LS CNT Re ER: is LS SS + Smithsonian Institution Libraries Gift of Harry Lubrecht AR AE ALE 0 vo TOR il HOUR AC CNOAL ME EE de MANUEL ÉCONOMIQUE. DES PLANTES. me x MANUEL ÉCONOMIQUE DES PLANTES, O U k TRAITÉ DE TOUTES LES PLANTES QUI PEUVENT ÈTRE UTILES AU ARTS, Et dont se servent journellement les Charpentiers, les Charrons , les Layetiers, les Menuisiers , les Sculp- teurs, les Tanneurs, les Peintres, les Teinturiers, les Papetiers, les Manufacturiers en fil, en toile et en coton ; les Facteurs d’instrumens, les Luthiers , les Ebénistes, les Carrossiers , et généralement tous les Ar- tistes en bois et autres, de même que bés Cultivateurs. On y a joint des Observations sur les Plantes propres à remplacer le chanvre ; sur celles propres à faire du papier et remplacer les chiffons ; sur celles qu’on peut substituer au tan , et deux Disser- tations de Linné ; une sur la Flore économique , et l’autre sur lutilité des Mousses. Ouvrage premier en son genre, d’une utilité universellement reconnue, et qui fait suite aux Manuels vétérinaire et tinctorial des Plantes. Par J. P. BUCHOZ, Auteur de différens Ouvrages de Médecine humaine et vétérinaire , d'Histoire na+ turelle et d'Economie champêtre. | mme À COPA I SÙ L'AUTEUR, rue du passage des ci-devant Jacobins, N.o 409, dans la rue Jacques ; | Chez JFucus, Libraire, rue des Mathurins, N.o 334. à Pernigr, Libraire, rue de la Harpe, Nc 186, vis-à-vis celle Séverin ; Ps Les principaux Libraires des Départemens et de l’Europe. Lu mn ces es PS fl Ge dre ct y ci que ice ; | AN Ville = 1000: 4x O: ne dira plus, en voyant cet Ou- vräëe, que la Botanique n’est qu’une science de spéculation , ou du moins qu'elle n’est propre tout au plus qu'aux Médecins ; elle convient généralement à toutes les classes de Citoyens. Dans notre Manuel vétérinaire des Plantes, nows. avons donné son utilité pour les awiiaux ; nous avons rapporté toutes les plantes qui peuvent servir d’alimens et de médicamens à ceux de la classe des domestiques , que nous avons même tendue jusqu’à celle des sauvages. Dans note Manuel tinctorial des Plantes, nous avons fait voir son usage pour la teinture et la peinture : c’est le célèbre Linné, qui, le premier, a développé les % de, sims Cr naine propriétés des plantes pour ces objets , dans une de ses Dissertations intitulées : Herba tinctoriæ. Nous avons traduit du latin, dans nos Lettres périodiques , cette Dissertation ; la traduction a donné lieu à deux excellens Traités sur la Téin- ture, dont l’un a été rédigé par PILEUR D'APPLIGNY ; le second, par le célèbre D'AMBOURNEY, qui a employé une pé- _ riode de sa vie à faire de nouvelles expé- riences sur cet objet. Nous avons pro- fité, dans ce Manuel tinctorial ‘des découvertes de ces deux savans, de même que de différentes relations des voyageurs modernes, qui nous ont fait connoitre plusieurs plantes nouvelles consacrées pareillement à la teinture et à la pein- ture. Dans le Manuel économique que nous exposons, nous ne nous sommes pas contentés de la teinture et de la pein- ture; nous avons porté nos vues plus ( vue 9 loin; nous avons examiné les propriétés des plantes qu’on peut employer dans les différens arts et dans l’économie cham- pêtre : c’est dans ce Manuel que Les Char- pentiers, les Layetiers, les Charrons, les Menuisiers, les Carrossiers, les Ébénis- tes, les Tourneurs , les Sculpteurs, les Tanneurs, les Papetiers , les Manufac- turiers en fil , toile et coton, les Luthiers, les Facteurs d’instrumens et autres Ar- tistes en tous genres, de même que la plupart des Cultivateurs , trouveront l’é- mumération de beaucoup de matériaux tirés du règne végétal dont ils peuvent avoir besoin pour leur art. Cet ouvrage est donc pour eux un vrai répertoire ; il leur est d’une utilité indispensable ; ïl est même le premier en ce genre qui ait jamais paru. Nous ne craignons pas ici d’être démenti par aucun savant du siè- cle. Nous donnons toujours les premières ( virr ) idées , et d’autres s’en approprient la pro- priété, l’honneur et le profit. Nous join- drons dans la suite , à ces trois Manuels, trois autres, dont l’un sera intitulé : ÎWanuel floréal des Plantes, ou Traité de toutes les Plantes qui peuvent servir d'ornement dans nos jardins; le second aura pour titre : Manuel alimentaire des Plantes ; il traitera des plantes qui peuvent servir d’alimens à l’homme dans les différentes parties de la terre, et le troisième sera désigné sous le titre de Manuel médicinal des Plantes ; nous y rapporterons toutes les différentes plan- tes qui peuvent servir de médicamens à | l’homme : par le moyen de ces six Ma- nuels, nous ferons connoître à nos lec- teurs les richesses que la nature leur offre journellement , dans les deux hé- misphères , pour leurs divers besoins, spécialement dans le règne végétal. Nos (1x) curiolets ne s’écrieront plus sans doute : A quoi cela est-il bon ? Et en effet, à quoi sert de connoître les plantes, si ; V nous en ignorons les propriétés? Ce ne sont pas de belles phrases, de beaux dis- cours, enfin des mots, qui nous ap- prennent la valeur des choses; c’est leur utilité à laquelle nous devons nous ap- pliquer : nous avons actuellement la satisfaction de voir qu’on commence à s’y adonner. Depuis 1761 , nous n’avons cessé d’inspirer ce goût à nos compa- _triotes, et nous voyons maintenant la réussite de nos travaux par l’empresse- ment que chacun témoigne d’étudier J’Histoire naturelle, non pour les plai- sirs que son étude nous procure, mais plutôt pour les profits que nous en reti- rons dans la science économique. Puisse Vouvrage que nous publions aujourd’hui en augmenter encore de plus en plus (x) goût ! c’est le but principal que nous mous proposons, et, qui plus est, le principal objet de nos desirs. Pour rendre cet ouvrage plus intéres- sant, nous avons extrait de différens Auteurs, entr’autres du Dictionnaire de V’almont de Bomare, tout ce qui sy trouve rapporté au sujet de l’usage éco- nomique des plantes ; nous avons pareil- lement traité de celles qui peuvent remplacer le chanvre pour la toile, les chiffons pour le papier, et le tan pour les cuirs : nous avons fini par deux Disssertations latines de Linné, le pre- mier auteur qui ait parlé de la science économique. LISTE DES OUVRAGES LU 0B 0e! H\0)2 jour DEPUIS 1789 SUSQU'A CE JOUR. /] 1. H ISTOIRE des insectes nuisibles et utiles à l’homme, aux bestiaux, à l’agricul- ture et aux arts, accompagnée des méthodes pour détruire les nuisibles, et multiplier les utiles ; 2 vol. in-12, cinquième édition, en- tièrement réfondue , corrigée, et considéra- blement augmentée. À Paris, chez Coursier, imprimeur-libraire, l’an 7 de la république, et 1798: vieux style. Prix, 5 fr., et 6 fr, 50 cent. par la poste, pour tous les départemens. Cet ouvrage jouit de la plus haute estime ; son degré d'utilité prouve assez que c’est avec raison. Ces sortes de traités, disoit d’4/em- bert, ne peuvent assez se multiplier. 2. Traité de la culture des arbres et ar- bustes. qu’on peut élever dans la république, et qui peuvent y passer l'hiver en plein air, avec une notice de leurs propriétés écono- miques, et des avantages qui en peuvent résulter pour la France, en les y multipliant ; 2 vol. in-12, seconde édition; la troisième Lt 2) est sous presse. Chez Weurant, libraire, l'an, et 1799 vieux style. Prix des deux premiers volumes, 4 fr., et 5 fr. 5o cent. par la poste. Rien n’est. plus intéressant au souverne- ment, que d'introduire en France, soit pour les arts, soit pour l’ornement, la plupart des belles productions végétales de l'Amérique septentrionale ; c’est pour encourager ce goût, que nous avons mis au jour cet ou- vrage, dont la première édition a été très- accueillie des amateurs ; c’est aussi pour en favoriser spécialement la culture, que nous exposons ici de nouveau la manière de les multiplier. 3. Méthode de Maupin sur la manière de cultiver la vigne et l’art de faire le vin; 1 vol. in-8.0, nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée de deux mémoires instructifs sur ce qui se pratique de plus intéressant dans les différens vignobles de la France; par J. P. Buc’hoz. À Paris, chez Laplace, Li- braire, rue de la Harpe, l’an 7. Prix, 3 fr. 5o cent., et par la poste, 4 fr. 5o cent. Cette édition réunit dans un seul ouvrage tous ceux de Maupin, et est en outre aug- mentée de deux mémoires sur la culture de la vigne, et sur la méthode de faire le vin, ( xiz1r ) qui se pratique dans les principaux vignobles de la France. Tout le monde connoît l'utilité de la méthode de Maupin; il est inutile de la répéter ici. 4. Catalogue latin et français de tous les arbres, arbustes et plantes vivaces que l’on peut cultiver dans la France en pleine terre, dans les orangeries et serres chaudes; 1 vol. in-12, troisième édition. À Paris, chez l’Au- teur. Prix, 1 fr. 6o cent., et par la poste 2 fr. Les éditions multipliées de cet ouvrage en démontrent assez l'utilité. Que peut-on avoir de plus intéressant, que de trouver réunie en un seul volume la liste de tous les végétaux, tant exotiques qu’indigènes, qu’on peut mul- tiplier dans la France f 5. Flore économique des plantes qui crois- sent aux environs de Paris, au nombre de plus de 400 genres, et de 1400 espèces, con- tenant l’énumération de ces plantes par ordre alphabétique ; leurs noms triviaux suivant Linné ; leur synonymie française ; les endroits où se trouvent les plantes les plus rares ; leurs propriétés pour les alimens , les médicamens; l’art vétérinaire ; les arts et métiers, et l’or- nement des jardins; ouvrage d’une utilité pre- mière, et également propre aux différentes ( œaw ) classes de citoyens ; 1 vol. in-8.° A Paris, chez Cozrsier, Van. Prix, 6fr., et par la poste 6 fr: Cet ouvrage est désavoué par l’Auteur, par les raisons rapportées dans la liste quisetrouve au commencement de l’ouvrage du n.° 7. 6. Manuel vétérinaire des plantes, ou Traité sur toutes les plantes qui peuvent servir de nourriture et de médicamens, 1.° aux ani- maux domestiques , tels que les chevaux, les vaches, les chèvres, les brebis et les co- chons, etc.; 2.0 aux oiseaux, principalement à ceux de basse-cour ; 3.° aux abeilles et autres insectes qui y forment leurs principaux séjours; 4.° aux poissons pour la pêche des- quels elles servent le plus souvent d’appât : on y a joint quelques notices sur les prairies naturelles et artificielles, sédentaires et mo- mentanées ; sur les principales plantes dont on peut se servir pour former une pharmacie vétérinaire , et deux dissertations de Linné, d’une utilité première aux cultivateurs et aux élèves dans l’art vétérinaire; 1 vol. in-8.0 A Paris, chez Pernier. Prix, 3 fr.,.etipar la poste 4 fr. FR On doit cet ouvrage à une dissertation de Linné, qui y a donné lieu, et qui est le pre- mier traité qui a paru à ce sujet. L’auteur n’a (xv) rien négligé pour porter celui-ci à son vrai degré de perfection. 7. Manuel tinctorial des plantes, ou Traité de toutes les plantes qui peuvent servir à la teinture et à la peinture ; cinquième édition, revue, corrigée et considérablement augmen- tée de plus de 400 plantes nouvelles. On y a joint des observations sur les animaux et les . minéraux propres à la teinture et à la pein- ture; deux dissertations de Zznné sur le même objet; différentes methodes concernant le blanchiment des toiles; des procédés pour teindre la laine en noir, et les draps en deux couleurs, de même que la manière de com- poser le bleu de Prusse et le vert-de-sris ; 1 vol. in-8.° Prix, 4 fr., et par la poste 6 fr. Cet ouvrage est d’un mérite universellement reconnu; quatre éditions qui en ont été pu- bliées successivement, en sont une preuve convaincante. 8. Manuel économique des plantes, ou Traité de toutes les plantes qui peuvent servir dans les arts; 1 vol. in-8.0 Prix, 4 fr. et par la poste 5 fr. ; c’est précisément l’ouvrage dont il s’agit ici. 9. Collection précieuse, économique, co- loriée , la plus intéressante et la plus étendue | (:xvx )) en histoire naturelle, qui ait jamais existé, divisée en 54 parties in-folio, grand papier d’'Hollande , renfermant plus de 2000 plan- ches, dont 1800 coloriées, qui représentent au naturel ce qu’il y a de plus curieux parmi les animaux, les végétaux, les minéraux, les costumes , les phénomènes de la nature et les monumens de l’art, et en outre près de trois cents dissertations, aussi in-folio, grand pa- pier, qui traitent de ce qui se trouve de plus nouveau, de plus utile et de plus économique dans les trois règnes de la nature. Il ne paroît, par année, que deux exemplaires complets de cet ouvrage; celui que nous annonçons est le dixième ; ce qui le rendra toujours fort rare, avec d'autant plus de raison, que le grand âge de l’auteur, qui est sur le point d'entrer dans sa soixante-dixième année, ne lui permettra presque plus de veiller à la per- fection de pareils exemplaires. Le prix est de 4000 francs, dont on paie le tiers en sous- crivant ; le premier inscrit aura le dixième exemplaire que nous annonçons, et qui pa- roîtra au plus tard en deux mois; l’onzième ne sera au jour que six mois APE A Paris, 1772—1709—1000. 10. Manuel cosmétique et odoriférant des plantes; 1 vol. in-6.° actuellement sous presse. MANUEL NPA NQUE L' ÉCONOMIQUE Des) PAIN TES » 1. A BRUS online Fêve de l'Arabie _ heureuse. A Madagascar et de la Chine , on se sert des grains de cette plante en guise de poids ; il en faut 22 pour le poids d’un ducat de Hollande. Les orfévres font encore usage de ses grains ; ils en broyent avec un peu d’eau, et ils en préparent une espèce de bouillie, qu'ils mêlent avec une certaine composition minérale, pour consolider les extrémités des ouvrages d’or qu’ils fabriquent. ». Acanthus mollis. L’acanthe commun. Les anciens se servoient de l’acanthe pour teindre en jaune ; les découpures de ses feuil- les ont paru si belles, qu’on les a choisies pour ; servir d’ornemens aux chapiteaux des colonnes de l’ordre corinthien. Les anciens représen- toient sur les habits précieux la figure de V’acanthe ; c’est pourquoi Virgile dit , en parlant de l’habit d'Hélène, qu’il étoit relevé A 2 MANUEL ÉCONOMIQUE de feuilles d’acanthe en broderie, et circum zextum croceo velamen acantho. 3. Acer pseudoplatanus. L’érable blanl r l’érable sycomore, le sycomore, le grand érable. On peut former avec cet arbre de belles avennes ; il sert aussi à garantir de la violence des vents les bâtimens ou plantations expo- sés à leur impétuosité : son bois est le meil= leur de tous les bois blancs ; aussi les sculp- teurs, les menuisiers et les ébénistes l’em- ploient-ils 3 les armuriers et les tourneurs s’en servent comme celui de l’érable com- mun ; les luthiers en font aussi usage. On dit que son charbon est convenable aux ouvriers en fer et en cuivre. | 4. Acer platanoïdes. L’érable plane, l’é- rable à feuilles de platane , le plane, le faux sycomore. Ses propriétés sont les mêmes que celles “ numéro précédent. 5. Acer campestre. L’érable commun, le petit érable, le bois chaud. Les vieux érables loupeux et noueux, qui se trouvent bien sains, sont très-estimés ; ils se débitent dans les Le par cartelles on penies planches de 2 à 5 pouces d’épaisseur ; les ébéuistes les emploient pour les ouvrages DES PLANTES. 3 de marqueterie, les facteurs de clavecin pour les chevalets et les sautereaux, les luthiers pour les violons, les guitares , les basses de viole ; les arquebusiers en font aussi usage : les tourneurs, les tabletiers font venir ce bois en grames, c’est-à-dire, en grosses bûches revêtues de leur écorce ; ils en fabri- quent de très-beaux ouvrages, et entr’autres des gobelets très-précieux et aussi minces que le papier; ils en font sur-tout avec les bois qui se trouvent dans les nœuds, nommés broussins. Ce bois est ondé et tacheté fort agréablement; il étoit d’un grand prix chez les Romains. On en construit aussi des cas- settes , des tabatières, des étuis, et autres jolis ouvrages. Les jeunes branches de l’érable sont pliantes et élastiques ; on en emploie pour les meilleures perches de tour : le bois de ses racines quoiqu’inférieur aux broussins , sert aux mêmes usages. On se sert de cet arbre pour former des haies. | 6. Achras salicifolia. L’achras à feuilles de saules. Les geais de l'Amérique, connus sous le nom de coracites par les ornithologistes, suspendent leurs nids aux branches les plus élevées de ces arbres; les nids ainsi suspendus sont d’une forme alongée et très-beaux à voir. À 2 À MANUEL ÉCONOMIQUE Les loirs, après avoir tué les petits qui peu- vent s’y trouver, s’en emparent, et en font le lieu de leurs retraites. L'oiseau qu’on nomme soucy , construit son nid avec différentes parties de fleurs, sur les petits rameaux de ces arbres , qui sont inclinés vers la terre, et qui sont très-feuillés ; les feuilles supérieures servent d'ombre et de couverture à ce jol: petit nid. 7. Achyranthes aspera indica. L’ achyran- the rude des Indes. Comme les tiges de cette plante s’accro- chent par les feuilles de leur calice, qui sont renversées et aiguës , aux vêtemens de ceux qui les touchent, et qu’elles les arrêtent conséquemment dans leur marche, c’est, pour les passans, un avis de se rappeler, s’ils n’ont rien oublié .de ce qu'ils se sont proposé de. faire. Aussi, quand on veut faire souvenir. quelqu'un des choses qu’il a promises, on lui envoie, dans le pays, une feuille de cette plante; et c’est de là que lui est venu le nom d’herbe de mémoire ou de souvenir. 8. Acnida cannabina, Le chanvre de Vir- ginie. Bauhin prétend qu’on pourroit employer ce chanvre aux mêmes usages que le nôtre, eten tirer de la filasse, DES PLANTES. ñ 0. Acorus verus. L’acorus médecinal. Dans la Chine, on se sert de cette plante pour chasser les punaises des lits ; on en met les feuilles sous les matelas. _ 10. Acorus calamus. Le jonc odorant com- _mun. On fait usage de cette plante pour les par- fums ; elle peut influer sur les inondations. 11. Acrostichum aureum. J’acrostiche doré. _ On s’en sert pour couvrir les maisons au lieu de chaume. 12. Actaea spicata. La christophoriane en épis. Le suc des boies de cette plante, cuit avec l’alun, donne de l’encre très-noire. 13. Adansonia bohabal. Le pain de singe. Quand le fruit de cet arbre est gâté, les nègres en font un sucre excellent en le brü- lant , et en mêlant ses cendres avec de l’huile de palmier qui commeïñce à rancir ; quoique son bois soit très-léger , et ne paroisse être, par cette raison, d’aucun usage , on se sert néanmoins au Sénésal, et dans l'Amérique, de son tronc pouf faire des pirogues et des canaux d’une grandeur démesurée, et capa- bles de porter voile sur la mer. L’écorce de cet arbre pourroit encore très-bien se fendre A 5 6 MANUEL ÉCONOMIQUE en de longues lanières, qu’on employeroit utilement à faire d’assez bons cordages. Les nègres font encore un usage bien sin- sulier du baobab; ils agrandissent les cavités de ceux qui sont cariés, et ils en préparent des espèces de chambres, où ils pendent les cadavres auxquels ils ne veulent pas donner les honneurs de la sépulture. Les cadavres s’y dessèchent parfaitement , et y deviennent de véritables momies , sans aucune autre prépa- ration. Le plus grand nombre de ces cadavres desséchés sont ceux des guiriots, appelés greouls , qui peuvent être comparés aux an- ciens jonpleurs , si fameux chez nos aïeux: ce sont de petits musiciens fort communs à la cour des rois des nègres, qui les diver- tissent, et qui les flattent dans leurs pensées. Cette supériorité de talens les fait regarder des autres nègres comme des sorciers. 14. Adenanthera pavonia. La poinciane. Comme cette espèce d’arbre jette beaucoup de branches et de feuilles , les Indiens en en- tourent leurs habitations et leurs jardins, pour leur fournir de l’ombre. Dans les parties australes de Chamelieu , de Huysing et de l’île d'Ayage, on emploie les grains de cet arbre en guise de poids; 10 grains font exactement 10 tayl du pays, c’est-à-dire, 10 gros, sui- vant notre manière de peser. N DES PLANTES, di 15. Adenanthera falcatoria. L’adenan- thère à siliques contournées. Le bois de cet arbre est très-léger; on s’en sert pour faire des boucliers, et, en le creu- sant, on en fait des vases de ménage, pro- pres à préparer et à recevoir les alimens. 16. ÆEschynomene grandi-flora. L’herbe des battûs, la fausse sensitive à grandes fleurs. On peut employer les feuilles de cette plante triturées dans l’eau, en guise dé savon, pour nettoyer le linge; les pêcheurs font usage du suc de son écorce avec d’autres in- grédiens, pour donner une couleur à leurs filets et au bois. 17. AEschinomene sesban. Le sesban. On se sert dans le pays où cette plante croît naturellement , du sesban pour former des haies, par le moyen desquelles on sé- pare les possessions des particuliers. 18. Æsculus hippocastanum. Le marronier d'Inde. Les marrons d’Inde coupés en deux et desséchés , sont en usage chez les pauvres sens pour chauffer les poëles pendant l’hi- ver; on se sert encore de ses fruits en guise de lampe de nuit. On pèle les marrons, on les fait sécher, puis on les perce de part en part avec une petite vrille. Lorsqu’on en veut A/ 4 8 MANUEL ÉCONOMIQUE faire usage, on les fait tremper pendant. 24 heures dans de l’hvile, on en perce un, et on passe une petite mêche à travers le. trou qu'on a fait; cette mêche allumée donne de la lumière pendant la nuit : le marron doit être placé dans un vase plein d’eau. On lit dans les papiers publics une expé- rience qui a été faite ayec la matière vis- queuse qui provient des marrons d’Inde ; cette matière se durcit au froid et s’amolit au chaud : on s’en sert comme d’une espèce de glu, pour en enduire les mêches de coton. Les mèches ainsi enduites , rendent une lu- mière aussi belle que si c’étoit de la bougie, et son odeur nest pas même désagréable lorsqu'on l’éteint. On pourroïit donc s’en ser- vit de même que de la cire. Quoique la cou- leur de cette substance prévienne contre elle, elle n’est pas à rejeter, et c’est à tort qu'on lui reproche une odeur fétide ; si cette odeur est propre aux marrons d'Inde, elle se trouve apparemment concentrée dans le fruit, car on ne s’en est aperçu nullement dans l’expé- rience rapportée. Les parfumeurs font, avec les inarrons d’Inde, une pâte propre à dé- crasser les mains ; ils les font bien sécher au four , il les pilent dans un mortier couvert, et les réduisent en poudre fine ; cette poudre Li D HSVPLANTÉS. 9 fait le même effet que la pâte des amandes. Les marrons d'Inde fournissent aussi de l’amidon ; pour cet effet, il faut les raper, et laver la fécule ou farine dans beaucoup d’eau. Elle devient fort blanche, et perd son amertume. Si cependant l’on vouloit tirer une grande quantité d’amidon des marrons d'Inde, il faudroit faire construire, auprès de quelques ruisseaux , des machines propres à les broyer promptement. … Marcandier a donné une nouvelle méthode pour blanchir la toile avec l’eau des marrons d'Inde. Pelez-les et rapez-les bien fin dans 10 ou 12 pintes d’eau froide, laissez-les dans cet état pendant 10 ou 12 heures; le suc qu’ils y déposent supplée au savon pour le blanchissase. Pour se servir de cette eau, il faut la chauffer au point qu’on n’y puisse pas souffrir la main. Les expériences qu’on a faites, dit Marcandier, ne laissent aucun lieu de douter que cette eau ne soit d’une grande épargne pour les blanchisseuses; au surplus , si on en veut faire un grand usage, au lieu de raper les marrons, il faut les mettre sous la meule, ce qui fait le même effet. | Marcandier a pareillement découvert dans les fruits du marronier d’Inde, une qualité 10 MANUEL ÉCONOMIQUE qu'on ne se seroit peut-être jamais imaginé. Toute l’Europe envie aux Indiens l’art sin- gulier qu’ils possèdent de fixer les couleurs de leurs étoffes, et de ieur donner cette adhérence, qui en fait le principal mérite. Marcandier a trouvé tant d’analogsie entre le fruit que les Indiens emploient à cet usage et le marron d'Inde, qu’il n’y a pas lieu de douter qu’on pourroïit remplacer celui-ci par celui-là. Le cadou, qui est le fruit employé pour cet usage par les peintres indiens, est un fruit à noyau, plus petit que le marron d'Inde ; ce fruit étant sec, se trouve à- peu-près de la grosseur d’une muscade; l’arbre qui le porte est d’une hauteur me- diocre, et croît dans les bois ; on en trouve sur-tout dans le Malaalam, pays monta- gneux, situé le long de la côte de Malabar. On fait usage dans les Indes de ce fruit pour la médecine ; il est extrêmement âpre au goût, d’une aigreur insupportable, et fort gluant au tact, pour peu qu’il soit humecté. C’est en partie à cette qualité que les pein- tres indiens attribuent la qualité qu’a ce fruit de faire mordre les couleurs sur les toiles; or, si on compare les qualités du cadou avec celles du marronier d'Inde , on trou- vera entre ces deux substances un rapport si DES PLANTES. 12 exact, qu’on ne balancera pas d’un instant de penser que l’un et l’autre peuvent servir” aux mêmes usages ; et en effet, le marron d'Inde réunit à l’onctuosité du cadou cette grande âpreté qui rend celui-ci propre à la teinture. Il est rempli de sels lixiviels, as- tringens , alumineux , détersifs, savoneux ; mais les physiciens, de même que les tein- turiers , savent parfaitement combien les isels alumineux sont nécessaires pour l’application et la perfection des teintures. Marcandier en a voulu faire lui-même une espèce d’épreuve sur des ouvrages de bonneterie ; il les a fait dégraisser et fouler avec l’eau de marrons d'Inde, et les ouvrages ont pour-lors parfai- tement bien pris la teinture. Qui empêche- roit de renouveler ces expériences sur des toiles d'impression ? Si elles réussissoient, comme il y a lieu de l’espérer, elles ne ser- viroient pas peu à remettre en honneur le marron d'Inde : c’est la conséquence qu’en tire Marcandier. Il y a des enfans qui ont l’adresse de faire avec ces marrons, des portraits en relief très-ressemblans ; souvent on a vu leurs ta- lens pour la sculpture se déclarer par ces amusemens. | a Le bois de cet arbre est tendre, filandreux, 12 MANUEL ÉCONOMIQUE mollasse et pourrissant : il pourrit sur-tout très-promptement dans les endroits exposés à la pluie. Cependant les menuisiers et les sculpteurs l’emploient quelquefois pour des ouvrages destinés à être peints : ils en font sur-tout usage pour les parquets dont on en- toure les glaces; mais il n’est guère propre qu’à faire des cercueils : il sert aussi au chauf- fase, faute de meilleur bois. 19. Se, HE githage. L’agrostemme nielle. Sutieres prétend qu’on feroit très-bien de multiplier cette plante, et d’en substituer le grain en place de froment pour faire de la poudre à poudrer ; mais elle ne se multiplie déjà que trop dans les blés, sans chercher encore à en favoriser la multiplication. 20. Agrostis arundinacea. L’agrotis aron- dinacée. Les Calmouks se servent de ce roseau pour couvrir leurs cabanes. Les Laponois en em- ploient les chalumeaux pour DEDOI ES leurs pipes. 21. Aira caerulea. Le canfe, le grame sans nœuds. | On fait de petits balais avec ses épis ; sa paille, qui n’a qu’un nœud vers la racine, et qui est ferme et lisse, sert dans la Brie à Dr S /BTAIN me 8 13 faire des tournettes sur lesquelles on met égpbiter les fromages ; on pourroit aussi lem- ployer à de petits ouvrages de vannerie. 22. Aldrovanda vesiculosa. L’aidroyande à vessies. En écrasant cette plante sur du papier, quoiqu’elle soit verte, elle le teint en rouge; et ce qui est de plus singulier , c’est qu’elle le fait quand bien même il se seroit écoulé trois ou quatre mois depuis qu’on l’auroittirée : de l’eau. 23. Allium sativum. L’ail cultivé. . Une quantité d’ail suspendue aux branches d’un arbre, en éloigne les oiseaux, et les empêche de nuire aux fruits nouveaux; on prétend aussi qu’il éloigne les taupes et les insectes. 24. Allium cepa. L’oignon. Bradley pense qu’on pourroit détruire les insectes qui sont sur les'arbres, en lavant les feuilles avec de l’eau dans laquelle on auroit broyé et fait tremper des oignons, ou bien en mettant quelques oignons broyés sous les arbres qui sont les plus chargés d’in- sectes; mais cela demande d’être confirmé par l’expérience. On se sert aussi des oïgnons pour nettoyer les glaces des miroirs. En par- lant des DHibite espèces d'ail, nous ob- 14 MANUEL ÉCONOMIQUE. serverons ici que nous avons employé plu- sieurs fois pour appât dans la pêche les aulx du n.0 23. Nous les faisions cuire avec du seigle nouveau et des herbes aromatiques, nous y ajoutions aussi un peu de pain de chénevis : c’étoit la meilleure amorce dont nous pussions nous servir. 25. Aloës vera. Le vrai aloës. Le suc d’aloës est quelquefois employé dans les arts : on s’en sert pour préparer des espèces de vernis , dont on recouvre les corps qu'on veut conserver. On en met aussi en poudre dans les oiseaux desséchés des ca- binets, et dans la colle dont on se sert pour attacher les plantes dans les herbiers; on parvient par-là à en éloigner les insectes destructeurs. On est en usage depuis quelque temps dans l’Amérique d’en enduire la quille des vaisseaux qui font de longs cours, ou qui demeurent long-tems en rade; on pré- tend préserver par ce moyen les planches attachées à cette surface d’être percées par les vers. Les pêcheurs se servent encore d’aloës succotrin pour attraper du poisson. Ils font tremper dans de l’eau derivière, pen- dant 7 ou 8 heures, un quart de boiïsseau de petites fêves ; ils les font ensuite bouillir jusqu’à ce qu’elles soient à demi-cuites ; ils DES PLANTES. 15 y a ajoutent sur la fin de la cuisson environ une demi-once de suc d’aloës, et ils jettent cette espèce d’appât, quatre ou cinq heures avant de pêcher, dans les endroits où ils ont coutume de le faire. Les poissons qui en mangent, vuident tout ce qu’ils ont dans le corps, et sont affimés trois jours de suite, ce qui les engage de revenir de nouveau à l’'appât; on leur jette alors d’autres fêves cuites avec du miel et un peu de musc sans aloës : on tend les filets, et on est sûr d’at- traper beaucoup de poissons. 26. Alopecurus pratensis. L'alopecure des prés. | On fera très-bien de semer cette espèce de chiendent dans les marais qu’on a desséchés ; il y croît parfaitement, et il jouit d’un avan- tage qui lui est particulier. La phalène cala- miteuse, quironge tous les autres chiendents, n’y touche jamais; d’ailleurs, il fournit d’assez bons pâturages. . 27. Alihaea cannabina. Le chanvre sauvage. On pourroit rouir la tige de cette plante comme le chanvre, on en tireroit de la bonne filasse. 20. Ambrosia maritima. L’ambrosie ma ritime. | Toute la plante a une odeur aromatique 16 MANUEL ÉCONOMIQUE très-agréable et un goût amer. On en com- pose des liqueurs spiritueuses et odorantes. 29. Amorpha fruciicosa. L’amorphe en ar- brisseau. Aro Quelques personnes sont, dit-on, parve- nues à faire, avec les jeunes pousses de cette plante, un Asa grossier. 30. Amygdalus communis. L'amandier commun. | Dans différentes provinces de France, on sème une quantité infinie d'amandes, pour fournir des sujets sur lesquels les jardiniers puissent greffer des pêchers et des abricotiers dont ils font commerce. Le bois d’amandier est fort dur, et a quelquefois de belles cou- leurs ; aussi les tourneurs l’emploient-ils sou- vent pour faire des chaises et autres meubles pareils. ot 31. Amyris balsamifera. L’amyris porte- baume. | Son boïs est compacte et pesant; on en fait une très-bonne charpente. On l’emploie à la Jamaïque aux ouvrages de ce genre, principalement à ceux de tabletterie et aux meubles : il prend un beau poli, et a une odeur forte. | 32. Anabasis tamariscifolia, La borinth à feuilles de tamarisc. | On D'ESIPLANTES, 17 On emploie cet arbrisseau pour faire de la ‘soude, dont on fait usage dans les savon- neries, verreries, blanchisseries. Comme il est d’une nature savonneuse , on peut même l’employer dans son état naturel pour laver et dégraisser le linge. 33. Anabasis aphylla. Le borith sans feuilles. Mêmes propriétés que celles du numéro précédent. 34. Anabasis foliosa. Le borith feuillé. On pourroit teindre en rouge avec ses baies, de même qu’on pourroit teindre en jaune avec les baies de l’espèce précédente : d’ail- leurs, ses propriétés sont les mêmes que _ celles de n.° 32. 35. Anacardium occidentale. L'’anacarde occidental. | . Le suc jaune et caustique que renferme l’écorce de la noix, sert aux Indiens à tein- dre le linge en couleur noirâtre qui ne s’ef- face pas facilement. La gomme qui découle par incision du bois, sert à teindre des co- tons en noir ; elle fournit même une des meilleures espèces de laques noires; on s’en sert pour coller ce qu’on veut garantir des insectes destructeurs : elle tient lieu de vernis sur les meubles. Le bois est très-dur, et fort B 30 MANUEL ÉCONOMIQUE bon pour faire des meubles d’un grand poli luisant : il fournit aussi des pièces courbées Ou cintrées. -36. Anastica hierochuntica. La vraie rose de Jéricho. - Quelques personnes s’en servent comme . d’hygromètre. On arrache pour cet effet la rose de Jéricho lorsque la graine est presque mûre. On la fait sécher en la suspendant par la racine dans un lieu sec; les branches se rapprochent en se séchant, se pressent, et forment même une espèce de boule. Si on met ensuite dans l’eau, ou si on expose à une très-srande humidité cette plante, dans quelque tems ou saison que ce puisse être , elle déploye aussi-tôt ses branches; ses cap- sules s’entr'ouvrent, et c’est PS qu’elle peut servir d’hygromètre. Comme cn a remarqué pour la première fois cette sorte d’épanouissement la nuit de Noël, la superstition a trouvé dans cet effet naturel, un miracle fait en l’honneur de la sainte Vierge, d’où est venu à cette plante le nom de rose de Marie , et opinion que ses fleurs, quoique sèches, s’ouvrent la nuit de Noël. Ces mêmes personnes superstitieuses prétendent que cette plante a la vertu de s'épanouir dans le items que la femme de DES PLANTES. 19 la maison est dans les douleurs de l’enfan- tement, et que son épanouissement plus ou moins grand, annonce un enfantement plus ou moins douloureux. Peut-on voir rien de plus superstitieux ? 37. Anchusa offcinalis. La buglosse des boutiques. Les pétales de cette plante donnent une couleur verte propre à la peinture. 38. Anchusa tinctoria. L’orcanette. Les teinturiers emploient la racine d'’or- canette pour teindre les laines en rouge. On s’en sert pour colorer aussi les cires en cette couleur. L'huile qui en est chargée, est em- ployée pour peindre en rouge, et cette cou- leur est assez belle. 39. Andropogon CariCOSUIML. L> andropoge en forme de caret. _ À Java et à Baley, on se sert de ces chien- dents pour couvrir les maisons. On fait pour cet effet des espèces de bottes avec leurs feuilles ; maïs les toits qui en sont couverts, sont toujours garnis de toutes sortes d’in- sectes et de vers, sur-tout de cloportes. Les pauvres ramassent aussi l'espèce de duvet qui se forme dans les épis, lorsqu'ils sont ou- verts, pour en garnir leurs lits. B 2 20 MANUEL ÉCONOMIQUE 40. Andropogon alopecuroïdes. L’andro- poge en forme de queue de renard. On peut employer les tiges ou chalumeaux de cette plante pour faire des couvertures aux cabanes et chaumières. 41. Anemone alpina. L’anémone des Alpes, la pulsatille, la coquelourde. Le peuple emploie les fleurs de la coque- lourde pour teindre les œufs pendant les fêtes de Pâques; ancienne pratique qui s’est conservée jusqu’à nos jours. Valentin paroît surpris de voir les œufs teints avec les fleurs purpurines, devenir verts. On fait aussi avec Ÿ les pétales de cette fleur de l’encre. 42. Anona palustris. L’anone des marais, pomme de serpent. Le bois de cet arbre est si doux, si pliant, mème lorsqu'il est sec, que les sens du pays l’emploient fréquemment, au lieu de liége, pour boucher les bouteiiles et les calebasses. 43. Anona triloba. L’assiminier. Le bois de cet arbrisseau est souple, ployant et fort dur : on pourroit par con- séquent s’en servir dans les usages écono- miques. 44. Anona asiatica. L’anone d’Asie. La racine s'emploie à Ceylan pour teindre en rougeûtre. | D ESP LANTES. 21 45. Anthemis arvensis. La camomille des champs. | Dans le pays Messin , on met sur fa lessive des paquets de Mches et de fleurs de cette espèce de camomille. 46. Anthemis cotula. La maroute. Comme la maroute est fort puante, on en attache aux branches où les essaims se sont reposés , après les avoir recueillis, pour empêcher les abeilles d’y retourner et de quitter leurs ruches. 47. Anthemis tinctoria. L'œil de bœuf. On l’emploie dans la teinture des laines, auxquelles elle communique une belle cou- leur jaune. 48. Anthyllis barba jovis. L’ébène de Crète. On peut employer très-utilement dans les arts son. bois, qui est très-dur; mais ce n’est que dans les contrées A dnales de l’Europe, que cet arbre peut acquérir assez de grosseur et de dureté pour en faire usage, 49. Anthidesma alexitoria. L’antidesme _ alexitère. Son écorce sert à faire des cordes, comme on en fait avec le chanvre. 50. Aralia Chinensis. L’aralie de la Chine. Dans le pays, on se sert des branches de cet arbre pour clorre les héritages. Deux B 3 22 MANUEL ÉCONOMIQUE morceaux de vieux bois du même arbre, frottés fortement ensemble, donnent du feu. 51. Arbutus unedo. L’arbousier commun. Le bois de l’arbousier est de la nature du bois blanc : on peut l’employer aux mêmes Pise que le bois de coudrier. 52. Arbutus uva wrsi. La bousserole. Ses feuilles servent pour teindre en noir ow brun , et pour corroyer les cuirs; l’insecte de ses racines donne une teinture rouge. 53. Areca cathecu. Le pinang. On fait avec cette partie inférieure des feuilles tombées, qui est une espèce de mem- brane épaisse, des sacs et des vaisseaux en forme de seaux, qui servent aux Indiens à puiser de l’eau : le spathe qui enveloppe le rameau en fleurs, s'emploie aux mêmes usages. Quand le spathe est vert, on peut lever dans l’intérieur une membrane , ou pellicule fine, qui sert comme de papier. On vend fort cher, sous le nom de pierres de porc-épi, les pinangues vieilles, dures et polies qui ont macéré quelque tems dans une infusion de bois de couleuvre ; mais elles n’ont pour les connoïsseurs ni la sa- veur, ni la couleur de ces pierres. On em- ploie les pinangues oblongues à faire des manches de couteaux, et on les vend pour DES PLANTES 23 dendrittes : on envoie aussi ces pinangues comme des marques d'amitié ou d’inimitié , suivant lès matières auxquelles on les associe, et ce sont pour-lors des hiéroglyphes. On fend les troncs des vieux pinangs en deux, et on les emploie pour la conservation des habitations et des clôtures; mais ils ne durent que fort peu de tems. 54. Areca oleracea. Le chou palmiste. On emploie le tronc de ces palmiers et leurs rameaux, pour construire les maisons ; la partie sieure des feuilles dont l'arbre est enveloppé, et dont la largeur a souvent plus de deux pieds , et la longueur cinq, sert de tuiles pour couvrir les toits, de tapis pour s'asseoir, de vaisseaux pour porter de l'eau : on l’emploie encore dans le pays à différens autres usages économiques. 55. Artemisia abrotanum. L’aurone. Les anciens prétendoient que l’aurone étoit propre. à garantir les habits de laine contre les teignes. Les essais de Réaumur ont prouvé le contraire. Il n’y a que l'huile de théré- bentine qui ait cette vertu. 56. Arum maculatum. Le pied-de-veau commun. On emploie la racine d’arum pour les usages économiques. Olivier de Servès rapporte B 4 _ 34 MANUEL ÉCONOMIQUE qu'en plusieurs endroits de Normandie, on fait de bel amidon avec cette racine pour empeser le linge. Après l’avoir ratissé , l’a- voir pilé et fait bouillir, on passe par un linge la décoction, qui acquiert ensuite de la consistance sur le feu. On en fait pro- vision en été; on gratte le dessus des pains, et on les enfile pour les sécher et les garder. Tournefort à vu aussi dans tout le bas Poitou, les femmes de la campagne couper en morceaux la tige d’arum encore en fleurs, la mettre macérer pendant trois semaines dans de l’eau, qu’elles changent tous les jours, et faire sécher le marc, réduit en . forme de pâte, pour blanchir le linge. On a renouvelé les usages économiques de l’arum plusieurs fois depuis 1714; d’où lui est venu le nom de racine amidonière: On feroit fort bien de se servir de cette racine préférablement au froment , qu’on auroit par ce moyen l’avantage d’épargner. Voici, suivant Jacquez, la manière d’ex- traire l’amidon des racines de cette plante. Pour avoir un amidon bien pur de la racine d’arum, il faut couper avec un couteau les filamens qui peuvent tenir à chaque racine, avoir un vaisseau proportionné à la quan- tité des racines, le percer au niveau de son DES PLANTES. 25 Fond avec un très-gros perçoir, boucher le trou par dehors, et mettre les racines et de l’eau dans le vaisseau , puis avec un bon balai d’osier, de canne ou de quelque autre matière forte, les y remuer jusqu’à ce que l'eau soit bien trouble; ouvrir pour-lors le trou pour laisser écouler l’eau mêlée de terre, de fibres, et d’autres parties de la peau qui couvre les racines ; ensuite reboucher, mettre de nouvelle eau, et continuer le même pro- cédé jusqu’à ce que l’eau ne se salisse plus. Au reste, cette première opération n’est né- cessaire que pour les racines cueillies avant la parfaite maturité, c’est-à-dire, avant le mois d'août. Etant ainsi nettoyées d’une par- tie de ce qui en terniroit l’amidon, on les met de nouveau tremper dans un petit vais- seau avec de l’eau claire ; qu’on fait écouler au bout de vingt-quatre heures, remuant bien les racines avec un bâton pendant que l’eau s'écoule. On réitérera ce procédé tous les vingt-quatre heures pendant six jours , quand il fait chaud , sinon pendant huit, dix et même douze jours, afin d’enlever toute l’âcreté. Les premières eaux ont une odeur forte, âcre et pénétrante ; ensuite on m'a qu’une odeur d’une excellente farine de froment , et les dernières eaux ne sentent “ 26 MANUEL ÉCONOMIQUE rien. Quand on est parvenu à ce point, on écrase les racines dans un mortier à huile où dans un pétrin , en y roulant une boule de fer, ou de quelqu’autre corps pesant. On peut se servir de quelque expédient que ce soit, pourvu qu’on les écrase bien et avec propreté; à mesure qu’on les écrase, on y verse de l’eau, qui, devenue laiteuse, doit passer par un tamis de crin, pour tomber dans un vaisseau très-propre : on remet de nouvelle eau, et on continue à écraser et à passer, jusqu’à ce que l’eau demeure claire. Toutes les eaux doivent être laissées tran- quilles pendant douze heures, tems suffi- sant pour qu’elles déposent leur amidon, qui est formé et adhérent au fond du vais- , seau , mais couvert d’une espèce de croûte molle , mobile et grisâtre ; pour l’en séparer, il suffit d'y verser l’eau, remuer le vaisseau, et verser dans un autre l’eau qui sera chargée de ce limon dissout; il reste encore un peu de limon jaunâtre , mêlé avec l’amidon, qui peut nuire à la blancheur de cette substance. Jacquez, ee nous a donné ce procédé , au- roit échoué à cet égard, s’il n’eût enfin re- connu qu’en délayant tout l’amidon avec le Himon jaunâtre dans de l’eau claire , La ver- sant dans ‘un vaisseau plus haut que large Des LA NT ES. 27 et percé vers la moitié de sa hauteur, l'y laissant reposer précisément un quart-d’heure, faisant ensuite couler par ce trou la même eau dans un vaisseau propre qui ait un trou plus bas, tandis que l’eau du premier tombe dans le second , et faisant ainsi jusqu’à ce que plusieurs vaisseaux successifs soient remplis; l’amidon reste pur au fond de ces vaisseaux, et le limon jaunâtre dans celui qui étoit à la tête. Pour-lors l’amidon a une saveur déli- cate, fondante, pâteuse, et n’a plus besoin que d’être mis dans un endroit où il puisse sécher. di Cet auteur prétend qu’on pourroit s’en servir dans les offices au lieu de farine ; quant au limon jaunâtre, il faut le mêler avec le gris, et lorsqu'ils seront reposés, les faïre sécher. Ils blanchissent au soleil : on en fait de bonne colle pour les cordonniers et autres ouvriers. ANRT Jacquez observe que, pour réussir dansl’en- treprise de cet amidon, il faut employer les racines fraîchement tirées de terre, d’autant qu’elles rendent pour-lors une fois autant que lorsqu'elles sont sèches; au surplus, quand on n’en peut avoir que de sèches, il faut, au sortir des terres, les étendre sur des claies ou des planches, sans les mouiller, 28 MANUEL ÉCONOMIQUE | ni les laisser frapper du soleil, et lorsque la terre qui les environne sera sèche, on les criblera comme on crible le blé, jusqu'à que la farine soit détachée; après quoi on les mettra en monceaux pour les garder em lieu sec aussi lons-tems que lon voudra. Elles rendront seuls autant d’amidon qu’en rend le froment. On peut encore les sécher dans des fours ou étuves ; il y a de lé- conomie à avoir des vaisseaux de grosse terre au lieu de bois, et comme ce procédé ne demande par qu’on les déplace , on les élève de terre à une hauteur commode pour l'écoulement des eaux. k, 57. Arundo bambos. Le roseau ‘bambou. Le bambou est d’un usage infini dans nos colonies : on en fait des pieux pour entourer les champs, et les haies qu’on en fait de- viennent souvent vivantes et prennent racines. On en fait aussi des chevrons, des sabliers et des faitages pour les cages des nègres; en le refendant, on en retire de la latte, du cercle et du clissage pour les cases; en un mot, on peut dire que cette production est une des plus utiles’ qui ait été transportée de la Chine et de l’Afrique dans nos îles. Le bois du bambou, quoique très-facile à fendre, est très- difficile à couper : il est | DAS AIN DES / !" . 40 fort dur et ferme. Les Indiens en font des ba- teaux, des pilotis pour soutenir de petites maisons faites du même bois, et qu’on bâtit sur les eaux; toutes sortes de meubles et d’ustensiles pour l’usage de leurs cuisines et de leurs tables ; les bâtons sur lesquels les esclaves portent cette espèce de litière qu’on appelle palanguins ou palanquins; ils coupent ce bois en fils déliés, et en font des nattes, des ouvrages de vanerie, des boîtes et divers ouvrages assez propres. Ce bois est si dur, que lorsque les Indiens veulent fumer du tabac ou allumer leurs gargoulis, ils en frottent deux morceaux, et, sans que le bois s’enflamme ni étincèle, une feuille sèche qu’on applique dessus prend feu à l'instant : on en fait aussi des plumes à écrire. Les cannes en voit en Europe chez les merciers, et qu’on nomme bamboches, sont les petits jets du bambou. On fait à la Chine une grande quan- tité de papier avec la pellicule, ou le Zber qui enveloppe le bois de ce roseau : la plu- part des livres : imprimés à la Chine sont de ce papier. | Le cambrouze, qui est une variété du bam- bou, se coupe de longueur pour faire des bois de hamacs, auxquels il est plus propre que tout autre bois à cause de sa légèreté. 30 MANUEL ÉCONOMIQUE Les sauvages peignent ces bois et les vernis- sent. Un autre usage qu’ils font de la tige du cambrouze, est de s’en servir en guise de cor ou porte-voix. Le son qu’ils en tirent, les annonce sur les rivières à ceux qu’ils veu- lent avertir de leur arrivée : ils s’en servent aussi pour appeler le vent ( c’est ainsi qu’ils s’expriment) ; ils sonnent de cette espèce de cor, et croient que le vent qui leur manque obéira à leur commandement pour enfler les voiles de leurs canots. Les nègres colons s’y prennent d’une autre manière ; ils les sifflent. En Chine, on met les feuilles de bambou au- tour des boîtes de thé lorsqu'on les emballe, et on les serre si près les unes des autres, qu’elles forment une espèce de natte. 58. Arundo donazx. Le roseau cultivé. Les tisserands se servent de ce roseau ; on en fait aussi des lignes pour pêcher. 59. Arundo phragmites. Le roseau des marais. | On coupe ce roseau en automne quand les feuilles commencent à tomber, et lorsque les chalumeaux prennent une couleur brune , pour en faire des haies dans les jardins po- tagers, et pour beaucoup d’autres usages : on fait encore avec ses tiges des païllassons, des abrivents, et en quelques endroits des DES BALAI ND E 8 31 allumettes. Les paysannes del Laponie tei- gnent leur linge en jaune- -vert avec la peau de ce roseau ; ses épis verds servent à faire des balais, qu’on nomme balais de silence. 60. Arundo arenaria. Le roseau des sables. La propriété de ce roseau est de retenir le sable de la mer, et d’y rendre le sol ferme ; aussi les Hollandais en sèment-ils, pour cet usage , dans les monceaux de sables de leur pays. 61. Asclepias gigantea. L’apocin gigan- tesque. | : Le bois de cette las frappé avec un M donne du feu; le lait qui en sort sert à tanner les cuirs ; il en fait tomber les poils : on fait des lits avec le duvet qui ac- compagne sa semence. 62. Asclepias syriaca. l’apocin en ovatte, l’apocin de Syrie. Le principal usage qu’on en fait, consiste dans ses aigrettes. Fes habitans dÉtronte et d'Alexandrie les emploient pour garnir leurs habits et se former des lits. En France, on a essayé d’en faire des chapeaux. Pour les castors, on a mêlé les aigrettes , ou duvets d’apocin, auxquels on a donné le nom de poils dapocin , avec une certaine quantité de poils de castor, et une plus grande de poils de 32 MANUEL ÉCONOMIQUE lièvre ; et pour les demi-castors, on a em- ployé ce duvet en quantité à-peu-près égale avéc les poils de lièvre : on a assez bien réussi. Defontanès dit avoir fait faire deux. petits chapeaux à Niort, avec le duvet d’une espèce d’apocin, qu’il fit ramasser en 1762, et qui se trouve naturellement dans les dunes situées le long de la mer, entre les sables d'Olonne et de Saint-Gilles, en bas Poitou. On opéroit pour faire ces chapeaux , comme si on les faisoit avec du poil de castor; la substance végétale et aigretée fut humectée d’eau-forte , adoucie avec de l’eau naturelle, passée au four, un peu cardée et harpée ; dans le reste de l’opération, on suivit exacte- ment toutes les méthodes usitées pour les au- tres espèces de chapeaux. Ces chapeaux eu- rent néanmoins le défaut d’avoir dans quel- ques endroits des petits nœuds ou bouchons, ce qui ne leur seroït pas arrivé si on s’étoit servi du duvet d’apocin de Syrie, qui a un pouce de hauteur, tandis que celui du Poi- tou n’a que six lignes. Ces chapeaux ne prirent pas un bien beau noir, de même que toutes les autres substances végétales. La Rou- vière a su employer plus industrieusement la ovatte soyeuse : il la filoit et en fabriquoit des velours, molletons et flanelles supérieures à celles p #90 6 9 UN TE sg; À 33 celles d'Angleterre. Nous avons fait usage de ces étoffes ;’ nous n’avons pu nous énipéehés d’en admirer la- beauté, la bonté et la lésè- reté. La flanellé d’apocin est excellente pour ks rhumatismes. Nous avons souvent été frappé d’une espèce d’étoffe qu’il fabriquoit avec cette plante, et qui imite le satin des ! Indes; il en faisoit PAUARE plusieurs pièces ) qui auroient pu servir à meubler trés-galam- ment un appartement. | r$ On tire encore de la tige de l’apocin une enpoce de filasse de le grise, semblable à-peu-près à celle du lin. pi se la PF968- rer , il faut faire rouir, sarancer et préparer cette plante comme le chanvre : la première filasse en est très-fine; on fabrique avec la seconde les toiles ; et on emploie la troisième aux gros cordages, qui sont plus forts que ceux faits avec le chanvre ordinaire. Gelor, de Dijon, a pareillement tiré de l'apocin une filasse fort longue, très-fine, et d'un. blanc luisant. 63. Asclepias vincetoxicum. Le dompt- venin. : Le duvet qui sé trouve dans ses gousses peut servir aux mêmes usages que la soie. 64. Aspalathus ebenus. L’aspalathe ébène. On s’en sert, dans la l’ébéneterie, comme du C 34 MANUEL ÉCONOMIQUE véritable ébène ; il prend fort bien le poli : on. emploie ses petites branches en guise de houssines pour aller à cheval. | 65. Asparagus officinalis. L’asperge com- mune. | En Provence, on emploie les tiges de cette plante disposées en faisceaux, pour empêcher que le vin qu’on décuve ne vienne chargé des ordures du sédiment, en le mettant au- devant du canal ou tuyau par où doit dé-. couler le vin. | 66. Asperula arvensis. L'aspérule CEE pêtre. Suivant Mazéas, les racines de cette plante, réduites en poudre, donnent le plus les. rouge. 67. Asperula Taurina. L’aspérule de Turin. Sa racine donne une couleur rouge, mais inférieure à celle de la garance. 68. Asperula tinctoria. L'aspérule des tein- turiers. | Cette plante cuite avec de très-fort vinaigre teint la laine en rouge. 69. Asperula lavigata. La croisette de Portugal. Sa racine donne une couleur rouge aussi belle et solide que la sarance. We SUPL AN NTE ss 7 02 70: Asphodelus ramosus. L'asphodèle ra- meux. | On tire de la racine de cette plante un amidon excellent. Les anciens en plantoient auprès des tombeaux, afin, disoient-ils, que les mânes des morts puissent trouver de quoi se nourrir. 71. Asplenium nidus. La scolopendre nid. Les oiseaux font leurs nids dans le centre de ses feuilles , d’où lui est venu son nom trivial. _ 72. Astragalus tragacantha. L’astragale adragant. Des peintres en miniature rendent le vélim sur lequel ïls veulent peindre aussi uni qu’une table d'ivoire, en le vernissant avec de la gomme adragant. Ils mettent pour cet effet du mucilage de cette gomme dans un nouet de linge fin, et ils en frottent le vélin. Lesteinturiers en soie et les gaziers emploient souvent cette gomme par préférence, pour donner de la consistance et un lustre parti- culier à leurs ouvrages. 73. Atropa mandragora. La mandragore. Les anciens etles nodets es racontent dore coup de choses surprenantes de la mandra- gore. Ils disent que, par sa figure humaine, elle produit des effets surprenans ; qu’elle C2 36 MANUEL ÉCONOMIQUE rend henreux celui qui la possède ; et fé- conde les femmes stériles. Sa racine repré= sente souvent, d’une manière grossière, par ses deux branches qui se plongent dans la terre , les cuisses d’un homme; mais elle ne lui ressemble point par sa partie supérieure. Cependant on vient à bout, par artifices, de rendre les racines, non-seulement de cette plante, maïs encore de beaucoup d’autres, semblobles au corps humain, à ses bras , à sa tête et à son visage. Les imposteurs im- priment sur ses racines, sur celles des roseaux, de la bryonne et de beaucoup d’autres plantes encore vertes, la figure d'homme et de femme, par le moyen de grains d’orge , d'avoine ou de millet, qu’ils plantént dans les endroits où ils Layer représenter des poils; ensuite ils remettent ces racines dans des fosses, qu'ils remplissent de sable menu, et ils les y lais- sent, jusqu’à ce que les graines poussent des racines; ils les tirent pour lors de terre, et ils divisent avec un couteau les racines que les graines ont poussées en des filamens très- menus, et les ajustent de façon qu'ils re- présentent des cheveux, de la barbe et au- tres poils du corps. On raconte encore beau- coup d’autres choses sur l’origine de cette ra- cine, sur la manière de la tirer de terre, sur MM UE L'A/N TE $. 37 les dangers auxquels elle expose. On dit que les plus excellentes racines sont celles qui sont arrosées de l'urine d’un homme qui meurt à la potence, et que c’est pour cela qu’elles sont si rares : on ajoute qu’on ne peut les tirer sans s’exposer à perdre la vie; c’est pourquoi il faut d’abord creuser la terre tout autour, ensorte qu'il n’en reste que très- peu de caché en terre ; on l’attachera ensuite à un chien, qui l’arrache et qui l’entraîne en s’enfuyant; mais il ne va pas bien loin, puis- qu’il meurt aussi-tôt que cette racine est arra- chée. Elle n’est plus dangereuse pour ceux qui la prennent ; au contraire, elle est très- utile : elle détourne tous les maléfices ou les malheurs, et elle apporté tout le bonheur qu’on peut souhaiter. On trouve de pareïls détails, pour le moins aussi superstitieux, dans les secrets du petit Albert. I] paroît que Flave Joseph est le premier auteur de ces contes de vieilles femmes , puisque, dans le livre VII, chap. V de la Guerre des Juifs, il raconte presque la même chose d’une cer- taine racine appelée baraas | qui croissoit dans la vallée qui porte ce nom, près Jé- rusalem. L’ auteur de l’histoire de Chärtés VII rapporte qu’un des chefs d'accusation de la Pucelle d'Orléans, fut qu’elle avoit habituel- C3 l 38 MANUEZ ÉCONOMIQUE lement sur elle une mandragore. Qui neriroit pas, quand on voit attribuer par des auteurs aux mandragores des vertus magiques, d’ins- pirer de l’amour, de donner de la beauté, d'opérer des transformations, de rendre brave et heureux dans les combats? Mathiole se mo- quoit déjà de son tems de pareïls contes; ila même fait voir que la prétendue figure hu- maine des racines de mandragore est une supercherie inventée pour augmenter le mer- veilleux. 74. Avena sativa. L’avoine cultivée. On empioie la balle de cette plante pour garnir des paillasses et des traversins, sur les- quels des gens de la campagne et nombre des enfans des villes dorment très-bien. Comme cette balle est douce, souple et peu suscep- tible d'humidité, on s’en sert pour garnir des caisses de choses fragiles. 75. Avena nuda. L’ayoine nue. | Il y a des pays septentrionaux où cette, avoine est cultivée par préférence à toute autre, quoique son grain soit plus petit ; c'est même en raison de sa petitesse et de l'avantage qu’elle a d’être sans balle, qu’on en fait un cas particulier : elle remplit mieux les mesures. Ayant donc plus de grains, on ne s’embarrasse point de retirer moins de DES PLANTES. 39 setiers qu’une même quantité de terre n’en rendroit en avoine d’autre espéce. On en cultive en Espagne; elle vaut mieux que les aûtres pour faire du gruau. 76. Avena fatua. L’averon. | On a imaginé de faire avec ses barbes des espèces d’hygromètre. 77. Belladona atropa. La belledame. Les peintres en miniature préparent un fort beau vert avec ses baies. . 78. Averrhoa bilimbi. Le bilimbi. On enlève toutes les taches du linge et des étoffes avec le suc de ses fruits. 79. Averrhoa carambola. La carambole. Le suc exprimé des fruits de cet arbre avant leur maturité, tombant sur les habits, enrongeles couleurs ; aussi l’emploie-t-on sou vent pour enlever les taches. _ On prépare encore avec ce suc des couleurs pour teindre le linge. Les orfévres se servent pareillement de ces fruits, avant leur matu- rité, pour nettoyer l’argenterie. Les habitans de Baley font encore usage du blimbing acide, qui est l’espèce précédente, pour nettoyer leurs traits vénéneux; après qu'ils les ont polis avec des cendres sèches, ils passent par-dessus du suc de DRMBRe cela les rend brillans ; on remarque même les veines. En- C 4 4o MANUEL ÉCONOMIQUE suite, pour | les rendre bleus, ils y ajoutent du suc, de limon acide et du mercure sublimé. Rien n’est meilleur que le suc de blimbing pour nettoyer le fer et enlever les. taches de rouille. | | 80; 7 vicenna tomentosa. L'area coton neuse. v On tire des cendres We haie de: cet ee une lessive, dont les. layeuses se seryent pour nettoyer en linge ; les peintres mêlent aussi de cette lessive avec. leurs couleurs, pour les mieux {ixer. 0) “bi. Axyris ceratoïdes. 3. Res AA On pourroit se servir des branches de. cet arbuste en guise de saule pour lier des pa- BEF 82. Ballota sticha. La ballote très- -odo- rante. | Les habitans de Ceylan, où cette ee est indigène, prétendent superstitieusement qu’on peut chasser les démons avec la fumée de cette plante. : 63. Basella rubra. La baselle rouge. On tire une très-belle couleur des baïes de cette plante; mais lorsqu'on l’emploie pour peindre, elle ne dure pas long-tems ; elle devient pie cependant on pourroit un ions parvenir à la fixer, eten effet on assure qu’on / UP ESSOR ANATE S. 41 emploie dans.les Indes le jus de ces mêmes baies pour. la téinture des toiles de coton.: 84..Batis, maritima. Le-batis maritime. ;. ‘Les habitans de Carthagène. emploient, ses es brûülées pour faire du verre. :. 1,85. AA ras scandens. La -bauhin ein pante.. ‘59 ns L Les: habitans d’ prb et de Malabar prennent, les feuilles. de cet arbrisseau, les brisent devant la bouche-des énfans qui sont tardifs. à parler, et leur souffient en même tems dans :la bouche les: mots de père; mêre ; ils croyent par-là : superstitieusement que les-enfans parlent plutôt : aussi appellent ils cét'arbrisseau la feuille dela langue. On peut se servir de sa gomme en guise-de sobre k ordinaire pour PAU de l’encre. Doc 86.-Berberis vuloaris: L'épine-vinette.. :: :Les:ébénistes emploient la: racine de, cet arbrisseau: dans les ouvrages ‘dé marqueterie: macérée dans la lessive; elle fournit une tein- ture jaune ; propre à certaines étoffes de laine, Les Polonais emploient son écorce pour la teinture de leurs cuirs, qu’elle rend d’un jaune très-agréable ; on a assez générale- ment la prévention de croire que la fleur de l'épine-vinette fait couler le froment; mais on n'en peut apporter aucune preuve. à MANUEL ÉCONOMIQUE 87: Besleria violacea. La beslère violette: Les Galibis se servent de la plante et des fruits pour teindre en violet leurs ouvrages de coton , et leurs meubles d’écorce ou de paille. 