h ur\ j ù "îicwv^à. \'\3,6 ^ibrarg of tht i^lusnim OF COMPAHATIVE ZOOLOGY, AT HARVARD COLLEGE, CAMBRIDGE, MASS. Tlio gift of MÉMOIRES COURONNÉS MÉMOIRES DES SAYAÎNTS ÉTRAISGERS, PUBIIKS PAR L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES DEAUX-ARTS DE BELGIQUE. MÉMOIRES COURONNÉS ET MÉMOIRES DES SAVAIS TS ÉTRANGERS, PUBLIÉS PAR L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. TOME XXV. — 1851-18S3. BRUXELLES, M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE. 1854. TABLE DES MÉMOIRES CONTENUS DANS L t: TOME XXV. CLASSE DES SCIENCES. MÉMOIRES COimONNÉS. Description des fossiles des terrains secondaires de la province do Luxembourg; par MM. F. Cha- puis et G. Dewalque. MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS. Note sur la théorie des résidus quadratiques; par M. Angelo Genocchi. Recherches sur les médianes; par M. Ernest Quelelet. Méthode pour déterminer simultanément la latitude, la longitude, l'heure et l'azimut, par des passages observés dans deux verticaux; par M. J.-C. Houzeau. Mémoire sur l'ascension de l'eau et la dépression du mercure dans les tubes capillaires ; par M. Emile , Cède. Recherches sur la maladie de la vigne et sur le champignon qui l'accompagne; par M. J. Crocq. CLASSE DES LETTRES. MÉMOIRES DES SAVANTS ÉTRANGERS. Mémoire sur la ville de Gand, considérée comme place de guerre; par M. P.-C. Van der Mcersch. Essai sur les rapports qui existent entre les apologues de l'Iniie et les apologues de la Grèce; par M. A. Wafijener. MEMOIRE EN RÉPONSE A LA QUESTION SUIVANTE : FAIRE LA DESCRIPTION DES FOSSILES DES TERRAINS SECONDAIRES DE LA PROVINCE DE LUXEMBOURG , ET DONNER t'iNDICATION PRÉCISE DES LOCALITÉS ET DES SYSTÈMES DE ROCHES DANS LESQUELS ILS SE TROUVENT ; M. F. CHAPUIS, DOCTECR EN IllEDECINE ET EN SCIENCES NATURELLES, BT M. G. DEWALQUE, DOCTEUR EN MÉDECINE, PRÉPARATEUR DE PHYSIOLOGIE A l'iNIVERSITÉ DE LIÉCK. ( Hëmoirc couronné dans la séancf «lu Ifi di-cfmbre I8K1.) ti. L'espril ne peut pas suppléer à la connaissance faits, el les fails sont, dans les sciences, ce qu'est Tcxpc- rience lians la vie civile, n J\CTro». Tome XXV. PRÉFACE. Depuis longtemps déjà, des savants distingués de notre pays ont con- sacré leurs talents et leur zèle à faire connaître les fossiles des terrains primaires et tertiaires de la Belgique. L'extrémité méridionale de la pro- vince de Luxembourg est formée de terrains secondaires; et quoique d'ordinaire les couches jurassiques soient assez riches en fossiles , per- sonne ne semblait penser à s'en occuper, lorsque l'Académie royale pro- posa leur étude comme objet de concours. Des difficultés sérieuses, telles que l'éloignement des centres scientifiques, les communications rares et difficiles, l'absence de collection un peu complète de ces fossiles avaient retardé l'accomplissement des désirs de ce corps savant; la question pro- posée depuis plusieurs années n'avait pas encore reçu de réponse. A côté de circonstances aussi défavorables, quelques motifs cependant nous engageaient à faire nos efforts pour combler cette lacune ; le cours de paléontologie, fait d'une manière si savante à l'Université de Liège, par M. le professeur De Koninck, en nous laissant entrevoir les grands résultats auxquels cette science doit infailliblement conduire, avait éveillé en nous le désir de nous occuper des débris des faunes anciennes ; nous avions aussi pu assister aux développements si clairs et si précis que M. le professeur Dumont avait exposés, à la même Université, sur la géo- logie de la Belgique ; lui-même s'était occupé des couches basiques et jurassiques du Luxembourg, et son mémoire était pour nous un guide 4 PREFACE. sûr et fidèle dans la déterminalion de l'âge des terrains que nous vou- lions parcourir. Enfin, enhardis par l'idée de contribuer à faire connaître une partie des richesses de notre pays, nous avons entrepris ce travail : c'est le résultat de nos efforts que nous avons eu l'honneur de présenter à l'Académie, dont l'approbation a été pour nous la récompense la plus flatteuse et la plus douce. Tous les fossiles que nous décrivons ont été , à quelques exceptions près, recueillis par nous sur les lieux, après une détei^mination attentive du terrain auquel ils appartiennent; ceux que l'on a bien voulu nous communiquer ne laissent aucun doute sur leur origine géologique : ils sont d'ailleurs indiqués dans le courant de ce travail. Nous avons donné une attention toute particulière à déterminer leur âge, convaincus qu'en cela au moins, notre travail pourrait avoir quelque utilité; aussi avons-nous pris soin d'indiquer à chaque article les localités et les systèmes de roches oîi nous les avons rencontrés ; de cette façon on pourra toujours sans peine les rapporter à leur époque, quelque opinion que l'on ait de la classification que nous avons cru devoir suivre. Nous y avons joint les indications géologiques des auteurs, mais sous leur responsabilité; dans le plus grand nombre des cas, il nous a été impossible de contrôler ou de discuter la question de terrain. Nous décrivons ici 197 espèces, dont 64- sont nouvelles; nous les avons étudiées sans prévention, et nous avons fait tous nos efforts pour nous assurer de l'exactitude de nos déterminations; mais des erreurs, plus nombreuses peut-être que nous ne le pensons , se seront glissées dans le cours de l'ouvrage, erreurs bien regrettables sans doute, mais que le mauvais état des fossiles de nos terrains et le manque d'échantillons étrangers, trop souvent nécessaires à la comparaison, rendront plus excusables. Dans les ouvrages de celte nature, on peut adopter pour la disposition PREFACE. D des espèces deux marches différentes : l'une zoologique, où les affinités naturelles sont rigoureusement observées, l'autre straligraphique, où les fossiles sont groupés d'après les couches où ils se rencontrent. Nous avons adopté un terme moyen outre ces deux voies : les espèces d'un même genre ont été rangées d'après leur âge géologique; quant aux genres, aux familles, nous avons adopté l'ordre zoologique, en commençant par les divisions les plus élevées de l'échelle animale. Nous nous sommes bornés à indiquer en quelques mots les caractères des genres seulement, pensant que de plus longs détails sur ces groupes, sur les familles, sur les ordres étaient plutôt du ressort des ouvrages de zoologie que d'une faune aussi restreinte. Avant de terminer, qu'on nous permette d'adresser ici des remercîments bien sincères à M. le docteur De Condé, pour la bienveillance avec laquelle il a bien voulu mettre sa collection à notre entière disposition. Liège, le 2 novembre 1852. INTRODUCTION. Les terrains secondaires de la province de Luxembourg forment une bande assez étroite, dirigée à peu près de l'ouest à l'est, et se rattachant, par le grand-duché de Luxembourg, au massif des Vosges et du Jura; elle est limitée au nord par une ligne passant à 2 lieues environ au nord d'Arlon, à 6 lieues au nord de Virton, à l'ouest et au sud par la fron- tière française, à l'est par celle du Grand-Duché. Nous n'avons pas l'inten- tion d'en faire une description géologique détaillée, qui serait déplacée ici ; mais ce que nous dirons de leur classification nous oblige en quelque sorte à parler de leur composition minéralogique; nous tâcherons de le faire aussi brièvement que possible. Ce petit espace appartient en très-grande partie au terrain jurassique; une bande étroite seulement fait partie du trias, encore disparaît-elle dans la partie occidentale de la province; on n'y reconnaît distinctement que les systèmes inférieur et moyen. M. Dumont n'y a pas recueilli de fossiles , sauf quelques débris indéterminables dans du calcaire conchylien d'Al- merode; nous avons exploré cette localité sans plus de fruit. A Muno, où M. Dumont a recueilli quelques fossiles dans du calcaire subordonné au poudingue du système inférieur, nous n'avons pu voir cette roche en place et reconnaître sa position; mais nous avons trouvé quelques blocs de calcaire blanc grisâtre ou rougeâtre , contenant des débris de fossiles que nous avons lieu de croire appartenir au lias inférieur. TERRAIN JUIUSSIQUE. Ce terrain, assez riche en fossiles, est beaucoup plus développé que le 8 IWTRODUCTIOIN. trias, et présente une suite assez nombreuse d'étages qui appartiennent au lias et à l'oolilhe inférieur. Dans un mémoire présenté, en 1841, à l'Académie de Bruxelles \ M. Dumont y rangeait les étages suivants : 1° marne de Jamoigne; 2" grès de Luxembourg (en y comprenant la marne de Strassen et le sable infé- rieur du macigno); 5" schiste et macigno d'Aubange; A" marne de Grand- Cour; 5° oolithe ferrugineux de Mont-S'-Martin; 6° calcaire de LongAvy. Il rapportait alors les trois premiers au lias, les trois autres à la partie inférieure du système bathonien de M. d'Omalius. Depuis plusieurs années déjà, de nouvelles observations l'avaient en- gagé à modifier cette classification, sans rien changer à la succession des étages; il y avait fait rentrer aussi le sable de Martinsart, considéré en premier lieu comme triasique. Il a fait connaître sa nouvelle classification dans un rapport- lu, il y a deux ans, à l'Académie de Bruxelles; il y donne le tableau suivant : Système bathonien Calcaire de Longwy. ( Marne de Grand-Cour. 1 ' ( Sable, schiste et macigno d'Aubange. Système liasique • • • ■ / 2. j '^''*™*' '^^ Strassen. ] *" ( Sable et grès de Luxembourg. Marne de Jamoigne. Sable de Martinsart. Les résultats auxquels nous sommes parvenus nous déterminent à mo- difier légèrement cette classification. Nous retirons du lias supérieur le macigno d'Aubange avec le schiste et le sable qui en forment la base, pour en constituer le lias moyen, faisant rentrer la marne de Strassen et le grès de Luxembourg dans le lias inférieur. ' Mémoire .iw les terrains secondaires du Luxembourg, inséré dans le t. XV des Mémoires de ï Aeadémie de Bruxelles. - Rapport sur la carte géologique de Belgique. — Bulletin de l'Académie de Bruxelles, t. XVI, 2' [lart., p. 351. INTRODUCTION. 9 Comme M. Dumonl l'a fait remarquer il y a longtemps, le calcaire de Longwy appartient au système balhonien dont il forme la base; en effet, il appartient à l'oolitlie inférieur (étage bajocien, d'Orb.) et non à l'oolithe lie Bath, ou grand oolithe. 11 faut probablement y réunir l'oolithe ferru- gineux de Mont-S'-Martin, petit dépôt que M. Dumont considérait comme oolithique, quoique quelques personnes paraissent le réunir au lias ^ IVous avons représenté cet arrangement dans le tableau suivant : „ ,. , ■ c. . ,1 • . 1./-V 1 , ( Calcaire de Lonffwy. Oolithe inlérieur (baiocien, (lOrb. i ^ ,. , ,. ... „ .. • ^ ' { Oolithe ferrug. de Monl-S'-Martiii. / Supérieur (toarcien, d'Orb.) . . Marne et schiste de Grand-Cour. 1 Moyen (liasien , d'Orb.) . . . Macieno , schiste et sable d'Aubange. Lias. . . . l ] I Marne de Slrassen. f ) Grès de Luxembourg. , Inférieur (sinémurien, d'Orb.). < ,, , , * ) '"^'""^ de Jamoigne. ' Sable et grès de Martinsart. On pourra se convaincre que cette classification est préférable, en jetant un coup d'œil sur le tableau stratigraphique des espèces qui se trouve à la fin de ce mémoire. SYSTÈME LIASIQUE INFÉRIEUK. 1" étage. — Sable et grès de Martinsart. Cet étage, peu développé, repose en stratification concordante sur les marnes du trias. Il se compose de sable fin gris jaunâtre etverdàtre, con- tenant de très-pelites paillettes de mica, plus ou moins argileux, et pas- sant à un grès friable ou parfois très-tenace. En certaines localités, il renferme un lit de cailloux quarlzeux. M. Dumont n'y a recueilli aucun fossile; nous n'avons guère été plus heureux; nous avons trouvé, près de Rossignolle, des empreintes d'une ' M. Levallois, d'après des déterminations de fossiles faites par M. Bayle, rapporte l'oolithe dHayange au lias moyen [rnarlslune). Si ces déterminations sont exactes, comme on doit le sup- poser, le terrain dont parie M. Levallois n'est pas notre oolithe ferrugineux, entièrement différent, sons lous les rapports, du maiislum et iionstone des Anglais. (1852.) Tome XXV. 2 10 INTRODUCTION. coquille qui nous paraît être YOstrea irregulam, qui se trouve également dans la marne de Jamoi^ne. Cet étage correspond sans doute au grès infra-liasique de Dufrénoy, et à une partie des Quadersandslein des Allemands. C'est le grès infraliasique de Sauvage et Buvignier ^ 2""* étage. — Marne de Jamoigne. Cet étage se compose de marne ordinairement très-calcarifère, parfois schistoïde, plus souvent terreuse, plastique et de couleur gris bleuâtre foncé, plus rarement sableux et jaunâtre; quelquefois noir bleuâtre, mais non bitumineuse (Chiny); alternant, surtout à la partie supérieure, avec des bancs plus ou moins nombreux de calcaire argileux gris bleuâtre foncé ou gris, compacte, et ordinairement extrêmement tenace. Les fos- siles y sont abondants, surtout vers l'ouest, disséminés dans la marne, ou à la surface des bancs calcaires ; mais malheureusement ils sont sou- vent en mauvais état : il est impossible de les dégager du calcaire, et, dans la marne, ils sont tantôt encroûtés de marne très-calcarifère, tantôt usés à la surface comme pai' un dissolvant. Les localités les plus riches sont Jamoigne, Muno, S"'-Cécile, Fontenoille, La Cuisine, Chiny, Izel et au sud d'Attert. Ce dépôt, que quelques personnes ont regardé à tort comme supérieur au grès de Luxembourg, fait partie du lias de Boblaye; c'est le calcaire à gryphites de d'Omalius, les calcaires et les marnes à gryphites de Sauvage et Buvignier. 5me étage. — Grès de Luxembourg. Cet étage se compose à la base de sable quartzeux grisâtre ou jaunâtre, parfois ferrugineux, calcarifère, légèrement cohérent, ou contenant des cailloux ou quelques bancs de grès. Ce sable est surmonté du grès de Luxembourg proprement dit, composé de grains de quartz hyalin gri- ' Statistique minéralogiqiie et géologique du département des Ardennes, 1842. INTRODUCTION. H sàtres ou blanchâtres, et de calcaire de même couleur, en proportion très-variable, au point que le grès peut passer au calcaire sableux, comme on le voit surtout dans la partie occidentale de la province, où il est exploité comme pierre à chaux, à Lambermont, près Florenville (1852). Parfois il est presque entièrement calcaire, composé de débris de coquilles cl decrinoïdes, possédant une structure grenue, granulo-lamellaire, sub- lamellaire ou oolithique (Fouche, Guirsch, Orval...). Les fossiles que l'on y rencontre sont assez nombreux , mais souvent il n'en reste que le moule ou l'empreinte; sinon le têt est fragile, souvent spathisé et clivable, difficile à dégager; à la surface des bancs ils sont usés. Les localités les plus fossilifères sont Guirsch, Eischen, Fouche, Lime, Lasoye, etc. C'est le calcaire sableux de Boblaye, le grès de Luxembourg de d'Oma- lius, de Steininger et de Dumont, le calcaire sableux de Sauvage et Buvi- gnier ^ ; nous y rapportons le lias « de Quenstedt , Yunterer lias Sandste'm de Roemer, le Quadersandstein (partie) des Allemands, le grès basique de Ter- quem avec le grès d'Iïetlange. •4""" étage. — Marne de Strassen. Cet étage se compose de marne gris bleu, parfois jaunâtre, alternant avec un calcaire argileux, compacte, tenace, de même couleur, passant parfois au macigno , d'autres fois contenant une quantité notable de sable. Il forme aujourd'hui le 4"'"' étage de Dumont : ce sont les marnes micacées de Boblaye, le calcaire à bélemnites de d'Omalius, la marne moyenne de Sauvage et Buvignier ^. Nous le regardons comme le corres- pondant du lias (3 de Quenstedt. du Liaskalk et du Grypliitenkalk de Roemer et des Allemands. ' A voir les listes de fossiles données par ces géologues, il y aurait une notable différence. Du reste, nous avons été obligés d'écarter toute liste de fossiles sans description ou figure (1831). — Le grès de Luxembourg n'est probablement pas l'équivalent de tout le calcaire sableux (1832). - INous écrivions ceci en 1831; depuis nous nous sommes convaincus que la marne moyenne Je MM. Sauvage et Buvignier correspond au schiste d'.\ubange (I83-2). 12 lîSTRODUCTION. LIAS MOYEN. 5""-' étage. — Sable, scliisle ' et macigno d'Aiibange. Cet étage se compose : 1° de sable quartzeux ordinairement rouge brunâtre, contenant parfois des plaques de grès brun très-ferrugineux, que M. Dumont, en 1841, avait provisoirement laissé avec l'étage du grès de Luxembourg, mais qu'il place aujourd'hui avec le macigno; 2" de schiste argileux, non bitumineux, grossièrement schistoïde, se divisant en fragments irréguliers grisâtres, devenant brun noirâtre par une longue exposition à l'air; il est peu développé et passe parfois à une glaise bleuâtre gypsifère; 5° de couches puissantes de macigno, composé de sable, d'argile et de calcaire en diverses proportions, avec des paillettes très-fines de mica, et de la limonite qui lui donne une couleur très-variable, au point qu'on le prendrait parfois pour du minerai de fer. 11 est gros- sièrement schistoïde ou stratoïde, grenu et friable, ou tenace; gris bleuâtre ou brunâtre, brun sur les joints et les fissures et souvent même assez profondément dans l'intérieur de la roche. Cet étage est le calcaire ferrugineux et l'oolithe ferrugineux que Bo- blaye rapportait à l'oolithe inférieur, l'oolithe ferrugineux de Margut de d'Omalius, le calcaire ferrugineux ^ de Sauvage et Buvignier. Il cor- respond au lias y et j" de Quenstedt, au Belemnitenscldclite de Roemer et des Allemands, au marlstone et à Yironslone de Phillips et des Anglais. Nous avons été amenés par des considérations paléontologiques à re- garder le macigno d'Aubange comme formant chez nous le lias moyen , l'étage liasien de M. d'Orbigny, correspondant au marlstone et à Yironslone des Anglais, et cette opinion nous paraît pouvoir être soutenue au point de vue minéralogique; mais nous nous en abstiendrons jusqu'à ce que * Après M. Dumont, nous conservons à ce schiste le nom de schiste d'Aubange, quoiqu'il prête à la confusion : cette couche, peu développée d'ailleurs, et dont nous no possédons aucun fossile, étant tout à fait différente du schiste exploité à Aubange, lequel appartient au schiste de Grand- Cour, placé à la base du lias supérieur. - Et la marne moyenne (I8u:2,\ INTRODUCTION. i3 nous ayons pu étudier le lias hors de notre pays , spécialement en Angle- terre, où a été établie primitivement cette division du lias en trois étages. MM. Sauvage et Buvignier regardent le lias moyen comme représenté, dans les Ardennes, par leur calcaire sableux, qui correspond à notre grès de Luxembourg, mais nous croyons que c'est à tort (à moins que le cal- caire sableux supérieur ne corresponde au sable de notre étage). LIAS SUPÉRIECR. 6" étage. — Schiste et marne de Grand-Cour. Ce dépôt, peu puissant dans notre pays, est aujourd'hui regardé par M. Dumont comme formant la partie supérieure du lias. Il se compose, à la base, de marne schisteuse grise ou noire, bitumineuse, pyritifère, onctueuse au toucher, se laissant facilement couper au couteau , et assez tenace pour se laisser diviser en feuillets qui se délitent à l'air. La partie supérieure est formée de marne terreuse ou schistoïde, plastique, gris bleuâtre quelquefois mêlé de jaunâtre, renfermant des nodules de calcaire bleuâtre compacte qui contiennent parfois un ou plusieurs fossiles. Le schiste a été exploité pour en retirer le bitume à Aubange; on y a trouvé de nombreux fossiles, entre autres beaucoup de poissons et de poches et osselets de sèche, mais nous n'avons pu nous en procurer. C'est la terre à foulon de Boblaye, la marne d'Amblimont de d'Oma- lius, la marne supérieure de Sauvage et lîuvignier. Elle correspond au lias e et au jura brun a de Quenstedt, au Posidonienscliiefer de Roemer, à Yupper lias sliale de Phillips. Nous la regardons comme constituant le lias supérieur. M. Terquem paraîtrait la considérer comme appartenant au lias moyen (voir plus bas la description de la Lingida longo-viciensis) ; mais ce se- rait bien à tort, au point de vue paléontologique, comme au point de vue géologique. SYSTÈME BAJOCIEN. M. d'Omalius a donné le nom de bathonien au système oolithique de 14 INTRODUCTION. l'Angleterre ; on y comprend habiluelleinent non- seulement le grand oolithe ou oolithe de Bath , mais encore l'oolithe inférieur. C'est à la base de ce système que M. Dumont place les deux étages qui suivent. Comme ce grand ensemble paraît se diviser en deux parties distinctes, comme, d'autre part, nos étages sont loin de le représenter eu entier, mais se rap- portent à l'oolithe inférieur auquel M. d'Orbigny a donné le nom d'étage bajocien, nous les rangerons sous ce nom, sans vouloir rien préjuger de la valeur relative des divers étages de la classification des terrains juras- siques donnée par ce savant. l" Oolithe ferruyineux de Monl-S^ -Martin. Petit dépôt formé à sa partie inférieure de sable ferrugineux et de psam- mite Irès-argileux , assez tendre, jaune brunâtre, très-rarement bleuâtre, et, plus haut, d'oolithe ferrugineux à grains fins, inégaux, bronzés ou métalloïdes, réunis par un ciment argileux jaunâtre ou brun sale, conte- nant quelquefois des rognons argileux ou calcaires. En masse, il est grossièrement stratoide, gris brunâtre à la base, rouge brun à la partie supérieure. Les fossiles de cet étage sont rares et en fort mauvais état; ceux que nous avons pu déterminer sont tous, à un ou deux près, du système ba- jocien. Ainsi se trouve confirmée l'opinion de M. Dumont qui, pour des motifs purement géologiques, l'avait placé avec le calcaire de Longwy. 2" Calcaire de Longwy. Le calcaire de Longwy forme un dépôt puissant, très-peu incliné vers le sud , reposant en slralilicalion concordante sur l'oolithe ferrugineux ou sur la marne de Grand-Cour. Sa texture est extrêmement variable, même dans une seule couche à des distances très-rapprochées , tantôt oolithique, à oolithes parfois celluleux , à ciment distinct, tantôt crinoïdo- lamel- laire, ou oolithico-lamellaire; d'autres fois grossière, compacte ou cellu- leuse; parfois pétrie de fragments de coquilles, ou terreuse, ou alternant INTRODUCTION. 15 irrégulièrement avec des marnes sableuses jaunes ou gris bleu. Ces der- nières, que nous avons rencontrées surtout au sommet du plateau de Longwy, nous ont paru complètement subordonnées au calcaire et ne pouvant former un étage à part, analogue au Fidlers Earlh. La couleur du calcaire varie du blanc jaunâtre au jaune sale; les joints et les fissures sont souvent colorés en brunâtre par de l'argile ferrugineuse. Les fossiles y sont abondants, mais souvent brisés, empâtés dans la roche ou à l'état de moules. Les céphalopodes y sont très-rares. Boblaye le rapportait au grand oolithe, c'est l'oolithe de Montmédy de d'Omalius, le groupe de l'oolithe inférieur de Sauvage et Buvigniei'. II correspond à l'oolithe inférieur, au dogger de Sowerby, de Phillips et des Anglais; au Dogger^ unlercr OolUh de Roemer, au jura brun /3 et y (et peut- être â partie) de Quenstedt; à l'oolithe ferrugineux de Normandie. Maintenant que la succession de ces étages et leur classification sont connues, nous croyons utile de rapporter, comme complément et point de comparaison, la classification de M. d'Orbigny ' avec les synonymes qu'il en donne, et que nous n'avons pu rapporter à chacune de nos divisions, parce qu'ils sont loin d'être de vrais synonymes : souvent ce sont des systèmes plus ou moins étendus qui doivent rentrer dans ces étages. TERRAIN JURASSIQUE. SYSTÈME LIASIQUE INFÉRIEUR. ÉTAGE SINÉMURIEN , d'Ol'b. Suivant la position, c'est le lias inférieur de d'Orb., 1842, le hiver liassliale de Phillips, Vinfralias de Moreau, de Leymerie, etc., ïiintei-er Lias de Roemer, etc. Suivant les fossiles, c'est le calcaire â gryphée arquée de Thurmann, de Dufrénoy et Ëlie de Beaumont; le calcaire à gryphites de Charbant, le ' Voy. d'Orbigny, Paléont. franc., Terr. jurass., pp. 604 et suiv. — V. aussi Cours élém. de paléont. et de géol. straligr., 18o"2, 2'' vol., pp. 434, 449, 405 et 477. 16 INTRODUCTION. Grijpldlenkalk de Roemer, le Turnerklion et le Smdtlionl;ullx, partie du scliwar- zer Jura de Schmidt. Suivant la composition minéralogique , c'est le grès infraliasique et le calcaire à grypliée arquée de Dufrénoy et d'Êlie de Beaumont, le grès de Luxembourg de d'Omalius, le grès liasique de Terquem, le Quadersandstcin (partie) des Allemands, le calcaire de Valognes de de Caumont, le Liaskalk, le Lias-Sandslein de Roemer, la formation liasique (partie) de M. Iluot. SYSTÈME LIASIQUE MOYEN. ÉTAGE LIASIEN , d'Orb. Suivant la position stratigraphique, c'est le lias moyen, d'Orb., 1842, le lias supérieur (partie), Gressly, Yitpper lias shale (partie) de Phillips. Suivant les fossiles, c'est le calcaire à bélemnites de Simon, de Ter- quem , le Belemnitenmer(jel de Mérian , le Belemnitcnscliichle de Roemer. Ce sont les calcaires et marnes à Grypliea cymbium de Moreau , le Niimisma- lismergel, YAmalllientlion, partie du scliwarzer Jura de Schmidt. Suivant la composition minéralogique, ce sont les schistes du lias de M. Mandelsloh , Yironstone, le marlstone de Phillips, les marnes grises micacées, les marnes grasses, les marnes feuilletées de Terquem, le ma- cigno d'Aubange de Dumont et de d'Omalius \ les marnes supra-liasiques (partie) de Dufrénoy et É. de Beaumont. SYSTÈME LIASIQUE SUPÉRIEUR. ÉTAGE TOARCIEN, d'Orb. Suivant la position stratigraphique, c'est le lias supérieur de d'Orbigny, 1842, Wipper lias sliale (partie) de Phillips, l'étage supérieur du lias de Thiria. Suivant les fossiles, c'est le Posidonienscliiefer de Roemer, partie du sclnvarzer Jura de Schmidt, les marnes à posidonies de 3Iathéon. ' C'est par erreur que M. d'Orliigny (Cours de PalêonL, J852, p. -4^9) rapporte ce nom à M. d'Omalius; nous avons vu que le macigno d'Aubange de M. Dumont est l'oolitlie ferrugineux de Margul de M. d'Omalius. — iN'ous sommes heureux de voirnolre opinion sur la position paléon- tcilogique de cet étage confirmée par l'autorité de M. d'Orbigny. INTRODUCTION. 17 Suivant la composition minéralogique, c'est l'oolillie ferrugineux de Thurman (mais non celui des Normands). Ce sont les marnes supérieures du lias de Dufrénoy et Élie de Beaumont, le grès supraliasique de Simon, le lias £, le brauner Jura (partie) de Quenstedt, les marnes bitumineuses sans bitume, les schistes bitumineux de Charbant, Yopnlimisllwn, partie du hrunner Jura de Schmidt , Valum-sliale, le williby-sliale des Anglais. Étage bajocien d'Orb. Suivant les fossiles, c'est le calcaire à entroques de Bonnard, Moreau, Gotteau , le calcaire à polypiers de Marcou (mais non celui des Normands). Suivant la composition minéralogique, c'est l'oolithe inférieur de d'Orbi- gny, 1845, Vinferior oolitliede Sowerby, la partie inférieure du système ooli- ihique, les marnes de Pont-en-Bessin de Dufrénoy et Élie de Beaumont, le cave ooHlIie, le fjraij-limestone de Phillips, l'oolithe ferrugineux des Nor- mands, de Thiria, de Gotteau (mais non celle deThurmann), l'oolithe de Bayeux (partie) de Simon, le fidlers earlh de Morris, de Thiria, la terre à foulon, et les marnes à foulon des géologues français, les marnes inleroo- lithiques de Boyé, le Lhgrjer, Yunterer Oolithe de Roemer, le calcaire lœdo- nien, le calcaire à polypiers et les marnes vésuliennes de Marcou, le brauner Jura (partie) de Quenstedt et des Allemands. Tome XXV. DESCRIPTION FOSSILES DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMROURG. MOLLUSQUES CÉPHALOPODES. Genre BELEMNITES, Ehrhart (1727), Lam., Blain., Voltz, d'Orb., etc. Nautilus Belemnita, Gmelin. ACAMAS, ACHELOIS, CaLLIRHOE, CeTOCIS , ClinYSAOR , HïBOLITIlES , PaCLITES , PoRODRAGtS , Tdalamds, de Montfort, 1808. NoTosiPHiTES, Gastrosiphites, Duval. Belemnites, Pseudobelus, Blainville, 1827. Belemnita, Fleming, 1828. Animal ignotum. Ossicuhim internum, anteriàs explanatum, posteriùs angiistatum et alveolo lomlis transversis, siphone laterali perforatis composito munituni; alveolm exlemè cretaceo rostro plus minusve etongato, obtuso vel aciculato, laevi mit siilcato indutus. Animal inconnu. Osselet interne, corné, élargi antérieurement, rétréci en arrière, et terminé postérieurement par un godet conique, alvéolé, plus ou moins profond, logeant une série de loges aériennes empilées et traversées sur le 20 DESCRIPTION DES FOSSILES côté interne par un siphon continu, que rétrécit l'étranglement de chaque loge. Godet postérieur protégé à l'extérieur par un encroûtement crétacé représentant un rostre épais, pointu ou obtus, généralement allongé. Ce genre a commencé de paraître dans les couches liasiques infé- rieures, où déjà il se montre avec un certain développement; il continue dans les terrains jurassiques et ne s'éteint qu'à la fin de la formation crétacée. 1. BeLEMiMTES acutus. (PI. ni,fig. 1,(1,6, c.) Bei.kmnitks ACiTts. Miller, 1823, Trans. ofthe geol. Soc, vol. 5, pi. 8, fig. 9. — BREVis. Blainv., 1827, Bélemn. , pi. 3, fig. 1 et 1 a, var. A. ACLTis. Sow., 1828, Min. conch., p. 178, pi. 590, fig. 7, 10. — BREVIS. Desli., ISôO, Encyclop meï/i , p. 131 , n° 19. LAEVis. Koemer, 1SÔ6, /"'ersfem., p. ICi, n» 4. ACUTUS D"0i-1)., 1842, Pa/éont. /"m/ip., rerc/ur., p. 94, pi. IX , fig. 8-14. — BREVES. Quensicilt, 184G-49, Die Cephalopoden, p. 395, tab. XXIII, fig. 17. ACUTUS. D'Orb., frodrdme, 1850, I, p. 211. B. (esta brevi, conicd, acuminatd, lateralifer poulisper compressé, apice sutculo nullo; alveolo apice ventri subappropinquato , angulo 18-24". Dimensions. — Longueur 52 mill.; le grand diamètre de la base est au petit comme 14 ^1-2 est à 15. Desci'iplion. — Rostre court, conique, acuminé régulièrement en ar- rière, très-légèrement comprimé sur les côtés. Sommet conique, aigu, sub- médian, sans trace de sillon. Base légèrement ovalaire; alvéole formant un cône, peu comprimé latéralement, d'un angle de 18 à 2i", occupant un peu plus de la moitié du rostre , à sommet plus rapproché de la région ventrale. Rapporls et différences. — Par sa forme conique, cette bélemnite se rap- proche de plusieurs autres espèces de lias, mais elle s'en dislingue faci- lement par son peu de longueur et l'absence de tout sillon à son sommet. Localilés. — Cette espèce caractérise le lias inférieur à gryphée arquée. M. d'Orbigny la signale, en France, à Ville-Franche, Semur, Avallon, Nancy; en Angleterre, à Shôrne-Cliff, à Charmouth. Nos échantillons ont DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 21 été trouvés dans la marne de Strassen , entre Clairfontaine et Walzingen. C'est bien probablement à la même espèce que l'on doit rapporter la bëlemnite que l'on rencontre, mais rarement, dans la marne de Jamoigne (Hachy) et dans le grès de Luxembourg (environs de Virton); les écbanlil- lons que nous possédons se trouvant engagés dans la roche, nous n'avons pu les déterminer avec certitude. Observation. — Le côté ventral peut d'ordinaire se distinguer du côté dorsal, sans voir le siphon, parce que le côté ventral est plus droit, tombe plus perpendiculairement sur la base. Le sommet est souvent rongé. C'est la bélemnite la plus ancienne que l'on connaisse. 2. Belemnites clavatus. (PI. I,(ig. I,a, b.c.] liELEUNlTES CLAVATis. Blainville, 1827, Bélem-, p. 97, pi. ô, fig. 12, a, b, exclus, lij;. c. — piSTiLMFORHis. I<1. id., i(l., p. 98, pi. 5, fig. 15, 16, 1 7 (14 ?) — — Sow., 1828, iVin. conch. , pi. 389, (ig. 3. — CLAVATUS. Deshayes, 1830, Encyclop., p. 130, n" 24. — siBCLAVATis. Volu, 1830 , 05s. Sur /ei 6e7., pi. 1 , fig. 1 1. — — Zieten, 1830, JFurlemb., pi. 22, Og. 3. — l'iSTii.i.lFOBMis Roemcr, 1830, /^'ersfem., p. 108, n° 11. — CLAVATIS. D'Orb., Pal. Fr., Terr.jur., pi. M , fig. 19, 20, 21, 22. — — Quenstedt, 1840-1849, Die Cephal, p. 398, pi. 2Ô, fig. 19. — — D'Oib., Prorfr., 1830, 1. 1, p. 223. B. testa elongatd , clavatd ; basi attenuatà, supra médium crassiore et Itiiic apicem versiis allemiatd ; apice foveolato, do)-so siibappropinqtiato ; ulveolo parmilo. Dimensions. — Longueur 55 mill. Diamètres? Description. — Rostre allongé, clavifoime, faiblement comprimé laté- ralement, assez élargi vers l'extrémité alvéolaire; s'amiiicissani jusqu'au tiers de sa longueur, de là se renflant pour former sa partie la plus large, et s'atténuant ensuite assez brusquement jusqu'à l'extrémité; sommet légè- rement relevé vers la région dorsale, ne présentant ni sillons latéraux, ni médians; partie antérieure médiociement renflée pour loger un alvéole peu étendu , à base légèrement ovalaire et à sommet rapproché de la région ventrale. 22 DESCRIPTIONS DES FOSSILES Rapports et différences. — Nulle autre espèce du lias ne présente cette disposition claviforme, si ce n'est le jeune âge du B. timbilicatus, Bl.; mais on distinguera facilement le clavatus, par sa coupe ovalaire, à centre excen- trique inférieur, tandis que Yiimbilicatiis est déprimé. Localités.— D'après M. d'Orbigny, cette belle espèce serait assez com- mune dans les marnes liasiques supérieures; en France, il l'indique à Nancy, Pouillon, Âvallon, etc.; en Angleterre, à Charmouth; en Suisse, à Vellerat. M. Quenstedt dit qu'on la trouve dans différentes couches , depuis le lias y jusqu'au lias â, c'est-à-dire dans les couches liasiques infé- rieures et moyennes. IM. Roemer l'indique dans les couches à bélemnites et à posidonies. Nos échantillons viennent du macigno d'Aubange, et ont été trouvés entre Virton et La Tour. Observation. M. d'Orbigny signale des sillons latéraux à peine tracés; nous n'avons pu les voir sur aucun exemplaire, et, d'autre part, ni M. Roe- mer ni M. Quenstedt n'en parlent. 5. Bélemnites abbreviatus. (PI. ni, fig. 2, a, b.) BELEMNITES ABEREViATis. MilW, 182Ô, Trans. oftliegeol.Soc.,L II, pi. ', fig. 0, 10. _ — Blainv., 1827,.Be;emn., p. 01,n"S1,pl.4,fis.5. - BREVis. IJ., iJ-, iil-, p. 86,n"26,pl. 3,fig. 2. - ABBREVIATUS. Sow., 1828, Miii. conch., t. VI, p. 178, pi. 390, fig. 5, 0. - BREViFORMis. Voltz, 1850, Obs. SUT hs Bel, p. 43, pi. 2, fig. 2(?), ô, 4. _ — Munster, ZiCfpn, 18-50, /r«mm()., pi. 21, fig. 7. _ — Roemer, 1836, Ferstein., p. 161 , n" 1 , pi. 10, fig. 8, 9. - ABBBEViATUS. D'Orb., Pal Fr., Terr.jur., 1842-1844, pi. 9, fig. 1 , 7. - BREVIFORMIS. Oueiist., 1846-1849, Die Cephal, p. 404, pi. 24, fig. 21, 23. B. testa hrevî, cono'ideâ, quadrato-subcylindricâ; apice laevi, acuminatd, dorsum versus plus mimisve recurvd; alveolo mac/no, anyulo So^-^S». Dimensions. — Longueur 75 à 80 mill. Diamètres de la base égaux entre eux. Description. —Rostre court, épais, conique, comprimé et déprimé, ce qui lui donne une forme quadrangulaire, à angles très-obtus, se rétrécis- DES TERRAINS SECOiNDAlRES DU LUXEMBOURG. 23 sanl assez rapidement vers la partie postérieure et présentant latéralement deux sillons larges, superficiels et à peine marqués. Sommet assez obtus, plus ou moins i^ecourbé vers la région dorsale selon les individus. Base large, quadrangulaire , aussi large que haute, renfermant un alvéole qui atteint au delà de la moitié de la longueur totale, arrondie et à sommet fortement incliné vers la région ventrale. Rapports et différences. — Cette espèce se distingue assez facilement par sa forme quadrangulaire, courte et trapue, par son sommet légèrement recourbé. Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le macigno d'Au- bange, à Halanzy, à Aubange, entre Gorcy et Ville. M. d'Orbigny la signale dans le lias supérieur; d'après M. Quenstedt, elle se trouve dans le lias â, qui correspond à notre macigno. i. Belemnites compressus. (PI. I.fig. 2,a,6,c, d.) Belemuiites APicicURViTUS. Blainv., 1827, Bel., p. 76, u" 16, pi. 2, fig. 6. (Var.) — BiCASALif.i LATKS. W., id., i(1. , pi. 2, fig. 7; pi. 5, fig. 8, 9. — cOMPnESSts. Voltz, 1830, Observ. stir les Bel, tab. V, fig. 1 , 2. — CRtssiJ.s. Voltz, 1830, 06s. sur /es £e7., pi. 7, fig. 8. _ — Zieten, id., ^f^urt., pi. 22, fig. 1. — APICICURVATCS. Id., id., id., pi. 2.3, fig. 4. — COJIPKESSUS. Id., id., id., pi. 20, fig. 2. — TUMiDL'S. Id., id., id., pi. 20, fig. 4. — COMPRESSUS. Roemer, 1830, p. 171, n° 19. — — D'Oib., 1842, Pal.fr., Terr.jur., p. 81 , pl. 0. _ — Quenst. , 1 846-49 , p. 422 , pl. 27, fig. 1 . B. testa elongatâ, conoUeà, compressa, apice rectâ, sulcis duohus laterali- dorsalibus, abbreviatis; basi ovali; alveolo apice ventri appropinquato , un- ijulo 22-25°. Dimensions.— Longueur : 150 à 140 mill. Le grand diamètre est au petit comme 19 est à 22. Description. — Rostre très-allongé, assez épais, légèrement comprimé sur les côtés; égal sur une grande partie de sa longueur, s'acuminant 24 DESCRIPTION DES FOSSILES insensiblement vers l'exlrémité postérieure; région ventrale un peu plus large que la région dorsale, à cause de la présence des sillons latéraux dorsaux. Sommet aigu, effilé, droit, présentant deux sillons latéraux dorsaux bien marqués, s'élargissant et se perdant insensiblement vers le quart postérieur du rostre; quelquefois un léger sillon ventral, beau- coup plus court que les précédents et ressemblant à une strie assez forte (Quenstedt, p. 425 et 424). Base médiocrement élargie, comprimée, à coupe ovalaire, logeant un alvéole long, atteignant la moitié de la lon- gueur du rostre, alvéole dont le sommet est fortement incliné vers la région ventrale. Rapports et différences. — Cette espèce est très-difficile à distinguer du Del.tripartitus, surtout lorsqu'elle présente le 5" sillon ventral; on ne peut guère, dans ce cas, avoir recours qu'à la forme générale, plus massive dans le compressus, plus régulièrement conique dans le tripartilus. Localités. — Cette espèce caractérise, d'après MM. d'Orbigny (p. 82) et Quenstedt (p. 425) les assises les plus supérieures du lias; d'après M. Roemer (p. 172), les assises moyennes et supérieures de cet étage. ]Nos échantillons proviennent de la marne de Grand-Cour, et ont été trouvés à Ruette, Grand-Cour, Écouviez, etc. Variété. — A cette espèce, nous rapportons comme variété un bel échan- tillon trouvé dans les marnes de Grand-Cour, à Vaux , entre Carignan et Mouzon. Par sa forme générale , cette variété rappelle les Bel. crassiis et iiimidus de Zieten , d'Orb. (pi. 6, fig. 8); ici se montre encore une trace légère de sillon ventral, et le rostre n'est nullement comprimé; du reste, cette dénomination de compressus pourrait induire en erreur, car cette espèce, comme le remarque M. Quenstedt (p. 422), est l'une des moins comprimées des couches basiques. 5. BeLEMNITES TRIPARTITUS. (PI. l, fig. 3,a-A.) ItEi.EMSiTES TRiPARTiTfS. Schl., 1820, Pctref., p. 48. — ADUSCATCS Miller, 1823, Trans. ofllie geol. Soc. — ADIJ5C\TBS. ? Blainv. 1827, Bélemnit, pi. 4, fig. 2. — oxïCOKCS. Zieten, 1850, Wurt., pi. 21 , fig. 5. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 2îi Belemkites TRisiiXATts. Zieten , 1830, Wurt., pi. 24, fig. ô. — OMCO.M'S. Hehl. Roemer, 18.35, De Ferst, p. 17. — Tnisui.cATUS. Harlm. Koemer, 1836, Ferstein., p. 172. — TRiPABTiTlJS. Quenst., 1840-49, Die Cephal, p. 410, tab. 26, fig. 11-35. — Tnil'AicTiTLS. Bionn., 1835 38, Leth. 'jeog., pi. 21 , fig. 20. _ _ D'Orb., 1851, Prodr, t. I. B. testa elomjato-conicd, compressiusculd ; apice eloncjato-acutâ , trisul- catâ, sulcis duobus laterali-dorsalibus ; ventrali unico profundiore; alveolo magtio, in ventrem indinato, angulo 22-24". Dimensions. — Longueur 100 à 123 millim. Le grand diamètre est au petit comme 18 à 16. Description. — Rostre très-allongé, légèrement comprimé dans son ensemble, le plus souvent très-régulièrement conique depuis la base jus- qu'à l'extrémité postérieure; quelquefois égal sur une partie de sa lon- gueur et de là s'amincissant en une pointe assez aiguë. Sommet aigu, effilé , quelquefois légèrement recourbé vers la région dorsale , marqué de trois sillons, peu prolongés; deux latéraux dorsaux peu profonds et se terminant en s'élargissant; un ventral tantôt bien marqué, tantôt moins distinct. Base peu élargie, ovalaire, plus haute que large; logeant un alvéole assez grand, à coupe légèrement ovalaire, à sommet atteignant le milieu du rostre et incliné vers la région ventrale; son angle est de 22 à 24°. Rapports et différences. — Cette bélemnite ressemble au B. elongalus de Miller, qui appartient au lias moyen; l'espèce que nous décrivons s'en distingue par sa forme conique et non légèrement claviforme (Quenstedt, pi. 24, fig. 2, 3); mais elle ressemble bien davantage au B. compressus, et, dans quelques-unes des variétés de ces espèces, il est presque impossible de les distinguer; généralement, cependant, on peut dire que le compressus a une forme plus ventrue et le sillon ventral moins marqué lorsqu'il existe. Localités. — Cette espèce se rencontre avec le B. acuarius et le B. irregu- laris dans la partie supérieure du lias. Nous l'avons trouvée dans la marne de Grand-Cour, à Écouviez, Lamorteau, Ruette, Grand-Cour, etc. Variétés. — Nous rapportons à cette espèce des échantillons trouvés dans le schiste bitumineux exploité à Grand-Cour : ils diffèrent du type par Tome XXV. 4 i^ DESCRIPTION DES FOSSILES une compression latérale un peu plus forte, un sillon ventral plus faible; enfin, le sommet de l'alvéole qui paraît se rapprocher du centre. Comme seconde variété, nous placerons des échantillons trouvés dans la marne de Grand-Cour, à Grand-Cour, au sud de Ville, entre Rodange et Mont-S'-Martin; la coupe est presque orbiculaire, très-légèrement aplatie sur les côtés, à l'endroit où devraient se trouver les sillons latéraux dor- saux; le centre est médian ou un peu rapproché de la région ventrale. 6. Belemnites acuarius. (PI. n,fig. l,a, b,c,d.) BErEMitiTES ACUARIUS. Schl., 1820, Pelrcf., p. 46, n" 2. — Ti'ci'LARis. Youngî, 1822, Yorkshire , pi. XII, fig. C. — LO\Gissi,tius. Miller, Mém. trans. géol. Soc, vol. 2, pl.VIII,lig 1. — ACUARiu.s. Blainv, 1827, £e7em., p. 9G, n° 50, pi. IV, Og. 10. Bei.emsites LOSGissiMus. Blainv., 1827, Bélem., p. 93, n° 33, pi. IV, fig. 7. PSEUDOBEM'S STRIATI'S. IJ., iJ., iJ-, p. 1 1 3, pi. IV, fig. lô. — I.EVIS. Id, ill., id., p. 112, pi. IV, fig. 14. Belemnites tibilabis Phill., 182'J, Yorhshire, pi. XII, fig. 20. — i,o\GissiMiis. Zieten, 18.30, ;r«rt., p. 28, pi. XXI, fig. 10 el 11. — GRACiLis. Hell.Ziel., id., id., p. 28, pi. XXII, fig. 2. — LACE9i.£F0RMis. Hartm. Ziet., id., p. 33, pi. XXV, fig. 1. — i.o>Gisc.*Tis. Voltz, 1850, Obs. sur les Bel, p. 37, pi. VI, fig. 1. — TEHUis. Miinst., 1830, Z«r. £e?., pl. H, fig. 5 et 6. — AciiARiis. Id., id., id., pi. XI, fig. 45. — GRACILIS Roemer, 1836, Ferstein., p. 173. — i.ONGissniL's. Id., id., id., p. 168. — LOXGistLCATls. Id., id., id., p. 174. — TEMis. Id., id., id., p. 169. — AciAnus. Id., id., id., p. 174. — SEMiSTRiATUS. Miinst., 183G, Ziir Bel., tab. II, fig. 4. — ACi'ARii'S. D'Orb., 1842, fa?, fr., rerr.yur., p. 76, pi. V. — — Quenst., 1846-49, Die Cephal, p. 409, pi. XXV et XXVI. — LOJiGissiMis. D'Orb., Pro(/r., 1830, pi. I, p. 223. B testa ehmjatissimd, gracili, pmtlisper compressa, elongato-conicâ, atte- nuatd; apice lomjitudinuliter striato-sakutâ , aperturâ ovali; alceolo 20-;22". Dimensions. — Longueur 250 mill. (d'Orb.). Le grand diamètre est au petit comme 18 est à 15. Description. — Rostre présentant deux formes distinctes selon l'âge. Pendant une période indéterminée, le rostre est peu allongé, très-légè- rement comprimé, conique, à sommet obtus et à pointe légèrement DES TERRAI>iS SECOINDAIRES DU LUXEMBOURG. 27 excentrique; on voit souvent une trace légère de sillon ventral. Base pré- sentant une coupe ovalaire, à grand diamètre vertical; alvéole, d'un angle de 20 à 22°, présentant un cône comprimé latéralement, à sommet plus rapproclié du bord ventral. A un certain âge, le rostre que nous venons de décrire prend un pro- longement dont l'étendue est tout à fait disproportionnée avec celle du jeune âge, puisque le rostre atteint à peine 5 à 6 centimètres, tandis que le prolongement peut en mesurer de 20 à 25. Celui-ci est un long cône, très-légèrement comprimé sur les côtés, lisse à sa base, se terminant en un sommet assez aigu ; ce sommet présente un sillon ventral, deux sillons latéraux dorsaux et des stries longitudinales, plus ou moins longues et marquées; quelquefois ces dernières manquent, et les sillons peuvent même s'atténuer beaucoup. La base du rostre conserve les mêmes carac- tères que dans le jeune âge. Rapports et di/férences. — Nous avons déjà dit que le rostre du jeune âge est plus conique que celui du Bel. irrcgularis; il ne sera pas difficile de reconnaître l'espèce, lorsque le prolongement sera conservé. Localités. — La marne de Grand-Cour nous a offert, en différentes loca- lités, à Êcouviez, à Ruette, à Grand-Cour, à Lamorteau, au sud de S'-Mard, une multitude de fragments de cette bélemnite; malheureusement aucun exemplaire n'est complet. Les jeunes individus, vu leur brièveté, conservent en général leur sommet. Dans le Prodrome de paléontologie , M. d'Orbigny indique l'espèce, en France, à S'-Amand, Avallon, Pouilly; en Angleterre, à Lyme-Regis; dans le Wurtemberg, à Boll. Observations. — Ces fragments nombreux que nous avons trouvés dans la marne de Grand-Cour, ne seraient pas regardés de prime abord pour des restes de bélemnite, parce qu'ils sont à peu près cylindriques et que leur coupe ne présente pas cette disposition rayonnante que l'on est ha- bitué de trouver dans ces fossiles. M. D'Orbigny a bien développé cette structure anomale dans sa Paléontologie française : « A un certain âge, dit-il, le rostre du B. acnarius est composé, comme les autres, de couches rayonnantes. Après ce premier âge, on pourrait croire que l'animal qui le contenait à changé de forme, et que son corps d'obtus qu'il était, prend 98 DESCRIPTION DES FOSSILES un prolongement postérieur, analogue à celui qu'on remarque chez les mâles du Loligo subulala, et que, dès cet instant, ce prolongement du corps dépose sur le rostre obtus un prolongement crétacé, conique et très- allongé; mais ce nouvel appendice, croissant sans doute avec plus de ra- pidité que le reste, est tubuleux et creux sur presque toute sa longueur, et d'une contexture tout à fait différente du reste. » Ce prolongement se brise le plus souvent par la fossilisation, s'il est resté creux; mais il peut aussi se remplir, et alors on y trouve une matière cristalline et jamais fibreuse. C'est aussi ce que nous montrent nos échantillons, dont l'un, coupé selon l'axe longitudinal , nous a présenté la disposition que MM. d'Orbigny (pi. V, fig. 4) et Quenstedt (pi. XXV, fig 5) ont parfai- tement représentée. 7. BeLEMINITES IRREGCLAUIS. (Pl.Ul,fig.3,a,6,c,d,e.) BELEHMTfcS iRBEGUi-ARis. Sclil., 1815 , TascA., 1.7, p. 70 , tab. III , fig. ô. — DiGiTALis. Faure-Biguet, Cons/dér. sur ies £é(emn., 1819. — iRREGBLABis. Sclil., 1820, Z>(e Pefre/:, p. 48, n" 5. — — lilainv., 1827, Bel, p. 104, n» 46. — DIGITALIS. Bl., id.. M., p. 88, n- 28, pi. m, fig. 5,6. — l'EBliClLi.ATUS. Bl., id., id., pi. m, fig. 7 (var.) — DIGITALIS. Voltz, 1829, Sxtr les Bel., tab. 2, fig. 5. — — Zieten,18ôO, /f'urtemft., p. ôl, lab. XXIIl,fig. 9. — iBREGULARis. Ziet., id., id., p. 50, tab. XXIII, fig. 0. — DIGITALIS. Roem. , /^ersto'n., 1 830, p. 167, n" 8. — IBREGULARIS. D'Oib., 1842, Paf. fr., Terr.jur., pi. 4, fig. 2-8. — DIGITALIS. Oiien.st., 1846-49, Die Cephal.,p. 410, pi. 20, fig. 1 à 11. — IBREGULARIS. D'Orb. , Prodr., 1830, 1 , p. 244. B. testa siéelomjatd , compressa, posficè valdè obtusd , excentricè mucro- natà vel perforatd ; alveolo basi ovali, amjulo 20-22°. Dimensions. — Longueur 80 mill. Le grand diamètre est au petit comme 20 est à 15. Description. — Rostre peu allongé, fortement comprimé, presque égal sur sa longueur, légèrement élargi vers la base ; région dorsale souvent plus large que la région ventrale, disposition exceptionnelle chez les bélem- nites. Sommet très-obtus, arrondi, incliné vers la région ventrale, plus comprimé latéralement que le reste de la coquille, présentant une pointe DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEiMBOLRG. 29 ou un trou. Base ovale, moins comprimée latéralement que le reste de la coquille; alvéole ovalaire, dépassant en longueur la moitié du rostre, à sommet oblique vers la région venti'ale; angle de 20 à 22°. Rapports et différences. — Cette bélemnite se distingue de toutes les autres espèces du lias par sa forte compression latérale et son sommet obtus. On ne pourrait guère la confondre qu'avec le jeune âge du B. acuarius, mais celui-ci est un peu plus conique. Du reste, M. d'Orbigny, qui a fait des études très-approfondies sur les bélemnitidées, a été amené, par analogie avec ce qu'il a vu chez le Loligo sidntlata, à penser que le B. irregularis pour- rait n'être que le rostre des individus femelles du B. acuarius. Localités. — MM. d'Orbigny, Quenstedt et Roemer s'accordent à dire que cette espèce se trouve dans les couches supérieures du lias. M. d'Orbigny la signale, en France, dans les départements de la Moselle, des Deux- Sèvres, etc., en Angleterre, à Salswick, et dans le Wurtemberg, à Banz, Ohenden , Ilolzheim. Nos échantillons proviennent de la marne de Grand- Cour, à Écouviez, Lamorteau, Ruette, au sud de Ville, etc. Variétés. — Cette espèce présente des variétés nombreuses : a. Dans une première, le sommet est très-obtus, arrondi, présentant une excavation et un sillon ventral court, mais bien marqué (Quenst., pi. 26, fig. 1-4). C'est la variété B. de Voltz. /3. Dans une deuxième, le sommet est plus acuminé, ne présente pas d'excavation, et le sillon ventral est à peine marqué; c'est chez ces indi- vidus que l'on trouve quelquefois une petite pointe excentrique, recourbée vers le côté dorsal. y. Nous rapportons encore comme variété de cette espèce la bélemnite décrite par Schlotheim et Blainville sous le nom de B. penicillatus. Le rostre est médiocrement allongé, peu conique et décroissant assez peu rapide- ment de la base au sommet, moins fortement comprimé que dans le type, à coupe ovale, à sommet sub-excentrique, obtus, garni de quelques stries très-courtes; le bord ventral est un peu plus épais que le bord dorsal. Blainville indique cette espèce aux environs de Nancy et à Gundershofen, dans le (?) calcaire jurassique. Notre échantillon provient de la marne de Grand-Cour et a été trouvé aux environs de cette localité. 30 DESCRIPTIOIN DES FOSSILES 8. Belemnites giganteus. (PI. Il.fig. 2.) Bei.euhiites GIGANTEUS. Schl., 1815, TVisc/ienft., VII, p. 70. — — Schl., 1820, /-"efrc/-., p. 43, n°l. — Ei.LipTici'S. Mill., 182-5, Trans. of th. geol.,wo\.'i, pi. VIII, fig. 14 , 16. — QUiSQUEStLCATUS. Dlainv., 1827, Bel., p. 83, pi. Il, fig. 8. — Gl.ADil'S. Blainv., iii., id., p. 86, pi. II, fig. 10. — GIGA.S. Blainv., iii., id., p. 91 , pi. V, fig. 20. [Exdusa pi. III, f. 9.) — co.Mi'RESSiis. Blainv., id. , id. , pi. X , fig. 9 , 9a. — — Sow., 1828, yl/m. concft. , t. VI, pi. 590,fig. 4. — GLADius. Desh. , 1830, fnri/ci. , p. 136, n"18. — AALEivsis. Voltz, 18-50, 06s. sur /es i?e7., p. 60, pi. IV et VII. — LOSiGVS. Vollz, id., id., p. 58, pi. III, f. 1. — AALENSis. Zieten, id., ?F"«rtem6., pi. XIX. QiiiKQUESliLCATUS. Ziet., id., id. , pi. XIX. fig. ô. — GRAKDis. Schubl. Ziet., 1830, W^«rfem6., pi. XX, fig. 1. — ACUSli.^ATiJS. Scllubl. Ziet., id., id., pi. XX, fig. 5. — BiPARTiTcs. Hartm.Ziet., id., id., pi. XXIV, fig. 7. — BICAJIALICULATDS. Hartm.Ziet., id., id., pi. XXIV, fig. 9. — GIGANTEUS. Roemcr, 1836, Ferstein., p. 174. — Gi.ADiiis. Roem., id., id., p. 173. — AALENsis. Roem., id., id., p. 174. — i.osGCS. Roem., id., id., p. 174. — GRANDIS. Roem., id., id., p. 174. — ACUMIXATUS. Roem., id., id., p. 175. — QCiNQUESULCATiis. Roem., id., id., p. 173. — GIGAKTEUS. D'Orb. , Pal. fr., Terr.jur., p. 1 12 , pi. 14 , 15. — — Quenstedt , 1846-49 , Die Cephal. , p. 428 , tab. XXVIU. — — D'Orb. , Prodr., 1 859 , I , p. 260. B. testa elongalâ, valde compressa, acuminatâ, vel subinflatà; apice acu- minato , latercditer sulcato; hasi ovali; alveolo ventrem. versus indinato; unijulo tO-'io". Dimensions. — Longueur 150 à 160 mill. Le grand diamètre est au petit comme 28 est à 24. M. d'Orbigny donne pour la longueur 510 à 400 mill., pour le rap- port, 47:40. Description. — Rostre plus ou moins allongé, toujours assez forte- ment comprimé, se renflant peu à peu vers la région antérieure, tantôt brusquement rétréci à son extrémité postérieure, tantôt fortement pro- longé. Sommet aigu, conservant encore des restes de la compression latérale, présentant différents sillons : un sillon dorsal, généralement DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 31 assez faible, deux sillons latéraux dorsaux larges, deux sillons latéraux ventraux; ces sillons n'occupant que l'extrémité du rostre; de tous, les sillons latéraux dorsaux sont les mieux mai-qués et atteignent la plus grande longueur. Entre ces sillons peuvent encore se trouver des stries irrégulièrement disposées; quelques individus sont presque lisses. Base fortement renflée, à compression latérale moins marquée, renfermant un vaste alvéole de forme légèrement ovalaire, à grand diamètre vertical, à sommet incliné vers la région ventrale, mesurant un angle de 20 à 25". Rapports et diffërences. — Cette espèce est assez caractérisée par sa grande taille, sa forte compression latérale et ses sillons. Cependant elle est des plus variables dans sa forme générale, et la multitude de modifications qui se sont présentées aux auteurs explique le grand nombre de noms sous lesquels on l'a désignée. On peut rapporter ces nombreuses variétés à trois types, correspondant, selon toute probabilité, au jeune âge et aux sexes : a. Dans le jeune âge, le rostre est régulièrement conique depuis la base jusqu'au sommet, et se termine en une pointe aiguë; cette pointe présente ordinairement plusieurs sillons, un dorsal, deux latéraux dorsaux, deux latéraux ventraux. A cet âge, M. d'Orbigny distingue déjà les indi- vidus femelles des individus mâles, ces derniers ayant le rostre plus lon- guement conique. Ces variétés ont été désignées par les auteurs sous les noms de B. quinquesulcaltis (Blainv.), aalensis (Voltz), etc., et représentées par Zieten, pi. XX, fig. 5; par M. d'Orbigny, pi. 14, (ig. 2, 4, 5, pi. XV, fig. 5, 6; par M. Quenstedl, tab. XXYIl, lig. 11 , etc. Nous avons sous les yeux plusieurs exemplaires de cette variété; deux sont des individus femelles et proviennent du calcaire de Longwy; l'un a été trouvé près de Longwy, l'autre dans une exploitation au sud de Halanzy; nous possédons aussi le rostre d'un jeune mâle qui mesure au moins 150 mill. /3. Par les progrès de l'âge, les individus jeunes femelles deviennent considérablement plus larges; leur pointe devient plus obtuse. {Paléonlot. fr., pi. XIV, f. 5; Zieten, pi. XX, fig. 5; Quenstedt, tab. XXVIII, fig. 1.) Plus tard encore, ils prennent, à leur extrémité postérieure, un prolongement d'une longueur très-variable [Paléonlol. fr., p. 117); d'Orbigny, pi. XV, fig. 1; Quenstedt, pi, XXVIII, fig. 25. C'est la variété que M. Quenstedt 32 DESCRIPTION DES FOSSILES appelle D. giganteus ventricosus. L'oolithe ferrugineux du Mont-S'-Marlin et des environs de Piémont nous a fourni plusieurs exemplaires de cette variété, et entre eux il s'en trouve précisément plusieurs oîi l'on voit dis- tinctement le commencement du prolongement. y. Les individus mâles paraissent conserver, pendant toute leur vie, leur forme allongée et assez régulièrement conique (Zieten, pi. XX, fig. 1; d'Orbigny, pi, XV, fig, 7; Quenstedt, tab. XXVIII, fig. 45.) C'est la variété B. gkjanteus procerus de ce dernier auteur. Nous n'avons pu obtenir que des tronçons de cette variété; nous les avons rencontrés dans le calcaire de Longwy, au sud de lïalanzy, dans la vallée du Coulmy au SO. de Longwy. Localilés. — Cette bélemnite gigantesque caractérise l'oolithe inférieur. M. d'Orbigny l'indique, en France, à Bayeux, Moutiers, Mamers, Nancy; en Angleterre, à Dimory, à Sommerset; dans le Wurtemberg, au Steufen- berg, à Aalen, à Balingen, etc. Nous avons déjà indiqué les localités où l'on trouvait les différentes variétés de l'espèce; nous nous bornerons à dire ici qu'elle n'est pas bien rare dans l'oolithe ferrugineux du Mont- S'-Martin et dans le calcaire de Longwy. GfHrc NAUTILUS, Breyn. Cocui.EA MARGARiTiFERA. Ronclelct, (Ic tcUaceis . lib. Il, p. 97. Nautilus M.UOR sive cn\ssus. Rumphius, 1705, Die amboinsclie rarit, p. 57. Nautilus. Breyn., Linn. Lamk , etc. Nautilites. Gesner, Sehloth., Montf. Angulites, Oceanus, Ammonites. Montf. BisiPHiTES. Montf., Féruss., Blainv. CoNciiYLiOLiTEs, Nautilus, Amjionites. Martin. O.MPHALiA. De Haan. Cltmenia, Munster, Phill., dWrchiac et de Vern. Hamites, sp. Fisciier de W'aldiieiin. .\ganides. a. d'Orb. (non Montfort?). ExDOSiPHONiTES. Anstedt. Svmplegas. Sow. (non Montf.). /animal ohlonqum , pallio membranaceo, in siplwne producto opertum; caput minus distincttim, ociili miujni , te^itacnlo 58. simplicin vel fissa . in DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 33 duahus seriebus onlinatu, fasciculos 8 formantia; mandihulœ validœ , cal- careo-corneœ ; branchiœ quatuor internœ. Testa discoïdea , spiralis, multilocularis , anfradus contigui, septorum transversorum symetricorumque niargines shnplices plus minùsve undulati, in parte dorsali non lobati; cellula terminalis maxima; sipho continuus vel interruptus , nunquam dorsalis. Animal oblong, recouvert d'un manteau membraneux se prolongeant dans le siphon; tète peu distincte du corps, pourvue d'yeux très-bien déve- loppés ; un appendice pédiforme servant à la progression; 58 tentacules prismatiques, simples ou divisés, cirrhifcres, placés sur deux rangs et réunis en 8 faisceaux autour de la bouche; mandibules épaisses, calcaréo- cornées, entourées de lèvres frangées; un tube excréteur et locomoteur fendu. Quatre branchies internes. Coquille discoïdale, enroulée sur le même plan, à tours contigus, apparents dans l'ombilic ou se recouvrant plus ou moins jusqu'à devenir complètement embrassants; loges nombreuses séparées par des cloisons transverses, symétriques, étroites, arquées ou sinueuses, échancrées sur les côtés. Siphon continu, central, subcentral ou ventral. Dans le jeune âge, la coquille ressemble à un cône obtus qui se recourbe souvent sans rejoindre le centre de la spire; elle est ordinairement mar- quée de stries longitudinales et transverses, qui persistent ou finissent par disparaître plus tard; quelquefois cependant, elle est lisse, tandis que, chez l'adulte, elle se couvre de plis transverses plus ou moins profonds. On rencontre quelquefois, dans les couches qui renferment des nautiles, des mandibules triangulaires, prolongées en arrière, qui ont certainement appartenu à des céphalopodes et auxquelles M. d'Orbigny avait donné le nom de rhyncltolithes; aujourd'hui on s'accorde à les considérer avec ce savant comme des becs de nautile. La famille des nautilidées s'est montrée sur le globe avec les premiers animaux, dans les couches siluriennes, sous des formes très-variées ; dans le terrain triasique, le genre nautile subsiste seul, ainsi que dans les ter- TOME XXV. 3 34 DESCRIPTION DES FOSSILES rains secondaires et tertiaires; aujourd'hui deux ou trois espèces de nautile représentent seules cette organisation si singulière. Nautilus affinis. N. (PI. Il, fig. 4, a, b.) N. testa discoïded, umbilicatà; dorso lateribusque complmiatis, aperturà suhquadratâ, compressa; anfractihus subangulatis, crassis, longitiidiimliter transvershnque striatis; septis flexuosis, externe sinuosis; siphunculo interno, subcentrali? Dimensions. — Le plus grand diamètre mesure 101 mill.; l'épaisseur 51. Par rapport au diamètre, largeur du dernier tour ^^/loo, épaisseur ^^/loo; recouvrement des tours i^/ioo; largeur de l'ombilic ~^lioo. Cette espèce atteint au moins 5 décimètres de diamètre. Description. — Coquille discoïdale, comprimée, assez largement ombi- liquée; bouche subquadrangulaire, comprimée; tours de spire non com- plètement embrassants, visibles dans l'ombilic, assez épais, un peu anguleux, aplatis sur le dos et les côtés, ornés de stries longitudinales fortes, nombreuses, presque égales et de stries d'accroissement transver- sales et moins profondes. Cloisons peu nombreuses , échancrées vers le tiers externe et sur le dos, sur les angles duquel elles forment une saillie; siphon presque central? Rapjwrts et différences. — Cette espèce se rapproche par ses stries des N. striatus et intermedius. Sow. ; elle se distingue du premier par ses tours anguleux ; du second par ses tours moins épais et les sinuosités de ses cloisons, dont la convexité latérale est plus en dehors. Localités. — Cette espèce se rencontre dans le grès de Luxembourg et la marne de Strassen ; l'exemplaire (iguré vient de la marne de Strassen des environs d'Arlon. M. le docteur De Condé a trouvé, à Walzingen, dans la marne de Strassen , un jeune individu que nous rapportons à cette espèce. Nous l'avons retrouvée à Strassen, et dans le grès près d'Arlon et à Lime. Nous possédons encore trois autres nautiles, l'un de la marne de Ja- DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 35 moigiie, le deuxième de la marne de Grand-Cour, le troisième du calcaire de Longwy. Le premier est probablement le iV. intermedius , Sow. ; le deuxième est nouveau ; le troisième peut-êti'e le N. truncatus, Sow. Genre AMMONITES, Bruguière. Corne d'ammon. Ammonites, Planulites, Orbulites. Lani. Orbulites, Ammonites. Blainv. Planulites, Ellipsolites, Amaltheus, Pelaclse , Symplegade. Montforl. Ammonites, Ellipsolites. Sowerby. Nautilus, Argonauta. Reinecke. Ammonites, Planulites, Globites, Ceratites. De Haan, etc. Testa multilocularis , discoïdea vel (jlohosa; anfractus contigui, plus mi- nusve involuti; septa regulariter lobata, marginesque lohorum plus niinusve incisi, siimati, dentati; sipho continuus, marginalis, dorsalis. Coquille multiloculaire, discoïdale ou globuleuse, enroulée sur le même plan; spire embrassante ou non; tours quelquefois à découvert, mais conligus à tous les âges. Bouche souvent rétrécie, munie de bourrelets et d'appendices latéraux très-variables, selon les espèces. Cloisons divisées régulièrement par des lobes profonds, l'un dorsal, l'autre ventral et un plus ou moins grand nombre de lobes latéraux, toujours digités et aigus. Ces lobes sont séparés par des selles saillantes également divisées, mais à sections arrondies. Siphon continu, dorsal, légèrement saillant en avant de la dernière cloison , et recevant sur ses parois plusieurs digitations du lobe dorsal. La première apparition des ammonidées a eu lieu dans les terrains car- bonifères, où elles se montrent sous la forme de goniatites, ou ammoni- dées à cloisons divisées en lobes arrondis ou anguleux toujours entiers et non digités. C'est dans la formation triasique qu'apparaissent les pre- mières ammonites, mais elles tiennent encore des goniatites par leurs cloi- sons, lobées il est vrai, mais à lobes simples et seulement denticulés; dans les formations suivantes, c'est-à-dire dans les couches jurassiques, les ammonites se montrent avec des cloisons fortement digitées et ramifiées: 36 DESCRIPTION DES FOSSILES en même temps elles atteignent à cette époque leur plus grand développe- ment numérique. On retrouve encore des ammonites dans les terrains crétacés, mais en moindre nombre, et elles sont accompagnées d'amnioni- dées appartenant à d'autres genres, comme les turrilites, les scapliites, les baculites, etc.; enfin les ammonites s'éteignent complètement dans les couches supérieures des terrains crétacés. i. Ammonites angulatus. (PI. IV, fig. 1.) • AMMOailTE& AIVGL'LATIS. Schl., 1 820 , f e(rc/". — — De Haan, TVauJ. ef ^rf/on., 1823 , p. 138. — — Roemer, 18Ô3, Z>îe /'ersjeî'n., p. 191 , n"21 (non adiillus). — OATEKATis. De la Bèclie, irOrb., 1843, Pat. fr. , Terr.jur., p. 301, pi. 94. — AiVGi'i.ATi'S. Quenstedt, 1846-49, Die Cephal., p. 74, pi. IV, fig. 2. — — Schmidt , 1 846 , Petrefact-Buch , p. 57, pi. XVII , fig. 1 . A. testa compressa; dorso laevigato, convexo; anfractibus compressis ; late- ralibus complauatis, costatis; costis transversis , simpUcibus, antrorsùm subarcuatis, in dorso interruptis; aperturd subovuU, supernè rotundatâ; septis lateraliter ^-lobatis. Dimensions. — L'un de nos exemplaires mesure 1 45 mill. de diamètre, on en trouve de plus grands encore d'après M. Quenstedt. Par rapport au diamètre total : hauteur du dernier tour -^/loo; largeur ^^/loo; recouvre- ment des tours ^/loo ; largeur de l'ombilic ^^/loo. Description. — Coquille discoïdale, comprimée, non carénée, à dos lisse, convexe et arrondi; à bouche comprimée, ovalaire, arrondie vers le haut, échancrée à sa base par le retour de la spire. Tours de spire comprimés latéralement, médiocrement embrassants , ornés chacun de 40 à 42 côtes simples, très-légèrement arquées en avant vers leur partie externe; sail- lantes sur les premiers tours, elles vont s'élargissant et s'affaiblissant beau- coup sur le dernier; plus marquées vers la région ventrale des tours, elles sont interrompues , et s'évanouissent avant d'atteindre la région dorsale. Cloisons symétriques, composées de 5 lobes et de 6 selles formés de parties impaires. Lobe dorsal plus large et un peu plus court que le lobe DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 37 latéral supérieur, divisé en deux parties sur la ligne médiane jusqu'à la moitié de sa hauteur, présentant deux digitations de chaque côté et une terminale à trois pointes. Selle dorsale un peu plus large que le lobe latéral supérieur, terminée par trois festons , divisés eux-mêmes en folioles. Lobe latéral supérieur présentant de chaque côté trois pointes subdivisées, et terminé par un lobule ramifié. Selle latérale un peu plus large que le lobe latéral supérieur, terminée par trois festons subdivisés et dépassant beaucoup la selle dorsale. Lobe latéral inférieur très-petit, oblique, pré- sentant en dehors deux lobules ramifiés, et en dedans deux ramifications simples. Selle auxiliaire ausd large que le lobe latéral inférieur et divisée à son extrémité en deux parties à peu près égales et ramifiées. On remarque encore trois autres petits lobes latéraux, étroits, digités sur leurs bords, et autant de selles. La ligne du rayon central tracée à l'extrémité du lobe dorsal, coupe les digitations terminales du lobe latéral supérieur, et atteint aussi les derniers lobes. Rapports et différences. — Cette ammonite fait partie du groupe des Arietes et de la subdivision des Arietes non carénés; elle se distingue facilement de YAinmoniles psitonolus (Quenstedt, p. 75) par ses côtes, sa bouche plus comprimée, etc. Localités. — Cette espèce caractérise les couches les plus inférieures du lias (Quenstedt). Le bel exemplaire qui a servi à notre description pro- vient des couches inférieures de la marne de Jamoigne, à Chiny. Les autres viennent du même étage et ont été trouvés à Jamoigne, Moyen, Termes, etc., etc. Observations. — M. Quenstedt fait remarquer que, dans le jeune âge, les côtes sont plus élevées et passent sur la région dorsale; cette observation nous a fait regarder comme appartenant à cette espèce, un échantillon que nous avions d'abord déterminé comme l'A. catenalus, de la Bêche (d'Or- bigny, pi. 94), espèce que M. Quenstedt regarde comme bien voisine ou comme une variété de VA. angidatiis : ici les côtes sont un peu plus flexueuses que dans le type; elles sont inclinées en avant à leur partie externe et passent en s'affaiblissant sur le dos , pour se rejoindre à leur correspondante. 38 DESCRIPTIOIN DES FOSSILES On trouve encore dans les mêmes couches beaucoup de fragments et de petites ammonites que nous regardons comme le jeune âge de cette espèce. Dans ces jeunes individus, les côtes sont toujours bien marquées, relative- ment plus flexueuses, et tantôt se rejoignent en chevion sur le dos, tantôt disparaissent un peu avant d'arriver à la ligne médiane; dans ce dernier cas, la région dorsale est plus large. Cette phrase de M. Roemer {Die Ver- stein., p. 191), « que les côtes viennent se réunir sur le dos presque à angle droit » appuie encore le rapprochement que nous avons fait. Ces petites ammonites sout souvent converties en pyrite, et alors les cloisons y sont très-distinctes; nous avons pu voir les cinq lobes dont celles-ci sont for- mées sur un échantillon de 8 mill. de diamètre; mais ces lobes ne présen- tent pas la complication de ceux des individus adultes. 2. Ammonites condeanus. N. (PI. lV,fig. 2.) A. testa compressa, carinatâ; clorso acutè carinato. latè bisulcato; aperturd suhrotundâ , depressd, anticè bisimiatd; anfraclihns depressis, rotundatis, laleribus costatis; costis numerosis , valdè arcuatis, aculis; septis? Dimensions. — Cette espèce atteint au moins 180 mill. Par rapport au diamètre total : hauteur du dernier tour -*'/ioo; largeur ^"/loo; recouvre- ment des tours H/ioo. Description. — Coquille comprimée dans son ensemble, à dos large, très- obtus, présentant sur la ligne médiane une carène aiguë, élevée, accom- pagnée de chaque côté d'un sillon large et bien dessiné, limité par une carène latérale moins élevée que la médiane; bouche déprimée, plus large que haute, présentant à son sommet deux sinuosités formées par les sil- lons de la carène, et très-peu échancrée à sa base par le retour de la spire. Tours de spire déprimés, plus larges que hauts, ornés latéralement de 50 à 52 côtes simples, aiguës, élevées, fortement arquées dans toute leur longueur et venant se terminer insensiblement sur les carènes latérales, à concavité dirigée en avant, et ne présentant aucune espèce de renflement DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 39 ni de tubercule. Ces tours semblent décroîlre assez proniptement en dimensions. Rapports et différences. — Cette ammonite est assez voisine de VA. Helli, espèce décrite dernièrement par M. SchaHiaiilt [Géog., 1851, p. 107)-, elle s'en distingue par une autre disposition des côtes, et surtout par sa carène élevée et tranchante, la largeur de ses sillons. — VA. Con- deanus appartient au groupe des Arietes carénés de De Buch. Nous n'avons pu la rapporter à aucun des types de ce groupe, déjà si nombreux, sujets à tant de variations et dont la synonymie devient si difficile. La carène élevée, aiguë, les sillons latéraux larges et bien marqués, la dépression des tours de spire, enfin, des côtes nombreuses, simples, aiquées, non tuberculeuses sont les caractères distinctifs qui feront facilement recon- naître cette grande espèce. Localité. — Cette espèce se rencontre dans le grès de Luxembourg et a été trouvée à Villers devant Orval; le fragment que nous en possédons, nous a été donné par M. Leroy de Jamoigne. Nous avons dédié cette nouvelle espèce à M. le docteur De Condé, en reconnaissance de la bonté qu'il a eue de mettre à notre disposition les beaux fossiles qu'il a recueillis aux environs d'Arlon. 5. Ammonites obtusus. (PI. IV, 6g. 3, pi. V, f!g. I.) Amjiouites OBTisus. Sowerbv , 1817, Min. conch., t. II, p. 151 , pi. 167. — redc4Re:«sis. Yonug et Bird. , 1822, a Geol. survey. — SjiiTiiii Sow., 1825, Min. conch., t. IV , p. 148, pi. 406. — — De Haan, 1825, y^mm. et Gon, p. 118, n° 35. — OBTUSOS. Phill., 1829, loris., p. 164. — — D'Orb., 184ô,Pa/./'r., 7'err.y«r., pl.44, p. 191. — — D'Orb., 1830, Pradr., t. I.p. 211. A. testa compressa , dorso carinato, carinà obtusâ, aperturâ rotundato- compressâ, siipernè hisinuatâ; anfractibus siibrotundis, laterihus costatis: costis paucis , obtusis, externe evanescentibus ; septis lateraiUer Z-lobatis. Dimensions. — Cette espèce peut atteindre 2 à 3 décimètres. Pour les dimensions relatives, calculées d'après notre échantillon et vérifiées sur les 40 DESCRIPTION DES FOSSILES données de la Paléontologie française, nous trouvons : hauteur du dernier tour *°/ioo; largeur ^^/loo; largeur de l'ombilic *^/ioo; recouvrement des tours '/loo. Description. — Coquille discoïdale, comprimée; dos à quille très-obtuse, tricarénée, carène médiane large et peu élevée, les latérales à peine sépa- rées de la médiane par un faible sillon; bouche comprimée, bisinuée à son sommet, assez fortement échancrée par le retour de la spire. Tours de spire peu comprimés, arrondis, ornés de côtes transversales, dis- tantes, obtuses, peu élevées, disparaissant avant d'atteindre la partie externe. Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et trois selles, formés de parties impaires. Lobe dorsal très-long et très-large, divisé sur la ligne médiane jusqu'au tiers de sa hauteur, présentant des digitations assez nombreuses, surtout en dedans. Selle dorsale aussi large que le lobe dorsal, ne présentant que des ramifications peu profondes. Lobe latéral supérieur conique, atteignant à peine la moitié de la hauteur du lobe dorsal. Selle latérale aussi large , mais plus haute que la selle dorsale, présentant quelques festons simples, mieux marqués que ceux de la selle dorsale. Lobe latéral inférieur presque aussi large que le supé- rieur, présentant des digitations arrondies. Selle auxiliaire, le quart à peine aussi grande que la selle dorsale, de même forme. Premier lobe auxi- liaire ne présentant que 5 faibles digitations. La ligne du rayon central à l'extrémité du lobe dorsal, n'atteint pas le lobe latéral supérieur, et passe assez près du lobe latéral inférieur. Rapports et dilJérenccs. — Cette espèce est assez bien caractérisée par sa carène médiane obtuse, ses côtes larges et peu nombreuses. Localités. — Elle caractérise les couches inférieures du lias. M. d'Orbigny l'indique dans le département de l'Ain, et en Angleterre, à Lyme-Regis. Notre exemplaire a été trouvé dans le grès de Luxembourg, à Ethe. Observation. — L'échantillon que nous avons sous les yeux paraît avoir appartenu à un très-vieil individu; il n'a pas le dos précisément aussi large que l'indique la figure donnée par M. d'Orbigny; ses côtes sont aussi un peu moins nombreuses. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 41 4. Ammonites stellaris. (PI. V, fig. 2.) A.UHO!l 100. — — D'Orb., 1850,/'rorfr., I,)). 240. À. testa subcompressd , non carinatd; dorso lato, convexo; aperlurd raldè depressd, anfractihits depressis , lateribus inpalis, tuberculutis, transversîm cosfatis; costis acutls, simplicibus, externe tuberculatis , bifurcatis; septis lateraliter '5-lobatis. U DESCRIPTION DES FOSSILES Dimensions. — Grand diamètre, GO mill. Par rapport au diamètre : hau- teur du dernier tour ^^/loo; largeur ^^/loo; recouvrement des tours ^/loo; largeur de l'ombilic ^^/loo. Description. — Coquille assez épaisse, discoïdale, à dos large, convexe, à bouche semi-lunaire, déprimée, beaucoup plus large que haute. Tours de spire très -déprimés, peu embrassants, ornés de côtes en nombre variable selon les différents tours; l'externe en a de 44 à 48, l'avant-der- nierde 28 à 50, etc. Ces côtes sont élevées, droites, partent de l'ombilic, se divisent, après s'être renflées en un tubercule, tantôt en deux, tantôt en trois côtes qui vont se réunir du côté opposé et former un nouveau tubercule. Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et quatre selles formés de parties impaires. Lobe dorsal un peu plus long que large, orné à son côté interne de trois branches ramifiées, à son côté externe de deux digitations simples, et d'une terminale à cinq pointes. Selle dorsale un peu plus large que le lobe dorsal, divisée à son extrémité, par un lobule accessoire k cinq pointes, en deux folioles, dont l'externe, plus grande, est elle-même subdivisée. Lobe latéral supérieur moins large que la selle dor- sale, présentant de chaque côté trois digitations denticulées sur leurs bords et une terminale plus longue à sept pointes. Selle latérale moins large et moins haute que la selle dorsale, divisée en deux parties presque égales, subdivisées elles-mêmes. Lobe latéral inférieur très-oblique vers la base de la selle latérale, formé de deux pointes. Selle auxiliaire très-courte, conique. Lobe auxiliaire formé par une seule digitation simple. La ligne du rayon central , à l'extrémité du lobe dorsal , coupe le lobe latéral supérieur et passe bien au-dessous des autres. Rapports et différences. — Cette espèce est bien caractérisée par sa bouche fortement déprimée; elle se distingue de VA. Desplacei d'Orb., chez laquelle on remarque aussi cette dernière disposition, par ses côtes simples en dedans des tubercules. Localités. — ■ Cette espèce caractérise, selon M. d'Orbigny, le lias supé- rieur; il l'indique dans les départements de Saône -et- Loire, des Deux- Sèvres, du Rhône, de la Lozère, du Cher, du Calvados, de la Côte-d'Or, DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 55 de la Meuse. Elle est assez commune dans la marne de Giand-Cour; nous l'avons rencontrée à Ecouviez, Lamorteau, entre Écouviez et Thonne-la- Long, etc. I"). Ammonites Holandrei. (PI. vu, (ig. 3.) Ammomites OoLANunEi. D'Orb,, lX4ô, Pal. {t., TeTr. jur., p. 530, pi. 105. — — D'Orb., 1 830 , Prodr. , I , p. 24(i . A. testa compressa, discoïded; dorso convexo; aperturd compressa, anticè subangulatd; anfractibus compressis, transversim costatis ; costis 60 elevatis, flexuosis, externe bifurcatis ; septis lateraliter trilobatis. Dimensions. — Grand diamètre 90 mill. Par rapport au diamètre : hau- teur du dernier tour -"^/loo, largeur ^^/loo; largeur de l'ombilic ^^/loo; recou- vrement des tours -/loo. Description. — Coquille comprimée, non carénée, à dos saillant, à bouche plus haute que large, rétrécie en haut, peu écliancrée par le retour de la spire. Tours de spire comprimés, peu embrassants, ornés de 50 à 60 côtes flexueuses, obliques en avant, se bifurquant plus ou moins régu- lièrement à leur tiers externe pour passer sur le dos et se réunir ensuite de l'autre côté, sans former de tubercule à leur réunion. Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en trois lobes et en selles formés de parties impaires. Lobe dorsal plus long et plus large que le lobe latéral supérieur, muni de cinq digitatious. Selle dorsale le double plus large que le lobe latéral supérieur, irrégulièrement divisée en feuilles déchiquetées. Lobe latéral supérieur pourvu de trois pointes terminales et de quelques autres latérales moins régulières. Selle latérale aussi large que le lobe latéral supérieur, divisé irrégulièrement en trois feuilles. Lobe latéral inférieur très-petit, oblique, réduit à une seule pointe. Premier lobe auxiliaire formé aussi d'une petite pointe. La ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, passe au-dessous des autres lobes. Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche des A. communis , Braiinianus et miicronatus; elle se distingue de la première par ses côtes S6 DESCRIPTION DES FOSSILES ondulées, obliques en avant, ses tours plus étroits, comprimés, par sa bouche relativement plus haute; et des deux autres par le manque de pointes à la bifurcation des côtes et par les lobes de ses cloisons. Elle se rapproche encore de l'A. anmilalus, Sow. (d'Orb., pi. 7G, A. œquistria- tus, Zieten, pi. 12, f. 5); mais ses côtes sont bien moins nombreuses et flexueuses. Localités. — Nos échantillons proviennent de la marne de Grand-Cour et ont été trouvés dans la marne, à Lamorteau, ou dans le schiste exploité à Grand-Cour, où elle est très-commune; à Amblimont, etc. D'après M. d'Or- bigny, cette espèce caractérise les assises du lias le plus supérieur; il l'indique dans les départements du Cher, de la Meurthe, de la Moselle, de l'Aveyron, de la Vendée, du Pihône, de l'Yonne, etc. 14. Ammonites communis. (PI. vil, fig. 4; pi. VIII, fig. 1.) .4.MM0HITES coMMLBiis. Sow., 1813, Min. conch., t. 2, p. 9, pi. 107, fig. 2, ô. — ABlGULATtS. Sow., id., iie Cep/ia?,, lab. VII, fig. 3. — — D'Orb. , 1 830 , Prodr., I , p. 245. A. testa compressa, disco'ideâ; dorso declivi carinato ; carinâ elevatâ , suh- acutâ; aperturd compressa ; anfractibiis compressis , lateribus complanalis , intùs Iruncatis, transversim multi-costatis ; costis undulalis, curvatis, dorsum versus incrassatis; septis later aliter i-lobatis. Dimensions. — Grand diamètre 104 mill. (La taille est quelquefois beaucoup plus considérable). Par rapport au diamètre : hauteur du der- nier tour ^^/loo; largeur '^/loo; recouvrement des tours '/loo; largeur de l'ombilic ^^/loo. Description. — Coquille comprimée, discoïdale, à dos fortement caréné, pourvu d'une quille saillante; à bouche comprimée, oblongue, plane ou évidée sur les côtés, en biseau tranchant en avant, anguleuse et tronquée aux extrémités internes. Si l'on en juge par les lignes d'accroissement, elle paraît se prolonger en bec sur la carène et former une languette de chaque côté, au point de flexion des côtes. Tours de spire comprimés, aplatis sur les côtés, avec une trace de sillon longitudinal, ornés en travers d'un nombre de côtes variable, serrées, simples, ti'ès-flexueuses; en par- lant du pourtour de l'ombilic, elles se dirigent en avant, forment un coude saillant vers les deux cinquièmes de la largeur des tours, de là s'inflé- chissent en arrière, pour retourner ensuite en avant, où elles s'avancent beaucoup sur la carène. La côte commence à la région ombilicale par une très-fine strie et s'élargit ensuite dans la grande courbure, pour former une petite côte. Cloisons symétriques, découpées de chaque côté en quatre lobes et en DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 69 selles foi-més de parties impaires. Lobe dorsal plus étroit et beaucoup plus court que le lobe latéral supérieur, orné de chaque côté de cinq digi- lations, d'autant plus longues et plus ramiliëes qu'elles sont inférieures, les deux dernières formant les deux rameaux d'une seule branche. Selle dorsale des deux cinquièmes plus large que le lobe latéral supérieur, divisée en deux grandes branches inégales (la plus grande interne) par un lobe accessoire moitié moins grand et de même forme que le lobe latéral inférieur. Lobe latéral supérieur orné de cinq branches de chaque côté, d'autant plus grandes qu'elles sont inférieures, et d'une grande branche terminale. Selle latérale moins large que le lobe latéral supérieur, assez régulière. Lobe latéral inférieur d'un tiers moins large et de moitié moins long que le lobe latéral supérieur, de forme iri'égulière , ayant deux branches de chaque côté. Première selle auxiliaire, de moitié de la selle latérale en grandeur, presque de même forme. Des deux lobes auxiliaires, le premier à peu près semblable au lobe latéral supérieur; le dernier comme bifide. La ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe la branche inférieure centrale du lobe latéral supérieur et passe bien au-dessous de tous les autres lobes. Rapports et dijférences. — Elle se distingue de \A. bifrons par ses tours de spire plus larges, les lobes de ses cloisons, son sillon longitudinal, qui, s'il existe, est cependant beaucoup moins marqué. Elle se distingue de Y A. radians, par ses côtes fortement coudées; entin de VA. complanatus par ses tours de spire beaucoup moins embrassants. Localité. — Cette espèce est assez commune dans le schiste bitumineux exploité à Aubange; on n'y trouve cependant que des empreintes, de sorte que pour donner les cloisons et ce qui a rapport à l'épaisseur, nous avons eu recours à la Paléontologie française. MM. Roemer et Quenstedt indiquent l'A. serpentinus dans le Posidonienscliiefer , qui correspond au schiste bitumineux de Ruette, d'Aubange, etc., et qui fait partie du lias supérieur. Observations. — Sur deux de nos exemplaires se trouve, vers la région buccale, ce que les auteurs avaient appelé des aptyctms; on s'accorde assez généralement maintenant à croire que ce ne sont pas des êtres dis- 70 DESCRIPTION DES FOSSILES lincts, mais des parlies de l'animal de l'ammonite (Quensledt, p. 506). Nos échantillons diffèrent en plusieurs points de la description donnée par M. d'Orbigny. Le rapport de la hauteur du dernier tour au diamètre est de ^^/loo; M. d'Orbigny indique ^'/loo, mais il fait, en même temps, observer que les tours sont d'autant plus étroits que l'individu est de plus grande taille : le nôtre n'a que 104 mill. Cet auteur dit encore que les côtes sont moins nombreuses que dans VA. comptanatus; dans nos exem- plaires , elles nous semblent plus nombreuses et disposées plus irréguliè- rement. 22. Ammonites complanatus. (PI. X,fig. 2.) Langius, tab. 42, fig. 2, tab. 27, fig. 6. Bourguet, tab. 40, fig. 265; tab. 43, fig. 286, tab. 49, fig. 317. Knoir et Walch, vol. II A, fig. 1. Ammonites pi.ahateli.a. Lam., 1813, ^nim. sans vertèh., n" 14. — COMPLAKATA. Briig., 178'J, Encyclop. meth., p. -38, n» 11. — — hosc,im\,J}uff. de Déterv., D'W. — — Roissy, .É'w//'. de 5onn., t. V, p. 24, n" 10. — ELECAKS. Sow., 1813, iVin. conch., l. I, p. 213, pi. 94, fig. I. ISADTiLts opAi.iRis. Reinecke, 1818, Naut. et Jrg., p. 53, n° 1, fig. 1. Ammonites ei.ega\s. Phill., 1829, yorfcs., p. 164, n" 44, pi. XHI, fig. 12, — BicARiNATi'S. Munst., Zift., 1 839 , /F«rf., p. 20, tab. .\V, fig. 9. — — Hartm., Ziet., 1830, /T'urt., p. 19. — EI.EGASS. Zlet.,1830, i(l., p. 22, lab. XVI, fig. 3. — cOMPLAKATts. D'Orb., 1843 , Pa/. /r., Tcrr. jur., pi. 1 14, p. 333. — — D'Orb., 1830, Prodr., I , p. 240. A. testa compressa; dorso obtuso, suhtricarinato ; catind niedid elevatà; aperturà compressa, siipernè obtusâ; anfractibus alfis, compressis, compla- natis, transversîm costatis; costis angulatis, aeqtialihus. flexuosis ; septis lale- raliter Q-lobatis. Dimensions. — Grand diamètre 100 millim. (et plus, d'Orb.). Par rapport au diamètre : hauteur du dernier tour ^^/loo; largeur ^^/loo; recou- vrement des tours ^^/loo; largeur de l'ombilic *^/ioo. Description. — Coquille très-comprimée , pourvue d'une quille saillante, à dos obtus, en biseau de chaque côté, surmonté d'une carène saillante, élevée, étroite; à bouche plus haute que large, sagittée, fortement échan- DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 71 crée à sa base par le retour de la spire. Tours de spire aplatis sur les côtés, pourvus de côtes nombreuses (80 à 90 sur le dernier tour), à peu près également espacées sur les différents tours, se prolongeant sur la carène et formant une grande concavité tournée en avant dans leur partie externe. Cloisons symétriques , découpées de chaque côté en six lobes formés de parties impaires et en selles, dont les deux premières formées de parties paires. Lobe dorsal beaucoup plus étroit et plus court que le lobe latéral supérieur, orné en dehors de deux branches, l'inférieure très -grande, pourvue de beaucoup de digitations. Selle dorsale aussi large que le lobe latéral supérieur, divisée en deux feuilles très-inégales à son extrémité, la plus grande en dedans. Lobe latéral supérieur conique, pourvu de chaque côté de cinq branches, indépendamment de la terminale, elle-même très- grande. Selle latérale étroite, divisée en parties semblables, mais plus petites. Lobe latéral inférieur, la moitié du lobe latéral supérieur, à rameaux irrésuliers dans leur distribution. Premier lobe auxiliaire de même forme et de moitié en grandeur du lobe latéral supérieur; les trois autres lobes auxiliaii-es étroits et très-rapprochés les uns des autres. La ligne du rayon central, à l'extrémité du lobe dorsal, coupe la pointe du lobe latéral supérieur et passe au-dessous des autres. Rapports et différences. — Cette espèce rappelle beaucoup Y A. serpentinus par ses côtes simples et flexueuses, mais on la i-econnaît facilement à la petitesse de son ombilic. Localités. — L'A. complanatus se trouve dans la même couche que VA. serpentinus; ces deux espèces se rencontrent assez communément dans le schiste bitumineux exploité à Aubange, et dans la marne de Grand- Cour, à Laraorteau. Elle est aussi très-commune dans les couches cor- respondantes du lias d'Angleterre, d'Allemagne et de France. Observations. — Sous le nom d'Ammonites falcifères, on a compris un groupe d'espèces, qui, indépendamment d'autres caractères, se distin- guent au premier abord par la disposition falciforme de leurs côtes; elles appartiennent au lias et au jura inférieur : c'est l'une des meilleures fa- milles de De Buch ; malheureusement, et comme c'est l'ordinaire dans les 72 DESCRIPTION DES FOSSILES familles bien naturelles, les espèces y sont moins tranchées que partout ailleurs, et la synonymie en est très-difficile. Dans les falcifères liasiques, les côtes sont nombreuses, serrées, ne se divisent jamais, commencent par une strie une, et s'élargissent ensuite sur les côtés des tours de spire. Plusieurs espèces de ce groupe se rencontrent en Belgique : telles sont les Ammonites serpentinus, radians, complanahis , bifrons, concavus, etc. 25. ÂMiMONlTES RADIANS. (PI. X,fig.5;pl.XI,fig. I.) WâtTii.iis BADiAKS. Reinecke, 1818, Naut. et Arg, p. 71 , n° 17. pi. IV, fig. 39, 40. AuMO<«iTES — Schlotheim, 1820, Die. Petref , p. 78, n" -54. — STRIATII.L'S. Sowerby, 182-5, IHin. conch., t. V, p. 23, pi. 421 , 6g. 1. — KADIANS. De Haan, 1825 , ^/nm. et Gontaf., p. 112, n° 23. — — Ziet., 1830, Wurt., p. 5, pi. IV, fig. 3. — LmEATCS. Ziet., id., i(l., id,, pi. IX, fig. 7. — STRiATULUS. Ziet., id., irodr., , 1,229. P. testa depressâ, heUciformi; apice acutiusctilo ; anfraclibus 5-4 laevibus., rolundalis; sutura distinctà; simi tnediocri; fascid plana, in medio tiltimi onfracins expansi , rotundati, tantimi conspicud; basi convexd {in medio svbcallosd, ibique plusmimisve depressâ; umbilico nullo; aperturd ovatd; labro sinistro incrassato). Dimensions. — Longueur 50 mill. ; long, du dernier tour 20 mill. = 100 : 07; angle apicial de 122". DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 97 Description. — Coquille héliciforme, à spire très-déprimée, à sommet marqué et même un peu aigu ; tours arrondis, peu saillants, lisses; suture bien marquée, entaille médiocre, (peu profonde); bandelette plane, à peine marquée de stries transversales, visible sur le dernier tour seulement, recouverte par la spire sur les autres; dernier tour étalé, renflé et arrondi du côté de la base. Base convexe, marquée de stries d'accroissement très- fines, visibles seulement à la loupe; (ombilic nul remplacé par une légère callosité un peu enfoncée en son centre; boucbe ovoïde transversalement; lèvre gauclie un peu épaissie). Observations. — Le lest de l'échantillon qui nous a servi pour cette description ayant sa surface légèrement altérée et la base presque en- tière cachée dans la roche, nous avons complété ses caractères d'après M. E. Deslongchamps, en indiquant ces emprunts par des parenthèses. Rapports et différences. — La position remarquable de la bandelette éloigne cette espèce de presque toutes les autres pour la rapprocher des P, expansa, Sow. sp., et caepa, Desl. Elle se distingue de la première, par sa taille beaucoup plus considérable, par sa forme, l'absence d'angle prononcé à la bandelette, par la bouche et surtout par ses tours arrondis en-dessus ; elle s'éloigne de la seconde par sa forme générale, la convexité des tours et la bouche. Localités. — Dans le calcaire subordonné à la marne de Jamoigne, à Muno. — Halberstadt, Fontaine-Étoupefour. M. d'Orbigny la rapporte à tort, croyons-nous, à l'étage liasien, au moins cela est certain pour les individus de Dunker et le nôtre. Quant à M. Deslongchamps, il consi- dère les marnes de Fontaine-Étoupefour comme appartenant toutes au lias supérieur, opinion que nous croyons inadmissible. 4. Plecrotomaria expansa. (PI. XUI , fig. 3.) HELicimA EXPANSA. Sow. , 1 82 1 , iJ/m. concA., pi. 273 , fig. 1 -3. — SOLABIOIDES. Sow. , id., id., pi. 275, fig. 4. — POLiTA. Sow., id., id., pi. 285, fig. 1-5. — EXPANSA. Ziet,1830, ?Furt., pi. 3ô,fig. 5. TtKBO CALI.OSUS. Desh., 1831, Coq.caract., p. 189, pi. A, fig.5,6. Tome XXV. 13 98 DESCRIPTION DES FOSSILES UOTEM.A rOLiTA. Bronn , 1 8Ô7, ZcMaca, pi. 21 , fig. 2. - EXPASSA. Goldf., 1859, Pelref., pi. 193, fig. 8. Uelicika — Schmidt, 1840, /'etr.-^ucA, pi. 16, flg. 3. PLEHROTOMAniA poi.iTA. Goldf., 18Ô9, fetre/:, pi. 1 80 , fig. 4. — stTiRïi.is. E. Desl., 1848, f/eurof., p. 147, pi. 17, fig. ô. — EiPABiSA. D'Oib., 1830,/'rodr,,p.229. P. testa heikiformi subdiscoideâ , apice suhacuto; anfractibus planis aut subconcavis, laevibus aut striis tmnsversis obsoktissimè notatis, ad sutnram aiifjuhtis; sinu modico , pariim profundo: fascid sinus pland, transvershn dense striata, in spird oblectâ, in ultimo anfractu tanlinn conspicuà; basi hemisphaerica, in medio mllosd; umbilico nullo, aperturd subcircidari; labro sinistro lato reflexo. Description. — Coquille liéliciforme à spire très-déprimée, à sommet presque aigu; tours ordinairement quelque peu concaves, parfois plans ou même très-peu convexes, lisses ou marqués transversalement de stries très-fines, recouvrant la suture par un cordon; entaille médiocre; bande- lette plane, finement striée transversalement, cachée sur la spire par l'en- roulement des tours, visible sur le dernier au point de séparation d'avec la base, point où existe un angle ordinairement très-prononcé, parfois arrondi; base hémisphérique; ombilic nul, remplacé par une large cal- losité déprimée au centre; bouche (presque circulaire; lèvre gauche large et réfléchie). Rapports et différences. — La position de la bandelette rapproche cette espèce des P. cacpa et lieliciformis , E. Deslongchamps; mais elle est nota- blement plus petite, ses tours sont concaves; sa bouche différente, sa spire beaucoup plus déprimée, etc. Observations. — Cette espèce paraît varier beaucoup, comme on peut le voir, par la synonymie. Pour notre compte, nous en avons trouvé au moins deux variétés distinctes. f^ar. SOLARIOÏDES. Dimenâons. — Longueur 6 mill.; largeur IG mill. ; = 100 : 2GG. Far. testa subdiscoïdeà , anfractibus siibconvexis , vel subconcavis, lomji- DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 99 trorsùm striatis, ad suturant depressis; ultimo anfractu ad basim obtuse angulato vel rotundato; basi concentriez striatâ; striis incrementi oculo ar- mato tantùm distinctis. Description. — Variété subdiscoïde ; tours de spire parfois légèrement convexes, parfois un peu concaves, toujours déprimés près de la suture, paraissant avoir été striés lougitudinalement ; le dernier est obtusément anguleux vers la base, parfois plutôt ari'ondi; base marquée de stries concentriques bien distinctes, et de stries d'accroissement visibles seule- ment à la loupe. Obsei'vations. — Cette variété paraît être VHelicina solarioïdes, Sow. ; nous n'en possédons que des moules avec des fragments de test. Les premiers tours sont toujours convexes; ils s'aplatissent en grandissant; le défaut de carène obtuse à l'angle du dernier tour pourrait bien tenir en partie à ce que le moule ne représente pas fidèlement la forme extéi'ieure, à cause de l'épaisseur plus grande du test en ce point. Nous ne connaissons pas le dessin et la forme de la bandelette. Localités. — Cette variété a été trouvée dans la marne de Jamoigne, à Jamoigne, à La Cuisine, à Termes; elle n'y paraît pas bien rare, du moins relativement aux autres espèces du genre. f^ar. ExPANSA. Dimensions. — Longueur 11 mill. ; largeur 22 raill. ; = 100 : 200. f^ar. testa conicâ, depressd, anfractibus suhconcavis; striis transversis tenuibus recurvis notatis, ad sufuram depressis, fasciâ transvershn tenuis- simh striatâ; ultimo anfractu ad basim angulato; basi hemisphaericd , tu- midâ. Description. — Variété plus élevée que la précédente, conique; tours légèrement concaves, déprimés à la suture, marqués de stries transverses, fines, fortement recourbées en arrière; bandelette très-finement striée transversalement; dernier tour anguleux vers la base, qui est très-cou- 100 DESCRIPTION DES FOSSILES vexe, presque hémisphérique , et marquée de stries d'accroissement rayou- nanles, fines, convexes en arrière. Localilcs. — Celte variété est plus rare que la première; elle ne paraît se trouver que dans la marne de Strassen, près de Wallzing (M. de Gondé), et de Bonneit. 5. Pleurotomaria rustica. (PI. XIV, Cg. 1.) PleurotoM/IRIa r.uSTicA. E. Desl , lUém. sur les Pleur., p. 7G , pi. XII, fig. 1 — — D'Oib., Prodr., 1830, l. I , p. 2.Ï0. P. testa crassissinid , subturritâ, apice acuto; anfractibns siibqnadratis, (jradatis ; plias crassis , transversis , remotis, necnon sulcis longitudinalibns ornatis, ad fusciam laevib^is; sinu nuKjno, profiindo; fascià proDunente ca- rinatà, in medio anfractuum sità; ultimo anfractu ad basiin amjulato , crenuïato; basi subconvexd , concentricè sulcatd, plicis radiantibus obsolète decussatd; umbilico nullo {in adultis scilicet). foveold diyitali suppleto; aper- turd subrhombo'ided ; labro sinistro incrassato. Dimensions, — Longueur 56 mill.; largeur 52 mill.; longueur du der- nier tour 15 = 100 : 88 : 58. Angle apicial G5°; angle suturai GO". Description. — Coquille très-épaisse, suhturriculée, à sommet aigu; tours presque carrés, échelonnés, à peu près lisses dans leur milieu, mais ayant en avant et en arrière de gros plis transverses, écartés, inégaux, et des sillons longitudinaux grossièrement disposés; entaille grande, pro- fonde; bandelette saillante, carénée, située au milieu des tours; le dernier est subanguleux et crénelé vers la base, qui est un peu convexe, couverte de gros plis radiés à peine marqués et de sillons concentriques; ombilic nul (au moins à l'état adulte), ayant à sa place une dépression digitale profonde; bouche subrhomboïdale; lèvre gauche épaissie. Rapports et différences. — Cette espèce se distingue des P. laidosa, E. Desl. [an Tr. anglicus? Sow.) par l'épaisseur de son test, par une ornementation plus grossière, par sa fente ombilicale fermée. Elle se distingue nette- ment du P. precatoria par la bouche, les sutures et l'ornementation. Localités. — Fossile de la marne de Strassen, à Waltzing, où il n'est DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. iUl pas très-rare (M. de Condé et nous). — Curcy, Mutrecy, La Gaine (Calvados). D'après M. d'Orbigny, il appartiendrait au lias moyen. 6. Pleurotomaria gyroplata. (PI. XIV, fig. 2.) PLEtiROTOMAniA GYROPLATA. E. Deslong., jVém. sur les Pleur., 1848, p. 54, pi. VI, fig. 3, 4. — ALiMbNA. D'Orb., 1850, Prodr., t. 1, p. 2G8. P. testa crassiiisculd, suhturritâ, apice acuto; anfractibiis plonis, longitror- sion striatis; sinu magno, profiindo; fascid pland, transverslm densissimè striatd, in medio anfractuum sità ; ultimo ad bashn angulafo; basi plana, partiin concentricè striatd; umbilico minimoj apertiird subquadratd. Dimensions. — Longueur 72 mill. ; longueur du dernier tour 21 = 100:29; angle apicial 45°; angle suturai 75°. Description. — Coquille Irochiforme, un peu épaisse, à spii'e élancée et presque turriculée, à sommet aigu; tours aplatis, striés longitudinalement; entaille grande, profonde; bandelette plane, ne faisant point de saillie; der- nier tour fortement anguleux vers la base; angle à peine émoussé; base plane, montrant des stries concentriques sur une partie de sa surface; ombilic très-petit; bouche quadrilatère. Rapports et différences. — Cette espèce est fort voisine des P. gyrocyela et scrobimtia, E. Deslongchamps. Elle s'en distingue par l'aplatissement des tours de spire, par la suture moins enfoncée, le test plus mince, la base plane. L'ombilic, qui est très-petit, la sépare de la première et de quelques variétés de la seconde, qui n'en ont pas, ainsi que du P. fasciala, variété platijspira, E. Deslongchamps, qui en a un grand. Observations. — La surface des tours n'a d'autres ornements que des stries longitudinales très-petites, serrées, peu profondes, également espa- cées ou non; quelquefois finement ponctuées, à points enfoncés; quelque- fois à peu près lisses. Quelques exemplaires n'ont pour ombilic qu'une sorte de fente, d'autres possèdent un ombilic bien marqué, mais très-étroit. M. E. Deslongchamps distingue deux variétés dont M. d'Orbigny fait deux espèces; notre exemplaire se rapporte à la deuxième variété, aiqidstrialu. d02 DESCRIPTION DES FOSSILES /'. slriis densissimis aequaUbus, inulUmo tantùm anfractu ad aperturum evanescentibus; basi laevi, circù uiiibilicum minimum paucistriatâ. Sur notre exemplaire, les stries longiludiiiales sont croisées par des stries d'accroissement serrées qui les rendent légèrement granulées; la bandelette est recouverte de stries longitudinales et transversales égale- ment ponctuées. Loccdité. — Elle se trouve dans le calcaire de Longwy, près de cette ville. Elle n'est pas rare dans l'oolidie ferrugineux de Normandie. 7. Pleuuotomaria mltabilis. (PI. XIV, Gg. 3.) PlecrOTOMaria MiiTABii.is. E. Desl., 3/ém. sur les Pleur., p. 104, pi. X, fig. 12-18; pi. XI, fig. 1 cl 2. — suBcosoÏDE.v. D'Orb , 1850, Prodr , t. 1, p. 268. P. testa trodiiformi, conicâ aut subturritâ , acutâ aut cuspidatâ; anfrac- tibus planis, rarius subconcavis, longitrorsiim striatis, necnon saepins obli- que striatis mit plicatis , ad sutnram cingulatis; fascid angulo vicinà; basi conceiitrice striatd, umbilico nullo subcallosà; aperturd rhomboidali ; hibro sinistro expanso, reflexo , coUum plus minùsve obtegente. Dimensions. — Longueur 75 mill.; longueur du dernier tour 16. = 100: 22; angle apicial 40°; angle suturai 74". Description. — « Coquille trochiforme, conique ou subturriculée, à som- met aigu, rarement cuspidé; tours plans, rarement subconcaves, ornés de stries longitudinales, et souvent de stries ou de plis obliques qui s'étendent rarement jusqu'à la bandelette de l'entaille; un cordon saillant, souvent tuberculeux et moniliforme, borne antérieurement les tours contre la suture; entaille médiocre, profonde; bandelette de l'entaille plane, finement striée dans le sens longitudinal , plus fréquemment dans le sens transversal, très-rarement saillante et carénée, située près du cordon; dernier tour anguleux vers la base, qui est ou plane, ou un peu convexe, ou un peu concave, cà stries concentriques, ayant rarement un sillon ou une simple dépression à sa périphérie; ombilic nul, remplacé par une DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 103 callosité; bouche rhomboïdale; lèvre gauche réfléchie, appliquée sur la callosité ombilicale qu'elle recouvre presque toujours entièrement, se terminant souvent, dans sa partie inférieure, par une petite dépression plus ou moins prononcée, indiquant un commencement de gouttière versante. » Observations. — M. Deslongchamps a réuni, sous le nom de P. miitabilis, des formes de pleurotomaires, dont, au premier aspect, on croirait pou- voir former plusieurs espèces : c'est ce qu'a fait M. d'Orbigny dans son Prodrome. C'est bien, s'il n'y a pas de passages entre les types donnés comme variétés : nous ne pouvons décider la question ; mais écoutons M. Deslongchamps : « A moins que d'avoir sous les yeux des centaines d'exemplaires de cette coquille, on croirait difficilement à l'unité spéci- fique de toutes les formes disparates qu'elles afTectent;.... les nuances intermédiaires viennent tout lier, tout confondre... En défhiitive, à moins de ne pas tenir compte de l'évidence, on est contraint de réunir toutes ces formes par une seule formule générale et de n'établir qu'une espèce. » L'exemplaire que nous possédons est intermédiaire entre les variétés ambigua, elongala [Troclms ehngalus, Sow.) et mulica, pi. XI, fig. 1, et pi. X, fig. 14 et 15. Il a le cordon lisse, non noueux, les stries longitudinales fortes, et pas de stries obliques. Localités. — Cette espèce se trouve dans le calcaire de Longwy, près de cette ville. Elle caractérise l'oolithe ferrugineux de Normandie et l'oolithe inférieur de l'Angleterre; elle y est commune. 8. Pleurotomaria Phine, N. {PI.XUI,fig.4.) p. testa troch'formi, conicâ; apice obtusiusculo ; anfractibus planis. infrà fasciam stibdcpressis . lineis lonqihidinalihus et transversis punctato-textis : sinu modico... ; fascià pland , laeviuscidà, antemedium anfraclumn sitd;an- fractu ultimo ad basim obtuse angulato ; basi...; umbUico niinimo? Dimensions. — Longueur environ 15 mill.; angle apicial 58"; angle suturai 57". Description. — Coquille trochiforme, conique, à sommet un peu obtus; iOi DESCRIPTION DES FOSSILES tours plans portant une légère dépression en avant de la bandelette, oi'nés de fines lignes longitudinales et transverses, un peu obliques, entre-croi- sées, légèrement ponctuées à leur entre-croisement; suture marquée, mais très-peu profonde. Entaille assez large....; bandelette plane, non saillante, située un peu en avant du milieu des tours, lisse, sauf les lignes d'ac- croissement. Dernier tour anguleux vers la base, à angle arrondi. Base marquée destries concentriques et rayonnées?; ombilic très-petit. La dépression qui longe la bandelette occupe environ la moitié de l'es- pace compris entre celle-ci et la suture. Rapports et différences. — Cette espèce (dont nous ne possédons qu'un moule avec l'empreinte bien conservée) se rapproche des P. amoena, fraga et scrobinula , E. Desl.; la largeur de la bandelette, la dépression qui la joint, etc., l'éloignent des deux premières; sa position, l'absence de nœuds la séparent de la dernière. Elle est très-voisine du P. Agassizii, Miinst. , du coral-rag du Wurtemberg; mais elle manque des plis onduleux qui oi'nent la partie postérieure des tours de cette dernière. Localité. — Elle se trouve dans le calcaire de Longwy, près de celle ville. Genre CERITHIUM, Adanson. Turbo apertcs c.\>aliccl\tus obliqué incurvatus. Gualtieriis. Cerithium, Adanson, Brug. , Ciiv., Lamk. , etc. Murex et Strombus (part.), Linn., Gniel. PiRAZE et Telescopium, Montf. PoTAMiDEs, Brong. Testa turrita, elongafa; apertura oblonrja, obliqua, anferiùs canali brevi, truncato vel reciirvato , posteriùs canali subdistincto terminata; labrum sae- piùs incrassatum , siuuosum productumque ; operculum corneum. spirale, circulare. Animal peu volumineux, à pied médiocre, court, élargi en avant, rétréci en arrière. Manteau festonné sur ses bords, formant un tube res- piratoire le plus souvent découpé à son extrémité. Tête médiocre, mufle DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 105 proboscitliforme ; tentacules très-longs , aciculés , portant les yeux au tiers inférieur de leur partie externe. Coquille turriculée, allongée, épaisse. Bouche oblongue, oblique, tei- minée en avant par un canal court, tronqué ou recourbé, et en arrière par une gouttière plus ou moins marquée. Lobe souvent épaissi, sinueux, très-projeté en avant à sa partie antérieure; il en résulte que les lignes d'accroissement sont ou parallèles à l'axe spiral, ou obliques d'avant en arrière et de droite à gauche. Opercule petit, corné, circulaire, à tours très-rapprochés, ou ovale à tours lâches. Ce genre, que l'on trouve déjà dans le terrain carbonifère, se multiplie beaucoup dans les formations subséquentes, atteint son plus grand déve- loppement numérique dans les terrains tertiaires , et possède encore , à l'époque actuelle, un grand nombre d'espèces; elles se tiennent au niveau des marées. l. CeRITHIUM SUBTURRITELLA , Duilk. Sp. (PI. XIU, fig. 5.) AIelastia TiRBiTELi.A. Dunk. , 18-50, Menke's Zeitscicr. fiir Maluk.,\t. 109. — — — 18-i7, Palaeont., t. I, p. 109, pi. 13, fig. 5-7, CeRITBIL'M SUBTURRITELLA. D'Orb., 1850, P/odr., I , p. 215. T. testa turritd, gracili; anfractibiis 10-12 coiivexis, sutura distinctâ se- jîinctis, medio bicarùiatis; anfractu ulthno tri- vel quadri-carinato ; aperturà subrotu»dutd; columelhi arcuatd, basi effhsâ. Dimensions. — Longueur 100 mill.; largeur 50 mill.; elle pai-aît attein- dre 2-3 centimètres. Angle spiral 15°; angle suturai 86". Description. — Coquille turriculée, élancée, à angle spiral de 18° à 20"; formée de 10-12 tours de spire convexes, à suture très-distincte, munis de deux carènes longitudinales sur leur milieu, et souvent d'une troi- sième peu distincte supérieure; dernier tour portant trois ou quatre carè- nes, et souvent deux ou trois autres, beaucoup plus faibles, sur la base; stries d'accroissement peu visibles, convexes en arrière. Bouche arrondie , columelle arquée, versante. Nous n'avons point vu la base; nous la décrivons d'après M. Dunker. Tome XXV. 14 106 DESCRIPTION^ DES FOSSILES Rapports et différences. — Cette espèce est facile à reconnaître à sa fornje élancée et à ses côtes rares et en carènes. Localités. — Nous en avons trouvé des fragments dans la marne de Jamoigne, à Termes. D'après M. Dunker, elle est fréquente dans le lias inférieur de Ilalberstadt. 2. CeRITHIUM DUMONTI , N. (Pl.XIV,fig. 4.) C. testa eloncfato-turritâ; anfractibus suprà concavis, infrà couvexis. nodu- loruni série adsuluram ornalis, laecigatis; busi obliqua, hieviyatd ; aperturà obovata?; columelld.... Uimensions. — Longueur, 56 mill. environ. Description. — Coquille turriculée, allongée, à sommet?...; à angle spiral de 22"; à angle suturai de 60°; formée de tours nombreux, concaves dans leur moitié postérieure, convexes antérieurement, ornés sur cette partie, contre la suture d'une série de nodules nombreux, un peu allongés trans- versalement; stries d'accroissement peu visibles, convexes en arrière. Base oblique, lisse; ouverture ovale?... ; columelle.... Localité. — Un exemplaire imparfait a été trouvé à Lasoye, dans le grès de Luxembourg. En dédiant cette espèce à M. le professeur Dumont, nous ne lui ren- dons qu'un bien faible hommage pour ses beaux travaux sur la géologie de la Belgique. 5. Ceritiiium conforme. N. (Pl.XlV,fig. s.) c. testa turritd; anfractibus postice subconcavis, antice convexis , subon- gulatis , amjulo tuberculorum série notato; suturd depressd; basi... Ditnensions. — Elle atteint au moins 8 centimètres et arrive peut-être au double. Description. — Coquille de moyenne taille, turriculée, à angle spiral de DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. i07 22°; louis légèrement concaves dans leur moitié postérieure, convexes et subanguleux en avant, oîi ils sont ornés d'une série de gros tubercules assez nombreux, irréguliers, légèrement obliques; stries d'accroissement à peine indiquées, à convexité peu marquée, postérieure. Suture enfoncée dans un léger sillon, bordée en avant par un angle très-peu prononcé. Base.... Observation. — Cette espèce, ainsi que la précédente, nous paraît bien se rapporter au genre Cciillmnn; nous en avons vu une empreinte où la bouche était munie en avant d'un canal assez long. Rapports et différences. — Elle avoisine la précédente; mais on trouve dans la forme des tours, le nombre et la forme des tubercules, des ca- ractères suffisants pour les séparer. Loealité. — Elle provient également du grès de Luxembourg, de Lasoye. 4. Cerithium subcurvicostatum. Deslongchamps , sp. (PI. xm,fig.6.) Fisis CURVICOSTATUS. E. Desl., 1843, iï/em. de la Soc. linn. deNorm., t. VII, p. I.ï4,pl. X, fig. 52, ô'>. (NonDesh., 1824.) Cerithium subcurvicostatim. D'Oib., 1830, Prodr., I, p. 232. C. testa parvd, tiirritd , acutâ : anfvactihus rotundatis . lonyitrorsùni te- nuiter striatis, costelHs crebris, curvatis, transversis, notatis; aperturâ ovald: canali brevi. Dimensions. — Longueur environ 14 mill.; angle spiral 19°. Description. — Coquille de petite taille, turriculée, à spire aiguë; trous de spire arrondis, un peu comprimés, marqués de fines stries longitu- dinales, serrées et de petites côtes transverses, nombreuses, fortement courbées, à convexité postérieure; ouverture ovale, allongée. Localités. — Nous avons trouvé un fragment assez bien consei'vé de cette belle espèce dans le macigno d'Aubange, à Halanzy. M. E. Deslong- champs l'a trouvée à Fontaine, Ètoupefour, dans le lias supérieur? (lias moyen , d'après d'Orbigny) , où elle paraît également très-rare. 108 DESCRIPTION DES FOSSILES Genre HELCION. Montfort. Patella , L. et mict. Helcion, MoiUI'. ACMAF.A , EscllSclloltZ. Patelloïdea, Qiioy et Gaymard. LoTTiA, Gray. Carinaropsis , Hull. Testa conica, depressa, scutiformis, tenuis . sublaevis; apice hnperforato. siibcpnt)'ali. Coquille conique, déprimée, scutiforme, mince, presque lisse, ou, au moins, dépourvue de grosses côtes rayonnantes; à sommet imperforé et subcentral. Animal analogue à celui des patelles, mais très-distinct par son appa- reil respiratoire, consistant en un lobe branchial unique, au lieu de bran- chies disséminées. On rapporte à ce genre, très-difficile à distinguer par la coquille seule, les patelles antérieures aux terrains tertiaires. Les espèces vivantes ha- bitent les côtes rocailleuses au niveau des marées basses. 1. Helcion infraliasina. ;pi. XIV, fig. 6.) IlEi.ciOM i\Fini.iASiSA. De KjcklioU, 1847, Mélanges paléontol. ,p. 00, pi. 2, fig. 20, 27. {.Vem. de i'Jcad. de BeUj., t. XXIV, 1852.) « P. lesta tenui, ellipticd, conicd , striis ntdianlibus^ transversis ornald; apice excentrico, antico; manjlne inteyro, acuto. » Dimensions (d'après les figures de M. de I\. ). — Longueur 22 mill.: largeur 15 mill.; hauteur 9 = 100 : 08 : 40. Descriplion. — « Coquille fragile, elliptique, formant un cône oblique; sa surface est ornée de stries rayonnantes qui n'apparaissent qu'à une certaine distance du sommet, et de fins plis concentriques; sommet très- émoussé et un peu antérieur ; bords entiers et tranchants. » DES TERRAINS SECO^JDAIRES DU LUXEMBOURG. Iflî» Happons cl différences. — « VjHelciun infraliasina se disliiiL^ue du Palclla ovata, Roemer, du corallien de lloheneggelsen, par sa forme plus régu- lièrement elliptique, et une plus grande élévation, toutes proportions gardées, etc. » Localités. — « Cette es[)èce n'est pas rare dans le grès de Luxembourg, que ses fossiles me font rapporter à l'étage le plus inférieur du terrain jurassique ou lias inférieur. » H. HeLCION DISCREPANS. PI \iv, i;g -.) Hei.CIO!V DisciiEPASS. De Ryckboll, l«i7, Met. paleont. , p. 01 , pi. 2, ti;;. 24, 23. (Mem. de V.Jcad. de lidij.. t. XXIV, IS,i2.) « //. testa crassiusculd, elUpticà, conicd, elatd, eostiiUs inajoribus et mino- ribus iuterpositis , radiathn ovnatd; apicè obttiso, excentrico, laevi; maryine dentulo. » Dimensions (d'après les ligures de l'auteur). — Longueur 100; largeur 88 ; hauteur 48. Description. — « Coquille elliptique, formant un cône oblique assez élevé ; sa surface est ornée en long de grosses côtes espacées qui ne se montrent qu'à partir d'une certaine dislance du sommet; entre ces côtes prises deux à deux, on en observe une autre plus courte, mais de même épaisseur que les autres; toutes sont pourvues de nodulalions peu mar- quées, produites probablement par des plis transverses dont très-peu sont perceptibles; en outre, ces côtes, fort apparentes sur la région postérieure, le sont beaucoup moins partout ailleurs; région apiciale lisse; sommet émousséet placé au tiers antérieur; péristome crénelé. » Localité. — « Le gisement de cette helcion est le même que celui de l'espèce précédente. » MO DESCRIPTION DES FOSSILES MOLLUSQUES LAMELLIBRANCHES. Genre PHOLADO.MYA. Sowerby. Pétoncle, Bourgnet. BUCARDITES, l)ON\CITES, Sclllotll. MvAciTES, Schlolh., Goldf. Cardita, Sow. , Nils. LUTRARIA, Sow., Goldl'., S|J. Cardium , Sow. , Mantt'll. Hemicardium, Brongn. Mya, Zieten. Pholadomïa, Sow., Desh., Goldf., l'iiscli, Phill., Mardi, (sp.). De Koii. Trigonice (sp.), Lani. Testa subaeqiiivahis , inaequilateralis , libéra; saepissimè transversa, te- Huis ; valvae hiantes , ii)iprii)iis posticè, slriyis lonijitudinaUhus coslisque transversis acnfis, vel crenulatis vel tuberculatis ornatae ; cardo edentalus, nrea cardiiialis plus mmùsi:ie distincta; impressiones musculares duae, antka major; impressio pallealis porticè valdè sinuosa; ligamentum externum. Coquille subéquivalve, inéquilalérale, libre, le plus souvent transver- .sale; lest très-mince , s' épaississant un peu vers le bord cardinal, formé de fines lamelles réunies par une lame de nacre; valves plus ou moins bâil- lantes en avant et surtout en arrière; ornées de rides concentriques plus ou moins marquées, quelquefois indistinctes, et de côtes transverses, sim- ples, arrondies ou tranchantes ou crénelées ou tuberculeuses; charnière simple sans lame ni dent cardinale; aire cardinale avec la fossette du li- gament rarement bien distincte ; deux impressions musculaires , l'anté- rieure la plus développée; l'impression palléale partant de l'impression musculaire antérieure, suit le bord inférieur de la coquille, puis se re- courbe en haut et en avant, forme une seconde courbure en haut et en arrière pour gagner le bord inférieur de l'impression musculaire posté- rieure. Le ligament est externe, flasque, très-faible et laisse facilement chevaucher les valves. Le genre Pholodoraye avait été caractérisé par Sowerby; M. Agassiz, DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOL RG. 1 1 1 dans ses Éludes critiques (ISiS-io), a repris l'étude de ce genre; il vou- drait n'y faire rentrer que les espèces munies de côtes transverses; M. Deshayes lui donne beaucoup plus d'extension; voici ce qu'il dit dans son Traité de conchyliologie (p. 147 ) : « Il est certain que, quels que soient les caractères extérieurs d'une coquille bivalve , toutes les fois qu'elle sera mince, bâillante, que sa charnière sera simple et sans dents, que l'impression palléale sera sinueuse du côté postérieur, cette coquille sera, pour nous, une Pholadomye. » Ce genre passe à travers toutes les forma- tions et vit encore aujourd'hui. 1. Pholadomya Desha\esi, N. (Pl.XV.lig. 1.) Ph. testa elongatd, ventricosd; anticè hreviore, rotundatd, cordafd; pos- leriùs productd altd; marcjine inferiore suhrecto, siiperiore horizontali; inii- bom'bus subantieis, crassis, inflatis, proiniiutlisj arcd dislinctd, laid, laleni- liter carinis circumscripld; valvis concentricè rugoso-striatis , transversim costatis; costis 10-H obliquis , distantibus, minus elevatis, linearibus. Dimensions. — - Longueur 85 mill. : hauteur 56 mill.; largeur 49 mill.; = 100 : 66 : 57. Description. — Coquille inéquilatérale, médiocrement ventrue; côté an- térieur tronqué, obtus, assez élevé, donnant une coupe cordiforme allongée; côté postérieur fortement prolongé, presque aussi élevé que l'antérieur, peu comprimé; bord inférieur presque droit dans son milieu, le supé- rieur horizontal avec une aire cardinale large, circonscrite par de fortes carènes latérales, paraissant s'élargir vers l'extrémité postérieure; som- mets situés à l'union du cinquième antérieur avec les ^/s postérieurs, larges, peu élevés au-dessous de l'aire cardinale, déterminant en avant une petite lunule allongée; ouverture antérieure étroite, allongée, com- mençant un peu en dessous des crochets et atteignant la deuxième côte; la postérieure paraît (?) plus fortement baillante. Valves munies de rides longitudinales et de côtes transverses : les rides sont faibles, également marquées sur toute la surface, peut-être un peu H2 DESCRIPTION DES FOSSILES plus fortes vers le bord inférieur; les côtes Iransverses, au nombre de 10 ou 11, sont distantes, à peu près égales entre elles, excepté cependant la première et les deux ou trois dernières qui sont un peu plus faibles : la première est presque verticale, les autres sont légèrement obliques en arrière; leur entre-croisement avec les rides ne forment que de légers tubercules irréguliers, un peu mieux dessinés vers les sommets, ce qui leur donne un aspect subréliculé. Happons et différences. — CeLle espèce de grande taille rappelle, pour la forme générale, la PIt. média du Jura inférieur; elle s'en distingue cependant nettement, par ses côtes iransverses plus espacées, par son côté postérieur plus élevé, enfin par ses sommets relativement moins proéminents sur l'aire cardinale. Que le célèbi'e auteur du Traité élémentaire de concInjUologie nous per- juetle de lui dédier cette espèce. Localité. — Elle se trouve dans le grès de I^uxembourg, à Weyler. 2. Pholapomia Davkeuxi. (PI. XV,fig. 2.) Ph. testa eloncjatd, inflatà; aniicè truncatd, cordaid, posleriiis productd , angustatd, rotundatd,: maryine inferiore arciiato, superiore posticè perpa- vàm declivi; timbonibus subunticis , prominulis ; ared distincld , lateraiiter carinis circiimscriptd : valvis concentricè riujnlosis. transversiiiiqKe costatis : costis 14-15 obliqnis. undulato-erenulatis , anficis et posticis linearibus. Dimensions. — Longueur GO mill. : hauteur iO mill.; largeur 40 mill.; = 100 : 60: 56. Description. — Coquille inéquilatérale, assez ventrue; côté antérieur arrondi, médiocrement obtus, à coupe largement cordiforme, côté pos- térieur plus long; assez élevé, peu comprimé; bord inférieur arqué, peu tranchant; bord supérieur presque horizontal, avec une aire cardinale distincte, plane, circonscrite latéralement par deux carènes bien mar- quées; sommets placés à l'union du cinquième antérieur avec les Vs posté- rieurs, régulièrement arrondis, assez élevés au-dessus de l'aire cardinale. L'ouverture antérieure commence presque sous les crochets; la postérieure DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. H5 paraît peu allongée, ne commence qu'en arrière de la moitié postérieure de l'aire cardinale, et se termine vers le milieu du bord postérieur. Valves présentant des rides longitudinales et des côtes transverses ; les rides, régulières dans leur disposition concentrique, sont inégales entre elles, mieux marquées vers la région médiane de la valve; les côtes sont au nombre de 14 ou 15, les deux antéx'ieures très-faibles, les suivantes mieux marquées, les 4 ou 5 postérieures linéaires, et bien distinctes; leur entre-croisement avec les rides longitudinales les rend moins tubercu- leuses que crénelées, surtout vers leur extrémité inférieure. Rapports et différences. — Cette espèce rappelle les Pli. concinna et Vollzii, d'Ag., pour la forme générale; elle s'en distingue nettement par le nombre considérable et la forme de ses côtes, qui sont linéaires et souvent effacées dans la concinna; moins distinctes encore dans la Voltzii. Elle se rapproche aussi de la Pli. Roemeri, Ag. ; dans celle-ci cependant le côté postérieur est plus haut, les sommets sont plus élevés sur l'aire cardinale, les rides longitudinales plus marquées et égales, enfln, la Pli. Davreuxi a ses côtes transverses plus nombreuses et plus élevées. Nous avons dédié cette espèce à M. Davreux, en hommage de ses lon- gues et savantes recherches sur la paléontologie de notre pays. Localité. — Elle provient du grès de Luxembourg, à Hondelange. o. Pholadomya Nysti. (PI. XV.fig. 3;pl XVI,fig. 1.) Ph. testa rotundato-trkjonâ, inflalâ; anficè ahhreviatâ, cordato-compressâ , posteriùs suhelongatd, rotundatà; margine inferiore semicirculari ; superiore posticè declivi; umbonibus (jraciUhus, prominentibus, subuncinatis ; areâ parvâ ; valvis concentricè sulcato-striatis transversirnque 4-S costatis; costis subverticalibus , obtusiusculis , stibcrenulatis. Dimensions. — Longueur 58 mill. ; hauteur 53 mill.; largeur 38 mill.; = (100:91 :G5). Description. — Coquille inéquilatérale, courte, triangulaire, arrondie, ventrue surtout dans la région des crochets; côté antérieur raccourci, peu Tome XXV. i» 114 DESCRIPTION DES FOSSILES obtus, donnant une coupe cordiforme; côté postérieur peu prolongé, diminuant rapidement d'épaisseur et se terminant en une extrémité large et arrondie; bord inférieur régulier, tranchant, en demi-cercle; bord supé- rieur fortement déclive; aire cardinale petite, indistincte; sommets placés à l'union du quart antérieur avec les ^U postérieurs, Irès-élevés au-dessus du bord cardinal, grêles avec une petite lunule arrondie; ouverture an- térieure étroite , commençant en dessous des crochets et se prolongeant presque jusque la première forte côte; la postérieure (?) étroite, peu allon- gée. Valves munies de rides longitudinales et de côtes transverses; les rides sont faibles, peu marquées, irrégulières, plus apparentes vers le bord inférieur; côtes transverses au nombre de trois ou quatre, presque verti- cales, légèrement obtuses et à peine entamées par les rides longitudinales. Rapports et différences. — Cette espèce se reconnaît assez bien à sa forme courte, arrondie, son épaisseur, mais surtout par ses crochets grêles et élevés ; elle se rapproche quelque peu de la Pli. tiigonata. (Ag. pi. 8) ; elle est cependant moins prolongée en arrière; ses crochets ne sont pas aussi antérieurs. Localité. — Nos échantillons ont été trouvés à Weyler, dans le grès. Observation. — Nous avons vu deux exemplaires de cette nouvelle espèce, l'un est légèrement déformé, l'autre a conservé sa forme normale; mais les dessins de la surface sont peu marqués, à cause de la grossièreté des grains dont le moule est formé. 4. Pholadomya glabra. (PI. XVI , fig. 2.) Phoi.adomta glabra. Af;. , 1843, Etud. critiq. monog., p. 09, pi. ô. — — D'Orb., 1830, Prodr., I, p. 233. Ph. testa fransversâ, inflatà; anticè breviore, tritncato-cordatâ ; posteriùs productâ, compressa, rotundalà; margine inferiore arcuato, subobtiiso ; su- periore declivij iimbonibus subanticis, crassis, promimdis ; vatvis concentricè rugoso-striatis , transversimque costatis; costis 4-5 obliquis, vix conspicuis; areâ concavâ, lateraliter carinis circumscriplâ. