette » ligne 14, page 14, éméauos Jür, et mpos- flabe d*, mais plus souvent érérucrr Tù, dnénue ds meocérabty de, etc., ete. C’est ainsi qu’on trouve sur le méme monument, #ùe 18 mages, et mugz 7 Fu]gos. Je reviens au mot de (uilékus, inventé pour ménager la délicatesse des Alliés d'Athènes, qui aimoient mieux payer des coutribulions que des impostitions à Je mot laun qui répond à ce terme est co/lationes , et non pas taxationes comme le rend notre con- 364 Palæographie. frère, ligne 14 , page 14 Taæatio dans la bonne lätinité signifie estimation. Au reste, je ne cesserai de répéter qu’on ne sau- roit avoir trop d'obligation à notre savant collégue Ameilhon , qui , avec le secours de nos doctes et mo- destes confrères Sylvestre de Sacy et de la Porte du Theil , ete., a été l’un des premiers à publier et à dé- chiffrer cette belle inscription grecque , immédiate- ment après la Société des Antiquaires de Londres, et la Société royale de Gottingue , et après notre célebre antiquaire Millin. Notre ami Améilhon a la gloire d’avoir frayé et! applani la route avec succès. MM. Weston et Visconti , grands critiques, vont entrer dans cette carrière, dissiper tous les nuages , €£ lever toutes les difficultés. L Quant à l'interprétation de l'inscription égyptienne, elle vous est réservée , mon cher Hiérophante. Vous êtes l'Hermès trismégiste, E'guñs o méyas xe4 piyes, pour me servir de lexpression hébraïque de notre inscription grecque, ligne 19, page 15. nee VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. NOUVELLES ÉTRANGÈRES. RUUNSNSUR.E, Université de Vilna. L'empereur de Russie vient de confirmer, pax un acte spécial de son autorité, l’existence de l'Uni- versité impériale de Vilna. Cette Université comprendra toutes les branches de connoiïssances , toutes les sciences supérieures, ainsi que les beaux-arts. Toutes ces sciences seront partagées en différens départemens ou facultés , dont chacun aura son Doyen, élu, pour un temps déterminé, par les professeurs qui la composent. Les bâtimens de PUuiversité, les salons, cabi- nets, laboratoires , imprimerie, la pharmacie et l’hôpital ‘pratique dépendront uniquement d’elle ; ils seront à jamais exempts des quartiers militaires, ainsi que toutes les maisons occupées par les pro- fesseurs. L'Université sera (enue d’avoir sa censure, au- 366 N'onvelles lrermirer tant pour les productions académiques et autres écrits en fait de sciences et de belles-lettres, qui sortiront de son imprimerie, que pour les ouvrages étrangers destinés à son usage. On permet la libre importation de ces ouvrages , tant par terre que par mer. La censure de l’Université aura en outre Vinspection de toutes les imprimeries qui se trou- vent dans son arrondissement. Elle jouira du droit de choisir parmi nos sujets ou parmi les savans étrangers, des membres ho- noraires, «pour participer à ses travaux scientifiques et littéraires. Les membres de l'Université, venus de l’étran- ger, seront libres de quitter le pays sans payer la taxe d'exportation pour tout leur bien. À leur ar- rivée dans PEmpire, il leur sera permis de faire entrer ou faire venir les effets destinés à leur usage, pour la valeur de trois mille roubles: sans payer le droit de la douane. L'Université de Vilna aura pour revenu annuel, la somme de cent cinq mille roubles en argent, laquelle sera percue sur les biens ci-devaut des Jé- suites. Chaque professeur qui aura rempli son poste avec zele et sans reproche pendant vingt-cinq ans, obtiendra, selon l’ancien usage de cette Universite, le titre d’émérite, et, en cas de retraite, jouira d’une pension viagère , équivalante à ses appoin- temens. Si le professeur a servi avec zèle et assiduité de- puis cinq jusqu’à quinze ans, et laisse après sa + La Nouvelles littéraires. 367 mort une femme et des enfans, alors, outre les appointemens d’une année du défunt, la femme et les enfans séparément jouiront de la cinquième partie de son traitement. Mais si le professeur vient à mourir apres avoir servi quinze ans révolus, la femme et les enfans auront, outre les appointe- mens d’une aonée, la quatrieme partie de son trai- tement. Cette pension cessera pour la femme, quand elle aura contracté un nouveau mariage, et pour les enfans à l’âge de 2r ans. L'Université a le droit de choisir parmi les émé- rites ou les professeurs actuels, des savans ecclé- siastiques, pour les présenter à ue places de chanoines, et à d’autres bénéfices de l’Église. Ces places et ces bénéfices sont les suivans : quatre ca- nonicats dans le chapitre de Vilna, et quatre dans celui de Samosgitie; dans lun et Pautre ;:l’Univere sité conférera les premieres vacances; en outre, la place du prélat suffragant de Troki, et dix béné- fices qui se trouvent dans les villes ou villages ap- partenans à la couronne. Les appointemens annuels de chaque professeur, pour sa leçon principale, sont de mille roubies en argent, et de cinq cents roubles en argent pour la lecon supplémentaire. Université de Dorpat. Le prince de Gallitzin à Saint Pétersbourg, cham- bellan de l’empereur, a fait don, à la bibliothéque de la nouvelle université fondée à Dorpat, d’une 368 = Nouvelles littéraires. précieuse colleetion d’ouvrages sur la jurisprudence, qui s'élève à environ cinq mille volumes. Mort du prince Dmitri Gallitzin. Le prince Dmitri de Gallitzin, ancien ambassa- deur de Russie à La Haye, membre de plusieurs Académies, président de la Société minéralogique de Jéna, à laquelle il a donné, il n’y a pas long- temps, son précieux cabinet de minéralogie, est mort à Brunsvick le 17 mars 1803 Il s’est fait con- noître dans le monde littéraire , par un ouvrage intitulé, l'Esprit des Économistes , et par plusieurs écrits sur la minéralogie. ALLEMAGNE. Notice des séances de l’Académie royale des sciences de Goettingue , depuis le 14 mars 1803. M. HarpiNG, à Lilienthal, a communiqué à la Société royale des sciences qu’il a été assez heureux pour retrouver, dans la nuit du 18 au 19 février, la Pallas d’Olbers, qui, pendant plusieurs mois, n’a- voit pu être observée à cause de sa proximité du so- leil. Guidé par l’éphéméride de cette constellation, donnée par M. Gauss, il la trouva le 18, à 14h 50”, temps moyen, à ouest, près C (n.° 39) du taureau Poniatowski, d’après le catalogue d'étoiles de Bode, entre deux petites étoiles télescopiques. Le 19, à 16h 40", elle étoit avancée directement au nord sur n.° Nouvelles littéraires, 869 n.° 36. Le 20, 15h 30’, il la trouva sur le côté oriental d’un triangle formé ce trois petites étoiies. Son as- . cension droite apparente étoit, à 15h 30’ 13” — 272° 38'27" , déclinaison boréale 7° 20". Le21 ,16h 38’ ,elle “étoitau sud, sous trois petites étoiles, dans le milieu entie n.° 26 èt 42, Tuuri Pon. À i5h o’ 11”, son ase cension droite apparente étoit =270° 56" 29”, dé- clinaison — 7° 26’ 3”, Elle ressembloit à une étoile de la 12— 13.% grandeur , et sa lueur tiroit un peu _sur le rougeâtre. Avec un télescoje de sept pieds, on ne pouvoit reconnoitié sous aucun grossissement Janébulosité remarquée l’année dernière autour d’elle, M. le docteur OLBERS annonce également que, sur la nouvelle que M: £arding lui a communiquée, le 21 février, qu’il avoit retrouvé cette étoile, il la cherchée aussi, ct a eu le plaisir de la retrouver et de l’observer la nuit suivante. M. O/bers trouve 2803 fév. 21.h.17, 6.107. 'Asc. dr. = 272°)6" 45" Déclin. =" 79414247 fév. 23. h. 15, 24 56”, Asc. dr. — 273° 28' 39” Décha:=\"20400 71% La premiere observation fut comparée avec n.° 36, Tuuri Pon., d'après Bode ; la seconde avec le n.° 42, T. P. M. O!bers dit que les déclinaisons sont un peu douteuses, parce que Pailus se trouvant très-éloignée de la terre et du soleil, n’a à présent qu’une lueur très-foible, et apparoit à-peu-près aussi claire que Je quatrième trabant de Saturne. M. Olbers enverra à la société ses observations ultérieures sur cette noue velle planète. Loine IL Aa 370 Nouvelles littéraires. M. GRoTEFEND a donné une seconde con'inua- tion deses recherches sur les caractères de Persépolis, sous le titre: Fascicalus1r, de primæ secundæque serip= turæ inscriplionibus per sinçulas voces inter se com paratis. T’auteur commence dans ce mémoire à exa- miner les inscriptions A. H. TI. de Niebuhr, et celles n.° 131 dans Bruin. I] part Ge cette derniere, parce qu'elle contient la clef qui doit servir à expliquer et à comp'etter les autres, et il s’y borne simple- ment. Cette inscription a une grande ressemblance avec l’inscription A. de Niebuhr: mais elle est copiée si mal, que sans la comparaison des autres inscrip-= tions et l’inscription ou version parallele dans la seconde sorte d'écriture, elle seroit indéchiffrable, L'auteur a eu le courage non-seulement d’etablir la Comparaison, mais encore de donner une recension corrigée de l’inscription , dans laquelle les deux sortes d’écritures sont placées mot pour mot l’une vis-à-vis de l’autre. On trouve à la fin les raisons des cor- rections. Nous ne pouvons encore donuer quelques détails sur ce travail sûrement très- pénible, Pauteur n'ayant pas encore examiné Île contenu des inscrip- tions, il dit seulement qu'elles ont rapport à Xercès ; maisles remarques suivantes de l’auteur, sur la seconde sorte d'écriture de cette inscription, seront intéres- santes à plusieurs lecteurs. 1.° On peut appliquer aussi à ces caracières les principes que l’auteur a établis en général sur les caractères en coin, savoir qu'on doit les lire de gauche à âroite, et qu'ils sont de véritablés lettres (et non des caractères en signes ) ; car cette écriture contient des mots de huit, et des Nouvelles littéraires. 371 * Rexions de trois signes, et lé nombre de ces signes ne passe pas quaran e. Seulement pour les titres de voi elle a, comme la première sorte de caractères ; un signe propre qui est toujours employé; de sorte que dans cette écriture , comme dans la troisième, le titre de roi ne se trouve jamais écrit en toutes lettres. Elle a aussi des signes pour les voyelles longues et brèves, et elle diffère de la première sorte de caractères en ce qu'avec les signes des consonnes sé- parées , elle a aussi des signes de syllabes composées de consonnes avec une voyelle naturelle. 2.° La se conde sorte d'écriture répond ( dans les inscriptions) mot pour mot à la première, tandis que la troisième s’en éloigne considérablement. Elle y répond même quelquelois littéralement , non-seulement dans les noms propres, maisaussi dans les appellatifs, 3.° Cette sorte d'écriture, ainsi que la troisième sorte, n’a point de preffxu , elle n’a que des suflixa ; elle n’ex- prime pas ses différens cas par des prépositions mises en avant, mais par des, flexions qui tiennent aux mots. Ainst cette langue doit aussi peu étre ara- méenne qu'æziphenne, ou que toute autre langue formant rar des préfixes ses dérivés et ses flexions de mots, Comme ces propriétés indiquent la langue persanve, et que les caracteies déchiffrés ne se trou- vent ni dans le Parsi ni dans le Pehlesi, elle paroît être un dialecte perdu du persan. Pour lPusage des -flexions, elle tient le milieu entre la première et la troisiéme sorte d'écriture; la première en offrant beaucoup, et ia seconde tiès-rarement. 4.° La seconde sorte d'écriture sert de guide pour expliquer la pre< Aa 2 372 Nouvelles littéraires. mière, parce qu’elle la suit fidèlement et presque servilement. Elle a souvent: des signes égaux pour deux mots différens de la premiere sorte, et même dans plusieurs endroits, de la même maniere, et elle a ensuite différens signes pour un seul et même mot. Ce ne peut être que par une comparaison son- tenue de la seconde sorte d’ecriture, que l’on peut, dans les ces douteux, découvrir la véritable lecon et le sens de la première : l’on peut même par-là traduire mot à mot des passages isolés de la seconde sorte d'écriture, sans les avoir déchiffrés auparavant. 5.° Le sujet de la seconde sorte d'écriture est toujours égal à celui de la première, qui est placé à côté, l’une correspondant à l’autre mot pour mot. Seule- ment l'inscription K. de Nécbuhr répond à l’inserip= tion Ï. dans es premiers mots, comme linscription L. de la troisième sorte de caractères répond à Pins- cription H, seulement pour peu de mots. 6° Le Cas. ractère de la seconde sorte d'écriture tient le milieu entre la première et Ta troisième, en ce que les signes de l’une sont moins, et ceux de l’autre sont plus compliqués. Elle differe de la premiere sorte d’écri- ture en ce qu’elle a plus de coins transversaux et moins de crochets angulaires, et de la troisième en ce que, comme Ja première, elle évite les coins obliques et n'offre aucun coin qui se croise. M. le docteur ALBERS, à Brême, a envoyé à la Société royale des sciences, des observations zooto- siques très - remarquables sur le morse (trichecus rosmarus ) et je marsouin ( de/phinus phocæna ). Il a joint à ces observations des dessins fort bien faits. “ Nouvelles littératres. 373 Il est difficile, si l’on n’a pas ces derniers sous les _yeux, d’entrer dans beaucoup de détails sur ce mé- moire. Les observations sur le morse, ce monstre marin dont organisation intérieure est encore si peu connte , se rapportent principalement à ses organes des sens. M. le docteur tronva, en examinant son œil, la construction de la sclérotique , relativement à la force et à la souplesse différente dans ses di- verses zônes, absolument semblable à celle qu’un autre naturaliste a observée dans un autre amphibie à sang chaud, un veau marin de Groënland , et qu’il a décrite dans le septième volume des Mémoires de la Société. Il combat en passant les doutes que l’on a élevés derniérement contre le but de cette di:posi- tion de l'œil, qui se trouve indiqué dans ce mémoire, et il dit que l’on remarque quelque chose de sem- bläble dans les animaux terrestres, le cheval, par exemple, etc. (1) Les organes de l’odorat du morse (1) Les phys'ologues conviennent tous depuis longtemps ane l'œil de l'homme et de beaucoup d’autres animaux a la faculté de s’accommoder à différente distance des objets, et de changer, au besoin , la position respective de quelques parties iniérieures situtes dans son axe, mais ils ne sont pas d'accord sur le guomodo : ce fut pour répondre à cette question .que l’auteur du mémoire dont il est parlé ici, eut l’idée d'examiner l'œil énormément gros d’un mammifère qui doit voir alternativement, non-seulement à différentes distances, mais encore à travers deux milieux d’une densité aussi différente que le sont l'air et l'eau : alors l'œil du veau marin montra clairement que la faculté qu'il 2 d’allonger ou de raccourcir son axe, provient de l'effet des muscles oculaires tres - forts agissant sur la sclérotique pourvue d'une souplesse marquée; cette remarque se trouve à présent confirmée par les re- sherches de M. Albers sur un autre amplubie, et explique en mème Aa à 374 Nouvelles litiéraires. sont d’une très-grande étendue , particulièrement les petits os intérieurs du nez sont tournés d’une manière trés-variée. Son os xyloïde est composé de neuf os considérables. Les soies cornées qu'il a, sont garnies de filets nerveux partant de la seconde branche de la cinquième paire; c’est pour cela que le docteur Albers est disposé à les prendre pour des organes du toucher. Les marsouins ont déjà été anatomisés plus sou- vent, et leur construction intérieure a été décrite; cependant le docteur Albers a pu encore glaner après “ses prédécesseurs, T'yson, J. Hunter, et autres. Il offre nommément des remarques fort bien faites sur l'œil et l'os xyloïde de ce cétacée, et particulière- ment sur son larynx singulier et son quadruple es- tomac. Le premier se distingue d’une manière frap- pante par un grand tube cartilagineux mobile, qui est à la place de l’opercule du gosier, et empêche que l’eau n'entre dans sa gorge lorsqu'il avale. Dans cet individu, le péricarde, le péritoine et la sur- face du diaphragme qui y touche, étoient garnis partout de glandes squirreuses, dont plusieurs réu- nies avoient l'air de raisins. La substance des pou- mons représentoit une masse de glaudes presque dures comme de Ja pierre. Les quatre estomaes se distinguent autant par leur forme extérieure que par temps cette fonction analogue observée dans l'œil de plusieurs ani- maux terrestres, chez qui seulement cette construction de la scléro- tique n'est pas couformée si fortement, parce qu'ils ne voyent qu’à travers un milieu, et n’ont pas besoin de changer leur prunelle autant ‘que les amphibies. Nouvelles liliéraires. 379 la couleur et la nature de leurs tuniquess ils sont aussi séparés les uns des autres par des embouchures plus étroites. Le premier diffère d’une manière frap- pante des autres, par sa grandeur et sa structure en forme de sac ; le second a une tunique très-remar= quable, comme composée de glandes, que M. Albers compare au corpus peyerianum dans l'estomac des oiseaux. Dans la séance du 26 février, M. WRISBERG lutun mémoire intitulé : Observationes anetomicæ in corde testudinis marinæ americane. Ensuite M. RICHTER fit lecture de quelqies observations que M. La Fon- taine de Varsovie, correspondant de la Société, lui ayoit envoyées. La première observation concerne une manie in- termittente d’une nature très-singulière, La malade (une dame ) en fut attaquée pour la première fois dans sa quaiantième année. L'accès duroit toujours une année entière. Vers la fin de l'année, la maladie cessoit d'elle-même, et la malade se trouvoit bien alors pendant toute une année, vers la fin de la- quelle la maladie reparoissoit. Cette maladie pério- dique dura vingt ans; de sorte que la malade, sur deux années , en avoit toujours une de bonne, et pendant la suivante étoit attaquée de sa manie. Lorsqu'elle atteignit son temps critique, et lorsque ses règles eurent tout-à-fait cessé, on vit à son sein droit un endurcissement qui devint insensiblement plus dur et plus considérable. Pendant tout ce temps la manie dura comme à l'ordinaire. Enfin, à l'âge Aa4 ‘# 376 Nouvelles littéraires. de soixante ans, le squirre se déclara, et on lui coupa le sein. La plaie étoit à-peu-pres guéiie, et avoit la largeur environ d’un petit éeu , lorsque l'accès de manie survint; mais il ne contraria pas Ja guéiison parfaite de la plaie, qui s’opéra dans la sixième semaine apres l’opération. Le plus remar- quable est, qu'avec la guérison parfaite de la plaie, le paroxysme de la manie, qui auparavant duroit toujours un an entier, cessa alors tout-à-fait et ne revint plus, Il y a sept ans que la malade n'a plus eu d'accès, et qu’elle jouit de la meilleure santé, La seconde observation regarde une rétention d’u- rine provenue apres un réfroidissement. Pendant neuf jours l’urine fut évacuée plusieurs fois, par le moyen du cathether; mais elle se ramassa de nous veau le neuvième jour. Le malade, jeune homme de dix-huit ans, eut un très-fort accès de fièvre, pen- dant lequel il Jui vint au grand doigt du pied gauche une cloche, de laquelle il sortit, lorsqu'on la coupa, une humidité séreuse. L’éruption avoit été accompa- gnée de vives douleurs. La nuit suivante , le malade eut encore un acces de fièvre, pendant lequel il lui vint au second doigt une cloche semblable qui fut également coupée. Dans la troisième nuit, pendant l’acces de fievre, une cloche parut sur le nez; dans Ja quatrième il en eut une sur la verge; dans la cinquième , une au pouce de Ja main droite, et dans la sixieme , une au pouce de Ja gauche. Toutes ces cloches se gangrenèrent : le malade devint toujours plus foible, et il mourut le dix-neuvieme jour de sa maladie, dans des convulsions. | Nouvelles litiéraires. 377 Troisième cas. Un homme dans sa jeunesse avoit été très-dérangé et avoit toujours beaucoup aimé le vin et les femmes. Pendant 25 ans il avoit eu des hémorroïdes qui couloient de la vessie ; dans sa soixan- te-sixième année il ressentit les premiers accès d’une hydropisie de poitrine, des crampes de poitrine fré- quentes, une respiration pénible, particulièrement . Ja nuit; les pieds enflèrent ; et enfin on sentit dans la poitrine que l’eau cédoit à la pression, et se dépla- . Goit toutes les fois que le malade seremuoitde droite à gauche. La maladie empira malgré lesremèdes qu’on Jui opposoit, et suivant toute apparence le malade approchoit de sa fin. Lorsqu'il paroïissoit presque mourant , qu'il avoit les extrémités froides, une sueur froide et gluante , le pouls intermittent, Pau- teur du mémoire lui ordouna une cuillerée à café de Naphta vitrioli. Lorsqu'une demie-heure apres on voulut donner au malade une seconde cuillerée, il prit d’une main tremblante le vase où étoit le Naphta et avala la liqueur tout-à Ja-fois. On rapporta sur- Jle-champ à l’auteur du mémoire cette circonstance. Il y courut. A son arrivée, le malade lui sourit, la chaleur étoit revenue , le pouls s’é:oit élevé; en 24 heures il rendit douze livres d'urine. Cette heureuse évacuation engagea le médecin à continuer la Naphta. Le malade en prenoit 150 gouttes toutes les heures; et après avoir pris 26 onces d’æther dans l’espace de trois semaines, il se trouva parfaitement rétabli. A présent, trois ans après sa guérison , il se porte tou- jours parfaitement, .…. Quatrième cas. Une plica polonica. Les accès pré- 378 Nouvelles littéraires. cédens étoient une douleur violente à la partie supé- rieure du front. Une puanteur insupportable qu’ex- baloit tout le corps de la malade , une couleur d’un brun sombre répandue sur toute la surface du corps, couleur qui vint subitement après une forte sueur, mais qui se perdit quelque temps après. Lorsque la plica polonica parut, la mauvaise odeur se perdit, mais les douleurs de’ tête devinrent plus violentes. Quelques jours après l’apparition de la plice, la ma- Jade eut le plus violent mal de tête et une sueur à la tête; après cette sueur, une grande partie de la plica creva , et il en sortit en grande quantité une liqueur visqueuse , fétide et d’un brun sombre. Cet écoulement dura douze jours. Quoique dans l’époque où une p/ica tient encore à la tête, on ne doive pas encore la couper, cependant l’auteur résolut de faire quelques incisions dans cette masse pour pouvoir y mettre dessous un remede contre la vermine qui tourmentoit horriblement la malade, Deux jours apres ces incisions se trouvèrent tout-à-fait réunies. En six semaines la malade fut délivrée de toute in- commodité. Dans la douzieme semaine la plica étoit assez avancée pour qu’on pût la couper, ce qui réussit parfaitement. Dans la séance du 12 mars, M. Mayer a lu un mémoire intitulé : Commentatio physico - mathe- malicæ de halonibus sive coronis. L'auteur donne d’abord un aperçu abrégé de ce qui a été dit jus- qu’à présent sur cet objet important ; mais il avoue que ni la théorie d’Huygens ni les autres explications | Nouvelles littéraires, 979 de de Chales, Marictes, Ieidler, Musschenbroech, Brandes , etc. , ne l'ont satisfait, lorsqu'il les a exa- minées attentivement. Dans le présent mémoire, l’auteur observe seulement ces couronnes ou halons qui ont le corps lumineux dans le centre, et il ré- serve pour une autre occasion, l’explication de celles qui n’offrent pas cette même circonstance. Ce west pas par de petites boules de vapeurs concrètes, tout- à-fait transparentes, dans lesquelles la lumière se trouvt téfrangée ou réfléchie. Ce n’est pas non plus par linflexion de la lumiere passant devant ces pe- tites parties ,que l’on peut expliquer les Au/ons d’une manière satisfaisante. On est obligé de reconnoitre de petits corps, qui en partie laissent passer la lumière , en partie la retiennent ou au moins l'affoiblissent extrémement ; mais les-globules de glace avec un noyau de neige opaque que Huygens a adoptés , offrent leurs propres difficultés et ne : donnent pas une explication générale, parce qu’il y a beaucoup de couronnes qui ne naissent pas de cette manière. Comme les expériences de Deluc ; * Saussure et autres, ont démontré que toute vapeur * visible est composée principalement de vésicules , Pauteur essaya si la réfraction de la lumière dans de pareilles vésicules ne pourroit pas servir à expli- quer les couronnes, et le résultat fit voir que l’on peut très bien démontrer ces phénomènes, pourvu qu'on ne commence pas comme Muschenbroch , qui se représentoit sur de telles vésicules des anneaux colorés comme sur les boules de savon, et cherchoït à expliquer par-là les couronnes d’une manière peu 380 Nouvelles littéraires. claire. L’espèce de fluide qui soutient ces vésicules dans l’air a peu d'influence sur la recherche pré- sente , puisque la réfraction de Ja lumière dans len- veloppe aqueuse est toujours dominante , et que le fluide qui peut entourer ces vésicules comme atmos- phère ou qui en remplit les cavités, ne peut pas réfranger la lumière autrement que l’air atmosphé- rique et les autres fluides d’une très-petite densité ; de sorte qu’il est bien permis de reconnoître la propor- tion de réfraction connue (4 : 3,) lors de l’incident de la lumière dans l’enveloppe aqueuse de ces vési- cules, comme lorsqu'elle sort de cette enveloppe, Il est clair que si la lumière tombe sur une pareille vésicule , elle passe ou simplement à travers l’en- veloppe aqueuse , ou bien à travers $a cavité inté- rieure. Dans le premier cas elle subit seulement une double réfraction, 1.° en entrant dans l'enveloppe aqueuse ; 2.° en en sortaut pour passer dans l'air am- biant. Dans le second cas , elle est réfrangée quatre fois, une fois en entrant dans l’enveloppe aqueuse, ensuite en passant de cette enveloppe dan: la cavité intérieure, une troisième fois en entrant de cette ca- vité dans l’enveloppe qui l’entoure, et enfin en sor- tant de cette enveloppe pour passer dans l’air am- biant. Or comme dans chaque réfraction : une partie de la lumière se perd, l’on peut concevoir que ces rayons qui passent en même temps par la cavité inté- rieure, doivent être extrêmement affoiblis à eause de leur quadruple réfraction où même chaque fois une réflexion a lieu ; tandis que la lumière qui passe à tra vers l'enveloppe extérieure est beaucoup moins affoi= Nouvelles littéraires. 381 blie, et doit par conséquent toucher l’œil plus vive- ment. On comprend ainsi comment cette cavité rem- place presque le noyau tout-à-fait opaque des globules de glace de Huygens , et comment par-là se trouve produit l'espace plus obscur que les couronnes montrent dans l’intérieur de leur circonférence, pen- dant que la lumiere qui au contraire passe simple- ment à travers l’enveloppe extérieure doit former la partie la plus claire de la couronne, parce qu’elle est moirs affoiblie que l’autre. Alors, par cette réfrac- tion , on voit dans ces vésicules de petites images de P’astre qui setrouvent au centre de la couronne, et toute l’apparition des couronnes dépend de ces petites images. L'on doit aussi trouver dans la cavité exté- rieure de ces vésicules des images pareilles, mais qui sont extrêmement petites et très-foibles en lumière aupres de celles de l’enveloppe extérieure. Le dia- mètre apparent des couronnes dépend de la proportion des cavités intérieures de ces vésicules avec leur dia- metre entier. ÆKLEINE Schrifien artistischen Innhalhts ; von Joh. Dom.FroRILLO , professor der Philosophie, und Aufseher der Gemæhlde = und Kupferstich - Samm- lung der Universitæt Goeitingen; Erster Band, init Kupfern ; Goetlingen , bei Dieterich, 1803: — MÉLANGES, où Divers Ecrits sur différens objets d'arts ; par le professeur FIORILLO , inspecteur de la galerie des tableaux de l'Université, etc. Un artiste qui écrit en même temps comme sa- vant sur son art, doit nécessairement réuvir des 382 Nouvelles littéraires, connoissances que ne peut avoir un simple amateur, Cette réunion de talens nous a valu douze mémoires trées-instructifs : 1.° Fragmens pour servir à l’histoire de la peinture et de la scu'pture en Allemagne , de= puis Charlemagne jusqu’au commencement du quin= zième siècle. Tous les siècles de l’histoire d’Alle- magne depuis Charlemagne, nous offrent quelques exemples isolés d'artistes et d’ouvrages de l’art: l’empereur lui-même avoit bâtiles palais d’Ingélheim et de Trebur, d’après ce qu’il avoit vu de l’archi- tecture romaine, L'auteur a exposé avec beaucoup de soin ce que nous lisons sur les monumens, soit du temps de Charlemagne, soit des temps suivans : il parle aussi de ceux qui nous restent encore. Nous devons presque tout au# moines et à ceux qui ont bâti les églises. Il n’y eut que quelques empereurs qui protégèrent l’art et le considéierent; Othon I par exemple, Charles IV et quelques autres. Sous un plus grand nombre d’empereurs, on voit faire des présens d'ouvrages de sculpture, de peinture et de glyptique. Conrad 11, ordonna dans un synode, en 1025 (et l’ordre a été renouvelé plusieurs fois dans la suite), que chaque église fût ornée d’un tableau, particulièrement de la vierge. Ce tableau est nommé davs les écrivains de ce lemps : Annunziata, Anco- ua, Cona. On trouve aussi un tableau nommé Mu- jestas. La formation du tiers état, par les consii- tutions municipales des villes, favorisa aussi les arts : Rome ayoit encore des monumens superbes qui s’é- toient conservés. Enfin ie commerce devenant plus étendu contribua le plus à faire fleurir Part, 2.° Sur Nouvelles littéraires. 383 es sources dans lesquelles Fasari a puisé, pour ses biographies, des peintres , des sculpteurs et des architectes. M. Fiorillo fait à Vasari une applica- tion de ce que d’autres ont fait par rapport à Pline; et les différens renseignemens qu’il a ras- semblés, mettent dans le plus grand jour la véra- cité du biographe. 3.° Recherches littéraires et cri- tiques sur les différentes éditions de Vasarr. Les deux premieres éditions qu’il a faites lui-même, ainsi que les éditions suivantes, sont décrites exac- tement ; plusieurs erreurs sont relevées , plusieurs difficultés sont levées, et les portraits qui s’y trou- vent sont expliqués. 4.° Sur la nécessité de l'étude de l'histoire naturelle pour le peintre , le sculpteur et l'architecte. Particulièrement dans l’architecture, où chaque peuple a imité les formes que lui pré- sentoit son pays, même dans les ordres de colonnes et dans leurs orneemens. L'auteur croit que les testacés ont été les modeles des formes si jolies des anciens vases. Il a même une idée jusqu’àaprésent peu connue, c’est que dans les colonnes groupées ensemble, polygones et minces du dôme gothique, on a imité les colonnes de basalte, telles que celles de l’île de Staa, Il recommande ainsi létude de Ja nature à lartiste et à l'amateur. 5.° Sur le do- minicain Fr. Francesco et son fameux livre kypne- rolomachia, livre connu par les savans, mais que rarement ils ont lu et encore moins entendu. M. Fiorillo en donne l'analyse. C’est un roman relatif à l’architecture. Le malheureux amant voit en songe sa maitresse dans un autre monde où il trouve les 384 Nouvelles littéraires. plus beau bâtimens. Po/ifilo les décrit, et là, quel- que singulier que soit son plan, il a des idées que Von n’attendroit pas d’un auteur du quinzième siè- cle. Les deux éditions de 1499 et 15:5, et les traduc- tions françoises, de 1554 et 1600, sont décrites. 