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Ft LABEL ET F3 pe 5 min RTE UN FER RSA n SUR : | CE RE ; 2 + Rat ali 4 AMD PRES | A ) C'E< 27 20 Sea He > “el AIX , IMPRIMERIE DE Mme Veuve TAVERNIER . RUE DU COLLEGE , 20 1844. TOR ae inf n AT, | EU a as si: APE Li out 2x2 RTE . PTE “qi En 4 pont a: so ; Atos ah p x L à « dent ae! QE SEEN Re FA “ea Ce "1 tn vin 4 à P: + Éi a à dé a kde ET FA ne fo & Rs Le _ : U ’ \ ‘ Ÿ MAS 2 Sam su sus GRAS sront = a [DRIT LUI aret © VE DISCOURS SUR L'ALLIANCE DE LA RELIGION ET DE L'AGRICULTURE, PRONONCÉ À la Séance publique annuelle de l'Académie, le 8 Juin 1844, PAR M. L'Anpé SIBOUR, CHaNolnE 2% © j rar DE : & Professeur à la Faculté de Théologie d’Aix, Vpn 3 Président de l’Académie Er 2 \ Messieurs , te les intérêts agr iboles au premier rang pe ceux qu’elle doit défendre et éclairer. Étranger par mes études à cet objet principal de ses travaux, j'ai toujours compris et je comprends bien mieux encore en ce moment qu’il m'appartenait peu d'être jamais placé à sa tête. La bienveillance de mes col- lègues en a jugé autrement. Ils ont pensé que le zèle pouvait suppléer à tout. Ils ont voulu peut-être aussi honorer en moi le principe que, je semble plus spécialement, par mon état, représenter au milieu de l'Académie. C'était me mettre alors dans l'im- possibilité de me dérober à leurs suffrages. Je ne viens pas essayer aujourd'hui de les justifier, mais je voudrais en quelque sorte m associer aux vœux de notre société, en montrant devant cette réunion es fi si nombreuse et si distinguée, et dont l'empres- sement est déjà une récompense pour nos modestes travaux, qu'il ny à pas au fond d'alliance plus ancienne et plus naturelle que celle de la religion et de l’agriculture, et qu’il y eut toujours influence salutaire et réciproque de l’une sur l'autre. F'aurais surtout à cœur d'établir, si je le pouvais, que si l'agriculture est redevable aux idées religieuses en général, elle l’est surtout au christianisme en particulier. Vaste et beau sujet, Messieurs, mal- heureusement trop au-dessus de mes forces , et que les limites étroites dans lesquelles je suis obligé de me renfermer, me forcent d’ailleurs de ne traiter que d'une manière incomplète. L'agiculture, a dit Columelle dans ce livre où la si bien su la défendre contre les dédains d’un siècle amoli par le luxe et la corruption, et qui est resté le meilleur Code de l Économie rurale, l'agri- culture est sœur de la sagesse, consanguinea sa- pientiæ est (1), et Ciceron , avant lui, avait exprimé la inême pensée, en disant qu'il ne trouvait pas de plaisirs plus dignes du sage que les plaisirs des champs (2). Le sentiment exprimé par ces hommes illustres est vrai, soit que par la sagesse on entende 1) Colum. de Re rusticà. Voyez rei rusticæ Scriptores, Leipsick, #735, 2 vol. in—4o (2) Cic., in Cat. maj. 15 W { seulement la philosophie, soit qu'on entende la plus parfaite de toutes les philosophies: la Religion. Les monuments sacrés nous représentent les hommes primitifs s adonnant, sous la direction im- médiate de la divinité, les uns à la vie agricole, les autres à la vie pastorale. La Genèse donne à Noë le titre d'agriculteur , vir agricola (1). Elle loue cet homme juste, en disant de lui qu'il cultiva la terre et que le premier il en sut tirer le doux fruit de la vigne (2). Après Noë seulement nous voyons apparaître une nouvelle race d'hommes qui pré- fèrent à la vie pacifique des champs la vie chasse- resse et guerrière, et qui dévastent la terre que leurs mains devraient cultiver et embellir. Ils sortent de Cham, le fils maudit, et ils ont pour père Nemrob, le vigoureux chasseur, le premier des conquérants (3). De la race bénite de Sem, au contraire, des- cendent les patriarches dont les mœurs pleines de simplicité et de noblesse sont empreintes de la cou- leur des premiers âges , où respire une poésie si pure et si élevée. Leur vie pastorale, sous le beau ciel de la Chaldée et de la Mésopotamie, fut l'occasion, (1) Gen. c. 1x. v: 20 (2) Cœpitque Noë, vir agricola, exercere terram et plantavit vineam fbid {3) Nemroh robuslus venator coram Domino Gen. €. x. v.9 TDR on le sait, des premières observations astronomiques, si utiles à l'agriculture. Le premier peuple que, dans ces régions loin- laines, l'histoire nous montre réuni en corps de nation, est tout à la fois éminemment religieux et agriculteur. Toute l'antiquité a célébré la fertilité de l'Égypte. Elle eut plutôt pour principe la sagesse de ses institutions, que les bienfaits d’une terre rendue féconde par des circonstances exceptionnelles. La nature semblait, il est vrai, avoir formé de ses mains cette belle vallée du Nil pour en faire le berçeau de l’agriculture. Elle invitait les hommes à se fixer sur un sol où elle leur offrait de si grands avantages : un ciel presque toujours pur, des eaux abondantes , les saisons assujéties à un ordre cons- tant, les merveilleux accroissements du fleuve, ses inondations périodiques, son linron réparateur , énergiquement fécondé par un ardent soleil. Mais à côté de ces circonstances favorables , l'Égypte en présentait aussi de contraires à l'agriculture et qui auraient fini, sans de fortes institutions , par mettre la dévastation à la place de la fertilité. L'É- gypte a un ennemi terrible et qui menace sans cesse de l'envahir : le désert. Le fleuve lui-même, qui est son âme et le principe de sa vie, peut devenir pour elle une cause de ruine, soit qu'il accorde imparfaitement le tribut de ses eaux, soit qu'il déborde avec trop d'impétuosité. Le besoin de lutter = — contre des dangers si terribles, fit de bonne heure de la culture une science, appela la forte organi- sation du pays, et influa d'une manière puissante sur les institutions religieuses et politiques qui Sy développèrent. Il fallut apprendre à dompter le fleuve, en ouvrant des canaux propres à affaiblir son impétuosité ; il fallut aussi creuser d'immenses lacs où l'on put trouver pour les terres des réservoirs suffisants, quand le Nil serait avare de ses dons. Ces grands travaux ne pouvaient être l'œuvre de particuliers et appelaient d'eux-mêmes l'association et un pouvoir fortement constitué. L'Égypte, a dit, de nos jours quelqu'un qui la connaît bien, et qui a trop voulu seulement excuser les excès d'un pouvoir tyrannique par la nécessité du pouvoir lui- même, l'Égypte est le pays du monde qui a le plus besoin d'être gouverné (1). Il en fut toujours ainsi, parce que les circonstances qui rendent en Égypte le pouvoir nécessaire, sont inhérentes au sol. La vallée du Nil devait donc être non-seulement le berceau de l'agriculture , mais le berceau des sociétés. Les institutions sociales de l'Égypte sont connues. Elles eurent un caractère profondément religieux. Elles commencèrent par la forme théo- cratique, et mème lorsque cette forme eut disparu , ‘1; Aperçu général sur l'Egypte, par À. B. Cloi-Bey = Mig le caractère religieux resta partout profondément empreint (1). Mais, dans la religion comme dans la politique des Egyptiens, deux choses intimément unies, ce qui est surtout visible, c’est l'influence des idées et des intérêts agricoles. La religion propre à l'Égypte ne fut, dans ses plus grands écarts, que l'amour exagéré et la déifi- cation superstitieuse de la nature. Isis, c'était la terre féconde, et Osiris, le principe même de la fécondité. Celui-ci était regardé comme le père de l'agriculture , et pour cela, honoré comme la principale divinité du pays. Le Nil qui avait été comme le créateur de l'Égypte par ses alluvions, et dont les eaux, selon Plutarque (2), avaient la vertu non-seulement de fertiliser les terres, mais d'engraisser les animaux , le Nil, ‘avec ses sources mystérieuses que le bon Joinville plaçait dans le Paradis terrestre, et avec ses accroissements inex- plicables, pouvait passer facilement pour un dieu. Les Egyptiens lui élevèrent un temple magnifique et lui rendirent des honneurs divins. Sa statue était de marbre noir, à cause de l'origine éthiopienne de ses eaux; sa tête était couronnée d'épis, et tout autour de lui, une troupe d'enfants, symbole de 1) Herod. Liv. 1, XxXxVH 2) Plut. 1. 2, p. 280. Traite d'Isis el d'Osiris = le fécondité, formaient une gracieuse guirlande. Le bœuf était, après le Nil, le plus grand bienfaiteur de l'Égypte. Les services qu'il y rendait soit pour le labourage, soit en mettant en mouvement ces innombrables machines destinées à aller puiser les eaux basses du fleuve, pour les distribuer ensuite au besoin par une irrigation régulière et constante, expliquent le culte solennel du bœuf Apis. Parmiles prêtres del Égypte, il y avait des Hydro- graphes, des Géomètres et des Arpenteurs formant des collèges distincts. Leur science, dans un pays assujéti à des inondations annuelles, était indispen- sable pour fixer les limites des héritages. Tels étaient les principaux rapports de la religion et de l’agri- culture. Quant aux institutions politiques dont je ne puis parler ici qu'à cause de leur origine et de leur ca- ractère religieux , elles furent celles qui convenaient le mieux à un peuple essentiellement agricole. Le Roi devaitsavoir manier la charrue. I ouvrait lui-même l'année rurale, en traçant le premier sillon. Cette coutume, qu'on retrouve dit-on encore en Chine (1), est, pour le dire en passant, une preuve de plus à ajouter aux preuves nombreuses qui éta- blissent l’origine égyptienne de ce vaste empire. 4) Montesquieu, Esprit des Lois. L' Égypte, on le sait, était divisée en castes. Les laboureurs en formaient une dont ils ne pouvaient sortir. Toutes les professions étaient héréditaires et toutes honorées. Les laboureurs étaient nobles comme les guerriers et les prêtres, c’est-à-dire, qu'ils étaient libres. Au reste, l'Égypte fut une terre de liberté. Les enfants même des esclaves y naissaient affranchis. La loi empêchait ainsi l'es- clavage, cette plaie hideuse de l’agriculture, de se propager. Mais les mœurs venaient en aide à la loi. Le travail des champs ne fut jamais servile dans les beaux temps del Égypte. Et, commeelle n’aimait ni les étrangers, ni la guerre, elle fermait ainsi pour elle les deux principales sources de l'esclavage. Tous les anciens qui ont parlé de l'Égypte, con- viennent qu'elle n’était pas belliqueuse (1). Elle n’a eu son premier conquérant Sésostris , qu'après plus de mille ans d'existence (2). Son organisation militaire était celle d'un peuple agricole qui a plus à cœur de se défendre contre les voisins que de les attaquer. Malheureusement cette belle vallée du Nil était de toute part ouverte aux invasions. Le désert ne la menaçait pas seulement par ses sables, mais en- Strabon , lib. xvi [h (2) Bossuet, Discours sur l'Hist. Univers. 1. 2 2 ie core par les peuples belliqueux qui erraient dans ses solitudes. La nature, en lui prodiguant les richesses du sol, n'avait rien fait pour l'aider à les défendre. Le besoin d'arrêter les entreprises ennemies , fit changer la forme théocratique du gouvernement , et le pouvoir passa des prêtres aux guerriers. Mais l'armée égyptienne ne fut guère qu'une sorte de milice bourgeoise, destinée à garder les foyers. Cette organisation où la naissance faisait tout, était vicieuse, si l'on en juge par les résultats. L'Égypte, par ses richesses ou bien par l'importance de sa position qui en fit longtemps le centre du monde , attira tous les conquérants et ne sut jamais résister à aucun. Depuis les Hicsos du désert, jusqu'aux Arabes d'Omar, elle n'a su éviter aucune domi- nation. Après les Éthiopiens, les Assyriens, les Perses, les Grecs, les Romains, la France aussi a voulu un jour envoyer ses vieilles bandes sur les bords du Nil. La bravoure et les succès d’une poignée de: soldats, durent étonner ces quarante siècles qui du haut des Pyramides les contemplaient. L'Égypte, qui fut toujours comme le grenier du monde, et sa principale ressource dans les fa- mines (1), mettait dans ses forces une présomptueuse confiance. Elle savait mieux mépriser , qu'éloigner (1) Omnes provinciæ veniebant in Egyptum ut emerent escas, et malum inopiæ temperarent. Genes. €. LI V. 57. les Barbares. Elle se contentait volontiers de la gloire de nourrir ses maîtres. Elle eut pour cor- rompre ses vertus, les vices qui accompagnent trop souvent l'abondance : l'égoïsme et la mollesse. Les Prophètes la comparaient quelquefois à ces grasses et indolentes génisses qui paissaient sur les bords de son fleuve, au milieu des plus épais pâtu- rages (1). Toutefois, si dans l'antiquité l Égypte étendit peu au dehors son influence par ses victoires, elle l'é- tendit beaucoup par ses colonies. Ces conquêtes pacifiques convenaient mieux à son génie agricole. Voici un peuple sorti en quelque sorte de son sein, quoiqu'elle ne l'ait pas enfanté, un peuple qui lui est resté étranger, qui lui a été même de beaucoup supérieur par les croyances, et qui va nous montrer encore mieux l'alliance des idées religieuses et des mœurs agricoles. Seulement en Égypte, nous avons vu surtout l'influence de l'agriculture sur la religion, ici C'est l'influence de Ja religion sur Fagriculture que nous découvrirons. S'ilestune nation que la religion ait formée, c'est, sans contredit, la nation Hébraïque. Or, le peuple (1) Vitula elegans atque formosa Egyptus: stimulator ab aquilone veniet ei Mercenarii quoque ejus versabantur in medio ejus, quasi vituli sa— ginati versi sunt et fugerunt simul, nec stare potuerunt. Jerem C. XLVI. V. 20—21. — 19 — quise développa sous l'influence des institutions mo- saiques, fut, avant tout, un peuple de laboureurs et de pasteurs. I n°y en à point, dit Fleury (1), qui se soit plus particulièrement adonné à l'agriculture. (rédéon battait lui-même son blé et le vannait sur l'aire, quand l'ange vint lui apporter la mission de délivrer le peuple. Le messager du ciel se reposa sous un chêne, dans les champs d'Éphra, et c’est là qu'eut lieu l'entretien avec Gédéon (2). Saül con- duisait la charrue (3). David n'était qu'un berger, et quand il fut roi, et l'un des plus magnifiques, € était encore une grande fête pour ses enfants lorsqu'ar- rivait la tonte des troupeaux (#). Les livres des Juifs nous montrent partout un peuple qui fait de l'agriculture sa principale occu- pation. On sent même assez souvent à travers leurs pages inspirées comme un parfum des champs qui vient se mêler au souffle divin. Quelle délicieuse peinture de la vie champêtre et de la pureté des mœurs antiques, Soffre à nous dans le livre de . Ruth! La jeune Moabite arrive à Bethléem avec Noëmi, au temps où lon commençait à couper les orges (5). Nous voici dans le champ du riche Booz. (1) Mœurs des Israëlites. y. ) Judic. c. vi. v. 14 ) Reg. lib. 1. €. x1. v. 5. ) Reg. lib. 11. €. Xi. v. 43 et seq ) Ruth. €. 1. v. 22. — 16 —. C'est un de ces gracieux vallons qu une plume élé- sante et amie à su si bien décrire, et dont la fer- tilité a fait donner au pays le nom d'Éphrata (1). Les épis dorés et chargés de grains courbent la frêle üige qui ne peut plus les porter. Une nombreuse troupe de moissonneurs arrive au point du jour. Le souffle du matin fait doucement ondoyer les blés, et du sein de la plaine s'élèvent mille bruits harmonieux. La prière de la moisson commence (2). Tournés du côté de l'Orient où flottent de légers nuages de pourpre, avant-coureurs du soleil, les hommes de Booz, selon l'usage, rendent grâces à l'Éternel. Les travaux ont commencé. Les épis pressés tombent sous la faucille. Derrière les mois- sonneurs , les servantes de Booz lient les gerbes (3). Ruth les suit de près; la pauvre étrangère a obtenu du chef des travailleurs la permission de glaner (4). Mais bientôt Booz arrive de Bethléem, comme un maître vigilant , pour présider à ses moissons. « Que le Seigneur soit avec vous, ditl, en saluant (1) Voy. Corresp. d'Orient, par MM. Michaud et Poujoulat, t. 4. p. 206. et t. 5. p. 184. (2) Dans l'antiquité, la moisson commençait toujours par des sacri— tices et par des prières. Falcem matturis quisquam supponat neque ante Aristis quam cereri . Det motus in compositos et Carmina dicat. Georg. 1. 347. (3) Ruth, €. 11. v. 8. (4) Ruth, €. 11. V, 4 me US ve «_ ses serviteurs; ettous répondent : Quele Seigneur « vous bénisse (1)! » Ce premier tableau que nous dépouillons de ses couleurs n'est-il pas encore plein de charmes? C'est la nature dans toute son antique beauté, lorsqu’entre elle et l'homme existe une union sainte et pleine d'harmonie. Nous n’osons toucher à l'entretien de Booz et de Ruth. Il faudrait le transcrire en entier. Mais voici l'heure du repas des moissonneurs. La jeune Moabite y a été invitée. Elle s'assied timi- dement à leur côté. Elle trempe avec eux son pain dans un mélange d'huile et de vinaigre, très propre à ranimer les forces. On lui donne aussi abondam- ment de cette soupe des moissonneurs qui fait en- core aujourd'hui leur principale nourriture. Elle en garde pour sa belle-mère (2). Le repas n’est pas fini que la diligente Ruth s'est déjà levée pour reprendre son ouvrage. Et Booz, charmé de sa candeur et de sa piété filiale, dit à ses gens : « Voudrait-elle couper avec vous les orges, ne « l'empêchez pas ! Mais au moins laissez tomber à « dessein quelques épis de vos javelles, afin qu’elle « puisse les recueillir sans honte (3). » C'est ainsi (4) Ruth, c. 51. v. 44. (2) Ruth, c. 51. v. 45. 16. . (3) Ruth, c. 111, v. 7. | que le soir venu, après avoir battu ses épis, Ruth en tira trois boisseaux de grains, qu'elle porta joyeuse à Noëmi. A la fin de cette Idille divine , nous voyons Booz à l'aire, vannant lui-même son orge; le soir s en- dormant, le repas fini et le cœur gai, près d'un tas de gerbe, et bientôt, par le stratagème de Noëmi, épousant, selon la loi, la jeune Moabite dont il était le parent. Tel est dans Booz le type du pieux israëélite. Les mœurs du livre de Ruth sont celles qui se développèrent sous l'influence de la loi de Dieu, lorsque les temps héroïques de la nation furent passés, et qu'après avoir conquis la terre de Chanaan , le peuple Hébreux sy fixa et mêla aux habitudes de la vie pastorale, celles de la vie agricole. Plus tard, nous voyons à Jérusalem, toutes les magnificences d’un grand état: d'immenses ri- chesses, de superbes monuments, des armées nom- breuses ; mais, c'est toujours l’agriculture qui est le fondement de cette prospérité. Avec l'abondance croît la population. Nul ne pensait alors que cet accroissement püt devenir pour un pays un trop pesant fardeau. Il ne l'est jamais en effet pour un pays agricole. Là, plus il y a d'hommes, plus il } a aussi d’aisance, pourvu qu'ils soient laborieux. L'Égypte, dont l'étendue formerait à peine la 6° partie de la France ,“nourrissait, selon quelques = Des calculs, plus de vingt millions d'habitants. La popu- lation de la Judée était proportionnellement la même. Cette terre de Chanaan, remuée par tant de bras, montrait une inépuisable fécondité. Pour savoir ce que la culture ancienne en avait fait, il faudrait comparer ce que les livres saints et même les auteurs profanes nous disent de ses richesses d’au- trefois, avec cette morne désolation dont elle offre aujourd'hui l'image, et dans laquelle ses longs malheurs l'ont plongée (1). Au plus haut point de sa prospérité , sous Salo- mon, où commencèrent ses relations commerciales, la Judée ne perdit pourtant pas son caractère essen- tiellement agricole. Les métiers y naissent à peine. Elle est toujours étrangère aux beaux-arts. C'est de Tyr que lui viennent ses principaux ouvriers (2). La science de Salomon est celle d’un ami de la nature. Il connaît toutes les plantes, depuis l'hysope jusqu'au cèdre du Liban. Il les a toutes décrites dans de nom- breux et savants ouvrages. Ceux qui nous restent de lui respirent une sagesse divine ; mais cette sagesse est précisément celle qui convient à un peuple d'agriculteurs. Elle enseigne surtout le prix du (1) Voyez à ce sujet de très bonnes réflexions dans l’histoire de Jérusalem, par M. Poujoulat, t. 4. C. 11. p. 28. Voyez aussi Fleury, Mœæurs des Israëlites, ©: vir. (2) Reg: ; lib. nr ©, wir v- 13- D travail. «L'indigence est la fille de là paresse (1). « Celui qui dort en été au lieu de faire sa moisson, «ou qui ne laboure point l'hiver de peur du froid, « mérite de mendier et de ne pas trouver du «_ pain (2). Le bien acquis trop promptement n’attire «_ pas de bénédiction (3). Telles sont ses maximes. Le sage s'applique encore à montrer la pau- vreté frugale préférée à une abondance tumul- tueuse, les inconvénients des deux extrémités, de la misère et de l’opulence. Il entre même dans des préceptes détaillés d'économie : « Pré- « parez, dit-il, vos ouvrages au dehors, et la- « bourez soigneusement votre terre, afin que vous « puissiez ensuite bâtir votre maison (#4). » C'est ainsi qu'une religion divine mêlait à ses conseils sublimes, les conseils utiles de l'expérience et de la sagesse humaine, et fondait le bonheur du peuple élu sur le goût du travail et les habitudes de la vie agricole. Mais, quittons maintenant la Judée, et jetons un rapide regard sur la Grèce. Au milieu de cette va- riété d'éléments dont sa civilisation se compose , (1) Egestatem operata est manus remissa. Prov., €. X. V. 4, ® (2) Prov. C. xIX: v. 5.243. (3) Prov. €. xiIx. v. 21. (4): Prov. ©. XX. v. 10 nous découvrirons cependant cette antique alhance de la religion et de l’agriculture que nous voulons indiquer. Ce n'est pas étonnant, Messsieurs , car la Grèce doit beaucoup à l'Égypte. La civilisation lui est surtout venue des bords du Nil, et c'est précisément par la religion et par l'agriculture qu'elle y fut initiée. Cécrops et Danaüs apportèrent à la Grèce les dieux que son imagination sut tant embellir. Le premier, pourrions-nous l'oublier ! planta l'olivier sur les collines de l'Attique, après avoir appris à ses grossiers habitants à ensemencer la terre. Homère chantait l'âge héroïque de la Grèce, peu de temps après que Salomon écrivait ses Proverbes. Homère avait visité l'Égypte. I a pu connaître la Judée et les doctrines des Hébreux. IL est au moins incontestable qu'il y a des traits nombreux de ressemblance, sous le rapport des habitudes de la vie, entre les héros de FIlhade et de l'Odyssée et les personnages de nos livres saints. Les Patriarches travaillaient de leurs propres mains et se préparaient leurs vêtements et leurs repas , comme Achille et Ulysse. Parmi eux, les filles les plus considérables allaient à la fontaine, comme la belle Nausicaa; et nous voyons que Rebecca , Rachel et les filles de Jethro , v conduisaient leurs troupeaux. Sans parler du savant mais insoutenable paradoxe par lequel la guerre de Troie ne serait plus qu'un épisode défiguré de l'Histoire juive (1) nous dirons que M" Dacier défendait la beauté et la vérité des mœurs homériques, la Bible à la main (2), et l'on sait tout le parti que Grotius à tiré du prince des poètes grecs, dans ses Commentaires sur l'Ancien Testament. Toutefois, ce n’est pas dans Homère que nous voulons chercher la peinture de cette vie simple et religieuse des champs que l'Égypte apporta à la Grèce, quoiqu'à vrai dire, elle ne soit pas absente de ses poèmes et qu’elle forme souvent au contraire le fond de ses tableaux (3). Les arts de la paix et l'agriculture le premier de tous, eurent aussi leur poète qui rivalisa avec le chantre des combats d'Ilion. Hésiode, après avoir célébré les dieux dans sa Théogonie, célébra aussi les joies et les occu- pations de la vie champêtre, dans son poème des Travaux et des Jours. La gloire d'Hésiode, ce n’est pas d’avoir remporté sur Homère cette victoire poé- tique de Chalcis dont parle Plutarque (4). C'est d'avoir mérité qu'on ait pu le dire et le faire ac- croire à la postérité. Au reste, il fut couronné à (4) Hist. des temps Fabuleux, par Guérin du Rocher (2) Préface de l'Iliade. p. xLix (3) V. Iliad. iv. xXvi.. v. 541—555 (4) Banquet des sept Sages I Chalcis, pour avoir chanté l'agriculture et la paix, plutôt que la guerre et le carnage, et c'est sans doute sous ce rapport qu'il fut préféré à Homère. La société grecque, telle qu’elle se montre à nous, dans le poème des Travaux et des Jours d'Hésiode, est déjà une société en décadence. Elle n'a plus rien de la simplicité et des vertus primitives. La fortune s y acquiert par la fraude, et elle y en- gendre la corruption. On voit trois carrières s ouvrir devant l'activité humaine: celle des armes, celle du commerce, celle des paisibles travaux de l’agri- culture. On comprend que la Grèce se précipite volontiers dans les deux premières. Divisée en petites principautés rivales, elle a toujours les armes à la main. Les flots qui baignent ses rivages, les îles nombreuses qui s'élèvent du sein de ses mers, l'in- vitent à la navigation et au commerce. Les travaux paisibles des champs sont de bonne heure dédaignés. Il faut que la voix de la sagesse se fasse entendre pour essayer d'y ramener les hommes. Cette voix est celle qui nous parle dans le poème des Travaux et des Jours. Hésiode avant de célébrer la vie champêtre la lui-même embrassée. Il à quitté les villes et la société des hommes corrompus. Il s'est bâti une cabane au pied de l'Hélicon. Lui-même conduit ses troupeaux aux pâturages. On le voit ensuite gravir là cime de la montagne. Les muses y ont — au A un temple et il en devient le pontife. Deux senti- ments remplissent son cœur : Famour des dieux et des hommes, et ces sentiments débordent de son âme en vers harmonieux. Mythologue dans la Théo- gonie, il est moraliste dans les Travaux et les jours. Mais il est toujours prêtre, soit qu'il chante lori- gine des Dieux , soit qu'il donne des conseils aux hommes. La muse qui l'inspire, c'est l'amour de la religion et de la nature, Cette religion n'est pas pure. Elle environne la vie simple des champs et toute l'économie domes- tique de pratiques superstitieuses. La morale d'Hé- siode vaut mieux quoiqu'elle ne soit pas non plus parfaite. Elle préconise le travail et apprend à fuir l'oisiveté et la misère. Elle aime à donner à ses avis la forme sentencieuse , affectionnée des anciens. Quelquefois on croirait lire le livre des Proverbes. Mais on ne tarde pas à s'apercevoir qu'on respire dans une atmosphère moins pure. Hésiode ressemble de loin à Salomon, comme Homère à Moyse. Mais en vain le prêtre des muses s’efforcera de célébrer les avantages de la vie agricole ; en vain les Rapsodes feront retentir ses chants dans toute la Grèce. Elle est sourde à la voix du poète. Les mœurs anciennes sont de plus en ‘plus oubliées. Tout ce qui a constitué l'ère première de la civi- lisation : l'amour de la religion et de l'agriculture , disparaît peu à peu. Entre la guerre de Troie qui — 20 — marque une époque de puissance et d'unité pour la Grèce, et la guerre Médique où cette puissance renaît et où cette unité se reconstitue, 11 y a des siècles de barbarie, une nuit profonde durant laquelle on n'entend plus que le bruit des armes et le tu- multe des invasions guerrières. Ces races grossières et belliqueuses dont nous avons marqué l'origine et qui ont échappé par une vie à peu prés errante aux influences civilisatrices de la religion et de l'a- griculture , sont arrivées le fer et le feu à la main. La Grèce a son moyen âge qui ressemble au nôtre. On y distingue la plupart des faits sociaux qui se produiront quinze cents ans plus tard dans notre propre histoire : deux peuples sur le même sol ; des conquérants et des vaincus; une sorte de féodalité accompagnée du servage et du mépris de l'agri- culture. Les barbares de la Grèce, comme nos Ger- mains, n'estimaient que le courage et les vertus guerrières. Les arts de la paix tombent dans un profond mépris. On les abandonne aux esclaves. Leur nombre s'accroît prodigieusement, car les po- pulations vaincues ne peuvent échapper à l'asservis- sement que par la fuite. Celles qui restent sur le sol de la patrie sont donc attachées à la glèbe, et les Ilotes de Sparte, comme les Pénestes de Thes- salie ne sont au fond que des serfs. La vieille ci- vilisation grecque abandonne presque toute entière l'Europe et va chercher un asile dans l'Asie Mi- 2e QU neure et dans les îles de la mer Égée. C’est alors que s'élèvent Éphèse, Smyrne, Phocée, Milet et tant d’autres colonies puissantes. Homère et Hésiode appartiennent à cette Grèce d'Asie. Ce sont des ré- fugiés et en même temps des représentants de lan- tique civilisation hellénique. Enfin un mouvement analogue à celui qui dans notre moyen âge poussa l'Europe: contre l'Orient dans les guerres de la croix, pousse la Grèce contre l'Asie. Le grand duel dont la guerre de Troie ne fut qu'un épisode recommence plusieurs siècles après, sous Darius. Une nouvelle confédération se forme. La Grèce retrouve son unité perdue; animée par le sentiment exalté de la nationalité, elle devient invincible. Elle repousse les Perses à Marathon, à Salamine , à Platée, en attendant de les asservir. Au milieu de ces grands évènements toutes les facultés du génie grec se développent d’une ma- nière magnifique ; les beaux arts enfantent des mer- veilles et le beau siècle de Périclès se lève. Mais à cette civilisation brillante il manque à présent une base essentielle: la crainte des dieux et les- time de ces mœurs fortes et pures que donnent les travaux des champs et la pratique de lagriculture. La religion de la Grèce, léger tissu de mensonges eracieux, ne pouvait pas résister aux investigations de la raison une fois éveillée. La philosophie eut bon marché de ces croyances poétiques. Quant à 22. 9pg) l'agriculture on n'y revient plus lorsqu'on l'a quittée. Les travaux champêtres, apanage des esclaves, restent avilis. Et toutes ces grandes guerres sous l'influence desquelles se développe en dernier lieu le génie hellénique n'étaient pas faites pour les ré- habiliter. Les richesses asiatiques, fruit de la vic- toire achevèrent de déprécier les richesses du sol plus sûres, mais plus modestes et plus difficiles à obtenir. La philosophie grecque, toutefois, semble avoir fait de louables efforts, pour réveiller le goût de l'agriculture. Xénophon représente assez bien à nos yeux l'union des mœurs guerrières et des goûts champêtres, sous l'influence non plus de la religion mais de la philosophie. Le disciple de Socrate, ce brillant capitaine dont il est difficile de dire, s'il a acquis plus de gloire en dirigeant cette fameuse re- traite des dix mille, qu'en l’écrivant, nous représente dans les champs de Scillonte le soldat devenu colon. Les terres considérables que Xénophon possédait à Scillonte étaient une sorte de fief guerrier que les Lacédémoniens lui avaient donné pour prix de ses services et d'un dévouement qui fut excessif, puis- qu'il alla jusqu'à lui faire porter les armes contre Athènes, sa patrie, à laquelle il ne put jamais par- donner ni la mort de Socrate ni son propre ban- nissement. Il a décrit lur-mème la vie qu'il y menait (4) et les fêtes magnifiques, moitié religieuses et moitié cham- pêtres qu'il y donnait chaque année aux habitants du pays. C'était en l'honneur de Diane à laquelle, par suite d’un vœu fait pendant la guerre d'Asie, il avait consacré un temple environné d’un domaine qu'arrosait le Selenus. Le fleuve était abondant en poisson et en coquillage. Les fils de Xénophon suivis d'une jeunesse nombreuse chassaient le gibier sur les terres de la déesse qui fournissait encore aux assistants la farine d'orge, le pain et le vin dont ils avaient besoin , une portion des victimes engrais- sées dans les pâturages sacrés et même le dessert qu'on allait cueillir dans un verger planté autour du temple. Cette vie de Scillonte n'est plus la vie agricole des anciens jours. On y voit un homme aimable et puissant qui sait embellir sa retraitre par létude et s y faire encore une grande existence; un sage re- üré du théâtre bruyant des affaires et qui cherche le repos des champs si doux après les agitations de la vie publique. Cependant Xénophon n'aime pas seulement la campagne en philosophe opulent, il avait en agri- culture de grandes connaissances pratiques et dut 1) Anabase, L v. €. a nt pes appliquer dans ses vastes domaines les principes qu'il a su si élégamment et si clairement exposer dans son Économique. Dans ce livre, qui est le plus intéres- sant de ses ouvrages, Xénophon parle de l'agriculture comme du plus beau et du plus nécessaire des arts. Cyrus, est à ses yeux le modèle des princes, parce qu habile dans l'artruralet dans l'art militaire, il sa- wait également cultiver ses terres et défendre ses mois- sons (1). Il montre encore l'agriculture non-seulement comme le plus nécessaire, mais comme le plus facile des arts et il en expose les règles avec une clarté ingénieuse et de la manière la plus attachante. L'ari- dité de ce sujet didactique disparaît sous la forme dramatique du dialogue que Xénophon , comme toute l’école socratique, semble avoir affectionnée. La religion n’est pas absente de l Économique, mais elle y tient moins de place que dans les Tra- vaux el les jours d'Hésiode. Le philosophe de Seil- lonte n'a pas les superstitions du vieux prêtre des muses, mais sa morale n'est guère plus parfaite, Ce n'est le plus souvent que la morale de l'intérêt. Au reste, on éprouve un grand charme à pénétrer avec Xénophon dans tous les détails de l'économie domestique et rurale des anciens, et nulle part on (4) Econ. c. 1v. — 30 — ne saurait trouver un tableau plus fidèle et plus complet des mœurs de la Grèce. Quelle douce phi- losophie, dans le disciple de Socrate et que de graces dans cette parole toujours si simple et pourtant si ornée et si harmonieuse ! C'est le génie de notre Fénélon; ou plutôt il faut dire que l'auteur du Télémaque doit en grande partie la magie de son style à une étude approfondie de Xénophon, auquel il sait ajouter, au besoin, la couleur homérique. Mais tandis que, dans son Économique (1), le philosophe de Scillonte écrivait l'éloge de lagri- culture et l'a recommandait à son pays comme la nourrice des fiers courages et des corps ro- bustes, un peuple ignoré de la Grèce, un peuple dont ni Hérodote, ni Thucidide n'avaient daigné s'occuper, $s élevait à l'Occident. Il ne dissertait pas d'une manière savante sur l'agriculture, mais il s'y livrait; et par la plus sévère discipline, il se préparait à l'accomplissement de ses grandes desti- nées qui devaient entraîner celles du monde entier. Le secret de la puissance romaine fut tout entier dans ses mœurs austères dont les traits principaux sont la frugalité, le désintéressement, le respect des dieux et la pratique constante des rudes tra- vaux de la guerre et de là campagne. C’est en 1) C. v. ibid \ formant un peuple grave et religieux , un peuple de laboureurs et de soldats que Rome forma les maîtres du monde. Le vrai fondateur de Rome, ce n’est pas Romulus, € est Numa. En lui se fit l'alliance de la religion et de l’agriculture, fondement de la pros- périté publique. On sait qu'il ne quitta qu'avec peine ses montagnes de la Sabine, ses champs, ses troupeaux, ses pratiques religieuses, pour venir gou- verner la türbulente cité de Romulus. Les institu- tions de Numa laissèrent dans le peuple une profonde empreinte qui ne s'effaça qu'au moment où com- mença sa décadence. Elles avaient pour but d’at- lacher les romains à la culture des terres et au respect des dieux. Elles mirent sous la sauvegarde de la religion tous les droits de la propriété et le dieu Therme ne le cédait pas même à Jupiter. C'est à elles, sans doute, que les Tribus de la campagne durent cette prééminence d'honneur sur les Tribus de la ville dont parle Pline (1). Enfin elles mirent si bien l’agriculture en honneur que plusieurs siècles après Numa, Rome tirait encore ses grands hommes de la charrue comme elle en avait tiré Numa lui- même. On montre encore au de-là du Tibre les prairies (4) Rusticæ tribus laudatissimæ, urbanæ vero in quas transferri ignominiæ esset, (lesidiæ, probro. Hist. Nat. lib. xvus €. 