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. US Dimensions. — Longueur 52 mill.; hauteur 58 mill. ; largeur 28 mill.; = (100:57:55). Description. — Coquille inéquilatérale, ventrue surtout dans la région des sommets; côté antérieur très-raccourci, obtus, donnant une coupe cordiforrae; côté postérieur prolongé, presque aussi élevé que l'antérieur, arrondi à son extrémité; bord inférieur arqué à ses deux extrémités, presque droit dans son milieu; le supérieur déclive, avec une aire car- dinale assez large, circonscrite latéralement par deux faibles carènes. Sommets placés à l'union du sixième antérieur avec les % postérieurs, arrondis, légèrement surbaissés, peu élevés au-dessus de l'aire cardinale. Ouverture antérieure étroite, petite, placée vers l'angle antérieur-inférieur; la postérieure assez bâillante, mais peu prolongée et n'occupant que l'an- gle supérieur-postérieur. Valves présentant des rides longitudinales et des côtes; les rides sont très-fortes, régulières et également bien marquées sur toute la coquille; les côtes transverses, au nombre de quatre ou cinq, sont obliques et peu marquées; elles ne forment qu'une légère ondulation à l'endroit des rides longitudinales et apparaissent mieux dans leurs intervalles; elles vont en diminuant du sommet à la base de la valve. Rapports et différences. — Cette espèce présente plusieurs analogies avec la Ph. Roemeri, Ag. {ambigua. sp. Sow.) avec laquelle elle avait été confondue : on l'en distinguera facilement par ses rides longitudinales régulières et for- mant presque des côtes, par le peu d'apparence de ses côtes transverses, enfin par son prolongement postérieur. Localités. — Elle se trouve dans la marne de Slrassen, du lias inférieur. L'un des deux échantillons que nous avons sous les yeux, nous a été com- muniqué par M. le D' de Condé, et a été trouvé à Walzingen; l'autre provient de la même localité. Cette espèce est signalée à Mulhausen, dans le département du Bas-Rhin. .T. Pholadomya ambigua. (PI. XVI , fig. 3,) Phoi.^oomïa AHiniGCA. Sowerby, 1820, 3Jin. eonch. , II, pi. 227. — — Roemer , 1 830 , Die ^erst. , p. 1 27 , pi. XV , fig. 1 . — — Goldfuss, 18ô4-la40, Die Petref., tab. 150, fij}. 1. H6 DESCRIPTION DES FOSSILES Ph. testa elomjald, inflatd; anticè cordiformi, breviore, posteriits productâ , rotundatà; maryine inferiore subarcuato ; superiore horizontali ; umbonibus crassis. inflatis . prominulis^valvis concenlrkh stdcutis, transversim 7-9 cos- talis; costis mcdiocriter elevatis, obliquis, crenulalis; ared cardinali carinis lateraliter circurnscriptd. Dimensions. — Longueur 58 mill.; hauteur 57; largeur 54 = (100: 64:38). Description. — Coquille inéquilalérale, bombée sur les flancs; côté anté- rieur raccourci, donnant une coupe régulièrement cordiforme; le posté- rieur prolongé, comprimé latéralement, à peu près de la même hauteur que l'antérieur; bord inférieur légèrement courbé, le supérieur droit, se rele- vant même un peu vers l'extrémité postérieure; aire cardinale lancéolée, assez large et profonde, circonscrite latéralement par deux carènes assez marquées. Sommets antérieurs , placés à l'union du quart antérieur avec les % postérieurs , obtus et renflés, assez élevés au-dessus de l'aire cardi- nale et formant une petite lunule antérieure. Ouverture antérieure très- étroite et très-courte, située vers l'angle inférieur; la postérieure plus large, commençant vers l'angle supérieur-postérieur et atteignent l'inférieur. Valves présentant de très-fortes rides longitudinales, régulières, bien marquées vers l'extrémité postérieure et des côtes transverses au nombre de 7 à 9, obliques, faibles et obtuses, crénelées par l'entre-croisement des rides ou sillons longitudinaux, mais non tuberculeuses. Rapports et différences. — Celte espèce se rapproche, pour la forme géné- rale, de la Pli. média, Ag.; elle s'en distingue par les carènes de son aire cardinale , l'obliquité plus grande de ses côtes transverses et ses rides longi- tudinales mieux marquées. Elle se distingue aussi de la Ph. Uausmanni, Goldf. (tab. 155, fig. 4), par ses côtes transverses, toutes également dis- tantes, et ses sommets un peu moins élevés. Localités. — M. Roemer signale cette espèce dans les couches basiques à bélemnites ; l'échantillon que nous avons sous les yeux provient de la marne de Strassen; il a été trouvé à Walzingen, par M. le D' de Condé, qui a bien voulu nous le communiquer. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 117 6. Pholadomya foliacea. (PI. XVI, fig. 4.) Pholadomya foliacea. Agassiz, 1842-1840, Etud. crit. monogr., p. 102, pi. 76, 4-12. — — D'Orbigny , 1850, Prodr., 1 , p. 252. Ph. testa elongatâ, valdè depressâ, latâ; anlkè hrevissimâ ; posterîiis pro- ductà; tnanjine inferiore suharcualo; superiore horizontali et posticè paulisper recurvo; nmhonihus anticis, transi^ersim valdè iiiflatis, suhprominuUs ; valvis concentricè rugulosis, transversïmqne costatis; costis 8-9, aculiusculis , suh- crenulalis. Dimensions. — LongeurôT mill.; hauteur 15; largeur 26 = (100: 40 : 70). Description. — Coquille tout à fait inéquilatérale, fortement déprimée; côté antérieur obtus, tronqué, presque nul; côté postérieur très-pro- longé; vue d'en haut, la coquille présente une forme ovalaire obtuse, et de côté, un quadrilatère à angles arrondis; bord inférieur arqué, le supé- rieur horizontal légèrement relevé en arrière; aire cardinale large et peu profonde, se confondant insensiblement avec les flancs; sommets tout à fait en avant, surplombant le côté antérieur, surbaissés, formant une très-légère saillie au-dessus du bord cardinal, très-renllés transversale- ment; ouverture antérieure très-étroite, la postérieure plus large, com- mençant en arrière de la moitié postérieure du bord cardinal et se ter- minant vers l'angle inférieur-postérieur. Valves présentant des rides longitudinales concentriques très-faibles et nombreuses ; des côtes transverses , au nombre de 8 ou 9 , rapprochées , très-obliques , peu élevées , crénelées par l'entre-croisement des rides lon- gitudinales. Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche, pour la forme géné- rale, de la Ph. dccorata, Ziet. ; elle s'en dislingue par sa forte dépression et l'horizontalité de son bord cardinal. Localités. — M. Agassiz indique cette espèce dans le lias de Gunders- hofen; notre échantillon provient du macigno d'Aubange, et a été trouvé dans une exploitation au NO. de Bleid. Observation. — Au premier abord, cette coquille paraît déformée par la as DESCRIPTION DES FOSSILES fossilisation, c'est une remarque que fait aussi M. Agassiz; comme il a pu observer 5 à 6 exemplaires présentant cet aspect , il en a fait une espèce distincte et figurée comme telle. 7. Pholadomya decorata. (PI. XVI, fig. 5.) PiiOLADOMTA DECORATA. Hârt. Zielen, 1830, JFurtemb., pi. 64, fig. 2. — — Roemer, 1830, rerstein., p. 127, n" 2. — — Bionn, 1833-18.38, Zct/i. jreoj/., lab. 30, fig. 20, a, &. — — Goldfuss,18.39,p. 2Gi5, lab. 155,% ù,a, 6. — — Agassiz, 1842-1846, Étud. critiq. mon., p. 101 , pi. 7, 17-18. _ _ D'Oib., 1830, i'rodr.,!, p. 231. Ph. testa trùjonâ, mflatâ; anticè inflato-cordatâ , brevissimâ, obtusâ; pos- tcriîis paulisper prodiictd , subrotundatà ; mcm/tne inferiore arcnato; siiperiore declivi; imihonihm anlicis, iransversïm mflatis, oltis, acKthisaiiis, incitrvis; valvis concentricè rmjulosis, transversimque costalis; costis 7-8 ohliquis, acu- tiusculis , subnodulosis. Dimensions. — Longueur 46 mill., hauteur 55, largeur 54= (100 : 7 1 : 74). Description. — Coquille très-inéquilatérale, triangulaire, arrondie, plus épaisse que haute; côté antérieur à coupe cordiforme, arrondie, très- obtus; le postérieur plus prolongé, encore plus large que haut, arrondi à son extrémité; bord inférieur très-courbé, le supérieur décline en arrière; aire cardinale assez large, peu profonde, non distincte des flancs; som- mets tout à fait antérieurs, assez aigus, élevés, très-renflés transversale- ment; ouverture antérieure commençant sous les crochets, se continuant jusqu'au bord inférieur, la postérieure commençant un peu en arrière du milieu du bord cardinal et se terminant avant d'atteindre l'angle inférieur postéi-ieur. Valves présentant des rides longitudinales et des côtes transverses : les rides sont régulières et médiocrement marquées; les côtes, au nombre de 7 à 9, sont très-obliques en arrière, également distantes, s'affaiblissant des antérieures aux postérieures, aiguës, et subtuberculeuses ou créne- lées par l'entre-croisement des rides longitudinales. [{apports et différences. — Cette espèce a beaucoup d'analogie avec la DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG H9 Ph. hemicardia, Goldf., tab. 156, fig. 8 [Pli. cingulata, Ag., pi. 6'), du jura moyen; mais elle s'en dislingue par son bord cardinal plus déclive, par ses sommets moins détachés des flancs de la coquille. Loadités. — M. Roemer indique cette espèce dans les couches à bélem- nites, Goldfuss dans les couches liasiques et oolithiques inférieures, M. Agassiz dans les couches à gryphites et à bélemnites; ainsi, on la trouve, en France, à Asnière (Sarthe); en Allemagne, à Grafenberg; dans le Wurtemberg, à Villershauscn , à Kahlfeld, à Pliensbach : nos échan- tillons proviennent du macigno d'Aubange, au NO. de Bleid. 8. PhOLADOMYA FIDICULA. (PI. XVU, fig. 1.) PhOi.adomta FIDICULA. Sow. , 1820, Min. conch., t. UI, tab. 225. — — Ag. , 1842-184:'), Étud. crit. monog., p. GO, pi. 3% fig. 10-13. — — D'Orb. , 1 850 , Prodr. , I , p. 274. Ph. testa elongatâ; anticè inflato-cordatâ, brevi; posteriùs productd, ro- tundatâ; margine inferiore arcuato, superiore subhorizontali ; umbonibus .mbantids, prominulis; valvis concentricè et tenuifer striatis, transversimque multicostatis ; costis aequalibus , approximatis , obliquis. Dimensions. — Longueur 40 mill.; hauteur 21; largeur 25 = (100 : 52 : 62). Description. — Coquille très-inéquilatérale, allongée, un peu plus large que haute; côté antérieur renflé cordiforme, fortement tronqué et obtus; côté postérieur très-prolongé, peu comprimé, arrondi, bord inférieur arqué; bord supérieur large et presque droit; sommets très-antérieurs, petits, peu renflés, ne formant qu'une légère saillie au-dessus du bord cardinal; ouverture antérieure occupant la plus grande partie du côté antérieur; la postérieure semble plus bâillante. Valves présentant des stries d'accroissement serrées, concentriques sur toute la surface et des côtes transverses, nombreuses, 17-18; les pre- mières sont verticales, les suivantes gagnent peu à peu en obliquité; la première est faible, les trois suivantes sont les plus marquées; toutes sont aiguës et à peine entamées par les stries concentriques. 120 DESCRIPTION DES FOSSILES Rapports et différences. — Cette belle espèce est très-voisine de la P. Zie- tenii; elle s'en distingue cependant par ses stries concentriques, par sa plus grande largeur et par ses côtes transverses. LocalUés. — Elle est signalée par les auteurs dans l'oolithe inférieur, en France, à Mietesheim, à Gundershofen (Bas-Piliin), à Nancy, à Metz; en Suisse, à Durenast; en Allemagne, à Neuhausen. L'échantillon qui a servi à notre description a été trouvé dans le calcaire de Longwy, aux environs de cette ville. Observation. — M. d'Orbigny, dans son Prodrome, réunit deux espèces, distinguées par M. Agassiz, quoique ce dernier ait pu comparer les deux types. Nous avons bien reconnu les caractèi'es indiqués par M. Agassiz, et nous les distinguerons aussi; le défaut d'exemplaires nombreux et bien conservés ne nous permettant pas de rechercher si ce sont bien des espèces distinctes ou seulement des variétés, ou bien si les différences tiennent au bon état de conservation des exemplaires. 9. Pholadomya Zietenu. (PI. xvn, fig. 2.) PoOLADOH¥A FIDICL'LA. Zieten, 1830, Wurtemh., pi. OS, fig. 2 (non Sow. , Roem., Goldf.) — LYRATA. Sowerby, 1820, Min.conch., III , pi. 225. — ZiETEmi. Agassiz, 1842-1843, Élud.crit. monoyr., p. 34, pi. 5, fig. 13-13. Ph. testa elongatd; anticè brevi mflato-cordatd , posteriùs productâ, subal- tenuatâ, compressa; manjine inferiore suharcualo; siiperiore subhorizon- tali; umbonibus anticis, acutiusculis , stibprominulis ; valvis transversïm multicostatis ; costis inaequalibus , obliquis, acutis. Dimensions. — Longueur 58 mill. ; hauteur 22; largeur "20 = (100 : 57 : 52). Descîiption. — Coquille inéquilatérale, allongée, presque aussi large que haute; côté antérieur raccourci, assez obtus, donnant une coupe ren- flée-cordiforme ; côté postérieur prolongé, régulièrement comprimé, fai- blement atténué et arrondi; bord inférieur peu arqué, le supérieur presque horizontal; sommets antérieurs petits, non renflés, peu élevés au-dessus DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 12i du bord cardinal; aire cardinale non distincte des flancs de la coquille (?); ouverture antérieure étroite, peu allongée; la postérieure plus bâillante, commençant assez loin des crochets et se terminant à l'angle inférieur- postérieur. Valves munies de côtes transverses nombreuses, rapprochées, obliques, l'antéi'ieure un peu plus faible que les autres. Entre les côtes principales, il y en a de plus petites commençant vers le milieu des flancs et se conti- nuant jusqu'au bord inférieur; toutes ces côtes sont aiguës, tranchantes, plus élevées vers le bord inférieur , manquant complètement au-des- sus de la ligne tirée des sommets à l'angle inférieur-postérieur , et les trois ou quatre dernières disparaissant avant d'atteindre le sommet de la valve. Rapports el différences. — Cette espèce fait partie de la section des Pho- ladomyes aiguës; elle se distingue nettement des Pli. semicostata, Ag. (pi. 5', fig. 11, et pi. 2, flg. 1-2), et Ph. multicostata , Ag. (pi. 3', fig. 10, et pi. 2, fig. 5-4) [Ph. aciiticostala de Roemer, tab. IX, fig. 15), par ses côtes, qui sont très-obliques , manquent presque entièrement au côté antérieur et sont entremêlées de petites côtes moins longues. Localités. — Nous avons trouvé un mauvais échantillon de cette espèce, aux environs de Longwy, dans le calcaire oolithique. M. Agassiz la signale dans l'oolithe ferrugineux du canton de Soleure. 10. PhOLADOMYA MEDIA. (PI. XVU.Bg 3.) PqOi.adomya MEDIA. Agassiz, 1842-1845, Étud.critiq. monogr., p. 72, pi. 5'', fig. 7-13. — ODTUSA. D'Orb. , 1830, Prodr., I, p. 274. Ph. testa elongaiâ, subquadrilaterâ ; milice altà, rolundatà, cordato-trun- catâ; posteriùs productâ, altenuatd; margine inferiore arciialo; superiore recto sithdecUvi : areâcardinaii anguslald; timbotiibtis inflalis, crassis, pro- miHulis ; valvis subtililer concenlricè rugulosis , Iransvershn G-8 coslahsj coslis irregulariler luberculosis , approximalis , anlicà remotiore, minus elevalâ. Tome XXV. 16 J22 DESCRIPTION DES FOSSILES Dimensions. — Longueur 65 mill.; hauteur 50; largeur 40; = (100 : 77 : 02). Description. — Coquille très-inéquilatérale, à angles arrondis, assez épaisse; côté antérieur obtus, élevé, arrondi, donnant une coupe cordi- forrae ; côté postérieur prolongé , d'abord presque aussi haut que l'anté- rieur, puis s'atténuant légèrement vers l'extrémité; bord inférieur arqué; le supérieur droit, légèrement déclive; aire cardinale assez longue, étroite, sans carènes latérales bien distinctes; sommets situés à l'union du cinquième antérieur avec les ^/s postérieurs , assez élevés sur le bord cardinal, très-larges dans le sens de l'axe longitudinal, renflés, ne se distinguant pas du corps de la coquille, circonscrivant en avant une petite lunule; ouverture antérieure assez large, commençant sous les crochets; la postérieure (?) médiocrement bâillante et peu allongée, commençant assez loin des sommets. Valves présentant des rides longitudinales et des côtes transverses, ce qui donne un aspect subréticulé; les rides longitudinales sont peu pro- fondes, assez larges, très-irrégulières et mieux marquées vers la région antérieure; les côtes transverses sont fortes, au nombre de 6 à 8, rap- prochées, l'antérieure faible et éloignée de la deuxième; ces côtes sont rendues irrégulièrement tuberculeuses par l'entre-croisement des rides longitudinales. Rapports et différences. — Elle se distingue facilement des Pli. Murchisoni et bucardium par son allongement et son aire cardinale. Localités. — M. Agassiz indique cette espèce dans l'oolithe inférieur du canton de Soleure ; nous l'avons trouvée dans le calcaire de Longvvv, au SO. de cette ville. il. Pholadomya Murchisoni. (PI. XVII,fig. 4.) Pholadomya MoncHisom. Sow., 1820, Min. conch., III, lab. 297, fig. 4. — — Phill., 1829, Geol rorl(sh, pi. 7, fig.O. — — Zieten, ]8ô0, If'urt., pi. 63, (ig. 4. — — Roemer, 18.36, Ferstein., pi. 13, 6g. 7. — — Agassiz, 1842-43, Étud. crit. monog., pi. 4", 6g. 5-7. — — D'Orb., 1830, Proiir., 1,305. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 125 Ph. testa rotundato-tvkjonatd, suh(jlohosâ; itnticè cordato-truncatà, hreviori'; posteriùs mujustato-productd, rotimdatd j maryine inferiore subarcualo, superiore subrecto-decUvi; umbonibus prominulis, crassis, incurvis; valvis concentriez rnyulosis , transversimque costatis ; costis 7-8 nodulosis, infernè acutiusculis , anticà remotiore, minus elevatd. Dimensions. — Longueur 55 mill. ; hauteur 47 mill.; largeur 41 mil . = (100 : 85 : 75). Description. — Coquille inéquilatérale, triangulaire, arrondie, presque aussi épaisse que haute; côté antérieur obtus, donnant une coupe renflée cordiforme ; côté postérieur régulièrement et assez fortement comprimé; bord inférieur arqué; bord supérieur droit, déclive. Sommets subanté- rieurs, saillants, épais, arrondis; ouverture antérieure commençant sous les crochets et se prolongeant sur le bord inférieur; la postérieure large- ment bâillante, commençant un peu en arrière des sommets, se conti- nuant sur le bord inférieur et atteignant presque l'ouverture antérieure. Les valves présentent des rides longitudinales concentriques assez pro- fondes et régulières, mieux marquées vers la région antérieure et des côtes transverses, au nombre de 7 ou 8, arrondies, plus élevées vers le bord infé- rieur, noduleuses et tuberculeuses par leur entre-croisement avec les rides longitudinales, très -légèrement obliques en arrière du sommet vers le bord inférieur; la première plus distante de la seconde que les autres ne le sont entie elles. Dans quelques exemplaires, cette dernière est accom- pagnée d'une seconde côte moins saillante. Rapports cl différences. — Cette belle pholadomye se distingue assez faci- lement de toutes les autres par sa forme globuleuse et l'état réticulé de sa surface. Localités. — Cette espèce est assez répandue ; nous l'avons trouvée dans le calcaire de Longwy, aux environs de cette ville. M. Agassiz l'in- dique dans l'oolithe inférieur de Goldenthal, en Suisse; en Angleterre, elle se trouve à Brora, à Scarborough; en France, à Marquise, à S'-Aubain. Observation. — Ce n'est pas la Pli. Mnrchisoni de Goldf. (tab. 155, fig 2), ni de Pusch : l'espèce que ces auteurs ont décrite sous ce nom est diffé- rente et a été nommée Pli. exallata, par M. Agassiz; elle se distingue par des 124 DESCRIPTIO^J DES FOSSILES sommets beaucoup plus élevés, par une forme plus courte, par des tuber- cules plus allongés transversalement, et se trouve dans le Jura moyen, tandis que la Pli. Murchisoni, décrite et figurée par M. Agassiz, se trouve dans l'oolithe inférieur. 12. Pholadomya bucardium. (PI. XVUl , lig. 1.) PnonoouvA BUCARDIUM. Ag. , 184243, Élud. crit. momg., p. 77; pi. 5, fig. -3-7, pi. 5 , fig. 8. Ph. testa rotnndato-lri(jonatd, iaflatd; anticè cordato-tnincatd , abbreviafd; posteriks productd , pauUsper compressa, rotundutd; margine inferiure arcuato, superiore lato, fortiter decUci; umhonihus anticis, inflatis , crassis; valvis concentricè irregulariter subrugulosis , transversim 6-7 costatis; costis subvertlcalibus, inf'ernh elevatis et incrassatis. Dimensions. — Longueur 80 niill.; hauteur 71 mijl.; largeur 35 milL; = (100 : 88 : G8). Description. — Coquille ti'ès-inéquilatérale, triangulaire arrondie , très- épaisse; côté antérieur obtus, fortement tronqué, donnant une coupe cor- diforme allongée; coté postérieur comprimé très-légèrement et peu allongé; bord inférieur arqué; le supérieur très-large, fortement déclive; sommets très-antérieurs, gonflés, un peu surbaissés et à peine distincts du corps de la coquille, avec une petite lunule peu marquée : les deux ouvertures sont fortement bâillantes, l'antérieure commence un peu en-dessous des sommets et atteint presque le bord inférieur; la postérieure commence aussi près des sommets et se termine vers la région postérieure-inférieure. Les valves présentent des rides longitudinales faibles, très-irrégulières, inégales, mieux marquées vers la région antérieure et sur les sommets; des côtes transverses, au nombre de 5 ou 6, grossières, élevées, plus fortement marquées vers le bord inférieur; croisées par les rides longitudinales, qui y déterminent quelques tubercules obtus, descendant presque verticalement des sommets vers la base; la première est plus faible et un peu plus éloi- gnée de la deuxième, que les autres ne le sont entre elles; la deuxième est la plus forte et circonscrit le pourtour de la coquille, vue de face; ces côtes vont en diminuant de la seconde à la dernière, et l'extrémité postérieure en est dépourvue. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 125 Rapports et différences. — Cette espèce a souvent été confondue avec la Ph. Murchisoni, Sow.; M. Agassiz l'a distinguée et lui a imposé le nom de bucardium. Plusieurs caractères faciles à saisir la différencient de la Mur- chisoni : tels sont le rapport de la hauteur à l'épaisseur, l'absence de rides longitudinales régulières, les côtes grossières, noduleuses, enfin les sommets notablement plus obtus et moins dégagés du reste de la coquille. Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le calcaire de Longwy, au SO. de cette ville; M. Agassiz l'indique dans l'oolithe infé- rieur du Jura suisse. Genre HOMOMYA, Agassiz. //. testa aequicalms (?) iuaeqiiilateralis , libéra, temiis; saepiàs magna et inflata; cardo edentulus; area cardinalis minus distincta; impressiones mus- culares duae, pallealis posteriks sinuosa; valvae hiantes imprimis posteriiis; striis sulcisque concentricis ornatae; ligamentum externum. Coquille équivalve (?), inéquilatérale, libre, d'une forme généralement renllée; aire cardinale très-peu développée; crochets épais, enroulés, contigus, non perforés; valves minces, un peu plus épaisses que dans les pholadomyes, rarement conservées, ornées de nombreuses stries et plis d'accroissement très-serrés et régulièrement concentriques : les deux ex- trémités sont bâillantes , surtout la postérieure. Les homomyes ne se distinguent guère des pholadomyes que par l'ab- sence de cotes transverses et un test un peu plus épais; pour le reste, elles possèdent les caractères de ces dernières, aussi vaudrait-il peut-être mieux réunir les deux genres. Ce sont pour la plupart des espèces liasiques et jurassiques. 1. HOMOMYA ALSATICA. (PI. xvni,fig. 2.) UOMOUYA ALSATICA Agass., 1842-45, Etuil. crit. monog., \i. 1C3, pi. 20, lig. 4 9. H. testa elomjatâ , quadrilaterà , ventricosd ; anticè breviore, obtusâ, rotun- datd, cordiformi; posteriùs productd , elevatd, rotundatâ; margine inferiore 126 DESCRIPTION DES FOSSILES snbarcitalo, superiore recto; umhonibus anticis, crassiSf involutis, promi- nulis; valvis concentricè et irregulariter striatis riigulosisque. Dimensions. — Longueur 80 milL; hauteur 45; largeur 58;=(100 : 56 : 47). Description. — Coquille inéquilatérale, en quadrilatère allongé, assez gon- tlée dans la région des crochets; côté antérieur raccourci, obtus, un peu plus élevé que le postérieur, arrondi, et donnant une coupe cordiforme; côté postérieur fortement prolongé, comprimé, conservant à peu près la même hauteur dans toute sa longueur; extrémité large et arrondie; bord inférieur très-légèrement arqué , le supérieur droit, avec une aire cardinale peu large , mais séparée des flancs par deux carènes bien dessinées ; som- mets très-antérieurs, situés à l'union du sixième antérieur avec les ^/e posté- rieurs, assez épais, peu enroulés et assez proéminents sur le bord cardinal, surtout en ai'rière; l'ouverture antérieure est assez allongée; elle commence peu en dessous des crochets et atteint le bord inférieur; la postérieure (?). Les valves présentent des stries et des sillons concentriques , irréguliè- rement entremêlés. Rapports et différences. — Cette espèce se distingue assez facilement des autres homomyes par sa forme quadrilatérale et son renflement considé- rable en dessous et un peu en arrière des crochets. Localités. — M. Agassiz signale cette espèce dans le lias moyen et su- périeur de Mulhausen ; notre échantillon provient de la marne de Strassen, entre Clairfontaine et Walzingen. Observation. — L'exemplaire a conservé une assez grande partie de son test; il est extrêmement mince et papyracé sur les flancs; il s'épaissit un peu vers les sommets et atteint un millimètre d'épaisseur à la région car- dinale, un peu en dessous et en arrière des crochets; il reste aussi une partie du ligament de la charnière. 2. HOMOMYA KONINCKI. (PI.XlX,Cg. 1.) H. testa elongatâ, depressâ, valdè inflatâ; anlice brevissimâ , obtusâ, de- presso-cordiformi; posteriùs productù, altâ rotundatâ; margine inferiore DES TERRAIINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 127 arcuato; siiperiore concavo, posticè elevato; umbonibus anticis, involutis . prominulis; valvis concentricè crebre-costellatis. Dimensions. — Longueur GO mill. (?); hauteur 33; largeur 39. Description. — Coquille très-inéquilatérale, allongée, fortement ventrue et déprimée; côté antérieur très-raccourci, obtus, fuyant en bas et en ar- rière, présentant une coupe cordiforme déprimée ; côté postérieur déprimé, conservant à peu près sa hauteur jusqu'à l'extrémité, qui est arrondie; bord inférieur convexe, arqué, le supérieur concave, relevé à son extrémité; sans aire cardinale distincte; sommets très-antérieurs, enroulés, gonflés transversalement et assez élevés au-dessus du bord cardinal ; l'ouverture antérieure commence un peu en dessous des crochets et est assez large ; la postérieure (?) paraît plus large encore et atteint le bord inférieur, de sorte qu'il se pourrait bien que la coquille fût bâillante dans toute son étendue. Les valves présentent des côtes concentriques longitudinales régulières, nombreuses, et sur ces côtes et dans leurs intervalles des stries d'accrois- sement mieux marquées vers le bord inférieur. Rapports et différences. — Cette espèce est très-bien caractérisée par sa forme déprimée et par ses côtes régulières. Localité. — Nous avons trouvé cette espèce à Frelange , près d'Arlon , dans une couche marneuse, dépendante de la marne de Strassen. Nous avons dédié cette espèce à M. le professeur De Koninck, dont les savants travaux paléontologiques sont si hautement appréciés. Observations. — Au premier abord, cette espèce paraît avoir été déformée par la pression, mais on abandonne cette idée en observant la régularité des côtes; du reste, cette forme déprimée, pour n'être pas bien fréquente, est loin cependant de former exception dans la nombreuse famille des pho- ladomyes. 5. HOMOMYA GIBBOSA. (PI. XIX, fig. 2.) DIactra GIBBOSA. Sow., 1815. i)/m. fonc/i., t. I, pi. 42. IIoMOMYA GIBBOSA. Agassiz, 1 842-45 , ^«ud. crit. monog., p. 160, pi. 18. Pboladomya GIBBOSA. D'Orb., 1850, Prodr., I, p. 504. H. testa eloiigatà, inflatâ; anticè breviore subobtusâ, cordiformi; posteriùs 128 DESCRIPTlOrs DES FOSSILES productd, subcompressâ, attenuatâ; maryineinferiore arcuato; supetHore sub- concavo; umbonibus anticis, crassis, subinvolutis, prominulis ; valvis laevibus, irregulariter, parce rugosis. Dimensions. — Longueur 110 mill.; hauteur 58; largeur 51 = (100 : 52 : 46). Description. — Coquille Irès-inéquilatérale , ventrue ; côté antérieur très-raccourci , un peu obtus , plus élevé que le côté postérieur , donnant une coupe cordiforme renflée ; côté postérieur perdant insensiblement en épaisseur et en hauteur, très-prolongé surtout vers le bord inférieur, ce qui lui donne un peu l'apparence d'un rostre; bord inférieur légèrement arqué, se relevant un peu vers l'extrémité postérieure; bord supérieur beaucoup plus court, légèrement concave; aire cardinale indistincte, non séparée des flancs ; sommets très-antérieurs , situés à l'union du sixième antérieur avec les °/g postérieurs, obtus et recourbés, légèrement proémi- nents sur le bord cardinal, renflés dans le sens transversal; ouverture antérieure peu large et assez longue , la postérieure plus bâillante et n'oc- cupant que l'extrémité du bord supérieur. Les exemplaires que nous possédons sont des moules, et l'on ne remar- que sur les flancs que quelques rugosités ou sillons vagues, inégaux, disposés longitudinalement; un sillon latéral, très-peu marqué, mais assez large, part des crochets et se dirige en s'élargissant vers le milieu du bord inférieur. Rapports et différences. — C'est une espèce de très-grande taille , bien caractérisée par sa forme fortement renflée en dessous et en arrière des crochets ; elle se distingue de la Ilomomya ventricosa , par son côté posté- rieur atténué en forme de rostre. Localité. — M. Agassiz indique cette espèce dans les couches oolithiques inférieures : notre échantillon vient du calcaire de Longwy, près de cette ville. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 129 4. HOMOMYA TeRQUEMI. (PI. XX.fig. 1.) H. testa elonqatâ, ventricosâ; anticè breviore, altà, rutundatâ, compresso- cordiformi; posteriàs valdè productà, subattenuatâ , rotundatâ (?); margine inferiore arcuato , superiore subrecto, subdeclivi; umbonibus anticis, vix pro- mînulis; valvis concentricè irregulariter striato-rugosis. Dimensions. — Longueur 12G mill.; hauteur 68; largeur 56;= (100 : 54 : 45). Description. — Coquille très-inéquilalérale, assez ventrue sur une grande étendue de sa longueur; côté antérieur très-raccourci, arrondi et assez élevé, présentant une coupe cordifornie allongée; côté postérieur très- prolongé, légèrement atténué et arrondi (?); bord inférieur arqué, le supé- rieur droit et légèrement déclive; aire cardinale (?) étroite, limitée par un large bourrelet partant des sommets; ceux-ci sont très-antérieurs, non proéminents, peu distincts du corps de la coquille; ouverture antérieure (?); la postérieure, assez large, occupe l'extrémité et une partie du bord su- périeur de la coquille. Valves présentant une multitude de stries d'accroissement, fines eu égard au volume de la coquille, peu régulières et entremêlées de quelques côtes peu saillantes. Rapports et différences. — Peu d'espèces atteignent une taille aussi con- sidérable ; elle se distingue facilement de XH. gibbosa par ses deux extré- mités largement arrondies. On connaît les longues et savantes recherches de M. Terquem sur la géologie et la paléontologie des terrains jurassiques du nord de la France; en lui dédiant cette espèce nous ne rendons qu'un faible hommage à son talent et à son zèle. Localité. — Notre exemplaire provient du calcaire de Longwy , aux environs de cette ville. Observation. — Comme cela arrive si fréquemment pour les pholado- myes, les valves de notre exemplaire n'ont pas conservé leurs rapports Tome XXV. 17 130 DESCRIPTION DES FOSSILES normaux ; la valve gauche s'est un peu abaissée et reportée en avant. Le test, conservé en partie, est assez épais vers les sommets et la région pos- térieure, ce qui nous fei'ait douter que cette espèce appartînt réellement à la famille qui nous occupe. Elle pourrait être prise au premier abord pour Y H. venlricosa, Ag. ; mais elle manque des sillons latéraux mentionnés par cet auteur; ses sommets sont moins obtus, et son extrémité postérieure semble plus arrondie. Genre PLEUROMYA , Agassiz. Testa aequivalvis (?) inaequilateralis , libéra, tenuis , saepiùs parva; cardo edentulus, area cardinalis nulla{?); impressiones musculares duae, palleaiis posteriùssinuosa; valvae minus hiantes, striis regularihus vel costellis ornatae; sulcidus laleralis ah umbone ad marginem inferiovem, plus miniisve distinc- tus; ligamentiim externum. Coquille équivalve (?), inéquilatérale, libre, transversale, de petite ou de moyenne taille; charnière sans dent; aire cardinale nulle (?) ; impressions musculaires au nombre de deux; impression palléale rarement visible, munie d'un large sinus; valves minces, peu bâillantes, ornées de rides con- centriques régulières, quelquefois de petites côtes, marquées en avant d'un enfoncement caractéristique, une sorte de sillon très-évasé qui part des crochets et s'étend en s'élargissant vers le bord inférieur. Les crochets sont plus ou moins rapprochés du bord antérieur, assez gros, recourbés en avant et contigus. M. Agassiz a fondé cette coupe sur des espèces réparties dans plusieurs genres : Amphidesma , Lutraria , Venus, Unio, Donacilcs, etc. ; elles ont quelque chose de commun, un faciès particulier, bien distinct de celui des phola- domyes vraies, mais leurs caractères génériques ne sont pas connus; peut- être serait-il préférable d'attendre de nouvelles données pour former ce genre; cependant, puisqu'un savant d'un aussi grand mérite que M. Agassiz a cru devoir établir cette coupe, nous la conserverons. Les pleuromyes seront facilement distinguées des pholadomyes par l'absence de côtes trans- verses, et des céromyes par le manque du sillon cardinal de la valve droite. Ce genre se montre déjà dans les couches triasiques, se continue dans le DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 131 lias et prend un grand développement dans les terrains jurassiques, où très-probablement il s'éteint. 1 . Plelromya sincosa. ;pi. xvni,Cg.3.) LuTRARiA sisi'OSA Rocmer, 1850, Die Fersiein., p. 42, supp., pi, XIX, fig. 24. P. testa ehtujald, snhcyliiidraceâ, inflatâ; anticè hreviore, ohtusâ, ovalo- cordatâ; posteriùs pro(bicl(i, altâ, resupinatd ; niargine inferiore arcuato; superiore excavato, postice convexo; umhonihiis snhanticis , crassis, subpro- minulis; valvis concentricè irregulariter striato-sulcatis. Dimensions. — Longueur 2G mill. ; hauteur 17 mill. ; largeur 15; = (100: 58 : 44). Description. — Coquille inéquilatérale, allongée, presque cylindroïde, renflée; côté antérieur très-raccourci, obtus, donnant une coupe subova- laire; côté postérieur très-prolongé , peu comprimé, aussi élevé que l'an- térieur, arrondi et fortement relevé à son extrémité; bord inférieur arqué, surtout postérieurement; bord supérieur concave dans sa partie moyenne, sommets situés à l'union du cinquième antérieur avec les * o postérieurs, peu enroulés, légèrement distants, proéminents au-dessus du bord car- dinal; ouverture antérieure paraissant assez large, la postérieure plus allongée, occupant l'extrémité et une partie du bord inférieur. Valves présentant des stries et de faibles côtes longitudinales concen- triques, irrégulières, peu marquées; on observe un sillon latéral du som- met à la base, mais faible et un peu oblique en avant; de plus, deux carènes obtuses partent de sommets et se dirigent obliquement en bas et en arrière vers l'angle postérieur. Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche, par sa forme cylin- droïde de la PI. recurva, Ag., mais s'en distingue suffisamment par le redressement considérable de son extrémité postéiieure. Localités. — M. Roemer, qui, le premier, a décrit cette espèce, la signale dans les couches inférieures du coral-rag de Hersum ; notre échantillon provient du calcaiie de Longwy, aux environs de cette ville. 132 DESCRIPTION DES FOSSILES 2. Pleuromya striatula. (PI. XX,fig.2.) Pleuromya striatui.a. Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monog., p. 239, pi. 28, fig. 10-14. Panopaea — D'Oib., 1830, Prodr., I, p. 215. P. testa elongatâ, compressa; anticè attenuato-rotundatâ , compresso-cor- datâ ; posteriùs productd, compressa, allé, subresapinalâ ; maryine inferiore arcuato, iinpriinis poslicè, superiore recto, suhhorizontali; tunhoiiibus ante- medianis , parvis , suhprommulis ; valvis laevibus. Dimensions. — Longueur 46 mill. ; hauteur 22; largeur 15 mill.; = (100 : 47 : 52). Description. — Coquille subinéquilatérale, assez allongée, comprimée; côté antérieur prolongé, surtout à son angle inférieur, qui est arrondi et tranchant, à coupe allongée, cordiforme; côté postérieur plus pro- longé, légèrement comprimé à partir des sommets, plus élevé que le côté antérieur, arrondi à son extrémité, qui est légèrement relevée; bord inférieur arqué, un peu plus fortement en arrière; bord supérieur droit et presque horizontal; sommets presque médians, situés à l'union des % antérieurs avec les ^/s postérieurs, petits, peu arqués et ne faisant qu'une légère saillie au-dessus du bord cardinal. L'ouverture antérieure paraît nulle; la postérieure est étroite et peu allongée. Les valves ne présentent ni rides ni côtes; seulement quelques vagues ondulations, résultant probablement d'arrêts d'accroissement; le sillon latéral est à peine distinct. Rapports et différences. — Peu d'espèces de pleuromyes présentent une forme aussi allongée; sous ce rapport cependant la P. angusta se rap- proche de la striatida, mais elle est plus comprimée encore et son bord inférieur est concave. Localités. — M. Agassiz, qui le premier a fait connaître cette espèce, la signale dans les couches à gryphée du lias, à Baerschwyl, dans le can- ton de Soleure; M. d'Orbigny l'indique en France, à Pouilly, à Sémur, à Lyon et à Nanterre. Notre échantillon a été trouvé à Walzingen, dans la DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 153 marne de Strassen, par M. le D"^ de Gondé, qui a bien voulu nous le com- muniquer. 3. Pleuromya unioides. (PI. XX, fig. 3.) Venus unioides. Roemer, IS-'S, Die f'erstein., p. 109, lab. 8, fig. 6. ? Unio liasinus. Schubler, Zieten, 1830, JFurtemb., tab. Gl , fig. 2. LcTRARiA UNIOIDES. Goldf., Petref., 1834-40, p. 236, tab. 1S2, fig. 12. PnOLADOMïA AiuBiGUA. QuensleAt, Flôzgebirge JFurt., p. 147. Pleuromya unioides. Agassiz, 1842-43, Elud. crit. monog., p. 236, pi. 27, fig. 9-13. LvONSiA — D'Orb., 1850, Prodr., l , p. 234. P. testa elongatà, rolundato-trigonatâ , subinflatâ; antice abbreviatâ, ro- tundatâ, compresso-cordatâ ; posteriàs productâ , attenuatà, rotundatd ; mar- gine inferiore arcuato; superiore recto, siihdeclivi; unibonibtis antemedianis , crassis, involutis, prominuUs; valvis concentricè irregulariter rugulosis. Dimensions. — Longueur 55 mill, ; hauteur 55 mill.; largeur 26 milL; = (100 : 60 : 47). Description. — Coquille inéquilatérale, triangulaire à angles arrondis, assez renflée, la largeur égalant plus des ^k de la hauteur; côté antérieur raccourci, un peu prolongé et arrondi vers l'angle inférieur; côté posté- rieur prolongé, comprimé, assez élevé jusqu'à son extrémité, qui est arrondie; bord inférieur arqué, surtout postérieurement; bord supérieur presque droit, un peu déclive en arrière; sommets placés à l'union du tiers antérieur avec les % postérieurs, proéminents sur le bord cardinal, enroulés et circonscrivant une petite lunule allongée, peu marquée; ou- verture antérieure étroite, assez longue, la postérieure occupant presque toute l'extrémité , qui est très-légèrement relevée. Les valves présentent des sillons concentriques irréguliers, peu mar- qués; on ne voit pas de sillon latéral. Rapports et différences. — Cette espèce a la forme générale et la taille de la P. rostrata; elle s'en distingue néanmoins assez facilement par sa forme plus renflée, par ses angles plus arrondis, enûn par ses sillons moins marqués, irréguliers. Localités. — MM. Zieten, Roemer et Agassiz signalent cette espèce dans 154 DESCRIPTION DES FOSSILES les couches liasiques; Goldfuss l'indique dans le calcaire liasique d'Amberg, de Goslar, de Gôppingen; M. d'Orbigny, en France, à Chavagnac (Dor- dogne), à Vieux-Pont (Calvados). Nos échantillons proviennent du macigno et ont été trouvés près d'Âubange. Observalions. — M. Âgassiz dit que cette espèce n'a aucune tendance à se relever à son extrémité postérieure; nos exemplaires nous montrent cependant un léger redressement, marqué par la courbure du bord inférieur, plus forte vers cette région, et le peu de déclivité du bord supé- rieur à cet endroit. La figure que donne Zieten (tab. Gl, fig. 2), sous le nom d'I/Hio liasinus, appartient bien probablement à une autre espèce. 4. Pleuromya rostrata. (PI. XXI, 6g. 1.) Pleibomia bOstrata. Agassiz, 1842-45, Étud. cTit. monog., p. 241 , pi. 27, fig. 14-16. rASOP.\EA SUBROSTRATA. D'Oib., 1830, Prodr., 1, p. 213. PL testa ohloncjâ , tricjonatâ; onticè ahbrexiatû, compresso-cordatû; poste- riitsprodiictâ, attenuatd, snhrotitndatâ ; maryine inferiorepaulisper arcuato; superiore subrecto , declivi ; nmbonibus anticis, subinvohdis , prominulis , subincrassatis ; valvis concentricè et regulariter profundè sulcatis. Dimensions. — Longueur 50 mill.; hauteur 52; largeur 21;= (100 : 64 : 42). Description. — Coquille inéquilatérale, triangulaire, peu renflée, la lar- geur égalant seulement les % de la hauteur; côté antérieur oblique des sommets à l'angle inférieur-antérieur, assez raccourci et donnant une coupe allongée cordiforme; côté postérieur prolongé, peu comprimé, régulière- ment atténué jusqu'à l'extrémité, qui est arrondie; bord inférieur peu arqué, bord supérieur presque droit, déclive, très-ûiiblement convexe, arqué dans sa partie postérieure ; sommets subantérieurs , à l'union du quart antérieur avec les 5/4 postérieurs, assez proéminents sur le bord car- dinal et circonscrivant une petite lunule; ouverture antérieure occupant seulement l'angle antérieur-inférieur ; la postérieure peu large et s'avan- çant un peu sur le bord inférieur. Les valves présentent des côtes longitudinales concentriques , irès-régu- DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 13S Hères, bien marquées sur toute la surface et depuis le sommet jusqu'à la base. Le sillon latéral est à peine distinct, un peu marqué vers les sommets et inférieurement par une légère inflexion des côtes. Rappoi'ts et différences. — Cette espèce est nettement caractérisée par sa forme triangulaire et ses sillons profonds; dans la P. unioides, les con- tours sont plus arrondis , l'extrémité postérieure plus relevée , les côtes moins marquées. Localités. — M. d'Orbigny indique cette espèce à Froschwiller (Alsace), à Haucourt (Moselle), à Langres; M. Agassiz pense que les échantillons qui ont servi à sa description proviennent du grès basique. Nous avons ren- contré cette espèce dans le macigno d'Aubange, non loin de cette localité. 5. Pleuromya Helena. (Pl.XXI,fig.2) p. testa elongalâ cylindraceâ; anticè hrevissimà, ohtusâ, cordatâ; poste- riùs productd, compressa; margine inferiore subarcuato, superiore recto , suhdeclivi ; mnbonibus subanticis , crassis, inflatis, lunulam minus excava- tam circumdanlibus ; valvis concentricè et regulariter coslellatis, striisque radiantibus viidtis , punctalis , ornatis. Dimensions. — Longueur 29 mill. ; hauteur 16; largeur 14; = (100 : 55 : 51). Description. — Coquille très-inéquilatérale , renflée cylindroïde; côté antérieur très-raccourci, obtus, donnant une coupe régulièrement cordi- forme; côté postérieur très-prolongé, assez élevé, ne présentant qu'un très-léger redressement à son extrémité, qui est arrondie; bord inférieur légèrement arqué, le supérieur presque droit, un peu déclive; sommets très-antérieurs, situés à l'union du sixième antérieur avec les % posté- rieurs , renflés et obtus, ne faisant qu'une légère saillie au-dessus du bord cardinal, circonscrivant antérieurement une petite lunule, peu excavée; ouverture antérieure très-courte et n'occupant que l'extrémité de l'angle antéro-inférieur; la postérieure qui est peu marquée sur nos exemplai- res , paraît n'occuper que l'extrémité du bord supérieur. Les valves présentent des côtes concentriques régulières , bien marquées 156 DESCRIPTION DES FOSSILES et assez saillantes; au lieu du sillon latéral, on ne voit qu'un léger aplatis- sement; une carène obtuse partant du sommet vers le bord inférieur-posté- rieur, sépare les flancs de la coquille de la région cardinale; on observe encore sur les valves une multitude des stries rayonnantes très-serrées, formées de points très-petits, visibles seulement sous un grossissement, assez distants les uns des autres et non confondus comme dans la Ceromya striato-punctata. Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche par sa forme cylin- droïde de la P. recurva et de la P. sinuosa , Roem. On la distingue facilement par ses sommets antérieurs, le peu de redressement de son extrémité postérieure, mais surtout par ses côtes longitudinales et ses stries rayonnantes. Localité. — Cette espèce appartient au calcaire de Longwy et a été trouvée près de cette ville. Observations. — Nous possédons deux échantillons de cette charmante petite espèce : l'un n'est qu'un moule sur lequel on voit encore distincte- ment les côtes longitudinales; l'autre a conservé sa valve droite et présente les dessins caractéristiques que nous avons mentionnés. 6. PlEUROMYA TENUISTRIA. (PI. XXI,fig. 3.) LiiTRiRiA TENUiSTHiA. Miinster, Goldf., 1834-40, Petref., p. 237, tab. 153, fig. 2. Plei'romya — Agassiz, 1842-45, Étud. crit. monog., p. 243, pi. 24. Pakopaea — D'Oibignj', 1830, /-"rode, I, p. 273. P. testa elongatâ, cylindraceâ; atiticè brevissimâ, ohtusâ, Iruncaio-cor- dalâ; posteriùs productâ, compressa, subresupinatd ; margine inferiore arcuato, imprimis portkè, superiore recto, subdecliri; umbonibiis aniicis, crassis, involutis, distantibus , proniinulis ; valvis concentricè et tenue riigoso- striatis. Dimensions. — Longueur 5G mill. ; hauteur 20; largeur 18; = (100 : 55 : 50). Description. — Coquille inéquilatérale, allongée, triangulaire, arrondie, subcyliudroïde; côté antérieur très-court, coupé obliquement des sommets DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 137 à la base, oblus, donnant une coupe renflée cordiforme; côté postérieur, prolongé, épais, arrondi à son extrémité, qui est très-légèrement relevée; bord inférieur arqué, surtout en arrière; bord supérieur droit, peu déclive; sommets très-antérieurs, situés à l'union du cinquième antérieur avec les quatre cinquièmes postérieurs, obtus, peu enroulés et assez saillants au- dessus du bord cardinal, souvent séparés l'un de l'autre; ouvertui'e anté- rieure allongée, commençant presque sous les crochets et atteignant le bord inférieur, la postérieure assez bâillante et occupant l'extrémité de la coquille. Valves présentant de très-faibles côtes longitudinales concentriques ; le sillon latéral des sommets à la base est fortement marqué dans toute sa longueur. Rapports et différences. — - Cette espèce se distingue surtout par sa forme cylindroïde, le léger redressement de l'extrémité postérieure et son côté antérieur. Localités. — Goldfuss note cette espèce dans l'oolithe inférieur de Rabenstein , M. Agassiz dans celle de Durenast en Suisse, M. d'Orbigny l'indique à Mammers, à Moutiers, à Bayeux, etc. Nos échantillons pro- viennent du calcaire de Longwy, aux environs de cette ville. 7. Pleuromya decurtata. (PI. XXI, fig. 8.) Lgtrarii decurtata. Goldfuss, 18.39, Petref., p. 257, pi. 153, fig. 3. Pasopaea — D'Orbigny, 1850, Prodr., I, p. 273. PL testa transversâ, subtrigonâ , crassà; anticè breviore, fruncato-cordatd. posteriùs attenuatà, rotundatâ; margine inferiore suharcuato , superiore de- clivi; umhonihus suhmedianis , crassis, inflatis, introrsùm incurvatis , lunu- latn latam, minus excavatam circumdantibus ; valvis (?) tenue concentricè striatis. Dimensions. — Longueur 57 mill.; hauteur 23; largeur 18;=(100 : 67 : 48). Description. — Coquille peu inéquilatérale, légèrement transversale, triangulaire, à angles arrondis, assez ventrue, sa plus grande largeur se Tome XXV. 18 138 DESCRIPTION DES FOSSILES irouve un peu en dessous des crochets; côté antéi'ieur plus court, arrondi vers l'angle antérieur-inférieur, un peu obtus, donnant une coupe allon- gée cordiforme ; côté postérieur prolongé , fortement atténué en une ex- trémité arrondie; bord inférieur presque droit, côté supérieur arqué, déclive; sommets situés à l'union des deux cinquièmes antérieurs avec les trois cinquièmes postérieurs, assez gros, renflés, recourbés en dedans, non proéminents, circonscrivant une lunule large et peu profonde; ouver- ture antérieure commençant un peu en dessous des crochets, et occu- pant l'angle inférieur; la postérieure paraît être moins allongée. Valves (?); le moule présente quelques sillons longitudinaux larges et peu profonds. Rapports et différences. — Celte espèce se distingue par sa forme rac- courcie, son épaisseur et la position presque médiane de ses sommets. Localités. — Goldfuss l'indique dans l'oolithe inférieur de Rabenstein; nous l'avons trouvée dans le calcaire de Longwy près de cette ville. Observations. — Notre exemplaire n'est qu'un moule, comme l'étaient probablement ceux de Goldfuss ; la Liilraria decurtaia de cet auteur n'est pas YAmpliidcsma dccurtattnn de Phillips (Ag., p. 252). M. Agassiz pensait que la lutraire de Goldfuss était une variété de la PL tenuistria; les carac- tères différenciels sont cependant assez tranchés pour pouvoir, à l'exem- ple de M. d'Orbigny , en faire deux espèces distinctes. 8. Pleuromya elosgata. (PI. XIX , li". 5.) LiiTB*BH EI.o^CATA. Munster, Goldf., 1834-40, Petref., p. 2S8, pi. 15ô, fig. 4. 1'i,ei:romïa — Agassiz, 1845-43, Étud. crit. monog., p. 244, pi. 27, fig. 3-8. l'AKOPAEA subei.ougata. D'Orbig., 1830, Prodr., I, 272. PL testa elongatd; anticè abbreviatâ, ovato-corclatâ ; posteriiis productù . compressa, rotundatd ; manjine inferiore primiim recto, dein arcualo: supe- riore subhorizontali; umbonihus antemedianis , mediocriter incrassatis et pro- niinulis; valvis leviter et irregulariter concentrice striatis. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 159 Dimensions. — Longueur 40 mill.; hauteur 22; largeur 17; = (100 : 55 : 47). Description. — Coquille inéquilatérale, allongée, peu renflée; côté anté- rieur raccourci, assez prolongé inférieurement; le postérieur plus allongé, comprimé, relevé vers son extrémité, qui est arrondie; bord inférieur droit dans sa moitié antérieure, arqué et relevé dans le reste de son étendue; bord supérieur horizontal dans sa plus grande partie, déclive seulement vers l'extrémité; sommets situés à l'union du tiers antérieur avec les deux tiers postérieurs, petits, peu eni'oulés, légèrement arqués en avant, un peu élevés au-dessus du bord cardinal; ouverture antérieure n'occupant que l'angle antérieur-inférieur ; la postérieure plus prolongée , commençant un peu en arrière du milieu du bord cardinal et occupant le quart du bord inférieur. Les valves ne présentent que des ondulations longitudinales, simulant des côtes obtuses, et disparaissant en s'approchant des crochets ; le sillon latéral des sommets, vers la base, est large et peu marqué. Rapports et différences. — La forme allongée de cette espèce, la position de ses sommets la feront facilement distinguer de ses congénères. Localités. — Nous l'avons trouvée dans le calcaire de Longvvy, aux envi- rons de cette ville; Goldfuss l'indique dans l'oolithe inférieur, près d'Auer- bach; M. Agassiz dans l'oolithe ferrugineux de Durenast (Soleure), de Mogroeuve (Moselle); M. d'Orbigny, en France, à Bayeux. Observations. — Généralement les moules de cette espèce n'ont pas con- servé de traces des dessins de la coquille, notamment des rides concen- triques; Goldfuss n'a probablement eu que des moules lisses; M. Agassiz ne connaît non plus que deux exemplaires qui aient conservé des rides; notre échantillon est un moule avec des ondulations et seulement quel- ques petites côtes. 140 DESCRIPTION DES FOSSILES i>. Pleuromya Aldiini. (PI. XIX, (Ig. 4;i)l. XX.fig. i.) DosACiTES Aldciki. Al. Brongniart, ^nn. des min., t. IV, p. 534, lab. 7, fig. 4. — — Bionn, 18ôo-."8, Letli. geng., p. 578, tab. 20, fig. 17. LiTK.iRiA DOSAtiXA. Roemer, IS-îO, Die f'erslein., p. 124, tab. 9, fig. 14. — Aldvini. Goldf., 18-34-40, Pctref., II, p. 234, lab. 152, fig. 8. Pl.EL'ROHï.1 — Agassiz , 1842-45, Éhid. crit. monog., p. 242 , pi. 22, fig. 10-22. Pakopaea Brosghabtiha. D'Orb., 1830, Prodr,, I, p. 335. PL testa traiisversà , subtriyonù, crassd; anticè abbreviatd, obtusd. plus minùsvè cordiformi ; posteriùs productà, attemtatd, rotundutd; marcjine in- feriore arcuato, imprimis posticè, siiperiore primùm subrecto, dein declivi; umbonibus anticis, prominiilis; plus minùsvè incrassatis , luitulam lataiit minus excavatam circumdantibus ; valvis concentricè et reyulariter striatis sulcalisque. Dimensions. — Longueur -iO niill.; hauteur 27; largeur 20; = (100 : 07 : 50). Description. — Coquille inéquilalérale, transversale, triangulaire, arron- die, médiocrement ventrue : la plus grande épaisseur se trouve un peu en dessous des crochets; côté antérieur court, tronqué obliquement, arrondi vers l'angle inférieur, et donnant une coupe cordilorme, plus ou moins renllée selon l'âge; côté postérieur prolongé, atténué, marquant une légère tendance à se relever; bord inférieur légèrement arqué en avant, plus fortement en arrière; bord supérieur presque droit et accompagné de deux sillons parallèles bien marqués; sommets antérieurs, situés à lu- nion du quart antérieur avec les trois quarts postérieurs, faisant légère- ment saillie au-dessus du bord cardinal, renflés, surtout dans les individus adultes, peu enroulés en dedans et circonscrivant une lunule large, peu profonde, assez mal limitée; l'ouverture antérieure étroite, allongée, com- mentant dans la lunule, occupant l'angle inférieur-antérieur et une partie du bord inférieur ; la postérieure occupant l'angle postérieur de la coquille. Les valves, lorsque le test existe, présentent des rides concentriques longitudinales, flnes, serrées, et des ondulations plus grosses, faiblement marquées, disposées comme les stries. Lorsque le test a disparu, ces DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 141 onduL'î lions semblent mieux marquées et occupent toute la surface de la coquille. La dépression des lianes est faible et bon nombre d'exemplaires n'en conservent aucune trace. Rapportset différences. — Les sillons longitudinaux de cette espèce la distin- guent bien de la plupart des pleuromyes, chez lesquelles ils ne sont pas en général aussi marqués; on les retrouve cependant dans les PL aeqitislriata et roslrala Ag., qui se rencontrent dans les mêmes couches; mais la première se distingue par sa forme plus raccourcie, la seconde par son extrémité postérieuie plus longue, plus atténuée et la proéminence de ses crochets. Localités. — Goldfuss signale cette espèce dans le lias d'Altdorf et au Harz, dans l'oolithe inférieur de l'Alsace, du Wurtemberg; M. Agassiz à Goldenthal dans le canton de Soleure; M. d'Orbigny en France, à Chau- four (Sarthe) ; nous l'avons rencontrée dans difïérenies couches. Ou trouve des moules assez bien conservés dans le macigno d'Aubange, à Aubange, et près de Virton; dans la marne de Grand-Cour, au sud de S'-Mard, on la trouve dans des blocs de calcaire bleu, et quelques échantillons y conser- vent leur test; enfin, dans le calcaire de Longwy, aux environs de cette ville. Genre CEROMYA, Agassiz. Testa inaequivalvis (?) inaequilcderalis , libéra, ovala vel cordiformis , tennis; iinpressiones nmsculares duae, mitms profundae; inipressio pallealis posticè valdè siimosa; cardo simplex, edentulus; lamella valvae dextrua ab inte- riore parte ad umbonem obliqué ascendens; liganientum externum, angustuin. Animal inconnu. Coquille ovale ou cordiforme, très-inéquilatérale (? inéqnivalve, la valve droite un peu plus grande que la gauche). Crochets plus ou moins grands, rapprochés, opposés. Test très-mince. Impressions musculaires peu sail- lantes; la postérieure arrondie. Impression palléale largement sinueuse du côté postérieur; une côte sinueuse remontant obliquement de l'inté- rieur sur le bord cardinal de la valve droite. Charnière simple et sans dents, formée sur la valve gauche par une expansion du bord cardinal. 142 DESCRIPTION DES FOSSILES qui se prolonge au delà du plan des bords de la valve; elle est enlaillée en arrière du crochet, et les bords de l'entaille sont relevés de manière qu'ils figurent presque deux dents divergentes; cette expansion s'insère dans l'intérieur de la valve droite, qui en porte une autre plus petite, et à la partie postérieure seulement. Ligament étroit, allongé, fixé à la valve gauche, dans une fente extérieure située à la base de l'expansion denti- forme postérieure, et à la valve droite sur le bord cardinal lui-même, qui est légèrement cannelé. Le genre Ceromya a été établi par M. Agassiz pour des espèces confon- dues à cette époque avec les isocardes. M. Deshayes {Traité élément, de concL, t. I, p. 159) y a réuni les gresslyes du même auteur, et les carac- tères du genre ont été successivement complétés par ftlM. Deshayes et Buvignier. Ce dernier, auquel nous avons emprunté le caractéristique ci- dessus, doute que ces coquilles soient réellement inéquivalves; la mobilité des valves et le peu de solidité de la charnière le portent à croire que le plus souvent les valves se sont dérangées dans la fossilisation. Les céromyes et les gresslyes de M. Agassiz composeront donc le genre Ceroimja, bien distinct du genre Lj/ohsj«, auquel M. d'Orbigny avait voulu le réunir. Elles appartiennent presque toutes aux terrains jurassiques et ne se rencontrent guère qu'à l'état de moule. 1. Ceromya lunl'lata. (PI. SXl,ilg. 7.) Gresslya i.CBiti.ATA. Ag., 1845, Étud. crit. monog., pi. 13, fig. 7-10, pi. lôa, fig. 14. - OVATA. Ag, 1843, i(l. id., pi. 15, fig. 4-G, pi. 13^ fig. 7-9, LyO!«siA LATinosTRis (sp.). D'OrI)., Prodr., 1830, I, p. 503. C. testa elonfjutâ, inflatà; anticè ahhreviatà, cordato-trmicatà, posleriùs productâ, rotmidatà; manjine inferiore paulisper arcuato , superiore sub- recto, declivi;sulculo cardinaUprofundiori; îtmbonibus anticis, parvis, subin- volutis, lunulam parvam, excavatam circumdantibus; valvis comentricè sid)- tiliter striatis. Dimensions. — Longueur 48 mill.; hauteur 51 ; largeur 24; == (100 : 64 : 50). DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 140 Description. — Coquille Inéquilatérale, venlrue; côté antérieur raccourci, assez obtus, donnant une coupe cordiforme; côté postérieur prolongé, élevé, comprimé, arrondi à son extrémité; bord inférieur très-peu arqué; bord supérieur presque droit et peu déclive en arrière ; sillon cardinal bien marqué, courbe et assez allongé; sommets très-antérieurs, petits, fai- blement enroulés et faisant à peine saillie au-dessus du bord cardinal, avec une petite lunule un peu excavée; ouverture antérieure étroite, n'oc- cupant que l'angle antérieur-inférieur de la coquille; la postérieure un peu plus large, mais peu allongée. Valves présentant de très-fines stries d'accroissement, irrégulièrement entremêlées de rides un peu plus fortes. Rapports et diff'érenecs. — Cette céromye varie pour la forme générale; cependant on la distingue facilement de la C. iritncala par sa forme moins obtuse en avant et ses crochets moins antérieurs; de la C. latior, par sa longueur relativement plus grande; enfin, de la C. major, parce qu'elle est moins bombée, que ses sommets sont beaucoup plus petits. Localités. — M. Agassiz donne cette espèce comme très-commune dans l'oolithe inférieur du .Jura suisse; M. d'Orbigny la note dans l'étage batho- nien; nous en avons rencontré plusieurs exemplaires dans le calcaire de Longwy, aux environs de cette ville. Observation.- — ^Nos échantillons se rapportent davantage à la C. ovata Ag., que cet auteur regarde comme une variété de la Innulata. 2. Ceromya striato-punctata. (PI. XXI.fig. îi) LtTRARi* STRiATO-PUJiClATA. UuDslcv , Goldi, IHôi-AO, Die Petnf., \>l. ISii , fig. J \. GnESSLTA — Agass., 1842-45, Étud. crit. monog., p. 204 el 206. Lyossia — D'Oib., 1830, PmZr., I, p. 274. C. testa obovato-rotundatd ; anticè cordato-truncald , posteriàs productà . rolundatà; margine inferiore subarcuato , superiore convexo-declivi ; iimbo- nibiis snbaiilicis; antrorsùm involutis, hinnlam parvam, minus excavatam circumdanlibus- valvis concentricb irregulariter muUistriatis ; (ineisqiie la- diantibus subtilissiniis , conferlis, granulatis. 144 DESCRIPTIOiN DES FOSSILES Dimetisions. — Longueur 42 mill.; hauteur 50; larg. 25; = (100 : 7 1 : 54). Description. — Coquille iiiéquilatérale , médiocrement ventrue, à con- tours arrondis; côté antérieur raccourci, arrondi, cordi forme-allongé , côté postérieur prolongé, arrondi; bord inférieur tranchant, peu arqué; bord supérieur convexe et assez déclive en arrière, sans aire cardinale distincte, avec une lunule assez bien circonscrite, mais peu profonde; ouverture antérieure occupant tout l'angle antérieur et s'avançant jus- qu'au tiers antérieur du bord inférieur; la postérieure, si elle existe, est très-petite. Les valves présentent une foule de rides et de stries longitudinales concentriques; on remarque, en outre, de faibles côtes rayonnantes, très- serrées, granulées : les granulations presque confluentes, visibles seule- ment à la loupe. Uapports cl différences. — Cette espèce se rapproche de la G. lumilata pour la forme générale; elle est cependant un peu plus comprimée; elle se distingue, du reste, parfaitement de toutes les autres espèces par ses côtes rayonnantes granulées. Localités. — Goldfuss indique cette espèce dans l'oolithe inférieur du Wurtemberg; notre échantillon provient du calcaire de Longwy, et a été trouvé aux environs de cette ville. Observations. — C'est un moule jaune, ferrugineux, avec quelques restes de test; il ne présente pas d'impressions musculaires, et nous n'avons pu y trouver le sillon cardinal de la valve droite. 3. Ceromya truncata. (PI. XXU,fig. 1.) U5iio PERrr-Riivis. Pliill., 1829, Vorks., p. llo.pl. VII, fig. 12. ? Gres.skta Tr.i!vr.ATA. Ag., 1842-43, Étud. crit., Monogr., p. 213, pi. 12^ fig. 4-G. — KOSTRATA. Ag., i(I. id., i(I., pi. 121-, fig. 7-9. Lto:(Sia PHREGRiivA. D'Oi'b., 1850, Prodr., I, p. 303. ? C. testé elomiatà. cuneiformi ; anticè hrevissimâ , ohtum, cordato-truncatà . poslerins produclu. compressa, rolundatd ; margiiie inferiore suharcuato; superiore convexo, postice decHvi; umbonibus anticis, antrorsiim invohtis, DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 145 lumilam marjnain cirmimdantihus , sulculo cardinali mediocriter obliquo; valvis concentrkè irregulariter striatis. Dimensions. — Longueur 54 mill.; hauteur 58; largeur 31 ; = (100 : 70 : 57). Description. — Coquille très-inéquilatérale; côté antérieur raccourci , for- tement obtus, donnant une coupe régulièrement cordiforme; côté posté- rieur comprimé, en forme de coin, surtout à son extrémité, où les bords deviennent tranchants; bord inférieur très-légèrement arqué; le supérieur un peu convexe derrière les crochets et très-déclive vers l'extrémité posté- rieure; sillon cardinal bien marqué et peu oblique; sommets antérieurs assez développés, enroulés en avant et en bas avec une lunule large, cordi- forme et assez profonde; on ne distingue aucune ouverture antérieure; la postérieure est peu allongée, peu bâillante et n'occupe que l'extrémité de la coquille. Lorsque le test est conservé, on distingue, entre une multitude de fines stries d'accroissement, d'autres rides concentriques un peu plus fortes, du reste irrégulières. Les impressions musculaires sont bien visibles sur l'un de nos exem- plaires; l'impression postérieure est arrondie; l'antérieure pyriforme, allongée; l'impression palléale part de l'extrémité inférieure de cette der- nière, longe le bord inférieur de la valve, aux quatre cinquièmes posté- rieurs, se recourbe en haut et en avant jusqu'au delà du milieu, puis forme une seconde courbure en haut et en arrière pour gagner le bord infé- rieur de l'impression musculaire postérieure. Rapports et différences. — Les espèces réunies par M. Agassiz dans son genre Gresslya ont toutes une forme générale plus ou moins cunéiforme, mais dans aucune ce caractère n'est aussi marqué que dans la C. truncata. Localités. — M. Agassiz indique cette espèce dans l'oolithe inférieur du département du Bas-Rhin ; nos échantillons proviennent d'une faible couche de marne bleue que l'on trouve au NO. de Longwy, dans le calcaire de ce nom. Tome XXV. 19 146 DESCRIPTION DES FOSSILES 4. Ceromya conformis. (PI. XXI, fig. 4) Gkessma conformis. Agas.siz, 1843, Étud. crit. monogr., p. 21 1 , pi. 15i', fig. 4-6. C. testa elonyatd, oro'ided ; anticè abbreviatà, truncato-mrdatà ; posterins produclà , alla, rotundatd ; maryine inferiore arcualo, sitperiovc concexo- declivi; sulculo cardinali distincto , ininàs obliquo; iiinboniljus antkis, iiii- nutis, antrorsùm subinvolutis, saepiùs disjimctis, lunulam parvam, excava- tam circumdantibus ; valvis concentricè strialis et irregulariter costellatis. Dhnoisions. — Longueur 40 inill. ; liauleiir 27; largeui' 19; = (100 : 67 : 47). Description. — Coquille inéquilatérale, oblongue, à coiUouis arrondis; côté antérieur raccourci, donnant une coupe allongée cordiforme; côté postérieur prolongé, assez élevé, légèrement comprimé, arrondi à son extrémité; bord inférieur assez fortement arqué, tranchant; le supérieur convexe, déclive en arrière; sillon cardinal distinct, peu profond, très- faiblement oblique; sommets antérieurs, petits, peu contournés en avant, le plus souvent disjoints, avec une petite lunule assez profonde; ouverture antérieure étroite, commençant sous les crochets et se prolongeant jus- qu'au quart antérieur du bord inférieur; la postérieure un peu plus large mais moins allongée. Valves présentant une foule de stries d'accroissement entremêlées de côtes longitudinales concentriques, peu élevées et irrégulières. Rapports et différences. — Des analogies marquées lapprochent celte espèce de la C. lunulata, cependant sa forme est plus comprimée, son boi-d cardinal est convexe et son côté postérieur plus élevé. Localités. — M. Agassiz note cette espèce dans l'oolithe inférieur de Nor- mandie : nos échantillons proviennent du calcaire de Longwy et se rencon- trent assez fréquemment aux environs de cette localité. Observation. — Dans le Prodrome de Paléontologie, M. d'Oibigiiy a réuni divers types décrits comme espèces distinctes par IM. Agassiz, asnsi ce n'est peut-être pas à tort qu'il réunit les Grcsshja latior et conformis, Ag., DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 147 cependant comme nos exemplaires ne sont pas assez nombreux pour nous montrer les passages, nous les distinguerons comme l'a fait 31. Agassiz. 5. Ceromya gregaria. (PI. XXI, fig (i.l LiTr.ARiA GREGARIA. Roemer, lîi.jC, OolH. f erstein. ,p. 124, pi. Vlll, fig. II. — - GoWuss, \8ô-'i-A0, Vie Pctrcf., pi, \a-2,Cig.\0. Gressi.ja — Ag., 1842-4.1, Etitd. irit. monogr., p. 204 (non décrite). Ceromya — Desh., 1830-30, Trait, elém. de concli., I, p. 1G5, pi. la""'*, lig, 5, 4, 3. C. testa suhrentricosd ; onticè abrupte declivi, trimcato-cordiformi ; poste- riiis productà , suhrotundatà ; manjine inferiore subarcuato; siiperiore pri- mùm recto, dein arcuato, magisque decfivi; umbonibus snbanticis, parvis et prominulis , lunulam parvam, sub-excavatam circumdantibus : valvis con- centricè et irregulariter striatis. Dimensions. — Longueur 44 milL; hauteur 52; largeur 25; = (100 : 72 : 52). Description. — Coquille peu allongée, médiocrement ventrue; côté anté- rieur raccourci, obtus, donnant une coupe allongée cordiforme; côté postérieur prolongé, fortement comprimé, ce qui rend son bord tranchant; angle postérieur un peu arrondi; bord inférieur peu arqué, aigu; bord supérieur droit et peu déclive dans les trois quarts de sa longueur, arqué et plus déclive à l'extrémité. SomiTiets subantérieurs situés à l'union du quart antérieur avec les trois quarts postérieurs, assez petits, légèrement contournés en avant, un peu proéminents au-dessus du bord cardinal et circonscrivant une petite lunule assez profonde ; l'ouverture antérieure paraît nulle; la postérieure est étroite et tout à fait postérieure. Les valves présentent une quantité de fines stries d'accroissement très- légères et quelques rides plus fortes, entremêlées, mieux marquées vers la région antérieure. Rapports cl différences. — Celte espèce se distingue facilement des autres céromyes par ses sommets proéminents et la compression de son extré- mité postérieure. Localités. — Elle paraît assez répandue dans les couches jurassiques 148 DESCRIPÏIOIN DES FOSSILES inférieures, d'après Goldfuss et M. Roemer : le premier l'indique aussi dans le lias d'Altdorf. Notre échantillon provient du lias; nous l'avons trouvé entre Gorcy et Ville, dans le macigno d'Aubange. Observation. — D'après la remarque de M. Agassiz, l'espèce figurée par Zieten, tab. 64, fig. 1, sous le nom de Lutraria fjre(jaria , ne serait pas une Gresslya; du reste, elle est bien distincte de l'espèce décrite ci- dessus. 6. Ceromya LATiOR, AgassIz. {PI. XXU.fig. 2.) Gbesslv* LATIOR. Agâssii , Étud. crit. monogr., p. 210, pi. 13'', fig. 10-12, 12'', fig. 11-12. Lyo:«si.4 ABDi'CTA. D'Oi'b., 1830, Prodr., l,p. 274. C. testa transversà, inflatà, suhcuneiformi ; anticè breviore, obtiisà, cor- datd; posteriks productd , altd, compressd ; margine inferiore subreclo ; superiove convexo-declivi; uinbonibus anticis, antrorsàm subinmlutis, crasais, lunulam minus excavatam circumdantibus ; valvis concentricè leviter strialis. Dimensions. — Longueur 60 mill.; hauteur 42; largeur 52; = (100 : 70 : 50). Description. — Coquille très-inéquilatérale , renflée surtout dans la ré- gion des crochets ; côté antérieur obtus, raccourci, donnant une coupe cor- diforme légèrement allongée; côté postérieur prolongé, assez élevé, com- primé, angle inférieur-postérieur arrondi; bord inférieur presque droit, aigu et tranchant; supérieur convexe, arrondi, déclive à sa partie posté- rieure; sillon cardinal faible et peu oblique; sommets antérieurs, assez gros et peu enroulés, avec une petite lunule peu profonde; ouverture anté- rieure commençant sous les crochets et se prolongeant jusqu'au bord inférieur; la postérieure plus petite et n'occupant que l'extrémité. Valves très-finement striées longitudinalement. Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de la C. truncata, par son angle antérieur-inférieur plus prolongé, de sorte que les sommets sont moins antérieurs; elle est plus comprimée, et son extrémité posté- rieure est moins arrondie. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 149 Localités. — Cette espèce se trouve dans le calcaire de Longwy , aux environs de cette ville; 1\I. Agassiz l'indique dans l'oolillie inférieur du Wurtemberg et du département du Bas-Rhin. Observalion. — Cette céromye pourrait bien n'être qu'une variété locale de la C. iunulata, comme le remarque M. Agassiz lui-même; mais elle est constamment plus grande, un peu plus renflée et relativement plus allongée. Genre ASTARTE, Sowerby. Venus, Linn., Montagu, Blainv., etc. AsTAUTE, Sow., Desh., Fér., Goldf., Roem., De Kon., Nyst, etc. Crassinv, Lam. Testa aequivalvis , inaequilaleralis , dansa; cardo dentibus duobus diver- gentibus subaeqiialibus , validis in valvà dextrâ, antico minulo in altéra; ligamenium externam in latere lonrjiore; impressiones musculares très, quo- rum una minima posterior; impressio pallealis simplex. Animal peu connu. Coquille équivalve, inéquilatérale, close; charnière ayant deux fortes dents divergentes et à peu près de même grandeur sur la valve droite; sur la valve gauche une grosse dent et à côté une autre obsolète. Ligament extérieur sur le côté le plus long. Trois impressions musculaires sur chaque valve, deux latérales oblongues, simples; la troisième très-petite et postérieure, hupression palléale simple. Ce genre, nombreux en espèces fossiles, se montre pour la première fois dans les couches anthraxifères, se continue dans les formations sui- vantes et subsiste encore à l'époque actuelle. d. AsTARTE CONSOBRINA. (PI. XXII.fig. ô.) A. testa transversâ, subtetragonà , compressa; anticè rotundatâ, abbre- viatd : posticè productâ , compressa; umbonibus minutis, subanticis; lunulâ 150 DESCRIPTlOrs DES FOSSILES impressd; ureù cardinali, lanceolatù; valcis costis concentricis et irre(jula- rilnis ornatis. Dimensions. — Longueur 22 mill. ; hauteur 16; épaisseur 7; = (10U : 75 : 52). Description. — Coquille transversale, subtétragone, plus longue que haute, comprimée; côté antérieur très-court, à bord arrondi; côté posté- rieur allongé , compi'imé vers le haut par une dépression partant du sommet, bord tronqué obliquement, subarrondi; bords inférieur et supé- rieur à peine convexes, presque parallèles; sommets très-petits, dirigés en avant, presque complètement antérieurs; lunule ovale, allongée, plus ou moins déprimée et carénée sur les bords; aréa lancéolée, limitée par deux carènes aiguës. Valves munies de côtes concentriques peu régulières, nombreuses, (20-2o) séparées par des espaces à peu pi'ès égaux. Rapports et différences. — Cette espèce est voisine des A. subtetragona et striato-sidcata. Elle s'en distinguera facilement, par la position de ses som- mets, sa longueur relative, sa taille, ses côtes, et surtout la dépression postérieure. Localités. — Cette espèce n'est pas rare dans la marne de Jamoigne, où on la rencontre dans beaucoup de localités, Chiny, Izel, S'''-Cécile, La Cuisine, près d'Attert, etc. Observation. — Elle varie un peu quant à la longueur, à la régularité des côtes et à la profondeur de la lunule; plus souvent encore on la trouve accidentellement comprimée, de sorte que le sillon qui s'étend des cro- chets au bord postérieur s'affaiblit plus ou moins. 2. ASTARTE SUBTETBAGONA. (PI. xxn, fig. 4.) AsTARTE E.\tAV\TA. Goldf., IfjôO , Pctn-f, II , |). 100, |)1. 154 . fi;;. G ^c^clu.sis a. b.) — — Roem., 18Ô9 . Die f'crstein. Nacht., p. 40 (non Sow.) — SIBTETRAGOXA. Munst. in Roem., de Ast. génère, 1842. p. 15. — D'Orb.. 1 «30, Prorfr, 1. p. 'J55. A. testa convexâ, ovato-suhrhomboidali , anticè truncatâ ; tanbonibns an- DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. loi ticis; lunuldovali, marginatà; valvis costis regtilaribus acutis ornatis, inter- sfitiis dnplo latioribus. Dimensions. — Longueur 23 mill.; largeur 12?; hauteur 20; = (100 : 50? : 81). Descripliun. — Coquille convexe, ovale subrhoniboïdale , inéquilatérale; bord antérieur tronqué presque perpendiculairement ; bord postérieur arrondi; l'inférieur et le supérieur parallèles , presque droits; sommets antérieurs, aigus, inclinés en avant; lunule ovale, profonde, à bords relevés; aire cardinale étroite, lancéolée, terminée par des bords aigus, très-élevés; le ligament n'en occupe que la moitié. Valves ornées de côtes concentriques régulières, assez aiguës, séparées par des intervalles au moins deux fois plus larges, légèrement concaves. Rapports cl différences. — Cette coquille est très-distincte de r.4. excavata Sow. , par sa forme générale, par son bord supérieur beaucoup moins convexe, par sa lunule plus ovalaire, par ses côtes moins nombreuses. Goldfuss et M. Roemer lui attribuent des côtes séparées par des intervalles quatre fois plus larges qu'elles; nous les trouvons seulement environ deux fois plus larges, tels qu'ils sont très-bien représentés dans les figures c et d de Goldfuss. Nous en excluons les figures a et 6 que ce savant paléonto- logiste regarde comme de jeunes individus; c'est bien probablement l'^l. complanata , de M. A. Roemer, que Goldfuss donne comme synonyme, mais que F. Roemer, dans sa monographie du G. Aslarte, regarde comme bien distincte. Localité. — Celte espèce appartient au lias supérieur; nous l'avons rencontrée dans le calcaire subordonné à la marne de Grand-Cour, près de Ville, où elle est rare. Genre CARDTNIA , Agassiz. Mï\, Martin, Hoenighaiis, etc. Unio, Sowerby, Zieten, Roemer, Gol — Goldfiiss, 18-38, Petref., pi. 157, fig. 3, a, h, c, e (non d). TiiiGOSiA COSTATA. Ag., 1840, Étud. crit. monog., p. 33. pi. 3, fig. 12-14. — LIBIEOLATA. Ag., 1840, td., id., pi. 4 , fig. 1-3. — COSTATA. ScLmidt, 184G, /'(•«re/'.-^Hc/i, p. 97, pi. 39, fig. 3. _ — Desliayes, 1849, Traité élém. de conch., pi. 32, fig. 12-14. — — D'Oib., 1 830 , Prodr , 1 , p. 278. T. testa trigonâ, compressa; antkh inflatâ, truncatâ; posteriùs subp)-o- DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 17 i diictd, attenuatd; umhonihus subanticis , retrorsitm involutis; ared latd, reti- culatd, trkurinalà, can'nis lamelloso-tiiberculatis; valvis lonç/itudiiialiter costatis, cos/:, id., ici., pi. 123, fig. 4. — ODLOKGA. D'Oib., 1850, Prodr., I, p. 280. CucuLi.AEA — Desh. 1830, Trait, éléni. de conch., pi. 37, lig. 1, 2. À. testa ovaio-trapeziformi , fornicatâ; umbonibus antemedianis, valdè 180 DESCRIPTION DES FOSSILES distantibiis ; latere postico trimcalo, declivi, obtuso, carinato ; valvis striis con- centricis, Uneisque radiantibus (jeminalis crebris ornatis. Dimensions. — Longueur 48 mill.; hauteur 56; épaisseur 18; = (100: 75 : 58.) Description. — Coquille oblongue, trapéziforme, renflée, obtusément carénée et comprimée; bord antérieur arrondi; bord postérieur tronqué obliquement; bord inférieur presque droit; sommets légèrement anté- rieurs, très-distants chez l'adulte; aire cardinale marquée de 9 à 12 stries parallèles. Valves ornées de stries concentriques et de fines côtes rayonnantes nom- breuses, d'abord simples, puis bifurquées. Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de VA. elegans, Goldf., par ses côtes rayonnantes fines, égales et régulières. Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le calcaire de Longwy, près de Halanzy; on la retrouve dans les mêmes terrains en Angleterre, à Dundry (Sow.); en Allemagne, au Stuifenberg (Ziet.), à Rabenstein (Goldf.); en France, elle n'est pas rare en Normandie, à Dra- guignan (Var), etc., (d'Orb.). Observation. — Nous réunissons à cette espèce, VA. deeussata de Munster, qui ne s'en distingue que par la distance des crochets et les stries simples, caractères qui sont en rapport avec l'âge et la taille de la coquille. Genre PINNA. Jambonneau, Adanson. PiNNA, L. et Auct. ClUMAERA, Poli. OxïSMA et CuRVULA, Piafinesqiie. Testa subcornea, fibrosa, frayUis, recjuJaris, aequivalvis, transversa ; an- ticè umbone terminali recto acuta, posticè dilatata, truncata; cardo dorsaUs . linearis, edentulits; ligamentum marginale, elongatwn; impressio muscu- larifi postica magna, antica in nmbone vix conspicua. Coquille subcornée, fibreuse, cassante, régulière, équivalve, longitu- DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 181 dinale, pointue antérieurement, au sommet, qui est droit, élargie et souvent comme tronquée en arrière. Charnière dorsale, longitudinale et sans dents. Ligament marginal, occupant presque tout le bord dorsal de la coquille. Une seule impression musculaire très-large en arrière ; un indice de l'antérieure sous le sommet de la coquille. Animal ovale, allongé, assez épais; manteau ouvert en dessous, et sur- tout en arrière, oii il forme quelquefois une sorte de tube garni de cirrhes tentaculaires. Un appendice abdominal flabelliforme, subsillonné, et un byssus très-développé. Bouche pourvue de lèvres doubles, outre les deux paires d'appendices labiaux. Deux muscles adducteurs, l'un très-grand, submédian et subpostérieur; l'autre très-petit, inséré dans le sommet. Ce genre, peu nombreux en espèces, a commencé à l'époque carbo- nifère, et est arrivé jusqu'à l'époque actuelle, où il vit sur les rivages sablonneux. 1. PlNNA FISSA. (PI. XXVI, 6g. G.) PisNA PISSA. Goldf., 1838, Pffrp/"., pi. 127,fis. 4. — — D'Orb.,1830, Prodr., I, p. 233. « P. testa pyramidali, brevi, quadriqiietrà ; carind dorsalifissâ; striis con- centricis irregularibus. » Description. — Coquille de petite taille, de forme pyramidale, à quatre faces. Valves ornées de stries concentriques irrégulières, fortement flé- chies près du bord supérieur auquel elles deviennent parallèles en formant plutôt de légères côtes onduleuses; près du bord inférieur, on aperçoit quelques traces de stries rayonnantes espacées; la carène médiane des valves est fendue. Observation. — La fente de la carène n'appartient qu'à la partie interne du test; si la partie externe est fendue, cela nous paraît dû à un accident. Rapports et différences. — Cette espèce se distingue par son test plus lisse, presque sans trace de côtes rayonnantes, et par sa forme pyramidale élancée. Nous n'en possédons que des fi'agments de la grandeur de celui 182 DESCRIPTION DES FOSSILES que ligure Goldfuss; cependant nous ne croyons pas qu'on puisse la con- sidérer comme le jeune âge d'une autre espèce. Localités. — Nous l'avons rencontrée dans la marne de Jamoigne, dans cette localité. Goldfuss l'indique dans le grès liasique d'Altdorf. C'est sans doute par inadvertance que M. d'Orbigny la place dans son étage loarcien. 2. PlNNA SIMILIS. (Pi. XXVI, fig. 8.) P. testa pijrmnidali qiiacb'iquetrd ; valvis concentricè nndulato-sfriatis , ra- diathn costalis; coslis anyustis depressis, distantibus, irregularibus ; carind valvarum fissâ. Description. — Coquille de forme pyramidale, à quatre faces, un peu comprimée en arrière, mais offrant toujours une coupe rhomboïdale ; valves ornées de stries, ou plutôt de petites côtes concentriques onduleuses, tom- bant presque perpendiculairement sur le bord inférieur, fortement fléchies vers le haut et devenant parallèles au bord supérieur; et de quelques lignes rayonnantes ou côtes étroites, distantes, irrégulières, bien visibles près du bord, mais peu marquées sur le milieu des valves. Carène des valves fendue. Elle peut atteindre plus de 12 centimètres de long. Rapports cl dillérences. — Voisine de l'espèce suivante, elle s'en dis- tingue par une coupe rhomboïdale, déprimée en avant, comprimée en arrière; elle se sépare de la précédente par ses côtes rayonnantes et par l'ouverture de l'angle formé par les bords supérieur et inférieur. La fente de la carène paraît n'appartenir qu'à la couche interne. Localité. — L'échantillon décrit et figuré a été trouvé dans la marne de Jamoigne, à 3Iuno. 5. PiNNA HaKTMANNI. (PI. XXVI, Cg. 7.) l'iMisA Uartmanni. Ziet., 1830, //^«rt., pi. 55, lig. 5. — — Goldf., l8ô8,Pcfn/., pi. 127,fig. ô,«. — — D'Oib., 1850, Prudr., I, p. 218. P. lesta ovato-triangulari, acutâ;anticè quadriqitetrà, posticèconvexo-plavrî: DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 183 valvis concentricè striato-undulatis , radiatim costatis; costis angustis, de- pressis, distantibus , undulatis. Description. — Coquille ovale-triangulaire, aiguë, offrant en avant la forme d'une pyramide à quatre faces, comprimée en arrière et légère- ment convexe; valves marquées de légères ondulations concentriques, irrégulières, et de côtes rayonnantes, onduleuses, étroites, peu marquées et distantes. Observation. — L'échantillon unique que nous rapportons à cette espèce, est conforme à la figure de Goldfuss, 3, «; dans celle de Zieten, les côtes sont beaucoup plus fortes. II peut mesurer 11 à 12 centimètres de long. Localités. — Cette espèce a été trouvée à Hachy, dans la marne de Jamoigne. Zieten et Goldfuss la signalent en Allemagne, dans le lias infé- rieur de Vailiingen et de Goeppingen. 4. PlNNA DILUVIANA. (Pl.XXX,fis.2.) PiSKiTFS DiM'VusiisP Schlolh, 181G, Petref. PnxA Dii.tviAi«,i. Zielen, 1830, TFiirt., pi. 55, fig. fi, 7. — IIarthanki. Golilf., 1838 , Petref., pi. 127, fig. 5, h (partlm.) P. testa amplà, acutâ, pijratnidali, quadriquetrâ, posticè compressa ; valvis concentricè undulato-costatis ; costis radiantibus, angustis, distantibus sub- nodosis. Description. — Coquille de grande taille, présentant la forme d'une pyra- mide allongée à quatre faces, fort comprimée en arrière; valves ornées de côtes entrecroisées, les unes concentriques, fortement fléchies en avant près du bord dorsal, nombreuses et onduleuses; les autres rayonnantes, étroites, espacées, un peu irrégulières, comme noduleuses à leur intersec- tion avec les premières. — Moule lisse, ainsi que la couche interne du test. Elle dépasse 25 centim. de long. Observation. — Zieten a fleuré sous le nom de Pinna diluviana, Schl., o deux moules que Goldfuss réunit à la P. Ilartmanni; mais ils paraissent s'en distinguer par leur taille et par leur coupe postérieure rhomboïdale. i84 DESCRIPTION DES FOSSILES Nous réunissons sous ce nom plusieurs moules semblables, munis ou non de la partie interne du test, et un individu dont le test, bien conservé, nous offre de fortes côtes semblables à celles de la fig. 5, b, de Goldfuss, mais bien différentes de la fig. a et des individus que nous y rapportons. Ce- pendant ce dessin n'est guère différent de celui de la P. Ilarlmanni, de Zie- ten; et si celle-ci est bien la même que celle de Goldfuss, nous ne serions pas éloignés de réunir le tout, à l'exemple de ce savant. Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le grès de Luxem- bourg, où elle n'est pas bien rare, à Lasoye, Fontenoille, Étale; peut- être se trouve-l-elle aussi dans la marne de Strassen. Les individus de Zieten pi-oviennent du calcaire liasique de Yaihingen et Degerloch, près Stuttgard. 5. PiNNA INFLATA. p. testa amplâ, pyramidali quacbiquetrâ ; valvarum parte dorsali inflatd, convexâ; coslis radiantibus et concentricis decussatis; nucleo laevi. Description. — Coquille de grande taille; le moule a la forme d'une pyramide élancée à quatre faces, et les faces correspondantes à la moitié dorsale des valves* sont renflées et convexes, surtout en avant. Le test est muni de côtes entre- croisées, les unes concentriques et onduleuses, les autres rayonnantes, étroites, comme noduleuses ; sa face interne, conser- vée sur une partie de l'échantillon, montre des traces de côtes rayon- nantes, et des stries d'accroissement à peine visibles; mais les côtes ont disparu sur le moule. Elle atteint une longueur de 50 centimètres au moins. Différences. — Cette espèce nous a paru bien distincte de toutes celles avec lesquelles on pourrait la confondre de prime abord, par le renfle- ment convexe de la moitié dorsale de ses valves. Loccdité. — Elle a été trouvée dans les sables inférieurs du lias moyen, aux environs de Wolkrange ; on la retrouve dans la même couche, à Breux (France). DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. Genre MYTILUS, Linné. MïTiLus, Linn. MïTiLus , MouiOLA , Lam. Testa aeqnivalvis , inaequilaleruJis , tennis, oblonga , anficè acuta vel obtusa, bysso affixa; nmbones terminales vel subferininales ; cardo linearis saepissimè edentulus; ligamentum suUntermmi; impressio miiscularis antica minima, postica magna elongata; impressio pallealis intégra. Coquille équivalve, très-inéquilatérale, mince, régulière, oblongue, aiguë ou obtuse en avant, à peine bâillante pour le passage d'un byssus. Sommets terminaux ou presque terminaux. Charnière linéaire, le plus souvent sans dents; ligament longitudinal légèrement interne. Deux impres- sions musculaires, l'antérieure petite, la postérieure grande, oblongue, superficielle. Impression palléale entière. Animal pourvu d'un manteau ouvert sur presque toute sa longueur, simulant un siphon non extensible, garni de tentacules en arrière seule- ment. Bouche simple, non papilleuse en dedans, pourvue de deux paires de lèvres charnues, allongées. Pied long, linguiforme, canaliculé; un byssus à sa partie postérieure. Deux muscles adducteurs. Les moules ont commencé à paraître dans les terrains les plus anciens; on en trouve beaucoup d'espèces dans presque tous les terrains, mais c'est à l'époque actuelle qu'elles sont le plus nombreuses. Elles vivent en société, sous toutes les latitudes, fixées par leur byssus, ordinairement au-dessus des marées basses. 1 . MyTILUS fllLLANOÏDES? (PI. XXV, fig. 3.) Mttii.is I]ii.i.AKi:s. Goldf., 1858 , Pelref., pi. 1.30, fig. 8 (non Sow.). — UiLLAmoiDES. D'Oib., 1S50, Prodr.,\, p. -540. M. testa ellipticâ, cotwexd, concentricè striatâ; umhonibus terminalibus ; margine cardinali recto, brevi, latere inferiore convexo piano , in medio sub- compresso, anticè arcualo, brevi. Tome XXV. 24 186 DESCRIPTION DES FOSSILES Dimensions. — Longueur 40 mill.; hauteur 17; = 100 : 45. Description. — Coquille elliptique, Irès-inéquilatérale ; côté antérieur très-court, terminé par un bord arrondi; côté postérieur allongé; bord postérieur arrondi; bord inférieur presque droit; bord supérieur droit, court, et peu oblique vers les sommets, légèrement arqué en arrière. Sommets grêles, comprimés, presque terminaux. Valves striées concentri- quement, marquées d'une carène longitudinale obtuse, partant des som- mets et divisant les valves en deux parties, la supérieure convexe, l'infé- rieure presque plane, légèrement évidée vers le milieu. Rapports et différences. — Cette espèce, confondue par Goldfuss avec le .1/. Iiillanus de Sowerby, en a été sépai-ée par M. d'Orbigny; elle s'en dis- tingue bien par ses sommets moindres, et son bord cardinal beaucoup moins oblique en arrière des sommets, ce qui rend la coquille moins haute. Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le calcaire subor- donné à la marne de Jamoigne, à Muno ; peut-être aussi dans la marne de Strassen, à Frelange. Goldfuss l'indique dans les marnes basiques de Ockerhûtte. Observation. — Nous avons été longtemps dans l'incertitude pour savoir si nous devions rapporter notre espèce au M. Iiillanoïdes ou au M. scalpnim; la forme générale surtout nous a décidés pour la première de ces espèces. 2. Mttilus Terquemunus. (PI. XXV, Cg. 4.) SlïTitiJS Terquemiasics. De Ryckholt, 1850, fliél. paléont., p. 146, pi. 9, fig. ô, 4. {Mém. cour, de VÂcad. de Belij., t. XXIV; 1852.) « M. testa tenui, utrinquè amjusiaid, média dilatatâ, inflatâ, cjihhosà, sublaevi; latere palleali recto, compressa; latere liyamenti convexo; apice exiguo. » Dimensions. — « Longueur 19 mill.; par rapport à la longueur, épais- seur 0,51. » DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 187 Description. — « Coquille mince , un peu plus rétrécie du côté buccal que du côté anal, élargie au milieu, émoussée aux extrémités, renflée, gibbeuse; sa surface est couverte de flnes lignes d'accroissement ondu- leuses , inégalement espacées , qui se pressent vers l'extrémité buccale et font paraître cette partie légèrement ridée; région palléale droite, forte- ment comprimée et marquée d'une faible dépression arquée, qui longe d'abord la gibbosité dorsale et s'arrête avant d'avoir atteint le côté palléal; région du ligament uniformément convexe; crochets peu apparents. » Rapports et différences. — « Il suffira de comparer les figures que nous donnons de cette coquille à celle de l'espèce suivante et du M. bipartilus, Sow., pour reconnaître qu'elle est bien distincte de l'une et de l'autre. » Localité. — « Le M. Terquemiamis se trouve avec l'espèce suivante. » 3. MyTILUS PSILINOTUS. (PI. xsv,fig. s.) ilIïTiLCs psiLinoTts. De Ryckholt, 1850, Mél. paléont., p. 145, pi. 9, fig. 1 , 2. {iMém. cour, de l'Acad. de £ei(/., t. XXIV;1852.) « M. testa tenni, suharcuatù, eloncjato-ovali , (jihhosâ, valdè inaequilaterâ , laevi; latere huccali hrevi, amjusllore, obliiso; latere anali elomjalo, anticè obliqué rotundato; latere liyumenti inflato; latere palleali sinuoso, abrupte compresso; apice vix conspicuo. » Dimensions. — « Longueur 19 mill.; par rapport à la longueur, lar- geur 0,18; épaisseur 0,52; longueur du côté anal 17 Va mill. » Description. — « Coquille mince, légèrement arquée, allongée, un peu plus étroite en arrière qu'en avant, obtuse aux deux extrémités, gibbeuse et irès-inéquilatérale; sa surface, partagée en deux parties par une carène longitudinale, oblique et peu tranchante, renseigne de fines lignes d'ac- croissement inégalement espacées; on observe, en outre, deux plis assez marqués vers l'extrémité anale, et quelques rides vers le rétrécissement palléal, formées par l'accumulation des stries d'accroissement; région du 188 DESCRIPTION DES FOSSILES ligament renflée, région palléale sinueuse, fortement comprimée et dépas- sant les crochets, qui sont fort petits. » Rapports et dilférences. — « Si l'on compare notre modiole au Modiola hipartita, Sow., on trouve que les deux espèces ont les plus grands rap- ports; cependant la conformation du côté cardinal qui, dans la nôtre, se dessine en arc de cercle régulier, tandis qu'il est tronqué dans l'espèce de Jaunton, établit entre les deux espèces une différence assez notable; la compression palléale est aussi plus forte dans la nôtre. M. Sowerby ne mentionne pas non plus sur les moules qu'il décrit, l'existence d'une carène tranchante, si prononcée sur ceux de notre coquille; ces caractères, et quelques autres que la comparaison des deux figures fera aisément saisir, m'ont porté à la considérer comme espèce distincte. » « Son côté cardinal plus arrondi , son côté buccal plus rétréci , son côté palléal plus creusé, distinguent notre coquille du Mod. laevis, Roemer. » Loccdité. — « J'ai rencontré cette espèce dans les grès de Luxembourg, de l'âge du lias inférieur. » 4. Mytilus sub-parallelus , N. (PI. XSV, fig. 6.) i}J. testa elongatd, elUpticâ , utrinqitè rotundatà; margine inferiore recto, superiore subarcuaio; umbonibits subferminalibus, (jracilibiis; valvis concen- tricè striatis, infrà carinam médium obtusam plano-convexis , suprà convexis; dorso obtuso. Dimensions. — Longueur 50 mill.; hauteur 15; épaisseur 14; = (100 : 50 : 28). Description. — Coquille elliptique, très-allongée, non arquée; côté anté- rieur ti'ès-petit, atténué, terminé par un bord arrondi; côté postérieur très-allongé, arrondi et obtus; bord inférieur droit, bord supérieur très- légèrement arqué, droit et allongé à la région cardinale. Sommets grêles, comprimés, presque terminaux. Valves ornées de stries concentriques ou de plis peu marqués, partagées en deux parties par une carène partant DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. J89 du sommet, à peine arquée, obtuse, surtout en arrière; la partie inférieure est légèrement convexe, la partie supérieure l'est davantage, surtout en avant, où elle se réunit à celle de l'autre valve sous un angle très-obtus, ce qui donne à la coquille en cet endroit une coupe transversale ayant la forme d'un triangle isocèle dont les angles semblables seraient arrondis. Rapports et différences. — Cette espèce diffère du M. plicatiis, Goldf., par l'absence de plis et de courbure au bord cardinal, ainsi que par l'ensemble de la coquille; elle est fort voisine du 31. scalprum, Sow.; mais celle-ci est toujours plus ou moins arquée, parfois très-fortement, et le bord cardinal est beaucoup plus court. Localités. — Nous l'avons trouvée dans le macigno d'Aubange, à Bleid, à La Tour, à Aubange et dans les sables inférieurs du lias moyen, à Somme- Thonne; les moules ne sont pas rares, mais nous n'avons pas encore réussi à dégager un individu muni de son test. Certains fragments ont appartenu à des individus de 7 à 8 centimètres de long. S. MyTILUS GIBBOSUS. (PI. XXV, fig. 7.) niODiOLA GIBBOSA. Sow., iS\S , Min. conch., l. III, p. 19, pi. 211, fig. a. MïTLi.iTES MODioi.ATUS. Sclil., 1820, Petref., t. I, p. 300, n» 15. ItlODIOI.ITES PAPLARUS. Kiug, 1823, Urw., t. II, p. 440. MoDiOLA ci'XEATA. Ziet., 18.30, JP'urt., pi. 59, fig. 8. — Hii.i.AXA. Ziet., id., id., id., fig. 4. Mytii.cs GIBBOSUS. D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 340. M. testa ovato-reniformi , latere antico minimo, postico elongato, obtiiso; manjine siiperiore convexo, inferiore emanjinato; mnbonibus siibfermina- libus, inciirvis, promimilis; margine cardinali arcuato; valvis concentricè subtilissimè striatis, parte inferiore anticè ventricosâ; dorso carinato. Dimensions. — Longueur 44 mill.: hauteur 22; épaisseur 25; = (100 : 50 : 55). Description. — Coquille oblongue, réniforme; côté antérieur presque nul; côté postérieur allongé, terminé en arrière par un bord obtus; bord inférieur échancré; bord supérieur arqué; bord cardinal oblique, légère- 190 DESCRIPTION DES FOSSILES ment courbé, caréné. Sommets presque tei'minaux, saillants, recourbés en avant et en bas. Valves ornées de stries concentriques très-fines, mar- quées de deux dépressions longitudinales, l'une supérieure, commençant près du crochet et limitant la carène formée par le bord cardinal; l'autre inférieure, plus forte, atteignant le bord inférieur vers le milieu de la lon- gueur; la moitié antérieure de la valve paraît par là renflée, gibbeuse. Cette espèce est fort large; le maximum de largeur se trouve un peu en avant de la moitié : la plus grande hauteur est située un peu en arrière. Rapports et différences. — Elle se distingue de la Modiola cuneata, Sow., avec laquelle elle a été confondue, par son bord cardinal arqué, le côté inférieur sensiblement plus échancré et par sa partie postérieure plus épaisse, moins cunéiforme. Localités. — Cette espèce, qui n'est pas rare dans le calcaire de Longwy, àLongwyetau sud deHalanzy, se rencontre, dans le même terrain, dans un grand nombre de localités, en Angleterre (Bath) et sur le continent : Bayeux, Guirch, Niort, Geniveaux, (d'Orbigny), Stuifenberg, Braune- berg, près de Wasseralfingen (Zieten); Hildesheim, Dôrshelf, Eschers- hausen (Roemer). Genre LITHODOMUS, Cuvier. Mytilus (p.) , L. Brug., etc. Modiola (p.), Lam. Testa aequivalvis, inaecpiilateralis^ oblonga.hiflata, anticè ohtnsa, dansa; umbones suhterminales, invobili; cardo edenfiihis: Uyamentam lineare, exter- ninn; impressio muscularis antica parva, postica tnarjna oblonga; impressio pallealis inteyra. Coquille équivalve, très-inéquilatérale, allongée, oblongue, renflée, comprimée en arrière, obtuse en avant, fermée. Charnière sans dents, ligament linéaire presque externe. Sommets presque terminaux, contour- nés. Impressions musculaires au nombre de deux, l'antérieure petite, la postérieure grande, oblongue, superficielle. Impression palléale entière. Animal pourvu d'un manteau fermé seulement en avant, prolongé en DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 191 arrière en deux longs tubes extensibles, accolés, dont l'un, anal, est ouvert seulement à son extrémité, et l'autre fendu dans toute sa lon- gueur. Branchies en longues lanières, formées de filaments libres. Bouche munie de lèvres. Pied étroit, assez court, comme bilobé; un byssus en arrière sur une saillie spéciale. Deux muscles adducteurs. Les lithodomes paraissent avoir apparu avec les couches basiques; assez nombreux déjà dans les terrains jurassiques, ils le sont sui'toul dans les terrains crétacés et tertiaires; aujourd'hui, ils vivent principale- ment dans les mers chaudes et tempérées , au niveau des basses marées ou en-dessous, et perforent les pierres, les coraux, etc., en tapissant leur trou d'un tube calcaire plus ou moins prolongé. LlTHODOMtS WaTERKEYNI. (PI. XXHI , fig. 7.) L. testa valdè inaequilaterâ , ohlomjâ; anticè ohtvsâ, posticèproductâ. alla, compressa, rotundalà; manjine cardinall recto, ascendente, dein arcuato de- clivi; inferiore suharcualo ; umbonibus anticis, exiguis, subprominulis ; valvis concenlricè et reyulariter strialis. Dimensions. — Longueur 20 mill. ; hauteur 9 ; largeur 7 ; = (100 : 45 : 53.) Description. — Coquille très-iuéquilatérale, oblongue, presque cylin- drique à la partie antérieure, qui est obtuse; côté postérieur très-pro- longé, comprimé, arrondi à son extrémité; la plus grande hauteur se trouve vers le milieu de la coquille. Bord cardinal droit et ascendant jusqu'à la moitié de sa longueur; de là légèrement convexe et décbve ; l'inférieur très-faiblement arqué; sommets surplombant le bord antérieur, petits, ne formant qu'une très-légère saillie. Valves assez épaisses, présentant de très-fines stries d'accroissement et quelques sillons concentriques plus marqués, également ou inégalement distants les uns des autres, selon les individus. Rapports et différences. — Cette jolie espèce diffère du L. {Modiola) inclusus, Phill., par sa taille moindre, sa forme moins bombée, et une hauteur 192 DESCRIPTION DES FOSSILES relative plus faible. 11 sera plus facile encore de la distinguer des L. fu- bella et parasilictis, Deslongclianips. Localité. — Cette espèce se rencontre dans le calcaire de Longwy , au sommet du plateau où se trouve cette ville; elle n'y est pas commune, et se trouve dans des fragments d'astrées indéterminables. Genre LIMEA, Lamarck. Testa libéra, aequivalvis, inaequilateralis, convexa, auriculata, dansa; um- bones aequales, prom inentes, ared declivi separati; manjo cardinalis rectus, intiis utrinquè dentibus perpendicularibus vel diverçjentibus composilus; foveu cardinalis mediana; ligamentum internuin; impressio muscularis unica, sub- media)ia. Coquille libre , équivalve , inéquilalérale , convexe , auriculée , non bâillante. Sommets égaux, saillants , séparés par un espace incliné. Char- nière droite, formée de chaque côté, de dents perpendiculaires ou diver- gentes. Fossette cardinale médiane triangulaire , recevant un ligament interne. Une seule impression musculaire presque médiane. Ce genre, éteint aujourd'hui , ne compte encore que trois espèces, une du lias moyen, une bajocienne, et celle que nous décrivons. 1. LlMEA KONINCKANA, N. (Pl.XXVI,fig. 7.) L. testa obliqua, ovato-semicirculari , subtilissimè concentricè striatà ; costis radiantibiis 24-26, aciitis, trifariàm gi-anvlosis, sidcis conformibus; lunulà plana, costis (jranulosis ; munjine cardinali recto; utrinquè dentibus 4 exte- rioribus. Dimensions. — Longueur li mill.; hauteur 15; épaisseur 10; = (100: 106 : 78). Description. — Coquille peu oblique, de forme à peu près ovale- semi- circulaire, bombée, surtout près des sommets, le bord antérieur tombant très-rapidement. Valves ornées de stries concentriques très-fines et serrées" et de 24-26 côtes rayonnantes, aiguës, carénées, séparées par des sillons DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 195 égaux entre eux et aux côtes, à fond anguleux; chacune de ces côtes porte trois séries de petites dents ou granules nombreux, une sur l'angle , les deux autres sur le milieu de chaque côté. Lunule plane, portant G ou 7 côtes dentées sur le bord, de plus en plus petites. Oreillette antérieure un peu plus grande que l'autre. Bord cardinal à peu près droit, dépourvu de dents; mais, en dehors de l'angle des oreillettes, on compte, en avant et en arrière, quatre dents bien marquées, les antérieures obliques, les postérieures presque horizontales. La dent supérieure de chaque côté se trouve immédiatement à l'extrémité du bord cardinal. Observation. — La charnière -de cette espèce pourra peut-être servir à former un nouveau genre ; mais ce caractère n'a pas assez d'importance zoologique pour qu'il soit convenable aujourd'hui de la séparer du peu d'espèces que l'on connaît. Localités. — Cette espèce appartient à la marne de Jaraoigne ; on la trouve, mais rarement, à Jamoigne et à Termes. Genre LIMA, Bruguière. OsTREA, sp. Lin. Gla'jcion, Oken. Lima, Brug., Lam., Desh., Goldf., d'Orb. Plagiostoma, Sow., Ziet., Desh., Phill. Testa obliqua, aequivalvis vel suhaequivalvis , inaeqiiilateralis , auriculata , inter valvas anticè hians; umbones divaricati; cardo edentulus, fovea cardi- nalis partîm exlerna, ligamentum excipiens; impressio musctilaris unica , central is, tripartita. Coquille plus ou moins oblique, équivalve ou presque équivalve, auri- culée, bâillante en avant, à sommets antérieurs et écartés. Charnière lon- gitudinale et sans dents. Ligament presque extérieur, inséré dans une fos- sette en partie extérieure de chaque valve. Impression musculaire centrale, partagée en trois parties distinctes. Corps médiocrement comprimé, presque symétrique; manteau fendu Tome XXV. 23 i9i DESCRIPTION DES FOSSILES dans presque toute sa circonférence, très-ûnement frangé sur les bords, sans trace de siphon. Bouche munie de lèvres frangées et de deux paires d'appendices labiaux; pied rudimentaire, avec un byssus. Ce genre , très-nombreux en espèces , a commencé à être représenté dans le Muschelkalk, et s'est conservé jusqu'aujourd'hui, où on le rencon- tre dans les mers profondes. 1. Lima Hermanni. (PI. XXVII, fig. I.) Knorr, Suppl. V, d, n, 193 , flg. 3. Lima IIerjiassi. Voltz, in Ziet., KSÔO , Jf'urt., |)I. 51 , fig. 2. - — Golilf., 18-50 , Peiref., pi. 100, fig. 5. Plagiostoma HERmAïKi. Schmidt, 1840, Pitr.-Buoh, p. GO et 74, pi. 10, fig. 1. LiiUA Hebiuanni. D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 2-37. L. testa convexâ, semicirculari , antich trimcatâ; costis crehris, convexis, inaequalibus , interstitiis Uneatis, nonnullis latiorihiis; limulâ callosâ, hiante. Dimensions. — Longueur 11 cenlim. ; hauteur 14; épaisseur 6? = (100 : 127 : 5-4?). Description. — Coquille équivalve, de grande taille, convexe, subsemi- circulaire, à côté antérieur tronqué; sommets peu distincts; lunule dépri- mée, calleuse, légèrement bâillante. Valves marquées çà et là, surtout vers le bord, de fortes lignes d'accroissement, portant de nombreuses côtes rayonnantes, convexes, inégales, assez souvent alternes, parfois interrom- pues et déplacées par les anneaux d'accroissement, séparées par des interstices planes, inégaux, souvent plus larges que les côtes, et couverts de lignes rayonnantes plus ou moins fines. Observation. — Cette espèce est très-distincte par sa taille et ses orne- ments. Nos échantillons sont moins longs que celui que figure Goldfuss, et la lunule est déprimée, au lieu d'être presque plane, dans le seul indi- vidu oîi nous l'apercevions. Nous n'avons pas cru ces caractères suffisants pour autoriser la séparation spécifique de nos échantillons. Localités. — Cette espèce appartient à la marne de Jamoigne, où elle est j-are ; nous l'avons rencontrée au nord d'Étalé et près de Chiny. Eu Allema- DES TERRAIiNS SECO.^DAIRES DU LUXEMBOURG. i9a gne, on la rencontre à Boll, à Vaihingen et à Degerloch, près Stuttgard (Ziet.) ; en France, à Metz, et en Alsace, dans le lias moyen? (d'Orb.). 2. Lima Hausmanm. (PI. XXVll,fig. 3.) Lima Havsuanni. Dunk., 1844, in Menke's Zeitsch. fiir JITalak., p. 187. — — Dunk., ]S4ë,Palœoiaogr., I, p. 41, pi. 6, fi|;. 26. L. testa ovatû, convexâ, anticè declivi, concentricè striatâ, costisque 20-21 , radiantibus ornatù; cardinis murgine recto; auriculis parvis, inaequalibus. Dimensions. — Longueur 15 mill.; hauteur 15. Description. — Coquille de petite taille, ovale, médiocrement convexe; à bord antérieur déclive; lunule plane, striée, sommets médiocres , oreil- lettes petites , inégales , la postérieure la plus grande. Valves ornées de stries concentriques très-lines et très-serrées, et de 20 ou 21 côtes convexes, obtuses, séparées par des sillons de même forme. Rapports et différences. — Cette espèce est très-voisine de la suivante; elle se distingue par le nombre et la foi'me de ses côtes, et par l'absence de côtes intermédiaires. Localités. — Elle se rencontre, mais très -rarement, dans la marne de Jamoigne, à S'^-Cécile. 31. Dunker l'a trouvée dans le lias inférieur près de Ilalberstadt , où elle paraît tout aussi rare. 5. Lima fallax, N. (PI. XXVII, fig. 4.) L. testa ovatâ, convexâ, anticè declivi, concentricè striatâ costisque radian- tibus 20-22 obtusis notatù, siilcis intermediis conformibus lined notatis ; auri- culis parvis?... lunulâ pland striatâ. Dimensions. — Longueur 14 mill.; hauteur 14 mill. Description. — Coquille ovale, de petite taille, médiocrement convexe; bord antérieur déclive, le postérieur arrondi; lunule plane, striée; oreil- i96 DESCRIPTION DES FOSSILES lettes petites?.... Valves munies de stries concentriques très-nombreuses et très-fines, et de 20 à 22 côtes simples, égales, convexes-obtuses, sépa- rées par des sillons semblables dont le fond est occupé par une petite ligne saillante. Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de la précédente, ainsi que des autres qui l'avoisinent, par le nombre et la forme de ses côtes , et les lignes uniques qui se trouvent au fond des intervalles qui les séparent. Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans la marne de Ja- moigne, à Termes et à Jamoigne; elle y est très-rare. 4. Lima Omaliusi, N. (PI. XXVII.llg. 2.) L. testa ovatây convexâ, anticè truncatd; lumdâ magnâ , plano-concavâ ; striis concentricis , crebris, subtaniellosis; costis radiantibus 22-24 convexis , rugosis; interstitiis aequalibus plano-concavis , costd mtniind notalis. Dimensions. — Longueur 58 mill. ; hauteur 45; épaisseur 24; = (100 : 118 : Go). Description. — Coquille très-inéquilatérale, ovale, fortement convexe; côté antérieur tombant rapidement. Lunule grande, un peu excavée, marquée de stries d'accroissement et de lignes divergentes, dont les supé- rieures sont peu distinctes. Sommets — Valves munies de stries d'ac- croissement grossières , sublamelleuses , et de 22 à 24 côtes rayonnantes , simples, convexes, rugueuses, séparées par des intervalles presque plans, égaux ou un peu plus grands, surtout en arrière, que les côtes, et dont le fond est presque entièrement occupé par une côte intermédiaire, large, convexe, peu élevée et l'ugueuse. Rapports et différences. — Cette espèce est voisine des L. pectindides, duplicata, etc.; elle nous a paru distincte de toutes, soit par le nombre des côtes principales , soit par celui des côtes secondaires , et surtout par la grossièreté de ces ornements, due aux stries d'accroissement. C'est peut- DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 197 être la même que la L. Hctlamjiensis de I\I. Terquem , espèce que ce savant paléontologiste se propose de décrire prochainement dans son ouvrage sur les fossiles du grès d'Hettange. Localité. — Nous n'avons rencontré cette espèce qu'au nord d'Étalé, dans la marne de Jamoigne. 5. Lima plebeia, N. (PI. XSVIll,(ig. 1.) L. testa subconvexâ, suhsemicirculari , anticè truncatâ; hmulâ excavatâ; timbonibus parvis; avrkuUs parvis, inaequalibus; valvis concentricè subti- lissiinè striatis striisque nonnuUis, anticè et posticè divenjentibus punctatis ornatis. Dimensions. — Longueur 75 mill. ; hauteur 75 ; épaisseur 52 ; = (100 : 100 : 45). Description. — Coquille de taille médiocre, peu convexe, subsemi-cir- culaire, légèrement bâillante en avant; bord antérieur droit et déclive; sommets assez petits, mais saillants; oreillettes petites, inégales. Valves ornées de stries concentriques extrêmement fines et serrées, très-régu- lières, et de stries divergentes imperceptibles sur presque toute la sur- face, mais bien marquées, quoique étroites, en avant et en arrière, oîi elles sont finement ponctuées. La lunule, profondément excavée, est striée concentriquement. Rapports et différences. — Voisine de la L. punctata, Sow., elle s'en dis- tingue par sa forme peu bombée, sa lunule profonde et sa surface en grande partie dépourvue de stries divergentes ponctuées. Le test paraît souvent corné, transparent ou translucide. Quelques échantillons nous portent à croire que l'espèce ci-dessus pourrait bien être le jeune âge de la L. gigantea des auteurs; mais de nouvelles observations seraient néces- saires pour déterminer ce point. Localités. — Elle est commune dans la marne de Jamoigne, à Jamoigne, à Izel, à Chiny, à Muno, etc. i98 DESCRIPTION DES FOSSILES 6. Lima duplicata. (PI. XXX, fig. 3.) I'i,ACiosTO.«A DUPLICATA. Sow., 1826, Min. conch., l. IV, pi. 359, fig. 4,3,0. LiM.l — Rocm., 18-30, Oo/., p. 73. — — GoMf., 1 8-38 , Pi'tref., pi. 1 02 , fig. 1 1 . — — D'Orb., 1850, Prodr., 1. 1, p. 341. L. testa convexâ, obliqué ovatâ, anticè abmptè declivi ; costis 25-27 acutis, carinalis; sulcis conformibus lined orncilis; lunulà plana, striatd. Dimensions. — Longueur 35 mill.; hauteur 40; épaisseur 22 ; = (100 : 114 : 63). Description. — Coquille d'assez petite taille, convexe, inéquilatérale, oblique, subovale; côté antérieur tombant rapidement; valves ornées de 25 à 27 côtes aiguës, carénées, laissant entre elles des sillons semblables dont le fond est occupé par une seule ligne saillante; couverte, en outre, de stries concentriques très-fines et très-serrées, et de stries rayonnantes ordinairement moins distinctes. Lunule plane, ornée de stries rayon- nantes qui deviennent peu à peu des côtes semblables à celles du reste de la surface. Rapports et dilférences. — Cette espèce paraît bien distincte par le nombre et la forme de ses côtes et de ses sillons. Nous regrettons beaucoup de n'en posséder aucun échantillon certain du kelloivay-rock; mais, malgré la diffé- rence de gisement, nous n'avons rien vu qui en séparât nos individus, si ce n'est une plus grande taille. A la synonymie ci-dessus, il faut, sans doute, ajouter le Ptagiostoma duplicalum, Phill., Yorksli., 1829, pi. VI, fig. 2, du lielloiimj de Scarbo- rough; mais il est difficile d'y reconnaître l'espèce de Sowerby. MM. Mor- ris et Lycett [A monoçjr. of tlie mollusca fr. tlie great oolite, 1853, pi. II, p. 2G), donnent dans la synonymie de cette espèce, le L. allernicosta, Buvig. {GéoL de la Meuse, t. XVIII, p. 22, fig. 11-15) et le Plagiostoma pectinoïdes, Ziet. {Wurt., p. 92, pi. 69, fig. 2); mais celle-ci avec doute. Localités. — Elle se rencontre 1" dans la marne de Jamoigne, assez fréquemment à Jamoigne, à Termes, à Chiny, à Izel, à Muno; 2" dans le DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 199 grès de Luxembourg, à Guirsch; 5° dans la marne de Strassen, à Frassera, à Frelange; 4° dans le macigno (?); 5° dans le calcaire de Longwy, à Longwy. Sowerby l'indique dans l'oolithe corallien de Malton ; M. Roemer dans le lias et le dogc/er (oolithe inférieur) du Wurtemberg; Goldfuss, dans le lias, d'après deMiinster, et dans l'oolithe inférieur; tandis que M. d'Or- bigny la regarde comme propre au callovien, et la cite dans plusieurs localités de France, et en Angleterre, à Scarborough et à Ilackness, d'après Phillips. 7. Lima gigantea. (PI. XXVIII , Cg. 2, et pi. XXIX , Cg. 1.) Knorr. B, I, c, n, fig. 2. Encyclop-, pi. 238 , fig. 5, a, b. PlagiOSTOIia GiG/i:\TE«. Sow., 1814, Min. conch., t. I, p. 170, pi. 77. — SEUiLiNAnE. Lam., ÏSIO, Anim. sans vert. , t. Yl, p. \60. Cdamites lAEVis GiGAMEi's. Schl., 1820, Petref., p. 214, Suppl., pi. 34, fig. 2. PlagiOSToma GIGANTEA. Ziet., 1830, TT^urtemb., pi. ol , fig. 1. Lima — Desh., 1831, Coç. caracf., p. 74, pi. 14, 6g. 1. — — Roem., 183G, Oo?., p. 73. _ — Goldf., 1838,/'c(re/'.,t. II, p. 80, pi. 101,fig. 1. Pi.AGiosTOMA gigauteum. Scbmidt, 184G, Petr.-Buch, p. 60, pi. 16, fig. 2. Lima gigantea. Desh., 1849, Trait, de conch., pi. 40, fig. 1. — — D'Orb., 1850,Prodr., t. I,p. 233. L. testa magnâ, convexâ, tenui, subsemicirculari , anticè truncatâ, striatd,; sti'iis in medio evanescentihus ; lunulâ magnâ, callosâ, Mante; auriculis mi- nimis, inaequaUhxis. Dimensions. — Longueur 15 centim.; hauteur 18; épaisseur 9; = (100 : 120 : 60). Nos exemplaires sont beaucoup moins longs que celui que figure Gold- fuss , et l'angle que forment au sommet les bords antérieurs et l'oreillette postérieure est beaucoup moins ouvert. Ils se rapprochent davantage des figures de Sowerby et de Deshayes. Description. — Coquille de grande taille, assez mince, convexe, arron- die, obliquement subsemi-circulaire; crochets petits, peu saillants; bord cardinal presque droit, court, oblique à l'axe; oreillettes petites, l'an- térieure presque nulle, la postérieure légèrement sinueuse en arrière. Valves munies d'un grand nombre de stries fines, rayonnantes, inégales. 200 DESCRIPTION DES FOSSILES s'aiïaiblissant à partir des extrémités et disparaissant vers le milieu de la coquille. Lunule grande, subcordiforme, excavée, bâillante vers le baut, portant, surtout en dehors, quelques stries plus enfoncées que les autres. Localités. — Nous avons rencontré cette grande espèce dans le grès de Luxembourg? près de Stockem, et dans la marne de Strassen, à Wal- zingen, à Frassem, etc. D'après Sowerby, elle se trouve dans le lias bleu de Bath, Cardiff- Castle, Pickeridge-Hill; à Pocklington, et à Staithes, d'après Phillips, dans le lias inférieur et moyen. M. Desbayes la regarde comme répandue dans tout le lias. Zieten et Goldfuss l'indiquent dans le calcaire et le grès basique de Goslar, de Gôppingen, de Vaihingen, etc. M. d'Orbigny la cite dans le lias supérieur de Fontenay, de Thouars, de Brûlon, de Sémur; ce savant la regarde comme bornée uniquement à cet étage; mais c'est probablement à tort. En effet, les synonymes qu'il donne (Ziet. et Goldf.) n'en proviennent pas, le grès basique de ces auteurs n'étant pas toarcien. 11 est vrai que M. d'Orbigny indique dans l'étage sinémurien, sous le nom de L. edula, une nouvelle espèce trouvée aux environs de Luxembourg, voisine de la L. gigantea, mais lisse au milieu, striée aux extrémités; or ce caractère se voit très-bien dans les figures de Zieten et de Goldfuss ; et ce dernier dit : striis in medio evanescentibus. Sowerby, qui place aussi son espèce dans le lias inférieur, dit que les stries sont souvent peu distinc- tes , comme effacées. En résumé, si cette espèce n'est pas répandue dans tout le système basique, nous sommes portés à croire, malgré l'autorité de M. d'Orbigny, qu'elle appartient au lias inférieur. 8. Lima aciculata? {PI. XXIX,fig. s.) LisiA ACICULATA 1' Miinst., in GolJf., 1836 , Petref., pi. 101 , fig. 5. — — Roem., 18ÔG, Oo?., p. 77. « L. testa convexo-phmd, obliqué ovatâ, anticè truncatâ; costulis crebris, reqularibus , depressis ; stilcis anrjustis, pmiclatis; lunuld lanceolatd, exca- vatâ. >' DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 201 Nous rapportons à celte espèce , malgré la différence de terrain , une valve incomplète, trouvée à Fouche, dans le grès de Luxembourg. On voit distinctement la forme oblique, à peine convexe, et les stries étroites, distantes et ponctuées, queGoIdfuss a figurées. Il l'indique dans le Korallen- kalk de Nattheim et de Slreitberg; Roemer, dans le Coral-rag supérieur de Hoheneggelsen. 9. Lima punctata. (PI. XXX,fig. 4.) Plagiostoha pusctata. Sow., 1815, Min. conch., t. Il, pi. 113, fig. 1 , 2. — PUNCTATUM. Ziel., 1830, Tf'itrlemb., pi. SI , fig. 3. LlllA PUNCTATA. Goldf., IS.'G, Petre/:, pi. 101 , fig. 2. — — Roem., 1839, OoL, Siippi, p. 30. — — Des))., 1849, Tr. de Conchyl, pi. 49, fig. 2-5. — — D'Orb., 1 850 , Prodr., 1 , p. 30. L. testa convexâ, subsemicirculari , anticè declivi excavatd ; striis radian- tibus confertis ptmctatis. Description. — Coquille convexe , subsemicirculaire, bord antérieur tom- bant assez rapidement; oreillettes petites; lunule excavée. Valves ornées de stries divergentes nombreuses, plus serrées vers les extrémités , étroites et marquées de points enfoncés nombreux; les intervalles sont plans, par- fois dichotomes, munis de stries concentriques extrêmement fines. La lunule est striée concenlriquement et porte quelques lignes divergentes ponctuées. Rapports et différences. — Voisine des L. concentrica, plebeia, etc., cette espèce se distingue par ses stries étroites, ponctuées et répandues sur toute la surface. Localités. — Elle se rencontre chez nous dans la marne de Strassen, à Waltzing, à Bonnert et à Frelange; mais elle n'y paraît pas commune, et nous n'avons pu en trouver un individu complet. Elle appartient au lias inférieur d'Angleterre et d'Allemagne. Tome XXV. 26 202 DESCRIPTION DES FOSSILES 10. Lima semicircularis. (PI. XXX , fig. s.) Lima sehicirculakis. Goldf., iSôd , Petref., pi. 102, fig. 6. — — D'Orb., 1830, Prodr., 1 .1, p. 283 (non Morr. el Lyc, 1853, Moll. from tlie yreat ooL. pi. 3, fig. 5.) L. testa convexà, obliqué semicirculari , anticè truncatâ, lunuld plano-con- cavà; costuHs divergentibus , crebris, aequallbus, convexis; canalibus inter- stitiel tibus angiistioribus , concentricè confertim striatis. Dimensions. — Longueur 57 mill.; hauteur 57 mill.; épaisseur 51 miU. = (100: 100:55). Description. — Coquille de moyenne taille, convexe, inéquilatérale, obliquement semicirculaire ; bord antérieur déclive; lunule légèrement excavée; oreillettes petites. Valves ornées d'un grand nombre de petites côtes divergentes, égales , peu convexes, séparées par d'étroits sillons, marqués de stries concentriques fines et fort serrées. Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans le calcaire de FjOngwy, à Longwy. Si elle est commune, il est très-rare d'avoir le test. Goldfuss l'a trouvée à Nalthcim, dans le Corallenhalk (?) (bajocien, d'Orb.). En France, on la rencontre à Bayeux et à Moutiers , dans l'étage bajocien (d'Orb.). I î . Lima proboscidea , Sowerby. (PI. XXXI, fig. 1.) Knorr, lab. D, XI, n-lIG, fig. 1. Lima proboscidea. Sow., 1820, /Vm. concA , t. III, pi. 264. OsTBAciTES piîCTiJiiFORMis. Schl., 1820, Petref., p. 231 , n» 1. OsTREA — Ziet., 1830, Wurtemb., pi. 47,62. '• Lima proboscidea. Roem., 1830, Oo/., p. 78. — — Goldf., 1836, Petre/:, pi. 105, fig. 2. OsTREA PECTiKiFORMis. Schmidt, 1846, Pelref.-Buck , p. 95, pi. 38,fi(;. 1. Lima proboscidea. Desli , 1849, Tr. de conchyl., pi. 48, fig. 1-2. — D'Orb, 1830, Prodr., t. I, p. 282,312,341 et. 371. L. testa convexà, ovato-orbiculari , subaequilaterâ j concentricè latnelloso- ruqosâ; costis 11-14 convexis noduloso-tubuliferis, canalibus conformibus ; auriculis anterioribus simiosis hiantibus; lunulâ nullâ. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 203 Dimensions. — Longueur 12 cent.; hauteur 14. Description. — Coquille de grande taille, équivalve, presque ëquilaté- rale, ovale-orbiculaire , ou presque orbiculaire, dépourvue de lunule: oreillettes inégales, les antérieures sinueuses et bâillantes. Valves couvertes de stries concentriques lamelleuses, rugueuses, munies de 11-14 côtes convexes, noduleuses, portant de longs prolongements tubuliformes, el séparées par des sillons de même forme. Cette espèce est très-distincte de toutes les autres, et facile à recon- naître, quoique ses tubes soient presque toujours brisés. Localités. — Elle se rencontre dans le calcaire de Longwy, aux environs de celte ville, et à Ilalanzy. Quelques fragments, trouvés dans l'oolithe ferrugineux de la vallée de Couhny, semblent aussi s'y rapporter. On la trouve en Angleterre, à Clunch-Weymout, etc. (Sovv.); en Allemagne, dans l'oolithe inférieur, i^u Stuifenberg (Zielen), et dans le Coral-rag, près de Heersum et de Ilildesheim (Roem.). En France, elle se trouve dans l'étage bajocien, à Bayeux, Niort, Conlie, Avallon, etc.; dans le bathonien de S'-Au- bin de Nantua; dans le callovien de Poitiers, de Pizieux, de Lifol, etc.; dans l'oxfordien de Trouville , de Neuvizi , et d'autres localités (d'Orb). 12. Lima alticosta, N. (PI. XXVHI, fig. 3.) L. testa ovatd-lrifjond, convexe, anticè declivi, excavatd ; costis radiantihus crehris (42-46) aliis, dorsatis, interslitiis in fundo plano-concavis , concen- tricè strialis, inaequalibus. Dimensions. — Longueur 48 mill.; hauteur 46 mill.; épaisseur 52 = 100 : 94 : 68. Description. — Coquille de forme ovale-lriangulaire, oblique, convexe; côté antérieur fort déclive; oreillettes presque égales; lunule médiocre- ment excavée, ornée de stries concentriques. Valves munies de 42-40 côtes élevées, aussi larges ou plus larges sur leur bord libre que sur leur bord d'insertion, disparaissant sur les sommets (par usure?), séparées par des sillons inégaux, tantôt plus étroits, tantôt deux à trois fois plus larges 204 DESCKIPTlOrS DES FOSSILES que les côtes, généralement plus larges en arrière; leur fond est légère- ment concave, finement strié concentriquement. Rapports et différences. — Cette espèce avoisine les L. snicata et hjraln , Munster; mais elle s'en distingue très-bien par le nombre de ses côtes, la largeur des sillons qui les séparent, et sa forme générale. Il est à regretter que nous n'en possédions que deux valves; encore ne sont-elles pas en fort bon état. Localité. — Elle s'est rencontrée dans les assises inférieures du cal- caire de Longwy, près de llalanzy. Genre AVICULA, Klein. CoNCHA ALiFORMis, Giiallieri. AvicuLA, Klein, Brug., Cuv. , Desh., etc. AvicuLA et Meleagrina, Lam. — Margarita, Leach. — MoNOTis, Bronn, GolJfuss, Munster. Testa inaeqidvalvis, inaequilafera, plernmqiie tenuis, margaritacea, utrin- que producta; margo anterior valvae dextrae pro bijsso emarginatus; cardo transversiis, reclus, linearis, dentihus solitariisvel binis callosis, haud rare ob- soletis munitus: fovea oblonga triangrdaris , basi dilatata et canaliculala , liga- mentum semi-externum recipiens; impressio muscularis unica submediana. Coquille inéquivalve , ordinairement mince et nacrée , allongée des deux côtés en espèces d'oreillettes. Bord antérieur de la valve droite échancré pour le passage d'un byssus. Charnière transverse, droite, linéaire, munie d'une ou de deux dents ou callosités, fréquemment presque nulles; fos- sette oblongue, triangulaire, dilatée à la base et canaliculée, recevant un ligament semi-externe. Une seule impression musculaire presque médiane. D'après M. d'Orbignv, il y aurait une seconde impression musculaire, buccale , très-petite. Animal aplati; lobes du manteau séparés dans toute la longueur; bran- chies presque égales; bouche ovale, assez grande; pied conique assez long, vermiforme, portant un byssus grossier médiocrement développé. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 203 Ce genre, Irès-nombreux en espèces, se rencontre dans tous les ter- rains, et est encore représenté à l'époque actuelle, où il atteint son maxi- mum d'espèces; elles appartiennent aux pays chauds, et vivent à une cer- taine profondeur. I. AVICULA SINEMURIENSIS. (PI. XXVI, Cg. 4.) .4vrci:i,A iniAEQUivALVis. Sow., 1819, Min. conch., t. III, p. 78, pi. 944, fig, 2 (excl. var. a). — — Pliill.,1829, i'orAs/i.jpl. 14,fii;.4. — — Zieten, 18-îO, ff^urt., pi. ùjjfig. 2. — — Roem, 1836, Oo/., p. 80. — Goldf., 18.-8, Pftre/:, pi. 118, fig. 1. MONOTis — Schmidt, 1840, Petref. Buclt , pi. 28, 6g. 4. AvicuLA sijiEMURiE.vsis. D'Oib., 1850, Prodr., t. I, p. 219. A. testa ovald, sybobliquâ , convexd, inaequivalvi , alâ anticd obtusancjulâ ; posticâ falcifornii acutd; valvae sinistrae costis radiantihus 12-24 acutis, an- giistis, lineisque G-8 interstitialibus ; dextrd minore laevi, radiis marginatd. Dimensions. — Longueur 25 mill.; hauteur 22 = 100 : 88. Dcscriplion. — Coquille ovale, légèrement oblique, convexe, irès-iné- quivalve. Valve gauche ornée de stries très-fines concentriques, et de 12 à 24 côtes rayonnantes, aiguës, étroites dont les intervalles sont mar- qués de 6 à 8 lignes saillantes, inégales, presque alternes, et plus ou moins fortes. Oreillette antérieure petite et obtuse, la postérieure grande, aiguë et falcifornie. Valve droite moitié moindre que l'autre , lisse, portant seulement quelques faibles côtes rayonnantes sur les bords. Observations. — Cette espèce , considérée par Sowei'by et les auteurs qui l'ont suivi, comme une simple variété de VA. iuaeqinvalvis du Kellmvay- rock, en a été séparée avec raison par M. d'Orbigny, à cause des lignes rayonnantes intermédiaires qui la caractérisent; toutefois le nom aurait pu être mieux choisi, car nous avons rencontré cette espèce aussi dans le lias moyen, ainsi que Phillips et M. Roemer. Localités. — Cette espèce se rencontre : 1" dans le grès de Luxembourg, oii elle est assez rare, à Guirsch, à Gérouville, à Bergiwé, etc.; 2° dans la marne de Strassen, où elle paraît très-rare, à Wolberich près d'Autel- 206 DESCRIPTION DES FOSSILES Bas; 5" dans le banc de grès ferrugineux de Frelange et dans les sables inférieurs du macigno, à Ethe, à Houdrigny, à Wolkrange, à S">-Groix; et 4° dans le macigno, où elle est assez commune, à Aubange, à S'-Mard, à Bleid, etc. En France, elle paraît assez répandue, mais dans l'étage sinémurien seulement (d'Orb.), tandis qu'en Angleterre, elle se trouve dans le liasien [marsltone, Phillips); il en est de même en Allemagne. Goldfuss l'indique aussi dans rooHlhe ferrugineux. 2. AVICULA SUBSTRIATA. (Pi. XXVI, fig. 3. ) BIonOTis suBSTBiATis. MuDst., ia Leonh. lir., I. Il, [>. 8, 406. _ _ Ziet, , 18Ô0 , TP'urt., pi. G'J, fig. 9. _ — Goliir., 18ô7,Petrf/'., pi. 140, lig. 7. _ — Roem., 18-56, Oo/., p. 7ô. Avicui.A sLBSTiiiAT.A. D'Orb., 1830, Prodr.,l,p. 257. J. testa suhorhkidari subobliqud plano-convexâ, lineis radiantibus con- fertis subaequalibus niunitâ; aurkulâ obtiisanguld. Dimensions. — Longueur 100; hauteur 95; épaisseur...? Elle atteint plus de 2 centimètres de longueur. Description. — Coquille suborbiculaire, légèrement oblique, peu convexe, à sommets petits, aigus et recourbés, à oreillette obtuse. Valves ornées de nombreuses lignes rayonnantes, serrées, inégales, presque alternes. Localités. — Celte espèce se rencontre à Aubange, mais très - rarement , dans le schiste bitumineux qui forme la base de la marne de Grand-Cour; elle est plus fréquente dans les assises moyennes et supérieures, surtout dans le calcaire noduleux subordonné de beaucoup de localités. On la retrouve dans les couches correspondantes du Wurtemberg, de Hildes- heim, de Baireulh (Roemer), de Banz et d'Altdorf (Goldf.). Zieten l'indique dans un grès ferrugineux, à la partie supérieure du lias, à Wasseral- fingen; nous le regardons comme correspondant à notre oolithe ferrugi- neux de Mont-S'-3Iartin; d'un autre côté, M. d'Orbigny, en la citant à Nancy, la rapporte au lias moyen. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 207 5. AVICULA ECHINATA. (PI. XXVI, Os- 30 Aïicui.A ECniSATA. Sow., 1819, t. m, pi. 243. — — Smith, Sratigr. syst., p. 67. _ — — j'frato tdenf., p. 20, Cornbrasch, fii^. 8. _ _ Morr. et Lyc, 18y-j, Moll. from the great ool, p. 10, pi. 2, fig. 2, A. testa omfo-obliquâ; auriculis parvis aequaiibus; valvâ sinistrâ forni- catà, costulis suh-aeqtiaUbus radiantihus, interslitiisque teyulatls; valvâ dextrâ convexo-pland, obsolète radiathn lineatà. Dimensions. — Longueur 19 inill.; hauteur 25; épaisseur 7; = 100 : 150:37. Description. — Coquille ovale, peu oblique, Irès-inéquivalve, épaisse; oreillettes petites et égales. Valve gauche épaisse et ventrue, ornée de côtes rayonnantes faibles, nombreuses, inégales, n'atteignant pas toutes le sommet, croisées par de (lues stries concentriques, lamelleuses, rele- vées, surtout sur les côtes, en saillie tranchante. Valve droite à peine convexe, marquée de quelques lignes rayonnantes peu distinctes. Happons et différences. — Cette espèce est très-voisine de 1'^. tegutata , Goldf. ; mais sa valve droite est presque lisse, tandis que celle de l'autre espèce a les mêmes ornements que la valve gauche. Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans la partie supérieure du calcaire de Longwy, près de cette ville, et de Halanzy. Elle se trouve dans les couches correspondantes del'oolithe à Metz (Goldfuss); en Angle- terre, on la trouve depuis le Fullers-earlli jusqu'au great oolite. Genre POSIDONOMYA , Bronn. Inoceramus (sp) , Sow., Goldf., Phill. PosiDONiA, Bronn, Goldf., J. Sow., Phill., Roemer. PosiDONOMYA, Bf., Munst., d'Orb Testa subaequilatera , inaequivalvis, clausa. ovato-orbicitlaris, utrinquè 208 DESCRIPTION DES FOSSILES subauriculata , auriculis rotmidatis , non discretis; margo cardinalis linearis, callosus, canali infrà auriculam anteriorem extenso; umbones aequales, snb- mediani, subdeprcssi. Coquille ordinairement mince et fragile, ridée concentriquement, pres- que équilatérale, inéquivalve, close, ovale ou orbiculaire, légèrement au- riculée de chaque côté; auricules arrondies, peu distinctes. Bord cardinal linéaire, calleux, un canal s'étendant sous l'auricule antérieure. Sommets égaux, presque médians, légèrement déprimés. Impression musculaire arrondie vers le milieu du côté postérieur. Ce genre a commencé à paraître, sinon dans les couches siluriennes, au moins à l'époque dévonienne; il ne paraît pas exister après le lias. POSIDONOMYA BrONNI. (PI. xxx,fi'g. 0.) PosiDOMiA BrO^ki. Zielen, 1850, Wu«., pi. 57,fig. 4. — — Goldf., 18ô8,Ppfrf/'., t. II,p. 119,pl. llô,fig. 7. PosiDOi^oiiïA Br.oiiKi. D'Orb., 1830, Prodr., t. 1, p. 236. P. testa obliqué ovato-orbiculari , vel ovatà, fornicatà, auricidatà, tenui; costis concentricis convexis, interstitiisque conformibiis lineatis. Dimensions. — Longueur 9 mill.; hauteur 10; elle dépasse beaucoup cette taille. Description. ^ CoqmWe inéquilatérale, oblique, ovale-orbiculaire ou ovale, très-convexe, à test mince; oreillettes distinctes; sommets plus élevés. Valves munies de nombreuses côtes concentriques, convexes, on- duleuses, séparées par des sillons de même forme, finement striées paral- lèlement, ainsi que les sillons. Localités. — Nous avons rencontré celte espèce dans le calcaire subor- donné à la marne de Grand-Cour, à Lamorteau; elle paraît se trouver aussi dans le schiste à Grand-Cour. C'est une des coquilles les plus carac- téristiques du lias supérieur, où on la retrouve dans beaucoup de loca- lités d'Allemagne et de France. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMROURG. 209 Genre PECTEN, Bruguière. OsTREA, sp. Lin., Cuv... Pecten , Brug., Lam. et Auct. Amusium, Megerle. Pleuronectites, Schl. Janira, Sclium. Neithea, Droiiet. Pandora, Mulilenfeld. Chlamys, BoU. Testa libéra, regularis, inaequivalvis , aequilateralis vel subaequilateralis . aurkukda; margo cardinalis transversus , reclus, natihus contiguis; cardo edeniulus; f'ovea cardinalis penitiis interna, trixjona, liyamenlum recipiens. Coquille libre, régulière, inéquivalve, équilatérale ou presque équi- latérale, auriculée, à bord cardinal transverse, droit ou presque droit, à sommets contigus. Charnière dépourvue de dents; fossette cardinale trian- gulaire, recevant un ligament interne. Corps plus ou moins comprimé; manteau frangé, garni sur les bords de cils et de tubercules perlés, pédoncules, régulièrement espacés; bouche iransverse, à lèvres profondément frangées; cœur dorsal; anus dorsal et flottant; pied petit, rudimentaire, quelquefois byssifère; un muscle ad- ducteur. C'est un fort beau genre, très-nombreux en espèces et représenté à toutes les époques géologiques. \. Pecten testorius. (PI. XX\ll,fig. 2) Knorr , pi. n° 4 , B. 1 , fig. 3 , A. l'ECTEN TEXTORits. Sclil., 1816, Pctref., p. 220. — - Goldf., 18-33, Pf«re/'.,pl. 89,fig. 9. — — D'Orb., 1830, Prodr., t. 1 , p. 219. — Pbillis. D'0rl).,î6, p. 257. P. testa ovato-acutd, plano-convexâ , aequivalvi; costis crebris, subaeqnali- bus, minoribusve alternis, lineîs concentricis in costartim dorso confertis , Tome XXV. 27 210 DESCRIPTION DES FOSSILES noduloso-acutis ; auriculis magnis , inaequalihus , lamelloso-linealis , anteriore dexlrâ triradiatâ. Dimensions. — Elle atteint jusqu'à 7-8 centimètres de haut. Description. — Coquille équivalve, presque équilatérale , ovale-aiguë, à peine convexe; valves ornées de côtes rayonnantes nombreuses, presque égales ou alternativement plus fortes et plus faibles, et, en ce cas, sou- vent un peu rapprochées par paires; et de lignes concentriques serrées, relevées sur le dos des côtes en petits tubercules comprimés, aigus. Oreil- lettes grandes, inégales, portant des stries concentriques lamelleuses; l'an- térieure du côté droit munie de trois lignes rayonnantes. Observation. — Nous réunissons, au moins provisoirement, dans l'espèce de Goldfuss, les deux espèces que M. d'Orbigny a séparées, n'apercevant pas de différences suffisantes dans nos échantillons; malheureusement les individus du grès de Luxembourg et de la marne de Strassen sont presque toujours engagés dans la roche par leur face externe. Localités. — Nous avons rencontré cette espèce 1" dans le grès de Luxembourg, à Fouche, à Guirsch, à Lime, à Lasoye; 2" dans la marne de Strassen, à Waltzing, à Frelange; ô" dans le schiste de Grand-Cour, à Grand-Cour; A" dans le calcaire de Longwy, où elle est commune aux portes de cette ville. On la rencontre en Allemagne, dans le lias, à Amberg, à Altdorf (Goldf.); dans l'oolithe inférieur, à Streilberg (Goldf.) et à Willershausen (Roemer). M. d'Orbigny la regarde comme propre à l'étage sinémurien (P. textoriiis), à Pouilly, à Lyon, à Semur, etc. et au toarcien (P. PliiUis), a Fontenay, à Lyon, Sémur, etc.). :2. Pf.CTEN DISCIFORMIS. iPI. XXXI, lig. 3.) Pecte» DISCIFORMIS. Scliùbl. in Ziet., 1830, U'urtemb., pi. 53, fig. 2. — CORNEUS. Goldf., 1835, Petref., pi. 98, Cg. 11 (non Sow.). — DEUissiis. Coltll'., ib., ib., pi. 99,fis. 2 (nonPhill.). _ — Schmidt, 1846, Petref.-Buch, p. 89, pi. ôo, fig. 3. — DISCIFORMIS. U'OrI)., 1830, Prodr., t. I , p. 259. P. testa suhorbicidari , aeqnivalvi, aequilaterali , convexo-planâ ; valvis con- DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 211 centricè subtilissimè striatis; auriciilis mediocribus , subrectangulis , confor- mihusvel anticù valvae dextrae plicatd. Dimensions. — Longueur 49 mill. ; hauteur 50 = 100 : 10i2. Description. — Coquille presque orbiculaire, équivalve, équilatérale, Irès- légèrement convexe, mince, souvent un peu diaphane; valves ornées de stries concentriques extrêmement fines , marquées à l'intérieur d'un léger sillon latéral partant du sommet; oreillettes médiocres, presque rectangu- laires, semblables, ou, plus souvent, l'antérieure de la valve droite mar- quée de quelques lignes saillantes; bord cardinal, ordinairement droit, parfois un peu échancré, de manière que les angles extérieurs des oreil- lettes dépassent les sommets. Observation. — A l'exemple de M. d'Orbigny, nous croyons devoir réunir les P. corneus et demissiis, Goldfuss, la seule différence consistant dans la forme des oreillettes, et ce caractère ne paraissant pas très-con- stant. Localités. — Cette espèce appartient : 1" au grès de Luxembourg, à Bei- giwé, à Valansart, à Lasoye, etc.; 2° à la marne de Strassen, à Guirsch, à Waltzing, à Frelange; 5" aux sables inférieurs du macigno, à Weyler, à Belmont. En outre, un certain nombre d'individus, du calcaire de Longwy des environs de cette ville, nous paraissent devoir s'y rapporter. Ou la trouve en Allemagne, dans le grès et la marne liasique à Alldorf, à Baireulh, à Thurnau, et dans l'oolithe ferrugineux de Wasseralfingen. M. d'Orbigny la place dans le lias moyen, et l'indique en France, à Semur, à Langres,età Vieux-Pont (Calvados). 5. Pecten acuticosta. (PI. XXXI , fig. s ) Pectes acuticosta. Lam. , 1822, Jn. s. vert., t. VI, p. 180. — ACUTICOSTATUS. Ziet., 1830, Wurt., pi. 5ô,fig. 6. — ACUTICOSTA. Roem., 1856, Ool., p. 68. — — D'Orb., 1850, Prodr., 1. I, p. 237. P. testa ovato-orbiculari , subaequilatera , subaequivalvi, plano-convexà , 20- 212 DESCRIPTION DES FOSSILES 24 costatd, concentricè subtilissimè regulariterque lineatà; costis elatis, pcrii- cutis, anguslis, in valvâ dextrd obtusis; sulcis duplà latioribus, plano-eoncavis, auriculis inaequalibns, decussatis. Dimensions. — Longueur 42 milL ; hauteur 47 niill.; épaisseur 10 iiiill.: = 100 : 112 :24. Description. — Coquille ovale-arrondie, presque équilatérale, presque ëquivalve, peu convexe; portant de 20 à 24 côtes élevées, très-aigués sur la valve gauche, obtuses sur la valve droite, séparées par des sillons lé- gèrement concaves, deux fois plus larges, ornés de stries concentriques régulières, fines et serrées, à peine visibles sur le sommet des côtes. On compte, en outre, quelques faibles côtes ou lignes divergentes, surtout en arrière. Oreillettes inégales, striées concentriquement. Observation. — Cette coquille nous laisse quelques doutes sur sa déter- mination. L'espèce de Lamarck se distingue, selon M. d'Orbigiiy , par ses valves très-inégales ; ce n'est pas le cas ici ; celle que M. Roemer a décrite comme nouvelle sous le même nom paraît avoir les côtes semblables sur les deux valves. La nôtre paraît bien être celle de Zieten , sauf les stries plus serrées. Localités. — Elle a été trouvée dans le sable inférieur du macigno d'Âubange, entre Virton et Belmont. Zieten l'indique dans l'oolithe infé- rieur de Gamelshausen; Roemer, dans le lias à bélemnites de Kahlefeld, de Willershausen, et de Steinberg, près Mark-Oldendorf. 31 . d'Orbigny, qui la cite à Chevillé , à Brùlon, à Âsnières, la rapporte à l'étage toarcien. 4. PeCTEN AEQIJIVALVIS. (PI. xxxn, fig. I ) Pr.CTEK AEQUivAi.vis. Sow., 1816, Miii. conch., t. II, pi. 136, fig. 1. — - Ziet., 1830, TFurt., p. G8 , pi. 52, fig. 4. — — GoMf., \»ô5,Petref., p. 43, pi. 89, fig. 4. — — Roem., 1836, Ool, p. 67. — — Desh., 1849, Tr. de conch., pi. 30, fig. 7. — — D'Orb., 1830 , Prodr., t. I , p. 237. P. testa obliqué orbiculari, convexd, subaequivalvi , subtilissimè concentrick DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 213 striatâ; costis 19-21 aequaiihus, cunvexis; aukis luliorilnis, piano- concuvis; auriculis inaequalibus, lineatis. Dimensions. — 11 alteinl un diamètre de 7 pouces, d'après Sowerby; notre plus grand échantillon a 12 ou 15 centimètres. Description. - — Coquille orbiculaire , un peu oblique , subéquivalve , con- vexe; valves très-finement striées conceutriquement , munies de 19-21 côtes divergentes, égales, convexes, séparées par des sillons plus larges, légèrement concaves; oreillettes inégales, finement striées concenlrique- ment. La largeur des sillons paraît susceptible de varier beaucoup : Goldfuss les dit trois fois plus larges que les côtes; nous ne les trouvons pas deux fois aussi larges. Les stries disparaissent presque entièrement sur les côtes. Localités. — Il appartient au macigno d'Aubange, à Aubange, à Halanzy, à Ville, à Virton, etc. : on le trouve souvent à l'état de moule; plus souvent encore on ne trouve que des fragments de test. Sowerby l'a rapporté à tort à l'oolithe inférieur; tous les auteurs le placent dans le lias moyen. On le trouve en Angleterre, à Wilhby, en France, dans un grand nombre de localités, dans le Calvados, le Jura, l'Yonne, la Dordogne; en Allemagne, à Goslar, à Baireuth, à Alldorf, dans le Wurtemberg, etc. 0. Pecten articulatus. (PI. XXlX.iig. 3.) Pectuiites ARTicitATiis. Schl., 1820, T'cfrc/'., p. 227. Pectes — Goldf., 18ô5,Pe(rt/.,pl. UOjfig. 10. — — Roera., 18.50, Ooi., p. 68. — — D'Orb., iSr>0, Frodr., t. I , p. 284. P. testa ovato-acutâ, plano-convexd ; costis acutis, angustis, snbaequalibus , cingulatis, cimjulis acuminatis ; snlcis latiorihns, concavis, suhtilissiniè trans- versim striatis; auriculis inaequalibus , lamelloso-lineatis , costnlisque vinjatis. Dimensions. — Elle atteint au moins 6 centimètres de haut. Description. — ■ Coquille ovale-aiguë, à peine convexe; valves ornées de ^2ii DESCRIPTION DES FOSSILES côtes rayonnantes nombreuses, fortes, étroites, assez aiguës, entourées, de distance en distance, par de fortes lamelles perpendiculaires, triangulaires et presque pointues; intervalles concaves, plus larges que les côtes (deux fois plus larges, Goldf.); stries concentriques fines et nombreuses, bien marquées dans les intervalles, disparaissant ou à peu près sur les côtes; oieillettes inégales, ornées de lamelles concentriques et de côtes rayon- nantes simples. Happons et différences. — Cette espèce est fort voisine des P. texlonus, vimineus et sublexlorius , mais il n'est pas difficile de la distinguer par ses fortes lamelles perpendiculaires. Localités. — Nous n'avons rencontré de cette espèce que quelques fiag- ments sans oreillettes dans le calcaire bajocien de Longwy. Elle paraît appartenir à cet étage dans lequel on la rencontre en Allemagne, à Nat- theim (Gold., corallien?), et près de Hanovre (corallien? Roemer). M. d'Or- bigny la signale, en France, dans l'étage bajocien d'un grand nombre de localités, entre autres à Geniveaux (Moselle) et aux environs d'Avallon (Yonne). 6. Pecten Germaniae. (PI. XSlX,6g. 2.) Pectek annvlatus. Goldf., \>iô^,Petref., pi. 91 , fig. 2 (non Sow.). — — Rocm., 1836, Ool, p. 70. — Germaxi.c. D'Orb., 1850,Prodr., t. I, p. 314. P. testa obliqué ovato-orbiculari , convexd, lineis radiantibus subtitissimis . inaequalibus, arcuathn divergentibus , striis concentricis, distantibus inter- ruptis; auriculis inaequalibus , striatis. Dimensions. — Longueur 22 mill. ; hauteur 24 mill. = 100 : 110. Description. — Coquille ovale-orbiculaire, un peu oblique, convexe, ornée de lignes rayonnantes arquées, inégales, très -fines et très - peu marquées, très-rarement dichotomes, interrompues par des stries concen- triques à peine lamelleuses, médiocrement distantes; oreillettes grandes, inégales, marquées de stries concentriques et de quelques lignes diver- gentes très-faibles. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 21,^ Observation. — M. d'Orbigny sépare cette espèce du P. annulatiis , Sow. Effectivement elle nous paraît s'en distinguer par ses stries divergentes, bien plus nombreuses, ses oreillettes plus finement striées, et surtout l'absence de lamelles relevées, concentriques, qui sont remplacées par de simples stries, à peine lamelleuses. Localités. — Un échantillon a été trouvé dans l'oolithe ferrugineux, entre Keyl et Esch; un autre, à Longwy, dans le calcaire. En Westphalie, à Osterkappeln , dans l'oolithe (bathonien d'Orb.). 7. Pecten saturnus. (PI. XXIX, lig. 4.) PiscTEN SATUBJits. D'Orb , 1830, Prodr , t. I,p. 284. P. testa ovato-orbiculari , convexâ, subaequimlvi, costulis radiantihus , ar- cuatim divergenlibus, creberrimis, hinc indè dichotomis, striis interstitialibiis punctatis; auriculis inaequalibus , concentricè striatis, radiatïm punctato- striatis. Dimensions. — Longueur 21 mill.; hauteur 23 mill. Description. — Coquille subéquivalve, légèrement oblique, ovale-orbi- culaire, médiocrement convexe; valves ornées de fines côtes divergentes, arquées, très-nombreuses, rarement dichotomes, séparées par des stries marquées de points enfoncés; oreillettes inégales, l'antérieure rectangu- laire, sinueuse à la base, marquée de lignes concentriques peu saillantes, croisées par des séries divergentes, parfois dichotomes, de points enfon- cés , allongés : la postérieure paraît avoir été obtuse et petite ; mais nous n'avons pu en distinguer le dessin. Quand la partie extérieure du test a disparu, le reste est muni de stries concentriques très-fines. Rapports et différences. — Cette espèce diffère du P. arcualus de la craie par ses oreillettes et ses côtes divergentes , au moins trois fois plus nom- breuses. Localités. — Elle a été trouvée à la base du calcaire de Longwy, au sud 216 DESCRIPTION DES FOSSILES de Ilalaiizy. C'est probablemenl l'espèce de M. d'Orbiguy, laquelle paraît être comuiune dans le bajocien à Conlie, à Mamers, à S'-Maixent, à Géni- veaux, etc. 8. Pecten personatus. (PI. XXVlll, fig. 4.) Pecte!» PUMiHjS? Lam., 1819, Juim. s. vert., t. VI, p. 183. — PEnsosATts Gohir, 18Ô0, in Ziet., ir'urt., pi. 52, fig. 2. — PDMILDS? Desh., 1856, in Lam., Jnim. s. vert., -2' tclit., t. VII, p. IGl. — PEBSODIATIJS. GoMf, 1838, />f(rf/-., pi. 99, Gg. 5. — PARADO.vu.s? Munst., inGoldf., i6., pi. 99, fig. 4. — PUMILUS. D'Orb, 1830,/'ro(ir., t. I,p. 257. — PERSONATts? Mor. et Lyc, 1833, ilfoll. fr. rjreat ool., p. 1 1 , pi. 1 , fig. I'. P. testa aequilaterali, subaeqidvalvi, suborhiculari , subconiexâ , tenui; valvis interne custis rmUuntibus il -14 notatis, dextrà conceutricè subtilis- simè slrîatd , sinistrà concentricè striatd , radiatlm costulatâ; costis crebris, inaequalibus ; aiiriculis inaequaUbm , oblusuncjulis , concentriez striatis. Dimensions. — Longueur 13 mil!.; hauteur 14; = 100: 108. Description. — Coquille de petite taille, équilatérale, presque équivalve, peu convexe, suborbiculaire , mince; valves munies de 1 1 h 14 côtes internes rayonnantes, la droite lisse, ornée seulement de stries concen- triques extrêmement fines et serrées; la gauche munie de stries concen- triques un peu plus marquées que celles de la valve droite, et de petites côtes rayonnantes, nombreuses, inégales et inégalement distantes, ou par- fois presque alternes, les plus petites n'arrivant pas jusqu'au sommet; oreillettes inégales, obtuses, marquées de stries concentriques; la pos- térieure petite, l'antérieure grande, arrondie en avant, sinueuse à la base, l'angle antérieur-supérieur dépassant le sommet du corps de la coquille. On compte environ une trentaine de côtes, remarquables parleur irré- gularité : eu effet, elles diffèrent ordinairement de grosseur, de longueur et d'espacement; parfois plusieurs se succèdent assez semblables, d'au- tres fois elles alternent, ou bien elles sont rapprochées deux à deux, même sur une seule valve. Observations. — Quoique la figure de cette espèce donnée par Zieten ne DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 217 soit pas très-fidèle, et que Goldfuss ne cite pas cet auteur oîi son espèce a été décrite pour la première fois, il nous semble impossible de ne pas la considérer comme appartenant au P. persotiatus de Goldfuss. Le P. paradoxus, Mùnst., s'en distinguerait par une côte interne de moins, des stries concen- triques beaucoup plus faibles, et quelque différence dans les oreillettes; nous pensons cependant qu'on pourrait difficilement l'en séparer, malgré la différence de terrain : les ornements de la valve gauche de nos échan- tillons sont moins prononcés que dans la figure que Goldfuss a donnée de l'espèce que nous venons de décrire; ce rapprochement, d'ailleurs, est déjà indiqué par M. d'Orbigny. Le P. pianilus, Lam., est probablement la même espèce, mais il est trop imparfaitement décrit pour que nous puissions adopter ce nom. Nous sépai'erions volontiers l'espèce que MM. Morris et Lycett viennent de décrire, en la rapportant avec doute au P. personaliis. Localués. — Nous avons rencontré cette espèce tout à fait à la base du calcaire de Longwy, près de Grand-Cour et de Halanzy. Elle appartient à cet étage, où elle est mentionnée par Zieten à Wasseralfingen, par Goldfuss, dans la même localité, à Grœfenberg et à Besançon; et au lias supérieur, oîi Goldfuss l'a rencontrée à Banz, à Amberg, à Gundershofen. M. d'Or- bigny la rapporte à l'étage toarcien, et la cite à Saint-3Iaixent , outre les localités ci-dessus. Genre PLICATULA, Lamarck. Testa a/pxa, inaequivalvis , tnaequilateralis, inaiiriculata , apice attenuatu, margine infero rotundata, subplicata; nates inaequales; cardo dentibus duo- bus validis in utrâque valvâjfovea intermedia ligamentiim penitàs intermim recipiens; impressio muscularis unica, centralis. Coquille inéquivalve, inéquilatérale, non auriculée, épaisse, adhérente, rétrécie au sommet, arrondie et légèrement plissée au bord inférieur; sommets inégaux; charnière composée de deux fortes dents sur chaque valve, et d'une fossette intermédiaire recevant un ligament interne; une impression musculaire centrale ou subcentrale. Tome XXV. 28 218 DESCRIPTION DES FOSSILES Ce genre ;i paru pour la première fois lors de la formation du Mus- chelkalck de S'-Cassian, et s'est perpétué, toujours pauvre en espèces, jusqu'à l'époque actuelle , où il est représenté dans les mers d'Amérique. Plicatula spinosa. (PI. XXXI , fig. 4 ) Harpax. Park., 1811 , Or-?, rm, t. Ill, p. 221, pi. 12,fig.l4-18. Plicatula spisosa. Sow., 1819, ;)///(. conch., t. 111 , p. 79, pi. 243. — — Phill., 1829, YorUsh., pi. 14, fig. 15. Placuua kodulosa. Zitt., 18.30, /Furt., pi. 44. Plicatula — Roem., 1836, Ooi., pi. 74. — SPIKOSA. Goldf., 1807 , Petref., t. II, pi. 107, fig. 1. — TEGULATA. Miinst. in Goldf. , ifc., fig. 4. — SPIKOSA. Sclimidt, 1846, Pf(re/".-S!(c/i, p. 70, pi. 2ô,fig. 4. — — D'Orb., 1 830 , /'ro(Zr., t. I , p. 220 ? , 238. P. testa oblique ovali, iimhone a/fixa; valvd dextrd convexâ, sinistrâ plana, utrdque concentricè squainmosà , lamellis in spinas exeuntibus, cosfas nori- nunquâm ramosas efformantibus. Dimensions. — Longueur 50 mill.; hauteur 40; épaisseur 14 = 100: 154*: 47. Description. — Coquille plus ou moins oblique, ovale, élargie vers le bas, fixée par le sommet; valve supérieure plane, l'inférieure convexe, toutes deux ornées de côtes concentriques, écailleuses, portant de nom- breuses épines courtes, plus ou moins imbriquées, plus ou moins sail- lantes, dont la succession forme des plis rayonnants, irréguliers, souvent dichotomes, mais sans ordre. Observations. — Cette espèce varie notablement quant à ses dimensions relatives et à l'aspect de ses ornements ; tantôt les épines sont faibles et les côtes concentriques prédominent; tantôt c'est l'inverse, et les plis rayon- nants sont très-marqués; ceux-ci sont irréguliers et en nombre variable. Elle est surtout sujette à varier d'épaisseur. Nous y rapportons avec quelque doute l'espèce figurée par Zieten : les différences ne nous paraissent pas suffisantes pour l'en séparer. Mais faut-il DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 219 y réunir, avec M. d'Orbigny, les PL sarcinula et ventricosa ,Mïinst. {in Goldf.), auxquelles se rapporte peut-être l'espèce de Phillips? Localités. — Celte espèce caractérise la partie supérieure de l'étage du ma- cigno d'Aubange; on la trouve abondamment dans beaucoup de localités, à Aubange, à Ilalanzy, à Ville, à Grand-Cour, à Aix-sur-Cloix, etc. Sowerby l'indique dans le lias moyen et supérieur du Gloucestershire et du Nor- thamptonshire; l'espèce de Phillips provient du lias inférieur de Robin- 's-Hood-Bay, etc. Goldfuss la signale dans le lias inférieur de Baireuth et du Wurtemberg; Zieten, dans le lias moyen et supérieur, près de Pliensbach, de Gross-Eislingen; M. Roemer, dans le lias supérieur près de Goslar. M. d'Orbigny l'indique dans un grand nombre d'endroits du lias inférieur et du lias moyen de France; les localités susmentionnées du lias supérieur étant placées dans le lias moyen , il faut remarquer qu'il y réunit les qua- tre espèces décrites dans Goldfuss. Genre OSTREA , Linné. Osthea, Lin. OsTREA et Gryphaea , Lani. — — et ExoGïRA , Say. Testa afjixa, irr~ecjularis, inaequivalvis; umbones distantes, aetate valdè îm- jjares; cardo edentulus; fovea cardinalis liyamentum semi-internum recipiens, in valvâ iuferiore nunnunquàm lonyior, pariter atque umbo crescens. Coquille adhérente, irrégulière, inéquivalve, à sommets distants, deve- nant très-inégaux par l'âge; charnière dépourvue de dents; fossette car- dinale recevant un ligament demi-interne, quelquefois plus long sur la valve inférieure, et croissant avec le crochet. Corps comprimé, plus ou moins orbiculaire; manteau à bords épais, libres, rétractiles, pourvus de deux rangs de fllaments tentaculaires courts et nombreux; deux paires d'appendices labiaux triangulaires et allongés; un muscle adducteur subcentral. Ce genre, dont on retranche aujourd'hui beaucoup d'espèces que Linné 220 DESCRIPTION DES FOSSILES y comprenait, et auquel nous réunissons, d'après MM. Deshayes, d'Or- bigny et plusieurs autres savants, les gryphées et les exogyres, contient encore un grand nombre d'espèces dont la première a apparu à l'époque carbonifère (M. De Koninck); on en trouve dans tous les terrains plus récents, et un bon nombre vivent encore dans les mers actuelles. 1 . OSTREA IRREGULARIS. (PI. XXXI , fig. 3.) OsTBEA iRncGULARis. MUnst. in GoMf., 18Ô5, Pefrf/;, pi. 79 , fig. 5. — LAEViiscBLA. Miinst., ib., ib., fig. 6. — fACfi.A. Miinst., 18ÔÔ, ^nn<7., 525 (jeune). — SEMICIRCCI.ARIS. RoeDi., 18ô6, Ool, pi. 5, fig. 9. — iRREGiLARis. D'Oib., 1850, Prodr., t. 1, p. 2-58. — IMER.MEDIA. Terq. (Ms.), 1855. 0. testa admodùm variahUi, saepiùs concentricè lameUoso-striatà ; valvâ inferiore umhone vel ferè toiâ superficie sessili, lateribus ascendentibus ; valvà sicperiore plana vel siibconvexd. Description. — Coquille de forme très-variable, ovale-triangulaire, ovale ou arrondie, couverte de stries d'accroissement parfois très-fortes et lamel- leuses, parfois peu marquées; valve inférieure fixée par le sommet seu- lement, et alors médiocrement, ou même peu convexe, ou bien par une partie plus ou moins grande de sa surface, quelquefois presque par sa totalité; bords relevés également dans le jeune âge, tandis que, plus tard, le bord droit prend souvent plus d'accroissement, ce qui rend la coquille très-irrégulière; valve supérieure ordinairement convexe, surtout près du sommet, assez souvent plane, parfois même concave; impression du liga- ment triangulaire, striée transversalement, divisée en trois parties, dont la moyenne est la plus large. Observations. — A l'exemple de M. d'Orbigny, nous réunissons les 0. irre- gularis et laeviuscuta de Munster. Goldfuss les distingue par la surface lamel- leuse ou lisse, et la valve supérieure plane ou plane-convexe. Dans les nombreux individus que nous avons recueillis dans les mêmes couches et DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMROURG. 221 les mêmes localités, nous avons trouvé tant de variétés qu'il est presque impossible de distinguer par là deux espèces différentes. Quant aux sillons rayonnants signalés par Goldfuss, nous les avons vus si variables et si peu marqués, ce savant les dit si imperceptibles, que nous n'avons pu voir là de caractère spécifique. Les 0. semicircidaris et inlermedia ne sont que des variétés. Le test est parfois d'une épaisseur considérable, et, surtout alors, profondément lamelleux. Localités. — Cette espèce se trouve communément et quelquefois en grande abondance dans les couches liasiques inférieures de Belgique. Ainsi, nous l'avons trouvée dans le grès de Martinsart , en empreintes ; dans la marne de Jamoigne, au sud d'Attert, au nord d'Étalle, à Jamoigne, à Moyen, à S'^-Cécile, à Izel, etc.; et dans le grès de Luxembourg, à Lime, à Fouche, à Guirsch, à Gérouville, etc.; à Ilettange (Moselle). On la trouve encore en France dans le Cher et le Calvados ; M. d'Orbigny la place à tort dans l'étage liasien, contre l'opinion de Goldfuss et de M. Roemer, le premier la signalant dans les marnes «et les calcaires liasiques de Linz et d'Am- berg; le second dans les couches inférieures du lias. 2. OSTREA ARCUATA. (Pl.XXXU,fig.<,5.) Bourguet, 1742, Petref., pi. 13, fig. 92. Walcott, 1779, Desc. of. Petref. near Bath, p. 51 , fig. 34. Encycl., 1789, pi. 189. Grïphaea arckata. Lam., 1801, Syst. des an. s. v., p. 398. — — Park., 1811 , Org. rem., t. III, p. 209, pi. 59, fig. 4, — mcuRVA. Sow., 1813, Min. conch., t. II, p. 23, pi. 112, fig. 1 , 2. — ARCUATA. Lam., 1819, ^n. s. vcrf., t. VI, p. 198,0" 4. — iBiciKVA. Defr., 1829, Dict. des se. nat., t. XIX , 536. — ARCCATA. De BI., 1823, Malae., pi. 59, fig. 4. — isci'RVA. Ziet., 1830, Ifurtemb., p. 63, pi. 49, fig. 1. — ARCUATA. Desh. 1831 , Coq. caract., p. 98, pi. 12, fig. 4-0. — — Goldf., 1833, Petref., pi. 84, fig. 1,2. — — Roem., 1836, Ool., p. 02. — — Schmidt, 1840, fe/rp/'.-^îic/i, p. 01, pi. 18, fig. 3. OsTREA — Desh., 1849, Tr. de Co«c/i., pi. 30, fig. 8, 9. — — D'Orb. , 1 830 , Prodr., I , p. 220. X Gryphaea svii.i.A. Schl., Goldf., 1833 , pi. 85, fig. 3, a, b. 222 DESCRIPTION DES FOSSILES Grtphaga sl'ii.la. Roem., 1856, Ool., p. 03. — ovALis. ZieC, 1830, ^f'Mrtemft., pi. 49,fig. 1. ? — isciRVA,vap./ata. Zict., ib., ib., ib., fig. 2. 0 — ODLiQiiATA. Sow., 1813, Min. conch., 1815, t. Il, p. 24, pi. 112, fig. 5. — Mac-Cii.lochii. Sow., 1826, î6., t. VI, pi. 347, fig. 1, 2,3. — OBUQiiATA. Goldf., 18-34, Pctre/., t. II,pl. 85,%. 2. ~ LAEViuscuLA. Ziel., 1830, TFurtemb., pi. 49, fig. 4. 0. testa ovato-ohlonfjâ, valdè recurvâ , siibsymmelricâ ; apice obliqua, trans- versim riirjosd, milice sublohutd, sulco laterali dislinclo intrà apicem excur- rente ; umbone mayno, regulari, inturio; valvd superiore minimd, operculari, pland. Description. — Coquille épaisse, presque symétrique, ovale-oblongue , allongée, légèrement oblique; valve inférieure grande, fortement et ré- gulièrement arquée, presque lobée latéralement par un sillon, ordinaire- ment bien marqué, partant du crochet; crochet pointu, incliné fortement en dessus et plus ou moins en avant, contourné, portant ordinairement une très-petite surface d'adhérence; insertion du ligament triangulaire, étroite, trilobée, finement striée en travers; impression musculaire arron- die; surface extérieure couverte de stries d'accroissement ridées, lamel- leuses, surtout chez les jeunes individus, tandis que, chez les vieux, ce sont des sillons irréguliers, sinueux dans la dépression latérale. Valve supérieure petite, aplatie, operculiforme, irrégulièrement oblongue, peu épaisse, légèrement concave en dehors; bord supérieur tronqué, épaissi à la surface d'insertion du ligament, qui est triangulaire, non trilobée, circonscrite par un sillon ; impression musculaire petite, arrondie ; surface extérieure couverte de stries concentriques lamelleuses; bords un peu épaissis, coupés perpendiculairement. Variétés. — Nous y réunissons , comme simples variétés , à cause des passages, les formes suivantes : Var. a suilla Schl. Elle est caractérisée par sa forme plus ou moins orbiculaire, son test mince et surtout par la petitesse de son sommet, qui est légèrement oblique et tronqué. Nous y rapportons la G. ovalis, Ziet. , que M. d'Orbigny considère comme synonyme de l'O. cijmbium. Var. fi. obtiqiiata, Sow. Cette variété se distingue du type par une dé- DES TERRAINS SECONDAIRES DE LUXEMBOURG. 223 pression latérale à peine marquée, et surtout une obliquité prononcée. Localités. — Cette espèce est assez répandue dans les couches liasiques inférieures du Luxembourg. Nous l'avons rencontrée 1° dans la marne de Jamoigne, à Florenville, àlzel, à Muno, etc.; 2° dans le grès de Luxem- bourg près de Belmont, à Gérouville et à Lime; 5" dans la marne de Strassen où elle est commune à Waltzing, à Bonnert, à Guirsch, à Fre- lange, etc. La variété a se trouve surtout dans la marne de Strassen. L'O. arcuata est une des espèces les plus répandues et les plus carac- téristiques du lias inférieur, dans lequel on la rencontre dans un grand nombre de localités de France, d'Angleterre et d'Allemagne. 5. OSTREA CYMBIUM. (PI. XXXni, fig. 1 , 2; pi. XXXIV, fig. 1.) Knorr, 17G8, Petrcf., 2' part., B, 1 , d, pi. 20, fig. 7. Encyclopédie, 1789, pi. 189,%. 1, 2. Grtprae* CY.UBULA. Lam., 1801 , .Çj/s*., p. ô98. — CTMniu.M. tam., 1819, y/ft. s. uerï., t. VI, p. 198,n° 3. — GiCAi«T£A. Sow., 1823, Vl/in. coricA., t. IV, p. 127, pi. 391. — DEPRESSA. Phill, 1829, Yorksh., pi. 14, fig. 7. — Mac-Cui.locqii. Ziet.,48ô0, TFurt., pi. 49, fig. 5, a, b, c. — CTMBiu.li. Desh., 1831 , Coq. caract., p. 90, pi. 12, fig. 1 , 2. — — Goldf , 1 830, Petref., pi. 84 , fig. ô , 5. — — Roem., 18.30, Oo/., p. 60. OSTREA — D'Orb., 1 850 , Prodr., t. I , p. 238. Gryphaea lobata. Buv., 1853, Géol. de la 3Ieuse. 0. testa ovato-oblongâ vel suborbicidari ; valvâ superiore concavâ, con- centricè striatâ; inferiore naviculari, concentriez lineatâ et striatâ; sulco laterali infrà apicem excurrente; umbone magno, involuto vel unciformi. Description. — Coquille de forme très-variable, ordinairement ovale- oblongue, mais parfois large et arrondie, souvent presque équilatérale, rétrécie vers le sommet; valve supérieure épaisse, concave, striée con- centriquement ; valve inférieure épaisse, naviculaire, plus ou moins pro- fonde, à bords amincis, lamelleux, à sommet développé, plus ou moins recourbé en haut et en avant, au-dessus de la valve supérieure, sans la toucher; surface d'adhérence de largeur variable, quelquefois à peine 224 DESCRIPTION DES FOSSILES visible; surface extérieure marquée de stries concentriques lamelleuses, portant un sillon latéral plus ou moins fort, souvent indistinct, n'attei- gnant pas le sommet. Observations. — Cette espèce varie beaucoup, surtout par sa largeur et par son crochet; parfois ovale-allongée, elle peut devenir presque circu- laire ; non-seulement le crochet varie de direction en même temps que la coquille devient plus ou moins inéquilatérale, mais encore sa courbure est plus ou moins forte , sans que jamais il atteigne la valve supérieure qu'il dépasse; enfin, la convexité de la grande valve est fort variable. Rapports et diljerences. — Les nombreuses variétés de cette espèce pour- raient quelquefois la faire confondre avec l'O. arcuata et l'O. dilatata ; on la distinguera de la première par son épaisseur moindre, surtout près du crochet, qui n'atteint jamais la valve supérieure, et par le sillon latéral, toujours moins marqué et disparaissant avant d'atteindre le sommet. On ne la confondra pas avec la seconde, en observant qu'elle est souvent moins large et moins épaisse vers la région du crochet, et que le bord antérieur n'est jamais autant dilaté. Le G. lobata, Buv. ne nous paraît être qu'une variété, de même que la G. depressa, Phillips. * Localités. — Cette espèce se rencontre chez nous dans le lias moyen, depuis le sable inférieur jusqu'à la partie supérieure du macigno d'Au- bange; on la trouve dans le sable, entre Virton et Belmont, aux environs de S''- Croix, à Somme-Thonne, etc.; dans le schiste d'Aubange, près d'Ethe; dans le macigno, à Aubange, à Ilalanzy, à Virton, etc. D'après M. d'Orbigny, on la trouve en France dans le lias moyen du Calvados, du Cher, des Deux-Sèvres, de la iMoselle. Sowerby l'indique à Ilminster,dans l'oolithe inférieur (probablement lias moyen), tandis que M. Phillips la dit commune dans le lias moyen. En Allemagne, Goldfuss la cite dans le lias moyen à Banz, à Baireuth, à Altdorf , etc. D'un autre côté , M. Roemer l'indique dans le Coral-rag près de Heersum; M. Deshayes, dans l'oolithe supérieur et, d'après M. Brongniart, dans l'argile de Dives? DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 225 4. OSTREA POLYMORPUA? (Pl.XXXlV,fig. 2.) Gryphaea poi.thorpha? Munsl. in Goldf., 1835, Pelref., pi. 86, fig. 1. OSTREA — D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 283. 0. testa, tenui, suborbiculari , dextrorsùm dilatatâ , unduluto-strialà ; valvâ inferiore umbone minore, lobo laterali indistincto; superiore orbicu- lari, concavà, lamellosâ. Description. — Nous rapportons à cette espèce des coquilles suborbicu- laires, minces, un peu dilatées à droite; à valve inférieure munie d'un crochet très-petit, très-peu saillant, à bords légèrement dilatés et lamel- leux près du sommet, assez régulièrement convexe, légèrement ondulée, striée; à valve supérieure arrondie, concave extérieurement, lamelleuse vers les bords, à talon coupé presque perpendiculairement. Observation. — Nous avons toujours trouvé les deux valves séparées. Rapports et différences. — Voisine de YO. dilatatâ, elle s'en distingue par sa forme, son test beaucoup moins épais, à bord beaucoup moins dilaté, et par son crochet très-petit, à peine recourbé. Localités. — Cette espèce s'est rencontrée dans l'oolithe ferrugineux de Mont- S'- Martin, à Mont-S'-Martin, à Piedmont et à Coulmy (Moselle). Goldfuss l'indique dans l'oolithe de Streitberg; M. d'Orbigny, àMamers, à Geniveaux, dans l'étage bajocien. 5. OSTREA PHAEDRA. (PI. XXXV, flg 1.) OsTREA PHAEDRA. D'Orb., Prodr., t. I , p. 283. 0. testa tenui, inaequilaterali ; valvâ inferiore convexâ, oblique ovato-tri- gonâ, siiblamellosà , posticè sulco laterali ab umbone excurrente lobatâ; um- bone recurvo; valvâ superiore subtrigonâ, tenui, marginibus incrassatis , lamellosis , posticè plicato-lobatâ. Coquille assez mince, inéquilatérale; valve inférieure convexe, pro- ToME XXV. 29 226 DESCRIPTION DES FOSSILES fonde, obliquement ovale-triangulaire, presque lisse? sublanjelleuse , à bord inférieur épaissi; crochet médiocre, mais très-recourbé en haut et en arrière; une dépression postérieure prononcée part du sommet et dé- termine une sorte de lobe; impression musculaire presque carrée. Valve supérieure triangulaire-arrondie, fort mince, à bords coupés perpendi- culairement et épaissis, surtout au talon; surface extérieure fortement concave, marquée de stries divergentes, interrompues par des ondula- tions concentriques, lamelleuse près des bords, relevée en ariière par un pli très-marqué, partant du sommet, et déterminant un petit lobe légère- ment concave. Observation; localités. — Nous croyons pouvoir rapporter à celle espèce deux valves inférieures trouvées dans l'oolithe ferrugineux de Mont-8*- Martin, dans la vallée du Coulmy, non loin de Longwy ; et une valve supérieure trouvée à Piedmont, dans la même couche. M. d'Orbigny l'in- dique dans l'étage bajocien, à Moutiers, à S'-Maixent , à Draguignan, etc. 6. OSTREA SANDALINA. {PI.XXX,fig. 7.) OsTRACiTES SE5SILIS? Schl., Petref., p. 2Ô7 (part.). OsTREA SASDALiiiiA. GoM., 18-34, Petref., pi. 79, fig. 9. — — Roem., 1836, OoZ., p. fil. - — D'Oib., 1850, Prodr., t. 1, p. ô7.>). « 0. socialis testa variahiU, ovatd vel oblomjâ, tenui, umbone antrorsùm vel retrorsùm incurvo; valvd superiore undulato-rugosd , inferiore lateribus undulato-striatd , umbone vel lotd superficie sessili. » Description. — Coquille sociale de petite taille, mince, de forme très- variable, arrondie, ovale ou oblongue , adhérente par toute la valve infé- rieure , par une partie plus ou moins grande de sa surface, ou seulement par le sommet; valve supérieure ondulée, rugueuse, l'inférieure ondulée- striée sur les bords, à sommet très-variable, recourbé en avant ou en arrière. Rapports et différences. — Cette espèce est peu distincte de l'O. irrefiutaris; DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 227 elle s'en sépare cependant par sa taille toujours plus petite et par la min- ceur de son test. Localités. — Les individus que nous y rapportons ont été trouvés dans le calcaire de Longwy , près de celle ville , à Romain et à Cosne (Moselle). Goldfuss l'indique jj Hildesheim et à Goslar, dans l'oolitlie inférieur, et à Slreitberg, à Graefenberg, h Thurnau, à Osterkappell et à Lûbke (dans le même terrain?). Roemer rapporte ces localités au CoraZ-ra^ supérieur (sans doute à tort : son Coral-rag ne nous paraît pas correspondre exactement à celui des auteurs); il la mentionne, en outre, à Knebel, au Golgenberg et à Wendhausen, et dans l'oolithe inférieur, au pied du Golgenberg. M. d'Orbigny, qui cite M. Roemer, n'indique aucune de ses localités, et place celles de Goldfuss dans l'oxfordien, terrain dans lequel il cite cette espèce à Neuvizi (Ârdennes). 7. OSTREA. ACUMINATA. (PI. xxxn , fig. 6.) OSTBEA ACUMINATA. Sow., Min. coHch., 1818, t. II, p. 82, pi. lôS, fig. 2, 3. ^ — — Roem, 18.d9, Oo/., SH/)p/., p. 26, pi. 18, fig. IC. — — D'Orb., 18S0, Prodr., 1. 1, p. .31.3. — — Mor. el Lyc, 183-3, 3Ioll. from great oolite , p. 3, pi. 1 , fig. 1. 0. testa tenui, ovato-oblongâ , lateraliter subarcuatâ, apice acuminatâ, umbone afpxâ ; valvâ superiore plano-concavâ , laevi, marghiibus sublamel- losis, mferiore convexâ, laevi, suhtmdulatâ , marginibus acutis; umbonibiis subaequalibus. Dimensions assez variables. — Longueur 15-20 mill.; largeur 6-10. = 100 : 40-50. Description. — Coquille de petite taille, mince, de forme ovale-oblon- gue, plus ou moins arquée, fixée par le sommet, qui est rétréci. Valve supérieure yjlane ou légèrement concave dans sa plus grande partie, convexe près du sommet; impression du ligament large, enfoncée dans son milieu; impression musculaire ovale-arrondie, située au-dessus du milieu et en avant. Valve inférieure peu profonde; bord antérieur droit ou, plus souvent, concave; bord postérieur ordinairement subsemicircu- 228 DESCRIPTION DES FOSSILES laire; impression du ligament plus ou moins triangulaire, striée trans- versalement avec une dépression médiane; impression musculaire arron- die, située comme dans l'autre valve; surface d'adhérence plus ou moins petite; sommets des valves presque égaux. Toute la surface est lisse; les anneaux d'accroissement ne forment que de légères stries onduleuses, à peine visibles; les bords de la valve infé- rieure sont minces et tranchants; ceux de l'autre valve, un peu épaissis, sublamelleux. La courbure de la coquille dans le plan des valves, ordinai- rement bien marquée, l'est parfois fort peu, et la coquille est presque équi- latérale; la courbure dans le plan perpendiculaire est le plus souvent nulle. Localités. — Commune dans le calcaire de Longwy, aux portes de cette ville, au moins dans les marnes sableuses subordonnées, elle se retrouve aux environs de cette ville, à Cosne, à S'-Pancré, etc. Elle se rencontre en Angleterre dans le fullcrs-eartli d'Ainhoe, etc. (Sow.) et dans le great oolite (Mor. et Lyc); en Allemagne, dans un calcaire ferrugineux (batho- nien?), à Wetbergen (Roemer); en France, à Plame (Jura), à Marquise (Pas-de-Calais) et à Nantua (Ain) (d'Orbigny); d'après ce savant, elle caractériserait l'étage bathonien. 8. OSTREA MaRSHU. (PI. XXXIV.fig. 3.) Knorr, ^-5ô , Petrcf., pi. 8,D,S; n'ÔT.D,!. Encyclopédie , 1791, pi. 183, fig.6-I]. OsTREA Dii.uviAKA. Pârk., 1811, Org.rem., 1. 111, pi. 13,fif;. 1. — itlAR.SHii. Sow., 1814, Min. conclt., t. I, pi. 48. — FLiiBELLOÏDES. Lam., 1819, Jn. s. vert., t. VI, p. 213. OsTBACiTES CRiSTA-GAi.1,1. Sclil., 1820 , Pcfrc/"., S. 242. OsTREA «ARSnii? Pbill., 1829, Vorlish., pp. 112, 116, 125. — FLABEI.LOÏDE.S. Ziel., 1 850 , «^'«rt., pi. 40 , fig. 1 j et 47 , fig. 3? — MiKSHii. Goldf., 1834, Petrcf., pi. 73. — — Roem., 183G, Ooi, p. 38. — SPiKuSA. M., id., id., pi. 3,fig. 3. — MARsnii. .1. Sow., 1837, Trnns. geol. Soc. of London, 2'sér , t V, p. 328; pi. 22, fig. 9. — — D'Oib., 1830,/>rorfr., I,p. Ô42,et375. 0. sitbsolitarid, testa subaequivalvi , ovato-trigond , convexo-planà , crassd; pUcis magnis, inaequalibus. acutis, subiiitbricatis. DES TERRAIINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 229 Description. — Coquille de grande taille, le plus souvent solitaire, sub- équivalve, ovale-triangulaire, souvent pourvue d'un appendice rugueux au côté antérieur près du sommet, très-épaisse, généralement plus haute que longue. Valves présentant des plis irrégulièrement divergents, sim- ples ou divisés, en nombre variable, commençant tantôt au sommet, tantôt à quelque distance, très-forts, inégaux, tranchants, séparés par des sil- lons anguleux; parfois légèrement arrondis, moins élevés et plus nom- breux, mais toujours se relevant au bord inférieur, où ils se terminent en dents aiguës et épaisses, engrenées avec celles de l'autre valve. Des la- melles d'accroissement, plus ou moins nombreuses, rendent les plis plus ou moins imbriqués. Les dimensions respectives sont variables, ainsi que la forme, qui est ovale, triangulaire ou allongée. Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de VO. subcrenata, (0. crenata, Goldf. non Gmel.) par ses plis plus nombreux et inflniment plus forts et plus tranchants. Elle est facile à séparer des autres. Localités; observation. — Nous avons rencontré quelques individus dans le calcaire de Longwy, près de cette ville. Sowerby indique cette espèce dans le calcaire de Bedfort; mais dans le catalogue ajouté par M. Agassiz à sa traduction française de la Minerai conchologij , elle se trouve rapportée à l'oolithe inférieur de l'Vorkshire. Phillips la mentionne dans l'argile d'Oxford, le corn-brash , et le grand oolithe {(jraij limestone). Zieten a figuré, sous le nom d'O. flabelloides, Lam., deux variétés provenant de Was- seralfingen et du Stuifenberg, localités qui appartiennent à l'oolithe infé- rieur. M. d'Orbigny, n'admettant VO. Marshii que dans les étages callovien et oxfordien , rapporte la première à YO. Marshii dans l'étage callovien de Wasseraltingen et dans l'étage oxfordien de Wasseralfingen et Stuifen- berg; il rapproche la seconde de VO. subcrenata, Gold., sp., dans l'étage bajocien de Stuifenberg; mais il a omis de remarquer que Zieten dit expres- sément que ces deux variétés ont été recueillies dans les mêmes couches sablonneuses de l'oolithe inférieur de ces localités. Goldfuss indique cette espèce à Rabenslein, à Graefenberg, à Banz, à Wasseralfingen, et en Suisse (non pas à Schvveiz, comme on l'a dit), dans l'oolithe ferrugineux inférieur. M. d'Orbigny replace ces localités dans l'étage callovien (sauf Banz qu'il 230 DESCRIPTION DES FOSSILES ne cite pas). En France, ce dernier savant la cite à Villers (Calvados), à Cliaumont (Haute-Marne) età Virieux (Sarthe); ainsi qu'en Angleterre, dans l'Yorkshire, et dans l'Inde orientale; et à Neuvizi (Ardennes), à Grouville (Calvados), à Wagnon (Ardennes) dans l'étage oxfordien. Ainsi il paraît constant que cette espèce passe de l'étage bajocien à l'oxfordien; car, si l'on veut élever des doutes sur notre détermination, toujours est-il que Goldfuss et Zieten indiquent l'espèce dans l'oolithe inférieur, et M. d'Or- bigny reconnaît que c'est bien celle de Sowerby, et, implicitement, que celle de Zieten est bajocienne. Genre ANOMIA, Bruguière. Anomi,\ (part.), Mull., L., etc. Anomia, Brug. et aiict. EciiioN et EciiiODEHMA , Poli. Testa irregularis , inaequivalvis , operculo adhaerens, rotundata, tenuis vel pelhicida. Falva dexira affixa, plana vel concava, umhone emaryinaio vel perforato operculum plerionque testacenm excipiens. falva sinistra siipe- rior, libéra, convexa. Cardo edentiilus ; ligamenhim brève, hnpressio pal- lealis intégra; impressio muscidaris tripartita. « Coquille irrégulière, inéquivalve, operculée, adhérente par son oper- cule, plus ou moins arrondie, assez mince et souvent translucide. Valve droite fixe, plane ou concave, munie d'un trou ou d'une écliancrure près du sommet pour recevoir une pièce operculaire calcaire ou cornée. Valve gauche supérieure, libre, entière, convexe. Charnière sans dent; ligament court et épais. Impression palléale entière; impression musculaire divisée en trois parties. Animal irès-déprimé, ayant les bords du manteau libres et ciliés, recou- vrant un double rang de branchies; anus libre. Pied rudiraentaire, pédon- cule, dilaté à l'extrémité. Muscle adducteur divisé en trois faisceaux , dont le plus fort passe par un trou ou une écliancrure de la petite valve pour se fixer aux corps sous-marins par une pièce operculaire. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 231 Ce genre, tel qu'il a été limité par Bruguière, ne paraît pas avoir paru avant le lias; ses espèces sont peu nombreuses et difficiles à caractériser, comme le sont si souvent les coquilles fixes. Anomia pellucida, Terquem. (Ms.) A. valvâ sinistrd depressâ, suborbiculari , concentricè striatâ ; margine cardinali recto; umbone marginali. Dimensions. — Elle atteint près de 4 centimètres de longueur. Description. — Coquille mince, presque circulaire; valve gauche très- déprimée, marquée de stries ou de légères ondulations concentriques, tronquée à la région cardinale; sommet marginal peu marqué; valve droite inconnue. Nous en avons trouvé quelques individus fixés à la face interne des valves d'une Pinm; on voit sur presque tous trois petites saillies inégales qui sont, sans doute, les impressions musculaires, quoique leur grandeur relative et leur position ne paraissent pas bien constantes. Localités. — Nous l'avons rencontrée à Étalle, dans le grès de Luxem- bourg; nous l'avons reconnue dans la collection de M. Terquem dont nous acceptons le nom; ses échantillons viennent d'Hetlange. 252 DESCRIPTION DES FOSSILES MOLLUSQUES BRACHIOPODES. Genre LINGULA. Brug. Patellae (sp.) , Linn. , Gmel. PiNNA (sp.), Chemnilz. LiNGULA, Bnig. , Lam., Cuv., etc. MïTiLDs(sp.), Dillvvyn. Testa inaequivahis, aequilateralis , ovata, vel oblonga; valvae plus mmùsve convexae, tenues, umhones versus saepiùs aciiminalue, infernè explanatae , edentulae; wnhones plus mmàsve prominuli , minuti , pedunculo carnoso affixi. Animal déprimé, ovale ou plus ou moins allongé, compris entre les deux lobes d'un manteau fendu dans toute sa moitié antérieure ou cépha- lique, et portant des branchies pectinées adhérant à sa face interne; bouche simple, ayant de chaque côté un long appendice tentaculaire, cilié dans tout son bord externe, et se rétractant en spirale dans la coquille. Coquille inéquivalve (une valve plus convexe que l'autre), équilatérale, ovale ou allongée, le plus souvent terminée en pointe vers les sommets, élargie sur la région palléale, dépourvue de charnière; valves réunies par les muscles adducteurs, attachées aux corps sous-marins par nn long pédi- DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 233 cule musculaire, sortant entre les sommets; la grande valve légèrement échancrée à cet endroit pour sa sortie; bras charnus, sans support écail- leux ; deux impressions musculaires sur Tune des valves, quatre sur l'autre; structure cornée, couverte par un épiderme. Ce genre, peu nombreux en espèces, commence à paraître dans les terrains primaires, se continue dans les formations subséquentes, et pos- sède encore quelques représentants à l'époque actuelle. 1. LmCULA SACCULUS, N. (PI. XXXV, fit; 4.) L. testa ovato-ohlonrjâ , svhconvexâ; margmibns umbones i^ersùs acumi- iiatis , froide roluiidato; wnhonibus acutis ; tmlvis conceiitricè strialis ; striis irreijvlarihns y subtinchilatis , hiteraliter majoribns. Dimensions. — Hauteur 20 mill. ; largeur 11; épaisseur 4 (?) = 100 : 55 : 20. Description. — Coquille équilatérale , en ovale acuminé vers les som- mets, assez convexe, la plus grande épaisseur se trouvant vers le centre de la coquille; bords latéraux régulièrement et faiblement convexes, se continuant sans foi-mer d'angle avec le bord frontal , qui est arrondi ; les bords latéraux acuminés en se rapprochant des sommets, et formant entre eux un angle droit; les sommets sont aigus, saillants, dépassant le bord marginal , un peu renflés vers la ligne médiane de la coquille. Valves peu épaisses, striées sur toute leur surface; stries fines, irrégulières, un peu onduleuses, plus fortement marquées vers les régions latérales, qui, par là, semblent couvertes de fines côtes. Rapports et dijjëirnces. — Cette espèce se rapproche de la L. Voltzii, Terq.; elle s'en distingue par sa forme générale plus arrondie; d'autre part, M. ïerquem dit que la L. Voltzii est lisse près des bords cardinaux, tandis que la L. sacciilus est striée là comme ailleurs; une autre diiférence consiste dans l'angle que font les bords cardinaux, manifestement obtus dans la première, droit dans la seconde. Tome XXV. 30 234 DESCRIPTION DES FOSSILES Localité. — Celte espèce se trouve tantôt par valves isolées , tantôt la coquille entière. Nous l'avons rencontrée dans le macigno d'Aubange, au nord-ouest de Bleid, dans des blocs exploités comme pierres à paver. Les valves présentent une couleur brune fortement teinte de violet. 2. LiNGULA LONGO-VICIENSIS. (PI. XXXV. Gg. 5.) LiNGl'LA LONGO-viciENSis. Terqueni, 1851 , Bull, de la Soc. geol. de Fr., Il' série, t. \lll, p. 12. L. testa ovatà, subdepressd , laterihus fronteque arcuatis; umbonibus mi- nimis , subprominulis ; valvis concentricè tenemmèqtie striatis , ferè pellu- cidis. Dimensions. — Hauteur 5 mill.; largeur 5 ; épaisseur (?). Description. — Coquille équilatérale, en ovale régulier; bords latéraux convexes et régulièrement arqués dans toute leur étendue; bord inférieur ou front, également arrondi, et se continuant avec les bords latéraux sans former d'angle, comme dans plusieurs autres espèces; sommets extrême- ment petits, faisant à peine saillie au-dessus du bord cardinal. Valves minces, pellucides , légèrement déprimées, marquées sur toute leur sur- face de stries d'accroissement fines, égales, souvent interrompues , mieux marquées vers les bords latéraux. Rapports et différences. — Les autres lingules basiques, la Voltzii, Terq. et Melensis, Terq., sont bien plus grandes que la Longo-viciensis , et leur forme est moins régulièrement ovalaire. Localités. — « Cette espèce se trouve en très-grande quantité, par valves isolées, dans des blocs calcaires de la partie moyenne du lias; elle accompagne le Monotis siibstriala, les Ammonites commiinis, hifrons, Baqiii- niamis, à Gorcy, à Rodange. •< (Terqueni.) Les ammonites précités ne se trouvent, en Belgique, que dans la marne de Grand-Cour, qui appartient bien, dans la division géologique que nous avons suivie, au lias supérieur. Nous avons rencontré la L. Longo-viciensis dans le schiste bitumineux ex- ploité à Grand-Cour. Nos plus grands échantillons mesurent 5 millimètres. M. Terquem dit DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 255 qu'elle arrive rarement à 10 ; elle passerait facilement inaperçue, à cause de sa petitesse, si sa couleur blanche éclatante ne la faisait trancher for- tement sur la teinte sombre des feuillets schisteux. Genre SPIRIFER , Sow. Anomia , L. Lister. Anomites, Martin, Wahlenb. Terebratulites et Hïsterolithes, Schl. Spirifer, Sow., Defr., De Buch, De Mûast, De Kon. CuARisriTEs, Fisch, Delthïris, Dalilm., Kloeden, Goldf., Keferst., Roemer. Cyrtia, Daim., Br. Tricoxotreta , Kœnig, Br., Sandberg. Terebratlla, Lani., Fér., Bi.,Desli., Nyst. Productus (part.) , Desli., Nyst. Spirifera, Piiillips. Spirifer, Spirifera, Spiriferina , etc., d'Urb. Testa inaequivalvis , inaequllateraUs ; valva convexa major, sinu mediano longitudinali cum umbone nato , valva minor jiujo correspondente ?minita ; area triamjidarls , decussata, valvâ superiore unicà constntcta; aperhira triangularis, raro clausa; dentés quatuor, lamellis nunquùm sustentati; hrachia apposita. Coquille inéquivalve, équilatérale , ordinairement transverse, plus ou moins trigone et convexe, rarement lisse, le plus souvent munie de stries ou de côtes. Grande valve convexe, parfois gibbeuse, divisée par un sinus longitudinal médian, variable en largeur et en profondeur, correspon- dant à un bourrelet de la petite valve; crochet aigu et droit, quelquefois recourbé et obtus, toujours tronqué; aréa triangulaire, plus ou moins élevée, plane ou concave, formée aux dépens de la grande valve, et divisée par une ouverture médiane triangulaire, toujours couverte par un delti- dium échancré à sa base pour le passage des libres pédonculaires. Petite valve moins convexe, à bourrelet médian, à sommet peu développé, dé- passant à peine le bord cardinal, qui est droit; charnière forte, trans- verse, formée de deux dents divergentes limitant la base de l'ouverture de 236 DESCRIPTION DES FOSSILES la grande valve, et placées dans des fossettes qui se trouvent de chaque côté du crochet de la petite valve; supports internes calcaires, formés de deux lamelles s'élevant sous le hec de la petite valve, et formant une spi- rale qui diminue en grandeur sous les angles cardinaux. Ce genre, qui apparaît dans les couches siluriennes, prend un grand développement dans les terrains primaires, et n'est plus représenté que par quelques espèces dans le lias , où il se termine. 1. Spirifer Walcotti. (PI. XXXV,fig. 7.) SpinrFER Walcotti. Sowerbv , Min. couch., t. IV, p. 106, pi. 377, fig. 1 , 2. nEi.T!iYiii.s OCTOPI.ICATIS. Ziet., 18Ô0, JViirt., pi. 38, lig. 6. _ _ Desb., 183G , Nouv. éd. de Lam., t. Vil , p. 374. — Walcotti. Roem., 1836, Ooi., p. 36. — — De Bucli ,1840, Classif. des Delth., Mém. Soc. ijénl. de Ft., I" séiie, vul. IV., pi. X , Cg.8. — — Morri.s, 1843, CataJoi/îte (fuie Dav.). _ Schmidl, 1846, Pctref.-Buch , p. 69, pi. 2, 3, fi;;. 1. — Deslong., 1847, ^oc. K««. de 7\'orm. TRiGonioTiiETA — Bronn, 1847, lethaea geog., pi. 18, fig. 14. Tebebrati;la - Desh., 1849, Tr. de Conch., pi. S9, fig. 9, 10; pi. 60, lig. 1 , 2. .SpiiiiFERiaiA — D'Orb., 1850, Prodr., t. I, p. 221. Spiuifer — Davidson, I83I , .Br('î. SrarAîop., p. III, p. 25. S. testa variabili transversâ , ventricosà; valvd rostrali in medio prof'undè sinuatà, utrinquè ^-plicatd; rostro plus minùsve incurvo. Dimensions. — Long. 22 mill.; larg. 28; épaiss. IG; = 100 : 127 : 72. Description. — Coquille de forme variable, plus large que longue, épaisse, la plus grande largeur étant située à peu de distance de la char- nière ; crochet plus ou moins recourbé ; aréa bien limitée; deltidium de deux pièces; bras spiraux et cloisons comme dans le S. roslralus; valves à sur- face ponctuée et épineuse; petite valve munie d'un bourrelet médian et de quatre plis de chaque côté, arrondis; la grande valve présente un pro- fond sinus correspondant et cinq plis de chaque côté. Rapports et différences. — Cette espèce se distingue facilement du S. ros- DES TERRAINS SECONDAIRES DL' LUXE31B01RG. 257 tralus, par son bourrelet et ses plis bien marqués, assez aigus et au nom- bre de quatre de chaque côté. Localités. — Ce Spirifer, abondant ailleurs, est assez rare chez nous: nous l'avons rencontré dans la marne de Strassen, près de Walzingen et de Bonnert. Ou le trouve dans le lias inférieur et moyen de France, d'An- gleterre et d'Allemagne, dans un grand nombre de localités. 2. Spirifer rostratus. (PI. XXXV, fig. 6.) Tebeuratulites iiosiBATHS. Sclil., 1822, Nacit. ziir Petref., pi. XVI. Spirifer rostrata. Ziet., 1850, fFurtemb., pi. 38, lig. 5. — Uartmai\(«i. Ziet., id., id., id., (ig. 1. — verrucosa. Ziet., id., id., id., fig. 2. — l'iKutis. Ziet., id., id., id., lig. 5. Dei.thyris VERRUt.osA. De Bucli, IS-îl, Pétrif. remarq., pl. VU, lig. 2. — — Roemcr, 18.10, Ool.,p. 30. Spirifer mesoi.obaï' Pliill. Dcsloug., 18.57, ^nn. de la Soc. Unnéen. de Normandie. Delthïris rostratus. De Buch, 1840, Cl.des Delth., Ulém.dela Soc.géol. de Fr., l"sér., IV, pl.X, fig. 24. — VERRiicosus. DeBucli, id., id., id., fig. -50. — TiMiDus. DeBucli, id., id., id., lig. 29. — liART.iiAKnii. Quenstedt, 1845, TFurtemb., p. 181. — VERBICOSA. (Juenstedt, id., id., p. 18a. — ROSTRATA. Queiistedl, id., id., p. 180. Spirifer pusctatus. Buchmann, 184i5, Geol. of Cheltenham , pl. .\, lig. 7. — i.iniGliFEROÏDES et CiiiLiLltsi'-. Foibes et Darwin, 1840, South Amer., pl. V, [ig. l,ô-I8. — VERRïCOSts. Schmidt, 1846, Petref .-Buch , p. 09, pl. 23, lig. 0. — ROSTRATUS. Dav., 1847, Lond. geol. journ., 1. 1, p. 109, pl. XVIII, fig. MO. — — Bronn, 1849, /«(Z. pafaeonf., p. 1181. Spiriferina verrucosa. D'Orb., 1830, Prodr., t. 1, p. 221. — Hartiianki. D'Orb, id., id., 1. 1, p. 259. Spirifer tcmidls. Coquaud et Bayle, 1850, Bull, de la Soc. géol. de Fr., 2' série, vol. Vil, p. 2.33. — ROsTRATts. Davidson, 18)1, Brit. Brachiop., \>. III, p. 20, pl. II, et pl. III, fig. 1. S. testa rotundato-trigond ventncosd; sinu medio plus minàsve profundo; supe)'ficie laevi, nndulatd velplkatd; rostroplus minàsve prominente, incurvo vel recto; ared sanè delimitatd. Dimemiom. — Long. 50 mill.; larg. 52; épaiss. 28; = 100 : 100 : 95. Description. — Coquille de forme très-variable, généralement arrondie ou subtriangulaire, munie d'un sinus et d'un bourrelet plus ou moins pro- noncés; crochet développé, recourbé ou non; deltidium formé de deux 238 DESCRIPTION DES FOSSILES pièces; aréa bien limitée; valves à surface ponctuée et épineuse jusqu'aux bords de l'aréa, unie, ondulée, ou marquée de plis plus ou moins arron- dis, qui s'étendent jusqu'aux sommets; trois lamelles dans l'intérieur de la grande valve, la moyenne plus élevée et terminée en pointe; daiis la petite deux bras spiraux dirigés en dehors et réunis par une lamelle. Observation. — Nous n'avons trouvé que quelques moules de cette es- pèce; nous renvoyons, pour plus de détails sur les diverses formes et l'intérieur, aux explications et aux magnifiques planches de M. Davidson. Localités. — Nous n'avons rencontré celte espèce que dans le macigno d'Âubange, à Aix-sur-Cloix et à Virton. On la trouve fréquemment en Angleterre, en France, en Allemagne. Genre TEREBRATLILA, Lwliyd. Terebratula (p.), Brug., etc. Epiphyridae , Morris. Terebratula, dOib. , Davidson, etc. Testa inaeqiiirulvis , punctala vel perforata , orala vel rotundata . plus minàsve convexa, laevis, iionnvnquàin in udultis plicata vel costata; libéra, pedunculo tantiim carnoso affixa ; valva perforata major, roslrata, imperfo- rata minor; rostrum truncatum, plus minùsve recurvum et prominens; area indistincta; aperttira terminalis rotundata, ab altéra valvd delfidio du- plici , umbonem obtegente, sejuncta ; cardo dentibxis duobus in imperforatd valvd, in fossulis alterius intranlibus, et callo mediano prominenle , sub del- tidio inserto. Coquille inéquivalve, testacéc, de contexture ponctuée ou perforée, ovale ou ronde, bombée ou déprimée, lisse, parfois munie de côtes ou de pbs à l'âge adulte; libre, fixée seulement par un pédoncule tendineux passant à travers une ouverture de la grande valve. Valve perforée plus grande, l'autre plus petite, ayant son sommet recouvert par le deltidium de la grande; cro- chet tronqué transversalement, plus ou moins recourbé et saillant; ouver- ture ronde, terminale, séparée de l'autre valve par un deltidium de deux pièces qu'elle échancre plus ou moins; charnière composée de deux dents DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 259 sur la valve inférieure, engrenées dans deux fosselles de l'autre valve, et d'une callosité médiane, saillant au delà du crochet et s'insérant sous le deltidium; appareil interne formé sur la petite valve d'une callosité de chaque côté de la charnière, desquelles partent des supports cartilagineux ou testacés qui soutiennent les bras, et restent libres sans jamais se joindre au fond de la valve. On remarque quelquefois une côte médiane longitu- dinale sur le milieu de la grande valve, et deux impressions longues près de la charnière. Animal flxe, souvent déprimé, ayant les bords du manteau minces, entiers, munis de cils courts; masse abdominale peu volumineuse, symé- trique; bouche médiane; branchies vasculaires, ramifiées sur le manteau ; bras ciliés, larges, coudés, libres à leur extrémité près de la bouche, lixés sur des tiges testacées ou cartilagineuses, placées en arc formant un appa- reil apopliysaire interne très-symétrique. Un muscle passe par l'ouverture de la coquille pour la fixer. Les lérébratules sont abondantes dans les terrains paléozoïques ; elles ont traversé tous les étages, et sont arrivées jusqu'à l'époque actuelle, où elles vivent dans les mers de toutes les régions, mais toujours à de grandes profondeurs. 1. Terebratula sub-punctata. (PI. XXXVI, fig. 1.) TEREnBATUi.A SKB-PUNCTATA. Dav., 185Ô, Brit. Brach., l" paiL, p. 44, pi. 6, fig. 7-10, 12, 10? — IIUGRATA. N., 1851 (MS.) T. testa ovatà, laevi, medio latiore; valvâ minore parùm convexâ, rostrali convexd, obtuse carinatâ; umbone mac/no, rotundato, aperturà mmjnâ trun- cato, deltidium parinim divisum obtegente; areâ mediocri, striatd, non li- mitatd. Dimensions. — Longueur 50 mill.; largeur 20; épaisseur 15; = 100 : 66 : 50. Elle atteint parfois près de 4 centimètres de long. Description. — Coquille de moyenne taille, ovale, lisse, finement ponc- tuée, marquée d'anneaux d'accroissement prononcés. Petite valve ovale- arrondie, généralement peu convexe, atteignant sa plus grande épaisseur 240 DESCRIPTION DES FOSSILES vers le tiers de sa longueur, et, de là, s'abaissant rapidement vers le front; bords latéraux descendant un peu plus bas que le bord frontal, de sorte que, la coquille étant vue du côté du front, son bord est légèrement infléchi. Grande valve ovale, convexe, renflée et très-obtu sèment carénée au milieu, cette carène, ou plutôt, ce bourrelet s'atténuant insensiblement sur la moitié frontale; crochet gros, saillant, arrondi, tronqué par une ouver- ture assez grande, située dans le plan des valves, recourbé et cachant un deltidium de deux pièces, formant un peu plus du quart du contour de l'ouverture, moins long, mais plus large; arêtes cardinales se rejoignant sous un angle d'environ 70°, se continuant insensiblement avec les arêtes latérales; assez marquées au sommet, elles deviennent bientôt très-obtu- ses, et limitent fort mal une fausse aréa assez médiocre, striée. La plus grande épaisseur est située avant la moitié de la longueur; la plus grande largeur, vers le milieu. Rapports et différences. — Cette térébratule nous avait paru distincte par la faible convexité de sa petite valve, le crochet gros, recourbé, l'espèce de carène de la grande valve, l'absence de tout pli, etc. Nous la réunis- sons aujourd'hui à l'espèce décrite naguère par M. Davidson ; elle n'eu diffère un peu que par l'épaisseur relative des valves. Nous prions les personnes à qui nous l'avons communiquée sous le nom de T. imjrata, de corriger cette dénomination. Localités. — Nous avons rencontré cette espèce dans un banc de grès peu cohérent, très-calcarifère, au sud d'Arlon; elle y est très-nombreuse. Nous en avons retrouvé quelques échantillons cà Weyler. Peut-être passe- t-elle dans le macigno d'Aubange; mais nos exemplaires ne nous permet- tent pas de l'affirmer. Elle se rencontre dans le lias moyen près d'Ilmin- ster, etc. (Dav.); en France, près de Caen (Dav. et Desl.); et en Espagne (de Verneuil et de Lorière). DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 241 2. Terebratula causoniana. (PI. XXXVI.fig. 2) Tehebratula caisoniana? D'Orb., 1830, Prodr., 1, p. 221. T. testa pentagonali, laevi; vahis aequè seil parùm convexis, frontem ver- sus sinualo- depressis ; fronte sinuato. bianyulato ; rostro compressiore, in- curvo; areà parvd; amjulo cardinali 80°. Dimensions. — Longueur 17 mil].; largeur 14; hauteur 8; largeur du sinus 8 = 100 : 80 : 48 : 48. Description. — Coquille lisse, de forme pentagonale, à angles latéraux arrondis, à angles frontaux saillants. Valve ventrale convexe, atteignant sa plus grande hauteur vers la moitié de la longueur ou auparavant , munie de deux côtes peu distinctes sur les trois premiers quarts de la longueur, fortement accusées vers le front, aux angles duquel elles abou- tissent, séparées par une petite surface d'abord plane, mais notablement déprimée vers le front ; deux côtes insensibles aboutissant aux angles latéraux; arêtes cardinales se réunissant sous un angle de 115". Grande valve formant la moitié de l'épaisseur totale, portant des côtes semblables à celles de la valve ventrale auxquelles elles correspondent. Arêtes cardi- nales légèrement convexes, formant la moitié de la longueur; arêtes laté- rales presque droites; arête frontale concave; angle des arêtes cardinales de 80°; crochet petit, recourbé, aigu, très-comprimé, caréné sur les côtés, tronqué par une ouverture assez petite, à demi embrassée par un deltidium de deux pièces, qui n'est pas tout à fait deux fois aussi large que haut; aréa petite, ne dépassant guère la moitié des arêtes cardinales, bien limitée vers le crochet. Observations. — Cette coquille, dont nous n'avons eu que quelques échantillons, ne dépasse guère 16-17 millimètres de long; un des angles du front est ordinairement mieux marqué que l'autre. Rapports et différences. — Cette espèce nous paraît bien distincte des T. indentata, Sow,, et vicinalis, Schl., par son aréa, par l'angle des arêtes Tome XXV. 51 242 DESCKIPTION DES FOSSILES cardinales, son épaisseur moindre et par l'épaisseur relative des valves. Elle est plus voisine de la T. cornula, Sow., dont elle paraît se distinguer par son épaisseur, et surtout le crochet plus comprimé. C'est sans doute l'espèce indiquée par 31. d'Orhigny (/. c), quoique la largeur du sinus ne soit pas bien considérable. Localités. — Nous tenons cette espèce de M. de Condé, qui l'a trouvée dans la marne de Strassen, près d'Arlon, sur la route de Florenville. M. d'Orbigny l'indique à Nancy, à Metz, près de Lyon, etc., dans l'étage sinémurien. 5. Tererratula subbucculenta , N. (PI. XWVI, fig. i.) Tebebiiatila BUCCIII.EIVTA ? Ziet., 18^0, IFurtimh., pi. ô9, fij. 0 'non Sow ). T. lestd obovatd siibpentagonà , medio latiore; fronte ohtuso, haud emargi- nato, marginibus in adultis incrassatis ; valvâ minore saepiiis subconveocà , nomiunquàm ab umbone subdepressd; vaivd rosirali dorsald; rostro incurva, compresso, truncato; aperturd ah umbone dellidio conspicuo separatd; ared valdè distinctd. Dimensions moijennes. — Longueur 100; largeur 80; épaisseur 51; elle atteint à peu près 50 millimètres de long. Description. — Coquille de forme variable, ovale-subriiomboïdale, lisse, de moyenne taille, finement ponctuée. Petite valve déprimée, peu épaisse, parfois marquée d'une très-légère dépression médiane partant du sommet, s'élevant rapidement jusqu'au tiers environ de sa longueur, atteignant son maximum de hauteur avant la moitié, et s'abaissant ensuite insensiblement jusqu'au front; bords à peu près dans un même plan, s'épaississant par l'âge, les latéraux comme tronqués perpendiculairement, le front oblique- ment. Grande valve convexe, munie d'un bourrelet marqué, s'atténuant vers la région frontale, et de deux méplats latéraux, ou même, de deux dépres- sions prononcées; arêtes cardinales se rejoignant sous un angle à peu près droit, se continuant avec les arêtes latérales par un angle arrondi; front obtus, jamais émarginé; bords tronqués comme à l'autre valve; crochet DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 245 recourbé, comprimé, tronqué par une ouverture médiocre, laissant voir un il( Itidium de deux pièces, environ deux fois aussi large que haut, dont la hauteur égale à peu près le diamètre de l'ouverture; aréa grande, striée, un peu excavée, limitée vers le dos par une carène tranchante qui se termine en saillie au crochet, de sorte que l'ouverture semble faire partie d'une surface cylindrique dont elle occuperait plus de la moitié de la cir- conférence. La plus grande largeur de la coquille est au milieu de la lon- gueur; la plus grande épaisseur, au même endroit, ou un peu plus près du sommet. Observation. — Nous croyons devoir séparer de la T. ktcculenta , Sow., l'espèce figurée avec doute par Zieten sous ce nom; mais il est moins facile de dire si elle est la même que celle que nous venons de décrire. Celle-ci nous paraît distincte des T. Imcculenta et emargmata, Sow., quoique bien voisine surtout de la dernière : elle n'est échancrée, ni sur le front, ni sur les côtés; ses bords sont épaissis; la carène de la valve dorsale est très-marquée; la petite valve encore assez convexe; l'aréa parfaitement limitée. L'ensemble de ces caractères nous paraît la caractériser suffisam- ment. Une variété caractérisée par une largeur moindre et une épaisseur plus forte (voir fuj. 4 (/, e, f), se rapproche de la T. laijenalis, Schl. Elle possède tous les autres caractères de la forme type avec laquelle elle se trouve, et diffère de l'espèce de Schlotheim par son crochet moins recourbé, ne cachant pas le deltidium, et dont les bords sont carénés, limitant très-bien l'aréa. Localité. — Celte espèce appartient au calcaire de Longwy. Nous l'avons rencontrée auprès de cette ville, où elle n'est pas rare, à Cosne, et au sud de lîalaiizy. L'espèce de Zieten vient du calcaire jurassique (bajocien ?) d'Aichelberg. S. TeREBRATULA PEROVALIS. (PI. XXXVI, î-g. 3.) Terrbratdi.ii PEROVAi.is. Sow., 182.fi, Vm. conc/i., t. V, p RI ; pi. -536, fi);. 2 , 3. — iNTEiiMEDU. Ziel , 18.30, TFurtcmb., p. .52; pi. .j"J, fig ô. 244 DESCRIPTION DES FOSSILES Tereei.atii.a pebovu.is. Desl , 18Ô7, Soc. linn. de Norm. (fide Davidson). _ _ De Buch, 18Ô8, Térébr., p. 221 , pi. 20, fig. 2. — — Morr , 1845, Catal., p. 133. _ — ? Schmidt, 1840, Petref.-Buch , p. 0!) , pi. 41 , fig 4. — — Bronn, 1849, /nd. pnZ., p. 1243. — — D'Orb., 1830 , Prodr., t. 1, p. 2n7. — — Davidson, 1831 . Brit. Bracli., part. 111, p. 51 , pi. 10 , fig. 1-G. T. (esta ovali, infrù médium laliore, lateribus eleganter arcuatis; valvâ minore in f route scilicet costis 2 convexis, phis miniisve obsoletis notât d ; ralvà rostrali subsinuatà ; umbone incurva , aperturd maynà truneuto, deltidinm plus minùsve obtegente. Dimensions. — Longueur 100; largeur 77 (82-71); épaisseur 51 (48- 55). Elle atleiul jusqu'à 3 ceuliniètres de long. Description. — Coquille de forme ovale , plus longue que large , médiotre- ment épaisse, lisse, à stries d'accroissement peu marquées, sauf sur les bords, à surface ponctuée. Valve imperforée s' élevant d'abord assez rapide- ment, atteignant son maximum au premier quart ou un peu au delà, puis s'abaissant insensiblement vers le front, portant deux plis médiocres ou faibles, arrondis, séparés vers le front par un petit sinus qui paraît au plus tôt vers le milieu de la longueur, et invisibles chez les jeunes individus, où le bord frontal est à peine infléchi au milieu. Valve perforée, convexe, oblusément carénée, surtout vers le crochet, ne portant de plis qu'après le milieu, !es latéraux étant toujours très-plats; bord frontal légèrement sinueux ; arêtes cardinales el latérales se continuant en une courbe ovale régulière; crochet grand, arrondi, recourbé; ouverture grande, presque horizontale; deltidium de deux pièces, presque caché, beaucoup plus large que haut et n'embrassant pas le quart de l'ouverture; aréa striée, petite, mal limitée par des arêtes arrondies. La plus grande épaisseur est située en avant du milieu de la longueur, et la plus grande largeur au delà. Observations. — La T. intermedia, Ziet., (pi. 59, iig. 5), appartient sans doute à cette espèce; elle est plus large et n'a que des traces de plis; la valve dorsale paraît moins carénée; mais nous avons des individus qui atteignent à peu près cette largeur, ou qui n'ont guère plus de plis. Aussi, à l'exemple de M. d'Orbigny, nous la réunissons à la T. pcrovalis. Quant DES TERRAIP^S SECONDAIRES DU LUXEMBOIRG. 24S à la T. insiijiiis, .Schûbler et Zielen (pi. 40, fig. 1), nous ne pouvons, avec M. De Buch, la réunir à l'espèce de Sowerby, dont elle se sépare par la largeur maximum dans la moitié inférieure, le dellidiuni d'une seule pièce , etc. Localités. — Cette espèce appartient au calcaire de Longwy; elle n'est pas rare aux environs de cette ville; nous l'avons retrouvée dans le même terrain à Grand-Cour et à Ilalanzy. On la rencontre dans les couches cor- respondantes en Angleterre, à Dundry (Sow.); en France, à Avallon, à S'-Maixent, à Niort, à Moutiers, à Athis, etc. (d'Orb.) ; dans le Wurtem- berg, à Wasseralfingen, au Stuifenberg et au Brauneberg (Zieten). 5. Terebratula globata? Sow. Nous nous bornons à indiquer cette espèce dans le calcaire de Longwy; les échantillons que nous y rapportons ont été trouvés auprès de cette ville, mais ils sont en trop mauvais état pour être décrits. Genre RHYNCHONELLA , Fischer. Terebratula (p.), aiict. Phïnchonella, Fischer, Davids., d'Orb... HïPOTHïRis, Phillips. Cyclotiiïris, M'Coy. r.ïCioTHVRiDAE (p.), Morris. Testa aeqmlateraUs , inaequivalvis, testacea, fihrosa, peduncido carnoso affixa; costis radiantihus simplicibus, vel plicis magnis, in adtdds tantnm conspicuis oniataj valva perforafa major; imperforata, convexa, arciiata ; rostrum tHlecjrum, recurvum, pi-ominensj area saepiùs indisllncta ; apertura parva, rotundata vel oblonga, manjine incrassalo snhtuhulosa , ah imperfo- ratâ valvà deltidio duplici sejuncta; cardo denlibiis duobus in valvd rostrali ; lamella interna majoris valcae iinica, tennis, perpendiciilaris; in minore, lamellae duae arcuatae, elongatae, extremitatibus dilatatis brachia carnosa sustentantes. Coquille équilatérale, inéquivalve, testacce, de conlexture fibreuse, fixée 246 DESCRIPTJOIS DES FOSSILES aux corps sous-niarins au moyen d'un pédoncule musculeux sorlanl par une ouverlure de la grande valve; ornée de côtes rayonnantes simples, s'étendant du sommet aux bords, ou de gros plis, visibles seulement à l'état adulte. Valve perforée plus grande, à bord frontal saillant ou échan- cré: valve iniperforée plus petite, bombée, arquée, à sommet enfoncé dans la valve supérieure; crochet entier, recourbé, saillant; aréa souvent indistincte; ouverture petite, arrondie ou oblongue, placée près du sommet de la grande valve, entourée, à sa partie inférieure, d'un bourrelet qui la rend comme tubuleuse ; séparée de la petite valve par un deltidium de deux pièces. Charnière formée sur la grande valve, de chaque côté, d'une dent oblique, allongée, entrant dans une rainure de la valve opposée. Appareil apophysaire formé sur la grande valve d'une lame verticale mince; sur la petite valve, de deux longues lamelles arquées vers le haut, plates, situées en dedans de la charnière, et terminées par une partie plus large qui supportait les bras libres et charnus de l'animal. Ce genre s'est montré dans les terrains les plus anciens, et se trouve représenté jusque dans les terrains crétacés, où il s'éteint. i. RhVNCHONELLA ANCEPS, N. (PI. xxxvn,fig.5.) Ji. tesUi ovulu-trigonà, convexà.. hifrà medimn latiore , 12-16 plkatd; plicà 3-4 injugo infrà médium minorîs valvae; nmbone minimo, subinmrvo, apertiird mediocri ; ared minimâ, pariim distinctâ. Dimensions fort variables. — Longueur 15 niill.; largeur Li; épaisseur 7 = 100 : 108 : 54. Description. — Coquille de petite taille, de forme ovale- triangulaire ou triangulaire, à angles latéraux arrondis, médiocrement épaisse. Petite valve s'élevant d'abord rapidement, atteignant sa plus grande hauteur- vers le milieu, formant au moins les deux tiers de l'épaisseur totale, ornée de 11-15 plis simples, tranchants, visibles jusqu'au sommes, marquée (i un bourrelet peu élevé, commençant après le milieu de la longueur. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 247 portant 5-4 plis à peu près à la même hauteur. Valve roslrale à peine convexe, parfois obtusément carénée près du sommet, portant 2-3 plis dans un sinus peu profond, ne commençant pas avant le milieu ; arêtes cardinales occupant environ la moitié de la longueur; arêtes latérales régulièrement courbées; front droit ou peu convexe; crochet très-petit, aigu, médiocrement recourbé; ouverture modérée, atteignant presque hi petite valve; deltidium embrassant, étroit; aréa très-petite, peu distincte. La plus grande largeur est en arrière de la moitié de la longueur; l'angle des arêtes cardinales un peu moindre qu'un droit; stries d'accroissement très- fi nés. Rapports et. différences. — Cette espèce nous paraît distincte par le nombre et la disposition de ses plis, la position du maximum de largeur, et son crochet; elle diffère de celle que M. Roemer a décrite sous le nom de parviroslris, par sa forme beaucoup plus courte, l'épaisseur moindre de la petite valve et le crochet moins recourbé. Ses plis visibles jusqu'au som- met, sa fausse aréa l'éloignent de la R. vaiialiilis, Schlotheim, sp. Localités. — Cette espèce se rencontre : 1" dans la marne de Jamoigne, où elle est rare , à Jamoigne et à La Cuisine; 2" dans la marne de Slrassen, à Guirsch, à Waltzing , à Frelange ; elle n'y est pas rare, mais presque tou- jours brisée ou déformée. Nous n'en possédons aucun échantillon recon- naissable du grès de Luxembourg. 2. RinNCHONELLA BuCHU? (Pl.XXXVU.fig. 4) Terebratula Bicnii? Roemer, I.S50, Ont., p. 43, pi. 2, fij. 10, R. testa minuta, ovatà vel oxato-trigond , plus minùsve venlricosd ; valvd minore convcxiore, infrà médium latiore; plicis 7-11 obtusis, in medio eva- nesce)itibus . Z medianis in jnrjo modico circà médium déficiente; rostro mi- nimo. compressa, incurvo , deltidium ohte(jente ; aperturd minuta. Dimensions. — Longueur 10 mill.; largeur 8-12; épaisseur 5-7 = 100 : 80-120 : 50-70. 248 DESCRIPTION DES FOSSILES Description. — Coquille de petite taille, de forme et de dimensions rela- tives très-variables, en général orbiculaire, ovale, ou ovale-triangulaire, plus ou moins renflée. Petite valve beaucoup plus convexe que la grande, ornée de sept à onze plis obtus, disparaissant à une distance variable du front, mais rarement au delà de la moitié delà longueur; ordinairement trois plis sur un bourrelet médiocre, qui lui-même ne dépasse guère cette limite. Bords des valves se rejoignant sous un angle très-ouvert. Le maximum de hauteur de la petite valve est ordinairement situé un peu au delà de la moitié de la longueur; mais il est sujet à varier considérable- ment, et on le voit même arriver très-près du front. Crochet toujours très- petit, recourbé sur le deltidium, comprimé, tronqué par une ouverture remarquablement petite; aréa presque nulle. Elle dépasse rarement un centimètre; souvent même elle est beaucoup plus petite. Rapports et différences. — Nous croyons devoir rapporter les individus que nous venons' de décrire à la T. Ihtcliii, Roemer; ils sont seulement plus larges, et portent en général de chaque côté un pli de plus. Cette espèce se distingue de la T. piilla, Roemer, par le nombre des plis et le crochet notablement moindre. Peut-être doit -elle être rapportée à la H. variabiiis, Schl., sp. Localités. — Nous avons rencontré cette espèce : 1" dans le grès de Luxembourg, près de Guirsch : elle y est très-rare; 2° dans la marne de Strassen, où on la trouve communément aux environs d'Arlon, près de Bonnert, à Waltzing, à Frelange, etc.; 5° dans le sable d'Aubange, près de Weyler. D'après M. Roemer, elle appartient au lias moyen (?) [Belemnitenschichte) , où on la rencontre près de Willershausen et de Kahlefeld. 5. Rhynchonella variabilis. ;i'i. XXXVI, fig. 5.) Terebratcmtbs variabilis. Schloth, 1813, Beitr., iu Leonhanl's Min. Tasch., vol. VII, pi. 1 , fig. 4. Terebbatila tripi.icata. Phill., 18Ô3, Yorksh., p. 157, pi. \ô, fig. 22. — BIUENS. Phill., iJ , id-, id-, >''■> fiS- 24. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 249 Tebebratiila Tiiii'i.iCATA. Desli., 1836, Nouv. éd. de Lam., p. 355. — VAi'.iAitii.is. Pusch, IcSÔ", Poleiis pakont., p. 11 , pi. 3, fig. 2. — Tiiii'i.icATA et niutivs. Dcsl., 1837, Séance de la Soc. linn. de IVorm., p. 30 (fuie Daviils.). — — DeBuch, 1838, Mém. de la Soc. géol. de Fr., vol. III, p. 140, pi. 14.fij;.9. — — Schmidt, 184C,Pefrf/".-5«c/i, pl. 23, fig. 5. — — Rouiller et Vossinsky, MAI, Et. sur la paléont. des env. de Moscou, n" 1 1 , pi. B,!!;;. 17. — — Bronn, 1848, Index , p. 1254 (part, fide Davids.). RsYKCHOJiEi.t.A VAitiABli.ls. D'Orb., 1849, Prodr., vol. I, p. 230. — — Davids., 1832, £rit. Brach., 3= part., p. 78, pi. 10, fig. 1-G, etpl. 15, fig. 8-10. R. lesta variabili, ovato-trigonà ; valvd minore alHore, iisquh ad frontcm adscendente ; plicis 5-10 obtusis, evanescentibiis , 2-4 medianis in jugo me- diocri; mnbone minimo, compressa, inciirvo, deltidiiim saepiiis obtegente; aperturà parcd; ared limikUd, concavd, vulvam minorem haud mullàm emarginanle. Dimensions très-variables. — Longueur 22 mill.; largeur 26; épaisseur 20 = 100 : 130 (llG-156) : 91 (45-95). Description. — Coquille très-variable de taille comme de forme, en général pyramidale, à angles très-arrondis. Petite valve formant plus de la moitié de l'épaisseur totale, s'élevant d'abord rapidement, puis, par une convexité régulière jusqu'au front , portant sur sa seconde moitié 6-10 plis, gros, obtus, dont les 2-4 médians occupent un bourrelet qui commence avec eux, et sont séparés des plis latéraux par un espace assez large; le pli externe, de chaque côté, est souvent peu distinct. Gi'ande valve peu convexe, à sinus assez profond, mais commençant seulement avec les plis vers la seconde moitié de la longueur. Crochet petit, com- primé, très-recourbé et cachant ordinairement l'ouverture qui est petite, entourée par les pièces du deltidium, sauf quelquefois un petit espace complété par la valve iniperforée; aréa assez bien limitée, un peu enfon- cée, échancrant médiocrement la petite valve. La plus grande largeur est située entre le front et le milieu de la longueur; vue du côté du front, la coquille possède assez bien la forme d'un triangle isocèle à angles ar- rondis, mais dont la hauteur est très-variable. Observation. — Nous avions décrit seulement la jR. bidens, Phill.; aujour- d'hui (1852), nous nous rangeons entièrement à l'avis de MM. d'Orbigny Tome XXV. 52 2S0 DESCRIPTION DES FOSSILES et Davidson pour réunir cette espèce, avec la R. iriplicala sp. du même auteur, à la R. variabilis, Schl. sp. , et nous avons modifié notre descrip- tion en conséquence, d'après des échantillons recueillis depuis. Rapports et différences. — Nous indiquons plus bas les analogies que pré- sente cette espèce avec la R. tetraedra, Sow., sp., et les caractères au moyen desquels on peut la séparer. Elle diffère de la R. subtetraedra , Dav. , du Kimmeridge-clay , surtout par sa surface lisse. Localités. — Cette espèce appartient à l'étage du macigno d'Aubange, hors duquel nous ne l'avons pas rencontrée ; elle se trouve communément dans les assises supérieures , et varie surtout avec les localités. Jusqu'à présent, elle est très-rare dans le sable inférieur, et nous ne la possédons pas du schiste d'Aubange. On la rencontre dans le macigno d'une foule de localités : Aubange, Halanzy, Ville, Aix-sur-Cloix, etc., ordinairement dépourvue d'une partie du test , et offrant un aspect presque nacré. Elle est fréquente dans le lias moyen et supérieur d'Angleterre , d'Allemagne, de France, etc. 4. Rhynchonella acuta. (PI. XXXVII, 6g. 2.) Encijclop. méth., pi. 245 , fig. 7. Teeebratula ACi'TA. Sow., 18)0, Min.conch.,t. II, p.llô, pi. 150, fig. 1. _ — Pliill, 1829, Yorksh., pi. 15, fig. 25. _ — De Buch, 1854, Ueber Terebr., et 1858, Mém. Soc. (jéol. de Fr., p. 142, pi. 14, lig. 11. _ — Desb, 1856, iVoMU. eU fZe Zam., vol. VII, n" 69, p. 355. RtiïSCHOSiEi.i.A — D'Oib., 1850 , Prodr., t. I , p. 239. — — Davids., 1832, Brit. Brach., p. III, p. 76, pi. 14 , fig. 8-9. R. testa triangulari; valvd minore o-7 plicatâ, plicâ medianâ tnaximd, rectâ, acutd, ascendente, lateralihus minimis; sinu profundo, trigono, acvto; umbone parvo , acuto, incurva. Description. — Coquille triangulaire, pyramidale. Petite valve munie d'un grand pli médian, tranchant, s'élevant en ligne droite jusqu'au front, sous un angle d'environ 50% et de 2-5 plis très-petits de chaque côté. Valve rostrale marquée d'un grand sinus lisse, à fond tranchant, occupant DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 251 presque toute la valve. Crochet aigu, petit, recourbé. Coupe transversale en foi'ine de triangle équilatéral. Cette espèce est très-bien caractérisée par son grand pli médian à arête droite et tranchante, et par le contour équilatéral de la coquille, vue du côté du front. Localités. — Nous n'avons rencontré cette espèce qu'au sud de Ville, où elle est très-rare ; elle s'y trouve dans les assises supérieures du macigno d'Aubange. En Angleterre , Sowerby la mentionne à Staunton, dans l'oolithe inférieure?) (probablement lias moyen), M. Phillips àWilton-Castle et à Bils- dale, dans le lias moyen, étage où elle est commune, d'après M. Davidson. M. d'Orbigny la cite en France , dans les mêmes couches, à Landes, à Vieux- Pont, à Évrecy (Calvados.) Elle ne paraît pas se rencontrer en Allemagne. 5. Rhynchonella tetraedra. (PI. XXXVII, fig. 1.) Tekebritiila TETiiAEDBA. Sow., 1812, Min. conch., vol. 1, p. 191 , pi. 85, fig. 4. — MEDIA. Sow., 1815, ib., ib., p. 192, ib., fig. 5. — TETRAEDRA. Park., 1822, Org. remains, p. 234. — — Defr., 1828, />/cf. (r/i!s«. naf., vol. LUI, p. 158. — — Young and Bird., 1828, Gco7. sum. o/'J'orA;. coasf, pi. 8, fig. 15. — — Schlot., 1832, Sijst. vers, des Petref. — — De Bucb, 1834 , Ueb. Ter.; et 1858, Mém. Soc. géol. de Fr., t. III, p. 139, pi. 14 , fig. 8. — — Desl., 1837, Séance (Ze fa i'oc. Knn. de iVorm., p. 30 (fiJe Dav.). — — Bronn, 1848, /red., p. 1233 (£'a;c?. sj/n.parfe, fide Dav.). — — Desh., 1849, Tr. de conchyl., pi. 00, fig. 20. Rbyxchodella — D'Orb., 184y,/'r-odr., vol. I,p. 258. — — Davids., 1832, .Bnï.iiracA. ,3« part., p. 93, pi. 18, fig. 5-10. R. testé pyramidali ; valvâ minore altiore, iisqm ad fronlem adscendente ; sinu profundo , saepiiis i-G pimilo; lateiibtis saepiiis 6-7, etiam i-^ plicatis ; plicis omnibus saepiùs aciitis ; iimbone jjarvo, acuto, valdè incurvo; aperturd parvâ, saepiùs conspicud; areâparvâ, delimitatâ, concavâ, valvam minorem plus minùsve emarijinanle ; altitudine longitudinem subaequante ; angulo car- dinali recto vel majore. Dimensions. — Longueur 25 milL; largeur 2G ; épaisseur 23 == 100 : 1 15 (150-108): 100(110-90). 2o2 DESCRIPTIOrS DES FOSSILES Description. — Coquille de forme un peu variable, fétraédrique, les trois dimensions à peu près égales, ou la largeur surpassant un peu les autres. Petite valve s'élevant d'abord très-rapidement, atteignant sa plus grande hauteur au front (quelquefois un peu en arrière), offrant à la coupe, de face comme de profil, un triangle équilatéral dont les angles seraient tron- qués; munie de 18-24 plis simples, aigus, commençant au sommet, dont 4-6 (rarement 3) occupent le bourrelet et s'élèvent à peu près à la même hauteur; 6-8 s'étendent sur chaque côté en diminuant rapidement de hau- teur, séparés des premiers par une large surface qui , sur le bord, occupe quelquefois plus de la moitié de l'épaisseur de la coquille, et sur laquelle s'étend un pli, d'abord aussi marqué que les autres, mais diminuant bientôt pour disparaître vers le milieu de la longueur ou un peu plus loin. Grande valve munie d'un profond sinus, portant 5-5 plis, séparés des ailes par une surface large occupée par un pli qui se perd vers le milieu de la longueur; côtés portant 5-8 plis, dont les deux ou, rarement, les ti'ois premiers sont à peu près à la même hauteur. Crochet aigu, petit, recourbé, laissant ordinairement apercevoir une petite ouverture et un dellidium qui l'embrasse presque entièrement; aréa petite, bien limitée par les côtés du crochet, un peu enfoncée, striée et munie d'une oreille allongée qui échancre plus ou moins la petite valve. Arêtes cardinales droites, se réu- nissant au crochet sous un angle qui dépasse ordinairement un peu 90°, se continuant un peu au delà de la moitié de la longueur avec les arêtes latérales, qui sont aussi longues que le front. Rapports et différences. — La B. tetraedra est fort voisine des R. variabilis, Schl., obsoteta, Sow., et subtetracdra, Dav., au moins dans quelques-unes de leurs formes, car elles sont susceptibles de varier beaucoup. On éprouve surtout des difficultés pour la séparer de la R. variabilis; toutefois, on peut dire, en général, que, dans celle-ci, la petite valve est moins échancrée par les oreilles de la fausse aréa de la grande; que sa convexité est diffé- rente, moins régulière et souvent moins forte; que les plis sont arrondis, moins nombreux, et n'arrivent pas au sommet. Cependant nous devons faire remarquer que M. Davidson a figuré un exemplaire qui ne porte que trois plis au bourrelet. Elle se distingue de la R. obsoleta par sa forme gêné- DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 233 raie, son aréa plus enfoncée, et surtout par ses plis et son crochet plus recourbé, cachant souvent une ouverture plus petite, etc. Sa surface, dé- pourvue de stries concentriques, l'éloigné de la R. sitbtelraedra. Localités. — Cette espèce appartient à la partie supérieure du macigno d'Aubanae; on la trouve assez communément près de Virton, de Cou- vreux, etc.; plus rarement à Ville, à Aubange. Nous ne l'avons pas ren- contrée dans la marne de Grand-Cour. En Angleterre, elle est commune dans le lias moyen (Phillips), et aussi dans le lias supérieur (Davidson). Suivant M. de Buch, on la rencontrerait même dans Toolilhe inférieur à Dundry et à Aynhoe, ce qui est très-douteux : M. Davidson n'en a pas encore vu d'échantillon authentique. M. Morris la signale depuis l'oolithe inférieur jusque dans l'étage callovien de Kelloway, et dans le Fuller's-earth de Banbury; mais de tous les nombreux échantillons qu'a vus M. Davidson, un seul s'y rapporterait, quoiqu'il ne porte que trois plis au bourrelet : il provient de l'oolithe inférieur de Cheltenham. On la retrouve fréquem- ment en Allemagne et en France; dans ce dernier pays, M. d'Orbigny la mentionne à Landes, à Évrecy, à Semur, à Nancy, à Metz; mais il la croit particulière au lias supérieur. 6. Rhynchonella Davidsoni. (PI. xxxvn, fig. c.) R. teslâ ininulâ, transversâ, depressâ, concentricè striafd, i'i-li plicatd: pUcis ouDiibus acutis, medianis 3-4 in jiujo obsuleto, vel unilateralihus sub- depressis; lateralibus subarcuatis , rariûs dichotomis; rostro mediocri, acuto, subincurvoj aperturd niagnd, subcordiformi, dellidium dividente: ared ferè trianyulari. Description. — Coquille de petite taille, transverse, déprimée, ornée de stries concentriques très-fines et très-serrées. Petite valve munie de 12-15, parfois 10, rarement 16 plis aigus, séparés par des sillons sem- blables, les latéraux légèrement arqués en dehors et parfois dichotomes pi'ès du sommet; bourrelet peu marqué, portant o-i plis, souvent nul, les deux côtés ne se trouvant pas à la même hauteur. Valve rostrale peu con- 254 DESCRIPTION DES FOSSILES vexe, plissée comme l'autre. Arêtes cardinales se réunissant sous un angle variable, droit ou assez obtus; celui des arêtes de la petite valve toujours très-obtus. Crochet assez fort, aigu, peu recourbé; ouverture grande, en forme de cœur allongé à pointe obtuse, ou plutôt de triangle à angles arrondis, plus haut que large, divisant le deltidium en deux parties à peu près aussi larges que hautes. Aréa grande, striée, limitée par le pli ex- térieur de chaque côté, échancrant très-peu la petite valve, dont les arêtes terminales, presque en ligne droite, donnent à l'ensemble une forme qui rappelle celle des Spirifer. Cette jolie espèce ne paraît pas dépasser 10 millimètres de long; mais ses dimensions relatives sont très-variables : on en trouve dont la largeur surpasse la longueur de moitié; quelquefois, elle ne fait que l'égaler. La même chose a lieu pour l'angle des arêtes cardinales; nous ne croyons cependant pas pouvoir établir plusieurs espèces. Rapports et difjérences. — Cette coquille est fort voisine de la R. minuta, Buvignier, sp.; elle s'en distingue de suite par son aspect général, par ses plis tranchants, et surtout par l'aréa et le deltidium. Nous ne croyons pas qu'il soit possible de la confondre avec la R. Theodori, Schl., sp., même en laissant de côté la différence de taille. La figure que M. Schmidt donne de cette espèce [Petref.-Rudi] en est plus voisine, mais le nombre des plis est tout autre; ce n'est pas, d'ailleurs, l'espèce de Schlotheim. Localités. — Nous avons trouvé cette espèce dans le calcaire de Longwy; elle était commune dans les travaux que l'on exécutait, en 1850, pour les fortifications de cette ville; nous l'avons rencontrée, mais rarement, à Cosne et à Romain (Moselle). Nous avons dédié cette espèce à M. Davidson, dont les beaux travaux sur les Brachiopodes sont si hautement appréciés. 7. Rh-ïnchonella Pallas. (PI. XXXVII,fig. 7.) R. (esta sub-pyramidali, convexd, W-plicatâ; plicis simpUcihus, anitis, 4 medianis in alto minoris valvae convexioris jiujo ; marginihus cardinaUhus DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 2o5 longiorihiis , anrjulo cardinaU 110°; rostro mediocri, aculo, iucurvo; deltidio foraminis parvi dimidium amplectente ; ared purvd, striutâ. Dimensions. — Longueur 28 mill. ; largeur 55; épaisseur 24 = 100 : 125 :86. Description. — Coquille de moyenne taille, de forme irrégulièrement tétraédrique. Petite valve naissant presque à angle droit, décrivant presque un quart de cercle pour atteindre sa plus grande hauteur au front où elle arrive en ligne droite, sous un angle très-aigu; munie d'environ vingt plis simples, forts et tranchants, dont quatre se trou- vent à peu près à la même hauteur sur un bourrelet élevé, séparé des ailes par un large espace sur lequel s'étendent 1-2 plis qui se perdent sur le dernier tiers. Vue du côté du front, elle offre une coupe triangu- laire isocèle, à angles tronqués et dont les côtés semblables seraient entamés à côté du bourrelet. Grande valve formant environ le tiers de l'épaisseur totale , creusée d'un profond sinus portant trois plis et sur les côtés duquel se trouvent 1-2 plis incomplets. Arêtes cardinales très-lon- gues, se rejoignant sous un angle de 110", laissant entre elles et les bords de la valve une aréa bien limitée, striée, assez grande, échancrant forte- ment la petite valve ; bords épaissis. Crochet assez fort, aigu, médiocrement recourbé; ouverture petite, à demi embrassée par le deltidium, qui est à peine deux fois aussi large que haut. Rapports et dilférences. — Cette espèce rappelle la R. tetraedra, Sow. ; mais on la distinguera facilement par le nombre de ses plis et le crochet qui est tout autre. Ces caractères et le bourrelet la séparent de la R. lacu- nosa , Schlot., sp. Loadilé. — Elle appartient au calcaire de Longwy, dans lequel nous l'avons rencontrée près de cette ville; nous n'en avons encore vu que deux échantillons. 8. Rhynchonella Edwardsi, N. (Pi.xxxvn, fig. 9.) R. teslâ ovato-trigond , convexà, 'ii-'28 plicatd; pUcis simpUcibus . acutis. 2o6 DESCRIPTION DES FOSSILES in tnargines rectè incumbentibusj sinu magno, sat profundo , 5-plicato; um- bone aculo, incurvo; angulo cardinali subrecto. Dimensions. — Longueur 20 mill. ; largeur 19; épaisseur 14 = 100 : 97 : 71. Description. — Coquille de forme ovale -triangulaire, convexe. Petite valve formant près des deux tiers de l'épaisseur totale, s'élevant à peu près à angle droit, arrivant, par une courbe uniforme, vers le milieu de sa longueur, où elle atteint sa plus grande élévation, s'abaissant, un peu plus loin, d'abord faiblement, puis, après une brusque courbure, atteignant le front par un petit espace droit, comme tronqué perpendicu- lairement au plan des valves; sur les bords latéraux, elle tombe éga- lement presque verticalement; et, comme la même chose se passe sur l'autre valve, il en résulte que les deux valves ne se rejoignent pas à angle aigu, mais en ligne droite. Elle porte 24-28 plis simples, aigus, les latéraux tombant sur le bord presque perpendiculairement; les 6 médians sont situés presque à la même hauteur sur un bourrelet peu prononcé, occupant environ la moitié de la largeur. Valve roslrale légè- rement convexe, munie de plis semblables, à sinus peu marqué, nul dans plus de la moitié de son étendue. Angle cardinal presque droit. Crochet aigu, petit, peu recourbé; ouverture médiocre; dellidium embrassant, à peine deux fois aussi large que long ; sa longueur sur la ligne médiane n'atteint pas la moitié du diamètre de l'ouverture. Aréa petite, à peine striée, munie d'une oreille enfoncée, allongée, arrivant jusqu'au milieu de l'arête cardinale , échancrant assez fortement la petite valve. Rapports et différences. — Cette espèce se distingue de la R. concinna, Sow., sp., par le nombre de ses plis et par son deltidium , séparant de la petite valve l'ouverture de la grande. Elle nous paraît intermédiaire entre les R. obsoleta, Sow., sp., et Lamjleli, N.; elle diffère de la première par la courbure des valves , par son bourrelet moins saillant et par l'angle sous lequel s'unissent les bords des valves; son épaisseur et son bourrelet suf- fisent pour la séparer de la seconde. Localités. — Nous l'avons rencontrée dans le calcaire de Longwy, aux DES TERRAIi>JS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 257 environs de celte ville; mais nous n'avons pu nous en procurer que quel- ques échantillons. Que M. Milne Edwards, auquel les sciences zoologiques sont rede- vables de travaux si précieux, veuille bien nous permettre de lui dédier cette espèce. 9. Rhynchonella Langleti. (PI. XXXVII, fig 8.) R. testa depressd , ovato-acutà, 'iG-plicatd; jilicis shnplicibus, obtusius- cidis, S medianis in jugo parvo, supernè obsoleto miiioris valvae; umbone aciito, aperturd mediocri; ared parvd, limilutd, striatà; aiujido cardincdi 80°. Dimensions. — Longueur 21 mill. ; largeur 20; épaisseur 10; = 100 : 94 : 46. Description. — Coquille déprimée, ovale - triangulaire , assez aiguë, arrondie sur les côtés. Petite valve peu épaisse, formant une courbe uniforme, la plus grande épaisseur étant située vers le milieu de la longueur; vue du côté du front, elle offre une courbe semblable; elle est munie d'environ 20 (20-30) plis simples, médiocrement saillants, subarrondis, dont les cinq médians occupent un bourrelet peu prononcé, n'apparaissant que vers les deux tiers de la longueur; de sorte qu'on ne le rencontre que chez les vieux individus; sauf ce bourrelet, les bords sont dans un même plan. Valve rosti-ale presque uniformément convexe, à part un léger sinus portant 4 plis ; les bords latéraux et frontal s'unis- sent à ceux de l'autre valve sous un angle très-aigu. Arêtes cardinales longues, se rejoignant sous un angle variable d'environ 80" (Tlo-ST") ; arêtes latérales arrondies; front obtus. Crochet assez fort, mais aigu; ouverture dans le plan des valves, arrondie, embrassée par un doltidium court au milieu (Vs du diamètre de l'ouverture), de moitié plus large que long. Aréa striée, déprimée, bien limitée, surtout vers le crochet, échan- crant assez profondément la petite valve. Elle atteint rarement les dimensions indiquées; les plis extrêmes sont parfois très-peu marqués : il est rai'e d'y trouver quelque dichotomie; mais on rencontre des individus où le sinus disparaît par l'élévation ou l'abais- ToME XXV. 33 2o8 DESCRIPTION DES FOSSILES sèment d'un des côtés. Sur un Irès-vieil individu, les bords des valves tombent plus rapidement. Rapports et différences. — Cette espèce se rapproche de la R. rostrata, Sow., sp., de la craie; elle s'en distingue par son épaisseur moindre, le nombre des plis du sinus, le front plus obtus, et surtout le crochet beaucoup moindre. Il est très-facile de la séparer de la /». angiilata, Sow., sp. (pi. 502, sub Ter. acuta). Nous dédions cette Rhynchonelle à M. Langlet, de Longwy, qui a bien voulu diriger nos courses aux environs de cette ville, et nous enrichir d'espèces rares de sa belle collection. Localités. — Cette espèce appartient au calcaire bajocien de Longwy; elle n'est pas rare auprès de cette ville, et nous l'avons trouvée dans le même terrain à Lamorteau. 10. RhïNCHONELLA NIOBE, N. (PI. XXXVII, (ig. s.) R. testa obtuse trigonâ, stibconvexâ, in fret médium latiore, concentricè subtiUssimè strialâ, lO-\'5plicatâ; plicis obtusis, primùm obsoletis, medianis 3. rare) 2, in juge minoris vcdvae convexioris; umbone mediocri, subacuto; deltidio conspicuo; aperturâ magnâ; ared parvcl. Dimensions. — Longueur 14 mill.; largeur 16; épaisseur 8 = 100 : 114 : 50. Description. — Coquille de petite taille, de forme ovale, obtusément triangulaire, arrondie vers le front, peu épaisse, ornée de stries d'ac- croissement à peine marquées. Petite valve formant plus de la moitié de l'épaisseur totale, s'élevant d'abord assez rapidement pour atteindre sa plus grande élévation au bord frontal sous un angle très-aigu; munie de 10-15 plis simples, épais, mousses, peu marqués dans leur première moitié, dont 5, rarement 2, occupent un bourrelet médiocre, et ordinai- rement 4 se trouvent sur chaque côté. Grande valve peu convexe, munie de plis correspondants et d'un sinus qui n'est bien marqué que vers le front. Arêtes cardinales longues, se réunissant sous un angle à peu près DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 2d9 droit; arêtes latérales peu convexes; front arrondi. Crochet médiocre, arrondi, aigu et recourbé; ouverture grande, circulaire, dans le plan des valves, et dont la moitié est embrassée par un deltidium de deux pièces beaucoup plus large que long; aréa petite, mal limitée, à peine striée, échancrant peu ou point la petite valve. La plus grande largeur et la plus grande épaisseur se trouvent au delà du milieu de la longueur. Rapports et différences. — Cette espèce est voisine de certaines variétés de la R. variabUis, Schl., sp., mais sa forme est plus ovale, le crochet moins recourbé et plus arrondi, l'ouverture est plus grande, toujours séparée de la petite valve, qui n'est pas échancrée par l'aréa. La R. subvariabUis, Dav., est munie de fortes lignes d'accroissement. La Pi. Ltjcettu, Dav., en est beaucoup plus voisine. Localité. — Elle se rencontre, mais très-rarement, dans le calcaire de Longwy, surtout dans les couches marneuses, auprès de cette ville. 1 1 . Rhynchonella obsoleta. (PI. XXXVIl, Cg. 10.) TenEBRATUL.i OBSOi.ETA. Sow., 1812, Min. conch., t. I, p. 192, pi. 8.", fig. 7. — — Vaik., '[S-2^2 , Introd. to stiid. ory. rem., p. ^ôi. — — Bronn, 1838, Lethaea, p. 289, pi. 18, fig. ô. — — Morris, 1843, Catal (f. David). RBYBiCHOaiELLA — DavidsoD, 1853, Brit. Brach., t. III , p. 90, pi. 15, fig. 1-5. R. testa subtrigonâ, convexâ, iS-'^i plicatâ; plicis simplicibiis acutis , 3-G medianis in jit(jo minoris valvae, nonnunquàm nnilateralibus depressis; umbone parvo , aciito, incurvo ; areâ parvd; deltidio aperturam parvam ferè totam atnplectenle. Dimensions. — Longueur 20 mill.; largeur 18-22; épaisseur 11-14 = 100:90-110:55-70. Le plus grand échantillon que nous possédions a 25 millimètres de long. Description. — Coquille triangulaire à angles arrondis , médiocrement haute, à peu près aussi longue que large. Petite valve s'élevant plus ou moins rapidement, atteignant sa plus grande hauteur vers le front, munie d'un bourrelet assez saillant qui n'apparaît pas avant la moitié de la lon- gueur, et porte 5-0 plis simples, forts, aigus, séparés des côtés par un 260 DESCRIPTION DES FOSSILES espace que parcourt un pli incomplet; 7-10 plis sur chaque côté. Grande valve ornée d'un sinus et de plis semblables; bords latéraux confondus avec le front en une courbe régulière, raccordés avec les arêtes cardinales, qui sont droites et se réunissent sous un angle variable, ordinairement moindre qu'un angle droit. Crochet médiocre, arrondi vers le dos, aigu , recourbé; ouverture petite, embrassée presque entièrement par un delti- dium de deux pièces; aréa à peine striée, bien limitée, avec une petite auricule enfoncée échancrant fortement la petite valve. Parfois les deux côtés ne sont pas symétriques, ni situés à la même hauteur. Cette espèce est fort variable par ses dimensions relatives, surtout par l'épaisseur et la saillie du bourrelet, qui est parfois peu marqué, par l'angle plus ou moins aigu sous lequel les valves se réunissent et par le nombre des plis du bourrelet, qui est généralement de 5-6 , parfois de 4 ou même de 5. Rapports et diprences. — Cette espèce se rapproche par l'une ou l'autre de ses formes des R. concinna, Sow., tedracdra, Sow., qimdriplicala , Zielen, et Edivardsi, N. On éprouve parfois de grandes difficultés pour la séparer de certaines variétés de R. tetracdra, du moins lorsque celle-ci porte o-G plis au bourrelet; on observera cependant que le nombre des plis est plus considérable, l'épaisseur moindre, le bourrelet moins saillant; en outre, l'espace latéral du bourrelet est notablement moindre; le crochet est sur- tout plus saillant et moins recourbé; il laisse à découvert un deltidium qui entoure entièrement ou presque entièrement l'ouverture. Elle se dis- tingue de la R. concinna par ses dimensions, ses plis moins nombreux et plus forts, et surtout par le deltidium qui sépare l'ouverture de la petite valve, et par l'oreillette plus saillante. Enfin, il se pourrait que la/î. innl- liformis, Roemer, sp., appartînt également au même type. Localités. — C'est la rhynchonelle la plus fréquente dans le calcaire de Longwy, surtout dans les couches marneuses; nous l'avons rencontrée par- ticulièrement près de cette ville, puis à Ruette, à Halanzy, etc. En Angle- terre, on la trouve dans le great oolite près de Bath, de Cirencester, de Fel- mersham, etc.; dans le Rradford-clay de Bradford, et probablement dans le corn-brash. En France, on la rencontre dans le grand oolithe, en Nor- mandie (Davidson). DES TERRALNS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 261 ANNÉLIDES. Genre SERPULA, Linné. Corpus tuhkola elongatum, posticè attenuatuni; segmenti crebri angusti; tubicalcarei solilarUvelaggregati, plus minùsve flexi vel varie convoluti, afjixi. \ . SeRPULA SOCIALIS. (PI. XXXVIII, fig. ^.) Parkinson, 1811 , Org. rem., l. III, pi. 7, fig. 2. .ScliriUer, E inleitung , t. IV, pi. 2, fig. 12. Serpvi.a .SOCIALIS. Goldfuss, Petref., 18ÔG, pi. 69, fig. 12. S. testa filiformi elongatâ laevi, pluribus in fasciculum aggregatis. Description. — Sei'pule à tube cylindrique, fi liforme, allongé, lisse, peu flexueux, un plus ou moins grand nombre étant lâchement rassemblés en faisceau. Localités. — Elle appartient à la marne de Jamoigne, à Muno, Villers- sur-Semois, etc.; au grès de Luxembourg, près de Guirsch, et au calcaire de Longwy. Elle paraîtrait se trouver, d'après Goldfuss, dans le calcaire eiffélien (?), dans l'oolitlie inférieur de Souabe et dans le sable vert de Ratis- bonne (?). 2. Serpula limax. (PI. XXXVIII , fig. 4 ) Serpi'i.a i.imax. GoW!., Petref., 18JC, pi. G", Gg. 12. S. testa serpentinâ, antice tereti, transversim striatd, posticè triquetrd; carinâ rectâ, lateribus subconvexis. Description. — Serpule à tube flexueux, cylindrique en avant et strié transversalement, triangulaire en arrière, muni d'une carène droite, légè- rement convexe sur les côtés. 262 DESCRIPTION DES FOSSILES Localités. — Du calcaire de Longwy, près de cette ville, où elle est rare; de l'oolithe inférieur des environs de Baireulli. 5. SeRPULA TIllCARINATA. (PI. XXXVIU,fig. 3.) 8ERPULA TRICARIKATA. Goldf., Pctref., 18ÔG, pi. 08, fig. 6. S. testa serpentinâ laevi quinquetrâ; carinis approximatis , aequaiibus. aculis. Description. — Serpule à tube lisse, diversement flexueux, à cinq faces, une adhérente large, deux latérales et deux supérieures étroites, séparées entre elles et des latérales par trois carènes aiguës, égales et rapprochées. Localités. — Du calcaire de Longwy, aux environs de cette ville, où elle est rare ; de l'oolithe ferrugineux de Rabenstein. 4. SeRPULA FILARIA. (PI. XXXVIII, fig. 2.) .Serpui.a FiHKH. Goldf.,/'é>«rp/'., 18ô6,pl. 69, fig. 11. S. testa fiUformi, laevi, postice in spiram discoïdeam convolutd , anticè flexuosâ, elonyatd, sensim incrassatd. Description. — Serpule à tube cylindrique, filiforme, lisse, enroulé en arrière en spire discoïde, libre et plus ou moins flexueux en avant, allongé et insensiblement épaissi. Localités. — Du calcaire de Longwy, près de cette ville , et de Halanzy. De l'oolithe inférieur de Graefenberg; du calcaire jurassique de Streiiberg. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 265 POLYPIERS. Famille des ASTRÉIDES. Genre MONTLIVALTIA, Lamouroux. MoNTLivALTiA, Lamx. Anthopuïlllm, Goldf. MoNTLivALTiA et Thecopoïllia, M. Edw. et H., Comptes rendus, t. XX.V1I; Ami. des se. ma.. 1848,3=sér., t. XI. Lasmopuyllu , I Ellii'SOsmilia (pars) , l Perismilia , > D'Orb., Note sur des Pol. foss. et Prodr. POLYPIIÏLLIA , \ CONOPIIYLLIA , I MONTLIVALTIA, M. Edw. et H., Pohjp. paléoz. et Brilish fossils corals. « Polypier simple, fixé ou libre, et subpédicellé; columelle nulle; cloi- sons nombreuses et serrées, très-larges, droites, débordantes, à bord supérieur fixement et régulièrement denticulé -, muraille recouverte d'une épithèque membrani forme très-développée. » Ce genre renferme un grand nombre d'espèces, presque toutes secon- daires, quelques-unes tertiaires. MM. Milne Edwards et Haime en comptent 71 espèces (y compris les espèces nouvelles indiquées dans le Prodrome de M. d'Orbigny), auxquelles il faut en ajouter 7 autres décrites dans les Polypiers fossiles d'Angleterre. Sur ce nombre 10 appartiennent au Muscliel- kalck de S'-Cassian; 4 (5?) seulement au lias. Nous en ajouterons une espèce du lias inférieur. 1. MONTLIVALTIA HaIMEI , N. (PI. xxxvni,fig. s.) M. subpedunculatâ, discoïded, maxime depressd; calyce saepiùs convexius- culo; fossulâ centrait parvd , orbiculari; sepds numerosis, tenuibus, cycla ... . . — irregularis , Miinsl. . . Pccten disciformis , Schiibl. . . — lextorius , Sclil. . . Pinna diluviana, Ziet. Rbjnchonella Buchii? Roem., .ip. Serpula socialis. Goldf. . . . 4. Uafnc tie Slfa»*en, 2,3 2,3,8 Monlhvaltia Guettardi, Bl. . Mjtilus Hillauoïdes? N. . . Nautilus afTinis , N. . . . Ostrea arcuata, Lam., sp. Pecten disciformis, Schubl. . — textorius , Schl. . . Pholadomya ambigua , Sow. — glabra,Ag. Pleuromya striatula , Ag. Pleurotomaria expansa , Sow., sp 2,4,8 2,4 1,2 4, S', 8? 4,5*, 5,6,8. 4,5* 2,8 3,3*, 8? 5, 5*, 5, 6, 8 DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 273 NOMS DES fSPÈCES. ÉTAGES. NOMS DES ESPÈCES. ÉTAGES. Pleurotomaiia rtistica, E. DcsI. Terebialula causoniana, d'Oib. Rhjnchonella anccps, N. . . . 2 Turbo Buvignieri , N. — Bucliii? Roem. . . 3 — insculptus, N. Spirift-r Walcotli, Sow. — seIcctus,N. 3*. Sablt ? inférieur cf» macigiio «r.lnbnuge (' . Ammoniles iiiullicoslatiis, Sow. . 3 Pecten texloiius, Scbl 3,4,5,6,8 — obuisus, Sow. Pholadomya Davieu\i, N. — Valilani, Sow. — Dumonli, N. Avicula Sinerauricnsis, d'Oil). . . .-,4,5 — Nysli,N. Caidinia Konincki, N. Pinna infiala, N. Ostiea cyniliium, Lani., sp. . . S Rhynclionella Buchii? Roem , sp. . 5? 4 Peclen acuticosla, Lam. ? — vaiiabilis, Schl., sp. 5 — (lisciformis, Siliiil)!. . . . .-,4,8? Terebralula sub-punctata, Dav. O. lUacigito d'Atibaitgf, Ammoniles spinatns, Br. Pholodomya loliacea , Ag. Avicula sinemupiensiSjd'Oib. . . .5,4,5- Pleuromya Alduini, A. Br., sp. . 6,8 Belemnites abbreviaUis, Mil). — rostrata , Ag. — clavalus, De Bi. — unioïdes , Roem , sp. Cerilliiiim subciii'vicosL, E. Desl., sp. Plicatula spinosa, Park. Ceromya gregarla, Boem., sj). Rbynchonella acuta, Sow., .ip. Lingula sacculus, N. — tetraedra, Sow., sp. Mylilus subparalleliis,N. — variabilis , Scbl., sp. 5 • Osliea cymbium, l.am., sp. . . 5" Spirifer rostratus, Schl., sp. Pccten aequivâlvis , Sosv. Turbo eyclosloma , Benz. — textorius, Sclil ô , 4 , 5 % G , 8 — minax , N. Pholodomya decorata , Uailm. 3. Marne rfo Afniitf-Cotff. Ammonites bifrons , Bnig. Ammonites coniniunis, Sow. — Braunianiis, d'Oib. — complanatus , Brug. — Comensis, de Buch. — concavus , Sow. (') Nous avons juç^é coinenable de fair e une liste séparée d es fossiles de celte couclic; primitivement ils étaient compris dans celle du nuicii;iio , sauf quelques-u Tome XXV. ns, qui avaient été i apportés au grés île Luxembourg (I8S3). m 274 DESCRIPTlOrS DES FOSSILES NOMS DES ESPECES. AmiiiiiJiites cornucopiae, Y. et B. — heteroplijllus , Sow. Holanilrei, d'Orb. mucronatus, il'Orb. — radians, Rein. . . — Raquinianus, d'Oib. — serpentinus, Scbl. — variabilis, d'Oil). Arca elegans , Roem., sp. Astai'te subtetragona , Miinst. Aviciila substriata, Miinsl., sp. ETAGES. NOMS DES ESPECES. Belemnites acuarius, Scbl. — compressas, Voitz. — irregularis, Scbl. — tripartitus, Schl. Lingula Lougoviciensis, Terq. Nucula amoena, N. — Omaiiusi, N. — subglobosa? Roem. Peclen textorius , Schl. . . . Pleuromya Alduini, A. Br., sp. Posidonomya Bronni , VoItz. 5, 4, 5*, 3 8. Oaîilho /V-i-fU<| " ' n — Iruncata, Ag •> •■ ' " Chemnilzia aliéna, N .« Hopscbeid. — Davi(]soni,N » Environs d'Arlon . . ingrata , K " Lime. nuda, N •' Entre Élalle et Virton. — turbinala , Terq . . . La Cuisine, Jamoigne. .. ? Walzing " Helcion discrepans. , de Ryck. . . • 1 — infra-liasina, de R^ck. . • Hetlaogia ovata, Terq Eiscben, Oiiirscb, AVol- bericb. Lime, etc. — Alsalica , Ag » Walzing. Homomya gibbosa , Sow. . . . " " ■■ — Konincki , Nob. . . . - Frelange. — Terquemi, Nob. . . . .' r •• Isastrea Bernardana, d'Orb., sp. . » - ■■ DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 281 Oolithc fcrr. DE 110>T-SAI»T-3ARTI.'«. Calcaire DE LOSCWT. OBSERVATIOyS. Longwy Id. Lias inférieur d'Angleterre. — d'Allemagne. — de Suisse. — d'.^nclclerrc. Longwy Id. Id. Id. Id. Lias supérieur? (Desl.), lias moyen ;J'Orb.) de Fr.ince. Lias inférieur d'HalbersIadt. Oulilhe inférieur de Normandie Lias (Goldf.) et oolithe inl'cr. (Cioldf., Uoeni.) d'Alleni.iiine. Oolilhe inférieur du Wurtemberg. Jura inférieur de Suisse (Ag.) , bathonien (d'Orb.)- Oolillie inférieur du Wurtemberg, dt- France. — de France. Lias inférieur de France (Hcttauge). Tome XXV. Lias moyen et supérieur de France. Oolithe inférieur d'Angleterre. Oolitbe inférieur de France. 56 282 DESCRIPTIOiN DES FOSSILES NOMS DES ESPÈCES. Marne DE JAMOIG.XE. Grès DE LUXEMBOURG. .Uarne DE STRASSE.N. JSabIc ET M4CIO0 d\vUB.1>GE. Isaslrea Condeana , ^ — Orbignyi, N. . . . — limitata , Lamx., sp. Lima alticosia, N — aciculata ? Miinstei-. . — duplicata, Sow., s;j. fallax, N giganlea, Sow., sp. . Hausmanni , Dunker. . — Hermanni, Voltz. . . — Omaliusi, N — plebeia , N — proboseidea ,Sow. . . — punctala , Sow. , sp. . — semicircularis, Goldf. . I.imea Koninckana, N. . . Lingula Longo-vicicDsis, Terquem — sacculus, N. . . . Lidiodomus Waterkeyni, N. Montlivaltia Guettardi, B!., sp — Haimei , N. . . M^lilus hillanoïdes, Goldf'., sp — psilinotus, de Ryi'k. — gibbosus, Sow., sp. — Terquemianus, de Ryck — subpai-allelus , N. . Nalica Koninckana, N. . . Nautilus affinis, N. . . . Nucula amœna, N. . — Omaliusi, N. . . . — subglobosa? Roem S"-Cécile. Jamoigne, Chiuy, Izel. Termes, Jamoigne. ■> S>^-Cécile Nord d'Étalé, Cliiny . Nord d'Étalé. Jamoig., Termes, Chiny. Jamoigne. La Cuisine . . . . Jamoigne, Termes, etc. Muno Fouche, Clairfontaine. Fouche ... Arlon (route de Mersch). Stockem Frassem. Près d'.lrlon. Frassem, Frelange. Waltzing . Waltzing, Frelange Waltzing? ? Frelange. Waltzing . Bleid. Bleiil, Aubange, Som- me-Tlionne. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 283 Marne DE GRAND-COUR. Oollthe ferr. BE MOXT-SAIST-ÎIARTIN. Srand-Cour (schiste) 'Couimy. Lamortcau, Ecouviez. Entre Buré et Grand-Cour. Lamorteau Calcaire DE LONGWT. Longwy . Hainazy. Longwy Longwy Longwy . Longwy. ODSER VA TIONS. Grand oolithe de France et d' Angleterre . Coralien d'Allemagne. Oolitlie corail. (Sow.); oolilhe inférieur et lias (Roemer, Goldf., Munster); callovien (d'Orb... Lias d'Angleterre, d'Allemagne et de France; lias supé- rieur (d'Orb.). Lias inférieur d'Angleterre. Lias infér. d'Allemagne , lias moyen de France (d'Orb.). Oolithe infér. d'Allemagne (Ziet.); Coral-Baçi (Roemer) En France, du bathonien à l'oxfordien. Lias inférieur d'Angleterre et de France. Oolithe inférieur de France et d'Allemagne. Lias supérieur de France. Lias inférieur de France. Lias d'Allemagne. Longwy Oolilbe infér. d'Angleterre, de Franco et d'Allemagne. Lias supérieur de France et d'Allemagne. 284 DESCRIPTION DES FOSSILES 1 1 NOMS DES ESPÈCES. Marne DE JA.110IGNE. Grès DE ICXEUBOCRG. Marne DE STRASSE>. .Sable et Macigno i d',hibasge {'). 1 Oslrea arciiata,Lam.,s;). . . . Izel, La Cuisine, etc. . Metzert , Gérouville. . Waltzing, Guirscli, elc. \ — acuminala , Sow. . . . » 1) » » — cymbium, Sow., sp. . . - .. f, Belmonl ', Aub?', Ville. — irregularis, Miinst. . . . Izel, Termes, Cliiny . Fouclic, Guirsch . . » « — Marshii, Sow ■> - .. ~ Phaedra , (POi-b " » " « — polymorplia ? Miinst., sp. . » « " — sanJalina, Goidf. . . •' - ■> 0 Pecten aeqiiivalvis, Sow. . . . - " » Aubange, Halanzy . . — acuticosta, Lam. ?. . . . « » n Entre Virlon et lielm' ', — ai'ticulatiis, Sclil .- rt " — disciformis, Schiibler. . . " Bergiwé,VaIansai-t,etc. Guirsch, Frelange . . Id — Geimaniae, Goldf., sp. , •> « " » — personatus, Goldf. . . . " " >' » — Satui'nus,d'Oi-b " 1> n n — textorius , SchI « Fouche, Lime . . . Waltzing , Frelange Belmont *, S'-Mard Pholadomya ambigua, Sow. . . » » Waltzing n bucardium, .