6.° Sur l’âge de la peinture à l'huile, Rien n’est moins prouvé que ce que tel ou tel auteur ont regardé comme démontré. Lessing a rendu suspect sans raisons va- lables, dit M. Fiorillo, ce que Vasari a dit de Jean Van Eyck. Théophilus Presbiter ne donne point de règles pour peindre à l'huile; il parle seulement des couleurs qui sont dissoutes par l’huile. Tous les renseignemens que lon a sur la peinture à l'huile, et que l'on prétend plus anciens que ceux de Jean Van Eyck, sont suspects et ne prouvent rien, et Jean Van Eyck ne fut pas autant linven- teur de la peinture à l’hüle, que celui qui la mit en usage dans une plus grande perfection. 7.° Sur un passage de Pline, Hist. nat., XXXW, 10. Ce passage regarde l’anecdote de Protogènes et d’A- pelles au sujet des trois lignes qu’ils peignirent tous deux et desquelles l’on n’a pu donner encore aucune explication satisfaisante. La moins mauvaise paroît étre celle attribuée à Hagedorn ; la représentation d’un profil. Vraisemblablement Pline avoit devant Jui un auteur grec, dont il traduisit les mots : dans l’auteur étoit le mot lp:pun, et il le traduisit par le mot linea, mot qui a differentes significations même dans l’art, puisqu'il peut se traduire par trait, con- tour, profil, dessin. Mengs a entendu par ces lignes des deux peintres, une division plus parfaite des propo:tions i Nouvelles littéraires. 285 proportions. M. Fiorillo, comme artiste, croit que ces lignes étoient des traits qui exposent les regles d’une proportion déterminée, comme le canon de Polyclète étoit une figure sur laquelle l'artiste pouvoit apprendre de semblables règles pour les parties et les sous-divisions du corps bumain. M. Fiorllo est per- suadé que les anciens artistes avoient une toute autre division du corpshtmain que la nôtre par têtes, qu’elle étoit fondée sur l’ostéologie et la myvlogie , et qu’elle étoit différente selon le caractère et Pâge. Ces divi sions avoient des degrés, et le plus grand artiste sas voit plus de regles. A pelles avoit ainsi dessiné en peu de traits les premières règles de l’art; Protogènes y joignit avec d’autres couleurs de nouvelles sous-di- visions ; enfin Apelles dessina avec une troisième couleur les traits de la beauté et de la perfection; et à leur vue Protogènes se reconnut vaincu. 8.° Re- marques sur l’Antique connue sous le nom d’Agrip- pine, à Dresde. 1] arrivoit autrefois que l’on se tour- mentoit pour déterminer et nommer une an{ique avant de chercher ce qu’il y avoit ea elle de véritablement antique. C’est ce que l’on a fait aussi pour cette statue. Nous savions par Caralliert qu'elle étoit réparée ; Lessing soutint hardiment que la tête étoit moderne, au lieu de dire qu’elle sembloit ne pas appartenir au tronc; le tronc est mal réparé aux deux bras ; la tête est ancienne, mais trop petite pour la figure; ses cheveux sont travaillés au ciseau; dans le dessin qu’il en donne, M. Fiorillo, aux réparations déjà essayées, en ajoute une nouvelle qui se trouve confirmée par Tome II. Bb 306 Nouvelles littéraires. un dessin dans la ga/eria Giusiniani , tom. 1, tab. 42, g.° sur la statue de l’4rofino à Florence. Les explica- tions en général assez singulières de ce morceau sont connues ainsi que les différentes manières de repré- senter la punitio de Marsyas, d’après lesquelles on a expliquécette figure comme celle du Scythe. Peu de per- sonnes ont fait attention ici aux monnoies de Pellerin, l’opioion étoit déjà reçue auparavant; M. Fiorillo a examiné exactement le fer que tient la statue, et a trouvé qu'il ne ressemble pas au couteau scythe, mais bien plutôt à une étrille de bain, ce qui est prouvé sur une’ seconde planche par une quantité des deux sortes de figures ; il apprit aussi à Fiorence que l’étrille ( strigilis ) étoit véritablement antique, mais que les bras étoient de plusieurs morceaux, et il croit avec assez de vraisemblance que c’est un esclave romain destiné au service des bains. 10.° Sur la connoïssance que les anciens artistes avoient de la perspective et sur sa renaissance dans les nouveaux temps. 11.° Sur un passage de Pline, hist. nat. XXXv, 10, au sujet du Jalysus de Protogènes. Huic picturæ guater colorem induxit,. M. Fioril'o réfute les expli- cations déja données, et en offre une autre. 12.° Sur les anciennes peintures qui se trouvent dans les églises de Goltingue. La manière dont elles sont traitées et les objets qu’elles représentent rendent ce mémoire fort intéressant. Elles sont du quinzieme siècle. Tous les amis des arts desireront la continuation de ces mémoires. La société royale des sciences a reçu d’un de ses Nouvelles littéraires. 387 correspondans, M. le professeur et bibliothécaire! Fischer , à Mayence, des remarques intéressantes et accompagnées de dessins sur des os fossiles d’éléphans et de rhinocéros , que l’on a trouvés dans le départe- ment du Mont-Tonnerre et dans son voisinage ; ceux du rhinocéros du monde antérieur ont été déterrés dans un chemin creux et profond , près de Dirmstein N et servent nommément à completter la superbe ostéo- graphie de rhinocéros fossiles que Hollmann a donné il y a 5o ans à la société des sciences, Parmi ces der- niers, par exemple, il manquoit un omoplate, et parmi les ostéolites du Mont-"Fonnerre (si l’on peut leur donner ce nom), M. Fischer en a trouvé un. Quelques remarques portent particulièrement sur la forme plus grossiere et plus massive qui distingue en général les os de rhinocéros de ceux d’éléphans, Une mâchoire inférieure d’éléphant qui se trouve dans le muséum de Darmstadt et dont M. Fischer donne la description, est particulièrement remar- quable. M, Fischer est persuadé qu’il est d’une espèce de ce genre, spécifiquement différente aussi bien des fossiles existaus maintenant , que de ceux connus jus- qu'à présent. Il appuie ses raisonnemens d’abord sur la grandeur extraordinaire de cette mâchoire qui en cédant doit avoir appartenu à un animal qui n’avoit Pas encore pris toute sa croissance > Mais ensuite prin- cipalement sur l’arc extrémement cambré que ses parties latérales font l’une relativement à l'autre, et sur la forme particulière des reliefs que l’on dis- tingue sur les couronnes des molaires, « Dans les Bb 2 338 - Nouvelles littéraires. « autres sortes d’éléphans, dit-il, les bandes en re « Jief qui sont formées par l'émail desdents, sont près « les unes des autres, qu’elles soient en lignes droites «“ ouondulées. Ici, au contraire, ces NL fs sont plus « éloignés les uns des autres , et i's forment des figures « tout-à-fait irrégulières que l'on ne peut comparer ni « avec les formes ondulées, ni avec celles rhomboï- » dales.» CarisrziCcuE Religions-Fortrege über die michstig- ien Gegensiænde der Glaubensund Sitten-Lehre, von D.C.F, AMMON.—SERMONS sur les objets les plus importans de la foi ou de la morale, par le docteur AMMON, professeur à Goctiingue ; 1."° partie, 2,7e éditiou. Erlang, Clhiez Palm , 1803. ALLGEMEINE Geschichte der Pjlanzen Gifte von Hofrath GMELIN.— Histoire générale des plantes vénéneuses, par M. GMELIN , nouvelle édition. Nuremberg. REPERTORIUM commentationum à Soctetatibus litte- rariés editarum , par M. R£uss. Troisième partie de l'Histoire Naturelle générale. La Chymie avec ses branches et les mines. La Société des sciences a reçu une description du Georgikon, ou école d'économie appartenant an comte George Festetil , et établie à Keszlhely, dans le co- mitat de Szalader, en Hongrie. Ce mémoire a été envoyé à la société par un de ses correspondans, M. AsBOLE, directeur du georgikon, et professeur d'économie et de technologie, La société desiroit 8 Nouvelles littéraires. 389 depuis long-temps des détails exacts sur ce céièbre iüstitut, et il faut avouer qu'il passe l'idée que l’on pouvoit s’en être faite. En effet, on a joint à l’ins- truction la plus complète, une pratique permanente et très-variée , qui se trouve liée avec l’administra- tion de l'institut. Le cours d’étude est de troïs ans: ceux qui étudient aux dépens du comte sont au moins obligés de le suivre pendant ces trois années. Ces élèves doivent être placés ensuite conime réaisseurs dans les terres du comte : il y en a six; ils ont la première année 100 florins, la seconde année 10, et la troisieme 150 Cette gratifi-ation est une espece de bourse. Tous les ans deux de ces jeunes gens sont placés, et deux nouveaux les remplacent. Pour êre exercé dans les affaires de économie, chacun rein plit dans le georsikon un emylot ou une occupation particulière, soit comme caissier, comme gardien de tous les ustensiles et de toutes les productions, comme chareë du soin de l’économie rurale, soit ccmme juspecteur des vignes , du jardin et des ru- ches, comme écrivain ou comme inspecteur des basses cours. Chaque élève, pendant son séjour, doit parcourir ces différens emplois pour s'exercer dans tous ; chaque emyloi exise des journaux et des livres de compte à tenir exactement ; de plus, les jeunes gens sont tenus d’avoir pendant plusieurs heures l'inspection sur le travail de lPinstitut : c’est aussi parmi eux que l’on prend alternativement deux maitres poûr instruire ceux qui pratiquent sous :ux, c’est-à-dire , les jeunes paysans. Ces deiners doivent aussi servir dans l’économie du georgikon; toais de 9 Bb 3 300 Nouvelles littéraires. plus, on les élève pour devenir de bons valets de ferme , des métayers, des bergers, des vignerons, des jardiniers, des gardes champêtres, etc. On les confie, d’après leur différente destination, comme aides et comme apprentis, à ceux qui sont chargés du soin des jardins , des vignes, etc.; et en même temps, deux heures par jour, an leur montre à lire, à écrire, à compter, et on leur donne des le- çons d'économie rurale et de religion. Le nombre de ces jeunes paysans n’est pas fixé; l’année dernière il y en avoit huit : chacun reçoit par an 60 florins. Outre ces élèves soldés, il est permis à tout autre de profiter gratis de institut ; seulement il doit être susceptible d’instruction, et avoir au moins fini ses humanités. Îl y a ainsi parmi ces élèves plusieurs sortes : les uns auront un jour des terres à eux; les autres sont envoyés dans l'institut par des proprié- taires, et aux frais de ceux qui les envoient ; d’au- tres encore y viennent étudier à leurs propres frais, pour être un jour placés soit comme économes ou. comme professeurs , ou bien pour devenir fermiers. Ces élèves étrangers peuvent se choisir les parties d'enseignement qu’ils jugent les plus convenables pour eux; autrement ils peuvent finir en deux ans tout leur cours d’études. Ils ont aussi l’occasion de pratiquer toutes les occupations économiques de toute sorte, parce que l'institut est joint à une économie très-considérable , dans laquelle on exerce l’économie rurale presque dans toutes ses branches. : ainsi ils peuvent prendre une part active à toutes les espèces d’occupations, se faire placer pour les exécuter, et Nouvelles littéraires, 391 s’instruire dans la pratique. Les personnes employées dans l’administration de l’institut, sont : un direc- teur, qui est en même temps professeur d'économie et de technologie (c’est l’auteur de ce mémoire, M. le diiecteur Asbolh }; un inspecteur des bâti Mens, qui en même temps est professeur de mathé« matiques et ingénieur ; un teneur de livres, qui est aussi suppléant ou adjoint du professeur d’économic. Ceux qui sont chargés de l’instruction théorique et pratique, sont : le professeur d'économie avec son suppléant ; le professeur de mathématique, qui, outre la mathématique pure et appligûée, monire Parchitecture: civile et rurale, l’hydrotechnie, la tenue des livres, ét à dessiner; le professeur de physique et de l’art vétérinaire , avec un prosecteur pour cette derniere science. Les leçons se doneent en latin, langue savante et de chancelle:ie en Hon- grie. Tous les élèves ont l’avantage de pouvoir con- sulter la belle bibliothèque du comte. On pense ai- ment que l’on trouve des appareils nécessaires pour les différentes sciences, des dessins, des modèles, des collections de plantes, de minéraux, etc. Il faut nécessairement , pour exécuter un tel plan, une tres-grande (conomie et un grand fond ; et c’est en cela que l’on ne peut qu'honorer Pesprit et la façon de penser de M. le comte George Festetil : il a destiné à cet objet une de ses plus bellesterres, celle de Keszlhe!y. où se trouve l'institut , laquelle contient des fermes, des jardins, des terres de la- bour , des prairies, des vignes, des bois ; outre cela, des bâtimens , des eours, des bestiaux, des laite- Bb'4 392 Nouvelles littéraires, ries, des bergeries, de la volaille, des lapins d’An- gora, et enfin les hommes nécessaires à l’exploitation de toutes ces terres, comme jardiniers, métayers, bergers , vignerons, ete. Le georcikon est sou. is; ainsi que les autres terres seigneuriales , à la direc= tion des biens du comte , laquelle réside à Keszlheli, et dont le comte lui-même est le premier membre. C’est à cette direction que l’on rend compte de lad- ministration du georgikon, et c’est à elle que s’a- dressent en cas de besoin les administra‘eurs eux- mêmes. Mais, dans le georgikon même, tout est dirigé par Badministrateur (qui en même temps est professeur d'économie }. Chaque soir il determine les occupations du jour suivant ; lé teneur de comptes, tous les élèves soldés par le comte, et le métayer de l'institut, doivent être présens : on écrit sur-le- champ, dans ce que l’on nomme /e livre de dispo sition , les ordres donnés pour les occupations. Nous desirerions pouvoir donner ici tous les détails inté- ressans dans lesquels l’auteur du mémoire est entré, L'institut d'enseignement est si parfaitement uni avec l’institut économique, que non-seulement on éleve les régisseurs les plus intelligens pour lesterres du comte, que ces terres se trouvent toujours amé-= liorées, mais même que l'institut doit avoir l’in- fluence la plus bienfaisante sur tout le pays: Combien il seroitt à desirer que de pareils instituts fussent imités dans les autres contrées ! M. WoLTMANN, directeur des constructions hy- drauliques à Kuxhaven et à Ritzenbüttel , et corres pondant de la société, lui a envoyé quelques oûser- Ja Nouvelles littéraires. 393 paiions sur les fondations (fundatio) des anciens , particulièrement sur les fondemens de bois (pala- tiones}), et l’utilité de bruler par le bout quelques bois de charpente , d’après l'instruction d'architecture de Vitruve. HECTOPb, Russische Annalen in ihrer slasonischen Grundsprache verglichen , erklæœrt und ubersetzt von À. L. SCHLŒZER , 1002.— ANNALES de Russie dans leur langue primitive esclavonne , comparées . expliquées et traduites par A. L. ScuzæzEr. Chez Dieterich. Premiere partie : Introduction générale à l’ancienne histoire de Russie et à celle du Nord, Seconde partie : Commencemens de l'histoire de Russie ; naissance de l’état russe; son premier grand duc Rurik jusqu’à sa mort , arrivée en 879. La seconde partie de l'Histoire de la ligne anséa- tique, par le professeur SaRTORIUS, vient de pa- roitre, Voici l’exposé des sommaires du sujet, qui comprend en général la seconde période de l'histoire de la ligue et du commerce de la hanse allemande , depuis lu paix avec le Dunnemark en 1370, jusqu'à la paix générale en Allemagne ; en 1495. Cette pé- riode est divisée en huit sections, qui forment au- tant de livres ainsi, depuis le cinquième jusqu’au douzième. Voici, en peu de mots, les articles prin- cipaux : Constitution de la langue pendant cet espace de temps de 125 années. Indépendance de la hanse de l’empereur et de l’Empire. Son influence sur-les relations des villes avec leurs seigneurs suzerains, et celles des bourgeois avec leurs municipalités, L 304 Nouvelles littératres. Domination de la hanse dans la mer Baltique et em Norwége ; guerres avec le Dannemark et les rois de Punion, ainsi qu'avec les Européens occidentaux, qui, rivaux du commerce de la hanse, se méloient toujours plus du commerce du nord-oriental, Histoire du commerce de la hanse avec la Norweue , et des- cription de son comptoir à Bergen. Histoire du com- merce de la hanse avec les autres peuples nord- orientaux, principalement avec les Danois, les Suédois et les Russes. Histoire du commerce anséa- tique avec le Sud-Ouest de l’Europe, les Pays-Bas, Ja France, l'Espagne et le Portugal , ensuite avec les îles britanniques, enfin aussi par rapport aux moyens de Communication par eau et parterre; ses efforts pour organiser certains instituts de commerce communs, et un droit maritime général, afin de maintenir la sûreté de la propriété et du crédit ; son influence sur les prodnctions indigènes, l’indus= trie et le commerce intérieur de PAllemagne. Des considérations générales démontrent que la grandeur et l'éclat de la hanse, ainsi que de toute puissance : commerçante, ne peuvent être que passagers; un grand commerce intermédiaire était la base de la grandeur de cette ligue ; la domination de la hanse dans les royaumes du Nord, la faveur qu’on lui accordoit dans plusieurs pays occidentaux de l'Eu- rope , la mettoient en possession des productions nécessaires réciproquement aux deux parties. Mais bientôt la ligue voulut avoir le monopole; cette pré- tention entraîna l’oppression des peuples et des pays, et fit naître des plaintes très-violentes contre les villes Nouvelles littéraires. 305 anséatiques : le sentiment de l'oppression , l’augmen- tation des lumières , les vues plus sages durent à la fin engager les peuples à secouer le joug des insolens monopoleurs. , L BESCHREIBUNG einer Reise nach Stutigard und Strasburg im Herbste 1801, nebst einer kurzen Geschichte der Stadt Strasburg wæhrend der Scire- chenszeit. — V or AGE à Stoutgard et à Strashourg en 1801, avec une histoire abrégée de la ville de Strasbourg pendant le temps du terrorisme ; par C. MB1IN£RS, professeur de Gocttingue. FRANCE. MONTAUBAN, Sociélé des sciences et des arts du départe- $ ment du Lot. Dans sa séance du 30 prairial an 17, la Société, a entendu le compte rendu des travaux de ses sec- tions, et la lecture de diverses productions scienti- fiques et littéraires de ses membres. Le prix proposé pour l’an 11, par la section de littérature et beaux-arts , avoit pour sujet cette question. « Quel est, pour les fèmmes , le genre d’éduca- «“ tion le plus propre à rendre les hommes heureux a en société ? » La section en a jugé digne le Mémoire qui a pour épigraphe : Les vertus des femmes sont difi- 306 Nouvelles littéraires. ciles ;, parce que la gloire n'aide pas à les pratiquer. (Avis d’une mere à sa fille, de madame de Lambert.) . Ce prix sera délivré à madame Bernier, demeu- raut à Paris, place Vendôme, n.° 204, dont le nom s’est trouvé avec la devise et le numéro correspon- däns dans le billet cacheté annexé au mémoire, et ouvert après le jugement. Parmi les ouvrages envoyés au concours , la Société a distingué celui qui porte pour devise : Les femmes négligent leurs devoirs, parce qu’elles ne les connois- sent point, Cet écrit renferme des vues sages et pro- fandes. On peut reprocher à son auteur des négli- gences de style et des lorgueurs, rachetées souvent, à la vérité, par des détails heureux. La section a délibéré qu’il seroit mentionné hororablement dans son programme. La Société tiendra une séance publique le 30 prai- rial de Pan 12. ' Elle y distribuera trois prix, au jugement des trois sections qui la composent. Le premier est destiné au meilleur ouvrage sur ce sujet, proposé par la section des sciences : « Ÿ a-t-il plusieurs espèces de teignes; ou bien, “ comme l’a cru Murray, ces especes prérendues ne « sont-elles que des époques de la même maladie ? " Déterminer un traitement analytique de cette af- “ fection cutanée , constaié par l'expérience et lob- « servation, et propre à étre substitué à la méthode « routiniere et cruelle de l’avulsion des cheveux par application de Ja calotte. » a _ Le second prix est destiné au meilleur ouvrage [PA … Nouvelles littéraires. 307 sur ce sujet, proposé par la section de littérature: « Eloge de Jean de la Valette Parisot, grand- « maître de l’ordre de Saint-Jean de-Jérusalem au « iuilieu du seizième siècle, né dans la province de « Quercy (département du Lot). » Le troisieme sera accordé au meilleur ouvrage sur €e sujet, proposé par la section d'agriculture et de €omimerce: « Quels sont les moyens de multiplier les bestiaux, _« d'où resulteioient les plus grands avantages pour « Pagriculture et le commerce ‘dass le département “# du Lot?» La Société délivre à chaoun des auteurs dont Îles ouvrages sont jrgés dignes du prix, une médaille d’or de ia valeur de 200 fr., formant le tiers des 600 fr. accordés pour cet objet par le conseil général du départément,. CAEN. Société d’'Agriculiure et de Commerce. Programme d'un prix proposé dans la séance du 26 prairial an XI. La Société d’agriculture et de commerce de la ville de Caen, desirant voir la mendicité suppri- mée, au moins dans les grandes communes du Cal- vado:, et voulant de plus seconder les vœux que lui ont manifesté à cet égard le préfet et le conseil gé- néral du département, propose une médaille d’or, de la valeur de trois cents francs, à l’auteur qui 398 Nouvelles littéraires. ar à fourni le meilleur mémoire sur la question sui- vante : « Quels sont les moyens de supprimer la mendi- « cité dans le département du Calvados, et particu- « Jlièrement das les villes de Caen, Bayeux, Vire, « Falaise, Lisieux, Orbec, Honfleur et Pont-l’E- : vêque. » La Société demande que l'auteur indique Îles moyens les plus prompts, les plus faciles et les moins dispendieux ; mais s’il les puise dans les ou- vrages qui ont déja paru sur la mendicité, et qui n’ont proposé que des vues générales, la Société exige que l’auteur les applique au département du Calvados, et particulieremient aux localités des com- munes ci-dessus nommées; qu’il désigne pour cela les ressources que chacune d’elles peut fournir pour utiliser les mendians valides et faire subsister les infirmes ; qu'il fasse conncître les manufactures exis= tantes qui peuvent occuper l’indigent ; celles qu’on. pourroit établir de nouveau, les lieux propres à leur établissement , ei les moyens les moins onéreux pour les former. L’avteur indiquera surtout quelle police seroit né- cessaire pour empêcher la mendicité, et pour orga- niser une sage administration des moyens de sub- sistance affectés aux mendians, Les mémoires doivent étre adressés, francs de port, avant le 1.°" nivose an x11, au C. Luir, se- crétaire de Ja Société. Nouvelles littéraires. 399 BSNARERTIATS, INTITUT NATIONAZL, Norice sur l’état actuel des connoissances relatives au Galvanisme , par le C. BIOT ; lue à la séance publique de l’Institut na- ‘ Hional , le 1.°° messidor an XT. On s’étonnera peut-être que nous parlions encore du galvanisme , lorsque tant de personnes prennent “tous les Jours le soin d’annoncer au public leurs plus * petites recherches sur ce sujet; mais c’est précisé- ment parce que l’on s’en occupe de cette manière, que nous devons en parler. S'il s’agissoit de quelque théorie dont le résultat se réduisit à des notions abstraites, il faudroit laisser au temps le soin de développer la vérité. Qu'importe, par exemple, que quelques personnes nient encore le mouvement de la terre et la loi de la gravitation ? Mais lorsqu'il s’agit d’un procédé dont l'emploi inconsidéré dans la méde- cine peut étre souvent inutile ei quelquefois funeite, lorsque l’on entend de toutes parts proclamer deseures merveilleuses, et qu’on voit cependant lesgens les plus éclairés et les plus sages suspendre leur jugement sur leurs propres essais , on ne doit pas craindre de faire entendre souvent le langage de la vérité; et - l’importance des objets peut faire pardonner les re- dites. D'ailleurs il y a un grand avantage pour les sciences - à étre appréciées à leur juste valeur, Si on les plaee 400 Nouvelles litiératres, trop bas, on les néglige ; si on les élève trop haut, on s’en désabuse et on les rabaisse au-dessous de leur véritable prix. Leur histoire est remplie de sembla- bles oscillations. Ceux qui entendent mieux leurs in- térêts, se contentent de les cultiver en silence : ïls les laissent parler elles-mêmes , et se recommander par les services qu’elles rendent aux hommes, Mais les faux savans sont comme les faux braves, qui font toujours bruit de leurs exploits. Le galvanisme est maintenant une chose si simple, que l’on peut en donner une idée exacte à tous ceux qui ont la plus légere connoïssance des phénomènes électriques. On savoit depuis long-temps que Pélec- ” tricité s’excite par le frottement des corps; on a vu depuis qu’elle se développe aussi par leur simple contact, et c’est en quoi consiste la découverte de Galvani. Cette électricité, très-Foible par elle-même, de- vient sensible , lorsqu'on lui fait traverser des corps susceptibles de manifester son passage par leurs agi- tations : tels sont, par exemple, les organes nerveux et muculaires des animaux, sur-tout ceux des ani- maux à sang froid, qui sont les plus irritables. Elle devient encore sensible, lorequ’on l’accumule peu à-peu dans un instrument propre à la retenir, et que l’on nomme , pour cette raison , un conden- .Sateur, : D’après ces propriétés , lorsqu'on place une pièce de plomb, par exemple , sur une pièce d’argent , le plomb prend de l'électricité à Pargent, et celui-ci en retire de la terre, qui est la source commune de ce IVouvelles littéraires. 401 ce fluide. Si l’on forme plusieurs couples semblables, la quantité d'électricité dégagée se trouve la même dans tous, Mais si l’on en pose deux l’un sur l’autre, en les séparant par une petite couche d’eau qui les met seulement en communication, le couple supé- rieur ne peut tirer son exces d'électricité que du couple inférieur sur lequel il est placé; et comme celui. ci se trouve déjà électrisé par lui-même, lautre acquiert d’abord ce degré d'électricité, après quoi il en prend un de plus en vertu du contact des pièces qui le composent. Le second couple se trouve done un peu plus électrisé que le premier. Un troisieme; placé sur les deux autres, s’électrise encore davan- tage; et en accumulant aïnsi les couples, on forme la colonne électrique de Volta. Quand une même personne touche simultanément le haut et le bas de cet appareil, l'électricité accu- mulée à son sommet s'écoule à travers les organes; alors les couples métalliques n’ayant plus la quantité d'électricité qui leur est nécessaire, aspirent celle . des corps qui touchent la base de la colonne; et cette succession perpétuelle de pertes faites et ré- parées au même instant, établit à travers les or- ganes un courant électrique très-rapide qui les secoue fortement. Lorsque ce courant électrique est conduit dans des fils métalliques très-fins qui le resserrent et génent ‘son passage , il les échauffe, les fond et les brûle. S’il traverse des substances liquides, il écarte et désurit leurs élémens; en un mot il produit tous les effets Tome IL, Ce 4 Wouvelles littéraires. que l'on peut attendre du choc continuel d’une foible électricité animée d’une vitesse infinie. Telle est la théorie très-simple et tres-exacte des phénomènes galvaniques. C’est à cela que conduit l'examen raisonné des faits; maïs il faut avouer que cette manière de les lier a tardé long-temps à se présenter , et que lon s’est d’abord écarté du but, de telle sorte qu'il n’y avoit guères d’espoir d’y revenir. \ En suivant la route qui a conduit les observateurs à ces découvertes, on reconnoît dans ses détours bi- zarres la marche ordinaîre de l’esprit humain. D'a- bord c’est un hasard qui découvre à un étudiant de Bologne les contractions excitées par le contact des métaux. Quelques années après, un second hasard mène Gal:ani à des expériences qui montrent l’ex- trême susceptibilité des animaux à sang froid pour les effets électriques. Ces expériences, trop long- temps suivies, le détournoient du but; un autre hasard l'y ramène : il observe dans ces aniinaux action de l'électricité dégagée par le contact des substances métalliques, Sur ce petit nombre de faits singuliers, i! bâtit un système vaste, et qui alloit presque jusqu'a expliquer le phénomène de la vie. Ce systeme est d’abord adopté, et ensuite combattu par Volta, non plus à l'aide du hasard, mais par les inventions de la physique la plus ingenicuse et la plus adroite. Galvani répond par de nouvelles expériences , qui lui découvrent, ce qu'il n’avoit pas aperçu d'abord, une action électrique entre les or- Nouvelles littéraires. 403 ganes nerveux et musculaires des animaux. Enfin, de cette Intte sort le fait général du développement de l'électricité par le seul contact des corps ; et l’é- tendue de cette nouvelle branche de la physique se trouve désormais fixée. Connoï:sant la théorie des phénomènes galvani- ques, il est facile de pressentir les usages qu’on en peut attendre, non-seulement pour les sciences spé- culafives, mais Ce qui est plus important encore, pour la médecine. Ce courant électrique continuel offre un stimulant que l’on pourra peut-être em= ployer avec avantage, Jorsqu’on saura le diriger ; mais il a donné jusqu’à présent beaucoup moins de succes ayoués que de résultats douteux. On peut ce- pendant en espérer des secours efficaces dans les maladies qui dépendent d’une atonie des organes, et en particulier dans les asphyxies. Les fonctions vitales étant alors TT ETS | Toilette. 