RES re ex x a RER MATERIAUX POUR LA PALEONTOLOGIE SUISSE OU RECUEIL DE MONOGRAPHIES SUR LES FOSSILES DU JURA ET DES ALPES publié par F-J. PICTET PROFESSEUR DE ZOOLOGIE ET D'ANATOMIE COMPARÉE À L'ACADÈMIE DE GENÈVE PREMIÈRE SÉRIE GENEVE J. KESSMANN, LIBRAIRE, RUE DU RHONE. IMPRIMERIE JULES-GUILLAUME FICK. 1854-1858 IT. IV. TABLE DES MONOGRAPHIES CONTENUES DANS CETTE PREMIÈRE SÉRIE. . Description des fossiles du terrain aptien de la Perte du Rhône et de Ste-Croix, par MM. F.-J. Pictet et Eugène Renevier. . Description des animaux vertébrés qui se trouvent dans le terrain sidérolitique du Canton de Vaud (faune éocène), par MM. F.-J. Pictet, C. Gaudin et Ph. De la Harpe. Monographie des Chéloniens de la mollasse suisse, par MM. F.-J. Pictet et Aloïs Humbert. Description d’une Emyde nouvelle (Emys Etalloni) du terrain jurassique supérieur des environs de St-Claude, par les mêmes. Librairie de 3. KRcssmann à Geneve, MATERIAUX POUR LA PALÉONTOLOGIE SUISSE OU RECUEIL DE MONOGRAPHIES SUR LES FOSSILES DU JURA ET DES ALPES PUBLIÉS PAR F.-J. PICTET Professeur d'Anatomie comparée et de Zoologie à l'Académie de Genève. —Ee-— PROSPECTUS. J'ai commencé en 1847 à décrire les fossiles du gault des environs de Genève. J'étais loin de soupçonner alors toutes les richesses paléontologi- ques que renferment nos montagnes, et la Société de Physique et d'Histoire naturelle ayant bien voulu admettre mon travail dans ses mémoires, je pensais que ce mode de publication serait suffisant. L’abondance des fossiles que nous avons successivement recueillis, la découverte de plusieurs gisements nouveaux et l'intérêt de quelques ques- tions qui ont été soulevées par la comparaison des nombreuses espèces qu'ils renferment, m'ont fait penser qu'il est devenu nécessaire d'accélérer et de régulariser leur étude. IL m'a semblé qu'il serait utile de réunir dans un ouvrage spécial, une série de monographies sur les fossiles du Jura et des Alpes suisses, dans l'espérance d'arriver ainsi par nous ou par nos successeurs à une histoire paléontologique complète de notre belle patrie. 9 PROSPECTUS. J'ai soumis cette idée à quelques amis; elle à été accueillie avec empres- sement. Je vais aujourd’hui essayer de la réaliser. Le but principal que je désire poursuivre est d'arriver à la connaissance détaillée des différentes faunes qui se sont succédées sur le sol de la Suisse. Une description rigoureuse des fossiles et l'étude de leur organisation en seront la base. Je m'attacherai ensuite à rechercher par leur comparaison quelles sont les espèces qui ont vécu ensemble, jusqu’à quel point les fau- nes sont spéciales, quels sont les passages que l'on peut constater de lune à l'autre, quelle à été l'influence de la distance géographique, quelle a été celle des changements géologiques, etc. Je poursuivrai ainsi la solution du probléme le plus important de la paléontologie, en réunissant des faits pour décider comment l'organisme a été successivement modifié dans la série des temps, si il l’a été lentement ou brusquement, également ou iné- galement dans les divers lieux et dans les diverses époques. Ainsi que je l'ai dit dans la préface de ma description des fossiles des orès verls, les arguments théoriques sont épuisés et il faut de nouvelles observations. L’étendue géographique de la Suisse et la variété de ses ter- rains sont suffisants pour fournir une ample moisson de faits, et l'on peut déjà entrevoir quelques résultats importants qui découleront de cette étude. Ce travail fournira, je l'espère, aux géologues suisses des matériaux utiles. On saura mieux qu'on ne le sait aujourd’hui quelle est l'étendue de la vie géologique de chaque espèce, et par conséquent quel terrain elle peut servir à caractériser. On pourra se rendre compte de l'interprétation qu'il faut donner à telle ou telle association d'espèces, ainsi qu’à tel ou tel mélange. Je ne doute pas qu’en fixant ainsi les limites et la portée des exceptions, on n'arrive à constater tous les jours davantage l'extrême utilité de l'étude des fossiles dans son application à la géologie. Un but aussi vaste m'aurait effrayé si je n’avais pas l'espérance d’être aidé par plusieurs collaborateurs. MM. le Dr Roux, OostTER, RENEVIER, etc. ont déjà bien voulu me promettre une coopération active. La complaisance inépuisable des géologues suisses qui possèdent des collections, m’autorise à compter sur des matériaux très-nombreux. Plusieurs d’entre eux m'en ont déjà promis la communication la plus large. = PROSPECTUS. D Cet ouvrage sera composé d’une série de monographies. L'état de la géologie et des collections de la Suisse ne permet pas encore un ouvrage classé dans un système régulier. Ainsi que nous l’indiquons par le titre que nous avons choisi, nous recueillons des matériaux pour préparer une paléontologie complète de la Suisse. Les premières monographies qui se- ront publiées sont les suivantes : Vertébrés fossiles de la faune eocène du Canton de Vaud ( en collabora- tion avec MM. Gaupin et Ph. DE LA HARPE). Tortues fossiles de l'époque tertiaire ( mollasse et lignites ). Faune du terrain aptien de la perte du Rhône ( en collaboration avec M. RENEVIER ). Mollusques du terrain néocomien des Alpes bernoises ( en collaboration avec M. Ooster ). Mollusques du qault du Jura (en collaboration avec M. le Dr Roux ). Mollusques du qault des Alpes. id) Des descriptions géologiques abrégées pourront être jointes à ces mono- graphies, mais seulement celles qui renfermeront des coupes ou des dé- tails nécessaires à l'intelligence des mémoires paléontologiques. Plus tard, si l'ouvrage réussit comme je l’espère, Je recevrai volontiers tous les travaux des paléontologistes suisses pourvu qu’ils soient conformes au but général que j'ai indiqué ci-dessus. J'appelle l'intérêt de tous les géologues sur cette publication qui ne peut se développer qu'avec leur concours, leur participation et leurs conseils, F.-J. PICTET. À PROSPECTUS. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. L'ouvrage sera divisé en livraisons 4°; nous comptons en fournir deux à trois par année. Chaque livraison sera composée de cinq planches et de six feuilles de texte. La proportion entre le texte et les planches variant beaucoup suivant la nature du sujet, nous nous réservons de remplacer une planche par deux feuilles de texte et vice versa. Deux ou trois monographies pourront être publiées en même temps. Elles seront pagi- nées à part et auront des titres distincts. On fournira plus tard des titres d'ensemble. Chaque monographie terminée sera vendue à part sur le même pied que les livraisons, mais avec une augmentation de 15 ©. Le prix de chaque livraison est fixé comme suit : Pour la France et la Suisse, à Fr. 8. 50. Pour l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la Russie, la Suède, la Hollande, la Belgique, la Pologne, les Etats autrichiens et l'Amérique, à 2 Rthl. 712 sgr. Genève, Juillet 1853. J. KESSMANN, libraire. Cet ouvrage est déposé et se vend aux mêmes conditions : A Paris, chez J.-B. BaLuière, libraire de l'Académie impériale de Médecine, rue Hautefeuille, 19. A Londres, chez H. Bazuère, 219, Regent-Street. À New-Yorck, chez H. BAILLIÈRE, 290, Broadway. A Madrid, chez Baizcy-Baizuière, Calle del Principe, 11. Genève.— Imprimerie Fick. PALÉONTOLOGIE SUISSE AVIS AUX SOUSCRIPTEURS La onzième livraison termine la première série de la Paléontologie suisse. Cette série est composée de quatre monographies, qui sont: Description des fossiles du terrain aptien de la Perte-du-Rhône, par MM. Pictet et Renevier, avec 23 planches. Description des animaux vertébrés qui se trouvent dans le terrain sidé- rolitique du canton de Vaud (faune éocène), par MM. Pictet, Gaudin et De la Harpe, avec 15 planches. Monographie des chéloniens de la mollasse suisse, par MM. Pictet et Humbert, avec 22 planches. Description de l'Emys Etalloni, du terrain jurassique supérieur de Saint- Claude, par les mêmes, avec 35 planches. Chaque souscripteur à recu un titre général pour relier cette série en un seul volume, et des titres partiels avec des couvertures imprimées pour ceux qui préfèrent conserver à part chaque monographie. En commençant la seconde série, nous nous proposons d'introduire quel- ques améliorations. Chaque livraison sera dorénavant brochée, et autant que possible elle sera entièrement consacrée à une même monographie. Les souscripteurs pourront ainsi consulter plus facilement ce qui a paru de chaque mémoire, sans être obligés d'ouvrir de nombreux portefeuilles, ou d'associer des feuilles et des planches prises dans plusieurs livraisons. Chaque livraison portera deux numéros: un, indiquant son ordre d’appari- tion dans la série; l’autre, sa place dans la monographie. On fournira éga- lement à la fin des titres et couvertures pour les monographies, et des titres d'ensemble. Les premières monographies qui seront publiées sont les suivantes: Description des fossiles du terrain crétacé des environs de Sainte-Croix, par MM. Pictet, Campiche et de Tribolet. Description des fossiles du terrain néocomien des Voirons, par MM. Pic- tet el de Loriol. Cette monographie est surtout destinée à faire connaître les poissons trouvés dans cette montagne. Ces deux ouvrages seront précédés chacun par une introduction géolo- gique. MM. Campiche et de Tribolet ont rédigé la première. Celle de la seconde monographie sera composée d’un travail de M. de Mortillet sur les Voirons, et d’une note de M. le professeur Favre sur le Môle. Les conditions de la souscription restent les mêmes. Chaque livraison est vendue au prix de 8 fr. 50 c., ou 2 Rthl. 7 3 Ser. Elle est composée de six feuilles de texte et de 5 planches. Nous nous réservons, comme dans la première série, de remplacer une planche par deux feuilles de texte et vice versé. Les cartes géologiques, coupes, planches de grande dimension, etc., seront estimées dans le rap- port de leur coût avec les planches ordinaires. ON SOUSCREAT : À Genève, chez J. KESSMANN. — À Puris, chez J.-B. BAILLIÈRE et fils, libraires de l’Académie impériale de Médecine, rue Hautefeuille, 49. — A Londres, chez H. BAILLIÈRE, 219, Regent- Street. — À New-York, chez H. BAILLIÈRE, 290, Broadway. — A Madrid, chez BAILLY- BAILLIÈRE, Calle del Principe, 11. Dnprimerie Ramboz et Schucharde. MATÉRIAUX POUR LA publiés par F-J. PICTET. DESCRIPTION DES FOSSILES DU TERRAIN APTIEN PERTE DU RHONE ET DES ENVIRONS DE S'E-CROIX F.-J. PICTET EUGÈNE RENEVIER GENEVE J. KESSMANN, LIBRAIRE, RUE DU RHONE. IMPRIMERIE JULES-GUILLAUME FICK. DATES DE PUBLICATION. 1'e livraison, contenant feuilles 1- 3 et planches 1- 3, a paru en Janvier 1854. 2me gme 4me Gne me 10me jme 4- 6 TRE 9-10 11-12 13-14 15-17 18-23 h » » 4- 5, Ge Yo SEMI 10-11, 12 -13, 14-18, 19 - 93, Mai 1854. Mai 1855. Avril 1856. Mars 1857. Mai 1857. Janvier 1858. Mars 1858. DESCRIPTION DES FOSSILES DU TERRAIN APTIEN DE LA PERTE DU RHONE ET DES ENVIRONS DE S'E-CROIX F.-J. PICTET sr E. RENEVIER. À l'époque où jai commencé la publication des mollusques des grès verts des environs de Genève, toutes les couches marneuses et arénacées qui se trouvent à la Perte du Rhône, entre le calcaire néocomien à capro- tines et la mollasse, étaient considérées comme faisant partie du gault ou terrain albien. I n’y avait de divergence entre les géologues que sur la couche mince à orbitolites qui était associée par les uns au gault et par d’autres au terrain néocomien. Cette couche ne renfermant presque point de mollusques fossiles, avait d’ailleurs peu d'importance pour mon travail. Je n'avais alors aucun motif pour contester les opinions généralement ad- mises et je compris, dans cet ouvrage, tous les fossiles crétacés des terrains situés au-dessus des orbitolites, en avertissant seulement dans la préface « que ces terrains peuvent se subdiviser en diverses couches où les fossiles » ne sont pas distribués exactement de la même manière. » 9) PALÉONTOLOGIE SUISSE. L'étude des Céphalopodes, qui furent décrits dans la première livraison, et celle des Gastéropodes, pour laquelle j’'eus la première fois le plaisir de m'adjoindre comme collaborateur M. le Docteur Roux, ne fournirent pas des faits suffisants pour ébranler l’opinion que nous avions acceptée. L’étu- de des Acéphales nous montra au contraire que les terrains de la Perte du Rhône renferment deux faunes bien plus distinctes que nous ne le pen- sions, et que les grès durs compactes, qui sont situés au-dessus des orbi- tolites, contiennent un grand nombre d'espèces qu'on ne trouve pas dans les grès plus tendres et les sables colorés situés plus haut. Quant aux terrains inférieurs aux orbitolites M. Alexandre Rochat, alors étudiant à l'Académie de Genève, avait déjà attiré l’attention des géologues sur une couche marneuse située entre le dépôt à orbitolites et le calcaire urgonien. Dans un mémoire manuscrit, qui a obtenu un prix d’en- couragement, ce jeune géologue a décrit cette couche, étudié quelques- uns de ses fossiles principaux et émis, le premier, l’opimion qu'elle devait représenter à la Perte du Rhône le terrain aptien de M. d’Orbigny. Depuis lors M. E. Renevier, après avoir pris Connaissance de nos tra- vaux, s'est donné pour tâche d'étudier de nouveau, et avec plus de détails, les environs de la perte du Rhône, et, dans un mémoire qui re tardera pas à être publié, il a confirmé l'opinion émise par M. Rochat et constaté l’in- dépendance des grès durs et du gault dont je viens de parler. L'étude de nos échantillons originaux, faite sous nos yeux au Musée de Genève, lui ont servi à établir que les dépôts compris entre le calcaire urgonien et la mollasse peuvent se subdiviser en trois étages distinets, dont le supérieur seul correspond au gault, et dont les deux inférieurs ont par leurs fossiles plus d’analogie avec le terrain aptien. Il a donné le profil ci-contre de cette localité remarquable. | Le mémoire que je publie aujourd'hui avec M. Renevier a pour but de faire connaître les fossiles des deux étages qu'il a désignés sous le nom d’aptien supérieur et d’aptien inférieur t; c’est-à-dire de l’ensemble des cou- ches qui sont comprises entre le terrain néocomien supérieur (urgonien } ! Le nom de terrain Aptien a été très-mal reçu par plusieurs géologues. Nous n'en connaissons pas de meil- leur pour désigner l’époque comprise entre la formation des dépôts urgoniens et celle du gault, époque qui a des caractères paléontologiques aussi spéciaux que bien d’autres. Nous ne pensons pas qu'il yait un inconvenient réel à désigner par des noms commodes et pratiques les subdivisions des grandes époques géologiques, pourvu que l'on n’y joigne pas l’idée erronnée d'une indépendance absolue. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. TERRAINS. |! | {| APTIEN SUPÉRIEUR 5m 50 1 I (Il | 1! APTIEN INFÉRIEUR 15" fl URGONIEN GAULT b 6" 60 ; a) g) h) COUCHES. Grès rougeûtre passant au bleu et au jaunâtre, fossiles très- rares, lesimémesique. dans 1alCOUChE GMT ET ER Grès jaundtre passant quelquefois au bleu et au rougeütre, eng de ossiles EMMes 402 Leeceoceobee cocon Sable bleu verdâtre riche en fossiles, qui sont généralement à l'état de moules bruns ou verdätres. "+" Sable verddtre marneux sans fossiles. ................._.. Sable verdâtre avec fossiles moins nombreux que dans a et b, blancs et friables comme s'ils étaient caleinés ............ Grès dur vert ou passant à un calcaire gris à grains verts, fossiles généralement gros, à test épais, souvent cristallisé. Sable vert-bleuâtre sans fossiles . .................. Grès verdâtre à Ostrea aquila et à gros moules, contenant à sa partie inférieure un conglomérat verdâtre sans fossiles de 15 c. Grès marneux gris verdätre, composé d’une 40» de couches alternativement dures et tendres, et contenant vers le haut une assise de 35 c. de calcaire jaunûtre, fossiles très-rares. Couche à Orbitolites. Calcaire marneux brun jaunâtre, presque uniquement formé d'Orbitolites lenticulata, fossiles rares .… Grès marneux gris verdâtre, et marne grisâtre, sans fossiles... Argile rouge, bleuâtre à sa partie supérieure, sans fossiles... . Marne jaune. Deux alternances de calcaire marneux jaune et de marne jaune, devenant noirâtre par places, à la base 75 c. de marne bleue, beaucoup de fossiles. .................. Calcaire à Ptérocères. Calcaire roux avec couches de marne intercalées, devenant par places plus dur, grisâtre et plein de CNAINE VERS, ASSET OSSILESE ER EEE PEN EPS { Chenre gris dun... Calcaire à Caprotines à Fe Caleaire blanc friable........... fossiles très-rares. CAlCAITÉ ISA E EPP EEE" ÉPAISSEUR en MÈTRES. À PALÉONTOLOGIE SUISSE. et le gault. Nous y avons joint la description des fossiles de quelques dépôts analogues du Jura vaudois et neuchatelois qui sont évidemment contem- porains de l'étage aptien inférieur de la Perte du Rhône. Ils nous ont été communiqués par M. le Docteur Campiche et nous lui en témoignons ici notre reconnaissance. Ces dépôts sont situés : 1° à Sainte Croix, entre les hameaux de la Vraconne et de la Mouille-Mougnon; 2 au Pont, dans la vallée du lac de Joux; 5° à la Presta, près Couvet, dans le canton de Neuchatel. L'étude de ces fossiles nous à paru avoir un intérêt tout spécial, elle pourra éclairer l'histoire paléontologique des animaux pendant une épo- que encore peu connue de la période crétacée, et donner ainsi des rensei- gnements sur les modifications de la population zoologique entre l’époque néocomienne et celle du gault. Elle fournira surtout, nous l’espérons, des données importantes pour la question générale du renouvellement des fau- nes. Ainsi que je lai dit ailleurs il faut étudier ce renouvellement sous deux points de vue différents, soit dans les étages qui se sont succédés dans une même mer, soit dans les étages contemporains situés dans des posi- tions géographiques différentes. Nous avons ici un excellent exemple de la succession sur un même point. La coupe de la Perte du Rhône montre des couches parallèles et nombreuses, depuis le terrain urgonien jusqu’au gault, et peu d’endroits en Europe peuvent fournir des dépôts de cette époque plus distincts et plus faciles à observer. Ces terrains ont été évidemment déposés dans la même mer, sans qu'aucune pertubation géologique brusque ait séparé les époques qui leur correspendent. Ils renferment donc les dé- pouilles de populations qui se sont suecédées d’une manière tranquille sur un fond toujours immergé. Ce fond n’a probablement éprouvé d’autres modifications qu'un soulèvement lent, qui a changé peu à peu la place du rivage, et la nature des matières déposées. Il est intéressant d'étudier les changements zoologiques dans des conditions pareilles, de constater la durée locale des espèces, l’époque de leur apparition et de leur disparition dans cette partie de la mer crétacée, et leur association en faunes succes- sives qui ont à la fois des caractères communs et des caractères spéciaux. F.-J. PICTET. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. D CLASSE DES REPTILES. Les débris d'animaux vertébrés sont très-rares à la Perte du Rhône, soit dans le terrain dont nous nous occupons ici, soit dans les autres étages crétacés. Jusqu'à ces dernières années même on n’y avait signalé aucun ossement de reptile, et ce n’est que tout récemment que l’on y a découvert une seule vertébre qui nous parait suffisante pour constater l'existence du genre des Plésiosaures. GENRE PLESIOSAURUS, Conybeare. PLESIOSAURUS GURGITIS, Pictet et Renevier. (PI. L, fig. 1.) DIMENSIONS. Monaueumde la MMEnebEeE CEE ER REE RCA CREER CASE en Rte 51 mm. Largeur de la plus grande des surfaces articulaires (antérieure) .................. 55 Larenr de la plis pete (postérieur): 246320040000 06e sc 53 Lane cola entre ces eo Me EE eee ere oceoe 46 Hautaur ces sure d'antieulAton. 2020250 d0occscrocdoteoicoesoccoeegeode 39 HUE Uni EUR TURC O LPS PE PER RE TRE EEE PER PE PME en 36 Diamètre longitudinal des fossettes d’articulation des ares neuraux ............. … > transversal » PEUT LT LR CERN ER ARE 15 Distance deces tue AIO SELLES ER AE PE PR Une 3 Distance comprise entre les surfaces d’articulation des ares hémaux .. ............ 971 Diametre transversaltde ces MémMes SUTIACeS NE 26 Distance comprise entre les fossettes des ares neuraux et les surfaces d’articulation des AL C SUR 6 M AUX CEA PR EE LR ES AA EE CERN RE en e 0 Danone des trons RCA à occcooocaoscococcoosobocoouecosoedoeetecee 3 à 4 Distance entre les trous vasculaires inférieurs... ....... ...... 6 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Le seul fragment de reptile que nous ayons trouvé est, comme nous venons de le dire, un corps de vertèbre dont les caractères rappellent tout-à-fait le genre des Plésiosaures. Cet os a en effet évidemment appartenu à un replile dans lequel les lames tectrices ou arcs peuraux étaient imparfaitement soudées au corps; elles ont laissé, comme trace de leur attache, deux fossettes arrondies et rapprochées. On y remarque, en outre, tant en dessus qu’en dessous, deux trous qui sont la terminaison des canaux veineux verticaux que M. Owen a très-bien représentés dans les Plésiosaures de la craie !. Les ares hémaux ont laissé à la face inférieure des traces d'adhérence plus éloignées. Sous tous ces points de vue, ainsi que sous ceux du peu de profondeur de la surface d’articulation et des pro- portions des différentes parties, notre fossile ressemble trop complèlement aux figures de M. Owen. pour que nous puissions avoir le moindre doute sur sa détermination gé- nérique. La place qu'occupait cette verlèbre dans la colonne épinière est un peu plus ditficile à décider. Si nous en jugions seulement par ses dimensions, nous serions tentés de la rappor- ter à la région cervicale; car elle est presque identique sous ce point de vue à celle que M. Gwen attribue au P. constrictus, Ow., et qu'il considère comme appartenant au milieu de cette région. Mais d’autres caractères plus essentiels nous semblent démontrer, au contraire, qu'elle a dù faire partie des régions postérieures du corps, et probablement du commencement de la queue. Les motifs qui nous paraissent justifier cette manière de voir, sont les suivants : 1° Les fosseltes qui correspondent aux arcs neuraux sont très-rapprochées, séparées par une petite carène, presque sans épaisseur. Elles prouvent ainsi que les neurapo- physes étaient unies sous un angle aigu, que le canal médullaire était très-petit, et que la vertèbre ne devait pas être éloignée de la terminaison de la moelle épinière. 20 Les impressions des bords de la face inférieure indiquent, par leurs rugosités, qu'elles ont été en contact avec un os immobile, et par conséquent nous les considé- rons comme ayant servi d'attaches à des arcs hémaux. Si cette vertèbre avait porté des côtes, on verrait à la place de ces impressions, des surfaces articulaires plus ou moins lisses. IL est presque impossible de comparer cette espèce avec celles que l’on connait déjà: car il faudrait que les vertèbres des mêmes régions fussent figurées. Nous n’indiquerions done que des différences sans valeur, en disant que notre vertèbre est beaucoup moins aminci eau milieu que celles du P. constrictus, Ow., et plus longue à proportion de sa hauteur et de sa largeur que celles des P. Bernard, Ow. et P. pachyomus, Ow. Nous lui avons cependant donné un nom spécifique; mais nous le considérons comme tout- à-fait provisoire et comme justifié seulement par ce fait que les seuls Plésiosaures ! Monograph on the Fossil Reptilia of the Cretaceous formations, dans les publications de la Société Paléonto- graphique, 1851. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. fl trouvés jusqu’à présent dans les terrains crétacés appartiennent au grès vert supérieur et à la craie. LocauTé. La vertèbre que nous venons de décrire a été trouvée dans la marne jaune de la Perte du Rhône (aptien inférieur, h), par MM. Balland, Bourdillon et Ed. Pictet, étudiants. Explication des figures. PI. I. Fig. 1 a. Le corps de ver‘èbre vu en dessus. Fig. 1 b. Le même vu en dessous. Fig. 1 c. Le même vu de profil. Fig. 1 d. Surface d'articulation antérieure. — ne 000 en — 8 PALÉONTOLOGIE SUISSE. CLASSE DES POISSONS. Nous n'avons trouvé pour constater l'existence des poissons dans le terrain apten que quelques dents'. Les unes se rapportent à la sous-classe des Ganoïdes et à la famille des Pycnodontes. Une seule fait partie de la sous-classe des Placoides. GENRE PYCNODUS, Agassiz. Les dents qui se rapportent à ce genre indiquent l'existence de deux espèces ; elles ont le caractère commun d’une surface aplatie, mais elles diffèrent essentiellement par leur forme et par les rapports des rangées latérales avec la rangée médiane. M. Agassiz a caractérisé par l’aplatissement de la couronne deux espèces des grès verts de Ratisbonne, les P. Munsteri et P. complanatus, attribuant à l’une et à l’autre des dents longues et des dents plus ou moins arrondies. Les motifs qui l'ont engagé à cette distri- bution ne nous paraissent pas ressortir clairement des descriplions qu'il en a données. M. Reuss a proposé de réunir ces deux espèces en une seule. Nous ne connaissons les exemplaires de Ratisbonne que par les figures de MM. Agassiz et Reuss, et nous ne pouvons pas en conséquence discuter directement la convenance de les répartir dans une ou dans deux espèces. Mais nous pouvons certifier que les dents que nous avons recueillies, qui individuellement concordent tout-à-fait avec celles de Ratis- bonne, forment deux espèces très-distinctes, dont l’une est caractérisée par une rangée 4 Nous ne parlons pas ici d'un fragment de rayon dorsal (Ichthyodorulithe), trouvé dans la marne jaune (aptien inférieur, h), car ce fragment très-incomplet ne montre que la partie inférieure du rayon. Sa coupe est ovale, comprimée, une fois et demie aussi longue que large et sans carène. Sur sa face postérieure on voit un tubercule qui rend probable l'existence d'une rangée unique de petites épines. La face inférieure montre deux tubercules semblables placés également sur la ligne médiane, mais très-petits. Ce rayon appartient probablement à la famille des Hybodontes, mais pas au genre Hybodus qui est caractérisé par une double rangée d'épines postérieures. ( Collection de M. Renevier. ) FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 9 médiane composée de dents étroites et par des rangées latérales très-petites; l’autre a une rangée médiane de dents larges ou arrondies qui n’excèdent pas beaucoup par leurs dimensions les rangées latérales. Si, comme nous le pensons, nos dents appartiennent bien aux mêmes espèces qu'a décrites M. Agassiz, il convient de conserver les noms imposés par ce savant naturaliste, en fixant d'une manière plus précise la limite des espèces, et en y répartissant les échan- tillons figurés d'une manière un peu différente. Nous attribuons le nom de P. Munsteri a celle dont la rangée médiane est composée de dents longues et étroites, parce que de toutes les figures de M. Agassiz, celle qu'il a donnée sous le N° 29 et qu'il a attribuée au P. Munsteri est celle qui lui ressemble le plus. Nous conservons en conséquence le nom de P. complanatus pour l'espèce dont les dents de la rangée médiane sont larges et presque rondes. Nous attribuons à la première les figures 26 à 29 et 40, 41 de M. Agassiz, et à la seconde les figures 30 à 32 et 42 à 48. Nous considérons les figures 33 à 39 comme douteuses, et comme pouvant appartenir également à l’une ou à l’autre. Pycnopus MUNSTERI Ag. CRIME RTE") SYNONYMIE. P. Munsteri, Ag., Poiss. foss., t. IT, 2€ part., p. 197, pl. 72 a, fig. 26-29 (exclus. 30-32), du grès vert de Ra- tisbonne. - P. complanalus, Ag., id.» p- 197, pl. 72 a, fig. 40-41 (exclus. 42-48), du grès vert de Ralishonne. P. complanatus, Reuss, 1845 (pro parte), Boëhm. Kreideform., p. 9, du Plaenerkalk de Kosstitz et des conglo- mérats de Bilin. P. Munsteri, Giebel, 1848, Fauna der Vorwelt, t I, 3 partie, p. 168, du grès vert de Ratisbonne. DIMENSIONS. Echantillon de la Perte du Rhône, PI. I, fig. 3. Largeur ! de la plus grande dent............. ed D Ce ont OS 47 mm. Longueur de la même par rapport à sa largeur. ................................. 0,38 » de la suivante » ARE TEE TO dE ON Ce 0,49 Echantillon de Ste-Croix, PI. I, fig. 2. Largeur de la plus grande dent de la rangée médiane. . . d00000000000000 o0000e 7 mm. » de la plus petite » D ne MESSE D Fa pon oo ao bDe me nenae 4 Moyenne de la longueur des dents de la rangée médiane par rapport à leur largeur... 0,50 Largeur des dents de larangée latérale... 0.0... DS PC 1,5 Longueur DOREUTE RRRNEE Hab b ER Done DD on D EE PP e CiACNe 1,5 ? Nous appelons largeur de la dent son diamètre transversal, et longueur celui qui est mesuré parallèlement à l'axe du poisson. = A 10 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Les dents de la rangée médiane sont remarquables par leur grande largeur comparée à leur longueur. Leur surface est plate, infléchie sur les bords; leur contour est quadran- gulaire, à angles arrondis. Elles diminuent uniformément. Notre échantillon le plus com- plet en présente cinq. Les dents de la seule rangée latérale que nous connaissions, forment une bande régulière. Elles sont toutes à peu près égales, et beaucoup plus petites que celles de la rangée mé- diane, n’atteignant guére en moyenne que le quart de leur plus grand diamètre. Leur longueur est sensiblement égale à leur largeur. Leur nombre parait avoir été double de celui des premières. Les moins usées ont une dépression médiane ; les antérieures sont tout-à- fait plates. Des impressions bien marquées sur le bord de l'os de la machoïre indiquent l'existence d'une troisième rangée, composée probablement de dents un plus grandes et un peu moins nombreuses qne celles de la précédente. OgservarTion. Nous rapportons à la même espèce les deux fragments décrits ci-dessus, quoique celui qui provient de la perte du Rhône ait des dents un peu plus larges par rap- port à leur longueur, et un peu plus infléchies sur les côtés. Les autres caractères sont trop identiques pour nous permettre de les séparer. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Si on compare les dents de cette espèce à celles qui ont été décrites dans les terrains crétacés inférieurs et moyens, on reconnaitra facilement qu’elles ont une beaucoup plus grande différence entre la rangée médiane et la première latérale que celles du P. Hartlebeni, Roëm., que M. Roëmer rapproche du P. Mantelh, Ag. du terrain wealdien. Elles ne peuvent pas non plus être confondues avec celles du P. Couloni, Ag. que M. Agassiz donne comme identiques de forme à celles du P. gigas, Ag. Quant aux P. depres- sus et P. minor, cités par M. Agassiz, ils n’ont pas été décrits. Locanités. Nous avons trouvé cetle espèce dans le terrain aptien inférieur. Notre meil- leur échantillon a été découvert à Sainte-Croix par M. le D' Campiche. L'autre exemplaire figuré provient de la marne jaune de la perte du Rhone (k} et fait partie de la collection du Musée de Genève. Explication des figures. PI. I. Fig. 2. Echantillon de Ste-Croix. Fig. 3. » de la Perte du Rhône. Ces deux échantillons sont représentés de grandeur naturelle. PYCNODUS COMPLANATUS, Ag. (PL. I, fig- 4.) SYNONYMIE. P. complanatus, Ag., Pois. foss.. {. Il, 2€ partie, p. 197, pl 72 a, fig. 42-48 (exclus. fig. 40-41), du grès vert de Ratisbonne. :FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 11 P. Munsteri. Ag., Poiss. foss., t. IL, 2€ partie, p. 197, pl. 72 a, fig. 30-32, du grès vert de Ratishonne. Pharyngien de Pycnodus, Leymerie, Mém. Soc. géol. de France, t. V, p. 33, pl. 18, fig. 6 ? du terrain néoco mien de Vandœuvre. P. complanatus, Renss, 1845 (pro parte), Boehm. Kreideform., p. 9, du plænerkalk de Bohême. P. complanatus. Giebel, 1848, Fauna der Vorwelt, t. I, 3, p. 168, du grès vert de Ratisbonne. DIMENSIONS. Largeur de la plus grande dent de la rangée médiane. ........................... 16 mm. Dargeur de la dent suivante dela même rangée................................. 11 D (e) Psendunedenndelaranséelatérale REP RRRE PTE EC ELEC 1 Longueur de la plus grande racine des dents de la même rangée. ................... 8 [e) O (e) Longueur de la plus grande racine de la rangée externe... ......:................. 9 Longueur de la plus grande dent par rapport à sa largeur ........................ 0,70 PoncuendelaSuyantepanrapportalsalarseur ee REC EC RC EC CCE ce. 1,0 Longueur d’une dent latérale par rapport à sa largeur ........................... 1,2 Le seul fragment de mâchoire que nous possédions de cette espèce présente deux dents de la rangée médiane. L'une d'elles est plus large que longue, la couronne est courte, excavée par l’usure qui l’a presque réduite à une sorte de bourrelet externe; elle est ovalaire à angles régulièrement arrondis. L'autre dent de la même rangée est circulaire, un peu moins régulière toutefois que les dents des sphærodus; elle est aplatie en son centre. La première rangée externe est représentée par une dent entière, et par deux raci- nes. La première est un peu plus longue que large, de forme ovoïde, à couronne ré- gulièrement aplatie; son plus petit diamètre dépasse la moitié moyenne de celui de la plus grande des dents de la rangée médiane. Les racines de la même rangée paraissent avoir porté des dents analogues. La seconde rangée latérale n'est représentée que par des racines qui ont porté des dents probablement un peu plus fortes que celles de la précédente. OgservarTion. Nous rapportons avec doute à cette même espèce une dent isolée à surface plate, dont le plus pelit diamètre est les 0,65 du grand, et qui ressemble beau- coup à la dent ovalaire de la rangée médiane du fragment décrit ci-dessus, si ce n'est qu’elle est échancrée sur un de ses grands côtés, et par conséquent un peu réni- forme. Rapporrs ET DIFFÉRENCES. Nous avons rapporté ces dents au P. complanatus, à cause de leur ressemblance avec celles qui ont été figurées par M. Agassiz; mais ce savant paléontologiste n'ayant connu que des dents isolées, il reste nécessairement quelque doute sur cette assimilation. Nous ne connaissons aucune espèce dont la disposition des rangées rappelle celle que nous venons de décrire. Locacrrés. C’est aussi dans le terrain aplien inférieur que nous avons trouvé cette 12 PALÉONTOLOGIE SUISSE. espèce. Le fragment de mâchoire a été recueilli à Sainte-Croix par M. le docteur Cam- piche. La dent réniforme que nous avons indiquée provient de la couche à orbitoli- tes (g) de la Perte du Rhône. (Musée de Genève.) Explication des figures. PI. I. Fig. 4. Echantillon de Ste-Croix, de grandeur naturelle. Fig. 5. Dent de la Perte du Rhône, id. GENRE LAMNA, Cur. (PL. I, fig. 6.) Nous n'avons irouvé qu'une dent appartenant à ce genre et n'avons pu la rapporter à aucune espèce connue. Nous n’avons cependant pas eru devoir la désigner par un nom spécifique nouveau; car la variabilité des dents dans le genre des Jlamna, rend difficile d'apprécier la valeur des caractères sur un seul échantillon. Elle est caractérisée par une forme peu contournée et assez élancée, par des orcil- lons basilaires bien développés, et par ses arêtes latérales très-peu tranchantes. LocauTé. Cetie dent a été trouvée dans la couche à orbitolites /g) (aptien inférieur de la Perte du Rhône, et fait partie de la collection du Musée du Genève. Explication des figures. PI. I. Fig. 6. La dent vue par sa face externe, grossie trois fois. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 15 CLASSE DES CRUSTACÉS. a GENRE HOMARUS, Milne Edwards. On trouve dans la marne jaune des pinces ou mains détachées, qui ont évidemment appartenu à un crustacé décapode macroure, et qui ressemblent à celles des écrevisses et des homards actuels. Nous inserivons provisoire- ment l'espèce qu’elles représentent dans ce dernier genre, qui comprend les crustacés marins qui ont le plus d’analogies avec l’écrevisse de rivière. Nous sommes loin de penser que les caractères tirés des pinces suffisent . pour déterminer les rapports génériques d’une espèce. Toutefois l’analogie incontestable qui existe entre celles que nous avons recueillies et celles des homards rend notre rapprochement probable. Nous pouvons nous appuyer d’ailleurs sur l'exemple de M. Robineau-Desvoidy ! qui, dans sa description des crustacés du terrain néocomien de St-Sauveur en Puisaye (Yonne), s’est trouvé devant la même difficulté, et la résolue en réunissant au genre Homarus non-seulement l’espèce dont il s’agit ici, mais encore plusieurs autres qui diffèrent bien plus des homards de nos mers. Homarus LATREILLIH, Robineau-Desvoidy. (PI. I. fig. 1) SYNONYMIE. Homarus Latreillüi, Rob.-Desvoid., 1849, Ann. Soc. entom., 22 série,t. VIL, p. 113, pl. 4. f. 4, du néocomien de St-Sauveur : Yonne). 2 Annales de la Société entomologique de France, 2° série, 1849, t. VII, p 95. 14 PALÉONTOLOGIE SUISSE. DIMENSIONS. Lonemenr (aléas siscccoécocovocso0ace SDS DO eo ie bee al OO ti Do) éle 50 mm. » de léimae BMSlles coeiss ses Lee stedéonoupono000ovoocoodo0stece 32 » dudoistimmobiletincomplel) PÉPPÉREEEP EE CRE CC EE PTE CCE ET EC CCE 18 Largeur de-laimain, SPP ASE REPRISE Dee ae) Bpaisseurideflamant ele CE Eee TN LC Eee LCL UREECS 9 La main est allongée, régulièrement renflée, mais plus large qu'épaisse dans le rapport de 5 à 3. Le bord inférieur présente une courbure à peu près régulière, plus faible cependant dans son milieu, avec une légère dépression à la base du doigt immobile; ce bord est parfaitement lisse et sans aucune trace de dentelures. Le bord supérieur présente vers sa base une courbure à peu près semblable à celle du précédent, et il se termine par une partie presque droite. Il est orné de cinq tubercules qui paraissent avoir été médiocrement pointus. Ceux qui avoisinent la base sont plus rapprochés. Le dernier est un peu plus isolé, à peu près à égale distance de celui qui le précède et de l’insertion du doigt mobile. On remarque également un tubercule assez saillant, placé sur la face externe de la main entre les deux doigts et à hauteur de l'insertion du doigt mobile. Toute la surface est en oulre couverte de granules assez saillants, irrégulièrement dispersés. Le doigt immobile est courbé vers l'extrémité qui n’est pas complète dans notre exemplaire; son bord supérieur est muni de quatre ou cinq gros tubercules arrondis qui paraissent avoir été inégaux. Le doigt mobile manque. Rapports ET DIFFÉRENCES. Nous avions rapporté ce crustacé à l'Homarus Latreillu, Rob. Desvoidy, quoique la description et la figure données par cetauteur n’accusent pasune identité complète. Les caractères essentiels nous paraissent justifier ce rapprochement; d’ailleurs les différences qui existent entre les figures qu’a données M. Robineau Desvoidy prouvent qu'on doit tenir compte des différences individuelles. Cette pince ressemble beaucoup moins à celles de toutes les autres espèces décrites. LocauiTÉs. Nous possédons cinq mains de celte espèce trouvées dans la marne jaune () de la Perte du Rhône {aptien inférieur), Coll. du Musée de Genève et de M. Renevier. M. le docteur Campiche en a découvert une dans le terrain aptien de S'-Croix. L’échantillon figuré a été recueilli par M. E. Claparède, étudiant, qui l’a déposé au Musée de Genève. Explication des figures. PL I. Fig. Fig. 7 a. Main gauche du Homarus Latreillü,, vue du côté externe. 7 b Coupe prise vers le milieu de la main. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 15 CLASSE DES ANNÉLIDES. GENRE SERPULA, Lin. Les Serpules sont, en général, faciles à distinguer par leur tube plus ou moins cylindrique et irrégulièrement enroulé. Le seul genre avec lequel on puisse les confondre est celui des Vermets qui se secrétent des tubes assez semblables, mais ordinairement cloisonnés à l’intérieur. Ce caractère diffé- rentiel étant rarement visible, il est bien possible que quelques espèces alent été placées à tort dans l’un ou dans l’autre de ces groupes. La distinction des espèces est souvent difficile, surtout pour celles qui ont des tubes cylindriques et sans ornements, à cause de leur grande variabi- lité dans le mode d’enroulement. Cette circonstance explique la confusion qui existe dans la synonymie de plusieurs espèces, qui sont citées dans des terrains très-différents d'âge. Nous avons trouvé dans les couches qui font l’objet de ce mémoire, trois espèces, dont une est spéciale à l’aptien inférieur, une se trouve à la fois dans les deux étages de ce terrain, et la troisième est commune à Paptien et au gault. SERPULA CINCTA, Goldf. (PL. I, fig. 8.) SYNONYMIE. cincta. Goldfuss i833, Petr. Germ., t. I, p. 237, pl. 70, f. 9, du grès vert de Westphalie. cincta, Roëmer, 1841, Nord-Deutsch. Kreidegeb., p. 102, du Kreidemergel supérieur et inférieur. quinquangqulata. Roëmer, 1841, Id. p. 101, pl. 16, f. 6, du Hilsconglomerat. An A A Tube sinueux, en général peu enroulé, épais. Il est orné de cinq earènes; la plus saillante suit la ligne dorsale: elle est un peu ondulée. De chaque côté se trouve une carène moins 16 PALÉONTOLOGIE SUISSE. saillante et moins ondulée, séparée de la précéden!e par un intervalle peu considérable. La région centrale est aplatie et bordée de chaque côlé par une carène qui se trouve séparée des carènes latérales supérieures par une distance double de celle qui sépare ces dernières de la carène dorsale. La coupe du tube est un pentagone irrégulier dont les carènes occupent les sommets. La face ventrale est la plus grande ; les faces comprises entre les carènes ven- trales et latérale supérieure lui sont perpendiculaires, el les faces supérieures forment entre elles un angle obtus. Le tube est orné de stries d’accroissement assez visibles et régulières, et coupé à des intervalles irréguliers par des espèces de renflements, correspon- dant probablement à des bouches provisoires. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. La S. cincta appartient au type des Pentagona de Goldfuss. Elle se distingue facilement de toutes les espèces de ce groupe par l'inégalité de ses faces et par la petitesse relative de celles qui bordent la carène dorsale. Hisroire. Cette espèce a été décrile pour la première fois par Goldfuss, sous le nom de Serpula cincta, et quoique cet auteur la figure avec des bourrelets plus gros et plus arrondis que ceux que nous avons observés, nous n'avons pas de doutes sur leur identité. M. Roëmer en citant l'espèce de Goldfuss, décrit en outre une Serpula quinquangulata qui ne nous paraît se distinguer par aucun caractère, sauf qu'elle manque de bourrelets transversaux ; or on trouve souvent de longs bouts qui en sont dépourvus, et leur absence sur des échan- tillons aussi courts que ceux qu'a figurés M. Roëmer ne peut pas êlre considérée comme un caractère spécifique. Le même auteur donne encore une descriplion presque identique d’une espèce qu'il rapporte à la S. fluctuata, Sow; mais cetle dernière a des carènes régulières et une face d’adhérence étroite, et il est probable que les échantillons décrits par M. Roëmer appartiennent encore à la S. concta. LocauTÉ. Celte serpule caractérise à la Perte du Rhône le Lerrain aptien inférieur, nous l'avons trouvée dans les trois couches (h, q, f) que nous distinguons dans cet étage. [Musée de Genève el collection de M. Renevier.] Explication des figures. PI. I. Fig. 8 a. Echantillon de grandeur naturelle. Fig 8 b. Coupe du méme, SERPULA ANTIQUATA, SOW. (PIMT NAN ON) SYNONYMIE. S antiquata, Suw., 1820, Min, Conch., pl. 598, fig. 5-7, du grès vert du Wiltshire. S antiquata, Sow., 1835, in Fitton, Trans. geol. Soc., p. 353, du upper et du lower green sand. (>) . antiquata, Roëmer, 1841, Nord-Deutsch. Kreidegeb., p. 100, du Hilsthon et du Hilsconglomerat. . antiqua!a, Fitton, 1847, Quart. lourn geol. soc. t. IIT, p. 289 (tableau), du lower greensand. m FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 17 Tube cylindrique, épais, peu enroulé, orné de stries d'accroissement irrégulières, souvent obliques, et de bourrelets disposés aussi avec irrégularilé, soit quant à leur grandeur rela- tive, soit quant à leur direction. Ces bourrelets ne sont eux-mêmes que des lignes d’accrois- sement plus fortes. On trouve souvent des bouts de tubes presque complètement droits. RapPonTS ET DIFFÉRENCES. Cetle espèce se distingue principalement par ses bourrelets fréquents el irréguliers, caractère qui ne se retrouve à ce degré dans aucune autre espèce cylindrique. Locaurés. La S. antiquata se trouve à la Perte du Rhône dans le terrain aptien supérieur et, plus rarement, dans la couche inférieur du gault (, d, c). Collections du Musée de Genève et de MM. Roux et Renevier. M. Campiche l’a aussi trouvée dans le terrain aptien de Ste-Croix. Explication des figures. PL I. Fig. 9, à. b, c, d. Fragments de grandeur naturelle, du terrain aptien supérieur de la Perte du Rhône. SERPULA FILIFORMIS, SOW. (PI. I, fig. 10 à 15:) SYNONYMIE. Vermuculite, Parkinson, 1511, Org. Rem , t. HE, pl. 7, fig. 2. du grès du Devonshire. 5. socialis, Goldfuss, 1826, Petr Germ., 1.1, p 235, pl. 69, fig. 12 (pro parte), du grès vert de Ratisbonne, S. gardialis, Schlotheim, Var. serpentina, Goldf, 1826, Zd p. 240, pl. 71, fig. 4, du grès vert. S. fiiformis, Sow., 1836, in Fitton, Trans. of the geol. Soc, 2° Série, t. IV, p. 340, pl. 16, fig. 2, de Blackdown. S. fihformis, Reuss, 1845, Boëhm. Kreideform., p 20. Tube cylindrique, enroulé en masses compliquées, composées tantôt de tubes presque parallèles, tantôt de tubes entrelacés. Leur surface est marquée de stries d'accroïissement peu distinctes, et ne présente ni bourrelets, ni carènes. Ogservariox. Nous réunissons en une seule espèce des amas de serpules formés sur des systèmes d’agrégation très-différents, parce que nous'avons trouvé entre eux de nombreuses el incontestables transitions. Tantôt, et ce sont les plus simples (#g. 13), les tubes décri- vent des lignes sinueuses et se recouvrent à peine; tantôt ils s'entrelacent en formant une multitude d’anses et point de bouts droits, tanlôt ils forment des hélices isolées; tantôt enfin les tubes sont droits et presque parallèles. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce dont les tubes sont beaucoup plus étroits que ceux des deux précédentes, se distingue par son enroulement compliqué et par l'absence d’or- nements. 3 18 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Hisroire. La synonymie de cette serpule est presque inextricable, car la plupart des an- ciens auteurs ont réuni sous le même nom spécifique des espèces qui lui ressemblent, et qui appartiennent à toules les époques géologiques, depuis le dévonien jusqu’à la craie blanche. C’est en particulier ce qui est arrivé pour la S. socialis, et en partie aussi pour la S. gordialis. D'un autre côté les serpules à tubes étroits, cylindriques et sans ornements, se ressemblent tellement qu'on ne les a guère distinguées que par leur enroulement, dont nous avons constaté plus haut la variabilité dans l'espèce qui nous occupe. Dans cet état de choses, les noms de S. socialis etS. gordialis, ne pouvant pas être transportés à des espèces crétacées, et la figure donnée par Sowerby dans le mémoire de Fitton d'une espèce du lower green sand convenant tout à fait à un des modes d'enroulement de la nôtre, nous avons cru devoir le conserver pour l'espèce. Locaurrés. La S. filiformis se trouve à la Perte du Rhône, à la fois dans le terrain aptien inférieur et dans le terrain aptien supérieur (4, e, d). Coll. du Musée de Genève et de MM. Roux, Rochat et Renevier. M. Campiche l’a aussi trouvée dans le terrain aptien de Ste-Croix, et M. Renevier dans celui de la Presta. Explication des figures. PI. I. Fig. 10. Echantillon du terrain aptien supérieur, formant un faisceau de tubes presque parallèles. Fig. 11 a et 11 b. Echantillons entrelacés, le premier du terrain aptien supérieur, le second de l'inférieur. Fig. 12. Echantillon du terrain aptien supérieur, composé de tubes plus gros. Fig. 13 a et 13 b. Echantillons à tubes simplement sinueux, ne se recouvrant pas, du terrain aptien inférieur. : < Fig. 14. Echantillon héliciforme, du terrain aptien supérieur. Fig. 15. Echantillon roulé en hélice cylindrique, du terrain aptien inférieur. Tous ces échantillons ont été dessinés de grandeur naturelle. Qu FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 19 CLASSE DES MOLLUSQUES CÉPHALOPODES. Cette classe n'est représentée que par un petit nombre d'espèces dans les terrains qui font objet de ce mémoire. L’aptien inférieur en particulier en renferme très-peu. Les dépôts aptiens supérieurs de la Perte du Rhône et ceux de la Presta nous ont fourni la plus grande partie des espèces que nous décrivons ci-après. GENRE BELEMNITES. Les seules bélemnites que nous connaissions proviennent du terrain aptien supérieur de la Presta. Nous n’en avons point trouvé à la Perte du Rhône dans les couches inférieures au gault. BELEMNITES SEMICANALICULATUS, Blainville. (PL. IT, fig. 1.) SYNONYMIE. B.. semicanaliculatus? Blainv., 1827, Mém. sur les bélemnites, p. 67, pl. 1, fig. 13. B. semicanaliculatus, d'Orb., 1846, Pal. fr., Ter. crét., Suppl. p. 23, pl 9, fig. 7-9, de l'argile à plicatules. B. semicanaliculalus, d'Orb., 1850, Prodr., t Il, p. 112, du terrain aptien. Rostre assez allongé, cylindrique ou un peu comprimé, aminci et pointu vers son extré- milé postérieure, pourvu en dessous d’un sillon faible, plus marqué au côté antérieur, et disparaissant ordinairement dans la moitié postérieure. Il est quelquefois formé de deux branches parallèles plus ou moins apparentes; dans plusieurs échantillons il n’est presque pas visible. Tous les échantillons entiers que nous avons entre les mains présentent celte altération provenant d’une ruplure, qui a donné lieu à la formation du genre Actinocamaz ; leur partie antéricure manque d’alvéole, et se prolonge en une pointe irrégulière. 20 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Rapporrs ET DIFFÉRENCES. La bélemnite que nous décrivons est évidemment celle qui a été figurée par M. d'Orbigny dans le supplément aux terrains crétacés, PI. 9, fig. 1-9. Nous n'avons pas eu de matériaux suffisants pour vérifier si c’est véritablement le B. semicanali- culatus de Blainville qui, en apparence, en diffère beaucoup. Il nous paraît assez vraisem- blable que l’on doit y rapporter aussi l'espèce du lower green sand que M. Forbes attribue avec doute au B. lanceolatus, Sow. (Min. conch., PI. 600) Cette dernière provient de la craie. Locarré. Cette bélemnite est assez abondante dans le terrain aptien supérieur de la Presta, où elle se trouve avec la Plicatula radiola, Lam., la Phicatula placunea, Lam., et l'Ostrea aquila, (Brong.) d'Orb. Collections de MM. Campiche, Coulon, Rochat, Renevier, etc. Explication des figures. PI. III. Fig. 1 a. Echantillon de la Presta vu par sa face ventrale. Fig. 1 b. Le même vu de côté. Fig. 1 c. Echantillon plus modifié, et dont la rupture est plus loin de la base. Ces trois figures ont 616 dessinées de grandeur naturelle. GENRE NAUTILUS. Les Nautiles du terrain aptien de la Perte du Rhône forment deux espèces dont lune est connue depuis longtemps et a été trouvée dans d’autres gise- ments contemporains, et dont l’autre a été décrite dans ouvrage de l'un de nous sur les grès verts des environs de Genève. GENRE NAUTILUS. NAUTILUS PLICATUS, SOW. SYNONYMIE. . plicatus, Sow , 1836, in Fitton, Traus. geol. Soc., 2° Série, t. IV, p. 129. du lower greensand. . Requienianus, d'Orb., 1840, Pal. franc., Ter. crétacés, t. 1, p. 72, pl 10.. . plicatus, Forbes, 1845, Quart. Journ. Geol. Soc., t. [, p. 353, du lower green sand. . plcatus, d'Orb., 1850. Prodr., t. II, p 112. du terrain aptien. Coquille renflée, à ombilic très-pelit, à siphon subcentral, et clairement caraclérisée par ses sillons obliques, qui forment sur le dos un angle aigu dirigé en arrière, et sur chaque flanc un angle pareil dirigé en avant. Cette espèce est trop bien caractérisée pour que nous ayons cru nécessaire de la décrire et de la figurer de nouveau. LocauTÉ. Nos échantillons ont été trouvés à la Perte du Rhône dans le terrain aptien inférieur {f, grès marneux}. Collections du Musée de Genève et de M. De Luc. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 24 NauTizus NECKERIANUS, Pictet. SYNONYMIE. N. Neckerianus, Pictet, Moll foss. gr. verts, p. 16, pl. 1, fig. 2. N. Neckerianus, d'Orb., 1850, Prodr., t II, p. 122, du terrain albien. Coquille médiocrement comprimée, à dos arrondi, ornée de siilons profonds, arqués en avant, dont une partie s'arrête vers le tiers intérieur des flancs. Siphon subcentral. Ogservariox. Cette espèce est très-voisine du N. Neoconuensis, d'Orb. Il a déjà été dit dans la Descr. des Moll. foss. des grès verts, que les seules différences qui l’en distinguent sontune forme moins comprimée, des sillons plus arqués, et le fait que la moitié environ de ceux-ci s'arrêtent avant l’ombilic. Nous n'avons pas eu de nouveaux échantillons qui nous aient permis de décider si ces différences sont constantes. Locazrré. A la Perte du Rhône nous n’avons trouvé ce nautile que dans l'aptien supé- rieur {e, d); mais à Lancrans ! nous avons constaté qu'il est associé à des fossiles du gaull. GENRE AMMONITES , Bruguière. Les Ammonites sont beaucoup plus rares dans le terrain aptien de nos environs que dans le gault, et sont loin de présenter la même variété de formes. Une seule nous a paru nouvelle. AMMONITES CORNUELIANUS, d'Orb. SYNONYMIE. Am. Cornuelianus, d'Orb., 1840, Pal. fr., Ter. crét.. t. I, p. 364, pl. 112, fig. 1-2. de l'argile à plicatules. Am. Cornuelianus, Forbes, 1845, Quart. Journ. geol. Soc., t. 4, p 354, du lower greensand. Am. Cornuelianus, Pictet, 1847, Moll. foss. gr. verts, p. 55, pl. 5. fig. 4. Am. Cornuelianus, Fitton, 1847, Quart. Journ. geol. Soc., t IX, p. 289 (tableau), du lower greensand Ain. Cornuelianus, d'Orb., 1850, Prodr., t, I, p. 113, du terrain aptien. Nous avons constaté qu'à la Perte du Rhône, l’Am. Cornuelianus ne se trouve point dans le gault; mais bien dans les grès durs {(aptien supérieur d). Nous ne connaissons cette espèce dans aucune autre localité de nos environs. Collections du Musée de Genève, de M. le professeur Favre et de M. Rencvier. ! Lancrans est situé à trois quarts de lieue au Nord de la Perte du Rhône. 29 PALÉONTOLOGIE SUISSE. AMMONITES MARTINU, d'Orb. SYNONYMIE. Am. Martinit, d'Orb., 1840, Pal. fr. Ter. crét , t. I, p. 194, pl. 58, fig. 7-10, de l'argile à plicatules. Ain. Martini, Forbes, 1845, Quart. Journ. Geol. Soc. ,t. I, p. 354, pl. 5, fig. 3,du lower greensand d’Atherfeld. Ain. Martinii, Fitton, 1847, Quart. Journ. Geol. Soc., t. III, p. 289 (tableau), du lower greensand. Am. Martini, d'Orb., 1850, Prodr., t. IT, p. 113, du terrain aptien. Am. Martinii, Alb. Gras, 1852, Cat. foss. Isère, p. 35, du terrain aptien. Nous renvoyons pour la figure el la description de celte espèce bien caractérisée à la Pa- léontologie française. Nous en connaissons un échantillon qui à été trouvé dans le terrain aptien de S-Croix par M. le docteur Campiche, et un autre qui provient de l’aplien de la Presta, près Couvet (Collection de M. Renevier). AMMONITES MiLLETIANUS, d'Orb. SYNONYMIE. Am. Milletianus, d'Orb., 1840, Pal. fr., Ter. crét., t. [, p. 163, pl. 77, du gault. Am. Malletianus, Pictet, 1847, Moll gr. verts, p. 52, pl. 5, fig 1, du gault. Am. Hilletianus, d'Orb.. 1850, Prodr. t. IT, p. 123, du terrain albien. Cette espèce, fréquente dans la couche inférieure (c) du gault de la Perte du Rhône, a déjà existé dans l’époque aptienne. Nous avons constaté sa présence dans les grès durs {aptien supérieur d), de la Perte du Rhône, où elle est très-rare (Collections de M. le docteur Roux et du Musée de Genève): M. Campiche l’a aussi découverte dans le terrain aptien de Ste- Croix. AMMONITES DUFRENOYI, d'Orb. SYNONYMIE. Am. Dufrenoyi, d'Orb., 1840, Pal. fr. Ter. crét., t. 1, p. 200, pl: 32, fig. 4-6, des marnes de Gargas. Am. Dufrenoyi, d'Orb., 1850, Prod. t. II, p. 114, du terrain aptien. Nous possédons deux échantillons de cette espèce, bien caractérisés, qui proviennent du terrain aptien de la Presla (Collections de MM. Campiche et Renevier). Nous lui rapportons, mais avec quelques doutes, un autre échantillon moins complet, trouvé par M. Campiche dans le terrain aptien de Ste-Croix. Il a des côtes plus fines et plus nombreuses. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 29 AMMONITES MAMILLATUS, Schlotheim. CPI. IL, fig- i.) SYNONYMIE. Ammmonite, Walch, 1774, Naturforscher, t. I. p. 196. pl. 9, fig. 1-3. Am. mamallatus, Schl., 1813, Taschenb. f. Mineral., t. VIT, p. 111. _ Am. monile, Sow.. 1816, Min. conch., pl. 117, du greensand de Sandgate. Am. clavatus, Brong., 1822, in Cuv , Oss. foss., 4° édit. t. IV, p. 178 et 639, pl. N, fig. 14, de la glauconie crayeuse (gault) des Fiz. Am. monile, Sow., 1835, in Fitton, Trans. geol. Soc. 2° Série, t. IV, p. 366, du lower greensand, du gault et du upper greensand. Am. mamallaris, d'Orb., 1840, Pal. fr. Ter. crét., t. I, p. 259, pl. 72 et 173, du gault. Am. mamillaris, Morris, 1843, Cat. of Brit foss., p. 174, du lower greensand, du gault et du upper green- sand. Am. mamillaris, Forbes, 1845, Quart. Journ. geol. Soc, t. I, p. 353, du lower greensand, Am. mamillaris, Pict., 1847, Moll. foss. grès verts, p. 77, pl. 7, fig. 5, du gault. Am. monile, Roëmer, 1841, Nord. Deutsch. Kreidegeb., p. 88, du Hilsconglomerat, Am. mamillatus, d'Orb., 1850, Prodr., t. II, p. 123, du terrain albien. Am. mamillatus, Giebel, 1852, Fauna der Vorwelt, t. III, p. 604, DIMENSIONS. Diamètre de l'échantillon de M. Rochat..,........... PR NE CIS 160 mm. » » GE ME JE Gomiene MEv@roonc 20 cto0cocencoacoceuonoe 290 » » du Musée de Lausanne (gault)""#""""""" 0 en 560 Parseunduidermer touripanra ppOrMAUdIAMELMTE Re en nee 0,41-0,46 Diamètre de l’ombilic » DE e D PT Rene PS Re Me 0,29-0,32 . Epaisseur du dernier tour » DEN nee PE nn te ee de ae ele ete tien 0,41 -0,52 Coquille renflée, épaisse, ornée en travers d'environ dix-sept côtes par tour, qui com- mencent vers l'ombilic par un gros tubercule pointu et saillant, et qui sont ornées dans leur longueur de six à sept tubercules assez éloignés sur les flancs et plus rapprochés sur la région siphonale. Entre ces côtes principales sont intercalées un nombre. plus considérable de côtes plus courtes qui ont les mêmes tubereules dans tout leur parcours, sauf vers l’om- bilic où elles s’atténuent. Toutes ces côtes se réunissent à celles du côté opposé en se déprimant un peu sur la ligne siphonale. La spire est composée de tours arrondis, se recou- vrant dans l’ombilic sur les deux cinquièmes de leur largeur. Chaque tour s'élève d'une quantité assez considérable au-dessus de celui qui le précède. Ces ornements s’atténuenl sur le moule et deviennent plus arrondis et moins visibles, comme on le voit sur notre figure. Nous possédons quelques fragments de test qui, par leurs ornements, rappellent tout à fait l’'Am. mamillatus type. 24 PALÉONTOLOGIE SUISSE. OnservarioN. M. d'Orbigny a fait remarquer l’extrème variabilité de cette espèce. Les échantillons que nous avons trouvés dans le terrain aptien appartiennent à la série des variétés qui sont caractérisées par des côles à la fois inégales et nombreuses; mais ils dif- férent de toutes celles qui ont été décrites par la grandeur des tubercules ombilicaux, qui dépassent beaucoup ceux des autres rangées, tandis que le contraire a lieu le plus souvent. A mesure que cette variété avance en âge, ses tours s’arrondissent davantage, les côtes se dépriment moins en passant sur le siphon; les tubercules, sauf ceux qui entourent l’om- bilie, s'atténuent peu à peu, les côtes persistent plus longtemps, mais finissenL aussi par disparaître. Dans l’âge très-adulte, comme dans l'échantillon du Musée de Lausanne, il ne reste que les tubercules ombilicaux qui, à cette époque de la vie, sont encore fortement marqués. Rapporrs ET DIFFÉRENCES. Ce n’est pas sans hésitation que nous avons rapporté cette ammonite à l'Am. mamillatus, car, comme nous l'avons dit plus haut, nos échantillons dif- férent de toutes les variétés connues de cette espèce, par l'importance relalive et la persis- tance des tubercules ombilicaux. Sous ce point de vue, ils se rapprochent davantage de l'Am. Solitæ, d'Orb. [Journ. conch. de Petit de la Saussaye, 1853, p. 211, PI. IV, fig. 1-2) de la Nouvelle-Grenade ; mais cette dernière a les côtes toutes égales, et l’ombilic beaucoup plus cuvert. La grande taille qu'alteint notre espèce augmente encore nos doutes sur la convenance de la réunir à l’Am. mamillatus. M. d'Orbigny, qui a eu à sa disposition un nombre considérable d'échantillons. provenant d’une foule de localités, lui donne pour dia- mètre maximum 98 mill®. Tous nos échantillons sont supérieurs à cette dimension et l'un d'eux a acquis une taille cinq fois et demie aussi considérable. Locazrrés. Les échantillons que nous avons recueillis à la Perte du Rhône appartiennent au terrain aptien supérieur (grès dur, d). Dans cette même localité, la couche du gault qui est immédiatement superposée à ce terrain {c) renferme l’Am. mamillatus avec ses dimen- sions el ses caractères normaux. La même variété que nous venons de décrire se relrouve à Lancrans !, associée avec des fossiles du gault et avec l’Am. mamillatus type (couche c). Le plus grand échantillon que nous connaissions, celui du Musée de Lausanne, a aussi été trouvé à Lancrans au contact du gault et de l'aptien, et contenait dans son intérieur des fossiles du gault. Il résulte de ces faits que lors même que notre variété serait érigée en espèce, elle serait également commune à l’aptien supérieur et au gault. (Collect. du Musée de Lausanne el de MM. Mayor, Rochat et Renevier.) Explication des figures. PI. II. Fig La et 1 b. Moule du terrain aptien supérieur de la Perte du Rhône, de la collection de M. Rochat, au deux tiers de la grandeur naturelle. 1 Voyez la Note p. 21. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 25 AMMONITES CAMPIcHI1, Pictet et Renevier. (PL. II, fig. 2) DIMENSIONS. DAME o06 doc donnee eme ee OEM RE ES SP Eee PE NO E 145 mm. Farseur du dernie tour par rapport auNdiametre "1". 0,49 Diamètre de l’ombilic » DRE Se Ie AM rai ete eee 0,24 Epaisseur du dernier tour » DA EE RE CRT ER APRES CRÈTE 0,38 Coquille discoïdale, ornée en travers de côtes médiocres, infléchies en arrière, et se réu- nissant, au nombre de trois à quatre, à des tubercules assez saillants situés au pourtour de l’ombilie, au nombre d'environ treize par tours. Ces côtes passent sur la région du siphon sans s’atiénuer, et en se réunissant à celles du côté opposé, par des courbes régulières, fai- blement infléchies en arrière. La spire est composée de tours aplatis sur les flancs et régu- lièrement arrondis sur la région siphonale; ils se recouvrent dans l’ombilic sur les deux tiers de leur largeur, et chacun d’entre eux s’élève d’une quantité assez considérable au-dessus de celui qui le précède. La bouche est plus haute que large. Le lobe siphonal est médiocre à peu près égal au latéral supérieur. La selle externe est très-grande, paire et échancrée dans son milieu par un lobe assez grand. Le lobe latéral supérieur est situé vers le milieu des flancs, partagé en trois branches principales, dont celle du milieu est divisée en parties paires. La selle latérale est grande. Le lobe latéral inférieur est situé contre le tubercule ombilical, qui est ainsi compris dans la selle latérale inférieure. Il n’y a qu’un seul petit lobe accessoire. Orservarion. Les côtes deviennent moins visibles à mesure que l’ammonite vieillit. Elles s'atiénuent surtout sur les flancs et restent plus longtemps apparentes sur le siphon. Les tubercules ombilicaux conservent à peu près le même développement. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce nous parait ne pouvoir être comparée parmi les ammonites des terrains crétacés qu'avec l’Am. fissicostatus, Phill.[Am. consobrinus, d'Orb. Am. Deshayesi, Leym.) et avec l’Am. Dutempleanus. d'Orb. (Am. fissicostatus, d'Orb., olim). Elle diffère de la première par ses côtes bien plus nombreuses, réunies à l’ombilie, et par la présence des tubercules ombilicaux ; elle est en outre plus épaisse. Elle ne saurait être confondue avec la seconde à cause de ses côtes également beaucoup plus petites et plus nombreuses, tandis que les tubercules embilicaux sont en moins grand nombre. L’Am. Du- templeanus a d’ailleurs des lobes impairs et trois lobes accessoires au lieu d’un. Elle a plus de rapports avec quelques ammonites du terrain kimméridgien, et en parti- eulier avec l’'Am. Erinus, d'Orb. Elle en diffère cependant par ses tubercules ombilicaux arrondis et non comprimés, plus gros et moins nombreux, par ses côtes qui passent sur la région siphonale sans s’atténuer, et surtout par la forme des cloisons. Dans l'Am. Erinus.. A 26 PALÉONTOLOGIE SUISSE. les lobes auxihaires sont obliques; comme c’est l’ordinaire dans les Planulati jurassiques ; ils sont directs dans notre espèce qui, en outre, en a un de moins. La selle externe de l’Am. Erinus est d’ailleurs bien plus étroite que celle de l’Am. Campichit. LocarrrÉé. Cette belle espèce a été trouvée dans le terrain aptien du Pont {lac de Joux), par M. le docteur Campiche, à qui nous nous faisons un plaisir de la dédier. Explication des figures. PI. II. Fig. 2 a et 2b. Am. Campichü, aux deux tiers de la grandeur naturelle. Fig. 2 c. Cloison de la même. AMMONITES BEUDANTI, Brongniart. SYNONYMIE. Am. Beudanti, Brong., 1822, in Cuv. Oss. foss., 4° édit., t. IV, p. 172, 178. 641, pl. O, fig. 2, de la glauconie crayeuse (gault) de la Perte du Rhône et des Fiz. Am. Beudanti, Fitton, 1836, Trans. Geol. Soc., t. IV, p. 112, 258, 368, du gault. Am. Beudanti, d'Orh., 1840, Pal. fr. Ter. crét , t. I, p. 278, pl. 33 et 34, du gault. Am. Beudanti, Morris, 1843, Cat. Brit. foss., p. 170, du gault et du greensand de Lyme. Am. Beudanti, Pict., 1847, Moll. gr. verts, p. 35, pl. 2, fig. 4, du gault. Am. Beudanti, d'Orb., 1850, Prod. t. II, p. 123, du terrain albien. Cette espèce, si abondante dans le gault de la Perte du Rhône, se trouve aussi, mais très- rarement, dans le terrain aptien supérieur {grès dur d), ainsi que nous l'avons constaté par un seul échantillon, mais sur la détermination duquel il ne nous reste aucun doute. (Col- lection de M. Renevier.] GENRE TOXOCERAS, d'Orbigny. Le genre Toxoceras n’est représenté dans nos terrains que par une espèce dont les rapports sont douteux, ainsi que nous le dirons plus bas. Il ne se- rait pas impossible que des échantillons plus complets forçassent à la trans- porter dans le genre Ancyloceras. ToxocerAs Larpyr, Pictet et Renevier. (PL. IL, fig. 3.) SYNONYMIE. Hamites Raulinianus, Pict., 1847, Moll. gr. verts, p. 122, pl. 12, fig. 4 (pro parte). Coquille arquée, croissant assez rapidement, ornée en travers de côtes saillantes, grosses, arrondies, à peu près perpendiculaires à l'axe, un peu moins élevées du côté interne, ou FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 97 elles restent cependant bien visibles. Ces côtes sont de deux sortes, les unes un peu plus saillantes, sont ornées de quatre tubercules pointus, formant une série de chaque côté sur le milieu des flancs, et deux séries équidistantes sur la région siphonale; elles sont bifides entre les deux lubercules qui comprennent le siphon. Les autres côtes, au nombre de trois dans chaque intervalle, sont simples, sans tubercules, un peu épatées sur Ja région siphonale, et ressemblant tout à fait aux autres sur la région opposée. Cloisons inconnues. Histoire. Dans la Description des Mollusques fossiles des grès verts des environs de Genève, cette espèce a été confondue avec l'Hanutes Raulinianus, d'Orb. En dégageant mieux l’échan- tillon que nous venons de décrire, de la roche qui l’entourait, nous avons reconnu que, outre les différences déjà indiquées dans sa première description, savoir, des côtes plus arrondies et des tubercules plus aigus, elle se distingue encore de l’Ham. Raulinianus par sa forme générale. Sa courbure régulière et assez prononcée, et surtoul sa croissance rapide, qui se manifeste par une grande disproportion entre sa section antérieure et sa seclion postérieure, ne concordent point du tout avec le mode de développement des hamites. Ce n’est que dans les genres Toæoceras et Ancyloceras que l’on peut trouver des formes qui rappellent celles de notre espèce. Le fragment que nous en possédons est arqué de la même manière et décroit dans la même proportion que les Toroceras bitubereulatus, d'Orb., T. Duvalianus, id., et T. Cornuelianus, id. C'est par ce motif que nous l’avons rapporté à ce genre. Rapports ET DIFFÉRENCES. Les ornements de ce Toxoccras le distinguent facilement de toutes les espèces connues, ses fragments se confondraient plus facilement, comme nous l'avons dit ci-dessus, avec ceux de l’Æam. Raulinianus. Aux différences que nous avons indiquées, nous pouvons ajouter la forme de la coupe qui est comprimée dans ce dernier, et arrondie et même un peu déprimée dans le Toæaster Lardyi. Locauré. Cette espèce provient de l’aptien supérieur de la Perte du Rhône {grès durs, d). L'échantillon figuré a été trouvé par M. le professeur Necker, et fait partie de la collection du Musée de Genève. Nous le dédions à M. le professeur Lardy, de Lausanne, un des fon- dateurs de la Société helvétique des sciences naturelles. Explication des figures. PI. II. Fig. 3 a. Toxoceras Lardyi vu de profil, de grandeur naturelle. Fig. 3 b. Le même, vu du côté du siphon. Fig 3 c. Fragment, vu du côté opposé. 28 PALÉONTOLOGIE SUISSE. CLASSE DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. Cette classe est plus abondamment représentée dans nos terrains aptiens que celle des Céphalopodes, mais en revanche elle fournit un bien moins grand nombre d'espèces que celle des Acéphales. Les formes n’y sont pas très variées. Comme dans la faune du gault, l'ordre des Pectinibranches y est seul représenté. GENRE TURRITELLA, Lamarck. Nous rapportons à ce genre deux espèces, dont l’une rappelle à peu près la forme et les ornements des turritelles vivantes. La première que nous décrivons appartient à un groupe dont l’existence a déjà été signalée dans les terrains crétacés, et qui est caractérisé par un angle spiral plus ouvert que dans les espèces actuelles. TURRITELLA HELVETICA, Pictet et Renevier. (PI. III, fig. 2, a, b, c.) DIMENSIONS. Angle spiral........ PROC DST UD Cu 00 Le ee tr EE 27 à 30° Ana enmele soso odeecoccoccooooc PHoboop oo 00000000 00000 ue 000 gas 85° HE AIG c06 2 s0002p000060000000000%00090000 00 1000900006 00000 Po © 85 mm. Coquille épaisse, à spire conique, composée de tours plats, ou même un peu concayes, lisses, ou présentant de faibles stries d’accroissement infléchies en arrière dans leur milieu; suture très peu profonde. La face buccale du dernier tour est arrondie, lisse ou seulement marquée de deux petiles côtes très légères. Moule lisse, à tours régulièrement arrondis et à sulure très profonde. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 29 RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. De toutes les turritelles décrites, la seule qui lui ressemble est la T. Renauxiana d'Orb., de la craie chloritée. Elle a, en particulier, comme elle, la spire régulière, et ses stries d'accroissement sont infléchies de la même manière. Un fragment, que nous avons figuré (PL. III. fig. 2, b), semble même prouver qu’elle était également sujette à être modifiée par un rétrécissement dans le voisinage de la suture. Elle s’en distingue du reste facilement par son angle spiral moins ouvert, par le manque de côtes ailleurs que sur la face buccale et par sa croissance moins rapide. Locauré. Nous avons entre les mains quelques échantillons de cette turritelle qui proviennent du terrain aptien de Sainte-Croix, et qui nous ont été communiqués par M. le Dr Campiche. Explication des figures. PL III. Fig. 2 a. Individu de grandeur naturelle. Fig. 2 b. Individu présentant l’étranglement dont nous avons parlé plus haut. Fig. 2 c. Moule. TURRITELLA CHARPENTIERI, Pictet et Renevier. (PI. III, fig. 3, a, b.) DIMENSIONS. ATOS Dia IE Re 2 Ed entame dau à Gniee usine mer n ee 10° Andes SRI R SRI CR ARE RATES 95° Baniour (CS To ConOR (OR Me de Me conse lose oos ne 15 mm. Diamètre du donvior our, LS Ce DDR Re ao eo Teen ne 8 » Coquille très allongée; spire formée d’un angle régulier, composée de tours à peine con- vexes, ornés de quatre côtes longiludinales, tuberculeuses, dont celle qui domine la suture du côté apicial est un peu plus forte et a des tubercules un peu plus gros. Outre ces côtes, de fines stries, également longitudinales, couvrent toute la surface du tour, en étant généralement alténuées sur les tubercules. Les sutures sont profondes; la surface buccale du dernier tour est arrondie, et ornée de petites côtes tuberculeuses semblables aux pré- cédentes. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Par son angle spiral très aigu, cette espèce se distingue facile- ment de toutes les autres turritelies, sauf de la T. Hugardiana, d'Orb., du gault. Il est impossible de la confondre avec cette dernière, à cause de ses ornements bien plus com- pliqués. Ceux-ci la rapprocheraient plutôt de quelques Cérites, et en particulier du €. Phillipsii, Leym. du néocomien, mais les varices dont cette dernière espèce est pourvue, et son angle spiral bien plus ouvert rendent toute confusion impossible. 90 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Locaurré. Le seul échantillon que nous ayons de cette jolie espèce, appartient à M. le D' Campiche, et a été trouvé par lai dans le terrain aptien de Sainte-Croix. Nous la dédions à l’auteur de l’Essai sur les glaciers. Explication des figures. PI. III. Fig. 3 a Echantillon de grandeur naturelle. Fig. 3 b. Un tour grossi. GENRE SCALARIA, Lamarck. Nous rapportons l'espèce suivante au genre Scalaria, quoiqu'elle n’en ait pas tous les caractères. Elle appartient à un groupe fréquent dans les terrains crétacés, qui comprend des espèces caractérisées par des tours en contact comme les turritelles, et par des côtes transversales comme les scalaires. Il y à autant de motifs pour les rapporter à un de ces genres qu'à l’autre. On peut même ajouter que sous certains points de vue elles se rapprochent encore plus des Chemnitzia. ScALARIA Rouxn, Pictet et Renevier. (PI. III, fig. 4, a, b.) DIMENSIONS. Ado aurel des deux donnes OU 02e 6 oc ouuc ea duoosesteccoccestooccucre 20° Anolersutura ler ARE RENE TERRE AU ARS Se UE RER IT RNA 95° Hautenrtolales, ER M ER TE SERRE Re ane ee ER TEA 22 mm: Diameire du derMIeH ON Mel Ce Pie CPE 7,5 Hauteur du dernier tour par rapport à l’ensemble... ............... 0,31 Coquille allongée, non ombiliquée, spire formée d’un angle un peu convexe, composée de six à sept lours médiocrement arrondis, séparés par des sutures sans bourrelets, ornés en long de fines stries, et en travers de vingt à vingt-quatre petiles côtes, qui s’atténuent vers les sutures. Ces côtes sont parallèles à l’axe de la coquille, un peu convexes en avant, mousses, et traversées par les siries longitudinales qui leur donnent un aspect rugueux. Elles sont assez uniformes de grosseur, cependant on en voit quelques-unes plus proémi- nentes, et d’autres un peu atténuées. La portion ombilicale du dernier tour est ronde, et marquée seulement de stries longitudinales et de quelques faibles prolongement des côtes. La bouche est ovale, à bords un peu interrompus vers le retour de la spire. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 91 RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Celte espèce, ainsi que nous l'avons dit plus haut, a ses tours en contact, ainsi que loutes les scalaires des terrains crétacés. Ses ornements rappellent ceux de plusieurs espèces, et en particulier de la Sc. Dupiuiana, d'Orb., du gault. Elle diffère du reste de toutes celles qui ont été décrites par ses lours régulièrement arrondis et par l’absence complète de carène ou bourrelet, soit sur le dernier lour, soit sur les sutures. La Sc. gurgius, Pictet et Roux, manque aussi de bourrelets, maïs ses tours sont beaucoup plus aplatis, et croissent beaucoup moins rapidement. Locauiré. Le seul échantillon que nous possédions de cette jolie espèce a été trouvé à la Perte du Rhône, dans le terrain apten inférieur {marne jaune 4}, et fait partie de la col- lection de M. Renevier. Nous la dédions à M. le D' Roux, dont l’active coopération a beau- coup contribué à faire connaitre les fossiles du gault de la Perte du Rhône. Explication des figures. PI. III. Fig. 4 a. Echantillon de grandeur naturelle. Fig. 4 b. » grossi. GENRE ACTEON, Montfort. M. le Dr Campiche nous a communiqué une jolie petite espèce qui a été trouvée dans le terrain aptien de Sainte-Croix. Cette coquille a sa bouche incomplète et la fracture a enlevé les dents antérieures de la columelle. Dans cet état de chose, et ne pouvant pas la caractériser suffisamment, nous ne lui avons pas donné de nom spécifique, quoiqu’elle soit probable- ment nouvelle. Elle à un angle spiral de 37 degrés, et. sauf cetle circonstance, elle ressemble tout à fait à l'Acteon Marullensis, d'Orb. Elle a en particulier des sillons ornés de fosseltes tout à fait semblables. Genre ACTEONINA, d'Orbigny. Ce genre est caractérisé, suivant M. d'Orbigny', par une forme semblable à celle des Actéons, mais avec une columelle dépourvue de dents. L'espèce que nous décrivons ici réunit tous les caractères de ce genre, et serait le premier exemple d’une Acteonina trouvée dans les terrains 1 Paléontologie française, Terrains jurassiques, tome IT, p. 161. 52 PALÉONTOLOGIE SUISSE. crétacés. Nous avons hésité à la rapporter au genre Globiconcha, d'Orb., mais nous avons été embarrassés par la difficulté de nous rendre compte des caractères qui distinguent ces deux genres. L’un et l’autre sont très variables dans leurs formes. Il nous a semblé cependant que notre espèce ressemble trop à certaines Acteonina pour pouvoir en être séparée, et qu’elle n’a pas la forme régulièrement globuleuse qui est caractéristique de la plupart des Globiconcha. ACTEONINA CHAVANNESI, Pictet et Renevier. (PI. III, fig. 5, a, b.) DIMENSIONS. (Moules. Anvle Spirale etre ee. A ee Dre ee LCI 730 Hauteur totales pee tete dan Re RE EN Ne AE RER 15 mm. Diametre-du dermentours.saltenu een nee ne CCC 10 Hauteur du dernier tour par rapport à l’ensemble. ............................. 0,75 Coquille renflée, non ombiliquée, plus haute que large. Spire courte, formée d'un angle convexe, composée de quatre tours en gradins, marqués de lignes d'accroissement con- vexes en avant, et de sillons longitudinaux très nombreux qui rappellent ceux des Actéons. Chaque tour est surmonté d'un méplat très prononcé presque perpendiculaire au tour précédent. Les stries d’accroissement s’infléchissent en arrière en passant sur le méplat. Bouche étroite, peu arquée, élargie du côté opposé à la spire. Rapports ET DIFFÉRENCES. Cette espèce se rapproche par le méplat des tours, et par ses ornements de l'A. Sarthacensis, d'Orb. de l'oolithe inférieure, mais elle a la spire bien plus courte en proportion de sa longueur. Sa comparaison avec cette espèce nous paraît justifier d’une manière suffisante son classement dans le genre des Acteonina. LocauTÉ. Les deux échantillons que nous possédons de cette jolie coquille proviennent tous deux de la marne jaune {aptien inférieur A.) de la perte du Rhône, et font partie de la collection de M. Renevier. Nous dédions cette espèce à la mémoire de M. Daniel-Alexandre Chavannes, fonda- teur du Musée de Lausanne. Explication des figures. PI. III. Fig. 5 a. Moule de grandeur naturelle. Fig. 5 b. » grossi. Fig. 5 c. g Fragment de test grossi. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 39 Nous possédons des échantillons incomplets, qui paraissent indiquer l'existence d'une seconde espèce du même genre ou de celui des Actéons. Leur état de conservation ne nous a pas permis de constater s'ils avaient ou non des dents à la columelle. Cette espèce est étroite, près de trois fois aussi longue que large, et son dernier tour cache presque complètement la spire. Elle rappelle plus les formes de l'Acteon cuspi- datus, Sow. de la grande oolithe que d'aucune espèce crétacée. Nos échantillons proviennent du terrain aptien inférieur () de la Perte du Rhône; ils se trouvent au Musée de Genève et dans la collection de M. Renevier. GENRE VARIGERA, d'Orbigny. M. d'Orbigny a établi ce genre dans son Prodrome, t. If, p. 105. IL lui donne pour caractères d’être voisin des Actéons, mais toujours lisse, et pourvu de bouches épaissies successives, placées sur le côté, de manière à former une ou deux séries de varices longitudinales prolon- gées d’un bout à l’autre de la spire, comme chez les Scarabæus. Ces mollusques se distinguent des ptérodontes par le manque de sinus. Nous pouvons ajouter que la columelle est dépourvue de dents. VARIGERA ROCHATIANA, d'Orb. (PETIT Ag. 60 a; 0, c.) SYNONYMIE. Varigera Rochatiana, d'Orb., 1850, Prodr., IL, p. 103, du terrain urgonien de la Perte du Rhône. DIMENSIONS (Moules.) rade qall fnem)ecaccosccitbeeosebtotes once ses ocotenocoe 50° AMAR UtUTAlE RER AE eee ee cn oasis ea ete eu ae one se mince 66° Rattanr (QE Re RE ee RE De nn Due SL SR EL ER 50 mm. Dante dur damier (otre éa0c00000/000000cp0000bo00npovoo0odobopoooous 24 HauteusdundernnientourM par rapport a ensemble 0,55 Moule allongé, conique, non ombiliqué. Spire formée d’un angle fortement convexe, composée de cinq à six tours en gradins légèrement arrondis, séparés par des sutures pro- fondes. Le dernier tour est un peu plus grand que le reste de la coquille. Ce moule est isse, mais il présente sur chaque tour deux impressions qui s'étendent sur toute la largeur 1 L'angle spiral ne peut pas être mesuré exactement parce qu'il est très-convexe. 54 PALÉONTOLOGIE SUISSE. du tour, sauf sur le bord qui regarde la spire. Ces impressions sont assez régulièrement disposées de chaque côté de la coquille; elles proviennent de bouches provisoires, et indiquent un fort bourrelet. La forme générale de la coquille se rapproche de celle des Natices allongées, mais la bouche plus étroite rappelle plutôt celle des Actéons. Orservarion. M. d'Orbigny a donné pour caractère à la Varigera Rochatiana d'être munie d'un seul côté de varices formées par des anciennes bouches. Nos échantillons les mieux conservés en présentent évidemment des deux côtés. Malgré cette différence nous n’avons aucun doute sur l'assimilation que nous avons faite, car nous avons entre les mains les échantillons mêmes qui ont été communiqués par M. Rochat à M. d'Orbigny. LocarrrÉ. Cette espèce se trouve dans le terrain aptien inférieur (A et f) de la Perte du Rhône, où elle n'est pas rare. Collections du Musée de Genève et de MM. Rochat et Renevier. M. le docteur Campiche nous en a aussi communiqué quelques échantillons de l’aptien de Ste-Croix. Explication des figures. PI. III. Fig. 6 a et b. Echantillon de grandeur naturelle. Nous avons fait figurer cet échantillon qui, si il est bien une Varigera Rochatiana, est le seul que nous possédions chez lequel le test se trouve conservé. Nous avons depuis lors conçu des doutes sur sa détermination quoiqu'il présente d’une manière évidente sur son dernier tour l'impression d’une bouche provisoire cachée en partie par le test. Son angle moins aigu que ceux des échantillons certains et ses rapports avec la Natica rotundata nous ont engagés à n'en pas tenir compte dans notre description. Nous prions nos lecteurs de considérer la figure 6 c comme le véritable type de l'espèce. Dès que de nouveaux matériaux nous permettrons de nous faire une idée certaine sur le test de la Varigera, nous reprendrons cette question. L'échantillon 6 a est d’ailleurs représenté avec un angle un peu trop ouvert. Il doit être de 600. Fig. 6 c. Moule montrant les dépressions caractéristiques du genre. GENRE NATICA, Adanson. Les Natices ne sont pas rares dans les terrains aptiens de nos environs, et deux espèces en particulier sont fréquentes. On les trouve souvent à l’état de moule, ce qui rend leur détermination difficile et dans plusieurs cas incertaine. NATICA ROTUNDATA (Sow.) Forbes ‘. (TRE TEMNG, des) SYNONYMIE. Turbo rotundatus, Sow. 1823, Min. Conch., pl. 433, fig, 3 et 4, de Blackdown. 4 Nous avons adopté la méthode suivante pour les noms spécifiques. Toutes les fois qu’une espèce a été décrite pour la première fois par un auteur, puis transportée dans un genre différent par un autre, nous faisons suivre son nom de celui des deux auteurs en mettant entre parenthèses celui du naturaliste qui l’a ie premier décrite. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 59 Littorina rotundata, Sow., 1835, in Fitton, Trans. Geol. Soc., 2° Série, t. IV, p. 364, de Blackdown et du lower greensand. Ampullaria lævigata, Desh., 1842, in Leymerie, Mém., Soc., Géol., V, p. 13, pl. 16. fig. 10., du néocomien. Natica lævigata, d'Orb., 1842. Pal. fr. Ter. crét., t. IT, p. 148, pl. 170, fig. 6 et 7, du terrain néocomien inférieur. Natica rotundata, Forbes, 1845. Quart. Journ. I, p. 346, du lower greensand d’Atherfield, etc. Natica rotundata, Fitton, 1847, Quart. Journ. II, p. 289 (Tableau), du lower greensand. Natica sublævigata, d'Orb., 1850- Prodr., II, p. 68 et 115, du néocomien inférieur et de l’aptien. DIMENSIONS. Ange sal (Moeme) EE Re SR PE RE 70° Are Ge SR RP Éd ee FRA nt maligne 65° Hbuienr (Be amande ae ct DETAIL REA EE CE D TR PT 30 mm. Dent du dener OUR coco occoncodo sr edero o menton emo 0 nn 20 Hauteur dukderniertour par rapport à l’ensemble...=............... 0 0,65 Coquille oblongue, plus haute que large, à stries d’accroissement très-peu marquées. Spire formée d’un angle un peu convexe, et composée de cinq à six tours arrondis, séparés par des sutures profondes. Bouche oblongue, oblique. Ombilic nul ou presque nul. Moule lisse, présentant rarement des traces de stries d’accroissement. Ogservarion. Quelques moules sont marqués sur le bord de la bouche d'une dépres- sion qui semble indiquer l'existence d’un bourrelet intérieur. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce est très-voisine de la N. Clementina, d'Orb., ainsi que M. d'Orbigny le fait remarquer lui-même. Nous ne connaissons cette der- nière espèce que par des moules, et par conséquent nous ne pouvons pas fournir de nouveaux arguments pour ou contre leur réunion. Elle ressemble aussi à la Varigera Rochatiana. Lorsque les échantillons sont bien conservés, la comparaison est facile, sur- tout pour les moules, L'angle spiral plus aigu de la Varigera et les impressions des bouches provisoires fournissent des caractères évidents. Lorsque le test existe il peut y avoir plus de difficultés. J'ai déjà dit, ci-dessus, qu’il nous manque des données cer- taines sur le test de la Varigera Rochatiana. Locauiré. La N. rotundata est fréquente à la Perte du Rhône dans le terrain aptien inférieur (marne jaune h}). Collections du Musée de Genève et de MM. Rochat et Renevier. Elle ne parait pas rare à Ste-Croix, où elle a été recueillie par M. le doc- teur Campiche et par M. Renevier On la trouve aussi dans le terrain aptien de la Presta, près Couvet, Collections de M. Coulon à Neuchâtel, et de M. Renevier. Hisrorre. Cette espèce est évidemment celle que les auteurs anglais, et en particu- lier MM. Forbes et Fitton, rapportent au Turbo rotundatus, Sow., et qu'ils citent sous le nom de Natica rotundata comme se trouvant dans le lower greensand. Ils l’assi- milent à l'Ampullaria lævigata, Desh. M. d'Orbigny, contre l'opinion des auteurs anglais, 36 PALÉONTOLOGIE SUISSE. dislingue sous le nom de Natica sublævigata l'espèce décrite par M. Deshayes et la sépare de la N. rotundata; il cite cette dernière dans le terrain cénomanien, et en effet, elle se trouve aussi à Blackdown. Nous avons suivi l'opinion de M. Forbes, qui a comparé directement les échantillons anglais et les échantillons français. Explication des figures. PI. III. Fig. 7 a. Echantillon de grandeur naturelle. Fig. 7 b. Le même grossi. Fig. 7 c. Individu présentant la dépression dont nous avons parlé plus haut. NATICA CORNUELIANA, d'Orb. (PL. III, fig. 8 a, b.) SYNONYMIE. Natica Cornueliana, d'Orbigny, 1842, Pal. fr., Ter. crét., tom. IL, p. 150, pl. 170, fig. 4-5, de l'argile à pli- catules. Natica Cornueliana, d'Orbigny, 1850, Prodr., t. II, p.115, du terrain aptien. Dimensions. Angle ISpirale if RM. AURA RARE CCR EUR RME REC er 1150 FENTE emo oo oo dou oo oops oops usooosoectoocecdncac 20 mm. Hauteur du dernier tour par rapport à l’ensemble... ............................ 0,75 Coquille arrondie, subglobuleuse, à spire courte, composée de quatre ou cinq tours convexes. Bouche oblongue, oblique. Ombilic très-petit. Moule lisse. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce se distingue facilement de la précédente par sa forme globuleuse. LocauiTÉs. La N. Cornueliaaa est fréquente à la Perte du Rhône, dans le terrain aptien inférieur {marne jaune h). Collections du Musée de Genève et de MM. Rochat et Renevier. Explication des figures. PI. III. Fig. 8 a. Natica Cornueliana de grandeur naturelle. Fig. 8 b. La même grossie. NATICA GAULTINA, d'Orb. SYNONYMIE. Ampullaria canaliculata, Mantell. 1822. Geol of Sussex, p. 87, pl. 19, fig. 13 (non Lamark). Natica canaliculata, Sow., Fitton, 1836, Trans. geol. Soc., 2° série, t. IV, p. 363, pl. 11, fig. 19, du gault. Natica gaultina, d'Orb., 1842, Pal. fr., Ter, crét., t. Il, p. 156, pl. 173, fig. 8-4, du gault. 4 FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 21 Natica canaliculata, Reuss, 1845, Bôhm. Kreideform, t. I, p. 49, pl. 11, fig. 1. de plusieurs étages crétacés. Natica gaultina, Forbes, 1845, Quart. Jour. t. I, p. 347, du lower greensand d’Atherfeld etc. Natica gaultina, Fitton, 1847, Quart. Journ. t. IIL, p. 289 (tableau), du lower greensand. Natica gaultina, Pict. et Roux, 1849, p. 184, pl. 18, fig. 1, du gault. Natica Rauliniana, Pict. et Roux, 1849, p. 183, pl. 17, fig. 5-6 du gault. Natica gaultina, d'Orb., 1850, Prodr., t. Il, p. 129, du terrain albien. Cette espèce, si fréquente dans le gault de la Perte du Rhône, se retrouve aussi, quoique beaucoup plus rarement. dans le terrain aptien supérieur. Nous avons constaté sa présence dans les grès durs (d) par des échantillons appartenant au Musée de Genève et aux collections de MM. Favre et Tollol. Narica SuEurRn, Pictet et Renevier. (PI. II, fig. 9, a, b, c.) DIMENSIONS. Coquille sigarétiforme, à spire très courte, obluse, régulière, formée de trois à quatre tours aplatis dans leur partie visible. Le dernier, qui est également aplati dans le voisinage de la spire, est arrondi dans sa partie libre et marqué de stries d’accroisse- ments convexes en avant. Ces tours sont séparés par des sutures profondes et étroites. Bouche très grande, semi-lunaire; ombilie très petit ou nul, caché par l’encroutement de la columelle. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce ne ressemble à aucune natice des terrains créta- cés décrites par M. d’Orbigny. Elle a quelques ressemblances avec la N. acutimargo, Roem. (Norddeutsch. Kreidegeb. p. 83, pl. 12, fig. 14) de la craie supérieure de Quedlim- bourg. Cette dernière nous parait avoir les sutures plus profondes et la bouche encore plus grande. Elle ressemble aussi à la N. hemisphærica d'Orb. des terrains corallien et kimméridgien, mais notre espèce est plus large et moins longue, et a les tours moins Convexes. Locauré. Cette espèce remarquable n’est connue que par un seul échantillon trouvé par M. le Dr Campiche dans le terrain aptien de Sainte-Croix. Nous la dédions à M. H. Sueur, qui le premier a recueilli des matériaux pour la paléontologie des envi- rons de Sainte-Croix. Explication des figures. PI. III. Fig. 9. Individu de grandeur naturelle. 58 PALÉONTOLOGIE SUISSE. GENRE TURBO, Lin. Nous n'avons trouvé dans les terrains aptiens de nos environs qu’une seule espèce du genre des Turbo, qui est si richement représenté dans les mers actuelles. Cette espèce est fort rare et avait déjà été décrite par M. Ed. Forbes. TurBo MuniTus, Forbes. (PI. IV, fig. let 2.) SYNONYMIE. Turbo munitus, Forbes, 1845, Quart. Journ., t. I, p. 348, pl. IV, f. 2, du lower greensand de Peasemarsch. » Forbesianus, d'Orb. 1850. Prodr. II, p. 116, du terrain aptien. DIMENSIONS. Anal See eo 008660 00000 occoovoueovcodoncoovbcnobosoooosooce 100°-414102 Inde mm 0460000 d0oocobocoaeoddoooos0oa0008o000c00D0 0000600600 0 45° Hauteur totale. Echantillon de la perte du Rhône ............................. 20 mm Diamètre du dernier tour » » DA AA RCE ANAL EAN ACT 25 Coquille courte, largement ombiliquée. Spire formée d’un angle régulier, et composé de 3 à 4 tours en gradins, fortement convexes et présentant un grand méplat du côté spiral. Le dernier tour est orné de 5 carènes longitudinales, faiblement et irrégulière- ment tuberculeuses. La 1" borde le méplat, la 2° forme la partie la plus saillante du tour, et la dernière l’arête de la face buccale. La 3° et la 4° sont placées à égales distances entre la 2° et la 5°. Il y a en outre en dedans de la 5°, et par conséquent dans l’om- bilie, deux ou trois petites côtes longitudinales. Les faces comprises entre ces carênes sont couvertes de nombreuses stries longitudinales, qui forment un treillis très gra- cieux avec les fines stries d’accroissement. Celles-ci partant de la suture, s’infléchissent en arrière, gagnent la première carêne et traversent les autres en continuant la même direclion. Elles forment entre chacune des carènes une courbe concave en avant. La bouche est ovalaire et dirigée obliquement. Opservarion. Dans un de nos échantillons (fig. 1) le dernier tour recouvre le pré- cédent depuis la seconde carène, tandis que dans notre second échantillon (fig. 2) comme dans la figure que donne M. Forbes, il ne le recouvre que depuis la troisième, du moins dans la dernière partie de son enroulement. Cette circonstance, qui se lie - avec la direction du méplat qui est tantôt horizontal, tantôt un peu incliné, change FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 39 l'angle et l'aspect général de la coquille, et explique les différences qui existent entre nos figures. Mais les ornements sont trop semblables pour qu’on puisse hésiler à réunir en une seule espèce ces formes diverses. La figure donnée par M. Forbes a été faile d'après un échantillon allongé. 11 est facile de voir, d’après cette figure, que, dans le jeune âge, le recouvrement a été semblable à celui de notre premier échantillon. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Par ses carènes et son large ombilic, cette espèce se dis- tingue facilement de toutes celles qui ont été décrites. Locaziré. Nous ne connaissons que deux échantillons de cette charmante espèce. L'un d'eux provient de l’aptien inférieur (h) de la perte du Rhône et fait partie de la collection de M. le Prof. Favre. L'autre nous a été communiqué par M. le D' Campi- che, qui l’a recueilli dans le terrain aptien de Sainte-Croix. Hisrome. M. Forbes a décrit cette espèce sous le nom de T. mumitus. M. d'Orbigny a lu T. minutus, et comme ce nom avait déjà été donné à un autre Turbo, il l'a changé en celui de T. Forbesianus. Il est évident que le nom donné par M. Forbes doit être conservé. Explication des figures. PI. IV. Fig 1 a. Echantillon de la Perte du Rhône, de grandeur naturelle. Fig. 1 b. c. d le même grossi. Fig. 2 a. b. Echantillon de Sainte-Croix, de grandeur naturelle. GENRE TROCHUS, Lin. Les limites entre les genres Trochus et Solarium ne sont pas les mêmes pour tous les naturalistes. Les uns exigent, pour accorder le nom de Sola- rium, un ombilic très ouvert; d'autres placent dans ce genre toutes les es- pèces ombiliquées. Quelle que soit la manière dont on résolve cette ques- tion, les deux espèces nouvelles que nous décrivons ci-après appartien- dront toujours au premier, car elles sont dépourvues d’ombilic. Trocaus Razoumowskir, Pictet et Renevier. (PL. IV, fig. 3, à b.) DIMENSIONS. Ange quimillesssscccocsesteocdoooonocsoocovouorconcevomonvouescceobodeoe 70° Angle aire cscoccoucedeococsccogdecoosoccooosoceodesoebeccabocccom00e 60° HAUTEUTE OAI ee aie cle eee tee te 9 mm D'amemecncennaontoimoccocecocccooccooccocséobcbonegboccbc0oco6po0o0oddo 10 Hauteur du dernier tour par rapport à l’ensemble. ............................. 0,46 40 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Coquille un peu moins haute que large, conique, non-ombiliquée. Spire formée d'un angle régulier, composée de cinq à six tours planes ou un peu concaves, séparés par une carène assez prononcée qui suit le bord buccal de la spire, ornés de fines stries longitudinales, égales et régulières. La face ombilicale est lisse et aplatie; la bouche étroite et triangulaire. RaPporTS ET DIFFÉRENCES. La carène dont cette jolie espèce est pourvue, la rapproche du T. Girondinus, d'Orb. du terrain sénonien, et du T. subtriatulus, d'Orb., du néocomien. Elle se distingue du premier par son manque d'ombilie, son angle moins ouvert et ses ornements bien différents. Elle ressemble davantage à la seconde espèce, dont elle se différencie du reste facilement par son angle plus ouvert, par sa face ombilicale plane et lisse, et par sa bouche bien plus étroite. Locauré. Nous ne possédons qu'un échantillon de ce trochus. Il provient du terrain aptien inférieur (.) de la Perte du Rhône, et fait partie de la collection du musée de Genève. Nous dédions cette espèce à la mémoire du comte de Razoumowski, auteur de l’His- toire naturelle du Jorat. Explication des figures. Pl. IV. Fig. 3 a. Individu de grandeur naturelle. Fig. 3 b. Le même grossi. TrocHus Couveri, Pictet et Renevier. (PI. IV, fig. 4, a, b) DIMBNSIONS. Angle Spiral secs ete US ME CP I Te LOL 719 Angle Sutural: £2 20e comes cecete EC OCTO NET CCE 57° 16 ECO AE SRE Do raniate à dd op Gr 0 0 8.0 14 mm Diamètre du dernier tour... 0-2 ee et eC ee OO DT 18 Hauteur duidermenmtournpanrapportenlensembIE PERRET EEE CE CC CE Ce 0,45 Coquille moins haute que large, conique, non ombiliquée. Spire formée d’un angle régulier, composée de sept tours concaves, ornés du côté buccal d’une carène pourvue de tubercules assez saillants, qui s’atténuent du côté spiral. Cette carène, sur les pre- miers tours, forme un bourrelet renflé qui correspond aux sutures, et sur le dernier se divise en tubercules d'une manière plus apparente. Les tours sont en outre mar- qués de fines siries longitudinales qui passent sur les tubercules. La face ombilicale est convexe et lisse, la bouche triangulaire. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. Al Rapports ET DIFFÉRENGES. La seule espèce dont elle se rapproche par sa forme et ses ornements, est le T. Guerangeri, d'Orb. du terrain cénomanien; mais celle-ci a l'angle spiral bien moins ouvert, la bouche plus carrée et les ornements plus obliques. Locaziré. Le seul échantillon que nous connaissions de cette espèce nous a été com- muniqué par M. Campiche, qui l'a recueilli dans la marne jaune qui recouvre l’asphalte, à la Presta, près Couvet, et qui appartient au terrain aptien. Explication des figures. PI. IV. Fig. 4 a. Individu de grandeur naturelle. Fig. 4 b. Le même grossi. GENRE SOLARIUM, Lamarck. Nous n'avons trouvé qu'une seule espèce de ce genre; son large om- bilic lui assigne cette place d’une manière incontestable. Elle était déjà connue, mais seulement dans le gault. SOLARIUM GRANOSUM, d'Orbigny. SYNONYMIE. Sol. granosum, d'Orb. 1842. Pal. Fr. Ter. crét. IT, p. 203, pl. 181, fig. 1-8, du gault. Id. Pictet et Roux, 1847, Gr. verts, p. 217, pl. 21, fig. 4, du gault. Id. d'Orb. 1850, Prodr. II, p. 130, du terrain albien. Cette espèce rare dans le gault de la Perte du Rhône, se trouve aussi, mais plus rarement encore, dans l’aptien supérieur [d) de la même localité. Nous avons constaté sa présence par deux échantillons, dont l’un appartient à la collection du Musée de Genève, et l’autre à celle de M. Renevier. GENRE PLEUROTOMARIA, Defrance. Les Pleurotomaria, si abondantes dans la plupart des terrains crétacés, sont rares dans nos terrains aptiens. Nous n’y avons constaté la présence que d’une seule espèce. 42 PALÉONTOLOGIE SUISSE. PLEUROTOMARIA GIGANTEA, Sowerby. (PL. IV, fig. 5 et 6.) SYNONYMIE. Trochus, Sow., 1836, in Fitton, Trans. geol. Soc. 2° Série, t. IV, p. 131, du lower greensand. Pleurotomaria striata, Sow., 1836, Id. Id. p. 153, du lower greensand. Id. gigantea, Sow., 1836, Id. Id. p- 339 et 364, pl. 14, fig. 16, du lower greensand. ë Trochus jurensisimilis, Roëmer, 1836, Ool. geb., p. 151, pl. 10, fig. 13, du Hilsthon. Pleurotomaria gigantea, Roëm., 1841, Kreïidegeb., p. 82, du Hilsthon. Id. Id. Goldf., 1842, Petr. Germ., t. III, p. 77, pl. 187, fig. 6, de la craie verte d’Aix-la- Chapelle. Id. Id. Forbes, 1845, Quart. Journ., t. I, p. 349, du lower greensand. P. jurensisimilis, d'Orb., 1850, Prodr., t. Il, p. 70, du néocomien. P. gigantea, d'Orb., 1850, Prodr., t. IT, p. 70, du néocomien. P. Fütoni, d'Orb., 1850, Prodr., t. IL, p. 70, du néocomien. DIMENSIONS. Angle Spirale eee ei mouse coute ee eue CPE De I 70° Anal gniurlls 8060000 cccoucscpenbosononcoosodocedoodaococd0b008000000e 65° AUtEUR OA le Le Pause et nono eee Me TA ANNE Anse ne NE Re 85 mm. D'ametrelduidernentoure tree ee CE CC TE CE CET EE CEE 90 Hauteur du dernier tour par rapport à l’ensemble. ....-........................ 0,33 Coquille conique, un peu plus large que haute dans l’âge adulte. Spire formée d’un angle régulier dans le jeune âge, et devenant plus obtus avec la croissance. Tours épais, au nombre de sept à huit, planes ou très légèrement saillants dans leur milieu, qui est occupé par la bande du sinus. Ils sont ornés de stries longitudinales, coupées par des stries transversales un peu obliques, formant ensemble un treillis fin et assez régulier. Suture simple ou bordée de chaque côté par un bourrelet très peu saillant. Face ombilicale creusée en entonnoir, et formée par un dernier tour anguleux à son pourtour. Bouche triangulaire, formant un angle aigu à la partie terminale du bord externe. Moule lisse à tours un peu arrondis, et à suture bien marquée. Osservarion. Cette espèce éprouve quelques variations de formes pendant sa croissance. Jeune, elle a un angle un peu plus aigu, des tours plus aplatis, et une spire régulière. Les derniers tours font une saillie un peu plus forte, et croissent sous un angle spiral plus obtus. Le dernier s’écarte quelquefois assez de la direction normale, et le sinus perd sa posilion médiane pour se rapprocher de la face ombilicale. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. La P. gigantea ressemble à la P. Pailletteana, d'Orb., par ses tours presque plans et par sa face ombilicale en entonnoir. Elle s’en distingue FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 45 clairement par la position médiane de la bande du sinus, par sa croissance plus rapide, par ses ornements, et par son angle spiral plus aigu. Sa face ombilicale excavée la distingue plus facilement encore de la plupart des autres espèces. Locaurré. Les échantillons que nous possédons ont été recueillis dans le grès dur {aplien supérieur d) de la Perte du Rhône, où ils sont assez rares. Ils font partie de la collection du Musée de Genève. Explication des figures. PI. IV. Fig. 5. Jeune individu avec un fragment de test, de grandeur naturelle. Fig. 6. Moule d’un adulte, Id. Id. GENRE PTEROCERA, Lamarck. Nous avons trouvé dans les terrains aptiens deux espèces de Ptérocères. L'une d'elles est connue depuis longtemps comme caractérisant les terrains néocomiens. L'autre est nouvelle, et a été nommée mais non décrite par M. d'Orbigny; elle est remarquable par l'élégance de ses ornements. PTEROCERA PELAGI, (Brong.) d'Orb. (PL. V, fig. L et 2.) SYNONYMIE. Strombus pelagi, Brongniart, 1821, Ann. des Mines, t. VI, p. 554, pl. 7, fig. 1, du calcaire (urgonien) de la Perte du Rhône. Pterocera pelagi, d’Orb., 1842, Pal. fr. ter. crét., t. IT, p. 304, pl. 212, du néocomien. Id. Id. d'Orb., 1850, Prodr., t. IL p. 71, du néocomien inférieur. DIMENSIONS. Anse quille, « os socococbccocacoccosveossocdecosedtebbbsonescecebbo6pente 95° handle emilie née ot acte ae ten en oo on ep oeDe 60° Hcieur wall (eue les disations)s coootevobcoocosoeoocoesovedooccogocdoobe 140 mm. Diamètre du denver tour ll échoseeeécobeosteesecebendode ete ondeoero 120 Hauteur du dernier tour par rapport à l'ensemble. ............................. 0,80 Moule presque aussi large que haut, à spire formée d’un angle régulier ou un peu concave, composé de quatre ou cinq tours convexes, bombés. Le dernier tour est beaucoup plus gros que tous les autres, il est orné de cinq carènes longitudinales qui portent à leurs extrémités chacune une digitation, et entre les carènes de côtes longitudinales. La première carène borde le tour précédent, et sa digitation s’infléchit du côté de la spire. 44 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Entre celle-ci et la suivante il n’y a qu’une côte, tandis qu'entre la seconde et la troisième il y en a deux. Cette troisième carène forme la partie la plus saillante du tour, et sa digitation s'infléchit encore du côté de la spire. Elle est séparée par trois côtes de la quatrième carène dont la digitation s’infléchit au contraire du côté du canal. Entre celle-ci et la suivante se trouvent deux côtes, et enire cette dernière et le canal une seule petite côte. Ce dernier est lui-même très allongé et forme une digitation. La bouche est allongée, à bords presque paralèlles. La forte dépression qui existe à l’avant et en dessous des digitations montre qu'entre elles et le bord, le labre était épaissi en un fort bourrelet. Du reste on observe quelques variations individuelles dans les rapports entre les digitations et le bord. OgservaTions. Lorsque ce Ptérocère n'a pas atteint son entier développement, et dans l'époque qui précède la formation de l'aile, il a une forme assez différente de celle que nous venons de décrire. Quelques échantillons sont même si distants du type normal qu’on les prendrait facilement pour des fuseaux. Ils sont beaucoup plus allongés et la plus grande largeur du dernier tour se trouve très rapprochée du bord spiral. Les carènes sont sous la forme de côtes très élargies, et les côtes ordinaires sont du reste au même nombre que dans l’état normal. C’est en cassant un Pterocera pelagi adulte que nous nous sommes assurés de ces variations de formes, et de la nécessité de rapporter à une seule espèce les échantillons figurés. (Voyez Pl. V, fig. 2, a et b.) Hisroire. Ce Ptérocère a été figuré pour la première fois par Alex. Brongniart sur des échantillons provenant du calcaire urgonien de la Perte du Rhône. Dans nos environs nous ne le connaissons absolument que dans l’urgonien et dans l’aptien inférieur. Une autre espèce qui en est très voisine, qui doit en être soigneusement distinguée, caractérise au contraire les couches les plus inférieures du terrain néocomien inférieur {calcaire ferrugineux de Sainte-Croix, Metabief, etc.). RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Le P{. pelagi se distingue par sa forme élargie et la dispo- sition de ses cinq carènes de tous les autres Ptérocères décrits. On ne saurait non plus le confondre avec l'espèce inédite du néocomien inferieur dont nous avons parlé plus haut. Celle-ci a un angle spiral de 80°. Son dernier tour ne forme que 0,65 de la lon- gueur totale, ses carènes sont plus aiguës, la principale est beaucoup plus proémi- nente, etc. LocauiTé. Cette espèce assez fréquente dans les couches supérieures de l’urgonien de de la Perte du Rhône {+} pour avoir fait donner à celles-ci le nom de calcaire à Pte- rocères, n'a pas encore été trouvée dans l’aptien de la même localité. En revanche elle n’est pas rare dans l’aptien de Sainte-Croix et de la Presta, près Couvet. M. le D' Cam- piche, qui l'y a découverte, nous a communiqué quelques échantillons de chacune de ces localités, qui nous ont mis à même de constater leur identité avec ceux de la Perte du Rhône. ENS (2,4 FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. Explication des figures. Pl. V. Fig. 1. Moule provenant du terrain urgonien de la Perte du Rhône, réduit aux deux tiers de sa grandeur naturelle. Fig. 2, a et b. Individu plus jeune, de grandeur naturelle, provenant de la Presta. a 8: PTEROCERA ROCHATIANA, d'Orb. (PI. IV, fig. 7) SYNONYMIE. Pterocera Rochatiana, d'Orb., 1850, Prodr. IL, p. 104, du terrain urgonien. DIMENSIONS. Adle Aloe 86 06 000 0 R EME CE OU SE PDA PE DNA 70° And Gone eos RM Tee RER UE SARA ARE REC 60° Blaniour Ale Ole OR Ce EE 31 mm. » D. NEC EN SORT RER EST COR I ON RENE EE 43 Diamètre du denniée tour ms Palo ee MO Re ee ti oncone coupes 17 » » DAV EC RATIO RE er AE CPE RE RP CE SPRL EN Ie TP AT 932 Hauteur du dernier tour par rapport à l’ensemble (sans l’aile).................... 0,70 Coquille mince presque deux fois aussi haute que large. Spire formée d'un angle un peu convexe, composée de cinq tours bombés et marqués d'une carène médiane qui les rend un peu anguleux. Ces tours sont ornés de chaque côté de la carène de quatre ou cinq petites côtes longitudinales, entre chacune desquelles courent dans le même sens cinq ou six petites stries si fines qu'on ne les voit qu'à la loupe. Le dernier tour est couvert d'ornements analogues, il présente quatre carènes plus ou moins tuberculeuses qui se prolongent en des digitations minces et allongées. La première longe le tour de spire précédent, elle est lisse et très peu marquée, elle se prolonge en une digitation obliquement dirigée en arrière. La seconde, prolongement de celle que nous avons signalée sur les tours de spire est la plus saillante et correspond à la plus grande largeur de la co- quille. Elle se prolonge aussi en une digitation un peu inclinée du côté de la spire. La troi- sième et la quatrième carènes se prolongent au contraire en des digitations infléchies en avant. Ces carènes portent une aile large arrondie en demi-cercle autour de la coquille. On y retrouve les ornements du dernier tour avec la différence que les carènes y devien- nent lisses. Outre les quatre digitations dont nous avons parlé on en remarque une autre dont le point de naissance est caché par la spire, elle longe celle-ci jusqu’à son extré- milé et se continue dans la mème direction. A la partie antérieure on voit la base d’un A6 PALÉONTOLOGIE SUISSE. canal qui était probablement long, mais qui n’est complet sur aucun de nos échan- tillons. Le moule est lisse, présentant seulement la trace des carènes. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. L’angle spiral, (la nature et le nombre des carènes dis- tinguent clairement cette espèce de toutes celles avec lesquelles elle pourrait être comparée. Locaziré. Cette espèce se trouve à la Perte du Rhône dans l’aptien inférieur (h). Nous n’en connaissons que trois échantillons avec l’aile, dont l’un fait partie de la col- lection de M. Rochat, un autre appartient à M. Renevier, et le troisième au musée de Genève. Les échantillons sans aile sont un peu moins rares. M. le D' Campiche a aussi trouvé ce ptérocère dans terrain aptien de Sainte-Croix, où il parait très rare. Explication des figures. PI. IV. Fig. 7. Echantillon de M. Rochat, de grandeur naturelle. GENRE ROSTELLARIA, Lamarck. Les Rostellaires, si abondantes dans le gault, sont représentées dans les terrains aptiens de nos environs par deux espèces. L’une d’entre elles est très commune et avait été déjà décrite. L’autre est nouvelle et moins abon- dante. ROSTELLARIA ROBINALDINA, d’Orb. (PI. IV, fig. 8, a, b.) SYNONYMIE. R. Robinaldina, d'Orb., 1843, Pal. Fr. Ter. crét. IL, p. 282, pl. 206, f. 4-5, du néocomien inférieur. » Forbes, 1845, Quart. Journ. I, p. 350, du lower greensand. » Fitton, 1847. Quart. Journ. III, p. 289 (Tableau), du lower greensand. 