\g. . . n » ■> - — decorala, Hartm. . . " » " Bleid — Deshayesea , N. . ■> » rt Weyler '. — fidicula, Sow. . . . » n " " ~ foliacea, Ag. . . » ï> Bleid — glabra, Xg- ■ ■ . •• » Id rt Davreuxi, N. . . " ■> n Houdelange *. — média, Ag. . • n » s — Murchi-soni, Sow. . " n n n - Nysli,N •' il n Weyler *. — Zieteni , Ag. . . . » .. " » Piiina diluviana, Zielen. . . . » Lasoye, Étale . . . •> » — fissa, Goldf. Jamoigne " - « — Hartmanni , Ziet. . . . Hachy » ■> " DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 28a Marne DE GRA^D-COCR Oollthe ferr. DE MONT- SAINT -MAKTIN. Grand-Cour . Mont-S'-Marfin, Coulmy. M Entre Keyl et Esch Calcaire DE LONCWÏ. Longwy M. Id. Id. ? Id. Longwy, Ilalanzy . Id Halanzy Longwy, Halanzy. . Longwy Id. Id. Id. OBSEItrATIOaS. Lins inféi'. de Franco, dWnglelorrc cl d'Allemagne. Oolilhe infér. d'Allemagne, de France et d'.^nglclcrrc. Lias moy. (d'Orb.); ool. sup.? (Desh.); ool. inf.? (lias mny.) (Sow.); lias moy. (Phill., Goldf.); Coral-Rn(j (Roem.). Lias infer. d'Allemagne (Goldf.); lias moyen? (d'Orb.). Oolilhe infér. d'Allemagne, d'Angleterre et de France; callov. cl oxford. (d'Orb.). Oolilhe inférieur de France. Oolilhe inférieur de France et d'Allemagne. Oolilhe infér. (Goldf.), id. et corallien? (Koenier), o\ford. (d'Orb.). Lias moyen d'Angleterre, de France et d'Allemagne. Lias moven (Roemer) ; lias super. (d'Orb.), oolilhe infer. (Ziet.j. Corail.? d'Allemagne(Goldf., Roemer), bajocien de France (d'Orbigny). Oolithe inférieur et lias (1. moy. d'Orb.). Oolilhe inférieur de France et d'Allemagne. Lias sup. (Goldf., d'Orb.) et ool. inf. (Goldf., Ziel.). Bajocien de France (d'Orb.). Lias et oolilhe infér. (Goldf.); lias infer. et super. (d'Orb., 2 espèces). Lias moyen (Roemer.). Oolithe inférieur de Suisse. Lias moyen (Roemer); lias et oolilhe infér. (Goldf.); lias infér. et moy. (.\g.), toarcien (d'Orli.;. Oolilhe infér. de France, de Suisse et d'Allemagne. Lias (Agasiz), toarcien (d'Orb.). Lias d'Alsace (Ag.); liasien (d'Orb.). Oolilhe inférieur de Suisse (Ag.). Oolilhe inférieur de Suisse, d'Angleterre et de France. Oolilhe ferrugineux de Suisse. Lias d'Allemagne. Lias inférieur d'Allemagne. Idem. 286 DESCRIPT ION UES FOSS ILES NOMS DES ESPÈCES. Marne DE JA M OIGNE. Grés UE mXE.lIBOURG. Marne BE STRASSEN. Sable et nacigno | b'aub.inoe. I Piiuia inflata , N » » Volkrange '. — similis , K Muno. Pleuromya Alduini, A. Brong,, S]). « ■• " Aubange, Virlon . . — decurtata, Goklf., sp. . " » » " — elongata, Mùnst., sp . " n .' n — Helena,N " .. « " — rostrata , Ag. • • • « - " Aubange — striatitla , Ag. . " - Waltzing - — tenuislria, Miiost., sp » » ■> — unioïdcs, Roem., sp. . - » n Id Pleui'otomaria basilica , N. . . . Jamoigne. — cognata , N. . . . Chiny. — gjToplata, Desl. . ■> » ■> » — mutabilis, Desl. . '. " « ■■ » — Phine, N. . . . .- .- y .- — rotellaeformis, Dunk Muno Il " » — ruslica , Desl. . . » " Id - — expansa, Sow., sp. . Jamoigne, La Cuisine. » Id ■) Plicalula spinosa, Sow « - Aubg^, Ville, Halanzy, etc. Posidonomya Bronni , Voitz. " « •■ i> Rhynchonella acuta , Sow., sp. . . ^, •> '■ Ville — anceps, N Jamoigne " Guirch, Waltzing. — Buchii ? Roem., sp. . Guirscli Bonnert, Frelange . . » — Davidsoni,N. . . . .- .' » » — Edwardsi , N. . . . '1 » n ■ n — Langleti, N. . . « « " — Niobe, N ■• " n " obsoleta, Sow., sp. . » « n » PaIIas,N ■i » » ■■ — telraedra,Sow., sp. . ■■• « ■• Villon, S'-Mard, Ville. — variabilis, Schlolli.,.sp. •■■ » « Aubange, Ville, Virton, i etc. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 287 Marne DE GIUND-COBR Oolithe fcrr. DE MO«T-SAINT-MARTin. S'-MarJ Lamorleau Calcaire DE LOMCWÏ. UBSER VA TIONS. Id. 1(1. Id. W. Id. Id. Longw)- Id. Id. Id. 1(1. Id. Id. Id. Lias d'Allemagne; oolilhe infér. d'Alsace [Goldf. ; id, de- Suisse (Ag.), de France (d'Orb.). Oolithe inférieur du \Vurlemberg. Oolilhe inférieur d'Allemagne. Lias d'Alsace (Agasîs), lias inférieur (d'Orb.;. Lias inférieur de Suisse et de France. Olithe inférieur d'Allemagne. Lias moyen de France et d'Allemagne. Oolithe inférieur de France et d'Angleterre. Idem. Lias inférieur de France et d'Allemagne. Lias inférieur de France. Lias (inférieur?) de France et d'Anglelorre. Lias d'Angleterre, de France et d'AUemagne. Lias supérieur d'Allemagne et de France. Lias moyen d'Angleterre et de France. Lias moyen d'Allemagne. Oolithe inférieur d'Angleterre et de France. Lias moyen d'Angleterre, de France et d'Allemagne. Lias inf. et moyen d'Angleterre, de France et d'Allemagne. 288 DESCRIPTION DES FOSSILES MM DES ESPECES. Serpula limax , Goldf. . . — iricarinata, Goldf. . filaria socialis Spiiifer Walcotli, Sow. . . . — rostratus, Schl., sp. . Slraparolus glabratus, N. . . Terebratula siibpunctata, Dav. — Causoniana , d'Orb. perovalis, Sow. — .subbuculenla, N. . Thamnastrea Diimonli, N. . . Ti'ochus intermedius, K. acuniinatus, N. . Turbo atavus, N — Buviguieri, N. . . . — insculptus, N. . . , — Nysti , N — cyclosloma , Beiu. . — minax , N — selectus, K — ditiof, N niarne DE JAMOIOE. Muno Jamoigne. Id. Id. Id. Grès UE lliXEUIDOIJRU. Guiisch Marne de'stiiassen. Waltzing, Bonnerl. Fielange Environs d'.^rlon. Id. Waluing. Sable et lUacIgno l'aLBA>C£. Aix-sur-Croix, Virlon S. d'Arlon *, Weyler Halanz)', Aubange. Halanzy. DES TERRAINS SECONDAIRES DU LUXEMBOURG. 289 Marnr DE (iRASU-COin. Oollthe ferr. DE 3Î0NT-SAI.VT-.1IARTIN. Calcaire DE LOSGWY. OBSER VA TlOyS. Longwy 1(1. . 1(1. 1(1. Id. M. Id. Id. Environs de Ruette. LÎJts infi*r. et moyen d'Angleterre, de France et d'Alle- magne. Oolilhe inférieur d'Allemagne. Idem. Idem. Oolilhe inférieur; sable vert; cale, de l'Eiffel (*?). Lias inf(ir. cl moy. de France, d'.AIlemagne et d'An^'le- terre. Lias d'Angleterre, de France et d'Allemagne. Lias moy. d'Angleterre, de France et d'Espagne. Lias infiîrieur de France. Oolilhe infér. de France, d'Angleterre et d'.Allemagne. ? Oolilhe inférieur d'AllcHiagne. Lias supérieur du AVurtemhcrg. Tome XXV. 37 LISTE DES OUVRAGES CITES. Agassiz. Études critiques sur les iMollusques fossiles, Trigonies, Myes, Car- dinies; 1840-45. Bayer. 'Opuxrsypaaix Norica, etc.; cum labb. Norimbergœ, 1708. Bayle. (V. Coquand.) Blainville (H. Ducrotay De). .Manuel de malacologie et de conchyliologie. Paris, 1825. — Mémoire sur les Bélemniles. Paris, 1827. — Manuel d'Aclinologie et de zoophytologie. Paris, 1834; 1 vol. avec allas. Boblaye. Mémoire sur la formation jurassique dans le nord de la France. {Annales des sciences naturelles, t. XVII, 1829.) Bosc. Histoire naturelle des coquilles. {Bufjbn de Ik'terville); 1802. BouRGUET. Traité des pétrifications; avec figg. Paris, 1742. Bkander. Fossilia Kantoniensia collecta et in Musaeo Britannico deposila; 1766. Brongniart. (Ann. des mines, t. VI.) Bron.n. Letliaea geognoslica. Slultgard, 1834-1858. • — Index palaeontologicus. Stuttgard , 1847-1848. Bruguière. Histoire naturelle des vers. [Encyclopédie mélliodiqxie) ; 1792, avec un supplément par Deshayes, etc. BucH (De). Recueil de planches de pétrifications remarquables, avec la des- cripùon. Berlin , 1831. — Ueber Belemnilen. [Mémoires de r Académie des sciences de Berlin, 1832.) LISTE DES OUVRAGES CITES. 29 i BUCHMAMN Bulletins BUVIGNIER. Chemnitz. CoQUAND et Bayle. BucH (De). Ueber Delthyris, oder Spirifer und Oiiliis. (Mémoires de l'Aca- démie des sciences de Berlin, 1838.) — Essai sur une classilicalion des Térébralules. {Mémoires de la So- ciété géologicpie de France) ; 18Ô8-59. Geology of cheltenliam. de l'Académie des sciences, des lettres et des beaux-arls de Bel- gique, t. XVI, p. 551. de la Société géologique de France; 1850-52. Mémoire sur quelques fossiles nouveaux des déparlements de la Moselle et des Ardennes; 1845. {Mémoires de la Société philo- matique de Verdun.) Statistique géologique, minéralogiquc, minéralurgique et paléon- lologique du département de la Meuse. Paris, 1852; 1 vol. avec allas. BuviGNiER (Sauvage et). Statistique rainéralogique et géologique du département des Ar- dennes; 1842. Systemalische Konchylien Cabinet, vol. IV à XI. Suite à Martini; 1780-1795. Note sur les fossiles recueillis dans le Chili , et sur les terrains auxquels ils appartiennent. {Bulletin de la Société géologique de France, 1851.) CuviER (le baron De). Règne animal, 5° édition. Bruxelles, 1856. Davidson (T.). Monograph ofBrilish oolitic and liasic Brachiopoda, 2'" et ô" par- ties. Londres, 1851-52. — Lamark Species of fossil terebralulae. Londres, 1850. De Haan. Monographiam Ammonitearum el gonialilearum, etc. Lugduni Balavorum. Mai 1825. Deshayes. Encyclopédie méthodique, 1850-1855, faisant suite à Druguière. — Description de coquilles caractéristiques des terrains; 1851. — Traité élémentaire de conchyliologie, avec l'application de cette science à la géognosie. Paris, 1859-1855. (Tome I.) Deshayes el MiLNE Edwards. Histoire des animaux sans vertèbres, 8 vol.; 1855-45. (2° édit. de Lamarck.) Deslongchamps (E.). Séance de la Société Linnéenne de Normandie, tenue en 1857. 1 broch. Caen. — Mémoire sur les genres Turritelle, Ranelle et Fuseau, 1845. (Mé- moires de la Société Linnéenne de Normandie, t. VII.) — Mémoire sur les Pleurolomaires des terrains secondaires du Cal- vados; 1848. {Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie, t. VIII.) Dictionnaire des sciences naturelles, en 60 vol., avec supplément; 1816-1850. 292 LISTE DES OUVRAGES CITES. DuFRÉNOY et Élie de Beaumont. Mémoires pour servir à une description géologique de la France; 4 vol. Paris, 1850-1858. Mémoire sur les terrains secondaires du Luxembourg. (Extrait du tome XV des Mémoires de l'Académie royale de Belgique.) Rapport sur la carte géologique de la Belgique. (Dullelin de l'Aca- ik'mie royale de Bclgicfue , t. XVI, 2° partie, p. ôrji.) Paleonlographica. Vol. I; 184()-l8ol. Considérations sur les Béleninites; 1819. Prodrome ou Tableau systématique des animaux mollusques, clas- sés en familles naturelles; 182:2. Petrefacta Germaniae; 5 vol., avec pi.; 1827-1844. DUMONT. DuNKER et Meyer. Faure-Biguet. Férussac (De). goldfuss. gualtiëri. Guettard. KOCH et DUNKER KoNiNCK (De). Knorr. Kruger. Lamarck. Lamouroux. Langius. Leonhard et Bronn. Lister. LiMS/EUS. LlJID. Menke. Miller. Michelin. Index testarum, conchyliarum, etc.; 1712. Mémoires sur différentes parties des sciences et b- Argonauta serpentinus 68 Astarte '49 — consobrina ib. — excavata 150 — subtetragona '''■ jtstrea limitata 268 Aubange {sable, schiste cl maciguo d'). ... 12 AvicuiA 204 — ecliinala 207 — inaeguivalvis 205 — Sinemmiensis *''• — subslriala 200 38 298 TABLE ALPHABÉTIQUE. B. Hajocien (sjslcme) l-J I3ELE:tIMTi:S »" — Jalensis 30 — abbreviatus 22 — aouarius 26 — aeuminatus 30 — acutus 20 — aduncatus 23 — apicicurvatus 23 — bicanaliculatus 23, 30 — bipartitus 30 — breviformi^ 22 — brevis 20, 22 — clavalus 21 — compvessus 23 — compressus 50 — crassus 23 — dif/itulus 28 — ellipticus 30 — f;iganteus ib. — yigns î*- — gladius *&■ Beieîimtes gracilis 26 — grandis 30 — iiiegularis 28 — lagenacfonnis 26 — laevis 20, 26 — loiigiscatm 26 — longisxhmix ib. — longisulcatiis ib. — longus 30 — oxgconus 24 — penicillntus 28 — pistiUiformis 21 — quiiiquesulcatus 50 — strialus 26 — subclavatus 21 — tennis 26 — tenuistriatus ib. — tripartitus 24 — trisulcatus 25 — tubularis 26 — tumidus 23 CiBDMI.4 '31 — angustiplexa 154 — concinna 163 — copides 165 — crassiuscula 162 — Dunkeri 158 — gibba 159 — hybrida 167 — Konincki 164 — lamellosa . . ' 155 — Listeri 168 — Nilsoni 155 — poiiecta 100 — similis 161 — subaequilatepalis .152 — sublamellosa 153 — unioïdcs 157 Cekithium 104 — conlorme ■ . . 106 — Dumonti . . ib. Cerithidii subcurvicostatum 107 — subturritclla 105 Ceeomya 1-^1 — conforniis 146 — gregaiia 147 — lalior 148 — lunulala 14-2 — striato-punctata 143 — truncata 144 Cliamites laevis giganuits 199 Chesinitzu "6 — aliéna 77 — Davidsoni 78 — ingrata 79 — nuda 79 — turbinata 77 Cucullaea elegans 1 78 — oblonga 179 Cytherea lamellosa '55 TABLE ALPHABETIQUE. 299 o. DeWiijris Hartmanni 237 — ocloplicalus 236 — rostratus 237 — twnidns ib. — verrucosus «6. Fusus eurvicnsUilus 107 Globitcs hetsrophyllus 58 Grand-Cour (marne et schiste de) 15 Gresslya conformis 146 — gregaria 147 — Uilior 148 — iunulata 142 — ovata 142 — rostrata 144 — striato-punctata 143 — truncata 144 Gryphaea arcuata 221 — cymbium 223 Harpax 218 HEtClD» 108 — discrepans 109 — infraliasina 108 ffelicina cxpansa 97 — polita ib. — solarioïdes ib. Introduction 7 IS»STRE4 165 — Bernardana 267 Jamoigne (marne de) 10 DeUliyris Wakotti 236 Donaciles Alduini 140 — costaUis 170 — sukatus ib. Gryphaea cymbiila 223 — depressu ib. — gigantea «6. — incurva 221 — laeviuscula 221 — lobata 223 — Mac-Cullocliii 221 , 223 — obliquata 221 — ovalis ib. — polymorpha 225 — suilla 221 H. I, Hettakcia 173 — ovata ib. HOMO-IIYA 125 ~ alsatica ib. — gibbosa 127 — Konincki 126 — Terquemi 129 IsisTREA Condeana 267 — limitata 268 — Orbignji 266 Jurassique (terrain) ',15 ÔOO TABLE ALPHABÉTIQUE. Lias S — inférieur 9 — moyen 13 — supérieur 1ô LinA 193 — aciculata 500 — allicosia 203 — duplicata l'JS — fallax 105 — gigantea 199 — Hausuianni 195 — Heimanni 194 — Omaliusi 190 — pectiniformis 202 — picbeia 197 — proboscidca 202 — punctata 201 — semicircularis 202 L.niEV 192 — Koninckana ('•. Li>GUL.v 232 — Longo-vicicnsis 234 Li>cuiA sacculus 233 LiinoDOMCs ISf^ — Waterkeyni 191 Longwy (calcaire de) 14 Lutraria Alduini 140 — dccurtata 137 — donacina 1 40 — elonyata 138 — (jregarla 147 — sinuosa 131 — striato-punctata 145 — tenuisiria 130 — unioïdcs 133 Luxembourg (grès de) 1 0 Zyonsia abdticta 148 — lalirostris 142 — peregrina 144 — sliiato-puncCata 143 — unioidcs 133 Lyriodon costatuin l'O Lyrodon costatutn ià. M. JUactra gibbosa 1 27 Martinsart (grés de) 9 Melania turritella 105 Monotis inaequivalvis 205 — substrialtts 206 Monl-S'-Martin (oolitlie ferrugineux de) . . . 14 MuftTLIVALTIA 263 — Guetlardi 204 Natica — Koninckana Nautilus .... Oslrni'itrs cristd-yalli . — pcitiniformis . W. 80 81 82 — alTniis 34 — anntilfiris 50 — coslcttus 49 o 228 202 MoNTLiïALTiA Hainicl 203 MïTILDS 185 — gibbosus 189 — Hillanoïdes 185 — Hillanus th. — psilinolus 187 — subparallelus 188 — Terqueniianus 180 Nadtilbs opalinus 70 — radians 72 INUCULA I'4 — amœna 170 — Omaliusi 177 — subglobosa 175 OsIraciUs sessilis 228 OSTREA 219 TABLE ALPHABÉTIQUE. 501 OsTREi acuminal.'i 227 — arcuata 220 — crista-r/aUi 228 — c^mbium 223 — diluviana 228 — /labelloides ib. — intermedia 220 — irregularis il>. — laexiiusculn ib. OsTRKA Marshii 228 — pectiniformis 202 — Phaedia 225 — poljmorpha '!>■ — saudalina 226 — semicirculdris 220 — spinosa 228 — ungula 220 Pacliyodon conciiiniis 163 — crnssiusculus 162 — Lister i 168 Panopaea Brongniarti 140 — decurtata 137 — striatula 132 — subelongata 138 — subrostrata 134 — tenuistria 136 Pecten 209 — acuticosta 211 — acnlicostatus ib. — aci|uivalvis 212 — annulatus 214 — ai'liculatus 213 — corneus 210 — demissus ib. — disciformis ib. — Germaniae 214 — paradoxus 216 — pcrsonatus ib. — Phillis 209 — pumilus 216 — Satuinus 215 — tcxlorius 209 Pectinites articulatus 213 Phoiadomya '.110 — ambigua 115 — aiiibifiua 133 — bmardium 124 — Davreuxi 112 — decoiata 118 — Ueshajesea 111 — fidicula 119 — fidicula 120 — loliacea 117 — gibbosa 127 — glabra 114 Pholadomya lyrata 120 — média 121 — Murchisoni 122 — Nysti 115 — obtusa 121 — Zieteni 120 PisN* 180 — diluviana 185 — fissa 181 — Harlmanni 182 — Hartmanni 183 — inllata 184 — similis 182 Pinnites diluvianus 183 Placuna nodulosa 218 Ptagiostoma du])licalum 198 — giganteum 199 — Hermanni 194 — punclatum 201 — semihmare l'J'J Planitcs bifidus 56 — bisulcatus 42 — Conybeari 44 — serpentinus 68 PlEliROMYA 15*> — Aldiiini 140 — decurlala 137 — elongata l'^8 — Helena l'^S — roslrala 134 — sinuosa 131 — strialula 132 — tenuistria 136 — unioïdes l''^ Pleurotomaria ^^ — alimena 1**! — basilica ^4 — cognata "5 502 TABLE ALPHABETIQUE. Pleurotohahi V expansa 97 — gyroplata 101 — heiiciformis OG — mulabil).i 102 — Phine 105 — polil/i 98 — rolellaeformis 96 — rustica 100 — subconoïdea 102 — suturalis 98 Plicatola 217 Plicatui.i spioosa 2]8 — tegulata ;(), Poshlonia Bronni «08 POSIDO.VOUÏA 207 — Bronni 208 Préface ô Prionaslrea alinuiia 268 — Bernardana 267 — limitala 268 — Lucicnsis ib. R. Rotella expansa 98 — polita ib. Rhï>chonelia 245 — acuta 230 — anceps 246 — Buohii 247 — Davidson! 233 Rhynchonella Edwanlsi 255 — Langleli 257 — Niobe 238 — obsoleta 259 — Pallas 254 — tetraedra 251 — variabilis 249 S. Serpula 261 — filaria 262 — limax 261 — socialis ib. — tricarinata 262 Spiiufer 235 — chiliensis 237 — Harlmanni ih. — linijuiferoïdes ib. — mesotoba ib. — pitiguis ib. Spirifer punctatus 237 — rosiratus ib. — tumidus ib. — verrucosus «6. — Walcolli 23C Spiriferina Harlmanni 237 — verrucosa ib. — Jralcotti 256 Straparolos 84 — glabratus 85 Strassen (calcaire et marne de) 11 T. Tebebrathla 238 — acuta 230 — bidens 249 — bucculenta 242 — Btichii 247 — Causoniana 241 — globata 243 — ingrata 239 — intermedia 243 — média 251 Terebbatbla obsoleta 259 — perovalis 245 — subbucculenta 242 — subpunctala 259 — tetraedra 251 — triplicata 248 — variabilis 248 — Tf-'alcotli 236 Terehratxtlites rostrattis 237 — variabilis 248 TABLE ALPHABETIQUE. 303 THAsmsiKEt 200 — DumoiUi 270 Thecophyllia Gucttrirdi 204 J'rigonotreta If'akotU 2ô0 Trigosia 169 — Havellata 172 — costala 1 70 — lineolata ib. — sifçiiata 172 Trochus 81 acuminalus r. Unio concinntis 1 63 — crassiusculus 1 62 — liu.iitius lôô — listeri 168 Trocuus inlermedius 83 TuBBO 85 atavus 87 — Buvigniei'i . 88 — callosus 97 — cyclostoma 91 — ditior 81 — insculplus 87 — minax 90 — Nysti 86 — seleclus 89 Unio Nilsoni 153 — peregrinus 144 — subporrectus 163 — trigonus 158, 162 f'eniis unwides lôô EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I. Fig. \ . Belemnites davatus. De Blainv. — Macigno d'Aubange. a. Rostre de grandeur naturelle, vu par la région dorsale. b. Coupe du niCme, faite dans la partie renflée. c. — faite vers l'extrémité de l'alvéole. Fig. 2. Belemnites compressus, Voltz. — Marne de Grand-Cour. a. Rostre de grandeur naturelle, vu par la région dorsale. h. Coupe vers le sommet de l'alvéole. c. — l'extrémité du rostre. d. Variété. Fig. 5. Belemnites tripartitus, Schl. — Marne de Grand-Cour. u. Rostre de grandeur naturelle, vu par la région latérale. b. Coupe du rostre vers l'extrémité de l'alvéole. c . d. Deux autres coupes à différentes longueurs. e, f. Une variété avec .sa coupe (schiste de Grand-Cour). g, h. Autre variété avec sa coupe. PLANCHE n. Fig. I . Belemnites acuarius, Schl. — Marne de Grand-Cour. a. Rostre d'un individu adulte, brisé dans sa partie moyenne et montrant la naissance du prolongement. 6. Extrémité du rostre pour montrer les sillons. c. Coupe du rostre vers les sommet de l'alvéole. (/. Rostre d'un individu jeune, sans prolongement. Tome XXV. 39 30G EXPLICATION DES PLANCHES. Fi(j. 2. Belemnites giganteiis, Schl. — Calcaire de Longwy. (I. Fragment d'un rostre adulte de grandeur naturelle, vu de côté. I). — du rostre d'un jeune individu mAle, vu de côté, c, (/. Coupes du rostre précédent, à dillerentes longueurs. ' c. Rostre d'un jeune individu femelle, vu de côté, de grandeur naturelle. g. Fragment d'un rostre pour montrer la naissance du |)rolongemeut. PLANCHE 111. Fig. 1 . Beicmmilcs uculus, Miller. • — Marne de Strassen. a. Rostre de grandeur naturelle, vu par la région dorsale. b. Coupe à la base de l'alvéole. c. — vers l'extrémité de l'alvéole. Fig. 2. Belemnites abbreviatus, Miller. — Macigno d'Aubange. o. Rostre de grandeur naturelle, vu de côté. b. Coupe vers le sommet de l'alvéole. Fig. ô. Belemnites ii-regiUaris,S>ch\. — Marne de Grand-Cour. a. Rostre de grandeur naturelle, vu par la région dorsale. b. Sa coupe au sommet de l'alvéole. c. Le même , vu de côté. d. Son sommet. e. Rostre d'une variété. Fig. A. Ncmlilus a/pnis, N. — Marne de Strassen. a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. b. La même, vue du cùlé de la bouche. PLANCHE IV. Fig. I . Ammonites angulatiis, Schl. — Marne de Jamoigne. a. Coquille vue de côté, demi-grandeur naturelle. b. La même, vue par la bouche. c. Cloison double de grandeur naturelle. d. Fragment d'un individu plus jeune, de grandeur naturelle. e. Le même, vu par le dos. /'. Individu très-jeune, vu de côté. g. Le même, vu parla bouche. Fig. 2. Ammonites Condeanus, N. — Grés de Luxembourg. «. Echantillon réduit de moitié, vu de côté. b. Le même , vu par la pailie intérieure du tour de spire. Fig. Z. Ammonites oblusus, Sow. — Sable d'.Vubange. b. Coquille très-réduite, vue par la bouche. EXPLICATION DES PLANCHES. 307 PLANCHE V. Fiy. 1. Ammoniles obtiisus.Sov/. — Sable d'Aiibange. a. Coquille vue de côté, très-réduite. r. Cloison. Fi(j. 2. Ammonites stellaris , Sow. — Grès de Luxembourg. a. Coquille vue de côlé, réduite. /;. La même, vue du côté de la bouche. c. Cloison. Fiy. ~>. Ammonites bisulcatus, Brug. — Grès de Luxembourg (et marne de Strassen) a. Coquille réduite, vue de côté. II. La même, vue par la bouche. c. Cloison. Fig. 4. Ammonites Conybeari, Sow. — Grès de Luxembourg. a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. PLANCHE VL Fig. I . Ammonites Conybeari, Sow. — Grès de Luxembourg. b. Coquille de grandeur naturelle, vue par la bouche. c. Cloison grossie trois fois. Fiy. 2. Ammonites multicostatus , Sow. — Sable d'.\ubange. (I. Coquille de grandeur naturelle, vue de côlé. b. La même , vue du côté de la bouche. c. Cloison grossie. Fig. ô. Ammonites Valdani , d'Orh. — Sahle d'Aubange. «. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. b. La même , vue du côté de la bouche. c Cloison grossie (d'après MM. d'Orbigny et Quenstedt). Fig. i. Ammonites spinatus, Brug. — Macigno d'Aubange. a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté (les côtes ne sont pas bien rendues) b. La même , vue du côté de la bouche. r. (lloison grossie ( d'après M. d'Orbigny). Fig. .'). Aînmonites mucronatus, d'Orb. — Marne de Grand-Cour. a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. h. La même, vue du côté de la bouche. c. Cloison grossie. Fig. 6. Ammonites Braunianus , d'Orb. — Marne de Grand-Cour. a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. b. La même, vue du côté de la bouche. 308 EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE VII. Fig. ]. Ammonites Raquinianus , d'Orb. — Marne de Grand-Cour. a. Coquille de grandeur naturelle, vue de côté. b. La môme, vue du côté de la bouche. c. Cloison grossie. Fifj. 2. A7nmonites Braunianus , d'Orb. — Marne de Grand-Cour. c. Cloison grossie. Fiu ;il(i uc , PI A , «■^ paj^ i? Severcunj, Ut^i tzfe L 'jécaj/. £i7u Icni (-(iiir et Além.flcs .s;i\. élraii-j, ToTn.X.W JloMi.dc \l''M'li:,iun;A0l I Vu ainui' , IM Al . tiTs t /;■' Mo m. cour, ot Alnn.ik's sav. t'Iraini.Tom . \\ \' Mi-m.dc \r:M'hapuisct Dwaltim-, l'I .VU. ,.> lA^aJ Si^i iIciil.coiM'.ol .\lciii.(l('s sav.éll'aiio .Toni. X\\ . I.Mn.do .\r:^riia|)ins,.| l)<>u,,l,|nc,l'l.\ r-à* i* 4, l^LCA^ pa.r Cr ■ Jc^i^-ri/.v. ^ , Méin.cour.c't Méin.dcs s.a\ ("traiio Toiu.X.W Wcm.Av .\r;-("lu.pn;s(.l l)..wal(|iK-,Pl.lX, Irin coni'.cl Mciii I.XlU. o-'J. 6- ■^^^v-^£i/n-i'^ XiM iZe, i Mom.i'oiir. el Mcindcs .s;\v.t'li"iii(i. lom.X.W , Mcin.dc .\r:M'K:i|)ulscl l)rwal.|MC , IM . \IV 3 p--"!^'-»,-^** 'i ^> r ^/' Ù-" ^ <<^Ulil^^ r,iir ■^.(S^rv.'-ret^fTj, lit?U ^ l Acid' Jta.-^ Àle'in.roiir. ol Mt-ui.dos s;i ■; s;iv. ('ii';mo . loin \\\ .\l<'iu.(lc ,\r:'Cha|)uisd l)c\valf|m-.IM.X\; .Vlrm conr cl \\v\\\ ilrs s;i\'.('lranii.Ton\. \\ \ \lnn..lf .\r;^('h:,|,nis.'l r),-Nv:,l(|uc , l'I.Xn. Mon 1. cour. cl Mcin.dps sav. clnno.Toin \\\' Mcm (le M ?r lui puis cl Dcw :.U|ur. l'i .XVI -""-'■J V3,r c^ St^-!Pe'^eu:-i^, ùtÀ à^. l'Aca^- Jr^? Moin .couiM-l Mnti.dcK s:n . l'Irano.Toin. \ W Mi'-ni.ili' .M'TChapuis cl l)cu-al(|iic,l'l.\'Vlll Além .coiir.i'l Moin.clcs s:iv.i'traii'i,.Toiii.X\'V ■\l('-m.ck' M'.'M'IiMpuiscL Dcunlc|uc,l>l \l\^ / 3^ .\lnn .coiii-.cl Méni.(l(\s s:n.(''lraiio.'roiii.\\\ Mm.dc M'." Cliapuis et Dewalciue, l'I.XX ??'S^-'^-^v. #11 .^1 \} _\l(''in.c()i!iM'l .\lnii.(lc';; r.nv.c'-Irniio.Tom \\\' Wi'Utjïv _\l''.-'('li.-i|Mi|-, c-l nni;,li|nc,|'l,\\l Xi-fÂ. par \T. Sd-i^crcifiJ^ U-i:^. -^ ZAcr^-a- ."'^,' ilcin.coni-.ci \1.mii .des sa, ./■iiviuù Tom \\\ Mon. (le -\r:M'lKi[)iiisd nc\vnl(|i]c,l'l.\\ll. Mcm.coui'. el Mcm.dos sm-.oIraiio.Toin.X.W'. Mnii "J- Mnii.di' .M'/'CImpm'scl l)c\v,il(|iic, l'I. XWI I n s \ •'ii\\\\\\-x-\\, \lrni CDm-.cl .Vlcm.dcs ,s;iv.('-li-aiio.Toiii. ,\\\ Mém..lcM';'^('ha|)ui.set Dt-wal(|iic , PI . XW" ^t^^UUiUUijj^ f' V I j' # W' 1 '.z.- L- 'etidrey^.! utj- ,it .-I .^aJ, . Jiait Méni ,('our. v\ Wvm.dcs sav.élranù.Tuni.X \V ^ o M.'m.a.. M':M'liai.uisH [W.-ilqnc Pl.W'IX Méni.i-oiir. et Além.des sav.étrano.Tom.XX\^. Mm.Ae WH^apnk et Dcwalc|.ic-, l'I. XXK . *^iiïHui\r Mcni cinircl Mciii.dcs s:i\,i'li';iiio.T(im W\ ilrni.ilc M'^M'Iiapinsd IVwaUiiu' , IM .\\\1 , Méiu.couv.i'l .\l('m,.ï(>m.\\V Alcindc M ':^(' ha puis cl Dcwnlcnu', l'I.XWI ■Y/^- -'j-.-- l- jlca^-fi j':-}-^ Méni.i-oiir.cl Mnu.dcs snv.c'trano.Tom.XXV^ Mnii.(li'.\r:''('ha|)uis('l IV\v;il(|iic,l'l.\\\l Mi'in.coiir. t't -\lt'ii\.(lc.s .snv.i'li'Miiii.Toin.X.W .U'in.ili. AI'.'M'lK.pinsn IVual.|iK',l'l,\\\IV Méni .cour, et .\léni.(lcs Kav.étraji^.Tom.XXV . .Mcm.dc M'-'-M'liapuis et n..xv:ilnuc .l'I .XXW. 'i \ ^^ ^ ô'r ■ (? Sezi'-rf:yr!^, lith de^ l'Acad^. Mi'iii.cour, cl .Mi'tn.d 'iii.courrl Ali'tn.dcs sa\',('lpnnii . loin \x\- Momdc .\r:-M'ha|iuisrl l)cwalf|ur,l'l.\\\VI *r '«*. S' il ^^^ r? v^ ■T'y il \V««8 ■^. .Mcni.coiir. cl Mnii.dcs savciranil.'roiii. \.\V l'''iii.ilc M';"('lKipiii.sH |)cwm1.|u,', IM.WW II Mon nn .('0\u-. cl .vk'm.(l( 1 Wc l'S snv.cli'ano.Tom, X\T. Mrmdr M '.'M' ha puis et Dowalqu.-, PI.XX'XVlll. ^O'À par SSeeera^ns -ii-tA- de- l'Acad-^u NOTE SUR LA THÉORIE DES RÉSIDUS QIADRATIOLES, >1. A^GELo GENOCCHI. Tome XXV. NOTE SDR LA THÉORIE DES RÉSIDUS OUADRATIOUES. I. Dans deux mémoires sur la théorie des résidus quadratiques {Mém. de l'Acad. royale de Belgique, tora. XXIV et XXV), M. Scliaar a donné des for- mules remarquables, qui conduisent à la loi de réciprocité de Legendre, et à la détermination des célèbres intégrales finies ou so)nmcs cdteriiées do M. Gauss, et de plusieurs autres intégrales analytiques. Je montrerai bientôt dans les Annnli délie science Malematiche e fisiche de IVJ. Tortolini, qu'on peut établir les mêmes formules et aussi une formule plus générale à l'aide d'une expression de 2 F (a;), que M. Plana a donnée en 1820, dans le tom. XXV de V Académie de Turin, et que M. Schaar a démontrée de nouveau en 1848 {Mém. couronnés, etc., par l'Acad. royale de Belgique, tom. XXII, p. 19); mais ayant trouvé une autre démonstration qui m'a successivement conduit à tirer ces formules de celles de M. Gauss par des transformations assez simples et sans le secours du calcul intégral, j'ai pensé qu'il ne serait peut-être pas sans intérêt de faire connaître aussi mes nouvelles réflexions à ce sujet. Je ferai d'abord usage de la formule sommatoire de Poisson, à peu près comme l'a fait M. Schaar dans son mémoire du 5 août 1848 {Mém. couronnés, etc., tom. XXIII), et je commencerai par montrer qu'on peut i SUR LA THEORIE parvenir à cette formule d'une manière plus courte que celle dont Poisson s'est servi. Dans la formule connue f{a] -^ f{ — a] I /"" 1 ' = * r"' i^{u — x) (I) . . . L^i—L^ i = — / nx)dx+-l I f{x)dxcos.~ -, — a —a faisons "la = li , a — x = z — c, f{x) = 9(2) : il vient — ^ = -y ,i.)dz ^ - 1^^^ I ,(.)rf.cos. — ^^ — Remplaçons ici successivement c par c„, c, , c^, ... c„_, , posant en gé- néral f, = c„ + ih, et ajoutons les équations résultantes : en remarquant 2*>(ir — c„.) 2Lt(2-cJ qu on a cos. = cos. , et que (2). . . . / u(\z -+- / wlz -+- / udz -+-...-<-/ udz = j iidz , r„ Cl Os Cn— ) c. u étant une fonction quelconque de ;, nous trouvons h= 1 '^ *'''' ^  / 9(-)dz-i-- 1.^ , y f(-) dz COS. qui est la formule de Poisson. Si l'on prend c^^o, li=l, elle devient (4). . . 2:::,w=^i^^^/%(.)rf.^2 2;::y'%(.)..cos.2.... Soit — K— 1 — V-< m désignant un nombre entier quelconque , positif ou négatif, mais pair ou impair comme n : on aura '^(h) = ^(o) = 1, et remplaçant 2 cos. ^kz par e'"'-'^-' + c"-^'^''^, il viendra DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. Posons pour abréger m + 2m = «;, 2z + fl, = i •• nous aurons f>-^,i.)d. = i^'^y-f ^"f.y^ ^a,.+ , ^y-^^ dt: mais car j(m + *") sera toujours un nombre pair : donc ' o "i d'où , en vertu de la formule (2) , on déduit g-^y-' dt. De même, en posant m — 2m = fc, , 22 + ft, =«, on trouvera rrbf _ >r,Aj_, xjs o hi e' l/rr rf/, et de là Enfin , si l'on fait 2; -\- m= t, on obtient et par suite 'i{z)dz==\f^iry-' j gii^y-' dt Substituant ces valeurs, il résulte /Tni«,, — I- /-./'„ 'TP|/ — : ytm-i-in Trfi., — px Ttfi^ 1 ç, (X) = i e 4n '\ f e^^ dt+ f ^ny-Ut^j e«^-'*J; 6 SUR LA THEORIE en remettant la valeur de o{x), et observant que fc„ = m, (i, = m -\- 2«, on aura ,.., ^ — l/— 1 — K— 1 , — -—y-, / — y (■>) •i,_, (■ " e" = Ti e in J x=I On peut déterminer par cette équation la valeur de l'intégrale définie que renferme le second membre, car en y faisant m = j« = l, on trouve j p4 dt = ', et soient p, q deux nombres entiers positifs quelconques, r un nombre entier, positif ou négatif, mais pair ou impair comme le produit pq, i un terme de la suite 1, 2, "> ... p: on aura m -j- n pair, et la formule (6) deviendra Sommons les deux membres par rapport à i, de ;= 1 à / = /j; pour le DES RESIDUS QUADRATIQUES. premier membre, on aura l" =: p 2/TIj: I . 2XX . "l= 1 .= , e ^ = e P . i- e. V expression, qui se réduit à ]), si .x est divisible par p, et à zéro dans le cas contraire, x étant entier : il suffit donc de considérer les valeurs de X, qui seront multiples de p, en faisant x^kp, A;= 1, 2, 5, ... q, et de multiplier le résultat par p. De cette manière, et en indiquant la somme du dernier membre prise par rapport à i, on obtient, après avoir divisé par p. Vl< relation générale entre trois nombres entiers p, q, r, qui exige seulement que ces nombres soient tous impairs, ou que r soit pair si l'un des nom- bres p, q est tel : d'ailleurs r peut être positif ou négatif. En supposant p et r pairs, on aura la même équation, que M. Schaar désigne par (5) dans son Mémoire du 5 avril 1850, p. 11, et qui est la formule fondamentale de ce mémoire. En supposant p pair, et r multi- ple de 2/;7 ou nul, on aura la relation qu'il avait trouvée dans son autre Mémoire du 6 octobre 18i9, p. 7. Ainsi ces formules rentrent comme des cas particuliers dans la précédente équation (7), qui comprend en outre le cas de p, q, r impairs tous les trois f). m. Maintenant voyons comment des seules formules de M. Gauss on peut déduire l'équation (6). (*) On pourrait croire que l'équation (5) du dernier mémoire de M. Schaar eût une généralité plus grande à cause des quantités c,, et p, qu'il désigne comme des comianles réelles ( p. 9 et 10) . sans les assujettir à aucune restriction; mais en examinant ses calculs, on verra qu ils supposent que '2pir et p soient des nombres entiers. SUR LA THEORIE Les formules de M. Gauss se résument dans celle-ci , X =: 1 d'où, si n est multiple de 4, on tire x=zn iTTx- , , — ^1/ : /~ OU, écrivant 2» au lieu de n. pour toutes les valeurs paires de n. Mais on a -V—l !rnV—t ïTCxV—l — l/— 1 — Y-i en = e e e " == e " n étant pair, et par suite X = 271 TTX^ a y X = n TTX- , , x = l '^ x=l '^ donc X = n TTx- T »/-i (10) 2^^^ ,ir^^-'=e^'' ' Vn. Cela posé, soit m un autre entier : en donnant successivement à x les valeurs 1, 2, 5, ... n, il est clair que la somme m + x deviendra con- grue, suivant le module h et dans un ordre quelconque, aux mêmes nombres 1, 2, 5, ... n, et qu'ainsi x:=n ?r(«i-+-x)- - y x = n TTx'^ . , — ^ x=, e " — ^^=, c" car, en désignant par k un entier quelconque, n étant pair, on a 7r{kn+x)- m y — .Tx- K— 1 „ en = e n DES RESIDUS QUADRATIQUES. 9 Développant le carré (m-j-a;)^, il vient X ^ 1 X ^ I et substituant dans l'équation (10), on en conclut V — l/— 1 K — 1 \T ~)V—i i/.. Z en fin e Vu, x= i qui se réduit à la formule (G), lorsqu'on remplace :2m par ;/i. La formule (6) est donc démontrée dans le cas où m et /; sont deux nombres pairs. Il s'ensuit que la formule (7) est aussi démontrée, dans tous les cas où les nombres pq et /• seront pairs, et auxquels se rapportent toutes les formules de M. Schaar. En écrivant 4p et Ar à la place de p et /• , la formule (7) devient ri 1 ^^ ij l — 1 Cette formule est susceptible d'une transformation remarquable, lors- que p et (] sont des nombres impairs. Alors, dans la somme que renferme le second membre, les termes correspondants à des valeurs paires de i se détruisent entre eux, car une moitié de ces valeurs sera de la forme ix, et l'autre moitié pourra être représentée par l'expression Ax ± '2p, et l'on aura ±^'j/_ _^r(4x±.p) - _;r(p,±.,x±.r)l/=T _'Ii!ifl:i/=ï -'ELMyZT, TTqlix e sp e p — e ■ e np e p Quant aux valeurs impaires de i, on pourra les représenter par >./)+ ^x, en supposant x=\, 2, 3, ... p, et / = ± 1 ou A = ± 5, de manière que X prenne deux fois les valeurs 1, 2, ... p. On aura P >^ ^ ' e- p ^ ' = c ■' ^ e r PQ _ — (7x4- r)2 |/— i .—^qx V~t V pq e Tome XXV. 2 U) SUR LA THÉORIE puisque >. et X- sont des formes 2li -\- 1, 8// + 1 : par suite Distinguons ici les valeurs paires des valeurs impaires de a;, et dési- gnons les premières par 2/i, en prenant h de li=l à h = ~- , les secon- des par 2/i — p, en prenant h de /i = '-^ — 1- 1 à /t = /j ; comme on aura [q(^h — p) -+- ri'' = (29/« -4- r)'-' -h pY^ — 'i.pq[1qh ^ r), on en déduira "■x = 1 *^ 'i = 1 Tr- , , hT=p i-zqll- , ,• iTJ-A , , l/ — 1 .ç '^ 2— l/— I — • l/— 1 Donc (12) . 2.^j p^p e;) =2f ••^^_,e p ep Substituant cette expression dans la formule (11), on obtiendra \ k = i ^ '' *" ' ^ e i g ipq \/ 2- • (lï'; \ h=p 4.Tn/i^ , . — «rrA , . — Si r est nul ou multiple de pq, celle-ci se réduit à C^) \=..e—-''--e-^--^-^'^^.l h=i e P et sous cette forme, il est très-facile d'en déduire la loi de réciprocité. Car si l'on fait tour à tour p= 1 et q = l, elle donne DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. H d'ailleurs supposant que p et q sont deux nombres impairs, premiers entre eux, on a, suivant la notation de Jacobi, à l'aide des formules (15) et (16), et en faisant rn^pq — p — q+ 1, l'équation (14) devient ou puisque m = (p—1) (7 — 1), e~'^^-' =(— l)'i Ainsi la loi de réci- procité de Legendre, étendue à deux nombres impairs quelconques, pourvu qu'ils soient premiers entre eux, découlent très-simplement de l'équa- tion (14). IV. Pour démontrer la formule (6), dans le cas où ;» et n sont deux nom- bres impairs, on remarquera que et que m -|-2.ï: sera congru , suivant le module 2h, à l'un quelconque des nombres 1 , 2, 5, ... 2». Posons m + 2« = 2^H-f « ; i sera impair comme m, et on pourra faire i ± n = ''2h, n étant aussi impair; on fera en même temps 2/c =F 1 =X, prenant les signes supérieurs loi^sque i ne surpassera pas n, et les inférieurs dans le cas contraire, et l'on aura TO + 2a;=AH + 2//. 11 en résulte (vi-^-'ixT- A^n h"- ■ = -<- A/( -f- — , In 4 n il (,„+„,. V/-, _ ;^y-, h^y-^ '3î:j/-, puisque X est impair, et )? de la forme 8i -f 1 ; i! est, de plus, visible. 12 SUR LA THEORIE qu'en donnant à x les valeurs 1, 2, ... n, on obtiendra pour li les mêmes valeurs, quoique dans un ordre différent : donc Maintenant nous pouvons distinguer les valeurs paires des valeurs im- paires de h, et représenter les unes par 2A: et les autres par 2A - — n, de telle sorte que h prendra les valeurs 1 , 2, ... n; et comme on a w{A — n\-., — ,y — 43-A-,, — . . — — i i-l/— 1 (sA— «)tK— I K-1 2i-îrl/-l âJr,Tl/-l nous en conclurons, d'après les formules (15), et, en substituant, nous obtiendrons la formule (6). On voit donc que les formules (6) et (7) ne sont que des conséquences de l'équation (8), ou même de l'équation (9), qui se rapporte au cas par- ticulier d'un nombre n doublement pair. Quelques autres formules, que j'avais trouvées par d'autres méthodes, se ramènent également aux pré- cédentes : j'indiquerai la suivante, où >j est supposé impair, 2 2. c -ip * COS. -H 1 — e 2 "^ COS. nr P x—l "L {•'^ _ ^\l/—^ /o p ,,+i i=«±î Pi"-')- ,1/— r(±x—\)z- "i On sait que la série sin. (( -+- i sin. 2« -f- ' sin. ôm -+- ' sin. 4.« exprime | - — ^ «', si u est compris entre zéro et 2-, est nulle lorsque 11 = 0, ou M = 2-, et reprend périodiquement les mêmes valeurs hors de DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 15 ces limites, de telle sorte que la même valeur correspond aux deux sup- positions u = a et u = n± %t., i étant entier, a quelconque. Il s'ensuit qu'en désignant par v une quantité réelle et positive quelconque , excepté les nombres entiers, par q le plus grand entier contenu dans v, et par r le reste, savoir en faisant r = v — q, on aura (17) '==5 — :; (sin. 2ri' -t- i sin. i^v -^- { sin. Os-n -t- — ), (18) q = V — i •+- 7 (sin. ^td -4- | sin. A^rv h- 1 sin. 6tv -»- ....). L'équation (18) coïncide avec une formule donnée par M. Scliaar, dans le tome XXIII des Mém. cour., etc., par l'Acad. roij. de Belgique. Mais il faut remarquer que cette équation n'a plus lieu lorsque v est un nombre en- tier, car alors le premier membre q est égal à v, et le second devient V- — 4. On en conclut que la série -2v — 1 ■+- - (sin. SîTt) -♦- i sin. Atv -t- 4 sin. 6rv + ) exprime toujours un nombre entier, impair si v est un nombre entier, et pair dans le cas contraire, puisque, dans le premier cas, elle se réduit à 2î' — 1 , et dans le second à 27. Si l'on fait «= ^, « et 0 désignant deux nombres entiers, les formules (17) et (18) exprimeront, par des séries infinies, le quotient q et le reste hr, provenant de la division de a par b. Soit b un nombre premier impair : en supposant t; = — , et faisant successivement x^=l. 2, 3, ... b — 1, on obtiendra par la première formule la suite des résidus quadratiques x" de h, répétée deux fois; et, en général, supposant v = -— , et * = 1 , 2, 5, ... b — 1, cette formule donnera n fois la suite des résidus h'™'"'' de b. Mais dans le cas où v = y, a et b étant entiers, on peut transformer en une suite finie la série infinie que renferment les équations (17) et (18), ce qui nous conduira à des résultats utiles pour la théorie des l'ésidus quadratiques. 14 SUR LA THÉORIE Appelons b' le plus grand entier contenu dans - , i l'un quelconque des nombres 1, "2, 5, ... b' , k un entier positif quelconque : tous les ter- mes de cette série seront compris dans les trois formes i 2(to)a=r I 2(fti — î)aT 1 . '■2[hb-t- i)u^ et comme on ;i ^2lkb)a^ ■ ^2(kb±i)az- . Hut sin. — = 0, sin. r = ± sin. — — , 6 b h il s'ensuit que la même série se transforme dans une somme de produits de la forme 2«a2- /I i sin. 6 \i b — i b -\- i ib — ( ib-^i Zb — i 11 - -'"" Or, on sait que cette nouvelle série, par laquelle sm. ^- se trouve multiplié, exprime^ cot. ^ : donc la série primitive aura pour somme — 2 sin. — -— cot. — ■ 6 ^=l 6 b . r Substituant cette valeur dans l'équation (1/), et remplaçant ? par -, on trouvera b ' = ''' 2ma- i- OÙ r sera le reste de la division de « par b. Des considérations semblables s'appliquent aux formules i u = sin. H — i sin. 2m -4- 5 sin. 3h — { sin. iu -^ ..... i T = sin. Il -f- 3 sin. 3m + | sin. 5m -+- ...., qui supposent, la première — 7; < ?/ < 7t, la deuxième o < ;/ < tt; ainsi qu'à d'autres formules du même genre. On en tirera 1=!.' sin — 2 ' = ''' '2iax- i- (20). . .;=6,-2 2.^, (-I)'. __^,-{-l)' = -2_, sm.-^lang.-. sin. -j- en supposant 0 pair, et b impair, et ^o = ~[( — 1)''"' + !]• DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. IS Les équations (19) et (20) exigent que le reste r ne soit pas nul. On peut les vérifier facilement, comme je vais le montrer pour la première. On a * = '" sin. {m-t- i)x 2. COS. kx = — i -+- d'où, en différentiant par rapport à a;, on tire k = n, m COS. (m -+- i) X , sin. mx 2 A sin. kx = — — : ■+- \ —. — —. — k—\ 2 sin. ï X sin.- ta- ct par suite t = fc 2Air h i- 2 A sin. = — :; et- T • en faisant m = h, ^ = -y- Cela change l'équation (19) en '•=2-^6 ^>=. '^=. ' L^"- -1^ — •="■ —v—y mais COS. ^^^<^^ = cos.^^^<^, puisque « = 6^ + r; d'ailleurs la somme 2'"'' cos. ""''''^^* est égale à //, si le nombre r àz k est divisible 1=1 6 par 6; dans le cas contraire, elle se réduit à — ~ lorsque b est impair, à — ± -{- ± COS. (/• ± A:)7r lorsque b est pair : en remarquant donc que, pour rendre r + k divisible par b, il faut supposer k = b — r, et que, pour rendre r — k divisible par b, il faut supposer k = r, on conclura sans difficulté, que le second membre de la dernière équation revient à l'une des expressions de sorte qu'il devient identique au premier membre. On peut mettre les équations (20) sous la forme 1 = 6' >.;„ '£ï 2 ' = ''' ilar i' m ■ •'•' = -22,^. (-'•'• ^-^. (-'r = -^s.^, ^i"- — '"'^•'^' sin.-r en faisant r' = r lorsque le reste r sera un nombre pair, et r' = — [b — ?•) lorsque r sera impair. 16 SUR LA THEORIE VI. Pour appliquer ces formules à la théorie des résidus quadratiques, soit n un nombre premier impair, et faisons b = /.' , a = 4a;-, x= 1, ^, 5, ... — ^— : on obtiendra pour /• les — — résidus quadratiques de n, et la somme 2^~ - sin. — — sera nulle si le nombre n est de la forme 4A -|-1, et sera = (-)■ 1 V^n, si « est de la forme àk-\- 5. Si donc l'on désigne par / le nombre des résidus quadratiques pairs de n, par g le nombre des résidus quadratiques impairs, et par R la somme de ces "§" résidus, l'équation (19) et la deuxième des (21) donneront pour n = Ak-\-\. nin—l) (22) R = ~. — , f-g = '>. et pour n = Ak -^ 3 (23). R=-^ -~iV>,l^ M- cot.-, —g=——^I, - - tang. -. Lorsque 7i= Ak-\-d, on sait que si /• est un résidu quadratique de n, n — r est un non-résidu, et d'ailleurs »- I AlV^-;- / "T ilX^!r I il sin. X= 1 (I \ î( Vli: donc, en nommant F la somme des résidus quadratiques pairs, et F' la somme des non-résidus quadratiques pairs du nombre /;, on tirera de la première des formules (21), n étant = i/c + 5, — «■ = — /''* CU) F — F' = — Vil. 1. M - , .» Mais on aura {n — i)^ . ir ., , .,- /2w — 2t =^ sin. — , ( — 1 )" ' = — n \ et par suite on pourra substituer aux valeurs impaires de i des valeurs DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 17 paires : alors, en remplaçant / par 2/, il viendra '->ol F F' - Vn. 2 - ■■- '■=' \nl sin.îii: On a aussi (n— ï),T îV In — i)t iV — cot. —, tanff. = — tang. — , . 2(ll-i)=r n n n n 2zV /»— «\ /i\ w = — sin. , =— - : n \ n 1 \n 1 à l'aide de cette remarque, en représentant par / les résidus quadrati- ques de 71 inférieurs à n, et par r' les non-résidus, on conclura des équa- tions (25) et (25) 1 cot. - = -= -^^ - 2R , 2 tang. - = - {f-g) Vn , n yn \ 2 / n m- ■ ■ l 1 F- F' 2 — = \/n S cot. — = - -^ ^ ^ --2R , 2 tang. ~ =(/--9)»/n, (27). . . . ( ) F-F' sm.^r Vn OÙ les sommes 2 s'étendent à toutes les valeurs de r ou de r'. Remarquons encore que (Aji-f-iV iV lxn-^i)7r (> . 2(An+îV . -'^ cot. = cot. — , tang. = lanj;. — , sin. = sm. — , n n n n n n 1 étant entier, et nous en déduirons que si m est un nombre entier non divisible par n, on aura Imnr lm\ i Inln — I) ^\ ^ mr- hn\ - ^'^'■~^Hn}V^À^2 2R)-^tang.-=-(-J.(/-,)^.. , , 1 lm\ F — F' Sin. -iT" n/ yn Faisant m = 2 dans la première des équations (28), et ayant égard aux relations connues tane. s = cot. o — 2 cot. 2e, -. — — = cot. y — cot. 2ç ° ' • ' sin. 2s Tome XXV. 5 18 SUR LA THEO Kl K ou tirera de cette équation et des équations (26) , <->■ ■ ».^-.)=[-4-!)-]('^--)- --=[e)-'](^~- On aura donc F— F' = o, lorsque (^) = 1, et F— F' = — 2 1"^^^ -2R 1 = —{f — 3)' lorsque^] = — 1. H s'ensuit I (30) 2 -^^^ = 0 , sin.-^ si le nombre n est de la forme 8/i + 7. et pour h = 8/c + 3 (31) 2 :;;:= = ; Vn. sin. '-jr '* Le premier de ces résultats a été démontré par M. 3Iorizstern, dans le tome XV des Mémoires couronnés par tAcad. roy. de Bruxelles {1"= partie, p. 54); mais il avoue, que, malgré des efforts réitérés, il n'a pu déter- miner cette somme dans le cas de n = 8/î: + 3. On voit qu'elle dépend des nombres entiers f, g, dont on n'a pas, à la vérité, une expression al- gébrique en fonction de n, mais qui s'évaluent facilement pour chaque valeur particulière de ce nombre. Je remarquerai que si (|) = l, le double de tout résidu inférieur à -^ sera un résidu pair inférieur à n, et qu'au contraii-e ce double sera un non-résidu, si (f ) = — 1; d'où l'on conclut qu'en désignant par /( le nombre des résidus et par li' le nom- bre des non-résidus quadratiques de n inférieurs à ^, on aura toujours /• (7 = (-) {h — h'). Or, la différence h — /«' est égale au reste qu'on obtient en divisant par n la somme 1 + 2 - + 3 ' + ... + ^^j ' , et peut se calculer, comme l'a montré M. Gauchy, au moyen des nombres de BernouUi. Il résulte aussi de la première des équations (29) que cette différence sera multiple de 3 pour tous les nombres n = Sk -{- 3. On a aussi évidemment n— I h — h' ■= _ 2, - siii. sin.'f •^ = ' " DES RESIDUS QUADRATIQUES. 10 D'après une autre formule de M. Cauchy, si l'on représente par /) tous les nombres premiers qui sont résidus quadratiques de u, et par ;/ ceux qui sont non-résidus, on aura le signe de multiplication II, s'étendant à tous les p et à tous les // (voyez Comptes rendus, etc., tom. X, p. 720) : et par cette équation on voit que la différence h — h' sera toujours positive. La seconde des (28) donne 1 tang, ^ = — (/' — /'') ^" , d'où 1 tang. = ni— - •-+-- n r \ ;;/ \ /) L'un des nombres h, h' sera pair et l'autre impair, n étant 8A + 7 ou 8/;+ 5, car // -|-/j' = ^^ est un nombre impair. Lorsqu'on sait lequel est pair ou impair, on peut en tirer une conséquence pour le théorème de Wilson. En effet, il résulte de ce théorème que f 1. 2. 5.... — ^ j — 1 et par suite l'un des nombres n — I , _ n—i 1. 2. 5 ... i , I. i.â ... — — -*- I est divisible par n : si le premier est divisible, il y aura parmi les entiers 1,2,5,... '-^^ un nombre pair de non -résidus quadratiques de », car la différence ( 1. 2. 5 ... ^^]^ — 1 sera aussi divisible par n; si le second est divisible, la somme [ 1. 2. ô ... — p-j - + 1 sera divisible aussi, et par conséquent le nombre des non-résidus facteurs du produit n — 1 1.2.3....-^ sera impair. Donc le nombre n est diviseur de 1. 2. 5 ... '-^ -f- 1 , si /t est pair, /(' impair, et de 1. 2. 5 ... '-^ 1 , si h est impair, h' pair. On peut démontrer les formules (2G), (27) par une autre méthode, dont je vais faire une application en déterminant la somme 2 _^' .^^ ^ o 20 SUR LA THÉORIE dans le cas où n désigne un nombre premier de la forme Âk -\- 1. En différentiant par rapport à x l'équation connue 2 sin. ix = -. , ' = 1 sin. i X on trouve < = "' Hisin.i"''^' X fsin.'~ic 2 i COS. ix = — i \ ~ 7—- • =« 2 sin. i a; \siii. i x d'oîi, faisant m = ^^, x = '^^, et supposant : un entier non divisible par n, on tire 2'=^icos.:^^^ = -lU7;-^ • Mais 2-/ COS. =. U/n-i, , = 1 ,1 \ 2 COS. — / ï = 1 n \ n I = 1' l'2cos.^ 2'- ' puisque n est de la forme Ak -j- 1 : donc ^;:^[(!)^■^']- Or, on a (-) = (-) (-] , et nommant H la somme des résidus quadra- tiques de n inférieurs à^, H' celle des non-résidus inférieurs aussi à '^, il est visible que la somme des valeurs de i (-1 pour /= î , 2, ... -y- sera exprimée par H ■ — H' : d'ailleurs la somme des valeurs de i sera Nous en conclurons (.52) 2--^ -^.= - --i{~] (H-\i')\/n. ^ ' = = ' (cos.!^)- 2 \nl En supposant x = '^ " , m et : deux entiers non divisibles par n, on eût trouvé z = i (ces. ^) 2 \ n I On a, en général, — r 1 = tans.- 3) : donc cette formule donnera COS.^ f z — —^l ^mz-\'2 n(n— I) /2m\ ^„ ,„>,/— DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. il VII. Faisons dans la formule (19) b = n, a^mx, et successivement j;= 1, 2, 3, ... - — : on pourra en tirer une expression de la somme des restes obtenus en divisant par n les nombres m, 2m, om, ... —^m; désignons cette somme par M. Supposant m pair, on trouve 1 * sin. = — i tang. — - : 1=1 II iU au moyen de cette valeur, on aura M = -^ -+- ï 2 ' tang. — - cot. — • Soit m, le nombre des restes qui surpasseront -, M, leur somme : la somme des restes inférieurs à ^ sera M — Mj ; de plus, en retranchant de n chacun des m, restes supérieurs à -, on obtiendra des nombres in- férieurs à Q, dont la somme sera mjft — M,, et qui, étant réunis aux au- très restes, compléteront la suite 1, 2, 3, ... ^;- : d'où il résulte H— i H'-'— 1 (M — M,) -+- (h(, ?i— m,) = 1 -4-2-f- 5 -+- ... -i — = — - — , et par suite ,/, /* = -+- 2M, - M = 2M, - - — —^ il. / tang. -— col. -, en substituant la valeur de M. On voit donc que si l'on pose (53) ^ = ^^TS +i2._- tang. -— cot. - , les nombres m^ et l seront tous deux pairs ou tous deux impairs. Or, suivant un lemme de M. Gauss, on a -1 =( — 1) si n est un nombre premier impair et m un entier non divisible par /( : on aura donc aussi = ( — 1)^, et par conséquent le nombre A, donné par la formule (55), n SUR LA THEORIE déterminera le caractère quadratique du nombre pair m par rapport au nombre premier n. Si le nombre m , dont on demande le caractère quadratique est im- pair, on n'aura qu'à remplacer m par Am dans la formule (35), puisque im\ Inï ni \n mi Prenant m = 2 , il vient tang. -— cot. - = 1 , et par conséquent («-■1)2 )(— I ir- - 1 /'2\ , -^ A l'aide de la formule (19) on peut démontrer deux autres lenimes , qui, avec le précédent, ont été employés par M. Gauss dans ses troisième et cinquième démonstrations de la loi de réciprocité. Soient, en effet, m et n deux nombres impairs et premiers entre eux, et faisons /* = mn, a = mx -\- ny : nous aurons Sittî . 2«V.r 2îV)/ 2(,r7 SiVa- sin. = sin. cos. — - -t- sin. — ^ cos. , b n m m 11 et partant mn i-'n^!zl _ 2îVa; ^izy iz ,=z!ïLzi _ gfVj/ 2tVx îV r = 2 * sin. - — - COS. cot. 2 ■ sin. cos. cot. 2 " = 1 n m mn ' = ' m n mn Soient aussi , pour abréger, p = —^ — , q = —^ , et donnons à x toutes les valeurs 1 . 2, ô, ... qi, à y toutes les valeurs 1 , 2, 5, /> : la somme des valeurs de cos. ^^ sera p si ; est divisible par m, et — l dans le cas contraire; de même, la somme des valeurs de cos. - — sera ii si i est di- visible par n, et — ~ dans le cas contraire. Or, i, s'étendant de 1 à — H- =mq -\- p = np -\- q, aura q valeurs divisibles par jh , et p valeurs divisibles par n, et on pourra représenter les premières par mi, les der- nières par 7ii. Désignant, de plus, par Ir la somme des pq valeurs de r, on tirera de l'équation précédente mn x = 9 -ïiiLz.' . o,va; j_ y=p .^^i:^ 2iV«/ ?> 2r = — pq + i z Z sin. col. >- i 2 2 ■ sin. cot. — 2 x = i i=i ,f ffifj ij=z\ i=i m mn m ^=1 ' = 1 2iWiT.i: (V n y-P '=P . 'iinzy ir 2 2 sin. cot. 2 2 sin. cot. — • DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 23 Maintenant il est clair que si l'on suppose a < />, le reste de la divi- sion de a par b sera a; d'oîi il suit qu'en faisant dans la formule (19) b = mn, a = mx, et sommant de a; = 1 k x = q , on aura ^ = 9 mn J^='/ ^'=^ . 2iVj; iV 2 jna" ^ — q — 2 2, sm. cot. On obtient d'une manière semblable y = P mn y=P 1="^ . 2«V!/ tV 2 «(/ = — « — 2 2 ■ sin. cot. y=\ 2 l/=I 1=1 ;n )>1JJ D'ailleurs, si M désigne la somme des restes qu'on obtient en divisant par n les nombres mx = m, 2m, 3m, ... qm, et si N est la somme des restes qu'on obtient en divisant par m les nombres mj = n, In, Tm, ... pn, la formule (19) donnera 11 == = 9 '—1 iimjrx iV M = - = — pq m \ mn Dans le même cas , en nommant f le nombre des résidus pairs et y le nombre des résidus impairs de m inférieurs à m, en distinguant pareille- ment les nombres pairs et les impairs parmi les entiers inférieurs à mn , résidus de n et non-résidus de m, et nommant f, le nombre des pairs, j/, le nombre des impairs, on tirera de la dernièi'e des formules (21) f-'j = - (A-!/.)- Si maintenant on suppose que m est un nombre premier de la forme M + 5, et » un nombre premier de la forme 4/^ -{- 1, et que R désigne la somme des résidus quadratiques de m inférieurs à m, et r^ représente tous les entiers inférieurs à mn qui sont résidus des deux nombres m et n, ou non-résidus de l'un et de l'autre, la formule (19) donnera les résul- tats suivants : dans le cas, où m sera un résidu de n, on aura r ^ / 2R \ 2 col. — ^ = — 2 V^mn — '- — pq ] , mn \ nm I en nommant Rj la somme des résidus de m et n inférieurs à mn ; dans le cas où m au contraire sera un non-résidu de n, on aura r,' ,, — r2R, 2R 2 cot. — = — 2 Vmn P9 -^ /' ■ mu L mil m J R, désignant la somme des non-résidus de m et n inférieurs à mn. Dans ces deux formules le signe 2 s'étend à toutes les valeurs de r,. Tome XXV. 4 26 SUR LA THEORIE YIII. Les formules que nous avons démontrées pour des nombres premiers peuvent être étendues à des nombres composés. Je vais en donner un exemple sur la première des formules (26). Soit n un nombre impair, non divisible par des cari'és : les entiers premiers à n et inférieurs à n vérifieront l'une ou l'autre des conditions (-1 = + 1 , (-) = — 1 5 et en désignant par r ceux qui vérifient la pre- mière, par r' ceux qui vérifient la seconde, et supposant n de la forme AI; -f- 5, on aura la somme alternée, étendue à tous les r et les r'. 2r.T . 2rV ,- (37) 2 sin. — 2 sm. ■ = vn. Il n Si n est de la forme Ak -|- 1 , en posant /> = 4h , on pourra partager en deux groupes les entiers premiers à. b et inférieurs à b, de manière que les nombres d'un groupe étant désignés par r, et les autres par r', l'é- quation (57) ait lieu pour b, c'est-à-dire en y remplaçant n par b. De plus, les mêmes choses subsisteront, quelle que soit la forme de n, si l'on prend /> = 8n. Ces propositions ont été démontrées par M. Cauchy dans le tom. XVII des Mémoires de l'InslikU. Supposons maintenant, que dans la formule (19) la valeur b soit, sui- vant ces diverses hypothèses, n. An, ou Sn, et que celle de a soit r ou r' : la formule (19), dans laquelle on remplacera r par a, puisque n < b, peut être mise sous la forme ' = ''' '■liciT i- [h — n) = — 2 2 sin. col. — et nous en déduirons '=''' / 2iVs-\ *V 2r — 2 (6 — /•) = — 2 2. 2 sin. -— cot. - 1 z sin. — — b 2r' - 2 ( 6 - r') = — 22 2 sin. col. - • " = i \ b I b Mais remarquons que le nombre b — r sera l'un des r' , et le nombre DES RESIDUS QUADRATIQUES. 27 h — ?■', l'un des »■; remarquons aussi, que si dans l'équalion (37) on sub- stitue ir, h' à r, r' , le second membre deviendra ( J ^n, ou zéro, sui- vant que î sera ou ne sera pas premier à n. D'après ces remarques, en combinant par soustraction les deux dernières équations, et représentant par R la somme des r, par R' la somme des r' , on obtiendra H-R' = -2(^)c«.. f ^/^ où le signe 1 doit s'étendre à tous les nombres i compris dans la suite 1, 2, 5, ... // et premiers à b. On peut étendre ce signe à tous les nombres 1, 2, 5, ... b, qui seront premiers à b, en doublant le premier membre, cai- on aura /b — i\ I i\ {b — i)!r ITT et par suite Mais on aura aussi b — i\ {b — *)t / i cot. = - ) cot. , b \bl b r \ r T r \ vt — cot. — = - cot. — , b I b \bi b puisqu'on peut supposer r' = b — r; en outre ijj = 1. On pourra donc mettre 22 cot. y à la place deli'-j cot. ^ , et substituant n à b, il vien- dra v6 (38) 2 cot. — = —= (R' n vn J'ajoute que le symbole (y) représente dans ce qui précède la quantité + 1 lorsque le nombre i appartient au groupe des r, et la quantité — 1 lorsqu'il appartient au groupe des r' , et je renvoie au mémoire de M. Caucby pour les propositions que j'ai rappelées ci-dessus. La formule (58) se réduit à la première des (26), si n est un nombre premier U + 5, car alors R + R' = î + 2 + 5 + ... + (»— 1) = n in — i 1 d'où 28 SUR LA THEORIE Dans la même formule (58) on peut supposer que n soit le produit de deux nombres premiers, l'un de la forme Ak + 5, et l'autre de la forme 4/- _j_ 1 ^ et alors r désignera les mêmes nombres que nous avons repré- sentés par r, dans les deux dernières formules du numéro précédent. On tirera donc d'autres équations de la comparaison de ces formules avec (58). On peut trouver une autre expression de 1 cot. — • Nommons a une racine primitive de l'équation x" — 1 = o, et X le pro- duit de tous les binômes x — /, x — a", formés avec toutes les valeurs de r et r' : d'après un théorème de M. Gauss, généralisé par M. Cauchy, on aura (59) 4X = Y- -t- î)Z2, OÙ X, Y, Z seront des fonctions entières de x à coefficients entiers, n étant le même nombre que dans la formule (58). (Voyez le tome X des Comptes rendus). On aura, de plus, (40) X = n(.T — .•/) (j; — a^'), et en déterminant d'une manière convenable le signe du radical (1!) .... Y + Zl/^^=2n(.T — a:'). Y— Zl/^^ = 2n(.r — a--') : les signes de multiplication n s'appliquent à tous les r ou r'. Dilférentions par rapport à x les équations (41) : il vient ^^^^^-, = 2n(.-.).2-i-, ^-^»/:^ = ^2n(._.").2-l^, dx dx x — r/ dx d.v x — cc' Maintenant supposons x=l, remplaçons /■' par n — r, et désignons par A le nombre des r, c'est-à-dire la moitié du nombre des entiers pre- miers à n et inférieurs à n. Nous aurons 1 >■' n(l--a'") = n.a-' (^'•-l) = {-l)^-«-".n(l — ^'■),2;p-;^= - 2 Y^r' et c.-^ sera = 1 , car R, somme des r, sera divisible par n : donc il ré- DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 29 sultera, pour j? = 1 , m- ■ ■ — 4- — l/— H = 2n(l— ^'V^- ; dx dx 1 — ^ ^_ :^t/Z:^=_2(-l)\n(l-.n.2--^^, dx dx ' — '■'■ et l'équalion (40) donnera aussi (45) ■ . . X = (-1)^ u(l-a^r-. Or, si n est un nombre premier 4/c + 5 , X sera = ^- , nombre im- pair, et la fonction X, étant = ^^t" f , se réduira à n pour x = \ : dans ce cas, ajoutant les équations (4-2), on trouvera = n I — a' . 2 ■ dx \ — a' et de l'équalion (45) on tirera n (1 — «')= ± ^—n; d'ailleurs, si l'on prend ïT, ,— - . 1 -4- a' —1 rir a = è^^ ' , il Vient = , — r cot. — : donc (^^)- ; ^•'°'T = *^c"^- Si n est un nombre composé, l sera pair, et en formant la fonction X (v. Nom. amu par M. Terquem, tom. VIU, p. 552), on verra facilement, qu'elle se réduit h 1 pour .x = 1 : donc les formules (42) et (45) donneront ~ V^^'n = n ( I -a'). 2 ^-^ , n (1 -a') = ± I. dx i — «*■ — 1/— d'où , prenant a = e " ' , on conclut rx (/Z ,/— (45) 2 cot. — = ± — V n. * ' n dx Par la comparaison de ces formules avec la formule (38), on voit que la différence R' — R aura pour valeur, abstraction faite du signe, ce que devient l'un des polynômes dérivés — , u —, en y faisant x = 1. On peut 30 SUR LA THEORIE même substituer Y , f/Y Z , dZ a -— , et a cl 5 v^t (l , X — \ dx X — ! dx car l'équation (59) donne Y = o, Z= ± 2, lorsque X = «, et Y = ± 2 . Z ^ 0, lorsque X = 1. En rapprochant ce résultat avec ceux du n" VI, on conclura que si » est nombre premier 8/.: -\- o ou Sk -{- 1 , la différence entre le nombre des résidus et le nombre des non-résidus quadratiques de n inférieurs à |n, sera égale pour n=Sk -\-l , et triple pour h^8^ + 5, de la valeur numérique de - — - correspondante h x=l. IX. Soit H un nombre premier de la foi'me 4k -\- ô , et faisons x = ^ — 1 dans les polynômes X, Y, Z de l'équation (59) : soit y + y, ^ — 1 ce que deviendra Y, et 2 + 2, ^ — 1 ce qui deviendra Z. Posant ' , oc = e" , on a x — a' =z c^ > " "^ ' . 2 k X ^ e- , a=. e" , on a x — a"" = <•'' ' " "^ ■ 2 k — ) . sin. \ \ Il ou x — x' = ie" * . e i ■ sin. , \i ni et de là 71-1 R'^1/— , "~*-i/~ï . /^ '■" n(x— a'') = 2^". e~^~\ e~'^"^ ■ nsm. [ \ 4 n étendant les n aux — — valeurs de r, faisons pour abréger «+1 R'-^l/— ■ /-T l-T K = 2"2~. e^^' ■ nsin. \4 n R sera une quantité réelle, car c " ' = ± 1, R étant multiple de h, et en substituant dans la formule (41), il viendra y H- y. _ "— I i/j^ ITT + j/_„ {; -,- 2, v/~T) = Kr ' "^ '"'■ DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 51 Mainlenant, si ii esl de la forme 8i + ô, on aura e- * ' = e \ -pr- / ' '^ et par suite la comparaison des parties réelles et imaginaires donnera d'où — «/ + 3i ^" = ?yi + 2 ^"- Mais //, jy,, 2, z, sont supposés entiers : donc 1/ — ;r \/n = ( — 1 )' — - ■ • 1/2 Si » est, au contraire, de la forme 8? + 7, on aura _!^_lTi/rT_ _(,-+i)xl/:r-, [\-rV^\\ „-+,)^|/_ e « - - = 6 ^ ■ ' ' i — ^ — ), e et de même la comparaison des parties réelles et des parties imaginaires donnera d'où jy — s, ^n =«/, + - ^"' P^i" conséquent On a, d'ailleurs, donc l'équation (59), par la substitution des valeurs précédentes, de- viendra i J/ITl = ,/ ( 1 _ l/ZTl )2 H_ „;2 ( 1 ^. i/ITT y- . dans le cas de n = Si + -5, c'est-à-dire (46) t — HZ- = — -2, 52 SUR LA THEORIE et ou bien (47) tf — nz'-" = -t- 2, dans celui de n = Si + 7. Remettant la valeur de K, et abstraction faite des signes de y et z, on trouve aussi j'3- (48) M -1- 2 |/m = 2^ n sin. \4 H qui, par la séparation des termes rationnels et irrationnels, suffit à dé- terminer y et z. Ainsi la possibilité des équations (4G) et (47), en nombres entiers, est démontrée, et la formule (48) en donne une solution. Si l'on suppose que n soit de l'une des formes 4/c + 1 , A{Âk -)- 5) , 8 (2/i: -|- 1 ), et n'ait aucun diviseur carré impair, au lieu des formules (59) et (-41), on aura les suivantes (49) 4X = Y2 — nZ2, Y + Z J/^= 2 n (.ï — a''), dont on peut faire des applications semblables. En effet, concevons que n soit un nombre premier 4/. -f 1 , et posons x = l, a = e^^~': on aura X= _ = », et désignant par y, z les valeurs correspondantes de Y, Z, on obtiendra par la première des équa- tions (49) 4h = 2/2 — »i5-. d'où l'on voit que y et z étant des nombres entiers, y sera divisible par n; remplaçant donc y par ny, il viendra (50) inf — z^ = 4. En même temps, la deuxième équation (49) donnera ny -{- z ^n = 2 n ( 1 — - à) ^ et on trouvera r,T R;r. »/-* X — 2V/-1 sin.—, n(l— >x^) = (— 2»/ — I). v-^^"' )l n sin — ^ d= 2 ■ • n sin. — DES RESIDUS QUADRATIQUES. 33 d'où -I j/n (yVn + 5) = 2 ' . n sin. — n supprimant le double signe, car les signes de y et - sont ici indifférents. Or, n étant de la forme 4/."-j- 1, à tout résidu quadratique r de n, qui soit inférieur à -, il correspondi'a un résidu quadratique n — r supérieur ^2' et on aura sin. rr n sin. {n — r — çin - n n on pourra donc ne considérer que les valeurs de ?• inférieures à {»«, et alors la formule précédente deviendra (.51) V^n (y Vn -+- ^) = 2 ^ . n sin. r- 2 . n Cette formule fournira une solution en nombres entiers, de l'équation indéterminée (50), à l'aide de fonctions circulaires. Ces solutions trigonométriques des équations (46) et (50) ont été don- nées sans démonstration par Jacobi, dans les Comptes rendus de l'Acadé- mie de Berlin {Ojmsc. mathémal., vol. I, pag. 524). Si dans l'équation (50), les nombres y et z sont pairs, en faisant i/=2î;, 2 = 2m, on obtiendra u^ — nv^ = — 1. Jacobi a remarqué que lorsque ces nombres sont impairs, il suffit d'élever l'équation (51) au cube pour en tirer la solution de l'autre «^ — nv^ = — 1. Posons, en effet, (2 + j/1/h)5 ^ Il -h v[/n, d'où u = z (z"- -^ Tmtf) , v^yCâz"- -\- ny-i); mais l'équation (50) donne -.2 -f. ôny^ = 4(;^ -H 3), âz'^ -+- mf = 4.(«2 + 1 ), et ,2 _|_ 5^ 22 _|_ 1 seront pairs; on voit donc que u et v seront divisibles par 8. D'ailleurs, nous aurons {z — y J/h )' = m — Il y 11 , Tome XXV. S 34 SUR LA THEORIE et par suite remplaçant u et t^ par 8h et Sv , nous en déduirons «- — jw- = — 1. Posons encore {u + v ^^f = ît ' + v' V7i : il viendra On peut transformer d'une manière semblable les équations (46) et (47) : dans ces équations y et j seront impairs, et posant (y -t- rr VnY = m -i- y Vlî, on trouvera i« = yî H- nz- . V = iyz , ce qui montre que u et v seront pairs; on aura, de plus, et faisant ît= 2w', w==2i'', on en conclura u'- — nv'- = 1. Ainsi les formules obtenues donnent la solution de l'équation célèbre u^ = nv'^ -\- 1 , dans tous les cas, où n sera nombre premier impair, qu'il appartienne à l'une ou à l'autre des formes ik ± l. X. Je vais démontrer un autre théorème, énoncé au même endroit par Jacobi, et qui se rapporte aussi à cette théorie. Soit H le produit de deux nombres premiers p, q de la forme 'ik + 5; soient a et a" respectivement deux racines primitives des équations x'' — 1=0, et x' — 1 = 0, et représentons par r' les résidus quadratiques de p inférieurs à p, et par r" les résidus quadratiques de q inférieurs à q : on pourra tirer toutes les valeurs de r des deux équations x=a"~' a'"'". a = a~'" a""''", et les formules (49) deviendront ^ ' (x"—l) {x^—i) '^ (53) Y -4- Z»/pç = 2ti (ar — j/' ^"'") (a; — «'"'' j:""' ). Posons a; = 1 , et nommons y, z, les valeurs correspondantes de Y, Z; DES RESIDUS QUADRATIQUES. prenot is, en outre, a' = C , a" =e' : nous î (1 — a'"'' a"*"") (1 — a'""" a""""') = — (o-A'^ a"-^"" — a'' = 2 sin. — H L \ i> q i\ et par suite (34) . (p-i)(,-i) • • 2/' ~ Pq^^ = -4 , y -4- ^ l^/)? = 2. 2 2 . n sin \ p q I dont la deuxième fournira des valeurs entières de ij et 2 satisfaisant à la première. Si y et s sont pairs, on fera ij = 2h, 2 = 2i;; si y et 2 sont im- pairs, on fera (y + 2 ^i^qf = 8 (ît + f ^V'i) ' ^^^5 ^^^^s tous les cas, on obtiendra une solution de l'équation w- = pijv- + 1 en nombres entiers. Remarquons que, dans cette équation, v sera pair et u impair; car si V était impair, le binôme fqv^ + 1 serait de la forme 4/;; -f- 2 , qui ne peut convenir à un carré m-. Il s'ensuit que, dans l'équation y- — pqz- = 4, le nombre y, s'il n'est pas impair, sera double d'un impair. Remarquons aussi que les deux équations n'ayant aucune racine réelle, les polynômes X -f- Z ^ pq , Y — Z V pq demeureront positifs pour toute valeur réelle de x, si l'on suppose positif, ce qui est permis, le coefficient de la plus haute puissance de a; en Y : donc leur demi-somme Y demeurera pareillement positive. D'où l'on con- clut que la valeur y de Y correspondante à a;= 1 sera positive. Soient maintenant y' et s' les valeurs de Y et Z correspondantes à « = — 1 : y' sera positif, et des formules (49), (52), on tirera (55) y'^ — pqz'-^ = i , 1/ -i- z'\/pq = 'in {l + 0^'), le nombre des valeurs de r étant pair. Mais on a y -1- ;V/pç"=2n (I — «.'■), et multipliant celte équation par la deuxième des (55), on obtient {y' + z- V]^} (y -*- z V^) = 4 n (\—cn- 36 SUR LA THEORIE Or, si 2 est compris parmi les r, a' prendra les mêmes valeurs que a', et par conséquent on aura n (1 — a"') = n ( 1 — a), d'où (y' -+- s' Vpq) (!/-+-- Vpq) = 2 (ij + ; V^) : cette équation donnera y' = 2 , z' = o. Si 2 n'est point l'un des nombres r, les valeurs de a" seront toutes différentes de a , et remplaçant a par a"" dans la deuxième équation (49), on devra changer le signe de ^p(j, ce qui donnera Y — z j/^j? = 2 n (x — a-') . et par suite dans ce cas, on aura donc [y' -»- - ypq) [y + - ^pi) = ^ («/— ~ Vpq), et de là on tire y^ -\- pqz- yy' ■+■ pqzz' = 2»/ , yz' -^ y'z = — 1z, y' = ~ = j/^ — -2 , z' = — yz. 11 en résulte que si y est impair, ij' sera de la même forme 8A; — 1 , puisque if' sera de la forme S/î -f- 1 ; et que si y est pair, y' sera de la forme 2(16/*: + 1), puisque y- sera de la forme 4(8A- -\- \), y étant alors double d'un nombre impair. Faisons encore x^ ^ — 1, et désignons par y, + y2 ^ — 1, 3| + -2 ^ — ^ les valeurs correspondantes de Y, Z : il viendra _ / |l/=T ] y^ ^ y^ V — i + (Z, + Z,\/—\) Vpq = 2n U — y:]. Mais prenant 5t = e''' , on a e'- — y.' = e' ■ e'"> . 2|/— 1 sin. \4 pq de plus, le nombre des r est ^ (/j — 1) (-...l=^(i-ir-':^o. L 1 1.2 1.2.5 J 11 vient donc X= 1 pour a;= 1. Ainsi on aura n (1 — a)= 1 , le signe de multiplication n s'étendant à toutes les racines primitives c. de l'équation oc!' — 1 = 0. Nommons m un entier quelconque, inférieur et premier à », et prenons a = e — v-> A^^.\ 1 01/ I „ ir^—* {(i'') est un polynôme radical à coeffi- cients entiers, et, par conséquent, P — p est aussi un polynôme radical à coefficients entiers; en outre, P- — p est divisible par 1 — ,3, puisqu'il est nul; la somme des coefficients de s(/5^) est m, celle de P — p (on n— 1 obtient cette somme en faisant /5=1) est m' — p, ou ni^ — p : donc ni~^ — p sera divisible par n, donc l~\==p = P, ce qui est la formule (68). Soit m = 2. Si k est pair, on a (—1)' (j* — fi-'-) = fi* — fi-'; si k est impair, on a ( - I )'■ ( 0- - 2-'- ) = p"-' — (i-'"-'> , et ici n — k est pair et plus grand que -, k étant < -. Étendant k à tou- „ ) tes les valeurs 1, 2, ... —5—, et multipliant, ou trouve (_l)'V(3_^-.) (/3-— fi-^) ... (&' — $'-) = (fi- — fi-=) (H' — p-') ... (fi-^'-fi-^«), DES RÉSIDUS QUADRATIQUES. 47 La démonstration do M. Liouville peut encore être présentée sous d'autres formes. Soient m et n deux nombres premiers impairs, a et h leurs racines pri- mitives : à l'ordre des termes près, les deux suites ^ , o , »l 1 a, a-, ... a , et a", *"", a" , ... « seront identiques, et par suite, x étant quelconque, on aura X'" — 1 t = m— I h = 11 oîi p = -^^. Mais on a aussi «'' + 1 ^ o (mod. m), et partant a'"^'' ;s — «'' (mod. m), a"'^''=a-"'' : d'ailleurs, on peut remplacer a par a"^, et l'on a donc, en substituant, on trouvera (69) ~ = n. (y."-'' X — a-"'') (a-"'' X — a"''), d'où, faisant x-^= (i-^^ , on déduit jQm?/' (3 — »i?^^ h ^= p -_ = n. ( ;:"'■ p,!"^ — -,-"'• ^-'-M la - «'' B''" - -J."-'' 2-'''). [il/1' __ /3— /)'■ /i = I ' On obtiendra une formule semblable pour n, et comme en étendant le signe n aux pq combinaisons des valeurs de h et k, il vient évidemment n(o^«''ûî'' — a'»''/3-''") = ( — t)'"'. n («(>'• /3-W— x^n^/S''*), on en conclura On tirera de cette équation la loi de réciprocité, si l'on démontre cette autre formule lin\ '^ = 11 3ml''- — fl-«>('' i8 SUR LA THÉORIE Or, il y aura un nombre entier i < n, tel que m ^ b' (mod. n), et cela donnera fi'"'''' — /S-"''-' = /S'''"^' — [3"''''^^ Si l'exposant i -[- A; surpasse q , on pourra le réduire à l'aide de la congruence 6' + 1 ^^ o (mod. n) , qui fournit //'+''' Si — 6''', p-*"''' = ^''' (mod. h), d'où l'on voit que la puis- sance b"^'' changera de signe lorsque i -\- le sera compris entre q et 2q , et ne changera pas lorsque i -[- k sera compris entre 2q et o 7, les termes de la même suite compris entre 7 et 2q seront i + 1 , i -{- 2 , ... i -\- {"^q — -/), dont le nombre est 27 — i. Il s'ensuit qu'en remplaçant M par mb'' , le produit U{(3'''' — 13-'''') ne change pas de valeur absolue, mais un certain nombre de ses facteurs change de signe , et ce nombre est i lorsque /' < 7, 27 — i lorsque / > 7. On aura donc, dans tous les cas, n(/3'"!'' — /3 -'"'''■) = (—1)'. n(/3''' — /S-t'), et comme d'ailleurs -] = ( — 1)', on en conclura la formule (71). On peut aussi reniaïquer, que b'+\ «;'+-. 6'+' .... b'+'' = b"' X b. b'K b' ... b'', b"' = (—1)' (mod. »/), et qu'ainsi le nombre des puissances qui changent de signe est pair ou impair comme l'exposant i. Faisant «=1 dans l'équation (G9), on obtient i,=P m = (—i)". n (a"'* — a-«'')2, h = I et en élevant les deux membres à la puissance q, et supprimant, à la ma- nière de M. Liouville, les multiples de n, on en tire .al* ri — a'' m On aura une expression semblable de (- , et ces deux formules com- parées avec (70), ou bien la deuxième comparée avec (71), donneront la loi de réciprocité. DES RESIDUS QUADRATIQUES. 49 XIII. Si, dans l'équation (65). on fait a = e"' ', /3 ^ e~^ , en désignant par a un nombre premier à m, et par b un nombre premier à n, il viendra 2flïlft,T ['''1 ■ ■ ■ ■ — - = 2-'. ( — I)'. IL, sin. sin. sin °" ' "*" »"" m Or, en général, sin. 2t:x est positif, si x surpasse un nombre entier d'une quantité inférieure ou égale à l-, négatif si, au contraire, il y a un nombre entier qui surpasse x d'une quantité inférieure à 4- Au moyen de cette remarque, on déduira de la formule (73) le théorème d'arith- métique suivant : Soient m, n, a, b des nombres entiers positifs; m et m impairs et pre- miers entre eux, a premier h m, b premier à n; soit h un nombre déter- miné quelconque, et k un nombre indéterminé, qui prenne successive- ment les valeurs 1, 2, 5, ...^^- Divisez par mn toutes les valeurs que prendront les quantités ctnli -j- bmk, anh — bmk, en déterminant les quo- tients de manière que chaque reste soit mimcriqiiement inférieur à \ inii, et soit X le nombre total des restes négnlifs. Divisez aussi ah et anh par m, en prenant les restes numériquement inférieurs h ~ m; enfin soit q = '-^^ Cela posé, le nombre q -{-l sera pair, si les restes de ah et anli sont de même signe, impair s'ils sont de signes contraires. Ce théorème pouvant conduire à la loi de réciprocité, nous allons en chercher une démonstration directe, en supposant, pour plus de simplicité, 0 = 1, b = l et h l'un des termes de la suite 1, 2, 5, ... /», p étant = '^—■ Plaisons mn — 1 r = , ii = nh — mk, v=^nh -\- mk — r: 2 M et V, abstraction faite du signe, seront < ~mn. Ayant divisé nh par m, soit i le quotient, h' le reste positif : nous aurons nh=mi-\- h', h <^ ^, et par suite mi < nh < n^ , d'où i < ^; donc mk sera plus petit que nh Tome XXV. ' " 7 50 SUR LA THEORIE pour toutes les valeurs /;:= 1, 2, 5, .,. i, mais pour ces seules valeurs, de sorte que u aura i valeurs positives. J'observe que les nombres k' et ti ne peuvent être nuls, car nli, étant inférieur à | ma, ne peut être multiple en même temps de m et de n. Mais nous aurons aussi nh-{-ml; = ))t{i-\- k) -]- li'. r=mq-\-p, et, par conséquent, nli-'rink > r pour toutes les valeurs h^q — 1-4-1, q — «'-t-2, q — (-t-3, ... p : en effet q — ( ne pourra pas être nul dans ce cas, puisque si q = i, il s'ensuivrait mi + II' > »"/ + p, ou nli > r , tandis que ?■ est égal à np -{- q , et que h ne surpasse pas p. Ainsi le nombre v aura i valeurs positives si li' < '^, et en aura i + 1 , si /;' > ^- Donc le nombre des valeurs positives de v égale celui des valeurs positives de u, lorsque le reste /;' est inférieur à I m, et le surpasse d'une unité dans le cas contraire : de là résulte le théorème ci-dessus énoncé. Maintenant soit f le nombre total des valeurs positives de u, et y le nombre total des valeurs positives de v, en supposant qu'on attribue suc- cessivement à h toutes les valeurs i , 2, 5, ... p, à A; toutes les valeurs 1, 2, 5, ... q; soit H| le nombre des restes supérieurs à ~ m provenant de la division des multiples nli par m : on aura évidemment g — /'= h,. Par les mêmes raisons, si /' désigne le nombre total des valeurs posi- tives de la quantité n' = ml,- — -nli, et »«, le nombre des restes supérieurs à ^ n provenant de la division des multiples mk par u , on aura g — f =î;i,. II en résulte 2j/ — f—f = m, -f n^, et par suite ( — 1/+/" = ( — 1)'»'+'". Mais les valeurs positives de u' sont les négatives de ?/, car ti' = — u, et par conséquent, f -\- f est le nombre total des valeurs de u, c'est-à-dire pq : donc (— 1 )"'■+"■ = (— ly^. Enfin, si m. et n sont deux nombres premiers, on aura, d'après un lemme de M. Gauss, (")-<-'»■■■■ Ë)=''""^ d'où l'on conclut la loi de réciprocité -) (-)=(-ir ni \ml DES RESIDUS QUADRATIQUES. al J'ignore si cette démonstration élémentaire et très-simple, et sa liaison avec celle de M. Liouville, aient déjà été signalées. Le lemme de M. Gauss, que je viens de rappelei-, peut être généralisé ainsi qu'il suit. Soient m et n deux entiers premiers entre eux; 1 le nombre des entiers inférieurs à ^ n et premiers à h : représentons ces entiers par />, b.;, ... b^, et divisons par n les multiples 6,m, bç^ui, ... b^m, de manière à avoir des restes positifs ou négatifs, mais numériquement inférieurs à .} »i. Si m, désigne le nombre des restes négatifs, m^ — ( — 1)"" sera divisible par n. Nommons, en effet, /t, , h.,, ... Ii^ les quotients, et /.,, L, ... k^ les restes de ces divisions : on aura ce qui montre que les restes k^, k,, ... k^ seront tous premiers à », car k,, par exemple, ne pourrait avoir de commun avec u un facteur pre- mier, qui ne divisât aussi /*, ou m, en vertu de l'équation bim= liin-\- ki. Mais, de plus, ces restes seront tous numériquement inégaux, car si l'on eût ki = ± k^, , les équations b,m = hfi + /.:■ , //,,m = /«,,?« + k^, , donneraient (jf). q= bi,)m = (/(, q= hi,) n, et n, étant premier à m, devrait être diviseur du nombre b^ ^: b,,, tandis que t, et 6,, sont < ~ », et par suite />, q= 6,, est numériquement inférieur à n. Donc la suite /.:,, L, ... k^ sera composée des mêmes termes, abstraction faite de leurs signes et de leur ordre, que l'autre suite b^, b.,, ... b^, et l'on en déduira /.:, k, ... A'^ = ( — 1)"". b^ à, ... b^. Or, en multipliant, membres à membres, les ), équations précédentes, et supprimant les multiples de », on obtiendra b,b, ...by.m>-=EkJi, ...ky [moi. il) : donc 6,6, ... bx[m>^ — {—i)"''] = o (inod. n). c'est-à-dire que » sera diviseur de m' — (— 1)"", puisque le facteur 6,, bç,, ... b^ est premier à ». Lorsque n est premier, la suite b,, 6.,, ... b^ est celle des nombres na- ii-i turels 1, 2, 5, ••.'^, on a ^ = \-; donc alors, m ' — ( — l)"" est di- visible par », d'oîi f-j =( — 1)"" 52 SUR LA THEORIE Dans tous les cas, m-^ — 1 sera divisible par n, car il esl le produit des deux nombres m^ -f 1 , iii^ — 1 : théorème d'Euler. On peut remplacer le lemme de M. Gauss par d'autres propositions analogues. Au lieu de multiplier m par les entiers inférieurs à in, on peut le multiplier par les entiers paiis inférieurs à n, ou par les entiers impairs inférieurs également à n, et diviser les produits par n, en prenant les l'estes positifs : dans le premier cas, le nombre des restes impaii-s, et celui des restes pairs dans le second, détermineront la valeur de 1 On peut aussi choisir pour multiplicateurs les puissances n-l g, f, g^, ... g- d'une racine primitive (j de n : la valeur de - sera déterminée par le nombre des produits congrus aux autres puissances n— 1 g - , g - , g •' , ■■■ g XIV. Je terminerai en déduisant de la formule (4) une transformation re- marquable, qui se présente dans la théorie des fonctions elliptiques et ultra-elliptiques. Prenons n ^ ce , et y (j) ^ e""*""" cos. ^anx, I: désignant une quantité réelle positive, ou une quantité imaginaire dont la partie réelle soit po- sitive : la formule (i) deviendra 00 co i -(- 2 _ c cos.'iazx = I e rf^; cos. 2aiT-z -4- 2 2 . _ le rfz cos. Sas-i cos. 2i>5. 0 o A présent il suffirait de substituer dans le second membre les valeurs connues des intégrales définies qu'il renferme: mais ces valeurs peuvent être déterminées au moyen de la même équation. Soit e "' dx = p : faisant x- = h:", on en tire / e dz = — |, o o et différentiant plusieurs fois de suite par rapport à h, on obtient pour DES RESIDUS QUADRATIQUES. toute valeur entière et positive de m la formule / -kz r" dz = 1.3.3. ... (2»j — 1) p 2"" r Vk ' de là, en développant cos. rz, on passe à l'intégrale 00 00 CO CC /e^'"'' dz COS. rz = /1;-''=' rf^ — — /'e''^'' z'- dz -.- '" /"e-''=' 5' rfz t/ c/ 1.2,/ 1.2.5. 4 y " o o o p / 1 r^ 4.3 r-'' 1.3.5 r« V//f \ 1.2 2A 1.2.3.4 (2/t)--' 1.2.3.4.5.G (2A et remarquant que généralement 1.2.3 ... m 1.3. o ... (2m — 1 , on trouve = 2. 4.. 6 ... 2m = 2"' X 1-2.3 ... m . c/ V/fcL 4A 1.2 \.U/ 1.2.3 Uft/ J \/k Cette formule donnera la valeur de / e " dz COS. 2aTZ , o et aussi celle de / e ' dz COS. 2axir cos. 2îV^ , puisque 2 cos. 2or3 COS. 2iV5 = cos. 2 (a + t) ^z ■+- cos. (a — i) frz , et, en les substituant dans l'équation ci-dessus, on aura i -t- 2^^j e"*^ cos. 2aTa; = ^l e ï~ -t- 2.^^ (e ^ -i- e ^ 1 • Soit a = 0, le = n : cette formule devient f °° e-'^^^ =^(1^22. e-'^'' d'où évidemment 2jB .- 54 SUR LA THÉORIE DES RÉSIDLS QUADRATIQUES. Avec cette valeur de />, et faisant k = )Ti, il viendra x=z 00 , ( a°7r i- (74) . I -+- E e"^'^'''' COS. 2«.tj: =-7^ p ^ U + 2 car e ^- " ■+- e ' ^ = e ~ . e~~^ \ e~^ ■+■ e ^ On trouve d'autres démonstrations de cette formule dans le mémoire couronné de M. Rosenhain, sur les intégrales ultra-elliptiques [Mém. de rhistitut, savants étvamjers, tom. XI, pp. 595, o9G). Si l'on suppose T u^o, zr = ^2, - = ff- , on aura a;3 = 7T, r et la formule (74) donnera ce théorème de M. Cauchy, En même temps nous avons démontré les formules l.ô..'> ... (fdzl 1.2 I Xdndz'^l 1 1.2 \dxdydzl i i I d.^S\ y^ I ('^S \ z"^ X l rf'S \^ z x^ dy'-l 1.2. 5 \dz-Mxl 1.2 I Xdzdx'^l 1 d.2 (/3S\ 2' / (/"'S \ x-^ y I d'S \ X j/'^ [dz-'l 1.2.5 \dx-dyl 1.2 1 Uxdy^J l 1.2 où les fonctions entre parenthèses sont la fonction S et ses dérivées, dans RECHERCHES lesquelles on a substitué à a; y 2 les coordonnées de la nouvelle origine x'y'z'. 4. 2" Aijant l'équation d'une surface par rapport à trois axes , trouver son équation pour trois nouveaux axes , qui se croisent dans la même origine. En menant par cette origine une perpendiculaire à l'ancien plan des y'z', on sait que la projection du rayon vecteur, tiré de l'origine au point de la surface, égale la somme des projections des coordonnées dans chacun des systèmes, d'oii x'=ax -\- bij -\- cz , a b c étant des constantes, qui dé- pendent de l'inclinaison des axes. On a donc les formules : x' = ax -+- by -4- cz y' = a'x -+- b'y ■+- c'z z = a"x -+- b"y ■+- c". Quand l'axe des z seul change , les points du plan x y conservent les mêmes coordonnées; faisant donc z = o, il faut qu'on ait : jr' = x, y' = y . z' = o d'où «=l, 6 = 0, a' = o , &' = 1 , n":^o, 6"=o, et les formules sont simplement : x' = X -t- cz , y' = y -\- c' z . z' :^ c"z. Pour connaître actuellement la transformée de S = o, prenons le terme général de S, « = Ta;"' y'' z", qui devient T(œ + czY {y + c'z)'' c'" z'. Prenant également le terme général de chacun des binômes et multipliant, on a : ^ p(p-i)....ip-.-.i) ^^_, ^ ^, ,(ç-l). ■■■(>?-.--') c ,, ,, ,. ,. 1.2 .... a d.2 .... £ rfa+f ( c'-' z"- c'f Z^ dx'^ dy 1.2... « 1.2 ... C On en conclut qu'on aura la transformée en ajoutant toutes les dérivées de S suivant x y, depuis la dérivée zéro ou S même jusqu'à toutes les déri- vées m'"'"'; seulement, dans chacune de ces dérivées, on substitue c"z à Z, et si une dérivée est a'"'"' pour x , g""'"" pour y , elle sera multipliée par 1 . 2 ... a 1.1'...'' SUR LES MEDIANES. Par le moyen de ces deux questions , on peut passer d'un système d'axes à un autre quelconque. 5. Nous poserons ici quelques notations abréviatives qui pourront être utiles : rfS _ rfS _ , rfS _ „ dx ' dy ' dz d"-S d^S _ ^ (/2S _ „ rf-^S _ d'-S , d"-S dx^ ' dij'^ ' dz"^ ' dijdz ' dzdx ' dxdy d'S , d'S , d''S ^ _ d'^S _ d'S . d^S dx' dj/' dz' dî/'^dr: ds'-djî ' dx-dy d'S d'S d'S d'S dydz'^ " dzdx'^ "' dxdf/^ '' dxdydz PREMIÈRE PARTIE. 6. Les surfaces secondaires dont nous cherchons à faire dépendre l'étude d'une surface quelconque, seront liées à celle-ci par quelque loi de symétrie. C'est par cette symétrie que l'on peut justifler la dénomina- tion imposée à ces surfaces. La droite menée du sommet d'un triangle au milieu de la base porte le nom de médiane, parce qu'elle contient les milieux de toutes les droites parallèles à la base et comprises entre les deux côtés. Il semble donc conséquent de donner ce nom aux lignes ou aux surfaces qui jouissent de quelque propriété moyenne, comme, par exemple, le lieu des centres des moyennes distances sur une suite de droites parallèles qui rencontrent une surface. Et de la même manière que la ligne ou la surface est nommée médiane, chaque point de celle-ci qui jouit d'une propriété moyenne sur une des droites, portera avec avantage un nom qui rappelle cette pro- priété; ce sera le médian de la droite ou ti^ansversale ; de façon que la médiane ne sera autre chose que le lieu des médians. 7. Définitions. S= o représente une surface algébrique de l'ordre m. 8 RECHERCHES rapportée à trois plans non parallèles. Une transversale recliligne ren- contrera généralement cette surface en des points réels ou imaginaires, dont le nombre ne pourra surpasser tn. Cela posé, nous appelons premier médian de la transversale un point situé sur celle-ci, et tel que la somme de ses distances aux points réels ou imaginaires oîi la transversale rencontre la courbe , soit nulle ; deuxième médian de la transversale, un point situé sur celle-ci, et tel que la somme des produits deux à deux de ses distances aux mêmes points d'intersection soit nulle. On voit dès lors ce que seraient les médians 0"'% 4™% etc., de la trans- versale relativement à la surface S. Si la transversale se déplace suivant une loi , les médians engendreront des lieux géométriques , qui pourront être des lignes ou des surfaces. Mais, quelle que soit cette loi, les lieux des médians 1", 2"'% etc., seront définis respectivement médianes V', 2"'% etc. delà surface. Nous distinguerons particulièrement deux des cas les plus simples : celui où la transversale demeure parallèle à elle-même, et celui où elle passe toujours par un même point. Quand on se borne à ces conditions, les médianes sont des surfaces définies, dans le premier cas, surfaces mé- dianes X'" , 2"% etc. parallèles, et dans le second, surfaces médianes 1", 2"'% etc. polaires. Mais on peut, en outre, se donner d'autres conditions, par exemple, que les transversales s'appuient sur une courbe ou sur une surface ; alors elles constituent des cylindres ou des cônes, et les médianes sont de simples courbes. Nous nous proposons de rechercher les équations des surfaces médianes parallèles et polaires. 8. Soit la surface S = o, de l'ordre m, coupée par un système com- plet de transversales parallèles. Cette surface est rapportée à trois axes issus d'un même point, celui des z parallèle aux transversales, les deux autres quelconques. Soit changé z en z -j- li, ce qui revient à mouvoir le plan des x y parallèlement à lui-même. La transformée sera : /rfs\ z (ir-sx z^ ^"•S dz' I 1.2 .... m. SUR LES MEDIANES. 9 Une transversale quelconque est donnée par x = a, y = b. Si on substitue ces valeurs dans la transformée, les z que donnera celle-ci seront les z des points où cette transversale rencontre la surface, rapportés au plan mobile des a; y, dont l'équation est z = h. Mais suivant que ce plan rencontre la transversale en son médian 1", en son médian 2"'% etc., le coefficient de z'"-*, celui de z™"', etc., doivent être nuls dans la transformée. Ainsi le mé- dian m''"'" de la transversale a; = a, y = h est donné, par rapport aux pre- I,;, Il Q miers axes, parla valeur de h tirée de ^p^r;: où a;, y et : sont remplacés par a, b et li. Pour rendre à la transversale sa généralité, il faut remplacer rt et ^ par x et y ; alors h sera l'ordonnée variable de la médiane /«""" pa- rallèle de la surface. En représentant cette ordonnée par z, la médiane jjieme .^ p^yj. equatiou — 3^ = o. Par conséquent, les médianes 1"' parallèles d'une surface algébrique d'ordre m sont des surfaces de l" ordre; les médianes 2""='^ parallèles, des surfaces de 2"'' ordre; les médianes n'™" parcdlèles, des surfaces de n'°°"' ordre, jusqu'à la médicme m'™% qui est la proposée elle-même. Observation. — Quand z'" manque dans l'équation S=o, un des m points d'intersection de la surface avec les transversales parallèles aux 2 passe à l'infini, ainsi qu'un des médians de chaque ordre; mais il faut remarquer alors que les n — 1 points de la médiane n""" situés sur une parallèle aux 2, ont la propriété d'être les médians n — 1 des m — 1 points de S, situés sur cette parallèle. 9. Soit une surface S de l'ordre m, coupée par un système complet de transversales polaires. L'origine des coordonnées est prise au pôle, les axes étant d'ailleurs quelconques. x = az, y = bz est une transversale. Substituant ces x et y dans S, celle-ci donnera les 2 d'intersection de la transversale avec la surface. Cette équation en z. S', est du degré m, et en général le coefficient de 2'' se compose de l'ensemble des termes du degré p de S, où X, y et 2 sont remplacés respectivement par a,bet\. Soit changé dans S' , 2 en 2 -}- /; ; on obtient : o-=(S') + rfS'\ ; /rf-^S'\ z"- iitS' ilz I 1 \dz'^ I 1.2 Xilz"" I \i m. Tome XXV. 2 10 RECHERCHES Cette transformée donne les z de l'intersection , rapportés au plan mobile z = h. Mais il est aisé de voir que, si ce plan passe par le médian 1", !2"'% etc. de la transversale, le coefficient de s'""', ou celui de z"'~^, etc. doit être nul. Ainsi le médian n"'""' de la transversale x =^ az, y = bz est donné, par rapport aux premiers axes, par la valeur de li tirée de l'équation ( 1 =0, ou par la valeur de 2 tirée de = o. Celle-ci contient \dz"'-"J '■ dz"-" encore a et b, qui déterminent la transversale. Éliminant ces deux constan- tes «=- , 6 = 7, on voit que l'on reconstruit en entier les termes des divers degrés, puisque a et b, comme coastantes, ont gardé partout leurs exposants; le degré de s seul a partout diminué de m — n unités, de façon que, pour chasser les dénominateurs, on doit multiplier par z"''"; et, de cette manière, les divers degrés sont reconstruits en entier. La seule chose à observer, c'est que, à cause de la différentiation, chaque degré est mul- tiplié par un coefficient. S'il s'agit, par exemple, du degré v, le coefficient est : V {v — 1)... [v — (m — n) + 1]. On voit par là que la médiane n''"" polaire n'a pas de terme d'un degré inférieur à m — n. Par conséquent, les médianes polaires d'une surface algébrique d'ordre m sont des surfaces du même ordre. La propriété la plus saillante de ces fonctions est que les divers degrés ne sont pas altérés, en passant de la proposée à ses diverses médianes po- laires; mais l'indice du plus faible degré ajouté à l'indice de la médiane vaut toujours m. Observation.— D'après le n" 8, une transversale rectiligne qui rencontre en m points la surface S, a n médians n'""''% tandis que ce numéro donne pour la médiane n"'"" une surface d'ordre m; cette contradiction apparente lient à ce que, pour rendre la fonction entière, il a fallu multiplier par z"'""; aussi la surface a-t-elle à l'origine un point multiple d'ordre m — n, et ce sont les n points restants seuls qui sont médians n"""'' de la transversale. 10. Bcmarquc. — Il est à observer que les diverses médianes parallèles de S suivant un même axe, sont en même temps médianes les unes des autres, c'est-à-dire qu'elles sont toutes médianes de celles d'ordre supérieui-. Ainsi la médiane m — 1 de S suivant les z est — ; la médiane m — 2 de S et la SUR LES .MEDIANES. i 1 médiane m — 2 de — sont également ^-r-- Mais au lieu de prendre la mé- ,„ dz ^ dz- diane m— 2 de— suivant les :, on peut la prendre suivant les y, et alors on a Celle-ci est encore une médiane m — 2; elle appartient aux dzdy médianes m — 2 des deux axes %, y. De la même façon, les médianes m — ô de trois axes x, y, z comprennent - , aussi bien que — • En appliquant aux médians d'une transversale l'observation ci-dessus, on voit que si l'on prend les n médians n"'"" de m points en ligne droite , puis les p médians p"""" de ces n points, les /; points seront en même temps les médians p'"'"' des m premiers points. Pour trois points, par exemple, on a généralement deux médians seconds ; le médian premier de ces deux-ci , qui n'est autre que le point milieu des deux, est en même temps le centre des moyennes distances des trois premiers points. Il en résulte encore que la première médiane parallèle d'une surface de troisième ordre (cette médiane est le plan, lieu des centres des moyennes distances des transver- sales) est un plan diamétral de la surface de second ordre, qui en est la médiane deuxième. 11. On peut donner à l'équation des médianes polaires une autre forme, qui rattache leurs propriétés à celles des médianes parallèles. Voici comment : Si ton prend toutes les médianes n"""' jMrallèles de trois axes x , y , z, si après . , , ^ . d^+i^+'^S i.2 (a-f-b + c) ^ ,, ^ avoir multiplié chacune des fonctions j^„^^,j^, par , o...aX1.2...bxi.2...c ^ ^ ^ ' on ajoute tous les produits, on aura l'équation de la médiane polaire n"""^ dont le pôle est à l'origine. Soit le terme général S, TxPy''z\ Suivant les dérivées que l'on en pren- dra, on aura des termes qui appartiendront aux différentes médianes pa- rallèles n''""', mais qui , moyennant la multiplication indiquée par x, y et 2, auront tous la partie commune TxPy''z\ et ne diff"éreront donc que par un facteur constant. Or, quand on prend toutes les dérivées m — n de x''ij''z% on trouve qu'en posant p -\- q -{- r = v , la somme de tous les coefficients est v{v— 1) ... [v — [m — n) + 1]. Il est seulement à remarquer que plusieurs de ces dérivées, ne diff'érant que par l'ordre des diff'érentiations, sont iden- 12 RECHERCHES tiques; il faut donc multiplier chacune d'elles par un coefficient qu'il est aisé de déterminer. La même chose pouvant se dire de chaque terme, on voit que chacun reproduit le terme correspondant de la médiane polaire, et on en conclut le théorème ci-dessus. 12. En prenant comme exemple la surface du second ordre : 0 == Âx* -t- .Vij^ -+- A"^'- -H By: -t- B'zx -+- B",tij -+- Cx -t- C'y -+- C": -+- D. on trouve les médianes parallèles suivant les trois axes : 0 = 2ÂX -\- B'z -+- E"y -y- C, 0 = 2\'i/ H- B'j + B; + C, 0 = ±K"z -t- ïiy -+- B'x + C", et multipliant celles-ci par x, y, z, et ajoutant, on a la médiane polaire dont le pôle est à l'origine : o = 2(Â.r2 -t- A'»/- -\- A";- ^- B;/; -i- B'^x -h B"x(/) -t- Cx -t- C'y -t- C'xr. Les médianes parallèles sont des plans diamétraux, et la médiane po- laire est une surface de second ordre semblable à la première et sembla- blement placée. Le centre de similitude se trouve sur la droite qui joint le pôle au point d'intersection des trois plans diamétraux : pour le déter- miner, il suffit de circonscrire le cône extérieur aux deux surfaces; son sommet répond à la question. 11 y a aussi un centre de similitude inverse, pour lequel les rayons vecteurs homologues , quoique sur le même aligne- ment, sont dirigés dans des sens opposés par rapport au centre. Celui-ci est le sommet du cône intérieur circonscrit; il est situé sur la droite dé- finie plus haut. Quand le cône manque, en nommant 0 le centre de similitude inverse, AA' les points où cette droite coupe une des surfaces, BB' les correspondants où elle coupe l'autre , O est déterminé par la rela- tion OA: 0B = AA': BB'. 15. Nous avons les équations des médianes pour certaines directions et pour certaine position du pôle; il n'est pas difficile d'en conclure les équations générales. SUR LES MÉDIANES. 13 Pour les médianes parallèles d'abord, prenons une direction générale, celle du nouvel axe des z du n° A. La transformée du terme général t est, pour ce nouvel axe, T(x -H es)" (y-Hc's)' c'" z'; sa dérivée pour z : rW-' r'p"' z' T^) (x -+- c;)'-' c[y-^-czYc"z' -t- T(a; + cr)" q[y + czY ' c'c (/« dl „ f/( -+- T (a; + c^)" (2/ + c'z)" c"^ rc^"' = c — + c' — + c — ■ Faisant la même chose pour chaque terme, on voit que la médiane m — 1 parallèle de S, suivant le nouvel axe, est : rfS (/S , rfS o = c- i-c'— -t-c — • dx dy dz Si de cette surface d'ordre m — 1 on prend la médiane m — 2 suivant un autre axe c, , c', et c",, on trouve : o — ce, -+- cc\ -— -^. c c, -—■ -4- (ce, -^-cc,} — — - ■ dx"' dy"' dz"- dxdy rf-^S rf^S -+- [ce," -t- c"c,) — —- -t- {ce, -i- c c ,] dxdz ' ' dijdz On peut continuer ainsi suivant une loi évidente. Dans le cas où l'on différentie deux fois sur la même direction , on a : 0 == c2 ^. c'2 H c"2 1- 2cc -4- Icc" -—- -t- 2c c" -— - , dx"^ dy^ dz^ dxdy dxdz dydz et ainsi de suite. Toutes ces surfaces sont d'ailleurs rapportées aux mêmes axes primitifs que S=o. 14. Pour les médianes polaires, opérons la transformation du n° 3, en prenant pour x' , y', z' les coordonnées du nouveau pôle. Nous aurons la transformée S, donnée dans ce numéro. 14 RECHERCHES Mainlenant,daiis le système transformé, la médiane m — 1 polaire est dS, dS, (IS, IdS] /rfS\ /dS\ dx dy dz \dxl \dtjl \dzl OÙ ( — ] est la transformée de — due au changement d'axes. Et l'on est en droit de poser —^ = (—, puisque, la direction des a; n'ayant pas changé, la médiane de la transformée est la transformée de la médiane pour cette /r/S\ , . rfS direction. Repassant donc aux anciens axes, |^— j redevient ~; x, y et : redeviennent x—x', y — ij' et 2 — z' ; de plus, l'on a pour équation de la mé- diane polaire m — 1 de S relativement à un pôle aux coordonnées x' , y,' z' : dS '/S dS 0= — [x — x ) -+- — [y — y)-^ — [z ~ z) = u. dx dy (12 On trouverait, par le même raisonnement, l'équation de la médiane polaire m — 2 de S au pôle x' , y', z' : d'^S „ d^S , , ., d-& 0 = -—(x — x'f-i- -r^{y—y - — z' .2 dx^ dy^ a- d-& d-S d-S -+- 2 (x — x') {y — y') + i —— (y- y') [z-z'j + i — - [z — z ) {x — x ), et ainsi de suite. Mais, dans ce cas, les diverses surfaces ne sont pas, comme dans le cas précédent , médianes successives les unes des autres. Nous avons maintenant les équations de toutes les médianes parallèles ou polaires, et leur inspection nous porte à conclure, comme, du reste, on devait le voira priori, que les premières ne sont qu'un cas particu- lier des secondes. 15. D'après le n" 8, quand S a un point à l'infini sur une direction, il en est de même de toutes ses médianes polaires. Nous rechercherons ici les caractères des points situés à rinfini. Pour qu'une surface ait des points à l'infini sur la direction des 2, il faut et il suffît que :"' manque dans l'équation de degré m de cette surface; SUR LES MEDIANES. lo et, en général, il y aura autant de points à l'inlini sur cette direction, qu'il manque d'unités jusqu'à m dans le plus haut exposant de z. Étant donnée la surface S rapportée à trois axes quelconques, on de- mande sur quelle direction elle a des points à l'infini. Il suffira de changer la direction des 2 par la deuxième transformation, et d'exprimer alors que le coefficient de z'" est nul. Mais les termes en z"' de la transformée ne pro- viennent que des termes de degré m de S, que l'on a différentiés par rap- port ax eth tj, de façon à en faire disparaître ces deux variables. Dès lors, on voit aisément que le coefficient de s'", dans la transformée, est justement le degré m de S où a;, y et 2 sont remplacés par c, c' et c". Cette équation étant homogène en c, c' et c" , donne une relation entre les rapports — et — • Par conséquent, si, par l'origine, on mène des parallèles à toutes les trans- versales dont les directions satisfont à cette relation , ces droites détermine- ront une surface. Pour en avoir l'équation, reprenons les éléments de la transformation dun''4, x'=x-{'Cz, y' = y-{-c'z et z' = c"2; comme, dans chaque transformation, on ne considère que les points situés sur le nouvel axe des z, on a : x = o et y = o, d'où x' = cz, ij' = c'z et 2' = c"z. Ainsi les trois coordonnées dans le système primitif sont proportionnelles àc, c' etc", et peuvent y être substituées dans la relation homogène ci-dessus, qui alors se réduit simplement au degré m de S. On en conclut que les directions suivant lesquelles S = o a des points à l'infini, sont données par les génératrices d'un cône qui est la médiane polaire d''indice zéro. Quand la courbe a deux points à l'infini sur la direction des z, l'équa- tion ne doit contenir z qu'au degré m — 2 tout au plus. Ainsi les coefficients des quatre termes 2'", xz"'"', yz""-' , 2"' ' doivent être nuls. En représentant par t,„, /,„_, l'ensemble des termes de degré m ou m — 1 de S, par -^ la dérivée pour x des termes de degré m, et ainsi de suite, on trouve ici quatre conditions : "' • "'- ' dx ' dy que l'on peut à volonté lemplacer par dx ' dij dz i6 RECHERCHES Quand il y a trois points à l'infini sur la dii'ection de l'axe c, c' , c" , on a les conditions : ',„- 1 = 0, J,„_2 = 0, dx dy dx dl,„ , d%.. d%n d%. dy -"■ c/^»- -"■ dxdy Si l'on veut de la symétrie, il est clair que ce système d'équations se réduit au suivant : dt,„^i dt,„_, dt,„_, _ ' dx ' dy ' dz d.y„ _ d%„ _ d\^ _ dH^ _ ^ _ 1^ _ ^ ~ °' df ~ °' dz'^ ^ °' dxdy ~ ' dxdz ~ ' dydz ~ Mais, sans aller plus loin, on peut voir que les points à l'infini dépen- dant des degrés complets de l'équation S , sont une conséquence des pro- priétés des médianes polaires. 16. Nous avons vu que, dans l'équation des médianes polaires, entrent trois espèces de quantités, d'abord les variables de la médiane, puis les coordonnées du pôle et enfin des constantes; mais cette équation peut être envisagée sous un second aspect en regardant comme variables les coordonnées du pôle. L'équation donne alors le lieu des pôles de toutes les médianes qui passent par un point. Ce lieu est toujours un cône dont le centre est au point donné. S'il s'agit de la médiane m — 1 polaire, le cône est un simple plan; mais il est de second, troisième, m — ?«""" ordre, si la médiane est d'ordre m — 2, m — 5, .... n. Ce résultat peut encore se présenter sous une forme différente. Con- naissant la surface S et ayant un point fixe, on demande le lieu des transversales que l'on peut mener par ce point fixe, et qui jouissent de la propriété d'avoir, en ce point , un médian 1", 2"% n""". Or, les équa- tions répondent que, si le point doit être un médian X"', 2""=, n""% m — 1"", le lieu des traversales est un cône d'ordre m — ^1 , un cône d'ordre m — 2, un cône d'oi'dre m — n, enfin un cône de 1" ordre ou un plan. Par exemple, dans une surface de troisième ordre, tout point de l'es- SUR LES MEDIANES. 17 pace est premier médian pour les génératrices d'un cône de second ordre et deuxième médian pour les droites situées dans un plan. 17. Quand toutes les médianes parallèles n'"'"' de deux axes passent par un point, celles qui sont relatives à tout autre axe, parallèle au plan des deux premiers, passeront par ce même point; et si par celui-ci on mène un plan parallèle aux transversales, le point sera le médian n""'" du plan ou de la section que ce plan fait dans la surface S. Par exemple, si la médiane est d'ordre m — I , et que le plan soit o = [j.x + ^'// -f- ij."z, tous les points de la courbe 1 dS I f/S _ I e/S f/. (1x n! dij ^" dz seront les médians m — 1 des plans parallèles à celui ci-dessus. Il peut se faire encore (nous l'avons vu au numéro précédent) que des transversales constituant un cône, aient toutes un médian n"™ en un même point, le centre du cône; ce point se nomme alors médian n'"'" de la courbe à double courbure, qui est l'intersection du cône et de la surface S. Pour que toutes les médianes pai^allèles ou polaires d'ordre n passent par un point, il est nécessaire et suffisant que toutes les médianes n""'"' pa- rallèles de trois axes non situés dans un plan passent par ce point. Celui-ci est alors défini médian n'""" de la surface. Quant aux médianes polaires , si deux polaires m — 1 passent par un point , toute polaire m — 1 dont le pôle est sur le prolongement des deux autres, passera par le même point. En général, si m — n + 1 polaires n^""' dont les pôles sont en ligne droite, passent par un point, toute po- laire 11'""" dont le pôle est sur cette droite passe par ce point. , , . m — n H- 1 m — Ji -4- 2 On trouverait aussi aisément , qu'en gênerai si ^ médianes «'""'" polaires passent par un point, toute polaire n"'"" passe par ce point. On observera qu'il ne faut pas d'indétermination dans celte question; ainsi, par exemple, s'il y avait plus de m — n + 1 points en ligne droite, quelques-unes des conditions seraient supertlues. Enfin, il faut remarquer, ici, que cette dernière propriété est énoncée ci-dessus d'une manière plus Tome XXV. 5 18 RECHERCHES commode et plus aisée pour le calcul , au moyen des médianes parallèles de trois axes. 18. Après avoir parlé de l'intersection des médianes d'un même ordre entre elles, il faut dire encore un mot de l'intersection de S et de ses dif- férentes médianes. D'abord l'intersection de S avec une de ses médianes m — 1 parallèles , est directement l'intersection d'une sui'face d'ordre m par une autre d'ordre m — 1 ; mais l'intersection de S avec une de ses médianes polaires m — 1 est l'intersection de deux surfaces d'ordre m; et cependant, par la nature des deux fonctions, on peut en former une troisième de degré m— 1 , et qui est la conséquence des deux premières. L'intersection appartient donc en- core à une surface d'ordre m — 1 , mais ce n'est plus une médiane ; ce- pendant, d'après son origine, on pourrait la nommer polaire réduite m- — 1. Les médianes parallèles m — 2 coupent S suivant une courbe qui ap- partient à une surface d'ordre m — 2 , tandis que celte courbe, pour les médianes polaires m — 2, n'appartient qu'à une surface d'oi'dre m- — 1. Mais les points où cette dernière courbe rencontre la médiane polaire m — 1, sont sur une surface d'ordre m — 2, qu'on nommera polaire ré- duite m — 2. De même, s'il y a des points communs à S et à ses médianes polaires fn— 1, m — 2, m — o de même pôle, ces points seront sur une surface d'ordre m — ^5, nommée polaire réduite m — 5. 19. La médiane polaii^e m — 1 a été trouvée : rfS rfS „ f/S , [x—x') + —{y — y) -t- — (---r ) =0. dx dy tlz La polaire réduite m — 1 est alors : rfS rfS dS , — x'-i- — y H 2-f- /,„_, + 2/„,_., — -t- nd., = n, dx dy dz /,„ ayant la même signiBcation qu'au n" 15. On peut encore écrire pour abréger : dS rfS rfS — a;' -t- — y' + — 5 ^- T = 0. dx dy dz SUR LES MEDIANES. 19 On voit que toutes les polaires réduites m — 1, qui passent par un point, ont leurs pôles dans un plan. Et si le pôle décrit le plan z' =o, les points communs aux réduites m — 1 sont -f- = o , — =o, T = o; si le pôle décrit (Ix dy une droite x' = o, y'=o, les réduites m — 1 ont une courbe commune -- = 0 , 1=0. (IZ Dans le cas du second degré, l'équation de la polaire réduite, consi- dérée sous ces deux points de vue , donne également un plan , et l'on sait qu'alors les polaires sont réciproques. 20. Avant de passer à quelques applications, il nous reste à parler des propriétés numériques qui lient les segments interceptés sur une trans- versale, à partir de son pôle, par la surface Set ses diverses médianes. Prenons cette transversale pour axe des a;, et mettons l'origine au pôle; les points où S rencontre la transversale, sont donnés par les termes en X de S : 0 = Ax'" + lix''-' -+- Cx'"-^ -^- Dx"-' -+- Ex'"-' .... -f- Gcc -+- H. Les points où la transversale est coupée par les médianes 1,2,5, etc., sont alors : T Ax -1- B, >ji {m- i.2 -D Ax'2 -+- m- 1 -1 Bx -f- c, «1 (m- -i) (m- 1> Ax^ H- (m- — n_ {rn~ -2) 2 Bx'^ -+- — — - Cx 4- D, 1.2.3 1.2 1 et par les polaires réduites m — i , m — 2 , etc. : Bx"-' -+- 2Cx"'- + ôDx"'""" -4- .4 Ex"-* 1.2 Cx'"-- H- 2.3 Dx"'-^ -+- 3. 4 Ex"-' il 1.2.3 Dx'-^ ^- 2.5.4 Ex"-' 11 est facile d'en déduire, sous forme de théorèmes, diverses relations. Bornons-nous aux deux suivantes : Le produit des m segments interceptés par S, vaut le produit des m —1 segments de la polaire réduite m — 1 par la distance du 1" médian 20 RECHERCHES (l'origine des segments est toujours au pôle). Pour appliquer cet énoncé à la sphère de centre C, nommons 0 le pôle; décrivons sur la droite OC, comme diamètre, une seconde sphère qui sera la médiane polaire de la première. Le plan qui passe par l'intersection des deux sphères est la po- laire réduite. Par O soit menée une transversale quelconque, qui coupe la sphère de centre C en AA', la seconde sphère en B et le plan en P; on aura toujours OA . OA' = OB . OP. La somme des segments inverses (*) de S vaut m fois le segment inverse de la polaire réduite première; la somme des produits deux à deux des segments inverses de S vaut "^ — fois le produit des deux segments inverses delà polaii'c réduite deuxième; en général, la somme des produits , . 1 o mlm — 1) ... {m — j|. + 1) „ . , » a n des segments inverses de b vaut lois le pro- " i.-l ... n '■ duit des n segments inverses de la polaire l'éduite n""'\ Ainsi , menant plusieurs droites par un point , si l'on porte sur chacune, à partir de ce point, une longueur telle que son inverse égale la moyenne des m segments inverses que cette droite intercepte sur S, toutes les extré- mités seront dans un même plan. DEUXIÈME PARTIE. 2L Nous passerons actuellement à quelques applications. Jusqu'ici , les points où la transversale rencontre la surface n'ont été assujettis cà aucune loi; ces points étant quelconques, on a déterminé leurs médians et on a cherché à reconnaître quelques-unes de leurs pro- priétés. Mais il est clair que si les points de rencontre de la transversale avec S sont soumis à une loi de distribution, les médians doivent égale- ment posséder quelques cai-actères particuliers , desquels on puisse même conclure les propriétés des points principaux. C) On iioiiiiiie segment inverse l'unité divisée par la valeur dn segment. SUR LES MÉDIANES. 21 22. Nous ferons donc des hypothèses sur la position des m intersec- tions de S avec La transversale, et d'abord nous supposerons ces intersec- tions situées symétriquement par rapport à un point de cette droite. Ce point sera alors défini le centre de la transversale. La surface est rapportée à trois axes , dont celui des z est parallèle à la transversale, celle-ci ayant alors pour équations x = a , y = b. Effectuons la transformation du n" 5, par rapport à z seulement. Si le nouveau plan des x y passe par le centre de la transversale, il faut qu'en faisant dans la transformée x=a, y=b, celle-ci ne contienne 2 qu'à des puissances paires ou à des puissances impaires, ou, en d'autres termes, il faut que les médianes paires ou les médianes impaires suivant z passent par ce point. Donc si une transversale a un centre , ce point doit être médian de tous les ordres pairs de la transversale , on médian de tous les ordres impairs. Du reste, quand une des deux conditions est remplie pour un point, celui-ci est un centre de la transversale. On en déduit immédiatement cette autre propriété : Quand les points où une transversale rencontre S ont un centre, celui-ci est encore un centime pour les médians de tous les ordres de celte transversale. On voit donc que les centres de transversales sont de deux genres , les centres donnes par les médians pairs , et les centres donnés par les mé- dians impairs. Il en résulte que, pour un système de transversales paral- lèle ou polaire, on peut avoir des surhxces, des courbes ou de simples points comme lieux des centres; ainsi, toutes les transversales formant un système parallèle ou polaire, peuvent avoir un centre; le lieu de celui-ci est une surface nommée surface diamétrale parallèle ou polaire, cette dernière comprenant, comme cas particulier, le centre de la surface. Si une série de transversales seulement sont douées de centres, le lieu de ces centres forme une courbe dite courbe diamétrale parallèle, ou courbe dia- métrale polaire. Enfin , il peut se faire que quelques transversales seule- ment aient un centre. Telle est la méthode générale. Nous ferons observer encore, comme cas particulier, qu'un point peut 22 RECHERCHES être le centre de transversales formant un cône ; alors ce point est nommé le centre de la courbe à double courbure résultant de l'intersection du cône et de la surface. Le cône peut être un plan; alors le point est le centre du plan ou de la courbe plane d'intersection. 23. Examinons plus particulièi^ement le cas des surfaces diamétrales parallèles. Les 2 étant pris suivant la direction des transversales, les deux genres de centres seront donnés par les deux suites (t^S dS h — n -[- 1 pour des systèmes de transversales dont celle-ci fait partie. On en déduit en particulier : Les points (/e S =^ o doubles pour des transversales parallèles aux z sont à l'intersection des surfaces S = o , -r- = o. ' (Iz Les points de S=o doubles pour des transversales passant par le point x', y', z' sont à l'intersection des surfaces f/S f/S f/S S==o, — - (.r — a;') -(- — (î/ — y') -H — (-— r: ) = 0. rtx atj a: Dans chacun de ces deux cas, le lieu de ces points appartient donc à une suiface inférieure d'un ordre à S. La médiane m — - 1 parallèle, pour tout axe parallèle aux a; y, a pour f/S ,, f/S f. , . -, 1 équation c — 4- c' — = o, et cette surlace passe évidemment par les ^ (Ix (ly points communs aux médianes m — 1 suivant les x et les y. Ainsi : Quand un point de S est double pour deux transversales en ce point , il l'est aussi pour toute transversale en ce point située dans le plan des deux premières. Ce plan est dit alors avoir un point double avec la surface S = o. Quand un point de S est double pour trois transversales en ce point non situées dans un plan , il est double aussi pour toute transversale en ce point ; et celui-ci est dit point double de la surface. SUR LES MEDIANES. 27 Observations. — La première propriété démontre analytiquement que toutes les tangentes en un point d'une surface algébrique constituent un plan; la deuxième prouve que si trois tangentes en un point de la surface ne sont pas dans un plan, toute droite passant par ce point est une tan- gente; et la surface a un point double. L'intersection de S avec les deux médianes m — 1, dont on a les équa- tions ci-dessus , sont évidemment les courbes de contact du cylindre ou du cône tangent menés suivant la direction ou par le point. 50. A propos de tangentes, il est une propriété assez curieuse qu'il peut être utile de noter ici. Supposons deux surfaces d'ordre m, qui coupent un plan suivant une même courbe, et c[ui, de plus, aient les mêmes plans tangents suivant cette courbe ; alors toute transversale interceptera, à partir du plan, m segments sur chacune des surfaces ; la propriété consiste en ce que la somme des m segments inverses de Cune égale la somme des m segments inverses de l'autre. Sans développer la démonstration, qui est fort simple, il suffit de re- marquer que si le plan est pi'is pour £c y et la transversale pour z , il faut , d'après les conditions, que, dans les deux équations, les termes qui ne contiennent pas ;- soient les mêmes. La conséquence alors est immédiate. Pour en prendre l'exemple le plus simple, soient un cercle et deux de ses tangentes; soient joints les deux points de contact. Une trans- versale quelconque coupera la droite de jonction en O, le cercle en C C, les tangentes en T T'; et en faisant attention aux signes des segments, on aura : i ^ _ ' ^ ûc "^ OC' "" ôï "^ ûr' 3L On a vu que tout point de S a un plan double unique, et que, , , . , , rfS dS lis -, , pour les seuls points pour lesquels —=o, — - =o, — = o, tous les plans qui passent par ces points y sont doubles (*). Passons aux transvei'sales triples. Le point triple de la transversale (*) On appelle, pour abréger, droite double, plan double, la droite ou le plan qui a un point double avec S. 28 RECHERCHES c, c' , c" doit satisfaire aux trois l'elalions . rfS , rfS „ riS S = o, c — -+-C — -t-c — = 0 , dx dy dz , rf-^S „ fi^S ,„ rf^s ^ps, f/2s ,/-2s c'^ -— + c'2 -— . -,- c"2 -— -f- 2cc' -— - -+- 2cc" -— - -*- ^2cc" = o. dx- dy- dz' dxdy dxdz dydz Quel que soit le point de S que l'on étudie, il a un plan double, et les x y seront choisis parallèles à ce plan. Supposons d'abord que toutes les transversales doubles soient dans un plan; comme c'est parmi celles-là qu'il faut chercher celles qui sont • 1 ,, f'S f/S ., triples, on aura c'^=o, — =o, —- =o, et il reste ^ dx dy ff-S rf^S d"-S S = 0 c'- • -t- c'- -+- Icc' = o dx' dy- dxdy OU n" 5 2cc' y" Ainsi, parmi ces transversales doubles, on en aura deux triples, une seule ou aucune, suivant que y"2 — a' > O, = 0. < O. L'expression y"^^ — 6S' étant continue, il s'ensuit que, pour passer d'un point de S doué de deux transversales triples à un point qui n'en a pas, on doit rencontrer un point qui n'en a qu'une et qui sert de transition. Ces points sont donc utiles à déterminer. A cet effet, le plan double en x, ij, z étant a [x — x') -\- a' {ij — y'] + «"(^ — -') = ^5 ^t les deux directions ou axes parallèles c, c' , c" et c, , c,', c,", on a les deux conditions : Ca -4- c'a' -t- c"j-" = 0, C,!X -\- c/;'.' -<- C,"a" = 0, et la relation ^"'^ — £o = o, étant appliquée à ces deux directions géné- rales, devient : o = [cc,^-t- c'c,'C' -h c"c,"b" H- (ce,' -h c'c,)y" -t- [c'c," -t- c"c/) y -t- (c"c, ■+- cc,")y']'^ — [c'S + c'^C -1- c'^S" -^- icc'y" -^- 'i.cc"y ■+- 1c"cy''] [c^f + c,'=S" -t- c/''^" -h -2c,c,' y" -+■ Ic^c'' y -t- 2c,"c, r']- Développant cette équation, en groupant ensemble les termes ë^, 66', etc., SIR LES 3IED1ANES. 29 on trouve que les coefficients ne renferment que trois espèce de facteurs clc^" — c"c,', c"cy — cc^' , ce/ — c'ci proportiouncls à a, y.' , «", d'après les deux premières conditions. Éliminant, il reste : o = «.■' {r^ — S' s") ■+- r/' {y'-' —s"s) -4- y ( /" — Cfi" ) -4- 2j:3' {S" y" — yy') -t- 2x'j:" [Sy — y'y") ■+- 2y."a (C'y' — y"7)- Cette équation détermine sur S la courbe dont les points ont une trans- versale triple. D'un côté de cette courbe, les points de S ont deux trans- versales triples , de l'autre , ils n'en ont pas. Comme exemple simple, on peut prendre la surface - = [ax'^ -¥- bx -h c) y -h- dx'' -+- ex- -f- /!r -+- y. On a alors : ë' == o , 6" = o , / = o, 7= o, et la relation est a"2y"2=o, qui se décompose en deux autres a"=o et y"=o. La première est impossible , excepté quand : disparaît de l'équation , et dans ce cas, en effet, on a un cylindre; la seconde donne le plan 2ax -f 6 = 0. La courbe est donc plane, et même c'est une simple droite; en tout autre point de la surface, il y a deux transversales triples. Si, dans un plan double, on suppose trois transversales triples, cela en- traîne ë=o, e' = 0, y" = o, et alors toute transversale en ce point dans le plan est triple; le plan lui-même est dit avoir un point triple avec S. Nous avons supposé les transversales doubles de la surface contenues dans un plan. Si toutes les transversales en un point de S sont doubles, ona a=o, a' = o, a" = 0, et il reste S = 0, c'e + c"?' -4- c""£" -+- 2cc'r" -+- 2c'c'V ■+- ^c"cy' = o. Ces directions sont celles d'un cône de second ordre. Si, en dehors de ce cône, il y a d'autres transversales triples en ce point, on a 6 = 0, 6' =0, S" = 0, y" = 0, etc. , et toute transversale en ce point est triple. 52. On peut aisément pousser plus loin ce qui a été dit sur les pomts multiples et faire des applications. Nous n'indiquerons ici qu'une question particulière. Quand un point de S est double, on a vu que les transver- 50 RECHERCHES sales triples constituent un cône de second ordre. Pour que ce cône se réduise ;\ deux plans, il faut que la surface o = Cy^ -+- e'r'" -^- C'y'"' — SS'S" — lyy'y" passe par le point double. D'ailleurs, cette condition est suffisante. 55. Nous terminerons par un problème qui touche aux polaires. On demande dans quel cas on peut faire passer une surface du second ordre par deux courbes du même ordre. Quand les plans des deux courbes ne sont point parallèles, prenons- les pour plans coordonnés des xz. et y;, et les deux courbes sont : o = «a;' -4- bxz -\- cz^ -+- dx -t- cz -t- f o = jif -4- Sijz -4- yz' -i- 'j\] -t- £;ï -1- ■-, a, h, etc., a, ë, etc., étant des constantes. Si la surface o = \x" -4- \'if -H A"rr' -t- Bjjz -t- B'zx ■+- IV'xij -H Ca; -t- C'y -h C"z -4- D satisfait à la question, on aura les relations - =7 = ^5 qui expriment que les deux points où chacune des courbes rencontre l'axe des z doivent coïncider avec ceux de l'autre courbe. Quand les deux plans sont parallèles, les équations des courbes sont : y = 0, ax' -4- hxz ■+- cz^ -^ dx -^ ez -^ f = o y = Vi , ax^ -4- SXZ ■+■ yZ^ -4- 0 X -4- fXr -4- 5; = o. Pour que la surface ci-dessus satisfasse à la question, il faut que -=- = -, ce qui exprime que les points à l'infini doivent être sur les mêmes directions. Dans les deux cas , on reconnaît que généralement si une surface de second ordre passe par les deux courbes, il y en a une infinité qui jouis- sent de cette propriété. Dans le premier cas, le coefficient de xij est arbi- traire; dans le deuxième, les coefficients de if et y sont arbitraires, mais A' C f 'j liés par la relation — i;^ -4- — /-+-- = -; A' et C étant respectivement ^ K .\ a f. coefficients de y^ et y. SUR LES MEDIANES. 31 54. Examinons si , parmi ces surfaces , il peut y avoir des cônes. S'il en est un , soient x' , y' et 2' les coordonnées de son sommet. Portons l'origine en ce point , et prenons la transformée de la surface. Le degré deuxième seul doit rester, et on a les quatre équations en B", x', y', z' : 0 = fdS\ ^dx) = 2Âic' + B's' + B'y -h C 0 = /dS\ = 2A'j/' -t- B"x' -H Bz' + C 0 = © = 2A"3' -H B»/' -+- B'x' + C" 0 = (S) = kx" -4- A'y" -+- k"z" '+ B») -4- B'z'x' -t- B"x'y ■ -+- Cx' -H C Cette dernière, combinée avec les précédentes, devient : 0 = Cx' + C'y' -4- C"z' -t- 2D. Éliminons B" entre les deux premières ; on trouve alors que les coor- données du sommet, x', y', z', sont déterminées par les trois équations : Cx' — C'y' 0 = 2Aic"i — ±Vy'- -4- B'x'z' -Tiy'z 0 = 2A"5' -f- Hy' -4- B'x' -4- C" 0 == Cx' ■+■ C'y' -4- C"Z' -4- 2D, et, à moins d'indétermination, il ne peut y avoir que deux cônes. On sait que la polaire réduite pour le pôle x' , y', z' est rfS rfS f/S 0 = Ca; -4- C'w -4- C"^ -4- 2D -4- .r' -— -4- y -7- -^ z' -—■ dx ay dz Identifions successivement cette réduite avec les deux plans des xz et y:. On a, dans le premier cas, y = o pour équation; donc la précédente doit se vérifier, indépendamment de a; et de ;, et l'on obtient : 0 = 2Aa!;' -i- B's' -4- B"?/ -4- C o = 2A"ir' -4- By' -4- B'x' -+- C" o = Cx' -4- C'y' + C"z' + 2D. 32 RECHERCHES SUR LES MEDIANES. De même, on a dans le second cas : 0 ^ 2A'2/' -H R"x' -+- Bz' -+- C o ^ ^zVz' -t- By' -+- B'x' -+- C" 0 = Cx' -1- C'y' -t- C":;' -+- :2I). Dans ces trois groupes, les deux dernières équations sont les mêmes et ne contiennent point B". On en conclut que si, par deux courbes planes fixes de second ordre, on fnil passer des surfaces de même ordre, et que, suivant ces deux courbes, on les enveloppe chacune de deux cônes, les sommets de tous ces cônes sont sur une droite, et que cette droite passe par les sommets des deux cônes que l'on peut mener par ces deux courbes. Cette droite est. d'ailleurs, pour toutes les surfaces, ia polaire réci- proque de l'intersection des plans des deux courbes. FIN. ERRATA. Page G, ligue ô en l'omont., .lu lieu de c''z A Z, lisez : c"î à ;, _ 11, — 9 en reniont., — généfal S, «.«ei .• géntTal de S, _ 14 _ 7j _ de plus, l'on a, lisez : et l'on a. TABLE DES MATIERES. Pages. § 1-5. Notions préliminaires. — Système de coordonnées . . 5 6-7. PREMIÈRE PARTIE. — Définitions 7 8-10. Équations particulières des médianes parallèles et polaires 8 11. Relations analytiques entre les équations des médianes parallèles ot polaires. . Il 12. Application au second degré M 13-14. Équations générales des médianes parallèles et polaires ih. ib. Des points d'une surface situés à l'infini 14 ■16. Du lieu des pôles pour lesquels la médiane /(""" polaire passe par un point donné. 16 ■17-18. Sur les intersections des médianes 17 19. Des polaires réduites 18 20. Propriétés numériques entre les segments interceptés par les médianes sur une transversale - . . . 19 21. DEUXIÈME PARTIE. — Les intersections de la transversale avec la surface sont distribuées suivant une loi 20 22-24. Première hypothèse. — Du centre des transversales. Surfaces diamétrales paral- lèles et polaires. Centre d'une surface 21 25. Application à la surface de troisième ordre 25 26-27. Sur le lieu des pôles qui admettent une courbe ou une surface diamétrale passant par un point donné 24 28. Des plans diamétraux 25 29. Deuxième hypothèse. — Des points multiples d'une transversale. Des trans- versales et des plans doubles ib. 30. De la transversale à deux surfaces qui se touchent suivant une courbe plane. . 27 01-52. Des transversales triples. Généralement il y en a deux ou il n'y en a aucune en un point d'une surface. Du lieu des points d'une surface qui admettent une transversale triple *&• 53. Faire passer une surface de second ordre par deux courbes planes de cet ordre. 50 34. Sur le lieu des sommets des cônes circonscrits à ces surfaces suivant les deux courbes planes -^l MÉTHODE FOUR DÉTERMINER SIMULTANÉMENT LA LATITUDE, LA LONGITUDE, L HEURE ET L AZIMUT, PAR DES PASSAGES OBSERVÉS DANS DEUX VERTlCAtlX; FAB ^ J.-C. HOUZEAU , VNCIF.-^ AIDF. V I/OBSERVATOIKE l»E RRUXELLES. ( Mtfnioire présenté en la scancc «lu i juin 1855 1 Tome XXV. METHODE POUR DÉTERMINER SIMULTANÉMENT LA LATITUDE LA LONGITUDE, L'HEURE ET L'AZIMUT, PAR DES PASSAGES OBSERVÉS DANS DEUX VERTICAUX. Les méthodes qui conviennent aux établissements fixes et aux observa- teurs sédentaires , ne sont pas ordinairement susceptibles d'être employées par les voyageurs. Dans une course rapide surtout, où l'on n'a que quel- ques heures de nuit à donner à l'observation des astres, il faut des pro- cédés expéditifs , et très-simples dans la pratique. Il arrive souvent que la précision des observations est sacrifiée aux exigences du voyage. Cepen- dant la sagacité de l'observateur, le choix des méthodes et des instru- ments, permettraient encore de tirer de quelques heures de travail des résultats satisfaisants. Au contraire, si l'on agit sans discernement et par des procédés mal appropriés aux circonstances, les observations seront généralement perdues. C'est ainsi que l'équation des chronomètres est restée si souvent indéterminée, parce que les secondes séries des hauteurs correspondantes avaient manqué. 