455 Mastiche porte encore un flacon d’onyx avec de Vurine d’un jeune enfant mâle (36), et une co- quille dorée avec de la pierre ponce pulvérisée, qui mastic, comme un tribut, à Constantinople, où les Femmes en mâ4 chent fréquemment pour se rendre les dents blanches et l’haleiné odorante. Voy. Tounnerorr , Voyage du Levant, t. 1, p.145, et Chorseuz - Gourrter, Voyage pittoresque en Grèce, t. 1, p. 188. Les passages des anciens se trouvent recueillis dans les notes de Bernaro sur Nonnus , Epitome, chap. crx, où on lit : 7 Xia PAPA. passomevy. Le bois de l'arbre à mastic étoit employé de préférence pour en faire des cure - dents. Martial fait mention non - seulement des cuspides lentisci (III, 82, comp. VI, 74), mais il les cite en core séparément sous le nom de dentiscalpia, parmi les distiques sur différens ustensiles, XIV , 22. Au lieu de ces cure - dents, Tri- malchion en avoit un en argent, spinam argentearn, VO. PÉTRONE y ch. 35, p. 128, et les commentateurs sur ce passage. Les personnes peu fortunées qui trouvoient ces cure-dents trop chers, se conten- oient, comme nous, de se servir d’une plume. C’est pour cette raison qu'on plantoit beaucoup d'arbres à mastic en Italie, et 1& sille de Linternum étoit célèbre par la culture de ces arbres ( Voy. Ovro. Métam. XV, 714), dont le bois résiste aussi aux vers, selon le témoignage de Columella, V, 10. Dioscoride nous apprend que de son temps le mastic étoit souvent falsifié, et qu’on se ser- voit aussi d’autres résines au lieu du véritable mastic. La même chose £e {ait encore très-souvent dans le Levant, où les femmes moins aisèes se servent d’une matière résineuse fournie par l’artractilis gurmimi= fera Linn:, à laquelle cependant elles ne manquent pas de donner le nom de wastic. On trouvera plusieurs observations intéressantes sur ce point dans Sonnt, Voyage en Grèce et en Turquie, t. I, p. 126. (56) L’urine étoit, chez-les anciens, la teinture la moins chère pour les dents, Les Celtibériens, un des peuples de l'Espagne, s’en ser- voieut de preférence ( V. Caruzz. XXXIX, 18); mais rien ne valoit l'urine d'un garcon innocent (Nonnus, Epit, chap. 112, p. 341. } Eu général, l'urine des enfans passoit pour produire toute sorts Ff 4 456 ÆArchæologie. présente différentes couleurs parce qu’on:y a mélé du marbre en poudre (37). Mais tout cela lui sera inutile : les dents que l’on va mettie dans ses gen- cives se conservent dans un étui élégant, et n’ont pas besoin d’être polies. Pour les dents machelicres qui restent encoré dans la bouche de Sabina, 1! n'y a pas dans le monde de remède propre à les blan- chir. L'usage des fausses dents d'ivoire que l’on attachoit avec de l'or est d’une telle antiquité, que les plus anciennes lois des Romains , celles des douze tables, font mention de morts ayant des fausses dents attachées avec de Por (38). Les épigrammes de Martiul nous apprennent que, de son temps, d'effets particuliers. Pline en parle plusieurs fois; entre autres XXII, -c.21, s. 30, où il est question d'un mélange fait de l'urina pueri impubis quæ ventri rllita mulierum, ne rugosus fiat, præstare dicitur. (57) La poudre pour les dents que produit la pierre - ponce pul- vérisée ( denrifricium e pumice ) est louée dans Pine, XXXVI, 21,S. 42. Comparez les Commeniateurs de Marrrar , XIV, 56. On y mêloit du marbie en poussière (sæpæépou piiauaæ) selon Nox- Nus, n Æpitome, c. 112, p. 343, avec les remarques de Bernard. D'après le jugement des connoisseurs, les mêmes substances se trou- vent dans les poudres modernes ; quels que soient les noms que leur donnent ceux qui les vendent. Je citerai entre autres le fameux dentifrice des Angloises, Hemet's essence of pearl, pearl dentifrice. (8) Crczro, de Legg. 11, 24. 11 étoit stvérement défendu de laisser de l'or sur les morts; on exceploit pourtaut de cette règle ; l P £ ceux qui avoient de fausses dents attachées avec de l'or. Selon le rap- port de M Tiscusxi on a trouvé en Italie un tombeau où il y avoit des vases grecs et sept dents rangées sur un fil d'or. Voyez Bozrricse, Vasenerklærungen, premier Cahier, p. 63. ’ Sen; ; Toilette. 457 c’étoit un usage général. Il fait dire à la poudre pour les dents : « Qu’ai-je de commun avec toi? « qu'une jeune fille me prenne! je ne suis pas ac- « coutumée à polir des dents empruntées.» On voit, par tout cela, que la mode avoit dans Vantiquité autant d'autels qu'aujourd'hui, et qu’on Jui offoit à peu près le méme encens. Aussi beau coup de peintres anciens auroient-il; pû donner la même excuse que le celèbre Liotard , lorsqu'un jour il refusa de peindre une femme laide et couverte de fard, en lui disant qu’il n’avoit jamais copié d’autres ouvrages que les siens et ceux de Dieu (39). Martial dit à une de ses compatriotes (40): «Galla, a ta toilette te pare de mille emprunts ; tandis que « tu vis à Rome, tes cheveux se colorent sur les « bords du Rhin: le soir tu quittes tes dents comme « lu quittes un vêtement, et deux tiers de ta per « sonne sont renfermés dans des boîtes. La ser- « vante qui Lhabille peint tes joues et ces sourcils «“ dont tu nous fais des signes gracieux. Telle est « la raison pour laquelle un homme ne peut t'aimer, « méme.malgré les richesses que tu pourrois lui “ promettre, » (59) He never copied any bodie's Work, but his own end God Almighty’s. Voyez un morceau plaisant de CHevrerrrezp, dans le journal intitulé : The Horld, n° 105, 1. III, p. 8. (io) Marriaz, IX , 58. [ L'original étant de nature à ne pouvoir être traduit, on a suivi limitation de M. Rammxez , poète allemand, qui a donné une traduction libre de Martial. ] 458 Archæologie. La Bruyère (4r) dit à peu près la même chose ; il s'exprime ainsi : « Si c’est aux hommes que les « femmes desirent de plaire , si c’est pour eux qu’elles « se fardent ou qu’elles s’enlumivent, j’ai recueilli « les voix, et je leur prononce , de la part de tous “ les hommes ou de la plus grande partie, que le “ blanc et le rouge les rendent affreuses et dégou= “ tantes, que le rouge seul les vieillit et les dé- « guise; qu’ils haïssent autant à les voir avec de « la céruse sur le visage, qu'avec de fausses dents “ en la bouche, et des boules de cire dans les ma « choires; qu’ils protestent sérieusement contre tout « lartifice dont elles usent pour se rendre laides, « et que bien loin d’en répondre devant Dieu, ïl « semble au contraire qu’il leur ait réservé ce der- « nier et infaillible moyen de guérir des femmes. » (41) Charactères, t, 1, chap. III, des Femmes, p,. 54 , de l'édits stéréotype de Herhan: Re mme EPS LOT-RUE Dans TOPHORI ROMMEL H4S$0-CASSEL- LAN1I,seminari regii philolog.etsoctetatis Gottingensis privatæ studiis humanioribus addictæ sodalis, Abulfedæa Arabie des- criplio commentario perpeluo illustrata. Commentatioincertamine lilterariociwiurm Acad.Gcorgiæ Auguste die IF junii 1802, pP'æmio à rege Britann. Aug. constiluto, eæ sententia amplissimi ordinis philosophicé, ornalta æ Quod totum non scitur, tamen neque toturm « prætermittatur. » ABULFEDA. Gottingæ, 1802. vi et 98 pag. in-4.° C E titre annonce suffisamment quelle a été l’oc- casion du travail qne M. Rœmmel a entrepris sur Ja description de l'Arabie d’Abou’féda , et l’hon- neur que ce travail a obtenu de l’université de Got- x tingue. Nous avons fait connoître à l’occasion d’un autre ouvrage pareillement couronné par cette célè- bre université, Pinstitution de ce prix, la manière dont le sujet du concours est déterminé, et l’ordre qui s’observe pour le jugement des ouvrages offerts “ . - . L à ce Concours (1); ainsi nous ne reviendrons point G) Magasin Encycl, Année V, LV, p. 177« 460 Historre: sur cet objet. La question à laquelle M. Rœmmel # répondu par ce Mémoire étoit ainsi posée. « Faire, « d’après Abou’lfeda la description géographique « de la presqu’ile de l'Arabie, en sorte que le texte = de cet auteur soit accompagné d’un commentaire « perpétuel ». M. Rœmmel a mis à la tête de son: travail des prolégomènes, dont l’objet princ'pal est de détailler les sources dans lesquelles Abou’lféda a puisé pour sa description de l'Arabie. A l’occasion du schérif Edrisi qu’Abou’lféda cite souvent, M. Rœmmel remarque que les citations ne se trouvent pas toujours conformes à l’abrégé d’Edrisi que nous possédons, et il propose une con= jecture qui mérite attention : suivant cette conjec- ture, Abou’lféda auroit eu sous les yeux deux ou- vrages distincts d’'Edrisi, l’un intitulé Mésalic wé- mémalic dont il fait mention expre:se au commen- cement de sa géographie , et l’autre portant le titre de Nozhat almoschtak, qui seroit le même dont Vabrégé plus connu sous le nom de Geographia Nubiensis a été imprimé en arabe à Rome. Cette distinction établie, M. Rœmmel suppose que toutes les fois qu'Abou’lféda cite simplement le schérif Edrisi, c’est le premier ouvrage qu’ila en vue. Peut- être cette conclusion n’est-elle pas une conséquence nécessaire de la supposition précédente : au surplus, la conjecture de M. Rœmmel sur un double ouvrage géographique d’Edrisi, est fondée sur un passage d’Abouw’lféda qu’il paroit impossible d'expliquer sans admettre cette supposition. Je répondrai à cette occasion aux doutes élevés Arabie. AGr par M. Hartmann, au sujet du manuscrit arabe n° 580 de notre bibliothéque (2). Ce manuscrit est in- diqué dans le catalogue comme contenant l’ouvrage géographique d’Edrisi. M. Hartmann observe que d’Herbelot ne cite cependant jamais Edrisi d’après ce manuscrit, ce que sans doute il auroit fait, sk ce volume contenoit réellement l’ouvrage du schérif, et il ajoute à cette preuve négative le témoignage positif de M. de Guignes, qui assure que cet ou- vrage est d’un auteur plus ancien et fait sur un autre plan que celui du schérif Néanmoins. M. Hart- mann ayant observé une grande conformité entre quelques passages de ce manuscrit et les textes cor- respondans de l’abrégé d’Edrisi, ne sait à quoi il . faut s’en tenir à cet égard. M. de Guignes ayant laissé une notice manuscrite de cet ouvrage qui avoit été lue par lui devant le comité établi dans l’Académie des belles lettres , je p’anticiperai point sur la publication de cette notice, dont j'espere que les savans ne seront pas toujours privés; mais en ættendant, pour lever tout doute sur la question proposée par M. Hartmann, je don- nerai seulement ici les renseionemens suivans: 1.° L’ouvrage dont il s’agit porte pour titre: Kiütab akhbar alzéman walmésalic walmémalic, et apres ce titre on lit : « ouvrage composé par les « scheikh , l’imam trées-savant , et dont le génie est “ comparable à l'océan, Punique de son siécle, le “ phénix de son temps, le plus instruit de son âge; (2) Edrisii Africa cur. J. A. Hartmann, seconde édit, p. zaxvr. 263 Histoire. «. plus excellent que ses contemporains, en qui sont « réunis tous les talens et les merveilles qui étoient “divisés ; » mais après toutes ces épithètes le nom de l’auteur manque , soit qu’on l’ait omis , soit qu'il dut être en bas de la page dans un cadre d’or et de couleurs (3) qu’on aura peut-être grattéexprès pour en imposer à celui qui a acheté le manuscrit : il est certain que le bas de ce feuillet a beaucoup souffert, où du temps, ou d’une dégradation faite à dessein ; on a même été obligé d’y coller une bande de papier blanc. 2.° L'ouvrage commence ainsi : « Au nom de Dieu, « etc. Voici un extrait de ce que l’on a dit sur les « contrées et les régions ( f alamsar walmémalic }. « Abou-Obéïid raconte qu'Omar ayant conquis lIrak, « la Syrie et V Ægypte, etc. » Abou-Obeid cité ici est assurément Abou’lobeïd Becri antérieur à Ebn-Haukal et cité par lui, suivant Hadji Khalfa; Abou’lobeïd avoit: composé un ouvrage intitulé Mésu/ic wémémalic. (3) Cette supposition est fondée sur ce que le titre que j'airapporté, est inscrit dans un cadre pareil, en encre blanche sur ün fond d'or et d'azur. Quant aux mots ouvrage composé, etc., ils sont hors de cs cadre et au dessous en encre rouge, et certainement ils ne sont pas de la même main que le corps du nranuscrit En marge, auprès du cadre qui contient le titre, il y a un rond de six ou sept lignes de diamètre, fond d’or et d'azur , pareil à ceux qu'on voit souvent dans les beaux manuscrits de l’alcoran, et où l’on marque le commencement des Su rates, et les autres divisions de ce livre. On a gratté ou arraché tout le milieu de ce rond : je conjecture qu'il contenojt le mot warr, c’est- è-dire ; Zégué. On voit beaucoup de manuscrits sur lesquels on a effacé” ou arraché ce mot qui constatoit le don qui en ayoitété fait à quelque mosquée, collége , ou autre établissement public, . Arabie. RE 3.° L'auteur de l'ouvrage contenu dans notre ma- nuscrit écrivoit en l’année 460, comme il le dit ex= pressément et plusieurs fois, et par conséquent plus de cent ans avant Edrisi qui peut l’avoir consulté. 4° Notre manuscrit ne contient qu’un fragment, dans lequel même il se trouve quelques lacunes : il a été écrit en Ægypte, comme le prouve l’emploi des chiffres coptes, feuillet 4 verso, lig. 3. 5.0 Apres quelques généralités qui occupent les premiers feuillets, on trouve une description his- torique et géographique de lPÆgypte , puis de Barka et de toute la Lybie : ensuite vient une des- cription très-détaillée de Afrique et du Magreb jus= qu’à son extrémité occidentale et méridionale. Une notice sur le pays des Noirs, sur Tecrour , Gana et les Berbers , succède à la description du Magreb, et est suivie de celle de l'Espagne dont il ne reste aujourdhui que deux feuillets. On a ajouté un feuillet blanc sur lequel on a écrit quelques lignes, comme s'il n’eût manqué que le dernier feuillet, et qu’on eût voulu le restituer; mais c’est une supercherie. Ce manuscrit me paroît bon , mais le plus souvent Pécriture est négligée et les points diacritiques y sont oMis, ce qui en rend la lecture difficile. Je reviens à Vouvrage de M. Rœmmel. Le principal objet que devoit se proposer M. Rœmmel pour satisfaire à la. demande de l’univer- sité de Gottingue , étoit de ramener à un ordre sys- tématique toutes les notions assez confusément ras- semblées dans la description d'Abou’lféda, et de développer, rectifier ou éclaircir chaque description de Hisioire: particulière en rapprochant du texte de ce géo< graphe, ce que les autres écrivains arabes, pu- bliés soit en entier soit par extraits, ou les voya- geurs européens pouvoient fournir de lumières. L’ou- vrage de M. Hartmann qui est entre les mains de tous les sayans, peut douner une juste idée de ce travail , du plan sur lequel il doit être exécuté , des difficultés qu'il présente, et des avantages que l’on peut en retirer, Nous croyons que les personnes qui feront usage de l’ouvrage de M. Rœmmel penseront, comme l’université qui l’a couronné , qu’il a rempl' ce plan d’une manière satisfaisante. Mais pour en juger avec impartialité, il ne faut pas oublier qu'il regne beaucoup de vague et une grande incertitude dans les limites assignées par Abou’lféda aux principales divisions entre lesquelles il partage la presqu’ile de l'Arabie. Les autres géographes arabes ne sont pas plus d’accord entre eux , ni souvent avec eux-mêmes sur cette division. On ne fera donc pas un reproche à M. Rœmmel si quelques articles de descriptions particulières ne semblent pas bien d’accord avec la division générale qu’il a adoptée. Nous ne pouvons donner qu’un apercu très-succigct de l’ouvrage de M. Rœmmel. Il est divisé en sept sections. Dans la première il détermine positivement l'étendue et les limites de l’Arabie suivant l'accep- tion qu’Abou’lféda donne à ce nom, et sa division en provinces. Le Yémen divisé en quatre parties, savoir, le Téhama ou bas Yémen, le Mahra, le Hadhramaout et le Yémen proprement dit ou haut Yémen , forme le sujet de la seconde section, La troi- sième Arabie. 463 sième est consacrée au Hedjaz et divisée en deux par- ties, dont l’une porte le nom de T'éhama ou bas Hed- jaz , et l’autre contient tout ie reste de cette province, La province de Nadjd et celle de Yémama nommée aussi Aroudh forment la quatrieme ct la cinquieme sections. La sixième contient la province de Bahrein diviséeen deux parties, le pays de Bahreïn proprement dit , et l’'Oman. Enfin le grand désert, divisé en trois parties qui prennent leurs dénominations des provin- ces dont elles sont limitrophes, l’Irak, la Mésopota- mie et la Syrie, remplit la septième section. Une réflexion dont on ne peut se défendre en lisant cette description de PArabie , c'est qu’il est étonnant qu’un pays qui a été le beiceau de l’empire des Mu- sulmans , n'ait pas été décrit avec plus d’étendue et d’une manière plus circonstanciée. Le Hedjaz qui offre un grand nombre de points auxquels se rattachent des souvenirs religieux, et qui a été le théâtre des grandes actions de Mahomet, a été moins négligé que le reste de la péninsule; mais le Yémen, et particulièrement le Mahra et le Hadh- ramaout , ainsi que le pays d’Oman offrent à peine sur la côte quelques pcints bien déterminés. La raison en est sans doute que les ouvrages géographiques des Arabes, faits pendant les quatre premiers siécles de Yhégire, ne sont guères que des itinéïaires, et que Ja plupart des voyageurs que la curiosité, le com- merce ou Je desir de s’instruire déterminoient à parcourir toute l'étendue des pays musulmans, de- puis les Pyrénées jusqu’au détroit de Gibraltar, et des extrémités occidentales du Magreb jusqu’à l’Indus Tome IL, Gg 466. Iistoire. à lorient , la mer Caspienne au nord , et les limites occidentales et septentrionales de la Syrie, n’avoient aucun motif de pénétrer dans l’Arabie au-delà des lieux consacrés par la religion. Ebn-Haukal , si l’on en juge par l'usage fréquent qu’en fait Abou’lféda, avoit décrit assez au long l'Arabie ; mai. cette partie de son ouvrage manquant absolument dans la traduc- tion persanne d’après laquelle M. Ouseley l’a traduit en anglois, il n’a pu être d’aucune utilité à M. Rœmmel, La ville di qui a donné son nom au golfe Ælanitique, est cependant mentionnée dans cette traduction d’Ebn-Haukal , mais d’une manière qui Pa rendue méconnoissable à M. Rœmmel: car Pomission d’un seul point diacritique a transformé le nom d'Aï/a ou Aïleh en Ablch, et soit qu'il y eût une Jacune d'un ou de plusieurs feuillets dans le manuscrit, soit que M. Ouseley n'ayant pas bien saisi le sens de l’auteur, ait réuni des choses qui de- vroient étre séparées par un alinéa , et confondu la fin d’un paragraphe avec le commencement du pa- ragraphe suivant , on croiroit , en lisant cet endroit d'Ebn-Haukal, dans sa traduction, qu’Ableh est une ville qui appartient au nord le plus reculé de l'Asie. Il suffit cependant de lire ce qu’Ebn-Haukal dit de cette ville et de le comparer avec le passage où Abow’]lféda parle d’Aïla, pour demeurerconvaincu qu’il s’agit de la même ville dans l’un et lautre écrivain. Voici le passage d’Ebn - Haukal ; « Ableh « (L Aila ) est une petite ville, avec un petit « territoire cultivé. Il y avoit dans cette place quel= « ques juifs : ce sont ceux à qui il fut défendu de Arabie. 467 # chasser le jour du sabbat : Dieu fes métamorphosa “ etleschangeaen singes. » Abou’lféda parlant d’Aiïla s’exprime dans les mêmes termes , sice n’est qu’il dié que ces juifs furent métamorphosés en singes et en pourceaux, Je m’arrétesur cetobjet, parce que cet en- droit d’Ebn-Haukal dont M. Ouseley a donné le texte en persan , au bas de la page, a paru fautif à l’auteur de la notice de l'ouvrage d’Ebn-Haukal insérée dans les Ephémérides géographiques de MM. Gaspari et Bertuch (4): il substitue en conséquence des /éopards à des singes, et c’est suivant lui le seul moyen de donner un sens plausible à cet endroit , qu’il traduit ainsi : » Dieu fit qu’ils devinrent semblables à dés “ léopards. » Si ce critique se fût rappelé les pas- sages de lalcoran où il est question de cette méta= morphose , ou le texte d’Abou’lféda , il n’auroié pas hasardé cette fausse correction (5). (4) Allegemeine geographische Ephemeriden. .. herausgegebe® won À.C. Gaspart und F. G. Bertuch. V. année, mai 1802, &. 1x. S par. p.455. (5) La notice dont je parle est anonyme; mais on y reconnoîit um homme instruit et familiarisé avec les langues de l'Orient. Beaucoup de es observations et de ses conjectures critiques se trouvent conformes & celles que j'ai proposées dans ma notice de l’ouvrage d'Ebn-Haukal; et celte rencontre est si frappante en certains endroits, qu’elle pour- roit faire supposer qu'il auroit eù connoiïssance dé mon travail sur cek écrivain. Il ne me seroit pas difficile , d'après quelques citations , de Fors mer une conjecture sur l'auteur de ce morceau. Voici le passage de cette notice où il est question des juifs d’Aïla: In diesem Abschnitte wird beylœufig eine sonderbare Sage vor den Juden zu Abléëh (einer Sradt im Norden von Europa un& Asien) angeführt, dass Gott dieselben als Uebertrerer des Ge= bors am Salles zu jagen, in Affen verwandelt hætte. — Was Gg2 468 Histoire: On me permet{ra, avant de terminer cet extraits, d'indiquer un ou deux endroits où M. Rœmmel me paroïît m’avoir pas tout-à-fait saisi le sens du texte arabe. À bou'lféda parlant de l'étang nommé Gadir khom ÿ dit « que les Schii ont une fête particulière qui « prend son nom de ce lieu. » Greaves n’a pas rendu Îe texte d’une manière très-claire ; mais M. Rœmmel l'a tout-à-fait défiguré, en traduisant (pag. 71 }, Ferunt.... à Schutis festum celebrari, à quo ipsi. denominantur, Les Schü célèbrent effectivement le 18 du mois de Dhow’lhidja une fête qu’ils nomment la: Jête de Gadir Khom, ou , comme disent les Tures, de Khom gudir, parce que ce fut en ce lieu, suivant leur opinion, que Mahomet déclara solennellement Ali pour son successeur, La province de Yémama porte aussi le nom d’Aroudh : entre les étymologies de ce nom, M. Rœmmel en rapporte une qu’il traduit avec Golius { not. in Alferg.) quia regionem Jemen transversam secet; mais la position de cette province ne répon- dant pas à cetie définition, M. Rœmmel ajoute: quod verum esse non crediderim , nisi in terrë Faman diese Affen betrifft, so fand der Herausgeber in dem persischen Texte, welchen er uns in der Anmerkung giebt, das Port Bu- BINEH ( Affen), es soll aber ohne Zweifel JuzxNeu heïssen, und anuss alsdann übersetzt werden : er liess sie den Leoparden (eines bekannten Jagdthiere im Orient) gleich werden; auf diese eise #ommit erst ein Sinn in die Sage. FVouzineh est-il un mot persan” on dit youz pour un léopard. Voyez sur la métamorphose des juifs d'Aïla, Alcoran Sur. IL, v. 65; Ÿ ; v- 69; VIT, v. 167; éd, de Maracci, Arabie. 469 designandä ab Arabum ratione declinetur (pag. 83 ). La diMiculté s’evanouit en traduisant , » on la nomme « Aroudh, parce qu’elle longe en travers ou de biais « le Yémen. » : L'article de Lahsa ou Alahsa me paroît avoir été mal entendu par Greaves et par Petis de la Croix. M. Rœmmel ne l’a pas non plus exactement tra- duit ( p. 91). Je l’entends ainsi : « Voici ce qu’on lit dans le Moschtarek : ÆAsa est le pluriel de « hist, qui signifie du sable dans lequel les eaux #« se boivent et pénétrent jusqu’à la terre solide « qui les retient; les Arabes y creusent des puits, et tirent ainsi eette eau : ce mot A/ahsa devient « Je nom propre de queiques lieux (6) cians l’Arabie : ce sont Ahsa ou les puits des Bénou-Saad [qui “ dépendent ] de Hadjar : ce lieu a été la demeure des Karmates dans la contrée de Bahrein ; mais sui- u vant d’autres Asa des Bénou-Saad n’est pas la # même ville qu'Ahsa des Karmates, » Tout ceci appartient à la citation du Moschtarek, qui indiquoit sans doute ensuite d’autres lieux du même nor. On lit dans le Kamous « AAsa des Bénouw- " Saad vis-à-vis Hadjar, c’est la même qu’ Ahsa des = Karmates , ou bien ce sont deux endroits différens 3 (6) Dans un manuscrit de la Géogrsphie d’Abou’lféda , que j'ai sous les yeux, je lis mauDur , ur l'eu, au lieu de mawaDur, des lieux ; mais je crois la dernière lecon préférable , et sans doute le passage du Mosch- tarek n'est pas rapporté en entier par Abou’lféda, qui aura supprimé les autres lieux nommés se, dout l’auteur du Moschtarek faisois meution. Gg à 470 Historre. « Ahsa-Horr, lieu situé sur la côte de Bahreïns « Ahsa des Bénou-Dhéheb , ce sont neuf grands puits « entre Alfara , et Wakisa. » Je n’ajouterai plusqu’une observation sur un texte d’Azizi cité par Abou’lféda, qui a paru obseur à M. Rœmmel. Il s’agit , en cet endroit de la capitale du pays d'Oman. Azizi, ainsi qu’Abou’lféda , parle d’une ville nommée Oman, et de Sohar, qui est, disent-ils , la forteresse ( kasuba ) d'Oman. Je traduis ainsi le passage d’Azizi : « Oman est # une ville importante avec un port où abordent les « vaisseaux des provinces de Sind et Hind, de la « Chine et du Zanguebar : la cité ( ou la citadelle. « fermée de murs: car c’est ce que j'entends par « kasaba) se nomme Sohar. Il n’y a point sur toute n Ja mer de Perse de ville plus importante que « celle-là ( Oman); son territoire a environ 300 pa- « rasanges d’étendue : c’est le pays habité par la pos- « térité d’Azd. » De la manière dont j'entends ce passage, toute la ville, tant les faubourgs que le port, est désignée sous le nom d’Oman, mais le nom de Sohar est propre à la partie de la ville qui est fermée de murs et forme comme une citadelle. Suivant Djewhari cité aussi par Abou’lféda , la ville d’Oman avoit deux citadelles ou quartiers entourés de murs , l’un du côté où elle touchoiït la montagne , et l’autre vers la mer : la première se nommoit Sohar, ou comme je lis dans un manuscrit de Djewhari, Sohara , et l’autre Towem. Mais il est temps de mettre fin à ces observations Arabie. 47 que j’offre à M. Rœmmel, comme une marque de l'intérèt que m’a inspiré son travail. Cet ouvrage ne peut manquer d’être recherché de tous ceux qui voudront dorénavant faire usage de cette partie de la Géographie d’Abou’lféda. S. Des. Le ne mom memenn BIOGRAPHIE. NOTICE historique sur la vie littéraire du docteur GUETTARD. Ox ne peut lire sans frissonner le récit que fait Homère , dans le vingt-unieme livre de son Iliade, des combats que se livrèrent les Dieux de la terre et de J’Olympe. Après nous avoir peint la lutte ef- frayante des Dieux tutélaires du Xanthe, du Sca- maodre et du Simois contre Vulcain , le poète ajoute, qu’une dispute qui s’éleva entre les autre= Dieux (les Dieux de l'Olympe ) dégénéra en un combat acharné , sanglant, à outrance & d'#xoirs Bsoiaiy tpeomior Repibutæ | apyænés : La fureur qui lestrans- portoit tous, leur permeitoit à peine de respirer ; ils étoufoient de rage, ya de (es ii Gest doprs gra. bientot is en vinrent aux mains, dit M.° Dacier : bientot, dit M. de Rochefort , rs fondirent l'un sur l'uutre (iv 4 trero, Le fracas des combattans fut si grand, que la terre dans sa vaste étendue, ét le ciel dans son immensité , en tremblèrent. Gg4 472 Biographie. payes ouudu, Préye A ebpiie pla. dugr dr CéxrryEet piyas waves. Jupiter, lui seul, put rétablir Ja tran- quillité. H fut plus d’un Olympe. Il en existoit un entr’au- tres, sur les bords de la Seine, dans le palais des rois. Les Dieux qui l'habitoieut étoient sans doute aussi grands que ceux de l'Olymype thessalien, Ils avoient aussi de grandes passions; mais les effets en étoient rares , et ils savoient encore les modéier, Un jour cependant, si l’on en croit la renommée, la discorde, jalouse de la paix qui régnoit entre eux, parvint à les diviser, au moins en partie, en secouant sur eux son flambeau. Le sujet étoit grave: une rivalité de gloire, rivalité d’autant plus dange= reuse qu’elle n’étoit pas personnelle aux contendans, anima les esprits. Les éleves de M. de Réaumur et ceux de M. de Maupertuis s’'échaufferent : la querelle devint violente. De part et d’autre, peut-être , outre- passa-t-on les bornes. Le docteur Guettard, élève de M. de Réaumur, eut, en particulier, le mal- heur de prendre dans le débat une part trop active... Une voix terrible, un autre Jupiter se fit entendre. « Et vous, s’écria-t-il, en interrompant le doc- “ teur, et vous, qui parlez si haut, qu’avez vous « donc fait? » Uue pareille demande faite à un savant, honoré de l'estime particulière de Linnœus, membre de plusieurs autres académies célèbres de PEurope, ayant consacré avec fruit, le plus sou- vent quatorze heures par jour, pendant près de cinquante années, à l’étude des sciences et des arts, auteur de sept volumes in-4.° remplis des re= Guettard. 473 cherches et des découvertes les plus utiles, pouvant ouvrir le recueil de l’Académie des Sciences enri- chi de près de quatre-vingt de ses mémoires, at- tèra le docteur : elle fut un coup de foudre pour lui. Sa tête tomba sur sa poitrine; il resta muet. Nous allons essayer de répondie pour Jui. Aupa- ravant nous devons dire, à sa gloire, que, ctai- gnant d’avoir manqué, même aux simples égards, dans la chaleur de la dispute, il eut la grandeur d’ame d’aller, dès le lendemain, demander excuse et grace, Le docteur Guettard eit né à Estampes le 22 septembre 1715 ; il a été reçu docteur régent de la Faculté de Médecine de Paris en 1739; il a été nommé adjoint botaniste à l'Académie des Sciences le 3 juillet 1743 , associé le 24 juillet 1758, et pen- sionnaire la même année. Il est mort le 7 janvier 1786 : il étoit membre de l'Académie de Stockholm, . des Sociétés de Botanique de Florence et de Bâle, et de la Société Physiographique de Londres. M. de Condorcet , dans son éloge du docteur Guettard, éloge lu à l’Académie, fait l'observation : 1 que le docteur crut trouver dans les glandes des plantes, un véritable caractère botanique, et qu’il obtint le suffrage de Linnœæus; 2.9 que , le premier, il a senti et fait connoitre la nécessité des cartes minéralogiques, et qu'il forma le plan d’un atlas minéralogique de France, même de l’Europe; 3.° que, Le premier , il s'éloit attaché à approfondir et à classer ces plantes parasites qui s’attachent à * d’autres, se nourrissent de leurs sucs, et vivent à 474 Biographie. leurs dépens ; 4° que , le premier, enfin, il a substitué, dans la botanique , une suite d’expé- riences précises, à de simples aperçus dont on s’é- toit contenté jusqu’à lui, pour éclaircir le phéno- mène important “de l’économie végétale ; 5.° que ses voyages, dans presque toutes les provinces de France, en Italie, en Allemagne, et en Pologne, lavoient mis à portée de recueillir les faits et les observations de la plus grande conséquence. A légard de loriginalité, le plus souvent pi- quante , du caractere du docteur, M. de Condorcet cite l’anecdote d’un récipiendaire à l’Académie ; qui , allant remercier le docteur d’avoir voté pour Jui, en recut cette réponse : Si je n’avois cru juste de vous donner ma voix, vous ne l’auriez pas eue, car je ne vous aime point, Développons maintenant la liste des ouvrages qu’a laissés le docteur Guettard. L Nous trouvons dans le recueil de PAcadémie des Sciences, depuis et compris 1741 jusques et compris 1767, soixante-seize mémoires, tous entre pris, tous dictés pour le progres de la botanique, de la minéralogie et des arts. Nous citerons prin- cipalement : 1.° les dix mémoires sur les glandes. des plantes dans les volumes de 1745, 1747, 1748, 1749, 1750 et 1756 ; 2.° dans le vok:me de 1756, son mémoire et sa carte géographique sur Ja na- ture et la situation des terrains qui traversent la France et l’Angleterre, et dans le volume de 1751, son mémoire sur les granites de France comparés & ceux d’Ægypte, et démontrés d’un aussi beau Guettard. 473 grain et susceptibles d’un aussi beau poli; 3.° dans le volume de 1741, ses observations sur différentes matières dont on peut, avec autant d’œconomie que de perfection, fabriquer les papiers; dans le volume de 1761, son mémoire sur les paillettes et grains d’or de lArriège, desquels il est possible de retiier les plus grands avantages; et dans le volume de 1745, son mémoire sur les causes qui rendent les chevaux poussifs, et les précautions sûres pour prévenir cette maladie. II. Le docteur Guettard a fait paroître des Obser- #alions sur les plantes, en deux volumes in-12, Paris , 1747, chez Durand, libraire, rue Suini- Jacques. Ces observations sont précédées dns préface de 43 pages, dans laquelle le docteur annonce : r.° que la majeure partie de son ouvrage, qui contient les plantes des environs d’Estampes, est une tra duction d’un manuserit latin de son ayeul mater- nel, Francois Déscurain, apothicaire à Estampes, né “A 22 aout 1658, décédé le 18 mars 1740; 2.