2 d’Orb., 1850, Prodome II, p. 71, du néocomien inférieur (Citée de la Perte du Rhône). DIMENSIONS. AMCTE IS DIRAIT tee QE SA TA ARE RU ee 30°à38° Houteurtotalel(sans1lercanal REEREP EPP PERTE PET E CE CEE ECC ECC TEE REA 28 mm. Dienète du donner tour (ans Val) 6664 0600686 Secoucooccoooococosooo 12 Hauteur du dernier tour par rapport à l’ensemble. .......................... .. 0,46 Coquille allongée. Spire formée d’un angle régulier, composée de dix tours con- vexes, ornés en travers de cotes obliques, minces, tranchantes, un peu flexueuses, au FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 47 nombre de 16 à 18. Ces cotes sont coupées de très fines stries longitudinales, visibles seulement à la loupe. Le dernier tour est arrondi comme les autres, et prend une lé- gère carène, un peu avant de s'épanouir en aile. Il est marqué des mêmes côtes que les autres, mais elles s’atténuent à partir du milieu, de manière à être tout à fait nul- les dans la partie qui avoisine le canal. L’aile est arrondie extérieurement. Son bord postérieur est dans le prolongement de la suture du dernier tour, puis s'infléchit du côté de la spire pour former une pointe assez aiguë. La faible carène dont nous avons parlé s’infléchit avec lui et aboutit au sommet de la pointe. Nous ne connaissons pas le canal. M. d'Orbigny le représente comme long et aigu. Ogservarion. Nous n'avons pas hésité à rapporter cette espèce à la R. Robinaldina de M. d'Orbigny, malgré quelques légères différences que semble indiquer la figure de la Paléontologie française. Nos échantillons ont le dernier tour un peu moins grand, les côtes plus obliques, se continuant plus régulièrement sur ce dernier tour, la pointe de l'aile moins infléchie en arrière, etc. L’angle spiral, dont de nombreux échantillons nous ont permis de constater la variabilité, est en général un peu plus aigu. RaPpoRTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce ressemble un peu aux R. Orbignyana, Pictet et Roux, et R. Parkinsoni, Sow., communes dans le gault de nos environs. Elle se dis- tingue de la première par le manque de la seconde carène sur le dernier tour et par des côtes un peu sinueuses; et de la seconde par le manque de siries plus fortes sur le dernier tour et par son aïle qui ne se prolonge pas en arrière contre la spire: Locauré. La R. Robinaldina est fréquente à la Perte du Rhône dans l’aptien infé- rieur (L). Collections du Musée de Genève, de MM. Rochat et Renevier. M. le D' Cam- piche et M. Renevier l'ont aussi trouvée dans le même terrain à Sainte-Croix, et M. L. Coulon à la Presta, près Couvet. Elle est rare dans ces deux localités. Explication des figures. PL IV. Fig. 8, a. Echantillon de grandeur naturelle. Fig. 8, b. Le même grossi. RosrTELLARIA Roux, Pictet et Renevier. (PI. IV, fig- 9, à, b.) DIMENSIONS. VAE LES D LA ER A NT An Je re PA Ann AN Care 390 AT TIeISUTAIPE EPP EEE M Re CU OU LE DOUÉ PA NE TROIE ER 75° Hantan male (sans le cm) 25500 écdtecoce scoccogogece/passeebbecsos 6 Un Diametrrerduidenrentounisansitaile) PEEPErREPE RP ECERE EE LE Er EESETET PERMIS Hauteur du dernier tour par rapport à l’ensemble. ............................. 0,45 à0,55 48 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Coquille allongée. Spire formée d’un angle régulier, composée de 5 à 6 lours an- guleux, offrant une carène presque médiane, mais un peu plus rapprochée du bord spiral. Ces tours sont ornés en travers de côtes peu fortes qui forment un tubereule saillant en passant sur la carène. Elles sont coupées par des stries longitudinales iné- gales et parallèles. Sur le dernier tour, les côtes s’atténuent en augmentant de nom- bre, et ne forment plus de tubercules sur la carène qui devient plus tranchante. L’aile borde la presque totalité de la longueur de la coquille, et se termine en une pointe simple supportée par l’extrémité de la carène. Elle est presque lisse et marquée seu- lement de quelque stries longitudinales. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. La carène tranchante, en distinguant parfaitement cette es- pèce de la précédente, la rapproche un peu des R. carinata, Mant., R. tricostata d'Orb., et R. carinella, d'Orb. Elle se distingue facilement de la première par son angle spiral, de la seconde par le manque de la seconde carène, et de la troisième par ses côtes. LocauiTÉé. La R. Roux se trouve avec la précédente à la Perte du Rhône, dans le terrain aptien inférieur (h). Elle y est beaucoup moins abondante. Collections du Mu- sée de Genève et de M. Renevier. Elle est rare à Sainte-Croix, où M. le D: Campiche l'a trouvée dans le même terrain. Nous la dédions à M. le D' W. Roux. Explication des figures. PI. IV. Fig. 9, a. Echantillon de grandeur naturelle. Fig. 9, b. Le même, grossi. GENRE CHENOPUS, Philippi. Les Chenopus sont, comme on le sait, très difficiles à distinguer des Rostellaires lorsqu'on ne possède que les coquilles. Les formes de l'animal semblent cependant indiquer une différence tranchée entre ces deux gen- res. Le groupement des espèces fossiles est en conséquence un peu arbi- traire. CHENOPUS DupiNIANUS, d'Orb. (PL. IV, fig. 10.) SYNONYMIE. Rostellaria Dupiniana, d'Orb., 1843, Pal. Fr. Ter. crét. II, p. 281, pl. 206, f. 1-3, du néocomien. Chenopus Dupinianus, d’'Orb., 1850, Prodrome If, p. 71, du néocomien inférieur. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 49 DIMENSIONS. Angle sm oo géccooopacccooodonbondonsboebeode se nouon dos edooopooadoc 40° Andle mal Se ass dosoccovenoecec conne none ETS SRE OPEL 75° Hatiour tolé (en mil esse RE RS EEE Ce ER IEEE 30 mm. Dianetremdudemientoun(sansilaile) ES ER CERN EN ne 13 » HMeATUITERMENtOUNPATAPpOLMNAMIENSeMbIe EEE PE EEE ELEC EEE EEE 0,55 Coquille allongée. épaisse, à spire formée de cinq à six tours anguleux, ornés un peu en arrière de leur milieu d’une série longitudinale de gros tubercules costiformes, un peu comprimés, ordinairement au nombre de douze, et en outre de stries fines éga- lement longitudinales. Sur le dernier tour les tubercules s’atténuent en augmentant de nombre, perdent leur apparence costiforme et dégénèrent en une carène saillante qui devient lisse près de l'aile. Une seconde carène également saillante et plus lisse est située entre elle et le canal, et est séparée de la première par un sillon large et pro- fond. L'une et l’autre forment une gibbosité du côté opposé à l'aile. On remarque en- core sur quelques échantillons une troisième carène beaucoup plus petite que les pré- cédentes. Nous ne connaissons ni l'aile ni le canal; c'est d'après la figure de M. d'Or- bigny que nous avons indiqué par un trait la forme de ces parles. Rapports et pirrérences. Ce Chenopus a le mème genre d’ornements que la Rostel- laria Rouxù, mais ses lubercules sont beaucoup plus gros, et le dernier tour porte deux el mème trois carènes au lieu d’une seule. Locauré. Cette espèce est assez rare à la Perte du Rhône, dans la marne jaune [) où elle a été trouvée par M. Renevier. Nous n’en connaissons pas des autres localités. Explication des figures. PI. IV. Fig. 10. Echantillon de grandeur naturelle. GENRE PYRULA, Lamarck. Les pyrules, si peu distinctes des fuseaux dans la nature vivante, ont des caractères encore moins tranchés quand on étudie les fossiles. L'espèce que nous décrivons ici pourrait presque indifféremment être placée dans lun ou dans l’autre de ces genres. Elle nous à paru se rapprocher davantage, par sa forme générale, des espèces que l'on a rangées dans le premier. 50 PALÉONTOLOGIE SUISSE. PYRULA VALDENSIS, Pictet et Renevier. (PI. F. fig. 3). DIMENSIONS. MARNE oo os oo eo ue 200 0 0 0 0 0 00 0000 00.0000.0 0000 bp 95° tonte (ne le ml)essc008000060000coc000c0oso00so0c6c000050400 31 mm. IDÉES CN CeRnEr Tomre cc cs0coaodocconcoécoospooocoocosbovasouoooovoe 22» Hauteur du dernientour parrapport à (Ensemble. "EEE 0,85 Coquille pyriforme, à spire courte, composée de tours arrondis, ornés de fines stries longitudinales, inégales, alternant fréquemment de manière à ce que les plus grosses soient séparées par trois petites, sans que ce mode de distribution soit parfaitement constant. Ces stries sont croisées par de très-fines lignes d'accroissement. Bouche al- longée, prolongée sans étranglement en un canal dont nous ne connaissons que la base. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce ressemble surtout aux Pyrula infracretacea, d'Orb. et Pyr. ornata, d'Orb. du néocomien de Marolles. Elle diffère de toutes deux, mais surtout de la première, par son angle spiral plus ouvert et par sa spire plus courte. Ses ornements d’ailleurs sont très-différents de ceux de la seconde; ils ont plus de rap- ports avec ceux de la Pyr. infracretacea, mais les côtes paraissent ne pas alterner de la même manière. LocaiTÉs. La Pyr.valdensis nous est connue par un échantillon appartenant à M. le D' Campiche, qui l’a trouvée dans la marne jaune de Sainte-Croix dans le Jura vau- dois, d’où son nom de P. valdensis. Un autre échantillon provenant de la marne jaune ({h) de la Perte du Rhône en diffère par une spire plus aigue, et pour cette raison nous n'osons pas l'identifier d’une manière positive. Collection Renevier. Explication des fiqures. PI. V. Fig. 3, a, b. Echantillon de grandeur naturelle de la marne jaune de Sainte-Croix. Collection Cam- piche. GENRE CERITHIUM, Adanson. Les cérites du terrain aptien sont d'une détermination difficile. La plu- part sont très-petits et plusieurs ont des ornements très-variables, comme on peut s’en convaincre en comparant les premiers tours et les derniers dans un grand nombre d'échantillons. Nous en avons trouvé quatre espèces dont trois nous ont paru nouvelles. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. >1 CErITHIUM HEERI, Pictet et Renevier. (PI. F, fig. 4). DIMENSIONS. Angle spirale: 54: 4ooo0ououdort4socsococoovoscocoeseudeocoocbeceocso0naso 300 Angle email, 066625000000 dacmcoobopacosoosanaosoese cote nono noue à 80° Hlanienr tal Ses PR EC Te PE NE 35 mm. Diamètre cn donner tone eo on on PA Sedo MR ONE eee PEINE 18 » Hauteur du dernier tour par rapport à l’ensemble Coquille allongée, à spire régulière, composée d’une dixaine de tours plans, peu en- foncés vers les sutures, ornés de deux lignes longitudinales de tubercules. Les plus gros sont situés un peu avant le bord spiral; les plus petits, un peu plus nombreux, et tendant à former une carène continue, sont en contact avec la suture du côté buc- cal. Parallèlement à ces deux lignes on remarque à la loupe des stries longitudinales très-fines; elles sont coupées par des stries d'accroissement plus marquées, qui pré- sentent dans leur milieu une forte sinuosité dirigée en arrière. Sur le dernier tour, ces stries d’accroissement deviennent plus visibles, et l’on remarque une ou deux ca- rènes noduleuses parallèles aux autres, qui s’atténuent vers la bouche. Le moule est lisse et a les tours régulièrement arrondis. Locarrrés. Cette espèce n’est pas rare dans la marne jaune {h) de la Perte du Rhône, non plus que dans celle de Sainte-Croix. Le Musée de Genève, et MM. Rochat et Re- nevier en possèdent des échantillons provenant de la première de ces localités; M. le D' Campiche et M. Renevier en ont trouvé quelques-uns dans la seconde. Nous la dé- dions à notre savant ami M. le prof. Oswald Heer, de Zurich. Explication des figures. PI. V. Fig. 4 a. Echantillon de la Perte du Rhône de grandeur naturelle. Collection Renevier. Fig. 4 b. Moule de la même localité. Même collection. CErITHIUM RocxaTi, Pictet et Renevier. (ANS ji Oh DIMENSIONS. An DCS DIT AIRE CCR ee li cie eee SO ne NL ets eme i 10 ÉAU TE UTALO La LCA RAR ne CAEN LT RS RP ee ne les 10 mm. Drametres QUrdeLNIENIOURE PS NT te ee 2,5 » 52 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Coquille conique, allongée, légèrement pupoïde, à spire composée d’une douzaine de tours plans, ornés de trois lignes de tubercules réguliers, à peu près équidistantes. Celle qui borde le bord spiral est notablement plus grosse que les deux autres, qui sont égales entre elles. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce, par la disposition de ses ornements, ressemble au C. trimonile, Mich. du gault. Elle s’en distingue facilement par son angle spiral beaucoup plus aigu, et par la plus grosse rangée de tubercules qui est située au bord spiral au lieu de l’être au bord buccal. Locauiré. Ce cérite n’est pas très-rare à la Perte du Rhône, où M. Renevier l'a re- cueilli dans la marne jaune {A}; mais sa petitesse fait qu'il passe facilement inapperçu. Nous le dédions à M. Alex. Rochat, qui a reconnu le premier le terrain aptien à la Perte du Rhône. Explication des figures. PI. V. Fig. 5. Cerithium Rochati, grossi ; le trait indique la grandeur naturelle. CERITHIUM FORBESIANUM, d'Orb. (PI. , fig. 6). SYNONYMIE. C. Phillips, Forbes (non Leymerie?) 1845, Quart. journ. geol. Soc. I, p. 352, pl. 4, fig. 12, du lower green- sand d’Atherfeld. Id. Fitton, 1847, Quart. journ. III, p. 289 (tableau) du lower greensand. C. Forbesianum, d'Orb., 1850, Prodrome, IT, p. 116, du terrain aptien de l’île de Wight. DIMENSIONS. AnolesSpira les tree eee RL de ce eee CEE LE LICE 150 Hauteur OA Er EEE ARR EN ASE ES PE OR SRE ENT 11 mm Dnètre du dlemnier (Our. cc o000c0000000000000000000 CE TE ee 3 9 Hauteur du dernier tour par rapport à l’ensemble... ........................ 0,22 Coquille mince, allongée, à spire régulière, composee d'au moins quinze tours un peu arrondis, séparés par des sutures assez profondes, ornés en travers d'environ douze bourrelets qui s’atténuent avec l'âge et disparaissent ou deviennent très-rares sur les derniers tours. Ils sont coupés par quatre côtes longitudinales, qui forment un petit tubercule en passant sur eux. Entre chacune de ces côtes on en voit une plus petite, el quelques stries indisinctes. Sur les derniers tours où les bourrelets manquent, les côtes continuent cependant à être granuleuses. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. D9 Histoire. Cette espèce nous parait être tout à fait identique à celle que M. Forbes a décrile en la rapportant au C. Phillips, Leym. M. d'Orbigny a contesté ce rappro- chement, et a donné à l'espèce décrite par M. Forbes le nom de C. Forbesianum. La comparaison des figures de MM. Leymerie et Forbes ne nous suffit pas pour résoudre la question, el comme nous n'avons pas pu observer les échantillons originaux, nous avons cru plus prudent d'adopter provisoirement la séparation proposée par M. d'Or- bigny. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce se distingue facilement du C. Heeri par son angle spiral, par ses bourrelets dans le jeune âge, et par la finesse de ses lignes tu- berculeuses. Ces lignes, au nombre de quatre, et la profondeur des suiures, ainsi que les bourrelets empêchent de la confondre avec le C. Rochau. Locariré. Cette espèce, très-rare à la Perte du Rhône dans la marne jaune {h}, v a été trouvée par M. Renevier. Explication des figures. Pl: V. Fig. 6. Cerithium Forbesianum, grossi ; le trait indique la grandeur naturelle. CERITHIUM REYNIERI, Pictet et Renevier. (PI. V, fig. 7). DIMENSIONS. Angle amiral scco500000000000c06co0s0cccoacceboodoceoccooboccesochoconc 20° Haniour ionle sages ee USE UT en EN RE D ARR PE AE AE en tes 14 mm. D'anèire du dernier (otieossosecvogecospbdoceoconcb be comte ne onto an 5 » Hauteur du dernier tour par rapport à l’ensemble ............................. 0,00 Coquille allongée, à spire formée d’un angle régulier, et composée d’une dixaine de tours à peu près plans, séparés par des sutures peu profondes, ornés en travers, dans le jeune âge, de bourrelets costiformes qui s'atténuent avec l’âge adulte et sont rem- placés sur les derniers tours par une série de tubercules réguliers qui longent le bord spiral. On remarque aussi sur ces derniers tours quelques varices irrégulièrement dis- posées. Les tours sont en outre ornés de stries longitudinales, inégales et très-légè- rement granuleuses. RaPpoRTs ET DIFFÉRENCES. Celte espèce a des rapports évidents avec la précédente, et avec quelques-unes de celles que M. d’Orbigny a décrites comme se trouvant dans le terrain néocomien. Dans son jeune àge elle ressemble au jeune âge du C. Forbesianum et ne s’en distingue que par son angle moins aigu. Elle ressemble aussi alors au C. albense d'Orb., qui a le même angle qu’elle. A l’âge adulte, elle se rapproche par ses varices 54 PALÉONTOLOGIE SUISSE. du C. Phillipsü, tel que le figure M. d'Orbigny, et s’en distingue surtout par ses tu- bercules qui bordent la spire. Ce dernier caractère lui donne au contraire de l’analogie avec le C. terebroides, d'Orb., qui n’a en revanche ni varices, ni côtes longitudinales. Locauré. Le C. Reynieri n’est pas très-rare à la Perte du Rhône où M. Renevier l'a recueilli dans la marne jaune (h). Explication des figures. PI. V. Fig. 7. Echantillon grossi: le trait représente la grandeur naturelle. CLASSE DES MOLLUSQUES ACÉPHALES. Comme nous l'avons dit plus haut, cette classe est mieux représentée que les autres dans les terrains que nous décrivons dans ce travail. Elle nous à fourni, par conséquent, des résultats plus importants et plus com- plets que les précédentes. GENRE SOLECURTUS, Blainville. Nous rapportons l'espèce suivante au genre Solecurtus à cause de sa briè- veté, de ses valves creusées en gouttière et de sa charnière médiane. Nous reconnaissons, du reste, que la distribution des espèces fossiles entre les venres Solen et Solecurtus est passablement arbitraire. 1 Nous avons admis en principe de dessiner la coquille dans la position qu'affecte habituellement le mollus- que. Nous avons remplacé dans les descriptions les mots d'antérieur et postérieur, supérieur et inférieur, par ceux de buccal et anal, cardinal et palléal. Quant aux mots de valve droite et valve gauche, qu’on ne peut mal- heureusement pas éviter, nous les avons appliqués en envisageant les organes dans leurs rapports anatomiques normaux, la tête étant considérée comme la partie antérieure de l'animal. Nous nous trouvons en conséquence d'accord avec M. Deshayes dans nos désignations. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. D SOLECURTUS DESsORI, Pictet et Renevier. (PI. VI, fig. 1). Coquille peu allongée relativement aux formes ordinaires du genre ; chacune des valves est creusée en gouttière. Région buccale (incomplétement conservée) probablement aussi longue que l’anale. Crochets peu saillants. Région anale baïllante, quadrilatère, arrondie à l'extrémité; sa surface est partagée en deux parties par une carène oblique qui part des crochets. Le ligament étail attaché à une nymphe assez saillante. Bord palléal droit et parallèle à la région cardinale. Le test est orné de stries d’accroissement qui devien- nent de véritables côtes autour des crochets et sur la portion de la région anale com- prise entre le carène et le bord cardinal. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce se distingue de toutes celles qui ont été dé- crites, par sa brièveté et par la carène que présente sa région anale. Locaurré. Le seul échantillon que nous possédions provient de la marne jaune (h) de la Perte du Rhône et fait partie de la collection de M. Renevier. Explication des figures. PI. VI. Fig. 1, a, b. Solecurtus Desori de grandeur naturelle. Collection Renevier. GENRE PANOPÆA, Ménard. Ce genre présente de grandes difficultés, car les espèces y sont extrême- ment variables. Lorsqu'on en possède des séries un peu complètes on peut voir que les caractères généralement admis par les auteurs, tels que lépais- seur, la place des crochets, etc., manquent de constance. Les formes en apparence les plus distinctes se trouvent liées par des transitions nombreu- ses, et la valeur des caractères qui paraissent les meilleurs s’évanouit de- vant ces passages. Il en est résulté que les paléontologistes sont très-peu d'accord sur les limites des espèces, et que la synonymie présente des diffi- cultés souvent insurmontables. L'examen d’un grand nombre d'échantillons de la Perte du Rhône nous a engagés à restremdre le nombre de ces espè- ces; nous en avons admis seulement deux qui nous paraissent motivées par des caractères faciles à saisir. 56 PALÉONTOLOGIE SUISSE. PANOPÆA NEOCOMENSIS, (Leym.) d'Orb. (PL. VI, fig. 2 et 3). SYNONYMIE. Lutraria Gurgitis ? Brong., 1822, in Cuv., Oss. foss. 4° 6d., IV, p. 173 et 648, pl. Q, fig. 15, A. B. C., de la Perte du Rhône ?. É Panopæa plicata, Roëm., 1841, Norddeutsch. Kreideseb., p. 75, pl. IX, fig. 25, du Hilsthon (non P. pli- cata , Sow.) Pholadomya neocomensis, Leym., 1842, Mém. Soc. géol. de France, V, p. 3, pl. IT, fig. 4, du terrain néoco- mien inférieur. ; Panopæa neocomiensis, d'Orb., 1843, Pal. fr., Ter. crét., t. I, p. 329, pl. 358, fig. 3-8, des étages néocomien et aptien. Myopsis neccomiensis, Agassiz, Etudes critiq., Myes., p. 257, pl. XXXI, fig. 5 à 10, du terrain néocomien infé- rieur. Panopæa neocomiensis, Forbes, 1845, Quart. Journ. geol Soc., I, p. 238, du lower greensand d’Atherfeld. Id. Id. Fitton. 1847. id. id. id , III, p. 289 (Tableau) du lower greensand. Id. Id. Cornuel, 1851, Bull. Soc. géol. de France, 248 série, VIII, p. 434, 440 et 443, du calcaire à spatangues, de la couche rouge, et de l'argile à plicatules. DIMENSIONS. one Ces pus ns ÉdmamHlons : 5236525900 0000000000009200000000000 80 mm. » des échantillons les plus fréquents... .................... 29 olorn doo 40-50 » Par rapport à la longueur : Largeur .............. Fa me ne orne Eole lee cie 0,55 à 0,58 » » » Epaisseur..." PAPA SAP CRETE 0,40 » » » longueurmormale dur coté anale EE EEE EE EEE CEE 0,65 Coquille oblongue, mince, peu renflée, comprimée du côté anal, marquée de lignes d’accroissement médiocres. Côlé buccal oblique, tronqué; côté anal droit et arrondi à 1 La Lutraria Gurgitis a été établie par M. Brongniart sur des échantillons de la Perte du Rhône qui se rap- portent certainement à une de nos deux espèces. L'échantillon original qui existe dans la collection de M. Deluc appartient, d’après le souvenir de l’un de nous, au terrain que nous décrivons dans ce mémoire. Malheureuse- ment cette collection, si largement ouverte du vivant de notre respectable ami, est maintenant fermée aux pa- jéontologistes : nous n'avons par conséquent pas pu vérifier à laquelle de nos deux espèces correspond celle de Brongniart. Il est probable que c'est à la P. neocomiensis, plus abondante à la Perte du Rhône et qui ressemble davantage à la figure qu’en a donnée cet auteur. Dans tous les cas, il est évident que l'on ne peut pas adopter l'opinion de M d’'Orbigny, qui transporte le nom de L: Gurgütis à une espèce du terrain cénomanien de la Malle, qui n’a jamais été trouvée à la Perte du Rhône. Il est probable aussi que sous le nom de Lutraria jurassi, M. Brongniart (Annales des mines, 1822) a confondu une des espèces des marnes de la Perte du Rhône, et peut- être toutes les deux, avec des espèces jurassiques. Il est même possible que la fig. 4 de la planche VII de ce recueil ait été dessinée d'après une P. neocomiensis. Il n’y a toutefois pas lieu, ce nous semble, de changer le nom actuel, car le mot de L. jurassi pourrait induire en erreur sur le gisement, et il vaut mieux, si on veut le conserver, l'appliquer à une des espèces jurassiques sonfondues sous ce nom. FCI FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. D l'extrémité. Crochets rapprochés et notablement carénés du côté buccal, surtout dans le jeune âge. Côté palléal arrondi. Valves assez bâillantes du côté anal et très-peu du côté buccal. Le test est orné de fines stries rayonnantes qui, vues à la loupe, parais- sent formées de granules disposés en séries régulières. Orservarion. La place des crochets est assez variable, et par conséquent aussi la pro- portion des régions anale et buccale. Dans quelques échantillons, cette dernière est très- courte et la carène des crochets y est plus aigue. Nous pensons que dans la plupart des cas ces variations sont dues à des déformations résultant de la fossilisation. Dans les échantillons très-adultes on remarque, au contraire, que les crochets se renflent, perdent leur carène, et que la coquille devient moins inéquilatérale. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cetle espèce est principalement caractérisée par ses stries rayonnantes et granuleuses. Sa forme générale et les carènes des crochets peuvent aussi servir à la distinguer; mais d’une manière moins certaine. Histoire. M. Roëmer a connu cette espèce, comme le prouvent les stries granuleuses qu'il figure, mais il l’a rapportée à tort à la Mya plicata, Sow. C’est sans doute en- core elle qui a été désignée sous le même nom par M. Geinitz, mais la figure est trop mauvaise pour que nous l'ayons citée en synonymie. Le nom spécifique qui doit donc lui rester est celui que lui a donné M. Leymerie en la rapportant au genre Pholado- mya. M. d'Orbigny réunit encore à cette espèce la Lutraria Voltzi, Math. {Cat. p. 211, pl. XII, fig. 2 et 3); une comparaison directe des échantillons serait nécessaire pour apprécier la valeur de ce rapprochement. Locauré. La P. neocomensis ne se rencontre à la Perte du Rhône que dans la marne jaune (k}). Collections du Musée de Genève et de MM. Rochat et Renevier. Nous en avons sous les yeux quelques échantillons de la marne jaune de Sainte-Croix, où elle ne paraît pas très-rare. Collection Campiche. Explication des figures. PI, VI. Fig. 2, a, b. Echantillon normal du Musée de Genève. » c. Fragment de test grossi. Fig. 3, a, b. Echantillon très-adulte, dans lequel la carène des crochets a disparu. Collection Rene- vier. Tous sont de la Perte du Rhône et sont dessinés de grandeur naturelle. PanoPÆA PLICATA (Sow.) Forbes. (PI. VI, fig. 4 et 5). SYNONYMIE. Mya plicata, Sow.. 1825, Min. conch., pl 419, fig. 3, du lower greensand de Sandgate. Pholadomya Prevosti, Desh., 1842, Leym Mém. Soc. géol. de France, V, p. 3, pl. Il, fig. 7, du terrain néo- comien moyen. 8 D8 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Panopæa Prevosti, d'Orb., 1844, Pal. fr. Ter. crét. IL, p. 334, pl. 356, fig. 3 et 4, de l'argile ostréenne et de l'argile à plicatules. Panopæa plicata, Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc. I, p. 238 (exclus. var. 7.) du lower greensand. P. Prevosti, Cornuel, 1851, Bull. Soc. géol. de France, 29e série, VIIT, p. 438 et 443, de l'argile ostréenne et de l'argile à plicatules. Panopæa acutisulcata, Pict. et Roux (non d'Orb.), 1852, Grès verts., p. 397, pl. 28, fig. 1. Panopæa plicata. Pict. et Roux, 1852, id. id. p- 399, pl. 28, fig. 2. Panopæa Rhodani, Pict. et Roux, 1852, id. p- 400. pl. 28, fig. 3. DIMENSIONS. Dane OnliiRbecsecraesboncoecoccocccooccoococecocco0b0000000v000000c 65mm. Parrapport alla loneueuReLaArseuRe eee "Fee REETEE EE CEE CEE 060009004000 0,57 » » TH ENPE So oovodococasoose A STE A OO © 0,45 » » Donner ou edé emlles0882%0060000050000000006000€ 0,65 Coquille oblongue, mince, renflée, peu comprimée du côté anal, marquée de lignes d'accroissement assez profondes, surtout sur les crochets. Côté buccal arrondi, renflé. Crochets sans carène. Côté anal prolongé et arrondi. Côté palléal peu arqué. Valves très-bâillantes du côté anal et peu du côté buccal. Ogservarion. Cette espèce est plus variable encore que la précédente, et soit varia- tion naturelle, soit déformation accidentelle, certains échantillons ont les crochets beau- coup plus rapprochés que d'autres de l'extrémité buccale. Nous nous sommes con- vaincus par une série plus complète d'échantillons, que la P. Rhodam, Pict. et Roux, se lie à la véritable P. phcata par des transitions insensibles. Nous possédons même quelques échantillons dans lesquels les crochets sont presque aussi obliques que dans la P. obliqua d'Orb. Dans ces divers cas, l’obliquité des lignes d’accroissement mon- tre qu'il faut attribuer une large part à la déformation accidentelle. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Le test de cette espèce est complétement dépourvu des stries granulées qui caractérisent si clairement la précédente: On reconnaîtra plus dif- ficilement les moules; ils se distinguent cependant par leurs formes plus renflées, leur côté buccal plus arrondi, leur région anale moins comprimée, leur côté palléal plus droit, leurs crochets sans carènes et leurs lignes d’accroissement plus marquées. Hisroire. Cette espèce est évidemment celle que Sowerby a décrite sous le nom de Mya plicata, et qui est conservée sous ce nom par les auteurs anglais. Le type de So- werby provenait du lower greensand, dont la faune est si semblable à la nôtre. Les auteurs français et allemands l'ont interprété de diverses manières. Nous avons déjà vu que MM. Roëmer et Geinitz ont appliqué ce nom à l'espèce précédente. Goldfuss nomme ainsi une panopée du grès vert de Quedlimburg, qui ne se rapporte certainement pas à celle de Sowerby. M. d’Orbigny, au contraire, a donné le nom de P. phcata à une espèce qu'il attribue exclusivement au gault, et qui nous paraît plus voisine de FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 59 la P. acutisulcata, tandis qu’à l'exemple de M. Leymerie, il a donné le nom de P. Pre- vosh à l'espèce du terrain aptien du bassin de la Seine, que nous ne pouvons pas dis- tinguer de celle du lower greensand. Nous adoptons ici l'opinion de M. Forbes, qui réunit la P. Prevosti à la P. plicata. Nous avons pu, du reste, comparer directement nos échantillons avec la P. Prevosh de la couche rouge des minières de Bailly, près Vassy (Haute-Marne). LocazirÉés. Cette espèce se trouve à la Perte du Rhône dans la marne jaune (4), où elle est assez rare (Coll. Renevier). Elle est un peu plus fréquente dans les grès mar- neux (/), et atteint son maximum de développement dans les grès verdàtres {e), pour devenir de nouveau plus rare dans les grès durs (4). Explication des figures. PI. VI. Fig. 4, a, b. Echantillon complet montrant une portion du moule. Fig. 5, a, b. Echantillon présentant les sillons du test mieux conservés. Tous deux sont des grès-marneux (f) de la Perte du Rhône, et dessinés de grandeur naturelle. Musée de Genève. Pour les variations que nous avons signalées plus haut, nous renvoyons à la Description des mollus- ques des grès verts, pl. 28. GENRE PHOLADOMYA, Sowerby. Les pholadomyes ne nous ont point présenté les mêmes difficultés que les panopées. Nous en avons trouvé à la Perte du Rhône trois espèces très-distinctes. PHOLADOMYA CORNUELIANA, d'Orb. (PI. VI, fig. 6). SYNONYMIE. Cardium Cornuelianum, d'Orb., 1843, Pal. fr. Ter. crét. III, p. 23, pl. 256, fig. 1 et 2, des rognons néoco- miens de Vassy. Id. Id. Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc. I, p. 243, du lower greensand. Pholadomya Cornueliana, d'Orb., 1850, Prodr. Il, p. 105 et117, de l'étage urgonien de la Perte du Rhône, et de l'étage aptien de Vassy. Cardium Cornuelianum, Cornuel, 1851, Bull. Soc. géol. de France, 2 série VIIT, p. 441, de la couche rouge de Vassy. DIMENSIONS. LONGTEMs ouoavcooocuousouvcogosonoadsodobseddcoccobdeoocdo eue obcbéouuo 30mm. PanrapponelalonaueunEr laser Er CCC ECC CCE EC CCC ECC 0,80 » » DAIESOUP o0000000000000060o0000b500000000ne0coaai 0,63 » » Toner du ete anal scso 100006 48000080000 08000 0.60 60 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Coquille renflée, courte, peu inéquilatérale. Région buccale courte, non bäillante et partagée dans son milieu par une carène mousse, qui part du sommet des crochets, en circonscrivant une sorte de lunule cordiforme. Crochets saillants et rapprochés. Région anale étroite, comprimée, un peu bâillante. Bord palléal arqué. La surface est ornée de côtes rayonnantes, un peu infléchies du côté anal, séparées par des sillons peu pro- fonds, inégaux entre eux et en général un peu plus larges que les côtes. Celles-ci sont coupées par des stries d’accroissement très-peu visibles, et vues à la loupe, elles pa- raissent granuleuses. Elles diminuent de grosseur en s’approchant de la région buc- cale, et disparaissent entièrement sur le centre de celle-ci ainsi que sur l'extrémité de la région anale. Le moule ne diffère de la coquille que par des côtes plus étroites, moins marquées et moins granuleuses. RapPoRTS ET DIFFÉRENCES. Cetle espèce appartient au même groupe que la Ph. æquival- vis (Goldf.) d’Orb., qui est encore plus équilatérale et qui possède des crochets beaucoup plus saillants. Elle a de grands rapporls aussi avec les Cardium Sancti-sabæ et elegan- tulum, Roëm. [Kreideb. v. Texas, p. 48, pl. VI, fig. 5 et 7}, mais la première a de fortes côles sur la région buccale, et la seconde est beaucoup plus comprimée. Une comparaison en nature serait nécessaire pour décider définitivement si ces différences ne tiennent peut-être pas à l'état de conservation des échantillons. LocaziTÉés. Nous n'avons jusqu'à présent rencontré cette espèce à la Perte du Rhône que dans la marne jaune (h}, où elle est très-commune. Collections du Musée de Ge- nève et de MM. Rochat et Renevier. Elle se trouve aussi dans la marne jaune de Sainte-Croix. Collections de M. le D' Campiche et de M. Renevier. Explication des figures. PI. VI. Fig. 6, a, b. Phol. Cornueliana de la Perte du Rhône, de grandeur naturelle. Collection Renevier. » c. La même vue du côté buccal. » d. Fragment de test grossi. PHOLADOMYA PEDERNALIS, Roëmer. (PL. VI, fig. 7). SYNONYMIE. Pholadomya Pedernalis, Roëm., 1852, Kreidebild. v. Texas, p. 45, pl. VI, fig. 4, du terrain crétacé du Texas. DIMENSIONS. ILONSUEUR. so0900000000000000060000e0000edo0000o00de0o0c0000960e000s000 a 50 mm Par/rapport a la longueur: Largeur..." nn DOS nue 0 0,60 » » EÉpAlSSeUR EE Re Le ee RE AE ET 0,46 » » LOHEEnPCMeNS am 000 05 covacsscoousuo 0,87 FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 61 Coquille allongée, renflée, très-inéquilatérale. Région buccale courte, non bâillante, séparée des flancs par une carène assez marquée qui part du sommet des crochets. Ceux-ci sont saillants et rapprochés. Région anale longue, un peu comprimée vers son extrémité, régulièrement arrondie et peu bâillante. Bord palléal arqué vers ses ex- trémités. Toute la coquille est ornée de stries d'accroissement très-marquées, et pré- sente, en outre, quelques côtes rayonnantes, espacées, étroites, peu saillantes, dont les antérieures sont les plus visibles, et dont les postérieures vont en s’effaçant insensi- blement, de sorte que quelques échantillons n’en montrent que cinq outre la carène, et que dans d’autres on en distingne jusqu’à huit ou neuf. Rapports ET DIFFÉRENCES. Cette espèce appartient au groupe des pholadomyes ova- laires de M. Agassiz, qui a été jusqu’à présent considéré comme spécial au terrain ju- rassique. Elle nous parait facile à distinguer de toutes les espèces connues. Nous n’hé- sitons pas d’ailleurs à rapporter nos échantillons à la Ph. Pedernalis, Roëm., car elle en présente tous les caractères. Il est vrai que M. Roëmer dit que son espèce n'est pas bâillante du côté anal, mais il ajoute qu’il n’en a eu entre les mains qu'un seul échantillon imparfaitement conservé, et d’ailleurs dans les nôtres le bâillement est très- peu considérable. Locauiré. Cette espèce est assez commune dans la couche L [marne jaune) de la Perte du Rhône. (Coll. du Musée de Genève et de M. Renevier). Elle se trouve aussi, mais moins fréquemment, dans la marne jaune de Sainte-Croix. Collection Campiche. Explication des figures. PI. VI, Fig. 7, a, b. Echantillon de la Perte du Rhône, de grandeur naturelle. Musée de Genève. » c. Le même vu du côté buccal. PHOLADOMYA ELONGATA, Münster. SYNONYMIE. ? Bourguet, 1742, Traité des pétrifications, pl. 24, fig. 145. ? Musculites striatus, Schl., 1813, Neues Jahrb., p. 74. Pholas giganteus, Sow., 1836, in Fitton, Trans. geol. Soc., 2° sér., IV, pl. 14, fig. 1, du gault et du lower greensand. Pholadomya elongata. Münst., 1840, in Goldf. Petr. Germ., IT, p. 270, pl. 157, fig. 3, de Suisse. Id. Id. Ag. 1849, Etud. crit., Myes., p. 57, pl. 1, fig. 16 à 17, pl. 2”, fig. 1 à 6, du terrain néocomien. Phol. Favrina, Ag., 1842, id. id. p. 59, pl. 2’, fig. 1et2, du grès vert de la Perte du Rhône. Phol. Lang, Thurm, Voltz mss., Leym., 1842, Mém. Soc. géol. de Fr., V, p. 24, du terrain néocomien. Phol. elongata, d'Orb., 1843, Pal. fr. Ter. crét., IL, p. 350, pl. 362, de l'étage néocomien. Phol. gigantea, Forb., 1845, Quart. Journ. geol. Soc., I, p. 238, du lower greensand de Court-at-Street. 62 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Phol. elongata, Cornuel, 1851, Bull. Soc. géol. de Fre., 2° sér., VIII, p. 435 et 440, du calcaire à spatangues et de la couche rouge. Phol. Favrina. Pict. et Roux , 1852, Grès verts p. 403 et 546, des grès aptiens de la Perte du Rhône. La découverte de deux nouveaux échantillons provenant l’un de la couche à orbi- tolites de la Perte du Rhône, l’autre des marnes jaunes de la Presta, nous ont prouvé jusqu’à l'évidence que l'individu qui a servi à M. Agassiz pour établir sa Ph. Favrina, n'est qu’un exemplaire altéré de la Ph. elongata si connue. Nous conservons d’ailleurs à cette espèce le nom de Ph. elongata, quoiqu'il ne soit peut-être pas le plus ancien. Si l’on était parfaitement sûr que cette coquille soit celle qui a été figurée par Bourguet, et désignée plus tard par Schlotheim sous le nom de Musculites striatus, elle devrait prendre le nom de Ph. striata, qui appartient déjà à une espèce du terrain kimmérid- gien. Il nous a paru, vu l’imperfection de la figure de Bourguet, qu'il était préférable de ne pas introduire cette nouvelle complication dans la synonymie de cette espèce. Il y aurait des motifs plus puissants pour lui faire porter le nom de Ph. gigantea, si So- werby n'avait pas décrit antérieurement une Corbula gigantea, dont M. d'Orbigny fait aussi une Pholadomye. La Ph. Fabrina, d'Orb., du gault d'Ervy, n’a du reste aucun rapport avec l'échantillon qui a été décrit par M. Agassiz, quoique M. d'Orbigny cite en synonymie la Ph. Favrina, Ag. Locauirés. Cette espèce, si commune dans le terrain néocomien proprement dit, est bien plus rare dans les couches qui font l'objet de ce mémoire. Nous connaissons main- tenant trois échantillons qui y ont été recueillis. Celui qui a été décrit par M. Agassiz, et qui fait partie de la collection de M. le prof. Favre, provient des grès marneux |{/) de la Perle du Rhône. M. l'abbé Ravoux en a découvert un second dans la couche à orbitolites {g) de la même localité. Collection Renevier. Enfin M. le D' Campiche nous en a envoyé un troisième provenant de la marne jaune de la Presta. GENRE ANATINA, Lamarck. Nous avons trois espèces de ce genre, qui appartiennent à trois types très-différents. La première a les ornements ordinaires des anatines des terrains crétacés; la seconde fait partie du groupe dont M. Agassiz a fait son genre Cercomya, qu'on est généralement d'accord aujourd’hui de réunir aux anatines, et la troisième, lisse et plus ovale, rappelle davantage les formes des thracies (Corymia, Ag.) FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 65 ANATINA RHopant, Pictet et Roux. SYNONYMIE. Anatina Rhodani, Pict. et Roux, 1852, Grès verts, p. 410, pl. 29, fig. 4. Cette espèce, comme nous l'avons dit ailleurs, a de grands rapports avec l'A. ma- rullensis, d'Orb. Nous n’avons pas obtenu depuis lors d'échantillons assez parfaits pour discuter la valeur des différences qui ont été invoquées. Nous devons prévenir ici que la figure donnée dans les Grès verts offre des côtes buccales trop sinueuses et que l’échancrure des crochets y est trop large. LocarirÉ. Cette espèce est assez rare dans les grès verdàtres [e) de la Perte du Rhône. Collections du Musée de Genève et de M. Renevier. M. Campiche nous en a aussi envoyé quelques échantillons provenant des grès verts aptiens de Sainte-Croix et du Poni. ANATINA ROBINALDINA, d'Orb. (PI. VII, fig. 1). SYNONYMIE. Anatina Robinaldina, d'Orb., 1843, Pal. fr., Ter. crét. III, p.374, pl. 370. fig. 6 à 8, du terrain néocomien in- férieur de Saint-Sauveur (Yonne). Id. Id. Cornuel, 1851, Bull. Soc. géol. de France, 2€ série, VIIT, p. 440, de la couche rouge. DIMENSIONS. Lorient AUROSIMAUNE SÉRIE SAR RE APE OR AR ee en 60 mm. L'AMOUR OR SOS an 0e panne DO MO CRE RS CEE ER ee D LUE 20 » FDA SS UE ER ne me ee cle elie eee o o » Coquille très-allongée, rostrée du côté anal, comprimée, très-inéquilatérale. Côté buccal large, régulièrement arrondi. Crochets peu saillants, fendus. Côté anal prolongé en rostre aminci (que nous n'avons pas pu observer complétement), offrant de cha- que côté sur sa région cardinale un sillon très-marqué. Les flancs présentent un sillon peu profond, qui, partant des crochets, se dirige obliquement en avant. La coquille est ornée de côtes concentriques, régulières vers les crochets, très-profondes sur la ré- gion buccale, et dégénérant en siries d’accroissement sur la région anale. Ces côtes sont coupées par des séries rayonnantes de granulations très-fines, très-serrées et pres- que invisibles à l’œil nu. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce appartient au groupe des Cercomya, qui est très-rare dans les terrains crétacés. Nous l'avons rapportée à la C. Robinaldina de M. d'Orbigny, parce que la description donnée par cet auteur lui convient en lous points. 64 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Nous devons cependant faire remarquer que la forme du côté buccal indiquée par la figure de la Paléontologie française ne s'accorde pas complétement avec nos échantil- Jons. LocaurÉés. L’A. Robinaldina se trouve à la Perte du Rhône dans la marne jaune {h), où elle est assez rare. Collections du Musée de Genève et de M. Renevier. Explication des figures. PI. VII. Fig. 1, a, b. Echantillon de grandeur naturelle. Collection Renevier. » c. Fragment de test grossi. ANATINA HEBERTI, Pictet et Renevier. (PI. VII, fig. 2). DIMENSIONS. LOMME 6 0900000009002000000000060900000000900000090000c RÉ ID 45 mm. Par manon à là longuenrs Larsen 006 00006000000000000000000000000000060900 0,68 » » BASSE oco00coco0000000000000000000006040900006 0,32 » » Longue du es em 66600225 000000do00000000000 0,67 Coquille ovalaire, comprimée, inéquivalve et inéquilatérale. Région buccale grande, arrondie, fermée ou très-légèrement bâillante. Crochets peu saillants distinctement fen- dus, pourvus intérieurement du côté anal d’une côte oblique, qui laisse son empreinte sur le moule. Région anale beaucoup plus courte que la buccale, plus étroite, bâil- Jante, arrondie à son extrémité. Bord palléal arqué. Test lisse orné de stries d’accrois- sement peu marquées. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce se distingue facilement de toutes celles des terrains crétacés par sa compression, sa forme arrondie, son test lisse, la brièveté de sa région anale. etc. Elle rappelle au contraire les formes de quelques thracies (Cory- mya, Ag.) et nous n’aurions pas hésité à la rapporter à ce genre si nos échantillons ne présentaient pas tous la fente des crochels qui est caractéristique des anatines et ne se retrouve pas dans les thracies. Locaurré. Cette espèce est assez fréquente dans la couche À [marne jaune) de la Perte du Rhône. Collections du Musée de Genève et de M. Renevier. Explication des figures. PI. VIL. Fig. 2, a, b. Echantillon de grandeur naturelle, de la collection Renevier. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 65 GENRE THRACIA, Leach. Nous avons, à l'exemple de M. Deshayes, rapporté au genre Zhracia des coquilles fossiles, dont les caractères de la charnière sont incomplètement connus, et qui ressemblent aux espèces vivantes par leur région anale courte, présentant souvent sous les crochets deux petites côtes obliques qui laissent leur empreinte sur le moule. THRACIA SUBANGULATA, Desh. (PI. VII, fig, 3). SYNONYMIE. Thracia? subangulata, Desh., 1842, in Leym. Mém. Soc. géol. de France, V, p. 3, pl. 5; fig. 1, du terrain néocomien. Thracia subangulata, d'Orb., 1850, Prod. II, p. T4, de l'étage néocomien. DIMENSIONS. ILOMETOUR: soo00000v06rd000cdv0v0o08comcedoecoodooecpeocooncb polo a bab oc ce 30 mm. Per rappoit à alomenne Tamer ee En a ete EC ROC 000 000 0e 0,53 » » BAIN dosorcasomoseectodoonnooocob eco beete 0,25 » » Longnanr din cé anale ee 6006660600 e eee 0600 0,46 Coquille ovale oblongue, comprimée, marquée d’une molle inflexion sur le milieu de ses flancs, lisse ou ornée de quelques lignes d’accroissement peu prononcées, un peu inéquivalve, peu inéquilatérale. Région buccale arrondie, très-peu bâillante, cro- chets peu saillants, larges et rapprochés. Région anale tronquée, plus courte et plus étroite que la buccale, un peu bâillante; cette région présente de chaque côlé une carène mousse oblique qui part des crochets. Le bord palléal est presque droit. Rapports ET DIFFÉRENCES. Nous n'avons pas hésité à rapporter nos échantillons à la Thr. subangulata de M. Deshayes, quoique la figure que donne cet auteur semble in- : diquer une région anale légèrement plus courte. Elle ressemble à quelques espèces cré- tacées qui ont été décrites par M. d’Orbigny sous le nom générique de Periploma, mais elle s’en distingue facilement par son aplatissement plus grand, par ses crochets moins élevés et par sa carène anale. Elle a aussi des rapports incontestables avec quel- ques Corymia de M. Agassiz, que l’on est maintenant d'accord de réunir aux thracies, 9 66 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Elle rappelle en particulier, avec une carène moins marquée, les formes des C. lens, Ag., et C. elongata, id., de l’oolithe inférieure. Locariré. La T. subangulata est assez rare à la Perte du Rhône. Nos échantillons pro- viennent de la marne jaune (h). Musée de Genève et collection Renevier. Explication des figures. PI. VII. Fig. 3, a, b. Echantillon de grandeur naturelle, de la collection Renevier. THrAcrA CouLonti, Pictet et Renevier. (PI. VIL, fig. 4). DIMENSIONS. LOMME oc ocosossoocoocouooocoo00o0obvocdodoovddodbscoodoudodosve0d0do 26mm. Pr no à AlCmeNENr es IAA, 605 5006008003000000a0a000000000200000000 0,63 » » Epaisseur mec ect CE EE Ce CT ES 0,45 » » LonaneUr Gi ENS ailes 00000660060000000000200000 0,55 Coquille oblongue, renflée, peu inéquilatérale. Région buccale arrondie, renflée. Cro- chets gros et saillants. Région anale légèrement excavée en arrière des crochets, plus étroite et plus longue que la buccale, un peu büâillante. Bord palléal un peu sinueux, et marqué dans son milieu d'une dépression peu profonde, qui est visible aussi sur les flancs, et qui s’atténue en se rapprochant des crochets. Test lisse orné de stries d’ac- croissement peu marquées. RarporTs ET DIFFÉRENCES. Nous n'avons pas eu de moules assez parfaits pour cons- tater d’une manière certaine l'existence de la petite côte interne, oblique, qui carac- térise souvent les Thracia. C’est donc en nous fondant sur ses formes générales, sur la brièveté de la région anale, et sur le bâillement des valves, que nous l'avons rap- portée à ce genre. Elle est du reste facile à distinguer de toutes les autres espèces, et en particulier de la Thr. Meriani. : Locariré. Nos échantillons proviennent de la marne jaune (h] de la Perte du Rhône, et font partie de la collection de M. Renevier. Explication des figures. PI. VII. Fig. 4, a, b. Thracia Coulon de grandeur naturelle. Collection Renevier. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 67 THrACIA ARCHIACI, Pictet et Renevier. (PI. VII, fig. 5). DIMENSIONS. LOMAUEUP. : :2505000000020008660006ou0a000c00co0000000000000000000 0060060 35 mm. Per rapport Allonnes LAREMPO OOo o00eeboc0c coop ou 0 0e 000 De 0,54 » » BPaISSEUR Re eee One Bt see eue le ce 0,37 » » longue aies Emo 56 0200b6c005080000000c000e 0,53 Coquille oblongue, renflée, peu inéquilatérale. Région buccale arrondie, renflée, ne présentant point de dépression en avant des crochets. Région anale plus étroite, très- bâillante et fortement excavée en arrière des crochets. Ceux-ci sont médiocres et don- nent naissance à une carène très-affaiblie, qui se dirige obliquement en arrière. Bord palléal arqué, un peu sinueux. Le test est lisse et marqué seulement de stries d'ac- croissement, sauf en avant et en arrière des crochets, où il présente quelques côtes courtes et interrompues; celles du côté buccal, très-atténuées, sont dirigées oblique- ment en arrière, tandis que celles du côté anal sont presque perpendiculaires au bord cardinal. RaPPoRTS ET DIFFÉRENCES, Comme pour l'espèce précédente, nous rapportons celle-ci au genre Thracia, par le seul examen de ses caractères extérieurs; nous n’avons pu observer ni la charnière, ni la côte interne. Il ne serait pas impossible, vu la nature des côtes qui entourent le crochet, qu'elle tint de près aux Gomomya et, par con- séquent, aux Pholadomyes. Cette espèce a un peu la forme de la précédente, mais elle s'en distingue par sa région anale bien plus saillante, par la forme de sa région buc- cale et par les côtes interrompues qui ornent ses crochets. Locariré. Le Musée de Genève possède le seul échantillon que nous connaissions de cette espèce. Il provient de la marne jaune {h) de la Perte du Rhône. Explication des figures. PI. VII. Fig. 5, a, b. Echantillon de grandeur naturelle. Collection du Musée de Genève. : GENRE PSAMMOBIA, Lamarck. Les limites des genres Psammobia, Capsa et Sanguinolaria n'ont pas été envisagées de même par tous les conchyliologistes. L'espèce que nous dé- erivons ci-dessous appartiendrait au genre Capsa pour M. d'Orbigny, qui 68 PALÉONTOLOGIE SUISSE. réunit aux tellines la plupart des psammobies de Lamarck; elle fait au contraire partie de ce dernier genre, tel que le limite M. Deshayes dans son traité de conchyliologie. Ce savant zoologiste désigne avec raison sous ce nom, les espèces aplaties et médiocrement bâillantes, réservant le nom de Capsa au type de la Venus deflorata, Lin., qui est bombée et plus bâil- lante. PSAMMOBIA STUDERI, Pictet et Renevier. (PI. VII, fig. 6). DIMENSIONS. NEA ED OU Den de oh 002 ado doe condo 0 bensdboscue 35 mm Par rapport à la longueur : Largeur ..........-..............:............... 0,45 » » DDASEMRo o00000000000000002000000000000090000006 0,18 » » LOTO CE ane 66668255 0008000000000c 0,68 Coquille oblongue, très-comprimée, inéquilatérale. Région buccale légèrement bâil- Jante, étroite, arrondie. Crochets petits, peu saillants, rapprochés. Région anale allon- gée, arrondie à son extrémité. Bord palléal arqué. La surface de la coquille est mar- quée de stries concentriques. Le côté anal est orné de côtes rayonnantes aïgues, qui deviennent plus fines et presque indistinctes sur les flancs, et qui manquent tout à fait dans la moitié antérieure qui est lisse. Le moule est lisse, sauf vers le bord de la ré- gion anale, où il présente des traces peu marquées des côtes rayonnantes. RappORTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce rappelle un peu, par la nature de ses orne- ments, les Capsa eleqans, d'Orb., et C. discrepans, [Duj.} d'Orb., mais elle s’en dis- tingue facilement par ses côtes rayonnantes plus petites et plus rapprochées, et par sa région buccale lisse. Elle ressemble bien plus sous ce point de vue au Solen elegans, d'Orb., mais sa forme plus courte, ses crochets plus proéminents et son bord palléal arqué l'en font facilement distinguer. Locaurés. Nos échantillons proviennent de la marne jaune (A) de la Perte du Rhône et font partie de la collection du Musée de Genève et de celle de M. Renevier. Explication des figures. PI. VII. Fig. 6, a, b. Psammobia Studeri, de grandeur naturelle, Musée de Genève. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 69 GENRE ARCOPAGIA, Brown. Les Arcopagia sont, comme on le sait, distinguées des tellines par la forme de leur sinus. Nous n’avons pas pu constater ce caractère sur la seule espèce que nous possédions, et nous la rapportons à ce genre sur l'autorité de M. d'Orbigny. ARCOPAGIA SUBCONCENTRICA, d'Orb. CPL. VII, fig. 7). SYNONYMIE. Arcopagia concentrica, d'Orb., 1843, Pal. fr. ter. crét.. III, p. 410, pl. 378, fig. 1 à 6, du terrain néocomien (non Reuss). A. subconcentrica, d'Orb., 1850, Prodr. Il, p. 75, de l'étage néocomien. A. concentrica, Cornuel, 1851, Bull. Soc. géol. de France, 2° série, VIII, p. 435 et 440, du calcaire à spatan- gues et de la couche rouge. DIMENSIONS. ILOMAUEN so00600000000000v0 sé00b000000600000000000 re ete ei ar ee ere 19mm. Per mapnot à IA lomgnenr 3 Lamgatiro os 600005 000000b60deocooepcccctocbocoee 0,7% » » HAS oascoovoobpoopoopboNovoccocobocobobavbe 0,27 » » LONGER CG emails ces oc Eee ose tonne 0,52 Coquille ovale, très-comprimée, presque équilatérale, marquée de stries concentri- ques très-fines et régulières, et dans l’âge adulte, de traces d’accroissement plus pro- fondes. Crochets presque pas saillants, ornés, aussi bien du côté anal que du côté buccal, de quelques fines stries rayonnantes, rendues granuleuses par l'intersection des côtes concentriques. Ces côtes rayonnantes s’atténuent en s’approchant du milieu des flancs, qui en est entièrement dépourvu. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Sauf un aplatissement légèrement plus fort, nos échantil- lons sont parfaitement identiques à l'espèce de M. d'Orbigny, ainsi que nous avons pu nous en assurer par une comparaison directe avec des échantillons provenant de Bet- tancourL. LocariTÉ. Celte espèce est rare à la Perte du Rhône, elle ne s’y rencontre que dans la marne jaune (h}. Collection Renevier. Explication des figures. PI. VII. Fig. 7, a, b. Echantillon grossi, de la marne jaune (k) de la Perte du Rhône. Collection Renevier. 70 PALÉONTOLOGIE SUISSE. GENRE MACTRA, Linné. Nous avons retranché de ce genre la Donacites Saussuri, Brong., qui y avait été rangée par M. d’Orbigny; car, comme nous le montrerons plus bas, elle appartient au genre Cyprine. L'espèce que nous décrivons ci- dessous nous paraît, au contraire, avoir tous les caractères des Mactres. MAcTRA MonNTMOLLiENI, Pictet et Renevier. (PI. VIL, fig. 8). DIMENSIONS. LONGER oo000o00oco00000000060c00000000000060060p00000a00n020806d00a6a 33 mm. Pare iaoone à la longueurs ILAmEro ce es40moblis oc ososooonecoocdegeccogeaa 0,92 » » Epaisseur. ect ee ee TE 0,60 » » LonnEMEe du NS emo es EE oo0ecadsdaueouesancoos 0,55 Anplérapiciale res eee eue rt ee OT CC CE CE 0,78 à 0,80 Coquille triangulaire, renflée, close, presque équilatérale, et à peu près aussi large que longue. Région buccale aplatie, excavée sous les crochets. Ceux-ci sont assez sail- lants, et se terminent en un apex mince, infléchi et presque enroulé du côté buccal. Région anale un peu plus longue que la buccale, arrondie et un peu comprimée. Bord palléal arqué. Chacun des crochets donne naissance à deux carènes. Les antérieures ou buccales, bien marquées dans l’origine, deviennent mousses en s’'éloignant des cro- chets. Les carènes anales se conservent plus distinctes dans toute leur longueur et circonscrivent une sorte de corselet. L'impression palléale forme un sinus médiocre. Le test est lisse, avec des stries d’accroissement peu marquées, sauf sur la région anale où elles sont un peu plus distinctes. Rapports ET DIFFÉRENCES. Nous n'avons pas hésité à rapporter cette espèce au genre Mactra, quoique nous n’ayons pas pu observer sa charnière, car elle a tout à fait les formes extérieures de ce genre, les mêmes impressions musculaires, le même sinus palléal. Elle rappelle en particulier, sous tous ces points de vue, la M. stuliorum, Lin. de la Méditerranée. Nous ne connaissons aucune espèce fossile avec laquelle elle puisse être comparée; la seule qui lui ressemble un peu par sa forme triangulaire, est la 4. angulata, Sow. (in Filton, Geol. Trans,, 2° sér., IV, pl. 16, fig. 9), du grès vert de Blackdown, qui, du reste, n’a pas les crochets contournés et qui n’a point de carène du côté buccal. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 71 Locarirés. Cette espèce est assez abondante à la Perte du Rhône dans la marne jaune (k). Collections du Musée de Genève et de MM. Rochat et Renevier. Elle ne pa- rait pas non plus très-rare dans la marne jaune de Sainte-Croix, et se trouve égale- ment à la Presta dans la même couche. Collection de M. le D' Campiche. Explication des figures. PI. VII. Fig. 8, a. Moule de grandeur naturelle, de la Perte du Rhône. Collection Renevier. b. Le même, vu du côté buccal. c. Echantillon complet, vu sur les crochets. Même localité ; même collection. d. Le même, vu du côté anal. Nous possédons, en outre, des grès verdâtres à Ostrea aquila (e) quel- ques moules très-voisins par leur forme de ceux de la Mactra qaultina, Pict. et Roux (Grès verts, p. 407, pl. 29, fig. 5). Toutefois ils ne sont pas assez parfaits pour nous donner la certitude qu'ils appartiennent bien à cette es- pèce. Leur région buccale paraît un peu plus courte et plus renflée. Collec- tion du Musée de Genève. GENRE VENUS, Linné. La seule espèce que nous décrivions ci-après appartient au genre Venus, tel que le limite M. Deshayes, en en excluant les Cythérées, les Pullastra, les Artemis, etc. VENUS VENDOPERANA, (Leym.) d'Orb. (Pi. VII, fig. 9). SYNONYMIE. Lucina vendoperana, Leym., 1842, Mém. Soc. géol. de France, V, p. 4, pl. 5, fig. 3, du terrain néocomien de Vandœuvre. Venus vendoperata, d'Orb., 1845, Pal. fr. ter. crét. III, p. 439, des étages néocomien et aptien. Venus neocomiensis, d'Orb., 1845, id., Atlas, pl. 384, fig. 7 à 10. DIMENSIONS. LOMME co0000s0000a0cbcov000npo00H00c00secoodd300b000600060000020b000 38mm. Par rapport à la longueur : Largeur. ........................................ 0,87 » » RARE obooouocccoccocccccoeeteedopocbpouauoo 0,47 » » Leman due amis sc0060cocccoccsteoacobeneor 0,70 72 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Coquille arrondie, comprimée, inéquilatérale. Région buccale régulièrement arrondie, portant une lunule faiblement circonscrite, plus longue que large. Crochets petits et peu proéminents. Région anale plus longue que la buccale, sans carène, et arrondie, sauf sur son bord cardinal, qui est à peu près droit. L’excavation ordinaire du liga- ment est allongée. Le test est orné seulement de stries concentriques fines, un peu plus marquées sur le pourtour. Les lignes qui correspondent aux bords successifs de la coquille laissent en outre quelques traces espacées et nettement accusées. Rapporrs ET DIFFÉRENCES. Nous avons comparé nos échantillons avec des Venus ven- doperana trouvées à Bettancourt. Les uns et les autres présentent complètement tous les caractères indiqués dans la figure et la description de M. Leymerie. Ils s’accor- dent aussi avec la description de M. d’Orbigny, et avec ses figures 8, 9 et 10. Nous n’en possédons toutefois aucun qui présente la région anale aussi dilatée que la fig. 7 de la pl. 384. Nous devons faire remarquer, en outre, que dans nos moules le sinus est plus arrondi que dans la figure de M. d'Orbigny. Il ne serait pas impossible que cette espèce füt la même qu'une de celles qui ont été décrites antérieurement à M. Leymerie par les auteurs anglais; mais la brièveté des descriptions et limperfection des figures ne permettent pas une comparaison suffi- samment rigoureuse. Elle ressemble en particulier à la V. parva, Sow. (Min. Conch., pl. 518, fig. 5 à 7}, mais celle-ci paraît avoir les crocheis plus gros. Elle rappelle aussi la V. caperata (id., fig. 1 à 4), qui parail avoir des stries d’accroissement plus marquées. Parmi les espèces décrites par M. Forbes, nous lui trouvons aussi de l’analogie avec la V. Orbignyana, e1 nous sommes embarrassés pour les distinguer par un caractère précis. Mais en supposant, ce que nous n’osons préjuger, que ces espèces dussent être réunies, le nom donné par M. Leymerie devrait être conservé comme étant le plus ancien. La Cyth. subrotunda, Sow. [in Filton, Geol. Trans., 2% série, IV, pl. 17, fig. 2) de Blackdown, est plus régulièrement arrondie que notre espèce. LocaLrrés. Cette espèce est assez commune soit à la Perte du Rhône, dans la marne jaune (k}, soil à Sainte-Croix. Elle parait plus rare à la Presta, ou elle se trouve dans la même couche. Collections du Musée de Genève et de MM. Campiche et Rene- vier. Explication des figures. PI. VIT. Fig. 9, a, b. Venus vendoperana, de grandeur naturelle, de Sainte-Croix. Collection Campiche. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 19 ORTHOCONQUES INTÉGROPALLÉALES. GENRE CYPRINA, Lamarck. Les cyprines sont importantes dans les terrains aptiens de nos environs, à cause de l'abondance de deux des espèces que nous y avons reconnues. L'une d'elles (la C. Ervyensis) offre aussi l'intérêt d’être très-répandue dans les Alpes, où elle paraît souvent associée à des fossiles du gault. CYPRINA SAUSSURI (Brong.), Pictet et Renevier: (PI. VIIL, fig. 1 et 2). SYNONYMIE. Donacites Saussuri, Brong., 1821, Ann. des min., VI, p. 555, pl. 7, fig. 5, de la Perte du Rhône. Cyprina rostrata, Sow., 1836, in Fitton, Trans. geol. Soc., 2e série, IV, pl. 17, fig. 1, de Blackdown, Cyprina angulata, Var. B rostrata, Forb., 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p.240, du lower greensand d'A- therfield. Mactra Saussuri, Renevier, 1854, Mém. géol. sur la Perte du Rhône, p.24, du terrain aptien inférieur de la Perte du Rhône (non d’Orb. Prodr. 1850). DIMENSIONS- Longueur des échantillons de la marne jaune (R)............................... 45 mm. » d'unvéchantillon provenant du grès duri(d)."."". 2 en 70 Par rapoont A lors Lamour 264666020000 eee Let C le doc 0,70-0,80 » » » TÉROUR bococodduabedeoncossoneco none cl nc hp no 0,60-0,70 » » » Longienr dire Amal 0 00500640 a0cccoodoccacece 0,75 Coquille renflée, subtriangulaire, inéquilatérale. Région buccale arrondie, excavée sous les crochets, où elle forme une lunule faiblement circonserile. Crochets gros, re- courbés, terminés en pointe. Région anale étroite, terminée par un angle arrondi. Ré- gion cardinale aplatie obliquement et formant un étroit corselet, circonserit par une lé- gère carène, en dehors de laquelle on en distingue parfois une seconde plus faible encore. Le test est lisse et marqué seulement de faibles stries d'accroissement un peu plus visibles sur la région anale. 10 = 14 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Ogservarions La largeur et l'épaisseur de cette coquille sont assez variables, comme l'indiquent les dimensions que nous avons données, et comme on en peut juger par la comparaison des figures, qui représentent à peu près l’extrème des variations. RapPoRTS ET DIFFÉRENCES. Celte espèce est une véritable Cyprine, comme nous nous en sommes convaincus par la forme de la charnière. Elle rappelle, par ses formes ex- térieures, quelques Venus dont le côté anal se prolonge en pointe, et qui présentent autour du corselet une carène bien marquée. Elle ressemble aussi à quelques Cyrènes des terrains tertiaires, et si nous n'avions vu la charnière nous aurions pu être tentés de la rapporter à l’un ou à l’autre de ces genres. Par son côté anal étroit et anguleux, elle se distingue de toutes les Cyprines des terrains crétacés à l'exception de la C. cu- neata, Sow. (in Fitton, pl. 16, fig. 19). Nous ne savons pas, du reste, si Sowerby a eu raison de séparer cette C. cuneata de sa C. rostrata. Ces deux espèces nous parais- sent singulièrement voisines, sauf peut-être que la première a le côté buccal un peu plus court. Histoire. Brongniart, en décrivant cette espèce, a eu lui-même des doutes sur ses rapports gcnériques, et a prévenu que le nom de genre ne devait être regardé que comme,provisoire. La figure donnée par cet auteur a été faite sur des échantillons pro- venant des marnes de la Perte du Rhône et appartenant à la collection Deluc. M. Roëmer a cru trouver l'analogue de la Donacites Saussuri dans une coquille du terrain portlandien, qui lui ressemble en effet un peu. Il n’a toutefois indiqué ce rapprochement qu'avec doute (Norddeutschl. Ool. Geb., p. 110, pl. 8, fig. 2), et. par ce motif, lui a donné un nouveau nom, celui de Venus Brongniarti. M. d'Orbigny a accepté l’analogie entre le D. Saussuri et la V. Brongniarti. Il a probablement eu en vue la même espèce que Roëmer, car il l'a attribuée au terrain kimméridgien. Il l'a transportée dans le genre Mactra en la nommant M. Saussuri. Quelque soit le genre auquel doive appartenir celle espèce jurassique que nous ne connaissons pas, son nom spécifique devra être celui de Brongniarti. Quant à l'espèce qui nous occupe ici, c’est-à-dire, la veritable Donacutes Saussuri, elle a été décrite à nouveau par Sowerby sous le nom de rostrata. MM. For- bes et Fitton réunissent cette espèce à la Venus angulata, Sow., dont elle est cepen- dant, suivant eux, une variété distincte, qui accompagne le type dans le lower green- sand d’Atherfield. Ce rapprochement ne nous parait pas parfaitement justifié par la comparaison des figures. Quant à la C. rostrata de M. d’Orbigny, elle ne nous semble pas se rapporter entièrement au type de Sowerby, car elle a la région anale plus large, plus courte et tronquée obtusement. LocaiTÉs. La C. Saussuri est très-abondante à la Perte du Rhône dans la marne jaune {h}, et beaucoup plus rare dans la couche à orbitolites (g). Collections du Musée de Genève et de MM. Rochat et Renevier. Le Musée de Genève en possède aussi un FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 15 échantillon de grande taille provenant du grès dur {d{ de la mème localité. Elle parait assez Commune dans la marne jaune de Sainte-Croix, d'où M. le Dr Campiche nous en à envoyé plusieurs échantillons. Explication des figures. Pl. VIII. Fig 1, a, b. Echantillon de grandeur naturelle, appartenant au type le plus comprimé et le plus rostré. Fig. 2, a, b. Autre échantillon plus renflé et plus obtus. Ces échantillons proviennent de la marne jaune de la Perte du Rhône et font partie de la collection du Musée de Genève. Ils sont dessinés de grandeur naturelle. CYPRINA ERVYENSIS, Leym. SYNONYMIE. C. ervyensis, Leym., 1842, Mém. Soc. géol. de Fr., V, p. 5, pl. 4, fig. 6 et 7, du terrain néocomien de Ber- non, et du grès vert de Racines près Ervy. Id. d'Orb., 1843, Pal. fr. ter. crét., IIL, p. 102, pl. 274, du terrain albien. Id. Pictet et Roux, 1852. Grès verts, p. 444 et 546, pl. 34, fig. 1, des grès aptiens de la Perte du Rhône. Cette espèce, pour laquelle nous renvoyons aux descriptions et aux figures ci-dessus indiquées, se distingue de la C. Saussuri par sa forme plus globuleuse, sa région anale plus large, obtusement tronquée, et par sa carène intérieure plüs fortement accusée et plus distante de la carène externe. LocarirÉs. À la Perte du Rhône, la C. ervyensis se rencontre exclusivement dans le grès verdätre (e) et le grès dur (d); elle n’est rare ni dans l’une, ni dans l’autre de ces couches. Collections du Musée de Genève et de M. Renevier. À Sainte-Croix, elle se trouve dans les grès veris aptiens. Collection de M. le D' Campiche. CyPRINA RHODANI, Pict. et Roux. SYNONYMIE. C. Rhodani, Pictet et Roux, 1852, Grès verts, p. 445 et 547, pl. 34, fig. 2, des grès aptiens de la Perte du Rhône, Cette espèce, suffisamment décrite dans les Mollusques des grès verts, se distingue de la précédente par ses crochets bien plus obliques, son côté anal plus long, le buccal plus court et sa forme plus carrée. Nous n'avons pas pu la comparer d'une manière suf- fisante avec la C. Saussuri, parce que nous ne la connaissons qu'à l’état de moule, tandis qu’au contraire nous n'avons aucun moule bien conservé de cette dernière. Elle 76 PALÉONTOLOGIE SUISSE. nous parait s'en distinguer par sa forme plus carrée et plus inéquilatérale, par son côté buccal plus court, et par son côlé anal plus large et tronqué. Locariré. La C. Rhodani est rare. Nous ne l'avons trouvée jusqu’à présent que dans le grès dur (d) de la Perte du Rhône. Collections du Musée de Genève et de M. Re- nevier. GENRE CORBIS, Cuvier. Nous ne possédons de ce genre qu’une seule espèce. Elle est déjà bien connue, et est remarquable par l'étendue de sa distribution géologique, car elle paraît se trouver depuis les couches néocomiennes à Toxaster com- planatus jusqu’à la limite supérieure du terrain aptien. CORBIS CORRUGATA (Sow.), Forbes. (PI. VIII, fig. 3, a, b, c). SYNONYMIE. Sphæra corrugata, Sow., 1323. Min. conch., pl. 335, du sable ferrugineux de Sandown. Venus cordiformis, Desh., 1842, Mém. Soc. géol. Fr., V, p. 5, pl. 5, fig. 8, du terrain néocomien de Vandœu- vre et de Marolle. Cardium galloprovinciale, Math., 1849, Rép. Soc. stat. de Marseille, VI, p. 227, pl. 17, fig. 1 à 4. Corbis cordiformis, d’Orb., 1843, Pal. fr. ter. crét., IT, p. 111, pl. 279, des terrains néocomien et aptien. C. corrugata, Forb., 1845, Quart. journ., I, p. 239, du lower greensand d’Atherfiel. Id. d'Orb., 1850, Prod., IT, p. 78 et 106, de l'étage néocomien et de l'étage urgonien. C. cordiformis, Cornuel, 1851, Bull. Soc. géol. de’ Fr., 2° série, VIIL, p. 435, 438, 141, 443 du calcaire à spa- tangues, de l'argile ostréenne, de la couche rouge et de l’argile à plicatules. DIMENSIONS. OU EN ARE EEE doc 0 nine 20 0600 20 ra 000 Dole 0 b6 080 010.00 088 00/0 0.0-bi5 012 à 75 mm. Parano à le longrenr 3 LaReir 2556555555 05000000b0edc60000000000c000c 0,90 » °» HAE Porn tosadoovoncoveoseccosapdogdiascocos 0,75 » » Lontan dir QU Amal 55 :5060000000000000022880000 0,53 Coquille épaisse, très-renflée, subglobuleuse, presque équilatérale. Côté buccal un peu plus court, arrondi, un peu plus excavé sous les crochets, avec la commissure des valves se relevant en une saillie rétrécie à sa base; cette saillie correspond à la dent latérale. Région anale formant une excavation rectiligne ou un corselet étroit jus- qu'à la dent latérale anale, à laquelle correspond un angle obtus. Depuis là elle est FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 71 régulièrement arrondie, et le bord palléal continue la même courbure. Crochets gros et saillants. La surface est ornée de gros plis concentriques, inégaux, saillants, plus nombreux sur le milieu des flancs que sur les côtés, et coupés transversalement par quelques stries rayonnantes très-peu marquées et irrégulières Celles-ci s’observent en général mieux sur le moule que sur la surface externe de la coquille, et manquent même quelquefois complètement. Le moule est lisse, avec de faibles impressions des côtes concentriques et les siries rayonnantes dont nous venons de parler. Son bord est crénelé. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. M. d'Orbigny a déjà montré en quoi cette espèce diffère de la C. rotundata, d'Orb., de la craie chloritée. Elle ressemble davantage à la C. gaul- hina, Pict. et Roux., qui s’en distingue par sa forme plus carrée, par l'absence de stries rayonnantes, par le manque de crénelures sur le bord du moule et par une carène sur la région anale. Locauirés. Cette espèce est commune dans la marne jaune |A) et rare dans le grès dur {d) de la Perte du Rhône. Collections du Musée de Genève et de M. Renevier. Elle est commune aussi dans la marne jaune de Sainte-Croix, et pas rare à la Presta dans la même couche. Collection Campiche. Explication des figures. PI. VIII. Fig. 3, a. Echantillon de grandeur naturelle, de la Perte du Rhône. Collection Renevier, Fig. 3, b, c. Moule de grandeur naturelle, de la Presta. Collection Campiche. GENRE CARDIUM, Linné. Nous trouvons dans la marne jaune (k) cinq espèces de Cardium, dont deux se rencontrent également dans le grès dur (d). CARDIUM SPHÆROIDEUM, Forbes. (PI. IX, fig. 3). SYNONYMIE. C. dissimile, Fitton, 1836, Trans. geol. Soc., 2° sér., IV, p. 356, du lower greensand (non C. dissimile, Sow. test. Forbes). C. sphæroïdeum, Forbes, 1845, Quart. journ., I, p. 243, pl. 2, fig. 8, du lower greensand. Id. d'Orb., 1850, Prodr., II, p. 79. de l'étage néocomien inférieur. C. Neckerianum, Pictet et Roux, 1852, Grès verts, p. 424, pl. 30, fig. 3, de la Perte du Rhône. C. sphæroideum, Pictet et Roux, 1853, id., p. 550, des grès aptiens de la Perte du Rhône. 78 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Nous renvoyons pour la figure et la description de cette espèce aux ouvrages cités ci-dessus. Les proportions de la coquille variant passablement suivant l’âge, nous pro- filons de ce que nous possédons un jeune individu bien conservé de la marne jaune pour en donner une figure. Cette espèce se trouve également dans la marne jaune (4) et dans les grès durs (d) de la Perte du Rhône. Collections du Musée de Genève et de M. Renevier. Comme cela a été dit (Grès verts, page 546), elle n’a jamais été trouvée dans le gault. M. le D' Campiche et M. Ph. De la Harpe nous en ont aussi envoyé quelques échantillons de la marne jaune de Sainte-Croix. Explication des figures. PI. IX. Fig. 3, a, b. Jeune individu de la marne jaune (h) de la Perte du Rhône. Collection Renevier. CarRDIUM DupiNIANUM, d’Orb. SYNONYMIE. C. Dupinianum, d'Orb., 1843, Pal. fr. ter. crét., III, p. 26, pl. 242 bis, des grès du gault d'Ervy. Id. Pictet et Roux, 1852, Grès verts, p. 424 et 546, pl. 30, fig. 4, des grès aptiens de la Perte du Rhône. Nous avons trouvé cette espèce dans la marne jaune (A), où elle est très-rare, ei dans les grès durs {d), où elle est plus rare que le C. sphæroïdeum. Collections du Musée de Genève et de M. Renevier. Nous en avons aussi reçu de M. le D' Campiche un moule provenant des grès verts aptiens de Sainte-Croix. CARDIUM IBBETSONI, Forbes. (PL. IX, fig. 1 et 2). SYNONYMIE. C. Ibbetsoni, Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 243, pl. 2, fig. 9, du lower greensand. Id. d'Orb., 1850, Prodr.., IL p. 118, de l'étage aptien. DIMENSIONS. LOMME os 0000000000000000000a000000000090000000000000062000009000%000 17 mm Penramot à la longer ILaanre 0 8000000000000000000000000000002000208400 1,15 » » DDASS soooaoaoooaaouocdo0odo000d006900090000c 0,87 » » Longueur du Où mail: écocooogeocoeobd0006006006e 0,58 Coquille renflée, plus large que longue. Région buccale arrondie, un peu excavée sous les crochets. Ceux-ci sont saillants et recourbés. Région anale un peu plus longue FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 79 que la buccale, tronquée, et terminée en arrière par un angle obtus. Un carène mousse partant de chaque crochet y circonscrit un corselet peu marqué. Le bord palléal est très-arqué. Tout le test est couvert de côtes rayonnantes très-fines, beaucoup plus mar- quées sur le corselet. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Ce n’est pas avec une pleine sécurité que nous rapportons cetle espèce au C. Ibbetsomi, Forbes, car la figure donnée par cet auteur laisse beau- coup à désirer pour la perfection. La planche 2 (Quart. journ. I) renferme, outre la figure 9 qui est seule indiquée dans le texte et qui ne ressemble qu'incomplètement à nôtre, une figure sans numéro qui occupe l'angle inférieur droit de la planche, et qui parait se rapporter à la même espèce. S'il en est ainsi, elle justifie mieux l’analogie que nous avons admise, car elle rappelle beaucoup plus nos échantillons. Notre espèce se rapproche aussi beaucoup du C. Cottaldinum, d'Orb.; mais elle nous paraît en dif- férer par ses crochets plus carénés, par sa région anale dépourvue dans le moule de l'impression dont parle M. d'Orbigny, et par la disposition des stries qui sont sensible- ment plus fortes et plus continues sur la région anale, au point de former une espèce de corselet rappelant un peu celui des espèces suivantes. Un peu en avant de la ca- rène anale, il y a une brusque séparation entre les stries très-fines des flancs et celles beaucoup plus fortes de la région anale. LocauirÉs. Cette espèce n’est pas rare à la Perte du Rhône dans la marne jaune (4). Collections du Musée de Genève et de M. Renevier. Elle paraît plus rare dans la marne jaune de Sainte-Croix et de la Presta. Collections de M. le D: Campiche et de M. Re- nevier. Explication des figures. PL IX, Fig. 1, a, b. Echantillon grossi de la Perte du Rhône. Le trait indique la grandeur naturelle. Collec- tion Renevier. c. Le même vu du côté buccal. d. Le même vu du côté anal. e. Portion de test grossie. g, 2, a. b. Moule appartenant probablement à la même espèce, El a CarDiuM ForBEsi, Pictet et Renevier. (PI. VIIT, fig. 4, a, b, c, d.). DIMENSIONS. Toad echo ous ect 60000 eD To RÉAL TP USE OR BSEUpone 32mm er rpm ele longueur: LAMeuseee co hecte se oobbocconvaodvsocooocececcook 0,90 » » AÉSUPo oDponoeDD von o oc on be bRoc Ce TD 0000 0,85 » » Longueur du côté anal..... DoBooc onde cononocdec Tone 0,60 80 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Coquille renflée, inéquilatérale, subtriangulaire. Région buccale courte, terminée en angle arrondi, excavée sous les crochets. Ceux-ci sont gros et recourbés. Région anale obliquement aplatie, rencontrant les flancs sous un angle presque droit, ce qui donne lieu à un corselet circonscrit par une carène très-prononcée,; son centre est excavé vers les crochets, la commissure des valves se relève vers la partie postérieure, et rencontre, sous un angle de 100°, le bord palléal, qui, lui-même, est fortement arqué, surtout au voisinage de la région buccale. Le test est orné sur les flancs et la région buccale de côtes concentriques assez régulières quoiqu'un peu inégales, et d'autant plus serrées qu'elles s’éloignent davantage des crochets. Le corselet porte de 27 à 30 côtes rayon- nantes bien accusées, plus étroites que les intervalles qui les séparent. Ces derniers sont coupés par de petites côtes perpendiculaires aux précédentes, et qui forment avec elles un canevas de petits carrés réguliers. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Celte espèce a des rapports avec le C. pereyrinorsum, d'Orb. (Pal. fr. ter. crét., p. 16, pl. 239, fig. 4 à 3, C, peregrinum, d'Orb. Prodr.}, mais elle s'en distingue clairement par les caractères suivants : 1° Sa région anale lui donne presque l'aspect des Hemicardium, tandis que le C. peregrinorsum est régulière- ment arrondi et ne présente pas la moindre trace de carène, ni de corselet; 2 les côtes anales sont au nombre de 30 au lieu de 20, et coupées régulièrement par de petites côtes perpendiculaires, ce qui n’a pas lieu dans l'espèce de M. d'Orbigny; 3° les stries concentriques sont moins régulières, plus fines et plus nombreuses. D’autres es- pèces crétacées ont également des côles anales, mais elles sont encore beaucoup plus différentes de nôtre espèce que le C. peregrinorsum. Il est impossible de le confondre avec le C: Ibbetsoni que nous venons de décrire, car cette dernière espèce présente sur les flancs et la région buccale des siries rayonnantes au lieu de côtes concentri- ques, et d’ailleurs sa carène est très-faible. Nous pensons que c’est cette espèce qui a été citée par M. Cornuel sous le nom de C. peregrinosum comme se trouvant dans la couche rouge. Nous avons eu sous les yeux plusieurs échantillons recueillis par l’un de nous dans cette couche, aux minières de Bailly, et la vue de la collection de M. Cornuel est venue corroborer le fait. Le C. peregrinorsum est, par contre, cité avec raison par M. Cornuel dans le calcaire à spatangues. Locauirés. Le C. Forbesi est très-commun à la Perte du Rhône, où il se trouve dans la marne jaune (4), et beaucoup plus rarement dans les grès marneux {/). Collections du Musée de Genève et de MM. Rochat et Renevier. Il paraît rare dans la marne jaune de Sainte-Croix. Collections Campiche et Renevier. Explication des figures. PI. VIII. Fig 4, a, b. Echantillon de grandeur naturelle de la Perte du Rhôve Collection Renevier. ec. Le même vu du côté anal. d. Fragment de test grossi. FOSSILES DU TERRAIN APŒTIEN. GI CARDIUM BELLEGARDENSE, Pictet et Renevier. VPN I RS a PERDRE G)E DIMENSIONS. ILE soa000000002000000c000cccco060000000a00008000000000e0000 00000 22 mm. Par renoon à lh longuenrs LAnenr cc o6eor eos obétocsobdecoecoe 0,90 » » IR parSSeUe ee ea en ee neue tee nee ae 0,65 » » Longienr né amie eesccoeteéopcoseerdascns 000. (GT Coquille médiocrement renflée, inéquilatérale. Région buccale courte, régulièrement arrondie. Crochets médiocres et recourbés. Région anale arrondie, séparée des flancs par une carène mousse. Bord palléal arqué. Les flancs et la région buccale ne sont marqués que de stries d’accroissement; le corselet, au contraire, est orné d’une ving- taine de côles rayonnantes squameuses, séparées par des intervalles étroits et lisses. Rapports ET DIFFÉRENCES. Cette espèce se distingue clairement du €. Forbesi par sa carène bien moins marquée, par ses côles anales moins nombreuses et séparées par. des intervalles lisses. Elle peut encore moins être confondue avec le C. Ibbetsom, car elle n’a jamais de siries rayonnantes ailleurs que sur la région anale. Elle à plus de rapports avec le C. peregrinorsum, d'Orb.; elle s’en distingue cependant assez clairement par sa forme moins arrondie, par l'existence d’une carène anale, et surtout par l'absence complète des côtes concentriques. si caractérisques du C. peregrinorsum. Ce sont deux espèces bien distinctes, comme nous avons pu nous en convaincre par la comparaison directe de nos échantillons avec ceux de Betancourt. LocazirÉs. Cette espèce est commune à la Perte du Rhône dans la marne jaune (4). Collections du Musée de Genève et de M. Renevier. Elle parait rare à Sainte-Croix, ou elle se trouve dans la mème couche. Collections Campiche et Renevier. Explication des figures. PI. VIII. Fig. 5, a. b. Echantillon de grandeur naturelle, de la Perte du Rhône. Collection Renevier. » ec. Le même, vu du côté anal. > d. Fragment de test grossi- GENRE CARDITA, Brug. (CARDITA et VENERICARDIA, Lamarck). Nous avons trouvé deux espèces de ce genre dans la marne jaune. La première appartient au groupe de la C. aculeata, Poli, vivante; la seconde est remarquable par sa brièveté et par son apparence cordiforme. ii 82 PALÉONTOLOGIE SUISSE. CARDITA FENESTRATA, (Forbes) d’Orbigny. (PL. IX, fig. 4, a, b). SYNONYMIE. Venus? fenestrata, Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., [, p. 240, pl. 2, fig. 6, du lower greensand de Pea- semarsh. Cardita fenestrata, d'Orb., 1850, Prodr. IL, p. 77, de l'étage néocomien inférieur. DIMENSIONS. LOMME OU obdoobooSoooonoooccoooegooddoscacssooosooscoosoovonvoac 000b0b0 15m hero à AIN LA oo os oossoooocooooadosodosed00vsocecou 0,77 » » BRAÉSENPanootoadoonnonsboscosomosoed eo ago odé oo 0,50 » » Lonenr do cé anale ocoscadoeosossocos0o020000co 0,70 Coquille inéquilatérale, médiocrement renflée et aplatie sur les flancs. Côté buccal ar- rondi. Crochets assez saillants et donnant naissance à une forte carène rectiligne, obli- que en arrière, el circonscrivant un corselet oblique et aplati, qui présente une se- conde petite carène le long du bord cardinal. Région anale tronquée carrément par une ligne qui rencontre le bord palléal à l’extrémilé de la carène, et forme avec lui un angie très-prononcé. Bord palléal très-peu arqué. Le test est orné de fortes côtes rayonnantes, coupées par d’autres côtes concentriques minces et élevées, qui rendent les premières squameuses dans leur rencontre avec elles. Ces côtes concentriques sont plus saillan- tes et plus espacées près des crochets. RaprorrTs ET DIFFÉRENCES. La C. fenestrata se distingue de toutes les espèces créta- cées par sa carène aigue et par l’aplatissement de ses flancs. Locauré. Nous ne l'avons rencontrée jusqu’à présent que dans la marne jaune (k) de la Perte du Rhône, ou elle est rare. Collection Renevier. Explication des figures. PL. IX. Fig. 4, a, b. Echantillon grossi. Collection Renevier. Le trait indique la grandeur naturelie. CarDirA MErIANI, Pictet et Renevier. (PI. IX, fig. 5, a, b, c, d). DIMENSIONS. Tone sed ocosooococ00o00000000000pc 2000000p00 b800c000000090c Boocoo 5mm. Par rapport à la longueur: Largeur ..................... TR ASUS Du 0o 1,20 » » BASSE o00Bavcvoo00o00oo0doocoo0000da000 Doo ue 0,95 » » DoncueurduNcolé anal EEE TEA EP EC EEE ET ER EEE 0,60 FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 85 Coquille triangulaire, transverse, beaucoup plus large que longue. Côté buccal ré- gulièrement arrondi, excavé sous les crochets. Ceux-ci sont très-grands, recourbés et un peu enroulés. Côté anal un peu plus grand que le buccal, droit sur la région car- dinale et sub-anguleux à son extrémité. Le test est orné de côtes rayonnantes bien marquées, un peu squameunses, au nombre d'environ quarante. Celles des flancs sont sensiblement plus grosses que celles des côtés. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce, dont la charnière présente les dents carac- térisques des Cardita, se distingue de presque toutes les espèces connues par sa forme transverse. Elle ressemble sous ce point de vue à la C. parvula, Munster, dans Gold- fuss, Petr. Germ., pl. 133, fig. 13, de la craie de Haldem; celle-ci est plus anguleuse et plus courte encore que la nôtre. LocauTÉé. Nous ne connaissons qu'un échantillon de cette petite espèce. Il provient de la marne jaune (k) de la Perte du Rhône. Collection Renevier. Explication des figures. PI. IX. Fig. 5, a, b. Echantillon grossi, de la marne jaune (4) de la Perte du Rhône. Collection Renevier. » c. Le même, vu du côté buccal. » d. Grandeur naturelle. GENRE OPIS, Defrance. Les deux espèces de ce genre que nous possédons sont de petite taille, mais en présentent parfaitement les caractères normaux. Opis NEOCOMIENSIS, d'Orb. (PL. IX, fig. 7. a, b, c, d, e). SYNONYMIE. Opis neocomiensis, d'Orb., 1843, Pal. fr., ter. crét., III, p. 51, pl. 253, fig. 1 à 5, de l'étage néocomien. ©. neocomiensis, Cornuel, 1851, Bull. Soc. géol. de France, 2e série, VIII, p. 435 et 441, du calcaire à spatan- gues et de la couche rouge. DIMENSIONS. Longueur.......... DRASS D 0e pb 000 OO AMIS ME O6 0 On API ED 0e ADNMOE on th lon nantes 666600060008 00000 0000 v0ococcccce 1,35 » » » PAS sooocévoubogcocovcoooomeceosesncenco bete 4,05 » » » Longieur din dé atalLsscoco0s0co1c0c0c6ec0cb0ce00vb 0,55 Coquille triangulaire, beaucoup plus large que longue. Côté buccal arrondi, excavé sous les crochets: ceux-ci sont très-saillants, recourbés et fortement carénés en arrière. SA PALÉONTOLOGIE SUISSE. Côté anal tronqué, séparé des flancs par une forle carène qui s'élend jusqu'à l'angle postérieur du bord palléal. Une seconde carène divise la région anale en deux parties, dont l'extérieure est un peu plus grande; toutes deux sont assez fortement excavées. Bord palléal droit et rencontrant le bord anal sous un angle aigu. Le test est orné de côtes concentriques droites et espacées, qui s'arrêtent d'un côté à la carène anale, et de l’autre s’atténuent graduellement sur la région buccale. La région anale ne présente que des stries d’accroissement. Locazrré. Le seul échantillon que nous possédions de cette jolie espèce provient de la marne jaune (2) de la Perte du Rhône et fait partie de la collection de M. Renevier. Explication des figures. PI. IX. Fig. 7, a, b. Echantillon fortement grossi, de la marne jaune (h) de la Perte du Rhône. Collection Re- nevier. » c. Le même, vu du côté buccal. » 4. Le même, vu du côté anal. a e. Grandeur naturelle. Opis Mayorr, Pictet et Renevier. CAPES ce Ge Ce DIMENSIONS. LOnMEMroo co uodoconcodepoonodcobbeogsoodsedtodoode CREER E Sie 060-000 (IODSE nreno à IA lonemenre Lamemrece odeoccedessoebanccesbeoccodovoccu2eouo 1,60 » » » HPAISSEURE CP EE EE TEE M TE APE Te 0,80 Coquille triangulaire, beaucoup plus large que longue. Région buccale faiblement ar. rondie, non excavée. Crochets très-saillants, très-peu recourbés. Région anale séparée des flancs par une carène noueuse, très-saillante, le long de laquelle elle présente une légère excavation. Les flancs sont ornés de onze côtes concentriques très-grosses, faiblement noduleuses. Ces côtes s'arrêtent un peu avant le bord buccal et sont rem- placées sur celui-ci par des côtes peu saillantes, beaucoup plus petites, plus nombreu- ses. Elles s'arrêtent également à la carène qui borde la région anale; celle-ci paraït lisse. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce se différencie facilement de la précédente par son peu d'épaisseur, par ses grosses côtes, par le peu de courbure des crochets, etc. Locaztré. Nous ne connaissons qu'un seul échantillon de l'O. Mayori. Il provient de la marne jaune (k) de la Perte du Rhône. Collection Renevier. Explication des figures. PI. IX. Fig. 6, a, b. Echantillon de la marne jaune (h) de la Perte du Rhône. Collection Renevier. Une fois et * demie de la grandeur naturelle. » c. Le même, vu du côté buccal. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 8) GENRE ASTARTE, Sowerby. Nous déerivons ici quatre espèces d’astartes. Aucune n’est nouvelle, mais il régnait une grande confusion dans l’histoire de deux d’entr’elles. Trois de ces espèces se trouvent exclusivement dans la marne jaune; la quatrième caractérise les grès durs de laptien supérieur. ASTARTE Bucxi, K. Rocmer. (PES io x ca De © SYNONYMIE. Astarte Buchü, F. Roem., 1842, De Astartarum genere, p. 20, fig. 4, des couches crétacées inférieures de la Perte du Rhône. Id. d'Orb., 1850, Prodr. Il, p. 77, de l'étage néocomien inférieur. DIMENSIONS. LOMME. : cs208c00odsoéccconcosebtosopposonsspesessoraaooccdodoune 0e TE Par rapport à la longncurs Larsen 506060007000 0000000000 vboboc 0,95 » » » EDAISSEUTR ER PEER RANCE RE EE er CA A cer 0,46 » » » Longueur dela lunniésssaee00e0bocebectossLobsoceuce 0,25 » » » » de lécnsonccsdeossee LS Ps DSP EE EE Ne 0,48 » » » » ol GS Amal see er AR RE en EN ANS 0,72 Coquille ovale, peu renflée, test épais. Côté buccal beaucoup plus court, arrondi, et séparé du crochet par une lunule profonde. Côté anal également arrondi; écusson étroit et profond, à bords tranchants. Charnière très-épaisse. Impression palléale courte et très-arquée en dehors, présentant du côté anal une sinuosilé rentrante peu pro- fonde. Labre crénelé. La surface est ornée de plis concentriques larges et peu pro- fonds, presque effacés au centre de la coquille. Le moule est très-plat, lisse; son bord est crénelé. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Celte espèce ressemble un peu à celle que M. d'Orbigny a décrite sous le nom d'Astarte gigantea. Elle en diffère cependant par son épaisseur moindre, et par son labre crénelé. Elle n’a par contre aucun rapport avec la vérilable Astarte gigantea, Desh., qui est presque équilatérale, et dont les crochets sont droits et épais, tandis que dans la nôtre ils sont pointus et fortement infléchis en avant. Elle se distingue du reste facilement des Astarte Beaumont, Leym, et A. fransversa, id., par sa forme comprimée et par secs slries peu accusées. 86 PALÉONTOLOGIE SUISSE. L'A. Moreausa, d'Orb., a comme elle une forme aplatie, mais par contre, elle est moins large, et n'a pas les plis concentriques caractéristiques de notre espèce. Locazirés. L’A4. Buchi se trouve dans la marne jaune {h) de la Perte du Rhône, où elle est rare. Nous n’en connaissons que trois exemplaires. Collections du Musée de Genève et de M. Renevier. Nous rapportons à la même espèce deux échantillons de Ja marne jaune de Sainte-Croix. Collection Campiche. Explication des figures. PI. X. Fig. 1, a, b, c. Echantillon de grandeur naturelle, de la Perte du Rhône. Collection Renevier. » d. Moule en cire, pris dans l'échantillon fig. 1, b. ASTARTE OBOVATA, SOWerby. (PISXT, fig 1, a, bc) SYNONYMIE. Astarte obovata, Sow., 1822, Min. Conch., pl. 353, du lower greensand de l'ile de Wight. À. Beaumontü, Leym., 1842, Mém. Soc. géol. de France, V, p. 4, pl. 4, fig. 1, du terrain néocomien inférieur de Marolles, etc. ? A. transversa. Leym., 1842, id., p. 4, pl. 5, fig. 5, du terrain néocomien inférieur de Vallières. ? A. Beaumont, d'Orb., 1843, Pal. fr., ter. crét., IT, p. 60, pl. 260, du terrain néocomien inférieur. A. transversa, d'Orb., 1843, id., p. 61, pl. 261, trouvée avec la précédente. A. obovata, Forb., 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 241, du lower greensand. Id. Fitton, 1847, Quart. journ. geol. Soc., ill, p. 289 (tableau), du lower greensand inférieur. A. Beaumontii, d'Orb., 1850, Prodr. II, p. 77, de l'étage néocomien inférieur de France et de l’île de Wight. A. neocomiensis, d Orb., 1850, id., p. 77, de l'étage néocomien inférieur. Corbis obovata, d’Orb., 1850, id., p. 78, de l'Ile de Wight. Astarte Brunneri, Pict. et Roux, 1852, Grès verts, p. 435, pl. 32, fig. 3, des grès durs de la Perte du Rhône. A. gurgitis, Pict. et Roux, 1852, id., p. 436, pl. 33, fig. 1, trouvée avec la précédente. ' DIMENSIONS. LONDUEUT RE RER ER ER PNR DEC CERCLE TELE 70 à 857. Parrapportallatlonsueure Lars CUT EPP EE EEE PRE EEE EP CCE TE CC CEE CCE 0,80 à 0,85 » » » NE Remarenecenoron- cobacddoleosocoosce 0,48 » » » On CUEUAUETANUNUE EEE PEER EEE EEREES PAU Ae 0,20 » » » $ der lFÉCUSSON A EL Eee CE 0,57 » » » » AUTCOLE AN Al AR AT A CNE 0,85 Coquille ovale, médiocrement renflée, très-inéquilatérale. Côté buccal beaucoup plus court, arrondi, el séparé du crochet par une lunule profonde. Côté anal sub-arrondi. Ecusson étroit et profond à bords tranchants. La surface est ornée de grosses côles concentriques, inégales, pas très-régulières. Le moule est lisse; les impressions musculaires sont plus écartées que dans l'espèce FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 87 précédente, et jointes par une ligne palléale plus longue et moins arquée. Son bord est crénelé. Histoire. Celte espèce a été décrite pour la première fois par Sowerby, mais la fi- gure qu'il en a donnée étail trop imparfaite pour fixer ses caractères. Les auteurs an- glais ont pu aisément la reconnaître par tradition, et par la comparaison avec les exemplaires originaux de Sowerby. Ils ont tous élé d'accord pour conserver le nom d'A. obovata à celle espèce caractéristique du lower greensand. Les paléontologistes du continent qui n'ont eu à leur disposition que la figure de Sowerby, l'ont méconnue ou passée sous silence. M. d'Orbigny la même transportée dans le genre Corbis. On trouve cependant dans les dépôts néocomiens de France des coquilles qui parais- sent appartenir à la même espèce. M. Leymerie à décrit sous le nom de 4. Beaumonti une asfarte qui, à en juger tant par la figure que par la description, paraît lui être identique. L’A. transversa du même auteur a aussi avec clle de très-grands rapports, surtout dans la forme du moule. Les variations que nous avons pu suivre sur un grand nom- bre d'échantillons, nous portent à croire que les légères différences sur lesquelles M. Leymerie base la distinction de ces deux espèces pourraient bien ne pas avoir une va- leur spécifique. La comparaison avec les espèces de M. d'Orbigny nous confirme dans cette manière de voir, car notre espèce ressemble au contraire davantage à celle qu'il considère comme l'A. transversa qu’à son A. Beaumont. Les différences qu'indique M. d'Orbigny entre ces deux espèces sont de très peu d'importance, à l’exceplion de la crénelure du labre, qui, d’après lui, ne se présente que chez l’A. {ransversa. Forbes pense comme nous, que les 4. transversa et A. Beaumont forment une seule et même espèce, identique à l'A. obovata, Sow.; il y distingue deux variétés, l’une à labre lisse, l'autre à labre crénelé. Nous ne pouvons admettre que ce caractère varie ainsi dans une même espèce, mais l'examen d’un grand nombre de moules et de tests nous a montré combien il est difficile à observer. Il cst rare que le labre de la coquille soit assez dégagé, et que le bord extrème du moule soit suffisamment entier pour qu'on puisse constater la présence de crénelures si fines et si marginales. La comparaison directe des échantillons de la Perle du Rhône avec des types anglais ne nous laisse aucun doute sur l'identité de l'A. gurgütis, Pict. et Roux, avec l'A. 0bo- vata, Sow. Quant à l'A. Brunnerr, Pict. et Roux, l'examen d’un plus grand nombre d'é- chantillons nous porte à croire, que les différences signalées ont élé exagérées par l’é- tude d’un exemplaire anormal, et qu'elles ne dépassent pas les limites des variations individuelles. Des moules mieux conservés nous ont en outre montré la crénelure. Rapports ET DIFFÉRENCES. Les côtes plus profondes ct mieux accusées, et une plus grande épaisseur la distinguent suffisamment de notre 4. Puch. Elle diffère de l'A. 88 PALÉONTOLOGIE SUISSE. gigantea, Desh., par sa forme plus allongée, et de l'A. Moreausa, d’Orb., par sa région buccale bien plus courte. Locazrré. Cette espèce n’est pas rare dans les grès durs (4) de la Perte du Rhône. Collections du Musée de Genève, de M. Renevier, ete. Expliration des figures. PI. XI. Fig. 1, a, b. Ecl antillon de grandeur niturelle, du Musée de Genève » c. Moul: de la même espèce. Musée de Genève. ASTARTE LATICOSTA, Desh. ( PI. X, fig. 2, a, b. c, d)). SYNONYMIE. Astarte laticosta, Desh.. 1842, in Leym , Mém. Soc. géol. de Fr., V. p, 4, pl. 4, fig. 4, du terrain néocomien moyen. A. strialc-costata, d'Orb., 1843, Pal. fr., ter. crét., IT, p. 64, pl. 262, fig. 7 à 9, du terrain néocomien infé- rieur. Venus? striato-costata, Forb., 1845, Quart. journ. gcol. Soc., I, p. 241, du lower greensand. Id. Fitton, 1847, Quart. journ. geol. Soc., INT, p. 289 (Lableau), du lower greensand inférieur. Astarle subcos!ata, d'Orb., 1850, Prodr., IT, p. 77, de l'étage néocomien inférieur. À. laticosta, Gornuel, 1851, Bull. Soc. géol., 2° série, VITE, pe 435 et 438, du cale, à spatangues, et p. 441, de la couche rouge de Vassy. DIMENSIONS. MON SUEUR RE EM PM ERA ee CL et SD ET one DOS DO oo ecbcue ca 00 SUD Er rapport à A lon eILareuroe 8066 00, 000000000000000 MIO oe 0,80 » » » BAISSE e oscoocoo0doccocoao RS ee nl Ne 0,55 Coquille de petite taille, subtriangulaire, plus longue que large. Côté buceal arrondi, et séparé du crochet par une lunule profonde. Région anale plus grande, à bord car- dinal presque droit. Ecusson long et profond, à bords tranchants. La coquille est ornée de grosses côtes qui, suivant l’âge, varient en nombre de cinq à huit. Ces côtes sont relevées en forme de gradins, et ornées de fines stries concentriques. La lunule et l’é- cusson sont lisses. Hisroine. Nous avons rapporté celte espèce à l’4. laticosta, de M. Deshayes, quoique les exemplaires décrits par ce paléontologiste aient quelques côtes de plus que les nôtres. Nous altribuons cette différence à l’âge probablement plus adulte, et à la taille plus grande des exemplaires de M. Deshayes. Les autres caractères nous ont paru identi- ques. Nous trouvons également une parfaite analogie entre l'espèce que nous décrivons ici et l'A. striato-costata, d'Orb. Forbes à émis une opinion analogue, et a assimilé à l'espèce de M. d'Orbigny des échantillons du lower greensand que nous avons pu re- FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 89 connaitre, par une comparaison directe, identiques aux nôtres: Nous avons du reste cherché inutilement à nous faire une idée exacte de l'opinion de M. d'Orbigny sur les rapports de l’A. laticosta, Desh., avec ses propres espèces. Ce savant, après avoir d'a- bord assimilé une espèce du néocomien à l’A. laticosta, Desh., et à l’A. formosa , J. Sow., a renoncé à ces rapprochements, en donnant à cette espèce le nom nouveau de A. subformosa. Il admet l'A: formosa de Blackdown comme distincte, mais il ne parle plus de l’A. laticosta, et ne la mentionne pas mème dans le Prodrome. M. Cornuel a attribué le nom d'A. laticosta, Desh., à des échantillons de la couche rouge de Wassy, que nous ayons pu comparer aux nôtres, et que nous avons reconnus parfaitement identiques. Rapports Er pirrÉrENCEs. Cette espèce ressemble à plusieurs autres astartes des ter- rains crétacés, et en parliculier à l’A. carinata, d'Orb., qui en diffère par la forme exceptionnelle de son crochet; à l'A. numismalis, d'Orb., qui paraît avoir les côtes moins élevées et dépourvues de stries concentriques, et à l'A. similis, Münst., de la craie de Haldem, qui n’en diffère guère que par sa forme plus équilatérale. Elle est plus distincte de l'A. formosa, J. Sow., qui a des côtes plus nombreuses, plus ai- gues, et qui est au moins aussi large que longue. Locauré. Nous avons trouvé celte astarle à la Perte-du-Rhône, où elle caractérise exclusivement la marne jaune {h}). Collections du Musée de Genève et de M. Renevier. Explication des figures. PI. X. Fig. 2, a. Echantillon adulte grossi. Collection Renevier. 2 b. Grandeur naturelle. » ce, d. Individu plus jeune, de la même collection. Les figures au trait indiquent la grandeur naturelle. ASTARTE SINUATA, d'Orbigny. (PL. X, fig. 3, a, b). SYNONYMIE. Astarte sinuata, d'Orb., 1843, Pal. fr.. ter. crét., III, p. 69, pl. 264, fig. 1 à 3, de la lumachelle aptienne de Marolles. Id. d'Orb., 1850, Prodr. II. p. 118. de l'étage aptien. Id. Cornuel, 1851, Bull. Soc. géol. de Fr., 2€ série, VIII, p. 241, de la couche rouge de Wassy. DIMENSIONS. LOMME © séasosbnocopssocepoceeecccep0oace COTES Pts DOME EE EEE LEA EU ME gen, Par rapport a la longueur: Largeur -""#"""" "2 ee 0,82 > » » NÉSEUP op dovodootosaovcoosnobonscoococeteccopea 0,25 > » » Longueur du côté anal....................... dococco. CEE Angle apicial................ Olisabooadooocc0o00vecuod60000ososo0ovaa0e 05e 90 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Coquille très-comprimée, presque équilatérale. Côté buccal régulièrement arrendi; lunule longue et peu profonde, rectiligne ainsi que l’écusson, qu’elle rencontre sous un angle de 405°. Région anale un peu prolongée, bordée du côté cardinal par une carène saillante, en dedans de laquelle règne une dépression qui correspond à une si- nuosité du bord palléal. La coquille est ornée de petites côtes concentriques, plus for- tes du côté anal; chacune d'elles reproduit la sinuosité du bord palléal. LocariTés. Cette espèce est très-rare à la Perte du Rhône, où elle se trouve dans la marne jaune (4). Nous en possédons aussi quelques échantillons de la couche rouge de Wassy et du lower greensand de Peasemarsh |Angleterre). Explication des figures, PI. X. Fig. 3, a. Echantillon grossi de la Perte du Rhône. Collection Renevier. € b. Echantillon de la même localité, montrant une variation de la région anale. Les traits indiquent la grandeur naturelle pour l’une et l’autre de ces figures. GENRE CRASSATELLA, Lamarck. Nous ne possédons qu'une seule espèce de ce genre, encore est-elle très- rare. Elle appartient, sous le point de vue de ses ornements, à un type re- marquable dont on ne connaît, outre celle-ci, qu’une seule espèce vivante. CRASSATELLA ROBINALDINA, d'Orbigny. (PL. XI, fig. 2, a, b et 3, a, b). SYNONYMIE. Crassatella Robinaldina, d'Orb., 1843, Pal. fr., terr. crét., t. INT, p. 75, pl. 264, fig. 10-13, du terrain néoco- mien inférieur. Id. Forbes, 1845, Quart. jour. geol. Soc., t. I, p. 241, du lower greensand. DIMENSIONS. Longueurutotale Re re eche-mrre-ce meer rene Ce Ce LUE SÛR oem elalonmenrs LantätPooooanuss-esoosooceocooosecooodogoosecesnoc 0,45 » » » ÉPAISSEUR eee rec CRE ee Cie 0,28 » » > à Longueur ciné mile éososoccasooocoocoecoce000000 0,78 Coquille ovale, oblongue, comprimée, très-inéquilatérale. Côté buccal arrondi; côté anal allongé et acuminé, crochets presque nuls, lunule étroite. Cette coquille est or- née de côtes obliques, divergentes. Celles qui couvrent la région anale sont droites et partent du crochet; les autres sont disposées en chevrons dont les sommets forment FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. | 91 une ligne qui va du crochet à l'extrémité buccale du bord palléal. Toutes ces côtes sont coupées par des stries d’accroissement dont quelques-unes plus fortes forment des sillons. Le bord de l’écusson présente en outre des ornements assez spéciaux, c’est une série de pointes émoussées ou callosités dont les plus grosses sont du côté de l’ex- trémité anale, qu’elles n’atteignent toutefois pas. Nous associons à cette espèce un moule trouvé à Sainte-Croix. Il est lisse; son côté buccal est bien plus étroit que celui de la coquille; l’impression musculaire buccale est précédée de la petite impression caractéristique de ce genre; l'impression anale est plus grande que la buccale. Osservarion. L’échantillon que nous avons décrit et figuré est beaucoup plus adulte que celui qui a servi à M. d'Orbigny. Cette circonstance explique les légères différen- ces qui exislent entre leurs dimensions proportionnelles. Il ne peut d’ailleurs rester au- cun doute sur leur identité spécifique. Nous avons découvert en partie la charnière, qui rappelle celle de la Crassatella lamellosa, Lamck., du bassin de Paris, mais nous n'avons pas pu l'obtenir assez entière pour la figurer. RAPPORTS ET DIFFÉRENGES. La disposition des côtes de cette espèce, les ornements qui bordent son corselet et sa forme ovale et comprimée la distinguent facilement de tou- tes les Crassatelles connues. Ed. Forbes fait remarquer cependant que l’on retrouve en partie le même type chez une espèce vivante, la Crassatella tellinoïdes, de la côte du Massachussets. Parmi les espèces fossiles, on peut surtout la comparer à la C. Gallie- ner, d'Orb., qui a les mêmes côtes obliques sur la région anale, mais qui est plus large à proportion et qui n'a pas de côtes en chevrons sur la région buccale. Locazrrés. Le bel échantillon que nous avons figuré a été trouvé dans les grès durs (d) de la Perte du Rhône. Musée de Genève. Nous n’en connaissons pas d'autre de ce asement. Le moule provient de la marne jaune de Sainte-Croix. Collection Campiche. Explication des figures. PI. XI. Fig. 2, à, b. Crassatella Robinaldina, des grès durs de la Perte du Rhône, grandeur naturelle. » 3, a, b. Moule de la même espèce, de Sainte-Croix, grandeur naturelle. GENRE TRIGONIA, Brugière. Le terrain aptien de nos environs est remarquablement riche en trigo- nies; nous décrivons ci-après neuf espèces de ce genre. Quatre d’entre elles caractérisent chez nous laptien inférieur (7. dædalea, ornata, carinata, et Coquandiana), trois laptien supérieur (T. nodosa, Archiaciana et aliformus). Deux seulement sont communes à ces deux étages (T. caudata et longa). 92 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Nous avons eu beaucoup de rectifications a faire dans la synonymie de nos espèces. La plupart des trigonies crétacées ont été décrites pour la première fois par les auteurs anglais. Leurs descriptions et leurs figures, trop souvent insuflisantes, avaient induit en erreur les naturalistes du continent. L’un de nous, pendant un séjour à Londres, ayant étudié en dé- tail des collections anglaises, et ayant rapporté des séries assez considé- rables d'échantillons, comparés soigneusement aux types, nous avons eu à notre disposition de nombreux matériaux qui ont généralement manqué à nos prédécesseurs. TRIGONIA DÆDALEA, Parkinson. (PL. XII, fig. 1, @, b). SYNONYMIR. Trigonia dœdalea, Park., 1811, Org. rem., p. 176, pl. 12, fig. 6, de Blackdown (Devonshire). Id. Sow., 1815, Min. conch., pl. 88, du grès vert de Haldon (Devonshire). T. quadrata, J. Sow. (non Ag.), 1836, in Fitton, Geol. Trans., 2° série, IV, p. 349, pl. 17, fig. 19, de Blackdown (jeune). T. rudis, d'Orb. (non Park.), 1843, Pal. fr., terr. crét,, II, p. 137. pl. 289, du terrain néocomien. T. dædalea, Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 244, du lower greensand. T. rudis, Cornuel, 1851, Bull. Soc. géol. de Fr., 2€ série, VIII, p. 435, du calcaire à spatangues, et p. 441, de la couche rouge de Wassy- DIMENSIONS. MONGUEURAEEE EEE CAC ECC CEE CEE CEL CEE A OO SO De PL cie à 0e TE Par rapport à longueur: Largeur............... Poccobcocdocoodhodoococeodooco 0,80 » » EpaisseURe te CCC A PU OU Le ES D el 00 0,50 Coquille appartenant à la division des Trigoniæ quadratæ, de M. Agassiz, comprimée, très-inéquilatérale. Région buccale très-courte, arquée; région anale longue, large et tronquée. Corselet très-grand, continuant presque la courbure des flancs, dont il est séparé par une série de gros tubercules mousses, formant une carène peu pronon- cée. Ce corselet présente en outre deux lignes de tubercules, à peu près semblables aux précédents, qui le partagent ainsi en lrois secteurs inégaux. Les intervalles sont couverts de tubercules plus petits, formant des séries transverses, assez régulières près des crochets. La région des flancs est ornée de gros tubercules arrondis, disposés en séries arquées. Ces séries sont peu régulières et se bifurquent quelquefois en s'ap- prochant du bord palléal, leur courbure augmente près des crochets et arrive jusqu'à former des angles assez prononcés. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 93 Dans le jeune âge les tubercules des séries transverses, tant sur le corselet que sur les flancs, se transforment en peliles côtes concentriques polygonales, qui simulent les lignes de retranchemñents d’une ville fortifiée. C’est cette forme que M. J. de Carle Sowerby a figurée comme espèce distincte sous le nom de T. quadrata. Histoire. Cette Trigonie a été figurée par Sowerby, en 1815, de manière à ne lais- ser aucun doute. Il la rapportait à la T. dædalea, Park., espèce établie sur un frag- ment très-incomplet de:Blackdown, faisant seulement remarquer que la figure de Par- kinson indiquait des tubercules plus petits. Cette analogie a été contestée par M. Agas- siz, qui, conservant le nom de T. dædalea à l'espèce de Sowerby, a assimilé à tort le fragment figuré par Parkinson à une espèce portlandienne nommée par lui T. Par- kinsoni, et qui est bien différente de celle de Blackdown. Lamarck, Defrance et M. d’Orbigny ont considéré comme identique à la T. dædalea une grande trigonie du terrain cénomarñien du Mans, que M. Agassiz avait décrite et figurée sous le nom de T. quadrata. Nous ne pouvons admettre cette analogie ; la com- paraison des échantillons du Mans avec ceux d'Angleterre et avec la bonne figure de Sowerby, ne peut laisser aucun doute. Par contre, M. d'Orbigny rapporte l'espèce qui nous occupe ici à la T. rudis, de Parkinson. La figure très-incomplète donnée par ce dernier auteur peut s'appliquer avec plus de raison à la T. nodosa que nous décrivons ci-dessous, ou à la T. spectabils, Sow. Il n’y a d’ailleurs aucun molif pour subsliluer le nom de T. rudis à celui de T. dædalea, qui a la même date, et qui a été de tout temps adopté pour notre espèce par les auteurs anglais. Nous nous sommes convaincus par l'examen des échantillons de Blackdown, que la T. quadrata, J. Sow. (non Ag.}, n’est que le jeune de la même espèce. Nous ne connaissons pas en nature la T. palmata, Desh., que MM. d’Orbigny et Cor- nuel rapportent également à la T. rudis, d'Orb. La figure donnée par M. Deshayes semble indiquer des côtes plus régulières et plus espacées. Cetle T. palmata, par con- tre, nous parait identique à la T. cincta, Ag., surtoul si on compare directement avec la figure de M. Deshayes les exemplaires d'Hauterive. Il faudrait une série de bons échantillons des deux gisements pour décider de ces analogies, qui ne peuvent du reste pas influer sur le nom que doit porter l’espèce que nous décrivons ici. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. La T. dædalea ne peut étre comparée qu’à trois espèces : la T. nodosa, dont nous parlerons ci-après; la T. spectabilis, Sow., de Blackdown, qui a des tubercules beaucoup plus gros et moins nombreux, et qui est considérée par quelques auteurs comme n’en étant qu’une variété, et à la T. quadrata, Ag. (T. dæ- dalea, d'Orb.