4 SUR LA DETERMINATION SIMULTANEE Exécuter sans fatigue, et dans un court espace de temps, une heure par exemple, les observations nécessaires pour obtenir simultanément la latitude, la longitude, l'heure et l'azimut, serait un résultat utile aux voyageurs. Mais si l'on parvient à ce résultat avec des instruments très- simples, avec une grande précision relative et par des calculs peu éten- dus, l'avantage sera sans doute incontestable. Une lunette plongeante, munie de fils verticaux propres à observer les passages, et un chronomè- tre de temps sidéral auquel nous ne demanderons que de courts inter- valles de temps, vont nous suffire pour remplir ce but. On sait tout le parti que les astronomes russes ont déjà tiré de la lunette des passages installée dans le premier vertical. Mais cette méthode exige un certain séjour dans l'observatoire temporaire. Il faut que l'azimut soit déterminé avec précision. Nous nous proposons, au contraire, de faire servir à notre objet des passages observés dans des verticaux quelconques. Une construction géométrique sur la sphère peut donner immédiate- ment l'idée de la méthode que nous proposons. Les situations des étoiles principales sont connues aujourd'hui avec une grande précision : tout grand cercle qui passerait par deux de ces étoiles serait donc déterminé en position avec une rigueur très-grande. Que deux cercles semblables se coupent, et il sera facile de calculer les coordonnées du point d'inter- section. Or, si ces deux cercles sont des verticaux, le point d'intersection sera le zénith lui-même, qui pourra être rapporté en distance et en direc- tion au pôle de la sphère étoilée, c'est-à-dire que l'on aura à la fois la latitude et l'heure. Si, de plus, l'un des verticaux contenait la lune, l'as- cension droite de cet astre en résultera, et par suite la longitude du lieu. En alignant deux étoiles sous un fil à plomb, ou mieux encore en ali- gnant leurs images directes avec leurs images réfléchies , on déterminerait déjà un vertical avec une haute précision. Si deux déterminations sem- blables étaient simultanées et faites dans deux azimuts à peu près rec- tangulaires entre eux, on aurait une latitude très-exacte sans instrument d'aucune espèce. C'est à ce procédé que nous allons employer la lunette des passages, tandis que le chronomètre servira à rétablir, par le calcul, la simultanéité d'observations qui pourront devenir consécutives. DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, etc. I. Détermination de la latitude, de C azimut et de l'heure. ^- 1. Soient P le pôle, Z le zénith, ZH un ver- tical que parcourt le ûl du milieu de la lunette plongeante. L'étoile E', dont l'ascension droite "''° est a! et la déclinaison à' , coupe ce vertical à l'heure t' du chronomètre; de même l'étoile E", £'\ qui a pour coordonnées a" et S" , coupe le ■^ même vertical au temps t", corrigé, s'il y a lieu, de l'avance horaire. 11 est facile de voir que l'angle au pôle E'PE", compté dans le sens du mouvement diurne , sera " = (■"-■') — (*" — «') (I) Maintenant si l'on abaisse l'arc PQ perpendiculaire sur ZH , et que l'on pose PQ = i, angle E'PQ = ?» , le triangle rectangle PQE' donnera tang i = cot !?' cos ?H . . . (2) et le triangle PQE" fournira pareillement tang i = cot à" cos [tu — a) (5) En développant cos [m — u), cette expression pourrait s'écrire sin m cos m sin a -4- cos a = tang o'\ tang 1 tang i et en prenant deux nouvelles inconnues X et Y, on aurait l'équation gé- nérale de condition sin a . X ■+■ cos a . Y = tang J (4) Cette équation se prête très-simplement à l'application des moindres carrés. On pourra donc faire concourir à la détermination des deux in- connues , toutes les étoiles qui auront été observées dans le même vertical. Puis on déduira m et i par les formules X sin m cos m ,„. tans; m = — ; tan" i = = o) Y " X Y a SUR LA DETERMINATION SIMULTANEE Pour la première étoile, qui répond à l'origine du temps, on a tou- jours a = o , d'oîi sin a = o et cos « = 1 ; mais pour toutes les autres l'angle a prend des valeurs finies. Quand on n'a observé que deux étoiles, il est plus simple, par conséquent, de pratiquer l'élimination immédiate entre les équations (2) et (5) , ce qui donne cot 2. Les limites de Ae resteraient alors comprises entre =f 2A(? q= 5Aô, c'est-à-dire entre =p lAO. Avec le chiffre admis pour le module, on aurait donc l'heure absolue à 0%7. Quant à l'azimut, l'équation (14) donne par la différentiation cos i cos h . a/* = sin h tang s . Aa> -i- • Ai , cos (0 . , sin « sin a . sin i et en remplaçant tano ç par sa valeur = '-. — , — , cos i cos /( . A/i = sin f sin i . aj» -t- Ai (21) cos y Cette équation montre déjà que l'azimut le mieux déterminé sera le méridien, tandis que le plus incertain sera le premier vertical. Elle fait voir, en outre, que lorsqu'on choisit deux azimuts conjugués, rectangu- laires, il faut les prendre, toutes les autres conditions restant les mêmes, à 45° du premier vertical et du méridien. On peut observer que, par construction, l'arc i ne surpasse jamais le complément de ç. Ainsi la plus grande valeur du coefficient de A© serait sin 9 cos a, et celle du coefficient de Ai, •• Il en résulterait sensi- ' cos y blement pour les limites, dans nos latitudes, cos II . a/j = I Ay -4- J Ai; 12 SLR LA DETER>nNATION SL^IULTANÉE et si Ton s'astreint à observer dans des plans verticaux qui ne s'écartent pas à plus de 45° de part et d'autre du méridien, ces limites deviendront en nombres ronds , A/t == I ây + 2dî (22) Nous connaissons Ay en fonction du module ; il ne reste à déterminer que M. Comme l'angle au pôle o résulte de la différence de deux passa- ges, si chacun de ceux-ci est entaché d'une erreur égale à =f 2a&, on aura pour les limites de A« la valeur =(= 4A5. Les équations (2) et (3) donnent par la différentiation et après réduc- , cot 'j' cos (m — a) tion, en observant que = — ^ -, * cot J" cos m sin (m — a) cos m àm = ; AU. sin (2?« — a) Substituons cette valeur dans l'expression de Ai tirée de l'équation (2), âj' = — sin m cos^ i cot c?' . ism , ton"" /' et remplaçons cot 6' par sa valeur — '— , nous obtiendrons enfin sm (w - — a) sin m tang 1 cos- i . Afi sin (tJrti — a) Le dénominateur de la partie fractionnaire du second membre ne de- vient supérieur au numérateur que dans le voisinage du cas particulier a = 2m. Or, cette circonstance serait celle où l'on observerait dans les deux intersections du vertical avec un même petit cercle diurne; ce serait le cas d'une double observation d'une étoile dans un vertical. Notre sys- tème consiste, au contraire, à prendre des étoiles différentes et de diffé- rente déclinaison. Ainsi nous ne tomberons point dans le voisinage du cas particulier qui rendrait la fraction > 1 , et nous pouvons regarder l'unité 1 1- -, . • 1 , . , sin (h( — a) . sin m , comme la limite supérieure de la quantité — ^ ; dans notre ' ' sin (2m — a) système d'observation. DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, etc. 13 Le facteur tang i cos^ i ne peut pas lui-même devenir supérieur à cot 9 sin^ Q, ou à cos y sin ->. Ce facteur-limite va en diminuant vers le pôle et vers l'équateur. D'ailleurs il ne surpassera jamais ~. Nous pour- rons donc poser comme limite M = — ^M, et en remplaçant ce dernier par sa propre limite, Ai = =f 2A(?. Mettant enfin dans l'équation (22) les valeurs extrêmes que nous avons trouvées pour A^ et pour Ai, il vient, en nombres ronds, Mi = qp 6A5. Avec le module que nous avons adopté plus haut, l'azimut (à moins de 45" du méridien) serait déterminé h la précision de 9". in. Corrections de Cinslrumenl. 7. Jusqu'ici nous avons supposé que l'instrument dont on fait usage a son axe de rotation parfaitement horizontal, et son axe optique exacte- ment perpendiculaire à l'axe de rotation. On pourra généralement détruire la collimation c par les épreuves du retournement, qui sont faciles à effectuer dans un instrument portatif; et nous pensons que la meilleure règle sera, en effet, d'opérer cette correction mécaniquement. Mais l'in- clinaison s sera difficile à annuler tout à fait : le niveau en donnera la mesure dans chaque circonstance particulière. Cherchons la dislance à laquelle le cercle décrit par la croisée des fils passe du zénith vrai. Prenons c positif quand la collimation, projetée sur l'horizon oriental, tombe dans le sens où les azimuts croissent. Prenons s positif quand le tourillon le plus septentrional est soulevé. Appelons enfin y. et a les corrections de collimation et d'inclinaison, telles qu'on doit les appliquer aux observations. On sait que la correction /., pour une étoile dont la déclinaison est tJ, est réciproque à cos (?. Hors du méridien, cette correction devient, en outre, réciproque au cosinus de l'angle E compris entre le cercle horaire de l'étoile et son vertical. Ainsi ^ = rp c cos r] COS E U SUR LA DÉTERMINATlOi^ SIIVIULTANEE Le premier signe s'applique à la première intersection du cercle diurne par le vertical, et le second signe à la seconde intersection, dans le sens du mouvement diurne des étoiles autour du pôle. Mais le triangle sphé- rique PZE donne cos c? cos E = sin çi sin 2 — cos ?> cos z cos h . en appelant 2 la distance zénithale. Substituant cette valeur, d X = zp C sin f sin z — cos y cos z cos h (24) Il sera donc facile de calculer la correction de collimation , en fonction de la distance zénithale, de la latitude approchée et de l'azimut approché. Dans le méridien, où cos /t = ± 1, le dénominateur se réduit à sin 9 sin 2 =p cos y cos 2 ou à cos (y ± z); et comme dans ce cas 9 ± 2 = â, on retombe sur la formule que l'on a coutume d'appliquer à la lunette méridienne. Le premier signe y sert alors pour les culminations supé- rieures , et le second pour les passages inférieurs. Mais il existe, dans la pratique de notre méthode, une formule géné- rale beaucoup plus simple, et d'une précision bien suffisante. Nommons toujours T la durée que l'observation assigne à l'intervalle total des fils, et G ce même intervalle pour une étoile de l'équateur et dans le méri- dien ; il est clair que 1 T = e cos i COS E r Ainsi l'on peut remplacer le coefficient de la collimation par -, et écrire simplement . = q. . . - (25) 0 Quelque simple que soit cette correction, nous pensons cependant que, dans un instrument portatif, il sera encore préférable de détruire la col- limation par les retournements. 11 suffit de rappeler, en outre, que la correction pour l'inégal espace- ment des fils n'est qu'un élément particulier de collimation. Si la moyenne DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, etc. 15 des distances des croisées individuelles à la croisée centrale est exprimée par c', la correction qui en résulte est encore .' = qz c' - (26) 0 en sorte que les deux corrections pourraient être réunies dans la formule (^-4-;.') = T (c-t-c') - (27) 8. Quant à la correction a due à l'inclinaison, on peut la traiter exac- tement de la même manière, en observant que la distance des points du vertical réel aux points correspondants du vertical incliné, est propor- tionnelle à cos z. Ainsi <î- = q= s — : (-io) sm 9> sin 5 — cos y cos : cos h Il en résulte, dans le méridien, la formule connue a = ^ s -; enfin, ' cos 'J en employant l'intervalle des fils tiré directement de l'observation, T c- = q= s . cos :; . — (29) 0 Il est vrai que l'observation ne fait pas connaître immédiatement l'arc :. On pourrait le déduire d'un calcul provisoire, en observant que sin t cos J _., sin z = ^- , (ûO) sin h t étant toujours l'angle horaire de l'étoile. Mais il sera bien suffisant, dans la pratique, de se contenter d'une estimation même grossière de l'arc j. En effet, si l'on différentie l'équation (29) par rapport à a et à 2, on obtient rf (36) cot h == —. ■■ cos (?-»-%) Mais il sera bien préférable d'observer au moins deux étoiles dans le vertical de 'a lune, et de tirer l'azimut k des éléments de ce vertical dé- terminés par les deux points, comme on le fait dans la formule (14). Ceci admis, nous raisonnerons comme si nous étions placé au centre de la terre, et nous chercherons, par le calcul, l'angle horaire géocen- trique qui répond à l'azimut /;. Il est vrai que nous avons besoin de con- naître la déclinaison â de la lune. Mais cette déclinaison ne varie jamais Tome XXV. ^ 18 SUR LA DÉTERMINATION SIMULTANEE assez rapidement pour que la longitude approchée ne soit bien suffisante pour l'obtenir. Nous l'interpolerons donc dans les tables de la manière ordinaire. Puis nous résoudrons le triangle sphérique pôle -zénith -lune, afin d'en déduire l'angle horaire t. Nommant '^ un arc auxiliaire déter- miné par la relation cot li = sin j tang h , \ nous aurons |' (5") cos {( — ■p) = cos 'p cot o lang J. 1 Il est à remarquer que nous employons immédiatement la déclinaison des tables, précisément parce que nous l'ésolvons le triangle géocentri- que. Si nous cherchions l'angle horaire vrai, nous devrions corriger cette déclinaison de la parallaxe, et nous obtiendrions alors une ascension droite également corrigée du même effet. Mais la simplicité de notre mé- thode consiste justement à effectuer sur-le-champ le calcul pour le centre même de la terre. Maintenant si - était l'instant observé du passage du centre de la lune par le vertical, il est clair que l'ascension droite a de l'astre était à ce même moment .-t = r !:-+-< (58) Enfin l'ascension droite de la lune étant déterminée, on en conclura l'heure dans le premier méridien, et par suite la longitude, au moyen des calculs connus. 11. On voit que l'on obtiendra autant d'ascensions droites de la lune que l'on aura de verticaux, et par conséquent de passages de l'astre par la lunette. A chacune de ces ascensions droites répondra une détermina- tion simultanée du temps du lieu. Ce seront autant d'observations indi- viduelles et indépendantes de longitude. Nous avons seulement supposé que les observations se rapportaient au centre de la lune, tandis qu'elles s'appliquent en réalité à l'un des bords. Une correction très-simple va ramener l'observation à notre hypothèse. Si l'on appelle D la durée du passage du demi-diamètre par le méri- dien, telle qu'on la prend dans les (ables, cette durée devient, pour un DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, etc. vertical quelconque, D' = ± D. cos E OU bien D' = ± D r-^ (59) sin t . sin li . sin y — cos t . cos II OU bien encore, en vertu de la remarque consignée au u" 7, T D' = ± D . — • cos ci" (iO) e • Le premier signe se rapporte au bord précédent, et l'autre au bord suivant. T On peut se demander si le rapport - , tel qu'on le déduit de l'obser- vation , fournit un coefficient assez exact pour une correction aussi grande que celle du demi-diamètre de la lune. Mais en se plaçant dans l'hypo- thèse la plus défavorable, celle où la lune est dans le méridien et dans l'équateur, on aurait encore une précision suffisante. On peut prendre comme donnée dans la pratique 6 = 120^ On peut admettre de même que l'erreur de T ou de l'intervalle total, résultant, il est vrai, de la sim- ple comparaison de deux fds, ne dépassera guère 0%25. Le coefficient de D sera donc connu à -,^ , et la réduction du demi-diamètre à 0%15. Cette quantité est de l'ordre des erreurs que comporte notre détermi- nation du temps absolu. Il sera permis de la négliger. On pourra se con- tenter, dans la pratique, de la formule (40). On recourra seulement à l'expression (59) dans les circonstances qui comporteront une très-grande exactitude. 12. 11 nous reste à considérer l'effet de l'ellipticité de la terre. Dans le sphéroïde, un plan vertical ne passe pas généralement par le centre, mais à une petite distance p. Nous pouvons encore transporter au centre du globe, parallèlement à eux-mêmes, les trois plans du méridien, de l'horizon et du vertical considéré; mais celui-ci ne passera plus exacte- ment par la lune. Il faut donc ramener notre observation à ce qu'elle eût été au centre de la terre ; il faut la corriger du temps que l'astre emploie- 20 SUR LA DETERMINATIOi^ SIMULTANEE rail à passer de notre vertical à un autre plan parallèle, éloigné de la distance p. Si l'on appelle y' la latitude géocentrique du lieu dont la latitude géographique est y, on sait que tang y' = (I — C-) tang î>, e désignant l'excentricité de l'ellipse génératrice; d'où l'on tire avec l'a- platissement de Bessel, tang f = 0,993 326 tang » ; (41) OU , si l'on veut réduire en série, j.' — ^ = — ll'û0",63 sin 2? -t- l",i6 sin 4» (12) Le premier terme de cette série suffira constamment à notre objet. On trouve d'ailleurs des tables toutes calculées de p' — cp. Cette quantité est toujours de signe contraire à la latitude. Maintenant, en remplaçant les tangentes des petits arcs par ces arcs eux-mêmes, on a, pour la plus courte distance du centre de la terre au vertical, vue du point d'observation, p = (y' — f) sin ft, (43) OÙ // représente les azimuts, comptés du méridien, de 0° à 180°. De plus, en nommant n la parallaxe horizontale équatoriale de la lune au moment de l'observation, R le rayon de l'équateur terrestre, p la dis- tance du lieu d'obsei'vation au centre de la terre, il est manifeste que la distance p vue de la lune deviendra p Et comme le produit ttjo est composé de deux petits arcs, et ne s'élèvera jamais au-dessus de 0'15" en arc ou 1' de temps, on peut très-légitime- ment négliger le facteur — , qui provient de l'inégalité des rayons ter- restres , et écrire // = ^P m Pour appliquer à l'observation la correction u qui en résulte, il suffira DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, etc. 21 de poser, comme dans la collimation, T ± -■ ^P, ou en mettant pour p sa valeur T a = ± — !r (y' — d) sin /( (43) 0 Telle est la correction à apporter aux observations, avant tout autre calcul, du fait de l'ellipticité de la terre. Dans nos climats, cette correction n'atteindra jamais une seconde et demie en temps. Pour les planètes, on pourrait la négliger entièrement. Si l'on réunit dans une seule formule les corrections qui s'appliquent aux passages lunaires dans un vertical dont l'azimut est h, on a T (D' -t- m) = - [± D . cos J± 3- (-/ — y) sin /t] (40) Les premiers signes se rapportent au premier bord et à la première in- tersection par le vertical ; les seconds signes , au second bord et à la se- conde intersection. 15. Cherchons à évaluer, en terminant, l'exactitude dont une déter- mination individuelle de longitude est susceptible. Nous avons vu (n" 6) que l'erreur du temps sidéral absolu peut s'élever à 0%70 ; celle des élé- ments de réduction à 0%15 (n» 11); celle du passage même de la lune pourra monter à la même quantité. Il reste enfin une incertitude de 0%60 sur l'azimut, et cette incertitude se reporte sur l'angle horaire multipliée par le rapport ^ • Celui-ci peut devenir considérable, il est vrai, dans quelques circonstances. Mais on doit éviter, comme on l'a vu, les obser- vations qui donneraient à l'astre un mouvement trop lent. Dans nos cli- mats, d'ailleurs, le rapport - n'excédera jamais, pour la lune, 1,4. Ainsi l'angle horaire ne sera pas en erreur, du fait de l'azimut, de plus de 0%85. Toutes ces erreurs accumulées, en supposant qu'elles concourent, ne s'élèveraient pas encore à deux secondes entières. 11 en résulterait , dans certains cas, une inexactitude de 55' sur la longitude, tandis que celte 22 SLR LA DETERMINATION SIMULTANEE inexactitude pourrait se réduire à 59% selon la rapidité du mouvement de la lune. Or, coraparorîs une observation individuelle au sextant. Les meilleurs observateurs, munis d'un bon instrument, ne peuvent pas répondre de 50" d'arc sur une distance lunaire. Mais acceptons cette limite, et si toutes les autres sources d'erreurs étaient annulées, il en résulterait en- core 52* à 50' d'inexactitude sur la longitude, suivant la variation boraire des distances de la lune. On pourrait donc dire que le cas le plus défa- vorable de notre métbode, celui où toutes les erreurs sont à leur tnaxi- mitm et s'ajoutent, comporte, pour ainsi dire, autant de précision que l'observation la plus exacte au sextant. Or, si l'on considère que les passages de la lune et de deux étoiles par un vertical ne prennent pas plus de temps qu'une observation de distance lunaire, accompagnée des mesures de hauteurs qui sont nécessaires aux réductions ; si l'on fait attention que les passages des étoiles concourent en même temps à nous donner la latitude, qu'il faudrait obtenir séparé- ment dans les autres méthodes; — nous pensons qu'on n'hésitera pas à reconnaître les avantages des observations dans les verticaux. V. Exemple numérique. 14. Dans le désir de joindre à cette note un exemple numérique, nous avons fait quelques obsei^vations, dans le voisinage de Mons, pendant la soirée du 18 mai 1855. Nous nous sommes servi d'une lunette plongeante de 0'",59 de foyer et de 0'",40 d'axe, munie de cinq fds verticaux. L'inter- valle 0 avait été déterminé seulement par la distance du réticule à l'ob- jectif; nous l'avons admis de 95%25. Le lieu d'observation était situé, d'après une opération trigonomélrique exacte, 792™ au Sud et 1927'" à l'Est du château de Mons. Nous avons calculé récemment les coordonnées géodésiques de ce dernier point {*), au moyen d'une chaîne de triangles encadrée entre les positions astronomiques de Dunkerque et de Bruxelles. (') Dans le volume actuellement sous presse des Mémoires de lu Sociclc des sciences du Uainm.l. DE LA LATITUDE, LA LOÎSGITUDE. etc. 23 La partie occidentale de cette chaîne, depuis Dunkerque jusqu'au triangle Douai, S'-Amand, Mont-Trinité, appartient à la nouvelle carte de France, et la partie orientale, à compter du même triangle, aux anciennes opéra- tions de Cassini. Ces calculs nous avaient donné pour le château de Mons : latitude = 50°27'17"; longitude à l'Est de Paris = loôG'Sô". Il en ré- sulterait pour les coordonnées géodésiques de notre station o = 50° 26' 51", l = 1° 38' 31" = 6"" oa\± La collimation ayant été soigneusement corrigée par des retournements, la pendule fut mise à peu près au temps sidéral. Nous observâmes, dans un premier vertical, la Chèvre et a de la Couronne, en ayant soin de lire chaque fois le niveau. Nous tournâmes ensuite l'instrument dans un azimut à peu près rectangulaire , où j'S du Lion et « du Cygne furent observés. La lune passa elle-même, un peu plus tard, dans ce dernier vertical, et nous fournit une observation de longitude. Le tableau qui suit renferme les données de l'observation et les éléments de réduction. La dernière co- lonne contient les temps -. des passages, corrigés de l'inclinaison de l'axe. ASTRES. UEDRES OBSERVÉES. s T. = • 0". T. or. Aurigae a Coronae 14''ô4"'ôos,ôG 14.41.53,70 — 0',22 — 0,19 14U',2 110,5 78-10' 23. 0 — 0",08 -4-0,21 14»'ô'i"'ô5',2S 14.41.53,91 /3 Leonis a Cygni 3 , bord I 14.5.5. 4,42 15. 35. 45,53 16. 5.20,96 -1-0,06 -t-0,31 -t-0,ô5 120,8 226,5 124,5 52. 0 49.20 66.33 -h 0,25 -0,47 -+-0,17 14.55. 4,67 15.0-3.44,86 16. 3.21,10 Nous prenons les éléments des astres dans le Bcrliner astronomisclies Jalirbucli, et nous interpolons l'ascension droite et la déclinaison de la lune pour 12'' SO" et pour 15''0'" de temps moyen de Berlin, époques qui con- 24 SUR LA DETERMINATION SIMULTANEE tiendront entre elles l'instant physique de l'observation. Nous avons ASTRES. ASC. DROITE =a. DÉCLIN. = J. CI. Aurigae a Coronae (3 Leonis a Cygni 3, à 12''50™ 3, à 13. 0 5'' 5»48S48 15. 28. 29,42 11.41.34,10 20. 36. 23,93 12.18. 7,3 12.18.29,0 -+- 4j»30'36" H- 27.12.40 -1- 15.23.37 + 44.45. 8 -t- 3.37. 0 -+- 3.54.32 Ces données admises, on commencera par calculer les éléments indi- viduels de chaque vertical. On formera préalablement l'angle a par de simples soustractions, et l'on trouvera, en convertissant le temps en arc, Pour le premier des verticaux o ^ — 133" 50' 4", F^our le deuxième a = — d24. 2.55; puis on obtiendra par la formule (6) , et par les formules (2) ou (5) , m = — -ri" 28' 44", i = 16° 17' 41" ; M = — 78. 44. 14, / = 35. 21. 2. Mais pour rapporter l'angle 31 à la même ligne de foi , au cercle horaire de la Chèvre à l'instant de son passage, il faut, au moyen des formules (7) et (8), transformer M en /y., ce qui fournit encore par de simples ad- ditions , ^ = — 172° 53' 18". Les quantités m et î , p et < , étant déterminées , il ne reste plus qu'à combiner les deux verticaux entre eux, afin d'obtenir leur point d'inter- section, qui est le zénith. L'expression (15) donne sur-le-champ l = — 141° io' 1" 9" 27°' 0^04 , DE LA LATITUDE, LA LONGITUDE, etc. 2d et en introduisant cette quantité dans les équations (9) et (10), on en tire deux valeurs de 9 , dont la concordance sert de vériûcation aux calculs. Nous obtenons , dans notre exemple , y = 50° 26' 30" , ce qui donne pour les deux azimuts, par la formule (14) , h = 153" 51' 26", 1 = es» 18' 39". On déduit enfin l'avance absolue de la pendule , sur le temps sidéral , £ = -*- 1™ 46S76. 15. C'est dans l'azimut ^ que la lune a été observée. Il faut d'abord rapporter cette observation au centre de l'astre et au centre de la terre. Nous admettrons le demi-diamètre de 16'10",4., et la parallaxe hori- zontale équatoriale de 59'21". On tire de ce demi-diamètre une durée de 1"" 19%54 pour son passage par le vertical considéré, d'oiî résulte le pas- sage du centre à 16'^6'°40',G7, et en retranchant l'avance de la pendule, à 16''4"'55',91 du temps sidéral du lieu. Quant à la correction pour l'ellipticité de la terre, nous prenons ç,' — r, = — 11'18",6, et remplaçant tous les petits arcs par leurs sinus, dont nous tirons immédiatement des tables les logarithmes, nous trouvons a =r -t- i5",l = -t- 0\81. Ainsi le passage de la lune par notre vertical aurait été observé du centre de la terre 0',87 plus tard, c'est-à-dire h un instant T„ = 16" i'" 54^78. Il ne reste plus qu'à calculer l'angle horaire , au moyen des formules (37) , pour déterminer l'ascension droite de la lune au moment de cette observation. C'est ici qu'il devient nécessaire de connaître l'heure approchée sous le premier méridien , afin d'employer une déclinaison sensiblement exacte Tome XXV. ^ 26 SUR LA DETERMINATION SIMULTANEE, etc. de la lune. Or, si nous supposons notre station de 57'"40' à l'occident de Berlin, nous trouverons facilement que le temps sidéral de Mons r^ ré- pond à 12''56'"1G' de temps moyen de Berlin; d'oîi nous tirerons la dé- clinaison de la lune ^= + 5°o5'46", avec toute l'exactitude suffisante. Faisant usage de cette valeur de ô, il vient, pour l'angle horaire, < = — 56° 58' 58" = — 3" 46-° 34%o , et enfin pour l'ascension droite du centre de la lune, à l'instant où ce centre a traversé notre vertical d'observation, qui répond, à Berlin, à 12''5o"56' de temps moyen. Or, d'après l'observation, le centre de la lune s'est trouvé dans ce vertical lorsque le temps sidéral à Mons était iC'i^oo^O. Comme l'heure sidérale au midi moyen de Mons était 5''44'"17',0, il en résulte, pour l'heure moyenne qui correspond à cet instant, 12''18'"55',6. Ainsi Le temps moyen de Berlin était ^2''55°'56^ et celui de Mons, au môme instant physique, . . . 12. 18. 36 , d'où l'on tire la longitude 0. 37. 20, à l'occident de Berlin , ou 0. 6. 54, à l'est de Paris. Celte observation isolée nous fournit donc la longitude à 21 secondes de temps. FIN. MEMOIRE SUR L ASCENSION DE L EAU ET LA DÉPRESSION DU MERCURE LES TUBES CAPILLAIRES; M. EjiiLn BEDE. l'ROFESSECR ACEKCE A I. tlSIVERSITK DE lltGE. I î'rêseiilf a l"\cadcmje . le 7 février I8S3 ) Tome X) MÉMOIRE L'ASCENSION DE L'EAU LA DÉPRESSION DU MERCURE LES TUBES CAPILLAIRES. L'étude des phénomènes capillaires offre un grand intérêt, surtout au point de vue de la théorie. Us appartiennent, en effet, à cet ordre de faits dépendants des actions moléculaires, et qui peuvent nous conduire à con- naître ces forces fondamentales de la nature. Les phénomènes plus par- ticuliers d'ascension ou de dépression des liquides dans les tubes étroits présentaient l'avantage d'être accessibles à la fois à l'analyse et aux expé- riences précises. Aussi ont-ils été le sujet d'un grand nombre de travaux des meilleurs géomètres et des plus habiles physiciens. Les physiciens se sont trouvés d'accord avec les géomètres. L'expérience a vérifié l'analyse. Tout semble donc devoir faire considérer ce sujet comme épuisé. .l'y suis revenu néanmoins, parce que j'étais convaincu que cet accord, in- complet du reste, entre la théorie et l'expérience, ne pouvait pas être rigoureux, même dans les limites admises, et devait provenir de quel- que inexactitude dans l'une ou dans l'autre, probablement dans toutes 4 SLR L ASCENSION DE EEAU deux. Une considération essentielle avait amené cette conviction , et m'a engagé à entreprendre ces travaux. La voici : La théorie part de ce principe que l'attraction moléculaire est insen- sible à une distance sensible. Ce principe s'accorde mal avec la loi de continuité : aussi a-t-il été très-contesté et paraît-il encore très-contestable. Quoi qu'il en soit, en partant de là, on arrive, soit par l'une des deux théo- ries de Laplace, soit par celle de Poisson, soit par celle de M. Gauss, à l'équation d'équilibre des liquides dans les tubes capillaires, et de cette équation on déduit, entre autres conséquences, la loi du rapport inverse de l'ascension ou de la dépression au diamètre du tube. La théorie de M. Gauss me paraît la moins sujette aux objections, par cela seul qu'elle est la plus directe. Or, dans cette théorie, on arrive au résultat fonda- mental en négligeant deux intégrales quadruples de cette forme : rrffd'o (h COS. q. fj(r). da est un élément de la surface du liquide, aussi bien de la surface libre que de celle qui est en contact avec le tube, (/w est la portion de sphère de rayon 1 , comprise dans le cône qui a son som- met en l'élément cIg et pour base un autre élément drj' de la surface du liquide; ?■ est la distance des deux éléments (/s, d^' ; q l'angle que fait cette distance avec la normale à l'élément da; enfin, û{r) est une fonction dont la valeur est insensible quand celle de r est sensi- ble. La seconde intégrale quadruple ne diffère de la première qu'en ce que les deux éléments, au lieu d'appartenir tous deux à la surface du liquide, appartiennent l'un à cette surface, l'autre à celle du tube. Ces deux intégrales sont négligeables, parce que leurs éléments sont tous très- petits. En effet, si ra une valeur sensible 6{r) est insensible; si, au con- traire, r a une valeur insensible, si les deux éléments da, da' sont très- voisins, leur dislance se confond à très-peu près avec la tangente à l'un ou l'autre des deux éléments: dès lors l'angle q est presque droit et cos. q très-voisin de o. Donc, il entre toujours ainsi un facteur très-petit dans les intégrales précédentes, et il est permis de négliger ces intégrales. ET LA DÉPRESSION} DU MERCURE. 3 11 existe cependant un cas où ces considérations cessent d'être exactes : c'est celui où le liquide forme, le long des parois du tube, une couche très-mince. Dans ce cas, r peut être insensible sans que l'angle q soit droit; cet angle pourrait même être nul. Ainsi, il suffit de considérer deux éléments appartenant l'un à la surface de cette couche, l'autre à la surface du tube située derrière cette couche sur la normale au pre- mier élément. La distance i- est alors l'épaisseur très-petite de la couche et l'angle q est nul. Ainsi donc, la théorie de M. Gauss se trouve en défaut, lorsque le liquide forme, le long des parois du tube, une couche très-mince. Or, c'est jus- tement le cas des expériences les plus précises, celles de Gay-Lussac. Pour éviter les irrégularités provenant de l'adhérence de l'air aux parois des tubes, Gay-Lussac mouillait entièrement ceux-ci avec le liquide dont il étudiait l'ascension. Il obtenait ainsi des résultats plus constants. Ces expériences vérifièrent la loi du rapport inverse de l'ascension au diamèti'e. Les expériences les plus précises et la théorie la plus rigoureuse se trou- vaient donc d'accord précisément dans le seul cas où cet accord ne devait pas exister. Dès lors, il y avait inexactitude d'un côté ou de l'autre, et il fallait de nouveaux travaux pour reconnaître de quel côté elle se trou- vait. Ces travaux devaient être faits, sans idée préconçue, pour ou contre la théorie ou l'observation, et dans les circonstances favorables ou con- traires à l'une ou à l'autre. Ainsi, il fallait opérer avec des tubes mouillés ; si l'expérience, dans ce cas, ne tenait pas compte de l'exception faite par la théorie, et établissait, malgré elle, la loi du rapport inverse, il y avait opposition et non vérification. Si, au contraire, en opposition avec les expé- riences précédentes, l'observation repoussait cette loi, elle ôtait à la théorie une objection, mais en même temps aussi la vérification admise jus- qu'aujourd'hui. Ainsi donc, avec cette manière d'opérer, l'expérience ne peut que per- mettre à la théorie de subsister, mais non assurer son existence. Pour obtenir une vérification, il fallait expérimenter dans les conditions mêmes du problème théorique, c'est-à-dire avec des tubes secs. Si la loi du rap- 6 SUR L'ASCENSION DE L'EAU port inverse ne se vérifiait que dans cette seconde épreuve, la théorie se confirmait ; dans le cas contraire , celle-ci perdait sa principale condition de vie. Je tenais à exposer les motifs qui m'ont fait entreprendi'e ce travail, parce qu'il en fallait de graves pour oser s'attaquer à une théorie soute- nue par des noms tels que Laplace , Poisson, Gauss et Gay-Lussac : sans le désaccord, latent mais réel, entre ces grandes autorités, je n'aurais certes pas abordé un tel sujet. Du reste, M. Simon (de Metz), dans un travail publié récemment \ avait déjà reconnu l'inexactitude de la loi du rapport inverse de l'ascen- sion au diamètre. Mais ses expériences , faites d'ailleurs avec beaucoup de soin et dans des limites très-étendues, ne me paraissent pas suffisam- ment directes, et leur principe me semble contestable. M. Simon ne me- sure pas directement la colonne soulevée par la capillarité; il la suppose égale à la colonne d'eau indiquant l'excès de pression qu'il faut donner à l'air d'un réservoir communiquant avec le tube pour empêcher l'ascen- sion de l'eau. Ainsi, supposons l'extrémité inférieure du tube capillaire affleurant l'eau de l'extrémité supérieure mastiquée dans un réservoir d'air auquel est adapté un manomètre à eau; si, en comprimant cet air, l'on refoule la colonne soulevée par la capillarité jusqu'à l'extrémité du tube (ce qui sera indiqué par l'apparition d'une bulle à cette extrémité), l'excès de pression de l'air dans le réservoir fera équilibre à la force qui tend à soulever l'eau , et par suite sera mesurée par une colonne d'eau égale à celle à laquelle l'eau se serait élevée dans le tube. Ceci est évident, mais à la condition que l'on ne considère que la pres- sion de l'air à l'extrémité inférieure du tube et non pas sa pression dans le réservoir, et ces deux pressions, loin de me sembler égales , me parais- sent devoir différer d'autant plus que le diamètre du tube est plus petit. En effet, la pression de l'air du réservoir, pour repousser la colonne d'eau dans le tube capillaire, doit non-seulement vaincre l'attraction du tube sur l'eau , mais encore l'attraction du tube sur la colonne d'air qui s'avance ' Annales de physique et ik' chimie ; 1851. ET LA DEPRESSION DU MERCURE. 7 en repoussant la colonne d'eau. En un mot, l'excès de pression de l'air du réservoir doit non -seulement vaincre la capillarité de l'eau, mais encore la capillarité de l'air, en interprétant ce mot de capillarité dans le sens d'adhérence. Donc la pi-ession de l'air dans le réservoir est plus forte que la force qui tend à soulever l'eau, et la colonne d'eau du manomètre est plus considérable que celle qui s'élèverait dans le tube. Et, en effet, la différence des hauteurs ainsi obtenues par M. Simon, et de celles que j'ai mesurées directement, va en croissant à mesure que le diamètre de- vient plus petit. D'ailleurs, le procédé de M. Simon ne pouvait s'appliquer aux tubes secs, et j'ai montré combien il était important d'opérer sur ces tubes. J'ai donc préféré opérer de la manière la plus simple et la plus directe, c'est-à-dire de mesurer les hauteurs soulevées au moyen d'un cathétomètre. Cette méthode ne permet pas, il est vrai, d'opérer dans des limites aussi étendues ; cependant j'ai pu faire des observations sur des tubes dont le diamètre n'était que de 0'"",07, et c'est déjà une limite inférieure suffisante. Je n'ai expérimenté que sur le mercure et sur l'eau j l'élude de la dépression du mercure et de l'ascension de l'eau m'a paru suffisante pour contrôler les deux cas principaux de la théorie des phénomènes capil- laires. La dépression du mercure offrait cet avantage, qu'elle se faisait forcément dans les conditions de la théorie. Je vais décrire d'abord les observations faites sur ce sujet. L'appareil d'observation était aussi simple que possible : c'était un tube en U, formé d'un tube capillaire et d'un tube de 15 à 20 millimètres de diamètre, soudés ensemble. J'ai construit vingt-trois systèmes de ce genre. Quelques mots sur la nature des tubes capillaires employés sont néces- saires pour prévenir toute objection : vingt de ces tubes étaient en cristal, trois en verre ordinaire. Onze des tubes en cristal étaient des tubes à ther- momètres, c'est-à-dire des tubes très-capillaires et à parois épaisses; six autres étaient à parois plus minces : c'étaient des tubes tels que ceux que l'on emploie pour les tiges, des thermomètres à alcool. Deux tubes étaient formés artificiellement en effilant un large tube de cristal. Enfin, le der- nier tube en cristal était large et à parois épaisse : c'était un tube de ma- 8 SUR L'ASCEÎNSION DE L'EAU nomètre. Tous ces tubes avaient été fabriqués le même jour dans une verrerie de Grenelle. On pouvait donc les regarder comme étant de même nature. Pour en être plus certain, j'ai pris leurs densités. Elles différaient assez peu pour que l'on pût attribuer les différences aux erreurs d'obser- vation. En effet, les valeurs extrêmes de ces densités étaient 5,099 et 5,062. Les trois tubes en verre étaient aussi de même nature, et leurs densités étaient 2,48, 2,48 et 2,49. J'ai fixé bien verticalement ces 24 systèmes sur une planche de 4 mètres de longueur. Aux deux extrémités et au milieu de cette planche étaient placés des thermomètres , destinés à donner la température au moment de l'observation. La dépression du mercure dans le tube capillaire se mesurait au moyen d'un très-bon cathétomètre, dont le vernier donnait les 20''* de millimètre. Il suffisait de mesurer la différence de niveau dans les deux tubes de chaque système. Pour connaître le diamètre des tubes, j'ai employé la méthode ordi- naire, c'est-à-dire que je pesais une colonne de mercure dont la longueur était mesurée très-exactement au moyen d'une bonne machine à diviser. Chaque diamètre a été mesuré au moins trois fois, et les différences ne se sont jamais élevées à un millième de millimètre; pour les tubes très-larges, cette méthode n'étant pas applicable, je mesurais directement le diamètre au moyen de la machine à diviser. Il suffisait de couper le tube suivant deux tranches bien perpendiculaires à l'axe, de placer le tube verticale- ment sur la table de la machine, et d'amener l'un des fils du réticule successivement tangent à deux extrémités d'un diamètre de la section. C'est aussi ce moyen que j'ai employé pour mesurer l'épaisseur des parois, à laquelle j'avais peine à refuser toute influence. Pour obtenir une grande précision dans ces expériences, il eût fallu employer des tubes parfaitement calibrés. Cette condition n'était guère réalisable; elle exigeait un choix très-considérable de tubes et beaucoup de temps. Je me suis assuré par des expériences préliminaires de l'impor- tance de cette condition. Ayant trouvé un tube parfaitement calibré, j'y ai observé plusieurs fois la dépi^ession du mercure en faisant varier le niveau dans le large tube. Les différences que j'ai obtenues étaient très- ET LA DEPRESSIOIS DU MERCURE. 9 faibles , mais tout à fait irrégulières et, par conséquent, indépendantes des causes sensibles, telles que la longueur de la colonne dans le tube et le calibrage de celui-ci. Il y avait, par suite, même pour les tubes par- faitement calibrés , nécessité de prendre une moyenne entre les dépres- sions observées dans un même tube. Or, en partant de la loi du rapport inverse de la dépression au diamètre, on trouve que, pour des tubes dont le diamètre ne varie que très-légèrement, cette moyenne donne aussi la dépression correspondante au diamètre moyen , c'est-à-dire celle qui aurait lieu dans le tube si son diamètre était partout rigoureusement le même, de telle sorte qu'en prenant la moyenne précédente, on compense tout à la fois les erreurs provenant des causes accidentelles et celles qui pro- viendraient des inégalités du diamètre. En d'autres termes, un calcul très- simple montre que si la loi du rapport inverse de la dépression au dia- mètre est exacte , la dépression correspondante au diamètre moyen n'est autre chose que la moyenne des dépressions observées en différents points du tube, et par suite correspondantes à différents diamètres , de telle sorte que la loi en question doit se vérifier pour cette moyenne et le diamètre moyen. En effet , supposons le tube partagé en parties de même longueur / , et soient r, r' , r", les rayons de ces différentes parties ; ceci suppose, comme on le fait en calibrant un tube, que le diamètre est le même sur toute une longueur /. Si L est la longueur de la colonne pesée et R le rayon moyen déduit de cette pesée, on doit avoir TvH + ^r'-H + .... = tR=L, et si L = ni , r2 -^ r'2 + .... = R% (1) Soient maintenant n observations faites en amenant le ménisque de mer- cure dans les différentes parties précédentes du tube capillaire. //, h', ■ ■ ■ étant les différentes dépressions observées, si l'on admet la loi du rapport inverse de la dépression au diamètre ou au rayon, on aura : /j = -, A' =-, r r Tome XXV. SUR L'ASCENSION DE L EAU ou /(, ' ' h' En substituant dans l'équation (1), nous aurons : 1 1 Soit maintenant 11 la dépression moyenne, c'est-à-dire : h ^ h' -^ .... H = n Soient aussi : /t = H + i, /(' = H -f- f', .... En remplaçant dans l'équation (2), /*, li' , . . . par ces valeurs, et négli- geant les secondes puissances de |^ h • • • ' ^ua^^'l^^s qui seront toujours très-petites, à moins que le tube soit très-mal calibré, nous aurons : HM H y Or, par cela seul que H est la moyenne de /(,/('. on a : f -t- t' -H . . . . ^ O , et il nous reste : d'où H2 "=f Si donc la loi du rapport inverse de la dépression au rayon est vraie, on devra obtenir cette relation entre la moyenne des dépressions mesu- rées et le rayon moyen. ET LA DEPRESSION DU MERCURE. il La plus grande incertitude qui règne sur les expériences faites jusqu'au- jourd'hui est la grande inconstance des résultats. Deux expériences faites simultanément et dans des circonstances identiques présentent souvent les résultats les plus difïérents. 11 existe, en effet, plusieurs l'ésistances varia- bles au mouvement du mercure dans un tube capillaire. Telles sont l'adhé- rence de l'air aux parois du tube, et l'adhérence produite par l'impureté du mercure. Ces résistances ne pourraient être écartées qu'avec beaucoup de peine. On ne pourrait même pas annuler la première, en opérant dans le vide ; quant à la seconde, il est fort difficile d'avoir du mercure absolu- ment pur, surtout en très-grande quantité, et j'ai dû employer jusqu'à 20 à 50 kilogrammes de mercure à la fois. D'ailleurs, on se convainc facilement que ces résistances ne sont en quelque sorte que passagères. Elles peuvent modifier momentanément l'équilibre, mais les autres forces finissent tou- jours par l'emporter, et je me suis assuré par un grand nombre d'expé- riences préliminaires que l'on obtenait des résultats très-constants à con- dition de laisser à l'équilibre le temps de s'établir. En remplissant de mercure le large tube, on le voit d'abord s'élever rapidement dans le tube capillaire jusqu'à une certaine distance au-dessous du niveau dans le pre- mier tube, puis il semble s'arrêter, mais en le suivant avec la lunette, on le voit continuer à s'élever lentement avec une vitesse toujours décrois- sante jusqu'à ce qu'il s'arrête entièrement. Le mercure peut s'élever ainsi de li millimètres après le premier arrêt. Le temps nécessaire pour que l'équilibre s'établisse complètement varie avec le diamètre du tube. Dans les tubes larges, il s'établit presque immédiatement. Dans les tubes très- étroits, ceux dont le diamètre est d'environ -^ de millimètre, on voit le mercure continuer son ascension après plus de 12 heures. Pour l'eau, il en est absolument de même : seulement l'équilibre s'établit plus rapi- dement. On conçoit donc que si l'on fait l'observation immédiatement après avoir versé le mercure dans l'appareil, on obtiendra des résultats tout à fait discordants ; on n'aura observé qu'un équilibre momentané existant sous l'influence de causes essentiellement variables. C'est pourquoi j'ai opéré de la manière suivante : je versais du mercure dans les 21 tubes à 12 SUR L'ASCENSION DE L'EAU la fois, et j'observai 24 heures après. L'observation terminée, au moyen d'un siphon, je vidais les appareils en partie, jusqu'à ce que le niveau s'abaissât dans le tube capillaire, puis je remplissais de nouveau. De cette manière le niveau dans le tube capillaire devait toujours se relever. J'avais soin de faire toujours deux expériences consécutives dans les mêmes cir- constances, c'est-à-dire avec le même niveau dans le large tube. J'ai fait de cette manière six observations sur le mercure. Elles m'ont donné les ré- sultats suivants : s»'- DIFFÉRENCES DE KIVEAV OBSERVÉES. Dt- ©É- des B A Y 0 n S ÉPAISSEUR. ; i"EXP. 11"" lîxp. III"" EXP. IV"' EXI'. V"" EXP. VI"" EXP. PBESSIONS PaESSIONS TUBES. 1 'OS. ir,s. 19°â. 21?9. 18:5. 20','4. soïE^SES. CILCCLÉES. 1 orO360 2,578 15X70 1 54"o5 mm. 133,05 mm. 152,70 mni. 151,90 lum. 154,27 mm. 156,61 2 0,0472 2,523 106,20 103,40 107,70 107,75 108,25 108,-30 106,95 103,93 3 0,0492 2,301 102,25 101,53 101,10 101,10 101,33 « 101,45 101,65 4 0,0793 2,463 60.90 » B . •• " 60,90 62,90 3 0,111 1,864 44,25 45,25 44,60 43,80 44,00 44.20 44,02 43,05 G 0,113 4,033 46,53 44.40 47,00 47,00 40,15 4(;.25 46.19 43,49 7 0,123 4,630 43,60 42,65 41,25 42,15 44,25 44,30 43,03 40,00 8 0.154 « 24,43 24,40 26,05 25,95 24,70 24,80 25,06 52,43 'J 0,178 1,997 24,63 23,50 25,35 23,55 27,10 27,15 23,38 28,09 10 0,180 2,553 27,50 23,43 25,75 25,70 25,85 24,10 23,50 27,78 11 0,1 8G 2,577 26.10 23,83 26,40 20.20 24,80 24,90 23,71 27,55 12 0,199 3,226 23.65 23,40 22,95 23,05 22.83 22.95 23,81 25.15 15 0,406 1,250 1 1 ,30 10,73 10,20 10,50 9.05 9,63 10,51 10.75 14 0,487 1,329 9,70 9,05 10,10 10,10 9,53 9,40 9,72 10,27 15 0,576 » 7,20 6,93 7,60 7,60 7,75 7,65 7,40 8,68 16 0,621 1.230 8,00 7,73 8.00 8,15 8,10 8,20 8,03 8,03 17 1 ,025 1,750 4.23 4,15 4,00 4,15 3.80 4,00 4.0e 4,88 18 1 ,325 1,200 5,10 3,00 5.00 3,20 2,90 5,13 3,06 5,78 19 1,463 1,420 2,75 2.33 2,65 2,80 2,70 2,85 2,72 3,42 20 1,771 0,895 - 1,90 2,23 2,25 2,25 2,20 2.24 2,82 21 2,140 0,853 1.80 2,15 1,90 2,03 2,20 2,00 2,02 2,34 22 2,453 0,910 1,05 1.03 1,15 1,30 1,00 1,03 1,10 2,04 25 2,314 3,723 " " " 1,23 1,23 1,23 1.99 ET LA DEPRESSION DU MERCURE. 13 J'ai consigné dans ce tableau les températures moyennes des ex- périences, quoique l'influence de la température paraisse insensible, ou du moins inférieure aux causes d'erreur. Ainsi dans les expériences III et IV, les températures différaient de '2.°,1, les niveaux du mercure dans les tubes larges étaient les mêmes, et ne différaient que très-peu, par conséquent, dans les tubes capillaires. Les différences de dépressions ne devaient donc résulter que des causes d'erreur et de la température. Or, ces différences sont très-irrégulières , de sorte que l'influence de la température, qui serait nécessairement uniforme, doit être plus faible que celle des causes d'erreur. Dans la dernière colonne, j'ai inscrit les dépressions calculées en divi- sant le nombre 5 par le rayon du tube. Ce nombre 5 est la moyenne des produits de la dépression par le rayon dans les trois premiers tubes. 11 faut faire subir aux dépressions observées deux corrections prin- cipales : 1» Il faut ajouter la dépression qui a lieu dans le grand tube soudé à chaque tube capillaire. Il suffit de prendre, dans une des tables connues, les dépressions correspondantes aux diamètres de ces tubes, que nous indiquerons plus loin; 2° Il faut ajouter à la hauteur observée le sixième du rayon du tube capillaire. Cette correction provient de ce que, dans l'observation, on suppose que le niveau du mercure est le plan horizontal tangent et la sur- face du ménisque ; on diminue donc le poids de la colonne déprimée du poids de mercure qui serait compris entre la surface du ménisque et le plan tangent à son sommet. Gay-Lussac avait indiqué comme correction l'addition du tiers du rayon. Cette addition suppose que le ménisque est une demi-sphère, que sa hauteur est donc égale au rayon du tube. Or, il n'en est pas ainsi, comme on peut le voir en mesurant ces hauteurs. Je les ai mesurées dans les tubes capillaires, où elles étaient sensibles, et dans les tubes larges correspondants. Ces hauteurs et les diamètres des tubes sont rapportés dans le tableau suivant : H SUR L ASCENSION DE L'EAU II. !«'" DIAMÈT. RAYONS Hauteur du Hauteur du Jcs (les dos JIÉMSQLE m É N I s Q C F. TUBES. LARGES TUBES. TUBES CAPILL. dans les tubes larges. dans les tubes eapillaires mm. mm. 1 15°"' 0,0366 1,50 • 2 17 0,0472 1.10 » 5 14,5 0,0492 1,40 4 17,5 0,0795 n •• 5 15 0,111 1.40 6 17 0,115 1,55 1> 7 18 0,125 1,35 ■■ 8 18,5 0,154 1,85 " 9 14,5 0,178 1,45 10 15 0,180 1,50 " 11 15 0.186 1.40 ■■ 12 14 0,199 1.00 0.15 15 21,5 0,466 1,45 0.20 14 20 0,487 1,70 0,25 15 18,5 0.576 1,03 0,20 10 21,5 0,021 1,55 0.40 17 11.25 1,025 1,55 0,50 18 12,25 1,323 1,55 0,70 19 19 1.463 1,45 0.65 20 12,5 1.771 •• 0,95 21 11,5 2,140 •' 1,00 22 16,5 2,455 •• 23 15 2,514 En comparant les hauteurs des ménisques aux diamètres ou aux rayons des tubes, on voit que l'on ne peut établir aucune relation exacte entre ces quantités. Les hauteurs des ménisques, dans les tubes larges, sont sur- tout très-irrégulières , et paraissent dépendre de causes inconnues, telles que l'état de la surface du tube , bien plus que du diamètre. Je ferai observer cependant que la majeure partie de ces hauteurs est égale au dixième du diamètre ou au cinquième du rayon. Dans les tubes capillaires, ces hau- teurs sont également assez irrégulières; cependant si l'on observe que les ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. i5 erreurs d'observation peuvent s'élever jusqu'à O-^^jOS, on peut admettre que ces hauteurs sont égales à la moitié du rayon. Cette relation existe visiblement dans les tubes 15. 14, 17, 18, 19, 20, 21. Quoi qu'il en soit, on ne peut pas admettre que la hauteur du ménis- que soit égale au rayon. Dès lors l'addition du tiers du rayon à la dépres- sion observée est une correction trop forte. Il serait plus exact d'ajouter le tiers de la hauteur du ménisque ou le sixième du rayon. On considére- rait alors le ménisque comme un demi-ellipsoïde de révolution dont les axes seraient r, r et li, de sorte que le volume compris entre sa surface et le plan tangent à son sommet serait 3 o Mais cette correction ne serait pas encore exacte; car il n'est pas cer- tain que la surface du ménisque soit un ellipsoïde. Nous ne pouvons donc faire que des corrections très-incertaines, surtout dans les tubes dont le diamètre est un peu considérable. La correction que nous avons indiquée d'abord, c'est-à-dire l'addition de la dépression dans le grand tube, sera plus incertaine encore que celle que nous venons de discuter, cette dépression devant être modifiée forte- ment parles causes qui rendent si irrégulières les hauteurs du ménisque dans ces tubes. D'un autre côté, si l'on considère quelle est l'importance de ces cor- rections vagues sur les dépressions faibles, on reconnaît l'extrême difficulté d'atteindre à des résultats précis dans ces petites dépressions et l'inutilité d'y faire des corrections capables d'apporter, en sens inverse, des erreurs au moins égales à celles que l'on voudrait corriger. Nous nous bornerons donc à la considération des seize premiers tubes dans lesquels les correc- tions sont plus certaines et ont moins d'importance. Aux dépressions moyennes observées dans ces tubes, nous ajouterons la dépression qui a lieu dans le grand tube correspondant, dépression que nous prendrons dans la table de Laplace , et comme seconde correction le sixième du rayon, en supposant, d'après ce qui précède, que l'on doive ajouter le 16 SUR L'ASCENSION DE L'EAU tiers de la hauteur du ménisque, et que cette hauteur soit la moitié du rayon du tube. Nous multiplierons ensuite chacune des dépressions ainsi corrigées par le rayon du tube, afln de reconnaître si le produit est un nombre constant, comme le veut la loi du rapport inverse de la dépression au dia- mètre. Nous formerons ainsi le tableau suivant : III. î¥"* BAYONS DÉPRESSION DÉPRESSION DEPRESSIOM PRODUITS dis TUBES. des TLBES. dansie Tint LARGE. observée. eorrigée. DR. 1 mm. 0,0366 mni. 0,14 134,27 134,42 4,920 2 0,0472 0,08 106,93 107,02 5,051 ô 0,0492 0,16 101,45 101,62 5,000 4 0,795 0,07 60,90 00,98 4,848 5 0,111 0,16 44,02 44,22 4,908 6 0,115 0,14 46,19 40,35 5,330 7 0,125 0,08 43,03 43,13 5,491 8 0,154 0,06 25,06 23,15 3,873 9 0,178 0,18 25,58 25,79 4,390 10 0,180 0,14 25,36 25,53 4,395 11 0,1 8G 0,14 25,71 23,88 4,813 12 0,199 0,18 23,81 24,02 4,780 13 0,466 0,03 10,31 10,42 4,850 14 0,487 0,04 9,72 9,84 4,734 15 0,576 0,06 7,46 7,62 4,389 10 0,621 0,03 8,03 8,10 5,068 En écartant pour un moment les nombres relatifs aux tubes 6, 7, 8, 15, nous remarquerons que les produits précédents diffèrent peu l'un de l'autre , et que les différences sont irrégulières. En prenant les moyennes relatives aux six premiers tubes 1,2, o, 4, 5,9, et aux six derniers 10, 11, 12, 15, 14, 16, on trouve deux nombres, 4,886 et 4,808, qui ne diffèrent l'un de l'autre que de ^. Nous pouvons donc admettre que, dans les limites précédentes, l'expérience vérifie la théorie , car nous devons faire observer ici que l'hypothèse que nous avons faite dans la correction rela- ET LA DEPRESSION DU MERCURE. 17 tive au ménisque n'altère pas la loi du rapport inverse de la dépression au diamètre, c'est-à-dire que cette loi se déduit de la formule de Laplace : D = « f- H ) , aussi bien, lorsque l'on suppose que la surface du ménisque est un ellipsoïde de révolution dont le petit axe est égal à la moitié du rayon du tube, que lorsqu'on la considère comme une sphère. En elfet, on a dans rt- a- R' = — = — = 2a, b «_ 2 en appelant a le rayon du tube, d'où a D == — 2a La dépression est la moitié de ce qu'elle serait si le ménisque était une sphère, mais elle est toujours en raison inverse du rayon du tube. Pour accorder la théorie et l'expérience, nous avons dû écarter les nombres relatifs aux tubes 6, 7, 8, 15, les deux premiers donnant des nombres beaucoup trop forts, les seconds beaucoup trop faibles. Les deux premiers étaient des tubes très-épais, ainsi qu'on peut le voir dans le tableau des épaisseurs. Les seconds étaient formés en effilant des tubes très-larges de cristal, et leurs épaisseurs étaient tellement faibles que je n'ai pas cher- ché à les mesurer. Les écarts présentés par ces tubes sont si considérables et se sont reproduits si constamment dans toutes les observations, qu'ils me semblent indiquer clairement une influence de l'épaisseur des parois du tube. Ainsi, la dépression dans le tube 6 est notablement plus forte que dans le tube 5; cependant le diamètre du premier l'emporte sur celui du second. Au contraire, la dépression dans le tube 8 est plus faible que dans le tube 1 1 , quoique le rayon de celui-ci soit environ les | du rayon du premier. Dans le tube 15, la différence, bien que sensible, est moins Tome XXV. 3 18 SUR L'ASCENSION DE L'EAU tranchée; mais il faut observei' que ce tube avait un diamètre relativement considérable, et que, pour l'obtenir, j'avais dû effiler beaucoup moins le tube de cristal, et par conséquent conserver une épaisseur plus grande. En présence de telles différences se reproduisant constamment dans des tubes de la même substance et placés dans les mêmes circonstances que tous les autres, on a peine à concevoir d'autre cause d'inégalité que les épaisseurs si différentes de ces tubes. Mais cette influence a besoin d'être expliquée , car elle semble contraire à celle que la théorie pourrait indiquer. Dans la dépression du mercure, trois forces sont en jeu : la pesanteur, l'attraction des molécules du mer- cure entre elles et l'attraction qu'elles subissent de la part des molécules du verre. Les deux premières forces agissent de haut en bas , la dernière de bas en haut. Celle-ci tend donc à diminuer la dépression. Or, si l'in- fluence de l'épaisseur est réelle, elle ne peut qu'augmenter celte force; donc elle doit diminuer la dépression. C'est l'effet contraire qui se pro- duit. Cette anomalie s'explique par la considération des composantes ho- rizontales de l'attraction du tube. On ne lient généralement pas compte de ces composantes, parce qu'étant opposées deux à deux, elles doivent se détruire. Ceci me paraît inexact. Ces composantes, je crois, ne se dé- truisent nullement, mais produisent une adhérence du mercure au tube, adhérence qui s'oppose au mouvement ascensionnel du mercure. D'après cela, la dépression, telle que nous l'avons observée, serait plutôt un phé- nomène de dynamique qu'un phénomène de statique. Dans notre système de tubes, le mouvement ascensionnel du mercure, dans le tube capillaire, est produit par la pression du mercure dans le large tube et par l'attrac- tion du tube capillaire. En s'élevant, le mercure est soumis à différentes forces retardatrices qui sont sa pesanteur, sa cohésion et son adhérence au tube; sa vitesse se détruit peu à peu, et le mercure s'arrête lorsqu'elle est annulée. Elle le sera d'autant plus vite, et l'élévation du mercure sera d'autant plus faible que les forces retardatrices, et entre autres l'adhérence au tube, seront plus puissantes. Si donc l'adhérence horizontale au tube croît avec l'épaisseur plus rapidement que l'attraction verticale du tube, l'influence de l'épaisseur sera telle que nous l'avons observée. ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 19 Pour m'assurer de la nature de cette influence et la mesurer, si c'était possible, j'ai opéré en sens inverse, c'est-à-dire que j'ai soulevé le mercure dans le petit tube au-dessus du niveau dans le grand. Le mercure descen- dait et l'adhérence au tube agissant encore en sens contraire du mouvement , devait diminuer la dépression. Malheureusement il m'a été impossible de rien obtenir d'exact. Les résultats étaient tout à fait discordants. J'ai même vu dans les tubes les plus capillaires, les tubes 1 et 2, le mercure se maintenir pendant vingt-quatre heures à un niveau supérieur à celui du large tube. Il fallait de fortes secousses pour le faire descendre, encore ne pouvait-on obtenir que de faibles dépressions. Ainsi, la plus forte que j'aie obtenue après de nombreuses secousses a été de 48°"", 10 dans le tube 2. L'autre manière d'opérer m'avait donné lOS"™. Ces expériences, quelque insignifiants que soient leurs résultats, me paraissent néanmoins mettre hors de doute l'influence de l'adhérence horizontale, et nous portent même à considérer cette adhérence comme une des forces dominantes du phénomène. Pour étudier l'ascension de l'eau, je me suis servi d'abord des appareils précédents, après les avoir nettoyés avec soin. J'ai dû seulement démonter les six premiers tubes, trop capillaires pour être facilement nettoyés sur place. J'ai fait avec ces appareils quatre expériences. Dans ces quatre expériences, le tube était mouillé par la colonne d'eau que je soulevais, en aspirant, jusqu'au haut du tube, et que je laissais ensuite redescendre, toujours pendant 24 heures. L'observation pouvait se faire plus simplement, en plongeant directe- ment les tubes capillaires dans l'eau : on évite même ainsi les corrections relatives aux larges tubes. C'est pour juger de l'importance de ces correc- tions que j'ai fait les quatre expériences précédentes avant de séparer les tubes capillaires des tubes larges. Après cette séparation, je plongeai les tubes, par groupes de quatre, dans six vases. Les tubes étaient fixés ver- ticalement, au moyen de bouchons, dans des planches percées de six trous; dans les deux autres trous étaient placés un thermomètre et un tube à pointe effilée servant à prendre la hauteur du niveau dans le vase. 11 suffi- sait d'amener la pointe en contact avec l'eau , de retirer le vase après 20 SUR L'ASCENSION DE L'EAU l'observation des tubes et de viser la pointe. J'ai fait, avec ces appareils, quatre expériences, deux en mouillant les tubes, comme dans les expé- riences précédentes, deux autres avec les tubes secs. Les deux premières m'ont donné, à très-peu près, les mêmes résultats que les quatre expé- riences précédentes. Je réunis les résultats de ces six expériences dans le tableau suivant. IV. s"^ D.llTKIIRS OBSERTÉKS. n k îîxFnnt i[ vuTFirns PnOBUlTS des BAYONS I" EXP. 11' EXP. m- EXP. IV EXP. V EXP. Vl- EXP. UAL ItUIid ■ <.ïl.r lljlJAli^ «Ichi llAtTELR m>t. MOYENS. — — — — moyennes. caUulccs. par TCBFS. ICÎO. 1C?0. i4;o. i3;4. i3;8. ir,;i. le rayon. 1 mm. 0.0472 Epni. lu m- ai 11). mai- 525.05 nuti. 3i0,45 mm. 5-2-2J5 mm. 322.52 mm. 15,199 2 0,0402 r. .. .. - 308.90 310.90 509,90 309.41 15.247 3 0,0508 .> " ■> •' 297,40 299,10 298,23 299.07 1.5.151 4 0,0795 ■^ " .. ■' « 189,00 189,60 191,48 15,075 5 0,111 n f .. '• 137,10 156,20 136,03 137.15 13,168 0 0,115 134,20 138,65 138,63 138,30 140,73 140,90 158,38 132,.>7 15,957 7 0,149 " .. >' 99,50 101,20 100,33 102,17 14,932 8 0,163 .. n » 90,40 89,53 89,98 92,26 14,847 9 0,178 80,43 79,15 82,90 83,30 83,73 83,90 82,36 83,52 14.060 10 0,180 82,10 82,15 82,10 83,03 83,20 83,40 82,67 84,57 14,881 11 0,186 79,80 79,30 79,93 80,35 80,05 80,35 80,00 81.84 14,880 12 0.199 74,13 74,83 74,50 72,00 75,20 75,00 74,35 76,50 14,790 13 0,466 30,45 30,80 30,G0 30,65 30,45 50,50 30,58 32,07 14,232 14 0,487 29,95 30,03 50,10 50,53 29,90 29,50 29,98 31,26 14,600 15 0,576 ■■ » 24,80 23.65 24,25 24,20 24,23 20,45 15,936 16 0,G21 23.60 25,45 23,30 23,40 22,70 22,93 23,25 24,51 14,426 17 1,023 13,10 12,00 12,20 12,30 12,15 12,70 12,51 14,85 12,823 18 1 .323 9,30 8,73 y,20 9,25 9,15 9,10 9.13 11.50 1 2,079 19 1,463 8,25 8,60 9,10 9,15 8.75 8,80 8,78 10,41 12,843 20 1,490 0 » u ■■ 9,25 9,15 9.20 10.22 13,708 21 1,771 5,65 5,80 5,70 0,05 6,85 7,40 6,24 8,60 11,031 22 2,140 5,43 5,00 5,63 5,70 3,15 4,45 5,00 7.11 10.700 23 2,514 " " » » 5,80 " 3,80 0,06 9,353 Dans ce tableau figurent quatre nouveaux tubes; ce sont les n"' 3, 7, ET LA DEPRESSIOiN DU 3IERCURE. 21 8 , 20. Ils remplacent quatre des anciens tubes que je n'avais pas pu net- toyer parfaitement. Ils étaient de plus aussi bien calibrés que possible. Dans l'avant-dernière colonne, j'ai inscrit les hauteurs, calculées en divisant le nombre 15,223 par les rayons des tubes. Ce nombre est la moyenne des produits 15,199 et 15,247 de l'élévation dans les tubes 1 et 2, par les rayons de ces tubes. Dans la dernière colonne, j'ai inscrit les produits analogues pour tous les tubes. On voit que ces produits dé- croissent d'une manière à peu près continue avec l'augmentation du dia- mètre. La décroissance est moins rapide lorsque l'on fait subii', à la hau- teur observée, la correction indiquée par Gay-Lussac, c'est-à-dire l'addition du tiers du rayon. Mais lors même que nous ferions cette correction , nous trouverions encore des nombres s'abaissant de 15,247 pour le tube 2; à 12,661 , pour le tube 18, et à 14,556 pour le tube 16, si nous voulons rester dans les mêmes limites que précédemment. Ce serait là une diffé- rence assez considérable pour permettre de considérer la loi du rapport inverse de l'ascension au diamètre comme inexacte, même dans des limites restreintes. Mais une observation fort simple et, je crois, tout à fait neuve, qui m'a été communiquée par M. Plateau, s'oppose à celte conclusion. On sait que, dans un tube mouillé, l'élévation de l'eau est plutôt produite par l'attraction de la couche d'eau qui mouille le tube, que par l'attraction du tube qui ne fait que soutenir cette couche. Dès lors, le vrai tube, dans lequel se fait l'élévation de l'eau, n'est pas le tube de verre, mais le tube formé par la couche mouillante, et le rayon de ce tube est égal à celui du tube de verre , diminué de l'épaisseur de la couche. C'est par ce rayon, ainsi diminué, qu'il faut multiplier la hauteur observée. Or, l'épaisseur de la couche est inconnue ; mais on peut la supposer la même dans tous les tubes. Il en résulte que l'influence de sa soustraction sera d'autant plus considérable que le rayon sera plus petit, et il suffira qu'elle ait une très- faible valeur pour rétablir la constance du produit de la hauteur par le rayon. En effet, si on la suppose seulement de un millième de millimètre, on obtient déjà de très-faibles divergences; on peut s'en convaincre par la considération du tableau suivant, dû à l'obligeance de M. Plateau, qui 22 SUR L'ASCENSION DE L'EAU n'a pas reculé devant de longs calculs pour me montrer immédiatement l'importance de sa remarque : ce tableau a été calculé en corrigeant les rayons par la soustraction de 0°"°,001, épaisseur supposée de la couche, et les hauteurs par l'addition du tiers du rayon ainsi corrigé. Ces hauteurs ont été de plus ramenées à une même température moyenne, 14%6, en s'appuyant sur la loi donnée par Simon. Y. »» RITOSIS des des PRODUITS. IDEES. TUBES. I mm. 0,047 iTsoi 2 0,049 14,830 5 0,051 14,807 4 0,07y 1 4,734 5 0,111 14.990 7 0,149 14,813 8 0,1 05 14,719 U 0,178 14.588 10 0.1 SO 14,809 11 0.1 80 14.811 1-3 0.199 14.735 13 0,460 14,299 14 0,487 14.648 16 0.021 14,533 La moyenne générale des produits est 14,727, celles des 7 premiers tubes est 14,822, celles des 7 derniers 1-4,652. On voit que l'écart est à peine de la même valeur que l'écart présenté par le mercure. Cette observation de M. Plateau rend donc douteux le désaccord entre l'expérience et la théorie; mais elle ne le transforme pas en accord. Car rien ne permet de supposer que l'épaisseur de la couche mouillante est précisément un millième de millimètre. De cette observation il résulte même que la vérification faite jusqu'aujourd'hui de la loi du rapport in- ET LA DÉPRESSION DU MERCURE. 25 verse devient tout à fait nulle , puisque l'on a toujours opéré avec des tubes mouillés sans jamais tenir compte de l'épaisseur de la couche mouillante. Cette vériûcation devient ainsi une véritable contradiction. Cette considération s'ajoute à celle que j'ai fait valoir au commence- ment de ce travail pour exiger que les observations se fassent sur des tubes secs et non sur des tubes mouillés. Dans la discussion précédente nous avons encore dû mettre à part les tubes 6 et 15, qui sont omis dans le tableau précédent. Ces tubes sont les mêmes que les tubes 6 et 15 du tableau I, le premier est un tube à parois très-épaisses , le second à parois très-minces : on peut voir, dans le tableau IV, que l'élévation est trop grande dans le tube 6 , trop faible dans le tube 15. L'anomalie est la même que pour le mercure, et l'influence de l'épaisseur, si elle existe, doit agir de la même manière, c'est-à-dire aug- menter l'élévation comme elle augmentait la dépression. C'est qu'en effet, l'adhérence horizontale que nous avons admise pour le mercure doit agir ici de la même façon. Nous avons dit que, pour mouiller les tubes, nous soulevions la colonne d'eau et la laissions ensuite descendre. Dans cette circonstance, l'adhérence horizontale devait s'opposer au mouvement de descente , et en l'arrêtant plutôt produire une élévation plus grande. Les observations sur les tubes mouillés étant terminées, j'ai séché neuf de ces tubes. Je me suis borné à ce nombre pour rester dans les limites où les corrections sont à peu près nulles. Ce séchage se faisait simplement en attachant le tube d'un côté à un tube en U rempli de ponce imbibée d'acide sulfurique , de l'autre à l'ouverture d'une machine pneumatique. Après avoir fait le vide, je laissais rentrer l'air à travers le tube en U et le tube à sécher. Il passait ainsi dans celui-ci un volume d'air sec au moins égal à un million de fois la capacité du tube, et qui devait entiè- rement le sécher. J'ai fait deux observations sur les tubes ainsi desséchés. J'ai obtenu les nombres suivants : 24 SUR L'ASCEIVSION DE LEAU YI. 1%"' dts TUBBS. nKvons des TUBES. HAUTEURS OBSERVÉES. HAUTEURS moyennes. PRODUITS hr. m'o. II. 13?1. 1 inra. 0,0300 280.55 mm. 282,10 2Sr,2ô î'o,'295 2 0,0472 278,25 279,15 278,70 15.155 3 0,0492 271,15 271,65 271,40 13,353 4 0,0795 140,20 147,05 1 46,03 11,657 5 0.111 101,00 97,00 99,30 11,022 6 0,115 92,15 92,10 92,13 10.595 7 0.178 51,75 50,90 51,33 9,137 8 0,186 47,85 47.20 47,53 8,841 9 0,199 39,45 39,80 59,63 7,886 On voit par ces chiffres que la loi du rapport inverse de l'élévation au diamètre est loin d'être exacte pour les tubes secs. La décroissance est bien plus rapide que dans les tubes mouillés. Elle se fait aussi d'une ma- nière continue , si toutefois on excepte le tube 1 , dont le nombre semble beaucoup trop faible. Je ne puis attribuer ce résultat qu'à ce que la co- lonne liquide s'élevait à très-peu près jusqu'à l'extrémité du tube dont la longueur était trop courte. Nous remarquerons aussi que l'influence de l'épaisseur n'est plus la même que dans les tubes mouillés. En effet, le tube 6, qui est le tube à parois épaisses des expériences précédentes, ne présente plus une élévation trop forte. Au contraire, si l'on relie les différents produits précédents par une formule d'interpolation quelconque, on trouve que l'élévation observée dans ce tube est au-dessous de celle que donne la formule. Ceci s'accorde avec les considérations précédentes sur l'influence de l'épaisseur. En effet , dans le cas actuel , l'eau en s'élevant dans le tube devait vaincre l'adhérence horizontale, et par suite s'élever d'autant moins haut que cette adhérence était plus forte. En résumé, les conclusions de ce travail semblent être les suivantes : 1» La dépression du mercure dans les tubes capillaires est à très-peu KT LA DEPRESSION DU MEKCURE. n près en raison inverse du diamètre, lanl que celui-ci n'excède pas 1"""; 2" L'épaisseur des parois a une influence sensible sur la dépression ; 3" L'ascension de l'eau dans les tubes mouillés ne suit pas exactement la loi du rapport inverse au diamètre, si l'on ne tient pas compte de l'épaisseur de la couche mouillante. Mais en supposant cette épaisseur de 0""",001 , cette loi se confirme; 4" L'épaisseur des parois a une influence sensible sur l'ascension de l'eau dans les tubes mouillés ; 5° L'élévation de l'eau dans les tubes secs s'écarte notablement de la loi du rapport inverse au diamètre, même dans des limites restreintes; 6° L'épaisseur des parois semble aussi avoir une influence sur cette élévation; mais elle est moins sensible que sur la dépression du mercure et sur l'élévation de l'eau dans les tubes mouillés. En résumant encore ces conclusions, on se trouve dans une grande in- certitude sur la loi principale des phénomènes capillaires, vérifiée par la dépression du mercure, contredite par l'ascension de l'eau dans les tubes secs et ne se vérifiant, pour les tubes mouillés, que dans l'hypothèse d'une certaine épaisseur de la couche mouillante. Le seul fait de son inexactitude pour les tubes secs suffirait pour faire rejeter sa généralité, si ce mode d'expérimentation n'entraînait pas avec lui une cause d'erreur puissante , savoir la couche d'air sec adhérente au tube et l'altération de la surface qui en résulte. M. Plateau a bien voulu me communiquer encore, à cet égard, une observation remarquable. Il m'a rappelé ce fait connu qu'une goutte d'eau s'étend facilement sur la cassure fraîche d'un morceau de verre, tandis qu'elle ne peut s'étendre sur une surface de verre moins ré- cente, quel que soit le soin que l'on ait apporté à la nettoyer. Il se pour- rait donc que, si l'on opérait sur des tubes secs immédiatement après qu'ils seraient sortis de la verrerie, on obtînt des résultats tout différents. C'est ce que je me propose de vérifier dans un travail postérieur. Je me propose aussi de revenir sur l'influence de l'épaisseur des parois, cette question étant trop importante pour qu'on puisse la considérer comme décidée par les expériences précédentes. FIK. RECHERCHES SUR LA MALADIE DE LA VIGNE LE CHAMPIGNON QUI L'ACCOMPAGNE; Le Docteur J. CKOCQ, pnOSÏCTttli V I.IISIVfHSITE Ut nillAtLlES, Mt.lIlsnE Ui; LA SOCltTE DES SCIENCES .HlillIClLES El SATUKELIES DE BRUVEI.I.ES , ETC. iMefiioire presi-iile a la seau'-e du h (li'f.'iiil>rf tS5t , Tome X\\ RECHERCHES LA MALADIE DE LA VIGNE LE CHAMPIGNON QUI L ACCOMPAGNE. Nous avons vu apparaître depuis peu une maladie de la vigne tout à fait inconnue jusqu'à présent. Cette maladie a été signalée pour la pre- mière fois en Angleterre, par M. Berkeley, en 1845, 1846 et 1847. MM.Morren et Hannon la constatèrent en Belgique, en juillet et aoûtl850, et le premier la décrivit dans un remarquable article publié, en sep- tembre 1850, dans son Journal d'mjricuUure pratique. Dans cette note, je me propose d'ajouter quelques données, quelques observations à celles fournies par ce savant professeur. J'observai pour la première fois la maladie en question à la fin de juillet 1851, sur les vignes de mon jardin, situé au centre de Bruxelles. En 1850, ces vignes n'avaient rien offert qui indiquât une lésion quel- conque ; elles n'avaient rien présenté de semblable à ce que nous y re- marquâmes cette année; leur végétation et leur fructification avaient été ce qu'elles sont tous les ans. Les vignes des jardins du voisinage ne sem- blaient pas davantage s'écarter de leur état normal. A l'époque susmentionnée , je vis les raisins se couvrir d'une poussière blanche, farineuse, qui m'était entièrement inconnue. La même pous- ■i IIECIIEKCHES sièie se montra , en même temps , à la face intérieure des feuilles des jeunes pousses. Elle se répandit de plus en plus sur les grappes , de façon à les recouvrir entièrement ; elle envahit successivement aussi la face inférieure des feuilles plus âgées, et même leur face supérieuie. Sur celle-ci, la poussière resta généralement moins abondante; la face supé- l'ieure de quelques feuilles en offrait cependant tout autant que leur face inférieure et les grappes. Vers le milieu du mois d'août, comme on parlait beaucoup de cette maladie, et du végétal parasite qui constituait cette poussière, mon père résolut de faire une expérience. Il frotta quelques grappes au moyen d'une brosse rude, puis les lava, de façon qu'on n'y apercevait plus de poussière. Celle-ci, chose remarquable, resta un mois à six semaines avant de s'y repi'oduire, et sur plusieurs de ces grappes elle resta toujours peu abondante. Vers la fin de septembre, les feuilles attaquées commencèrent à se dessécher sur leurs bords et à se crisper; les parties sèches prirent une teinte fauve. 11 est à l'emarquer que les plus vieilles feuilles ne furent pas atteintes, et que la poussière blanche n'y apparut qu'exceptionnelle- ment et en petite quantité. Quant aux raisins, ils furent frappés d'un arrêt de développement, et n'acquirent que la moitié environ de leur volume normal. Plusieurs grappes prirent peu à peu une teinte brun-noirâtre, comme si elles allaient mûrir; la plupart gardèrent une couleur d'un vert plus ou moins foncé. Quelques raisins se fendillèrent; d'autres pourrirent; le plus grand nombre est encore actuellement dans l'état que je viens de décrire , offrant une teinte verte ou brunâtre et une surface lisse et égale. Ceux qui avaient été brossés et lavés, et sur lesquels la poussière en question ne s'était repro- duite que tardivement et incomplètement, offrent les mêmes altérations. Ils ne se sont même pas colorés, sont restés vertes; aussi crûmes-nous un moment que ceux qui n'avaient pas subi cette opération auraient plus de chances de mûrir. Ces phénomènes se passaient sur des vignes à gros raisins noirs (dits Frankenlhal), exposées à l'est et au midi. D'autres vignes à raisins blancs SUR LA MALADIE DE LA \ IG^E. a (dits Chasselas blancs) n'offrirenl pas ces phénomènes. Quelques jeunes feuilles seulement étaient recouvertes de poussière Manche à leur face inférieure; ces feuilles ne se desséchèrent pas. Les grappes ne présentè- rent pas cette poussière; les raisins acquirent leur volume habituel, et parvinrent à maturité dans la première quinzaine d'octobre. Pourtant, la plupart de ces raisins se tachèrent et pourrirent avec une rapidité inac- coutumée, et se couvrirent immédiatement de moisissures de diverses es- pèces. Nous n'étions pas habitués les autres années à les voir se gâter avec cette rapidité. Chez l'un de nos voisins se trouve une vigne à gros raisins noirs (Erari- kenthal), exposée à l'est; cette vigne touche les nôtres. La maladie s'y est déclarée avec une intensité beaucoup plus grande : pas une feuille ne manquait de la poussière blanche dont j'ai parlé; il n'en est pas une qui ne soit desséchée à partir de ses bords, comme je l'ai indiqué. Quant aux grappes, elles en étaient littéralement couvertes. Ces raisins sont restés plus petits que les nôtres ; les uns offrent la même appa- rence, tandis que les autres, ou bien se sont pourris, ou bien se sont des- séchés et ratatinés. Il est une remarque que je ne dois pas omettre à ce propos : cette vigne n'avait été taillée qu'une seule fois, au commencement du printemps, et avec assez de négligence, de façon qu'elle présente des branches de nouvelle poussée d'une longueur considérable, disposées pêle-mêle et sans ordre. Les nôtres, au contraire, ont toujours été entre- tenues avec beaucoup de soin. Dans un autre jardin assez éloigné, j'observai une vigne de chasselas blanc, exposée au midi. La maladie s'y manifesta à la même époque que chez nous; la poussière blanche s'y montra exactement de la même ma- nière; mais les raisins furent atteints à un bien plus haut degré. Ces rai- sins ont le volume d'un petit pois; ils sont brun-rougeâtre ou noirâtres, durs, secs, aplatis, ridés, ratatinés; il s'est développé à leur surface de nombreuses moisissures. Pourtant, chose remarquable, certaines grappes offrent deux ou trois grains arrivés normalement à maturité. — Les pédon- cules sont aussi desséchés et ratatinés. Voilà comment la maladie s'est développée , et quels ont été ses effets. 6 RECHERCHES On a généralement remarqué que Tun de ses caractères constants est l'exis- tence de cette poussière blanche dont j'ai plusieurs fois parlé. C'est donc d'elle que je vais maintenant m'occuper. Le microscope démontre que cette poussière est un champignon. M. Berkeley l'a rangé dans le genre Oidium (Link), et l'a appelé Oïdium Tur- keri, du nom de M. Turker, qui en a le premier signalé l'existence. Cette détermination est-elle bien exacte? C'est ce que je vais examiner dans ce qui suit : Lorsqu'on soumet à un grossissement de 50 à 60 fois un raisin ou une feuille de vigne recouverts de poussière blanche, on y aperçoit des appa- rences variables. Par réflexion, on y voit des filaments de longueur diverse, plus ou moins nombreux, enchevêtrés, terminés par des corpuscules ren- flés; par places ceux-ci sont accumulés en grande quantité. Par réfraction, toute la surface paraît tapissée de filaments entre-croisés dans tous les sens, entrelacés et anastomosés de toutes les manières. On voit quelques- uns de ces filaments se terminer par des corpuscules renflés , comme je viens de l'indiquer. A un grossissement de 90 diamètres, et par réfraction, on commence à distinguer à ces filaments des contours doubles bien dessinés. Si de ces grossissements on passe à ceux de 200 à 230 diamètres, les objets précédemment décrits se présentent sous un nouvel aspect. Les fila- ments deviennent des tiges creuses, parfaitement bien délimitées; ces tiges sont tantôt continues, tantôt cloisonnées ou articulées. Elles s'anastomo- sent entre elles , ou plutôt elles se ramifient; parfois on voit plusieurs tiges converger vers le même point. Les corpuscules sont oblongs ; ils semblent offrir une cavité remplie de petits granules. Quelquefois leurs contours, toujours bien dessinés, pa- raissent assez épais. Quelquefois aussi on voit une ligne plus obscure les traverser longitudinalement ou obliquement; comme l'a dit M. Morren, on croirait voir un diaphragme les traverser. Dans certains cas, cette ligne se bifurque en Y; dans d'autres, on voit deux lignes parallèles ou à peu près traverser le corpuscule. Les cavités des tiges et des corpuscules peuvent se démontrer facile- SLR LA MALADIE DE LA VIGISE. 7 ment en ajoutant de l'eau à la prépai'ation ; on les voit alors se gonfler, se distendre. Des grossissements de 500 à 400 diamètres viennent confirmer ces détails. Us nous montrent des filaments dont les uns sont continus, tandis que les autres sont articulés, formés de segments juxtaposés bout à bout. Les filaments continus ofi'rent de véritables ramifications, commu- niquant avec eux à plein canal. Les segments, au contraire, ne présentent jamais de semblable disposition; lorsque la partie articulée des filaments paraît ramifiée, c'est par juxtaposition latérale de nouveaux segments. On rencontre ainsi quelquefois des tiges articulées qui paraissent toutes partir d'un même point ou centre commun. Souvent les tiges se terminent par un, deux ou trois corpuscules, rarement davantage, rangés en ligne. D'autres fois, deux, trois ou quatre corpuscules constituent une espèce de grappe autour de l'extrémité d'un rameau; quelquefois il y en a un plus grand nombre , mais alors on ne distingue plus bien leur groupement. Les tiges articulées ne m'ont jamais montré cette disposition acinifornie qui semble propre à la terminaison des tiges non segmentées. Évidemment les filaments entre-croisés et ramifiés constituent un mycé- lium , et les corpuscules sont des spores. Celles-ci sont-elles formées par la transformation des articles terminaux des tiges , comme on le voit dans les Botrytis , les Torula , les Bliodocephalus, etc. ? L'examen des tiges segmen- tées pourrait le faire croire ; mais l'existence des groupes aciniformes ne permet pas d'adopter cette opinion. Plus loin, j'expliquerai d'où ces spores proviennent , et par quel mécanisme elles se développent. Avec les grossissements que je viens d'indiquer, les spores offrent des contours foncés , parfaitement nets. Elles ont généralement la forme de petits barils, ou d'ellipsoïdes allongés tronqués par leurs deux bouts; souvent elles sont aplaties sur l'une de leurs faces, de sorte qu'en les faisant mouvoir dans l'eau sur le porte-objet du microscope, on leur voit en certains moments prendre la forme de bâtonnets. Toutes ne présentent pas ce phénomène; il en est qui ne sont pas aplaties; quelquefois même elles sont subcylindriques, n'étant pas renflées en leur milieu, ou l'étant à peine. Lorsqu'on les fait mouvoir, comme je viens de le dire, on voit 8 RECHERCHES qu'elles olïrent beaucoup de tlexibilité et d'élasticité; on les voit se cour- ber, se replier sur elles-mêmes, se rentier ou s'amincir en certains points. Je ne puis mieux comparer ces changements de forme qu'à ceux que subis- sent les globules du sang lorsqu'ils viennent choquer contre un obstacle, ou lorsqu'ils passent à travers un vaisseau très-petit. Sur certaines spores, les lignes obscui'es indiquées précédemment sem- blent acquérir des doubles contours, lorsqu'on emploie un grossissement de 400 diamètres. Pour apprécier parfaitement toutes les particularités d'organisation de ce singulier végétal , il est nécessaire de l'examiner avec des grossisse- ments d'au moins 500 diamètres. Ces grossissements confirment tout ce que nous avons vu précédemment; mais de plus, ils font apercevoir des détails aussi curieux qu'inattendus. Avant de les décrire, je vais indiquer comment il convient de faire les pi'éparations pour être à même de les constater. Les observations au moyen de faibles grossissements , à la lumière ré- fléchie, peuvent se faire sur les raisins ou sur les feuilles. Toutefois, il faut choisir de préférence des raisins lisses et d'une couleur foncée, bru- nâtre; les parasites s'y dessinent beaucoup mieux que sur les feuilles et sur les raisins verts. A la lumière réfractée, les observations au moyen de grossissements qui ne dépassent pas 500 diamètres, peuvent se faire sur les feuilles. On peut amincir celles-ci en usant, avec un grattoir ou une lame de verre, la surface opposée à celle que l'on examine. Mais au delà du grossissement que je viens d'indiquer, ces préparations deviennent confuses, par suite du trop grand nombre de détails qu'elles accumulent. Pour les grossissements supérieurs, il faut faire usage simultanément de trois préparations différentes, dont chacune montre plus spécialement certaines particularités. La première de ces préparations consiste à enlever, au moyen d'un petit couteau bien affilé, des pellicules très-minces de la surface des raisins attaqués par la maladie. 11 faut avoir soin de prendre des raisins verts pour faire cette préparation. Ceux d'une teinte foncée ne conviennent pas ; SLR LA MALADIE DE LA VIGNE. 9 cette teinte absorbe la lumière , et au delà de 500 diamètres les objets qu'on veut voir deviennent peu distincts. — On observe ainsi le végétal sur place. La seconde préparation consiste à découper ou plutôt à déchirer de petites lanières en bas du limbe d'une feuille malade. On voit alors très- bien des tiges faire saillie au delà des bords de ces lanières, et l'on peut les rendre plus apparentes en ajoutant de l'eau. Enfln, la troisième préparation consiste à isoler complètement le cryp- togame de la surface qui le supporte, et à le placer tout seul sur le porte- objet du microscope. Pour y parvenir, on n'a qu'à secouer les organes malades sur une plaque de verre, ou les frotter dessus, ou racler leur sur- face avec la pointe d'une aiguille ou avec la lame d'un petit couteau. Le pre- mier procédé ne fournit généralement que des spores; les autres four- nissent en même temps des tiges plus ou moins complètes. Ces trois préparations suffisent pour examiner tous les détails de struc- ture du parasite du raisin. Elles peuvent être employées à tous les gros- sissements, depuis le plus faible jusqu'au plus fort, à la lumière réfléchie comme à la lumière réfractée. Cela posé, je passe à la description de ce que fait apercevoir un gros- sissement de 600 diamètres. Prenons d'abord les spores. Elles présentent tous les caractères énu- mérés précédemment. De plus, on voit que les granules qui, à de plus faibles grossissements, semblent remplir leur cavité, sont à leur tour de véritables corpuscules creux, de petites cellules envoie de formation. Le volume et la netteté des contours de ces corpuscules s'accroissent avec l'âge des spores. On voit quelquefois de ces dernières qui ont seulement la moitié ou le quart de leur volume déûnitif : là les corpuscules ne se distinguent pas des granules moléculaires. A mesure qu'on observe des spores plus volumineuses , plus avancées en âge , les caractères dont je viens de parler deviennent plus saillants. Enfin, lorsqu'elles ont acquis leur entier développement , on distingue à leur intérieur des lignes ou sé- ries de ces petites cellules réunies bout à bout, absolument comme les articles des tiges et les spores terminales. Tantôt ces séries sont placées le Tome XXV. 2 10 RECHERCHES long des bords de la spore , tantôt elles sont écartées de ceux-ci et traversent la spore longitudinalement ou obliquement. Ce sont elles qui font parfois paraître les bords assez épais; ce sont elles qui constituent ces lignes fon- cées que nous avons observées à des grossissements de 200 à 300 diamè- tres , et que M. Morren a comparées à des diaphragmes. Ceci explique comment déjà, avec les grossissements de 500 à 400 diamètres, on leur distingue des contours doubles. Ainsi se trouve également justifiée et confirmée l'opinion émise par le savant professeur de Liésçe sur la na- ture de ces lignes ou diaphragmes. « Ils indiquent sans doute, dit-il, » diverses phases de la croissance de ces articles, qui sont évidemment )' les corps reproducteurs du champignon parasitique de la vigne. » Leur apparition indique, en effet, le groupement en séries des jeunes cellules formées à l'intérieur des spores; et ce groupement est, comme on le verra bientôt, une des circonstances les plus importantes de leur évolution. C'est encore le degré de développement plus ou moins avancé de ces jeunes cellules qui fait paraître certaines parties des spores plus obscures que d'autres. Voici les mesures de ces parties, indiquées en fractions de millimètre : Longueur des spores 0,0266 à 0,055 (^ à Largeur des spores 0,0116 à 0,017 (^ à S5 Épaisseur des spores aplaties sur une de leurs faces. 0,0033 à 0,0066 (jj^ 5 Diamètre des corpuscules isolés 0,00066 à 0,00125(5^5 à ^ Diamètre des corpuscules agglomérés en séries . 300 Ô 1 800 Ces dernières mesures ne s'obtiennent bien qu'avec un grossissement de 800 diamètres. Les tiges sont, comme je l'ai dit, les unes continues, les autres seg- mentées. La cavité des tiges continues renferme des corpuscules, tantôt isolés, tantôt agglomérés, en nombre d'ailleurs très-variable. Ces cor- puscules sont en tout semblables à ceux des spores , et mesurent en moyenne ~^ de millimètre de diamètre; on en trouve qui ont^^, tandis que d'autres n'ont que -~. Lorsqu'on parvient à poursuivre ces liges jus- qu'à leurs extrémités , on arrive parfois à une spore complète dont la cavité semble se continuer avec la leur. D'autres fois on arrive tout sim- SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 1 1 plement à un point obscur d'où partent en divers sens plusieurs tiges, les unes continues, les autres articulées, et autour duquel on parvient quel- quefois à apercevoir des corpuscules libres semblables à ceux de l'intérieur des spores et des tiges. Les tiges non segmentées se ramifient, comme je l'ai déjà dit, et souvent on les voit, ainsi que leurs ramifications, se ter- miner par des segments articulés, ou par des spores rangées bout à bout ou agglomérées en grappes. Quelquefois ces spores elles-mêmes paraissent être le point de départ de nouvelles tiges , soit continues , soit articulées. Les tiges segmentées ou articulées sont composées de cellules allongées, cylindriques, placées bout à bout; les grossissements de 600 à 800 dia- mètres permettent de voir très-bien leurs doubles parois accolées au point de jonction. Je n'ai jamais observé, à leur intérieur, de corpuscules sem- blables cà ceux des spores ou des tiges continues; je n'y ai vu que des granules moléculaires semblables à ceux contenus dans toutes les cellules. Parfois elles se terminent par des articles semblables aux autres, d'autres fois par des spores rangées bout à bout. Il faut se garder de prendre pour des tiges articulées certaines tiges qui ne le sont pas. Cet aspect peut leur être donné, soit parce que des corpuscules sont accumulés en amas en un point de leur cavité , soit parce qu'elles sont fléchies ou ployées sur elles-mêmes. Les grossissements de 600 à 800 diamètres permettent de distinguer fort bien toutes ces circonstances, surtout si l'on fait mouvoir légèrement les tiges. Voici les dimensions de ces diverses parties : Épaisseur des tiges 0,0066 à 0,0023 (7^0 à ^). Longueur des segments ou articles . . 0,iO à 0,066S {^^ à 75). Au premier abord, ces résultats paraissent ne pas trop concorder en- semble, et l'on n'aperçoit pas bien l'unité, le lien qui doit réunir et ras- sembler ces données éparses. Pour le saisir , il faut y joindre les résultats d'une expérience qui vient en donner la clef. Cette expérience, c'est la germination des spores. Pour la provoquer, il suffit de laisser sur une plaque de verre, ou entre deux plaques, des spores parvenues à leur entier degré de développement, 12 RECHERCHES et offrant à leur intérieur des corpuscules bien distincts. On les place dans un lieu chaud et humide, et l'on ne tarde pas à les voir germer. Sous l'influence du froid et de la sécheresse, elles se conservent au conti-aire indéfiniment. On peut de cette manière assister à la naissance du végé- tal parasite, et voir comment ses diverses parties procèdent les unes des autres. Au bout de 12 à 24 heures, beaucoup de spores ofïrent à l'une de leurs extrémités un prolongement de ^ à ^c de millimètre de longueur. Le second jour , ce prolongement s'est allongé , au point d'égaler ou de dé- passer la longueur de la spore. Son extrémité présente alors une sorte de dilatation bosselée, ou bien une division irrégulière. Ces phénomènes s'aperçoivent déjà avec un grossissement de 500 à 400 diamètres. Avec ceux de 600 à 800 diamètres, on voit que ce prolongement constitue une tige creuse communiquant avec la cavité de la spore. On distingue à son intérieur des corpuscules sortis de celle-ci; ils sont surtout abondants vers l'extrémité , et c'est leur accumulation qui y produit une dilatation , un renflement; ce sont eux qui donnent lieu aux bosselures que l'on y aperçoit. Ils s'y accroissent, et on les voit successivement acquérir un volume de j^ et de -~^ de millimètre, au lieu de celui de -~ à -~ qu'ils ofïrent à l'intérieur de la spore. J'ai remarqué que ce prolon- gement, qui est une véritable tige, se forme toujours à l'une des extré- mités de la spore, vers le point offrant la teinte la plus foncée, c'est-à-dire vers celui où, conformément à ce qu'on a vu précédemment, le dévelop- pement des corpuscules est le plus avancé. On dirait que la pression exercée par ceux-ci contre la membrane qui les enveloppe n'est pas sans influence dans l'acte de la germination. Par le troisième mode de préparation que j'ai indiqué , on voit souvent apparaître sur le porte-objet du microscope des spores portant des prolon- gements tels que je viens de les décrire. Ces prolongements sont quelque- fois multiples, plusieurs semblent sortir d'une même spore : ils peuvent acquérir une longueur considérable, se ramifier, se replier sur eux- mêmes plusieurs fois, et former ainsi un lacis : ils constituent les liges con- tinues. Ils se terminent généralement par des corpuscules en nombre plus SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 13 ou moins considérable, disposés tantôt en séries uniques ou multiples, tantôt en groupes plus ou moins réguliers. On peut observer tous les in- termédiaires entre le corpuscule de —^ de millimètre de diamètre et la spore complète, telle que je l'ai décrite. Ainsi, nous les avons vus pré- senter successivement des diamètres de j^ et de -^■, lorsqu'ils ont atteint celui-ci , ils commencent à s'allonger par leurs deux extrémités opposées, de sorte qu'à un certain moment, ils offrent —^ de millimètre de longueur sur j^ de largeur. A cette époque, en employant un grossissement de 800 diamètres , on aperçoit déjà à leur intérieur des granules , points de départ des futurs corpuscules. D'autres présentent le quart ou la moitié du volume des spores complètes. Quelquefois, mais assez rarement, ce n'est pas une tige creuse qui part de la spore, c'est un corpuscule qui semble en sortir directement; d'autres fois c'est une série de corpuscules, ou même plusieurs séries. On diiail que les séries formées à l'intérieur des spores se sont allongées et ont franchi les limites trop étroites de l'enveloppe qui les contenait. Tous ces phénomènes sont représentés dans les figures jointes à ces recherches. On comprend d'après cela comment se forment, en procédant de la spore primitive, et les tiges continues, et les spores diversement groupées qui les terminent. Il me reste un point à éclaircir : c'est la formation des tiges articulées. Il arrive un moment oîi, par suite du développement progressif des corpuscules contenus dans sa cavité , la membrane d'enveloppe des spores disparaît. Alors, les corpuscules apparaissent libres au dehors, les uns isolés, les autres réunis en séries linéaires ou ramifiées, comme je l'ai indiqué précédemment. Mais les corpuscules qui composent ces séries ne sont déjà plus tous globuleux ; quelques-uns d'entre eux se sont accrus par leurs deux pôles opposés , tout en gardant leur largeur primitive. Il se forme ainsi des séries de cellules allongées, cylindriques, juxtaposées bout à bout, et terminées généralement par des corpuscules non modifiés. On peut ainsi observer toutes les transitions; on peut voir le corpuscule globuleux de —^ à Y^ de millimètre de diamètre s'allonger sans gagner en épais- seur, de façon à acquérir successivement j--^, Yhï^ sV' 'h ^e millimètre 14 RECHERCHES de longueur; et quelquefois une seule et même série présente ces différents degrés. Qui ne voit de suite que ces séries constituent des tiges articu- lées composées de cellules séparées, ajoutées bout à bout? Ainsi, les corpuscules ou les jeunes cellules qui se forment à l'intérieur des spores sont susceptibles de subir une double transformation. Tous tendent à s'allonger par leurs deux pôles opposés. Mais les uns semblent céder presque exclusivement à cette tendance, de façon à acquérir -^ à Yj de millimètre de longueur sur —^ tout au plus d'épaisseur. Les autres s'accroissent à la fois dans les deux sens, de façon que leur longueur n'est jamais plus que quadruple de leur largeur. Dans les premiers, on ne voit jamais se former de jeunes cellules susceptibles de transformation , comme dans les derniers. Ceux-là sont des organes de végétation , ce sont les segments des tiges; ceux-ci sont les organes de reproduction, les spores. On ne peut donc pas dire rigoureusement que ce sont les derniers seg- ments des tiges qui se transforment en spores et se détachent. Les segments et les spores ont chacun leur destination assignée d'avance et leur évolu- tion propre. C'est ce que confirme d'ailleurs la comparaison des dimen- sions de ces diverses parties (yy à p^ de millimètre de longueur sur ^ à -— de largeur pour les spores ; -^ à -^ de longueur sur ^-^ à -^ d'épais- seur pour les articles des tiges). Ces considérations, basées sur l'observation, expliquent toutes les ap- parences que l'on remarque. Il y a des tiges uniquement segmentées; elles ont été formées au sein des spores primitives, comme je l'ai dit, et sont devenues libres par la destruction de celles-ci. Des tiges segmen- tées semblent sortir des spores, comme on l'a vu pour les tiges continues; c'est alors qu'une série de corpuscules a forcé son enveloppe, et que parmi ces corpuscules il en est qui se sont transformés en cellules allon- gées et cylindriques. Une tige continue ou l'un de ses rameaux peut se terminer par une ou par plusieurs liges articulées : c'est que parmi les corpuscules qui y ont été amenés, il s'en est trouvé qui se sont transformés en segments. On observe encore quelquefois d'autres apparences, qui trouvent leur explication dans ce qui précède : ainsi, on voit une spore SUR LA MALADIE DE LA VIGINE. 15 terminant une tige donner naissance à son tour à une nouvelle tige , con- tinue ou articulée. D'autres fois, c'est une spore encore placée dans la série dont elle faisait partie, et donnant naissance latéralement à une tige. Deux faits capitaux ressortent des observations précédentes. L L'évolution de ce végétal reconnaît pour point de départ les corpus- cules renfermés dans les spores. Ces corpuscules sont de jeunes cellules, desquelles procèdent, par des transformations diverses, et la cellule végé- tative, et la cellule reproductive. Elle prend donc sa source dans une génération intra-cellulaire ou endogène. IL Les spores complètement développées donnent naissance à une ou plusieurs tiges, simples ou ramifiées, destinées à conduire au dehors, au lieu où elles devront atteindre le terme de leur croissance, une partie des jeunes cellules formées à leur intérieur. Il y a une analogie frappante entre la production de ces tiges et la germination des spores des Confer- vacées et des Marchantiacées. Il y a une analogie non moins frappante entre elle et la production du boyau pollinique , telle qu'elle a été décrite par Schleiden. Ainsi , une partie des jeunes cellules produites au sein des spores par génération endogène, continue sur place son développement. Au contraire, une autre partie, celle sans doute qui s'y trouve en excès, qui s'y sent à l'étroit, se rend ailleurs pour l'achever. Ce mode de reproduction et d'accroissement n'est pas celui attribué au genre Oïdium (Link). Ce qui précède ne s'accorde pas avec les caractères de ce genre, que voici, tels que les a énoncés M. Morren ^ « Flocons biformes, septés, moniliformes et s'évanouissant, droits ou » décombents, subrameux, articles subglobuleux (ou elliptiques apla- » tis), pellucides et se détachant facilement, projetant leur matière spora- » cée. » Je me crois donc autorisé à faire de ce singulier végétal le type d'un nouveau genre, que je propose d'appeler Endogenium , à cause de son mode ' Je n'ai pas eu l'occasion de consulter l'ouvrage de Fries (Systema mycoloyicum). i6 RECHERCHES particulier de développement et de reproduction. Ce genre est ainsi carac- térisé * : Mycélium et flocons formés de filaments simples ou rameux, les uns continus, les autres articulés, terminés par des spores isolées ou disposées en séries linéaires ou en groupes ^; filaments continus provenant de la membrane d'enveloppe des spores primitives; spores remplies de jeunes cellules, dont beaucoup sont rangées en séries linéaires ; spores et segments des filaments articulés reconnaissant comme point de départ les jeunes cellules des spores primitives. Le champignon qui a fait le sujet de mes recherches pourrait donc être appelé Endoyenium vitis, du nom du végétal sur lequel il vit en para- site. Les caractères spécifiques ressortent suffisamment de la description que j'ai donnée de ses diverses parties. Quelques recherches que j'aie faites, je ne suis jamais parvenu à voir les tiges de YEndogenmm sortir des stomates, comme l'indique M. Morren. Je les ai, au contraire, constamment vues passer au-dessus de ces organes. Tou- jours j'ai remarqué que, pour les distinguer, il faut écarter davantage l'ob- jectif du microscope du porte-objet, que pour voir même la couche super- ficielle des cellules et les stomates. On voit souvent plusieurs tiges converger vers un même point, qui paraît plus obscur; mais ce point n'est pas un stomate : c'est l'endroit qu'occupait une spore, qui a été détruite après avoir donné naissance à ces tiges. On y aperçoit même quelquefois encore des séries de jeunes cellules dont le développement n'est pas complet. ' Je n'ai malheureusement pas pu observer les autres espèces rangées dans le genre Oïdium : mais souvent il m'est arrivé d'examiner des Torula et des espèces appartenant à des genres voisins, et jamais je n'ai rien vu qui pût faire soupçonner un mode de déveluppement semblable à celui décrit précédemment. Si donc, j'ai donné à ce végétal ce nouveau nom, c'est pour appeler l'atten- tion sur les faits nouveaux que j'ai signalés et qui reconnaissent pour point de départ le dévelop- pement endogène des cellules. - L'apparition de ces groupes n'est-elle pas due à des spores détachées qui sont venues par hasard se placer autour des liges? Si mes observations ne se rapportaient qu'à l'âge adulte du végétal, ce doute pourrait être émis. Mais elles reconnaissent poui- point de départ l'âge embryon- naire, l'époque de la germination des spores, et à cette époque déjà, on voit des corpuscules for- mant des groupes. Peut-on dès lors considérer ceux-ci comme le produit d'une agglomération purement accidentelle? SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 17 Je n'ai pas vu non plus les filaments du mycélium s'avancer dans les chambres pneumatiques ni entre les cellules du diachyme inférieur. Lorsqu'on a enlevé, par frottement, la poussière blanche d'un raisin ou d'une feuille, on n'y trouve plus de traces du cryptogame; pourtant, si le mycélium pénétrait dans le parenchyme de ces parties et s'y ramifiait , le simple frottement ne l'enlèverait pas, et on devrait l'y retrouver. Enfin, si l'on compare le volume des spores indiqué précédemment au diamètre des stomates de la vigne, on ne comprendra pas trop comment elles pour- raient s'y introduire pour y germer. Toutefois, on conçoit qu'une tige, ou quelques jeunes cellules isolées, puissent s'engager dans un stomate; mais ce doit être un fait entièrement exceptionnel. Je le répète, je ne l'ai jamais constaté, bien que j'aie fait de très-nombreuses observations pour m'assurer de l'exactitude , de la constance et des modifications des phénomènes que j'ai fait connaître précédemment. Ce champignon parasite est-il , comme le croit M. Morren, la cause de la maladie qui a attaqué la vigne? Au premier abord, l'existence constante du parasite donne beaucoup de vraisemblance à cette opinion. Lorsqu'on examine attentivement les faits, on trouve pourtant qu'elle laisse à désirer. En effet, rappelons-nous ce que j'ai dit au commencement de ce travail , et nous y trouverons les faits suivants : 1° De deux vignes peu éloignées, l'une offrait Vendogenium en grande quantité, l'autre en présentait à peine. Pourtant, la contagion a dû se faire et elle s'est faite : la preuve, c'est que par- ci par-là on rencon- trait, sur cette dernière vigne, une jeune feuille couverte de poussière blanche. Comment donc les feuilles voisines et les grappes n'en présen- taient-elles pas? 2" Parmi les grappes de cette dernière vigne, beaucoup se gâtèrent avec rapidité, plusieurs même avant la maturité, ce qui n'arrivait guère les autres années. Ces grappes n'offraient d'ailleurs pas de traces du parasite ; 3° Une viffne offre encore actuellement des raisins sur lesquels on ne constate qu'un simple arrêt de développement. D'ailleurs, leur peau est ToMi; XXV. '' 18 RECHERCHES lisse et tendue ; et je me demande s'ils ne seraient pas arrivés à maturité sans l'apparition des premiers froids. Sur une autre, qui touche la pre- mière, les raisins sont moins gros, ridés, plusieurs sont pourris ou des- séchés. Enfin, sur une troisième, ils sont secs, ratatinés et couverts de moisissures. Pourtant, sur ces trois vignes, la maladie a débuté à la même époque; et sur toutes ces grappes la poussière blanche s'est montrée avec une égale abondance. 4" Sur certaines vignes , toutes les feuilles ont été atteintes ; sur d'au- tres, les jeunes feuilles seulement l'ont été. On voit des vignes malades où quelques grappes sont saines, des grappes malades où quelques grains sont intacts. M. Morren lui-même a cité des faits semblables. Il rapporte entre autres que, dans une plantation de vignes à l'air, toutes les feuilles étaient attaquées et mortes , et que pas une grappe n'était atteinte. 5° Des grappes ont été débarrassées du parasite par le brossage et le lavage; il est resté assez longtemps avant de s'y reproduire ; sur plusieurs d'entre elles, il est toujours resté peu abondant. Pourtant ces grappes ont suivi exactement la même marche que celles abandonnées à la nature. Ces faits sont bien propres à nous inspirer des doutes sur l'étiologie de la maladie de la vigne. Ne semblerait-il pas plutôt, d'après eux, que, si Vendogenium se développe sur un organe, c'est que celui-ci tend à deve- nir malade, ou plutôt qu'il l'est déjà? Est-ce donc la maladie qui produit le champignon , par une espèce de génération spontanée? Dieu nous préserve d'admettre de pareilles absur- dités. Comme tous les êtres vivants, Yendogetiium ne peut se développer que de germes provenant d'êtres semblables à lui, c'est-à-dire de spores. Ces germes se reproduisent et se succèdent depuis la création de l'espèce. Mais, pour qu'ils se développent, il leur faut un terrain convenable, et ce terrain, ce sont des organes atteints dans leur nutrition d'une manière qui nous est inconnue. Ainsi, laissez tomber ces spores sur une feuille ou sur une grappe parfaitement saine , le développement n'aura pas lieu , ou bien il restera incomplet. Laissez-les tomber, au contraire, sur un organe ma- lade, prédisposé à les recevoir, et il sera bientôt recouvert d'un épais mycélium. SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 19 Cette manière de voir nous explique tous les faits cités précédemment. Elle explique comment une vigne peut rester saine à côté d'une autre ma- lade; comment certaines parties de la même vigne peuvent offrir le para- site et d'autres pas; comment des raisins ont pu ne subir qu'un simple arrêt de développement, tandis que d'autres, qui l'ont offert en égale abon- dance, se sont pourris ou desséchés; et ainsi de suite. Il est encore d'autres difficultés que cette opinion seule peut résoudre. En effet, si le champignon est la cause de la maladie , comment celle-ci n'existe-t-elle pas depuis la création du monde? Comment la vigne dont Noé fit la première vendange, n'en était-elle pas atteinte? Comment ce fléau a-t-il attendu jusqu'à l'année 1845 avant d'apparaître? Le seul moyen de le comprendre, ce serait d'admettre qu'en cette année 1845 a eu lieu, en Angleterre, une génération spontanée; qu'en cette année. Dieu a effectué une nouvelle création , et que le dernier chef-d'œuvre sorti de ses mains a été Yendogcnium. Si , au contraire , on admet que le parasite ne peut se développer que sur des organes déjà malades, dont la végétation est en souffrance, ces difficultés s'aplanissent d'elles-mêmes. On comprend qu'il a pu exister de tout temps; que de tout temps il a pu croître et se propager sur les orga- nes prédisposés à le recevoir. Mais ces organes étaient peu nombreux ; c'était par-ci par-là une feuille, un raisin, une grappe, peut-être même une vigne; mais toujours trop peu pour que l'on y fît attention. Ce fut seulement en 1845 qu'il trouva, sur une plus grande échelle, des condi- tions favorables à son développement, et qu'il se manifesta aux regards des observateurs. Si dans un temps donné, l'année prochaine, par exem- ple, ces conditions n'existent plus, Yendogcnium ne se montrera plus non plus qu'exceptionnellement, jusqu'à ce qu'un temps vienne où il retrouve les mêmes circonstances. Examinons maintenant quelques-uns des arguments énoncés par M. Morren, en faveur de son opinion. Chaque fois que la maladie de la vigne se déclare, dit-il, on voit apparaître le même champignon, et jamais un autre. Sans doute ; mais je ne vois pas la transition logique qui , de 20 RECHEIICIIES cette proposition, nous ferait passer à la relation de cause à effet qu'il indique. Si, comme je le crois, l'état morbide préexiste , qu'il prédispose au développement de ce champignon, la même chose doit avoir lieu. M. Morren cite à l'appui de ses idées la transmission de la maladie par contagion, par inoculation, si l'on peut ainsi s'exprimer; il la com- pare à celle de la gale par la dissémination du sarcopte. Mais cette trans- mission, je crois pouvoir la révoquer en doute. En effet, prenons un homme atteint de la gale, et supposons qu'on ait laissé à celle-ci son libre cours. A-t-on jamais vu un homme dans ces conditions offrir un doigt, une main, un bras épargnés par l'insecte nosogène, tandis que les autres parties étaient atteintes ? Non, sur tout individu atteint de la gale, le sarcopte, si l'on n'enraie pas sa propagation, tend à se répandre indéfiniment , à envahir successivement toutes les parties du corps. Les faits énumérés précédemment démontrent qu'il n'en est pas de même pour Vendogenium, attaquant certaines parties d'un végétal et en respectant d'autres. Selon M. Morren, le parasite précède l'arrêt de la végétation; on le suit dans sa marche, et on remarque que ses propres développements s'accompagnent des phénomènes qu'on est convenu d'appeler la maladie. Sans doute; mais cela prouve uniquement qu'il commence à se déve- lopper dès qu'apparaissent les circonstances favorables créées par la ma- ladie; celle-ci détermine à la fois et l'apparition du champignon et l'arrêt de développement. D'ailleurs, comme les faits précédents le prouvent, l'in- tensité de la maladie n'est pas en rapport direct avec l'abondance du para- site. C'est pourtant ce qui devrait être dans l'hypothèse de M. Morren. Je reconnais avec le savant professeur de Liège, que toute maladie est un effet, et jamais une cause, et que toute maladie suppose un fait anté- rieur duquel elle dérive. Mais est-ce à dire que nous devions connaître et indiquer ce fait antérieur? Parce que ce n'est ni le chaud, ni le froid, ni le sec, ni l'humide, ni aucun autre de ces agents auxquels on s'adresse lorsqu'on ne sait plus à quelle explication se vouer, est-ce nécessaire- ment un parasite? La conclusion n'est pas rigoureuse; la seule consé- quence directe, logique, des ces considérations, c'est que la cause de la SLR LA MALADIE DE LA VIGNE. il maladie de la vigae nous est inconnue. Et qu'y a-t-il d'étonnant à cela ? Connaissons-nous davantage les causes premières d'une foule de maladies qui ont dû de tout temps attirer l'attention des hommes, par suite du large tribut qu'elles prélèvent sur eux ? Que savons-nous des causes productrices de la fièvre typhoïde, du choléra, de la scrofule, de la tuberculose, du cancer, etc. ? Ainsi, la cause réelle de la maladie de la vigne nous est inconnue, et dans tous les cas elle ne réside pas dans le champignon parasite que j'ai étudié. Celui-ci n'est qu'un cjfet de l'état morbide; cet état ne le pro- duit pas, mais il favorise son développement; il crée les conditions sans lesquelles son évolution ne s'opérerait pas. Nous voyons d'ailleurs la même chose avoir lieu pour bien d'autres parasites. Tout le monde sait combien la misère, la faiblesse de constitution, sont favorables au déve- loppement et à la multiplication des poux, des ricins, etc. Mais l'influence des conditions prédisposantes est bien plus frappante encore lorsqu'il s'agit des vers intestinaux. Si ceux-ci pouvaient se développer dans toutes les circonstances, chacun de nous en nourrirait une collection. En effet. ne vivons-nous pas dans le même milieu que d'autres personnes que nous en voyons atteintes? N'en absorbons-nous pas les germes aussi bien qu'elles? C'est que ces parasites aussi ne sont pas cause, mais effet; pour qu'ils se produisent, la muqueuse des organes digestifs doit se trouver dans des conditions morbides, elle doit offrir un certain degré d'irritation. Voilà pourquoi on les observe surtout chez les enfants et chez les personnes dont les voies digestives sont souvent dérangées. Voilà pourquoi certains aliments semblent en favoriser la production : ces aliments n'engendrent pas des vers, à coup sûr; mais ce sont des aliments indigestes, ils irritent le tube digestif, et ils favorisent de cette façon l'évolution des œufs qui y sont apportés. C'est de la même manière, je le répète, que je considère la maladie de la vigne comme le point de départ de la production de Y Endogeniurti vilis. Cette maladie, dont la cause est inconnue, ne crée pas un végétal, mais fait naître les conditions favorables à son développement, prépare à ses germes un sol approprié. On comprend d'ailleurs que, une fois pro- 22 RECHERCHES duil , il doive concourir à entretenir et même à accroître l'état morbide. En effet, les surfaces vertes des feuilles et des raisins sont destinées à être librement exposées à l'air, et non à être tapissées par un lacis de fila- ments. Celui-ci empêche l'abord de l'air et de la lumière, et entretient une humidité qui est loin d'être favorable. Pour reprendre le parallèle que j'ai établi tout à l'heure, c'est de la même façon que les vers in- testinaux tendent à maintenir et à aggraver cet état morbide des intes- tins sans lequel ils ne se seraient pas développés. EXPLICATION DES FIGURES. Fig. \ . Grain de raisin recouvert d'endogenium. -7 Aspect général de Yendogeniuni (mycélium et spores). On voit des tiges sortir de groupes de spores ou y aboutir, on en voit se terminer par des groupes ou des séries de spores, ou par des spores isolées. (Grossissement de 90 à 100 diamètres). 5. Spores. (Grossissement de 250 à ÔOO diamètres), offrant des corpuscules à l'intérieur. a. Spore elliptique à ligne foncée longitudinale. h. Spore elliptique à ligne foncée en Y. c. Spore subcylindrique. d. Spore elliptique aplatie, vu de profil. e. Spores offrant des inflexions sur elles-mêmes. 4. Tige continue ramifiée, d'un diamètre de:rôo à ïou '^^ millimètre. (Grossissement de 500 fois). a. Spores terminales isolées. b. Groupes de corpuscules disposés au bout des rameaux. c. Corpuscules qu'on aperçoit dans l'intérieur des tiges. 5. Tige continue terminée par des spores en grappes ou en séries linéaires. (Grossissement de 300 diamètres). H. Tiges articulées. h. Tige articulée terminée par des spores. (Grossissement de 600 diamètres). 7. Tige continue terminée par des rameaux articulés. (Grossissement de 400 diamètres). SUR LA MALADIE DE LA VIGNE. 25 Fiij. 8. Tige articulée à aspect ramifiée. Spores encore peu développées. (Grossissement de 000 diamètres.) 9. Spores. (Grossissement de 600 à 700 diamètres.) a, b. Spores offrant des séries et des amas de corpuscules, qui a des grossissements moins forts, paraissent comme des lignes ou des points obscurs, c. Spore où les séries de corpuscules sont tellement nombreuses et rapprochées que son contenu offre un aspect en quelque sorte tourbillonné. 10. Cinq spores rangées en ligne, offrant chacune deux séries très-apparentes et presque pa- rallèles de corpuscules. (Grossissement de 700 diamètres.) 6. Les mêmes spores, à 250 diamètres, paraissent traversées, selon leur longueur, par un double diaphragme. n. Germination des spores. (Premier jour.) 12. Germination des spores. (Deuxième jour.) Grossissement de 800 diamètres. — On voii les tiges sortir des spores et les corpuscules s'y avancer; on voit apparaître les origines des rameaux. En a, on voit des spores encore rangées en série et déjà en train de germer. 15. Germination des spores. (Troisième jour.) Les corpuscules de l'extrémité des tiges s'ac- croissent et deviennent plus distincts. a. Tige offrant une série de corpuscules dans son intérieur. 6. Série de corpuscules s'échappant directement de la spore. 14. Spores trouvées sur des raisins, et offrant des apparences analogues. a. Les corpuscules les plus volumineux ont ^^ ; ceux qui les environnent ^00; ^e'"' de l'intérieur ^ à ^. On voit des séries entières formées dans la tige. b. Deux tiges s'échappant d'une spore. c. Corpuscules s'échappant directement. Ils ont ^ de millimètre. 13. Spores donnant naissance à des tiges continues. a. Tige terminée par une jeune spore de i^ de millimètre de longueur sur -^^ de- largeur, contenant déjà des granules. h. Deux spores donnant naissance à des tiges qui vont se perdre dans des groupes déjeunes spores. c. Spore déjà déformée, d'où sort une longue tige semblable à celles des figures 4 et 5. d. Spore déjà déformée, d'où sortent trois tiges; deux sont tronquées; la troisième se termine par un bouquet de corpuscules de ^^ à ^ de millimètre. La tige a en moyenne ^i^ de largeur; les corpuscules qui s'y trouvent ont -^; on en voit en e un amas qui, à un plus faible grossissement, simulait une articu- lation. 16. Formation des tiges articulées au sein des spores. o et 6. Spores offrant des séries de corpuscules allongés. c. Spore déformée offrant des séries de cellules globuleuses et allongées. Celles- ci offrent en moyenne ^^ de millimètre de diamètre sur 5^5 à ^J^ de longueur. 17. a. Spore donnant naissance à une tige. b. Spore décomposée, offrant des amas et des séries de corpuscules et de cellules allon- M RECHERCHES SUR LA MALADIE DE LA VIG^E. gées, et laissant voir tous les degrés de transition. On voit de res cellules (]ui ont depuis j-j jusqu'à ^ de millimètre de longueur. c. Jeunes spores de -f^ de longueur sur—; de largeur, olfrant déjà des granules ;i leur intérieur. Fifi. 18. Spore primitive donnant naissance à trois tiges : deux se terminent chacune par une spore; la troisième se termine par trois spores de chacune desquelles procède une lige articulée. 19. Spore primitive de laquelle procèdent directement trois chaînons de spores. FIN \lcni 1(1111 . cl \li'iii (les sa \. cl l'a n'^. Toin, \\ \ Mcin.dc \y\c l)oÇ<^l fe- -ii- •-- / m mi •;^" mÈ Mciii.four. c( Mciii.dcs sav.clrniio.ïoiu.XXV D, COKÂIOEBEK COMME PLACE DE GUERRE. La ville de Gand , dont le rôle a été si glorieux dans l'histoire de la Flandre, avait autrefois une grande importance militaire; elle la devait surtout à son admirable situation au confluent de l'Escaut et de la Lys. Située dans une presqu'île étroite, baignée de tous côtés par les eaux de ces deux rivières, la nature semblait l'avoir entourée d'une ceinture de fortifications naturelles. Plus tard, lorsque l'accroissement de sa population et l'extension que prirent successivement son commerce et son industrie l'eurent obligée à franchir ses limites primitives, l'art vint au secours de la nature pour conserver à la ville son importance stratégique , qu'elle con- serva jusqu'à l'époque où Joseph II fit démolir ses remparts, raser ses fortifications et combler ses fossés. S'il fallait en croire une tradition dont le souvenir a été conservé, entre autres, par Pétrarque, César, frappé des nombreux avantages que présen- tait cette position pour y faire hiverner ses légions, aurait construit un château fort sur les rives de l'Escaut, à l'endroit oiî ce fleuve reçoit les eaux de la Lys, c'est-à-dire à l'extrémité de cette vaste plaine où se dé- ployèrent dans la suite les immenses constructions de l'abbaye de S'-Bavon , 4 LA VILLE DE GAND dont quelques ruines imposantes ont échappé jusqu'à ce jour aux ravages des temps ^ A l'appui de cette opinion, on cite, entre autres, ce passage de la Chro- nique de S^-Bavon de Jean de Thielrode : Iste Gayus Jitims construxit nobile CASTRUM ET FAMOSUM supra Sccildam et Legiam propter dicentiam et opportunita- tem loci in liyeme quiescendum et in estate contra rerjern Cassibellminum Britanie hellandum -. Le fond de ce passage paraît avoir été emprunté à la Vie de S'-Bcivon, par Thierry, abhé de S'-Trond (1050), où on lit, en effet, ce qui suit : Ti-adunt hune locum Caium Caesarem , Gnllin diuturno bcHo domita , con- didisse, et ex nomine suo Gandam nomen ei indidisse ^. Nous sommes loin de vouloir attacher à ce passage de Thielrode plus d'importance qu'il n'en mérite; mais il prouve tout au moins que la tra- dition qui attribue aux Romains la fondation du premier château fort, était déjà accréditée dès le moyen âge. Une autre tradition , dont Sanderus s'est fait l'écho , porte que deux lieutenants de César, Caius Fabius et Caius Trebonius, commandaient la garnison chargée de la défense de cette forteresse , et qu'elle fut occupée , sans interruption, par les troupes romaines jusqu'à l'époque où Glodion, iils de Pharamond , s'en rendit maître (445) *. La question de savoir si la date de la fondation de ce castnim famosum doit être reculée jusqu'au temps de la conquête romaine, a vivement par- tagé les auteurs; M. Van Lokeren paraît l'avoir traitée avec beaucoup de sagacité et l'avoir i^ésolue surtout d'une manière très-heureuse. Selon lui , ni César, comme l'affirment Thielrode et l'abbé Thierry, ni Agrippa, comme l'a prétendu un auteur du X" siècle, n'en peuvent avoir été les fondateurs; M. Van Lokeren le prouve, d'une part, par le texte même des Commen- taires de César et de Ilirtius, son continuateur, et, d'autre part, par le témoignage négatif de Pline, de Ptolémée et de la Nolitia dignitatum , qui ' Pétrarque, en parlant de la ville de Gand, l'appelle Gandavum Caesare conditore stiperbum. Foy. Warnkônig, Hist.de Flandre, traduite par Gheldolf, t. III, p. 10;Gran)aye, CX, p. 6; DeBast, De l'ancienneté de la ville de Gand, p. 4. - Chronique de S'-Bavon de Jean de Thielrode, publiée et annotée par M. Van Lokeren, pp. 5-6. ' Gliesquière, Acta Sanclorum Belgii, t. Il, p. 514, n" 10, et Chronique de S'-Bavon, notes, p. 83. * Sandenis, Verheerlijkl Vlaenderen, 1. 