° qu'il a profité d’un manuscrit du P. Barrelier , dans lequel ee botaniste fameux et très-connu avoit ras- semblé les plantes des environs de Malsherbes , éloigné d’Estampes de cinq à six lieues, et qui lui avoit été confié par MM. de Jussieu; qu’il avoit en- core profité d’un autre manuscrit, dans lequel M. de Cambrai, grand maitre des eaux et forêts de la généralité d'Orléans, amateur instruit de bota- pique, avoit recueilli, en forme de catalogue, les plantes de sa généralité, et qui avoit été donné 476 Biographie. au docteur par M. Duhamel Dumonceau; 4.° qu’il a inséré dans un appendix les différentes plantes qu’il avoit remarquées dans plusieurs provinces de France, et qui leur sont particulières, Le premier volume de Pouvrage contient la des- cription de 253 plantes, et le second de 429. Cha- que plante est accompagnee d’une observation. Les observations portent sur les glandes et filets qui servent aux plantes de vaisseaux excrétoires. Les plantes se partagent en plantes qui ont des glandes sans filets, et en plantes dont les glandes sont sur- montées de plus ou moins de filets. Ces filets, qui sont creux, sont de véritables canaux. Dans ces dernières plantes, la liqueur qui seroit sortie im- médiatement de la glande, monte dans le filet, et en sort par son ouverture supérieure. C’est d’apres la variété de ces glandes et de ces filets, que le docteur Guettard avait établi une division générale du règne végétal. Les observations appartiennent en entier au docteur. M. Descuraîn avoit adopté, dans la rédaction dé son manuscrit, le systeme de Tournefort , le plus généralement suivi à cette épo- que. Le docteur Guettard préféra celui que Lin-. næus, dont nous croyons que le sysième sexuel n’a paru pour la première fois en sa généralité, qu’en 748, Holmiæ, à Stockholm , avoit auparavant adopté dans ses Fragmens de Botanique, et qui, à peu de chose pres, est le système de Tournefort, Le docteur n’y a fait que quelques changemens né- cessités par Ja nature de ses observations. Nous ne croyons point hors de propos de dire Cuettard. A7? âci que M. Descurain, outre une connoissance ap- profondie de son art, et même de la médecine qu’il pratiquoit avec succès, se délassoit de ses travaux par la culture des belles-lettres. 11 écrivoit le latin purement et avec goût en prose et en vers. Le docs teur Guettard nous a conservé , en tête de ses Observations sur les Plantes , une exhortation de son ayeul, en 36 vers hexametres, aux jeunes élèves en botanique. Nous citons avec plaisir le plan d’é- tude qu’il leur trace au retour du printemps, dont il leur fait ure peinture agréable, Parcourez d’a- bord, leur dit-il, les forêts, les prairies, les champs, les bords des rivières; allez ensuite à la découverte des trésors qui enrichissent les sommets escarpés et les grandes masses de rochers. Zephyris dum frigora cedunt, Arboribusque comæ redeunt, et gramina terris, Sylvas, prata dein, campos et flumina tente, Præcipites scopulos et grandia saxa reclude. JIIT. Le docteur Guettard a donné en 1748, à ls sollicitation de différentes personnes, un petit ou- vrage sur Îles insectes et Îles reptiles. Il nous dit lui même, dans ses Ofservations sur les Plantes, que la première partie n'est pour ainsi dire qu’un extrait de M. de Réaumur. Il ne réclame que la seconde partie comme son ouvrage, Nous n’avons pô nous procurer cet opuscule. IV. Il à fait paroître en 1768, à Paris, chez Laurent Prault, un premier volume in-4.° de Mé- moires sur differentes parlies des sciences ct arts. 478 _ Biographie Ce volume contient : 1.° 35 mémoires et observé: tions ; savoir : deux sur la physique générale, deux sur l’histoire naturelle , vingt sur la botanique ; un sur l'anatomie, et un sur Ja médecine; 2.° 17 planches. Les cinquième et neuvième mémoires méritent surtout d’être remarqués. Ils renferment l’historiqué de la découverte faite en France , en grande par- tie par le docteur Gueltard, de matieres propres à faire en France de la porcelaine aussi belle que celle de la Chine. Le docteur a trouvé le vrai Kao- Jin de la Chine à Maupertuis et à Chauvigny près Alencon, dans les environs de Limoges, dans les biens de M. le chevalier Hérington en basse Bre- tagne, à peu de distance de la Gaïraie, et à Sainte Hermine en Poitou. Le docteur a aussi trouvé le vrai Pe-tunt-tsé de la Chine dans les environs de Mouan, village peu éloigné de Caen, dans plu- sieurs parties de la Normandie, dans les environs de Briançon, et dans les rochers des environs de Bourbon l’Archambault. Incidemment, le docteur rend compte des contradictions sans nombre que lui ont suscité ces importantes découvertes, Le docteur Guettard a fait paroïître en 1770, à Fe chez Je même libraire, un second volume in-4° de Mémoires sur les différentes PAU des Sciences el des arts. Ce volume contient : 1.° 27 observations déta- thées, savoir : trois sur la physique générale, six sur l’histoire naturelle , six sur la botanique et l’a- griculture , cinq sur la chymie, quatre sur la méde+ Guettard. 470 cine, et deux sur la médecine vétérinaire. ; 2° qua- torze mémoires, dont douze sur les coraux, les madrépores , les polypites, les astroites, et autres corps de cette nature, auxquels ils peuvent avoir rapport ; 3.° quinze planches. e On lit, avec un intérêt particulier, le neuvième mémoire sur le basalte des anciens et des modernes, et le quatorzième sur certains rappoits qui existent entre les corps de la classe des champignons ter- restres, et les corps de la classe des coraux. Le docteur Guettard a fait paroître la même année, 1770, chez le même libraire, à Paris, un troisieme volume in-4.° de Mémoires sur differentes parties des sciences et ar!s. Ce volume contient sept mémoires et soixante= onze planches. Il a principalement pour objet de ‘Faire connoître les endroits de la France où l’on 1 trouve des corps de la classe des coraux et des madrépores. 1° On trouve de ces corps en abon- dance sur les confins de la Touraine et du Poi- tou, dans ce beau banc connu sous le nom de Zau- Zlunières , qui traverse la Touraine, et que M. de Réaumur a rendu fameux par le mémoire qu'il a donné sur cet amas de corps marins, et qui est inséré dans le recueil de l’Académie des Sciences ; 2.° les cantons de Laiïgle et de Saint-Himer en Nor- mandie, du Guet-à-Pont au Perche, de Vendôme, et les Tuffaux de Tours, sont les plus riches en figues et en fongites pétrifiées, ainsi qu’en petits corps rainifiés de cette classe, On pourroit, dit le docteur , former peu à peu, 480 Biographie. dans l’intéricur et la circonférence de la France ; une chaîne d’endroits où l’on seroit sûr de voir de ces sortes de foséiles. Ce seroit un des points de l'histoire des fossiles de la France les plus essen- tiels à connoitre. Le docteur Gueitard s’est aussi occupé dans ce volume, 1.°de la dégradation des montagnes, oc- casionnée de nos jouis par les chutes d’eau et par les fleuves , les rivieres et la mer ; 2.° des dépôts d’eau qui ont eu lieu par les mêmes causes; 3.° des moyens, tant de prévenir les dégats que ces acci- dents peuvent causer , que d'utiliser les chutes et Îles dépôts d’eau. 1} a fait paroitre en 1583, à Pace. de limpri- merie de Pierres , chez Eugène Onfroy, libraire, un quatrième volume in-4.° de Mémoires sur différentes parties des sciences et arts, Il contient dix-sept mémoires et cent dix planches, La majeure partie concerne la minéralogie. Dans le sixième mémoire, à l’occasion des con- ques anatifères, le docteur discute, sur la grande question des naissances spontanées, les opinions de 56 auteurs, depuis /evander «b Alexandro, jus- qu’à Saussure de Genève. Le docteur n’est point de l'avis des naissances spontanées. Dans le quinzième, il parle des crapauüs trouvés vivans au milieu de corps solides, dans lesquels ils n'avoient aucune communication avec l’air exté- rieur. Il donne des raisoas physiques de ces évène- mens extraordinaires. Dans le dix-septième , son zèle pour sa patrie l’enflamme: | | 4 Guettard. 481 lenfiamme : il s’éleve avec la plus grande force contre le préjugé francois, qui fait accorder la piéé- minence à certaines pierres tirées des pays étrangers, sur des pierres de France du même genre. Il sou- tient que lPalbâtre des environs de Grasse, gris, mais veiné , recoit presque Île poli de l’agathe ; que le jaspe de Picardie a une couleur superbe, et est susceptible d’un riche poli; que le poudingue fran- çois recoit un aussi beau poli que le poudingue anglois ; que les marbres de Flandre, des Pyrénées, de Bourgogne, égalent les plus beaux-marbres étran- gers de la même espece, et peuvent y supp éer; que la Bourgogne donne un bel albätre blanc, veiné blänc ; que les Vosges contiennent des granites, les uns pouvant être regardés comme des porphyres, et d’autres semblables au granitello des Italiens ; que les granites rouges et les serpentines du Dau- phiné sont admirables; que les environs de Loches en Touraine produisent des jaspes du plus beau rouge ; veinés de gris, de jaune et de blanc; en- fin, que Verest, pres Tours, produit des cailloux marbrés, en grandes masses, aussi beaux que le jaspe de la plus belle couleur, avec des fonds agathisés, et les plus heureux accidents. Le docteur Guettard a vu, chez feue M." la princesse de Conty, à qui Verest avoit appartenu , huit tabatieres faites avec ” des cailloux de son ancienne terre, toutes plus belles les unes que les autres. Trois surtout l’avoient frappé: V’une rouge foncé de cornaline et d’un gris clair, où le rouge du fond se fait sentir imperceptible- ment ; une autre, couleur de chair, avec taches Zome IL, Hh 482 Biographie. brunes, jaunes et blanches, et des ondes de coulent de feu; une troisième, fond blane café au lait, avec taches, points et veines, ondées de jaune plus où moins foncé, de gris et de violet. . Le docteur Guettard a fait paroître dans la même année 1783, à Paris chez le même libraire, le cin- quième et dernier volume in 4° de ses Mémoires sur différentes parties des sciences et arts. Ce volume contient treize mémoires et cinquante quatre planches, dont plusieurs ont jusqu’à qua- rente-cinq figures. Il est consacré à la minéralogie, à la botanique et à la médecine. Les second et troisième volumes présentent une série d'observations sur Îles vaisseaux des plantes, et un ordre systématique dans lequel les plantes peuvent étre rangées d'apres ces mêmes observa- tions. V. Le docteur Guettard a faït paroitre en rt à Puris de l’imprimerie de Clousier, deux volumes in-4.° de mémoires sur la minéralogie du Dau- phiné, Cet ouvrage a été imprimé aux frais de M. De- laborde , fermier général , l’une des malheureuses victimes de la révolution. Il contient une préface de 184 pages, un itiné- raire de 138 pages, cinq mémoires de 852 pages, et 19 planches. La préface est précédée d’une épitre dédicatoire à messieurs les Dauphinois. Comme gc’est sur les subsides qu’ils payoient que les frais du voyage ont Guettard. 483 ÊtE prélevés, l’auteur reconnoît leur devoir , ses observations sur la minérologie de leur province, le plaisir de les avoir faites, et celui d’avoir vu une province riche eu histoire naturelle. « Puisse mon « ouvrage, ajoute l’auteur, vous être utile! jai « fait tous mes efforts pour qu’il le fût. » Le gouvernement avoit chargé le docteur Guet- tard de constater les richesses minéralogiques du Dauphiné. 11 a rempli sa mission , d’abord en 1775, depuis le 10 juillet jusqu’en octobre, ensuite en 1776, depuis le 28 mai jusqu’au mois de septembre suivant. Le docteur Guettard, dans sa préface, entre dans des détails historiques, relatifs surtout aux mer- veilles du Dauphiné, et aux auteurs qui en ont traité , soit ex professo , soit par occasion, Le premier mémoire donne une idée générale de la minéralogie du Dauphiné. Le second contient les observations relatives au bassin de Lyon à Vienne. Le troisieme contient celles relatives au bassin de Vienne. Le quatrième contient les observations depuis Crest jusqu’à Grenoble, L'auteur récapitule, dans son cinquième et der- pier mémoire, ce qu'il a dit dans les quatre pré- cédens sur les terres, les pierres , les minéraux, les corps fossiles, et les eaux du Dauphiné, Nous ne nous étendrons pas ici sur ces mémoires. Comme nous n’ayons pas connoissance qu'aucun journal soit entré dans l'examen de cet ouvrage du Hh a 484 Biographie. docteur Guettard, nous nous proposons d’en don per un extrait raisonné. Les riche:ses minéra'ogi- ques de cette province divisée aujourd’hui dans les départemens de l'I ère, de la Drome, et des Hau- tes- Alpes, sont si précieuses, que nous espérons qu’on nous saura quelque gré de notre travail. VE. Le docteur Guetlard a laissé un manuscrié intéressant sur la Pologre, Nous ne pouvons que prier celui à qui ilest confié, de se rendre aux vœux des amis des sciences et des arts, et de le faire connoitre au public. L'impression de ce manuserié complettera les quatre mémoires du docteur sur la Pologne, imprimés dans le recueil de l’Académie des Sciences, en 1762. Les deux premiers concer- nent la nature du terrain de la Pologne, et des minéraux qu’elle renferme. Le second contient des observations météorologiques faites par le docteur à Varsovie, en 1760, 1761 et 1762. Le troisième comprend les particularités les plus essentielles à connoitre sur les mines de Wielictza en Pologne. Le docteur Guettaid avoit, en qualité de médecin, accompagné M. de Paulmy, ambassadeur en Polo- gne. Personne n’aété plus à portée et plus en état de bien voir et de bien observer. Il résulte des détails dans lesquels nous venons d'entrer, que le docteur Guet'ard , en évaluant ses soixante- seize m moires insérés dans le recueil de l’Académie des Sciences, est auteur au moins de dix volumes in 4. , de trois volumes in 12, et de deux manuscrits, le tout ayant pour objets des matières d’une utilité majeure,et générale , puis= _Guettard. 485 que tous les ouvrages du docteur ne contiennent que des déconvertes et des recherches du plus grand interét, sur la physique générale, l’histoire natu- relle , la botanique , l’agriculture, la minéralogie, la chymie et la médecine. Voïlà ce que le docteur Guettard a fait. Le docteur Guëttard avoit de la religion, Îles mœurs de l’innocence, un cœur sensble et bien- faisant, une ardeur infatisable pour Îe travail. Nous pouvons donc dire, en nous seivant des expressions de l’Écriture, qui n’a jamais cessé d’être la règle de sa conduite (1), que le docteur Guettard est mort plenus dierum , plein de jours, marqués par des actes sincères d’une piété éclairée , par une suite non interrompue de bonne: œuvies , et par une continuité d’occupations toutes consacrées au progres des sciences les plus directement utiles au bonheur de la société. C’est l'hommage que doivent an docteur Guettard, et que lui rendent, avec vérité et reconnoissance, J'estime et l'amitié, J. B. E. B. SoREAU. 4 messidor an x1. — 25 juin 1803. (1) « Jean Bernouilh à été attaché toute sa vie, sâns bruit et sans « faste, à cetie religion, que Newton croyait. que Pascal a défendre, « et que Descarteë à respectée. » Eloge de J. Bernouill: par d'Axsian BIRT. . Hh'3 Pr | BEAUX-ARTS. INOTIZIA D’OPERE DI DISECNO nella prima melà del secolo XVI esistenti in Padova , Cremona , Milano, Pavia, Ber- gamo , Crema e Venezia, scritta da un Anonimo di quel tempo , pubblicata e 2llustrata da D. TACOPO MORELLI , Cus- code della Regia Biblioteca di S. Marco di Venezia. Bassano. 1800. Grand in-8.° de XXII et 272 pages. Nés ne pouvons donner qu’un extrait de Ja sa- vante préface que l'éditeur a mise à la tête d’un ouvrage qui n’est pas susceptible d'analyse; mais nous invitons quelque amateur éclairé à le faire passer dans notre langue , en faveur des artistes auxquels l'italienne et la vénitienne ne sont point familieres. L'éditeur, en parcourant avec plaisir les extraits et même les copies qu’il avoit pris dans les papiers d’Apostolo Zeno , et dans les nombreux manuscrits que cet homme illustre avoit recueillis, regrettoit toujours de n’avoir pas encore publié cette notice, qu’il avoit trouvée dans l’un de ces manuscrits, Elle lui paroissoit singulierement propre à indi- quer les ouvrages de l’art déjà perdus; à découvrir ou à discerner ayec fondement quelques autres qui Dessin, 487 existent encore ; à relever de plus en plus le mérite d’artistes dont la réputation est dès long-temps éta- blie, et d’autres inconnus jusqu'ici; à augmenter le nombre des amateurs, des protecteurs des beaux- arts, et réchauffer leur zèle; enfin, à former une nouvelle collection de mémoires authentiques etin- téressans , pour enrichir l’histoire de ces arts nobles, qui doivent être cultivés et protégés dans tout état bien constitué. Un autre motif qui animoit l’éditeur, c'est que, même après les écrivains célèbres qui ont Joué le noble zèle des Vénitiens pour accueillir et protéger les beaux-arts, pour. former des galeries de tableaux , des muséum d’antiquités , il restoit encore dans l’obseurité une infinité de faits histo- riques dont on ne soupconnoit pas même l’existence, et qui prouvent que les bornes de la science s’éloi- gnent à mesure que nous avançons pour les franchir. L'école vénitienne remonte à des temps très-re- culés. Les tableaux qui en sortirent ornerent les églises, pour mettre sous les yeux des fidèles les histoires principales de la religion. Ils embeilirent ensuite les édifices des particuliers ; mais ils trans- mirent aussi à la postérité les événemens glorieux de la république. Quant aux chefs-d’œuvres de l’antiquité, dans les arts différens de la peinture, les Vénitiens mirent à profit la prise de Constantinople pour s'enrichir d’une partie de ses dépouilles les plus précieuses, conservées avec le plus grand soin jusqu’à nos jours. Dans le siècle suivaut, la peinture fut tellement culiivée , qu’à la foire de lAscension il se faisoit , Hh 4 488 Beaux-arts. de la part des Vénitiens et des étrangers, un cont< merce considérable de tableaux , auxquels on ajouta ensuite les statues, les dessins, les médailles an- ciennes et autres objets précieux. Les amateurs ve- noient de loin en faire Pacquisition; par exemple, Oliviero Forzetta de Treviso ( Trevigi), qui jouis- soit d’une fortune considérable , y vint acheter, en 1325, quatre bambins ( putrini) de marbre , déta- chés d’un ancien monument de Sun Vitale di Ra- venna, 11 paroit, selon la remarque du savant édi- teur, que ce fut à cette époque qu’on transporta à Venise les deux bas-reliefs de marbre de Paros, avec quatre bambins, portant le sceptre de Jupiter et l'épée de Mars, que lon voit encore dans l’é- glise dé Santa Maria de? miracoli. Du moins Sanso- vino assure (1) qu’ils venoient de Raverne et qu'ils étoient l'ouvrage de Prasitele. Le travail en est exquis, et lon prétend même que le Titien les a copiés dans la belle coupole de Sun Pietro martire. Zanetti avoit cru les retonnoître dans ceux dont parle Girolamo Rossi, dans son histoire de Ra- venne (2), et qu’il regardoit comme dignes de Phi- dias et de Polyclète ; mais léditeur observe que ces derniers existent encore sur deux morceaux de bas-reliefs, dans l’église de Ravenne. L’un représente Neptune sur son trône , entouré de trois bambins. Le jésuite Jacopo Belgrado l'a décrit dans une dis- sertation imprimée à Césenne, en 1776. Mais il igno- roit qu’en 1518 on en avoit fait une belle gravure (1) Descrizione di Venezia , p. 65, ed. 1581, _ (2) Liv. 3, p. 159, ed, 1589, Dessin. 489 en taille-douce, beaucoup plus conforme à l'original que celle que nous a donnée Montfaucon (3). Ce fut dans le 15° siecle que l’école vénitienne fut assise sur des bases solides par les Vivarini, Vittore Carpaccio, Bellino , et sur-tout par Gentile de Fabriano et Antonello de Messine, À cette même époque, les belles-lettres et l’étude de Pantiquité qui en fait une partie essentielle, étoient cultivées avec soin par des familles patriciennes et par des savans dont le nom passera à la dernière postérité. Ajoutéz à cela que les richesses immenses que le commerce presque exclutif de Venise jetoit dans la république , enfantèrent un luxe prodigieux. Les families opulentes voulurent enrichir leurs palais, non-seulement de tableaux des plus grands maitres, mais encore de tous les chefs-d'œuvres des arts. Aussi le comte Jicopo di Porzia, dans son opus- cule, intitulé : De Reïp, Venetæ administratione, imprimé à Treviso, en 1492, reproche-t il à ses compatriotes ce luxe effréné. Il leur dit : Quid multa et varia domestica ornamenta proferom ? quid pretiosam illam argenti el auri supellectilem? quid aulæa et omnia sitragulorum genera , quibus domus vestræ penilus renident ? in quibus adeo modum ex- ceditis | ut cujuslibet Veneti privati supellex amplis- simam domum regiam exornare possel ? M, l’abbé Morelli cite un passage de Robertson, dans ses Recherches historiques sur la connoissance que les anciens avoient de l'Inde, Nous le mettrions ici em {3) Suppl. des Anti. exp. ,t. I, pl, xxxvn 490 Beaur- arts. entier, si nous avions l'original anglois sous les yeux mais il est toujours trop dangereux de traduire d’a- près une traduction faite sur une autre traduction. Robertson observe que lopulence de Venise, à cette époque, ne pouvoit se comparer à celle d’au- cune autre ville de l'Europe. Ses palais magnifiques, ornés de tout ce que le luxe le plus rafiné produi- soit alors en meubles, en vases d'or et d'argent; les richesses même des particuliers, fruit d’une heureuse industrie, surpassoient tout ce que pou= voient étaler, dans leurs cours, les monarques les plus puissans d’au-delà des monts. Le XVI: siècle fut fécond en artistes habiles dans la peinture, la sculpture et l’architecture, Parmi les premiers, on distingue / Giorgione , le Titien et le Tintoret ; parmi les seconds, le Sansa- sino ; et parmi les troisiemes, le même Sansovino et Palladio. Le savant éditeur, d’après des conjectures qui nous paroissent des démonstrations, pense que la- nonyme dont il publie l'ouvrage étoit de Padoue. Il a enrichi ce traité de notes curieuses et savantes. Il avoue modestement qu’il ne s’est permis de por- ter aucun jugement sur le mérite des artistes. « Je « n’ambitionne pas, dit-il, le ton décisif de quel- « ques écrivains modernes; je pense au contraire, « avec Pline le jeune, que de Prctore, Sculptore ; « Fusore, nisi artifex judicare potest (4). » Le volume est terminé par une table alphabétique des noms des artistes dont il est fait mention. (4) Epit. 10, liv. K. , Dessin. 494 Rendons graces de ce nouveau travail au savant bibliothécaire de Saint-Marc , et disons-lui avec re- connoissance : E’IZ BAO'Y I'HYAZ ‘IKOIO. CHARDON-LA-ROCHETTE. Jacozr Morezzr Bibliothecæ Regiæ divi Marci Venetiarum custodis , Bibliotheca Manuscripta, græca et latina. Tomus pri- mus. Bassani, ex Typographia Remondiana, 1802. Grand in-8.° de x1 et 499 pages. M. l’abbé Morelli, l’un des plus savans et des plus infatigables philologues de nos temps moder-- nes, avoit publié , ‘en 1800, un ouvrage dont on vient de lire l’extrait. Il nous donne aujourd’hui, par les presses des frères Remondini, famille illus- tre dans l’ancienne république de Venise, qui s’est fait une gloire de consacrer ses richesses aux pro- gres des sciences, des lettres et des arts, le pre- mier volume de la Notice des Manuscrits grecs et latins que possede limmense dépôt confié à ses soins, et dont une partie enrichit maintenant la bibliothéque nationale, M. labbé Morelli s'est constamment occupé à examiner les manuscrits, à les décrire, à prendre 492 Histoire liltérarre. vote de ceux qui étoient inédits, et même de leg transcrire, afin de les communiquer au monde sa- vant. Il s’étoit aperçu que, quoique nous eussions à regretter la perte d’un grand nombre de monu - mens lirtéraires, quelques-uns cependant, regardés jusqu'ici comme perdus, ne devoient leur obseurité qu'au peu de soin qu’on avoit pris de les r: ch rcher. Il espéroit d’ailleurs que des manuscrits, non en- core collationnés, lui lourniroient des variantes im portantes pour rétablir les textes déja imprimés. « Le fruit que j'ai retiré de ce travail, et pour moi « et pour l’avantage public, dit modestement l’abbé « Morelli, je crois que ce n’est pas ici le lieu d’en « parler. » Quem ego fructum ex hujus modi studie Ceperim , quem ve in publicum commodum derivave= rim, hoc loco p'æterire , gum dicere, satius om nino esse puto. L'occasion et les moyens de publier les notes qu'il a faites sur les manuscrits grecs, latins, italiens, notes dont la moisson est assez abondarite lui avoient manqué. jusqu’à présent. Il en fait paroitie aujourd’nui le preivier volume qui sera suivi de plusieurs autres , si la santé et le loisir le permettent. La grande quantité de manus- crits que le sivant Moreli avoit sous la main, et les différentes leçons qu'ils pr-sentent lui ouvroient un champ vaste pour disserter, discuter , etc. ÿ mais il a voulu faire des notices et non des com- mentaires. [| donne des variantes lorsque l’occasion s’en est offerte, et il regrette que ses occupations ne lui aient pas permis d’en extraire un’ plus grand nombre. Cependant il n’a point négligé de publier A is Bibliographie. 403 velles qui peuvent redresser les erreurs qui se sont glissées dans L s ouvrages de l'antiquité les plus im- portans. Nous avons. vu dans ce journal, IV.° année, Tomel, pages 304 et 499. Un échantillon de celles qu’il a fournies pour une nouvelle édition de Dion Gassius. Il a soin d'indiquer l’usage qu'on a fait de ces manu:crits, dans les diverses éditions, et les savans qui les ont consultés, afin de servir de guide aux futurs éditeurs. Les manuscrits grecs, tant ceux qui existent encore dans la bibliothéque de Saint-Mare, que ceux qui ornent aujourd'hui notre bibliothéque pationale, sont tous un don du célèbre cardinal Bessurion. Zanetti et Bongiovanné en ont publié le catalogue en 1740. Mais ce catalog 1e est défectueux en plusieurs points , comme lavoit déja observé notre savant et commun ami d’Ansse de Viiloison, dan: la seconde partie de ses Anecdota græca , rem- plie de morceaux inédits, de notices curieuses , et suivie d’une table raisonnée qui mérite toute Pattention du lecieur On a conservé dans les no- tices que renferme le premier volume que vient de publier M. l’abbé Morelli, les numéros du cata- logue de Zanetti et Bongiovanni. On redresse les articles ou erroñés ou rédigés avec trop de légereté, par ces deux savans Vénitiens; mais dans tout le reste on a fait un travail nouveau, de sorte que ceux qui n'ont pas Je catalogue dont nous venons . de par'er, peuvent aisément s’en passer. Les notices des manuscrits latins ont été prises sur ceux de la bibliothéque de Saint-Mare, de la riche collection de Matteo Aloisio, prélet de la 494. Histoire littéraire: bibliothéque ducale de Parme, et sur ceux de Îa bibliothéque particulière de l’auteur. Le volume est terminé par l'index des auteurs anciens, des personnages vivans, et des ouvrages importans qui sont analysés ou cités, Un travail de cette nature doit être seulement annoncé, surtout lorsqu'il part d’une main aussi exercée et aussi estimée de l’Europe savante. L’an- noncer, c’est Île louer. Vino vendibili suspensa hedera n'hil opus. Nous invitons tous les amateurs de l’histoire lit- téraire , tous les gourmets en bibliographie, et toutes les bibliothéques publiques et particulières à se le procurer, afin d'encourager l’auteur à nous en don- per incessamment la suite. CHARDON-LA-ROCHETTE, Le ns. im eu dhédtmethter ai. rx À COSMOGRAPHIE. ELÉMENS de Cosmographie , où INTRO- DUCTION à la Géographie universelle ;, exposés dans une suite de lettres adressées à un jeune élève ; contenant la description de la figure , des mouvemens et des dimen- sions de La terre, les causes des différentes saisons de l’année suivant le climat ; les grandes divisions du globe en terre , eau; continens , Îles, presqn'’les , etc. ; la situa- lion élendue et description des républi- ques, empires, TOYAUmES,; élalS , pro- vinces et colonies ; un apercu du gouver- nement, des coutures , de la religion , des mœurs des différens peuples , et une courte notice sur les souverains régnans. On y a ajouté la population de la France par déparlement el par lieues carrées, celle des chefs-lieux , leur distance de Paris, les principaux articles de leur commerce, qua- tre tableaux représentant d'un coup-d’œil les grandes divisions politiques de chaqne pariie du globe ; une table chronologique des événemens, découvertes et inventions re- marquables, etc. ; ornés de sept belles cartes et d’une nouvelle montre géographique. Traduit de l'anglois de R. TURNER , sur la \ 496 Cosmographie. neuvième édition ; par D. F. DONNANT; traducteur des Elémens de Statistique. 1 vol. in-12., À Paris, chez Genets jeuue, libraire, rue de ‘Thionville, n.° 1846. Prixs 9 fr., et 4 fr. franc de port. | ; aN Géographie est uné science d’ane utilité si reconnue , qu’elle devroit être aussi familière à toutes les classes de la société, que l’est la lecture, En effet , après celle ci, je ne connois pas de science qui soit d’un usage aussi habituel, aus:i fréquent que la Géographie, Sans Son secours nous ne saurions lire l’histoire avec fruit, les voyages avec intérêt, les faits chronologiques ne peuvent se fixer dans notre mémoire , les nouvelles politiques deviennent vagues et insignifiantes ; enfin nous ne pouvons nouf former aucune idée des grandeurs et des beautés de Ja nature. C'est l’ignorance des premiers principes de la Cosmographie qui a inspiré tant d’orgueil à l’hom- me;il a vu longtemps que la terre qu’il habitoi remplissoit la base de univers; que lPespace au dessus de sa tête n’étoit qu’une voûte azurée, par semée de diamaris destinés à récréer ses yeux. Alon il s’est dit : Je suis le roi du monde, et de-là son venues toutes ses théogonies si bizarres et si ab surdes. Mais le jeune homme à qui l’on donne une des eription exacte du globe qu’il habite, et qui saisit l'imagination par le rapport de toutes les sphères dont Elémens. 