3. — 32 — de Quinüus. C'est là que Q. Cincinnatus cultivait de ses propres mains un petit héritage, lorsque le Sénat vint le supplier d'accepter la dictature et de sauver la république. Regulus semait son champ quand il apprit qu'il avait été nommé consul (1). Curius l'avait été trois fois, et après les victoires les plus éclatantes, il était retourné à la charrue n'emportant pas d'autre butin qu'une écuelle de bois pour offrir aux dieux des libations. Les premiers siècles de la république sont pleins, on le sait, de pareils exemples. Ces mœurs austères demeurèrent longtemps in- tactes. Les relations avec la Grèce commencèrent à les altérer. La Grèce agit sur Rome par ses idées avant d'agir par son luxe. I lui fallut ébranler les croyances pour changer les caractères. Les maximes d'Épicure avaient énervé les âmes, lorsque les trésors de l'Asie enlevés à la Grèce achevèrent de les corrompre. Plutarque raconte (2) que Cynéas ayant, à la table de Pyrrhus, exposé la philosophie d'Épicure devant Fabricius, « puissent tous les «_ ennemis de ma patrie, s’écria le romain, adopter « de pareils principes l» [ls pénétrèrent dans Rome, (4) Plin. ibid. (2) Vie de Pyrrhus vs DR - sur la fin de la république, malgré les défenseurs des mœurs anciennes. On sait toute la résistance que le vieux Caton leur opposa. L'austère censeur voulait, sans distinction, qu'on chassât de Rome tous les philosophes de la Grèce. I les regardait comme bien plus capables de corrompre là jeunesse que les poètes dont Platon ne voulait pas souffrir la présence dans sa république. Caton, à son point de vue, avait raison. Les mœurs reposaient sur la religion , et celte religion ne pouvait pas se défendre contre les doctrines étrangères. La philosophie grecque ruinait sans peine ces vielles et absurdes superstitions. L'accord de la foi et de la raison ne sera jamais possible qu'entre la vraie religion et la vraie philosophie. Le génie de l'antique Rome se montrait encore une fois dans -Caton et devait bientôt disparaître sans retour avec lui. Général comme ces vieux ro- mains qu'on allait chercher à la charrue, il aurait su la manier comme eux. Il fut le premier qui traça des préceptes pour l'agriculture (1). Son Traité de Re rusticä est même le seul de ses ouvrages qui nous soit resté (2). C'est un curieux monument qui porte sa fidèle empreinte et qui est écrit dans ce vieux et rude (4) Rusticationem primus instituit. Colum. (2) On trouve le Traité de Caton, dans le Rei rusticæ scriptores, eité ci-dessus. 3. — 34 — langage que les rhéteurs de la Grèce n'avaient pas encore appris à assouplir. L'on y peut lire au début une violente attaque contre les arts de lüxeet contre le commerce qui semble les favoriser. Quelque temps après, le plus savant des romains et probablement aussi de son temps le plus re- ligieux, Varron, essaya de défendre le culte na- tional et consacra à l’agriculture les dernières années de sa vie presque centenaire. Il écrivit sur l'éco- nomie rurale, un précieux traité, le seul aussi de ses 500 ouvrages qui soit parvenu jusqu à nous (1). Le sage vieillard invoque en commençant son livre les dieux favorables aux travaux champêtres comme le poète d'Ascra qu'il semble avoir voulu imiter. Au reste n'y a-t-il pas quelque analogie entre les efforts pieux de Caton et de Varron à Rome, et ceux d'Hésiode dans la Grèce ? Les uns et les autres luttaient contre les vices de leur temps: Hésiode contre les vices qu'amenait la barbarie, les deux romains contre les vices qu'amenait la civilisation. Tous opposèrent au torrent la même digue: le respect des dieux, le retour aux mœurs simples et graves des aïeux, l'amour et la pratique des (1) On le trouve aussi dans le Recueil qne nous venons de citer, mais de plus, on vient d'en faire une nouvelle édition , accompagnée d’une traduction dans les Classiques-Latins de M. Pankouke et dans la Collection de M. Nisard. VER Qa travaux agricoles. Ils furent tous également im- puissants. A Rome, l'influence des arts et des doctrines helléniques resta bientôt victorieuse. Le moment précis de la transition est marqué par ce grand homme, qu'on a appelé le dernier des Romains à cause de sa mort, et qu on pourrait appeler à Rome le premier des Grecs à cause de sa vie. C’est Rome, en effet, qui avait formé le cœur de Cicéron, mais c'est la Grèce qui avait formé son esprit. Malheu- reusement l'esprit tint beaucoup plus de place que le cœur dans la vie du grand orateur. Qui voudra examiner attentivement ce qu'il montra d'énergie et de faiblesse, de noble orgueil et d'insatiable vanité , ses grandes actions et ses fautes déplo- rables, les angoisses de son âme, les fluctuations de sa politique , reconnaîtra aisément qu'il y avait en lui deux génies qui se combattaient : le génie des anciennes mœurs et des anciennes traditions de la patrie qui le poussait vers Caton et Pompée, et le génie des mœurs nouvelles et de la brillante civi- lisation de la Grèce qui l’attirait malgré lui du côté de César. Je comparais plus haut Caton et Varron à Hésiode, je pourrais encore mieux comparer maintenant Ci- céron à Xénophon. Le philosophe de Scillonte est un de ceux qui ontle plus agi sur le philosophe de Tus- culum. [lui légua le fonds et la forme de ses idées : le nn ue miel attique qui découlait de ses lèvres et l'harmo- nieuse pureté de son langage. Il lui légua aussi son amour philosophique pour la vie champêtre. Cicéron a vait traduit l' Économique de Xénophon ; il nous apprend que comme l'auteur del Économique il avait un goût passionné pour l'agriculture et pour la li- be rté des champs (1). Il aimait cette vie avec.d'au- tant plus d'ardeur , qu'entraîné par les affaires publiques , il en pouvait moins jouir. Il écrivait à Atticus, qu'une villa dans les fau- bourgs de Romeluiétait indispensable (2). Là, sans trop s'éloigner du sénat et du Forum , il pouvait au moins se dérober un instant aux amis importuns qui venaient l'assiéger de grand matin dans sa ma_ gnifique maison du Palatin et à cette foule de clients qui remplissaient son portique. S'il était fatigué sans être malade, il se sauvait à Tusculum (3). Les bruits de la ville venaient expirer au pied de ces gracieuses collines où l’on respire encore aujourd'hui un air si pur, et d'où la vue s'étend sur Rome et sur toute la campagne voisine. La demeure, em- bellie par Sylla, était déjà d’une magnificence in- finie quand Cicéron l’acheta, et vint encore ajouter (1) Venio nune ad voluptates agricolarum quibus ego incredibiliter delector. In Cat. maj. (2) Suburbano non facile careo. Epist. 88. Collect. Nisard. Paris, 1841. (3) Epist. 91. He au luxe de son ameublement et à la somptuosiié de ses constructions. C'est pour elle surtout qu At_ ticus dépouillait à prix d'argent la Grèce de ses statues et de ses tableaux. Cicéron y possédait une bibliothèque grecque et latine, qui était une des plus riches de toutes celles qu'il avait dans ses villas. Car, Tusculum n'était pas son seul domaine. L'I- talie était couverte de ses maisons de campagne , sans compter les fonds de terre, prædia. Toutes ces maisons étaient, d'après son témoignage, des habitations délicieuses, situées en général en face de la mer et échelonnées à de courtes distances, sur la route de Rome à Naples, de telle sorte qu'il pouvait en rencontrer une à chaque station. Pour ne citer ici que les plus connues, il avait à quelques mille de Tusculum, près de la côte, la villa d’Antium, retraite solitaire, environnée d’une forêt de chênes et d'oliviers sauvages, lieu propre à l'étude etoù Cicéron avait réuni sa meilleure collection de livres (1). Il avait un peu plus loin Asture, sur une pointe qui s'avançait dans la mer; lorsque la douleur le visitait ou que les ennuis de la politique et les inalbeurs des temps remplissaient son âme naturel- lement gaie d'une noire mélancolie, c'était le séjour qu'il préférait : avec ses sombres allées, le bruit 4) Nihil quietius, nihil alsius, nihil amænius. Episi. 411 des flots, cette mer qui l'entourait et dont les tem- pêtes, les écueils, le calme trompeur ressemblaient si fort à la république, il convenait très bien à son esprit triste et agité. Plus loin et dans le voisinage de Caïete étaient ses deux villas de Formies : l’une sur la montagne , l'autre au milieu de ces délicieux jardins couverts d'orangers qui descendent jusqu'au rivage de la mer. C'est là qu'un jour, fatigué de fuir sa destinée, le grand homme fera arrêter sa litière devant les si- cares d'Antoine, et présentant noblement au glaive sa tête blanchie , saura mourir avec la république. Il y avait ensuite après Formies, l'agréable Si- nuesse, un simple pied à terre, diversoriolum Sinues- sanum , bien pourvu toutefois de ce vin fumeux du Massique qu Horace célèbrera bientôt (1). Dans les grandes chaleurs de l'été, les champs paternels d’Arpinum servaient de réfuge (2). Ci- céron y avait réuni toutes les preuves plus ou moins authentiques d'une haute noblesse. Il les opposait volontiers aux dédains de la jeune aristocratie romaine quand celle-ci, pour se venger de ses rigueurs , le traitait parfois de parvenu et d'homme nouveau. Mais nous ne saurions nous arrêter partout. (4) Epist. 698. (2) Epist. 149 Een 0 = Franchissons les plaines fertiles de la Campanie ; ne nous laissons pas même séduire par la délicieuse Capoue. Voici Naples avec son golfe, ses brises embaumées, son volcan. Dangereuse Syrène, elle a su attirer Rome toute entière. Les plus graves sénateurs sont devenus ses courtisans. De Sorrente à Baïa, leurs villas somptueuses .couvrent tous les rivages. Cicéron étouffe le cri de sa conscience de vieux romain. Naples, après tout, c'est encore la Grèce, sa seconde patrie. Il se laisse entraîner àsontour, mais non à demi. Il possède au moins trois villas dans les environs. L'une sur les rivages même de Baïa (1). Elle est bâtie sur le plan de l'aca- démie d'Athènes, et la mollesse s y cache sous le manteau de la philosophie. La seconde, sur les bords du Lucrin. Ce n’est qu'une petite maison minuscula villa, où lon va manger les excellentes huîtres que le lac produit. Enfin, de l'autre côté de Naples s'élève la villa de Pompei, aussi somp- tueuse que celle de Tusculum (2). Pline y avait vu une table de cèdre, d’un travail si beau, que Cicéron l'avait payée 200,000 sesterces ( près de 100,000 fr. de notre monnaie (3) ). (1) Epist. 467-703. (2) Epist. 738. (3) Pour de plus amples détails sur les villas de Cicéron, on peut voir son Biagraphe anglais Middleton. Je dois d'excellentes notes sur la position de ces villas à mon savant ami, M. Remacle , d'Arles = Mo Que nous sommes loin du champ de quatre arpents que Quintius labourait de ses mains, et de l’écuelle de bois du vainqueur des Samnites ! À Nous pourrions demander compte à la philosophie de Cicéron de tant de richesses accumulées, nous pourrions en demander compte surtout à son époque, puisqu'elle lui permit de s'enrichir autant, sans pa- raître trop avide et sans rien perdre de l'autorité de sa parole dans ses éloquentes invectives contre les exactions de Verrès. Mais nous craignons que les goûts champêtres du philosophe de Tusculum nous aient entraîné trop loin. Que dirons-nous maintenant des temps qui suivirent ? Rien, si ce n’est que dans cette espèce de restauration tentée par lastucieuse politique d'Octave , quand il fallut avec tous les dons de la paix, remplir le vide de la liberté et de la gloire , il s'opéra un mouvement vers les doctrines et vers les mœurs du passé. Après les horreurs des guerres civiles, comme cela arrive d'ordinaire, on se prit à aimer de nouveau les solennités religieuses, l'innocence des champs, la simplicité des habitudes pastorales. C'est au milieu de cette réaction, favo- risée par Auguste, que Virgile, pieux entre les poètes comme Enée entre les héros , composa ses Églogues et ses Géorgiques, en s'aidant des sou- venirs de son enfance, passée dans le modeste champ que son père culüvait à Mantoue. Il fut l'Hésiode latin de l'agriculture, en attendant que moins d'un siècle après lui, le sage Columelle en fût le Solon. Mais tandis que le grand poète se faisant l'écho des vagues pressentiments de son époque , prenait tout-à-coup un vol sublime, célébrait la naissance du fils mystérieux de Pollion, chantait le retour de l'âge d’or sur la terre et les dieux de nouveau mêlés parmi les hommes , la réalité dont ces fables ingénieuses n'étaient que la figure s’accomplissait en un coin de la Judée. Dans le village de Booz, naissait d’une fille de Ruth la Moabite, l'enfant véritablement divin; l'aurore d’une immense réxe- lution religieuse et sociale avait lui sur le monde. Je n'ai rien à dire ici, Messieurs, de la révo- lution religieuse accomplie par le Christianisme. Quant à la révolution sociale dont il est l'auteur et qui va se continuant à travers les siècles pour finir seulement avec les destinées de l'humanité qu'elle à pour but de conduire au plus haut point de perfec- tionnement, je dois me borner à n'en montrer qu'une étroite face , celle qui regarde mon sujet: et encore, obligé de me renfermer dans des limites que je crains déjà d'avoir dépassées, je vais me borner à l'indiquer rapidement. Le Christianisme a exercé sur toute l'économie agricole une salutaire et décisive influence, par les idées qu'il a fait prévaloir, par les exemples qu'il a donnés, par les institutions qu'il a fondées. L'âme de l'agriculture , c’est le travail ; l'âme et à gloire du travail, c'est la liberté. Quand la liberté manque au travail, ilest flétri ; sa fécondité est tarie ; il est bientôt abandonné. Le Christianisme a d'abord réhabilité l'idée du travail que la société antique, en se corrompant , avait avilie ; puis 1l à fint par réhabiliter le travail lui-même en l'affranchissant. Mais avant de l'affranchir, il l'avait ennobli , il l'avait sanctifié, il en avait fait une obligation pour tous, une loi commune, un puissant moyen dé salut et de perfectionnement moral. A son arrivée, le monde était partagé entre un petit nombre de privilégiés de la fortune et souvent du crime et une multitude infinie d'esclaves, con- damnés par leur naissance aux plus rudes labeurs. Le Christianisme a d’abord jeté l'anathème à l'oisiveté et à la richesse; puis il a visité l'eselave, il l'a béni, il l'a serré dans ses bras , il la montré par son âme l'égal du maître, en attendant qu'il lui fut supérieur par ses vertus. [l n'a pas tout-à-coup et violemment brisé ses fers, mais il lui a appris à être libre dans les fers: 1} Lui à fait commencer le rude appren- lissage de la liberté. I lui a dit que son abjection ne venait ni du travail, ni de la pauvreté, mais du mal et de la corruption ; et que la grandeur et l'indépendance véritables ne consistaient ni dans loisiveté, ni dans les richesses, mais dans la vertu. L'esclavage antique avait pour fondement deux idées fausses : l'inégalité originelle des hommes el l'avilissement du travail des mains, et surtout du travail des champs, le plus rude de tous. Le Chris- tianisme a changé ces deux idées, et par là, sans détruire l'esclavage , il la rendu impossible. Il à enseigné aux hommes qu'ils avaient tous le même père et qu'ils ne formaient qu'une seule et même famille; et que c'était, de la part des sociétés et des philosophies anciennes, une erreur et une impiété d'avoir cru que les uns étaient nés pour servir et les autres pour dominer. Il a ensuite pris à tâche non-seulement de relever et d’ennoblir le travail en général, mais le travail des mains en particulier. Qui pourrait dire, ce qu'il est sorti de gloire pour louvrier de cette boutique de charpentier de Na- zareth, où le divin auteur du Christianisme s'est enfermé pendant trente ans de sa vie! Quand il en est sorti pour accomplir sa mission , dans quels rangs de la société est-il allé chercher ses disciples ? Parmi les travailleurs. Voyez Paul, le plus grand de tous par le génie, voyez-le, montrant à ceux de Milet et d'Éphèse, ses mains qui porte les stigmates glorieux du travail et s'écriant avec un noble orgueil : « Ces mains, vous le savez, ont suffi « à mes besoins et aux besoins de mes frères. Je ne « Vous ai jamais demandé ni votre or, ni votre «argent, et par leur secours, j'ai pu goûter même —. 44 — « la Joie dont parle le maître : Il est plus doux de « donner que de recevoir (1). » Dans ce sentiment de juste fierté par lequel l'homme relève la tête sous les nécessités de la vie et ne demande qu'à son travail le pouvoir de les surmonter, il y a toute une révolution morale. Ce sentiment qui faisait battre le grand cœur de Paul , le Christianisme la fait passer dans le cœur du peuple. La société nouvelle est entrée dans cette voie ouverte par ses chefs. Elle a embrassé volontai- rement la loi du travail. Elle a choisi de préfé- rence le travail des mains comme plus propre à fournir au corps sa nourriture, en laissant à l'esprit sa liberté (2). L'église de bonne heure ÿ soumit les clercs. Les constitutions apostoliques et après elles le qua- trième concile de Carthage que le grand évêque d'Hypone animait de son esprit, veulent que les clercs gagnent leur vie, en exerçant un métier ou en se livrant à l'agriculture (3). (4) Acta apost. €. xx. v. 33, 34, 35. Epist. ad Thess. 2. C. 3. v. 7,8, 9540: (2) Operantur manibus éa quibus et corpus pasci possil el a Deo mens impediri non possit. Aug. de morib. Eceles. Cath. Lib. 1. C. 31. (3) L'auteur des Constitutions Apostoliques s'exprime ainsi: Vos vero in ecclesia adolescentiores, Sstudete ut in omnibus quæ opus erunt naviter ministretis ; et opera vestra cum omni honestate exer— cæle, ut per universum vit&æ tempus, tum vobis tum egentibus ne- 7 ee Augustin regretlait lui-même que les soins nom- breux de son épiscopat ne lui permissent pas de travailler. de ses mains comme lavaient fait les Apôtres (1). Paulin de Nole, malgré sa naissance illustre , faisait au besoin le jardinier (2), et sans parler de plusieurs autres que nous pourrions citer, notre grand Hilaire d'Arles se livrait, à la tête de ses clercs, à des travaux manuels (3). cessaria suppetant, ne necesse sit vobis ecclesiæ graves esse... = Partim enim nostrüm sunt piscatores, partim tabernaculorum opi- fices , partim agricolæ , ne umquam otiosi simus. Lib. 11. C. 63. Le Concile 1v de Carthage a fait trois Canons, pour recommander aux clercs le travail des mains. Clericus quantum libet verbo Dei eruditus, artificio victum quærat. Can. 51. ë Clericus victum et vestitum sibi artificiolo, vel agricultura, absque officii sui detrimento quærat. Can. 52. Omnes Clerici qui ad operandum validivres sunt et artificiola et litteras discant. Can. 53. (4) Dominum Jesum testem invoco quoniam quantum attinet ad meum commodum, multù mallem per singulos dies certis horis, quantum in bene moderatis monasteriis constitutum est, aliquid manibus operari .... quam tumultuosissimas perplexitates causarum alienarum pati de negotiis sæcularibus, vel judicando dirimendis, vel interveniendo præcidendis, quibus nos molestiis affixit apos- tolus ,..… quas tamen ipsum perpessum fuisse non legimus. Aug. de opere Monach. c. 38. (2) S. Grégoire-le-Grand raconte que Paulin de Nole, issu d’une des plus illustres familles de l'empire, non content d’avoir foulé aux pieds d'immenses richésses, poussa le dévouement jusqu’à se vendre lui-— même, pour racheter de l’esclavage le fils d'une pauvre veuve. Son maître lui ayant demandé quel métier il savait, il répondit qu'il saurait cultiver un jardin : Respondit artem quidem aliquam nescio sed hortum bene excolere scio. Quod vir gentilis valde libenter accepit, euminnutriendis olertbus quia peritus esset, audivit. Dial. lib. 11 €. 4. (3) Voici comment en parle l'auteur de sa Vie, S. Honorat, évêque + ARR LE Les moines suivirent l'exemple des clercs et comme eux se firent une loi du travail des mains. On trouve cette loi dans toutes les règles monas- tiques de l'Orient et de l'Occident (1). Toutes prescrivent le travail des mains comme un exercice salutaire à l'âme et au corps, et comme le plus sûr et le plus honnête moyen de pourvoir à sa subsis- tance (2). Le superflu du travail était la part du pauvre, du malade et de l'étranger. —————_—_—————_—_— de Marseille, son disciple : Cum primum speculatoris susce itofficium, in seipso primum monstravit quemadmodum congregatio mundum contemneret, corpus despiceret, el vitia superaret, fatigaretur la- boribus, manuum quoque operibus continuis vescerelur, sanctis pa— ginis inhæreret, jejuniis vigiliisque studium commodaret , unius tu- nicæ tegmine æstatis ardorem et hyemis rigorem contentus toleraret, iter pedibus conficeret ; talia sibi, suisque ingerens documenta: «Man— « ducandi necessitas incumbit, semina jaciamus: vini perceptio præ- « sumenda, vineas excolamus. » Implevit illud apostolicium, ne quem forte gravaret otiosus, victûs proprii habita ratione. Si quid operis superfuerat, misericordiæ deputabat expensis. Vita S. Hil. Cap. vi. Dans les œuvres de S. Léon, édit. de Quesnel, t. 2. p. 366. Gennade parle de S. Hilaire de la même manière : Hilarius pauper- tatis amator, et erga inopum provisionem non solum mentis pietate sed et corporis sui labore sollicitus fuit. Nam pro reficiendis paupe- ribus etiam rusticationem contra vires suas homo genere clarus et longo aliter educatus exercuit. De scrip. Eccles. (4) Voir Cassien, Ins. liv. 2. Ch. 3. — Conf. XXIV. Ch. xI et XII. —S. Basilii ascetica. Sermor. de ascetica disciplina, quommodo monachum ornari oporteat. €. 1. Voir aussi: Regulæ fusius tractatæ, interrog. XXXVII XXXVIIL XXXIX. XL. — S. Bened. Reg. c. 48. Certis temporibus occupari debent fratres in labore manuum, certis iterum horis in lec- lione divina. (2) On connait la grande dispute qui s'éleva au XvIIme siècle, sur Pobligation du travail des mains, pour les moines. La dispute naquit , on le sait, du Traité de la Saintete et des devoirs de la vie monastique, par l'abbé de la Trappe. M. de Chateaubriand vient d'écrire de ce livre : re LA Dans les monastères de l'Égypte, on fabriquait ordinairement des sandales de bois, des paniers « Le travail de Rancé apprendra à ceux qui ne le connaissent pas, « qu'il y a dans notre langue un bel ouvrage de plus. » Le savant Ma— billon répondit à l'abbé de la Trappe, par son Traité des Études monas- tiques. Il ne nie pas l'importance et l'obligation pour les moines de se livrer au travail des mains, mais il soutient qu’on peut y substituer l'étude. C'était aussi l'opinion de Thomassin, qui allait même plus loin que le docte Benedictin sur ce point. {Ancienne et Nouvelle discipline part. 111. iv. 11. Ch. x1). Rancé répliqua à Mabillon. Cette réponse est aussi remarquable que le premier Traité. Nous en citerons le passage suivant à l'appui de ce que nous avons dit, touchant l'obligation du travail des mains dans les monastères : « Il est aisé de montrer par toutes les règles des moines, par le sentiment des docteurs de l’église, qu’il n’y a point de pratique, ni « de régularité dans l'Ordre monastique qui ait été plus établie ni plus « autorisée. « S. Grégoire de Nazianze el S. Basile l’enseignent dans leurs Cons-— « titutions monastiques ; et S. Basile , dans ses grandes Règles , fonde « cette obligation sur la parole de J.-C. et sur l'exemple des Apôtres. « $. Jean—-Chrysostôme prouve la même vérité en plusieurs endroits dans ses Homélies. « S. Jérôme l'enseigne partout. « S. Augustin, dans son ouvrage du travail des Moines. « S. Ephrem, dans ses Sermons ascétiques. « Cassien (instit. 1. 2 c. 3.), rapporte que les Solitaires d'Égypte, « se réglant sur les ordonnances de S. Paul, ne souffraient pas que les « frères demeurassent sans travail; et que non-seulement ils sub— « sistaient du travail de leurs mains, mais qu'ils en nourrissaient leurs « frères et qu’ils envoyaient des sommes immenses, jusques dans les « lieux de la Lybie les plus éloignés. « Rufin confirme la même chose. « S. Euthème disait que ceux qui avaient renoncé au monde, de- vaient s'employer sans cesse aux ouvrages des mains, pour dompter la chair, et pour imiter l'exemple de S. Paul. « Le concile d’Autun met le travail parmi les obligations des moines. « Conc. August, an 670. « S. Bernard ne condamne rien tant que l’oisiveté des moines de son temps, et a toujours compté le travail entre les obligations princi— 2 AB > d'osier et des nattes. C'était comme des manufac- tures. Ces monastères avaient des bateaux qui des- cendaient le Nil et venaient vendre leurs produits au marché d'Alexandrie, le plus souvent au profit des pauvres (1). Dans l'Occideut on préféra de bonne heure aux métiers les travaux agricoles. La vie des champs semble avoir en effet quelque chose de plus pur, de plus propice à la méditation, de plus rapproché de la Divinité que la vie enfermée de l'artisan. Qui pourrait dire tous les services rendus à l’a- griculture et à la civilisation, par cette forte disci- pline des monastères qu'on à tant calomniée ! Les Bénédictins seuls ont défriché la moitié de l'Europe. L'Angleterre et lfrlande durent à des moines « pales des Solitaires : le travail, la retraite et la pauvreté volontaire « sont comme les titres d'honneur et les ornements de la vie solitaire. « Labor latebræ voluntaria paupertas, hæc sunt monachorum in- «“ signia, hæc solent vitam nobilitare monasticam. (Ep. 24). » Reponse au Traité des Études monastiques, Ch. XIV. Mabillon ne se tint pas pour vaineu, il répliqua à l'abbé de la Trappe avec beaucoup d’érudition, de calme et de raison. Ceux qui ne pour- raient pas lire ces divers Traités peuvent en voir des analyses dans la Vie de Rancé, par M. de Chateaubriand. La dispute dont nous venons de parler y est très bien exposée. C'est dans ce livre que nous ne pouvons, ni ne devons juger ici, un des rares endroits dignes à la fois de l’auteur et du sujet. (4) Nullo modo namque satagunt ut hæc sibi abundent, sed omni modo agunt, ut non apud se remaneat quod abundaverit, usque adeo ut oneratas etiam naves in ea loca mittant, quæ inopes incolunt. Non opus est plura de re notissima dicere. Aug., de morib., Eccles., Cathol. lib. 1 ©. LXVH — 419 — hon-seulement les bienfaits de la foi, mais encore ceux de la culture intellectuelle et de là culture du sol (1). Il en fut de même de la Gaule septen- trionale et de la Germanie. L'irlandais Colomban et ses disciples firent pour l'Helvétie et toute cette partie de l'ancienne Gaule qui avoisinait l'Alle- magne, ce que plus tard le moine Winfried, le grand Boniface, fit pour l'Allemagne elle-même. [Is convertirent et fertilisèrent le pays (2). Au midi comme an nord, nous trouvons dans le sol les traces profondes des institutions monastiques. En Espagne, S. Isidore de Séville, l’homme le plus étonnant du VIlme siècle, écrit dans sa règle pour les moines d'Honori, la loi du travail des mains (3), et donne dans ses Origines, ouvrage véritablement encyclopé- dique, des préceptes pour les travaux des champs (#). Aussi, c’est particulièrement à ses moines et à ses curés que l'Espagne a dû son agriculture (5). Ce (1) Voyez Lettres sur l'Histoire de la Réforme en Angleterre’et en Irlande , par W. Cobbett, t.1. Lettres 1v et v. (2) Voyez un excellent Mémoire de M. Mignet, sur l'Introduction de l'Ancienne Germanie, dans la société civilisée de l’Europe Occidentale lu a l'Académie des Sciences Morales et Politiques (3) Isid. Reg. c. 5. (4) Etymologiarum, lib. xvu. Cap. de Rebus rusticis. (5) Cavanilles, Observaciones sobre la Historia Naturale, etc. Del regno de Valencia. Madrid, 4795, in-f, t. 2, cité par l'abbé Grégoire, dans son Essai Historique, sur l’état de l'Agriculture en Europe , au XVime siècle, Ce travail du citoyen Grégoire est très savant. On le trouve dans le fer volume des OEuvres d'Olivier de Serre , à la suite de 4. — 0 — furent encore des moines qui apprirent à la Lom- bardie l'art des irrigations, au moyen duquel l'agri- culture de ce pays a devancé d'environ un siècle celle des nations voisines (1). Conquérants pacifiques, les moines marchaient,. la Croix et la bêche à la main (2). Leurs abbayes étaient de vraies colonies agricoles. Souvent, après avoir fertilisé de vastes domaines, ils les cédaient et prenaient en échange des fonds stériles. On bâtissait autour de leurs couvents, et c’est ainsi qu'un grand nombre de villes et de villages se sont fondés. Mais que serait devenu le monde, dans les invasions des Barbares , sans les monastères ? Ils furent les cita- Péloge de ce dernier, par François ( de Neuf-Chateau ), 18 septembre 1803. Le fougueux républicain qui sut pourtant quelquefois, en ce qui concernait la religion, résister aux préjugés et aux passions de son parti, rend pleine justice aux institutions monastiques et à la salu- taire influence quelles exercèrent sur l’agriculture. fl ne pouvait s'empêcher d'aimer les moines pour deux choses : d’abord, parce qu'ils avaient mis en honneur le travail des mains ; et ensuite, parce qu'il trouvait dans les monastères une image de la république. « Les « moines, dit-il, jadis trop préconisés , aujourd'hui trop décriés, les « moines, espèce de république dont les règles offraient depuis long— « temps l’image du système représentatif, avaient remis en honneur « le travail des mains ei recueilli les procédés utiles de l’art rural. » L'abbé Grégoire demandait aussi, dans l’intérèt de l’agriculture, que les curés eussent une dotation en fonds territoriaux.— Mémoire pré— senté à l’Académie de Paris. (1) Lavezari, traducteur italien de Metterpacher, qui retrace les services rendus à l’agriculture par les moines , et spécialement par ceux de Chiaravalle. Elementi d’'Agricoltora. Milano, 1784, cité par babbé Grégoire, dans son Essai. (2) Les Bénédictins devaient toujours porter une serpe à la main et ne s’en séparer que la nuit. Reg. S. Bened. €. 