88. Betula alba. Le bouleau. - Les artisans se servent souvent du boïs de bouleau. Les charrons font avec ce bois des jantes de roue; on en fabrique aussi des sa- bots; il peut encore servir de boïs de chauf- fage , , quoiqu'il ne soit pas des ‘meilleurs ; mais son charbon ‘est très-estimé dans les forges et fonderies. Lorsque cet ‘arbre est à une certaine hauteur, on en fait des cerceaux pour des futailles, et quand il est assez gros, des .cercles pour des cuves. La brindille du bouleau sert à faire de bons balaïs. Les vanniers dépouillent les jeunes branches de cet arbre de leur écorce, pour en former des verges propres à faire des paniers. Les tanneurs usent quelquefois de son écorce : les Suédois en couvrent leurs maïsons, qui durént fort loông-tems. En plusieurs pays, les villageois et lies pêcheurs font avec cette écorce de fort bonnes ficelles ; on s’en sert aussi dans quel- ques endroits pour faire des cordes à puits, Guettard rapporte que, même avant le siècle d’Alexandre-le-grand, et postérieurement, les Gaulois se servoient de l'écorce fine du bou- DES PLANTES. 43 leau pour y graver leurs pensées; cela leur servit de papier pendant très-long-tems : on conserve encore de cet ancien papier dans les cabinets des curieux. Les habitans du nord tordent l'écorce du bouleau pour en faire des torches qui éclairent pendant la nuit : on ré- duit aussi cette écorce en cendre, et cette cendre est propre pour vernir les vases de terré cuite. En Sibérie, on enlève ordinaire- ment /e liber du bouleau, pour en faire des espèces de bouteilles ; on en couvre aussi lés maisons, et ces toits durent fort long-tems, Les feuilles de cet arbre donnent une teinture jaune , dont Linder nous a laissé la prépara- tion : cette couleur est très-bonne pour la peinture. 89. Betula lenta. Le bouleau tardif. Son écorce sert au Canada à faire de grands canots ,. qui durent long-tems : il peut quel- quefois y tenir huit personnes. Pour cet effet, dans le tems de la sève, on cerne l’arbre jus- qu’au vif, d’abord au bas du tronc, ensuite au hautde latige; on fend l’écorce perpendiculai- rement d’un cerne à l’autre , onla serre avecdes coins de bois que l’on fr entrer tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, jusqu'à ce qu elle soit bérnènt détachée ; après quoi l’on joint les deux coins de chaque bout, pour faire les 44 MANU EL ÉCONOMIQUE pinces, que l’on coud; on les enduit de ma- tières #luantes ; on coud et on enduit ‘de même les courbes, et on bouche: bien les trous. Au fond du canot est une planché dé fortes écorces , qui empêche qu’il ne se crève Jorsqu” on le charge. Il y a un petit mât avec une voile. proportionnée pour aller dans les lacs ; mais dans les rivières on rame à la pa: gaie, en sé tenant à genoux et bien enéquii libre: quand on met pied à terre, on dé- chaïge tout, et on l’arrange, de sorte que le canot, renvérsé et porté sur quatre : petites fouiches, puisse y servir de couverture. Dans le Canada, on fait d’excellent ama: Fa et des balles à jouer avec un excroissance fongeuse du bouleau. ERId 90. Betula nana. Le bouleau naïin.- . Les Lapons ont continuellement de ce bois . allumé dans leurs cabanes , pour en chasser, par sa fumée, les insectes qui ne cessent de les tourmenter , même très-vivement, pendant qu’ils dorment : ce bois est pour eux un excellent bois de chauffage. Ils arrachent l'arbre tout entier, pour brûler conjointement avec ses racines; c’est du suc de ce bois dont il se servent pour chauffer le lait de leurs rênes, afin de le coaguler , et d’en préparer ensuite leurs différens mets : ils font encore \ D ES BRITOANIT E ss. 45 usage des jeunes rameaux du bouleau nain 4 pour leur faire l office de matelas. Comme ils n’ont point de lits, ils étendent ces rameaux sur des peevx de rènes, et même en grande quantité, et ils se couchent dessus. C’est aux femmes Lapones qu appartient le soin de préparer ces lits. Ils font aussi avec ces jeunes rameaux des balais, dont ils se servent pour nettoyer leurs tables, bancs et autres usten- siles où vaisseaux ; ils les dépouillent sou- vent de leurs écorces , et ils les emploient pour lors à faire des vergettes pour ôter la poussière de leurs vêtemens. Rien n’est plus commun que de leur voir nettoyer leurs vases à lait avec ces rameaux dépouillés , sur-tout orsqu'une partie du lait coagulé y est restée. _ Les feuilles du bouleau naïn ont le goût et Vodeur de notre bouleau. On l’emploie dans le nord pour teindre en jaune : nous pour- rions aussi nous en servir pour le même usage. Le bois de cet arbre est encore très-dur. Sa grosse écorce sert dans les pays septentrionaux à tanner les pers et si on la fait bouillir, elle devient très-propre à teindre en rouge 1 filets des pêcheurs. 93. Betula alnus. L’aune. Cet arbre est du plus grand débit. Il est re- cherché par les boulangers , lés pâtissiers, 46 MANUEL ÉCONOMIQUE _les verriers, pour chauffer leurs fours : on en brûle dans les villes et les campagnes. Le boïs d’aune équivaut à celui du chêne pour les pilotis ; les ponts de Londres et Rialto à Venise , ne sont bâtis que sur l’aune. On peut employer ce bois pour soutenir le poids des bâtimens les plus considérables : il dure na- turellement sous les eaux et dans les endroits aqueux , quoiqu'il se pourrisse facilement quand il est à l’air. On a vu, dit Bauhin, des pilotis d’aune même ,se pétrifier. On fait usage du bois d’aune, par préférence à tout autre , pour les machines hydrauliques , prin- cipalement pour les tuyaux des fontaines. On ne trouve point de meilleures fascines pour mettre dans les fondrières , afin d’en écouler les eaux, que des branches d’aune. En plan- tant des aunes autour des îles, on les met à l’abri des courans d’eau, sur-tout quand les îles se trouvent à l'embouchure d’un fleuve ; mais tous ces avantages, quoique bien grands, ne sont pas les seuls qu’on peut retirer de l’aune. Une aunaie fournira, tous les quatre ans , du bois en coupe propre à faire des échalas, des perches, des manches d'outils, des échelles. Le même bois de cet arbre sert pour faire des échafaudages, des poulaillers , étables et autres bâtimens légers. Comme DES)\PLANTES. 47 ce bois est doux, bien lisse , facile à manier, sans être Cassant, il est recherché, pour cette raison, par les sculpteurs et les tourneurs; il oh d aussi une belle couleur noire, Ce qui fait encore que les ébénistes le substituent au bois d’ébène. La plupart des chaises communes ne se font qu’avec ce boisa L’aune mérite encore une place des plus dis- tinguées porn les arbres d’usage. Il sert de chaussure à plus de la moitié des hommes : c’est le meilleur de tous les bois pour faire des sabots. Quand ils sont faits, on les enfume pour les sécher, durcir, garantir des piqüres d'insectes et ee fentes ; on emploie pa- reillement l’aune pour les talons de souliers. L'’écorce de cet arbre et le vieux fer rouillé, macérés ensemble pendant quelques jours, donnent une couleur dont se servent les teinturiers, les ghapehers et les tanneurs peur teindre en noir. Cette écorce fait le même effet que la noix de Galles : on pourroit par conséquent l’employer à sa place pour faire de l’encre. Linné dit qu’en Suède les pêcheurs s’en servent pour colorier leurs filets : on . teint très-bien en noir avec cette écorce, la corne, les os, pour faire des ouvrages de coutellerie. Le charbon d’aune entre dans la composition de la poudre à canon; autre 46 MANUEL ÉCONOMIQUE avantage réel de cet arbre. On ne peut donc assez multiplier un arbre aussi utile, et qui rend des profits aussi considérables ; ‘on le coupe tous les quatre ans : il ne demande aucune sujétion ni culture, ni même clôture, puisque les animaux domestiques haïssent l'odeur de ses feuilles; d’ailleurs, il réussit dans les endroïts où aucun autre arbre ne peut croître. 02. Bidens tripartita. L° eupatoire aquati- que? Il donne une teinture jaune qui n’est pas désagréable. 03. Bignonia Kkerere. La bignone kérérée. Les sarmens de cet arbrisseau sont em- ployés pour faire des liens, qui tiennent lieu de cordes; les nègres en fabriquent des paniers. 04. Bignonia incarnata. La bisnone in- carnate. Les sarmens de cette pate tiennent lieu aux Galibis de cordes; les nègres en fabri- quent de grands chapeaux, qui les saran- tissent de la pluie et de l’ardeur du soleil. 95. Bignonia pentaphy la. La bignone à cinq FR On fait des planches avec le boïs de cet arbre ; on les emploie pour la construction des DIBMANE AN VE SC ‘4 des navires. Les vers, qui percent ordinaire- ment le bois des vaisseaux, ne nuisent point à celui-ci. | : 97: Bignonia leucoxylon. Le bois d’ébène vert de la Cayenne. . On emploie le bois de cet arbre pour la charpente ; ses fleurs annoncent la pluie. 06. Bixa orellana. L’urucu, le rocoulier. Les sauvages de l'Amérique cultivent avec grand soin le rocoulier , à cause de l’utilité qu’ils en retirent. Quelque bon marché que se vende le rocou, les cultivateurs y trouvent toujours leur compte, parce qu’ils n’ont pres- qu'aucune dépense à faire pour cette drogue. Les arbres en sont plantés dans les savanes où ils ne causent point de préjudice à l’ha- bitant ni au bétail. Les enfans de six à sept ans peuvent en recucillir la graine, et en font autant que les grandes personnes. Le bois dé rocou est dur et bon à brûler; les ha- bitans font des cordages et de la toile ayec son éCOrCe.. ; La pâte de rocou donne une couleur oran- gée presque semblable à celle du fustet, et aussi peu solide; c’est une des couleurs qu’on emploie dans le petit teint. On fait dissoudre le rocou pulvérisé, où on a mis auparavant un poids égal de cendres gravelées, et on y D. Bo MANUEL ÉCONOMIQUE passe ensuite l’étoffe ; mais quoique ces cen: dres contiennent un tartre vitriolé tout formé, les parties colorantes du rocou ne sont pas apparemment propres à s’y unir, et la cou- leur n’en est pas assurée : on tenteroit même inutilement de lui donner de la solidité , en préparant l’étoffe par le bouillon de tartre et l’alun ; cependant le rocou est mis au nombre des drogues colorantes qui servent aux tein- turiers et aux peintres en- cire. Suivant quel- ques relations, les masses ou pâtes que l’on fait avec la graine pilée seule , dissoute simplement dans l’urine, donnent aux étoffes une couleur rouge aussi vive et aussi durable que nos meilleures teintures ; ce qui ne pà- roît pas s’accorder avec ce que nous venons de dire, et ce qui est contraire à l’expérience. Les Caraïbes se servent de rocou pour colo- rer leur vaisselle de terre. La fabrique du ro- cou a l’incommodité de tacher le linge, pour peu qu’on s’en approche , d'autant que cette matière saute beaucoup dans la chaudière ; il suffit uniquement de mettre dans une les- sive à part le linge qui en est taché, 09. Bocoa provacensis. Le bois boco. On présume que le cœur de ce bois seroit très-propre pour la MS 4 des poulies des | vaisseaux. DES PLANTES. # 100. Boletus suberosus. Lie polypore en forme de liége. | On s’en sert en guise de liége. 101. Boletus fomentarius. L'’amadouwvier. On emploie cette substance pour faire de l’'amadou ; on la fait cuire, pour cet effet, dans de l’eau commune, après quoi on la sèche et on la bat bien ; on la jette ensuite dans une forte lessive préparée avec du sal- pêtre, d’où on la retire pour la sécher au four : cette mêche prend feu très-aisément ; on la rend excellente en la frottant de poudre à canon bien écrasée ; on se contente quél- quefois d’ôter les enveloppes dures de cette excroissance , de les bien battre, de les trein- per dans de l’eau chargée de poussière de poudre à canon, et de les faire sécher. 102. Boletus igniamus. L’agaric de chêne. - La forme anvéable de cet agaric a engagé aiblanè curieux à en faire des consoles pour soutenir dés bocaux ; la partie spoñgieuse qui occupe son milieu prend feu très-aisément , et ñe s’étéint que quand elle est consumée. Les habitans des forêts s’en servent pour con- server le feu dans leurs maisons : cette ma- tière , macérée dans une lessive ordinaire, puis battue et séchée, est l’amadou blanc, qui devient noir en y ajoutant de la poudre | D 2 55 MANUEL ÉCONOMIQUE à canon : la partie Supérieures qui est pres- que ligneuse , coupée par petits morceaux, tient lieu, en plusieurs endroits , de mêches pour mettre le feu à la poudre. Quelques ouvriers emploient cet agaric, au lieu de noix-de-galles, pour la teinture noire. 102. Ds eut L’agaric à-odeur. Ce champignon , placé entre les habits, en éloigne les insectes. 103. Bombaxz Pentandrum. Le fromager pentandrique. On ramasse le duvet qui se trouve dans les fruits , pour en faire des petits lits et des oreillers. 104. Bombax ceiba. Le fromager céiba. Le bois de cet arbre, quoique léger et mou, sert au Sénégal et en Amérique; on choisit les plus beaux troncs de ces arbres, qui croissent sur la côte d'Afrique, depuis le Sénégal jusqu’à Congo , pour en faire des pirogues ou des canots d’une grandeur dé- mesurée , et capables de porter voile sur mer. Ces pirogues ont, pour l'ordinaire, onze à douze pieds de largeur, sur cinquante à soixante pieds de long , du port de vingt- cinq tonneaux de deux milliers ; qui font cinquante mille pesant : elles prennent com: : munément deux cents hommes. DES PLANTES. 53 En Amérique, on emploie ce mème bois en bouchons, en soutiens de filets à pêcher, et autres ouvrages fort légers , auxquels le liése sert en Europe. Le duvet ou coton qui se trouve dans sa capsule peut être substitué aux poils de castor et de loutre dans la fa- brique des chapeaux fins. Les gens peu opu- lens en garnissent des oreillers et même des lits, au lieu de plumes, et les avis sont par- _tagés sur les effets que cet usage peut avoir relativement à la santé. Lebat insinue que ce coton est plus sain que la plume, du moins a-t-on l’avantage de se dispenser de le re- muer, quand on s’en est servi; il suffit de l’exposer un moment au soleil pour le voir se relever de lui-même, et remplir toute la toile qui le contient. On peut filer le coton du céiba. Lebat dit en avoir vu des bas par- faitement beaux. La Rouvière nous a dit avoir fait aussi filer ce duvet , et que le fil en étoit très-fin. Depuis long-tems les Afri- cains font, avec le fil du céiba, le taffetas végétal si estimé et si rare en Europe. 105. Bombax heptaphyllum. Le fromager à sept feuilles. On fait des lits et des oreillers avec le duvet de cette espèce ; le bois de l’arbre sert encore pour faire des canots. D 3 5A MANUEL ÉCONOMIQUE 106. Borassus flabelli fer. Le rondier en éventail. 2e Les osselets qui ont passé a dut la fosse , et qui ont donné des racines, dont les habitans de Macassar se nourrissent, pullu- lent ensuite, et deviennent de petits arbres ; les coques desnoyaux fournissent, à l'usage des forgerons, un excellent charbon, qui donne une grande chaleur, mais qui s'éteint bien vite, et ne dure que fort peu de tems.Le bois de cet arbre est strié, noir comme de la corne; et maculé de petites veines jaunes, sans quoi il seroit semblable au bois d’ébène, tant par couleur que par le poids. Le bois du mâle est plus noir et plus dur que celui de la femelle, et conséquemment il est plus employé pour de certains usages ; les Cinghalensiens font avec l’un et l’autre de petites corbeilles qui, étant polies, sont d’une très-belle couleur ; ils em font aussi des solives pour couvrir leurs maï- sons et les croisées de vîtres ; on en fait aussi des manches d’outils. Les habitans de Java, de Macassar et de Malaca, font avec les feuilles blanchâtres de cet arbre, du papier pour écrire ; ils y tracent leurs lettfes avec un style ; ils plient les feuilles le long de leurs plis naturels; ils les attachent et les lient en- semble avec un fil : anciennement ces feuilles À DES PLANTES. 55 étoient beaucoup plus en usage ; mais depuis que le papier a été introduit dans tous les pays, on ne s’en sert plus qu’à Malabar et dans les pays voisins. À Macassar , les feuilles de cet arbre sont si estimées, que personne du commun n’oseroit porter des parasols avec ces feuilles ; il n’y a que les trois grands sei- gneurs du pays qui ont cette liberté; ceux-ci font donc leurs parasols avec les feuilles in- _térieures de cet arbre, dont tous les rayons sont tissus et luisans, et ils les environnent d’un bord de bois d’ébène; ce parasol est toujours étendu , et quand ils veulent le porter, ils le posent sur un {bâton dont le manche est garni en or : il n’est pas permis à ceux de leurs gens de porter ce parasol par derrière ; il n’y a que les nobles qui ont ce _ droit. Leurs voisins en font aussi des para- sols; mais ils sont faits de façon à pouvoir se plier. Le commun emploie ces feuilles pour en faire des corbeïlles et des capsules propres à conserver leurs mangeailles : ils en prépa- rent même des sacs pour y mettre leur riz. On fait aussi avec ces mêmes feuilles des cha- peaux qui n’ont qu’un très-petit bord, qu’on porte dans le pays pendant le jour pour se garantir de la pluie : ces chapeaux sont si bien tissus , que la pluie n’y peut pénétrer. - (So DA 56 MANUEL ÉCONOMIQUE + 107. Brassica campestris. Le colsa. … L'huile qu’on extrait de sa graine est excel lente pour éclairer pendant l’hiver; les tiges et les pailles peuvent servir pour brûler au four ; les cendres qui en proviennent servent à engraisser la terre : d’ailleurs, rien ne pré- pare mieux une terre pour y semer du fro- ment, de l’orge et de l’avoine, que d’y semer auparavant du colsa. 108. Brassica napus. La navette. L'huile de navette est excellente pour brûler et éclairer pendant les nuits de l’hiver : on s’en sert aussi pour la préparation. des laines communes. 109. Brassica rapa. La rave. On assure que les couteaux et épées trem- pés trois ou quatre fois, lorsqu’on les forge, dans le jus de raves mêlé avec une égale quantité de l’eau ou suc exprimé des vers de terre écrasés, ont un tranchant dur et ferme , et qu’ils coupent le fer aussi facile- ment que le plomb. On dit aussi que les puces s’éloisnent d’un charbon que l’on a arrosé avec la décoction des graines de raves. 110. Brassica oleracea. Le chou propre- ment dit le chou des cuisines. ' On dit que son odeur ait fuir les puces. Les trognons du chou entrent dans la distilla- — Shi Sa ir ESC DES PLANTES. 57 tion d’une eau dont on se sert quelquefois pour durcir l'acier ; mais qui, peut-être, n’y contribue pas plus que de l’eau commune. 111. Bromelia ananas. L’ananas. En Asie , on prend les plus longues feuilles de l'ananas pilé , et après les avoir fait sécher avec soin, on les tient en macération dans Veau, comme on fait pour le chanvre en Eu- rope, et on en sépare les filamens, qui, suivant leur grosseur, servent à faire des étoffes ou des tissus plus ou moins forts. 112. Bromelia pinguin. Le pinguin. Les habitans de la Jamaïque forment avec les jets et les tiges de cette plante , des haies pour défendre leurs prés, leurs champs et leurs jardins. Ni chameau, ni bœuf, ni cheval, ne peuvent les sauter. On pourroit même s’en servir pour former des espèces de forteresses : on tire de ses feuilles une subs- tance filamenteuse | qui peut remplacer le chanvre ; les charretiers en font des cordes et des fouets : dans la nouvelle Espagne , on en fait des hamacs. 113. Bromus secalinus. La “ee propre- ment dite. Cette plante donne une teinture verte; elle sert à chauffer le four comme l’yvraie. 114. Bubon galbanum. Le galbanum. 58 MANUEL ÉCONOMTIGUE Le galbanum entroit dans la composition des parfums qui devoient être brûlés sur l’autel d’or. Le Seigneur dit à Moïse : « Pre- » nez des parfums ie stacté, de l’onyx, de » galbanum odoriférant, et de l’encens le plus » pur au même poids, vous ferez un par- > fum composé javec soin du mélange de » toutes ces choses. » Exorde, chap. XXX ; Ni54 , 84: | « 315. Bursera gummifera. Lé gommier: Les habitans des îles de l'Amérique em-= ploient.les rameaux de ce sommier pour faire leurs lessives. | 116. Buxus semper virens. Le buis. Les sculpteurs recherchent le buis, ainsi que. les graveurs en boïs ; les luthiers en font les flàtes allemandes, les flûtes à bec, les flageolets, les anses de musettes. Les cordon- niers ont un instrument de buis qui leur sert: à lisser les semelles et les talons, etils le nomment bouis. Les tablettiers font une grande, consommation de ce boïs pour les peignes , et pour plusieurs autres ouvrages : les tonneliers en font des canulies nommées chante-pleurs à la campagne ; etc: ; ils em- ploient sur-tout le boïs dela racine qui est bien veiné : ils en font des tabatières. La sciure de buis est en usage pour jeter sur lécriture <= sé DES PLANTES. 59 fraîche et l'empêcher de maculer : les maîtres d'écriture la préfèrent aux poudres minérales et brillantes : les dessinateurs s’en servent pour effacer les taches de la mine de plomb de dessus le papier. On peut planter du buis dans les remises; il formera une retraite com- mode pour le gibier, sur-tout pendant Phiver, La variété du buis de la grande espèce a été fort en usage pour des palissades ; maisson ne s’en sert . actuellement. 117. Byssus antiquitatis. Le ur des vieux murs. IL sent la dattes. sur-tout pendant les temps de pluie : il teint les mains en couleur de safran : on pourroit peut-être bien en tirer une matière propre à la teinture. : af . 118. Cactus tuna. La grande raquette. On. se sert dans l’île de Saint-Eustache de cette plante en guise de palissades pour dé- fendre les ils: ; elle forme un rempart in- pénétrable. ; 119. Cactus cochenilli + Le nopal. Les Indiens plantent et cultivent autour de leurs maisons cette plante, sur:laquelle ils espèrent faire plusieurs récoltes de cochenilles pendant l’année. Quelques Américains em- ploient encore à cette culture des terres in- cultes , inutiles, maigres ou épuisées. Le: 60 MANUEL ÉCONOMIQUE nopal y croît jusqu’à la hauteur de huit pieds, pourvu qu’on en nettoye les mauvaises her- bes : ils jouissent par-là de l’avantage de nour- rir une quantité de cochenilles. On dit que les teinturiers Indiens se servent encore du suc du fruit pour teindre en rouge, outre le beau rouge qu'ils tirent de la cochenille. 120. Caesalpinia sappan. Le campêche sap- pan. On fait à Saint-Domingue avec cet arbre des haïes-vives qui croissent en peu de tems, et font un plus bel effet.que celles de citron- nier, pourvu qu’on ait soin de les tailler cinq ou six. fois par an; car lorsqu'on cesse de couper ses branches, elles s'élèvent en peu de tems à une hauteur considérable , produi- sent quantité de graines qui donnent naissance à une infinité de jeunes plants couverts d’é- pines, qu’on a bien de la peine de détruire. On emploie le bois de cet arbre pour faire de jolis meubles : on en tire aussi une tein- ture : quoiqu'il soit rouge, si on le fait cuire dans l’eau, il donne ure teinture noire comme de l’encre ; maïs cette dernière devient rouge si on y délaie de l’alun. Il teint les linges en un beau rouge, qui s’obscurcit par la chaux. Si on frotte avec cette même chaux le bois blanc des rejets, il rougit aussi-tôt, et lors- ‘D ESP LAN TES. * C qu’il est plus mou, il jaunit. À Sedan, on emploie la simple décoction de ce bois pour adoucir et velouter la draperie ; cette décoc- tion sert aussi de fond aux teinturiers pour les couleurs violettes et le gris. À Amboine, on emploie le bois de campêche, à cause de sa dureté, en guise de clous et de chevilles pour la construction des vaisseaux. 121. Caesalpinia brasiliensis. Le brésillet. Cet arbre nous fournit le bois du Brésil, dont on se sert pour lesteintures rouges, mais qui fournit une couleur fausse. On ne peut l’employer sans l’alun et le tartre. Ce bois prend bien le poli; il est très-propre pour les ouvrages de tour : on l’emploie beaucoup en marqueterie : il est très-pesant, fort sec, et pétillé beaucoup dans le feu, où il ne fait _ presque point de fumée , à cause de sa grande sécheresse : pour l’avoir beau, il faut qu’il soit en büches lourdes, compact, bien sain, c’est-à-dire , sans aubier ni pourriture ; qu’a- prés avoir été éclaté, de pâle qu’il est, il de- vienne ete > et qu ‘étant mâché, il ait un goût sucré. 122. Calamus rotang. Le rotin. On emploie dans l’Inde les roseaux du rotin pour lier tout ce qui est nécessaire, d'autant qu’il est flexible; aussi en fait-on \ 62 MANUEL ÉCONOMIQUE des cordes, des cordages, des paniérs. Ces sortes d'ouvrages résistent très-long-tems dans Veau salée, et même plus qu'aucune autré substance ; c’est aussi de ces roséaux dont on tire les cannes badines qu’on emploie pour battre les habits, ou pour faire des brosses colorées en rouge et propres à net- toyer les dents : ces mêmes roseaux se fen+ dent aussi par petites lanières pour faire des meubles, notamment des singes et dossiers de fauteuils. La mode des cannes a été quelque tems fort rép ‘andue en Europe, sur- tout en France ; mais actuellement elle est passée. Comme ces lanières perdent en vieil- lissant leur couleur naturelle, on les renou: velle par le moyen de la vapeur du soufre enflammé. Il se trouve aussi parmi les rotangs des roseaux à canne d’une consistance li- gneuse fort légère, très-flexibles et très-po- reux ; ils ont assez de solidité pour servir de bâton, lorsqu’en marchant on 4 besoin dé s'appuyer : : il se trouve des jets de cé jonc qu’on.estime jusqu’à 5o ou 60 louis d’ or: on est dans l’usage de les vernir. 123. Calenda officinalis. Le soûci com- muni. | Les fleurs du souci tiénnent lieu Fr n mètre aux paysans : elles s’ouvrent parle beau D 8 PILOA NT ESS :7 63 tems et se ferment par le mauvais. On tire des pétales de ces mêmes fleurs une teinture et une encre jaunes. | 124. Calophyllum inophyllum. Le baume verd à feuilles ovales. ‘On emploie dans les Indes pour brüler dans les lampes, l’huile exprimée pi vs du fruit de cet arbre. 125. Calophy llum calaba. Le baie ét calaba. On se sert Dureilit pour dés , de l'huile qu’on tire des noyaux de ses fruits : on peut aussi employer les rameaux que cet arbre répand pour faire des haies. 126. Caltha palustris. Le souci des marais. La fleur donne au beurre une couleur jaune. 127. Cambogia gutita. Lie coddam pulli. On tire de cet arbre la gomme gutte, qui donne un fort beau jaune facile à employer, _et dont on se sert pour la miniature et les lavis : elle teint la salive et l’eau en jaune. 128. Campanula rotundi FR La nc nule à feuilles rondes. On prépare ‘avec les fleurs de cette plante une couleur verte. 120, Canarium commune. Le canari com- mun. ji | 64 MANUEL ÉCONOMIQUE. Les arbres de canari, quand ils vieillissent, donnent une résine blanche et tenace : plus ils sont vieux, moins il sont cultivés | , plus ils en donnent. Cette résine, lorsqu'elle est récente, «une odeur si forte, qu’elle fait mal à la tête, et qu’elle infecte même üne chambre ; on ne l’emploie à Amboine que comme flambeau : on l’enveloppe pour cet effet dans des feuilles sèches. Quand les arbres donnent abondamment de ceite résine, ils ne portent plus de fruits; aussi les détruit- on bien vîte dans le pays. On emploie le bois de canari pour faire des grands tonneaux , des tasses, des rames et des cuillères. Le vieux bois est très-bon à brûler : on s’en sert pour les fourneaux à chaux. Cet arbre, quoi- qu’il ait une écorce glabre et nette, ne laisse pas néanmoins de nourrir sur ses branches dif- férentes plantes parasites. Les oiseaux, entre autres les cacopits, en venant passer la nuit sur les branches de cet arbre , y déposent, avec leur fiente , des semences d’une plante qui res- semble à du gui, et qu’on nomme pour cette raison g2 de cacopit. L'arbre canari en pa- roît tout vert, dans le tems même qu'il se dé- pouille de ses feuilles. Il croît encore sur les branches de cet arbre d’autres plantes , telles que différentes espèces d’angrec, de fougères, | de p ES PLANTES, . 65 de polypode des Indes, de varinga. Cette dernière plante est celle qui fait le plus de mal au canari : les coques dures du fruit de cet arbre fournissent des charbens. qui con- servent le feu pendant long-tems, et dont les _orfévres font usage : on s’en sert aussi pour chauffer de l’eau. 130. Canna indica. Le balisier. On étend sur ses feuilles le cacao lorsqu’on le fait sécher. Ces mêmes feuilles servent quelquefois. à envelopper la gomme elemi, et à faire des cabas. Les sauvages s’en servent en: guise de serviettes ; on en fait usage à Cayenne pour couvrir les cases , en les fen- dant par le milieu le long de la côte, et les sean ensuite successivement sur je toits qu’on veut couvrir; on les coud de pied enr pied , pour qu’elles ne soient pas endomma- gées par le vent; d’autres les attachent côte à côte : de cette dernière manière, les cou- vertures durent le double de tems. La graine de balisier teirit en beau pourpre ; il seroit à desirer qu’on pût fixer cette couleur et la rendre durable, Dans quelques contrées on se sert de ces mêmes sraines en place de plomb | pour tuer les animaux ; les Arabes font des chapelets même fort ne avec ces-grains : ils les percent pour cet effet ayec un fil de laiton. E 66 MANUEL ÉCONOMIQUE Certaines femmelettes croient supersticieu- sement que le balisier diminue et enlève même toutes les vertus des plantes qui sont dans son voisinage : c’est la raison pour laquelle elles ne veulent pas qu’on en plante dans les jar- dins d'herbes médicinales: 131. Cannabis sativa. Chanvre cultivé. On prétend que la décoction de chanvre verd avec sa graine , dont on aura exprimé le marc, fait sortir les vers de la terre sur la- quelle on l’aura versée. Les pêcheurs se ser- vent ordinairement de cet expédient pour en prendre quand ils en ont besoin. Lorsqu'on veut purger un terrain de toutes sortes de mauvaises herbes, il n’y a qu’à y semer du chanvre. L’huile qu’on exprime de sa graine est bonne à brüler dans les He on DCE ploie dans les peintures grossières, et à la composition du savon noir. Le chanvre roui et préparé comme cela se pratique , devient de la filasse, et c’est là son principal usage. Celle que l’on retire du chan- vre femelle est recherchée, comme plus forte, pour les ficelles, cordes, cordages, câbles, etc. ; celle que fournit le chanvre mâle est plus faible , mais plus fine, et préférée pour être filée au fuseau ou au rouet. Les différens fils qu'on en fait sont d’un usage journalier DES PLANTES. 67 pour un très-grand nombre d’ ouvräges ; mais leur principale utilité est de servir À faire de la toile. Personne n’ignore quelle est l’utilité de la toile , tant pour l’habillement que pour les autres Conimiôdtites de la vié; on en fait des voiles , on en garnit les ailes dés moulins. Le coton que le linge jette, sur-tout celui que rendent les toiles dés navires, réduit en cen- dres, fait le même effet en médecine que le spode calamine ét la tutie. Lés chiffons de vieille toile macérés dans de l’eau pendant un téms assez long, puis hachés à trois reprises dans différentes piles, forment une pâte très-fine. On la jette pour lôrs dans des moules de fils de laiton serrés Jun contré l’autré ; elle s’y égoutte, et se change dans le moment en un corps solide et bien lié, qui, après quelque autres prépara- tions ;, devient notre papier. C’est:ainsi que læ toile usée et inutile deviént, par cette méta- fionphoté, ‘une matière ‘très- -précieuse, où lés pensées des hommes peuvent être peintes et déposées , ‘qui les transporte aux lieux les plus éloignés de la terre, et lés conserve jusqu'aux tems les plus reculés: le papier a mille utilités dans les arts; on s’en sert pour Viniprimerie, pour faire le on Celui qu’on. emploie pour écrire, se passe à la colle, de Ê 2 60 MANUEL ÉCONOMIQUE même que le papier d'impression. Le papier. gris ou brouillard n’a point été collé ; il est fait de chiffons plus grossiers, moins lavés ,! etc. Il boit les hausses sert même à les filtrer; le papier bleu à reçu la teinture du tourne- sol ; le papier marbré de diverses couleurs se fait en appliquant une feuille de papier sur différentes couleurs détrempées à l’huile , et. mêlées avec de l’eau, qui en empêche la liai- son; et selon la disposition ou l’arrangement, qu’on donne ensuite à ces couleurs, on forme _ des ondes et des panachures. Presque tout le papier d'Hollande a la finesse, le corps, la blancheur, le lisse et le poli, ou le; luisant au-dessus du nôtre ; cependant depuis, peu on est parvenu en France à faire un papier même préférable à celui d’'Hollande ; il imite le vélin; aussi lui en a-t-on donné le nom. Au surplus > la beauté du papier dépend de la pureté de l’eau, du choix des chiffons. » et de plusieurs autres. circonstances; on a encore l’art d’amincir le papier, et de L lustrer, ‘par la presse et à coups de marteau. :35204àb 19 La vieille toile et le gros papier à. LIRE brûlés, ou plutôt réduits en charbon, tiennent lieu d’amadou à quelques personnes. L’é- toupe , cette filasse grossière qui reste sur les peignes, et que les saranceurs font tomber, DÉNPILNTES. ” 69 s’emploie pour l'ordinaire à faire des flam- beaux de diverses grosseurs. Les plus petits se nomment mêches : les canonniers s’en ser- vent pour mettre le feu à la lumière des ca- nons ; les mineurs les emploient aussi; les soldats s’en servoient pour les mousquets avant l'invention des ressorts; les chevaliers de l’arquebuse en font encore usage. On fai- soit autrefois avec l'étoupe cardée des mate- las pour les équipages; mais elle ne sert plus guère que pour les emballages. Quelques per- sonnes prétendent néanmoins que, mêlée avec quelqu’autre matière , elle peut servir utile- ment pour les étoffes. Ha L’étoupe de chanvre préparée à la façon de Marcandier , devient aussi, en la cardant, une ouate, qui peut remplacer les ouates ordinaires; on peut encore ,en la filant, faire de très-bons fils : les cordiers se servent de ces étoupes pour les ficelles , cordages, etc. Duhalde a dit qu’à la Chine on fait du pa- pier avec cette étoupe, en la travaillant avec la chaux ; Guettard croit qu’on pourroit faire de même dans ce pays-ci; il ajoute aussi qu'on pourroit faire servir à cet usage les chenevottes, c’est-à-dire, les fragmens de la partie ligneuse qui tombent dans la braie, et qui sont pour l'ordinaire inutiles. Pour E 5 _7o MANUEL ÉCONGMIQUE celles que les enfans rompent à la main en taillant le chanvre , on en fait des allumettes en plusieurs provinces de France. Quelques auteurs prétendent que le charbon de chanvre femelle peut entrer avec succès dans la com- position de la poudre à tirer. 152. Caropa Guianensis. Le corape de #. Guiane. Le tronc de cet arbre fournit des mâts très- estimés par les marins. 133. Caraipa parviflora. Le manche haché. Les Garipous emploient les cendres de son écorce mêlées avec une terre grasse, pour faire leur poterie ; son boïs est estimé un des meilleurs pour faire les manches de hache , coignée , serpe, et autres instrumens propres à couper. 134. Carduorum species. Les différentes espèces de chardons. La plus grande utilité que les pauvres gens peuvent tirer des chardons, c’est de les couper lorsqu'ils sont grands, de les sécher , et d’en faire du feu. On pourroit encore se servir du duvet qui est sur les feuilles de la plupart, et des aigrettes de leurs semences : on a aussi tenté d’en faire du papier. 135. Carex leporina. Le caret de lièvre. Lestartares de Trasnoiïar nomment ce chien- DES PLANTES. 7. dent oZeng. Ils l’'emploient pour couverture de lit, qui est tout-à-la-fois très-ferme et très- molle. 136. Carex vesicäria. Le caret à vessies. Les Lapons emploient les feuilles de ce caret découpées , séchées et sérancées pour mettre dans leurs souliers, afin de se garantir du froid pendant l'hiver et du chaud pendant l’été. Les verriers se servent de ces mêmes feuilles pour emballer leurs bouteilles; les selliers pour garnir leurs selles, et les ton- _neliers pour boucher les fentes des tonneaux. 137. Caricum species. Les différentes es- pèces de carets. Les espèces les plus grandes étant sèches, peuvent servir de litière aux bestiaux ; on peut aussi les employer pour couvrir les chau- mières, conjointement avec des feuilles de roseau, et pour faire du feu aux pauvres gens. 138. Carica popaya. Le papayer. La tige de cet arbre est creuse au milieu; on s’en sert pour faire aux maisons des espèces de gouttières pour recevoir l’eau de pluie: 139. Carissa carandos. Le carandos. | À Batavia, on entrelace les carandos lors- qu'ils sont jeunes, et on les ajuste en forme de haies ; on laisse seulement élever une ou deux.tiges pour donner du fruit : les haies ; E 4 72 MANUEL ÉCONOMIQUE qu’on forme ainsi avec ces arbustes sont si épaisses , que les poules n’y peuvent même pénétrer : il s'élève d’abord au-dessus des racines des rejettons durs » ligneux et'un peu épineux. 140. Carpinus betulus. Le charme. Le bois de charme est le meilleur de tous pour le chauffage; il est d’une couleur pâle , mais ferme, fort, d’un grain cependant iné- gal : on s’en sert dans les ouvrages de résis- tance : les ouvriers l’emploient à cause de sa dureté, pour la monture de leurs outils, où pour des maïllets et des masses. On débite aussi le charme, à défaut d’orme, en essieux et autres pièces de charronnage ; on en fait pareillement des formes pour Abe cordonniers et des sabots ; les tourneurs l’em- ploient aussi; mais ea les menuisiers, parce que ce bois est sujet à être rongé des vers. On fait avec le charme un charbon qui passe pour le meilleur ; aussi est-il recherché par les ouvriers. 141. Carpinus ostrya. Le bois dur des Ca- nadiens. Cet arbre est très-beau et mérite bien. d’être cultivé en France. Les Canadiens estiment beaucoup son bois, qui est plus beau que ce- Jui de l’espèce précédente : on en fait des Ge MAS PO NT m8 73 rouets et des poulies pour les vaisseaux. 142. Carthamus tinctorius. Le safran bâ- tard. | On se sert de cette s plante pour les arts et métiers ; les teinturiers l’emploient pour don- * mer aux étoffes de soie les belles nuances de couleur de cerise, de jaune et de couleur de rose. Les plumassiers en font une grande con: sommation pour teindre les plumes en incar- nadin d’Espagne; pour cét effet, on mêle le suc avec le jus de citron; on en tire encore un très-beau rouge, qu’on appelle communé- ment rouge à vermillon d’Espagne ou lague de carthame. ( Voyez notre traité sur Les plentes propres à la teinture.) 143. Carduus lanatus. Le chardon bénit des Parisiens. . On mêle quelquefois pour frauder, ses nds avec le safran, et pour en augmenter le vo- lume et le poids. 144. Caryota urens. La caryote brûlante. On emploie le bois de cet arbre pour faire des DIRES et des poutres pour les so il est même fort en usage. 145, Cassia obtusifolia. La casse à fouilles obtuses. On prétend que la racine de cette plante est un antidote contre la magie. 74 MANUEL ÉCONOMIQUE 146. Cassytha Î Ziformis. La cassythe en forme de fil. A Java et à Malacca, on cp Da coup cette plante pour boucher les vaisseaux. On la brise, et on la broie à cet effet dans l’eau, jusqu’à ce qu'elle soit réduite en pâte vis- queuse; on y ajoute une grande quantité de chaux criblée , pour que la bouillie soit tenace, et on en frotte de grands et petits vaisseaux. À Ternate, les habitans font un peu crever cette plante dans l’eau, et, outre la chaux criblée, ils y ajoutent encore l’écorce de l’arbre à liane, et les longs fruits de Lo- daro ou de mangi mangi ; ils broyent tout ensemble pour en former une pâte épaisse, et ils l’emploient au même usage qu’à Java. 147. Cecropia peltata. Le boïs à trompeite. Son bois est si tendre, que les Américains s’en servent pour allumer du feu, sans se servir de fer, en y faisant tourner vivement un bâton pointu. 148. Cedrela odorata. L’acajou rouge odo- rant. Il y a des arbres de cette espèce, dont le tronc sert à construire des canots tout d’une pièce, longs de 40 pieds, sur 5 de largeur et plus; le bois en est rouge ; il y en a aussi de marbré , de jaune, de Biens de chair. Ilse polit \ DES PLANTE S, - 7h aisément , et a un coup-d’œil fort luisants il pourrit difficilement dans l’eau, et les vers ne l’attaquent point; il l'emporte sur celui des îles par la finesse de son grain , comme ar les nuances de ses fibres : on en fait des meubles qui communiquent leur odeur suave au linge et aux hardes qu’on y renferme. 149. Celtis occidentalis. Le micocoulier d’occident. Le bois de cette espèce est dur et liant; aussi les charrons s’en servent-ils pour faire leurs voitures. | 150. Celtis australis. Le micocoulier de Provence. | On fait avec le bois de ce micocoulier de bons brancards, d’autant qu’il est fort liant lorsqu'il est parvenu à une certaine grosseur. Quand il est en taillis, on en tire des cercles de cuves qui durent fort long-tems : on l’em- ploie aussi pour faire des fourches propres à remuer le foin | le fumier, etc. 151. Centaura cyanus. Le bluet. On donne une couleur bleue au sucre avec les fleurs de bluet; on en tire aussi une tein- ture qui sert à enluminer. 152. Centaurea jacea. La jacée. Elle donne une couleur jaune comme la sarette ; on peut la lui substituer. 76 MANUEL ÉCONOMIQUE 153. Ceratonia siliqua. Le caroubier: Le bois de cet arbre est dur; on l’emploie aux mêmes usages que celui du charme. 154. Cercis Canadensis. Le gainier de x a nada. Le bois du gainier est médiocrement dur , assez cassant , bien marbré de noir et de vert, et prend is le poli. | 155. Cestrum nocturnum. La dame dé nuit. Feuillée dit s’être servi très-avantageuse- ment du suc de son fruit pour dessiner. 156. Chalcas paniculata. Le cammuni pa- niculé. On emploie son bois pour former des hateue ; on s’en sert aussi pour les arts; on peut le travailler de même que le buis, et en faire par conséquent le même usage. Comme il est très-beau et marbré de blanc, de rouge et de jaune, on en fait dans le pays des carquois pour les rois. 157. Chamaerops humilis. Le vrai palmier noir. On emploie ses feuilles pour faire des balais. 158. Chenopedium scoparia. La belvedère. Quand elle jaunit, on en recueille la graine, : qui est très-abondante et très-fine, et qui se mêle avec les feuilles à mesure qu’elles sèchent ; les tiges qui restent après la chûte DES PLANTES. FT des feuilles, peuvent servir à faire des balais de cabinet. 18} 29 159: Crhysanthemun à segetum La nan rite dorée. : tonte ep rc | Elle donne une teinture jaune assez aires ble. op roue 160. Te cainito. bel à cainitos iii Le bois de cet arbre sert à bâtir, et estide bonne durée, lorsqu'on le met à l'abri du. soleil ou de la pluie. | | 4 161. Hhnause NE Le chase-prnaié puant:} 52 ro y 39 ire Cette plante fait sauver és: punaises. tant dans la Sibérie australe que dans la Tartarie, d’où lui est venu son nom. La plupart. dés Européens et même.les habitans de Paris, se- roient. trop heureux s'ils pouvoient se procur er une plante qui les débarrassât d’une foule d'in sectes si incommodes. srl 39 core 162, Cissus sieyoides. Le cisse sicyoïde. re Les, brachmanes emploient:les branches:de cette plante pour faire. des corbeilles. où: 114 mettent leur mariger : on se sert aussi de ces mêmes branches pÔus faire, des liens dans: les MOBS::1 200 : no + anafl b at: -163. Cistus Creuse ie ciste 4 rh x En Turquie, on fait entrer le labdanum qui en provient, dans lacomposition des talismans 7 MANUEL ÉCONOMIQUE soporifiques usités dans les sérails musulmans et tartares , moins pour se rendre-propice le dieu Morphée, que pour causer üné sorté de Jéthargie ou d’engourdissement aux véstales à qui on ne veut pas donner les honneurs du mouchoir : on sait que ce refus leur causeroït un grand chagrin. 164. Cid de Lom ‘cinereum. _. Lie, de guitare cendré. | On emploie ce boiïs dans la charpente ; et il dure assez long-tems, pourvu qu’il soit à l'abri du soleil et de la pluie; on en fait des guitares, d’où lui est venu son rom. 165. Citrus medica. Le citronnier, le limo- nier. Le suc de limon est reel par lés téin- turiers pour fixer la teinture qu’ils retirent du carthame ou soufre bâtard : on se sért dé ce suc, et du suc de citrons, pour enlever de des- _sus le linge les taches d’encre ; lorsqu’on veut détruire les punäses d’un:lit, il fautén frotter le bois avec du jus de citrons pourris. 2166. Clematitis vitalba. L'herbe-aux:sueux. Les jardiniers fonit avec les sariienside cette plante de bons liens; on fait aussi des ruches et autres ouvrages grossiers de vannerie‘avec ses branches. Virsile vante beaucoüp les ru- ches de clématite dans ses Georsiques : en r ] DES PLANTES. 79 dépouillant ses branches de leur écorce et d’une espèce d’aubier que les entoure, on en fait de très-jolis paniers. Schuster a fait une espèce de papier assez passable avec les aigrettes de cette plante. | j 167. Clitoria ternatea. La clitore de ternate. Les fleurs infusées dans du vinaigre et de l’eau, ou broyées ensemble, donnent une tein- ture qui teint le linge blanc en bleu, maïs qui _ne dure pas long-téms. 168. Clusia rosea. La ass couleur F3 rose. On frotte avec la résine de cet arbre " bat> teaux et autres vaisseaux, au lieu de suif. 169. Clusia alba. La clusienne blanche. Les Calibis se servent de la résine de cet arbre, au lieu de Poix, re en enduire Ferre petites barques. 170 Coccoloba soiftndx Le raïisinier du bord de la mer. Dampier dit que le bois sb cet arbre fait un feu fort vif; aussi les armateurs s’en ser vent-ils pour tremper l’acier de leurs is lorsqu'il n’est pas bon. 171. Coccoloba pubescens. Le bois à gran: des feuilles. On fait avec le bois de cet arbre des pieux, des solives et des poutres; il se conserve en 80 MANUEL ÉCONOMIQUE son intégrité pendant des siècles sans se: cor- rompre, et il se durcit même comme ume. pierre. y : 172. Cocos nucifera. Le cocotier à noix. On se sert à Siam de la coquille de coco pour mesurer les liquides ; on gradue sa ca- pacité avec des cauris, petites coquilles de la famille des porcelaines, connues soûs le nom de pucelage , et qui servent de monnaie. Les Dieppois font avec les coques du coco des vases, des gobelets, des gondoles et autres jolis ouvrages nuancés de diverses couleurs et d’un poli luisant. L'huile de l’amande de coco est bonne pour les lampes. Le brou qui enveloppe la noix, est épais et tout cou- vert à l’extérieur d’une peau menüé et lisse, de couléur grise à l’extérieur, mais garnie en dedans d’une espèce de bourre rougeûtre et filandreuse. Les Indiens en font de la ficelle, des câbles et des cordages de toute espèce : les Malabares appellent cette bourre cayros : elle est préférable à l’étoupepour calfeutrer les vaisseaux , d'autant qu’elle nese pourritpas si vîte ; onse sertdans le pays des feuillesconnues sous le nom d’o/a, pour couvrir les maisons et faire des voiles de navires : on dit même qu’elles servoient autrefois de LR pour écrire les faits mémorables et les tontrats pu- blics ; DE SUP LANTES. 81 blics; les branches feuillées servent à faire des parasols et des'nattes grossières; la partie de l’arbre d’où sortent les branches feuillées, est environnée de plusieurs couches de fibres en réseaux, qui peuvent tenir lieu de tamis pour les liquides. Dès voyageurs disent que la sciure ou rapure des branches peuvent encore ser- vir à faire de l’encre. On emploie le bois de cocotier à la construction des maisons et des navires : on en fait principalement des che- vrons. Ai 173. Cocos Guianensis. Le cocotier de Guinée. On dépouille É tige de son écorce, et on fait avec cette tige L cannes noires, lai tes, noueuses , très-lésères, qu’on appelle cannes de Tabago. On en apporte quelque- fois en Europe ; les habitans du pays s’en servent aussi en guise de règles pour faire leurs toits et autres choses semblables. 174. Colchicum autumnale. Le colchique d'automne, 4 On se sert de la racine de colchique pour empoisonner les loups, après les avoir attirés par quelques appâts pour avoir mangé l’animal mort dont on a empoisonné le cadavre avec le colchique : les feuilles de cette plante sont propres à la teinture. F 82 MANUEL ÉCONOMIQUE. 175. Coix lacryma Jobi. La vraie larme de Job. | v\ ù On fait des chapelets avec les graines de cette plante, qui se trouvent percées tout naturellement. | 176. Comarum PO La quintefeuille rouge. | | On prépare une couleur bleue avec sa ra- cine , le vaccinium, les cendres gravelées , la racine d’aunée et l’urine; son infusion sert à préparer le cuir de veau, qu’on y a macéré pour différens usages économiques. 177. Commelinu communis. La commeline commune. Kæmpfer prétend qu’on peut faire avec la fleur de cette plante de l’outre-mer. On hu- mecte ses pétales mêlées avec du son de riz, un peu après on exprime la masse. Son suc exprimé, on y plonge une carte, et après l'avoir humectée, on la dessèche ; ce qu’on réitère aussi souvent qu'il faut pour que la carte prenne la couleur. 178. Comoclodia ARFERTE 1folia. Le como- clodier à feuilles entières. Son bois est très-dur, d’un beau rouge, propre à faire des ouvrages de marqueterie. On peut tirer une couleur noire de son suc. DES PLANTES, 83 170, Comoclodia dentata. Le comoclodier dentelé. On pourroit retirer de son suc une couleur propre à la teinture. 180. Conocarpi variae species. Le cono- carpe. _ Tous les arbrisseaux de ce genre passent pour les meilleurs boïs à brûler dans la Ja- maïque. Par-tout où on les trouve, il y a or- dinairement sous eux une grande quantité de bernards - l’hermite, qui se nourrissent apparemment de leurs fruits, lorsqu'ils sont tombés. | 181. Conferva rivularis. La fervale des ruisseaux. _ Les tisserands pourroient en mettre à leuts toiles. 182. Conferva bulbosa. La fervale à bulles. Elle fournit une espèce d’étoupe, qui, étant filée, donne une toile qui imite celle de coton. LUE 183. Conysa odorata. La conyse odorante. Cette plante a beaucoup d’odeur : on en met dans les habits pour les préserver des artisons. 184. Copaifera officinalis. Le copahu. Les menuisiers recherchent le bois de cet arbre, d’où découle le baume de copahu, à cause de sa belle couleur, qui est d’un rouge F 2 84 : MANUEL ÉCONOMIQUE foncé, soit pour en faire des planches largés, soit pour des ouvrages de marqueterie. On s’en sert aussi pour la teinture. 105. Corchorus capsularis. Le corchore cap- sulaire. Ses tiges macérées dans l'es comme le chanvre , fournissent une très-bonne filasse. 106. Corchorus siliquosus. La corchore sili- queuses. Les nègres s’en serventpourfaire des Hotate 197. Co dia sebestena. Le sebestier à à feuil- les de noyer. Le bois de cet arbre est d’un brun fort obscur , presque noir, très-pesant et fort gommeux; par son odeur et son apparence, il ressemble à l’aloës; les habitans de Bahama l’appellent dois d’aloës. On s’en sert dans le’ pays pour des jambages de portes, et pour différens autres usages économiques. | 188. Cordia-gerascanthus.Le boisde Chypre. Ce bois est aromatique, très-propre pour le tour et la marqueterie, parce qu’il reçoit très-bien le poli, ainsi qu’on en peut juger par les jolis meubles qui décorent nos appar- temens et nos cabinets ; il est d’un jaune pâle, et devient roux avec le tems; il est résineux, dur, amer et parsemé de nœuds; son aubier est blanc et sans odeur. pets OL A NAT-E'S. 85 189. Cordia monophylla. Le sebestier mo- nophylle. __ On débite le boïs de cet arbre en bois de charpente. 190. Coreopsis verticillata. Le tapir ver- ticillé. Les habitans des Indes cidontdles tei- anent avec Le pétales de cette plante les toiles en rouge. 191. Coriaria mirtifolia. Le roudou à Géwile les de Dre On s’en sert à Montpellier pour tanner les cuirs ; les teinturiers s’en servent aussi pour teindre en noir. | 192. Coriaria ruscifolia. Le redou à feuil- les de petit houx. Les Chiliens se servent dé cet arbrisseau pour teindre en noir. 193. Cornus mas. Le cornouiller commun. Le bois de cornouiller vaut presque celui du cormier ; il ne le cède à cet arbre que par la grosseur. On s’en sert pour les ouvrages qui demandent de la solidité et de la dureté. Les anciens en faisaient les hampes des flèches et des javelots. Pline dit qu’on l’emploie pour les jantes de roue. On en fait à présent les bou- lons de petites brouettes | et les échellons des échelles des couvreurs et des tapissiers, F 3 86 MANUEL ÉCONOMIQUE Les jeunes branches tournées font de jolis bâtons de promenade. Evelyn dit qu'il y à des pays où on fait bouillir ses baies dans de Veau, pour en exprimer une huile à mettre dans ds lampes. 194. Cornus sanguinea. Le bois punais, le sanguin. On fait avec le san guin de l'huile à à brûler ; son bois sert à faire de broches de bouchers , lardoires. On en fait aussi des peignes de tisserands ; ses branches sont employées pour faire des cages et quelques ouvrages de van- nerie. 195. Corylusavellena. Le noïsettier des bois. Dans l’économie champêtre on fait avec les branches du coudrier des espèces d’arcs, qu’on appelle dans plusieurs provinces saute- relles, et aveclesquels on attrape les oiseaux. On en fait aussi des fourches : les tonneliers les emploient pour des cercles de barils ; ils en font des bossets ; les branches sont aussi d'usage pour les bâtons des lignes; les chan- deliers s’en servent pour faire la chandelle commune , nommée à la baguette. Le coudrier nous fournit en outre des fasots, et sur-tout des harts : on en fait du charbon assez bon, et employé par les peintres pour FSU leurs desseins. DES PLANTES. 07 George Agricola, dans son savant traité de re metallic4, dit que quelques charlatans se vantent de pouvoir connoître l’endroit où sont les métaux, par le moyen d’une baguette fourchue de noiselier, principalement pour les mines d’argent; on empoigne les deux cornes, en tenant le troisièine bout élevé , et marchant dans le terrain où sont’ les veines des métaux. Ce savant, après bien des recher- ches, s’est assuré que ce fait est une impos- ture. 196. Corypha umbraculifera. La coryphe à parasol. C’est des feuilles de cet arbre que sont com- posés les livres de Malabar ; ils écrivent des- sus en y traçant avec un stylet de fer des ca- ractères, qui, pénétrant leur épiderme supé- rieur , deviennent ineffaçables ; les’ mêmes feuilles leur servent de parasols et de para- pluie , capables de couvrir plusieurs person- nes : ils en couvrent aussi leurs maisons. 197. Coumarouna odorata. Le coumarou de la Guiane. Les créoles en mettent dans leurs armoires 4 pour les préserver des insectes , et leur com- miquer une bonne odeur. 198. Couratori Guianensis. Le maou des nègres. | Ou. ; | F 4 88 MANUEL ÉCONOMIQUE Les Galibis, et autres nations dela Guiane, se servent de l’écorce de cet arbre, qu'ils coupent par bandes larges, dont ils forment une corde en forme d’anneau autour du tronc des grands arbres, et par le moyen de la- quelle , en se plaçant entre le tronc et la corde , ils parviennent à grimper au sommet. 199. Courimari Guianensis. Le courimari de la Guiane. Les Galibis, et autres nations 4 la Guiane, tirent de l’écorce intérieure de cet arbre des feuillets minces avec lesquels ils enveloppent le tabac pour fumer; ce qui leur tient lieu de pipe, et s'appelle cigale ou chirance: Ils font avec les arcobes qu’ils amincissent, des planches, des pagoies, qui leur tiennent lieu de rames pour naviguer, des gouvernails et des pirogues. 200. Crataegus torminalis. L’alisier à feuil- les Pour Le bois d’alisier est fort dur, maisil n’a point de couleur ; on s’en sert en charpente pour faire des alluchons et des fuseaux dans les rouages des moulins ; les tourneurs le re- cherchent; les menuisiers l’emploient pour leurs outils ; les jeunes branches sont bonnes pour faire des flûtes et des fifres. 201. Cratægus oxyacantha, L’aubépin, DES PLANTES. 69 Comme l’aubépin a de grandes épines, et qu'il souffre le ciseau et le croissant, les haies qu’on en fait ont le double avantage d’être fortes et très-polies, quand on a soin de les tondre ; d’ailleurs , cet arbrisseau a en outre l'avantage de ne craindre ni le froid ni le chaud , de ne point tracer, et de durér fort lons-tems ; son tronc est plus ou moins gros suivant son âge : les vieilles souches , lors- qu'il n’y a point de bornes, servent pour aligner les haies où elles se trouvent : on peutwæreffer sur l’aubépin des nefliers, épine- vinettes , cornouillers. 202. Crecentia cucurbitina. Le vrai cale- bassier d'Amérique. On creuse les calehasses de l'Amérique en y jetant de l’eau bouillante pour faire macérer la pulpe, afin de les vuider , et pour-lors elles deviennent d’excellentes bouteilles. Les In- diens polissent l’écorce de ces fruits desséchés, et ils en font divers vases pour boire et pour manger , qu'ils émaillent agréablement avec du roucou, de l’indiso , et autres belles cou- leurs, apprètés. dans la gomme d’acajou; leurs dessins à la sauvage sont assez justes pour des gens qui ne font usage ni de règles ni Compas ; on voit quelquefois de ces ouvra- ges dans les cabinets des curieux; et quoiïqu'ils 00 MANUEL ÉCONOMIQUE soient de bois, on y peut faire chauffer de Veau. Le calebassier fournit lui seul la plus grande partie des petits meubles des ménages des Caraïbes, de nos nègres, et des étrangers qui vont aux îles. Le coyembouc, si utile aux nègres et aux sauvages pour serrer et con- server leurs mangeailles, n’est qu’une cale- basse vuidée, ayant une ouverture à passer la main ; on bouche exactement cette ouverture au moyen d’un morceau de calebasse taillé en calotte. Lémery dit que les cannibales en font de petits vases, qu’ils emploient particulièrement pour un mystère qui regarde leur divinité ; ils les creusent également, et les emplissent de maïs et d’autres semences, ou de petites pierres, et les ornent au-dehors de plusieurs sortes de plumes ; puis les ayant percés par le bas, ils y mettent un petit bâton, et les fichent en terre; les peuples ont coutume de garder avec beaucoup de respect trois ou quatre de ces fruits ainsi accommodés, dans chacune de leurs cabanes ; il les appellent meraka et 1tameraka. Is croient, quand ils manient ce fruit et l’entendent faire quelques bruits, à cause des graines et des petites pierres qui sont dedans, qu’ils parlent avec leur Toupan, c’est-à-dire, avec leur dieu, | | | | | | DES PLANTES. 91 et qu'ils ont de lui certaines réponses. Ils sont entretenus dans cette superstition par leurs paigis ou devins , qui leur font croire qu'avec le parfum du tabac et certains enchantemens et marmotemens, ils donnent une vertu di- vine à leur zzmaraka. 203. Crocus sativus. Le safran. Les peintres se servent du safran pour faire un très-beau jaune, qu’ils emploient dans Îles miniatures ; les teinturiers en font usage pour teindre les étoffes : on pourroit encore faire de l’amidon avec l’oignon de safran; mais comme il seroit difficile de se procurer des oignons en assez grande quantité pour servir de base à l’amidon, le prix de cette compo- sition seroit trop cher, et conséquemment d’un mauvais débit. 204. Crotalaria retusa. La crotalaire émous- sée. Quelques auteurs rapportent que dans le : Bengale on fait avec l’écorce de cette plante du fil, qui est en usage pour construire des filets propres à prendre du poisson. 