497 dont se compose le grand tout, n’est plus tenté de de se croire si important, quand il se voit placé dans un coin de l’univers, et voyageant sur une petite boule que le moindre déransement pourroit anéantir. Son ame naturellement fiere s’humilie, quand il considère qu’il occupe un si petit espace sur un grain de sable, qui n’est lui-même qu’un point im- perceptible dans limmensité des mondes. L'étude de la Géographie a plus d’influence sur l'étude et sur la justesse des idées qu’on ne semble le penser; c’est donc un service à rendre à la so- ciété que d’en réunir les élémens dans un volume qui puisse étre lu ct recherché par la jeunesse des deux sexes. Nous allons essayer de tracer le plan de l'ouvrage qui/vient de paroître. TURNER , auteur anglais, connu par plusieurs ouvrages sur différentes parties de l’éducation , a fait une Géographie élémentaire qui a eu un très- grand succes en Angleterre, au point qu’en peu d’années il s’en est vendu neuf éditions consecu- tives. Le C. Donnant s’est emparé de ce peiit vo- lume , et en a entrepris la traduction à l’aide de quelques additions et transpositions, comme il est aisé des’en convaincre, en comparant Le livre fran çois avec le livre anglais ; il est parvenu à en faire des élémens de Cosmographie qui nous ent paru présenter un degré d’intérêt supérieur à ceux qui ont été publiés jusqu’à présent. L'auteur a adopté la forme épistolaire, et tout Jouvrage est composé d'une quarantaine de lettres qui établissent des divisions exactes entre les difé- Tome Il. Ii 498 Cosmographie, rentes parties de la science et qui servent en quel- que sorte de repos pour passer d’un sujet à l’autre, Les huit premières contiennent tout ce qui concerne les principes de la Cosmographie. La neuvième donne la description et la nouvelle division de l'Europe ; il fait voyager son élève dans les différens royaumes et républiques qui forment cette intéressante partie du monde, ayant soin de lui faire remarquer ce que l’histoire offre de plus curieux dans chacune d'elles. Nous regrettons cependant que l'ouvrage ait été publié avant que le conclusum de la diète de Ratisbonne ait paru, parce que cela prive le lec- teur de connoître le nouveau partage qui s’est fait entre les princes de empire. Néanmoins nous devons observer que le C. Donnant s’est conformé aux dis- positions manifestées dans le traité de Lunéville, et ratifiées par celui d'Amiens, \ Comme Turner n’avoit dondé la France que par provinces, cet article étoit à refaire en entier; le traducteur s’en est acquitté avec exactitude; mais nous aurions desiré qu'il s’étendît un peu plus sur les vingt-cinq nouveaux départemens réunis aux anciennes provinces de France. L'auteur passe ensuite à la description dé PAsie, il en forme six grandes divisions qui comprennent, 1.° l’empire de la Chine; 2°. les différentes nations de la Tartarie; 3 la Perse; 4° l’Indostan ou l’em- pire du grand mogol; 5° la Turquie d’Asie. qui RU la Judée ou Palestine et la Géorgie ; 6.° l'Arabie, Dans les 29 et 30.‘ lettres il traite des îles asiatiques de l’Archipel et de celles de l’O- Elémens. 409 céan indien; ce que l’on voit avec plaisir, c’est que l’auteur n’a pas négligé de parler des nouvelles découvertes et des établissemens récens qui se sont faits dans les diverses régions qu’il parcourt. Tout ce qui regarde l’Afrique est compris dans les trois lettres suivantes, Quant au nouveau monde, indé pendamment de la description que l’auteur anglais en a donnée , nous devons au C. Donnant, un état statistique des seize provinces qui composent la république fédérative de l’Amérique septentrionale, Enfin l’ouvrage est terminé par quatre tables qui seront d’une grande utilité pour les jeunes gens; la premiere indique l’existence chronologique des fon- dateurs des royaumes et états de l’Europe; la se- conde contient Jes époques des découvertes et établissemens des différentes contrées du monde ; la troisième donne un aperçu approximatif de la population générale, d’après les derniers calculs faits dans toutes les parties de la terre connues; la qua- trième est une table chronologique des événemens et inventions remarquables. A la description de chaque partie du monde est joint un tableau ana- Iytique de ce qui a été dit précédemment , et qui ‘servira à classer dans la mémoire les principales divisions de la terre. Cette idée nous a paru neuve et digne de l’attention du public. Le traducteur annonce dans sa préface, « que cet “ ouvrage n’est pas destiné aux savans, qu'ils ne « doivent le lire que pour le juger; mais qu’ils n’ÿ « trouveront rien qu’ils ne sachent ou ne doivent “ sayoir, et 1] ajoute qu'on est encombré d’ou- LES 500 Cosmogrrphie. « vrages scientifiques, tandis que les livres élémen- « taires sont fort rares. » Cette réflexion seroit peut-être plus exacte si le C. Donnant eût dit /es bons livres élémentaires sont peu communs, Car jamais on n’a vu plus de productions nouvelles que depuis une vingtaine d’années, et la fureur de faire des livres est telle, que les auteurs qui ne se sentent pas de force à parler aux hommes, s’adressent aux enfans ; tous lecteurs sont bons à certaines gens, pourvu qu’ils trouvent le moyen de se faire imprimer. Un de mes amis s'occupe dans ce moment-ci d’un ouvrage fort curieux, c’est la statistique de la ré- publique des lettres. On sera étonné des matériaux et des sommes immenses que les sciences ét la littérature font circuler en Europe. Quelque grand que soit le nombre des ouvrages qui se publient journellement , les bonsse distingue- ront toujours et attireront sur leurs auteurs l’estime et la considération qui leur sont dues; et nous croyons qu’à cet égard sir Turner et le C. Donnant peuvent s’en rapporter avec confiance au temps et au jugement du public. CALVET , neveu, médecin. Le VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. NOUVELLES ÉTRANGÈRES. C\OLr T'NHMAÏGIU:E. Le docteur KEUTSCH , très-habile médecin, qui pratique son art dans les îles danoiïses de l’Améri- que (Sainte-Croix et Saint-Thomas }), vient d'établir une méthode nouvelle et jusqu’à présent très-heu- reuse, dans le traitement de ces fievres des îles, si funestes aux Européens. Il se sert de frictions d’huile. La première idée de ce procédé lui a été fournie par la théorie du docteur Scheel, de Copenhague, sur l'emploi de l'huile dans la peste, théorie qui se trouve imprimée avec l’ouvrage de Baldwin. De huit soldats confiés aux soins du docteur Keutsch, six se trouvèrent délivrés de Ja fievre au bout de vingt- quatre heures par le moyen de ces frictions. Elles produisirent de fortes sueurs, et arrétèrent presque toujours les vomissemens. Le docteur , dans certains cas, a rendu l'effet de Phuile encore plus efficace, en y ajoutant du camphre. Cette découverte est sans doute extrémement précieuse ; la fièvre qu’elle guéri£ lià 5o2 Nouvelles littéraires. est absolument la même qui a fait des ravages si cruels à Saint-Domingue. SU: 1'#"S EE. Entreprise de Fouilles sur le terrain de l’ancienne Augusta Rauracorum. Il n’est pas douteux que le terrain où l’ancienne Augusta Rauracorum étoit située, ne renferme en- core une infinité d’antiquités précieuses. Les mar- bres, bronzes, pierres gravées, médailles, etc. qui y ont déja été trouvées à différentes époques et en assez grand nombre , en sont une preuve con- yaincante. Ces importantes découvertes sont principalement dues aux recherches de MM. HarscHeR et BRUCK- NER de Basle. Après eux, M. AUBERT PARENT, architecte et sculpteur , membre de lacadémie royale de Berlin, sur l'invitation de plusieurs cu- rieux , y a fait d’abord en 1794 et 1802 de petites fouilles qu’il vient de réitérer actuellement. Ces fouilles lui ont fait découvrir, outre plusieurs figures de bronze très-intéressantes , différens fragmens du temple en assez grand nombre, pour ,donner une idée juste de l’ordre et de la décoration de cet édifice (1). Les succès de ces légères fouilles, indépendam- ment des découvertes antérieures , justifient les de- (1) Nous avons fait connoître, il y a environ un an, le prospectus du grand ouvrage que M. Parent se propose de publier. Nouvelles littéraires. 5oë sirs de plusieurs savans et curieux de voir tenter à: Augst des recherches plus sérieuses. C’est ce qui engage l'artiste éclairé qu’on vient de nommer , à proposer aux amateurs une souscription pour cette entreprise. Si sa proyosition est accueillie comme il ose s’en flatter, il entreprendra, immédiatement après la moisson, de nouvelles fouilles dans les en- droits où il a eu occasion de reconnoitre des indices de découvertes importantes. Conditions de la souscriptions Les billets de souscription sont de 12 livres de France. Ils sont imprimés et numérotés, et chacun pourra s’en procurer le nombre qu’il desirera , à raison de la part qu’il voudra prendre dans cette intéressante entreprise. Le produit de cette souscription servira. _- 1.°' À payer quatre ouvriers qui travailleront aux fouilles sous la direction de M. AUBERT PARENT, ‘et auxquels il tracera méthodiquement les ouver- tures qu’il jugera nécessaires. 2. À dédommager les propriétaires de terrains, qui, dans l’idée que ces fouilles pourroient être nuisibles à leurs champs, ne voudroient pas s’y prêter sans cela. 3° Enfin à indemniser convenablement l'artiste de son travail et de ses dépenses sur les lieux. À mesure que l’on découvrira un objet quelcon- que, il sera déposé chez M. BRENNER, proprié- taire de la papeterie d’Augst , l’un des souscripteurs, Xi 4 804 IVouvelles littéraires. lequel veut bien prendre sur lui , de surveiller cette entreprise, et par conséquent ainsi les intérêts de ses Co-souscripteurs, Les recherches terminées , les objets découverts seront distribués aux souscripteurs par la voie du sort. Ils recevront en même temps un mémoire dé- taillé tant des fouilles et de jeurs résultats, que de la dépense ; une liste des souscripteurs, par ordre alphabétique , sera imprimée à la tête de ce mé- moire, Les billets de souscription se distribuent chez le soussigné, Caissier de l’entreprise, et seront signés par lui. ; On aura la bouté de se faire inscrire, ainsi que pour le nombre de billets à demander , chez M. J. L. BourcaRT, banquier, rue Bergère, n.° 1014. Busle , le 28 juillet 1803. GUILLAUME HAASE. S UËÈ DE. M. AKERBLAD, secrétaire de la légation de Suède auprés de la république Batave, et correspondant de l’Institut de France , a 6té nommé membre étran- ger de l’Académie royale de Stockholm. Nos lecteurs connoïssent les importantes recherches que ce savant a publiées, pendant son dernier séjour à Paris, sur Pinscription de Rosette (1) et sur une inscription phénicienne conservée à Oxford (2). G) Magasin Encyclopéd. Année VII, t. IL, p. 141; voyez aussi Année VII, t. V, p. 480. (2) Ibid. année VILL, t. III, p. 273. : Nouvelles littéraires. 505. VIENNE. Publicanuon de quelques ouvrages en grec à moderne. Dans le courant de l’année 18or, on a pablié, à Vienne en Autriche , des traductions en grec mo- derne de trois ouvrages dramatiques de M. Kotze- bue ; savoir : Misanthropie et Repentir (Menschen- bass und Reue); Ze Sacrifice volontaire (1) (der Opfertodt ); les Corses (die Korsen). En voici les titres en grec : Micalpumie 494 peTayoit, dhapro eus mele mpageis Cuvlede dm Avy. #ro KolGiGs. Ex ru yepparins péla@pucder; Vienne, chez Schraembl ; in-8.° H exsoi@ fvoie eus Tees mpebsis Ümo Avr. ao DICTE r# yspmatss ; Vienne, chez Ventoli, 1801, in-8.° (Cette traduction est d’un médecin en Grèce.) Où Koprey dpôue us réorapus mpdësie (uileer dm 15 mepiquus xouodomois ‘Auy. T8 KolGSs no pélaQoudy ei xphou var Quoncyur, Vienne, chez Schraembl ; 1801, in-8.° HARLENM. Société Téilérienne. Cette Société a proposé la question suivante : « L'application des prétendus principes surnatu- « rels a-t-elle contribué aux progrès de la phy- (x) Les CC. Weiss et Patrat viennent de mettre cette pièce sur la scène francoise , sous le titre d'Honneur et Indigence, ou le Di vorce par amour, \ 506 Nouvelles littéraires: « sique? ox l'Histoire de, cette science ne prouvei «“ t-elle pas au contraire que tous les progres en « physique sont dus aux observations, expériences, « aux conclusions qu’on en a tirées, et aux calculs « et démonstrations mathématiques ? » Le prix consiste en une médaille d’or de la valeur de 400 florins, et les mémoires écrits en langue hollandoise , latine, françcoise, angloise ou alle- mande, doivent être envoyés à la Société avant le 3°" avril 1804. RO: ME. e \ Aix, 11 thermidor an xr. On écrit de Rome, le 10 juillet , que le cardinai BorçGia fait imprimer le catalogue raisonné des manuscrits cophtes qu’il possède, dont le nombre est de trois cents. Ce catalogue est fait par le docte Zoëza , auteur de l’ouvrage sur les obélisques. Ce savant ne se contente pas de donner une notice sur chacun des manuscrits ; il y insere de longs frag- mens du texte, avec la traduction latine à côté. On en est au 43.° manuscrit. La bibliotheque du Vati- can étoit riche en semblables manuscrits, qui oné tous été donnés aux Francois. Le cardinal, peu de temps avant l’arrivée des François à Rome, en avoit heureusement fait faire des copies exactes ; et_ce sera par ceux-là que commencera son cata logue , sous le nom de Cadices Memphitici. Viendront ensuite ceux qui ont été trouvés dans les villes de. Sienne, de Thèbes, etc. etc. On y verra non-seux Nouvelles littéraires. 507 lement des Bibles, des actes des conciles, des actes des martyrs, mais encore des traités historiques de divers pays, et plusieurs mémoires concernant les beaux-arts. Le pape a fait faire à Ostie, pendant l'hiver et le printemps de cette année, des fouilles considés rables, qui ont amené à la découverte de plusieurs belles statues. L’intempérie de lété ayant forcé d'interrompre ces travaux (1), le gouvernement em- ploie les galériens à un travail qui est bien aussi utile. On les occupe dans l’enceinte de Rome à en- lever la terre et les décombres qui couvrent les bases des monumens les plus considérables et les plus im- portans , tels que le Colisée, les ares de Tite, de Septime Sévére , etc. etc. Ce travail produira le même effet que celui qui a eu lieu pour la colonne Trajane, sous Sixte V. Le piédestal de cette colonne étoit enseveli dans la terre : on le mit à nu; on pratiqua ensuite un large fossé, pavé et entouré de murs, où l’on fit un escalier pour pouvoir faire le tour de la colonne. Déjà une partie des bases de larc de Septime Sévère est déblayée : on y aperçoit des pié- destaux de colonnes , ornés de bas-reliefs d’une grande beauté. La direction de ces entreprises a été donnée au célèbre Canova, sculpteur. . Cet artiste est connu par trois belles statues, Persée, un lutteur et un Hercule, que le pape a fait placer dans son musée. Persée, représenté au moment où il vient de couper (1) Supré, ann. VIII, 1, II, p. 368, 503 Nouvelles littéraires. F la tête à Méduse, est dans la niche où étoit l’Apollon du Belvédère. Cette statue n’eût pas été désavouée par les meilleurs artistes grecs. On peut assurer que Pie vir favorise les arts et le goût de l’antiquité de tout son pouvoir, et au- tant que ses moyens le lui permettent. PLAN IROEES! INSTITUT NATIONAL. Mémoire sur les pierres tombées de l’atmos- phère , et spécialement sur celles tombées auprès de Laigle , département de Orne, le 6 floréal dernier ; lu par le €. FOuR- CROF , à la séance publique de la classe des sciences mathématiques et physiques , du 1.7 messidor an XI. La nature nous présente quelquefois des faits isolés , pour ainsi dire, et tellement éloignés de tout ce que nous connoissons , que leur existence est longtemps problématique, même pour les hommes les plus accoutumés à observer ses merveilleux ou- vrages et à calculer sa puissance. C’est ainsi que les naturalistes et les physiciens reléguaient depuis longtems parmi les fables et les préjugés populaires, la chute de corps solides et pierreux sur notre globe. Cependant , des récits exacts qui se multipliaient depuis six ou huit années, l'accord des circons- ES Nouvelles littéraires: 5o$ tances météoriques qui dans tous ces récits accom- pagnoient le phénomene principal, lanalogie de forme , de structure et de couleur , observée sur plu- sieurs de ces pierres tombées à des temps diflérens et dans des lieux très.distans les uns des autres, enfin la difficulté de rapporter ces pierres à aucune des espèces connues, engagèrent M. Howard, chi- miste anglais, à faire lPanalyse de ces productions si peu connues jusqu’à lui. : L’examen chimique lui a présenté non-seulement une parfaite identité entr’elles, mais encore une différence marquée d’avec toutes les autres ma- tières minérales analysées jusqu’à présent. Il a trouvé qu’elles contenoient en général depuis le quart jus- qu'aux deux tiers de leur poids de silice , un tiers de. fer | un sixième ou septième de magnésie , ef quelques centiemes de souffre et de nickel. Il a de plus reconnu que la pâte principale de ces pierres tient enveloppée des globules de fer allié de nickel, et d’un peu de soufre , et des fragmens d’une py+ rite composée de fer et de nickel sulfurés. Le C. Vauquelin obtenoïit de son côté les mêmes résultats sur trois des mêmes pierres analysées par M. Howard , et sur deux autres tombées en France; Pune à Barbotan, en 1739, et l’autre à Créon, pa- roisse de Juliac , le 24 juillet 1790. La nouveauté de ces résultats excitoit vivement Vattention des savans , tandis que d’un autre côté Vhabileté des chimistes qui les présentoient , com- mandoit la plus grande confiance. Aussi, loin de rejeter l’existence du phénomène , comme on Pavoit S10 - Nouvelles litiéraires: fait jusqu'alors, les plus grands physiciens desi> roient qu’il fût soigneusement étudié, solidement constaté et bien décrit. C’est dans ce but que fut composée la /ithologie atmosphérique , que le C. Izarn présenta bientôt à l’Institut national. Dans cet où- vrage intéressant , le premier qu’on ait écrit sur cette matiere, on voit une foule de faits semblables ayant tous les caractères d’authenticité : et toutes les opi- nions émises jusqu'à ce jour , tant sur l’existence que sur les causes du phénomène , s’y trouvent très= clairement détaillées et discutées (x). A l’époque où nous nous occupions le plus de ce nouveau probléme de physique ; tandis qu’incertains encore sur son existence, nous discutions le degré d'authenticité des récits anciens et modernes, les habitans de Laigle et d’une vaste étendue de ter- rain environnant , étoient témoins du phénomène; il eut lieu sur leurs tête le 6 floréal, avec les cir- constances les plus propres à les frapper d’étonne- ment et d’épouvante. Les détails que je donnai à la classe sur ce fait, heureusement très-rare, et d’aussi fraiche date , lui firent desirer que je communiquassé au public les résultats des renseignemens qui m'étoient parvenus sur ce météore, ainsi que l'examen chimique des pierres qu’il avoit produites , et que: je venais de lui présenter. J'y joindrai l'analyse comparative de la pierre d’Ensishém, si fameuse par sa masse et si intéressante par sa nature encore peu connue, (x) Cet ouvrage se trouve à Paris, chez Delalain fils, libraire, qu# des Auguslins, Nouvelles littéraires. Six | S. Je Description et analyse des pierres tombées à Laïgle , département de l'Orne, Le 6 floréal an 1x. De toutes les lettres qui me sont parvenues, que j'ai successivement communiquées à l’Institut , et parmi lesquelles on peut citer comme les plus au- thentiques celles de notre confrère Leblond, qui habite Laigle depuis plusieurs années, de toutes ces lettfes, dis-je, il résulte 1.° que le 6 floréal dernier, Vers une heure après-midi , l'air étant plutôt froid q#é chaud, et le ciel sans nuages, on vit à 12 ou 13 lieues à l'ouest -sud - ouest de Laïgle, un globle lumineux se mouvant vers le nord - ouest avec une grande vitesse ; 2.° qu’à-peu-près à la même heure , on entendit à Laigle et dans plusieurs villages environnans , une violente détonnation , à laquelle il en succéda deux non moins extraordi- naires , qui furent suivies d’un roulement d’autant plus épouvantable, qu’on ne savoit à quoi le com- parer ni lattribuer, et qui dura environ dix mis nutes ; 3.° qu’à la suite de ce bruit, dont les ani- maux eux-mêmes furent autant effrayés que les hommes ; on vit tomber avec sifflement des pierres très-éparpillées et de différentes grosseurs, depuis 2 Ou 3 gros jusqu’à 17 livres que ces pierres exha- loient une forte odeur de soufre qui se dissipa peu-à-peu ; que ceux qui en reécueillirent au moment même, les trouvèrent très-chaudes, et qu’il doit eu étre tombé une quantité étonnaute , à en juger _b12 Nouvelles littéraires. par le nombre de celles qu’on a ramassées , et pax l'étendue duterrain sur lequel on en a trouvées. Ces pierres sont en général irrégulières, polygo- nes, souvent cubiqnes , quelque fois sub-cuneiformes, de diamétres et de poids très-variés; toutes recou- vertes d’une croûte noire grayeleuse, d’une ma- tière fondue , et remplie de petits grains de fer aglutinés, La plupart sont cassées dans plusieurs de leurs angles , soit par leur chac entr’elles , soit par la rencontre des corps durs sur lesquels eîles tomboient. Leur intérieur ressemble à celui de toutes les pierres analysées par MM. Howard et Vauquelin ; elles sont grises, un peu variées dans letf* nuance, grenues et comme écailleuses, fendillées dans beau- coup de points , et remplies de parties brillantes métalliques de même aspect absolument que celles des autres pierres analogues. Nous en avons fait lanalyse , le C, Vauquelin et moi, de la manière suivante , déja adoptée pour un travail pareil. Sur la pierre réduite en poudre fine, on a versé de l'acide muriatique un peu foible; il s’est produit une effervescence assez vive ; il s’est répandu une odeur de gaz hydrogene sulfurée, et la liqueur a pris une couleur verte tres-prononcée ; le gaz qu’on en a recueilli n’étoit pas entierement sulfuré, On a passé deux fois de suite de Pacide muriatique pour décolorer la partie insoluble qui s’est trouvée , apres un lavage exact, être de Ja silice pure, faisant plus de la moitié du poids total de la pierre. La dissolution muriatique avec excès d'acide a été traitée par l’'ammoniaque qui en a pré- cipité ÜVouvelles. littéraires. 5:13 cipité le fer oxidé, et en a retenu la magnésie et le nickel; on a séparé complétement le fer en fai- sant bouillir la liqueur, et l’on a obtenu près de 36 pour cent de ce métal foiblement oxidé. La li- queur , contenant un muriate triple d’ammoniaque, de nickel et de magnésie, a été mélée avec une solution de potasse pour précipiter la magnésie qui entraîne avec elle une petite portion de nickel. On a eu à-peu-près 9 pour cent de terre magnésienne, L'eau chargée d'hydrogène sulfuré nous a servi ensuite pour séparer l’oxide de nickel, dont nous avons trouvé environ à pour cent. Nous ne parlerons pas ici. de quelques difficultés qui se présentent dans les détails de cette analyse; nous les réserverons pour un mémoire particulier, Nous nous contenterons d'annoncer le résultat de cet examen. Ïl nous a donné pour matériaux cons- tituans de la pierre de Laigle, à très- FEou près, leg proportions suivantes : \ Re LT Lu DORA AP PNUD HARAS EN SPA Feu oxidé...........,........ 36 Mann ei sua 0 due sance 09 Nickel...,...,.,.,,.,....,.. 3 BOULE de anne CE d'et R Char ST RS ELLES Le Ene ER 105 ee Les 5 pour cent d'augmentation sont dus à l’oxi« dation des métaux , opérée par l'analyse elle-même, Tome IL, | Kk 914 Nouvelles littéraires. $ IL Analyse de la pierre d'Ensishem,. La pierre tombée à Ensishem vers la fin du 15.9 siècle, a fait le sujet de beaucoup de récits plus ou moins fabuleux. Les auteurs contemporains en parlent presque tous. M. Buthenschoen , professeur d'histoire à l’école centrale de Colmar, m’a com- muniqué plusieurs passages intéressans. Je n’expo- serai que les traits principaux de cette histoire remarquable. On lit, dans une chronique manuscrite en alle- mand , que le 7 novembre 1492, entre les onze heures et midi , on entendit, dans les environs d’Ensishem , un terrible coup de tonnerre, et qu’un enfant vit tomber , dans un champ ense- mencé de froment , une énorme pierre qui entra dans la terre jusqu’à la profondeur de trois pieds environ ; elle pesoit alors 260 livres. Maximilien, roi des Romains, après en avoir fait détacher quel- ques morceaux, la fit suspendre dans Péglise pa- roissiale d’Ensishem. Depuis la révolution, elle a été transportée à Colmar, et placée dans la biblio- thèque, ne pesant plus que 171 livres. M. Bartholdy , professeur de chymie à lPécole ceutrale du Haut-Rhin , a donné en l’an vVrit une analyse de ceite pierre. Outre la silice, le fer, le soufre et la magnésie , il y annonce 0,17 d’alumine, et il la présente comme une pierre secondaire ar- gillo-ferrugineuse, provenant de la décomposition ; Ses g À ordre Se sé Le te Nouvelles littéraires. 515 des roches primitives et déplacés d’une montagne voisine, La méthode d'analyse que ce professeur a suivie ne lui a pas permis de reconnoiïtre assez exactement les terres composant cette production, Aussi y admet-il de Palumine qu'aucune expérience n’a pu nous y faire reconnoître , tandis que d’un autre côté il n’y a pas trouvé du nickel que les moyens qu’il a employé ne devoient pas en effet lui dé- couvrir. Le préfet du Haut-Rhin, le C. Felix Desportes, toujours disposé à favoriser les recherches utiles aux sciences, m’a envoyé un fragment de plusieurs kilogrammes de la pierre d’Ensishem , contenant d’un côté une portion de la croûte fondue noire, un peu oxidé, et présentant d’ailleurs toutes les propriétés extérieures des autres pierres tombées de l'atmosphère. On y trouve des espèces de petits flons de sulfure de fer et de nickel gris et bril- lant. Nous n’y avons pas rencontré de giinnies de fer tres-sensibles. jé Cent parties de cette pierre , traitées par les pro- cédés déja décrits, nous ont donné: Ses Ro de D ue QT He OI sn so ee ses lalt el DOTE TAGNÉGIE |, 2 + « LHC del UT 2008 PERL Se de orme aie et CEE SOuÉrer see ANAL EEE ER ASUS US CE LE CRE LR he RP ee es 10) 3 Kk 2 516 Nouvelles littéraires: Elle contient done les mêmes principes que la pierre de Laigle, et n’en diffère que par un peu moins de fer et de nickel, et un peu plus de magnésie et de silice; encore cette MERE ne va t-elle qu’à quelques centièmes. En comparant l’analyse de ces deux pierres x celles déja faites par MM. Howard et Vauquelin, il est impossible de ne pas reconnoître une identité frappante dans leur composition. S. III. Conclusion et réflexions sur lorigine de ces pierress Voilà donc maintenant neuf pierres toutes bien reconnues pour être tombées de l’atmosphere avec bruit , détonnation , météores lumineux ; toutes grises, grenues, métalliferes, dans leur intérieur , donnant absolument les mêmes produits à l’analyse, ne contenant point d’alumine, mais beaucoup de silice, un peu de magnésie, et une combinaison singulière de fer, de nickel et de soufre; toutes en un mot parfaitement semblables entre elles, et également différentes des minéraux connus sur notre globe. On ne doit pas trouver étrange qu’une si frap- pante analogie physique et chymique ait fait penser que toutes ces pierres ont la même origine ,et que, comme elles forment un ordre de composés diffé- rens de tout ce qu’on a vu jusqu’ici parmi les mis néraux , quelques physiciens en aient conclu qu’elles n’appartiennent pas aux fossiles de notre globe. Aussi { Nouvelles littéraires, 517 &-t-on imaginé , depuis quelques mois, plusieurs hypothèses nouvelles, pour expliquer la formation de ces singuliers produits. On avoit , depuis longtemps, avancé que ce n’est autre chose que des minéraux élevés et projetés de la terre par des volcans. D’autres physiciens les avoient regardés comme des pierres de notre globe, frappées et fondues à l’extérieur par la foudre à l'endroit même où elles se trouvoient. Plus récemment, on les avoit considérées comme des matériaux ferreux et métal- liques élevés dans l'air , et qui, s’y étant agglutinés ou agolomérés , avoient formé ces masses qui tom- boient aussitôt par leur propre poids. Les contradictions manifestes que ces opinions présentent , soit avec les circonstances principales, soit avec le fait même de la chute de ces pierres, en ont fait imaginer une moins invraisemblable, quoique peut-être plus extraordinaire, C’est celle de quelques géomètres qui les regardent comme des produits volcaniques projetés de la lune hors de sa sphère d’attraction , et jusqu’aux confins de celle de la terre. Si le premier énoncé de cette opinion semble être repoussé par tout ce que nous avons appris et pensé jusqu'ici, on voit du moins qu’elle est beau- coup moins susceptible d’objections solides que les précédentes hypothèses. Nous pourrions en dire autant de celle de Chaldni, qui, avec plusieurs autres physiciens , a regardé toutes les masses tom- bées sur notre globe , comme des corps solides détachés de quelque autre planette lors de leur for- ‘ Kk3 518 Nouvelles littéraires: mation, et se mouvant dans l’espace jusqu’à ce qu’ils en rencontrent une autre qui devienne pour elles un nouveau centre de gravité et les attire à sa surface. Un examen analytique de toutes ces hypothèses, et leur peu d'accord avec l’ensemble des circons- tances qui accompagnent. constamment le phéno- mène de la chute des pierres et qui lui sont essen- tielles, ont conduit l’auteur de /4 Lithologie atmos- phérique à penser que ces pierres sont formées des élémens mêmes des terres et des métaux qu’elles présentent à l’analyse ; élémens qu’il suppose, à l'état gazeux, dans une grande hauteur de l’atmos- phère, et dont il attribue la combinaison à des cir- constances inconnues qui concourent très-rarement. Cette opinion admet plusieurs hypothèses trop éloi- gnées de ce qu’on sait encore, pour ne pas offrir des difficultés insolubles dans l’état actuel de nos connoissances. Au reste, dans une pareille matière on est forcé de choisir entre des idées tout aussi insolites les unes que les autres; mais ce n’est qu’en éliminant l’ab- surde ou l’impossible , que l’on peut adopter ce qui aura d’abord paru incroyable. Embellissemens du Jardin des Plantes. + Depuis un an le jardin des plantes s’est agrandi, vers le sud-est, de plusieurs arpens de terrain, qui ajoutent à sa vaste étendue des promenades variées et des points de vue intéressans. Les terrains noue Nouvelles littéraires. 