22 = delles du christianisme et de là civilisation. Dans leur enceinte ont été conservés non-seulement les monuments de l'antiquité classique , mais encore les procédés de l'art rural (1). La bêche et la charrue y trouvèrent un asile comme les chefs-d'œuvre de l'esprit humain. Mais ce qui s'abrita surtout sous les murailles des abbayes, ce fut le génie chrétien, le génie de la paix, de la charité, des lumières et du travail. Il en sortit bientôt; car ce n’était pas assez d'a- voir soutenu le choc de la barbarie , il fallait con- vertr et civiliser les Barbares. Le monde appar- tenait encore une fois à des hommes grossiers qui n estimaient que les vertus guerrières et méprisaient profondément tous les arts de la paix ; à des hommes qui ne voulaient rien tenir que de leur épée et pour qui travailler, c'était déroger (2). Alors commence une longue lutte, lutte terrible entre le génie chrétien et le génie de la barbarie : entre la paix et la guerre, entre la force morale et la force brute, entre l'igno- rance et les lumières, entre le travail modeste et l'oisivete superbe. C'est le moyen âge dont je puis à (4) Paginam pingat digito qui terram non præscindit aratro. S. Ferreol. Reg. c. 28. (2) Nec arare terram aut espectare annum, tam facile persuaseris, quam vocare hostes et vulnera mereri : pigrum quinimmo et iners videtur sudore adquirere, quod possis sanguine parari. Tac. German. c. xiv. Ces traits sous lesquels Tacite représente les Germains Con viennent à tous les Barbares CE — 92 — peine dire un mot. On y voit comme deux courants d'idées qui s’'avancent en sens contraire. L'un vient du nord; il amène la barbarie. L'autre du midi ; il amène la civilisation. Ces deux courants quel- quefois se rencontrent et se mêlent, d'autres fois marchent parallèlement et produisent des effets dis- üncts. Les institutions Carlovingiennes sont le ré- sultat d’une grande fusion où se rencontrent pêle- mêle des éléments de barbarie et des éléments de civilisation. Dans les Capitulaires, les idées et les influences chrétiennes dominent. On y trouve tout un système d'administration, tout un ordre de sen- liments nouveaux, et puis, ce qui est remarquable des détails d'économie rurale qu'on chercherait vainement dans les lois purement barbares des temps précédents. Les Capitulaires mènent au droit Canon qui va bientôt fleurir, et au droit Romainqui vabientôt renaître, € est-à-dire, au triomphe du génie religieux et du génie civil sur le génie belliqueux et barbare. Le clere et le juriste feront la loi au guerrier. Mais en attendant cette victoire, la société semblable à Rebecca , porte dans son sein deux génies, dont l'un est doux l'autre grossier et sauvage, et dont les combats la déchirent. Ce sont deux forces rivales qui se partagent le monde. A l'une le servage, la corvée, le donjon crénelé, la bataille , la domi- nation; à l'autre, l'émancipation, la charité, le dévouement, la basilique gothique, les associations pe d'ouvriers, l'organisation du travail, là commune, l'instinct de la hberté. La lutte est longue ; elle est parfois sanglante. Le triomphe de la civilisation chré- tienne est assuré, mais même à l'heure qu'ilest, ce triomphe est encore loin d’être complet. J'achève, Messieurs; le moyen âge est fint, Île rôle pacifique de l'esprit religieux ne l'est pas. Je retrouve encore partout au milieu de nous, son influence particulièrement favorable à l'agriculture. A peine, après les guerres civiles de la France, commence-t-elle à refleurir par les soins d'un grand Roi, cher aux laboureurs, Henri IV, par la sage prévoyance d'un grand ministre, Sully, par les ouvrages d’un grand citoyen, Olivier de Serre, que je vois la religion s'associer à ce mouvement. Elle inspire la muse du P. Vanière, ce compatriote du Columelle français chante l'économie champêtre , et les temps modernes ont leur Virgile chrétien (1). Elle fonde des institutions ‘qui renouvelleront les prodiges de l'agriculture monastique, en partageant la vie entre la prière et les travaux des champs. Elle a mème des évêques agronomes. Parmi eux , je ne citerai que l'évêque de Sénez, (4) Le Prædium Rusticum du P. Vanière est le dernier soupir de là muse latine de la renaissance. La liste des poètes Géoponiques qui forment la dernière lignée de Virgile avait été ouverle par Jérôme Vida, dont le poème sur les Vers à Soie est resté. Vida était prieur de Tivoli ( l’ancienne Tibur ). Quel séjour pour un poète latin ! — DA — Quiqueran de Beaujeu (2): ce jeune et savant prélat qui mourut à 2% ans et laissa cependant ce livre curieux, de Laudibus Provinciæ , écrit avec toute l'élégance d’un humaniste de la renaissance et le laissé-aller d’un grand seigneur. Le livre de l'évêque de Sénez, fournirait encore au milieu de ses interminables digressions des con- seils utiles à notre agriculture, si elle voulait le consulter. Nous pourrions peut-être y apprendre à dompter la funeste impétuosité de ce fleuve sur les bords duquel Quiqueran était né, qu'il aimait avec passion, dont il avait étudié les mœurs et les caprices, qu'il comparaît avec orgueil au fleuve Égyptien, et qui depuis plusieurs années ne res- semble plus au Nil que par ses débordements, trop souvent désastreux. Je Joindrai à Quiqueran de Beaujeu le dernier évêque d'Apt (3), qui fut le Parmentier de son dio- cèse, et qui, en y apportant la culture de la pomme de terre et du sainfoin, a mérité d'être mis au rang des bienfaiteurs du .pays. Non loin des campagnes qu'il fertilisa, s élevait LETTRE: CARTE RAR PR ——_—]_——— (2) Pierre de Quiqueran de Beaujeu était né à ;Arles, en 1526. Son livre de Laudibus Provinciæ, fut imprimé à Paris, en 1551, in—f. 11a été traduit en français, par F. de Claret, Ghanoïine d'Arles. Tournon, 1616, in-&. Notre collègue M. Mouan, sous-bibliothécaire d'Aix, a donné une excellente Notice sur Quiqueran de Beaujen (3) Mgr. Laurent-Michel Eon de Gel) — 99 — dans cette partie du diocèse d'Aix qui, avant la révolution, s’étendait de l’autre côté de la Durance, une modeste habitation. Elle ressemblait tout en- semble à une ferme et à un couvent. C'était l'un et l'autre à la fois. C'était l humble maison des Frères de la Cavalerie : ordre monastique de paysans. Son souvenir est resté dans la reconnaissance du peuple. Quand un pauvre fermier était malade, sa femme allait frapper à la porte du couvent des Frères de la Cavalerie. Ceux-ci venaient alors labourer son champ, ou tailler ses arbres ou faire sa moisson, par charité. Au temps des semailles, ils distribuaient du grain à ceux qui en manquient. Oh ! pourquoi notre pays ne verrait-il pas un Jour renaître cette humble institution ! Pourquoi dans nos fermes-mo- dèles et dans nos colonies agricoles, le Frère de la Cavalerie ne reparaîtrait-l pas pour faire l'éducation du paysan, et lui apprendre, avec les bonnes pra- tiques de l'économie rurale, les mâles vertus chré- tiennes qui font aimer le travail en le sanctifiant ! Voici qu'une œuvre immense de colonisation souvre devant la France. L'Afrique toute entière est à défricher, à convertir, à civiliser. L'épée toute seule ne suffit pas pour de tels résultats, 11 y faut encore la Croix et la charrue. L'étendard de la Croix flotte déjà sur les cimes de l'Atlas. Confions la charrue aux mains du christianisme. Noussavons comment 1l sat sen servir. Déjà, et j'en félicite — 0 — mon pays, un grand pas a été fait dans celte voie salutaire. La plaine de Staoueli, non loin de cette plage glorieuse de Sidi-Ferruch qui a reçu la pre- mière empreinte de notre conquête, a vu arriver une sainte colonie. Elle se compose des disciples de celui, qu'au milieu du faste du grand siècle, le génie de la pénitence conduisit dans la solitude, et dont l'auteur du Génie du christianisme vient de raconter la vie et de célébrer les vertus. Puissent les enfants de Rancé apprendre enfin aux barbares de l'Afrique que la civilisation que nous leur apportons n est pas la fille de l'impiété, et puissentils apprendre aussi à la France, qui semble de temps en temps l'oublier, que l'esprit du christianisme est un esprit de paix, d'association, de charité et de travail, et que lui seul peut imprimer à notre constitution sociale, ces grands traits qui doivent marquer, de plus en plus, la civilisation de l'avenir. COMPTE — RENDU des Cravaux L'ACADÉMIE DES SCIENCES, AGRICULTURE, ARTN ET BELLES-LETTRES , D'AX, Lu dans la Séance publique du 8 Juin 1844; Par LE Docreur PAYAN, Secrétaire annuel de l’Académie, Membre de plusieurs sociétés savantes, nationales et étrangères Chirurgien major de PHôpital civil et militaire d'Aix , etc —_<0— Messieurs , Cnaque année, lorsqu'arrive l'époque de sa séance générale, l'Académie, désireuse de faire connaître au publie les travaux dont elle s'est occupée , se fait un devoir de lui en produire le compte-rendu par l organe de son secrétaire perpétuel; et vous vous rappelez encore avec quelle dignité l'honorable membre auquel était dévolue cette belle tâche savait, depuis longues années, l'accomplir. Mais une ma- ladie grave, que nous sommes heureux pourtant de savoir maintenant exempte de danger, étant venu frapper inopinément notre respectable et sa- vant collègue , l'Académie, qui ne pouvait ajourner J. = M0 à une époque moins opportune le jour de sa séance publique, a dû commettre momentanément à d’au- tres mains le soin de le remplacer en ce jour; et, trop oublieuse peut-être que j'étais des nouveaux appelés dans son sein, ou trop confiante en mes faibles forces, elle a voulu me charger pour cette fois de remplir cette importante et laborieuse mis- sion. Mon premier sentiment a dû être dès lors un sentiment d'hésitation, je dirai presque de refus. Comment, en effet, dans ces quelques jours distraits d'ailleurs par tant de préoccupations diverses, oser me lancer, sans une vraie témérité, dans l'examen de tant d'œuvres, de tant de recherches, de tant d'analyses approfondies et savantes, qui ont rendu si intéressantes et si animées nos réunions hebdo- madaires ? Comment espérer de me frayer une voie sûre etexempte d'écueils àtravers tant de matériaux qui ont fait de l’année qui vient de s'écouler, une année si fertile en travaux importants ? Si, obéissant pourtant à d'honorables instances , j'ai dû me dis- poser à recueillir les éléments d'une œuvre qui ne peut que se ressentir d'une trop grande rapidité d'exécution. qu'il me soit au moins permis de dé- clarer que j'y ai été principalement encouragé par la ferme persuasion que je pourrais compter sur cette bienveillance, que ne refuse jamais à la bonne volonté un publie d'élite et éclairé, et que je dois invoquer avec d'autant plus de raison en ce jour, — 59 — que je sens plus vivement combien la tâche que j'ai à remplir demande d'autres conditions que le zèle qui me la fait entreprendre. Les annales de notre nation ne nous offrent peut- être pas d'époque où les intérêts de l'agriculture aient été plus ardemment pris à cœur que de nos jours, par des hommes que recommandent leur bon esprit et la supériorité de leur intelligence. Dans les principales villes, des citoyens éminents par leur position sociale, par leur capacité adminis- trative , par leurs talents de tous genres, et plus encore par leur ardent dévouement à la chose publique, sont vus se réunir, combiner leurs efforts pour constituer des sociétés diverses d'agriculture et d'arts utiles, dont le but principal est de répandre les bonnes méthodes, les meilleurs procédés ; d'ex- périmenter , de perfectionner les diverses cultures; d'améliorer et d'accroître les productions du sol, etc. Et non-seulement les questions de toute espèce qui se rapportent à l’art agricole sont ainsi librement et profondément étudiées dans le huis clos de ces sociétés, mais encore de nombreuses et remarquables publications périodiques ont été instituées pour pro- pager au loin les connaissances acquises et les popu- lariser de plus en plus; et bien digne d'admiration et de reconnaissance est à nos yeux le sentiment de haute philantropie qui préside à cette remar- quable extension de la presse agricole. On dirait, —1601— qu'effrayés de l'excessif développement de 1 indus- trialisme moderne, les esprits généreux ont senti plus vivement que jamais le besoin de ne pas aban- donner à une stérile stagnation le plus utile des arts, l'agriculture, et de lui imprimer une partie de cette impulsion à laquelle, au temps où nous sommes, tout obéit dans le monde physique comme dans le monde moral. Notre compagnie, qui sait très bien que ses travaux ne doivent pas avoir, pour objet seul, le culte des lettres, des sciences et des arts, mais qu'ils doivent encore et principalement peut- être, afin de présenter un degré plus marqué d'u- ülité, se diriger du côté de l'agriculture, cette mère nourricière des peuples, na pas voulu se tenir en dehors de cette sphère d'activité agri- cole : elle a participé elle aussi à ce mouvement cénéral, $est tenue au courant de ce que les publi- cations particulières émanantde ces diverses sociétés lui ont fait connaître d'important, et plusieurs fois elle s'est fait un devoir d'approfondir, en appelant à son appui la discussion et l'expérience, des ques- {ions spéciales sur lesquelles son attention a été plus particulièrement fixée. Elle a surtout fait porter son investigation sur l'agriculture propre à la contrée que nous habitons, el c'est alors qu'elle n'a pu voir sans peine que, depuis un certain nombre d'années, celle - er sv montrait, par la force même des circonstances, dans OL — un état réel d'infériorité ; qu'elle ÿ était compara- tivement moins productive que dans beaucoup d’autres pays, malgré la sobriété, la vigilance et l'activité de nos agriculteurs , et qu'il n'était que trop vrai que souvent le propriétaire et le fermier ne percevaient, en récompense de leurs sacrifices et de leurs labeurs, que d’affligeants motifs de dé- couragement. Voulait-on alors se demander quelle était la cause de conditions si défavorables au pays, on la trouvait surtout dans l'absence de la régu- larité et de la douceur de l’ancienne température de Provence pendant la saison de l'hiver, et, durant l'été, dans l'action incessante d’un soleil brûlant sur un sol naturellement sec. Depuis quelques années, en effet, la marche des saisons ne nous offre plus cette harmonieuse régu- larité que remarquaient nos pères, et qui existait même au commencement de ce siècle. Les hivers présentent fréquemment de ces subits abaissements de température , qui congèlent et font périr nos arbres les plus précieux ; et le printemps, ce roi des fleurs et des beaux jours, n'est trop souvent que le triste suivant de la saison des frimats, en- traînant après lui des gelées tardives et funestes. De ce désordre athmosphérique est résulté un incal- culable dommage pour les productions naguères pri- vilégiées de nos contrées. L'olivier qui, même dans le siècle dernier, prospérait si bien sur nos coteaux à la terre légère et les réjouissait de son sempiternel feuillage et de ses troncs séculaires, n'y paraît plus que sous de chétives apparences , tandis que l'o- ranger qui, en d'autres temps, se plaisait dans nos champs qu'il parfumait des plus suaves odeurs et enrichissait de ses beaux fruits à couleur d'or, n y végète plus que dans les serres du riche à l'instar des espèces exotiques. Seuls possesseurs aussi pres- que naguères du commerce des fruits secs, no- tamment de ces amandes de Provence que, par le moyen de la navigation et du roulage , le commerce répandait dans toute l'Europe, nous avons eu la douleur, pendant des années déjà trop nombreuses ettrop continues, de voir ces produits nous manquer presque complètement, au grand détriment de l'a- griculteur ainsi privé d'une importante et quelquefois principale ressource. Ah ! puissent les quelques der- nières années qui, malgré bien des irrégularités ath- mosphériques , ont pourtant respecté les plants d'o- livier, et leur ont permis de prendre une certaine vigueur que nous n'osions plus espérer, être d'un heureux présage pour l'avenir de l'arbre de Mi- nerve parmi nous ! Puisse aussi la présente année, qui s'annonce sous les plus favorables auspices pour les fruits de l'amandier, être le prélude de meilleurs temps pour cette précieuse récolte de nos contrées ! Non moins fâcheuse est souvent, pour les pro- ductions du sol, cette action incessante, pendant — 63 — quelquefois la moitié de l’année, d’un soleil ardent ou desséchant sur nos terres. C’est à peine quel- quefois, par suite, si les céréales peuvent accomphr leur fructification pendant que le sol possède en- core une suffisante quantité d'humidité, et si les racines plus profondément pénétrantes de l'olivier et de la vigne peuvent y aspirer, jusqu à maturité, les sucs nécessaires à la conservation de leurs fruits. Quant ensuite à ces productions secondaires qui se font en tant d'autres pays, dans les champs même qui viennent d'être dépouillés de leurs épis, elles sont forcément inconnues chez nous : l'ardente sé- cheresse de l'été ne saurait en permettre la venue. Cependant , l'homme qui raisonne et qu'anime l'amour de son pays est naturellement porté à se de- mander si ces pernicieuses conséquences de la cons- ütution climatérique actuelle de la contrée que nous habitons doivent à jamais peser fatalement sur elle, et s’il ne saurait exister aucun moyen de combattre ou de modifier ces conditions si défavorables au présent et à l'avenir de notre agriculture ; etalors, Messieurs, la question dureboisement de nos mon- tagnes et celle des irrigations se présentent à l'esprit toutes palpitantes d'intérêt et d'actualité. Une des causes, en effet, les plus rationellement présumées de labaissement et des fréquents écarts de notre température paraît être le dépouillement regrettable à jamais, opéré par une imprévoyance en = — délire , de ces bois épais et touffus qui jadis cou- ronnaient nos montagnes et nos coteaux de leurs troncs vigoureux et séculaires. Placées sur leurs cimes majestueuses comme des sentinelles protec- trices des plaines et des vallées, ces imposantes forêts brisaient la fureur des vents, atténuaient l'effet de leur haleine glacée, et contribuaient ainsi à entre- tenir, dans les lieux inférieurs, une température plus douce et plus uniforme. Bien plus marquée en- core peut-être était l’action que les forêts exerçaient sur les nuages, ces providentiels et mystérieux pour- voyeurs des eaux du ciel: elles tempéraient leur marche aérienne, absorbaient leur électricité, et leurs flancs, par suite, recélaient moins souvent la foudre et les sinistres orages. Et que n'aurions- nous pas à ajouter, si nous voulions vous repré- senter ces grandes surfaces boisées comme moyen unique de conserver à la colline sa vieille écorce ; comme ralentissant le cours des eaux pluviales , par elles devenues plus régulières et mieux répar- üies; les absorbant dans le sol qui les supporte pour les restituer ensuite à la plaine et aux vallées en fontaines jaillissantes et en fertilisants et limpides ruisseaux : si, comme conséquences de ces déboï- sements désastreux, nous vous mettions en perspec: tive la pénurie sans cesse croissante du combustible, et vous fesions assister par la pensée au désolant spectacle de Feau du ciel tombant torrentielle et — 69 — dévastatrice sur ces flancs dénudés qui ne lur offrent plus d'obstacles pour en tempérer le cours ; "y ra vinant profondément le sol; en détachant cette pré- cieuse terre que les siècles et les tardifs progrès d'une végétation détruite y avaient lentement aceu- mulée : affluant furieuse et bouillonnante dans les rivières et les fleuves qui ne peuvent plus la con- tenir, et, après en avoir franchi les bords, devenus présentement des barrières impuissantes, allant af fliger toutes les contrées riveraines de ces scènes de désolation et de ruines, dont les inondations de plus en plus fréquentes ont offert, dans ces dernières années, tant de douloureux exemples ? Mais de telles - considérations, quelque dignes d'intérêt qu'elles dussent être à nos yeux, nous éloigneraient trop du but que nous avons à atteindre. Etcependant, c’'estavec douleur que nous sommes obligés d’avouer qu'aucune mesure n'a été encore adoptée, nous osons même dire, sérieusement pro- jetée pour satisfaire à l'un de nos besoins les plus impérieux, le reboisement de nos montagnes. Que dis-je ? Noûs voyons, au contraire, poursuivre sans relâche un système destructeur qui, ne trouvant bientôt plus d'arbres à abattre, s'attaque à ces sté- riles arbrisseaux qui végètent sur le penchant de nos collines, et qui du moins retenaient ce peu de terre végétale qui, dans des temps plus propices à la cause des forêts, pourrait favoriser et préparer —" 00 des reboissements complets. IL est réellement bien étrange de voir que, tandis que les siècles an- tiques, sous ce rapport bien .plus prévoyants que le nôtre, afin sans doute de défendre par la véné- ration ce qui devait être conservé pour l'utilité pu- blique , fesaient de leurs bois le sanctuaire sacré de quelqu une de leurs divinités qui en devenait ainsi le génie tutélaire, la civilisation des temps modernes semble au contraire s'être réservé la triste mission de conspirer de plus en plus leur ruine. Quand donc s'arrêtera cette rage de destruction bien propre à déshonorer l'époque qui ne saurait en réprimer les funestes ravages ? Elle est aussi bien importante pour notre pays, cette question desirrigations vers laquelle l'attention des économistes est depuis quelque temps plus spé- cialement dirigée. C'est qu'aux irrigations seules serait dévolue la propriété de transformer une des causes les plus pernicieuses à notre agriculture , savoir l’action incessante d'un soleil brûlant pendant la saison de l'été, en une source d'abondance et de fertilité. Oui, qu'il soit donné à l'agriculteur de pouvoir combiner une haute température avec une humidité correspondante, ou de pouvoir équilibrer à son gré un excès de chaleur par l'eau, et il ob- tiendra des produits que la nature elle-même ne saurait donner avec lirrégularité de ses pluies, avec leur insuffisance ou leurs excès. Avec cette con- ONCE dition, en effet, les céréales braveraient impu- nément les sécheresses de l'été et donneraient une récolte presque assurée ; avec elle, les prairies na- turelles et artificielles fourniraient plusieurs coupes également abondantes, également riches qui en doubleraient les produits immédiats, et augmen- teraient à proportion le nombre des animaux qui ont à s'en nourrir; avec elle encore, l'on pourrait toujours, après la moisson, utiliser le restant de la saison chaude pour obtenir de secondes récoltes de plantes alimentaires d’une valeur presque égale aux premières. On comprend, par conséquent, com- bien de pareilles circonstances résulterait une plus grande abondance de légumes, de racines et de tout ce qui rend l'alimentation générale plus saine, plus restaurante et plus variée. Voyez plutôt ce qui se passe partout où la main de l'homme a creusé de ces cours d’eau bienfaisants qui, sous le nom de canaux d'irrigation, vont porter, au milieu desterres, des eaux dérobées aux rivières où aux fleuves, au sein desquels elles coulaient naguères inutiles. Quel surcroît de productions et de fertilité ! Les terres les plus sèches, les plus graveleuses, auparavant stériles, sont très avantageusement cultivées. Celles qui, livrées déjà à l'agriculture donnaient des pro- duits satisfaisants, voient ces produits très nota- blement accrus. Dans ces champs qui, une fois dé- pouillés de leurs épis, restaient forcément arides — 68 — et sans culture pendant l'été, croissent, sans pré- judice pour les récoltes de l'année suivante, une loule de graines alimentaires, de légumes divers, de racines nutritives, qui constituent un précieux supplément abondance et de richesse. Qui, par exemple, voudrait énumérer les bienfaits que répand sans cesse, depuis sa création, dans un partie de notre Provence, ce fertilisant canal dont le cé- lèbre Adam de Crapone dota le territoire de Salon et la Crau d'Arles ? Veut-on mieux connaître encore, par voie de com- paraison, quelles merveilles agricoles peut produire un système bien entendu d'irrigation ? Qu'il me soit alors permis de citer quelques lignes qu'un pu- bliciste distingué écrivait récemment dans un opus- cule sur l'agriculture, à l'occasion d’une promenade faite dans un pays voisin du nôtre : « J'allais, ce printemps, à Cavaillon, dit M. de Gasparin, et là j'appris ce que l'on ponvait faire des eaux. Les blés immergés pour la troisième fois, avaient atteint la hauteur d'un homme quand les nôtres épluent à deux pieds ( 66 centimètres ). Ces blés ont fait vingt fois la semence ; les nôtres n'ont produit que cinq, et; dans les années les plus favorables, la pluie pour eux ne remplace jamais l'arrosage ; car la pluie s'adresse aux fleurs comme aux racines, el fait souvent avorter les produits, circonstance qui explique la fertilité du Delta — 69 — qui n'a jamais vu crever un nuage. Maus Cavaillon enlève une seconde récolte de haricots, dont le vo- lume égale celle du blé. Nos terres brûlées par le soleil ne peuvent produire de récolte intercalaire ; ainsi, c'est une valeur de quatre contre cinq qu'on peut obtenir sur ces champs arrosés; ainsi, pour obtenir la même quantité de substance alimentaire, on y cultive huit fois moins de terrain : sur des sols toujours frais la culture devient un jeu, et les sept huitièmes des fonds employés pour faire le pain de la France pourraient être employés ailleurs. » Ce que M. de Gasparin dit du terroir de son pays comparé à celui de Cavaillon, ne peut-il pas, à bon droit, s'appliquer au nôtre ? C'est ce que per- sonne n'oserait mettre en doute. Dès lors, quels motifs puissants d'appeler l'attention sur un sujet qui la mérite à un si haut degré ! Aussi, Messieurs, si notre compagnie à trouvé dans ces quelques considérations et dans bien d'au- tres que j'ai dû omettre, de sérieuses raisons de regretter que ce canal gigantesque, que le génie des temps modernes à osé concevoir et qu'il pra- tique au milieu des obstacles de tout genre, pour détourner, au profit de l'opulente cité méditerra- néenne, les eaux d'une rivière qui nous était plus voisine, ne puisse nous être de presque aucune utilité, tandis que, différemment exécuté, il eut suffi pour donner à nos campagnes l'abondance et = de la fertilité, du moins se fait-elle un devoir d’ac- cueillir et d'accompagner deses vœux les plusardents toutes les tentatives et tous les projets qui ont pour but d'amener de l'eau non-seulement dans la ville, mais surtout dans nos champs: car c’est de l’eau, c’est de l'eau qu'il faut impérieusement à nos terres. Ces considérations nous conduisent naturelle- ment à vous parler du projet des comtes d’Esterno et de Gasparin, amendé ensuite par M. d'Angeville, et qui, nous croyons, ne tardera pas à être pré- senté aux Chambres législatives, sous la nouvelle forme qu'il a reçue de ce député. On sait que son but est de faciliter aux propriétaires les moyens de diriger sur leurs fonds les eaux dont ils sont pos- sesseurs, en leur permettant de les faire passer, moyennant indemnité , sur le terram de leurs VOISINS, Des renseignements ont été, en effet, demandés à notre Académie, comme à toutes les sociétés qui s occupent d'agriculture. Cette question, examinée avec toute la maturité qu'exige son importance, a soulevé parmi nous des dissentiments auxquels nous ne sommes pas accoutumés, et qui étaient inhé- rents à la gravité des intérêts mis en cause. Qu'il nous suffise de dire que l'opinion qui a prévalu, et’qui a été exprimée dans le rapport à M. le Ministre de l'agriculture , tout en rendant hommage au patriotisme qui a inspiré la proposition, répugne à croire qu'une loi générale puisse être faite pour régler une aüssi importante matière. Pensant que la centralisation, ce moyen puissant de gouverne- ment, ne saurait être utilement appliqué dans toutes les circonstances et sur toutes les agricultures, où 1l est indispensable de tenir compte de la nature du sol et du morcellement plus ou moins excessif de la propriété, elle a vu, dans cette proposition, une tendance funeste à l'extension du principe d'expro- priation. Une autre question de haut intérêt dont l'Aca- démie a eu à s'occuper, c'est celle des huiles pro- venant des graines oléagineuses. Faisons remarquer à ce sujet que, par une sage prévoyance, le gou- vernement avait établi un droit protecteur à l'entrée des huiles étrangères, quelle que fût leur prove- nance et leur nature. Mais cette mesure n'a pas lardé d'être éludée par l'établissement de nom- breuses fabriques placées sur le sol français , et opé- rant sur une matière extrêmement productive et soumise à des droits insignifiants. Cette industrie, blessant une foule d'intérêts, a incessamment amené une lutte acharnée qui a éveillé l'attention du gouvernement, avec d'autant plus de raison que l’on cherchait à en faire une querelle personnelle entre le nord et le midi de la France, lutte fraternelle que tout recommandait d'étouffer. Consultée à l'instar des autres sociétés, l'Académie D a mis dans examen d'une aussi haute question, toute la maturité et les soins convenables. Cherchant à combiner des intérêts opposés et non à anéantir l'un d'eux au profit de l'autre, elle a présenté un moyen de conciliation dont elle a droit de se féli- citer, puisque, à la seule différence de l'évaluation des droits, il est conforme au projet de loi des douanes qui vient d'être présenté à la Chambre des députés. Le moment est venu pour nous, Messieurs, de pénétrer plus avant dans la tâche que nous avons àremplir, en vous donnant connaissance des travaux plus spéciaux de nos collègues dans cette dernière année. Et encore devrons-nous passer sous silence de nombreux rapports, la plupart pleins d'intérêt , qu'ont fait plusieurs d'entr'eux sur bien des ou- vrages agricoles, scientifiques ou littéraires qui sont annuellement adressés à notre compagnie, pour ne nous arrêter que sur les productions plus particu- lièrement propres aux membres de l'Académie. Nous commencerons par mentionner les divers extraits qu'a communiqués l'honorable secrétaire perpétuel de l'Académie, M. de Montvalon, d'un ouvrage manuscrit, sur les causes qui s opposent aux progrès de l'agriculture en Provence. L'Académie, appréciant toute l'importance qui s'attache au sujet traité par notre savant collègue, à accueilli ces — 73 — diverses lectures avec cette faveur et cet intérêt que commande la haute expérience d'un homme qui, dans le cours d’une longue carrière, a toujours eu l'agriculture en vénération, et en a étudié prati- quement et à fond les questions les plus impor- tantes. — Qu'on me permette de citer 1ci un de ces faits le concernant, que l’on peut produire comme un exemple à suivre dans cette question du reboisement des montagnes que nous avons légè- rementeffleurée. Lorsque par les malheurs du temps, après avoir passé de longues années sur la terre étrangère comme beaucoup de ses compatriotes, M. de Montvalon revint dans la mère-patrie, il trouva les vastes collines avoisinant sa riche pro- priété dont elles fesaient partie, complètement dé- pouillées des forêts qui en fesaient naguères le majestueux ornement. Là comme partout ailleurs la bâche dévastatrice avait étendu ses impitoyables ravages. Que pensez-vous que fait alors notre respectable collègue? Il se remet résolument à l'œuvre pour réparer les désastres des mauvais Jours; il plante, il sème partout sur ses collines déboisées, et bientôt apparaissent en tous lieux de jeunes et nombreux plants de ces pins maritimes qui, désormais abandonnés à la seule protection des temps, seront vus, dans quelques années, recouvrir toutes ces immenses surfaces d'argile rouge. Déjà même les yeux du voyageur, qui parcourt la ü. route d'Aix à Martigues, peuvent se reposer avec satisfaction sur ces ombrages toujours verts, créés par une sage prévoyance, et admirer la réalisation d’un vaste essai de reboisement , opéré par le génie agricole d'un seul homme. Nous devons mentionner encore , du même aca- démicien, la lecture de plusieurs fragments de sa traduction de l'Histoire d'Allemagne de Denina, de même que le long et intéressant rapport qu'il rédigea sur la question du projet de MM. les comtes d'Esterno et de Gasparin, et dont l'Académie vota l'envoi à M. le Ministre de l’agriculture et du com- merce. Lorsque s agita, dans le sein de l'Académie, la question des graines oléagineuses, M. de Bec, di- recteur de la ferme-modèle du département, et l'un de nos correspondants les plus distingués, voulut bien venir prendre part à cette importante dis- cussion, et y apporter le tribut de ses lumières et de ses connaissances pratiques sur cette matière. Nous remarquàmes le substantiel rapport qu'il fut chargé de préparer sur cette question, et dans lequel il examinait le sujet en litige sous tous ses points de vue, et en traitait toutes les phases en bomme éminemment compétent. Il était de notre devoir de mentionner cette œuvre importante. C'est ici peut-être le lieu de vous parler d’un travail que nous communiquämes nous-même à — 7 — l'Académie sur cette question agricole : La feuille de mûrier qui a été frappée par la grêle at-elle une -action délétère et vénéneuse sur les vers-à-soie ? — Voici quels motifs nous portèrent à traiter un sujet tout-à-fait en dehors des objets habituels de nos étu- des : Un des hommes qui, en France, se sont le plus occupés de l'art séricicole , M. Amans Carrier , de Rodez, fondateur et rédacteur d'un excellent re- cueil périodique mensuel, le Propagateur de l'in- dustrie de la soie en France, avait cru reconnaître à la feuille de mûrier, atteinte de la grêle, des propriétés malfaisantes et toxiques sur les vers-à-soie. Cette opinion était tellement inculquée en lui, qu'il regarda comme un devoir d'user de la publicité dont il disposait par son journal, pour répandre sa conviction parmi les éducateurs de ces précieux insectes. Ce fut contre une assertion pareille que nous crûmes devoir nous élever , et les faits récents, authentiques et nombreux que nous citâmes à l'appui de notre thèse, durent paraître plus que suffisants pour combattre les idées un peu trop facilement émises par le savant éducateur de l'Aveyron. Comme, lorsqu'il s'agit d'un produit aussi im- portant que celui de la soie qui, dans bien des contrées, constitue le principal revenu, c'est en- core un très grand avantage de pouvoir recueillir l'équivalent d'une moitié, d'un tiers, d'un quart même de récolte de cocons, lorsque la grêle , en — 176 — endommageant plus ou moins la feuille des müriers. sestopposée à une réussite complète, nous pensâämes ne pas devoir hésiter à attaquer de front les idées par trop désespérantes de M. Carrier, en nous appuyant sur les documentsles plus précisetles plus véridiques. M. de Fonscolombe, notre vénérable ex-président, nous à produit, entr autres communications et dans plusieurs séances, ce qu'il nomme ses entretiens sur l'entomologie. Pour ceux qui savent quelles vastes connaissances possède notre savant collégue sur cette branche des sciences naturelles, qui a été à tous les âges sa science de prédilection, à laquelle il a fait faire d'importantes découvertes, 1} sera facile de comprendre quel vif intérêt l Académie devait prendre à ces instructives lectures. A qui mieux qu'à M. de Fonscolombe pourrait-il être donné de discourir savammentsur cette matière? Or, notezbien que, pour notre collègue, l'entomologie n'est pas une science de pure et stérile curiosité, mais qu'il a su maintes fois en faire d'utiles applications à l’agri- culture qu'il a lui aussi en grande vénération. S'il connaît à fond l'organisation , les habitudes et tout ce qui se rapporte à la vie des insectes, il a bien des fois déjà fait servir cette connaissance pour indiquer les meilleurs procédés de détruire ceux de ces animalcules qui sont nuisibles à l'agriculture. Mais ce qui, de la part de ce même collègue, a plus vivement encore intéressé F Académie , c’est la com- munication qu il lui a faite de son remarquable Ca- lendrier de Faune et de Flore. Sous ce nom, qui réa- lise bien plus que ne semble l'annoncer le titre mo- deste de l'ouvrage, puisqu'il indique non-seulement la concordance de la première apparition des in- sectes du pays avec la fleuraison des plantes, mais encore l'habitat précis de l'insecte et celui de la plante, et qu'il contient des remarques fréquentes et judicieuses portant sur des faits intéressants et nouveaux, de même que l'adjonction des noms provençaux , rattachant ainsi à la science une con- naissance pratique que l'agriculture est si intéressée à approfondir, M. de Fonscolombe a fait une œuvre d'autant plus remarquable que la voie qu'il a suivie n'avait été encore frayée par personne, et la science doit lui tenir compte de cette heureuse initiative. Aussi l'Académie, jugeant cet ouvrage d'un véri- table intérêt pour les progrès de la science, pour éclairer quelques parties de notre agriculture, pour ajouter à la connaissance des productions de notre sol, s’est-elle hâtée d'en voter l'impression dans la série de ses Mémoires. Le président actuel de l'Académie, M. Fabbé Sibour , nous a communiqué plusieurs fragments d'une Histoire inédite de l'Église d'Afrique, une lettre sur l Algérie , ete. , et a fait hommage à l'A- cadémie d'un opuscule contenant trois leçons d'un Cours d'histoire Ecclésiastique. Nous n'apprendrons LS FR rien à personne, en disant que ces diverses com- positions brillent de ce style élégant et harmonieux, de cette diction facile et colorée, de cette riche fécondité de pensées, qui font de notre honorable collègue un des plus beaux talents littéraires de notre cité. À Que dirons-nous des fréquentes lectures que nous a faites, cette année, notre honorable collègue M. Porte, sinon que toutes ses communications révèlent cet esprit droit et juste, ce jugement sain et parfait, ce goût exquis de l'art, cette élégante simplicité de diction que l'Académie sait depuis longtemps ap- précier ? Pour faire comprendre le nombre et la variété des sujets qu'il a présentés à l'Académie, il nous suffira de mentionner : 1° Une Notice nécrologique sur Gustave-Césaire Caillat, natif de Berre. Faire connaître la vie d'un jeune homme accompli, mort à 17 ans; le proposer comme modèle de conduite aux jeunes gens de son âge, tel a été le louable but que s’est proposé l'au- teur dans cet écrit, qui se fait lire avec un attachant plaisir ; 2° Une Description de la Tour de Saint-Martin de Bromes (Basses-Alpes), monument du moyen âge touchant lequel M. Porte a recueilli de pré- cieuses traditions qui risquaient d’être à jamais perdues ; 3° Des Notices sur Christophe Vevrier et Thomas ou: a Veyrier, sculpteurs du X VIP siècle , notices dans lesquelles l'auteur donne une appréciation conve- nable du talent de ces deux artistes, l'un et l'autre enfants de la Provence, et fait connaître les ou- vrages qui restent encore d'eux, de même que les détails biographiques les concernant ; 4° Une troisième Notice sur Antoine Duparc, autre artiste provençal, peintre et sculpteur, dont le ciseau surtout enfanta plusieurs œuvres remar- quables ; 5° Une quatrième Notice sur Jean Daret, peintre moins connu que ne le méritent ses nombreux ou- vrages généralement riches de beautés du premier ordre, lequel, quoique né en Belgique, passa à Aix la majeure partie de sa vieet sy éteignit en 1668. — Dans ces diverses notices, notre collègue a pour but de rappeler le souvenir de ces artistes qui, par la supériorité d'exécution de leurs œuvres, ne méritent pas d’être condamnés à un éternel oubli. M. Porte remplit ainsi une belle et noble tâche. S'il arrive trop souvent que les hommes de génie ou d'un mérite élevé vivent et meurent inconnus, parce que leurs talents n’ont brillé que dans les Provinces ; si, parce que leurs jours s'y sont écoulés modestes et sans bruit, ils ont été privés de cette renommée que n’eut pas manqué de leur décerner la ville dis- pensatrice des réputations, c'est une belle tâche qu'accomplissent les admirateurs de leurs œuvres, — 80. — de les retirer de l'obscurité dans laquelle ils sont tombés , et d'indiquer la place qu'ils sont dignes d'occuper dans l'opinion publique. Sous ce rapport, M. Porte mérite bien de l’art, et ne saurait être trop encouragé à persévérer dans ce genre de (ra vaux ; 6° Un Mémoire sur divers objets d'archéologie, relatifs à l’église métropolitaine Saint-Sauveur, — au palais Archiépiscopal , — à l'église Saint-Jérôme, — à l’église Saint-Jean (intrà-muros), — à l'église Sainte-Marie-Magdeleine, — à l’église des Missions de Provence, — à la salle des Bains antiques, — aux anciens Bains de la rue des Étuves, — à des tronçons de colonnes antiques, — à diverses ins- criptions antiques, — à la fontaine de la rue Bou- legon, — à des murailles antiques, — à un reste de voie antique à Éguilles, — à un camp romain, — aux ruines d Entremonts. Le seul énoncé de ce travail en fait pressentir toute l'importance ar- chéologique ; 7° Un Examen critique des sculptures éxécutées par M. Antoine Olive, de cette ville, sur deux autels de l'église du Grand-Séminaire d'Aix. Par ce travail, M. Porte nous dévoile, en M. Olive, un artiste Jeune encore, mais plein d'intelligence et d'imagination, dont les débuts, qui feraient honneur aux arlstes de réputation, dénotent un talent ca- pable d'ajouter un jour à l'illustration de cette Pro- 81 vence fière déjà de compter, parmi ses enfants , dans le genre de la sculpture , Puget. Vevrier, Dupare, Toro, Vassé, Clérion, Chastelet Chardigny. 