}, qui est beaucoup plus courte, plus carrée, ornée de tubercules plus petits, plus nombreux, encore moins réguliers, et dont le corselet, lisse à l'extrémité, 94 PALÉONTOLOGIE SUISSE. présente des carènes beaucoup moins marquées. Cette dernière espèce, qui est très- distincte, caractérise le terrain cénomanien du Mans et du midi de la France. LocauiTé. Nous n'avons trouvé qu’un seul échantillon de cette espèce dans la marne jaune (hk) de la Perte du Rhône. Collection du Musée de Genève. Explication des figures. PI. XII. Fig. 1, a, b. Echantillon de grandeur naturelle. TRIGONIA NOuoOsA, J. Sowerby. (PI. XII, fig. 2, a, b). SYNONYMIE. Trigonia nodosa, J. Sow., 1826, Min. conch.. pl. 507, du lower greensand. Id. Forb., 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 245, du lower greensand. Id. Pictet et Roux, 1852, Grès verts, p. 454, pl. 35, fig. 5, des grès durs de la Perte du Rhône. DIMENSIONS. Longueur de notre plus*grand échantillon. .. ..... Dons OU Ad ADD 00 Do enbo be oc OT Par rapport à la longueur: Largeur. ................. SR DOS ES OS eo 0,72 » » » ÉPAISSEUR EE AT ee re ET D LE basogcoc 0,42 Coquille appartenant également aux Trigoniæ quadratæ, comprimée, très-inéquilatérale. Région buccale très-courte, régulièrement arquée ; région anale grande, tronquée, à bord cardinal droit. Corselet très-grand, continuant tout à fait la courbure des flancs, et présentant trois séries de gros tubercules qui rayonnent du sommet. La série la plus rapprochée du bord cardinal est composée de tubercules transversalement allongés; les deux autres ont des tubercules ronds. Les espaces compris entre ces lignes sont lisses. La troisième série, qui sépare le corselet des flancs, forme une légère carène; de cha- cun des tubercules qui la composent part, comme dans l'espèce précédente, une ran- gée moins arquée et plus régulière. Rapports ET DIFFÉRENCES. Cette espèce diffère de la précédente par sa plus grande longueur, par son corselet lisse entre les séries de gros tuberbules, et par les tuber- cules des flancs, plus gros, moins nombreux et plus régulièrement disposés en séries non bifurquées. Nous n'oserions toutefois pas aflirmer que ces caractères soient suff- sanls pour distinguer dans tous les cas ces deux espèces, et que la T. nodosa ne soit pas, comme le pense M. d’Orbigny, une simple variété de la précédente. Toutefois, comme ces différences sont appréciables et que nos échantillons sont peu nombreux, nous n'avons pas eu de motifs suffisants pour contester l'opinion des auteurs anglais, qui les tiennent pour distinctes et qui ont pu observer des séries plus complètes. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 95 LocaLiTÉs. Cette espèce est rare à la Perte du Rhône, où elle caractérise les grès durs {d). Collections du Musée de Genève et de M. Renevier. Explication des figures. PI. XII. Fig. 2. a, b, Echantillon de grandeur naturelle, plus jeune que celui qui a été figuré dans les Grès verts, pl. 35, fig. 5. Musée de Genève. TRIGONIA ARCHIACIANA, d'Orbigny. (PI, XIL, fig. 3, à, b). SYNONYMIE. Trigonia spinosa, var., J. Sow. (non Park.), 1836, in Fitton, Geol. Trans., IV, p. 338, pl. 13, fig. 3, du lower / greensand. T. Archiaciana, d'Orb., 1843, Pal. fr., ter. crét., IT, p. 142, pl. 290, fig. 6 à 10, du gault. T. spinosa, Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 244, du lower greensand. T. Archiaciana, Pictet el Roux, 1852, Grès verts, p. 453, pl. 35, fig. 4, des grès durs de la Perte du Rhône. T. ornata, Morris (non d'Orb.), 1854, Cat. of Brit. foss., 2° éd., p. 229, du lower greensand. DIMENSIONS. LOMME 060006600000 8000000 npooce-cobccooceorcn ue Do2000000e0o8to0 35m. Par rapport à lallonaianes Tamer 0600006080 006 chocoososccecbee 0,80 Coquille oblongue, un peu carrée, très-inéquilatérale. Côté buccal très-court, arqué; côté anal allongé, terminé par un angle très-obtus. Corselet large, plat, continuant à peu près la courbure des flancs; ses deux côtés se rencontrent sur le bord cardinal en formant un toit aigu. Ce corselet est séparé des flancs par une ligne étroite, un peu saillante, surtout dans le jeune âge, de laquelle partent des côtes en chevrons, dont le sommet est dirigé du côté du crochet. Celles de ces côtes qui recouvrent les flancs sont régulièrement arquées en avant près du côté palléal, vers lequel elles de- viennent un peu plus grosses. Les côles qui recouvrent le corselet sont arquées dans le même sens, et forment vers le milieu un angle assez prononcé dont le sommet re- garde du côté anal; cet angle est plus marqué près du crochet. Toutes ces côtes, tant celles des flancs que celles du corselet, sont coupées en travers par de petites lignes saillantes également espacées, qui continuent de l’une à l’autre sans s’interrompre. Hisroine. L'espèce que nous décrivons ici est évidemment celle qui a été figurée par J. de C. Sowerby sous le nom de T. spinosa, variété. Nous avons pu comparer nos échantillons avec ceux du lower greensand de ‘Sandgate (Kent), d’où provenaient les types de M. Sowerby, et cette assimilalion ne nous laisse aucun doute. D'un autre côté, notre espèce a évidemment tous les caractères de la T. Archiaciana, d'Orb., et nous ne pouvons par conséquént pas adopter l'opinion de cet auteur, qui considère la 96 PALÉONTOLOGIE SUISSE. figure précilée de M. Sowerby comme représentant sa T. ornata, que nous décrirons ci-après. ; Nous n'avons pas les matériaux nécessaires pour discuter à fond ses rapports avec la vraie T. spinosa de Blackdown. En admettant avec la plupart des auteurs anglais et avec M. d'Orbigny que ces deux espèces soient réellement distinctes, ce que nous sommes loin d'affirmer, le nom de T. spinosa doit rester à l'espèce de Parkinson, et celle qui nous occupe ici devra porter celui de T. Archiaciana. Rapronts Er pirrérences. Celte trigonie se distinguerait de la T. spinosa par ses côtes plus minces et moins luberculeuses; mais, comme nous venons de le dire, nous ne sommes point du tout convaincus que ces deux espèces puissent être séparées. Nous indiquerons plus bas les caractères qui la distinguent de la T. ornata. LocauiTÉés. Nos échantillons proviennent du terrain aptien du Pont {Lac de Joux} {Collection Campiche) et des grès durs de la Perte du Rhône. Collections de MM. Tol- lot, Favre et Renevier. Explication des figures. PI. XII. Fig. 3, a. Exemplaire du Pont, de grandeur naturelle. > b. Grossissement du test. TRIGONIA ORNATA, d'Orbigny. (PL. XII. fig. 4, a, b, c). SYNONYMIE. Trigonia ornata, d'Orb., 1843, Pal. fr., ter. crét., IT, p. 136, pl. 288, fig. 5 à 9, du terrain néocomien (exclus. synonym.). Id. d'Orb., 1850, Prodr. Il, p. 78. de l'étage néocomien de la Perte du Rhône, et p. 106, de l'étage’ urgonien. Id. Cornuel, 1851, Bull. Soc. g6ol. de Fr., VIIT, p. 435, du calcaire à spatangues, et p. 441 de la couche rouge de Wassy. Id. Renevier, 1854, Mém. Soc. Helv., XIV, Perte du Rhône, p. 24, du terrain aptien inférieur de la Perte du Rhône. DIMENSIONS. IHM oLoSSosoocovcooococoocoeoopee DPÉRARHERE OO ONCE NS Cle VER 35wm. Par rapport à la longueur : Largeur . ............... AO Dore ae Ste me à 0,75 » » » DAESEUP. Sobcooeobe ddaada stone nb do na Sas 0,50 Coquille oblongue, très-inéquilatérale; côté buccal court, faiblement arqué; côté anal allongé, anguleux. Corselet séparé des flancs par une carène peu élevée, et formé le long de cette carène d’une partie plate, faiblement divisée en arrière par un sillon mé- dian, et d’une partie excavée le long du bord cardinal. Les flancs sont ornés de côtes FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 97 assez espacées, flexueuses, plus grosses vers le bord palléal. Elles sont coupées vers les crochets par de petites côtes transverses qui les rendent comme crénelées. En s’éloignant des crochets, ces crénelures dégénèrent en tubercules arrondis. Le corselet est orné, dans le jeune âge, de côtes transverses qui partent de la carène en ayant la même origine que celles des flancs, et deviennent granuleuses vers la suture, à laquelle elles sont à peu près perpendiculaires. A l’âge adulte, la partie plate du corselet est lisse vers l'extrémité anale, et marquée seulement de stries d’accroissement. RapporTs ET DIFFÉRENCES. Cette espèce se distingue clairement de la T. Archiaciana, par sa forme générale, par ses côtes plus larges et plus tuberculeuses, et surtout par la structure de son corselet. Ces mêmes caractères la distinguent également de la T. spinosa. Elle a beaucoup plus de rapports avec la T. divaricata, d’Orb. Les fines stries obliques par lesquelles M. d'Orbigny caractérise celte dernière espèce se retrouvent sur plusieurs de nos échantillons, mais les matériaux nous manquent pour une discussion plus approfondie. Locauirés. La T. ornata est assez abondante dans la marne jaune {k) de la Perte du Rhône. Elle a déjà élé cilée dans cette localilé par M. d'Orbigny, qui a cru à tort qu’elle s’y trouvait dans l'étage néocomien inférieur. Elle se rencontre aussi dans la marne jaune de Sainte-Croix, où elle parait plus rare. Collections de MM. Campiche et Renevier. Explication des figures. PI. XII. Fig. 4, a, b. Exemplaire de Sainte-Croix, de grandeur naturelle. Collection Campiche. » >» c. Le même, vu du côté buccal. TRIGONIA CAUDATA, Agassiz. (PL. XIII, fig. 1 et 2). SYNONYMIE. Trigonia caudata, Ag., 1840, Etudes critiques, Trigonies, p. 82, pl. 7, fig. 1 à 3 et fig. 11 à 13, des marnes bleues néocomiennes. T. alæformis, Leym. (pars), 1842, Mém. Soc. géol. de France, p. 26, du terrain néocomien inférieur. T. caudata, d'Orb., 1843, Pal. fr., ter. crét., III. p, 133, pl. 287, du terrain néocomien. Id. Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 244, du lower greensand. Id. Cornuel, 1851, Bull. Soc. géol. de France, 2° série, VI, p, 435, du calcaire à spatangues, et p. 441, de la couche rouge de Wassy. T. aliformis, Pict. et Roux (pars). 1852, Grès verts, p. 450, pl. 35, fig. L (exclus. fig. 2), des grès durs de la Perte du Rhône. T. caudata, Morris, 1854, Cat. of brit. foss., 2e éd., p. 228. du lower greensand. T. scabra, Morris, 1854, id , p. 229, de Blackdown. 98 PALÉONTOLOGIE SUISSE. DIMENSIONS. Longueur.......... DODeCe one bo Cooobpbcconcoe Done D es me ceton cho 65mm Par rapport à la longueur : Largeur................... Rae 2800000600 0600 000 0,80 » » » MERÉENRe S2codbocvcer Do e68 0 ano0 do deooome boot 0,70 Coquille en forme de croissant, plus longue que large, fortement excavée et arquée sur la région du corselet, surtout dans les adultes. Région buccale très-courte et apla- tie; crochets grands et infléchis; région anale prolongée en rostre et amincie à l’ex- trémité; corselet presque perpendiculaire aux flancs, et formant une vaste excavation plus profonde vers les crochets; ligne cardinale un peu relevée. Le corselet est séparé des flancs par une carène canaliculée, qui ne subsiste que sous la forme d'un sillon vers l’extrémité anale. La coquille est ornée de côtes saillantes, faiblement tuberculeuses; celles des flancs, naissent de la carène, sont écartées dès la base, très-faiblement arquées, et même parfaitement droites dans la moitié anale de la coquille. On remarque quelquefois dans leurs intervalles une légère ligne saillante qui leur est parallèle. Celles du corselet prennent naissance sur la carène aux mêmes points que celles des flancs, sont aussi écartées qu’elles et perpendiculaires au bord cardinal. Elles sont plus fines, plus lon- gues et granuleuses du côté du crochet, plus courtes et plus épaisses vers l'extrémité anale. Le moule se distingue facilement par l’amincissement de la région anale, par la gran- deur de ses crochets, et surtout par l'épaisseur et la brièveté de la région buccale. . Celle-ci a une forme éminemment caractéristique en ce que le pilastre vertical, cor- respondant au muscle buccal, n’est pas ou presque pas visible dans le profil, tandis que dans presque toutes les autres espèces il forme une saillie marquée à la partie antérieure. L'extrémité anale reproduit le sillon de la carène. Hisrore. Celte espèce a été décrite pour la première fois par M. Agassiz sur des échantillons du terrain néocomien de Neuchâtel. Nous avons pu vérifier directement l'identité de nos moules avec ceux de ce gisement. Nous ferons seulement remarquer que ces derniers étant en général plus petits, portent souvent des empreintes de côtes qui ne se forment pas lorsque la coquille est épaissie par l’âge. D'ailleurs il arrive fré- quemment dans ce terrain marneux que, par l'effet de la fossilisation, les ornements de la coquille se reproduisent en parlie sur le moule. Cette T. caudata à été confondue quelquefois avec la T. aliformis, que nous déeri- vons ci-dessous; c'est ce qui est arrivé en particulier dans la Description des mollus- ques des grès verts de la Perte du Rhône, où elle a été considérée à tort comme l’état adulte de cette dernière espèce. Elle a été citée aussi par les auteurs anglais sous Île FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 99 nom de T. scabra, ainsi que l’a fait observer E. Forbes. Un grand nombre d’échantil- lons recueillis par l’un de nous à Blackdown et dans le lower greensand d’Atherfeld, nous prouvent d'une manière évidente que notre espèce est représentée dans ces deux localités. Les échantillons de la première sont probablement ceux qui ont été cités par M. Morris dans son catalogue sous le nom de T. scabra. Rapports ET DIFFÉRENCES. Celte espèce, qui apparlient au même type que les T. sca- bra, T. crenulata et T. aliformis, se distingue facilement des deux premières par l’a- platissement de sa région buccale, par sa région anale en forme de rostre, et surtout par la profonde excavation de son corselet. Nous la comparerons plus loin avec la T. alifornus. LocazirÉés. La T. caudata est surtout abondante à la Perte du Rhône dans la marn jaune (h}. Elle se trouve aussi dans la couche à orbitolites {g), ainsi que dans les grès durs |{d). M. Campiche l’a recueillie fréquemment dans la marne jaune de Ste-Croix. Explication des figures. Pl. XIII. Fig. 1, a, b, c. Exemplaire de la Perte du Rhône, de grandeur naturelle. » Fig. 2, a, b. c. Moule de grandeur naturelle, de la même localité. Collection Renevier. TRIGONIA ALIFORMIS, Parkinson. (PI. XIV, fig. 1 et 2). SYNONYMIE. Trigonia aliformis, Park., 1811, Org. Rem., IL, p. 176, pl. 12, fig. 9, de Blackdown. Id. Sow., 1818, Min. Conch., pl. 215, de Blackdown et du lower greensand. Id. Ag., 1840, Etud. crit., Trig., p. 31, pl. 7, fig. 14 à 16, du grès vert. Id. d'Orb., 1843, Pal. fr., ter. crét., IT, p. 143, pl. 291, fig. 1 à 3, du gault. Id. Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc, I, p. 244, du lower greensand. Id. Pictet et Roux (pars), 1852, Grès verts, p. 450, pl. 32, fig. 2 (exclus. fig. 1), des grès durs de la Perte du Rhône. DIMENSIONS. Longueur... ."".... 4"... th eee eeetee Ce 53m, Par rapport à la longueur : Largeur... .... ................................... 0,75 » » » Epaisseur ..............: Re A PETRE Dre ete SEE Pa 0,50 Coquille plus longue que large, excavée sur la région du corselet, mais beaucoup moins fortement que la précédente. Région buccale courte, arrondie; crochets infléchis, peu proéminents; région anale prolongée en rostre et amincie à son exlrémité. Cor- selet presque perpendiculaire aux flanes, formant une excavation étroite et médiocre- ment profonde. Ligne cardinale un peu relevée. Le corselet est séparé des flancs par une carène canaliculée, semblable à celle de l'espèce précédente. 100 PALÉONTOLOGIE SUISSE. La coquille est ornée de côtes saillantes, fortement crénelées ou tuberculeuses. Celles des flancs naissent de la carène, près de laquelle elles sont minces et serrées. Les unes, qui couvrent la région buccale, partent d’abord en ligne droite, puis s’infléchis- sent brusquement du côté buccal en s'épaisissant et s’écartant beaucoup, les autres, celles de la région anale, restent minces, droites, parallèles et serrées. Il résulte de cette disposition, que si l’on mène une ligne depuis le crochet jusqu’au milieu du bord palléal, on divise obliquement la coquille en deux régions, dont l'une, la buccale, a de grosses côles distantes et arquées, et l’autre, l’anale, de petites côtes minces et droites. Dans la T. aliformis, type (de Blackdown}), que nous figurons comme terme de com- paraison, les côtes qui recouvrent le corselet sont très-serrées, fines et nombreuses, presque perpendiculaires au bord sulural dans le voisinage des crochets, et obliques en arrière vers l'extrémité anale. Dans nos échantillons de la Perte du Rhône, ces pe- lites côtes rappellent davantage celles de la T. caudata, en étant toutefois plus étroites et plus serrées, el par conséquent plus nombreuses. Cette disposition se retrouve dans quelques échantillons du lower greensand anglais. Les exemplaires aptiens, aussi bien que ceux de Blackdown, présentent sous les crochets, de chaque côté de la commissure buccale, de petits plis longitudinaux, très- rapprochés, qu’on retrouve sur quelques autres espèces. Nous n'avons pas pu voir ces plis dans la T. caudata. Histoire. Le nom de T. aliformis a été appliqué bien plus souvent que notre syno- nymie ne le ferait penser, mais on a fréquemment désigné sous ce nom des espèces voisines appartenant au même type. Pour éviter loute source d'erreur, nous n'avons admis que les citalions dont nous sommes certains. RaProRTS ET DIFFÉRENCES. Celte espèce est très-voisine de la précédente. Le princi- pal caractère différentiel consiste dans la disposition des côtes que nous avons décrile en détail. On peut ajouter l'épaisseur bien plus grande de la T. caudata, et l’aplatis- sement qui caractérise la région buccale de cette même espèce. Le corselet fournit aussi, pour les types de Blackdown, un caractère parfaitement certain, mais comme nous l’a- vons dit ci-dessus, la variété aptienne forme sous ce point de vue une sorte de tran- sition entre les deux espèces. Cette variété, du reste, est identique au type par tous ses autres caractères. La T. ahformis s'éloigne encore plus que la précédente des T. crenulata et T. scabra. Locaurés. Nous avons trouvé cette trigonie à la Perle du Rhône, dans les grès durs {(d), où elle n’est pas très-rare. On rencontre également dans le gault soit de cette lo- calité, soit des Alpes de Savoie, des moules [Grès verts, pl. 35, fig. 2, c) qui se rap- portent probablement à la même espèce. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 101 Explication des figures. PI, XIV. Fig. 1, a, b, c. Exemplaire de Blackdown, figuré comme type normal de l'espèce. Collection Renevier. » 2, a, b, c. Echantillon de la Perte du Rhône, représentant la variété aptienne. Musée de Genève. TRIGONIA CARINATA, Agassiz. SYNONYMIE. Trigonia carinata, Ag. 1840, Etud. crit., Trig., p. 43, pl. 7, fig- 7 à 10, des marnes néocomiennes d'Hauterive. T. sulcata, Ag., 1840, Etud. crit., Trig., p. 44, pl. 8, fig. 5 à 11, et pl. 11, fig. 16, des marnes bleues néoco- miennes. T. harpa, Desh:, 1842, in Leym., Mém. Soc. géol. de France, V, p. 8, pl. 9, fig. 7, du terrain néocomien infé- rieur du bassin de la Seine. Id. Math., 1842, Cat. méth., p. 166, pl. 22, fig. 1 à 4, du terrain néocomien du midi de la France. T. carinata, d'Orb., 1843, Pal. fr., ter. crét., IT, p. 132, pl. 286, du terrain néocomien. Id. Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 244, du lower greensand. DIMENSIONS. OMAN D 60e ba ES ne STE LEE ANNE AE Re LEA OP nec es GORDE Per report à la longueur: Lamumertecssuueeoee Eee os oce beton co 1,48 » » » DDAISSEUR- c0020000000000008 Aa en nb lee Ye NS a tete 1,08 Coquille triangulaire, beaucoup plus large que longue, très-épaisse et comme tron- quée par un corselet presque plat. Région buccale arquée; région anale terminée par un angle à peu près droit, crochets très-peu saillants. Les flancs sont ornés de côtes parallèles très-obliques, espacées, saillantes, se continuant depuis le bord buccal jus- qu'à la carène, en avant de laquelle elles s’interrompent en laissant un sillon lisse, Le corselet est bordé par une grosse carène très-crénelée ; on y remarque en outre deux carènes, qui le partagent en trois secteurs à peu près égaux. Celle qui avoisine le bord cardinal s'élève au-dessus du plan général du corselet et circonserit un secteur con- cave fortement ridé. Le reste du corselet est orné de petites côtes saillantes, coupées par de fortes stries d'accroissement. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Celte trigonie, qui appartient au groupe des T. costatæ de M. Agassiz, ressemble à plusieurs espèces jurassiques. Elle s’en distingue toutefois facile- ment par ses côtes beaucoup plus obliques. Elle est en outre bien caractérisée par sa forme tronquée du côlé anal. LocarTés. Nous n'avons pas encore trouvé cette espèce à la Perte du Rhône. Le seul échantillon que nous ayons entre les mains provient de la marne jaune de Ste-Croix. Collection Campiche. Nous renvoyons pour la figure à la Paléontologie francase et au Mémoire de M. Ley- merie. Notre échantillon ressemble parfaitement à la figure donnée par cet auteur, avec cette différence toutefois, qu'il présente sur le corselet la carène médiane indi- quée par M. d'Orbigny. 102 PALÉONTOLOGIE SUISSE. TRIGONIA LONGA, Agassiz. (PL. XIV, fig. 3. a, b). SYNONYMIE. Trigonia longa, Ag., 1840, Etud. crit., Trig., p. 47, pl. 8. fig. 1, du terrain néocomien de Neuchätel. T. Lajoyei, Desh., 1842, in Leym., Mém. Soc. géol. de France, V, p. 7, pl. 8, fig. 4, du terrain néocomien infé- rieur du bassin de la Seine. Id. d'Orb., 1842, Voyage dans l’Amériq. mérid., Paléont., p. 87, pl. 19, fig. 10 à 11: Foss. de Colombie, p- 53, pl. 4, fig. 10 à 11, de Santa Fé de Bogota. T. longa, d'Orb., 1843, Pal. fr., ter. crét., IT, p. 130, pl. 285 du terrain néocomien inférieur. DIMENSIONS. Lonsueurapproximalve "RP FREE CLEO EC. cree bobo09 000000 boom ..... | 807. Largeur vraie.......... D bocadaopocoobuetooueoceue DH OBO2b0a 000 eee ES) DHETÉÉQUE Too cop ecocococovoocosoeuce Dao go oecbbd de 00000000000 0 Rp eb do 46 Coquille beaucoup plus longue que large, épaisse, très-inéquilatérale; côté buccal court, régulièrement arrondi; crochets gros et peu saillants ; région anale allongée. Une carène mousse, partant des crochets, circonscrit un corselet excavé. La coquille est ornée de côtes concentriques simples, distantes, un peu sinueuses vers l'extrémité buc- cale, et s’atténuant sur la partie postérieure des flancs, de manière que la région anale ainsi que le corselet sont lisses, et ne présentent plus que des stries d’accroissement. Hisroire. Notre espèce est incontestablement celle qui à été nommée T. Lajoyei, quoi- que l'échantillon que nous décrivons ait son corselet bordé par une carène plus forte que ne l'indiquent les figures de MM. Deshayes et d'Orbigny. Nous attribuons cette différence à ce qu'il est très-adulte. Nous sommes moins certains qu’on puisse la rap- procher du moule figuré par M. Agassiz sous le nom de T. longa, car la figure et la description données par cet auteur le caractérisent d’une manière bien peu précise. N'ayant toutefois pas de motifs pour rejeter cette assimilation, nous avons accepté le nom de T. longa qui a prévalu. Rapports ET DIFFÉRENCES. La T. longa appartient au même groupe que la T. excen- trica, Park., de Blackdown, la T. affinis, Sow. (T. sinuata, d'Orb.) et la T. Coquan- diana, d'Orb. La T. affinis s’en distingue facilement par sa forme beaucoup plus large et par l'absence complète de corselet. La T. excentrica, par sa forme allongée, lui res- semble davantage, mais elle n’a également presque pas de corselet, et est ornée de côtes beaucoup plus fines et plus serrées. Nous la comparerons plus loin avec la T. Coquan- diana. Locauirés. Cette espèce est rare dans les grès durs (d) de la Perte du Rhône. Musée de Genève. Nous en possédons aussi un échantillon de la marne jaune (*}) de la même localité. Collection Renevier. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 105 Explication des figures. PI. XIV. Fig. 3, a. b. Echantillon de grandeur natureile, des grès durs (d) de la Perte du Rhône. Musée de Ge- nève. TRIGONIA COQUANDIANA, d'Orbigny. (PL. XIII, fig. 5, a, b, c). SYNONYMIE. Trigonia Coquandiana, d'Orb., 1843, Pal. fr., ter. crét., III, p. 149, pl. 294, fig. 1 à 4, de la craie chloritée de Castellane (Basses-Alpes). Id. d'Orb., 1850, Prodr. IT, 161, de l'étage cénomanien? DIMENSIONS. Dorcueur APDONMENNE oc hoo0coetoosdéboccoe non 0000 00e nbTesec oc 75un, Largeur vraie..... Ococdobbdeode SOéo 0e A PDT AN VAR ER M Au ee QU Là NE ANS … 5 Epaisseur vraie......... SRB 0 00 06 à 0002006 c006bouso00t cop oscoooc Deocosocsevue 34 Coquille beaucoup plus longue que large, inéquilatérale; côté buccal bien plus long que dans l’espèce précédente; côté anal aminci. La région cardinale est excavée en ar- rière des crochets, ce qui donne à la coquille une forme arquée. La partie qui cor- respond au corselet ne diffère point par sa courbure du reste des flancs et n’est limi- tée par aucune carène. La coquille est ornée de côtes concentriques nombreuses, ré- gnant dans toute sa longueur, sauf dans la région du corselet, qui ne porte que des siries d’accroissement. Dans les intervalles des côtes on voit une petite ligne mince et saillante. Histoire. M. d'Orbigny a d'abord attribué cette espèce aux craies chloritées. Il paraît avoir eu dès lors des doutes sur son gisement, car en l’inscrivant dans le Prodrome, il fait précéder son nom d’un signe d'interrogation. RaprorTs ET DIFFÉRENCES. Sa forme allongée rapproche cette espèce des T. excentrica et T. longa. Comme la première, elle a des côtes plus fines et plus serrées et man- que de carène pour circonscrire son corselet; mais elle se distingue nettement de toutes deux par ses crochets bien plus médians, par sa forme générale arquée, par ses côtes prolougées jusque sur la région anale, et par la petite ligne qui existe dans leurs in- tervalles. Locaurré. Nous ne connaissons qu'un seul échantillon de cette jolie espèce. Il a été trouvé dans la marne jaune (2) de la Perte du Rhône. Collection Renevier. Explication des figures PI. XIII. Fig. 3, a, b. Exemplaire de grandeur naturelle. D c. Fragment de test grossi. 104 PALÉONTOLOGIE SUISSE. GENRE ARCA, Linné. Nous décrivons trois espèces de ce genre. Deux d’entre elles appartien- nent au type des cucullées (4. glabra et A. Robinaldina), la troisième est une véritable arche (A. Raulim), quoiqu’elle ait été attribuée aux cucullées par M. Leymerie. Nous possédons en outre deux espèces représentées cha- cune par un seul échantillon trop imparfait pour être décrit. L'une res- semble à VA. Robinaldina, dont elle se distingue par des côtes rayonnantes sur les flancs; l’autre ne présente que la moitié buccale qui la rapproche des À. Hugardiana et A. Dupiniana. De ces cinq espèces, trois caractérisent la marne jaune (4) (A. Raulini, A. Robinaldina et l'espèce non décrite voisine de cette dernière); et deux le terrain aptien supérieur (d) (A. glabra, et le fragment indéterminé voisin de PA. Dupiniana). ARCA GLABRA (Park.) Goldfuss. SYNONYMIE. Cucullæa glabra, Park., 1811, Org. Rem., II, p. 171, de Blackdown. Id. Sow., 1814, Min. Conch.; pl. 67, de Blackdown. C. carinata, Sow., 1818, id., pl. 207, fig. 1, de Blackdown. C. fibrosa, Sow., 1818, id., pl. 207, fig. 2, de Blackdown. Arcacites rhombiformis, Schlotheim, 1820, Petr. Kunde, I, p. 21 (teste Bronn), d'Aix-la-Chapelle. Arca glabra, Goldf., 1840, Petr. Germ., II, p. 149, pl. 124, fig. 1, du grès vert de Quedlimburg, Aix-la-Cha- pelle, Blackdown, ete, À. carinata, Goldf., 1840, id., p. 150, pl. 124, fig. 2, de Bohême. 4. fibrosa, d'Orb., 1844, Pal. fr., ter. crét., ILE, p. 212, pl. 312, du gault. Id. Pict. et Roux, 1852, Grès verts, p. 463, pl. 87, flg. 2, du gault et des grès durs de la Perte du Rhône. A. Cornueliana, Forbes (pars), 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 246, du lower greensand de Hythe- Nous renvoyons pour la figure et la description de cette espèce aux Mollusques fos- siles des Grès verts de la Perte du Rhône, etc. Une bonne série d'échantillons de Blackdown nous a prouvé l'identité des C. glabra carinata et fibrosa figurées par Sowerby. Dès lors cette espèce, ainsi que l'a déjà fait remarquer M. Bronn, doit reprendre le nom de A4. glabra, qui est de beaucoup le plus ancien. Cette arche est très-variable dans sa forme générale. Nous ajouterons aux caractères par lesquels on peut la distinguer, sa charnière pourvue de dents longitudinales bien distinctes, comme chez les cucullées vivantes. La plupart des espèces crétacées qui FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 105 lui ressemblent, telles que les A. ligeriensis, A. Matheroniana ct À. tumida, ont des dents qui rappellent beaucoup plus les arches proprement dites. L’A. Cornueliana, qui est très-voisine de la nôtre par sa charnière et par l’ensemble de ses caractères, ne s’en distingue guère que par une côte saillante qui partage longitudinalement sa région anale. Locarirés. L'A. glabra n'est pas rare à la Perte du Rhône dans les grès durs (4). Elle se retrouve, mais moins fréquemment, dans le gault de cette localité et dans ce- lui des Alpes suisses et savoisiennes. M. Campiche nous en a communiqué un échan- tillon provenant de la Presta. Nous possédons du lower greensand de Hythe un moule de cette espèce qui est tout à fait identique à ceux de la Société géologique de Londres, que Forbes avait rappor- tés à la N. Cornueliana. ARCA ROBINALDINA, d'Orb. (PL. XV, fig. 4). SYNONYMIE. Arca Robinaldina, d'Orb., 1844, Pal. fr., ter. crét., III, p. 208, pl. 310, fig. 11 et 12, du terrain néocomien de Marolles. A. Robineauina, Bronn, 1848, Index paleontol., Nomenclator, p. 359. DIMENSIONS. LOMME 000 000000000v0e0000026sesé00000donbbdoupococeo boop o bo ponton 18mm. er note Alone Ier er rer Eee oo c bc socobbobobn bobos 0,70 » » DMASSONP 6 o50000000000200000000p0000800009092000 . 0,60 » » Longueur du cotéranale RO RE oaceo. OÙ Coquille triangulaire, presque équilatérale; côté buccal arrondi; crochets rapprochés, médiocrement saillants; côté anal obliquement tronqué. Une carène tranchante, partant des crochets, circonserit une area anale plate, dont la surface est presque perpendicu- laire aux flancs; une seconde carène aigue et peu élevée partage longitudinalement cette area en étant plus rapprochée de la carène externe que du bord cardinal. La co- quille est ornée de lignes d’accroissement coupées par de fines stries transversales, presque nulles sur le milieu des flanes, et qui. sur la région buccale, deviennent de véritables côtes rayonnantes. Osservariox. Nous n’hésitons pas à rapporter cette espèce à l'A. Robinaldina, d'Orb., quoiqu'il y ait une différence sensible dans leurs dimensions proportionnelles. Nos échan- tillons ont le côté anal plus court et plus tronqué que ne l'indique M. d'Orbigny, mais, sous ce point de vue, ils sont tout à fait identiques à ceux de Bettancourt et du lo- 14 106 PALÉONTOLOGIE SUISSE. wer greensand d’Atherfield. La disposition des carènes et celle des ornements sont trop conformes à la description de la Paléontologie française pour permettre une séparation spécifique. ; Rarports ET DIFFÉRENCES. Cette arche ressemble surtout aux 4. consobrina et A. Cor- nueliana; elle s’en distingue par la carène tranchante qui sépare l’area anale des flanes et par ses côtes buccale bien plus visibles. LocauiTÉs. L'A. Robinaldina se trouve dans la marne jaune (k) de la Perte du Rhône, où elle est assez rare. Collections du Musée de Genève et de MM. Rochat et Renevier. Nous la possédons aussi du lower greensand d’Atherfield [Ile de Wight) et de Bettan- court-la-Ferrée. Explication des figures. PL. XV. Fig. 4, a, b. Echantillon grossi. Collection Rochat » c. Grandeur naturelle. ARCA RAULINI, (Leym.) d'Orb. (PL. XV, fig. 1 à 3). SYNONYMIE. Cucullæa Raulini, Leym., 1842, Mém. Soc. géol. de France, V, p. 7, pl. 10, fig. 1, du terr. néocomien inférieur. Arca Raulini, d'Orb., 1844, Pal. fr., ter. crét., III, p. 204, pl. 310, fig. 1 à 2, du terrain néocomien. Id. Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 245, du lower greensand. DIMENSIONS. LOMME Too ooovov dooogooaocadaoecosvongoaoacocaocogosanesooceadoestocdon 43 mm. een IA loue lArEaNr IS e coco oneconososdopacvbocccococpooocue 0,55 » » Epaisseur se eme trente eee ce I CL 0,42 » » DongueurN COLE Anal EME EPP PETER PEER EE 0,75 Coquille allongée, modioliforme, très-inéquilatérale. Côté buccal court. arrondi, pré- sentant en avant des crochets un angle saillant, formé par la rencontre de son bord avec la suture cardinale; crochets rapprochés, peu saillants, facette ligamentaire étroite ; côté anal long, coupé obliquement à son extrémité. Une carène mousse s'étend depuis le crochet jusqu’à l’angle saïllant de la région anale, en s'’infléchissant un peu vers le bord palléal. La coquille est ornée de lignes concentriques, coupées par de fines stries rayonnantes, qui forment avec elles un treillis serré. Ces stries sont plus fortes aux deux extrémités; quatre ou cinq d'entre celles qui recouvrent le bord buccal deviennent de véritables côtes écartées, et séparées par des stries normales. Des échantüllons re- cueillis dans le lower greensand d’Atherfield nous ont montré une charnière très-étroite, munie dans son milieu de très-petites dents, et terminée de chaque côté par trois ou quatre dents plus grandes et plus obliques. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 107 Rarrorrs ET DIFFÉRENCES. Cetle espèce est extrémement voisine des 4. marullensis et A. neocomensis de M. d’Orbigny, qui paraissent s’en distinguer, la première par son treillis moins fin et ses extrémités moins anguleuses, et la seconde par son bord pal- léal plus arqué. Ces caractères, dont les deux premiers se retrouvent jusqu’à un cer- tain point sur les jeunes individus de l'A. Raulim, nous paraissent bien peu impor- tanis, et nous serions disposés à adopter l'opinion de Forbes, qui réunit à celle de M. Leymerie les deux espèces de M. d'Orbigny. L’A. Raulim a aussi certaines analogies avec l’4. carinata, Sow. (non Cucullæa ca- rinata, id.). Elle s’en distingue du reste facilement par sà Carène beaucoup moins ai- oue, infléchie vers le bord palléal au lieu de se relever du côté cardinal, et circons- crivant une area anale moins concave: Sa charnière beaucoup plus mince, sa facette ligamentaire plus étroite, et ses stries ravonnantes beaucoup plus faibles, lui donnent d’ailleurs un facies différent. Les mêmes caractères la distinguent nettement de l'A. securis, Leym., qui est si voisine de l'A. carinata. Locauirés. Nous n'avons trouvé qu'un seul échantillon de cette espèce dans la marne jaune (2) de la Perte du Rhône [Musée de Genève). Nous en connaissons deux exem- plaires de la marne jaune de Sainte-Croix (Coll. Campiche et Renevier) et un seul de la Presta [Coll. Campiche). Explication des figures. PL. XV. Fig. 1, a, b. Exemplaire provenant du lower greensand d’Atherfeld (Ile de Wight). Coll. Renevier. > 2, a, Echantillon de la Perte du Rhône. >» 3, &, b. Moule de la Presta. Toutes ces figures sont de grandeur naturelle. GENRE NUCULA, Lamarek. Nous n'avons trouvé à la Perte du Rhône que deux espèces de nucules, qui caractérisent toutes deux la marne jaune (4). L'une d'elles ne nous est connue que par un seul échantillon, qui pré- sente à peu près les caractères de la N. simplex, mais d’une manière trop incomplète pour que nous osions l'y rapporter Il est nécessaire pour cela, ou pour en former une espèce nouvelle, d'attendre des échantillons mieux caractérisés. L'autre espèce est plus abondante et mieux conservée. 108 PALÉONTOLOGIE SUISSE. NUCULA IMPRESSA, J. Sowerby. (PI. XV, fig. 5 et 6). SYNONYMIE. Nucula impressa, 3. Sow., 1824, Min. conch., pl. 475, fig. 6 et 7 (fig. 3 édit. angl.), de Blackdown. 2 Nucula subrecurva, Phill., 1829, Geol. of. Yorks., pl. 2, fig. 11, du Speeton clay. N. planata, Desh., 1842, Mém. Soc. géol. de France, V, p. 7, pl. 9, fig. 3 et 4, du terrain néocomien moyen. N. obtusa, d'Orb. (non J. Sow.), 1843, Pal. fr., ter. crét., IT, p. 163, pl. 300, fig. 1 à 5, du terrain néocomien. (Les figures sont sous le nom de N. planata.) N.impressa, d'Orb., 1843, id., p. 165, pl. 300, fig. 6 à 10, du terrain néocomien. (Les figures sont sous le nom de N. Cornueliana). Id. Forbes, 1845, Quart. Journ. geol. Soc, I, p. 245, du lower greensand d’Atherfed, etc. ? N. obtusa? Forbes (non J. Sow.?), 1845, Quart. journ. geol. Soc. I, p. 245, du lower greensand d’Atherfield. N. impressa, d'Orb., 1850, Prodr., II, p. 163. de l'étage cénomanien de Blackdown. N. planata, d'Orb.. 1850, Prodr., II, p. 79, de l'étage néocomien. N. Cornueliana, d'Orb., 1850, id., p. 79, de l'étage néocomien. N. subobtusa, d'Orb., 1850, id., p. 118, de l'étage aptien. N. impressa, Cornuel, 1851, Bull. Soc. géol. de France. 2° série, VIIF, p. 435, du calcaire à spatangues, et. p. 441, de la couche rouge de Wassy. N. obtusa, Cornuel (non J. Sow.), 1851, Bull. Soc. géol. de France, 2e série, VIII, p. 441, de la couche rouge de Wassy, et, p. 443, de l'argile à plicatules. DIMENSIONS. ÉONCUCUT A SMART EN EURE RENE IAE ETES ARENA ER 20H Par rapport à la longueur: Largeur... ...-:... "MR RE 0,70 » » » TRE T bo dbone de do dde dob nada 0,40 à 0,50 » » » longueurdu cote anal. EE 0,75 à 0,82 Me emenl.ocoaocceccoooacocceoc DR At LA RO UE A OO RE .. 1080 à 1200 Coquille ovale, assez inéquilatérale; côté buccal anguleux, creusé d’une grande lu- nule circonscrite par une carène très-mousse; côté anal long, arrondi et élargi à sa base. Le bord cardinal de chaque valve est accompagné en arrière des crochets d'un sillon très-évasé. La coquille est lisse et marquée seulement de stries d’accroissement, dont quelques-unes laissent des traces plus marquées, correspondant à des temps d’ar- rêt de la croissance. Ogservarion. Cette espèce présente quelques variations. Tantôt (fig. 5) elle est moins épaisse, plus élargie du côté anal, et tronquée plus obliquement du côté buccal de ma- nière à former en avant un angle plus saillant. Tantôt (fig. 6) elle est plus épaisse, moins élargie du côté anal, plus courte et tronquée moins obliquement du côté buccal. Cette association de caractères est loin d’être constante, et le plus grand nombre de nos échantillons présentent soit des formes intermédiaires, soit une combinaison diffé- rente de ces diverses modifications. On trouve, par exemple, souvent des individus FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 109 épais qui ont le côté buccal allongé; et le plus ou moins de largeur du côté anal, ou le degré de profondeur de la lunule sont parfaitement indépendants des autres ca- ractères. Il ne peut dès lors être nullement question de séparer spécifiquement les deux formes extrêmes que nous figurons. Histoire. La comparaison directe de nos échantillons avec ceux de Blackdown nous a montré que l'espèce qui nous occupe ici est bien la vraie N. impressa de M. J. de C. Sowerby. Nous lui réunissons la N. planata, Desh., car les échantillons très-obli- quement tronqués et peu épais dont nous avons parlé plus haut présentent tout à fait les caractères de l'espèce décrite sous ce nom. Ceux qui sont plus obtus et plus épais correspondent au type de la N. Cornueliana, d'Orb., qui doit en conséquence être éga- lement réunie à la N. impressa et considérée comme une simple variété. Quant au nom de N. subobtusa, d'Orb., il doit être évidemment abandonné comme faisant dou- ble emploi, puisque cet auteur, après avoir inscrit l'espèce sous le nom de N. planata dans la liste des fossiles de l'étage néocomien du Prodrome, la cite une seconde fois à l'étage aptien sous ce nouveau nom de N. subobtusa, d'Orb., renvoyant dans les deux cas aux mêmes figures de la Paléontologie française. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. La N. #mpressa ressemble beaucoup à la AN. obtusa, mais celle-ci manque presque complétement de lunule, ainsi que nous avons pu le constater sur des échantillons types de Blackdown. Elle est également voisine de la N. ovata, Mantell, qui, suivant M. d'Orbigny, est caractérisée comme la N. obtusa par l'absence d’une lunule distincte. LocauTÉés. Ceite espèce n’est pas rare à la Perte du Rhône dans la marne jaune (h}. Collections du Musée de Genève et de MM. Rochat et Renevier. M. le D' Campiche nous l’a également envoyée de Sainte-Croix, où elle paraît rare dans les mêmes cou- ches. Nous avons sous les yeux des échantillons du lower greensand d’Atherfeld et de la couche rouge de Wassy qui se rapportent parfaitement aux nôtres. Explication des figures. PI. XV. Fig. 5, a. b. Echantillon grossi, appartenant à la première de nos variétés (N. planata, de M. d'Orbi- gny), de la Perte du Rhône. Musée de Genève. » c. Grandeur naturelle. » d, e. Moule grossi de la même variété, de la Perte du Rhône. Musée de Genève. >» 6, a, b. Exemplaire grossi de la seconde variété (N. Cornueliana, d'Orb.), de la Perte du Rhône. Collection Renevier. » c. Grandeur naturelle. » d, e. Moule grossi de la même variété. Echamiilon de la Perte du Rhône. Musée de Genève. 110 PALÉONTOLOGIE SUISSE. GENRE MYTILUS, Linné. (Mytilus et Modiola, Lamarek). Les espèces de ce genre sont bien plus abondantes à la Perte du Rhône, dans le terrain aptien inférieur, que dans le supérieur. Une seule, le H. sublineatus, est commune à ces deux gisements, tandis que les cinq autres caractérisent chez nous la marne jaune (k). MYTILUS LANCEOLATUS, J. Sowerby. (PL. XV, fig. T) SYNONYMIE. Mytilus lanceolatus, 3. Sow., 1823, Min. conch., pl. 439, fig. 2, de Blackdown. M. edentulus, JS. Sow., 1823, Min. conch. pl. 439, fig. 1, de Blackdown. AT. tridens, 3. Sow., 1836, in Fitton, Geol. trans., 2e série, IV, p. 342, pl. 17, fig. 14, de Blackdown. M. prælongus, J. Sow., 1836, id., p. 342, pl. 17, fig. 15, de Blackdown. M. lanceolatus, d'Orb., 1844, Pal. fr., ter: crét., IL, p. 270, pl. 338, fig. 5 à 6, du terrain néocomien. Id. Torbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 248, du lower greensand. M. abruptus, d'Orb., 1850, Prodr., IL. p. 107. de l'étage urgonien d'Auxerre, de Cluse et de l'Ile de Wight. M. lanceolatus, d'Orb., 1850, Prodr., Il, p. 166, de l'étage cénomanien de Blackdown. Id. Cornuel, 1851, Bull. Soc. géol. de France, 2° série, VIE, p. 436, du calcaire à spatangues, et, p. 443, de l'argile à plicatules. DIMENSIONS. LEP danses dobboeododeneodcoconsouscons os dd6oco de 0 Go baelb 0 9 006 0 0080 18" Par rapporte longueur ALES EME EEE AE PE CE EC EEE RE PEER CEE E RTE 0,50 » » ÉPAISSEUR EM CARE NN EEE TON ESA PP PNR ECS 0,40 Coquille allongée, cunéiforme, souvent un peu arquée; crochets terminaux, acumi- nés; région anale élargie, arrondie à son extrémité; région palléale plane, ou même excavée, entourée d'une carène mousse. Cette coquille est lisse, ornée seulement de stries d’accroissement, qui deviennent plus saillantes en passant sur la carène. Hisrore. À l'exemple de MM. d'Orbigny, Forbes et Bronn, nous réunissons en une seule les espèces de Blackdown que M. J. de C. Sowerby a décrites sous les noms de M. lanceolatus, edentulus, tridens et prælongus. Dans la Paléontologie francaise, M d'Orbigny considère le M. lanceolalus comme une espèce néocomienne. Plus tard, dans le Prodrome, il a cru devoir séparer sous le nom de M. abruptus les échantillons du néocomien de France et du lower greensand d'Angleterre, laissant à ceux de Black- down le nom de M. lanceolatus. Une comparaison directe sur des types anglais nous FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 111 a montré qu'il est impossible de séparer les exemplaires du lower greensand de ceux de Blackdown, et en second lieu, que les nôtres se rapportent parfaitement aux uns et aux autres. Rapports ET DIFFÉRENCES. Celte espèce, qui appartient au type du M. edulis vivant, se distingue facilement de presque tous les moules crétacés par ses crochets terminaux et acuminés. Ce caractère la rapproche des M. subfalcatus, d'Orb., M. Gallienne, id.; et M. tornacencis, d'Arch. Elle se distingue des deux derniers, que M. d’Orbigny réu- nit en une seule espèce, par la présence dans ceux-ci de petites stries qui croisent les li- gnes d’accroissement sur la région palléale. Quant au M. subfaleatus (M. falcatus, d'Orb., olim, non Goldf.}, les seules différences appréciables qu'indique M. d'Orbigny sont les fortes rides dont la carène de ce dernier est ernée. Nous avons en effet quelques échan- tillons dans lesquels ces stries sont peu apparentes, mais nous en possédons d’autres où elles sont aussi fortes que dans la pl. 341, fig. 11, de la Paléontologie française La seule considération qui nous retienne encore de citer le M. subfalcatus dans notre synonymie, c’est que nous n'avons pas sous les yeux des échantillons du Mans. Locariré. Nous connaissons de la Perte du Rhône deux échantillons de cette espèce; ils proviennent de la marne jaune (h}. Collections de M. Renevier et de M. Rochat. Explication des figures. PI. XV. Fig. 7, a, b. Exemplaire grossi de la collection Renevier. Le trait indique la grandeur naturelle. MYTILUS SUBLINEATUS, d'Orbigny. (PI. XV, fig, 8, a, b, cet fig 9). SYNONYMIE. Modiola lineata, J. Sow., 1836, in Fitton, Geol. trans., 2° série, IV, p. 338, pl. 14, fig. 2, du lower greensand de Hythe (Kent). Modiola angusta, Roem. (non Desh. 1824), 1839, Ool. Geb., Suppl., p. 33, pl. 18, fig. 36, et Kreïd. Geb., p. 66, du Hilsconglomerat. Mytilus lineatus, d'Orb. (non Gmel. 1789), 1844, Pal. fr., ter. crét., ILL, p. 266, pl. 337, fig. 7 à 9, des terrains néocomien et turonien. M. asper, Forbes (non Modiola aspera, Sow.), 1845, Quart. journ. geol. Soc. 1, p. 248, du lower greensand de Hythe, etc. M. sublineatus, d'Orb., 1850, Prodr., IL, p. 81, de l'étage néocomien, et, p. 119, de l'étage aptien de Wassy. M. lineatus, Cornuel (non Gmel.), 1851, Bull. Soc. géol. de France, 2e série, VIII, p. 443, de l'argile à plicatules. M. Orbignyanus, Pictel et Roux, 1852, Grès verts, p. 479, pl. 39, fig. 9, du gault, et, p. 546, des grès durs de la Perte du Rhône. DIMENSIONS. LOMME o0000000000000020000000000e0000000000000000dn00000000000009008p 40mm. Par rapport à la longueur: Largeur. ................. Dos opoocoso ne DO APE ee 0,40 » » » VÉTENP © ococcconeo0b0 060006 Do00660000 Ce o 0,60 112 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Coquille allongée, souvent un peu arquée, très-épaisse; crochets peu saillants, pres- que terminaux; région anale arrondie et médiocrement élargie; région palléale plate et quelquefois marquée d’une dépression oblique. La coquille est ornée de stries rayon- nantes distinctes, coupées par des lignes d’accroissement inégales, qui leur donnent une apparence granuleuse. Les stries rayonnantes manquent à la partie antérieure de la région palléale ; dans quelques échantillons elles s’atténuent graduellement, pour re- paraître près du crochet; dans d’autres elles forment un espace lisse plus distinct. Histoire. Cette espèce devrait porter le nom de M. lineatus, si celui-ci n'avait été donné antérieurement par Gmelin à une espèce vivante. Le nom de M. angustus doit également être abandonné pour motif de priorité, ainsi que celui de M. asper, car c’est par erreur que Forbes l’a associée à la M. aspera, Sow., qui provient du cornbrash. Une comparaison directe entre des échantillons du lower greensand de Hythe et le M. Orbignyanus de la Perte du Rhône nous a montré que ces deux espèces devaient être réunies. Dans la Paléontologie française, M. d'Orbigny signale cette espèce à la fois dans les terrains néocomien et turonien. Dans le Prodrome il la sépare en deux, donne le nom de M. sublineatus à l'espèce néocomienne, et celui de M. peregrinus aux échantillons cénomaniens. Les motifs de cette séparation n'ayant pas été indiqués, nous ne pouvons pas les apprécier. Nous ferons seulement remarquer que M. d'Archiac cite le M. hi- meatus dans le Tourtia, et que nous possédons de ce gisement des échantillons d'une parfaite conservation, qui, comparés aux nôtres, montrent une identité complète, à cette seule exception près que les stries s’atténuent un peu moins sur la partie anté- rieure de la région palléale, ce qui paraît même ne dépendre que de la conservation plus irréprochable de leur test. Locarirés. Le M. sublineatus est très-rare à la Perte du Rhône dans les grès durs {(d], d'où nous n’en possédons que trois échantillons (Musée de Genève et collection Renevier). Il est un peu moins rare dans le gault de Savoie, et se trouve aussi dans celui de la Perte du Rhône. Nous en connaissons en outre un exemplaire de la marne jaune de Sainte-Croix (Coll. Campiche) et un de la Presta (Coll. Renevier). Explication des figures. PI. XV. Fig. 8, a, b. Exemplaire du grès dur de la Perte du Rhône. Grandeur naturelle. » c. Fragment de test grossi. » 9, Echantillon de la Presta. Grandeur naturelle. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 113 MyriLus BELLUS, (J. Sow.) Forbes. (PL. XV, fig. 10). SYNONYMIE. Modiola bella, J. Sow., 1836, in Fitton, Geol. trans, 2e série, p. 113, 158 et 336, pl. L1, fig. 9, du lower green- sand. Mytilus bellus, Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 248, du lower greensand de Maidstone et d’Ather- field. M. bella, d'Orb., 1850, Prodr., IT, p. 138, de l'étage albien ? DIMENSIONS. LOMAMA 0 cressoopcbecoeatectdo ste a a nan She ASS Moon 207% Per reppor à là lonmenvre Lemenrecceoscetoobecoetoedeos ot He 000 0 0,60 » » » EpaisseuRe SRE CNET EN 0,70 Coquille courte, très-renflée; crochets terminaux, très-infléchis, dépassant le côté buccal, qui est obliquement tronqué; région anale élargie, arrondie. La coquille est ornée de stries rayonnantes coupées par des lignes d’accroissement, dont quelques-unes très-fortes correspondent à des temps d'arrêt dans la croissance. RAPPORTS ET DIFFÉRENGES. Cette espèce est extrêmement voisine du M. Cornuelianus, d'Orb., et nous serions lout disposés à admettre avec Forbes leur identité, si la fig. 10 de M. d'Orbigny ne semblail pas indiquer une région buccale plus développée et plus arrondie. La description qu'en donne cel auteur correspond du reste tout à fait à notre espèce. Ce qui pourrait confirmer l'opinion de Forbes, c’est que M. Cornuel cite ce M. Cornuelianus, de la couche rouge de Wassy, dans laquelle se retrouvent, comme on l’a vu, la plupart de nos espèces. Nous avons pu du reste comparer nos échantil- lons avec un type du lower greensand de Maidstone, et il ne nous reste aucun doute sur leur identilé avec l’espèce anglaise. LocaurTÉs. Le M. bellus n’est pas très-rare dans la marne jaune [h) de la Perte du Rhône (Collections de MM. Rochat el Renevier}. M. le D' Campiche nous en a égale- ment communiqué un échantillon de la marne jaune de Sainte-Croix. Explication des figures. PI. XV. Fig. 10, a, b. Echantillon grossi de la Perte du Rhône. Collection Renevier. Le trait indique la grandeur naturelle. » c. Fragment de test grossi. 114 PALÉONTOLOGIE SUISSE. MYTILUS SUBSIMPLEX, d'Orbigny. (PL. XVI, fig. 3). SYNONYMIE. Modiola simplex, Desh., 1842, Mém. Soc. géol. de France, V, p. 8, pl. 7, fig. 8, du terrain néocomien moyen. Mytilus simplez, d'Orb. (non Defr., non Passy), 1844, Pal. fr., ter. crét., III, p. 269, pl. 338, fig. 1 à 4, du ter- rain néocomien. Id. Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., 1, p. 248, du lower greensand d’Atherfeld. M. subsimplex, d'Orb., 1850, Prodr., IT, p- 81, de l'étage néocomien. M. Gurgitis, Pictet et Roux, 1852, Grès verts, p. 481 et 547, pl. 40, fig. 2, du terrain aptien. A1. simplex, Pictet et Roux, 1853, Grès verts, p. 551, du terrain aptien. DIMENSIONS. Done october abontbooobteosbuscoosacvgsentorosbausebeoéseresooe 4Omm, Par rapport à la longueur : Largeur. ............... CRT Are PR LT AD nets 2 0,37 » » » Epaisseur. - :-.... HU D RC EN AE AT 0,30 Coquille allongée, comprimée, droile ou un peu arquée; crochets petits, très-oblus, dépassés par le côlé buccal, qui est étroit et arrondi; région anale faiblement élargie, arrondie, un peu oblique; région palléale plus ou moins évidée. La coquille est lisse et ornée seulement de stries d’accroissement. Histoire. Nous regreltons de devoir changer le nom si convenable de M. simplex que M. Deshayes avait donné à celle espèce, contre celui de M. subsimplex qui est bien moins heureux. Nous avons dù faire ce sacrifice au respect rigoureux des règles de la nomenclature, le nom de M. simple ayant déjà élé antérieurement donné par deux naturalistes, savoir par Defrance, Dict. des sc. nat. XXXII, p. 154, et par M. Passy, Mém. géol. sur la Seine inf., p. 337, pl. 13, fig. 4 et 5. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cetle espèce a beaucoup d'analogie avec le M. siliqua (Math) d'Orb.; elle parait s’en distinguer par son extrémité buccale un peu moins obtuse, dif- férence qui nous semble bien peu propre à servir de caractère spécifique. Au cas que l'on dût plus lard réunir ces deux espèces, le nom de M. siliqua prévaudrait comme étant le plus ancien. Le M. semiornatus, d'Orb., ressemble aussi beaucoup au nôtre, et paraît ne s’en distinguer, ainsi que du M. siligua, que par des plis très-prononcés sur la région du ligament. LocauiTés. Nous connaissons le M. subsimplex de la marne jaune (h) de la Perte du Rhône, où il est assez rare (Collections du Musée de Genève et de MM. Rochat el Re- nevier}. Les échantillons du lower greensand d’Atherfield que nous avons sous les yeux sont identiques aux nôtres. Explication des figures. PL. XVI. Fig. 3, a, b. Echantillon de grandeur naturelle de la Perte du Rhône. Collection Renevier. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 4115 Mynius Frrroni, d'Orbigny. (PL. XVI, fig- 1). SYNONYMIE. 1 =2 Q 2 Mytilus reversus, d'Ocb. (non Modiola reversa, J. Sow.?), 1814, Pal. fr., ler. crét., ILE, p. 264, pl. 337, 2, du terrain néocomien. M. Fittoni, d'Orb., 1850, Prodr., Il, p. 81, de l'étage néocomien. DIMENSIONS. Lonnenr HA Orne be MT OR DEMEURE 40mm. PaapponMlalonseUREALATOCURE ER EEE CPR CEE CE ECC re Goo 0,40 » » » ASE. à 000080009000 0400 PR TE Le ea ae 0,35 Coquille allongée, ovalaire, crochets oblus, sensiblement dépassés par le côté buccal, qui est arrondi et faiblement acuminé ; région anale allongée, obliquement tronquée du côté cardinal. Une carène mousse et épaisse traverse obliquement la coquille depuis les crochets jusqu’à l’extrémilé anale; elle est séparée des flancs par un sillon plus ou moins prononcé, qui correspond à une sinuosité rentrante du bord palléal. Cette si- nuosité jointe à l’inflexion du côté des crochets que présente la commissure des valves à sa partie antérieure, donne à ce bord la forme d’une S faiblement arquée. La surface est ornée de lignes d'accroissement inégales qui deviennent plus fortes en passant sur la carène. Celie-ci présente sur sa face antérieure de fines stries rayon- nantes, parallèles à sa direction, et qui, le plus souvent, ne sont visibles qu'à la loupe. RAPPORTS ET PIFFÉRENCES. M. d'Orbigny a d’abord associé cette espèce au HW. rever- sus, mais dans le Prodrome il l'en sépare de nouveau. Ne possédant pas d'échantillons types du A. reversus de Blackdown, nous n'avons pu en faire une comparaison directe avec les nôtres, mais à en juger par la figure donnée par M. J. de C. Sowerby [Fitton, Geol. trans., 2° série, IV, pl. 17, fig. 13), il nous semble en effet qu'il y a quelques caractères différentiels, tels que stries rayonnantes plus fortes et plus nombreuses sur les flanes, absence de sillon à la partie antérieure de la carène, ete; aussi nous sum- mes-nous décidés à adopter leur séparalion en attendant de pouvoir faire une compa- raison directe plus concluante. Le M. Fittoni se distingue du reste facilement du Y. subsimplex par sa largeur plus grande, sa carène, ses stries, elc. LocaLirés. Nous ne possédons de celte espèce que trois échantillons de’la marne jaune (h) de la Perte du Rhône. Musée de Genève et collection Renevier. Nous en avons également sous les yeux qui proviennent de la couche rouge de Wassy (Collect Renevier); mais par contre nous ne la connaissons pas du lower greensand anglais. 116 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Explication des figures. PI. XVI. Fig. 1, a, b. Echantillon de grandeur naturelle de la Perte du Rhône. Collection Renevier. » c. Grossissement du test, MyriLus ÆQuALIS, (Sow.) d’Orbigny. (PI. XVI, fig. ?). SYNONYMIE. Modiola æqualis, Sow., 1818, Min. conch., pl. 210, fig. 3 et 4, du lower greensand de Parham Park. Mytilus æqualis, d'Orb., 1844, Pal. fr., ter. crét., IL, p. 265, pl. 337, fig. 3 et 4, du terrain néocomien. Id. Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., L, p. 248, du lower greensand. DIMENSIONS. ONE E doccocooaconseootooboccococ0600ton oo ao 282020000982 %00d00dado 33m, Par rapport à la/longueur: Largeur. -""""rRe ee RE CET TURC 0,52 » » » IEP obtenue bab ob 0 os ob eue bass dor odkt8a OU Nous n'avons de la Perte du Rhône que des échantillons trop imparfaits pour fournir une nouvelle description de cette espèce, mais comme ils paraissent avoir des carac- tères suffisants pour établir son existence dans notre marne jaune, nous avons cru de- voir, pour faciliter la comparaison, figurer des exemplaires d’une détermination par- faitement certaine et d'une belle conservation, recueillis dans le lower greensand an- glais. La figure que donne M. d'Orbigny indique une assez forte carène qui ne se retrouve ni dans sa descriplion, ni dans nos échantillons. Ceux-ci présentent au con- traire des flancs uniformément bombés, montrant seulement sur leur milieu une sinuo- silé très-évasée. Cetle espèce se dislingue de la précédente par l’absence complète de stries rayonnantes, par sa largeur plus grande, par son manque de carène, et enfin par son sillon plus évasé, et dirigé moins chliquement en arrière, en sorte que la si- nuosité palléale qui lui correspond est sur le milieu de la longueur dans le M. æqualis et beaucoup plus en arrière dans le M. Fittoni. Par la simplicité de ses ornements, elle rappelle le M. subsimplex, mais les dimensions proportionnelles de ces deux espèces sont si différentes qu’il est impossible de les confondre. Locariré. Ce Mytilus est très-rare à la Perte du Rhône; nous n’en connaissons que deux échantillons provenant de la marne jaune (4). Collection Renevier. Explication des figures. PI. XVI. Fig. 2, a, b. Echantillon d'Atherfield (Ile de Wight). » e, d. Moule de la couche ferrugineuse de Shanklin (Ile de Wight). Tous deux de grandeur naturelle; de la collection Renevier. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 117 GENRE LITHODOMUS, Cuvier. Nous n'avons jusqu'à présent trouvé aucun représentant de ce genre à la Perte du Rhône. L'espèce que nous décrivons ci-dessous provient de Sainte-Croix. LITHODOMUS OBLONGUS, d'Orbigny. (PL. XVI, fig. 4). SYNONYMIE. Lithodomus oblongus, d'Orb., 1844, Pal. fr., ter. crét., If, p. 289, pl. 344, fig. 4 à 6, du terrain néocomien. D Id. Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., [, p. 248, du lower greensand d’Atherfeld. DIMENSIONS. LEUr AMTONIMAINE..: so000000808080cobc800édodecdovocccoosédbcouaccocoos 23nm LEREUT MBil@oso0ovoscoobdeootesodoopocodocpec dde occocc oc osc0c pb oo co 10 DjRAISSEUT MAG s00cobdococaocdoooc been bobo pe Oo 00e CT O OS HD S 09 Coquille cylindrique; crochets infléchis, un peu dépassés par le bord buccal, qui est obtus. L’extrémité anale parait avoir été arrondie, le bord palléal est droit. La co- quille est ornée de stries d’accroissement assez marquées. LocaziTÉé. Le seul échantillon que nous connaïssions de cette espèce nous a été com- muniqué par M. le D' Campiche, qui l’a trouvé à Sainte-Croix. Explication des figures. PI. XVI. Fig. 4, a, b. Echantillon de grandeur paturelle. GENRE PINNA, Linné. Nous ne connaissons du terrain aptien de nos environs qu’une seule es- pèce de ce genre. PINNA ROBINALDINA, d’Orbigny. (PL. XVI, fig. 5). SYNONYMIE. Pinna rugosa, Roem. (non Schl.), 1839, Ool. Geb. Suppl., p. 32, pl. 18, fig. 37, et Kreïdegeb., p. 65, du Hils- conglomerat. P. Robinaldina, d'Orb., 1844, Pal. fr., ter. crét., IE, p. 251, pl. 330, fig. 1 à 3, du terrain néocomien. 118 PALÉONTOLOGIE SUISSE. P. restituta, Forbes (non Hæœningh., non Schl.1, 1845, Quart. journ. geol. Soc., [, p 248. du lower greensand d’Atherfield, etc. P. Robinaldina, Fitton, 1847, Quart. journ. geol. Soc., [IE, p. 289 (tableau), du lower greensand. Id. d'Orb., 1850, Prodr., IL, p. 80, de l'étage néocomien de France et de l'Île de Wight. P. subrugosa, d'Orb., 1850, Prodr., Il, p. 80, de l’étage néocomien. P. Robinaldina, Cornuel, 1851, Bull. Soc. géol. de France, 2° série, VIII, p. 441, de la couche rouge de Wassy. DIMENSIONS. onoueurndenotreipluserandtéchantiilon Per EPP EE REC REECRE EEE GER, Par rapport à la longueur : Largeur... ... PR ER AE RO OR 018 DOTE ot 0,35 » » » ÉDAISSeUR CL RNCS AREER 0,28 ANTOAMBAÉ cosnosspermocconosues bobo voucoudooooco0cuu4es00 0000 190 Coquille droite, très-allongée, à bords rectilignes, subquadrangulaire, presque aussi épaisse que large. Ses valves se rencontrent sous des angles presque droits, mais sont un peu arrondies sur leur milieu et ne forment pas de carène. Sous le point de vue des ornements, chaque valve est comme partagée en deux par- ties, celle qui longe le ligament présente 1% à 15 côtes longitudinales, droites, plus étroites que leurs intervalles. Une dizaine de ces côles sont égales entre elles et com- prises entre le ligament et le faite de la valve; les autres, qui diminuent graduelle- ment, se continuent sur le commencement de la région palléale. Celle-ci est ornée de siries d’accroissement inégales, obliques, qui ne sont très-visibles que dans la portion dépourvue de côtes longitudinales. Histoire. Cette Pinna a été décrite en premier lieu par M. Roemer sous le nom de P. rugosa, nom déjà donné par Schlotheim à une autre espèce. Il faut par conséquent lui réunir également la P. subrugosa, d'Orb., qui n’est qu'un nouveau rom donné à l'espèce de Roemer. Nous ne pouvons pas, par les motifs que nous donnons plus bas, admettre l'opinion de Forbes, qui réunit à notre espèce la P. restituta, Hœning., et la P. tetragona, Sow. RaPpoRTs ET DIFFÉRENCES. Par son angle apicial aigu, el par sa. forme subquadrangu- laire, cette espèce se rapproche des P: lanceolata, Sow., P. Renauxiana, d'Orb., P. quadrangularis, Goldf., P. restituta, Hoen., et P. tetragonæ, Sow. Elle se distingue facilement de la première, qui est un peu arquée, qui a des côtes plus nombreuses, plus fines et onduleuses, ainsi que des P. Renauviana et P. quadranqularis, qui ont des côtes bien moins nombreuses, et dont la première a les valves fortement carénées. Elle ressemble davantage aux P. restituta, Hoening., et P. tetragona, Sow., que Gold- fuss et Forbes réunissent en une seule. Nous avons pu la comparer à un échantillon de Westphalie qui correspond à la première. Il se distinguc des nôtres par ses valves plus carénées, par ses côtes plus écartées et recouvrant une plus grande partie de la région palléale, et par ses siries d’accroissement bien plus fortes. La figure qu'a FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 119 donnée Sowerby de la P. tetragona rend toute comparaison impossible, mais l’un de nous à étudié en Angleterre des échantillons bien conservés de Blackdown, qui pré- sentent sur la région palléale de fines stries onduleuses, d’abord parallèles aux autres côtes, s'infléchissant de plus en plus vers le bord de la valve et croisant ainsi sur tout leur parcours les stries ou lignes d'accroissement. Du reste, si plus tard une compa- raison basée sur des échantillons plus nombreux et mieux conservés forçait à réunir notre espèce avec celle de Sowerby, cela n’influerait en rien sur le nom qu'elle doit porter, car celui de P. tetragona doit rester à l'espèce pliocène de Brocchi, à laquelle Sowerby avait assimilé à tort les échantillons de Blackdown. LocariTés. La P. Robinaldina n'a été trouvée chez nous que dans la marne jaune (4) de la Perte du Rhône. Musée de Genève et collection Renevier. Nous l’avons égale- ment sous les yeux du lower greensand d’Atherfield et de la couche rouge de Wassy. Collection Renevier. Explication des figures. PI. XVI. Fig. 5, a, b. Echantillon de la Perte du Rhône. Musée de Genève. » ce, d. Echantillon du même gisement. Collection Renevier. x e. Coupe. Ces figures sont de grandeur naturelle. PLEUROCONQUES. GENRE GERVILIA, Defrance. Nous décrivons trois espèces de ce genre, toutes bien caractérisées, et dont aucune n’est nouvelle. La variabilité des formes rend quelquefois dif- ficile la mesure des dimensions proportionnelles; nous avons pris comme point de départ la largeur, mesurée depuis le sommet du crochet jusqu’à la partie la plus saillante du bord palléal. Suivant la forme de la coquille, nous avons comparé à cette première dimension tantôt la longueur du bord cardinal, tantôt la longueur même de la valve, mesurée perpendiculaire- ment à la largeur. 120 PALÉONTOLOGIE SUISSE. GERVILIA ALIFORMIS, (SOW.) d'Orb. (PI. XVIII, fig. 1 et 2). SYNONYMIE. Modiola? aliformis, Sow., 1819, Min. conch., pl. 251, de Sandown. Perna alæformis, J. Sow., 1835, Min. conch., Index syst. Id. Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc , I, p. 246, du lower greensand. Gervilia alæformis, d'Orb., 1845, Pal. fr., ter. crét., INT, p. 484, pl. 395, de l'étage néocomien. Avicula Rhodani, Pictet et Roux, 1853, Grès verts, p. 494, pl. 41, fig. 2, du grès vert inférieur de la Perte du Rhône. DIMENSIONS. Largeur mesurée depuis le sommet du erochet jusqu'à l'extrémité du bord palléal.... 120 Donner dur ont) carlinéllessosonccooccovossooaocobosouccooooccocoooëecouoe 85 ere IA AE oo éoodoovcoocboostobecsosvasovodooagooocne 0,70 DENON re amor A IENIERENRPS 04, Lccs do 00scobosbogoeoocotocobéaeeoe 0,50 Coquille épaisse, triangulaire, très-bombée : la région des flancs formant une partie saillante qui commence aux crochets et traverse diagonalement la coquille. Région buc- cale très-peu développée, séparée des flancs par une légère excavation, et terminée par une pointe courte, tronquée et arrondie. Région anale vaste, triangulaire, dépri- mée, tronquée carrément à l'extrémité par une ligne un peu sinueuse. La coquille adulte n’est ornée que de stries d’accroissement assez fortes, parallèles aux bords, c’est- à-dire fortement arquées en dehors sur la saillie des flancs, et présentant une sinuo- sité plus faible et inverse sur la région anale. La jeune coquille est ornée sur le cro- chet et quelque peu aussi sur la région buccale de stries rayonnantes inégales. Hisroire. Les formes extérieures de cette espèce ne suffisant pas pour déterminer ses atlinités génériques, elle a été successivement décrite sous les noms de Modiola, Perna et Avicula. Dans les Mollusques des Grès verts, elle à été attribuée à ce dernier genre sur l'étude d’une charnière incomplétement dégagée. M. d'Orbigny, par contre, a prouvé avec raison qu'elle appartient au genre Gerwiha. Nous avons entre les mains bon nombre d'échantillons soil de la Perte du Rhône, soit du lower greensand d’An- gleterre qui montrent clairement les fossettes de la charnière communes aux pernes et aux gervilies. Nous possédons en outre un moule de Sandown (Ile de Wight) qui présente les nombreuses dents obliques de ce dernier genre. Nos échantillons de la Perte du Rhône sont tout à fait identiques aux exemplaires anglais. Ils ressemblent moins à la figure donnée par M. d'Orbigny, qui représente une coquille plus oblique, beaucoup plus inéquivalve, à région buccale bien plus aigue et à région anale plus courte. Ces différences, que nous ne pouvons pas considérer comme spécifiques, nous ont engagé à figurer ici le véritable type de l'espèce anglaise. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 121 LocaziTÉs. Celle espèce n’a été jusqu'ici rencontrée à la Perte du Rhône que dans les grès durs [d). Musée de Genève et collection Renevier. A Ste-Croix et à la Presta elle se trouve dans la marne jaune, où du reste elle est rare. Collection Campiche. Explication des fiqures. Pi. XVIII. Fig. 1, 4, b. Echautillon du lower greensand anglais, de grandeur naturelle. Collection Renevier. Fig. 2. Jeune échantillon du même gisement. Même collection. GERVILIA ANCEPS, Deshayes. (PL XVII.) SYNONYMIE. Gervilia aviculoides, 3. Sow., Min. conch., 1826, pl. 511 (non Perna aviculoides, Sow. pl. 66), du lower green- sand. Gervilia anceps, Desh., 1842, Mém. Soc. géol. de France, V, p. 9, pl. 10, fig. 3, du néocomien inférieur. Gervilia aviculoides, Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc, 1, p. 246, du lower greensand. Avicula lanceolata, id., 1845, id., p. 247, pl. 8, fig. 8 (jeune), du lower greensand. Gervilia anceps, d'Orb., 1845, Pal. fr., ter. crét., IIT, p. 482, pl. 394, du terrain néocomien de France et de l'Ile de Wight. Avicula sublanceolata, d'Orb., 1850, Prodr., Il, p. 119, de l'étage aptien. Gervilia alpina, Pictel et Roux, 1853, Grès verts, p. 496, pl. 41, fig. 3, du gault et de l’aptien. DIMENSIONS. ILARTANR. o6oucebconoocood 0 904600000006 dote een a 000 00e : 200. Par rapport à la largeur: Longueur mesurée perpendieulairement à la largeur, à l'extrémité de l’area cardinale ...... Ua a PT NE rt A 0,23 à 0,25 Par rapport à la largeur : Epaisseur... .. DÉS MERS COSTA MEN NUE 0,16 à 0,18 ge anal os ocacosocadscosececootactoscooodesoocn dodo 26° à 290 Coquille très-allongée, peu inéquivalve à l’âge adulte; crochets presque terminaux ; région buccale très-peu développée, formant une très-petite saillie, moindre même que chez plusieurs modioles, séparée des flancs sur la valve bombée par une ligne bien marquée, oblique et sinueuse, qui n’est presque pas visible sur l’autre valve. Bord cardinal droit, occupant un peu moins de la moitié de la longueur de la coquille, se rencontrant avec le bord palléal sous un angle de 26 à 29 degrés. Extrémité anale lan- céolée, un peu acuminée. La facelte ligamentaire présente dans les échantillons de taille moyenne de 5 à 6 fosseltes larges, carrées et espacées, et, en outre, une beau- coup plus pelite qui se trouve immédiatement sous le crochet, et n’atteint pas le bord interne de la facette. La coquille est ornée de stries d’accroissement grossières el inégales, ressemblant à 16 1292 PALÉONTOLOGIE SUISSE. une série d'ogives emboîtées les unes dans les autres et dont le sommet est dirigé vers l'extrémité anale. Si on examine la région des crochets sur des individus bien conservés on voit que dans le jeune âge la coquille avait des caractères spéciaux si marqués, qu'ils ont in- duit Forbes à faire d'un jeune individu son Avicula lanceolata. À ce moment de la vie (fig. 3), la coquille cst très-inéquivalve, les stries d’accroissement sont plus régulières, plus arrondies el passent sur l'aile cardinale en formant une petite sinuosilé dont la convexité regarde le crochet. L’extrémité buccale est bien plus allongée à cet âge que chez les adultes. Hisroire. Cette espèce a été décrite pour la première fois par M. James de Carle Sowerby, qui l'a confondue avec la Gervilia oxfordienne décrite par son père sous le nom de Perna aviculoides. Les auteurs anglais ne sont pas d'accord sur la valeur de ce rapprochement, que nous ne pouvons pas admettre et que nous diseuterons plus bas. Dans tous les cas si, comme nous le pensons, ces gervilies sont distinctes, le nom de G. aviculoides doit rester à l'espèce jurassique. M. Deshayes décrivit plus tard sous le nom de G. anceps une gervilie du terrain néocomien de France, à laquelle M. d'Or- bigny rapporte l'espèce du lower greensand. La gervilie figurée dans les Grès verts sous le nom de G. alpina, et distinguée de la G. anceps par sa forme moins inéquivalve, parait tout à fait identique aux exem- plaires du lower greensand anglais, ainsi qu'aux nouveaux échantillons du terrain ap- -tien de la Perte du Rhône, qui ont servi de base à notre description. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Une comparaison directe de nos échantillons avec une bonne série de ceux de l'ile de Wight, nous a prouvé que l'espèce de la Perte du Rhône est bien celle qui a été figurée dans la pl. 511 du Mineral Conchology. Nous avons ac- cepté l'opinion de MM. d'Orbigny el Forbes, qui la considèrent comme identique à la G. anceps, Desh., malgré quelques différences, dont l'absence de bons échantillons de France nous empêchent de discuter la valeur el qui nous laissent encore des doutes. La plus importante est un amincissement plus grand dans cette dernière du bord car- dinal, qui forme une sorte d'’aile plus étendue et plus séparée des flanes que cela n’a lieu dans nos échantillons. On peut ajouter encore que le Lype figuré par M. d'Orbi- gny est un peu moins épais, plus inéquivalve, el qu'il a la région buccale plus allon- gée et les fossettes ligamentaires plus irrégulièrement espacées. La coupe des exem- plaires anglais faite à l'extrémité du bord cardinal [fig. 4, a) s'accorde tout à fait avec celle des nôtres; elle montre des valves presque également bombées el épaisses, tandis que la coupe de la G, anceps donnée par M. Leymerie indique une valve presque plate et bien plus mince que l’autre. Une coupe faite plus près de l'extrémité (fig. #4, b) s'en rapproche davantage. Si plus tard une comparaison plus complète prouve que ces différences ont une valeur spécifique, l'espèce que nous décrivons ici devra prendre FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 123 le nom de Gervilia lanceolata, à cause du nom d'Avicula lanceolata donné par Forbes au jeune âge de celte coquille. La gervilie du lowcr greensand a de très-grands rapports avec quelques espèces ju- rassiques, mais comme nous l'avons dit plus haut, nous ne pouvons point admetlre leur identité. Nous l’avons comparée directement avec quelques échantillons d'Osming- ton, localité oxfordienne, qui a fourni à Sowerby les types de la véritable G. avicu- loides. Ces échantillons ont les fossettes ligamentaires beaucoup plus nombreuses, plus longues et plus serrées que cela n’a lieu dans l'espèce crétacée. Une comparaison sem- blable avec des échantillons du terrain kimméridgien du Hàävre nous fait penser que M. d’Orbigny a séparé avec raison la G. kimmeridgiensis, qui a une forme plus cylin- drique, moins aplatie, une area ligamentaire plus large, plus baillante et occupant sous les crochets toute la largeur de la coquille. LocaLrrÉés. Notre gervilie se trouve à la Perte du Rhône, principalement dans les grès durs {d), où elle est assez rare. Musée de Genève et collection Renevier. Nous en pos- sédons également un échantillon de la marne jaune {h) de cette même localité [collec- tion Renevier), et un de la marne jaune de Ste-Croix. Collection Campiche. Explication des figures. PI. XVIII. Fig. 1, à, b, c. Individu adulte: a, vu du côté de la grande valve, b, vu du côté cardinal; c, vu du côté palléal. Fig. 2. Individu plus jeune. Fig. 3. a, b. Très-jeune individu (Avicula lanceolata, Forbes). Fig. 4, a. Coupe d’un adulte, prise à l'extrémité du bord cardinal, c’est à-dire à peu près vers le milieu de la coquille. Fig. 4, b. Coupe du même, prise au milieu de Ja distance comprise entre la coupe précédente et l'extrémité anale. Ces échantillons, figurés de grandeur naturelle, proviennent du lower greensand d’Atherfield (Ile de Wight). GERVILIA LINGULOIDES, Forbes. (PL. XVIII, fig. 3 et 4). SYNONYMIE. Gervilia lingloides. Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 246, pl. 3, fig 9, du lower greensand d’Ather- field. Avicula ephemera, \d,, 1845, id, p. 247, pl. 3, fig. 6, du même gisement. Gervilia linguloides, d Orb , 1845, Pal. fr., ter. crét., III, p. 485, pl. 396, fig. 1 à 4, de l'étage aptien de Wassy. Id. d’Orb,, 1850, Prodr. IL, p. 119, de l'étage aptien. Avicula ephemera, d'Orb. 1850, id., p. 119, de l'étage aptien. Gervilia linguloides, Cornuel, 1851, Bull. Soc géol. de France, VIII. p. 440, de la couche rouge de Wassy. 124 PALÉONTOLOGIE SUISSE. DIMENSIONS. Largeur boat dom omon due vu doc) 6 cacp 00 2000 0v0b0odec co SÉMa RE ANAL EN 95mm, Par rapport à la largeur : Longueur... .............. DO UE ME LEO 0,30 à 0,32 » » EDAISSUR RER EC TEE ET CL Se Le 0,20 Coquille déprimée, allongée, à contour anguleux. La grande valve est partagée par une carène parlant du crochet, en deux surfaces inégales, perpendiculaires l’une à l’autre. Crochet terminal ou subterminal. Région buccale peu développée, arrondie, souvent séparée des flancs par une légère dépression. Région anale tronquée à son ex- trémité, prolongée du côté cardinal en une petite expansion aliforme, séparée du reste de la coquille par une légère dépression. La petite valve est presque plate. Bord car- dinal droit, offrant une surface ligamentaire très-étroite, munie de quatre à cinq pe- tites fosseltes très-écartées et d’une toute petite située immédiatement sous le crochet. Les dents de la charnière sont très-fines et très-obliques. Cette coquille n’est ornée que de stries d’accroissement inégales, plus faibles sur la petite valve, et un peu plus marquées sur la région buccale de la grande valve. Dans quelques échantillons on re- marque sur la région anale quatre à cinq faibles stries rayonnantes, visibles seule- ment sur la moitié postérieure de la coquille; chez les mêmes individus la carène qui sépare la surface parallèle de la région anale perd sa forme rectiligne et tend à dévier en dehors (fig. 4). RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. L'un de nous ayant pu éludier les échantillons figurés par Forbes, et conservés dans la collection de la Société géologique de Londres, s’est as- suré que l’Avicula ephemera n'est rien autre que le moule de la G. linguloides, ce que l'étude des figures faisait du reste déjà pressentir. Notre espèce nous parait n'avoir aucun rapport avec les autres gervilies décrites, sauf peut-être avec la G. Reichù, Roemer (Kreidegeb., p. 64, pl. 8. fig. 14), qui est figurée et décrite d’une manière trop imparfaite pour permettre une comparaison suffisante, d'autant plus que M. Roemer cite comme synonyme de son espèce le Mytilus angustus, Roemer (in Goldfuss, Pelr. Germ., II, p. 470, pl. 129, fig. 7), qui ressemble encore moins à nos échantillons. LocariTÉs. Cette espèce est assez abondante à la Perte du Rhône, où elle caractérise exclusivement la marne jaune (hk\. Musée de Genève et collection Renevier. Nous n’en connaissons pas des autres localités suisses. Explication des figures. PI. XVIII. Fig. 3, a, Echantillon normal de la Perte du Rhône, de grandeur naturelle. » Fig. 3, b. Charnière grossie. » Fig. 3, c. Coupe. » Fig. 4. Variété de grandeur naturelle, de la même localité. Tous de la collection Renevier. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 125 GENRE PERNA, Bruguière. Les pernes sont très-rares dans nos terrains. Nous n’en connaissons au- cune des marnes jaunes; les deux espèces que nous décrivons ci-dessous ont été trouvées dans les grès durs de la Perte du Rhône. Nous employons, dans la mesure des dimensions proportionnelles, la même méthode qu’au genre précédent. PERNA RICORDEANA, d'Orb. SYNONYMIE. Perna Ricordeana, d'Orb., 1845, Pal. fr., ter. crét., III, p. 494, pl. 399, de l’étage néocomien. Id. Fitton, 1847, Quart. journ. geol. Soc., IIT, p. 209 (tableau), du lower greensand. Nous renvoyons pour la description de cette perne à la Paléontologie française. Nous en possédons deux échantillons des grès durs {d) de la Perte du Rhône (Musée de Ge- nève}, et un du lower greensand d’Atherfield {collection Renevier), suffisants pour éta- blir la présence de cette espèce dans ces deux localités, mais qui ne fournissent aucun nouveau renseignement sur ses caractères. PERNA BourGueti, Pictet et Renevier. (PL. XVIII, fig. 5). DIMENSIONS. Tata Etes ocoe brad bobo door 0 non Toute 100mn. Par rapport à la largeur : Longueur mesurée perpendiculairement à la largeur........ 0,70 » » MAT Sous oone0socvosgenodbieosvodouedebeconno 0,36 Coquille déprimée, subquadrilatère, présentant une côte épaisse qui part des cro- chets et se dirige obliquement en arrière. La surface de la coquille se trouve ainsi par- tagée en deux portions, dont la postérieure ou la plus petite, comprise entre la côte et le bord cardinal et correspondant à la région anale, est déprimée au-dessous du plan de l’autre portion, qui est presque uniformément aplatie. La région anale est échancrée à son extrémité; le bord palléal est uniformément arrondi en dehors, et le côté buccal assez excavé. Cette coquille n’est ornée que de stries d'accroissement con- centriques, fortes et irrégulières. 126 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Raprorrs ET DIFFÉRENCES. Notre perne se distingue facilement de la P. Ricordeana par sa côte saillante et par l’échancrure de sa région anale. Elle a plus de rapports avec le jeune âge de la P, Mulleti, et si notre unique échantillon n’était pas déjà d’une cer- taine taille nous aurions pu hésiter à l’en séparer. Elle nous parait cependant présenter un certain nombre de différences trop caractéristiques pour permettre cette réunion. La seule côte qu'elle possède ne fait pas saillie en dehors du bord; le côté buccal est moins arqué et nest point bordé d’une côte; le bord palléal, uniformément arqué en dehors, diffère beaucoup de celui de la P. Mulleti, qui forme à tous les âges une sinuo- sité tranchante, et qui dans une P. Mulleti de la dimension de notre échantillon pré- senterait certainement une profonde échancrure. LocauiTÉés. Notre unique échantillon provient des grès durs {d) de la Perte du Rhône. Musée de Genève. Explication des figures. PI. XVIII. Fig. 5. Individu unique de grandeur naturelle. GENRE LIMA, Bruguière. La seule espèce que nous ayons à décrire ici a des caractères très-évi- dents, mais les erreurs de synonymie commises par quelques auteurs ont rendu notre tâche plus difficile. LIMA PARALLELA, (Sow.) Morris. (PI. XIX, fig. 1, a, b, c, d). SYNONYMIE. Modiola parallela, Sow., 1812, Min. conch., pl. 9, fig. 1, de Maidstone. Lima elegans, Leym., 1842, Mém. Soc. géol. de France, V, p. 27, pl. 6, fig. 6, du lerrain néocomien moyen (non Nilson, non Dujardin). Lima elongata, Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 248, du lower greensand. Lima Cottaldina, d'Orb., 1845, Pal. fr., ter. crét., ILE, p. 537, pl. 416, fig. 1 à 5, de l'étage aptien. Id. Fitton, 1847, Quart. journ. geol. Soc., IIT, p. 289 (tableau), du lower greensand. Id. Cornuel, 1851, Bull. Soc. géol. de France, VIII, p. 441, de la couche rouge de Wassy, et p. 443, de l'argile à plicatules. Lima parallela, Morris, 1854, Cat. of brit. foss., 2e éd.. p. 171. du lower grcensand de Maidstone. DIMENSIONS. Largeur. ........ Do0eio0000000vo000008ébo0aaobo0ecocoos0ooo0doo0ouevue co IRARME Par rapport à largeur: Longueur............. Booooceoconovse 0D0600enog00acoon 0,70 » » EDAISSe UE ere CET E CT OO P00E 0,60 FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 127 Coquille ovale, transverse; côté buccal long, droit ou très-légèrement excavé ; côté anal court, arrondi en une courbure régulière qui est continuée par le bord palléal. Crochets droits, formant un angle d'environ 80 degrés: oreillettes médiocres : surface ligamentaire étroite. La coquille est ornée de côtes rayonnantes en forme de toit, au nombre d'environ 18, outre quelques petites en nombre variable de chaque côté des flancs. Ces côtes sont séparées par des sillons de même largeur qu'elles ; on remarqu au fond de chacun d'eux une petite côte mince, accompagnée des deux côtés de fines stries rayonnantes. Sur la région buccale les grosses côtes sont plus aigues, plus éle- vées et plus rapprochées; elles tendent à se distancer et à s’abaisser sur la région anale. Le moule reproduit l'impression des dix-huit côtes principales, mais sous une forme arrondie. On n’y voit aucune trace des petites côtes situées au fond des sillons, non plus que de celles qui font suite aux grosses sur le côté anal et sur le côté buccal. Hisroire. Les premiers échantillons connus de cette espèce, recueillis dans le lower greensand de Maidstone, ont été décrits el figurés par Sowerby sous le nom de Mo- diola parallela, mais d’une manière si imparfaite que la plupart des auteurs subsé- quents ont négligé ou mal interprété cette première publication. Nous eussions été tout disposés à la laisser dans l'oubli, si le nom de L. parallela n'avait pas été conservé par plusieurs auteurs et appliqué d’une manière qui nous paraît exiger une rectifica- tion. Forbes a cité la L. parallela dans le lower greensand d'Angleterre, mais en la réunissant à la L. elongata, J. Sow. Cette association est douteuse, comme nous le dirons plus bas, mais à suppposer même qu'elle soit juste, Forbes aurait dû employer le nom de L. parallela qui est plus ancien, au lieu de celui de ZL. elongata. M. d'Or- bigny a émis une autre opinion. Il attribue le nom de L. parallela à une espèce céno- manienne, dépourvue de la petite côte intermédiaire. Cette opinion est inadmissible, comme le prouve l'espèce type du lower greensand de Maidstone, que nous avons entre les mains. M. d'Orbigny a associé à cette espèce cénomanienne la L. elongata, J. So- werby, et considérant l’espèce aptienne dont nous nous occupons comme n'ayant pas encore été décrite, il lui a donné le nom de L. Cottaldina, que les droits de priorité nous forcent d'abandonner. RaprorTs ET DIFFÉRENCES. Cetle lime est principalement caractérisée par sa petite côte intermédiaire qui ne permet de la comparer qu'à un pelit nombre d'espèces. Elle res- semble beaucoup à la L. elongata, J. Sow. (pl. 559, fig. 2), du gault et des craies chloritées; nous n'avons pas des matériaux suffisants pour discuter la convenance de leur séparation, sur laquelle les auteurs anglais ne sont point d’accord. Quelque soit d’ailleurs la solution de cette question, notre espèce conservera toujours son nom de L. parallela. Elle est également singulièrement voisine de la L. Itieriana, Pict. et Roux (Grès verts, p. 484, pl: 40, fig. 5), du gault, qui paraît s’en distinguer par des côtes 1928 PALÉONTOLOGIE SUISSE. un peu plus nombreuses, moins atténuées sur la région anale, et par sa forme un peu plus arrondie, et un peu plus large. Nous n’oserions toutefois affirmer que des maté- riaux plus nombreux ne puissent diminuer la valeur de ces différences. Notre lime pa- rait avoir aussi des rapports avec la L. carinata, Munst. [in Goldf., Peir. Germ., pl. 104, fig. 2), dont Goldfuss n’a figuré qu'un échantillon incomplet, qui ne permet pas une comparaison sérieuse; et avec la L. éntercostata, Dujardin (Mém. Soc. géal. de France, IT, pl. 16, fig. 8), de la craie blanche, qui est également imparfaitement connue et que M. Dujardin lui-même associe à la précédente. Locarirés. La L. parallela se trouve à la Perte du Rhône dans la marne jaune (4) (Musée de Genève et collection Renevier) et dans les grès durs (d) (Collection Rene- vier]. M. le D° Campiche nous l'a également communiquée de la marne jaune du Pont {Vallée de Joux). Elle ne paraît fréquente dans aucun de ces gisements. Explication des fiqures. PI. XIX. Fig. 1, a, b, c. Echantillon grossi de la marne jaune de la Perte du Rhône. Collection Renevier. ” d. Fragment de test grossi. Le trait indique la grandeur naturelle. GENRE JANIRA, Schumacher. Nous n'avons pas à discuter ici la valeur de cette coupe générique établie par Schumacher sous le nom de Jamira, et par M. Drouet sous celui de Neithea. Elle a évidemment peu d'importance zoologique, mais elle a l’a- vantage de grouper ensemble des espèces qui ont un facies très-spécial. Nous n’en avons trouvé qu’une seule espèce dans le terrain aptien de nos environs. JaANIRA Morrisi, Pictet et Renevier. (PI XIXS Re; a, b,1c, di) SYNONYMIE. Pecten quinquecostatus, var. «, Roem., 1841, Kreidegeb., p. 54, du Hilsconglomerat (non Sow., 1814). Id. Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 249, du lower greensand. Id. Var.?, Morris, 1847, in Fitton, Quart. journ. geol. Soc., III, p. 295 (Note), du lower greensand. Jantr'a quinquecostata, (pars), Pictet et Roux, 1853, Grès verts, p. 506, pl. 45, fig. 3, a. b, (exclus. fig. 3, c), de l'aptien. ; FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 1929 DIMENSIONS. LARBOUP 6 00e Bbebcboooodgoscoootossobabcbdocodonsdec ob lonb en bobeso do Dir Par rpron à blagues Longue ess e0tecte 060000 o 00e D nono 0,80 » » IÉLANERQUE 0/0 6 0188 ao 00 60 Man on bied do Med ele las 0,45 Angle amielléssdosessteesoconcodbodeauseebenadaéeoodbeobebhdeboe PAR 600 Coquille triangulaire, composée d’une valve inférieure convexe, à sommet fortement recourbé, et d’une valve supérieure un peu concave. Oreilles petites, médivcrement inégales, et peu contournées. La grande valve est ornée de six grosses côtes arrondies, séparées par des intervalles assez profonds. Dans celui des deux grosses côtes média- nes on remarque tantôt quatre, tantôt cinq côtes rayonnantes plus petites, dont les latérales sont les plus faibles; dans les autres intervalles leur nombre est en général de quatre, mais il se réduit quelquefois à trois, surtout dans les-intervalles externes. Toutes ces côles longitudinales sont coupées par des stries d’accroissement fines, ré- gulières et parallèles au bord. En dehors des deux côtes extérieures, la coquille est presque toujours lisse et marquée seulement de stries d'accroissement obliques; quel- quefois cependant on y remarque aussi un léger pli costiforme peu apparent. Les oreil- les sont lisses et marquées seulement de stries d’accroissement. La petite valve est ornée de six côtes rayonnantes, canaliculées, dans les intervalles desquelles on remarque trois, rarement quatre, côles rayonnantes plus petites. La face interne de cette der- nière valve, que l’on trouve plus fréquemment que l’externe, est convexe, a une ap- parence plus lisse, et reproduit en les affaiblissant les ornements de l’autre face. Quel- ques côtes se subdivisant en stries secondaires, multiplient ainsi leur nombre, mais seulement en apparence. Rapports ET DIrFÉRENCES. Notre janira se distingue principalement de la J. quin- quecostata, par le caractère qu'indique M. Morris, savoir, les area lisses qu’elle présente en dehors des côtes externes, tandis que ces mêmes régions sont ornées, dans l'espèce cénomanienne, de côtes aussi apparentes que celles du reste de la coquille. On peut ajouter que les oreilles de la véritable J. quinquecostata sont plus grandes, plus iné- gales, ornées de stries rayonnantes faisant suite aux côtes des area externes, et que les intervalles intercostaux sont moins excavés que dans notre espèce. Hisromme. Malgré ces différences, cette janira a été généralement confondue avec la J. quinquecostata. M. d'Orbigny a le premier reconnu que cette assimilation était er- ronée; il a montré que les janira néocomiennes, qui avaient été décrites sous ce nom par MM. Roemer, Leymerie, Matheron et Forbes, doivent en être spécifiquement sé- parées. En acceptant complétement celte manière de voir nous ne sommes pas aussi certains que M. d'Orbigny que toutes ces coquilles appartiennent bien à une seule et même espèce, et nous sommes en désaccord avec lui sur le nom qu'il lui donne. Cet 17 150 PALÉONTOLOGIE SUISSE. auleur en effet assimile cette espèce au P. atavus, Roemer, (Ool. Geb., suppl., p. 29, pl. 18, fig. 21), dont la description se rapporte évidemment au contraire à celle dont M. d'Orbigny a fait sa J. neocomiensis, et qui est si clairement caractérisée par ses intervalles plais, ornés de stries rayonnantes au lieu de côtes, et de stries d’accroisse- ment très-accusées et fortement infléchies du côté du crochet. Il est d'autant plus évi- dent que M. Roemer a bien envisagé cette espèce comme nous-venons de le dire, qu'il cite ailleurs deux janira dans le hilsconglomerat : le P. atavus et le P. quinquecosta- tus, var. z; celte dernière espèce est évidemment celle qui nous occupe ici, ainsi que le prouve incontestablement le texte mème de la deseriplion !. En 1847, M. Morris s’aperçut également que l’espèce du lower greensand n'élait pro- bablemeni pas le véritable P. quinquecostatus, mais il la conserva avec doute sous ce nom, comme une variété particulière. Dans la Description des mollusques des grès verts, deux espèces ont de même été réunies sous le nom de J. guinquecostatu. Nos nou- velles études nous ont montré que ce nom ne doit être attribué qu'aux échantillons du gault; ceux du terrain aplien, signalés déjà alors comme ayant les area externes lis- ses, appartiennent à notre nouvelle espèce. Cette janira n'ayant encore reçu, comme nous venons de le montrer, aucun nom qu'elle puisse conserver, nous la dédions au géologue anglais qui a signalé son véritable caractère distinctif ?. Nous avons dit plus haut que M. dOrbigny avait donné le nom de J. atara aux ja- nira du lower greensand et du terrain néocomien qui appartiennent à ce type, et nous avons montré que ce nom ne peut en aucune manière leur être conservé. Comme nous l'avons déjà dit, il nous reste quelques doutes sur la convenance de les réunir toutes en une seule espèce. Il ne serait pas impossible qu'il v eùt dans les terrains cré- tacés inférieurs au gault, deux janira appartenant au type de la J. quinquecostata. L'une d'elles, figurée dans la Paléontologie française, caractérisée par des sillons plus profonds et par des côles plus inégales, atteignant souvent une grande taille, appartiendrait au terrain néocomien proprement dit. L'autre (J. Morrisi) rappelant mieux le facies et la taille de la J. quinquecostata, caractériserait le lower greensand d'Angleterre et le ter- rain aptien de nos environs. Nous devons en terminant faire remarquer que quelle que soit la solution de cette question, elle n'influera en rien sur le nom spécifique que doivent porter nos échan- tillons. S'il n'y a qu'une seule espèce, le nom de J. Morrisi devra être substitué à ce- 1 Roëmer (Kreidegeb., p. 54.) caractérise ces deux espèces ainsi qu'il suit: P. atavus : Schmal, zwischen je zwei Rippen 5-6 sehr schwache Längsfürchen, mit flachen, niedergedrück- ten Zwischenräumen, und stark aufwärts gehogenen, feinen concentrischen Linien. P. quinquecostatus : ZWischen je zwei stärkeren, über den unteren Rand deutlich vorragenden Rippen, lie- gen 4 schwächere. ? La distinclion de ce caractère différentiel a été attribuée par erreur à E. Forbes. Elle est due au contraire à M. Morris. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 151 lui de J. atava, d'Orb. {non Roemer); s'il y en a deux, l'espèce du néocomien pro- prement dit devra recevoir un nouveau nom. LocaLirés. La J. Morrisi est très-abondante à la Perte du Rhône dans la marne jaune (h). Elle est plus rare dans la couche à orbitolites {g) et dans les grès durs [d). Musée de Genève et collection Renevier. M. Campiche l’a également trouvée dans la marne jaune de Sainte-Croix, où elle parait rare. Explication des figures. PI. XIX. Fig. 2, a, b, ce. Echantillon grossi, de la marne jaune de la Perte du Rhône. Collection Renevier. » d. Face interne de la petite valve. GENRE PECTEN, Gualtieri. Nous ne décrivons iei que deux espèces de peignes, dont lune caractérise à la Perte du Rhône le terrain aptien supérieur, et dont l’autre n’a été trouvée, au contraire, que dans Paptien inférieur. Ainsi que dans les genres précédents, nous prenons pour base des dimensions, la largeur mesurée de- puis l'extrémité du erochet jusqu'à la partie la plus saillante du bord pal- léal. PEectEN DüTEMPLEr, d'Orbigny. CPE OS ANDRE) SYNONYMIE. Pecten interstriatus, Leym., 1842 (non Munst., 1841), Mém, Soc. géol. de France, V, p. 10. pl. 13, fig. 1, des grès verts. P. obliquus, Forbes, 1845 (non Sow , 1822), Quart journ. geol. Soc., 1, p. 249, du lower greensand. P. Dutemplei, d'Orb., 1845, Pal. fr., ter., crét , IT, p. 596, pl 433, fig. 10-13, du gault. Id. d'Orb., Prodr., IT, p. 139, de l’étage albien. P. aptiensis, Pictet et Roux, 1853 (non d'Orb.), Grès verts, p. 511, pl. 46, fig. 3, des grès aptiens. 2 P. Dutemplei, id., 1853, id., p. 519, pl. 46, fig. 4, du gault du Saxonet. P. interstriatus, Morris, 1854, Cat. of brit. foss., p. 176, du lower greensand et de l’upper greensand. P. aptiensis, Renevier, (non d'Orb.), Perte du Rhône, p. 31, des grès durs de la Perte du Rhône. DIMENSIONS. AA cbobadecoccccbocdodrébbns ones becs VHBeneo dope oeBBPoco se 55m, Parirap pont ellaNla re eue OnC EURE CPC EE CRC CEE CEE CRE ECC 0,82 » » » DHAREPes secoovococooracevgdoneusesbeocepooebeue 0,25 Angle amiaahseoostmoudeuscouencososaodocoopgeodeacetpbpobasoe to :60000 0 87° 132 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Coquille ovale, transverse, un peu allongée; les deux valves inégalement et peu for- tement bombées. La plus convexe est ornée d'une cinquantaine de côtes rayonnantes, assez saillantes, rapprochées, et ornées de lames imbriquées qui se relèvent à leur extrémité et qui, en s’approchant des bords, tendent à dépasser la côte en largeur et à se réunir en rides transversales. Souvent entre ces côtes on en voit apparaitre une plus petite assez variable. Les intervalles sont inégaux en largeur et ordinairement, surtout sur les bords, un peu plus larges que les côtes; ils sont couverts de fines stries serrées, parallèles aux côtes dans le milieu de la coquille, et devenant de plus en plus obliques vers les extrémilés anale et buccale. Les oreilles de cette valve sont grandes. La buccale est ornée de petites côtes rayonnantes, coupées par des rides concentriques qui se relèvent en passant sur elles. L'oreille anale est plus petite et ne présente que des rides d’aceroissement. L'autre valve est plus plate et offre des ornements à peu près analogues; mais les côtes y sont plus fines, moins saillantes et généralement plus serrées. L'oreille buc- cale est échancrée et marquée de fortes rides arquées, parallèles au bord. Le moule est lisse. Crservarion. Ce peigne présente quelques variations dans le nombre et la dispo- sition des côtes. Tantôt elles sont toutes égales et séparées par des intervalles régu- liers, comme l'indique fort bien la figure de M. Leymerie. Souvent aussi on voit naitre entre chacune des grandes côtes, ou du moins dans le plus grand nombre des inter- valles, une petite côte fine. C’est cetle variété que M. d'Orbigny ! a figurée sous le nom de P. Dutempla; elle correspond au grossissement de la petite valve (3, d). Dans le plus grand nombre des cas ces côtes intermédiaires sont irrégulières et tendent à se confondre avec les autres; les intervalles sont alors pius étroits et plus irréguliers, et le nombre total des côtes peut arriver au moins jusqu'à 70. Hisroire. Celte espèce a été décrite pour la première fois par M. Leymerie. Nous n'avons aucun doute sur l'identité de nos échantillons avec les types de cet auteur. Nous regrettons seulement de ne pouvoir leur conserver le nom irès-convenable de P. interstriatus, celui-ci ayant été donné précédemment par Munster à une espèce de St- Cassian. Forbes, en décrivant les fossiles du lower greensand, y a reconnu avec raison le P. interstriatus; mais par une assimilation erronée il lui a attribué le nom de P. obliquus, Sow. D'Orbigny a, suivant nous, mal interprété l'espèce de M. Leymerie. Dans la Paléontologie française, il lui a rapporté un petit peigne aptien qui en est fort différent et dont nous possédons de bons échantillons; la seule comparaison des figures données par ces deux auteurs suffit amplement pour montrer leurs différences spécifi- ! Au moment où nous écrivons ces lignes nous apprenons la mort de notre savant ami. Nous ne pouvons résister au besoin de témoigner ici nos vifs regrets et de déplorer cette perte si sensible pour la paléontologie. M. d’Orbigny avait déjà beaucoup fait, on pouvait attendre beaucoup de son infatigable activité. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 133 ques, que nous relèverons plus loin. D'Orbigny s'étant aperçu plus tard de l'existence antérieure d'un P. énterstriatus, à inscrit dans le Prodrome cette petite espèce sous le nom de P. aplensis, en continuant à citer à tort en synonymie le nom donné par M. Leymerie. Par contre, il a cru devoir établir, sous le nom de 2. Dutemplei, une espèce que nous considérons comme identique à celle qui nous occupe ici. Nous basons cette identification sur la comparaison minutieuse d’un très-grand nombre d'échantillons du lower greensand et de l'upper greensand d'Angleterre, de l'étage aptien de Saint-Dizier, et du néocomien inférieur de Beltancourt-la-Ferrée et du Mont Salève. Nous avons ainsi pu constater la variabilité de la petite côte intermédiaire que d’Or- bigny semble considérer comme le caractère essentiel de cette espèce. Toutes les an- tres parties de la description du P. Dutemplei, ainsi que ses dimensions s'accordent tout à fait avec nos échantillons. Le seul point de la figure qui puisse donner quel- ques doutes est l'absence d’ornementation sur son oreillette; mais la description n’en fai- sant pas mention, nous n'avons pu apprécier la valeur de cette légère différence qui peut résulter de l’usure. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Le peigne que nous venons de décrire a de grands rapports avec les 2. Robinaldinus, P. Gallienne et P. aptiensis de la Paléontologie française, qui présentent tous des stries obliques entre les côtes. Le P. Robinaldinus en particu- lier, en est très-voisin et ne parait en différer que par des côtes un peu plus grosses, plus larges et plus rapprochées, sur lesquelles les stries se continuent au lieu de rester confinées dans les intervalles intercostaux. Le P. Galliennei et le P. aptensis se distin- guent plus facilement du P. Dutemplei par leurs côtes moins nombreuses, séparées par des intervalles bien plus grands, plus plats et plus réguliers. Locazutés. Nous n'avons rencontré ce peigne à la Perte du Rhône que dans les grès durs (d). Musée de Genève et collection Renevier. M. Campiche nous en a communi- qué deux exemplaires provenant du terrain aptien du Pont {Vallée de Joux). Explication des figures. PI. XIX. Fig. 3, a. Valve bombée du Pont. Collection Campiche. » b. Valve plate de la Perte du Rhône. Musée de Genève. » c. Grossissement du test de la valve bombhée, pris entre le milieu et l'extrémité anale du bord palléal. ” d. Grossissement de la valve plate, pris dans la région correspondante. » e. Trait indiquant la courbure des deux valves. 1354 PALÉONTOLOGIE SUISSE. PECTEN GREppini, Pictet et Renevier. (PI. XIX, fig. 4, a, b.) DIMENSIONS. LERAEUPE coco oobsbosooebtl Gocooobposcabbecdgescosoccsdnoboosee © JE PAP rapporte le lanenrs Loeb pe sbepéosscossocvaoes00esve 0,80 à 0,85 ) EDAaISSeUL NE EM EE CPC EE ER ECC RE EE EE LEE 0,25 DATES IG IA ee een LOUE EMAIL ANS A PRE EEE EUR RU TRS 900 Coquille ovale, transverse; les deux valves très-peu et presque également bombées. Leur surface est lisse, marquée seulement de quelques lignes concentriques très-peu apparentes, et de très-fines stries rayonnantes, arquées comme dans le P. wrgatus, mais beaucoup moins visibles, plus irrégulières, plus espacées, et non accompagnées de points. Les oreillettes sont petites, inégales et lisses. 5 RAPPORTS ET DICTFÉRENCES. Parmi les espèces décrites, celle qui a le plus de rapport avec la nôtre est le P. alpinus, mais celui-ci est beaucoup plus orbiculaire, son angle apicial est bien plus ouvert, et ses stries concentriques, plus fortes et plus rapprochées, forment avec les stries rayounantes un treillis bien différent de la surface lisse du P. Greppini. Le P. orbicularis, qui se rapproche beaucoup de notre espèce par ses valves lisses et très-aplaties, s’en différencie par sa forme plus orbiculaire, ses oreillettes éga- les, ses stries concentriques plus fortes et plus régulières, et ses stries rayonnanies, par contre, encore moins apparentes. Le P. Cottaldinus se distingue non moins facile- ment du P. Greppini par son épaisseur bien plus grande, ses stries concentriques plus fortes et plus régulières, et ses stries rayonnantes obliques et interrompues. Quant aux P. striato-punctatus et P. virgatus, ils sont clairement caractérisés par leurs lignes de points enfoncés. Le P. calvus, Goldf. du Lias d'Allemagne, qui a aussi quelque analogie avec le nôtre, s’en distingue par ses stries concentriques plus accusées et plus régu- lières, et par ses stries rayonnantes beaucoup plus fortes et non arquées. LocaLiTÉs. Le P. Greppini est plutôt rare à la Perte du Rhône, où il ne se trouve que dans la marne jaune (k). Musée de Genève et collection Renevier. Le seul autre gisement où nous ayons pu le constater jusqu'ici est le lower greensand d’Atherfield {Crackers}), où il est très-rare et d’où nous en avons trois bons échantillons sous les veux. {Collection Renevier). Explication des figures. PI. XIX. Fig 4, a. Echantillon de grandeur naturelle, de la Perte du Rhône. Collection Renevier. > b..Le même gross. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 1355 GENRE HINNITES, Defrance. Nous n'avons trouvé à la Perte du Rhône qu’une seule espèce d’hinnite qui caractérise l'étage aptien supérieur. Elle a déjà été décrite dans les Mol- lusques des grès verts, et nous n’en avons recueilli depuis lors aucun nouvel exemplaire qui nous permette de compléter sa description el sa synonymie. HinNitESs Favrinus, Pictet et Roux. SYNONYMIE. Hinnites Leymeriei, Forbes, 1845 (non Desh.?), Quart. journ. geol. Soc., 1, p. 250, du lower greensand d’Ather- field. H. Faxrinus, Pictet et Roux. 1853, Grès verts, p. 503, pl. 43, fig. 2, et pl. 44, des grès durs de la Perte du Rhône. Id. Renevier, 1854, Perte du Rhône, p. 31, des grès durs (d) de la Perte du Rhône. Nous avons pu comparer directement nos échantillons de la Perte du Rhône avec ceux d’Atherfield, dont nous possédons de bons échantillons. [Collection Renevier). Nous aurions aimé pouvoir faire la même comparaison avec l'hinnite du terrain néocomien de France, car nous avons quelques doutes sur la convenance de séparer ces deux espèces, d'autant plus que Forbes a associé ses échantillons à celle de M. Des- hayes. La coquille figurée par cet auteur étant assez incomplète n’a pas été décrite d’une manière suffisante; elle présente des côtes beaucoup moins nombreuses qu'aucun de nos échantillons anglais ou suisses. Les exemplaires de d’Orbigny paraissent, d’après la figure, avoir eu des côtes aussi nombreuses que les nôtres, mais d’après sa descrip- tion les deux valves sont peu inégales en convexité, tandis que dans tous les nôtres, y compris ceux du lower greensand, une des valves est très-convexe, et l’autre tout à fait plate ou à peine bombée. Locaurés. L'Hinnites Favrinus n’a été trouvé à la Perte du Rhône que dans les grès durs {d). Musée de Genève et collections de MM. Favre et Renevier. GENRE SPONDYLUS, Gessner. Les terrains aptiens de nos environs ne renferment également qu'une seule espèce de spondyle, qui est déjà connue, et sur laquelle nous n'avons aucun document nouveau à ajouter. 156 PALÉONTOLOGIE SUISSE. SPONDYLUS BRUNNERI, Pictet et Roux. SYNONYMIE. Spondylus Brunneri, Pictet et Roux, 1853, Grès verts, p. 514, pl. 47, fig. 1, des grès durs de la Perte du Rhône. Id. Renevier, 1854, Perte du Rhône, p. 31, des grès durs (d) de la Perte du Rhône. Nous renvoyons pour la figure et la description de cette espèce aux ouvrages cités ci-dessus. N'ayant pas trouvé de nouveaux échantillons, nous n'avons pu éclaircir nos doutes relativement à la petite variété provenant du gault. Locazrrés. Notre spondyle se trouve à la Perte du Rhône dans les grès durs (d). Mu- sées de Genève et de Berne, et collection Renevier. M. Campiche nous l'a aussi com- muniqué des couches aptiennes de Ste-Croix et du Pont {Vallée de Joux), où il pa- rait rare. Nous n’en connaissons aucun échantillon du lower greensand anglais. GENRE PLICATULA, Lamarck. Nous trouvons dans les terrains crétacés de la Perte du Rhône trois es- pèces de plicatules. L’une d'elles est la P. placunea, Lam., dont la synonymie n’a jamais donné lieu à aucune confusion; elle est spéciale chez nous aux grès aptiens. Les deux autres ont été souvent confondues sous le nom de P. radiola, mais nous persistons à les considérer comme distinctes, ainsi que cela à eu lieu dans les Mollusques des grès verts. Nous serons seulement appelés à faire quelques modifications dans leur synonymie. L'une, la P. Gurgitis, paraît chez nous spéciale au gault, et nous n’avons par conséquent pas à nous en occuper directement. L'autre, dont nous parlerons plus bas sous le nom de P. inflata, se trouve à la fois dans le gault et dans l'étage aptien supérieur. PLICATULA PLACUNEA, Lamarck. SYNONYMIE. Plicatula placunea, Lamarck, 1819, Anim. s. vert., VI, p. 186, n° 8. Spondylus strigilis, Brong., 1822, in Cuvier, Ossem. foss., pl. 9, fig. 6 (4° éd., IV, p. 173 et 645), de la Perte du Rhône. Plicaltula placunea, Leym., 1842, Mém. Soc. géol. de France, V, p. 16 et 27, pl. 13, fig. 2, des grès verts infé- rieurs. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 137 Plicatula placunea, Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 249, du lower greensand. Id. d’Orb., 1846, Pal. fr., ter. crét., III, p. 682, pl. 462, fig. 11 à 18, de l'étage néocomien et de l'étage aptien. Id. Cornuel, 1851, Bull. Soc. géol. de France, VIII, p. 436, du calcaire à spatangues, et p. 443, de l'argile à plicatules. Id. Pictet et Roux, 1853, Grès verts, p.518, pl. 47, fig. 5, des grès aptiens de la Perte du Rhône. Nous n’avons rien à ajouter sur cette espèce qui est bien connue, et nous renvoyons pour sa description aux ouvrages cités ci-dessus. Locauirés. Cette espèce, fréquente à la Perte du Rhône, paraît y caractériser exclu- sivement l’étage aptien supérieur {d, e). Musée de Genève et collection Renevier. Elle est fréquente aussi dans l’étage aptien supérieur de la Presta (Val de Travers). Collec- tions Campiche et Renevier. M. le D' Campiche nous l’a également communiquée des couches aptiennes de Ste-Croix, où elle parait rare. PLICATULA INFLATA, J. Sowerby. SYNONYMIE. Plicatula spinosa, Mant., 1822 (non Sow., 1819), Geol. of Sussex, p. 129, pl. 26, fig. 13, 16, 17, de la craie marneuse. PL. inflata, 3. Sow., 1823, Min. conch., pl. 409 (les 3 fig. inf.), de la craie marneuse de Hamsey. Pl. inflata, Goldf., 1834, Petr. Germ., II, p. 102, pl: 107, fig. 6, du grès vert de Westphalie. PI. radiola, d'Orb., 1846 (partim) (non Lamk.?), Pal. fr., ter. crét., IT, p.683, pl. 463, fig. 1 à 5 (exclus. fig. 6 et 7), de l'étage aptien. PL. spinosa, d'Orb., 1846 (non Sow., 1819), id., p. 685, pl. 463, fig. 8 à 10, de la craie chloritée de St-Florentin. PL. radiola, Pictet et Roux, 1853 (non Lamk.?), Grès verts, p. 516, pl. 43, fig. 3, de la Perte du Rhône. PI. radiola, Renevier, 1854 (non Lamk.?), Perte du Rhône, p. 31,.de l’aptien supérieur, et p. 48, du gault. PI. inflata, Morris, 1854, Cat. of brit. foss., 2° éd., p. 180, du lower chalk et de l’upper greensand. = Nous renvoyons pour cetle espèce aux Mollusques fossiles des grès verts, où elle est décrite sous le nom de PJ. radiola. Depuis lors, une comparaison directe avec de bons échantillons d'Angleterre nous a convaincus qu’elle est identique à la PJ. inflata, J. Sow., et que, par contre, elle diffère sensiblement de la P/. pectinoides du même auteur. Or ces deux espèces avaient été réunies à la P/. radiola de Lamarck, tant dans l'ouvrage | précité que dans ceux de d’Orbigny. En admettant maintenant leur séparation, nous nous trouvons embarrassés pour savoir à laquelle des deux attribuer le nom de La- marck. La description donnée par cet auteur est si incomplète qu'elle ne peut fournir aucune base certaine. Le mot costs crebris, et le fait que dans la 2° édition M. Des- hayes cite en synonymie la P{. pectinoides et non pas la PI. inflata, peut faire penser que le nom de PJ. radiola ne doit pas s'appliquer à notre espèce, et nous trouvons plus convenable de lui conserver le nom de P/. inflata, qui ne peut entraîner aucune confusion. 