519 vellement acquis , consistans autre fois en chantiers et en marais, ont subi une métamorphose étonnante. À partir de l’amphithéâtre, situé du côté de la rue de Seine, s'étend, jusques vers le bord de la ri- vière, une espèce de vallée champêtre, close de treillages de bois, que les habitués de ce jardin ont nommé la Vallée suisse. Elle renferme quantité de cabanes, fermées par des grillages de châtaignier , enlacés les uns dans les autres avec beaucoup d'art, à la manière suisse, et d’un dessin différent à cha- que habitation. Aux extrémités de cette enceinte, s'élèvent des monticules semés de gazon , qui for- ment un amphithéâtre pittoresque. Chaque babita- tion est variée dans sa forme, dans sa couleur, dans sa structure, mais toutes sont composées d’un seul et même objet de construction , de bois d’orme, dont l'emploi est vraiment curieux. _ Le terrain a une direction inclinée vers le cen- tre, où se trouve un enfoncement qui partage la vallée en deux parties. Sur cet enfontement est jeté un pont d’une pente insensible , formé de troncs d'arbres d'environ 36 à 40 pieds de long , sur 5 à 6 de circonférence. On admire l’étroite précision avec laquelle ces arbres sont joints ensemble. D’au- tres arbres composent aussi les pilliers qui suppor- tent le pont, dont la surface est revêtue de terre et de salpêtre battus. Dans la première partie de la vallée, qui fait face à la salle de démonstration, sont réunis des animaux d’une espèce rare : on y remarque les kanguroos apportés de la Nouvelle- Hollande, dont les allures sont singulières, qui font Kk 4 520 Nouvelles littéraires, des sauts si étendus, qu’il ne leur en faut que deux ou trois pour franchir un grand espace. La seconde partie de la vallée est plus pittoresque: Des deux côtés s’élèvent des habitations construites comme les autres, mais plus hautes, couvertes de chaume et de roseaux; quelques-unes en tourelles ouvertes de toutés parts, où l’on monte par des escaliers très - étroits, très-escarpés, dont chaque degré est une büûche ; la rampe est un ormeau long et mince. On voit pendre à ces escaliers des ché- vres entourées de leurs petits : on voit, sur le som- met, des boues gravir des pentes unies, où nos plus intrépides couvreurs ne pourroient se tenir. Dans des enclos séparés, sont renfermés différentes espèces de cerfs d'Europe et du Gange. Au milieu de la vallée est une pièce d’eau, om- bragée de saules pleureurs et d’autres arbres amis des prairies et des ruisseaux. Cet étang est animé par quelques cignes qui s’y promènent ; l’eau renou- velée répand aux environs une fraîcheur qui est telle, qu’en dépit de la sécheresse elle entretient une nape d’herbe verte autour de ses bords, à la distance de quelques pieds. Le paysage est agréa- blement terminé par une tour renversée à moitié, dont les ruines servent encore de retraite à certains animaux. La portion du terrain qui s’étend à droite, dans la direction du midi , est consacrée à la science. Des serres y ont été bâties, et l’on y cultive des plantes médicinales. » Nouvelles littéraires: b21 Note sur quelques animaux provenans du cabinet de Meyer, et envoyés par M. Van Marum , au Muséum d'histoire naturelle de, Paris. 1. La céphalotte (vespertilio cephalotes). Cette chauve-souris a tout le port des roussettes : elle s’en rapproche par la forme des dents molaires, la pré- sence d’un ongle au deuxième doigt de la main, le défaut d’oreillon, la briéveté de la queue, etc. ; mais elle sembloit pourtant exclue de ce genre par la considération des incisives , que Pallas avoit trou- _ vées au nombre de deux à la mâchoire supérieure : ces dents, qui manquaient tout-à-fait dans la mäâ- choire d’en bas, avoient été cassées ; accident assez commun dans les chauves-souris. Nous nous en som- mes assurés en trouvant dans la céphalotte qui nous est parvenue, quatre incisives à chaque mâchoire , comme dans toutes les roussettes. Cette observation ne laisse plus de doute sur la détermination générique du vespertilio cephalotes. 2. La belette de Java. Seba est le seul auteur qui nous ait parlé de cette espèce , et qui Pait figurée, tab. 48. Les auteurs systématiques n’avaient osé la considérer comme une espèce distincte c’est du fu- ret qu’elle se rapproche davantage ; mais elle s’en éloigne pourtant par son pelage d’un fauve brun, et par des taches jaunes au-dessus des yeux. 3. Un tatou à dix bandes. Il n’est qu’une variété du cachicame ou du tatou à neuf bandes. 4. Un hérisson de Malacca, Celui que nous ve- 522 Nouvelles littéraires: nons de recevoir est probablement un des jeunes individus que Seba a fieurés : il a plus de rapport aux hérissons d'Europe , qu'à ceux de Madagascar. 5. Nouvelle espèce de musaraigne ( sorex alba }. On trouve la figure de ceite musaraïgne dans le Trésor de Seba, tab. 33, fig. =; mais comme elle y est donnée sous le nom de rat d'Amérique, elle a été négligée, et ne s’est trouvée employée dans aucun ouvrage systématique. Ses dents ressemblent, pour le nombre et la forme, à celles de nos mu- saraignes d'Europe : elle est trois fois plus grande, toute blanche ; sa queue est couverte de poils longs, rares et verticilléss Quoique conservée dans la li- queur , elle répand une forte odeur de musc. Seba dit qu’elle se nourrit principalement de noix. ÆEtablissement de M. Bœninger. Depuis plusieurs années, Paris possède un éta- blissement qui n'est guère connu du public, et qui cependant mérite de lêtre sous plus d’un rapport. C’est celui de M. BŒN1INGER, rue d'Orléans, au Marais, n.° 10. Cet établissement existoit, dans son origine , à Düsseldorf, et n’avoit d’abord pour objet que la confection de tout ce qui a rapport à la dé- coration intérieure des appartemens ; depuis, M. Bæ- ninger lui a donné plus d’extension, ainsi qu’on le verra: par Ce que nous en dirons. Il y a quelques années que M. Bœninger exposa, pendant une des foires de Leipsick, différentes pro- ductions de son établissement : il trouva un accuéit aussi flatteur qu’il le méritoit. Plusieurs Anglois lui Nouvelles littéraires. 523 . Brent même alors des propositions avantageuses, relativement à la translation de ses ateliers dans leur patrie, propositions auxquelles M. Bœninger se re- fusa constamment , parce qu’il entroit dans ses vues de faire voir que l’Angleterre n’est pas, comme un certain préjugé voudroit le faire accroire, le seul pays où les travaux se distinguent par le fini. Peu de temps après cette exposition de Leipsick , M. Bœ- ninger se rendit à Paris pour y recueillir les avis des connoisseurs et des artistes de cette capitale. Plusieurs personnes pourront avoir vu alors chez lui, dans un hôtel de la rue Vivienne, différens tableaux et décorations d’appartemens , exécutés d’après des procédés qui sont le secret de leur in- venteur. Les ouvrages de M. Bœninger trouvèrent à Paris le même accueil qu’ils avoient trouvé à Leip- sick ; plusieurs artistes distingués , et différens mem- bres du gouvernement, nommément le sénateur François ( de Neufchâteau), alors ministre de lPin- térieur , engagerent M. Bœninger, de la manière la plus flatteuse et la plus pressante, à venir s’éta- blir avec ses ateliers à Paris, M. Bœninger céda à ces invitations. Avant de retourner dans sa patrie, il prit un brevet d’invention du gouvernement fran- cois, et revint à Paris, il y a environ trois ans, avec un grand nombre d'artistes et d’ouvriers em- ployés dans ses ateliers, qu’il établit dans un quar- tier tranquille et éloigné ( rue d'Orléans, au Marais, n.° 10). Sans faire connoître au public son établis- le sement, il travailla, depuis cette époque, sans re- , Jôche et sans épargner les frais, afin de répondre b24 Nouvelles liftéraires: d’une manière honorable à l'attente du gouverne= ment et des principaux artistes de Paris. À l'exposition des produits de l'industrie fran- çoise, qui eut lieu pendant les jours complémen- taires de l’an x, M. Bœninger exposa, dans le portique n.° 39, occupé en partie par les modèles de béliers hydrauliques de M. Montgolfier , quel- ques objets qui ont été distingués d’une manière favorable par toutes les personnes qui ont examiné les différens portiques avec quelque attention. Depuis cette exposition, M. Bœninger a continué de donner à ses recherches de nouveaux développe- mens, ef à ses procédés de nouvelles applications. : Il'est parvenu surtout à imiter d’une maniere ex- trêmement parfaite les objets d’histoire naturelle, Jusqu'à présent il s’est occupé surtout de la repré- sentalion des papillons, qu’il a portée à un si haut degré de perfection, qu’en mettant à côté d’un cadre de véritables papillons, un de ceux qui con- tiennent Îles imitations de M. Bœninger, les con- poisseurs même pourront hésiter quelques momens avant de pouvoir indiquer lequel contient les origi- naux ou Ja copie. Ces papillons sont peints à l’huile et sous glace; cette peinture est extrémement durable, et la glace lui donne on vernis naturel que l’art chercheroït en vain à imiter. On s’abstiendra ici de faire l’éloge de ces travaux de M. Bœninger ; ils n’en ont pas besoin : nous engagerons seulement les connoïsseurs à aller voir ces cadres de papillons chez M. Bæ- à ninger, ou au Musée d’histoire naturelle, ou chez | Nouvelles littéraires. 525 M. Millin, chez lequel M. Bæœninger en a déposé un. Nous devons observer que, dans le choix des papillons qu’il a imités, M. Bœninger a été dirigé par les conseils des savans professeurs du Musée d’histoire naturelle, dont la coliection lui a égale- ment fourni les originaux. . On sentira facilement de quelle utilité peut de- venir cette application des procédés de M. Bæœnin- ger. Elle mettra les amateurs d'histoire naturelle en état de se procurer des copies de papillons étran- gers extrémement rares, et qu’on ne trouve guère que dans les collections aussi riches que celle du Musée d’histoire naturelle. D’après cela, il seroit à souhaiter que M. Bœninger voulût se résoudre à publier par souscription un recueil des papillons étrangers les plus rares du Musée d’histoire natu< relle. Ce seroit un grand service à rendre aux ama- teurs de l’entomologie, qui jusqu’à présent ont été obligés de se contenter des ouvrages qui contiennent des figures coloriées, dont les plus belles cependant restent bien au-dessous des imitations de M. Bæœ- ninger.. , Une autre application de ce procédé de peindre à l'huile sous glace, a produit des frises et surtout des dessus de tables à déjeûner de la plus grande élégance, et qui remplissent parfaitement les con- ditions que l’homme de goût a le droit d'exiger de beaux meubles; c’est-à-dire, que leur élégance et leur beauté attirent l'attention de loin, et qu’étant examinés de près, ils contentent parfaitement l’œil même du connoisseur, Nous osons dire que les ob- Et 526 Nouvelles littéraires. jets dont nous parlons, soutiennent parfaitement bien l’examen le plus rigoureux , qu’on remarque dans ces peintures un moëlleux qui manque trop souvent aux ouvrages de très-habiles artistes, et que nous ayons même vu, chez M. Bœninger, des ob- jets exécutés d’après ses procédés, avec une perfec- tion qui, d’après Paveu d’un artiste fort habile, ne pourroit être atteinte par les procédés ordinaires de la peinture. Nous ne devons pas dire davantage sur ce point, mais nous engageons encore une fois les amateurs du beau à se transporter dans létablissement de M. Bœninger, et d’y voir eux-mêmes les objets qu’il a fait exécuter. Ils y verront aussi un salon entiè- rement décoré d’après les procédés de M. Bœnin- Ser ; ce sera le meilleur moyen de sentir les avan- tages qui résultent de l’harmonie de l’ensemble dans cette manière de décorer l’intérieur des apparte- mens, ensemble qui est trop souvent manqué, lors- que plusieurs artistes sont employés à exécuter ces peintures, parce que chacun d'eux veut primer et attirer seul les regards par son travail. Les décora- tions d’appartemens, exécutées par M. Bœninger, sont toutes dirigées par la même main, sortent des mêmes ateliers, et sont exemptes de ce défaut d’u- nité et d'harmonie. : Les connoisseurs les plus sévères seront satisfaits du choix des figures et des objets employés par M. Bœninger. Ce salon leur offiira les arabesques les plus agréables, des frises copiées et composées en grande partie d’après les beaux modèles que nous Nouvelles littéraires. 5:59 offre l’antique : ils y verront différens monochromes qui représentent les Muses, et Prométhée formant . Fhomme; ils y trouveront différens ornemens qui imitent le bronze de la maniere la plus parfaite. Outre ces objets qui entrent dans l’ensemble de la décoration d’un appartement, M. Bœninger a fait exécuter, d’après l’antique et d’après les meilleurs maîtres modernes, des copies de tableaux qui peu- vent étre encadrés et placés dans chaque apparte- ment; il en a fait exécuter également en mono- chrome et en couleur de bronze, qui imitent parfai- tement bien les bas- reliefs. Oûatre ces peintures sur toile et sous glate, dont nous avons parlé jusqu’à présent, et dont les pre- mières servent à la décoration de l’intérieur des appartemens, les autres principalement à des imi- tations d’objets d'histoire naturelle et à l’ornement de-quelques meubles, on trouvera encore dans l’éta- blissement de M. Bœninger une autre branche vers laquelle il a dirigé son industrie. Il applique aussi sur Zole toutes les figures qu’il peint sous glace; il est, d'apres cela, en état de fournir des cabarets, des dessus de tables à déjeûner, exécutés avec infi- niment de goût, et à des prix très-modérés. On fait ordinairement l'éloge des productions de l'industrie angloise , à cause du soin avec lequel elles sont finies. Les ouvrages de M. Bœninger . pourront facilement convaincre chacun que, sous ce rapport, ils ne sont pas au-dessous de ceux des An- glois, et que sous le rapport du goût qui préside au dessin, il les surpasse de beaucoup. b28 Nouvelles littéraires: M. Bœninger s'occupe de son invention depuis environ treize ans; ce n’est qu’en dépensant un ca- pital très-considérable , qu'il est parvenu à lui donner le degré de perfection auquel elle est dans ce mo- ment. Trop confiant peut-être dans les promesses qu’on lui a faites, il a transféré son établissement à Paris, et n’y a pas trouvé les encouragemens qu’il avoit le droit d’espérer. Il se plaint même d’avoir été exposé à des tracasseries dont nous nous abstien- drons de parler. Il auroit été à desirer que M. Bæ- ninger eût fait connoître davantage au publie l’éta- blissement dont il étoit venu enrichir la capitale, au lieu de s’ensevelir dans un silence profond, comme 1] Pa fait, Dégoûté par les tracasseries dont il se plaint, M. Bœninger se propose de se retirer à Bruxelles, ct de ne conserver à Paris qu’un dépôt, dirigé par un de ses secrétaires, qui sera chargé de vendre suc- cessivement les objets exécutés jusqu'à présent. Il ‘est à souhaiter que M. Bœninger n’abandonne pas entièrement ses travaux, et qu’il continue surtout à se livrer à l’imitation des objets d’histoire naturelle. Nous regrettons vivement la perte que la capitale fait par le déplacement de M. Bœninger : son éta- blissement auroit pu devenir de Ja plus grande im- portance, par les nombreuses applications dont ses procédés sont susceptibles. Cet établissement auroit surtout offert une occupation convenable aux sourds et muets, dont plusieurs sont employés à la fabrique de mosaïque de M. Belloni, établie au ci-devant colléce de Navarre. Académie 1 Nouvelles littéraires. 529 Académie de Législation. Voici l’ordre des lectures qui ont eu lieu à le séance générale de l’Académie de législation, du r.°° thermidor an XI. 1.” Analyse de Ja correspondance des membres aflliés ou étrangers, parle C. BRuGU1ÈRE (du Gard), administrateur de l’Académie, 2.° Réflexions sur l’éloquence du barreau, par le C. LAVALLÉE, membre de l’Académie. 3.° Exercice entre les élèves 4gier , Randon-Kolher, Janson, Charrié, Bourguignon et Muillers, suivant le cours du C. PERREAU , sur les principes du droit naturel, servant de bases aux lois civiles relatives aux personnes. — Ces jeunes citoyens ont parlé sous ce rapport, des actes de l’état civil, du mariage, de la poligamie et du divorce, de l’adoption et dé la légitimation, de la puissance paternelle et des tutelles, et chacun d’eux a merité d’unanimes ap= plaudissemens. Le président leur a fait un discours d'encouragement au nom de l’assemblée, et pour leur témoigner toute sa satisfaction, elle a ordonné que l'analyse qu’ils venoient de faire, seroit insérée dans son bulletin, Tome IF, L 1 530 Nouvelles littéraires, Festauration de livres , dessins, calques, es- tampes,etc.; parJ. PIALARD, au Ci. devant collège d'Harcourt , rue de la Harpe, n° Le MoNStEUR, ‘ Je me suis particulièrement livré, depuis plusieurs années , à cet art régénérateur. Nous devons au sa- vant Chaptal cette précieuse découverte. Je lai. porté à un Cesré de perfection desiré ; il est vrai que je l'ai pranitivement exercé sous les auspices de bons maitres. J'avoue que je n’ai de propre, dans cet art, que le perfectionrement, soit dans l'emploi des liqueurs acides, soit dans leur compo- sition, et de l'avoir le premier rendu applicabie au commerce. Les premières lecons m'ont été données par M. Roux , dont les talens pour la confection des es- tampes sont au-dessus de ce que je pourrois dire. Je dois à M. Roger, artiste recommandable pour l’épuration des huiles ( cloître Saint-Benoît ), lintro- duction à la composition des acides. M. Héraud, pharmacien, actuellement à Brioudes, a bien voulu maider de ses lumieres; et les essais que nous avons faits ensemble m'ont €té d’autant plus utiles, qu'ils mont conduit à la composition d’une liqueur nou= velle, indispensable pour enlever les corps gras, et rétablir le papier moisi, pourri, avarié même par Nouvelles littéraires: 53 l’eau de la mer, M. Bozerian aîné, dont les talens sont connus, m’a indiqué les moyens de rendre au papier le ton de force qu’il a perdu, soit par la vétusté, soit par les acides qui ont servi à le blan- chir, Ses judicieuses observations m'ont été d’un grand secours dans des circonstances difficiles. 7’oilà mes maires. Je me fais un agréable devoir de leur témoigner publiquement ma reconnoissanée. Des difficultés sans nombre, considérées comme insurmontables, m'ont enhardi dans cette carrières Les premiers essais ont afFermi mes pas. Les témoi- gnages flatteurs des conservateurs des bibliothèques nationales et des libraires les plus distingués par les connoissances qu’ils ont des livres anciens, ont fixé sur mes succes les regards toujours encourageans des sociétés savantes : elles ont toutes prononcé en ma faveur. J’ai donc la douce satisfaction d’annoncer aux amateurs comme aux commerçans, les moyens in- faillibles de revivifñier des objets précieux, dont Pantiquité renouvelle la recounoissance due aux in- venteurs de Part typographique , mais dont le mau- vais état semble dire aux propriétaires : nolite nos dangere. La manutention du papier détérioré m'est fami= Hière. Je connois la différence des encres d’impres- sion, les ménagemens qu’exige celle employée dans un siècle, de plus que celle dont on s’est servi dans un autre. La composition des diverses liqueurs acides m'en rend l'application plus facile et plus saine : je Li 3 532 Nouvelles littéraires, fais un superbe livre, d’un livre vermoulu, moisi} Arri, avarié même par l’eau de la mer. J’avoue que j'ai singulierement joui, lorsque le premier livre qui m'a été remis dans cet état déplorable, a eu repris sa première beauté et sa première fraîcheur. Enfin, j'ai atteint le but où je puis être utile plus que jamais, J’ose assurer satisfaction aux personnes qui s’adresseront à moi. VIALARD. Extrait d'une lettre de EL. CORDIER , ingé- nieur des mines de France, sur le Pic de Ténériffe. Des îles Canaries de Santa-Cruz de Ténériffe, le 1 mai 1803. / / ...... C’est le 4 avril que nous partîmes de Cadix. La traversée fut heureuse ; un requin, deux tortues et.une espèce de cachalot , furent les seuls voyageurs que nous rencontrâmes. Je fis, sans succes, quel- ques recherches sur les bulles phosphorescentes des eaux de la mer pendant l'obscurité.‘ Le 11 je par- courois avec empressement un sol presque vierge pour l’histoire naturelle. Je revoyois avec plaisir le palmier, le cotonier, le cactus, le cafrier et le ba- panier , au milieu d’une végétation forte et touffue qui m’étoit presque inconnue. L’olivier de Madere ( Parbre qui produit le sang-dragon ) et une 'mmense quantité de grandes euphorbes, attiroient mon at- Nouvelles littéraires: 533 tention autant que la face large et triangulaire, et le teint jaune des colons habitans des campagnes. Il n’est pas difficile de reconnoître que leur sang est mélé de celui des anciens insulaires. C’est une punition de la nature, aï je pensé depuis : elle a profité de l’incontinence des conquérans pour éter- niser le souvenir de ‘eur férocité, en imprimant sur la figure de leurs descendans les traits des Guan- ches, qu'ils ont si cruellement et si inutilement détruits... Le 16, à six heures du matin, je partis du port de l'Oratava, comptant sur le beau temps, et plus encore sur l'habitude que j’ai des neiges et des glaces dans les hautes montagnes. J’avois avec moi un guide, uu mulet portant de l’eau et des provisions, et son conducteur. Le Pic est placé vers la partie méridionale de Pile, sur un plateau montueux qui s'élève à plus de 1100 toises au-dessus du niveau de la mer. La journée fut employée à monter jusqu’au pied même de ce mammelon colossal. On ne pouvoit pas mettre moins de temps à passer du tropique aux glaces du pôle. Nous marchäines pendant cinq heures sur des pentes faciles, cou- vertes de la plus active végétation : toutes, 4 plantes en fleurs exhaloiïent des parfums délicieux ; la dou- ceur de la température égaloit la suavite de l'air, 11 n’en falloit pas tant pour me rappeler le Tasse, Armide, et les antiques délices des {les Fortunées. Nous fûmes long-tems au milieu d’un immense bois de lauriers et d’une grande espèce de bruyeres, LI à 534 Wouvelles littéraires: dont les tiges élégantes étoient blanchies de fleurs, Des pins nous annoncèrent ensuite un sol plus in- grat, parce qu'il étoit plus élevé. Les laves des cou- rans, jusqu'alors cachées par la végétation, com- meucèrent à paroitre dans toute leur aridité et leur confusion. Aux pins succédèrent bientôt des genêts d’une grande espèce ; ils s'étendent jusque sur le pla'ean, où leurs tristes buissons, épars sur des monceaux de scories on des plaines de sables volca- niques, partagent seulement avec quelques lichens la propriété du désert le plus sec et le plus âpre qu’on puisse imaginer. Nous nous établimes sur un petit plateau qu’on appelle la stanza de los Ingleze (la chambre des Aglois }, D'après l'observation correspondante faite au port, nous élions à 1529 toises au-dessus du ni- yeau de la mer. Je m’étonnai beaucoup de voir des genêts ,.rabougris à la vérité, vivre à cette élévation. Un bon feu que nons fimes avec, nous défendit contre la vivacité du froid. La nuit fut superbe, l'air sans nuages et presque sans agitation. La couleur du ciel paroiïssoit d’un noir très foncé; les étoiles scintilloient d’une lumière extrémement vive , à l’aide de laquelle on apereevoit vaguement l'obscurité vaporeuse qui voiloit tout ce qui étoit au-dessous de nous. Je m’arrétai long- temps à jouir des charmes d'une position si belle et si rare. Elevé à cette hauteur dans l’atmosphère, assis paisiblement sur cet énorme monceau de ruines gumantes, isolé dans l'Océan, veillant seul au mi- Nouvelles liltératres, 535 lieu du silence de la nature, j’admirois religieuse- ment la majesté de son sommeil ; je rappelois des souvenirs : €t j'attendois sans impatience l’heure où j'allois satisfaire la curiosité qui m’amenoit de si loin sur un des plus anciens volcans de la terre. À cinq heures moins un quart, le thermomètre descendit à 3 degrés au-dessous ‘de o : il étoit jour, je partis avec mon guide..... Sans aller très-vite, nous arrivâmes, au bout de trois heures, au sommet du Pic. Regarder au fond du cratère, ensuite der- rière moi, et parcourir des yeux l’immensité de Vhorizon, ce fut l'affaire d’un moment : jouir de laccomplissement d’un projet formé depuis long- temps, ce fut l’affaire d’un second. Le premier empressement satisfait , j’assurai ma position Sur les rebords les plus élevés. Il est im- possible de faire le tour du cratère ; il faut rester sur la partie septentrionale par laquelle on arrive. À] me parut convenable de placer mes instrimens un peu plus bas, pour les mettre à l’abri des va- peurs sulfureuses que le vent agitoit au-dessus du cratère avant de les emporter. Revenu à mon poste, je dressai un pavillon pour m’annoncer à mes bons amis du port de l’Oratava, et je commencai tran- quillement les observations que j’avois à faire... J’acquis successivement toutes les preuves que je pouvois #esirer, de la distinction que j’avois déja faite de deux ordres volcaniques, Les laves mo- deines ont jailli au milieu desruiues d’un système de déjections beaucoup plus anciennes , dont les LI] 4 56 Nouvelles littéraires. immenses lambeaux forment la charpente de l’ile ; et soutiennent le vaste plateau sur lequel le Pic s’est élevé. Plus de quatre-vingts cratères sont épars sur ces courans, et augmentent de leurs débris la confusion qui semble régner partout; enfin, les agens souterrains n’ont pas même respecté les témoins et les restes de leur ancienne energie : ils ont percé en beau- coup d’endroits les lambeaux des couches anciennes, et de nouvelles déjections se sont librement étendues sur leurs pentes... Je ne vous parlerai pas en détail de toutes les observations qui ne peuvent point paroître isolées. J’ajouterai seulement quelques remarques sur lori- gine et la distribution de la chaleur libre dans Jair, eu égard à l’intensité des rayons, à la den- sité des couches et à la hauteur au-dessus des terres. Les bouffées de vapeurs qui venoient me réchauf- fer de temps en temps, m’attirerent enfin dans le cratere. On ne peut y descendre que par trois échan- crures; ses bords sont absolument escarpés à l’inté- rieur, et plus élevés vers le nord; sa capacité est elliptique : elle peut avoir 1200 pieds de tour et 110 pieds de profondeur... Je remontai pour terminer Îles observations baro- métriques. Le résultat de mes observations porte la hauteur du Pic à 1907 toises et demie au-dessus du moyen niveau de la mer. Il y a loin de cette hauteur à celle de dix milles d'Italie, que Ricciolo et Kircher ont attribuée au Nouvelles littéraires. 537 Pie; ce qui n’est rien, au reste, en comparaison de quinze lieues marines que lui donne Th. Ni- cols. Pourquoi donc veut on toujours faire de febu- leux prodiges de tout ce que la nature a produit de grand et de curieux? Croit-on, par hasard, augmenter le foible méiite de les avoir vus, de tout ce qu’on leur ajoute dans les récits les plus mensongers ? Ce qu'on a dit de la vivacité du froid, de la foi- blesse des liqueurs spiritueuses , et de la difficulté de xespirer sur le Pic, n’est pas plus exact. Trois heures et demie furent bientôt écoulées. Il fallut me decider à quitter pour toujours une des plus magnifiques scènes de la nature; je la parcourus des yeux pour la dernière fois, et j’abandonnai cette cime fameuse, en lui disant à regret un éternel adieu.... Lettre du capilaïine Bauprn au C. JUSSIEG. / À bord de la corvette Ze Géographe, Nouvelle-Hollande, port Jackson, le 20 brumaire an xt. Le retour du Naturaliste en France, sous le com- mandement du capitaine Hamelin, vous mettra à même de juger de l’emploi de notre temps, quant à ce qui concerne l’histoire naturelle. Je lui ai confié le soin de rendre à leur destination tous les objets que nous avons recueillis jusqu’à ce moment, per- suadé qu’il s’en acquittera avec le zèle et la vigi- 538 Nouvelles littéraires. Jance dont il m’a souvent donné des preuves : je vous le recommande à ce titre... Par ma lettre au ministre de la marine, conte- vant plusieurs extraits de mon journal, vous verrez que depuis deux ans j’ai fait tout ce qui a dépendu de moi pour augmenter nos collections en tout genre. ‘ La mort prématurée des CC. Riedlé et ant que je ne puis oublier, m’a mis dans la nécessité de remplir par moi - même la partie dont l’un et Pautre s ’acquittoient avec un zèle que je ne puis me Îlatter d'atteindre, Je ne vous entretiendrai pas, pour Je moment, de tout ce qui s’est passé depuis notre départ; je me borne à vous dire que je n’ai jamais fait de voyage aussi pénible. Plus d’une fois ma santé en a été altérée; mais enfin, si je parviens à terminer Ja campagne conformément aux intentions du gou- vernement et à l'attente de la nation francaise, il me restera peu de choses à desirer, et mes peines seront bientôt oubliées. J'espère d’autant mieix y réussir, que la terre de Leuwin, celles de la Con- corde et de Witt, le canal d’Entrecastaux , l'ile Maria et ses environs, la cote orientale de la grande île de Diemen, les détroits de Basse et de Banks, et toute la côte sud-ouest de la Nouveile-Hollande, depuis le promontoire de Wilson jusqu'aux iles Saint-Pierre et Saint-François, ont été reconnus d’une maniere suffisante pour la sûreté de la navi- gauon, Cependant il reste euçore beaucoup « fre Nouvelles littéraires. 39 pour la topographie du pays, qui sera sans doute longtemps inconnue, par les difficultés naturelles que présente l’étendue de côtes que nous avons ex- plorées. . En/remplacement du Naturaliste , je me suis dé- cidé à faire l’achat d’un petit bâtiment de trente tonneaux, que j'ai nommé le Cusuarina , parce qu’il est construit en grande partie du bois qui porte ce nom. Cette petite embarcation va désormais m’ac- compagner, et me sera de la plus grande utilité. Si je l’avois eue plus tôt, quelques lieux où je n’ai pu pénétrer ne seroient pas restés sans examen. Son peu de tirant d’eau me mettra à même d’aborder partout, Une autre considération non moins importante , et qui m’a fait prendre la résolution de renvoyer le Naturaliste , est Vembarras du transport de nos col- lections, que les événemens de la mer et la lon- gueur de la campagne rendroient infructueuses pour le Gouvernement et les sciences, si je leur faisois courir les nouveaux hasards auxquels nous allons être exposés. Comme le nombre en est assez consi- dérable et qu’elles ne sont pas sans mérite, je suis convaincu que le Gouvernement approuvera cette conduiie de ma part. Parmi le grand nombre d'oiseaux que je vous en- voie, dt en est plusieurs en mauvais état, que j'ai recus des habitans du port: Jackson : ïls ne vous donneront pas une haute idée de leur habileté à les préparer ; mais vous en serez sans doute dédommagés 540 Nouvelles littéraires: par ceux qui ont été travaillés par nous. Les qua= drupèdes, les insectes, les plantes vivantes et en herbier , les graines, les coquillages, les madré- pores, etc., sont dans le meilleur état, et je ne doute pas que ces objets ne vous soient remis de même par les soins du capitaine Hamelin. Si les plantes vivantes arrivent à leur destination, vous aurez ce que le pays produit de plus beau et de plus curieux, et vous regretterez de n’avoir pas herborisé sur le sol qui les a vu naïtre. Toute la campagne, dans le moment où je vous écris, est couverte des plus belles fleurs, Je ne connois, pour la varieté, que le Cap de Bonne-Espérance qui puisse lui être comparé. Quoique la plupart de nos plantes vivantes aient été prises entre le 33° et le 42° degré de latitude sud, je crois devoir vous observer que je crains qu’elles ne s’acclimatent difficilement en France aussi promptement qu’on pourroit le desirer, La température de la terre de Diemen n’est point aussi froide que la latitude où elle est située paroït T'indiquer ; celle de la Nouvelle-Hollande l’est encore moins. Au commencement de l’hiver, lorsque nous étions au sud de laterre de Diemen, le thermomètre n’a été qu'une seule fois à cinq degrés Il faisoit alors un fort vent de sud-ouest et de la gréle. Dans le milieu de l’hiver, au port Jackson, nous Pavons eu pendant une nuit bien près de zéro : le jour il se tenoit généralement de_6 à 8 degrés, et la nuit, entre 4 et 5; rarement il est descendu à 3. Il me 2 semble donc que la serre d’orangerie est ce qui dot Nouvelles littéraires. 