8° Une dernière Notice sur Jean-Antoine Cons- tantin, l'un des fondateurs de l'Académie d'Aix, célèbre peintre-paysagiste, que la morta récemment ravi à notre cité. Le talent artistique de Constantin, aux diverses époques de sa vie, nous paraît avoir été décrit avec bonheur et vérité dans ce travail consacré au souvenir d'une des gloires de notre pays. M. l'abbé Maurin nous a lu divers passages de son ouvrage encore inédit , ayant pour ütre: Études historiques et archéologiques sur les Églises d'Aix el de sa banlieue. Ces lectures ont été d'autant mieux goûtées par l'Académie , qu'on peut consi- dérer cette œuvre de notre collégue, comme la plus importante qui ait été consacrée jusqu'à ce jour à l'archéologie chrétienne de notre cité. Les diverses lectures faites par M. Castellan , sous ce titre: Études sur la femme antique, ont vivement intéressé plusieurs de nos séances hebdo- madaires. Ces simples extraits d'un ouvrage étendu qui a pour objet de faire connaitre ce qu'a été la femme aux diverses époques historiques, dénotent de la part de l'auteur, d'immenses recherches et de brillantes qualités littéraires. Le chemin tout-à-fait inexploré encore que s'est frayé notre savant col- lègue est st heureusement parcouru par lui, qu'un er GONE grand succès nous paraît réservé à son œuvre, quand il lui plaira de la produire au grand jour de la publicité. Nous devons à M. Rouchon-Guigues un savant rapport sur la question du concours fondé en 1842, la lecture de quelques fragments littéraires, de même que la communication de plusieurs chapitres histo- riques sur Aix. Toutes ces compositions ont été Jus- tement trouvées riches de cette beauté de style et de pensées , et de cette solide érudition historique que l’Académie sait depuis longtemps apprécier chez notre honorable collègue, M. Mouan nous à lu, sur l'Histoire de Sainte- Tulle, par M. le docteur Robert, de Marseille, un long travail critique. qui dénote toute l'étendue des connaissances historiques qu'il possède. Le même académicien nous a donné une Notice pleine d'intérêt et de patriotisme sur les OEuvres complètes du Roi Réné, par M. le Comte de Quatre- Barbes. Les productions de notre collègue sont toujours marquées au coin du bon goût: lex- pression en est telle qu'elle doit être. M. le marquis d’Arbaud-Jouques, un des plus anciens membres de l'Académie, qui n'eut pas manqué, dans cette séance solennelle, de venir siéger parmi nous, si un deuil récent ne fut venu le frapper dans ses plus chères affections, à plu- sieurs fois aussi voulu, malgré son grand àge, 3 Q KE Oe prendre part à nos travaux. Nous nous rappelons encore avec plaisir deux délicieuses compositions poétiques qu'il a lues à la société, dans le cours de l'année. L'une avait pour titre : Ode sur le Retour de l'Ordre en France : Hymne à la Vierge, était le ütre de la seconde. C'étaient deux chants bien suaves quoique soupirés par une museseptuagénaire. Notre nouveau collègue, M. Agard, a déjà plu- sieurs fois donné des preuves du zèle qui l'anime pour l'Académie , et des connaissances spéciales qu'il possède. Nous avons à mentionner de lui cette belle carte des étangs de Berre et de Caronte, la- quelle, dressée sous sa direction, désigne entre autres choses les établissements industriels fondés sur le littoral, et le sondage des deux étangs sur leurs divers points ; Un important travail, tout de circonstance, qu'il nous a lu récemment, touchant l'influence des nou- velles routes sur la ville d’AIX ; Enfin, un long et intéressant Mémoire contenant des recherches historiques et statistiques sur les communes littorales des étangs de Berre et de Ca- ronte, et sur les établissements industriels qui s'\ trouvent. Qui ne connaît, au moins de réputation, le poète populaire de Nîmes, M. Reboul, le chef de cette Pléiade de talents poétiques qui, de nos jours, se sont élevés brillants et radieux du milieu des plus humbles LS professions, comme pour démontrer plus vivement que jamais combien le génie est indépendant de l'éclat de la naissance et de la fortune. Cet auteur na pas manqué, dans un voyage fait dans notre ville, de venir assister à une des séances ordinaires de l'Académie. Il a fait hommage à notre compagnie de ses poésies imprimées , et lui a débité plusieurs pièces encore inédites, notamment un long frag- ment d'une tragédie sur un sujet antique. On com- prenait, en entendant la lecture de ces beaux mor- ceaux de poésie, qu'ils ne pourraient qu'ajouter un rayon de plus à la glorieuse auréole qui resplandit sur le front du poète nimois. M. Poujoulat, dont de remarquables publications ont solidement établi la réputation littéraire, et que nous comptons avec orgueil parmi nos membres correspondants, à bien voulu communiquer à l'A- cadémie plusieurs chapitres de l'Histoire de Saint- Augustin, qu'il va prochainement éditer. L'attention religieuse qui à été prêtée à ses intéressantes lec- tures, était fondée sur cette multiplicité de beautés du premier ordre qui parent toutes les productions de l'auteur, et qui assurent un succès complet à la publication de son nouvel ouvrage. Les sciences physiques et mathématiques ont été aussi l'occasion de quelques travaux importants. Elles ont trouvé plusieurs fois en M. de Castellet un digne interprôte. Nous devons surtout men- 6) — honner de ce dernier plusieurs rapports critiques relatifs à de graves questions de météorologie, no- tamment à la formation de la-grêle, à la chaleur centrale de la terre, etc. , sur lesquelles les récents écrits de plusieurs savants avaient appelé l'attention. Nous rappellerons aussi que M. d'Hautuille , professeur à l'Université de droit de notre ville, à fait hommage à l'Académie, dont il est un des mem- bres résidents, de son ouvrage intitulé : Révision du Code hypothécaire, œuvre remarquable dont je laisse à de plus compétents le soin d'apprécier le haut mérite. L'Académie n'a d'ailleurs manqué aucune oc- casion cle donner des preuves du zèle qui l'anime pour toutes les connaissances qui peuvent tourner au bien du pays, ou qui ont pour objet un intérêt scientifique quelconque. C'est ainsi que, dès qu’elle a été officiellement avisée que le congrès vinicole avait choisi Marseille pour siége de sa troisième session, qui s ouvrira vers le milieu du mois d'août prochain , elle s’est empressée de nommer deux de ses membres pour l'y représenter; et nous sommes heureux d'annoncer que MM. Vallet et de Bec, que les suffrages de l'Académie ont désignés à cet effet, ont bien voulu accepter cette mission pour laquelle leurs connaissances spéciales sur l'agri- culture les rendent très compétents. C’est ainsi en- core, que dès que M. Bonnet, de Martigues , eut — 86 — averti, par lettre, l'académie des découvertes d'an- liquités faites dans une de ses propriétés, celle-ci s empressa d'en donner connaissance à la commission archéologique nommée par le gouvernement, afin que ce que pouvaient présenter de précieux ces vieux débris de temps antiques ne risquât pas d'être à jamais perdu pour l'art. Je ne saurais omettre ici, sans croire déroger à ma tâche, de vous rappeler cette imposante cé- rémonie , encore présente à tous les esprits, à laquelle prit part l'élite de notre cité, savoir, la translation des restes mortels du président de Saint- Vincens dans le nouveau cimetière. C'est, en effet, à l'académie, dont il avait été un des membres fon- dateurs que revient l'honneur d’avoir la première exprimé le patriotique désir d’un hommage public rendu à sa mémoire. L'inscription qu'elle a fait graver sur le monument funéraire qui recouvre la nouvelle tombe, rappellera sans cesse, à la géné- ration présente et aux âges futurs, le pieux sou- venir de l'érudit infatigable , du magistrat intègre et éclairé, du génie bienfaiteur de l'humanité, que notre pays citera toujours comme une de sesgloires, et comme un exemple de toutes les qualités qui peu- vent embellir un cœur généreux et vertueux (1). (1) Voici le texte de lPinscription : 2 Mo Depuis quelques années, un pénible devoir sem- blait réservé au Secrétaire del Académie, dans cette solennité, celui d'honorer d'un dernier souvenir la mémoire des membres de cette compagnie que la mort venait de ravir. Félicitons-nous, cette fois, de ne pas avoir à remplir une aussi lugubre tâche. Si quelques-uns de nos collègues, dont le zèle et les talents lui étaient si précieux , sont venus à lui manquer cette année, nous sommes presque A LA MÉMOIRE DU PRÉSIDENT DE SAINT—-VINCENS ( ALEXANDRE-JULES-ANTOINE DE FAURIS ) ANCIEN MAIRE D'AIX ET DÉPUTÉ AU CORPS LÉGISLATIF, CORRESPONDANT DE L'INSTITUT ET DEPUIS MEMBRE LIBRE DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES—LETTRES , OFFICIER DE LA LÉGION D'HONNEUR, ETC. , DONT LES VERTUS ET LA SCIENCE HÉRÉDITAIRES HONORÈRENT ET SERVIRENT LE PAYS. NÉ A AIX EN 1750 — PRÉSIDENT AU PARLEMENT EN 1782 — MORT PRÉSIDENT A LA COUR ROYALE, LE 45 NOVEMBRE 1819. LA TRANSLATION SOLENNELLE DE SES RESTES ICI A EU LIEU LE 28 JUIN 1843, VINGT-QUATRE ANS APRES SA MORT, SUR LA DEMANDE DE L'ACADÉMIE D'AIX, DONT IL ÉTAIT MEMBRE FONDATEUR. LE CONSEIL MUNICIPAL A CONCÉDÉ LE TERRAIN A PERPÉTUITÉ, ET A COOPÉRÉ AVEC L'ACADÉMIE A L'ÉRECTION DU MONUMENT AU NOM DE LA CITÉ RECONNAISSANTE. fiers de rappeler que les circonstances qui les ont éloignés de notre cité, n'ont servi qu'à faire briller sur un théâtre plus grand et plus digne de leur génie les éminentes qualités qui les distinguaient. Il ap- partenait, en effet, à notre Académie ce juriste brillant autant qu'érudit (1) qui, après avoir occupé avec distinction une chaire de droit administratif à la faculté de droit de notre ville, nous a été en quelque sorte envié par l'Institut qui l'a accueilli dans son sein, et est allé grossir, dans la Capitale, cette célèbre colonie aquisextaine, qui compte des talents si distingués dans là politique, dans la ma- oistrature , dans les sciences, dans les lettres et dans les arts; de même que ce naturaliste dis- tingué (2), dont une nation voisine utilise main- tenant les vastes connaissances sur la géologie, cette belle science à laquelle nous lavions vu si dévoué, qu'il avait enrichie de plus d’une décou- verte, et qu'il était parvenu à acclhimater , à popu- lariser presque dans notre cité, par sa remarquable persévérance et ses leçons si intéressantes. Cons- tatons toutefois que, si leur absence laisse dans notre compagnie un vide bien senti, ils ne nous sont pas (4) M. Ch. Giraud , actuellement Inspecteur Général de l'Université et Membre de PInstitut. (2) M. Coquand, Professeur de Géologie AO) =— devenus entièrement étrangers : ils comptent, en effet, parmi nos membres correspondants. L'Académie, ayant à compléter le nombre de ses membres résidants, a appelé dans son sein, en cette qualité, M. Pons, docteur en médecine, et M. Fé- licien Agard, négociant et savant industriel de notre cité. M. Pons se recommandait suffisamment aux suffrages de la société par la profession qu'il exerce avec honneur et savoir, de même que par son goût bien connu pour les arts. Quant àM. Agard, la spé- cialité de ses occupations habituelles, les vastes connaissances qu'il possède d'ailléurs, et dont il a déjà plusieurs fois donné d'authentiques témoignages dans nos dernières séances, ne peuvent que justifier l'opportunité du choix qu'en a fait l'Académie. Le nombre des membres correspondants s'est considérablement accru dans le courant de cette année. Il nous suffira de mentionner ici le nom des sujets quiont été gratifiés de ce titre, pour qu'il soit démontré qu'il n'a été decerné qu'au vrai mérite. Les membres correspondants nouveaux sont : M. Castagne, honorablement connu dans les sciences par ses connaissances spéciales et profondes sur la botanique ; M. Ricard, archiviste de la préfecture des Bou- ches-du-Rhône, auteur d'un excellent ouvrage sur les archives du département ; M. de Bec fils, directeur de la ferme-modèle = { as" 90 2 établie à la Montorone, un des plus savants agro- nomes du département ; M. Reboul, de Nîmes, auquel ses belles poésies ont établi une réputation littéraire des mieux méritées ; M. le baron d’Oliviera-Barbosa , officier de la maison de l'empereur du Brésil, attaché aux ar- chives de l'empereur, linguiste , économiste, ar- chéologue et artiste distingué ; M. Riédel, directeur du jardin botanique de Rio- Janeiro , savant botaniste : M. Taunnay, consul de France à Rio-Janeiro, linguiste et philosophe renommé ; M. le marquis de Galliffet, qui, sous le titre gé- néral de Souvenirs de Voyages, a déjà publié six ouvrages qui dénotent, dans leur auteur, les qualités d'un écrivain de mérite ; Enfin M. Giraud , ex-professeur à l'Université de droit de notre ville et actuellement membre del Ins- titut; et M. Coquand , professeur de géologie , ré- sidant présentement en Italie, qui, lun et l'autre, à cause de leur éloignement d'Aix, ont échangé leur titre de membre résidant de l'Académie en celui de membre correspondant. Notons encore que M. Teyssier, professeur de botanique et directeur du jardin des plantes de la ville d'Aix, qui avait adressé à l'Académie une intéressante dissertation sur les plantations d'arbres 9j == à feuilles caduques, employés pour l'embellissement des parcs, allées, avenues, promenades publiques des environs de la ville, etc. , a été nommé associé à la section d'agriculture de l'Académie. Nous ne voulons pas oublier de payer ici, au nom de notre compagnie , un tribut sincère de gratitude aux Académies de Province, aux Sociétés d'agri- culture de Paris ou des départements, de même qu'aux autres sociétés qui l'ont honorée de leur sympathie par l'envoi assidu de leurs ouvrages. Notre société se fera toujours un devoir de reconnaître ces bons procédés, en leur adressant en échange ses propres publications. Fidèle à de louables antécédents, l Académie est dans l'habitude de soumettre annuellement des ques- tions intéressantes aux investigations des hommes studieux ; et, par les récompenses honorables qu'elle décerne à ceux dont les travaux se sont montrés dignes de cette distinction , elle encourage plus di- rectement les athlètes de la science ou des lettres à se lancer dans l'arène des concours qu'elle ouvre à leur sagacité. Continuant à remplir cette utile mission, elle avait proposé, dans la séance publique du 15 janvier 1842, pour sujet de prix à décerner en mai 1843, la question suivante : Rechercher quelle a été l'administration des com- munes en Provence au moyen âge ? « Les concurrents indiqueront rapidement comme «introduction leur état sous la domination romaine, «et comme complément leur régime depuis leur « réunion à la France jusqu’à la révolution de 1789. «Ils jetteront un coup d'œil sur l'administration « générale de la Provence , en fesant ressortir tout «ce que ces divers régimes avaient de vrament « libéral dans leurs droits, franchises et immunités, «et d'indépendant de l'autorité féodale et souve- « raine. » Le prix de ce Concours consistait en une mé- daille d'or de la valeur de six cents francs. L'Académie a reçu sur le sujet proposé deux Mé- moires, dont l'un, portant l'épigraphe suivante : Sunt aliquot quoque res, quarum unam dicere causam non satis est, a été classé sous le n° 1 ; et dont le second , dont l’épigraphe était celle-ci : Les com- munes ne sont point des concessions , leurs élections ne sont point de privilèges, leur possession n'a point de commencement et ne saurait avoir de fin, sans oppression manifeste , a reçu le n° 2. — Voici le jugement porté par la commission du concours sur ces deux mémoires : « Sans doute le Mémoire n° #4, portant pour épigraphe ces môts : Sunt aliquot quoque res, etc. , est une œuvre remarquable. Mais on n'a pas de- mandé un travail sur le patriciat et là clientelle depuis les temps les plus reculés jusqu à nos jours : — D — on a demandé seulement un Mémoire sur les Com- muvautés de Provence dans le moyen âge, et la difficulté est assez grande en ceci, pour qu'elle ne doive pas être étendue. Cette question historique et philosophique se détache parfaitement des causes éloignées dont l'exposé formerait à lui seul une œuvre considérable. L'auteur à été conduit par son plan à se jeter dans un système d'étymologies et de recherches philologiques, où il s’est étrangement aventuré et qui ne saurait comportér d'ailleurs un cadre aussi étroit. Si après cela la commune pro- vençale eut été convenablement traitée, on eut pu isoler cette partie du Mémoire et la juger indépen- damment de tout le reste. Mais il n'en a pas été ainsi, de sorte que l'auteur est tombé dans le double inconvénient de produire une œuvre sans unité el sans proportions et de ne pas remplir le programme donné. Les grandes vues, les sentiments élevés, des morceaux d'élocution d'une haute valeur répandus dans louvrage, ne rachêtent point ces défauts , qui s'aggravent encore par des parties de style d'un très mauvais goût. « Le plan du Mémoire n° 2, est bien ordonné. Le sujet du programe y reste le sujet de la com- position ; et soit les cités Romaine, Gothique, Bour- guignone, etc., soit la Commune provençale d'avant la révolution de 1789, n'y figurent qu'avec leurs caractères de purs accessoires. Le style, à part quelques incorrections et un peu de molesse, en est sage, simple, approprié à la matière. Mais le Mé- moire ne présente pas non plus ces profonds travaux sans lesquels il est impossible de se faire une idée complète des communautés provençales après l'ex- pulsion des Sarrasins, sous les Boson, sous les Bé- renger , sous les deux maisons d'Anjou. » { Extrait du rapport du concours. ) En conséquence, aucun de ces Mémoires n'ayant été jugé digne du prix proposé, le concours a été prorogé jusqu'au 1°" mai18#%5. Nous croyons devoir renvoyer au savant programme de ce concours ré- digé par notre collègue, M. Rouchon-Guigues, les personnes qui désireraient avoir de plus amples ren- seignements à ce sujet. Indépendamment de ce prix, l'Académie en a institué un second de la valeur de trois cents francs sur la question suivante : Quel serait le mode le plus propre à employer pour que les travaux d'intérét public fussent perfectionnes sans détourner les bras de l'agriculture, de l'industrie et du commerce ? « L'Académie désirerait que les concurrents fis- sent des recherches exactes sur la manière dont les peuples anciens exécutaient les grands travaux à la charge de l'état ou des établissements publics; qu'ils examinassent si ces documents historiques peuvent aider à la solution de là question proposée; qu'ils 19% — fissent connaître enfin les procédés employés au- jourd'hui chez les nations étrangères et principa- lement en Angleterre, le tout pour éclairer autant que possible , par les données de l'expérience , les théories qu'ils seront à même de développer ? » Le terme de ce concours est fixé au 31 décembre 18%4. Les Mémoires, pour l'un et l'autre concours, devront être remis à M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie, pour les époques indiquées, et devront porter, selon l'usage, une épigraphe et un billet cacheté renfermant l’épigraphe et le nom de l'au- teur. Ils devront être écrits d’une manière très lisible. lei, Messieurs, finit la tâche qui m'avait été confiée. Je serais heureux d’avoir pu là remplir comme l'aurait demandé l'honneur de l Académie dont je n'ai été que l'insuffisant organe, et comme le méritait le public distingué qui m'a honoré d’une aussi bienveillante «attention. Puisse du moins votre indulgence avoir suppléé à mon égard à ce que ne peut pas toujours produire le zèle le mieux intentionné ! er On a lu: Mort de Saint-Augustin, influence de son génie, par M. Poujoulat. Un Discours en proverbes provençaux , par M. le docteur d’Astros. Considérations sur L'Histoire du droit Criminel, par M. Tavernier, avocat. La fuite d’Angélique, imité de l'Arioste, par M. Castellan, conseiller. Notice sur M. Constantin, par M. Porte. Le maître d'Études, poésie, par M. Maillet. La Dourguetto, conte provençal, par le méme. NOTICE SUR LA VIE ET LES OUVRAGES DFE JEAN-ANTOINE CONSTANTIN, PAR:,M .1 - Fx PORTE. Jean-Antoine ConsranTiN naquit le 21 janvier 1756, dans le territoire de Marseille. Blanchard, peintre sur émail, frappé des dispositions de cet enfant pour le dessin, le fit placer dans une fa- brique de porcelaine à laquelle il était attaché. Constantin quitta ensuite cet établissement et ré- solut d'apprendre à fond l'art qu'il chérissait. L'é- cole de peinture de Marseille , lui en facilita les moyens. Il la fréquenta assidûment, faisant du 8. ER dessin son unique occupation. Non-seulement à [a sortie des leçons, il copiait dans ses détails, le champ qu'exploitait son père, mais encore il con- sacrait à l'étude, une partie de la nuit. Tant de soins ne furent pas perdus, et des progrès rapides couronnèrent ses efforts. Capeler , peintre de pay- sage en tapisserie , l'employa.alors à des travaux de ce genre. Il lui donna des notions dont l'élève profita si bien, qu'il put répandre de l'effet sur ses petits travaux d'après nature. Seulement quelque timidité dans la touche , y dénonçait le débutant. Un marchand - de Marseille les lui achetait à bas prix, quoiqu'ils fussent recherchés, et qu'il les vendit avec des bénéfices avantageux. M. Perron, négociant d'Aix, parvint à découvrir l'auteur dont le marchand s'obstinait à taire le nom et la de- meure. Dès lors il porta à cet enfant toute l'affection d'un père. Lorsque le talent de son protégé eut acquis plus de développement, M. Perron le con- duisit à Aix, pour le présenter à des amateurs ca- pables d'apprécier son aptitude. Constantin fut bien accueilli dans cette ville où les arts ont toujours ob- tenu un culte particulier. Il y demeura quelque temps, consacrant ses loisirs à l'étude de la nature. Con- vaincus de la haute capacité du jeune homme, MM. de Fonscolombe , Grégoire, de Montvalon et de Séderon l'envoyèrent à Rome pour qu'il se per- fectionnât dans l'art. En y arrivant, Constantin $ oc- gp eupa avec ardeur de l'objet de son voyage. Il af- fectionnait particulièrement le paysage et s’attachait à rendre avec fidélité les vues et les ciels d'Italie. Il n'est pas de monument ni de site de la cam- pagne de Rome, qui n'eussent été copiés par lui. Rien n'avait échappé à son investigation. Au bout de six ans, riche de sa belle suite d'études , il retourna dans la Provence, se fixa à Aix et s y maria. Peu de temps après, la mort ayant enlevé Aune, directeur de l’école de dessin, fondée à Aix par le duc de Villars, on choisit pour le rem- placer, le jeune Constantin qui professa jusqu à la révolution, époque où les évènements pol- tiques entraînèrent la suppression de l'établissement. Ensuite il fut attiré à Digne où les autorités locales le placèrent à la tête de l'école de dessin. Après un séjour de six ans, il retourna à Aix et sy livra exclusivement au dessin et quelquefois à la peinture. Les registres de l'Académie des Sciences, etc., d'Aix, mentionnent Jean-Antoine Constantin, comme un des fondateurs de la Société des Amis des Sci- ences, des Belles-Lettres, de l'Agriculture et des Arts, créée à Aix, dans le mois de janvier 1808, et érigée plus tard par ordonnance royale, en Aca- démie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles- Lettres. Le 1°° mars 1813, sur la proposition du profes- — 100 — seur de l'école gratuite et communale de Dessin établie à Aix , le bureau de cette école demanda à l'administration municipale, d’attacher Constantin à l'établissement, en qualité de professeur de pays- age. Cette demande conciliait les droits du directeur de l’école, avec les égards dus à un artiste de mérite. Elle ne fut pourtant accueillie qu'en partie, et l'arrêté lui donne seulement le titre de professeur- adjoint. L'administration municipale, Constantin lui- même ne saperçurent pas que cette qualification était humiliante pour un artiste de mérite. En 1817, pour faire connaître notre paysagiste , plusieurs personnes sollicitèrent celui-ci d'envoyer quelques dessins à l'exposition de Paris. Leur at- tente ne fut point trompée. Les paysages exposés trouvèrent des acquéreurs. Leur mérite valut à l'auteur une médaille d'er et la sympathie des ama- teurs de la capitale. Ces illustres témoignages pouvaient consoler Constantin de lhumiliation qu'il avait reçue dans sa patrie d'adoption; mais ils ne le mettaient pas en mesure d'abandonner son chéüf emploi de pro- fesseur-adjoint. La justice du Roi lui offrit un dé- dommagement. Le 1° mai 1833, il fut nommé chevalier de la légion d'honneur , et pendant dix années, la glorieuse étoile brilla sur sa poitrine. Les infirmités dont il était déjà atteint et des dou- leurs aigües qui survinrent encore, le tourmentaent — 01 — sans relâche. Il succomba à ses maux, le 9 janvier 1844, âgé de 88 ans et 12 Jours. Constantin avait un caractère exceptionnel dans ce siècle. Aussi candide que désintéressé, Jamais il n’assigna de prix à ses productions. Îl recevait avec reconnaissance celui qu'on lui offrait ; le croyant toujours au-dessus du mérite de l'œuvre. M. Perron dont il a été parlé, avait conduit chez son Jeune ami, à Marseille, un évêque anglais qui désirait acquérir de Constantin quelque dessin, pour l'en- courager dans la culture de Fart. Le prélat fut surpris de la bonté des ouvrages qui lui étaient pré- sentés. Après avoir choisi douze petites études , 1l en demanda le prix. Constantin n'osait répondre. Pressé de s'expliquer, il le porta en baissant les veux et tremblant d'être indiscret, à vingt-quatre sols pièce. L'anglais comprit sa pensée. Après avoir fait l'éloge de tant de modestie et de désin- téressement , 1l paya les dessins, six livres chaque. Ivre de joie, l'enfant qui, de sa vie, n'avait vu une pareille somme, ceurut la porter à sa mère. La bonté de son cœur était à toute épreuve. Rien n'aurait pu effacer de sa pensée, le souvenir d’un bienfait reçu, et sa gratitude ne connaissait pas de bornes. On a vu qu'il avait été placé par le peintre Blanchard dans une fabrique de porcelaine. Blan- chard ayant cessé de remplir les vues des proprié- {aires de l'établissement ; on songea à le remplacer. — 102 — Des propositions avantageuses furent faites à Cons- tantin qui les rejeta, navré de douleur de voir éconduire celui qui l'avait protégé avec autant de bienveillance. Il quitta même la fabrique, pour ne pas être soupçonné d'avoir pris des arrangements secrets avec les propriétaires. Constantin n'était qu'un enfant lorsqu'il manifesta des sentiments si élevés. Satisfait de sa modeste position , il ne cherchait pas à en sortir. Jamais il ne sollicita d'emploi. Cet homme simple n'avait vu qu'un acte de faveur dans sa nomination au poste de professeur-adjoint. A tant de qualités, il joignait la plus rare fran- chise. Il la poussait même si loin, qu'aucune con- sidération n'aurait pu en comprimer l'expression: Il avait dessiné pour M. Aubert, orfèvre à Aix, six paysages au lavis, de la plus grande dimension, parmi lesquels était une vue de cascatelles de Ti- voli, véritable chef-d'œuvre. Le temps qui s'était écoulé , effaça de son souvenir les dessins faits pour M. Aubert. Bien des années après, il revit cette suite avec satisfaction. À mesure que chaque pay- sage passait sous ses yeux, il disait en langue pro- vençale qu'il n'avait jamais cessé de parler : Pour- riou plus faïré ansin (Je ne pourrais plus faire ainsi). Mais quand le tour des cascatelles fut venu , il resta stupéfait de surprise. Ses yeux brillèrent d’un vif éclat, et hors de lui il s'écria : Æsti ben iou qu'ar — 103 — fa aquo ? ( Est-ce bien moi qui ai fait cela? Par son habileté dans le dessin au lavis, Cons- tantin a été un artiste toujours digne d'estime, sou- vent admirable. Cependant il ne put échapper aux inconvénients de la vie de province, et tandis qu'il recevait les éloges de l'ignorance ou d’une aveugle amitié, pour des ouvrages sans importance, ses plus belles productions étaient décriées par des spéculateurs avides ou par des hommes qui ne sa- vaient pas lui pardonner ses talents et leur médio- crité. La vérité qu'il faut dire parce qu'on la doit surtout au génie, c'est que, comme les habiles maîtres, Constantin a produit de grandes choses et des ouvrages d’un mérite moyen; que comme eux, il a eu divers degrés dans son talent : l’accrois- sement , la plénitude et la décadence. Il n'est pas donné à l’homme de rester égal à lui-même dans le cours d’une longue vie. Constantin a formé un grand nombre d'élèves. Plusieurs d’entre eux ont eu de la célébrité. Parmi les plus connus nous n'en citerons que d'eux: MM. de Forbin et Granet. Le premier, enlevé naguères aux arts et aux lettres, s'était acquis une réputation solide, par un vrai talent et ses bril- lantes qualités. Quant à M. Granet, ses tableaux d'histoire l'ont déjà placé parmi les peintres cé- lèbres de l'époque. De plus, il a introduit dans la peinture, un genre inconnu dans lequel il pourra — 104 — trouver des imitateurs, mais jamais d'égaux. La vérité de ses effets de lumiêre est si parfaite, qu'une publication périodique (1), disait qu'elle est un affront fait à la nature. M. Aude, maire d'Aix, interprète des sentiments que professent pour leur compatriote, les habitants de cette ville, a pris une décision par laquelle la rue qui a vu naître cet artiste, portera le nom de RUE (TRANET. Nous osons exprimer le vœu qu'on rende un honneur pareil à la mémoire de Constantin. Aix, illest vrai, n’est pas sa ville natale ; mais c'est sa patrie d'adoption, la ville qu'il aimait le plus, qu'il habita pendant la majeure partie de sa vie, celle enfin où il a cessé de vivre. Constantin a gravé en divers temps, quelques planches à l’eau-forte. Nous n'en connaissons que cinq dans lesquelles on remarque une pointe ferme , mais peu exercée. Parmi ces pièces, il,en est une cependant qui se distingue par la facilité des tra- vaux et le piquant de la pointe. C’est apparemment son dernier ouvrage dans ce genre. Les figures y sont dessinées avec beaucoup d'esprit. C'est la plus pe- tite des cinq. On y voit au milieu du premier plan, un pilier vers le haut et dans les deux côtés duquel, (A) La Minerve. — 105 -— deux barres sont fixées. Derrière les figures du fond est un mur de clôture que dépassent des touffes d'arbres. Maintenant nous allons successivement considérer Jean-Antoine Constantin, sous les rapports de la peinture et du dessin. S'il n'a pas obtenu de la renommée ,; comme peintre, c'est par la seule raison que de perfides insinuations le détournèrent de cette partie de l'art. On s’en convaincra bientôt. Mais nulle circonstance, nulle considération ne peuvent empêcher le ju- sement des œuvres artistiques, quand elles frap- pent les veux. La raison en est que l'appréciation faite par l'esprit entre dans le domaine de l'opinion qui est la plus indépendante des puissances intel- lectuelles. En proclamant la fécondité et souvent le génie dont le peintre fit preuve , on peut justement reprocher à ses tableaux, un ton gris, ou bien de la crudité. On reconnaît dans leur auteur , un ar- üste qui n'a pas fait d’études sur l'emploi des cou- leurs, et nous dirons, en employant l'expression technique, que ses tableaux sentent la palette , c'est-à-dire, qu'il employait indifféremment les tons qu'il avait sous la main, sans s'appliquer à rendre la couleur des objets. Cependant il faut se hâter d'ajouter qu'on pourrait citer bien des toiles dont le coloris est loin de mériter de tels reproches. On y voit un ton chaud et doré, du vrai et le sentiment 10 — des beautés de la nature. M. l'abbé Thaneron pos- sède un tableau de forme ovale, représentant un paysage, dans lequel ces qualités se font remarquer. Nous pourrions en citer d’autres. Certainement le mérite de pareilles peintures ne peut manquer de les faire rechercher. Dans les tableaux ainsi que dans les dessins, les figures, quoique spiritucllement traitées, manquent de correction. Nous en exceptons celles de guerriers et de villageois, qui, faites avec autant d'esprit que les autres, sont ordinairement plus correctes. On peut dire que Constantin était né peintre. Les tableaux qui viennent d'être cités, comme des exceptions à sa manière habituelle de colorier, au- torisent cette opinion. D'autres ouvrages du même genre, achèvent de le prouver. Ce sont des études, peintes à l'huile, sur papier, qu'il avait faites à Rome. Nous savons que, cédant aux sollicitations de plusieurs artistes de cette ville, il y en laissa bon nombre qui furent répandues en peu de temps et lui valurent l'estime des connaisseurs italiens. Constantin serait même devenu grand coloriste , sil n'avait pas ajouté foi aux conseils d'artistes qui ne pouvaient voir sans dépit qu'ils seraient bientôt dépassés par lui. Ils lui disaient sans cesse qu'il ne saurait jamais faire un tableau et l'enga- gèrent avec obstination à renoncer à la peinture où 1l n'avait, ajoutaient-ils, aucun succès à es- HE pérer, pour s'en lenir au dessin, comme à sa spé- cialité. Constantin était loin de croire que la du- plicité pût trouver place dans âme d'un artiste. Il ajouta foi à ces paroles et quitta la peinture. Si à de longs intervalles, ses mains avaient repris la palette, c'était pour faire diversion à son travail habituel, et uniquement comme une occupation se- condaire ; car en peignant, il était dominé par la funeste persuasion qu'ilne produirait qu'un mauvais ouvrage. Comme dessinateur paysagiste ; Constantin à droit à la considération des appréciateurs de l'art. En effet les travaux qu'il a produits sont recom- mandables par la variété, de bons partis de lumière, une grande richesse d'imagination. Le feuillé de de ses arbres est tantôt grandement massé, tantôt spirituellement indiqué. Beaucoup de sentiment les anime. Tels sont les principaux titres que pré- sentent les ouvrages du maître, à l'estime uni- verselle. Cependant la critique doit faire ici re- marquer qu'il n indiquait pas suffisamment l'espèce particulière, ni même le cararactère général des arbres qu'il représentait. Entraîné par la vivacité de son imagination et surtout par les soins donnés aux effets, il négligea quelquefois cette partie de l'art, essentielle pour le paysagiste. Nous l'avons vu dans son atelier, après qu'il eût renoncé à l'exploration des champs, copier complaisamment = 108 — une branche de