18 138 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Un second fait dont nous a convaincu l'étude des échantillons anglais, c’est que la PI. pectinoides, J. Sow., est identique à la PL. qurgitis, Pictet et Roux. Le nom donné par J. Sowerby doit être abandonné, comme ayant déjà été appliqué par Lamarck à une autre plicatule; l'espèce du gault devra conserver celui de PI. gurgitis, à moins qu'on ne puisse plus tard reconnaître avec certitude que c’est elle que Lamarck a eue en vue en créant sa P[. radiola. LocauTés. La PL. inflata se trouve à la Perte du Rhône dans l'étage aptien supérieur où elle n’est pas commune. Musée de Genève et collection Renevier. Elle existe aussi dans les couches aptiennes de Ste-Croix, où elle est rare. Collection Campiche. GENRE OSTREA, Linné. Nous citons ci-dessous quatre espèces d'huitres, dont une seule de la marne jaune () et les trois autres des grès durs (d). Ce dernier étage, tant à la Perte du Rhône qu’au Pont (Vallée de Joux), nous a fourni quel- ques fragments indiquant l'existence d’une cinquième espèce, voisine des A. macroptera, Sow., À. Milletiana, d'Orb., etc., mais ils sont trop impar- faits pour permettre une détermination certaine. OSTREA CouLonr, (Defrance) d'Orbigny. SYNONYMIE. Huitre, Bourguet, 1742, Traité des pétrifications, pl. 14, fig. 84 et 85. 1 Gryphæa latissima, Lamk., 1819 (non Ostrea latissima, Brocc., 1814), Anim. s. vert., VI, p. 199, n° 7 (Cite les fig. de Bourguet.) G. Couloni, Defr., 1821, Dict. sc. nat., XIX, p. 534, du Jura des environs de Neuchâtel. G. sinuata, Sow., mars 1822 (non Ostrea sinuata, Lamk., 1819), Min. conch., pl. 336, du lower greensand. G. aquila, Brong., juin 1822, in Cuv. oss. foss., pl. 9, fig. 11 (4° éd., IV, p. 173 et 646), de la Perte du Rhône. Ex. aquila, Goldf., 1834, Petr. Germ., IT, p. 36, pl. 87, fig. 3, du grès vert de Westphalie. Amp hidonte aquila, Pusch, 1837. Polens Palæont., p. 38. Exogyra sinuata, Leym., 1840, Bull. Soc. géol. de France, XI, p. 121. Id. Roemer, 1841, Nord. Kreidegeb., p. 47, du Hilsthon et du Hilsconglomerar. Id. Leym., 1842, Mém. Soc. géol. de France, V, p. 16 et 98, pl. 12, fig. 1 et 2, des grès verts in- férieurs. Ex. subsinuata, Leym., 1849, id., p. 16 et 28, pl. 12, fig. 3 à 7, du néocomien inférieur. Gryphæa sinuata, Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 250, du lower greensand. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 139 Ostrea Couloni, d’Orb., 1846, Pal. fr., ter. créc., IL, p. 698, pl. 466 et 467, fig. 1 à 3 du néocomien inférieur. O. aquila, d'Orb., 1846, id., p. 706, pl. 470, de l'étage aptien. Id. Pictet et Roux, 1852, Grès verts, p. 520, pl. 48, des grès aptiens de la Perte du Rhône. Id. Renevier, 1854, Perte du Rhône, p. 31, de l’étage aptien supérieur (exclus p. 25. de la marne jaune). Exogyra sinuata, Morris, 1854, Cat. of brit. foss., 2° 6d., p. 167, du lower greensand. Après la comparaison d’une grande série d'échantillons des terrains aptien et néoco- mien inférieur de Suisse, de France et d'Angleterre, nous nous sommes convaincus de la nécessité de réunir en une seule espèce les O0. aguila (G. sinuata) et O0. Coulont (G. subsinuata). Les seuls caractères différentiels donnés par les auteurs pour les dis- tinguer à l’âge adulte sont: l’ensemble plus anguleux en dessous, la forme acuminée au labre et les plis anguleux de la valve supérieure dans l'O. Couloni; ainsi que l'absence de nodosités et de côtes chez l'O. aquila. Or nous possédons des échantillons de l’étage aptien, qui ont tous les caractères de facies de l'O. aquila; avec des ondulations très- marquées, une carène bien prononcée et noduleuse, et des stries d’accroissement très- anguleuses. Nous en avons par contre du terrain néocomien inférieur qui, avec les formes normales de l'O. Couloni, sont parfaitement lisses et ont une carène médiocre. Il est donc impossible de méconnaitre que des formes identiques se retrouvent dans les deux terrains. Nous devons toutefois faire observer que certaines variétés paraissent présenter une distribution plus spéciale. C’est en particulier le cas de celles décrites par Leymerie sous les noms de aqguilina el de falciformis, qui, chez nous, ne se rencon- trent que dans l'étage néocomien inférieur. Nous pouvons ajouter que ces variétés dif- fèrent bien plus de la véritable O. Couloni que le type de celle-ci ne diffère de la plu- part des O. aquila. LocauTÉs. L’O. Coulonti ne se trouve à la Perte du Rhône que dans l'étage aptien supérieur (d, e}, où elle n’est pas rare. Elle se rencontre assez fréquemment dans le même étage à Ste-Croix el à la Presta. (Collection Campiche.) OSTREA CONICA, (Sow.) d’Orb. (PL XX, fig. 1, a. b, c, d.) SYNONYMIE. Chama conica, recurvata et plicata, Sow. 1813, Min. conch., pl. 26, de Blackdown et de l’upper greensand. Exogyra conica, J. Sow., 1829, Min. conch., pl. 605, fig. 1 à 4, des mêmes gisements. Ex. lœvigata, J. Sow., 1829, id., fig. 5 à 6, du grès vert d'Irlande. Ex. subcarinata, Munst., 1834, in Goldf., Peter. Germ., IL, p. 37. pl. 87, fig. 4, du grès vert de Westphalie. Gryphæa conica, Desh., 1836, in Lamk., Anim. s. vert, 2° éd., VII, p. 210. Exogyra conica, Roem., 1841, Kreidegeb., p. 47, du Hilsconglomerat. Id.? Leym, 1842, Mém. Soc. géol. de France, V, p. 28, du gault d'Ervy. Gryphæa conica, Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 250, du lower greensand. ? Ostrea Rauliniana, d'Orb:, 1846, Pal. fr., ter. crét., III, p.708, pl. 471, fig. 1 à 3, du gault. 140 PALÉONTOLOGIE SUISSE. O. conica, d'Orb.. 1846, id., p. 726, pl. 479, fig. 1 à 3, de la zone de l’Am. Rhotomagensis. Exogyra conica, Fitton, 1847, Quart. journ. geol. Soc., IIT, p. 289 (tableau), du lower greensand. Ostrea Rauliniana, Pictet et Roux, 1853, Grès verts, p.-522, pl. 50, fig. 1, des grès inférieurs de la Perte du Rhône. I] faut y ajouter la fig. 6 d de la pl. 47, rapportée à tort à l'O. arduennensis. Même gisement. Nous rapportons à l'O. conica quelques échantillons que nous avions précédemment attribués à d’autres espèces. L'un d'eux en particulier a été décrit dans les Grès verts sous le nom d’O. Rauliniana. Une nouvelle étude, sans modifier tout à fait notre pre- mière opinion, nous a montré qu'il était impossible de ne pas l'identifier à plusieurs autres échantillons qui rentrent évidemment dans l'O. conica, et sont parfaitement sem- blables à des exemplaires du lower greensand anglais et de Blackdown, d’une déter- mination incontestable. Nos doutes ne portent plus que sur la convenance de séparer de notre espèce l'O. Rauliniana de d’Orbigny; nous sommes même portés à croire que cette séparation et peut-être aussi celle de l'O. halioñdea du même auteur ne re- posent pas sur des caractères suffisants. Dans le Memoire géologique sur la Perte du Rhône, l’un de nous a cité dans l'étage aptien supérieur, sous les noms de O0. Rauliniana, O. canaliculata et O. arduennensis quelques individus que de nouveaux échantillons et la comparaison avec ceux du lower greensand anglais nous font rapporter à l'espèce dont nous nous occupons maintenant. On distinguera facilement cette espèce de l'O. Boussingaulti par l'absence des côtes ou plis sur la grande valve, et par sa petite valve moins finement lamelleuse. Locairés. Nos échantillons proviennent de l’étage aptien supérieur (d, e) de la Perte du Rhône, où cette espèce est assez rare. Musée de Genève et collections Tollot et Re- nevier. Elle parait également rare dans les couches aptiennes de Ste-Croix, d’où M. le D: Campiche nous en a communiqué quelques échantillons. Explication des figures. PI. XX. Fig. 1, a, b, c. Echantillon des grès durs de la Perte du Rhône. Musée de Genève. » d. Echantillon de la Presta, avec une petite valve adhérente. Collection Campiche. ” e. Echantillon de Sainte-Croix. Collection Campiche. Toutes ces coquilles ont été dessinées de grandeur naturelle. OSTREA BOUSSINGAULTI, d'Orbigny. (PI. XIX, fig. 5, a. b, c, d. e.) SYNONYMIE. Exogyra subplicata, Roëm., 1839 (non Desh., 1824), Ool. Geb., Suppl., p. 25, pl. 18, fig. 17, et Kreidegeb., p. 47, du Hils. Er. spiralis? var., Roëm., 1839 (non Goldf., 1834), id., p. 25, pl. 18, fig. 18, et Kreidegeb., p. 48, du Hils. Ex. subplicata, Leym., 1842 (non Desh.), Mém. Soc. géol., V, p. 18, pl. 11, fig. 4, 5 et 6, du terrain néocomien inférieur et moyen. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 141 Ostrea Boussingaulti, d'Orb., 1842, Foss. de Colombie, p. 57, pl. 3, fig, 10 et pl. 5, fig. 8 et 9. Gryphæa harpa, Forbes, 1845 (non Goldf.), Quart. journ. geol. Soc., I, p. 250, pl. 8, fig. 12, du lower green- sand. Ostrea Boussingaulti, d'Orb., 1846, Pal. fr., ter. crét., III, p. 702, pl. 468, du terrain néocomien. Id. Geinitz, 1849, Quadersand. Geb., p. 204, du Hils. Exogyra spiralis, Strombeck, 1849 (non Goldf.), Zeitschrift deutsch. geol. Gesell., I, p. 464, du néocomien du Brunswick. Ostrea Boussingaulti, Cornuel, 1851, Bull. Soc. géol. de France, VIII, p. 436, 438, 441 et 443, du néocomien inférieur, de la couche rouge et de l'argile à plicatules. Ex. subplicata, Giebel, 1852, Deutsch]. Petref., p. 338, du Hils. Ostrea harpa, Pictet et Roux, 1853 (non Goldf.), Grès verts, p. 526, pl. 49, fig. 2, des couches inférieures de la Perte du Rhône. : Id. Renevier, 1854, Perte du Rhône, p. 25, de l'étage aptien inférieur (g, h), de la Perte du Rhône. Exogyra harpa. Morris, 1854 (non Goldf.), Cat. of brit. foss., 2e 6d., p. 166, du lower greensand. [2 Après avoir comparé un grand nombre d'échantillons de diverses localités suisses, françaises el anglaises, nous revenons à l'opinion de d'Orbigny, qui considère cette pe- tite huître comme identique à son 0. Boussingaulti. Ce qu'il y a de très-remarquable et qui nous avait jusqu'ici laissé quelques doutes, c’est que dans les terrains aptiens de nos environs aussi bien que dans ceux d'Angleterre et de France, elle se présente presque exclusivement sous la forme des fig. 6 à 9 de d’Orbigny, que cet auteur con- sidère comme le jeune âge de celte espèce. et qui nous parait au contraire être le type le plus fréquent. C'est en effet cette forme seule qui a été décrite par Roëmer et Ley- merie sous le nom de Ex. subplicata, et par Forbes sous celui de G. harpa, noms qui malheureusement ne peuvent être conservés ni l’un ni l’autre, le premier ayant été em- ployé auparavant pour une espèce tertiaire, et le second donné par Goldfuss à des échantillons des grès verts de Westphalie que les auteurs allemands s'accordent à re- garder avec d’Orbigny comme le jeune âge de l’O. flabella. LocaLirés. L'O. Boussingaulti n’est pas rare dans l’élage aptien inférieur de la Perte du Rhône {g, h}, de Sainte-Croix et de la Presta. Musée de Genève et collections Cam- piche et Renevier. Explication des figures. PI. XIX. Fig. 5. a, b. Grande valve d’une variété fréquente dans nos couches. Perte du Rhône. Coll. Renevier. us c. Autre échantillon de la même variété; même localité. Musée de Genève. » d, e. Petite valve de la Perte du Rhône. Musée de Genève. OSTREA ALLOBROGENSIS, Pictet et Roux. SYNONYMIE- O. allobrogensis. Pictet et Roux, 1853, Grès verts, p. 524, pl. 49, fig. 1, des grès inférieurs de la Perte du Rhône. Id. Renevier, 1854, Perte du Rhône, p. 31, des grès durs (d) de la Perte du Rhône. 142 PALÉONTOLOGIE SUISSE. L'échantillon décrit dans les Mollusques des grès verts est jusqu’à présent resté uni- que, et par conséquent nous n'avons aucun document nouveau à ajouter sur cette es- pèce. Locauré. Cet échantillon provient des grès durs {d) et fait partie de la collection de M. le Dr Roux. GENRE ANOMIA, Linné. La seule espèce de ce genre que nous ayons trouvée provient de la marne jaune de la Perte du Rhône. Nous n’en connaissons encore qu'un seul exemplaire (Musée de Genève), qui n’a pas des caractères assez précis pour que nous puissions décider s’il appartient à la À. lœvigata, 3. Sow., ou à la A. convexa, id. (in Fitton, Zrans., geol. Soc., 1836, IV, p. 127, pl. L£4, fig. 6 et 7). L'examen des types du lower greensand anglais nous fait du reste penser que ces deux espèces doivent être réunies. L’un de nous a pu se convaincre, à la Société géologique de Londres, que les côtes marquées sur l'échantillon original de la À. convexa sont des traces laissées par un corps étranger. CLASSE DES MOLLUSQUES BRACHIOPODES. GENRE TEREBRATULA, Bruguière. Les térébratules Sont peu abondantes dans le terrain aptien de nos envi- rons, et particulièrement dans l’aptien inférieur, qui ne nous a fourni qu’une seule espèce, la T. sella, Sow., qui y est très-rare. L’étage aptien supérieur en contient trois espèces, dont une un peu plus abondamment représentée. Ce sont les T. biphcata, (Brocc.) Sow., T. depressa, Lamk., et T. tamarin- dus, J. Sow. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 145 TEREBRATULA BIPLICATA, (Brocc.) Sow. (PI. XX, fig. 2 a, b, c, d,e.) SYNONYMIE. Anomia biplicata, Brocc., 1814, Conch. foss,, p. 469, pl. 10, fig. 8. Terebratula biplicata, Sow., 1815, Min. conch., pl. 90, du gault de Cambridge et de l’upper greensand de War- minster. Id. var. J. Sow., 1825, Min. conch., pl. 437, fig. 3, 4, 5, de Cambridge. Id. Fitton, 1836, Geol. trans., IV, p. 114, 130, 205, 242, 317, du gault et du lower greensand. T. Dutempleana, d'Orb., 1847, Pal. fr., ter. crét., IV, p. 93, pl. 511, fig. 1 à 8, du gault. Id. Pictet et Roux, 1853, Grès verts, p. 536, pl. 51, fig. 1 à 4, du gault et des grès aptiens. Id. Renevier, 1854, Perte du Rhône, p. 31, de l’étage aptien supérieur (d, e), et p. 48, du gault (&, b. c). T. biplicata, Davidson, Pal. Soc., Brit. cret. Brach., p. 55, pl. 6 et pl. 9, fig. 40?, de l’upper greensand, du gault et du lower greensand. Cette espèce, remarquable par sa grande épaisseur, est suffisamment connue pour que nous n’ayons pas à revenir sur ses caractères. Nous nous bornons à figurer deux échantillons du terrain aptien supérieur, les figures des Grès verts et de la Paléonto- logie française ayant été faites sur des échantillons du gault. Ces deux échantillons représentent à peu près les limites des variations que l’on observe à la Perte du Rhône dans l’épaisseur des coquilles adultes. On trouve des jeunes qui sont plus aplatis. Nous nous rangeons à l'opinion des auteurs anglais et en particulier de Davidson, qui con- sidèrent la citation de Brocchi comme se rapportant bien à l'espèce de Sowerby. LocarTÉs. La T. biplicata se trouve à la Perte du Rhône dans le gault et dans l'étage aptien supérieur, c'est-à-dire dans les couches à, b, c, d, e. Elle n’est très-fréquente dans aucune. (Musée de Genève et collection Renevier.}) On la rencontre également dans l’aptien supérieur de la Presta {Val de Travers); collection Renevier. Explication des figures. Pi. XX. Fig. 2, a, b, c, d. Echantillon des grès durs de la Perte du Rhône. Grandeur naturelle. Collection Re- nevier. e. Commissure des valves d’un échantillon plus large et plus plat de la même localité. Musée de Genève. 144 PALÉONTOLOGIE SUISSE. TEREBRATULA SELLA, J. Sowerby. (PI. XX, fig. 3, a. b.) SYNONYMIE. Terebratula sella, 3. Sow., 1825, pl. 437, fig. 1 et 2. Id. Roëm., 1840, Kreideg.. p. 43, pl. 7, fig. 17 (sous le nom de T. biplicata), du Hils. Id. Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 345, du lower greensand. Id. d'Orb., 1847, Pal. fr., ter. crét., IV, p. 91, pl. 510, fig 6 à 12, des étages urgonien et aptien. Id. Renevier, 1854, Perte du Rhône, p. 17, de l'étage urgonien, et p. 25, de l’aptien inférieur. Id. Davidson, 1855, Pal. Soc., Brit. cret. Brach. p. 59, pl. 7, fig. 4 à 10 du lower greensand et du gault, Cette espèce, bien connue, est rare dans notre élage aptien inférieur. Nous n’en connaissons que quelques échantillons de la Presta (Val de Travers) et de la couche (d) de la Perte du Rhône. Dans cette dernière localité elle se retrouve également dans le calcaire à ptérocères (étage urgonien, &) où elle est moins rare. Elle est bien plus commune encore dans l’étage néocomien supérieur ou urgonien d’autres localités du Jura, ainsi que dans le terrain néocomien proprement dit à Towaster complanatus. Nous devons faire remarquer à cet égard qu’un très-grand nombre d'échantillons qui portent dans les collections le nom de T. prælonga sont de véritables T. sella, et que parmi les figures que donne d’Orbigny de sa T. prælonga il y en a qui évidemment ont été faites d’après des échantillons de la T. sella. C'est ce dont on se convaincera fa- cilement en comparant les planches de la Paléontologie française avec celles du mé- moire de M. Davidson. Explication des figures. Pl. XX Fig 3, a, b. Echantillon grossi de la marne jaune de la Perte du Rhône. Collection Renevier. Le trait indique la grandeur naturelle. TEREBRATULA DEPRESSA, Lamarck. (PI. XX, fig. 4, a, b, c.) SYNONYMIE. T. depressa, Lamk., 1819. An. sans vert., VI, p. 249 (exclus. var. b). T. nerviensis, d'Arch., 1847, Mém. Soc. géol. de France, 2° série, IX, p- 313, pl. 17, fig. 2 à 10, du tourtia. T. depressa, Davidson, 1850, Ann. and mag. of nat. hist., 2° série, V, p. 435, pl. 13, fig. 15 (exemplaire ori- ginal de Lamarck), du tourtia. Id. d’Orb., 1850, Prodr., Il, p. 172, de l’étage cénomanien. Id. Davidson, 1855, Pal. Soc., Brit. cret. Brach., p. 70, pl. 9, fig. 9 à 24, des sables de Farringdon. T. biplicata, var. ou T. sella, var., id., 1855, id., pl. 9, fig. 39, du lower greensand de Maidstone. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 145 Nous avons trouvé dans les grès durs (d) de la Perte du Rhône un exemplaire mal- heureusement unique , qui parait avoir les caractères de la T. depressa. Il se distingue en particulier de ‘la T. biplicata par son crochet plus saillant, dominant un deltidium bien visible, et par l'absence de plis sur la région palléale, quoique celle-ci paraisse avoir été sinueuse. Nous aurions hésité à ciler cet échantillon isolé s’il n’acquerrait une certaine im- portance par le fait de son identité avec une grosse térébratule du lower greensand de Shanklin {Ile de Wight} et n’ajoulait ainsi une nouvelle analogie entre nolre terrain aptien et le lower greensand anglais, Cet échantillon anglais nous parait tout à fait identique aux fig. 9 et 10 de la pl. 9 du mémoire de M. Davidson (Ter. depressa). Il ressemble aussi, sauf par sa plus grande largeur, aux fig. 39 et 39 a de la même planche qui représentent un individu du lower greensand de Maidstone, que M. Da- vidson attribue avec doute à la T. biplicata ou à la T. sella. Les échantillons dont nous venons de parler font tous deux partie de la collection Renevier. Explication des fiqures. PI. XX. Fig. 4, a, b, c. Echantillon du lower greensand de Shanklin, figuré comme identique à celui de la Perte du Rhône, qui est moins bien conservé. Grandeur naturelle. Coll. Renevier. TEREBRATULA TAMARINDUS, J. Sowerby. SYNONYMIE. T. tamarindus, J, Sow., 1836, in Fitton, Trans. geol. Soc., IV, p. 338. pl. 14, fig. 8, du lower greensand. T. faba, J. Sow., 1836, id., pl. 14, fig. 10, du lower greensand (non T. faba, d'Orb.) T. subtriloba, Desh., 1842, Mém. Soc. géol. de France, 2e série, V, p. 12. pl. 15, fig. 7, 8 et 9, du terrain néo- comien inférieur. ” T. tamarindus, d'Orb., 1847, Pal. fr., ter. crét., IV, p. 72, pl. 505, fig. 1-10, de l'étage néocomien inférieur. Waldheimia tamarindus, Davidson. 1855, Pal. Soc., Brit. cret. Brach., p 74, pl. 9. fig. 26 à 31, de l’upper greensand et du lower greensand. Cette espèce parait très-rare dans nos environs; nous n’en connaissons que deux échantillons provenant des grès durs (d) de la Perte du Rhône. Collection Renevier. L'étude d'un grand nombre de bons échantillons anglais, recueillis par l’un de nous dans le lower greensand de Shanklin, nous a convaincu que la T. faba, J. Sow., n’est qu'une variété élroite de la T. tamarindus et non comme l'a pensé M. Davidson, le jeune de la T. biplicata. Ce dernier auteur a déjà rectifié l’erreur qu'avait commise d'Orbigny en rapportant à la T. faba, J. Sow. la T. longa de M. Roëmer. 19 146 PALÉONTOLOGIE SUISSE. GENRE TEREBRATELLA, d'Orbigny. Nous n’avons à mentionner qu’une seule espèce de ce genre, qui paraît très-rare. Elle appartient au terrain aptien supérieur. TEREBRATELLA OBLONGA, (J. Sowerby) d'Orbigny. SYNONYMIE. Terebratula oblonga, 3. Sow., 1829, Min. conch., pl, 535, fig. 10 à 13. Id. de Buch, 1834, Ueber Terebr. et 1838, Mém. Soc. géol. de France, III, p. 159, pl. 16, fig 42% Id. Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 346. du lower greensand. Terebratella oblonga, d'Orb., 1847, Pal, fr., ter. crét., IV, p. 113, pl. 515, fig. 7 à 19, de l'étage néocomien. Terebratella Rhodani, Pictet et Roux, 1853, Grès verts, p. 539, pl. 51, fig. 9, des grès inférieurs de la Perte du Rhône. Id. Renevier, 1854, Perte du Rhône, p. 31, de l'étage aptien supérieur (d) de la Perte du Rhône. Terebratula oblonga, Davidson, Pal. Soc., Brit. cret. Brach., p. 51, p!. 2. fig. 29 à 32, du lower greensand. L'unique échantillon déerit avec doute comme une espèce nouvelle dans les Mollus- ques des grès verts nous parait maintenant devoir être attribué à la T. oblonga, J. Sow. Nous avons été amenés à cette conclusion par la comparaison d’une série d'échantillons du Hils et de quelques individus d'Angleterre. M. Davidson, eu égard à ce qu'on ne connaît pas les caractères internes de cetle espèce, la laisse provisoirement dans le genre Terebratula. Elle a cependant tout à fait les caractères externes des Terebrateila. Locauiré. Cet exemplaire, le seul que nous connaissions, a été trouvé dans les grès durs (d). Musée de Genève. GENRE TEREBRIROSTRA, d'Orbigny. En conservant ici ce genre nous devons cependant faire remarquer qu'il ne peut guère être considéré que comme un sous-genre des Trigonosemus. Nous n’en citons qu’une seule espèce. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 147 TEREBRIROSTRA ARDUENNENSIS, d'Orbigny. SYNONYMIE. Terebrirostra arduennensis, d'Orb., 1847, Pal. fr., ter. crét., IV, p. 128, pl. 519, fig. 6 à 10, du gault. Id. Pictet et Roux, 1853, Grès verts, p. 542, pl. 51, fig. 10, du gault de Savoie et des grès inférieurs de la Perte du Rhône. Id. Renevier, 1854, Perte du Rhône, p. 31, de l’étage aptien supérieur (d), et p. 49, du gault (c) de la Perte du Rhône. Les échantillons recueillis à la Perte du Rhône n'ayant pas le rostre complet ne nous ont pas permis de vérifier les caractères qui, d’après d'Orbigny, distinguent le plus évidemment cette espèce de la T. lyra, Sow. La forme générale et le mode de bifur- cation des côtes concordent parfaitement avec les figures qu'a données cet auteur de la T. arduennensis. LocauiTÉs. Celte espèce, très-rare à la Perte du Rhône, y a cependant été trouvée dans la couche la plus inférieure du gault {c) et dans les grès durs aptiens (d). Musée de Genève et collections Roux et Renevier. GENRE RHYNCHONELLA, Fischer. Nous rapportons nos rhynchonelles du terrain aptien à une seule espèce assez variable, dont la synonymie est pour cette cause un peu compliquée. Cette espèce se trouve à la fois dans nos étages aptien supérieur et aptien inférieur, et se rencontre en outre au-dessus et au-dessous. RHYNCHONELLA GIBBSIANA, (J. Sowerby) Davidson. (PI. XX, fig. 5, 6 et 7.) SYNONYMIE. Terebratula Gibbsiana, J. Sow., 1829, Min. conch., pl. 537, fig. 9 et 10, du lower greensand de Folkstone. T. elegans, J. Sow., 1836, in Fitton, Trans. geol. Soc., IV, p. 130, pl. 14, fig. 11, du lower greensand. T. convexa, J. Sow., 1836, id., fig. 12, du lower greensand. T. parvirostris, J. Sow., 1836, id., fig. 13, du lower greensand. T. Gibbsiana, 3. Sow., 1836, p. 130 et 153, du lower greensand. T. latissima, Roëm., 1841, Kreidegeb., p. 37, pl. 7, fig. 4, du Hilsconglomerat. T. nuciformis, Roëm., 1841, id., p. 38, pl. 7, fig. 5, du Hilsconglomerat. T. Gibbsiana, Forbes 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 345, du lower greensand. 1248 PALÉONTOLOGIE SUISSE, Rhynchonella lata, d'Orb., 1847, Pal. fr., ter. crét., IV, p. 21, pl. 491, fig. 8 à 17, des étages néocomien et ap- tien. Id. Pictet et Roux, Grès verts, p. 530, pl. 50, fig. 8 et 4, du gault et des grès aptiens. Id. Renevier, Perte du Rhône, p. 17, de l'étage urgonien, et p. 25 et 31, de l'aptien inférieur et de l’aptien supérieur. Rh. Gibbsiana, Davidson, 1855, Pal. Soc., Brit. cret. Brach., p. 98, pl. 12, fig. 11 et 19, du lower greensand. Rh. parvirostris, Davidson, 1845, id., p. 97, pl. 12. fig. 13 et 14, du lower greensand. Les trois types décrits par M. J. Sowerby dans le mémoire de M. Fitton sous les noms spécifiques de T. elegans, T. convexa et T. parvirostris correspondent aux di- verses variétés de notre espèce. La T. elegans ne peut pas se distinguer du véritable type de la R. Gibbsiana. La T. convexa représente un individu plus large, se rappro- chant du type de la R. latissima avec laquelle nous comparerons plus bas notre es- pèce; nous possédons des formes qui lui sont identiques. La T. parvirostris, qui est beaucoup plus renflée, et dont la sinuosité de la commissure des valves est bien plus profonde et plus anguleuse, paraît réprésentée dans nos terrains par plusieurs échan- tillons qui s'accordent très-bien avec les figures par lesquelles M. Davidson représente celte espèce. Nous avons constalé soit sur nos échantillons, soit sur de nompreux exem- plaires recueillis en Angleterre que l’on peut établir entre ces formes extrêmes une série continue de dégradalions. Nous devons toutefois ajouter que nous avons contre nous l'autorité de M. Davidson, qui considère la T. parvirostris comme une espèce dis- lincte. Tout en conservant un ensemble de caractères assez reconnaissable, la R. Gibbsiana, telle que nous venons de la définir, est sujette à de nombreuses variations, soit dans son épaisseur, soit dans le nombre des côtes, soit aussi dans la commissure des valves plus ou moins sinueuse. Plusieurs auteurs ont, après M. J. Sowerby, basé des distinc- tions spécifiques sur ces modifications, mais les nombreuses transitions qui les lient, et le fait que ces variétés se représentent à peu près les mêmes dans toutes les loca- lités, nous forcent, comme nous l'avons dit plus haut, à ranger nos nombreux échan- tillons dans une seule et mème espèce. ; La plupart de nos exemplaires se rapportent parfaitement au type anglais connu sous le nom de T. Gibbsiana, et concordent en particulier tout à fait avec les excellentes figures données dans le mémoire de M. Davidson. La comparaison de nos échantillons avec de nombreux individus du lower greensand anglais de diverses localités ne nous laisse aucune incertilude sur celle assimitalion. Nous avons plus de doutes sur les rap- ports de notre espèce avec la R. latissima, (3. Sow.] Dav., qui, suivant des auteurs anglais, parait exister principalement dans le upper greensand, et qui y aurait en quelque sorte remplacé la R. Gibbsiana du lower greensand. Si l’on met en présence une nombreuse série d'échantillons de ces deux niveaux géologiques, on verra bien que la R. latis- sima se distingue en général assez clairement par sa forme plus large et moins globu- FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 149 leuse, et par sa commisure des valves beaucoup moins sinueuse, mais on verra en même temps des échantillons du lower greensand appartenant au type de la T. convexa qu'il est presque impossible de distinguer de la R. latissima. M. Davidson a déjà signalé ce fait pour le lower greensand de Hythe, nous en retrouvons des exemples à la Perte du Rhône et ailleurs. Nous pouvons même ajouter que sans l’unanimilé des auteurs anglais pour considérer ces deux espèces comme distinctes, nous eussions peut-être été portés à les réunir. C'est évidemment notre espèce que d'Orbigny a rapportée à la Terebratula lata de M. J. Sowerby. Nous devons faire remarquer d’abord que ce nom ne peul pas être con- servé dans la science, car lorsqu'il fut publié en 1829 il existait déjà une T. lata, Sow., et c’est pour ce motif qu'il fut changé en 1835, par M. J. Sowerby lui-même, contre celui de T. latissima, qui a prévalu. D’Orbignv, en rapportant à celte espèce anglaise les échantillons néocomiens seulement, à l'exclusion de ceux des grès verts supérieurs et des craies chloritées, n'est donc point d'accord avec le fondateur de l’espèce. Son opinion ne serait exacte que si l’on devait réunir les R. Gibbsiana et R. latissima, et admettre que l'espèce dont nous traitons ici ait vécu depuis l'origine de l’époque néo- comienne jusqu’à la fin de l’époque cénomanienne. Nous avons indiqué plus haut les motifs qui peuvent militer en faveur d’une pareille opinion et ceux qui tendent à la rendre douteuse. En admettant au moins provisoirement la séparation des deux espè- ces, nous devons envisager la R. lata de d’Orbigny comme n'étant point la même que la T. lata ou T. latissima, Sow., mais comme correspondant au contraire à sa T. Gibbsiana. - Quant à la R. sulcata de d'Orbigny, que cet auteur considère comme identique à la R. Gibbsiana, il nous serait difficile de décider si elle se rapporte à cette espèce ou à la R. latissima. Nous pouvons seulement certifier qu'elle n’a aucun rapport avec la R. sulcata de Parkinson, dont M. Davidson a donné de fort bonnes figures et qui se dis- tingue par ses côtes aiguës et peu nombreuses, tandis que d'Orbigny en accorde 60 à sa R. sulcata, et les décrit comme arrondies. Locarirés. La R. Gibbsiana se trouve à la Perte du Rhône dans l'étage aptien supé- rieur (d, e} et dans la marne jaune (k}). Elle n’est fréquente ni dans l’un, ni dans l’autre de ces gisements. Musée de Genève et collection Renevier. Nous la possédons aussi de l'étage aptien de la Presta, où elle ne paraît pas rare, Collection Renevier. Nous l'avons en outre sous les yeux: 1° du gault de Savoie et de la Perte du Rhône; 20 du lower greensand d’Atherfield, Shanklin, Sandown {Ile de Wight) et de Folk- stone, Hythe et Maidstone ; 3° de l'étage aptien de Saint-Dizier et de Bailly (bassin de la Seine); 4° de l'étage urgonien de l'Isère, de la Perte du Rhône, du Salève, du Mauremont et de toutes nos localités du Jura; 150 PALÉONTOLOGIE SUISSE. 5° du terrain néocomien de Bettancourt et de Wassy; 6° du Hilsconglomerat du nord de l’Allemagne. Explication des fiqures. PI. XX. Fig. 5, a, b, d, c. Echantillon appartenant au type des vraies T. Gibbsiana, des grès durs de la Perte du Rhône. Collection Renevier. » Fig. 6, a, b, c, d. Echantillon renflé, appartenant au type des T. parvirostris, des grès durs de la Perte du Rhône. Musée de Geuève. » Fig. 7, a, b. Echantillon jeune, du terrain aptien de la Presta. Collection Renevier. CLASSE DES BRYOZOAÏIRES. Ces animaux paraissent extrêmement rares dans les couches aptiennes de nos environs. Nous n’y avons trouvé que les vestiges de deux espèces. L’une d'elles, provenant de la marne jaune, ne nous est connue que par la face inférieure (ou fermée) des cellules et ne peut, par conséquent, point être rapportée à son véritable genre. On peut cependant reconnaître qu’elle a dû appartenir à la famille des Escharoides. Nous n’en aurions peut-être pas parlé si M. Roëmer (Ool. geb., suppl, pl. 18, fig. 59) n'avait figuré quelque chose de tout à fait analogue. Trompé par la forme convexe de l’ensemble, cet auteur à cru y voir une Chama qu’il a nommée Ch. geometrica. Nous avons figuré ce bryozoaire (pl. 21, fig. 2, a, b) pour attirer sur lui l’atten- tion des naturalistes qui s’occuperont après nous des fossiles des mêmes gisements. L'autre espèce, que nous décrivons ci-dessous, provient des grès durs (d). Elle appartient à l’ordre des Cellulinés, à la famille des Flustrinoides, et à la tribu des Flustrelliens de d’Orbigny. Ses caractères généraux sont donc des cellules non saillantes, simplement juxtaposées, à ouvertures grandes, dé- passant toujours la moitié de la cellule, et accompagnées de pores. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 151 GENRE FLUSTRELLA, d'Orbigny. Ce sont des Flustrelhens dont chaque cellule est accompagnée d’un seul pore. Notre espèce appartient au groupe des Flustrella encroutantes (Repto- flustrella, d'Orb ). FLUSTRELLA RHopant, Pictet et Renevier. (PI. XXI, fig. 1, a, b.) Colonie formée d’une lame irrégulière, ne présentant des cellules que sur un seul côté. Elles sont disposées en quinquonce, et ont des ouvertures subtriangulaires, plus grandes que, les intervalles qui les séparent. Ceux-ci paraissent être lisses, présentant seulement pour chaque cellule un pore placé à mi-distance entre elle et la suivante. Locauiré. Le seul échantillon que nous connaissions provient des grès durs (d) de la Perte du Rhône et fait partie de la collection du Musée de Genève. Explication des figures. PI. XXI. Fig. 1, a. Colonie de grandeur naturelle. » b. Quelques cellules grossies. CLASSE DES ECHINODERMES. GENRE HETERASTER, d'Orbigny. Ce genre est fondé sur l'inégalité des pores externes de lambulacre im- pair. Nous avons de la peine à attacher une valeur générique à ce carac- tère, et nous serions plutôt disposés à considérer les Heteraster comme un simple sous-genre des Toxaster, Ag. (Echinospatagus, Breynius). 152 PALÉONTOLOGIE SUISSE. HETERASTER OBLONGUS, (Deluc) d'Orbigny. (PI. XXI, fig. 3 à 6). SYNONYMIE. Spatangus oblongus, Deluc, 1821, in Brong., Ann. des mines, VI, p. 555, pl. 7, fig. 9, des marnes inférieures de la Perte du Rhône. Toxaster oblongus, Ag., 1847, Catal. raison. Echinod., p. 131, du gault (par erreur). Id. A. Gras, 1848, Ours. Isère, p. 59, du terrain néocomien supérieur. Micraster oblongus, d’'Orb., 1850, Prodr., II, p. 141, de l’étage albien. Heteraster oblongus, d'Orb., 1853, Pal. fr., ter. crét., VI, p. 176, pl. 847, de l'étage urgonien. Toxaster oblongus, Renevier, 1854, Perte du Rhône, p, 17, du calcaire à ptérocères (urgonien, 1), et p. 25, de l'étage aptien inférieur (f, k). Cette espèce est très-facile à reconnaitre, soit par la disposition des pores de son ambulacre impair dont nous avons parlé plus haut et qui la place dans le sous-genre des Heteraster, soit par sa forme ovale allongée, surbaïssée, dont la face supérieure peu déclive est presque horizontale. Son sommet est situé très en arrière, de sorle que les ambulacres antérieurs sont relativement très-longs et les postérieurs très-courts. Le seul spatangoide qui, avec le H. oblongus, ait été jusqu'à présent rapporlé au sous-genre Heteraster est le H, Couloni, Ag. Celui-ci se distingue facilement de notre espèce par sa forme globuleuse, son sommet presque médian et ses ambulacres beaucoup moins inégaux. Orservarions. Le H. oblongus est sujet à quelques variations. Nous avons figuré, fig. 3, le type le plus abondant chez nous, qui diffère des figures de la Paléontologie française par son sommet plus en arrière et un peu moins saillant. Notre fig. 4 repré- sente un type un peu plus allongé qui n’est pas rare non plus dans nos couches. Des transitions insensibles lient ce dernier type à la variation opposée, correspondant à la fig. 5, représentant celui de nos échantillons qui est le plus large, le plus élevé, et dont le sommet est le plus médian. La fig. 6 montre un jeune individu remarquable par sa forme arrondie. LocauiTés. Cet oursin est de beaucoup l'espèce la plus abondante dans la marne jaune (A) de la Perte du Rhône. Nous en avons sous les yeux un très-grand nombre d'échantillons provenant de cette couche et quelques-uns aussi des grès marneux [f {aptien inférieur). Elle se trouve moins fréquemment dans l'étage aptien inférieur de la Presta et de la Cordaz (Alpes vaudoises), et plus rarement encore dans celui de Sainte-Croix. Collection Renevier. Nous en possédons aussi un échantillon de la couche rouge de Bailly près Wassy (mème collection}. Cette même espèce se trouve quelque- fois à la Perte du Rhône dans les couches les plus supérieures du calcaire à ptérocères {urgonien, 2). FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 153 Explication des figures. Pl. XXI. Fig. 3, a, b, c, d. Type normal de la Presta. Collection Renevier. Fig. 3, e. Grossissement de la base de l’ambulacre impair. Fig. 4, a, b. Variété étroite et surbaissée. Fig. 5, a, b. Variété large et élevée. Fig. 6, a, b. Jeune échanlillon très-globuleux. Ces trois dernières figures ont été faites d’après des individus de la Perte du Rhône appartenant à la collection Renevier. GENRE EPIASTER, d’Orbigny. D’Orbigny a créé ce genre pour les Hicraster complétement dépourvus de fasciole. EPIASTER POLYGONUS, (Agassiz) d'Orbigny. (PL. XXI, fig. 7, a, b, c, d). SYNONYMIE. Micraster polygonus, Ag., 1847, Catal. raison. Echinod., p. 130, du gault de la Perte du Rhône. Id. d’Orb., 1850, Prodr., II, p. 141, de l'étage albien. Epiaster polygonus, d'Orb., 1853, Pal. fr., ter. crét., VI, p. 188, pl. 854, de l'étage aptien. Micraster polygonus, Renevier, 1854, Perte du Rhône, p. 31, de l'étage aptien supérieur (e). Cette espèce est suffisamment connue pour que nous puissions nous dispenser de la décrire de nouveau. Toutefois nous l'avons figurée parce que nous possédons d’excel- lents échantillons, qui diffèrent légèrement des figures de la Paléontologie française. Le E. polygonus est clairement caractérisé par sa forme peu élevée, polygonale et rétrécie du côté anal, par sa face inférieure subconcave, par ses ambulacres creu- sés, etc. Son manque total de fasciole le fait appartenir du reste à un type peu ré- pandu. LocauiTÉs. Celle espèce n'est pas très-rare dans l'étage aptien supérieur (d, e) de la Perte du Rhône. Musée de Genève et collection Renevier. D'Orbigny le cite en outre de l’étage aptien de Sainte-Croix. Le Musée de Genève possède quelques individus du gault de la Perte du Rhône très-voisins de notre espèce, mais comme ils sont à l’état de moules nous ne pouvons pas être certains qu'ils lui appartiennent réellement. Explication des figures. PI. XXI Fig. 7, a, b, c, d. Echantillon de grandeur naturelle. Collection Renevier. 20 154 PALÉONTOLOGIE SUISSE. On trouve dans l'étage aptien supérieur de la Perte du Rhône quelques échantillons plus petits et plus globuleux que les précédents, et qui pourraient peut-être indiquer l'existence d’une autre espèce. Malheureusement leur conservation n’est pas assez par- faite pour nous permettre de constater leurs véritables affinités. Il n’est pas impossible que ce soit sur des échantillons semblables que M. Desor ait établi son Hemuaster Phrynus {de la Perte du-Rhône}), qui n’a encore été ni décrit ni figuré. C’est dans cette hypothèse que les exemplaires en question ont été cilés sous le nom de H. Phrynus, Desor, dans le Mémoire géologique sur la Perte du Rhône. Il ne serait pas non plus tout à fait impossible que nos échantillons fussent de jeunes individus de l’Ep. polygonus, qui n’acquerrait alors sa forme déprimée qu'en devenant tout à fait adulte. De meilleurs échantillons pourront seuls résoudre la question. GENRE PYGAULUS, Agassiz. PYGAULUS OVATUS, Agassiz. (PL. XXII, fig. 1 et 2). SYNONYMIE. P. ovatus, Ag., 1847, Catal. raison. Echin., p. 101, du gault de la Perte du Rhône. Id. d'Orb., 1853, Pal. fr., ter. crét., VI, p. 356, pl. 937, fig. 1 à 6, de l'étage albien de la Perte du Rhône. Id. Renevier, 1854, Perte du Rhône, p. 25, de l'étage aptien inférieur (h) de la Perte du Rhône. Cette espèce diffère du T. depressus par sa forme ovoiïde, par son contour moins acuminé en arrière, par sa face inférieure moins concave, et par ses ambulacres moins pétaloïdes, restant plus larges et plus ouverts sur le bord périphérique. Ce même ca- ractère la distingue encore mieux du P. cylindricus dans lequel la forme pétaloïde des ambulacres est très-marquée. C’est par erreur que MM. Agassiz et d'Orbigny citent ce Pygaulus comme provenant du gault de la Perte du Rhône. Il n’a été trouvé en effet que dans cette localité, mais il y caractérise jusqu'à présent exclusivement l'étage ap- tien inférieur [marne jaune A). Cette erreur de gisement a déjà été rectifiée par l’un de nous dans le Memoire géologique de la Perte du Rhône. Explication des figures. PL. XXII. Fig. 1, a, b, c, d. Echantillon adulte. Fig. 2, a, b, c. Jeune individu plus ovoïde, Tous deux de la collection Renevier et de grandeur na- turelle. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 155 GENRE TREMATOPYGUS, d'Orbigny. D'Orbigny a détaché ce genre des Nucleolites; il le caractérise par le manque de rosette et de bourrelets buccaux, par une face inférieure con- cave sur laquelle on voit des saillies très-marquées, correspondant aux aires interambulacraires, par une bouche en pentagone irrégulier, com- primée et oblique, et par un anus allongé placé dans un sillon qui échancre la face postérieure. TREMATOPYGUS EXCENTRICUS, Pictet et Renevier. (PI. XXII, fig. 3, a, b, c, d.) Oursin ovale, médiocrement élevé; flancs arrondis, présentant à peu près vers leur milieu la plus grande périphérie. Face inférieure montrant clairement les cinq saillies caractéristiques du genre, et profondément creusée en son milieu, de sorte que la bouche est comme située au fond d’un entonnoir. Anus allongé dans le sens vertical, aigu à ses extrémités et situé à la partie supérieure d'un sillon très-court et profond, qui échancre la face postérieure de manière à être visible en dessous, quoique moins qu’en dessus. Ambulacres étroits, peu pétaloïdes, formés de pores simples disposés par paires. Sommet ambulacraire très-excentrique en avant. Tubercules médiocres, médiocrement serrés, entourés de lignes de granules, et disposés sans ordre apparent. Rarports ET DIFFÉRENCES. Cette espèce nous parait se distinguer très-facilement de tous les Trematopygus décrits, par son sillon anal très-court et échancrant la face inférieure, et surlout par son sommet ambulacraire très-excentrique en avant. Locauré. Nous n’en connaissons qu'un seul échantillon provenant des grès durs ([h) de la Perte du Rhône et faisant partie de la collection Renevier. Explication des figures. PI. XXII. Fig. 3, a, b, c. d. Exemplaire grossi: le trait indique la grandeur naturelle. GENRE CATOPYGUS, Agassiz. Nous avons trouvé dans les grès durs (aptien supérieur, d) de la Perte du Rhône un petit oursin, qui paraît indiquer dans cet étage la présence du genre Catopygus, non encore cité au-dessous du gault. Cet exemplaire, 156 PALÉONTOLOGIE SUISSE. dont la face supérieure est malheureusement trop incomplète pour nous permettre de le figurer et de le décrire, se distingue très-clairement du Cat. cylindricus, Ag., du gault, par sa forme carrée, son peu d’élévation, et par sa face inférieure plane. Collection Renevier. GENRE GALERITES, Lamarck. Nous ne possédons de ce genre qu’une seule espèce, intermédiaire entre les Galerites et les Globator. Elle provient des grès durs (d) de la Perte du Rhône. GALERITES GURGITIS, Pictet et Renevier. (PL. XXI, fig. 4, a, b, c). Oursin de forme subcirculaire, médiocrement renflé, face supérieure régulièrement arrondie, ainsi que les flancs, en sorte que la plus grande periphérie est située nota- blement au-dessus de la surface inférieure; bouche centrale, à péristome un peu obli- que. Anus situé sur la face postérieure de manière à n'être pas visible en dessus, et à l'être à peine en dessous: son contour ou périprocte est subpyriforme et allongé dans le sens vertical. Le sommet est central. Les ambulacres sont limités par des lignes de pores disposés par paires; ils croissent régulièrement jusqu'au contour extérieur. Les tubercules sont médiocres, épars sur les aires interambulacraires, et tendent à former des séries sur les aires ambulacraires. RapPorrS ET DIFFÉRENCES. Ainsi que nous l'avons dit plus haul, cette espèce présente des caractères intermédiaires entre les genres Galerites et Globator. Elle ressemble à ces derniers par la disposition de ses tubercules, et aux premiers par sa forme peu globuleuse. L’anus occupe une position intermédiaire, et sans être situé aussi complé. tement sur la face postérieure que dans les Globator, il n’est pas aussi inférieur que dans les Galerites. Nous l'avons laissée dans ce dernier genre, qui est le plus ancien- nement connu, à cause de son facies rappellant celui de la plupart des espèces qu’on a l'habitude de lui rapporter. Les caractères précilés distinguent clairement notre espèce des Galerites connues, et en particulier de la G. castanea, dont la face buccale est plus plane, la face opposée plus bombée et l’anus presque tout à fait inférieur. C'est celte même espèce qui a été citée des grès durs dans le Memoire sur la Perte du Rhône, et rapportée avec doute à la G. castanea. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 157 LocauiTÉs. Nous ne connaissons de la G. Gurgitis que quatre échantillons, provenant tous de l'étage aplien supérieur (grès durs, d) de la Perte du Rhône. Musée de Ge- nève et collection Renevier. Explication des figures. PI. XXII. V'ig. 5, a, b, c. Echantillon du Musée de Genève, de grandeur naturelle. GENRE HOLECTYPUS, Desor. HorEcrTypus simiLis, Desor. (PI. XXII, fig. 5, a, b, c). SYNONYMIE. Holectypus similis, Desor, 1857, Synopsis Echin., p. 174, de l'étage aptien de la Presta. Oursin de forme circulaire ou subpolygonale, déprimé, subconique, à bord arrondi. Face inférieure excavée. Périprocte pyriforme, grand, occupant à peu près tout l’espace compris entre le péristome et le bord. Tubercules arrondis, beaucoup plus petits à la face supérieure qu’à l’inférieure, formant au moins six rangées dans les aires ambula- craires, granules miliaires très-peu visibles. Aires ambulacraires plus étroites que la moitié des interambulacraires. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Celte espèce est très-voisine de l’H. macropygus. M. Desor dit qu’elle n’en diffère que par ses tubercules moins serrés et moins nombreux. M. Cam- piche a bien voulu nous communiquer l'échantillon qui a servi à M. Desor, et si, comme nous le pensons, il n’y à pas d'erreur à cet égard, nous devons modifier un peu l'expression de ces différences. L'oursin que nous avons reçu sous le nom d'A. si- mailis et que nous avons figuré nous parait différer de l’Æ. macropygus : 1° Par son sommet un peu plus élevé et sa forme plus conique. 20 Par les granules miliaires beaucoup moins visibles et plus petits à proportion des tubercules, et disposés en lignes moins serrées et moins régulières. Nous ne saurions pas tirer des caractères bien précis des gros tubercules. Les différences signalées par M. Desor sont facilement influencées par la taille de l'individu et par son usure. Nous ne sommes pas d'accord avec lui sur le nombre des rangées, car nous en trouvons souvent six dans les aires ambulacraires de l'H. macropyqus (au lieu de quatre), et ce nombre est atteint ou dépassé dans l’Æ. simalis. Dans la plupart des exemplaires de cette dernière espèce les tubercules, petits et espacés à la face supérieure, augmen- tent subitement vers le bord et sont à la face inférieure plus gros et plus serrés que dans la plupart des exemplaires de l'A. macropygqus. 158 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Notre espèce a aussi de grands rapports avec l’H. neocomensis, A. Gras [H. Gras, Desor) de l’aptien de l'Isère; mais celui-ci est moins conique, a des aires ambulacrai- res sensiblement plus larges, qui sont aux aires interambulacraires dans la proportion de 10 à 17. A en juger par la figure on peut ajouter que le périprocte est bien plus marginal et que les tubercules de la face inférieure sont beaucoup moins gros à pro- portion des supérieurs. Locairés. Cette espèce, qui a été trouvée pour la première fois à la Presta par M. Campiche, est très-rare à la Perte du Rhône. Nous ne l'avons recueillie que dans la marne jaune {A}. Collection Renevier. Explication des figures. PI. XXIT.Fig-5,a, b, c. H. similis, Desor, de grandeur naturelle. Echantillon de la Presta. Collection Campiche. GENRE DISCOIDEA, Klein. Nous avons trouvé dans les grès durs (d) de la Perte du Rhône deux échantillons d’une petite Discoidea (collection Renevier) qui paraît assez voisine de la D. subuculus, Klein. Quoique bien conservée de forme, la sur- face en est trop peu nette pour qu’on puisse y reconnaître avec certitude les caractères nécessaires pour leur identification. GENRE PSEUDODIADEMA, Desor. Nous avons trouvé dans les grès durs (d) deux échantillons de ce genre, qui renferme maintenant la plupart des espèces fossiles décrites précé- demment sous le nom de Diadema. Ce sont ces mêmes échantillons qui, dans le Mémoire sur la Perte du Rhône, ont été cités de l’étage aptien supérieur et désignés sous le nom de Diadema Brongmarti. Depuis lors nous avons pu nous convaincre qu'ils appartiennent à une autre espèce, et que le véritable D. Brongniarti n’a encore été, dans cette localité, trouvé que dans le gault. Nous n'avons pas les matériaux nécessaires pour caractériser l'espèce à laquelle appar- tiennent nos exemplaires des grès durs, qui sont allérés et incomplets. Ils diffèrent évi- demment du P. Brongniarti par leur forme déprimée et par leurs rangées interambu- craires plus égales, et paraissent avoir plus de rapports avec le P. Roemeri, Desor [Te- tragramma depressum, Roëm.) du pläner inférieur. Musée de Genève et collection Renevier. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 159 GENRE SALENIA, Gray. Nous n'avons trouvé à la Perte du Rhône dans les terrains inférieurs au gault qu'un seul échantillon qu'on puisse attribuer à ce genre; mais les dé- pôts de la Presta ont fourni des matériaux plus complets qui ont permis à M. Desor d'établir deux espèces nouvelles. s SALENIA PRESTENSIS, Desor. — (PE XXII, fig. 6, a, b, 0). SYNONYMIE. Salenia prestensis, Desor, 1856, Synops. Echinid., p. 151, du terrain aptien. Oursin subsphérique, déprimé; disque plus ou moins aplali, composé de pièces qui ne sont échancrées que par des points placés sur les sutures. Ces points sont en gé- néral au nombre de trois par suture, et coupent un petit demi-cercle sur chacune des deux pièces. Les plaques génitales sont percées d’un grand trou et les plaques ocel- laires ont leur bord trilobé. Tubercules ambulacraires très-serrés et admettant peu ou point de granules enlr'eux. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cetie espèce est très-voisine de la Salenia petalifera, Ag. (S. personata, Forbes non Ag.). Elle en diffère surtout par ses tubercules ambulacraires beaucoup plus serrés. Le disque de ces deux espèces est très-semblable; on peut seu- lement remarquer que les plaques ocellaires sont trilobées d’une manière plus marquée dans la S. prestensis que dans l’autre. La Salenia scutigera, Gray (S. scutigera, Ag., Monogr., non Echin. suisses, Cidaris scutiger, Munster in Goldf., É personata, Ag., Mon.) nous parait bien plus difficile à distinguer de la S. prestensis. Les tubercules ambulacraires sont également serrés dans les deux et les disques nous paraissent identiques. Nous n'avons pas un assez grand nombre d'échantillons pour discuter à fond l’analogie de ces deux espèces qui parais- sent d’ailleurs avoir été comparées en délail par M. Desor. Nous devons toutefois faire remarquer qu'il faut rayer de sa diagnose une partie des caractères indiqués, en par- tüiculier « Disque petit et toujours aplati. » Nous avons des échantillons de la Presta, étiquetés par M. Desor, où le disque est conique et d’autres où il est assez large. Nous inscrivons donc ici cette espèce comme étant certainement la S. prestensis, De- sor, en ajoutant que, suivant nous, parmi les caractères indiqués jusqu’à présent, il 160 PALÉONTOLOGIE SUISSE. n’y en à pas de suffisants pour la distinguer de la S. scutigera, Gray (personata, Ag. non Forbes). LocazrrÉ. Nous ne connaissons cette Salénie que des marnes apliennes de la Presta. Collection Campiche et Musée de Neuchâtel. M. Desor la cite du Sentis et des dépar- tements de l'Yonne et de l'Isère. Explication des figures. PI. XXII. Fig. 6, a, b. S. prestensis, Desor, un peu grossie. Collection Campiche. Le trait indique la grandeur naturelle. Fig. 6, c. Disque apicial grossi. SALENIA TRIBOLETI, Desor. (PI. XXII, fig. T, a, b, c, et fig. 8). SYNONYMIE: Salenia Triboleti, Desor, 1856, Synops. Echin., p. 151, de l’aptien de la Presta et du Rimet. Oursin subsphérique, déprimé; disque aplati, composé de pièces qui sont profondé- ment entaillées sur leurs bords et dont les intervalles entre ces échancrures sont relevés ou bosselés. Plaques génitales percées d’un trou. Plaques ocellaires trilobées. Tubercules ambulacraires petits et très-serrés. Rapports ET DIFFÉRENCES. Cetle espèce se rapproche de la précédente par sa forme et par ses tubercules ambulacraires serrés. Elle en diffère par les plaques du disque qui sont plus bosselées et profondément digitées sur leurs bords. Cette disposition permet de distinguer à la première vue la plupart des échantillons. On ne peut toute- fois pas méconnaître qu'il n’y ait entre ces deux espèces des transitions curieuses. On voit certains individus appartenant au type de la S. prestensis chez lesquels la surface du disque est un peu moins lisse, et où les trous suturaux, en s’allongeant un peu perpendiculairement à la suture, déterminent des échancrures plus profondes. En exa- gérant ces modifications on arrive encore plus près de la S. Triboleti, et il est à re- marquer que chez ces deux espèces les formes des pièces ont une analogie marquée, et que les subdivisions par trous ou échancrures sont en même nombre. Nous n’allons pas toutefois jusqu'à les réunir; il nous manque pour cela quelques degrés dans la série des modifications. Peut-être les trouvera-t-on une fois. Les mêmes variations se retrouvent chez l'espèce aplienne du Rimet, que M. Albin Gras (Ours. de l'Isère, p. 28) a rapportée à la S. personata, Agas., et que M. Desor attribue avec doute à la S. prestensis. Le disque figuré par M. A. Gras est tout à fait celui de la vraie S. prestensis. Les échantillons que ce paléontologiste nous a envoyés sous le nom de S. personata appartienuent au contraire au type de la S. Tribolet. Un FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 161 autre qui fait partie de la collection de M. Campiche et que M. Desor a étiqueté S. prestensis est intermédiaire entre les deux. LocarirÉés. M. Desor cite cette espèce comme trouvée dans le terrain aptien de la Presta. Plus tard il nous a écrit qu’elle provenait d’une couche de calcaire blanc sac- charoïde, qu’on peut tout aussi bien rapporter à l'urgonien qu'à l’aptien. [(Voyez: Rene- vier, Actes de la Soc. Helv., 1853, p. 43). VARIÉTÉ DES GRÈS DURS DE LA PERTE Du RuoNE |[PI. 22, fig. 8). Le Musée de Genève possède un échantillon unique, recueilli dans les grès durs {d) de la Perte du Rhône et qui a la plupart des caractères de la S. Triboleti, sauf qu'il est plus sphérique, moins déprimé et que les plaques ocellaires, au lieu d’être trilobées, sont échancrées en crois- sant. Cet oursin n’est pas assez bien conservé pour que nous puissions meltre une im- portance extrême à ces différences. En particulier il n’est pas impossible que l'usure , en détruisant la pointe médiane des pièces ocellaires, ne soit la seule cause de cette différence. Nous croyons donc devoir l’associer, au moins provisoirement, à cette espèce. Explication des figures. PI. XXII. Fig, 7, a, b. Salenia Triboleti, Desor, de la Presta: Collection Desor. Le trait indique la grandeur na- turelle. Fig. 7, c. Grossissement du disque apicial. Fig. 8. Variété des grès durs de la Perte du Rhône. Musée de Genève. Nous devons faire remarquer que le dessinateur en voulant représenter l’usure du disque apicial, lui a donné une ap- parence qui rappelle à tort celle de la S. prestentis. GENRE HYPOSALENIA, Desor. Les Hyposalenia sont des Saléniens chez lesquelles la plaque suranale borde le périprocte en avant, de sorte que celui-ci est excentrique en ar- rière, tandis que le contraire a lieu chez les vraies Salenia. On n’a jusqu’à présent trouvé aucune espèce de ce genre dans les ter- rains aptiens de la Perte du Rhône, ni dans ceux de Sainte-Croix. M. Desor en décrit deux de la Presta. Nous nous bornons ici à les citer d’après ses indications. HyPposALENIA Larpyi, Desor. SYNONYMIE. Hyposalenia Lardyi, Desor, Synopsis Echin., p. 148. Disque apicial très-grand, à sutures fortement persillées. Ambulacres très-étroits, com- posés de deux rangées de tubercules très-pelits et très-serrés. 21 162 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Locauirés. Aptien de la Presta et urgonien du Sentis. M. Gilliéron vient de nous en communiquer de jolis échantillons de l’urgonien de la Russille près Orbe. HYPOSALENIA MEYERI, Desor. SYNONYMIE. H. Meyeri Desor, Synops. Echin , p. 148. Espèce voisine de l'H. Lardyi, mais à plaques génitales moins festonnées. Les pla- ques ocellaires sont plus petites. Disque plat. LocauiTÉ. Calcaire blanc de la Presta. Même couche dont nous avons parlé plus haut et où on trouve la Salenia Tribolet. GENRE PENTACRINUS, Miller. Nous avons pu constater l’existence de ce genre dans l'étage aptien supé- rieur de la Perte du Rhône par un ou deux fragments de tige trop impar- faits pour donner lieu à une détermination spécifique. L'espèce à laquelle ils ont appartenu ne parait pas identique au P. cretaceus, Leym. {P. Fittoni, Austin}, figuré pour la première fois dans le mémoire de M. Filton comme provenant du gault et du lower greensand. Les angles plus aigus de notre espèce la rapprochent plutôt du P. annulatus, Roëm.{ Ool. Geb., pl. 2, fig. 2), du Hilsthon. Musée de Genève et collection Roux. CLASSE DES POLYPES. Cette classe, souvent si abondante, n’est représentée dans nos terrains que par deux espèces, appartenant toutes deux à la famille des Astréides. L'une delles provient de l'étage aptien inférieur (grès marneux, f) et l’autre de l'étage aptien supérieur. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 1635 GENRE THAMNASTREA, Lesauvage. Les Thamnastrea sont des Astréides proprement dites ou Astréides à cloi- sons dentées. Les polypiérites sont intimément soudés par les murailles qui sont peu distinctes. Les calices sont peu profonds, bien distincts au centre, mais mal limités à leur périphérie, les cloisons continuant de l’un à l’autre et cachant plus ou moins les murailles. Quelques auteurs ont subdivisé ce genre dont la forme est variable. Les Thamnastrea proprement dites, Edw. et Haime, sont dendroïdes et rameuses, à columelle styliforme; les Dactylastrea, d'Orb., joignent à la même forme une columelle papilleuse; les Synastrea, Edw. et Haime, sont amorphes, à columelle papilleuse; les Centrastrea, d’Orb., sont amorphes, à columelle styliforme. Notre espèce appartiendrait ainsi au groupe des Synastrea; mais les auteurs sont maintenant généralement d'accord pour réunir ces types divers sous le nom le plus ancien, celui de Thamnastrea. THAMNASTREA PiI£LETI, Pictet et Renevier. (PI. XXIII, fig. 1, a, b). Polypier composé, formant une masse épaisse dont la partie inférieure parait avoir été recouverte d’une épithéque commune, et dont la face supérieure est irrégulière- ment et fortement convexe. Calices à fosselte circulaire, bien marquée, assez réguliers et rarement déformés; cloisons débordantes, s’unissant avec celles des calices voisins. Ceux-ci restent séparés par un espace plat sur le milieu duquel on observe un très- léger sillon. Columelle peu développée et subpapilleuse. Cloisons au nombre de vingt- cinq à trente, assez épaisses, dentelées. Le diamètre des fossettes est d'environ 3 mil- limètres, et les surfaces plates qui les séparent sont larges de 2 millimètres, de sorte que les polypiérites ont un diamètre de 5 millimètres. Rapporrs ET DIFFÉRENGES. La comparaison de ce polvpier avec les espèces connues n’est pas facile, car elles sont très-nombreuses et souvent décrites d'une manière abré- gée. On en trouve en particulier beaucoup dans le terrain néocomien de diverses par- ties de la France: ainsi M. de Fromentel dans un ouvrage récent (Desc. des polypiers fossiles de l’étage néocomien, Paris 1857. In-8°) en compte seize espèces du départe- ment de l’Yonne ou des départements voisins. 164 PALÉONTOLOGIE SUISSE. En tenant compte du nombre des cloisons, du diamètre des calices, et de la forme générale, on arrive à exclure de la comparaison un grand nombre d'espèces. Après avoir étudié toutes les Thamnastrées sur lesquelles nous avons pu réunir des documents, il nous a semblé que quatre seulement d’entre elles présentaient avec notre espèce des rapports assez grands pour mériter une discussion. Une des plus voisines est celle que MM. Edwards et Haime décrivent sous le nom de Th. Lennisi, Roëmer. Elle parait différer de la nôtre par ses polypiérites plus larges et par ses lames costales plus minces. Il est d’ailleurs à remarquer que l'espèce dé- crite par MM. Edwards et Haime devra probablement changer de nom et ne se rapporle pas à la Th. Lennisi, Roëmer, qui n’a que seize cloisons au calice. La Th. pediculata, Fromentel, diffère de l'espèce que nous décrivons par ses poly- piérites plus larges et par la grandeur de son pédoncule. La Th. Eturbensis, Fromentel, qui n'est pas figurée, parait se distinguer de la nôtre par ses calices peu profonds et serrés, et par l’ensemble du polypier peu épais. La Th. meandra, From. {Synastrea meandra , d'Orb.), s’en rapproche sous plusieurs points de vue; mais elle a des calices superficiels et des lames costiformes plus con- tournées. Les fosseltes calicinales paraissent être très-petiles et presque pas creusées. Notre Thamnastrée a encore des rapports avec quelques polypiers placés dans d’au- tres genres. Elle ressemble en particulier un peu à la Parastrea stricta, Edwards et Haime |Favia stricta, id.), du grès vert de Blackdown. Les calices réguliers et circu- laires de notre espèce paraissent prouver qu’elle se reproduisait par gemmation, et la placent par conséquent avec les Thamnastrées et non avec les Favia. Les deux espèces se distinguent d’ailleurs facilement; la Th. Pulleti a un ensemble plus bombé, des cloi- sons moins nombreuses, et les espaces plats qui séparent les calices sont bien plus larges. Nous possédons un échantillon du lower greensand d’Atherfield qui parait se rapprocher davantage de la P. stricta que de notre P. Pülleti. [Collection Renevier.) LocauiTÉs. Le seul échantillon que nous connaissions a été recueilli dans l’étage aptien inférieur (grès marneux, /) de la Perte du Rhône par M. G. de Mortillet. Nous en de- vons la communication à l’obligeance de MM. les directeurs du Musée d'Annecy. Explication des fiqures. PI. XXIII. Fig. 1, a. Echantillon de grandeur naturelle. » b. Quelques cellules grossies. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 165 GENRE PARASMILIA, Edwards et Haime. Ce genre, qui correspond aux Cyclosmilia, d'Orb., renferme des polypiers simples, fixés, à épithèque rudimentaire ou nulle, à traverses très-peu nom- breuses et à columelle spongieuse. Ils ont souvent été confondus avec les Turbinolides, mais ils appartiennent à la famille des Astréides, tribu des Eusmiliens. PARASMILIA APTIENSIS, Pictet et Renevier. (PI. XXIII, fig. 2, a, b, c, d). Polypier simple, court, turbiné, obconique, à coupe circulaire, fixé par un pédicule étroit. Surface externe ornée de côles verticales, bien apparentes près du calice, et di- minuant à mesure qu'on se rapproche de la base, de’ façon à être presque nulles dans la moitié inférieure. On remarque en outre quelques faibles traces d’arrèts de crois- sance qui interrompent la régularité de cette face externe. Calice circulaire, cloisons minces formant six syslèmes égaux composés chacun de huit cloisons. Columelle irré- gulière et spongieuse. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Celte espèce, sur laquelle nous avons pu constater les ca- ractères essentiels des ‘Parasmilia, s'éloigne de toutes celles que nous connaissons par sa brièvelé, et surtout par la disposition de ses côles qui ne sont visibles que dans la partie supérieure, comme cela a lieu par exemple dans la Cyathina lævigata, Edw. et H., de la craie blanche. Locauiré. Nous ne connaissons que deux exemplaires de la Parasmiha aptensis, qui proviennent de l'étage aptien supérieur, d, de la Perte du Rhône. {Collection Rene- vier.) Jusqu'à présent l'existence du genre Parasmilia n'avait pas été constatée en des- sous de la craie blanche. Explication des figures. PI. XXITI. Fig. 2, a, b. Deux échantillons de grandeur naturelle. Collection Renevier. » c. Un des mêmes, grossi. » d. Grossissement de la coupe du calice. 166 PALÉONTOLOGIE SUISSE. CLASSE DES FORAMINIFÈRES. GENRE ORBITOLINA, d'Orbigny. D'Orbigny a séparé des orbitolites, sous le nom d’Orbitohina, les espèces qui ont les deux côtés inégaux, dont l’un est convexe et l’autre plat ou con- cave. ORBITOLINA LENTICULARIS, (Blumenbach) d’Orbigny. (PI. XXII, fig, 3, a. b, c, de, f) SYNONYMIE. Lenticulaire de la Perte du Rhône, de Saussure, 1779, Voyage dans les Alpes, I, p. 343, pl. 3, fig. 3. Id. Deluc, 1799, Journ. de Physiq., p. 216, et 1803, LVI, p. 325, fig. 1 à 6, de la Perte du Rhône. Discolithe, Fortis, 1802, Mém. II. pl. 3. fig. 19 à 14. et pl. 4, fig. 6. Madreporites lenticularis, Blum., 1805, Nat. hist. Abbild., N° et fig. 80. Orbulites lenticulata, Lamk., 1816, An. s. vert., Il, p 197, de la Perte du Rhône. Id. Lamouroux, 1821, Expos. méth. Polyp., p 45, pl. 72, fig. 13 à 16. Orbilolites lenticulata, Brong, 1822, in Cuv. Ossem. foss., 4e édit., IV, p. 174, pl. Q. fig. 4. Id Bronn, 1825, Syst. urwelt. Pflanzenthiere, p. 43, pl. 6, fig. 18. Orbitulites lenticularis, Bronn, 1837, Lethæa geogn., 1re 6d., I, p. 597, 2e 6d., II, p. 93. Orbitolina lenticulata. d'Orb., 1850, Prodr., II, p. 143, de l'étage albien. Orbitolina conoidea, À. Gras, 1852, Foss. Isère, p. 51, pl. 1, fig. 4 à 6, des terrains néocomien supérieur et ap- tien. Orbitolina discoidea, À. Gras, 1852, id., p. 52, pl. 1, fig. 7 à 9, du terrain aptien de l'Isère. Orbitolites lenticulata, Renevier, 1854, Perte du Rhône, p. 25, de l'étage aptien inférieur (g, couche à orbito- lites). Coquille circulaire, plus ou moins cupuliforme; face bombée, subconique ou régulié- rement arrondie, ornée de stries d’accroissement concentriques et inégales ; face opposée plane ou concave, ornées de stries rayonnantes irrégulières ou flexueuses plus visibles sur le bord. Lorsque la couche superficielle de la valve bombée est enlevée on voit alors des cel- lules très-régulières disposées suivant des lignes arquées qui partent du centre. Les cellules de chaque lignée correspondent à celles des lignées voisines, de manière à for- mer une sorte de quinconce qui rappelle le guillochage qu’on pratique sur les boîtes FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 167 de montres. Il serait possible que les lignes rayonnanles que nous avons signalées sur la face plane ne soient également visibles que lorsque la surface est un peu usée. Les différences de formes générales sur lesquelles Albin Gras a fondé ses deux es- pèces nous paraissent insuffisantes pour établir des distinclions spécifiques chez des animaux si variables de forme. Nous retrouvons chez nous des échantillons correspon- dant à chacune de ces variétés. LocauiTÉs. Cette espèce est si abondante à la Perle du Rhône qu’elle y forme pres- que à elle seule une couche de 50 centimètres d'épaisseur vers le milieu de l'étage ap- tien inférieur (g, couche à orbitolites). Dans cette mème localité elle ne se retrouve à aucun autre niveau, mais à Sainte-Croix et à la Presta, où elle est beaucoup moins commune, elle se trouve dispersée dans tout l'étage aptien inférieur. Nous ne la con- naissons d'aucun autre élage dans nos environs, et c’est à lort que d'Orbigny la place dans l’étage albien. Elle est assez abondante aussi dans l’étage aptien inférieur des Alpes vaudoises, à la Cordaz, à l’Ecouellaz et au Perriblanc. Elle paraît dans d’autres pays se trouver associée à la Requienia ammonia dans l'étage urgonien. Explication des figures. PI. XXIII. Fig. 3, a. Un fragment de roche contenant des orbitolines. » b. Orbitoline, de grandeur naturelle. » c-f. Grossissements: c de la face bombée, d de la même, usée et montrant la couche de cel- lules, e de la face concave, peu usée, f de la face concave, plus usée. GENRE OPERCULINA, d’Orbigny. Les operculines sont des foraminifères hélicostègues nautiloïdes, à spire apparente, à coquille comprimée, dont l'ouverture est placée vers le retour de la spire. On en connait depuis l’époque néocomienne et quelques espè- ces vivent dans les mers actuelles. OPERCULINA CRUCIENSIS, Pictet et Renevier. (PL. XXIIL, fig. 4, @, b, c.) Coquille discoïde très-aplatie, du diamètre de 5 millimètres, à tours de spire serrés et ne laissant qu'un petit ombilic; celui-ci est entouré d'un bourrelet assez marqué. Loges étroites, séparées par des cloisons fortement arquées en avant. Sutures assez ap- parentes. Nous n'avons pas pu voir distinetement l'ouverture. RarporTs ET DIrFÉRENCES. Cette espèce est voisine de la O. angularis, Cornuel (Mém. 168 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Soc. géol. de France, 2° série, LIT, p. 256, pl. 4, fig. 20-22), de l'argile ostréenne de Wassy; mais elle en diffère évidemment par son épaisseur un peu plus grande, par ses cloisons plus fortement arquées, par le bourrelet qui entoure l’ombilic, et surtout par sa régularité, car M. Cornuel décrit son O. angularis comme ayant ses deux faces inégales, ce qui n’a pas lieu dans la nôtre. LocaLiré. Le seul échantillon que nous connaissions de la O. cruciensis à été recueilli, par l’un de nous, dans l’étage aptien inférieur [marne jaune) de Sainte-Croix, où il ac- compagnait l'Orbitolina lenticularis. Collection Renevier. Explication des figures. PI. XXIII. Fig. 4, a, b. Echantillon grossi. » c. Grandeur naturelle. CLASSE DES SPONGIAIRES. GENRE SIPHONIA, Parkinson. Ce genre comprend les spongiaires pierreux, formant un ensemble pyri- forme porté sur une racine; à leur partie supérieure ils présentent une ou- verture qui se prolonge intérieurement en un canal cylindrique, et les os- cules s'ouvrent principalement dans ce canal. SIPHONIA RHODANIENSIS, Pictet et Renevier. (PL. XXIIT, fig. 5, a, b, ©). Spongiaire ficoïde, porté par une tige très-courte, obtus à sa partie supérieure, où il présente une ouverture infundibuliforme, qui se prolonge en un éanal central. La sur- face est couverte de rugosités; on n’y remarque que des pores distants et peu appa- rents. Locazrés. Nous ne connaissons qu’un seul échantillon de ce spongiaire. Il provient de l’étage aptien inférieur de la Perte du Rhône. Collection Renevier. Explication des figures. PI. XXIII. Fig. 5, a, b, c. Exemplaire de grandeur naturelle. ADDITIONS ET RECTIFICATIONS. Depuis la publication des premières feuilles de ce Mémoire (Janvier 1854) nous avons recueilli quelques documents nouveaux, et nous croyons utile de faire connaître ici les plus importants. Quelques erreurs de synonymie demandent en particulier à être rectifiées. Nous avons pu faire dans les dernières livraisons de ce travail une comparaison assez complète de nos fossiles avec ceux des terrains crétacés de l'Angleterre, et l’on a pu voir que cet examen nous a souvent forcés à modifier les noms adoptés soit par d’Orbigny, soit par d’autres naturalistes du continent. Nous avons été obli- gés de rendre leurs désignations originales à plusieurs espèces décrites pour la première fois sur des échantillons de Blackdown ou du lower greensand, puis méconnues ou confondues sur le continent. Cette comparaison ne nous a été possible qu'après un voyage en Angleterre exécuté par l’un de nous ‘ pendant l'année 1856. Les notes et les nombreux fossiles rapportés de ce pays nous en ont fourni les matériaux. Avant cette époque nous avions déjà publié les dix premières feuilles (p. 1-80), et par conséquent la syno- nymie des espèces qui y sont décrites n’a pas pu être éclairée par les mé- mes documents. Nous sommes à même maintenant de combler cetté lacune. PLESIOSAURUS GURGITIS, Pict. et Ren. — page 5. Nous avons récemment été à même de comparer cette verlèbre avec celles que l'on trouve dans le terrain néocomien [inférieur el moyen) du Jura vaudois et des environs de Neuchâtel. Elle paraît appartenir à une espèce différente, et nous renvoyons pour cette comparaison au mémoire sur le terrain crétacé de Sainte-Croix, par MM. Pictet, Campiche et de Tribolet, qui va paraitre dans la seconde série de la Paléontologie suisse. 1M Renevier. 170 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Cette comparaison a déjà élé faite en partie par M. H. de Meyer |Palæontographica, tome 6, p. 14, Septembre 1856), et ce savant paléortologiste ne croit pas que l’on puisse décider la question avec les seuls matériaux que l’on possède aujourd'hui. Pycxonus MunsTERI, Ag., et P. COMPLANATUS, id., pages 9 et 10. Nous renvoyons encore pour ces espèces et pour leur comparaison avec les autres Pycnodus, au mémoire précité sur le terrain crélacé de Sainte-Croix. On y trouvera quel- ques faits nouveaux sur les rapports de leurs rangées dentaires. Homarus LATREILLEI, Robin. Desv. — page 15. Le lower greensand d’Atherfield, dans celle de ses couches qui est connue sous le nom de Crackers, renferme de nombreux crustacés et en particulier des pinces identiques à celles que nous avons figurées. Nous sommes embarrassés pour savoir sous quel nom les auteurs anglais les désignent. M. Morris, dans son Catalogue, ne cite à Atherfield que la Meyeria magna, M. Coy. Or les pattes antérieures de ce genre, qui ne sont pas connues il est vrai d’une manière cerlaine, paraissent, d'après certains rapprochements spécifiques, avoir des rapports avec celles des Gebia et pas du tout avec celles de la famille des Astaciens. Il est très-probable que l’Homarus Latreillei doit être placé plutôt dans le genre des Hoploplaria, M. Coy, mais est-il identique à une des espèces qui ont été décrites, c’est ce qu'il nous est impossible d'affirmer. Nous tenons seulement à cons- tater que cette espèce se trouve à la fois dans notre terrain aptien et dans le lower L2 greensand d'Angleterre. NAUTILUS LALLIERIANUS, d’Orb. — à ajouter page 21. SYNONYMIF. Nautilus Lallierianus, d'Orbigny, 1841, Revue zool. Soc. Cuv., p. 318, des couches néocomiennes supérieures des environs d'Auxerre. Id. Id., Paléont. franç., ter. crét., I, p. 620, du terrain néocomien supérieur. Nautilus Saxbianus, Morris, 1847, Quart. journ. geol. Soc., p. 326 et tableau, p. 289, du Crackers’group dans le lower greensand d'Atherfield. Nautilus Saxbii, Morris, 1848, Quart. journ. geol. Soc., p. 193 (note lue à la Soc. géol. le 15 décembre 1847). Id. Morris, 1848, Annals and mag. of nat. hist., 2° série, I, p. 106, avec une gravure dans le texte. Nautilus Lallierianus, d'Orbigny, 1850, Prodrome, II. p. 112, de l'étage aptien. Nautilus Saxbü, Giebel, 1852, Fauna der Vorwelt, LI, p. 137, du grès vert inférieur. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 171 La collection de M. le Dr Campiche renferme un bel échantillon de cette curieuse espèce, clairement caractérisée par sa compression. son dos étroit et aplati, bordé par deux carènes, et par ses cloisons très-sinueuses. Elle sera décrite en détail dans le mé- moire sur le terrain crélacé de Sainte-Croix. Locauré. Cet échantillon a été trouvé dans le terrain aptien inférieur [marne jaune} de Sainte-Croix. AMMONITES DUFRENOYI, d'Orb. — page 22. Le nom de cette espèce devra êlre changé, car elle est identique à l’Ammonutes fur- catus, J. Sowerby {in Filton, Geol. Trans., IV, 1836, p. 339, pl. 14, fig. 17), du lower greensand de Hythe. La comparaison directe des échantillons du continent avec l’exem- plaire original du Dr Fitton ne nous laisse aucun doute. L'un de nous a rapporté d’An- gletcrre un moule de guita percha, formé dans la partie vide de cet échantillon; il correspond au commencement de la spire el par conséquent à un jeune individu, et est tout à fait semblable à nos échantillons de Suisse et de France. AMMONITES BEUDANTI, Brong. — page 26. Nous avons cité cette espèce d’après un seul échantillon, dont la détermination était bien exacte, mais que nous avions supposé à tort appartenir aux grès durs. Nous avons reconnu depuis qu'il avait dû être recueilli dans le gault et nous n’avons en consé- quence aucun motif pour croire que cette ammonite se trouve à la Perte du Rhône ailleurs que dans cet étage, où elle est très-commune. AMMONITES INORNATUS, d'Orb. — à ajouter p. 26. SYNONYMIE. Ammonites inornajus, d'Orbigny, 1840, Pal. fr.. terr. crét., t. I, p. 183, des terrains néocomiens supérieurs (ap- tien) de Gargas- Id. id., 1850, Prodrome, t. IT, p. 112, de l'étage aptien. Id. Ewald, 1850, Zeitschr. des Deutsch. geol. Ges., II, p. 446, de l'étage aptien de Gargas. Id. Giebel, 1852, Fauna der Vorwelt, t. III, p. 417, de l’étage aptien de Gargas. DIMENSIONS. DTA ETES ee nee re Ne acte NA Rene ne a Ne CESR diet = el et nu ce DQlee nie e GER, Largeur du dernier tour, par rapport au diamètre.....................,.......... 0,50 Diamètre de l’ombilie LUN 2 AM NEA ER LA RS AT ER RS PE ES 0,18 Epaisseur du dernier tour Te. LL LUN 5 apoccgoesodonéeouooetonocc6bo 0,40 172 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Coquille lisse, comprimée sur ses côtés, arrondie à son pourtour. Spire assez em- brassante, ne laissant qu'un ombilie médiocre mais bien défini, où les tours sont ap- parents sur le quart de leur largeur. Bouche comprimée sur les côtés, arrondie en avant et fortement échancrée par le retour de la spire. On ne voit sur le test ni sur le moule aucune trace de côte, de sillons ni d'ornements. Nous ne pouvons pas voir les lobes sur nos échantillons, mais ils ont été décrits par d'Orbigny. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Ainsi que le fait remarquer ce paléontologiste, cette espèce se distingue par sa simplicité même. M. Ewald émet quelques doutes sur sa constance et pense que dans son àge adulte elle pourrait bien se confondre avec l'A. Emericr. Raspail. Les échantillons que nous avons recueillis ne fournissent aucune transition entre ces deux espèces. Nous devons faire remarquer encore qu'ils sont un peu plus renflés que ceux de d'Orbigny, mais identiques pour tout le reste. Locaurré. Nous n'avons trouvé cette espèce que dans les grès apliens (f?) de la Perte du Rhône; elle y est très-rare. Musée de Genève. Toxoceras Larpyi, Pict. et Ren. — page 26. Nous avons quelques doutes sur le gisement de cette espèce. Il ne serait pas impos- sible qu'elle appartint au gault. ACTEONINA TOMBECKIANA, Pict. et Ren. — à ajouter page 55. DIMENSIONS. Haueuriinse semelles dem docti ne SC A RS AR EE RE ETS UE, Dia Mr Ie ner a ae NE ARE PEN PETER OT EN APCE NP SE TO TER 8 Coquille cylindrique, en forme de bulle, le dernier tour enveloppant tout le reste et dépassant même la pointe de la spire qui n’est pas visible de profil. Bouche étroite s'évasant en avanl; bord columellaire presque droit du côté de la spire et se courbant fortement vers la bouche, ne présentant aucune trace de plis ni de dents; labre mince. Le test est lisse, marqué seulement de fines stries parallèles circulaires que coupent des lignes d’accroissement espacées et peu visibles. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Celte espèce rappelle par ses formes celles dont MM. Morris et Lycett ont fait le genre Cylindrites et qui se trouvent surtout dans les étages juras- siques. Nous n’en connaissons du reste aucune qui joigne à une spire aussi cachée une forme aussi régulièrement cylindrique. Celle qui lui ressemblerait le plus est le C. cylindricus, Morris et Lycelt, mais cette espèce est forlement atténuée en avant: Parmi les espèces crétacées on en trouve peu qui lui ressemblent. Elle rappelle quelques ac- FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 173 téonelles, mais elle n’a pas de dents à la columelle; elle parait partout voisine des Glo- biconcha et en particulier de la G. ovula, d'Orb., mais elle est moins globuleuse que les espèces connues. Locaurés. Nous n’en connaissons qu'un seul échantillon de la marne jaune (4) de la Perte du Rhône. Collection Renevier. Nous avons été aidés dans notre description par deux autres exemplaires recueillis par M. Tombeck dans la couche rouge de Wassy. Collection Renevier. NATICA ROTUNDATA, Forbes. — page 34. La synonymie de cette espèce a déjà été revue et modifiée par l’un de nous (Rene- vier, Bull. Soc. vaudoise sc. nat., vol. V, p. 54, Juin 1856). Les échantillons que nous avons recueillis dans le terrain aptien se rapportent bien à la MNatica rotundata, Forbes, ainsi que nous l’avions pensé; mais une comparaison des échantillons anglais que nous n’avions pas pu faire alors a prouvé que cette Natica rotundata, Forbes, n’est point celle que J. Sowerby avait décrite sous les deux noms génériques de Turbo et de Lit- torina et qui a seule le droit de conserver le nom spécifique de rotundata. Celle que nous avons décrite doit prendre le nom de Natica lævigata, (Desh.) d'Orb., et sa sy- nonymie doit être être établie comme suit: NATICA LÆVIGATA, (Desh.) d'Orb. Ampullaria lævigata, Deshayes, 1842, in Leymerie, Mém. Soc. géol. V, p. 13, pl. 16, fig. 10, du terrain néoco- mien inférieur. Natica lœvigata, d'Orbigny, 1842, Pal. franç., terr. crét., II, p. 148, pl. 170, fig. 6 à 7, du terrain néocomien inférieur. Natica rotundata, Forbes (non J. Sow.), 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 346, du lower greensand. Natica sublævigata, d'Orbigny, 1850, Prodrome, II, p. 68 et 115, de l'étage néocomien inférieur et de l'étage aptien. Le nom de sublævigata est inutile, car la Nerita lœævigata, Sow., n’est point une Natice, et il n’y a par conséquent aucun motif pour changer le nom de Deshayes. Natica rotundata, Pictet et Renevier, 1854 (non J. Sow.), vide supra, p. 34. L'autre espèce, c’est-à-dire la véritable Natica rotundata, (3. Sow.) d'Orb., n’a pas, à nolre connaissance, été trouvée dans le terrain aptien. C’est le Turbo rotundatus, J. Sow., la Littorina rotundata, id., de Blackdown, la Natica Clementina, d'Orbigny, du gault et probablement la Natica ervyna, Pictet et Roux (non d'Orb.), du même gi- sement. 4174 PALÉONTOLOGIE SUISSE. NATICA GAULTINA, d'Orb. — page 56. Nous avons cité cette espèce dans le terrain aptien supérieur |[d}; mais, en revoyant nos échantillons, il nous est venu quelques doutes. Les moules de cette coquille se confondent facilement avec ceux du Turbo munitus, et depuis que nous avons trouvé cette dernière espèce dans les grès durs, nous sommes portés à croire que nous avons pris Ses moules pour ceux de la N. gaultina. Nous n'avons pas de motifs suffisants pour croire que cetle naltice ait apparu avant le gault. TurBO MUNITUS, Forbes. — page 38. Nous pouvons ajouter au gisement de cette espèce les grès durs |[d}). Nous possé- dons quelques échantillons avec et sans le test, qui ne laissent aucun doute à cet égard. SOLARIUM GRANOSUM, d'Orb. — page 41. L'existence de cette espèce dans le terrain aptien nous avait paru démontrée, comme nous l'avons dit, par des échantillons que nous pensions provenir des grès durs. Nous avons reconnu depuis qu’ils ont été très-probablement recueillis dans le gault. CeriraiuM HEeERn, Pict. et Ren. — page 51. Le dessinateur n’a pas été très-exact dans la représentation des cerithium. Nous devons en prévenir le lecteur, afin qu'il interprête et corrige un peu ces figures, et qu’il se fie surtout aux descriptions. Dans l'espèce dont il s’agit, PI. V, fig. 4, la rangée des petits tubercules est trop loin dela suture supérieure, tandis que les gros tubercules sont trop près de la suture in- férieure. Ceux-ci doivent diviser le tour en en laissant environ trois quarts en des- sus et un quart en dessous du côté apicial. CERITHIUM RocHATI, Pict. et Ren. — page 51. La figure de ce cerithium, PI. V, fig. 5, est trop allongée et trop pointue. Sa forme réelle est légèrement pupoide. Les tours devraient être un peu plus étroits et moins obliques. CERITHIUM REYNIERI, Pict et Ren. — page 53. Dans cette figure, PI. 5, fig. 7, les tours ne sont pas tout à fait assez étroits, et la spire est un peu trop allongée et pointue. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 475 PANOPÆA NEOCOMIENSIS, (Leym.), d'Orb. et P. PLICATA, (Sow.) Forbes. — pages 56 et 57. Ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer le genre Panopæa renferme des espèces très-difficiles à distinguer les unes des autres. L'examen d’un grand nombre d’échan- tillons nous ont engagés à restreindre le nombre des espèces, et nous n’en avons admis que deux. Nous craignons aujourd'hui de ne pas avoir été assez loin, et il est très-possible que ces deux espèces doivent être réunies en une seule. Le principal caractère sur lequel nous avions basé leur distinction, consistait dans les petites stries rayonnantes et granuleuses qui paraissaient n’exister que dans la P. neocomiensis. De nouvelles recherches nous ont fait découvrir des stries semblables sur tous les échan- tillons de Suisse, de France et d'Angleterre que nous avions répartis entre les deux es- pèces. La forme générale, celle des crochets, les proportions des régions anale et buccale, etc., ne peuvent fournir que des caractères insuffisants. Nous ne proposons pas, cependant, dès aujourd’hui leur réunion, car cette question difficile demande à être éclairée par l'étude d’un grand nombre d'échantillons à test bien conservé. La Perte du Rhône ne fournit presque que des moules qui peuvent difficile- ment être utilisés dans ce but. Nous nous bornons, pour le moment, à attirer sur cette analogie l'attention des paléontologistes qui sont placés d’une manière plus favorable que nous. Si la réunion de ces deux espèces est admise, il conviendra de leur restituer le nom Panopæa Gurgutis, Brongniart, car c’est sur des échantillons de la Perle du Rhône que l'illustre géologue a établi cette espèce. Depuis lors, ce nom a été sans motif transporté à une autre | Voyez la note, page 56.). PHOLADOMYA ELONGATA, Münster. — page 61. Nous n'avons qu'un mot à ajouter à la synonymie de cette espèce. Nous avons dit qu’elle devrait porter le nom de Ph. gigantea, le plus ancien qui lui ait été attribué (Pholas giganteus, Sow.}, si Sowerby n'avait pas décrit antérieurement une Corbula gigantea, dont d'Orbigny a fait une Pholadomye. Nous avons eu, entre les mains, un bon échantillon de cette dernière coquille qui présente à la charnière deux dents allongées et recourbées. Cette circonstance réfute complétement l’idée de d'Orbigny et doit faire rendre à l'espèce qui nous occupe ici le nom de Pholadomya gigantea, (Sow.) Forbes, non d'Orb. 176 PALÉONTOLOGIE SUISSE. PHOLADOMYA, —- à ajouter page 62. La collection Renevier renferme une PHozapomyA des grès marneux |/} de la Perte du Rhône, qui est différente des trois espèces décrites dans notre Mémoire. Elle appartient au groupe des Pholadomyes multicostées, Agassiz et est très-voisine de la Pholadomya semn- costata, Agassiz, (Études critiques, Myes, page 51, PI. 21, fig. 13 —15; PI. 2, fig. 1et2 et PI. 3:, fig. 41), du terrain néocomien des environs de Neuchâtel. Notre unique échan- tillon, fracturé sur la région anale, n’est pas assez complet pour permettre d'affirmer leur entière identité; mais ce qu’on en connait la rend probable. Nous devons faire remarquer que les figures de la planche 2" ne sont pas citées dans le texte de M. Agassiz, et que ce sont précisément celles qui ressemblent le plus à notre échantillon. Nous n'avons su voir aucune indication de correction. CORBULA STRIATULA, J. Sow. — à ajouter, page 62. SYNONYMIE. Corbula striatula. 3. Sowerby, 1827, Min. conch., pl. 572, fig. 4-6. du lower greensand du Sussex. Id. Forbes, 1845, Quart. journ. geol. Soc., I, p. 239, du lower greensand. Id. d’Orbigny, 1847, Pal. fr., terr. crét., III, p. 459, pl. 388, fig 9-13, de l'étage aptien. Id. Prodrome, 1850, II, p. 118. de l'étage aptien. Nous renvoyons aux ouvrages ci-dessus pour la description et la figure de cette petite espèce, qui chez nous ne dépasse pas 4 à 5 millimètres. Nous avons pu constater l'identité de nos échantillons et de ceux d’Atherfield. Locauirés. La C. striatula n’est pas rare dans la marne jaune {h}) de la Perte du Rhône, mais sa petite taille la fait souvent négliger. TarAcrA ARcHIACt, Pict. et Ren. — page 67. Il faut ajouter à la synonymie de cette espèce : Pholadomya? Agassizi, Forbes, 1845 (non d’Orb.), Quart. journ. geol. Soc., I, p. 239, du lower greensand. E. Forbes n’a pas décrit la coquille dont il s’agit; mais une étude directe de ses échantillons a permis à l’un de nous de se convaincre de leur identité avec le nôtre. Ce n’est qu'avec doute que Forbes les a rapportés à la Pholadomya Agassizü, d'Orb., (Goniomya caudata, Agassiz}, et nous croyons en effet ces deux espèces distinctes. Les figures et la description de d’Orbigny indiquent une coquille beaucoup plus inéquilaté- rale, à région anale plus longue, bien plus excavée en arrière des crochets, chez qui FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. 477 la carène est beaucoup plus rapprochée du bord cardinal et dont les côtes sont bien plus marquées sur la région anale. Ces différences sont plus grandes encore, si l’on consulte les figures de l'ouvrage de M. Agassiz. L'un de nous a apporté d’Atherfield un échantillon de la même espèce que le nôtre ei que celui de Forbes. Il est remarquable par un développement plus grand de la région buccale et par une carène anale plus aigüe que dans celui que nous avons avons figuré. Il rend, par conséquent, plus sensibles encore les différences indiquées ci-dessus; les côtes buccales sont bien marquées, mais plus arquées que dans la PA. Agassizü. Cet exemplaire ne fournit d’ailleurs aucun document nouveau sur le genre auquel appartient l'espèce; nous n'avons point pu voir la charnière, et nous conti- nuons, en conséquence, à l'aitribuer au genre thracia à cause de ses formes externes et, en particulier, de celle de la région anale. CYPRINA ERVYENSIS, Leym. — page 75. Nous sommes obligés de changer le nom que nous avions attribué à ces coquilles. Nous avons reconnu que nos échantillons, tant de la Perte du Rhône que des Alpes, sont identiques à l’espèce de Blackdown, qui a été décrite d’abord sous le nom de Ve- nus angulata, Sow., et qui est devenne plus tard la Cyprina angulata, Flem. Celte es- pèce se trouve en Angleterre dans le lower greensand, et la comparaison de plusieurs échantillons, provenant tant de ce terrain que de Blackdown, ne nous laisse aucun doute sur leur identité avec les nôtres qui doivent ainsi porter désormais le nom Cy- prina angulata, (Sow.] Flem. Une comparaison directe, avec des échantillons du gault d'Ervy, sera indispensable pour décider si l'espèce de Leymerie est différente de celle de Blackdown. Nous n'avons pas les matériaux nécessaires pour cette étude, qui ne peut point du reste influer sur le nom que doivent porter les échantillons de notre terrain aptien. En effet, s’il y a deux espèces, la nôtre est la C. angulata et non la C. ervyensis; si elles doivent être réu- nies, le premier de ces noms doit être conservé comme le plus ancien. CARDIUM DUuPINIANUM, D'Orb. — page 78. Nous doutons beaucoup maintenant de l'existence de cetle espèce dans les grès durs. Nous ne l’avions inscrite que sur l'examen d’un certain nombre d'échantillons mal conservés que nous avons reconnus depuis, appartenir en majorité à la Cyprina angu- lata. La question de son existence dans le gault de nos environs sera reprise dans un prochain travail. 23 178 PALÉONTOLOGIE SUISSE. CARDIUM IBBETSONI, Forbes. — page 78. Nous avions laissé planer quelques doutes sur l'identité de notre espèce avec celle qui a été décrite par Forbes sous le nom de C. Ibbetsoni. Une comparaison directe nous à ôté toute hésilation, et l'espèce de la Perte du Rhône peut être définitivement inscrite sous ce nom. FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. TABLE ALPHABÉTIQUE. Fage ROÉDHNRES Em nee SA PAIR EE TN rer Ne MN AMENER TE AGTEON, Montfort. .................. 31 » Cornueliana, Re HAINE Droe-Bo D AGTEoNINA, d'Orbigny................ 31] >» glabra, (Park.) Goldf........... » Chavannesi, P.et R....... 32, » Raulini, (Leym.) d'Orb....... Je » Tombeckiana, P. et R..... 172 » Robinaldina, d'Orb............. AMMONITES, Brug................... 91 » Robineauina, Bronn....... .... » Beudanti, Brong....... 26 et 171 | Arcacites rhombiformis, Schl........ DO » Campichii, P. et R......... 25 | ARCOPAGIA, Brown ................ ; » clavatus, Brong........... 23 » concentrica, d’Orb......... » Cornuelianus, d'Orb.°..... 91 » subconcentrica, d'Orb...... » Dufrenoyi, d'Orb . .... 22 et 171 | ASrARTE, SOW ....................... » furcatus, J. Sow........... 171 » Beaumont, Leym.......... » inornatus, d'Orb.......... 171 » Brunneri, P. et Roux........ » mamillaris, d'Orb. ....... 93 » Buchi, Rœmer.. ........... » mamillatus, Seh.. ........ 23 » Gurgitis, P. et Roux ........ » monile, SOw........ Re 23 » laticosta, Desh.............. » Martinii, d'Orb............ 22 » neocomiensis, d'Orb......... » Milletianus, d'Orb....... co. » ODOVALAR SON PETER Amphidonte aquila, Pusch............ 138 » SINUATA MODE EE REA NETE Ampullaria canaliculata, Mant........ 36 » striatocostata, d'Orb......... » lœvigata, Desh........ 35 et 173 » subcostata, d'Orb............ INNANA, ILENM, 0000060706 #00c0000000 62 » transversa, Leym........... » RENE, EI 6604000000 6% | Avicula ephemera. Forbes............. > Rhodani, P. et Roux......... 63 » lanceolata, Forbes........... » Robinaldina, d'Orb.......... 63 > Rhodan, P. et Roux. ......... ANNÉLIDES 20 20e CM 15 » sublanceolata, d'Orb.......... ANOMIAS Line ee OMS At à 4142 » biplicata, Brocchi.:.......... 143 | BELEMNITES, List..................... » convexa, J. SOW.............. 149 » semicanaliculatus, Bl..... » lœvigata, J. Sow............. 142] BRACHIOPODES............. USE 179 123 121 120 121 180 Page BRVOZOMIRESF RUE EEE ECRERRCEE 150 CARDITA, Brug. 0... ent 81 » fenestrata, {Forb.) d'Orb...... 82 » Meriani, P.et R............. 82 CARDIUM IN RC EEE SES CAES IA » bellegardense, P. et R........ 81 » Cornuelianum, d'Orb ........ 59 » dissimile, Fitton ............ 77 Dupinianum, d'Orb...... 78 et 177 » Rod D El 0606000008 000 79 » galloprovinciale, Math....... 76 » Ibbetsoni, Forbes........ 18 et 178 » Neckerianum, P. et Roux..... 77 » sphæroideum, Forbes. ....... 71 (COEUR, A ocoooocescscbonboooboe 155 CÉPHALOPODES PC ee 19 CERITHIUM, Adanson.................. 50 » Forbesianum, d'Orb........ 52 » Heerii, P. et R........ 51 et 174 » Phillhipsii, Forbes ......... 52 » Reynieri, P. et R. ..... 53 et 174 » Rochati, P.etR ....... 51 et 174 Chama conica, Sow................... 139 » plicata, Sow .-......... 139 » recurvala, SOW......... 139 Cuenopus, Philippi................... 48 » Dupinianus, d'Orb......... LS CORBISMCUVA EE PAPE CCE Noos 76 » cordiformis, d'Orb ........... 76 » corrugata, (Sow.) Forbes....... 76 » _ obovata, d'Orb........ re MONTS Corbula striatula, J. Sow............. 176 CRASSATEPE ASIA EPP RERO 90 » Robinaldina, d'Orb....... 90 CRUSTACÉS NT ME PAR ER er pen 13 Cucullæa carinata, Sow...... ....... 104 » fibrosa, Sow.. .......... a 10 » glabra, Park........... see NO » Raulini, Leym..... Dr 106 CYPRINAS L'aAM ERA UOSEEPNARE ER 13 » angulata, {Sow.) Flem........ 177 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Page Cyprina angulata, Forbes............ 73 » ervyensis, Leym......... 73 et 177 » Rhodani, P. et Roux.......... 75 » OS SONE ET EEE ECC 73 » Saussuri, P.etR............. 73 Diadema Brongniarti, Ag............. 158 » * Rœmeri, Desor..... Re ee 158 DiscorneA, Klein... ee ne 158 » subuculus, Klein... ....... 158 DISCO ES SNS et 166 Donacites Saussuri, Brong...:........ 73 ECHINODERMES ................... 151 ÉBIASTER AMONT ER PEER ERREUR 153 » polygonus, [Ag.} d'Orb....... 153 Exogyra conica, J. Sow........,...... 139 » harpa, Morris. .............. 141 » lævigata, J. Sow........... .. 139 » sinuala, Leym............... 138 de SHARE INCOMocbocogtosoenee 140 » subcarinata, Munster......... 139 » subplicata, Rœm............. 140 » Subsinuata, Leym............ 138 ÉCUSTRELEA dIONDE A PEER EEE EEE 154 » Rhodani, P. et R......... 151 FORAMINIFÈRES.........:......... 166 CASTÉROPODES. Cr CNE e 28 GCALERITES Dam ELEC RCE ECC 156 » Gurgitis, P. et R.......... 156 GERVILTA SUD EE RE ERP EEE ER 119 » aliformis, (Sow.) d'Orb...... 120 » alpina, P. et Roux......... 12L » anceps, Desh...... .... ob JA] » aviculoïdes, J. Sow......... 191 » linguloïdes, Forbes......... 123 Gryphæa aquila, Brong.............. 138 » “conica, Deshs. "rer 139 » Coulon Del EC PETER 138 » harpa, Forbes.............. 141 » latissima, Lam............. 138 » sinuala, SOW............ CES FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. Page HETERASTER, d'Orb.................. 151 » oblongus, (Deluc) d'Orb.. 152 HINNITES, "M Defr- 0... nn. 135 » Favrinus, P. et Roux....... 135 » Leymerii, Forbes........... 135 HOLECrYPUS, Des... 157 » similis, Desor........... 157 HOMARUS, MA Ed ee eee 13 » Latreillei, Rob. Desv.... 13 et 170 HyposaLENIA, Desor.................. 161 » Lardyi, Desor........... 161 » Meyeri. Desor.......... 162 ANTR ASS CHU MERE ET EE RER CE 198 » Morngi, IDC Mooocososavooeoc 128 » quinque-costala, P. et Roux... 128 ÉAMNA CUVE ue Ent E ent e 12 Lenticulaire. .......... SA re nee 166 DIMAPNBEUSEEC EC ENT EEC RECENT CEE 126 >COLaIdina, DOrDE ere ce re rte 126 >) "MATE IbEMMebSo ro or nee 126 » elongata, Forbes............... 126 » parallela, (Sow.) Morris......... 126 ÉITHODOMUS COUV REPÉRER EEE CEE CE 117 » oblongus, d'Orb.......... 117 Littorina rotundata, J. Sow. ...... 35 et 173 Lutraria Gurgitis, Brong............. 56 MAG TRAIN 2 ee comen 70 » gaultina, P. et Roux......... 71 » Montmollini, P.etR......... 70 » Saussuri, Ren............... 73 Madreporites lenticularis, Blum....... 166 Micraster oblongus, d'Orb ........... 152 » polygonus, Ag.............. 153 MODIO LAS AE AM A NME En e 110 » æqualhis, SOW...--.... 116 » aliformis, Sow............. 120 » angusta, Roëmer........... 111 » DER MIS OWNER EEE 113 » lineata, J. Sow............. 411 » parallela, SW... 126 » SUMpler DES EC EEE CE CCE 114 181 Û Page MOLLUSQUES ACÉPHALES ......... 54 » BRACHIOPODES ..... 142 » CÉPHALOPODES. . .…. 19 » GASTÉROPODES. . 28 Musculites striatulus, Schl............ 61 Joe Hoi Souiec-2oocposobcoooacee 57 Myopsis neocomiensis, Ag........... PONS 6 MYMILOS INA RME ARE 110 » abruptus, d'Orb............ 110 » æqualis, (Sow.)] d’Orb....... 116 » GIDEP, POSE 0 0dbc0000c00 a11 » Lolln, 'Dnoessoscsosoccdens 113 » bellus, (J. Sow.) Forbes... ... 113 » edentulus, J. SOW........... 110 » ENton MOrD rene 115 » Gurgitis, P. et Roux. ....... 114 » lanceolatus. J. Sow......... 1410 » lineatus, d'Orb............. 11 » Orbignyanus, P. el Roux.... 411 » prælonqus, J. Sow.......... 110 » reversus, d'Orb............. 115 » SMIC AO EEE CAE TUE 114 » sublineatus, d'Orb.......... 114 » subsimplex, d'Orb.......... 114 » GROS, Je Soc os oobon ose 110 INANCAMATANSONE EE EC CE re Ce 34 » canaliculata, SoWw..:.......,. 36 » Clementina, d'Orb........... 173 » Cornueliana, d'Orb........... 36 » ervyna, P. et Roux...-....... 173 » gaultina, d'Orb. ......... 36 et 174 » Iævigata, d'Orb. ......... 35 et 173 » Rauliniana, P. et Roux....... 31 » rotundata, Sow.......... 34 el 173 » rotundata, Forbes........ 34 et 173 » sublævigata, d'Orb....... 35 et 173 » SUEULIPAGREeE Crrre eee 37 N'AURILUS Fee mr ue do let ee eva 20 » Lallierianus, d'Orb.......... 170 » Neckerianus, Pictet......... 21 » plicatus, Sow............... 20 » Reguienianus, d'Orb........ 20 182 Page Naurizus Saxzbianus, Morris .......... 170 » SALONS MOREIS RE EE ECC 170 Nucura, Lam:....:... RE 107 » Cornueliana, d'Orb.......... 108 » impressa, J. SOw.......... .. 108 » OOIUSA ORDRE EEE 108 » DlanatannDeSh ERP PPRE RE EEE 108 » simplex, d'Orb. ............. 107 » subrecurva, Phill. ....:...... 108 » subobtusa, d'Orb............ 108 Oprs: Defre SE Te TRE an te ee 83 » MENTON 1e EG Racoouococopogode 84 » neocomiensis, d'Orb............ 83 OPERCULINA, d'Orb....:..... 1... 167 » cruciensis, P. et R....... 167 OnBiTounNA, d'Orb.. ................ 166 » conoidea, À. Gras....,.... 166 » discoidea, À, Gras........ 166 » lenticularis, Blum.) d'Orb.. 166 » lenticulata, d'Orb.....:... 136 Orbitolites lenticularis, Bronn......... 166 » lenticulata, Brong.......... 166 Orbulites lenticulata, Lam............ 166 ORTHOCONQUES INTÉGROPALLÉA- DES RAT ARE 73 » SINUPALLÉALES. 54 OSTRE DEN Eee ONE Re TRE us 138 » CUUO AUOT ANEE 139 » allobrogensis, P. et Roux..... 141 » Boussingaulti, d'Orb......... 140 » conica, {(Sow.) d'Orb......... 139 » Couloni, (Defr.) d'Orb........ 138 » nos D, EU ROME code 6000 (pa » Rauliniana, d'Orb........... 139 Panopæa, Ménard.......... ASC 55 » acutisulcata, P. et Roux..... 58 » Gurgitis, (Brong.) P. et R.... 175 » neocomiensis, (Leym.) d'Orb. 56 et 175 » plicata, (Sow.] Forbes. .. 57 et 175 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Fage Panopæa plicata, Roëmer............ 56 » PY60OS4, D'Or) een 58 > Rhodani, P. et Roux...... . 58 PARASMILIA, Edw. et H: ...-::.:...... 165 aptiensis, P. eLR......... 165 PECTEN, Guallien. A Cu 131 » aptiensis, P. et Roux......... 131 » Dutemplei, d'Orb...... OURE 131 » GREPDINAPMELERE EE PR ERETE 134 » interstriatus, Leym.......... 131 » obliquus, Forbes ............ 131 » quinque-costatus, Roëmer .... 128 PENTACRINUS .MILIen AE PRE EEE 162 » annulatus, Roëmer...... 162 » cretaceus, Leym......... 162 INA 10 ooncoogoaogoomscoucecoue 125 » alæformis, SOW...:........... 120 DMMBOUTEUE AP MIELIRe Ce eee 125 » Ricordeana, d'Orb. ........... 195 PHOLADOMYA SOMME ere CR TES 59 » Agassizi, Forbes... 176 » Cornueliana, d'Orb ...... 59 » elongata, Munster ... 61 et 175 » HADRIN A AGREE CEE 61 » gigantea, (Sow.) Forbes 61 et 175 » Lang, Thurm.......... 61 » meocomiensis, Leym...... 56 » pedernalis, Roëmer...... 60 » Prevosti, Deshe -... "57 » semicostata, Ag.......... 176 Pholas giganteus, Sow........... 61 et 175 IRNOI Diese dsoLobcorcosdeeno bec 117 » restituta, Forbes............ 118 » Robinaldina, d'Orb............ 117 TU TOS TER OEMERE EEE CE 117 » subrugosa. d'Orh...-......... 118 PLesrosaurus, Conyb................. 5 » Gurgitis, P. et R. .... 5 et 169 PLEUROCONQUES. .. ... TE GO 119 PLeuroromartA, Defr................. 41 » Fitiont, d'Orb .. ...... 42 » gigantea, SOW. ....... 42 FOSSILES DU TERRAIN APTIEN. Page PLeuroromaARIA Jurensisimilis, d'Orb... 42 » striala, SOW.......... 42 DEAN LEmoostoootecboccr ego 136 » inflata, J. SOWw.......... sa 1087 » placunea, Lam-.......... 136 » radiola, d'Orb............ 137 » spinosa, Mant......... .. 137 POISSONS ST PMIMUM I AMEREEe : 8 POMPES ANNE AREA EE 162 PSAMMOPIA, AM PTE EEE Te 68 » Studeri, P.etR........... 68 PseupopiApema, Desor................ 158 PRBROGERA BAM Ce eee 43 » pelagi, (Brong.) d'Orb..... 43 » Rochatiana, d'Orb......... 45 Pycnopus, Ag....................... 8 » complanatus, Ag..... 9, 40 et 170 » Munsteri, Ag........ 9, 11 et 170 IMEAULUE) Ado ces o0oooecosocoobue 154 » ovatus, Ag. ............... 154 BYRULAMMEAME eee Cr NE a fetele 49 » Valdensis, P.etR............ 50 PIEPDITES en -cce mcenemt-ecnre 5 RHYNCHONELLA, Fischer............... 147 » Gibbsiana, (J.Sow.) Dav. 147 » lata, d'Orb............ 148 » parvirostris, Dav....... 148 POSNAULNAUN HAMorcooseccooococccos 46 » Dupiniana, d'Orb....... 48 » Robinaldina, d'Orb...... 46 » Rouxii, P.et R.......... 47 SADENTA GTA ee Ce Ce 159 » preslensis, Desor. ........... 159 » Triboleti, Desor ............. 160 ScALARIA, Lam ....... EN EE 30 » ROUXIPIPA EIRE EE TEE ENTE 30 SERPUBAR LUN EAP rene lle ee 15 » antiquata, SOWw........... 16 » ana, Col cobbonceouso ns 15 » filiformis, SOw.............. 17 > GONLITIS ASCHIER PRE ENEERES 17 Page SERPULA qguinquangulata, Roœm....... 15 » SOCIQlS, GOT. ERA RE TENE 17 SIPHONIA, Park........ AE LL DA EE 168 » Rhodaniensis, P. et R....... 168 SOLARIUM, Lam............... HO 50 41 » granosum, d'Orb........ 41 et 174 SOUCURUE) Llosccobdobaogoneuconeue 54 » Desori, P'etR--5:-2... 55 Spatanqus oblongus, Deluc..:......... 152 Sphæra corrugata, SOW............... 76 SPONDYLUS, Gessner....... D PAIE ER 135 » Brunneri, P. et Roux... 136 » strigilis, Brong............ 136 Strombus pelagi, Brong............... 43 TEREBRATELLA, d'Orb................. 146 » oblonga, (J. Sow.) d'Orb. 146 » Rhodani, P. et Roux.... 146 TEREBRATULA, Brug............ SAT 142 » biplicata, (Brocc.) Sow... 143 » convexza, J. SOW ... .... 147 » depressa, Lam......... 14% » Dutempleana, d'Orb..... 143 » elegans, J.Sow......... 147 » HD Je Do cebbase 145 » Gibbsiana, J. Sow... 147 » latissima, Rœmer....... 147 » merviensis, d'Archiac.... 144 » nuciformis, Rœmer .... 447 » oblonga, J. Sow........ 146 » parvirostris, J. Sow..... 147 » Sea JSOW rene 144 » subtriloba, Desh........ 145 » tamarindus, J. Sow..... 145 TEREBRIROSTRA, d'Orb................ 146 » arduennensis, d'Orb... 147 Tetragramma depressum, Rœm.... 158 THAMNASTREA, Lesauvage............. 163 » Pilleti, P.etR.......... 163 IMHRAGTAMILeACNE RS Re CRETE 65 » Archiaci, P. et R......... 67 et 176 » Couloni, P. et R...... ed 66 » subangulata ,Desh........... 65 184 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Page | Page Toxaster oblonqus, Ag................ DÉMAROMEUR, IDD, 596 bobaoccccobcououood 39 Toxoceras, d'Orbigny................ 26 » Couveti, P.etR............. 40 » Lardyi, P. et R........ 26 et 172 » jurensisimilhis, Rœm......... 42 TREMATOPYGUS, d'Orb.........:........ 155 » Razoumowski, P.et R. ..... 39 » EXCENERICUS Pet IR EMI S)RURBON INR ERP PEER EE PET ETC EEE 38 MRTGONTA BRU SE MEME COPAINS 91 » Forbesianus, d'Orb........... 38 » alæformis, Leym........... 97 » munitus, Forbes. ......... 38 et 174 » ANTONMIS APATECC EEE. Ce 99 » rotundatus, SOW. ......... 34 et 173 » Archiaciana, d'Orb......... OSNDURRITEL LAS AME AR RE RENE Re 28 » Carinata MAC PE ET EC PET Lee 104 » Charpentieri, P. et R...... 29 » caudata ASE PME CNET 97 » helvetica, P. et R......... 28 ‘ ra Fe VaniGra, d'Orb...... cerises 33 . an DE INR 104 » Rochatiana, d'Orb.......... 33 Mots Doshee ca aoe nca 102 VENERICARDIA, DAME tre ae 81 VENUS Linie nine ee UV 71 » NE Ac oascobuecorone 102 » DOdOS2 MASON Eee re | Ho re 117 < RO D 06 » cordiformis, Desh............. 76 À Gps MOREL ee once al fenestrata, F ces at M nat 82 à TRES Ve SO soon 00 on 0 99 » meocomiensis, d'Orb.. 02 020n9 « 71 < ie DO D NE Le ao vendoperana, (sons) d'Orb.... 71 à NT EN de LUI vendoperata, ŒORDseocs ob ga 71 ; ; LAVER MACU LE ER EEE Ce le CT Ce 17 » SPINOSG, JA SW... 95 » Sa AB oocoocoveceoee 101 | Waldheimia tamarindus, Davidson.... 145 MÉMOIRE LES ANIMAUX VERTÉBRES TROUVES DANS LE TERRAIN SIDÉROLITIQUE DU CANTON DE VAUD \Q MÉMOIRE ANIMAUX VERTÉBRÉS DANS LE TERRAIN SIDÉROLITIQUE DU CANTON DE VAUD ET APPARTENANT A LA FAUNE ÉOCÈNE PAR F.-J. PICTET, PAP © C GAUDIN & Pn. DE LA HARPE GENEVE CHEZ J. KESSMANN, LIBRAIRE RUE DU RHONE IMPRIMERIE DE JULES-Gne FICK = 1]2 1855-1857 4 Ë MEMOIRE SUR LES ANIMAUX VERTÉBRES TROUVÉS DANS LE TERRAIN SIDÉROLITIQUE DU CANTON DE VAUD et appartenant à la faune éocène PAR MM. F.-J. PICTET, C. GAUDIN er Pu. DE La HARPE. Ce mémoire a pour but de faire connaître les débris de la faune éocène supérieure ( Terrain parisien, D’Orb.) qui ont été récemment trouvés au Mauremont, dans le Canton de Vaud. Il se divise en deux parties. La première contient une description géologique de la contrée où ces ossements ont été recueillis; elle appartient exclusivement à MM. Gaudin et De la Harpe. La seconde comprend la description paléontologique des fossiles, et a été principalement rédigée par M. le professeur Pictet. 19 PALÉONTOLOGIE SUISSE. PREMIÈRE PARTIE. OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES LES BRÈCHES OSSEUSES ET LE TERRAIN SIDÉROLITIQUE DU MAUREMONT PAR MM. GAUDIN er DE La HARPE. Il y à un peu plus d’une année qu'une course géologique au Mauremont, colline néocomienne située près de La Sarraz, au Canton de Vaud, nous conduisit à la découverte intéressante d’un gisement de sidérolitique riche en ossements fossiles. Ce fait tout nouveau pour notre pays nous engagea à réunir, dans une petite notice présentée à la Société Vaudoise des Scien- ces naturelles ‘, les quelques faits que nous avions recueillis et les idées qu'ils avaient fait naître dans notre esprit. Depuis une année, de nouvelles observations sont venues se ranger à côté des premières et, grâces à elles, nous sommes maintenant en état de combler quelques lacunes dans les détails géologiques, d'ajouter quelques idées à celles qu'une première étude nous avait données et d’en modifier d'autres émises ur peu à la légère. Une étude plus approfondie des auteurs qui ont écrit sur le sidéroli- tique, Jointe à l'observation des faits et à leur discussion, nous permettra peut-être de tirer quelques conclusions générales sur le soulèvement du néocomien, sur le terrain sidérolitique °t sur quelques phénomènes qui ont suivi l'apparition de ce terrain. ! Bulletin de la Soc. Vaud. des sciences nat., t. III, N° 26. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. Gi) S Le Description géologique du Mauremont. Avant de passer à l'examen plus détaillé des localités qui ont fourni des traces de ces dépôts ferrugineux, et en particulier, des crevasses qui conte- naient des restes d'êtres organisés, nous dirons quelques mots de la contrée en général où ce gisement de sidérolitique s’est rencontré. Le Mauremont' est une de ces nombreuses collines néocomiennes sur lesquelles M. Studer appelle l'attention des géologues dans sa description du Jura. Il est séparé des bases de cette chaîne de montagnes par une gorge étroite, dans laquelle passe la route de Lausanne à Besançon au sortir de la petite ville de La Sarraz. A partir de cette gorge le Mauremont s'étend de l’ouest à l'est, sur l’es- pace d’une demi-lieue environ. Il parait avoir été le produit d’un soulève- ment local, dont l'axe, aussi dirigé de l’ouest à l'est, offre un point où les forces se sont évidemment concentrées. Ce point, qui correspond au sommet du Mauremont, se trouve à 152 mètres au-dessus de la plaine environnante. Cest à partir de là que les couches s’inclinent de tous côtés vers la plaine. Le Mauremont appartient presque en entier à l'étage urgomen de M. d'Or- bigny ( néocomien supérieur, calcaire à caprotines, calcaire Jaune de Neu- châtel, de divers auteurs ?). Il est composé d’un calcaire jaunâtre ou blanchâtre, très-dur et com- pacte. Cette roche est parfois saccharoïde, cristalline, d’un blanc presque pur, ordinairement grossière, grenue, oolitique; quelquefois encore elle est imprégnée de marnes jaunâtres. Elle est disposée en strates d'épaisseur variable; les parties plus dures et plus compactes forment des banes plus épais que les couches formées de calcaire moins dur. Les strates sont parfois interrompues par de larges et profondes coupures qui traversent la montagne dans toute son épaisseur. Ce sont de véritables cluses dont la direction moyenne va du nerd au sud. On en connaît maintenant trois. ! L'étude géologique de cette colline a été l’objet d'un travail de M. S. Chavannes. Bulletin de la Soc. Vaud. des sciences nat., t. III, N° 29. ? Le néocomien supérieur, le moyen et l’inférieur, c’est-à-dire les étages wrgonien et néocomien de M. d'Orbigny ne peuvent être séparés dans le cours de ce travail. Ils marchent toujours de front partout où ils se rencontrent. À PAILÉONTOLOGIE SUISSE. L'une a été utilisée pour y tracer le lit de l’ancien canal d’Entreroches, qui devait relier le Rhône au Rhin; la seconde sert de passage à une ancienne route, et la troisième vient d’être mise au jour par les travaux du chemin de fer de l'Ouest. Cette dernière est entièrement remplie par un diluvium glaciaire, tandis que les autres sont vides. Les terrains crétacés supérieurs manquent entièrement au Mauremont ; mais nous y avons reconnu l'existence d’un lambeau du néocomien moyen près d'Entreroches, sur un point où la voûte du calcaire jaune est rompue sur toute sa hauteur. La mollasse recouvre la plaine des environs et vient s’appuyer sur le néocomien supérieur à l'extrémité orientale du Mauremont. Enfin le diluvium glaciaire a semé çà et là des blocs erratiques, et, rempli la cluse moyenne de cailloux de toute espèce; les blocs de granit et de oneiss y sont mélangés à ceux du calcaire, à des fragments de mollasse et même à des marnes. Les parois de cette cluse sont évidemment mou- tonnées et cachent le plus beau poli sous Le sable qui les a recouvertes. La formation qui doit attirer le plus particulièrement notre attention est celle du sidérohtique. Ce terrain ne semble exister presque nulle part à la surface du calcaire. Sur un seul point, fort limité, la terre végétale qui repose sur le néocomien, s’est trouvée fortement colorée par les débris de marne rouge. Le sidérolitique se trouve par contre en abondance dans l'intérieur de la roche. On ne peut ouvrir aucune carrière, ni briser les strates superficielles, sans en rencontrer des traces; partout il remplit les fentes du calcaire. Les couches sont traversées par un grand nombre de ruptures secon- daires, qui diffèrent essentiellement des cluses, bien qu’elles proviennent sans doute de la même cause. Ces ruptures que nous appellerons indifféremment fissures, fentes ou crevasses, sont généralement verticales, perpendiculaires aux cluses et parallèles à l’axe de soulèvement. Leur direction générale est de l’ouest à l’est, c’est-à-dire qu’ordinairement elles suivent la ligne hori- zontale qu’on peut tracer sur le plan incliné des couches. Plus nombreuses près du sol de la vallée que sur le faîte des collines, elles paraissent man- quer complètement dans le voisinage des flancs, lorsque ceux-ci ont été coupés à pic. En un mot, elles existent surtout dans les points où les couches ont été voussées par le soulèvement, et où, en s’entr’ouvant, elles VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. b) ont offert au sidérolitique un asile assuré contre les bouleversements exté- TIEUTS. Les dimensions des crevasses varient beaucoup. Leur largeur qui, dans quelques fissures, dépasse à peine quelques centimètres, atteint ailleurs plusieurs mètres. La disposition du terrain est trop peu favorable pour qu'on puisse se former une idée exacte de leur longueur; les plus consi- dérables ne nous ont pas paru s'étendre à plus de 10 à 15 mêtres horizon- talement. Leur profondeur ne saurait non plus être appréciée exactement. Il en est qui, sur une hauteur de plusieurs mètres que présente la paroi où elles se montrent de profil, ne semblent point diminuer de largeur, tandis que d’autres se retrécissent de manière à laisser deviner à quelle profondeur approximative leurs bords doivent se rencontrer. La plus considérable a été mise au jour par la tranchée du chemin de fer; large d'environ 5 mètres à la surface du sol, elle présente, à une profondeur de 14 mètres, une lar- geur de 1 mètre 6 décimètres, ce qui fait supposer une profondeur totale de 20 mètres environ. Il est d’autres crevasses qui, par leur forme et leur disposition, s’écartent de la forme générale que nous venons de décrire. Tantôt elles vont en dimi- nuant de largeur vers la surface et disparaissent à quelques pieds du sol par le rapprochement des parois. Elles sont traversées à angle droit par d’autres fissures beaucoup plus étroites qui s’insinuent parfois entre les couches, et forment avec les premières une espèce de réseau dont il est difficile de s'expliquer l’origine. Il en est d’autres qui sont horizontales et irrégulière- ment interrompues par des cavités de grosseur variable; peut-être ne sont- elles alors que des ramifications de crevasses perpendiculaires qui se trou- veraient dans leur voisinage. $. IT. Nature des éléments qui remplissent les crevasses. Le sidérolitique est, ici comme ailleurs, représenté par des éléments divers. L'élément essentiel est formé de marnes rouges qui, dans leur coloration, laissent voir une foule de nuances, et dans leur texture une variété non moins 6 PALÉONTOLOGIE SUISSE. orande; leur composition diffère sans doute autant que leur aspect. Ces marnes renferment différentes matières qu’on peut aisément séparer en deux classes. La première comprend les éléments propres à la formation sidérolitique, ce sont les grains de fer pisolitique et de quartz; la seconde renferme les matières qui lui sont étrangères, ou qui plutôt sont erratiques dans les dépôts de ce terrain, et en particulier les blocs de calcaire néoco- mien et les animaux fossiles pris dans les marnes rouges. 1° Du sidérolitique proprement dit. Marnes. On distingue généralement dans les dépôts sidérolitiques deux couches distinctes". La couche supérieure est formée d’argiles plus ou moins calcaires et de couleurs diverses; ordinairement jaunes à la surface, elles passent au rouge brique à la partie inférieure. Elles ont une apparence grasse et luisante sur leur face de délitation; cet aspect leur a fait donner le nom d'argiles onctueuses. Nous n’en avons trouvé que quelques traces à la partie supérieure d’une des fissures découvertes par les travaux du che- min de fer. Les marnes du Mauremont se rapprochent davantage de ce que M. Qui- querez appelle les « Bolus » ou « Argiles inférieures. » € Leur matière, » dit-il, (àpre au toucher, à cassure mate et raboteuse, indique une forma- tion plus variée et moins aqueuse. Ce sont des amas tout partiels d’argiles toujours réfractaires et renfermant plus ou moins de mine de fer en grain, disséminée dans leur pâte. Elles sont accompagnées de sable quartzeux parfois en grains plus ou moins gros, et offrant l'aspect de petits cailloux roulés et polis par les eaux; leur couleur caractéristique est souvent le rouge. » Cette description, que nous donnons en abrégé et la comparaison que nous avons pu faire au moyen des échantillons envoyés par M. Qui- querez, se rapportent parfaitement aux matières de nos crevasses, qui ce- pendant sont en général d’une couleur rouge brun plus foncée et qui dif- fèrent en outre en ce qu’elles n’ont pas trace de sulfatisation. L’apparence des marnes varie peu d’une crevasse à l'autre; presque par- tout c’est une pâte ferme, sèche, qui résiste au marteau, mais se sépare ! Voyez: Quiquerez, Sur le terrain sidérolitique du Jura bernois, dans les Mém. de la Soc. Helv. des sc. nat. Nouv. série, t. XII. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 7 souvent d'elle-même en fragments plus ou moins réguliers et à surfaces planes. Elles se délitent parfois avec assez de facilité, tandis que la marne de certaines crevasses peut rester longtemps exposée aux variations de lathmosphère sans en être affectée, elles répandent une odeur caractéris- tique et légèrement bitumineuse. Délayées avec de l’eau, elles ne forment jamais une pâte plastique. Grains de quartz et sables siliceux. — La formation des argiles ferrugi- neuses paraît avoir été presque toujours accompagnée d'émissions d’eau chargée de silice. Celle-ci s’est déposée tantôt dans la roche elle-même, tantôt dans les marnes, où elle se retrouve sous diverses formes. Parfois ce sont de petits grains roulés et polis, ronds ou lenticulaires, dont les uns, formés de silice presque pure, sont parfaitement transparents, tandis que d'autres prennent une couleur vert-olive due à la présence du silicate de fer. Ces grains se rencontrent dans les dépôts sidérolitiques de tous les pays; en particulier dans les marnes ferrugineuses à ossements de Geor- gensemünd, en Bavière, et dans les fers pisolitiques d’Istrie et de Carniole. Ce ne sont pas des cailloux roulés accidentels dans ces dépôts, mais de petits globules déposés, tantôt sous la forme de grains arrondis et peu nombreux, tantôt sous celle d’un sable quartzeux fin et très-abondant, qui lié avec la marne, constitue un grès dur, chatoyant à la manière du feldspath, et qui résiste à l'air presque aussi bien qu’une roche compacte. C’est un grès pareil qui remplit une des crevasses du four à chaux d'Entreroches. Fer pisohtique. — Les pisolites ne forment pas de véritables dépôts, et sont en général dispersés avec assez de régularité; cependant ils se réunis- sent parfois avec les grains siliceux pour former de petits conglomérats ré- pandus çà et là dans les crevasses. On rencontre aussi fréquemment des grains beaucoup plus gros, plus ou moins arrondis, mais qui n’offrent à l’intérieur qu'une cassure terreuse ou sablonneuse, et jamais de structure concentrique. Ils sont recouverts d’un vernis siliceux, raient le verre et ne font point effervescence avec les acides. Tels sont les éléments du terrain sidérolitique proprement dit. Avant de passer à l’examen des débris erratiques qui s’y sont rencontrés, il ne sera pas inutile d'examiner l'influence que les marnes elles-mêmes ont pu exercer sur les matières qui se sont trouvées en contact avec elles. 8 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Les savants qui se sont occupés de cette question ont reconnu diverses formes d’altération des roches au contact du sidérolitique; ce sont : L’altération pâteuse. Elle consiste dans un ramollissement de la roche, qui devient plus blanche et plus tendre. Cette pâte conserve parfois sa composition chimique calcaire; d’autres fois elle forme une argile réfrac- taire de nature siliceuse et alumineuse, mêlée de cristaux de gypse. Elle se rencontre dans presque toutes les crevasses du portlandien et du corallien. L’altération dolomitique. La roche prend un aspect crayeux et dolomi- tique; alors l’altération pâteuse n’existe pas, ou du moins n’est pas si con- sidérable. L’altération ignée ou ferrugineuse. Elle présente un aspect scoriacé; la roche a été décomposée et s’est revêtue de matières ferrugineuses qui se sont soudées aux parois; celles-ci prennent alors une couleur rouge foncée ou violette. L’altération siliceuse. Certains banes de calcaire ont été partiellement silicifiés. On y rencontre des rognons dont les uns sont recouverts d’une espèce de vernis siliceux qui ne fait point effervescence avec les acides; l'intérieur est coupé par de petites cavités remplies de cristaux de quartz. Le calcaire lui-même semble pénétré par la silice et ne fait effervescence que dans quelques-unes de ses parties. D’autres rognons sont complètement jaspisés et marqués de couches concentriques. Les crevasses du Mauremont ne présentent pas de traces des trois der- nières altérations, et, si la première sy fait remarquer, c’est à un degré peu considérable. Les parois n’ont subi d'autre modification que celle qu’on remarque sur les surfaces de glissement, c’est-à-dire qu’elles sont striées, recouvertes souvent de carbonate de chaux, blanc ou rosé, cristallin et fibreux tout à la fois, et formant des plaques irrégulières, mais toujours striées dans le même sens. 20 Eléments étrangers au sidérolitique. Blocs de calcaire. — Les fissures qui n’ont que peu de largeur ne contien- nent guère autre chose que ce que nous avons appelé les éléments essen- tiels du sidérolitique. À mesure qu’elles s’élargissent, les matières qu’elles renferment deviennent plus mélangées de brèche calcaire. Celle-ci est for- VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 9 mée de fragments de toutes les grandeurs, dont les plus gros sont en gé- néral placés vers la partie la plus large de la crevasse, où ils sont retenus par les parois; leur disposition est d’ailleurs fort irrégulière. Tantôt de même nature que les parois de la crevasse qui les contient, les blocs de calcaire en ont été détachés au moment où les couches se sont brisées sous l'effort du soulèvement; tantôt ils différent sous tous les rapports de la roche environnante. Parmi ces derniers, il est une variété qui se retrouve dans la plupart des crevasses, et qui, dans quelques-unes même, forme à elle seule la totalité des fragments étrangers. C’est un caleaire plus blanc, plus fin, plus homo- gène, cristallin et saccharoïde, qui paraît jusqu’à présent sans fossiles, tan- dis que la roche environnante contient de nombreuses traces de polypiers. Cette pierre, au dire des carriers, est plus vive, plus cassante et donne une chaux plus blanche. La surface des fragments erratiques à subi une altération qui rappelle à quelque degré l’altération pâteuse. C’est une sorte de croûte friable, fari- neuse, qui se détache assez facilement du noyau qu’elle environne; elle est en général plus considérable dans les petits fragments et dans ceux qui se sont trouvés près de la surface, et semble diminuer à mesure que lon descend. Elle a eu pour effet d’arrondir les blocs, ou du moins d’adoucir leurs angles en donnant au calcaire, qui est blane à l’intérieur, une couleur quelquefois grise ou bleuâtre, et plus ordinairement brunâtre. IL est arrivé fréquemment que ces fragments ont été brisés en plusieurs pièces après leur dépôt dans la fissure; les morceaux se trouvent alors simplement appliqués les uns contre les autres, et la cassure, au lieu de l'altération pâteuse qui entoure le bloc entier, n’a plus qu'une coloration rouge beaucoup plus intense sur les bords. Il serait intéressant de rechercher d’où ces fragments de calcaire saccha- roide ont pu provenir; peut-être que des observations subséquentes nous permettront de tirer de sa présence quelques conclusions sur la direction qu'a dû suivre le courant des marnes ferrugineuses. Pour le moment il semble assez évident qu'ils n’ont point été fournis par les couches inférieures à celles où ils se trouvent, et qu'ils n’ont pas été entraînés d’en bas avec les matières qui les empâtent, car les crevasses sont 2 10 PALÉONTOLOGIE SUISSE. ordinairement plus larges à leur extrémité supérieure, où les blocs les plus gros ont été arrêtés par les parois. Il est plus naturel de supposer que ces débris proviennent de localités plus élevées d’où ils auraient été entrainés avec les matières qui ont rempli les fissures. Nos observations viennent à l’appui de cette supposition. Le calcaire saccharoïde se retrouve sur plusieurs points des environs, ainsi à la partie supérieure du Mauremont, au-dessus de St-Loup, sur les bords de la Venoge, au-dessous de Féreyres et plus haut encore du côté de Li- onerolles. Il est toujours à la partie la plus superficielle du néocomien su- périeur, où il n’atteint pas une grande épaisseur. On à pu, dans une loca- lité, observer très bien le passage de l’une des roches à l’autre. Près de Pompaples, cette même structure caractérise le calcaire à caprotimes et à hippurites qui prend alors une teinte rosée ou légèrement ferrugineuse. Faut-il attribuer cette différence d'aspect à une nouvelle phase dans le dépôt des matières calcaires qui ont formé le néocomien supérieur, ou peut-être voir dans cette structure le produit d’un métamorphisme dû au contact de coulées de marnes, accompagnées d’une température élevée. C’est une question qui n’est pas sans intérêt, mais que trop peu de faits sont encore venu éclairer pour qu'on puisse faire pencher la balance, vers l'une ou l'autre des deux suppositions. La seule pièce qui semblerait indiquer peut-être un métamorphisme est un fragment de calcaire qui provient d’une couche horizontale de marne rouge, située au bord de la route de Bavois. Ce fragment, qui peut avoir 50 centimètres cubes, présente sur la cassure une couche extérieure de calcaire saccharoïde d'environ deux centimètres, puis une auréole ferrugi- neuse de quelques millimètres de largeur, entourant un noyau plus grossier, et qui ressemble au calcaire jaune néocomien. Si cette transformation est due à l’action des marnes, il faut supposer qu’elle a eu lieu avant le trans- port des blocs dans les crevasses, sans cela les parois auraient, aussi bien qu'eux, porté la trace de cette action. Ossements fossiles. — Les circonstances qui ont amené à la surface du sol une aussi grande quantité de matières minérales, ont sans doute été peu favorables au développement des êtres organisés. En effet, des éruptions sur une aussi grande échelle de marnes ferrugineuses, des éjections d’eau VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 11 bouillante et des dégagements de gaz et de vapeurs délétères ont du nuire à la végétation et à la multiplication des êtres animés. Si des formations de dépôts semblables ont accompagné, ainsi que les faits semblent le prouver, chaque nouvelle phase de soulèvement du sol jurassique, et si ces dépôts ont recouvert immédiatement les espaces mis à sec, on comprendra comment ces gisements n’ont pendant longtemps fourni aucun fossile qui leur fut propre et aucune trace de débris végétaux. Aussi n’a-t-on pendant longtemps recueilli dans ce terrain que : Des fossiles jurassiques épigénisés. Des fossiles du terrain néocomien. Ceux-ci se rencontrent sur la lisière des régions sidérolitiques et sont synchrones avec le développement prin- cipal du minerai de fer en grains, en dehors des grands centres d'émissions ferrugineuses; les eaux du vaste Océan crétacé ayant pu modifier suffisam- ment les propriétés délétères des minéraux sidérolitiques pour permettre aux animaux marins d'exister. Des débris dus à des remaniements . La découverte, dans quelques-unes de nos crevasses, de fossiles appar- tenant à la faune éocène supérieure, est donc un fait nouveau et plein d'intérêt. Il sera d’une grande importance pour fixer définitivement la place que doivent occuper quelques-uns de ces dépôts sidérolitiques dans la succession des terrains géologiques. Il servira en outre à préciser la situa- tion géologique de dépôts analogues trouvés autrefois dans le canton de Soleure, mais qui n'avaient pas été étudiés avec assez de soin. Brèches osseuses. — Nous décrirons d'abord dans l’ordre de leur décou- verte les gisements ossifères qui ont été reconnus jusqu’à présent dans le canton de Vaud. Le premier qui fut exploité fut celui que nous découvrimes au mois d'Août 1852 dans une crevasse située derrière Le four à chaux d’Entre- roches. Dans cet endroit, les couches de calcaire s’abaissent en pente douce vers la plaine, où elles vont se perdre sous le sol horizontal que forment les marais de l'Orbe. Elles y présentent une succession d'assises relevées vers 1 Gressly, Nouveaux Mém. de la Soc. Helv. des Sc. nat., t. V, p. 285. 12 PALÉONTOLOGIE SUISSE. le Sud-Est, et qu'on a déjà exploitées sur une largeur d'environ sept mè- tres et sur autant de profondeur. La paroi qui forme le fond de la carrière laisse voir, sur une longeur de cinquante mêtres environ, une série de sept crevasses d’inégale largeur, mais assez semblables quant à la matière qui les remplit. Ainsi que les crevasses en général, celles-ci se dirigent de l'Est à l'Ouest et vont en se retrécissant dans le même sens. Celle qui doit nous occuper plus spéciale- ment, à cause des fossiles qu’elle renferme, est située à peu près au centre de l'exploitation; elle est en même temps la plus considérable et présente à sa partie supérieure une largeur d’un mêtre environ. IL est à regretter que ces dépôts n’aient pas attiré lattention plus tôt, car il est à présumer que la partie de la crevasse qui a été exploitée et dé- truite sur une longueur de dix à douze mètres, a dû renfermer un bien grand nombre de fossiles, si nous comparons cet espace avec les quelques mètres de la partie la plus étroite qui ont été l’objet de nos recherches. Cest dans la partie supérieure et sur une profondeur d'environ un mètre, que les ossements étaient ensevelis. Les conditions de conservation étaient fort diverses : ceux qui avaient été exposés immédiatement au contact du bo- lus ramolli par la terre végétale humide, étaient friables ou entièrement décomposés. Les racines des plantes avaient pénétré dans leur intérieur et rendaient leur extraction presque impossible. Ceux qui se trouvaient à une plus grande profondeur, soit à un mètre et plus de la surface, avaient pris une teinte bleuâtre et ne laissaient souvent sur l'argile que quelques traces qui n'indiquaient plus qu'imparfaitement la forme première du fossile. C’est la partie moyenne, située entre cinquante centimètres et un mètre de profondeur, qui a fourni les plus beaux échantillons. Pris dans une marne compacte, résistante et parfaitement sèche, ils se sont trouvés préser- vées de l'influence de l'humidité et à l'abri des causes encore inconnues qui ont détérioré les ossements situés à une plus grande profondeur. Aussi étaient-ils très secs et d’une belle couleur blanche. La structure primitive de los n’a pas été altérée, les parties spongieuses sont parfaitement con- servées ; ils ne renferment aucune trace d'infiltration de calcaire ou d’au- tres matières dans leur tissu et ne diffèrent probablement des ossements d'animaux vivants que par l'absence de gélatine. Ils ressemblent en un mot VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 13 aux débris d'animaux diluviens qu’on trouve dans les cavernes ou dans les brèches à ossements. Cet admirable état de conservation pendant le long espace de temps qui nous sépare de l’époque éocène supérieure, ne peut s'expliquer que par un concours de circonstances très favorables, telles que l'absence d’ac- tion chimique et d'humidité dans les marnes qui renferment les fossiles. Il faut supposer qu’elles étaient déjà refroidies et neutralisées lorsque les os- sements y ont été déposés. Si ces restes d'êtres organisés ont été à l'abri de toute action chimique, ils ont cependant subi des altérations d’une autre nature; ils ont souvent été resserrés entre les parois de la crevasse et les fragments de calcaire. Les mouvements du sol qui ont eu lieu postérieurement à leur dépôt et qui, ainsi que nous l’avons fait remarquer, ont fracturé les fragments de brèche calcaire, ont dû nécessairement exercer une fâcheuse influence sur des fossiles aussi fragiles. En effet, plusieurs d’entr’eux ont été fortement comprimés et plus ou moins déformés. Les branches des mâchoires infé- rieures ont été, dans quelques cas, appliquées l’une sur l’autre. Une tête entière avait été tellement écrasée que les dents se sont retrouvées dans la cavité cérébrale. Ce sont là néanmoins les seules détériorations que les fossiles aient su- bies. Ils ne portent pas la plus petite trace de frottement ou de charriage par les eaux, ce qui les distingue tout à fait de deux autres gisements qui nous occuperont plus tard. L'état de conservation des fossiles de ce gisement permet donc de con- clure que les animaux y ont été ensevelis entiers ou du moins presque en- üers. On à pu reconnaitre avec assez de facilité l'existence d’un squelette entier de Palæotherium minus, quelques pièces étaient encore juxtaposées ou articulées et des vertèbres réunies par leurs apophyses en crochet. Tous ces faits, et le dernier surtout, prouvent que ces animaux sont les contem- porains du sidérolitique, et qu’ils ont été amenés là avant que les diverses parties du squelette eussent été désagrégées, c’est-à-dire au plus quelques semaines après leur mort. Les six autres crevasses du four à chaux d’'En- treroches ne contenaient que quelques rares débris animaux. Le second gisement ossifère se trouve dans un petit escarpement au bord 14 PALÉONTOLOGIE SUISSE. de la route qui longe le marais du côté du village de Bavois. On y peut suivre une couche de bolus ferrugineux de vingt-cinq mètres de long sur cinquante centimètres d'épaisseur. Elle est recouverte par une couche de néocomien supérieur désagrégé, de vingt centimètres, sur lequel repose le diluvium glaciaire. La marne compacte et d’un rouge brun foncé, renfer- mait plusieurs ossements; nous y avons recueilli quelques côtes de tortues fort petites et des côtes de mammifères de taille moyenne. Un troisième gisement, remarquable par le nombre et la variété de ses fossiles, est celui qui a été découvert par M. Silvius Chavannes dans la carrière des Alleveys, au nord-ouest de Lasarraz et à une hauteur assez considérable au dessus d'Entreroches. La brèche osseuse s’est rencontrée dans une crevasse horizontale, irré- gulière et formant une succession de cavités d’un mètre à un mètre trente centimètres de longueur sur soixante-quinze centimètres à un mètre de hau- teur. Ces cavités sont réunies par des couloirs plus étroits, et le tout s’é- tend sur une longueur de vingt-cinq à trente mètres. Cette excavation paraît être un embranchement de quelque rupture ver- ticale que lexploitation de la roche a fait disparaître. Il est probable que l'ouverture en était peu considérable, car les débris qui y ont été déposés ne dépassent guèêres une longueur de cinq à six centimètres. Elle est rem- plie d’une marne, rouge dans certains endroits et jaune dans d’autres, surtout dans les cavités. Ici elle est sensiblement stratifiée; les strates y sont parfois séparées par de minces couches de sable blanc. Les matières s’y sont déposées suivant les lois de la gravité; au dessous d’une marne plus fine, vient une brèche osseuse, vraie pâte d’ossements agglutinés par un ciment ferrugineux mêlé de pisolites et de sable. Les ossements sont pour la plupart fort menus et portent des traces évi- dentes de l'action des eaux. Les fragments les plus considérables, tels que les phalanges et les petites vertèbres, sont roulés et arrondis et doivent avoir été amenés d’une certaine distance. A côté de ces débris roulés se trouvent un grand nombre de mâchoires d'insectivores et de rongeurs fort bien conservées. Peut-être que, présen- tant moins de résistance à l’action des courants et flottant plus facilement, elles ont pu être entrainées sans être au même degré endommagées par le VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 45 transport. Peut-être aussi que ces cavités étaient autrefois habitées par de petits rongeurs et des chauve-souris qui y ont laissé leurs dépouilles avant le remplissage de la fente par des matières nouvelles. Cette brèche osseuse est surtout intéressante parle grand nombre de dents qu'elle à fournies. Elles ont peu souffert du transport, grâce à l'émail qui les recouvre, et quelques unes se trouvaient intactes et encore implantées dans un fragment de mâchoire arrondi par le frottement. Enfin le fond de la cavité est occupé par une couche formée par une sorte de conglomérat de grains de fer pisolitique et de quartz, assez abondants et agglutinés comme les ossements par un ciment ferrugineux. Ün quatrième gisement a été découvert par M. le D' Campiche de Sainte-Croix, dans une carrière située derrière la maison du carrier Mar- tin, actuellement l'hôtel du Tunnel, au sud du Mauremont et à l'endroit où le chemin de fer débouche dans le vallon de la Venoge. Ce gisement a beaucoup de rapports avec celui des Alleveys, tant par sa situation horizon- tale que par la disposition de ses dents et de ses ossements. On peut espérer que des recherches suivies et les nombreux travaux qui s’exécutent maintenant dans cette partie de la contrée, amèneront au jour de nouvelles trouvailles et que la faune éocène, déjà fort bien représentée, fournira des espèces nouvelles pour la science ou, tout au moins, pour le terrain sidérolitique de notre pays. Tels sont les éléments qui, dans les environs de Lasarraz et à des hau- teurs diverses, représentent le terrain sidérolitique. Les faits observés sug- gèrent quelques réflexions sur les phénomènes qui ont accompagné et suivi la formation de ce remarquable terrain. $. LIL. Considérations générales sur le soulèvement du Mauremont et sur ses rapports avec la formation sidérolitique. Il est reconnu que les soulèvements qui ont amené la chaine du Jura au-dessus des eaux ont commencé dans la partie nord-est. L'observateur qui suit la chaîne dans la même direction peut y reconnaître les terrains de plus en plus récents qui se déposaient sous les eaux, et finissaient par 16 PALÉONTOLOGIE SUISSE. être exhaussés à leur tour à mesure que les soulèvements se sont étendus vers le sud-ouest. Aïnsi le tertiaire qui, dans le canton de Bâle et sur les frontières du canton de Soleure, repose sur les terrains inférieurs de la formation juras- sique, s'appuie, dans le canton de Vaud, sur la formation crétacée infé- rieure. Le mouvement de progression dans le même sens qu'ont suivi les éjec- tions de sidérolitique est d'accord avec Pidée qui les fait considérer comme une conséquence de ces divers soulèvements. En effet, tandis que dans la partie nord le sidérolitique repose ordinairement sur le portlandien; près de Bienne, de Sainte-Croix et dans d’autres localités, les dépôts se sont mélés à ceux que formait la mer néocomienne et ont modifié sensiblement le facies de ce terrain. Au Mauremont, les émissions ont rempli des cavités de la roche néoco- mienne, et nous avons le droit de considérer cette phase de leur dévelop- pement comme plus récente que les précédentes. Peut-être pourrons-nous préciser un peu plus le moment géologique de cette formation locale. Il est probable que le néocomien des environs de La Sarraz s’est soulevé d'assez bonne heure après sa formation, puisqu'il n’est pas recouvert par les terrains crétacés qui lui sont supérieurs. On ne peut guère supposer que ces terrains aient été enlevés des lieux qu'ils seraient censés avoir recouverts, sans laisser aucune trace de leur existence. Ce premier effort nous paraît avoir agi graduellement sur des terrains peu résistants et de manière à les élever au-dessus des eaux sans produire de déchirures. En effet, si les crevasses qui nous occupent s'étaient pro- duites à l’occasion de ce premier soulèvement, elles se seraient remplies de matières diverses, ferrugineuses peut-être, mais qui, à coup sûr, n'auraient pu contenir des fossiles d’une époque encore éloignée de sept étages. Si, d’un autre côté, on ne veut voir dans la formation du Mauremont qu'un moment unique, et le renvoyer à Fépoque éocène, il devrait avoir soulevé avec lui les terrains qui l’auraient recouvert pendant les six à sept étages qui se seraient déposés entre le moment de sa formation et celui de son soulèvement. Il nous semble donc naturel de voir dans cet évènement deux phases VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 17 distinctes. La première est l’apparition au-dessus des eaux crétacées d’une voûte néocomienne, accompagnée peut-être déjà de quelques-unes de ces sources ferrugineuses qui ont pu laisser des dépôts sur le plateau lui-même. Un second soulèvement aurait eu lieu dans une époque subséquente, soulèvement violent qui aurait déchiré la voûte et en aurait porté une partie à 152 mètres au-dessus de la plaine actuelle, tandis que d’autres pans seraient restés à une hauteur moindre, ou retombés après la rupture des couches. Alors se seraient formées paralèllement à l’axe de soulèvement, les nom- breuses crevasses qui ont fait le sujet de notre étude. Le sol violemment déchiré serait resté entrouvert, et les éjections sidérolitiques concomitantes seraient venues y déverser leurs matières. Les fossiles qu’elles renferment nous permettent de fixer l’époque géolo- gique à laquelle ces événements se sont passés. Ils sont identiques aux ossements des animaux qui habitaient les plaines et les lacs du plateau compris entre le bassin méditerranéen et celui de Paris, et qui ont laissé leurs restes dans les gypses de Montmartre. Ces fossiles caractérisent l’éocène supérieur ou l'étage parisien. C’est donc à ce moment-là que nous placons avec certitude le soulèvement du Mauremont et la formation de notre brèche qui en a été la conséquence. Nature des crevasses. — Les auteurs qui ont étudié avec le plus de soin la question du sidérolitique, MM. Gressly et Quiquerez, ont reconnu que « cette formation avait apparu au moment du soulèvement des chaînes ju- » rassiques, et que la production des dépôts métalliques ou argileux était » due à des vapeurs chargées d'acides ou d’oxides qui remplissaient peu à » peu les fissures des roches soulevées; à des épanchements de masses mi- » nérales ferrugineuses en fusion ou à l’état de pâtes boueuses remplissant » une partie des failles transversales et des cavernes qui en dépendent; » à des filets d’eau déposant des argiles, à des sources en ébullition, et enfin » à des cratères d’éruption situés sur des failles longitudinales. Les trois » premiers modes auraient agi surtout sur les flancs des soulèvements, dans » des points isolés; les deux derniers se rapporteraient surtout aux grands » dépôts sidérolitiques". » 1 Gressly, Nouv. Mémoires de la Soc Helv., t. Y,p 287. 18 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Partout où les roches se sont trouvées en contact avec les matières sidé- rolitiques, quel qu’ait été le mode de leur production, ces roches et surtout les parois des crevasses d'éjection ont subi quelqu'’une ou plusieurs des altérations que nous avons indiquées plus haut. À côté des crevasses d’éjec- tion se sont trouvées des fentes moins profondes, qui ont reçu les matières sidérolitiques déjà plus ou moins refroidies et neutralisées au contact de l'air, de telle sorte que leur influence sur les roches a été nulle, ou du moins, considérablement diminuée. L'étude des crevasses du Mauremont, des matières qu’elles renferment et du genre d’altération que les roches environnantes ont subies, nous per- mettra de nous former dès maintenant une idée sur la nature de ces cre- vasses. Sauf une légère altération pâteuse, elles n’ont, ni les unes ni les autres, présenté aucune des modificalions si remarquables qu’on aperçoit dans les crevasses d'éjection ou dans leur voisinage immédiat. Le gypse qui semble accompagner invariablement les éjections de sidérolitique ne s’y est rencon- tré sous aucune de ses formes. | A ces caractères négatifs s'ajoutent plusieurs données positives, telles que celles d'animaux fossiles enfermés à plusieurs pieds dans la marne; le fait de galets de calcaire sacharoïde provenant de localités plus élevées et rete- nus par les parois des crevasses, les plus gros dans la partie supérieure. En outre, l’altération pâteuse qui se fait remarquer à quelque degré sur le calcaire, n’a pas affecté les parois du néocomien au même point que les valets erratiques renfermés dans les fissures; sans doute que ces derniers ayant été entraînés avec la marne, ont été exposés plus longtemps à son influence et placés primitivement plus près du centre d'action volcanique. M. l'ingénieur Quiquerez nous assure que cette décomposition des brè- ches enfermées dans nos crevasses à la plus grande analogie avec celle qu'il a souvent remarquée dans les galets calcaires et même dans ceux des ter- rains de cristallisation que les eaux ont charriés et mis en contact avec le sidérolitique. Nous pouvons donc conclure maintenant avec assez de certitude que les crevasses que nous avons décrites ne se sont point remplies de bas en haut, mais de haut en bas; ce ne sont point des crevasses d'éection, mais des VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 19 crévasses de remplissage, semblables à celles qu’on remarque souvent dans les carrières ouvertes dans le terrain portlandien et dans d’autres étages jurassiques des cantons de Berne et de Soleure. Crevasse d'éjection. — Puisque nous n’avons jusqu’à présent rencontré que des crevasses de remplissage, il serait intéressant de rechercher s’il v a eu dans les environs une crevasse d’éjection et dans quelle direction elle a dû se trouver. Il semblerait naturel de la chercher au pied du Mauremont et sur quelqu'une des failles qui s’y font remarquer. C’est en effet près de là que les crevasses de remplissage sont les plus nombreuses. Jusqu'à pré- sent nos recherches ont été inutiles; nous n'avons rencontré aucune trace de crevasse d’éjection dans les environs immédiats de ces dépôts. Peut-être celle-ci était-elle placée encore plus bas, sur la partie du néocomien qui forme le fond de la plaine semi-cireulaire située entre le four à chaux d’Entrero- ches et les crevasses qui longent la route de Bavois. Elle serait alors recou- verte par la tourbe et les épaisses couches de gravier qui forment le sol horizontal du marais. Mais cela est fort peu probable, vu que les marnes rouges se retrouvent aussi à des hauteurs assez considérables au dessus du niveau de la plaine. Elles apparaissent dans deux ou trois carrières situées sur le plateau du Mauremont. Voici ce que dit M. Silvius Chavannes de un de ces gisements : « Au contact de la marne ferrugineuse le calcaire » est complétement transformé, il est devenu très saccharoïde. Tout près » de cette fente, dans la même carrière, J'ai trouvé trois galets de calcaire » recouverts d’une croûte grise empâtant des fragments de calcaire blanc » presque cristallin, de petites paillettes ayant le même éclat que le mica- » noir et de plus des fragments de soufre cristallin. » Ce sont là de légers indices qui sembleraient indiquer une action volca- nique plus énergique. Il ne sera pas inutile de rappeler à ce sujet la pré- sence dans les crevasses inférieures du caleaire saccharoïde qui se retrouve au sommet du Mauremont. Peut-être de nouvelles études de la localité et de nouvelles explorations jetteront-elles un jour quelque lumière sur ce point. IL est dans tous les cas assez probable que ces phénomènes n’ont pas eu, dans ces localités, une extension considérable, car on a remarqué que leur intensité diminue en s’éloignant des grands centres de production du ter- 920 PAIÉONTOLOGIE SUISSE. rain sidérolitique; leur développement est en même temps proportionné à l'importance du soulèvement qu’ils accompagnent. Remaniement. — La disposition particulière des matières qui remplissent la crevasse des Alleveys, leur arrangement par couches et selon les lois de la pesanteur, enfin et surtout l'apparence roulée et les traces d'usure que présentent les ossements de ce dépôt, indiquent de la manière la plus évi- dente que c’est là le résultat d’un remaniement. Il est clair que le sidéroli- tique et les matières qui Paccompagnent n’ont été déposés dans ces cavités qu'après avoir été préalablement dissous par les eaux. Il en est de même du dernier gisement découvert derrière l'hôtel du Tunnel par M. le D' Campiche, et qui se trouve à quelques mètres seule- ment au dessus du sol de la plaine. Le remaniement de ces deux dépôts de fossiles nous avait d’abord enga- oés à considérer l’ensemble du terrain sidérolitique du Mauremont et de Lasarraz comme une formation d’origine entièrement neptunienne. Des courants venus des montagnes, l’envahissement du sol par les eaux, auraient amené la dissolution des bancs de sidérolitique qui recouvraient certaines parties du Jura et produit ainsi le remplissage des fentes par les matières mêlées aux ossements d'animaux que cette catastrophe aurait fait périr. Cependant une étude plus minutieuse des dépôts d'Entreroches nous en- gage à regarder certaines crevasses comme s'étant remplies dans des cir- constances différentes et à admettre simplement que le remplissage a pro- bablement eu lieu à des moments distincts, quoique peu éloignés les uns des autres. En effet, certaines crevasses, très larges à leur surface et très profon- des, ne renferment aucune trace des ossements qui, dans d’autres de moindre dimension, forment des bancs d’une épaisseur assez grande. Ce sont surtout des dents et des phalanges, et si l’on en juge par la quantité et la variété de ces débris, le nombre des animaux qui les ont fournis a dû être fort considérable. Il est difficile de comprendre comment, de deux cre- vasses situées à quelques mètres de distance seulement, l’une pourrait contenir une pâte de petits ossements et de dents, et l’autre n’en pas pré- senter la moindre trace. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 21 Il est évident qu’elles ne se sont point formées dans les mêmes circons- lances. Cette supposition devient plus probable encore quand nous compa- rons la manière dont les matières se sont déposées dans les crevasses d’En- treroches. Ici les marnes ne laissent apercevoir aucune trace de stratification ni d'arrangement selon la densité des matières. Si elles avaient été dissoutes par les eaux et amenées d’une grande distance, elles ne seraient pas aussi homogènes. Bien plutôt elles seraient mélangées de débris variés, tandis que les cailloux qu’elles renferment paraissent, par leur grande ressem- blance, provenir d’une même localité. En outre ces cailloux ne sont pas assez roulés pour être venus de bien loin et avoir été transportés par la violence de quelque courant rapide. Leurs angles sont à peine arrondis et ils semblent avoir été amenés par une traînée de boue épaisse et qui n’au- rait progressé que lentement. C’est de la même manière qu'auraient été ensevelis les ossements dans celle des crevasses qui a été exploitée la pre- mière, et où, comme nous l'avons vu, ils ne portent aucune trace de frot- tement. Cette succession de moments dans la formation de nos crevasses une fois admise, il n’est point facile de décider dans quel ordre celles-ci se sont remplies. On peut faire à cet égard plusieurs suppositions; cependant, con- trairement à l’idée qui semble la plus naturelle, nous regarderions les cre- vasses remaniées comme plus anciennes dans leur formation et leur rem- plissage, que celles qui ne le sont pas. En effet, si elles étaient contempo- raines, on aurait de la peine à s'expliquer comment quelques-unes seule- ment auraient subi cette modification, et comment les autres, qui n’en sont pas éloignées de beaucoup, seraient demeurées intactes. La supposition d’une première formation de sédiments remaniés, formation suivie de nou- velles crevasses qui se seraient formées après que l’action des eaux aurait cessé, semblerait rendre mieux compte de la différence qu'on remarque entre les divers dépôts. IL est probable aussi que le soulèvement éocène du néocomien ne fut point instantané, mais qu'il s'opéra comme les soulèvements volcaniques actuels, par intervalles, par secousses éloignées, dont chacune produisit de nouvelles éruptions et brisa les couches sur de nouveaux points. Des conditions toutes locales que nous ne pouvons apprécier ont décidé du 99 PALÉONTOLOGIE SUISSE. mode de remplissage, et celui-ci se sera effectué avec des laves plus ou moins remaniées. Disparution du sidérohiique et son influence sur d'autres terrains. — Les éjections ferrugineuses qui suivirent immédiatement le soulèvement du Jura (que nous nommerons soulèvement éocène) durèrent sans doute un temps plus ou moins long. Les laves aqueuses de ce terrain finirent par recouvrir la presque totalité du calcaire, en se déposant à sa surface et en en remplissant les interstices. D'où vient qu’on ne retrouve guère de marnes rouges à la surface du roc, mais seulement dans ses interstices? IL faut, pour répondre à cette question, nécessairement admettre que le sidéroliti- que a été postérieurement enlevé de toutes les positions peu assurées où il se trouvait. Les eaux ont pu l’entrainer petit à petit dans le fond des vallées et dans la mer du plateau suisse dont il a pu colorer les dépôts. Ceci n’est qu’une hypothèse, mais il est des indices qui, à défaut de données paléontologiques positives, méritent qu'on leur accorde quelque attention, surtout lorsqu'il s’agit de débrouiller les lambeaux un peu confus des différents groupes de terrain. Nous retrouvons dans la série des tertraires ou mollasses de notre canton un étage considérable, si bien caractérisé par sa coloration, que M. Necker l'a séparé des autres étages sous le nom de mollasse rouge. Get observateur ne sut à quoi attribuer la coloration rougeâtre qui distingue ce terrain. Nous pensons qu'on peut fort bien y reconnaitre l'influence des detritus sidéroli- tiques du Jura, et nous sommes heureux de voir cette idée défendue aussi par M. le Prof. Morlot. Bien que les fossiles de la mollasse rouge ne puis- sent nous être d'aucun secours à cause de leur petit nombre, cependant nous trouvons dans d’autres considérations un appui à notre manière de voir. Il est assez évident que la coloration de la mollasse rouge n’est point le produit d’une décomposition, au contact de Fair, de substances ferrugi- neuses, mais qu’elle provient de l'addition d’une certaine quantité d’oxide de fer hydraté qui s’est mélangé avec le terrain au moment où celui-ei se déposait. En effet, quelle que soit la nature du terrain, marne ou grès, et quelle que soit la profondeur où on l’examine, la teinte est constam- ment d’un rouge brique ou violacée, jamais elle n’est d’un rouge brun. La mollasse rouge est inférieure aux lignites dont la nature miocène ne peut être contestée. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 25 Elle forme enfin la base de tous nos dépôts tertiaires. La mollasse rouge est un dépôt d’eau douce, ainsi que le prouvent ses rares fossiles. Elle s’est formée après que le sous-étage urgonien a été soulevé, c’est-à-dire qu’en fixant le soulèvement de celui-ci à peu près à la fin de l’époque éocène, ce fut tout au commencement de l’époque miocène que la mollasse rouge a déposé ses marnes et ses sables colorés. A ces dépôts d’eau douce sueccédèrent sans brusque mouvement ceux des couches à lignites, puis vinrent les étages tertiaires supérieurs. Une observation récente vient fort heureusement confirmer notre suppo- sition. M. S. Chavannes à remarqué près d’Orbe, au-dessous du village dAgiez, un banc de sidérolitique considérable, reposant immédiatement sur le néocomien, et recouvert, immédiatement aussi, par une berge de mollasse rouge rose élevée. En adoptant donc une pareille classification pour nos tertiaires infé- rieurs, nous tomberions d'accord avec M. le D' Greppin dans sa division des tertiaires jurassiques. Cet observateur si exact a reconnu dans les ter- üaires de Délémont et du Jura bernois, au-dessus du sidérolitique qui forme son étage fluvio-terrestre inférieur, un étage marin inférieur corres- pondant aux sables de Fontainebleau, soit à une partie du Tongrien de M. d’Orbigny. Cest à côté de ce dernier étage que nous placerions notre mollasse rouge, bien que celle-ci soit tritonienne et le premier neptunien. Cette différence des caractères ne nous semble pas devoir empêcher le rapprochement que nous établissons; ces deux bassins était d’ailleurs séparés par plusieurs chaînons du Jura. Dépôts d'ossements analogues à ceux du Mauremont.—Les phénomènes qui ont contribué au soulèvement du Mauremont et à la formation des brèches osseuses qui nous ont occupés, ont pu se produire également dans diverses localités situées au bord de la chaîne du Jura. En effet, à des hauteurs semblables, on à trouvé à diverses reprises des ossements d'animaux. Les premiers qui furent découverts l'ont été dans une carrière du Portlandien, près de Soleure. Ils furent rapportés par Cuvier et Dufrenoy à l'Anoplo- ? Ce dépôt est de plus fort intéressant par la présence d'une vraie brèche formée de fragments de calcaire saccharoïde cimentés par un calcaire plus récent et contenant des graias de fer pisolitique. 24 PALÉONTOLOGIE SUISSE. therium gracile et au Palæotherium crassum. La véritable position géologique de ce dépôt ne fut déterminée que plus tard d’une manière positive. M. le Prof. Studer reconnut que ces fossiles n’appartiennent point au terrain portlandien, mais qu’ainsi que ceux du Mauremont, ils ont été dé- posés dans une crevasse remplie par des marnes sidérolitiques. M. Gressly découvrit plus tard encore une nouvelle localité plus riche dans les carrières d'Egerkinden. Les ossements sy trouvent aussi entre les couches du portlandien, dans un amas de marnes, de fer pisolitique, de bolus et de brèche calcaire. Cette crevasse, large de deux mètres, communi- que avec la surface du sol par une fente verticale. Un banc de calcaire à ptérocères de 15 mètres recouvre cette couche, qui repose à son tour sur le calcaire à astartes . Plus récemment encore, M. le D' Greppin a recueilli à Courrendelein « dans des argiles sidérolitiques parfaitement en place, » un calcaneum qui a tout à fait les caractères de ceux des Palæotherium. D’autres ossements qui accompagnaient ce fossile ont été détruits par les ouvriers. Enfin, un certain nombre d'os longs ont été recueillis à Dévalier-dessus dans des conditions absolument analogues, et dans cette même localité, M. Greppin a trouvé une dent de crocodile et une dent de mammifère mal- heureusement indéterminable, dans un dépôt fluviatile reposant sur l'étage astartien ?. Ces dépôts existent sans doute dans beaucoup d’autres localités. On se souvient d'en avoir remarqué des traces dans les environs de Porrentruy, surtout dans des lambeaux épars remaniés au contact du sidérolitique; mais l'attention n’ayant pas encore été éveillée, ces indices ont été négli- gés*. Espérons que maintenant les trouvailles deviendront plus fréquentes, el que ces ossements, recueillis et étudiés avec soin, serviront à établir la succession des différents groupes des terrains tertiaires de notre pays. Studer, Geologie der Schweiz. Communications de M. Greppin. Comm. de M. Thurmann. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 25 CONCLUSIONS. 1° La colline du Mauremont a été soulevée une première fois peu de temps après la déposition du terrain urgonien dont elle fait partie; c’est le soulèvement urgonien. 20 Un second soulèvement, ou soulèvement éocène, plus violent que le premier, a eu lieu à l’époque parisienne supérieure, probablement à la fin de celle-ci. 5° Il a rompu les couches suivant deux directions à peu près perpen- diculaire l’une à l’autre. Les ruptures Nord-Sud, perpendiculaires à l’axe de soulèvement, ont formé les cluses; et les ruptures Est-Ouest, qui lui sont parallèles, ont produit de nombreuses crevasses et fissures. 4° Les crevasses sont plus nombreuses sur les points où la voussure des couches est plus considérable. 5° Le soulèvement éocène à été suivi d’abondantes éjections de bolus sidérolitique. 6° Les laves ferrugineuses liquides étaient formées de marnes rouges contenant des grains de fer concrétionnés et de vrais pisolites. Elles se sont écoulées à la surface du sol, entraînant avec elles les matières qu’elles rencontraient sur leur chemin; elles ont rempli les interstices du cal- caire qui communiquaient avec l'extérieur. (Elles ne renferment pas de gypse.) 1° Les matières étrangères sont composées de fragments de calcaire urgonien et d’ossements épars, ou d'animaux tout entiers. 8° Les fragments de calcaire sont de nature diverse; ceux de calcaire saccharoïde sont plus nombreux; ils semblent provenir de localités plus élevées. 9° L’altération qu'a subie le calcaire ne ressemble à aucune de celles qu'on observe dans les crevasses d'éjection. 10° Toutes les crevasses observées jusqu'à maintenant sont des crevas- ses de remplissage. | 4 26 PALÉONTOLOGIE SUISSE. 11° Les ossements fossiles sont presque toujours réunis en grand nombre; ils appartiennent à des animaux fort différents, tous de la faune éocène supérieure, et sont analogues surtout à ceux des gypses de Mont- martre. Ils ne forment pas un élément constant du contenu des crevasses. Ils sont parfois roulés et réunis en une brèche osseuse fort riche; ail- leurs ils sont mieux conservés, mais plus disséminés. 12 Ces animaux appartiennent principalement à la classe des mam- mifères et à celle des reptiles. 15° Les crevasses ne renferment pas de mollusques fossiles ni de dé- bris de végétaux. 14 Les marnes sidérolitiques qui étaient déposées à la surface du calcaire ont disparu entrainées par les eaux. De là provient sans doute la coloration de la mollasse rouge que nous rangeons dans le miocène inférieur. 15° Les révolutions immenses qui terminèrent dans le canton de Vaud l'époque éocène supérieure ou parisienne, Ss’étendirent, accompagnées des mêmes phénomènes à tout le Jura suisse, et, comme chacun le sait, plus loin encore à tout le Jura Wurtembergeois. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 19 1 SECONDE PARTIE. DESCRIPTION DES OSSEMENTS FOSSILES TROUVÉS AU MAUREMEOEN PAR M. F. J. PICTET. I. WMAMMRIEFÈRES. Les mammifères forment la partie la plus importante de la faune du terrain sidérolitique du canton de Vaud. Je ne suivrai pas dans leur des- cription l’ordre zoologique rigoureux, J'ai préféré conserver celui dans lequel je les ai étudiés, et commencer par les groupes qui sont repré- sentés par les fragments les plus nombreux et les mieux conservés. Je nai pas cru devoir me borner à figurer et à décrire les espèces nouvelles. Jai fait dessiner aussi toutes les pièces qui, appartenant à des espèces connues, pouvaient fournir quelques nouveaux documents sur leur organisation. Toutes les fois, par exemple, que J'ai eu à ma disposition une série dentaire plus complète ou mieux conservée que celles que lon connaissait, je l'ai fait figurer. J'ai fait de même dans les cas où un degré d'usure plus grand ou moindre pouvait fournir des caractères en apparence différents. ORDRE DES PACHYDERMES. Une grande partie des dents et des ossements que nous avons à décrire appartiennent à l’ordre des Pachydermes. Les plus caractéristiques prou- 28 PALÉONTOLOGIE SUISSE. vent l'existence de quelques Palæotherium; d'autres semblent indiquer un genre nouveau de la tribu des Tapiroïdes; quelques-uns ont le caractère des Anoplothérioïdes. Il n’a pas été toujours possible d'associer les dents et les os des membres. Le mélange de tous les fragments dans la brèche osseuse rend cette recherche difficile lorsqu'il s’agit d'espèces de même taille, appartenant à des genres voisins ou dont l’ostéologie est incompléte- ment connue. Quelquefois, cependant, des circonstances plus favorables ont permis de faire des rapprochements très probables. TRIBU DES PALÆOTHÉRIOÏDES. Nous avons trois espèces qui appartiennent évidemment à cette tribu. Deux d’entr'elles sont caractérisées par des molaires inférieures composées de deux croissants, sans aucune trace d'appendice postérieur ou de talon (sauf à la dernière); elles appartiennent par conséquent au groupe des Palæotherium proprement dits. L'autre se distingue par ses deux avant- dernières molaires inférieures qui ont un petit talon ou tubercule en ar- rière du second lobe; elle appartient ainsi au genre des Plagiolophus, Pomel. Art. 19°. De la plus grande espèce de Palæotherium proprement dit (P. medium, Cuvier). (PL I, fig. 1 à3.) Plusieurs fragments paraissent devoir être rapportés au Palæotherium me- dium, Cuvier. La forme de ces pièces et leurs dimensions concordent assez avec celles qui ont été décrites pour ne pas laisser de doute, surtout si lon tient compte des variations individuelles qu’entrainent toujours l’âge, le sexe, etc. Je me bornerai donc à décrire brièvement ces débris. Ce sont : VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 29 1° Une mâchoire supérieure dont les bords alvéolaires ont été rapprochés par la com- pression, en sorte que la surface palatine est tout à fait resserrée et altérée. Le reste de la face est très imparfaitement conservé. La dentition y esi complète pour les dents molaires (Voyez PI. I, fig. 1). La posté- rieure est encore engagée en partie dans l'os de la mächoire; elle n'avait pas alteint le niveau des autres. Ces molaires sont peu usées et offrent évidemment dans leurs lames d’émail et dans leurs bourrelets externes saillants et bien prononcés, une très grande ressemblance avec les figures données par MM. Cuvier, de Blainville et Ger- vais. Les dimensions sont un peu inférieures à celles qui ont élé mesurées par ce dernier auteur. Je les ai trouvées comme suit (exprimées en millimètres) : lre 2e 3e 4e De Ge Longueur au bord extérieur de la couronne. ...... 11 16 20 21 23 26 LARErANCTIERe nc 0260000000 66868 9 16 18 20 21 23 La 7° n'a pas pu être mesurée. Cette même mâchoire supérieure présente des barres égales à la longueur des deux premières molaires réunies. La canine, encore jeune, est engagée dans l'os de la mà- choire et a une coupe subtriangulaire. | 20 Une mâchoire inférieure dont les branches sont également comprimées et qui man- que de toute la partie postérieure. On y voit du côte droit 5 molaires, la première et la dernière manquent, la 2 est couchée. Du côté gauche on voit les 3°, 4°, 5° et 6° molaires. Elles ont les dimensions suivantes exprimées en millimètres. 2e 3e 4e 5e 6e LONEUEUR AE Er RER ace eee a 14 17 18 19 21 DÉONR ET QOICTRETAL DÉC RCENE A AP ES 8 OR TOME 1 13 Les canines sont en partie engagées dans l'os de la mâchoire et séparées des molaires par des barres à peu près semblables à celles de la mâchoire supérieure. Ces canines ont égement une forme subtriangulaire, la face inlerne étant plate, les angles antérieurs et postérieurs tranchants, et l'angle externe arrondi. Les incisives (pl. I, fig. 2, a, b, c) sont au nombre de six. Les externes paraissent être des dents de lait. Les incisives du milieu commencent à s’user sur leurs bords : leur surface interne est excavée et régulière. Les latérales ou secondes incisives ont une surface interne oblique, le bord antérieur étant plus grand que le postérieur. Les incisives exlernes ont leur surface interne régulièrement arrondie. 50 PALÉONTOLOGIE SUISSE. 3° Une dent molaire isolée, de la mâchoire supérieure , non encore usée (la 5° gau- che). 4° Un fragment d’articulation de la machoire inférieure (apophyse glénoïde) ; une por- tion du même os contenant une dernière molaire à l’état de germe; et une apophyse coronoïide d’un autre individu. 5° Quatre éncisives isclées de la mâchoire inférieure plus usées que dans la màchoire indiquée ci-dessus. Une d'elles (incisive médiane) est longue [avec la racine) de 48 milli- mètres. 6° Une omoplate gauche, dont la partie colyloïdienne et l'extrémité de l’épine sont seules conservées. Nous l'avons figurée pl. I, fig. 3, parce qu’elle complète un peu ce que l’on connaissait des formes de ces parties. ART. 2. De la plus petite espèce de Palæotherium proprement dit (P. curtum, Cuy.). (PI. I, fig. 4et 5.) Cette espèce, beaucoup plus petite que la précédente, peut être facile- ment confondue avec le P. minus, si Von cherche les caractères spécifiques dans la taille plutôt que dans les différences organiques. Elle s’en distingue au contraire très facilement par sa dentition ainsi que je le discuterai en détail lorsque je décrirai ce P. minus qui appartient à un autre groupe. La forme des dents place incontestablement l’espèce qui nous occupe parmi les Palæotherium proprement dits. Les proportions des molaires su- périeures et la forme des inférieures ne peuvent laisser aucun doute à cet égard. En la comparant aux espèces connues, on verra que, soit par sa taille, soit par les formes de ses molaires, elle se rapproche plus du P. curtum que d'aucune autre. A Lu Les fragments principaux avec lesquels on peut établir une comparaison sont ceux qui ont été décrits par Cuvier et par M. Gervais. Cuvier qui à le premier reconnu lexistence de cette espèce’, a eu à sa disposition une tête presque entière, des fragments de la partie postérieure ? Recherches sur les ossements fossiles, 4° édition, t, V, p. 91, 120 et 424; pl. 198, flg. 1; pl. 132, fig. 5; pl. 136, fig. 3 et 5 VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 51 d’une autre tête, des molaires isolées et des os des membres. Ces débris divers s'accordent pour indiquer des formes analogues à celles du P. latum avec une taille considérablement plus petite. Les dimensions des molaires tant supérieures qu'inférieures, mesurées sur nos échantillons, s'accordent tout à fait avec celles qui ont été données par Cuvier. La surface triturante figurée dans la pl. 132, fig. 5 des Recher- ches sur les ossements fossiles, a une extrême analogie avec la notre. On remarque très bien dans celle-ci l’interruption de larête antérieure signa- lée comme caractéristique par le savant naturaliste français. La comparaison avec les échantillons figurés par M. Gervais” est beau- coup plus douteuse. Les molaires supérieures attribuées par cet auteur au P. curtum sont plus grandes que les notres et que celles de Cuvier; elles sont aussi plus carrées et le petit disque formé par l'interruption de la colline antérieure y est bien peu visible. Je crois être certain que l'espèce que je décris ici est bien le P. curtum de Cuvier. Je suis moins sûr que ce soit également celle qui a été décrite par M. Gervais sous ce nom; mais ce serait sortir de notre sujet que de discuter ici ce point de synonymie. Les principaux fragments par lesquels le P. curtum est représenté dans les terrains sidérolitiques du canton de Vaud sont les suivants. 1° Deux os maxillaires supérieurs incomplets, l’un du côté droit portant les 5 der- nières molaires et l’autre du côté gauche avec les 4 dernières. L'un et l’autre ont la base de l’apophyse zygomatique. Le premier a été figuré pl. I, fig. 4. Les dimensions des molaires sont les suivantes (en millimètres). Dernière ou Te 6e 5e 4e 3e LOMMAT © cocovcouccccuoooncodmobobeocobaovsoo 18 17 14 13 12 LEMRONPE Soon ent be nonte one dons OnADPp or DE 00 15 15 13 12 11 La dent postérieure est encore engagée dans l'os et presque à l’état de germe. La 6° est très peu usée. Les trois antérieures ont leur surface entamée par la trituration, Toutes ces dents sont, comme dans tous les Palæotherium, partagées par un sillon obli- que, dirigé du milieu de la face interne en avant et en dehors Jusqu'au milieu de la dent. La lame d'émail contourne ce sillon et la dent elle-même, et forme dans cha- ! Zoologie et pal. franc. pl. XIII, fig. 3 et explication de la dite. ‘ 32 PALÉONTOLOGIE SUISSE. cune des deux parties dans lesquelles la dent se divise, une sorte de disque libre ou uni au bord, suivant le degré d'usure. Les arêtes externes sont très saillantes. 20 Quelques dents molaires isolées de la mâchoire supérieure qui n’apprennent rien de plus sur la dentition. 3° Une mâchoire inférieure dont la dentition est presque complète (pl. LI, fig. 5]. Les incisives sont au moment du renouvellement, en sorte qu'on y voit à la fois une partie des dents de lait et des dents de l'adulte. Ces dernières ont leur surface in- terne triangulaire comme dans l'espèce précédente. Les canines étaient encore conte- nues dans l’os maxillaire. On y voit six molaires, c’est-à-dire la série complète à l’exception de la dernière ; mais parmi les prémolaires, il y en a qui appartiennent peut-être encore à la série de lait. Voici en millimètres les dimension de ces six denis. lre 2e 3e 4e 5e Ge LONBUEUR. eee diese de Ce ne C n 10 11 12 13 14 HarPUR ess eee eee à een ne CIE 215 B 1 Te VS 8 Ces molaires sont toutes à deux croissants, à l'exception de la première qui est sim- ple et petite. Les croissants sont d'autant plus arqués qu'ils appartiennent à des mo- laires plus postérieures, et dans la seconde ils ne forment qu'une sinuosité peu pro- noncée. Ces dents n’ont aucune trace de talon postérieur. L'os de la mâchoire, réduit à sa partie horizontale, est très large; la partie qui est sous la barre ne s’amincit presque pas, ensorte que la région du menton forme un angle assez saillant. Ces caractères montrent que cet os a appartenu à une espèce forte et trapue, et sont singulièrement différents de ceux que présentent les organes analogues du Pal. minus. &° Une autre mächoire inférieure un peu moins bien conservée n’ajoute rien à ce qu'apprend la précédente; elle montre seulement une canine près de percer, dont les for- mes sont identiques à celles du Pal. medium. 5° Deux apophyses glénoides de la mâchoire inférieure, concordant dans leurs for- mes avec ce que l'on connait des caractères généraux des Palæotherium. 6° On peut probablement rapporter à la même espèce la parlie postérieure d’un crâne trop mal conservé pour que nous ayons cru devoir le figurer. Il montre des crêtes occipitales très saillantes. La partie postérieure de l'os occipital est un peu in- clinée en arrière, de manière à ce que sa partie supérieure dépasse le trou occipital dans la position horizontale de la têle. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 59 ART. 5. De la plus petite espèce de Palæotherium, qui paraît se rapporter au P. minus, Cuv. et au sous-genre des Plagiolophus, Pomel. Le Palæotherium minus a été pour la première fois caractérisé par Cu- vier. Ce savant anatomniste décrivit d’abord‘ les mâchoires inférieures, et fit remarquer que leurs dimensions et leurs caractères distinguent faci- lement cette espèce. Il montra en particulier que les molaires ont leur collet peu marqué et que les deux premières ne sont pas en double crois- sant, tandis que dans les autres Palæotherium la seconde présente sous ce point de vue le caractère des suivantes. La découverte d’un squelette presque complet, trouvé près de Pantin’, prouva que le P. minus avait les formes grêles d’un chevreuil et une taille au garrot de seize à dix-huit pouces. À ce squelette manquaient les extré- mités, mais Cuvier montra que l’on pouvait, avec une très grande proba- bilité, lui rapporter un pied de derrière très bien conservé avec un tibia’, ainsi que des fragments d’un pied de devant’, et il essaya d’en donner une figure au trait”. Dans la série de ses travaux, Cuvier a, à plusieurs reprises, modifié ses opinions sur les limites de cette espèce et confondu quelquefois ses dé- bris avec ceux du P. curtum. M. de Blainville° a eu à sa disposition les matériaux étudiés par Cuvier, et en outre une partie importante d’un autre squelette, découverte par M. Lhuilier dans les plâtrières de Monthyon, près Meaux. Tout en contes- tant quelques points de détail dans les travaux de Cuvier, il a confirmé la plupart des résultats obtenus par cet anatomiste. Il a montré aussi que le P. minus s'écarte assez des autres Palæotherium pour former un genre à 1? Cuvier, Ossements fossiles, 4° édition, t. V, p. 100, pl. 92, fig.-1; pl. 121, fig. 2'et 3; pl. 125, fig 2 et 3,- pl. 136, fig 7. ® Id., p. 368 et 420, pl. 115. 3 Id., p. 175 et 270; pl. 96, fig. 2 ; pl. 99, fig. 1 à 8 ; pl. 109, fig. 2, et pl. 110, fig. 2à 4. # Id., p. 234, pl. 101, fig. 7. 5 Id., pl. 147. Blainville, Ostéographie, Palæotherium, p. 34 et 71. 94 PALÉONTOLOGIE SUISSE. part. Il le caractérise par ses molaires moins rhinocérotiques (les crois- sants des inférieures moins constants), et par des membres bien plus grèles, à doigts latéraux moins utiles. M. Owen, sans s'occuper directement du Palæotherium minus, à décrit’ une espèce voisine dont les caractères ont de très grands rapports avec les siens, et a établi à son sujet le genre PALOPLOTHERICM, caractérisé princi- palement par la présence d’un petit tubercule postérieur aux dernières mo- laires de la mâchoire inférieure. Ce petit tubercule, indépendant dans le jeune âge, se relie par l’usure au croissant postérieur sous forme de bou- cle (Voyez pl. IE, fig. 7 et 8). Plusieurs autres caractères viennent s'ajouter à celui-ci. Ils sont analysés en détail par M. Owen dans le mémoire où ce savant anatomiste a déerit le Paloplotherium annectens. Les principaux sont les suivants : A la mâchoire inférieure. 1° La seconde molaire ressemble moins aux suivantes que dans les vrais Palæotherium. 20 La pointe formée au milieu de chaque dent par la rencontre des deux croissants est plus prononcée et quelquefois (avant lusure) bifide. Cette circonstance est plus marquée encore, comme on le sait, dans les Anchitherium (Pal. Aurelianense, Cuvier). 5° Les Paloplotherium manquent du bourrelet qui longe le bord interne de la couronne dans les Palæotherium. 4° La dernière molaire n’a que deux lobes principaux et un très petit lobe accessoire. Je reviendrai plus tard sur ce point. A la mâchoire supérieure. lo Les molaires sont plus inégales entr’elles que dans les vrais Palæo- therium; les prémolaires ont beaucoup moins le type palæothérien et dé- croissent plus rapidement. Dans les Palæotherium, il y a ordinairement quatre dents composées sur le même système. Dans les Paloplotherium, chaque dent a davantage ses caractères propres. 20 L’angle antéro-interne de la dent forme dans les Explore un # Atheneum 1847, et Quarterly Journal of the Geol. Soc. 1848, t. IV, p. 20. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 55 lobe plus distinct, qui s’use d’abord en une ile d’émail et qui ne se relie que plus tard avec le reste de la dent. 5° La première prémolaire disparaît de bonne heure (avant l'apparition de la dernière molaire) de sorte que l'animal n’a que six dents à la fois. À peu près à la même époque où M. Owen établissait le genre Paloplo- therium, M. Pomel” faisait également remarquer que l’on pouvait distin- ouer deux types dans les Palæotherium, et il donnait le nom de PLAG10Lo- PHUS à un groupe qui comprend le P. mnus, et avec doute le P. minimum, sans donner d’autres caractères que la grande obliquité des collines de la mâchoire supérieure et la simplicité des molaires antérieures de la mâchoire inférieure. M. Gervais * admet le genre établi par M. Owen et y place le Palæothe- rium mainus. Cuv. Dans la caractéristique il donne trois lobes à la der- nière molaire, s’accordant avec M. Owen sur le reste des caractères. Nous devons nous arrêter quelques moments sur cette circonstance importante. M. Owen n’a pas eu à sa disposition une mâchoire inférieure adulte. La plus âgée de celles qu'il a décrites présentait les quatre prémolaires de lait hors de la gencive, les trois germes de remplacement des dernières prémolaires, deux arrière molaires également hors de la gencive, et une dernière molaire à l’état de germe. Ce paléontologiste établit: 1° que ce germe, qui paraît tout formé, a deux collines seulement et un petit tubercule postérieur; % qu'il paraît bien par sa place être celui de la dernière molaire; 5° que dans tous les mammifères ongulés, la dernière molaire caduque rap- pelle, par ses formes et par le nombre de ses collines, la dernière molaire persistante, et que dans la mâchoire qu'il a étudiée, cette dernière molaire caduque n'ayant que deux collines, rend probable une organisation analogue pour la dernière persistante. Ce caractère du Paloplotherium annectens le rapproche des Anchithe- rium, auxquels il ressemble aussi par la pointe bifide résultant du contact des croissants. Ces deux genres restent toutefois distincts. } Bibliothèque universelle de Genève, 1847, Archives, tome V, p. 202. 2? Zoologie et Paléontol. françaises, p. 63, pl. 13 et 14. 56 PALÉONTOLOGIE SUISSE. 1° Par la dimension de la seconde prémolaire inférieure , qui est beaucoup plus différente de la première dans lAnchitherium ; 20 Par une composition très-différente des molaires supérieures. Il résulte de là: 1° que le P. minus et le P. annectens se ressem- blent par tout l’ensemble de leur dentition, et qu'ils diffèrent par plu- sieurs points essentiels des vrais Palæotherium ; 2° Qu'ils se distinguent cependant l’un de l’autre par la forme de la dernière molaire inférieure, qui est à trois collines dans le premier et à deux dans le dernier ; 5° Que le P. annectens doit en conséquence former un sous-genre spé- cial qui conserverait le nom de PALOPLOTHERIUM, donné par M. Owen, et que le P. minus est le type d’un autre sous-genre très-voisin, mais distinct, auquel doit être attribué le nom de PLagioLopaus, Pomel. M. Gervais indique la présence du P. minus dans les lignites de Per- réal, près Apt (Vaucluse), à la Grave (Dordogne), et à Saillans (G:i- ronde). M. Fraas ‘ vient de le trouver également dans les dépôts éocènes de Fronstetten, avec une autre espèce qu'il nomme à tort Palæotherium hippoïdes, et qui n’a en aucune manière la composition des molaires supérieures caractéristique de cette espèce qui est devenue le type du genre Anchitherium et qui est spéciale aux terrains miocènes. M. H. de Meyer a déjà relevé cette erreur et nommé cette nouvelle espèce Pla- giolophus Fraasi. Le P. minus de Fronstetten n’est d’ailleurs connu que par des frag- ments médiocrement conservés, qui n’ajoutent rien à ce que nous con- naissons de cette espèce. M. Fraas, dans sa synonymie, y réunit deux pièces attribuées par Cuvier aü P. curtum. Sur l’un des deux (Oss. foss. PL. 156, fig. 5) je n’ai pas d'opinion parce que je ne connais pas bien la région inférieure de la tête de ces deux espèces. Sur l’autre (Oss. foss. pl. 152, fig. 5) je ne puis point accepter la réunion proposée, car les dents molaires supérieures qui y sont figurées n’appartiennent certai- nement pas au P. minus. ? Wurtembergische naturwissenschaftliche Jahreshefte, 8e année , 1852, 2e cahier, p. 218, Voyez aussi H. de Meyer, in Leonh. und Bronn, Neues Jahrbuch 1859, p. 305 et 831. æ VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 21 Les mâchoires recueillies au Mauremont et que nous avons pu étudier, se rapportent, comme nous le montrerons plus bas, au P. manus. Elles complètent sur quelques points les faits connus, fournissent une série assez entière des molaires et pourront servir à jeter du jour sur ces diverses questions. Description de la mâchoire inférieure. Nous connaissons cette mâchoire par les pièces suivantes : 1° Une partie antérieure depuis les incisives jusqu’à la troisième molaire. Deux inci- sives y sont conservées, la canine manque et on y trouve les trois premières molaires de chaque côté (pl. IT, fig. 2); 20 Une parlie antérieure terminale contenant deux incisives et une canine, et frac- turée avant la fin de la symphyse (pl. Il, fig. 3); 3° Un os maxillaire réduit à son bord alvéolaire et contenant une série complète des dents de l'adulte, à l'exception de la quatrième molaire qui est brisée (pl. IL, fig. 4); 4° Une certaine quantité de dents isolées. Ces fragments sont insuffisants pour donner une idée de la forme générale de la mâchoire, et en particulier ne fournissent aucune donnée sur l'angle postérieur et sur les apophyses glénoïde et coronoïde. Elles montrent que la mâchoire a été amincie en avant et presque horizontale dans la région du menton. Le bord inférieur situé sous les molaires se continue par une ligne droite jusqu’à la base des incisives qui elles-mêmes sont presque horizontales. Il est inutile d'insister sur la différence importante qui existe sous ce point de vue entre le Plagiolophus et le Palæotherium curtum. On connaissait d’ailleurs déjà cette forme par l'échantillon trouvé fossile à Paris. Les dimensions sont les suivantes : Largeur de la mâchoire mesurée entre la face externe de chacune des trois molaires 33 mm. Hauteur de la mâchoire sous la troisième molaire. .........................., 91 Longueur de la Sms 06 0560000v006a0ocoo8co0o0vo00cocodococovocoovoe 36 Laure minimum de la même soc toustoacessssbocobboacconsccoscecoc de 16 Largeur mesurée entre les incisives externes (à leur base)..................... 20 Les incisives sont au nombre de six, couchées en avant, comme je l’ai dit plus haut, et presque horizontales. Leur couronne est un peu élargie vers l'extrémité, taillée en biseau; la surface de lrituration est oblique en dedans et ordinairement trapéziforme ; 38 PALÉONTOLOGIE SUISSE. dans quelques-unes cependant elle est subtriangulaire. La dent médiane paraît être la plus grande. Les canines sont incomplèlement conservées, et le fragment principal (fig. 2) n’en renferme que les racines. Une portion de la couronne exisie cependant dans un frag- ment plus petit (fig. 3). Cette couronne est cassée et on ne peut pas préciser sa lon- gueur qui parait avoir été médiocre. Sa coupe est sublriangulaire, sa face interne est plate et séparée des deux autres par des arêtes vives comme chez les vrais Palæothe- rium; les deux faces externes sont séparées l’une de l’autre par une arête arrondie. Les molaires sont au nombre de six et leurs dimensions exprimées en millimètres sont les suivantes : lre 2e 3e 4e 5e 6e TON dodo dsoccocepsbpoocoonogconcop 1 G uDre0.? 13 21 Ier Eu COÉLocsobanvcecodcsc 600000586000 4 5 7 ? 8 La première ou la plus antérieure est formée d'une grande pointe et d’un petit talon postérieur; elle rappelle les prémolaires de quelques carnassiers. La seconde est composée d’une pointe plus large et plus émoussée, et d’un talon plus considérable. Elle change un peu de forme en s’usant; l'émail de l’arête se dé- truit et laisse à sa place une ligne sinueuse qui commence à indiquer les croissants des dents suivantes, mais sans avoir encore leurs caractères. La troisième dent est composée de deux croissants assez marqués; elle ne parait pas avoir eu de pelit talon en arrière. La quatrième manque. La cinquième dent présente deux croissants bien distincts, reliés dans leur milieu par une double pointe, qui résulte de ce qu'ils se touchent sans se confondre, et de ce que leurs angles de contact sont un peu plus élevés que le reste. Ce caractère, toute- fois, n'existe que dans la dent jeune ou peu usée, et la trituration, en élargissant les croissants, tend à les confondre. En arrière du croissant supérieur, Ja lame d'é- mail se replie en dehors pour former un tout petit talon ou tubercule, qui par l’usure se relie avec les aulres sous la forme d’une petite boucle. L'importance caractéristique de cette dent m'a engagé à en figurer quelques-unes à divers degrés d'usure. La fig. 8 de la pl. IL, en représente une à l’état de germe, où la double pointe médiane est très visible ainsi que le tubercule postérieur qui est en- core isolé. La fig. 7 en représente une autre plus usée, où le pelit tubercule est relié et forme la boucle. Je dois du reste ajouter que la 4° dent n'ayant pas été vue en place, et devant probablement ressembler beaucoup à la 5°, je ne puis pas certifier que les deux figures précitées appartiennent bien à la 5 el non à la 4; mais je le crois probable. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 39 La sixième et dernière dent est formée de trois collines bien distinctes et de trois racines. Les croissants se joignent comme dans la dent précédente. Le troisième est un peu plus petit que les deux autres, cependant la colline dont il dépend est trop développée pour être comparée à un simple talon. C’est dans cette circonstance, ainsi que je l'ai dit plus haut, que consiste la principale différence qui existe entre les Pla- giolophus et les Paloplotherium. Description de la mâchoire supérieure. Cette mâchoire est conservée d’une manière moins complète que l’inférieure, quoi- que par des pièces analogues. Nous possédons : 1° Deux fragments de la partie antérieure portant quelques dents incisives et cani- nes, trop imparfaits pour être figurés. 2° Une série complète des molaires (pl. IL, fig. 4, a et b). 3° Quelques dents isolées. Les os maxillaires et incisifs paraissent avoir été assez amincis dans leur partie an- térieure; ils sont insuffisants pour faire juger de la forme du nez et du reste de la face. Les dents incisives sont un peu plus déprimées qu’à la mâchoire inférieure, ensorte que leur surface de trituration est en forme d’ovale allongé dans le sens transversal. Un des fragments de mâchoire porte une canine en place, à coupe subtriangulaire à face interne plane, et qui était disposée de manière à s'user par son arête anté- rieure. La trituration en a détruit une grande partie, et la dent est devenue très courte. Je pense qu'on doit rapporter à la même espèce et à la même place une dent usée également sur son arête antérieure, mais moins profondément. Elle peut probablement donner une idée plus juste des dimensions ordinaires de la canine supérieure. Sa cou- ronne est longue de 42 millimètres, et sa racine {incomplète} de 20. Son plus grand diamètre est de 8 millimètres. Les molaires sont au nombre de six, et la série parait être complète. Il pourrait tout au plus y avoir de plus une très petite prémolaire antérieure. Leurs dimensions sont les suivantes (en millimètres). I UE 3e 4e 5e 6e Longueur...... a ete ent NP en ae en ta 8 9 10 12 15 20 latgenr an Gollétc 6200 20060004060000cccod80e 8 10 12 13 14 14 La première molaire est subquadrangulaire, à peu près égale en tous sens. La lame d'émail y forme un ovale médian; l’arête verticale externe est mousse et le collet peu marqué. 40 PALÉONTOLOGIE SUISSE. La seconde molaire appartient à un type analogue, sa face externe est à peu près la même, sa face interne présente un enfoncement vers le tiers postérieur, premier rudiment du sillon qui divise en deux collines les trois dernières dents. La troisième molaire fait une transition aux suivantes. Les arêtes externes sont plus aiguës; sa face interne a le même enfoncement que la deuxième molaire et à la même place; la lame d’émail forme dans son milieu une ligne plus sineuse composée de trois croissants peu distincts, dont deux externes et un interne. La troisième molaire présente le véritable type palæothéroïde; elle est incomplétement divisée en deux collines par un sillon oblique qui partant du milieu de la face interne, se dirige vers l'angle antéro-externe. La lame d’émail qui le forme se termine vers le milieu de la dent en une sinuosité longitudinale, obscurément formée de deux crois- sants. Les arêtes externes sont aiguës. La cinquième molaire diffère de la précédente par son sillon plus oblique qui se di- rige presque vers le milieu du côté antérieur et par la sinuosité médiane longitudinale plus longue. La dernière molaire a les mêmes caraclères que la précédente; mais en outre un fort talon ou troisième colline, se relevant à la partie poslérieure en une‘pointe externe plus petite que les pointes principales. La description précédente montre que le type des Plagiolophus s’écarte en plusieurs points de celui des Palæotherium. La principale différence, et suivant moi la plus fa- cile à saisir, consiste en ce que les trois premières molaires des Plagiolophus n'ont point le caractère palæothérioide, manquent de sillon oblique, et sont très petites par rapport aux trois dernières. Dans les Palæotherium, les différences sont moins mar- quées et les prémolaires ressemblent beaucoup plus aux vraies molaires, soit par leurs formes soit par leurs dimensions. On peut ajouter comme caractères des Plagiolophus, l'obliquité plus grande du sil- lon et le développement longitudinal de la lame d'émail qui le termine. Ces caractères sont assez frappants pour s'appliquer aux dents isolées, et la qua- trième est la seule que l’on puisse confondre avec celles des Palæotherium. La comparaison avec les Paloplotherium ne fournit point les mêmes résultats et l'i- dentité est presque complète. Ces Pachydermes et les Plagiolophus font certainement partie d'un même genre naturel, et, comme je l'ai dit plus haut, ne peuvent être dis- lingués qu'à titre de sous-genre, justifié principalement par la forme de la dernière molaire inférieure. La mâchoire supérieure offre une différence analogue dans le talon de la dernière molaire, qui est plus grand et bilobé dans le Plagiolophus. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. A1 Description de quelques os des membres. Le membre postérieur du P. minus est bien connu par les travaux de Cuvier et de Blainville. Le membre antérieur l’est beaucoup moins, les fossiles du musée de Paris n'ayant pu fournir à son égard que des renseignements incomplets. Il m’a paru con- venable, pour combler en partie celte lacune, de figurer et de décrire les os que nous possédons et qui appartiennent à cette parlie du corps, d'autant plus que les régions les mieux connues sont précisément l'épaule et le bras, qui nous manquent presque totalement, et que celles qui le sont le moins sont les parlies terminales dont nous possédons de nombreux fragments. L'humérus n'est représenté dans nos collections que par sa partie inférieure (pl. IF, fig. 9, a, b] qui montre une poulie un peu plus serrée que dans les vrais Palæothe- rium, et qui indique en conséquence un membre antérieur un peu plus léger. L’épi- trochlée est nulle, l’épicondyle forme une pelite pointe, et l’angle postérieur de l'os est presque droit dans cette région. La fossetie destinée à recevoir l’olécrane est profonde. Le cubitus ne nous est connu que par sa moitié inférieure, aplatie par la fossilisa- lion. Le radius est conservé par son extrémité supérieure, qui est élargie en travers, dé- primée et formée de deux facettes inégales, subquadrangulaires. Ce radius n'était pas soudé au cubitus, mais complétement privé du mouvement de pronation et de supina- tion. Un des échantillons a élé trouvé en connexion avec l’humérus. Nous avons figuré cinq os du carpe (pl. II, fig. 10 et 11), savoir : Dans la rangée supérieure en allant de droite à gauche {ou de la gauche de la plan- che à sa droite), le pyramidal, le semi-lunaire, et le scaphoïde. Le premier et le dernier appartiennent à la main droite, le deuxième faisait partie de la main gauche et a été représenté à part (fig. 41) et indiqué au trait dans la figure principale {fig. 40). Le pisiforme manque. Dans la seconde rangée, en allant dans le même sens, nous n'avons que l'os crochu ou unciforme et le grand os; le trapézoïde nous manque donc. On sait que le trapèze disparaît chez les Pachydermes du type dont nous nous occupons. Il suffit presque, pour faire connaitre suffisamment ces os, de constater leur grande analogie avec ceux du tapir. Ils sont cependant plus minces à proportion de leur hauteur. Le scaphoïde est subcylindrique, articulé au grand os par une facette large et ayant plus extérieurement une petile facette triangulaire étroite qui indique que le trapézoïde était peu développé. 6 49 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Le semi-lunaire a presque exactement les dimensions de celui du tapir, en étant un peu plus rétréci dans son milieu. Le pyramidal est moins large que celui du tapir, et a les mêmes facettes. Le grand os a un très-grand prolongement postérieur, et mériterait mieux que le suivant le nom d'os erochu. La face, qui est visible en avant est plus petite que celle des cinq os décrits, mais son grand crochet postérieur le rend plus long d’avant en arrière qu'aucun d'eux. L'unciforme ou os crochu est le plus gros de tous, il est terminé en arrière par un crochet médiocre. Il est également plus haut et moins large que dans le tapir. Le métacarpe cst également composé d'os bien plus longs à proportion de leur dia- mèlre que ceux de l'animal vivant que nous avons pris pour terme de comparaison. La main dans son ensemble est beaucoup plus mince, plus grêle et indique un animal considérablement moins lourd. Le métacarpien médian, porté principalement par le grand os et un peu par l'os cro- chu, est le plus considérable, sa coupe est subtriangulaire. Nous n'avons que des données incomplètes sur les autres métacarpiens. La facelte de l'os crochu montre que celui qui correspond à l’annulaire était assez développé. Nous possédons un métacarpien externe très-comprimé, mais incomplet. Les doigts sont bien conservés. Le médian est composé d’une première phalange presque cylindrique, un peu plus longue que large: d’une seconde phalange très-courte et d’une phalange unguéale déprimée, plus allongée que chez le tapir, échancrée à l’ex- trémité qui est en ogive et non arrondie (pl. IL, fig. 42 à, b). Nous avons observé un doigt latéral {probablement l’annulaire) qui est composé d’une première phalange courte à coupe circulaire et subtriangulaire dans son profil. d'une seconde phalange presque deux fois moins longue qu’elle n’est large d'avant en arrière, et d’une troisième phalange demi-circulaire très-fortement comprimée (pl. IL, fig. 43 a, b). Le membre postérieur étant beaucoup mieux connu que l’antérieur, il m'a semblé inutile d’en décrire et figurer de nouveau les fragments que nous possédons. Ce sont principalement un tibia gauche et quelques os du tarse et du métatarse. TRIBU DES SUILLIENS OU COCHONS. Je ne m'occuperai pour le moment que des dents et des fragments de mâchoires que l’on peut attribuer à cette tribu, qui renferme les Cochons, les Anthracotherium, etc. Je reviendrai plus tard sur les os des membres, en traitant dans un même chapitre de tous ceux qui appartiennent aux pachydermes de petite taille. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 45 ART der. Description des mdchoires et des dents d'une espèce qui paraït devoir former un genre nouveau, voisin des Anthracotherium et des Hyopotamus (Rhagatherium Valdense, Pictet). (PI. TEL.) L'espèce que je décris ici est représentée par plusieurs pièces et en par- ticulier par une mâchoire inférieure dont la dentition est presque com- plète, par une mâchoire supérieure qui serait aussi parfaite si la couronne des dents n’avait pas été en partie altérée, par une mâchoire inférieure ayant appartenu à un jeune individu et par des dents isolées. L'association de la mâchoire supérieure et de l’inférieure ne me parait laisser aucun doute. Je crois même qu’elles ont dù appartenir au même individu. Leurs dimensions, l’écartement des dents, la place des espaces vides, etc., concordent très exactement; les os ont la même couleur, la même nature de conservation et étaient probablement peu éloignés l’un de Vautre dans la brèche où ils ont été recueillis. On peut ajouter que la den- tition s’écarte trop de toutes celles que j'ai observées, pour que l'accord qui règne entre les deux pièces ne rende pas plus probable encore leur origine commune. La dentition de ces deux mâchoires montre que lespèce qu’elles repré- sentent est un pachyderme de la tribu des cochons. Les canines bien sail- lantes et les longues barres qui les séparent des molaires empêchent de la rapprocher des Anoplothérioïdes. Ces mêmes caractères, joints aux collines transversales des vraies molaires inférieures, rappellent, il est vrai, un peu l’organisation des genres qui ont été rapprochés des tapirs sous le nom de Lophotherium, Pachynolophus, Tapirulus, etc.; mais la composition des molaires supérieures presque identique à celle des Anthracotherium et des Hyopotamus, la forme des prémolaires des deux mâchoires, celle même des vraies molaires inférieures dont les collines se fractionnent en pointes coniques, l'allongement de la partie antérieure des mâchoires, et tout l’en- semble des caractères, comme je le montrerai plus bas en détail, ne peu- vent pas laisser de doutes sérieux sur ses affinités. Mais en plaçant cette espèce dans la tribu des cochons, il m'est impos- 44 PALÉONTOLOGIE SUISSE. sible de l’associer avec aucun des genres connus, et Je l'ai désignée sous un nom générique nouveau’, Rhagatherium, destiné à rappeler qu’elle a été trouvée pour la première fois dans des crevasses de rochers remplies par du terrain sidérolitique. Je caractérise ce genre comme suit : Incisives petites. Canines tranchantes séparées des incisives et des mo- laires par de grandes barres. Celles-ci probablement au nombre de +. Pré- molaires tranchantes aux deux mâchoires et ressemblant à celles des car- nassiers, l’antérieure écartée des autres et détachée en avant. Vraies molaires supérieures à quatre tubercules principaux. Vraies molaires inférieures for- mées de deux collines reliées par une petite arête oblique, chaque colline étant composée de deux tubercules très-distincts. Dernière molaire munie d’un fort talon. 1° Description d'une mâchoire inférieure adulte. (PL. III, fig. 6 à 11) Les dimensions de cette mâchoire sont les suivantes : Longueur de la mâchoire depuis les ineisives à la dernière molaire. ............. 65 mm. Largeur de la mâchoire vers la canine .......... DO T00 0000000000 400000000006 00 10 » » » vers la partie postérieure de la symphyse................ 13 Ecartement des branches vers la dernière molaire (mesurée en dehors). .......... 24 Longueur dela symphyse. "ren D PAPE nes A AEULS PEU à 23 Poncueur deNlaNcouronnedeaNCANINE EEE RE CPE CCCEE EEE LEE CEE EEE CEE 8 Distance “de Ja caninealampremière molaire Fe" -FEC EEE Ce EE CEE EEE EEE TEE T Longueur totale de la série des molaires..................................... 50 odiene EN MeM ER MORE oc e506003060000009000000000000000c 6 DistancedeNampremiere molaire an aa EPP EEE EN EEE PEER EEE EE PE PEER EEE TETE 5 oMrene EME mor ESS 0000,00000062000202200 PO DIS 0 0 D ID 7 » » a DR T0 050000660000 DD 0 0e TOO OT 0 PS QU 0 9 » D Je DT c no Do ben oo pot CT o2004 000005000000: 0600000 7 » » 5° OT Sn Do es DER ON ADO TOC 900 0000066. 8 » » 6° DNbavéb dons odoonorossoacdoco0ccavdevoovousocosons 10 Largeur de la première molaire {au collet) ........................ 0 Bd S 80e Hole 2 » » 2e » D M eee bles Li ee Aou este 3 » » 4e » DIM) Mocoo co0s00000000000%00000%6000000% 5 » » 6° » DT A M TRE ARE SÉÉREENT 5 lb ! De jxyæs crevasse, et Szgloy animal. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 45 Cette mâchoire est très bien conservée dans toute sa partie horizontale, mais la bran- che verticale et l'angle postérieur manquent complétement. Les incisives ne sont repré- sentées que par leurs racines; la canine est conservée du côlé gauche; la série des molaires, complète du côté droit, est réduite du côté gauche à trois d’entr'’elles. Les incisives paraissent n'avoir été qu’au nombre de deux de chaque côté. L’externe esl représentée par une /racine cylindrique assez grosse (2 millimètres). L'interne est plus petite et sa racine est un peu comprimée dans le sens vertical. Il ne serait pas impossible qu'il y eut eu en outre une troisième incisive plus petite et plus interne; la cassure de l'extrémité de la mâchoire ne rend pas cette supposition tout à fait im- possible. La canine implantée un peu en arrière des incisives à une distance d'environ 5 mil- limètres de la plus externe, est plus écartée encore de la première prémolaire (7 mil- limètres). Elle est comprimée, recourbée en forme de serpelte, dirigée en arrière, peu tranchante. Son diamètre mesuré dans le sens de la longueur de la mâchoire est à peu près double de son diamètre transversal (pl. III, fig. 7}. Les molaires ne forment pas une série continue, et la première prémolaire est déta- chée en avant et séparée de la suivante par un intervalle égal à la longueur d’une dent. 11 serait possible que cet espace vide correspondit à une dent tombée, et c'est là une explicalion naturelle qui se présente la première à la pensée. On peut cepen- dant concevoir quelques doutes à la suite des observations suivantes. 4° L’os est complètement refermé, sans aucune trace d’alvéole, et la mandibule est plus mince que là où existaient les dents. Il est vrai que cet état de choses rappelle assez bien ce qui passe ordinairement lors de la destruction d’une dent et de sa racine. Ajoutons que les deux branches sont exactement symétriques sous ce point de vue. 2° Un espace parfaitement semblable existe à la mâchoire supérieure et paraît prou- ver par cette similitude que l'intervalle est normal. 3° Le genre Hyopotamus dont le nôtre se rapproche plus que de tout autre, à éga- lement sa première prémolaire détachée en avant. Admettant la valeur de ces arguents, je supposerai dans la description que la pre- mière prémolaire est séparée des autres et qu'il n’y a que six molaires inférieures. La première prémolaire (fig. 6, a) est comprimée, semblable dans sa forme à une prémolaire de carnassier, biradiculée. Sa couronne est composée d'une pointe princi- pale, triangulaire, comprimée, et de deux petits talons également comprimés, l'un an- térieur et l’autre postérieur. La seconde {fig. 8) a une forme analogue à la première, mais un peu moins com- primée. Elle en diffère surtout par une grande augmentation des deux talons ou lobes accessoires qui deviennent de véritables pointes, plus petites il est vrai encore que la 46 PALÉONTOLOGIE SUISSE. principale, mais de même forme. La série de leurs arêtes est à peu près dans un même plan et forme une ligne tranchante. La troisième molaire (fig. 9) appartient encore au même type. Elle doit être comp- tée comme une prémolaire, ou plutôt si l’animal dont il s’agit élait un carnassier et non un pachyderme on devrait y voir l’analogue de la carnassière ou principale. Cette dent a la même forme que la seconde avec des talons ou pointes latérales un peu plus écartées encore, mais moins tranchantes. Elle en diffère surtout par la forme du talon postérieur qui est double et composé de deux pointes rapprochées, ainsi que par l'existence d’une petile pointe ou tubercule situé en dedans et en arrière de la pointe médiane. Il résulte de cette disposilion que la partie antérieure de la dent est tout à fait formée sur le type des prémolaires, tandis que la partie postérieure commence à prendre les formes des vraies molaires. La quatrième dent doit être considérée comme la première vraie molaire. Elle n’est pas très bien conservée dans notre mâchoire, mais cependant d’une manière suffisante pour montrer qu'elle ressemble tout à fait à la suivante. Elle est composée de quatre tubercules associés deux à deux, en deux collines transverses reliées par une petite carène oblique. | La cinquième dent ou seconde vraie molaire {fig. 10) est formée de même de deux collines transverses. Chacune de ces collines est composée de deux tubercules en cône surbaissé qui s’usent en formant chacun une section circulaire. Il est probable que plus tard l’union des deux sections produirait une sorte de 8. La pointe externe et postérieure est liée avec la pointe interne et antérieure par une petite arête courte et oblique. La dernière molaire {fig, 11) est composée de deux collines et d’un fort talon. Les collines sont formées comme dans les deux dents précédentes, avec les pointes un peu plus écartées et un peu plus indépendantes. Le talon est situé en arrière et simule une troisième colline presque aussi longue que les autres d'avant en arrière, mais plus étroite. Il est formé d’une pointe unique ou plutôt de deux pointes confondues en une seule. 2 Description de la mâchoire superieure correspondante. (PI. III, fig. 1 à 5.) J'ai dit plus haut que suivant toute probabilité nous possédions la mâchoire supé- rieure du même individu auquel appartenait la mächoire inférieure que nous venons de décrire. La longueur de la surface de trituration, l'écartement des branches, la VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÉNE. 47 couleur, elec, tout semble l'indiquer. Dans tous les cas, elle proviendrait d’un individu de même taille. Cette mâchoire est moins bien conservée que l’inférieure; mais à peu près par les mêmes parties. Les incisives y sont représentées par leurs racines. La canine est con- servée d’un côté, la première prémolaire sur chaque branche et les quatre dernières un peu altérées dans leur couronne subsistent sur une des branches. Les dimensions de cette mâchoire sont les suivantes : Longueur de la mâchoire depuis les incisives à la fin de la dernière molaire...... 67 mm. Distance des incisives à la canine ....................... Do noob De Job 08e moe 7 Longueur de la couronne de la canine................................... 4 7 Distancenmde ancaninetatlaspremierenmolaire. eee cc CCC 7 Longueur totale de la série des molaires ..................................... 50 Longue de à amère mors cccs6oduscesbosoccenoosser as eos obosee k 1} » de Te GE Mg MORE SERRES RSR OS ENTER 6 » eRlANpÉNUIE NE M NE NE ER A ee MR NTe SARRRRENNR 6 » de la dernière AL RSR ED RU OR EST EE EU ES UE Largeur de la première D. | 'opoooopoocoverocousdousarcéooebooteséococo 2 » de la quatrième D be on d'OS DEEE ES Den DIE ENS S D 7 » de la dernière D P ERE Re DES DOME OO PAPER Ce PO PL 8 Les incisives ne sont, comme je l’ai dit, connues que par leurs racines. Elles parais- sent avoir été au nombre de trois de chaque côté, dirigées verticalement en bas. La coupe de ces racines est exactement cylindrique. Ces dents sont séparées des canines par un espace vuide considérable, à peu près égal à celui qui sépare la canine de la première prémolaire. La canine {fig. 2) est arquée, pointue, comprimée; ses arêtes sont cependant un peu moins tranchantes que dans la dent analogue de la mâchoire inférieure, mais elle est un peu plus élancée. La première prémolaire (fig. 3) a deux racines. Sa couronne est composée d'une seule pointe comprimée, sans aucune trace de dentelons ou de talons. Les molaires suivantes manquent dans notre mâchoire sur un espace de 20 millimè- tres. L'os de la mâchoire est très suffisamment conservé pour qu'on puisse voir immé- diatement après la première molaire une barre longue de 8 millimètres qui ne portait point de dents, et plus en arrière des trous correspondant à l'insertion de deux, molai- res Cassées. Viennent ensuite quatre molaïres conservées. Cette mâchoire était done armée au moment de la mort de l'animal de sept molai- res dont la plus antérieure était séparée des autres par une barre. Nous nous trou- vons ainsi en présence du même doute que pour la mâchoire inférieure. L'espèce avait- 48 PALÉONTOLOGIE SUISSE. elle dans l’état normal la série des dents molaires continue, ce qui en supposerait huit à la mâchoire supérieure et sept à l'inférieure, ou présentait-elle le caractère exceptionnel d’une prémolaire détachée en avant? Il est probable, ainsi que je l'ai dit plus haut que cette dernière alternative est la véritable. La longueur de l’intervalle, trop grand pour une molaire et trop petit pour deux, ainsi que la forme de l'os de la mâchoire semblent militer en faveur de cette manière de voir avec plus de force que pour la mächoire inférieure. J'admettrai done que ce pachyderme avait sept mo- laires supérieures dont l’antérieure détachée, et je les décrirai en les numérotant d'a- près cétte hypothèse. La deuxième et la troisième manquent, comme je l’ai dit plus haut. Il est probable qu’elles étaient allongées et étroites eomme leurs correspondantes de la mâchoire infé- rieure. On peut juger d’après la place qu’elles occupaient que chacune d'elles était longue de six millimètres. La largeur de la racine de la seconde était de 2!/, millimètres. La quatrième molaire est plus large (7 millimètres). Elle est composée de trois tu- bercules. Deux d'entr'eux forment le bord externe et sont accompagnés d'un petit dentelon antérieur. Le troisième lubercule forme le bord interne et est opposé au mi- lieu de l'intervalle qui sépare les deux autres, ensorte que la surface de trituration est subtriangulaire. La cinquième molaire est composée de quatre tubercules. Le bord externe est, comme dans la précédente, formé de deux tubercules séparés par une dépression; mais le bord interne est composé de deux tubercules semblables dont l’antérieur est doublé par une pelite pointe interne. Quand la dent n’est pas usée, les pointes sont aiguës et bordées par des arêtes tranchantes; quand l'usure a commencé, ces arêtes se dédoublent et forment des croissants dont la concavité est dirigée en dehors, cha- que pointe étant sur la partie la plus interne de cette concavité. La sixième molaire et la septième, ont des formes Lout à fait analogues. Les poin- tes exlernes y sont mieux marquées, entourées du côlé extérieur par un collet assez fort et marquées sur la même face d'une côte arrondie peu saillante. Elles sont égale- ment formées de quatre pointes principales et d’une petite accessoire qui double en dedans la pointe antéro-interne. Ces molaires dans notre mâchoire étaient un peu altérées et nous avons dû figurer de préférence des dents isolées mieux conservées. La fig. 4 représente une quatrième molaire et la fig. 5 une dernière ou seplième molaire. Je reviendrai plus bas sur la comparaison de ces dents avec celles des autres pa- chydermes. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 49 3° Descriphon d'une mâchoire inferieure d'un individu plus jeune de la même espèce. (Pl. III. fig. 12 à 15.) Je rapporte à la même espèce la mâchoire qui est représentée dans la figure 12; car les molaires ont individuellement tous les caractères que j'ai décrits plus haut. Leur arrangement n’est plus le même et semble indiquer une dentition du jeune âge. Les trois postérieures (5°, 6° et 7 vraies molaires) ne présentent pas de différence sensible. La 6° est représentée dans la figure 43. Elles sont précédées par une dent à trois collines (fig. 14) qui manque tout à fait à la série adulte. C’est probablement la dernière dent de lait déjà un peu soulevée et se préparant à tomber. Chacune des collines est composée de deux tubercules très rap- prochés. L’antérieure est la plus étroite, de sorte que cette disposition est à peu près in- verse de celle de la 7° permanente. La partie antérieure de la mâchoire est trop détruite pour qu'on puisse juger des rapports du reste de la dentition. On voit seulement en saillie une dent à une racine, terminée par une petite couronne élargie, usée ou cassée des deux côtés. Je la consi- .dère comme une prémolaire antérieure caduque. De ces faits on peut conclure, avec une assez grande probabilité, que dans le Rha- gatherium : 1° Il y à quatre molaires de lait à la mâchoire inférieure, qui se remplacent par quatre molaires permanentes; et trois molaires qui ne sont pas précédées par des ca- duques. 2° Que la dernière molaire de lait est à trois collines comme la dernière perma- nente. 3° Que tandis que les prémolaires permanentes sont toutes biradiculées, il y a au moins une prémolaire caduque à une seule racine. Discussion sur les rapports zoologiques du Rhagatherium. L'animal dont je viens de donner la description détaillée est évidemment un pachyderme. Je ne suppose pas qu'il vienne à l'esprit de personne de contester ce point. La longueur des barres, l'indépendance des canines, etc., empêchent toute comparaison avec les Anoplothérioïdes. La forme des molaires infé- 7 50 PALÉONTOLOGIE SUISSE. rieures exclut toute idée de l’associer aux Palæothérioïdes. IL est inutile d'insister sur l'impossibilité plus grande encore de le rapprocher des Rhinocéroïdes, des Solipèdes ou des Hippopotamides. Il n'y a donc que deux tribus dans lesquelles on puisse placer ce nou- veau genre, celle des Tapiroïdes, et celle des Suilliens qui comprend les animaux voisins des cochons. C’est évidemment avec les genres qui compo- sent ces deux groupes que l’on doit chercher ses affinités. Si l’on connaissait l’ensemble du squelette, il serait bien facile de pro- noncer entre les deux tribus, car celle des Tapiroïdes est caractérisée par des pieds à doigts impairs (périssodactyles) et celle des Suilliens par des pieds à doigts pairs (artiodactyles). La dentition fournit des caractères moins tranchés, d'autant plus qu'un grand nombre de genres fossiles ne sont connus que d'une manière incomplète et associés aux genres vivants par des hypothèses plus ou moins contestables. La dentition de la mâchoire supérieure indique plus danalogie avec les Suilliens. Il est impossible de méconnaître la très grande ressem- blance qui existe entre les vraies molaires des Rhagatherium et celles des Anthracotherium. La ressemblance n’est pas moindre avec celles des Hyo- potamus, etc. Ces genres ont également, comme celui qui nous occupe ici, des prémolaires simples plus ou moins tranchantes, des canines isolées, etc. La mâchoire inférieure, sans fournir des résultats directement contrai- res, semble étendre le cercle des comparaisons. Elle a, surtout dans les vraies molaires, de grandes analogies avec deux genres de la tribu des Tapiroïdes, les Pachynolophus, Pomel, et les Lophiotherium, Gervais. Il faut cependant remarquer que dans ces deux genres les prémolaires sont bien moins comprimées, et sous d’autres rapports, notre mâchoire in- férieure ressemble singulièrement à celle des Hyopotamus. Son étude four- nit donc peu d'arguments décisifs, ou plutôt laisse décider la question par les caractères de la mâchoire supérieure. Je n'hésite donc pas à placer le Rhagatherium dans la tribu des Suilliens. IL me reste à le comparer aux genres connus”. Il me parait se distinguer clairement du genre Chræopotamus par les tu- bercules de ses molaires moins nombreux, plus réguliers, plus aigus, bor- 1 Voyez Pictet, Traité de Paléontologie, ? édition, t. IL. p. 327. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 51 dés d’arêtes vives. Le Chæœropotamus, sous ce point de vue, a plus de rap- ports avec les cochons actuels. La même différence l’éloigne de plusieurs genres voisins de ces Chœæropotamus et qui ont été désignés sous les noms de Palæochærus, Chæromorus, Enteledon, Elotherium et Hyotherium. Il est difficile de le comparer complétement avec le genre des Acotheru- lum, Gervais, qui est très mal connu. Le savant auteur de la Paléontolo- gie française, en montrant que ce genre a des rapports avec les Dichobu- nes, parait, ce me semble, prouver par là qu'il diffère notablement du Rhagatherium. Ces genres exclus, il ne reste dans cette tribu que les Anthracotherium , les Bothriodon et les Hyopotamus. Ces trois genres forment un groupe na- turel qui à en effet des rapports incontestables avec notre espèce. Le der- nier, en particulier, s’en rapproche par les analogies suivantes : 1° Par le nombre des dents qui est le même. 20 Par la forme des trois dernières vraies molaires supérieures qui est presque identique. 92 Par l’écartement de la première prémolaire mférieure qui est séparée des autres par une barre. 49 Par les vraies molaires inférieures dont les deux antérieures sont à deux collines et dont la dernière à un fort talon très analogue. Il en diffère cependant par quelques caractères importants. 1° La dernière prémolaire supérieure est semblable aux vraies molaires dans le Hyopotamus et non dans notre espèce chez laquelle elle n’a que trois tubercules. 2° Les vraies molaires inférieures s’usent en croissants dans le Hyopota- tamus, et en disques dans le Rhagatherium. 5° Les prémolaires inférieures sont beaucoup plus longues et plus com- primées dans ce dernier, leur couronne est composée de trois pointes tran- chantes; elles ressemblent beaucoup plus à celles des carnassiers. 4° La canine inférieure est grèle et comprimée dans le Rhagatherium, forte et conique dans le Hyopotamus. 5° Cette dent est dans ce dernier, appliquée contre les incisives; elle en est très séparée dans le premier. Ces différences sont plus grandes si on compare les Rhagatherium avec les Anthracotherium et les Bothriodon. D2 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Si on établit la comparaison avec les genres de la tribu des Tapiroïdes dont j'ai parlé, on verra facilement : Que les Rhagatherium diffèrent des Pachynolophus, Pomel, par sept mo- laires au lieu de six, et par les formes de leurs molaires supérieures qui n'ont aucun rapport. Qu'ils se distinguent des Lophiotherium, Gervais, dont on ne connaît que la mâchoire inférieure, par la forme des prémolaires qui est toute diffé- rente. Qu'ils peuvent encore moins être confondus avec les Tapirulus, Gervais, dont les molaires inférieures ont des collines mieux marquées, reliées par une carène perpendiculaire et non oblique. Les Rhagatherium forment done un groupe plus voisin des Hyopotamus que d'aucun autre. Il ne reste donc plus qu’une question à résoudre pour fixer compléte- ment leur place. Doivent-ils former un genre spécial ou simplement un sous-2enre ? J'ai adopté la première manière de voir, et cela pour les motifs suivants : 1° Les Rhagatherium diffèrent plus des Hyopotamus que ceux-ci des Bothriodon; si donc on admet ces deux genres, il faut admettre le nôtre. Si on préférait les réunir, il faudrait les comprendre tous sous l’ancienne dénomination d’Anthracotherium. 20 L’allongement et la compression des prémolaires, ainsi que l'amineis- sement des parties antérieures des mâchoires, constituent des caractères d’une valeur générique incontestable, car ils ont dû se lier avec un genre de vie très probablement différent de celui des Hyopotamus, des Anthraco- therium, etc. Ces derniers, avec leur mâchoire robuste, leurs grosses cani- nes, leurs prémolaires solides et peu tranchantes, J'ajouterai même leur grande taille, ont dû être des animaux forts, de mœurs analogues à celles de nos sangliers. Les Hyopotamus et les Bothriodon qui ont eu les mà- choires un peu plus grèles ont eu encore certainement à peu près les mé- mes habitudes et la même apparence. Les Rhagatherium étaient de petits pachydermes à mâchoires allongées, bien plus faibles, avec des instincts moins frugivores, et se nourrissant probablement au besoin de petits ani- maux. Leur taille n’a pas dû dépasser celle du Blaireau. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. D8 La seule espèce dont nous ayons trouvé les débris est celle que nous avons figurée en la désignant sous le nom de Rhagatherium du canton de Vaud (R. Valdense, Pictet). Explication des figures. PI. III. Fig. 1 a. Mâchoire supérieure du Rhagatherium Valdense, Pictet, de grandeur naturelle. Fig. 1 b. Les dents vues par leur surface de trituration Fig. 2. Dent canine supérieure, de grandeur double. Fig. 3. Première prémolaire supérieure, de grandeur double. Fig. 4. Quatrième molaire supérieure, de grandeur naturelle et de grandeur double. Fig. 5. Dernière molaire supérieure de grandeur naturelle et de grandeur double. Fig. 6. Mâchoire inférieure de la même espèce de grandeur naturelle, vue de profil et de face. Fig. 6 a. Première prémoiaire inférieure, de grandeur double. Fig. 7. Canine inférieure, au même grossissement. Fig. 8. Seconde prémolaire inférieure. Fig. 9. Troisième prémolaire inférieure. Fig. 10 a et b. Cinquième molaire inférieure. Fig. 11 Dernière molaire inférieure. Les figures 6 a à 11 sont représentées de grandeur double de nature. Un contour au trait indi- que la grandeur naturelle de la dent. Fig. 12. Mâchoire inférieure d’un jeune individu de grandeur naturelle. Fig. 13. Pénultième molaire de grandeur double. Fig. 14. Molaire de lait à trois collines, placée en avant des vraies molaires. ART. 2. Description d'une portion de mâchoire supérieure qu a probable- ment appartenu à une espèce du genre HYRACOTHERIUM, Owen (A. side- rohthicum, Pictet). (PI. IV, fig. 1 à 4) Le fragment de mâchoire que J'ai fait représenter dans les fig. 1 à 4 de la PI. IV, à été trouvé dans les dépôts du Mauremont, par M. le Dr Campiche. L'os y est très incomplétement conservé et est composé d’une faible portion du plancher de lorbite de l’œil et de la partie al- véolaire. Cinq dents sont conservées et sont évidemment les cinq molai- res postérieures. La dernière n’est pas complète et est en partie enga- gée encore dans lalvéole. Descriprion. Les cinq molaires ressemblent beaucoup les unes aux autres, et ap- partiennent au même type. Si l’on admet, ainsi que je le discuterai plus bas, le rap- prochement de cette espèce et de l’Hyracotherium, on peut admettre aussi comme 54 PALÉONTOLOGIE SUISSE. probable que la mâchoire portait en outre deux prémolaires dont l’antérieure était dé- tachée en avant. Chaque molaire {pl. IV, fig. 2 et 3) est formée de quatre tubercules principaux, dont deux externes et deux internes, et de deux tubercules accessoires silués entre les précédents Les deux tubercules externes, qui forment la face externe de la dent, sont assez pointus, arrondis du côté interne et excavés du côté externe en une surface subtrian- gulaire munie de trois arêtes. Les deux tubercules internes, qui forment la face interne de la dent, sont un peu plus courts et un peu plus obtus que les précédents. Arrondis du côté externe, ils se relient par des arêtes peu marquées et souvent incomplètes avec les tubercules acces- soires. Ceux-ci sont placés sur la ligne médiane de la surface de trituration, c’est-à-dire qu'ils forment une paire placée entre celle des tubercules internes et celle des tuber- cules externes. Ils sont plus petits et plus irréguliers, et leurs bords dégénèrent en petites arêtes. Ces tubercules accessoires ne sont pas situés exatement sur la ligne qui joint un des tubercules internes avec son correspondant externe; mais bien un peu en avant de cette ligne, c’est-à-dire plus près de la partie antérieure de la dent. Ces six tubercules s’usent par la trituration à peu près de la même manière. Cha- cun d'eux s'échancre en une petite surface ronde ou ellipsoïde, formée en son centre de dentine et entourée d'émail. La fig. 4 de la pl. IV, montre une dent à une épo- que plus avancée de la trituration que celles qui font partie du fragment décril. La dent est portée par quatre racines, associées deux à deux de manière à ce que les deux du même côlé sont tout à fait rapprochées et que les internes sont au con- traire très distantes des externes. La description que je viens de donner convient presque exactement à chacune des cinq molaires, avec toutefois la modification suivante. Les deux tubercules internes sont d'autant plus séparés et plus distincts que la dent est plus postérieure. Dans la pénultième, par exemple (pl. IV, fig. 2), ils sont aussi écartés que les externes. Dans la plus antérieure (pl. IV, fig. 3) ils se confondent presque en un seul, en restant cependant encore divisés par un sillon. Ces dents différent en outre par leurs dimensions que j'ai mesurées comme suit (en millimètres). ne 2° Où 4* dernière. Longueur mesurée d'avant en arrière.............. 6 y] 11} Ya) 6 Largeur mesurée au collet....................... 8 9 OR AMOR PRIT Les numéros des molaires ne désignent pas ici leur place absolue et ne se rapportent VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. D5 qu’à celles de l'échantillon figuré. La première est la plus antérieure des molaires con- servées, etc. Si, partant de cette description, nous cherchons à nous rendre compte des affinités que devait avoir avec les espèces connues le mammifère au- quel à appartenu cette mâchoire, nous verrons qu'il faut le comparer surtout aux Hyracotherium et aux divers genres qui forment, avec les Authracotherium, un groupe naturel. Les caractères qui le rapprochent des Hyracotherium sont les suivants: 1° La proportion qui existe entre les cinq molaires connues et le fait qu’elles sont toutes subcarrées et armées de tubercules sur trois rangées, rappellent tout à fait ce genre. Dans les Anthracotherium et les grou- pes voisins, il ny a au contraire que trois ou quatre molaires qui appartiennent au type des dents compliquées, et il y a un plus grand nombre de prémolaires comprimées. 2° Les six pointes ou tubercules des vraies molaires sont disposés exac- tement comme dans les Hyracotherium et s’usent de même en six petits cercles ou surfaces ovoides entourées d’émail. Mais sous d’autres points de vue, ces molaires diffèrent de celles des Hyracotherium d’une manière notable, et l’on peut dire qu’elles ont une forme plus anthracothérioïde. 1° Par la surface externe des deux pointes extérieures qui est excavée et divisée par des arêtes, au lieu d’être simplement arrondie. 20 Par l'absence presque complète du bourrelet relevé qui entoure le collet d’une manière si évidente dans les molaires des Hyracotherium. Dans notre espèce, il n°y a point de saillie sur le collet aux deux faces principa- les de la dent, la face interne et la face externe et les tubereules de la cou- ronne n’y sont séparés de la racine par aucun bourrelet. Sur les autres fa- ces on remarque une carène peu marquée (fig. 5, b). | Si nous comparons maintenant cette mâchoire aux types voisins des Anthracotherium et en particulier avec le genre que J'ai établi ci-dessus sous le nom de Rhagatherium, et qui est celui qui s’en rapproche le plus, on verra qu'il y a une analogie incontestable dans les deux carac- tères que je viens de rappeler, la surface externe excavée et la faiblesse du 56 PALÉONTOLOGIE SUISSE. bourrelet, mais qu’il a en même temps des différences importantes, dont les principales sont : 1° La proportion des molaires entr’elles dont J'ai parlé plus haut, et le fait qu'il y en a cinq à trois rangs de tubercules. 2° L'existence de deux tubercules accessoires et intermédiaires au lieu d’un seul, ce qui rend la dent plus large et plus compliquée. L'espèce dont nous nous occupons a donc à la fois une partie des ca- ractères des Hyracotherium et une partie de ceux des Rhagatherium, et elle semble intermédiaire entre les deux. Il reste à savoir duquel elle se rapproche le plus. Je dois d’abord faire remarquer que ces genres ont entr’eux de gran- des analogies. M. Owen a déjà fait ressortir les rapports qui existent en- tre les molaires des Hyracotherium et celles des Chæropotamus, et par conséquent de tous les genres voisins des Anthracotherium. Les Hyraco- therium et les Rhagatherium ont en outre l’un comme l’autre la pre- mière prémolaire détachée en avant des autres, une barre entre elle et la canine, etc. Le trait le plus essentiel qui les distingue me parait être l’'amincisse- ment des mâchoires chez les Rhagatherium et leur forme plus robuste chez le Hyracotherium, forme qui se traduit par des prémolaires moins comprimées et plus compliquées, par des vraies molaires plus larges et à tubercules plus nombreux, etc. Il me paraît donc convenable de rap- procher notre mâchoire de ces derniers, plutôt que des Rhagatherium, malgré le peu de développement du bourrelet et la forme des tubercules externes qui semblent fournir un résultat inverse. Peut-être y aura-t-il lieu à établir un jour un genre nouveau pour cette modification intermédiaire, genre qui liera d’une manière plus in- time les Hyracotherium et les Anthracothérioïdes. Je n’ai pas cru être suffisamment autorisé à le proposer aujourd’hui, et il me semble conve- nable d'attendre qu'un heureux hasard nous procure la connaissance des prémolaires, des canines et de toute la dentition de la mâchoire infé- rieure. Je me borne pour le moment à associer provisoirement l’espèce que représente cette mâchoire au genre des Hyracotherium. Il n’y à d’ailleurs aucun doute que cette espèce ne soit nouvelle, les F VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 57 caractères que j'ai indiqués ci-dessus et qui ont presque une valeur gé- nérique, la distinguent clairement des deux Hyracotherium connus. Elle est de la taille du A. leporinum, et on peut ajouter encore comme diffé- rences, si on le compare à cette espèce, que la première et la deuxième des molaires connues ont deux pointes distinctes au côté interne au lieu d’une seule, circonstance qui, jointe à l'absence de collet et à la forme du bord externe, ne peut laisser aucun doute. En lattribuant provisoirement au genre des Hyracotherium, je lai nommée 1. siderohithicum. Explication des figures. PI. IV. Fig 1 a. Fragment de mâchoire supérieure, vu du côté externe, de grandeur naturelle. Fig. 1 db. Les dents vues par leur surface de trituration. Fig. 2. Pénultième molaire, de grandeur double. Fig. 3. La plus antérieure des molaires conservées sur l'échantillon (probablement la 3° prémo- laire), vue de face et de côté. Fig. 4. Une molaire plus usée, appartenant à un autre individu, et provenant de la même localité ART. 5°. Description d'une mâchoire inférieure appartenant probablement à une nouvelle espèce du genre DICHOBUNE, Cuvier (D. Campichii, Pictet). (PL. IV, fig. 5 à 9). La mâchoire que je décris dans cet article n’est pas assez complète pour permettre de fixer avec une pleine sécurité les affinités zoologiques de l'animal auquel elle à appartenu. Elle l’est cependant assez pour offrir un véritable intérêt, car elle paraît devoir fournir un nouveau terme dans la série de ces types encore mal connus, qui lient les Pachydermes propre: ment dit avec les Anoplothérioïdes. Elle présente le caractère essentiel de ces derniers, en ayant comme eux les dents en série continue, presque sans barres, et les canines peu saillantes. La forme des dents molaires rappelle en même temps un peu les Tapiroïdes et les Cochons. Je montrera plus bas qu’elle se rapproche plus des Dichobunes que d'aucun autre genre connu; mais qu'elle s’en écarte cependant en quel- ques points. Elle fait une sorte de transition entre eux et les Aphelothe- rium de M. Gervais. 8 8 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Ce fragment intéressant a été trouvé par M. le D' Campiche et fait partie de sa belle collection. DIMENSIONS. Longueur de la série des molaires conservées (les 6 antérieures) .................... 36 mm Longueur de la première prémolaire........................... re leue en ee 5 évier cola CON coco see sedosboodovcacoovvooooocsbocodooovcoovcegecos 7 IDenes entre le 1 prénoare EE RES C5 600005 0000000000000000000968020p0900 2 Longueuride la 2%prémolaire "2" "0 RC CEE CEE NC 6 Babar Ole AS eos cenoboodenoadenecoocsbooduuosoo do k Logo 6 mate 000000000c0000000000co04c00cs0a0065000006000000 6 » DM SE popbaodomacosbsooonond pa vdagodouaadoonsonssosoc b) » DLÉP Sn D ISocoddovooocoocpoouocsuoovcoouvoocoboconoosoncubosc 6 » » (D \£ocono0voocobgooo0bosoododosonvoobovuossoocoeuosgooc 6 Epasseumdelatmemetent en erRtte CEE rE CCC Ce CETTE CECE LL 5 Hauteur de la mächoire sous les 4° à 6° molaires.......................... dada A1 Epaisseur de la même....... CT AE LD OM AC OO ee onu 1 Lonnence la Sins ooocsovoooovééoooooooovooovodovobo00d000000000000 23 Descriprion. La fossilisation a un peu écrasé les branches de la mâchoire, mais la symphyse est restée intacte et il est facile de rétablir les formes normales. La branche horizontale, seule conservée, est de force médiocre, peu alténuée en avant; elle se prolonge en une longue symphyse presque horizontale, ou plutôt très légèrement rele- vée en avant. Le trou mentonnier est situé sous la seconde molaire. Cette mâchoire a conservé la plupart des dents molaires d’un côté, et trois de celles du côlé opposé ; les canines sont fracturées peu au-dessus de leur collet, et les inci- sives ne sont représentées que par leurs racines. Ces dernières étaient au nombre de trois de chaque côté. La mandibule gauche mon- tre clairement les trois racines. Les extérieures ont à leur cassure une coupe circulaire, l'interne est comprimée. Ces incisives paraissent avoir été implantées de manière à for- mer à peu près un angle de 45° avec la direction horizontale. Les canines sont immédiatement en contact avec les incisives et les dépassent à peine par leur diamêtre. Leur coupe est ovale, transversale, montrant que la dent était un peu déprimée. Ce qui reste de la couronne semble prouver que ces dents étaient cour- tes, un peu élargies en forme de pelle et ayant plutôt la forme d’une incisive externe que d’une vraie canine. Les molaires conservées sont au nombre de six, et il est probable par analogie qu'il en manque une seule, la dernière ou postérieure. Si cette hypothèse est exacte, l’ani- mal aurait eu sept molaires à la mâchoire inférieure, dont les six antérieures sont seules connues. | VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 59 Les trois premières sont comprimées, tranchantes, munies d'un petit talon postérieur, ont deux racines et rappellent les fausses molaires de plusieurs carnassiers. La première ou la plus antérieure [fig. 6) présente des caractères exceptionnels. Elle diffère par sa double racine de son analogue dans la plupart des autres Anoplothé- rioïdes; sa couronne est comprimée, tranchante en avant, un peu arquée, usée en arrière en une surface triangulaire plate et munie dans sa partie postérieure d’un talon assez prononcé. Elle est insérée à une très petite distance de la canine et la dépassait probablement en longueur et en importance. On peut dire qu’elle est plus caniniforme qu'elle, et si ce n'était sa double racine et le nombre des dents antérieures, on serait tenté de le considérer comme la véritable canine. Les deux suivantes sont un peu moins comprimées, moins élancées, plus larges et plus basses; elles ont un talon postérieur plus petit. La fig. 7 de la PI. IV représente la troisième molaire. La quatrième (fig. 8) augmente de largeur; elle est composée d'une pointe principale et d'un fort talon postérieur. La pointe rappelle les dents précédentes, mais en diffère en ce qu’elle est divisée à son extrémité en trois tubereules rapprochés. Le talon est très grand et bilobé. La cinquième et la sixième molaires {fig. 9) sont composées de deux collines bien distinctes et d’un très petit talon postérieur. Chacune des collines est formée de deux demi-cônes, terminés par une pointe mousse et arrondie; ces demi-cônes sont séparés par un court sillon et s’usent en une paire de surfaces circulaires ou disques arrondis qui, plus tard, se confondent, à cause de la brièveté des pointes et de la grosseur de la base. En outre la lame d'émail qui forme le cercle de ces surfaces s’infléchit en avant pour former une anse qui réunit les deux pointes. Cette ligne d’émail forme une espèce de courbe convexe qui est libre en avant des tubercules antérieurs el qui, s'étendant de la colline postérieure jusqu'à l’anlérieure, parait lier ces deux collines sous forme d’une arêle oblique. Le talon est réduit à un très petit tubercule serré contre la colline postérieure. Je dois ajouter que toutes ces dents molaires sont simples sur leurs faces interne et externe, tout à fait dépourvues de bourrelets et plus semblables sous ce point de vue aux dents des Cochons qu'à celles des Palæotherium, des Anoplotherium, etc. Avant que de passer à sa comparaison avec les espèces décrites, je dois aussi faire remarquer que celte mâchoire a tous les caractères d’un animal adulte. Il est en effet probable que dans le jeune âge il y a, comme dans le Rhagatherium, une dent de lait à trois collines ; aucune des dents conservées ne présente ce caractère. La seule dent anormale qui puisse être considérée comme faisant exception à la série régulière des molaires est la première; mais il serait contraire à toutes les règles de la dentition de supposer qu'on trouve à la fois sur une mâchoire la première prémolaire de lait et les vraies molaires de l'adulte. 60 PALÉONTOLOGIE SUISSE. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. La continuité des dents, l’absence presque totale de barres et le faible développement de la canine montrent évidem- ment, ce me semble, qu'il faut chercher dans les Anoplothérioïdes la place de l’espèce à laquelle cette mâchoire à appartenu. Il faut toutefois recon- naitre que par ses autres caractères elle rappelle quelques genres des tri- bus des Suilliens et des Tapiroïdes. Elle à en particulier des rapports avec le genre que j'ai décrit plus haut sous le nom de Rhagatherium. Les collines des vraies molaires ont, dans ces deux espèces, une analogie frappante, et les fausses molaires ont dans l’une et dans l’autre une forme comprimée rappelant un peu celles des car- nassiers. La dentition des parties antérieures de la bouche présente au con- traire de très grandes différences qui paraissent dominer de beaucoup les analogies. Elle en a plus encore’ avec le genre qui a été décrit par M. Wood sous le nom de Mrcrocnogrus. La disposition et la forme des molaires ont beau- coup d’analogie; les fausses molaires sont, il est vrai, plus courtes et plus serrées dans le Microchærus; mais elles sont, comme dans notre espèce, comprimées et formées d’une pointe principale. L'absence de barres leur donne aussi de grandes ressemblances. Je ne connais du reste ce genre que par la figure qu’en a donnée M. Wood; et si, comme cela est probable, la formule dentaire a été bien interprétée par ce naturaliste et par M. Wa- terhouse, la partie antérieure de la bouche prouve que notre mâchoire est tout à fait différente de celle du Microchærus. M. Waterhouse, en effet, lui donne —- incisives et—+ canines. Or la nôtre a—incisives et canines. Ces analogies partielles sont bien moins grandes que celles que l’on peut trouver en le comparant avec les Pachydermes à dents continues, c’est-à- dire avec les Anoplothérioïdes. Or, dans cette famille on peut assez bien reconnaître deux types de molaires inférieures parmi les genres qui sont groupés à la suite des Anoplotherium et qui renferment en général de pe- tites espèces comme la nôtre. Le premier type contient les genres dont les molaires ont des pointes 1 Il est possible, même probable, que le pachyderme représenté par cette mâchoire ait eu aussi des rapports avec les HYRACOTHERIUM ; mais la dentition de la mâchoire inférieure de ce dernier genre n'est pas connue et à la mâchoire supérieure les dents ont été séparées par des barres. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 61 aiguës formant des croissants. Ces genres forment une série de transitions vers les ruminants. Ce sont les Xiphodon, les Oplotherium, les Microthe- rium, elc. Le second type est plutôt caractérisé par des molaires tapiroïdes divisées en collines transverses plus ou moins régulières. Ce groupe contient les Dichobunes' et probablement les Adapis, les Aphelotherium, etc. II lie plutôt les Anoplothérioïdes aux véritables Pachydermes. C’est évidemment avec ce dernier type que nous devons comparer no- mâchoire. Elle à des affinités réelles avec les Dichobunes. Les vraies molaires pa- raissent tout à fait semblables, soit dans leur constitution, soit dans leur mode d'usure. En admettant la formule dentaire adoptée par M. de Blainville* pour les Dichobunes, je ne trouve que trois différences importantes. 1° Notre mâchoire a certainement eu sept molaires, tandis que les Di- chobunes n’en ont que six. La figure donnée par M. de Blainville ne peut laisser aucun doute sur l'existence d’une dent biradiculée de moins dans le Dichobune.* 20 La prémolaire antérieure de notre mâchoire est élancée, munie d’un seul talon postérieur et presque caniniforme. Dans le Dichobune, elle est courte, large et à deux talons, l’un antérieur et l’autre postérieur. 5° La canine et la première prémolaire sont exactement en contact dans le Dichobune et séparées par une très petite barre dans notre mâchoire. Cette même mâchoire me paraît se rapprocher sous quelques points de vue du genre encore mal connu des Apapis, Cuvier, qui a des dents en série continue et qui fait probablement, comme notre espèce, partie de la 1 En attribuant les Dichobunes à ce second type. je dois faire remarquer que les espèces que l'on a coutume de réunir dans ce genre présentent sous ce point de vue des différences marquées. Le Dich. cervinum, Owen appartient tout-à-fait au premier type; les Dich. leporinum, suillum, etc, au second. Il ÿ aura probablement lieu une fois à les séparer. ? M. de Blainville (Anoploth., p. 60) montre que le fragment principal qui a fait connaître la dentition infé- rieure du Dichobune peut être interprêté de deux manières : 1° en y comptant 3 incisives, 1 canine, 6 molaires, toutes biradiculées ; 2° en admettant 3 incisives, 1 canine et7 molaires dont la première uniradiculée. I] considère la première alternative comme plus probable. $ Si on admettait la seconde formule dentaire de M. de Blainville, la différence consisterait surtout dans la forme de la première molaire, biradiculée, élancée, à un seul talon dans notre espèce ; uniradiculée, courte et à deux talons dans le Dichobune. 62 PALÉONTOLOGIE SUISSE. iribu des Anoplothérioïdes et une sorte de lien entre ces animaux et les Tapiroïdes. La comparaison exacte n’est pas du reste facile à faire à cause des lacunes que présente dans la série dentaire l’exemplaire de Paris, le seul connu jusqu'à ce que M. Gervais ait découvert, près d’Apt, quelques autres fragments qui ne peuvent pas davantage nous aider, car ils appar- tiennent à la mâchoire supérieure. Les dilférences suivantes me paraissent cependant suffisantes pour empêcher d'attribuer notre mâchoire à ce genre. 1° L’Adapis a deux incisives, notre espèce trois. 2° La canine de l’'Adapis est grande, caniniforme, la nôtre petite et su- bordonnée. 3° L’Adapis avait six molaires, notre mâchoire au moins sept. 4° La première fausse molaire a une seule racine dans l’Adapis et deux dans la mâchoire décrite. Les vraies molaires ne peuvent pas être comparées, car lAdapis de Paris n’a conservé que la dernière, qui est précisément celle qui man- que dans notre mâchoire. Un genre de la même tribu et appartenant probablement à la même série de transitions, celui des APHELOTHERIUM de M. Gervais, me parait très voisin de notre fossile. Le nombre des dents est le même, trois in- cisives, une canine et sept molaires. Les incisives sont petites, et, comme dans notre espèce, la canine les dépasse à peine. Les fausses molaires sont également tranchantes, et les vraies molaires sont aussi composées de deux collines tapiroïdes, un peu plus basses dans leur milieu que sur les bords et reliées par une crête en diagonale. Tous ces caractères présentent une analogie frappante et les deux seules différences que l’on puisse citer, sont: 1° La première prémolaire n’a qu'une racine dans l’Aphelotherium. 2° Les collines des vraies molaires sont un peu obliques, tandis que dans notre mâchoire elles sont exactement transversales et en même temps un peu plus divisées en un double mamelon. Il résulte de cette comparaison de notre fossile avec tous ces types, que les analogies sont surtout frappantes avec deux d’entr’eux, les Dichobunes et les Aphelotherium. Il reste à savoir si on doit attribuer l'espèce qu'il représente à l’un ou à l’autre de ces genres, ou la considérer comme for- maut un groupe générique nouveau. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 63 Je dois faire remarquer d’abord que le point principal par lequel il dif- fère de tous deux, est d’avoir une molaire biradiculée de plus. Ge fait peut faire entrevoir une grande analogie entre les Dichobunes et Aphelothe- rium, et en effet, si on on admet pour les premiers la seconde formule dentaire dont j'ai parlé plus haut, ils ont les uns et les autres trois incisi- ves, une petite canine et sept molaires, dont la première uniradiculée. II ne resterait absolument pour les différencier que la forme des vraies mo- laires qui ont, dans les Aphelotherium, des collines bien marquées obli- ques et reliées par une petite crête en diagonale, et qui, dans les Dicho- bunes, sont formées de quatre demi-cônes mousses, disposés deux à deux, produisant par l'usure de petits disques arrondis. Notre mâchoire est, sous ce point de vue, intermédiaire entre les deux. La couronne des vraies molaires est formée de quatre cônes mousses dis- posés deux à deux, mais ils sont réunis un peu plus intimement que dans le Dichobunes, et on peut dire, par conséquent, qu'ils forment des collines un peu interrompues dans leur milieu. Ces collines sont liées par un pro- longement de la lame d’émail qui représente une crête diagonale. Chaque cône s’use en formant un petit disque arrondi. On pourrait peut-être inférer de ces faits que le genre Aphelotherium n’est qu'une subdivision peu importante des Dichobunes; mais c’est un point que je n’aborderai pas ici, n’ayant pas entre les mains les matériaux nécessaires pour cette comparaison. Je ne proposerai pas non plus de nom générique nouveau pour désigner notre espèce, et en attendant que sa mâchoire supérieure soit connue, je la réunis provisoirement au genre des Dichobunes en lui donnant le nom de D. Campichu, me faisant un plaisir de la dédier à M. le D' Campi- che, notre zélé collaborateur, qui a trouvé lui-même le fragment que j'ai décrit. Je caractérise cette espèce par l'existence d’une dent biradiculée de plus que le Dichobune leporinum, Cuvier. Elle diffère encore plus, du Dicho- bune cervinum, Owen, qui a les tubercules des molaires aigus et moschi- formes. Sa comparaison rigoureuse avec les Dichobunes du calcaire gros- sier est très difficile, car ces derniers ne sont connus que par des frag- ments très peu importants. Notre espèce me parait cependant ne pas pou- 64 PALÉONTOLOGIE SUISSE. voir être confondue avec eux. Elle a les prémolaires bien plus hautes et moins larges à proportion que le Dichobune suillium, Gervais, et diffère encore plus du D. Robertianum, Gervais, chez lequel ces mêmes prémolai- res ont des talons pointus et saillants. Explication des figures. PI. IV. Fig. 5 a. Mâchoire inférieure vue de profil, de grandeur na turelle Fig- 5 b. Dents vues par leur surface de trituration. Fig. 6. Première prémolaire de grandeur double. Fig. 7. Troisième premolaire id. Fig. 8. Quatrième molaire id. Fig. 9. La dernière des molaires conservées (probablement la pénultième), de grandeur double. Dans les figures 6 à 8 le trait indique la grandeur naturelle. ART. 4. Description de quelques dents appartenant à la tribu des ANoPLo- THÉRIOIDES ef insuffisantes pour déterminer des espèces. (PL. IV, fig. 10 à 18). Nous avons trouvé un certain nombre de dents qui présentent évidem- ment l’organisation de celles des Anoplothérioïdes, niais qui sont en trop petit nombre pour qu’on ose en déduire l'existence de telle ou telle espèce. J'ai pensé toutefois qu'il serait utile de les figurer et de les décrire à titre de renseignements et pour attirer l'attention de ceux qui seraient à même de collecter de nouveaux ossements au Mauremont. 4° Description d’un fragment de mâchoire appartenant probablement au genre des OPLotTaeriuM, de Laizer et de Parieu (Cainotherium, Bravard). (PL. IV, fig. 10 à 12). Nous possédons un fragment de mâchoire inférieure qui porte trois mo- laires. Ces dents, qui sont évidemment les trois postérieures, rappellent tout-à-fait celles des Oplotherium et paraissent indiquer l'existence d’une espèce de ce genre. Descriprion. L’os maxillaire est réduit à la partie de sa branche horizontale qui s'é- tend sous les dernières molaires jusque près de l’angle postérieur, mais sans l’atteindre; VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 65 on y voit aussi une partie de la branche montante. Celte pièce est insuffisante pour donner une idée complète de la forme de la mâchoire. Elle montre cependant, si on la compare avec les Oplotherium d'Auvergne, une différence assez importante en ce sens que la pointe inférieure qui précède l'angle postérieur y est certainement beau- coup moins prononcée et la ligne inférieure de la mâchoire est plus droite. La dernière dent (pl. IV, fig. 10) est à trois collines, dont la postérieure est simple, en forme de grand talon, et les deux antérieures composées de deux pointes assez aigues, séparées par un double croissant. Cette dent ressemble beaucoup à son ana- logue dans les Oplotherium d'Auvergne, en ayant toutefois des croissants un peu plus marqués et élant par conséquent un peu plus ruminanhforme. Elle en diffère en outre par la simplicité de son talon, car chez les Oplotherium décrits, il est en général composé de deux pointes. La pénultième molaire (PI. IV, fig. 12) est à deux collines, semblables aux collines antérieures de la dent précédente. La molaire qui est antérieure à celle-ci, est brisée, ses fragments prouvent son analogie avec la pénultième. Les dimensions de ce fragment sont les suivants : Hauteur de la mâchoire sous les molaires.............................. LACET 41 mill. Longueur de la dernière molaire: . ..... ........................ 2 Et DID en DV Se « de: la pénultième...:..,........ 2 al CLS nes 5 « Later de:ces dent dans és ob Pa EE OR ET EE done co & « La comparaison de ce fragment de mâchoire avec les espèces décrites, ne permet pas d'arriver à des conclusions très-précises, soit à cause de son insuffisance même, soit parce que plusieurs espèces ne sont connues que d’une manière très-imparfaite. Les seules espèces connues avec lesquelles on puisse le comparer, sont celles qui ont été inscrites dans le genre des Oplotherium, et aussi les Dr- chobune murinum et obliquum qui sont devenus le type du genre ‘ Mrcro- THERIUM, H. de Meyer, ou AmPHiIMERYx, Pomel. Les Dichobunes proprement dits, ne peuvent pas être compris dans cette comparaison, les tubercules de leurs molaires étant beaucoup plus obtus. Ce que j'ai dit plus haut suffit pour prouver que l'espèce représentée par ? Je ne veux point ici discuter la convenance de la séparation générique des Cainotherium et des Microtherium ; les espèces du Mauremont ne fournissent aucune donnée nouvelle pour la solution de cette question, qui restera. douteuse tant qu’on ne connaîtra pas mieux les espèces placés dans le genre Microtherium. 9 66 PALÉONTOLOGIE SUISSE. notre mâchoire, est spécifiquement différente des Oplotherium d'Auvergne. Je ne crois pas qu'on puisse l’assimiler au Dichobune murinum, Cuv. La planche donnée par cet auteur, semble indiquer une mâchoire beaucoup plus grèle dans l'espèce de Paris. Les dents ne sont pas assez bien figurées pour être comparées. Je crois notre espèce encore plus éloignée du Dichobune obliquum, Cu. Ce qui reste de la branche montante de la mâchoire, suffit pour rendre impossible leur assimilation. Elle est beaucoup plus grande que l'O. Courtoisii, Gervais, des lignites de la Débruge, et autant qu’on en peut juger, elle en diffère par le talon de la dernière, molaire qui est simple, tandis qu'il est double dans VO. Courtoisu, comme dans ceux d'Auvergne. Il resterait encore à la comparer avec les Æyæqulus collotarsus et murinus, Pomel, du terrain éocène d'Apt, contemporain de celui du Mauremont; mais ces espèces n’ont été ni décrites, ni figurées, et leurs seuls caractères connus sont le cuboïde soudé au scaphoïde, et une dentition semblable à celle des Oplotherium, sauf «la division plus profonde des pointes internes de la seconde colline des molaires inférieurs. » Dans cet état de choses, il est également impossible d'attribuer à notre espèce le nom d’une de celles qui ont été décrites, et de lui imposer un nom spécifique nouveau. 20 Description de quelques molaires très-voisines de celles du Dichobune cervinum OWex. (PI. IV, fig. 13 à 15). Les dents dont il s’agit ici, correspondent tout à fait par leurs formes aux molaires du Dichobune cervinum, Owen, mais elle sont un peu plus grandes. Comme dans cette espèce les pointes sont un peu plus aigues que dans les Dichobune leporinum, ete., et comme celles que je viens de décrire, un peu plus ruminantoïdes. Elles m'ont été communiquées par MM. De la Harpe et Gaudin. La première (fig. 13) est une molaire poslérieure, longue de 17 millimètres et large de 7. Elle est composée de trois collines, dont la postérieure est la plus petite. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 67 Chacune d'elles est formée de deux pointes en croissant, l’externe étant plus haute que l’interne. | La deuxième (fig. 44) est une pénullième molaire, ou peut-être l'anté-pénultième Elle est composée de deux collines formées de la même.manière. Sa longueur est de 1% millimèlres et sa largeur de 7. La troisième (fig. 45) est une de ces prémolaires anomales qui précèdent les vraies molaires. Elle est probablement placée dans la mâchoire de manière à avoir trois dents après elle. Elle est composée de deux pointes rapprochées, l’une interne et l’autre externe, et d'un fort talon. Ces dents ne peuvent pas étre confondues avec celles des vrais Anoplotherium, à cause du développement de leurs pointes internes. Elles indiquent la présence d’une espèce probablement voisine du Dichobune cervinum et un peu plus grande. On peut estimer cette différence par la proportion approximative de 4 à 3. Je dois ajouter que le type du Dichobune cervinum me paraît devoir êlre séparé génériquement de celui du Dich. leporinum. Ce dernier, comme notre D. Campichu, est plus pachyderme par sa dentition, le D. cervinum et les dents que nous figurons ici rappellent plus les ruminants, et sont plus voisins des Oplotherium. La dentition des Anoplothérioïdes me parait se présenter sous deux for- mes différentes et constituer deux séries de dégradations, à partir du type normal. L'une de ces séries tend vers les formes des Pachydermes et comprend un petit nombre de types dont les molaires postérieures sont plutôt An- thracothérioïdes. Tels sont les Dichobune leporinum, Campichu, etc. Les molaires sont émoussées et s’usent en formant des petits cercles et non des croissants. L'autre série tend vers les formes du Ruminants et se caractérise par des molaires composées de pointes aigues qui sont séparées par des croissants. Les Xphodon appartiennent à ce groupe, ainsi que les Oplotherium, et que l'espèce que M. Owen a à tort, suivant nous, associée aux Dichobunes sous le nom de D. cervinum. Cette série se lie avec les Ruminants par les Amphitragulus, etc. 68 PALÉONTOLOGIE SUISSE. 3° Description de queqlues dents molaires, semblables au précédentes par leurs formes, mais plus petites. (PI. IV, fig. 16 à 18). Quelques dents plus petites que les précédentes, mais constituées tout à fait sur le même type, indiquent l'existence probable de quelques autres espèces de Dichobunes, parmi les animaux dont les débris ont été enfouis au Mauremont. Ce sont : 1° Une dernière molaire (fig. 16) longue de 10 millim. et large de 4%, tout à fait semblable à celle que j'ai figurée ci-dessus (pl. IV, fig. 13), mais plus petite encore que celles du Dichobune cervinum, Owen. Cette molaire qui a à peu près les dimen- sions de l’Oplotherium de la fig. 9, n'appartient pas au méme type; car, dans ce dernier, le talon est composé d'une seule pointe, et dans celle que nous figurons ici, la dernière colline ou talon a une pointe double comme les collines antérieures. 2° Une dent molaire qui doit être la pénultième ou l'anté-pénultième (fig. 47) et qui est composée de deux collines semblables aux antérieures de la précédente. Elle a probablement appartenu à la même espèce. Elle est longue de 6 millimètres et large de 4. 3° Une dent semblable [fig. 18}, encore un peu plus petite (Long. 5 mill., larg. & mill). Ces dents semblent prouver, en résumé, qu’il faut ajouter au moins deux espèces aux précédentes et que, par conséquent, cinq Anoplothérioïides au moins ont fait partie de la faune enfouie dans le Mauremont. Ce sont : 1° Le Dichobune Campichu, (pl. IV, fig. 5 à 9). 2° Un Oplotherium, qui diffère des espèces d'Auvergne et qui n’a pu être comparé avec les Hyægulus de M. Pomel (pl. IV, fig. 10 à 12). 5° Une espèce voisine du Dichobune cervinum, Owen, appartenant au même type et d’un tiers plus grand que lui (pl. IV, fig. 15 à 15). 4° Une espèce voisine, comme la précédente, du Dichobune cervinum, Owen, mais plus petite (pl. IV, fig. 16 et 17). 6° Probablement encore une espèce plus petite du même genre (fig. 18). La première espèce appartient au type des Anoplothérioides dont les dents inférieures ont des pointes mousses, et au véritable genre des Dicho- VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 69 bunes. Les autres, appartiennent plutôt, comme je lai dit plus haut, au type des Oplotherium, ou Anoplothérioïdes à molaires inférieures rumi- nantiformes. . ORDRE DES CARNASSIERS. Les débris de Carnassiers sont peu nombreux parmi les fossiles du Mauremont. Nous n'avons trouvé que quelques dents et quelques os des pieds, qui prouvent l'existence d’au moins trois espèces, mais qui ne per- mettent pas de les caractériser avec une très-grande précision. ART. 1%. Descriphon de quelques dents quon peut attribuer au genre des AMPHICYON. (PL. V, fig. 1 à 5). Ces dents, qui nous ont été communiquées par MM. De la Harpe et Gaudin, et par M. le docteur Campiche, sont une molaire principale ou carnassière, deux fausses molaires, une canine et une incisive. Elles appartiennent à la mâchoire supérieure. La Carnassière (pl. V, fig. 4, a, b, c), appartient à la branche gauche de la mâchoire supérieure. Elle est portée par trois racines inégales. La postérieure est la plus solide et la plus épaisse, l’anlérieure en est détachée par un angle aigu, et une troisième racine, in- terne aux précédents, porte le petit talon dont nous allons parler. La couronne est composée de deux parties principales; la plus élevée est portée par la racine antérieure; elle a une forme triangulaire, semi-comprimée; sa face interne est plus plate que l’externe et elle en est séparée par une arête assez nette. Cette sorte de pyramide se termine au coté antéro-externe par un très-petit tubercule basilaire, et au côté interne par un petit talon. La seconde partie de la couronne est portée par la grosse racine; elle est tronquée de telle sorte que son bord de trituration est horizontal; ce hord est un peu bosselé, peu tranchant et il continue l’arète de la partie pyramidale, dont il est séparé par une échancrure étroite et peu profonde. 70 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Une carène saillante, et en forme de cordon, entoure toute la couronne dans son point de contact avec la racine, en partant du bord postérieur de la troncature et en arrivant jusqu'au petit tubercle antérieur. La plus grande des fausses molaires (pl. V, fig. 3, a, b, c) appartient à la branche droite de la mâchoire supérieure. Elle a été portée par deux racines épaisses, dont l’antérieure est cassée. La couronne est composée de trois pyramides disposées en triangle; la plus grande est externe et médiane. Elle a sa face extérieure très-bom- bée et sa face intérieure plane, un peu relevée dans son milieu, séparée de l’autre par une arêle tranchante. Les deux autres pyramides sont accessoires à la première et continuent extérieurement sa courbure; la postérieure en est détachée par une forte échancrure, et l’antérieure par une plus petite; leurs deux faces internes sont à peu près planes, comme celles de la pyramide principale. La petite fausse molaire (pl. V, fig. 4, a, b, c) est très-peu caractéristique et res- semble à son analogue dans la plupart des vrais Carnassiers. Il résulte de cette res- semblance même, qu'on ne peut avoir aueune certitude qu’elle appartienne à la même espèce, ni mème au même genre que les précédentes et je ne la mentionne que pour mémoire. La Canine (pl. V, fig. 2, a, b) n’est connue que par sa racine; elle a dû appar- tenir à la mâchoire supérieure gauche. Sa coupe est ovale, aplatie; elle est creusée du côté externe par un sillon évasé et peu profond. L'incisive (pl. V, fig. 5, a, b) est également très-imparfaitement conservée. La cou- ronne, en particulier, est incomplète et elle ne peut fournir aucune déduction de quelque valeur. Il me parait assez probable que ces dents appartiennent à la même espèce; je n'en puis toutefois donner aucune preuve directe. Je dois seulement faire remarquer qu’elles s'accordent pour la taille et pour caractériser un type intermédiaire entre les chiens et les Subursi. Mais si celle association repose sur un certain degré de pro- babilité, elle ne peut pas servir de base à une comparaison avec les genres connus. Je ne me servirai, pour cette analyse, que de la carnassière qui, d’ailleurs, a seule des caractères assez précis pour permettre une discussion sérieuse. Cette carnassière ne peut être comparée ni à celle des chats, ni à celle des hyènes; elle ressemble par contre, beaucoup à sa correspondante dans les chiens, et rappelle aussi quelques-uns des geñres fossiles qui ont en partie la dentition de cette famille eten partie celle des blaireaux, des coatis, etc. C’est dans cette série de genres fossiles qu’on doit, à ce qu’il me semble, chercher ses analogues probables. Or, si je la compare aux formes connues, je lui trouve surtout des ressemblances avec les Amphicyon et avec les Hyænodon. Son talon est trop petit pour qu'on puisse la comparer aux Arciocyon ou aux Pterodon. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 71 Ses rapports avec les Amphicyon sont incontestables, les formes de la couronne, le degré d'obliquité de la pyramide. la grandeur proportionnelle du talon, tout s'accorde avec la dent carnassière de l'A. major, sauf que la notre est un peu plus comprimée et que le talon est un peu plus rapproché du milieu de la dent. Elle ressemble aussi aux carnassières du genre Hyænodon, qui ont été figurées par M. Gervais; mais ces dernières n’ont pas de talon proprement dit, et sont seulement un peu élargies à l'endroit qui lui correspond. Par contre, son degré de compression s'accorde mieux avec elles. Dans cet état de choses, j'ai cru devoir comparer cette dent avec toutes les espèces connues de ces deux genres. J'ai dit plus haut qu’elle est un peu plus étroite et plus iranchante que sa corres- pondante dans l’Amphicyon major, et qu'elle a aussi son talon plus médian. Cet Amphicyon, trouvé à. Sansan, avait une taille presque double de l'espèce indiquée par notre dent. La carnassière de l'Amphicyon manor, Blainv., de Sansan, espèce que M. Gervais considère comme le jeune âge de l'A. major, a, comme la nôtre, un talon presque médian; mais ce talon est plus fort et la dent est plus épaisse. L'Amphicyon Blainville, Gervais (A. manor, Blainv., de Digoin, non minor, de Sansan}), a le talon beaucoup plus fort que les précédents et que notre espèce. L'Amphicyon brevirostris [Canis brevirostris, Croizet}, a une carnassière plus courte que le nôtre el armée d’un plus fort talon. Les carnassières supérieures des autres Amphicyon, ne sont pas connues, ou du moins n'ont pas été figurées à ma connaissance. Je regrelte, en conséquence, de ne pas pouvoir comparer notre dent à sa correspondante chez deux espèces des terrains éocènes d'Ulm, qui sont : l'une, l'A. intermedius, H. de Meyer, dont je ne connais point de description, et l’autre, l'A. Eseri, Plieninger, dont une tuberculeuse supé- rieure est seule figurée {Wurtembergische Jahreshefte, 1849, tome V, p. 216). Si nous étendons cette comparaison aux Hyænodon, nous trouverons encore qu'elle he peut être associée à aucune espèce connue. Elle à quelques rapports avec le Hyænodon Requieni, P. Gervais, des lignites de la Débruge; maïs, ainsi que je l’ai dit plus haut, cette espèce manque de talon à sa carnassière supérieure et n'a qu'un élargissement uniforme dans la région corres- pondante. On peut ajouter que les deux parties qui forment la couronne sont séparées dans notre espèce par un sillon bien plus profond, ensorte que la ligne qui résulte des arêtes médianes, est moins continue et moins tranchante. Ce Hyænodon Requieni a dù être un peu plus grand que notre espèce, dans le rapport de 4 à 3. Il ne serait pas impossible qu'elle se rapprochât davantage du AH. minor, P. Ger- vais, des marnes du calcaire lacustre des environs d’Alais {Gard). Toute comparaison 12 PALÉONTOLOGIE SUISSE. précise est impossible, car cette espèce n’est connue que par une mâchoire inférieure. Elle parait un peu plus petite que celle qu'indiquent nos débris, et l’élat d'usure de sa denlition empêche même qu'on puisse arriver à quelque probabilité, par la compa- raison des lignes de rencontre des dents. Notre dent a aussi de l’analogie avec une des espèces des plâtrières de Paris, qui est figurée par Cuvier, pl. 450, fig. 2. [H. Cuvieri, Pomel, Taxotherium parisiense, Blainv., Hyænodon parisiensis, Laurillard); mais les traces des racines des deux mo- laires postérieures semblent indiquer un talon beaucoup plus fort que celui de notre carnassière. Les différences augmentent si on les compare au H. dasyuroïdes |Pterodon dasyu- roïdes, Blainv., Pt. parisiensis, id.), chez lequel les molaires postérieures ant un très- grand talon {Gervais, Zool. et Pal., pl. 26). En résumé, la carnassière que j'ai décrite ci-dessus, rend probable l'existence, dans les dépôts éocènes du Mauremont, d’une espèce voisine des Amphicyon et des Hyænodon, et peut être intermédiaire entre ces deux genres, tout en ayant plus d’affinités avec le premier d’entr’eux. Cette espèce paraît différente de toutes celles qui sont connues. Sa taille était à peu près celle du Cougouar. Ces résultats étant fournis par cette dent plus caractéristique, il reste à voir quels sont ceux qu’on peut tirer de l'étude des autres. IL est très-probable que la racine de canine figurée pl. V, fig. 2, a, b, doit être rapportée à la même espèce. Elle a tout à fait les caractères de son analogue dans les Amphicyon et les Hyænodon, et ses dimensions s’accordent exactement avec celles que l’on peut déduire de la carnassière. IL est moins certain que la prémolaire figurée pl. V, fig. 5, a, b, doive aussi lui être attribuée. Les dents correspondantes des vrais Amphicyon, sont inconnues, et cela exclut toute comparaison directe; mais on ne peut pas méconnaitre une certaine analogie entre cette dent et celles des Hyæno- don, qui ont été figurées par M. Gervais, pl. XIE, fig. 4 et 5, et pl. XXIV, fig. 7. Autant qu'on en peut juger, elle ressemble aussi un peu à une des molaires conservées sur la tête du Taxotherium parisiense, figurée par Cuvier, 4 Ed. pl. 150, fig. 2, et par M. de Blainville (Subursi, pl. 12). Quant à la petite prémolaire, pl. V, fig. 4 et à l’incisive, fig. 5, je ne crois pas, ainsi que Je lai dit plus haut, qu'on puisse déterminer leurs rapports avec quelque sécurité. 1 Q1 VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. Explication des figures. PI. V. Fig 1, a. Carnassière supérieure d’Amphicyon, vue par sa face externe. Fig. 1, b. La même, vue par sa face interne. Fig. 1, c. La même, vue par sa surface de trituration. Fig. 2, a. Canine, vue en dehors. Fig, 2, b. La même, vue du côté interne. Fig. 3, a. Prémolaire postérieure, vue du côté externe. Fig. 3, b. La même, vue du côté interne. Fig. 3, c. La même, vue par sa surface de trituration. Fig. 4, a. Petite prémolaire antérieure, vue en dehors. Fig. 4, b. La même, vue en dedans. Fig. 4, c. La même, vue par sa surface de trituration. Fig. 5, a. Incisive supérieure, vue en dehors. Fig. 5, b. La même, vue en dedans. Toutes ces figures sont de grandeur naturelle. Arr. %. Description d'une dent carnassière inférieure, qui a probablement appartenu à une espèce du genre Cynodon pp sp (I y . (PL. V, fig. 6 et 1). La dent qui fait l’objet de cet article et dont j'ai pu observer deux échan- tillons, est évidemment une dent carnassière ou principale, de la mâchoire inférieure droite d’un animal carnassier. Elle à tous les caractères généri- ques de la dent analogue des espèces désignées sous le nom de CyNopow, Aymard; elle ne me paraît toutefois identique à aucune d'elles. La racine est double et composée de deux pyramides droites et allongées, presque égales, séparées par un angle très-aigu. La couronne est composée d’une pointe médiane double, d'une pointe antérieure et d'un talon postérieur trilobé. Ce dernier est placé sur un plan beaucoup plus bas, de sorte que sa surface de trituration est très-inférieure aux autres pointes. La pointe médiane est la plus haute, elle est convexe extérieurement et presque aplatie sur sa face interne qui est dirigée obliquement en avant. Ces deux faces sont séparées par une arête assez tranchante, dont la partie postérieure se relève en une pointe accessoire assez aigue, située à peu près au milieu de la face interne de la dent. La pointe antérieure est plus large et à peu près également élevée que cette petite pointe accessoire. Elle continue en avant l’arête antérieure de la pointe principale qui les domine toutes deux. 10 7/ PALÉONTOLOGIE SUISSE. Le talon est comme, je l'ai dit, situé sur un plan inférieur, la face postérieure de la grande pointe et de sa petite accessoire est taillée en une surface tout à fait plate et verticale, au bas de laquelle se trouve le talon qui a, à peu près les deux cin- quièmes de la longueur de la dent. Il est excavé sur le milieu de sa surface de tritu- ration et entouré d'un bourrelet divisé en trois petites pointes très-peu saillantes, dont la médiane est la plus grande. Cette dent rappelle les formes de quelques Viverrides, mais me paraît avoir encore plus d’analogie avec celles du genre des CyNopoN qui, du reste, sont presque les mêmes. Ce genre intermédiaire entre les Viverrides et les Canides a été associé à ces derniers à cause de ses molaires infé- rieures, au nombre de sept. Sous ce nom de Cynodon, on comprend” provisoirement quatre types plus ou moins distinct; les Cynodictis, les Cyotherium, les Cynodon et les Eleocyon. Notre dent rappelle surtout les formes des premiers. Elle ne peut pas être comparée aux Eleocyon qui ne renferment qu’une seule espèce du terrain miocène inférieur d'Auvergne, dont la carnassière n’est pas connue. Elle est beaucoup plus étroite et plus haute que celle des vrais Cynodon figurés par M. Aymard (Annales de la Société du Puy, tome XV, 1850, p. 122) qui proviennent également des couches miocènes de la Limagne. Elle diffère aussi sensiblement de son analogue dans le Cynodon pari- siensis ( Viverra parisiensis, Cuv., Oss. foss. 4° édit. pl. 151, fig. 12, sous le nom de (enette des plâtrières). Dans cette dernière espèce, qui forme le type du genre Cyotherium, les pointes principales sont bien plus écartées et plus divergentes. Ses rapports me paraissent plus grands avec Le Cynodon lacustre, P. Ger- vais (Zool. et pal. franc. pl. 25, fig. 1), sur lequel a été établi le genre Cynodictis, et qui provient des lignites de la Débruge. Elle en diffère cepen- dant par les dimensions de son talon qui, mesuré d'avant en arrière, est sensiblement plus court, à proportion de la hauteur de la pointe principale. Je crois donc que ces dents indiquent l'existence d’une nouvelle espèce de Cynodon, appartenant au groupe des Cynodictis. Elle à du avoir la taille du C. lacustris, Gervais. Je ne suis pas assez certain d’avoir épuisé toutes ! Pictet, Traité de Paléontologie, 2° édition, tome I, p. 207. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 75 les faces possibles d’une analyse aussi délicate, pour proposer un nouveau nom spécifique. Je me borne à attirer l'attention des naturalistes Suisses, qui trouveront peut être de nouveaux documents propres à éclairer la question. Explication des figures. PI. V. Fig. 6 a. Carnassière inférieure droite de Cynodon, vue par son côté extérieur et de grandeur natu- relle. 6 b. La même, de grandeur double. 6 c. La même, au même grossissement, vue par son côté interne. 6 d. La même, vue par sa surface de trituration. 7 a. Un autre échantillon de la même dent, de grandeur naturelle, vue du côté externe. 7 b. La même, vue du côté interne. ART. 5° Description de quelques os des pieds qui ont appartenu à des carnas- siers, el probablement en partie aux deux espèces indiquées ci-dessus. (PI. V, fig. 8 à 12). Je n’ai vu que sept os des pieds qui puissent se rapporter avec quelque certitude à l’ordre des Carnassiers. Ils indiquent l'existence probable de trois espèces. La première espèce n'est représentée que par une première phalange d’un doigt de la main (pl. V, fig. 8) appartenant à M. le docteur Campiche. Cette phalange, longue de 28 millimètres et large en son milieu de 9, est un peu arquée en dessus, et élar- gie vers sa facette métacarpienne; elle est intermédiaire dans ses formes entre les ours et les chats, se rapprochant davantage de ces derniers. Je la trouve un peu plus mince à proportion de sa longueur que son analogue dans les ours; mais elle est sen- siblement plus courte que celle des loups. Elle doit avoir appartenu à un animal semi- plantigrade. Sa grandeur qui est à peu près celle de son analogue dans le Cougouar, correspond tout à fait à la taille que devait avoir l’Amphicyon dont j'ai décrit les dents, et ses for- mes correspondant avec celle qu'on peut admetire pour ce genre, il me paraît assez probable qu’on peut la lui attribuer. La seconde espèce est indiquée par cinq os, recueillis dans la brèche de St-Loup. Nous avons un métacarpien du petit doigt (pl. V, fig. 9), un fragment inférieur de métacarpien médian (ou de l'index) gauche, une première phalange (fig. 10) et une seconde phalange (fig. 11) appartenant ou au même doigt ou à un doigt voisin, et une première phalange d’un doigt latéral. 76 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Ces os qui paraissent avoir tous fait partie d’une main gauche, indiquent l'existence d’une espèce très-voisine de la précédente et de formes peut être un peu plus planu- grades, mais sensiblement plus petite. Leurs dimensions sont, par contre, beaucoup trop fortes pour le Cynodon. L'espèce à laquelle ils ont appartenu a dû avoir la taille de l'ocelot. La troisième espèce n'est indiquée que par un seul os (pl. V, fig. 42) qui parail être un métacarpien droit de l'index. Il est remarquable par sa brièveté, car il est bien plus court à proportion de son diamètre que les os analogues dans les vermifor- mes ou dans les vrais digitigrades. Il a appartenu probablement à un animal presque plantigrade. Sa dimension correspond à la taille probable du Cynodon et je me sens d'autant plus fondé à l’attribuer à cette espèce, qu'il ne ferait que confirmer ce que l’on sait déjà de ce genre par les travaux intéressants de M. Aymard. En résumé donc, nous avons trouvé dans les dépôts du Mauremont les preuves de lexistence de trois espèces de carnassiers, savoir : 1° Un Amphicyon ou un Hyænodon, de la taille du Cougouar, connu par des dents et une phalange de doigt (pl. V, fig. 1, 2, 5, 4, 5 et 8). 20 Une espèce, peut-être du même genre, de la taille de l’ocelot, connue seulement par des débris du pied antérieur (pl. V, fig. 9, 10 et 11). 5° Une espèce du genre Cynodon et du groupe des Cynodictis, connue par une carnassière inférieure et par un métacarpien de l'index (pl. V, fig. 6, 7 et 12). Explication des figures. PI. V. Fig. 8, a. b. Première phalange d'un doigt antérieur d’un Carnassier, de la taille de l'Amphicyon. Fig. 9, a. b. Métacarpien du petit doigt de la main d’une seconde espèce de Carnassier. Fig. 10, a. b. Première phalange d’un doigt ayant probablement appartenu à la même main. Fig. 11, a. b. Seconde phalange d'un doigt analogue. Fig. 19, a. b. Métacarpien droit de l'index d’une troisième espèce de Carnassier de la taille du Cynodon. Toutes ces figures sont de grandeur naturelle. ORDRE DES CHEIROPTÈRES. L'existence des Cheiroptères dans les dépôts du Mauremont est démon- trée par plusieurs petites mâchoires et par quelques os des membres. Ces débris semblent se rapporter tous à une seule et même espèce, du VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. AA genre Vespertilio et de la taille de l’Oreillard. Elle paraît différente de toutes les espèces connues et je l'ai nommée Vespertilio Morloti, Piet. Les maté- riaux que J'ai eus entre les mains ont été recueillis dans la brèche de St- Loup, par M. le professeur Morlot. ART. 1%. Description des mâchoires. (PL VI. fig. 1 à 6). Jai fait figurer dans la planche VI, quatre demi-mâchoires qui se com- plêtent un peu les unes les autres. Les fig. 1 et 2 en représentent deux, vues par leur face externe; les figures 5 et 4, deux autres, vues par leur face interne. La figure 5 est destinée à figurer une mâchoire restaurée ; toute la partie ombrée résulte d’une observation directe. Ces mâchoires ont une longueur approximative de 12 millimètres. Les figures 1 à 5 sont grossies de manière à avoir trois fois la grandeur natu- relle. Les figures 6 « à 6 c ont six fois cette même grandeur. Je ne connais aucun débris de la mâchoire supérieure, ni du crâne. Descriprion. Forme de la mâchoire. Cette mâchoire a à peu près les formes de celles du Vespertilio murinus. La branche horizontale a son bord alvéolaire et son bord inférieur presque parallèles. Ce dernier se relève et s’infléchit en arrivant vers l’angle postérieur de la mâchoire qui est assez saïllant. Le menton est simple, relevé en avant d'une manière presque verticale mais dépourvu de l'apophyse qui, dans quelques espèces, provient de la partie inférieure de la symphyse. La branche montante n’est qu'incom- plètement conservée. Ce qui en reste suffit cependant pour montrer une grande ana- logie avec le V. murinus; elle est élevée comme dans cette espèce et ne ressemble point à celles où elle est très-courte et réduite (Rhinolophus ferrum equinum, etc.) Son bord antérieur n’est pas tout à fait perpendiculaire au bord alvéclaire, mais un peu incliné en arrière. Le trou mentonnier est situé sous la prémolaire antérieure. Dentition. La mâchoire iuférieure paraît avoir porté deux incisives de chaque côté, une canine, deux prémolaires et trois vraies molaires, dont l’antérieure est la carnas- sière ou principale. Les dents antérieures ne sont connues que par leurs trous d'im- plantation. Les postérieures sont conservées dans plusieurs échantillons. Les incisives, ainsi que je viens de le dire, n'existent plus sur aucune de nos mà- choires. Leurs trous d'implantation sont petits; je n'ai pu en voir que deux, et je 718 PALÉONTOLOGIE SUISSE. crois qu'il n'y en a pas eu davantage. Je ne puis pas donner à cet égard une afir- mation aussi positive que si les dents existaient elles-mêmes; toutefois, un des échan- tillons à sa symphyse assez bien conservée pour qu'il me reste peu de doutes. La canine n’est également connue que par son irou d'implantation qui est grand, arrondi, un peu plus long que large. Elle a dû ressembler à son analogue dans les vespertilions d'Europe. Les prémolaires sont, comme je l'ai dit, au nombre de deux. La postérieure est biradiculée; sa couronne est composée d’une pointe conique, munie en arrière d'un léger talon et bordée par un bourrelet, Cette dent rappelle par sa forme une des moi- tiés des vraies molaires; elle est un peu plus haute que la carnassière. La prémolaire antérieure n’est connue que par son trou d'implantalion qui montre qu’elle était uni-radiculée et sensiblement plus petite que les deux dents entre lesquelles elle était placée, savoir : la prémolaire postérieure et la canine. Les vraies molaires, au nombre de trois, ont chacune une couronne à cinq pointes aigues (pl. VI, fig. 6, a}. Les deux plus grandes forment le bord externe, les trois plus petites le bord interne; de sorte que si l'on regarde une des molaires du côté externe (fig. 6, c), elle ne parait composée que de deux grandes pointes; tandis que si on la regarde du côté intérieur (fig. 6, b) on voit sur le premier plan trois petites pointes et sur le second deux plus grandes. La plus antérieure des trois ou la car- nassière est un peu plus longue que les deux autres, mais de même forme; les deux postérieures sont à peu près égales entr’elles. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Le caractère éminemment insectivore des vraies molaires, m'a fait d’abord chercher lanalogue de ces mâchoires dans les genres voisins des taupes et même aussi parmi les petits marsu- piaux. La découverte des parties antérieures de la mâchoire n’a pas tardé à montrer l'impossibilité de pareilles comparaisons. Si nos mâchoires rap- pellent les taupes, les musaraignes et les sarigues par leurs parties posté- rieures, elles s’en écartent complètement par la forme de la symphyse et du menton et par la dentition des parties antérieures. Par contre, leur ana- logie avec les Cheiroptères est trop évidente pour avoir besoin de démons- tration. Jai déjà dit plus haut que ces mâchoires rappellent le genre des ves- pertilions. Je dois toutefois ajouter qu’elles sont insuffisantes pour démon- trer d’une manière incontestable, que l'espèce qu’elles représentent lui appartient plutôt qu'à un des genres voisins. Les Rhinolophes, par exem- ple, ont une dentition tout à fait semblable. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 79 Ce n’est donc que provisoirement que j'attribue le nom de Vespertiio à notre espèce fossile. Je me fonde sur des analogies probables, mais qui ne fournissent pas une démonstration complète. M. de Blainville distingue dans les Vespertilio, six modes de dentition, SAVOÏIF :— » + 5 7 et molaires. Notre espèce à dû appartenir au troisième ou au quatrième type, car elle avait cinq molaires à la mâchoire inférieure. Si on la compare aux espèces vivantes, on lui trouvera, en ce qui concerne la dentition, une analogie incontestable avec la sérotine, qui forme le troisième groupe (système sérotinoïde) et avec la pipistrelle, la noctule et la barbastelle, qui appartiennent au quatrième (système noctu- loïde). Les formes de la mâchoire rappellent au contraire plus le V. muri- nus du sixième groupe. Elle a, comme cette espèce, le menton un peu fuyant, sans épaississement inférieur, la branche horizontale épaisse, et la branche montante assez développée. La comparaison avec les espèces fossiles ne peut pas être complète, car plusieurs d’entr’elles sont très-mal connues. Notre espèce a, comme le V. parisiensis, Cuv., des gypses de Paris, cinq molaires à la mâchoire inférieure; il est par conséquent bien possible qu’elle ait appartenu avec elle au groupe des Sérotinoïdes. Elle en diffère complètement par la forme du menton, qui dans l'espèce de Paris est épaissi et prolongé en bas en une apophyse très-saillante; je crois aussi que les tubercules des molaires sont plus pointus dans la nôtre. Les deux Vespertilio trouvés à Sansan par M. Lartet, ont ce même caractère d’une apophyse saillante sous le menton. Les deux espèces recueillies à Weisenau, par M. H. de Meyer, sont res- lées sans description et sans figure. Le V. murinus fossiis d'OEningen est également inconnu. Je considère donc l'espèce du Mauremont comme n'étant identique à aucune espèce connue et ainsi que Je lai dit plus haut, je l'ai nommée Y. Morlou. 80 PALÉONTOLOGIE SUISSE. ART. 2%. Descriphon des os des membres. (PI. VI, fig. T à 10). La brèche de St-Loup nous a fourni quelques os des membres dont la dimension s'accorde tout à fait avec celles des mâchoires, pour indiquer une espèce de la taille de loreillard, et par conséquent un peu plus grande que la pipistrelle. Leurs formes concordent aussi en grande partie avec celles de ces espèces vivantes. L’humérus est représenté par deux fragments principaux, une moitié supérieure (pl. VI, fig. 7) et une partie inférieure (fig. 8]. La première montre une crête deltoïde arrondie, à peu près de la forme de celle de l’oreillard et plus uniforme que celle du Vesp. parisiensis, si toutefois la figure donnée par M. de Blainville représente cette pièce non altérée. La partie inférieure montre la trochlée, l’épitrochlée et l’épicondyle très-développés, comme c’est l'ordinaire chez les Cheiroptères. Ces deux pièces ne permettent pas de juger exactement de la longueur de l'os. Il a du avoir à peu près 25 millimètres, c’est à dire les dimensions de son analogue dans l'oreillard et dans le V. parisiensis. Le femur est conservé par un os dont la partie supérieure est fracturée (pl. VI, fig. 10). On ne connait done que son extrémité condylienne, qui fournit les mêmes résul- tats que les os précédents. La figure 9 de la planche VI représente un des métacarpiens de l'aile. Il me parait avoir les formes ordinaires du mélacarpien de l'indicateur chez les Vespertilio d'Europe. Conclusions. Les mâchoires et les os décrits ci-dessus, s'accordent pour démontrer l'existence d’une espèce éteinte de l’ordre des Cheiroptères. Cette espèce a probablement appartenu au genre Vespertilio. Elle ne peut point être confondue avec le V. parisiensis, Cuv., ni avec les espèces de Sansan. On ne peut pas, dans l’état actuel de la science, la comparer aux autres espèces de l’époque miocène et de l’époque pliocène. Les formes de sa mâchoire se rapprochent de celles du V. murinus plus que d'aucune autre espèce vivante. Sa dentition rappelle la Sérotine, la Noctule, la Pipistrelle, etc. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 81 Sa taille a dû être à peu près celle du V. parisiensis et de lOreillard, cest à dire qu’elle a dépassé un peu celle de la pipistrelle et a été loin d’at- teindre celle du V. murinus. Explication des figures. PI. VI. Fg. 1. Branche droite de la mâchoire inférieure d’un Vespertilio Morloti, Pictet, vue en dehors, trois fois la grandeur naturelle. Fig. 2. Branche droite d'une mâchoire de la même espèce, vue également en dehors, au même grossissement. 3. Branche droite d'une mächoire de la même espèce, vue en dedans, au même grossissement. Fig. 4. Branche gauche d’une mâchoire de la même espèce, vue en dedans, au même grossissement. 5. Mächoire restaurée de la même espèce, vue en dehors, au même grossissement. 6 a. Les quatre molaires postérieures (trois vraies et une prémolaire) vue par leur surface de trituration ; six fois la grandeur naturelle. 6 b. L'avant-dernière vraie molaire, vue par sa face interne, au même grossissement. 6 c. La même, vue par sa face externe. Fig. 7. Partie supérieure de l’humérus du même Vespertilio Morloti, Pictet, — a de grandeur natu- relle ; b de grandeur double. Fig, 8. Partie inférieure de l’humérus de la même espèce, — a de grandeur naturelle, b de grandeur double. Fig. 9. Pardie basilaire du métacarpien de l'index de la même espèce , — a de grandeur naturelle, b de grandeur double Fig. 10. Partie inférieure du tibia de la même espèce, — a de grandeur naturelle, b de grandeur double. ORDRE DES RONGEURS. Parmi les ossements recueillis au Mauremont, on peut rapporter à l’or- dre des Rongeurs une certaine quantité de mâchoires, de dents isolées et d'os des membres. Ces derniers sont en général fracturés ou peu caractéristiques, et ne peuvent fournir que des données incomplètes. Les mâchoires et les dents permettent de caractériser quelques espèces. Arr. 4e. Description d'une mächoire inférieure, appartenant à une nouvelle espèce du genre THerinomys, Jourdan (T. siderohithicus, Pictet). (PL. VI, fig: 11 a, b, c). Cette mâchoire est conservée dans sa partie moyenne et antérieure. On y voit en place les quatre molaires, dont les racines sont en partie dénudées 11 82 PALÉONTOLOGIE SUISSE. et l’incisive, dont la pointe est cassée. Elle nous a été communiquée par M. le docteur Campiche. Descriprion. Cette mâchoire est robuste, la barre, ou l'intervalle compris entre l'incisive et la première molaire, est relativement courte, car elle est égale seulement à une fois et demie la longueur d’une molaire. L'incisive est longue; mais, ainsi que je l’ai dit plus haut, son extrémité est cas- sée. Elle est peu comprimée; sa coupe (fig. 41, c) forme une sorte de triangle, dont le côté interne est droit, l’antérieur court et arrondi, le côté interne presque droit; son angle postérieur est très-arrondi, les deux antérieurs sont plus marqués. Les quatre molaires sont rapprochées les unes des autres et occupent entr’elles une longueur de dix millimètres. Elles sont portées par deux racines régulières, cylindri- ques et allongées. Leur couronne se termine par une surface de trituration plate, sur laquelle on distingue facilement la ligne d’émail. Cette ligne qui constitue le bord de la dent, forme un fort repli intérieur au côté externe, et deux, moins profonds, au côté interne. On remarque, en outre, un ilot d'émail dans l'anse antérieure de chaque dent. La molaire la plus antérieure est un peu plus grande et un peu plus divisée que les autres; la postérieure est au contraire un peu plus petile et un peu moins caracté- risée. DÉTERMINATION GÉNÉRIQUE. Cette mâchoire appartient évidemment au même type que les Echimys qui vivent aujourd’hui dans l'Amérique méri- dionale, mais elle a plus de rapports encore avec les fossiles qui ont été désignés sous le nom de THERIDOMYS, par M. Jourdan. Si l’on jette, en parüculier, les yeux sur la figure que M. Gervais a donnée du T. lembronica, Gerv. (Zoologie et paléontologie françaises, pl. 47, fig. 3), on trouvera une ressemblance presque complète, car les diverses différences que nous signa- lerons plus bas, dans les îles d’émail, ne peuvent avoir aucune importance générique. Je ne connais aucun autre genre fossile avec lequel on puisse la comparer, sauf celui des Carterodon, Lund, qui renferme une seule espèce fossile en Amérique, associée d’abord par M. Lund aux Nelomys, puis aux Aulacodus, Temminck. La lame d’émail de ce genre se plie suivant le carac- tère général des Echimydes, mais elle forme dans chaque dent des courbes fermées, indépendantes, très-différentes du plissement des notres”. 1 Je parle ici des dents figurées dans le travail de M. Lund (Mém. Acad. Copenhague, tome VIII, pl. 25, fig. Tet11). M. Giebel (Odontographie, pl. 23, fig. 6), figure sous le nom de Carterodon une dent qui ressem- ble plus aux nôtres, mais il n'indique ni son origine, ni son nom spécifique. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 85 Parmi les genres vivants, il y en a plusieurs qui ont également quatre molaires et chez lesquels la lame d’émail se plisse à peu près de la même manière. On peut citer en particulier : Dans la tribu PsammorycriNs (Echimydes), les genres Echimys, Aulaco- dus, Dactylomys, Plagiodonta, Capromys. Dans la tribu des COELOGÉNIDES, le genre des Pacas. Dans la tribu des Casrors, les genres Castor, Myopotamus et Chætomys. Il faut toutefois remarquer que ces deux dernières tribus présentent dans leurs formes robustes, dans leur grande taille et même dans leurs dents dont la couronne est très-grande et la racine rudimentaire, un ensemble de caractères qui les éloigne de notre espèce fossile. Celle-ci doit évidemment être associée à la tribu des Psammoryetins et ainsi que je lai dit plus haut, ses ressemblances avec les Theridomys paraissent assez intimes pour qu'on puisse, suivant toute probabilité, la rapporter à ce genre. Je dois faire remarquer encore que l'espèce qui lui ressemble le plus, le Theridomys lembronica, a reçu primitivement le nom générique de NEomys; mais ce nom, donné par M. Bravard', n’a jamais été accom- pagné d’une description et il n’a aucun droit à être conservé. Le même mot a d’ailleurs été employé par M. Kaup, pour désigner un type différent. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES SPÉCIFIQUES. Il nous reste maintenant à com- parer notre espèce du Mauremont avec les diverses espèces fossiles inscrites dans le genre Theridomys *. Le Th. breviceps, Jourdan, des marnes à hyænodon d'Auvergne, n’est connu que par un fragment de crâne et par ses molaires supérieures; il ne peut pas être comparé au nôtre. Si mes conclusions sont justes, par les- quels j'associe à cette mâchoire inférieure des dents de la mâchoire supé- rieure, trouvées aussi au Mauremont, Je pourrai montrer plus tard que notre espèce n’est pas celle de M. Jourdan. Le Th. aquatilis, Aymard, des marnes à palæotherium de Ronzon, près le Puy, a, dans ses molaires inférieures, un seul pli très-profond de chaque 1 Ce nom est indiqué dans la brochure de M. Bravard,, intitulée : Considerations sur la distribution des mam- mifères fossiles du Puy de Dôme, 1844, in-8°, p. 40. ? Voyez Pictet, Traité de Paléontologie, tome 1, p. 243, Gervais; Zool. et pal. françaises, p. 28 et pl. 44, 46 et 47. 84 PALÉONTOLOGIE SUISSE. côté et de grands ilots d’émail. En admettant que le degré d'usure y est pour quelque chose, il restera toujours pour différence que le lobe pos- térieur de la dent à un pli de plus dans les nôtres. Le Th. Vaillanti, Gervais, des lignites de la Débruge, a des molaires inférieures plus longues que notre espèce. Le pli extérieur y est moins pro- fond et les intérieurs le sont davantage; la dernière dent a trois plis inter- nes au lieu de deux. On n'y voit pas d'ilots d’émail. Le Th. lembronica, Gervais, des environs d’Issoire, ressemble bien plus à notre espèce, ainsi que je l'ai déjà indiqué plus haut. On ne peut cepen- dant pas les confondre. Le Th. lembronica est presque une fois et demie aussi grand que le notre, l'intervalle entre la première molaire et l’incisive y est plus grand, et chaque molaire présente dans son lobe antérieur deux ilots d’émail au lieu d’un seul. Je ne trouve donc aucune espèce décrite identique à la notre; je la considère comme nouvelle et la nomme Theridomys siderohthicus, Pictet. Explication des figures. PI. VI. Fig. 11 a. Branche droite de la mâchoire inférieure du Theridomys siderolithicus, Pictet, de gran- deur naturelle. Fig. 11 b. La même, grossie, trois fois la grandeur naturelle. Fig. 11 c. La même, vue par sa surface de trituration, au même grossissement. Arr. 2 Description d'une portion de mdchoire supérieure et de quelques dents que l'on peut probablement rapporter à l'espèce précédente (Theridomys si- derolithicus, PICTET). (PI. VI, fig. 12 et 18). M. le docteur Campiche a trouvé au Mauremont, avec la pièce que jai décrite dans l’article précédent, un fragment de la partie basilaire d'un crâne de Rongeur. Les deux molaires médianes de chaque côté y sont conservées avec la portion de la région palatine qui est interposée, et la base des apophyses zygomatiques du maxillaire. Descrtprion. Les os maxillaires forment dans leur région palatine une surface un peu excavée, où les sutures ne sont plus visibles et qui ne présente pas de saillie remar- quable. Les trous palatins sont assez vastes, leur bord postérieur, terminé en pointe, CE VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 85 correspond au milieu de la molaire antérieure. L’apophyse zygomatique part immé- diatement en avant de cette méme molaire et s'infléchit assez brusquement en arrière. La molaire la plus antérieure n’est pas conservée; mais on voit encore de chaque côté la trace d'une double racine. La seconde et la troisième molaires existent de chaque côté. Elles sont à peu près aussi longues que larges. Leur couronne présente du côté interne une forte échan- crure qui la divise en deux collines, et du côté extérieur la trace de deux plis plus pelits, séparés par un étroit intervalle saillant. Quatre lignes saillantes irrégulières joignent le bord interne et le bord externe, correspondant aux deux collines princi- pale, au petit intervalle dont nous venons de parler, et au bord antérieur. La molaire postérieure n’a laissé que des traces très-indistinetes. DÉTERMINATION GÉNÉRIQUE. Ces molaires semblent, au premier coup- d'œil très-éloignées du type des Theridomys; mais on peut se convaincre que les différences qui les en séparent sont dues au degré d'usure. Elles ont encore leurs arêtes intactes, ayant probablement poussé récemment. En suivant les replis indiqués par la couronne elle-même, on verra fa- cilement que dès que la surface sera aplatie par la trituration, la lame d'émail formera un fort repli au côté interne et deux petits au côté externe. J'ai fait représenter dans la figure 15, deux molaires qui appartiennent évidemment au même type, mais qui sont un peu plus usées. Les deux grandes arêtes ont chacune comme une île d’émail à chacune de leur ex- trêmités. Quand ces îles seront réunies par une trituration plus prolongée, ou aura la forme normale des dents du Theridomys. Ces deux dents ont des rapports incontestables avec celles que M. Ger-- vais à représentées dans la figure 10 de la planche 46, de sa Zoologie et paléontologie françaises, et qu'il a désignées sous le nom d’ApEeLomys. Je me suis cru d’abord autorisé, par la vue de sa planche, à les rapporter à ce dernier genre; puis j'ai vu par l'explication de la planche 44 que le savant paléontologiste de Montpellier a reconnu lui-même que les Adelomys doivent être réunis aux Theridomys, et que l'espèce que ces dents repré- sentent est le Th. Vallanti, des lignites de la Débruge. Les nôtres appar- tiennent évidemment au même genre. DÉTERMINATION SPÉCIFIQUE. Je ne trouve aucun motif pour ne pas asso— cier cette mâchoire supérieure à l’inférieure que j'ai décrite plus haut, car 86 PALÉONTOLOGIE SUISSE. les dents ont précisément les mêmes dimensions et les mêmes carac- tères relatifs. Leurs plis se ressemblent en étant disposés d’une manière inverse, comme dans tous les autres espèces; et le fait que les deux pièces ont été recueillies dans le même lieu, confirme cette conclusion. J'ai dit que ces dents supérieures pourraient servir à compléter la com- paraison de notre espèce avec le Theridomys Jourdani. Ce dernier, qui est un peu plus grand, a les couronnes de ses molaires plus larges dans le sens transversal et diffère en outre par la disposition des lignes saillantes de la couronne, qui sont au nombre de trois au lieu de quatre et qui paraissent moins obliques. Explication des figures. PI. VI. Fig. 12 a. Portion de mâchoire supérieure du Theridomys siderolithicus, Pictet, de grandeur natu- relle. Le trait représente la restauration probable de la tête. Fig. 12 b. La même portion de mâchoire, grossie, trois fois la grandeur naturelle. Fig. 13. Deux dents molaires, appartenant probablement à la même espèce, au même grossissement. ART. 5° Description de quelques dents et fragments de mâchorres, appartenant probablement à la tribu des Sciuriens. (PL. VI, fig. 14 à 16.) Je rapporte à la tribu des Sciuriens quelques fragments de mâchoires, ainsi que des dents caractérisées par une couronne beaucoup moins plate et par des tubercules plus saillants que les précédentes. Ces débris sont trop incomplets pour que je me sois cru autorisé à en former des espèces nou- velles. Ils ne me paraissent cependant pas inutiles à faire connaître, soit pour compléter la faune du Mauremont, soit pour attirer l'attention des géologues qui exploiteront plus tard ce gisement. 1° fragment de mâchoire inférieure, appartenant probablement au genre des Ecureuils. (PI. VI, fig, 14). Ce fragment qui m'a été communiqué par M. le docteur Campiche, porte deux molaires qui paraissent être les deux antérieures. Il rappelle, pour la taille et pour l’ensemble des caractères, l’écureuil commun; il appartient cependant à une espèce différente. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 87 DescriPrion. L'os maxillaire est épais, fortement excavé par l'impression du muscle masseter; sa hauteur sous les dents est un peu moindre que dans l’écureil commun. La molaire antérieure a trois racines, deux postérieures et une antérieure. Sa cou- ronne est divisée en quatre tubercules, associés en deux collines peu distinctes. Les deux tubercules qui forment la colline antérieure sont rapprochés, l’interne est le plus grand. Les deux tubercules postérieurs sont plus écartés. La seconde molaire est plus grande que la précédente, surtout plus large. Elle porte aussi quatre tubercules associés en deux collines; les antérieurs et les postérieurs sont à peu près à même distance les uns des autres. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce se distingue de l’écureuil com- mun par la grandeur de l’impression du masseter et par la forme des molaires. L’antérieure est sensiblement plus allongée par rapport à sa lar- geur, et dans toutes deux les tubercules sont mieux marqués. Il est impossible de la comparer aux espèces fossiles, car celles-ci n’ont pas été décrites. On ne peut pas, en particulier, savoir si elle est identi- que au Scurus fossilis, des gypses de Montmartre. Dans cet état de choses, Je ne lui impose pas de nom spécifique. 90 Fragment de mâchoire inférieure d'un Rongeur voisin des Spermophiles. q 0 ]i (PL. VI, fig. 15). Cette mâchoire, dont je dois aussi la connaissance à la complaisance de M. le docteur Campiche, porte quatre dents qui rappellent, par leurs tubercules celles de la famille des Sciuriens, mais plus encore, les Cri- cetodon de la famille des Murins. Ses rapports ne me paraissent pas faci- les à préciser. Description. Le fragment de branche horizontale qui est conservé est mince, peu élevé et son bord inférieur est à peu près parallèle au bord alvéolaire. Les molaires sont au nombre de quatre, l’antérieure est la plus petite, la postérieure est la plus longue, les deux intermédiaires sont les plus larges. Ces dents sont composées de collines abaissées dans leur milieu et élevées sur cha- que bord en un tubercule saillant. Elles sont bordées du côté interne par un bourrelet basilaire. | La première n’a qu'une seule colline et un talon antérieur; la seconde a deux collines 88 PALÉONTOLOGIE SUISSE. et un petit lalon antérieur, la troisième a deux collines et un talon antérieur presque nul; la dernière a deux collines et un fort talon postérieur. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Je ne connais aucun genre vivant ou fossile dont les dents aient autant de rapports avec notre mâchoire que celui des Cricetodon, Lartet', on peut en juger, en particulier, en comparant avec cette mâchoire la fig. 25 de la planche 44 de la Zoologie et paléontologie françaises de M. Gervais, qui appartiennent au Cricelodon medium. Mais cette analogie apparente s’évanouit devant le fait que les Cricetodon n’ont que trois molaires et appartiennent à la tribu des Murins. Les quatre molaires de notre mâchoire nous forcent à chercher son ana- logue parmi les tribus qui ont la même organisation. Or, les tubercules saillants qui les distinguent semblent indiquer la tribu des Sciuriens. Les formes grèles de los se rapportent plutôt aux Spermophiles qu'aux Ecu- reuils, et il est probable que nous trouvons là l'indication d’une espèce nouvelle appartenant au premier de ces genres. 3° Dents incisives. (PI. VL fig. 16). Le gisement du Mauremont nous a fourni deux sortes de dents in- cisives bien distinctes. Les unes que j'ai décrites plus haut, sont épaisses et appartiennent aux Theridomys. Les autres, que je figure ici, sont com- primées et ont probablement caractérisé une espèce voisine des Ecureuils. Les documents me manquent pour l’associer à d’autres fragments suscepti- bles de caractériser une espèce. Explication des figures. PI. VI. Fig. 14 a. Branche droite de la mâchoire inférieure d’une espèce perdue, du genre des écureuils, de grandeur naturelle. Le trait indique la forme probable. Fig. 14 b. Les deux dents molaires, vues de profil, grossies, trois fois la grandeur naturelle. Fig. 14 c. Les mêmes, vues par leur surface de trituration, au même grossissement. Fig. 15 a. Portion de la branche gauche de la mâchoire inférieure d’un Rongeur, probablement voisin des Spermophiles, de grandeur naturelle. Fig. 15 b. Le même, grossi, trois fois la grandeur naturelle. Fig. 15 c. Les dents, vues par leur surface de trituration , au même grossissement. Fig, 16. Incisives comprimées , appartenant probablement à l’une des deux espèces précédentes. ? Notice sur la colline de Sansan, p. 20. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 89 IT. REPTILES. Les reptiles sont bien moins abondants au Mauremont que les mammi- fères. On a cependant trouvé quelques représentants des trois ordres qui composent la sous-classe des reptiles proprement dits. ORDRE DES SAURIENS. Les ossements de Sauriens se rapportent à quatre espèces. La seule qui soit conservée d’une manière un peu complète est un Crocodile. Quelques petits fragments indiquent l'existence d’un Lézard et celle du genre Placo- saurus, Gervais. Des ossements plus nombreux et d’une interprétation moins facile paraissent se rapporter à un Iguanien. ART. 1°. Description de quelques os de la téte appartenant à un CROCODILE. (Crocodilus Hastingsiæ, Owen.) (PI. VID). La collection d’ossements recueillis au Mauremont par MM. De la Harpe et Gaudin renferme six pièces qui ont évidemment appartenu à la tête d’un Crocodile. Elles sont si semblables dans leur apparence et s'accordent si bien par leurs dimensions que l’on peut sans hésitation les attribuer à un même individu. Jai essayé de reconstruire, au moyen de ces débris, la tête telle qu’elle était avant sa fracture. Ils ne sont ni assez nombreux ni assez complets pour que cette restitution soit rigoureuse; ils sont cependant suffisants pour lui donner une grande probabilité, car ainsi qu’on va le voir, ils peuvent déterminer une partie des formes et les lignes les plus importantes. La première pièce est celle qui est figurée de grandeur naturelle sous le N° 1 a et qui est marquée a dans la figure réduite et restaurée. C’est un os intermaxillaire droit 12 90 PALÉONTOLOGIE SUISSE. qui donne le contour de la partie antérieure du museau et qui montre que cette ré- gion a été passablement obtuse et arrondie, rappelant plutôt les formes des Caimans aue celle des vrais Crocodiles. Les narines forment une grande ouverture à peu près aussi large que longue. Cette pièce vue en-dessous présente un caractère important, c’est une fossette pro- fonde située en arrière de l’alvéole de la première dent, et qui était évidemment des- tinée à recevoir la première dent inférieure. On distingue les alvéoles des quatre dents antérieures qui augmentent de grandeur en allant d'avant en arrière. Cette pièce n'indique malheureusement pas d'une manière précise quelle forme pre- nait l'os dans sa rencontre avec le maxillaire. On distingue cependant par la direction du bord qu’il y a dû avoir un rétrécissement assez marqué et que la quatrième dent inférieure passait probablement en dehors de lui comme chez les vrais Crocodiles. La seconde pièce est figurée sous la lettre b dans la tête restaurée et sous le chiffre 1 b de grandeur naturelle. C’est un fragment du maxillaire supérieur droit contenant le bord alvéolaire. Il porte seize alvéoles dont une seule a conservé sa dent. Il paraît à peu près complet dans sa longueur (mais non dans sa largeur). On voit à sa partie postérieure la ligne oblique qui correspond à sa suture avec le zygomatique. Celte im- pression permet de tracer la ligne qui longe le maxillaire supérieur et le lacrymal, laissant de l’autre côté le frontal antérieur et le zygomatique. Le bord de l'os correspondant aux côtés du museau est un peu sinueux, c’est-à-dire qu’en arrière de la suture avec l'intermaxillaire, ce bord se renfle en une protubé- rance peu marquée, pour former ensuite une sinuosilé rentrante. La troisième pièce (A c) est un fragment du maxillaire supérieur gauche qui n’ajoute aucun document nouveau. La quatrième pièce (1 d) est la partie interne et postérieure du frontal antérieur gauche jusqu'à $on union avec le lacrymal. Il montre que le bord interne de l'orbite était à peu près en ligne droite, oblique à l’axe général du corps. La cinquième pièce (1 e) est plus importante, c’est un mastoïde gauche presque complet, présentant sa protubérance et son bord postérieur intacts, ainsi que son bord externe libre, son bord de soudure avec le pariétal et le bord de l’ouverture tempo- rale. Cet.os est seulement un peu fracturé vers son union avec le frontal postérieur. Il donne la forme de celte sorte de bouclier postérieur très-caractéristique de la tête des crocodiles; il montre que l'apophyse postérieure était bien développée, que les trous temporaux étaient assez grands, que le bord postérieur était légèrement excavé, et que les bords latéraux droits convergeaient un peu en avant. La sixième pièce (4 /) est la région articulaire de ia mâchoire inférieure. Elle montre une cavité cotyloïde, excavée en forme de selle trapézoide, la base de la pointe pos- térieure et l’apophyse qui unit l'os articulaire avec l’angulaire. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 91 Les dents sont mal connues. J'ai figuré (fig. 2, a et b) la forme de celles du milieu de la mâchoire supérieure. Elles ont une forte racine et une couronne peu développée, séparée de la racine par un collet bien marqué. Cette couronne est bordée des deux côtés par une carène saillante; le côté externe est fortement bombé, le côté interne beaucoup plus faiblement. La figure 3, a, b, représente une autre dent qui appartient probablement à la partie antérieure de la mâchoire inférieure. La couronne est beaucoup plus longue et plus aigue; les courbures sont à peu près les mêmes. Les unes et les autres sont lisses. Quelques écussons isolés paraissent se rapporter à la même espèce. Deux surtout sont bien conservés. Ils sont garnis de fossettes nombreuses sur leur surface externe; une quille médiane irrégulière et lisse s'élève sur la surface opposée ou surface interne. L'un d'eux est plus large que long, l’autre parait avoir été plus long que large. Si l’on admet comme Je l'ai fait que toutes ces pièces se rapportent à une seule et même espèce, il reste à la comparer avec les crocodiles connus. Cette comparaison m'a montré que tous leurs caractères sont exactement ceux du Crocodilus Hastingsiæ, Owen ‘, des dépôts éocènes d’eau douce d'Hordwell Cliffs (Hampshire). Je trouve en particulier cette analogie: 1° dans la forme de l’intermaxil- laire; 2° dans les deux cavités pour la réception des dents antérieures de la mâchoire inférieure décrites par M. Owen comme un des caractères impor- tants de cette espèce; 5° dans los mastoïde dont les proportions et les for- mes sont identiques et qui est très-différent dans les autres espèces; 4° par les dents qui sont tout à fait les mêmes et qui ont au contraire des stries chez la plupart des espèces éocènes. Je ne trouve par contre aucune différence de quelque importance à si- gnaler, et tout en reconnaissant qu'il peut y en avoir dans les os que je ne connais pas, Je ne vois aucun motf pour ne pas rapporter notre fossile à cette espèce. M. Owen a déjà attiré l'attention sur le fait que le Crocodilus Hastingsiæ fait une sorte de passage entre les vrais Crocodiles et les Caïmans. Il a les fossettes de lintermaxillaire et le museau obtus de ces derniers; mais il ressemble aux premiers par la quatrième dent de la mâchoire inférieure, ? Owen et Bell, Monograph on the fossil Reptilia of the London clay, Palæontographical Society, Part. 2. 1850, p. 37. 92 PALÉONTOLOGIE SUISSE. qui n’est pas reçue dans une cavité. En combinant ces caractères avec divers autres détails, M. Owen conclut en l’associant aux Crocodiles pro- prement dits. MM. De la Harpe et Gaudin ont également recueilli quelques vertèbres qui appartiennent à un crocodile de la taille de celui dont nous avons dé- crit la tête, et probablement à la même espèce. Ces vertèbres sont trop tordues et brisées pour qu’il y ait intérêt à les fi- ourer. Parmi celles dont la place a pu être déterminée on peut citer un axis, deux autres vertèbres cervicales, une des dernières dorsales, une lom- baire et une coccygienne. Expliration des figures. PI. VII. Fig. 1. Restauration de la tête du Crocodile du Mauremont, rapporté au Crocodilus Hastingsiæ, Owen. un tiers de la grandeur naturelle. Les lettres correspondent avec celles des figures suivantes. » Fig. 1 a. Fragment de l’intermaxillaire droit. » Fig. 1 b. Fragment du maxillaire droit. » Fig. 1 c. Fragment du maxillaire gauche. » Fig. 1 d. Frontal antérieur gauche. > Fig. 1 c. Mastoïde gauche. » Fig. 1 f. Région articulaire de la mâchoire inférieure. » Fig. 2 a, b. Dent du milieu de la mâchoire supérieure. » Fig. 3 a, b. Dent de la région antérieure de la mâchoire. N.B. Toutes les figures sont de grandeur naturelle, sauf la première. ART. 2. Description de la mâchoire inférieure d'un Lézard. (PI. VIII, fig. 1, a, b, c). La petite branche gauche de la mâchoire inférieure, qui a été figurée PI. VIT, fig. 1, présente les formes génériques des Lézards actuels; mais elle fournit trop peu de caractères distinctifs pour qu’on puisse préciser une espèce. Sa taille est celle de nos petits lézards européens (Lacerta agihis, ete.). Elle provient de la brèche de Saint-Loup, où elle a recueillie par M. le pro- fesseur de Morlot. Cette branche de la mâchoire ne présente rien de spécial dans sa forme, d'autant plus que les apophyses postérieures sont cassées. Les dents sont cylindroïdes, émoussées, arrondies à l'extrémité et logées dans un sillon, VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 93 creusé à la face interne de l’os comme chez les pleurodontes en général et les lézards en particulier. Ces dents sont serrées. Leur nombre ne peut pas être apprécié exactement; on en voit six bien conservées; on distingue en avant les traces de deux ou trois autres et en arrière également deux ou trois alvéoles. Explication des figures. PI. VIII. Fig. 1 Mächoire de Lézard, grossie, a vue en dehors, b vue en dedans. Fig. 1 c. Grandeur naturelle. ART. 5°. Description de deux plaques osseuses appartenant au genre PLACOSAURUS, Gervais. (PL. VIII, fig. 2, a, b. c, d). M. Gervais ! a décrit une plaque céphalique qu'il rapporte à un Saurien dont il est impossible, dit-il lui-même, de fixer, même approximativement, les affinités. Cette plaque, trouvée en place sur le crâne qu’elle protégeait, était formée de corps osseux irrégulièrement hexagonaux, mamelonnés à leur surface de tubercules émoussés dont on ne trouve les analogues chez aucun reptile connu. M. Gervais a formé pour ce Saurien un genre nou- veau qu'il a nommé Placosaurus. L'espèce décrite (P. rugosus) provient des marnes calcaires paléothériennes de la butte de Sainte-Radegonde, auprès d’Apt. M. le prof. de Morlot a trouvé dans la brèche de Saint-Loup deux corps osseux qui rappellent parfaitement ceux qu'a figurés M. Gervais. Ils sont irrégulièrement hexagonaux, bombés et couverts de tubercules arrondis et lisses, formant quatre cercles irréguliers concentriques. Le cercle externe a de 16 à 20 tubercules. Leur diamètre est d'environ 4 millimètres. D’après M. Gervais, ces corps formaient par leur ensemble une plaque qui recouvrait le dessus de la tête d’un Saurien (Placosaurus rugosus) dont le reste de l’organisation est inconnue. Explication des figures. PI. VIII. Fig. 2. Corps osseux faisant partie de la plaque céphalique du Placosaurus rugosus, Gervais: a et b grossis, c et d grandeur naturelle. 1 Zoologie et Paléontologie françaises, p. 260, pl. 64. fig. 2. 94 PALÉONTOLOGIE SUISSE. ART. 4. Description de quelques os de la tête paraissant se rapporter à un type perdu, voisin des Iquamens. (PI. VIII, fig. 3, 4, 5, 6 et 1). MM. Gaudin et De la Harpe ont trouvé au Mauremont les débris d’un petit Saurien qui m'ont fort embarrassé, soit parce qu’ils ne peuvent four- nir que des données incomplètes sur les formes de l’animal, soit parce que nos collections d'anatomie comparée ne sont pas assez considérables pour permettre une comparaison suffisante. Ces os ont été trouvés réunis et ils m'ont été envoyés comme appar- tenant probablement à un même individu. L'ensemble des caractères qu’ils présentent ne rend pas au premier coup d'œil cette association probable; toutefois un examen plus approfondi m'a engagé à l’accepter, et je la dis- cuterai plus bas après avoir décrit les os dont il s’agit. Os PTÉRYGOIDIEN. La fig. 3 de la PI. VIII représente un os ptérygoïdien ; il est em- pâté dans une masse ferrugineuse avec des autres os de la tête, trop brisés et trop tordus pour pouvoir être décrits. On remarque à côté de lui une portion d’un petit os grêle mieux conservé qui parait analogue à celui que Cuvier désigne sous le nom de Columelle! et qui joint le ptérygoïdien et le pariétal. Cet os ptérygoïdien est formé par un bord interne épaissi qui porte unc quinzaine de petites dents disposées sur un seul rang. Il se prolonge en arrière en un long processus qui le joignait à l’os carré. En dehors et en avant il se dilate en une partie plate for- mant une sorte de rectangle échancré par deux ouvertures. L’antérieure correspond pro- bablement à un trou palatin ou à une incomplète union avec les os du même nom. La postérieure appartient à la fosse temporale. La forme de cet os et sa dilatation, ainsi que l'existence des dents, révèlent une ana- logie incontestable avec la famille des Iguaniens ou Eunotes, Duméril et Bibron. Mais, ainsi que je l'ai dit, nos collections anatomiques sont trop incomplètes pour me per- mettre d'aller plus loin et pour essayer de préciser les affinités génériques de l'espèce à laquelle il appartient. Os iNTERMAXILLAIRE. L’os représenté dans la fig. 4 de la PI. VIII est évidemment un intermaxillaire. Il est en forme de cuilleron dont les dents occuperaient le bord élargi. ? Ossements fossiles, 4e édit., T. X, p. 4. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 95 Un processus étroit et allongé, qui représente en quelque sorte le manche, se dirige en arrière et unit l'os avec la face. La partie élargie est lisse en dessus (4 b) et percée seulement de trous nutritifs. En dessous (4 a) elle est concave et son bord postérieur se relève un peu en s’amineissant ct en se détachant du processus médian. Le bord antérieur, uniformément arrondi, présente cinq dents, dont une médiane. Ces dents sont équidistantes, insérées de manière à être très-obliques en avant. Leur pointe man- que, de sorte que l’on ne peut pas apprécier leur courbure non plus que leur longueur. En le regardant de profil on voit que la concavité inférieure a dû former la voûte supérieure des ouvertures nasales, et on est induit à en conclure que ces ouvertures ont été grandes, rapprochées de l'extrémité du museau, et séparées l’une de l’autre par un espace assez considérable. L'articulation de cet intermaxillaire avec le maxil- laire avait lieu sur une faible surface et il est probable que l'extrémité du museau était déprimée. Il serait facile de trouver des analogies entre cet os et son représentant dans des es- pèces vivantes. Je citerai en particulier le Polychrus marmoratus, Cuvier (Iguaniens pleurodontes), dans lequel on trouve une ressemblance remarquable soit dans la forme du processus postérieur, soit dans celle du bord de la narine, soit dans la dépression de sa partie élargie, soit dans la disposition des trous nutritifs, etc. OS MAXILLAIRE SUPÉRIEUR. Cet os, représenté par la fig. 5 de la PI. VIII, appartient au côté gauche. Il est aminci en avant et s’élargit postérieurement en une crète supé- rieure mal conservée. Sa face externe est creusée d'un sillon qui s’élargit en arrière; la face interne présente un bourrelet longitudinal sur lequel s'appuient les dents. Cel- les-ci ne sont conservées que par leur base ou par une partie peu importante de leur longueur, en sorte qu'on ne voit point leur courbure. Les antérieures sont plus grosses et plus distantes, surtout la deuxième, la troisième et la quatrième. Les autres sont plus serrées et plus petites. On en peut compter cinq, ce qui porte à neuf le nombre total; mais il est à remarquer que l’os n’est pas parfaitement entier et qu'il a pu par conséquent porter une ou deux dents de plus. Cet os, ainsi que le suivant, présente un caractère exceptionnel dans l’écartement de ses dents. Ces organes sont du reste implantés comme dans le type pleurodonte. Sa forme allongée indique comme l’intermaxillaire une tête déprimée. Il s'éloigne beaucoup de son analogue chez les Iguanes proprement dits. MAcxoiRe INFÉRIEURE. La mâchoire inférieure est représentée par plusieurs fragments (PI. VIII, fig. 6 et 7). Le premier est l’extrémilé postérieure ou articulaire de la branche droite (fig. 6 a, b). Cet os rappelle beaucoup plus les formes des Ophidiens que celles des Sauriens. Il est allongé, mince, arqué postérieurement et présente sur son extrémité une facelte en 96 PALÉONTOLOGIE SUISSE. forme de selle plus prolongée en dehors, qui sert à l'articulation de l'os carré. La face inférieure de l'os est uniforme. La face supérieure est creusée d’une sorte de dépres- sion qui correspond dans sa partie profonde avec l'entrée du canal nutritif. Les côtés de cette dépression ont dù s'élever faiblement en ailes peu marquées, mais ils sont mal conservés. Les autres os de la mâchoire inférieure se rapportent à l'extrémité dentaire. Nous possédons la presque totalité de la partie gauche [PI. VIII, fig. 6, c), outre un fragment plus petit du même côté et une portion de l'extrémité droite (fig. 7, a et b). Cette portion dentaire de la mâchoire inférieure rappelle tout à fait les caractères que je viens de signaler dans le maxillaire supérieur. L’os est droit à sa partie posté- rieure; vers l'extrémité antérieure il se courbe un peu en dedans: Sa face externe est lisse; elle présente le trou mentonnier principal en arrière de la cinquième dent et un ou deux plus petits trous en avant. En arrière on voit une trace en chevron qui correspond à la suture avec la partie articulaire. La face interne présente en bas un bourrelet et au-dessus une excavation longitudinale. Les dents sont placées sur le bourrelet et en dedans de la partie amincie. Le bord inférieur de l’os est tranchant et creusé par un canal qui est le prolongement du canal dentaire, comme chez la plupart des Reptiles vivants. Ce bord inférieur se termine en avant par une petite facette oblique en de- dans. Les dents sont mieux conservées sur nos plus petits fragments [fig. 7 a et 7 b) que sur les grands, parce qu’elles sont restées entourées et appuyées par le dépôt ferrugi- neux. Celles du grand fragment sont cassées à peu de distance de la base, comme dans les pièces décrites ci-dessus. On ne peut donc pas juger de leur courbure et on les confondrait facilement avec des dents droites. Le plus petit fragment montre très- bien les trois premières dents, qui sont coniques et infléchies en arrière (fig. 7 6, c). La première est la plus courte et la plus grêle; la troisième est plus grosse et plus longue que les deux précédentes. Sur le fragment du côté droit on voit des débris des troisième, quatrième et cinquième dents qui montrent que cette forme se conlinue. Je crois, en combinant les diverses pièces, que leur nombre total est environ de dix ou douze. Les postérieures sont les plus espacées. DISCUSSION SUR L'ASSOCIATION DE CES PIÈCES. La description qu'on vient de lire a montré que l'os ptérygoïdien et los intermaxillaire ont des carac- tères évidents de Sauriens et qu'ils ont très-probablement appartenu à un Iguanien. Les mâchoires, surtout l’inférieure, semblent indiquer des formes très-différentes. La longueur et l’uniformité de la mâchoire inférieure, l’écartement des dents, la forme arquée, pointue, conique, des antérieures VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 97 trouvent mieux leurs analogues dans les Couleuvres ou Es Boas que dans la série des Iguaniens. A la première inspection de ces os je crus pouvoir en conclure lexis- tence de deux espèces, un Iguanien et un Ophidien. Depuis lors et après un nouvel examen, je crois au contraire qu'ils doivent être associés et qu'ils indiquent un type assez remarquable dans la série des Zquaniens pleurodontes. Les motifs qui me font admettre l'association de ces pièces sont les sui- vanis : 1° Le fait que j'ai rappelé ci-dessus que ces ossements ont été trouvés réunis et avaient l'apparence de provenir d’un même squelette. 2° Ils s’accordent tout à fait ensemble pour la taille, l'épaisseur et la nature des tissus. 5° Si l’on admet l’intermaxillaire comme celui d’un Iguanien, il en- traîne le maxillaire supérieur dans la même division, car ces deux os por- tent des dents de même taille et à peu près de même écartement, et en les rapprochant l’un de l’autre ils semblent former un bord maxillaire et une série dentaires probables et naturels. 4° Le maxillaire supérieur et l’inférieur ont évidemment appartenu à la même espèce, et ils concordent dans tous leurs caractères. Si donc on ad- met les considérations précédentes, la mâchoire inférieure doit être celle d’un Iguanien. Il est à remarquer que l’on ne peut pas faire le raisonnement inverse et faire passer les trois os dans l’ordre des Ophidiens, car cela est absolument inadmissible pour l’intermaxillaire. d° Il est possible que la forme ophidienne de la mâchoire inférieure ait été augmentée par la fossilisation. L’os articulaire est en effet un peu com- primé de haut en bas, et en lui supposant une largeur plus grande et une apophyse coronoïde convenable on le rapprocherait un peu des Iguaniens. Par ces motifs donc, j’admets jusqu’à preuve contraire, que les débris dé- crits dans cet article prouvent l'existence d’un Zquanien pleurodonte, de la taille des grands iquanes actuels, caractérisé par un museau aplati, en fer à cheval, par des narines grandes, écartées, par une série de petites dents sur chacun des ptérygoïdiens, par des mdchoires gréles, portant des dents espacées, 13 98 PALÉONTOLOGIE SUISSE. coniques, dont les antérieures au moins étaient très-aigües, minces et un peu re- courbées en arrière. Je n'ai pas cru devoir désigner par un nom générique un être aussi in- complétement connu. De nouvelles découvertes viendront peut-être un jour assigner sa place définitive dans la série zoologique. Explication des figures. PI. VIII. Fig. 3. Os ptérygoïdien vu par sa face inférieure. Fig. 4. Os intermaxillaire. a vu en dessous, b vu en dessus. Fig 5. Os maxillaire supérieur. a vu en dehors, b vu en dedans. Fis. 6. Mâchoire inférieure. a portion articulaire vue en dehors, b la même vue en dedans, € portion dentaire vue en dehors, d la même vue en dedans. Fi g. 7. Portion de la même région, montrant des dents mieux conservées. a fragment du côté droit, b extrémité du côté gauche, c une dent grossie. Toutes ces figures, à l'exception de la 7 c, ont été dessinées de grandeur naturelle. ORDRE DES OPHIDIENS. Description de quelques vertèbres. (Pl. VII, fig. 8, 9 et 10.) M. le professeur de Morlot a trouvé dans la brèche de Saint-Loup quatre vertèbres qui appartiennent évidemment à l’ordre des ophidiens. La forme des corps, la tête arrondie qui les termine en arrière, la cavité cotyloïde antérieure, la forme des apophyses articulaires, etc., ne peuvent laisser au- cun doute à cet égard. : Ces vertèbres, qui sont de tailles très-diverses, ont toutes les mêmes ca- ractères et ont probablement appartenu au même genre. La plus grande (PI. VIIL, fig. 8) a les dimensions suivantes : Hauteur entre la face inférieure du corps et l'extrémité de l'apophyse épineuse. . . ..... 26 mm. Largeur, mesurée entre les bords extrêmes des apophyses articulaires... ........ ET Longueur du corps, mesurée du bord d’une articulation au bord de l’autre. .... ..... 12 Longueur mesurée sur les lames tectrices ..................................... 19 Diamètre horizontal de la cavité articulaire du corps..... Ed Co e 10 Diamètre longitudinal de la même . Cette vertèbre qui est, comme on le voit, à peu près aussi large que haute, res- semble tout à fait à celle des Pythons vivants (Python molurus), surtout aux vertèbres dorsales qui sont placées peu après le milieu de l'animal. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 99 Le corps est droit, son bord inférieur s’abaisse un peu à la partie postérieure, mais sans former d'épine ni de saillie marquée. La cavité arliculaire antérieure est profonde, régulière, un peu plus large que haute. Celle forme se retrouve pour la têle poslé- rieure. L'arliculation a lieu à chaque extrémité par deux paires de facettes. Les faceltes in- féro-antérieures sont à peu près à niveau du baut du corps, presque horizontales, un peu relevées en dehors et grandes. Elles sont soutenues par l’apophyse transverse qui est massive et obliquement tronquée par une grande facetle correspondant à l’articula- tion de la côte. Du bas de cette facette part une sorte de bourrelet qui se termine sur le bas de la tête articulaire du corps. Les bords des facettes inféro-antérieures se con- tinuent en arrière par une arèle presque horizontale, qui aboutit aux facelles inféro- postérieures. Ces dernières, un peu plus relevées au-dessus du corps et correspondant au milieu du canal, sont également presque horizontales, un peu relevées en dehors; dans l'articulation les postérieures recouvrent les antérieures. Les facettes antéro-su- périeures sont à niveau du sommet du canal et à la base de l’apophyse épineuse; elles sont plus rapprochées que les autres et dirigées à peu près à 45° de l'axe verlical. Leur face regarde en bas et leur ensemble forme une parlie saillante qui, dans l’arti- culation, est reçue dans une profonde cavité postérieure sous les lames lectrices. Les facettes postéro-supérieures sont dirigées de la même manière que les précédentes ; leur face est tournée en haut et elles sont portées par la même apophyse articulaire que les inféro-postérieures. Les lames tectrices, limitées en bas par l’arète horizontale dont j'ai parlé et échan- crées en avant sous les facettes antéro-supérieures, se terminent postérieurement par une courbe arrondie en arrière qui part de l’apophyse épineuse pour se terminer à la facette articulaire inféro-postérieure. L'apophyse épineuse est courte et légèrement arrondie; mais il y a eu un peu d’u- sure dans l’os et ses parlies saillantes ont élé altérées. Elle était probablement plus carrée. Nous possédons deux autres vertèbres plus petites. Leur hauteur est de 14 millimè- tres et leur largeur à peu près égale. Leurs formes sont presque identiques à celles de la grande et la descriplion ci-dessus peut s’y appliquer mot à mot, sauf les deux réserves suivantes : 1° Dans une d'entre elles (PI. VIIT, fig. 9) la cavité articulaire du corps est presque exaclement circulaire; dans l’autre (PI. VIIT, fig. 10) elle a les mêmes proportions que dans la grande. l 20 La face inférieure du corps présente dans ces deux vertèbres, surtout dans la se- conde (fig. 40), des saillies un peu plus marquées. La ligne médiane se relève en une crète un peu plus aigüe, en sorte que le bord inférieur du corps de la vertèbre a un profil un peu plus sinueux. On peut pourtant à peine y reconnaître une véritable épine 100 PALÉONTOLOGIE SUISSE. hæmale. Les deux bourrelets latéraux qui vont des articulations des côtes à la tête ar- liculaire du corps sont aussi plus aigus ct séparés de la ligne médiane par des fossettes plus profondes. Ces différences peuvent tenir à la place de la vertèbre, car dans beau- coup de serpents on voil de grandes épines hæmales en avant et on n'en retrcuve pas dans le milieu du corps. Une quatrième vertèbre plus fracturée paraît avoir eu les mêmes formes que les pré- cédentes. AFFINITÉS GÉNÉRIQUES. De tous les genres vivants ou fossiles dont je connais les vertèbres en nature ou par des figures, le genre des Pythons est celui qui à le plus de rapports avec les formes que je viens de décrire. Parmi les genres vivants on ne trouve qu’une analogie bien plus éloignée avec les Couleuvres, les Boas, les Crotales, etc. Parmi les genres fossiles il faut exclure de toute comparaison les Palæophis, Owen, ces serpents de l'argile de Londres qui se rapprochent de notre espèce par leur âge géolo- gique et par leur taille, mais dont les vertèbres, plus hautes et plus étroi- tes, ont des formes très-différentes. Les Paleryx, Owen, en sont moins éloi- gnés, ainsi que je le dirai plus bas. Si on compare notre grande vertèbre avec celles du Python molurus, on trouvera une identité presque complète, sauf que celles du serpent vivant sont un peu plus larges et un peu plus courtes que celles du serpent fos- sile. Le peu de développement de l’apophyse épineuse et la forme du corps assignent à cette vertèbre une place dans la seconde moitié de l’animal. Si on la compare avec la figure que M. Owen a donnée d’une vertèbre de cette espèce !, on trouvera des différences un peu plus grandes, et en particulier l’apophyse épineuse plus élevée; mais cette figure représente évidemment une vertèbre plus avancée que la nôtre. La comparaison avec la nature vi- vante ne montre pas une seule différence appréciable si on choisit conve- nablement la place de la vertèbre. Deux autres genres encore ont des rapports réels avec notre fossile. Ce sont les Eryx et les Paleryx, les premiers vivants, les seconds connus seu- lement à l’état fossile. Les Eryx paraissent se distinguer surtout des Pythons par une épine Ÿ Palæontographical Society, Reptilia of the London clay, PL XIIL, fig. 1-4 VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 401 hæmale bien développée. Nos vertèbres, sous ce point de vue, conservent leur analogie avec les Pythons. Les Paleryx, Owen, genre fossile de l'argile de Londres, ont l’épine hæ- male moins développée que les Eryx, mais plus que les vrais Pythons. Ils différent de ces derniers par le bord inférieur du corps de la vertèbre plus sinueux. Notre grande vertèbre ressemble encore davantage à celle des Py- thons; la plus petite est presque identique à la figure que donne M. Owen du Paleryx rhombifer, surtout si on tient compte d’un léger degré d'usure. Si Je n'avais vu que ces petites vertèbres, je n'aurais pas hésité à les as- socier au Paleryx rhombifer; mais la grande vertèbre rend ce rapproche- ment moins probable, soit à cause de son analogie avec les Pythons, soit parce qu'elle indique un serpent gros et robuste, bien différent des Ervx vivants dont le genre Paleryx semble se rapprocher. D'un autre côté, on ne peut trouver aucune différence générique entre la grande vertèbre et les petites. En résumé, il y a autant de motifs pour attribuer ces vertèbres au genre Python qu'au genre Paleryx, et je suis en conséquence forcé de me borner aux conclusions suivantes. Les dépôts sidérolithiques éocènes renferment des vertèbres qui indiquent l'existence d’un grand serpent très-voisin des Pythons actuels. Si les proportions, comme cela est probable, ont été les mêmes que dans ce genre, le serpent représenté par notre plus grande vertèbre aurait atteint une longueur de 5 à 5; mètres. Les mêmes dépôts renferment des vertèbres plus petites dont les unes paraissent appartenir à des individus plus jeunes de la même espèce et dont les autres se rapprochent davantage du genre Paleryx, Owen. Si toutes ces vertèbres appartiennent au même genre, ce qui semble ré- sulter de leur grande ressemblance, et si ce genre est celui des Paleryx, il en résulterait qu’il doit avoir beaucoup plus d'analogie avec les Pythons qu'avec les Eryx. Explication des figures. PI. VIII. Fig. 8. Vertèbre de la plus grande espèce. Fig. 9. Vertèbre du deuxième type. Fig. 10. Vertèbre du troisième type plus voisin des Paleryx. Dans ces figures, a& représente la face antérieure, b la face postérieure, c le profil. Elles ont Loutes été dessinées de graudeur naturelle. 102 PALÉONTOLOGIE SUISSE. ORDRE DES CHÉLONIENS. MM. Gaudin et De la Harpe ont trouvé au Mauremont une série assez intéressante de fragments de Chéloniens. Une partie d’entre eux nous ont paru pouvoir être associés pour reconstituer une carapace et un plastron appartenant à une type générique perdu. Quelques pièces isolées prouvent en outre l'existence d'un certain nombre d’autres espèces, mais ne fournis- sent sur leur compte que des documents incomplets. Nous décrirons suc- cessivement : 1° Les pièces qui ont permis de reconstituer la carapace dont nous ve- nons de parler. 2° Des fragments du plastron qui ont probablement appartenu à la même espèce et qui indiquent une association intéressante de pièces mobiles. 5° Un certain nombre de pièces isolées, dont une partie se rapportent à des individus de grande taille dont nous n'avons pu préciser les caractères, et dont d’autres indiquent l'existence d’une petite Emyde et d'une petite Tortue de terre. ART. 1%. Description des pièces que nous avons associées ensemble et qui ca- ractérisent un genre nouveau DITHYROSTERNON ? (D. valdense, Pictet et Humbert). $ I. Carapace. (PL. IX, Xet XI.) Nous n’hésitons pas à attribuer à la même espèce et probablement au même individu toutes les pièces au moyen desquelles nous avons recons- titué la carapace figurée dans la PI. IX. Nous nous fondons pour cela sur les considérations suivantes : 1° MM. De la Harpe et Gaudin, en nous transmettant ces fragments, nous ont averti que les pièces a, b, d, d’, f, f', g, g, À, K', k, L petg ont Ÿ Jai eu le plaisir d’avoir pour collaborateur dans tout ce qui tient aux chéloniens, M. Aloïs Humbert, avec lequel j'ai déjà publié. dans la Paléontologie suisse, quelques travaux sur ce même ordre. 1 Ce nom est formé de MSugoc, januas duas habens et de oréçvov, sternum. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 103 été trouvées ensemble et disposées de telle sorte qu’elles avaient dû appar- tenir probablement à une même tortue. 2° Toutes ces pièces s'accordent parfaitement bien entr’elles pour leurs dimensions, soit dans leur épaisseur, soit dans les mesures de leur surface. 5° Elles fournissent des caractères ostéologiques qui concordent tous pour indiquer une espèce à carapace bombée, réunissant à la plupart des caractères des tortues de terre une partie de ceux des émydes. 4° Toutes celles de ces pièces qui portent des impressions d’écailles coïn- cident entrelles d’une manière remarquable; elles montrent des angles identiques pour les écailles vertébrales et permettent de reconstruire une ligne uniforme pour la séparation des écailles costales et des écailles mar- ginales. La reconstitution de cette carapace nous paraît d'autant plus certaine que nous avons pu facilement placer toutes les pièces recueillies, que nous n’a- vons été obligés d’en négliger aucune, et qu’elles représentent toutes les régions importantes, sauf la terminaison postérieure de la région vertébrale et de la région costale. Nous devons cependant ajouter que plusieurs d’en- tr'elles sont plus ou moins aplaties par la fossilisation, et que, par consé- quent, nous n'avons pas pu apprécier d’une manière exacte la courbure de celte carapace. En la reconstruisant, nous avons admis des raccourcis qui nous paraissent probables, mais qui sont évidemment hypothétiques. Ces raccourcis expliquent les différences qui existent entre les dimensions d’une partie des figures de la PI. XI et celles de la PI. IX. Nous décrirons d’abord chaque pièce isolément, puis nous chercherons à déduire de l’ensemble les caractères de l'espèce. La première pièce, PI. IX et XI, a, est une pièce nuchale qui fournit quelques ca- ractères importants. Elle montre que la carapace présente en avant une saillie mousse accompagnée de chaque côté d’une sinuosilé ou excavalion peu prononcée. Les pre- mières écailles marginales se réunissent sur la ligne médiane, en sorte qu'il n'y a point eu d'écaille nuchale. La première écaille dorsale, dont la partie antérieure est clairement indiquée par ses impressions, est remarquable par ses bords latéraux en ligne droite. Le bord antérieur est formé par deux lignes droiles qui se réunissent sous un angle très-oblus. A la face inférieure, PI. XI, a, cette pièce présente les épaississe- ments laléraux ordinaires des pièces nuchales; les écailles marginales se reploient en 104 FALÉONTOLOGIE SUISSE. étant plus courtes qu'à la face supérieure, ct se joignent de même par une ligne droite sans trace d’écaille nuchale. La deuxième pièce, PI. IX b, est la région antérieure gauche de la carapace; elle comprend la première pièce coslale et les marginales correspondantes. Elle fournit plu- sieurs impressions d’écailles. En premier lieu elle complète la première écaille dorsale et montre que ses bords latéraux droils convergent un peu en arrière, de manière que sa plus pelite largeur est au bord postérieur. Elle montre en second lieu tout le bord antéro-exlerne de la première écaille dorsale. Elle donne en entier la troisième et la quatrième écailles marginales, et en partie la deuxième et la cinquième. La ligne de séparation de l’écaille dorsale et des marginales est à peu près parallèle au bord externe de la carapace cet tend seulement à s'en éloigner un peu en allant d'avant en arrière. La pièce figurée PI. IX c est la seconde pièce vertébrale. Ses bords latéraux sont composés de deux lignes séparées par un angle peu obtus; la plus petite, ou l’antérieure, était articulée avec la première pièce costale ; le côté le plus long a dù s’articuler avec la seconde costale. La pièce est sensiblement plus large que longue; son bord an- térieur est excavé, le postérieur est convexe en arrièrc. La forme que nous venons de décrire a dû se reproduire à peu près la même dans les pièces vertébrales de numéro pair, ainsi que les pièces coslales nous en donnent la démonstration. Les pièces figurées PI. IX, d et d' paraissent être symétriques et représenter la deu- xième coslale droite et la deuxième costale gauche. Elles servent à fixer la limite pos- térieure de la première écaille costale par une impression qui les parlage chacune en deux parlies inégales dont la postérieure est la plus étroite. Les pièces figurées PI. IX, e et e, paraissent être les extrémités vertébrales des troi- sièmes pièces costales (droite et gauche); elles indiquent des formes semblables à celles que nous décrirons plus bas pour la pièce g. Une pièce importante est celle qui est figurée PI. IX, /. C'est la quatrième pièce costale du côté droit. Elle est un peu plus étroite du côté vertébral qu’à son extrémité marginale. Son bord interne est formé de deux lignes droites jointes par un angle ob- tus; la plus grande est antérieure et a dû rencontrer la quatrième pièce vertébrale; la plus petite, ou la postérieure, a dù s’articuler avec la cinquième. Cette circonstance, qui : montre que loutes les pièces, tant celles de numéro pair que celles de numéro im- pair, s'arliculaient également sur deux vertébrales, rappelle tout à fait la disposition or- dinaire des émydes, et diffère, au contraire, de ce qui se passe chez les tortues de terre, dans lesquelles les pièces costales impaires s’articulent sur une seule écaille ver- tébrale et les paires sur trois. Celle pièce montre une porlion de l'impression de la troisième écaille dorsale, savoir le milieu de son côté droit. Elle prouve que cette écaille dorsale formait, dans ce milieu, un angle très-obtus et qu’elle était hexagone, un peu VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 105 plus large que longue. De cet angle part la ligne de séparation de la deuxième et de la troisième écailles costales. Cette ligne, plus rapprochée du bord antérieur de la pièce que du postérieur, est un peu oblique, se rapprochant encore plus du bord antérieur vers son extrémité marginale. La pièce f’ de la même planche est la lerminaison du côté gauche de la même pièce. Les pièces représentées PI. IX, g et À, trouvées en connexion, sont formées par les extrémités verlébrales de la cinquième et de la sixième pièces costales. Elles donnent Ja forme des pièces vertébrales qui alternent avec celles que nous avons décrites plus haut. Les bords latéraux de ces pièces sont formés d’une ligne brisée semblable à celle des pièces vertébrales de numéro pair dans les tortues de terre, avec cette différence qu'elles présentent un angle rentrant dans leur milieu. Ces fragments fournissent en outre la forme de l’angle postérieur de la troisième écaille vertébrale, qui est un peu obtus et semblable à ceux que les bords des écailles costales forment avec les côtés des écailles vertébrales. Les pièces figurées en g' et ’ (PI. IX), qui sont soudées, nous paraissent être la terminaison des deux pièces costales dont nous venons de parler. La première de ces pièces est étroite; ses bords se rapprochent l'un de l’autre en se dirigeant vers le côté externe; la deuxième va en s’évasant vers l'extrémité, et porte l’impression du bord postérieur de la troisième écailie costale droite qui la partage en deux parties inégales, dont la postérieure est la plus étroite. La pièce de la PI. IX, fig. +, appartient au côté droit el correspond à l’échancrure brachiale. Elle porte en dessus l'impression de la séparation des cinquième et sixième écailles marginales, et montre en dessous une partie saillante qui borde l’échancrure en formant une sorte de bourrelet rappelant les formes des vraies tortues plus que celles des émydes. Cette pièce présente encore l'impression du bord de la première écaille dorsale qui ne coïncide pas avec la suture et qui, par conséquent, est disposée comme chez les émydes. Cette même disposition paraît avoir existé dans la pièce b, mais les sutures ont été trop effacées par la fossilisation pour qu’on puisse l’affirmer. La position de l’épaississement des pièces marginales à la face inférieure rend cependant cette disposition très-probable. La pièce IX, 4, est la septième marginale droite, et n’ajoute rien à ce que nous venons de dire. La pièce PI. IX et XI, /, est formée par une série de trois pièces marginales gauches qui s’unissaient au plastron ; toutefois les pièces épaissies correspondant aux deux échan- crures y manquent. Nous verrons plus bas que l’échancrure postérieure est connue par la pièce m, et nous avons dit plus haut que l’échancrure antérieure est donnée par la pièce 2. Ces pièces marginales ont des caractères qui rappellent plutôt les tortues de 14 196 PALÉONTOLOGIE SUISSE. terre que les émydes. Leur grande dimension, le fait qu’elles indiquent une carène de la carapace peu prononcée, les rapprochent tout à fait du premier de ces types. On ne peut pas juger de leurs formes dans la PI. IX où elles ont dù être représen- tées sous une très-forte projection; mais on les comprendra mieux dans la PI. XI, ou on verra combien leur hauleur dépasse leur longueur et où on reconnaitra qu'elles ont dû former un bord très-haut, presque vertical, bien différent des flancs inclinés et du bord peu élevé de la plupart des émydes. L'impression de la ligne de séparation des écailles dor- sales et marginales qui est située sur la pièce même et non vers la suture, quoique très-rapprochée d'elle, présente au contraire un peu plus d’analogie avec les émydes. On voit dans leur entier les septième et huitième écailles marginales avec un fragment des sixième et neuvième. Les lignes de séparation de ces écailles sont sensiblement parallèles entre elles et perpendiculaires au bord; en passant sur la carène de la cara- pace, elles s’infléchissent en formant une pointe dirigée en avant. La pièce IX et XI, m, qui continue à gauche la série précédente, correspond à l’é- chancrure fémorale. Elle présente en dedans un épaississement bien marqué, et en de- hors des impressions d’écailles analogues à celles que nous venons de décrire. Cet os demande également à être étudié sur la PI. XI. Les pièces PI. IX, fig. n, o et p, sont des pièces du pourtour de la carapace. La pièce p parait être la pénultième gauche. La pièce o pourrait être l’antépénultième gauche. La pièce # la précède immédialement dans la série du côté droit. Elles rap- pellent les formes des Testudo par leur allongement et montrent que le bord de la ca- rapace a été grand et un peu relevé. La ligne qui correspond au bord des écailles cos- tales rappelle davantage les caractères des émydes, car elle passe à une distance appréciable de la suture, quoique cependant cette distance soit plus petite que dans la plupart des espèces vivantes. La pièce figurée PI. IX et XI, g, parait être la dernière pièce marginale paire gau- che. Ses deux bords latéraux ne sont pas parallèles, en sorte que son bord libre est plus large que son bord interne, ce qui indique que la pièce marginale impaire posté- rieure était, au contraire, plus étroite en arrière qu’en avant. RÉSUMÉ DES CARACTÈRES DE LA CARAPACE. La carapace de cette espèce nous paraît présenter une série de caractères assez particuliers que nous pouvons résumer comme suit: Cette carapace était bombée, avec son bord antérieur, et surtout son bord postérieur relevés; ses flancs étaient presque verticaux et séparés de la face inférieure par une carène très-obtuse; sa plus grande largeur a dû correspondre à l’échancrure fémorale. Les pièces ver- tébrales sont assez grandes et séparées les unes des autres par des lignes VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 107 un peu arquées en arrière; les pièces de numéro pair sont hexagones; leurs bords latéraux étant composés de deux côtés droits dont l'antérieur est petit et le postérieur grand. Les pièces impaires sont plus irrégulières; leurs bords latéraux sont formés de quatre lignes résultant d’une sorte d’échan- crure rentrante dans leur milieu; la première pièce vertébrale est incon- nue. Les pièces costales s'unissent toutes avec deux vertébrales, comme chez les émydes, celles de numéro pair par deux facettes, celles de numéro impair par quatre; les premières vont en s’élargissant du côté des pièces marginales, celles de numéro impair, au contraire, s’amineissent vers ce même côté. Les pièces marginales sont en général grandes, surtout celles des flancs, ressemblant sous ce point de vue à leurs analogues chez les tor- tues de terre. Le plastron devait être soudé à la carapace dans une assez grande étendue. La première écaille vertébrale est formée latéralement par deux bords droits qui convergent un peu en arrière; son bord antérieur présente deux côtés également droits, qui se réunissent en avant sous deux angles très-obtus; sa longueur égale à peu près sa plus grande largeur, qui est à la partie antérieure. Les trois écailles suivantes sont plus larges que longues, hexagones; leurs angles latéraux sont très-obtus. La nuchale man- que. La ligne de séparation des écailles costales et des marginales passe sur les pièces marginales en dehors de la suture, mais à une petite distance d'elle. La plus grande distance entre cette ligne et la suture paraît être en avant, et la plus petite sur les flancs; elles ne coïncident nulle part. $ IF. Plastron. (PI. X et XII.) De même que nous avons cru pouvoir associer un certain nombre de pièces pour reconstituer la carapace, de même nous nous croyons autorisés à en réunir cinq pour composer le plastron. Elles présentent entr’elles une grande analogie dans leurs dimensions et notamment dans l'épaisseur. Elles offrent toutes, en outre, le caractère remarquable d'indiquer l'existence darticulations mobiles, dont la dentelure et l’organisation sont singulière- ment concordantes. Ces articulations paraissent avoir existé en avant et en arrière, de manière à former deux battants séparés par une région médiane fixe. 108 PALÉONTOLOGIE SUISSE. La première de ces pièces (PI. X et XII, a) nous parait résulter de la réunion des épisternaux et de l’entosternal; toutefois les sutures de ces os n’y sont pas visibles. Celte pièce forme un demi-cerele presque régulier, son bord postérieur correspondant au diamètre; sauf que les deux angles postérieurs sont arrondis, de manière à dimi- nuer la longueur de ce même bord. A la face interne (PI. XII), on remarque les pro- tubérances ordinaires de l’entosternal., Le bord postérieur est taillé en double biseau, plus large et plus régulier sur la face externe ou inférieure : il rappelle tout à fait les articulations mobiles du plastron des tortues vivantes Cette pièce a été recouverte par quatre écailles. Les gulaires sont triangulaires; leur angle postérieur, qui, pour chacune d'elles, est d'environ 60 degrés, est situé un peu en arrière du milieu; elles se réfléchissent à la face interne en formant un bord assez large. Les humeérales sont plus grandes et forment à la face interne un bord plus étroit. atténué en arrière. Les pièces figurées PI. X, à et #”, et PL XII, #, ont appartenu l’une à l’hyposternal gauche, l’autre à l’hyposternal droit. Elles correspondent à l’angle externe et postérieur de cet os. Leur bord postérieur est marqué d'une rainure en dehors de laquelle est un bourrelet lisse, et, en dedans une ligne dentelée, suivie sur la face interne d’un bi- seau très-prononcé indiquant encore une articulation mobile. Ce bord se termine laté- ralement par un épaisissement qui correspond au bord interne de l’échancrure fémo- rale et qui porle une facelte vblique incomplétement conservée. Les pièces figurées PI. X, « et c', et XIL, c, représentent la plus grande partie des deux xiphisternaux. Ces os sont remarquables par le grand épaississement de leur bord libre, qui, vu à la face interne ou supérieure, forme une colline élevée dont la pente extérieure est inclinée d'environ 45° sur le plan général de l'os, et parait s'être em- boité d’une manière exacte dans la carapace. A la face externe ou inférieure, ce même bord se relève également au-dessus de la surface de l'os, mais par une courbe régu- lière et beaucoup moins prononcée; il forme une carène marginale tranchante. Il en résulte que la région xiphisternale présente sur cette face externe une concavité assez profonde et diffère, sous ce point de vue, de tout ce que nous connaissons. Le bord antérieur est assez épais et laillé en un double biseau, dont les faces, inclinées à 45° par rapport au plan général de l'os, se rencontrent sur une ligne médiane dentelée qui a dù être reçue sur son analogue des hyposternaux. Cette pièce a été recouverte par les écailles fémorales et anales. Ces dernières sont triangulaires avec leur bord li- bre arrondi; l'angle antérieur de chacune d'elles est d'environ 40°. Leur bord antérieur forme, en arrivant vers le pourtour, une petite sinuosité dirigée en avant. A la face interne elles se replient jusqu'au sommet de la colline où leur bord a laissé une im- pression profonde. Les écailles fémorales sont plus grandes que les anales et se termi- nent à la face interne en continuant la même impression que les précédentes. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 109 RÉSUMÉ DES CARACTÈRES DU PLASTRON. Si lassociation des pièces telle que nous l'avons supposée est bien exaëte, ce plastron présente une réunion de caractères qui le distinguent de tous ceux que lon connaît dans la na- ture vivante. Il présente deux battants mobiles comme les Cinosternes et quelquefois les Staurotypes. Le battant antérieur, qui n’est recouvert que par quatre écailles, n’a son analogue que chez un seul genre de tortues de terre, les Cinyxis, dans les- quelles le reste du plastron est tout d’une pièce. Dans les genres de la fa- mille des Elodites, qui sont caractérisés par un battant antérieur, celui-ci est toujours recouvert d'au moins six écailles. On peut résumer ses caractères comme sui : Plastron composé de trois parties: une médiane fixe, une antérieure et une postérieure mobiles. Partie antérieure semi-circulaire, formée des épisternaux et de l’entosternal, et recouverte de quatre écailles, les gulai- res et les humérales. Partie médiane probablement soudée à la carapace et composée des hyosternaux et des hyposternaux, qui ont dû atteindre des dimensions considérables ; elle est recouverte de quatre écailles, les pecto- rales et les abdominales. Partie postérieure formée par les xiphisternaux, dont la face inférieure ou externe est concave et dont les bords fortement épaissis ont dû s’emboîiter exactement dans la carapace. Ils étaient recou- verts de quatre écailles, les fémorales et les anales. $ III. Discussion sur l'association du plastron et de la carapace. Ici se présente une question difficile. Ce plastron doit-il être associé à la carapace que nous avons décrite plus haut, ou a-t-1l appartenu à une autre espèce? Nous avons adopté la première hypothèse par les motifs suivants : 1° En réunissant en une seule carapace les pièces nombreuses que nous avons décrites ci-dessus, nous avons dû admettre comme probable que la même espèce avait laissé dans le même gisement des débris de son plastron. 2° Les pièces du plastron concordent complétement avec celles de la ea- rapace pour leurs dimensions. Elles indiquent des proportions détendue qui rendent cette hypothèse très-probable. L'épaisseur des hyposternaux concorde parfaitement, dans leurs parties latérales, avec celle des pièces marginales de la carapace. 110 PALÉONTOLOGIE SUISSE. 5° Les impressions des bords des écailles sont remarquablement identi- ques sur toutes ces pièces. Elles forment comme un petit canal à bords re- levés et minces, assez différent de ce que l’on observe chez toutes les autres espèces. 4° La réunion du plastron et de la carapace fournit un ensemble de ea- ractères génériques assez concordants. Toutefois, nous devons ajouter un motif d’hésitation. On a trouvé dans le même gisement un fragment d'un autre plastron de taille analogue et des débris d’une autre carapace qui à dû elle-même avoir un battant mo- bile. Dans le cas où ces pièces que nous décrivons plus bas devraient mo- difier notre manière de voir, nous attachons le nom générique de Dithyros- ternon au plastron que nous venons de décrire et qui forme certainement un {ype nouveau. $ IV. Affinités génériques. Notre tortue doit-elle être rapportée à la famille des Chersites ou à celle des Elodites? Nous penchons pour la première hypothèse, tout en recon- naissant l'existence de quelques caractères contradictoires. L’ignorance où nous sommes sur les formes des pattes nous prive du seul document qui soit complétement décisif dans une question de cette nature. Les arguments que l’on peut donner pour la rapprocher des Chersites sont les suivants: 1° La forme générale de la carapace est tout à fait celle de ce groupe. La forte courbure et la hauteur des pièces marginales des flancs trouveraient difficilement leurs analogues dans le groupe des Elodites. 2° La disposition alternante des pièces vertébrales, ou la différence qui existe entre celles de numéro pair et celles de numéro impair ne se trouve que chez les tortues de terre. 5° La longueur de la soudure du plastron et de la carapace fournit des résultats analogues. 4° L’épaisseur remarquable des deux battants du plastron, surtout du battant postérieur, s’accorde mal avec les formes connues des Elodites. Quelques caractères, ainsi que nous l'avons dit, Semblent fournir un ré- sultat inverse. Ils prouvent seulement, suivant nous, que cette espèce re- VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 111 marquable format entre les deux familles une sorte de transition qui paraît manquer à la nature actuelle. Ces caractères sont les suivants : 1° Chaque pièce costale s'articule avec deux vertébrales. 20 La ligne de séparation des écailles marginales et des écailles costales ne coïncide nulle part avec la suture, et quoiqu'elle en soit peu distante, ainsi que nous l'avons dit, elle est toujours située en dehors d'elle. La forme des pièces costales ne peut fournir d'arguments décisifs ni pour lun ni pour l'autre de ces rapprochements. Celles de numéro pair s’élar- oissent et celles de numéro impair deviennent plus étroites vers leur extré- mité marginale; mais cette inégalité reste dans des conditions intermé- diaires. Elle n’atteint pas les différences de dimension qu’on remarque chez les tortues de terre vivantes et dépasse celles qui existent ordinairement chez les émydes. Si nous comparons celte tortue avec les différents genres caractérisés par un plastron plus ou moins mobile, nous lui trouvons peu d’analogie avec ceux qui font partie de la famille des Elodites. Il faut, en particulier, ex- clure complétement de la comparaison le genre Cistudo, dans lequel Le plas- tron est composé de deux battants mobiles sur une seule charnière, en sorte qu'il n’y à point de partie fixe. Les Sfaurotypes, les Sternothères et les Ci- nosternes ont, comme notre genre, le milieu du plastron fixe et soudé à la carapace. Dans les premières il y à un battant mobile antérieur et la partie postérieure est fixe. Les Cinosternes, et quelquefois les Staurotypes, ont un battant antérieur et un postérieur, et, sous ce point de vue, sont ceux qui se rapprochent le plus des Dithyrosternon. Mais lanalogie s'arrête là, et les trois genres vivants que nous venons de citer se distinguent facilement du venre fossile par leur aplatissement, par le peu de hauteur des écailles mar- ginales et, en général, par l'ensemble de leur forme qui les classent évidem- ment dans les Elodites. Ils ont d’ailleurs tous trois une disposition très- différente des écailles sternales; le battant mobile en porte trois paires, les oculaires, les brachiales et les pectorales, tandis que dans le Dithyrosternon il n’en porte que deux paires, et que les pectorales se trouvent sur la région fixe. | Le Dithyrosternon a bien plus d'analogie avec le genre Pyxis de la fa- mille des Chersites, soit dans sa forme générale, soit dans la solidité des 112 PALÉONTOLOGIE SUISSE. pièces du plastron, soit dans la disposition des écailles sternales, le battant mobile antérieur ne portant dans ces deux genres que deux paires d'écail- les; mais les Pyxis ont la partie postérieure du plastron immobile. Nous re- srettons de ne pas avoir pu faire une comparaison complète de ces deux genres; nous ne connaissons pas le squelette des Pyxis et nous ne pouvons pas savoir, par conséquent, s'ils ressemblent aux Dithyrosternon dans la disposition des pièces vertébrales et costales. Nous ne pouvons ajouter aux caractères différentiels fournis par le double battant du Dithyrosternon, que quelques circonstances accessoires, telles que le singulier épaississement marginal des xiphisternaux et l'absence d’écaille nuchale. ART. 2. Descriphon de deux pièces qui paraissent avoir appartenu à une carapace à battant. (PL. XIII, fig. 2 et 3.) MM. Gaudin et De la Harpe ont trouvé au Mauremont deux pièces qui appartiennent évidemment à une carapace, mais qui ne peuvent être asso- ciées à celles que nous avons décrites plus haut. Ce sont des fragments de pièces costales reconnaissables par les extrémités libres des côtes, qui ont dû s’insérer dans des cavités correspondantes des pièces marginales. Ces extrémités sont courtes et ont dû être complétement cachées dans la cara- pace, qui ne présentait probablement aucune lacune. Ce qui donne un intérêt particulier à ces pièces, c’est que l’une d'elles (fig. 5) présente parallèlement aux côtes un double biseau tout à fait iden- tique à celui qui caractérise les articulations mobiles du plastron. Il est donc probable qu’une des extrémités de la carapace, vraisemblablement la postérieure, a été mobile comme dans le genre vivant des Cinixys. ART. 5°. Description d'un fragment de plastron. (PL. XIIL, fig. 1.) Cette pièce est une partie d’un xiphisternal appartenant à un tout autre type que ceux que nous avons décrits plus haut. IL faisait partie de la ré- gion terminale interne du xiphisternal droit. Il est très-peu épais; son bord VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 1135 ne forme qu'un faible bourrelet, et il a appartenu à un plastron terminé par une échancrure large et peu profonde, dont les bords presque droits se ren- contrent sous un angle de 125 degrés. On ne peut point juger de la forme de Pécaille fémorale; Fécaille anale est très-courte, beaucoup plus large que longue. ART. 4. Description de quelques fragments que l'on peut rapporter a une pelile Emyde. (PIX RG AE SE 1° Pièces de la carapace. Nous avons eu entre les mains quatre pièces qui ont évidemment appartenu à une émyde de petite taille, remarquable par des os très-minces. La pièce figurée PL XIL, fig. 4, est une côte de numéro pair du côté droit; elle S'articulait aux pièces vertébrales par une longue facette anté- rieure et une courte postérieure. Son autre extrémité présente la trace d’une pointe libre de la côte et un bord droit. Sa largeur est presque la même dans toute son étendue, et la ligne de séparation des écailles costales la coupe à peu près par le milieu, en étant toutefois un peu oblique en avant. Les pièces figurées PL XI, fig. 5 et 6, sont des pièces marginales du milieu des flancs. Elles montrent que la carapace avait une carène très- marquée. Les deux faces se rencontrent sous un angle de 65 degrés. La li- one de séparation des écailles costales et marginales passait presque sur leur bord interne. La pièce figurée PL. XIIE fig. 7, est une pièce marginale que nous ne pouvons rapprocher d’une manière certaine d'aucune des pièces précédem- ment décrites. Elle à appartenu à une émyde, et peut-être à la même espèce que la pièce précédente. 2° Fragment de plastron (PI. XIHL, fig. 8). Cette pièce est un xiphisternal du côté droit, très-mince, et remarquable par la sinuosité de son bord ex- terne profondément échaneré vers le tiers antérieur. On ne distingue pas nettement la trace de la séparation des écailles fémorales et anales. Ses dimensions semblent le rapprocher des pièces représentées dans les fig. 4-6, el il est probable qu'il a appartenu à la même espèce. Nous ne pourrions toutefois en fournir aucune preuve directe. 15 114 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Arr. 5°. Côle d'une tortue de terre. La fie. 9 de la PI. XIE, qui est celle d'une côte de numéro impair, paraît avoir appartenu à une tortue de terre. Elle est beaucoup plus épaisse que celle de la fig. #, et son épaisseur surpasse même notablement celle qu’on remarque chez la Testudo græca. Elle S'articulait avec la pièce vertébrale correspondante par trois facettes, dont la médiane était longue. À sa sur- face externe elle présente des stries très-marquées correspondant aux lignes d’accroissement de lPécaille. À sa face inférieure, [a côte se relève un peu en se rapprochant de l'articulation avec les pièces marginales. EXPLICATION DES FIGURES. (Toutes les pièces sont fiqurées de grandeur naturelle). PL. IX. Carapace du Dithyrosternon valdense. Pictet et Humbert. vue en dessus. PL. X. Face inférieure de la même espèce, représentant le dessous de la carapace et du plastron. PI. XI. Pièces de la carapace de la même espèce. a. Face inférieure de la pièce nuchale. l. Série de trois pièces marginales gauches appartenant à la région par laquelle la carapace est soudée au plastron. m. Pièce marginale gauche qui continue en arrière la série précédente, et qui correspond à l’échan- crure fémorale. m'. La même, vue par sa face postérieure m'". La même, vue par sa face antérieure. n. Pièce marginale droite, située en avant de l'antépénultième, vue en dessous: n'. La même, vue par sa face antérieure. p. Pénultième pièce marginale gauche, vue en dessous. p'. La même, vue par sa face antérieure. (Les lettres de cette planche désignent les mêmes pièces que dans la PL. IX\. PI. XIT. Pièces du plastron de la même espèce. a. Battant antérieur, vu en dessous. al. Portion de l’articulation de cette pièce avec la partie fixe du plastron. b. Surface d’articulation de l’hyposternal droit avec le xiphisternal. c. Xiphisternal droit. vu en dessous. c'. Le même, vu par sa tranche. «?. Surface d’articulation du même os. (Les lettres de cette planche désignent les mêmes pièces que dans la PL. X). PI. XII. Fig. 1. Portion du xiphisternal droit d’une grande espèce d'émyde. p. 112 Fig. 2. Fragment d'une pièce costale de la carapace, attribuée à une Cénixys, p. 112. Fig. 3. Fragment d’une autre pièce de la carapace. appartenant probablement à la même espèce: a, vue par sa face interne: b, surface articulaire montrant que la carapace avait un battant mobile. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 115 Fig. 4. Pièce costale droite de numéro pair d’une petite émyde, p. 113: 4, vue en dessus: b, vue en dessous: €, vue par sa tranche. Fig. 5 et 6. Pièces marginales du milieu des flancs, appartenant probablement à la même espece: 4, vues par leur face externe : b, vues par leur tranche. Fig. 7. Pièce marginale d'une petite émyde qui se rapporte probablement aussi à la même espèce : «. vue en dessus: b, vue par sa tranche. Fig 8. Xiphisterual droit d'une petite émyde qui pourrait encore appartenir à la même espèce. Fig. 9. Pièce costale droite de numéro impair d'une petite tortue de terre, p. 114: «, vue en dessus. b, vue en dessous; €, vue par sa tranche. 116 PALÉONTOLOGIE SUISSE. RÉSUMÉ GÉNÉRAL. Catalogue des Vertébrés observés jusqu'à ce jour dans les dépôts sidérolitiques du Canton de Vaud. CLASSE DES MAMMIFÈRES. Ordre des PACHYDERMES. PALÆOTHERIUM MEDIUM, Cuvier, p. 28, pl. 1, fig. 1 à 3. Mâchoire supé- rieure, mâchoire inférieure, dents isolées et omoplate. Musée de Lausanne. Trouvées par MM. Gaudin et De la Harpe. PALÆOTHERIUM CURTUM, Cuvier, p. 50, pl L, fig. 4 et 5. Divers débris de mâchoires. Musée de Lausanne. MM. Gaudin et De la Harpe. PLAGIOLOPHUS MINOR, Pomel (Palæotherium minus, Guvier), p. 55, pl. HE. Mâchoires supérieures et inférieures et plusieurs os des membres. Musée de Lausanne. MM. Gaudin et De la Harpe. RHAGATHERIUM VALDENSE, Pictet, p. 45, pl. HI. Mâchoire supérieure. Mà- choire inférieure adulte et jeune. Musée de Lausanne. — Une molaire iso- lée, fig. 5, provient de la brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. HYRACOTHERIUM SIDEROLITHICUM, Pictet, p. 55, pl. IV, fig. 1 à 4. Frag- ment de la mâchoire supérieure. Brèche de Saint-Loup. M. le professeur de Morlot. OPLoTHERIUM, Sp., p. 64, pl. IV, fig. 10 à 12. Mâächoire inférieure. Musée de Lausanne. MM. Gaudin et De la Harpe. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 11417 DicHogune Campicnn, Pictet, p. 57, pl. IV, fig. 5 à 9. Mâchoire infé- rieure. Crevasse près l'hôtel du Tunnel. Collection de M. le D' Campiche. DicHOBUNE, espèce voisine du D. cervinum, Owen, et un peu plus grande que lui, p. 66, pl. IV, fig. 15 à 15. Dents isolées. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. DicHoBunE, espèce plus petite, p. 68, pl. IV, fig. 16 et 17. Dents isolées. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. DicHogune, espèce plus petite encore, p. 68, pl. IV, fig. 18. Une seule dent. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. Ordre des CARNASSIERS. AMPHICYON, espèce de la taille du Couguar, p. 69, pl. V, fig. 1 à 5. Dents isolées. Crevasse près l'hôtel du Tunnel. Collection Campiche. Il faut peut-être lui rapporter la phalange p. 75, pl. V, fig. 8. Même o1- sement. CyNoboN, espèce probablement nouvelle de la taille du C. lacustris, Ger- vais, et du groupe des Cynodctis, p. 75, pl. V, fig. 6 et 7. Dents isolées. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. Il faut peut-être lui rapporter un métarcapien de Pindex, p. 76, pl. V, fig. 12. Même gisement. CARNASSIER indéterminé de la taille de lOcelot, p. 75, pl. V, fig. 9, 10 et 11. Débris du pied antérieur. Brèche de Sant-Loup. M. le prof. de Morlot. Ordre des CHEIROPTÈRES. VEsPERTILIO MorLorr, Pictet, p. 77, pl. VE fig. 1 à 10. Mächoires infé- rieures et os des membres. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. 118 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Ordre des RONGEURS. THERIDOMYS SIDEROLITHICUS, Pictet, p. 81, pl. VL fig. 11, 12 et 15. Mà- choire supérieure et mâchoire inférieure. Crevasse près de Phôtel du tunnel. Collection de M. le Dr Campiche. — Deux dents isolées provenant dun des autres gisements du Mauremont. Musée de Lausanne. SciURUS, sp., p. 86, pl. VE, fig. 14. Mächoire inférieure. Brèche de Saint- Loup. M. le prof. de Morlot. On doit peut-être associer à ce genre les dents incisives p. 88, pl. VE, fig. 16. Musée de Lausanne. SPERMOPHILUS? Sp., p. 87, pl. VE, fig. 15. Dents de la mâchoire inférieure. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. CLASSE DES REPTILES. Ordre des SAURIENS. CROCODILUS HASTINGSLE, Owen, p. 89, pl. VEL Fragments du crâne, dents, vertèbres, écussons osseux. Musée de Lausanne. Trouvés par MM. Gaudin et De la Harpe. — Des vertèbres proviennent de la brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. LACERTA, espèce de la taille du L. agihis, p. 92, pl. VU, fig. L, a, 6, c. Mächoire inférieure. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. PLACOSAURUS RUGOsUS, Gervais, p. 95, pl. VILL fig. 2, a, b, c, d. Deux corps osseux faisant partie de la plaque qui recouvrait la tête. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. SAURIEN d'espèce perdue, appartenant probablement au groupe des /qua- mens, p. 9%, p. VHIL, fig. 5 à 7. Os ptérygoidien et os des deux mâchoires. Musée de Lausanne. MM. Gaudin et De la Harpe. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 119 Ordre des OPHIDIENS. PYTHON, espèce de 5 4 à 5 !, mûtres de long, p. 98, pl. VIIL fig. 8, a, b, c. Vertèbre du milieu du corps. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. PyrHon ou PALERYX, espèce plus petite que la précédente, p. 99, pl. VE, fig. 9 et 10. Vertèbres. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. Ordre des CHÉLONIENS. DITHYROSTERNON VALDENSE, Pictet et Humbert, p. 102, pl IX, X, XI el XIT. Pièces nombreuses de la carapace et du plastron. Recueillies par MM. Gaudin et De la Harpe. Musée de Lausanne. Cinixs°? sp. Pièces de la carapace indiquant un battant mobile sur cette région, p. 112, pl. XHE, fig. 2 et 5. Même origine. Emys, grande espèce, fragment de plastron, p. 112, pl. XIE, fig. 1. Même origine. i Emys, espèce de petite taille, p. 115, pl. XIEE, fig. # à 7. Pièce costale, pièces marginales et xiphisternal. Même origine. Tesrupo, petite espèce, p. 11%, pl. XIE, fig. 8. Pièce costale. Même origine. = —5——— EXPLICATION DES PLANCIES. PI. I. Fig. {. Série des molaires de la mâchoire supérieure {côté droit) du Palæotherium medium, Cuvier. Fig. 2. Extrémilé antérieure de la mâchoire inférieure de la mème espèce : u, vue en dessus; d, vue en dessous; €, vue de profil. Fig. 3. Portion de l'omoplale de la même espèce. IJENNE L'ex PALÉONTOLOGIE SUISSE. Fig. 4. Les cinq dernières molaires de la màchoire supérieure {côté droit) du Palæotherium curtum, Cuvier. Fig. 5. Branche horizontale de la mächoire inférieure de la même espèce : a, vue de profil; b, série des dents vues par leur surface de triluration. Toutes ces figures sont de grandeur natürelle. Toutes les figures de cette planche se rapportent au Plagiolophus minor, Pomel (Palæotherium minus, Cuvier). Elles sont toutes de grandeur naturelle. Fig. 1. Série des molaires supérieures {côlé droit}: a, vues en dehors; b, vues par leur surface de triluralion. Fig. 2. Portion antérieure de la màchoire inférieure : a, vue en dessus; b, vue de profil. Fig. 3. Fragment de l'extrémité antérieure de la même mâchoire. Fig. 4. Série des dents molaires de la mâchoire inférieure, à l'exception de la quatrième, vues par leur surface de triluration. Fig. 5 et 6. Deux molaires supérieures à des degrés d'usure différents. Fig. 7. Cinquième molaire inférieure commençant à s’user : 4, vue par sa face exlerne; b, en dessus; €, par sa face interne. Fig. 8. La même dent avant qu’elle soit usée et avant le développement de la racine : 4, vue par sa face externe; D, en dessus; €, par sa face interne. Fig. 9. Partie inférieure de l'humérus: a, vue en avant; b. vue de profil. Fig. 10. Portion du carpe et du métacarpe du côté droit où l’on voit (outre le semilupaire au trait}, le pyramidal, le scaphoïde, Vos crochu, le grand os et le mélacarpien médian. Fig. 11. Os semilunaire du côté gauche. Fig. 12. Doigt médian: a, vu de profil; 6 vu en avant. Fig. 13. Doigt latéral fannulaire): a, vu de profil; , vu en avant. plieation des autres planches a été donnée à la fin de chaque article. L'explication de la planche 3 se trouve p. 53. » » 4 » p. 57 et 64. » » 5 » DS M5 etu6: » » 6 » p- 81, 84, 86 et 88. » » 7 » p- 92: » “ 8 » p. 93. 98 et 101. L'explication des planches 9, 10, 14, 12 et 13 relatives aux Chéloniens se trouve à la page 114. MATÉRIAUX PALÉONTOLOGIE SUISSE publiés par F.-J. PICTET. nn to MONOGRAPHIE CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE F.-J. PICTET el Auoïs HUMBERT ZONSERVATEUR DU MUSEE D HISTOIRE NATURELLE. GENEVE J. KESSMANN, LIBRAIRE, RUE DU RHONE. IMPRIMERIE JULES FICK, RUE DES BELLES-TILLES. ur FR EM 7 te « LA dE MONOGRAPHIE DES CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE PAR MM. K.-J. PICTET ET A. HUMBERT. PRÉFACE. Les auteurs qui se sont occupés de la géologie et de la paléontologie de: la Suisse ont signalé, à diverses reprises, des débris fossiles de tortues. Quelques-uns de ces débris ont été décrits, mais d’une manière plus ou moins insuffisante; la plupart et les plus remarquables sont encore inédits. Nous avons cherché à combler cette lacune, soit en décrivant tous les mor- ceaux que nous avons pu nous procurer, soit en réunissant les documents épars dans divers auteurs sur les fragments que nous n'avons pas pu voir nous-mêmes. La première partie de cette tâche nous a été plus facile que la seconde, orâces à la complaisance de plusieurs collecteurs ou naturalistes, auxquels nous nous faisons ici un devoir et un plaisir de témoigner notre sincère reconnaissance. Le Musée de Winterthur, MM. Arnold Escher de la Linth, Gaudin, Ph. De la Harpe, le ministre Conod, R. Blanchet, Nicolet, nous ont fourni les échantillons principaux qui sont figurés dans ce mémoire. Les directeurs des Musées de Berne et de Fribourg, les héritiers de M. le 1 D PALÉONTOLOGIE SUISSE. docteur Mayor, M. de Morlot, etc., ont aussi mis à notre disposition quel- ques pièces intéressantes. Nous avons pu ainsi décrire et figurer plusieurs espèces nouvelles dont quelques-unes sont admirablement bien conservées. Parmi les fragments que nous n’avons pas pu voir nous-mêmes, il en est sur lesquels nous avons recueilli des données précieuses, grâces à la complaisance de M. H. de Meyer, qui nous à communiqué quelques dé- tails inédits. Il en est malheureusement d’autres qui n’ont pas pu être re- trouvés et qui ne sont connus que par des documents insuffisants. Une partie des tortues indiquées par le chevalier Bourdet de la Nièvre sont dans ce cas. Nous n'avons pas pu découvrir, pour quelques-unes de ses espèces, si les échantillons existent encore et dans quelles collections ils sont con- servés. La même incertitude existe pour quelques fragments cités par des auteurs plus anciens. Nous avons limité notre travail à la mollasse suisse, en y comprenant tou- tefois les calcaires d’eau douce et les lignites qui font partie du même sys- tème géologique. Ces dépôts, qui forment un ensemble bien caractérisé, représentent en Suisse les terrains tertiaires moyens et supérieurs. Le com- mencement de l’époque tertiaire a vu se former des gisements qui sont bien distincts de la mollasse; ainsi nous excluons de notre travail le terrain nummulitique et les dépôts sidérolithiques éocènes. Le premier à fourni une seule tortue, la Chelonia Knorri, Gray, qui est aussi bien connue ! que le permet la conservation du seul échantillon qui ait été étudié. Les dépôts sidérolithiques du canton de Vaud contiennent des débris plus nombreux, dont la description fait partie du Mémoire sur les animaux vertébrés trouvés dans le terrain sidérohithique du canton de Vaud, publié dans la Paléontologie suisse, par MM. Pictet, Gaudin et De la Harpe. Nous devons, avant que d'aborder les descriptions, dire quelques mots des travaux antérieurs aux nôtres et donner quelques détails sur les gise- ments où l’on a recueilli les matériaux qui nous ont servi de base. 1 Voyez surtout H. de Meyer, Palæontographica, T. IV. p. 86, pl. 16. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. (e1. $ I. INTRODUCTION HISTORIQUE. Le premier auteur qui paraisse avoir connu des tortues fossiles de l’é- poque tertiaire en Suisse, est Knorr !. Il a figuré, en 1755, la Chélonée des schistes de Glaris qui porte maintenant son nom; cette figure est très-dé- fectueuse. En 1775, G.-S. Grüner ? a indiqué l'existence de quelques fragments trouvés à Wynau, sur lPAar. Andreæ, en 1776, a représenté de nouveau la Chélonée de Glaris d’une manière un peu plus exacte. Il a également fait connaître un fragment de côte provenant de Berlingen, sur la rive sud-ouest du lac de Constance. On trouve dans cette localité un grès si riche en fossiles qu’on peut en tirer de la chaux; il contient quelques débris de tortues (note p. 58). On y trouve aussi, à ce qu'il parait (p. 55), un calcaire brun. C’est de ce dernier que provient la côte de tortue. Nous ne pouvons pas partager l'opinion d’An- dreæ, qui regarde comme probable son identité avec la tortue d’eau douce (Cistudo Europæa). La grande disproportion qui existe entre les deux ex- itrémités semble ne pouvoir s’accorder qu’avec une tortue de terre. Il ne se- rait même pas impossible que ce fût un fragment de la T. Escherr, Pictet et Humbert. | En 1789, le comte G. de Razoumowsky a figuré * quelques débris de Chéloniens du Mont de la Molière; mais il ne paraît pas avoir compris leur véritable nature et il les cile comme des omoplates, des sternum ou des os du crâne de poissons. < En 1805, le prof. Meisner a décrits quelques débris de vertébrés fossiles découverts dans la mollasse de Rappenflüh. Des fragments de tortues ont été trouvés dans la couche la plus profonde; mais aucun d’eux n’a été fi- guré ni décrit en détail. ! Sammlung von Merkwürdigkeiten der Natur, etc., Nurenberg, 1755, Folio, T. I. pl. 34. ? Schweiz. Miner., p. 103. % Briefe aus der Schweiz nach Hannover geschrieben, p. 53, pl. 9 et 16. Ces lettres ont été écrites en 1763 et publiées en 1776. Zurich et Winterthur, 4°. # Hist. nat. du Jorat, T. IL, p. 146, pl. 1-3. 5 Museum der Naturgeschichte Helvetiens, n° 9 et 10. 4 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Un travail plus important que les précédents est une Notice sur quatre nouvelles espèces de Reptiles chéloniens trouvés dans les grès-mollasse de la Suisse, par le chevalier Bourdet de la Nièvre, géologue voyageur. Ce mé- moire a été lu en Juillet 1825 à la Société helvétique des Sciences naturel- les, siégeant à Aarau. Il a été depuis lors connu par des extraits ! qui ne donnent qu’une idée très-incomplète des formes de ces quatre espèces. Le mémoire original est conservé manuscrit dans la bibliothèque de la Société helvétique, et il est un peu plus détaillé; toutefois, la brièveté des des- cripüions et l'absence de planches laissent beaucoup à désirer. Les deux espèces de la mollasse des environs d’Aarberg, qui n’en font probablement qu’une, sont conservées dans le Musée de Berne; nous avons figuré dans ce mémoire l'échantillon original de lEmys Wyttenbachi, Bour- det. Les os des membres attribués à une Chélonée, sous le nom de Ch. Meis- neri, paraissent avoir été ceux de l’espèce précédente. Les deux autres espèces provenant du Mont de la Molière n’ont pas pu être retrouvées. L'Emys Cordieri, Bourdet, faisait partie de la propre collec- tion de M. Bourdet. L’Emys de Fonte, Bourdet, appartenait au chanoine de Fontaine, qui a légué sa collection à la ville de Fribourg; nous l'avons vainement cherchée dans le Musée où cette collection a été déposée. M. Célestin Nicolet a découvert des émydes dans le calcaire d’eau douce de la Chaux-de-Fonds; son Mémoire a été publié en 1859 2. | Depuis lors on ne peut guères citer que les travaux de M. H. de Meyer 5, qui a eu entre les mains un grand nombre de fragments de la mollasse suisse. Quelques-uns sont brièvement décrits; la plupart sont seulement indiqués. Nous avons pu étudier une partie des échantillons même qui avaient été envoyés à M. H. de Meyer, et, en particulier, ceux qui sont conservés à Lausanne, dans la collection du Musée cantonal et dans celle de M. Rod. Blanchet. Nous avons eu aussi ceux qui proviennent de la Chaux-de-Fonds et qui nous ont été prêtés par M. C. Nicolet. Quelques autres fragments ! Kurze Uebersicht der Verhandl., etc., Aarau 1822, p 49, et Meisner, Annalen der allgem. Schweiz. Gesell- schaft, T. I, p. 19. ? Mém. Soc. d’hist. nat. de Neuchâtel, ©. I, p. L. ? Voyez surtout son mémoire Die fossilen Säugelhiere, Reptilien und Vogel aus der Mollasse Gebilden der Schwerz, Verhandl. der Schweiz. Natur. Gesellsch., Bâle 1838, p- 60, et Leonh. und Bronn Neues Jahrbuch, 1839, p. 1, Voyez aussi sa correspondance insérée dans le même journal, années 1837, 1838, 1839, 1843, 1845, etc. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. D nous ont manqué, et parmi eux ceux de la mollasse d’Argovie; mais M. H. de Meyer ! à eu la complaisance de nous transmettre lui-même quelques documents sur les espèces de ce gisement restés inédites, et principalement sur celles qu’il a nommées Emys Fleischeri et Emys Gessneri. M. Herman de Meyer a aussi décrit ? les Chéloniens d'OEningen dans la belle monographie consacrée à cette localité. $ II. INTRODUCTION GÉOLOGIQUE. Les gisements de la mollasse suisse et des terrains contemporains dans lesquels on a trouvé des tortues fossiles, sont les suivants : la mollasse du Vengeron, près Chambeisy (canton de Genève); les lignites et les mol- lasses des environs de Lausanne; la mollasse d’Yverdon; le Mont de la Mo- lière, près d'Estavayer; la mollasse du canton de Berne; celle du canton d'Argovie; les marnes d’eau douce de la Chaux-de-Fonds; la mollasse et les lignites du canton de Zurich, et le gisement célèbre d'OEningen. 1° Mollasse du Vengeron. Cette mollasse * appartient au terrain d’eau douce et est surtout visible au-dessus du pont construit sur le ruisseau nommé le Vengeron, pour la route de Lausanne à Genève. L'ensemble qui contient les rares fossiles qu'on a découverts dans cette localité n’a pas plus de deux mètres d’épais- seur, et est composé de couches horizontales qui recouvrent la mollasse rouge en superposition non parallèle. M. Necker y distingue en allant de haut en bas : 1° Une marne arénacée calcaire, d’un gris légèrement jaunâtre ou ver- dâtre, renfermant des moules détériorés d’'Unios, des Cylades, des Planor- bes, des Cypris et des Chara. 2° Des couches de marnes rouges et bigarrées semblables à celles de la 1 M. H. de Meyer nous a fait savoir en même temps qu'il se propose de décrire et de figurer ces espèces dans un des prochains cahiers du Palæontographica. ? Zur Fauna der Vorwelt, OEningen, Frankfurt am Main, 1845, folio. $ Necker, Etudes géologiques sur les Alpes, L. I, p. 424. 6 PALÉONTOLOGIE SUISSE. mollasse rouge, mais alternant, ce qui n'arrive pas à cette dernière, avec une marne argilo-calcaire. On y a trouvé un helix de la taille de l'Hehx nemoralrs. On a cité dans cette localité un fragment de tortue que nous décrivons plus bas. La couleur de la mollasse dans laquelle il est contenu montre qu'il a été probablement trouvé dans la couche supérieure. 20 Lignites et mollasses des environs de Lausanne. Les environs de Lausanne sont riches en mollasses, dont une partie ren- ferme des lignites exploitées. Les géologues vaudois sont d'accord avec M. Studer et M. Necker pour y distinguer plusieurs couches ! qui ont été formées par des dépôts d’eau douce successifs. Elles sont toutes inférieures à la mollasse marine, qui prend un grand développement au Mont de la Molière et dans le centre de la Suisse. Cette mollasse marine manque du reste aux environs immédiats de Lausanne et ne se retrouve que lorsqu'on s’avance vers le nord. Le gisement le plus rap- proché de la capitale du canton s’en trouve éloigné d’une lieue, aux carriè- res de Mont. Les couches d’eau douce, constituant l’ensemble de la mollasse de Lau- sanne, peuvent se distinguer comme suit, en allant de haut en bas : 1° La Mollasse proprement dite, nommée aussi la Mollasse grise 2. Elle est remarquable par sa puissance, qui atteint 580 mètres, et par sa posi- tion horizontale; elle est surtout développée aux environs de Lausanne. Ce système, d'après M. Zollikofer, se compose de couches principales d’un grès fin et quartzeux, quelquefois micacé et disposé en lits atteignant or- dinairement 15 mètres d'épaisseur, et de marnes bleuâtres feuilletées et humides, formant des banes qui varient de quelques centimètres à un mètre et demi, et qui alternent sans transition avec les couches de grès. On trouve ? Studer, Monographie der Mollasse et Geologie der Schweiz, T II; Necker, Etudes géologiques sur les Alpes, T. TI, p. 431; Zollikofer, Bulletin de la Société vaudoise des Sciences naturelles, ©. III, 1853, p. 204; Gaudin, idem , p. 247; De la Harpe, idem, T IV, p. 52; S. Chavannes, idem, p 21; Blanchet, idem, p. 85 ; Morlot, idem, p 84, et Actes de la Société helvétique des Sciences naturelles, Porrentruy 1853, p. 248; etc. ? Cette dernière dénomination n’est peut-être pas très-heureusement choisie, car la même couleur et la même apparence minéralogique se retrouvent dans des couches inférieures. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. { aussi des marnes tantôt tendres et en couches minces, tantôt dures et plus épaisses, d’une coloration variée. Cette mollasse proprement dite est caractérisée par les petits cerfs du oroupe des Palæomeryx, tels que le P. Scheuchzeri. On y a trouvé quelques Chéloniens et en particulier l'Emys Gaudim, Pictet et Humbert, la Cistudo Razoumowskyr, idem, et la Cistudo Morloti, idem, que nous décrivons plus loin. 2° La Mollasse à lignites, qui est composée d’un ensemble de couches très-feuilletées et très-nettes, se composant de mollasse marneuse grise, de marnes gris-bleuâtres, de calcaire bitumineux brun, de lignite schisteux, de marnes noires bitumineuses et de marnes bleues ou de grès à ciment marneux. Ces couches, qui sont surtout développées à Paudex, à la Conversion et à Rochette, renferment l’Anthracotherium magnum et ont fourni quelques espèces de Chéloniens que nous décrivons dans ce mémoire. 3° La Mollasse inférieure ou Mollasse rouge ‘, dans laquelle on trouve très-peu de fossiles et dont l’âge relatif n’a par conséquent pas pu être fixé d’une manière définitive. On y trouve le Daphnogene polymorpha, des débris de palmiers, ainsi que des feuilles indéterminables de Quercus, Ulmus, etc. On n’a encore cité aucun fossile animal de ce gisement. Ce système atteint 270 a 500 mètres. On pourrait encore distinguer deux divisions moins importantes, savoir: la Mollasse à gypse, qui atteint une puissance de 100 mètres, et la Hollasse à graines novres, qui en a de 50 à 40. Elles sont encore incomplétement connues, sont probablement placées entre la Mollasse à lignites et la Mol- lasse rouge, et nous intéressent peu ici, car elles n’ont fourni à notre con- naissance aucun vertébré fossile. Si on veut entrer dans plus de détails, on pourra trouver dans les travaux de M. de Morlot les éléments nécessaires pour subdiviser le N° 1, c’est-à-dire la mollasse grise proprement dite. Le tunnel creusé en arrière du château de Lausanne a montré les cou- ches suivantes, en allant toujours de haut en bas: 1 Le nom de Mollasse rouge n’est pas non plus à l'abri de toute critique, car il y a des couches rougeàtres dans les parties supérieures de l’ensemble. 8 PALÉONTOLOGIE SUISSE. a) Marne jaunâtre tachetée de bleu, 1". b) Mollasse marneuse, 1". c) Marne jaunâtre tachetée de rouge, 0", 5. d) Marne bleue schisteuse avec quelques helix et feuilles, 0m, 2. e) Marne jaunâtre, 1", 2. f) Marne schisteuse bleue, 0, 9, riche en fossiles végétaux. g) Marne terreuse brun chocolat, 1%. C’est dans cette couche qu'on & trouvé la Cistudo Morloti, un tronc d'arbre, un ruminant, des œufs d’oi- seaux et des helix. h) Mollasse marneuse, 2", 4, avec Daphnogene, Robinia, Sabal et Po- pulus, et contenant en fossiles animaux des débris d’un Rhinoceros. i) Grès mollasse, avec quelques débris végétaux. 3) Marne jaunâtre, 1", à fossiles rares. On cite le Sabal, le Palæomeryx Scheuchzeri, un insectivore et un petit pachyderme. k) Mollasse marneuse, 2», 1. On voit par ce qui précède que des Chéloniens ont été trouvés dans les deux grandes divisions que nous avons nommées mollasse grise ordinaire, qui est la supérieure, et mollasse à lignites, qui lui est inférieure. Il se pré- sente iei une question délicate. Ces deux divisions font-elles parties d’un seul et même système ou correspondent-elles à deux époques différentes. La première alternative est la plus probable, malgré les différences assez gran- des qui paraissent exister entre les faunes et les flores de ces deux gisements. Nous devons à la complaisance de MM. R. Blanchet, De la Harpe père et fils, et Gaudin, les renseignements suivants qui, joints aux documents im- primés, tendent à prouver que ces différences sont en grande partie dues à des modifications successives dans la nature du sol et dans celle des eaux qui ont couvert cette partie du canton de Vaud. : Les mammifères fossiles que lon y à trouvés semblent, au premier coup d'œil, fournir des résultats inverses, car l’Anthracotherium magnum parait appartenir exclusivement aux lignites, tandis que la mollasse grise a fourni des Rhinoceros, des Palæomeryx, etc., qui ne se retrouvent jamais dans les lignites et qui passent, au contraire, à la mollasse marine supérieure. Cette distribution des espèces semble d’abord indiquer une différence tranchée entre les deux époques; mais il faut remarquer que le nombre des CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 9 mammifères connus dans l’un et dans l’autre de ces gisements est encore très-peu considérable, et qu'il est bien difficile d'apprécier déjà la durée exacte des espèces. Il faut observer aussi que les recherches botaniques ont démontré que le gisement de Rochette a été probablement formé par un marais. Il est très possible que cette circonstance soit la seule cause du chan- gement de faune. L’anthracotherium paraît avoir vécu comme l’hippopo- tame sur le bord des eaux; il peut en conséquence n'avoir laissé des traces que dans les couches d’origine marécageuse, où on trouve ses dents mé- langées avec des émydes, des unios, etc. Rien ne prouve que sil y avait des couches semblables dans la mollasse grise on n’y trouvät pas les mêmes fossiles. Il est au contraire naturel que les Rhinoceros et les Palæomeryx n'aient pas recherché les marais tourbeux, et qu'on ne trouve par consé- quent pas leurs ossements mêlés avec ceux de l'Anthracotherium. Les mollusques de ces deux gisements sont encore trop mal connus pour fournir des résultats précis, mais l'étude de la flore fossile ! a au contraire révélé des faits nombreux qui semblent confirmer les conclusions précé- dentes. Si on compare la flore du tunnel de Lausanne avec celle de Rochette, on trouvera de grandes différences; ainsi sur dix-sept fougères (dix à Rochette et sept au Tunnel), il n’y en a qu’une seule commune aux deux gisements. Si on compare, au contraire, cette même flore du tunnel avec celle des poudingues, qui font probablement partie du système de la mollasse infé- rieure ou mollasse rouge, et qui, par conséquent, sont plus anciens ou au moins aussi anciens que les lignites, on trouvera des différences moins grandes. La flore des poudingues a 26 espèces sur 150, soit } qui se re- trouvent non-seulement au tunnel, mais à la limite supérieure de la mol- lasse grise. Elle a, d’un autre côté, 4 fougères sur 10 communes avec la flore de Rochette. Ces contradictions apparentes s'expliquent très-bien si Von fait intervenir la nature du sol et des eaux. Il est évident que les différences qui existent entre la flore des lignites et celle des mollasses proprement dites sont dues 1 Voyez surtout Heer, Flora tertiaria Helvetiæ, folio; Gaudin, Bibl. univ. de Genève, Archives, 1854, T. XXVI, p. 293 et Bulletin de la Société vaudoise des Sciences naturelles, 1853, T. III, p. 246. 2 24 10 PALÉONTOLOGIE SUISSE. en grande partie à la nature plus marécageuse du sol sur lequel ont vécu les espèces qui ont laissé leurs débris à Rochette ou à Paudex. Nous renvoyons d’ailleurs aux ouvrages que nous avons cités plus haut pour tous les détails de cette question et pour les explications qui ont été proposées. Ce que nous en avons dit suffit pour montrer que le gisement des lignites de Rochette et de Paudex renferme une faune sensiblement différente de celle de la mollasse grise; mais que les différences qui les sé- parent sont probablement dues en majorité à des accidents géographiques et à la nature du sol ou des eaux. Des recherches plus précises éclairciront une fois cette question. En attendant nous avons cru devoir ne point mélan- ger la description des espèces de ces deux gisements, afin de ne rien préju- ger sur leurs rapports. 3° Mollasse des environs d Yverdon. Cette mollasse, de laquelle nous possédons quelques fragments de Trionyx, paraît ! être contemporaine de la mollasse des environs de Lausanne et la continuation des couches d’eau douce du bassin du Léman. Elle appartien- drait donc à la même subdivision de l’époque miocène. 4° Mont de la Molière. Les dépôts marins du Mont de la Molière, près d’Estavayer, ont acquis une certaine célébrité. ? Ils sont supérieurs à la mollasse d’eau douce de Lau- sanne, sans toutefois qu’on puisse en inférer qu'ils doivent se rapporter à une autre époque. La mollasse y change de caractères minéralogiques; elle devient dure et est employée pour des meules de moulin. On peut estimer leur puissance à dix ou quinze mètres au plus. Les osse- ments de mammifères qu’ils renferment se rapportent tout à fait à l'époque miocène proprement dite. Ce sont en particulier > le Hastodon angustidens, Cuvier, le Rhinoceros incisious, id., le Palæomeryx Scheuchzeri, H. de Meyer, etc. 1 Studer, Geologie der Schweiz, T. IL, p. 414. NT Id. HE TE 1e En 2 TEL Id. T. II, p. 440. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 11 5° Mollasse des cantons de Berne et d'Argovie. Les principaux gisements dans lesquels on à cité des tortues fossiles ap- partiennent à la mollasse d’eau douce, qui paraît contemporaine de celle de Lausanne et caractérisée aussi par le Rhinoceros incisivus, Cuv., le Palæo- meryx Scheuchzeri, H. de Meyer, le P. minor, id., etc. Nous citons principa- lement : A. Le gisement de Rappenflüh, près d’Aarbere ‘, où l’on a trouvé, dans la mollasse marneuse, lEmys Wyttenbachi, Bourdet, avec le Palæomeryx Scheuchzeri, etc. B. La mollasse marneuse de l’Engi, près Berne, ? où l’on a découvert des restes indéterminables de Chéloniens, avec le Rhinoceros incisivus, le Palæo- meryx minor, V Hyotherium Meissneri, etc. C. La mollasse de Wynau, sur l’Aar, où Grüner a cité quelques débris aujourd'hui inconnus. D. La mollasse du Grüsisberg, près Thun, où on a recueilli une pièce costale que nous décrivons plus bas. E. La mollasse d’Aarau ‘, où ont été trouvées les Emys Fleischeri, H. de Meyer, et Gessneri, id., avec le Microtherium Renggert et le Palæomeryx minor. Quelques gisements moins importants appartiennent cependant à la mol- lasse marine, contemporaine de celle de la Molière. Ce sont les mollasses de Britinau et du Bucheckberg (Soleure) où on a trouvé quelques fragments de Chéloniens indéterminés. 6° Marnes d’eau douce de la Chaux-de-Fonds. La géologie de la Chaux-de-Fonds a principalement été étudiée par M. C. Nicoleté. Les couches tertiaires reposent sur le jurassique supérieur 1 Studer, Monogr. der Molasse, p. 293, et Geol. der Schweiz. T. II, p 420. 2? Studer, Geol. der Schweiz, T. II, p. 420. 3 Studer, Monogr. der Molasse, p. 295, # Studer, Geol. der Schweiz, T. IL p. 425. 5 Studer, Monogr. der Molasse, p. 304. 5 Mémoires de la Société des Sciences naturelles de Neuchâtel. T. II, p. 1. 12 PALÉONTOLOGIE SUISSE. et sur le néocomien et se présentent dans l’ordre suivant, en allant de haut en bas. 1° Le sol alluvial; 20 Une argile et un grès ou Lehm sans fossiles ; 3° La Marne à ossements qui renferme les Chéloniens que nous avons décrits, avec’ le Dinotherium giganteum, des cerfs du groupe des Palæomeryx ou de celuides Dicrocerus,un Rhinoceros,un Mastodonte,etavecle Lophmochærus Blainviller, Lartet, espèce qui, suivant M. Bayle, a eu des noms variés et qui est identique au Listriodon splendens, H. de Meyer, aux Calydomius trux et tener, id., au Tapirotherium Larteti, Gervais, au Listriodon Larteti, id., et au Tapi- rotherium Blainvillei, Lartet. Cette même espèce est celle qui, dans le Mé- moire de M. Nicolet, était désignée sous le nom de Lophiodon. Les mol- lusques fossiles sont des paludines, des lymnées et des planorbes; 4° Un calcaire d'eau douce, qui couvre le centre de la vallée, formant une bande qui la traverse dans toute sa longueur et s’épanouissant sur toutes les formations du bassin du Locle. Il renferme des paludines, des lymnées, des planorbes / Planorbis Prevostinus, Desh.), l'Anodon Lavateri? Bron- gniart, etc.; d° Une marne d'eau douce d’une puissance de 94 pieds, qui pourrait elle-même se subdiviser en cinq couches. On n’y a point trouvé de verté- brés fossiles ; 6° Une mollasse marine à dents de Lamna, qui se divise en quatre assises et qui n'a fourni aucun Chélonien fossile. La détermination de âge relatif de cette série de couches repose prinei- palement sur celle de cette dernière ou mollasse marine. Orles fossiles qu’on y a recueillis ne sont ni assez nombreux, ni assez bien conservés, ni surtout assez bien étudiés pour fournir une décision incontestable. Il est probable, d’après M. Studer, que cette mollasse est analogue à la mollasse tongrienne des environs de Délemont et du Porrentruy.? Dans cette région la mollasse et les calcaires d’eau douce se comportent de même qu’à la Chaux-de- ! Les déterminations indiquées dans le mémoire de M. Nicolet sont en grande partie fautives, car il faudrait admettre l'existence simultanée des hippopotames, des ours, des lophiodons, etc. M. H. de Meyer a déjà relevé une partie de ces erreurs. Une note de M. Bayle, qui vient de paraître dans le Bulletin de la Société géologique de France, 2me série, T. XIII, p. 24, apporte également plusieurs rectifications importantes. ? Voyez pour les terrains tertiaires de cette région le beau travail de M. Greppin publié dans les Mémoires de CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 13 Fonds; elles paraissent la continuation d’une même formation et conservent les mêmes positions relatives. Les marnes à ossements peuvent être rapportées avec une assez grande probabilité à l’époque miocène, soit à cause de leur position au-dessus de la mollasse tongrienne, soit surtout à cause de la présence du Dinotherium giganteum et du Lophochærus Blainvillei qui paraissent caractéristiques de cette période. C’est également l'opinion qui a été adoptée par M. Bayle dans la note dont nous avons parlé plus haut. 1° Mollasse et lignites du canton de Zurich et de l'Est de la Suisse. Les dépôts du canton de Zurich où l’on a trouvé des tortues paraissent supérieurs aux mollasses de l'Ouest de la Suisse”. Ils appartiennent à ce que M. Studer désigne sous le nom de formations d’eau douce supérieures. Il y a toutefois une légère divergence dans la manière dont MM. Studer et Escher envisagent leurs rapports avec les mollasses de l'Ouest de la Suisse. M. Studer considère la mollasse marine orientale comme un peu plus récente que la mollasse marine subjurassique ou muschelsandstein. M. Escher pense qu'il n’y a qu’une seule mollasse marine et qu’elle a été formée par une même mer comprise entre les Alpes et le Jura. Quelle que soit l'opinion que lon adopte, on arrive au même résultat sur la mollasse d’eau douce supérieure, qui est séparée de Pinférieure ou mol- lasse de Lausanne, de Berne, etc. par toutes les couches de mollasse ma- rine. Les gisements où l’on a cité des Chéloniens fossiles sont : 1° La mollasse des environs de Winterthur qui a fourni la belle tortue que nous avons dédiée à M. le prof. Arnold Escher de la Linth /Festudo Escheri). Elle a été trouvée dans les vignobles au nord de cette ville, dans un banc de grès mollassique épais de 4 à 5 pieds, recouvert par des grès la Société helvétique des sciences naturelles, 1855, ct une note de M. Hébert, Bulletin de la Société géologique de France, 1855, 27° série, T. XII, p. 760. 1 Arnold Escher de la Linth, Müttheilungen der Naturforschenden Gesellschaft, in Zurich. N°7, Mai 1847: Studer, Geol. der Schweiz, T. Il. p. 458 et 461. 44 PALÉONTOLOGIE SUISSE. marneux schisteux et des marnes rougeûtres. Les couches plongent de 5° vers le Sud ou le Sud-Ouest. Cet horizon correspond à peu près, suivant M. Escher aux couches où l’on a trouvé le Mastodon turicensis. 20 Les lignites d'Elgg qui sont probablement" contemporaines de celles de Käpfnach et des mollasses précédentes. On y a trouvé des fragments de cette même T'estudo Eschert. 3° La mollasse friable du Rôthel à un quart de lieue de Zurich, du côté du Nord. On y à trouvé un moule de tortue indéterminable. 4° Les dépôts de Berlingen, sur les bords du lac de Constance, qui pré- sentent une série de couches dans l’ordre suivant, en allant de haut en bas. a) Un calcaire concrétionné avec du sable épais d’un pied à un pied et demi, riche en Unio flabellatus, Goldfuss, avec des Helix, le Quercus chloro- phylla, le Populus latior, le Liquidambar europæum, le Platanus aceroides, etc. On y a trouvé quelques fragments de tortues. C’est probablement aussi de ce gisement que provient la côte figurée par Andreæ. b) Des marnes bigarrées, jaunes, rougeûtres et noirâtres et des couches couvertes de végétation formant près de cent pieds. c) Un calcaire d’eau douce d’une puissance de trois à quatre pieds. d) Un grès mollasse peu découvert et sans fossiles, atteignant environ deux cent pieds. e) Une couche marno-bitumineuse avec Populus latior, Podocarpus Knor- ru, elc. On y a trouvé quelques fragments de tortues peu caractérisés. f) Un grès mollasse semblable au n° d, descendant au-dessous du ni- veau du lac à une profondeur inconnue. 8° OEningen. Le calcaire d’eau douce d'OEningen repose sur une mollasse qui est pro- bablement contemporaine de celle qui existe dans tout l'Est de la Suisse. Ce calcaire a été déposé dans un lac dont les bords étaient probablement for- més par cette mollasse. 1 Dans l'hypothèse précitée de M. Studer, les lignites de Käpfnach et d'Elgg pourraient tout aussi bien ap- partenir à la mollasse inférieure qu'à la supérieure. Cette dernière alternative me paraît plus probable, puisque la T. Escheri les caractérise aussi. Les ligaites d'Uznach sont diluviennes. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 15 Les couches qui composent ce dépôt célèbre ! reposent sur une marne d’un bleu indigo et sont nombreuses. M. Karg à distingué vingt-une couches, M. Murchison onze et M. Tschudi dix-sept°. Voici les principales en allant de haut en bas: 1° Une couche de marne de 2 !> pieds sous la terre végétale. 20 Une couche nommée Mollengestein, épaisse de 5 pieds, sans fossiles. 3° Une couche qui a donné plusieurs poissons, 2 !;, pouces. 4° Une couche renfermant des Phryganes et des insectes d’eau, 3 lignes. 5° Une couche à insectes et végétaux, 2 pieds. 6° Une couche où on a trouvé l’Æomo diluvi testis (Andrias Scheuchzeri), l, pieds. 7° Deux couches riches en poissons bien conservés. 8° Trois couches à dentrites ou débris végétaux, environ 4 pouces en- semble. 9° Une couche à poissons renfermant surtout des murênes, 1 ‘ pouce. 10° Une couche où on voit des débris de Batraciens et des coquilles d’eau douce, 6 pouces. 11° Une couche mince où on a trouvé la Chelydra Murchison avec des Planorbes. 12° Une couche qui a fourni le prétendu renard fossile /Galecynus OEnin- gensis), 5 pouces. 15° Une couche mince, riche en fossiles, et qui a fourni des Rongeurs, des Carnassiers, des débris de Tortues, des Poissons et des coquilles d’eau douce, 6 pouces. 14 Un grès d’un vert rougeâtre avec des Lymnées, 1 %; pied. Toutes ces couches font probablement partie d’une seule formation qui paraît la plus récente parmi celles dont nous avons parlé. ho 1 Studer, Monogr. der Mollasse, p. 303 : et Geol. der Schiveiz, p. 462. ? Karg, Denkschr der Naturf. Schwabens, p 7; Murchison, Geol. Trans., 2% série, T. III, p. 281; Quart. Journal, 1846, T. III, p. 54, et dans son mémoire On the structure of the Alps, Quart. Journal, 1848, T. \, p. 233 ; Tschudi, Classific. der Batrachier, p. 19 : H. de Meyer, Fauna der Vorwelt, OEningen; p. 1. 16 PALÉONTOLOGIE SUISSE. RÉSUMÉ. De ce que nous avons dit ci-dessus résulte la probabilité que les couches, où l’on a trouvé des tortues, peuvent se classer chronologiquement comme suit : La plus ancienne formation est celle des mollasses d’eau douce des Can- tons de Vaud, de Berne et d’Argovie, et parmi les couches qui la composent la plus inférieure est celle des lignites des environs de Lausanne; celle-ci est toutefois superposée à la mollasse rouge. Ce système dans son ensemble correspond à l’Agutanien de M. Mayer’. La seconde formation correspond aux marnes d’eau douce de la Chaux- de-Fonds. Il est toutefois difficile, dans l’état actuel de la science, de fixer les rapports exacts de ce gisement avec la mollasse de Lausanne. La troisième est la mollasse marine de la Molière, ainsi que celles de Brittnau et du Bucheckberg. C’est l’Aelvétien de M. Mayer. La quatrième comprend les mollasses du Nord-Est de la Suisse et corres- pond au Dertonien du même auteur. La cinquième est le calcaire d'OEningen qui fait partie du Placentien de M. Mayer. Si on compare ces formations aux divisions admises, il est probable : 1° Que la première correspond au moins en partie au terrain mocène inférieur ou tongrien (faune à Anthracothériums, Gervais). Il est difficile pour le moment de fixer sa limite supérieure. 20 Que les 2, 5° et 4° font partie de l’époque miocène proprement dite. 3° Que la 5° est le commencement de la période pliocène. ? Actes de la Société helvétique des Sciences naturelles, Porrentruy 1853, p. 259. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 17 DESCRIPTION DES ESPÈCES. ART. 1%. TORTUE TERRESTRE DU NORD-EST DE LA SUISSE. Tesrupo Escaeri, Pictet et Humbert. Au (PL' I, CLIN et TIR) Cette espèce nous est principalement connue par le bel échantillon qui a été trouvé dans la mollasse de Winterthur *, et qui fait partie de la collec- tion du musée de cette ville. C’est un individu presque complet, sur lequel on distingue également bien les sutures osseuses et les impressions laissées par les bords des écailles. DIMENSIONS. LOMME ARÉRONITENNE bovooodocoucce0oo000000000060000000600000D0000000 UE 02,295. LARGEUR oo000000000000000000c00000000000bb000000d000000000d00000060e09000 0,160. HAUTES ee ne Rene the nVee less ele ge le 20e de ele les Shen chet ei ve els eraleve tale ie Me n/die 0®,097. FORME GÉNÉRALE. Les dimensions que nous venons de donner montrent que, dans cette espèce, la largeur était égale à 0,71 de la longueur, et la hauteur à 0,43. La carapace parait assez régulièrement ovale, sa plus grande largeur étant dans le milieu. Il est cependant probable qu'elle présentait, en arrière des échancrures fémo- rales et en avant des humérales, un élargissement difficile à apprécier à cause des cassures qui se trouvent dans ces régions. Sa courbure d'avant en arrière est assez ré- gulière et sa plus grande hauteur se trouve dans le milieu. Les pièces marginales qui recouvrent le milieu des flancs sont à peu près verticales . celles qui bordent l’échancrure des pattes postérieures ont leur bord libre qui se re- lève de manière à devenir plus oblique. Nous n'avons pu reconnaitre ni la forme des 1! Voyez quelques détails sur ce gisement à la page 13. 18 ; PALÉONTOLOGIE SUISSE. pièces antérieures, ni celle des postérieures. Les pièces marginales des flancs forment, en se recourbant vers le plasiron, une arête obtuse qui devient tranchante en avant et en arrière pour se continuer avec les bords libres de la carapace. Le plastron est vaste; il est excavé dans son milieu, de telle sorte que dans ses deux tiers antérieurs, la ligne longitudinale médiane est relevée du côté du ventre. Son extrémité postérieure est coupée par une échancrure assez profonde, qui forme un an- gle rentrant de 110° dont le sommet se trouve sur la suture des xiphisternaux. Les échancrures destinées au passage des pattes sont pelites. PIÈCES OSSEUSES. Pièces verrégrazes. La première, ou celle qui correspond à la mière vertèbre dorsale, s'articule en avant par un bord étroit avec la partie postérieure de la nuchale. Elle est à peu près rectangulaire, mais arrondie en arrière, et environ une fois et demie aussi longue que large. La seconde et la quatrième pièces sont carrées, avec leurs quatre angles tronqués, de sorte que les quatre petits côtés qui résultent de ces troncatures forment un octo- gone avec les quatre côlés principaux, qui sont un peu arqués en dedans. La troisième et la cinquième pièces, plus étroites et légèrement plus courtes que les deux précédentes, ont leurs angles arrondis. La sixième est hexagonale, plus large que longue; ses bords latéraux antérieurs sont plus petits que les latéraux postérieurs. La septième, plus courte, a ses bords latéraux plus égaux entr'eux. La huitième a la même forme générale et la même longueur que la précédente, mais elle est plus étroite. Après cette huitième pièce, l'on voit encore quelques traces peu distinctes de sutu- res qui semblent indiquer l’existence d’une ou même de deux pièces vertébrales, mais l’état de conservation de cette région ne nous a pas permis d'arriver à une connais- sance exacte de ces parties. Pièces cosrares. La première pièce costale est large; elle s'appuie sur le côté de la première pièce vertébrale et sur l’un des petits côtés de la seconde. Son bord postérieur! est le plus grand de ses quatre côtés; il est droit, légèrement arqué en arrière. Son bord antérieur est égal à la largeur de la pièce; il n’est pas exactement parallèle au précédent, mais se dirige un peu en avant; en conséquence, le bord vertébral est plus court que le bord marginal. Ce dernier est arqué en dehors. La seconde et la quatrième pièces s'appuient uniquement sur les pièces vertébrales de même numéro sans en couvrir même tout le bord. Elles sont plus étroites du côté vertébral que du côté marginal. © Nous appliquons aux pièces costales les mots de largeur et de longueur comme s'il s'agissait de côtes ordinaires. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. - 19 La troisième et la cinquième pièces s’articulent à la fois sur leurs correspondantes vertébrales et sur les angles tronqués des pièces qui précèdent et qui suivent celles-ci, en sorte que chacune d'elles s'appuie sur trois pièces vertébrales. Les extrémités verlé- brales de celte troisième et de celte cinquième pièces sont plus larges que leurs ex- trémilés marginales. La sixième s'arlicule avec le bord latéral postérieur de la sixième pièce vertébrale et le bord latéral antérieur de la septième. Sa plus grande largeur se trouve à son ex- trémité marginale. La septième s'articule de même au grand côlé de la septième et au petit côté de la huitième; elle est plus étroite à son extrémité marginale. La huitième s'articule avec le bord latéral postérieur de la huitième pièce vertébrale et avec les pièces situées en arrière. Elle s’élargit de manière à devenir presque trian- gulaire. PiècEs MARGINALES. Dans notre exemplaire, les parties antérieures sont trop altérées pour que nous puissions décrire la pièce nuchale et les trois premières marginales. La suture 3-4 marginale est un peu en arrière, mais très-près de la 1-2 costale. La su- ture 4-5 marginale est un peu en avant de la 2-3 costale. La 5-6 marginale continue presque exactement, mais un peu en arrière, la 3-4 coslale. La 6-7 marginale est sen- siblement en avant de la 4-5 costale. La 7-8 marginale est un peu en arrière, mais presque en continuation de la 5-6 coslale. La 8-9 marginale partage le bord externe de la sixième pièce coslale de manière à en laisser les trois cinquièmes en avant el les deux cinquièmes en arrière. La suture 9-10 marginale continue la 7-8 costale. La 10-11 marginale est un peu en arrière du milieu de la huitième pièce costale; et la 11-12 continue à peu près la suture postérieure de cetle huitième pièce. Pièces SreRNALES (PLasrroN(. L’Entosternal est plus large que long, hexagonal. Ses deux côlés antérieurs, qui sont les plus grands, se rencontrent sous un angle presque droit, les postérieurs sous un angle très-obtus. Les Episternaux sont déviés de leur position normale et incomplétement conservés. Ils ressemblent à ceux de la T. græca, sauf que l’angle qui résulte de la réunion avec les hyposternaux et l’entoslernal nous a paru moins obtus. Les Hyosternaux sont larges; leur longueur mesurée sur leur suture médiane est à la largeur de chacun d’eux comme 1 : 43) Leur bord postérieur est d’abord perpen- diculaire à la suture médiane, puis s’infléchit légèrement en arrière et vient corres- pondre avec le milieu de la sixième pièce marginale, qui s’avance entre le hyosternal et l'hyposternal en formant un angle droit. Le bord latéral externe est oblique d'avant en arrière dans sa rencontre avec cette sixième pièce marginale, puis redevient paral- lèle à la ligne médiane dans sa suture avec la cinquième. Nous n'avons pas pu suivre son arliculation avec les pièces marginales situées en avant de celle cinquième. 20 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Les Hyposternaux, mesurés sur la ligne médiane, sont plus longs que les hyoster- naux dans le rapport de 4 1/, à 4. Leur bord latéral s'articule avec l'angle de la sixième pièce marginale, et se trouve par conséquent dirigé obliquement en dehors dans cette partie. Il s’unit ensuite avec Ja septième pièce marginale et arrive sur le milieu de l’'échancrure des pattes postérieures. Celte partie de la suture est un peu arquée en dedans. Le bord postérieur des hyposternaux est d’abord perpendiculaire à la suture, puis s'infléchit un peu en arrière. La longueur des Xiphisternaux, mesurée à la suture, est à peu près égale à celle des hyosternaux. Ils forment chacun un quadrilatère irrégulier dont le côté externe et le côté antérieur sont les plus grands et à peu près égaux entreux, et dont le côté qui concourt à former l’échancrure est le plus petit. ECAILLES'. EcarcLes verrÉBRALES. La première vertébrale est incomplétement conser- vée. Son bord postérieur, qui esl presque droit, coupe la première pièce vertébrale un peu en arrière de son milieu. Ses bords latéraux se dirigent d'abord obliquement en dehors et en avant, pour reprendre bientôt une direction presque parallèle à la ligne médiane. La seconde a son bord postérieur un peu plus large que l’antérieur, légèrement ar- qué en avant; il coupe la troisième pièce vertébrale à peu près dans son milieu. La troisième écaille a son bord postérieur à peu près égal à son bord antérieur; il est assez sensiblement arqué en avant et coupe la cinquième pièce vertébrale un peu en arrière de son milieu. La quatrième écaille est terminée en arrière par un bord qui n'a en longueur que les deux tiers de l’antérieur; il est droit et coupe la huitième pièce osseuse un peu en avant de son milieu. Les bords laléraux de la seconde, de la troisième et de la quatrième écailles verté- brales forment des angles très-oblus dirigés en dehors, qui correspondent à la sépara- tion des écailles costales. La largeur de chaque écaille, mesurée au niveau des som- mets de ces angles, est sensiblement égale à sa longueur. Cette mème largeur, dans la troisième, dépasse un peu la longueur; l'égalité se retrouve dans la quatrième. La cinquième écaille est terminée en arrière par un bord arrondi, un peu anguleux dans son milieu. Les lignes qui la séparent des écailles costales sont un peu arquées en arrière dans leur partie antérieure. EcaiLces cosraLes. Ces écailles sont ornées de plis concentriques assez marqués, qui augmentent en allant de la région vertébrale à la région marginale, et disparaissent au contraire dans le voisinage des lignes qui unissent les écailles costales entr'elles. Les lignes d'union de ces écailles tombent sur les pièces costales paires, c’est-à-dire ? Il est à peine nécessaire de rappeler que ces organes n'étant pas conservés en nature, nous ne les dé- crivons que d'après les impressions qu'ils ont laissées sur le squelette. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 21 sur celles qui vont en s’élargissant de la région vertébrale à la région marginale. Leur point de départ, qui correspond, comme nous l'avons dit, à l'angle externe des écail- les vertébrales, est à peu près à égale distance du bord antérieur et du bord posté- rieur de ces pièces. Ces lignes d'union sont sensiblement parallèles à la sulure posté- rieure de ces mêmes pièces, de sorle qu'en arrivant à la région marginale elles sont plus écartées du bord antérieur. Les écailles costales s'unissent aux marginales par des bords presque droits, de telle façon que la ligne qui sépare les écailles coslales des marginales est régulière et très peu festonnée. ; ECAILLES MARGINALES. Les trois premières et la partie antérieure de la quatrième man- quent. Les lignes d'union des écailles marginales sont presque parallèles aux lignes d'union des écailles dorsales. Elles se trouvent disposées de telle manière que celles qui sépa- rent la quatrième écaille de la cinquième, et la cinquième de la sixième sont placées un peu en avant du milieu des quatrième et cinquième pièces marginales. Les lignes d'union suivantes sont à peu près sur le milieu des pièces correspondantes. Dans cel- les de ces écailles qui s'unissent avec le sternum, les lignes d'union, en arrivant à l'endroit où la carapace s’infléchit en dessous, forment une sinuosité très-prononcée dont la convéxité est tournée en avant. Les écailles postérieures sont trop mal conservées pour pouvoir être décrites. EcaizLes sTERNALES (PLAsrron). Les écailles gulaires ne sont pas assez bien conservées pour fournir des caractères précis. Les écailles humérales, infléchies par la fossilisation dans leur parlie antérieure, sont limitées postérieurement par un bord qui, sur la ligne médiane, passe à einq milli- mètres en arrière de l’entosternal. Ce bord est arqué, concave en avant, et sa courbure augmente vers ses extrémités latérales. Les écailles pectorales sont étroites; elles sont limitées postérieurement par un bord qui, à son origine, est parallèle au précédent et qui, ensuite, s'infléchit fortement en arrière. Les écailles abdominales sont très-vasles; leur longueur, mesurée sur leur milieu, est égale à la largeur de chacune d'elles. Elles sont limitées en arrière par une ligne à double courbure, dont l’ensemble est fortement concave en avant dans le milieu, et très-concave en arrière sur les côtés. Ces écailles s'unissent avec les marginales par une ligne peu festonnée, beaucoup plus droite que celle qui unit les pièces analogues osseuses, et passant en dehors d’elle. sauf vers l'extrémité antérieure ou ces deux li- gnes sont confondues. Les écailles fémorales sont médiocres; leurs bords postérieurs sont obliques et cou- pent les xiphisternaux en arrière de leur milieu. Les écailles anales sont petites et trapézoïdes. 22 PALÉONTOLOGIE SUISSE. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. La Zestudo Escheri, comparée aux espèces vivantes, se rapproche principalement de la Tortue grecque; elle s’en dis- tingue cependant par plusieurs caractères importants. Nous attirerons en particulier l'attention sur les énormes différences qui existent dans la gran- deur, la forme et la position relative des pièces osseuses et des écailles du sternum chez ces deux espèces. Parmi les espèces fossiles suffisamment connues, elle ressemblerait sur- tout à la Testudo antiqua, Bronn, des gypses de Hohenhüwen', mais elle nous parait pouvoir en être distinguée par les caractères suivants : 1° La T. antiqua est plus large proportionnellement à sa longueur. 2° La carapace de la T. antiqua est bosselée par la présence d’une saillie sur chacune des écailles dorsales et costales. 3° Les lignes d'union des écailles dorsales coupent dans notre espèce les pièces vertébrales n° 1, 5 et 5 à peu près dans leur milieu. Dans la T. an- hiqua, la pièce n° 5 est coupée beaucoup en avant de son milieu, et les deux autres beaucoup en arrière. 4° Les proportions des écailles dorsales sont très-différentes, ce qui pro- vient surtout de la forme de la seconde, relativement beaucoup plus petite dans la T. antiqua que dans la T. Escheri. 5o La pièce marginale n° 6 de la T. Escheri s'avance entre les hyoster- naux et les hyposternaux en formant un angle très-prononcé. Chez la T. antiqua, les formes de cette région rappellent tout à fait celles de la T. græca. La comparaison avec les autres espèces fossiles ne peut pas être com-— plète, car la plupart sont très-mal connues. Il est cependant très-probable que notre espèce ne peut être rapprochée d'aucune de celles qui ont été dé- crites. La T. Lamanont, Gray, ou Tortue fossile d'Aix, n’est connue que par des figures très-imparfaites ? qui n’indiquent aucune analogie avec la T. Escheri. La T. hypsonota, Pomel * (Testudo gigantea, Bravard, et Pomel olim, non gigantea, Schweig., non gigantea, Lartet), du terrain tertiaire miocène infé- * Nous sommes portés à croire que c’est sur des fragments incomplets de notre espèce que la Testudo antiqua a été citée dans les mollasses suisses. ? Lamanon, Journ de Phys., T. XVI, pl 3; Cuvier, Ossem. foss., 4€ 6d., pl. 241, fig. 9, 10 et 11. 3 Bravard, Consid. sur la distrib. des mammif. du Puy-de-Dôme, p. 13; Pomel, Bull. Soc. géol., 2° série. T. UT, p. 371, et Catal. méth. vertébrés foss , p. 119, Gervais, Zool. et Pal. franc., p. 243, pl. 54. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 23 rieur de Bournonele St-Pierre, dans le bassin de la Loire, espèce qui at- teint presque les dimensions de la T. elephantina vivante, se distingue faci- lement de la T. Escheri par sa carapace beaucoup plus bombée, son ster- num pointu en avant, etc. La T. eurysternum, Pomel ‘, de St-Gérand-le-Puy (miocène inférieur d’Au- vergne) ne présente ni dans le fragment du sternum, ni dans la côte qui sont seuls connus, aucune analogie avec notre espèce. L'on ne possède aucun document qui permette une comparaison avec les autres espèces d'Auvergne ou des gisements analogues 2. Les tortues trouvées à Sansan # n'ayant pas été décrites, nous ne pou- vons également pas savoir s’il y a dans ce gisement des espèces voisines de la nôtre. Il en est de même des tortues du terrain pliocène de Montpellier 4, Fragments provenant des lignites de Elgq , dans le canton de Zurich. M. le professeur Arnold Escher de la Linth, a bien voulu nous commu- niquer deux fragments provenant de cette localité, et appartenant au Musée de Zurich. | L'un d'eux comprend la seconde, la troisième et la quatrième pièces costales gau- ches; l’autre comprend un fragment de la première costale droite, et les deuxième et troisième du même côté. Ils ne sont peut-être pas suffisants pour établir d'une manière absolue l'identité de l'espèce à laquelle ils ont appartenu avec la T. Escheri. Toutefois leur comparaison minutieuse avec l'échantillon de Winterthur ne nous à montré aucune différence appréciable. ! Gervais, Zool. et Pal. franc., p. 243, pl. 52, fig. 7 ci 8. 2 Bravard, Consid. sur la distrib. des mammif. du Puy-de-Dôme, p. 16; Pomel. Bull. Soc. géol , 2° série, T.1V, p. 382, et Calal. méth vert. foss. Loire, p. 119. 3 M. Lartet, Notice sur la colline de Sansan, p. 38, en indique quatre. # Marcel de Serres, Annales des Sciences naturelles, 2e série, 1838, T. IX, p. 286 de hristol, Bull. Soc. géolog., 1833, T. III, p. 128. 5 Voyez p. 14, 24 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Fragment trouvé près de Stein, dans le Canton de Schaffhouse. Le Musée de Zurich possède un xiphisternal que nous avons figuré PI. XX, fig. 4. Cet os a été trouvé dans des couches de grès mollasse très-friable, immédiatement au nord de Stein. Nous n’avons trouvé aucune différence appréciable qui nous permit de le distinguer de la Testudo Escherr. Sa longueur est égale à sa largeur comme dans cette espèce, et l’impres- sion du bord antérieur de l’écaille anale le coupe exactement dans la même proportion. Si on le compare à la Zestudo antiqua on reconnaîtra facilement que dans cette dernière espèce l’os est bien plus large à proportion de sa ongueur, et que son bord est en conséquence plus oblique. Nous avons déjà dit plus haut que la côte provenant de Berlingen, et fi- gurée par Andreæ, pourrait bien appartenir à la même espèce, qui aurait ainsi vécu dans tout le nord-est de la Suisse à la fin de l’époque miocène. ART. 2. EMVYDES DES LIGNITES DE LAUSANNE. Nous décrivons dans cet article les Chéloniens à test lisse des lignites de Lausanne, renvoyant à un autre chapitre la description des Trachyaspis et des Trionyx, qui se distinguent par leur test ponctué. Nous avons eu des matériaux suffisants pour établir deux espèces et pour signaler l'existence probable de deux autres. Tous les fragments importants nous ont été communiqués par M. Philippe De la Harpe, et proviennent des mines de Rochette et de la Conversion. Ces pièces ont été plus ou moins déprimées par une pression verticale qui les a brisées en plusieurs endroits, et les a rendues difficiles à étudier. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 25 Emvys Lanarpr, Pictet et Humbert. (PI IVret Vi). Cette espèce est la mieux conservée, car sur l'échantillon qui nous a servi à la caractériser on peut observer à la fois la majeure partie de la carapace et du plastron. Les lignes caractérisques y sont au premier coup d'œil très- confuses; un examen attentif nous a permis de les distinguer des cassures accidentelles et de les rétablir en grande partie. Nous avons en particulier pu faire figurer toutes les lignes formées par le bord des écailles. Une par- tie des sutures osseuses sont restées indécises. DIMENSIONS. OR OUEUTAAD DR ONIN ALLVE Me mure ee ee ele eee iobelele à chalets ee eee cles eco 0,290. Ponsteumidenlaspremierenécallesentébrale CREER L Ce LC Creme 0,045. Larseur de la prière écaille etoiles 0656006466 08000 868006080800 0ocoue 0,087. Ponsueuadedasdeuxiemenécailenventébrale "Free ECC ee Creer rer 0,058. Parseumdenagdeutiemenécalenvenébrale er PER CE CC CC CCS 0,069. FORMES GÉNÉRALES. La compression verticale qui a amené presqu'en contact la ca- rapace et le plastron, ainsi que l'absence des parties situées en arrière de la troisième écaille dorsale ne permettent pas de rien dire de précis sur les formes générales. Ce- pendant, ce que l'on peut observer suffit pour démontrer que cette espèce s’éloignait peu sous ce rapport de la Cistudo Europæa. Le plaslron est assez vaste el se comporte aussi à peu près comme dans celte espèce, avec ses parties libres seulement un peu plus étroites. Il paraît avoir été soudé à la carapace, comme dans les vraies Emydes, par la majeure partie de ses hyosternaux el de ses hyposternaux. PIÈCES OSSEUSES. Pièces vertÉgraLes. Ces pièces sont très-difficiles à voir. La se- -conde, qui est presque la seule dont on reconnaisse des traces, a formé un hexagone beaucoup plus large à proportion que dans la Cistudo Europæa. | Pièces costaces. La première est large; son bord externe, qui est le plus grand, est arqué en dehors et échancré par trois courbes qui correspondent aux trois premières pièces marginales. Son bord postérieur, qui est presque aussi long que le précédent, est droit. Son bord interne s'applique contre la première pièce vertébrale et un des pe- tits côtés de la seconde. Son bord antérieur est très-court et en contact avec la pièce marginale antérieure impaire ou nuchale. X 26 PALÉONTOLOGIE SUISSE. La deuxième, la troisième et la quatrième pièces ont leurs bords antérieurs et pos- térieurs à peu près droits et presque parallèles. Pièces MARGINALES. La première ou muchale a sa plus grande largeur vers son bord postérieur, mais celte dimension ne dépasse pas, à beaucoup près autant, celle du bord antérieur que chez la Cistudo Europæa. Elle a aussi les angles plus arrondis que chez cette espèce vivante. Le bord antérieur est légèrement arqué en dedans La seconde pièce marginale est en forme de trapèze, dont le côlé interne est paral- lèle à l’externe, qui est deux fois aussi long que lui. La troisième a à peu près la même forme, mais la disproportion entre les deux bords esi moins grande. Pièces STERNALES (PLASTRON). L’entosternal est un peu plus large que long; ses bords antérieurs se réunissent en formant un angle à peu près droit. Son bord postérieur parait avoir été arrondi. Les Episternaux sont incomplétement conservés. Les Hyosternaux présentent une large échancrure pour le passage du membre anté- rieur, La parlie postérieure de cette échancrure correspond à peu près au liers antc- rieur de la pièce. Il en résulte que la partie antérieure du plastron est beaucoup plus large que la partie qui se soude avec la carapace. Notre espèce s'éloigne sous ce rap- port de la C. Europæa Les Hyposternaux sont trop mal conservés pour être décrits. ECAILLES. Ecaizzes VERTÉBRALES. La première est remarquable par sa largeur, au point que ses angles latéraux correspondent à l’union de la première et de la seconde pièces osseuses marginales. La deuxième écaille vertébrale est un peu plus large que longue et forme un hexa- gone dont les côlés antérieurs et postérieurs sont les plus grands, el dont les latéraux postérieurs sont les plus pelits. Le bord postérieur coupe la troisième pièee vertébrale un peu en avant de son milieu. La troisième écaille, un peu plus large que la deuxième, mais moins que la première, est incomplétement conservée et parait avoir ressemblé à la deuxième. Les EcaILres cosraLes, dont nous connaissons la première et la seconde, sont limi- tées en arrière par des lignes droites qui passent sur le milieu de la seconde et de la quatrième pièces costales. EcaAILLES MARGINALES. La nuchale forme un carré presque parfait dont le bord anté- rieur est très-légèrement arrondi. La première marginale forme un trapèze dont le côté qui se joint à la nuchale est le plus petit et n’atteint qu'un peu plus de la moitié de son parallèle. Le bord ex- terne et le bord interne sont les plus grands et égaux entre eux. La deuxième écaille est composée d’un bord marginal qui est le plus grand, de deux Le CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 27 bords latéraux à peu près égaux entreux et d’un bord poslérieur qui forme un angle dans son milieu. Cet angle correspond à la ligne de séparation de la première écaille vertébrale et de la première coslale. Les écailles suivantes sont incomplétement conservées. La ligne qui sépare les marginales de la première vertébrale et de la première cos- tale esl assez sinueuse; ainsi, au milieu de la seconde marginale elle se trouve très- rapprochée de la ligne de séparation des pièces osseuses, landis qu'au point de con- tact de la seconde et de la troisième écailles, elle passe au üers interne de la deu- xième pièce osseuse marginale. EcaiLces Du PLasrron. Les écailles gulaires sont trop mal conservées pour être décri- tes; elles paraissent avoir formé par leur réunion un angle beaucoup plus ouvert que chez la Cistudo Europæa. Les écailles humeérales sont limitées en arrière par une ligne à obliquité tournée en avant et en dehors, qui part de la ligne médiane à six ou sept millimètres du bord postérieur de l’entosternal, se dirige d’abord en ligne droite, puis s'infléchit en une ligne courbe lrès-prononcée, pour se terminer un peu en avant du fond de l’échancrure humérale. Les Ecailles pectorales, limitées en avant par la ligne que nous venons de décrire, le sont en arrière par une ligne dont la direction générale lui est à peu près parallèle. Cette ligne, comprise comme la précédente dans l’hyosternal, part de la suture mé- diane à environ huit millimètres! de la terminaison de l'os, se dirige d’abord en ligne droite, puis forme une courbe infléchie en avant, de manière à être éloignée de dix- neuf à vingt millimètres du bord de l'os dans la région qui correspond à la courbure de la ligne précédente, et à s’en rapprocher à la distance de trois ou quatre millimètres vers son bord externe. Les Ecailles abdominales sont très-grandes, mais leur bord postérieur est incomplé- tement conservé. Elles paraissent avoir élé limitées en arrière par des bords à peu près droits, sensiblement perpendiculaires à la ligne médiane; nous n'avons malheureuse- ment pas pu les suivre très-loin de leur origine. Elles naissent sur l’'hyposternal à au moins vingt millimètres de son bord postérieur qui est fracturé. HUMÉRUS. A la partie antérieure du plastron on distingue un humérus imparfaite- ment conservé, qui a à peu près la même courbure que son analogue dans la Cistudo Europæa, mais qui nous paraît plus long à proportion de son diamètre. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Il n’est pas facile, dans l’état actuel de la science, de comparer une émyde avec les espèces citées, car parmi ces der- 1 Nous ne pouvons pas donner ces mesures avec une parfaite exactitude, parce que la compression a bien pu faire chevaucher un peu les pièces les unes sur les autres. 28 PALÉONTOLOGIE SUISSE. nières il y en a un grand nombre qui sont très-mcomplétement con- nues. Il est en particulier impossible de savoir quels rapports a notre Emys La- harpi avec l'espèce du calcaire grossier de Cuise-la-Motte, qui n’a pas été décrite !, ni avec celles des platrières de Paris, sur lesquelles on n’a que des données très-insuffisantes 2. L’Emyde d’Issel (Aude) des graviers à lophiodons, est connue par une figure 5 qui montre au premier coup d'œil qu’elle n’a aucune ressemblance avec la nôtre, surtout dans la disposition des écailles du sternum. La comparaison est plus facile avec les espèces de l'argile de Sheppy et des sables éocènes de Hardwich et de Hordwell, qui ont été très-bien dé- crites par M. Owen { Aucune des émydes figurées par cet auteur ne peut être confondue avec l'E. Laharpr. Parmi Les espèces de l’époque miocène, nous excluons de toute compa- raison : 1° Les émydes de Sansan, qui n’ont jamais été décrites . 20 L’Emys elaverensis, Bravard (Clemmys Bravard, Fitzinger) de Bour- noncle-St-Pierre, qui est également restée sans description €. 3° L’Emys hospes, M. de Meyer, de Flonheim; VE. Loretana, idem, de Vienne, et la Clemmys rhenana, idem, des bords du Rhin, pour lesquelles on attend encore une description détaillée, promise depuis longtemps par M. H. de Meyer ï. L’Emyde des mollasses de la Grave (Dordogne), qui a été inscrite par M. H. de Meyer sous le nom d’Emys Brongniarti, et par M. Gray sous celui d'Emys Cuvieri$, n’est connue que par un humérus bien plus court et plus épais que celui de VE. Laharpr. Notre espèce est évidemment différente de VE. striaita, H. de Meyer, de ! Graves, Topogr géog. de l'Oise, p. 585 ; Pomel, Bibl. univ. de Genève, Archives, 1847. T. IV, p. 328. ? Cuvier, Ossem. foss., 4e 6d., T. V, p. 600, pl. 157; Gervais, Zool et pal. franc., p. 245. 5 Gervais, Zool. et pal. franc., pl. 53, fig. 1 et 2. * Palæontographical Society, Reptils of the London clay. Chelonia. 5 Lartet, Notice sur la colline de Sansan, p. 38. 5 Bravard, Considér. sur la distrib. des mammaf. terrest. fossiles du Puy-de-Dôme, p. 26. T Leonh. und Bronn neues Jahrb., 1843, p. 391, 586 et 702 ; 1847, p. 194 et 579. 8 Cuvier, Ossements fossiles, 4e 6d., T. IX, p. 463, pl. 243, fig. 19. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 29 Georgensemünd ‘, connue par une côte qui ressemble à celles des vraies tortues. Elle ne peut point être confondue avec l'Emys lurnoviensis, H. de Meyer, des terrains tertiaires de la Styrie ?, dans laquelle les écailles vertébrales sont énormes. La comparaison de VE. Laharpi avec les espèces de l’époque pliocêne ou des dépôts diluviens fournit des résultats analogues, et nous n’en con- naissons aucune avec laquelle elle ait des rapports suffisants pour justifier une discussion détaillée. Quant à ses rapports avec les autres espèces de la mollasse suisse, nous y reviendrons en traitant successivement de chacune d'elles. Euvs CHARPENTIERI, Pictet et Humbert. {PL VI: et Pl: VII, fig. L). Nous décrivons cette espèce sur deux pièces; l’une est un plastron dont la partie antérieure est en grande parte détruite; l'autre, qui complète la précédente, est la moitié antérieure gauche dun plastron à partir de la soudure des hyosternaux et des épisternaux. Nous ne connaissons rien de la carapace. DIMENSIONS. Longueur totale approximative du plastron ..................................... 0",240 Longueur de l’entosternal............. RE SA CNE ERA CAE D OS UE 0,028. Hongueur des hyosternaux, mesurée sur la ligne NÉ LAN ee EU Pate 0,052. Longueur des épisternaux à niveau du fond de l’échancrure Hedomle soo0cvocovo0vot 0m,049. Longueur des hyposternaux, mesurée sur la ligne médiane. ....................... 0,075. Longueur des xiphisternaux dans leur plus grande dimension ...................... 0,060. Largeur des xiphisternaux à leur suture avec les hyposternaux ..................... 0,054. FORMES GÉNÉRALES. Ce plastron paraît avoir été obtus dans sa partie antérieure. La région libre en avant de la carapace est courte. La soudure de la carapace avec le plastron commence à niveau du bord postérieur de l’entosternal et se termine à peu 1 Georgensgmünd, pl. 10, fig. 83. = Leonhard und Bronn neues Jahrbuch, 1847, p. 184. 