205. Croton tinctorium. L'héliotrope, le croton des teinturiers. | Le principal usage de cette plante roule sur les teintures; et ceux qui en ont écrit sous le nom d’Aeliotropium , ont eu raison de 02 MANUEL ÉCONOMIQUE dire que le suc de son fruit donnoit une cou- leur d’un verd fort éclatant, qui se changeoït en très-peu de tems en un 7 beau bleu; le suc des grappes des fleurs fait la même chose ; ce qui n'arrive point à celui des feuilles. On fait diverses préparations, dont on prétend que le fruit de cette plante est la base, et qu’on vend sous le nom de tourne- sol; savoir, le tournesol en drapeau, en pâte et en pain. Nous nous contenterons de parler ici de celui qu’on prépare à Gallargues, village des environs de Nîmes, à quatre ou cinq lieues de Montpellier , dont on dit qu’on. se sert en Allemagne, en Angleterre et dans la Hollande, pour donner une agréable cou- leur aux confitures, aux gelées, vins et autres liqueurs ; usage que Simon Pauli désapprouve beaucoup, et contre lequel il crie fortement dans son PBotanicon guadripartitum. Lémery, dans son Traité des Drogues, s est trompé d’après Pomet qu’il cite , et auquel il renvoie tous ceux qui souhaiteront sur cette matière de plus amples instructions que celles qu’il en a données, lorsqu'il a avancé que le tournesol en drapeau se faisoit avec des chif- fons imbibés et empreints d’une teinture rouge pourpurée avec le suc des fruits de l’£é- liotropium , et un peu de liqueur acide; il 4 De SM AN IU'EUSS A ON ne se trompe pas moins , lorsqu'il dit qu’il en vient en Hollande; cependant il peut arriver que les Hollandois renvoient en France celui qu'ils ont reçu du Languedoc. Voici la véritable manière dont on le pré- pare à Gallargues. Les paysans de ce village ramassent au commencement du mois d’août les sommités de ricinoïdes, qu’ils appellent en langue vulgaire de la maurelle ou croton. Ils les font moudre dans des moulins faits exprès, assez semblables aux moulins à huile; quand elles ont été bien moulues, ils les met- tent dans des cabas, et de ces cabas sous une presse pour en exprimer le suc, qu’ils expo- sent au soleil pendant une heure, ou envi- ron ; après quoi ils y trempent des chiffons, qu’on étend ensuite sur une haie, jusqu’à ce qu’ils soient bien secs. Cela fait, on prend environ dix livres de chaux vive, qu’on met dans une cuve de pierre, en ‘y jetant une suf- _fisante quantité d’urine , propre à éteindre cette chaux : on place des bâtons dans la même cuve, à la hauteur d’un pied de la liqueur, sur lesquels on étend des chiffons qu’on avait déjà fait sécher; et après qu’ils. y ont resté quelque tems, c’est-à-dire, jusqu’à ce qu’ils aient été humectés par la vapeur de l’urine et de la chaux, on les tire de la cuve, on les 94” MANUEL ÉCONOMIQUE remet sécher au soleil, et lorsqu'ils sont bien secs, on les retrempe comme auparavant! dans du nouveau suc ; on les fait ressécher, après quoi on les envoie en différens endroits, de one Il y a quelqu’ apparence que les autres espèces de tournesol, savoir en pâte et en pain, qu'on envoie d’'Hollande, de Lyon et d'Auvergne, se font ou avecles inêmes chiffons qu’on he a envoyés de Montpellier ; ou avec quelque autre drogue. L'espèce de plante dont il s’agit ici pour- roit, sans contredit, être de la plus grandeuti- lité aux teinturiers, s’ils vouloient se donner la peine de la mettre en usage. Nissole en a fait deux essais qui lui ont assez bien réussi. Il a pris deux poignées des sommités de rici- noïdes ; qui contenoient et les fleurs et les fruits; il a mis chaque poignée dans deux différens pots, et après les avoir remplis d’eau, 1l a mis dans chaque pot deux échantillons d’étoffes blanches, un de laine, et l’autre de soie ; il a ajouté dans un des deux pots une demi-once d’alun , et dans l’autre une demi- once de cristal de tartre ; il les a placés auprès du feu, et après les avoir laissé bouillir pen- dant un demi-quart d’heure ou environ, il a retiré les échantillons, qui ont été d’une assez belle couleur de belette : la couleur de ceux 3 f +. s HE DES PLANTES. 95 qui avoient bouilli avec le cristal de tartre, étoit plus foncée et plus vive que celle de ceux qui avoient bouilli avec l’alun , et celle de l’'étoffe de soie étoit aussi plus éclatante que celle de la laine. 206. Croton sebiferum. L'arbre à suif. La chair des grains de cet arbre a les qua- lités du suif; on la fait fondre avec de l’huile ordinaire, et on en fait des chandelles, que l’on trempe dans la cire tirée de l’arbre à cire ; la croûte qui se forme autour du suif l'empêche de couler. 207. Croton laciferum. Le croton à lac-. ques. | Cet arbre distile de lui-même une lacque très-belle, qui paroît comme une petite perle ou bourgeon à la naissance des rameaux; les habitans de l’île de Ceylan emploient cette lacque pour en enduire les perches, les lan- ces, les manches de couteaux; cette lacque est meilleure et plus pure que celle qu’on ra- masse à Siam et à Peya, et qui est l’ouvrage d’une espèce de fourmis. 208. Croton moluccanum. Le croton des Moluques. On tire des noyaux des fruits de cet arbre une huile très-abondante, qu’on emploie dans le pays pour les usages économiques. 96 MANUEL ÉCONOMIQUE 200. Crucianella Monspelliaca. Fe petite croisette de Montpellier. Il n’est ps douteux qu’on pourroit tirer des racines de cette plante une teinture rouge semblable à É. de la garance. 210. Cucumis sativus. Le concombre cul- tivé. Les jardiniers emploient l’écorce séchée du concombre ; ils la brûlent le soir au printems aux pieds des arbres fruitiers : ils prétendent que la fumée de cette écorce fait mourir les chenilles. Quelques personnes frottent avec ce fruit le bois de leurs lits ; elles prétendent aussi en expuilser par-là les punaises. 211. Cucurbita lagenaria. La calebasse. Le fruit de cette plante vuidé s'emploie en suise de bouteilles pour mettre du vin, de l’eau, ou d’autres liqueurs; les pauvres gens s’en servent dans leurs voyages. 212. Cupressi variae species. Les différentes espèces de cyprès. Il y a peu d’ arbres dont on puisse retirer plus d'utilité ae du cyprès. On fait en orient grand usage de son bois pour la charpente et la constr one bâtimens. Cet arbre n’est pas d’une petite valeur, lorsqu'il est assez gros pour en faire des planches ; et, suivant Miller, il ne lui faut pas plus de tems pour parvenir DES PLANTES: 07. parvenir à ce point qu’à un chêne. On appelle dans l’île de Candie dos filiae , les plantations ‘de cyprès ; eten effet, les Candiots les donnent pour dot à leurs filles. On peut substituer au cèdre le bois de cet arbre, qui est très-odo- rant ; 1l passe pour incorruptible, et n’est sujet ni à être carié , ni dévoré par Les insectes; il empêche même que les mittes ne sâtent les étoffes de laines , qui se trouvent renfermées dans les caisses qu'on en a construites ; plu- sieurs menuisiers l’emploient souvent à ce dessein, lorsqu'il s’agit de faire des garde- robes. | * À Duhamel dit avoir dans sa terre un enclos fermé par des poteaux de cyprès, qui, malgré qu'ils soient fichés en terre depuis plus de 30 ans, sont encore actuellement aussi sains que si on venoit seulement de les y mettre. Quel bois pourroit-on trouver qui,puisse se conserver aussi long-tems ? C’est pourquoi cet auteur observe avec raison que des ‘cyprès qui auroient 7 ou 8 pouces de diamètre, se- roient très-propres pour faire des contr’espa- liers , pour palissader des ville de guerre, et pour beaucoup d’autres usages où le chêne ne dure guère plus de 7 à 8 ans; les jeunes branches de cet arbre pourroiïent aussi conve- nir à faire des échelles et des treillages d’es- - G (ts) MANUEL ÉCONOMIQUE palier. L'histoire rapporte que les portes de Saint-Pierre à Rome, qui en étoient, ont duré depuis Constantin le grand, jusqu’au tems du pape Eugène IV, c’est-à-dire , pen- dant l’espace de onze cents ans , et ces portes étoient encore très-bonnes lorsque le pape les a fait remplacer par des portes d’airain. C’é- toit avec des cyprès, si on en croit Thucy- dide, qu’on faisoit les cercueils dans lesquels les Athéniens brûloient leurs héros; les caisses où l’on enferme les momies qu’on nous envoie d'Egypte, sont aussi de ce bois; son odeur forte et balsamique ne contribue pas peu à la conservation des cadavres; ét même, dans les pays chauds, on tire de leurs branches par incision une résine , qui, suivant Bellon, est très-propre pour embaumer les corps morts. Ceux qu’on cultive en France ne nous fournis- sent point de résine ; mais l’écorce des jeunes branches de cet arbre laisse transuder une petite quantité de substance, qui paroît comme des petits points à la vue, maïs qui, examinés à la loupe, ressemblent à des petits morceaux de gomme adragant. Les abeïlles se donnent bien de la peine pour les détacher; peut-être emploient- elles cette matière comme leurs propolis. Les Romains ont consacré le cyprès à Pluton ; on en mettoit anciennement à la D'ESSOP L AN ITIE S ! 26 99. porte des maisons, où il y avoit quelques nn de qualité mortes. . I seroit donc très- me Ti à la France Mo oir cultiver les cyprès ordinaires ; le cyprès de Virginie y seroit aussi très-fayora. ble ; comme il croît dans les endroits aquati- ques, quelle plantation pourroiït-on trouver meilleure pour lés terrains marécageux, où rarement les arbres résineux peuvent résister? Cette espèce parvient à une hauteur et à une grosseur considérables ; il s’en trouve qui ont ‘jusqu’à 70 pieds de haut, et quelques toises de tour. Lord Catesby assure que cet arbre croît dans les endroits où il y a jusqu’à 14 pieds d’eau. J:e cyprès en forme de thuia réus- siroit aussi à merveille en France; les naturels du pays l’emploient à différens usages. (Voyez notre Catalogue des Arbres et Arbustes, troi- sième édition. ) 213. Curatella Americana. La curatelle d'Amérique. _+ Les Galibis se servent des feuilles de cet arbre pour polir leurs couis, leurs arcs, et leurs beutous ou assommoires,. 214. Cucurma longa. Le cucurme long. 215. Cucurma rotunda. Le cucurme rond. La racine de cette plante teint en jaune . çomme le safr an ; ; cette couleur est belle, G 2. 4- 100 MANUEL ÉCONOMIQUE mais elle passe facilement, et n’est pas aussi durable que la gaude. Cette racine est admi- rable pour rehausser la couleur rouge des étoffes teintes avec la cochenille ou le ker- méês , telles que les écarlates. Les Indiens em- ploient cette racine comme nous pour la tein- ture ; les teinturiers, les gantiers, les par- fumeurs, et plusieurs autres artistes, ont éprouvé que les racines du cucurme rond coloroit ou teignoit moins bien que celles du cucurme long, qui, mis en poudre, est d’un jaune rouge. bn artistes ont l’art de fixer la teinture jaune sur certains métaux , pour leur donner une couleur d’or; on l’em- ploie aussi pour jaunir les boutons de bois qu'on veut couvrir de fil ou de traits d’or. 216. Cuscuta Europaea. La cuscute. On en tire une teinture roussâtre, foible et peu usitée. 217. Cycas circinalis. L’arbre à sasou. Les feuilles du palmier sagou sont chargées d’une espèce de duvet dont les insulaires font des étofies ; les feuilles servent à couvrir les maisons ; leurs nervures tiennent lieu de chan- vre pour faire des cordes. 218. Cinara scolymus. L” artichaut des jar- dins. On se sert de fleurons de l’artichaut en guise de présure pour cailler le lait. DES PLANTES. 101 219. Cinara cardunculus. Le cardon. La {leur de cette plante a la vertu de faire cailler le lait comme la présure: on s’en sert même par préférence. On fait sécher cette fléur à ombre, et on en met une pincée, plus ou moins, vent la quantité du lait. 220. Cyperus longus. Le souchet long. Les parfumeurs macèrent sa racine dans le vinaisre , la font sécher et pulvériser pour faire des parfums. 221. Cyperus papirus. Le souchet papier. On faisoit anciennement avec cette plante le papier dont on se servoit autrefois pour écrire, comme nous faisons aujourd’hui du nôtre ; Caylus a publié une. dissertation très- te à ce sujet. 222. Cytisus laburnum. Le cytise aubours. + he de cetarbre , de même que des au- tres espèces, est extrêmement dur, et prend le plus beau poli; il est varié de plusieurs nuances de verd, d’où lui est venu le nom d’ébène verd ; il est très-précieux pour les tabletiers et les tourneurs, et peut-être aussi en feroit-on de jolis ouvrages de menuiserie. 223. Daphne laureola. Le lauréole. Les teinturiers se servent du laureole et des autres garoux pour teindre leurs étoffes en jaune, G 3 102 ,MANUEL.ÉCONOM“#QUE, 224... Datisca canabina. Datisc:éh forme de chänvre. Ta: k ‘On pourroiït faire usage de l'écorce de cette . plante, de la même manière dont on se SRE de celle du chanvre. 225. Datura stramonium. L ends is com- mune. | On prétend que les taupes n’approchent pas les endroits où croît cette plante; on fe- roit donc bien d’en semer dans les jardins où il y a beaucoup de ces animaux. D HO! or Jastuosa. La pomme épineuse majestueuse. On prétend que si on lave les bois de lits avec la décoction de cette plante, on parvient à en bannir les punaises ; l’odeur de ces mêmes plantes éloigne aussi les taupes dans les jar- dins. | 227. Daucus ViS-149a. Le fenouil annuel. Quand les pédicules de ses ombelles sont séchés, ils deviennent fermes, et il y a beau- coup de personnes , sur-tout en Espagne, qui s’en servent en guise de cure-dents. On choisit ceux qui sont lisses, de couleur jaunûâtre, d’un goût assez agréable , et d’une odeur due. \ 228. Delphininm consolida. Le die d’a- louette commun. à‘ D) MAO. À NÈT E6, 103 Plusieurs personnes ont éprouvé avec suc- cès les vertus du pied-d’alouette peur la des- truction du charanson ; cette plante, que l’on a reconnue être ennemie de plusieurs insectes, fournit des semences qui sont d’un grand usage contre ces animaux ; pour un monceau de blé d'environ 60 septiers, on prend une livre de graines de pied-d’alouette ; on la sème parmi le grain, et quand on veut se servir du blé, la séparation s’en fait aisément par le crible. 229. Delphinium staphisagria. La staphi- saigre. On assure que cette plante est très-perni- cieuse aux rats; on s’en sert même pour les empoisonner. On prend une partie de ses semences sur trois parties de farine d’avoine; on mêle le tout ensemble ; on fait avec du miel une espèce de pâte, dont on met des morceaux dans les endroits que les rats fré- quentent ; nous en avons fait nous-même l’é- preuve. 230. Dialiur1 Taies Le dialion des Indes. On emploie le bois de cet arbre, à défaut d’autres, pour faire des poutres. 231, Dillenia indica. Le dillen des Indes. La lessive faite avec les feuilles, est très- bonne pour nettoyer l’argenterie. | Gi 104, MANUEL ÉCONOMIQUE 234; ie LA os lotus. Le plaqueminier à à petit fruit et à larges feuilles. Son bois est dur et d’un bon usage. 233. Dipsacus fullonum. Le dé see des bonnetiers. Les têtes qu’en plusieurs endroits on nomme bosses , sont d’un grand service dans les ma- nufactures de laineries, pour tirer la laine du fond des étoffes à la superficie, et les rendre ainsi plus mollettes, plus chaudes, et d’un débit plus avantageux. On se sert rarement des têtes de chardon à bonnetiers sauvages’, parce que leurs pointes n’ont point la roideur et la force convenables , et qu’elles sont dé- nuées de crochets; les crochets de l’espèce cultivée la font préférer généralement. Les têtes de Picardie , d'Artois, de Flandre , de Sotteville, et de quelques autres endroits de Normandie, sont particulièrement estimées pour la force et la durée de leur service , qua- lités qu’on ne trouve point dans les chardons des pays étrangers. Les plus grosses sont ap- pelées chardons mâles dans le commerce, et sont communément réservées aux bonnetiers ; on emploie volontiers les moyennes et les pe- tites pour les draps et autres semblables étof- fes; on doit avoir soin de tenir toutes les têtes dans un endroit bien sec; l'humidité les met hors d'état de servir. DES PLANTES. 105 La tige sert à faire des #uhots. On donne, en terme de manufacture , le nom de boîte où poche de navette, à la partie creuse qui est au milieu de la navette, et où on renferme l'espoule, c’est-à-dire, une portion du fil de la trame d’une étoffe ou d’une toile , dévidée sur un petit morceau de roseau , ou espèce de bobine sans bords, et c’est ce qu’on appelle buhot. Cette bobine est souvent faite de tiges de chardons à foulon. 234. Dolichos urens. Le dolichos brülant. On fait avec le bois de cet arbre des taba- tières ; le suc des feuilles s'emploie pour tein- dre en noir les hamacs de coton. On fait avec les fêves des boutons pour les habits , qu’on couvre quelquefois d’argent. 235. Durio ins Le durion de ziberth. Les Chinois brülent le bois de cet arbre, pour en tirer les cendres et la préparation de pigment oetomba. On emploie aussi l’infusion de cette cendre, pour enlever les tâches du linge. On en enveloppe aussi baroe gemuto, ou l’arbre sagur, pour le sécher, et en faire de l’amidon. On vend les anciens troncs, pour en débiter du bois pour bâtir ; mais il . employer ce bois du-dedans des maisons, , quand il est exposé à la pluie, il est jet à se pourrir. 106 MANUEL ÉCONOMIQUE 236. Echites caudata. La liane à queue: Dans les endroits où il y a beaucoup de ces arbres, et lorsqu'ils ont des troncs assez gros, on les débite en planches et en madriets ; on en construit des maisons. Ce boïs est beau et blanc; ilrend dans les appartemens la voix sonore; maïs il ne dure pas lons-tems, à moins qu'il ne soit à l’abri de l'humidité. On fait pour l’ordinaire avec le bris de petites planchettes, longues d’un piéd etun peu plus, épaisses d’un ie , ornées d’un côté de paysages, où il y a un trou pour les pendre. Les enfans se servoient de ces. planchettes pour écrire leurs lecons, et pour en recevoir de leurs maîtres ; quand elles sont ainsi em- ployées, on efface l'écriture avec les feuilles d'empelacus, et elles reprennent par ce moyen leur première beauté. Les habitans de Java et de Malay font usage de ce bois pour les boîtes où ils mettent leurs parfums, et pour d’autres étuis; on fait aussi avec ce bois des tables et des plats ; on emploie les, morceaux du tronc pour les jambages de portes; ils prennent racine, et durent fort long-tems : l'écorce de cet arbre, mêlée avec celle de l’ampacus et le suc du limon, et parsemée sur les'légumes, en détruit les vers et les chenilles. | D'E5"S) MPILIAINIT E S. 107. Cet arbre est, dit-on, si ennemi de l’arbre à poison de Macassar , que si on porte un petit rameau, ou une feuille de l’arbre dont ils agit , dans une chambre où se trouve sus- pendu le venin de l’arbre de Macassar, il perd aussi-tÔt sa vertu venimeuse. 237. Elacocarpus serrata. L’éléocarpe à feuilles découpées, à dents de scie. Le bois de cet arbre sert quelquefois pour des bâtimens; on en fait des poutres et des .soliyes. En Ethiopie, on fait avec ses noyaux des espèces de chapelets pour réciter des prières. 236. Elate 0. Le petit dattier sau- vage. Les habitans du pays font une espèce de chapeaux avec ses feuilles. 239. Eperva falcata. L’éperu de la cr Son bois est huileux; on le dit propre à résister long-tems enfoncé dans la vase ou dans la terre; les nègres sont curieux d’en. faire des mauches pour leurs haches. 240. Epilobium angustifolium. Le chæme- nerion à feuilles étroites. Michault, de Dijon , a donné quelques idées sur l'usage qu’on pourroit faire du coton de chæmenerion, ou plutôt de ses aigrettes. ’d 108 MANUEL ÉCONOMIQUE 241. Epidendron a to L'épidendron écrit. Les habitans d’Amboine font un philtre avec la farine jaune de ce fruit ; ils prétendent qu’une femme est nécessairement amoureuse de celui qui lui a donné ce philtre avec sa. nourriture ou sa boisson. 242. pa arvense. La presle deschamps. On s’en sert en plusieurs endroits pour ré curer la vaisselle d’étain. | ; 243. Erica vulgaris. La bruyère commune. C’est avec la bruyère que l’on fait les petits balais, que l’on présente aux vers à soie quand ils veulent monter pour se métamor- phoser et former leurs coques; on prépare avec les souches et les grosses racines de bruyère du charbon dont on fait une grande consommation à Bordeaux pour l’usage or- dinaire. Certains montagnards se font des lits assez mollets avec des branches de bruyère qui sont élastiques; ils les arrangent par cou- ches, les unes sur les autres, les feuilles des- sus. Dans plusieurs provinces où on a peu de bois, elles servent au chauffage, sur-tout lorsqu'elles ont séché sur le pied, ce qui se nomme en Poitou brandis. On à présenté, il y a peu d’années, à la ci-devant académie des sciences, des cuirs ” DES PLANTES. 109 de veau très-beaux, tannés avec les tiges de bruyère. Voici comme on la prépare. On jette la bruyère dans une grande chau- dière pleine d’eau, et on la laisse bouillir environ trois heures, qui suffisent pour en faire sortir le suc; on transvase ensuite cette eau dans de grandes cuves, qu'il faut placer de façon qu’on puisse en retirer l’eau une seconde fois. On doit avoir soin de mettre les peaux dans cette dernière eau, quand sa chaleur est égale à celle du sang d’un animal qu’on vient de tuer. Cette façon de procéder nourrit, pour ainsi dire, les peaux, et les tanne beaucoup plus aisément que par la mé- thode ordinaire, qui étoit de les jeter dans l’eau d’écorce froide. Il ne faut pas se servir de cuves de fer, elles durciroient et noirci- roient le cuir; les cuirs se tannent aussi plus aisément et mieux, que par aucune autre mé- thode où l’on emploie des écorces diverses, sur-tout si l’on change souvent l’eau de bruyère, _et qu'on ne lui laisse jamais que le degré de la chaleur animale. " 244. Erica scoparia. La bruyère : à balais. On se sert en plusieurs provinces de cette espèce pour faire des balais. 245. Eriophorum PORN Le chevelu des pauvres. LES 110 MANUEL ÉCONOMMQUE | Les pauvres. emploient ses aigrettes pour faire des lits. On prétend qu’on pourroit s’en servir pour faire du papier; il est probable que c'est encore avec ce duvet que Defon- tanès a essayé de faire faire à Niort des cha- peaux. | “: 246. Erithalis fructicosa: L'herteraeh ar: brisseau. R Le:boïs de cet fes est dur, Ru ED $ c’est peut-être un santal. 3: ATEN 2ÂT. Eryngium are Le gai com- mun. | Sa semence cuite ie l'euttà avec de l’alun, teint en jaune. | "548. mo Ed ne corallodendron. Le bois immortel. | ‘Les tourneurs asie le bois de cet nb comme étant mou et susceptible d’un beau poli; les habitans de Malabar en fontles gaines de leurs épées et couteaux. On plante dans les Indes plusieurs de ces plantes; elles servent de supports aux petites branches des poiriers , qui, s’attachant en forme de lierre autour des tisés et des branches du corallodendron, ne sont plus dans le cas de-traîner en terre; et comme les branches de corolladendron pous= sent des racines et prennent naissance , elles sont de beaucoup préférables à des échalas DES POUR UN TES" 111 ou perches, qui sont bientôt pourries dans un pays chaud où il pleut beaucoup. 249. Erythroxylon areolatum. L’erythoxy- lon de Carthagène. On Énbléte erl Se Er le bois de cet arbre. ; 250, Eugenia WT. alaccensis. Le jambolier de Malacca. * Dans le pays on plante cet arbre dans les haies ; il y grossit, et y sert d’excellens po- taux. 251. Eugenia acutangula. Le jambolier à angles aiguës. | Ses rameaux servent à faire des haies; le boïs en est dur et solide ; on peut l'employer én menuiserie, en Hé pènte 252. Eugenia racemosa. Le jambolier + er1 arbre. Les paysans et les voyageurs superstitieux s’ornent avec les tiges à fleurs et à fruits; ils les pendent à leur côté, et les regardent comme quelque chose de sacré; ils se servent de ces tiges à fruits pour compter leurs prières. 263. Evonymus Europanus. Le fusain. Les teinturiers en font grand usage ; ils s’en servent pour trois couleurs, le vert, le jaune et le roux. Pour avoir la première, on en fait bouillir les grains encore verts avec un peu 112 MANUEL ÉCONOMIQUE d’alun. Son bois est propre pour faire des fu- seaux , des cure-dents , lardoiïres et autres ins- trumens. En Suisse et en Lorraine, on fait avecses branches des soupillons et des chasse- mouches ; on les divise par petits copeaux longs et étroits, frisés régulièrement, et avec une.adresse singulière. Les dessinateurs font aussi grand usage de son charbon, qui est uw très-bon crayon : on fend une tige de fusain par morceaux de la grosseur du doigt; on en ‘remplit un canon de fer qu’on fait rougir ; on le laisse ensuite réfroidir, et on en retire un charbon très-tendre et très-commode pour faire des esquisses. Au lieu de morceaux refen- dus, on peut se servir de baguettes du brin ; elles sont même préférables, pourvu que l’on fasse les pointes des crayons sur un des côtés, à côté de la moëlle. Ces crayons sont droits, au lieu que ceux qui proviennent des mor- ceaux de bois refendus, sont souvent rompus. ou très-courbés, ce qui vient de ce que la circonférence de ces morceaux se retire plus que le centre. 254. Euphorbia oO E LenpaenRe a feuilles de laurier-rose. 255. Euphorbia tirucuili. Le tirucull. On emploie dans l’Inde ces deux espèces pour former des haies. 256. Jp Eee 6 LCA nv E d7 19 256. Euphorbia cotinifolia. Le tithymale à feuilles de fustet. Les Ethiopiens et les habitans de Curacao empoisonnent leurs traits du suc laiteux de cet arbre , et rendent ainsi les blessures qu'ils font bientôt mortelles, par la grande inflam- mation qui y survient communément. 257. Excaecaria agallocha. L’agalloche. On emploie dans l’Inde le bois de cet arbre pour faire des espèces de flambeaux qui éclai- rent très-bien. Le lait, qui saute du même arbre aux yeux , rend aveugle. 2568. Fagara pterota. Le bois de fer. Le bois en est très-dur; il est très-bon pour les dents des roues de moulins. 259. Fagara octandra. Le fagarier octan- drique. On emploie dans le pays le bois de cet arbre pour faire des selles. 260. Fagus sylvatica. Le hêtre. Le bois de cet arbre est fendant et cassant lorsqu'il est sec ; mais il plie et fait ressort tant qu'il conserve de la sève ; c’est ce qui le fait rechercher pour les rames de galères et les carènes des vaisseaux : il augmente beau- coup de volume lorsqu'il est mouillé; C’est la raison pour laquelle les carriers en: ons des coins : il est de peu d’usage dans la charpente, ; | H 114 MANUEL ÉCONOMIQUE parce qu'il est sujet aux vers. Haller à observé que, pour le préserver de ce défaut, il faut le tremper dans l’eau ayant de l’employer; il conserve pour lors de la sève, et les vers ne l’attaquent point; il peut par ce moyen être substitué au chêne pour les bâtimens : c’est avec le bois de hêtre qu’on fait les, meilleurs affüts de canon ; il est très-estimé pour les ta- bles de cuisine ; les menuisiers en meubles et les ébénistes en font grand usage : c’est de ce bois dont on se sert pour les sobarges, oi barres de couchettes. Les layetiers et les cof- fretiers l’emploient beaucoup ; on en fait aussi ordinairement des cuillers à pots. Dans. nos provinces septentrionales, les charrons.en font des jantes de roue; à Paris, on lPemploie pour les brancards des chaises; on en. fait aussi des butières, des étables, des colliers, des pese et des sabots. Les boisseliers le pré- fèrent à tout autre bois pour les sceaux et les boisseaux ; autrefois les relieurs l’employoient au lieu de carton pour servir de doublures ax cuir qui couvre les livres ; les. fourbisseurs, et les gainiers l’emploient encoreau mêmeusage. FH couteliers en font les manches, de cou- teaux, qu'on nomme./ambleites. C’est, aussi un très-bon bois de chauffage. On fait avec. le hêtre un charbon excellent, qui est.d’u-, L 1 Dre SUP L AN T'ES 119 sage pour la poudre à canon; son écorce sert en plusieurs endroits à couvrir les maisons. 261 Ferolia Guianensis. La ferole de la Guiane. L’écorce de cet arbre est lisse et cendrée ; lorsqu'on l’entaille, elle répand un suc lai- teux ; si un arbre a trois pieds de diamètre, l’aubier de son tronc en a plus de deux : il est blanc, dur, pesant et compact. Le bois inté- rieur est dur, pesant et d’un beau rouge pa- naché de jaune; il prend un beau poli, et ressemble à du satin, ce qui lui a fait donner le nom de bois satiné; il est aussi nommé bois de ferole, du nom d’un ancien gouver- neur de Cayenne, qui a été le premier à l’in- troduire dans le commerce. 262. Ficus carica. Le figuier commun. Les serruriers et les armuriers se servent ordinairement du boîs de figuier , parce qu’é- tant spongieux, il se charge facilement de beaucoup d'huile et de poudre d’émeril, qu’ils emploient pour polir leurs ouvra ges. 263. Ficus sycomorus. Le sycomore. Il étoit employé anciennement par les habi- tans d'Egypte pour faire des cercueils, dans lesquels ils déposoient les corps morts après les avoir embaumés ; et en effet, cet arbre est : très-propre à cet usage, parce qu’il se con- H 2 116 MANUEL ÉCONOMIQUE serve pendant plusieurs siècles; on y ren- contre encore au bout de deux mille ans des momies. Comme le sycomore est rameux , vaste et étendu en larseur, il jette une om- bre considérable, qui devient d’une grande utilité aux voyageurs de ces contrées désertes et brûlantes. | 264. Ficus religiosa. L’aréale. Il est consacré par les Gentils du Malabar au dieu Vistnu , qu'ils croient être né sous cet arbre , et en avoir enlevé les fleurs, dont il est en effet dépourvu, puisqu'elles sont ca- chées dans cette enveloppe que l’on appelle communément la figue; en conséquence, leur religion leur impose comme un devoir d’ado- rer cet arbre, de lui faire un culte, qui con- siste à élever autour de lui un mur de plusieurs pieds , et de marquer de rouge son tronc ou le mur qui l’environne ; c’est pour cette raison que les chrétiens qui habitent les Indes ap- pellent cet arbre l'arbre du diable. 265. Fontinalis antipyretica. La fontenelle anti-incendiaire. | C’est une espèce de mousse, qui, broyée et mise entre la cheminée et les paroïs en bois, empêche l’incendie d’y pénétrer. 266. Fraxinus excelsior. Le frêne commun. Son bois est très-ferme, liant et élastique, DES PLANTES, 117 _tant qu’il conserve un peu de sève; aussi en faisoit-on autrefois des arcs, et on s’en sert encore actuellement beaucoup dans le char- ronnage ; les meilleurs brancards des berlines _et des chaïses sont de ce bois ; on en fait en- core des essieux , des jantes de roue, des rames, des instrumens de labour, des mu- fles , et divers ouvrages de tour ; on le préfère à l’orme pour des tenons ou mortaises ; on le débite èn planches, quelquefois même en pièces de charpente; mais il est très-sujet à être piqué par les vers. Les charrons de la Louisiane font avec le bois de frêne des roues qu’il n’est pas nécessaire de ferrer dans le pays. Les jeunes frênes sont la plupart du tems bien droits; on en forme des échelles légères, des lampes d’esponton, des perches qu'on emploie le plus souvent le long des espaliers, et qu’on nommé écuyers. On estime beaucoup les perches de frêne pour faire des houblonnières : les couvreurs à chaume s’en servent aussi. | | Le bois de frêne est le meilleur pour en- caisser les harengs : on en fait des cercles et autres ouvrâges de tonnellerie; il brûle bien et sans fumer, lors même qu’il est verd : son ‘Charbon est un de ceux qui brûlent le plus. Les frènes produisent quelquefois le long H 5 118 MANUEL ÉCONOMIQUE de leurs troncs des tumeurs ou ‘exostoses , dont le bois est assez beau, mais difficile à travailler : ces endroits sont recherchés par les armuriers. Pour donner à la racine du frêné une très- grande ressemblance avec le plus beau bois d'olivier, on y applique un vernis composé de und , Sandarac, marne, ambre et alun, ce qui fait beaucoup mieux que l’huile de Hn , recommandée pour cet effet par Cardan. L’écorce de frêne fournit un tan estimé pour tanner les cuirs. On a autrefois écrit sur lPé- corce intérieure de cet arbre. Dans les exploi- tations de bois, on le débite en moutons et en timons ; on en voiture aussi en grame de plusieurs largeurs et grosseurs, telles que de huit à dix pieds delong sur huit à neuf pouces de diamètre ; ces échantillons sont propres à faire des voitures pour charrier le vin, qu’on nomme haguets en certains endroits, et soz- diviers dans d’autres. 266. Fucus. Varia species. Lei différentes espèces de fucus. Les fücus servent d'engrais pour les terres peu éloignées de la mer; on en arrache avec des rateaux et des fourches, sur-tout en jan- vieret février, tandis que la mer est retirée; on appelle en général cet engrais paille ma- CS DEP PLANTES © 16 rine ; petit foin. On recueille -dans les terres amandées avec les fucus ou varech, la pre- mière année, du blé, la ARR de l’avoine de bonné qualité ; ; mais à la troisième annéé il est nécessaire de réparidre du varech; il s'emploie pour fértiliser toutes les éspèces de terre, Lé varech sert encore à faire une espècé de soude, qui est dé qualité médiotre, et contient beaucoup de sel; il s’en consomme “une #ranide quantité dans lés verreries; ellé aide la fusion du verre; mais elle lui donne une cotüleur verte , ce que ne fait pas lä soude _ d’Alicante. Plusieurs de ces plantes séchéés servent aux pauvres à faire de la litière pour leurs bestiaux , à faire dés paillasses , à brûler pour se chauffer ; où en fait usage potr ém- baller lé verre et les chôses fragiles. 567; Frnaria officinalis. La fumeterré des boutiques, En Picardie, ôn se Sert de la faiméterre pure faire cailler le lait. :: 568: Galega tinctoria. Le galéga dès téin- turiers: _ Cette planté ést Latil avéc léquél lés Habi- tarrs dé Ceylan font lindiso ; cet indigo teint däns ‘une ‘couleur bleue pâle, ét est meilleur dûte Célui qu’on prépare sur la côte de Coro- ifaridel avec l’mdigofera. H 4 120 MANUEL ÉCONOMIQUE 269. Gallium verum. Le caille-lait commun; | Les panicules de ses fleurs donnent une teinture jaune propre aux laines. Guettarda découvert que de ses racines on peut tirer up rouge fort beau, qu’on pourroit substituer à celui qu’on tire de la sarance; mais. l’incon- vénient qu'on y trouve. c’est que les racines de cette plante sont si menues, qu’elles n’en fourniroient que très-peu; ce qui est peut être la seule cause qu’on n’en fait pas usage. 270. Gallium boreale.Le caïlle-lait du nord. Les femmes de Finlande teignent leurslaines: et leurs étoffes avec lesracines de cette planté: 271. Gallium aparine. Le sratteron.;:,152 Les paysans mettent le gratteron dans les entonnoirs où ils passent leur lait, et qu'ils nomment couloirs ; les tiges et les feuilles de: cette plante arrêtent par leur äpreté les: pas et autres ordures. rp40d 272. Garcinia mangoslana. Le inangosian de Java. | n dis nl déei Les .teinturiers -de la Chine emploient son écorce are il faut teindre en noirs, lle. sert même de base à leur teinture. :, PE 273. Garcinia cornea. Lie mangostan corne. On emploie ce bois pour les bâtimens,; om, en construit les portes des palais, des. rois.et, des princes des Indes ; ; on fait aussi ave ce. DES PLANTES. 191 bois des chevilles qui remplacent les clous. 274. Genipa Américana. Le genipa d'Amé- Re. ‘Onitire de l'écorce de ce fruih} avant sa mäturité une liqueur qui est d’abord no j eh qui noircit ensuite. Les sauvages s ’en ser- vent :pour peindre leurs corps; mais cette couleur disparoît d'elle-même le neuvième jour. 275. Genista tinctoria. Le genest des tein- turiers. … On fait des balaïs avec sé tiges de genest ; on peut s’en servir pour des haies. Dans le territoire de Pise , on l’emploie plus utilement en le.faisant rouir dans l’eau d’une source chaude ; on en tire une espèce d’étoupe, qui devient un fil assez beau , et qui prend bien la teintüre..On a fait voir en 1763, à l’aca- démie des sciences, de la toile faite de ce fil; elle a paru bonne , mais grossière; la partie ligneuse. qui. reste, après que l’écorce est déta- chée par le rouissage , tombe en poussière dans.la, braïe..A Pise; on s’en: sert pour rem- bourrer les-chaiïses , parce qu’elle à peu d’élas- tigité. Danses villäges on. comble les fossés avec le bois de ses grosses racines. On tire des fleurs du’ genest une couleur jaune fort en usage chez les peintres et les enlumineurs; 122 MANUEL iconowrQuE quand on les mêle avec le pastel, elles don- nent une couleur verte. «?: 276. Glabraria tersa. Le bois He au Le bois de cet arbre est un des plus légers; on l’emploie pour faire des bateaux : il à cela de particulier, que lorsqu'il est exposé au soleil , il se fend ; mais dès qu’il est rémis dans l’eau , il se gonfle et sé durcit. 277. Cliise triacanthos. Le févier ? à trois épines.;;: :: , eee Sicette espèce devenoit commune en France; on pourroit en étêtant ces arbrés, les employer pour former de bonnes haies ; car leurs épiries sont très-fortes, et les arbres produisent beau- coup de bränches. Aimen, médecin de Bor: deaux, dit en avoir vu des haies auprès de vétte ville : le boïs en paroît être dur et très fendant : c’est tout ce qu’on peut diré d’un arbre qui est encore rare en Francé. : - 278. Gmelina Asiatica. La gmelin d'Asie: | Le bois de cet arbre est très-bon Lee les D bâtimens, sq - 270: Grétum gneumon. ei puôlé shéaon. On tire de lécorce dés. rameaux dés filas mens dont: on: se sert pour faire ii filets Lo à le poisson: 01% ° és Gordonia ARTS Lé gordon lu DES PLANTES. . 123 Son boïs est un peu mou; cependant Ca- tesby dit en avoir vu de fort belles tables. 281. Gossypium tar Race: Le coton her- bacé, Cette plante entre dans composition: des . cordes d’amorce, des saucissons ‘d'artifices. On en fait des toiles, des bas, des velours, etc. C’est dans l'emploi de cette matière, reçue brute des mains de la nature , que brille l’industrie humaine, soit dans la récolte ÿ le moulinage , l'emballage et le filage, soit dans la manière de peigner le coton et l’étoupe, de le lustrer, d’en mêler diverses sortes pour différens ouvrages, de former le fil, de le dévider , de l’ourdir, etc. On en fait des fu- taines , des basins , et des bas d’une si grande finesse , qu'une paire du poids d’une once et demie jusqu’à deux , vaut depuis 3 jusqu’à 8 francs; il.entre dans une infinité d’étoffes , où il se trouve tissu avec la soie, le fil et diverses autres matières. Le vrai secret de la Rouvièré pour employer l’apocin, c’étoit de le mêler avec beaucoup de coton, de soïe ou de filoselle. 202. Gossypium arboreum.. Le cotonnier en arbre. On peut diviser le cotonnier en trois sous- espèces qu'on distmgue par la finesse de la 124 MANUEL ÉCONOMIQUE laine et la disposition des laînes dans la gousse. : La première donne un coton commun, dont on fait des matelas et des toiles ordinaires ; la seconde un coton très-blanc et extrême- ment fin, propre aux ouvrages délicats; et la troisième un très-beau coton, qu’on appelle à la Martinique coton de pierre, parce que les graines , au lieu d’être éparses dans ses gousses comme elles le sont aux autres, sont amon- celées et si serrées les unes contre les autres , qu’on a de la peine à les séparer; ensorte que toutes ensemble occupent le milieu du flocon. On cultive aux Antilles une quatrième sous- espèce plus petite que les précédentes, quoi- qu’elle leur ressemble à-peu-près par sa tige et par ses feuilles; le coton en est très-fin et d’une belle couleur de chamois; on l’appelle coton de Siam. On fait de sa laine des bas. d’une finesse extrême ; la couleur est très-re- cherchée : les plus beaux se font dans l’île de Guadeloupe. 283. Gozupia glabra. Le soupi labre On fait des pyrogues avec le tronc de cet arbre. 204. Guajacum officinale. ke gaiac Êdes boutiques. On se sert du bois de gaïiac pour des ou- vrages de tour et de marqueterie; dans les = DES PLANTES. 125 colonies , on en fait des roués et des lanternes pour les moulins à sucre ; en Europe, on en fabrique des jantes : ce bb brûle difficile- ment. 289. urine bonduc. Le srand bonduc _ commun. Dans les Moluques , On Mait avec cette plante des espèces de haies. On emploie | dans ce pays#leurs grains pour jouer à un jeu que l’on nomme 1sjoncku. 266. Guilandina moringa. Le morunga, le bois néphrétique , la noix de ben. | C’est cet arbre qui fournit la noix de ben; on s’en sert pour tirer les odeurs des fleurs odorantes, pour falsifier les essences , et pour l’embaumement des corps. 287. Gypsophyla struthium. La lychnide d'Espagne, le gypsophyle d’Espagne. Les ancieus se servoient de cette plante en guise de savon; les Espagnols en font aujour- d’hui le même usage. | _ 288. Haemotoxyum campechianum. Le cr du sang de campêche , le bois de campêche. Le bois de cet arbre est dur, compact, d’un beau brun marron, tirant quelquefois sur le violet et le noir ; on en voit en fond brun taché très-régulièrement de noir. On en a fait des meubles très-précieux, et il prend un fort 1260 MANUEL ÉCONOMIQUE beau poli, sans jamais se corrompre ; les luthiers emploient ce bois, qui a quelquefois le coup-d’œil de l’écaïlle , pour faire des ar- chets : on s’en sert dans la teinture : sa décoc- tion est fort rouge, lorsqu'on fait usage de l’alun; maïs si on n’y en ajoute point, la dé-. coction devient jaunâtre, et au bout de quel- que tems noire comme de l'encre ; aussi fait- on usage de cette décoction pour PAR velouter les noirs; c’est ce velouté qui fait tout le mérite des a de Sedan. 280. Hedera helix. Le lierre commun. Le bois qu’on tire des gros troncs de lierre est quelquefois employé par les tourneurs ; ils en font des vases à boire, auxquels ils at- tribuoient autrefois la vertu de laisser filtrer l’eau, et de retenir le vin, lorsqu'on y met- toit les deux liqueurs. Le bois de sa racine : sert aux cordonniers à Ôter le morfil de leur tranchet, lorsqu'ils l’ont aïguisé ; la décoc- tion de ses feuilles noircit les cheveux. Dans les campagnes on en met dans la lessive pour ‘enlever les taches d’encre et de fruits ; autre- fois le l'erre étoit consacré par la religion ; il entouroit les thyrses des bacchantes , les armes redoutables des prêtresses de Bacchns. On s’en couronnoit aux fêtes de ce dieu, en chantant les dithyrambes. Il tomboit en festons des DES PLANTES. 197. bords de ses autels ; déchu de ces honneurs, on ne le tire plus guère de l’obscurité des forêts. | 200. Helianthus annuus. Le soleil commun, le soleil annuel. L'huile qu’on tire de ses grains est. bonne à brûler pendant la nuit. 201./Helianthus tuberosus. Le topinambour. Son écorce préparée comme celle du chan- vre, peut servir aux mêmes usages; Om en peut faire des cordes très-fortes; ses tiges grosses et ligneuses brûlent très-bien , et se- roient une ressource dans les pays où le bois est rare; sa moëlle peut servir à faire des mêches, comme celle du sureau. 292. Hebicteres barvensis. L’isore de Baru, le majagua de Plaga. Les habitans du pays emploient l'écorce du tronc et des rameaux principaux, pour Hes en guise de cordes. 203. Hernandia Guianensis. L’ hernandie de la Guiane. Les Galibis et les an usent de bois de cet arbre sec comme de l’amadou ; 5 il prend feu de même. 204. Æernandia sonora. L'hernandie so- nore., l'arbre aux fourmis. El ' 128 MANUEL ÉCONOMIQUE . On emploie le bois des jeunes troncs de cet arbre en guise de liése, pour attacher aut filet que les pêcheurs appellent ré. On fait” aussi quelquefois avec ces vieux troncs des mâts pour des petits vaisseaux : on en cons- truit des jambages de portes ; mais il faut ga-* rantir ce bois, autant que faire se peut, de: la pluie, car il est très-sujet à se pourrir ; lors- qu'on veut couper l’hernandier , il faut né- cessairement brûler au bas de cet arbre des” feuilles pour en chasser, par la fumée, les. fourmis dont il est toujours couvert; aussi l’appelle-t-on l’arbre aux fourmis. 205. Hevea Guianensis. Le caout-chouc. Pour peu qu’on entaille le bois de cet arbre, il en découle un suc laiteux, et quand on veut en tirer une grande quantité , on com- mence par faire au bas du tronc une entaille profonde qui pénètre dans le bois; on fait ensuite une incision ,, qui prend du haut du tronc jusqu’à l’entaille, et par distance, on. en pratique d’autres latérales et obliques, qui viennent aboutir à l’incision longitudina!e;n toutes les incisions ainsi pratiquées condui- sent le suc laiteux dans un vase placé à l’ou- verture de l’entaille ; le suc s’épaissit, perd. _ de son humidité, et devient une résine molle, roussâtre et élastique; lorsqu'il est très-ré- cent D ES PL A N TES, 129 cent, 1l prend la figure des instrumens et des vases sur lesquels on l’applique couche par couche, que l’on fait sécher à mesure, en l’exposant à la chaleur du feu. Cette couver- ture devient plus ou moins épaisse, mais toujours molle et flexible : si les vases sont de terre glaise, on introduit de l’eau pour la. délayer et la faire sortir; si c’est un vase de terre, on le brise en petits morceaux : c’est la façon d'opérer des Garipous. On fait avec cette résine des boules solides, qui, étant séchées, sont élastiques; on en peut faire toutes sortes de petits instrumens , telles que seringues, bouteilles, bottes, souliers; on en. fait aussi des torches et des flambeaux dont la lumière est éclatante. La Condamine a in- séré dans les mémoires de l’académie des sciences , différentes observations surle caout- chouc ; nous en avons fait mention dans la dissertation que nous avons publiée au sujet de cet arbre dans notre grande collection physique, rbarolle etéconomique. ( Payez cette disertation ) 206. Hibiscus tiliaceus. Le de a feuilles de tilleul. _ Cet arbre, quoique vil, est très-bon pour les usages économiques; on s’en sert pour faire des haies ; on fait des cordes avec son écorce: GE 1 Il 130 MANUEL ÉCONOMIQUE ses feuilles sont assez grandes pour servir de . couvertures aux plats où l’on met les alimens. 207. Hibiscus cannabinus. Le gombo a. feuilles de chanvre. Il a l’écorce rempli de Abies ; c’est pour- quoi, sur la côte de Malabar, on en fait des cordages très-forts ; on pourroit aussi en tirer du fil de toutes sortes de grosseurs. 208. Hibiscus Suratensis. Le gombo de Surate. Le suc de ses feuilles teint en rouge. 209. Hibiscus abel-moschus. L’herbe au musc. On fait quelquefois des chapelets avec les graines de cette plante, en les enfilant. | 300. Hibiscus vitifolius. Le sombo à feuilles de vigne. On se sert à Malabar de la racine de cette plante pour la confection de l’huile et du beurre : on prépare avec les filets de la tige, de grosses cordes ; on pourroit aussi en tirer du fil. è 301. Hieracium umbellatum. La chicora- cée ombellée. On peut employer cette chicoracée, de même que toutes celles à tiges ligneuses, pour teindre en jaune. # DES PLANTES. 131 302. Hippocrepis comosa. ‘Le fer-à-cheval à têtes. Les alchymistes appellent cette plante Lu naria-minor. Le fameux Delisle, qui préten- doit faire des clous moitié fer, moitié ar gent, faisoit semblant de s’en servir. 303. Hippomane mancinella. Le mancenilier ordinaire. Le bois de cet arbre est très-beau, dur, compact comme celui du noyer, marbré en quelques endroits de veines grisâtres et noï- râtres , susceptible de poli; on en fait de très- beaux meubles. 304. Hippophaë rhamnoïdes. Le rhamnoïde d'Europe. Les fleurs de cet arbrisseau n’ont aucun éclat, mais ses feuilles blanchâtres lui don- nent un air singulier ; ses longues épines le rendent propre à faire de os clôtures ; ses branches coupées et sèches ont le même fiantase, car elles subsistent plusieurs années sans périr. 305. Hirtella Americana. Le Huss de gares lette. Le tronc de cet arbre et ses branches fen- dues, fournissent des lattes p'opte à faire des STE ou des claies. 306.Hoicus saecharatus.Le sorgho à sucre. La 132 MANUEL ÉCONOMIQUE On peut tirer du suc des tiges de cette plante. 307. Hopea tinctoria. L'hopéedesteinturiers. _ Le suc et la décoction de ses feuilles tei- gnent les linges et les étoffes de soie dans un jaune gai. 308. ne lupulus. Le houblon mâle et femelle. On prépare avec les tiges du houblon une filasse qu’on peut substituer au chanvre pour les ouvrages grossiers. On remplit de houblon, pendant l'hiver , les ruches des abeilles qui se trouvent à moitié vuides de rayons, pour conserver ces insectes. 300. Hura crepitans. Le mamam cacao. Les Américains ouvrent le fruit de cet arbre à l’endroit où le pédicule est attaché ; ils en font sortir les semences, après quoi ils se servent de la coquille pour y mettre du sable à écrire; ce qui a fait donner à ce fruit le nom de boîte à sable. 310. Flymenaea courbaril.- Le courbaril. Le bois de cet arbre est très-bon pour la charpente et la menuiserie; on en fabrique des rouleaux, qu’on emploie dans les mou- -lins à sucre; on en fait aussi de très-beaux meubles; les planches qu’on en tire portent jusqu’à 18 pouces de larges. C’est du cour- | b A8 0 L'A NAT ES, 133 baril qu’on tire la gomme animée , usitée par les artistes pour faire le vernis; et en effet, on peut, au moyen d’un procédé particulier , employer cette résine de la même’ manière que la gomme copal dans les vernis transpa- rens. Prefontaines dit que les Indiens s’en ser- vent pour vernir leur poterie ( apparemment que ces vases ne dgivent pas être exposés au feu ); ils la passent aussi dans un bois mou, et elle leur sert pour-lors de flambeaux. | 311. yosciamus phylasoides. La jusquiame phylasoïde. On prétend que si on done à Done: à un voleur de l’infusion de cette plante, elle lui fait avouer tout ce qu’il a fait; ce qui mérite une plus ample confirmation. 312. Hypericum perforatum. Le mille-pertuis commun. | Les fleurs de mille-pertuis pilées donnent un suc rouge comme du sang, quoiqu’elles soient de couleur jaune. Cotte a fait avec succès un essai de ces fleurs sur les étoffes de soie et de laine; elles ont teint ces étoffes en beau jaune. (Voyez notre traité sur Les plantes propres à la teinture , ou notre manuel tine- torial des plantes.) | 313. Hypericum perfoliatum.Le mille-per- tuis perfeuillé, na 134 MANUEL ÉCONOMIQUE On exprime des étamines de ses fleurs un suc rouge, dont on se sert quelquefois pour colorer ; mais cette couleur se passe très- a 314. Æypericum sessifolium. Le bd bap- tiste , le bois de sans. On enlève l’écorce des troncs de ces arbres et de leurs branches, et on les fait sécher. On rejette comme inutile la couche exté- rieure de ces écorces; la seconde s'emploie pour couvrir des cases : comme elle est rési- neuse, elle ne prend pas l’humidité, et se conserve fort long-tems. 315. Jambolifera pedunculata. Le jambo- lifère pedunculé. Ou emploie le bois des vieux arbres pour bâtir. 316. Jatropha gossipifolia. Le manihot à feuilles de cotonier. On tire dans le Brésil des graines de cette plante une huile dont on se sert pour les lampes. | | 317. Jatropha Molucana. La noix des Moluques. On tire des noix de cet arbre une huile bonne pour les lampes. 318. llex aquifolium. Le houx commun. La glu dont on se sert pour prendre les oiseaux, se {ait avec l’écorce du houx. Pour = DES PLANTES. 135 faire cette glu, on prend de l’écorce de cet arbre dans le tems de la sève ; celle des plus gros est la meïlleure; lorsque le tems de la sève est passé, comme il est très-difhcile d’avoir l’écorce dont on a besoin, on coupe le pied du houx par petits morceaux, qu’on met dans un chaudron plein d’eau, et auquel on donne quelques bouillons ; l’écorce se sé- pare pour-lors plus facilement d’après le bois, que si elle étoit en sève : on commence d’abord par ôter, enlever et jeter la première écorce, qui est une petite pellicule brune; on prend le surplus de l’écorce jusqu’au bois, qu’on met dans un pot de terre ou dans un vaisseau dans la cour, où bien on l’étend pendant dix ou douze jours dans un endroit humide pour la faire pourrir : quand elle est dans cet état, on la pile jusqu’à ce qu’elle soit réduite en bouillie , soit dans un mortier, soit sous une meule de pierre : plus on la pile, plus elle donne de glu : quand l’écorce du houx est dans cetétat, on la porte à une fontaine d’eau claire ; la plus froide est la meilleure; à dé- faut d’eau de fontaine , on se sert d’eau de puits, qu'on fait tirer dans une auge de pierre; cependant l’eau courante vaut tou- jours mieux. On met cette écorce pilée dans une petite terrine, et avec uu bâton en forme UN 4 136 MANUEL ÉCO NOMIQUE de spatule, on remue cette écorce pilée qu’on a réduit en peloton, en y mettant de tems en tems un peu d’eau, jusqu’à çe que la glu se prenne avec le bâton dont on se sert pour la remuer : on l’étend ensuite souvent dans l’eau pour faire tomber ce qui reste d’écorce mal pilée ; plus la glu est nette ; plus elle est forte pour arrêter les oïseaux les plus vigoureux ; il faut néanmoins prendre garde en lavant la glu qu’elle ne se convertisse en huile. _ Le bois du houx est excellent pour les ou- vrages de charpente , suivant Garidel ; ses jeunes branches sont les meilleures houssines À battre les habits : on en fait aussi des marches de fouet. Lorsque ses branches sont saruies de feuilles , elles servent de houssoirs : O en campagne, on emploie cet arbrisseau pour faire des haies. 319. Illicium anisatum. L’anis étaillé. Les Chinois et les Japonois regardent cette plante comme une plante sacrée; ils l’offrent à leurs pagodes, et en brülent l’écorce comme un parfum sur leurs autels. Ces peuples éten- dent les branches de cet arbre sur les tom- beaux de leur amis , et les y placent comme une offrande précieuse à leurs mânes. Les sardes publics en pulvérisent l’écorce, et en conservent la poudre dans de petites boîtes DES FLANTES. 137 allongées en manière de tuyau, dont voici l’usage : On met le feu à cette poudre par une des extrémités du tuyau, et comme elle se consume d’une manière uniforme et très- lentement, lorsque le feu est parvenu à une distance marquée, alors les gardes sonnent une cloche, et par le moyen de cet horloge pyrique , ils annoncent l’heure au public. Kempfer dit que cette plante augmente sin- gulièrement la violerce du poison que four- nit le poisson nommé fatreodon ocelleatus. (Linn. syst. nat. pag. 333. ) Ce poisson est le éladder fisch des Anglais :la plante décrite par Rumphe, sous le nom de rex amoris , en est le contre-poison le plus assuré. 320. Indigofera tinctoria. L’indiso des teinturiers, On tire de cette plante, dans le pays où elle croît, des espèces de pierre dont nos tein- turiers se servent avec différentes drogues, pour teindre en bleu les étoffes de soie et de laine, ( Voyez; sur cette plante, z0s Manuels inctorial et munufactorial des plantes.) 321. {ris germanica. L’iris commun. On tire de la fleur d’iris une espèce d’ex- trait, qu’on appelle verd d’iris. Les paysans garnissent les chaperons de leurs murs de pieds d'iris pour les conserver. Les marchands 158 MANUEL ÉCONOMIQUE font souvent usage de la racine de cette plante pour parfumer leurs marchandises. Dans le Languedoc et la Provence, on tire la pulpe de la racine de cette plante ; après l'avoir fait cuire, on l'étend sur les toiles : c'est une excellente méthode pour les par- fumer. Les blanchissenses mettent des cha- pelets de cette même racine dans les lessives pour donner bonne odeur au linge. 322. Isatis tinctoria. Le pastel. Il est d’un grand usage dans la teinture pour faire le bleu. (Voy./e Manueltinctorial.) 323. Juglans regia. Le noyer commun. Le noyer est très-précieux pour les arts; son bois est un des meilleurs de toute l’Eu- rope pour faire toute sorte de meubles ; il est assez liant, assez pliant, facile à travailler: il est recherché par les sculpteurs : on l’em- ploie aussi pour faire des tambours : les ar- muriers en montent leurs fusils. La beauté de ses nuances, variées de noir et de blanc, le rend charmant à la vue; aussi les menuisiers et les ébénistes s’en servent-ils pour des bu- reaux et des armoires. Le boïs des racines est plus ondé que celui du tronc, et il est sou- vent préféré ; comme ce bois se courbe facile- ment au feu, les carrossiers l’emploie ordinaï- rement pour des panneaux de carrosses. Les tp mSUME AIN TES. 159 facteurs de clavecins en font quelquefois des chevalets; on en fait aussi les meilleurs sa- bots. Le noyer se coupe vers la fin de novem- bré : le prix de son boïs dépend de la beauté et de la force de son grain; il est impossible de l’estimer sur pied; il faut, pour lui assigner sa véritable valeur, qu’il soit abattu, coupé et visité. On sait, par expérience, que les veines de ce bois sont pour l’ordinaire plus belles dans les sols les plus secs, où ils emploient plus de tems à Li leur parfaite crois- sance ; il y en a où la sécheresse domine tant , qu'il est impossible aux noyers d'y bep, Les gens de la cHoaee brûlent les feuilles de noyer pour en tirer les cendres, dont ils usent pour leur lessive ; ue même on les fait bouillir au lieu de genièvre dans une grande quantité d’eau, pour échauder les tonneaux dans le tems des vendanges. On tire , par expression ; de l’huile des noix; quand elle est tirée, on Ôte la pâte qu’on avoit mise dans les sacs, et on la met dans de grandes chaudières :sur un feu lent, avec un peu d’eau bouillante ; après quoi on la remet dans des sacs sous presse pour en tirer une seconde huile, qui a une odeur désagréa- ble, mais qui est bonne pourles lampes, pour Là 140 MANUEL ÉCONOMIQUE. faire du savon , et excellente pour les peintres, sur-tout quand on a soin de la dégraisser en Ja faisant cuire avec de la litharge, et quel- qu'autre préparation de plomb. Pour avoir l'huile grasse plus belle, on met l'huile dans des vases à plomb de forme aplatie, comme une soucoupe, exposés au grand soleil ; ou, quand elle a pris la consis- tance de syrop épais, on la dissout avec de l’essence de thérébentine; on peut pour-lors en faire un vernis gras, qui est assez beau, appliqué sur les ouvrages de menuiserie. On peut encore la broyer avec différentes cou- leurs, qui, par ce moyen, sèchent très-vîte et deviennent fort brillantes. | Les teinturiers emploient les racines et le brou, ou l’écorce extérieure de la noix, pour faire des teintures brunes très-solides; les me- nuisiers font avec le brou pourri une teinture qui donne au boïs blanc une belle couleur de noyer. Les jardiniers mettent des tas de brou aux pieds des arbres fruitiers ; ils pré-: tendent que le brou fournit, en pourrissant, un excellent engrais propre à ranimer leur végétation. 324. Juglans alba. Le noyer blanc , le hié- cori de la Virginie. Le bois de cet arbre a le grain gros; Ce- DES PLANTES. 141 pendant il est d’un très-grand usage en plu- sieurs choses pour l’agriculture : des jeunes arbres on fait d’excellens cerceaux pour les barils où l’on met le tabac, le ris et le sou-- dron, et pour brûler, il n’y a point de meil- leur bois dans tout le nord de l'Amérique. 325. Juglans nigra. Le noyer noir. On estime le bois de cet arbre pour! faire des tables, des armoires et autres meubles. 326. Juncus acutus. Le jonc aigu. En Hollande, on plante avec soin cette plante et le jonc filiforme sur les bords de la mer ; pour empêcher la terre d’être enlevée ; car elle pourroit être emportée à chaque marée , si les racines de ces joncs , en se liant les unes aux autres très- Don neA dans la terre, et en formant une espèce de tissu près la surface, ne la resserroient : aussi, toutes les fois que les racines sont détruites, on ré- pare bien vîte ce délâbrement pour en préve- nir un plus grand. En été, quand les joncs sont en pleine vigueur, on les coupe ; on en forme des paquets, après les avoir fait sécher auparavant, et on les emploie dans les grandes villes pour enfaire des paniers et autres usten- siles. oi 327. Juncus sde Le jonc commun. Les jardiniers se servent de ce jonc pour - 142 MANUEL ÉCONOMIQUE leurs menus liens; on en fait plusieurs petits ouvrages de vannerie. Les bouquetières l’ém- ploient pour les queues de toupillons de violettes et d’autres fleurs, dont elles font aw printems de jolis bouquets montés. Il y a une variété de jonc dont la moëlle sert à faire des mêches pour les lampes; on en fait aussi des fleurs artificielles après lui avoir donné différentes couleurs. | 328. Juniperus thurifera. L'arbre à en- cens. On a brûlé de l’encens dans les temples de toute religion, pour faire honneur aux divi- nités qui y ont été adorées. Les premiers chrétiens ont été martyrisés parcequ’ils n’ont pas voulu encenser les idoles. On donne aussi de l’encens dans les cérémonies ecclésiasti- ques aux personnes que l’on veut honorer, tels que les prélats, les officiers , le clergé et même le peuple et les corps morts. L’encens que l’en voit fumer sur nos autels, et monter vers le ciel en odeur de suavité, est le sym- bole de nos prières. C’étoit autrefois un droit honorifique, dù aux patrons fondateurs et hauts justiciers d’une église. 320. Juniperus Barbadensis. Le cèdre de Jamaïque. , Les habitans de l'Amérique septentrionale | DES PLANTES. 145 viennent souvent dans la J amaïque et aux îles Barbades pour en tirer ce bois, dont ils se ‘servent pour construire des vaisseaux. 330. Juniperus Bermudiana. Le cèdre de Bermude. Le bois de cet arbre exhale une odeur très- forte; on s’en servoit beaucoup en Angle- terre pour des boiseries et des meubles ; mais l'odeur étant étop pénétrante pour plaise personnes, on n’en a plus fait tant de cas, et l’on n'importe plus une si grande quantité de ce bois en Angleterre. | 331. Juniperus communis. Le genèvrier ‘commun. | Le genèvrier peut être d’une grande res- source pour garnir les côteaux des mauvaises terres, et pour former les garennes : son bois est fort tendre et léger; il est gris, quand ilest fraîchement coupé; mais lorsqu'il est fort sec, il est d’un rouge clair, assez agréable, et répand une bonne odeur. C’est une espèce de bois cendré dont les ébénistes font une quantité de jolis ouvrages : il est presqu’in- corruptible : on en fait de bons échalas, et si l’on en avoit d’assez gros, on en pourroit faire des palissades qui dureroïent fort long- tems. Dans la Lorraine et les Trois-Evêchés, il est d'usage de faire bouillir dans un grande 144 MANUEL ÉCONOMIQUE quantité d’eau plusieurs branches de Eu vrier pendant les pnAQnES » pour servir à échauder les tonneaux qu’on destine pour Y mettre du vin. | 332. Justicia purpurea. L’adhotada pour- pre. Dans l'Inde , on teint en rouge le coton et Je fil, en faisant cuire cette plante avec les Milles et racines du zezu, et les feuilles du zeh a. 333. Ixora coccinea. L’ixore couleur d’é- carlate, 534. Ixora alba. L’ixore blanche. Les gentils Indiens ornent les temples de leur dieu Ixore avec les fleurs de cette plante; c’est sans doute la raison pour laquelle on lui a donné le nom d’zxore. 9392. Lavandula spica. La lavande mâle, l’aspic. Les peintres en émail, et divers gens de l’art, font usage de l’huile d’aspic; on l’em- ploie dans la composition de beaucoup de vernis. , . 