genévrier, couverte d'accidents. Les études de cette branche, variées à l'infini, lui plaisaient à tel point, qu'il préférait s'en servir, comme autant de types, propres à la représen- tation de troncs d’ormes et de chênes, plutôt que de recourir aux études des mêmes arbres qui se trouvaient en abondance dans ses portefeuilles. II est facile de reconnaître cette branche dans un grand nombre de dessins. Un tel mode d'appli- cation d’études d’après nature, est une faute grave dans un art d'imitation. La critique doit dire aussi que les fabriques et monuments placés dans ses ouvrages , sont rarement d'aplomb. Voilà la part de blàäme. Voici celle de l'éloge. Parmi ses nombreux dessins, il en est qui sont dignes d'admiration. M. le chevalier Alexandre de l'Estang-Parade, amateur d’un goût aussi sûr qu'éclairé, possède une suite de morceaux de choix, exécutés par Constantin. Il serait impossible de les tous énumérer ici; mais quatre d’entre eux, méritent particuliè- rement d'être signalés. Le premier est une vue du Tibre, prise aux environs de Rome. Les eaux du fleuve qui coulent tranquillement, vont baigner des rochers taillés à pic, occupant presque toute Pétendue du second plan. La transparence des eaux ne doit pas échapper — 109 - N à l'œil de l'observateur. Quelques habitations agrestes garnissent le flanc caverneux de la roche. Tout respire la fraîcheur et le mystère, dans ce morceau délicieux. Les arbres qui bordent le fleuve, ajoutent encore à la beauté du paysage. Cest la vraie expression de là nature, ou plutôt cest là nature transportée sur un petit espace. Dans le second, apparaît le colisée, symbole de la grandeur déchue. L'impression que produit la vue de ces vestiges, est de toute autre nature. Un sujet pareilexigeait l'emploi de moyens différents d'exé- cution. Aussi la lamière y est-elle splendidement dis- tribuée et la fierté du pinceau autant que de la plume, égale-t-elle la fierté des ruines représentées. La vérité y estsi bien rendue, que l'art disparaît pour faire place à l'illusion. Les yeux croient voir le colisée même. On est d'abord frappé de la ma- nière dont l'art a su rendre le caractère dominateur de Rome et avec quelle énergie il s'en est rendu l'expression. En contemptant la grandeur romaine, réduite à cet état, l'âme est vivemertt émue. Les réflexions se pressent et arrivent en foule à la pensée. L'artiste obtient aussi sagpart d'admiration , car € est lui qui a créé le prestige. C'est lui qui à réveillé de graves souvenirs. Ces deux dessins appartiennent à la première des manières du maître, desquelles nous parlerons plus (tard. — 110 — Une vue de la rivière de l'Arc, prise près du château de la Pioline, aux environs d'Aix, fait le sujet du troisième dessin: Le cours du torrent, arrêté par une digue en pierre, forme en cet en- droit un petit lac dans lequel les arbres des deux rives sont reflétés. Au fond du paysage s'élève le mont Sainte-Victoire. Constantin a fait valoir avec habileté , ce qui augmentait l'effet, et sacrifié ce qui y aurait porté atteinte. Aussi le site, naturel- lement pittoresque, est-il moins piquant que le dessin. Bien qu'il soit fait à Aix, ce morceau tient à la première manière de Constantin. Le quatrième, d'une dimension moindre que les précédents , peut justement passer pour une des belles productions du maître. Sur le premier plan, deux figures dont l’une assise sur le sol et l’autre debout, conversent ensemble. Plus loin paraît le mur ‘d'un parc d'où s élancent des arbres de haute futaie et quelques arbustes. À gauche et en dehors du mur, un pâtre conduit des vaches devant lui. Dans le fondrest une élévation couronnée d’arbres dont les branches détachées sur le ciel, produisent un effet des plus piquants. Ce dessin fait d'un seul jet, dans un moment de verve, pétille d'esprit. C'est un morceau ravissant. M. de l’Estang-Parade nous a raconté que MM. de Forbin et Granet se trouvant un jour chez lui, l'aspect resplendissant de ce paysage, frappa d'étonnement M. de Forbin, — il — placé trop loin pour reconnaître la main du maître. Il demanda vivement le nom de l'auteur. Plus rap- proché, M. Granet, après l'avoir examiné un ins- tant, s’adressa à M. de Forbin, et lui dit avec enthousiasme : « Ce dessin est fait par un homme «qui fut votre maître et le mien et qui le sera « toujours. » Ce morceau tient à la deuxième manière de Constantin. Les quatre lavis dont il vient d’être parlé, se rapprochent singulièrement par le style, le ton et la touche , des productions de Karel du Jardin, de Gaspard Dughet et de Claude Lorrain. On ne peut supposer que Constantin, en les dessinant, ait eu l'intention d'imiter ces maîtres. Une pareille pensée n'aurait pu naître dans son esprit, d'après le ca- ractère qu'on lui connaît. D'ailleurs, c'était le plus ignorant des hommes, sur le style et la manière de dessiner des grands artistes. En v travaillant il répétait tout simplement les lignes qu'il avait sous les veux, et ensuite il cherchait à les faire valoir au moyen d'ombres et de clairs jetés à sa manière. Ce sont de beaux enfants d'un beau génie. Nous ne pourrions, sans injustice, passer sous silence, la vue des cascatelles de Tivoli dont il a été déjà parlé. Ce morceau est touché avec enthou- siasme. Les eaux blanchâtres qui viennent se précipiter sur les rochers, sont d'une étonnante — 11 — vérité. Constantin à rendu avec un art qu'on ne saurait trop admirer , la poussière légère que dé- gage l'eau en se brisant sur les rocs. Les artistes pourront mieux apprécier le mérite de cette partie du dessin inimitable dont nous parlons. On sait que dans la Grèce antique, un effet de la même nature, mais plus facile à obtenir, ne fut pourtant dù qu'à l'impatience du peintre et au plus heureux hasard. Constantin s'est montré grand coloriste dans cette œuvre. On devine le ton verdâtre des rochers et la vive coloration, communiquée au sol par l'éter- nelle humidité des lieux. L'artiste a eu l'incon- cevable talent de peindre tout cela, à l'aide de l'encre de Chine, c'est-à-dire de teintes noires seu- lement. La représentation des cascatelles est l'ex- pression du sentiment que les beautés de la nature avaient fait naître dans l'âme du dessinateur. Ce superbe dessin est plein de poésie. Sa beauté le place au-dessus de tous-les éloges et le rend digne des plus habiles paysagistes. Nous ne craignons pas d'ajouter que fut-il seul, il pourrait donner à son auteur, une réputation européenne (1). IL serait facile de citer bien d’autres preuves de a —————————+————"——— ——— (4) A la mort de M. Aubert, ce dessin avait passé dans la famille Brémond. Il est aujourd’hui en la possession de M. Gabriel, con-— seiller de préfecture, un des appréciateurs les plus éclairés des beaux arts, que possède Marseille, et dont l’urbanité égale les con— naissances. — 113 — son habileté, mais il est inutile de multiplier les exemples. Ainsi que les artistes qui atteignent une vieillesse avancée, Constantin a eu trois degrès de force, ou soit trois manières. Nous allons les faire connaître, en prévenant que les premiers ouvrages du maître, étant de simples essais, n’y seront point compris. PREMIÈRE MANIÈRE. Ordinairement sont classées dans la première manière d’un artiste, les compositions exécutées non d'après son seul génie, mais sous l'inspi- ration des ouvrages du maître qui l'a formé. Elles y tiennent en effet, par le style, le carac- tère, le ton et le faire. Capeler n'a pu exercer d'influence sur Constantin. Le véritable maître de notre artiste, fut la nature. Sa première manière ne peut se trouver que dans les travaux faits en Italie. Ils présentent les deux conditions exigées, d'abord en ce qu'ils sont dessinés en présence des objets, et ensuite parce qu'ils diffèrent essentiel- lement, quant à l'exécution, de ceux qu'il en- treprit ensuite. Ils représentent des sites ou des monuments de Rome et des environs. L'artiste les copiait à la plume, au lavis, au crayon rouge. Souvent pour fixer l'éclat d’une lumière soudaine QE — 114 — qui jaillissait sur une partie de la campagne, il passait prestement sur la sanguine, des teintes plates à l'encre de Chine. Il existe aussi des études peintes à l'huile, sur papier. Ces divers travaux sont des portraits fidèles auxquels il appliquait l'effet qu'il avait sous les yeux. Il en entreprit la collection, afin d'y puiser un jour des inspirations, pour ses travaux ultérieurs. Une touche pittoresque, spirituelle et hardie y brille continuellement. La marche de la plume, du crayon ou du pinceau est facile, sans être négligée. Les figures qu'il y plaçait sont plus correctement dessinées que celles qu'il fit plus tard. Des productions aussi estimables attirent infailliblement la sympathie des connaisseurs et ne peuvent manquer d'être recherchées. La vérité, la vie, le sentiment, la franchise de touche s y trouvent réunis au plus haut degré. En un mot elles sont séduisantes par les charmes que répan- dent sur elles, un jeune et beau talent, la passion de l'art et une imagination puissante. SECONDE MANIÈRE. Constantin traita différemment les paysages des- sinés à Aix et à Digne. Un grand nombre est fait d'après nature, d'autres sont de son invention. Dans la plupart, il a mis à contribution ses études — lo — d'Italie, et tiré parti des méditations auxquelles il s'était livré, relativement à l'effet de la lumière sur les objets. Quant aux premiers, il ne faut pas omettre de dire que l'artiste possédait le don de choisir la place d’où les objets se voyaient dans leur plus pittoresque développement, ainsi que le moment où les sites étaient le plus magnifiquement éclairés. Ce n'est pas tout; loin de copier servilement la nature, il examinait l'ensemble et jugeait avec son regard d'aigle, ce qui était à rejeter ou à admettre. Il savait sacrifier des détails qui, quel- qu'intéressants qu'ils fussent en eux-mêmes, au- raient nui à l'ensemble. Ensuite il distribuait sa- vamment des masses d'ombre et de lumière. Que les ciels fussent clairs ou chargés de nuages, ils formaient avec les terrains, des contrastes, plus d’une fois admirables. Les dessins de sa composition sont également brillants et d’une mâle exécution. La variété de ses créations indique de la fécondité, et la liaison qui unit les détails entre eux, les fait puissamment concourir à l'harmonie de l'ensemble. Enfin selon le caractère du site étaient placés des rochers à forme sévère, judicieusement accidentés, des ar- bres délicatement feuillés ou d'un style grandiose, des lacs, des chutes d’eau, des torrents, des mo- numents antiques , des fabriques modernes. Il — 116 — aimait aussi à représenter les catastrophes qui désolent la nature, telles que les tempêtes, les inondations, les orages, les incendies, etc. Beau- coup d'action anime ces scènes de désordre. Suivant le caractère des lieux, que les dessins fussent inventés, ou d’après nature, l'artiste ap- pelait à son aide le secours des convenances, par l'introduction des figures qui assortissaient le sujet. Ermites, guerriers, sujets mytologiques ou histo- riques, animaux, danses ou fêtes villageoises, buveurs, etc., tout était employé tour-à-tour, fait avec esprit et convenablement groupé. Ces dessins sont lavés à l'encre de Chine ou au bistre. Les ouvrages produits alors, n'ont cependant pas tous le même mérite. La raison en est simple . le travail était un besoin tellement impérieux pour Constantin, que sa santé eût été altérée, si les labeurs auxquels il se livrait, avaient manqué d'a- liment. Or, il est impossible que l'imagination , quelqu'active, quelque puissante qu'elle soit, puisse être toujours fortement tendue. Le repos lui est aussi indispensgble qu'il l'est au corps. L'homme de lettres et l'artiste le savent bien. Ils savent encore que les travaux entrepris durant ce sommeil des facultés intellectuelles, sont des œuvres à la création desquelles la pratique à pris la majeure part. Une autre cause avait également contribué à — 117 — l'infériorité de plusieurs de ces dessins. Constantin n'était pas assez difficile sur le choix du papier. Il en a employé une assez grande quantité qui n'était pas suffisamment gommé. Spongieux par sa nature, il ne retenait pas à la surface, les teintes que le pinceau y déposait. Ces dessins sont fades et de nul effet. Les deux particularités que nous fesons connaître ne sauraient nuire au talent inné de l'artiste. Elles prouvent seulement deux choses : que Constantin avait trop d'ardeur pour le travail et qu'il n’était pas soigneux dans la préparation de ses lavis. ILest malheureux que l'infériorité de ces dessins puisse compromettre sa réputation d'ha- bileté, dans l'esprit de ceux qui en ignorent la cause. TROISIÈME MANIÈRE. La troisième période, celle de là décadence , commence au temps où de vives douleurs assail- lirent Constantin. A la vérité le même génie con- tinua de présider aux compositions d'alors; mais les souffrances ayant peu à peu paralysé l'artiste , ses mains refusaient d'obéir à la pensée. Le même pinceau qu'il avait jusqu'alors, manié avec tant de facilité, perdit insensiblement une grande partie de son énergie. Goûter le repos eût 646 nécessaire — 118 — au dessinateur. Il avait assez fait pour sa gloire. Mais une pareille détermination était au-dessus de ses forces. Il persévera dans le travail. Inutilement, pour obvier à la mollesse de sa touche, recourut- il aux traits de la plume, le but désiré ne put être atteint. Il faut se garder de classer dans la troisième manière, bien des paysages dans les- quels la plume et le lavis ont été cumulativement employés. Constantin s'était bien des fois servi de ce moyen d'imitation, tandis que ses forces étaient à leur apogée. Mais les yeux exercés ne pourront sy méprendre. Il leur sera facile de reconnaître les anciennes productions, au parfait accord exis- tant entre la plume et le lavis, à leur commune vigueur et à l'esprit avec lequel elles sont traitées, tandis que dans les dernières, ils ne ver- ront qu'une plume débile, un pinceau décoloré et un faire lâché. À ce temps de décadence, la vue du dessinateur faiblit considérablement. Les travaux entrepris depuis, se ressentent de cette nouvelle infirmité. La destinée de Constantin fut véritablement étrange. Tout semblait conspirer pour l'écarter de la position à laquelle il était appelé dans l'art. Dès ses commencements, il est assailli par des spé culateurs qui le dépouillent de ses plus belles œu- vres et le tiennent sous leur dépendance. Ensuite c'est la jalousie qui, en le détournant de la pein- — 119 — ture, l'éloigne de sa spécialité. Plus tard, après avoir obtenu des succès, il cesse de fournir aux exposititions de la capitale, et renonce ainsi à un grand renom et à la fortune. Sa nomination à un emploi humiliant pour un homme d’un si haut mérite, lui fut aussi très nuisible, en ce qu'elle le confirma dans les fausses idées que sa modestie lui avait suggérées sur la portée de son talent. Comme dessinateur, Constantin a produit de beaux ouvrages et souvent des chefs-d'œuvre. Mais que n'aurait-on pas été en droit d'attendre encore de lui comme peintre , si de bons conseils lui avaient. été donnés, au lieu des découragements mortels qu'il reçut. Par une fatalité cruelle, l'avenir que son habileté lui réservait, fut mille fois brisé dans le cours de sa longue carrière. Tel est le jugement que nous portons sur les ouvrages de Jean-Antoine Constantin. La critique adressée aux artistes vivants, doit être faite avec prudence et beaucoup de ménagement, afin que loin de les décourager, elle leur soit profitable. Mais lorsqu'un maître n'est plus; lorsqu'à côté du génie et d'un grand talent, quelques impefections se font remarquer, pourquoi les taire ? Dans ce cas, plus que jamais, on doit à la mémoire de l'il- lustre artiste, on doit au public, la vérité entière. Une critique consciencieuse n'aurait pu se résoudre à imiter ceux qui, loin de reconnaître que quel- — 120 — ques tâches déparèrent quelquefois le beau talent du maître, ont osé proclamer Constantin, l'artiste sans défaut. Lorsqu'ils lui adressaient ces men- songères louanges, il leur disait avec son ineffable bonhomie et en haussant les épaules: l’intendes ren ( vous n'y entendez rien). En effet, les éloges outrés sont loin de faire honneur à ceux qui les donnent. Ils ne sauraient même flatter l'artiste quiles reçoit. Indiquer les parties blmables des ouvrages, louer autant qu'elles le méritent, les beautés dont ils sont accompagnés, nous a paru préférable , convaincu que l'indépendance de notre apprécia- tion est plus digne de l'art et de l'artiste. DEUX FABLES suivies D'UN DISCOURS EN PROVERBES PROVENCAUX Fo D no MEET Êee D Le \MER ERP ve ARR yen CR he, DT A Ce ATOS LT ENT OT ENS ‘4$ di nn Ni (4e re” Las 0 US FesE RE AL. | nt Dre dr Ÿ L.ù (11 ‘ RS AT a a Li cn D. rte PONPRUEE ALT pra: Li pa 5! “in Frère Ru Les Eau nes Dole vrigé ‘HONENEN Ent M AU u Lou Bastidan, soun Chin et lou Reinard (|. {Imitatien de Lafontaine ) Par M. D ASTROS, p. -". En fet de bouens vesins parlas mi doou reiuard , Doou martré emé doou loup. .... Sarpajeou ! quinteis lairés ! S’aviou (1) à far bastir m'en tendriou à l’escar. Lou premier d'aqueleis compairés , Et bessai (2) lou pu maufatan , À touto houro doou jour despiei langtem gueiravo (3) Leis galinos d'un bastidan. (*) Cette fable et la suivante, de M. d’Astros, quaique connues de- puis longtemps, étaient les seules qui ne fissent point partie du recueil qu’en a fait l’Académie d’Aix, dans les trois derniers volumes de ses mémoires publiés, c’est pour en compléter le nombre qu’on leur a donné place dans le présent bulletin (4) Si j'avais. (2) Peut-être. (3) Guettait pe D'un uil groumand leis allucavo (1): Prochi d’elleis roudoulegeavo ; S'inginiavo cent tours ; mai ni per estre fin Avié p'anca pousqut mettre man els poulardos. La poou de rescountrar quauque piégé, lou chin , ( Manquo bèn ) lou fasié tenir dessus seis gardos D'autre cousta la fam..... éro dins Jou jambin () Coumo! disié dins soun pégin (3) Sera t'y dich que la cauaillo Toujour si trufara de iou | Nuech et jour siou su pè l'hyver coumo l'estiou Senso pousquer faire ripailo. La fringalo mi tué , et lou gus en repau Senso sourtir quasi de soun oustau Tout li russis Diou soout dins l'an, de sa poulaillo , Deis poulets, deis capouns, ce que n'en fas d'argent. L'aste meme n'en viro et s'en vouigne en famillo lou (4) s'un vieil cascaras toumbo souto ma dent Mi viouti (5) de plesi coumo s’aviou fa pillo. Oh! lou marri mestier qu'es aqueou de reinard ! Bouto ! bouto ! canaillo espero que sié tard, Tau plourara que ris et bèn rira que plouro Va voueli tout saunar, Oh! l'a pas de bouen Diou! Perdrai mouu noum, vo bèn si parlara de iou. Ansin mounta dins soun couar vengatiou (6) Doou premier souen (7) choousisset l'houro. Per far soun cooup poudié pas choousir miou; Lou mestre et leis varlets fasient. petar la narro (8). Ajoucas su sa barro , Leis poulos , leis poulets , leis eapouns tout dournné. Lou chin meme su sa paillado * Pantailhavo et pregemissié, (4) H les regardait. (2) L'embarras et le dépit. (3) Rage. (4) Moi. (5) Je me vautre. (6) Vindicatif. (7) Sommeil. (8) Ils ronflaient Sentie déjà la mauparado (x). Lou mestre, va foout dire , en leissant tout badié (2) Lou galinié Fet une fièro talounado! Après cent viro-voouto arribo lou bregand ; Imple (3) l'ajoucadou (4) et d'espaime (5) et de sang. As proun canta beou gau! Catharino endourmido A ta voix doou matin si révillara plus ! Touto la poulaillo agounido , Toumbo coumo la grélo ou coumo leis perus (6) Quand l’aubre es espooussa. Lou bourreou ges n'oublido. Capouns, poulos , poulas (7) va meno tout darret (8) Vous n’en faguet un mourtalagi ! Après s’implet lou piés (9) lou resto va leisset. Qu'espetacle , grand Diou , quand la jour pareisset ! Que terro soou de mouerts! Esffraya d'oou carnugi Lou souleou plen d'hourrour varet (10) per s'entournar (11). Lou bastidan troubet de recours qu'à renar (12) Contro seis gens, lou chin , es pas miracle Ab! mooudich animau , que deourriou fusillar , Perqué japavés pas en pau d'avant lou chaplé? — Et vous atou (13) perqué pas farouillar ? Se vous mestre et rentier , se vous qu'aco regardo, Senso aver bèn clava, vous couchas , v'endourmés ; Voulès que iou , que l'ai ges (14) d’interès , lou , simple can, per ren mounti la gardo ? Que prengui (15)la civèquo (16) Ah! siou pas tant matras (17) Mi couqui (18) voulountier , coumo vous , quand siou las. (1) Le mal affreux contre lequel aucune précaution n'avait éle prise. (2) Ouvert. (3) Il remplit. (4) Perchoir pris pour le poulallier. (5) Terreur muette, concentrée. (6) Poires sauvages. (7) Coqs, (8) L'un après l’autre. (9) 11 s'engorgea. (10) {Hésita, fit même un premier mouvement. (1) Pour s’en retourner (12) gronder, murmuret (13) Aussi. (14) Point (15) Que je prenne. (16) Refroidissement. (17) Bôte sot. (18) Je me couche — 126 — Lou chin avié resoun. Li manquavo que d'estré, Per si faire escoutar , oou luech doou chin, lou mestré ; Mai, quand mi dias, coumo w’éro qu’un chin, Li fouguet respoundut à grand cooups de gourdin. Quu que siegues , Ô tu, que siés chef de famillo, Vouas gardar toun argent, teis graniers et ta fillo, Darnier à ti couchar, fai lou tour de l'houstau, Assouero (1) bèn la tanquo (2) et manegeo la clau (3). (4) Presse de ta main (2) Traverse de bois mobile dont on se sert pour la fermeture des portes. (3) Manie la clef. 97 — Lou Loup et l'Agneou. (Autro imitatien de Lafontaine) Un agneou mouert doou se buvié dedins un riau , Tant beou et tant claret que semblavo un miraou. Vaqui (1) que de la devallado (2), Dins l'espoir d’assipar quauquo besti escartado, Arribo un loup carcagna (3) per la fam. Aguet (4) bouen nas: —Siés bên hardi brégand De treboular (5) moun abueouragi ; Eme teis pès mooudits fas ooussar un lapoun (6)! Espero mi (7) t'en couira la licoun : Diguet l’animau plen de ragi. — Vous fachés pas, moussu , li respouende l’agneou , RE ———— (1) Voilà. (2) D'une gorge de montagne. (3) Tourmenté. (4) Il eût. (3) De troubler. (6) Fas ooussar un lapoun: tu fais soulever une fange. (7) Attends-mot — 128 — Vous fachés pas, mai regardas pu leou Que vous esten dessus, iou m'y trouvant dessouto Enca (1) bèn luen de vous, es.clar que lou lapoun , Se n’en fau, coumo dias, poout pas mountar amoun, L’aiguo en rayant en bas l’embaro (2) dins sa routo, Vous la brutariou (3) pas. — Mi la brutes ti diou ; Et pi ei de boueno part ai sachu que contro iou, N'as dit tant qu’as vougu l'an passat.— Ah ! pecairé ! L'an passat ? Eri (4) encaro oou ventre de ma maire ; Teti (5) ence , respoundet l'innocent animau. — S’es pas tu, dis lou loup, foout que siégué (6) tooun fraire — N'ai pas ges (7). — M'es tout un es qu'aucun de l'houstau, M'espargnas pas gaire. Gens et bestis aqui (8) mi voulès touteis mau. M'es esta dich , aro (9) foout que mi vengi. Lou loup, aqui dessus, oou found de la fourest ; Lou pouerto et piei lou mangeo. Ab ! midiou, quand li pensi, Qu’eme leis grands fa mau aver proucés. (1) Encor. (2) L'’entraine. (3) Je ne vous la salirais pas. (4) J'étais. (5) Je iète. (6) Que ce soit. (7) N’ai pas ges: je n’en ai point. (8) Eà (9) A présent. DISEDURS EN PROVERBES PROVENÇAUX, Par M. D ASTROS, p.-m. { Le discours en proverbes provençaux, lu dans la séance publique du 8 juin 4844, fut précédé des réflexions suivantes de l’auteur. }) « On a dit, avec raison, des proverbes, qu ils étaient la morale des peuples ; c'est surtout vrai des proverbes provençaux ; on découvre, dans le plus grand nombre, un sens profond ; les uns renferment des règles de conduite très-sages, d’autres appren- nent à connaître les hommes, et, il en est tel, qui par le piquant de son trait, ne le cède pas aux pen- sées les plus ingénieuses de Labruyère. La langue provençale se meurt, 1lest vrai, mais son génie ne mourra pas, on le retrouvera toujours dans ses ada- ges populaires. « Le discours que je vais avoir l'honneur de vous lire date de près de trente ans, il a souvent égayé quelques cercles d'amis, peut-être, a-t-11 dû son —_ 0 succès à leur extrème indulgence. Quoi qu'il en soit, comme ce n’est au fait qu'un badinage, je ne l'avais jamais cru digne d’une assemblée pareille à celle de ce jour. Aussi, sans le respect que j'ai pour le senti- ment de l'Académie, jamais n'aurai-je osé vous le donner. J'ai cédé, non sans crainte, à une demande unanime et pressante qu'explique, j'allais dire qu'ex- euse, l'amour que nous avons pour l'idiome du pays. « Si cette lecture peut avoir aujourdhui son uti- lité, c’est sans doute que, placée entre les discours remarquables que nous venons d'entendre et les morceaux intéressants qui vont suivre, elle pourra distraire un moment les esprits absorbés dans le sé- rieux des sujets. « Cette œuvre, qui, dans son exécution, va se montrer à vous comme une difficulté vaincue; n'a été composée qu'avec des phrases dès long-temps toute faites, prises çà et là, parmi les proverbes connus et fournis par la mémoire. Le choix du sujet à traiter une fois fait, le sens qu'ils renfermaient y a déterminé leur place, à l'exception de quelques mots étrangers, imposés par la nécessité, pour ser- vir de liaison, ils ne forment abolument qu'un en- semble presque homogène « Sa brièveté fera peut-être sa fortune. Heureux serai-je, si, durant son débit, quelqu'auditeur im- patient ne me dit, à part soi, avec Scudery : Vous voulés nous assassiner de vos proverbes ? » Lou trooup tard oou labouragi es la ruino doou meinagi. Aqueleis paraulos sount ti- rados deis prepaus deis anciens que par- lavount coummo sant Pau eme la bouquo duberto. Mes Fréros , A tout peccadou misericordi : fooul qu'un bouen moumen; la fe sauvo l'amo.... Aqui dessus vous endourmires se vous attendès oou mounde; quu n'ausé qu'une campano n'ause qu'un son. Prénès l’évangilo (v'ount'escrits l'y a barbos caillount) et l'y veires : que la fe senso leis obros es uno fe mouerto. En effet, quu voout un bouen bueoure foout que si lou prengue. Lou salut es nouestro premiero affaire ; et se voulen pas un jour jitar lou manche après la destrau , l'y dévèn trabailhar d'houro. La matinado fa la journado. Tales lou sujet de moun discours. Per aver de boueno aiguo foout anar à la boueno fouent ; "18e — es per aco qu'implourarem leis lumieros doou Sant- isprit. Et coummo jamai sausso n’a gasta pei, dires encare eme lou: Ave Maria. Imités pas, meis frèros, la mouilhé doou pour- quier, que quand vèn lou souer s’entreino. Lou tem perdu si poout pas recouvrar; quu fa pas quand poout, fa pas quand voout. Pan de vieillesso si deou pastar en jouinesso. Esperes pas que vous agount roouba l'ai per far la pouerto novo; es justamen faire venir après la mouert lou medecin, ou la mous- tardo après dinar. Jamai leis darnier n’an gagna leis Joyos. Et sant Sylvestre, mi dirés? Sant Sylvestre? Se courresse pas leou l'y poudié plus estre. Voudrias esse à Diou et ou mounde ; l'ai de dous mestres la quoue li pelo. Lou mounde n'es que lacqs et lequos; tout ce que luse n'es pas d’or. À quienze ans lou dia- ble èro beou, et quand pousquet plus far de mau si faguet ermito ; quand leis pouercs sount sadouls leis cerieos sount amaros. Va diou à tu fillo entendé vo tu nouero. Ce que lou beguin adus lou suari v'em- pouerto. Talo vido talo mouert, quu es na pounchu poout pas mourir carra. Mi dires, meis frèros, que foout pas tuar tout ce qu'es gras; que l'y a tem per tout. Vous respoun- drai que foout battre lou ferre quand es cau. Ajustas ques escrif quu deou pourta lou bast, que n'es — 133: - doou salut coummo deis mariagis ; que qand sount accourdas dins lou ciele en terro s accoumplissount, et qu'oou resto, en quu Diou voout bèn sa truio fa de cadeous. Es proun vrai; mai, quand l'y à de Diou ? Une dindoulette fa pas lou printem. Diou dis ooussi: ajudo-ti iou t'ajudarai. — Foout que joui- nesso- passe; lou sen es goi v en lou darnier; eme lou tem leis nespos si madurount.— Meis frèros, quu compio avant l'hoste compto doui fes. L'homme pro- poso et Diou disposo ; hui s'assiam , deman s’assian plus. La mouor regarde degun et foout qu'un cooup per tuar un souisse. Es ensin qu'eis pus fins leis braios l'y toumbount, et, es oou débasta de l'ai que si cou- noui la macaduro. Per bèn finir foout bèn coummencçar, et es surtout dins l'affaire doou salut que foout la countuigni , aqui fès n'en cent manquas n'en uno avès rèn fa. Per un point Martin perdet soun asé. Quu bèn fara bèn trouvara, et bèn rira quu rira lou darnier. Aquesto vido n'es qu’un passagi, un Jour siégué l'aoutre, et goutto à goutto si vegeo la bouto. Se mangeas voueste pan blanc premier, se vous gardas pas une pero per la se, seres à la fin pus en fatiguo qu'un courdounnier qu'a qu'uno four- mo ou que lou bourreou quand voout faire seis pas- ques. L'Y a ren de pu mal aisa a escourtega que la quoue, es oou foun que sount leis espècis, et quu ooura begu lou vin fourra que bugue leis escourillos. Ooures bello alors cridar : oou secours !oou secours ! oourés lou secours de Piso, trés jours après la ba- taullo. Siou pas, meis frèros, d'aqueleis gens que trou- barien d’oues en un leou. Leis roucas sount dus per- tout n'en counvèni, sabi que l'y a pertout sa lèguo de marri camin:; qu'oou peyroou deis doulours tout l'avèn nouest escudello, et cadun soout ce que bouillé dins soun oulo. Oou bèn! oou mounde l'y a ges de soulas que noun siégue segui d'un hélas ! Après trés jours l'on s'ennuio de fremos , d'hostes et de pluio mai ooumen après la pluio ven lou beou tem, et fre- mo mouerto capeou noou; quu à patienço a paradis. L'y a rèn senso peno, et bouen dret meme à besoun d'ajudo. Fes vous d'amis en fen de bèn eis paures ; l'ooumouerno à jamai apauri degun. Et puis cooup d'argent n'es pas cooup de mouert. Argent fa tout bèn faire passo tout. Lou bèn s'en varetla vertu resto. Per countrari qu'es que vesen? Cadun eici precho per seis biassos ; lou gras soout pas deque viout lou maigre. Quu à bèn dina cres leis autres «adouls. Ses generous ves de ce qu'es pas SIOU , de la pasto de moun coupaire grosso poumpe à moun filhoou. Es pas lou tout, senso si souvenir qu'ourguil — 135 — el graisso Diou l'abaisso n'en voulès mai sacher que mestre Mouchou; quand v'avès à la testo v'avès pas eis pès, cadun si fouitto à sa modo, cade jardinier lauso seis pouerris ; l'y à pouerris et pouerris ; oou Jjué et oou vin l'homme si rende couquin ; leis enfans pichouns fant foulegear mai quand sount grands fant enrabiar; leis filhos, que vous dirai ? quu filhos gardo et poueres meno (parlant senso respect) a proun peno, leis fremos coummo leis carrèlos se noun sount voun- chos sount renarelos ; d’ounte deourié venir la clarta vèn la sourniero ; se sias mascara va sias que per de carbouniers; se recebès de mau es que deis vouestres: fès de bèn à Bertrand. ..... Lou trooup es trooup : d'aboundanei de couar ma bouquo parlo, quu es rougnous que si gratte. M'arresti, meis frèros, parce que toutos leis veritas sount pas bèn dichos, et oou mai va boulegas oou mai sente; d’aillur , leis parau- los longuos fant leis Jours courts, et puis commo si dis: es perdre soun sermoun que de prechar en de sourds. Ensin, senso sarquar miéjour à quatorze houros, finirai en vous disen : quu bèn mangeo et bèn bueou fague tambèn ce que si dueou. . Oou partir d'aqui, meis frèros, ce que si coui pas per u'autres leissen vo rabinar; quu à seis fuados que leis débane , iou siou d'Oourueou. . ... Adioussias. { Pr, » as se CRETE gag rite ip, Crée hole: ue F Mrs S'en ANNE Se M à NT I LA NO | AP at ner int PÉRERT DB BA PRANPAMION DAS VIGNES ET DU MODE A SUIVRE POUR EN METTRE LA CULTURE PLUS EN RAPPORT AVEC L ÉCONOMIE RURALE DANS LE DÉPARTEMENT DES BOUCHES-DU-RHÔNE ; Par M P. de BEC, Directeur de la Ferme-modèle des Bouches-du-Rhône. A l’époque où nous vivons, placés comme nous le sommes, sous l'influence d’'habitudes et de con- currences qui font journellement augmenter le prix de la main-d'œuvre, nous pouvons établir comme principe général, applicable à l'ensemble de notre agriculture : que si nous voulons que les produits agricoles paient les avances qu'ils nécessitent, sol- il — 138 — dent le cultivateur et lui donnent les moyens d'ac- quitter la valeur de la rente due au maître, comme intérêt de ses capitaux engagés dans l'exploitation rurale , il faut que nous nous renfermions dans des conditions rigoureuses d'économie. La solution de ce problème n'est pas sans difficultés. Cependant nous disons que cette économie , désirable dans les moyens, est la seule voie qui permette d'espérer et d'atteindre un bénéfice toutes les fois que les profits qu'on attend sont plus sujets à courir des chances d'incertitude, parce que les produits dont dépendent ces bénéfices peuvent être de leur nature plus va- riables dans leur valeur intrinsèque, plus abondants et souvent trop abondants relativement aux besoins, plus subordonnés aux fluctuations commerciales, . plus entourés d'entraves dans leur circulation ou leur libre emploi. Certainement le vin se classe au premier rang dans ces sortes de produits : aussi le voyons-nous ne pas toujours solder avec bénéfice les travaux exigés pour le soin de la vigne. Dans ces derniers temps, les vignobles se sont considérablement accrus au détriment des céréales dont les terres ont été restreintes ; des charges énormes pèsent sur les produits de la vigne, et souvent la fraude se mêle à l'industrie pour en altérer les qualités. Ces trois causes réunies ont avili le prix des vins, année commune, à tel point que cette branche importante de l'art agricole, autrefois — 139 — si lucrative pour le sol du midi de la France, y est devenue plus d’une fois pour le cultivateur, un objet de regret, de souffrance, de détresse. C'est donc particulièrement à la culture de la vigne que nous devons faire l'application du principe d’écono- mie rurale que nous venons d'énoncer comme une nécessité. Aussi, disons-nous à tout agriculteur, par- ticulièrement au vigneron du midi, au vigneron placé dans des conditions semblables à celui des Bouches-du-Rhône : que pour maintenir l'équi- libre dans la balance des dépenses et des produits, surtout pour la faire pencher en bénéfice, 1l ne lui reste que le moyen de réduire sa culture à la plus simple expression de moyens pour l'obtenir au meilleur marché possible. Toute autre voie lui est fermée, interdite, impossible. Peut-on à volonté créer économie dans la culture de la vigne, sans nuire à son rapport? Lorsque le vignoble a déjà été établi, et qu'il ne l’a point été dans cette prévision d'économie ; l'économie que nous voulons signaler est impraticable. C'est dans le mode de plantation adopté, c'est dans la disposi- tion générale qui préside à la division de la plan- tation, que se trouve seulement la possibilité d’ar- river au bon marché dans la culture de la vigne. Car, en définitive, cette économie se trouvera dans la réduction de la culture à bras, et dans l'emploi bien ordonné des instruments aratoires perfec- æ PO tionnés ; ce qui n’est pas une économie de peu d'im- portance dans une grande exploitation. Sans doute cette nécessité de produire à bon marché est désirée de tout agriculteur ; mais 'appli- cation du principe est encore aussi rare dans notre département qu'en dehors. Aussi, peut-on dire qu'à cet égard on en est encore à la théorie. Rien en effet n’a encore été déterminé avec assez de précision sur