1. p. 124. CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. S ne font mention d'aucune ville, village, ni même d'une station portant le nom de Gandaviim. Toutefois, il est à remarquer que la découverte en cet endroit de monnaies impériales, et surtout de poteries en terre sigillée, permet de conjecturer, avec une grande apparence de fondement, que les Romains doivent y avoir séjourné. Ce qui est hors de doute et prouvé par de nombreux témoignages his- toriques, c'est que, dès le commencement du VIP siècle, la ville de Gand était déjà défendue par une forteresse imposante ; car nous voyons dans la Vie de suint Amand , écrite vers la fin du VIP siècle, par Baudemont, 5"^ abbé de S'-Pierre (658-750), que le courageux missionnaire se rendit en Flandre, sous le règne du roi Dagobert, vers l'année 651, et qu'il y fonda, à proximité du confluent de l'Escaut et de la Lys, deux monas- tères, l'un sur le plateau du mont Blandin, l'autre dans la célèbre forte- resse du nom de Gand, in caslro famoso nomine Gant ^ L'existence de ce castmm est encore prouvée par le témoignage d'un autre écrivain qui vivait vers l'année 670 : Alloivinus vir Dei ad Aman- durn , qui morabatur in castro , ciijiis vocakdiim est Gandavum repedavit : quod videlicet castrum jiixla Scaldim, ubi idem amnis Scaldis Legiam recipit, situm est ^^. Du reste, les ruines de ce château, qui se sont en partie conservées jus- qu'à ce jour, portent le caractère irrécusable de ce genre de maçonnerie désigné par les archéologues sous le nom d'ouvrage en arêtes de poissons ou en feuilles de fougères, dont la construction remonte au V" ou au VP siècle ^. Ce castrum fut détruit, paraît-il, de fond en comble par les Nor- mands, qui séjournèrent à Gand pendant l'hiver de 880, et reconstruit sans doute immédiatement après leur retraite. Lors du partage de l'empire de Charlemagne entre les petits-fils de ce prince, par le traité de Verdun (845), l'Escaut servit de limite entre la Lotharingie ou la France mitoyenne, assignée à Lothaire, et la Neustrie ' La Vie (le saint Amand, dont la bibliothèque de l'Université de Gand possède un manuscrit du IX' siècle, a été imprimée dans les Acta Sanclorum, février, t. 1, pp. 848-854, et dans les Acla Sanclorum Belgii de Gbesquière, t. IV, pp. 1-44-258, ainsi que dans Surius, 1. 1, févr., p. 70. Voy. le catalogue des manusc. de la biblioth. de l'Université de Gand, par M. le baron de Saint- Génois, n" \ 49. ^ Gbesquière, Acla Sanclorum Belgii, t. Il, p. 501, n° S. ' Clu'onique de S'-Buvon, notes, p. 96. 6 LA VILLE DE GAND ou la France occidentale, attribuée à Charles le Chauve. La ville de Gand, traversée par ce fleuve , tomba ainsi en partage en partie à l'empereur d'Allemagne, et en partie au roi de France. La défense des marches ou frontières du royaume de France futconflée à des chefs qui prirent d'abord le titre de marquis, ensuite celui de comte. Pour défendre la ville naissante du côté de l'Empire, et surtout pour la mettre à l'abri des incursions des Normands, qui, on le sait, marquaient toujours leur passage par une longue traînée de désastres et de pillages, Baudouin, surnommé Bras de Fer, premier marquis des Flamands, lit con- struire, en 867 ou 868, à peu de distance de la rive gauche de la Lys, cette formidable forteresse féodale, connue encore aujourd'hui sous le nom de CluUeau des Comtes (Graevensteen ou Graeven Kasleel), qui a résisté jusqu'à ce jour, du moins en grande partie, au souffle destructeur des temps. Ce château fort, dont Sanderus nous a conservé l'aspect général, reçut dans la suite quelques ouvrages complémentaires, qui s'étendaient depuis le pont dit Hooft Brugglie jusqu'à l'extrémité de la rue Courte du Château [de Korte Steen straet), où ils s'appuyaient sur une porte flanquée de tours, connue sous le nom de Porte Grise K Baudouin de Lille y ajouta de nou- velles fortiflcations qu'il munit de deux grosses tours, et Philippe d'Alsace compléta ces travaux en élevant, à l'entrée de la citadelle, une porte ar- rondie en plein-cintre, surmontée de créneaux étroits (1178). Le corps de cette forteresse et les ouvrages extérieurs, qui en défen- daient l'accès, étaient protégés, de l'un côté, par la Lys, et, de l'autre, par un cours d'eau parallèle à cette rivière. Quelques écrivains, au nombre desquels se trouve de Bast, se fondant sur un passage de la Chronique de Jean de Thielrode, prétendent qu'avant le règne d'Othon, les empereurs d'Allemagne avaient déjà élevé sur le territoire de l'abbaye de S'-Bavon, à l'endroit où l'Escaut et la Lys con- fondent leurs eaux, un château [castellutn) destiné à couvrir à la fois les frontières de l'Empire et l'enceinte du monastère. D'autres écrivains, et notamment Diericx, contestent l'existence de cette forteresse, et soutiennent ' Diericx , Mémoires sur la ville de Garni , l. 1 , p. 4c6. CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 7 que la citadelle, mentionnée par Thielrode n'était autre que celle que le comte Baudouin construisit aux bords de la Lys. Sans vouloir prendre part à ce débat, qui nous obligerait de franchir les limites que nous nous sommes tracées, nous croyons cependant de- voir faire remarquer que si l'on admet le passage de Thielrode, on ne peut raisonnablement rejeter l'existence de deux châteaux forts, car le chroniqueur dit en termes formels que le caslellum dont il s'agit était situé in libéra S'' Bavonis posscssione , c'est-à-dire sur le territoire même de l'abbaye; or, on sait que le monastère de S'-Bavon se trouvait en Brabant (in pago bracbantcnsi) , sur les limites extrêmes de l'Empire, tandis que le château des comtes fut élevé sur cette partie de la ville de Gand que le traité de Verdun avait attribuée à la France. Ensuite Jean de Thielrode ajoute immédiatement après que cette forteresse avait été construite ad defendendum monaslerium et villam Gandenses '. 11 résulte de ces termes que le château devait donc se trouver à proximité du monastère; et tout porte à croire qu'il fut construit pour protéger les frontières de l'Empire contre les envahissements de la France. Au X° siècle, la ville de Gand avait déjà pris quelque extension par l'in- corporation de terrains situés sur la rive gauche de la Lys. Cet accrois- sement de territoire, qui augmentait considérablement la puissance de la cité, était regardé d'un œil jaloux par les Impériaux qui occupaient tou- jours la forteresse. Après une longue série d'attaques et de combats, dont les Gantois sortirent avec avantage, l'empereur Henri II tenta une descente dans la ville, mais elle fut vigoureusement repoussée. Alors les habitants, dans l'enivrement de leurs succès, essayèrent de se débarrasser de ce voisin redoutable dont l'attitude devenait de jour en jour plus menaçante pour l'indépendance de la cité. 3Ialgré leur habileté dans l'art d'assiéger les places, ils ne purent se rendre maîtres de la citadelle qu'en la réduisant par la famine. En 1046, la garnison, dépourvue de vivres, fut forcée, après un long siège, de se rendre. Depuis lors l'histoire ne fait plus mention de ce puissant château , qui aura été probablement rasé par les vainqueurs. ' Chronique de S'-Bavon, noies, pp. 107 et suiv. 8 LA MLLE DE GAND Après la prise de la fortei-esse d'Othon, la prospérité de la ville de Gand se développa rapidement. Dès le onzième et le douzième siècle, le commerce et l'industrie y avaient déjà acquis une importance considérable, les tarifs des tonlieux en fournissent des preuves irrécusables ^. C'est aussi de cette époque que datent les relations commerciales que les Flamands établirent successivement avec l'Allemagne et l'Angleterre '^ et la première organisation politique de la ville de Gand. La commune était administrée par un collège de treize échevins, investi de toutes les prérogatives judi- ciaires et seigneuriales dont jouissaient les grands vassaux; elle avait le droit de posséder un sceau, une cloche, une bannière et d'autres attributs de la puissance communale. Parmi les privilèges que les bourgeois avaient obtenus, on comptait, entre autres, celui d'être affranchis du service militaire et de ne devoir suivre leur comte que dans les expéditions maritimes; de plus, l'inviolabilité de leur personne et de leurs biens leur était garantie ^. Cependant, jusque vers la fin du XII'' siècle, la commune n'avait pas encore obtenu le droit de fortifier la ville, quoique, avant cette époque, elle fût déjà hérissée d'un grand nombre de maisons flanquées de tours solides et couronnées de créneaux menaçants, qui avaient l'aspect d'au- tant de forteresses formidables, comme il est prouvé par les termes du manifeste que Guillaume, archevêque de Reims, lança, en 1179, contre la ville de Gand, à la prièi-e de Philippe d'Alsace ^. ' M. Warnkonig a publié le texte des plus importants à la fiu du t. !11 de son Histoire de la Flandre, ti'ad. par Gheldolf. - Dès l'année 1104, les Flamands sont compris parmi les marchands étrangers soumis au ton- lieu de Coblence. — I".n 1 IG4, Philippe d'Alsace obtient pour ses sujets la pleine liberté d'aller et venir par tout le territoire de l'Empire.— Une charte de 1173 accorde aux Flamands deux foires annuelles sur eau, à Duisbonrg, et deux autres sur terre, à Aix-la-Chapelle. — L'empereur Frédéric Darberousse fixe la procédure à suivre par les marchands de Flandre envers leurs débiteurs habi- tants de l'Empire. — En 1178, l'archevêque de Cologne accorde aux Gantois le droit de continuer de jouir, comme leurs ancêtres, de la navigation du lihin. — Des l'année Mil, les rois d'Angle- terre cherclicnt à attirer dans leur royaume des tisserands de laine. Warukônig, Histoire de Flandre, trad. par Gheldolf, t. II, pp. 192 et suiv. ^ Ce serait une cireur de croire que la comnmne ne fut affranchie que du temps de Philippe d'Alsace, en 1 176 ou en 1 178; elle était déjà libre et complètement organisée et administrée par ses propres échevins dès l'année 1128. Voij. Warukônig, Ibid , t. III, p. 23. -"' Voici les termes de ce manifeste ; l'osl modum iiifortunio miser abili , praefato oppido penilus CONSIDÉRÉE COMiME PLACE DE GUERRE. 9 Philippe d'Alsace, avant d'entreprendre sa seconde expédition en Pa- lestine, où il trouva la mort, avait confié l'administration de son comté à sa femme Mathilde, fille du roi de Portugal. La nouvelle de son décès fut le signal de discussions interminables; Philippe-Auguste élevait des prétentions sur le comté de Flandre et avait même déjà envoyé ses grands officiers pour en prendre possession, comme d'un fief qui devait faire retour à la France, à défaut d'héritiers mâles; la reine Mathilde récla- mait de son côté un douaire plus considérable que celui stipulé dans son contrat de mariage; enfin, 3Iarguerite d'Alsace voulait se faire reconnaître comme seule et unique héritière du défunt comte. Les Gantois entrèrent dans le parti de Mathilde, mais ils marchan- dèrent leur dévouement à la cause de la reine douairière, et profitant de sa détresse, ils la contraignirent pour ainsi dire à leur accorder la fameuse charte de 1192, en 56 articles, connue sous le nom de Kalfvel. Cette keure, qui est un monument de la plus haute importance pour l'histoire politique et constitutionnelle de la ville de Gand, accorde for- mellement aux Gantois le droit d'entourer leur cité de murs et de fossés, et d'y exécuter tels travaux de défense qu'il leur plaira : Spécial eliam ad tibertalem eorum oppidum suum mûris, vallis el quacumque voluerinl munilione, ad Ubiliim smim firmure , sic et proprios domos ^ La paix ayant été conclue entre Baudouin de Hainaut et Marguerite sa femme, d'une part, et la comtesse douairière de l'autre, Baudouin con- firma la grande charte de 1192 et y ajouta même quatre nouveaux articles -. Quelques écrivains , et entre autres l'historien Meyer et le chroniqueur d'Oudegherst, ont prétendu que le comte, afin de pouvoir contester dans igné consumpto muUitudo civium propter arridentem sibi divitiarum abundantiam , el ilrceh DOMORiM cuM TURRiBUS aequipollere , videbuntur. Miraeus, Opéra diplom., t. Il, p. 974. — II est aussi fait mention de ces maisons fortifiées dans les tarifs de tonlieux de H99, publiés par M. Warn- kônig à la suite de son Histoire de la Flandre. 1 Cette pièce a été publiée d'une manière très-inexacte par Dieriex, Mém.sur les lois des Gantois, t. I, pp. 102-137, D' et D^; elle est aussi imprimée dans Warnkônig, Histoire de la Flandre, trad. par Gheldolf, t. III, pp. 226 et suiv. - Warnkônifl;, t. III, p. 6o. Tome XXV. 2 10 LA VILLE DE GAND la suite la validité du diplôme dépêché à l'occasion de l'octroi ou plutôt de la confirmation de la grande charte, avait eu soin de ne le sceller ni de son sceau, ni de celui de sa femme, et de ne pas l'avoir fait revêtir de la signature des témoins dont les noms figurent dans l'acte; mais il résulte de l'inventaire des archives de la ville de Gand, dressé en 1452, que cette pièce, de même que le diplôme original de la reine Mathilde, ont été dûment scellés des sceaux de Baudouin et de la comtesse douairière. La mort de Baudouin IX fut le signal de graves événements; le comte, avant de quitter ses États pour aller prendre part, d'une manière si glo- rieuse, à la quatrième croisade, qui lui valut le trône impérial de Con- stantinople, avait confié la tutelle de ses deux filles, Jeanne et Marguerite, à son frère Philippe de Namur, auquel il adjoignit Guillaume de Château- Thierry et Bouchard d'Avesnes, un des chevaliers les plus sages de son siècle. Dès l'instant où la nouvelle de la fin prématurée de Baudouin se fut répandue en France, Philippe-Auguste, se rappelant les stipulations de la paix de Péronne, que le comte lui avait arrachées, songea à reprendre les villes d'Aire et de S'-Omer. Afin de parvenir plus sûrement à son but, il réclama la garde-noble des deux jeunes princesses, et, grâce à la trahison de Philippe de Namur, elles furent enlevées du château de Gand et remises entre les mains du roi. Fidèle à sa politique, qui consistait à empêcher, à tout prix, que les filles de Baudouin n'épousassent un prince anglais, le monarque français contraignit Jeanne à prendre pour époux Ferrand, fils de Sanche, roi de Portugal, et de Dolcis de Barcelone; ensuite, après que les jeunes époux eurent fait hommage au roi et consenti à la cession d'Aire et de S'-Omer, ils prirent le chemin de leur comté; mais l'ombrageux monarque ne se fiant pas à leur parole, les fit arrêter à Péronne, pendant que son fils s'em- parait des deux villes contestées. Lorsque Ferrand se présenta en Flandre, Courtrai, Ypres et Bruges re- connurent sans peine son autorité; mais les Gantois refusèrent de le rece- voir, et le poursuivirent même jusqu'aux portes de Courtrai. Cependant le comte, qui n'avait souscrit que par contrainte au traité de Pont-à->\endin, brûlait du désir de tirer une vengeance éclatante de la perfidie du roi ; CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. \i l'occasion ne se fit pas longtemps attendre. Philippe-Auguste , prêt à faire une descente en Angleterre pour y combattre Jean sans Terre, qui avait été excommunié par le pape, somma ses grands vassaux de venir se ranger sous sa bannière; Ferrand, qui avait déjà conclu un traité secret avec le monarque anglais, exigea, comme condition préalable à sa coopération, la restitution des châteaux d'Aire et de S'-Omer. Le roi , renonçant à ses projets , tourna brusquement ses armes contre la Flandre et s'empara suc- cessivement de presque tout le pays. Mais Ferrand, qui était parvenu à s'attacher les Gantois, en leur accordant plusieurs privilèges , et notamment celui de fortifier leur ville i, soutenu par les Anglais, parvint à détruire, en grande partie, la flotte française, forte de 1,200 voiles, qui avait jeté l'ancre dans le havre de Damme. Ce n'était là que le prélude de plus grands événements. L'année sui- vante, il se forma contre la France une coalition formidable dans laquelle entrèrent, outre le comte de Flandre, le roi d'Angleterre, l'empereur détrôné Othon IV, les ducs de Brabant et de Limbourg, le comte de Hollande et Renaud de Dammartin , comte de Boulogne. Les confédérés avaient réuni plus de 1 50,000 hommes, auxquels Philippe- Auguste, dont les forces étaient en partie tenues en échec par le roi d'An- gleterre , qui était entré en Poitou , ne pouvait opposer qu'une armée beau- coup moins nombreuse, mais, par contre, beaucoup plus forte en cavalerie. Les deux partis se rencontrèrent dans les plaines de Bouvines, entre Tournai et Lille ; après un combat acharné où les deux armées firent des prodiges de valeur, les Français remportèrent une victoire complète. Fer- rand, fait prisonnier, fut conduit à Paris et jeté dans la tour du Louvre, où il gémit pendant douze ans. ' Voici le texte de ce privilège : Ego Ferrandus Flcmdriae et Hannoniae cornes , nec non dilecla uxor mea, Johanna comitissa , omnibus presens scriplum inspecturis in perpetuum notum facimus , qmd burgensibus noslris de Gandavo licentiam etpoteslatem muniendi oppidum Gundense, quocunque modo voluerint et eisplacuerit, dedimus, et omntm terram, quae vulgo Upstal dicilur, infra Ganden- sem scabinatumjacentem, ad communem utilitatem ipsius oppidi, eisdem burgensibus quiète et in pace contuUmus, sine fine possidendam. Aclum anno dominicae incarnationis M. CC XIII, mense Hlai/o. Miraeus, Opéra dipL, t. IV, p. 228. Ce diplôme a aussi été imprimé par Diericx, Mém. sur la ville rfe Ganrf, 1. 1, p. 201. 12 LA VILLE DE GAND Pendant tout le temps de sa longue captivité, Jeanne mit vainement tout en œuvre pour fléchir la colère de Philippe-Auguste, le geôlier de son mari ; mais le roi resta sourd à ses prières. A la mort de ce monarque implacable, dont le règne fut une longue conspiration contre la Flandre, les négociations furent reprises et poursuivies avec de plus grandes chan- ces de succès : Louis VIII, obsédé de tous côtés, consentit à traiter de la délivrance de son prisonnier, toutefois les conditions de sa mise en liberté étaient si dures et si humiliantes pour la Flandre , qu'on les rejeta avec indignation. En effet, entre autres stipulations du traité de Melun, il était interdit au comte et à la comtesse d'élever de nouvelles fortifications en Flandre, en deçà de l'Escaut, sans l'agrément du roi : Cornes et comitissa non possunt facere noms forlerkias, nec veteres inforciarc in Flandria , citra fluvium qui dicilur Escaul , nisi per nos. C'était se mettre entièrement à la merci de la France. Heureusement le fils de Philippe -Auguste vint à mourir, et la reine Blanche, mère et tutrice de saint Louis , fit disparaître les clauses humiliantes du traité de Melun et se contenta du payement d'une forte amende. Ce fut pendant cette longue période d'agitation intérieure et de compli- cations extérieures , qui commencent à la mort de Philippe d'Alsace pour aboutir à la sanglante bataille de Bouvines (1191-1214), que les Gantois entourèrent leur ville d'une ceinture de fortifications. Ces ouvrages devaient déjà être très-avancés en 1215, puisqu'en cette année Philippe-Auguste et le duc de Brabant, Henri le Guerroyeur, ne purent se rendre maîtres de la place qu'après un siège opiniâtre. Quoi qu'il en soit, l'enceinte fortifiée dont on entoura la ville suivait toutes les sinuosités de l'Escaut et de la Lys. Depuis le pont du Jugement jusqu'à la porte Grise, laquelle, comme nous l'avons dit, faisait partie du système de défense du Château des Comtes, les ouvrages se prolon- geaient exactement dans la direction du cours de la Lys. A l'endroit dit Bach- terleye, où la rivière se perdait dans les terres basses du quartier de S'-Sau- veur et du Niciiland, on construisit un rempart, connu jusqu'à ce jour sous le nom de Vieux-Rempart {Oude-Vesle) , qui était relié à la porte de S'-Georges ou de S'-Bavon par un fossé dont on peut encore voir quelques vestiges. CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 13 A l'endroit où la Lys se jette dans l'Escaut , c'est-à-dire à proximité du confluent primitif de ces deux rivières, il y avait plusieurs ouvrages revêtus de maçonnerie , destinés à en défendre les abords. Ils ne furent démolis qu'en 1541. Depuis le confluent de l'Escaut et de la Lys, en face de l'ancienne abbaye de S'-Bavon jusqu'à la porte de Brabant, dite de Draempoorle , qui se trouvait près du pont du Moulin à eau (de Watermolenbrugge) , il n'y avait, pour défendre les deux rives du bas Escaut, que le seul château fort de Gérard le Diable, arrondi de deux tours. Cet édifice, occupé aujour- d'hui en partie par l'institut des Orphelins, donne une idée exacte de nos anciens manoirs féodaux. Toute la partie de la ville , dont le nom d'Ouersclielde indique parfaite- ment la situation , était défendue naturellement par ses bas-fonds et ses marécages; elle était coupée par une longue digue, qui aboutissait à la Braempoorte. A peu de distance de là, au coin de la rue des Tanneurs, où l'Escaut forme un coude , le fleuve était commandé par un autre château fort, nommé liel Wandelaers Casteel, et plus loin par le rempart de S'-Jean et la WiUpoorte, où l'on creusa, vers la fin du XIP siècle, un large fossé destiné à mettre les eaux de l'Escaut en communication avec celles de la Lys, à proximité delà Ketelpoorle, ou porte de France. Ce canal de jonction était défendu, du côté de la ville, par un rempart nommé Kaiiter- veste, et du côté de S'-Pierre, par un autre nommé Ketelveste \ Vers l'année 1194, on construisit, à l'extrémité du canal de jonction, dont nous venons d'indiquer la direction, une écluse défendue par deux grosses tours , auxquelles , à cause de leur forme , on donna le nom de Cuupen (cuves); l'écluse elle-même reçut le nom de Cmipgat ou Grooten Speij. Ce fut au moyen de cette écluse qu'on inonda, en 1455, 1578 et 1582, les bas-fonds qui s'étendaient au nord-ouest de la ville. Nous voyons , par un acte de bail, passé en 1545, qu'une de ces tours portait le nom de 't Wijcklimis. Non loin de cette écluse se trouvait le Cuupbrugge (aujourd'hui le pont * Voyez un article intéressant intitulé : De la première enceinte fortiftée de la ville de Ganrf (pai M. Van Lokeren), dans le Messager des sciences historiques, 1845, pp. 1 et suiv. H LA VILLE DE GAND du Jugement), et, à peu distance de là, la Cuuppooi'te, potei-ne flanquée de quatre tourelles, construite presqu'en face de la rue de la Vallée, et dé- molie, en 1542, par ordre de Charles-Quint. A partir du pont du Jugement, ou Cimpbrugge, on creusa un fossé {le quai au Bois), d'une largeur d'environ 50 mètres, qui se déchargeait dans la Liève et dans la Lys, près du pont aux Pommes. Ce fossé était défendu par une ligne non interrompue d'ouvrages d'art, que nous pouvons d'autant mieux faire connaître, qu'ils ont été en grande partie conservés jusqu'à ce jour. En suivant la direction du fossé, depuis son origine, au pont du Juge- ment, il y avait d'abord une poterne, dite Zundpoorte, connue aujour- d'hui sous le nom de porte des Fous; elle était reliée à la porte d'Assaut {Bestormpoorte) , par une haute muraille flanquée, en divers endroits, de tours solides; ensuite, depuis cette porte jusqu'à celle dite aux Tours {de 'Torrebrugghe) , c'est-à-dire sur toute la longueur de la rue d'Angleterre, le rempart était revêtu d'une épaisse muraille, munie de quatre tours, dont une se nommait liet Crancklmys. Ces ouvrages furent démolis en 1561 , et les matériaux servirent à la construction d'une écluse au canal du Sas. Enfin, l'enceinte fortifiée se prolongeait depuis la porte aux Tours, ap- pelée aussi porta Trunchi et porta Toiiraltuna (porte de Tronchiennes et de Tourhout), jusqu'au pont aux Pommes, comme nous l'avons dit, où le canal du quai au Bois se décharge dans la Lys. Cette partie de nos an- ciennes fortifications a entièrement disparu '. Tel était le tracé de la première enceinte fortifiée de la ville de Gand; elle avait un développement d'environ deux mille mètres. Les frais de ces immenses travaux ne furent pas seulement supportés par les bourgeois de la cité, mais nous voyons, par un acte de 1255, que les abbayes de S'-Pierre et de S*-Bavon autorisèrent leurs vassaux à y concourir, parce que, trouvant de nombreux avantages dans le voisinage de la ville, il était juste qu'ils contribuassent aux dépenses qu'avait occasionnées sa défense -. ' Voyez l'article cité sur la première enceinte fortifiée de la ville de Gand. '- Voici , au sujet de l'intervention de l'abbaye de S'-Pierre dans les dépenses occasionnées par la construction des fortifications de la ville de Gand, le texte d'une pièce très-intéressante donnée COINSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 15 Grâce aux progrès de la stratégie moderne, surtout en ce qui concerne l'attaque des places , la ville de Gand, vu son immense étendue, soutien- drait difficilement aujourd'hui un siège de quelques jours; mais ces hautes et épaisses murailles, couronnées de puissantes tours, faisaient autrefois de la cité une place de guerre si respectable, que, vers la fin du XIIl^ siècle, l'armée que Philippe le Bel avait jetée en Flandre n'osa l'attaquer. Le côté le plus vulnérable de la ville était, sans contredit, celui fai- sant face au quartier d'Overschelde; car nous avons fait remarquer qu'il n'avait pour toute défense que les eaux du bas Escaut et le château de Gérard le Diable; mais lorsqu'en 1254, la comtesse Marguerite eut cédé aux Gantois ce vaste terrain sur lequel se déploya, dans la suite, l'im- mense et populeux quartier de S'^-Anne \ on songea immédiatement à le par la comtesse Marguerite, en 1253 : Universis présentes litteras inspecturis scabini Gandenses salulem in Domino. Noveritis quod, cum nos fortreciam oppidi Gandensis faceremus, quae toli patriae et hominibus circummanentibus utilis viderelur, et ab hominibus et siibditis ecclesiae Sancli Pétri Gandensis, propter lucrumet commoda quae ex oppido Gandensi reportant , ad siélevandum oneru et expensas, quibus occasione dictae fortreciae non modicum oneramur , subsidium nobis postularemus impendi, dilecli nostriviri religiosi, abbas et conventus ecclesiae supradictae. nobis laie subsidium amicabiliter impenderunt : quod illi de villa Sancti Pétri Gandensis solvant assi- siam in ipsâ villù de mercationibtis , negotiationibus, officiis et omnibus rébus suis sive bonis quae vendent vel ement extra Gandavum; sicut ea solvant illi qui commorantur Gandavi de mercatio- nibus suis quas exercent Gandavi et extra : et una dimidietus assisiae praedictae cedet oppido Gan- densi ad fortreciam suam ex sufferentiâ et liber alitatc dicti abbatis; altéra vero dimidietas cedet ad fortreciam dictae villae Sancti Pétri de consilio dominae comitissae et dicti abbatis faciendam, in quantiim ipsa fortrecia fieri poteril de pecuniâ quae proveniet ex dimidietate dictae assisiae, ipsam villam Sancli Pétri contingente, prout superiùs est expressum : suivis in omnibus pire et liberlu- tibus dictae ecclesiae et subditorum suorum , née non et opjndi Gandensis : hoc notato , quod dicta ecclesia, H ejus subditi , ad dictant fortreciam villae S. Pétri, de suo alimlnon apponent infrater- minum inferius expressum, quam dimidictalem dictae assisiae; nisi dicta ecclesia hoc facere voluerit ex gralia speciali; et durabit assisia predicta , in villa Sancli Pétri sumenda, per biennium; nisi terminus de consensu abbatis et scabinorum Gandensium , vel dominae comitissae fueril abbreviatus; vel per consensum dicti abbatis et nostrum fueril prorogatus : et per hoc illi de Saiicto Petro de mer- cationibus, negotiationibus et omnibus aliis de quibus assisia solvitur in Gandavo, non soldent majorem assisiam in oppido Gandensi, quod illi de Gandavo in villa Sancti Pétri... Datuni anno Domini MCCLIII, mcnse Martio, in die beati Gregorii. Aux Archives de l'État, à Gand. Voy. Dieriex , Mim. sur la ville de Gand, 1. 1 , pp. 295 et suiv. Diericx assure que l'abbé de S'-Bavon fit, peu de temps après, avec les Gantois , un concordat de la même teneur, p. 278. ' L'acte de cession de ce quartier est imprimé dans Diericx, Mémoires sur la ville de Gand. t. I, pp. 364-365, d'après l'original conservé aux archives de la ville de Gand. 46 LA VILLE DE GAND mettre à l'abri d'une surprise, en y élevant une ligne de fortifications parallèle au Reep. Ces fortifications consistaient en un fossé dit l'étang des Éclievins {Scliepenen vivere), couvert par un rempart et deux portes: la porte aux Vaches {de Koeipoorle), qui se trouvait à l'extrémité du quai de ce nom, et la Hotjepoorle ou Steenpoorle, située sur la digue de Brabant, près l'an- cien couvent des capucins. Ces deux portes furent démolies par ordre de Charles-Quint, en 1540. Peu d'années après , on prolongea la digue de Brabant dans la direction de la porte de Bruxelles, et, vers 1290, on creusa à la porte aux Vannes [de poorte ten Windgaten), un second fossé presque parallèle au Reep; ce fossé, qui mettait le bas Escaut en communication avec le vieil Escaut, est connu sous le nom de kleyn Sclieldeken (petit Escaut); il était défendu par des bastions, des murailles et des casemates, dont les vestiges se voient encore dans l'enclos du petit béguinage '. Deux tours, l'une à la porte aux Vannes [de poorte ten Windgaten), l'autre à la porte d'Eau {de Waterpoorte) , servaient à la défense de cette ligne bastionnée. Enfin, en lô^O et en 1585, les échevins, autorisés par la commune, acquirent une longue lisière de terre, qui s'étendait dans la direction oii l'on a creusé le RietgraclU, et y élevèrent un remblai formant une troisième ligne de fortifications, qui, en partant de la porte de l'Empereur, venait aboutir à celle de S'-Liévin-. Jusqu'au XV'' siècle, l'enceinte extérieure de la ville de Gand n'était défendue par aucun ouvrage important; car, si l'on consulte les anciens plans, et notamment celui de 1554 ^ on voit que toute la défense exté- rieure ne consistait qu'en un large fossé, qui, en partant de l'Escaut, à proximité de la porte de l'Empereur , allait se jeter dans la Lys , à quel- ques pas de l'endroit dit 't Enderiveere. Ce fossé était défendu , en divers en- droits, par quelques tours ci'énelées ; toutefois, la partie de la ville de S'-Bavon, faisant face à la campagne, était entourée d'un mur, et le ter- rain ouvert compris entre la porte de la Colline et celle de S'-Liévin était défendu par une ligne non interrompue de palissades. L'intérieur de la ' Dieiicx, l\Iém. sur la ville de Gand, 1. 1, p. 375. 2 76., Ib.. 1.1, p. 377. 5 Ce plan fait partie de la collection de M. Goedgebuer, à Gand. CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. i7 ville était, au contraire, dans un état de défense très-respectable: tontes les portes étaient flanquées de tours solides pouvant résister aux attaques les plus sérieuses; ainsi, pour ne parler que de cette partie de la ville connue aujourd'hui sous le nom de quartier de S'-Anne, ou Overschelde, on ne pouvait, de ce côté, pénétrer dans la ville, qu'après s'être rendu maître d'abord de la porte fortifiée du pont aux Vannes, ensuite de celle qui se trouvait à l'endroit nommé Hoije, enfin, d'une porte formidable qui dominait le haut et le bas Escaut, au pont du Moulin à eau. Lorsqu'on 1488, l'empereur Frédéric III, accouru du fond de l'Alle- magne au secours de son fds Maximilien , qui avait été si durement traité par les Flamands, et surtout par les Brugeois, vint, à la tète d'une armée de 40,000 hommes, jeter l'alarme dans la ville de Gand, les habitants, pour mettre le nord de la ville à l'abri d'un coup de main — car les Impé- riaux étaient campés à Evergem, — inondèrent les environs sur une grande étendue, firent construire au rempart de S'-Bavon, à l'endroit où la Liève pénètre dans la cité, deux grosses tours rondes destinées à protéger les manœuvres de l'écluse qui s'y trouvait, et les relièrent, au moyen de quelques ouvrages en terre, à la porte de la Muyde, et de là à celle de l'Hôpital {de llospitaelpoorle) , près la porte d'x^nvers '. Il paraît que cette ligne fortifiée ne consistait qu'en un large fossé, pro- tégé par une espèce de parapet ou de remblai gazonné ; car sur le plan de 1554 , on ne trouve aucune trace d'ouvrages d'art proprement dits ^. Quoi qu'il en soit, lorsqu'en 1492, les Gantois, fatigués de la lutte qu'ils soutenaient avec un si fol acharnement contre le père de leur jeune sou- ' Jlem , in dit jaer (1 48S) luas dcn cerUen steen gheleyt van dm niemven iverche 'I Rabol an de veste {Sente Briefs, welch werch ghoiaempl wax Tseruers tl-bre, ende de voornoemde veste was ghedoiven van der Spitael poorle tôt der Mude poorte. Memorienboeck der STiD Ghent , publié par P.-C. Van dcr Meerscii. Gand, dSoô, t. I, p. 331. — ....Doen, ten dieu ende , die stede van Ghendt rondomme int walere sti-Uen, alzoo varre aht mueghelick was. mitsgaders ooc diversche nieuioe bollewerken makenende een thorre buyten s Prin- cenhof. Despars, Chronycke van Vlaenderen, t. IV, bl. 407. - Voyez une transaction entre le magistrat de Gand et la dame Barbe van Vaernowyck, par la- quelle celle-ci cède à la ville SOO verges de prairies incorporées dans le fossé ten Vogelen Sanck creusé en 1484 {in de ivutervesten en barmen), avec autorisation d'y élever boUewercken, huysen, muren , stakytsen , thuyiœn, enz. Arch. de la ville de Gand , reg. KK , fol. 513. Tome XXV. 5 18 LA VILLE DE GAND verain, songèrent sérieusement à se réconcilier avec lui, Maximilien leur im- posa, comme condition préalable à tout arrangement, l'obligation de raser une partie des fortiûcations élevées pendant les troubles, notamment les deux tours du Rabot, et de construire, à leurs frais, une forteresse sur les rives de l'Escaut, à proximité du monastère de S'-Bavon; les députés chargés d'entrer en négociation reçurent même des instructions formelles en ce sens; toutefois l'archiduc renonça dans la suite à ces prétentions exagérées, et la paix de Cadzand, qui fut le gage de la réconciliation, ne contient à cet égard aucune réserve ^. ' Les instructions adressées par Maximilien aux députés chargés d'entrer en négociation avec les Gantois contiennent des détails très-intéressants sur l'état des fortifications de la ville de Gand vers la fin du XV^ siècle. On nous saura gré de les faire connaître ici : « Pour ce que le Roy a nagaires entendu par les lettres que Monsieur le chancelier et Messieurs du conseil lui ont escriptes que ceulx de Gand sont fort pressés et ont granl nécessité de vivres et d'autres choses, et que Monsieur de Nassau asseure qu'ils n'auront secours ne ayde des Franchois, le plaisir du Roy est, se lesdit» (le Gand viennent à parlementer, que l'on les reçoive à mercy, moyennant les choses ci-aprè» déclairées : )> Premiers qu'ils consentiront de rompre, abolyr et mectre au néant l'escluse qui tient l'eau en leur ville, laquelle ils ont faicte et fortifiée du temps du Roy et que toutes les pierres qui sont et ont esté mises pour foire ladite escluse et les deux grandes tours qui font ladite escluse, seront ostées du lieu où elles sont , et apportées en l'hostel du Roy et de Monseigneur audit lieu de Gand. ). Que, pour fortifier ledit hostel, le lieu que l'on dit le Béghinaige, sera rompu et comprins avec icelui hostel , pour le fortifier à l'encontre de la ville , jusques à la petite rivière qui court en la rue de la porte de Bruges, et comprendra ladite porte de Bruges dedens ledit fort, qui sera ung chasteau. Et seront abatuz tous les fors de la ville qui pourroient estre à l'encontre dudit chasteau. » Item desdites pierres seront faictes, une douve demy rons et tourelles tout entour dudit chas- teau au bon des fossés, à l'encontre de la ville, et au dehors à l'encontre du gardin , sans rompre icelui gardin, et par dedens le Béghinaige jusques à la maison des Lyons, et de ladite maison des Lyonsjusques à la porte del'Eaue, et aux deux grosses nouvelles tours, de l'un et l'autre costé de la rivière, nommé le Mourewalre, en quoy seront comprinses les dites deux grosses nouvelles tours; et derrière ledit hostel, où du temps passé il souloit avoir deux ponts de bois, l'on y fera deux ponts de pierre, et au bout de la dicgue,que l'on fera bonne et plus grande qu'elle n'est au plain du champs, sera fait un gros hollewercq, gros et massez, devant la porte qui deffendra contre ceulx de la ville, et tout entour seront faictes les douves et tours cy-devant déclairées. » Sera aussi faict ung chasteau à Saint-Bavon , qui se prendra à une tour, qui est au bout dudit Saint-Bavon sur la rivière de l'Escault, assavoir en yssanl hors de Gand , à la main droite et en y entrant en la main gauche. 11 Que ladite tour sera fortifiée, et au bout d'icelle sera fait ung pont de pierre sur ladite rivière de l'Escault, et à l'autre costé de ladite rivière sera fait un groz bolwerc de pierre qui COrSSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 19 Charles-Quint ne se montra pas de si bonne composition; car, après avoir comprimé la mémorable révolte qui éclata à Gand, en 1559, il fit non-seulement construire une citadelle formidable destinée à tenir la tur- bulente population en respect; — projet, comme nous venons de le dire, que Maximilien avait formé quelques années avant, et qu'il abandonna en- suite;— mais, afin d'enlever, le cas échéant, à l'insurrection tout moyen de défense, il fit raser, niveler ou combler un grand nombre d'ouvrages fortifiés, tels que portes, tours, murailles, remparts, fossés, etc. Ainsi, par sa fameuse sentence du 29 avril 1540, il ordonna la démolition de « la tour Rouge, la tour au Trou des Crappaulx que tient Jehan Dinbise, » avec la muraille de Philippe Bratelman, le Bramporte, la porte des « Pierres, les cinq Trouz-au-Vent, la Walporle, la Kelelporte, le Cuypgat , » la Zantporte, la Posterne porte, la porte des Tours, la Grise porte, la » porte des Vasches et la porte Saint-Georges '. » En outre, il fit combler aux dépens de la ville « \e Rytgiaclit , et rendre aux pai'ticuliers la despence » qu'ilz ont eu pour le relever, sans jamais le povoir relever, ne faire rele- » ver par les adhérités ne aultres, et avec ce oster et remplir les douves gardera ledit pont. El sur le petit pont par lequel l'on va en la grande ville, au plus près des murailles de l'abbaye, sera faite une tour et ung pont levis à l'encontre de ladite ville. Item et au dehors dudit cbasteau de Saint-Bavon sera fait ung pout dedans les fossés de la ville et par dehors ung fort bolleicerc de pierre. » Que le Roy veult et ordonne à mon dit seigneur le chancelier et mes dits seigneurs du conseil, ou cas que lesdits de Gand deviennent à appointement, que l'on ne se arreste avec eulx à aucune somme de deniers ne à le nos previléges dedens ladite ville, mais seulement à faire le dit chas- leaulx et fortificacions à le nos dépens, par le Roy n'est délibéré, leur consentir aucun appointe- ment que lesdits chasteaulx ne se facent, et se ils sont de ce contens. Il veult que mes dits seigneurs lacent incontinent et à extrême diligence, comniancer iceulx chasteaulx et fortificacions aux des- pens des dits de Gand , et y facent ouvrer tous les jours deux ou trois mil hommes tant de la ville que du quartier. Et moyennant ce le Roy sera content que l'on leur baille terme de p:iier les deniers qu'ilz doivent par la paix de Tours. Ainsi signé per ref/em. Ainsi ordonné par le Roy en sa ville de Wiines (?), le xx'= jour de juing, l'an IllJ" XIJ. De Goudedault. » Aux archives de l'État, à Gand, Analectes historiques, vol. I"''. ' Gachard, Relation des troubles de Gand sous Charles-Quint, p. loi. — Il est ù remarquer que tous les ouvrages mentionnés dans la sentence ne furent pas démolis immédiatement; on conserva la porte delà Poterne; celle de Brabant, appelée Braenipoorte . subsista jusqu'en 1562, et la Wal- poorte, ainsi que la Ketelpoorte, ne furent démolies qu'en 1780. Steur, Mémoire sur les troubles de Gand, p. 135. 20 LA VILLE DE GAND » et fossés depuis la porte d'Anvers jusques à l'Escault, à leurs despens K » Ces travaux furent terminés en octobre 1540. La construction du château des Espagnols fait époque dans l'histoire militaire de la ville de Gand. Les événements qui y donnèrent lieu sont trop connus pour qu'il soit nécessaire de les rappeler même d'une manière sommaire; il suffit de dire qu'au mois de mars 1540, c'est-à-dire une année après l'occupation de la ville, Charles-Quint, accompagné de son frère Ferdinand, roi des Romains, parcourut la cité en tout sens, afin de choisir un emplacement convenable pour y élever une forteresse des- tinée à maintenir désormais dans l'obéissance cette remuante population gantoise, qui venait encore une fois d'arborer si audacieusement l'éten- dard de la révolte. Deux quartiers Axèrent particulièrement l'attention de l'Empereur : celui de S'-Pierre, situé sur une éminence dominant une grande partie de la ville, et celui de S'-Bavon. Ce dernier fut préféré, parce que, situé au con- fluent véritable de l'Escaut et de la Lys , entouré de vastes prairies dont l'inondation était facile en tout temps, il présentait un point de défense d'autant plus avantageux, qu'en le mettant en communication avec le Bra- bant, on assurait ainsi le ravitaillement de la citadelle. Le 22 avril, Charles-Quint fit jalonner en sa présence le circuit de la citadelle, et dès le surlendemain quatre mille ouvriers furent mis à l'ou- vrage. Pedro de Trente et Dominigo Dassimon exécutèrent les travaux , sous la surintendance de messire Adrien de Croy, comte du Piceulx, et sous la direction de l'ingénieur Donaes Dibon. Il résulte des comptes qu'on n'y a exécuté aucun ouvrage de pilotage. L'absence de ces travaux dans un terrain marécageux , peut-être aussi la célérité avec laquelle les premières constructions avaient été faites, parais- sent avoir nui à la solidité de l'ensemble; car, sur le rapport d'un ingé- nieur que l'Empereur avait fait venir de la Bourgogne, on se vit obligé de renforcer les fondations autour du château et celle des batteries, parce qu'elles n'étaient pas assez bien assises, et d'élever les faces des quatre bastions à la hauteur de 18 pieds. ' (".afiiar.i, ihid.. p. 153. CONSIDEREE COMME PLACE DE GUERRE. 2[ Les travaux de construction du château, commencés en 1540, ne furent terminés que le 15 janvier 1554; la dépense totale s'élevait alors à la somme de 411,554 livres 5 sols, la livre comptée à raison de 40 gros, et le sol à 2 gros. Elle fut couverte, en partie, au moyen du pro- duit de la vente des biens meubles et immeubles confisqués sur les corpo- rations de la ville. On entrait au château par trois portes , dont deux étaient ménagées dans les angles rentrant dans les courtines : l'une conduisait à la porte de Ter- monde, une autre débouchait à la Pêcherie, la troisième faisait face à la porte d'Anvers *. La citadelle des Espagnols, dont les derniers vestiges sont sur le point de disparaître, formait un immense carré régulier flanqué de quatre bas- tions. Chaque bastion avait un nom particulier : ceux tournés vers la Pêcherie portaient le nom de S'-^-Anne et de S"-.Tacques; les deux autres, situés dans la direction de la campagne, avaient reçu les noms de S"'-Marie et de S'-Charles. Ces ouvrages, casemates sous les deux flancs, à l'excep- tion de celui de S'"-Anne, où fut placée la première pierre, étaient reliés ensemble par des courtines revêtues de maçonnerie et bordées d'un para- pet de quelques pieds de hauteur. Il est à remarquer que le corps de la place n'était protégé par aucun ouvrage extérieur; le retranchement qui se trouve hors la porte d'Anvers ne fut élevé que sous le gouvernement du prince de Parme. En construisant cette formidable forteresse , suspendue sur la ville comme une menace permanente; en confisquant les privilèges pour le maintien desquels les Gantois avaient plus d'une fois versé des flots de sang, en promenant, pendant plusieurs jours, la terreur dans les rues de Gand, Charles-Quint était sans doute parvenu à comprimer cet esprit d'in- dépendance et à éteindre cette soif de liberté auxquels la ville avait dû sa prodigieuse prospérité; mais, en abreuvant les Gantois de toutes sortes d'hu- miliations, il déposa au fond de leur cœur un germe de désaffection et * La plupart de ces ilétails sont empruntés à l'intéressaïUe notice que M, Van Lokereii a consa- crée à la citadelle des Espagnols , dans le Messager des sciences historiques, année 1848. 22 LA VILLE DE GAND de sourde hostilité, que la première occasion eût sans doute fait éclater, si de plus graves événements n'étaient venus assombrir l'avenir. En 1555, l'Empereur, après un règne glorieux de quarante années, pendant lesquelles, comme il le disait lui-même, il n'avait pas goûté un seul jour de bonheur, déposa le pouvoir entre les mains de son fils. Au mois de juillet 1559, Philippe II, avant de retourner en Espagne, se rendit à Gand , où, entouré d'une cour aussi brillante que nombreuse , il vint assister à une séance des États-Généraux, qui y étaient précisément assemblés. Borluut, pensionnaire de la ville, profitant de la présence du monarque, lui demanda, dans des termes empreints de la plus énergique franchise, le renvoi des troupes espagnoles, et lui rappela que les Fla- mands avaient eu de tout temps le privilège de veiller par eux-mêmes à la défense de leur territoire. Le roi, peu habitué à entendre un pareil langage, et confondu de rencontrer tant d'audace chez une population dont il croyait que son père avait à jamais abattu l'orgueilleuse inso- lence, se retira brusquement sans laisser de doutes sur les sentiments qui l'assiégeaient. Philippe II, avant de quitter le pays, qu'il ne devait plus revoir, confia le gouvernement général des Pays-Bas à Marguerite de Pai'me, sa sœur naturelle, et lui adjoignit, pour l'éclairer de ses avis, un conseil d'État, composé de six membres. A peine ce conseil fut-il institué, qu'il s'y forma une sourde opposition , dont Guillaume d'Orange était l'àme. La lutte s'engagea d'abord sur le renvoi des troupes espagnoles, dont les désor- dres entretenaient le mécontentement; ensuite sur l'érection des nouveaux évêchés. Peu de temps après, la grande affaire de la liberté religieuse fit l'objet de la préoccupation générale ; le nombre des sectaires augmentant de jour en jour, il devenait urgent ou de laisser faire ou d'agir avec rigueur contre les partisans des nouvelles doctrines. Ce fut ce dernier parti qui prévalut. Le roi ordonna de faire exécuter sévèrement les édits publiés par l'Empereur son père; l'opinion publique s'en émut et provo- qua celte fameuse protestation par laquelle deux mille nobles s'engagèrent à s'opposer de tout leur pouvoir à l'établissement de l'inquisition. L'irri- tation devint bientôt générale, et, à la faveur de l'impunité, l'audace des CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 25 sectaires ue connut plus de bornes. A Gand, les calvinistes prêchèrent publiquement leurs doctrines en présence de plus de 7,000 auditeurs. Mais ce n'était là que le prélude de plus grands désordres : à l'exemple de ce qui venait de se passer à Anvers, les iconoclastes, dans leur fureur sacrilège, commirent à Gand les plus déplorables excès : la plupart des monuments religieux, et les ornements qui les décoraient, furent saccagés, brisés, lacérés. En 1567, la duchesse Marguerite, débordée de tous côtés, et trop fai- ble pour pouvoir supporter plus longtemps le fardeau de la situation, fut remplacée par le duc d'Albe. Don Alvarez de Tolède était un capitaine expérimenté, qui avait vieilli dans les armées de Charles-Quint. Doué d'une grande énergie de volonté, mais d'un caractère froid et réservé, ayant la parole brève et hautaine, le cœur sec et dur, il répandait autour de lui la terreur et l'effroi. Il fit son entrée à Bruxelles le 22 juillet 1567, et, dès le 50 août sui- vant, il envoya 5,000 hommes de troupes espagnoles, commandés par don Alonzo de Ulloa, occuper la ville de Gand. Les soldats espagnols y com- mirent tant d'excès, que beaucoup de familles gantoises préférèrent cher- cher dans l'émigration le repos et la sécurité que leur refusait la patrie ^. A peine le farouche capitaine avait-il saisi les rênes du gouvernement, qu'il institua le Conseil des troubles, chargé de connaître de tous les crimes politiques. Le nombre de victimes que ce Conseil de sang, comme l'appelait le peuple, fit périr par le fer, le feu ou la corde, est immense. Le 16 et le 17 janvier 1568, cent quarante-trois bourgeois de Gand furent sommés de comparaître devant ce tribunal redoutable; ils furent tous condamnés au dernier supplice; le 29 mars suivant, le conseil avait déjà prononcé sur le sort de quinze cents personnes. Tous les citoyens qui se montraient partisans des nouvelles doctrines furent poursuivis avec la dernière rigueur. Aux termes des édits, les biens de ceux qui refu- ' On prétend que, depuis l'arrivée du duc d'Âlbe, plus de 100,000 familles avaient abandonné les Pays-Bas; la plupart passèrent en Angleterre, où elles obtinrent d'Elisabeth l'autorisation de se fixer dans quelques villes pauvres, telles que Norwich, Sandwich, Colchester, Southampton. Maidslone, Canlerbury, etc., qui doivent leur développement à ces émigrations religieuses. (Kervvn de Lettenhove, Histoire de Flandre, t. VI, p. 248.) 24 LA VILLE DE G AND saienl de recevoir les derniers sacremenls furent confisqués et leur corps ignominieusement enseveli sous les gibets; enfin les maisons où les calvi- nistes avaient tenu des réunions furent impitoyablement rasées. Ces mesures, d'une cruauté barbare, glacèrent tout le monde de ter- reur, et préparèrent une réaction d'autant plus violente, qu'elle puisait sa force dans le mécontentement du peuple et dans l'état de malaise où se trouvaient le commerce et l'industrie, qui menaçait de tarir les sources vives du travail national. L'odieux supplice des comtes d'Egmont et de Ilorn augmenta encore l'exaspération générale. A la nouvelle de cet atroce attentat, Guillaume le Taciturne, réfugié en Allemagne, mais qui s'était ménagé de nombreuses relations en Belgique, rassembla à la hâte une armée, qui s'éleva bientôt à plus de 20,000 hommes, et envahit les Pays-Bas, pendant que son frère, Louis de Nassau, faisait triompher ses armes en Frise contre le comte d'Aremberg. Le duc d'Albe , en capitaine habile, sut déjouer ce double danger: il défit complètement le comte Louis et força le Tacitui-ne à repasser le Rhin; mais il fut moins heureux contre les gueux, dont les bandes indis- ciplinées commettaient partout les plus grands désordres. Les gueux de mer, commandés par des nobles émigrés, se distinguaient particulièrement par la rapidité de leurs courses et l'audace de leurs attaques; en 1572, ils se montrèrent jusqu'à Eeclou, Bouchante et Assenede, et poussèrent même leurs incursions jusqu'aux portes de Gand. Les Gantois, afin de leur résister, s'enrégimentèrent au nombre d'environ 7,200, divisés en huit bataillons, placés chacun sous le commandement d'un capitaine; et, pour mettre leur ville à l'abri d'une surprise , ils exécutèrent à la hâte quelques travaux de défense à la porte de la Muyde, à la tour située à l'endroit dit '/ Enderweere et ailleurs ^ A celte occasion, on approfondit le fossé de la ville ' Den if, jiity 1572, begonsi men aen de Mmjdvpoorte , en den 21 aen den foren 't Enderweere, de veste te dehen , len hosie rnn de stcull, met outrent ISO niannen, die elc wonnen zes stuyvers dags. I)e Jonghfi, Gendtsche geschiedenissen , t. I, p. 198. — Op het eynde van deze maendt wierden in de sladt veel persoonen geprest, om te gaen delven. De Jonghc , Ibid., t. I, p. 215. C0?< SIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 25 depuis la porte du Sas jusqu'à la tour connue sous le nom de s'Herders Toren\ on gabionna les portes et on exhaussa, en divers endroits, les para- pets. Ce ne fut que le rempart compris entre la porte de Bruges et la tour de '< Enderiicere qu'on revêtit d'un mur maçonné en briques, flanqué de plusieurs tours massives : le fossé qui baignait le rempart fut également approfondi et élargi -. ' In dit jaer ruumde men de vesle van aen de Mundepoorle lot aen den ouden titrre in den Ham . gheseyt 'Siierders tlkre. Memorienboeck der stadt Gheiil , \>iih\\é par P.-C. Van der Meersch, année 1572. — Pour pouvoir éteindre les dettes contractées pour la construction de ces fortifications, le ma- gistrat obtint, en 1575, l'autorisation de lever, pendant un terme de 12 années, un impôt extraor- dinaire sur plusieurs objets de consommation. Heg. RR., fol. 190 V. Aux archives de la ville deGand. 2 Les fortifications de '« Endcnveere sont parfaitement indiquées sur un plan précieux de la ville de Gand,de 1572, par François Hogenbergh. Ce plan, gravé, en 1575, par Philippe Galle, se trouve dans la curieuse collection de M. Goedgebuer. Nous avons découvert, aux archives communales de Gand, quelques pièces très-importantes, qui font connaître les travaux dont l'exécution était jugée nécessaire pour mettre les fortifications de la ville de Gand dans un bon état de défense. Nous les reproduisons ici d'après le texte transcrit au registre RR. fol. 7 v" et suiv. : Noticien van Pieter de Buck, landmeter, de welke liy gliehauden heeft uut lasle van E. ende Weerde Heeren Mjnheere Van Assche, voorscepene, ende Guillaume Warenghien , scepene van der kuere der slede van Ghendt, int doen van der visitatie van de vesten deser stede, den twee en twintichsteii augusty XV» twee en zeventich, mitsgaders inl communiceren van eenighe noodzakelicke weercken , dienende ter fortificatie der zelver stede. Eerst an t Rabot t'Sanders Walle, upt gat daer men de deure upwint, es van noode eene planckr gheleyt ende wel ende steerck toeghenaghelt, ten fyne men aldaer in den turre niet en gherake, dwelcke somtyders ghebeurt es, naer rapport. Item, an de Brugghe aldaer ahvaer men uute ende inné deser stede gaen can, waere goet eene loose poorte, ghemaect ten minsten van houte, tôt dies men daer inné anders versien mach. Item, up de noort zyde van den zelven Rabotte, waere goet eene platteforme ofte boUewerck vaneerde gemaect, hebbende de wydde an aile zyden (ter hoocbdevan den traghel ofte wylent de veste) , van tsestich handtvoeten , rysende boven den traghel thien ghelycke voelen , recht up ende incommende ofte docerende boven an allen zyden vyf voeten, zoo dat de superficie boven blyve vyftich voeten viercant, omme grof gheschut up te legghene, indient van noode waere, welcke platteforme dient bewalt an de drye syden, wanof deen zyde bewaetert es, zoo datter maer res- teren en zouden outrent ellef roeden te graven tôt deur den traghel int waeter van der Lieve, ende de derde zyde en dient maer gherepareert te worden ; de syden moeten aile met goeden tayen plantsoen opgheset zyn ende gheleyt in ghebanden ende gheanckert met syne ryse jeghens het invallen. Item, daer den traghel deurgraven zoude zyn, zoude moeten eene optreckende of andere brug- TOME XXV. ^ 26 LA VILLE DE GAND En 1575, le duc d'Âlbe, découragé du peu de succès qu'avait obtenu son administration , et profondément blessé de la haine que ses mesures sanguinaires lui avaient attirée, sollicita lui-même son rappel, et fut pres- que aussitôt remplacé par Louis de Piequesens, grand commandeur de Castille. Le nouveau gouverneur général inaugura son entrée au pouvoir par glie ghemaect worden, oinnie die drye rauelene ende den meerschen le dienen, ende zouden deii wal van den voorcreven bolleweerck wel Iwee roeden weyt nioeten zjn, up een somerwaeter ende diepe vyf voeten. Item, up de zuut zyde van den Rabotte, daer de veste glieel vul ende verlandt es, daer dient de zelve lancx henen ghedolvcn, ende verdiept tôt den ouden kant ende bodeni. Item, metter eerde daer uut conimende zal men de veste verhoogben ende verdicken , niakende boven parapecten ende wandelynghen, om vry van geschut te zyne indient noodt waere; tôt vveleke weercken van noode zyn pypegalen ende delve in goeder glietalle, ininiers naer de baeste die inyne Heeren daer mede begeeren. Item, gaende van den bolleweercke naer de Bruebsche poorte, daer dient de veste ghedolven als vooren van gbelycke parapecten, ghemaect als voorseytes, ende mits dat dese veste redelick booghe es, ende dat men qtialick wech zal weten metter eerde daer uute commende, zoo waere goet de zelve gheemployeert onime an de noord syde van der Brucbscbe poorte, een platteforme ofte bolleweercke van eerde gberaaect te werden van grooten ende boochte gbelyck 't voorsyde , ter defensie van der stede in 't zelve quartier, daer de hoocbde van de lande zeer by der poorten comt, welck weerck eensdeels cruweerck, ende meest kerreweerck zoude dienen. Item, dwaecbuuseken bi de steene veste by Tbenderweere, vvaeregoet ghedect ende gherepareerl. Item, daer de zavele uten veste ghegraven ende gbebaeit es, waere goet wederomme met gryse ende andersins gbevult ende gheeffent , want de zelve veste anders niet ghebrunckelick en es al daer. Item, commende Tbenderweere, daer de veste verdiept es, ende de eerde nocb niet gheleyt zoo de zelve beboort, zal men de zelve moeten doen upcorten ende dycwys legghen ende bewae- ren van invallen ende instroomen, twelcke goet ghedaen waere, hebbende de opportuniteyt van 't loopen van den plancken t'Sente Baefs. Item, tusscben de Percellepoorte ende der Leyen, zal de veste moeten verdiept wezen, zoo dat "t waeter comme tôt an de poorte, ende an de poorte een uptreckende bruggbe gbemaect. Item, ontrent den midden van den Eecbaute, up de booghe veste, waere goet eene platte ende uutstekende forme of bolleweerck van eerde ghemaect, ter defensie van der zelven veste , ende der hooghe landen daer vooren, ende lancx der veste parapecten ende wandelynghen gbemaect, omme te voet ende te peerde daerlancx henen te ryden. Ende omme bet overloopen te belettcn, en can by, landtmeter, gheenen beteren middel gbeima- gineren dan by middel van eenen booghcn ghelende of baerbclcause sluttende alomme jeghens de poorten ende waeckhuysen. Item, an tbende van der vesten beoosten der Hueverpoorto zoude ooc dienen eene idattefornie, ende eene uptreckende bruggbe in de poorte ende voor der poorte totter Schelden , de veste CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 27 des mesures d'indulgence et de douceur; tous ses efforts tendaient à ame- ner une réconciliation durable en guérissant les blessures faites par l'aveu- glement insensé de son prédécesseur. Après avoir défait, dans les plaines de Moock, près de Nimègue, l'armée de Louis et de Henri de Nassau, il fit proposer, aux États assemblés à Bruxelles, une amnistie générale et sans réserves, l'abolition des nouveaux impôts et la suppression du Conseil verdiept onder ende venvyt zoo dat 't waeter zoo naer der poorte conimen, alst raoghelick werd. Item, de veste tusschen der Sclielden ende Sente Baefs poorte, item van sente Lievens poorte totter Keyser poorte, dient verwyt te zyne, midts dat se aldaer zeer cleene wydde heeft, ende zeer goet es ompasseren ende overgaen. le Eenighe poincten ende articlen concernerende der fortificatie des stede van Gliendt , de welcke Weerd Mjne Heeren scepenen van der kuere overgheeft Pieler de Buck , giieswoorne landlmetete , Weerder Heeren dienaere, altyts onder correctie ende 't verbeteren van eenen yghelicken. Eerst an de Miidepoorte zal men de zelve poorte ghebruucken omme gheschut daer inné ende boven daer uppe in tyde van noode te iegghen, ende de zelve poorte daer toe prepareren, nietga- ders daer uppe niakende, in stede van breeder delensie, goede steercke scransen manden gbevult met eerde. Van ghelycke sal men oock stellen ghelycke scrans manden up den liooghen muelewal ende liooghe veste in de stede van eenighen boUeweercken , die men aldaer ten excessiven coste zoude mogben maken. Item, de veste gheruumt zynde, waere goet dat aile de zygrachten ghesloten wierden, ende de baermen , putten by plecken wat gbehoocht, zoo van ghelycke goet waere, dat de cassa van den tiirre in den Hani wat gerepareerd wierde, ende dat men daer deuren inné stelde, ende alsdan een planck waeter in de veste liete, want 't zelve wel eenen voet en half daer mede liooghen zoude. Item , nopende de brugghe an 't Rabbot 't Sanders walle, daer de stede openlicht, waere goet eene poort ghemaect, drye zoo vier voeten dicke, ghestoffeert met busgaeten, dat men de gracht tus- schen den iraeghel ende de meerschen vervvydde, tôt eene roede en alf wyt in de leechden, ende metter eerde daer uute commende den traeghel hoochde, ende danof eene nieve ende dobbel veste maecke, van an de Lieve tôt Meerhem, makende jeghens de meerschen zekere baermen , met soen opgheset vier voeten hooghe, omme daer achter bedect te gaene, ende van Meerhem totter Mudde- poorte, daer eene aude gracht gheleghen es, dat men die gracht ruumende, ende by dien middel zoo zoude dat quartier dobbel bevest wesen , stellende ondertusscheu up de muelenwalle ende de hooghe vesten , scransmanden als vooren. Item, nopende de hooghe vesten an de Hueverpoorte ende Percellepoorte, zal men de henden ter waeterwaert vcrdiepen, ende repareren tôt an de poorte, ende daer oppe ende oock operveste, tusschen beede de poorten, zal men waechuysen repareren, ende de gheheele veste met baerbel- causen verslcerckcn , zoo dat men daer niet uut noch inné gheclemenen en can , zoo de zelve wy- lent gheweest heeft, mackende jeghens de zelve baerbelcausen , eenen baerme van eerde vier voe- 28 LA VILLE DE GAND des troubles ; mais les États exigèrent de plus le renvoi des troupes espa- gnoles; c'était une prétention à laquelle, vu la situation du pays, Reque- sens ne pouvait souscrire, et les négociations furent rompues. A la mort du commandeur de Castille (5 mars 1576), le conseil d'État prit les rênes du Gouvernement; toutefois son pouvoir ne fut pas de longue durée : un parti puissant, qui agissait sous l'inspiration du prince d'Orange, ten hooghe, omme daer achter schuet vry te zyne, effenende ook de zelve veste boven, onime ghemackelick daer op te gaene ende ryden, met zekere up endc afreden daer toe dienende. Item, op de platteforme die daer licht ende elders daer ibestzoude moghen dienen, zal men oot scransen stellen, als vooren. Item, van ghelycke zoude men repareren de waechuiisen t'Eckerghem op de eerde veste, np de veste an Sente Lievenspoorte ende Keyserpoorte, ende oock aldaer stellen de baerbelcausen ende scransnianden als vooren , verwydende de veste tusschen de Keyserpoorte ende de Sebelde. Item, omme te beletten hetafkeeren van den waeteren. In de veste deur de straele an de Keyser- poorte, indien de poorte niet soufllsant en vvaere, zoo zoude men aldaer zekere steercke weere mo- ghen maken van metselrie , streckende veertich of vyftich voeten naer Sente Lievenspoorte. Visitation faicl le deuxiesme ilaougst XV= soixante douze par M' Jehan, faict en la ville de Gand, pour le faict de la fortification d'icelle. Premier. A commencliet à la porte de Mude, auquel fut trouvé estre besoing faire abbatre au dehors ladite porte ung moUin, et faire transporter la terre de la motte dudit niolin, à cause quel iiuict grandement à ladicte porte, une petite platteforme de soixante piez quarez, affin d'en garder l'enbouchure et entré, moiennant y faire ung bon parapette de diz piet despes, et aussi sembla- blement au costé droict, continuant ainsy au soing du rempart. Venant à l'escluse, derier le longy du Roy, at esté trouvé qu'il est grandement nécessaire faire au boult du pon dicelle tourre, unque platteforme de soixante pied carrez pour le moingz, afin de garder l'ennemy qu'y ne se saisy de ladict turre. Oulte tirant vers la |)orte de Bruges, a esté trouvé le fosse grandement remply, en quel fossez est besoing la faire nettoyer; il est ausy besoing faire faire à ladicte porte de Bruges ung pont- levys et ung tappecnl. De ladite porte de Bruges, tirant vers la tourre de Tendrouve {Tenderweere), est assez raison- nablement bon, may les fossez sont aussi ung peu remplye, de quoy l'on les polra aussi faire net- toyer, son voeult. Estant à la porte S'-Pierre, a esté trouvé par son fossez sans eaulz, may ayans bons rampars, sans toutelFois estre garde de flancquer ny garandyr daulcuns travers, chose dangereuse, au moyen de quoy pour à ce obvyer à estre trouvé lieux à droict pour y planter un bon gros bauhvarcque, pour deflendre lesdits rempars et portes Saint-Pierre et Dueverporte, bien entendu qu'y fault aussy lever, au coing de l'entrer de Lescau, le rempars, à telle raison qu'il serve du cavallier pour flinquiser au long dudict Escau, bien entendu qu'il f;iult faire ausdiclz portes, pons-ievys et tapecul. Venant à la porte S'-Lievins, a esté trouvés en aulcuns endroicl bons rampars et en aultre de- CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 29 se forma à Bruxelles et fit jeter en prison la plupart des membres du con- seil; dès lors les Etats des provinces s'emparèrent du Gouvernement. A Gand, ils inaugurèrent leur administration en déclarant les Espagnols ennemis de la patrie, et prirent la résolution de les chasser du pays ^ Ee château étant occupé par les soldats du roi, on résolut de s'en emparer. Un retranchement fut élevé hors la porte d'Anvers, et la citadelle fut investie de ce côté. Les hostilités commencèrent sérieusement le 18 sep- tembre 1576; les Espagnols ouvrirent le feu contre la ville. Les Gantois, afin d'empêcher la garnison de faire des sorties, barricadèrent, avec les débris des maisons démolies, toutes les rues débouchant vers le château; la porte de S'-Georges et le Papenhmjs, qui y était attenante, furent gabionnés, et on éleva des batteries sur les ponts du Pas et de la Tour-Rouge. La terre nécessaire pour remplir les gabions fut prise dans la rue de S'-Georges, qui fut creusée, à cet effet, à une profondeur de 13 pieds. Au moyen de cette formidable artillerie, les assaillants canonnèrent vigoureusement les murs de la citadelle, et parvinrent à pratiquer une large brèche au bas- tion de S'-Jacques, qui se trouvait presque en face du pont du Pas. La gar- nison, loin de laisser abattre son courage par ce premier échec, fit plu- sieurs sorties qui firent beaucoup de mal aux assiégeants. Cependant les travaux du siège furent poussés avec un redoublement de vigueur : toute la population de la ville, hommes, femmes et enfants, travailla au creuse- ment des parallèles. Les Gantois obtinrent quelques secours du prince rompue, ayant les fossez remplie, sauf iing petit canal de Leseau, courant bien estroit partout, est besoin nécessairement le balargir et mectre les terraulx sur lesdits rempars; y fault aussy faire abattre près ladicte porte ung moUin, et faire amener la terre pour ce qu'elle domineroit ladicte porte et seroit cause de sa ruyne. De ladicte porte Saint-Lievens à la porte de l'Empereur, a esté trouvé bons en raisonnables rempars, ayant aussi le fossez en tout remplye, sauf ung pety canal venant de Leseau , lequel n'en- pêcheroit en riens à l'ennemys à passer , ]iar ce est besoing aussi la faire netoyer et mectre la terre sur les rempars; à ladicte porte de l'Empereur y faudra tirrer deulx petitte mourailles dung costé et daultre, afTin qu'au boult l'on y mecte ung tapecul, et environ le milau ung pont-Ieviz. Ce fault faire, aflln doter à l'ennemys la cognoissance de non rompre l'escluze de ladicte porte, laquel est de grande import, au ca l'on fera entour lesdicts rempars parapette de quatre pied de hault, alTln de couvrir le soudart contre les ennemys , bien entendue qu'y fauldra allentour de la ville faire abattre tous arbres, hay et ballot qui empêchent de descouvrir l'ennemys. ' De Jonghe, Gendlsche gescitiedenisscn , t. I, p. 250. 50 LA VILLE DE GAND d'Orange, et les Étals armèrent tous les hommes de dix-huit à soixante ans. Le 9 novembre, la brèche étant suffisamment large, les assaillants, con- duits par un certain Penneman, tentèrent l'assaut; mais ils furent repoussés avec perte. Enfin, le 11 du même mois, don Antonio d'Avalos Maldonado, lieutenant de Mondragon, demanda d'ouvrir des conférences pour traiter de la reddition de la forteresse. La garnison, qui s'était vaillamment dé- fendue, obtint l'autorisation de se retirer avec ses bagages; mais elle ne put emporter ses armes, dont la valeur lui fut cependant payée. Le même jour, la citadelle fut livrée au comte du Rœulx, qui en prit immédiatement possession. Le 3 août 1577, les États Généraux décrétèrent la démolition de la citadelle, qui rappelait aux Gantois de si douloureux souvenirs. Dès le 26 du même mois, on mit la main à l'œuvre; le gouverneur, le sous-bailli et un des échevins de la keure détachèrent les premières pierres, et im- médiatement après, plus de 10,000 bourgeois de la ville, tant hommes, que femmes et enfants, travaillèrent avec une ardeur sans égale à la dé- molition de la partie de la citadelle située dans la direction de la ville. Les historiens assurent que les travailleurs se rendaient à l'ouvrage en- seignes déployées et au son des tambours et de la musique militaire. Cependant la ville étant ouverte de tous côtés, et la guerre avec Don Juan devenant tous les jours de plus en plus imminente, le magistrat résolut d'entourer la cité d'une enceinte continue de fortifications. Avant l'année 1534, la ville de Gand, malgré l'accroissement considé- rable de son territoire par l'incorporation de plusieurs quartiers vastes et populeux, n'avait pas encore songé à couvrir ses abords. Les seuls ouvrages d'art — si on peut leur donner ce nom, — qu'on y trouvât, — nous ne parlons ici que de l'enceinte extérieure, — consistaient en quel- ques tours isolées situées le long des remparts, telles que le 's Herders torre, le Rabot, le Begliyncn torre, 't Enderweere torre; en un mur arrondi de deux tours, depuis la porte de Bruges jusqu'à l'extrémité de l'endroit dit 't Enderweere; en une levée de terre gazonnée, munie d'une clôture en fraise ou en palissades joignant les portes de Courtrai et de la Colline , CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 31 et en une autre clôture, également en palissades, qui couvrait la partie de l'ancienne abbaye de S'-Bavon ayant vue sur la campagne '. Il paraît que toute la défense extérieure de la ville était basée sur le système des inondations. En effet, en fermant les écluses à poutrelles de la porte de Bruges, au Cuypgat, au Ketelpoorte, etc., on pouvait inonder les environs de la ville sur une très-grande étendue. Nous avons vu qu'au commencement du XVI* siècle, la place de Gand était entourée d'un immense réseau de fossés, qui constituait pour ainsi dire sa seule défense extérieure. Il partait de l'Escaut, près de l'ancienne porte de S*-Bavon , un fossé connu sous le nom de Rietgraclit ou Bevrijdt- (jmclit, qui, après avoir passé sous l'ancienne porte de Termonde et avoir traversé, presque dans toute leur largeur, les prairies d'Oostacker, aboutis- sait à l'ancienne porte de la Muyde , d'où il se prolongeait dans la direction de la porte de Bruges, pour se jeter dans la Lys, à quelques pas de l'en- droit dit 't Enderweere. C'est ce fossé qui fut en partie comblé du temps de Charles-Quint. Les sinuosités de la Lys, depuis sa jonction avec le Riet- j/rac/if jusqu'à la porte de Courtrai, et celles de l'Escaut, depuis l'ancienne porte de S'-Bavon jusqu'à celle de la Colline, défendaient la partie sud- ouest et sud-est de la ville; il n'y avait donc que le terrain élevé com- pris entre les portes de la Colline et de Courtrai , qui fût entièrement ouvert. Pour défendre de ce côté l'entrée dans la ville, on avait élevé un parapet, garni d'une clôture palissadée. Avant de commencer les travaux de la nouvelle enceinte bastionnée . plusieurs ingénieurs furent chargés d'étudier le terrain et de dresser les plans nécessaires , afin de mettre le magistrat en état de statuer en con- naissance de cause sur la direction qu'il convenait de donner aux for- tifications projetées. Il paraît que les hommes de l'art ne purent se ' Tous ces ouvrages sont parfaitement indiqués sur le tableau représentant la ville de Gand en 1534, appartenant à M. Goedgebuer; on peut consulter aussi le plan de 15o0-1532, dessiné par Jean Hoste, et ceux de 1567 et 1S68, qui font partie des éditions italienne et française de Gui- cliardin; ils se trouvent dans la collection de M. Goedgebuer, qui, avec sa complaisance babi- tuelle, a bien voulu les mettre à noire disposition. 32 LA VILLE DE G AND mettre d'accord; Pierre de Buck, soutenu par le chapitre de S'-Bavon, voulait suivre l'ancien tracé des remparts qui entouraient la citadelle des Espagnols; les autres ingénieurs, au nombre de cinq ou six, proposaient, au contraire, de faire passer la ligne fortiflée par le Ham et de resserrer l'enceinte projetée , afin de rendre ainsi la défense de la ville plus facile. Cette dernière opinion était partagée par la majorité des habitants '. Cette divergence de système et les discussions interminables qui en furent la suite, excitèrent le mécontentement de la population. Le 27 sep- tembre 1577, les habitants attirèrent l'attention du magistrat sur les con- séquences désastreuses que ces inconcevables lenteurs pouvaient avoir pour la sécurité de la ville, et menacèrent d'abandonner les travaux de démolition de la citadelle, si la question du tracé de la nouvelle enceinte fortifiée n'était pas promptement résolue. La collace , qu'on crut devoir consulter à ce sujet, émit l'avis que la ligne projetée devait s'appuyer sur la citadelle pour aboutir, d'une part, à la porte de l'Empereur et, d'autre part, à l'angle formé par le Ham, et se prolonger ainsi, par le moulin à chaux, jusqu'au nouveau fossé creusé près la porte de la 3Iuyde. La collace s'était prononcée le 2 octobre 1577, et dès le 7 du même mois, on commença à creuser la partie du fossé comprise entre la forte- resse et la porte de l'Empereur. Ce fossé devait avoir, dans tout son par- cours, une profondeur de cinq pieds, sur une largeur de trois verges-. Le prince d'Orange visita ces travaux pendant son séjour à Gand, en dé- cembre 1577. Le creusement du fossé, depuis 't Endei^weere jusqu a la Bi- loque, fut commencé le -4 février de l'année suivante •^; toutefois les travaux ne furent réellement poussés avec vigueur qu'à dater du mois de mai 1578. Un nombre considérable d'ouvriers travaillèrent alors simultanément sur différents points : ce fut à cette époque que l'on construisit la nouvelle porte de Bruges '*. On voit, par une ordonnance du 4 mai-s 1578, que pres- que tous les habitants, même les religieux, étaient tenus de travailler aux • De Jonghe, Ghendische geschiedenissen , 1. 1 , p. 307. 2 De Jonghe, t. I, p. 308. •'■ Memorienboeck der stad Ghent, année 1578. * De Jonghe, t. II, p. 141. CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 33 fortifications; les ménages composés d'au moins quatre personnes devaient fournir deux hommes; ceux qui en comptaient moins de quatre devaient en livrer un; les couvents d'hommes et de femmes n'étaient pas exemptés de ces corvées; les premiers devaient fournir un travailleur pour trois religieux; les seconds un pour quatre; ces derniers pouvaient cependant racheter ces prestations en payant huit sous pour chaque ouvrier ^ Les frais de ces travaux furent couverts au moyen d'un droit d'accise de 1 gros sur chaque pot de vin, et de 5 gros sur chaque tonne de bière 2, et de dons volontaires. A cet effet, des délégués furent chargés d'aller recueillir de maison en maison , les offrandes pour lesquelles chaque habi- tant consentait à contribuer dans cette dépense extraordinaire. Les uns s'engageaient à payer hebdomadairement six gros, d'autres quatre ou deux gros^. Ces ouvrages doivent avoir été complètement achevés avant l'année 1581 , car la ligne fortifiée est indiquée, pour la première fois, sur le plan de la ville de Gand inséré dans la deuxième édition italienne de la des- 1 Voici un extrait de cette ordonnance « Ende zoo den jeghenwoordigen tyd ende appa- renten nood wel es verlieersschende de fortificatien deser voorseyde stede, met aider vlielichevt ende diligentie ghedaen te werdene ende vulconimen te zyne, zo ghebiel van weghen als boven , dat aile poorters ende inzetenen, gheestelick ende weerlick, niemandt uut ghesteken noch ghe- exeiDpleert, uut elcken hiiuse ende Iiuusghezinne die zyn boven de vier persoonen , ghehouden zullen wesen totter zelver fortificatien te zendene twee persoonen, ende de ghene niet commende tôt vier persoonen zullen ghestaen, midts zendende eenen uut buerlieder huusghezinne, voorzien van belioorlicken halm, ende uut elc roi te bescbicken twee pypegalins. Ende aengaende de cloos- ters, dat de nians persoonen daer toe zullen employeren den derden persoon, ende de vrouwe cloosters den vierden persoon ; behaudens nochtans dat de vrouwe persoonen ontsiaen zullen , midts betaelende acht stuuvers voor elcken persoon, daer inné oock begrypende aile de gbone woonende binnen den vrytgracht der stede. » Lastende te dien oock den dienaers van den ghemeenen aernien deser stede, opteneniene allô vagabonde ende ledichgangers, 't zy inzelene oftevrempde, dezelveanne te tasteneende apprehende- rene , ende in 't voorseyde weerck t'employerenè, daer voorcn dat elck t'zynder theeringhe toegheleyt zal vverden drie stuvers 's daechs, daer van de superintendenten nemen zullen toezicht. Ende de gbone die deffaillant zullen bevonden wesen, zullen ghebouden zyn te betaelene acbt stuvers. Ende latende de kinderen ghestaen met haerlicder ghewilleghen aerbeyt. Actum den 4 Sporcle 1578. Reg. EE, fol. 178. Alix archives de la ville de Gand. » 2 Voy. l'octroi du IS janvier 1577. Reg. RR. fol. 326, et celui du 26 mai 1578. Reg. X, fol. 104. Aux archives de la ville de Gand. ^ De Jongbe, Ghendtsche geschiedenissen , t. [, p. 508. Tome XXV. ^ 34 LA VILLE DE GAND cription des Pays-Bas de Guichardin. Elle avait un développement de plus de deux lieues. Les plans de cette enceinte bastionnée ayant été conservés , il nous sera facile de faire connaître exactement le tracé qui a été suivi '. La partie de la ligne fortifiée comprise entre le château des Espagnols et la porte de Bi'uxelles était défendue par deux bastions, dont la partie saillante se dirigeait vers les prairies de Hernesse; ces deux ouvrages étaient reliés par des courtines, de l'un côté à la citadelle, et de l'autre à l'Escaut. Entre la porte de Bruxelles et le pont des Moines, il y avait deux demi- lunes et un bastion. La première de ces demi-lunes couvrait la porte de l'Empereur, la seconde la porte de S'-Liévin, le bastion, appelé Leysen bollewerck, commandait l'Escaut à son entrée en ville. Depuis le pont des Moines jusqu'à la porte de Courlrai, on comptait deux demi-lunes desti- nées à défendre respectivement l'entrée de la porte de la Colline et celle de Courtrai, ainsi que le cours de la Lys, et deux bastions connus sous le nom de 's Graven bollewerck et Oranje bollewerck. Derrière l'enclos de la Biloke, on trouvait deux bastions dont l'un se nommait 't bolleiverck op 'l Biloqiie veldt; ils servaient à défendre les sinuosités de la Lys; de là l'enceinte fortifiée se prolongeait en suivant exactement le tracé de la ' Ces plans se trouvent aux archives communales de Garni; ils sont réunis en un volume gr. in-fol. , portant pour litre : Regisler inhaudende chacrten of descriplkn ftfjuralive van der forliftcatie inl ronde der stede van Gliendt , ende van aile de purtien van de gronden van erfveu die deiir de zelve fortificatie vermindert ende vercurt zyn; milsgaders de verbalen daer de voornoemde parlien per numéros in ghedistingtterl slaen, accorderende vp de zelve descriptien, mettcr annotatie loot gronden gherecompenseerl zyn gheweeU , ende de ghone niet gherecompenseerl ; icanof aile de parlien de welcke van deser slede recompense ghehadl hebben. ztjn in de chaerlen met een selveren Unie omme Irocken; de gronden compelcrende gheeslelicke persoonen niet gherecompenseerl, zyn nui ghelmve ghecoleurt , ende de gronden van erfven loebehoorende weereliehe persoonen die glieen recompense ghehadt en hebben , zyn met een purper veerwe ghecoleurt. A l 't welcke ghemelen , ghecarleert ende op den corten voet gheslelt es wt lasle van de E. Weerde ende zeer Voorsienighc Heeren Joiicheer Ghee- raert de Blasere, voorscepene , Joncheer Jaques vaii Zillebeke , gheseyt Takoen, scepene , ende huerlieder medeghesellen in ivelte . by Jan de Buek, ghezivoorne landlmeter deser voornoemde stede, métier assistentie van Joncheer Anlhonis van der Schaghen, ontfangher van der stede iceercken, die den voornoemden landlmeter gheassisteert heefl in 't beleeden ende bewysen mettcn auderlinghen up elck quartier. Milsgaders int ondersoucken van al de boucken van der recompense in de maenden van Augusio , September, Oclober, November ende December van den jare Xf tacgentich. — Nous don- nons une copie réduite de ces plans. CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 35 Nouvelle Promenade jusqu'à l'endroit dit 't Enderiveere, pour aller aboutir à la porte de Bruges. Cette partie de l'enceinte était flanquée d'un redan et de trois bastions : le redan se trouvait derrière l'église d'Âckergem; le premier bastion portait le nom de boUeiverck 't Enderweere; les deux autres, appelés bollewerck thende mueren et Hembiezen bolleiverck, se trouvaient sur le prolongement de cette ligne. Depuis la porte de Bruges, les fortifications suivaient le rempart de la porte de Bruges, ou Begliyne veste, jusqua la nouvelle porte de la Muyde, et de là jusqu'à celle d'Anvers, où elles venaient s'appuyer sur les ou- vrages de la citadelle des Espagnols. Cette partie importante de l'enceinte était flanquée de onze bastions, dont celui situé à proximité de l'ancienne porte d'Anvers avait le nom de Geusen bollewerck. La section comprise entre la porte de la Muyde et celle d'Anvers fut rasée en 1827, lors du creu- sement du bassin de commerce. Les remparts dont nous venons d'indiquer le tracé n'étaient que sim- plement gazonnés et entourés d'un large fossé; la partie comprise entre l'Escaut et la Lys, derrière l'ancienne abbaye de S'-Pierre, avait seule un revêtement en maçonnerie. Philippe II était descendu dans la tombe en 1598, après avoir donné la souveraineté des Pays-Bas à son neveu l'archiduc Albert, cinquième fils de l'empereur Maximilien II. Ce prince épousa, le 18 avril 1599, Isabelle-Claire-Eugénie, fille du monarque espagnol. Cette union ouvrit à la Belgique une nouvelle ère. A une longue époque d'agitation et de troubles allait succéder une période de réparation et de calme. L'affabilité et la franchise de leur cai-actère , plus encore que la sagesse et la douceur de leur gouvernement, concilièrent promptement aux archi- ducs l'affection et la confiance de leurs nouveaux sujets. Malheureuse- ment Albert et Isabelle moururent sans laisser de descendants , et comme, dans l'acte de donation , le cas avait été prévu , les provinces Belges firent retour à l'Espagne. L'archiduc Albert, malgré des chances diverses, avait réussi à tenir tète au prince ftlaurice , et était même parvenu à négocier avec les Pro- vinces-Unies une trêve de douze ans. Sa mort changea entièrement la face 36 LA VILLE DE GAND des affaires. Le cardinal de Richelieu, dont la politique astucieuse tendait à l'abaissement de la maison d'Espagne, avait conclu un traité secret avec la Hollande, par lequel les deux parties avaient décidé de démembrer les Pays-Bas et de s'en adjuger les diverses provinces. Pendant que les Français, sous les ordres des maréchaux de Chàtillon et de Brezé, entrent dans le Luxembourg, les Hollandais, commandés par le prince Frédéric-Henri de Nassau, pénètrent en Flandre. Le 13 sep- tembre 1641, le fils de Maurice débarque 15,000 hommes au fort de Philippine, et s'avance jusqu'au village d'Assenede dans l'intention de s'em- parer de Gand. La ville ne pouvait pas opposer par elle-même une longue résistance; mais une vaste inondation qu'on pratiqua autour de son en- ceinte obligea l'ennemi à renoncer à son entreprise. Au midi, les abords de la cité furent inondés sur une largeur de plus d'une lieue et de quatre à cinq cents mètres à l'ouest jusqu'au village de Vinderhaute; ensuite on forma un troisième bassin de 400 mètres de largeur et de huit lieues de longueur, côtoyant les villages d'Evergem, de Mendonck, de Wachtebeke, de Moerbeke et de Stekene jusqu'à la ville d'Hulst. Le prince d'Orange, après avoir vainement essayé de rompre cette ligne d'inondation, se vit forcé de se retirer jusqu'à Bergen-op-Zoom, sans avoir obtenu aucun avantage marqué. FYannée suivante, il tenta la même manœuvre, sans plus de succès; à cet effet, il jeta une armée de 10,000 hommes en Flandre, fit une pointe sur Oost-Eecloo , s'empara même des forts de Pioodenhuyzen et de Terdonck , situés sur le canal du Sas; mais ne pouvant forcer la ligne d'inondation de la vallée secondaire du 3Ioervaert, il dut rétrograder jusqu'au Sas-de- Gand , dont il se rendit maître après un siège de quatre semaines. En 1645, le général hollandais Brederode débarqua au Sas-de-Gand avec 70 compagnies d'infanterie et 18 de cavalerie, dans le but d'essayer de nouveau de traverser les inondations du Moervaert, (Quoiqu'il réussît à enlever le village de Wachtebeke, il ne put cependant forcer le défilé détendu par le général espagnol Becx. Le prince d'Orange, informé du peu de succès des opérations de son lieutenant, accourut avec le reste de son armée, qui se trouvait dans ses cantonnements aux environs de CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE, 37 Bergen-op-Zoom , se dirigea sur Bruges par Maldegem et Oost-Eecloo. afin de forcer l'ennemi à sortir de ses positions; mais le général Becx se contenta de détacher quelques compagnies pour renforcer le corps d'ar- mée du prince de Lorraine, qui commandait à Bruges. Frédéric-Henri , voyant de nouveau échouer son entreprise, marcha sur le village de Mariakerke, situé aux environs de Gaud, dans l'intention de s'emparer de cette ville, où il avait quelques intelligences et qui n'é- tait défendu que par une faible garnison; mais le duc de Lorraine et les généraux Becx et Picolomini prévenant son projet, allèrent à la hâte s'enfermer dans cette place. Alors le prince, tournant la ligne d'inonda- tion, se porta sur Vinderhaute et de là sur Deyuze, où il passa la Lys, après avoir battu, conjointement avec l'armée française, le corps d'armée commandé par Becx. Les Français, qui avaient battu en retraite pour aller couvrir leurs fron- tières, mirent le prince d'Orange dans une position très-critique : aban- donné de ses alliés, presque isolé au milieu d'un pays ennemi et séparé de sa ligne d'opération, son armée courut les plus grands dangers. Il se retira de cette position en capitaine habile : se rejetant brusquement sur l'Escaut, il traversa ce ileuve sur un pont de bateaux a Zwynaerde et à Melle, marcha droit sur Lokeren et alla investir liulst, qu'il emporta après un siège de quinze jours. La paix de Munster (1648) et celle des ..Pyrénées (1659) mirent fin aux hostilités; l'une valut aux Provinces-Unies leur indépendance, l'autre donna à la France un accroissement considérable de territoire. Les graves événements que nous venons d'esquisser et dont la Flandre centrale fut principalement le théâtre, démontrent que la ville de Gand dut plutôt son salut à son heureuse situation, qui lui permettait de cou- vrir ses abords par une longue ligne d'inondations, qu'à la solidité de ses remparts. Il est à remarquer que l'enceinte fortifiée qui entourait la partie élevée de la ville, comprise entre l'Escaut et la Lys, se trou- vant en dehors de la ligne d'inondation et n'étant protégée par aucun ouvrage extérieur, ne pouvait offrir une résistance bien sérieuse en cas de siège, quoiqu'elle fût entièrement revêtue en maçonnerie. C'était un très- 38 LA VILLE DE GAND grave danger, sui'lout en cas de guerre avec la France, parce que ce n'é- tait que de ce côté que l'attaque pouvait être dirigée avec quelque chance de succès. En 1671, on essaya d'y obvier, en construisant, à environ 500 mè- tres en dehors de l'enceinte, plusieurs lunettes et demi-lunes, ainsi qu'un ouvrage à cornes, appelé le fort Monierey , revêtus en maçonnerie et pourvus de contre-mines. A cette occasion, on entoura de nouvelles for- tifications les faubourgs du Sas et de Bruges, et la partie Est de la ville entre l'Escaut supérieur et inférieur. Il paraît que ces constructions furent faites aux frais du gouvernement général des Pays-Bas; cependant, la ville de (jand y contribua aussi pour une somme considérable. Par ordonnances des 50 avril et 15 août 1671, elle fut autorisée à lever à cet effet un impôt extraordinaire de 60,000 florins sur le papier timbré, et de 70,000 florins sur l'accise du vin ''. Les événements ne tardèrent point à prouver l'utilité de ces précautions. Le traité des Pyrénées, en sanctionnant le morcellement de la Belgique, stipula le mariage du jeune Louis XIV avec l'infante Marie-Thérèse. En épousant la fdle aînée de Philippe IV, le monarque français avait dû renoncer à tous ses droits sur la couronne d'Espagne; à la mort de son beau-père (1665), il chei^ha à éluder, du moins en partie, les clauses du traité des Pyrénées. 11 existait dans les duchés de Brabant et de Limbourg une loi coutu- mière qui assurait aux enfants du premier lit, à la mort d'un de leurs parents, le droit de conserver la possession des biens propres du survi- vant, à l'exclusion des enfants à naître d'un deuxième mariage. Ce droit était connu sous le nom de droit de dévolution. Louis XIV s'en prévalut pour réclamer le Brabant du chef de sa femme. C'était évidemment une prétention imaginaire, car le droit de dévolution n'avait jamais eu un ca- ractère politique. Quoi qu'il en soit, le roi de France envahit la Flandre et le Hainaut, et après s'être emparé d'une grande partie de ces deux provinces, il donna l'ordre, en 1678, au maréchal d'IIumières de mettre le siège devant la ' Placards de Flandre, t. III, pp. 182 et 189. CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 39 ville de Gand, que le duc de Villa- Hermosa avait dégarnie de troupes. Don Francisco de Pardo, qui commandait la place, n'avait sous ses ordres que trois régiments, pour tenir tête à une armée nombreuse et pour dé- fendre une enceinte qui n'avait pas moins de deux lieues de développe- ment. Pour engager les habitants à prendre les armes et à concourir à la défense des remparts, le général espagnol leur promit de nouveaux pri- vilèges; mais l'esprit communal s'était presque entièrement éteint, et la perspective de nouvelles franchises n'avait plus comme autrefois la magie d'électriser la bourgeoisie. La ville étroitement investie par les maréchaux d'Humières, de Luxem- bourg, de Lorges, de Schomberg et Vauban (ce dernier dirigeait les tra- vaux du siège), était entourée presque de toutes parts d'une large ceinture d'eau, et il ne restait aux assiégeants que l'alternative ou de renoncer à leur projet, ou de diriger l'attaque sur les hauteurs de S'-Pierre. Le 8 mars, à onze heures du soir, fut donné le signal de l'assaut; le duc de Villeroy et le colonel de Saint-Georges enlevèrent les demi-lunes qui cou- vraient la porte de Courtrai, et le lendemain de Pardo, voyant l'impossi- bilité d'opposer une plus longue résistance, capitula après avoir vail- lamment défendu la place pendant six jours. La ville resta au pouvoir des Français jusqu'à la paix de Nimègue (1678). La ville de Gand joua un rôle important dans la guerre de la succes- sion d'Espagne : elle fut prise tour h tour par les armées françaises et pai- les troupes alliées. On connaît l'origine de cette longue lutte, qui fut pour Louis XIV une série d'humiliations et de désastres, et pour la France une cause d'épui- sement et de ruine. Charles II était monté sur le trône d'Espagne à la mort de Philippe IV; mais une santé débile et languissante le condamnait à une mort préma- turée. Ce prince, faible et maladif, n'ayant point d'enfants, sa succession excitait la convoitise des maisons de France et d'Autriche. Pour main- tenir l'équilibre européen et éviter la reprise des hostilités, l'Angleterre, la Hollande et la France conclurent à la Haye, en 1698, un traité secret par lequel ces puissances partagèrent la monarchie espagnole du vivant 40 LA VILLE DE GAND même du roi d'Espagne. D'après ce traité, le duché de Lorraine, les royaumes de Naples et de Sicile et quelques petites principautés d'Italie étaient attri- bués au dauphin de France; l'archiduc Charles obtenait le duché de Milan, et le prince électeur de Bavière devait succéder au trône d'Es- pagne. Charles II mourut le 1" novembre 1700, et, au grand étonnement de l'Europe, on trouva un testament, daté du 2 octobre précédent, par lequel le duc d'Anjou, deuxième fils du dauphin de France, était désigné pour recueillir l'immense succession du monarque espagnol. Louis XIV, oubliant l'engagement solennel qu'il avait pris à la Haye, ne songea qu'à faire valoir les droits de son petil-fds, et se hâta de faire occuper les Pays-Bas. A'cette nouvelle l'Europe s'arma contre la France : il se forma à la Haye une ligue formidable, dans laquelle entrèrent outre la Hollande, l'Angleterre et l'Empereur, la Prusse, le Portugal, les princes de l'Empire et plus tard le duc de Savoie. Les hostilités commencèrent au mois de septembre 1702; le duc de Marlborough était à la tête des troupes alliées, tandis que le prince Eugène dirigeait les opérations en Italie; le maréchal de Boufflers commandait l'armée française. Après plusieurs campagnes sans résultats décisifs, la guerre fut portée en Allemagne. L'électeur de Bavière, appuyé d'un corps de troupes fran- çaises, avait formé le projet d'envahir l'Autriche; déjà il s'était avancé jusqu'à Donawert: le duc de Marlborough vola au secours des Impériaux et parvint à opérer sa jonction avec le prince Eugène; dès ce moment l'issue de la campagne ne fut plus douteuse : les armées se rencontrèrent dans les plaines d'Hochstedt, oià le maréchal de Tallard, qui commandait les Français, essuya une sanglante défaite; les alliés y firent près de 50,000 prisonniers et s'emparèrent de plus de 100 bouches à feu. Cette brillante victoire obligea les Français à se replier sur le Rhin; ils y furent suivis par les alliés, et la Belgique devint dès lors le principal théâtre des événements militaires , dont les suites furent si désastreuses pour la France. En 1706, Louis XIV avait levé une nouvelle armée de 70,000 hommes, commandée par le maiéchal de Villeroi. Le général français , n'osant se CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 41 hasarder dans la plaine , avait échelonné toutes ses forces derrière la Dyle du côté de Louvain; le duc de Warlborough, par une manœuvre habile, le força de sortir de ses retranchements el le défit complètement aux en- virons de Ramillies, à deux lieues de Jodoigne. Cette défaite mémorable coûta à la France 20,000 hommes et une grande partie de son artillerie. L'électeur de Bavière courut à Bruxelles, assembla en toute hâte ses papiers, ses bijoux et ses meubles les plus précieux et vint se réfugier sous le canon de Gand ^ La victoire de Ramillies ouvrit au célèbre général anglais les portes de presque toutes les villes de la Belgique. Il fit successivement son entrée à Louvain et à Bruxelles, ensuite il se présenta devant la ville de Gand, d'où les ennemis se retirèrent le l^-" juin, laissant dans le fort de Monterey deux bataillons espagnols, qui se rendirent presque immédiatement. Le comte de Nassau, fils du feld-maréchal d'Ouwerkerke, fut nommé gouverneur de la place. Les campagnes de 1707 et de 1708 ne commencèrent pas, pour les alliés, sous de favorables auspices. Louis XIV était parvenu, non sans de grands sacrifices, à réparer les pertes qu'il avait essuyées en Italie et en Belgique. Pendant que les Français forçaient le prince Eugène à lever le siège de Toulon, les ducs de Vendôme et de Bourgogne tenaient les alliés en échec en Brabant. Cependant iMarlborough manifesta l'intention d'aller assiéger Lille; à celte nouvelle, le duc de Bourgogne, pour faire diver- sion , résolut de surprendre quelques villes de la Flandre défendues par de faibles garnisons. A cet effet, il divisa son armée en deux corps, l'un, sous le commandement du comte de Chemerault, était chargé de se rendre maître des passages de la Dendre, l'autre, placé sous les ordres du mar- quis de Grimaldi, qui avait pour lieutenants le baron de Câpres et le bri- gadier Délia Faille, ancien grand bailli de Gand, avait mission de sur- prendre la ville de Gand. De Grimaldi, après une marche rapide, se présenta devant cette place le 5 juillet, de grand malin, et envoya immédiatement quelques soldats à la ' Roussel, Histuire militaire du prince Eugène de Savoie et du duc de Marlborough, t. II, p. 213. Tome XXV. 6 42 LA VILLE DE GAÎND porte de S'-Liévin, où ils se présentèrent comme déserteurs. Cette porte n'était gardée que par un piquet de bourgeois. Les prétendus déserteurs sont bien accueillis et conduits à la grand'gai^de ; chemin faisant, quel- ques-uns d'entre eux se laissent choir à terre sous prétexte de lassitude, et demandent de l'eau-de-vie. Pendant ce temps, d'autres faux transfuges se présentent devant la même porte et vont rejoindre leurs camarades. Alors le comte Délia Faille s'avance à la tête de cent hommes; par hasard, le soldat qui était en faction, ayant fait partie de son régiment, le reconnaît et le couche en joue; Délia Faille lui met quelques pistoles dans la main, passe outre, suivi de ses hommes et court se rendre maître des portes de Bruges, de Meulestede et de la Muyde, afin de fermer l'entrée de la ville au comte de Murray, qui était campé à Mariakerke et à Lovendegem avec trois ou quatre bataillons d'infanterie et un régiment de dragons. Pendant que Délia Faille exécute ce hardi coup de main, de Grimaldi fait passer le reste de son détachement par la porte de S'-Liévin et va occuper militairement les principaux quartiers de la ville. Quand toutes les posi- tions furent gardées , le brigadier général se rendit à la maison de ville et présenta au magistrat une lettre de l'électeur de Bavière, datée du 12 mai et portant en substance : « Que, dans l'espoir que la supériorité » des armes du duc de Bourgogne délivrerait la plupart des villes de » Flandre du joug des alliés, il avait jugé à propos, avant de partir pour » le Pihin , de laisser ses ordres pour témoigner en ce cas-là aux magis- » trats de Gand et au peuple la satisfaction qu'il éprouvait de les voir » toujours bien intentionnés et zélés pour le roi Philippe, même depuis » le changement arrivé, et pour les assurer qu'en cas qu'ils fussent remis » sous l'obéissance du roi, non-seulement on leur confirmerait leurs pri- » viléges, mais qu'on les augmenterait encore, ainsi qu'il serait jugé à » propos pour le bien public; et qu'enfin , S. A. E., en qualité de gouver- » neur général, accorderait à la ville et à la province même une amnistie » générale de tout ce qui avait été fait depuis la bataille de Ramillies et » confirmerait pour deux ans le magistrat de Gand ^ » ' Roussel, Histoire militaire du prince Eugène , t. II, pp. 247-248. CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 45 Cependant, le gouverneur de la place, voyant les Français maîtres de la ville, s'était enfermé dans la citadelle avec 5,000 hommes, dans l'in- tention d'opposer une vigoureuse résistance. Le marquis de Grimaldi le fit sommer de se rendre; mais le commandant répondit à cette sommation par des coups de canon; alors le général français fit immédiatement dresser quelques batteries contre le château, et avant d'en venir à une attaque sérieuse, il envoya le magistrat auprès du gouverneur pour lui faire con- naître l'état réel des choses et l'engager, dans l'intérêt de la ville, à ne pas prolonger la résistance. La citadelle fut remise aux Français dans la matinée du 10 juillet. Ce faible succès ne fut pas de longue durée : le lendemain de la prise de Gand, les ducs de Bourgogne et de Vendôme essuyèrent une défaite sanglante aux environs d'Audenarde. Dès cet instant , les Français perdi- rent une à une toutes les positions dont ils étaient parvenus à s'emparer au début de la campagne. Les alliés investirent d'abord Lille, qui, malgré la belle et savante défense du maréchal de Boufflers, fut emporté après dix semaines de siège; ensuite, malgré la saison avancée — c'était au mois de décembre — , ils résolurent de bloquer la ville de Gand, qui était une des dernières places où les Français avaient réussi à se maintenir. Le comte de la Mothe, qui y commandait, avait sous ses ordres vingt-neuf batail- lons, plusieurs régiments de dragons, et la ville était abondamment pour- vue de vivres, d'artillerie et de munitions de toute espèce. Louis XIV attachait la plus grande importance à la conservation de cette place, parce qu'elle lui donnait un pied dans le pays; Chamillart exprimait donc parfaitement les intentions de son maître, quand il écri- vait la lettre suivante au comte de la Mothe : « La conservation de Gand » est d'un si grand poids que vous ne sauriez , de concert avec le baron » de Câpres, M. Délia Faille, les brigadieis et autres officiers supérieurs, » vous appliquer avec trop de soins à une longue et vaillante défense, » dans le cas où les ennemis se résoudraient à vous assiéger. Quoique la » ville par elle-même ne soit pas forte, elle ne présente aux attaques qu'un » abord étroit et difficile. Vous avez des troupes assez nombreuses pour » défendre un chemin couvert et pour faire payer cher aux alliés la prise » de la ville, s'ils persistent dans le projet de s'en emparer. 44 LA VILLE DE GAISD » Après avoir eu le malheur de commander dans la ville d'Ostende, que » les ennemis ont conquise en peu de jours, après le combat de Winen- » dale, où vous n'avez pas été plus heureux, il est de la plus grande impor- » tance, pour vous comme pour Sa Majesté, que l'occasion qui se pré- » sente aujourd'hui puisse lui donner une si bonne opinion de vous que » vous obteniez de Sa Majesté les marques de distinction pour lesquelles » vous avez si souvent travaillé... Si vous êtes assiégé, vous devez mettre en » oeuvre tous les moyens possibles pour prolonger le siège de telle sorte » qu'il occasionne de grands frais aux alliés, et leur disputer le terrain » pied à pied, comme a fait le maréchal de Boufflers. Je connais la difié- » rence qui existe entre les fortifications de Lille et celles de Gand. » Cependant cette dernière ville a un bon chemin couvert, ce qui est d'une » grande utilité; après six semaines de siège, les ennemis n'étaient pas » encore entièrement maîtres de celui de Lille, bien que la situation de » cette ville soit moins forte que la vôtre ^. » Le duc de Marlborough, qui se trouvait à Beirlegem , quitta ses can- tonnements le 11 décembre 1708, traversa le village de Melle et vint planter ses tentes devant le corps de la place; il y fut rejoint le surlen- demain par le prince Eugène et par le prince d'Orange. A cause de l'état avancé de la saison, et pour éviter de devoir traîner le siège en longueur, les alliés résolurent d'attaquer simultanément la place par trois côtés différents. Le corps d'armée du comte de Lottum était campé sur le pla- teau, situé entre la route de Courtrai et le haut Escaut, à Zwynaerde, c'est-cà-dire en face du fort Monterey; celui du prince héréditaire de Hesse-Cassel s'était déployé entre la porte de l'Empereur et le bas Escaut; le duc de Wurtemberg était chargé de bloquer étroitement le château des Espagnols. Le 24 et le 25 , la tranchée fut ouverte sur les trois points d'attaque ; le lendemain , les assiégés firent une vigoureuse sortie entre les portes de la Colline et de Courtrai, et mirent en déroute deux régi- ments anglais; toutefois, quelques autres régiments, accourus pour les dé- gager, forcèrent les Français à regagner la place. Le 27, les assiégeants ' Voyez V Histoire de Flandre par M. Kervyn de Lettenhove, VI, pp. 491-492. CONSIDEREE COMME PLACE DE GUERRE. 45 emportèrent le Fort-Rouge, où ils firent 200 prisonniers, et se dispo- saient à faire jouer leur artillerie, qui était nombreuse et avantageuse- ment établie, lorsque le comte de La Mothe, sous prétexte de vouloir sauver la ville d'un embrasement imminent , demanda à entrer en néso- ciations. La capitulation fut signée le 29 décembre, et le 2 janvier sui- vant, la garnison abandonna la place et se dirigea, avec six pièces de canon, sur Tournai. La campagne de 1709 fut aussi désastreuse pour les armes de Louis XIV que celles qui l'avaient précédée; les plans en furent arrêtés à Gand, le 12 juin de cette année, enti^e le duc de Marlborough et le prince Eugène de Savoie. Il n'entre pas dans notre sujet de faire connaître les événements mili- taires qui suivirent la prise de notre ville et qui forment la dernière phase de cette longue et sanglante lutte pour la succession du trône ébranlé de Charles II ; disons seulement que les alliés triomphèrent encore à Malplaquet , mais que la défaite que Villars leur fit essuyer à Denain, les engagea à traiter avec Louis XIV, et que la paix d'Utrecht (1715) et le traité de la Barrière, qui firent passer les Pays-Bas espagnols sous la domination de la maison d'Autriche, mirent fin aux hostilités qui avaient tenu l'Europe pendant treize années en émoi. Le nom de la ville de Gand ne paraît plus avec quelque éclat dans l'his- toire militaire du XVIIP siècle que dans les premières années du règne de Marie-Thérèse. L'empereur Charles VI, afin d'assurer à sa fille la paisible possession de ses États héréditaires, avait fait souscrire par tous ceux qui auraient pu élever des droits éventuels à sa succession, un pacte de famille par lequel il était statué que toutes les parties de la monarchie autrichienne devaient former désormais un tout indivisible, transmissible par droit de primo- géniture et, à défaut de descendants mâles, à l'aînée des archiduchesses ses filles. A peine l'Empereur eut-il fermé les yeux qu'un orage formidable vint subitement fondre sur la tête de Marie-Thérèse, dont le trône était encore mal affermi. Attaquée presque simultanément par les rois d'Espagne, des 46 LA VILLE DE GAND Deux-Siciles, de Sardaigne, de Prusse, de Pologne, et par l'électeur de Bavière , le trésor épuisé, l'armée réduite à 50,000 hommes , par suite des dernières guerres que Charles VF avait eu à soutenir contre les fran- çais et les Turcs, la jeune souveraine se trouvait dans une position des plus critiques. Le bel et noble dévouement des Hongrois et l'héroïque conduite de Marie-Thérèse sauvèrent la monarchie. Aussi longtemps que l'attitude des Provinces-Unies pouvait laisser des doutes sur leurs véritables intentions, la France s'était bornée à appuyer sous main les ennemis de l'Autriche, mais dès l'instant où l'Angleterre et la Hollande embrassèrent ouvertemeuL la cause de Marie-Thérèse, Louis XV fit immédiatement déclarer la guerre à l'Impératrice, et conduisit lui-même en Belgique une armée considéra- ble, placée sous le commandement du célèbre maréchal de Saxe. Menm, Ypres et Courtrai tombèrent presque immédiatement au pouvoir des Français, et la mémorable victoire de Fontenoi leur livra la Flandre et le Hainaut. Cependant les Anglais, craignant que les Français n'allassent immédia- tement investir la ville de Gand, qui renfermait les magasins des alliés, essayèrent de jeter 6,000 hommes dans cette place; le vicomte de Chayia les rencontra à Melle, à une lieue de Gand, et les mit dans une déroute complète. Cette action coûta aux Anglais 500 morts et 1,500 prisonniers. Louis XV était campé avec son armée à Rooborst , entre Audenarde et Grammont. Aussitôt que les Gantois apprirent que les Français s'avan- çaient dans la direction de leur ville, ils élevèrent à la hâte quelques for- tifications en avant de la place, et pourvurent la citadelle d'un matériel et des munitions nécessaires pour pouvoir opposer au besoin une vigoureuse résistance. Malheureusement, la garnison ne se composait que de huit cents hommes, commandés par le baron de Kiesegem. Le commandant fit demander au magistrat des instructions sur la manière dont il fallait pointer les canons qui défendaient la ligne fortifiée en avant du quartier de S'-Pierre; car, comme le seul chemin couvert par où on pouvait péné- trej' dans la place se trouvait dans cette direction, on supposait, avec raison, que l'attaque serait dirigée de ce côté. L'inexpérience du com- cors SIDEREE COMME PLACE DE GUERRE. 47 mandant n'était pas de bon augure pour la déiense de la ville. En effet, les Français se présentèrent devant les remparts, le 11 juillet 1745, à trois heures du matin, et pendant que le vicomte de Chayla, qui s'avan- çait vers la porte de l'Empereur, envoyait quelques boulets dans la ville, les troupes du comte de Lowendahl traversèrent à la nage le fossé qui bordait l'enceinte fortifiée comprise entre les portes de S'-Liévin et de la Colline, et s'emparèrent, presque sans coup férir, du corps de la place. Le baron de Kiesegem se retira avec la faible garnison dans le château qu'il fut bientôt obligé de rendre. Louis XV, après avoir confié l'intendance générale de la Flandre à de Sechelles, fit son entrée solennelle dans la ville de Gand, le 25 juillet. Le corps des échevins, suivi de toutes les confréries et de cent hommes riche- ment vêtus et portant dans la main un flambeau allumé, allèrent à la rencontre du roi jusqu'à la barrière, hors la porte de la Colline, o\j le vin d'honneur lui fut offert, de même qu'au Dauphin, aux ducs de Pen- thièvres, de Boufflers, etc. Louis XV, après avoir assisté, pendant trois jours, à des fêtes et à des réjouissances publiques, organisées en son hon- neur, alla se faire recevoir, avec le même cérémonial, à Bruges. La ville de Gand resta pendant trois ans au pouvoir des Français; elle fut rendue à Marie-Thérèse après la conclusion du traité d'Aix-la-Cha- pelle (1748) ^ Depuis la prise de la ville de Gand par les armées de Louis XV, cette place perdit insensiblement son importance militaix^e. En 1781 , Joseph II décréta le démantèlement de plusieurs places fortes de la Belgique et entre autres de celle de Gand. Voici la dépêche que le duc de Saxe-Teschen, gou- verneur général, adressa, à ce sujet, aux échevins de la keure : « Chers » et bien amés ; comme Sa Majesté, après aA'oir pris une inspection du « local des provinces des Pays-Bas , a jugé que, pour l'avantage desdites » provinces , des administrations et de son service, il convient de ne con- » server dans la plupart des villes que le seul cordon et le fossé capital >> pour prévenir la défraudation des droits et impôts, et qu'en consé- > Voy. un articlr sur la prise de Gand, par Louis XV, dans la Revue de Bruxelles . février i840. 48 LA VILLE DE GAND » quence, on ferait profit des terrains des différentes fortiflcatious, soit » de la part des royales finances , soit de la part des villes , selon les « propriétés respectives; nous vous faisons les présentes pour vous en » informer, et nous vous prévenons en même temps que le commissaire » de la chambre des comptes, qui est chargé de l'exécution des souve- » raines intentions de Sa Majesté à cet égard, vous communiquera ce qui » concerne la démolition des fortifications de la ville et du château de » Gand , vous chargeons , en conséquence, d'ajouter entière foi et créance » à ce que ledit commissaire vous dira, et de concourir, en tout ce qui » pourra dépendre de vous, à la prompte exécution des volontés de Sa » Majesté. A tant, chers et bien amés. Dieu vous ait en sa sainte garde. » De Bruxelles, le 22 novembre 1781 » ^ Conformément à cette dépêche, tous les terrains militaires qui n'étaient pas nécessaires pour assurer la perception des droits d'octroi , furent exposés en vente; cependant comme toutes les parties de nos anciennes fortifications n'avaient pas la même origine, que les unes, telle que l'en- ceinte continue, avaient été construites aux frais exclusifs de la ville, que les autres , notamment les ouvrages extérieurs du château , le fort Mon- terey, les lunettes et les demi-lunes élevées entre l'Escaut et la Lys, et les travaux exécutés dans les faubourgs de la porte de Bruges et du Sas, de même que ceux situés entre l'Escaut supérieur et inférieur, avaient été établies par le gouvernement général , il fut ordonné de tenir compte de cette circonstance et de vendre les premières au bénéflce de la caisse communale et les autres au profit du trésor public 2. Les terrains appartenant à l'État furent divisés en 69 lots et vendus, sous la direction du receveur des fortifications van Overloop, les 25 et 25 février 1782, au prix de 45,954 florins. Ils consistaient en plusieurs lunettes, retranchements, etc., situés devant les faces des contre-gardes ' Aux archives de la ville de Gand. ^ Il existe aux archives de la ville de Gand un dossier qui contient des documents très-intéres- sants relatifs aux travaux de démolition exécutés en 1782, et notamment plusieurs plans, certifiés par le capitaine du génie Boulangé, où les terrains appartenant respectivement à l'État et à la ville sont soigneusement indiqués. CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 49 des portes de l'Empereur, de S'-Liévin, de S'-Pierre et de Courtrai, l'ou- vrage à cornes de Monterey, les fortifications élevées en avant des portes de Bruges et du Sas, les terre-pleins et les parapets de la face gauche de la contre-garde des bastions de S"'"-Marie et de S'-Jacques, hors la porte d'Anvers, l'esplanade de la citadelle, etc. Les terrains appartenant à la ville furent divisés en 15 lots et vendus, le 19 septembre suivant, au prix de 7,308 florins. Les années suivantes, on exposa en vente publique plusieurs anciennes portes de la ville, quel- ques canons et un grand nombre d'armes à feu et des munitions de guerre se trouvant dans les arsenaux ^ Un arrêté du préfet Faipoult, du 21 mai 1806, ordonna à tous les acquéreurs de terrains militaires de déposer, dans la quinzaine, à la pré- fecture du département, sous peine de déchéance, les titres en vertu desquels ils jouissaient, accompagnés des quittances justificatives de leur libération. Cette formalité fut scrupuleusement remplie^. Il est à remarquer que presque tous les terrains provenant des an- ciennes fortifications, vendus en 1782, étaient situés au delà des fossés de la ville. Le 27 mars 1787, le magistrat mit en adjudication les travaux de démolition des murs et des contre-forts et de nivellement des remparts d'IIembyze, c'est-à-dire de toute la partie de l'ancienne en- ceinte fortifiée comprise entre la seconde porte de Bruges et le moulin situé à l'extrémité de l'endroit dit '< Enderweere. Il résulte du cahier des ' Les procès- verbaux de ces diverses ventes sont conservés aux archives de la ville de Gand. * Voici le texte de cet arrêté: Le préfet, vu la lettre du directeur des domaines, en date du 13 de ce mois, par laquelle il invite le préfet à prendre des mesures pour que les détenteurs ac- tuels des terrains et bâtiments dépendant des fortifications de la ville de Gand et de la citadelle, (jui se trouvent dans son enceinte, représentent les titres en vertu desquels ils jouissent et les quit- tances justificatives de leur libération ; Vu le procès-verbal qui a été tenu de la vente de ces propriétés; Considérant que nonobstant les diverses interpellations qui ont été faites aux détenteurs desdils biens, à l'effet de produire leurs titres et les quittances de leur libération, ils sont restés jusqu'à présent en défaut d'y satisfaire; Considérant qu'il est de l'intérêt du Gouvernement de s'assurer que les détenteurs des biens dont il s'agit jouissent en vertu d'un titre légal , et qu'ils ne doivent plus rien sur le prix des acquisitions qu'ils ont faites du gouvernement autrichien ; Tome XXV. 7 50 LA VILLE DE GAND charges que nous avons sous les yeux, que les ouvrages ne devaient pas être rasés à fleur de terre , mais que les adjudicataires étaient tenus d'extraire les fondements des murs à une profondeur de six pieds au-des- sous du niveau du chemin longeant le fossé, et que, dans les travaux de nivellement, ils devaient tenir compte de la déclivité du terrain. Tel était l'état de nos anciennes fortifications à l'époque de l'entrée des Français. Il nous reste à faire connaître la dernière phase de l'histoire militaire de notre cité. Cette partie de notre travail, à défaut d'autre mérite, aura du moins celui de fournir quelques renseignements utiles sur les diverses dispositions législatives qui ont fait déchoir la ville de Gand du rang de place de guerre. La première loi que nous trouvons dans le vaste arsenal législatif que nous a légué la première révolution française, est celle du 1" décembre 1790, dont l'art. 5 contient la disposition suivante, qu'il est nécessaire de reproduire pour l'intelligence de ce qui va suivre : « Les murs et les » fortifications des villes entretenus par l'État et utiles à sa défense font » partie des domaines nationaux; il en est de même des anciens murs, » fossés et remparts, de celles qui ne sont point places fortes, mais les » villes et communautés qui en ont la jouissance actuelle y seront main- » tenues, si elles sont fondées en titres ou si leur possession remonte à » plus de dix ans, et à l'égard de celles dont la possession aurait été » troublée ou interrompue depuis quarante ans , elles y seront rétablies. » Survint la loi du 7 brumaire an IX, ordonnant la remise à l'autorité Arrête : 1° Tous les délenleiirs actuels des murs, fossés, remparts, bâtiments et lerrains.mili- taiies de la ville de Gand et de sa citadelle, qui ont été vendus par ordre de Joseph II , le -23 lévrier 178-2, sont tenus de remettre à la préfecture, dans la quinzaine qui suivra la signification qui leur sera faite du présent arrêté, tous les titres en vertu desquels ils jouissent, accompatçnés des quit- tances justificatives de leur libération; 2" Ceux de ces détenteurs qui n'ont pas acquis directement du c;ouvernemeut autrichien, seront tenus de produire indépendumment de leurs titres ceux de rac(|uérear primitif de ces immeubles, et d'y joindre la quittance de son entière libération ; 3° Les biens dont il s'agit, possédés par des particuliers qui n'auront pas déposé dans le délai prescrit les pièces qui leur sont demandées, seront mis sous le séquestre par le receveur des do- maines, à Gand; 4" Le présent arrêté sera signifié, etc. Fait à Gand, le 21 mai 1806. Signé Faipoult. CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. m militaire des terrains, fortifications, etc., de la ville de Gand, et celle du 1" vendémiaire an XII, décrétant la suppression de plusieurs places fortes de la Belgique, et notamment de celle de Gand (le château seul excepté) et l'aliénation des fortifications et bâtiments militaires au profit du do- maine, à l'exception de ceux nécessaires à la garnison, lesquels devaient être désignés par une commission mixte à nommer à cet effet. En présence de ces deux lois, dont l'une maintenait, moyennant cer- taines conditions, les villes dans la jouissance de leurs murs, fossés et remparts, tandis que l'autre les dépossédait sans aucune compensation, l'administration communale de Gand réclama énergiquement l'exécution pure et simple, en sa faveur, de la loi du l" décembre 1790. A l'appui de sa juste réclamation, elle produisit un mémoire très-développé , appuyé d'un grand nombre de titres, extraits de ses archives, dans lequel elle prouva à la dernière évidence que la ville avait eu non-seulement la jouis- sance immémoriale et non interrompue de ses murs, fossés et remparts, mais que même la plus grande partie de son enceinte fortifiée avait été construite, au XVI" siècle, à ses frais exclusifs. Ce mémoire fut adressé au Ministre de la guerre, le 50 brumaire an XII, par le préfet du département de l'Escaut, qui y ajouta le rapport suivant : « J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint un mémoire appuyé d'un très- » grand nombre de pièces que vous adresse le maire de la ville de Gand . » à l'effet d'être maintenue ou rétablie dans la propriété des fossés et rem- » parts et autres emplacements militaires de ladite ville (le château excepté). » Ce mémoire repose sur la propriété de la ville de Gand auxdits ter- » rains et fortifications , sur sa possession immémoriale , sur les disposi- « tions de l'art. 5 de la loi du l"-" décembre 1790, enfin sur la nécessité » de conserver à une ville sujette à des dépenses considérables et qui n'a » d'autres revenus pour y pourvoir que le produit d'un octroi, les seules » barrières qui lui garantissent ce genre de revenu, sans lesquelles il serait » paralysé et réduit à rien par la fraude actuellement si bien réprimée , » mais toujours prête à se relever au moindre espoir de succès. » L'exposé du maire de la ville de Gand, les titres à l'appui de sa >. réclamation établissent d'une manière si évidente les droits de propriété 52 LA VILLE DE GAND » de ladite ville, que je suis convaincu , citoyen Ministre, qu'une seule « lecture de ces nombreuses pièces suffira pour faire disparaître le moindre » doute que vous pourriez concevoir sur la légitimité de la réclamatioii » dont il s'agit, f^es pièces produites par le maire remontent aux années » 1500, et se succèdent jusqu'en prairial an IX, époque de la remise à » l'autorité militaire, conformément à l'arrêté du Gouvernement du 7 bru- » maire an IX, des terrains, fortifications et bâtiments militaires de la » ville de Gand. » Ces pièces prouvent, les unes le droit de propriété de la ville sur les » objets dont il s'agit, par suite de l'indemnité qu'elle a accordée aux » propriétaires des terrains qui avaient été incorporés dans les fortifica- » tions qu'elle a fait construire à ses frais et par ses habitants en 1571 » ( 1 577 ) ; d'autres prouvent encore la propriété de cette ville par le fonds » qu'elle a donné, en 1671 , pour étendre et augmenter ses fortifications. » D'autres prouvent sa possession paisible, immémoriale et non inter- » rompue des susdits objets jusqu'en prairial an IX , époque, ainsi qu'il a » été dit plus haut, de leur remise à l'autorité militaire. D'autres, enfin, » prouvent la déférence qu'ont eue pour les droits de propriété de la ville » de Gand, les anciens souverains de ce pays, et notamment Joseph II, » qui avait ordonné que toutes les places fortes de la Belgique seraient » démantelées, en abandonnant à la ville de Gand le droit de vendre à » son profit les fortifications et terrains militaires construits à l'entour » de son enceinte sur des propriétés qu'elle avait acquises, dans le temps, » au moyen de l'indemnité qu'elle avait accordée aux propi'iétaires. » Peu de réclamations sont appuyées de titres aussi respectables par » leur ancienneté et leur authenticité que celle-ci; ils me donnent l'espoir » qu'étant examinés et appréciés par un Ministre aussi éclairé que vous, )) la réclamation de la ville de Gand aura tout le succès que mérite une » cause juste et l'intérêt que doit inspirer une des villes les plus impor- » tantes de la République. » Le Gouvernement français, convaincu du fondement de la réilamation de l'administration municipale de Gand. prit, le 18 brumaire an XIII, un décret portant en substance : « Que la partie des murs, fossés et rem- CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 53 » parts qui avaient été construits aux frais de la ville de Gand et sur » les terrains occupés par elle, lui seraient remis gratuitement en toute » propriété. Quant aux portions desdits murs, fossés et remparts faits » aux dépens des Gouvernements antérieurs, et qui avaient été construits » sur des terrains enlevés aux corporations ecclésiastiques ou civiles. » qu'ils seraient de même cédés en toute propriété à ladite ville, moyen- » nant d'en verser le montant de la valeur au trésor public '. » * Nous croyons devoir reproduire ici le texte de ce décret, qui forme le titre de propriété de la ville de Gand des terrains militaires dont il s'agit: « Au palais de S'-Cloud, le 15 brumaire an Xlil. Napoléon, empereur des Français, vu, le travail fait par la commission mixte assemblée à Gand . en exécution de l'art, ode l'arrêté dut" vendémiaire an XII, qui supprime plusieurs places et postes de guerre, les observations sur le travail de ladite commission , faites par la direction des fortifica- tions de la direction d'Anvers; » L'extrait du procès-verbal des séances du conseil municipal de Gand, en date du 1" frimaire an XII ; » La réclamation formée par le conseil municipal de la ville de Gand , pour que ladite ville soit rétablie dans la jouissance et la propriété de ses fossés, remparts et autres emplacements militaires, son château excepté; » Sur le rapport du Ministre de la guerre, le conseil d'État entendu , décrète : 1) Art. I ". Le travail de la commission formée pour la ville de Gand , en exécution de l'arrêté du Gouvernement du l*^' vendémiaire an XII, relatif: 1° aux terrains susceptibles d'être vendus, et :i leur division en lots; 2" aux bâtiments, corps de garde et loges, qu'on peut aussi aliéner au nombre de 30; ô" aux conditions générales de la vente; A" aux bâtiments à conserver, conformément à l'art. 5 de l'arrêté précité; S" aux bâtiments qui doivent être remis à la ville, en, par elle, rem- plissant les conditions qui lui seront imposées par lart. 6 du susdit arrêté et auxquelles elle s'est assujettie par acte du 1" frimaire an XII ; » Est approuvé, sauf les modifications suivantes : » 1° Le sixième lot des terrains formé par la commission , et la première partie du cinquième . évaluée par elle à 1,460 francs, seront conservés et formeront le champ de Mars de la garnison de Gand; » 2» Sera conservé aussi celui des deux magasins à poudre qui sera jugé le plus propre à con- tenir la poudre qui sera annuellement nécessaire pour l'instruction de la garnison; )i 5° Les estimations faites par la commission , tant desdils lots de terrain et des bâtiments, ne seront regardées que comme une première mise à prix. )) Art. 2. La partie des murs, fossés et remparts qui ont été construits aux frais de la ville de Gand et sur des terrains occupés par elle, lui seront remis gratuitement en toute propriété; quant aux portions desdits murs, fossés et remparts qui ont été faits aux dépens des Gouvernements antérieurs ou qui ont été construits, soit sur des terrains appartenant auxdits Gouvernements, soit sur des terrains enlevés aux corporations ecclésiastiques ou civiles, ils seront de même cédés en toute propriété à ladite ville, en, par elle, les payant au trésor public au prix de l'estimation qui en sera faite par des experts, dont l'un sera nommé par le préfet du département de l'Escaut, et U LA VILLE DE GA^D En exécution de ce décret, le préfet du département de l'Escaut prit un arrêté, en date du 28 mars 1806, par lequel la ville de Gand fut mise en possession de la partie de l'enceinte fortitiée dont elle avait justifié la propriété au moyen de titres et de documents conservés dans ses archives '; enfin, le 8 mai 1807 , elle fit l'acquisition de la partie des murs, fossés, remparts et bâtiments élevés aux dépens des Gouvernements antérieurs, et qui avaient été construits sur des terrains enlevés aux corporations ecclé- l'auUe par le conseil niimicipal de la ville de Gand, sans toulelbis que, par le fait de ladite exper- tise, les objets cédés a la ville de Gand puissent être évalués au-dessous du prix indiqué par la commission mixte. n Art. 5. Quant aux autres objets, tels que bâtiments, terrains, etc., qui seront, par le conseil de la commune de Gand, jugés nécessaires à la perception de l'octroi , ou à quelque établissement utile à la commune, elle pourra, dans les trois jours qui suiviont Tadjudicatiou, se substituer aux lieu et place de chacun des adjudicataires, en leur remboursant le prix entier de leur adjudication. » Art. 4. Les Ministres de la guerre et du trésor public sont chargés, chacun en ce qui le con- cerne, de l'exécution du présent arrêté. Signé Napoléon. Par l'Empereur, le secrétaire d'État, Signé HiiGL'ES B. Maret; le Ministre de la guerre, Signé Maréchal Berthier. (Aux Archives de la Flandre orientale.) >< 1 Le préfet , vu la demande du maire de la ville de Gand tendant : 11 1" A ce que le préfet rétablisse ladite ville dans la possession et jouissance des murs, fossés et remparts qui existent encore autour de son enceinte, sauf le droit des particuliers ayant un titre légal, à certaines portions danslesdits murs, fossés et remparts; i> 2" A ce que le préfet nomme un expert pour procéder, contradictoirement avec celui qui sera nommé par le conseil municipal, à l'estimation des parties des murs , fossés et remparts à acquérir par la ville, comme provenant d'établissements eccb'siastiques, ladite demande motivée sur l'art. 2 du décret du 18 brumaire an XIH, relatif aux fortifications dont il s'agit; » Vu les pièces jointes à ladite pétition , et notamment le registre contenant les cartes et indica- tions figuratives des fortifications de la ville de Gand, formé, en 1590, par l'arpenteur de Buck, faisant partie des archives de la mairie, lequel registre indique les parties de terrain sur lesquelles ces fortilications ont été construites, en distinguant celles de ces parties dont les propriétaires ont été indemnisés par la ville de celles dont les propriétaires ne l'étaient pas à ladite époque de 1590; » Vu l'arrêté du Gouvernement du I" vendémiaire an XII, portant que la ville de Gand cessera d'être mise au rang des places de guerre ; )i Vu le décret impérial , en date du 18 brumaire an XIII, relatif aux fortifications de ladite ville, portant, art. i : « La partie des murs, fossés et remparts qui ont été construits aux frais de la ville » de Gand, et sur des terrains occupés par elle, lui seront remis gratuitement en toute propriété, » quant aux parties desdits murs, fossés et remparts qui ont été faits aux dépens des Gouverne- 11 meuts antérieurs, ou (pii ont été construits, soit sur des terrains appartenant auxdits Gouverne- )' ments, soit sur des terrains enlevés aux corporations ecclésiastiques ou civiles, ils seront de même » cédés en toute propriété à ladite ville, en, par elle, les payant au trésor public au prix de l'esti- CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. 