336. Laurus nobilis. Le laurier commun. Le laurier étoit consacré chez les anciens à Apollon. Le fameux temple de Delphe, sui- vant que le rapporte Pausanias , n’étoit dans son commmencement qu’un simple trou en terre, DÉS PLANTES. .145 terre , couvert de l'ombrage des lauriers qui étoient plantés autour du fameux trépied, Les balais et la couronne dés prêtresses m'étoient faits que de lauriers. C'est sous l’ombre des lauriers du Parnasse, qu’on nous représente les délicieuses retraites des Muses couronnées des tiges de ce même arbre. La vénération des Grecs pour le laurier sé com- muniqua aux Romains; ces superbes maîtres du monde crurent ne pouvoir mieux récom- penser la vertu militaire de leurs grands capitaines et des empereurs, qu’en les ho- norant, dans leur triomphe , de couronnes de laurier, ou en leur permettant d’en tenir une branche à la main; les portes même de leurs maisons en étoient toujours ornées, et l’on prenoit le soin d’en changer les lauriers toutes les années. Les sénateurs, les prêtres et toutes les personnes de quelque distinction parmi les Romains , s’attribuèrent dans la suite cet honneur. . Les marchands ne croyoient pas pouvoir être heureux dans la vente de leurs marchan- dises , si elles n’avoient été aspergées d’eau lustrale aYec une branche de laurier. Ceux. qui devoient annoncer à Rome la nouvelle d’une victoire, ne s’y présentoient que cou- ronnés de laurier ; les têtes même des gé- K. 146 : MANUEL ÉCONOMIQUE néraux victorieux en étoient couvertes., Le. laurier étoit autant le symbole de la victoire que celui de la paix, qui est le fruit de la première. Tibulle et Catulle représentoient le laurier comme le symbole de la chasteté ; les Romains faisoient aussi de cét arbre un symbole du bonheur et de Îa santé, que le peuple souhaïtoit aux grands le premier jour de l’année , en leur mêlant des figues sèches avec des feuilles de laurier. On donnoit autre- fois la couronne de laurier aux nouveaux docteurs en médecine, lorsqu'on les recevoit. Jean Bauhin et Simon Du assurent qué cette couronne étoit encore en usage de leur tems dans l’université de Bâle, de Boulogne, et dans plusieurs autres. Si on frotte, avec l'huile de laurier, en plu- sieurs endroits, les murs ou la boiserie d’une chambre , l’odeur de cette huile fait partir toutes les mouches qui s’y.tronvent. |, 337. Laurus borbonia. Le laurier de Bour- bon. Le boïs de cet arbre est d’un grain fin, et d’un usage excellent pour les armoires. Ca- tesby dit avoir vu quelques morceaux choisis de ce bois, qui 1 ressembloient à du satin ondé, et dont la beauté étoit au-dessus de celle d’aucun autre bois qu’il ait jamais vu. DES PLANTES, 147 538. Lecythys zabacajo. Le quatelé za- bucaie. Les Portugais , qui travaillent au tour, font, avec ses FAbbulés, des boîtes et autres petits ouvrages. Au Brésil , l’on tire des de de cet arbre une huile qui y est estimée : l'écorce est ADIOYEE par les Indiens à faire des bretelles et À lier dés fardeaux. 330. Ledon palustre. Le lédon des marais. Ses rameäux éloignent les rats des maisons, æt chassent les punaises ; l’huile de cette * plante, qu’on tiré per déscensum , mêlée avec l'écorce du bouleau, donne au cuir de Russie l’odeur qu’on lui trouve. 340. Lepidium ruderale. La passeräge des _décombes. On prétend que cette “pit ME propriété de chasser les punaises par son odeur forte. 341. Lichen calcareus. Le lichen calcaire. On se sert de ce lichén pour teindre ‘er. rouge, et on croit que C est le corkir; en effe et, il a le même usage. 342. Lichen CARD. Le Hichen à chan- delle. 4 Dans le Nord, on mêle ce lichen en pou- dre avec le stuf, ce qui fait des chandelles d’un beau ; La , réservées pour les tr de fêtes. K 2 348 MANUEL ÉCONOMIQUE 343. Lichen tartaréus. Le lichen tartreux. On prépare avec ce lichen une belle cou- leur rouge, une espèce d’orseille, qui se vend, dans le Nord, sous les noms de byttelet et borasfarg. 344. Lichen parellus. Le Rohoe parelle. Il est connu, dans le commerce, sous les noms de parelle ou orseille de terre ou d’Au- vergne. On en fait, avec de la chaux et de l'urine, une pâte dont il s'emploie une grande quantité dans la teinture, et qui donne une couleur pourpre-assez foncée, mais de petit * teint, c’est-à-dire peu solide. 345. Lichen saxatilis. Lelichen des pierres. Ce lichen peut servir à teindre en pourpre et violet. Les plus petits oïseaux en cons- truisent leurs nids, tournent en-dedans le côté inférieur, que les filets rendent comme velu. 346. Lichen omphalodes. Le lichen à nom- bril. jadis On peut s’en servir pour teindre en pourpre. 347. Lichen parietinus. Le HERO des Ru railles. On s’en sert pour teindre en jaune dé étoffes de laine. 348. Lichen pulmonarius. Le lichen pul- monaire. us Du D ES FLANTES. 149 On s’en sert pour teindre en une couleur roussâtre ou châtain, qui est durable. 349. Lichen calicaris. Le lichen canellé en forme de corail. Comme ce lichen se réduit aisément en poudre très-fine, et qu’il est pur ét sans mau- vaise qualité, on s’en servoit autrefois pour faire de la poudre à poudrer les cheveux ; mais sa cherté lui a fait substituer une pou- dre d’amidon , qu’il est bien plus or de se procurer. 350. Lichen prunastri. L’orseille feuille. Ondit qu'on peut en préparer une très- belle poudre à poudrer. 351. Lichen juniperinus. Le lichen du gene- vrier. On s’en sert dans le Nord pour teindre la laine en jaune. 352. Lichen pustulatus. Le lichen à pustule. On en peut tirer une belle couleur rouge. 353. Lichen cociferus. Le lichen fausse cochenille. Les tubercules écarlates de ce lichen com- muniquent aux lessives alkalines une belle couleur pourpre. 354. Lichen rocella. Le Ho orseille. On emploie ce lichen pour les teintures, Voyez notre Manuel tinctorial des Plantes. K 3 10 MANUEL ÉCONOMIQUE . 355. Lichen barbatus. Le lichen à: barbe: En Pensylvanie, on s’en sert pour teindre: en jaune oranger. 0 Jon DH Le lichen de renard. _ On s’en sert pour. teindre les tes en jaune. 357. Lichen, LAoridus, Le lichen fleuri. . On Va employé à faire la poudre pour les. cheveux. Il donne une teinture violette assez. belle. 358. Ligustrum.vuloare. Le troêne. Les baieside cet to d donnent, une. teinture pourpre ; on s’en sert, dans quelques endroits, pour teindre le vin ; on en fait aussi quelquefois de l’encre. On au à ses jeunes. branches pour plusieurs. ouvrages de van- rerie , sur-tout pour les ruches; on en, fâ- brique aussi, de. jolies cages. Les. salpêtriers font grand usage de son charhon,. 350. Linum usitatissimum. Le lin commun. La consonunation du lin. est très-considé- rable en, France; le plus vanté. est, celui qui nous vient de la Flandre. Pour qu'il, soit es- timé, il faut qu'il soit luisant, doux, liant et fort. On l’emploie pour faire du, linge : on s’en sert pour des dentelles, Les beaux points de Malines, de Valenciennes et, d'A- lençon, sont faits avec du fil-de lin. On. fa- brique avec le lin de la toile qui l'emporte \ DES PLANTES. 151 / de beaucoup sur la plus belle faite avec le chanvre ; il entre aussi dans quantité de pe- tites étoffes. Quand la toile est usée, les chiffons qui en proviennent servent à faire du papier, matière dont l'usage n’est ignoré de personne, et que l’on ne sauroit assez admirer. L'huile de lin, tirée par expression, ést très-bonne à brüler ; on l’emploie pour la préparation des laines et les teintures. Les peintres en font grand cas. La suie de la lampe dans laquelle on brûle l’huile de lin, entre dans la composition de l’encre des imprimeurs. 360. Liquidambar styracifolia. Le liqui- dambar à styrax. Le bois de cet arbre est propre pour Va _ charpente; on s’en sert à boiser , etc. Le srain en est fin, et il y en a de marbrés d’une manière fort agréable, et propres aux plus beaux ouvrages de menuiserie ; mais quand on l’emploie avant qu’il soit bien sec, il est sujet à se retirer et à se déjoindre. Pour prévenir ces inconvéniens , il en faut garder les planches huit ou dix ans au moins ; ce- pendant la beauté et la forme résulières de cet arbre méritent l'attention des curieux, sur-tout n’y ayant aucun arbre de l’'Arné- rique qui se plaise plus dans notre climat. K 4 152 MANUEL ÉCONOMIQUE Ii sort d’entre le bois et l’écorce une gomme odoriférante, qui s'écoule des plaies qu’on fait à l'arbre, et qui se condense par la cha- leur du soleil en lames transparentes. Les Indiens la mâchent, croyant que c’est un. préservatif pour les dents; son écorce leur est aussi fort utile pour couvrir leurs maisons, ce qui a donné souvent occasion à Catesby de ramasser cette somme sur les arbres qu’on avoit ainsi dépouillés de leurs.écorces, et dont. un seul pourroit en fournir plein un chapeau. Cette gomme a l’odeur si pareille à celle du baume de tolu, , qu'il n’est pas facile de les. distinguer. 361. Liriodendron tulipiferum. Le vrai tulipier. Dans quelques endroits du Canada, son bois passe pour être le meilleur qu'on puisse employer pour faire des -pirogues ou canots d’une seule pièce. 362, Liriodendron liiferam. Le tulipier en forme de lys. On emploie le bois de cet arbre pour faire des caisses, des cercueils. 363. ee æilosteum. La lonicère xilos- téon. | Son bois est très-dur; on en fait des peï- gnes de tisserands, des dents de rateaux à DES PLANTES. 153 faner. Dans les pays où tout le monde fume, les paysans font des tuyaux de pipe avec ses branches creusées. < 364. Lonicera corymbosa. La lonicère en bouquets. On emploie cet arbrisseau pour. teindre en . un beau noir les étoffes qui ne se déchar- gent pas comme celles de l’Europe. Cette tébnx. ture se fait avec le bois de cette plante, ré- duit en petits morceaux, avec la plante nom- mée. pangue , et une terre noire appelée robbo , qu’on fait bouillir ensemble dans de l’eau commune jusqu’à une cuisson suffisante. 365. Lunaria annua. La grande lunaire. Les alchimistes recherchoient ancienne- ment cette plante; ils prétendoient que, par: son. moyen a On pouvoit métamorphoser les métaux, et trouver ainsi la pierre philoso- phale. On a renouvelé ni & environ vingt- inq ans, dans les papiers publics > Cette ancienne Opinion ; 3 On y rapportoit qu "une vache, qui avoit mangé de cette plante, avoit les dents changées en or; erreur Hapréon nable même à Er ignorans. 366. Lupinus albus. Le lupin Ho Les lupins servent d’ engrais dans les terres où on les $èime ; la ee est très-accréditée dans le ci-devant comtat d'Avignon, et dans 15# MANUEL ÉCONOMIQUE | la ci-devant province du Danphiné; la paille estsüir-tout un engrais excellent pour la “Ènes ; on l’enterre comme un vrai fumier auprès du sep, quand on laboure, ou bien on la brûle, et on répand les ccndi sur la supérfcie de la térre avant de labourer. | 367. Lycopodium phlezmarium. Le ee pode: phies maire. | 7 Les habitans du Malabar attribuent à à cette plante des propriétés si superstitieuses et si ridicules , que nous croyons devoir ici a passer sous silence. : ‘868: L ycopodium clavatum. Le sé commun. | " Les Russes ramassent la poussière de cette plante pour faire des feux d’artifice. © 369: Lycopodium complanatum. Le \yco- pote ia : | - On s’en sert dans le: N ord pour teindre en Je nr | | © 370. Lygaeum spartum. La lygée sparthe. - Oenfait des crrdes quine s’énfoneent pas dans Peau, et qui ne s’usent pas contre les pierres comme les feuilles du chanvre ; ; on en peut faire encore des nâttes ou espèces de tapis, et BÉRORE d’ autres choses utiles. On, compte jusqu’ à quarante - cinq ouvrages de sparthe, qui servent pour le besoin ou pour D ES PL A NT ES. 145 la commodité, et qui occupent beaucoup d'ouvriers; cependant il étoit réservé à notre siècle de préparer le, sparthe comme le lin et le chanvre, et d’en filer des toiles excel- lentes et très-fines, L'auteur de cette décou- verte a reçu l'accueil le plus favorable et les plus grands témoisnages de bonté de Charles III, roi dans. Sa majesté ca- tholique , en considération d’une découverte aussi précieuse, a accordé à | l'inventeur les pr grands priviléges et un encouragement pécuniaire pour l’aider à établir sa fabrique. Berte, homme zélé et ardent pour les pro- grès mn arts économiques, a établi, en 1776, à Paris, faubourg Saint: Antoine, rue Po- pincourt, une manufacture de sparthe, où l’on prépare des'nattes, des cordes, des ha- macs.et des tapis; cette manufacture subsiste encore, quoiqu’elle ait essuyé un petit échec, ainsi qu'il arrive à tous les, établissemens nouveaux. La matière première qu’on y em- ploie, se tire du royaume d'Espagne, de celui de Valence, et notamment des: environs de. Carthagène. 971. Lysimachia vulgaris. La corneille. Cette plante donne, suivant Lindérn, une temture. jaune propre aux laines. : 972. Mabea piriri. Le mabier calumet. 1560 MANUEL ÉCONOMIQUE. Les Créoles et les Nègres de Cayenne; emploient les menues branches de cet arbris- seau pour en faire des tuyaux à pipe. 373. Mabea taguari. Le mabier taquari. Mêmes propriétés qe celles du numéro précédent. 374. cena Guianensis. Macoucou de Guiane. ‘ Les Galibis emploient l’écorce pour cuire leurs poteries. _ 875. Magnolia acuminata. Le magnolier pointu. Le bois de cet arbre est d’un beau g fort dur, et couleur d’orange. Les Indiens en font des gamelles. 376. Medicago sativa. La luzerne cultivée. C’est un excellent engrais pour les terres! à bled, parce que sa racine pivotante ne se nourrissant que des sels et sucs qui se trou- vent dans l’intérieur de la terre, n’appauvrit point ceux de sa superficie, qui ne sont desti- nés que pour la nourriture des grains dont les racines ne s'étendent qu'horizontalement : élle fait mourir une partie des herbes qui sont nuisibles aux bleds; elle produit plus en prairies artificielles que les prés naturels. Un rapport de luzerne donne, pour l’ordinaire, orain —— Le DES PLANTES. 157 cinq cents bottes de fourrage par année, qu’on peut conserver deux ans. 377. Maleleuca octandra. Le cajuputi. Les habitans d’Amboine et des îles Molu.- ques emploient l’écorce de cet arbre pour boucher les joints des vaisseaux; on se sert de son bois pour la charpente des maisons et pour construire des vaisseaux. 378. Melastoma tinetaria. La tineta des Ganipous. On emploie dans la Guiane cet arbre pour teindre en noir les toiles qu’on y fabrique. 379. Melastoma parviflora. La mélastame à petites fleurs. Les Ganipous, d’après les Portugais, ont donné le nom de zreta à cette plante, qu'ils emploient en décoction , de même que la pré- cédente , à laquelle il ont aussi donné le même nom pour teindre en noir les différentes toiles qu’ils fabriquent. 380. Melastoma acinodendron. La mélas- _tame à fruits de sroseiller. . On pourroit tirer une teinture des baies de cette plante. | | 381. Melastoma malabathrica. La mélas- tame à feuilles de malabathrum. Le charbon du bois de cet arbre s'emploie x 158 MANUEL ÉCONOMIQUE pour faire de la poudre à tirer; on se sert de ses fruits pour la teinture. | L.. 582. Melia azedarach. L’azedarach. Les noyaux qui se trouvent dans son fruit servent à taire des chapelets. 383. Melia azediractha. L'azédarach des Indes. On tire des fruits de cet arbre une huilé dont on se sert pour peindre le linge. 384. Memecylon ue Le Te en petite tête. Les feuilles séchées de get arbre, de vert se changent en une couleur de ME ; aussi les Ceyians l’emploient-ils en guise de safran. 385. Mentha pulegium. La menthe dés ma- rails. Palmer, médecin anglais, prétend que cette plante, lorsqu'elle est encore récente, mise dans un sachet auprès du lit, en chasse in- continent les punaises. 3686. Mesembryanthemum nodiferurn. Le mesembryanthème à nœuds fleuris. \ On le brûle en Egypte pour en tirer de læ soude; c’est la meilleure soude qu’on puissé trouver pour faire du savon et du verre. 387. Mespilus & JETHLANICE. Le HE éE COmM- mun. EPS ER D'ES PLANTES. 159 Le bois de cet arbre peut servir à faire des chevilles et des fuseaux pour les moulins. 388. Michelia tsiampaca. Le tsiampaca. Le bois de cet arbre est mou, et peut se travailler facilement; quoiqu’on ait de la peine à le bien polir, on en fait des coffres. 309. Mimosa bourgoni. Le paletuvier sau- vage. | | Son écorce est âcre et astringente : on em- ploie le suc, mêlé avec le noir de fumée, pour marquer le linge et donner une couleur d’ébène aux bâtons qui en sont enduits. 390. Mimosa scandens. L’acacia grimpant. Les branches de cette plante , broyées dans l’eau , la font écumer comme si c’étoit du savon : on se sert, dans l’Inde, de cette eau pour laver les habits : autrefois on faisoit en Europe des petites tabatières avec ses fèves, et on les garnissoit d'argent ou d’or. On prati- quoit, pour cet effet, un trou au haut du sil- lon , et on plaçoit cette fêve dans un'endroit où il y avoit des fourmis ; elles y pénétroient par ce trou, et en tiroient toute la moëlle ou farine. 391. Mimosa glauca. L’acacia glauque. Le bois de cet arbre, après : celui qu’on appelle zadera , qui est la mnahagoni de la Jamdique, est le meilleur que les îles Bahames 160 MANUEL ÉCONOMIQUE fournissent. On en apporte une grande quan tité en Anpleterre, qu’on fait servir à dés ouvrages de menuiserie. Le orain n’en est pas si sucré que celui du zzadera, quoiqu'il le surpasse par la variété de ses ondes bril- lantes semblables à du satin moiré. 592. Mimosa nilotica. Le vrai acacia. Les corroyeurs du grand Caire, dit Prosper Alpin, consument beaucoup de son suc pour noircir les peaux; la gomme qu’on tire de cet arbre, qu'on appelle gomme arabique, est employée par les teinturiers en soie et par plusieurs manufacturiers ; on s’en sert aussi pour le lavis des plans. 11 s’en fait un srand commerce dans le Sénégal. : 393. Mimosa Senegal. Le gommier de Sé- négal. cu Les maures de l’Afrique viennent faire la traite de la gomme de cet arbre dans le Sé- négal. | 304. Mimusops elengi. L’élensi des Indes. Les habitans du Java, et principalement les Chinois qui s’y trouvent, tirent des noyaux de cet arbre une huile qu’on emploie pour peindre. Les feuilles vertes, jetées sur le feu, font du bruit et pétillent; c’est par cette raï- son qu’on en brüle dans les jardins pour en chasser les loirs, les serpens et autres animaux qui DES PLANTES. 161. qui ont coutume de s’y trouver. Le cœur de l’arbre est assez dur; on peut l’employer au tour. : 395. Mimusops Ranki. Le kanki des Indes. On en fait dans le pays des seuils de porte, ét on l’emploie à différens ouvrages de char- pente et de menuiserie. 396. Minquartia Guianensis. Le minquart de la Guiane. | Les copeaux du bois de cet arbre, bouillis dans l’eau, donnent une teinture noire qui prend très- Lien sur le coton; ce bois, dans. le quartier de Caux, est estimé incorrup= tible, et il y est préféré pour des poteaux, des CRETE que l’on enfonce en terre : d’an- ciens habitans ont assuré n’en avoir point vu pénir. 397. Mnit et muscorum varia species. Les différentes espèces de mnium et de mousses. La plupart des mousses tapissent la terre d’une verdure éternelle ; elles conservent , pendant l’hiver, les plus petites semences, garantissent les racines des autres plantes des gelées, croissent dans la terre la plus stérile, pourrissent et fertilisent la terre. On s’en sert aussi pour emballer les marchandises délicates et les plantes qu’on transporte d’une contrée | L 162 MANUEL ÉCONOMIQUE en une autre; on les emploie aussi pour cale feutrer les vaisseaux ; on s’en sert depuis peu en Saxe pour faire des matelas économiques : le meilleur lit des pauvres est une paillasse ; mais la paille est même trop chère pour eux : d’ailleurs, il faut la renouveler souvent, parce, qu’elle sert de retraite aux souris et aux in- sectes désagréables ; de plus, en la remuant , on ne peut pas toujours parvenir à rendre sa superficie plane et égale : c’est ce qui a été cause que quelques économes Saxons ont cherché un coucher qui rassemblât les avan- tages de l’économie et de la commodité. Ils ont eu recours à la mousse; elle ne reçoit, dit-on , aucun insecte ; elle est douce et com- parable au crin pour cet usage. Lorsqu’après avoir été quelque tems foulée, on la bat avec des baguettes, elle renfle ; on la coud ensuite avec la toile comme du crin, et un matelas de cette espèce dure 20 ans. Il faut recueillir la mousse au mois d’août et de septembre, et choisir, pour cela, les beaux jours de la saison , où elle prend l’accroissement le plus rapide. On en détache la terre la plus gros- sière, et on ne prend que la mousse la plus grande , la plus tendre, la plus belle, dont on Ôte les racines. Ainsi préparée, on la laisse dans un grenier ou dans quelques autres . DES PLANTES 163 lieux secs. On a soin de séparer tout ce qui est mêlé de dur, mais sans la briser; on la coud enfin, comme il vient d’être dit. Le mnium hygromètre annonce les degrés d’in- tensité de la sécheresse et de l'humidité de l'air ; le mnium découpé, rnnium fissum, et le xænium jungermane , indiquent les endroits où on peut trouver les sources. 398. Morinda umbellata. La morinde om- bellée. | La racine de cet arbre a la propriété, comme celle de la garance, de donner à toutes les couleurs rouges de la tenacité et de l’inten- site ; aussi les habitans des Moluques l’em- ploient-ils, soit seule, soit comme le bois de sappan, pour teindre leur fil et leur linge en rouge. Ceux d’Amboïine, qui préfèrent les couleurs tendres aux foncées ou trop vives, en procurent une approchant de celle du ver- .millon, mais très-durable à leurs toiles, en les faisant macérer dans une infusion de deux parties d’écorce de grosses racines de 4az- cuda , avec une partie de l'écorce et des feuilles de l’arbre alumineux qu ils appellent leha, et un peu d’alun. Lorsqu'ils veulent donner à cette teinture une couleur de sa- rance ou de feu, ils font cuire l’écorce du bas du tronc avec l'écorce et les feuilles de L 2 164 MANUEL ÉCONOMIQUE jeha et le bois de sappan , ou tout autre bois rouge de teinture : ses feuilles s’emploient aussi pour donner de la tenacité à la couleur de roucou ; les racines font un objet de com- merce pour les habitans d’'Amboine, où cet arbre est commun et de meilleure qualité ; ‘ils en portent une quantité considérable de bottes à Java; on en fait beaucoup de tein- ture rouge. 399. Morinda royoc. La morinde royoc. On fait de l’encre avec la racine de cette plante ; les Américains s’en servent pour tein- dre leurs flèches en jaune ou roussâtre. 4oo. Monobea coccinea. Lie mani de la Guiane. L’écorce , les feuilles, les rameaux, le calice , le fruit, les fleurs coupées ou enta- mées , rendent un suc jaune, résineux, qui s’épaissit et devient noïr en se desséchant. Ce suc résineux coule naturellement des bran- ches et du tronc en abondance; les Créoles l’emploient pour goudronner leurs barques, leurs pirogues , le fil à voile et les cordages : l’on en fait aussi des flambeaux en le mêlant avec d'autre résine du pays; c’est aussi avec cette résine que les Galibis attachent les fers de leurs flèches, et les dents de poissons dont ils les arment. Les jeunes arbres ont des feuil- DES PLANTES. 165 les plus grandes et moins épaisses ; on les coupe, dans cet état, pour faire des cercles: le bois des grands arbres se fend aisément, et on en fabrique des barriques; leurs feuilles sont plus petites et plus fermes. 401. Morus nigra. Le müûrier noir. Les couchettes qui sont faites de bois de mürier , ne sont point sujettes aux punaises ni autres insectes ; on se sert de ce bois dans la menuiserie et la charronnerie. | La Rouvière a fait une découverte très-inté- xessante sur cet arbre ; il a coupé de jeunes ARE. de mürier dans le tems qu’elles sont en sève; il les a fait battre pendant long- tems, à force de bras, avec de gros mail- lets ; ensuite il a fait rouir les branches à la façon du chanvre; il a retiré, par le moyen de l’écorce du mûrier , une filasse qui ap- prochoïit encore pour la bonté de la qualité de celle de la soie. Il n’est pas douteux qu’on trouveroit dans l’écorce de la plupart des ar- bres , si on vouloit en faire la recherche, quelque substance qui pourroit être dur moins substituée à notre chanvre. 402. Morus papyrifera. Le mûrier à papier. C’est de cette écorce dont les Japonais se servent pour faire du papier. ù 53 166 MANUEL ÉCONOMIQUE. 403. Morus Tuartarica. Le mürier de Tar- tarie. Les vers à soie qui se nourrissent de la feuille de cette espèce, fournissent la meil- leure de toutes les soies. 404. Morus tinctoria. Le mûrier des teintu- riers, le bois de campèche. On se sert de son bois dans la teinture ; sa décoction est fort rouge, lorsqu'on fait usage d’alun; mais si on n’y en ajoute point, elle devient jaunâtre , et au bout de quelques mois noire comme de l’encre ; aussi fait-on usage de cette décoction pour adoucir et velouter les noirs : c’est ce velouté qui fait tout le - mérite des noirs de Sédan. On fait un grand commerce de ce bois; on en fabrique des meubles précieux ; les luthiers s'en servent principalement pour les archets. 405. Moutouchi suberosa. Le moutouchi de la Guiane. Le bois de cet arbre étant peu compact et fort léger, on s’en sert dans la Guiane, comme on fait usage du liése en Europe. 406. Musa troglodylarum. Le bananier des Moluques. Dans le pays où croît le bananier, on re- tire du fil de sa tige, en lui donnant cer- taines préparations. L'eau qui sort du corps DES PLANTES. 167 de la plante, ou d’une feuille qu’on rom- proit, est jaunâtre , et laisse au linge une tache qui ne s’efface jamais. Mêlée avec le jus des feuilles de pois de sept ans , qui rend une belle couleur verte, elle lui donne de la consistance et l’empêche de pâlir. 407. Myagrum sativum. La caméline cul- tivée. On se sert de son hrile pour les lampes; les paysans écrasent , à cet effet, sa graine sous ‘la meule. : 408. Myrica cerifera. L'arbre à cire. On tire de la substance onctueuse et fari- neuse dont les noyaux de cet arbre sont cou- verts, une cire dont on fait des chandelles de. la manière suivante. Dans les mois de no-. vembre et de décembre, auquel tems les baies sont mûres , un homme quitte sa maison avec sa famille pour aller dans quelques îles ou sur quelques bancs proche de la mer, où il y a beaucoup de cet arbrisseau ; il porte avec lui des chaudières pour faire bouillir les baïes, et bâtir une hutte avec des feuilles de pal. mier, pour s’y retirer, durant le tems de sa résidence, dans les environs, qui est ordi- nairement de trois à quatre semaines ; il abat les arbres, tandis que ses enfans cueillent les baies, qu’ils mettent dans une chaudière avec L 4 168 MANUEL ÉCONOMIQUE de l’eau qu’ils font bouillir jusqu’à ce que l'huile surnage ; on l’enlève avec une écu- moire, Ce qu'on continue jusqu'à ce qu'il n’en paroisse plus. Cette huile durcit comme de la cire en se réfroidissant, et est d’un verd sâle. On la fait ensuite bouillir ‘encore une fois, et on la clarifie dans des chaudières de cuivre ; ce qui la rend d’un verd transpa- ‘rent : les chandelles durent long-tems, et répandent une odeur agréable ; on y ajoute, pour l’ordinaire , un quart de suif', ce qui fait qu’elles éclairent mieux. 409. Myrthus communis. Le myrthe com- mun. vo : JUGD SAT Dans le pays où les myrthes peuvent passer l'hiver en pleine terre, ils figurent très-bien dans les bosquets de cette saison. Voyez notre Manuel floréal des Plantes. Bellon rapporte que les habitans d’Illyrie _ pcrfectionnent les cuirs avec les fruits de myrthe, comme font les Macédoniens avec le sumac; les Esyptiens avec les siliques d’a- cacia ; les peuples de l’Asie mineure avec les calices des glands de chêne ; les Français avec l’écorce moyenne de cet arbre, et les Phry- gierts avec l'écorce du pin sauvage : actuel- lement on s’en sert encore en Calabre pour çet usage : les myrthilles ou baies s’emploient Dés PLANTES 169 en Allemagne pour former une teinture ar- doisée ; qui a cependant peu d'éclat. 410. Myrthus cumini. Le myrthe de cumin. On se sert, dans le pays, du bois de cet arbre pour faire des bancs, marche-pieds et autres choses de pareille nature. - 411. Napaea scrabra. La napée rabotteuse. 412. Napaea laevis. La napée lisse. On retire, des écorces de ces deux plantes, une espèce de chanvre, et les fibres de ce chanvre sont si fines, qu’on peut l’employer pour la fabrique des toiles les plus fines. : 413: Nyssa aquatica. Le tupulo aquatique. Le bois de cet arbre est utile:pour les moyeux des roues de charrettes et autres us- tensiles propres à l’agriculture ; il s’en trouve, suivant Catesby, une variété dont on emploïe dans la Caroline les racines, comme le liése, pour boucher les bouteilles et les calebasses. 414. Oldenlendia umbellata. L'oldenlende ombellée. : On peut se servir de ses racines pour tein- dre en rouge. 415. dire Europaea. L’olivier d'Europe. : . L'huile d’olive est employée, avec la soude d’Alicante et la chaux vive, pour faire le meilleur savon ; on ne s’en sert pas pour la peinture : le bois d’olivier, et sur-tout ses ‘470 MANUEL ÉCONOMIQUE racines, sont bien veinées, d’une odeur assez agréable : les ébénistes et les tablettiers en font grand cas; ce bois est résineux , et par-là bon à brûler. 416. Origanum vulgare. L'origan vulgaire. En Suède, les gens de la campagne tei- gnent léurs racines en rouge et en pourpre avec ses sommités. . 417. Oryza sativa. Le riz cultivé. On fait avec le riz une eau qui sert à don- ner au linge lavé un peu de consistance. 418. Oxalis acetosella. L'alleluia commun. Le suc de cette plante est très-bon pour “enlever les taches de rouille qui sont sur le linge. 419. Oxalis barreliera. L’alleluia de bar- relier. | Les Indiens s’en servent pour teindre en différentes couleurs , en le mêlant avec den tres plantes. 420. Panicum His. Le grand persil -en arbre. SAT On plante cet bon dans les champs pour servir de limites, et pour séparer et faire Jes différentes plate-bandes des jardins. 421. Panicum polystachion. Le panis à plusieurs épis. À Java et à Baley, le peuple en couvre ses DES PLANTES. 171 maisons ; mais il engendre beaucoup d’in- sectes et de vers, sur-tout des cloportes. Les pauvrés émploient les poils soyeux qui se trouvent dans les épis, pour se faire des lits; au surplus, cette plante est très-nuïsible dans les campagnes pour les pâturages. On a bien de la peine à la détruire; on est obligé de la brûler toutes les années. | * 422. Panicum miliaceum. Le millet. Les médicamens et même la viande fraîche se conservent très-bien avec le millet. Les Anglais améliorent la terre en retournant en verd le millet qu’ils y ont semé. 423. Papaver rheas. Le coquelicot. On se sert des fleurs de coquelicot pour teindre le vin; on fait aussi usage de leur teinture pour donner une belle couleur aux compotes. Rai dit qu’on peut rougir l’eau distillée de ses fleurs; il faut mettre une poi- gnée de ces mêmes fleurs vers le bec du cha- piteau , après que l’eau a commencé de mon- ter : les distillateurs de liqueurs s’en servent ainsi. | 424. Paris quadrifolia. Le raisin de renard à quatre feuilles. Ses feuilles sont propres à la teinture; on en fait la récolte avant la fleuraison de la plante; on la fait cuire dans l’eau; et après L 4 1792 MANUEL ÉCONOMIQUE avoir fait macérer du fruit dans l’alun, on le fait cuire avec elles. 425. Parivoa grandiflora. Le parive à gran- des fleurs. | Son boïs est rougeâtre , très-solide , com- pact; les pilotis faits de ce bois sont de grande durée ; il est aussi employé dans la construc- tion des bâtimens. 426. Passiflora maliformis. La grenadille en forme de pomme. On peut faire des tahatières avec ses fruits, à cause de la dureté de leur écorce. 427. Pass'flora quadrangularis. La Fo dille quadrangulaire. Les fleurs et les fruits de cette laits sont admirables à la vue ; ils servent d’ornement dans les jardins; mais ces plantes y sont in- commodes dans un pays où il y a beaucoup de serpens vénéneux, parce qu’elles leur ser- vent de retraite. 428. Passiflora laurifolia. La grenadille à feuilles de lavrier. Les enfans du pays replies l’écorce d'air, après en avoir tiré la pulpe; ils la pressent ensuite avec leurs pieds, ou avec “une grosse pierre; l’air se fait pour lors j jour avec explosion et bruit. ‘429. Pavetta Indica. La pavette des Indes. DES FLANTES. 175 On fait, avec les racines de cet arbre, des manches de couteaux ; les feuilles servent pour engraisser les champs. 439. Pekea butgrose. Le butgrox. Le bois de cet arbre pourroit être employé utilement dans la construction des navires ; aussi s’en sert-on à cet usage au Para, ville portugaise située à l'entrée du fleuve des Amazones. 431. Phœnix dactylifera. Le dattier. Le bois du tronc du palmier-dattier sert, en Afrique, en place de bois de charpente ; on en fait des pieux qui résistent long-tems dans l’eau ; ses feuilles ou les branches feuil- lées servent à couvrir les cabanes des paysans; ils en font aussi des fagots : ils font des balais avec les grappes, des vases et des plats avec . les spathes ou enveloppes, auxquels ils don- nent la figure qu'ils veulent : ils emploient les hampes des grappes à faire des chaussures et d'excellentes cordes pour leur marine. 432. Phlogmis fructicosa. La sauge en ar- brisseau. | On prétend que les paysans brüloient au- trefois les tiges desséchées de cette plante pour s’éclairer, et en mettoient dans les lam- pes en guise de mèche : on en a fait de nos jours l'essai, qui n’a pas réussi. 174 MANUEL ÉCONOMIQUE 433. Pinguicula vulgaris. La grassette. Le suc gras des feuilles peut servir à teindre les cheveux en jaune. 434. Pinus abies. Le sapin commun. Les paysans de la Suède parfument leurs maisons, et même les rues, avec les rameaux de cet arbre coupés par morceaux : ces ra- meaux servent, en quelques endroits, à filtrer le lait ; on en garnit les couloirs; son bois est employé par les charpentiers et menui- siers; on en fait des bardeaux, des seaux et des tonneaux pour les marchandises et même pour le vin : en Suède, les tonneliers font de ses branches des cerceaux pour les futailles s on en fait aussi grand usage dans le pays pour le chauffage ; son charbon est recherché par les ouvriers qui travaillent les métaux; son écorce peut servir à tanner les cuirs : cet arbre est très-résineux, de même que tous ceux de cette famille. La poix qu’il fournit, sort quelquefois naturellement : on le dépouille de son écorce. En plusieurs endroits, on en recueille une plus grande quantité : cette ma- tière fondue et filtrée, ou pressée dans des sacs de toile pour l’épurer, se vend dans des barrils ou des cabas, sous le nom de poix grasse ou de poix de Bourgogne. En y mêlant du noir de fumée, c’est la poix noire ; les DES PLANTES. r 6 cordonniers en font usage dans leur état : mé- Jan gée avec du beurre , elle est employée pour graisser les voitures; on pourroit aussi, en la mélant avec du goudron, en faire du brai' gras. Cette poix étant cuite avec du vinaigre, devient dure, sèche , et presque transparente : c’est ce qu’on nomme colophane, ou poix- résine ; elle sert à dégraisser les archets des instrumens à corde : réduite en poudre, on l’emploie pour faire prendre la soudure ; mê- lée avec de la cire et du ciment, elle est en usage pour le mastic des grottes exposées à l'air et à l'humidité; cette même poix grasse nous fournit aussi à l’alembic l’esprit de poix, qu’on fait souvent passer pour l’esprit de téré- benthine , et qui sert aux mêmes usages. La terre morte de cette distillation , et les im- _ mondices qui restent dans les sacs à purifier, servent à faire le noir de fumée, en les brû- lant dans un four qui communique à un petit cabinet exactement fermé, où la fumée se dépose sur la toile dont le cabinet est tapissé : ce noir de fumée sert aux teinturiers et à plusieurs autres ouvriers ; il est sur-tout em- ployé par ceux qui impriment à la main des livres de plein-chant et autres, des vignettes et des dessins sur les cbifans 435. Pinus balsamea. Le baumier de Gilead. 176 MANUEL ÉCONOMIQUE En froissant les feuilles de cet arbre, elles exhalent une odeur balsamique ; la térében- thine qui en découle est fort claire, et d’ une odeur agréable. 436. Pinus Canadensis. L'épinette blanche du Canada. | - Cette espèce donne une térébenthine fine et claire ; on en fait dans l'Amérique des mâts pour les petits vaisseaux. | 437. Pinus americana.La sapinette à feuilles dif. On croit que son écorce peut servir à tanner les cuirs; les naturalistes du pays en ant en rouge leurs paniers. 438. Pinus larix Le melèze. Le bois du melèze est d’un grand usage, et il est bien supérieur à celui du pin et du sapin, en ce qu’il est beaucoup plus dur, et qu'il résiste à l’air et à l’eau. Dans le pays des Grisons, on en fait des conduits de fon- taine, et des petites planchettes avec lesquelles on recouvre les maisons; on en fait aussi, dans le pays, des chassis de vitres, qui font un objet de commerce. Ce bois s'emploie , préférablement aux autres bois résineux, pour la charpente, la menuiserie et l’architecture navale. On lit dans Vitruve, que César ayant fait faire D us BP L'A NT ES 177 faire un grand feu au pied de la porte de la ville de Larisse, cette porte ne put jamais s’enflammer. On reconnut qu’elle étoit de bois de larix ou de melèze, arbre fort commun dans les environs. Cette relation passe toute vraisemblance ; car le bois du melèze étant résineux, est aussi très-combustible ; on prend même de grandes précautions contre le feu, dans le pays où les maisons sont couvertes de marein du melèze : on fait avec ce bois un charbon très-estimé. | à | Dans le Briançonnais, où les melèzes sont si abondans, qu’on n’y trouve presque point d’autres arbres, on aperçoit, pendant la belle saison , une quantité prodisieuse de baquets, aux pieds de ces arbres, où tombe la résine du melèze , qui coule par de petites gout- tières de bois ajustées à des trous de tarrière, qu’on a fait aux troncs des melèzes, environ à deux pieds au-dessus du niveau de la terre, et les petits baquets se remplissent en fort peu de tems. Les arbres trop jeunes ou trop vieux, ne donnent que peu de térébenthine ; ainsi _ on ne s'attache qu’à ceux qui sont dans la plus grande vigueur. Quoiqu'il suinte quelques gouttes de téré- benthine de l’écorce, dans la saison où la sève est plus abondante, il paroît que la sève M 178 MANUEL ÉCONOMIQUE est répandue dans le corps lisneux, puisqu’en coupant par tronçons l’arbre le plus sain, on trouve dans l’intérieur du bois, à cinq ou six pouces du cœur, et à huit ou dix pouces de l'écorce, des dépôts de cette résine liquide, qui ont quelquefois un pouce d'épaisseur , trois ou quatre pouces de largeur, et autant de hauteur. Dans un tronc de quarante pieds de largeur, on trouve quelquefois jusqu’à six de ces principaux réservoirs, et quantité de petits : si on les entame avec la coignée, la térébenthine en coule abondamment, et les scieurs de long redoutent beauconp ces réser- voirs, qui empêchent la scie de couler. . Les melèzes jeunes et vigoureux n’ont pres- que jamais les réservoirs dont nous venons de parler. Ces dépôts ne se forment que dans les troncs des gros arbres qui commencent à entrer au retour, et ils sont situés à six ou huit pieds de terre, entre les couches li- gneuses, ordinairement plus près de l’axe de l'arbre are de l’écorce : plus leurs cavités sont près du centre, plus elles sont grades et remplies de térébenthine. | Une preuve encore que ce boïs est extré- mement gras et résineux, c’est que, dans le pays, on bâtit des maisons ou cabanes en posant de plat les unes sur les autres des } PAM PLANTES, 179 pièces de bois quarrées, qui ont un pied de face. Dans les encoignures , et vis-à-vis les refonds, les poutres sont entaillées à mi-bois pour former les liaisons. | Les maisons sont blanches quand aise sont nouvellement bâties ; mais au bout de deux ou trois ans, elles deviennent noires comme le charbon, et toutes les jointures sont fer- mées par la résine que la chaleur du soleil a attirée hors des pores du bois. Cette résine, qui durcit à l’air, forme un vernis luisant et pol, qui est ts propre ; ce vernis rend les maisons impénétrables à l’eau et au vent, mais aussi très-combustibles : c’est ce qui a obligé les magistrats d’ordonner, par un :rè- glement de police, qu’elles seroient bâties à une certaine distance les unes des autres. La résine ou térébenthine du melèze, se distille quelquefois dans de grandes cucur- bites de cuivre; on y ajoute de l’eau, et, à l’aide du feu, on retire avec cette eau de Vhuile essentielle , qui n’est pas néanmoins si estimée que celle qu’on retire de la téré- benthine de sapin, quoiqu’on l’emploie aux mêmes usages : on trouve au fond de la cucurbite , après la distillation , une résine à Ra ou une espèce de ane grasse, up: M 2 180 MANUEL ÉCONOMIQUE qu’on emploie comme celle du pin, et avéc laquelle on peut faire du braï gras. Les melèzes qui ont Feu beaucoup de résine, ne sont pas si estimés pour les bâti- mens; on ne les emploie guère qu’à brûler, ou pour faire du charbon, qui est même plus léger et moins bon que celui qu’on fait avec les arbres qui n’ont point fourni de résine. Ordinairement on n’abat, pour employer dans les ouvrages de charpente, et pour rescier en planches, que les melèzes jeunes et vigoureux, parce qu’outre que leur bois est plus sain, on n’y trouve point de cavités; mais si on est obligé d'employer des arbres qui entrent au retour, alors, quand l’arbre est abattu, on voit, par l’inspection des sou- ches, s’il y a dans la pièce de grandes ou de petites cavités : si les cavités sont petites, on sait qu’elles se fermeront à mesure que l’arbre se desséthera ; mais si elles sont gran- des, on retranche le gros bout, qui ne sert qu’à brûler, et l’on équarrit le reste ;‘car il est rare qu’on trouve les cavités dont ils et au-dessus de huit pieds de terre. Vilsen , hollandais, fait mention d’un vais- seau trouvé à douze brasses de profondeur dans les mers du Nord; il étoit de melèze et de cyprès; ces bois étoient devenus si durs, DES PLANTES. 181 qu'ils résistoient au fer le plus tranchant ; ils étoient parfaitement sains, quoiqu'ils fussent submergés depuis plus de mille ans : c’est sur le Dés de melèze que Raphaël et d’autres grands peintres ont laissé des monumens éter- nels de leur art, avant qu’on eût imaginé de peindre sur la toile. | La térébenthine du melèze entre dans la composition du vernis. . 439. Pinus sylvestris. Le pin des montagnes. Les branches de ce pin sont quelquefois si résineuses, qu’elles forment des torches na- turelles dont les paysans font usage en plu- sieurs cantons ; son. bois sert quelquefois aux charpentiers et aux menuisiers ; on en fait de _ très-bons et de très-srands échalats. Dans le Nord, c’est le bois de chauffage le plus usité ; son charbon est excellent, et fait merveille dans les forges. Dans plusieurs provinces de France où cet arbre est très-commun, on tire beaucoup de profit de la résine dont il est rempli, en lui faisant au pied une entaille de trois ou quatre pouces de largeur sur sept ou huit de hauteur, qu’on rafraîchit tous les quinze jours, jusqu’à ce qu'étant au-dessus de la main, on en fasse une nouvelle à côté : c'est par cette entaille que découle , depuis mai jusqu’en septembre, un suc résineux et TIM3 102 MANUEL ÉCONOMIQUE liquide, qu’on recoit dans de petits Peu de bois, et qui se nomment galipot dans le : Bordelais, ou perine vierge en Provence. Depuis septembre jusqu’en mai, le même suc se fige, comme de la cire, le long du tronc de Varbre : c’est ce que les Bordelais nomment barras ; et les Provençaux galipor. Le galipot liquide, exposé au soleil dans les grandes auges de bois mal jointes, laisse filtrer sa partie la plus fluide, qui est la térébenthine du pin, qui, quoiqu’inférieure à la térében- thine du sapin, sert aux mêmes usages, ainsi que l’essence qu’on en tire, en la distillant avec l’eau : ce qui reste dans les auges se nomme rai sec. Le barras est employé, par les ciriers, pour enduire les mêches des flam- beaux ; mais, pour l'ordinaire, on le mêle avec le galipot pour former la résine. Les ‘branches et racines du pin, réduites en char- bon dans des fourneaux faits exprès, laissent couler au fond une autre matière résineuse, mêlée de sucre, qu’on appelle goudron ou arc, et qui sert à goudronner les vaisseaux et les bateaux, de même que le brai gras, qui n’est autre chose que le goudron mêlé avec le 6rai sec. La fumée que produit le pin, en le brûlant dans le fourneau, s’attache aux parois des murailles, et forme une espèce de DES PLANTES. 183 noir de fumée, qui est de même que celui qu'on tire de la. pesse; on en fait aussi avec la paille qui sert à filtrer la résine charoé d’impuretés, qu’elle a arrêtée avec la terre morte de la térébenthine distillée, etc. Lors- que les pins sont vieux, il sort aussi naturel- lement de leur écorce des gouttes de résine, qui se dessèchent en forme de grains, et ser- _ vent dans les églises de campagne au lieu d’encens. 44o. Pinus palustris. Le pin des marais. IL croît dans la Caroline méridionale. Cette espèce est très-estimée, et même autant qu’au- cun autre, pour donner du goudron. 441. Pinus rigida. Le pin de Virginie à trois feuilles. On voit dans quelques parties reculées de la Virginie, des forêts entières de cette espèce d'arbre dont on fait quantité de planches, et que l’on flotte ensuite sur quelques-unes des grandes rivières qui parcourent ce pays. 442. Pinus strabes. Le pin du lord Wei- mouth. | l Il sert à la construction des nu: On en fait de bons mâts, des vergues. 443. Pinus taeda. Le pin à torche. Il peut fournir de bonnes planches, de la résine et du goudron. M 4 184 MANUEL ÉCONOMIQUE 444. Pisum arvense. Le pois des champs: ! Quelques personnes se servent de ses cosses pour garnir les murs des planchers des serres chaudes. 445. Plantago major. Le grand plantain. Toute la plante peut remplacer le tan. 446. Plantago lanceolata. Le plantain lan- céolé. On s’en sert en guise de tan. 447. Plantago media. Le plantain moyen. Il est propre et remplace le tan. 448. Platanus occidentalis. Le platane d’occident. | Son bois sert quelquefois à faire des plan- ches; nos cordiers l’ont employé depuis peu pour les manches ou dossiers de leurs peignes à corde. Suivant Simon, sellier -expert de Bruxelles, ce bois peut être très-utile à l’art du carrossier, spécialement pourles panneaux. 449. Platanus orientalis. Le platane du levant. | La qualité de son bois est précieuse ; :l peut être comparé à celui de chêne; il est utile pour la bâtisse, le charronnage et la menuiserie. 450. Polygonum aviculare. La centinode. DES PLANTES. 185 Cette plante se nomme aussi lie- glane , parce que les glaneurs s’en servent pour lier leurs petites glanes. 451. Polygonum hkydropiper. La curage. Cette plante est propre pour là teinture, et _ peut remplacer le tan. 452, PHÉyeDREr persicaria. Elle CR UN “jaune rougeûtre propre à la teinture des draps, et peut pareillement remplacer le tan. 453. Polygonum amphibium. La Le a amphibie. | Elle est propre pour remplacer le tan. 454: Polypodium vuloare. Le polypode commun. En le cultivant sur 1eé + vieux murs, ils de- _ viennent inébranlables. 455. Polvtrichum commune. Le polytrie doré. Dans l’Ostrosothie, on en fait des balais pour le four, et on l’emploie pour des brosses qui servent à coucher le poil des draps, et qu’on nomme improprement brosses de bruyè- re dans les manufactures de Normandie. 456. Populus alba. Le peuplier blanc. L’ypreau. La fumée de son écorce verte chasse les grillons ; son aigrette fournit un duvet propre à fabriquer de la toile et du papier; son bois 186 MANUEL ÉCONOMIQUE est connu sous le nom de bots blanc, et sert aux mêmes usages que le bois de tilleul; on en fait des sabots communs ; les ouvriers en bois l’emploient pour contrefaire le “noyer, parce qu'il en prend bien la couleur; les or- fèvres emploient son charbon. | . 457. Populus nigra. Le peuplier noir. .. Son duvet peut servir à la fabrication du papier, de la toile et des chapeaux; la moëlle sert à boucher les bouteilles ; les charpentiers font usage de son bois pour les bâtimens de peu de conséquence; on emploie les branches aux mêmes usages que celles de l’osier. . 458. Populus tremula. Le peuplier tremble. On fait avec son bois d’assez mauvais sa- bots; les tonneliers s’en servent pour les barres et les chevilles qui retiennent le fond des fu- tailles : débité en planchettes un peu plus lar- ges, et beaucoup plus courtes que les lattes, on l’emploie, dans plusieurs provinces, pour garnir les entre-deux des planchers, et sur- tout l’aire des terres franches sur laquelle on pose les carreaux : c’est ce qui se nomme du palisson. 459. Populus Cheers Le peuplier a | Canada. Ce peuplier mérite la rééroies sur tous ceux qui nous viennent de l'Amérique; son DES PLANTES. 197 bois est supérieur à celui de toutes les autres espèces; on en fait de bonnes planches. 460. Populus nés Le peuplier bau- mier. Ses bourgeons fournissent une résine con- nue dans les boutiques sous le nom de zaca- mahaca : le bois de cet arbre est odorant ; on l’emploie, dans le pays, en planches, et dans la construction des navires. 461. Potentilla anserina. L’argentine. On peut l’employer en guise de tan; elle indique, suivant Linnée , un terrain argil- leux:ou limoneux , lorsque ses feuilles sont argentées dessus comme dessous. £ 462. Potentilla reptans. Quinte-feuille com- mune. : | C’est un végétal qu’on peut employer en guise de tan. «463. Prunus avium. Le mérisier. Le bois de cet arbre est fort dur, et prend un beau poli; il est recherché par les me- nuisiers , les ébénistes et les tourneurs : les facteurs de clavecins l’emploient pour des chevalets, ainsi que les luthiers. On fait avec ses jeunes branches de très-bons cercles pour les tonneaux; la seconde écorce est d’usage pour faire des cabas et autres jolis ouvrages de cette espèce. + 188 MANUEL ÉCONOMIQUE. 464. Prunus padus. Le putiet. On émploie cet a; bre dans les arts et mé- tiers, de même que le précédent ; aux envi- rons de Plombières, on ar pour faire des haies. | 465. Prunus spinosus. Le prunellier. On s’en sert pour construire les haies ; on l’emploie en guise de tan; le prunellier fait partie du mort-boiïs : à la campagne, on fait avec son bois les dents des rateaux à faner. 466. Prunus mahaleb, Le bois de Sainte- Lucie. Ses baïes servent à la teinture; les parfu- meurs font usage de ses noyaux; les tour- neurs font avec son bois des étuis et autres petits ouvrages qui sont même odorans ; cet arbre est de la plus grande utilité dans les arts. 467: Prunus Virginiana. Le putiet de Vir-+ ginie. Son bois est d’une couleur rougeâtre, comme rayé, et propre à recevoir un beau poli. Les. menuisiers l’emploient à différens usages. 468. Preris aguilina. La fougère commune. Ce végétal peut remplacer le tan; les ver- riers et savonniers emploient les cendres : la plante nuit à l'agriculture. + +401 469. Pyrus communis. Le poirier sauvage. Be DES PLANTES. 189 On peut s’en servir en guise de tan : on _ donne très-bien aux enfans une première idée de la coupe des pierres, en faisant d’une poire un puits, dont les pierres sont posées en liaison les unes sur les autres. Le marc des poires, qui sort des pressoirs à cidre, sert, lorsqu'il est sec, au chauffage dés pau- vres : le bois du poirier est pesant ï plein et d’un grain très-fin ; les menuisiers en font cas, parce qu’il est susceptible du plus beau poli; il prend aussi la couleur noire dans la plus grande perfection : c’est en partie pour cela qu'il est si recherché par les tourneurs et les ébénistes, qui le font passer pour l’ébène ; il est aussi très-propre pour les graveurs en bois. 47o. Pyrus malus. Le pommier sauvage. Le marc des pommes sert au chauffage ; les charpentiers et les menuisiers en font très- peu d'usage ; cependant il est assez estimé par les tanneurs ; son écorce donne une tein- ture jaune. 471. Quercus robur. Le chêne mâle com- -mun, le rouvre. Les cupules de ses glands sont Dati éds dans les teintures noires. Les charpentiers, les charrons, les menuisiers, les sculpteurs, les tourneurs et les ébénistes font grand usage 199 MANUEL ÉCONOMIQUE de son bois; il dure jusqu’à six cents ans, pourvu qu’il soit à l'abri des injures de l’air, et qu’on l’ait employé sec et saisonné , pour qu'il ne se tourmente point. Ce bois est aussi . le plus usité pour les écluses et pilotis ; on prétend qu’il se conserve dans l’eau jusqu’à quinze cents ans ; en effet, lorsqu'il y reste toujours , il y acquiert une très-grande, du- reté , et devient presqu'incorruptible : les tourneurs en font pour lors grand cas. Le cœur du chêne, qu’on nomme "arrain , est presque le seul bois qui sert, dans plusieurs villes de province, à revêtir les celombages ou ponts de bois, et à les garantir de la pluie, Les taillis de chêne nous fournissent des lattes et contre-lattes pour les bâtimens , des écha- las pour les vignes ; des cerceaux pour les tonneaux , des cercles pour les seaux, les boisseaux , etc. Ce bois est très-propre au chauffage ; il y a des gens qui le préfèrent au bois de hêtre ; les jeunes branches font de très-bons fagots, et d’excellent charbon : c'est même le plus recherché par les ouvriers en fer et en acier. Quelques fleuristes mêlent le bois de chêne pourri avec la terre où ils! cultivent les plantes bulbeuses ; l’écorce des _ jeunes chênes, réduite en poudre, est ce qu'on appelle proprement le 7; brut, xl DU 4 (DES PLANTES. 191 sert dans les tanneries à la préparation des cuirs ; après quoi il est encore employé, par les cultivateurs des serres chaudes, pour échauf- fer la terre fumée où sont plantés les ananas et autres plantes originaires des pays chauds. On le nomme an préparé : lorsqu'il a sé- journé plus lons-tems dans les fosses à tan- ner, et qu’il a subi la fermentation, on en fait des mottes à brûler, qui servent au chauf- fase des pauvres : le bois, ainsi dépouillé de son écorce, pour l’usage des tanneurs, se nomme ois pelart, et sert aux rôtisseurs pour faire du feu clair; le bois dont on a formé les trains pour l’amener en flots sur les grandes rivières ; sert aussi au chauffase; mais il s’en faut bien qu’il soit aussi bon que le bois neuf. L’eau dont il est pénétré lui a fait perdre la plus grande partie de son phlo- gistique et de ses sels, ce qui fait que la cendre du bois flotté est presqu inutile aux blanchisseuses. 472. Quercus coccifera. Le chêne coche- niller. L ( Ce chêne prodiit une grosseur rouge , causée par la piqüre d’un cynips. Les tein- turiers, en animant cette cochenille avec la dissolution d’étain, en obtiennent une belle couleur écarlate. 192 MANUEL ÉCONOMIQUE 473. Quercus suber. Le liége. L’écorce de cet arbre porte le même nom que l’arbre ; elle est épaisse , légère, fangeuse; on l’emploie pour faire des bouchons ; on en dépouille l’arbre tous les sept ou huit ans; il en reproduit une nouvelle. 474. Quercus alba. Le chêne blanc. Son bois est dur et estimé; on en fait des poutres , des chevrons, etc. pour les bâti- . mens; il entre dans la construction des vais- seaux, et sert d’ailleurs à une infinité d’autres usages utiles. 475. Quercus alba minor. Le chêne blanc de moyenne grandeur. On fait avec son bois des poteaux qui durent très-long -tems en terre; du reste, il n’est guère estimé que pour le chauffage. 476. Quercus nigra. Le chêne noir. Son bois est employé à des usages auxquels le cèdre peut à peine servir; on en fait des lattes , des piquets pour les enclos. 477. Quercus nigra pumila. Le chêne noir nain. ii Son bois n’est pas d’un grand usage. 478. Quercus rubra maxima. Chêne rouge de la grande espère Son bois sert à faire des douves, ue lattes, des poteaux, etc. 479: DES PLANTES. 193 479. Quercus rubra ramosissima. Le chêne aquatique, le chène d’Espagne. Son bois est souvent employé à faire des roues de voitures. 480. Quercus rubra montana. Le chêne rouge des montagnes. Son bois est sujet à être rongé par les vers, et à se pourrir dans le cœur ; aussi est- il très- peu estimé. 481. Quercus phellos. Le chêne à feuilles étroites. Son bois est estimé. 482. Quercus phellos semper virens. Le chêne-saule toujours vert. Son bois est dur, maïs le grain en est gros- sier. | 483. Quercus prinos. Le ou à feuilles de châtaignier. Son bois est très-bon pour le chauffage, et s'emploie à différens autres usages. 484. Quercus ferrugineus. Le chêne de fer. Son bois est si pesant, qu’il ne surnage ja- mais; une simple branche, garnie de quel- ques feuilles, va même au fond-de l’eau; on en fait des ancres : la couleur de son bois est: obscure. js . 485. Ranunéalus acTris. Éd ce à âcre. N 194 MANUEL ÉCONOMIQUE Quand cette plante défleurit, un bon cul- tivateur fait ses foins. à 486. Raphanus raphanistrum. Le rapistre. Sa grande quantité nuit aux terres ense- mencées. 487. Reseda luteola. La. gaude, l'herbe à jaunir. Cette plante donne. une: belle: couleur de chamois ; les teinturiers en font un fréquent usage ;. ils l’emploient aussi pour la teinture verte, en faisant passer dans le bain de gaude les étoffes qui sortent de la cuve de pastel. 488. Rhamnus catharticus. Le nerprun. Les baies de nerprun servent pour les tein- tures; on en prépare une pâte dure, qu’on appelle vulgairement verd de vessie ; pOur la faire, il faut choisir les baies bien mûres, bien nourries, noires , luisantes , glutineuses et succulentes. Aussi-tôt qu’elles sont cueil- lies, vous les mettez à la presse; vous en tirez un suc visqueux et noir; vous le faites éva- porer à petit feu, sans l’avoir fait dépurer ; vous y ajoutez un peu d’alun de roche, dis- sout dans l’eau, afin de la rendre d’une cou- leur plus noire et plus foncée ; vous continuez de laisser ce suc sur le feu, jusqu’à ce qu’il ait acquis une consistance de miel; vous le mettez ensuite dans des vessies de porc ou 5 0 At e 6. * 100 de bœuf, d’où lui ést venu le nom dé verd de vessie; vous Suspendez ces vessies à la cheminée ou dans un lieu chaud, afin de durcir le suc qui y est contenu. Les teintu- turiers et les peintres se servent beaucoup de verd de vessie; le meilleur est celui qui est dur, compact, pésant, de couleur verte, brune ou noire, luisant extérieurement, mais qui, lorsqu'il est écrasé, devient parfaitement verd et d’un goût douceûtre. Les baies de nerprun donnent trois sortes de couleurs, suivant leur différente maturité : 1.0 quand on les cueille vers la moisson, et qu’on les fait sécher et macérer dans de l’eau et de l’alun, on a une couleur jaune et sa- franée ; 2.0 1Éta? on les ramasse en automne, elles donnent, étant broyées, une couleur verte très-brune et très-usitée pour les pein- tres ; 3.0 si on ne les cueille que vers la Saint-Martin, elles rendent une couleur d’é- carlate propre pour teindre les cuirs, et enluminer les cartes à jouer. - Les baies de nerprun de la petite espèce, rhamnus catharticus minor, nous fournissent la graine d'Avignon, qui sert à teindre la soié de couleur jaune ou de couleur d’or. On. prépare aussi avec ces baies Le 547 de grain ; en faisant tremper et bouillir cette graine ; N 2 196 MANUEL ÉCONOMIQUE on y joint ensuite des cendres de sarment où du blanc de ceruse, pour lui donner un corps comme à la lacque, et on passe le tout à tra- vers un linge très-fin. L’écorce de nerprun sert pareillement à faire une couleur jaune propre à la teinture. On la prépare ainsi : Détachez du bois et du milieu des branches de nerprun, la quantité d'environ trois livres d’une écorce fine et nou- velle ; hachez-la et la broyez dans un mortier de marbre, et par degrés mêlez-y environ deux pintes et demie d’eau commune, en bat- tant et en broyant bien l’écorce à chaque fois que vous y versez de l’eau nouvelle, jusqu’à ce que le tout en soit fortement imprégné ; après l’avoir laissé reposer pendant 6 heures, versez-y une once d'huile de tartre par dé- faillance, et mettez le tout dans un grand vaisseau de terre; placez-le sur un feu doux, et une heure et demie après, faites-le bouillir en remuant de tems en tems avec une spa- tule d’ivoire ; quand il aura bouilli douce- ment pendant un quart-d’heure, pressez légè- rement la liqueur hors de l’écorce, et filtrez-la à travers un papier gris, elle vous donnera une couleur claire d’un jaune très-fort; tandis que la liqueur se filtre, faites dissoudre un peu d’ alun commun dans de l’eau claire ; HVES PLANTES. 197 après quoi versez la liqueur dans un bassin, et peu-à-peu mêlez-y votre dissolution d’a- lun, la liqueur se perle par degrés , la ma- tière jaune’se sépare, et au Bout de quelque tems on met cette liqueur dans un entonnoir tapissé de papier gris, pour y filtrer. Quand toute la liqueur a passé, -il reste une matière jaune, belle et foncée; versez-y de l’eau nou- velle sans la retirer du filtre; et la liqueur étant passée , reversez -y encore de l’eau, jus- qu’à ce qu’en sortant du filtre elle n’ait plus au- cun goût d'alun ; il vous restera alors dans le papier de l’entonnoir une substance pulpeuse d’un jâune extrèmement brun; mettez le pa- pier, avec ce qu'il contient, sur une pièrre de craie, qui sur-le-champ boit presque toute l'humidité; ensuite, l’ôtant de dessus le papier avec le couteau d'ivoire, mettez-la sur un autre, et posez-la sur la pierre de craie jusqu’à ce qu’elle soit parfaitement sé- chée, vous obtiendrez par-là une belle pein- ture, la même en jaune que le carmin en rouge. Cette couleur est excellente pour pein- dre les fleurs ; elle n’est sujette à aucune alté- ration, et mérite d’être connue des curieux. On fait entrer le nerprun dans la construc- tion des haies. 