cette économie désirable : aucune base bien sûre ne semble avoir été posée comme point de départ; aucune route certaine n'a été ouverte devant le cultivateur vigneron, qui a besoin, comme tout agriculteur , d'imiter pour se convaincre et pour marcher vite. Quelquefois seulement on nous a proposé de quitter nos habitudes de plantation, pour adopter celles. de nos voisins placés en-delà du Rhône ; et quelques localités, où l’analogie des terres a quelque ressemblance avec les terrains du Lan- guedoc, offrent des exemples de cette imitation. Mais cette imitation convient-elle à notre sol? Peut-elle y devenir générale? Examinons cette question. Nous en trouverons la solution dans les considérations qui vont suivre. Avant d'aller plus loin, j'expose ici le mode de plantation qu'on nous propose pour modèle, et j'indique les soins indis- pensables qui en sont la conséquence. Je ne m'arrête point à parler du moyen expéditif de plantation qui consiste à placer les ceps dans le — Al — sol à distance voulue, à l'aide seulement d'un pieu pour faire le trou, et sans autre préparation du terrain. Cette méthode que nous avons entendu prôner, fût-elle excellente partout ailleurs, serait dérisoire pour nous. Je l'ai fait essayer , et le résultat a été la nécessité d'en venir à un défoncement subséquent pour sauver une partie des plants, les autres n'ayant pas tardé à périr et par la sécheresse et par les plantes vivaces parasites. Dans les vignobles du Languedoc, dans l'Hérault, par exemple, pour obtenir une plantation de vignes bien faite, on défonce le terrain, soit à la pioche, soit a la charrue à 0® 50€ de profondeur ; on donne ensuite un ou deux labours sur ce guéret, pour parfaitement égaliser la terre; enfin avec un rayon- neur , approprié à la force d’un homme, et portant des socs mobiles, on trace des raies à distances dé- terminées pour espacer les plants entr eux. Quand le champ a été rayonné dans un sens, on le rayonne à angles droits dans un autre, et l’on plante le sar- ment, au moyen d'un pieu, partout où les lignes se croisent. En général on place ainsi les ceps à 1% 60° en carré, ou à 2 50€ dans un sens, et 0" 75° dans l'autre. La différence des distances est calculée sur la bonté du terrain, et elles deviennent moindres à mesure qu’il est reconnu plus riche, car dans cette partie du midi les vignes ont envahi les sols les plus féconds. En parlant de l'ensemble des cultures nécessaires pour l'entretien, nous ne tiendrons pas compte ici des divers soins qu'on donne à la vigne selon les diverses localités. Nous nous arrêterons à des consi- dérations de généralité. On peut dire qu’il est indis- pensable de la labourer deux fois et de lui donner une culture à la pioche. Dans les vignobles plantés selon la méthode que nous examinons, la première raie se fait avant la pousse ; alors on laboure d'abord dans un sens des intervalles, et immédiatement quand le champ est fini, on le laboure dans l’autre sens , afin de cultiver toutes les places laissées dans la première œuvre sans façon. On réduit ainsi le travail de la pioche à la moindre surface possible. Il ne reste en effet pour la culture à bras que la place occupée par l'extension de la vigne, et qu’on peut estimer en maximum à un carré de 0% 50€ de côté. La seconde raie se donne quand la vigne à poussé ses feuilles; cette fois on ne laboure que dans un sens pour éviter tout dom- mage. Tel serait done le modèle de plantation et de culture pour la vigne. Sommes-nous dans des condi- tions foncières qui nous permettent de l'adopter ? On peut établir que la masse de nos terrains, consa- crés à la vigne, n’a au contraire aucune similitude avec ceux des vignobles du Languedoc. Les terres y sont en général caillouteuses et mélangées d'argile — 143 - et de marne partout perméables aux racines, et ha- bituellement placées en plaine. Les nôtres sont beaucoup plus accidentées; elles posent sur des roches calcaires le plus souvent très dures et à petite distance de la surface. Cette disposition, en changeant l'ordre et la composition du sol, change aussi nécessairement les moyens et l'industrie. Pour nous, le défoncement à plein est impraticable ou ruineux. Le défoncement à la charrue se borne à remuer la superficie de la terre arable; la pioche seule peut avec avantage attaquer et produire un guéret profond. Nous ne pouvons donc pas aller chercher au-delà du Rhône une imitation qui, sous ce premier rapport, ne nous convient pas. Mais admettons ce genre de plantation possible ; nous apporterait-il toute l'économie désirée dans la suite, et dans l’ordre des cultures d'entretien ? Nous voyons d'abord que le premier labour entraîne une perte considérable de temps, puisque pour remuer les petits intervalles laissés, il faut recommencer l'œuvre dans son entier eten sens contraire. Outre le surcroît de dépenses, il y a ici grand et grave incon- vénient de culture si la terre est molle, il y a encore inconvénient si le labour est bien exécuté, comme le ferait la charrue perfectionnée. Dans le premier cas, on durcit le sol, ce qui ne convient point à notre climat; dans le second, la première raie aura parfaitement retourné le terrain, enfoui les herbes = je et extirpé les mauvaises racines; la seconde raie immédiate, qui vient croiser la première, défait tout ce bon travail; elle remet les herbes encore vivantes à la lumière, elle enfouit de nouveau les racines vivaces. En second lieu , après le labour, il faut en venir à l'œuvre de la pioche pour le pied du cep. Ces ceps étant éloignés les uns des autres , et étant séparés par un intervalle labouré , il y a né- cessité que le vigneron se relève pour changer de place, ce qui occasionne une autre perte de temps, qui souvent répétée fait une somme considérable, si l'on tient un compte exact. Or, toutesles fois qu'il est possible de constater des pertes de temps appré- ciables et des travaux en surcharge, il ny a pas toute l’éconumie à laquelle on peut désirer d’attein- dre. Cette observation peut n'être pas d’une grande importance dans un pays où la main-d'œuvre est d'un tiers moins chère que dans le nôtre; mais pour nous, moins bien placés, elle est d’une considération majeure. On dira que l'économie se trouve en ce qu'on obtient sur une surface moindre, des produits que nous ne recueillons que sur des surfaces beau- coup plus grandes, et par conséquent, exigeant une plus forte somme de travaux. Pour trouver égalité de bénéfices sur un terrain égal en surface, il fau- drait en changeant nos pratiques pour celles de nos voisins, transformer aussi la nature de notre sol, ou abandonner à la vigne des fonds de terre riches que — 145 — nous réservons aux céréales. Nous pourrions en cela ne pas trouver un profit pour notre agriculture : nous laisserons donc à d'autres pays les habitudes qui sont mieux appropriées à leur sol qu'au nôtre. Resterons-nous dans nos anciennes pratiques ? Pour adopter comme pour repousser une culture, il est nécessaire de se rendre compte des raisons dé- terminantes. Après l'examen que nous venons de faire des méthodes qu'on nous propose, il nous reste à voir ce que sont nos plantations de vignes selon nos habitudes. Nous arriverons ensuite aux conclu- sions que nous nous proposons. Nous plantons la vigne en lignes : nous espaçons ces lignes par des intervalles que les localités font plus ou moins larges, et ces intervalles nous donnent des récoltes diverses et des arbres à fruits d’un ex- cellent produit. Dans ce système on obtient du sol un maximum en rendements en diverses espèces. Les détracteurs de nos habitudes méridionales ne consi- dérant notre agriculture qu avec des yeux étran- gers et des idées qui ont été prises en dehors des nécessités locales qui nous dominent, ne font pas assez la part de cette variété de produits, et se hâ- tent trop de conclure par un blâme qui s'applique à tort, parce qu'ils n’ont regardé qu'un seul des pro- duits, et lui ont fait porter toutes les charges du sol, qui pour nous sont supportées par trois ou quatre ré- coltes qui se succèdent et s’obtiennent avec la même = 446 — culture. Aussi pourrions-nous soutenir avec quelque vérité, que la vigne, dans notre système de plan- tation ne coûte que les soins de la taille, de la cul- ture à bras des ceps et les frais de vendange : mais laissant ces considérations à part, nous ne nous oc- cuperons que de la vigne seule,-comme on la trouve assez souvent dans l'exploitation de nos fermes de moyenne et de grande culture. Les lignes des vignes sont ordinairement plantées sur deux ou sur trois rangs de ceps, et quelquefois sur quatre. Les ceps sont espacés d’un mètre de l’un à l’autre, c'est-à-dire que chaque mètre carré de terrain nourrit un plant. Cette disposition nous dé- montre d'abord que les frais de la culture à bras sont énormes, puisque chaque cep oblige de remuer au moyen seul de la pioche un mètre carré de terre. En second lieu, l'inspection des plants nous prouve d’une manière concluante l'impossibilité de planter le terrain à plein, car les vignes du rang du milieu dans les vignes à trois rangs de ceps, sont toujours inférieures à celles des côtés. Outre ces défauts, le mode ancien de nos plantations offre encore de grandes défectuosités dans l'exécution des labours donnés, dans les intervalles des lignes avec nos vieilles charrues. En effet, avec ces instruments très imparfaits pour obtenir un travail qui ait une appa- rence moins mauvaise, il faut croiser les raies à chaque œuvre différente. Mais, pour peu que ces in- — 147 — tervalles soient rétrécis, ce croisement de nul effet n’est plus dans son exécution qu'une perte de temps très peu profitable. Aussi en est-il de ces considérations qui sont l'ex- pression vraie de notre manière de planter les vi- gnes, que le plus souvent la vigne entre les mains d’un colon partiaire dépérit rapidement, paree qu'il se refuse à la dépense de la culture à bras, seul moyen de soutenir l'existence de la plantation, et qui l’'accable dans les années de faibles produits ou de mauvaise vente. Examiné sous ce point de vue, il semble que nous n'aurions pas à hésiter à abandonner ce mode de plantation, si dans la disposition qu'on lui donne, et là division qu'on en peut faire, nous ne reconnais- sions pas deux grands avantages : ë 1° Économie dans les frais de planiation ; 2° Conservation du sol. - Nous avons dit qu'il serait ruineux de défoncer la totalité de notre sol, pour établir une vigne plantée en plein. Nous pouvons ajouter que le plus souvent ce serait impraticable. La plantation en ligne au contraire n’exige que de percer le terrain par in- tervalles, et les racines des ceps une fois établies dans la couche inférieure ou sous sol, la vigne pros- père admirablement, acquiert une vigueur remar- quable, s y maintient malgré la sécheresse, y vit de longues années : voilà ce qui en est pour l'éco- — 148 — nomie de la plantation, et les bons effets qu'on en obtient. Voyons ce que nous entendons par conser- vation du sol. La généralité de nos vignes occupe des coteaux ou des terrains plus ou moins en pente. Quelque faible que soit cette inclinaison du sol, si la charrue y trace une raie du haut dans le bas elle ouvre une issue aux eaux pluviales et une voie par laquelle une portion de la terre, et la meilleure , va s'é- chapper au profit des propriétés inférieures. Les vignes plantées en lignes peuvent empêcher cette ruine.du sol. La dispositiou et la direction des li- gnes étant sagement calculées en sens inverse de l'inclinaison naturelle du terrain, on arrive à main- tenir sa conservation en place; chaque rang de vignes est un repos pour les eaux pluviales et le labour fait dans un sens préjudiciable est interdit et empêché à tout jamais. Nous arrivons donc à conclure. D'une part, que des raisons tirées des dispositions des localités et du sol ne nous permettent pas d'a- dopter les pratiques de nos voisins. D'une autre part, que des motifs de convenances nous font regarder comme utiles nos pratiques fon- dées sur les exigences de la nécessité. Et que de part et d'autre, des obligations d'éco- nomie nous portent à planter la vigne-.en ligne. Que nous reste-t-il done à faire à nous vignerons — 149 — de cette partie du midi, où la culture a toutes les en- traves de la cherté ? Nous aurons seulement à mo- difier uos usages. En conservant le mode et la dis- position de nos plantations de vignes en général comme bons en eux-mêmes, nous devons substituer à leur défectuosité de culture un ordre qui puisse réduire le coût de la main-d'œuvre à là moindre ex- pression , soit en plantant dans un système mieux étudié, soit en nous servant uniquement des instru- ments aratoires perfectionnés. Dans ce but nous proposons comme moyen la pra- tique nouvelle, et qui doit entièrement remplacer l'ancienne, de faire les plantations de vignes en ligne n'ayant qu'un seul rang de ceps. On ne gardera l’u- sage des rangs doubles ou triples que pour servir de bordure à un champ, place où le rang simple serait exposé à trop d'avaries de la part d'un voisin entreprenant ou du contact étranger. Nous ne proposons ici que ce que l'expérience nous a démontré comme un avantage infiniment ap- préciable. L'homme attaché à ses usages, comme l’est tout agriculteur trop rétréci dans le cercle de ses idées, objectera, pour repousser l'innovation, que le terrain n'aura pas assez de plants, que les vents attaqueront avec plus de pertes les plants isolés. La première objection n’a point de valeur, parce que sur les lignes à un seul rang, on plante les ceps à la distance de 0® 50€ ou 0" 60€ l'un de l’autre, — 150 — et que par conséquent la même surface nourrit autant de vignes que si les rangs étaient dou- bles. Quant à l'objection de l'action des vents, elle est plus spécieuse que vraie. Les grands vents ne désolent les vignes qu'à l'époque où les pousses sont encore tendres. Dans ce moment de la végé- tation, quelques nombreuses et rapprochées qu'elles fussent, elles ne sauraient se défendre de leur ac- tion désastreuse. Plus tard, quand les bourgeons se sont fortifiés, la ligne seule se défend aussi bien et peut-être mieux que les rangs doubles, parce que les ceps étant plus rapprochés se prêtent un appui. La vigne, plantée ainsi en un seul rang, donne à la charrue la facilité de cultiver à peu près jusqu'au pied du ceps, surtout si lon a lé soin d'atteler les bêtes de tirage l’une devant l'autre. Il ne reste sur toute la ligne que l’espace étroit de 0" 50 à cultiver à la pioche; ce quis’opère d'autant plus rapidement que le cultivateur vigneron ne se dérange pas et va toujours en avant. Le bénéfice de cette manière de cultiver s'obtient dans tout son effet avec l'emploie de la charrue perfectionnée, parce qu'avec cet ins- trument seul on peut creuser et complètement re- tourner le sol dans toute l'étendue de l'intervalle des lignes ; parce qu'avec cet instrument seul on est dispensé de croiser les labours, toute la couche arable étant toujours et partout également attaquée. Avoir signalé cette façon de planter la vigne doit — 151 — suffire à toute intelligence agricole, qui comprend toute l'importance des travaux promptement exé- cutés et bien faits. Ce mode de plantation est si simple qu'il ne peut que réussir toutes les fois qu'on voudra se convaincre de son utilité pour ramener la culture de ja vigne aux moindres frais possibles. , En effet, et c’est par là que nous finissons ; nous po- sons en fait, que, par ce mode, la dépense de cul- ture est infiniment moindre que par toute autre pra- tique de plantation. Car si nous résumons ce que nous avons dit, la culture de la vigne exige toujours travail des bras et travail de la charrue. Dans l'une comme dans l'autre de ces œuvres, dans les plan- tations en lignes sur un seul rang, il n’y à jamais ni perte de temps, ni surcharge inutile de travail, et la main-d'œuvre des bras ne reste chargée pour chaque ceps que d’un quart de mètre carré de terre à remuer. Nous souvenant de ce que nous avons établi par les faits sur Pexigence des modes de plantation de vignes tant en plein (comme en Languedoc), qu'en lignes sur plusieurs rangs selon nos anciens usages, revenant ensuite au principe posé, qu'il y a néces- sité, dans l’état actuel des choses, d'obtenir les pro- duits agricoles d'une exploitation rurale, au meilleur marché possible; nous concluons que la culture de la vigne en ligne unique d'un seul rang de ceps étant — 152 — celle qui apporte seule l'économie désirable, est aussi celle qu'il nous est le plus avantageux d’a- dopter. WORIERS HISTORIQUES ET CRITIQUES SUR QUELQUES ARTISTES PROVENCÇAUX OU QUI FLEURIRENT EN PROVENCE, PAR M. J.-F. PORTE. Une triste expérience démontre que trop souvent des hommes de génie ou d’un mérite élevé, vivent et meurent inconnus, si le hasard les a fait naître loin de la grande cité. Cela avait plus communément lieu encore, avant que des voies de communication eussent établi des relations continuelles, entre les points les plus éloignés. Alors combien d'artistes habiles, mais sans ambition, ne furent-ils pas privés de la renommée qu'ils auraient infailliblement ac- quise , s'ils eussent habité la ville dispensatrice des 12 = fon réputations ! Mais s'ils passèrent ignorés des con- temporains, les admirateurs de leurs œuvres, qui sont arrivés après eux, doivent les retirer de l’obs- curité dont ils sont enveloppés, et indiquer la place qu'ils méritent d'occuper dans l'opinion. C’est ce que nous allons essayer de faire pour quelques artistes provençaux , ou qui fleurirent en Provence. Quoi- que tardif, cet hommage aura sa portée relative- ment à l'opinion publique. D'ailleurs les titres à la gloire ne prescrivent point. JEAN DARET, peintre. M. Robert Dumenil (1) qui ne s'occupe de Daret que comme graveur à leau-forte, dit qu’il naquit en Provence et peut-être à Aix. Il se trompe. Ce peintre avait reçu le jour à Bruxelles ( Pays-Bas }, de Charles Daret et de Anne Junon (2). Mais il passa à Aix la majeure partie de sa vie. On reconnaît au style de ses productions, qu'il avait parcouru l'Italie et que les ouvrages des grands peintres de ce pays avaient été pour lui des sujets d’études et de méditations. ILest probable qu’en passant par Aix (4) Le peintre graveur français, tom. 4, page 227 (2) Registres de la paroisse Saint-Sauveur d Aix 2 455 — à son retour, Daret s'arrêta dans cette ville et qu'il résolut de s'y fixer. Plusieurs peintres avaient fait de même avant lui, et presque tous les grands ar- tistes français, én quittant l'Italie pour se rendre à la capitale, séjournaient plus ou moins de temps à Aix, ville opulente alors, chef-lieu d’une province, siège d’un parlement et d’une cour des comptes, résidence des gouverneurs et de la noblesse de Provence, et dont les habitants se distinguèrent tou- jours par leur goût pour les arts et leur bienveillance envers les artistes de mérite. Daret se maria à Aix, le 3 décembre 1639, avec Madeleine Cabassol , issue d’une famille consulaire de cette ville. Ce fut vraisemblablement alors qu'il fit construire dans la rue Cardinale, une maison située entre les rues Saint-Claude ‘et de la Monnaie (1). Il eut deux en- fants de son mariage, Michel et Jean-Baptiste. L'un et l'autre cultivèrent la peinture et devinrent de bons artistes. Nous aurons peut-être l’occasion de nous occuper ailleurs, de ces deux frères. Nous ne parlerons ici que du père qui leur fut supérieur én mérite. | Jean Daret avait attiré de Bruxelles, une sœur, nommée Marguerite, qui se fixa auprès de lui. Ayant reçu ordre de se rendre à la cour avec Bourgoin, (1) M. Roux=Alphéran, Recherches historiques sur Aix. 156 — artiste italien, pour peindre le château de Vincennes, il fit ce voyage, accompagné de Jean - Jacques Clérion, jeune sculpteur, natif de Trets, près d'Aix (4). De Haïtze (2) nous apprend que Jean Daret avait peint Saint Jean l'évangéliste dans l'île de Pathmos et qu'il donna ce tableau à la chapelle de l'association, chez les PP. de l'Oratoire à Aix, pour lesquels ilavait composé beaucoup d'ouvrages. Il décrit ainsi le blason du peintre, peint dans ce tableau : «Au-dessous du tableau on voit les armes de Daret, qui sont écartelées au premier et dernier d’or, à trois lozanges de gueules, accompagnées de deux cotices en bande d'azur : au second et troisième , d'argent à un chevron de sinople et deux roses de gueule en chef , et un olivier en pointe, chargé de trois olives d'argent; et sur le tout, d’or à deux cœurs de gueules, liés de sinople, qui est Daret ; et cette devise au-dessus : CONTRE FORTUNE DARET. » Sur la fin de ses jours, il se disait peintre du Roi et de son académie de peinture et de sculpture (3). Daret mourut à Aix, le 2 septembre 1668. Son corps (4) Le P. Bougerel, Mémoires manuscrits sur La Provence (2) Les curiositez les plus remarquables de La ville d'Aix, page 72 (3) M. Roux-Alphéran, Rech. hist. etc — 157 — fut enseveli dans la basilique Saint-Sauveur, à l'entrée de la nef Corpus Domini, et son cœur, placé à l'église des Augustins réformés dits des PP. de Saint-Pierre. Il travaillait à un grand tableau de la résurrection du Christ destiné à la chapelle des pé- nitents de l'Observance, lorsque la mort le surprit. Voilà les seuls détails que nous avons pu recueillir sur la vie de Jean Daret. L'absence de faits et surtout de faits caractéristiques qu’on aime à con- naître, quand ils se rapportent à des hommes de mérite, peut s'expliquer ici par le genre de vie qu'avait adopté cet artiste laborieux. Ses tableaux sont en nombre considérable et leur dimension est ordinairement grande , parce qu'ils étaient destinés à l’ornement des églises. Tout à l’art, il aimait néces- sairement la retraite, et dès lors l’histoire de sa vie ne saurait fournir d'aliments à la curiosité du lecteur. Mais du choix, du genre et de tout ce qui distingue ses compositions, de la douceur même de son pinceau et de son crayon, on peut tirer sur le caractère de Jean Daret des inductions qu'on a déjà devinées et qui ne sauraient être fautives. On peut en induire qu'il avait un caractère doux, simple, éminemment bon, que son commerce était aussi agréable qu'instructif, son esprit cultivé, son cœur exempt de vice et ouvert au sentiment de l'amitié ; qu'il était pieux , époux parfait, excellent père, bon ami; qu'il était homme de bien. — 158 — Fauris de Saint-Vincens a commis bien des er- reurs quand il a écrit sur la peinture. C’est l’incon- vénient dans lequel tombent les auteurs qui traitent de matières qui leur sont étrangères. Dans un de ses opuscules (1) M. de Saint-Vincens dit que Daret possédait bien le dessin et l'art d'employer les cou- leurs. Ilajoute que la plupart de ses tableaux sont des copies ou des imitations. Ce jugement, rendu par un homme qui n’était pas compétent, ne saurait nuire à la mémoire du peintre, puisque les nom- breux tableaux qui restent encore de lui, attestent l'erreur d’une pareille décision. Mais il fait un véri- table tort à Fauris de Saint-Vincens, en montrant qu'il connaissait bien peu les arts du dessin sur lesquels il a plus d’une fois hasardé son opinion. Les compositions de Jean Daret sont d’une sim- plicité séduisante et l'ordonnance des sujets est traitée avec sagesse. Il faut avouer que bien des artistes de réputation, n'ont pas ces qualités. On remarque, au contraire, dans la plupart de leurs tableaux , une confusion choquante qui s'étend jus- qu'à la manière de distribuer la lumière. Ce fracas d'objets, de clairs et d'ombres qu'on y rencontre souvent, fatigue l'œil et détourne l'attention. Le grand nombre des compositions de Daret, habi- lement variées, prouvent la fécondité de son ima- (1) Description des antiquités, monumens et curiosités de la ville d'Aix, département des Bouches-du-Rhône — 159 - gination. Riches de simplicité et d'harmonie , elles ne peuvent manquer de plaire quand on les exa- mine avec soin. Cette belle simplicité se retrouve dans les personnages qui n’ont rien d'outré, rien qui ressemble aux attitudes théâtrales ou aux poses académiques. Tout y est naturel, bien que quelque- fois on désirât y trouver plus de noblesse. Les drape- ries jetées largement et avec un grand goût, dénon- cent suffisamment le nu. L'expression des têtes de vierge est toujours suave et souvent ravissante. Elle mérite d’être particulièrement remarquée. On n'y rencontre pas la sévère correction de l'art antique. Essentiellement belles quant aux traits, ces têtes possèdent les conditions que l’art chrétien a exigées du peintre. Elles brillent de tout l'éclat du beau idéal, non pas tel qu'on le conçoit dans sa plus commune acception, c’est-à-dire la beauté physique qui, éparse dans la nature, a été réunie sur un seul corps par le ciseau des anciens et particulièrement des Grecs. Il faut entendre ici le beau idéal chré- tien, c’est-à-dire ( quant à Marie ) l'expression que produisent sur des traits déjà beaux, ce que la maternité a de plus intime et de plus tendre, le cœur d'une vierge de plus pur, l'amour divin de plus élevé. C’est ainsi qu'on a formulé aujourd'hui, les règles de l’art appliqué au christianisme (1), c’est (4) Voyez M. Raoul-Rochette, Discours sur l’origine, le développement et le caractere des types imitalifs qui constituent l’art du christianisme — 160 — ainsi qu'environ deux siècles auparavant , Daret les avait devinées. Mais le génie qui lui inspirait si bien l'expression voulue par les convenances religieuses, quant à la Mère de Dieu, semblait quelquefois lui refuser son concours, pour les airs de têtes appartenant aux créa- tures d'un ordre inférieur, à quelques-uns desquels on ne peut s empêcher de reprocher de la froideur dans l'expression. Le dessin de Daret fut toujours correct. Ce serait à tort que des critiques peu réfléchis diraient qu'il manque de vigueur; que l'anatomie et le système musculaire n'y sont pas suffisamment accusés. Son dessin était comme il devait être. En d’autres ter- mes, il se trouvait en parfaite harmonie avec la na- ture de ses personnages, la simplicité des compo- sitions et la suavité du coloris. Dans la majeure partie de ses tableaux d'église, les draperies, les fonds et les ciels sont peints au moyen de tons fort tempérés qui, non-seulement s harmonient avec la sagesse de ses compositions, mais qui rehaussent et font valoir l'éclat des chairs. Quelquefois il outrait cette douceur de coloration dans les draperies, ce qui produit de la froideur dans cette partie. Au reste, on peut dire que ces cas sont rares. Sur beaucoup de tableaux qui méritent d'être signalés par leur mérite, nous n’en citerons que quelques-uns. — 161 — Nous commencerons par celui placé dans l'église Sainte Marie-Madeleine, représentant dans la partie supérieure, la Vierge assise, donnant le rosaire à Saint-Dominique, accompagné d'une religieuse de son ordre. On y remarque les qualités dont il a été parlé et sur lesquelles il serait inutile de re- venir. Dans la partie inférieure, sont les âmes du purgatoire. Les flammes fort légèrement peintes, semblent indiquer que la douleur des ces âmes souf- frantes est principalement produite par le regret d'avoir offensé le Dieu d’ineffable bonté. Une faute d'invraisemblance dépare néanmoins cette partie du tableau. Il a été universellement établi que, dans le peinture, les êtres spirituels seraient représentés, revêtus de formes humaines. D'après ce principe, ils doivent ainsi que les véritables corps, participer aux effets de la lumière et des ombres, sans lesquels la peinture ne saurait avoir lieu. Jusqne-là Daret est irréprochable. C'est sur le parti de lumière adopté par le peintre, que s exerce notre critique. L'artiste a éclairé les figures de gauche àdroite. Rien ne motive cette préférence, puisque la clarté entoure ces corps. Dans les arts d'imitation tout doit être fondé sur la vraisemblance. Ainsi, il fallait que ces corps, plongés dans un océan de flammes , reçussent le jour de toute part et d’une manière égale. Ils ne devaient donc projeter d'ombre d'aucun côté, mais seulement dans la partie des — 162 — chairs opposée aux flammes, dont la direction est ascendante. Il eut été plus rationnel de projeter les ombres de bas en haut. Dans les magnifiques peintures, dont Annibal Carrache a orné le palais Farnèze, il a éclairé de la sorte les figures et les objets placés dans ses plafonds, Ils sont supposés recevoir le jour par les fenêtres pratiquées au-dessous. Ce parti de lumière produit des effets d'une grande beauté. Nous convenons néanmoins que, puisque le ta- bleau de notre artiste représente deux sujets diffé- rents , 1l fallait s'abstenir de donner aux figures de la portion inférieure tout l'effet de lumière qu'elles auraient pu recevoir pour ne pas nuire à l'harmonie générale et conserver l'intention de l'artiste qui avait voulu exprimer une pensée, plutôt que de rendre à la rigueur un effet physique. Mais toujours fallait- il adopter le parti de lumière signalé. Nous parlerons aussi d’un autre tableau de la même église, dans lequel est Sainte Thérèse, re- cevant l'habit de son ordre. Là figurent avec une frappante vérité, des accessoires tels que draperies, tapis de pieds, etc. Quoique très soignés, ces détails loin de nuire à l'effet général, le font considéra- blement valoir. Les prieurs de la confrérie de Corpus Domin, fondée à la métropole, s'étaient adressés à Daret, pour peindre à fresque le dessus de l'entrée de leur — 163 — chapelle (1). Cet artiste, convaineu de son infériorité à l'égard du prince des peintres, était loin de vou- loir lutter avec lui. Il crut, avec raison, ne pou- voir mieux faire que de copier sa transfiguration. Mais il le fit en habile homme. Voulant, selon sa coutume, qu'il y eût unité d'action dans la repré- sentation du sujet, il ne choisit que la partie supé- rieure du tableau de Raphaël, laquelle renferme vé- ritablement le sujet et tout le sujet. Selon nous, c'est la plus judicieuse critique qu'on puisse faire de ce tableau que l'Europe entière a proclamé à Juste titre, le premier tableau du monde. Sous le régime de la terreur, l'église St.-Sauveur avait été transformée en temple de la raison. Alors on badigeonna la fresque de Daret, parce qu'elle fi- gurait un sujet chrétien. Plus tard, et quand l’église fut rendue au culte catholique, le clergé de la mé- tropole voulut offrir ce bel ouvrage à la vénération des fidèles. Malheureusement l'opération du net- toiement ayant été confiée à des mains inhabiles, devint fatale à la peinture. On peut néanmoins se faire une idée de la beauté que devaitavoir ce grand morceau, par le peu qui en reste. Le Christ, malgré les dégradations qu'il a subies, paraît s’élancer au ciel, avec une légèreté admirable. (4) J.-F. Porte, Histoire de l’église métropolitaine Saint-Sauveur , de la ville d'Aix, Ms. = fé = On doit également des éloges au tableau de la Pentecôte, qui orne un des autels de l'église Saint- Jerome. Quoiqu'il n'existe plus, nous croyons devoir faire connaître la composition d’un tableau de 32 pieds, que Paret avait peint en plafond, pour la chapelle des Pénitents blancs, établie sous le titre de Notre- Dame de Pitié. Le sujet était la résurrection du Christ. Nous en empruntens la description à un his- torien d'Aix (1), en supprimant toutefois ce qui était inutile à la description. « Au mitan du tableau est l'Homme-Dieu qui s élance dans le ciel, portant d’une main la croix qui à étendart attaché qui voltige, dont le mouve- ment luy cause des plis tortillez se terminant en deux pointes. Ilest blanc, marqué sur le milieu d'une croix incarnate. Les cinq playes paroissent. « Un ciel ouvert paroît avec le Père éternel qui tend les bras pour recevoir son fils, à qui il montre un thrône à sa droite et dans une gloire éclatante. Ce thrône est composé d’or et de chérubins : le marche-pied est un groupe de ces esprits bien- heureux. Au dessus de ce thrône dans l'endroit le plus éclatant du tableau, 1l y a placé le Saint Esprit. Le Père éternel est revêtu d’une robe céleste avec (4) Pierre-Joseph de Haïtze ( on prononce de Hache }) , les Curiositez les plus remarquables de la ville d'Aix, M. pc. LXXIX, page 92 et suiv. — 165 — un grand manteau de mesme; ayani une grande barbe blanche, couronné de séraphins; il a ses pieds appuyez sur un globe d'azur porté par un groupe d'anges entremêlez dans de nuages. « À côté du Christ paroissèt deux anges, un grand vêtu de verd pâle rehaussé de blanc ; accom- pagné d'un enfant; ils montrent avec la main le thrône où il se va asseoir et prennent leur essor du même côté. Un peu au-dessus sont deux autres enfans, l'un avec une draperie verte, portant d’une main une branche de palmier, et montrant de l'autre le thrône, ilse voit par dessous et celuy avec qui il rasonne, vole la teste en bas. Dans la gloire parois- sent trois rangées d’anges, les uns qui adorent à un genou, d'autres à deux, quelques-uns se voyent entièrement, et d'autres sont à demy cachez dans les nuages. Tous ces anges sont vêtus d'étoffes chan- geantes. « On voit trois testes de cherubins au plus haut du tableau. « Autour de la teste du Christ se voyent quelques cherubins, dans le dessous de l’épaisse nuë qui sou- tient le Père-Éternel, qui sont éclairés par le Christ qui mene une clarté avec luy. Une ruée qui sort du sepulchre sert de fonds au Christ, et va se joindre en tourbillon avec les nuës du ciel, et grossit celles qui soutiennent le Père-Eternel. « Au bas du tableau est une grande terrasse , — 166 — sur laquelle se voit le sepulchre, et en derrière une grote obscure qui s opose à la clarté de la gloire et sert de fonds aux figures qui remplissent le devant. Le sepulchre est ouvert et la pierre qui le couvroit est renversée, au-dessus de laquelle sont deux anges vêtus de blanc, qui montrent de la main aux Maries ( qui venoientavec des aromates et des parfums pour embeaumer le Christ) qu'il est ressuscité : sur le devant se voyent de soldats, un qui est droit vêtu d'armes à l'antique, le corps bleu et le manteau jaune, avec les brodequins couleur de rose, comme aussi les tonelets, et Les lambrequins ; il porte sur la teste un casque ombrage d'un pennache incarnat. Il s'en voit un autre sur le côté, qui s’éveille de son etourdissement et s'appuye d'une main enterre pour se relever, il a le corselet de couleur de citron et le manteau rouge. On y voit encore d’autres soldats endormis et d’autres qui présentent les piques du côté du Christ. La pierre du sepulchre est marquée du sceau ou cachet du président Pilate. « Ce tableau est dans un ovale de 32 pieds au grand diamettre et large à proportion. « Je finis ici la description de cet ouvrage, et quand je pense aux merveilles que cette rare pein- ture renferme, je m'écrie contre la mort d'avoir si-tost privé la France d’un si grand homme, avant même qu'il eût mis la dernière main à ce tableau, puisque cette cruelle envieuse de sa gloire ne luy a = MEN — pas permis d'en finir quelques figures les plus basses. » Nous passons sous silence les éloges outrés donnés à la peinture, ainsi qu'aux raccourcis de ce plafond, parce que de Haïtze est naturellement porté à l'exa- gération. L'étude de ces peintures pourrait être profitable à bien des artistes de l’école moderne qui, pleins de talent, semblent, néanmoins, avoir plus d’une fois oublié que les figures ne doivent jamais avoir des poses exagérées; qu'il faut soigneusement rejeter ce qui détourne du sujet les yeux et l'attention ; le sujet devant toujours dominer la composition, éviter la vacillation produite par les soins superflus donnés à des détails qu’il aurait fallu qu'indiquer. Enfin, rechercher l'harmonie générale qui provient de celle des parties entre elles. Les ouvrages mé- diocres, les mauvais même, peuvent surprendre la multitude et l'éblouir un moment, par l'effet du clinquant qui trop souvent les accompagne. Mais cette séduction est passagère et le prestige de courte durée. Tôt ou tard'ces ouvrages prennent hum- blement leur véritable place dans l'opinion pu- blique. Les peintures de Jean Daret, rarement frappent au premier aspect. Il faut les voir à plu- sieurs reprises pour les comprendre , les sentir et les apprécier. Plus l'œil les examine et l'esprit les analyse, plus aussi l'estime augmente. N'est-ce pas la preuve d’un mérite réel ? 