90 PALÉONTOLOGIE SUISSE. près à niveau du milieu des hyposternaux. La partie libre postérieure est plus grande que l’antérieure, forlement sinueuse sur ses côtés; elle se termine par une grande échancrure dont les bords sont à peu près à angle droit. PIÈCES OSSEUSES. L'entosternal est plus large que Jong dans la proportion de quatre à trois; ses bords antérieurs se réunissent sous un angle obtus; le bord postérieur semble avoir été arrondi. Les épisternaux sont incomplétement conservés dans leur partie antérieure; ils pa- raissent avoir élé courts el larges. Les hyosternaux ressemblent à ceux de l'espèce précédente. Les hyposternaux ont leur bord antérieur à peu près égal à leur longeur; leur bord postérieur est sensiblement plus court, de sorte que leur bord externe est oblique. Nous avons déjà dit plus haut que l'échancrure fémorale correspond à peu près à leur milieu. Les xiphsternaux sont un peu plus courts que les précédents ; leur bord externe est creusé dans son milieu par une forte sinuosité. ÉCAILLES. Les bords externes des écailles gulaires sont droits; ils forment un angle de 100°; le sommet de cet angle est à peu près au quart antérieur de l’entosternal. Les écailles humérales sont limilées postérieurement par une ligne faiblement arquée en arrière, qui part de la suture médiane vers le bord postérieur de l’entoslernal, se dirige d’abord presque perpendiculairement à la suture, puis s'infléchit un peu en avant, pour aboutir à environ six millimètres en avant du fond de l’échancrure humérale. . Les écailles pectorales sont limitées en arrière par une ligne qui nait à quinze mil- limètres en avant du bord postérieur de l’hyosternal, se dirige presque parallèlement à ce bord dans la majeure partie de son lrajet, pour s’en rapprocher considérablement vers son bord externe. Les écailles abdominales sont limitées par des lignes très-obliques qui parlent à en- viron dix millimètres er avant du bord postérieur de l’hyposternal, et qui se dirigent obliquement en avant, pour former une convexité antérieure très-marquée et s’infléchir ensuite en arrière. Vers celte convexité elles sont distantes d'environ trente-cept mil- limètres du bord postérieur de l’hyposternal. Elles aboutissent près du fond de l'échan- crure fémorale. Les écailles fémorales, limitées en avant par ces lignes sinueuses, le sont en arrière par des lignes presque droites. Ces dernières partent à environ dix-huit millimètres en arrière du bord antérieur des xiphisternaux et se dirigent obliquement en arrière, de manière à être éloignées de ce même bord d'environ vingt-cinq millimètres vers leur extrémité. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. al Comparaison avec l'E. Laharpi. Nous n'avons malheureusement pour termes de comparaison entre ces deux espèces que quelques écailles du plastron. Voici les motifs qui nous engagent à les considérer comme dis- tinctes : | 1° La ligne de séparation des écailles humérales et pectorales naîl dans l'Emys Laharpi sensiblement plus en arrière de l’entosternal, et forme dans cette espèce une courbe qui manque complétement chez l'Emys Charpentieri. 2° La ligne de séparation des écailles pectorales et abdominales forme également, dans lEmys Laharpi, une courbe un peu plus prononcée, et naît plus près du bord postérieur de l’hyosternal; toutefois, cette différence peut avoir été augmentée par le chevauchement des pièces. 5° Les lignes de séparation des écailles abdominales et fémorales sont dans l'Emys Laharpi presque perpendiculaires à la suture médiane, et, par conséquent, à peu près sur une même ligne droite, tandis que dans lEmys Charpentieri elles sont très-obliques et forment ensemble, à leur origine, presqu'un angle droit. Elles sont d’ailleurs, dans cette dernière espèce, beaucoup plus rapprochées du bord postérieur de lhyposternal. - Description de quelques autres pièces provenant de la même localité. (PI. VII, fig. 2 à 4). La collection de M. Ph. De la Harpe renferme plusieurs autres pièces dont la plupart sont trop imparfaites pour fournir des documents précis. Il en est cependant quelques-unes qui ont une certaine importance. Nous cilerons en particulier deux épislernaux qui ne paraissent avoir appartenu à aucune des deux espèces précédentes. Le plus grand {pl. VET, fig. 2) est caractérisé par l'impression du bord postérieur des plaques gulaires, qui est beaucoup plus éloigné de la suture qui joint cet os avec l’hyosternal et indique une espèce dans laquelle ces bords externes des plaques gulaires formaient un angle de 100°. L'espèce qu'il caractérise a un sternum aminci en avant, tronqué et faiblement échancré. La plus petite pièce (pl. VIL, fig. 3) a les mêmes caractères que la grande et parait avoir appartenu à la même espèce. Un fragment d'un sternum plus petit que les précédents (pl. VIF, fig. 4) et qui pro- vient de la partie externe des hyoslernaux et des hyposternaux réunis, présente un 32 PALÉONTOLOGIE SUISSE. caractère remarquable dans la grandeur de son échancrure fémorale, qui montre que la partie libre postérieure du plaslron était très-étroite. On y voit les impressions qui cor- respondent à la ligne de séparation des écailles pectorales et abdominales, et à celle des écailles abdominales et fémorales. L'une et l’autre sont presque droites et parallèles à la suture des hyosternaux et des hyposternaux. La dernière passe à peu près contre le bord antérieur de l’échancrure fémorale. ART. 3. EMYDES ET CISTUDES DE LA MOLLASSE DE LAUSANNE. La mollasse de Lausanne nous a fourni trois espèces de Chéloniens à test lisse. L’une d’elles a été trouvée dans la campagne dite la Solitude, près du tunnel. Une seconde a été découverte 1l y a près de quarante ans à Cris- sier; elle a fait partie de la collection du comte de Razoumowski, et ap- partient maintenant à M. le ministre Conod. La troisième, dont nous ne possédons que quelques fragments, a été trouvée dans le tunnel par M. le professeur À. de Morlot. Emys Gaupini, Pictet et Humbert. (PI. VIII, IX et X). La tortue que nous décrivons dans cet article a été trouvée par M. Gau- din, à la Solitude, dans un bloc de mollasse qui parait correspondre aux couches qui ont été mises à découvert par le percement du tunnel de Lau- sanne. Cette mollasse est probablement immédiatement supérieure à la couche g dont nous avons parlé à la page 8. La tortue fait maintenant partie de la collection du Musée de Lausanne; elle est conservée dans la moitié antérieure de sa carapace et de son plastron, dont la matière osseuse a été altérée, en sorte que les sutures osseuses ne sont plus visibles. On distingue, au contraire, nettement les impressions formées par les bords des écailles. DIMENSIONS. La longueur ne peut pas être indiquée, à cause de l’absence des parties postérieures. LÉ OR ROME 0 0 ns On D Ge SEINE den ete en 00 io à 6 0,160. Hauteur PAPER FETE A CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 293 FORMES GÉNÉRALES. Cette Emyde a dû être très-allongée, et, à en juger par ce qu'il en reste, sa longueur a dû égaler presque une fois et demie sa largeur. Sa coupe (pl. X, fig. 2) représente une sorte de trapèze; les flancs, au lieu de former une courbure régulière avec le dos, sont aplatis. La courbure, suivant la longueur de l’animal, est peu pro- noncée. L’écaille nuchale et les marginales antérieures sont presque horizontales. La ligne du dos est sensiblement relevée depuis le commencement de la première verté- brale jusqu’à la seconde; puis elle devient presque horizontale. Les flancs présentent une dépression assez marquée en arrière de l’'échancrure humérale. Le sternum est uni avec la carapace sur une grande parlie de son étendue, et dans cette région les écailles marginales sont presque verticales, fortement bomhées en dehors, de sorte qu'il n'y a point de carène sur les côtés. Le plastron est aplati dans son milieu et parait avoir été terminé en avant par une partie avancée et tronquée, qui est beaucoup plus développée du côté gauche, irrégu- larité évidemment individuelle. Les échancrures humérales sont situées très en avant; elles sont el terminées à leur partie postérieure et interne par un sillon profond, al- longé et étroit. Les écailles, tant celles de la carapace que celles du plastron, présentent sur leurs bords des stries d’accroissement assez marquées. L'enveloppe osseuse de celte espèce est remarquable par une épaisseur qui atteint dix millimètres dans le milieu du sternum, mais qui ne s'élève qu’à cinq millimètres sur le milieu des pièces costales. ÉCAILLES. Écaizzes verréBraLes. Ces écailles sont remarquables par leur allonge- ment et leur peu de largeur. La première forme un quadrilatère dont le bord anté- rieur est arrondi en avant; le bord postérieur est le plus petit; il est échancré dans son milieu par une petite pointe de l'écaille suivante; les bords latéraux sont presque droits et 11/, fois aussi longs que les postérieurs. La deuxième écaille est un peu plus courte que la première, et presque 1} fois aussi longue que large; son bord posté- rieur est égal à l’antérieur; ce dernier est presque droit, sauf la petite pointe dont nous avons parlé plus haut; les trois autres sont convexes en dehors. La troisième écaille parait avoir eu à peu près les formes de la seconde. Écaizces cosraues. La première est limitée en arrière par une ligne concave antérieu- rement, qui part un peu en avant du milieu de la deuxième écaille vertébrale. Son bord externe et antérieur est festonné par sa rencontre avec les cinq premières marginales. La deuxième costale est limitée en arrière par une ligne qui part vers le milieu de la troisième vertébrale: elle est à peu près quadrilatère et environ 2!/, fois aussi longue que large. ÉCAILLES MARGINALES. La nuchale manque. La première marginale a une forme pen- tagonale et est terminée postérieurement par un angle qui correspond à l'extrémité de 5 54 PALÉONTOLOGIE SUISSE. la ligne qui sépare la première vertébrale de la première costale. La seconde verté- brale est large surtout à sa partie externe; sa forme est trapézoïdale, plus longue que large; le bord interne est le plus petit des quatre. La troisième marginale est limitée en arrière par une ligne qui part du fond de l’échancrure fémorale; elle est quadrila- tère; son bord antérieur est le plus grand. son bord interne le plus petit. La quatrième s'arrondit sur les côtés, de manière à venir se metire en contact avec l’écaille pecto- rale du sternum, et elle se recourbe dans le fond de l'échancrure pectorale. Les pièces n° 5, 6 et 7 sont également infléchies sur les côtés et en contact avec les écailles du sternum. Elles sont séparées les unes des autres par des lignes sinueuses. La plus grande est la sixième. Écaices STERNALES. L'écaille gulaire droite est rudimentaire, tandis que la gauche forme un gros bourrelet irrégulier et transversal qui occupe toute la troncature anté- rieure du sternum. Comme nous l'avons dil plus haut, cette inégalité tient évidem- ment à une anomalie individuelle. Les écailles humerales sont quadrangulares ; leur bord antérieur, qui est le plus petit, se trouve dans son ensemble parallèle au postérieur; il s’unit avec l’écaille gulaire en formant dans son milieu une pointe dirigée en avant, accompagnée de chaque côté d’une courbure inverse. Le bord postérieur de l'écaille correspond au fond de l’échan- crure humérale; il est droit vers le milieu du sternum, mais forme vers sa partie ex- terne une convexité dirigée en avanl. Les écailles pectorales sont vastes; leur bord antérieur est échaneré par le canal qui continue l’échancrure fémorale; leur bord postérieur est droit sur tout le milieu du slernum, mais s’infléchit un peu en arrière à l'extrémité. Leur bord externe, qui part du fond de l’échancrure humérale en dehors du canal dont nous avons parlé, forme une courbure régulière, convexe en dehors par son union avec la quatrième el la cin- quième écailles marginales et avec le commencement de la sixième. Les écailles abdominales, qui ne sont conservées que dans leur portion antérieure, paraissent avoir élé quadrilatères; elles sont plus étroites que les pectorales parce que la courbe résultant de l'union des écailles de la carapace et de celles du plastron s’in- fléchit du côté de ce dernier. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce se caractérise très-nettement par l'étroitesse de ses écailles vertébrales, limitées latéralement par des côtés droits ou arqués, ne présentant point l'angle médian qui se remarque chez toutes les autres espèces à l'endroit où naissent les lignes de sépara- tion des écailles costales. La seule espèce, à notre connaissance, qui puisse lui être comparée sous le point de vue de létroitesse des plaques, est CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 5D) PEmys bicarinata, Bell !, qui a, comme la nôtre, les flancs aplatis et en forme de toit. Mais l’analogie s’arrête là, et ces deux espèces se distinguent facile- ment par tous leurs autres caractères. Cistupo Razoumowskyi, Pictet et Humbert. (PI. XI, XII et XIII). L'espèce qui fait l’objet de cette description a les formes générales des Emydes, mais son plastron a été très-probablement composé de deux pièces mobiles l’une sur l’autre. La disposition de ces pièces mobiles et Les carac- tères de la carapace lui assignent une place dans le genre Cistudo. DIMENSIONS. LOMNAR, cs S00o00sbovodenscocoupebeeceoonopeesonco do 0etoetc robot 0,200. LARGONP brodoccecccovonerocoorcnobenand onto nat 00e no co o DOC DOE 02,180. HlAUTEUP, à so0o00o00coudsvcaosoocdcsowecoccovaoovasbococococesdoonovdonoodo 0,090. FORMES GÉNÉRALES. Les parties antérieures et postérieures n'étant pas entière- ment conservées, on peut estimer approximativement la longueur comme ayant été de vingt-un centimètres, ce qui ferait que la largeur a été 0,85 de la longueur, et la hau- teur 0,43 de cette même dimension. La carapace paraît avoir été régulièrement ovale; sa plus grande largeur se trouvant dans le milieu. La compression ne permel pas d'apprécier la courbure d’avant en ar- rière. Les pièces marginales des flancs continuent à peu près exactement la courbure des pièces costales. Les marginales antérieures et postérieures se relèvent un peu. Les plaques marginales des flancs forment, en se recourbant vers le plastron, une arête dont les deux faces se rencontrent sous un angle inférieur à un angle droit. Le plastron, dont nous n'avons que l'empreinte, a dù s'unir à la carapace par une ligne courte. Il est un peu convexe en dedans. Sa partie postérieure [hyposternaux et xiphisternaux) manque; fait d’où l’on peut inférer qu'elle était unie par une articula- tion avec la partie antérieure. PIÈCES OSSEUSES. Pièces VERTÉBRALES. La première, ou celle qui correspond à la première vertébre dorsale, s'articule avec le bord postérieur de la nuchale par une 1 Owen, Paleontographical Society, Fossils Reptilia of London clay, p.13, pl. 25 et 26. 96 PALÉONTOLOGIE SUISSE. ligne à peu près égale à sa propre longueur, en formant en avant un angle très-ob- tus. Les bords latéraux et le bord postérieur sont régulièrement arqués en dehors; leur plus grande largeur est au milieu et dépasse la longueur d'environ un huitième. La deuxième pièce est en forme d’hexagone irrégulier; sa plus grande largeur est comprise entre les deux angles latéraux qui correspondent à l'union de la première pièce costale et de la deuxième. Elle est égale à une fois et trois quarts la lon- gueur de la pièce mesurée sur la ligne médiane. Elle s’unit à la première pièce verté- brale par un bord dont la convexité est tournée en arrière. Son union avec les pièces coslales a lieu par deux lignes qui se rencontrent perpendiculairement l’une à l’autre pour former les angles dont nous avons parlé ci-dessus. Le côté de cet angle qui tou- che la deuxième costale est double de celui qui touche la première. Le bord postérieur de la pièce est arrondi en arrière. Les pièces vertébrales suivanles sont trop mal conservées pour être décrites exacte- ment. Elles paraissent avoir eu des formes analogues à celles de la seconde, avec des dimensions un peu moindres. La sixième, qui est en meilleur état, parait avoir été deux fois aussi large que longue. La dernière, qui ne dépend plus de la colonne vertébrale, est étroite en avant et s'élargit beaucoup en arrière. Pièces cosrALEs. Le seul caractère important que nous puissions signaler dans les pièces costales est une légère alternance entre les largeurs des extrémités marginales, les pièces paires étant un peu plus larges dans cette partie que les impaires. Cette différence est toutefois beaucoup moins prononcée que dans les Tortues terrestres. PIÈCES MARGINALES. La nuchale forme un grand hexagone dont la plus grande lar- geur est un peu en arrière de son milieu; celte largeur correspond aux angles que for- ment les côtés latéro-antérieurs et latéro-postérieurs, qui sont à peu près perpendicu- laires l’un à l'autre. Le côté antérieur est mal conservé. Le côlé postérieur, le plus petit des six, correspond à l’union avec la première pièce vertébrale, qui, comme nous l'avons dit, l'échanere par un angle très-obtus dont le sommet est dirigé en avant. Les rapports que nous avons pu constater entre les pièces costales et les marginales sont les suivanis : La suture postérieure de la première costale tombe sur le milieu de la quatrième marginale ; la suture postérieure de la deuxième costale un peu en arrière du milieu de la cinquième marginale. La suture postérieure de la quatrième costale est plus près du bord postérieur de la septième marginale. Les autres ont été trop déviées pour qu’on puisse être certain de retrouver leurs rap- . ports exacts. PIÈCES STERNALES [PLASTRON). L'Entosternal forme un hexagone dont la plus grande largeur est en avant du milieu et égale à environ une fois et demie sa longueur. Les CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 91 plus grands côtés sont les antérieurs; ils se réunissent en avant sous un angle obtus. Les côtés latéraux sont les plus petits; ils se rencontrent avec les précédents sous des angles droits et sont obliques en dedans et en arrière. Les côtés poslérieurs sont ar- qués en avant. Les Episternaux sont lrapézoïdes ; leur face externe étant à peu près parallèle aux bords antérieurs de l’entosternal. Les Hyosternaux sont courts et larges; leur suture médiane est sensiblement plus courte que la longueur de l’entosternal, et égale à environ cinq douzièmes de la suture postérieure de chacun d'eux. Nous avons dit plus haut que les Hyposternaux et les Xiphisternaux manquaient à notre échantillon. ÉCAILLES. Écaicces DE LA Carapace. Il n’y à qu'un petit nombre d’écailles de la ca- rapace dont nous connaissions la forme. La première vertébrale est un peu plus large que longue. Son bord antérieur échancre la nuchale et se prolonge d’une manière très- caractéristique en une sorle de pointe médiane arrondie à l'extrémité, longue d'environ six millimètres, sur une largeur a peu près égale. Les bords latéraux sont sinueux en dehors. Le bord postérieur, qui est un peu plus long que l’antérieur, est formé par deux lignes légèrement concaves en avant, qui se rencontrent en formant un an- gle obtus un peu en arrière du tiers postérieur de la première pièce vertébrale. La seconde écaille vertébrale paraît avoir été un peu plus large en avant qu’en ar- rière. Ses bords latéraux sont peu sinueux et son bord postérieur parait couper la troi- sième pièce vertébrale à peu près vers son milieu. La dernière écaille vertébrale est limitée en avant par un bord droit, beaucoup plus étroit que son bord postérieur. Ses bords latéraux forment à leur partie antérieure une courbure très-prononcée, convexe en dedans, et se dirigent ensuite à peu près en ligne droite en arrière et en dehors. L'écaille nuchale paraît avoir eu la forme d’un grand carré, à peu près régulier, sauf qu'il est échancré en arrière par le prolongement de la première vertébrale dont nous avons parlé. La première marginale forme en arrière un angle obtus, dont l'un des côtés l’unit avec la première écaille vertébrale et l’autre avec la première costale. ÉCAILLES STERNALES ([PLAsrRON). Les pièces osseuses sternales n'étant pas conservées, l'on ne peut reconnaître que l'impression laissée sur la pierre par le rebord interne des écailles gulaires et humérales. La ligne d'union de ces deux écailles partait à peu près du milieu de la partie antérieure de lépisternal pour se diriger en arrière presque pa- rallèlement à la ligne médiane du corps. 98 PALÉONTOLOGIE SUISSE. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Nous avons dit plus haut que la disposition des pièces du plastron, jointe aux formes de la carapace, assignait à cette espèce une place dans le genre Cistudo. Le premier de ces caractères, la forme du plastron, aurait tout aussi bien permis de l’associer aux Ptychogaster, Pomel, genre établi pour quel- ques espèces fossiles des terrains tertiaires miocènes d'Auvergne; mais les formes de la carapace s'opposent à ce rapprochement. M. Pomel caractérise les Ptychogaster par la forme des côtes, dont les première, troisième et cinquième s’articulent à trois pièces vertébrales, les seconde et quatrième à une seule et les postérieures irrégulièrement à une ou à deux. Cette dis- position, qui est fréquente chez les Tortues proprement dites, ne se re- trouve point dans notre espèce; chaque côte s'articule à deux pièces verté— brales comme chez les Emydes et chez les Cistudes vivantes. Si on compare la C. Razoumowskyr avec les Cistudes vivantes, on trouvera que c’est à la C. Europæa, Lin., qu’elle ressemble le plus, tout en s’en dis- tinguant par des caractères évidents et nombreux. Nous ne connaissons au- cune espèce fossile à laquelle elle puisse ètre comparée. Cistupo MorLori, Pictet et Humbert. (PI. XIF). Cette espèce ne nous est connue que par quelques fragments du plas- tron. Ils ont été recueillis par M. le professeur de Morlot dans la mollasse du tunnel de Lausanne. Quoique représentant une bien faible partie de la- nimal, ils nous ont paru offrir des caractères assez spéciaux pour mériter d’être figurés ot décrits. Ces fragments représentent une fraction considérable de l’entosternal, des hyoster- naux et des hyposternaux, et, en particulier, les bords par lesquels ces derniers étaient en contact les uns avec les autres. Ces bords sont échancrés à la face interne par un biseau qui semble prouver que les deux pièces étaient mobiles l'une sur l’autre, et justifier, par conséquent, le classement de cette espèce dans le genre Cistudo. Nous devons toutefois faire remarquer que dans les espèces vivantes à plastron mo- bile le biseau est extérieur et que les os se touchent exactement à la face interne. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 99 Peul-être y a-1-il dans ce fait l'indication d'un genre nouveau pour l'élablissement du- quel les éléments nous manquent. Ces mêmes pièces montrent que l'union du plastron avec la carapace se faisait sur une pelite étendue. La disposition des écailles, qui est telle que la ligne de séparation des pectorales avec les abdominales correspond exactement à celle des hyosternaux et des hyposter- naux, s'accorde encore avec ce qui se passe dans les Chéloniens à plastron mobile, et confirme, par conséquent, le classement de notre espèce dans le genre où nous l’avons placée. L'hyosternal est beaucoup plus étroit que l'hyposternal; il est plat et même un peu concave à sa face externe. Il est marqué sur la ligne médiane d’un fort sillon corres- pondant à la séparation des écailles pectorales. Ce sillon se prolonge jusque sur l’en- tosternal. Le bord postérieur de la même écaille a laissé son impression vers la suture posté- rieure de l’hyposternal. En avant de cette ligne on distingue une seconde impression flexueuse et irrégulière qui provient évidemment d'une altération accidentelle du bord de l’écaille. À la face interne de la même pièce on distingue en avant une protubé- rance médiane qui est celle de l’entosternal; la pointe est cassée. Sur le côté externe on voit le commencement d’une forte saillie correspondant à l'épaississement qui unit le plastron à la carapace en arrière de l’échancrure humérale. Les limites entre l’en- tosternal et l'hyosternal ne peuvent pas être clairement reconnues. L'hyosternal présente, comme nous l'avons dit, une largeur plus grande. Sa face ex- terne est plane el ne montre d’autre impression que la continuation du sillon médian qui sépare les écaillés abdominales. A sa face interne, il se relève sur tout son bord extérieur et surtout vers l'angle postérieur et externe, où l’on voit la base de l’épais- sissement qui formait la partie antérieure de l’échancrure humérale, et, par conséquent, la partie postérieure de l'union du plasiron avec la carapace. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. La comparaison de cette espèce avec la C. Ra- zoumowskyi montre à la fois des ressemblances et des différences. Les lar- geurs relatives des pièces ne nous ont pas présenté de différences apprécia- bles, mais la forme de l’hyosternal nous à paru justifier la séparation de ces deux espèces. Dans la C. Morloti il est plus long par rapport à sa propre largeur, et les protubérances qui forment le fond des échancrures humé- rales sont plus larges, plus rapprochées de la ligne médiane; en sorte que ces échancrures ont dû être moins éloignées l’une de l’autre et moins en arrière que dans la C. Razoumowskyn. 40 PALÉONTOLOGIE SUISSE. ART. 5. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE DU VENGERON. (PL. VII, fig. 5 et 6). Les seuls fragments connus de la mollasse du Vengeron sont une omo- plate et un fragment de côte recueillis en 1851 par M. le D' Mayor père. Ils ont été communiqués à M. Hermann de Meyer, qui a signalé leur exis- tence dans une lettre à M. le D' Bronn !, et sans les décrire les a attribués à une Tortue de terre (Testudo). Le fragment de côte (fig. 6) nous parait bien plutôt avoir appartenu à une Emyde. Quoique son bord soit fracturé, on peut reconnaître qu'il s’ar- ticulait avec les pièces vertébrales par deux bords droits, joints par un an- gle obtus; l’un de ces bords est grand, l’autre petit, circonstance éminem- ment caractéristique des Emydes, car dans les Tortues de terre les côtes paires s’articulent par un seul côté et les impaires par trois. Ce qui reste de la portion inférieure libre de l’apophyse qui s’articulait avec le corps de la vertèbre, présente aussi, dans sa forme déprimée et dans sa position, les caractères des Emydes. L’omoplate (fig. 5) est plus embarrassante. Elle est très-large et aplatie vers Sa bifurcation, rappelant plus, sous ce point de vue, les formes des Chélonées que celles des Emydes ou des Testudo. S'il métait pas extrême- ment probable que les deux pièces, trouvées ensemble, appartiennent à la même espèce, nous aurions été tentés d'y voir l'indice d’une Tortue ma- rine. Son bord externe est épaissi et arrondi; son bord interne est plus mince et son extrémité supérieure subeylindrique. Il est évident qu'avec des matériaux aussi incomplets, l’on ne peut tenter aucune comparaison spécifique. 1 Leonhard und Bronn, Neues Jahrbuch, 1843, p. 700. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. A ART. 6. CHÉLONIENS DE LA CHAUX-DE-FONDS. (PI. XW et XVI). Nous devons à l’obligeance de M. C. Nicolet la communication d'un cer- tain nombre de pièces qui proviennent du caleaire d’eau douce de la Chaux- de-Fonds, et qui prouvent l'existence dans ce gisement de Tortues terres- tres et d'Emydes. Les débris que nous rapportons à des Tortues terrestres sont trop incomplets pour permettre de caractériser une espèce. Ce sont en général de petits fragments, presque toujours plus ou moins brisés. TORTUES DE TERRE. La plus importante des pièces qui se rapportent à ce groupe est celle que nous avons figurée pl. XV, fig. 1. C’est la pièce impaire d’un plastron (en- tosternal) qui à appartenu à une Tortue d'assez grande dimension. En sup- posant que les proportions de cette pièce, relativement à la longueur totale de la boîte osseuse, fussent les mêmes que chez la Tortue grecque, la ca- rapace aurait eu une longueur de vingt-neuf centimètres. Son contour est trop imparfait pour être décrit. Elle paraît avoir été aussi longue que large. L’impression médiane des écailles humérales est bien marquée et accom- pagnée sur ses bords de profonds sillons parallèles, qui montrent l'existence de stries concentriques beaucoup plus distinctes que chez la T. Escherr. Cette impression se bifurque en un angle droit vers sa partie antérieure, qui correspond à l’origine des écailles gulaires. Le sommet de celles-ei est irrégulier; l’écaille gulaire gauche forme seule le sommet de l'angle. La plus grande épaisseur de cette pièce est égale à 0,28 de sa longueur totale. Il est probable que l’on peut rapporter à la même espèce, et peut-être au même individu, une pièce qui est la troisième marginale droite de la carapace (PI. XV, fig. 2). Elle semble indiquer que cette carapace était ro- buste, trapue, et que la carène de son pourtour était obtuse. Une troisième pièce, que nous considérons comme une première margi- nale gauche, fournit des résultats analogues et montre que le pourtour de la carapace était épais et peu étalé. 6 42 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Trois autres pièces du plastron ont appartenu à un individu un peu plus petit, mais leurs caractères nous font croire qu'ils peuvent provenir de la même espèce. L'une d'elles est un entosternal moins bien conservé encore que le pré- cédent. La seconde est un fragment d’hyosternal ou d’hyposternal. La troisième est un fragment d’épisternal gauche. Emys Nicoreti, Pictet et Humbert. (PI. XV et XVI). M. H. de Meyer a le premier étudié les débris de Chéloniens qui ont été trouvés à la Chaux-de-Fonds, et a cru y reconnaître les éléments suffisants pour indiquer l’existence de six espèces, dont probablement quatre Emydes". Nous avons eu à notre disposition les mêmes matériaux, et nous croyons les avoir eu tous. Il nous est impossible d'admettre l'existence d’un aussi grand nombre d'espèces. L'état de fragmentation de ces fossiles rend, il est vrai, leur association difficile et douteuse, mais il nous semble que parmi les pièces qui ont dû appartenir à des Emydes, toutes celles qui sont carac- téristiques peuvent avoir appartenu à la même espèce. Ce qui nous confirme dans cette manière de voir, c’est que quelques pièces importantes, qui sont représentées plusieurs fois, n’offrent, à notre avis, aucune différence spé- cifique appréciable. CaRAPAGE. La carapace est la partie la plus incomplétement conservée; nous avons figuré, dans la PI. XV, quelques pièces marginales. La pièce nuchale est représentée par quatre échantillons incomplets, dont nous avons figuré trois (fig. 3, a-d) qui ont une épaisseur à peu près semblable à celle que l’on trouve, à taille égale, chez la Cistudo Europæa. Le bord antérieur de la pièce était relevé. L'impression des écailles montre que l’écaille nuchale était en forme de rectangle, un peu plus longue que large. Cette disproportion entre les deux dimensions est plus 1 Leonhard und Bronn, Neues Jahrbuch, 1846, p. 469. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 45 grande dans la pièce fig. 3 d, mais il n’y a rien qui dépasse, ce nous semble, les va- riations individuelles ordinaires. Nos quatre pièces sont identiques sous le rapport de la forme du bord et de celle de la face interne. La surface externe est, dans toutes les quatre, marquée de stries d’accroissement assez profondes et un peu rugueuses. La pièce fig. 4 parait être une première marginale droite. Son bord libre, aminci, est beaucoup plus grand que-celui par lequel elle s’unissait à la costale; les deux autres sont presque droits. La fig. 5 représente une seconde marginale gauche. Cette pièce est plus épaisse que la précédente et a à peu près la même forme. La fig. 6 représente la pièce marginale gauche qui correspond au fond de l’échan- crure humérale, par conséquent la troisième ou quatrième. Elle a des caractères qui la rapprochent autant de certaines espèces de Tortues, par exemple de la T. græca, que des Emydes, et elle présente à sa face postérieure une surface lisse, excavée, différente de ce que nous avons pu observer dans les espèces vivantes. Les fig. 7, 8 et 9 représentent des pièces qui appartenaient à la région postérieure de la carapace. La fig. 7 est probablement une septième marginale droite; Ja fig. 8 une huitième gauche; la fig. 9 une dixième gauche. Ces différentes pièces montrent que celle carapace était un peu plus épaisse en arrière qu’en avant, et que vers sa terminaison, son bord se relevait de manière à présenter une surface un peu concave. Dans toutes ces pièces, les lignes de séparation des écailles costales et marginales passaient assez au-dessous de la suture des pièces osseuses costales et marginales, comme c’est le cas chez les Emydes. PLrasrRon. Les différents fragments de plastron ont entr’eux les plus grands rapports de proportion, et semblent appartenir à la mème espèce; aussi avons-nous cru pouvoir reconstruire cette région en mettant chaque os dans la position relative qu'il devait occuper (PI. XVI). Après avoir étu- dié attentivement ces différentes pièces, nous sommes arrivés à la convic- tion que l’on doit les réunir; nous ne pouvons cependant pas appuyer cette hypothèse sur des preuves sans réplique. Si l’on admet la reconstitution que nous proposons, on attribuera à l'espèce un plas- tron allongé, soudé à la carapace par une portion qui ne dépasse pas le tiers de sa longueur, arrondi en avant et échancré en arrière par deux lignes droites qui forment ensemble un angle oblus. Les impressions des bords des écailles fournissent quelques caractères importants. Les écailles gulaires sont triangulaires, arrondies en avant; leur angle postérieur porte 44 PALÉONTOLOGIE SUISSE. sur l’entosternal, un peu en arrière du bord antérieur de cet os. Les écailles humérales sont limitées en arrière par des lignes qui passent sur le quart postérieur de l’entos- ternal. Les pectorales sont courtes; le milieu de leur bord correspond à peu près au fond de l’échancrure humérale. Les écailles abdominales el fémorales paraissent avoir été vastes, mais leurs limites restent douteuses. Les écailles anales ont leur bord anté- rieur le plus grand; le postérieur, qui est le plus petit, lui est presque parallèle, quoi- qu'un peu moins oblique. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Ainsi que nous l'avons déjà dit, nous rappor- tons à une seule et même espèce toutes les pièces du plastron, qui sont suffisamment bien conservées et caractéristiques. Nous ne voyons aucun motif pour ne pas leur associer aussi les pièces de la carapace. L'espèce dont elles seraient les débris aurait eu une forme allongée et probablement un peu plus bombée que la Cistudo Europæa. Nous n’avons aucune hésita- tion à la placer dans la famille des Tortues de marais (Elodites, Dum. et Bibron), car les impressions d’écailles se comportent soit sur l’entosternal, soit sur les pièces marginales de la carapace, absolument comme dans les genres les plus connus de ce groupe. Cette espèce ne ressemble, du reste, à aucune de celles que nous avons décrites dans ce mémoire, ni à aucune des autres espèces tertiaires suffisamment connues 1. Elle à dù avoir à peu près les mêmes formes que l’'Emys scutella, H. de Meyer, d’OEningen ?; mais la comparaison est difficile entre ces deux espè- ces. L’E. scutella n’est presque connue que par les pièces costales et verté- brales; ce sont précisément celles qui manquent à l’Emyde de la Chaux-de- Fonds. Une seule pièce est commune aux deux, c’est la nuchale. L’impres- sion de l’écaille nuchale à la face inférieure est beaucoup plus étroite dans l'Emys scutella et suffit, nous croyons, pour prouver leur différence. 1 Voyez ci-dessus, p. 28, l'énumération des espèces sur lesquelles on n'a que des documents incomplets. ? Zur Fauna der Vorwelt, OEningen, pl. 7, fig. 2. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 45 ART. 7. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE DE BERNE ET D'ARGOVIE. Emys WYTTENBACHIN, Bourdet !. (PI. XVII, fig, L). Cette espèce a été trouvée dans la mollasse de Rappenflüh, aux environs d'Aarberg, sur la rive droite de l’Aar, à 20 ou 50 pieds au-dessus du niveau de la rivière. La pièce principale est la région postérieure d’un plastron comprenant le fond de l’é- chanerure fémorale, ainsi que l'indique une petite sinuosité. L'ensemble de la partie conservée est large, arrondi sur ses bords par une courbe très-prononcée et coupé à son extrémité par une petite échancrure dont les côtés se rencontrent à angle droit. La surface est lisse; on y distingue seulement l'impression des écailles, qui est très-bien marquée. L’écaille abdominale est limitée en arrière par une ligne à peu près perpendiculaire à la ligne médiane, et qui, vers le bord externe, s’infléchit pour former une petite convexité dirigée en avant et se terminer un peu en arrière du fond de l’échancrure fémorale. Les écailles fémorales sont courtes sur leur ligne médiane et limitées en arrière par une ligne très-oblique, un peu sinueuse. Les écailles anales sont plus longues que les précédentes sur leur ligne médiane et forment une sorte de trapèze, le bord qui correspond à l’échancrure étant sensiblement parallèle au bord antérieur, mais ayant à peine le tiers de sa longueur. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Ce plastron se distingue facilement de celui de toutes les espèces que nous avons décrites par son bord régulièrement arrondi. On a trouvé dans le même bloc une deuxième vertèbre cervicale, que l’on peut avec assez de probabilité rapporter à la même espèce. 1 Schweizer. Verhandlungen, Aarau 1823, p. 49, et Mémoire manuscrit conservé à Berne dans la Bibliothèque de la Société Helvétique des Sciences naturelles. 46 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Description de quelques autres fragments trouvés avec l'E. Wyttenbachu. M. Bourdet a indiqué dans son mémoire quelques os longs, et, en par- ticulier, un fragment de l'épaule, un tibia, un péroné et un cubitus. Ces os sont incomplétement conservés et manquent, en particulier, de leurs parties les plus importantes, les facettes articulaires. M. Bourdet y voit, par des motifs qui nous paraissent insuffisants, les preuves de l'existence d’une Tortue de mer, qu'il a nommée Chelonia Meissneri. M. H. de Meyer consi- dère ces os comme ayant appartenu à VE. Wyttenbachi. Nous n’avons pas cru devoir les décrire ni les figurer, vu leur état incomplet et l'impossibilité de les comparer aux espèces connues. D’autres fragments trouvés encore dans la même localité appartiennent à l'enveloppe osseuse. Ce sont des débris de carapace mutilés, et une pièce marginale située probablement au-dessus de l’échancrure fémorale. Ils ap- partiennent peut-être aussi à l'E. Wyttenbachu. DESCRIPTION D'UN FRAGMENT DE PLASTRON PROVENANT AUSSI DE RAPPENFLÜH. (PI. XVII, fig. 2, a,b), Une autre pièce, faisant partie, comme les précédentes, des collections du Musée de Berne, présente un aspect un peu différent et doit sans doute provenir de la couche inférieure dans laquelle Meissner avait déjà trouvé des os à aspect ferrugineux. C’est un hyosternal à peu près complet dans ses régions antérieures et internes, mais manquant de la partie qui corres- pond à l'angle externe et postérieur. Il à évidemment appartenu à une Tortue de terre, et rappelle en grande partie, par ses proportions, la T. Escheri. Son bord antérieur est droit et épais dans la partie par laquelle il se joignait avec l’épisternal, et arqué en arrière dans la région qui corres- pond à l’entosternal. Ce dernier os, qui n’est pas conservé, paraît avoir été largement arrondi dans sa partie postérieure. Le bord interne de l'hyosternal est droit et allongé; le bord postérieur lui est perpendiculaire; le bord externe, dont il n'existe que la par- tie antérieure, montre le fond de l’échancrure humérale, qui est un peu en avant du niveau de la parlie postérieure de l’entosternal. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. AT Cel os présente deux impressions d’écailles; la première correspond au bord posté- rieur de l’écaille humérale; son extrémité interne est d’abord droite et perpendiculaire au bord, à très-peu de distance de l’entosternal; puis elle s’infléchit en avant par une courbe régulière et très-prononcée pour se terminer un peu en avant du fond de l’é- chancrure humérale. La deuxième impression correspond au bord postérieur de l’écaille pectorale; elle part du bord interne, légèrement en avant de son milieu, et tend à se rapprocher un peu, mais par une courbure très-faible de l'impression précédente. Nous ne Connaissons pas sa terminaison externe. Les caractères de ce fragment le rapprochent de la 7. Escheri plus que d'aucune autre espèce que nous connaissions. Nous ne croyons cependant pas qu’il puisse être rapporté à cette espèce, car il s’en différencie par les deux caractères suivants : 1° Il est plus long, par rapport à sa largeur, ce dont on peut s'assurer en mesurant les distances comprises entre le milieu du bord postérieur de l’entosternal, et, d’une part, le bord de l'échancrure humérale, de l’autre, le bord postérieur de lhyosternal. La première de ces deux mesures est beaucoup plus grande que l'autre dans la T. Escherr, et elles sont presque égales dans nôtre fragment. 2° La distance entre les deux impressions d’écailles, dont nous avons parlé, est sensiblement plus grande dans nôtre échantillon. Ces mêmes différences sont plus marquées encore si on le compare à la T. antiqua. CHÉLONIENS DE L’'ENGI PRÈS BERNE. (PI. XVII, fig. 3). Les travaux faits pour la nouvelle route du pont de la Tiefenau, ont mis à découvert, au-dessous de la promenade de l'Engi, des grès et des marnes d’eau douce dans lesquelles M. Philippe De la Harpe a recueilli des tortues associées au Palæomeryx Scheuchzeri et aux Rhunoceros incisivus et Rh. mi- nutus. Deux de ces fragments de Chéloniens peuvent seuls fournir des do- cuments; ils ont appartenu à une Zestudo de grande taille. Le premier est une pièce costale droite (PI. XVII, fig. 3). Elle est épaisse, large de cinquante millimètres à son origine; elle s’articulait aux pièces vertébrales par trois cô- lés, comme le font les pièces costales impaires des Testudo. Sa forme générale indique 48 PALÉONTOLOGIE SUISSE. qu’elle devait être la troisième ou la cinquième. Si l'individu qu'elle représente avait eu les proportions de la T. græca, il aurait eu environ quatre décimètres de longueur. La surface de l'os étant empatée dans la mollasse, nous ne pouvons faire de com-— paraison exacte entre ce fragment et les espèces connues Nous devons cependant faire remarquer que sa largeur se conserve plus constante que cela n’arrive ordinairement dans les Tortues de terre, et que ce caractère suffit peut-être pour le distinguer de toutes celles qui ont été décrites. La seconde pièce est une marginale ayant probablement appartenu aux régions pos- térieures. Son épaisseur atteint vingt-cinq millimètres; elle est un peu relevée à sa face supérieure vers son bord externe, et provient probablement de la même espèce que la côte. Son état de conservation ne permet pas non plus de la comparer à aucune tortue connue. Deux autres pièces sont trop mal conservées pour que l’on en puisse tirer au- cun pari; l’une d'elles semble avoir fait partie de la carapace d’une petite espèce. EMYDE DU GRÜSISBERG. (PI. XVII, fig. 4 a, b). Le Musée de Berne possède un débris de Chélonien trouvé au Grüsisberg. C’est la première pièce costale droite d’une Emyde de petite taille. Elle est surtout remarquable à sa face interne par une grande saillie qu’y forme la côte; celle-ci est peu éloignée du bord postérieur. A la face supérieure on voit l’impression qui séparait la première écaille costale des deux premiè- res vertébrales, et ces deux-ci lune de l’autre. L’écaille costale a laissé des traces concentriques rugueuses et irrégulières, assez marquées. Les formes générales s’éloignent peu de celles de la Cistudo Europæa. La saillie interne de la côte dont nous venons de parler éloigne cette es- pèce de presque toutes les Emydes vivantes et fossiles. La seule qui, à notre connaissance, présente une organisation analogue est l’Emys scutella, H. de Meyer, d'OEningen. Nous croyons cependant que la forme de la pièce doit distinguer ces deux espèces. Cette première costale est plus arrondie dans l'Emyde du Grüsisberg; elle s’élargit davantage vers l'extrémité, son bord interne est relativement plus court et elle est sensiblement plus excavée à! sa face interne. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 49 EMYDES DE LA MOLLASSE D ARGOVIE. Nous n'avons pas pu étudier les deux espèces qui ont été indiquées par M. H. de Meyer !. Ce savant paléontologiste se propose de les faire con- naitre dans une des prochaines livraisons du Palæontographica; il a bien voulu, en attendant, nous communiquer quelques renseignements sur leur compte. L’Emys Gessneri, H. de Meyer, est connue par la moitié antérieure de sa carapace et par une portion de son plastron. Elle se distingue très-clai- rement de toutes les espèces décrites dans notre mémoire, par l'extrême largeur de ses écailles vertébrales, qui atteignent le milieu des pièces cos- tales et dont les côtés forment des angles aigus correspondant aux lignes qui séparent les écailles costales. L’Emys Fleischeri, M. de Meyer, n’est connue que par quelques frag- ments des pièces costales, qui paraissent peu caractéristiques, et qui, s'ils suffisent, comme le dit M. H. de Meyer, pour la séparer de l£. Gessneri, ne permettent guères une comparaison avec les autres espèces. ART. 8. CHÉLONIENS DU MONT DE LA MOLIÈRE. (Pl: XVIII, XIX et XX). Dans cet article, ainsi que nous l'avons fait pour les Tortues de Lau- sanne, nous ne comprenons que les Chéloniens dont le test est lisse; nous décrirons plus bas les Trionyx et les Trachyaspis. Les squelettes de Tortues de cette localité célèbre sont pour la plupart décomposés. en pièces isolées dont l’association est souvent difficile, d’au- tant plus qu'un grand nombre d’entre elles sont roulées, que leurs angles sont arrondis et qu'il est difficile de distinguer les cassures d’avec les bords naturels des pièces. M. le chevalier Bourdet de la Nièvre a eu à sa disposi- 1 Leonhard und Bronn, Neues Jahrbuch, 1838, p. 667, et 1839, p. 4. 50 PALÉONTOLOGIE SUISSE. tion quelques échantillons meilleurs que les nôtres; mais, ainsi que nous l'avons dit plus haut, ils ont été décrits d’une manière insuffisante et n’ont pas été retrouvés. La première espèce décrite par M. Bourdet est l'Emys Cordieri, B., re- présentée par une carapace de 8 pouces de longueur sur 4 de largeur. Nous extrayons du mémoire inédit présenté par ce géologue à la Société Helvé- tique des sciences naturelles, et conservé dans la Bibliothèque de la Société, les détails suivants : « Ce débris d’armure présente tous les caractères de la carapace vivante » de l'Emyde à bords en scie (Emys serrata), qui est elliptique et déprimée. » Les côtes, qui sont assez bien conservées, sont également larges dans toute » leur longueur. Les 2me, jme, 7me ef 9me vertèbres manquent dans le fossile » et celles qui restent ont la même configuration que dans l’animal vivant; » une grande partie des pièces osseuses qui ceignent le pourtour de la » carapace dans ce sous-genre sont presque toutes conservées de chaque » côté, à l'exception des impaires de devant et de derrière. » Cette tortue ne pourrait se rapporter aux Tortues de terre, parce que » les côtes ne sont pas d’inégale largeur à leurs extrémités; ni aux Chélo- » nées, parce que la forme de la carapace en diffère, et que les côtes ne » sont pas rétrécies et séparées l’une de Pautre à leur partie extérieure; ni » au sous-genre Chélyde parce qu'il n’y à aucun des indices de saillies qu’on » y remarque ordinairement; mais ayant les caractères de l'Emyde , c’est à » ce genre seulement qu’elle paraît appartenir, et, quoiqu’elle offre une » grande analogie avec l'Emyde en bord en scie, je crois cependant être auto- » risé à en faire une nouvelle espèce qui rappellera aux savants le nom de » celui qui fut l’un des ingénieurs en chef pour les travaux de l’étonnante » route du Simplon. » La seconde espèce est l'Emyde de Fontaine, E. de Fonte, représentée par un moule intérieur et dédiée au chanoine Fontaine, qui la possédait dans sa collection. Nous avons vainement cherché cet échantillon original au Musée de Fribourg, qui avait cependant hérité de toutes les collections du chanoine. Le mémoire précité de Bourdet ne donne sur cette espèce que les détails suivants : € L’empreinte de la carapace présente trois côtes de » chaque côté; ainsi il est facile de reconnaître que ce débris provient d’une » Emyde par légale largeur de ses côtes et par sa forme déprimée. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 51 » Dans le plastron il reste deux points d’ossification de chaque côté, qui, » comparés avec une Emyde, ont offert la même configuration. » Après avoir passé en revue les analogues vivantes, je n’ai trouvé que » la Tortue ponctuée (T. punctata), avec laquelle elle ait quelque ressem- » blance, tant pour la forme que pour la grandeur, mais je n'ai pas cru » devoir la lui rapporter et en ai fait une nouvelle espèce. » Voici maintenant la description des pièces que nous avons eues entre les mains. Nous indiquerons d’abord les caractères de chacune d'elles prise isolément, et nous ferons ressortir plus loin les rapprochements que leur comparaison peut faire entrevoir. 1° Poèces de la carapace rapportées à des Tortues de terre. Le fragment représenté PI. XIX, fig. 2, a, b, c, est une pièce marginale de la ca- rapace qui à très-probablement appartenu à la région postérieure gauche. Elle est assez fortement concave en dessus; son bord marginal est tranchant et à peu près deux fois aussi long que son bord interne. Celui-ci est peu épais, tandis qu’elle a dans son mi- lieu une épaisseur de 14%. On voit en dessus et en dessous l'impression de la ligne de séparation de deux écailles costales. En dessus, cette impression s'étend en ligne droite sur toute la longueur de la pièce, la partageant en deux parties, dont l’anté- rieure est un peu plus grande que la postérieure. L'impression inférieure est très-obli- que; partant du milieu du bord marginal, elle atteint le bord postérieur en arrière de son milieu. L'impression du bord postérieur de l’écaille part de ce point, et se dirige obliquement en avant. A la face supérieure, la ligne qui correspond à la séparation des écailles marginales et des costales passe tout à fait à la base de la pièce, c’est-à-dire sur la suture par laquelle elle s’unissait elle-même aux côtes. Cette circonstance, jointe à l'épaisseur de l'os, nous semble indiquer une Tortue terrestre. La pièce figurée PI. XIX, fig. 1, a, b, est la marginale impaire postérieure (sus- caudale). Elle est convexe en dessus, presque plane en dessous, où elle présente une partie médiane un peu plus élevée, limitée par deux sillons obliques peu profonds. Son épaisseur maximum est de 15"". Elle ne présente aucune trace d'impression, sauf celle qui correspond à la jonction de l’écaille sus-caudale et de la dernière vertébrale ; cette impression se confond avec la suture des pièces osseuses. Nous avons trouvé dans la collection de feu M. le D' Mayor la pièce que nous avons fait représenter PI. XIX, fig. 3. C’est une troisième marginale droite dont les formes rappellent tout à fait celles de son analogue chez la Testudo græca, cet qui a certaine- 52 PALÉONTOLOGIE SUISSE. ment appartenu à une Testudo. Elle est remarquable par la disproportion qui existe en- tre ses diverses parties. Elle est lrès-épaisse dans la région qui forme le bord externe de l’échancrure humérale, et très-mince, au contraire, dans la portion postérieure qui correspond aux flancs de la carapace proprement dite. La première de ces dimensions est d'environ 21%®, la seconde d'à peu près 4m“. Cette disproportion esl un peu plus grande que dans aucune des espèces que nous connaissons, La pièce que représente la PI. XIX, fig. 4, est la seconde marginale gauche. Sa face supérieure est peu bombée; son bord marginal est presque tranchant; elle s'épaissit en arrière et devient plus obluse. Son épaisseur maximum est de 45#" au bord antérieur, et de 18" au postérieur. À sa face supérieure elle présente l'impression de la ligne de séparation de deux écailles, qui est fortement sinueuse. On n'y distingue pas la li- gne de séparation des écailles marginales et de la première coslale, mais nous devons faire remarquer que la pièce est incomplèle dans la région où elle se joint avec la côle. A la partie inférieure l'impression forme un angle dirigé en arrière. Cette pièce nous paraît avoir les caractères des Tortues terrestres; mais nous som- mes embarrassés de la rapprocher, comme de l'éloigner, des précédentes; nous ferons seulement remarquer qu’elle présente une épaisseur analogue. 20 Pièces de la carapace appartenant probablement à des Emydes. La pièce que représente la fig. 5 de la PI. XVIIT est une portion antérieure de la nuchale ayant appartenu à une grande espèce. Le seul détail qu'on puisse y observer est l'impression de l’écaille nuchale, qui est très-grande, large de 20", et probable- ment un peu plus longue que large. Elle est de forme à peu près reclangulaire avec son bord postérieur arrondi. À sa face inférieure elle montre aussi l'impression qui est large de 15"". L'os présente en arrière une épaisseur maximum de 12" et décroit rapidement en avant. La pièce figurée PI. XVIII, fig. 4, appartient à la même région que la précédente et elle est mieux conservée dans sa partie postérieure. Elle n’en diffère guères que par sa face inférieure, plus excavée dans son milieu et plus relevée vers ses bords, ce qui üent peut-être à un peu de compression artificielle chez la première !. L'impression des écailles présente en grande partie les mêmes caractères. L'écaille gulaire est large de 24mm, et sa longueur parait avoir été un peu plus considérable. Son bord postérieur n'est toutefois pas régulièrement arrondi comme dans la pièce précédente, mais si- nueux et convexe en avant dans son milieu. ! Cette inégalité de la face inférieure est si grande que l'os n’a qu'environ 4mm d'épaisseur dans la ré- gion qui correspond au centre de la première écaille vertébrale, tandis qu'il atteint 18mm sur ses côtés. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 55 Cette pièce montre mieux que la précédente, que la première écaille vertébrale était amincie en avant, car ses côtés antéro-externes sont très-obliques, au point que si on les prolongeait, ils formeraient presqu'un angle droit entr'eux. La portion inférieure de l'écaille gulaire est presqu'aussi large que la supérieure. Malgré ces différences, nous sommes portés à croire que ces deux pièces apparte- naient à la même espèce. Nous avons figuré, PI. XVIIT, fig. 3, une pièce qui nous a été communiquée par les directeurs du Musée de Fribourg. C’est une partie de la carapace qui a appartenu aux dernières pièces par lesquelles elle était unie au plastron, et qui formait l’échancrure fémorale droite. Elle montre le point de contact de trois écailles marginales avec la quatrième costaie. La forme des lignes qui correspondent aux bords des écailles prouve que ce fragment a appartenu à une émyde bombée et solide. La fig. 6, a, b, de la PI. XIX représente une huitième ou neuvième marginale gauche. Elle est un peu concave en dessus et très-convexe en dessous. Son bord externe est tranchant et un peu plus grand que l’interne. Son épaisseur maximum est de 11", Elle présenle une trace de la ligne de séparation des deux écailles, qui part à l'extrémité interne, un peu en arrière de son milieu et aboutit au milieu du bord tranchant. Per- pendiculairement à cette impression, on voit celle qui correspond à l’union des écailles costales et marginales; celle-ci passe non loin du bord sutural correspondant, de ma- nière à laisser entr'elle et ce bord un cinquième de la longueur de la pièce. A la face inférieure les écailles costales s'étendent moins en dedans, et sont séparées par une ligne plus rapprochée du bord antérieur que du postérieur. L'ensemble de ces caractères se rapporte assez bien au genre Emyde. La collection de M. Blanchet renferme une pièce marginale (PI. XIX, fig. 7) apparte- nant à la même région, mais plus épaisse (14"*). Les bords sont incomplets. Les écail- les y ont laissé des impressions analogues. La pièce figurée PI. XX, fig. 1, &, est une pièce impaire marginale postérieure (ou sus-caudale}. Elle est à peu près rectangulaire, plus longue que large, peu épaisse. Sa longueur est de 28"" et son épaisseur de 4"". Elle présente, en dessus, des impressions d’écailles; celle qui correspond à la suture des marginales et de la dernière vertébrale laisse deux cinquièmes de la longueur de la pièce entr’elle et le bord sutural corres- pondant. La ligne de séparation des deux écailles marginales est droite et médiane. Une autre pièce (PI. XX, fig 1, b) parait être analogue à la précédente et avoir ap- paritenu à une tortue de même dimension. Elle est vue en dessous. Les différences qu'elle présente ne nous paraissent dues qu’à son imparfaite conservation. Ces deux fragments ont évidemment appartenu à des émydes. PALÉONTOLOGIE SUISSE: Ce CN 5° Pièces du Plastron. La fig. 5 de la PI. XIX est celle d'un hyosternal. Il ne présente de remarquable que le rapprochement des lignes qui limitent en arrière les écailles humérales et les pec- torales. Ce caractère se retrouve chez quelques espèces du genre Testudo, et en par- ticulier chez la T. antiqua, Bronn, et la T. Escheri, Pictet et Humbert. L'os, qui est plus épais que chez les tortues vivantes, parait l'avoir été moins que dans la pièce représentée fig. 1, PI. XVIIT. La fig. 2, a, b, ce, de la PI. XX a été faite d’après une pièce du musée de Lausanne, et le trait qui la complète a été tracé d’après les documents fournis par des pièces ap- partenant à M. Blanchet. L'os représenté dans cette figure est un fragment d’épisternal droit ayant appartenu à un individu de grande taille. Il est remarquable par son épaisseur, qui atteint 307». Sa face externe est à peu près plane ou plutôt très-légèrement convexe. Elle ne pré- sente pas d’aulres caractères que l'impression du rebord postérieur de l’écaille gulaire, qui est plus près du bord antérieur de la pièce que de son bord postérieur. Cette im- pression parait avoir été bifurquée de manière à donner naissance à une petite écaille accessoire, comme cela se rencontre chez plusieurs Emydes, par exemple, chez la Po- docnemis expansa. Son bord est très-obtus et parail avoir formé une courbe uniforme, de manière à ce que la partie antérieure du plastron fut régulièrement arrondie. La face supérieure ou interne a son bord fortement déclive en dehors, et est brusquement excavée en arrière, plus fortement encore que dans la Testudo græca. La pièce figurée PI. XX, fig. 3, a, b est un hyposternal droit assez fracturé. Il est surtout remarquable par l'énorme disproportion qui existe entre ses diverses parties; il s’amincit, en effet, jusqu'à 4%" vers son bord antérieur et a 26m à la base de l’apo- physe par laquelle il se joint à la carapace. Le fond de l’échancrure se prolonge en un sillon peu profond sur la face externe. L’impression formée par la ligne qui sépare les écailles abdominales et fémorales ne suit point la même direction que dans la pièce figurée PI. XVIII, fig. 2; elle nait plus en avant, à niveau du fond de l’échancrure fémorale, se dirige obliquement en avant et en dedans, puis, s’infléchissant faiblement, elle arrive vers la ligne médiane en continuant à être un peu oblique en avant. La pièce qui a été représentée PI. XVIIT, fig. 1 comprend un entosternal avec les parties avoisinantes du hyosternal. L’entosternal est limité en arrière par une ligne d'une courbure régulière qui rappelle l'extrémité d’une cllipse. Il cst traversé longilu- dinalement dans son milieu par l'impression médiane des écailles peclorales. Cette ligne se bifurque irrégulièrement, donnant naissance à des impressions à peu près perpen- CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. DD diculaires à la ligne médiane, qui doivent correspondre au bord postérieur des écail- les humérales. La partie antérieure de cel entosternal étant fracturée, on ne peut pas voir la naissance des gulaires. Autant que l’on en peut juger, la bifurcation dont nous avons parlé était sur le milieu de l’entosternal. L’épaisseur de cette pièce est remar- quable, car elle fait presque la moitié de la largeur de l’entosternal. Ce fragment nous parait n'avoir pu appartenir qu'à une émyde, car dans les tortues proprement dites, les écailles humérales couvrent tout l’entosternal. La fig. 2, a, b, de la PI. XVIII représente un hyposternal gauche qui est presque complet. Son bord antérieur, qui correspond à l’hyosternal, est droit, sauf vers son ex- trémité interne, où il se dirige un peu en avant. Son bord postérieur est arqué en avant (s’il n’a pas été modifié par la cassure). Son bord externe présente vers son ex- trémité antérieure la base d’une forte apophyse qui servait à l'union avec la carapace. Elle est immédialement suivie d’une dépression qui correspond au fond de l’échancrure fémorale; ce fond est silué un peu en avant du tiers antérieur de la longueur de l'os. Le reste du bord externe est sensiblement arqué en dehors et s’amincit de manière à devenir tranchant. Cet os présente extérieurement, à peu près vers son milieu, une impression très-sinueuse qui correspond à la ligne de séparation des écailles abdomi- nales et fémorales. Cette ligne part du bord externe, un peu en arrière du fond de l’échancrure fémorale, se dirige obliquement en avant, et ne tarde pas à s’infléchir brusquement en arrière pour se diriger à angle droit de sa précédente direction. Arri- vée vers le milieu de la pièce, elle se courbe de nouveau en avant, mais moins for- tement, puis, par une dernière inflexion, elle arrive sur le bord médian en se diri- gcant un peu en arrière. Nous croyons que l'espèce à laquelle a appartenu cette pièce était une Tortue d’eau douce plutôt qu'une Tortue de terre. Notre opinion se fonde sur les considérations sui- vanies : 1° L'hyposternal n’était attaché à la carapace que par un espace très-court, et, en examinant de près la base de l’apophyse dont nous avons parlé, l'on y distingue le long de son bord une impression qui semble indiquer une union cartilagineuse. 20 Quoique la forme très-sinueuse de la ligne de séparation des écailles rappelle plu- tôt ce qui a lieu chez plusieurs Tortues de terre, la position de cette même ligne sur le milieu de l'os est bien plus en rapport avec les caractères ordinaires des Emydes. Nous ne pensons pas que cette espèce soit la même que celle qui a été figurée PI. XVIII, fig. 1, car l'os est bien moins épais proportionnellement à sa grandeur. La fig. 8 de la PI. XIX représente un entosternal sur lequel se coupaient la ligne médiane de séparation des écailles et celle qui borde en arrière les pièces humérales. Il est trop imparfaitement conservé pour être décrit, on voit seulement qu'il n'appar- tient pas à la même espèce que celui de la fig. 1, PI. XVIII, car son épaisseur est au moins cinq fois dans sa largeur. 56 PALÉONTOLOGIE SUISSE. 4 Os des membres. La collection de M. Blanchet renferme un fragment de têle supérieure d'humérus-. Malheureusement cet os ne se trouve pas dans un état de conservation suffisant pour fournir des documents de quelque importance. 5e Résumé. Si, après avoir décrit ces fossiles de la Molière, nous cherchons à nous rendre compte du nombre des espèces qu'ils représentent et des carac- tères de celles-ci, il s'offre une grande difficulté qui consiste en ce que les matériaux manquent pour associer les différentes pièces entre elles. Nous croyons cependant pouvoir affirmer qu’il existe au moins quatre espèces qui son : 1° Une tortue de terre, caractérisée principalement par les pièces figu- rées PI. XIX, fig. 1, 2 et 5. Nous n’avons pas de motifs suffisants pour en séparer les deux pièces figurées PI. XIX, fig. 4 et 5. Il nous est impossible de décider si cette espèce peut se rapporter à une de celles qui sont con- nues. 20 Une tortue très-épaisse /Testudo où Emys), caractérisée surtout par le gros épisternal, PL XX, fig. 2. Nous n'avons aucun motif pour en séparer l’hyposternal, PL XX, fig. 3. Cette espèce présente dans son épaisseur même, un caractère qui nous semble la distinguer de toutes celles qui ont été décrites. 5° Une émyde très-épaisse encore, mais cependant probablement moins que la précédente, et surtout moins irrégulièrement épaisse. Nous la carac- térisons surtout par lentosternal, PI. XVIIT, fig. 1. L’analogie d'épaisseur nous engage à y associer la pièce nuchale représentée PI. XVIIL, fig. 4, et par conséquent celle de la PI. XVILE, fig. 5. Nous ne trouvons pas de motif pour en séparer la pièce figurée PI. XVIIE, fig. 5. Il ne serait pas impossible encore que l’hyposternal PI. XVII, fig. 2, lui appartint aussi; dans tous les cas, cet hyposternal est différent de celui que nous avons attribué à l’espèce précédente. Les deux pièces figurées PI. XIX, fig. 6 et 7 sont moins carac- téristiques, mais pourraient encore lui appartenir. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 57 4° Une émyde plus mince, plus semblable par ses formes aux émydes actuelles, caractérisée par les pièces PI. XX, fig. 1 a et 1 b, et peut-être par lentosternal PI. XIX, fig. 8. Nous possédons d’ailleurs quelques petites pièces marginales qui, trop incomplètes pour être décrites et figurées, appartiennent au même type. Nous devons bien faire remarquer que nous ne considérons point les associations indiquées ci-dessus comme appuyées sur des preuves sufi- santes, et que par conséquent le nombre des espèces pourrait être supérieur à quatre. Il nous est impossible d'émettre aucune opinion sur les rapports de ces quatre espèces avec les Emys de Fonte, Bourdet, et Cordier, id., qui sont trop incomplétement connues pour permettre aucune comparaison. Une partie des pièces décrites ci-dessus devraient probablement être rapportées a l’une ou à l’autre; mais c’est ce qu’il nous est impossible de discuter. ART. 9. CHÉLONIENS D'ŒNINGEN. Les Chéloniens d'OEningen ont été décrits d’une manière très-complète par M. H. de Meyer et nous nous bornons en conséquence ici à les indiquer. La première espèce ! est la Chelydra Murchisom, Bell, très-belle tortue connue par la presque totalité de son squelette. Sa longueur totale, depuis le museau jusqu’à l'extrémité de la queue, est de près d’un mètre. Sa ca- rapace est longue de 45 centimètres. Le plastron est remarquable par sa forme en croix. La queue est longue. La seconde espèce est l'Emys scutella, H. de Meyer ?, dont on ne connait que la face interne de la partie antérieure de la carapace. Les pièces cos- tales paires ne s’articulent qu'avec une seule pièce vertébrale et les impaires 1 H. de Meyer, Zur Fauna der Vorwelt, OEningen, p. 12, pl. XI et XII; Testudo orbicularis, Karg, Denkrs. der Naturf. Gesellsch., p. 28; Testudo indica, Murchison, Geol. Trans. 2e série, T. III, p. 281; Chelydra Mur- chisoni et Chelydra OEningensis, Bell, Proceed. geol. Soc., 1831-1832, p. 342, Philos. mag., 1832, T. XI. p. 231, Geol. Trans., 2e série, T. IV, p. 279, pl. 24. M. H. de Meyer associe avec doute à cette espèce la Clemmys Kargü, Fitzinger,-et l'Hydraspis OEningensis;, idem. ? Zur Fauna der Vorwelt, OEningen, p. 17, pl. VIL, fig. 2. 38 PALÉONTOLOGIE SUISSE. avec trois comme chez les vraies tortues. Les côtes sont très-visibles sur toute la longueur de la pièce costale comme chez lespèce du Grüsisberg, que nous avons figurée PI. XVII, fig. 4; mais il paraît, ainsi que nous l’a- vons dit plus haut, que ces deux espèces ne sont cependant pas identiques. ART. 10. TRIONYX ET TRACHYASPIS. Dans la nature actuelle, la famille des Tortues fluviales (Potamites, Dum. et Bibron), correspondant à l’ancien genre Trionyx, Geolfroy, est caractéri- sée par une enveloppe osseuse, à surface externe creusée de fossettes plus ou moins confluentes et recouverte par une peau molle sans aucune trace d’écailles. Deux genres, qui n’ont plus de représentants vivants, offrent le même caractère de fossettes à la surface de la carapace et du plastron; ils se dis- tinguent par des impressions évidentes, prouvant que lanimal a été recou- vert d’écailles, comme cela se voit chez la plupart des Chéloniens. Ces caractères, joints à quelques détails du squelette, semblent prouver que ces deux genres sont intermédiaires entre les Thalassites et les Elodi- tes, et, suivant l'opinion de la majorité des paléontologistes, plus rappro- chés de ces dernières. Le premier de ces genres est celui des Zretosternon, établi par M. Owen ‘ sur une espèce du calcaire de Purbeck (terrain wealdien), qui, outre les caractères ci-dessus, se distingue par des pièces costales arrondies à l’ex- trémité dans lesquelles la côte ne se prolonge pas pour former une pointe, par Pabsence probable des pièces marginales, et par un sternum percé dans son milieu d’une ouverture elliptique. Le second genre est celui des Trachyaspis, établi par M. H. de Meyer ? sur ! Mantell, 1822, Fossils of south Devon or Illustrations of the geology of Sussex, p. 47 (Trionyx); Id., 1827, Illustrations of the geology of Sussex with figures and descriptions of the fossils of Tülgate forest, p. 60, pl. 6, fig. 1, 8 et 5 (Trionyx); Id., 1833, The Geology of the South East of England, p. 255, avec figure (Trionyx Bakewelli, Mant.) ; Owen, On British foss. Rept., Report Brit. Assoc., 1841, p. 165 (Tretosternon punctatum, Owen): Mantell, 1851, Petrifications and their teachings, Brit. Museum, p. 157 (Tretosternum). ? Leonh. und Bronn, Neues Jahrbuch, 1843, p. 698. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 59 des fragments du Mont de la Molière et du canton de Vaud, qui sont les mêmes que ceux que nous décrivons plus loin. Ce paléontologiste n’en a donné qu’une brève description et a caractérisé le genre uniquement par les fossettes de la surface externe des os et par les impressions des écailles, circonstances insuffisantes pour le séparer des Tretosternon. La belle pièce du Musée de Lausanne, que nous décrivons PI. XXI, fig. 1, montre en ou- tre que la côte, après son élargissement, se prolongeait en une pointe libre comme chez les Chélonées et les Trionyx, et rend probable l'existence de pièces marginales osseuses. Il est vraisemblable, en conséquence, que les Trachyaspis sont plus voisines de ces deux genres que ne le sont les Tre- tosternon, et leur association avec les Elodites nous parait plus douteuse. Parmi les pièces que nous avons étudiées, quelques-unes, n’ayant point d’impressions d’écailles, semblent se rapporter à des Trionyx. 1° Côte de Trachyaspis du Musée de Lausanne. C’est une côte complète (PI. XXI, fig. 4) qui doit être une seconde droite. Elle est appliquée contre un bloc de grès par sa face externe, de sorte que l’on ne voit que sa face interne; mais une cassure qui se trouve à sa base permet de distinguer l'empreinte qu'ont laissée sur la pierre les bords des écailles caractéristiques du genre Trachyas- pis. Sa longueur totale est de trente-deux centimètres, quoiqu'elle ne soit pas tout à fait complète vers son origine; sa plus grande largeur est de soixante-cinq millimètres, et l'extrémité libre de la côte proprement dite a quarante millimètres. La parlie étalée de cette pièce a ses bords antérieurs et postérieurs parallèles. Son bord externe est pres- que perpendiculaire aux précédents entre la pointe libre de la côte et le bord posté- rieur; il est très-oblique entre cetle même pointe et le bord antérieur. La côte propre- ment dite, facile à reconnaitre à la saillie qu'elle fait, suit à peu près le milieu de la pièce. Les vermiculations de la face supérieure sont bien marquées et composées en majorilé de fossettes allongées el confluentes. Le bord de l'écaille vertébrale correspondante laisse une forte impression formant un angle à peu près droit, dont le sommet se trouve sur la ligne médiane de la côle. On ne peut pas suivre la ligne de séparation des écailles costales qui naissent de ce point; elle est cachée par l'os. 60 PALÉONTOLOGIE SUISSE. 20 Côtes de Trachyaspis du Mont de la Molière. La collection de M. R. Blanchet renferme deux fragments très-incom- plets, provenant de la Molière, qui ont évidemment appartenu à des Tra- chyaspis. L'une de ces pièces {PI. XXI, fig. 2) est une côle paire; son contour est très-in- forme; les vermiculations sont comme dans la pièce du Musée de Lausanne (PI. XXI, fig. 1}, confluentes et allongées. On distingue l'angle externe de l’écaille vertébrale, un peu plus aigu qu'un angle droit et marqué par un sillon bien distinct. De cet angle part un autre sillon droit, probablement parallèle à la direction de la côte, et corres- pondant à la ligne de séparation des écailles costales. L'autre pièce [PI. XXI, fig. 3) appartenait à une des côtes impaires. A sa face infé- rieure on voit le point où la côte se relevait pour s’articuler avec le corps de la ver- tèbre. A la face supérieure l’on observe des vermiculations semblables à celles des pièces précédentes, et des sillons bien marqués correspondant aux bords des écailles vertébra- les. L'un de ces sillons, parallèle à la direction de la côte, est la ligne de séparation de deux écailles vertébrales suecessives; il est droit dans sa partie conservée. Deux autres sillons, formant par leur rencontre un angle obtus dont le sommet tombe sur l'extrémité du sillon précédent. correspondent à la séparation des écailles vertébrales et de l’écaille costale. 3° Trionyx de la Mollasse d Yverdon. M. Blanchet nous a communiqué deux pièces costales assez complètes, provenant de la mollasse d’'Yverdon. La première (PI. XXIT, fig. 4, a, b)] a dù appartenir à la région médiane, autant du moins que l’on peut en juger par ses bords droits. Elle forme un quadrilatère allongé, dont le côté interne est le plus petit. Ce côté est le seul qui soit fracturé, et cette fracture laisse du doute sur la longueur normale de la côte. Le bord externe est taillé en biseau presque lisse; tout le reste de la surface est couvert de fosseltes assez régu- gulières, dont les unes sont confluentes et dont les autres sont arrondies. On ne re- marque aucune trace de sillons d'écailles, mais la fracture dont nous avons parlé, lais- sant la pièce incomplète vers son bord interne, il ne serait pas impossible que ce füt une des côtes impaires d'une Trachyaspis. A la face inférieure, la côte proprement dite CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 61 forme une saillie qui longe le bord de plus près que dans aucune espèce que nous connaissions; sa partie libre qui est brisée, s’est trouvée tout à fait sur une des extré- mités du bord externe. La seconde pièce (PI. XXII, fig. 2) esl beaucoup plus large et plus courte que la précédente. Elle a dù être la première côte gauche. Son bord postérieur est le plus grand; il est droit. Son bord antérieur est très-faiblement arqué en avant. Son bord interne, s’il n’y a pas eu fracture sur ce point, est un peu sinueux; l’externe est oblique en avant et en dedans. La saillie correspondant à la côte est très oblique; elle commence vers l’angle interne et postérieur, se dirigeant vers l'angle externe et anté- térieur. Cette région interne et postérieure est fracturée, de sorte qu'on ne peut, ni voir la forme de la côte à son origine, ni savoir si la pièce est complète; mais cette fracture permet, en revanche, de distinguer les granulations qui sont identiques à cel- les de la pièce précédente. Elle permet aussi de constater l'absence totale d'impres- sions d'écailles. Cette dernière circonstance prouverait évidemment que l'espèce dont il s’agit est une Trionyx et non une Trachyaspis, si lon pouvait être certain qu'il n’y à pas eu d'impression sur quelque portion de la pièce qui n'aurait pas été conservée. Nous sommes portés à croire qu’une telle impression n’a pas existé, car l’inspection attentive de cet os semble démontrer que s’il manque un fragment de l’empremte, il en manque bien peu. L’obliquité même de la côte le prouve, car si on la prolongeait, sa tête se trouverait en dehors de la pièce. Si nous ne nous trompons pas, et si cette pièce a appartenu à une véri- table Trionyx, elle devra entraîner dans le même genre la pièce précédente, qui, conservée sur le même bloc de mollasse et couverte de granulations identiques, a très-probablement appartenu à la même espèce et au même individu. 4° Trionyx ou Trachyaspis de Rochette. M. Ph. De la Harpe nous a communiqué un fragment de carapace pro- venant des lignites de Rochette et présentant des débris de quatre côtes consécutives. Cette pièce est malheureusement dans un état de conserva- tion qui ne permet pas de la décrire. Le seul caractère que l’on puisse si- snaler est l'existence de granulations, qui sont très-différentes de celles des 62 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Trachyaspis et composées de fossettes profondes, arrondies, disposées en li- gnes régulières. On n’y remarque aucune trace d’impressions d’écailles, mais comme la surface externe n’est visible que sur une partie de lune des côtes, cette circonstance ne suffit pas pour décider si lespèce a appartenu au genre Frionyx ou au genre Trachyaspis. Nous pouvons ajouter que la longueur des côtes est plus grande à proportion de leur largeur que dans aucune des espèces que nous avons pu étudier. 5° Plastron provenant de la Molière. La pièce représentée PI. XXIT, fig. 5, et qui appartient au Musée de Lau- sanne, nous à beaucoup embarrassé, d'autant plus qu’elle est très-Imcom- plète. Sa forme parfaitement plate, tant en dessus qu'en dessous, ferait croire qu'elle a appartenu à un plastron. Elle est couverte à sa face externe de granulations plus fines et formées de fossettes plus régulières que les autres pièces de la Molière. On n’y remarque aucune trace de sillons d’écailles. Un de ses bords est aminei, comme taillé en biseau, arrondi, et se termine par une expansion plus mince encore, striée tant en dessus qu’en dessous. Cette pièce, qui ne se rapporte à aucune forme à nous connue, a probable- ment appartenu à une des extrémités du plastron. 6° Pièces indéterminables de la Molière. La collection de M. Blanchet renferme un fragment d’une pièce verté- brale avec le commencement de la suivante. Elle a des vermiculations semblables à celles des côtes que nous avons décrites et ne fournit aucun document nouveau. La seule chose à remarquer est un commencement de suture longitudinale assez inexplicable, qui nous paraît indiquer une ano- malie semblable à celles que nous avons remarquées chez quelques Tortues vivantes. Nous ne parlons pas de plusieurs autres pièces de la collection de M. Blanchet, qui sont trop incomplètes pour rien fournir de nouveau à la con- naissance des genres et des espèces. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 63 7° Résumé. Les Chéloniens à carapace ponctuée, de la mollasse suisse, forment au moins trois espèces : 1° Une véritable Trachyaspis, représentée par la pièce du Musée de Lau- sanne (PI. XXE, fig. 1). Nous ne trouvons aucun caractère suffisant pour en séparer les pièces de la Molière représentées PI. XXE, fig. 2 et 3. L'espèce formée par cette réunion est la 7r. Lardyr, H. de Meyer ‘. Si, plus tard, de nouveaux documents forçaient à séparer la pièce du Musée de Lausanne de celles de la Molière, le nom devrait rester à la première. 2° Une espèce de la mollasse d’Yverdon, appartenant probablement au genre Trionyx (PI. XXI, fig. 1 et 2). 3° Une espèce des lignites de Rochette, incomplétement connue. À Leonhard und Bronn, Neues Jahrbuch, 1843, p. 699. 64 PALÉONTOLOGIE SUISSE. RÉSUMÉ GÉNÉRAL. Catalogue des Chéloniens observés dans la mollasse suisse. Genre TESTUDO, Brongniart . Tesrupo EscHeRt, Pictet et Humbert, p. 17, pl. [, Il et IL Trouvée à Winterthur dans la mollasse d’eau douce supérieure, à Ellg dans les ligni- tes, p. 25, et probablement aussi à Stein dans le canton de Schaffouse, p. 24. Tesruno, sp., p. #1, pl. XV, fig. 1 et 2. Marnes d’eau douce de la Chaux- de-Fonds. Tesruno, sp., p. 46, pl. XVI, fig. 2. Mollasse de Rappenflüh, près d’Aar- berg. Tesruno, sp., p. 47, pl. XVI, fig. 5. Mollasse de l’Engi, près Berne. Tesrupo, sp., p. dl, pl. XIX, fig. 1-4. Mollasse marine du Mont de la Molière. Genre EMYS, Duméril. Emys LaHarri, Pictet et Humbert, p. 25, pl. IV et V. Lignites de Lau- sanne. 1 Nous ne citons pas dans ce catalogue la Testudo antiqua, Bronn, quoiqu'elle ait été indiquée avec doute par M. H. de Meyer dans la mollasse suisse. Nous ne connaissons aucun fragment qui puisse lui être rapporté. (Voyez p. 22.) CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 65 Emys CHARPENTIERI, Pictet et Humbert, p. 29, pl. VI et pl. VIE, fig. 1. Lignites de Lausanne. Emys, sp., p. 51, pl. VIE fig. 2 et 5. Lignites de Lausanne. Emys, sp., p. 51, pl. VIT, fig. 4. Lignites de Lausanne. Emys Gaunini, Pictet et Humbert, p. 52, pl. VII, IX et X. Mollasse de Lausanne (campagne du Solitaire ‘). Emys, sp., p. 40, pl. VIE, fig. 5 et 6. Mollasse du Vengeron, près Genève. Euys Nrcorerr, Pictet et Humbert, p. 42, pl. XV et XVI. Marnes d’eau douce de la Chaux-de-Fonds. Emvs WyTTenBacau, Bourdet de la Nièvre, p. 45, pl. XVIT, fig. 1. Mol- lasse d’eau douce de Rappenflüh, près d’Aarberg. Il faut lui réunir la Che- lonia Merssneri, Bourdet. Emys, sp., p. 48, pl. XVII, fig. 4 Mollasse d’eau douce du Grüsisberg, près Thun. Emys GESsNERI, H. de Meyer, p. 49. Mollasse d’Argovie. Euys FLeiscHert, H. de Meyer, p. 49. Mollasse d’Argovie. EMys DE Fonte, Bourdet, p. 50. Mollasse marine de la Molière. Euys Corpierti, Bourdet, p. 50. Mollasse marine de la Molière. Emys? sp. (ou Testudo?), p. 52 et 56, pl. XX, fig. 2 et 5. Mollasse marine de la Molière. Euys, sp., p. 52 et 56, pl. XVIIL, fig. 1, 4 et 5, et probablement pl. XVII, fig. 2 et 5, .et pl. XIX, fig. 6 et 7. Mollasse marine de la Molière. 1 Une confusion provenant de la similitude des noms nous a fait à tort indiquer cette espèce comme trouvée à la Solitude, autre localité des environs de Lausanne. 9 66 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Emys, sp., p. 52 et 56, pl. XX, fig. 1 a et 1 b. Mollasse marine de la Mo- lière. Emys scuTELLA, H. de Meyer, p. 57. Calcaire d’eau douce d’OEningen. Genre CISTUDO, Fleming. Cisruno Razoumowskvi, Pictet et Humbert, p. 55, pl. XI, XII et XII. Mollasse d’eau douce de Crissier, près Lausanne. Cistupo MorLori, Pictet et Humbert, p. 58, pl. XIV. Mollasse d’eau douce du tunnel de Lausanne. Genre CHELYDRA, Schweigger. CHELYBRA MurCHisoni, Bell, p. 57. Caleaire d’eau douce d'OEningen. Genre TRACHYASPIS, H. de Meyer. Tracayaspis LanDy:, H. de Meyer, p. 59 et 65, pl. XXE, fig. 1, 2 et 5. Mollasse d’Yverdon et Mollasse marine de la Molière. Genre TRIONYX, Geoffroy. TRIONYX, sp., p. 60 et 65, pl. XXIT, fig. 1 et 2. Mollasse d’eau douce d’Yverdon. TRiONYX, sp.? (ou Trachyaspis), p. 61. Lignites de Rochette. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 67 EXPLICATION DES PLANCHES. (Toutes les figures sont de grandeur naturelle.) PI. I. Testudo Escherr, Pictet et Humbert, p. 17, vue de profil. Mollasse de Win- terthur. PI. II. La même espèce vue en dessus. PI. III. Idem. vue en dessous. P]. IV. Emys Laharpr, Pictet et Humbert, p. 25, vue en dessus. Lignites de Lausanne. PI. V. La même espèce vue en dessous. PI. VI. Emys Charpentieri, Pictet et Humbert, p. 29, vue en dessous. Lignites de Lau- sanne. PI. VII, fig. 1. Portion du plastron de la même espèce. Fig. 2. Episternal d’une autre émyde des lignites de Rochette, p. 31: a, vu en dessous; à, vu par sa face interne ou supérieure. Fig. 3. Episternal ayant probablement appartenu à un individu plus petit de la même espèce : a, vu en dessous; b, vu en dessus. Fig. 4. Portion du plastron d’une autre émyde des lignites de Rochette, p. 34, vu par sa face inférieure. Fig. 5. Omoplate d’une émyde {?) trouvée dans la mollasse du Vengeron, p. 40. Fig. 6. Fragment de côte d'une émyde trouvée avec le fragment précédent, p. 40. Vu par sa face interne. PI. VIII, Emys Gaudim, Pictet et Humbert, p. 32, vue en dessus. Mollasse du Soli- taire, près Lausanne. 68 PI. PI. DJ PI. PI. PI. PALÉONTOLOGIE SUISSE. IX. La même espèce vue en dessous. X. Idem. vue de profil. XI. Cistudo Razoumowskyi, Pictet et Humbert, p. 35, vue en dessus. Mollasse de Crissier, près Lausanne. XII. La même espèce vue en dessous. X1IL. Idem. vue de profil. XIV. Fragments du plastron de la Cistudo Morloti, Pietet et Humbert, p. 38. Mol- lasse du tunnel de Lausanne. Fig. 1. Ces fragments vus par leur face inférieure ou externe: 1, & une partie des hyosternaux et de l’entosternal; 4, 6, une partie des hyposternaux ; 1, c, coupe longitudinale de l’hyosternal pour montrer son épaisseur. Fig. 2. Ces mêmes fragments vus par leur face supérieure ou interne : 2, a, hyos- ternaux et entoslernal; 2, b, hyposternaux ; 2, c, portion de la charnière. Fig. 3. Manière dont les deux os se rencontrent pour former la charnière, par une bande dentée à la face externe et par un biseau lisse à la face interne. PI. XV, fig. 1. Entosternal d’une tortue de terre, p. 41: a, vu en dessous ou par sa face externe: b, vu en dessus ou par sa face interne. Calcaire d'eau douce de la Chaux-de-Fonds. Fig. 2. Troisième pièce marginale droite de la carapace, appartenant probable- ment à la mème espèce, p. 41: a, vue par sa face supérieure ou externe; b, vue par sa face inférieure; c, surface de contact avec la pièce suivante. Fig. 3 à 9. Pièces de la carapace de l'Emys Nicoleti, Pictet et Humbert, p. 42. Calcaire d’eau douce de la Chaux-de-Fonds. Fig. 3. Pièce nuchale: a, vue en dessus; b, vue par sa face inférieure; e, autre pièce nuchale vue en dessus; d, pièce nuchale d’un troisième in- dividu, également vue par sa face supérieure. Fig. 4. Première marginale droite: a, vue en dessus; b, vue par sa face inférieure ; c, surface de contact avec la marginale suivante. Fig. 5. Seconde marginale gauche : «a, vue en dessus; b, surface de cen- tact avec la marginale suivante. Fig. 6. Troisième ou quatrième marginale gauche, correspondant au fond de l’échancrure humérale: a, vue en dessus; 6, vue de profil. Fig. 7. Septième? marginale droite : a, vue en dessus; b, vue en dessous; c, vue par sa face articulaire. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 69 Fig. 8. Huilième? marginale gauche: a, vue en dessus; Ÿ, vue en des- sous; €, vue par sa face articulaire. Fig. 9. Dixième? marginale gauche: a, vue en dessus; b, vue en dessous; c, vue par sa face arliculaire. PI. XVI. Plastron restauré de l’Emys Nicolet, Pictet et Humbert, p. 43. Calcaire d’eau douce de la Chaux-de-Eonds. Fig. 1. Pièces du plastron vues par leur face externe, et donnant par consé- quent la direction des lignes de séparation des écailles. Fig. 2. Les mêmes pièces vues par leur face interne et indiquant la sépara- tion des pièces osseuses. Dans ces deux figures les lettres sont disposées comme suit : « entosternal, b épisternal, c et d hyosternaux, e hyposternal, f et g deux fragments du xi- phisternal. PI. XVII, fig. 4. Portion postérieure du plastron de l'Emys Wyttenbachu, Bourdet, p-. 45, vue par sa face externe. Mollasse de Rappenflüh, près Aarberg. Fig. 2. Partie de l’hyosternal d’une tortue de terre trouvée à Rappenflüh, p- 46: a, vue par sa face externe; b, vue de profil. Fig. 3. Côte de tortue de terre trouvée dans la mollasse de l’Engi, près Berne, p. 47, vue par sa face interne. Fig. 4. Première pièce costale droite d'une émyde trouvée au Grüsisberg, près Thun, p. 48: a, vue par sa face externe ou supérieure; b, vue par sa face in- terne. PI. XVIII. Emyde de la mollasse marine de la Molière. Fig. 1. Entosternal et portion des hyosternaux, p. 54 et 56. Fig. 2. Hyposternal de la mème localité, appartenant probablement à la même espèce, p. 54 et 56: a, vu par sa face externe; D, vu par sa face interne. Fig. 3. Portion de la carapace correspondant au fond de l’échancrure fémorale droite et pouvant être rapportée à la même espèce, p. 53 et 56. Fig. 4. Pièce nuchale qui peut probablement encore être attribuée à la mème espèce, p. 52 et 56: a, vue en dessus; b, vue par sa face interne ou inférieure. Fig. 5. Autre pièce nuchale faisant encore partie de la même espèce, p. 52 et 56: a, vue en dessus; à, vue en dessous. PI. XIX. Tortue et émydes de la mollasse marine de la Molière. Fig. 1. Pièce marginale impaire postérieure d'une tortue de terre, p. 51 et 56: a, vue en dessus; b, vue en dessous. 70 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Fig. 2. Pièce marginale gauche de la région postérieure de la carapace, ayant probablement appartenu à la même espèce, p. 51 et 56. Fig. 3. Troisième marginale droite, pouvant encore être rapportée à la même espèce, p. 51 et 56. Fig. 4. Seconde marginale gauche, que nous n'avons également aucun motif pour ne pas attribuer à la même espèce, p. 52 et 56. Fig. 5. Hyosternal d’une tortue de terre qui est peut-être encore le même que les précédents, p. 54 et 56. Fig. 6. Huitième ou neuvième marginale gauche d’une émyde qui est peut-être la même que l'espèce figurée dans la PI. XVIII, p. 53 et 56. Fig. 7. Pièce marginale de la région postérieure d'une émyde qui est peut-être la même que la précédente, p. 53 et 56. Fig. 8. Entosternal d'une émyde plus petite et plus mince, p. 55 et 517. PI. XX, fig. 1-3. Chéloniens de la mollasse marine de la Molière. Fig. 1, a. Pièce impaire marginale postérieure (sus-caudale) d’une émyde, vue en dessus, p. 53 et 57, appartenant peut-être à la même espèce que le plastron figuré PI. XIX, fig. 8. Fig. 1, b, pièce impaire marginale postérieure, vue en dessous, devant probablement être rapportée à la même espèce, p. 53 et 57. Fig. 2. Episternal d'une émyde? (ou tortue) très-épaisse, p. 54 et 56: a, la pièce vue en dessus ou par sa face interne, et complétée par un trait; b, la même pièce vue par sa face externe ou inférieure; c, la même vue de profil pour montrer l'épaisseur de l'os. Fig. 3. Hyosternal droit d'une émyde très-épaisse, qui est probablement la même que la précédente, p. 54 et 56: a, vu par sa face externe ou inférieure; b, vu par sa face interne. Fig. 4. Xiphisternal d'une tortue de terre, trouvée à Stein, dans le canton de Schaffhouse, p. 24. Cette tortue est probablement la Testudo Escheri, Pictet et Humbert. PI. XXI, fig. 1. Seconde côte droite de la Trachyaspis Lardyi, H. de Meyer, p. 59, vue par sa face interne ou inférieure, el appliquée sur la mollasse par sa face externe ; les granulations ont élé produites par l'impression de cette face externe. Mollasse d'Yverdon. Fig. 2. Fragment d’une côte paire (2°, 4° ou 6°), p. 60, vue par sa face ex- terne. Mollasse marine de la Molière. Fig. 3. Fragment d'une côte impaire (3° ou 5°}, p. 60, vue par sa face externe. Mollasse marine de la Molière. CHÉLONIENS DE LA MOLLASSE SUISSE. 71 PI. XXII, fig. 1. Côte d'une trionyx de la mollasse d'Yverdon, p. 60: a, vue par sa face externe ou supérieure; b, vue par sa face interne. Fig. 2. Première côte gauche, p. 61, de la même localité et appartenant pro- bablement à la mème espèce. Fig. 3. Fragment de plastron, p. 62: a, vu par sa face externe; db, vu par sa face interne. Mollasse marine de la Molière. MATERIAUX PALÉONTOLOGIE SUISSE publiés par F.-J. PICTET. F ï' À [l N 2 | - î RTE ti | . L L S y} DESCRIPTION D'UNE EMYDE NOUVELLE (EMYS ETALLOND) DU TERRAIN JURASSIQUE SUPÉRIEUR DES ENVIRONS DE ST-CLAUDE PAR F.-J. PICTET PROFESSEUR DE ZOOLOGIE ET DA IOUIE COMPARÉE A L'ACADÉMIE DE GENÈVE ALOÏS HUMBERT CONSERVATEUR DU MUSÉE D'HISTOIRE NATURELLE. GENÈVE J. KESSMANN, LIBRAIRE, RUE DU RHONE IMPRIMERIE JULES FICK, RUE DES BELLES-FILLES. 4887 « è #: Un . mn rs < ] ÿ; , à r' | ù Ÿ " 4 | À 1e NAUDATE TONER f DS TO AUS, ANNE Sat bre Fret SUN NE LEE RENE Ta DESCRIPTION D'UNE : ÉMYDE NOUVELLE (EMYS ETALLONI) DES ENVIRONS DE ST-CLAUDE : PAR MM. F.-J. PICTET et A. HUMBERT. L’Emyde qui fait l’objet de ce mémoire a été trouvée dans la forêt de Lect, près de Moirans (département du Jura). Une partie de la carapace, probablement la région dorsale, faisait saillie à la surface d’un rocher et était regardée dans le pays comme une em- preinte de poitrine d'homme. Cette singulière dénomination excita la curio- sité du curé d’un village voisin. Il fit extraire complétement le fossile, et c’est de lui que le tient son possesseur actuel, M. Girod, vicaire-général du diocèse de Saint-Claude. Nous avons dédié cette espèce à M. Etailon, professeur au Lycée de Saint- Claude, par l'entremise obligeante duquel nous en avons eu communica- tion. Ce géologue plein de zèle a étudié et exploité avec le plus grand soin et le plus grand succès les riches couches fossilifères qui entourent cette 10n s'étonnera peut-être que nous ayons admis dans notre Paléontologie suisse la description d’une tortue trouvée sur le territoire français ; mais en commençant cette publication et en annonçant une série de monographies sur les fossiles du Jura et des Alpes, nous avons toujonrs compté y comprendre les régions frontières de la France et de la Savoie dont la paléontologie est intimément unie à celle de la Suisse. Nous avons autant de motifs pour décrire ce beau fossile que nous en avons eus pour étudier ceux de la Perte du Rhône. 9 PALÉONTOLOGIE SUISSE. ville. D’après les renseignements qu'il a bien voulu nous fournir, tout le plateau sur lequel se trouve bâti Moirans est formé par les assises du ter- rain Jurassique supérieur (Portlandien?). La roche qui empâte la tortue a en effet tout le facies qui caractérise cet étage dans le département du Jura et dans celui de l'Ain. Nous n'avons pas des documents suffisants pour établir ses rapports avec le calcaire à tortues de Soleure. Ainsi qu'on en peut juger par nos planches, ce fossile est très-bien con- servé, surtout à la face inférieure ou sternale. La partie supérieure et mé- diane de la carapace a été brisée, ce qui empêche de juger complétement de la forme des écailles vertébrales. L’impression que la partie détruite a laissée sur le moule interne permet de reconnaître la forme des pièces osseuses de cette même région et celle des côtes. On verra sur notre pre- mière planche que la partie postérieure manque, mais depuis qu'elle a été terminée nous avons retrouvé le fragment qui avait été égaré. Cette lacune est de peu d'importance, car le moule intérieur indiquait suffisamment la forme. Notre description a été faite sur les pièces complètes. DIMENSIONS. Longueurdelatéarapaces PAPAS SEEN ENTER RER 0®, 50 Lamour de A Mecs 3200200000 0000000000 d0co0b006009d0200000000000 0 , 43 Tongueur QU AplasTOnaMAE eee ee CL NOR AR EN AN UIRRE EERE PERR ANA ARE RS 0 , 44 LE EU ON MS PR A AU ELA AO in un re SO ADO Edo à Lion tte © Ge Loue b pla c 0 , 16 La hauteur a été mesurée entre la face inférieure du plastron et la face supérieure de la carapace, en supposant cette dernière complète. DESCRIPTION. FORMES GÉNÉRALES. Le contour de la carapace est, dans son en- semble, assez régulièrement ovale. L’extrémité antérieure est largement échancrée, et la postérieure un peu acuminée. Cette carapace est déprimée, rappelant dans sa forme celle des Platémydes. Les pièces marginales for- ment sur les côtés une carène passablement saillante. Les pièces costales sont inclinées d'environ 45° par rapport au plan horizontal. Le plastron est solidement fixé à la carapace sur un espace assez étendu qui correspond presque à la moitié de sa longueur. Les parties libres, an- térieure et postérieure, sont étroites; l’antérieure est subtronquée; la pos- EMYS ETALLONI. 5) térieure est acuminée, avec un faible élargissement aux points où aboutis- sent les impressions qui séparent les écailles abdominales des écailles anales. Ce plastron, légèrement excavé sur sa ligne médiane, est percé dans son milieu d'un grand trou ovale. On en remarque un beaucoup plus petit au point de réunion des hyposternaux et des xiphisternaux. PIÈCES OSSEUSES. Caraprace. Pièces vertébrales. L'état imparfait de conservation dans lequel se trouve le dos ne laisse voir les pièces vertébrales que par leurs impressions. Les têtes des côtes qui se sont conservées dans le moule indiquent d’une manière exacte la position des pièces costales. Les pièces vertébrales étaient remarquablement longues par rapport à leur largeur. La première paraît avoir formé un rectangle dont les bords latéraux sont un peu arqués en dehors, en sorte que le bord antérieur est un peu plus court que la largeur de la pièce mesurée sur son milieu. Les autres verté- brales forment un hexagone très-irrégulier, leurs bords latéraux étant composés de deux lignes réunies sous un angle obtus. Dans la deuxième, la troisième et la quatrième, le bord antérieur est très-court, et le postérieur trois fois aussi long que lui; les deux suivantes sont moins longues, cette différence est de moins en moins grande. La série normale des pièces vertébrales est terminée par une pièce très- élargie, arquée en avant, droite en arrière, plus de deux fois aussi large que longue. Pièces costales. La première est remarquablement peu étendue d'avant en arrière, tellement que sa plus grande dimension dans ce sens atteint à peine celle des autres pièces costales mesurées sur la même ligne longitu- dinale, circonstance que nous n’avons remarquée chez aucune des tortues vivantes et fossiles que nous avons pu étudier. Les deuxième, troisième, quatrième et cmquième costales sont très-lar- ges, surtout la troisième, qui atteint sa plus grande dimension vers son ex- trémité marginale. Ces pièces s'unissent chacune avec deux vertébrales, étant en contact par leur bord le plus grand avec la vertébrale de même numéro qu’elles, et par le plus court avec la vertébrale suivante. La cin- quième est la plus étroite. Pièces marginales. La nuchale est remarquable par sa grande largeur, 4 PALÉONTOLOGIE SUISSE. tandis qu’elle est très-courte sur sa ligne médiane antéro-postérieure. Son : bord antérieur est uniformément échancré; ses bords latéraux sont courts et un peu obliques en dehors. Son bord postérieur est formé de trois côtés dont le médian, qui s'articule avec la première vertébrale, est beaucoup plus court que les autres. Les pièces marginales sont en général grandes; celles qui aboutissent à la cinquième et à la sixième costales forment le tiers de la distance qui sé- pare la ligne médiane du bord de la carapace. Les deux premières sont plus longues si on les mesure parallèlement au bord que si on les mesure per- pendiculairement à cette direction, elles sont séparées entr’elles et de la troisième par des sutures concaves en avant. La quatrième, la cinquième et la sixième sont celles qui occupent le moins de place sur la face supérieure de la carapace. Les suivantes, au con- traire, sont très-développées et s'unissent aux pièces costales par des bords réoulièrement composés de deux lignes droites se rencontrant sous des an- gles obtus. La pièce sus-caudale est grande, beaucoup plus large en avant qu’en ar- rière, en sorte que ses bords latéraux sont fortement obliques en dedans et en arrière. On voit distinctement entre le bord postérieur et l'impression de l’écaille une suture parallèle au bord antérieur, qui semble la diviser en deux parties dont la postérieure est beaucoup plus petite que l’antérieure. Cette suture est-elle une anomalie ou un caractère constant? c’est ce que nous ne saurions dire. La roche qui a rempli la cavité de cette tortue empêche de voir la face inférieure des pièces marginales autres que celles qui unissent la carapace au plastron. Ces dernières occupent sur la face inférieure une place moins grande que sur la face supérieure; elles sont unies avec les pièces du plas- tron par une ligne peu sinueuse. PLASTRON. Entosternal. Cette pièce forme un petit écusson plus long que large, quadrangulaire, à côtés antérieurs plus courts que les postérieurs, en sorte que l'angle postérieur est le plus aigu et lantérieur le plus obtus. Les Episternaux sont très-petits, limités en arrière par un bord un peu sinueux, perpendiculaire à la ligne médiane et partant des angles latéraux de l’entosternal. Leur bord libre est mal conservé d’un côté et encrouté de l'autre. EMYS ETALLONI. b) Les Hyosternaux, par contre, occupent une très-grande surface. Ils sont plus longs que larges. Le fond de l’échancrure fémorale est situé un peu en avant du milieu de leur longueur, et la région qui se trouve en avant des deux échancrures est, comme nous l'avons dit, beaucoup plus étroite que le reste de la pièce: Leur bord postérieur présente, dans sa partie mé- diane, une échancrure semi-circulaire, correspondant au bord antérieur du -: trou que nous avons. dit plus haut exister dans le milieu du plastron. Les Hyposternaux sont plus larges que longs; ils sont séparés des hyos- ternaux par des lignes un peu obliques en avant, droites dans leur ensem- ble, mais présentant quelques petites sinuosités. Leur bord antérieur est fortement échancré sur la ligne médiane, par la continuation du trou. Cette échancrure est deux fois aussi profonde que celle des hyosternaux, et elle se rétrécit notablement à son extrémité postérieure. L'échancrure fémorale est en arrière de leur milieu. Les Xiplusternaux sont petits, séparés des hyposternaux par une ligne qui, perpendiculaire à la suture dans la plus grande partie de son étendue, forme une petite sinuosité dirigée en avant, et se termine au contraire vers le bord externe par une ligne très-oblique en arrière. Le petit trou du plastron correspond à l'origine des xiphisternaux et les échancre plus que les hyposternaux. Ainsi que nous lavons dit plus haut, les xiphisternaux présentent un léger élargissement dans le milieu de leur longueur, et sont rétréeis et acuminés à leur partie postérieure. ECAILLES. ECAILLES DE LA CARAPACE. Ecailles vertébrales. L'état de conservation de la partie dorsale fait que nous ne pouvons décrire ces écail- les que d’une manière incomplète. Quelques traces qui subsistent de la pre- mière, de la quatrième et de la cinquième montrent qu’elles ont été très- larges. La première est limitée en avant par un bord presque droit; ses bords latéraux se dirigent en arrière en tendant un peu à se rapprocher de la ligne médiane. Contrairement à ce qui existe dans le plus grand nombre des cas, ils ne touchent en aucune manière la pièce nuchale. Ils coupent la première marginale vers son tiers interne. La quatrième vertébrale à une forme tout à fait exceptionnelle. Ses bords latéraux sont fortement arqués en dehors dans leur partie antérieure, puis 2 6 PALÉONTOLOGIE SUISSE. ils s'infléchissent en dedans, en formant une profonde sinuosité, et se diri- gent de nouveau en dehors en présentant de chaque côté une aile étroite appuyée sur l'écaille suivante. La cinquième est limitée en avant par un bord uniformément arrondi, à convexité antérieure. Ce bord, dans la plus grande partie de son étendue, correspond à la partie postérieure de lécaille précédente, et à ses deux ex- trémités forme, par des lignes très-courtes, le bord postérieur des quatriè- mes costales. Son bord postérieur est arrondi en arrière dans ses parties la- térales et droit dans son milieu. Sa surface est rayée de sillons longitu- dinaux, irréguliers, rapprochés, qui disparaissent sur les côtés. Ecailles costales. Ces écailles ne présentent rien de particulier, si ce n’est que les deux dernières sont influencées par la singulière forme de la qua- trième écaille vertébrale. La deuxième est la plus grande. La quatrième est beaucoup plus petite que les autres. Ecailles marginales. La ligne générale qui correspond à la séparation des écailles costales et des marginales passe très-près du bord, de sorte qu’elle coupe les pièces marginales beaucoup plus près de leur bord externe que de leur bord interne. La nuchale est impaire, très-petite, à peu près carrée et limitée en arrière par un bord un peu sinueux. La première marginale est encore très-petite, quoique toutefois d’une surface double de la précédente. Elle à la forme d’un trapèze, dont le plus petit côté est celui qui correspond à l'union avec la nuchale. Les suivantes sont longues si on les mesure parallèlement au bord; elles sont, au contraire, très-étroites dans la direction perpendiculaire à celle-là. Les côtés de la première écaille dorsale tombent vers le quart externe de la deuxième écaille marginale. A la partie inférieure, les écailles marginales s'étendent davantage qu’à la supérieure. Nous devons toutefois ajouter que ces écailles ne sont visi- bles que dans la région qui correspond à l’union de la carapace et du plas- iron. Ecailles situées entre les marginales et les sternales. Notre espèce paraît présenter entre l’échancrure brachiale et l'échancrure fémorale une série de quatre écailles; les deux postérieures sont indiquées par une impression EMYS ETALLONI. T bien nette; les deux antérieures sont moins certaines, parce qu’une cassure occupe la place qui devrait correspondre à leur bord externe. La plus anté- rieure de ces pièces correspond, dans la méthode de MM. Duméril et Bibron, à l’'axillaire, la suivante à la pièce d'avant l'axillaire et la postérieure à len- quinale. M. Owen qui, comme nous le verrons plus bas, a trouvé chez les Pleurosternon quatre pièces semblables, formant une série continue, les dé- signe sous le nom de submarginales. Ecailles sternales. Les écailles qulaires sont irrégulières. On remarque à la partie antérieure du plastron des impressions bifurquées qui portent le nombre de ces écailles à quatre, et peut-être à cinq. La première bifurca- tion a lieu un peu en arrière de la pointe antérieure de l’entosternal. Les écailles humérales sont grandes; elles occupent tout le reste de la partie libre antérieure du plastron. Les écailles pectorales sont beaucoup plus larges que longues; elles sont séparées des précédentes par une ligne qui présente une sinuosité dirigée en arrière et qui aboutit un peu en avant du fond de l’échancrure bra- chiale. L’impression laissée par leur union médiane est très-irrégulière, très-sinueuse. On remarque une irrégularité analogue vers la partie posté- rieure des humérales. Ce ne sont évidemment que des accidents individuels. Les écailles abdominales sont les plus grandes. Elles sont séparées des précédentes par une impression arquée en avant et presque perpendiculaire à la ligne médiane. Elles recouvraient une surface à peu près égale des hyos- ternaux et des hyposternaux. Les écailles fémorales sont longues, mais plus étroites que les précéden- tes, dont elles sont séparées par des lignes très-obliques, allant depuis le tiers postérieur du grand trou du plastron jusqu’à la partie interne du fond de l’échancrure fémorale. Elles s'étendent sur les xiphisternaux jusqu’au- delà du petit trou du plastron. Les écailles anales forment une sorte de triangle dont le plus grand côté est celui de leur union médiane. Elles sont séparées des précédentes par une ligne sinueuse, oblique, d’abord convexe en avant, et ensuite en arrière. AFFINITÉS GÉNÉRIQUES. Cette tortue appartient incontestablement à la famille des Elodites de MM. Duméril et Bibron, mais il nous est impossible de la rapporter plus spé- 8 PALÉONTOLOGIE SUISSE. cialement à un des nombreux genres qui la composent et dont les caractères sonten majorité basés sur la disposition des pattes et des ongles, sur la forme de la tête et sur d’autres détails externes qui nous manquent. Il est évident qu'on peut l’exclure d’un certain nombre de genres caractérisés par la sou- dure plus ou moins incomplète du plastron avec la carapace, et par la mo- bilité des parties du plastron, tels que les Cistudes, Staurotypes, Cinosternes, ete. Mais, à côté de ces genres, on en trouve plusieurs autres pour lesquels les caractères tirés de la boîte osseuse sont insuffisants. Dans cet état de cho- ses, il nous paraît plus prudent de lui laisser le nom d'Emys, tel que le comprenait Alexandre Brongniart, qui, en l’établissant en 1805, y faisait rentrer toutes les tortues qui forment maintenant la famille des Élodites. Cependant, pour faciliter étude de ses caractères génériques, nous résu- merons les plus importants dans la diagnose suivante : « Boîte osseuse aplatie; plastron largement et solidement soudé à la ca- » rapace, sans pièces mobiles, perforé de deux trous, étroit et subtronqué » en avant, terminé en arrière par une pointe non échancrée; une série » d’écailles submarginales entre les écailles marginales et les sternales (ou » au moins deux inguinales de chaque côté); face supérieure des pièces » marginales très-grande, coupée par l'impression margino-costale très-près » de son bord externe. » AFFINITÉS SPÉCIFIQUES. L'espèce avec laquelle l£mys Etalloni a le plus de rapports est le Pleu- rosternon latiscutatum, Owen !, dont on ne connaît que la carapace. Elle s’en distingue : 1° Par la largeur moindre des écailles vertébrales, qui se verraient dans notre exemplaire si elles avaient été aussi grandes que dans celui de M. Owen. | 2° Par la forme tout à fait différente et exceptionnelle de la quatrième de ces écailles. 9° Par la petitesse de l’écaille nuchale, qui n’égalerait la nuchale de l’es- pèce de M. Owen que si on lui ajoutait les deux premières marginales. ? Palæontographical Society — Monograph of the fossil Chelonian Reptiles of the Wealden Clays, 1853, pl. 1. EMYS EFALLONI. 9 4° Par ses pièces vertébrales plus larges à proportion que dans le Pleu- roslernon latiscutatum. Nous pourrions ajouter à ces différences que M. Owen range son exem- plaire dans le genre Pleurosternon, caractérisé par des pièces supplémen- taires du plastron que te nôtre ne possède certainement pas. Mais il ést à remarquer que M. Owen n’a pas connu le plastron de cette espèce, qu'il a placée avec les vrais Pleurosternon sans avoir de preuves qu’elle en eût les caractères essentiels. À en juger par les analogies de la carapace, il nous paraîtrait plus probable que son espèce et la nôtre ont appartenu au même type générique. La découverte du plastron du Pleurosternon latiscutatum pourrait seule résoudre cette question. Les autres espèces du genre Pleurosternon présentent, avec l'Emys Etal- lon, des analogies qui sont bien moins grandes. Elles en offrent cependant quelques-unes dans l'existence des écailles submarginales, etc. Le peu que l’on connaît de l’'Emys Menkei, Rœmer, ne parait point la rapprocher de la nôtre. Dans cette espèce, la pièce nuchale a une forme différente; les premières costales sont plus étroites proportionnellement à leur longueur, et les premières pièces marginales sont moins allongées dans le sens parallèle au bord. Parmi les Emydes trouvées à Soleure et connues par quelque description ou quelque figure, il n’en est aucune qui ressemble à P£Emys Etalloni. On ne peut également la comparer à aucune des espèces des calcaires lithogra- phiques. Les Aplax et les Idiochelys n’ont aucun rapport avec elle, et les Eurysternum, très-imparfaitement connus, paraissent avoir eu les pièces marginales unies aux costales seulement par des ligaments, comme cela à lieu chez les Chélonées et dans plusieurs genres d’Elodites. Les fragments connus du sternum de la Platemys Mantelli, Owen, du terrain wealdien, ne s'accordent point avec les parties correspondantes de notre espèce. 10 PALÉONTOLOGIE SUISSE. EXPLICATION DES PLANCIES. PI. I. Emys Etalloni, Pictet et Humbert, vue en dessus: moilié de la grandeur naturelle PI. II. La même, vue en dessous; même réduction. PI. IT, fig. 1. Profil de la même; un tiers de la grandeur naturelle. » fig. 2. Coupe théorique perpendiculaire à la longueur; même réduction. —— D 00-000 DCS À SE % x ess Carre