409. Rhamnus frangula. La bourdaine. N 3 / 198 MANUEL ÉCONOMIQUE Ses baies, cueillies avant Jeur maturité, donnent une couleur verte Fan à la tein- ture des laïines; il y a des cordonniers qui font les chevilles des talons de souliers avec le bois de cet arbrisseau ; on en fait des allu- mettes, parce qu’il s’enflamme très-aisément ; c'est par la même raison que son charbon est préféré à tout autre pour la poudre à canon. On fait des paniers avec $es branches flexibles ; ; son. écorce donne une teinture jaune. 499. R/amnus paliurus. Le be Il est très-bon pour la construction des haies ; ; aucun animal ne peut PERS à tra- vers. ses épines. 491. Rhianthus crista gall. La crête du coq. La maturité de sa semence annonce le tems de la fenaison. 492. Rhus typhinum. Le sumac de Virginie. Son bois peut remplacer celui de sumac, dont il sera mention dans le N.° suivant; sa couleur est très-belle, et d’un verd nuancé; ce qui le rend très-utile aux ébénistes. 493. Rhus coriaria. Le sumac d’Espagne. Les anciens l’employoient, comme on fait encore en Turquie et en Espagne, pour la préparation du cuir ; on se sert, pour cet DES PLANTES. 199 usage, des feuilles et des branches ; son fruit noircit les dents {et les cheveux, et en général le bois de tous les rhus ou sumacs peut servir dans la marquetterie. | 494. Ribes alpina. Le groseiller des-Alpes. On l’emploie pour faire des haies ; son bois sert en Suêde pour faire des dents de rateaux. 495. Ribes uva crispa. Le groseïller épi- neux. a | On s’en sert pour la construction des haies. 496. Rosa canina. L’églantier. On peut employer cet arbrisseau en guise ‘ de tan; on s’en sert pour la construction des haies. 497. Rubus cäesius. La ronce rampante, 498. Rubus fructicosus. La ronce commune, On fait, avec ces deux espèces, des haies- vives ; ses branches écorchées sont d'usage, en Normandie, pour attacher aux lattes ou goulettes le chaume dont on couvre les mai- sons : on peut employer cet arbrisseau en guise de tan. 499. Rubus idaeus. Le framboisier. On en peut faire des haies. 500. Rumex acetosa. L’oseille des prés. Cette plante peut remplacer le tan; elle teint en rouge; s Fespressias de ses feuilles N 4 200 MANUEL ÉCONOMIQUE efface les taches d’encre sur le linge; on dit qu'elle dérouille et nettoie le cuivre. 5o1. Rumex acutus. La parelle. Sa racine est propre à la'teinture ; on peut encore s’en servir en guise de tan. 502. Rumezx maritimus. La patience mari- time. s Sa racine est propre à la teinture. 503. Rumezx cu La patience aqua- tique. Ceite plante peut remplacer le tan. 504. Ruscus aculeatus. Le petit houx. On l’emploie en guise de tan; on fait des houssoirs avec ses branches feuillées. Lors- qu'elles sont chargées de fruits rouges, on en fait des DR pour parer 1e autels des églises de campagne. 505. Salicum species. Les différentes es- pêces de saule et d’osier. Les jardiniers et les vignerons emploient indistinctement toutes les différentes espèces d’osier, pourvu néanmoins que ces osiers puissent se plier sans se rompre. L’osier rouge sert à accoller le sep des vignes; il sert en- core à plusieurs autres usages dans le jardi- nage: on n’emploie pour cet effet que les me- nues branches, et on refend en deux ou trois DES PLANTES. 201 les gros brins, qui servent pour lors aux tonneliers pour lier leurs cerceaux. : L’osier jaune, le franc osier convient spé- cialement pour les ouvrages des vanniers ; ces artisans en emploient encore d’autres sortes : on les coupe tous au mois d'avril. Les osiers menus, ou les espèces sujettes à rompre, tel que le verd, s’emploient, avec leurs écorces, pour les ouvrages les plus communs; losier jaune, qui est de belle venue , ne s’emploie qu'écorcé; on le conserve, pour cet effet, en bottes: dans une cave, jusqu’à ce qu'il pousse et qu’il soit en pleine sève ; on enlève alors facilement l'écorce, en passant l’osier dans une mâchoire de bois : les osiers écorcés sont ensuite assujettis en bottes par des liens, pour qu’ils ne se contournent pas en diffé- rens sens. Quand on veut les employer, on les met tremper dans l’eau pour les rendre plus souples : l'écorce que les vanniers Ôtent de dessus l’osier, sert aux jardiniers, dans le tems dé la greffe, pour lier leurs écussons. ; Les marceaux et tous les saules fragiles, c’est-à dire, qui rompent au lieu de plier, quand on.en veut faire des liens, fournissent de grandes et de petites perches; les van- niers refendent les petites en lattes, pour en faire la charpente de leurs ouvrages. Les OZ MANUEL ÉCONOMIQUE grosses perches étant refendues en deux ou trois, on en fait des cerceaux, qui véritable- ment ne sont pas de longue durée; on refend aussi en trois ou en quatre les plus grandes perches, pour servir d’échalas dans les vignes, ou bien on les refend, soit pour faire des éclisses à fromage, soit pour des cercles qui servent de bordure aux cribles. Pour tirer parti de ces échalas, il faut Îles conserver pendant un an en bottes bien liées, afin d’empêcher qu'ils ne se courbent; sans quoi , étant courbés , ils se romproient en les mettant en terre ; au bout de ce tes, ils sont presque d’un aussi bon service que ceux de chêne. Les gros saules qu’on a laissé venir en fu- taie, sans les étêter, servent à faire des plan- ches, qu’on peut employer aux mêmes usa- ges que celles du tilleul et du peuplier : le boïs de saule blanc est d’un beau blanc, et prend bien le poli; le charbon de saule se consume très-vîte au feu; il est excellent pour dessiner, pour la poudre à canon , les pré- parations des feux d’artifice. Guettard pense que l’on pourroït faire du papier avec les aigrettes des semences de saule ; ces aigrettes paroissent , en forme de bourre, très-abon- dantes dans les saussaies. Un membre de DES PLANTES. ‘203 l'académie de Dijon a employé cette bourre en filage. Ray dit que le bois de saule est propre à repasser les couteaux : la terre qui se trouve dans le milieu des saules pourris, est recherchée par quelques fleuristes comme favorable aux oreilles d’ours. 506. Salix pentandra. Le saule rouge. On retire avec ses feuilles une couleur jaune ; on Pémploie aussi à la plupart des usages ci- dessus énoncés. 507. Salvia pratensis. L'ormin des prés. On peut s’en servir .en guise de tan. 508. Sagittaria sagittifolia. La flèchière. : On peut l’employer à la formation des îles flottantes. 509. Salsola soda. La soude. On en fait de la soude, en pierre, dont on se sert pour faire du savon, de la lessive et du verre; les blanchis- seuses l’emploient pour désraisser le linge sale. 510. Sambucus niora. Le sureau.: Son odeur lui tient lieu d’épines, pour empêcher les animaux d'en approcher; aussi entre-t-il dans les haies pour cette raison : on prétend qu'il fait aussi fuir les taupés. Sa graine sert, en quelques endroits, à tein- dre le fil en noir; le bois de ses gros troncs est dur, lourd et pliant; les inlatii ns le subs- tituent à celui du buis, pour faire les. pei- 204 MANUEL ÉCONOMIQUE gnes communs, et les tourneurs pour des boîtes, des étuis, des écritoires, etc. Comme il dure fort lons-tems en terre, on l’emploie pour les taupières ; on en fait aussi de bons échalas; ses jeunes branches sont remplies de moëlle ; on en fait des sarbacanes, des bobines , dés canonnières , etc. On emploie quelquefois sa moëlle pour des fleurs artifi- cielles ; on peut garantir les jeunes arbres, arbrisseaux, etc. de l’attaque des insectes qui détruisent les feuilles, en les battant de tems en tems avec les jeunes branches de sureau. L’aspersion avec une eau fortement inmpré- gnée de leurs molécules cdorantes, produi- roit un effet plus sûr et plus commode. 511. Sambucus ébulus. L’yèble. Cette plante chasse les rats, les punaises, les charansons et autres insectes. 512. Saponaria officinalis. La savonnière. Elle peut servir aux dégraisseurs et aux blanchisseuses ; la poussière de ses anthères est propre à teindre en rouge. 513. Satyrium nigrum. La satyraine noire. Sa fleur colore l’eau-de-vie en violet. 514. Scabiosa succisa. Le mors du diable. Ses feuilles seules donnent une teinture jaune et verte; sa fleuraison indique le tems de la fenaison. DES PLANTES. 20. 515. Schœenus marinus. La morisque. . Cette plante rend les marais fertiles; les. habitans de la Gothie l’emploient pour cou- vrir les chaumières. 516. Scirpus palustris. Le janquin. Les Tartares en font des housses ; cette plante fertilise le terrain qui l’a fait naître ; son usage ordinaire est d’en couvrir les maiï- sons; On l'emploie pour les ouvrages gros- siers de vannerie; on a fait ayec sa moëlle, coupée en lames longitudinales , un papier blanc fort semblable au papier qui provient du papyre, en les faisant sécher en presse, pour les coller l’une sur l’autre en sens con- traire. 517. Scheranthus perennis. La gnavelle.i _ Sa racine fournit une substance colorante propre. pour la teinture. 518. Scorsonera humilis. La bombarde. Ses fleurs sont souvent attaquées du char- bon, qui donne un noir propre à remplacer l’encre de la Chine. \ 519. Semper vivum tectorum. La joubarbe. Les paysans en garnissent les feutages et les murs de leurs toits, pour retenir la terre qui recouvre les bouts du chaume. 520. Semper vivum tomentosum. La grande joubarbe. 906. MANUEL ÉCONOMIQUE Les Smolandois la cultivent pour raffermir et lier les terres qui couvrent leurs toits. 521. Serratula tinctoria. La sarrette des teinturiers. On l’emploie fréquemment dans:la teinture. 5922. Serratula arvensis. Le chardon hémor- rhoïdal: Le duvet de sa semence est propre à faire des plumons ; Îa cendre de toute la plante convient à la fabrication des verres. 523. Sinapis arvensis. La moutarde des champs. Sa semence donne une huile propre à dif- férens usages. 524. Sisymbrium sophia. La science des chirurgiens. Les semences de cette plante sont utiles aux canonniers et aux bombardiers. | 525. Smilax aspera. Le liseron piquant. Aux environs de Montpellier , on en fait des haïes, qui ne sont nullement propres à défendre les héritages. | 526. Solanum duilca mara. La douce amère. Elle peut servir dans la teinture ; sa tige ligneuse est un excellent appèt pour attirer les renards et les loups. | 527. Sorbus aucuparia. Le sorbier dés oï- seleurs. DES PLANTES. 907 Le bois de cet arbre étant d’un gris fin et très-dur, doit être fort utile; mais ce qu’il y a de certain, c’est que cet. arbre est très- agréable. ” Ragl Sorbus domestica: Le:sorbier. Le bois de cet arbre est le plus dur de tous ceux du pays; c’est pour cela qu’il: est re- cherché par les bûcherons pour les ébuarts, qui sont des coins. dont ils se servent pour fendre les bûches; par les tonneliers pour les billots, qu'ils nomment colombes ; par les menuisiers pour leurs maïllets et les: mon- tures de rabots , verlupes, etc. Ce boïs est aussi le meilleur pour les masses des mails ; les charpentiers en font grand cas pour les vis. de pressoirs et de presses, et pour les parties des moulins exposés aux plus grands frottemens ; les charrons en font des timons et des jantes de roues ; les tourneurs et les ébénistes le travaillent aussi; enfin , c’est un des plus favorables aux graveurs : on fait ayec les jeunes branches de cet arbre et du précé- dent, des bâtons de promenades; elles ser- vent aussi aux charpentiers pour les fuseaux et les alluchons. Les: seaux dans lesquels o on recueille la poix sont faits de leurs écorces: 529. Sparganium nostras. Ruban d’eau flot- tant. 208 MANUEL ÉCONOMIQUE fl calme les flots des fleuves et des lacs où il vésète. 530. Sphagnum palustre. Le spsièné des marais. Les Lapons en garnissent les crêches de leurs enfans , au lieu de linge ; ils en font aussi des sommiers et des coussins. 531. Space J'lipendula. La filipendule. On peut s’en servir en guise de tan, pove remplacer le chêre. 532. Spiraea aruncus. La barbe de chèvre. On l’emploie pour la formation des haies; on s’en sert aussi en guise de tan. f533. Stachys sylvatica. La stachide des forêts. On en tire une teinture jaune; la tige four- nit un duvet qui ressemble au chanvre. 534. Symphitum officinale. La grande con- soude. Elle sert aux teinturiers , et peut den or le tan. 535. Tanacetum vulgare. La tanaisie. Cette plante peut servir aux embaumemèens ; elle préserve les cadavres de la pourriture ; elle teint en jaune. Dans quelques provinces, on en jetoit autrefois dans les rues, pour pu- rifier l’air, le jour de la procession du saint sacrement. - 3110 536.4 DES PLANTES. 209 536. Thalictrum Er Lethalictron com: mun. Ses racines et ses feuilles donnent une tein+ ture jaune propre aux laines. . 537. Taxus. L'if, Il n’y a aucun bois qui puisse être comparé à celui de l’if ; on le scie en planches quand il est gros; il devient d’un beau rouge, et il en est d'autant plus susceptible, qu’il prend cette couleur par le moyen d’une préparation de vinaigre , d’un peu d’alun et de bois de Brésil; il acquiert pour lors le poli, la du- reté, la pesanteur et le brillant du bois d’Inde : ce bois ne s’écaille point ; on peut le travailler en tout sens, mais il faut des outils dé bonne trempe. 538. Thlaspi à arvense, Le thlaspi. On tire de ses semences une huile propre à brûler , mais très-puante. 539. Thuia occidentalis. Le thuia d’occi- dent. | | | 540. Thuia orientalis. Le thuia de la Chine. Le bois de ces deux arbres est très-durable ; on peut l’employer à différens usages Abies. 541. Tilia Europaea. Le tilleul de l'Europe. Son bois est blanc, léser, un peu tendre, Kant, et peu exposé aux vers ; les ouvriers le confondent avec le bois blanc ; les tourneurs | O e 210 MANUEL ÉCONOMIQUE et les sculpteurs l’emploient beaucoup, parce qu'il se travaille facilement. Les menuisiers en font quantité d'ouvrages légers; il:sert à couvrir l’impérial des carrosses ; on en fait la carcasse , le couvercle , le plancher, la barre et les claviers des clavecins : c’est de ce bois que sont les semelles des soques, que por- toient certains religieux, et les talons de sou- liers d'hommes. Les tables de tilleul sont re- cherchées des ouvriers en cuir, parce que le bois n’émousse point les tranchets. A Stras- bourg, on fait de petits balais à chasser les mouches avec ses jeunes branches ; quand elles sont beaucoup plus petites, elles sont propres pour faire les cribles des vans, «et autres ouvrages grossiers de vannerie : son charbon est employé pour la poudre à canon ; au défaut de saule, on fait, avec son écorce, les cordes à puits, d'usage dans le pays, et les cabas dans lesquels on nous apporte la poix de Bourgogne. Guettard soupçonne , à la flexibilité de ses fibres, qu’elle pourroit four- nir l’apprêt nécessaire pour faire du papier. 542. Tillandsia usneoides. La tillandsie de Caroline. ï Les emballages intérieurs des caisses d’ar- bres, qu’on nous envoie de ce pays, sent en grande partie faits avec cette plante. er 4 S D'R6UME AUN TE 9 1: 211 | 643. Trapa natans. La châtaigne d’eau. Cette châtaigne, qui est noire, “avis et bien sculptée , fait un joli effet dans és grottes. 544. Triticum LE Le chiéadiont des boutiques. Les vergettiers et biobciois emploient ses racines. | 545. RnenssRe recta. La tormentille. Sa racine sert à taner les cuirs; elle leur donne en même tems une couleur rouge. 546. Trifolium arvense. La rougeole. * Elle peut remplacer le tan, et servir à épar- sner les chênes. 547. Trifolium pratense. Le trèfle des prés. On tire de ses fleurs une teinture verte, d'usage pour les étoffes de laine dans plu- sieurs provinces de la Suède. | 548. Trifolium melilotus op os Le melilot. Il est employé par 1és éhoneute: ; il écarte les insectes des garde-robes. 549. Typha latifolia. La masse d’eau. Le duvet de cette plante s’emploie en ma- telas dans les campagnes; les feuilles servent aux tonneliers, et les paysans couvrent leurs chaumières avec les tiges. | 550. Valantia cruciata. La croisette. _ Sa racine teint en rouge comme la garance. O- 2 212 MANUEL ÉCONOMIQUE 551. Vaccinium myrtillus. L’airelle. Cet arbuste peut s’employer en guise de tan. Les teinturiers allemands se servent de ses fruits pour teindre en violet les toiles et les étoffes communes. 552. Verbascum blataria. La blataire. Elle chasse les mittes, notamment celles des livres. | 8535. Verbascumthapsus. Le bouillon blanc. On retire des feuilles une teinture jaune. 554. Vicia faba. La fêverole. On la sème, pour l'ordinaire, dans les terres que l’on fait reposer ; elle y tient lieu d'engrais. Les parfumeurs font entrer sa fa- rine dans la poudre de Cypres. 555. Viburnum lantana. La viorne. La viorne sert à faire des liens; on em- ploie sa racine à la confection de la #lu; ses branches étant flexibles, on en fait des harts fort longues , qui sont aussi solides que des cordes de filasse, et qui même en tiennent lieu dans plusieurs provinces. 556. V’iburnum dentatum.La viorne à feuil- les dentées. Les naturels du Cadde se servent des jeu- nes rameaux de cet arbrisseau pour faire des flèches ; aussi l’appellent-ils bois de flèches. 557. Viburnum opulus. L’obier. : : n'eSUIP L £ N°TE S. 219 On place l’obier près des remises, pour y attirer les oiseaux. 558. Verbena officinalis. La verveine. On emploie quelquefois ses branches dans la botanomancie. 559. Finca minor. La petite pervenche. Elle sert à orner les cercueils des céliba- taires , et les verres à boire des paysans. 560. Witis vinifera. La vigne. Son bois fournit un chauffage clair : le mare de raisin, pourri en terre pendant un an, fournit aux vignes un engrais qui n’al- tère point la qualité du vin; on assure qu’il est très-propre pour les asperges. Dans plu- sieurs vignobles, on fait avec ces mares, lors- qu’on en a tiré la quintescence, une espèce de motte qui est très-bonne à brüler quand elle est sèche. Dans les pays de vignes, on en trouve dans les haies des pieds, qui, n'étant point taillés, poussent de longs sarmens. Les pêcheurs du Bordelais ramassent avec soin ces sarmens ; ils les tordent sur eux-mêmes comme des harts ; ils en ramassent plusieurs ensemble, et en font des cordes qui servent à amarrer leurs canots et leurs filets. | Le vinaigre qui se fait avec le vin, s’em- ploie dans les arts et métiers; il sert à aviver O 5 où 214 MANUEL ÉCONOMIQUE les couleurs rouges, à tirer du fer uñe cou- leur jaune, et à convertir le plomb en ceruse; 1l est aussi d’un grand usage dans l’artillerie, pour rafraîchir les canons ; quelques paysans en mettent dans la colle ; on le mêle aussi avec la poix lorsqu’on la fait recuire. Levin fournit en outre le tartre et la lie. On purifie le tartre pour faire la crème de tartre. Les teinturiers, les monnoyeurs et plu- sieurs autres ouvriers en font usage. On. fait calciner dans la campagne la lie, et on em tire pour lors la cendre gravelée; cette cendre se vend aux teinturiers et aux dégraisseurs; ces derniers s’en servent en guise de tartre. Clauderus prétend conserver les cadavres de la corruption, en les faisant tremper dans une liqueur empreinte du sel ammoniac et des cendres gravelées; la lie sert encore à récurer la vaisselle et à nettoyer la batterie de cuisine. On tire encore du vin l’eau-de-vie, qui west autre chose que le vin distillé, et l’es- prit-de-vin de cette eau-de-vie ; il sert à con- server dans leurs formes toutes sortes d’ani- maux, même les chenilles, pour les cabinets d'histoire naturelle : coloré avec l’orselle, on en fait des thermomètres ; il entre dans les plus beaux vernis; on l’emploie pour faire disparoître les marques que laisse l'essence DES PLANTES. 215 de térébenthine, après avoir enlevé les taches de graisse de dessus diverses étoffes , et pour en détacher la cire. 561. Ulmus campestris. L’orme. . Son bois est très-recherché pour les cou- vertures, pour les carênes des vaisseaux; les charpentiers l’emploient rarement, parce qu’il devient cassant lorsqu'il est sec; cependant ils en font plusieurs pièces de moulins, de pressoirs et de presses ; les menuisiers en font aussi peu d'usage, parce qu’il se tourmente beaucoup; les ébénistes s’en servent quelque- fois en guise d’olivier, lorsqu'il est bien pom- melé ; maïs les charrons en font cas pour les moyeux et les jantes des roues ; ils recher- chent sur-tout l’orme tortillard, qui est très- chargé de nœuds : on l’estime assez pour les affüts de canon ; la plus grande partie du bois des carrosses sont de bois d’orme ; en Angleterre, on en fait les cercueils des srands, parce qu'il se corrompt difficilement; on en fait aussi de fort bons tuyaux pour la con- duite des eaux et des pompes dont on fait usage sur-tout dans la marine ; il est aussi propre au chauffage, tant en bois de cordes qu’en fagots et en charbon : on se sert de sa . racine écorcée et pilée, pour former une colle 0 4 \ \ 2160 MANUEL ÉCONOMIQUE très-forte, en y mêlant de l’eau et du vinaigrez; les tonneliers des provinces en font usage. 562. Urtica dioica. La grande ortie. On emploie sa racine pour la teinture, en faisant macérer la tige dans l’eau. A l’instar du chanvre , on obtient une filature propre à fabriquer de la toile et des cordes. 563. Xanthium strumarium. La petite bar- _dane. k _ Elle donne une belle couleur jaune, et co- lore les cheveux en blond. Ton | ’ 4 DES PLANTES. 217 PLANTES DES INDES, DE L'AFRIQUE, ET DE DIFFÉRENS PAYS ÉTRANGERS, PROPRES POUR LES ARTS. | EEE : = 1 du: Mg D à SN ER a De plusieurs Auteurs qui ont traité de la Botanique ; Pour servir de Supplément au Manuel économique des Plantes. 1. Asrkonpr. L’écorce intérieure de cet arbre, bien abreuvée et bien battue , forme une matière propre à filer, qui est plus fine et plus durable que le chanvre. On en trouve dans le royaume de Loango. 2. Amaguas. Cet arbre, par les incisions qu'on lui fait, rend une gomme jaune et lui- ‘sante; qui est d’une grande utilité au Cap de Bonne-Espérance. 210 MANUEL ÉCONOMIQUE. 3. Anil du Chili. C est une espèce d'indigo qui teint en bleu. Au ‘arise 4. Annona Squammosa. Cet arbre s'élève à la hauteur de vingt pieds; ses feuilles ont une odeur très-agréable. Il croît dans l'Amérique méridionale. 5. Arbre estropié. L’écorce du fruit de cet arbre, qui est épaisse et ridée, est employée par les tanneurs. Il croît au Cap de Bonne- Espérance. | 6. L/’arbre qui donne de la gomme gutte, croît dans l’île dé Surinam. 7. Aytur Ichthyoctonos littorea. Le fruit de cet arbre possède des qualités fort dange- reuses ; mais il est très-bon pour attirer et prendre le poisson. Il croît naturellement à Hitoes. ; 8. Balutuy arund. Arbor spiculorum. Le bois de cet arbre est bon pour faire des flûtes et autres instrumens à vent; il vient aux îles Moluques et à Java. ( 9. Benjoin. On fait découler la gomme de cet arbre par incision. Cette gomme est très- précieuse pour les parfumeurs. On en fait un commerce considérable dans l’Orient. Il vient dans l’île de Java. | 10. Bischalo. Le bois de cet arbre est dur et bon pour la charpente; son feuillage donne DES! PLANTES. 219 beaucoup d'ombre: Il croît sur les rives de la Gambea , en Nigritie. 11. Boa Sabon. Les marchands Chinois en font un grand commerce. Il vient de Java. 12. Bois de Maria.'Le bois de cet arbre, qui croît dans les îles Marianes, sert à la bâtisse des plus belles maisons. 13. Caju fassu. Cofassus. Le boïs de cet arbre est bon pour la construction des vais- seaux. Il croît dans les îles Célèbes et Molu- ques. 14. Caju lassi. a La. plupart des meubles en bois, les tables, etc., sont faits de ce bois. Il est commun aux îles de Xula ' et à Cerama. 19. Caÿu mera. Jambosa sylvestris. Le bois de cet arbre sert dans la charpente. Il croît à Amboine. 160 Camelan. Anisum: Molucanum. Cet arbre est très-estimé pour sa bonne odeur; les femmes en recueillent les baies pour se parfumer. Il croît à Amboine. 17. Camirin, Camiri. Camirium. On fait de la chandelle avec l’amende de cet arbre. Il croît à Java et aux Moluques. 10. Capoc. Cet arbre est un cotonnier très- estimé à Siam. 290 MANUEL ÉCONOMIQUE 19. Cèdres du Choco. Cette espèce decèdre, qui surpasse en haüteur les cèdres de tous les autres pas , croît au Choco, le long d’une petite rivière nommée Szzta. 20. Cèdres de l'Isthme. Ces cèdres, qui croissent dans l’isthme de l’Amérique, sont célèbres, non-seulement par leur hauteur et leur grosseur, mais encore par la beauté de leur bois, qui est fort rouge, avec de très- belles veines, et dont l’odeur mérite le nom de parfum. - 21. Cèdres de la nouvelle Espagne. On les vante pour toutes sortes d’usages. Les Espa- snols en font des poutres, des chevrons, des planches, des cloisons et des meubles. Les Indiens n’en connoïssent pas de .meil- leurs pour en faire des canots et des pyro- gues de toutes sortes de grandeur, capables de porter beaucoup de monde, et de faire de longs trajets; outre qu’étant léger et flot- tant sur l’eau, il est comme à l'épreuve du naufrage. | 2%, De Canne de Bambou. On en fait du papier, des tuyaux pour la conduite de l’eau, des meubles domestiques, etc. Il croît dans la Chine. 23. Cotonnier de l’Isthme. Cet arbre est le plus gros de l’isthme de l'Amérique ; il pro- DES PLANTES 221 duit un coton dont les Indiens font un grand usage : son bois sert à faire des pirogues. Les Espagnols ont reconnu que le bois en est tendre et facile à travailler; aussi le coupent- ils soigneusement, pour en faire divers ou- yrages. 24. Damma Celebes. Dammara Celebicé. On fait de la chandelle avec la résine de cet arbre , qui croît dans l’île Célébes. 25. Donne-Kaya. On se sert des racines de cet arbrisseau , qui croît dans l'ile de Cey- lan, pour faire des cordes, en les réduisant en courroies qu’on entrelace. 26. Dragon. IL croît aux iles Canaries ou îles de Ténériffe. On fait avec son bois des boucliers fort estimés. 27. Ensaka. Arbre qui croît à Congo et Angola. Il s'étend quelquefois pates de mille pas, et forme seul, par desrés, un petit bois où trois mille hommes peuvent se mettre à l’abri ( cela nous paroît un peu exa- géré ). Les branches sont très-serrées, et for- ment un ombrage impénétrable aux rayons du soleil : sous la prémière superficie de l’é- corce, on trouve une espèce de filasse dont on Éiique des étoftes. 28. Floripondis. On met les fleurs de cet arbre au premier rang des fleurs mexicaines ; 222 MANUEL ÉCONOMIQUE _elles sont un peu plus grandes que le lys, à-peu-près de la même forme, et d’une blan- cheur éblouissante. Leur odeur est des plus. suaves. Ce bel arbre fleurit, sans interruption, pendant toute l’année. 29. Gabueriba. Cet arbre, qui croît au Brésil, est fort grand, et distille un excellent baume. | 30. Herbe à soie de l'Isthme de l'Amérique. Les Indiens en font des cordes pour les ha- macs et pour la pêche. Cette espèce de soie est recherchée à la Jamaïque , où les Anglais la trouvent plus forte que leur chanvre. Les femmes espagnoles en font des bas. qu ‘elles vendent fort cher. | 31. Kadri, arbre à papier. C’est une es- pèce de müûrier du Japon, dont on fait non- seulement du papier, mais des cordes, de la mèche, du drap, et diverses sortes d’étoites. 32. Kapot. Cet arbre, qui croît sur la Côte- d'Or, à une hauteur prodisieuse, produit une sorte de coton dont on fait, pour l’ordi- | naire, des matelas. Son bois est propre à la construction des canots. » 33. Kellor laut. Clypearia maritima. On l’emploie à Amboine au lieu de savon pour nettoyer le linge. | 34. Komo, ou Pao de Sangre. On tire de . ) À DES PRANTES. 293 cet arbre, qui croît aux environs de Fata- tenda , la gomme adragante. Son bois est d’un beau grain, et prend un fort beau poli. On en fait des ouvrages de marquetterie, dont la vermine n’approche jamais. 35. Ku-chu. Arbre de La Chine. Cet arbre produit une espèce de lait dont les Chinois se servent pour la dorure. Ils le tirent dans des écailles attachées au tronc , d’où il dé- coule par des incisions. 36. Kzurbaris. Le bois de cet arbre, qui croît sur les rives de la Gambéa, est aisé à travailler , parce qu’il a peu de nœuds, et n’est pas sujet à se fendre. 37. Langir. Cortex Saponarius. L’écorce de la racine et du tronc de cet arbre, qui croît à Amboine et à Célèbes Je ta hs de décrasser mieux que le savon; on s’en sert pour se laver la tête. 38. Lantor. Cet arbre, qui croît dans Pile de Java, est d’une beauté extraordinaire; ses feuilles sont de la longueur d’un homme ; elles sont si unies, qu’on pent écrire dessus avec un crayon; aussi les habitans de l’île s’en servent-ils au lieu de papier; leurs livres en sont composés. 39. Leibo. Arbre du pays de par: dans l Amérique méridionale. Cet arbre pro= 224 MANUEL ÉCONOMIQUE duit une laine très-estimée ; elle est si déliée, que les habitans du pays ne croient pas qu'on puisse la filer. Le seul usage qu’on en fasse, est d’en remplir des matelas. 4o. Mahot. Arbre de la côte oceitrshile d'Afrique. Son écorce sert à faire une espèce d’étoupe propre à à calfeutrer les vaisseaux ; on la pile, a cet effet, pour en séparer Les petits rejetons. 41. Mangles. Arbre de la nouvelle Espé: gne. Son bois est fort dur, et bon pour la charpente , mais d’une pesanteur extraordi- naire. . 42. Metemba. Arbre du royaume de Loango. Ses feuilles sont d’un grand usage pour la fabrique d’une espèce d’étoffe dont tout le monde est vêtu. | 43. Mopamopa. Arbre du Pérou et contrées voisines. La gomme ou résine que cet arbré distille sans cesse, sert à faire toutes sortes de laque ou de vernis en bois ; et ce vernis est si beau et si durable, qu’il ne peut être détaché ni même terni par l’eau bouillante. 44. Mosuma. Get arbre, qui croît sur les bords de la rivière de Zayre, à Congo et à Angola, et dont on fait Les canots, produit la soie de coton, substance laineuse que les gens DES PLANTES. 290 gens de mer emploient au lieu de plumes, pour se faire des coussins et des oreillers. 45. Mérier du Japon. On tire un grand avantage de ses feuilles pour la nourriture des vers à soie. 46. Murucugné. Arbre du Brésil. Son tronc donne, par incision, une liqueur laiteuse qui, venant à se coaguler, tient lieu de cire pour les tablettes. 47. Nan-mu. Arbre de la Chine. Les piliers des appartemens et des anciennes salles du palais, les fenêtres , les portes et les solives en sont composées à la Chine. Il passe pour inaltérable. Lorsqu'on veut bâtir pour l’éter- nité, disent des Chinois, il faut employer du TLOIL- TILL 48. Panara. Arbre du Sénégal. Son bois est dur, et propre à la construction des vais- seaux et des barques; mais les Nècres ne souffrent pas volontiers qu’on les abatte, parce que les abeilles aiment à s’y réfugier, et qu'ils en tirent beaucoup de miel et de cire. 49. Pe-la-chu. Arbre à la cire blanche de la Chine. Il s'attache de petits vers sur les feuilles de cet arbre, qui y forment, en peu de tems’, des rayons de cire. Cette cire, qui est fort P 226 MANUEL ÉCONOMIQUE dure et fort luisante, se vend beaucoup plus cher que la cire des abeilles. 50. Pele Tsje Dangan. Flos peroulanus. A Java et à Baleya, les femmes Malayes entrelacent leurs cheveux des fleurs de cet arbre , qu’elles aiment beaucoup. On met ordinairement cet arbre sur les balcons , où il donne un ombrage frais et des fleurs odo- riférantes. 51. Pequea. Son bois passe pour le plus dur du Brésil; on le croit incorruptible. 52. Polon ou Fromager. Cet arbre, qui croît au royaume de Juida, produit une espèce de duvet court, mais d’une grande beauté, dont _on fait de fort bonnes étoffes, lorsqu'il est bien cardé. Un directeur anglais en fit teindre une pièce en écarlate. Tous les Européens du pays furent charmés de sa finesse, de sa force et de l’excellence de sa couleur. On pourroit aussi employer cette espèce de coton à faire des chapeaux, qui seroient beaux, légers et fort chauds. 53. Pule. Lignum scolare. Cet arbre croît dans toutes les îles aquatiques ; les maisons construites de son bois rendent un fort bel écho re Fe 54. Quinquina. Il croît au Chaco; son bois D ES PLANTES. 227 est rouge et d’une agréable odeur; il en dé- coule une résine odoriférante. 55. Rami. Ramium majus. À Bonoa, Ma- cassara et Célèbes , on prépare avec ses tiges de gros filets propres à prendre des poissons. 56. Rortang Calappa. Palmi juncus. On fait des meubles du bois de cet arbre, dans la presqu’ile de Malaca , à Sumatra et à Java. 57. Rottang Tsjavoni. Palmi juncus eques- zris Les cavaliers choisissent principalement ce roseau, qu'ils tiennent lorsqu'ils montent à cheval. On en trouve à Amboine. 58. Savonier Mexicain. Cet arbre, qui croît dans la nouvelle Espagne , produit une espèce de petites avelines, dont l’écume est un excellent savon pour nettoyer les habits. 59. Soap ou Savonnier. Les Nèsres de la côte occidentale d'Afrique écrasent le fruit de cet arbre pour en tirer le noyau, et font usage de la chair pour laver leur linge. Elle mousse et nettoie fort: bien ; mais elle use le linge plus vite que le savon. 60. Fallipot. Arbre de l’île de Ceylan. Nous ne parlons de cet arbre qu’à cause de la gran- deur extraordinaire de ses feuilles, dont une seule peut couvrir quinze ou vingt personnes, et les garantir de la pluie. . 61; Tay Bayba. De l'ile de Ténériffe. On P :2 228 MANUEL ÉCONOMIQUE exprime de cet arbrisseau un suc laiteux, qui s’épaissit en peu de momens , et forme une ia glu. Ton-Coë. L’écorce de cet arbre, qui Fu. à Siam, sert à faire du papier. 63. Tong-chu. Arbre à huile. Les appar- temens de l’empereur de la Chine sont enduits de l'huile ou vernis de cet arbre. 64. Tse-tau. Bois rose. Ce bois est d’un rouge noirâtre, rayé et plein de belles veines noires ; il est propre aux plus beaux ouvrages de menuiserie : les meubles qu’on'en fait sont très-estimés , et/se vendent à la Chine et ailleurs beaucoup plus cher que les meu- bles vernissés. 6 65. Tsi-chu. L'arbre au vernis de la Chine. Les marchands chinois font un grand com- merce du vernis de cet arbre. 66. T'ye-li-mu. Bois de fer. Il n’y a peut-être pas de boiïs qui lui soit comparable par la force et la fermeté. Cet arbre est de la hau- teur de nos plus grands chênes. On fait de ce bois, qu’on tire de la Chine, les ancres des vaisseaux de guerre. : 67. Tyen-uhu. Cette plante est forten usage dans toutes les provinces de l’Empire ; trem- pée dans l’eau, et préparée dans de grandes cuves, elle forme un bleu qui est propre à DES PLANTES. 229 la teinture. Les habitans de Fo-Kien sont en réputation pour cette sorte de coloris, qu’ils appellent an-mey. 68. Vaccat Pessi. cui ferreum. Le bois de cet arbre, qui croît à la petite Céra- ma , est très-recherché pour ses belles veines et la facilité qu’on a à le travailler et le polir. 69. Wala. Jchthyactonos montana. Le fruit de cet arbre a la propriété de tuer les poissons. 7o. Vijahuas. Cette plante croît dans le pays de Guyaquil, dans l'Amérique méridio- nale, Ses feuilles sont si larges, qu’elles pour- roient servir de draps dans un lit. 71. U-kyeu-mu. Arbre au suif. Il croît à la Chine. Les habitans du pays en retirent la matière de leurs chandelles, qui sont d’une blancheur extrême. 72. Urusi. Arbre du vernis. Il croît au Japon. Il produit un jus blanchâtre, dont les Japonois se servent pour vernisser tous leurs . meubles, leurs plats et leurs assiettes. 73. Yonota. Cet arbre produit une sorte de laine dont on fait des matelas et des oreilliers 74. Buluschit. Arundo. En Malabar. C’est une espèce de roseau très-épineux, dont on se sert pour les palissades et les fortifications. 75. Kurundu, Laurus Chers. Cet arbre est le vrai cannelier qui croît à 2, Ceylan. P 3 230 MANUEL ÉCONOMIQUE 76. Balubadure Arund. Arbor spinosa et Vallaris. C’est une espèce de canne qui trace, et est garnie d’épines. Les Hollandaïs en font des palissades. On en trouve à Java, Manipa et Huaohela. 77. Caju Sanga. Arbor Vernicis. L’Ingas et le Rangas des Javans. Il croît à la Chine. Il donne un beau vernis. 78. Canari Barat. I] produit une gomme assez semblable à la gomme Æ/emi. On en trouve à Banda et sur les hauteurs de Lon- thora. 79. Culitlawan. Cortex Caryophylloïdes. Son écorce est très-recherchée; c’est une es- pèce de laurier semblable au cannelier ; son odeur approche plus de celle du girofle que de celle de la cannelle. On en rencontre aux Moluques, aux îles de Batsjan, Java et Bornéo. 60. Katsiapiri. L’odeur des fleurs de cette plante, indigène à Java, est si délicieuse , qu’elles se vendent quelquefois jusqu’à deux sous pièce. 81. Kissina. Ligsnum Aloës. Calambac ofjt- cinalis. C’est le fameux bois de senteur, si précieux dans l’Orient. 82. Massoy. Cortex Oninius. Les Héllani dais font un grand commerce de l’écorce de cet arbre, qui est odoriférante; ils en vendent DES PLANTES. 31 la plus grande quantité aux Chinois. On en trouve à Namma, Totto et Cajumera, dans la nouvelle Guinée. 83. Mogori. Fula Mogori. Cet arbre, in- digène à Java, porte des fleurs blanches, dont l’odeur est au-dessus-de celle de la violette. ‘84. Toni Rak. Anacardium occidentale. Fève de Malacca , ou noix de marais. Cet arbre, qui croît à Corsanne, dans l’île de Cambaye, produit du vernis d’une espèce in- férieure, cependant fort en usage en Chine. 85. Tsjendana. Sandalum rubrum. C’est le vrai bois de Santal; le meilleur se trouve à Timor. 86. Tsjitick. Chekian. La canne épineuse. On s’en sert à la Chine pour les palissades. 87. Chaoutchouc. L'arbre qui porte la somme élastique se trouve près la rivière des Ama- zones , et aux environs de la baïe de Æou- duras. | 88. Charad. Mimosa Nilotica. C’est l’aca- cia qui porte la gomme arabique. Il croît en Egypte. 89. Jéniperes Barbades Veëtèy bearing cedar. Il croît à la Jamaïque. C’est un ui lent bois de charpente. Les habitans du nord de l'Amérique s’en servent pour la construc- tion des vaisseaux. P 4 232 MANUEL ÉCONOMIQUE 90. Laurus Borbonia. Laurus Chloroxylon. Ce laurier s’élève à une hauteur considérable. Son.bois est d’un beau grain, qui le fait très estimer. 91. Magnolia acuminata. Son bois est d’un beau grain et de couleur d'orange. Il s’élève à la hauteur de vingt à trente pieds. 92. Myrica cerifera. On tire de la graine de cet arbuste de la cire verte, dont on fait de la bougie. 93. Nissa sylyatica. Les Américains em- ploient le bois de cet arbre à toutes sortes d'usage, mais sur-tout pour leurs voitures et chàrriots. | 04. Pinus balsamea. Ce pin produit une espèce de térébenthine claire et odoriférante, que l’on vend en Angleterre sous le nom de baume de Gilead. Nous en avons déjà parlé. Il vient en Virginie et au Canada. 05. Pinus tæda. C’est le pin qui produit le plus de térébenthine et de soudron. On fait un fréquent usage de son bois pour la cons- truction des vaisseaux. 06. Xanthorhiza simplicissima. I] croît en Caroline. Sa racine est jaune. On l’emploie pour la teinture. D: HSE À NITIE:S; 233 VÉGÉTAUX ÉTRANGERS PROPRES AUX ARTS, Trrés du Dictionnaire de VA4LzMONT DE BomMuARE. 1. L'usrrcorrzr de Saint-Domingue. Le mamat, le mam-hiboni. Il transude du tronc de cet arbrisseau , sur-tout quand on lui a fait une incision, un suc gommeux, qui tue les chiques. 2. L’acacia commun. Robinia pseudo- acacia. Linn. Nous en avons déjà parlé. Son bois est d’un jaune marbré très-beau; les tourneurs en font des chaises. Les habitans de la Louisiane s’en servent pour faire des arts, parce qu'il est roide. Ils l’appellent en leur idiome , éors dur. Il n’est point sujet à être attaqué par les insectes. On a proposé de le ver pour en tirer des échalas et autres bois. 3. l’acacia véritable. Mimosa nilotica. Linn. Il croît en Egypte. Les corroyeurs et les tanneurs du grand Caire consument beau- 234 MANUEL ÉCONOMIQUE coup de graines d’acacia pour noircir les peaux. On dit que les Chinois emploient ses fleurs pour teindre le papier ou la soie en une couleur jaune, et assez particulière. 4. Acajou à planches. Cedrela odorata. Linn. Le bois de cet arbre se polit joliment, et a un coup-d’œil fort luisant. Il pourrit ditf- ficilement dans l’eau, et les vers ne l’atta- quent point. On prétend qu’il l'emporte sur celui des îles par la finesse de son grain comme par la nuance de ses fibres. On en fait des ouvrages de charpente et de menui- serie, et particulièrement des meubles, qui communiquent leur odeur suave au linge et aux hardes qui s’y renferment; odeur qui: écarte les insectes. On le nomme cèdre à Saint-Domingue. 5. L’acajou-pomme. Le pommier d’acajou. Anacardium occidentale. Linn. Les habitans du pays où croît cet arbre, retirent de l’a- mende de son fruit une huile caustique, dont ils se servent pour peindre le bois; ce qui l'empêche de se corrompre. Nos teinturiers se servent de cette huile dans la teinture du noir. Il iransude de cet arbre, quand on le taille, une somme roussâtre, transparente, tenace. Cette gomme étant fondue dans un peu d’eau, tient lieu de la meilleure glu. On DES PLANTES. 235 s’en sert à Cayenne pour coller tout ce qu’on veut soustraire à l'humidité et aux insectes ; on la passe sur les meubles; elle leur donne un vernis agréable à la vue. Le bois d’acajou- pomme, quoique moins dur, moins odorant, et plus brun et séchant moins vîte que celui de l’acajou à planches, est néanmoins très- recherché pour faire des meubles et pour bâtir. Comme il est tortueux, on tire de ses branches des cintres propres à former des dessus d’armoire , des corniches arrondies. Ses contours sont quelquefois si naturels, qu'il n’y a plus qu’à leur donner quelques coups de ciseaux pour les perfectionner. Les habitans du Brésil comptent leur âge par les noix d’acajou. 6. Acomas. Homalium racemosum. On fait “usage de son bois , à Saint-Domingue, dans les ouvrages de charpente, dans la construc- tion des navires; on en fait même des pou- tres de 18 pouces de diamètre sur 60 pieds de longueur. ) 7. Agaric médicinal. Agaricus laricis. On l’emploie en guise de noix de Galles, pour teindre la soie en noir. 8. Agaric de chêne. Boletus igniarius. Linn. On le récolte, dans le Nord, avant qu’il soit desséché sur l’arbre ; ensuite on l’émorde 236 MANUEL ÉCONOMIQUE légèrement de son écorce. Il est employé par les teinturiers pour teindre en noir. C’est avec un semblable agaric que l’on fait l’amadou; aussi l’appelle-t-on amadouvier. On sait de quel usage est l’amadou, pour avoir promp- tement du feu par le moyen de l’acier et de la pierre à fusil. 9. Airelle. Vaccinium myrtillus. On se sert du suc des baies de l’airelle pour teindre les toiles, le linge et le papier en bleu, ou plutôt en violet. 10. Alaterne. Rhamnus alaternus. Son bois ressemble à celui du chêne vert. On dit qu’on en fait de jolis ouvrages d’ébénesterie. 11. l’alisier des Alpes. Crataegus folio sub- rotundo. Le bois de cet arbre est fort dur, mais il n’a point de couleur. Les charpentiers l'emploient pour faire des alluchons et des fuseaux dans les roulages de moulins. Les tourneurs le recherchent; les menuisiers en montent leurs outils ; les jeunes branches ser- vent à faire des flûtes et des fifres ; sa racine donne une teinture noirâtre. ; 12. l'aloës pitte, le chanvre des Indiens. Aloe disticha. C’est des feuilles de cette es- pèce d’aloës, préalablement battues ou écra- sées , et privées de leur suc, que les Indiens de Ja Guiane tirent des fils très-forts, très- DES PLANTES. 237 longs et assez beaux, dont ils font des ha- macs, des voiles, des cordes et autres ou- vrages, même de grosses toiles pour emballer le café. Les Portugais du Brésil en font des bas et des gants. On taille la pitte comme le chanvre ; on en fait des étoffes, qu’on apporte en Europe, sous le nom d’écorce d'arbre. 13. L’amandier à grandes feuilles, l’aman- dier à petites feuilles. Ces arbres croissent dans l’île de Saint-Domingue. Leur bois s’em- ploie indifféremment dans les ouvrages de charronnage, sur-tout pour faire des roues et des brancards de voiture. 14. l’arabaiba. Le bois à canon, le bois à trompette. Urakusela jaruma. Les Améri- Cains se servent du bois de cet arbre pour allumer le feu. Suivant Barrère, on pourroit s’en servir à faire du verre, du savon , et l’employer dans le blanchissage des toiles. 15. L’ambrette. An malva moschata. Abel- mosch. Les parfumeurs font usage de la graine de cette plante, à cause de son odeur agréable. 16..Ananas marron. Pingouin. Cette plante est employée à faire des entourages, que les Nègres et les bestiaux n’osent jamais franchir. 17. Le bois puant. An valakou des Ca- raibes. Hedera arbor fœtida nucis juglandis / 258 MANUEL ÉCONOMIQUE. fodiis fructu maximo. On l'emploie pour faire des cercles pour les barriques. | 19. L’angolan. Alongium decepetalum. Rhéede dit que cet arbre est pour les peuples du Malabar le symbole de la royauté, pré- rogative qui lui vient de la disposition de ses fleurs, qui forment des diadêmes de ses brans ches. 19. Arbre d’encens. Therebinthus pista- chiae fructu non eduli. Son bois est rougeä- tre ; ilen distille continuellement une gomme- résine d’une couleur semblable à la gomme élemi. On la brûle, dans les églises de Cayen- ne, comme de l’encens. 20. L’anis étoilé. Illicium anisatum. Voyez ce que nous en avons dit dans notre Manuel, 21. L’arbousier commun. Arbustus sets Le bois de ce petit arbre est blanc, propre certains ouvrages, et fait de bon SU 22. L'arbre de cire. Myrica gale. Les ha- bitans de la Louisiane et de la Caroline reti- rent des baies de cet arbrisseau , en les fai- sant bouillir dans l’eau, une espèce de cire verte qui surnage, et dont on peut faire des bougies. Une livre de graine produit deux onces de cire. Un homme peut aisément en cueillir quinze livres en un jour. Ils sont par- venus, depuis quelque tems, à avoir une cire DES BE A NOTE SA 2359 assez blanche, ou du moins jaunâtre ; ils mettent, pour cet effet, les baies dans des chaudières, et ils versent par-dessus de l’eau bouillante , qu’ils reçoivent dans des baquets, après avoir laissé fondre la cire pendant quel- ques minutes. Quand l’eau est réfroïdie, on trouve dessus une cire résineuse, qui est jau- nâtre; mais la résine qui surnage ensuite, en répétant l’épuration, est plus verte. Cette cire résineuse est sèche ; elle a une odeur douce et aromatique assez agréable. On la réduit aisément en poudre grasse : mêlée avec un peu de cire et de suif, elle prend un peu plus de corps et de blancheur sur le pré, mais toujours moins que la vraie cire. On prétend qu’en faisant fondre du suif dans l’eau où elle a fondu, il acquiert presqu’autant de consistance que la cire. Lorsqu'on a en- levé la cire de dessus les baïes, on aperçoit sur la surface une couche d’une matière qui a la couleur de laque. L’eau chaude ne la dissout point, mais l’esprit-de-vin en tire une teinture. 23. L'arbre du diable. An hura. Dans le tems du développement de ses graines, le fruit produit l'effet d’une petite artillerie, dont le bruit se succède rapidement , s’en- tend assez loin, et arrête le voyageur étonné. 240 MANUEL ÉCONOMIQUE 24. Bois ivrant, arbre à enivrer. Piscidia erythrina. On prend l’écorce dés racines de cet arbre, on la pile, on la réduit comme du tan, et on la met dans des sacs. Lorsqu'on veut aller pècher dans quelques rivières ow quelques baies de mer, on suspend les sacs dans l’eau, on les y agite ; toutes les parti- cules d’écorce qui se détachent, se répandent dans l’eau, et ont la propriété d’enivrer les poissons au point qu’ils surnagent de côté et de travers, et peuvent être pris avec la main. 25. Arbre dont on retire de l'huile. Drian- dra cordata. Thunb. Abrasin. Les fruits de cet arbre sont comme des noix pleines d’une huile un peu épaisse, où mêlée avec une pulpe laïteuse, qu’on exprime fortement. On fait usage de cette huile comme du vernis; on la fait cuire avec de la litharge, et on l’applique ainsi sur le bois pour le défendre de la pluie ; on lPapplique aussi sur les car- reaux des appartemens, pour les rendre beaux et luisans. On ajoute à cette huile de la cou- leur, lorsqu'on veut peindre un appartement, et on ne s’en sert qu'après avoir enduit les boiseries d’une pâte préparée, et qui forme espèce de laque. L’éclat de ce vernis est pres- qu'égal à célui d’artsi-chu. 26. Arbre immortel de l'ile de Madagascar. JT, an | | p effet AL CA! NUT EE. 241 Humbertia Madagascariensis. Le bois de cet arbre est jaunâtre, pesant; il dure fort long- tems, même lorsqu'il est enfoncé en terre. 27. L’arbre aux pois. Caragna ferox , robi- nia spinosa. Ses feuilles et ses branches ten- dres, préparées par la macération et la pu- tréfaction , servent dans la teinture du pays. Le bleu qu’on en tire peut suppléer à l’indigo et au pastel ; son écorce sert à faire de bonnes cordes ; son bois est d’un très-beau jaune, extrêmement dur, propre à toutes sortes d’ou- yrages de tour. 28. L'arbre à suif. Crotor. sebiferum. Il fournit aux Chinois la matière de leurs chan- delles; ils tirent en outre de ses graines beau- coup d'huile pour les lampes. Pour obtenir ce _suif végétal, on broïe ensemble la coque et les graines ; on les fait bouillir dans l’eau ; on écume la graisse ou huile, à mesure qu’elle s'élève ; et lorsqu'elle se réfroidit, elle se con- dense d'elle-même comme du suif. Sur dix livres. de cette graisse, on met quelquefois trois livres d’huile de lin avec un peu de cire, pour lui donner de la consistance. Les chan- deiles qu’on en fait sont d’une grande blan- cheur; mais on en fait aussi de rouges, en y mêlant du vermillon. On assure qu’on trempe ces chandelles dans une sorte de cire qui vient Q 242 MANUEL ÉCONOMIQUE aussi d’un arbre en Chine; ce qui forme au tour du suif une espèce Fe croûte qui vai pêche de couler. ( 29. L’arbre du vernis de la Chère, pas vernicis. Rumph. Espèce de badaumier. La thichou, tsi-chu. Son bois est assez solide et durable, difficile à couper, brun; son aubier est aussi brun, mêlé de noir, sans presqu’au- cune moëlle. Son principal usage à la Chine et aux Moluques , est d’en retirer ce vernis si renommé, dont les habitans de la Chine, du Tonquin et du Japon enduisent avec tant d'élégance et de propreté la plupart de leurs meubles, qu’on appelle communément et im- proprement en Europe meubles de laque: Les arbres qui sont à l’ombre, donnent plus de vernis, mais il est moins bon; ceux qui sont cultivés, donnent du vernis trois fois dans l’été : celui qui découle le premier est le meilleur. On ne fait à un arbre que trois ou quatre légères entailles sur l'écorce , sous chacune desquelles on place une coquille de moule de rivière pour recevoir la liqueur lai- teuse qui en découle ; on les retire ‘ensuite au bout de trois heures, et on verse la liqueur dans un petit seau de bois de bambou. 30. L’arbre aux tulipes. Tulipifera. Catesby. Le bois de cet arbreest d’ur grand usage pour D ES ÆæLANTES. 243 les bâtimens; il passe dans le pays pour être le meilleur dont on pût faire des pirogues où des canots d’une seule pièce. 31. L'arbre de vie. Thuya occidentalis. transude de cet arbre des grains de résine jaune, transparente , qui ne sont point durs ; en les brûlant, ils répandent une odeur de gakipot. Quoique le bois de cet arbre soit moins dur que celui du sapin, il est pres- que incorruptible ; aussi en Canada en fait-on. grand usage pour les palissades. | 32. Arrouma. L’herbe aux hébéchets. Pal- ma dactyfera humilis, carnacoroïdes caudice zenui fissili. On fait à la Guiane, avec la tige de cet arbre, dépouillé de son écorce, divers instrumens dont les sauvages se servent dans leurs travaux. Ces peuples sont très-adroits à l’employer dans leurs ouvrages de vannerie; leurs pagares ou corbeilles , catolis où Aot- tes , racouma ou couleuvres, c’est-à-dire, les presses et leurs #aioutou ou petites “He à manger, se tirent de la même plante. Aux environs de Para, il y a de petits paniers nommés bacella, de diverses formes, ét va- riés par un coloris artificiel , qui ne sont qu’un tissu délicat des petits brins de la tige d’ar- rouma et de ses feuilles. Barrère croit qu'avec cette plante on pourroit faire des nattes. 2 244 MANUEL ÉCONOMIQUE 33. L’asphodèle blanc. Asphodelus ranio- sus. Les anciens semoiïent cette plante auprès des tombeaux, comme une nourriture agréa- ble aux morts. Porphyre fait parler ainsi un tombeau dans une inscription... Au-dehors je suis entouré de mauve et d’asphodèle ; et en-dedans je ne renferme qu’un cadavre... Lucien dit ( de luctu ) que les mânes, après avoir traversé le Styx, descendoient dans une longue plaine plantée d’asphodèle. 34. Avocatier. Pelsifera persea. Le bois d’anis. Le fruit de cet arbre, que les Indiens appellent palia, contient une huile très-caus- tique, de couleur violette, et dont on peut ‘colorer le fil qui sert à marquer le linge. 35. Balatas blanc. Couratari de la Guianre. Les naturels se servent de l’écorce de cet arbre , qu'ils coupent par larges bandes, et dont ils forment une corde en manière d’an- neau autour des grands arbres, par le moyen de laquelle, en se plaçant avec le tronc et la corde , ils parviennent à grimper jusqu’au sommet. Le bois de cet arbre se fend au so- leil ; il attire les poux du bois, qui le«pénè- trent jusqu’au centre, et s’insinuent d’un bout à l’autre du tronc. Quand on emploie le bois du centre pour la charpente, sa couleur rou- # D'HSV BE A N' TES. 245 geâtre disparoît dans la suite, et le bois de- vient assez blanc. 36. Le balatas rouge. La sapotille marron. Il estestimé à Cayenne comme le premier des bois pour bâtir; c’est un de ceux qui résis- tent le plus à l’air; et lorsqu'il est à couvert, il dure aussi long-tems que le chêne ; en un mot , il est excellent pour toutes sortes d’ou- vrages ; son écorce est propre à faire des cordes. 37. Le bananier musa. Les étoffes faites avec la filasse du bananier, sont beaucoup plus belles que celles qu’on fait avec le fruit d’'Agave. | 36. Baquois odorant. Pandanus verus. En Egypte, on vend les chatons de cet arbre à un grand prix, à cause de la bonne odeur qu’ils exhalent, lorsqu'ils sont cueillis nouvel- lement. 39. Bois d’agouty. Bois lézard. On l’em- ploie dans quelques ouvrages de charpente. 40. Bois d’ainon. Actros de St- -Domingue, dont le bois sert dans les ouvrages de charron- nage. 41. Le calambea des Indiens , le tombare , de bois d’aloës. Le bois de cet arbre a une saveur un peu amère, et une Odeur très-aro- matique ; il se fond sur les charbons comme Q 35 246 MANUEL ÉCONOMIQUE la résine, et répand une odeur des plus suaves: Les Chinois en brülent dans leurs templesy lorsqu'ils veulent recevoir une personne avec magnificence, et qu’ils veulent faire des fes- tins somptueux. Ils font entrer des petits mor- ceaux de ce bois de senteur dans des casso- lettes, dont l’odeur suave embaume les ap- partemens , quand on les approche des per- sonnes qu'on vent honorer. Ce hois est si précieux , et si recherché dans ces pays, qu’on n’en voit presque point en France. Les grands s’en font faire des poignées de sabre et “divers petits ouvrages. 42. L’agalloche des ne Le TE Kiang des Chinois. Autre espèce de bois d'a- loës. L’arbre d’où on le tire, croît dans le royaume de Siam, sur les montagnes de la Cochinchine, et dans quelques provinces de la Chine. On ne retire du calambac des ar- bres que lorsqu'ils commencent à vieillir; la résine se rassemble alors en plus grande quantité aux environs des nœuds. Ce sont ces morceaux épars çà et là dans l'arbre, que l’on sépare, et qui sont si précieux. Le calambac le plus résineux et le plus odorant, se retire du tronc près les racines. 43. Le bois daigle. Le garo de malacca. Troisième espèce Ékloës. L'arbre dont on le DES PLANTES. 247 tire , se trouve aux îles de Timor et de Solor ; on en fait usage en marquetterie ; on en fa- brique des boîtes, des écritoires, des étuis, des chapelets , etc. 44. Le bambou. Tabaxifera, arurdo de. Le bois de bambou est facile à fendre, et dif- ficile à couper ; il est fort dur et ferme; les Indiens en font des bateaux, des pilotis pour soutenir des petites maisons faites du même bois, et qu’on bâtit sur les canaux; toutes sortes de meubles et d’ustensiles pour l’usage de leur cuisine et de leurs tables; les bâtons sur lesquels les esclaves portent cette espèce de litière qu’on appelle polanquia ou polan- guia ; ils coupent ce bois en fils déliés, et en font des nattes, des ouvrages de vannerie, des boîtes, et divers ouvrages assez propres. Ce bois est si dur, que lorsque les Indiens veulent fumer du tabac, ou allumer leurs sargoulis, ils en frottent deux morceaux; et sans que ce bois s’enflamme ni étincelle, une feuille sèche qu’on applique dessus prend feu à l’instant. On fait à la Chine une grande quantité de papier, presqu'aussi uni que le vélin, avec le Ziber du bois de bambou : la plupart des livres imprimés à la Chine sont de ce papier. On fait encore avec le bambou des plumes Q 4 248 MANUEL ÉCONOMIQUE à écrire. Les petits jets à bambou sont les cannes qu’on appelle bamboches, qu’on voit en Europe chez les merciers. 45. Le bresillet de Fernambouc. Acacia gloriosa , spinis armata, tinctoria l’Arabou- tan. Le bois de cet arbre, qui croît naturel- lement au Brésil, est propre pour les ouvra- ges de tour, et prend bien le poli; il sert à teindre en rouge; on en teint les racines de guimauve pour les dents; on entire aussi, par le moyen de l’alun , une espèce de carmin végétal, et le faux Dezera; on en prépare une laque liquide pour la miniature ; et c’est de la teinture de ce bois qu’est composée cette craie rougeâtre , qu’on nomme 7oseife , et qui sert pour la peinture. | 46. Le bois de sappan, le bresillet du Japon. Caesalpinia sappan. C’est un arbre qui croît naturellement à Siam, dans les Mo- luques et au Japon: Son boïis se vend dans les Indes pour teindre en rouge, et pour faire de jolis meubles; les teinturiers s’en servent, en l’alliant avec de l’alun, pour donner un beau rouge aux cornes et aux laines. | 47. Bois de campèche, bois de la Jamaï- que. Hacnatoxilon: Linn. On trouve cet ar- bre à Saint-Domingue; on en fait des haies- vives, qui croissent en peu de tems : sun bois \ f D'ES) PLANTES. _ 249 sert à teindre en rouge ou en violet, et même en noir. js 48. Bois de fer. Sideroxylum americanum. Jacq. On l’emploie pour les ouvrages de me- nuiserie ; il prend un très-beau poli. Les In- diens en font divers instrumens ; les Sauvages leurs flèches. 49. Bois de féroles, bois marbré. Ferolia arbor. Le bois de cet arbre, indigène à la Cayenne, est très-recherché pour les ouvra- ges de marquetterie et pour différens meubles. 5o. Bois d'ortie, bois de fredoelan. Ce bois, qui nous vient d’un arbre de St-Domingue, est recherché par les charpentiers. 51. Bois de fustet. Cotinus. Linn. Les ébé- nistes et les luthiers l’emploient à divers usa- ges ; les corroyeurs se servent de sa feuille ; les teinturiers font usage de son bois, garni de son écorce, pour teindre en verd, en faisant passer dans le bain de gaude les étoffes qui sortent de la cuve du pastel. 62. Bois à gaulette ; coubaulirouc des Caraïbes. On en fait des lattes pour trapisser les murailles. 53. Bois de Lait. Entafora. Son bois est estimé pour toutes sortes d'ouvrages au tour, et pour la marquetterie. 94. Bois de palixandre, bois violet, Ligrum \ 299 MANUEL ÉCONOMIQUE violaceum. Ce bois ést propre au tour et à la marquetterie ; on en fait grand usage pour les bureaux, les bibliothèques et autres ou- vrages. C’est de ce bois que les luthiers font la plupart des archets de violon ; il nous vient des Indes. | À 55. Bois à pians. Arbre de St-Domingue, de l'écorce duquel on se sert pour teindre en jaune. 14 4. 56. Bois de rose , bois de Rhodes, bois de Chypres. Lignum Rhodium. Ce bois croît dans les îles de Rhodes, de Chypre, de Ca- narie, de la Martinique, au levant, le long du Danube; il est très-propre pour le tan et la marquetterie , parce qu’il reçoit très-bien le poli, ainsi qu’on en peut juger par les jolis meubles qui décorent nos appartemens et nos cabinets ; il est d’un jaune pâle, et devient roux avec le tems. Les parfumeurs en font usage à causé de son odeur. _ Amsyris balsamifera. Linn. 11 donne aussi un bois qui se nomme bois de rose ; quand on le brüle, il répand une odeur de rose très-agréable. Le bois de rose de Ia Chine, qui se nomme sselau, et par quelques-uns erysiscapteon ,; est d’un noir tirant sur le rouge , rayé et semé de veines très-fines , qu’on diroit être peintes. Les ouvrages qu’on DES PLANTES. 251 fait avec ce bois sont si estimés, qu’ils se vendent plus chers que ceux auxquels on ap- plique le vernis. 57. Bois rouge, bois de sang, bois san- glant. Therebinthus procera bulsamifera ru- ôra. L'’anacoucou des Caraïbes. I] provient d’un arbre qui croît dans l'Amérique, no- tamment dans la Cayenne. Les Indiens se servent quelquefois de son écorce pour co- lorer certains ouvrages. Ce bois, quoique cher, s'emploie pour éclairer. Après le ba- latas, c’est le meilleur pour bâtir. On emploie à Saint-Domingue, pour la menuiserie, un bois rouge qui provient d’un grand arbre qui y croît naturellement. 58. Le bois de soie , Le bois ramier. Mun_ tigia folio sericeo moll fructu majori. Plum. On emploie ce bois pour faire des douves pour les barriques ; les Nègres font des cordes avec son écorce. 59. Bois à cochon. Therebinthus betulae cortice. On fait, avec le bois de cet arbre, du marrin et des essentes. 