2 68 à I existe pourtant un tableau de Jean Daret dont l'appréciation est instantanée, parce que le sujet qu'il représente obligea le peintre à changer sa pa- lette. Ce sujet aussi grand que terrible, lui fit rejeter les tons doux, seuls convenables aux compositions gracieuses qu'il traitait ordinairement. Ici pour ob- tenir une analogie nécessaire entre le sujet et l'exé- cution, il fallait que l'énergie du pinceau secondât l'énergie de la pensée. C’est à quoi il a parfaitement réussi. Ce belouvrage décorait jadis la Chapelle dite des Maurel, au couvent de Saint-Pierre (1). Il est aujourd'hui à l'église métropolitaine. C’est la repré- sentation du Christ, mort sur la croix, au pied de laquelle est assise sa Mère, penchée en avant et comme courbée sous le poids de la douleur. Son sein est percé de sept glaives. D'un côté Saint- Pierre et de l’autre Saint-Antoine à genoux, con- templent douloureusement le Rédempteur des hom- mes. Une touche mâle, une savante distribution de la lumière, la noblesse des poses et le grand carac- tère des têtes distinguent cette œuvre dont le mé- rite rappelle les belles productions des écoles ita- lienne et espagnole. Il est certain que lorsque Daret peignit ce tableau, il était pénétré de la sublimité du sujet, le plus grand des mystères chrétiens. En (4) J.-F. Porte, Notice historique sur l'ancien prieuré de Saint-Pierre et sur le couvent de ce nom. à Aiæ ( Bouches-du-Rhône ), Ms — 169 — le voyant, on est convaincu que le peintre était émi- nemment religieux. Il est d'autres ouvrages qui ne participent nul- lement à la manière de peindre dont il a été parlé. Ce sont les tableaux de chevalet. Dans ces sortes de peintures, l'artiste rehaussait le plus souvent ses tons par des coups de lumière vigoureux , mais dis- tribués avec discernement. Aussi obtint-il un grand relef dans les objets représentés et de très piquants effets. A l'autel de la chapelle des Maurel, pour laquelle avait été peint le Christ en croix , étaient placés aussi les Mystères de la Passion, peints dans la ma- nière dont il est ici question, et placés aux gradins de l'autel. Le sujet du milieu était l'Ecce Homo. Ces peintures jouissaient de beaucoup d'estime (1). Elles avaient paru assez précieuses pour mériter d'être placées sous glace. On les avait bien jugées, car on peut dire qu'elles sont d'une grande beauté. Ces deux tableaux, égaux en format (50 centimètres environ de longueur, sur 25 centimères de hauteur) font partie de la collection de M. le chanoine Topin. L'un représente le portement de croix où paraît Sainte Véronique. Une multitude de figures dispo- sées avec art, entrent dans cette composition. Au {1) P.—J. de Haïtze, les Curiositez, etc. 13 — 170 — second tableau, Daret a figuré la mise au tombeau. Un souterrain, des rochers, un paysage plein de tristesse et quelques figures sur le devant, forment la composition. Dans ces deux toiles, les têtes ont une expression vraie et les figures toute la noblesse désirable. Les amateurs étrangers, qui ne peuvent connaître le pinceau de Daret, ne manquent pas d'attribuer ces précieuses peintures, à François Bar- bieri, dit le Guerchin, au pinceau duquel, en effet, elles tiennent singulièrement. Nous ne connaissons qu'un seul portrait peint par Daret. C’est celui d’un joueur de luth, élégamment vêtu, ayant la tête découverte et dont les cheveux tombent sur les épaules. Ce portrait, qui est de grandeur naturelle, orne le Musée d'Aix. Quoique très nombreux et souvent immenses, on ne pourrait reprocher à aucun des ouvrages de Daret, un faire négligé ou qui se ressente de la pré- cipitation. Tout y est sagement conçu et terminé avec un soin soutenu. Ce peintre possédait à fond la connaissance de l'architecture, de la perspective et de ce qui sy rattache. Ses tableaux, dans lesquels il est rare de ne pas rencontrer des morceaux ou des ornements d'architecture, prouvent combien ses connaissances étaient étendues sur ce point. On peut même citer des travaux spéciaux, peints à l'huile. L'ouvrage le plus considérable qu’il ait produit dans ce genre = {71 — ést celui qui décore l'escalier de l'ancien hôtel Chà- teaurenard. De Haïtze, dans son opuseule des cu- riosités d'Aix, fait une description très détaillée de cette vaste peinture, qu'il dit figurer le triomphe de la vertu. M. le chevalier d'Agay, à qui appartient l'hôtel Châteaurenard, accueille avec la plus affec- tueuse politesse, les curieux qui désirent connaître la peinture de Daret et sa collection de tableaux. - Daret avait peint en outre le plafond d’une salle du rez-de-chaussée à l'hôtel d'Éguilles. Cette pein- ture, très belle de couleur et vigoureusement traitée, surpassait en mérite celle de l'hôtel Châteaurenard, quoique de Haïtze n'en parle point dans son livre des Curiosités d'Aix. Le propriétaire actuelde l'hôtel d'Éguilles a fait détruire , il y a peu d'années, ce superbe plafond. Jean Daret était aussi dessinateur habile. Il existe de lui des dessins à la mine de plomb, au lavis et à la sanguine, qui attestent la fécondité de son ima- gination, autant que la grâce etl'esprit de son crayon ou de son pinceau. Comme la plupart des maîtres de toutes les éco- les, Jean Daret a gravé à l’eau-forte, son œuvre n'est pas considérable. I grava une estampe représentant Lot et ses filles, ainsi qu'un sujet de thése. Nous ne connaissons point ces gravures et nous ignorons s'il les a com- posées. En 1658, il publia une suite de neuf pe- — 172 — ütes pièces de sa composition. Elles sont dédiées à sa sœur Marguerite Daret, et représentent les Vertus Théologales, sous la forme de jeunes enfants dans des paysages. Les travaux de ces diverses planches sont faciles. La pointe en est fort spirituelle. Il ne faut pas confondre les gravures de notre Daret, avec celles d'un autre artiste appelé Pierre Daret, natif de Pontoise. Celui-ci fit paraître beau- coup d'estampes d’après le guide, le Dominicain, Blanchard, Ann. Carrache, le Caravage, Ottovenius, Vandyc, Phil. Champagne, S. Vouet, CL. Stella, L. Lahyre, Lesueur, Lebrun, etc. Il mourut près d'Ax, dans leslandes de Bayonne. L'identité de nom et la ressemblance des mots Ax et Aix, pourraient produire des erreurs. Pour éviter toute méprise, il est essentiel de remarquer que Jean Daret gravait à l’eau-forte, et Pierre Daret, au burin. D'ailleurs, les estampes de ce dernier sont marquées du mono- gramme PD. Plusieurs productions de Jean Daret ont été re- produites par le burin d'habies graveurs. Robert Nanteuil a gravé d’après lui, le portrait de Jean de Mesgrigny , désigné comme premier président du Parlement de Toulouse. Ce portrait a été gravé une seconde fois au burin, par un artiste appelé M. F. Frosne (1), pour être placé à la tête de l'Histoire (1) M. F. Frosne, graveur au burin, n’est cité dans aucune biogra- phie. Plusieurs ouvrages sur la Provence, publiés à Aix, contiennent —- 1793 — des- Comtes de Provence, composée par Ruffi (1). N. Pitau à gravé d'après Daret un autre portrait. Nous ignorons le nom du personnage qu'il repré- sente. Cundier, graveur d'un talent médiocre, né à Aix, a donné au burin, celui de Mourgues, ancien juris- consulte provençal, d’après un dessin de Daret. Le même artiste a gravé aussi d'après un dessin du même, le frontispice de Histoire de Provence, d'Honoré Bouche. des planches par lui gravées. Ce fait, s’il ne prouve pas que M. F. ‘ Frosne füt né en Provence, atteste du moins qu'il habitait ce pays. Huber et Rost dans leur Manuel des curieux et des amateurs de l’art, tom. 7, pag. 230, parlent d’un graveur au burin, nommé Jean Frosne, qui avait exécuté beaucoup de portraits et que M. de Marolles, abbé de Villeloin , avait occupé. Évidemment ce n’est pas le même. (1) Jean de Mesgrigny, à qui ce livre est dédié, était véritablement premier président du parlement de Provence, en 1655, année où il cessa d’en remplir les fonctions, et celle de la publication de l'ouvrage. L'auteur de l’histoire du parlement d'Aix ( M. Prosper Cabasse, Essais historiques sur le parlement de Provence, depuis son origine jusqu'a sa suppresssion , om. 4, pag. àj de la liste des membres dn Parlement ) piace sa réception dans cette compagnie, au 20 juin 1644. — M CATALOGUE. Des tableaux de Jean Daret, désignés dans le livre des Curiosités de la ville d'Aix, publié par de Haïtze, de ceux cités par cet auteur, el qui existent encore, avec l'indication des lieux où ls sont places, enfin la désignation des peintures dont de Haïtze ne parle point. 1. La Scène, à l'autel de la chapelle de Corpus Domini, à S' Sauveur. 2. Peinture à fresque au-dessus de cette chapelle Copie de la transfiguration de Raphaël. 3. Descente du S' Esprit sur les Apôtres, à l'é- glise S' Jérôme. k. L'ange Gardien, 5. S! Joseph. 6. Tableaux dont le nombre et les sujets ne sont point désignés, peints pour orner la chapelle de l'Association, à l'ancienne église de l'Oratoire. 7. St Joachim. 8. Ste Anne. 9. St Zacharie. 10. Ste Élizabeth. 11. S' Jean-Baptiste. — 19: - 12. Marie Salomé. 13. S' Jacques, le Majeur. 44. St Jean, Évangéliste. 15. S' Lazare. 16. Ste Marthe. 17. Ste Madeleine. 18. S' Maximin. 19. St Sidoine. 20. S! Siméon. 21. Anne, Prophétesse. 22. St Pierre. 23. Marie Cléophe. 2%. St Jacques, le Mineur. 25. S' Siméon, Apôtre. 26. S' Thadée ou Jude. 27. S' Siméon. évêque de Jérusalem. 28. S!' Joseph, dit Barsabas. Il ne reste de cette suite que quatre tableaux dont deux à l’église de l'hôpital S' Jacques, et deux à celle du collége Bourbon. 50. Vingt-deux autres peintures représentant des concerts d'anges. Elles ornaient autant de compar- timents qui entouraient le haut de la chapelle. 51. Un paysage où l'on voyait Jésus, endormi dans les bras de sa mère. 52. St Joseph dormant, et un ange qui l'éveille pour fuir la persécution. « La perspective de ruines qui y est représentée dans un plafond qui se voit — 176 — de bas en haut ( dit de Haïtze }, quoiqu'elle n'ait en tout qu'un pied et demi, ne laisse pas de tromper la veüe. » 53. Ste Famille dans une gloire. 54. Jésus, Marie et Joseph. 55. Peinture exécutée au-dessus de l'autel, re- présentant un grand rideau rouge dont deux anges tenaient les cordons. Ce morceau excitait l'admui- ration universelle. Ces peintures ornaient l’église de l'Oratoire. 56. Tableau ovale de plus de 32 pieds, repré- sentant la Résurrection du Sauveur. Ilavait été peint en plafond, pour la chapelle des Pénitents blancs. 57. Autre tableau pour le maître-autel du cou- vent de St Sébastien. 58. La Vierge du Rosaire, peinte pour le maître- autel de l'église des PP. Prêcheurs, placée au- jourd'hui dans l’église de S'e Marie-Madeleine. 59. Notre-Dame des Suffrages, à Ste Marie-Ma- deleine. 60. Un Crucifix. 61. Un saint personnage de l’ordre des Prê- cheurs. 62. Autre saint du même ordre. 63. S'° Anne, ayant à ses côtés Ste Agathe et Ste Marguerite. Tableaux peints pour l’église des Grands-Carmes. 64. S!' Joachim. 65. S'e Anne. Peints pour la congrégation des Jésuites. 66. Petit tableau, peint pour le principal autel de l'église du second couvent de la Visitation. 67. Annonciation. 68. Baptême de J.-C. 69. La Pentecôte. Ces trois descentes du S' Esprit furent exécutées pour l’église de ce nom. La Pentecôte seule n'a pas été détruite. Elle est aujourd'hui dans l'église S' Jérôme. 70. Ste Thérèse, recevant les insignes de son ordre de la main de la Ste Vierge et de S' Joseph. Ce tableau se voit à S'e Marie Madeleine. 71. St Joachim, S'e Anne et la S'e Vierge enfant, au milieu. 72. St Jérôme écrivant dans une grotte et écou- tant la trompette du jugement dernier. Ces trois tableaux avaient été faits pour le couvent des Carmes déchaux (déchaussés). 73. S' Alexis. 7%. Deux religieux Trinitaires. Peints pour le couvent de ce nom. 75. St Sauveur, religieux Recolet, exécuté pour l'église de ce nom. 76. J.-C. donnant les clefs du ciel à S' Pierre. 77. St Pierre, pleurant son reniement, petit tableau ovale, de 2 pieds de hauteur. NS 78. Le Christ en croix, ayant la Vierge aux pieds, entre S! Pierre et S' Antoine. Ce tableau est actu- ellement à S' Sauveur. 79. Ecce-Homo. Petit tableau. 80. Jésus portant sa croix, id., aujourd hui dans le cabinet de M. le chanoine Topin, chevalier de la légion d'honneur. 81. S' Joseph d’Arimathie et Nicodème, ense- velissant le Sauveur. Dans le même cabinet. Les six derniers tableaux décoraient l'église des Augustins déchaux, appelés les PP. de S' Pierre. 82. Plafond peint à l'hôtel d'Éguilles. Il repré- sentait des ornements d'architecture sur lesquels grimpaient des plantes rampantes, entremêlées de fleurs. De Haïtze n’a pas parlé de cette peinture. 83. Les Ames du purgatoire. Tableau très en- dommagé et couvert de repeints, à S' Jérôme. De Haïtze n’en fait pas mention. 84. Miracles de Salvator de Horta, Recolet mi- neur, à Ste Madeleine. Il n’est pas cité par de Haïtze. 85. Nativité du Sauveur. Tableau non mentionné par de Haïtze. Ce tableau se trouve à la chapelle du château de Labarben. 86. Le joueur de luth. Portrait inconnu à de Haïtze, et placé au musée de la ville. 87. Autre portrait qu'on dit être celui de Daret. De Haïtze le passe sous silence. [l'est à l'hôtel de Mons ==, 1990-= 88. Endymion endormi dans les bras de Diane. Plafond. 89. Endymion surpris par l'aurore. Plafond. Ces deux peintures sont les portraits de M. de Vandôme, sous la figure d'Endymion et de sa mat- tresse, sous les traits de Diane. 90. Diverses peintures en camaïeu. Ces trois derniers numéros que de Haïtze ne dé- signe point, ornent la chambre d’une maison située à la rue Verrerie. 91. Le triomphe de la vertu, immense peinture à l'huile, exécutée à l'escalier de l’ancien hôtel Chà- teaurenard, appartenant aujourd'hui à M. le che- valier d’Agay. 92. S' Joseph agonisant. Cette peinture, qui figure à un des autels de l'Église de Lambese, était inconnue à de Haïtze. Elle est remarquable par la beauté d'expression de la tête de S' Joseph. 93. La répétition du même tableau, mais dans un très petit format, également inconnu à de Haïtze. Cette toile orne la chapelle du domaine appartenant à M. Martin, propriétaire à Lambesc. 9%. Esquisse du grand tableau représentant la résurrection du Sauveur, peint au plafond de l'église de Pénitents blancs. Cette esquisse, qui n'est pas mentionnée dans le livre des Curiosités d'Aix, se voit maintenant chez les héritiers Ravanas. 95. Un Christ en croix, la Madeleine au bas. — 180 — 96. Autre tableau faisant pendant. Ces deux numéros sont des tableaux de chevalet. Ils appartiennent à M. Clairian, ancien directeur de l'école de dessin. De Haïtze ne les mentionne nulle part. 97. La Vierge, assise sur des nuages, ayant l'Enfant-Jésus sur ses genoux. Au bas et d’un côté, St Dominique , recevant le Rosaire des mains de Marie, tandis que d'un autre, l'Enfant-Jésus offre un cœur enflammé à une sainte religieuse, à genoux à droite. Tableau sur bois dont de Haïtze n'a pas parlé. Il fait partie de notre collection de tableaux. 98. Repos en Égypte. La vierge, assise au pied d'une colonne surmontée d’une draperie, tient son fils debout sur les genoux. Des anges inclinés dé- votement, présentent à Jésus, des raisins dans un plat. St Joseph, à côté de la Vierge, con- temple ce spectacle. Au fond, paysage. Petit ta- bleau sur toile dont de Haïtze ne parle pas quoiqu'il soit remarquable. Il fait également partie de notre collection. — 181 — Jean-Baptiste BOYER DE FONSCOLOMBE , Peintre-amateur. L'homme qu'un goût prononcé et la nécessité poussent vers la pratique des arts, acquiert, sil réussit, des titres légitimes à l'estime des amateurs, à leur bienveillance et à des encouragements néces- saires. Plus tard, s'il donne des preuves de génie ou d'un grand talent, outre la renommée, il recueille souvent l'opulence. Telle est la carrière de l'ar- tiste. Mas il est une autre classe d'hommes qui a droit encore à un sentiment entièrement personnel, et à la reconnaissance des hommes de goût. Cette classe est composée de ceux qui n ayant pas de richesses à ac- quérir, d'honneur à ajouter à leur nom, dont les occupations de toute autre nature et en apparence incompatibles avec les études artistiques, préfèrent néanmoins aux honneurs dont ils sontentourés etaux plaisirs qu'ils pourraient goûter, les soins inséparables de la culture des beaux-arts, qui y consacrent leur loisirs, leurs veilles, et enfin qui réussissent complè- tement. Tels sont les amateurs-artistes. Leur nombre est très petit, à cause des difficultés que le plus ardent amour des arts peut seul faire surmonter. Cette pensée ou pour mieux dire ce principe est plein de justesse. La plus exacte application peut en être faite à Jean-Baptiste Boyer de Fonscolombe, issu d’une noble et riche famille, voué à la carrière des armes, forcé à des relations de devoir, de con- venance et d'amitié. Il triompha de ces obstacles, sans négliger les obligations sociales que son rang, sa fortune et sa position particulière lui imposaient. Aussi recueillit-il le fruit de ses nobles efforts, dans les éloges unanimes que lui valurent de bons et nombreux ouvrages. On conviendra que beaucoup d'artistes n'auraient pas agi de la sorte, s'ils avaient joui de sa fortune et s'ils s'étaient trouvés dans une semblable position. ILest donc bien juste de tenir compte à cet habile amateur des sacrifices qu'il s'était imposés pour se livrer à l'exercice de l'art. Il réussit si bien, qu'il est parvenu à rivaliser de ta- lent avec les artistes de réputation. Né à Aix, le 9 septembre 1719, d'Honoré Boyer, secrétaire du Roi, et de Catherine Carnaud, Jean- Baptiste Boyer de Fonscolombe puisa dans sa fa- mille, le goût des sciences et des beaux-arts, qui y est héréditaire. Jeune encore, il embrassa l'état — 183 — militaire et entra dans le régiment de Flandre où il fut nommé capitaine, le 48 février 4747. La bonté de son cœur, l'amabilité de son esprit et la gaîté de son caractère lui acquirent des amis véritables qu'il conserva toute la vie. Le 47 septembre 1759, il fut décoré de la croix de St.- Louis, par le duc de Villars, gouverneur de Provence. Boyer de Fonscolombe cultivait la peinture avec succès et il peignit en miniature , sur velin, des paysages qui eurent de la réputation. Ces jolies pein- tures que l'amitié obtenait de lui, étaient fort recher- chées parce qu’elles décélaient un véritable talent et une grande facilité. Elles lui valurent, en 4766, le titre de membre honoraire associé de l'académie de peinture et de sculpture de Marseille, qui flo- rissait alors. Boyer de Fonscolombe voyagea en- suite en Italie où il demeura assez longtemps. Il sut mettre à profit, le séjour qu'il fit dans ce pays, pour avancer dans la peinture. 1] dessina ou peignit une grande partie des monuments antiques qui avaient frappé ses yeux. Ce fut surtout à Rome, qu'il se livra à ces sortes d'études. Il paraît qu'il s’'appliqua aussi à rendre fidèlement sur le velin, les beaux ciels de l'Italie. En 1767, l'académie del desegno, à Rome, l'admit au nombre de ses membres honoraires. Hl rapporta de cette ville, non-seulement la précieuse collection d'études dont il vient d’être parlé, mais encore des miniatures faites d’après plusieurs ta- — 184 — bleaux d'histoire appartenant à l’école italienne. Sa famille possède dans ce genre une miniature représentant Saint-Louis, roi de France, guérissant les écrouelles, peinture pleine de mérite. Ces divers ouvrages accrurent sa réputation de peintre et lui méritèrent les éloges des connaisseurs. A partir d’a- lors, les peintures de Boyer de Fonscolombe acqui- rentun supériorité marquée sur celles d’auparavant. On les distingue de celles-ci par un ton de couleur chaud et brillant, et l'on peut dire avec vérité qu'elles sont quelquefois admirables. En 1773, J. B. B. Grosson ayant fait paraître son recueil des Antiquités et Monuments Marseillas, Boyer de Fonscolombe contribua aux dépenses que nécessitait la publication de cet ouvrage, ainsi que le témoigne la note gravée au bas de la quinzième planche. Il mourut dans sa ville natale, le 11 décembre 1783, àâgé de 74 ans et trois mois, emportant les justes regrets de sa famille, de ses amis et des ap- préciateurs du vrai talent. Ses productions sont aussi nombreuses que va- riées. Cet habile amateur avait adopté une manière de peindre qui, sans frais de travaux, produisait tout l'effet désirable. Il pouvait ainsi avec facilité, se livrer à la féconde imagination dont il était doué et peindre d'une manière expéditive. Les ciels de ses compositions produisent en général un bel effet, — 185 — el ses soleils couchants soutiendraient quelquefois le voisinage de ceux de Claude Gélée. Il groupait les nuages avec goût, les peignait légèrement, et de telle sorte, qu'en obtenant par leur secours, d’a- gréables oppositions, 1l les faisait servir à relever le sujet principal. Les paysages qu'il représentait ne sont pas surchargés de ces nombreux détails qui dé- cèlent une malheureuse fécondité privée de goût; mais il les enrichissait de détails simples et gracieux. Ces jolies compositions, toujours animées par des figures pleines de vie, de mouvement et de variété, sont spirituellement peintes. Il disposait ses groupes avec art et savait communiquer aux figures toute la gaîté et la vivacité provençales qui dominaient dans son propre caractère. L'hilarité et une aimable folie président à l'action des figures. On y voit le plus souvent de riantes scènes, telles que des danses champêtres auxquelles sont mêlés des personnages grotesques. L'emploi des couleurs saillantes que nécessite la diversité de ces costumes, est si bien combiné, si bien ménagé, que sans produire du pa- pillotage, il sert à éviter la confusion qu'amènerait nécessairement la multiplicité des figures. La plu- part des paysages peints depuis son retour de Rome, représentent des monuments antiques, des bas- reliefs et des statues d'après les études qu'il avait faites en Italie. Les terrains des premiers plans sont très vigoureux et pleins de chaleur, ses rochers 14 — 186 — d'une forme grandiose et heureusement placés. L'œil se repose avec plaisir sur des loiutains légers et va- poreux, ainsi que sur les eaux qui sont d’une grande transparence. Nous n'exceptons qu un petit nom- bre de productions où l'on remarque, comme on dit en peinture, un faire lâché. Ce sont celles, sans doute, qu'il enfantait dans ces moments où l'imagi- nation fatiguée a besoin de repos, et auxquelles il ne travaillait qu'à contre cœur et pour se délivrer de l'importunité des prières indiscrètes. Mais on y reconnaît toujours la facilité d'execution, la fraî- cheur de coloris et la vérité de ton que l'œil re- cherche et que le goût apprécie. KrAnÇoIs TUAIRE, Perntre. Quand la mort a frappé un jeune artiste qui par- courait sa carrière à pas de géant et allait atteindre le but vers lequel les plus énergiques efforts et une brillante imagination le poussaient sans relâche, on regrette doublement la perte du talent si prématu- rément moissonné. Les regrets sont d'autant plus amers, qu'on voit, par ce quil a laissé, combien l'avenir du jeune artiste eût eté riche de gloire. Ces réflexions sont d'autant plus justes que, quoique le talent de Tuaire n’'eüt pas encore atteint son apogée, ce peintre a cependant laissé un nom qui s'était déjà associé à des noms illustres dans l'art. Les goûts simples de François Tuaire, la nature de ses occupations et la brièveté de sa vie, prive- ront cette notice de l'intérêt des faits. Nous tâche- rons d'y suppléer, en offrant à défaut d’autres, quel- ques traits qui, quoique peut-être puérils, sont caractéristiques. Ils serviront à connaître l'excel- lence du cœur de celui qui en est objet. — 188 — François Tuaire (1) naquit à Aix (Bouches-du- Rhône }, le 29 juillet 179%, de parents pauvres et honnêtes. Il montra dès la première enfance, une douceur de caractère qui lui atüra l'attachement de ses jeunes amis et la bienveillance des personnes qui le connurent. A cet âge tendre où cédant au besoin d’un mouvement salutaire, les enfants se livrent avec ivresse à des jeux bruyants, Tuaire, d'un caractère mélancolique, se tenait à l'écart, pour étudier plus attentivement, ou pour méditer sur ce qu'il avait lu. Le plus souvent ses petits amis res- pectaient cet isolement; mais quelquefois ils cher- chaient à le distraire, et alors, quoiqu'il en fût con- trarié, il prenait part aux jeux communs. Vers ce temps il fut atteint de la petite vérole. Forcé de garder sa chambre et de suspendre ses études, il était vivement affligé. Un jour il fut trouvé versant des pleurs. Ses parents, étonnés, lui en deman- dèrent la cause. La cause de mes larmes, dit-il en pleurant amèrement, c'est que je ne saurai plus mes leçons. Cette avidité d'instruction le suivit au collège. Il s y distingua par une grande application et des pro- grès constants. Une candeur angélique, bien rare (1) 11 signait quelquefois Thuaire, mais la véritable ortographe de son nom est telle que nous l'avons adoptée. Cette rema rque est faite pour prévenir des méprises que la différence de ces signatures pour— rait occasionner — 189 — chez les enfants de cet âge, en relevant les autres qualités dont il était doué, étouffa tout germe d'envie dans le cœur de ses condisciples. Il recevait souvent la médaille d'encouragement; mais cédant à la mo- destie qui lui était naturelle, il la cachait avec soin, pour se dérober à des éloges qui eussent fait rougir sa candeur, et même pour ne pas blesser l'amour- propre de ceux qui étudiaient avec lui. Ses débuts dans l'étude des lettres et des sciences furent cou- ronnés du succès. Cet intéressant enfant eût été un savant ou un littérateur, si un entraînement irré- sistible ne l'avait poussé vers la peinture. Il employait au dessin, le temps que lui laissait l'étude, et les essais qu'il avait faits dans ce genre, étonnèrent les connaisseurs. De toutes parts on en- gagea ses parents à lui ouvrir la carrière de la pein- ture. Tuaire s'y livra alors avec une ardeur incon- cevable. Il surpassa bientôt, non-seulement les autres élèves, mais encore le maître auquel il avait été confié; et à l'âge de quatorze ans, il put entre- prendre le voyage de Paris, pour se perfectionner dans l’art. Recommandé à Prudhon , il fut admis auprès de lui, malgré la résolution de ce peintre de ne plus faire d'élèves. Cette exceptionen faveur d’un enfant pauvre, sans appui et étranger à la capitale, si elle honore le cœur du maître, est aussi, suivant nous, l'éloge le plus éloquent que l'on puisse faire de l'élève. La conduite ef les progrès du jeune — 199 — Tuaire, justifièrent la bonne opinion que Prudhon avait conçue de lui. Chéri de son maître et docile aux avis qu'il en recevait, il fut bientôt en état de peindre des morceaux dignes d'estime. Les secours qu'il recevait de chez lui ne suffi- saient pas à tous ses besoins. Il laissait ignorer cette circonstance à ses parents, afin de ne pas augmenter les privations qu'ils s'étaient imposées à cause de lui. Pour se créer quelque ressource, il fat obligé de donner des leçons ; mais il le faisait à l'insu de Prudhon qui, en ignorant la cause, l'aurait for- tement improuvé, dans la crainte que cela ne re- tardât ses progrès. Pour recouvrer le temps donné à ses leçons, Tuaire commit une faute qui lui devint fatale dans la suite : il consacra au travail les heures de nourriture et de repos. La privation continuelle des premiers besoins de la vie et le sur- croît de labeur auquel il s'était assujetti altérèrent peu à peu sa constitution déjà délicate. Il ne dût le retour d’une partie de ses forces, qu'à la jeunesse et à la pureté de ses mœurs. Les éloges que les artistes distingués ne cessaient de donner à Tuaire, parvinrent jusqu'aux oreilles de l'épouse de Napoléon, Fimpératrice Joséphine qui protégeait les arts. Voulant encourager un jeune homme que ces louanges unanimes rendaient inté- ressant, elle lui fit commander un tableau. Trans- porté de joie, Tuaire sentit ses forces doubler à un — 491 — si honorable appel. Il entreprit cette peinture avec ardeur et choisit pour sujet, Vénus entourée d'a- mours. Le style, le dessin, la couleur et la suavité du pinceau donnèrent aux connaisseurs, de grandes espérances sur ce qu'il pourrait faire un jour. Après avoir témoigné sa satisfaction, Joséphine désira voir le peintre, et lui fit un accueil plein de grâce et de bonté. Ce n'est pas tout ; elle voulut lui faire vi- siter sa collection de tableaux et compter le double du prix convenu. Un encouragement aussi flatteur fut très profi- table à Tuaire. Le génie du jeune peintre prit un vigoureux essor. Ses nouvelles productions s’en res- sentirent. On y remarquait un style plus élevé, un travail plus fini. Aussi sa réputation s’'accroissait- elle de jour en jour , aussi de partout lui deman- dait-on des tableaux. Plusieurs portraits de Louis XVII et du comte d'Artois lui furent commandés pour les villes de Paris, Arras, Tarbes, etc. Nous citerons à ce sujet ce que lui écrivait le général Bache d’'Arbaud, son compatriote, dont les connais- sances dans la peinture, rendaient les éloges vérita- blement honorables : « J'ai reçu, mon cher Tuaire, lui disait-1l, les portraits du Roi et de Monsieur. Je vous assure que j en suis très satisfait; coloris, des- sin, ressemblance, tout s y trouve réuni. » En 1821, un nouveau tableau lui fut demandé pour orner les appartements de Fontainebleau. Quoi- — 192 — que le prix fut modique, Tuaire , fier d'une telle destination, voulut travailler pour la gloire. IL y mit tous ses soins et produisit un excellent mor- ceau. Le sujet composé d'une seule figure, était Psyché, condamnée à séparer des grains et secourue par la puissance de l'amour (1). L'artiste avait pro- (1) « En disant ces mots, elle (Vénus) fit venir Psyché, lui ordonna de la suivre et la mena dans une basse-cour du château. Là sous une espèce de halle, étaient entassés pêle-mêle quatre différentes sortes de grains , lesquels on avait donnés à la déesse pour la nourriture de ses pigeons. Ce n’était pas proprement un tas, mais une montagne. 