55 siastiques ou civiles. Le prix en fut fixé , par expertise contradictoire , à 20,155 francs. Quant aux bâtiments militaires, leur sort fut défmitivement fixé de la manière suivante : après la sécularisation des établissements monastiques, les édifices provenant des corporations religieuses furent en partie vendus au profit du domaine et en partie réservés pour être affectés à des services publics. Un décret impérial du 25 avril 1810 abandonna en toute pro- >i mation qui en sera faite par des experts, dont l'un sera nommé par le préfet du déparlement de » l'Escaut, et l'autre par le conseil municipal de la ville de Gand, sans toutefois que, par le fait » de ladite expertise, les objets cédés à la ville de Gand puissent être évalués au-dessous du prix X indiqué par la commission mixte; » » Vu l'état des parties desdites fortifications à acquérir par la ville de Gand; ledit état présenté par le maire de ce lieu; » Vu les observations de M. Bormans, capitaine du génie en chef de ce département, tant sur le> pièces produites pour prouver les droits de propriété de la ville de Gand, que sur l'état précité; » Vu la réponse donnée à ces observations par le maire de ladite ville; » Vu, finalement, l'avis du directeur des domaines, en date du 21 de ce mois; « Considérant que les pièces produites par le maire de Gand prouvent à l'évidence les droits de cette ville à la propriété de la majeure partie des fortifications construites autour de son enceinlc )) Considérant qu'il résulte de ces pièces que les seules parties des fortifications à acquérir par la ville sont: 1" la partie du n" 22 incorporée dans les remparts et le n" 23 delà i« carte; 2° les n»' 7 et 9 de la 4°"^ carte ; 5° le n" 1 de la 7""= carte ; 4» les n"M , 6, 7 , 9 et 1 1 de la 9"« carte ; 5» les n"" \\, 12, 13, 14 et 13 de la 1 1""^ carte; toutes lesdites cartes contenues dans le registre de 1590 rappelé ci-dessus; » Considérant, (]uant au n'^ 27 de la 2"'= carte dudit registre , que M. le capitaine du génie en chef croit devoir être acquis par la ville, que le terrain qui en fait l'objet ne provient ni des anciens Gou- vernements, ni d'une corporation ecclésiastique; qu'il fait partie des propriétés appartenant à l'hos- pice civil dit Bebhrecht. et qu'ainsi il n'est pas dans le cas de l'art. 2 du décret impérial précité; ,> Considérant qu'il en est de même à l'égard des articles 5 , 10, 1 1 eH2 de la 4™'^ carte du même registre , que le susdit oflîcicr croit aussi dans le cas d'être achetés par la ville , puisque le premier appartient au bureau de bienfaisance de Gand, comme provenant de la table du S'-Esprit de S'- Nicolas; le second à l'église de S'-Marlin ; le troisième à la commission des hospices de Gand, par représentation du Béguinage, et le quatrième aux héritiers d'Abraham Van de Velde; » Considérant, à l'égard des articles 3, 7 et 10 de la 7"'" carte du susdit registre, que M. le capi- taine du génie et le directeur des domaines ont également indiqué pour être acquis par la ville , qu'elle n'a rien à liquider de ce chef avec le Gouvernement, puisque le premier est une propriété particulière appartenant aux héritiers du chanoine de Hertoghe, et que les deux autres ne tout plus partie de l'enceinte de la ville; » Considérant, en ce qui concerne le n" 3 de la 9"'" carte du registre précité, également indiqué par le capitaine du génie pour être acquis parla ville, que c'est une propriété particulière appar- tenant aux héritiers Goethals, pour laquelle elle ne doit aucune indemnité au Gouvernement; o6 LA VILLE DE GAISD piiété aux villes ceux de ces bâtiments qui avaient été convertis en casernes, hôpitaux, manutentions, corps de garde, etc., et un décret spécial du 27 juin suivant mit la ville de Gand en possession : 1" de la grande et de la petite caserne de S'-Pierre; 2° du grand et du petit quartier situés dans la rue de Bruxelles; o" de l'hôpital militaire; 4° du couvent de S'-Agnès; 5° d'une partie de celui des jésuites, rue des Foulons, employé comme magasin de lits militaires ; 6" d'une partie de l'abbaye de S'-Pierre ; 7° du corps de garde de la place d'armes. Enfin, par décret impérial du 25 janvier 1812 , le Gou- vernement lui abandonna la propriété de la caserne de S'-Joseph et le corps de garde de la porte d'entrée du château des Espagnols. Il est à remarquer que, par un autre décret du 24 décembre 1811, la ville de Gand avait déjà obtenu la pleine propriété des remparts de l'ancienne cita- delle, pour les convertir en promenade publique; les bâtiments de ce châ- teau furent vendus, en 1815, au profit de la caisse d'amortissement. 11 nous reste, pour terminer notre tâche, à dire un mot de la nouvelle citadelle construite en 1819. Nous avons vu, que depuis la mise à exécution du décret de Joseph II , par lequel le démantèlement de la place de Gand avait été ordonné, la ville vit successivement disparaître tous les ouvrages fortifiés qui entouraient » Arrête: 1" M. le maire de Gand est autorisé à se mettre en possession et jouissance, au nom de ladite ville, des murs, fossés et remparts qui existent autour de son enceinte. Cette mise en pos- session ne pourra, toutefois, préjudicier aux droits des particuliers qui ont des propriétés faisant partie des susdites fortifications : ils continueront d'en jouir de la même manière qu'ils en jouis- saient avant que le Gouvernement se les fût appropriées. 11 i" Le S' de Deken est nommé à l'effet de procéder à l'estimation des parties desdites fortifica- tions désignées ci-dessus, que la ville est obligée d'acquérir conformément à l'art. 2 du décret impérial du 18 brumaire an XIII. Cette estimation sera foite contradictoirement par un expert à nommer par le conseil municipal de la ville de Gand ; elle ne pourra être au-dessous du prix auquel lesdites parties ont été évaluées par la commission mixte qui avait été instituée par un arrêté du Gouvernement du I" vendémiaire an XII, pour toutes les opérations relatives aux fortifications et terrains militaires des places de guerre supprimées dans les départements réunis. Les procès-ver- baux des experts devront être remis à la préfecture pour y être statué, et ayant soin de donner la consistance de cbaque partie de terrain d'une manière détaillée et de faire pour chacune une éva- luation particulière. 1) 5" M. le maire de Gand est autorisé à convoquer son conseil municipal , à l'effet de nommer un expert pour procéder, contradictoirement avec M. de Deken, à l'estimation dont il s'agit. B 4° Copie du présent arrêté sera adressée à M. le maire de la ville de Gand, etc. Signé Faipoult. CONSIDÉRÉE COMME PLACE DE GUERRE. m son enceinte. En 1815, les hauleurs de S'-Pierre, qui avaient été regardées de tout temps comme la partie la mieux défendue de la ville, ne présen- tait que quelques monticules cultivés en jardins. Le duc de Wellington, convaincu de l'importance de cette position stratégique, avait fait con- struire, peu de temps avant la bataille de Waterloo, deux petites lunettes en terre, sur l'emplacement de l'ancien ouvrage à cornes de Monterey, démoli en 1782. Plus tard, on conçut le projet de reconstruire et de mettre en état de défense la citadelle des Espagnols, dont le front du côté de la ville avait été rasé par les patriotes en 1787. L'inspecteur général néerlan- dais Krayenhoff détourna le général anglais de ce projet, et parvint h faire prévaloir un autre plan, consistant à élever une nouvelle citadelle sur les hauteurs de S'-Pierre. Le lieutenant-colonel du génie Gey van Pittius fut chargé de lever les plans et, dans la suite, de diriger les travaux de construction de cette forteresse. Le 25 juillet 1819, il présenta à l'inspecteur général un avant-projet qui fut accepté, à l'exception de la partie du plan concernant les faces des bastions à la Bousmard et les réduits courbes casemates pour le feu des pierriers dans les places d'armes rentrantes des chemins couverts. Le 19 octobre suivant, le projet, accompagné de tous les profds des ouvrages et du devis, s'élevant à la somme de 3,175,000 florins, plus 153,250 florins pour l'achat des terrains et des maisons à incorporer, fut envoyé à l'autorité supérieure. L'autorisation royale de commencer les travaux ne fut donnée que le 4 octobre 1821 , parce que les plans devaient être préalablement soumis au duc de Wellington, qui ne vint, à cet effet, à Gand, que le 9 août de cette année. Les travaux, commencés le 27 mai 1822, ne furent entièrement ter- minés qu'après la révolution de 1830. Nous croyons inutile de donner ici la description de cette belle citadelle, qui a été si favorablement appréciée par tous les hommes compétents, M. Gey van Pittius l'ayant fait connaître dans tous ses détails, dans un ouvrage spécial, publié il y a quelques années *. ' Descripliim il<- la nouvelle citadelle de Gand. Bréda et Bruxelles, 1843. In-i". M«n()irf« ronronnas S' MAiimircs ilcc savanls rlr.iiiçVrii loin"' N\\ 'i\v M- \nn.IriM.-.-.srK KMT.IMK l-OIMiriKK DK i.AMM.K |)K (;\M),K,\ l.iUO. pur Jean ilr liiick, ^/ erpriw Jrr/iiiu-.K ,/r /^/ n,//r -/ Z,^///,/ ■f^fifi/ l'SrnIe Pirlrrs Pfiifjftlr''!f htr j J'artf i/e fit Mui/if^ . ï MufM- J'tU-te iff /" J/u^ifr. 3 Moeriint3-f, i .VUitm AW.T^ Aeur'f//r ^V//..v J/ltt nt Au>/,-: ti Vat/Ai'int Mi/it/. ; Mmi/in f/r J^Hii twt,U /•„//, . .S' /Uf //'/y.r terliicAf. .y //^ /,Wmf .>„ S,i„.ffr.f HaNr . m Tow tA/i' fii^fi^ieii ï'urrt'. Il Pof/e fte/lniçai. tS yjtr.f/r'{in it/i/ie/f' J/fitifii/Hfii M/fiitfirA- . v-y <«'- /M/ru-rrrA- n,;„/.-,i li ùi. SL/Z^ii-rrr/^ r/^W/v. ,„r^ J. TTi- i/t • i/r l'Aetititvt it' £f//tsi< i/lMfjvff/u^ /• y ûflaf iHiii Wi/fenf Jitilrias /.r^j , iilBihifion •i/'pt/e âol/fii'(ne^ l'fi âi/,>.fi„ m-A/. jç Poifr .f.' C'iu/i-ai. ■Jo Sti^iim //i-ii'eiY/\ ■J2 l'iiffr ife fil Gtf/iMr . ■j.'i-fi'nf f/taJ/ûmtU!. 1" j Mii.rti'ofi itiipe/ë /^ri/.ff. ■jJj'i.Hr t/r .Sî/.tru,> ' ■26-/',.r/r ,/f /lriurt//rs. ■J' J'iiiir t/'.lntierj, ■iiS' J'oiif t/r /il î'oiir nit//je, Jij/'iui/ e/r A'f ^'ii>t^i:t .'io /Sii.iti/Hi iipfie// /;,-ii.i,-ii /W/riiirii-À- . 1 :.J^- ^ ESSAI SUR LES RAPPORTS QUI EXISTE>T EMne LES APOLOGUES DE L INDE ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE, PAR A. WAGEiNER, PROFESSEUR AGRF.r.li A l'uMVKRSITÉ DE Gl^D. i l'rcscnlé i la séance du i ftvrier 1S52- ) Tome XXV. INTRODUCTION. Lorsque vers la fin du siècle précédent, grâce aux travaux des savants anglais , le sanscrit commença à être connu en Europe , les philologues ne tardèrent pas à remarquer les analogies frappantes qu'il y a entre cette langue et celles de la Grèce et de Rome. On se mit alors à étudier, avec la plus grande ardeur, les monuments littéraires de l'Inde; chaque jour révéla de nouvelles ressemblances. Bientôt l'imagination s'en mêla, et l'on finit par croire que la presqu'île de l'Inde avait été le berceau de la civili- sation ancienne tout entière. Les Grecs, dont jusqu'alors on avait admiré l'esprit inventif, ne furent plus considérés que comme d'habiles plagiaires. Mythologie, philosophie, littérature, mathématiques et musique, enfin tout ce qui constitue la vie intellectuelle d'un peuple, avait été, disait-on, emprunté par les Hellènes aux Indiens. Cet enthousiasme passionné pour la civilisation brahmanique donna bientôt naissance à une réaction éga- lement exagérée ; en effet , quelques philologues allèrent jusqu'à nier complètement l'affinité, néanmoins incontestable, qui unit le sanscrit aux deux langues classiques. Peu à peu on en est venu à une appréciation à la fois plus calme et plus juste, et l'on s'efforce maintenant, par une étude impartiale et consciencieuse, de reconnaître quels rapports il a pu y avoir entre la Grèce et l'extrême Orient. L'essai que nous offrons aux lecteurs est destiné à éclaircir un de ces points, encore assez obscurs, qui sem- 4 IINTRODUCTIOIN. blent rattacher la sagesse hellénique à celle des sectateurs de Brahma. L'apologue a été et est encore aujourd'hui répandu dans presque tout l'Orient; on le trouve chez les Hébreux, les Arabes, les Persans et les Indous. Les fables arabes avaient déjà, depuis longtemps, attiré l'attention des savants, à cause de la similitude qu'ont quelques-unes d'entre elles avec certains apologues de la Grèce; et tandis que les uns prétendaient que la priorité d'invention, sous ce rapport, appartenait aux Arabes, les autres en faisaient honneur aux Hellènes. Cependant personne ne s'avisa de faire, à ce sujet, des recherches sérieuses. Au reste, lors même qu'on l'aurait tenté, il eût été impossible de vider cette question, parce qu'on ne connaissait encore ni l'original des fables arabes, ni le texte primitif de celles que, vulgairement, on attribue à Ésope. Ce n'est que depuis quel- ques années que les originaux de ces deux classes d'apologues ont été découverts et publiés. Jusqu'à cette époque, il était permis de croire que, si quelques fables arabes se retrouvent dans les recueils portant le nom d'Ésope, cette coïncidence provenait de ce qu'au moyen âge les fabulistes de Byzance avaient pillé ceux de l'Arabie et réciproquement. Mais main- tenant que nous savons que tous les recueils de fables grecques qui nous étaient connus dérivent de la collection de Babrius, qu'un heureux hasard nous a fait retrouver; que, d'un autre côté, nous avons acquis la conviction que les fables arabes ne sont que la traduction d'un recueil indien qui a été publié, il y a quelques années; que, de plus, nous pouvons démon- trer que les auteurs de ces deux collections sont antérieurs à J.-C; main- tenant, disons-nous, il n'est plus permis de recourir à de pareilles hypothèses. Par conséquent, s'il était prouvé que, même dans ces textes primitifs, il y a des fables qui, de tout point, se ressemblent, il s'ensui- vrait que déjà plusieurs siècles avant l'ère chrétienne, il y a eu, entre l'Inde et la Grèce, quelques rapports, au moins littéraires, qui, jusque dans ces derniers temps, sont restés couverts d'une profonde obscurité. INTRODUCTION. 5 Telle est la thèse que nous avons essayé d'établir. Nous croyons que le lecteur, après avoir parcouru notre travail, sera convaincu qu'il y a un assez grand nombre de fables communes aux Indiens et aux Grecs. — Mais on comprend facilement qu'un tel résultat ne pouvait nous suffire. Après avoir établi qu'il y a une affinité incontestable entre les apologues grecs et indiens, il s'agissait de savoir auxquels d'entre eux revient la priorité. Cette recherche n'est pas sans difficultés. Quelques-unes des fables que nous avons recueillies portent un cachet évidemment oriental. Cette remarque nous portait naturellement à en attribuer l'invention aux Indiens. Mais d'un autre côté, en prenant en considération qu'Ésope était regardé généralement comme l'inventeur de la Fable, cette supposition nous paraissait inadmissible. Nous avons alors examiné scrupuleusement tout ce que les anciens nous ont rapporté sur le prétendu père de la Fable, et nous nous sommes convaincu qu'Ésope n'est au fond qu'un person- nage Actif, que le produit d'un mythe, devant occuper une place à côté de tant d'autres inventeurs imaginaires qu'avait enfantés le génie de la Grèce mensongère, imBoTÔxoç, EWà?. Nous savons que, surtout en Allemagne, on a abusé de celte manière de voir, et que , pour certains écrivains de ce pays , l'histoire ancienne presque tout entière est devenue de la mythologie. On a donc raison de se défier de ce procédé qui consiste, si l'on nous permet cette expression, à volatiliser la réalité historique. Cependant il est avéré aujourd'hui que beaucoup de noms, relatifs aux temps les plus reculés de l'histoire des religions et des arts , ne sont que des produits de l'imagination , derrière lesquels il serait absurde de vouloir placer des êtres réels. Il faut donc user de la plus grande circonspection toutes les fois qu'il s'agit de déter- miner si un personnage très-ancien , au sujet duquel les traditions sont contradictoires, appartient à la fiction ou à l'histoire. Nous croyons n'avoir rien à nous reprocher à cet égard. Le lecteur 6 IISTRODUCTION. qui voudra se donner la peine de peser les arguments que nous avons employés ne considérera plus désormais, nous en sommes convaincu, le nom d'Ésope comme celui d'un personnage historique. Il y a plus : il se persuadera facilement avec nous que ce nom n'est autre chose qu'une allusion à l'origine orientale de la Fable. Ésope veut dire Éthiopien, et jus- qu'à l'époque d'Eschyle, le nom d'Éthiopiens s'appliquait tout autant aux habitants de l'extrême Orient qu'à ceux du midi de l'Egypte. On deman- dera ici de quel droit nous affirmons que les Grecs, en attribuant l'inven- tion de la Fable aux Éthiopiens , ont eu en vue ceux de l'Asie et non pas ceux de l'Afrique. Nous avons répondu à cette question en faisant remarquer que d'abord Babrius considère les Assyriens comme les inventeurs de l'apologue, et qu'ensuite il y a des rapports nombreux entre les fables de l'Inde et celles de la Grèce, tandis qu'il ne nous est rien resté qui nous autorise à admettre que les Éthiopiens de l'Afrique aient transmis des apologues à la Grèce. Pour établir la seconde partie de cette preuve, nous avons combattu longuement l'argumentation d'un savant de la Suisse, M. Zuendell, qui s'est efforcé d'établir que le nom d'Ésope s'appliquait aux Éthiopiens africains. Nous avons cru nécessaire de le réfuter en détail, parce que sa dissertation est écrite avec beaucoup de finesse et d'esprit; ce qui le prouve, c'est qu'il avait réussi à séduire M. Welcker lui-même, que l'Allemagne considère, avec raison, comme un des premiers philologues de l'Europe, et qui avait professé, dans le temps, une opinion tout à fait différente. C'est ainsi que le nom d'Ésope, qui d'abord nous empêchait d'attribuer aux Indiens l'invention de la Fable, comme genre littéraire, a contribué à nous confirmer encore davantage dans l'opinion que la comparaison des apologues grecs et indiens avait sponlanémont fait naître en nous. INTRODUCTION. 7 Étant arrivé à ce point, nous avions à déterminer comment les fables indiennes avaient pu pénétrer dans la Grèce. Le lecteur trouvera à la fin de cet essai les motifs qui nous ont engagé à croire que ce sont les Assy- riens qui ont transmis les fables indiennes à la Lydie, et que, de là, elli's se sont répandues dans l'IIellade. Tel est le résumé du travail que nous soumettons au monde savant. Nous l'avons fait précéder d'un aperçu critique sur les sources auxquelles nous avons puisé, pour qu'on puisse non-seulement contrôler, mais aussi poursuivre la comparaison que nous avons commencée, et qui, par un examen attentif, ne peut manquer de conduire à des résultats plus consi- dérables que ceux auxquels nous sommes arrivé. Si nous avons fait entrer dans nos recherches les fables latines , c'a été plutôt pour être complet, qu'à cause de l'importance qu'on pourrait leur attribuer dans cette question. Nous aurions hésité à présenter notre travail à l'Académie si nous n'y avions été encouragé par le jugement que la faculté de philosophie et lettres de l'université de Bonn prononça, il y a trois ans, sur un mémoire latin que nous lui avions présenté en réponse à la question proposée par elle sur le même sujet '. ' Quum ordo postulasset ul « comparalio apologorum indicorum cum Graecis el Lalinis ita insti- tuerelur, ut appareret, utritm commimem originem haberent an diversam, et si communis essel, a quonam populo essentoriundi, » ei una tantum reddita est scriptio..., sed talis, utprorsus exspecta- lioni salisfccerit ; praeclaro eniin successu eiiis auctor in explicanda quaestione satis difficili versalus est et non solum diligentiae et doctrinae laudem mentit, verum etiam judicii malurilatem probavit. Primus est, qui apologorum indicorum eum Graecis et Latinis comparationem instituit tam accu- ratam , ut de communi origine nihil diibitationis supersit , eaque quaestionis pars in clariore luce quam ante collocata sit. In altéra autem tractanda ideo valde laudandus est, qttod inter cerlioraei probabiliora bene distinxit. Etenim ostendit, Àsianipro pair la fabularwn aesopiarum hubitam fuisse ab ipsis Graecis , qui cas ex jEtliiopum rcfjione ad se migrasse tradiml , sed difficile esse, accuratius definire , ad quemnam populum hoc nomen référendum sit , quanquam ex causis nonnullis verisimile fiai, ablndis inventas fuisse apologos; addit denique etiam de via, qua apologi Indici ad Graecos 8 INTRODUCTION. Nous avons hâle d'ajouter que ce mémoire est inédit, et qu'il ne s'en trouve pas de copie à l'université rhénane. Si les conclusions auxquelles nous sommes arrivé sont conformes à la vérité, elles justifient d'une manière nouvelle et inattendue le haut intérêt que, depuis quelques années, on porte partout aux monuments assyriens, et les efforts persévérants des savants de la France, de l'Allemagne et du Danemark, pour déchiffrer les inscriptions dont ces monuments sont couverts. D'un autre côté, elles pourront contribuer pour leur part à déraciner l'opinion que la civilisation grecque dérive de celle de l'Egypte, opinion qui est en grande partie la cause de la fausse direction qu'ont prise dans certains pays les études historiques relatives à l'antiquité. pervenerini , certius quid statut non passe, maxime tamen esse probabilc, eos ab Jadis accepisse Assyrios, ab his Lydos : ad quae mérita quum accédât castum et perspicuum dicendi genus , non potuit ordo quin huic scriptioni praemium decerneret. ESSAI SUR LES RAPPORTS Çll EXISTENT ENTRE LES APOLOGIES DE LINDE LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. CHAPITRE P SOURCES. § 1. — Des fables grecques. On s'exposerait à commettre bien des méprises si l'on considérait comme antiques toutes les fables qui, dans les collections ordinaires, sont indistinctement attribuées à Ésope. Non-seulement il y en a parmi elles qui sont de beaucoup postérieures à l'époque oîi l'on prétend que ce fabuliste a vécu; il s'en rencontre aussi dans ce nombre qui ne sont que des traductions de fables sanscrites, ou qui ont été fabriquées au moyen âge par des moines. Nous donnerons donc une énumération aussi complète que possible de tous les auteurs anciens chez lesquels on rencontre des fables, parce que c'est là le seul moyen que la critique puisse admettre de s'assurer de leur ancienneté. Coraï , dans son excellente collection i, nous ' MùOav XhuTrehy Guvayjyyj. Paris, 1810. Tome XXV. 2 10 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE a bien déjà, il est vrai, facilité de beaucoup cette tâche. M. Robert^ a traité également cette matière avec une certaine étendue. Mais comme ils n'ont élé l'un et l'autre ni assez exacts ni assez complets, nous allons reprendre leurs recherches en sous-œuvre. A la tête des fabulistes grecs il faut placer Hésiode, qui a raconté dans ses Opéra et dies, v. 185-194, la fable de l'Èpervier et du Rossignol. Le nommer, à cause de cela, l'inventeur de la Fable, ainsi que l'a fait Quinti- lien, c'est avancer une opinion insoutenable; car de ce qu'Homère ne mentionne pas d'apologue, on ne peut pas conclure raisonnablement que ce genre de récit lui ait été inconnu. M. Robert ne dit pas un mot d'Archiloque, quoique nous trouvions jusqu'à trois fables dans les fragments qui nous ont été conservés de ses œuvres. Le savant Huschke en a parlé longuement 2. Cependant, c'est à tort, selon nous, qu'il considère ces fables comme des inventions d'Ar- chiloque. Qui nous garantit, en effet, qu'elles n'avaient pas déjà circulé longtemps avant lui dans la bouche du peuple? Ce doute acquiert plus de consistance, si l'on considère qu'une de ces fables est appelée par le poëte lui-même alvoi à.vOpùr.(ùv, un récit du peuple. Huschke ne fait mention que de deux fables d'Archiloque. Mais il est clair que le vers qui se rencontre parmi ceux qui nous sont restés de lui , est un fragment de l'apologue raconté par Plutarque dans le traité De solertia animalium, chap. 16. Nous faisons remarquer en passant que le poëte Ion avait rapporté la même fable, et Zénobe nous atteste dans ses Proverbes (cent. V, pr. 68), qu'Homère avait également traité ce sujet. Comme néanmoins dans les œuvres de ce poëte, qui nous ont été conservées, il n'y a rien à quoi le témoignage de Zénobe se puisse appliquer, il paraît que ce qu'il attribue à Homère appartenait à un poëte cyclique. Car nous savons que ' Fables inédites des Xlh. Xllh et XIV'' siècles , I. I, p. xiv et suiv. - Dans les Miscellanea pfiilologica de Matthiae, (. I, p. i et suiv. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. \i jusqu'à une époque relativement très-récente, le cycle épique tout entier a été considéré parfois comme l'ouvrage d'Homère. Après Archiloque vient Simonide d'Amorgos, qui, lui aussi, avait in- séré des fables dans ses ïambes ^ Coraï et M. Robert n'en parlent pas du tout. D'un autre côté, ce dernier range parmi les fabulistes grecs le prêtre Epiménide, à cause du témoignage de Plutarque ^, qui dit qu'Ésope pourrait à meilleur droit qu'Épiménide se nommer disciple d'Hésiode, parce que le langage que celui-ci fait tenir à l'épervier avait donné à Ésope la première idée de ses fables. Nous ne comprenons pas qu'on puisse inférer de ces paroles qu'Épiménide ait écrit des apologues. S'il se nom- mait disciple d'Hésiode, il le faisait, et non sans raison, en tant que poète sacré; c'était donc à un tout autre titre qu'Ésope. A Simonide succède Stésichore, dont Coraï a parlé p. 13, sans s'aper- cevoir néanmoins que c'est à ce poëte qu'il faut attribuer la fable signa- lée par lui-même, p. 198 ^ Trop peu libéral envers Stésichore , Coraï l'a été trop par rapport à Âlcée. Car c'est à tort qu'il lui a attribué une chanson de table*, qui, tout ancienne qu'elle est, n'a pourtant pas ce poëte pour auteur, comme on peut le voir dans Athénée. H n'a pas mentionné non plus la fable d'Ibycus , intitulée te Serpent el CAne, qu'on peut trouver dans le recueil des fragments de ce poëte, mis en ordre par M. Schneidewin, pages 195-198 ^. Hérodote nous a rapporté une fable (I, 141) racontée par Cyrus aux députés ioniens. Les fables d'Aristophane, d'Achéus d'Érétrie, de Xénophon, de Platon, d'Aristote, de Plutarque, de Lucien, d'Appien, de Diodore, d'Hermo- gène, de Galien, de Clément d'Alexandrie, de Maxime de Tyr, de Nicolas de Damas, de Thémistius, de Libanius, de Dion Chrysostôme, de Théon ' Voij. les fragm. 8 et 10, clans l'édition des poètes lyriques de M. Schneidewin. - Sept. sap. conv., § 14. '■ Elle est intitulée : àXcàvrei âvOparoi. Nous en parlerons dans la suite. ■' Nous en parlerons éçialenienl plus tard. '' Voy. M. VVelcker, Kleiiie Schriflen, 1. 1, p. 249. 12 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE LllSBE et de Grégoii'e de Naziance, toutes ces fables sont tidèlement reproduites chez Goraï. Toutefois il en a omis un certain nombre, mais nous ne le compléterons ici que pour autant que nous en aurons besoin dans la suite. Démocrite parle chez Stobée, X, 09, p. 155, du cliien qui pour- suit son ombre ^ Platon fait allusion à la - fable de l'Ane couvert de la peau du lion, et Plutarque à celle du Lion malade ^. Il faut encore ajouter que Julien '* et Libanius^ ont fait mention de la fable du Lion et de la petite Souris. Nous n'avons parlé jusqu'à présent que de fables détachées se trou- vant çà et là chez les auteurs anciens. Nous passons maintenant aux plus anciennes collections d'apologues. En premier lieu , demanderons-nous, Ésope a-t-il fait un recueil de fables? Et d'abord Ésope a-t-il jamais existé? Nous ne le croyons pas ; mais nous ne voulons pas préjuger ici cette ques- tion , que nous traiterons plus tard d'une manière détaillée. Nous admet- tons donc provisoirement qu'Ésope soit un personnage historique. Toujours est-il qu'il n'a pas composé un recueil d'apologues. La preuve en est fa- cile à donner. Le recueil d'Ésope devait être ou en prose ou en vers. S'il eût été en vers, comment Socrate aurait-il pu songer à refaire ce travail? Car nous savons par Platon qu'il mit en vers élégiaques plusieurs fables d'Ésope ^. De plus, s'il en était ainsi, à quoi aurait servi plus tard le recueil de Babrius? Et comment, tandis que nous avons des fragments en vers de presque tous les poètes, n'en aurions-nous pas conservé un seul d'un au- teur aussi fréquemment cité par les anciens? 11 est donc évident qu'Ésope n'a pas mis ses fables en vers. A-t-il écrit en prose? Mais aucune citation de cette prose ne nous a été transmise non plus par l'antiquité; et ce qui plus est, comment Démétrius de Phalère aurait-il pu concevoir l'idée de ûiire lui-même une collection de fables d'Ésope'', s'il avait existé avant ' Voy. plus loin. - Item. Voy. 1« Cralijle, p. ill. "' Itcni. Voy. le traité De prof, in virtute. ' Ep. y III ud Geor(j. , p. 579. s Ep. XLII. '> Non pas une seule, comme on l'admet communément. Voy. Welckor, ad Tlwocjnim, p. lui. ■> Z-jyaynr!; xiyuv M7ajr£hv. Voyez Diog. de Lacrk , V, 80. — .\u moment où nous écrivions ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 13 lui quelque chose de pareil? Par conséquent il est clair que les collections de fables grecques que nous possédons maintenant, ne peuvent pas re- monter à Ésope. Il est très-regrettable que le recueil de Démétrius se soit perdu. Comme élève d'Aristote, ce philosophe aura attaché tout autant d'importance que son maître aux restes de la sagesse des vieux temps, qu'Aristote croyait bien plus près de la vérité que les époques plus récentes. Et de même que celui-ci recueillit avec le zèle le plus consciencieux les proverbes anciens \ de même aussi Démétrius aura recherché avec soin les plus an- ciens apologues. Si nous pouvions admettre que Babrius a fait usage du travail de Démétrius, nous aurions au moins une certaine compensation de celte perte. Et en vérité, nous croyons cette hypothèse très-plausible. En effet, si l'on parvient à prouver que Babrius n'a pas vécu longtemps après Démétrius de Phalère ; d'autre part, si l'on considère la réputation prodi- gieuse dont jouissait ce dernier, on ne pourra certes pas alîirmer d'une manière catégorique que Babrius s'est servi du recueil de Démétrius, mais on pourra du moins le regarder comme très-probable. Nous ne concevons pas pourquoi M. Bernhardy rejette si loin cette ces lignes nous ne connaissions pas encore l'opinion émise par un de nos amis, M. Legiand, pio- fcsseur de rhétorique latine à l'atliénée de Hasselt, dans le Mémoire sur Démétrius de Phalère, qui lui valut, ainsi qu'à son collaborateur, M. Tyclion, une médaille d'or de la paît de l'Académie royale de Belgique. Cet estimable savant prétend que le recueil de fables de Dcniélrins était pro- bablement écrit en vers. Pour le prouver il fait valoir : i" que ce polygraphe n'était nullement étranger à la poésie; 2" que Socrate avant lui et Babrius, ainsi que l'anonyme de Suidas après lui, avaient également donné à leurs fables la forme métrique. Nous tirons de ce second argument une conclusion tout à fait différente. Si les fables de Démé- trius avaient été écrites en vers, le travail de Babrius eût été parfaitement inutile. Qu'on n'objecte pas que les fables de fJémétrius n'avaient peut-être pas de valeur poétique; car M. Legrand nous apprend que les péans du même auteur semblent avoir eu une très-grande perfection. Babrius n'a pas non plus fait de fables nouvelles, ce qui justifierait son œuvre apiès celle dv Démétrius; il nous dit lui-même qu'il n'a fait que mettre en vers les fables d'Iilsope. Nous mainte- nons, par conséquent, notre manière de voir relativement au recueil de Démétrius, ainsi que la conclusion (]ue nous en avons tirée. (V. Mémoires couronnés de l'Académie de Bruxelles, de 18.50- ÎS5I, p. 141 et suiv.) — Voy. Schneidewin, Praefatio paroemiogr. fjraec, p. ii. ' Griechische Litteraturgeschichle , II , p. 1047. H RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE LINDE supposition. Il est vrai qu'il ne partage pas notre manière de voir sur le temps auquel vécut Babrius. Mais, sous ce rapport, nous croyons pouvoir le contredire hardiment, et placer ce fabuliste à une époque bien plus reculée que celle qu'il lui assigne. Nous sommes sur ce point parfaitement d'accord avec M. Bergk, qui soutient 1 que Babrius doit avoir écrit avant Callimaque. Pour le prouver, voici à peu près le raisonnement qu'il fait et qui nous semble de tout point convaincant. Dans la seconde préface de Babrius'^, on lit ces mots : A)}, syco vir, noùcr/i h^ùi y.ex.pjaidMt) ^pj7c'w ycû.ivdxjai ïov (jL\j0iaul2ov uanep imzov br'/lvfiV Tk i^oîj ai Tipùzov T/jç ôùpcci à.vn-fbtirrrn Eiç'/j?.5ov a.Ùm. Le poète, après avoir dit que la Fable fut inventée par les Assyriens , qu'Ésope, d'abord, et Libyssès, ensuite, la communiquèrent aux Grecs, ajoute: et moi je viens maintenant, avec une muse nouvelle, manier le mythiambe, après lui avoir mis une sous-gorge d'or, comme à un cheval chargé d'armes pesantes. Mais à peine la porte eut-elle été ouverte par moi, que d'auti'es entrèrent. Babrius se prévaut donc ici d'une innovation que d'autres se hâtèrent d'imiter. En quoi cette innovation peut-elle consister? Avant lui le cho- liambe n'avait été employé qu'à formuler des reproches sanglants. Et comme chez les Grecs chaque genre de poésie avait une ou plusieurs espèces de vers qui lui appartenaient en propre, ce fut une innovation véritable que d'employer le choliambe pour écrire des fables. Mais la forme du vers paraît aussi avoir été quelque peu modifiée dans ce but; car dans la première préface, il est dit: Qv (twv u09ùiv AÎTWTTEiwv) syjxTtov èvl [J.v/,nri aci QyJTji Iliy.p{ôv [■Jp.Çj(>)v ayJ.yjpà xcô).a ÔTiIùvcz. ' Voy. Classical Muséum, t. III, p. 126. - Page 66 de l'édition de Lachmann. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. ib Je graverai dans ta mémoire, dit le poëte à Branchus, toutes les fables d'Ésope, après avoir adouci les membres si durs des ïambes amers. — Ce qu'il y avait d'original dans la poésie de Babrius, c'était donc d'abord, qu'il avait adouci la forme trop dure du choliambe, et qu'ensuite, il l'avait fail servir à raconter des apologues , en créant de cette manière le mythiambe. Or nous savons que Callimaque avait également traité des fables en vers choliambiques ^ Il est donc de toute évidence que Babrius lui esl antérieur; car supposer que c'est à tort que Babrius s'est attribué l'hon- neur de l'invention dans ce genre , ainsi que le prétend M. Lewis ^, c'est faire une hypothèse toute gratuite. Babrius n'est donc postérieur que d'un demi-siècle environ à Déinétrius de Phalère, et le raisonnement que nous avons fait plus haut se trouve pleinement justifié. Les fables de Babrius étaient entièrement perdues pour nous, à l'ex- ception de quelques fragments. Ce n'est qu'en 1844 que Minoides Menas trouva, dans un couvent du mont Athos, un exemplaire mutilé de ces fables, arrangées par ordre alphabétique. Ce n'est pourtant pas là la dis- position primitive; car Suidas nous rapporte que les fables de Babrius étaient divisées en dix livres; et nous n'avons pas besoin de révoquer en doute cette indication par le motif qu'Avien, fabuliste d'une époque incon- nue, restreint ce nombre à deux. Il paraît, en effet, qu'Avien a eu sous les yeux un exemplaire de Babrius semblable, sous beaucoup de rapports, à celui que nous avons encore maintenant. Dans cet exemplaire, il se trouve vers le milieu , au commencement de la lettre M , une seconde préface dans laquelle on lit ces mots : On a cru, et Lachmann lui-même est tombé dans cette erreur, que Babrius voulait dire par là qu'il commençait un second livre de fables, tandis qu'il est évident, comme l'a vu M. Bergk, qu'il s'agit d'une seconde édition: je vous récite ce livre, dit le poëte, eV. ô'-urépcj, une seconde fois. Or, si ' Voy. le fr. 98, tliez Benilei. ^ Bahrii fab. Edidit Lewis. Lonilon. I8i6,p. 13. 16 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE LINDE Lachmann lui-même s'est trompé sous ce rapport * , il n'est pas étonnant qu'Avien ait été induit en erreur. Les deux livres de fables dont il parle ne sont donc pas autre chose que la collection que nous avons encore en partie, et qu'il faut distinguer de la grande édition en dix livres, men- tionnée par Suidas. Il serait assez difficile de dire si c'est à cette grande édition, ou seule- ment à un extrait, que doivent leur origine les diverses collections en prose de fables d'Esope, mises en ordre, pour la plupart, au moyen âge. Dans cette catégorie viennent se ranger le recueil attribué à Planude, ainsi que celui que Nevelet fit connaître pour la première fois, et qui paraît être plus ancien que l'autre. C'est à la même source que doivent être rappor- tées les fables publiées par le comte de Rochefort^ et les 40 télrastiques d'Ignalius Magistei-, qui vécut au TX« siècle de notre ère, et qui porte le nom de Gabrias, ce qui n'est rien qu'une corruption de Dairias^. Nous ne pensons pas, tant s'en faut, que toutes ces fables, sans excep- tion, aient été traitées par Babrius; ce que nous tenons à constater, c'est que, si même quelques-unes d'entre elles ne pouvaient pas être attribuées à ce fabuliste avec une entière certitude, il serait néanmoins très-possible qu'il les eût mises en vers; car, d'abord, le recueil qu'a découvert M. Menas est moins complet que l'édition primitive, et nous ne l'avons que jusqu'à la lettre 0. De plus, M. Bergk a prouvé que Tzetzès avait encore sous les yeux un exemplaire de Babrius plus complet que le nôtre. Partant, si dans les recueils en prose il y a telle ou telle fable qui, par le fond ou par la forme, nous rappelle Babrius, nous sommes dans notre droit en la lui attribuant. Or, il existe plusieurs manuscrits qui ont conservé dans leur prose un grand nombre de vers choliambiques. Ceci est vrai surtout d'un ma- nuscrit de la bibliothèque Bodléenne, dont les fables sont rangées par ordre alphabétique, et dont la première est aussi la première d'Avien *; < M. Duebner dans sa Commentatio de Babrio, p. S-1 i , sans appeler rattenlion des lecteurs sur ce passage, a néanmoins découvert avec beaucoup de sagacité des traces de corrections insérées dans la seconde édition. — Les objections de Lachmann , p. 16, ne sont pas d'un grand poids. * Notices et extraits de la bibliothèque du Roi. ^ Voy. Tyrwhitt rfe Babrio, p. 48. •'■ Ibid., p. 5 el '2"2. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 17 ce qui confirme ce que nous disions plus haut, qu'Avien avait probable- ment sous les yeux une édition de Babrius semblable à la nôtre. Des 96 fables qu'il renferme, depuis la lettre A jusqu'à 0, 81 se retrou- vent dans le Babrius du mont Athos *, qui ne va pas au delà de cette dernière lettre. Le manuscrit de la bibliothèque Bodléenne est, par conséquent, d'une très-haute importance, et nous engageons les savants anglais à le tirer enfin de la poussière dans laquelle il est depuis si longtemps ense- veli. Il Y a aussi un autre manuscrit des fables d'Ésope qui a conservé beaucoup de choliambes intacts : c'est celui de Florence. Furia, qui le publia en 1809, ne se douta pas même de la chose; Coraï et Schneider durent appeler sur ce point l'attention du monde savant. Marchant sur leurs traces , Berger alla si loin qu'il s'avisa de remettre en vers jusqu'à trois livres entiers. Rnoch , qui lui succéda , usa d'une plus grande cir- conspection. L'attention des philologues était donc suffisamment attirée sur Babrius, lorsqu'en 184 i le manuscrit du mont Athos fut inopinément découvert. Nous ne pouvons pas entrer ici dans toutes les discussions, en partie très- oiseuses, qu'a provoquées celte découverte. Celui qui désire les connaître en trouvera un résumé dans l'édition de M. Lewis. Qu'on nous permette cependant de dire un mot sur le paradoxe de M. Cobet, l'illustre professeur de l'université de Leyde, qui a soutenu la thèse ^ : que la majeure partie des vers contenus dans le manuscrit nou- vellement découvert étaient dus à des moines et à des maîtres d'écolo ignorants. Sans doute , M. Cobet a eu grandement raison de relever sévè- rement les incorrections que Lachmann avait laissées subsister dans son édition ; mais en beaucoup d'autres endroits il attribue à la stupidité des moines ce qui proprement n'est qu'une faute de copiste et peut être facilement corrigé. Du reste, il est évident que le fond même des fables de Babrius, quel- que mutilée qu'en soit la forme, est bien sûrement antique; et c'est prin- ' Voy. le Musée du Rhin, t. V, p. GiO. ^ Orntio de arle interprelandi. \Ai., 1847, p. 134. Tome XXV. 5 18 RAPPORTS EISTRE LES APOLOGUES DE L'INDE cipalement là ce qui nous intéresse dans la question que nous avons entre- pris de traiter. ^2. — Des fables latines. Si nous n'avions pas voulu rendre nos recherches aussi complètes que possible , nous n'aurions peut-être pas parlé des fables latines. Car, à peu d'exceptions près , elles sont toutes calquées sur celles de la Grèce. Les plus anciennes fables latines que nous ayons pu découvrir se trou- vent dans Ennius^ Lucilius, Horace ^ etTite-Live^ Mais la source prin- cipale des apologues latins c'est le recueil de Phèdre, affranchi d'Auguste, qui, selon toute probabilité, n'a pas connu Babrius. Ce fait pourrait paraître étonnant si nous ne savions également que Sénèque, le savant Sénèque , ignorait complètement l'existence des apologues de Phèdre. Dans la plupart des manuscrits ces fables sont divisées en cinq livres. Un sixième y a été ajouté par M. Dressler *, qui a puisé à cet effet dans le recueil d'un certain Perrotto. Ce Perrotto, qui vécut en Italie vers le milieu du XTV' siècle, paraît avoir eu sous les yeux un manuscrit de Phèdre plus complet que ceux que nous possédons encore; car dans un Epitome fabu- tarum Pliaedri et Aviani, qu'il nous a laissé, il se trouve trente-deux fables qu'il range parmi celles de Phèdre, et que cependant nous ne retrouvons nulle part ailleurs. Cet épitome fut publié d'abord par Janelli, ensuite par le cardinal Angelo Mai ^ et provoqua, de la part des savants, de nom- breuses discussions. Car il s'agissait de savoir si les fables de Perrotto pro- venaient en effet du fabuliste latin, ou si elles n'étaient qu'une imitation faite par Perrotto lui-même. Jusqu'à présent on n'est pas encore parvenu à résoudre cette question d'une manière définitive. Ce qui nous paraît hors de doute, c'est que ces fables sont d'une très-haute antiquité, et ceci nous ' Aulii-Gelle , N. Ait., II , 29. *- Satir.,U, 6. 77; Epitres,l, I, 75; ô, 19; 7, 29; 10, ôi; i-,m.;Artpoél., 139= 3 II, 52. '' Il a publié une édition de Piièdre en 1858. ^ Classic. aucl. nova collecUo , édit. 111, p. 507. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. ^9 amène à conclure qu'il est plus que probable que Phèdre en est bien réel- lement l'auteur. Nous laissons de côté quelques fabulistes dont nous ne connaissons que le nom et nous passons immédiatement au recueil d'Avien. Il serait diffi- cile d'indiquer d'une façon très-précise à quel siècle appartient cet auteur. En tout cas il est postérieur à Phèdi-e dont il cite l'ouvrage. Nous avons de lui 42 fables*, écrites en vers élégiaques, dont 32 sont assez fidèle- ment calquées sur celles de Babrius ; ce qui pourrait nous faire croire que les 10 autres se trouvaient dans un manuscrit de Babrius plus com- plet que celui qu'a découvert M. Menas; en ce cas, nous pourrions consi- dérer ces 10 fables comme antiques. Mais il est évident que Babrius, après avoir écrit la fable 95, n'a pas pu en composer lui-même une imita- tion maladroite , et c'est pourtant ainsi qu'il faut caractériser la fable 50 d'Avien. Ce qui est vrai d'une de ces 10 fables peut être vi'ai de toutes, et rien ne nous garantit, par conséquent, qu'elles soient la traduction d'apo- logues anciens. Outre ce recueil d'Avien nous avons plusieurs autres collections de fables latines , dont il faut dire à peu près la même chose que des collec- tions grecques. De même que la plupart de celles-ci découlent des cho- liambes de Babrius, de même aussi celles-là remontent aux trimètres de Phèdre. Mais elles ont subi les unes et les autres les modifications les plus variées. Changées en prose, remises en vers, augmentées, diminuées, disper- sées , de nouveau réunies avec des additions étrangères , c'est ainsi qu';i travers le moyen âge ces collections arrivèrent jusqu'à nous. Un de ces recueils, celui qui était le plus fréquemment employé dans les écoles, passe pour avoir été fait par un certain Romulus, dont, au reste , nous ne savons absolument rien , sinon qu'il vécut avant le XIP siècle de notre ère. Ses fables, au nombre de 80, sont partagées eii quatre livres -. — Un second recueil analogue fut publié pour la première fois en 1790. L'auteur en est entièrement inconnu; on le nomme VAno- ' Publiées en dernier lieu par Laelimann, 1843. - Voy. l'édition de Phèdre |)ar Schwabe, 1806, t. II. 20 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE LIISDE mjnic de Nilant, parce que c'est IVilant qui, le premier, fit imprimer cet ouvrage. Sur les GO fables qu'il renferme, 46 se trouvent dans Romulus. M. Knoch ^ s'est trompé fortement en croyant y découvrir une imitation de Babrius. Les 60 fables en vers élégiaques , dont l'auteur est désigné communé- ment sous le nom de YAnomjme de Nevelet, et que M. Dressler croit devoir attribuer à Ugobardus Sulmonensis, écrivain du XIII" siècle, ces fables, disons-nous , ne sont autres que celles de Romulus et de l'anonyme de Nilant, mises en vers. Nous avons déjà dit plus haut que la plupart de ces fables ont été empruntées à la collection de Phèdre. Ce qui le prouve, c'est que, dans les l'ecueils qui les contiennent, il s'est conservé un bon nombre de tri- mètres. Il y a déjà longtemps que, s'attachant à ces vestiges, les savants ont tâché de reconstruire, au moins en partie, la rédaction primitive. Burman, par exemple, ajouta à son édition de Phèdre un appendice de 34- fables en vers , que lui et Gudius avaient dégagées de l'enveloppe pro- saïque qui les couvrait chez Romulus et chez l'Anonyme de Nilant. L'édi- teur le plus récent que nous connaissions, M. Dressler, a repris en sous-œuvre le travail de ces savants. Écartant un grand nombre de con- jectures trop hardies, il s'attacha de préférence aux expressions employées dans les rédactions en prose; d'un autre côté, il alla plus loin et ajouta 12 fables en vers aux 54 de Burman. Les fabulistes latins plus récents ne sont d'aucune importance pour le but que nous nous sommes proposé. Par conséquent, nous n'en parle- rons pas. § 5. — Des fables indiennes. Les recherches relatives aux apologues de l'Inde sont épineuses sous beaucoup de rapports ; car il n'y a rien qui soit plus incertain que la chro- nologie de la littérature sanscrite. Chose singulière! tandis que tous les genres de prose et de poésie, depuis la sentence et l'apologue jusqu'à l'é- ' V(iy. son Babrius, p. 8'J. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 21 popée religieuse, ont été cultivés dans la presqu'île de l'Inde, l'histoire seule fait exception. Quel qu'en puisse être le motif, soit que la puissante imagination des Indous les ait entraînés en dehors de l'ordre réel , soit qu'ils aient trop méprisé le présent en comparaison de ces siècles merveilleux qui , d'après les récits des poètes, n'étaient remplis que de héros et de dieux, toujours est-il que l'histoire sérieuse n'a jamais été connue chez eux. Il s'ensuit que leurs annales littéraires sont plongées dans les mêmes ténèbres. Les fables sanscrites les plus anciennes que nous ayons pu découvrir, et qui, nous l'avouons avec plaisir, nous ont été indiquées par M. le pro- fesseur Lassen , de Bonn , se trouvent dans le Maliâ-Bluirata , c'est-à-dire dans cet immense poëme qui est comme le résumé de la civilisation des brahmanes et un répertoire de toutes leurs sciences, qui est leur code de religion et de morale, qui, en un mot, comprend presque toutes leurs idées *. De même que les poésies homériques ont été interpolées et changées fré- quemment, de même aussi le Mahâ-Bliârala contient des morceaux de date très-différente. On ne peut donc pas préciser d'une manière générale l'époque qu'il lui faut assigner. Tout ce qu'il est possible de faire, c'est de recher- cher l'époque approximative où quelques-unes de ces parties ont été compo- sées. C'est ainsi, par exemple, que M. Lassen a dirigé ses recherches sur le genre de récit qui porte le nom d'iti/idsa 2. H en distingue trois espèces, dont la première comprend les narrations ou les chants qui donnèrent naissance à la poésie épique , tandis que la seconde contient cette espèce de contes que nous nommons ordinairement contes moraux. C'est ici que viennent se ranger les fables. M. Lassen est d'avis qu'il n'y a rien qui nous force à considérer ces contes comme postérieurs à Bouddha ; il prouve que déjà dans les lois de Manou il est fait allusion à l'habitude de réciter des histoires à l'occasion des sacrifices et des fêtes, et il fait observer que le style de ces contes est en général simple et dépourvu ' Voy. les Antiquités de l'Inde, par M. Lassen, 1. 1, p. 486 et p. 838. (Allemand.) '•ï Voy. Antiquités de l'Inde, pp. 830 et suiv. Itihàsu est un composé de trois mots : iti liu usa qui signifient : ainsi il parla. n RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE LINDE d'ornements superflus, ce qui est presque un iadice certain de l'antiquité d'un ouvrage. Si nous en croyons donc M. Lassen , et certes il serait dilïicile de trouver un juge plus compétent pour toutes ces matières , nous pourrons admettre qu'un grand nombre d'itihâsas, et, par consé- quent, d'apologues, remontent au delà du ¥!■= ou du VI^ siècle avant notre ère. Une troisième espèce d'itihâsas, qui paraît être d'une date plus récente, comprend ces récits étendus qui racontent les aventures de Nala, de Rama et d'autres. Le Maliâ- Bliârala contient six apologues portant le nom dltihâsa: l. III, p. 509, un dialogue entre le Chacal et le Tigre; t. III, p. 565, la l'able du Vautour et du Chacal; t. III, p. 559, la fable de la Souris el du Chat; t. IV, p. 15, un dialogue entre le Chacal et le Singe; t. IV, p. 72, la fable du Héros et de la Colombe ; t. IV, p. 204, la fable du Vermisseau et de Viàsa. Les autres apologues compris dans cet ouvrage sont : t. I, p. 561 , l'histoire de la cigogne; t. II, p. 283, la fable des Souris qui choisis- sent le chat pour leur roi; t. III, p. 558, la fable des Colombes. Au Maliâ-Bliârata se trouve ordinairement annexé un poëme appelé Harivança, qui a été traduit en français par M. Langlois. Sans aucun doute il est d'une date beaucoup plus récente que l'épopée à laquelle il est joint. Nous y trouvons la fable du Perroquet el du Fils du roi, dont nous aurons , plus tard , l'occasion de parler. M. Grimm, dans son Reinhart Fuclis, p. 281 , a cité une fable indienne, empruntée à un livre Pâli, sur lequel nous reviendrons aussi dans la suite. Mais les sources principales des apologues sanscrits sont les deux re- cueils appelés Panlchu-tantra et Hilopadèça. Le Pantcha-lanlra ou les cinq livres de morale est l'ouvrage capital pour les fables indiennes. C'est là que nous puiserons la plupart des récits orien- taux qui viendront se placer dans la suite de ce mémoire. Il est à regretter qu'il nous manque des renseignements suffisants pour préciser la date de sa première rédaction. Car, pour arriver h un pareil résultai, il ne suffit ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 25 pas de s'appuyer sur des passages isolés , attendu que c'est le propre des écrits de ce genre d'être sujets, dans la suite des siècles, à toutes sortes de modifications malheureuses K Voici, par exemple, ce qui est arrivé, sous ce rapport, au célèbre Colebrooke, qui est ordinairement si exact et si prudent. Dans une dissertation qui a pour but de fixer l'époque où vécut l'astronome Varahamihira ^, il fait usage d'un lexte du Pantclia-tanlra, dans lequel cet astronome est cité. A cette occasion, il vient à parler entre autres de la dal^e qu'il faut assigner à ce recueil d'apologues. Nous savons qu'il a été traduit en pelilvi vers le commencement du VI'' siècle de notre ère. De là Colebrooke tire la double conclusion, d'abord que Yarahamihira a vécu avant cette époque, ensuite que le Pantcha -tantra doit avoir été composé dans l'intervalle de temps qui s'est écoulé depuis Varahamihira jusqu'au moment où il fut traduit en pehlvi. Et comme l'astronome en question ne peut remonter au delà des premiers siècles de notre ère, nous connaîtrions ainsi les deux termes extrêmes entre lesquels la composition du Pantcha-tantra devrait être placée. Mais si le passage sur lequel s'est appuyé Colebrooke était un de ceux qui n'ont été intercalés que plus tard? — Ce doute n'est que trop fondé, et nous pouvons presque le convertir en certitude. En effet, il y a deux rédac- tions principales du Pantcha -tantra ^, dont l'une est plus courte et plus simple et l'autre plus chargée d'ornements. C'est l'édition la plus simple qu'a éditée M. Kosegarten , et dans laquelle se trouve la citation signalée par Colebrooke. Mais ce passage ne se trouve ni dans l'édition plus ornée '*, ni dans la traduction arabe, ni dans le Ilitopadêça, qui a emprunté au Pantcha-tantra la plupart de ses fables; et ce qui plus est, il n'a même pu se trouver ni dans le texte qui a servi à la traduction arabe, ni, par conséquent, dans l'original sanscrit. La chose est facile à comprendre. ' C'est ce qu'a fait très-bien remarquer M. Kosegarten , qui nous a donné, pour la première fois, une édition de cet ouvrage , en l'année 1848. Voy. sa préface, p. vi. Voy. aussi V Anthologie sanscrite de M. Lassen, p. vin. - M iscelkmeous essais, II, pp. 173 et 48'2. "' Voy. Kosegarten, p. ix. * Ib., pp. vu et vni. 24 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE LINDE Une grue veut engager des poissons à sortir du lac dans lequel ils se tien- nent. Pour parvenir à ce résultat, elle dit, dans la rédaction moins ornée, que bientôt il y aura une grande sécheresse, et elle le prouve par une citation de Varaliamihira. Dans les trois autres versions, la grue s'y prend d'une manière tout à fait différente. Elle fait accroire aux poissons qu'elle a entendu dire à des pêcheurs que bientôt ils se rendraient vers leur lac. 11 est clair qu'ici le texte de Varahamihira n'aurait pu venir à propos. Or, laquelle de ces deux rédactions est la plus ancienne? M. Kosegarten est d'avis (p. ix) que c'est l'édition la plus ornée. Dans cette hypothèse il est évident que la cita- tion de Varahamihira ne peut servir à fixer la limite au delà de laquelle la première composition du Pantclia-tantra ne saurait être reculée. Dans l'hypothèse contraire il reste toujours à savoir si le passage de l'astronome indien n'est pas une addition plus récente. Nous nous sommes arrêté assez longuement sur ces détails, parce que nous avons vu que M. Wilson , le célèbre indianiste % ainsi que Loiseleur de Longchamps ^ ont considéré le raisonnement de Colebrooke comme péremptoire, tandis que, comme nous venons de le voir, il n'est rien moins que certain. Il nous importe néanmoins de connaître d'une manière au moins ap- proximative l'époque à laquelle le Pantcha-lantra a été composé j car, sans cela, on pourrait supposer que les fables d'Ésope n'ont pas été sans influence sur celles de l'Inde. Voilà pourquoi nous aurons recours à des arguments plus sûrs que ceux de Colebrooke , et qui établiront en même temps que le Pantclia-tantra remonte à une plus haute antiquité que celle qu'il lui veut assigner ; car nous croyons pouvoir démontrer que ce re- cueil de fables est antérieur à Pânini, grammairien de l'Inde, qui vécut vers 550 avant J.-C. En effet, ce grammairien, après avoir donné (IV, 3, 125) une règle en vertu de laquelle deux mots peuvent être joints de telle manière que le mot ' Anaiytical account of tlie Pantchaluntra . vol. 1 des Transaclions de ta Société Asiatique, p. 163. - Exsai sur les fables indiennex : Paris, 1.S5S, p. 2S, note \. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 2o composé qui en résulte indique une inimitié entre les deux parties de ce mot, ce grammairien, disons-nous, cite comme exemple le composé kako- lnkia. Kaka signifie corneille cl uluka hibou; de sorte que Icakoliikia veut dire YinimUié des corneilles et des liiboiis '. Or, c'est précisément là le titre que porte le livre III du Pantclia-tantra , qui contient le récit détaillé d'une guerre des liibous et des corneilles. Nous pensons qu'on peut conclure de là que, si Pànini n'avait pas eu le Pantcka-tanira sous les yeux, il n'au- rait jamais songé à inventer un pareil composé. C'est donc antérieurement à 550 av. J.-C. que fut fait ce recueil d'apologues. L'auteur en est appelé Viahmiçnrman, Ce nom n'est pas dépourvu d'intérêt. Il signifie serviteur de Vichiwu, et c'est précisément vers le IV" et le Y*" siècle avant l'ère chrétienne que le culte de Vichnou acquit un développement remarquable-. De ce côté donc, l'hypothèse qui place avant Pànini la com- position primitive du Pantcha-lant7a reçoit une confirmation nouvelle et inattendue. L'introduction appartient à une période plus récente. On y trouve, sur- tout dans la version la plus ornée, une description détaillée de la ville de Mihilaropia , située dans le Dekhan. Cette cité, à en croire M. Wilson ^ florissait dans les premiers siècles après J.-C. C'est alors, ou bientôt après, que l'introduction doit avoir été écrite. Il suffît de la parcourir pour obte- nir la conviction qu'elle est moins ancienne que le recueil qu'elle précède. M. Kosegarten ■''' s'est demandé si le Panlcha-tanlra avait été composé primitivement en vers ou en prose, et il s'est décidé en faveur de la pre- mière hypothèse. Il est vrai que l'auteur de ce livre, en découvrant dans le Mahâ-Bkûruta des fables racontées en vers, devait être excité à imiter cet exemple. Il est vrai, d'autre part, que de temps en temps nous y trou- vons des distiques (ç/o^fls), non-seulement, comme cela arrive d'ordinaire, pour exprimer des sentences morales, mais aussi dans le corps du récit. Toutefois il ne faut pas perdre de vue que les plus anciens ilihâsas étaient * Voy.WikonJ. /., p. 173. - Votj. Lassen , Antiq. de l'Inde, p. 780. ' Voy. l. /..p. 161. '• Yoy. sa Préface, p. xi. Tome XXV. i 26 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'IINDE éciils en prose ', et qu'en outre, la fable VII du troisième livre, sur In- quelle M. Kosegarten s'est surtout appuyé, ne peut pas servir d'argument. Sans doute, elle est presque entièrement en vers; mais elle est extraite du Maliâ-Bliârala (t. III, p. 558), ce qui a échappé à M. Wilson lui-même. L'énumération détaillée des traductions du Pantclia-tantra forme un des chapitres les plus curieux de l'histoire littéraire. Comme, néanmoins, il serait difficile d'ajouter encore quelque fait important aux recherches, aussi judicieuses que savantes, qu'a faites à ce sujet Silvestre de Sacy-, et comme, de plus, ce qu'il y avait à ajouter l'a déjà été par Loiseleur-Delong- champs '\ il ne nous reste qu'à donner brièvement le résultat de leurs tra- vaux. Au commencement du VI" siècle de notre ère, le célèbre Chosroès, roi de Perse, ordonna qu'on fît du Panteha-ianlra une traduction en langue pehlvi. Cette traduction s'est perdue, à l'exception de quelques traces qui en sont restées dans la version arabe ''^•. car l'auteur de cette version, qui date du VIII'' siècle , ne recourut pas au texte sanscrit , mais se servit de l'ouvrage du traducteur persan. La version arabe servit de nouveau de texte à trois autres : à la version grecque, qui a pour auteur Siméon Seth , et qui est mieux connue sous le nom de Spécimen sapientiae veterum Indo- riim; à la version hébraïque qu'on attribue au rabbin Joël, et qui fut tra- duite (1262) en latin par Jean de Capoue; enûn à la version néo-persanne qui fut faite au XI^ siècle par iV«srfl//a/ia. Changée au XV" siècle par Hocein- Vaez , abrégée d'une part et augmentée de l'autre , cette version servit de texte à la traduction turque qu'en fit un professeur d'Andrinople, appelé Ale-Tclielebi. Cette traduction porte le nom d'Homayun-Nameh; c'est elle que suivirent Cardonne et Galland pour faire connaître au public français ce qu'ils appelèrent les fables de Bidpaï ^. Nous avons rappelé ici ces détails pour prévenir l'opinion qui pour- ' Voy. Lassen, l. L, p. 85G. - Mémoire historique sur l'origine du Livre Calila el Dimna, pp. 2 etsuiv. ' Essai, etc. , pp. 8 et suiv. ■■ Voy. Kosegarten , p. \i. "• Probablement une altération de Yidiaj)ati=Seientiae magisler. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 27 rait naître facilement de la comparaison des fables indiennes avec celles d'Ésope, à savoir, que déjà anciennement le Pantcha-tanlra aurait été connu des Hellènes. Nous nous y sommes arrêté également par le motif que le Calilak vt Dimnali — c'est le nom que porte la version arabe — renferme quelques fobles indiennes qui ne se trouvent pas dans l'original. C'est ainsi que la fable du Clial et de la Souris , dont nous donnerons la traduction dans la suite, de même que celle du Perroquet et du Prince, qui sont empruntées, l'une au Mahâ-Bliârata (t. III, p. 55), l'autre au poëme intitulé Harivança ', sont comprises dans le Calilah we Dimnali, mais non dans les éditions du Pantclia-tantra , dont nous connaissons le contenu ou le texte. Nous avons aussi une traduction française de ce recueil d'apologues, publiée, en 1826, par le missionnaire Dubois. Mais, d'après l'aveu de l'au- teur lui-même (préf., p. vm), il a omis un grand nombre de fables. De plus, selon toute probabilité, il n'a eu devant lui qu'une édition de beaucoup postérieure a celle qu'a publiée M. Kosegarten. L'auteur du Hitopadêça a emprunté au Pantclia-tantra la plupart de ses fables. D'après ses propres paroles, c'est à cet ouvrage et à un autre recueil qu'il est redevable de tous ses récits. Nous ne savons pas quel peut être cet autre recueil. Il en existe un qui est très-réputé et qui porte le nom de Vrilialkallui; mais le contenu en est encore inconnu "-. CHAPITRE II. ÉSOPE EST UN PERSONNAGE FICTIF. Nous connaissons maintenant les sources auxquelles nous aurons à pui- ser les éléments de la comparaison que nous nous sommes proposé d'éta- ' T. I, p. 96 delà traduction de M. Langlois. - Ayant appris, par M. Lassen, que déjà, dans les lois de Manou, il se trouvait quelques allusions à des fables, nous avons parcouru cet ouvrage; mais jusqu'à présent, toutes nos recherches à ce sujet ont été infructueuses. 28 RAPPORTS EMRE LES APOLOGUES DE L'INDE blir; mais, avant d'aborder ce sujet, il nous a semblé convenable de con- sulter les témoignages des anciens sur l'origine et la transmission de leurs fables. En effet, quoique, dans un grand nombre de circonstances, ces témoi- gnages soient d'une valeur très-médiocre, quoique bien souvent ils soient con- tradictoires et qu'il faille beaucoup de critique et de tact pour démêler ce qu'il s'y trouve de vrai et de faux, il n'en est pas moins certain que, dans toutes les questions littéraires, c'est par là qu'il faut commencer ses recherches. Nous avons déjà fait observer précédemment que l'histoire littéraire de l'Inde est enveloppée des plus grandes obscurités, attendu qu'en général les brahmanes et les bouddhistes ne semblent avoir eu aucun goût pour l'histoire. Aussi les renseignements directs qu'on pourrait être tenté de chercher de ce côté, relativement au sujet qui nous occupe, se réduisent- ils presque à rien. 11 n'en est pas de même pour la Grèce. Les écrivains de ce pays nous ont, en effet, transmis sur l'histoire de l'apologue plu- sieurs témoignages très-précieux. Seulement ces témoignages sont bien loin de s'accorder parfaitement entre eux. Nous avons donc à les combiner et à en apprécier la valeur relative pour parvenir à un résultat satisfaisant. Or, cette combinaison peut se faire de plusieurs manières différentes, et les savants donneront la préférence soit à l'une, soit à l'autre, selon l'idée générale qu'ils se seront formée de la culture hellénique. C'est ce qui fait que, malgré l'exactitude que nous avons apportée à nos recherches et malgré le soin, peut-être minutieux, que nous avons donné à l'enchaîne- ment des probabilités historiques qui doivent servira résoudre la question que nous traitons, nous craignons bien de ne pouvoir compter sur l'as- sentiment de tous les philologues. Il en est, en effet, qui attachent une telle importance au témoignage des anciens, qu'il suffit qu'un auteur de quelque renom ait énoncé une chose pour qu'ils considèrent le moin- dre doute à l'égard de ses paroles comme une véritable hérésie. On a beau leur prouver, de la manière la plus évidente, que cet auteur est en contradiction avec lui-même et avec toutes les données historiques, ils s'écrieront aussitôt que procéder de la sorte, c'est renverser toutes les bases de l'histoire, qu'il n'y aura dorénavant rien dont on ne puisse douter, etc. Ce n'est pas pour cette classe de lecteurs que nous écrivons. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 29 Nous ne considérons aucun écrivain classique comme inspiré ni, par con- séquent, comme infaillible, cet écrivain eût-il nom Hérodote. Et c'est, en effet, Hérodote dont nous nous sommes proposé d'infirmer le témoignage, pour autant qu'il nous donne des renseignements sur Ésope. Hérodote est un historien dont nous faisons le plus grand cas, sous beaucoup de rap- ports. C'est un auteur plein de naïveté et de grâce; son témoignage est digne de foi tant qu'il ne fait que rapporter les choses qu'il a vues et exa- minées par lui-même. Mais ce même écrivain a eu trop de bonhomie pour ne pas croire souvent à des récits mensongers. 11 s'est laissé mystifier par les prêtres de l'Egypte; il a pris pour de l'histoire presque toute la mythologie; en un mot, il n'a pas eu cette critique qui aurait été si néces- saire de son temps. Voilà comment nous considérons Hérodote, et c'est à ce point de vue que nous nous proposons d'examiner les détails qu'il nous a transmis sur Ésope (L. H, §154). .< llhodopis, dit-il, était esclave d'iadmon, fils d'Héphaislopolis , de » Samos. Ésope, le fabuliste, fut esclave avec elle. En effet, ce qui prouve » surtout [ovy. r,y.m-oL) qu'Ésope a été l'esclave d'iadmon, c'est le fait sui- .. vaut : Après que les habitants de Delphes eurent fait publier plusieurs » fois, selon les ordres du dieu, que celui qui réclamerait une rançon » pour le meurtre d'Ésope l'obtiendrait, personne ne se présenta, à l'ex- » ception d'iadmon, petit-fils de l'autre ladmon; et il obtint la rançon. » Ainsi donc Ésope fut l'esclave d'iadmon. » C'est là le plus ancien témoignage que nous ayons sur Ésope. Comme il n'est pas entièrement clair, nous tâcherons de le compléter, en emprun- tant quelques renseignements à des écrivains postérieurs. D'abord, on voit qu'Hérodote croit nécessaire de prouver qu'Ésope a été l'esclave d'iadmon et qu'il n'a pas appartenu à un autre. Ceci nous indique clairement qu'il circulait sur le compte d'Ésope d'autres tradi- tions différentes de celle-ci. En effet, Callimaque ' nomme Ésope un habi- tant de Sardes : A'^wtoç i lo^oà-oviq; Plutarque et Suidas le font demeurer à ' Vorj. le Dictionnaire d'Apollonius, s. v. iems. 30 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L INDE la cour de Crésus. Selon le dernier de ces auteurs, il était même le favori [fthûi^evoi) du roi de Lydie; et cette tradition paraît même remonter à une plus haute antiquité, puisqu'il est probable que l'auteur comique Alexis, qui avait composé une pièce intitulée Ésope, y avait fait figurer Crésus et Solon. Or, les auteurs comiques suivent ordinairement la tradition popu- laire et commune. Cette tradition était donc, selon toute vraisemblance, déjà connue du temps d'Hérodote , et c'est en contradiction avec elle qu'il s'efforce de prouver qu'Ésope était non de Sardes, mais de Samos, non pas un favori de Crésus, mais un esclave d'Iadmon. Mais, comment le prouve-t-il? Les habitants de Delphes, dit-il, avaient fait publier qu'ils payeraient une rançon pour le meurtre d'Ésope à celui qui la réclame- rait, et ladmon de Samos a obtenu cette rançon. D'abord pourquoi et de quelle manière Ésope avait-il été tué? Callimaque nous rapporte qu'Ésope avait récité à ceux de Delphes une fable qui les avait irrités fortement : TaDra ô AItotto; O ^afjàyjvoi emev ' cvziv oi ^slmi AâovTa pjBqv où /a),tiç èôé'^avro. et le scoliaste d'Aristophane [Vesp. 14i6 et Par. 128) nous dit qu'Ésope avait reproché aux habitants de Delphes de vivre non pas de l'agricul- ture , mais des revenus de l'oracle. C'est donc pour cette raison qu'ils le tuèrent. Et de quelle manière cela se fit-il? Aristophane nous raconte {Vesp. 1446) qu'ils accusèrent le fabuliste d'avoir volé une coupe du dieu : et, d'après le scoliaste, cette accusation fut appuyée de la manière sui- vante : on cacha la coupe parmi ses effets, on lui reprocha ensuite de l'avoir volée et on le condamna cà mort , après qu'elle eut été trouvée sur lui. La même chose est rapportée par Héraclide du Pont', contemporain de ' Si iin'iiic 011 considérait les fragments des /*o/t7/es d'tléraclide comme empninlcs aii\ l'iAitics d'Aristote, cela ne diminuerait on rien ni l'autorilé ni l'antiquité de ce lémoignn£;e. ET LES APOLOfxUES DE LA GRECE. 31 Platon et d'Aristote, et nous avons toute raison de croire que c'est là la tradition que connaissait Hérodote. Ce crime odieux ne manqua pas d'appeler la vengeance du dieu. Une famine exerça ses fureurs sur les descendants de ceux qui avaient si injus- tement condamné Ésope \ et l'oracle^ leur ordonna de publier qu'ils payeraient la rançon du meurtre d'Ésope {notvr,v rfn Ahùmu <^ux^i, Hérod.). Plusieurs fois cette offre fut faite inutilement jusqu'à ce qu'enfin ladmon se présentât, pour obtenir la rançon promise, prétextant qu'Ésope avait été l'esclave de son grand-père, et l'oracle, fidèle à sa promesse, lui paya l'argent. Voilà donc le récit d'Hérodote, analysé jusque dans ses moindres dé- tails. Les trois conclusions qu'il semble qu'on puisse en tirer, sont les suivantes : d'abord Ésope a été tué à Delphes; ensuite il a vécu à Samos; enfin, ladmon a obtenu la rançon de son meurtre. L Ésope a été tué à Delphes, non pas d'une manière obscure, par exemple, dans une querelle, mais il a été condamné et exécuté publique- ment comme voleur d'objets sacrés, et ce sont les prêtres eux-mêmes qui l'ont fait condamner; car ce ne sont qu'eux qui ont pu faire mettre parmi ses effets une coupe du dieu. Mais d'abord, un esclave ne pouvait pas, comme un homme libre, être cité devant le tribunal. On le condamnait et on le punissait sommairement, sans avoir recours à de semblables formalités. Ensuite, si l'on pouvait accuser Ésope d'avoir volé une coupe du dieu, il faut qu'il ait été admis à consulter l'oracle; mais jamais un esclave ne pouvait consulter l'oracle, ni pour lui-même, ni pour d'autres. En troisième lieu, si les prêtres de Delphes se fâchent si fort de ce qu'il s'est moqué d'eux, il est bien clair qu'il a dû le faire en public; mais jamais un esclave n'était admis à parler en public. On le voit, les difficultés s'accumulent; les anciens paraissent déjà l'avoir senti. Pour y remédier, on raconta qu'Ésope avait été affranchi par son maître; c'est là ce que nous rapporte Héraclide du Pont. Mais ceci, ' Voy. Libanius, De tdcisc. Jul. jipce, vol. 11, p. 53. * 'Ek ieozpojrioij , d'après Hérodote. .12 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE LINDE loin de lever la conlradiclion qu'il y a dans le récit d'Hérodote, ne fait, au contraire, que l'augmenter. Car si Ésope a été affranchi, de quel front ladmon vient-il, plus tard, réclamer une rançon à laquelle il n'a aucun droit? 11 ne peut pas, en effet, y prétendre, si Esope, au moment de sa mort, n'était plus l'esclave de son grand-père. 11 est facile devoir, d'après ce qui précède, que la mort d'Ésope, à Delphes, est très-improbable, du moins si l'on s'en lient au récit d'Héro- dote. II. Que sera-ce maintenant du deuxième point que nous croyions pou- voir admettre comme certain, d'après le témoignage du père de l'histoire? Ésope, disions-nous, doit avoir vécu à Samos. Pour prouver cette asser- tion, Hérodote s'appuie sur le récit d'Iadmon, lequel constitue le troisième point que nous avons signalé plus haut. III. ladmon a-t-il reçu de l'argent du temple de Delphes? Nous n'en doutons nullement. Le temple de Delphes a-t-il fait publier qu'il payerait une rançon pour le meurtre d'Ésope à celui qui la réclamerait? C'est également incontestable. Mais de ce que l'oracle de Delphes fait publier une chose pareille et de ce qu'Iadmon réclame et obtient la rançon, s'en- suit-il qu'il faille ajouter foi soit à l'un soit à l'autre? Ce sont là des questions qu'il convient d'examiner de plus près. S'il y a une chose dont il faille se délier dans l'antiquité, ce sont certai- nement les traditions des prêtres païens. L'oracle de Delphes avait de l'intérêt à ce que l'usage de faire pénitence et de payer rançon pour les meurtres ne diminuât point. Mais il n'y a rien qui entraîne davantage que l'exemple. Aussi voyons-nous que, d'après la légende, Apollon lui-même expie longuement le meurtre de Python, et se fait purifier par Carmanor. Si donc il se présentait, pour les habitants de Delphes, une occasion écla- tante de montrer qu'ils payaient volontiers eux-mêmes une rançon pour les crimes commis chez eux, ils devaient saisir cette occasion avec le plus grand empressement, pour exciter le reste de la Grèce à imiter leur exemple. Or, d'après la tradition, Ésope avait été tué à Delphes d'une manière odieuse et injuste. Faire usage de cette tradition à l'occasion d'une famine ou d'une peste, et publier qu'on était prêt à payer une rançon à ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 35 qui de droit , c'était suivre une politique digne de tout point de ce que nous savons d'autre part de l'oracle de Delphes. On voit donc qu'il ne faut pas attribuer une importance exagérée à la publication faite par cet oracle. Tout ce qu'on peut en conclure, c'est qu'il y avait en Grèce une tradition, d'après laquelle Ésope avait été tué à Delphes. Ceci nous prouve en même temps qu'il ne faut pas non plus attacher trop de valeur ni aux prétentions d'Iadmon, ni au fait qu'il avait obtenu la ran- çon promise. D'après ce que rapporte Hérodote, nous voyons qu'ladmon se piquait d'avoir eu dans sa famille des personnes remarquables. Son grand- père, disait-il, avait eu pour esclave la célèbre courtisane llhodopis; il avait également possédé Ésope, l'illustre fabuliste. Mais quelles preuves pouvait-il alléguer en faveur de cette dernière pi"étention? Hérodote, auquel il a probablement raconté lui-même la chose, con- sidère , comme une preuve capitale , le fait que l'oracle lui a payé une rançon. Toutefois, si Ésope, cet esclave si célèbre, avait réellement appar- tenu à son grand-père, n'y aurait-il pas eu d'autres preuves manifestes et indubitables sur lesquelles il aurait pu s'appuyer? Tout ce qu'on peut donc inférer des assertions d'Iadmon, c'est que, d'après certaines traditions, Ésope a vécu à Samos. Mais vouloir en conclure qu'en effet, ladmon, le grand-père de celui dont nous parle Hérodote, ait possédé Ésope comme esclave, c'est aller plus loin que ne le permet une saine critique. Pouvons-nous, d'après ces considérations, regarder encore comme incontestable le deuxième point que nous avons indiqué plus haut, à savoir qu'Ésope aurait vécu à Samos? Il est évident que nous ne sommes plus en droit de le faire. Les prétentions d'Iadmon étant réduites à leur juste valeur, nous voyons que nous n'avons affaire qu'à une tradition d'une valeur incertaine, puisque déjà les anciens lui en opposaient une autre. Car tandis que ceux-ci plaçaient Ésope à Samos, ceux-là le faisaient vivre à la cour de Crésus. On voit que la question commence à se simplifier. Avant de continuer nos recherches, tâchons de la bien préciser. Nous nous sommes proposé Tome XXV. 5 34 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L INDE de prouver , non-seulement qu'Esope n'a pas élé l'esclave d'Iadmon , mais qu'il n'a jamais eu d'existence historique, qu'en un mot, c'est un persoti- nage fictif. Nous ne sommes pas les premiers à énoncer cette opinion en apparence paradoxale. Des savants éminents, comme Luther, Camerarius, Vico, Creul- zer et M. Welcker ont douté de l'existence d'Ésope. Ce dernier surtout . dans une dissertation pleine d'érudition, de bon sens et de finesse, qui :i été insérée d'abord dans le Musée du Rliin, année 1859, vol. VI, pp. ÔOG et suiv., et qui a été réimprimée plus tard, avec quelques additions, dans le vol. II de ses Klcine schriflen , pp. 228 et suiv. , a prouvé d'une manière victorieuse, selon nous, que le personnage d'Ésope doit être rayé désor- mais de l'histoire littéraire comme individualité historique. C'est à lui. nous l'avouons volontiers, que nous avons emprunté, en grande partie, les arguments que nous avons employés jusqu'ici, de même que ceux dont nous ferons encore usage dans la suite. C'est lui aussi qui a démon- tré, autant qu'il est possible de le faire, que le témoignage d'Hérodote ne doit pas nous être un obstacle pour admettre un résultat auquel nous conduisent tant d'autres arguments. Car c'était surtout Hérodote sur qui s'appuyaient ceux qui voyaient dans Ésope un personnage réel. Le savant Jacobs était d'avis que, quelque grande que fût la part de la fiction dans la vie d'Ésope, telle qu'on la connaît généralement, c'était néanmoins agir trop arbitrairement que de rejeter le témoignage d'un écrivain d'un aussi grand poids qu'Hérodote. Un autre savant très-respectable , M. Grauert . qui a traité cette question dans un mémoire couronné ^ , après avoir le- jeté, dans sa rédaction primitive, la réalité historique du fabuliste grec, s'est ravisé dans la suite, et s'est appliqué à démontrer, guidé par les conseils de Niebuhr, que le témoignage d'Hérodote est tout à fait décisif, et qu'Ésope a réellement existé. Si nous avons réussi à prouver que, dans le cas présent, l'autorité d'Hérodote n'est pas aussi grande qu'on le voudrait faire croire, nous avons déjà gagné la moitié de notre cause, et il nous sera facile de moii- • De Afsopo et fabidis Aesnpiis. Bonnae ,I8"25. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 35 trer maintenant que toutes les autres traditions, prises ensemble, ne sau- raient nous convaincre qu'Ésope soit un personnage historique. La tradition principale, qui circulait à côté de celle que rapporte Hérodote, consistait à placer Ésope à la cour de Crésus. Envoyé parce roi à l'oracle de Delphes, il irrite, par une fable, les habitants de cette ville, qui, pour se venger de lui, cachent dans ses effets une coupe d'Apollon, l'accusent ensuite de l'avoir dérobée, le condamnent à mort et le précipitent de la roche Hyanipée '. Ce genre d'accusation est attribué, dans l'antiquité, à diverses autres personnes, probablement toutes plus anciennes que l'époque à laquelle on place ordinairement Ésope. Moïse, dans l'histoire de Joseph (I, 44), rapporte sa condamnation avec des circonstances analogues. D'après Héra- clide du Pont, les fils de l'archonte Phamis, à Magnésie, furent convain- cus, de la même manière, d'avoir volé des objets appartenant au temple. Une chose pareille eut lieu dans la ville de Delphes , à une époque , sans aucun doute, beaucoup plus reculée que celle d'Ésope, si nous en pou- vons croire Aristote [Pol. 5, 5, 5), Élien {Var. Iiisl. II, 5) et Plutarque (Praec. reip. ger., 52). Selon ces auteurs, Orgilaûs, fils de Phalis, qui devait épouser la fille de Cratès, ayant eu de mauvais présages, abandonna sa fiancée et partit avec son père. Cratès, pour se venger d'eux, ût cacher dans leurs effets un vase d'or du temple; après quoi, il les accusa de l'avoir enlevé, et les condamna, sans autre formalité, à être précipités du haut d'un rocher. Plusieurs autres parents et amis d'Orgilaiis furent tués le même jour. Mais plus tard, les habitants de Delphes assassinèrent Cratès lui-même, le chassèrent avec tout son parti, et bâtirent une partie du temple avec leurs biens confisqués. C'est là, dit Aristote, la source et le commencement des troubles qui agitèrent la ville de Delphes. Ce récit, qui remonte certainement à une très-haute antiquité, est em- preint de tous les caractères d'une histoire véritable, et Camerarius - faii remarquer, avec raison, qu'on pourrait être tenté de voir dans la mort d'Orgilaiis l'original du meurtre d'Ésope. En effet, rien n'est plus naturel ' Plntat(|ii(>, De. sera nnminis viiulicla, c l'2. ■^ Vtla An^upi , p. 62. 36 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE que d'accumuler sur un personnage connu tous les bons mots et toutes les anecdotes célèbres qui semblent quelque peu lui pouvoir être appliqués. Frédéric le Grand et Napoléon, de nos jours, suffisent pour nous le mon- trer clairement. En présence des faits que nous venons de signaler, on nous accordera volontiers, pensons-nous, que l'accusation et la mort d'Ésope deviennent de plus en plus problématiques. Mais comment, dira-t-on, en est-on venu à inventer une chose pareille? Il convient de faire remarquer que ce sont deux questions différentes et qu'il faut bien séparer: d'abord une tradition est-elle invraisemblable? ensuite comment a-t-elle pu naître et prendre consistance? Souvent la pre- mière de ces choses peut être prouvée, sans que pour cela on puisse répondre à la seconde question. Dans le cas présent, il n'est pas difficile de démontrer que le genre d'accusation employé contre Ésope ne présente qu'une apparence de vérité fort médiocre, tandis que peut-être il est tout à fait impossible de faire voir clairement de quelle manière cette tradi- tion a pu lui être appliquée. Voici, néanmoins, comment on pourrait, par exemple, se figurer que, dans les récits populaires, Ésope ait été confondu avec Orgilaiis. En général, en racontant les fables d'Ésope on les lui faisait adapter à sa propre situation. « Ésope dit aux Corinthiens ', ou aux Athéniens-, dans telle et telle circonstance, etc.; » c'est ainsi que les fables commen- çaient ordinairement. Supposons maintenant qu'on ait voulu faire raconter à Ésope la fable du Scarabée et de l'Aigle, qui était très-répandue chez les anciens. Pour parvenir à ce résultat, dans quelle meilleure situation pou- vait-on le placer que dans celle d'un fils de Phamis ou d'un Orgilaus? Ainsi, l'on conçoit très-bien que quelqu'un ait pu inventer une tournure semblable à celle que nous a transmise Aristophane [Vesp. 1446) : O âsle'i,ev àuzoîç, r'^ç c Kccudapéç Tiove, etc. ' (j'est de celle manière que débule une fable d'Ésope mise en vers par Socrale. ^ Callimaqne. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 37 Qu'on ne se méprenne pas sur le sens de cette explication. Nous ne prétendons nullement que les choses se soient passées de la sorte. Nous avons voulu montrer seulement, par un exemple, qu'il n'est pas impos- sible qu'une fable ait donné naissance au récit du procès et du meurtre d'Ésope. Nous le répétons, si cette explication paraissait invraisemblable, il n'en resterait pas moins vrai que le récit lui-même n'est pourtant pas très-croyable. C'est à Delphes qu'Orgilaiis avait été condamné par suite d'une ruse criminelle ; et c'est dans la même ville et par la même ruse que plus tard on se serait débarrassé d'Ésope ! S'il en est ainsi , il faut avouer avec Boi- leau que F.e vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable. Si donc le récit de la mort d'Ésope à Delphes ne présente pas de garantie suffisante, voyons si, du moins, son séjour auprès de Crésus se recom- mande par plus de probabilité. Pour être admis à la cour d'un roi si puissant, surtout lorsqu'on était étranger, il^fallait certainement se distinguer par des talents émineuts. Or, quel mérite peut-on attribuer à Ésope? Est-il l'inventeur de la fable? Non : car Hésiode, Archiloque et Simonide d'Amorgos avaient employé des apo- logues avant lui? A-t-il écrit un recueil de fables, soit en prose, soit en vers? Non plus; nous l'avons démontré plus haut. Comment alors, deman- derons-nous, Ésope a-t-il pu acquérir sa célébrité s'il n'a ni inventé ni perfectionné la fable par ses écrits? On objectera peut-être que Thaïes et Socrate sont dans le même cas qu'Ésope, qu'ils ne nous ont pas non plus laissé d'ouvrages, et que cependant on ne peut pas, à cause de cela, con- tester leur réalité historique. Nous répliquerons que ce cas est tout à faii différent. Thaïes était un astronome distingué; il était, en outre, le père de la philosophie dont Socrate fut le régénérateur. Mais Ésope qu'a-t-il fait de si grand? M. Grauert et d'autres nous répondent qu'il a très-souvent fait usage de la fable, et qu'il s'en est toujours servi fort à propos. Est-ce là un si grand titre de gloire? Inventer et raconter quelques fables, est-ce 38 RAPPORTS EISTRE LES APOLOGUES DE Ll^DE là ce qui rend un homme si célèbre et si considéré? Nous avouons que celle objection nous paraît irréfutable. Que sont, à côté de cela, les faibles raisons empruntées à l'unanimité des auteurs grecs et latins qui nous parlent tous d'Esope comme d'un personnage réel? M. Robert* croit néanmoins cette considération très- sérieuse. « Aristophane, dit-il, qui écrivait environ un siècle après lui » (Ésope), se serait-il permis de le citer tant de fois dans les comédies » faites pour le peuple d'Alhènes? N'aurait-il pas craint de ne pas être o entendu si le nom et les fables du Phrygien n'avaient pas été générale- » ment connues. » Assurément ce n'est pas là ce que nous contestons. Il est clair que, si Hérodote a fait une dissertation sur Ésope, les Athéniens ont dû connaître son nom. Ses fables étaient certainement répandues dans la Grèce. Mais s'ensuit-il de là qu'Ésope ne soit point un être de raison? Alors Hercule a également existé, alors Tartufe est un être réel, alors le personnage si connu en Belgique et en Allemagne sous le nom (ÏUylen- spiegel doit être considéré aussi comme une réalité historique. Et qu'à propos de ce dernier, on nous permette une petite digression. Le lecteur se sera peut-être déjà demandé: mais comment se fait-il qu'Hérodote ait commis une erreur si grave à propos d'un auteur qu'il ne place qu'à un siècle de lui? Eh bien ! M. Philarèle Chasles, un des rédacteurs du Journal des Débats, auteur de plusieurs ouvrages très-connus, professeur au collège de France, etc., M. Philarèle Chasles, dans son Hisloire de lu liuéraltire française au XVP siècle, nous parle gravement d'Uylenspiegel comme d'un être réel; il sait même nous indiquer l'endroit où il est enterré en Alle- magne. Et cela se passe au XIX" siècle, qui est si fler de sa judicieuse cri- tique! Comment donc s'étonner qu'Hérodote se soit trompé, et comment surtout exiger d'un auteur comique ou d'autres écrivains, qui ne parlent d'Ésope qu'en passant, qu'ils fassent des réflexions sceptiques quand ils citent les fables d'Ésope? Arislote considère Orphée comme un être fictif, et, en d'autres endroits, il en parle néanmoins tout comme il parle d'Ésope. Lors même que le nombre des témoignages anciens serait de beaucoup ' Fables inédites, etc , p. xi.ix. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 39 plus considérable, on n'en saurait pas conclure davantage qu'Esope ait réellement existé. On pourrait facilement nous poser encore toutes sortes de questions relatives au prétendu père de la Fable, et ces questions seraient peut-être difficiles à résoudre, sans que pour cela la démonstration que nous venons de donner perdît quelque chose de sa force. Pourquoi, demandera-t-on, Ésope est-il placé au VI" siècle avant J.-C? Probablement, dirons-nous, parce qu'à celte époque un grand nombre de fables , jusqu'alors inconnues , se répandirent dans la Grèce. Pour- quoi le nomme- t-on Lydien ou habitant de Samos? Parce que, comme nous le prouverons plus tard, un grand nombre de fables sont venues aux Grecs de la Lydie, et que Samos ayant subi l'influence immédiate de ce pays, comme l'histoire nous le montre clairement, il est probable que là aussi la Fable aura d'abord été plus répandue qu'ailleurs. Ce qui confirme surtout cette dernière explication, c'est que Simonide d'Amorgos, origi- naire de Samos, et Ibycus, qui vécut à la cour de Polycrale, ont connu et employé l'apologue. Pourquoi est-il nommé Thrace ou Phrygien? Parce qu'il était considéré comme esclave, et que les esclaves grecs venaient ordinairement de la Phrygie ou de la Thrace ^ Pourquoi Ésope est-il représenté comme esclave? Parce que, comme Phèdre l'a déjà indiqué (5™" prol., v. 55), il convient à un esclave de ne ' Si, d'après Suidas, un certain ] ùyHzav avait appelé lïsope un ^Uay,f/.lipio:voi, nous pensons (jnc celte donnée peut facilement s'expliquer. En effet, Mesembria était une des villes les plus commer- çantes de toutes celles qui étaient situées sur le Pont-Euxin. Or, nous savons que les Tliraces venaient dans ces villes pour acheter du sel en échange contre des esclaves, qu'on lrans|)nrtail en- suite dans les diverses contrées de la Grèce. Les villes du Pont avaient, par conséquent, de grands marchés d'esclaves, et comme celui de Mesembria était le plus considérable de Ions, ilélail naturel de dire d'un esclave de la Thrace, que c'était un },Uaiffx.tipiy-y6;. L'auteur qui nous a transmis cette notice n'est pas connu par d'autres passages. Voilà pourquoi Cuperus {Observait , I.IV, p. 62) a cru devoir changer TiôycItuv en r:Ù7'a/My. Ce dernier écrivain était de Samos et paraît avdii- vécu antérieurement à Hérodote. Si cette conjecture était suffisamment sûre, ce serait là le plus ancien témoignage sur Ésope; mais comme les noms composés en ^riri.'v ne sont pas du tout rares, il n'est nullement nécessiiiie de faire un changement, quoii|ue M. Grauert (p. 67 de son ouvrage cité plus haut) et M. Muller {Fraymenta hisloi-icoriim riraecoriim, t. M, p. 16) aient adopté l'opinion de Cuperus 40 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE LINDE pas s'exprimer librement, mais d'employer toutes sortes de détours pour dire la vérité à son maître. Partout où le faible se trouve en présence du puissant, il doit tâcher, d'une manière ingénieuse et prudente, de ne lui donner des leçons de morale qu'en termes voilés. Or, pour atteindre ce but, il n'y a rien qui vaille mieux qu'une Action; ce moyen est si naturel qu'on le voit employé à toutes les époques de l'histoire. C'est ainsi que le prophète Nathan, avant de faire des reproches à David, lui raconte une fable qui émousse sa fureur. Ainsi il existe, en vieux flamand, un traité sur le jeu d'échecs, dans lequel nous trouvons un tyran auquel ses courtisans n'osent pas faire de reproches, mais au- quel on tâche d'inculquer ses devoirs en lui faisant connaître les règles du jeu. C'est au moyen d'une fable qu'Hésiode critique la violence des rois, que Stésichore avertit ses concitoyens de ne pas se fier à un tyran, que Ménénius Agrippa calme les fureurs de la plèbe, que souvent l'orateur grec s'adressait au ânixoç. Tous ces exemples nous font voir clairement qu'il n'y a aucune condition sociale qui convienne mieux au père de la Fable que celle dans laquelle la tradition nous le montre en effet. Nous croyons avoir à peu près épuisé les questions qu'on pourrait nous poser relativement à Ésope. Il reste cependant encore à expliquer com- ment et pourquoi on lui a donné son nom. Et quoique l'étymologie des noms propres soit presque toujours pleine des plus grandes difficultés et qu'il ne faille jamais trop s'y fier, nous croyons qu'il n'est pas impossible de résoudre le problème proposé. Babrius a commencé le second prologue de ses fables par les vers sui- vants , qui sont de tout point remarquables : MûOoç ij£v, ci Trar ^laiàéwc, A.le'E,dvôpoj 2û/3&)v r.où.ouwv iaxiv éupefi àvQfiùnwj O" Ttpiv TioT riaav ènl Ni'vou ts y.al B/j'Xou. IIûtôToç ai , (paaiv , eîm ncuitv EW.yjvMi' AtutoTToç ô atXBÔç ■ sàte y.où Ai/Si/ç tivôç Aéyov At^ÙGariç ''. ' C'est là ce que porte le MS. Nous discuterons plus tard la leçon des deux derniers vei s ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 41 Selon Babrius, la fable est donc une invention des Assyriens; car ce sont évidemment eux qu'il entend désigner en parlant des « anciens Syriens qui vivaient sous Ninus et Bel. » Nous ne voulons pas encore examiner maintenant si Babrius a raison ou tort. Toujours est-il qu'il a exprimé par ces mots une tradition répandue chez les Grecs. II n'y aurait donc rien d'étonnant si l'inventeur de la Fable portait le nom de Syrus ou d'Assyrms. Or, nous prétendons que le nom d'Aï^M-:; ne doit pas nous étonner davantage. On sait, en efiet, que du temps d'Homère tous les peuples habitant l'Orient portaient le nom générique d'Éthiopiens, et cette dénomination se conserva pendant plusieurs siècles K Memnon, le fils de l'Auiore, est appelé roi iC Ethiopie; ce n'est que plus tard que le même Memnon est désigné par Ctésias comme satrape du roi d'Assyrie. Par conséquent, si Babrius fait remonter aux Assyriens l'invention de la Fable, nous pouvons dire t'galement, en nous conformant à une manière de voir plus ancienne, qu'elle est due aux Éthiopiens, ou bien aussi que l'inventeur de la Fable est un certain AWio^. Or, AiSic^p signifie noir; c'est dans ce sens que l'emploie Méléagre (III) , lorsqu'il se sert des mots aWiont y^^CiXi ; od9io\p n'est donc pas autre chose qua'l8o

ohap. XX: « Il y a, dit-il, deux genres d'exemples; l'un d'eux consiste à raconter des choses qui se sont passées en effet, l'autre à en inventer soi- même. Ce dernier genre comprend, d'abord, la parabole, ensuite les fables, par exemple celles d'Ésope et celles de la Libye : h âï Aôya olw ai AîffwTTEfoj y.aù Ki^'j-mL « Et, après avoir fait cette distinction, il cite, comme exemple, deux fables, l'une de Stésichore et l'autre d'Esope, entre les- quelles il n'y a aucune différence spécifique. Il convient d'appuyer là-dessus , parce que M. Bernhardy, dont l'auto- lité en ces choses est certainement très-considérable, a émis l'opinion ' que, depuis l'époque d'Eschyle, on a nommé lôya Ai/Sijzsj' toutes sortes de contes fantastiques et terribles, comme celui de la magicienne Lamia et celui de Mormo, qui fait peur aux enfants, etc. Il classe dans cette catégorie l'his- toire du féroce Busiris racontée par Panyasis -. Ce qui paraît avoir induit M. Bernhardy en erreur, c'est que Dion Chrysostôme appelle l'histoire de Lamia, racontée par lui-même 5, un (j.ù9oç, Mf:ivY.éç. Toutefois, M. Lobeck avait déjà fait très-bien observer dans son Aglaopliamos , p. 569, que M. Grauert avait rangé à tort l'histoire de Lamia parmi les fables libyennes; ce n'est rien, dit-il, qu'un conte de Libye, comme Élien en raconte un des ser- pents de la Phrygie, en le disant emprunté aux '/.ôyot O/si/yisi {Hist. anim. , II, 21). Mais ce qui rend désormais le doute impossible, c'est le second prologue du recueil de Babrius. Nous l'avons déjà transcrit plus haut, nous réservant de discuter plus tard la leçon des deux derniers vers : HpÛToç, â'i , (Sjonâi , soie naïaa E/),yjv&>i/ Aéyou Ai/3Û7CT>7?. On voit que ces mots sont corrompus. Il est clair, d'abord, que 16yo'j doit être changé en Aôyouç, parce qu'il faut que ehs ait un régime direct. En- suite, comme W de uvôç, est bref, il est nécessaire de réunir ce mot avec ' Grandriss d. griech. LiUeruUir, 1 , p. 58. 2 Voy. /. /., p. 207. ^ 1 , p. 188 de l'édilion de Reiske. U RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE le précédent et de former de celle manière Ai,5u7-rv5ç. Ces changements nous paraissent suffisants. Babrius veut faire l'histoire de la Fable dans la Grèce, et il raconte qu'ayant été inventée par les Assyriens, elle fut transmise aux Grecs en premier lieu par Ésope, ensuite par le Libyen Libyssès ; puis il ajoute : a)!' iyl^ /.. t. \. D'autres ont fait des conjectures différentes. M. Schneidewin, par exem- ple, se fondant sur la préface des proverbes de Diogénien, a écrit ^ ces vers de la manière suivante : Asyovç Kù^cyaoQ. et M. Welcker - nomme cette conjecture excellente. Nous ne pouvons nullement partager l'opinion de ces deux savanls ; aussi ce dernier, dans une discussion que nous avons eue avec lui à ce sujet, a fini par nous donner raison. Babrius n'a pas à faire l'histoire de la Fable chez les Li- byens; c'est pourquoi Aï/3jc7Tdvoiç nous paraît une correction inutile. D'après notre manière d'écrire ces vers , une seule lettre est changée , ce qui est plus conforme aux règles de la critique philologique. Quoi qu'il en soit, il est évident que Babrius, tout en distinguant Ésope du fabuliste libyen, nous indique cependant clairement que les sujets qu'ils ont traités l'un et l'autre appartiennent au même genre d'écrits ; et M. Ber- nhardy lui-même semble avoir changé d'opinion dans le II"" vol. de son ouvrage précité (p. 1048), qui n'a paru qu'après la découverte de Babrius, quoiqu'il ne l'ait pas dit en termes exprès. On voit donc que, par rapport aux fables libyennes, nous sommes tout à fait d'accord avec le savant de la Suisse. M. Zuendell a parfaitement raison en disant que les fables d'Ésope et les fables libyennes peuvent être considérées comme étant de même nature. Mais si nous parvenons à démontrer : a. Que les Grecs ont souvent confondu les choses appartenant aux ' Gotling. gel. Anz., 1845, p. 6. •^ /i7. 5c/ir., II,p.2oG. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 45 peuples orientaux avec celles qui provenaient de la Libye, parce que le nom d'ÊlIiiopie s'appliquait aussi bien à l'Orient qu'au Midi ; b. Que dans le Midi, c'est-à-dire dans l'Egypte et dans la Libye, nous ne rencontrons rien qui nous indique que les peuples de ces contrées aient transmis des fables aux Grecs ; c. Qu'au contraire, chez les peuples orientaux nous trouvons un grand nombre de fables qui nous rappellent exactement celles de la Grèce; — si nous parvenons, dis-je , à démontrer ces trois points, il n'y aura plus aucune raison qui nous force d'admettre que la fable grecque doive son origine à la Libye ou à l'Egypte. Le premier de ces points est facile à prouver. Les idées que les anciens avaient sur les Éthiopiens étaient si confuses jusqu'à l'époque d'Alexan- dre le Grand, que celui-ci, à ce que rapporte Strabon (XV, p. 696), alla chercher dans l'Inde les sources du Nil. Il n'y a ici rien qui nous doive étonner. On se figurait l'Ethiopie comme une vaste contrée allant depuis l'extrême Orient jusqu'à l'ouest de l'Afrique. Il est clair qu'avec de pa- reilles idées, ce qui appartenait à l'Inde devait être souvent attribué à l'Afrique, et réciproquement. Aussi des exemples de cette confusion se présentent-ils en assez grand nombre. Le peuple appelé lyuimàç est compté, par Scylax, parmi les nations de l'Inde, tandis qu'Antiphon et le scoliaste d'Aristophane (Aves v. 1552), le font flgurer parmi celles de la Libye. Agatharchide attribue les Cyna- molges à l'Afrique, quoiqu'il ajoute lui-même qu'ils se nourrissent de bœufs indiens, et que Ctésias les place dans l'Inde ^ Le martichoras, que Ctésias fait naître dans l'Inde, devient chez Pline un animal africain. La fabuleuse crocolta, si nous en croyons les anciens, se trouve également dans l'Egypte et dans l'Inde. Il faut dire la même chose des pygmées, des psylles, des himantopodes, des sternophthalmes, des macrobiens, des macrocéphales , etc. ^. Nous pourrions facilement multiplier ces exemples; mais nous croyons en avoir déjà cité suffisamment pour soutenir la thèse que nous avons avancée. ' Voy. Frielen de Agatharchide , 1848, p. -48 et 49. - Voy. Schwanbeck ad Meyasthenis indica, p. 2 et suiv. 46 RAPPORTS E^TRE LES APOLOGUES DE L'LNDE Si donc les Grecs nous parlent de fables libyennes, il ne s'ensuit nul- lement que ces fables soient originaires delà Libye; cette expression peut signifier la même chose que « fables éthiopiennes », et, d'après l'étymo- logie que nous avons donnée plus haut, elle peut avoir également la signi- fication de « fables d'Ésope. » Nous venons d'énoncer une possibilité qui, nous l'espérons, deviendra probable plus tard, lorsque nous aurons fait voir, d'un côté, qu'il ne nous est point resté de traces de fables libyennes, c'est-à-dire de fables qui, de la Libye, seraient venues dans la Grèce, et, de l'autre côté, que chez les Éthiopiens orientaux nous trouvons, au contraire, un grand nombre d'apologues dont les imitations se retrouvent chez les Grecs. M. Zuendell attribue à l'Egypte l'invention des fables d'Ésope. Le pre- mier argument qu'il a fait valoir en faveur de son opinion, c'est-à-diie que les Grecs prétendent avoir reçu de la Libye une partie de leurs fables ; cet argument, nous venons de le voir, ne pi'ouve nullement ce qu'il fallait démontrer. Et pour donner dès maintenant un exemple du mode d'argu- mentation tout à fait original, employé par M. Zuendell, nous n'avons besoin que de faire connaître comment il a interprété les vers de Babrius dont nous avons parlé plus haut. M&5o;, dit cet auteur, Ibpw r.aùmù'j i'jnv iijfii(j. àvOpÙTlCiiv cl Tipiv TïOT j^sav £7ît NtVo'j ze y.al B/j/îu. Ces Syriens, nous l'avons déjà dit, ne sont autres que les Assyriens. Hérodote nous dit en termes exprès, VII, 65 : Oùtoi {d Aaaùpiot) as ùm uèv Em/jvmw iy-cùluvxo 'Liifiioi, imo èl twv (SapISàpav Aaaùpioi iYlriSriaxj. Ces paroles SOnt bien assez claires ; si elles avaient besoin de confirmation , on pourrait renvoyer à YËpinomis de Platon et à Apollodore, III, 14 , 55 ' ; et si , pour éviter toute ambiguïté , Babrius ajoute qu'il parle des anciens lûpoi du temps de Ninus et de Bel, il est évident qu'il a voulu parler des Assy- riens. Mais M. Zuendell suit un tout autre chemin, lùpo^, dit-il, signifie noir'^; Babrius nous a donc conservé la trace d'une ancienne tradition, d'après laquelle c'étaient des nègres qui avaient inventé la Fable. Pour trouver cela • Voij. Boeckh, Metrologisclie IJntersuchungen , p. 41. - Les preuves qu'il apporte en faveur Je cette traduction sont Ircs-douleuses. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 47 dans les paroles de Babi-ius, il faut, sans doute, être doué d'une grande puissance d'imagination. Mais, lors même que nous l'admettrions, quelle conclusion en pourrait-on tirer? Memnon, le roi des Ethiopiens, et Achille, comme vainqueur de Memnon , sont représentés dans les peintures an- ciennes avec un nègre au milieu de leur bouclier, ou bien aussi à leur côté; les Éthiopiens de l'Orient étaient donc également des noirs, d'après les idées des Grecs, et si Iùgu voulait dire « des nègres » , cela ne prou- verait point que, suivant l'opinion des Hellènes, l'invention de la Fable doive être cherchée en Afrique. M. Zuendell prétend avoir fait une autre découverte dans les vers sui- vants du même prologue. Nous avons dit que, dans l'unique manuscrit de Babrius, on trouve les mots : eins -/.oà Ki^uç, rtviç lôyov At[îùamç,. On n'imaginera pas facilement par quelle conjectux'e le savant professeur a cru corriger ces vers. Après avoir réuni , comme nous l'avons fait égale- ment, AtjSuç et zivoi, il change léyorj en léyw, et pense que cette « embuscade de la Libye» signifie les habitants du Delta; car, dit-il, dans la fable 56, les Arabes sont dépeints sous les couleurs les plus noires, et comme toujours les peuples voisins se haïssent, et que les Arabes n'ont, pour ainsi dire, pas d'autres voisins que les habitants du Delta, ce ne sont qu'eux que le poëte a voulu désigner par les mots Hyo) Ai.SJacr/)?. Si l'on veut appeler cela une hypothèse ingénieuse, il faudra qu'on avoue néanmoins qu'elle n'a pas la moindre apparence de vérité. Nous allons maintenant examiner successivement toutes les preuves qu'a alléguées le professeur de Lausanne. Après avoir parlé des fables libyennes, il appelle notre attention sur un passage de Plutarque ^ Le roi d'Ethiopie, nous rapporte cet auteui', avait proposé à Amasis, roi d'Egypte, la question de savoir comment on pourrait vider la mer. Or, dans la biographie d'Ésope, attribuée à Planude, nous trouvons que Xanlhus donne le même problème à résoudre au fabu- liste. Il s'ensuit, à en croire M. Zuendell, que plus nous remontons dans l'histoire de la Fable et dans celle d'Ésope, plus aussi nous rencontrons de ' Sympos. sept sapieiH., [i. loi 15. 48 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L INDE traces égyptiennes. Il est vrai que la masse des inventions qu'on attribuait à Ésope s'accrut de plus en plus dans la suite des siècles. Tandis que d'abord on ne citait de lui que des fables, il passa, à une époque plus récente, pour le père d'une infinité de bons mots qu'on désignait par le nom à^kldùmu yàoïa ^ Plus tard, on lui fit donner des réponses pi- quantes et résoudre toutes sortes de problèmes; ce dont on forma une collection qui est citée par Suidas, et qui portait le nom d'â7T5i'./>i'f/.aTa At'CTÛTOu. Quoique parmi ces àno-Apiitaxa il ait dû se trouver un bon nombre d'énigmes, il ne s'ensuit cependant pas du tout qu'il faille les mettre sur la môme ligne que les fables. Il se peut, nous l'accordons, qu'un certain nombre d'énigmes aient été transmises par l'Egypte à la Grèce; mais insi- nuer que , par la même raison , on doive admettre l'origine égyptienne de la Fable, c'est conclure du particulier au général, ce qui n'est pas permis en bonne logique. En second lieu, nous faisons remarquer que l'énigme en question se trouve dans un livre indien que nous ne possédons plus, il est vrai, en sanscrit, mais dont il nous reste une traduction grecque. Cette traduction porte le nom de Synlipus, et Loiseleur-Delongchamps a prouvé clairement qu'elle dérive d'une source indienne'-^. Enfin, si Planude, ou l'auteur quel qu'il soit de la vie d'Ésope, attribue à celui-ci ce que Plutarque raconte d'Amasis, roi d'Egypte, il n'y a abso- lument rien là-dedans qui soit de quelque importance littéraire. S'il était constaté que le changement de personnes que nous trouvons chez Pla- nude se fût déjà fait antérieurement chez les Grecs, alors la remarque de M. Zucndell aurait du moins l'apparence du vrai. Mais si, comme nous le croyons, l'auteur de la vie d'Ésope n'a fait que copier Plutarque, ' Voy. Arisloph. Vesp., v. 566 et 1238. - Nous devons une édition de cet ouvrage à M. Boissonade. Loiseleur-Delongchamps, qui , dans son Essai sur les fables indiennes, p. 123, a fait remarquer l'analogie signalée dans le texte, est d'avis que Planude a dû nécessairement puiser dans Synlipas. Le passage de Plutarque, ci-dessus mentionné, nous lait voir qu'il n'en est pas ainsi. — Du reste, si quelqu'un supposait que le tra- ducteur de Syntipus a fait des emprunts à la Grèce, attendu qu'on y trouve (p. 100, éd. Boisso- nade) la fable du Sei'peut et de l'Aigle , qu'Élien attribue à Slésichore (voy. Coraï , p. 198, n" ôOÔ) , il sullirail de lui faire observer que celte fable est racontée dans un ouvrage sanscrit qui porte le nom de Vétâlapantchuvinçali. Nous reviendrons dans la suite sur ce point. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 49 en y introduisant quelques légers changements, quelle valeur attribuera- t-on à ce pastiche? On le voit, jusqu'à présent les arguments de M. Zuen- dell ne sont pas très-heureux. Continuons notre analyse. A la page 426, il nous fait observer que le personnel des fables d'Ésope convient éminemment à l'Egypte; à cet effet, il cite le crocodile, le chat, le lézard, les médecins, un oculiste, et signale les canaux creusés [àpuv.-^oi é'jp.mi) dans lesquels se tiennent des grenouilles (6a6/'., 118, 2). Mais toutes ces choses se trouvaient dans la Grèce et se rencontraient également dans presque tout l'Orient, à l'exception du crocodile; or, si nous ne faisons pas erreur, ce dernier n'est cité nulle part dans tout le recueil deBabrius, à moins qu'on ne l'aille chercher dans le mot àpâyMv de la fable 40. C'est aussi là ce qu'a fait M. Zuendell, sans même citer d'exemple à l'appui de cette traduction hasardée. Cette omission est du reste très-naturelle; il lui aurait été difficile de trouver les exemples requis, car nous ne croyons pas qu'il en existe. Ceci peut faire juger de la valeur qu'il faut attribuer à l'argumentation de la page 427. « Dans la fable de la grenouille qui veut se faire aussi grosse qu'un bœuf, nous n'avons, dit-il, qu'un changement malheureux d'un apologue provenant de l'Egypte, et c'est dans la fable 40 de Babrius qu'il en faut chercher la forme primitive. Ici nous trouvons un lézard qui veut égaler un crocodile en grosseur. L'invention est d'autant plus naturelle, que le jeune crocodile n'est pas beaucoup plus grand qu'un lézard [Hérod., toni. IT , p. 68). » Mais tant qu'il ne sera pas prouvé que le mot âpdy.'M signifie crocodile, l'observation de M. Zuendell, qui ne manque pas de finesse, ne pourra nous servir à rien. M. Grimm a bien plus raison de considérer la fable du Héron, qui retire un os du gosier d'un loup, comme provoquée par cette observation que le trochilus, une espèce de roitelet, mange impunément les sangsues qui se sont fixées sur la langue du crocodile. Encore faut-il remarquer deux choses : d'abord que l'analogie est inexacte, puisqu'on agissant comme il fait, le roitelet trouve une bonne nourriture, et n'a, par conséquent, besoin d'aucune autre récompense, tandis que la base sur laquelle s'ap- puie la fable d'Ésope, c'est le refus du loup de payer le prix de sa cure, c'est l'ingratitude du plus fort à l'égard du plus faible; ensuite, comme Tome XXV. 7 m RAPPORTS EÎSTRE LES APOLOGIES DE LINDE M. Grinim l'a fait observer lui-même, la fable grecque se retrouve avec (Je légers changements dans un livre Pâli^; en conséquence, la fable égyp- tienne aurait dû, contre toute analogie, se répandre jusque dans l'extrême Orient. Dans la suite de sa dissertation, W. Zuendell discute longuemenl (pp. 427-455) les analogies qu'il prétend exister entre les apologues de la Grèce et les liicroglypliiques d'Horapollon. Mais on sait que cet ouvrage est suspect sous beaucoup de rapports. En général , il n'y a personne qui soit plus partial envers un auteur que celui qui l'a édité, et pourtant le der- nier éditeur, M. Leemans, dit dans sa préface qu'il est probable qu'Hora- pollon n'a fait qu'emprunter aux fabulistes et aux naturalistes de la Grèce tous les symboles qu'il fait passer pour des hiéroglyphes. C'est M. Zuendell lui-même qui nous l'apprend, et néanmoins, il ne peut s'abstenir d'invo- quer ce témoignage douteux; encore l'a-t-il fait, parfois, d'une manière très-malheureuse. Exemple. — Il fait venir (p. 447) les fables de l'Ethiopie à Memphis, de là à Naucratis , et de là enfin à Samos. Or, Naucratis a été fondée vers la 57'= Olympiade ^. Avant cette époque, les fables égyptiennes ne purent donc pas, selon lui, pénétrer dans la Grèce; et cependant la signification du singe, qui se trouve dans Ilorapollon, M. Zuendell nous la montre dans les fragments du poète Archiloque^, qui vécut vers la 18" Olympiade. ' Nous transcrirons ceUe fable dans la siiile de ce mémoire. -i M. Soldan a prouvé, dans le Musée du Rhin, IV, p. 126 et suiv.,que si, dans la chronograpliie de S'-Jérùme, il est dit que Naucratis lut l):Uie vers la 6""^ olympiade, c'est là une erreur manifeste. 3 Qu'à propos de ce fragment d'Archiloque on nous permette une observation. Dans sa fable du Renard et du Singe , Arcbiloque fait dire au premier : T.-.ijWt à'a s-tS^jxe ziy z-jr>,v z-xxv (fragm. 84, éd. Bcrgk.). Comment suppléer aux paroles qui manquent? Voici ce qu'écrit Babrius (faWe 80) : l'eut-on, au moyen de ces vers, compléter le fragment d'Arcbiloque? La chose est au moins Ires-douteuse. En supposant l'affirmative, l'ensemble devra être reconstruit de la manière sui- vante. Un singe fait devant un renard l'éloge de sa propre beauté, et se vante de ses ancêtres ET LES APOLOGLES DE LA GRECE. SI Autre exemple. — La grenouille passait chez les Égyptiens pour le sym- bole de l'être imparfait (Horap., tom. I, p. 25): anluij-cov as àvS/sco-ov ycàesvrE? l37.Tpayo'j i;uyçxfo-j'j'., et dans Babrius, fable 120, nous trouvons qu'une gre- nouille, qui veut se faire passer pour un médecin, reçoit cette réplique du renard : -/aî tiwç a'/ln IriTr, oç amziv o-jzu yoù.ôv o'jzci. [xri ooiÇsiç ; Si la grenouille est appelée x^Àsç, il est clair, dit le savant de la Suisse, que c'est là une pensée égyptienne. Les Grecs l'ont si peu pu comprendre que quelques-uns d'entre eux (chez Coraï) ont changé yiuloi en y/Mpéi. Nous sommes d'avis qu'il n'est nullement nécessaire de recourir aux hiérogly- phes pour comprendre cette épithète. La grenouille, avec ses bonds iné- gaux , peut très-bien être appelée boiteuse. Troisième exemple. — Dans la fable du Scarabée et de l'Aigle, le premier se venge du second , parce qu'il n'a pas épargné un lièvre qui s'était ré- fugié près de lui, et dont il lui avait demandé la grâce. Après une hostilité prolongée, les deux combattants vont trouver Jupiter, qui donne raison au plus faible des deux. Le scarabée, dit M. Zuendell, occupe ici la place de Zcjç ^ivioç et, en Egypte, d'après ChampoUion, il signifiait : le père des dieux. Nous ne sommes pas fort sur les hiéroglyphes; mais à en croire MM. Bunsen et Birch {Revue archéologique, déc. 1848), le scarabée veut dire la forme ou le type. D'après le dernier de ces savants, l'explication de ChampoUion est depuis longtemps reconnue inexacte. Quatrième exemple. — Le mot /«caYa est employé par Babrius [fab. 95), pour indiquer non le courage mais l'esprit ; et chez les Égyptiens , à en croire HorapoUon , le cœur exprimait la même chose. D'un autre côté, si nous ajoutons foi à ce que dit M. Zuendell, cette signification n'est pas du tout grecque. Pour convaincre ce savant qu'il se trompe, nous ne le nombreux. Le renard lui répond ; que tu nie parles de les ancêtres, c'est Lien; car personne ne peut te convaincre de mensonge; mais qu'avec une telle tournure (zci^yàe â'à z-i$>txE -yy -vyifj zx^v) tu viennes t'enorgneillir de la beauté, c'est là ce qui est trop impudent. M. Zuendell, toutefois, conçoit la chose autrement; il imagine (p. 427 notej que le singe d'Archiloqiic fait iéloge de la beauté de ses ancêtres; mais comment alors justifier l'apostrophe du renard? de beaux ancêtres peuvent avoir de vilains descendants. Le singe doit ou louer sa propre beauté, ou bien se préva- loir de ses ancêtres nombreux, ou bien aussi faire à la fois l'un et l'autre; mais il ne peut avoir aucun motif pour louer la beauté de ses ancêtres. o2 RAPPORTS Ei>JTRE LES APOLOGUES DE LINDE renvoyons qu'au dictionnaire de M. Pape. De plus, comme nous le verrons plus tard, la fable de Babrius, dans laquelle le mot y.apo\'a est employé de cette manière, a été traitée dans un ouvrage sanscrit. Mais ne nous arrêtons pas trop longtemps à IlorapoUon , parce que , d'après M. Zuendell lui-même, les preuves qu'il lui a empruntées ne sont pas de tout point certaines. Voyons donc si , comme il le promet , il réussit à prouver, indépendam- ment d'Horapollon, que certains animaux apparaissent dans les fables d'Ésope tout juste comme dans les monuments égyptiens. Pour soutenir sa thèse , il s'appuie sur quatre arguments K En premier lieu , le crocodile Ogure chez Coraï comme un insigne men- teur. Il se vante que ses ancêtres ont été gymnasiarques. Le renard lui l'épond : â'tl à~'o zoù àépixccTÔç ye aaivn ûç iv. r.cflcaôiv irùv eî yeyufÀvaaixéiJSi. Or, dans Clément d'Alexandrie, il est dit que, chez les Égyptiens, le crocodile est un symbole de l'impudence. Ainsi donc, dit M. Zuendell, il y a ici une analogie évidente. Mais, d'abord, ne se voit-il pas forcé d'ajouter lui-même que Plutarque, qui. comme auteur plus ancien, mérite aussi certainement une plus grande confiance, met l'hippopotame à la place du crocodile? M. Zuendell croit cette différence insignifiante; selon nous, elle est ici capitale. Ensuite, la fable grecque précitée ne se trouve pas dans Babrius; nous ne pouvons, par conséquent, en connaître la date, et ce qui semble indiquer qu'elle n'est pas très-ancienne, c'est qu'elle n'est autre chose qu'une imitation de l'apologue du Renard et du Singe, qui, comme nous l'avons vu plus haut, a été traité par Archi loque. En second lieu, M. Zuendell parle longuement du phénix, et compare ce qu'en disaient les Égyptiens avec les récits des Grecs sur la huppe. Nous fatiguerions le lecteur en entrant dans tous ces détails. Nous faisons seulement remarquer que lors même que M. Zuendell aurait raison de chercher, dans l'histoire du phénix, l'original de celle de la huppe, on ne pourrait néanmoins en tirer aucune conclusion relative à l'origine de Fable 9. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 35 la Fable. Car l'histoire du phénix n'est qu'une sainte légende ; elle n'a aucun caractère de l'apologue proprement dit ^ En troisième lieu, 3L Zuendell cite, comme exemple de l'analogie des fables grecques avec les symboles de l'Egypte, la signification du serpent. Cet animal, à en croire les égyptologues , est employé pour désigner un gardien ; et comme, tant dans les fables que dans la mythologie de la Grèce, le serpent revêt le même caractère, parfois aussi celui d'un àycêo^ct'.^wj ^ M. Zuendell croit en pouvoir inférer que les Grecs doivent ce symbole à l'Egypte. Mais si la fable 42 du manuscrit florentin , sur laquelle le savant de la Suisse se fonde surtout, se trouve dans le Pantclia-lantm avec les mêmes détails ^ nous n'avons pas de motifs pour aller chercher plutôt dans l'Egypte que dans l'Inde, l'origine de la signification du serpent^. Enfin M. Zuendell appelle notre attention sur un papyrus qui se trouve à Turin, et sur lequel sont représentés des animaux imitant les actions de l'homme, faisant un sacrifice, donnant un concert, etc. Entre autres, nous y trouvons une scène dans laquelle les chats , retranchés dans leur châ- teau , sont attaqués par des souris armées. Nous avons ici , dit le profes- seur de Lausanne, une véritable épopée animale, dans le genre du Roman du Renard. Les animaux y ont leur caractère bien marqué, ce qui n'a été ' L'histoire de la iuippe qui enterre son père dans sa tête, et obtient une crête en mémoire de celte action, cette histoire que raconte Aristophane (av. i,~i) et qu'Eiien attribue aux Brahmanes, ne nous semble pas être indienne, quoi qu'en affirme cet auteur. Voici comment il raconte la chose (Uist. aniin., XVI, c. 5) : Un roi de l'Inde avait trois fils, dont les deux aînés méprisuient le cadet et tourmentaient leurs parents. Ceux-ci , avec le plus jeune de leurs fils, prennent la fuite vers nne autre contrée; mais ils meurent bientôt après, et le fils, ne sachant pas où les enterrer, fend sa tête au moyen d'un glaive et y ensevelit leur dépouille mortelle. Le soleil ayant vu avec admiration cette piété filiale, changea le jeune homme en un oiseau, qui est très-beau à voir et dont la vie est très-longue. Une huppe s'élève au-dessus de sa tête comme un monument de sa noble action. — Ce qui nous fait douter de l'assertion d'Élien, c'est que non-seulement il n'y a rien dans la littéra- ture indienne, qui ressemble le moins du monde à cette histoire, mais que de pins, ce n'est pas, selon les Brahmanes et les Bouddhistes, une récompense que d'être changé en oiseau. Le dogme de la métempsycose ne fait entrer dans le corps d'un animal que l'.'ime du méchant. ^ M. Zuendell, qui a fait observer ce rapport à la pag. 659, ne paraît avoir eu connaissance que trop tard du travail de Loiseleur-Delongchamps. '' C'est une croyance populaire dans l'Inde qu'il se trouve des pierres précieuses dans la tête du serpent. M RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE possible que par une longue suite de fables, depuis longtemps répandues dans l'Egypte. Mais d'abord, demanderons -nous, quelle est la date du papyrus de Turin? s'il ne remonte pas au delà de l'époque des successeurs d'Alexan- dre, les idées qu'il suppose peuvent très-bien être venues de la Grèce. Et puis, qui nous garantit que ce ne soit pas un artiste grec qui l'ait couvert de dessins? Et puis encore, même en admettant l'antiquité du papyrus en question, même en admettant que les dessins qui le couvrent aient été faits par une main égyptienne, tout ce qu'il sert à prouver, c'est qu'il y avait, en Egypte, une épopée d'animaux, et probablement aussi des fables, dans le genre de celles que nous attribuons à Ésope. On voit qu'il n'est pas même démontré que les Égyptiens aient connu l'apologue; car, si l'on dit (p. 44S) qu'il n'y a qu'un pas du culte des animaux à l'invention de la fable, on se sert d'un de ces arguments géné- raux auxquels nous n'accordons qu'une médiocre importance. Néanmoins, nous voulons admettre qu'il y ait eu des apologues en Egypte ; mais qu'entre ces fables et celles de la Grèce il existe une communauté d'origine, c'est ce que M. Zuendell n'a pas su nous prouver. En effet, la seconde partie de sa dissertation, dans laquelle il s'applique à montrer que les énigmes, contenues dans la biographie d'Ésope, par Planude, portent des traces de leur origine égyptienne, cette partie ne nous regarde nullement. Car. déj.