60. Bessi, metrosideros Amboinensis. Cet arbre fournit le meilleur bois de charpente qu'on emploie dans les Moluques; on en fait divers meubles, et des ouvrages de tour, qui 232 MANUEL ÉCONOMIQUE présentent une surface luisante , Re brun très-agréable. 61. Belvedère. Chenopodium EE Plante de la Chine qu’on cultive dans les jardins, et dont on fait de très-bons balais. 62. Caymitier. Crysophyllum cainito. Le caymitier pomiferum. Son bois sert à bâtir, et il dure assez long-tems lorsqu'il est à l'abri du soleil et de la pluie. 65. Caipon. On emploie le bois de cet arbre, qui croît à Saint-Domingue, dans les ouvra- ses de charpente; mais il faut qu’il soit à l'abri de la pluie et du soleil. 64. Caamarigna empetrum. On se sert de ses baïes pour teindre les vieilles hardes en couleur de cerise. Les Kamtschèdes les em- ploient pour teindre les peaux de castors et de martes zibelines. La préparation consiste à les faire bouillir dans l’huile de baleine chargée d’alun. 65. Canari vulgaire. Canarium commune. Linn. Son bois est bon à brüler ; les vieux arbres donnent une résine blanche et tenace, que l’on emploie à Amboïine comme flam- beau, en les enveloppant de feuilles sèches. 66. Canne, jonc à écrire. Calamus scrip- éorius ; arundo scriptoria. On fait avec ce , DIE S\ PEL A N TES. 253 roseau, dans une grande partie du Levant, des stylets pour écrire sur le parchemin ou le papier. 67. Carapa, carapas. On tire par expres- sion, de l’amande de cet arbre, de l'huile propre à brûler. On frotte avec cette huile les meubles, pour les garantir des mittes et au- tres insectes. Les Nègres-chasseurs s’en frot- tent aussi, pour se garantir des piqüres des chiques. Les naturels du pays la mêlent avec du rocou, et s’en oïgnent le visage, les che- veux et le corps, pour se donner une couleur de feu. On peut aussi mêler cette huile avec le brai sec et le goudron, pour garantir les canots des vers. Nat 68. Cariarou, caraerou. Convolyulus tinc- torius fructu vitigineo. Les colons portugais se servent, dans les Îles Antilles, de la feuille de cette plante pour teindre leurs hamacs en cramoisi. On tire de cette même feuille une espèce de fécule qui imite le vermillon, et dont les Indiens se peignent le corps. 69. Le caroubier, la carouge. Ceratonia siliqua. Linn. Son bois est dur, et d’un bon usage. mo. La cascarille. Croton cascarilla. Les habitans de la Californie ont appris aux Espa- gnols du Mexique l’art de tirer le beau noir 254 MANUEL ÉCON OMIQUE de ce végétal, et de lappliquer d’üne pen durable sur les étotfes. | 71. Caryota à fruits brélans. Caryôta uréns, On fait, avec les plus grands morceaux du bois de cet arbre, des planches et des solives. 72. Le cèdre, Le pin du Liban. Cédrus. Dans le pays où ce bois est commun, on en fait d'excellentes charpentes, qui sont pres- qu'incorruptibles ; il est supérieur à tous les bois de construction : on sait que le temple de Salomon étoit décoré du boïs de cèdre, qui lui fut fourni par le roi Hiram. La statue de la déesse, ainsi que la plus grande partie de la charpente du temple d’Ephèse, étoit aussi de ce bois. On lit dans l'histoire, qu'il s’est trouvé un tronc de cèdre dans le temple d’Apollon à Utique, qui duroit depuis près de deux mille ans. Ce bois est léser; on en fait aussi de jolis ouvrages de marquetterie et de tabletterie. Les Anglais font des espèces de petits barrils, moitié de bois de cèdre, et moitié de bois blanc. Ils laissent séjourner dedans du punch ou autres liqueurs fortes, et elles y acquièrent un goût et une odeur qu’ils trouvent agréables. : 73. Ceiba, seiba. Bentan. C’est un ar- bre de la famille des mauves, qui croît dans l'Afrique , et spécialement au Sénégal. La DES PLANTES. 255 Rouvière dit avoir fait filer le duvet de son {ruit, et que ce fil étoit très-fin. Depuis long- ‘ele re Africains font avec ce fil le taffetas végétal, :si estimé ét si rare en Europe. On choisit au Sénégal et en Afrique les plus gros troncs de ces arbres pour en faire des piro- gues ou des canots, d’une grandeur déme- surée, et capables de porter voiles sur mer. Ces pirogues ont ordinairement huit à douze pieds de large sur cinquante à soixante pieds de lons , du port de vingt-cinq tonneaux de deux milliers, qui font cinquante miile pe- sant; elles portent communément deux cents hommes. 74. Céleri. Apium suave-olens Linn. Les anciens avoient de la vénération pour l’ache vert ou céleri; ils en donnoïent pour récom- pense une couronne à celui qui se signaloit aux jeux neméens , de laurier aux jeux pithi- ques, et d’olivier sauvage aux jeux olym- piques. 75. Le cerisier. Cerasus. Son bois est blan- châtre à la circonférence, et rougeâtre dans le cœur. Les tourneurs en font usage. Le boïs de bigarreautier, autre espèce de cerisier, est assez semblable à celui du merisier, et plus dur que celui du cerisier commun. Le bois du merisier, qui est le cerisier sauvage, est 2560 MANUEL ÉCONOMIQUE souvent recherché par les tourneurs, les ébé- nistes, et principalement par les luthiers à ue dot qu’il est sonore. 76. Mahaleb, bois de Sainte- Erédel Ce- rasus sylvestris, amara, mahalep putata. Les | parfumeurs emploient, dans leurs savonnettes, les amandes sèches du noyau de cet arbre, qu’on nous apporte d'Angleterre. Les ébénis- tes font, avec son bois, de très-beaux ouvyra- ses d’une cdeur agréable. 77: Capucine à perte larges. T' DST ie majus. Linn. La fleur de cette plante lance d'elle-même, pendant le mois où ellé fleurit, des éciairs après le coucher ie soleil, jusqu’à la nuit obscure. 78. Chéne. Quercus. Voyez ce que nous en avons dit dans notre Manuel. 79. Chi-ise. On se sert, dans la Chine , des feuillages de cet arbre pour engraisser la terre, comme feroit le meilleur fumier. 80. Circée , herbe de Saint-Etienne. Circaea lutetiana. Elle s'attache fortement aux habits, au point d'arrêter les hommes , de même que la Circée de la fable attiroit par ses enchan- temens. 81. Ciste labdanifère d'Espagne. Cistus lab- Gare Hispanica. C’est sur cet arbrisseau qu'on recueille le labdanum , que les dames grecques DES PLANTES. 257 grecques et carcassiennes portent souvent à la main en boules. Mêlé avec de lambre et du mastic en larmes, pour flairer, c’est un parfum agréable. En Paule on fait entrer le labdanum dans la composition des talis- mans soporifiques , usités dans les sérails mu- sulmans et tartares, moins pour se rendre propice le dieu Morphée, que pour causer une sorte de léthargie ou d’engourdissement aux vestales à qui on ne veut pas décerner les honneurs du mouchoir. Les parfumeurs préparent une huile odorante du labdanum. 82. Cocotier de mer, grand palinier qui croît dans l’île Praslin. Le cotonnier, le lon- tard des Indes. Les grands seïsneurs de l’In- dostan achètent son fruit à un très-haut prix; ils en font faire des tasses qu’ils enrichissent d’or et d'argent, et dans lesquelles ils boiï- vent, persuadés que le poison, qu’ils crai- gnent beaucoup, ne pourroit leur nuire quand il a été versé et purifié dans ces ape salu- taires. Le souverain des Maldives met à ApaAe cette erreur générale ; à l’exemple de ses pré- décesseurs, il se réserve la propriété exclu- sive de ce fruit ; il le vend excessivement cher; illen envoie aux souverains d'Asie, comme le plus précieux don qu’il puisse leur faire. 83. Colocasie, Arum maximum. Les antt- R 258 MANUEL ÉCONOMIQUE quaires reconnoissent aujourd’hui la fleur de. cette plante sur la tête de quelques harpo- crates, et de quelques figures penthées, par sa forme d'oreille d’âne ou de cornet, dans laquelle est placé le fruit; il y a toute appa- rence qu’elle étoit chez les Egyptiens un sym- bole de fécondité. | 84. Brassica arvensis. Colsa. Sa graine donne par expression une huile grasse, sem- blable à celle de navette, propre à brüler, à faire du savon noir, à préparer le cuir et à fouler les étoffes de laine; la graine la plus noire, la plus sèche, la plus pleine et la plus huileuse , lorsqu'on l’écrase, est la meilleure pour le moulin. Les tourteaux de colsa sont un des meilleurs engrais pour les terres des- tinées à recevoir ses semences. La grosse paille et les pieds de colsa, que les Flamands appellent zavets , servent à chauffer le four. 85. Condori. Adenanthera pavoniana. Le bois de corail. Le bois de cet arbre, qui est rouge vers le cœur, est employé journelle- ment à cause de sa dureté. Les orfèvres du Malabar s’en servent pour peser les ouvrages d’or et d'argent, à cause de l'égalité de leurs poids. Ils les emploient aussi, humectés dans l’eau, et pilés avec le borax, pour recoller les morceaux brisés des vases 4 prix. DES PLANTES. 259 86. Cornouillersanguin. Cornus sanguinea. Les baies de cet arbrisseau , au poids de 133 livres, donnent 34 livres d'huile à brûler, et qui peut entrer dans la composition du savon. On peut l’épurer et la blanchir en la battant avec l’eau. | 77. Costus, Costus iridem ridolens. Le cos- tus des anciens est beaucoup plus odorant que celui de nos jours; ils s’en servoient pour faire des aromates et des parfums ; ils les brûloient sur les autels comme l’encens. 86. Cotonnier. Gossypium. Voyez ce que nous en disons dans notre Manuel. 89. Coupy, couepi. Coupy arbor hirsuto folio. Le bois de cet arbre, d’un blanc nué de jaune , dure plus et est plus solide que le chêne ; mais on ne l’emploie guère pour bâtir à cause de sa pesanteur. On en fait des pilons à deux fins, qu’on emploie dans les cuisines; on en tire des dalles qui ont jusqu’à 50 pieds de longueur, et que les sucriers peuvent em- ployer. Les indigotiers et les roucouyers se servent des éclats de son bois par préférence . à toute autre matière, pour faire précipiter la fécule de ces plantes. 90. Grand cytise des Alpes. Ebenier des Alpes, faux ébène. Son bois est très-dur, et d’une couleur d’ébène verte ou jaunître, KR 2 k 260 MANUEL ÉCONOMIQUE avec des veines brunes. On fait avec ce boïs des manches de couteaux; on le dit assez liant pour en faire des brancards de chaises; on en fait des flûtes, des cloux de bois et autres petits ouvrages : il est précieux pour les tablettiers et les tourneurs. | 91. Dictamne blanc. Fraxinelle. Diciamnus albus. Linn. Les extrémités des tiges, et les pétales de la fleur de cette plante, sont cou- vertes d’une ïinfinité de vésicules pleines d'huile essentielle ; elles répandent, dans les jours chauds de l'été, le soir et le matin, des vapeurs dont l’odeur approche de celui du citron, éthérées , inflammables et en telle quantité, que si l’on approche de cette plante une bougie allumée , sur-tout le soir, lorsque l'air plus frais condense un peu cette vapeur, il paroît tout-à-coup une grande flamme, qui se répand sur toute la plante, mais qui ne l’endommage pas; elle forme pour lors un buisson ardent très-curieux. Dans les pays chauds de l’Europe, on tire de la fraxinelle une eau distillée très-odoriférante , dont les dames italiennes se servent comme d’un cos- métique également bon et agréable. 92. Ebène. On en distingue trois sortes ; le noir, le vert et le rouge. L’ébène noir nous vient de Madagascar, et est le bois d’un arbre W'POONIBIT À N° ES. : 261 qui croît dans cet endroit. Les ébénistes em- ploient ce bois, qui est dur, dans les ouvrages de marquetterie. L’ébène vert est un bois qui nous vient des Antilles ; c’est l’wrzpariba ; il est très-gras , et prend aisément feu. On peut donner à la surface d’une pierre une couleur brune , en la frottant avec ce bois. C’est de ce bois dont les Indiens font les sta- tues de leurs dieux et les sceptres de leurs rois. L’ébène jaune est une variété; l’une et l’autre sont des espèces de Dignonia hexa- phylla. L’ébène rouge est le plus beau que nous ayons; il est d’un rouge brun, pesant, très-dur; il prend mieux le poli que l’ébène noir. Les ébénistes et les tablettiers ont trouvé l’art d’imiter le bois d’ébène avec le bois de poirier et d’autres bois durs qu’ils colorent, tantôt avec une décoction d’encre à écrire, tantôt, et plus communément, ils font infuser de la limaille de fer avec du fort vinaigre ; ils passent avec le pinceau cette décoction sur l’ouvrage en bois ; et lorsqu'elle est sèche, ils y passent une seconde fois une forte dé- coction de noixde Galles faite à l’eau ; on applique cette couleur sur le bois avec une brosse rude , et on se sert d’un peu de cire chaude pour lui donner le poli ou plutôt le lustre. Ra 262 MANUEL ÉCONOMIQUE 03. Echite. Echites scholaris. Linn. Le bois de cet arbre est beau, fort blanc, tendre , fa- cile à travailler; on en fait de petites plan- chettes minces et longues, d’environ un pied, ornées d’un côté de figures ou de paysages, et où il y a un trou pour les prendre; elles servent aux enfans pour y écrire leurs lettres, et on efface l'écriture en la polissant avec les feuilles d’une espèce de figuier; elles servent pour lors de nouveau au même usage. Ce figuier est le olium politorium de Rumphe. On fait avec ce bois différens ouvrages ét ustensiles commodes et d'agrément. Quand le tronc de l’arbre est assez gros, on le dé- bite en planches, én madrier. On prétend que ce bois rend la voix sonore dans Îles appartemens ou cabinets qui en sont lam- brissés. 04. Fannashiba. Arbre du Japon. Les dames font sécher les fleurs de cet arbre, et s’en servent pour parfumer leurs apparte- mens. On le plante dans le voisinage des temples et des pagodes ; quand il est vieux, on le brûle dans les funérailles des morts. 05. ÆFéverolle. Vicia jfaba. Dans les boutiques, on trouve une eau distillée des fleurs de cette plante, propre à décrasser et adoucir la peau. Les fêves ont servi autrefois * x. & de À | DES TLANTES. 263 pour donner les suffrages dans l’élection des magistrats. 06. Féve d'Egypte. Nelumbo de Ceylan. Son fruit, qui a la forme d’une coupe de ci- boire, en portoit le nom chez les Grecs. Il Y a des bas-reliefs, des médailles et des prètres gravées , où ce fruit est souvent représenté h servant de siége à un enfant. 97. Le fromager. Bombazx. Voyez Ceyba. Les Indiens font usage du coton qui est dans la coque de son fruit, pour en garnir les oreil- lers, les coussins, les couvre-pieds et les lits ; il est mallet, d’une grande légèreté, et pro- cure une chaleur douce. Les Nègres et les chasseurs l’emploient au même usage que l’a- madou ; ils le portent, pour cet effet, dans de petites calebasses. On prétend qu’on en pourroit former de beaux castors. 08. Gayac. Gayacum officinale. Le bois de Gayac s’emploie dans les îles pour cons- truire les roues et les dents des moulins à sucre, pour faire des manches d'outils, des boules et autres ustensiles ; il est sur-tout re- cherché pour faire les poulies dont on se sert sur les vaisseaux; on en fait aussi de beaux meubles. | 09. Genévrier des Bees Juniperus Bermudiana. On se sert, en Angleterre, du KR 4 264 MANUEL ÉCONOMIQUE bois de cet arbre pour des boiseries, des es- caliers, des lambris, des commodes et autres meubles ; la durée de ce bois l’emporte sur tous.les autres ; on l’emploie à la construction des vaisseaux marchands. 100, Le ouayavier, le gayavier, le poirier des Indes. Psidium. Linn. On en fait, dans l'Amérique, d’excellent charbon pour les for- ges ; il est très-bon à brûler; on se sert de son écorce pour tanner les cuirs; son bois est eme. ployé dans les OmxrApes de he | | 101. {lerbe à bled. L’ayalli des Caraïbes, Gramen secale, On l'emploie quelquefois , faute de mieux, pour couvrir les cases. 102. Arooussier d'Europe. L’hippophaes. Hippopiaë r'amnoïdes. Linn. Les foulon- niers se servent quelquefois de cet arbrisseau, 103. ÆHoublon, Humulus lupulus. Linn. Les tiges de houblon, bouillies et macérées , donnent une filasse aussi bonne que celle de l’ortie, et plus longue que celle du chanvre. Les habitans de Jamt-land et de. Madelpedie en préparent la toile. 104. Genipayer, janipaba. Gate fructu ovaio. Le bois de cet arbre se travaille bien ; on en fait les filières des cases. 105. Flambe d'eau, iris jaune des marais. Iris pseudo-acorus. La racine de cette plante, DES PLANTES, 265 bouillie dans l’eau avec un peu de limaille de fer, produit une assez bonne encre. 106. Karakas, caraguata mala. Bromelia Laratas. Linn. Les feuilles de cette plante, bouillies quelque tems dans l’eau, donnent une espèce de fil qui sert à faire de la toile et des filets pour les pêcheurs. Ce fil sert aux mêmes usages que celui de l’aloës pitte. Dans la Guiane, on donne le nom de bois de mêche à l’espèce de karatas dont la tige fournit aux _Nègres une moëlle qui leur sert d’amadou. 107. Lagetto, lagette. Bois à dentelle. Arbre très-curieux de la Jamaïque, des An- tilleset de la Guiane. On emploie quelquefois, aux Îles et ailleurs, son écorce par curiosité; la première des couches forme un drap assez épais pour faire des habits ; les couches inter- médiaires ressemblent à une espèce de mous- seline dont on pourroit faire des chemises ; toutes les couches de l’écorce intérieure, dans les petites branches, paroïssent comme une toile de gaze ou de dentelle très-fines, qui s'étend ou se resserre comme un réseau de soie. On fit autrefois présent d’une cravate de dentelle de lagette à Charles II, roi d’An- gleterre; aujourd’hui on en fait aux îles des cocardes, des manchettes et même des gar- nitures de robes, Les dames des îles Philip- f 266 MANUEL ÉCONOMIQUE pines et des îles Manilles font usage du Z6er ou écorce-dentelle de cet arbrisseau pour leurs voiles; les Nègres s’en servent pour faire des nattes; à Saint-Domingue on l’emploie pour faire des licous. Ces toiles végétales, ourdies par la nature, sont assez fortes pour être la- vées et blanchies comme les toiles ordinaires. Pour blanchir cette dentelle, il sufht de l’agi- ter dans de l’eau de savon. 108. Lamincovard. Arbre de la Guiane. fl est très-bon pour faire des fourches ou des poteaux à enfoncer dans la terre. On s’en sert à cet usage à Cayenne, faute d'autre. 109. Latanier d'Amérique, bache, palmier en éventail. Alattani des Caraïbes. Les habi- tans de la Guiane sé servent des feuilles de cet arbre pour couvrir leurs cabanes; ils en font aussi des balais fort commodes, et divers autres ouvrages très-propres, tels que des pa- rasols en forme d’écrans, ou de grands éven- tails qu’ils peignent de diverses couleurs. | Les Caraïbes emploient le pédicule des feuilles pour border les canots , afin de les agrandir ; ils en fabriquent aussi le tissu de leurs ébichets , matatous , paniers et autres petits meubles. Les Maillés tirent un fil très- fin des feuilles encore tendres, et ils en fa- briquent des hamacs et des pagnes. Le trone > DÉS PLANTES. 267 du palmier-bache résiste à la hache par sa dureté; les Magés où Maillés l’emploient dans la construction de léurs carbets ; quelques In- diens font des lames de ce bois, et en arment la pointe de leurs flèches : on assure que son tronc pourroit servir à faire d’excellens tuyaux pour corfduire l’eau sousterre, etqu’à Cayenne on est dans l’usage de fendre ce tronc et de le vider dé sa moëlle pour en faire des gouttières. _ 110. Lavande. Lavandula. On retire de la lavande une huile essentielle fort inflamma- ble, et d’une odeur pénétrante. Les peintres en émail en font usage. 111. Lentisque. Lentiscus. On cultive le lentisqué dans l’île de Scio ou Chio, pour en recueillir le mastic, résine dont les Turcs font grand usage. On exprime du fruit de cet ar- bre, dans lé Levant, une huile qu’on préfère à celle d'olive pour brûler. Les habitans de l’île de Chio mettent presque tous du mastic dans la bouche pour corriger l’haleine. Les dames du sérail et les concubines bourgeoises de Turquie en mâchent presque continuel- lement à jeun. Ils préfèrent le mastic mâle. On fait des cure-dents avec le bois de lentisque. 112, Liane à barrique. Riveria major scan- dens. On s’en sert dans quelques Séver pour lier les barriques. 268 MANUEL ÉCONOMIQUE 113. Liane à bœuf, chétaigsne de mer, cœur de saint Thomas, acacia à grandes gousses. En Amérique, les enfans font avec ses fêves des petites tabatières. 114. Liane à corde, liane jaune. Bignonia scandens vinimea. Elle sert, au besoin, en guise de corde, à amarrer des barrières , à coudre les panneaux faits de feuilles de ba- roulou ou balissier, et à faire des instrumens de pêche. 115. Liane à croc de chien. On fond par la moitié les tiges de cet arbrisseau , qui croît dans nos îles d'Amérique, et on en fait du feuillard pour lier les barriques. 116. Liane franche. Kerere, On trempe cette liane pour l’employer; elle se fend ai- sément , et sert généralement à tout. On en sarnit les bouteilles qu’on appelle dans le pays dame-jeanne. Les tonneliers s’en servent pour attacher leurs cercles ; elle sert au même usage que le rotang, et se fend de la même longueur et Rose 117. Liane à réglisse, le petit padéach | de la Guiane. A a precatorius. On emploie les graines de cette plante comme ingrédient : dans les cementations dont on fait usage pour consolider les ouvrages d’or que l’on fabrique” en Afrique et en Asie. | a | w DO €: OP PATN TUE. 8 7 269 118. Quercus suber. Le liése. On tire de cet arbre son écorce, qui se nomme /épe- écorce ; on s’en sert pour faire des bouchons nié bouteille ; on l’emploie, dans la marine, à différens usages, particulièrement pour me sur l’eau les filets des pêcheurs; on en couvre les maisons en certains cantons d’Espagne : les cordonniers l’emploient dans les chaussures des danseurs : c’est avec du liége qu’on fait le scaphandre , espèce de corcelet de nageur, qui le soutient sur l’eau. C'est aussi avec le liése calciné qu’on fait le noir d'Espagne. 119. Liquidambar. Copalme. Styrax aceris folio. Le storax , ou le styrax de l'Amérique. Il découle , avec ou sans incision, de l’écorce de cet arbre, un baume odorant et très-péné- trant, qu "OIL appelle aussi liquidambar. Ce suc résineux est d’une consistance de vernis gras; on s’en sert pour donner une bonne odeur aux peaux et aux gants; les mission- naires mettent du bois de cet arbre dans leur encensoir, au lieu d'encens ; son odeur mo- dérée est très-gracieuse. 120. Lüthi, arbre de Chili. Son bois est blanc; on s’en sert pour la construction , quoique difficile à mettre en œuvre : quand: 2790 MANUEL ÉCONOMIQUE il a trempé dans l’eau, il devient presqu'in- corruptible, | 1217. Mahot. Cotonnier de mahot. On con- noît deux arbres de ce nom; le premier est le cotonnier blanc, xilon album; son tronc sert à faire des pirogues; le second est le coton- nier siffleux, æilon siliqué long@ , l’oiüiagneu des Caraïbes. On emploie son bois pour faire du feu par le frottement. Son écorce est fi- _breuse, et propre à faire d’excellentes cordes. On s’en sert pour lier le tabac et pour atta- cher les roseaux sur les toits des cabanes. Les femmes caraïbes lèvent les aiguillettes larges et longues de cette écorce, qu’elles posent sur leur frort, et elles les entortillent des deux côtés de leur catoli ou hotte, pour les porter. Les hommes s’en servent, au lieu d’é- toupes, pour calfeutrer leurs vaisseaux. Les Sauvages de l’Orenoque fabriquent des hamacs et filets de, pêcheurs avec le /6er de mahot. Son bois, coupé par tronçons, est employé au lieu de liége, pour soutenir sous l’eau les filets avec lesquels on pêche. 122. Le mancenilier. Hippomane foliis oya- is serratis. Linn. Le bois de cet arbre est très-beau, dur, compact; on en fait de très- beaux meubles; mais il est très- dangereux pour les ouvriers qui le scient, sur-tout lors- DES PLANTES. 271 qu’il n’est pas bien sec. Pour peu qu’on fasse une incision à cet arbre, il en sort une subs- tance laiteuse; c’est un poison très-âcre : les Indiens y trempent le bout de leurs flèches, lorsqu'ils veulent les empoisonner pour s’en servir dans les combats. 123. Mangle, le manglier rouge. Rhizo- phora. Linn. Les charpentiers se servent du bois de cet arbre pour les petits bâtimens; la décoction de son écorce teint en couleur de rouille ; la disposition des racines de man- glier empêche l’abordage à ceux qui navi- suent , et forme un asile aux poissons contre les pêcheurs. Les branches ou racines de man- glier se trouvent souvent chargées d’huîtres. 124. Mangostan. Garcinia mangostana. Les teinturiers chinois font de son écorce la base et les fondemens d’une couleur noire, pour lui donner plus de consistance. Son bois n’est bon qu’à brûler. 125. Mapas. Arbre ER de la Guiane. Cet arbre, à défaut d'autre, peut servir à faire des planches propres à couvrir les vases ou les canots, qui servent au roucou ou aux différentes boissons. | 126. Maripa. Tucum, palma dactyli fera ; caudice perdulci eduli. Ses feuilles s’em- ploient pour la couverture dés cases ; elles 272 MANUEL ÉCONOMIQUE. doivent être posées en travers à cause dé la fumée ; il faut les renouveler d’une année à l’autre. | 127. Melèze. Pinus larix. Son bois est dur et très-beau ; les menuisiers le préfèrent au pin et au sapin : il est précieux dans la cons- truction des bâtimens de mer, et forme des gouttières excellentes pour la durée. C'est dans les chantiers d’Archangel qu’on fait avec ce bois ces beaux mâts qui étonnent par leur élévation : nous ne parlerons pas ici de sa résine ; nous en traiterons dans notre Manuel gommeux et résineux des plantes. 128. Myrthe. Mirthus. Les habitans d’Illi- rie, ceux de Naples et dé Calabre préparent et perfectionnent leurs cuirs avec les feuilles de myrthe. 129. Miyrthe Bérard. Myrica 8 per Les Américains préparent une cire avec Go baies, dont ils font des bougies, qui brûlent à mer- veille, et qui exhalent une odeur agréable. 130. Mousse des bois, mousse rampante à massue. Lycopodium clavatum. I] s'élève des extrémités des branches ou fleaux de cette plante, des pédicules grêles, arrondies , di- visées en rameaux Courts, qui représentent chacun, vers ses sommités, une simple ou double massue molle, d’un blanc jaune, qui contient bÉS BLANTES, 294 contient des urnes; ces urnes répandent, à leur maturité, d’elles-mêmes, ou quand on les touche, une poussière jaunâtre , semblable à de la fleur de soufre, qui s’enflamme facile- ment; aussi l’appelle-t-on soufre végétal, Cette poudre ne.se fond même pas à l’eau bouillante ; mais jetée sur la flamme d’une bougie , elle prend feu tout d’un coup, brûle comme une résine pulvérisée, détonne et ful- mine comme la poudre à canon. On s’en sert en Moscovie et en Perse dans la composition des feux d'artifice; on l’introduit aussi dans les torches , qui contiennent de l'esprit-de-vin , et qui, étant enflammées, font un si bel effet au spectacle de l’opéra. Les doigts exprimés de cette poudre, et plongés ensuite dans un vase rempli d’eau, n’en sont point mouillés. La poussière fécondante du pin peut quel- quefois y être substituée dans les expériences physiques. 131. Sinapis AE La moutarde blanche. On se sert de sa graine dans la préparation du faux-chagrin ; on en tire par expression une huile qui possède toutes les qualités com- munes des huiles grasses, qui est très-relà- chante, très-adoucissante , lorsqu'elle est ré- _ cente et tirée sans feu. | 132. Morus nigra. Le mérier noir. On se RTS 974 MANUEL ÉCONOMIQUE sert du suc des müres noires pour colorer plusieurs liqueurs » et pour donner une cou- leur foncée au vin ; il est inutile pour la tein- ture ; cependant li imprime aux doigts et au bage une couleur rouge qui s’enlève facile- ment : le verjus, l’oseille, le citron et même les mûres vertes emportent ces taches de dessus les mains ; maïs pour le linge , le plus court est de mouiller l’endroit taché, et de le sécher à la vapeur du soufre. Le bois du mûrier est jaune, assez dur, et propre à faire différens ouvrages de tour et de gravure. On peut rouir ce bois dans l’eau, pour en déta- cher l’écorce, dus est rude, épaisse, filamen- teuse, propre à faire des cordes. | 133. Märier à papier. Morus papyrifera: Linn. On dépouille les branches de cet arbre de leur écorce, et on en fait un papier assez fort pour couvrir les parasols ordinaires, sur- tout quand il est huilé et coloré. Les femmes de la Louisiane ôtent l’écorce des jeunes jets qui sortent de la souche des müriers, larges de quatre ou cinq pieds; elles la font sécher au soleil; elles la battent; la partie intérieure de l’écorce reste pour lors en son entier ; elles battent derechef cette dernière pour la rendre plus fine ; elles la mettent ensuite blanchir à la rosée ; elles la filent, en font divers ou- DES ÆÉNALN TE SG: ',: 275 vrages , tels que des réseaux , des franges, souvent même elles la tressent, et en fabri- quent un tissu croisé. 134. Navette , navet sauvage. _ Brassica na- pus. Linn. C’est de la graine émulsive de cette plante qu'on tire par expression une huile appelée raberte ou navetté, dont on se sert pour brûler à la lampe, et que les ou- vriers en laine emploient aussi dans leurs ouvrages ; il s’en fait une grande consonm- mation. fe PE | ubépine. Crataezus oxyacantha. Linn. Son bois excelle par jo dureté et l’éga- lité; il va immédiatement après le buis; on en fait un grand cas pour les ouvrages au tour. 136. no catharticus. Le ner PDTUIL « On en fait des palissades et des boules dans les parterres ; on l’emploie dans les haies. Pour ce qui concerne la couleur qu’on en tire, voyez zotre Mrnael tinctorial des Plantes: 137. Olivier. Olea Europaea. Le bois d’oli- wier est très-bien veiné, d’une odeur assez agréable ; il prend un beau poli; c’est ce qui le fait rechercher par les ébénistes et les ta- blettiers. Comme ce boïs est résineux, il est excellent à brûler. Tout le monde sait l’utilité de Fqhve » pour en exprimer de lhuile. S 2 4 j L ‘ 276 MANUEL ÉCONOMIQUE £ L a Bi, Cette huile est employée, avec la soude d'ali-« cante et la chaux vive, pour faire le meilleur 138. Ortie. Urtica urens. Nous ne dirons rien ici de cette plante; nous avons publié une dissertation , ex professo, à son sujet}. dans notre grande collection physique et économique des trois règnes de la nature. 139. Oura rouchi. C’est l’arbre à suif de la” Cayenne. C’est. de l’amande de cet arbre, grattée , lavée et pilée, qu’on fait une pâte qu'on doit remuer fortement dans une chau- diêre, jusqu’à ce qu’elle se couvre d’humi- dité et d’une espèce de fumée ; on la met pour lors à la presse, et on en retire le suif végé- tal, qui se fige; on le fait rebouillir le len- demain ; on le passe dans un linge, et on le jette dans un moule ; il est un peu différent de celui qu’on retire de l’arbre à suif de la Chine. 140. Le pacoceroca. Alpinia. Le suc du fruit de cet plante donne une teinture d’un beau rouge , ineffaçable à la léssive. Si on y mêle un peu de suc de citron, le mélange teindra en un beau violet. La racine de cette même plante est noueuse, et rend une belle couleur jaune étant bouillie dans l’eau. 141. Paletuvier. Figuier admirable. T y en a de trois sortes; le blanc, le rouge et le DES PLANTES. 277 violet. Son bois n’est bon qu’à brüler. Les Indiens se servent de l’écorce du violet pour teindre en cette couleur et en noir ; elle seroit propre aussi à tanner les cuirs. Les filamens qui pendent perpendicalairement des bran- ches de cet arbre, servent à faire des liens : lorsqu'on veut conserver les seïnes, les lignes et autres instrumens de pêche, on les fait bouillir avec l’écorce de cet arbre, à laquelle on joint un morceau de BOIRE d’acajou ; la teinture violette qu ils acquièrent les rend plus durables. 142. Paliure. Rhamnus paliurus. On en fait des haies-vives impénétrables. 145. Palme de christ. Karapat. Ricinus. On prétend que cette plante chasse les taupes. Les Nègres tirent de sa graine, qu’on nomme Jeux café , une huile fort commode dans nos habitations d'Amérique , sur-tout pour éclairer et pour faire mourir la verinine ou s’en préserver. ù 144. Palmier de montagnes. Yocaltus ar- bor. Yecoli. On fait, avec les feuilles de ce palmier, un fil très-délié, très-fort, et propre à fabriquer de la toile. | 145. Palmier nain, épineux. Palma minor. Ses feuilles servent à faire des balais de jonc. 146. Paimiste. Palma altissima. Le tronc S 3 278 MANUEL ÉCONOMIQUE Ù * du palmier est excellent pour faire des tuyaux et des souttières pour conduire de l’eau; 1l« ? sert aussi aux usages de tour et de menui- serie : c’est sur les feuilles du palmiste de . l’Inde que les Indiens écrivent; il en prennent une entre le doigt index et le pouce de la main gauche ; ils pratiquent à l’ongle de ce pouce une petite échancrure, qui sert de point d'appui à un stylet de fer, qu'ils tien- nent de la droite, et avec lequel ils gravent avec une vitesse surprenante ce qu’ils veulent écrire dans la longueur de cette feuille, qui a assez d'épaisseur pour que les traits ne pa- roissent point du côté opposé; aussi quand l’un est rempli, on se sert encore de l’autre : les feuilles du palmiste franc servent à cou- vrir les cases ; on en fait aussi des corbeïlles, des nattes, des balais, et quantité d’autres ouvrages; son bois est employé dans les bâ- timens ; il dure fort long-tems, pourvu qu’il soit à l’abri du soleil et de la pluie. 147. Panacoco. C’est un grand arbre de la Cayenne; son bois sert à faire des pilons si durs, qu’ils émoussent le fer. Sa graine est comme un pois parfaitement rouge , avec une petite tache noire. Les nègresses en font des col-. liers, des chapelets; en France, on en garnit les chaînes dé montre. 47 abrus precatorius? Dm. DES PLANTES. 279 148. Pineau. Palma dactylifera, caudice Jissili, vaginas cestiles longissimas deferens. Son bois est roide et serré; il se fend aïisé- ment en quatre. Quand il est bien mûr, et après avoir été tronçonné de la longueur né- cessaire aux planches qu’on en veut tirer pour les planchers, on en fait aussi des espèces de lattes. Ce bois coupé de la longueur des che- mins qu’on veut rendre praticables, remplit . parfaitement cet objet. Les pineaux qui vien- nent dans les marécages $ont les meilleurs | pour les cases, et les autres pour les chemins. 149. Pistachier. Therebinthus pistachia. Theoph. On retire de cet arbre une résine qu'on nomme érébenthine. 150. Raïsinier de mer. Coccolaba uvifor- mis. Le bois de cet arbre est employé à Saint- Domingue dans quelques ouvrages de SAT ronnage. 151. Redoul. Coran re 1folia. Cette plante sert aux tanneurs à nourrir les cuirs, et aux teinturiers à teindre en noir les mar- roquins. _ 152. Tacamaque. Tacahamaca. Baumier. Il découle de cet arbre une résine tantôt jau- nâtre, tantôt verdâtre, un peu molle, d’une je save ;, approchant de la lavande et de l’ambre gris, qu’on recueille dans des S 4 280 MANUEL ÉCONOMIQUE coques faites de fruits du calebassier : c’est ce qu'on appelle le tacahamaque en coque, ou couds, ou sublime, et qui est fort rare: L'espèce la plus commune est en masse ou en grains jaunâtres ou verdâtres, parsemés de larmes blanches ; son odeur est pénétrante, et moins suave que celle de la première espèce. 153. Rubanier. Sparganium érectum.'On se servoit autrefois de ses feuilles en guise de bandelettes, pour emmaiïllotter les enfans ; : cependant on doit observer que les Scythes, les Egyptiens, les Lacédémoniens n’adoptè- rent point cet usage abusif, et qu’en conser- vant ainsi la liberté et la faute naturelle des membres , ils eurent toujours de grands avan tases sur les autres nations. 64. Sapin. Pinus abies. Le bois de sapin entre dans la fabrique des plus grands vais- seaux; on en'fait des pièces de charpente, des planches; il est bon à brûler, et fait de l'excellent charbon. Si l’on ferme entièrement une chambre avec des volets faits de ce bois, et amincis au point de n’avoir qu’une ligne d'épaisseur, ils laissent passer autant de jour que les fermetures appelées sultanes; maïs le sapin paroît rouge, et rend le même effet que si la lumière passoit à travers un diAeau de taf- fetas cramoisi. 7 DES PLANTES. 261 155. Saule. Osier. Salix. Parmi les saules ? l'osier rouge des vignes s'emploie pour lier les ceps de vignes contre les échalas. Les gros brins, refendus en deux ou trois, servent aux tonneliers pour lier les cerceaux ; quant à l’osier à écorce, les vanniers en font usage, mais ils ne l’emploient qu'après l’avoir écorcé. L’écorce s’emploie par les jardiniers pour lier les écussons lors de la greffe. Le saule mar- ceau, ou petit saule, étant refendu, sert de perches à échalas. Le charbon du bois de saule est le meilleur dont on puisse se servir pour faire la poudre à canon; il prend fort aisément, Les peintres le brûlent pour faire des crayons. Ce bois a en outre la propriété, quoique tendre, d’aiguiser les couteaux, et de les rendre aussi polis et aussi tranchans que le pourroit faire une pierre à aiguiser. Toutes les espèces de saule et de peuplier desséchés dans du papier gris, le teignent en noir tirant sur le violet. Les feuilles de plusieurs saules ont une odeur fort agréable : on distille de celui de Perse une eau dont Kempfer vante singulièrement l’odeur char- mante. On emploie le duvet du saule dans des courte-pointes , dans des jupons piqués et dans des doublures ; on en fait des mêches pour les bougies, les chandelles et les lampes; 282 MANUEL ÉCONOMIQUE on le file et on le travaille ; on peut le mêler avec le véritable coton; enfin, ce même co- ton, mêlé avec la plume de l'estomac d’oie ou de canard, n’imite pas mal ce duvet du Nord, connu sous le nom d’édredron. 156. Soude. Salicor. Salsola kali. On cul- tive cette plante pour en faire la soude en pierre , appelée salicote ou alun cotin ; on s’en sert pour dégraisser les étoffes; elle entre dans la composition des savons et du verre ; elle est aussi d’un très-srand usage pour la lessive. On tire un sel fixe de la pierre de soude, qui est caustique ; on en retire aussi du sel de verre, utile aux faïanciers, aux émailleurs, aux vernisseurs de terre, à ceux qui font de fausses pierres précieuses , aux teinturiers , etc. 187. Sparthe. An stipa tenacissima? Les ouvrages, et sur-tout les cordages qu’on fait avec ce végétal, sont en usage depuis nombre de siècles ; on peut dire, d’après Pline, qu’ils étoient connus lors de la première guerre que les Carthaginois firent en Espagne. Les anciens fabriquoient avec le sparthe, non- seulement des cordages , maïs encore des cor- beilles, des paniers, des chaussures , des nattes. On file le sparthe comme le lin et le | DES PLANTES, 283 chanvre; on en fait des toiles excellentes et très-fines, des tapisseries, des tapis, etc. 158. Sumac ordinaire. Rhus folio ulmi. On emploie ses rejetons, qu’on coupe et qu’on fait sécher pour réduire en poudre très-fine ; on s’en sert en guise de tan pour la prépara- tion des cuirs, et sur-tout des peaux de bouc, de chèvre, de marroquin noir. Il découle des incisions qu’on fait au tronc du sumac de . Virginie, une substance résineuse, qui paroït _ fort analogue au vernis de la Chine; la dé- coction de ses grappes pourroit s’employer à préparer les étoffes pour quelques espèces de teinture. Le bois du sumac est fort tendre, ‘principalement celui de Virginie ; il est d’une très-belle couleur verte, et de deux nuances qui sont assez dbrddtites:: 150. Sureau. Sambucus. En Chine, on se sert de la moëlle et de la pulpe des Dies de sureau, pour en faire une espèce de papier, ou ces belles fleurs artificielles qui nous vien- nent de ces contrées. 160. T'hapsie. T'hapsia carottae folio. On peut S ‘en servir en teinture. 161. Tara. Poinciniana spinosa. Les tein- turiers se servent des cosses du tara pour teindre en noir; on en fait aussi de fort bonne encre, 284 MANUEL ÉCONOMIQUE 162. Tatauba. Tatajiba. Arbor baccifera Brasiliensis, fructu tuberculis inaequali , mort aemulo. Le bois du tatauba est fort dur ; il se conserve long-tems dans la terre et l’eau; il donne, lorsqu'il est vieux, une teinture d’un très-beau jaune. 163. Térébinthe. Pistachia thcrohérlel Son bois est dur, très-résineux ; semblable à celui du lantisque ; son écorce se vend quel- duefois pour du véritable narcaphte. Cet arbre est de longue durée. Joseph l'historien dit que l’on voyoit de son tems, à six stades de la ville d'Hébron, un térébinthe qui exis- toit dépuis la création du monde. 164. Daphne thymelaea. Thymelée. "pt teinturiers de Provence donnent le nom de malherbe à cette thymelée ; le bois de sa ra- cine colore er jaune. 165. Tourloury. Plante du pays de Cayenne. Les sauvages du pays, après avoir Ôté ja côte des feuilles de cette plante, les cousent pro- prement avec des lianes, puis ils les taillent de la largeur d’un demi-pied, rassemblent tous ces morceaux les uns sur les autres, pour les rouler avec plus de facilité, de même qu’une toile cirée, et s’en servent, quand ils vont en campagne, pour couvrir leur ajoupa; pour cet effet, ils l’attachent au haut du toit, DES PLANTES. 285 et laissent tomber cette sorte de couverture, qui se déroule et s'étend d’elle - - même, ils Jl’attachent aussi par le bas; et quoique les pluies de ces cantons soient ride Poires et très- grosses, elles n’y pénètrent point, et n’y font aucun tort. Cétte feuille s'emploie aussi, en long et en travers, pour couvrir les cases. On. place les côtes fort près les unes des autres; elles durent très-long-tems, et même le feu n’y prend pas aisément. _ 166. Yvoire. Arbre. Yga seu yucouata. C’est un arbre du Brésil; les Sauvages sépa- rent l’écorce entière de cet arbre, pour en faire de petits bateaux capables de porter chacun six hommes armés, et davantage. 206 MANUEL ÉCONOMIQUE ’ = in OBSERVATIONS. Sur les Plantes qui peuvent servir à faire de la filature, ou remplacer le Chanvre. Nos voyons paroitre tous les jours des ouvrages sur les vertus médicinales des plantes ; mais il n’y ‘èn . a que fort peu qui traitent de leurs usages économi- ques. Les plantes considérées sous ce dernier aspect , ne sont cependant pas moins intéressantes pour la so- ciété civile. J'en suis si persuadé, que je me pro- pose de vous entretenir de celles qui peuvent être em- ployées en filature. Je ne vous parlerai pas du lin et du chanvre; chacune de ces plantes exige le sujet d’une Dissertation particulière. Je ne vous répéterai pas non plus ici tout ce que je vous ai dit dans ce Manuel sur le müûrier, et sur la filasse qu’on peut tirer de l'écorce de cet arbre. On sait que dans la Louisiane les femmes sont dans l'habitude d’aller chercher dans les bois les jets ou pous- ses qui sortent de la souche des müûriers après qu’on les, a abattus ; elles les choisissent de quatre à cinq pieds de haut , elles les coupent en sève, en ôtent l’écorce, la font sécher au soleil, et quand cette écorce est sèche , elles la battent pour en faire tomber la partie extérieure; l’intérieure reste toute entière. Elles battent derechef cette dernière pour la rendre plus fine ; après quoi elles la mettent blanchir à la rosée : ensuite elles la filent, en 248 DES PLANTES. 287 composent divers ouvrages, tels que des réseaux, des franges , souvent même elles la tressent , eten fabriquent un tissu croisé. Il est aussi inutile de vous rappeler ici les avantages qu’on peut retirer des aigrettes de l’apocin; on les mêle avec d’autres matières pour en fabriquer des étoffes. Mais une chose sur laquelle on n’a pas encore parlé, c'est de l’écorce d’apocin , dont on peut tirer une très- belle, filasse : nous devons cette découverte à M. Gelot, membre de l’Académie de Dijon. On trouve dans le premier volume de l’histoire de cette académie un mémoire très-intéressant de ce zélé académicien. Il commence d’abord son mémoire par la culture de l’apocin : Cette plante, dit-il, croît facilement par- tout, même dans les terrains les plus mauvais ; elle s’y multiplie d’elle-même, comme le chiendent , et toutes les autres plantes de pareille espèce , et elle ne souffre aucune sorte d'herbes ; avantage considé- rable, sans contredit, qu’elle a sur le chanvre et sur le lin, qui demandent de bons terrains, des engrais renouvelés chaque année, et une culture annuelle. Le mois de mars , continue notre Auteur, et au plus tard celui d’avril , sont ceux où cette plante doit être semée; un seul labour lui suffit. Si l’on sème en grand, la graine se répand également sur le terrain , et on la couvre avec la herse. Dans le cas où on ne la veut cul- tiver qu’en petit, on se contente de semer au rateau. On fera très-bien de faire tremper la graine dans l’eau deux fois vingt-quatre heures avant de la semer. La plante ne porte les gousses qui renferment la soie ou la graine, qu’à la troisième année ; elle pousse la pre- 208 MANUEL ÉCONOMIQUE mière année une tige de dix-huit à vingt pouces de hatis teur : la seconde elle en donne de nouvelles de trois pieds ; et la troisième enfin elle pousse des jets d'environ trois , quâtre, cinq , six et même sept pieds de hauteur, suivant la bonté du terrain. Elle donne premièrement des fleurs violettes en gros bouquets, assez agréables pour l'odeur , et que les abeilles aiment beaucoup; à ces fleurs succèdent des gousses longues de trois à quatre pouces qui se terminent en pointe , dans lesquelles sont renfer- mées l’ouate et la graine : cette dernière est si abon- dante , qu’un terrain de douze pieds en quarré , sèmé de cette plante, produit assez pour ensemencer huit arpenss Sur la fin d'août, et dans le courant de septembre, les gousses s’ouvrent d’elles-mêmes , et laissent voir alors chaque graine attachée lésèrement à un bouquet de poils blancs, argentés, brillans, extrémement fins, de bonne consistance , sur-tout si l’on a l’attention de la bien laisser ouvrir avant de la recueillir. L'auteur de ce mémoire dont je fais l’analyse , fait ensuite une mention très-honorable de Larouvière, qui a su employer si utilement les aigrettes de cette plante pour en fabriquer des étoffes, tandis qu’on ne s’en servoit anciennement que pour fourrer les couver: tures et les habillemens. Je ne suivrai pas cet auteur dans les expériences de Larouvière, qu’il dit avoir lui- même renouvelées avec le plus grand succès; je vous observerai seulement avec lui, que la manière de pré- parer les aigrettes d’apocin n’est plus un mystère, ni un secret, tel que l’inventeur en a voulu faire. On w’ignore pas à présent que ces aïigrettes s’emploient cardées et mêlées avec la laine , le coton ou la soie , et qu'alors elles se filent très-bien , et jusqu’à la plus grande finesse. | ! En DES OBUL" ANT ES: 289 En parlant de Larouvière , je ne peux me dispenser de vous faire part, dans ces observations , du bon accueil qu'il a reçu du ci-devant roi, lorsqu'il a eu Vhonneur de lui présenter des étoffes de sa façon, fabriquées avec cette plante. Ce monarque a quitté la flanelle d'Angleterre pour se servir uniquement , en guise de camisole , d’étoffe tricotée et: fabriquée avec les aigrettes d’apocin. Boyer, ancien médecin de la faculté de cette ville, conseilloit à tous ses malades l’usage des camisoles d’apocin; il s’en servoit lui-même, et prétendoit que cette substance étant végétale, absorboit parfaitement la sueur ; ce que ne pouvoit opérer la flanelle d'Angleterre. Larouvière à donné un traité dans lequel il s’agit de lapocin , comme faisant partie d’une de ses découvertes. Mais je reviens au mémoire de Gelot, N'ayant rien de nouveau , continue cet auteur, à ajou- ter aux observations de Larouvière sur la gousse de la soyeuse , ou plutôt de lPapocin, j'ai cru devoir diriger les miennes sur la tige de cette plante. J'ai découvert qu’elle étoit dans sa partie ligneuse semblable au chanvre et au lin; que son écorce étoit composée extérieurement d’une substance verte, et intérieurement de fibres longi: tudinales d’une très- grande finesse, très-fortes, d’un blanc argenté approchant de la soie et du coton. J'ai essayé de faire rouir cette plante de la même ma- nière que le chanvre; et après l’avoir tenue dix à onze jours dans l’eau , je lai fait sécher au soleil, Ce travail m’a convaincu de la ressemblance qu’elle avoit avec le chanvre ; et j’en ai conclu qu’il étoit facile de la préparer de même, pour être réduite en filasse par les mêmes procédés. | | Æ 290 MANUEL ÉCONOMIQUE Je ne me suis pas borné à cette tentative : j’ai séparé de la partie ligneuse lPécorce de la soyeuse verte ;' ce qui m’a réussi également. Cette écorce se sépare facile- ment, et chaque portion est de la longueur de la plante, ce quiest très-important pour la préparation, et indis- pensable pour produire une matière propre à une belle filature. Cette écorce, ainsi séparée, a séché au soleil en peu de tems; je l’ai mis rouir dans l’eau pendant quatre jours; ensuite je l’ai fait sécher de nouveau. Alors, en la frot- tant simplement avec la main, j’ai reconnu que la partie verte de l'écorce se séparoit, et qu’il restoit une plus grande quantité de fibres, qu’au premier coup-d’æœil on croiroit avoir déjà été filées. Je les ai trouvées plus belles, plus blanches , plus molles , enfin plus soyeuses que par la méthode précédente ; ce qui m’a déterminé à accorder la préférence à celle-ci, étant d’ailleurs aussi facile et aussi expéditive que la première , et produisant beaucoup plus de filasse. Il m’a paru qu’il conviendroit de couper dans les premiers jours d’août toutes les tiges de la soyeuse qui ne sont point chargées de gousses , de séparer l'écorce de sa partie ligneuse , de la laisser sécher, et de la faire rouir pendant quatre ou cinq jours de plus, sui- vant la chaleur ; en observant qu’elle peut rester dans l’eau quelques jours de plus , si le vent du nord domine, au lieu de celui du sud. On la fera sécher au sor- tir de l’eau, ensuite on la fera passer au brisoir pour disposer à être peignée et préparée comme le lin, AUOT pe P Quant aux tiges qui portent des gousses , il faut attendre que leurs fruits Soient en maturité; cé qui arrive au commencement d'octobre au plus tard; les traiter ensuite et les préparer de même que les autres. Comme les deux Fe E : Es, HI ESP D 'AON T'ES, 291 premières années la plante ne donne aucun fruit , elle doit être coupée de même en octobre, et préparée ainsi que je viens de le détailler. Je mets sous les yeux de l'académie (cest par où Gelot finit son mémoire) différens échantillons d’é- corce de soyeuse préparée suivant les deux méthodes que je viens de proposer; ils serviront à démontrer ce que j'ai avancé dans ce mémoire : on verra que l’espèce de filasse qu’on peut retirer de l’écorce de cette plante, est d’une force, d'une finesse et d’une blancheur qui la rendent capable d’être employée seule à faire des toiles et des étoffes de toutes sortes de qualités. On verra encore qu’elle pourra suppléer aux matières telles que la laine, le coton ou la soie qu’on mêloit à l’ouate des gousses , pour parvenir à la filer. Telle est la substance de la dissertation de Gelot, dont j’ai cru devoir vous faire part dans ces observations , en faveur de l'humanité poux laquelle vous vous intéressez si fort. | Picardet l’aîné a présenté aussi à la ci-devant académie de Dijon, le 2 mai 1766 , des aigrettes des semences du grand - chamænerion ; et Picardet puiné, de pareilles aigrettes prises sur les semences du peuplier noir femelle, La finesse de ces aigrettes, et leur souplesse, ont fait croire à ces économistes , qu'on pourroit employer utile: ment l’une et l’autre de ces espèces de coton, soit en les filant après les avoir associées à du chanvre ou du coton proprement dit, soit en les préparant pour les rendre propres à faire des chapeaux ,; des ouates et du papier, Ils se sont proposé l’un et l’autre de faire des essais en ce genre; ils y ont été invités de la part de l’aca- démie dont ils sont membres; mais ils n’y ont pas sans doute réussi, é La 292 MANUEL ÉCONOMIQUE La chervelle, Zgnostris paniculä ampliore et ménore ; m’avoit paru avoir pareillement des aigrettes propres à être employées comme celles d’apocin, et comme celles qu'ont proposé les Picardet; mais j’ai été frustré dans mes espérances, malgré les différens usages pour lesquels J'ai voulu m’en servir. Une plante qui peut aussi fournir une très - belle filasse, est l'ortie : vous n’y auriez peut-être jamais pensé. Un tisserand de Léipsic ayant lu dans Robinson- Crusoë que ce dernier avoit fait avec de l’ortie des cordes et même de la toile, fut tenté de vérifier ce fait. 11 cueillit une grande quantité de tiges d’ortie encore vertes, et cependant déjà à moitié blanches; il les fit sécher sur un poële , et ilen ôta par ce moyen toute l’hu- midité , pour pouvoir séparer le bois de l’écorce. Cette opération faite, il en tira une matière verte qu’il frotta, et qu’il prépara comme du lin ; il fit ensuite filer cette substance filamenteuse , qui lui donna un fil d’un brun verdâtre fort égal; puis il fit bouillir ce fil, qui, après avoir laissé dans l’eau une teinture verte, devint plus clair, plus uni et plus fort. Ce fabricant de toile a continué depuis ses diverses expériences sur l’ortie. IL y a tout lieu d'espérer qu’en observant le précis de la maturité de cette plante, et en la préparant comme le chanvre, on parviendra à en tirer une filasse très-belle, A A r 4e propre à être employée , non-seulement par les cordiers, mais même par les tisserands et par quelques fabricans en étofle. L’inventeur de cette découverte a assuré dans le tems que l’ortie peut se travailler comme le coton ” et qu’on peut fabriquer avec sa filasse une toile plus forte, plus douce, plus chaude, plus blanche encore et plus unie. SR 2 DES PLANTES. 293 Il est certain que lortie, dès qu’elle est filamen- teuse , ne peut produire qu’un fil très - fort et appli- cable à bien des usages ; d'autant plus que la longueur de cette-plante fait présumer que ses fibres doivent être beaucoup plus longues et plus fortes que celles du chanvre et du lin. . Kempfer, dans ses Amaenifafes exoticae, parle d’une plante qui, selon la force du mot japonois, s'appelle chanvre blanc , et qu’il nomme grande ortie commune, qui porte des vraies fleurs, et qui donne des fels forts et propres à faire des toiles et autres ouvrages. L’écorce du tilleul, de même que celle du mürier , fournit aussi une substance propre à être filée. On fabri- que à Paris, avec cette écorce , préférablement à toute autre substance , des cordages ; on les emploie principa- lement pour les puits. Dans le territoire de Pise ; ON emploie très-utilement les tiges du genest; on les fait rouir dans l’eau d’une source chaude, et on en tire une espèce d’étoupe , qui devient un fil assez beau, et qui prend bien la teinture. On! a: fait: voir à la: ci- devant académie des sciences de cette ville, au mois de juin 1763,, de la toile faite avec ce fil : elle a paru bonne, mais grossière. Le chevalier Hans - Sloane parle d’un arbre à feuilles larges , longues , tronquées , lisses , lui- santes, semblables à celles du laurier , dont l’écorce intérieure peut s'étendre en toile fine comme de la mous- seline ; cet arbre se nomme communément /asefio : les habitans du pays où croît cet arbre , en font leurs habil- lemens. Tous les mahots, qui sont des plantes de la famille des mauves, donnentune filasse très-propre pour des cordages. Rumphius, dans son ÆZerbarium Amboinense, fait mention de deux arbres auxquels il donne les noms R 2 2094 MANUEL EC 6 N ONBHBUE. de gnemon culiivé et de gnemon sauvage. Les habitans d’Amboine, selon que le rapporte cet auteur , tirent un fil de ces arbres, en battant un peu l’écorce de leurs ra- meaux; etils se servent de ce fil pour faire des rets. Ils font ensuite bouillir ces rets dans certaine infusion , pour les rehüre meilleurs et moins sujets à se pourrir dans Veau. Clusius, dans son Traité des Plantes exotiques, indique un arbre: dont Pécorce peut ètre employée ên filature, Cet arbre est, suivant le chevalier Hans- Sloane , de la classe des aloës. Gaspard Bauhin le nomme onzième espèce de papyrus ernployée en papier ; ‘et Jean Bauhin assure que le fil qu’on en tire est très-fin et très - blanc. On cultive au Jardin des Plantes dé cette ville deux espèces d’aloïdes, dont l’une est da vraie pitte, et se nomme a/oïdes sive aloës Americana , scélläe foliis amplissimis ; et l’autre est connue! sotsilé nom d’aloïdes sive aloë folio in oblonçum aculewm abeunte, qui est pareillement une pitte. Ces deux plantes fournissent du bon et très-beau fil : c’est avec la filasse tirée-de la première plante que les Américains fabriquent de la toile, et qu’ils font leurs voiles de navire. Les tiges de houblon, préparées comme celles dy chanvre, don- nent pareillement une filasse qu’on peut y substituer pour les ouvrages grossiers. Il croît dans les Indes une plante connue sous le nom de bangne : elle est totale- ment semblable au chanvre, tant par la figure de ses feuilles, que parce qu’on peut filer son écorce : cette plante est la même que celle que les Hottentots nomment bakka. Les Européens cultivent au Cap de Bonne-Espé- rance cette espèce de chanvre sauvage. Un des bois les plus curieux, est celui à dentelle; A) est indigène aux iles Philippines et aux Manilles. On DES PLANTES. 