541 fleur convenir, pour l’hiver de France qui est bien plus rigoureux , et ne peut être comparé à celui que nous venons de passer. Ici les orangers et les citronniers sont en pleine terre ; ils ont tres-bien prospéré, et donnent d’aussi beau fruit qu’en Por- tugal. | Les graines que je vous envoie m’ont été données en partie par les habitans du pays; les autres ont été recueillies par moi dans l’intérieur des terres. Je suis allé au delà des lieux les plus avancés connus des Anglois; mais une chaîne presque impénétrable de montagnes du premier ordre, connues sous le nom de montagnes Bleues, dont la direction, en tirant au sud, paroît s'étendre jusqu’au promontoire de Wilson, et au nord se termine au port Stephens, ne m'a pas permis de faire plus de 75 à 80 milles, à compter du port Jackson. Si on doit croire ce que disent les naturels et quelques aventuriers anglois, il se trouve dans le milieu de ces montagnes une grande rivière d’eau salée qui les traverse, et à leur extrémité au nord un établissement d'hommes blancs, ( C'est ainsi que les indigènes appellent les Euro- péens.) Depuis mon retour, je m’en suis souvent entretenu avec M. King, actuellement gouverneur, et des procédés duquel je ne sauroiïs trop me louer; mais il m’a déclaré qu’il n’ajoutoit aucune croyance à tout ce qu’on débitoit à ce sujet, et que c’étoit un conte imaginé par quelques déserteurs, qui ne fussent jamais revenus, si de Pautre côté des mon- tagnes ils ayoient rencontré un établissement d’Eu- ropéens, 542 : Norvelles littérarres. En partant du port Jackson, je compte diriger ma route par le détroit de Basse, afin de venir reconnoître une île d’une étendue considérable , nou- vellement découverte par des pécheurs anglois, et qu’on a nommé l'ile King (ou du Roi). Après en avoir terminé le travail géographique , je me rendrai à l'ile des Kanguroos, sur Ja côte sud-ouest de la Nouvelle-Hollande, dont M. Flenders ni moi n’avons pu examiner la partie sud. De là j'irai aux iles Saint= Pierre et Saint-François pour les visiter une seconde fois, et m’assurer de la direction du continent dans cette partie qui m'est inconnue. Partant ensuite du point où s’est arrêté le général d’Entrecastaux, point que nous avons déja reconnu, je me rendrai directement à la terre de Leuwin, pour terminer _entièrement le travail de la grandé baie qui porte le nom du Géographe. Comme il m°a paru essentiel, pour la perfection de la géographie, de déterminer Ja position des îles du Romarin, découvertes par Dampier, et que j'ai déja inutilement cherchées par la latitude et la longitude que leur assignent nos cartes marines, je ferai une nouvelle tentative pour Îes rencontrer , afin de reprendre ensuité la terre de Witt, dont la carte n’a pas la perfection nécessaire à la sureté de la navigation. Les raisons qui n’ont empêché de bien faire ce travail ia première fois que j'aiprolongé cette côte, vous sont connues par la lettre que j’ai adressée au ministre de la marine, _peu de temps avant mon départ de Timor. La côte nord de la Nouvelle-Hollande et le golfe de la Cars pentarie termineront nos travaux; maïs je crains qué ! = Nouvelles littéraires. 843 tant d'ouvrage ne prenne beaucoup plus de temps que ne le permettront les provisions que nous avons faites ici. Je n’ai pas vu sans admiration les travaux im- menses qu'ont faits les Anglois, depuis douze ans qu’ils sont établis au port Jackson. Quoiqu’ils aient commencé avec de grands moyens et fait de grandes dépenses , il n’en est pas moins difficile de concevoir comment ils sont si promptement parvenus à l’état Dr ein et d’aisance dans lequel ils se trouvent présentement. La nature , il est vrai, a tout fait pour eux dans la beauté et la sureté du port où est situé leur principal établissement; mais la ‘qualité du so} des environs les a mis dans la nécessité de pénétrer dans l’intérieur du pays, jusqu’à ce qu’ils aient rencontré un sol convenable aux différentes cultures, qui fournissent abondammént à leur sub- sistance et aux consommations des bâtimens euro- péens que le commerce de la péche ou d’autres cir- constances attirent sur cette côte. Indépendamment des brigantins , sloops et goëlettes de moyenne gran- deur, construits dans cette nouvelle colonie, et appartenans à divers particuliers, nous avons trouvé à notre arrivée dans ce port neuf grands bâtimens venant d'Angleterre, et deux américains. Les uns doivent faire leur retour par la Chine, et les autres s’employer à la pêche de la baleine qui produit le : LS spermacetti, Le bénéfice que produit ce genre de - spéculation , augmentera considérablement la navi- gation des Anglois, si, par la suite, la pêche con- tinue d'être abondante. Elle se fait ordinairement é 544 . Nouvelles littéraires. sur les côtes ou dans les environs de la Nouvelle= Zélande. La population actuelle du port Jackson et des autres lieux occupés par les Anglois, se monte à six mille hommes, la plupart employés à la culture. Tous les aibres à fruit d'Europe se sont bien accli- mates, mais tous n’ont pas également réussi ; de ce nombre sont particulierement le pommier, le ce- risier et l’amaudier. Les légumes, sans exception , y viennent bien, sont de bon goût, et abondhns dans la saison. La vigne qui, des les premieres années, avoit donné de grandes espérances, a telle- ment perdu, qu’on doute si elle pourra se soutenir par la suite. La cause de ce dépérissement inattendu n’est pas trop bien connue ; cependant on lattribue à la sécheresse brûlante du vent de nord-est, dont les effets sont pernicieux. Les naturels établis dans les environs du port Jackson se sont retirés dans l’intérieur du pays, à mesure que les Anglois y ont pénétré. On en ren- contre néanmoins souvent dans la ville, dans les villages et sur les grandes routes; mais le nombre n’en est jamais considérable : ils ont peu perdu de leurs habitudes primitives; on remarque seulement qu'ils ont fait plus de progrès dans la langue an- gloise que les Anglois dans la leur. Au reste ils sont inutiles et peu à craindre. Je suis fortement porté à croire qu'ils sont d’orisine différente de ceux de la terre de Diemen. Comme le gouvernement anglois n’a rien négligé pour la prospérité de cet établissement , il n’a point | souffert . Nouvelles littéraires. 545 souffert dans son enfance. Les souches en troupeaux de bœufs, moutons et chèvres, y ont été transpor- tées à ses frais, et y ont tellement muliiplié, qu’au recensement qui en fut fait au mois d’acût dernier, on comptoit huit cents taureaux , trois mille six cents vaches, six mille moutons, mille huit cents chèvres, et plus de dix mille cochons. Les chevaux qu’on a fait venir du Cap de Bonne - Espérance et du Bengale, sont, de tous les quadrupédes, ceux qui ont le moins prospéré, sans qu’on en connoisse la cause. On n’en compte de cette espèce que deux cents. Je ne m’étendrai pas davantage sur les détails que pourroit contenir cette lettre, parce que je vous envoie une copie de celle que j’adresse au ministre de la marine. Vous y trouverez une note détaillée de tous les objets que porte le Naturaliste, et que vous aurez à réclamer. Je me recommande à votre souvenir, et vais faire tous mes efforts pour completter de nouveau une collection aussi nombreuse qué celle que vous allez receyoir par le Nuturuliste. THÉATRES. THÉATRE DES ARTS. Mahomet II, 9 - - - C’est un opéra un peu révelutionnaire que celui de Mahomet Ii, joué le 23 thermider pour la pre Tome IL, '. Mi m 546 Nouvelles littéraires. mière fois. Mahomet n’est , dans cet ouvrage , ni un héros ni un conquérant, c’est une espèce de ca pitan qui crie beaucoup et n’exécute rien, qui con- trarie deux amans et finit par les unir. L’intrigue est, comme on va le voir, très-commune, La sultane Racima sait que Mahomet est épris d’une jeune esclave nommée Eronime, et elle a pris la résolution de les poignarder tous les deux. So/i- man , général des armées, et qui a sauvé la vie à Mahomet lors de la prise de Bysance, aime aussi la jeune esclave, qui lui rend amour pour amour. Morat, grand bostangi, les protège, et voulant fa- ciliter Jeur fuite, leur donne rendez-vous dans une grotte du jardin du sérail. Soliman qui s’y rend le premier , y trouve la sultane qu’il croit d’abord être Eronime , et à qui il adresse quelques mots d'amour que Racima prend pour elle, Comme So- Jiman ne la désabuse pas, elle le croit amoureux, et lui remet un poignard pour accomplir sa ven- geance, et égorger Eronime sa rivale. On voit qu’elle s'adresse bien. Mais Mahomet qui survient , fait arrêter Ja sultane, et plonger dans un cachot Soli« \ man, accusé d’avoir voulu assassiner Eronime. La piece se termine par un grand combat dans lequel Racifna perd la vie. Soliman qui avoit été délivré par ses amis, et qui a encore une fois sauvé Ma- homet, recoit de lui la main de sa maîtresse, La critique auroit beau jeu si eile vouioit s’exer- cer sur cet ouvrage. Il est de M. SAULNIER , poète tres - peu connu. La musique de M. Louis JADIN asnouce du talent. Comme c’est son premier ouvrage Éd nn. Nouvelles liriératires, 54ÿ à l'Opéra , On ne peut que l’encourager, mais sur: tout lui conseiller de travailler sur de meilleurs poèmes. f MM. Lays, Adrien, Laforêt, MM." Maillard et Branchu ont eu besoin de tout leur talent pour soutenir cet opéra, qui sans doute ne se jouera pas longtemps. Le ballet de la fin a 66 vivement applaudi, et fait honneur à M. Gardel qui a été demandé et qui a paru, THÉATRE FEŸYDE AU. Henriette et Verseuil. Combien de fois n’a-t-on pas vu, au théâtre, un P , , x fat mis en rivalité avec un homme à sentiment, l'un éconduit, l’autre épousé. C’est pourtant encore le fond de la pièce jouée pour la première fois le ir thermidor, et dont le titre n’annoncoit en effet rien de bien neuf, L'auteur, M GUuIiLLET, est un débutant un peu tardif dans la carrière dramatique. 11 doit rendre grace de son succès à la musique de SOLIÉ , simple et naturelle, mais expressive, et par- faitement exécutée par les acteurs et par l'orchestre. Jausserand, qui vient de rentrer à Feydeau, et qui a très-bien joué et chanté le role de Zerseuil , a beaucoup acquis depuis son départ. Il a joué avec succès , dans les départemens, tous les roles ce l’erm ploi d’Ælleviou, Mi a 548 Nouvelles littéraires, L’Incerlitude maternelle. Cette comédie de feu DEJAURE , jouée aux. Ita— liens en 1790, vient d’être mise en opéra par MM. Grétry neveu et Solié. Elle a fait autant de plaisir que dans sa nouveauté. On ne peut exprimer la sen- sibilité et le talent que M.°° Sczo a montré dans le rôle difficile de la mère. THÉATRE DU VAUDEPVILLE. Le Voyage aux Mines de Sainte- Marie. Tous les amis des sciences ont versé des larmes sur la mort de Lavoisier Ce savant, qui, dans le sein de l’opulence, s’occupoit des travaux utiles de la chymie, a péri, comme tant d’autres, sous Je fer qui a privé la France d’une foule d'hommes qui ’honoroient par leurs talens ou leurs vertus. Sa mé- moire, respectable sous ces deux rapports, mérite sans doute d’être conservée. Le théâtre du Vaude- ville qui a placé dans sa galerie, Voltaire, Jean- Jacques, Malesherbes, vient de leur joindre La- voisier. On ne peut qu’applaudir à l'intention des auteurs, et les jeunes gens d’aujourd’hui qui font leur cours d'éducation au théâtre, y apprendroient , si l’on ne donnoit que de pareilles pieces, des noms qu'ils auroient peut-être toujours ignorés, Lavoisier auroit dû cependant jouer un rôle plus considérable dans la pièce. Il n’est, pour ainsi dire, qu’un personnage accessoire. La scène est à Saintes nt ar- Chien"; : — Nouvelles littérarres. 549 Marie, chez le directeur des mines, qui les néglige entièrement pour s'occuper d’alchymie, et qui a dépensé tout son bien pour faire de l’or. Ce vieillard ridicule est amoureux de sa jeune pupille, qui lui préfère un jeune homme plus aimable, Ce jeune homme a pris, pour s’introduire chez le tuteur, le nom de Lavoisier qu’on sait devoir venir dans le canton. Son valet passe pour un docteur anglois, et tous deux, pour gagner la confiance du tuteur, lui font de l'or et des diamans. Lavoisier qui vient, est d'abord pris pour un notaire. On lui apprend tout ce qui se passe, et après s'être fait reconnoi- tre, il arrange tout au gré de chacun, en unissant les jeunes gens , et conservant au directeur sa place que sa mauvaise administration risquoit de lui faire perdre. Le commencement de la piece est froid ; mais depuis la seconde entrée de Lavoisier elle marche bien , il y a même des situations comiques et des scenes tres-bien filées. Les couplets sont en général jolis et bien écrits; quelques-uns nous ont paru déplacés, Mademoiselle Desmares a beaucoup fait valoir son rôle, ainsi que Perpré, celui de Lavoisier auquel il a su donner de l'intérêt. Les auteurs sont MM. PHILIPPON LAMADELEINE et THÉSIGNY. T. D. Mm 3 LIVRES DIVERS/(i} AÂARITHMÉTIQUE. MÉTHODE simplifiée de la Tenue des Livres, en partie simple ou double, par laquelle le journat et le grand livre se balancent mutuellement , et les livres les plus volumuieux peuvent êlre rapportés eé balancés 1ous les jours , sans qu’il soit possible de ne pas découvrir l'erreur la plus légère ; méthode erpeditive, sûre et facile, remédiant à tous les défauts des méthodes en usage, applicable à toute espèce de commerce, adoptée par la banque d’An- gleterre, et pour laquelle l’auteur a obtenu un brevet d’invention ; trad. de l’anglois de E. T. JonNESs., avec des tableaux adaptés au nouveatw style, pour modèle du journal et du grand livre , par J. G***, 1eneur de livres, ayant pour épi- graphe : « Quand un grand livre contiendroit mille folios , il est « impossible, par ma méthode, de se tromper. La balance . « d’un seul, » Paris, chez Æ, Johanneau, libraire, palais du Tribunat, 1." galerie de bois, n.° 236; Dufaux, libraire, rue du Coq Honoré, n.° 134. — An xr. in-4.° de 64 pages. Prix, 3 fr., et par la poste, 3 fr. 6oc. Cet ouvrage se distingue des autres livres élémen- taires par la correction et surtout par l’harmonie qui G) Les articles marqués d’une À sont ceux dont nous donnerons ua Extrait, Livres divers. 55 règne dans les tableaux du journal et du grand livre. Il est imprimé sur beau papier et en beaux carac- tères, et fait beaucoup d’honneur'aux presses de MM. Delance et Lesueur. Des hommes d’un rang éminent parmi les com- merçans, les gouverneurs et les directeurs de la banque d'Angleterre, ont adopté cette méthode ; leur juge- ment a été confirmé par la nation entière; car de- puis 1796 elle est adoptée généralement en Angle- terre, en Ecosse, en Irlande, en Hollande et dans les États-Unis. Il s’en est fait quatre éditions tirées à grand nombre, sans compter une traduction hol- Jandoise, On trouve, aux mêmes adresses, des livres rayés selon cette méthode. PES QUE. RELATION dun Voyage fait dans le département de l’Orne , pour constater la réalité d'un météore observé à Laïgle , Le 26 floréalan 11; par J.B. Bror. . Paris, chez Paudouin, imprimeur de l’Institut national. An XI. in-4.° de 47 pages. Ce mémoire contient en détail les faits dont on trouve l'analyse dans notre dernier numéro. NT EST EN ON BLUE CNT A PE DORMI UNE ANNALES du Muséum national d'Histoire naturelles Divième et onzième cahiers. À Paris, chez les frères Levrault, libraires, quai Malaquais, et à Strasbourg , chez les mêmes. An X1.—1603. In-4.° de 261 pages à 337. Les articles contenus dans le dixieme cahier $ont: — Observations sur le Rheum ribes, et sur ses pro= M mm 4 552 Livres divers. priétés médicales, par M. DESFONTAINES. La figure est jointe à la de cription. — Observations sur la famille des Plantes Nyctaginées, par A. L. Jussieu. Ce cél-bie botanisie augmente cette famille natu- yelle de plusieurs genres ; ceux a/lionia , neæa, Piumannie , triey cela , axia et opercularia. I les pare tage en deux sections. — Observations sur un genre de Serpent qui n’a pas encore été décrit, par La- cérène. Ce savant auteur de l’histoire des serpens nomme celui-ci Erpelon tentaculé. W en donne la figure. — Description d’une nouvelle espèce de pre trouvée à Porto-Rico, par F. M. Dai pin. Il est appelé picus portoricensis. — Mémoire sur le genre laplysra , vulgairement nommé /èvre marin, SUT son anatomie, et sur quelques-unes de ses espèces; par G.Cuvier. On a débité bien des contes sur ce moulu que ; on a voulu qu’il ait servi à la magie et aux empoisonnemens. Bohatsch en a donné la pre- miere connoissance un peu exacte. G. Cuvier en publie une complète et savante anatomie, accom- pagnée de quatre planches, — Suite des Mémoires sui les Fossiles desenviron: de Paris, par LAM4RCK, Cette nomenclature contient le genre fuseau. — Cor- respondance , contenant des extraits de plusieurs lettres de M. À. de HumBoLzDT. On les a lus dans le dernier n.° du Magasin. Les ariicles contenus dans le onzieme cahier, sont : — Une Notice sur des Plantes fossiles de di- verses espèces, qu'on trouve dans les couches fossiles d’un schiste marneux, recouvert par des laves, dans les environs de Rochesauve, département de PAr- déche ; par Fausas-SainT-Fonp. La figure est jointe à la description. — Mémoire sur laricarpha et le Pcopis, deux genres nouveaux de plantes de la famille des cinarocéphales ; par A. L. Jussreu. Livres divers. 553 Ces deux plantes sont aussi figurées, — Mémoîre sur deux espèces de quadrupedes ovinares que l’on n’a pas encore décrites, par M. Lacérène. Ces deux ovi- pares, figurés et décrits par le savant Lacépède , sont un /ézard monodacty 'e et un lézard tétraducty le, À la suite de ce mémoire, est une table des com- binaisons des différens nomb:es de doists des pieds de devant et des pieds de derrière des quadrupèdes ovipares. — Description d’une nouvelle espèce de bélier sauvage de lAmérique septentrionale, par. E. Georrroy. Ce bélier est particulier aux mon- tagnes de l'Amérique septentrionale. M. Geoffroy le nomme bé/ier de montagne. 11 a la tête du bélier, le corps et le poil du cerf, (e curieux animal est figuré dans ce numéro.— Dissertation critique sur Jes espèces d’écrevisses connues des anciens, et sur Jes noms qu’ils leur ont donnés; par G. Cuvier. — Suite des Mémoires sur Îles fossiles des environs de Paris, par Lamarck. Cette suite contient les genres fuseau et pyrule. — Notice sur la vie et les ouvrages d’Hedwig , par Drcruze. Klle fait très- bien connoître ce botanis'e infatigable, qui a fait tant d’observations importantes sur la fructifica- tion des cryptogames. — Notice sur l’établissement de la collection d'anatomie comparée du Mu:éum, par G. Cuvier. On connoiît l'intérêt de cette pré- cieuse eollection ; cette notice et celles qui la sui- vrout, ne peuvent donc qu’intéresser très-vivement, TAPIE AVIS G É 0 L'O07çG T'E: OBSERVATIONS sur les Volcans de l’'Auvergre, suivies de notes sur divers objets, recuet!lies dans une course minéralogique fuite l’année d:rnière, 1802, par Lacosrz. À Clermont-Ferrand , chez 54 Livres divers. la veuve Delclos et fils, imprimeurs-libraires, ru& de la Treille. An x1. in-8.° de Cet ouvrage annonce de grandes connoissances du sol de l Auvergne, que l’auteur a visité en homme instruit ; il est semé de traits et d’anecdotes de dif- férens genres. CHYMIE. ALLGEMEINES Journal der Chemie, herauscegeben von D. Aleæander-Nicoluus SCHARER, Bergrathund Professor. Siebenter Band, sieben und dreyssigstes ; und achtund dreyssigstes Hefi. Mit zwei kupfer- taflen. — C'est-à-dire, JourNAL général de la Chymie , publié par le docteur Alexandr--Nicolas SCHERER, conseilier et professeur. VII volume, 37.° et 38.° cahiers, avec deux gravures. Berlin, 1801, chez Froelich. Les articles principaux contenus dans ces deux cahiers, sont : — Une Dissertation sur le Charbon pur, par le professeur PARROT et le pharmacien GRINDEL; — Essai sur l’Urine, par PROUST , à Madrid; — Nouvelles Analyses de quelques Fossiles, par O. M. R. KcaPROTH , à Berlin; — Dissolution d’une Mine de Cuivre contenant de lArsenic ; — Dis- solution d’une Mine de Cuivre contenant du Phos- phore;—Recherches chimiques sur le Paarmacolithe; — Description d’une Lampe propre pour des travaux chymiques, par le professeur SIMON, à Berlin; — Recherches chymique essur le Basalte, par KLAPROTH, à Berlin ; — Description de quelques Ustensiles pneus an prie — Description d’un Apparat de Vif-Ar- gent, par le professeur BOuURGUET de Berlin, — Description de quelques Ustensiles propres à éprou- Livres divers. 559 ver les Gaz, par Simon, à Berlin. — Nous passons sous silence les articles extraits des journaux fian- çais. À Rsperrorrum Commentarionum à Societatibus lit- terariis, éditarum secundum Disciplinarum Ordinem digessit ; J. D. REUSS , in Universitale georgia augusta et Histor. Litler. Prof, Scientia natura- lis. Tom IIT. Chemia et Res metallica. Gottingæ, apud Henricum Dieterich. 1803, in-4.° de 221 pages. Nous avons déja annoncé les deux premières li- vraisons de cet utile catalogue ; il se distingue par son exactitude, La classification des mémoires, qui appartient à l’auteur, est excellente et peut servir pour une distribution méthodique de la science, et pour l’arrangement d’une bibliothéque de chymie. Cet ouvrage convient aux physiciens et aux biblio- gräphes. ASE NT: MÉDECINE. * PRINCIPES de Physiologie ; par ©. L. DUMAS, de l'Institut national, professeur à l’École de Mé- ecine de Montpellier. Tome IV. A Paris, chez Dé- terville, libraire, rue du Battoir , n.° 16. An xI— 1803. Prix 7 fr, 5o cent., et o fr. franc de port. M. Dumas vient enfin de répondre à la juste impatience des savans , en publiant le quatrième volume de ses Principes de Physiologie. Il ne se contente pas d'offrir l’ensemble des faits physiolo- giques connus, et de les classer d’après sa savante méthode, il présente encore sur beaucoup de points des idées entièrement neuves, ou du moins recti- fiées d’après des observations plus exactes. C’est 556 Livres divers. dans l’ouvrage même qu’il faut étudier ces matières importantes. Ce volume ressemble aux précédens pour la méthode, la profondeur, la clarté, l’élé- gance ; qualités dominantes de l’auteur, et qui le placent au premier rang des écrivains philosophes. Nous donnerons une analyse générale de ce bel ouvrage. PHYS10ONOMIE. ExPOSITION de la Doctrine physionomique du doc« teur GALL , ow Nouvelle Théorie du cerveau , considéré comme le siége des facultés intellectuelles et morales. Avec l’épithète : Felix qui potuit rerum cognoscere causas ! VIrG. À Paris, chez Henrichs, libraire, rue de la loi, n.° 1231. An XI. in-8.° de 255 pages. Nous avons déja donné plusieurs expositions du système physionomique du docteur Gall; nous en avons parlé plusieurs fois, nous ne pouvons done entrer ici dans de nouveaux détails. Il nous’suffira de dire que ce volume est rédigé d’après l'Exposition de la Doctrine de Gall, publiée par le professeur FRORIEP, la Dissertation du docteur WALTER, et un munus- crit du docteur Gall lui-même. C’est donc jusqu’ici le traité le plus complet sur ce système singulier : il est accompagné d'une planche nécessaire pour son intelligence, AL. M, AGRIC HI TUE CUTEUARE: ARCHITECTURE civile ; Maisons de ville ef de campagne, de toutes formes et de tous genres Livres divers: 557 projetées pour être construites sur des terrains de diffirentes grandeurs : ousrage utile à tous cons- trucieurs et entrepreneurs ; ct à toutes personnes gui, ayant quelques connoissances en construction, veulent elles-mémes diriger leurs bâtimens ; Par L. A. DUBUT, architecte et pensionnaire du gouver- nement & l'Ecole francoise des Beaux - Arts à Rome. XIII. livraison. Prix , papier ordinaire, 5 fr; papier d'Hollande, 6 fr. ; lavé à l’encre de . Ja Chine, 24 fr. On souscrit à Paris, chezle C. Dubut, architecte, cloître Notre-Dame , n.° 2, sous l’arcade qui conduit au terrain, et chez les principaux libraires et marchands d’estampes. Il en coûte t fr. 25 cent. de plus par chaque cahier, pour le recevoir franc de port par la poste dans les dépariemens, JURISPRUDENCE. JuRr notarial, ou Recueil des Principes qui règlent les Derows du Notaire , la Nuture et la Formalité des Actes civils; par Antoine CARLA, notaire pu- blic à Cahors. Paris , chez Pougens, quai Voltaire, ° 10. An X1 — 1603. In-8.° de 245 pages. ORGANISATION du Notariat , contenant la loi dw 25 ventôse an XI, les motifs de cette loi et le rapport fuit au Tribunat par le C. FAr ARD ; in-12, Prix, 1fr., et 1 fr. 25 c. franc de port. On a imprimé le même ouvrage sous le titre de Supplément au Code et Guide des Notaires, par A.C.GurCHARD , pour les DPSOUUES qui ont acheté ce dernier, 558 Livres divers: STE TS TL 0 UE; ANNALES de Statistique francoise et étrangère. Ou: vrage spécialement destiné à ‘présenter le tableau réel et annuel de chaque puissance de l’Europe , sous Le rapport de l'étendue et de la division du territoire: de la population ; des productions des trois règnes de la nature ; de l’état des sciences, des arts ét de la littérature ; de lindustrie ; du commerce et de ses moyens ; de la navigation maritime et inté= rieure ; des revenus de l’état; des forces de terre et de mer, etc ; par Louis BALLOIS, juriscon= sulte , secrétaire perpétuel de la Société de statis- tique de Paris, membre de l’Académie de légis- tion , etc. Deuxieme année, x1V.° et xy,° Livrais sons (1). Les deux cahiers que nous annonçons contiennent; entr’autres articles in‘éressans, un précis statistique dés cinq arrondissemens communaux du départe= ment de la Dordogne, suivi d’un tableau topogra- phique et historique des principales villes de chaque arrondissement ; — La suite de l’ouvrage de M. Clos sur le Sorèzois ; ce second extrait a pour titre : Aptitude pour les Arts et les Sciences , Curactère ; Mœurs , Religion, Préjugés ; — Des recherches sur les naissances, les mariages, la mortalité, la po- pulation de la ville de Strasbourg, depuis le pre- mier vendémiaire an 6 , jusqu’au premier vendé- (x) Le prix de la souscription est de 24 fr. par an, pour Paris, et de 3o fr. pour les départemens et pour l'étranger. On peut souscrire pour six mois. À compter de messidor an xt, il paroït deux livraisons par mois. On s’abonne, à Paris, au bureau des Annales de $ras Listique et de la Jurisprudence administrative, quai de l'Horloge du Palais, n.° 42; et chez tous les libraires et directeurs des postes. Livres divers, 559 Miaîre an tr 5 — Une notice du mouvement de la population, pendant le cours de lan 10 (et com- “paralivement avec 1789 et l’an 9), dans les depar- temens de la Lys, des Ardennes, de la Meuse et du Tarn ; — Un troisieme et dernier extrait de la statistique de la Butuvie ; — De nouvelles données sur celle de l’é/ectorat d’ Hanovre ; — Un mémoire sur les Juifs du département de Vaucluse; — Des détails sur la répression de la mendicité dans le département d’Ille-et-Vilaine, ete., etc, Eip/VACHARTITION. LA GYMNASTIQUE de la Jeunesse , ou Traité élés nentaire des Jeux d'exercice , considérés sous le rapport de leur utilité physique et morale j, par M. À. AMAR-DURIFVIER et L. E. JAUFFRET 3; Ouvyrage orné de 30 gravures. À Paris, chez A. C4 Debray , libraire, pres le Louvre, place du Mu- séum, n.° 9. An XI — 1803. in-8.° de 289 pages. MM. Durivier et Jauffret ayant appris qu’ils trai- toient séparément ce sujet, ont réuni leur travail; ce qui n’a pu que donner plus de mérite à ce petit ouvrage , qui peut être utile à la jeunesse, à laquelle il est destiné. RosSAMONDE, ou les Lecons de l'Enfance ; par miss Marie EDGE ORTH , traduite par L. C, CHÉRON, avec l’anglois à côté. À Paris, de imprimerie de Xrouet , rue des Moineaux, n.° 423. 1803. in-16 de 343 pages , tome IL. Prix, 1 fr.8oc.et 2fr. 40 c. franc de port. G'ÉPONGIR CA NPUHEDLE, ALLGEMEINE geographische Ephemeriden yerfassct 560 Livres divers. von einer Gesellschaft Gelehrten und herausrege- ben von À, ©. G4SPARI und F, J. BERTUCH. Sechster Jahrgang, Juny, 1803.— C'est-à-dire, ÉPRÉMÉRIDES générules géographiques , rédi- gées par une société de savans, et publiéës par F. J. BerTucn et A4. C. GasPArI. Sixieme année , Juin, 1803. Weimar , au Comptoir d’In- dustiie. Les articles principaux contenus dans ce cahier, sont : — Notice sur Sant-Jago , une des îles du Cap Vert ; — Critique de quelques livres nouveaux, tel que le Voyage pittoresque et historique de lIs- trie et de la Dalmatie de CASSsAS; — An Account of the ILiland of:Ceylan, by PERCIVAL; — Criti- que de queïques Cartes géog'aphiques ; — Nouvelles diverses, coutenant une liste des œuvres de Dan- yille, par BarBié DUBOCAGE; — Extraits de plu- sicurs Lettres de Paris ; = Extraits du T'abieau des Etats Danois, par CaTTEAU ; — Quelques notices biographiques sur le Géographe Mentelle, Vo v AG 9 Norrce sur le Voyage pittoresque et historique de L'Istrie et de la Dalmatie, rédigée d'après l [tiné- raire de L. Fr, Cassas, peintre, par J, LAFAL= LÉE ; lue à l’Arhénée des Arts par J, G. LEGRAND. A Paris, de l'imprimerie de P. Didot l’ainé. An X1 — 1803. In-8.° de 26 pages, HS Ss'TOE RE: t H1sTorRE du Bas. Empire, en commencant à Cons. tantin-le-Grand , par LE BEAU , continuée par le G: Livres divers. UT €. AMEILHON , ci-deyant membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Leitres , et maintenant de l'Institut national de France; tome XXV, in-12. Prix, 3 fr. br., et 4 fr. franc de port par la poste. À Paris, chez Crapart, Caïlle et Ravier, libraires, rue Pavée-S.-André, n.° 12, chez les- quels on trouve les 24 premiers volumes au prix de 2 fr. bo c. le vol. br. et de 3 fr. 5o c. franc de port. 5 . Ce volume contient Phistoire de la régence de Cantacuzene sous Palæologue [.°°, depuis 1341 jus- qu’en 1322. Cette époque de onze années est remplie d’événemens aussi instructifs qu’intéressans. On retrouve avec plaisir, dans ce volume, la marche noble et rapide, la sagesse des réflexions et. la sûreté du style qui caractérisent les productions des Rollin, des Lebeau, des Crevirr, dont le C, Ameilhon s’est toujours montré le digne successeur, EPHÉMÉRIDES politiques, littéraires el religieuses , présentant ; pour chacun des jours de l'année, un tableau des événemèns remarquables qui datent de ce méme jour dans l’histoire de tous les siécles et de tous les pays, jusqu’au 1." janvier 1803 ; par le C. Noëz , inspecteur-général de L’{nstruction publique , et le C. PLANCHE, instituteur à Paris. À Pâris, chez Lenormant , rue des Prétres-Saint- Germain-l’Auxerrois, n.° 42, An X1,— 1803. (le mois d'août.) [n-8.° z des éditions stéréotypes d'après le procédé de SUITE des édit téréotypes d'a; r Firmin Didot, en vente à Paris, chez Pierre Di- dot l’afné, imprimeur rue des orties , galeries du Louvre, et Firmin Didot , libraire , rue de Thion- ? ; > ville, n°% 116 et 1850, — ŒUrRES complettes de Tome IT, Nn 562 Livres divers. Voltaire; Histoire de lPEmpire de Russie sous Pierre-le-Grand. 