à plus haut , nous avons fait remarquer que les énigmes et les fables appartiennent à des genres différents; or, ce n'est qu'à celles-ci que nous avons affaire. Nous avons maintenant démontré que , malgré les recherches les plus minutieuses, il a été impossible de trouver, en Egypte, des traces de fables rappelant celles de la Grèce. En conséquence, nous prions le lec- teur de vouloir bien se rappeler ce qui a été dit précédemment à propos des fables libyennes. Nous prétendions pouvoir démontrer que, d'abord, il est arrivé très- souvent que les Grecs ont confondu l'Orient et l'Afrique, parce que dans l'une et dans l'autre de ces contrées les anciens plaçaient des Éthiopiens; qu'ensuite, il n'est point resté de traces de fables grecques ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. d5 provenant de l'Afrique; qu'eulin, parmi les tables de l'Inde, il y en a beaucoup qui nous rappellent celles de la Grèce. Nous avons fini maintenant avec le deuxième de ces points. Car si les fables grecques ne sont pas venues de l'Egypte, comment la Libye les aurait- elle fournies à la Grèce? En effet, il n'y a plus que Cyrène qui pourrait être considérée comme station intermédiaire, et il est encore beaucoup moins vraisemblable que l'apologue soit venu de ce côté-là. Car il serait réelle- ment étonnant que les barbares situés à l'ouest de l'Egypte, eussent dû fournir à la Grèce les arguments de ses fables. Il ne reste donc plus qu'une seule chose à montrer, l'analogie des fables grecques et indiennes. Or ceci, nous en sommes convaincu, deviendra tellement clair dans la suite, que nous demandons la permission au lecteur de le considérer provisoirement comme prouvé. Dans cette hypothèse, il est manifeste que si les fables d'Ésope sont des fables orientales, les fables libyennes, qui n'en diffèrent pas, quanta l'es- pèce, devront être considérées également comme orientales. Nous avons donc ici un exemple de plus de cette confusion de l'Orient avec l'Afrique, que nous avons précédemment signalée. Les fables d'Ésope ne furent pas seulement appelées étliiopiemies, on leur donna également le nom de fables libijmnes, et de même qu'Ésope (ou l'Éthiopien) avait inventé celles-là, de même aussi on désigna Libyssès (c'est-à-dire le Libyen) comme l'inventeur de celles-ci. Et qu'on ne dise pas que cette supposition soit trop hardie. Nous trouvons que, dans le sophiste Théon (Profjiimn. c. 5), il est parlé * de làyoi lvfioi.pniy.oi et KAiV-ici; et ailleurs Qoijpioi et Ki'Xil sont cités comme les inventeurs de ces lôyoï. Qoùpioc, est un * Voici les paroles de Théon : Ka^sCyTj-i dt (0/ Xoyai) Maâ^etai xai. AiôuGrixoi, ij I.ulij'.pirr/.oi t£ y.m •i-pûyioi KM Kaixci y.ax Kas/Kst, AiyÙTTio/ -Mx \<^ùxfm. Les Ac'yo' Su/3z;3;T«5t ne sont que des bons mots et des anecdotes de Sybaris [ynXôirx. Voy. Aristoph. Vesp., v. 1259); ceux de la Carie et de Cypre sont des légendes de temple (voy. Diogmiani prov. praef., pp. 179 et 180, éd. Schnekleivin). Il en est de même des Xoyci Myù^Tici, qui ne peuvent pas être des Cables d'Ésope. Nous avons déjà parlé plus haut des Xôyoi ippôyiGi, qui ne sont pas nécessairement des fables (voy. Elien , Hist. miim.. Il, 21). Il ne reste donc plus que les Xoyoi Awûths/, AiHuanxci et KiAw/si, dont les deux premiers sont identiques, et dont les derniers, nous le verrons plus tard, peuvent très-bien être des fables d'Ésope. m RAPPORTS EISTRE LES APOLOGUES DE LIISDE liabilant de la ville de Tbuiii , fondée sur les ruines de l'ancienne Sybaris. et KO4 est un Cilicien. Ou bien quelqu'un s'avisera-t-il de cbercber dans ces noms autre chose qu'une personnification? Or, si Thurios et Cilix ne sont que des êtres fictifs, dont le nom a été emprunté à deux classes dapologues, pourquoi n'en serait-il pas de même pour Libyssès? pourquoi Ésope ne serait-il pas placé sur la même ligne? Nous croyons ce point suffisamment établi. CHAPITRE in. DES FABLES COMMUNES AUX INDIENS ET AUX GRECS. Les Grecs avaient une idée tellement haute de leur supériorité sur le reste des peuples, qu'ils les nommaient tous, sans distinction, des barbares, et qu'ils prétendaient n'être avec eux dans aucun rapport de dépendance ni quant à l'origine ni quant à la civilisation. Ils se disaient autochthones, c'est-à-dire issus du sol où ils avaient leurs demeures, et faisaient découler leurs sciences et leurs arts d'une source exclusivement grecque. 11 n'y a, à cette règle, que fort peu d'exceptions qui méritent, à cause de cela même, une attention particulière; car, s'il arrive que, contraire- ment à leur habitude, les Grecs refusent l'indigénat à telle ou telle chose en usage chez eux, nous pouvons en conclure qu'il est au moins très-pro- bable que cette chose leur est, en effet, venue de l'étranger. Or, c'est pré- cisément là ce qui est arrivé aux fables d'Ésope. Les Grecs eux-mêmes en attribuent l'invention aux Orientaux. Nous croyons en avoir donné la preuve; nous n'avons donc aucun motif pour ne pas les en croire. Et nous les en croirons bien plus volontiers si nous trouvons que, parmi les fables orientales, il y en a, et même en assez grand nombre, qui sont exactement les mêmes que certaines fables de la Grèce. Malheureusement la comparaison ne peut pas se faire sur une échelle assez étendue. Les fables n'étaient pas inconnues aux Persans. Nous le ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 57 savons par le témoignage d'Hérodote (L I, § 141)5 mais nous n'en avons qu'un exemple unique. Babrius fait venir l'apologue de chez les Assyriens; mais nous ne sommes plus en état de vérifier cette donnée; en un mot, il n'y a que le peuple indien dont nous connaissions les fables d'une manière détaillée. Il est vrai que nous avons ici une très-ample moisson ; car si , pour dériver de l'Egypte l'origine de la fable, M. Zuendell, comme nous l'avons vu au chapitre précédent, devait avoir recours à toutes sortes d'analogies éloignées, incertaines et obscures, il en est tout autrement de l'opinion qui fait venir l'apologue de l'Inde. M. Zuendell n'a pas même su démontrer, d'une manière irréfragable, que les Égyptiens aient connu l'apologue. Dans l'Inde, nous trouvons, au contraire, deux grands recueils de fables par- faitement authentiques , indépendamment de toutes celles qui sont répan- dues dans d'autres écrits. Dans les fables de l'Inde, on rencontre les mêmes personnages que dans celles de la Grèce ; leur caractère s'y ressemble de tout point; et qu'on ne prenne pas ceci pour un effet du hasard, et qu'on ne dise pas que les animaux ayant partout la même nature, ont aussi naturellement dû revêtir le même caractère dans la fable. Pourquoi , en effet, demanderons-nous, le renard est-il ministre du lion? pourquoi l'é- crevisse est-elle la vengeresse du crime? pourquoi, et nous le disons très- sérieusement, pourquoi l'âne est-il pris chez l'un et chez l'autre peuple comme le symbole de la stupidité? Il y a plus; nous découvrons, en com- parant les fables elles-mêmes entre elles, qu'il y en a plusieurs qui sont calquées exactement les unes sur les autres. Il ne s'agit plus ici de ressem- blances obscures; tout le monde pourra facilement s'en convaincre en lisant avec quelque attention les fables que nous transcrirons tout à l'heure. Mais avant d'établir cette comparaison, qu'on nous permette de nous étendre encore un peu sur un point que nous avons déjà tantôt signalé, savoir que le caractère des principaux personnages de la Fable est exacte- ment le même dans la Grèce et dans l'Inde. Un des premiers acteurs de la fable est sans contredit le lion. Or, le lion est chez les uns et les autres le souverain de toute la gent animale. Nous nous voyons forcé ici de contredire un des savants les plus respec- ToME XXV. ^ 58 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE LINDE tables, M. Grimm, qui, dans son Reinliarl Fnchs, p. XLV, a émis l'opinion qu'avant le deuxième siècle de notre ère, nous ne trouvons pas de trace certaine de la royauté du lion. En premier lieu, nous avons à lui opposer le témoignage de Babrius (fab. 95, v. 16), que nous avons démontré, d'après M. Bergk , être le prédécesseur ou le contemporain de Callimaque. Il est vrai que, lorsque M. Grimm écrivait son ouvrage, Babrius n'était pas encore retrouvé. Mais, même alors, sans qu'il y eût de témoignages écrits, les monuments de l'art auraient suffi pour prouver que, déjà anciennement, le lion était le symbole de la puissance royale. Nous avons, en effet, un grand nombre de peintures de vases antiques qui représentent le jugement de Paris. Pour être préférée par le jeune berger, chacune des trois déesses lui fait des offres brillantes. Minerve veut lui donner la sagesse; Vénus lui promet la plus belle des femmes; Junon lui offre la puissance royale. Or, pour indiquer cette dernière circonstance, le peintre a représenté la déesse tenant dans sa main un lion. Le doute est ici impossible. Dans une autre peinture de vase qui est d'une très-haute antiquité, et qui, d'après l'ingénieuse explication de M. Welcker, représente le roi Arcésilas de Cyrène comme marchand de silphium, le personnage du roi est indiqué par un lion qui repose sous son trône. Ne pourrait-on pas même aller plus loin, et voir un indice de la royauté du lion dans la plus ancienne sculpture qui nous ait été conservée? On sait qu'il y a encore aujourd'hui deux lions en pierre au-dessus de la porte de Mycènes, à l'entrée de la citadelle des Atrides '. Ainsi il est probable que, dès celte époque recu- lée, le lion a été considéré comme un gardien digne d'un roi. Nous croyons que, sans être trop hardi dans ses conclusions, on peut en inférer que, dès lors, le lion était le :^mov !3 Voy. Phèdre, 1. IV, f. 19 : Draconis speluncam intimam custodiebat qui tliesanros abdilos. * Yorj. les fragments d'Ibycus, ëdit. de Schneidewin, pp. 195-198, et Coraï, f. 83. On sait que bien souvent, dans la mythologie c,recque, un serpent est préposé à la garde d'une fontaine ou d'un temple. ■"■' Composée, comme on sait, par Pigrès, frère d'Artémise, reine de Carie. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 65 L { Pantclm-taiitra , 1. IV, f. 7.) « Dans une certaine ville demeurait un blanchisseur appelé Çuddha- pata (c'est-à-dire habit blanc). 11 avait un àne qui, faute de nourriture, était devenu excessivement maigre. Un jour que le blanchisseur errait dans la forêt, il découvrit le cadavre d'un tigre, et se dit aussitôt en lui- même : Voici une excellente trouvaille. Je vais mettre à mon âne la peau de ce tigre, et je l'enverrai, la nuit, accoutré de celte façon, dans les champs couverts de blé; car les gardiens des champs le prenant pour un tigre, n'auront pas le courage de le mettre en fuite. Ce projet fut exécuté, et désormais notre àne put manger du blé tant qu'il en avait envie. Chaque matin, le blanchisseur reconduisait son àne chez lui. Le temps se passant de la sorte, l'àne s'engraissa tellement qu'il ne pouvait plus qu'à peine rentrer dans son étable. Mais un jour, ayant entendu de loin les cris d'une ànesse, et la volupté le poussant, il commença, lui aussi, à crier. Les gardiens des champs remarquant aussitôt qu'ils n'avaient affaire qu'à un àne couvert d'une peau de tigre, le mirent en fuite avec des flèches et des pierres. » M. Wilson {Atiakjt. ace, etc., p. 181) a rapporté cette fable d'une tout autre façon. Nous ne savons pas s'il faut en conclure qu'il a eu sous les yeux une version différente; dans le IJUopodêça, elle est racontée de la même manière, avec cette seule différence que, dans ce dernier recueil , les cris de l'àne sont provoqués par la vue du manteau gris d'un gardien, que l'àne prend de loin pour une ànesse, tandis que, dans le Pantclia- tantra, il n'est pas fait mention de cette fiction improbable. La même fable se trouve très-souvent chez les Grecs. Voici comment fille est rapportée dans Coraï, p. 169 : « Un àne s'étant vêtu de la peau d'un lion, fut considéré partout comme un lion véritable. Les hommes et les animaux, tout s'enfuit. Mais un coup de vent emporta la peau du lion, et montra à nu notre àne qui 64 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE recul des gens accourus de toutes parts, force coups de bâton et de massue. » Ignatius Magister et Thémistius ont traité celte fable d'une manière tout à fait analogue. Lucien raconte {Wsjâol, § 3; Apacnsz, § 15) que les liabi- (ants de la ville de Cumes ne pouvaient pas distinguer un âne d'un lion, jusqu'à ce qu'un étranger leur eût appris à découvrir la ruse de l'âne. Il est évident que ce trait a été ajouté par l'ironique écrivain. Mais comme chez les Grecs il y avait un proverbe dans lequel figurait l'âne de Cumes ^ , on peut en conclure que Lucien n'a fabriqué son conte qu'en se fondant sur une tradition populaire, de sorte que nous ne serons pas loin de la vérité, en considérant Cumes comme la patrie ou du moins comme la seconde patrie de cette fable. On verra plus tard quelles conclu- sions on peut tirer de ce fait. La version grecque, que nous avons suivie jusqu'à présent, diffère de la fable indienne, surtout en ce qu'il n'y est pas question des cris par lesquels se trahit la nature de l'âne. Mais dans le recueil publié par Fr. de Furia, qui, comme nous l'avons montré ci- dessus, se rapproche considérablement de celui de Babrius, il y a une version de cette fable où la chose est racontée autrement. Car ici le renard découvre la ruse de l'âne en l'entendant braire. Ce trait, qui a été effacé dans les versions postéi-ieures, se trouvait donc dans la fable antique. La conclusion qu'on peut tirer de ce fait a une grande importance pour la question qui nous occupe. En effet, nous voyons par là que plus une fable grecque est antique, plus aussi elle se rapproche, jusque dans ses moindres détails, de la fable indienne correspondante. Si quelqu'un mettait en doute l'antiquité de cet apologue, attendu qu'il ne se trouve pas dans la partie de Babrius qui nous a été conservée, on pourrait démontrer aisément que, loin d'être postérieure à ce fabuliste, la fable en question lui est, au contraire, de beaucoup antérieure. Car Platon, dans le Cratyle, p. 41 1, A, fait dire à Socrate : « Puisque je me suis vêtu maintenant de la peau du lion, » et ces mots, comme Ileindorf l'a fait voir, contiennent une allusion évidente à notre fable. ' \'oy. Erasmi Adugia . \>. '1~>\. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. Go Peut-être pourra-t-on même lui assigner une date plus reculée, si l'on considère avec attention l'histoire de Midas, roi de Phrygie. En effet, d'après le récit de plusieurs écrivains, ce roi tâcha de cacher les oreilles d'âne qui le défiguraient, en se coiffant d'une immense tiare. Pei'sonne n'était dans le secret, excepté un barbier, à qui il avait été sévèrement défendu de révéler la chose. Un jour pourtant, n'y tenant plus, il creusa une fosse profonde et y murmura à voix basse : Midas a des oreilles d'âne. Au même endroit sortirent plus tard des roseaux, qui, lorsque le vent les agitait, lépctaient les paroles du barbier : Midas a des oreilles d'âne. Nous devrions nous tromper fortement si cette histoire était autre chose qu'une variation de la fable de l'Ane couvert de la peau de lion. Voici, en effet, à quoi elle se réduit: Midas veut en vain cacher ses oreilles d'âne au moyen d'une tiare (les insignes royaux sont ici l'équivalent de la peau du lion) ; car il ne peut empêcher les roseaux et les vents de faire con- naître au monde sa véritable nature. Nous ne prétendons nullement que ce conte , tel que nous venons de le rapporter, soit d'origine phrygienne, et remonte aussi haut que, dans celte hypothèse, on le pourrait supposer; car, si les Phrygiens, comme on n'en peut guère douter, se figuraient le roi Midas avec des oreilles d'âne et le représentaient de même dans leurs peintures, ce n'était là qu'un symbole mythologique qu'il faut bien se garder de mettre en rapport avec la pré- tendue stupidité de cet animal. Mais le roi Midas devint de bonne heure un des principaux personnages de la comédie à Athènes, et c'est aux auteurs comiques de cette ville qu'il faut attribuer la plupart des facéties qui circulent dans la littérature grecque sur le compte de ce roi '. L'his- toriette que nous avons racontée plus haut, et dans laquelle nous avons reconnu la fable de l'Ane couvert de la peau du lion, doit donc, selon toute probabilité, être attribuée aux auteurs de la comédie moyenne à Athènes, laquelle, comme on sait, se distingue en ceci de l'ancienne comédie et de la comédie nouvelle, qu'elle faisait apparaître sur la scène toutes sortes de personnages mythologiques. ' Voy. à ce sujet les savantes recherches de MM. Boettitçer (Musée atl., I, \>. 554) et Welckei (Nachtr. z. Acschyl. Trilogie, p. 501). Tome XXV. 9 66 RAPPORTS EiMTRE LES APOLOGUES DE L'INDE La première fable de Phèdre, qui n'est pas sans analogie avec celles que nous venons d'examiner, présente cependant, d'un autre côté, trop de différences essentielles pour que nous croyions devoir la transcrire ici. Voyez aussi la fable V d'Avien. IL La ressemblance qui existe entre les apologues grecs et indiens se pré- sente d'une manière encore plus frappante dans la fable du Lion malade. Voyez Panlclia-tanlra, t. IV, p. 2. « Dans une certaine partie d'une forêt demeurait un lion appelé Ceralacesara (poil noir). Il avait pour ministre un chacal appelé Dhusaraka, qui l'accompagnait dans toutes ses courses. Un jour, un combat s'étant engagé entre un éléphant et le lion, celui-ci reçut sur tout son corps de si fortes blessures, qu'il lui fut complètement impossible de marcher. Par suite de la maladie du lion, le chacal devint tout à fait maigre et chétif ; un jour, enfln, il s'adressa au lion et lui dit : Sire, la faim me tourmente; je ne puis plus faire un seul pas. Comment désormais vous servir? Le lion répondit : Va-t-en chercher quelque remède qui puisse me guérir de la langueur dans laquelle je demeure plongé. Le chacal ayant entendu ces paroles, se rendit au village voisin, et y i^emarqua un àne appelé Lambacarna (longue oreille), qui broutait au bord de l'eau quelques raines brins d'herbe. Le chacal s'approcha de lui et lui dit: Sois béni et daigne accepter mon salut. Il y a déjà bien longtemps depuis que je t'ai vu pour la dernière fois : dis-moi , comment se fait-il que tu sois devenu si infirme? Lambacarna répliqua : O mon ami, pourquoi te con- lerai-je cela? Ce blanchisseur inhumain me charge toujours d'un fardeau énorme. Mais, pour ce qui est de l'herbe , il ne m'en donne pas même une poignée. Je ne mange rien que ces quelques brins que tu vois; encore sont-ils tout sales de poussière. Comment, de cette manière, mon corps pourrait-il s'engraisser? Le chacal répondit : S'il en est ainsi, écoute mes paroles. Je connais une contrée dans laquelle abonde une herbe aussi belle que de l'émeraude, et qui est entrecoupée de délicieuses rivières. Viens avec moi dans ces lieux, où tu pourras jouir du commerce d'une élo- ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 67 quente société. L'âne reprit : Rien ne s'opposerait à ce que je suivisse ton conseil, si je ne craignais pas de devenir lu proie des habitants des forêts. Que viens-tu donc me parler de cette riante contrée? Le chacal répondit : Cher ami, ne parle donc pas ainsi; car mon bras et mon corps défendent cette contrée contre les bêtes féroces. Aucun animal dangereux n'y pénètre. Seulement, il s'y trouve trois ânesses qui, ayant été, comme toi, mal- traitées par un blanchisseur, sont maintenant privées d'un mari. Pleines d'une ardeur juvénile, elles se sont adressées à moi et m'ont dit : Si tu es réellement notre oncle, rends-toi dans quelque village voisin, et tâche de nous en ramener un époux, afin qu'il puisse se marier avec nous; or, c'est toi que je veux leur conduire. Lambacarna, après avoir entendu ces paroles , fut tout étourdi par les feux de l'amour, et il dit au chacal : Mon ami, s'il en est réellement comme tu le dis, partons, et rendons-nous en hâte auprès d'elles; car on dit parfaitement bien: « Qu'est-ce que l'am- broisie ou le poison pour celui qui est en possession d'une épouse à la taille gracieuse, dont la présence fait naître la vie et dont l'absence équi- vaut à la mort. N'est-ce pas le comble du bonheur que de jouir de la vue et de la présence de celles dont le nom seul fait naître tous les feux de l'amour, lors même qu'elles sont absentes et que nous ne pouvons pas les voir de nos yeux? » Après avoir prononcé ces paroles, Lambacarna se mit en route avec le chacal, et tous deux se dirigèrent vers la caverne du lion. Celui-ci, malgré la douleur dont il était accablé, s'élança sur l'âne dès qu'il l'eut aperçu; mais l'âne s'enfuit à toutes jambes, quoiqu'en s'échap- pant il fiît blessé par les griffes du lion. Le chacal voyant les efforts du lion couronnés de si peu de succès, fut enflammé d'une grande colère. A quoi bon, dit-il, de semblables attaques? Si l'âne lui-même vous surpasse en puissance, que sera-ce donc si un éléphant vient vous livrer combat? Le lion répondit au chacal qui se moquait de lui : Hélas! que faire désor- mais? Jadis aucun éléphant n'échappait à la vigueur de mes étreintes ; cependant je n'étais pas préparé. Le chacal répliqua : Je vous promets qu'aujourd'hui même, et sous peu, je ramènerai l'âne en votre présence. Mais faites en sorte que cette fois, du moins, vous soyez préparé à le saisir avec force. Le lion reprit : Comment serait-il possible que celui qui m'a G8 RAPPORTS EMRE LES APOLOGUES DE L'INDE une fois vu de ses yeux consentît à retourner vers moi? Ne badine pas, je t'en prie, mais cherche-moi une proie différente. Le chacal répondit : Pourquoi parlez-vous de la sorte? Prenez seulement les précautions néces- saires, afin que cette fois-ci vous soyez préparé. Il dit et se mit aussitôt en route dans la direction qu'avait suivie l'âne fugitif. Celui-ci l'ayant vu s'ap- procher, lui adressa la parole en ces termes : 0 toi qui , au lieu de me conduire dans la région des plaisirs, as failli me livi^er à la mort, dis-moi quel est ce monstre horrible, aux coups foudroyants duquel je me suis arraché? Le chacal ayant entendu ces mots se mit à rire, et lui dit : 0 mon ami, ce n'était rien qu'une ânesse qui, étant devenue grasse par suite du bonheur dont elle jouit dans la forêt qu'elle habite, s'est élancée vers toi pour te serrer dans ses bras; car, dès qu'elle t'a vu arriver, l'amour s'est emparé de son âme. Mais toi, tu t'es enfui comme un poltron. Elle, toute- fois, ne saurait vivre sans toi. Oui, si tu étais menacé par la mort, elle étendrait son bras pour te défendre. Viens donc avec moi; car elle veut se laisser mourir de faim, et m'a dit : Si Lambacarna ne veut pas devenir mon époux, je chercherai la mort dans les flammes ou dans l'eau, ou bien je prendrai du poison; car, sans lui, il m'est impossible de vivre. Ainsi donc qu'il vienne en ces lieux, et qu'il daigne exaucer ma prière. Si tu ne le fais pas , tu seras le meurtrier d'une femme et tu auras contre toi la colère du Dieu de l'amour. Ne dit-on pas en effet : « Pour mépriser une belle femme qui triomphe de Cama (Cupidon) lui-même, il faut être aussi insensé que ceux qui, habillés tout en rouge, portant sur le front une touffe de che- veux et une tête de mort dans la main, ne s'attachent qu'à une ombre du bien ^? » L'âne ayant entendu ces paroles, se rendit de nouveau auprès du lion. En effet, on ne dit pas sans motif: il arrive parfois aux meilleurs de broncher, et cependant quel méfait pourra-t-on jamais louer, fût-il commis par qui que ce soit? L'âne, induit en erreur par ce torrent de paroles, se laissa de nouveau engager à aller trouver le lion, qui, bien préparé cette fois, saisit et tua Lambacarna. Sur quoi, il chargea le chacal de lui garder sa proie pendant qu'il se rendrait à la rivière, à l'effet de s'y puriûer. Mais ' On voit qu'il est fait allusion ici aux anachorètes de l'Inde. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 69 le chacal, qui était tourmenté parla faim, dévora le cœur et les oreilles de l'àne, qui fut ainsi abandonné, mutilé, sans oreilles et sans cœur. Le lion revint, et s'étant aperçu de la chose, il fut transporté d'une grande colère et, rudoyant le chacal : Fourbe, lui dit-il, quelle action abominable viens-tu de commettre? Cet âne, dont tu as mangé les oreilles et le cœur, ne ressemble-t-il pas à une proie ^ délaissée? Le chacal répondit humblement : Sire, ne parlez pas ainsi; cet âne n'a eu ni cœur ni oreilles; car comment sans cela aurait-il pu revenir, après avoir une fois été mis en fuite par vous? Le lion, jugeant ces paroles dignes de foi, partagea avec le chacal , et dévora l'âne de gaieté de cœur. » Qu'on compare maintenant attentivement cette fable avec la 95""* de Babrius, et l'on se convaincra que, si nous soutenons qu'il y a une analogie incontestable entre les apologues de l'Inde et ceux de la Grèce, nous ne nous appuyons pas sur de vagues ressemblances. « Un lion malade était couché dans le creux d'un rocher; ses membres fatigués étaient étendus sur la terre; il avait pour compagnon assidu un renard, auquel il était très-attaché. Un jour, il lui dit: Veux-tu me garder en vie? J'ai grand faim. Là-bas, sous ces pins sauvages, un cerf habite un taillis verdoyant; mais je me sens incapable de le poursuivre mainte- nant. Pourtant, si tu le veux, il tombera sous mes griffes, capté par tes mielleuses paroles. Le renard s'en alla, et trouva le cerf qui, dans la sauvage forêt, bondissait sur un tendre gazon. Il commença par l'em- brasser, et, après lui avoir donné le bon jour, il lui annonça qu'il était porteur d'excellentes nouvelles. Le lion, dit-il, est, comme tu sais, mon voisin. Il se porte très-mal et voit la mort s'approcher. Il a donc songé à se choisir un successeur pour régner après lui sur la gent animale. Le sanglier est dépourvu de raison, l'ours paresseux et le léopard irascible. Le tiare est un fanfaron et ne se complaît que dans la solitude. Le lion est donc d'avis que personne n'est plus digne de régner que le cerf. Son port est imposant, il vit pendant de longues années; ses cornes, qui s'éten- dent au loin comme un bois, sont bien autres que celles des taureaux; ' Dans le Pantcli., IV, \0, le lion répudie la proie abandonnée par un autre animal. 70 RAPPORTS KNTRE LES APOLOGUES DE LINDE parmi tous les animaux elles répandent la terreur. Pourquoi t'en dirai-je davantage, si ce n'est que tu as été choisi et désigné par le sort pour commander à tous les habitants des montagnes? 0 mon souverain! je suis venu pour t'apporter le premier cette nouvelle. Adieu, mon cher! je retourne en hâte vers le lion, alin qu'il ne me fasse pas rappeler; car, en toute chose, il veut avoir mon conseil. Et, je pense, mon enfant, si tu veux écouter cette tête blanchie par les ans , qu'il convient que toi aussi tu te rendes près de lui. Viens t'asseoir à ses côtés et console sa fai- blesse. Les petits soins séduisent le cœur de ceux qui sont à leur dernier moment; les mourants ont leur âme dans les yeux. x\insi parla le renard. Aces paroles artiflcieuses, le cerf fut tout enflé d'orgueil. 11 se rendit vers l'antre creux du lion, ne sachant pas quel sort on lui réservait dans ce lieu. Le lion, emporté par une ardeur imprudente, s'élança de sa couche et déchira du bout de ses ongles les oreilles de la bête craintive, qui, franchissant la porte de l'anti-e , s'enfuit tout droit jusqu'au milieu de la forêt. Le renard voyant toutes ses peines dépensées en pure perte, se tordit les mains de dépit. L'autre grinça des dents et poussa un profond soupir; car il était tourmenté également par la colère et par la faim. Il supplia alors une seconde fois le renard d'imaginer une ruse qui pût lui fournir une victime. Le renard ayant sondé toutes les profondeurs de son esprit: Vous me demandez de nouveau, dit-il, une chose difficile; cependant, je veux remplir vos désirs. Et, semblable à une chienne intelligente, il se mit à suivre le cerf à la piste, ourdissant des trames et combinant toutes ses ressources. Il demandait à chaque berger qu'il rencontrait s'il n'avait pas vu s'enfuir un cerf tout sanglant. Tous ceux qui l'avaient aperçu lui montrèrent le chemin, jusqu'à ce qu'enfin il le trouvât dans un lieu ombragé, se rafraîchissant après les fatigues de sa course. Et c'est là que, dans son effronterie, il alla se poster sans baisser le sourcil; cependant une froide sueur se répandit sur le dos et les jambes du cerf. Sa poitrine bouillonnait de colère, et il s'adressa au renard en ces termes : Ainsi donc tu me poursuis en tous lieux, et c'est en vain que je te fuis! Mais celle fois-ci, ô objet de ma haine! tu n'auras pas à te glorifier, si tu t'ap- proches de moi ou m'adresses la parole. Va-t-en tromper d'autres que moi ET LES APOLOGIES DE LA GRECE. 71 qui n'ont encore aucune expérience; prends-en d'autres pour en faire des rois. Mais le renard sans se déconcerter : Comme tu es poltron, lui dit-il sournoisement ! que tu es accessible à la crainte ! C'est donc ainsi que tu as peur de tes amis? Le lion voulant t'étre utile et cherchant à te guérir de ton ancienne mollesse, t'a pris par l'oreille comme un père mourant. Il se préparait à te donner les instructions nécessaires et à t'apprendre com- ment on conserve un empire aussi étendu que le sera le tien. Mais toi , tu n'as pu supporter les caresses de sa main défaillante, et c'est en te retirant que tu t'es blessé plus grièvement qu'il ne voulait; et maintenant il est plus en colère que toi. T'ayant i^econnu trop léger et trop peu confiant, il veut donner, dit-il, le sceptre au loup. 0 dieux! quel méchant souve- rain! Tu seras la cause de notre malheur à nous tous. Oh! viens, et ne sois plus si peureux ! Ne tremble pas comme une brebis éloignée du trou- peau; car, je te le jure par toutes les feuilles et par toutes les fontaines: qu'à jamais je devienne ton esclave, s'il a envers toi de mauvaises inten- tions et s'il n'est pas vrai que, dans sa haute bienveillance, il te donnera le sceptre du royaume des animaux. Le cerf, cajolé de la sorte, se laissa engager à retourner vers la fatale demeure. Mais à peine fut-il enfermé dans un coin du taillis que le lion s'en fit un festin savoureux, mangeant ses chairs, suçant la moelle de ses os, déchirant ses entrailles. Le pour- voyeur se tenait là entretemps convoitant une partie de la proie; et, le cœur du cerf étant tombé, il le déroba et le mangea en cachette. Voilà la seule récompense qu'il obtint pour toutes ses peines. Cependant le roi compta les intestins un à un , et ne pouvant découvrir oîi était resté le cœur, qui seul lui manquait entre tous, il fouilla sa couche et toute sa demeure. Mais le renard, par ses trompeuses paroles, sut cacher la vérité, et dit au lion : Son cœur....; il en était dénué : cessez de chercher vaine- ment. Comment aurait-il eu un cœur, lui qui est venu jusqu'à deux fois dans la caverne du lion ? » Il nous a été impossible de découvrir des traces de cette fable anté- rieures à Babrius, à moins qu'on ne veuille considérer comme telles quel- ques vers hexamètres cités par Suidas S qui, d'après l'opinion deBentlei, ' Siib. V. adly s>t7y.tv • h Mûfc/;. « 11 ne veut pas du léopard , à cause de son caractère iras- 72 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L LNDE ont été composés avant l'époque de ce poëte. Comme, toutefois, l'autorité de Lachmann^ est contraire à cette supposition, il est au moins permis de douter. Quant à nous, nous ne partageons pas la manière de voir de Bentlei; mais, quoi qu'il en soit, nous possédons la garantie que la fable grecque que nous avons sous les yeux est bien sûrement une fable antique. Le rapport qu'il y a entre la version grecque et la version sanscrite est d'autant plus digne de remarque. Il est à peine nécessaire , pensons-nous , d'insister sur la ressemblance des deux fables, de montrer comment dans l'une aussi bien que dans l'autre, il s'agit d'un lion malade, ayant un renard ou un cliacal pour ministre, lequel, par des paroles doucereuses, réussit jusqu'à deux fois à tromper sa victime; de faire voir que, dans l'un et dans l'autre récit, le lion blesse d'abord sa proie sans pouvoir la saisir; d'appeler enfin l'attention sur la réponse du renard , qui , dans les deux fables, mange le cœur de la victime et s'en excuse de la même manière. Les quelques différences qui distinguent les deux fables sont assurément de peu d'importance. Si l'âne de la fable indienne est remplacé chez Babrius par le cerf, cela s'explique d'une manière fort naturelle. En effet, dans toute l'antiquité grecque, non-seulement chez les poètes, mais aussi sur d'innombrables peintures de vases, le cerf et la biche sont la proie ordinaire du lion. Ajoutez à cela que déjà chez Homère on trouve les mots y.paôiri èli^^oio employés en guise de proverbe, quoique le mot ■■'.f.a.èir, y ait une signification différente de celle qu'il faut lui attribuer dans la fable; car il est évident que xpaSiri ne signifie pas ici le courage, mais l'esprit, de même que le mot liridaya (cœur; comparez le flam. Iiart) en sanscrit ^. cible. » S. V. noAAoV. « Il a dit beaucoup de mal du tigre insolent. » S. v. <î'>tXoiJv. « Le cerf rapide, trompé par ces avantages. » ' Préface de l'édit. de Dabrius, par Lachmann, p. VIII. ■^ Voy. ci-dessus, p. HO. T3'rvvhitt, dans sa dissertation sur Babrius (p. 15, note H), paraît ne pas avoir connu cette signification du mot xj.p'îiij, quoiqu'elle ne soit nullement rare et se rencontre dans tous les bons dictionnaires, ce qui nous dispense d'en donner des exemples. Il lui semble que laconclusion de celte fable est bien peu digne du reste ; elle lui paraît froide et inexacte. Mais il est clair , au contraire , que c'est dans la réponse du renard que se trouve toute la morale de la fable. Il faut être, dit-il , dépourvu de raison pour venir deux fois chez le même ennemi. Du reste, il ne sera pas sans intérêt de faire observer, à propos de celte même noie de Tyrwhitt, combien ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 73 Une seconde différence qu'on aura sans doute remarquée ne présente pas non plus de difficultés. D'après le récit de Babrius, le renard ne mange pas les oreilles de la victime, tandis que, dans l'apologue sanscrit, le renard , après les avoir dévorées , prétend qu'il est impossible que l'âne en ait eu. Ce trait est d'autant plus piquant, que c'est précisément à cause de la longueur de ses oreilles que l'âne a reçu le nom de Lambacarna. La cause de cette différence est facile à trouver. En sanscrit ucarna (c'est-à-dire sans oreilles) veut dire sourd et slupide. A ce point de vue donc, on peut très-bien dire que l'âne a été un acarna, qu'il a été privé d'oreilles. Mais la langue grecque n'offre aucune expression analogue, et si le fabuliste grec avait fait entrer ce trait dans sa fable, ses compatriotes n'auraient pas su le comprendre. M. Grimm, dans son Reinhurt Fiiclis (p. cclxxvi), croit avoir découvert une troisième différence. Il pense, en effet, que, dans le récit primitif, le lion voulait se guérir au moyen du cœur et des oreilles de sa proie; et c'est ainsi, il le faut avouer, que la chose est rapportée dans la version anglaise du Calila et Dimna { Knalclibull , pp. 264-267), dans la traduction française du Pantcha-lantra (Dubois, p. 199), dans le Spécimen Sapientiae veterwn Indorum (pp. 522 et suiv.), ainsi que dans le Bidpdi deGulland (t. III, p. 54). Mais si c'est là la version primitive, elle renferme une difficulté inextricable. Le lion doit se guérir au moyen des oreilles et du cœur de sa victime, et ce sont précisément ces deux parties que dévore le renard. Pourquoi cela? Le renard veut-il la mort du lion? ou bien n'est-il pas content d'une seule victime? Croit-il que le lion en exigera une seconde, afin de pouvoir, cette fois-là du moins, y trouver des oreilles et un cœur? Toutes ces suppositions sont également improbables. Il est vrai que dans de progrès a faits depuis son époque l'étude de la littérature, tant grecque que sanscrite et arabe. En elFet, d'apns l'opinion de ce philologue, la lin de la fable de Babrius a été imitée par l'auteur du livre arabe intitulé : Calila et Dimna. Car il ne croit pas pouvoir se ranger du côté de ceux, qui (comme Starke, dans la préf. du Spécimen Sap. vet. Indorum) soutiennent que cet ouvrage a été traduit en grec trois cents ans avant Alexandre le Grand. Nous savons aujourd'hui que Babrius n'a pas [dus imité l'auteur du Calila et Dimna, que celui-ci n'a pris celui-là poui' modèle; nous savons, de plus, que l'écrivain arabe n'a fait sa traduction de la version pehlvi que vers le VUl' siè- cle de l'ère chrétienne. Et tout ceci nous le savons de science certaine. Tome XXV. 10 74 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L LNDE le Bidpài de Galland ces difficultés ont été éludées. C'est le lion et non pas le renard qui y mange le cœur et les oreilles de l'àne. Mais pour par- venir à cette solution, il a fallu sacrifier une des plus belles parties de la table : la conclusion en est défigurée. Le texte du Pantcha-tantra, tel que nous l'avons traduit plus haut, nous montre clairement que M. Grimni s'est trompé. Le chacal mange le cœur et les oreilles de l'àne pour ne pas être entièrement frustré du prix de ses courses. C'est de la même manière que Babrius motive la chose : voilà, dit-il, la seule récompense qu'obtint le renard pour toutes ses peines. Il n'y a qu'un seul point qui nous dé- plaise dans le récit sanscrit. Le lion, y est-il dit, partagea sa proie avec le chacal. Babrius a été plus conséquent, et nous ne sommes pas éloigné de croire que dans l'apologue sanscrit primitif le chacal était forcé de se dédommager lui-même, et que le lion n'y partageait pas sa proie avec lui. Cette fable a aussi été traitée en latin par Avien (fab. 50), mais les chan- gements qu'il y a faits sont des plus malheureux. « Un paysan avait laissé s'enfuir un sanglier qui dévastait les moissons et les riches guérets ; mais il lui avait enlevé une oreille, afin qu'emportant le souvenir de cette douleur, il se gardât dorénavant de ravager les tendres moissons des autres. Mais ayant été attrapé de nouveau , pendant qu'il sil- lonnait les champs, il perdit aussi l'autre oreille, qui avait été épargnée. Peu de temps après, sa tête mutilée se montra derechef dans les blés. Mais sa double punition le fit aussitôt reconnaître. Le paysan alors le saisit et le fit figurer à la table splendide de son maître, il le coupa en mille morceaux pour le faire servir à toutes sortes de mets. Le repas terminé et le maître cherchant le cœur du sanglier, — le cuisinier affamé, disait-on, l'avait pris, — le paysan calma sa juste colère en soutenant que le stupide animal avait été privé de cœur. En effet, dit-il, comment sans cela aurait-il pu être assez insensé pour se faire plus d'une fois mutiler et pour permettre à son ennemi de l'attraper si souvent? » On aura remarqué, sans doute, que dans ce récit il est resté une trace singulière de la fable indienne. Dans celle-ci le chacal dévore les oreilles de l'àne , dans celle d' Avien les oreilles du sanglier sont coupées par le paysan et dans Babrius le lion égratigne les oreilles du cerf. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. IIL [Pantclia-tantra , 1. I, fab. 15.) « Une tortue, appelée Cambmjriva (c'est-à-dire portant une chaîne au cou) demeurait dans un lac. Deux oies , appelées Sankala et Vikata (c'est- à-dire grande et petite), avaient bâti leur nid sur le bord dii même lac et avaient l'habitude de s'entretenir avec cette tortue sur les Dévarsliis , les Râgarsliis et les Brahmarsliis ^ Mais le temps se passant de la sorte, sans qu'il tombât de la pluie , le lac en question fut bientôt desséché. C'est ce qui fit que les oies furent affectées d'une vive douleur , et elles dirent à la tortue : Chère amie, le lac que tu habites est plein de limon. Qu'adviendra- t-il de toi? Nous sommes profondément affligées. Cambiigi-iva répondit : le manque d'eau me rend ce séjour inhabitable. Cependant ne désespérez pas pour cela de mon salut. Car « l'homme de bien porte secours à ses parents et à ses amis , lorsqu'ils sont accablés de malheurs. » Voilà ce que dit la loi de Manou. Apportez-moi donc une corde solide ou un morceau de bois d'agalloclmm ou quelque chose de pareil , et alors nous chercherons en- semble un lac renfermant une grande quantité d'eau. Car je prendrai ce bois en travers entre mes dents, et de cette manière vous pourrez me transporter dans un lac , comme je viens de le dire. Les deux oies répli- quèrent : Nous ferons ainsi; mais tu dois nous promettre de garder le silence. La tortue répondit : Je vous jure par tous les dieux , que tant que je naviguerai dans les airs, jusqu'au moment oîi nous atteindrons le lac, je ne proférerai pas un seul mot. 3Iais pendant que Cambugriva volait dans les airs , elle remarqua au-dessous d'elle une ville très-considérable. Les habitants de cette ville, ayant aperçu la tortue, voiturée de la sorte , se mirent à rire et à pousser des cris : Voyez, voyez, dirent-ils, quel équipage ces oiseaux conduisent par les airs. Cambugriva ayant entendu ces paroles ' C'est-à-dire les saintes divinités, les saints rois et les saints brahmanes. 76 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGIES DE L INDE s'écria : Quelles sont donc ces clameurs? Mais elle eut à peine prononcé la moitié de ces mots qu'elle tomba et fut fracassée. Voilà pourquoi je dis : Quiconque méprise les conseils d'amis bienveillants périra comme la tor- tue insensée. » Cette fable est racontée de la même manière dans le Hitopadéça; tous les personnages y portent les mêmes noms ; il n'y a que celte double dif- férence : d'abord, dans le l'anlclia-lantra, c'est la sécheresse qui fait délo- ger la tortue, tandis que dans le Hitopadéça ce sont des pécheurs qui se vantent d'attraper la tortue; ensuite, dans le premier de ces recueils, les habitants de la ville effraient la tortue, tandis que, dans le second, ils lui disent des injures auxquelles elle a l'imprudence de répondre. Babrius a rapporté cet apologue d'une manière un peu difïéronte; mais, d'un autre côté, les ressemblances des deux versions sont si grandes, qu'il est impossible d'en méconnaître la commune origine ^ « Une tortue paresseuse s'adressa un jour en ces termes à des plon- geurs de marais, à des mouettes et à des céyx chasseurs : Ah! si quel- qu'un voulait me donner des ailes! » Un aigle se trouvant là par hasard : Quel prix , dit-il , veux-tu payer à l'aigle qui t' élèvera dans les airs et te rendra légère. Je te donnerai, repril- elle, tous les trésors que renfei'me la mer Erythrée. A ce prix , dit l'aigle, je veux être ton maître. Et l'ayant saisie par derrière, il alla la cacher dans les nues, puis de là , il la précipita sur un roc , où l'écaillé de son dos fut entièrement fracassée. En mourant elle prononça ces mots : ,J'ai mérité ma mort; qu'avais-je, en effet, besoin de voler dans les nues, moi qui ne pouvais, qu'avec peine , me traîner sur la terre? » Il ne faut pas s'étonner que, dans ce dernier récit, l'aigle occupe la place de l'oie. L'aigle était l'oiseau favori des Gi'ecs. C'était le messager de Jupiter; il avait enlevé Ganymède, etc. Chez les Indiens, au contraire , l'oiseau de prédilection des poètes , c'était l'oie ou plutôt le flamingo [hansa). La disparité est plus grande en ce qui concerne la morale dus deux ' Voy. Babrius, (M. 115. ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 77 fables. Par la première, on veut nous montrer qu'il ne faut faire aucun cas des discours du vulgaire; tandis que la seconde nous apprend à ne rien entreprendi-e qui soit contre notre nature ^ Du reste , il semblera probable que la fable grecque est plus ancienne que Babrius, si l'on prend en considération ce qu'Élien nous raconte d'Eschyle '^. Ce poëte était assis sur une roche, méditant et écrivant selon sa coutume. Il était entièrement chauve. Un aigle prenant sa tète pour un roc, laissa choir sur elle la tortue qu'il avait dans ses serres. Il ne manqua pas son but, et de cette manière le poëte périt. » Il est évident que nous n'avons pas affaire ici à de l'histoire. Personne n'a constaté jusqu'à présent que les aigles usent d'un pareil procédé pour briser l'écaillé des tortues. Déplus, il n'y a pas de rochers dans les envi- rons de l'Etna, où mourut le plus grand des tragiques. Nous avons donc devant nous une anecdote controuvée, et cette anecdote n'a pu naître que de la fable que nous venons de traduire. Il ne s'agit donc que de savoir si ce conte a été inventé avant ou après Babrius ; or, selon toute probabilité, il lui est antérieur ^. La fable 7 du 2"" livre de Phèdre présente des modifications impor- tantes. Néanmoins les traces de ressemblance qu'elle a conservées ne per- mettent pas de douter de la communauté d'origine qui relie cet apologue aux deux autres que nous avons transcrits. « Un aigle emporta une tortue dans les airs. Mais elle couvrit si par- faitement son corps de sa maison d'écaillé, qu'il n'y avait pas moyen de l'attaquer dans sa demeiire. Une corneille passant à côté d'eux dans son ' L'épilogue de la fable indienne, tel que nons l'avons rapporté, n'exprime pas la contltision qu'elle renferme en effet. Cette remarque n'est pas seulement applicable aux apologues de l'Inde, elle doit aussi être faite très-souvent par rapport à ceux de la Grèce. Jacobs (Nachtraege zn Sul- zers Tlieorie de?- schoenen Kucnsie, t. V, pp. 293 et suiv.) a très-bien fait voir combien les épilo- gues des fables grecques sont parfois absurdes. '- Voy. Hist. aiiim., 1. VII, eh. 17. '■ Au moment où nous écrivions ces lignes, M. Welcker faisait imprimer, dans le Musée du Rhin, une dissertation dans la(|uclle il démontre clairement que la mort d'Eschyle , telle que la raconte Élien, est une pure fiction. 78 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE LINDE vol : Tu emportes dans tes serres, dit-elle à l'aigle, une proie excellente; mais à moins que je ne te montre ce que tu dois en faire, elle te fatiguera en vain par le poids de son corps. Après avoir fait son mai'ché, elle l'exhorta à jeter du haut des astres sur un rocher cette écaille si dure. Car, dit- elle, se brisant de la sorte, elle sera pour toi un repas très-facile. » L'aigle, persuadé par ces paroles, obéit à ce que lui dit la corneille et lui donna en récompense une large part de sa proie. » On aura déjà peut-être observé que la fable indienne n'est pas sans analogie avec celle du Renard et du Corbeau (Babr., f. 77). En effet, c'est en ouvrant la bouche que, dans celle-ci, le corbeau perd son fromage, et que, dans celle-là. la tortue perd la vie. Nous doutons qu'une pareille ressemblance puisse être considérée comme un pur effet du hasard. Nous ne voulons pourtant pas nous appesantir là-dessus. Nous aurions pu traduire ici la 2"'^ fable d'Avien. Mais comme elle s'ac- corde de tout point avec le récit de Babrius , nous avons pensé ne pas devoir allonger inutilement ce mémoire. IV. , [Panclia-lantra , 1. IV, f. 7.) « La femme d'un villaoeois abandonna son mari tour suivre son amant: en partant, elle emporta avec elle toutes ses richesses. Étant arrivée au bord d'une rivière, son ami l'engage à lui remettre tout ce qu'elle a. Je porterai d'abord, dit-il, vers la rive opposée tes habits et tout ce que tu as; ensuite je viendrai te chercher toi-même. La femme y consent; lui se hâte d'emporter tous ses biens, et il la laisse toute nue sur le rivage du fleuve. Les choses en étant à ce point, un chacal vint au même endroit près de l'eau ; il portait un morceau de chair dans la bouche. S'étant arrêté et ayant regardé autour de lui, il découvrit un grand poisson qui était sorti de l'eau et se reposait sur la rive. Dès qu'il l'eut aperçu , il jeta à terre le morceau qu'il tenait en bouche, et se dirigea vers le poisson. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 79 Entretemps un vautour, descendu des hauteurs de l'air, enleva le morceau de chair et revola vers les nues, tandis que le poisson, qui avait vu venir le chacal, se hâta de rentrer dans le fleuve. Le chacal, voyant ainsi ses espérances frustrées, remarqua seulement alors que son moiceau de chair était devenu la proie d'un vautour. La femme lui dit en souriant : Pourquoi t'étonner, ô chacal! que tu n'aies ni chair ni poisson? Le vautour a pris l'une, et l'autre est descendu dans les flots. Le chacal ayant entendu ces paroles, et voyant qu'elle avait perdu son mari, son amant et ses biens, lui répondit en riant tout haut : Ta sagesse est de moitié plus grande que la mienne. Pourquoi t'étonner? Tu n'as maintenant ni mari, ni amant, et tu es abandonnée toute nue sur le rivage du fleuve. » Une fable tout à fait analogue se trouve chez Babrius (fabl. 79), et l'on en rencontre six versions difi'érentes chez Coraï, pp. 155 et 156. « Un chien avait volé dans une cuisine un morceau de viande. Lon- geant avec sa proie le bord d'une rivière, il vit que l'ombre qu'elle pro- jetait dans les flots était beaucoup plus grande que la viande elle-même. Il la lâcha donc pour s'élancer sur l'image; mais il ne trouva ni l'image ni la proie, et regagna la rive, l'estomac afl'amé. » Toutes les fables correspondantes chez Coraï sont parfaitement sembla- bles à celle que nous venons de traduire, à l'exception, toutefois, d'une seule, qui est empruntée au recueil publié, pour la première fois, par Mathaei, en 1781, sous le nom de Fables de Synlipas '. Dans le récit de cet auteur, il est dit que la viande du chien fut enlevée et mangée par un corbeau qui passait là d'aventure, circonstance qui nous rappelle la fable indienne. Le même détail se trouve aussi dans les fables de Locman , ce qui ne doit pas nous étonner, attendu que, d'après les recherches de M. Grauert-, les fables de Syntipas et de Locman ne sont que la traduction les unes des autres^. ' Il ne faut pas confondre les fables de Syntipas avec un autre ouvrage dont nous avons parli* plus haut et qu'on attribue également au persan Syntipas. ^ De Acsopo el fabidis Jcsopiis , p. 96. ^ En outre , M. Grauert a rendu très-probable que le fond de ces fables est décidément grec, el SO RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L INDE Phèdre a traité cette fable à l'exemple des Gfecs (1. 1, f. -i) : « Un chien traversant un fleuve à la nage, pendant qu'il avait un mor- ceau de viande dans la gueule, aperçut son image dans le miroir des eaux; et, croyant qu'il avait devant lui un autre chien avec une proie dif- férente, il résolut de la lui arracher. Mais son avidité fut trompée; car il perdit la nourriture qu'il tenait dans la gueule, sans pouvoir atteindre celle qu'il avait poursuivie. » 11 y a dans la manière dont cette fable a été traitée par les Grecs et par Phèdre une circonstance qu'on ne trouve pas dans la version sanscrite ; car il y est dit que le chien attaque sa propre image. Ce trait si ingénieux est employé dans une autre fable indienne qu'on nous pardonnera pour cette raison de transcrire; car une pareille analogie ne saurait être attri- buée au hasard. Cette fable a été traitée à la fois dans le Pantclia-tanlra (t. I, p. 8) et dans le Hitopadêça (t. II, p. 11). Puisqu'il ne s'agit ici que d'un trait accessoire , nous pi-éférons nous en tenir à ce dernier recueil , dans lequel ce récit est plus bref que dans l'autre. « Un lion avait fait un traité avec tous les autres animaux. On était con- venu que chaque jour un animal lui serait donné comme proie. Le lièvre ayant vu s'approcher pour lui le terme fatal, imagina la ruse suivante : 11 s'avance tout lentement comme s'il avait une blessure. Le lion, irrité, il pense que la version arabe a été faite sur le texte de Syntipas, dont il attribue la rédaction à un savant de Byzance. Mais cette dernière opinion n'est nullement sûre. Car pourquoi le livre de Syntipas ne serait-il pas une traduction de l'arabe? Nous croyons qu'on peut rendre très-plausible cette seconde hypothèse. En effet, nous venons de voir plus haut que, dans la fable du Chien pour- suivant l'ombre de sa proie, Syntipas et Locman ont emprunté, l'un et l'autre, un trait aux apologues de l'Inde. Nous croyons pouvoir en conclure que la priorité doit être accordée à l'auteur arabe. Car le changement signalé tout à l'heure provient plutôt d'un Arabe que d'un écrivain de Byzance. Ceci est facile à comprendre. Dès le VIll"^ siècle, le Calila et Dimnu fut connu des .4rabes, et il acquit bientôt chez eux une très-grande renommée, tandis que la traduction grecque qui en fut faite par Siméon Seth ne date guère que de trois siècles plus tard et n'acquit jamais une grande publicité. Comment, d'après ces données, ne serait-il pas plus que probable que l'emprunt que Syntipas et Locman ont fait au Calila et Dhnna provient bien plutôt d'un Arabe ipie d'un Grec de Conslantinople? Or, s'il en est ainsi, voici l'opinion qu'il faudra se faire sur les deux ouvrages en question : les fables de Locman sont tirées de celles de la Grèce; mais on y a fait plusieurs additions ([ui ne se trouvent pas dans les recueils attribués à Ésope, et c'est sur ce texte arabe, dit de Locman, qu'a été faite la traduction grecque portant le nom du persan Syutipas. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. SI lui demande pourquoi il arrive avec tant de lenteur; le lièvre répond : Un autre lion s'est emparé de moi, et n'a voulu me laisser partir qu'à condi- tion que je jurerais de revenir bientôt chez lui. En quel endroit, dit le lion, demeure cet insolent? Conduis-moi vers lui. Le lièvre conduisit le lion vers un puits, et lui faisant contempler son image: C'est ici, dit-il, qu'il demeure. Le lion, apercevant cette image, s'élança dans le puits où il trouva la mort. » Il arrivera plusieurs fois dans la suite que nous verrons qu'une fable indienne, tout en reposant sur une base différente de celle des apologues de la Grèce, présente néanmoins, d'un autre côté, sous le rapport des cir- constances accessoires et des détails secondaires, une analogie telle avec les fables d'Ésope, qu'il serait impossible de considérer comme fortuit un rapprochement si singulier. {Pantcha-tantra , 1. IIl, f. 15.) « Dans une région montagneuse, il y avait un arbre élevé dans lequel demeurait un oiseau appelé Simbukha, dans les ordures duquel il se trou- vait de l'or. Un chasseur ayant remarqué cet oiseau , s'approcha de lui. L'oiseau laissa choir ses ordures, qui aussitôt se changèrent en or. Le chas- seur ayant vu cela s'écria : Depuis ma tendre jeunesse , pendant quatre- vingts ans, j'ai pratiqué le métier d'oiseleur, mais jamais je n'ai remarqué de l'or dans les excréments d'un oiseau. Ayant fait ces réflexions en lui- même, il plaça ses lacets tout autour de cet arbre. L'oiseau imprudent, sans aucune crainte de danger, alla s'asseoira l'endroit qu'il occupait d'or- dinaire, et fut bientôt engagé dans les lacets. L'oiseleur le plaça dans sa cage et retourna chez lui. Il se mit alors à penser en lui-même : Que ferai-je maintenant de cet oiseau? Si jamais quelqu'un s'aperçoit qu'il laisse tomber de l'or, il ira l'annoncer au roi , et gare alors à ma vie. Je vais moi-même le lui apporter. Ayant ainsi réfléchi, il exécuta son dessein. Tome XXV. " H 82 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE LINDE » Le roi ayant vu cet oiseau fit de grands yeux, et ouvrant le lotus de sa bouche ^ il dit, plein de joie, à ses gardiens: Donnez à cet oiseau tous les soins nécessaires. Tâchez de satisfaire tous ses désirs; donnez-lui à manger et à boire ce qu'il veut. Mais un conseiller dit au roi : Pourquoi garder cet oiseau que nous ne croyons extraordinaire que sur la foi d'un oiseleur qui ne mérite aucune confiance? Sur ces paroles du conseiller, on laissa l'oiseau s'envoler. Il s'enfuit en hâte, alla s'asseoir sur les arceaux de la porte élevée, y déposa ses ordures dorées, et se mit à chanter : Moi, le premier, j'ai été insensé, puis l'oiseleur, puis le roi. Nous ne sommes qu'un troupeau d'insensés. Après quoi, il s'élança dans les airs. » Qu'on compare avec cette fable celle de la Poule aux œufs d'or, qui se trouve chez Babrius (f. 125). « Une poule merveilleuse pondait des œufs d'or. Son possesseur s'ima- gina que, dans ses entrailles, il devait y avoir un riche trésor. Il la tua donc pour se rendre maître du tout; mais trouvant qu'elle était exacte- ment semblable aux autres oiseaux, il gémit longtemps de voir ses espé- rances frustrées; car le désir de posséder davantage le priva même de ce qu'il avait d'abord. » M. Fix a mis en doute l'authenticité de cette fable. Il ne croit pas que Babrius l'ait écrite. Nous n'imaginons pas quel motif peut lui avoir inspiré cette opinion; car le style de cet apologue n'est certainement pas indigne du célèbre fabuliste. De plus, il se rencontre chez Ignatius Magister et chez Avien, et nous avons fait observer plus haut que ces deux auteurs ont emprunté à Babrius la plupart de leurs fables. Nous ne croyons donc pas devoir nous arrêter à cette hypothèse toute gratuite. L'apologue sanscrit a été également l'objet de différentes critiques. M. Wilson le trouve fort peu ingénieux. Nous ne prétendons pas nous poser en défenseur de la beauté de cette fable; mais on ne peut pas cepen- dant, pour ce motif, en contester l'origine indienne. Il est vrai que, lors- qu'une fable est maladroitement racontée, en sorte que le point saillant soit perdu de vue, on peut très-souvent en conclure qu'elle ne doit cette ' C'est-à-dire sa bouche iiicrveilleiise. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 83 fausse couleur qu'à une imitation malheureuse. C'est ce que Jacobs a prouvé avec beaucoup de sagacité (1. I, p. 287). Mais si l'on voulait induire de là que la fable que nous avons sous les yeux n'est pas originaire do l'Inde, qu'elle a été, par exemple, empruntée aux Grecs, on admettrait une supposition insoutenable. Nous ne voulons pas contester, néanmoins, que les Grecs aient conservé la forme primitive de l'apologue en question ; car dans la fable du Serpent bienfaisant {Pantclia-tantra , t. III, p. 5), que nous allons faire connaître à l'instant, cet animal est tué par un brahmane trop avide, tout juste comme l'oiseau aux œufs d'or est tué d'après ce que raconte Babrius. Voilà une première circonstance que l'auteur du Pantclia- tantra nous semble avoir modiflée. Un second détail qui paraît avoir été altéré dans le récit sanscrit, c'est que, d'après Babrius, l'oiseau mer- veilleux pond des œufs d'or, tandis que, dans le recueil indien, ce trait a été changé d'une façon peu heureuse. En effet, des œufs d'or sont men- tionnés si souvent par les poètes indiens, qu'on a pu, avec raison, consi- dérer comme une tradition orientale l'œuf d'argent des poèmes orphiques '. Nous admettons donc volontiers que la forme sous laquelle cet apologue a été raconté chez les Grecs est plus primitive que le récit sanscrit. Mais ceci, loin d'être contraire à ce que nous voulons démontrer, ne fait que nous y conduire d'une manière plus directe; la ressemblance n'en est que plus grande. Nous avons dit plus haut que la fable du Serpent bienfaisant renfer- mait quelque analogie avec celle de la Poule aux œufs d'or. Comme elle se rencontre également chez les Latins et les Grecs, nous allons la faire connaître telle que le Pantclia-tantra la rapporte. • 11 est vrai que M. Lobeck, dans son Aglaophamos (p. 476), est d'une opinion tout à fait dif- férente. 84 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGIES DE L'INDE VL [Pantclia-tantra, \. III, f. 5.) <> Dans une certaine contrée demeurait un brahmane appelé llaridatta ; malgré les soins qu'il vouait à la culture de son champ, il ne pouvait cependant en retirer aucun profit. Une fois, — c'était un jour d'été, — il s'endormit, accablé de chaleur, au milieu de son champ, sous l'ombrage d'un arbre; et il vit en songe un terrible serpent qui était roulé sur une fourmilière, et sur la tète duquel se dressait une crête superbe. Il songea alors en lui-iuême : N'est-ce pas là le dieu et le gardien de mon champ que jusqu'à présent je n'ai pas encore vénéré, à l'effet d'obtenir que mon champ soit fertile? Je vais aujourd'hui même lui porter mes offrandes. Ayant réfléchi de la sorte, il versa du lait dans un vase, et s'écria à haute voix: O toi! le gardien de mon champ, jusqu'à présent je ne t'ai pas encore honoré, car j'ignorais que tu fusses en ce lieu; daigne maintenant m'accorder ton pardon. Ayant alors déposé le lait, il retourna chez lui. Le lendemain matin étant i^evenu au même endroit, il trouva un dinara^ sur le sommet de la fourmilière; et de même il trouvait journellement un dinara à mesui^e qu'il ofl'rait du lait au serpent. Un jour, il chargea son fils d'aller à la fourmilière pour y apporter du lait, car lui-même devait se rendre en ville. Le fils y ayant apporté et déposé le lait, retourna chez lui; mais le lendemain ayant vu le dinara, il le prit et songea en lui-même : Ce monticule pourrait bien être tout plein de dinaras. Si je tue le serpent qui l'occupe, je pourrai tout emporter à la fois. Ces réflexions faites, le fils du brahmane brisa le lendemain avec un bâton la tête du serpent. Celui-ci ne périt pas, — un dieu le protégeait; — mais il mordit avec ses dents venimeuses le jeune imprudent, qui mourut aussitôt et fut brûlé ' Le dinnra est une pièce d'or, dont le nom semble avoir été emprunté au denarius romain. Cette circqnstance prouve de nouveau que la dernière rédaction du Panlcha-tantra est de beau- coup postérieure à sa composition priuiitive. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 85 par sa famille réunie autour du bûcher funèbre. Le jour suivant, le père revint de voyage, et ayant appris de sa famille la mort de son fils, il en fut profondément affligé, et alla le lendemain matin trouver de nouveau le serpent, lui présentant du lait et l'invoquant à haute voix. Mais le serpent, après s'être tenu longtemps à l'entrée de son trou, s'adressa en ces termes au brahmane : Tu es encore plus avare qu'affligé de la mort de ton fils ; c'est l'avarice qui t'a conduit en ces lieux. Ne t'imagine pas que l'amitié puisse de nouveau nous unir; car ton fils, obsédé d'une aveugle cupidité , m'a frappé, et je l'ai mordu pour le punir. Comment pourrais-je oublier que son bâton m'a blessé? et comment pourrais-tu être insensible toi-même à la douleur que t'a causée la mort de ton fils? Après avoir prononcé ces paroles, il lui donna un joyau d'une immense valeur; mais garde-toi bien, lui dit-il, de revenir dans la suite. Il répéta encore une fois ces paroles et se retira alors dans l'intérieur de son trou. Le brahmane retourna triste- ment chez lui, déplorant la malheureuse cupidité de son fils. » Plusieurs philologues ont déjà fait observer qu'il y a une ressemblance entre cette fable et celle de Coraï, p. 558, qu'il a empruntée au recueil de Florence ^ « Un serpent, qui avait son gîte devant la porte d'un laboureur, fit une blessure au pied de son enfant, qui en mourut aussitôt. Les parents de l'enfant furent aff'ectés d'une vive douleur. Le père, accablé sous le poids de son malheur, prit une hache et tâcha de mettre à mort l'exécrable ser- pent. Celui-ci fut à peine sorti de son trou pour aller chercher de la nour- ' Divers motifs se réunissent pour nous faire croire que cette fable est empruntée à Babrius. Déjà Coraï a fait remarquer : « Qu'il se trouve dans cet apologue un grand nombre de vers dodé- casyllabiques (c'est-à-dire choliambiques) que le diasceuasle a laissé subsister par impéritie, mé- lamïeant ainsi de la prose et des vers. » MaisleMS.de la bibliothèque Bodléenne, dont nous avons parié plus baut, et qui a été consulté par Tyrwbitt, présente encore beaucoup plus de traces de la rédaction métrique primitive. Voici quels sont les premiers mots de celte fable, dans le MS. eu question : «"Oti; yccopyoù ^poôùpoii ija>£Ùa-j àvcixev àuzw TcàiSr). vyiTzizv tù4/x;. Le premier de ces vers peut être corrigé au moyen d'un léger changement indiqué par M. Baiter (voy. Musée du Rhin. V, p. 640) : "Oy;; ysapyoù Tpà^ SipaiTi fa},sùav. Le second peut rester intact. 86 RAPPORTS ENTRE LES APOLOCiUES DE L'INDE riture, que le laboureur courut après lui, et lui appliqua avec son aruie un coup formidable. Il ne parvint pourtant pas à le luer, et lui emporta seulement l'extrémité de la queue. Redoutant alors que le serpent ne le tuât lui-même, il prit de la farine, de l'eau et du miel, et pria le serpent de faire sa paix avec lui. Mais le serpent, qui s'était caché sous un roc, s'adressa à notre homme du fond de son trou, et lui dit avec un léger murmure : Dès à présent il n'y a plus aucune amitié entre nous. Car je suis irrité en songeant à ma queue, et toi tu ne peux plus avoir envers moi des intentions pacifiques, puisqu'à chaque instant tu vois le tombeau de ton fils. » La même chose est racontée avec de légers changements dans la fable 42 du manuscrit florentin, ainsi que dans la fable 141 du recueil de Nevelet. Seulement il est dit, dans ces deux versions, que le laboureur frappe non pas la queue du serpent, mais le roc sous lequel il s'est réfu- gié. On voit que, dans la fable grecque, comparée à la fable sanscrite, il manque une circonstance importante, à savoir que le serpent est en même temps un dieu, c'est-à-dire un àyaSoôaiiJM-j. Le laboureur, est-il dit dans la version grecque que nous avons traduite , a peur que le serpent ne l'attaque lui-même. Mais la suite du récit nous fait voir que le laboureur craint la colère d'une divinité offensée. Il lui ofl're de l'eau, de la farine et du miel, c'est-à-dire une offrande de tout point semblable à celle qui , dans l'Odyssée, est présentée par Ulysse aux mânes des défunts. D'après une autre version (Coraï, p. 141), le laboureur offre au serpent du pain et du sel. Il est évident, surtout d'après cette dernière tournure, qu'il s'agit bien moins d'apaiser le serpent en tant qu'animal, en lui donnant à man- ger, que de calmer sa colère divine. Il n'y a rien qui soit plus familier aux poésies de la Grèce qu'un ser- pent sacré, ayant la garde soit d'un jardin, soit d'un temple, soit de toute autre chose consacrée à un dieu. Perse nous dit dans ses satires (I, 115) : Pinge duos angues, sacer est locus... Le serpent qui, comme il est dit dans la fable grecque, avait son gîte devant la porte d'un laboureur, était donc probablement, dans l'apologue ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 87 grec primitif, un serpent protecteur, ce qui augmente l'analogie entre les deux fables précitées. Il est assez remarquable que, dans la fable latine de Komulus (11, 12), cette circonstance ait été conservée. Cette fable, quoique écrite en prose, renferme encore tant de traces de trimètres ïambiques, qu'elle peut, à coup sûr, être considérée comme antique. En voici la traduction : « Un serpent avait l'habitude de venir dans l'humble demeure d'un pauvre. Il était admis à sa table et se repaissait amplement des miettes qu'on lui jetait à terre. Bientôt après, le pauvre étant devenu riche, il s'ir- rita contre le serpent et le frappa de sa hache. Mais un petit espace de temps s'étant écoulé, il vit de nouveau revenir son ancienne pauvreté, et c'est alors seulement qu'il comprit que, si auparavant il s'était enrichi, c'était au serpent qu'il devait ce bienfait. 11 vint donc vers lui et le sup- plia d'une voix caressante de lui pardonner le crime dont il s'était rendu coupable. Le serpent répondit : Tu pourras t'en repentir jusqu'à ce que ma blessure soit guérie. Mais ne crois pas cependant que dorénavant je sois de tout point ton ami. Je veux me réconcilier avec toi, à condi- tion que je ne me souvienne plus jamais de ta hache perfide. » Nous devons faire observer la grande ressemblance qu'il y a , dans les différents recueils, entre les réponses du serpent. Comment, dit-il dans la fable indienne, pourrais-je oublier que le bâton de ton fils m'a blessé, et comment pourrais-tu être insensible toi-même à la douleur que t'a cau- sée la mort de ton fils? — Voici ce que porte le manuscrit florentin : « Je suis irrité en songeant à ma queue, et toi tu ne peux pas non plus avoir envers moi des intentions pacifiques, puisqu'à chaque instant tu vois le tombeau de ton fils. » — Dans une autre version (Coraï, p. 558) nous trouvons ce qui suit : « Je ne puis pas me réconcilier avec toi en regar- dant le rocher dont tu as fait sauter des éclats, et toi tu ne peux pas te réconcilier avec moi, quand tu jettes les yeux sur le sépulcre de ton fils. » — Ignatius Magister fait dire au serpent (Coraï, p. 25) : FIm; yivQivzo ax)y.[ià.isii E&K gù zii^j-^ov -.i-A èyli TOTûav filirM. 88 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE C'est précisément cette réponse qui a donné naissance aune autre fable indienne, dont le rapport avec celle que nous venons d'analyser n'a pas échappé à M. Robert i. Elle se trouve non-seulement dans le CalUa et Dimna (III, p. 9ô), mais aussi dans cette partie du Maliâ-Bliârata , qui porte le nom de Harivança (t. I, p. 95, trad. de M. Langlois). Voici commentées deux ouvrages rapportent la fable : « Un perroquet, tourmenté par le fils d'un roi, lui crève les yeux et s'envole. Le roi, malgré sa colère, engage le perroquet à revenir, lui promettant qu'il ne lui adviendrait aucun mal. Le perroquet répond qu'il ne pouri'a jamais oublier ce qui lui a été fait par le prince, pas plus que le roi ne perdra la souvenance de ce qui est arrivé à son fils. » VIL {Pantcha-tanira, 1. V, f. 13.) « Dans une certaine contrée demeurait un brahmane, appelé Brahma- dalta. Il devait se rendre pour affaires dans un village voisin. Sa mère lui dit : Mon cher enfant , pourquoi partir tout seul? Tâche d'emmener avec toi quelque compagnon de voyage. Le brahmane répondit : Ne craignez rien, ma mère. Le chemin que j'ai à faire ne présente pas le moindre dan- ger. Je partirai tout seul pour terminer mes affaires. Sa mère, voyant que sa résolution était arrêtée, se dirigea vers la source voisine, à côté de laquelle se trouvait un arbre; et prenant une écrevisse du creux de cet arbre , elle la donna à son fils, en ajoutant ces mots : Mon fils, si tu as ré- solu d'aller seul en voyage, emporte du moins l' écrevisse que voici; puisse- t-elle te tenir lieu d'un ami ! » Le brahmane, qui avait envers sa mère une piété vraiment filiale, accepta des deux mains l'écrevisse, et la plaçant dans du cardamome et du camphre, il enveloppa le tout d'une peau; après quoi il parlit cà la hâte. Chemin laisant, il fut tellement accablé par la chaleur, qu'il alla se reposer ' Fables hiédiks, etc. , l. II, p. :27-2 ui siiiv. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 89 au pied d'un arbre, où un doux sommeil s'appesantit sur ses yeux. Aus- sitôt un noir serpent s'échappe du creux de l'arbre et se dirige vers lui. Mais alléché par l'odeur du cardamome et du camphre , il laissa le brah- mane de côté et dévora avidement l'écrevisse qui , en entrant dans son gosier, devint la cause de sa mort. Le brahmane s'étant réveillé et ayant ouvert les yeux, vit à proximité de lui la peau déchirée et le serpent privé de la vie pour avoir avalé l'écrevisse. Il pensa alors en lui-même : Ma mère avait bien raison de dire qu'il fallait prendre avec soi au moins un com- pagnon de voyage, et que jamais on ne devait partir tout seul. Car je puis le dire sans la moindre hésitation : c'est cette écrevisse qui m'a préservé de la morsure du serpent. » On trouve dans Coraï (f. 70) un récit analogue. « Un serpent passait sa vie en compagnie d'une écrevisse, avec laquelle il avait fait une alliance d'amitié. L'écrevisse, dont le cœur était droit, engagea le serpent à renoncer à ses fourberies. Mais celui-ci ne voulut, en aucune façon, se laisser persuader. Alors l'écrevisse ayant attendu qu'il fût endormi, le prit par la gorge et lui ôta la vie en le serrant entre ses pinces. Voyant ensuite le cadavre du serpent étendu tout au long sur la terre, elle s'adressa à lui en ces termes : C'est ainsi qu'auparavant tu aurais dû être simple et droit; car, à cette condition, tu aurais échappé à la punition que tu viens de subir. » Phèdre a raconté la même chose, quoique d'une manière un peu diffé- rente (1. II, f. 25). « Couvrez-vous de la peau du renard , quand celle du serpent ne peut plus vous suffire. — Un serpent prit un lézard qu'il rencontra en chemin; déjà il ouvrait sa gueule pour l'avaler, lorque le lézard ramassa une petite branche d'aibre qui se trouvait à côté de lui ; et la tenant fermement en travers de la gueule du serpent, il modéra son avidité par cet obstacle ingénieux, et le força à lâcher une proie inutile. » Nous devons faire connaître également ici une fable du flitopadêca (1. IV, f. 7), qui renferme, il est vrai, des personnages autres que ceux des apologues traduits ci-dessus, mais qui, d'un autre côté, comme on pourra s'en con- vaincre, repose sur une base semblable. Nous n'en donnons qu'un résumé. Tome XXV. 12 90 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE TRE LES APOLOGIES DE LL^DE te fait hésiter? N'as-tu pas atteint ton désir, toi qui maintenant m'aban- donnes? Ronge mes liens avant que le Tchandàla ne vienne. » Après que le chat eut ainsi exhorté Palita à se hâter, la sage souris répliqua au chat insensé qui avait parlé uniquement dans un intérêt personnel : « Silence, mon ami, ne fais pas de bruit, je t'en prie. Je me connais en matière de temps; il ne nous manquera pas. Tout ce qu'on n'entre- prend pas au moment convenable n'est pas non plus mené à bonne fin, tandis qu'on retire de grands avantages des choses qui se font en leur temps. Si je te délivrais déjà maintenant, tu serais pour moi un objet de terreur. Attends le moment convenable et ne me presse pas autant. Quand je verrai s'approcher le Tchandàla, les armes à la main, alors, mettant toute hésitation de côté, je briserai tes liens. Délivré, tu pourras alors gagner le sommet de l'arbre et ne songeras qu'à sauver ta vie. Alors aussi moi je rentrerai dans ma caverne, tremblante et frémissante de peur, pendant que toi tu monteras vers le haut. » La souris ayant parlé de la sorte, le chat, qui ne manquait pas d'éloquence, et qu'excitaient le désir de la vie et l'impatience d'être rendu à la liberté, fit entendre ces mots : « Les gens de bien ne règlent pas, comme toi, les affaii'es de leurs amis; car quoique tu aies été délivrée par mon aide, tu hésites à faire avancer mon salut. Fais en sorte, je t'en supplie, que nous soyons sauvés l'un et l'autre. Il est convenable que tu penses maintenant au temps qui vient de s'écouler. Songe au malheur qui te menaçait alors. Si auparavant j'ai commis quelque chose contre toi, veuille ne pas m'en garder rancune et accorde-moi à présent ton pardon. » Mais la souris, qui connaissait les çâsti-as, répliqua au chat qui venait de prononcer ces paroles : « Tu viens de parler de ta conservation à toi, écoute aussi ce qui m'est profitable à moi. Nous devons protéger ce qui nous est cher, comme il faut défendre sa main contre la morsure d'un serpent. Quiconque se lie d'amitié avec un puissant, sans songer à son propre salut, celui-là n'en retire pas plus d'a- vantage que celui qui mange un mets indigeste. Chacun n'est pas l'ami de chacun, mais c'est l'intérêt qui cimente les amitiés et provoque les haines. Les intérêts se lient aux intérêts comme les éléphants se joignent aux éléphants; et lorsque notre but est atteint nous ne faisons pas toujours ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. i05 attention à celui qui nous l'a fait atteindre. Toute chose doit être menée ;i bout. Tu crains maintenant le lever du soleil, et quand arrivera le Tchan- dâla, tu t'enfuiras plein de frayeur, de sorte que tu ne me prendras pas alors. J'ai déjà rongé la plupart de tes liens; je n'en ai laissé qu'un seul, dont je te délivrerai dès qu'il viendra-, n'aie pas peur! » Pendant que la souris parlait de la sorte, la nuit disparut et la crainte commença à gagner le chat. Car l'informe Tchandàla, à la large tournure, au teint noir et rouge à la fois, s'avança les armes à la main. Il s'appelait Parigha; semblable à un âne par l'énormité de sa bouche, sale et horrible à voir, il conduisait une meute de chiens. Le chat ayant aperçu cet être qui ressemblait au dieu des enfers, fut saisi de frayeur et se dit : « Que ferai-je maintenant? » Mais aussitôt la souris rongea le lien par lequel le chat était encore retenu. Délivré de cette manière de son terrible ennemi, le chat gagna le sommet de l'arbre, tandis que la souris se diri- geait vers son trou. Le Tchandàla, se voyant trompé dans son espoir, rentra dans sa maison. Lomaça, délivré de cette façon de ses craintes et placé au haut de son arbre, s'adressa ainsi à la souris qui en occupait la racine : « Après que je t'ai reçue dans mon intimité et que tu as sauvé mes jours, pourquoi ne viens-tu pas chez moi, puisque nous avons stipulé que nous nous rendrions des services mutuels? Quiconque ne cultive pas l'amitié manquera d'amis lorsqu'il sera accablé de malheurs. Tu m'as accordé un bienfait, daigne aussi jouir de ma reconnaissance. De même que les dis- ciples honorent leur maître, tu seras honorée par mes parents et mes amis. Car quiconque connaît ses devoirs ne manque pas d'égards envers celui qui sauva sa vie. Sois la maîtresse de ma personne et de mes biens, sois ma conseillère et gouverne-moi comme un père; ne crains rien de ma part. Tu égales Çukra en sagesse, tandis que moi je me distingue par la force. Veuille, par tes conseils, régler ma vie, toi à qui j'en suis redevable. » Lorsque le chat eut fini de parler, la souris, qui possédait un trésor de sagesse, lui répondit d'une manière amicale : « J'ai entendu les paroles que tu as prononcées; écoute-moi aussi à ton tour. Il faut connaître ceux dont il convient qu'on recherche ou qu'on fuie l'amitié. C'est là un prin- cipe qu'approuvent les sages de ce monde. Car ceux qui semblent être des Tome XXV. U lOG RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'iîSDE amis sont souvent des ennemis, et ceux qui paraissent être des ennemis sont souvent des amis. Ceux avec lesquels on conclut une alliance d'amitié, lorsque la cupidité ou la colère s'en mêle, on ne les reconnaît plus dans la suite comme amis. Des forces qui se réunissent pour s'aider, voilà la base de l'amitié. On reste ami tant qu'aucun danger ne menace. Quiconque conclut une liaison d'amitié, oubliant ce qui lui est profitable, celui-là ne sera constant ni dans son amitié , ni dans sa haine. Car il se fiera à celui qui ne mérite aucune confiance, et se défiera de celui qui en mérite. Le danger qui naît de trop de confiance détruit l'amitié jusque dans ses racines. Les rapports qu'il y a entre le père, la mère, le fils, l'oncle, le neveu et les autres pai'ents, ne résultent pas de la nature des choses. Car souvent le père et la mère abandonnent leur fils. Le monde cherche son propre intérêt. — Ta légèreté t'a fait descendre du figuier; elle est la cause que tu t'es fait attraper. Comment donc toi , qui es si léger en- vers toi-même, ne le serais-tu pas envers les autres? Il n'y a rien qu'une personne légère ne perde. Tes douces paroles ne me conduiront point dans tes pièges. Écoute ce qu'il faut observer dans le choix d'un ami. C'est toujours à cause d'un but déterminé que l'amitié se contracte et que la haine s'engendre. Il n'est guère possible dans ce monde que chacun devienne l'ami de chacun. L'amitié qui existe entre frères utérins et consanguins, entre le mari et la femme, doit être réciproque et inté- ressée. Je ne connais aucune amitié qui se fasse sans motif. Car il arrive que les frères s'irritent contre les frères et que la femme en veuille à son mari. Des cadeaux, de douces paroles, des sacrifices et des prières, voilà ce que fait naître l'amitié ; jamais elle ne naît sans cause précise. L'al- liance que nous avons contractée dans un but spécial, ne marchera pas plus avant; ce but étant atteint maintenant, notre amitié s'est écroulée aussitôt. Pourquoi donc fais-tu valoir notre amitié antérieure? D'une part, tu es désireux de ma chair, d'autre part, je ne suis pas insensée? Ne viens pas avec des paroles , comme tu viens d'en prononcer, chez celle qui est parfaitement au courant des choses qui lui sont salutaires. Le moment que tu as choisi pour me présenter ton amitié , n'est nullement favorable. Car je ne suis constante dans la guerre et dans la paix qu'à condition ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. 107 que cela me porte profit. De même que les contours des nuages changent sans cesse, de même celui qui est mon ennemi aujourd'hui sera demain mon ami, pour redevenir mon ennemi le jour après. Telle est l'incon- stance des associations. Nous étions liés tant qu'il y avait entre nous un motif d'amitié. Mais cette amitié s'est évanouie avec la cause qui l'avait produite. C'est par un motif particulier que tu es devenu mon ami , toi que la nature m'a donné comme ennemi. Ce motif n'existant plus à pré- sent, la nature te pousse de nouveau vers l'inimitié. Voilà ce que j'ai appris dans les Castras. Pourquoi courrais-je à ma perte à l'effet de te plaire? Tu m'as sauvée , comme je t'ai sauvé à mon tour. Nous nous sommes donc rendu un service mutuel; et, néanmoins, nous ne devons plus dorénavant nous trouver ensemble. N'avons-nous pas aujourd'hui atteint l'un et l'autre notre but? Si je venais chez toi tu me mangerais et ne ferais pas autre- ment. Je serais la nourriture dont tu pourrais te repaître; car tu es fort et moi je suis faible. Depuis que le danger qui nous menaçait a disparu , je ne vois pas non plus de cause d'amitié qui pourrait nous lier. Tu ne me recherches comme amie que pour avoir de la pâture. La faim te dévore et tu te donnes des airs de justice. Ta grande piété n'a-t-elle pas pour but de parvenir à me manger? L'appétit te tourmente et tu cherches une proie opportune. C'est par une liaison d'amitié que tu songes à te préparer un repas. Tu recherches une alliance et veux m'accorder un bienfait, tandis que tu as une épouse et des fils? Cette épouse et ces fils ne me mange- ront-ils pas, s'ils me voient liée d'amitié avec toi? Je ne viendrai pas chez toi, puisqu'il n'existe plus entre nous aucune cause d'amitié. Comment un sage pourrait-il venir dans la maison d'un ennemi qui n'est pas aria ' , qui est en proie aux horreurs de la faim et qui cherche une proie? Je quitte- rai plutôt cet endroit, car je te crains même de loin. Cesse de me prier; car je ne me rendrai pas chez toi. Si tu veux accorder des bienfaits, cherche des gens à qui ils soient agréables. Les sages désapprouvent la société des puissants, qu'on y entre de confiance ou avec préméditation. Le puissant est à craindre, lors même qu'il renonce à ses mauvais ' C'est le nom que prenaient les premières cistes, en opposition aux dernières et aux étrangers. 108 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE instincts. S'il s'agit de faire quelque chose qui te soit profitable, dis-le- moi sans détour. Jeta donnerai tout, à l'exception de moi-même. Car, pour sauver sa vie, il faut sacrifier jusqu'à sa progéniture, son empire, ses pierreries et ses trésors. Quand on a perdu tout le reste, la vie doit en- core être conservée pour elle-même. Pour un ami , il faut abandonner et puissance et richesses; car il importe de songer à notre existence future. Mais la perte de la vie ne peut être réparée ni par de l'or, ni par des pierres précieuses. Nous devons protéger notre vie, cela dût-il nous coû- ter nos trésors et nos fils. Les hommes qui connaissent les moyens de se défendre et qui n'agissent qu'après mûre réflexion, n'encourent jamais les dangers qu'engendre la folie. Ceux qui savent que le fort est l'ennemi du faible n'ont jamais l'esprit chancelant; car ils trouvent leur appui dans les Castras. » Palita ayant prononcé ces paroles, le chat répondit tout honteux : « J'espère que ce n'est pas en vain que nous nous sommes liés par serment. Car je ne l'ai pas proposé un contrat frauduleux. 3Ia chère, tu ne dois pas mal interpréter mes pensées. Je connais mes devoirs et le chemin de la vertu. Je suis doux envers mes amis, et ton salut m'est fortement à cœur. Voilà pourquoi je t'engage à renouveler alliance avec moi et à n'avoir aucune défiance. » La souris toutefois, qui était douée d'une grande sagesse, répliqua : « J'ai entendu tes paroles, mais il m'est impossible de me fier à toi comme à un ami. Ni des louanges ni des monceaux de richesses ne pourraient m'engager à m'unir avec toi. Ceux qui sont sages ne s'allient pas avec leurs ennemis sans motif. Car voici deux sentences d'Uçanas : Quiconque s'allie avec un plus puissant que soi, dans un but ou contre un ennemi commun, qu'il prenne garde de ne faire que ce qui est convenable. Ne te fie pas à celui qui ne mérite aucune confiance, et ne te fie pas trop à celui qui en mérite. Fais en sorte que les autres se fient à toi , mais toi-même ne te fie pas aux autres. Celui qui observera ces préceptes sauvera sa vie en toutes circonstances. La vie est préférable aux richesses et à la progéniture. Le fin mot des Ni- tiçastras le voici : Garde-toi d'une trop grande confiance. La méfiance est la meilleure voie de salut. Ceux qui sont méfiants, fussent-ils même tout petits, ne périront pas par la main d'un ennemi, tandis que les forts se- ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 109 ront tués par les faibles, lorsqu'ils sont pleins d'une aveugle confiance. Contre tes semblables, ô chat, il faut que toujours je défende ma vie. Quant à toi, tu dois défendre la tienne contre les pièges de ce Tchandàla pervers. » La souris ayant prononcé ces paroles, le chat fut saisi de frayeur et quitta à la hîite la branche qui le portait. Cependant Palita, qui avait pénétré jusqu'à la moelle des Çâslras, se rendit vers une autre ca- verne. C'est ainsi que Palita, à elle seule et malgré sa faiblesse, sut échap- per par sa sagesse à un grand nombre d'ennemis puissants. Que, par conséquent, le sage ne méprise pas l'alliance d'un ennemi, pourvu qu'elle lui porte profit : car c'est eu se sauvant mutuellement que la souris et le chat échappèrent à la mort. » Nous mettons en rapport avec cette fable la 107" de Babrius, dont voici la traduction : « Un lion allait manger une souris qu'il venait d'attraper. Mais notre voleur domestique, se voyant près de la mort, adressa au puis- sant animal ces paroles suppliantes : « Il t'appartient de poursuivre des cerfs et des taureaux aux cornes élevées; mais il ne convient pas que tu touches seulement du bout de tes lèvres à un dîner composé d'une souris. De grâce, épargne moi! Peut-être un jour, si petite que je sois, je pourrai te rendre service pour service. Le lion sourit et laissa la suppliante s'en aller saine et sauve. Bientôt après, il fut pris dans les rets de jeunes chas- seurs et fut étreint de liens. La souris alors sauta en tapinois de son trou et, rongeant les mailles solides avec ses menues dentelettes '', délivra le lion e( le rendit à la lumière du jour. C'est ainsi qu'elle paya dignement son salut. » Cette fable est racontée absolument de la même manière par Piomulus, dont la prose a été changée par Burmann en trimètres ïambiques, attendu qu'elle semble avoir été traitée primitivement par Phèdre. (V. l'édition de Dresslen, 1. Vlï, f. 5.) On nous objectera, peut-être, que l'analogie qu'il y a entre ces fables est beaucoup trop éloignée pour qu'on puisse en tirer une conclusion relative à leur commune origine. Mais quoique nous soyons opposé aux comparaisons louches et aux combinaisons hasardées, nous devons faire ' Ysopet. f. 18. 110 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE LINDE remarquer que, dans le cas présent, la ressemblance nous paraît être trop grande pour qu'on puisse songer ici à un simple hasard. Voici, en effet, le trait commun qui rapproche les deux fables. Dans l'une et dans l'autre, nous voyons une souris qui, pour prix de son salut, sauve un ennemi beaucoup plus puissant qu'elle, en rongeant les liens dans lesquels il s'est engagé. Si c'est là un rapprochement fortuit, on devra avouer qu'il est néanmoins fort remarquable. XL [Pantcha-tantra , 1. V, f. 5.) « Dans une certaine contrée demeuraient quatre brahmanes qu'unis- sait une étroite amitié. Trois d'entre eux avaient étudié les Castras sans acquérir plus d'esprit pour cela; le quatrième faisait peu de cas des cas- tras, mais avait, d'un autre côté, beaucoup d'esprit naturel. Un jour qu'ils étaient réunis, ils se dirent entre eux: « Quel avantage retirons-nous de toutes nos études? Il faut que notre science amuse les rois, afin que, de cette manière, nous obtenions des richesses. Rendons-nous donc dans d'autres pays. » Ils partirent, et chemin faisant, l'aîné des quatre s'adres- sant aux trois autres, leur dit : « Il y en a un parmi nous qui, tout sage qu'il est, n'est pourtant pas savant. Or, quand on n'a que de l'esprit sans posséder de la science, on n'obtient pas la faveur des monarques. Don- nons-lui donc une partie de notre fortune, et qu'après l'avoir reçue, il retourne chez lui. » Le deuxième approuva le premier, en disant : «Quelque grand que soit ton esprit, tu es pourtant pauvre en science; regagne, en conséquence, ta demeure. » Mais le troisième répliqua: « N'agissons pas ainsi, cela n'est pas convenable, car nous avons vécu avec lui dès notre tendre jeunesse; qu'il voyage avec nous. Jusqu'à présent, il a toujours eu sur nous une très-grande autorité; qu'il participe également aux richesses que nous allons acquérir. » Son conseil fut approuvé, et les brahmanes continuèrent leur chemin. Or, en traversant une certaine forêt, ils décou- ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. ill vrirent les ossements d'un lion. L'un d'entre eux dit alors: « Nous avons ici l'occasion de mettre en œuvre une vieille doctrine, en vertu de laquelle tout ce qui est mort peut être rappelé à la vie. Nous ferons donc revivre ce lion, grâce à la science que nous avons dûment acquise. Je recomposerai ses os, dit le premier; je renouvellerai sa peau, sa chair et son sang, ajouta le deuxième; et moi, s'écria le troisième, je lui rendrai la vie. Aussitôt le premier replaça les os dans leur état primitif; le deuxième s'ap- pliqua à renouveler la peau , la chair et le sang. Mais lorsque le troisième allait rendre la vie au lion, le quatrième le retint et lui dit: « Si vous rappelez ce lion à la vie, sachez que vous deviendrez sa proie. » Le savant répondit : « Je ne souffrirai pas que ma science demeure stérile. » L'autre répliqua : « Cher ami, attends du moins un peu, je t'en prie, pour que j'aie le temps de monter sur cet arbre voisin. » A peine le lion fut-il rendu à la vie qu'il dévora les trois insensés. Mais leur compagnon fut sauvé; car, ayant attendu que le lion se fût retiré, il descendit de l'arbre et retourna chez lui. Voilà pourquoi je dis que la sagesse est préférable à la science; car ceux qui ne possèdent que celle-ci succombent ordinairement comme ces restaurateurs de lion. » Nous croyons reconnaître dans cette fable la 150*= du manuscrit flo- rentin. (Coraï, p. 557.) Le Voyageur et le Serpent. « Un certain jour d'hiver, un voyageur trouva en chemin un serpent transi de froid et à moitié mort. Plein de compassion, il le leva de terre et le réchauffa en le pressant sur son sein. Tant qu'il resta engourdi par le froid, le serpent se tint tout tranquille; mais à peine fut-il réchauffé qu'il mordit le voyageur à la poitrine. Au moment de mourir, celui-ci s'écria : — J'ai mérite mon sort; qu'avais-je besoin, en effet, de soigner un serpent qui était sur le point de mourir, puisqu'il aurait fallu bien plutôt le tuer, lors même qu'il eût été plein de vie. » L'antiquité de cette fable nous est garantie par la version de Phèdre (l.IV, f. 19) que voici: 112 RAPPORTS Er^TRE LES APOLOGUES DE L'INDE « Qui porte secours aux méchanls, tôt ou tard le regrette. Quelqu'un releva un serpent que le froid avait rendu immobile et le réchauffa contre son sein, miséricordieux à ses propi-es dépens; car dès qu'il fut revenu à la vie, le serpent lui flt une blessure mortelle. Un autre serpent lui deman- dait pourquoi il avait agi de la sorte, il répondit: Afin que personne ne s'avise de faire du bien aux méchants. » Il y a sans doute entre ces deux versions de très-grandes différences; mais il y a aussi un fond commun qui consiste à prouver qu'il ne faut pas rappeler à la vie un ennemi dangereux. Or, si l'on admet que les deux traditions remontent à la même origine, il sera, d'un autre côté, très- probable que la priorité doit être attribuée à la fable sanscrite. Rien n'est plus fréquent chez les Indiens que de voir non-seulement les pénitents et les saints, mais en général tous les brahmanes doués d'une puissance magique. Il n'en était pas de même chez les Grecs, qui se sont vus forcés, pour ce motif, de modifier le pouvoir surnaturel qui était mis en œuvre dans la fable primitive. I\Iais la modification n'est pas très-heureuse ; elle est tout aussi prosaïque qu'elle est invraisemblable. Quelle probabilité y a-t-il, en effet, qu'un voyageur réchauffe contre son sein un serpent engourdi par le froid, et que , de cette manière, il le rappelle à la vie? Tandis qu'on peut très-facilement imaginer que, pour éprouver sa puissance magique, quelqu'un se complaise à restaurer un lion. Certes, on ne peut pas toujours procéder de la sorte, et de ce qu'une fable est mieux traitée chez un peuple que chez un autre, en conclure aussitôt qu'elle a été inventée par celui des deux peuples auquel nous en devons la meilleure rédaction. Nous avouons que cette conclusion n'est pas toujours admissible; mais elle l'est du moins dans la plupart des cas, et nous croyons qu'elle l'est toutes les fois que, chez l'un, l'invention est absurde, lorsque, chez l'autre, elle est toute naturelle. ET LES APOLOGUES DE LA GRÈCE. H5 XIL {Pantclia-lantra , 1. IV, f. 4.) « Dans un certain endroit demeurait une lionne qui, étant devenue mère, mit au monde deux lionceaux. Le lion entre-temps tuait continuelle- ment des chacals qu'il apportait ensuite à la lionne. Mais un jour, il ne put rien découvrir; cai', pendant qu'il rugissait encore dans la forêt, le soleil se coucha. Toutefois, en retournant chez lui, il attrapa un tout jeune chacal, mais il ne voulut point le tuer; car, se dit-il en lui-même, il est encore si petit! Le prenant donc entre ses dents, il alla l'apporter à la lionne et dit à celle-ci : — Chère amie, je n'ai rien pu trouver, si ce n'est ce jeune chacal. Faisant réflexion qu'il était si petit, je n'ai point voulu le tuer; car on dit : Une femme, un brahmane, un çivarla et un enfant sont inviolables, lors même que la mort nous menace. Toi, toutefois, tu peux le manger, car un tel mets convient à ton état; demain je t'en apporterai un plus grand. Mais la lionne répliqua : Cher ami , tu n'as pas tué ce chacal ; pourquoi donc moi le tuerais-je pour m'en fiiire un repas? Ne dit-on pas, en effet, qu'il ne faut pas sacrifier son devoir? C'est là ce qu'en tout temps nous prescrit la justice. Qu'il me soit donc comme un troisième enfant. » C'est ainsi qu'elle parla, et depuis elle nourrit le chacal de son lait. Les trois nourrissons, ne se doutant pas de la diversité de leur race, parvin- rent à l'adolescence en suivant le même genre de vie. Mais un jour un énorme éléphant arriva dans la forêt. Les lionceaux l'eurent à peine aperçu qu'ils se jetèrent sur lui; cependant le chacal se dit en lui-même: « Cet éléphant est un ennemi de notre race, il ne faut pas que je m'approche de lui, tandis que les lionceaux, privés des conseils du chacal, se consu- maient en efforts inutiles. Et après qu'ils furent retournés chez eux, ils racontèrent à leur père comment le chacal, en voyant de loin venir un éléphant, s'était mis à fuir. Le chacal ayant entendu ces paroles, fut enffammé de colère, et, fronçant ses sourcils en trois plis, semblable au fils de Ravana, sur la tête duquel s'élève une triple touffe de cheveux, les Tome XXV. IS 114 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE yeux enflammés, il se répandit contre eux en injures menaçantes. Mais la lionne le conduisit à l'écart et le calma par les paroles suivantes : — Mon ami, tais-toi, je t'en prie; car ce ne sont pas tes frères. Le chacal furieux répliqua : Pourquoi se moquent-ils de moi? Leursuis-je inférieur en cou- rage, en beauté, en sagesse ou en bonheur? Je les mettrai à mort. » La lionne sourit en entendant ces paroles; mais comme elle ne voulait pas que le chacal périt, elle lui dit: « Écoute, mon enfant: C'est par pitié que je t'ai nourri de mon lait, toi qui es issu d'un chacal. Tant que mes fils étaient encore tous jeunes, ils ne remarquèrent point que tu étais un chacal. Mais puisqu'ils sont entrés maintenant dans l'adolescence, hàte- toi de partir d'ici et de te rendre au milieu des tiens, si tu veux échapper à la mort. Le chacal, en entendant ces paroles, fut frappé de terreur et alla trouver ses parents. » Qu'on mette cette fable en rapport avec celle de Babrius, qui a pour titre le Renard et le Loup (f. 101). « Il naquit parmi les loups un loup beaucoup plus fort que les autres; on le surnomma le lion. Incapable, dans sa folie, de supporter sa gloire, il quitta ses semblables pour fréquenter la société des lions. Un renard se moqua de lui et lui dit : Que le ciel me préserve de devenir jamais aussi insensé que tu es enflé d'orgueil. Il est vrai que tu passes pour un lion dans le peuple des loups; mais tu n'es qu'un loup à côté des lions. » Nous ne voulons pas trop insister sur la similitude des deux fables que nous venons de traduire, quoiqu'elle nous ait paru assez remarquable pour être signalée ici. XIII. {luvT trac, , édit. de M. Boissonade, p. 109.) « Quelqu'un ayant préparé un repas somptueux, invita à dîner un grand nombre d'amis. Les invités s' étant assis et étant occupés à manger, il résolut de leur faire boire du lait. Il n'attendait que le retour de la ser- vante qu'il avait envoyée au marché pour acheter le lait qu'il voulait leur ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. H5 servir. La servante ayant acheté le lait le plaça sur sa tête, comme plu- sieurs femmes ont l'habitude de le faire, et retourna chez son maître. Mais pendant qu'elle marchait, un vautour descendit du haut des airs et fondit sur un serpent; puis il l'étreignit dans ses serres. En s'envolant, il passa juste au-dessus du vase que portait la servante, et le serpent que pressaient vigoureusement les serres du vautour fut obligé de lâcher son venin, lequel tomba précisément dans l'ouverture du vase. La ser- vante qui portait le vase sur la tète ne s'aperçut pas de ce qui venait de se passer. Elle rentra chez elle et distribua le lait aux convives, qui en burent tous et moururent aussitôt. >> Pour se convaincre de l'ori- gine indienne de ce conte, il suffit de considérer que le livre de Syntipas auquel il est emprunté n'est, en définitive, qu'une traduction d'un livre indien. Car les motifs que Loiseleur-Delonchamps a fait valoir, dans son Essai sur les fables indiennes, pour appuyer cette opinion, sont tellement concluants qu'il nous paraît impossible de ne pas l'adopter. Du reste, si l'on en peut croire cet auteur (pag. H 9), la même fable se retrouve dans un recueil bien évidemment indien, qui porte le nom de Vétalapanlcha- vinçati (c'est-à-dire les vingt-cinq récits d'un vétala). M. Lassen, dans son Anthologie sanscrite, nous a fait connaître quelques-uns de ces contes; mais celui dont il est question ici n'est pas compris dans ce nombre. C'est en vain que nous nous sommes donné toute peine pour nous procu- rer une copie d'un des manuscrits de cette collection, qui sont assez nom- breux en Europe. Nous ne doutons nullement que si quelqu'un voulait nous faire connaître le texte ou la traduction de la fable sanscrite que nous venons de signaler, on trouverait qu'elle se rapproche encore bien plus que le récit de Syntipas de la fable de Stésichore avec laquelle nous allons la mettre en regard. Car ce récit nous paraît fortement tronqué. Voici la fable de Stésichore, telle qu'elle se trouve dans l'histoire des animaux d'Élien (1. 17, ch. XXXVIi.) « Des batteurs en grange, exposés à l'ardeur du soleil et tourmentés par la soif, envoyèrent l'un d'eux (ils étaient au nombre de seize) cher- cher de l'eau à une source voisine. 11 s'en alla sa faucille à la main et une cruche sui- l'épaule. Chemin faisant il remarqua un aigle qu'un serpent IIG RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE LINDE étreignait si fort dans ses nœuds vigoureux que l'uiseau était près d'en mourir. L'aigle, qui avait attaqué le serpent, était loin de remporter la vic- toire; il succombait au contraire à l'attaque qu'il avait si imprudemment provoquée et ne songeait pas, comme il est dit dans Homère, à apporter un repas à ses petits; mais engagé dans les liens que son ennemi nouait autour de son corps, il allait, par Jupiter, non pas tuer, mais être tué. Le laboureur sachant ou ayant entendu dire que l'aigle est le messager et le serviteur du père des dieux, sachant aussi que le serpent est un méchant animal, assomma ce dernier avec sa faucille, en sorte que l'aigle fut déli- vré des liens en apparence indissolubles dans lesquels il se trouvait enlacé. Le laboureur, qui n'avait fait ceci qu'en passant, continua son chemin pour aller chercher de l'eau, et après y avoir mêlé du vin, il en donna à boire à la ronde. Ils en burent tous à longs traits et à qui mieux mieux. Le por- teur devait boire après eux; car il se trouvait que pour lors il fût serviteur et non point convive. Mais au moment qu'il approcha la coupe de ses lèvres, l'aigle auquel il avait sauvé la vie et qui, par bonheur, se trouvait encore dans ces lieux, voulant payer sa rançon, se précipita sur la coupe, la secoua et en répandit toute la liqueur. L'autre, qui était tout altéré, se mit en colère et lui dit : « Eh quoi, c'est toi-même! — car il avait re- connu l'oiseau, — et c'est ainsi que tu récompenses ton sauveur? Com- ment approuver une semblable conduite? Comment désormais quelqu'un voudra-t-il te faire du bien par respect pour Jupiter qu'on nomme le gar- dien de la reconnaissance? » Il dit et brûlait de soif. Mais en se retour- nant il remarqua que tous ceux qui avaient bu s'agitaient convulsivement et luttaient contre la mort. On doit donc supposer que le serpent avait empoisonné la source en y répandant son venin. C'est ainsi que l'aigle donna à son sauveur une récompense équivalente au bienlait qu'il en avait reçu. Cratès de Pergame nous dit que Stésichore avait traité ce sujet dans un poëme qui n'avait pas reçu une grande publicité. » ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. il7 XIV. {Bahrius, f. 94.) « Un os s'était arrêté dans le gosier d'un loup. Celui-ci promit à un héron de lui donner une bonne récompense s'il parvenait, en y introdui- sant son cou, à retirer l'os et à le guérir de ses maux. Le héron retira l'os et demanda le prix de sa peine. Mais l'autre répliqua ironiquement : C'est bien assez de salaire pour ta cure que d'avoir retiré la tète de la gueule d'un loup, sans qu'il te soit advenu de malheur. » C'est à cette fable que se rapporte un proverbe rapporté par Zé- nobe (III, 48) : œ Iùmu arô^axoç,. Nous avons déjà fait remarquer' plus haut qu'on a voulu la faire provenir de l'Egypte, attendu que le trochilus mange impunément les sangsues qui se trouvent dans la gueule du croco- dile. Nous n'avons pas voulu contester cela d'une manière absolue-, en faisant toutefois remarquer qu'un récit de tout point analogue se ren- contre dans un livre indien. En effet, M. Grimm {Reinli. Fuclis, p. cclxxxi) nous a fait connaître un extrait d'un livre écrit en langue pâli ' et conte- nant la vie de Tevetat, dans lequel nous trouvons la narration suivante : « Par suite de la transmigration des âmes, il advint que Sommonaco- dom fut changé en un grand oiseau et que Tevetat revêtit la forme d'un racliasi ^, dans le gosier duquel, lorsqu'il mangeait de la viande, il s'ar- rêta un os. Le rachasi pria l'oiseau de retirer cet os; celui-ci s'empressa de le faire et demanda la récompense promise. Mais le rachasi répondit que c'était déjà une trop grande faveur pour lui que d'avoir eu la permis- sion d'introduire son bec dans son gosier et d'en avoir retiré sa tête sans danger. » ' Voy. de la Loubère, Royaume deSiam; Amslerdam , 1691 , II, 20. - M. Grimm avoue qu'il ignore quelle est cette espèce d'animal. Il aurait pu savoir aisément qu'il ne s'agit pas du tout ici d'un animal , mais d'un rakshas , c'est-à-dire d'un esprit malin , qu'on rencontre à tout moment dans les écrits de l'Inde. as RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE LIIVDE XV. Nous croyons avoir déjà fait observer que, parmi les fables des Indiens et des Grecs, il y en a plusieurs dont le trait saillant ou la pointe est abso- lument la même, tandis que le reste du récit ne présente pas une ressem- blance analogue. C'est ainsi, par exemple, que nous trouvons dans le Pancha-tantra (1. 1, f. 15) qu'une mouche s'introduit dans l'oreille d'un (■lépliant et le tourmente vivement, de même que dans Ésope (Coraï, p. 88) un moucheron parvient à triompher d'un lion en entrant dans ses narines. Il est vrai que cette fable ne se trouve pas dans Babrius; mais ce qui prouve qu'elle n'est pourtant pas d'une date très-récente, c'est que Nicétas Choniatès y a fait allusion (p. 517) et qu'en outre, elle a été probable- ment traitée par Phèdre, puisqu'elle se trouve parmi les fables que Bur- man a mises en trimètres ïambiques. XVI. Ce que nous venons de dire des deux fables précédentes s'applique également à trois autres que nous allons mettre sous les yeux du lecteur. La première de ces trois fables est empruntée au Hkopadêça (1. II, f. 4) : «< Sur le sommet du mont Arbudha demeurait un lion appelé Maliâvi- krama (c'est-à-dire grande force). Chaque jour, une souris, près du trou de laquelle il se couchait sur la montagne , venait ronger sa crinière. Le lion, voyant sa crinière endommagée et ne pouvant pourtant pas attraper la souris, s'irrita et pensa en lui-même : — Que faudra-t-il faire à présent? On ne parvient pas par la force à triompher d'un petit ennemi. Le lion se rendit donc dans le village voisin, et, au moyen de viande et d'autres friandises, il sut attirer un chat appelé Dadhikarna, qu'il transporta dans sa caverne. La souris, pleine de frayeur, n'osa plus sortir de son trou, et le lion put désormais dormir en paix , sans que personne vînt lui ronger la crinière. » La première partie de celte fable est parfaitement semblable à la 82""^ de Babrius : ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. U9 « Pendant le sommeil d'un lion, une souris passa en courant sur sa sauvage crinière. Grande fut la colère du lion, qui s'élança en bondissant de sa profonde caverne. Cependant , un renard souriait de le voir si ému contre une souris, lui le souverain de toute la gent animale. Mais le lion répliqua : — Je ne crains pas, importun, que la souris m'égratigne en fuyant; ce que je redoutais, c'est qu'elle ne déflguràt ma crinière. » Nous doutons que, sans le secours de la fable indienne, on puisse même comprendre la réponse du lion. La seconde partie de cette fable n'est pas sans analogie avec la 112""^ de Babrius, intitulée : la Souiis et le Taureau. « Une souris mordit un taureau. Aigri par la douleur, celui-ci se mit à la poursuivre. Mais la souris l'ayant prévenu en se retirant dans le fond de son trou, le taureau battit de ses cornes le mur devant lequel il dut s'arrêter, jusqu'à ce qiie, tout épuisé de fatigue, il plia les genoux et s'en- dormit près du trou. La souris alors mit le nez à l'air, s'approcha de lui , le mordit de nouveau et s'enfuit. Lui se leva tout perplexe et ne sachant que faire. Mais la souris lui dit en murmurant : — Le plus grand n'est pas toujours le plus fort ; il est des cas où la force appartient au plus petit et au plus humble. » XVIL Il y a encore un grand nombre de fables semblables que nous ne vou- lons pas transcrire en entier, parce que le point de rapprochement qui les unit, quelque réel qu'il nous paraisse, est pourtant trop accessoire pour justifler des longueurs. Ainsi, par exemple, on trouve dans le Pantcha-tantra (1. V, f. 7) un âne qui apprend à chanter, et que son maître, peu charmé de ce chant, ramène à la raison à coups de bâton; tandis que, d'un autre côté, nous savons qu'il y avait un grand nombre de proverbes grecs fai- sant allusion à un âne jouant de la lyre (sw? 'Kupi'Q.iv). Ce trait nous fait souvenir de la 126'"" fable de Babrius, dans laquelle un âne, voulant faire le badin, casse un vase d'argile et ne reçoit en récom- pense que des coups, quoiqu'un singe, qui faisait absolument la même 120 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE LLNDE chose, eût le privilège de provoquer le rire. Cette fable nous en rappelle à son tour une autre, qui se trouve dans le Hilopadêça, et que nous croyons devoir faire connaître intégralement, puisqu'elle n'a pas encore été tra- duite en français (1. Il , f. 5). « A Bénarès demeurait un blanchisseur appelé Karpurapata (c'est-à- dire habit blanc). Un jour, après s'être amusé avec sa jeune maîtresse, il tomba dans un profond sommeil. Entre-temps, des voleurs pénétrèrent dans sa maison pour lui dérober tout son bien. Mais à l'entrée de la maison se trouvaient un âne, attaché à sa corde, et un chien, qui s'était couché par terre. L'âne alors s'adressant au chien : — C'est ton métier, lui dit-il, pourquoi n'aboies-tu pas avec force, afin d'éveiller notre maître? Le chien répondit : — Que viens-tu te mêler de mon emploi ? Tu sais bien que nuitet jour je veille sur la maison de mon maître. Voilà pourquoi il est déjà depuis longtemps plein de sécurité. Il méconnaît mon utilité et ne me donne plus qu'une maigre pitance. Car lorsque les maîtres ne voient pas de danger, ils ne respectent pas non plus leurs serviteurs. — L'âne répliqua : Fi donc, barbare que tu es. Celui qui fait des réclamations au moment de l'adversité, est-ce là un serviteur ou un ami? — Le chien reprit : Celui qui ne respecte pas ses serviteurs, est-ce là un maître au moment de l'adversité? « Il n'y a pas de remplaçant pour nourrir les domestiques, pour ser- vir le maître, pour pratiquer la vertu ou pour engendrer un fils. » L'âne alors se mit en colère et dit : — Tu es un infâme, toi qui méprises ton maître dans le malheur. Soit! je veux mettre tout en œuvre, afin que mon maître s'éveille. « Il faut vénérer le soleil en se mettant sur le dos, le feu en se cou- chant sur le ventre, le maître de toutes ses forces, et l'autre monde sans dissimulation. Il dit et commença à braire. Le blanchisseur s'éveille à ces cris , se lève et, transporté de colère, applique à l'âne des coups de bâton, pour le punir de ce qu'il avait troublé son sommeil. » Il est impossible, selon nous, de méconnaître la ressemblance frappante qu'il y a entre cette fable et la loi'' de Babrius, dans laquelle il est ques- ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 121 tion d'un âne qui, pour mériter l'affection de son maître, se met en devoir de le caresser à l'instar de son petit chien de 3Iélite. Nous ajoutons encore, quoique avec toutes les réserves nécessaires, la fable 119 de Babrius, dans laquelle il est parlé d'un Mercure en bois que son professeur vénérait tous les jours sans que l'état de sa fortune s'en améliorât. Enfin, voyant que toutes ses prières étaient inutiles, notre homme, furieux, jette son idole par terre. Elle se brise, et de sa tête cassée il s'échappe de l'oi'. Une histoire tout à fait analogue à celle-ci est racontée dans le Pantcha- tantra (1. V, f. 1), avec cette seule différence que le Mercure en bois y est remplacé par un Jaina K Mais, comme nous venons de le dire, nous ne voulons pas insister là-dessus, parce que, d'après l'avis de M. Bernhardy {Gr. litt., II, p. 1048), la fable grecque dont il est question ici, n'a pas pour auteur Babrius, quoiqu'elle soit comprise dans le recueil publié sous son nom. Selon ce philologue, elle est d'une date beaucoup plus récente et doit être considérée comme une interpolation maladroite. S'il en était ainsi, il se pourrait très-bien que la prétendue fable de Babrius ne fût autre chose qu'une imitation de la fable indienne , faite au moyen âge d'après une des nombreuses traductions du Pantclia-tantra que nous avons plus haut signalées. Nous ne voulons pas non plus nous arrêter longuement sur la fable du Pantclid-tantra (1. V, f. 2), dans laquelle il est raconté comment un brah- mane donna cruellement la mort à un furet qui avait défendu son fds contre les morsures d'un serpent. Ce brahmane, en voyant le furet plein de sang, s'imagina qu'il avait tué son fils, tandis qu'au contraire, il avait, au péril de ses jours, empêché le serpent d'exécuter son funeste projet. — Loiseleur-Delongchamps, à la p. 14-i de son Essai sur les fables indiennes, fait remarquer la grande ressemblance qu'il y a entre ce récit, si souvent ipiité dans la suite , et le Culex attribué à Virgile. ' Les Jainas forment une secte religieuse, dont l'origine ne remonte pas à une très-haule an- tiquité. Tome XXV. 16 122 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE CHAPITRE IV. DE LA PATRIE DES APOLOGUES. Nous pensons que désormais il ne sera plus possible de douter qu'il y ait des rapports d'affinité entre les fables grecques et les fables indiennes. La comparaison à laquelle nous les avons soumises nous a montré qu'il y en a au moins une douzaine qui sont communes à la Grèce et à l'Inde. Nous avons vu que ces fables ne se ressemblent pas seulement par le fond, par l'idée générale, mais qu'elles offrent aussi, dans la forme et même dans les moindres détails, des analogies manifestes. En outre, nous nous sommes convaincu à diverses reprises que plus une fable grecque est ancienne, plus aussi elle se rapproche de la fable indienne correspondante. Nous pouvons, ce me semble, tirer de ces faits positifs la conclusion qui/ y a eu , à une certaine époque , des relations littéraires entre l'Inde et la Grèce, au moins en ce qui concerne l'apolotjuc. Cette vérité, qui n'avait pas encore été démontrée, nous paraît avoir une assez grande importance , surtout si l'on prend en considération que ces relations littéraires remontentau moins au III" siècle avant notre ère et que très-probablement elles sont encore beaucoup plus anciennes. Jusqu'à présent nous savions seulement que les savants de l'Inde avaient fait à ceux de la Grèce quelques emprunts astronomiques , dont la date est, du reste, bien plus récente. Nous avons donc acquis une base nouvelle pour comparer les arts et les sciences de l'Inde avec ceux des pays helléniques. Il n'est plus permis de supposer avec M. Robert que les fables de Bidpaï, qui se retrouvent parmi celles d'Ésope, aient été ajoutées à celles-ci par les Grecs du Bas-Empire. Il faut remonter bien plus haut pour com- prendre et expliquer de semblables rapports. Déjà, à une époque très- reculée, les Grecs avaient emprunté aux Indiens un assez grand nombre de fables, ou bien ceux-ci en avaient reçu de ceux-là, ou bien encore les uns et les autres les devaient à un peuple différent , dont les fables n'ont ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 425 pas été conservées. Nous avons donc devant nous trois hypothèses. Mais pour ce qui concerne la première , elle se détruit par le témoignage des Grecs eux-mêmes. Babrius, qui probablement a fait usage des recherches deDémétrius de Phalcre, prétend que la Fable est venue de l'Assyrie, et le nom d'Ésope, comme nous l'avons fait voir, nous indique clairement que, d'après l'opinion des Hellènes, la patrie de l'apologue doit être cherchée dans l'Orient. Ceci se confirme de diverses manières. Les fables grecques les plus anciennes appellent notre attention, du côté de l'Orient, vers l'île de Samos, veis la Lydie et, en général, vers toute l'Asie Mineure. Dans les fragments de Callimaque, la dispute du laurier et de l'olivier est trans- portée sur le mont Tinolus et rapportée « d'après les récits des anciens Lydiens '. » Selon Lucien, l'aventure de l'âne couvert de la peau du lion s'est passée à Cumes, dans l'Èolie. Dans le Repas des sept sages de Plularque (IV), Ésope parle du mulet lydien. Chez Coraï (p. 155), des renards veulent vider le Méandre. Simonide d'Amorgos- fait allusion à la fable de l'anguille du Méandre. Une oie du Méandre figure dans les fragments du même poète. Qu'on se rappelle encore ici ce que raconte Élien des écrevisses d'Éphèse ^, et qu'on songe qu'Ésope passait pour avoir été un habitant de Sardes, un favori de Crésus. Pour ce qui regarde la fréquence des fables dans l'île de Samos, il suffit de prendre en considération que Simonide d'Amorgos était originaire de cette île , qu'lbycus y avait vécu chez Polycrate , qu'Ésope est souvent appelé Samien, et que, d'après Héraclide du Pont (X), il y avait ancien- nement, dans l'île de Samos, une quantité innombrable d'animaux '*. Si nous réunissons toutes ces indications, nous pourrons facilement nous convaincre que les Grecs ont eu raison d'attribuer l'invention de la Fable à Ésope, c'est-à-dire à un Éthiopien. Mais lequel des peuples orientaux ' Voy. Animonius, «. v. ahoç. 2 Fr. 8 dans la collection de M. Bergh. ^ Voy. plus haut, p. 91. * Nous n'appuyons pas fortement là-dessus, parce que cette tradition peut être expliquée au- trement. 124 RAPPORTS ENTRE LES APOLOGUES DE L'INDE ou éthiopiens ont-ils entendu désigner? Il n'est pas du tout sûr que ce soient les Indiens. En effet, il se pourrait très-bien que les Indiens et les Grecs eussent emprunté la Fable soit aux Assyriens, soit aux Phrygiens, soit à un autre peuple de l'Asie Mineure. Néanmoins, il y a plusieurs mo- tifs qui nous font supposer que les Indiens n'ont pas reçu leurs fables d'un peuple étranger. Car, d'abord, quoique nos connaissances sur l'Inde soient encore très-incomplètes, nous avons cependant déjà la certitude qu'ils n'ont presque rien emprunté aux peuples qui les environnaient ^. El de même que les Égyptiens, ils n'avaient pas l'habitude de voyager dans des contrées éloignées '^. De plus, aucun peuple n'était plus propre à créer l'apologue. Aucun n'avait plus tidèlement observé le caractère des différents animaux. Ils avaient la croyance que les âmes des pécheui'S passaient dans le corps de toutes sortes d'animaux, et dans l'un des plus anciens monu- ments de leur littérature, dans les lois de Manon, nous voyons qu'ils avaient spécifié, avec la plus grande exactitude, à quelle espèce d'animaux appartiendrait, après leur mort, telle ou telle espèce de coupables '". Et qu'on ne nous objecte pas que l'apologue n'aurait pas pu se frayer un chemin à travers l'Asie jusqu'aux Grecs, puisque nous voyons que d'autres tradi- tions indiennes ont pénétré jusque-là. Les détails relatifs aux fourmis gigantesques de l'Inde, creusant la terre et rassemblant de l'or, ont été connus en Grèce bien avant l'époque d'Hérodote. Les contes relatifs à la nation des Amazones, qu'on disait demeurer vers l'extrême Septentrion, ne sont pas différents de ceux que rapportent les auteurs indiens sur le royaume des femmes qu'ils appellent Strirâg'a *. D'un autre côté, Mégasthène donne à juste titre le nom à' Hijperboréens de l'Inde aux Oliorocorms , dont il est si souvent question dans les ouvrages sanscrits, qui , d'après la tradition, avaient leurs demeures dans le Nord, ' Ils nommaient tons les étrangers des mlétchas , c'est-à-dire des barbares. - Voy. M. Lassen , Antiquités de l'Inde, I, p. 854. ' Les passages relatifs à cette croyance, que nous avons découverts dans le code de Manou, se trouvent, en suivant la traduction anii;laise, aux pages 77, v. 115; 95, v. 230; i\i, v. 67; 129, V. IG6;13Ô, lô-i, 143,v. Il ; 149, 169, v. I6i; 355 , v. 91 ; 383, v. 132; 401 , v. 2il ; 412 , V. 40-43; 414, 416. ' Voy. les Antiquités de l'Inde, do M. Lassen, 1, p. 831. ET LES APOLOGUES DE LA GRECE. 125 et qui étaient considérés, tant par les Indiens que par les Grecs, comme le peuple le plus heureux et le plus juste du monde ^. Et pour ne pas trop insister sur des généralités, nous ferons remarquer que le caractère particulier que revêtent certaines fables communes aux Indiens et aux Grecs parle tout à fait en faveur de leur origine indienne. Nous avons déjà fait observer plus haut que la poule qui pond des œufs d'or nous rappelle les traditions religieuses des livres sanscrits. Il faut dire la même chose de la fable du Brahmane et du Serpent , dans laquelle nous trouvons le culte du serpent pratiqué d'une manière inconnue à la Grèce. Les sectateurs de Bouddha avaient l'habitude de nourrir toute espèce d'ani- maux, et il suffit d'être un peu versé dans la connaissance des mœurs bouddhistiques pour être persuadé que cette fable est originaire de l'Inde. L'apologue des quatre brahmanes qui rappellent un lion à la vie, porte un cachet éminemment oriental; la magie dont ils font usage n'était pas fami- lière aux Hellènes. Cette remarque s'applique également à la fable de la Souris métamorphosée en fdle. En combinant toutes ces données, on arrive à la conclusion qu'il est du moins très-probable qu'il faut chercher dans l'Inde l'origine de la Fable, considérée comme genre littéraire. Il ne sera pas sans intérêt de faire encore quelques recherches sur le chemin qu'ont dû suivre les apologues indiens pour parvenir dans la Grèce. 11 n'y a, selon nous, pour résoudre cette question, que deux hypo- thèses plausibles. La Fable a été transmise aux Grecs par les Assyriens, ou bien elle l'a été par les Perses. L'empire d'Assyrie , d'après les recherches les plus récentes, s'étendait jusqu'à la Bactrie et à l'Inde; les guerres que, selon Ctésias, Sémiramis et Ninus portèrent dans ces deux contrées ne sont pas dénuées d'un fondement historique ^. D'autre part, cet empire s'étendait jusqu'au fleuve Ilalys, l'ancienne limite de la Lydie. En outre, il y avait entre la Lydie et l'Assyrie bien plus que des relations de voi- sinage. Les rois de ces deux peuples prétendaient descendre les uns et les autres d'Hercule. Si donc nous trouvons, d'un côté, des fables dans la ' Voij. l. L, p. ol 1 , et Sclnvanbeck, Ad Megaslhenis indica, p. 65. - Voy. M. Lassen, /. L, p. 838. 126 SUR LES APOLOGUES DE LINDE ET DE LA GRÈCE. Lydie et que, de l'autre, nous en trouvons dans l'Inde; si, de plus, les Assy- riens ont eu des rapports très-intimes avec los peuples de ces deux con- trées, si, en outre, Babrius attribue aux Assyriens l'invention de la Fable, si, enfin, les Ciliciens, qui étaient tributaii^es des Assyriens \ avaient, comme le rapporte Théon, des fables à eux, si tout cela, disons-nous, est incontestable, nous croyons pouvoir en conclure, sans trop de hardiesse, que les Assyriens ont joué le rôle d'intermédiaires entre l'Hindostan et la Grèce, au moins en ce qui concerne l'apologue. Ce n'est pas qu'on ne puisse aussi faire valoir quelques arguments en faveur de la seconde hypothèse, d'après laquelle ce seraient les Perses qui auraient transmis aux Hellènes l'apologue sanscrit. Eux aussi exercèrent, pendant un certain temps, leur domination depuis l'Inde jusqu'à l'Asie Mineure. Eux aussi connaissaient la Fable; Hérodote en fait foi (1, 1-41). Mais on ne peut pas aller au debà. Nous avons pensé, pendant quelque temps, que la Fable avait été trans- mise parles Assyriens aux Babyloniens, par ceux-ci aux Phéniciens et par ces derniers aux Grecs. Car l'île de Samos avait reçu des colonies phéniciennes; Archiloque, dans les fragments duquel nous avons trouvé des fables, était de l'île de Thasus, oii il y avait aussi une colonie phéni- cienne; enfin, Hésiode, l'auteur le plus ancien qui nous ait transmis une fable, habitait Ascra, oîi les Phéniciens s'étaient également établis. Mais toutes ces considérations sont si peu concluantes que nous n'y attachons nous-même qu'une très-faible importance. Quoi qu'il en soit de la route qu'ont suivie les apologues pour arriver dans la Grèce, nous croyons avoir démontré d'une manière irréfragable qu'il y a de nombreux rapports d'affinité entre les fables de l'Inde et celles de la Grèce; nous croyons, de plus, avoir rendu très-probable que l'hon- neur de l'invention doit en être attribué aux Indiens. Nous espérons que d'autres plus savants que nous feront , sur une échelle plus vaste , l'histoire comparée des civilisations grecque et indienne. Nous n'avons fait qu'apporter une pierre à la construction de ce grand édifice. * Voy. Niebuhr, Kleine Schriften , I, p. 205. FIN. ^ V