205 retire d’entre son écorce et l’aubier, un réseau semblable à de la dentelle ; Le tissu en paroît entrelacé ; il est blane, fin et fort; il n’a pas besoin des apprêts de Part : les dames du pays où il croit, en font usage pour leurs voiles. | Le. coco, qui est le fruit d’une espèce de palmier, et qui se nomme zoix - d'Inde, est enveloppé d’une coque épaisse, lisse et de couleur grise à l'extérieur , mais garnie en-dedans d’une espèce de bourre rougeitre et filandreuse. Les Indiens emploient cette bourre pour fabriquer des câbles et des cordages. Les Malabarois donnent à cette bourre le nom de cayro : elle l'emporte infiniment sur l’étoupe que fournit le chanvre, pour calfater les vaisseaux ; d'autant qu’elle est moins sujette à la corruption. L’écorce intérieure et blanche du la- gette, arbre de la Jamaïque, dont j'ai déjà parlé, est composée de douze ou qüatorze couches qui peuvent être séparées assez facilement en autant de pièces , qui sont comme une espèce d’étoffe ou de toile : la première de ces couches qui vient après l'écorce extérieure , autre- ment la grosse écorce, forme un drap assez épais pour faire des habits. Les couches intérieures ressemblent à du linge, et sont propres à faire des chemises. Toutes les couches de l'écorce intérieure , dans les petites bran- ches de cet arbre , paroissent être comme autant de toiles de gaze ou de dentelle très-fine ; qui s'étend et se resserre comme un réseau de soie. L'histoire rapporte qu’ancien- nement on présenta à Charles H, roi d'Angleterre , une cravaite de dentelle de lagette. T4 OBSERVATIONS... Sur les Plantes qui peuvent servir à fairéle Papier, notamment celui de la Chine 'et du Japon. To uTES les plantes qui peuvent s'employer en filature, sont très-propres pour fabriquer du papier; vous pouvez par conséquent mettre au nombre de ces dernières toutes celles dont il a été question dans les observations précédentes. L’écorce de l’ensade , espèce de figuier de la bässe Ethiopie , fournit les étoffes naturelles aux gens du pays. Le taffetas qu’on appelle en Europe faffetas d'herbe, ‘est faitavec une espèce de houppe ou aigrette de l'herbe de Bengale , après l’avoir filée dans le pays. Les Améri- cains tirent des feuilles du palmier de montagne un fil “très -délié et en même-tems très-fort, propre à fabri- quer de la toile, On file encore dans les Indes l’écorce d’un arbrisseau qui se nomme va/li, et on en fait des cordes. Les Espagnols et les habitans du Roussillon ont fait anciennement des dentelles avec de la filasse tirée -de l’aloës commun. Larouvière dit avoir fait filer le duvet de la silique du céiba, grand arbre de Afrique, et que le fil qu’il en a fait fabriquer étoit très-fin : ceka west pas surprenant; ce n’est pas une nouvelle décou- verie. Les Africains font avec le fil de ce duvet le taffe- , EU  tas végétal , qui est d’autant plus estimé dans ce royaume, | qu'il s’y trouve plus rarement. Je ne vous parlerai pas ici du cotonnier; j’en ai parlé dans ce Manuel écono- mique. Le cabuja est un des végétaux d'Amérique dont Dir MP ELA NUTE I SC À! So les Indiens se servent par préférence pour faire du fil et des cordes; ils le travaillent, pour le rendre propre à cet ‘usage, de la même façon que nous faisons le din et le chanvre. Les habitans de la Chine font une espèce de toile d’ortie avec une plante qu’ils nomment co : cette plante ne se trouve guères que dans la province de Fokien : c’est une espèce de lierre dont la tige donne, un chanvre qui sert à la fabrique de cette toile d’ortie appelée cowpon : on la faitrouir, on la tille , on rejette la première peau ; mais on garde la seconde , qu’on divise à la main, et sans la battre ni même la filer : on l’emploie pour la toile. Les tises de lPapocin fournissent encore de la très - belle fi- lasse ; ainsi que je vous l’ai observé dans ma lettre qui traite de cette plante, et suivant les expériences qu’en a fait Gelot : Popaincourt a réitéré une partie de ces ex- périences , et il n’a pas été en cela moins heureux que cet académicien de Dijon. Il fait part de ses succès à Larouvière, bonnetier du roi, dans une lettre qu’il lui a adressée de sa terre de Bethencourtel, près Clermont en Beauvoisis. « Je vous envoie, dit-il dans cette lettre, un bout de » corde que j’ai fait faire avec des filasses qui se trouvent » dans les tiges de l’apocin ; j’ai cru être obligé de vous » faire cet envoi, puisque c’est à vous que nous avons la » première obligation de savoir tirer avantage de cette » plante. IL y a cinq ou six ans que je vous communiquai » mon projet sur ce nouvel essai ; comme j’avois remar- » qué dans les tiges de lPapocin des filasses fortes, » nerveuses et soyeuses, je me déterminai à les faire » rouir, afin d’en pouvoir tirer une filasse; je les fis # même préparer comme lon fait ici le lin; mais je re- / 298 MANUEL ÉCONOMIQUE » marquai pour-lors que le seran et les instrumens qu’on. » emploié pour cet usage , arrachoient les parties soyeuses » de ces tiges ; ce qui est un très-grand inconvénient. Je _» n'ai cependant pas laissé que de faire passer ces filasses » à Meliand, qui étoit pour-lors intendant à Soissons, » d'autant plus qu’il se trouvoit dans cette ville une per- » sonne très-adroite , et au fait d’y préparer et filer la soie. æ Je le priai, en lui en envoyant, de faire faire par » cette personne un essai sur cette filasse ; mais Meliand , » que j'ai eu occasion de voir plusieurs fois depuis ce » tems, et dont j'ai reçu différentes lettres, a oublié de » m'en parler, ainsi que moi de m’en informer ; et les » filasses que j’avois gardées par-devers moi , me sont en » conséquence restées, sans que j'aie pensé d’en faire » usage. Ce ne fut qu’au 2 janvier dernier que je m’en » rappelai le souvenir, lorsque de Scorbiac de Mont-fort, » ci-devant baron du Bousquet et de Montclus, résidant » à Montauban en Querci, me fit l’honneur de m'écrire » pour apprendre de moi la méthode de semer et cultiver » l’apocin, et se procurer des éclaircissemens sur cette » plante, en m’ajoutant qu’it avoit appris par les lettres » de Buc’hoz sur les Végétaux , que personne ne s’étoit > plus appliqué que moi à la culture de lapocin. IL » m'écrivit en même-tems que, comme l’auteur de ces » lettres assuroit que dans les tiges de l’apocin il y avoit » des filasses très-nerveuses et très-propres à donner de ».bons câbles , ces filasses pourroient peut-être bien sup- » pléer au chanvre , et même le surpasser. Jai aussi-tôt » fait faire, sur la lecture de cette letire, un essai en » corde avec les filasses que j’ai pu tirer des tiges de cette » plante qui n’avoient pas été coupées dans le tems, et » qui étoient restées exposées aux injures de l’air. C’est D E S\ PL À NT ES, 299 » ur échantillon de cette corde que je vous adresse ; je » suis bien aise de vous informer de ma découverte , dont » nous ne sommes redevables qu’à la vôtre. Je m’imagine » que ces filasses pourroient peut-être très-bien servir à » fairé des étoffes, pourvu qu’on prenne la précaution » de cueillir les tiges à propos, ainsi que de les faire » rouir , préparer et filer. » Vous voyez, par cette lettre, de quelle utilité sont les tiges d’apocin; ainsi cette plante ,; qui n’étoit d’abord intéressante que par ses aigrettes , le devient plus encore par ses tiges. Quant aux plantes qui peuvent servir à faire du papier, Guettard , de la ci-devant académie des sciences, nous a donné un mémoire fort instructif sur ce sujet. Ce mé- moire se trouve inséré dans un ouvrage de sa composi- tion ; qui a pour titre, Mémoires sur différentes parties des Sciences et des Arts, en trois volumes 72-4.0. Ce’ célèbre auteur divise son mémoire sur les matières tirées des végétaux propres au papier, et en celles qui tiennent de l’animal. Il ne sera question dans ces observa- tions que des végétaux : ces derniers fournissent pour les manufactures de papier une quantité prodigieuse de matiè- res. Les palmifères, les graminées et les liliacées sont les familles les plus riches en ce genre. Les Indiens, les Asiatiques et les Américains emploient , par préférence à toute autre plante, les palmifères pour leurs habille- mens , pour les cordages , les voiles des navires et autres ustensiles. Ces peuples ont choisi pour cet effet, dans chaque espèce de palmiers qu'ils trouvoient chez eux, la partie de l'arbre qui étoit la plus propre à être tra- vaillée : dans les uns , la spathe , qui enveloppe le régime des fruits avant leur maturité, ou celle qui soutient les jeunes feuilles, leur a paru la plus convenable; dans 300 ' MANUEL ÉCONOMIQUE d’autres espèces, la bourre qui sert d’enveloppe aux fruits a fixé uniquement leur attention. Quelquefois même les feuilles jeunes et tendres ont été préférées à cette bourre , qui ne se trouvoit pas considérable dans d’autres espèces. Et quand toutes ces différentes matières de Par- bre paroissoient insuffisantes pour l’objet pour lequel on le destinoit , on avoit pour-lors recours à l'écorce. Plusieurs voyageurs rapportent qu’on a mis en usage indifféremment , chez les différens peuples que je viens de vous nommer, la bourre du fruit du cocotier, la spathe , les feuilles et l’écorce. Si on en croit Rumphius, dans son Histoire des Plantes d'Amboine , les catalpas, les pinangas, les lontarus sauvages , les tetums , les hakums et les wangas, toutes autant d’espèces diffé- rentes de palmiers , ont des feuilles qui peuvent fournir un fil plus ou moins fin, avec lequel on fabrique dans le pays des étoffes. Les habitans d’'Amboine ont même préparé les feuilles d’hakum et de soribi, de façon à pouvoir s’en servir en guise de papier. Ray, dans son Histoire des Plantes, rapporte une chose assez singulière à l’occasion du cocotier : il dit que cet arbre renferme au lieu de moëlle, une main de papier de cinquante ou soixante feuilles, sur lesquelles on peut écrire. Il en est, dit Guettard, de ce livre de cocotier, comme de celui que lon trouve dans le milieu d’un fruit du Pérou dont parle Fraizier, auteur du Voyage de la mer du Sud: tout ce merveilleux, continue cet illustre académicien., réduit à sa juste valeur , signifie que la moëlie du palmier, et la pulpe de ce fruit, peuvent aisément se mettre en feuillets , de même que celles du sureau de la Chine, avec lesquelles on fait ces belles fleurs artificielles qui nous viennent de ces contrées. C’est même ainsi que à : DES PLANTES. 3oi sont faits ces prétendus livres, dont les différens feuil- lets sont formés par les racines d’une espèce de mauve qu’on fait sécher avec art, et qu’on détache par feuilles. La plupart des auteurs , en parlant du musa ou bananier, indiquent des usages à-peu-près pareils pour lesquels on a employé cette plante. Dans la famille des liliacées, les aloës, l’yucca tiennent un rang parmi les plantes qui peuvent servir à faire du papier. Je vous ai fait connoître dans mes observations précédentes , l'emploi qu’on'fait d’une espèce d’aloës con- nue sous le nom de prffe ; si vous voulez avoir des détails plus particuliers sur la méthode usitée dans le pays pour tirer le fil de cette plante, vous pouvez consulter le P. du Tertre , dans son Histoire naturelle des Antilles. Sloane parle d’une espèce d’aloës qui, suivant Guettard, est un yucca;, et qui est connue dans Laët sous le nom d'excellente espèce de chanvre ou de lin: elle approche beaucoup par sa finesse et sa beauté de la soie. Seba, dans le premier volume de son ouvrage, donne la figure . de deux feuilles d’une plante qu’il nomme jonc aguati- que de Surinam, composé de fils innombrables ; et il dit enmême-tems qu’on devroit principalement s’attacher à faire l’examen de cette plante, par l’utilité qui en pourroit résulter pour les arts. La famille des graminées nous a fourni la matière du premier papier qui ait jamais existé. La plante employée en Egypte pour du papier, paroît être un vrai souchet ; aussi Michieli l’a-t-il placée au nombre de ces espèces de plantes. Gaspard Bauhin la nomme papier de Syrie ou de Sicile. Dodon a regardé sans doute la masse-d’eau comme une plante propre au papier, puisqu'il lui a donné 302 MANVEL ÉCONOMIGUE*# le nom de papyrus. Le Père du Haïde rapporte que lës | Chinois font du papier avec la paille de blé ou de riz. Le ? bambou s’emploie aussi dans le même pays comme une espèce de papier. Le premier arbre sur l'écorce duquel on ait commencé à écrire, est le bouleau. Guettard parle ensuite des copeaux qui se trouvent dans les bou tiques de nos ouvriers en bois ; il laisse entrevoir l’usage qu’on en pourroit faire pour du papier : Ces COpeaux ; dit-il, par leur peu d'épaisseur, sont en état de sonffrir en peu de tems le degré de pourriture nécessaire. Il y a cependant en ceci, ajoute-t-il, comme dans toute autre chose, un degré à saisir. Lorsque le bois est trop pourri, ses fibres sont trop divisées ; elles ont pour-lors perdu ce lien qui en unissoit les parties; elles deviennent trop terreuses , et il seroit alors difficile, pour ne pas dire impossible À de les lier. Aussi les guèpes ne prennent- elles pas indifféremment toutes sortes de bois pourris; elles savent connoître celui qui est propre’ à être travaillé. Les Japonois emploient pour le papier une plante que Kæmpfer nomme papyrus , qui se couche sur férre, qui donne du lait, qui a ses feuilles en lames et l’écorce bonne pour le papier. C'est avec l’écorce des branches des müriers de la Chine qu’on fabrique dans cet Empire un papier qui se trouve assez fort pour couvrir les para- sols ordinaires , sur-tout quand il est huilé et coloré. Je ne vous parlerai pas ici, de lusage du chanvre pour le papier : personne ne lignore; mais jusqu’à présent ( ce sont les termes de Guettard) on Wa point fait du papier avec le chanvré qu'il meût auparavant passé par l’état de chiffon. Le Père du Halde rapporte cependant qu’à Nanga on fait le papier avec du chan- vre battu et mêlé dans l’eau de chaux; ce qui me a DESIYEANTES. 303 confirma dans l’idée où j’étois, ajoute Guettard, que les chenevottes, c’est-à-dire, ce qui tombe sur la braie ow bansette , lorsqu'on prépare le chanvre et le lin, pour- roient servir au même usage. La famille des malvacées peut le disputer à celles des palmifères , des liliacées et des graminées, pour l'emploi qu’on en peut faire. Je vous ai observé, ci-devant , que tous les mahots en général ont donné une filasse propre aux cordages. Dans l'Orient, on fabrique du - papier javec du coton, et à la Chine , on emploie les chiffons pour cet usage. Dans nos manufactures, on ‘s’en sert même quelquefois : son chiffon entre , de même que celui du chanvre, dans la composition du papier. Veslingius prétend qu’on s’est servi de la bourre de cer- tains chardons pour faire des étoffes. Ce même auteur, en parlant du /ufta arabum , qui, selon lui, est une espèce de concombre , rapporte que l’intérieur du fruit de cette plante, lorsqu’on a ôté les semences, n’est qu’un réseau qu’on diroit être fait de lin; d’où il conjec- . ture qu’on en pourroit tirer une filasse , comme faisoient les Ethiopiens et les Indiens, selon Théophraste, des pommes cotonacées ; et les Arabes, selon Pline , des courges. Seba est le seul de tous les auteurs qui ait soupçonné qu’on pouvoit faire du papier avec les plantes de mer , notamment avec l’algue marine. Le corferva de Pline, qu’on nomme ‘encore lin maritime ef mousse aquatique, composé de filamens soyeux et très-fins, est . fort commun sur les bords de la mer , et encore plus dans les mares, les étangs , les bassins des jardins. Guettard soupçonne que plusieurs personnes ont tenté de filer cette plante : lorsqu’elle est mouillée, dit-il , elle a une flexi- bilité qui en impose, et la grande quantité que lon en 304 MANUEL ÉCONOMIQUE trouve dans les endroits qui sont favorables à sa multipli cation, et où l’onsait que ses fibres s’entrelacent de façon. qu’il en résulte une espèce d’étoffe de gros bouracan , a dû engager plus d’une fois à chercher le moyen de rendre cette plante utile dans les arts. _ Une ci-devant grande princesse, continue le savant auteur du mémoire dont je vous fais l'analyse , frappée de la quantité de cette plante et de sa finesse , l’a voulu filer ; mais comme cette plante devient trop cassante lorsqu’elle a été un certain tems hors de l’eau, elle n’a pu être sus- ceptible de cet apprêt. Je passe ici sous silence les autres. plantes propres à faire du papier, notamment celles dont parle Guettard , d’autant que j’en ai déjà fait mention ailleurs. J’en viens actuellement aux expériences qu’a fait ce naturaliste sur les plantes du pays pour en fabriquer du papier. Son premier essai , ainsi qu’il le rapporte , a été sur les chenevottes de chanvre , comme étant, selon lui ,les plus communes, et celles dont on doit espérer quelque réussite. Je commençai d’abord, dit-il, par les faire tremper dans l’eau pendant un certain tems, afin de leur donner, par cette préparation, un degré de pourri ture qui pût en faciliter la trituration. Lorsque je les crus assez pourries, je les fis battre ; maïs par une mé- prise, que j'avois cependant très-exactement recom- mandé d’éviter, mes ouvriers battirent ces chenevottes. avec des mauves et des orties que j’avois fait amasser et pourrir à part : ces différentes matières se lièrent en- semble; mais leur liaison étoit tres-foible ; ce / n’étoit même qu’un tissu fort imparfait. Ce premier essai ne mé- rite pas, selon moi, d’être compté parmi ceux que j'ai faits : il fait cependant déjà connoîïtre que les feuilles des plantes, ainsi que la filasse, peuvent s’unir et faire corps; et. C4 DES PLANTES. | ‘183 36. Avena agrorum pestis. Eradicatur, accensis stipulis post messem, frequentique aratione , agro quieto post germinationem, Dalekarli in cibum eam vertunt , ante maturitatem dissectam. $e- mina in horreo ad parietes usque repunt. Inde hygrometrum Johrenii. 37. Avena pabulum gratissimum fertilissimun. Act. Stockh. 2747. p. 60. Radix a suibus præcipue expetitur. Flor. Suec. 97. 38. Arundo maxime longæva; tectis utilis; fœni succedaneum storeisque hortorum apta. Gypsariis pro basi inservit, F£, suec, 99. Fanicula viridi tingit colore. Ir. West. 03. 30. Arundo præstans pabulum in plaudibus. F1. Su. 100. 40. Arundo pabulum præbet locis siccis. F1. Su. 101. 41. Arundo arenam volaticem coërcet. It. Œ@L. 139. Got, 205. F1. Su. 102. : 42. Lolium temulentiam et fere cœcitatem inducit, Ir. Got. 223. F1. Su. 105. 43. ZLolium, Anglis Raygrass, præstans pabulum ïin pratis Anglorum. | 44. Triticum. Radices in annonæ caritate pro pane adhibentur : sunt alias Suum deliciæ; folia vero Canum vomitorium. F1. Su. 105. 45. Secale. Radices pro pane, annona urgente, venduntur. If. Got. 331. Arenam domat volatilem in Belgio. 46. Scabiosa floribus fœnisecium indicat. If, Got, 255. Folia viridi-tinctoria. Σ. ŒL. 97. 101. 47. Asperula suaveolens pellit tineas. Ir. ŒIL. 6o. Act. Stock. I742. p. 27. | | 48. Asperula , succedaneum Rubiæ tinctorum, rubro tingit colore. It. Goth. 238. Act, Stockh. 1742. p. 20. 49. Gallium. FI. Su. 116. Flores suayeolentes pavimento insper- gunt ruricolæ. Ir. @l. 158. 50. Gallium. F1. Su. 118. Radices rubro-tinctoriæ. FL lapp. 60. 51. Aparine, noxia planta in hortis piso consitis. 52. Cornus. .Oleum expressum e baccis, pro lucernis, in agro Tridentino inservit. Matthiol. Lignum durissimum tornatoribus loco buxi, lanionibus ad verucula in usu est, carnes enim pene- trat. Ray. hist. 1592. F1. Su. 131. 53. Cornus. Baccas pueri in cibum sæpe vertunt. F1. Su. 132. 54. Evonymus eximius frutex ad sepes vivas in hortis. Ex ligno colos præstantissimos tornant galli. Raj. hist. 1621. Pulvis bac- carum pediculos puerorum necat. 4 X # 322 MANUEL ÉCONOMIQUE 55. Trapa. Nuces esculentæ sunt. 56. Âlchemilla decocta pro sophisticatione usurpatur. 57. Cuscuta noxia ini agris et lupuletis; tingitpurpurascente colore, 58. Potamogeton aquas piscibus paccatas reddit. l 59. Myosotis @ ovium venenum. Got. 335. Go. Lithospermum rusticarum Helsingicarum pigmentum Cos- meticum. 7 F 61. Échium , apibus gratissimum, sæpe seritur in hortis. 62. Primula. Flores vinum , radix cerevisiam frangantem efficiunt. 63. Primula solum subhumidum sterileque ( Kalljord ) indicat. Ir. GI. 146. F1, Su. 162, G4. Menyanthes loco Humulli , a pauperibus in Uplandia , adhi- betur in cerevisiam. Panem e radice, premente annona, rarius præparant Boreales. FI, lapp. 6o. 65. Convolvulus , planta agris noxia. 66. Hyoscyamus. Radices, pro pastinacis in cibum interdum assumtæ , infatuarunt. Vid. Exper. Arch. Rosen Prog. 67. Datura male notata planta. 68. Verbascum sepes ornat. 69. Solanum sepes ornat ; tinctoria est. Romis ad vincula cantha- rorum utuntur eorum confectores. F1. Su. 189. 70. Hedera in hortis ad opera topiaria et ambulacra tecta idonezx est. Lignum radicis sutoribus ad cotellos Iævigaudos , cum ad cutem acuendo asperiores facti sunt, utile est. Raj. syn. 459. 71. Lonicera pulcher frutex in hortis ad ambulacra tecta. I. West. 131, 201. F1. Su. 191. 72. Lonicera ad sepes vivas in hortis aridis idonea, Remi fistulis tabacinis conficiendis inserviunt. Lignum durissimum inter omnes arbores suecanas, aptissimum dentibus textorum et pratorum pec- tinum. Fi, Su. 192. 73. Rhamnus sepes pulcherrimas, altas virides constituit Cortex Juteo-purpurascente tingit colore. It. @I. 58. Got. 175. 209. Succus viridis , pictoribus inserviens , e baccis exprimitur. F1. Su. 193. 74. Rhamnus. Carbonibus ad pulverem pyrium utimur. {4 Got. 319. Baccæ viridi tingunt colore. It. ŒIL. 31. Cortex vero luteo. Got. 175. Smolandi ad vincula cantharorum bunc seligunt; aucupes hoc ipso retia sua viridi tingunt colore. FI. Su. 194. 75. Ribes sepes humiles et tonsiles in hortis constituit. Baccæ tam crudæ eduntur, quam in vitreis vasis asservatæ; immaturæ lectæ in robem adhibentur ; hic præterea fructus variis modis mà ciburz transit. Fi. Su. 195. DES ÉLANTES. 333 : 76. Ribes. Sepes minus commodæ ex hoc interdum conficiuntur. Baccæ quibusdam in deliciis sunt. Dysenteriæ febrili boum prie maria medicina fuit. Sauy. FL. Su. 196. 77. Ribes. Frequentissimus frutex ad sepes humiles in hortis* Baccæ in robe et mensis secundis expetitæ. F1. Su. 19%. 78. Ribes. Fructus minus expetitus, cum fere fatuus : Frutex ad sepes in hortis usurpatur. Lignum durum et tenax dentibus pec- tinum pratorum aptum. FI. Su. 198. 70. Asclepias. Planta, gelu tacta, editur ab equis. Pappus pro fomite. Alp. 60. Chenopodium. Turiones more Asparagi præparantur et edurnis tur ab Anglis. Raj. syn. 156. 81. Ulmus. Folia ovibus et bobus pabulum præstant, Lignum primarias nobis præbet carinas navium; inde Anglorum Magna+ tibus cistas sepulcrales pretiosissimas suppeditat , quod sero corrumpitur, Usurpatur etiam ad fabricas ligneas, quibus lintea complanantur, cum et glabrum et dutum sit. Lignum pulchre variegatum, seligitur ad cistas pulchriores loco oleæ. Cumque valde tenax, ad axes, rotas molendinarias prelaque adhibeatur. Ad ambulacra gratissima arbor, ob jucundam et viridem comam. Nihil dammi sentit fertilitas graminum ex hujus plantatione. It, West. 66. 82. Eryngium. Badices pro asparago eduntur. 83. Daucus. Radix , in hortis culta , in cibo frequens. 84. Selinum. Radix masticatorium Lapponum. 85. Heracleum. Rustici in Siberia spiritum ardentem ex hoc ” destillant. Gmel. Siber. I, p. 14. 86. Angelica. Lappones caules crudos decorticatos in ECS habent, F1. lapp. 101. 87. Œnanthe. Radix homini venenatissima Bœrh. 88. Phellandrium equis paraplegiam efficit. Ir. West. 46. 89. Cicuta bobus lethalis est. F1. lapp. 103. It. West. 98. 00. Ethusa hominibus et anseribus noxia. It. Got. 165. 91. Scandix in cibariis recepta, ih hortis seritur. 92. Chærophyllum luteo tingit colore, I£, West. 3; viridi etiam. Act. Stockh. 1742. p. 27. 93. Carum in pane, pulte spirituque frumenti pro condimento adhibetur, copioseque Londini Gothorum seritur. Act Stockh. 1744. 94. Ægopodium vere pro olere colligitur. 95. Apium. Radix ; in hortis culta , frequens pro olere. 324 MANUEL ÉCONOMIQUE 96. Sambucus in Scania juxta domus seritur, hominibus tamen noxia umbra. Baccæ licet vulgo sudoriferæ sint, gallinis tamen lethales. Barth. cent. 4. p. 218. Lignum durum et flavum a tornato- ribus loco buxi seligitur. 97. Sambucus. Baccæ violaceo-tinctoriæ. It. œl, 31. 98. Parnassia. Flores fœnisecium indicant. 99. Drosera ovibus noxia. Barth. Act. 4. p. 162. Gothoburgi imponitur filtro , ut lac a boletis depravatum emendetur. 100. Allium lac boum odore et sapore inficit in Gotlandia. Ir. Gotl. 169. In lupuletis plantas; in hortis talpas ; in domo mures arcere fertur. FI. succ. p. 93. 101. Cepa lac odore et saporeinfcit. I. ŒL. 91. In hortis colitur in condimentum coctorum pic et pullorum meleagridum cibum. F1. Su. 264. 102. Cepa vere pro olere colligitur. F1. Su. 265. 103. Porrum itidem lac et butyrum inficit in Gotlandia et OElan- dia, ubi inter olera coquenda etiam usurpatur. 104. Anthericum ovibus noxium censetur, gramenque ossifra- gum audit. Barth. act. 2. pp. 126. 132. FI. lapp. 156. 105. Ornithogalum , in annonæ caritate, pro panc venditur. 106. Asparagus. Turiones altiles ab hortulanis studiose exco: Juntur in gulæ irritamentum. : 107. Convallaria. Radix, urgente annona , pro pane inservit. Menand. Satagudd. 31. 108. Acorus. Radices spiritui frumenti imponunt nostrates. 109. Juncus corbibus et nassis aptus ex medulla elychnia can- dellæ conficiuntur. Ir. West. 184. Medullam spongiam thecis pro ornatu adglutinant nostrates. F1. Su. 279. 110. Juncus ovibus noxius censetur a rusticis Smolandiæ. FI, Su. 187. | 111. Berberis. Baccæ pro acetariis colliguntur. Cortex lixivio maceratus flavo tingit colore. Raj. hist. 1605. Succus loco citreorum ad potum Puntsum usurpatur. ÆAncarcrona. Hortis sepes tonsiles et præstantes subministrat; durus certe est frutex. 112. Rumex. Lapponum lac acetosatum ex foliis præparatur. F7. lapp. 130. In hortis colitur pro embammatibus. E seminibus , in annonæ Caritate, panes, nimis tamen adstringentes, præparari s0- lent. Radix siccata pulchre tingit rubro colore. Ruland. F1. Su. 295. 113. Rumex agris molesta planta. F1. Su. 296. 114,7 oct bobus pabulum gratissimum salso sapore. Act. Stockh. 1742. p. 147. DES PLANTES. 325 115. Acer pulchra arbor ad ambulachra et sepes vivas. Vere sauciata aquam stillat, ex qua saccharum præparari potest. Lignum album , leve et læve usurpari solet ad manubria bombardarum et instrumenta opificum; tornatores etiam varie varia inde elaborant vasa, eaque pulcherrima et subpellucida. Radicis materie, quæ crispa est , ad cochlearia exsculpenda rustici utuntur nostri. 116. Epilobium. Pappum seminum loco bombycis nuper subs- tituit Westbeck. Radix sub terra crassos et copiosissimos exserit turiones. 117. Érica campos steriles operit, prata autem steriliora reddit, Apibus gratissima mel copiosissime suppeditat; hac vero abun- dante , mel rufescit. 15. œl. 124. E pratis sæpe expellitur, si mu- niatur sepe intacta. Ir. œl. 94. Hac cibum coquunt silvis destituti occidentales nostri. It. West. 183. In hortis copiose defossa aquam transmittit. In Smolandia ovibus et capris substernititur, et ad ma- gnam collocatur copiam in areïs stabulorum pecorum , ut sicciores evadant; indeque fimeta multum capiunt augmenti. Loco humuli cerevisiæ imponitur in Anglia. Plot. Staff. 370. Scothi montani ex erica compacia, radicibus deorsum versis, mollissimos parant lectos. 118. Daphne pulcherrimus frutex, primo vere florens, nive adhuc remanente. Baccis lupi et vulpes occiduntur. 119. Vaccinium loca macerrima indicat. Ir. West. 131. Baccæ a pueris et meleagridibus experuntur , sed temulentiam sœpe in- ducunt, FI. Su. 312. 120. Vaccinium. Baccæ recentes sapidæ, exsiccatæ in jusculis, pro robe quoque usurpantur : tingunt alias purpureo et rubro colore. F1. Su. 313. “ 121. Vaccinium. Baccæ acidæ; recentés vero conditæ in robe expetuntur. Cappatialmas Lapponum ex baccis conficitur. F1. lapp. 145. FI. Su. 314. 121 bis. Vaccinium. Baccæ acidissimæ vix esculentæ, nisi expri- mantur in suCCum ; qui tamen , Copioso saccharo præparatus , palato arridet. Baccis in coctione alba argentifabri utuntur. F£. lapp. 145. F1. Su. 315. | | 122. Persicaria. Radix in hortis maxime reptatrix. F1. Su. 516. 123. Persicaria planta corrosiva, acerrima , cosmetica , Iuteo etiam tinctoria. FI. Su. 320. | 124. Helxine agris noxia planta; semina vero esculenta homini- bus et ayibus., FL Su. 323, 4 3260 MANUEL ÉCONOMIQUE 125. Helxine in agris Scaniæ campestris, eisque sterilissimis copiose seritur, summo cum lucro; pulti vero præcipue sacrata videtur. Planta viridis, vix autem sicca a pecoribus editur, Cortices seminun inter tecta hybernaculorum collocant Belgæ. Act. Stockh. 1744. p. 119. FI. Su. 324. 126, Arbutus loca sabulosa siccissima tegit. Planta coriaria inter nostrates primaria; cano nigroque tinctoria. Act. Stockh.1742. p. 28. It. West. 110. Folia , tabaco mixta , fumo hauriuntur. Act. Stockh. 1743. p. 292. Baccæ insipidæ vix esculentæ. F1. Su. 330. 127. Arbutus. Baccæ atræ et subfatuæ , Lapponibus tamen inter- dum pro cibo sunt, F1. Su. 340. 128. Ledum graveolens fructiculus pediculos pecorum necat. Oleum destillatum cum betulino coria Russorum distinguit. Pro humido a pauperibus in cerevisia conficienda adhibetur ; sed cepha- lalgiam inducit. 120. Scleranthus coccum tinctorium polonicum præbet. Act. Ups. 1742. 150. Silene. Caulis articuli viscidi infecta adglutinant. 131. Alsine pullis gallinaceis et passeribus grata. 132. Spergula in agris macris nimis luxurians. It. West. 56, annona premente , panem egenis suppetit. FI. lapp. 190. 133. Agrostemma agros ornat. Semina frumento mixta panes intrant. 134. Oxalis. Folia in acetariis interdum recipiuntur ; Folia etiam conniventia humidam tempestatem significant. 135. Sedum, Belgis Tripmadame, oleraceum. 136. Sempervivum a Smolandis in tectis seritur, ut humus ads eRt 137. Padus arbor florens speciosissima et fragrantissima est. Baccæ ingratæ, quibusdam tamen esculentæ. Surculi ob flexilita- tem ad manubria flagellorum in usu sunt. Rami non excorticati ad manubria fistularum tabacinarum usurpantur. Lignum leve et flexile ad manubria bombardarum idoneum. 138. Prunus frutex ad sepes valde spinosus ; nimium vero repit. Baccæ vino inditæ idem fragrantissimum et sapidissimum efficiunt. Lignum durum , tenax dentibus pectinum pratorum utile. 139. Cratægus. Baccæ esculentæ et flatulentæ ; siccatæ autem pa- nem annonæ præbent caritati, ex iis cerevisia et spiritus destillari potest. Ligni materies durissima , tenacissima et glaberrima est, ideoque idonea ad axes, rotas et scipiones , unde fabri lignaxii kanc maxime expetunt. F1. Su. 398. DES PLANTES. 327 140. Cratægus frutex ad sepes vivas præstantissimus, cum spi- nosus, rigidus, non reptans, tonsilis fit, in campestribus etiam præ reliquis luxuriat. Ligni materia tenacissima, durissima ad rotas molendinarias maxime expetita. FI. Su. 399. 141. Sorbus. Baccæ laqueariis, in irritamentum passerum , affi- guutur; gallinis etiam in cibo sunt E baccis destillatur spiritus ; sed parce. Folia pecora edunt. Cortex exsiccatus et comminutus pro pabulo pecoribus et equis porrigitur in Norlandia, Ligni materics mensis conficiendis inservit , cum solida tenaxque sit : radiis rota- rum , temonibus, manubriis fistularum tabacinarum aptissima. Nodosos suns baculos ex hac arbore , arte præparant rustici, dum adhuc crescit. 142. Pyrus silvestris spinosa est mater omnium sativarnm. Præs- tat plantata insitioni et inoculationi instituendæ suavioribus varie- tatibus. Lignum instrumentis opificumiconficiendis valde idoneum , unde a tornatoribus quoque expetitur, Cum leve, compactum et vitreum ferme sit. F1. Su. 4o1. 143. Pyrus. Fructus acidus cum lacte et aqua coctus rusticis in cibum et potum transit. Cortex luteotinctorius. Act. Stockh. 1742. p. 26. Insitionis ergo in hortis plantatur, cum talpæ radices non destruant. Proxime post cratægum (399). Durities hujus ligni ad rotas molendinarias aptissima est. F1, Su, 402. 144. Filipendula. Radix tuberosa, suibus in deliciis est, eam ipitur eradicando , prata depravant. 145. Filipendula loca paludosa et frigida indicat. I£, œl, 91. Sub feriis rusticorum pavimento insternitur , ut aërem purificet gra- tumque excitet odorem. FI. Su. 455. 146. Rosa florens pulcherrima in sepibus , aculeisque præstan- tissima habetur. Est forte præsidium multis plantis annuis, ejus sub umbra tuto fructificantibus , quæ alias. certe essent perituræ. Baccæ exacinatæ coquuntur in jusculis palato gratis ; inque mensas secundas non inepte condiuntur. Gallæ sunt Bedeouar officinis diciæ, propria insecta foventes. 147. Rubus. Baccæ sapidissimæ variis modis condiuntur , vinum- que dant gratum. Caules , qui semel floruere , proxime subsequente hieme pereunt. FI. Su. 408. 148. Rubus sepibus vivis implicandis præstans. F1. Su, 409. 149. Rubus agris præsertim in Roslagia , molestus, nimis rep- tando. Baccæ vinum suavissimum reddunt : crudæ etiam, vel con- ditæ palato arrident, F1 Su. 410. X 4 920 MANUEL ÉCONOMIQUE 190. Rubus in sterilibus pratis Hpens. Baccæ a pueris præsertim leguntur. Fl. Su. 411. 151. Rubus. Baccæ præstantissimæ , Sapidissimæ et fragrantis- simæ sunt inter omnes Europæos fructus; hinc nontantum crudæ, sed conditæ etiam in deliciis sunt : vino insuper infusæ idem sua- vissimum reddunt. In hortis facilis est plantatu, nive autem tegen- dus, æstateque arbusculis sepiendus , ut umbram obtineat. FI. Su. 412. 152. Rubus loca turfosa , paludosa , sterilissima et frigidissima OCcupat. Baccæ crudæ esculeniæ sunt; conditæ vero in robe usurpantur. F1. Su. 413. 153. Fragaria. Baccæ crudæ cum saccharo, lacte vel vino mixtæ in deliciis sunt; nostratibus frequentissimæ. 154. Potentilla variat foliis luteis et albis ratione soli. Prata ste. rila efficit. F1, Su. 415. 195. Potentilla E fruticulo scopas parant OElandi. In hortis pulcherrimus sepibus arearum minimis; tota enim æstate floret. F1. Su. 416. 156. Tormentilla. Radix , iu insulis Faroënsibus, coriark , et pro suum alimento colligitur. Barth. Act. 1671. p. 49. À Lapponi- bus ad pigmentum corii masticata radix recipitur FL. lapp. 113. 157. Geum. Radix cerevisiæ addita, eandem Caryophylli odore inquinat , et ab acescentia præservare fertur. 158. Nymphea. Folia aquam reddunt pacatam. Pisces fovere cre- ditur ; E radicibus autem et foliis sues pinguescunt. Pellit gryllos domesticos fumo vel esca. 159. Actæa bufones adlicit. Baccas noxias habet. 160. Tilia ambulacris et sepibus præstans ; foliis, floribus sua- veolentibus, umbraque grata : pratis favet, facileque tonditur. Cortex aqua maceratus idoneus funibus nassisque conficiendis. Carbones pluris faciunt pictores , ad præludia figurarum aptos; in pulvere pyrio hi etiam magni habentur. Raj. Ligni materies mollis levis, glabra, facilis sectu ; hinc a sculptoribus simulacrorum ad simulacra; a sutoribus ad calcaria lignea , mensas , quibus coria secantur, cum Cultri aciem non retundat , expetitur. Ob levitatem capisteriis seu ventilabris fabricandis inservit : porosa autemest , adeoque ad vasa, liquores adservatura , pæne inepta. 161. Reseda luteo-tinctoria. Act. Stockh. 1742. p. 25. Pretium colligi potest ex It. West. 110. A tinctoribus colitur ibid, 127. Spica ad solem nutans indicat , etiam nubilo cœlo, die nocteque horam, D E SU PE À N° TES, 329 162. Aconitum. Radix lupos , aqua autem cocta pediculos peco- rum occidit. F1, Su, 441. 165. Aconitum omnia omninO pecora necat ; ( vix vero equum } hinc eradicanda est. Act. Stockh. 1745. p. 271. FL. Su. 442. 164. Stratiotes vermes et insecta aquatica alit, hinc Zoolopis grata. Ob spinas fœnimessoribus , nudis incedentibus pedibus , invisa. 162. Anemone bobus hæmaturiam sæpe efficere fertur. 166. Ranunculus acris est, a pecoribus et jumentis intactus relin- quitur. 167. Ranunculus vere pro olere colligitur. In hortis nimis luxu- riat reliquas pellendo plantas. F1. Su. 460. 168. Ranunculus a bobus intactus relinquitur : difflorens fœni- ecit tempus significat. FI]. Su. 466. 169. Ranunculus grata anguillis planta fossas replet. FI. Su. 472. 170. Caltha. À bobus plantam intactam vidimus ; hinc falso fer- tur reddere butyrum luteum. Flores nondum explicati , more Cap- paridum præparati , Capparidum succedaneum quibusdam evadunt, 171. Teucrium graveolens lac alliaceo inficit odore. Ir. Got. 292. 172. Thymus. Flores apibus gratissimi. 173. Origanum lanas rubro vel purpurascente tingit colore. It. Œl. 97. 96. 101. 174. Mentha copiose comesta lac coagulari non admittere fertur : prata effcit sterilia. 175. Glechoma prata etiam macerat. 176. Ballota bobus medicina est. It, Got. 2009. 177. Nepeta felibus grata est. 178, Stachys bufonibus gratam præbet umbram. F1. Su. 480. 179. Stachys. Radix carnosa suibus gratissima. FI. Su. 490. 180. Antirrhinum graveolens usurpaiur ad abigendas muscas e domo. 181. Rhinanthus. Capsulæ semina quatientes foœnisecium indicant It. Got. 256. 182. Pedicularis loca paludosa frigidaque signiñcat. Ir. West. 4. 163. Melampyrum ob frequentiam in Suecia australi agricolis invisa planta , præcipue cum farinam frumenti nigricantem reddat. Fl/Su. 211. 184. Melampyrum bobus gratissimum , inde lac et Butyrum pins guissimum et eximie flavescens evadit. FL lapp. 240. F1. Su. 513. 169. Orobanche , Skjerf-fro , cod. Frid. Suec. tit, ædil, 8. 4, exte- rorum agris invisa , nobis vix metuenda. 330 MANUEL ÉCONOMIQUE 186. Linnæa loco Theæ commendanda. 187. Draba in Smolandia tempus secale serendi florescentia in- dicat. Racemus nutans instantes imbres aut premeniem noctem portendit. Hort. cliff. 333. 188. T'hlaspi nimia copia agris sæpe molesta est. Ie, @l. 47. 156. F1. Su. 530. 189. Thlaspi campos argillosos indicat. F1. Su. 539. 190. Lepidium ad gulæ irritamentum colitur. 191. Cochlearia pro olere vernali et medicina seritur. 192. Cochlearia. Radix culia, cruda vel cocta , piscibus vel car- nibus addita, comeditur. F1. Su. 540. 193. Myagrum lini agris molestissimum. À Germanis seritur, pro oleo expresso. 194. Isatis cæruleo-tinctoria. I£. West. 110. Œl. 144. Culturam vide West. 127, præparationem West. 128. 195. Brassica Smolandiæ agris invisa. FI. Su. 546. 196. Brassica. Radices sapidissimæ coluntur in hortis. In agris Gotlandiæ sæpe nimis luxuriat. Got. 240. Serenda est ad oleum exprimendum ex seminibus. ibid. 197. Sinapis agris humidis, apricis, hordeo consitis, quam maxime noxia. Ît, Œl 110. 133. Got. 183. 241. West. 30. 72. FI. Su. 548. 198. Sinapis. Semina pro intinctu carnium. FI. Su. 549. 199. Sisymbrium. Folia pro olere vernali antiscorbutico colli- guniur. FI. Su. 551. 200. Sisymbrium. Seminum 3j cum 3x puiveris pyrii mixta , bom- bardæque indita et explosa, ita bombardam præparare fertur, ut dein longiorem adtingat metam. FI. Su. 553. 201. Érysimum pro olere vernali colitur. 202. Erysimum odore et sapore alliaceo, uti 476. F1. Su. 1556. 203. Raphanus agris Smolandiæ et Westrogothiæ copia sua molesta. 204. Crambe cocta quibusdam in cibum transit ; sed nisi diu co- quatur, et sufficienter pinguedine saturetur , temulentiam efhcit, Te. West. 189. 205. Malyva Olim in olere cocta. 206. Genista luteo-tinctoria. Exteri hanc colunt campis siccis in pabulum ovium. Sepes humiles in hortis constituit. 207. $partium apud exteros in hortis ad sepes colitur, 200. Astragalus dulci gaudet radice. / DES PLANTES. 331 209. Anthyllis ovibus grata. Variat florum colore ratione terræ. It. Got. 272. 210. Orobus, Verosimile videtur, hujus radicem cibum fuisse , a Dione ,in Severi Imperatoris vita, memoratum , quo usi Britanni, ut per aliquot dies, ab hostibus pressi, famem et sitim tole- rarent. Ra. hist. 916. 211. Lathyrus præstantissimum in pratis pabulum. Melem hanc edere fertur. Menand. Satag. 20. F1. Su. 590. 212. Lathyrus in pratis paludosis eximium pabulum. FI, Su. 600. 213. Wicia in Scaniæ agris præsertim seritur, a qua equi brevi pinguescunt; asuibus , gallinis et columbis semina expetuntur. FI. Su. 601. - 214. Vicia agris sæpe molesta, pratis vero pabuli ergo grata. FI. Su. 604. 219. Pisum. Hujus seminibusaccolæ littoris Oxfordiensis ,annonæ caritate 1555 , pressi, se suosque sustentarunt. Gesn. Aquat. 4. p- 256. i 216. Lotus eximium pabulumin pratis. 217. Trifolium pabulum gratum in collibus siccis. F1. Su. 611. 218. Trifolium præstans est pabulum. Varietas «, serenda în arvis et pratis, ex indigena planta. Flores loco Theæ a non paucis sorbentur. FI. Su. 612. 219. Trifolium eximium pabulum in pratis seritur etiam in arvis. E floribus panis succedaneus Chambroch ab Hibernis præparatur. FT. lapp. 273. F1, Su. 613. 220. Trifolium in Angliæ pratis seritur ob fœni præstantiam. FI, Su. 614. 221. Trijolium pabulum præbet eximium locis campestribus. Arcet tineas inter vestimenta positum. J4. @l. 60. FI. Su. 619. 222. [Medicago omnium omnino præstantissimum est pabulum, locis elevatis , siccis et apricis. Act. Stockh. 1742. 191. I. Got. 142. De cujus usu et cultura vide. Ir. West. 2. 223. Medicago præstans est gramen in pratis, sed bienne tantum. It. West. 2. 224. Ononis aratoribus Scaniæ don nimis tenax et invisa. It. Got. 292. 225. Hypericum. Spiritum frumenti purpureo colore floribus tin- gunt rustici. 226. Leontodon. Folia primo vere pro acetariis colliguntur. 352 . MANUEL ÉCONOMIQUE 227. Robin coccum producit polonicuis: Act, Ups. 1742. FL Su. 633. 228. Hieracium luteo tingit colore. F1. Su. 639. 2209. Sonchus reptatu agris admodum infestus. Ir. West. 224. 207. F1, Su. 642. 230. Sonchus ,agris pisis.satis, molestus. Hieme tener pro ace- tariis ad exteris colligitur. F1. Su. 648. | 231. Sonchus, Caules crudos et decorticatos edunt Lappones. F1, Zapp. 296. In hortis cum usu sereretur pro olere. FI. Su. 649. . 232. Scorzonera. Radicibus sues delectantur , sed pratum læditur. 233. Tragopogon. Flos aperitur horalIIT , a. m. clauditur, horalX, Hort. Ups. 243. Radix Salsosi colitur etiam culinariis in hortis. Radix more Asparagi cocta cum Asparago sapore certat. 234. Cichorium cultum sapore mitius et esculéntum evadit. 235. Arctium. Caules decorticati, antequam capitula gignunt, crudi cociiquemanduntur. Lauremb. Capitula ovibus et pueris invisa et adhærentia. 256. Onopordum in campestribus agris sæpe molestum. 237. Carduus agris minus gratus; in pascuis vero annuarum plan- tarum fructificationes sæpe conservat, F1. Su. 654. 238. Carduus agris luxuriando invisus. F1. Su. 658. 239. Carduus in pratis paludosis fœnimessoribus molestus. Ex bujus altitudine prognosticon insequentis hiemis et nivis, Smo- landiæ et Wermelandiæ ruricolæ sibi formant. Ir. West. 236. FI, Su. 659. 240. Serratula cæruleo-tinctoria. It. @l. 10. 34. 224. West. 110. 241. Serratula reptatu agris maxime infesta. I£. &l. 127. Pappus. pro plumis usurpatur 14. West. 266. F1. Su. 662. 242. Bidens fulvo tingit colore. Act. Stockh. 1742. p. 24. It. @l. 58. 98. 101. $Semina ovibus adhærent. 243. Tanacetum. Feminæ in Westrobotnia hoc ante partum utuntur. FL. lapp.295. Demortuorum cadavera hoc ipso a putredine diutius conservant Elfdalenses. 244. Artemisia agris Smolandiæ maxime invisa. FI. Su. 667. 245. Artemisia., ab ovibus comesta , carnes amaras reddit. Gere- visiæ acidæ vel vino infusa acescentiam tollit. Hanc pulices fugare fertur , si ea ipsa corpus fricare lubet, FI. Su. 670. 246. Doronicum. Smolandiæ rustici i fotia i in dc ie tabaci fumant. F1. lapp. 304. | DES PLANTES. 333 247. Inula juxta ædes rusticorum in medicinam domesticam colitur ; fumus culices pellit. FI. Su. 695. cs 248. Inula solum sterile et frigidum indicat, in pratis igitur minus grata planta. It. Got. 299. FI. Su. 606. 249. Buphthalmum. Flores luteo-tinctorii. Ir. Got. 225. 250. Matricaria a balneatoribus expetita ; agris secalinis molesta. 251. Anthemis fœtida , bufones adlicit. It. West. 205. 252. Centaurea. Radix aratoribus nimis tenax. Ir. Gotl. 299. FI. Su. 708. 253. Centaurea luteo-tinctoria. It. West. 307. Flor. Suec. 709. 254. Centaurea nimia sua copia agris secalinis sæpe ïinvisa. Floribus utuntur , tabacum qui fumant, pro condimento. E floribus habemus pigmentum cæruleum , litteris inserviens. FI. Su. 710. 255. Cnicus. Folia in Russia coquuntur pro brassica. 256. Calendula. Fores tingunt Iuteo colore, fere uti crocus. 297. Calla. Panis succedaneus e radice, annona urgente, a Borealibus nostris præparatur. F2. Zapp. 320. 258. Carex arenam volatilem domat. I£. œl. 139. F1. Su. 749. 250. Carex primarium gramen in paludibus limosis et silvaticis. F1. Su. 762. 260. Carex præstantissimum in pascuis paludosis gramen, cespites constituens , quæ foœnum maxime augent. FI. Su. 767. 261. Corex eximium gramen in pabulum boum, ad ripas fluvio- rum et fossas. Hoc gramine intentissimum gelu eludunt Lappones. F7. lapp. 330. F1. Su. 768. 261 bis. Carex frequentissimum gramen locis humidis, noxium vero pratis siccioribus. F1. Su. 7609. 262. Sparganium fluvios et lacus pacatos reddit. Ir, West, 263. Bobus gratissimum , pisces adlicit. FZ. lapp. 345. 263. Typha. Pappo pauperum culcitræ implentur. 264. Urtica a pullis meleagridum editur. Flor. Suec. 773. 265. Urtica primo vere in olere coquitur; sicca vera ovium est pabulum. It. Got. 305. Bobus lac adauget; at caule siccato et aqua macerato fila subministrat. F1. Su. 770. 266. Alnus œ&) loca humida, €) montosa, frigida , perflata desiderat, Pratis favet, Ne ripa adjacentem terrame xedat, prohi- bet. Folia recentia &« ) mane collecta pavimento inspersa pulices fugant; exsiccata autem, præsertim 6 ) ovibus commendantur. Cortex cum scobe fusco rufum efficit colorem , quo piscatores Nor- Le] h 354 MANUEL ÉCONOMIQUE Jandiæ relia, sutores coria tingunt; masticatus vero rubram tinc- turam suppetit. FZ. lapp. 340. E ligno varia conficiunt tornatores fabrique lignarii, prout orbiculos, patinas, vasa lactea, palas, rotas coli, quia ad conglutinationem maxime idoneum est, seli- gitur præsertim ad manubria pectinum pratorum et bombardarum, etc. In foco laudem meretur suam. Carbones inde habemus pro pulvere pyrio præparando. Radix maxime pectinata, scipionibus, cultrorum manubriis , ligni fabrorum infissuris loco juglandis maxi- me apta est. Præterea lignum molle, glabrum valde sero putrescit ideo ad fulcra ædificiorum adhibetur , etiam sub aqua ; unde Vene- torum urbs maxima ex parte huic superstructa est, nec non maxi- mus pons de Rialto. Ray. hist. 1409. 267. Betula. Folia lucteo-tinctoria It. œl, 29; exsiccata pro pabulo ovium hieme. Cortex crassior Lapponibus aliisque coriarius, eo retia piscatoria rubro inficiunt colore; pallii loco Lapponibus inservit. FJ. lapp. 292, eoque pro orbiculis utuntur : Liber integer detractus et epistomio firmatus pro lagenis siberiensibus Gmel- siber. 169. Liber diu tecta conservat, in arbore ter recrescit; eo etiam pleræque rusticorum et piscatorum soleæ consistunt , repellit enim aquam. Liber ustulatus et masticatus gluten producit vasis testaceis. Rami tenaces sunt locis apricis, fragiles umbrosis; ad funes contorquendos corbesque piscatorios idonei. Virgæ flexiles ad balneatorum fasciculos vulgo recepiæ, nec non ad equitum et Magistratuum virgas. Materies ligni dura , alba , tenax, præser- tim pygmæa in alpibus durissima est ; Rusticis ideo usu venit eli- gere hoc lignum ad manubria cultrorum, rotas, trahas , variique instrumenta robustiora. Lappones inde varia elaborant vasa. Vere aquam stillat limpidissimam. ÆCarbones suppeditat præstantissimos foco, Metallurgiæ, Chymiæ, pulveri pyrio et delineationibus pictorum, Hypersarcosis fungosa Lapponum fomes. F{. lapp. 264. FL, Su. 776. 268. Betula. Ramis frondosis pavimenta consternunt Lappones ; ex ramulis vero scopæ præcipue colligantur. Frutex in alpibus nos- tris foco primarius. F1. Su. 577. 269. Quercus nostrarum maxima arbor I£. Got. 203, hiemuim chro- nica maximeque longæva Ir. Œ@I. 66, agris et pratis noxia. Mesr. 67, plantatur sub junipero Mest. 104, quomodo recta crescat vide œl. 31, 134. Glandes primis mortalibus et adhuc Barbariæ inco- Ds pro cibo fuerunt et sunt. Shav. Ir. His etiam sues altiles fiunt; in defectu vero annonæ panes præparantur. Barth. dom. Coria op- D ES) D'LA N TES. 335 time macerantur cortice et cupulis fructus. Folia recentia quidam in pabulum ovium vertunt; Gallæ foliis innatæ atramento utiles, Ligni materies dura, tenax, flexuræ patiens , ad naves primaria. Lignum a Cantharide destruitur Ir. Mest. Got. 149,et teredine na- vali léditur; difficile alias est conglutinatu , unde tornatores libe- rius alno ad rotas coli utuntnr. Ligno nostratibus nihil pæne peren- nius ad ædificia, sepimenta , cistas sepulcrales, dolia selias, mensas, repositoria, volvulos agrorum, radios axis, aratra, palos variaque instrumenta. In foco laudabile est. Arbore putre- facta, scobe pro hortis et præsertim plantis bulbosis , nec non pro fumatione pleuronectum, utitur. I£. Gor. 31. 210. Fagus. Glandibus sues pinguescunt, annona vero urgente, panem quidam ex his præparant , at cephalalgïam et temulentiam inducit. Tostæ succedaneum coffæ. Lignum facile corrumpitur sub dio, at sub perpetua aqua diutius durat, hinc pro navium carinis receptissimum in Anglia. Ligni lamellæ flexiles vaginis ensium et corticibus librorum conficiendis inserviunt : asseres autèém condu- cunt ad confabricandos folles, fornacibus ferreis accommodatos, Maxime calefacit in foco, sed vix ibi carbones, veram cineres lig- num producit copiosos. Cineres præparandi clavellatos in Australi Suecia locum habet. Hypersarcosis rimis ligni enata prd fomite præstantisssima est. 211. Carpinus sepibus vivis, præsertim in hortis, cum facillime tondatur , maxime idonea. Vere aquam stillat uti betula. Raj. his- tor. 1428. Frondes secantur in usum pecorum. Cortex luteo inficit colore. It. œl. 29. Ligni materies alba, durissima, tenacissima axibus, trochleis, rotis molendinartis, præcipueque instrumen- tis opificum aptissima est, ; 212. Corylus frutex sepibus præstans, cum pratis faveat. Nuces pueris et juvenibus in deliciis sunt , feliguntur etiam a muribut et picis glandariis lectæ inter cupedias, Ir. œ@l. 63. Virgula divina- toria e ramis est; hi ipsi virides præservant frumentum a corrup- tione. Got. 301. Rami ad corbes carbonum , cribra , fulcra pisorum venduntur ; vincula doliorum inde sumuntur præstantiora. Virgæ piscatoriæ secantur e stolonibus : carbones harum a pictoribus, sculptoribus , aurifabris ad præludia figurarum seliguntur. Radix nodosa, undulata, crispa vasis diu durantibus loco juglandis præstans. Frutex extirpatur pediculiari modo. It. Got. 302. Exit mius in foco. 213, Pinus. Turiones cerevisiæ spirituique frumenti addere 336 MANUEL ÉCONOMIQUE solemus, Cortex interior pauperibus et suibus panem sæpe præbet; exterior vero loco suberis: in doliis et retibus usurpatur. Mense majo delibratur et alburnum extrahitur in irritamentum gulæ. Pinus est R) tignis, y) siphonibus eximia est; unde fabri ligna- rii 6) plerasque nostratum domus exasciant et contignant; Mali nautici pretium ingens servant, etin usus domesticos varie abeunt asseres , prout in lectos, mensas, cistas, etc. Carbonesa Metallur- gis expetuntur. Radix e paludibus antiquissima picem producit, tædaque est piscatoribus. Plerique foci nostri ex hac sustentantur arbore. Laminæ tenuissimæ rusticorum candelæ , reticulatim im- plicatæ pro tapetis et cancellis inserviunt. Sto/ones tenues, sed longi eliguntur pro sustentaculis humili. Remi versus australem plagam prolixiores, loco pyxidis magneticæ esse possunt in silvis. Plerasque exustiones silvarum ex hac ipsa habemus. Pygmæa in paludibus lignum habet durissimum; Lapponibus igitur in usu est ad soleas $kji dictas, arcus carinasque traharum. El. lapp. 146. Tonsilis non est, cum novos non edat ramos ; loca sterilissima et siccissima fructuosissima reddit, ætatemque {400 annorum attingit. It. West. 247. 214. Abies pulcherrima est sepibus vivis in hortis, cum et opera topiaria admittat et semper virescat ; difficilis tamen transplanta- tu. Cortice teguntur ædes sub gleba, et horrea sæpe loco straminis. Lignum levissimum expetitur ad instrumenta musica et naviculas Lapponum portatiles. Lignum humiditatem absorbens facile sub dio corrumpitur. Asseribus varie utimur, sed januæ inde rimas agunt et interdum nimis tumescunt. Exustiones silvarum etiam ex hac habemus. Ex hujus et præcedentis ligno pleraque nostra sepimenta eorumque vincula facimus. Herba rustici sub feriis parietes interne vestiunt, eamautem comminutam pavimentoinspergunt nostrates, purum conciliantes odorem. Lignum foco præstans , sed maxime crepitans. Carbones metallurgis inserviunt, Rami ad vincula dolio- rum præstantes. Locis humidiusculis brevi recrescit. 215. Salix. Flores apibus gratissimi. Pappum pro succedaneo bombycis substituit Mesbeck. Ad ambulacra sepesque vivas idonea. FL Su.792 4 "0 216. Salix. Ramis ad falcium vincula, nassas eorbes curruum utuntur Smolardi , quibus etiam Cortex coriarius est. F1. Su. 805. 217. Solix focum alit in Lapponiæ alpibus. F1, Su. 808. 218. Salix. Cortex Lapponibus coriarius. Ambulacris et sepibus vivis idonea, præcipue Jocis siccis. F1, Su, 8r1. 219e DES PLANTES. 308 et que si les différentes substances qui ont été mélées ensemble au premier abord, eussent été battues séparé- ment, et qu’on eût su prendre le degré de trituration propre à chacune , pour former uue pâte capable de se bien lier, on auroit pu avoir quelque chose de mieux. _ De ce premier essai, notre auteur passa à un second ;, et toujours sur le chanvre ; mais seul. IL fit en consé- quence pourrir de la filasse assez belle et bien nettoyée de la partie parenchymateuse, qui tombe sous les instru- mens , lorsqu'on prépare le chanvre pour en faire de la filasse ; le papier qui en résulta fut, dit-il, très-fort, et il convainquit cet auteur qu’il étoit très-facile d’en faire avec la partie du chanvre que l’on rejette dans les cor- ‘ deries , ou les autres ateliers dans lesquels se prépare et s'emploie cette substance filamenteuse. Le troisième essai de Guettard, fut fait sur du coton avant que d’être réduit en chiffon : on en battit par son ordre ; et lorsqu'il le fut assez , on en fit un papier uni, blanc, d’un tissu fort, et qui lui parut pour lors avoir tous les avantages de notre papier ordinaire. Après cet essai , cet académicien continua ses expériences sur les duvets d’autres plantes : il examina celui de l’apocin, dont j'ai eu tant de fois occasion de vous parler, et celui des chardons. Ces deux duvets sont, proprement dits, les aigrettes des semences de ces plantes ; mais l’expé- rience qu'il fit sur ces duvets n'eut pas un succès aussi heureux que celle du coton. Je vous communiquerai ailleurs les autres essais de cet illustre académicien. 306 MANUEL ÉCONOMIQUE SG O B S E R ViA T I ON 8 Sur le'Papier dela Chine et di Japon. Dix mes dernières observations, je vous ai fait part des essais que fit Guettard sur les duvets d’apocin et de chardon , pour fabriquer du papier ; mais j’oubliai pour lors de vous observer que le corps de la pâte formé par ces deux duvets, n’étoit pas d’une consistance aussi bonne et aussi liée que celui de la pâte qu’a produit le coton dans un essai précédent que tenta cet illustre académicien. On forma cependant avec cette pâte, par les soins et les précautions que fit prendre Guettard, des feuilles d’un papier assez fort pour pouvoir être étendu sur des cordes à sécher, mais qui se déchiroit facilement, les parties n’étant pas assez adhérentes, assez entrelacées et accro- chées les unes aux autres; propriété que le papier de- mande pour être d’une bonne qualité. Un dernier essai que fit Guettard sur les substances végétales, fut sur l’algue marine : on entend par ce nom, non-seulement cette espèce d’algue qui sert à emballer nos verreries, et qui par cette raison s'appelle a/oue des vétriers, mais encore les fucus ou varecs qui en méri- tent à plus juste titre le nom ; puisque l’algue des vitriers nest pas proprement dit une algue ; mais plutôt une espèce d’un genre de la classe des chiendens. Guettard fit cependant employer l’une et l’autre de ces plantes ; mais il eut beau à les faire préparer comme les plantes précédentes , il ne put jamais parvenir à en former une D £ S ML ANT ES. 307 pâte qui püt se lier en aucune façon : leurs feuilles ont très - peu de fibres; elles ne sont en quelque sorte com- posées que de parties parenchymateuses , qu’on peut re- garder comme un amas de petites vésicules, dont la sphé- ricité est un obstacle à l’union que doivent avoir Les par“ ties qui composent le papier. Les coralloïdes, qui for- ment un genre de plantes de la classe des algues , qui sont très-abondans dans la plupart de nos bois, et dont les espèces couvrent presqu’entièrement les arbres et les rochers, ne sont pas plus propres que les algues marines pour fabriquer du papier. Ces sortes de plantes se dissol« vent en quelque façon par la trituration, et quand elles se. trouvent une fois étendues dans l’eau , elles ne peu= vent plus se réunir par la forme : al en estde' même. du conserva plénir, qui est de, cette classe. C’est réelle ment une grande perte pour les papeteries, qu’on ne puisse pas donner quelques corps à ces plantes , Lors- qu’elles sont triturées4 la blancheur qu’elles prennent en se séchant, et leur prodigieuse quantité , les feront toujours regretter, sur-tout si on ne peut pas les em- ployer avec succès à aucune sorte de manufactures : peut- être cependant, à force de recherches , y parviendra-t-on un jour. On pourroit, par exemple, lorsque ces subs- tances seront prêtes d’être assez battues ( ce sont les moyens qu’indique Guettard ) substituer à l’eau simple une eau gommée où mucilagineuse , comme celle dans laquelle on auroit fait bouillir des rognures de gants , des racines de guimauve ; de grande consoude, ou autre matière semblable ; on enduiroit par-là les parties de la pâte d’un glu qui pourroit être un intermède au moyen duquel elles se colleroient plus fortement. On pourroit encore , en fabricant du papier avec ces plantes , pour V 2 308 MANUEL ÉCONOMIQUE mieux réussir, se servir de la compression au lieu de l'immersion. Comme les duvets d’apocin et de chardon n’ont pu fournir que du papier fort mauvais, qui se dé- chiroit au même instant qu’il étoit fait , il est probable que les duvets du Zragrostis , des chatons de saule, de bois de trompette, ne fourniroient pas du meilleur papiers il seroit par conséquent inutile d’en faire l’essai. Mais c’est assez nous entretenir sur les végétaux du pays propres à fabriquer du papier; examinons actuellement quelle est la nature du papier de la Chine et du Japon : c’est là uniquement le sujet de ces observations. La finesse, la douceur et la force du papier qui se fait à la Chine, lui ont fait donner souvent le nom de papier de soie; c’est par cette raison que plusieurs personnes ont cru que ce papier étoit réellement de soie. Mais si vons l’examinez avec soin, vous remarquerez que la substance de ce papier est purement végétale. La soie et toutes les substances animales brûlent sans s’enflammer, se crispent , se racornissent, exhalent une vapeur oléagi- neuse et une odeur désagréable. Il n’en est pas de même du coton et des fibres des plantes ; si on les présente à la lumière d’une bougie , ils s’enflamment , et le suc rési- neux qu’ils contiennent entretient la flamme jusqu’à ce que la substance soit consommée. Or, le papier de la Chine a cette qualité; par conséquent ce n’est pas un papier de soie, mais plutôt une pâte tirée des végétaux, tel que notre papier de chiffon dont on se sert en Europe. Cependant le P. du Halde rapporte formellement que l’on ramasse à la Chine les coques de vers-à-soie qu’on a mis au rebut pour faire du papier. Mais si ce que dit le P. du Halde est vrai, ce ne peut être que dans une D HS A N T'ES. 309 très-petite partie de la Chine que l’on fait du: pareil papier. Dans l'Histoire des Voyages , nous lisons que les Chinois écrivoient autrefois sur des petites planches de bambou passées au feu , et soigneusement polies , mais couvertes de leur écorce ou de leur peau : on tailloit les lettres avec un ciseau , et de toutes ces petites planches, pressées l’une sur l’autre, on formoit un volume. Mais de pareils livres, comme vous pouvez bien vous l’ima- giner, devoient être d’un usage fort difficile. On lit dans les Lettres édifiantes, que larbrisseau ap- pelé éongt-sao ou tons-tomou , est celui qui sert à la Chine pour faire du papier. Actuellement le papier ordi- naire de la Chine est formé de la seconde écorce de bam- bou, délayée en pâte liquide par une longue trituration ; il est collé comme notre papier , pour empêcher qu’il ne se flue; et c’est avec l’alun qu’on lui donne eette prépa- ration. Sur la fin du 1.€f siècle de l’ère chrétienne, un grand Mandarin du Palais trouva le secret de réduire en poudre fine l'écorce de différens arbres, les vieilles étoffes de soie et les vieilles toiles, en les faisant bouillir dans l’eau , pour en composer diverses sortes de papier. Dans la province de Se-Chuen, le papier se fait avec le chan- vre. Kast-Song, troisième Empereur de la grande Dy- nastie de Tang , à la Chine, fit fabriquer avec cette plante un excellent papier, qui servoit uniquement pour ses ordres secrets. Dans la province de Fokyen, le papier se fait avec le bambou; dans les provinces septentrio- nales ; avec l’écorce de mürier; et dans celle de Che- kiang, avec la paille de riz ou de froment ; dans celle de Hu-quang , l'arbre chu ou le kw-chu fournit la princi- pale matière du papier ; on nomme ce papier ÆKwchi : V 3 310 MANUEL ÉCONOMIQUE il est fort en usage, et est uniquement composé de la pellicule intérieure de l'arbre dont je viens de vous par- ler ; lorsqu’on casse les branches de cét arbre, l'écorce se pèle facilement en longues courroiés, comme autant de rubans : ses feuilles ressemblent beaucoup à celles du mürier sauvage; mais le fruit a plus de ressemblance avec la figue. Ce fruit sort des branches sans aucun pédi- cule ; s’il est arraché avant sa parfaite maturité, la plaie donne un jus laiteux comme la figue : en un mot, cet arbre a tant de rapport avec le figuier et le mürier , qu’il peut passer pour une espèce de sycomore. | Quand on fabrique du papier à la Chine, on emploie aussi quelquefois la substance toute entière du bambou et de l’arbuste qui porte le coton; on tire des plus grosses cannes de bambou, les rejettons d’une année, qui sont ordinairement de la grosseur de la jambe. Après les avoir _ dépouillés de leur première peau verte, on les fend'en pièces droites de six ou sept pieds de long, pour les faire rouir pendant une quinzaine de jours dans ün-étang bour- beux; on les lave dans l’eau claire , on les étend dans un 4 « à ' : » A s fossé sec, on les y couvre de chaux; peu de jours après, on les lave une seconde fois; on les réduit en filasse, on les fait blanchir et sécher au soleil, on les jette dans de grandes chaudières , et après qu’ils ont bouilli forte- ment, on les pile dans des mortiers jusqu’à ce qu'ils soient réduits en une pâte fine. On peut emp'oyer à la Chine ; comme réellement on emploie, plusieurs plantes pour faire le papier; on y préfère cependant les arbres qui ont le plus de sève, tels que le mürier, l’orme, le tronc du cotonnier ; on-lève d’abord légèrement la pellicule extérieure, en forme de DES PLANTES. 