2 vol. in-18. Prix, broché, pa- pier ordinaire, 1 fr. 7o c.; papier fin, 2 fr. 7o c.; papier vélin, 6 fr, 20 c.; grand papier vélin, 9 fr. 20 c, GRAMMAIRE. PRINCIPES de Grammaire générale, mis à la # . \ . “9 > portée des enfans , et propres [24 servir dintro- duciion à l’etude de 1outes les langues; par A. J. SILFESTRE DE SACF, de l’Institut national, etc. Seconde édition corrigée et augmentée. Paris, , Chez Delance et Lesueur, imprimeurs libraires , ‘ rue de la Harpe, n.° 193. L'Europe instruite sait quelles sont les vastes connoissances de M. de Sacy sur les langues : et qui mieux qe lui pouvoit nous en développer les prin- cipes , et fixer les regles du discours ! aussi la pre- mière édition de cette grammaire eut-elle le, succes qu’elle devoit avoir. Mais comme les hommes supé- rieurs ne sont satisfaits que lorsque les moyens qu’ils produisent approchent de la perfection qu’ils connoissent , M. de Sacy, moins content de son pre- mier travail que le public , a vu ce qu’il pouvoit acquérir de développement , de clarté, de précision, et il y est facilement parvenu dans cette nouvelle édition. «C’est en appliquant habituellement les prin- « cipes , en méditant sur les difficultés qui s’offroient “ dans cette application , en comparant enfin la « marche d’un grand nombre de lanoues dont j'ai « étudié, dans cette vue, les grammaires parti- « culières, que j'ai recueilli une masse d’observa- « Lions qui m'ont donné les moyens de résoudre les « difficultés et de ramener à l’analogie commune Livres divers. | 563 “ ce qui semble s’en écarter. « Des corrections, des additions ont été le résuitat de ses pénibles re- cherches. Le savant auteur avoit d’abord éloigné de ses principes, toutes les aspériiés métaphysiques qui repoussent l’enfance et embarrassent même l'ins- tituteur ; 1! s’étoit abstenu de se servir des expres- sious scientifiques , pour y substituer des termes pris dans le langage ordinaire. Il craint à présent que les additions qu’il a cru devoir faire , soient moins intelligibles aux commencans, et il a lat- tention de désigner les paragraphes qui ne doivent être soumis à leur perception, que lorsqu'ils seront pénétrés des principes par le secours des exemples, parce que ces portions de l’ouvrage doivent être livrées à leur jugement , et non à la mémoire; c’est aux institufeurs familiarisés avec les principes, à développer l'intelligence de leurs élèves, et à en évaluer les progres ; c’est à eux qu’est confié le soin de leur donner des propositions , ou des phrases à analyser. | Cette grammaire générale qui est comme le type de toutes les grammaires particulières, est divisée en trois parties ; la premiere traite de la proposi- tion; la seconde, des nombres; la troisième, de la syntaxe. Ces irois parties réunies embrasseut tout l’art de peindre la parole et de donner l’existence à la pensée. Les développemens que l’auteur a cru névessaires aux chapitres 1V et VII de la premiere : partie ; sont peu considérables , ils sont destinés seulement à faciliter la compréhension des noms appellatifs, et à établir la distinction qu’il avoit faite entre les adjectifs circonstanciels et les adjec- tifs qualificatifs. Le chapitre des cas, daus la deuxième partie, demandoit des augmentations qui devoient répandre plus de clarté sur la destination Nn 2 564 Livres divers, de ces inflexions grammaticales inconnues à notre langue, Les chapitres des tems et ces modés des verbes ont été refaits. « Ce qui concerne les /ems, « n'offrira pas, je pense, de véritables dificultés, “ dit M. de Sacy3 pour la doctrine des modes, il « falloit où renoncer à l’exposer, ou remonter aux « opérations de nos fäculiés intellectuelles , les u analyser, les claser et en dédune Ja variété des « modes; il falloit encore pour completter ce tra- « vail , considérer les propositions qui sont l’ex- « pression ces opérations de notre intel'igence et « des mouvemens de notre volonté, d’abord iso- « Jément et ensuitr sous les rapports qui les lient « et les enchainent dans lé discours. » La noisiéime partie quiest le résultat et le complé- ment de tout louvrage , est entierement neuve ; elle ne doit éire connue des éleves que lorsqu'ils posséderont les deux premières , et qu'ils seront assez fermes sur les principes pour étre initiés dans l’analyse. Les deux derniers chapitres sont des mo- dèles de cette analyse; le premier est pris de l'Eloge funcbre d’'Henriette Marie de France, pir Bossuet ; le second , de la première Catilnaire de Cicéron : en appliquant la méthode ana ytique à ces deux passases remplis d’eloquence et de mouvement, M. de Sacy a pour objet d’apprendre à connoitre ce qüe l’orateur doit à la logique qui lui fournit les pensées ,et ce dont il est redevable à l’art oratoire qui les met en œuvre. M. Silvestre de Sacy a eu pour but, en decom- posaut les deux morceaux que nous venons d'indi- quer, de metire tou: ceux qui étudient leur langue propre, ou toute autre langue, en état de connottre dans un discours, la nature de tous le; mots qui entient dans sa composition et les rapports dans Livres divers. 565 lesquels sont entre eux, soit les mots d’une même proposition, soit les diverses propositions qui com- posent une phrase ou une période, Cette applica- “tion des principes, à des exemples, réunit tous les résultats contenus dans les deux premières parties de cet ouvrage. On ne trouve, ni dans nos meil- leures grammaires, ni dans les grammaires des au+ tres nations , des chapitres aussi neufs et aussi utiles. Cis principes généraux, destinés uniquement à la premiere instruction et même à l'instruction com- mune et usuelle, ent dû éêtré débarrassés de cette partie de la grammaire qui traite des élémens de la parole et de l’éciiture; c’est la nature et lPimi- tation qui instiuisent mieux les enfans de l'usage qu'ils doivent faire de leurs organes, que des rai- souremens métaphys'ques. ; M. de Sacy a cru devoir se justifier sur la créa- tion qu'il s’est permise de quelques mots qui lui ont paru caractériser des objets envisagés sous de noufeaux aspects. On doit lui avoir, au contraire, de la reconnoiïssance , d’une liberté qui a servi à révandre sur des matières abstraites, une plus grande clarté et une précision rare. On peut avance qu’un volume de 336 pages contient tous les élé- mens d’une science qui a été l'objet des méditations des plus grands philosophes et des grammairiens les plus instruits. AJ TP P'OIÉ S'rbr. Recurrz d’Inscriptions et Pièces de Vers, fuites à l’occasion du voyage du premier Consul dans le departement de P'Escuut. À Gand, chez Siéven, imprimeur de la préfecture. An x1. In-8.° de 65, ages, ie . Nn 3 566 Livres divers. Romans. MéÉmoirEs de Babiole, ou la Lanterné magique angloise , par W****; dédiés à Mme la duchesse de Devonshire, Avec l’épithète de Pope: WT hatever is , is right. Tout ce qui est, est bieu. Paris, chez Pougens, libraire, quai Voltaire, n.° 10, De lmprimerie de Guillé fils. 1803. Trois tomes in-6.° MÉLANGE. NEUER teutscher Merkur, herausgeceben von C. M. WIELAND. Erstes his viertes Sick. 1803. C’est- à-dire, Nour EAU Mercure allemand, publié par C. M. 1B8LAND. N° 1—4, 1803; Weimar , au Comptoir d’Industrie. Les principaux articles contenus dans ee volume sont : — Quelques Poëmes de ScHODER. — Descrip- tion de mon Voyage, comme artiste, en Fragce ; par Scnnorr.— Lettres de la princesse Emilie de *** à son pere. — Nouvelles sur la Culture et la Littéra- ture de la Hongrie. — Progrès de la vraie Religion en Bavière, — Poésies, — Notice biographique sur CasrersoON.— Notice biographique sur NAUMANN. — Sur l’Institut de Pestalozzi à Burgdorf, — Aca- démie du Belvedère.— Traduction de la première Hymne olympique de Pindare, — Nouvelles sur PArt. — Notice sur le Seminaire de Weissenfels. — Extrait de quelques Lettres. — Quelques Poëmes de GLEIM, — Sur une Traduction italienne de Hermann et Dorothée. — Description d’un Monument elevé en Vhonneur du prince héréditaire de Bade. — Cor- respondance, # TABLE DES MATIÈRES. L 1 S'OTENCGES ET ARTS. Journal de Physique, de Chymie, d'Histoire naturelle et des arts, avec des planches en taille douce; par J. A. Delamétherie. 420 Extrait de plusieurs lettres de M. Alexandre de Humboldt, écrites de l'Amérique méridionale MATHÉMATIQUES. Extrait d'un mémoire de M. Bot, contenant l'examen de nouvelles tautochrones. 244 77 ASTRONOMIE. Observations de M. Messier, sur les planètes découvertes par MM: Piazzi et Olbers. 82 Observations de M. Harding, à Lilienthal, sur la Pallas de M. Olbers. é 368 Sur la prolongation de l'Arc du Méridien jusqu'en Espagne; par M. Méchain. 83 Nouvelle mesure d'un degré du Méridien en Suéde. 84 Nouvelle solurion du Problème de corriger les distances apparentes de la lune au soleil et aux étoiles, pour en conclure la longitude d’un vaisseau ; par M. Legendre. 78 ÂRT MILITAIRE. Observations sur le, Mémoire du gènéral Lioyd, concernant l'inva- sion et la défense de la Grande-Bretagne ; par le chef de brigade Grobert. 423 Extrait d'un Mémoire de M. Rochon, sur l’approvisionnement de Brest. 85 MÉCANIQUE. Rapport fait à la Classe des sciences mathématiques et physiques de institut national, sur diverses inventions de Jean-Pierre Droz, relatives à l'art du monnoyage. 423 HP TS TUO TER É ANAL EAU RCE /LIL.E. Annales du Muséun national d'histoire naturelle. IX.e cahier. 263 Idem, X.e et XLe cahiers. , 551 ZOOLOGIE. à Remarques de M. Fischer à Mayence, sur des os fossiles d’éléphans et de rhinoceros, trouvés dans le département du Mont-Tonnerre. 587 Note sur quelques animaux provenans du cabinet de Meyer. et envoyés. par M. Van Marum, au Muséum d’histoire naturelle de Paris. 88. 521 Ponte et incubarion de Perroquels à Rome. " 52 Nn4 568 Table des naine BOTANIQUE. Figures colorites des Espèces rares des champignons décrits daus l’ou-. yrage intitulé Synopsis Merhodica Fungorum ; pa C. H. Persoon. s 123 PE Y'Sr Q UE. Mémoire sur les Pierres tombées de l'atmosphère, et spécialement sur celles tombées auprès de Laigle, département de l'Orne, le 6floréal dernier; lu par M. Foureroy à la séance publique de la classe des sciences mathématiques et physiques, du 1 messidor an xr. 508 Rapport de M. Bros , sur les Pierres tombées du ciel près de Laigle. 223 Lettre adressée au ministre de l'intérieur, par M. Bior, sur son voyage à la recherche des pierres tombées du ciel. 408 Relation d'un Voyage fait dans le département de l'Orne, pour cons- tater la réalité d'un métèore observé à Laigle, le 26 floréal an x; par J. B. Bior. 5x Mémoire sur les marées; par le €: Laplace. 74+ 79 Expérience sur une Lunette faite avec un prisme de crystal d'Islande, | invenice par M. Xochon. 56 Commentatio physico - mathematica de halonibus sive coronts, auct. Mayer. 375 Notice sur l’état actuel des connoissances relatives au Galvanisme , par M. Biot; lue à la séance publique de l’Institut national, le 1 messidor an x1, 509 Journal du Galvanisme, de Vaccine, etc. ; par une Société de physis ciens , de chymistes et de médecins; rédigé par J. Nauche. 122 GÉOLOGIE. Observations sur lés Volcans de l'Auvergne; par Lacoste. 553 CHYMILE. Journal général de la Chymie, publié par le docteur Alexandre Nicolas Scherer (en allemand ). 554 Repertorium Commentariorum à Societatibus litterariis. edi- tarum , secundum Disciplinerum Ordinem digessit ; EN 1 5 Reuss. Tom. 111, Chemia et res metallica. 555 ANATOMIE. | Fragment d’Anatomie physiologique sur l’organisation de Ja matrice dans l’espèce humaine ; par Jean-Frédéric Lobstein. . 265 Observations zootomiques sur le Morse ( Trichecus rosmarus) et le Marsouin ( Delphinus phocæna); par M. Albers à Brême. 372 Observationes anatomiceæ in corde testudinis marincæ americanæ , Aut Wrisberg, 37é Table des matières. 969 PHxSIO0OLOGIE. La Clande paroüde considérée sous ses rapports anatomiques, phy- siologiques et pathologiques ; Essai présenté à l'Ecole de médecine de Paris, par A. L. Murar. 307 Principes de Physiologie; par C. L. Dumas. 555 "ANTHROPOLOGTE. Histoire naturelle de la Femme. suivie d’un Traité d'Hygiène ap- pliquée à son régime physique et moral, aux différentes époques de la vie; par Jacques L. Aforeau (de la Sarthe). 28q Exposition de la Doctrine physionomique du docteur Gall. 556 MÉDECINE. Journal de médecine, chirurgie , pharmacie; par les CC. Corvisart; Leroux et Lover 124 et 421 Le Guide des Hernieux ; par J. L. F. Ze Daltaverne. Ibid. Traité de la Fiévre jaune; par le C. Valentin. 125 Observations de M. Lafontaine à Varsovie , sur une manie intermit- tente d'unesnature singulière. 375 —— sur une rétention d'urine provenue après un refroidissement. 379 —— sur une hydropisie de poitrine, guérie par la Naphta vitrioli. 577 —— sur use Plice polonica. Ibid. Frictions d'huile employées par M. Æeutsch, contre les fièvres des îles d'Amérique. 5ox Sur les Bains tièdes , avec des Instructions pour s’en servir utilement; par le docteur Chrér. G. Hufeland. 427 Mémoires de la Société médicale d'Emulation. V.e année. 266 MATIÈRE MÉDICALE. Traité sur le Camphre considéré dans ses rapports avec l’histoire naturelle, la physique, la chymie et la médecine; par Jean - Phi- lippe Graffenauer. 125 Proprièté du Rhus radicans pour la guërison des dartres. 75 CHIRURGIE. Memoria chirurgica sui Piedi torti congeniti dei fianciulli, e sulla maniera di correggere questa difformità : di Antonio Scarpa. 145 Essai sur les Solutions de Continuité; par Edme-Hubert Roché. 422 Econwomt:E ET EcoNoOMIE RURALE. VILI® et IX.° Cahiers de la Bibliothéque physico - économique ; instructive et amusante, à l'usage des villes et des campagnes ; pu- Elitepar une Société de savans, d'artistes et d'agronomes, et ré- digë par M. Sonnini, 128 570 Table des matières. Description du Georgikon, ou Ecole d'économie appartenant au comte George Festeril, et établie à Keszlhely , dans le comitat de Szalade en Hongrie; par M. Asbolh , directeur du Georgikon. 588 Epreuve de quatorze charrues, faite par la Société d'Economie rurale à Copenhague. 79 Traité complet sur les Pépinières; par Etienne Cabvel. 265 EcoNoMIE POLITIQUE. Recherches sur l’état actuel des Sociétés politiques; par A. M. Ragouneau. 268 Mémoire présenté au premier Consul par les créanciers Belges des départemens de l’Escaur et de la Lys. 427 L'Homme d'Etat; par Æschassériaux ain. : 127 Institutions du droit de la nature et des gens; par Gérard de Ray- neval. Ibid. JULR IE S'PÉRAU/D EN CE. Commentaire sur la Loi des douze Tables; par M. Bouchaud. 427 Analyse raisonnée du Droit françois, par la disposition et la compa- raison des lois romaines, de celle de la coutume de Paris, et du nouveau Code des François; par P. L. C. Gin. L Ibid, Jury notarial; par Antoine Carla. 428. 557 Analyse du Tableau historique de la Jurisprudence romaine ; par Gouyon. 6x Organisation du Notariat, contenant Ja loi du 25 ventôse an xr, les motifs de cette loi et le rapport fait au Tribunat par le C. Fa- vard. 557 COMMERCE, VI.e et ViLe Cahiers de la Bibliothèque commerciale; seconde sous- cription. Par J. Peucher. 129 Méthode simplifiée de la Tenue des Livres, en partie simple ou double, eic.; trad. de l’anglois de E. T. Jones; par J.G***. 551 CosMoGrRAPHIE. Elémens de Cosmographie, trad. de l’anglois de Turner; par D. F. Donnant. 496 GEOGRAPHIE. Carte des Etats-Unis de l'Amérique septentrionale, copiée et gravée sur celle d’Arrowsmith ; par P. F. Tardieu. 136 Bibliothèque géographique et instructive des jeunes gens; par Campe. Tom. XI et X1I. 138 Carte d'AEgypie rédigée au dépôtt de la guerre, 8$ Table des matières. * 07I Ephémérides géographiques universelles, rédigés par uve Société de savans , et publiés par A. C. GasparietF. J. Bertuch. 270 et 359 Pxtrait d'une lettre de L, Cordier, ingénieur des mines de France, sur le Pic de Téneriffe. ‘ 532 SATIAUT, I S)TII Q UXE, Annales de Statistique francoise et étrangère; par L. Ballois. XIILe livraison. 269 =— XIVe et XV.e livraisons. ” 553 VOYAGES. Voyage en Piémont; par J. B, J. Breton. $ 149 Voyage pittoresque de Scandinavie. ‘ 142 Notice sur le Voyage pittoresque et historique de l’Iswie et de la Dalmatie , par J. Lavallée. 560 Voyage du capitaine Baudin. Objets qu'il a envoyé en Europe par le le capitaine Hamelin. Se Lettre du capitaine Baudin au C. Jussieu. 557 Prospectus du Voyage pittoresque de Constantinople et de ses envi- rons; par M. Melling. are HISTOIRE. Histoire d'Hérodote, traduite du grec, avec des remarques histo- riques et critiques, un Essai sur la Chronologie d'Hérodote, et une table géographique; par M. Larcher. 7 Abrégé de l'Histoire et des Antiquités romaines; par un professeur de belles-lettres. 143 Histoire de la Ligue hanséatique ; par le professeur Sartorius. Se- conde partie. 393 Annales de Russie, par M. Schloezer. Ibid. Ephémérides politiques , littéraires “et religieuses; par les CC. Noel et Planche. 275 et 561 Abrégée de l'Histoire d'Espagne de don Thomas d'Yriarte, traduit de lPespagnol par Ch. Brunet. Ibid. Notice de l’ouyrage intitulé Æbdollatiphi Historiæ AEgypti com- pendium arabice et latine, Oxonii|, 1800 ; par M. Silvestre de Sacy. 276 Abulfedæa Arabiæ descriprio , commentario perpetuo illustrata , autore Christoph. Rommel. 459 Histoire du Bas - Empire, par M. Æmeilhon. Tome XXV. 560 Siècles de Louis XIV et de Louis XV , par Vo/taire, Edit. stéréorype de Firmin Didoe. 285 972 Table des matières. Histoire de l'empire de Russie sons Pierre - le - Grand; par Voltaire, Editions stéicoivpes de Firmin Didor, 56: ANTIQUITÉS ET ÀARCHAÆOLOGTIE. Monumens antiques inédits ou nouvellement expliqués; par À L. MWillin. Tome 1, VI.° livraison, 15z Première Dissertation sur la Toilette des anciennes Romaines, traduite _ de l'allemand de M. Postciger. 453 Galerie antique. VIILe livraison, 149 Quatuor Monumenta ænea e terra in Suecia eruta, tabulis aereis et brevi Commentatione iliustrata ; ab J. Hallenberg 276 Description des Monumens antiques envoyés au premier Cousul, par sa majesté le roi des Deux-Siciles. 04 et 224 Fouilles sur le terrain de l'ancienne Augusta Rauracorum en Suisse, 5oa Fouilles faites à Ostie ; dirigées par M. Canova. 507 P'A L AE O G R À P H I E. Seconde Lettre de M. d'Ansse de Villoison À M. Akerblad, sur l’Ins- cription grecque de Rosette, sur le titre de Dreu donné aux rois payens et aux empereurs giecs chrétiens, et sur l'ancieuneté du grec vulgaire 174 Troisième Letire de M. d'Ansse de Villoison à M. Akerblad, sur Vinscriplion grerque de Rosetie, sur les Fètes solennelles des ÂEgyptiens et des Grécs anciens et modernes, et sur le Dialecte macédonien. \ 513 NUMISMATIQUE. Description d’une Médaille rare d'argent , de Constantin-le-Grand , qui se trouve dans le cabinet de l'électeur de Hesse-Cassel; par L. Voelkel (en allemand ). 428 Médailles de la Crimée que M. Kochler se propose de publier. 215 Hi1STOLRE LITPÉRAIRE. Grand prix de composition musicule. 222 Distribution du prix de poésie et d'éloquence, prorogée jusqu’au pre- mier vendémiaire, 1 76. 222 Notice des travaux de la classe des sciences mathématiques et phy- siques, depuis la dermere séance publique de 1 nstiui national, — Partie mathématique , par le C. Delambre, secrétaire perpétuel. 77 Embellissemens du Jardin des Plantes. 518 Mote sur quelques animaux provehant du cabinet de Meyer et en- ‘ woy par M. Van Marum, au Muste d’hstoire naturelle à Paris. 88. 5as ‘Table des matières. 573 Académie de Législation. Séance du 1 thermidor an xré 529 Séance publique de la Sociéré academique des sciences, du 7 messidor an xt. 406 Société d'agriculture et de commerce de Caen. Programme d'un prix - proposé dans la séance du 20 prairial an xr. 307 Séance publique de la Société d'émalation de Colmär , le 29 flor'al an xr. Prix qu'elle propose. nat? Notice de la séance publique extraordinaire , tenue par la Société d-s sciences et des arts (ci-devant Je Lycée ) de Grenoble, 3516 Socièté des sciences et des arts du dépaitement du Lot. Seance du 5o prairial an x1. Prix proposés pai elle. 395 Prix proposés par la Société des sciences, lettres et arts de Rouen. 219 Nouvelles Ecoles de médecine établies à Mayence et à Turin. 75 Notice des séances de 1 Académie royale des sciences de Goettingue, depuis le 14 mars 1803. 568 Nouvelle organisation de l'Université de Heidelberg. 7I Question proposée par la Sociéte Teyleiienne à Harlem. 505 Nomination de nouveaux secrétaires de l’Académie de Stockholm. 70 Ornanisation de | Université de Wilna. û 365 Don fan à | Universiié de Do:pat. 567 Honneurs litéreires et promotions de MM. 4kerblad, à La Haye. 585 —— Baden, à Copenhague. 516 —— Frank, père et fils, médecins à Vienne. 407 —— iieru:f, à Copenhague. 516 —— Moscati, professeur à Pavie. 407 —— Risbrigh, à Copenhague. 5:6 —— Bigerus Thorlacius, à Copenhague. Ibid. —— Treschow à Christania, TIbide —— Mad , à Copenhague. Ibid, —— Wolf, à Copenhague. Ibid. NécrozocrEze ET BrocrRAP»PHIrEx Le chanoine Cognolato di Monselico , à Padoue. 213 Franc. Dezoteuz, chirurgien consultant des camps et armées. 240 Le prince Dmitri Gallirsin. Don fait par lui à la Société minéralo= gique de Jéna. 568 Notice Mhique sur Ja vie liuéraire du docteur Guettard ; par le C. Soreau. 475 BIBLIOGRAPHIE. Annales de l'Imprimerie des Aldes; par A. A. Renouard, 279 Jacobi Morelli Bibliotheca mauuscripta, græca el latina. 491 574 Tables des matières: MÉTAPHYSIQUE: Essai d'Idtologie servant d'introduction à la grammaire générale, par L. J. J. Daube. 267 Théorie de l'Imagination; par Pouilly. 427 Théosophie; par Henri Cogueret. 155 THÉOLOGIE. Annonce d’une magnifique édition du Nouveau Testament grec, le texte revu par M. Griesbach. 423 Discours sur l'Eglise. ’ 155 MORALE. Les Suites funestes du Jeu; par E***. 135 E’DAU € A/T T'ON. À Nouveaux Essais d'éducation de Goldsmith, traduits de l’anglois , et accompagnés de remarques; par le C. Darnpmartin. 130 ÆElémens raisonnés de lecture, à l’usage des écoles primaires; par le C. Maulris 132 Le Porte-feuille des Enfans, rédigé par les CC. Duchesne et Le- blond, XX1V.' livraison 150 La Gymnastique de la Jeunesse; par M. À. Amar-Durivier et L. E. Jauffret. 559 Rosamonde , ox les Lecons de l'Enfance ; par miss Marie Edge- Worth. Ibid, GRAMMAIRE. Principes de Grammaire générale, mis à la portée des enfans , et propres à servir d'introduction à l'étude de toutes les langues; par A. J. Silvestre de Suacy. 56a Corrigé de la Cacologie à l’usage des professeurs. 267 Corrigé de la Cacographie, à l’nsage des instituteurs. 268 Lettre de M. Soreau sûr le Style des Ecrits en prose de quelques poëets célèbres de la France. 115 LYTTUTER A TU R E AO)R LE N/TVASL UK. Lettre de M. Silvestre de Sacy sur une Grammaire arabe manus- crite , d'apres son cours'de l'an V, et annonce de la publication de sa grammaire arabe complette. 113 Dissertation sur des Inscriptions babyloniennes nouvellement, décou- vertes; par le D. Joseph Hager (en anglois). | 36 Continuation des Recherches de M. Grotefend, sur les Caractères de Persépolis, 570 Catalogne des Manuscrits cophies de la bibliothéque du cardinal Borgia, publié par M. Zoëga. 506 Table des matières. 575 METUTÉTUÉRIA MT U RE GR ENC\Q UE, Duvrages en grec moderue, nouvellement publiés. 505 CÉRROT PEAR NRA D UMR EL LA 0 E NE. 4 Æxamen oratoire des Eclogues de Virgile , à l’usage des Lycées et autres écoles de la République; par F, J. Genisser. 5e POÉSIE. Silves de Publins, Papinius Stace , traduites d’après les corrections de J. Mark!and, ; 27 Choix des” plns beaux morceaux du Paradis perdu de Milton, traduits en vers par Louis Racine et Nivernois. 282 Les Méramorphoses d'Ovide, traduction nouvelle attribuée à Ma/f- latre. 283 Poésiés de Marguerite -Eléonore Clotilde de Vallon -Chalys, depuis madame de Surville, poète françois du quinzième siècle; publiées par Ch. Vanderbourg. Ibid: Recueil d'Inscriprions et Pièces de vers, faites à l’occasion du voyage du premier Consul dans le département de l’Escaut. 565 THÉATRE. L'Anti - Célibataire, ou les Mariages ; par J. B. Pujoulx, 284 Herman et Verner, ou les Militaires; par M. Favières. Ibid. Une Folie; par J. N. Bouilly. 285 L'HMENANT RAY EVMDPE (SI ARTS. Mahomet II. 545 THÉATRE FRANCOIS DE LA RÉPUBLIQUE. Le Tasse. 416 HAN ANTER AD MENE YA IDLENANUT, Le Baiser et la Quitrance. 125 Henriette et Verseuil. 547 L'Incertitude maternelle. 548 THéATRre Louvors. La Prison militaire, ou les Trois prisonniers. 258 Le Vieillard et les Jeunes gens. 119 Dorat et Colardeau. Thid. THEATRE DU VAUDEVILLE. Cassandre aveugle , o2 le Concert d'Arlequin, 260 Clémence Isaure, cu les Jeux floraux de Toulouse, 121 Le Voyage aux Mines de Sainte-Marie. 548 ROMANS. Mémoires de Babiole , ow la Lanterne magique apgloise ; par press, 452. 56@ 856 Table des matières. Le Fils d'adoption, o4 Amour et Coquetterie, traduction libre de l'allemand d’Auguste Lafontaine ; par madame Isabelle Ze Non- tolieu. 285 BEAUXx-ARTS. Wotizia d'opere di disegno , nella prima metà del secolo xvr esistenti in Padova, Cremona, Milano, Pavia, Bergamo , Cremona e Venezia, scritta da un Anonimo di quel tempo, pubblicata e illustrata da D. Tacobo Morelli. ”. 486 Méthode simple et facile pour lever les Plans; par F. Lecoy. 422 Divers écrits sur différens objets d'arts ; par M. Fiorillo (en allemand). 587 Ouverture de la Galerie du Luxembourg. 93 La Ville des Victoires sur le champ de bataille de Marengo, dédiée au premier Consul de la République françoise; par J. Rivaud. 268 Architecture civile , etc. ; par À. L, Dubur. 268 et 556, —— XIll.e livraison, : - 556 PE CA AN ONE ONG EVE Etablissement des frères Prranesi au collège de Navarre et au palais du Tribunat. 258 Exblissement de M. Boeninger à Paris pour la décoration des appar- temens , et surtout pour limitation des objets d'histoire naturelle. 523 Restauration de livres, dessins, calques, estampes, etc; par J. Via- lard. 530 Cendre du Sarrazin, propre à être employée dans les verreries. g4 . . . , 4 Sur le Tannin retiré du Cachou; par des chymistes anglois. 69 ARTS NT INDUuUSsTRLE. Exposition des produits de l'Industrie du département de l’Escaut, réunis à la mairie de Gand, à l’occasion du passage du premier Consul en cette ville; par le C. Fan Zloobrouck - Mooreghem. 422 M'E LA NG'ES. Nouveau Mercure allemand, publié per C. M. 77'ieland. 566 Letues versannes de Aouresquieu. Edition stéréotype de Firmin Dridot. 7 286 OEuvres de Plutarque, traduites par Æmyof , avec les observations de MM. Brotier et Vauvilliers : nouvelle édition augmentée d'un volume, par H. Clavier 286 Giornale di italiana Eniteratura. Ibid, DE L'IMPRIMERIE DE DIDOT JEUNE, rue des Maçons- Sorbonne, n,° 406. Q se * _ b” AY. 3 Ancuwozocrs | Fremière Dissertation sur la Toi- Jette des: anciennes ‘Romainés, tiadüïe de l'allemand, de M. © Boettiger. Ge 453 HISTOIRE. Abulfedæa Arabiæ descriptio, erpetuo illus- * commentario $ träta , autore Christoph. Ron- mel, 459 Brocnaru : z. Wôtiee historique sur. 14 vie litté- “ raie du docteur Guettard ; par le C. Soreau. 47x Bzaux-Anrs. Notizia d'opere di disegno, nella © prima merà del: sëcolo xÿE ésiss renti in Padova, Cremoha, Mi- Jaño ; Paÿia, Bergano, Crema e “Veñezia, scritta dan Anonimo di quel tempo, pubblicata € illus- tata da D, Zacobo UMorelli. 486. Jacobi Morelli Bibliotheca ma- © auscripta, græca et latina. : 49ù |: :CosmoGcrRAPHIE. : Klémens de Cosmographie; par ‘D; F, Donnant. L< 496 VARIÉTÉS NOUVELLESETCOR- RESPONDANCE LITTÉRAIRES, Nouvauces ÉTRANOÈRES, Nouvelles de Copenhague. So Nouvelles dè la Suisse. 502 Rgavelleside Suède,’ 5 Néuvellés de Vienne: | 5035 N'uvyélles de Harlem, Ibid. Nouvelies de Kome. 506 à Table des Articles contenus dans ce Numéro. Panis Institue national. — Mémoire sur 'les Pierres tombées de l'atmos- phere , ét spécialement sur celles :! tombées auprès de Laigle, dépar- tement -de l'Orne, le 6 floréal dernier ; lu par le C. Fourcroy à la séance publique de la classe des sciences mathématiques ét physiques, du 1 messidor an xr, j 5e8 Embellissemens du Jardin des Plan- tes. 518 Note sur quelques animaux prove- nans du. cabinet de Meyer, et envôyes par M. Vau.Marum, au Muséum d'histoire naturelle de Paris. ‘Sax Etablissement de M. Boeninger. : ARE 422 Académie de Législation. 529 Restauration de livres, dessins, cal- ” ques, estampes,-etc; par J. Pre- lard. 550 Extrait d’une lettre de L. Cordier, ingénieur des minés de France, sur le Pic de Téneriffe, 532 Lettre du capitaiie Baydin au C. Jussieu, 537 TuksaATase Mahomet II, 545. Henriette et Verseuil. b47 L'Incertitude maternelle. : 548: Le Voyage aux Mines de Saimte- Marne %ct Ibid, LIVRES DIVERS. Arithmétique. o&! Méthode simplifiée de la Tenne des Livres, en partie simple ou double ,eic.; trad. de l'añglois de &. T. Jones ; par J.G*"*, 55à ; Physique. Kelation d'un Voyage; fait dans le département de Forne » pour constater la réalité d'un méttore observé à Laigle, le 26 floréal en xr;, par J. B. Bioë. 55x Histoire naturelle. Aanales du Muséum d'Histoire na+ türelle ; neuvième et dixième ca- | “hiers. RAR 591 Zoologie, Observations sur les Volcan de l'Auvergne; par Lacoste. 555 Chynie.. Journal _ gérièral e la Chymie publié par le ue tue Nicolas Schérér (eu allemand ). : M. DÉS UN RTS SE Repertoriumr Comméntariorurñ à Soctétatibus litterariis, édi- tarum secundurm Disciplina- rum Ordinem digessit; J. D. | 3: f Reuss. 555 \ Médeciné; Principes de Physiologie: par C. L. Duras. ; 8 ra. Physionomie, Exposition de la Doctrine physio- nomique du docteur Ga/z, 5356 Architecture. Architecture civile , etc. ; par À. L. Dubut. ! . Jurisprudence. Jurÿ notarial; par Antoine Carle. 58) Organisation du Notariat, contenant Ja loi du 25. vemtôse an xr, les motifs de cette loi et le rapport fait au Tribunat par le C. Fa- vard, s #bid, Statistique. Annales de Statistique francoise et étrangère; par Louis Ballots. Quatorzième et quinsième livrai- sons, 558 Ibid. | La Gymnastique de Ja J! eunésse : par M. A. Amar-Durivieret L, E Jauffrer. .55g Rosamonde, 02 les Lecons del'En: fance; par miss Marie Edge: 1 M RE MNEE out lôde Géographie, Ephémérides générales géographie ri rédigées. par uné socièté e savans,, et Fute par E. J. Bertuch er A. C. Gaspari.. Ib. RE Ge Le Notice sur le, Voyage, pittoresque 4 historique-de l'Istrie et de la almatie , par J. Lavallée. 5ta Histoire, mençant à Constantin-le-Grand ; par Le Beau 1. ? Ephémérides politiques , l'uéraires et religieuses ; par Jes CC. Noel et Planche. Firmin Didot: —OEuvres com- pleites de Voltaire; Histoire de l'empire de Russie sous Pierre- le-Grand, , : ÿ ibid. Grammaire. Principes de Grammaire générale, $ mis à la portée des enfans, el ass à servir d'introduciion à étude de routes les langues; par | A. J. Silvestre de Sacy. 562 Poésie. | |Recueïl:d'Inscriprions et Pièces de vers, faites à l’occasion du voyage da premier Consul daus le dépar+ tement-de l'Escaut. 565 i Romans. Mémoires de Babiole, ou la Lan- En pese Enr : _ Mélanges. Nouveau Mercure allemand, pa- blié par C. M. F7 island. bi: Ibid. SO Suige des éditions stéréotypes de, Histoire du Bas-Empire jen coms | ua à "OÙ he j Va #0 a ñ 181 N k Ve Qi fe ; | 14 1 de P put Ac RE hi) K4 WE ER CE à ME ' REA vu f » Ma 1% dati ru 1 ; ALT Lire | : £ DOUÉ MRC EE: ? 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