311 longues courroies, on la fait blanchir ensuite dans Peau et au soleil, et on l’emploie comme celle du bambou. Il croît sur les montagnes et les lieux déserts de la Chine une plante qui produit des ceps longs et minces comme ceux de la vigne , et dont la peau est extrême- ment fine. Cette plante se nomme Lau-1ong ou ko-tang : ses branches , qui sont à-peu-près de la grosseur des ceps de vigne , rampent sur la terre ou s’attachent aux arbres; si on trempe ces branches quatre ou cinq jours dans l’eau, il en sort un jus onctueux qu’on prendroit pour une espèce de glu ou gomme dans la pâte avec laquelle on fait le papier , ayant sur-tout attention de n’en mettre qu’une dose proportionnée ; on bat ce mélange jusqu’à ce qu’il tourne en une gau grasse et épaisse ; on jette cette eau dans de grands réservoirs composés de quatre murs de trois ou quatre pieds, bien cimentés et mastiqués, pour empêcher la filtration. Ce sont là les cuves où les ouvriers puisent avec leurs formes les feuilles de papier. Quand à la Chine on veut coller le papier à écrire, le lustrer, lui donner du corps, et empêcher qu’il ne flue ou qu’il ne boive l’encre , on le fait tremper dans une eau de colle et d’alun. Cette opération s'appelle dans le pays fanner le papier : on hache pour cet effet très-menu six onces de colle commune bien claire et bien nette, on la jette dans douze écuelles d’eau bouillante, on la temue avec soin pour empêcher qu’elle ne se forme en grumeaux ; on y fait ensuite dissoudre douze onces d’a- lun blanc et calciné, on met ce mélange dans un grand bassin traversé par une baguette ronde et lisse ; on prend la feuille de papier au moyen d’un bâton qui est fendu d’un bout à l’autre; on la laisse tomber doucement dans V 4 312 MANUEL ÉCONOMIQUE la liqueur pour y tremper , on la retire en la faisant glis: ser sur la baguette qui traverse ce bassin ; après quoi ou da suspend , en engageant dans un trou de muraille l'extrémité du bâton sur lequel elle est placée. Tel est à- peu-près le procédé des Chinois, dit Lalande dans son art de faire le papier, pour parvenir à la fabrique du leur, qui plaît universellement , tant par sa finesse , que par sa force et sa grandeur, et auquel on ne peut faire d’autre reproche que celui de n’être pas aussi blanc que Îe nôtre. Les formes, c’est-à-dire , les moules avec lesquels on puise dans la cuve pour en former les feuilles, se font avec des fils de bambou tirés aussi fins que les fils de laiton, au moyen d’une filière d’acier ; on les fait bauil- lir dans l’huile jusqu’à ce qu’ils en soient bien imprégnés, afin qu’ils ne s’enfoncent pas plus qu’il n’est besoin pour prendre la surface de la liqueur , et que l'humidité ne les étende plus. Les Chinois font du papier qui a quelquefois soixante pieds de long; il doit être très- difficile de former des câdres de cette longueur, et d’avoir des cuves assez vas- tes pour pouvoir les y tremper : on pourroit bien faire ces câdres en plusieurs pièces, et les réunir avec art dans l'instant même où on les couche; mais ce n’est cependant pas là le procédé de la Chine. Quand on y veut faire des feuilles d’une grandeur extraordinaire, on soutient le câdre avec des cordons et une poulie ; des ouvriers tout prêts à tirer chaque feuille, l’étendent dans l’intérieur d’un mur creux , dont les côtés sont bien blanchis, et dans lequel on fait entrer, par un tuyau, la chaleur d’un fourneau dont la fumée sort à l'autre bout par un petit soupirail. Cette espèce d’étuve RE ét nn cr | 2 5 SMEUÉ A NL E S° 313 sert à sécher les feuilles presqu’aussi vite qu’elles se font. Après avoir parlé du papier de la Chine, je passe à celui du Japon : chaque année , après la chüûte des feuilles d’une plante nommée £aad-si dans le Japon, et connue en botanique sous le nom de papyrus fructu mort celsae , ‘sive morus sativa foliis urlicæ mortuæ , corticepapyri- fera 8 on en coupe les jeunes rejettons qui sont alors fort gros , de la longueur de trois pieds au moins, et l’on en fait des paquets pour les mettre bouillir dans l’eau avec des cendres ; s’ils séchent avant le tems de les faire bouil- lir, on les met dans de l’eau commune pendant vingt heures , pour leur rendre de lhumidité. On lie ces pa- quets fortement ensemble , et on les met debout dans une grande et ample chaudière, qui doit être bien couverte ; on les fait bouillir long-tems ; de manière que l’écorce, en se retirant, laisse voir à nu un demi-pouce du bois à l’extrémité de chaque pièce : on les laisse ensuite ré- froidir à l’air ; on Les fend pour en tirer l'écorce , et l’on fait tremper cette écorce dans l’eau pendant trois ou quatre heures : l’écorce étant ainsi ramollie , on ratisse . la peau noirâtre qui la couvre, et lon sépare en même- tems l’écorce forte qui est d’une année de crû , de lé corce mince qui a couvert les jeunes branches : la pre- mière donne le papier le plus blanc et le meilleur ; la dernière donne un papier noirâtre d’une bonté passable. -S'il y a de l’écorce de plus d’une année mélée avec le reste, on la trie de même, et on la met à part, parce qu’elle forme le papier le plus grossier et le plus mauvais de tous; on sépare de même les parties noueuses ; 2r0S- sières et défectueuses pour former le papier le plus gros- sier. L’écorce étant suffisamment nettoyvée, préparée et rangée suivant ses différentes qualités ; on la fait bouillir \ ? | 314 MANUEL ÉCONOMIQUE dans une lessive claire; pendant le tems de l’ébulition, on la remue avec un gros roseau , et l’on y verse de tems à autre de la lessive claire pour abattre les bouillons et réparer les pertes de l’évaporation : on laisse bouillir ces écorces jusqu’à ce que, touchées lésèrement avec les doigts, elles se dissolvent et se séparent en forme de bourre ,; ou comme un amas de fibres décomposées. Pour faire la lessive dont on se sert pour l’ébulition de l’é- corce,on met deux pièces de bois en croix sur une cuve, on la couvre de paille; on met sur cette paille des cén- dres mouillées, on y verse de l’eau bouillante, qui , à mesure qu’elle passe au travers de la paille pour tomber dans la cuve, s’imbibe des particules salines de la cendre, et forme cette lessive où l’on jette la matière du papier ; on lave lécorce qu’on a fait bouillir dans cette lessive ; mais cette opération est fort délicate : si on ne lave pas l'écorce, le papier est fort et a du corps; mais il est grossier et a peu de valeur, si on le lave trop long-tems : le papier en est à la vérité plus blanc ; mais il est fluant et peu propre à écrire. On lave dans la rivière la pâte de l'écorce lessivée, au moyen d’une espèce de van ou de crible, au travers duquel l’eau coule, et on la remue continuellement à force de bras, jusqu’à ce qu’elle soit délayée à la consistance d’une laine ou d’un duvet doux et délicat. Quand on veut avoir du papier fin, on lave cette ma- tière une seconde fois, et on se sert pour lors d’un linge, au lieu du crible; on a soin en même-tems d’ôter les nœuds, la bourre et autres parties hétérogènes que l’on met à part pour les moindres espèces de papier. La ma- tière bien lavée se place sur une table de bois fort épaisse et bien lisse ; deux ou trois personnes l’y battent D'E S PL A N TE S 315 ‘ensuite avec des bâtons d’un bois très-dur, appelé &us- noki, jusqu’à ce qu’elle soit si déliée, qu’elle ressemble à du papier, qui, à force de tremper dans l’eau, est réduit comme en bouillie, et n’a presque plus de consis- tance. L’écorce ainsi atténuée , se met dans une cuve avec l’infusion glaireuse et gluante du riz, et celle de la racine d’orenz, que Kempfer nomme alcea radice vis- cosa, flore ephemero magno puniceo. L’infusion de cette racine est aussi très -glaireuse et très-gluante ; on agite ce mélange avec un roseau, jusqu’à ce-que les trois ma- tières soient bien mêlées , et forment une substance li- quide et égale. On se sert pour cette opération d’une cuve étroite; après quoi on verse cette pâte dans une cuve plus grande, à-peu-près semblable aux cuves dont nous nous servons pour notre papier. On tire de cette cuve les feuilles une à une avec des moules qui sont for- més de jonc ; on appelle ces moules 15; on met ces feuilles en pile sur une table couverte d’unedouble natte, et l’on met entre chaque feuille une petite pièce de roseau qu’on laisse un peu déborder. On couvre chaque pile d’une planche de la largeur des feuilles, et on met par-dessus des poids de plus en plus forts par degrés, pour en exprimer l’eau : le lendemain on les ôte ,on les lève une à une , avec un petit bâton , et avec la paume de la main, on les jette sur des planches longues et rabo- teuses faites exprès. Les feuilles s’y tiennent aisément à cause de l'humidité qui leur reste ; on les expose en- suite au soleil, et quand elles sont entièrement sèches, on les met en monceaux, on les rogne tout au tour , et on les garde pour s’en servir. 316 MANUEL ÉCONOMIQUE D'IS'S ER TA TON Sur les Plantes propres à remplacer le Tan. O: appelle proprement fan l'écorce des jeunes chênes réduite en poudre ; quand il est brut, on l’emploie dans les tanneries pour la préparation des cuirs; ensuite il peut servir dans les serres chaudes pour échauffer la terre, où on a planté des ananas et autres plantes origi- paires des pays chauds, et pour lors on lui donne le nom de ian préparé. Lorsque le tan, après avoir séjourné long-tems dans les fosses à tanner, a subi la fermenta- tion , il peut servir à faire des mottes à brûler pour le chauffage des pauvres. On nomme boës pelart le bois de chêne dépouillé de son écorce ; il n’est propre qu’aux rôtisseurs , pour faire du feu clair : voyez ce que nous disons du chêne dans notre Prssertation sur la Flore économique de la Lorraine. Quoiqu’on préfère, dans les tanneries, l’écorce des jeunes chênes pour préparer les cuirs, cependant on peut encore employer d’autres vé- gétaux : nous allons rapporter ici les principaux. 1. Erica tetrahix. La bruyère velue. On a présenté à la ci-devant Académie des Sciences des veaux très-beaux ; tannés avec les tiges des bruyères pulvérisées. 2. Betula alba. Le bouleau. L’écorce de bouleau s'emploie par les tanneurs. DES PLANTES. 317 ta Quercus haliphleos. Le chêne velu. Les tanneurs pourroient employer son écorce. 4. Pinus abies. La pesse. Son écorce peut servir à tanner les cuirs. er Dans notre Flore économique de la Lorraine , nous avons rapporté les plantes suivantes, propres à remplacer le tan. 1. Aorimonia eupatorium. L’aigremoine des boutiques. . 2. Alchemilla vulgaris. Le pied-de-lion des Alpes, 3. Arbutus uva ursi. La bousserole. 4. Carpinus betulus. Le charme. 5. Erica vulgaris. La bruyère. 6. Genista scoparium. Le genêt à balais. 7. Lysimachia vulgaris. La corneille. 8. Nymphæa alba. Le nenuphar blanc. 0. Pimpinella officinalis. La pimprenelle. 10. Plantago lanceolata. Le plantin lancéolé. 11. Plantago major. Le grand plantin. 12. Plantago media. Le plantin moyen. 13. Polygonum hydropiper. La curage. 14. Potentilla anserina. L’argentière. 15. Potentilla reptans. Quinte-feuille commune. 16. Pyrus communis. Le poirier sauvage. 17. Rubus fructicosus. La ronce commune. 18. Rumezx acetosa. L’'oseille des prés. 19. Rumex acutus. La parelle. 20. Ruscus aculeatus. Le petit houx. 21. Salix alba. Le saule blanc. 22. Salvia pratensis. L’ormin des prés. 23. Spiræa ariüncus. La barbe de chèvre. 24. Symphytum officinale. La grande consoude, 25. Tormentilla erecta. La tormentille. 318 MANUEL ÉCONOMIQUE 20. Trifolium arvense. Le pied-de-lièvre. 20. Vaccinium myrtillus. L’airelle. Avant de finir cette dissertation , nous observerons qu’un particulier de Londres a tanné des peaux de chè- vres et de veaux, pour l’usage des relieurs, dans la marne chaude d’une eau où l’on avoit fait euire des arti- chaux : ce moyen a aussi bien réussi que si l’on s’étoit servi de galles blanches ou de l’écorce de saule. La feuille de prunellier, bouillie dans une décoction d’eau d’orge détrempé, pour en faire de la drêche, est également efficace pour pénétrer ces veaux de la matière végétale propre à leur destination. Par des expériences faites sur la racine de l'iris jaune, il est constant qu’elle produit le même effet que la meil- leure galle blanche, qui est bien supérieure en force et en beauté au tan que donne la meilleure de toutes les écorces. Quelques-unes de ces peaux ont été teintes en rouge, en jaune et en bleu, et elles se sont trouvées presque aussi belles que le marroquin , et très-peu inférieures aux cuirs de Lisbonne. F L'O'R A ŒCONOMICA, ART O D E CaArozo LéL'N ON AE O: ne te pu) salsa planta, pecoribus gratissima. Aceto præparata, in Anglia, uti portulaca, cum acetariis editur. Ray. hist. 211. Souda Hispanorum vitriariis inservit. It. got. 260. 2. Ligustrum. Sepibus hortorum operique topiario præstantiorem vix habemus fruticem. Præstat ligustrum ex Insula Orost, quam ab exteris accessere regionibus. I£. West. 192. Vinum, baccis tinctum, nigrum evadit; colorem alias rubrum cærulescentem e baccis eliciunt chartulanum lusoriarum confectores. Raj. hist. 1603. 3. Veronica succedaneum Theæ vulgi. 4. Veronica, priori’, loco Theæ, præstat. Act. Berol. 5. Pinguicula flavedine crines tingit, gumique instar capillis contorquendis inservit. Sim. Paul. Succus tumores et fissuras uberum vaccarum sanat. Raj. Lac compactum Lapponum tætm- jolck hujus foliis præparatur F1. Lapp. 11. ovibus noxia : pedi- _culos decoctum fugat. Ir. Got. 238. 6. Lycopus, exsiccatus et coctus cum vitriolo, nigro inficit colore. 7. Anthoxantum suayeolens odorem fœno gratissimum conciliat. Scheuchz. gram. 239. 8. Valeriana. Radix felium amasia. 9. Valeriana. Folia primo vere pro acetariis colliguntur. 10. $choenus. paludes profondas et cespitosas fœcundas reddit, Folia demetuntur in Gothlandia , hisque domus teguntur. If. Got, 230. Insulæ natantes ex hujus radicibus deducuntur. Seuchz. gram. 377. Radices turfas seu cespites generant. ibid. 320 MANUEL ÉCONOMIQUE 12. Scirpus, luxuriante reptatu, silvas steriles fœcundas sæpe reddit, 12. Scirpus. Uti sequens lacuum et fluviorum ripis , ita hic ma- Haies fertilitetem adfert,. 13. Scirpus tuguriis tegendis aptissimus ; Smolahdi vero e0 “clitellas farciunt. Pro pabulo boum meritur. ae Scirpus Suum deliciæ. Kam. Bah. 183. 204. . Scirpus turfas cespitosas plerasque in plaudibus profundis ne FI. lapp. 20 7 Difficile putrescit, et in humum transit. Ibidem À 16. Ériophorum. Ex seminum pappo pauperes Dore confi= ciunt. FI. lapp. 22. 17. Nardus invisum gramen fœni messoribus ; falcem enim sæpius eludit. 18. Phalaris eximium pabulum locis ripis adjacentibus. 19. Phleum pabulum optimum; non tamen prosmiscue. 20. Âlopecurus. Vix datur gramen suecicum, quod majori cum fructu udis et subsiccis seratur locis. Ir. @L, 90. 150. 21. Panicum in agris nimis luxuriat. 22. Milium suaveolens pellit insecta et tineas. Ir. GL. 6o. .23. Agrostis purgat fistulas tabacinas. FI. Lapp. 44. Lætum pa- biluen à in aridis. 24. Aira locis fertilissimis præstantissimum pabulum Act. Stock. 1742. p. 80. Hinc a cuprimontanis Dalekarliæ maxime colitur. 25. Aira pabulum mollissimum. 26. Aira pro corollis suaveolens. rt. West. 145. Pellit tineas. 27. Poa maximum et præstaniissimum pabulum ïin aquosis. fr. West. 44. 160. 28. Poa frequéntissimum pabulum in campis, intactum vero post florescentiam , relinquitur à pecoribus. 209. Cynosurus. Inde saltus tritonum. It, GI. 66. Got. 255. 30. Bromus abundat in agris sterilibus , in augmentum frumenti pro pauperibus. 31. Bromus altissimum et fertilissimum pabulum in pratis. 32. Bromus pabulum in aridis. 33. Fetusca anserum et boum cibus. Grammen mannæ esculen- tum prutenicum. Loës. Pruss. 108. 34. Festuca pabulum præstans in humo spongiosa et fœcunda. Act. Stockh. 1742. p. 62. ” 35. Festuca oves primario alit. T4. GI. 72. Got, 256. 284. 36, DES PLANTES. 33? 219. Salix ambulacris et sepibus vivis conducit, sed locis humi- dis , ubi citissime crescit. It. œl. 12. Seligendi mares, ne pappo depravent agrum. Flores apibus gratissimi. ibid. Lignum leve et album capisteriis, thecis et arculis aptum; loco vero cotis ad aculendos et poliendos cultros mensarios eximium est. Raj, hist. 1425. FI. Su. 812. 220, $alix. Frutex ad sepes vivas et ad arcendum ventos omnium prestantissimus ; facile plantatur eodem solo ac reliquæ. Rami ad corbes per eximii habentur. FI. Suec. 813. 221. H ippophaë, Baccæ acidissimæ pro robe Alandis in usu sunt. F1. lapp. 372. 222. Viscum. Frutex arbores inhabitans semper virescit; arbori- bus autem nocet : propagatur dum turdi sibi ipsi malum < cacante Ex baccis viscus præparatur. ‘ 223. Myrica loco humuli in cerevisia olim frequens fuit, nunc autem seposita, cum eo efficit. Arcet tineas et pedi- culos. 224, Humulus juxta domos hodie communiter plantatur. Tu- riones primo vere uti asparagum quidam comedunt. Coni exsic- cantur ad præservandam cerevisiam ab acescentia, Caules aqua macerati in filamenta , uti cannabis , transeunt. 225. Populus. Luci præcipui ex hac arbore. Citissime crescit, nimiumque multiplicatur et radicibus repit. Folia gratum præbent pabulum equis et ovibus. Cortex viridis et fumus gryllos pellit. 144 œl. 84. E cortice cibus primarius castorum. Lignum album, leve, glabrum , molle elaboratur ad clitellas , vasa lactea , lacus ampho- ras, vasäque majora ; præcipue adhibetur ad oscilla tendicularum, quæ non laxantur, trabesque in cellis. Dañlm. œcon. 53. Lignum exsiccatum in sepimentis diu durat, In foco cito comburitur , mi- nus calefacit, Vere aquam stillat. Rosenst, 15. F1. Suec. 810. 226. Populus pro ambulacris in hortis. F1. Suec. 820. . 227. Populus nitidissima pro ambulacris. FI. Suec. 821. 228. Mercurialis homini et ovibus noxia. 220. Juniperus, Baccis rustici utuntur in infuso loco cerevisiæ, sed debilitat genua ; pro suffimigiis adhibentur in domo, uti et ra- mi in peste ; Resina a formicis colligitur. E baccis rob elicitur. Cortex ad funes idoneus. Pali præstantissimi sepimentis. Sepi- mentae ramis in Scania australi. E Zigno grati canthari confciun- tur. Floret cum Pado et Brama. Curbones diutissime ignem alunt. 230. Taxus operibus topiariis pulcherrima in hortis. Baccæ ante Ÿ { 338 MANUEL ÉCONOMIQUE biennium non germinant; præstai nostrates serere , quam exoticaa; Ligni materies tenax, dura et glaberrima, hinc ARE rotarum aptam. Dahlman. Tapeta inde pulcherrima. Ir, Got. 223. 231. Fraxinus Frondes avibus et equis inserviunt. Lignum tenax, obediens seciioni durum præsertim locis fœcundis, ita ut super- ficies antecellat quercum duritie ; hinc ad instrumenta opificum, duritie ; hinc ad instrumenta opifieum, ephippia, cratés, rotas, axes, instrumenta Physica, cochlearia , manubria, capita pectinum pratorum ; præcipue ad vectes ( bastodie ) curruum adhibetur. Tr. œl. 49. Hujus tantum plantatione, angusto licet loco, Carolus Anglus lucrabatur 100000 ducatos. ÆEvelyn. Celerrime crescit. Ir. Mest. 03. 232. Empetrum. Baccæ ab ovibus et vulpibus comestæ excrementa purpurea reddunt; forte igitur tinctoriæ, Leche : a pueris devoratæ céphalalgiam efficiunt. Rami in hortis defossi aquam permeabi- lem faciunt. ONE 233. Hquisetum ab ovibus prægnantibus nimium comesturh abortum producit. F1. Suec. 833. 234. Equisetum vaccis utilissimum foœnum. F1. Suec. 836. 235. Equisetum. Fabri hoc ipso pectinens, manubria , sciponesi, metalla lævigant et expoliunt. FI. Suec. 838. 236. Preris. Folia pro culcitris equisque substernendis in Dania. Æ cineribus aqua coctis, globulos faciunt Angli lotricibus, loco smegmatis. Raj. hist. 149. Ligni inopia usurpatur in Anglia, cum ucar flamma calidissima. Tbid. 237. Lycopodium. Decocto lavantur sues et boves pediculis pressi. Flor. Suec. 857. 238. Lycopodium ad storeas in RE idoneum. Spicarum pollent in physicis experimentis pro fulgurationib us adhibetur , ne aqua madescit. FI. Suec. 859. 230. Lycopodium fulvo tingit colore. FI. Suec. 860. 240. .Sphagnum feminis Lapponicis inservit pro linteis in cunis infantum. F1. lapp. 415. 241. Polytricum lectus Lapponum in silvisoberrantium. F2 lapp. 395. Ab ursis pro hibernaculo colligitur. Westrogothi inde scopas _ fornacium conficiunt. Ir. Mest. 93. é 242. Hypnum ad obstruendas rimas parietum adhibetur. 245. Bryum. Pedunculi hygrometrum præbent. 244. Mnium fontes frigidos indicat. Is. Mest. 265. F1. lap. 4r4. DES PLAIN T ES. "839 245.Lichen petris marmoreis nec saxis insidet , runarumque lec- toribus invisa est. Ir. Golt. 183. F1. Suec. 937. 246. Lichen‘tingit purpureo colore, indeque Boréosiensium Bottelet, It. West, 146. F1. Suec. 942. 247. Lichen purpureo inficit colore. ŒZ. 30. 101. Golt. 209. habitat in saxis non marmoreis. ibid. F1. Suec. 946. 248. Lichen pulcherrimo purpureo tingit colore. If. œl. 132. FI. Suec. 949. 249. Lichen pro Dülvere Cyprio inservit. FI. Suec. 954. _ 260. Lichen cocta vel pista esculenta est. F1. Suec. 959. 251. Lichen uteo tingit colore. It. œl. 101. Got. 209. F1. Su. 967. 252. Lichen loco pigmenti tousch utilis. F1. Suec. 96). 253. Lichen rangiferorum pr'imarium pabulum hibernum, inde- que fundamentum œconomiæ Lapponicæ. F1. Suec. 980. ; 254. Lemua anatum cibus. 255. Fucus Suum pabulum farina adspersum. Usum pro tectis I. æl. 69. 102. inde color ruber. Golt. 207. F1. Suec. 1002. 256. Fucus saccharum præbet. Barth. Act. 4, p. 150. F1. S. 1010. 257. Agaricus esca'pro sciuris capiendis ni laquearibus. F2. Japp. 517. F1. Suec. 1056. 238. Agaricus in cibum transit. F1. Suec. 1049. 259. Agaricus muscas necat cum lacte. Fl. Suec. 1076. 260. Boletusia vaccis devoratus, lac nauseosum reddit. FI. S. 1087. 261. Boletus subulas ferreas à Fabréiné præservat. Dahiman. FI. Suec. 1092. 262. Boletus. Fumo culices fugantur a Lapponibus ; pro fomite inservit. FL. lapp. 364. F1. Suec. 10096. 263. Phallus in magnatum cibis frequuns. 264. Lycoperdon oculis et stomacho venenum. F1. Suec. 1115. 265. Lycoperdon irritamentum gulæ. F1. Suec. 1116. 266. Mucor domibus et vaporariis noxius. Fl. Suec. 1117. 267. Mucor cibum corrumpit. FI. Suec. 1119. 268. Byssus luteo tingit colore , tineas pellit. F1. Suec. 1125. 269. Byssus aquas æstate inficit. FI. Suec. 1127. 270. Byssue noctu lucet. FI. Suec.1130. 271. Zostera rimis parietem obstruendis inservit. Ne « 3490 MANUEL ÉCONOMIQUE USUS MUSCORUM, AT DO: PME Éridie LIN N AEO. CAPUT PRIMU M. r A purman DAM plane in Regno Vegetabili œconomiam naturæ observamus, ubi arbores, plantæ, gramina et musci incolas admodum differentes constituunt; ut enim metaphora utar, in Systemate Naturæ , tom. 2. $. 4. adibita GRAMINA instar Rustici sunt, FILICES Novaccolæ, MUSCI cum algis Servi, FÜUNGI vero Mendici. In quibus HERBAE, eximüs ri- dentes floribus, MNobiles referunt, ARBORES sunt Magnates , externam ab aliis suo tegmine propulsantes injuriam ; in his PALMAE, velut Principes, nubibus insertant capita. Ex his, vis et robur R'egni vegetabilis, præprimis Graminibus innititur; re- liqua magis ad conservationem , ordinem et ornamentum concCur- runt. Ad singulas species dicere non attinet cui bono? ÇCuncta enim ita disposuit Deus, ut aliquem saltem preæstent usum, Syr. XLII : 26. Herbæ nobis medicinam et olera præbent; Arbores fructu nos delectant multiplici. Muscos autem rudis plebecula communiter inutiles judicat atque pro noxiis habet. Hinc Mus- corum indolem et usum paulo enodatius tradere , haud alienum duxi, Quid vero præstiterim, æquus Lector judicet. DES PLANTES, 341 ». MUSCORUM nomine plantas Cryptogamicas, capitulo membranaceo, Polline referto, comprehendunt Botanici : Ego vero cum vulgo Algas , utpote Lichenes, Marchantias , Junger- mannias , muscis heic adnumero. Difficillimum enim agnosca constantes invenire limites inter Mnia et Jungermannias, unde etiam Dillenius plurimas Algas, familiæ muscorum adscripsit. Musci perpauci, ad finem usque seculi proxime præterlapst, erant cogniti. Evolvatur Pinax Casp. Baukini, opus in epocha fundatorum botanices absolutissimum , ubi tamen vix XL occur- runt musci, iisque obscure satis descripti. Angli autem, ut Rajus Merret, Lhuyd, Doodius, Vernon ; Petiver, Bobartius , Budlerus , Richardson, Sherhard , du Bois , etc. circa finem præcedentis Seculi theoriæ muscorum fundamenta posuerunt. Huic autem ædificio exstruendo, Joannem Jac. DILLENIUM Hassum, fata scientia- rum destinarunt, qui Historia sua muscorum immortale sibi nomen peperit. In hac enim , numerum eorum ad species supra 600 auxit, -éasque penna sua adcuratissime descripsit et delineavit, stanno- que ipse adeo coneinne exsculpsit, ut nemo melius. Redegit eos præterea in formam systematicam, distinctis generibus et differen- tiis specificis, additis synonymis aliorumque scriptorum observatio- nibus. notatu dignis, ut ex muscis, jam maximum Botanicum, tanquam ex ungue leonem , agnoscere liceat. Peculiare hoc in muscis observamus, quod non, ut plantæ, æstate revirescant , nec, instar Furaorum ineunte automno delec- tentur, sed, hieme ipsa luxuriant, ut Aïemales merito audiant; æstate vero arescere ac velut intermori videantur. Exsiccati etiam, velut Anastatica, aquis immissi, revirescunt atque expanduntur ; sinouli præter unicam Buxbaumiam, suis gaudent foliolis. Pructi- ficatio maxime singularis, in plurimis mares et feminæ stellis capitulisque distinguuntur ; in Buxbaumia .autem anthera intra operculum distincta. 3. Ut plantæ floribundæ in Indiis et gramina in Temperatis maxime Jluxuriant : Ita ad polos Frigidos et Alpes, musci potissi- muim habitant, Alpes : 1im adscendentes , cessantibus sylvis, to- tam regionem quaquaversum patentem Lichenibus tectan, cons- picimus. Quin etiam in terris nostris borealibus vix ullum datur- terræ spatium, muscis vacuum , præter summitates alpium, bru- mali tempore nivibus obrutas altissimis. Musci inter plantas et gramina tegunt terram , ne nuda triste præbeat spectaculum , velut in sumnus alpibus, ubi rarissimæ passin herbæ absque Muscis Y 3 542 MANUEL ÉCONOMIQUE: in solo sabuloso et nudo comparent ; tegunt Hypna nudam et sabulosam terram in umbrosissimis silvis , quas solis radii pene- rare nequeunt, adeoque in ïis vix ulla planta, nisi parasitica esset, crescere valet. Tegunt lapides, qui denudati tristia refer- rent able. tegunt caudices ac tigna putrescentia , in terra. prostrata , ipsosque arborum truncos virentes structuris plane ad- mirandis, atque hi speciem hortorum amoœnissimorum curiosis præbent oculis. Paludes ac fossas implent easque in solidam ter- ram convertunt : Putrescentem aquam absorbent puramque præs- tant, adeo ut his destituta patria, non exiguo careret ornamento. Nos vero usum, quem musci aliquot nostris adferunt terris, sin- gularem Deiiier explicare conabimur. 4. USUS sane rerum, in commoda nostra ab optimo re eatore , conditarum varius est ac multiplex : ut enim in regno vegetabili maneam, plantæ nonnullæ vires in medicina exserunt , aliæ usum præstant œconomicum , in victu et vestitu parando, in ædificiis, agris, pratis, arte tinctoria , et sic porro. Alius earum conspi- citur usus in maxima illa Naturæ œ@conomia , ubi unum propter alteram, in sustentationem universi, est ordinatum. De his vero acturi nos, æque ac ali omnes, ad herbas ipsas perfectissimas merito obstupescimus , ad incognita potius multa, quam pauca nobis dudum patefacta, maxime in muscorum classe, adeo nuper detecta, et cujus objecta sunt minutissima, ad quæ vulous minus attentos convertit oculos. Excusabit igitur lector benevolus, quod pauca adferimus, reliqua posteris forte perspicacioribus, rimanda permittentes. C.A: PAU T1 1. Le RIQUE apud nos musci sunt exigui, à spithamo ad lineam vel etiam subtilitatem oculis vix observandam, exceptis Lycopodiis, quæ in India præsertim cûm fruticions certant , perinde ac Phlegmaria cum arboribus maxime proceris.. Omnes imusci nostri, saltem liquore humectati, sunt molles et plerique sempervirentes. Musci ejusdem sunt indolis aique Elymus arenarius et Arundo arenaria , in arena sua volatili; AEstivo enim tempore, lumum dædaleam subtilissimam, ventis agitatam, et fumi instar volitantem, ubi decidit, musci retinent, quæ locum sterilem hoë ” L2 . ‘Bi SN TE À NT EB. 1 343 modo pinguem reddit ad sepimenta et saxa alioquin devolvenda, ubi herbæ eam ob caussam lætius crescunt. Hoc igitur respectu muscus in Politia Naturæ eximiam habet utilitatem. 2. Decrescente in ripis maritimis aqua, rupes et saxa denudata Bysso saxatili primum canescunt, qui PRIMUS existit GRADUS VEGETATIONES; inde Lichenibus colorantur ac vestiuntur Le- prosis, qui tn tenuem putrescunt terram, ut dein Lichenis imbri- cati radices agant. His postea Hypna et Brya inseruntur, humum collectura dædaleam; donec hi lapides, herbis aliquot hospitia et alimenta præbent, pari, atque terra reliqua, ornatu super- bientes. | 3. In PALUDE profundiore aut stagno, ad ripas crescit Sphag- palustre ; Mnium triquetrum ; Bryum paludosum , æstivum-et squar- rosum ; Hypnum aduncum , scorpioides , riparium , cuspidatum , etc. Imprimis vero Sphagno palustri et Mnio cuspidato stagnum to- tum, in paludem concrescit turfosam, euntibus ac vehentibus aptam #tandemque nätura vel arte, in pratum abituram ferti- lissimum , ut taceam Cæspites pro foco, qui apud nos maximam partem prædictis Muscis suam debent originem et matricem. 4. AESTATE, defñciente sæpe per æstum humido, vegetabilia arescunt. Musci vere exurentes solis arcent radios, unde majores horum ardentissimo sæpe æstu radices Herbarum servant humi- das. Hinc edocti HORTULANT, ad plantas juniores et tene- riores conservandas, ollis suis muscos imponunt, eosque in hortis botanicis lubentissime plantarent , ut his areolas ac puvillos te- gendo, difficilem irrigationis laborem levare et minuere possent. 5. Radices plantarum in pratis HIEME pellis instar operiunt ac tuentur musci, ne summo exurantur frigore. Unde hortulani quoque rariores per hiemem plantas, muscis impositis, conser- vant. 4 6. Muscis, Verno tempore imprimis, indigenæ servantur her- bæ, ne gelu radices evellantur. Notum est climatis nostri incom- modum, quod, plantarum in hortis aut agris sponte nascentiu:4, radices minores , humo præsertim grossiore et magis bibula aut paludosa ubi dies vernali calore terram mitigant, nocturna autem frigora constringunt , post aliquot dies solo extractæ exarescuni ; quod malum tamen musci super impositi avertunt atque impediunt. Semina Abietis in horto academico pro sepimentis vivis, à N. D. Præside terræ primum commissa, Cannabis more densius creve- Ÿ 4 # mm. \ ? 344 MANUEL ÉCONOMIQUE runt primo anno; sequenti autem tenellæ radices , injuria cœli: vernalis evulsæ , omnes perierunt. Iterum vero satas Abietes vere. insequente muscis obruendo servavit. Hæc igitur functio musco- \ rum non est exigua in œconomia Naturæ. 7. Queritur vulgus PRATA sterilia videns muscis obsita, her- bas his advenis excludi et nutrimentis privari; sed pari jure pilos et plumas animantium nutritionem imminuere dixeris. Rudis enim plebecula naturam eminus respicit , ideoque properante nimis fallitur judicio. Muscorum certe nullus, ( præter sylvatica Lycopodia rarissima, heic non consideranda) transversum digitum, immo sæpe vix linéam, radicibus terram penetrat, neque adeo mapis ullam excludit'herbam, quam herbæ proceras arbores, ra- dicibus suis terræ profundius inhærentes. Musci igitur pratis 20-: cere nequeunt ; sed potius pratum editius et sterile, his plane des- ütutum, herbas ostendit miseras, longo inter se spatio , nudo ac deformi solo, velut in alpibus, distantes, quarum radices aut À æstas exuret, aut hiems franget, aut ver evellet penitus. Falluntur 4 ioitur Fr ES nostrates, dum inopiam in prauis PR grami-, À num et herbarum innoxiis imputant muscis. Exstirpantur enim À ibi herbæ et gramina , quia faice demetuntur ante maturata se- . ne ina, ut gratum pecoribus evadat fœnum; quia falce secando ad radices accessit propius; quia pecora verno tempore surgentes depascuntur stolones ; quia autumno eadem: corculum radicis morsu arrodunt; quia pecora vere et autumno , molli terra, con- culcant aut conterunt radices; quia pratum quotannis exsugitur, et nunquam stercoratur; immo ne quidem quiescit , donec suis ve- getabilibus confirmata humus atque fuerit aucta. Heïc igitur, præter muscos, nil crescere potest. Tolle muscos, et non multi- phcabis herbas; sed, quæ supersunt, vel gelu verno evelli, vel. æstivis siccari ardoribus, vel frigore hiemis perire videbis, paucas autem zesiduas, musci, quantum fieri potest, servant. Semiua aliarum plantarum muscis illapsa , à frigore ét æstu hic din jacent illæsa , faciliusque vegetantur , ob humiditatem muscorum ad ra- dices plerumque observatam. Hincetiam, plerarumque arborum, e. g. Quercus, Coryli, Fagi, Abietis, Pini, semina hawd facile sine inuscis plantari videmus quotidie. Nullus mortalium sane ullam berbam aut gramen unicum muscis exterminatum wvidit ; Herbæ autem muscos expellunt quotidie. Non alia melins arte tolluntur musci, quam si, solo stercorato , herbarum augetur ali- mentum, quo non magis, quam pecora, carere possunt. Hertæ DE SUURUL A NT ES. 345 autem multiplicatæ muscos statim expellunt, terræque, pro flava, viridem conciliant faciem. 8. Si Radix aut lignum humidæ inhæret terræ , in aqua con- tinua non facile putrescit. . Hinc gelu vernali, in aërem elevatur edacem, cum aliquantula humi particula. His vero per æstatèm exsiccatis, mox inseritur Polytrichum cum aliis muscis, unde gibber oritur. Gibberis terrestris ( T'uf. )} enim apud nos præ- cipua origo paludosæ debetur humo, gelu elevatæ, maxime ub! radix subest juniperina, quæ resina sua balsamica putredini re- sistit. In muscis. humus colligitur volatilis, unde gibber com- pactus redditur. Et cum in paludibus hæc maxime fiant, ubi terra est mobilior, maxima quoque in his Gibberum est copia, - quibus ad quartam plus minus ulnæ partem paludes totæ elevan- “ tur, usquedum in pratum mutentur. 9. Quid in ARBORIBUS musci cfficiant, non adeo facile’ de- terminatur, Lichénes , in arboribus depressiori et humidiori loco natis , copiosius- quam in ceteris, luxuriare videmus; utrum vero truncum à frigore defendant, an vero, ut œstra in pecudibus et pediculi in pueris, fonticulos præstent , alii judicent. Oderunt : hos valde hortulani in arboribus fructiferis, jure ne an injuria, ipsi disputent. Ceterum Helicè nemorum muscos heic commode ex- stirpari docet Îter Scan. p. 284. 10. Ad specialiores muscorum usus, adhuc parum cognitos, sed quantivis pretii, -considerandos fripidissimæ nostræ nos dedu- cunt regiones. Lappouia sane theatrum muscorum præbet am- plissimum. Teguntur, ut diximus, Indiæ Arboribus semperviren- tibus ; in plagis australibus temperatis floriferæ luxuriant Herbæ ; in ftemperatis frigidioribus multiplicantur Gramina; in Polaribus gelidis Musci abundant. Nam ut terræ calidiores plurima habent animalia mammalia, sine pilis, nuda; frigidiores vero eadem fovent magis pellita : ita tellus in climate frigidiore |, muscis, velut vestibus utitur pelliceis ; in calidiore vero his plerumque destituitur. 11. Maxima pars LAPPONIAE sylratices campis constat arenæ Glareæ horizontalibus, qui omres LICHENE rangiferino et pau- cis als, quasi nivibus contecti, albicant; rupes albent Lichene centrifugo , et spatia sub fruticibus Lich : arctico. Latera quidem Lapponiæ alpestris sylvis ornata sunt, his vero peragratis, ad tota sæpe miliaria,, alpes altiores, solo fere Lichene rangiferino conteguntur, donec ad ipsa perventum fuerit cacumina alpina, 346 MANUEL ÉCONOMIQUE quæ muscis vacua, pauculas ostendunt plantas longe discretas et segregatas. Cervi Tarandi, quibus alendis, Lichen rangiferus potissimum est destinatus, patriam heic inveniunt, ubi bene, His cicuratis, totam fundarunt œconomiam Lappones, qui Cereris et Bacchi expertes, sub Pane tantum vitam agunt pastoream cum Rangiferis, quos nocte dieque in pascua ducunt, ubi, altissimis licet per hiemem nivibus, suillo more, Lichenem suum rostris petunt Rhenones. Ex his, Lappones lé, caseum, carnem potis- simum , véstem, lectumque habent, adeniue lichenibus dictis, omnes fere sustentantur Lappones, qui aliis in regionibus vitam tolerare vix queunt. Conf. Flor. Lappon. $. 437. ubi hæc dilucidius pertractantur. In VESTROBOTNIA rustici ingentes Lei rangiferino- rum acervos ferreis rastellis, post pluvias corradunt, vaccis in penuria fœni, pro alimento per hiemem, adspersa aqua, inservi- turos; sed tenuis admodum hic est victus, qe ex lacte non satis pingui conspicitur. mn à ,12. POLY TRICHUM Ursus ad lectum sibi per hiemem dormi- turo sternendum colligit, Ex hoc forte edoctus Lappo, lectum et stragula e Polytricho, radicibus intertexto, pellis instar de terra detracto, sibi conficit, ubi sub dio#rigido pernoctans calore frui- tur placido. Non referam pauperes pulvinaria sua muscis implentes ; nec Sciurum cubile suum rotundum et concinnum inde fingentem, nec Aves plerasque nidos inde construentes ; ovis excludendis pullisque fovendis aptissimos. Adducam SPHAGNUM palustre , cunis Lapponum adcommodatissimum , quo Lappones , tam linteis quam panibus destituti, infantes suos molliter fovendos invol- vunt; hoc enim urmam absorbet, quod alia non efficiunt vesti- menta. Flor. Lappon. $. 4. 15. E LYCOPODIO clavato et annotino floreas conficiunt nostrates , ad introitum ædium quotidie ponendas ; quibus abstergantur cal- cei. BRYUM Aypnoides, culcitra velut naturalis, sessionem in cautibus duris reddit molliorem. FONTINALIS antipyretica vim habet admirandam, quam scire omnes architecti er fabri murarii, inque ædificiis exstruendis observare deberent. Hic enim muscus fornacibus vel prope parietem collocatis vel in contignationes, superiores erectiss circumpositus , igni adeo fortiter resistit , ut; si vel rupto camino, ignis ad parietes pergeret , nulia foret exustio , metuenda. BRYUM rurale, quod tecta nostra, imprimis strami- nea vetusta, copiose occupat, quodque adeo sollicite a rusticis DR S NUE AN T'ES 547 everritur, ne putredinem inferat, magnum quoque habet usum; Omnem muscum aquam retinendo nocere putant rustici : sed e contrario tectum stramineum hoc musco obductum integro durabit seculo”; muscus enim, humidum exsorbendo, putredinem impe- dit. ( Iter. Scanic. pag. 118.) Consultius igitur ejusmodi in tectis muscus hic foret promovendus , quam exstirpandus. 13. In Suecia, ubi ædificia communiter exstruuntur lignea ;, rimas obturare necessum est, ad calorem retinendum. Fit hoc HYPNO parietine et prolifero, sine quo cum difficilius , tum sump- tuosius ædificaremus. Variis in Jlocis mulieres pro jfiltro lactis Confervas, et in aliis Polthrichum et Hypnum adhibent. Maxime vero Riche pro aspergillis usurpanturin panibus velaliis rebus conspergendis : quin etiam ruri muscus, ut corpus bibulum, loco Spongiarum adhibetur, quod nec antiquis fuit ignotum. An Hys- sopus $træ Stræ aliud fuerit quam muscus, et an Hyssopus $a- lomonis, qui disseruit a Cedro maxima, ad Hyssopum e parie- tibus minimum, BRYUM fuerit sruncatulum ,*quod etiamnum in singulis muris crescit Hierosolymitanis ( vid. Flor. Sv. 1001 }); Philologis, enodandum relinquimus. Pisces ab uno in alium trans- laturus locum, piscinis immittendos, muscos dolio injiciat, ne adlisi ad interiora vasis pereant. Plantæ quoque Succulentæ , aut Bulbi et similes e Claina usque ad nos in muscis commodissime transmittuntur; quin etiam Botanici radices hinc Parisios et vi- _cissim , Muscorum ope mittunt illësas. Hortulani Rubos arcticos seu baccas Norlandicas conservaturi, areas verno tempore altis- simis regunt muscis, ut, retento gelu, germinationem radicum, ad $olstitium æstivum , impediant, quæ vernis caloris frigorisve _vicissitudinibus alioquin corrumpuntur, 14. Cellæ glaciariæ variis instituuntur modis, Vidimus eas muscis tantum formatas ,adeo præstantes, ut, aliis lapide constructis , aut sub terra profunde absconditis, palmam præripuerint. In ablactationibus arborum circa ramum muscos alligare haud ita pridem cœperunt hortulani. His vero perpetuo humectatis truncus radices emittit in muscos , dein ramus infra novas radices am- putatus suo plantatur loco. + 15. Introduxerunt Angli ingeniosi in hortulos SuOS ,. € CæSpi- tosis paludibus Americæ, plantas nonnullas rariores, quas antea conservare nullus Hortulanus potuerat. Impleverunt autem ollas Sphagno palustri, inque his plantarunt Sarracenius, Waccinium arctostaphylum , Rubum Channemorum , Hydrastidem , Dionæam, 348 MANUEL ÉCONOMIQUE Ledum et, quæ sunt, cetera. Ut taceam usum muscorum prins ANR atius iu plantis hortensibus ab ardore æstivali, frigore hiemali et gel vernali clevante defendendis , circumcingitur etiam truncus arborum exoticarum muscis, quæ, ab oris remo- tissimis adlatæ, primum plantantur ) ne ante actas, quantui satis est, radices, æstu solari pereant. 16. Ex muscis ipsum sæpe SOLUM cos Ubi enim Mnium palustre crescit, AQUA subest, et Mnium fontale, FON- TEM indicat, unde in silvis et palndibes Norlandicis solo hoc musco, indagari possunt fontes frigidi, quorum ibi magna est “copia; quod in Flora Lopponica $.' 414. observatum , verissimum esse ipse perspexi sæpius. Ad mentionem MNII fe succurrit, quod heïc ad Ljumkil in locis stercoratis in SPLACHNUM transformatur ampullaceum , hoc vero in locis Lapponiæ finitimis abit in SPLACHNUM Zuteum ; quemadmodum MNIUM anno- tinum mutatur in SPLACHNUM yasculosum, hoc vero in SPLACHNUM rubrum ; quæ observatio in solo mihi natali con- tinuari meretur, in ais forte muscis non sine usu et delecta- tione instituenda. ‘ * 17. Muscis etiam peculiaribus arbores nonnullæ, frondibus licet per hiemem destitutæ , agnoscuntur. Sic CARPINUS Li- chene Carpineo, FAGUS Lichene Fagineo ÿ#P R U NUS spinosa Lichene Prunastri, FRAXINUS Lichene Fraxineo proditur, et sic porro. Procul etiam, quod notabile, a Lichene calcareo rupes cognoscuntur CALCAREAE , et a Lichene saxatili rupes SAXO- SAE. Saxum, etiam quod situm diu servavit, BYSSUM monstrat saxatile, conversum vero BYSSO innotescit Jolitho. Plura sane ejusmodi attentus inveniet indagator. 18. Ad usum muscorum referri quoque suo jure meretur experi- mentum recentioris ævi præstantissimum , quod Norvegis debe- mus; scilicet Lichene vulpino tolluntur LUPI, hostes infestissimi, ét, post homines , in cædendis pecoribus maxime crudeles. Hoe sane remedio Norvegi patriam suam ab his latronibus tutam admodum reddiderunt. Zycopodium Selago ; perinde ac Ledum, ad PEDICULOS ab equis, vaccis, suibus aliisque profligandos :- a nostratibus rusticis in decocto pro lavacro usurpatur; ut taceam rusticum , qui se ipsum, uxorem et familiam a siphilitide eo curavit; in appropriata dosi egregie purgat. 19. Muscorum in arte TINCTORIA usus neminem fugit; Lichene parelle Galli aliique serica sua tingunt colore RU BELLO:; DES PLANTES. 349 Roccella, seu Lichen fusiformis, ex rupibus colligitur maritimis insularum Canariarum , Africæ et Archipelagi, ex quo extra- hitur color pulcherrimus, $erico tingendo inserviens. Imitantur hunc Westrogothi nostrates, ubi ex Lichene tartareo per urinam extrahunt colorem rubrum, nomine Bytellet vulgo notum. Com muniter autem mulieres rusticæ, ad hoc Lichenem saxatilem adhi- bent. Sunt præterea multi Lichenes crustacei et imbricati, quibus * color ruber inest, inque his Lichen stygius merito commendatur. A Lichenibus autem variis, €. g. juniperino, parictino et vulpino color FLAVUS habetur, præter Byssum Jolythum, unde , dum eraditur , colorantur manus. Præ ceteris autem ad flayedinem inducendam Lichéne pustulato nostri utuntur rustici, À Lichene pustulato, TUSCHUM Atramentum chinense, præparari docet Academia Scientiarum; atque exteri ante aliquot annos a Ei- chene prunastri pulverem CYPRIUM pro dealbatione crinium, adeo præstantem formari scripserunt, ut cum eo, que amylo debemus, cetare possit. 20. Multiplex in medicina muscorum est utilitas. Non L'A Usneam cranii humani , veterum medicinam plane superstitiosam; ipsum etiam excludam Polytrichum aureum , nec viribus Lyco- podii clavati adversus PLICAM polonicam s. Ecclampsiam , et -minus contra DYSTOCIAM multum tribuo. Polytricho s*° Adianto aureo sine damno nostra carerent Pharmacopolia. Lichen pulmona- rius, ob signaturam éxternam pulmonibus similem, in rem me- dicam introductus , pectoris mederi morbis creditur. Ego vero in ICTERO, hunc adhiberem potius, ubi vim eximiam exseruisse certæ docent observationes. Adhibent tamen hunc sæpius rustici ad TUSSIM pecudum vehementiorem non sine successu. Auricula Judæ , Tremellæ species, adversus Anginas et OPHTHALMIAS usurpatur frequentius. Lichen caninus contra RABIEM et Hydrophobiam ab Anpglis : Sloaneo, Meadio , aliisque medicis celebratissimis ita commendatur, ut negare tai ce usum non ausim, Act. Lond. vol. 20. p. 237. nues Abe Pharmac. Lond. ubi R. Lich. Canin. 3ij. Pip.snigr. 3j. M. F. Pulvis. D. XIv. Muscus cumatilis vi gaudet insigni purgante et AN THEL- MINTICA; APHTAS hoc remedio curari omnes jamdiu norunt vetulæ. Lichen islandicus, ab aliis Rangiferinus, nuper 350 MANUEL ÉCONOMIQUE contra PHTHISIN copiose collioi cæpit. Paratur etiam inde cum lâcte pulmentum non ingrati saporis, abjecta tamen, ne purget, prima coctionis aquas Lichenem velleum eodem modo præ- paratum Canadenses sæpe, teste Kalmio, comedunt. Flavus iste Lichen Juniperinus a rusticolis : tonquam sacra ancora quotidie in Îctera commendatur et usurpatur. Lichen plicatus seu muscus arboreus , forma turundinis HAË- MORRHAGIAM narium sistit; Eundem , in INTERTRIGINE . a deambulatione, siccum, adplicant Lappones, velut specisicum. Optimum et jam medicamentum ad” Intertriginem infantum se- ina præbent Lycopodii, quibus et jam Pharmacopolæ pilulas obducunt, ne cohæreant. Est enim hic pulvis a liquore ita alienus, nt, aquæ superadspersus , digitum immissum madeferi non sinat. Muscorum in PHYSICIS effectus multi adferri possunt, e. g. quod semina Lycopodii flammæ adspersa pulveris instar pyrii ful- gurant, compacta vero accendi nequeunt; quod pedunculus Mnii hygrometrici, ad basin madefactus, more aristæ Geranti CARE ter aut quater circumagit, apice vero humeciato regyratur, quo phænomeno curiosa forte quævis institui poterunt.. Nos vero hæc et alia naturæ miracula contemplantes, ad bonitatem Dei sum- mam concitemur agnoscendam, qui, in rebus et jam’ minimis, tanta sapientiæ suæ dedit vestigia atque ;specimina, ut habeat homo sciendi cupidus, quod per totam ætatem inquirat, et vix tamen intra superficiem rerum pertingat. : j'4 eg COR D CE # Des noms français du Manuel économique, correspondans aux différens numéros des noms latins. us grimpant, 390. Acacia ( vrai ) 392. Acajou rouge odorant, 148. Acanthe commun , 2. Achras à feuilles de saules, 6. Achyranthe rude des Indes, 7. Acorus médicinal, 9. Acrostiche doré, 11. Adenanthère * siliques contour- nées , 19. Adhotada pourpre, 332. Agalloche, 257. Agaric à odeur, 102 bis. Agaric de chêne, 102, Agrostemme nielle, 19. Agrotis arondinacée , 20. Aiïl cultivé, 23. Airelle, 551. Aldrovande à.vessies, 22. Alisier à feuilles découpées, 200, Alleluia commun, 418. Alleluia de barrelier, 419. Aloës ( vrai ) 25. ; Alopecure des prés, 26. Amandier-commun, 30. Ambrosie maritime, 28. Amadouvier, 101. Amyris porte-baume ; 31. Amorphe en arbrisseau, 29. Anacarde occidental , 35. Ananas, 111. Andropoge en forme de caret, 39. Andropoge en forme de queue de renard. Anémone des Alpes, 41. » Anis étoillé , 3109. Anone d'Asie, 44. Anone des marais, 42. Antidesme alexitère, 49. Aralie de la Chine, 50. Arbousier commun , 51. Arbre à suif, 206. Arbre à cire, 408. Arbre à encens, 328. Arbre à sagou, 217. Aréale , 264. Argentine, 461. Artichaut des jardins, 218. Aspalathe ébène, 64. Asperpe commune, 65. Aspérule champêtre, 66. Aspérule des teinturiers, 68. Aspérule de Turin, 67. Asphodèle rameux, 70. Assiminier, 43. Astragale adragant , 72. Aubébin 5 (2OL. Averon, 76. Avicenne cotonneuse, 80, Aune, 91. Avoine cultivée, 74. Avoine nue, 75. Aurone, 55. Azedarach, 382. Azedarach des Indes, 383. Balisier, 130. Ballotte odorante, 82. Bananier des Moluques, 406. Barbe de chèvre, 532. Bardane ( petite ) 563. Baselle rouge, 83. Bassinet âcre, 485. bin on P Ca tatya NN 352 MANUEL ÉCONOMIQUE Batis maritime, 84. Bauhin grimpante, 85. Baume verd à feuilles ovales, 124. Baumier de Gilead, 435, Belvedère , 158. Belledame , 77. Beslère violette, 87. Bignone à cinq feuilles, 95. Bignone incarnate , 94. Bignone Kkérérée, 93. Bilimbi, 78. Blataire , 552. Bluet, 19r. Bois à grandes feuilles, 171. Bois à trompette, 147. Bois baptiste, 314. Bois boco, 99. Bois de caimpêche, 288. Bois de Chypre, 188. Bois d’ébène vert de la Cayenne, 277 Bois de fer, 258. Bois de ganelette, 305. Bois de guitare cendré, 164. Bois de Sainte-Lucie , 466. Bois dur des Canadiens, 141. Bois immortel, 246. Bois léger, 276. Bois néphrétique , 286. Bois punais, 194. Bombarde , 516. Bonduc (grand ) commun. 285. Borinth à feuilles de tamarise, 32, - Borith feuillé , 34. Borith sans feuilles, 33. Bouillon blanc, 553. Bouleau, 68. Bouleau nain, 90. ‘Bouleau tardif, 89. Bourdaine , 489. Bousserole , 52. Brésillet, 121. Bruyère à balais, 244. Bruyère commune, 243. Buglosse des boutiques, 37. Buis', 116. , Butgrox, 430. Bysse des vieux murs, 117. Caille-lait commun, 266. Caille-lait da Nord, 270. * Cainito, 160. Cäjuputi, 377. ; Calebasse, 211. Calebassier d'Amérique, 202. Caméline cultivée, 407. No Camomille des champs, 45. Campanule à feuilles rondes, 128. Campêche sappan, 120. Canari commun , 129, Canfe , 21. Caout-chouc , 295. Carambolle, 70. Carandos , 130. . Cardon, 219. Carets, 137. Caret à vessies, 136. ! Caret de lièvre, 135. Caroubier, 153. Casse à feuilles obtuses, 145. Cassythe en forme de fil, 146. Cèdre de Bermude , 330. Cèdre de Jamaïque, 320. Centinode, 450. Cératoïde , 81. SO à Chæmenetion à feuilles étroites, 240. Chanvre cultivé, 131. Chanvre de Virginie, 6. Chanvre sauvage , 27. Chardons , 134. Chardon bénit des Parisiens , 143. Chardon des bonnetiers , 233. Chardon hémorrhoïdal, 522. Charme, 140. Chasse-punaise puant, 162. Châtaigne d’eau, 543. Chêne à feuilles de châtaïgnier , 83. Chêne à feuilles étroites , 481. Chêne aquatique, 470. Chêne blanc, 474. Chêne blanc de moyenne gran- deur, 475. Chêne cocheniller , 472. Chêne de fer, 484. Chêne mâle commun, 471, Chêne noir nain, 477. Chêne noir, 476. Chêne rouge de la grande es- pèce, 475. ‘ Chènerouge des montagnes, 480. Chêne RE rt à : D ;EUSRUB EL | Chène-saule toujours vert, 402. Chevelu des pauvres, 245, Chiendent des boutiques, 544. Chou des cuisines, 110. Chou palmiste, 54. Christophoriane en épis, 12. Chicoracée ombellée , 301. Ciste sicyoïde, 162. Ciste de Crète, 163. Citronnier , 165. \ Clitore de ternate, 165%. Clusienne blanche, 169. Clusienne couleur de rose, 168. Cocotier à noix, 172. Cocotier de Guinée, 173. Coddam pulli, 127. Colchique d'automne, 174. Colsa, 107. Commeline commune, 177. Comoclodier dentelé, 170. papa à feuilles entières, 176. Lui ue cultivé , 210. Conocaïpe , 180. Consoude ( grande), 534. Conyze odorante , 183. Copahu, 184. Coquelicot, 423. Corape de la Guiane, 132. Corchore capsulaire , 185. Corchore queue » 106. Corneille, 371. Cornouiller commun, 193. Coryphe à parasol, 196. Coton herbacé, 281. Cotonnier en arbre, 282. Coumarou de la Guiane , 197. Courbaril, 310. Courimari de la Guiane, 19. Crête du coq, 491. ; Croisette, 550. Croisette de Portugal, 69. Croisette ( petite ) de Montpel- lier , 209. Crotalaire émoussée , 204. Croton à lacques , 207. Croton des Moluques , 208. Cucurme long, 214. Cucurme rond, 215. Curape, 451. | Curatelle d'Amérique, 213. Cuscute d'Europe, 216. LNTES 353 Cyprès, 212. Cytise aubours, 222, Dame de nuit, 155. Dastic en forme de chanvre, 224: Dattier, 451. \ Dattier ( petit ) sauvage , 238 Dialion des Indes , 250. Dillen des Indes, 251. Dolichos brûlant, 234. Dompte-venin, 63. Douce amère, 526. Droue proprement dite, 113. Durion de zibeth , 235, Ebène de Crète, 48. Eglantier, 406. Elengi des Indes, 394. Eléocarpe-à feuilles découpées , 237. Endormie commune, 225. Eperu de la Guiane , 239. Epidendron écrit, 241. Epinette blanche du Canada, 436. Epine-vinette, 86. Erable blanc, 3. Erable commun, 5. Erable plane , 4. Erythoxylon de Carthagène, 249; Eupatoire aquatique , 92. Euphorbe à feuilles de laurier rose , 254. Fagarier octandrique, 250. Fenouil annuel, 227. Fer-à-cheval à têtes, 302. Ferole de la Guiane , 261. Fervale à bulles, 182. Fervale des ruisseaux , 181. Fêve de l'Arabie, 1. Fêverole, 554. Fêvier à trois épines, 277. Figuier commun, 262. Filipendule, 531. Fléchière , 508. ff Fontenelle anti-incendiaire, 265, Fougère commune, 468. Framboisier , 499. Frêne commun, 266. Fromager à sept feuilles, 105. Fromager céiba, 104. Fromager pentrandique, 105. Fucus, 266 bis. Fumeterre des boutiques , 267, Z 354 Fusain, 253. Gaïac des boutiques, 284. Gaïnier de Cänada, 154. Galéga des teinturiers, 268. Galbanum, 114. Gaude , 487. Genest des teinturiers, 275. Genèvrier commun, 331. Genipa d'Amérique, 274. Gmelin d'Asie, 278. Gnavelle, 517. Get gneumon, 270. Gombo à feuilles de chanvre, 207. Goo à feuilles de tilleul, 206. Gombo à feuilles de vigne , 300. Gombo de Surate, 298. Gommier, 115. | Gommier de Sénégal, 393. Gordon lusianthe , 280. Goupi glabre , 263. Grassetie, 433. Gratteron , 271. Grenadille à feuilles de laurier, 428. Grenadille en forme de pomme, 2 CNE cale quadrangulaire , 427. Groseiller des Alpes, 494. Groseiller épineux , 595. Gypsophyle d’Espagne , 287. Héliotrope , 205. Herbe aux-gueux, 166. Herbe des battus, 16. Hernandie de la Guiane, 293. Hernandie sonore , 294. Herrera en arbrisseau, 246. Hêtre , 260. Hopée des teinturiers , 307. Houblon mâle et femelle , 308. Houx commun, 318. Houx ( petit), 504. Jacée, 152. Jambolier à angles aigus , 251. Jambolier de Malacca, 250. Jambolier en arbre, 252. Jambolifère pédunculé, 315. If, 537. Indigo des teinturiers, 320. Jonc aïgu , 526. Jonc commun, 327. Jonc odorant commun , 10. MANUEL ÉCONOMIQUE Jonquin, 516. Joubarbe , 510. PE à Joubarbe ( grande ), 520. Iris commun, 321. Isore de Baru, 292. Jusquiame phylasoïde , 311. Ixore blanche, 33 | Ixore couleur d’écarlate, 333. Kanki des Indes, 395. | Larmes de Job , 175. Lavande mâle, 335. . Lauréole, 223. Laurier commun, 336. Laurier de Bourbon, 337. Lédon des marais, 330. Liane à queue , 2356. Lichen à barbe , 355. Lichen à chandelle , 342, Lichen à nombril, 346. Lichen à pustule , 352. Lichen calcaire, 341. Lichen cannelé en forme de co- rail, 349. Lichen de renard, 356. Lichen des murailles, 347. Lichen des pierres, 345. Lichen du genevrier, 351. Lichen fausse cochenille, 353. Lichen fleuri, 357. Lichen orseille , 354. Lichen perelle, 344. Lichen pulmonaire, 348. Lichen tartreux , 343. Liége , 473. Lierre commun , 289. Lin commun, 359. Liquidambar à styrax, 360. Liseron piquant, 525, Lonicère en bouquets, 364. Lonicère xilostéon, 363. Lunaire ( grande ), 365. Lupin blanc, 366. Luzerne cultivée , 376. Lÿcopode applati, 369. Lycopode commun , 568. Lycopode phlegmaire, 367. Lygée Sparthe, 370. Mabier nee pa Mabier taquari , 373. Macoucou de Guiane, 374, Magnolier pointu, 375. Mamam cacao, 309. DES PLANTES. . Manceniller ordinaire , 303. Manche haché, 133. Mandragore , 73. Mangostan corne , 273. Mangostan de Java, 272. Mani de la Guiane, 420. Nr à feuilles de cotonnier , 10. Maroute 5 6. larronnier d'Inde, 18. Masse d’eau, 549. Mélastame à feuilles de malaba- . thrum, 381. se à fruits de groseiller , eu Mélastrame à petites fleurs, 370. Melilot, 548% nn? Melèze, 438. Menthe des marais, 385. Mérisier, 463. esembryanthême à nœuds fleu- ris , 366. Micocoulier d’occident, 149. Micocoulier de Provence, 150. Mille-pertuis commun, 312. Mille-pertuis perfeuillé , 313. Millet, 422. Minquet de la Guiane, 396. nium , 397. Morinde ombellée , 398. Maou des nègres, 198. Morinde royoc, 309. Morisque , 515. Mors du diable ; 514. - Mousses , 397. Moutarde des champs, 523. Moutouchi de la Guiane, 405. Mûrier à papier, 402. Mürier des teinturiers , 404. Mrier de Tartarie, 405. Mûrier noir, 401. Myrthe commun, 4009. Myrthe de cumin , 410. Napée lisse, 412. Napée rabotteuse , 411. Navette, 108. S Nèflier commun, 387. Nerprun , 488. Noisettier des bois, 195. Noix des Moluques, 317. Nopal, 119. Noyer blanc, 324. = 355 Noyer commun, 323. Noyer noir, 329. Obier, 557. OEïil de bœuf, 47. Oignon , 24. Oldenlende ombellée , 414. Olivier d'Europe, 415. Orcanette, 56. Origan vulgaire, 416. Orme , 561. Ormin des prés, 507. Orseille feuillé , 3550. Ortie ( grande ), 562. Oseille des prés, 500. Osier, 505. Paletuvier sauvage , 309. Paliure, 490. Palmier noir, 157. Panicaut commun , 247. Panis à plusieurs épis , 421. Papayer, 156. Parelle, 501. Parive à grandes fleurs, 425. Passerage des décombes , 340. Pastel, 522. Patience aquatique , 503. Patience maritime , 502. Pavette des Indes, 429. Persicaire, 452. ‘ Persicaire amphibie, 453. Persil ( grand }) en arbre, 420. Pervenche ( petite ), 559. Peuplier baumier , 460, Peuplier blanc, 456. Peuplier du Canada, 459. Peuplier noir, 457. Peuplier-tremble , 458, Pied-d’alouette commun, 226. Pied-de-veau commun, 56. Pinang, 55. Pin à torche, 443. Pin des marais, 440. Pin du lord Weimouth, 442. Pin des montagnes, 439. Pain de singe, 13. | Pin de Virginie, 441. Plaqueminier à larges feuilles, 232. Pinguin, 112. Plautain (grand), 445. Plantain lancéolé, 446. Plantain moyen, 447. Z a K 356 MANUEL ÉCONOMIQUE, etc. 7. Platane du levant , 446. Poinciane, 14. Poirier sauvage, 460. Pois des champs, 444. Polypode commun, 454. Polypore en forme de hiége , 100. Polytric, doré, 455. Pomme épineuse majestueuse, 226. Pommier sauvage , 47o. Presle des champs, 242. Prunellier, 465. Putiet, 464. Putiet de Virginie, 467. Quatelé zabucaïe , 358. Quinte-feuille commune , 462. Quinte-feuille rouge, 176. Raisin du renard à quatre feuil- les, 424. Raisinier maritime, 170. Rapistre, 48 . Rave, 100. Rhamnoïce d'Europe, 304. Riz cultivé, 417. Ronce commune , 496. Ronce rampante , 497. Rondier en éventail, 106. Roquette ( grande ), 118. Rose de Zéricho, 36. ‘Rotin, 122. Roudou à feuilles de myrthe, TOR Ron à feuilles de petit houx, 192. Rougeole, 546. Ruban d’eau flottant, 529. Safran , 205. Safran bâtard, 142. — Sapin commun, 454. Sapinette à feuilles dif, 437. Sarrette des teinturiers, 521. Satyraine noire, 213. Sauge en arbrisseau, 432. Saule, 505. Saule ronge, 506. Savonnière , 512. Science des chirurgiens, 524. Scolopendre nid, 71. qi E Sebesticr à feuilles de noyer, 187. Sebestier monophylle, 189. Sesban , 17. Ex Soleil annuel, 290. Sorbier, 528. Sorbier des.oiseleurs ; 527+ Sorgho à sucre , 306. Souchet long, 220. Souchet papier, 221. Souci commun , 123. Souci des marais, 126. Soude , 509. ! Sphaigne des marais, 530. Stachide des forêts, 533. Staphisaigre > 229. * Sumac de Virginie, 492. Sureau, 510. Sumac d’Espagne , 493. Sycomore, 263. T'anaisie , 535. T'apir verticillé, 190. Thalictron commun, 536. Thlaspi, 538. Thuia de la Chine, 540. Thuia d’occident, 539. Tilleul d'Europe, 541. Tineta des Ganipous, 376. T'illandsie de Caroline, “le Tiruculh , 255. Topinambour, 291. Tormentille, 545. Troëêne , 358. URI à feuilles de fustet , 290. Trèfle des prés, 547. Tsiampaca , 388. Tulipier en formé de lys, 362. Tulipier ( vrai), 361. Tupulo aquatique, 413.- Valikaha, en petite tête, 384. Verveine , 558. Vigne, 560. Viorne, 555. 2e / Viorne à feuilles dentelées, 556. Urucu, 98. Yéèble, Ju. - TP S ME Dzs ouvrages de BU CH OZ, actuellemént SOUS presse. 1. NE roes cosmétique et odoriférant des plantes. BU 2. Nouvelle Médecine domestique, tirée principalement des végé- taux de la France. Chez Cordier et Legras. ! 3, Méthode pour détruire les animaux nuisibles, quatrième édi- tion ; chez Tavernier. ÿ puit 4. Trésor des laboureurs dans les oiseaux de basse-cour, cin- quième édition ; chez le même. ; 5. Agrémens des campagnards dans la chasse des oiseaux, seconde édition; chez le même. 6. Education des animaux qui habitent les grandes villes, et qui servent d’amusemens à l’homme, seconde édition; chez le même. 7. Traité physique et économique du gros et du menu bétail, se- conde édition; chez Laurent l'aîné. Liste des livres de Buc’xoz, dont l'édition est épuisée. 1. Dictionnaire universel des plantes, arbres et arbustes de la France, 4 vol. in-8.o 2. Dictionnaire vétérinaire et des animaux domestiques , seconde édition, 6 vol. im-8.o 3. Dictionnaire minéralogique et hydrologique de la France, 4# vol. in-8.0 4. Médecine rurale, 1 vol. in-12. 5. Manuel de médecine-pratique , 1 vol. in-8o. 6. Choix des médicamens, 2 vol. in-12. 7. Manuel médicinal des plantes, 2 vol. in-12. 8. Médecine moderne, seconde édition, 3 vol. in-8.o 9. Traité de la phthysie pulmonaire, 1 vol. in-8.0 avec fig, 10. Traité de lapoplexie, paralysie et autres affections sopo- reuses, 1 vol. in-12. 12. L'art de préparer les alimens, suivant les différens peuples de la terre , 2 vol. in-8.o 13. Manuel alimentaire des plantes, 2 vol. in-8.o 14. Matière alimentaire, 1 vol. in-12. 15. Méthode nouvelle pour connoître le pouls par la musique, se< conde édition, 1 vol. in-12 avec fig. 16. Secrets de la nature et de Part, 4 vol. in-12. | 17. Médecine des animaux domestiques, 2 vol. in-12. 18. Amusemens des dames dans les oiseaux de volière, seconde édition , 1 vol. in-12. 19. Amusemens innocens, ou le parfait oiseleur, 1 vol. in-12. 20. Traité de la pêche. g1. Traité de la chasse. L 22. Laboratoire dé Flore , seconde édition, 1 vol. in-12. 23. Etrennes du printems, sixième édition , 1 vol. in-18. 24. Etrennes de Minerve aux artistes, 9 vol. in-18. 25. Lettres périodiques sur les animaux, les végétaux et les minéi raux, 14 VOL. in-8.0 / 26. La nature considérée sous ses différens aspects, 46 vol. in-12. 27. Histoire universelle du règne végétal, 25 vol. in-fol. avec planches. ; | 28. Idem, 28 vol. in-8.° sans fig. Ils n’ont jamais été mis en vente, 29. Recueil de secrets, à l’usage des artistes, seconde édition, 3 : Ÿ vol. in-12. 30. Histoire des insectes de Surinam et de l'Europe, par made- moiselle de Merian, à laquelle on a joint un florilégium, les oiseaux de Robert et l’ornithologie de Jonston ;-le tout enlu- miné, 5 vol. in-fol., format d’atlas. 31. Histoire naturelle de la Lorraine , seconde édition, 1 vol. in-fol. 32. Histoire naturelle de l'Auvergne, r vol. in-fol. avec fig. 33. Traité du tabac, du thé, du café et du chocolat, troisième édition, 1 vol. in-8.° avec fig. Ouvrages el Manuscrif. 3. La Médecine du dix-huitième siècle, ou Traité de tous les re- mèdes nouveaux ou renouvelés dans ce siècle. 2. Manuel prairial des plantes. 3. Manuel oléagineux des plantes. 4. Manuel manufactorial des plantes. 5. Manuel physique des plantes. 6. Manuel tabacal et sternutatoire des plantes. 7. Manuel officinal, usuel et indigène des plantes. 8. Manuel floréal des plantes. 6 9. Flore sexuelle et naturelle des plantes des environs de Paris, qui fait la dixième Flore et la seconde à publier par l’auteur. Nous ne parlons pas ici des présens de Flore à la nation française, ni du Faune français, 4 vol. in-4. Ces deux ouvrages n'ont as été finis, et n’étoient, à proprement parler, qu’une seconde édition du dictionnaire universel des plantes de la France, ow .du dictionnaire vétérinaire et des animaux domestiques. LAVER Le ETS Ca ui