11 occupait toute la largeur du magasin et touchait au faite. Cythérée dit à Psyché: je ne veux dorénavant nourrir mes pigeons que de mil ou de froment pur ; c’est pourquoi sépare Ces quatre sortes de grains, fais-en quatre tas aux quatre Coins du monceau, un tas de chaque espèce. Je m'en vas à Amathonte pour quelques affaires de plaisir. Je reviendrai sur le soir. Si, à mon retour, je ne trouve pas la tàche faite et qu'il y ait seulement un grain de mêlé, je t'abandonnerai aux ministres de ma vengeance. «A ces mots elle monte sur son char et laisse Psyché déses- pérée. En effet, ce commandement était un travail, non pas d'Her- cule, mais d’un démon. « Sitôt que l'amour le sut, il en envoya avertir la fée qui, par ses fumigations, par ses cercles, par ses paroles, contraignit tout ce qu'il y avait de fourmis au monde d’accourir à l’entour du tas ; autant celles qui habitaient aux extrémités de la terre, que celles du voisinage. Il y eut telle fourmi qui fit ce fjour-là quatre mille lieues. C'était un plaisir que d’en voir des hordes et des caravanes arriver de tous les côtés. « Ilen vient des climats où commence laurore, De ceux que ceint Thélis, et l'Océan encore ; L'Indien dégarnit toutes ses régions ; 11 en part du couchant des nations entières ; Le Nord ni le Midi n’ont plus de fourmilières : U semble qu'on en ait épuisé l'univers : — 193 — fondément médité ce sujet. Le désespoir de Psyché à l'aspect d’un travail au-dessus de toute puissance humaine que vient de lui prescrire une déesse en- nemie, eût offert des images disparates avec les lieux où le tableau devait être placé. En effet, re- présenter dans les appartements de Fontainebleau, Les chemins en sont noirs, les champs en sont couverts ; Maint vieux chène en fournit des cohortes nombreuses. Il n’est arbre mangé qui sous ses voûtes creuses Souffre que de ce peuple il reste un seul essaim. Tout déloge, et la terre en tire de son sein. a L'éthiopique gent arrive et se partage. On crée à chaque troupe un maître de l'ouvrage. Il a l'œil sur sa bande; aucun n'ose faillir. On entend un bruit sourd; Ie mont semble bouillir Déjà son tour décroît, sa hauteur diminue. A la soudaineté l’ordre aussi contribue. Chacun a son emploi parmi les travailleurs. L'un sépare les grains que l’autre emporte ailleurs. Le monceau disparait ainsi que par machine. Quatre tas différents réparent sa ruine : De blé, riche présent qu’à l’homme ont fait les cieux, De mil, pour les pigeons manger délicieux ; De seigle, au goût aigret ; d'orge rafraichissante : Telles qu’on démolit les maisons quelquefois : La pierre est mise à-part; à part se met le bois. « Les fourmis s’en retournèrent aussi vite qu'elles étaient venues et n’attendirent pas le reñerciement. Vivez heureuses, leur dit Psyché. — 194 — le découragement de l'âme et la crainte des sup- plices, aurait produit une impression pénible, in- convenance que Tuaire devait éviter. Il préféra ex- primer les sentiments qu'éprouva Psyché, lorsqu'au point d’expirer de douleur, elle voit arriver des milliers d'insectes qui, en un instant, exécutent un tel travail. La diversité des sentiments que doit faire naître une pareille situation, fut parfaitement sentie par Tuaire, et c'est ce qu'il chercha à fixer sur la toile. Psyché est représentée dans le sombre magasin de Vénus, assise sur de la paille infecte, la tête pen- chée vers l'épaule droite etles cheveux en désordre. Elle laisse tomber ses bras délicats, en contem- plant le sujet de son mortel découragement. Tout à coup s'opère le miracle de l'amour. Toute épuisée qu'elle est, elle sent couler doucement dans son cœur l'espoir, la tendresse et la reconnaissance. Ces sentiments difficiles à rendre séparément, plus dif- ficiles encore à réunir sans confusion, sous l'empire d’un abattement excessif, sont exprimés d'une ma- nière juste sur la belle tête de Psyché et s y trouvent placés de telle sorte qu'on les distingue tous à tra- vers l'accablement de l'héroïne. Cetté composition Je vous souhaite des magasins qui ne désemplissent jamais. Si c'est un plaisir de se tourmenter pour les biens de ce monde, tourmentez- vous et vivez heureuses. » ( DE LAFONTAINE, les Amours de Psyché, Liv. 11.) UV fait connaître l'étendue du génie de l'auteur et la profondeur de ses méditations. Elle mérite en outre des éloges pour la simplicité du style, une carnation vraie, autant que brillante, fruit de l'entente des couleurs et de la juste distribution des ombres. Le faire de cet ouvrage rappelle la manière du maître de Tuaire. Le tableau de Psyché avait été distingué à l’expo- sition de 14822. M. de Forbin, directeur des musées de France, témoigna à l’auteur ses regrets de ne pou- voir convenablement rétribuer une œuvre faite avec talent. Il aurait désiré que le prix fut proportionné à la bonté de l'ouvrage. Mais cela ne pouvait être, attendu qu'il avait été fixé à l'avance. Tuaire n'était pas intéressé. Heureux de voir son travail agréé, il n'eût demandé aucune rétribution; aussi reçut-il celle qu’on lui offrit, sans témoigner de méconten- tement. M. de Forbin sut apprécier ce désintéres- sement qui prouvait éminemment l'amour de la gloire. Il procura à Tuaire le dédommagement le plus digne de lui, en lui faisant accorder une mé- daille d'or. Ici commence une seconde époque dans la vie artistique de Tuaire. Quittant la manière du maître, il se livre entièrement à la sienne et s'exerce d’a- bord à des compositions où il savait maîtriser l'a- bondance des idées qui, sans ce frein salutaire, l'eût infailliblement égaré. Il disposait ses groupes avec — 196 — sagesse et un calcul tel que les accessoires faisaient valoir le sujet. Nous avons vu des dessins de cette seconde époque qui méritent des éloges. Les plans en sont artistement dégradés et l'œil embrasse sans peine, la composition entière. Les figures d'un style et d'une forme Raphaélesques, se font remarquer par la correction du dessin. Des contours purs et fermement arrêtés prouvent que l'artiste avait suf- fisamment médité les sujets qu'il traitait, et que sa main exercée à la pratique de l’art, suivait sans peine l'intention qui la dirigeait. Ces qualités rendent les productions dont nous parlons, véritablement esti- mables. Les tableaux qu'il peignit alors brillent d'une vigueur de coloris que n'avaient pas les ou- vrages antérieurs. Les privations que Tuaire s'était imposées lors- qu'il était sous la direction de Prudhon et le surcroît de travail auquel il s'était livré pour ne pas inter- rompre le cours de ses progrès, lui avaient été fu- nestes, ainsi qu'on l'a déjà vu. Maintenant l'exces- sive ardeur qu'il porte à la pratique de l'art, achève de ruiner sa santé. Une maladie de langueur se ma- nifeste. Mais, loin de ralentir l'amour du travail, elle semblait l'augmenter encore. Cependant Tuaire ne se fit point illusion sur son etat. Il vit bien qu'il fallait se résoudre à mourir. Du moins il voulut em- ployer à des travaux honorables, le peu de temps qui lui restait à vivre. Ses efforts ne furent pas vains, ir et ce qui doit augmenter les regrets d'une perte st prématurée, c'est qu'il fut enlevé à la peinture, lorsque son génie l'initiait aux grands secrets de l'art. Le travail était une habitude si impérieuse pour lui, que, malgré l'épuisement presque total de ses forces, il dessinait constamment. Peu de jours avant sa mort, il composa un croquis à l'aquarelle, représentant deux guerriers qui visitent des ruines. Cette dernière production prouve que, malgré l'affaiblissement du corps, l'esprit n’avait rien perdu de son énergie. Le 28 janvier 1823, jour de sa mort, 1l paraissait être mieux qu'à l'ordinaire, ce qui fit naître quel- que espoir à ceux qui l'entouraient. Mais Tuaire sentait la mort approcher. Il profita de ce calme, pour faire appeler un prêtre. Après avoir reçu les secours de la religion , il employa quelques ins- tants à l'arrangement d'affaires d'intérêts, puis il chargea les personnes présentes de faire parvenir ses derniers adieux à des parents chéris qu'il re- grettait amèrement de ne pas embrasser, et peu d'instants après Tuaire avait cessé de vivre. Il était âgé de vingt-huit ans et six mois. Le talent de François Tuaire n’était pas un talent ordinaire. Il eût rendu son nom célèbre, et une il- lustration nouvelle en aurait rejailli sur sa patrie, s'il avait poussé sa carrière au terme que la pureté de ses mœurs pouvait lui faire espérer d'atteindre. On doit cependant dire avec vérité que les ouvrages tu qu'ila laissés, suffisent à sa gloire, et donnent, à la ville d'Aix, le droit de se féliciter de lavoir vu naître. gx: | ; > 2 soie. bn rée NS (rs “AREA R FER cu SRE se : ts à M'és ch es JE y mL 1, "A dates 18 % j ire TOUL + Sepil no NAT Mir “hu SHARE, 9 2 CNE Pa NES A» RE Fe : 0 L ‘ Fox: Li 1% Axe lt “ at Wars: AR re | rs Gr, de ee: SU 16: aus ag te ., CARE AGREE n ï 2 La " à " Fe ’ e ee Se LA ea È cs À EH TE PARENT EE 4 CU GER TE PARENTS, ’ TA Les} ‘4 % à ral É W k te HEUENE FANS \ A Mage ia äi el LE Lo Se Pom dus AU Ce mis de FT LR F - se eux 141 CAE open pire LM Por Pique Me n'avions buse neo ere, de CERN TX dan intés fee fon: fufèlre ; PAF + étui cRpÉtés én pa ue le vie 14 EMA E : Ada . - 7 OUR er he e Ji sa: Fr : 11% 4 : de A » e n ei 4; : < £ ge à A = £ 2 WDRIER HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE SAINT JEAN DE MALTE, AUJOURD HUI PAROISSE SAINT JEAN (ntrà muros ) DE LA VILLE D AIX, Depuis l' Établissement de l'Ordre dans cette Ville jusqu'à l'année A T9, PAR L'Assé E.-F. MAURIN, Aumônier du Chapitre de la Métropole CHAPITRE PREMIER. De l’Origine de l'Ordre de Malte et de la Commanderie d’Aix. Les lieux où s'étaient accomplis les mystères du christianisme n'avaient cessé depuis la prédi- cation de l'Évangile d'être visités par les fidèles, mais les Sarrasins s'étant emparés en 636 de la ville 18 — 202 — de Jérusalem, les chrétiens se trouvèrent exposés à mille avanies de leur part. Leur zèle cependant ne se refroidit point. La foi vive qui leur faisait entre- prendre ces voyages les soutint et leur fit braver tous les périls. Plusieurs siècles après, de pieux marchands d'Italie, ayant à leur tête Gérard Tenc, de l'île Saint-Geniez, aujourd'hui les Martigues (Bouches-du-Rhône), tout à la fois pleins de pitié pour les souffrances des pèlerins et d’amour pour cette terre désolée, obtinrent du sultan d'Égypte et de Syrie, la permission de construire une église à Jérusalem. Ils la dédièrent à Sainte-Marie la Latine, et la direction en fut confiée à un abbé de l’ordre de Saint-Benoit, d'autres disent de l’ordre de Saint- Augustin (1). Lorsquen 1066, les Turcs eurent chassé les Sarrasins de la ville sainte et de la Pa- lestine, on vit les chrétiens exposés à de nouvelles persécutions. Ils ne se livrèrent point pour cela au découragement, et l'abondance des aumônes permit quelques années après, en 1080, à l’abbé de Sainte- Marie, de bâtir tout près des murs d'une église grecque dédiée à Saint-Jean et non loin du tombeau du Christ, un hôpital pour les pèlerins malades. Gérard, dont les vertus étaient connues au loin, en fut nommé le premier supérieur. Les chrétiens étant rentrés en 1099 à Jérusalem (1) Michaud, Biographie universelle, tom. 47, pag. 475 — 203 — et le royaume de ce nom ayant été donné à Gode- froi de Bouillon, ce prince céda au maître et aux Frères de l'hôpital, l'église de Saint-Jean (1). Ceux- ci choisirent alors le saint précurseur pour patron. Bientôt plusieurs gentilshommes de l'armée des Croisés, témoins de leur zèle charitable envers les fidèles, se joignirent à eux et se dévouèrent à leur exemple à l'exercice de l'hospitalité. Ainsi fut fondé l’ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem. La foi ardente de ces temps, la charité, fonde- ment du christianisme, soutenaient ces hommes vertueux dans les entreprises les plus difficiles. Ils ne tardèrent pas à se lier par les vœux ordinaires des religieux et à y joindre celui de recevoir, de nourrir en santé et en maladie et de défendre les pèlerins. De là, par la nécessité d’escorter ceux-ci, d'assurer les chemins publics infestés par des bandes de voleurs ou des détachements d’Arabes, ils eurent à combattre et s accoutumèrent à la guerre. L'ordre d’abord purement hospitalier, fut tout à la fois hos- pitalier et militaire. Avec le triomphe de la Croix dans ces contrées s’augmenta le nombre des pèlerins. La charité des hospitaliers redoubla. Les rois et les princes de l'Eu- (4) Histoire manuscrite du grand prieuré de Saint Gilles, par Jean Raybaud, historiographe de la langue de Provence, à la bibliothèque Méjanes , à Aix. — 204 — rope leur donnèrent des biens immenses pour en consacrer les produits au soulagement des chrétiens. Alors la pensée des pieux associés s'agrandit, ils songèrent à fonder un grand système religieux et militaire dans le monde chrétien. Des succursales, répandues partout, devaient se lier à la maison-mère, établie près du sépulcre de l'Homme-Dieu. C’étaient tout autant d'écoles pour former les jeunes cheva- lers, c'étaient des retraites où les vieillards devaient se reposer après le combat, c'étaient des maisons d'hospitalité ouvertes aux chevaliers voyageurs. Ajoutons qu'il entrait dans les vues de Fordre de créer au sein de ces établissements secondaires, des asiles pour les diverses infortunes. Gérard vint débarquer à Saint-Gilles, en 1101 (1). Cette ville n’était alors éloignée que de trois lieues de la mer. Elle avait un port considérable ou abordaient les vaisseaux de toutes les nations et d’où partaient presque tous les pèlerins français qui allaient visiter la Terre-Sainte. En dehors de la ville et tout près de ses remparts, Gérard Tenc fonda une maison, devenue célèbre dans la suite, sous le nom de Grand- Prieuré de Provence. L'ordre de Saint-Jean de Jérusalem prit ainsi possession de l'Occident. Cependant la puissance de l'Ordre s’augmentant avec ses biens, il fallut organiser l'exercice de l’une et (4) Raybaud , Histoire Ms. du grand prieuré de Saint Gilles, 1.1.1 1 l'administration des autres. Les divers domaines fu- rent divisés d’après de certaines règles, en établis- sements particuliers, sous l'autorité des chevaliers nommés précepteurs ou commandeurs, qui faisaient leur résidence dans le manoir principal de chaque direction. Ces dignitaires furent naturellement char- gés de la surveillance des maisons de novices, des hôpitaux, etc. Il fut nécessaire en mème-temps de placer dans chaque commanderie un ou plusieurs prêtres pour le service Divin, et encore des laïcs, non nobles, propres dans les idées du temps, à rem- plir certains offices inférieurs. De là, en 1130, le grand-maître Raymond du Puy, divisa l'Ordre en trois classes : de chevaliers pro- prement dits de race noble; de prêtres, appelés chevaliers-diaco, et de chevaliers-servants pris dans les familles bourgeoises. Il y eût ainsi dans la reli- gion de Saint-Jean de Jérusalem, la représentation de ces trois états, connus dans les nations euro- péennes. Cette distinction de classe fut complétée par une division territoriale, dans laquelle, par rap- portà l'Ordre, l Europe fut séparée en huit langues, savoir : la langue de Provence, celles d'Auvergne, de France, d'Italie, d'Aragon, d'Allemagne, de Cas- tille et d'Angleterre. Comme on le voit, la Gaule eut la meilleure part dans ce système, puisqu'elle renferma trois langues sur huit, et la langue pro- vençale obtint le premier rang de cette classification — 6. hiérarchique, et cela était juste. Cette langue, qui comprenait la Provence proprement dite, le Lan- guedoc et le Dauphiné, possédait dans l’île de Saint- Geniez, la patrie de Tenc (1), et dans la maison de Saint-Gilles, le premier établissement de l'Ordre en Occident. Les peuples, les princes et les évêques de cette partie de la France, ne restèrent pas en arrière de ce mouvement général. Ils accordèrent à l'Ordre des églises, des terres et des immunités. Les villes d'Aix, d'Arles, de Manosque et le village de Puy- moisson eurent, les premiers, des asiles gouvernés par l'Ordre. La maison d'Aix fut établie au sud-est, et à une petite distance des murs de la ville comtale. Il a été impossible, jusqu'ici, de retrouver les titres de cette fondation, et nos historiens provençaux diffèrent sur la date ou n'en parlent point. De Haïtze (2) la fixe à l'année 1111, le dernier président de Saint-Vin- cens (3) etle chanoine Castellan (#4), d'après d'anciens historiens qu'ils ne citent pas, la font remonter à (1) Né dans l’île de Martigues, appelée autrefois saint-Geniez , vers l’an 1040. (2) Vie du bienheureux Gérard Tenc, pag.r2. (3) Notes sur l'Histoire d'Aix Ms., tom. 1. (4) Nous devons à l’obligeance de M. le conseiller Castellan la communication des nombreux manuscrits du savant et [pieux abbé Castellan , son oncle, décédé, professeur-doyen de la Faculté de théologie de cette ville. 907 l'année 1100. Ces divers auteurs se trompent: la fondation de la maison d'Aix ne peut être rapportée à l'an 1100, Gérard n'ayant, d’après les autorités les plus certaines, fait son voyage ën Occident qu'en 1101; elle ne peut l'être non plus à l'an 1111, puisque le pape Pascal If, dans sa bulle de 1113 où il mentionne tous les établissements de l'Ordre en Occident, ne parle point de celui d'Aix. Resterait l'autorité de Piton (1), qui place cette fondation avant celle de la commanderie de Trinquetaille- lès-Arles, établie en 4147, sur le motif que, dans une charte donnée l'an 1180, par Guillaume, comte de Forcalquier, aux hospitaliers de Manosque , Île prieur d'Aix est nommé avant celui de Trinque- taille, Nous croyons encore que Piton se trompe, et que cela n'indique tout au plus que le rang d’an- cienneté de ce chevalier, dans la maison duquel la charte fut donnée. Selon nous, cette fondation doit être placée dans la dernière moitié du douzième siècle, et nous adop- tons en cela le sentiment de l'historien anonyme des archevêques d'Aix. « C'est au commencement de « l'épiscopat de Montlaur, ditl, c’est-à-dire, en « 1166, que les hospitaliers de Saint-Jean acquirent « l'établissement qu'ils ont à Aix (2). » De tous les (1) Annales de l'Église d'Aix, pag. M8. (2) Cette histoire fait partie de la précieuse bibliothèque de Mer Rey, ancien Évèque de Dijon, actuellement chanoine de premier ordre du — 208 — auteurs provençaux qui ont traité ce point, celui-ci est le plus rassurant. La désignation faite par lui de la première année de l’épiscopat de Montlaur, offre un caractère de précision qui commande la con- fiance. Il avait sans doute puisé dans des sources encore ignorées et quon pourra, nous l’espérons, retrouver un jour. Après cela vient la charte du comte Guillaume, à la date de 1180 où figure Gau- tier, commandeur d'Aix, premier titre authentique connu de cette maison. Siune complète certitude historique nous manque sur l'époque où fut créé l'établissement d'Aix, nous ne savons pas davantage comment il obtint Le terrain sur lequel il s'établit. Nous conjecturons qu'ils le reçurent en don du comte alors régnant, et voici nos raisons : les terresenvironnants les trois villes d'Aix, appartenaient comme étant les plus précieuses, soit à l'église, soit au domaine. L’archevêque et le clergé avaient de belles etimportantes possessions au nord, le comte en avait à l’est et au midi. Jusqu'au moment de la réunion de la Provence à la couronne, les comtes ont possédé le domaine dit Jardin du Roi, qui s’étendait vers le sud-est de la ville. Au commencement du XIT®e siècle, ils en déta- chapitre royal de Saint Denis, qui a eu la bonté de nous le commu niquer. 909 — chèrent une partie en faveur de la maison conven- tuelle des frères Prêcheurs. On voit aussi dans leurs mains de vastes terrains cédés ensuite à l’arche- vêque d'Aix, par le roi, comte Réné. On peut donc raisonnablement penser qu'en 1166, ils avaient donné aux hospitaliers, le local nécessaire à leur établissement. Ce terrain paraît avoir été consacré sous le paga- nisme, à l’une de ses fausses divinités. Car au rap- port de l'historien Bouche, en 1593, on y trouva une très grande pierre portant ce mot Minervæ, à Minerve. Si nous en croyons une ancienne InsCrip- tion, peinte autrefois sur un vieux tableau de cette église et rapportée dans un manuscrit de la biblio- thèque Méjanes (1), il y aurait eu là une école dé- diée à Minerve (2); en rapprochant cette inscription de l'inscription lapidaire donnée par Bouche (3), on peut en conclure qu'il ÿ avait en cet endroit un temple dédié à Minerve, et près du temple une école. C’est ainsi que l'empereur Adrien avait établi à Rome, une sorte d'académie dans un édifice con- sacré à cette même déesse (4). Ce local aurait été dans la suite transformé en chapelle par les premiers (4) Portant le no 1011. (2) Pièces justificatives Ms. ( Ces pièces seront imprimées plus tard avec l'Histoire de la paroisse dont elles font partie. } (3) Chorographie de Provence , tom. 4, pag. 198. (4) Adam, Antiquités romaines, tom. 2, pag. 465 210 chrétiens, et de là serait venue la première église des Hospitaliers. Voilà tout ce qu’on sait de la maison d’Aix en ces premiers temps, en y ajoutant le nom du comman- deur Gautier, qui se lit dans la charte de 1180. C'est sur cette première maison que s'étendirent les bienfaits du comte Alphonse 4er, en 1182 (1), et ceux d'Alphonse IT en 1192 (2). C'est là que fut enseveli ce dernier, en 1209. Il en a été de la mai- son d'Aix comme de l'Ordre lui-même, dans la suite des temps elle a jeté un grand éclat, ses commen- cements furent obscurs et modestes. CHAPITRE DEUXIÈME. Fondation de l’Église actuelle. Le XIIe siècle commence en Provence avec le règne du dernier des Bérenger. Ce prince porta sur le trône cette piété et cet amour de la chevalerie qui distinguaient son époque. Les temps, comme les hommes, ont, en effet, un caractère à eux propre. Le catholicisme était alors parvenu à son apogée, et (4) Raybaud, Histoire Ms. du grand prieuré de Saint Gilles, tom. 2. Pièces justificatives. (2) Papon ‘Histoire générale de Provence , Lom. 3, à la fin du vol., aux preuves de l’histoire, pag. 28 — 211 — les arts, expression toujours fidèle de la religion et des mœurs, ne contribuèrent pas peu à entretenir les peuples dans ces sentiments élevés. Raymond-Bérenger IV fut, comme son père. en- tièrement dévoué aux hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Après leur avoir accordé de nouveaux privilèges et de nouvelles franchises, 1l voulut en- core que la maison possédée par l'Ordre dans sa ca- pitale, fut distinguée de toutes celles de son comté. De À, d’abord la construction de l'église de Saint- Jean, d'Aix, l’une des plus belles de la province et plus tard l'érection du prieuré , le premier de Ia langne de Provence après celui de Saint-Gilles. Bertrand de Comps, grand-prieur de Saint-Gilles, et chef en cette qualité de la langue de Provence, entra facilement dans les intentions du souverain. Il y trouvait d’ailleurs l’occasion d'employer d’une manière digne et utile, la portion des revenus de la commanderie d'Aix, qui ne servait pas aux dépenses ordinaires. Bérenger Monge, commandeur de Ma- nosque et d'Aix, futen conséquence chargé de faire construire une vaste église, pour remplacer la pe- tite chapelle affectée à l'Ordre. Le nom de larchi- tecte qui présida aux travaux est resté ignoré, comme on le voit souvent à cette époque. Commencée en l'année 1233 (1), cette église fut achevée, sauf (1) Raybaud, ibid. , tom. 1 , pag. 122 quelques détails, en l'année 1251, et, €'estici le heu de la décrire telle qu'elle sortit des mains de son architecte inconnu. Plus tard, en avançant dans notre récit, nous fairons successivement connaître les modifications subies par elle. Mais auparavant, il convient de donner une idée générale du sys- tème d'architecture qui fut employé dans cet édifice. Depuis environ deux cents ans, l'architecture romane régnait en France, mais la pesanteur et le mauvais goût qui la caractérisaient, en dégoûtèrent les évêques et les abbés des monastères, (c’étaient les seuls architectes de cette époque). La fermentation qui agitait alors les peuples pour le recouvrement de leur liberté ou pour la véritable gloire de la religion, se fit également ressentir dans l'esprit des hom- mes livrés à la culture des lettres ou à celle des beaux-arts. Honteux de leur obscurité et peut-être aussi de la décadence de l'architecture, les artistes de l'époque cherchèrent un nouveau genre de cons- truction qui, tout en modifiant les parties de l'édi- fice, répondit davantage aux sentiments religieux des peuples. L'ogive employée jusque-là comme simple ac- cident en devint la base. Le prolongement de l'arc- aigu, la solidité des voûtes, l'élévation et la hardiesse des édifices, la légèreté des bâtisses et la variété des symboles représentés dans tous ses ornements, forment les caractères généraux de cette architec- — 213 — ture chrétienne, désigné sous le nom de style ogival primitif, et qu'on pourrait encore appeler mystique. Lorsque cette révolution architectonique eut lieu, la Provence était couverte d'édifices sacrés cons- truits dans le style Romano-Bysantin. Les Hospi- taliers, voulant élever un monument digne de la religion qu'ils défendaient avec tant de gloire, du- rent sans aucun doute appeler dans ce pays quel- ques-uns de ces ouvriers si habiles et si modestes tout à la fois, pour la construction de leur église. Le plan qu'ils adoptèrent fut celui d’une croix la- tine, sans bas-côtés et parfaitement orientée selon l'usage du temps fondé sur l'autorité des consti- tutions apostoliques (1). Son chevet ou abside ne fut pas comme celui des églises romanes en rond- point, ni même à pans coupés, mais carré, ainsi que ses transsepts ou crousillons. Cette innovation, dit M. Knigt (2), commença de paraître à la fin du XIPme siècle et dans la première moitié du XIIIe. Les cathédrales de Digne, de Poitiers, de Strasbourg, etc., quoique d'un style différent, ont également leur abside carré. Cette disposition du chevet donne un air sévère, et, l’on doit le dire, borne la vue (1) Ac primum quidem sit ædes oblongua orientem versüs navi si— milis, etc., Constitutions apostoliques, lib. 2, cap. 57, editione Parisiis, MDLXXI. (2) Mémoire sur l'architecture religieuse de Normandie et d’Angle- terre, inséré dans le bulletin monumental, tom. 4, no 4, pag. 208. — 214 — d'une manière désagréable. Ce qui distingua celui- ci du chevet des églises dont nous venons de parler, c'est qu'il ne fut éclairé que par une seule fenêtre dont l'ouverture fermée se voit encore en dehors, tandis que les autres en ont trois. Ce vaisseau offre, dans œuvre, 45 mètres de lon- gueur, 21 mètres 65 centimètres de largeur dans ses deux transsepts, 9 mètres 25 centimètres dans sa nef, et 16 mètres 35 centimères d'élévation, non compris l'épaisseur de sa voûte. Elle a sept travées formées par des faisceaux de colonnettes arrondies appli- quées contre le mur. Leurs bases sont sexagones et une double couronne de feuillages leur sert de cha- piteaux. Au-dessus de leurs abaques égaleméënt sexagones, s élèvent majestueusement les arcades principales en forme de bandeau, et les nervures qui vont se rajuster aux clefs de voûte ornées de ro- saces. Celle qui est entre les deux transsepts repré- sente la croix de Jérusalem, et celle du fond de l'abside nn agneau pascal avec sa banderole. Vingt grandes fenêtres géminées de 10 mètres de haut éclairaient ce magnifique vaisseau , et toutes, ex- cepté celle de la façade occidentale, étaient divisées en lancettes. Cette dernière, de forme ronde, se faisait remarquer par les meneaux de six trilobes qui la traversaient dans tous les sens. Divers mé- moires nous apprennent qu'elles étaient toutes or- nées de brillants vitraux, représentant selon l'usage — 219 — du temps, des fonds de mosaïque, des fleurons et des légendes de Saints qui tenaient lieu de tableaux. La clarté douce et mystérieuse qu'ils répandaient dans le temple, inspiraient le recueillement et la piété. Sur ceux de la fenêtre du chancel divisée, proba- blement en trois lancettes, devait être peint l’image du saint précurseur patron des Hospitaliers et de la nouvelle église. On voyait au côté droit, les armes de Bérenger Monge, commandeur de Manosque et d'Aix. Elles étaient échiquetéesd’'argentetde gueules et surmontées d'un casque. Au côté gauche, l'ins- cription suivante en lettres majuscules, dites go- thiques : Frater Berengarius Æonachi Pracceptor Aanuascae Édificator Écclesiae Sancti Foannis Aquensis Anno Domini M. ccLxIr. Cette date est probablement celle de la pose des vitraux. L'éclat et la magnificence ne furent point réservés à l'enceinte seule du temple , son extérieur ne le céda point à la majesté de son intérieur. La nouvelle nef eut vingt-neuf contreforts disposés dans tous ses angles et de chaques côtés; ils furent surmontés d'une aiguille, terminée elle-même par — 126 — un bouquet de feuilles de choux frisés, ce qui leur donne la forme de clochetons. Quatorze d’entre eux sont percés à la hauteur du sol de la terrasse de l'é- glise, et des gargouilles figurant des animaux fan- tastiques rejettent loin du mur les eaux pluviales. Une petite muraille d'enceinte sert de parapet à la plateforme qui règne tout autour. Les quatre faces de la croix se terminent par un fronton triangulaire, mais plus aigu que ceux employés dans le style grec. On les perça d’un œæil-de-bœuf rempli par les meneaux de divers trilobes qui jamais n’eurent de vitraux. On voit encore derrière les angles des frontons, des pierres d'attente qui fairaient supposer à l'ar- chitecte l'intention de surélever les voûtes ou de faire une autre construction jusqu à cette hauteur. Plus tard, le monument fut couvert d'une charpente et de tuiles ordinaires au lieu de dalles, comme le sont encore presque toutes les églises romanes. La vue de tous ces clochetons, s’élançant dans les airs avec les croix des pignons triangulaires, donne à cet édifice un air pittoresque que n'offrent aucun de nos monuments sacrés. La façade, d’un style simple et sévère, fut flan- quée de deux contreforts, et n'eût pour tout orne- ment que la fenêtre ronde dont nous avons parlé. Elle se terminait par un fronton triangulaire simple, surmonté d'une croix. — 217 — Tel fut ce temple que la piété de nos anciens sou- verains et le zèle des charitables chevaliers élevèrent dans l’ancienne capitale de la Provence. S'il n’est pas le plus vaste et le plus magnifique du pays, il en est du moins le plus régulier et le plus riche en sou- venir. Il est aussi, pour les artistes comme pour les archéologues, le plus curieux et le plus respectable monument de l'époque. Mais ce qui doit le plus étonner, c’est que, malgré les guerres continuelles et la misère publique de ces temps-là, cette grande construction fut achevée dans l’espace de dix-huit ans. Commencé en 1233, ainsi que nous l'avonsdit plus haut, il fut terminé en 1251. Une piété éclairée suffisait seule alors pour l'adoption d’un plan et pour son exécution. Souvent même les fonds n'étaient pas faits, mais le zèle et la foi ne comptent point; la charité des fidèles pourvoyait à tout, et alors, les architectes et les entrepreneurs ne faisaient pas un vil trafic de leur état. Quoique tous les détails de son ornementation ne fussent pas entièrement terminés, comme l'observe un historien, cependant Pierre de Colmieu, cardinal- évêque d'Albano, vice-gérant du pape Innocent IV, dans cette province de Provence, ne voulut pas différer davantage la cérémonie de sa consécration. Il y procéda donc le 3 mai de cette année 12514, assisté de l'évêque de Césarée de Philippe en Syrie, en présence des Hospitaliers, avec toute la pompe 16 — 218 — du culte catholique. Il accorda même, par ordre du Pape, des indulgences à ceux qui, chaque année, au jour anniversaire, visiteraient cette église. Quelques années après, on construisit dans les an- gles formés par les transsepts nord-est et sud-est de la croix de l’église, deux grandes tours ornées de créneaux et de machicoulis, signe de la puissance d'alors. En 1260, le frère Feraud de Barras, grand- prieur de Saint-Gilles, et en cette qualité, grand- commandeur de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, fit construire celle du nord. Elle servit de logement aux chevaliers préposés à la garde de léglise, et devint la maison de la commanderie sur là porte de laquelle on lisait l'inscription suivante, gravée sur une plaque de marbre : Anno MDni. MccLx 3. Srater Seraudus de Barracio Magnus pracceptor 3. partib. cis Marinis 3. editicatu. domu. On ignore le nom de celui qui fit construire celle du sud-est et l'époque de sa construction (1), nous (1) Pièces justificatives, Mémoires du Bailli de Beauchamp 7. LE avons lieu de croire cependant qu'elle était entiè- rement conforme à celle du nord. Cest dans sa partie inférieure qu'était placée la sacristie. Cette pièce existe encore en avant de la sacristie actuelle. Sa voûte en est basse et ses nervures viennent re- poser sur les chapiteaux des petites colonnes placées dans les angles. Elle n'offre d'ailleurs rien de re- marquable. Le reste de la tour devait communiquer avec la maison prieurale où résidaient les prêtres chargés du service de l’église. CHAPITRE TROISIÈME. Le Clocher. Jusqu'au XIIe siècle, les clochers des grandes églises de Provence n'avaient été remarquables que par leur masse imposante, comme ceux des cathé- drales d'Avignon, de Fréjus, de Grasse, de Saint- Quinin de Vaison, {et de Saint-Sauveur de Ma- nosque, ou par leur position sur le chalcidique des églises, comme ceux des cathédrales d'Arles, d'Apt et de Forcalquier. Mais, placés depuis à côté de la porte principale, ils furent presque toujours sur- montés d'une pyramide aërienne couverte de den- ticules aux angles. Leur élancement etleur légèreté — 220 — rappelèrent aux yeux des fidèles le prodige de l'as- cension du Christ; et la croix qui les surmonta tou- jours l'empire de la religion sur les peuples. Celui-ci, construit presque en même-temps que la nef, est le plus svelte, le plus élégant et le plus élancé de la province. Il ne ressemble en rien à ceux qui Font précédé. Carré jusqu'au-dessus des combles de l’é- glise, il est divisé en plusieurs étages par des cor- niches extérieures semblables à des ceintures. Chacune de ses faces est percée de deux fenêtres. La première, au niveau de la terrasse du temple, est divisée en deux lancettes surmontées d'un qua- trefeuille. La seconde ou la supérieure, est excessi- vement élancée et comme la plus basse, de forme ogivale. C'est là qu'étaient suspendues les cloches. Les extrémités de la tour sont terminées par des fron- tons triangulaires percés de trèfles. Il est enfin cou- ronné d'une pyramide à huit pans coupés, ayant chacun de ses angles ornés de crochets. Les espaces triangulaires existant entre les quatre angles supé- rieurs de la tour et la base de la flèche sont occupés par des clochetons ornés comme elle de crochets et surmontés d'un bouquet de feuillage. Ils sont éga- lement percés d’une petite fenêtre ogivale sur cha- que face. Ce clocher n'a subi aucun changement depuis sa construction, si ce nest qu'en 1754, comme nous le dirons plus tard, on raccourcit la flèche sur laquelle on plaça une croix de malte dorée, M; \ au lieu du globe et de la croix latine qu'il yavait. Cet édifice avait dans le principe, depuis sa base jusqu'à la croix, 192 pieds. Il ne fut terminé qu'en 1376, avec le produit dedivers terrains vendus aux religieux Augustins par les Hospitaliers, moyennant la somme de 20 florins d’or (1). On commençait à peine sa construction en 123%, que sur les récla- mations du chapitre, une sentence arbitrale, émanée des archevèques d’Arles et de Vienne, réunis à l'é- vêque de Riez, décida qu’on n’y placerait que deux cloches et qu'on ne les sonnerait qu'à petit bruit (2). La première et la plus ancienne fut suspendue à la fenêtre du levant. L'inscription qu’elle portait en donnait l'historique. Nous observerons seulement avec le père Dumoulin (3), que le prieur Isnardi, dont il est parlé, a siégé depuis 1264 jusqu’en 1276. Voici cette inscription : 3stam campanam fecit fieri magister hospitalis #rater Godetridus Duilson quam refecit frat, Raumundus Fsnardt. « Le frère Raymond Isnard a fait refondre cette (1) Fauris de Saint-Vincens, Notes sur l'Histoire d'Aix, tom. 1, pag. 262, Ms. à la bibliothèque Méjanes. (2) Ibid. , tom. 1 , pag. 186. (3) Recueil de toutes les inscriptions renfermées dans les édifices sacrés de cette ville , déposé à la bibliothèque Méjanes. — 992 - « cloche que le frère Godefroi Duilson, maître de « l'hôpital, avait fait faire. » La seconde, fondue aux frais du commandeur Réné Martin, portait encore une inscription ainsi conçue : #rater Renatus Martini pracceptor Aquensis Secit fiert banc campanant. Plus tard, c'est-à-dire en 1292, lorsque la tour était sur le point d’être terminée, l'archevêque et le cha- pitre permirent au commandeur de l'hôpital Saint- Jean d'Aix, de mettre quatre cloches à son clocher, ce qui fut confirmé par les lettres-patentes du roi Charles IT, en date du 22 avril même année (1). Ce ne fut cependant que plus d’un siècle après, que le prieur Mathieu Honorat fit faire la troisième cloche avec cette inscription : S$rater atbheus fjonorati prioc Sancti Foannis Aquensis fecit fieri banc campanam. En 1536, Réné de Montéjean voulant fortifier la ville pour la mettre à couvertdel'armée de Charles- (4) Saint-Vincens, Notes sur l'Histoire d'Aix, tom. 1, pag. 207 Quint, quiavait envahi la Provence pour s'en em- parer, résolut, au grand déplaisir des habitants, d’a- battre l’église de Sant-Jean et son clocher, situés à cette époque en dehors de la ville, pour y établir à leur place un camp fortifié. Mais il fut bientôt obligé d'y renoncer, par l'ordre du grand-maître de Montmorency, et dans la crainte que ces forüfi- ne servissent aux ennemis (1 ). Témoin de ces préparatifs, Antonius Arena nous en a dépeint toutes les circonstances dans ses vers macaroniques : CLOCHERIVM PVLCHRVM SANCTIQUE JOANNIS AQVENSIS FOYGARVNT MVLTVM FORTE CAVANDO PEDEM. PLVRES MARTELLOS DE FERRO RVMPERE VIDI : PONERE PER TERRAM QVANDO VOLEBANT EVM. JAM QVASI PER VENTOS ILLVM TRAMBLARE VIDEBAM : ET TOTVS POPVLVS FORT REGRETABAT EVM, ETC. (2). L'élancement de sa flèche et son élévation sem- blent défier les nues, aussi la foudre en a-t-elle abattu (1) Honoré Bouche, Histoire chronologique de Provence , tom. 2, liv. 10, pag. 577. (2) Meygra entreprisa catoliqui imperatoris, quando de anno Do- mini 1536, per Antonium Arenam, Bruxellæ apud J. Van Vlanderem typographum , 1748, pag. 17 — 224 — plusieurs fois la cime. Le 28 mars 1658, le tonnerre l'ayant percée, et ayant détruit le frontispice de la façade et la dernière travée de l’église, le Parlement nomma trois commissaires pour examiner les dom- mages faits à ce grand édifice, et donna les ordres les plus précis pour leurs entières réparations. Ce qui obligea les chevaliers d'y faire travailler incessam- ment afin d'éviter la saisie de leur temporel (1). CHAPITRE QUATRIÈME. Fondation du Prieuré. Après avoir donné au commandeur d'Aix des di- rectes (2) affectées au luminaire de l'église, et con- tribué par ses abondantes largesses aux nouvelles constructions, Raymond Bérenger céda en 1241, au grand-prieur de Barras, vingt mille sols cou- ronnés à prendre sur ses albergues (3) de Nice et de Grasse, pour l'entretien de deux prêtres. Il fit ensuite bâtir pour le logement des ecclésiastiques un presbytère ou maison prieurale attenant au chevet (1) Pièces justificatives , Mémoire Ms. du prieur Viany. (2) Rentes sur des fonds seigneuriaux. (3) Extrait des privilèges.— Histoire du grand prieuré de Saint-Gilles, tom. 2, pag 95 — 225 — de l'église et communiquant avec elle. Ce prince mourut ensuite, le 19 août 1245. Son testament, fait à Sisteron le 24 juin 1238 (1), par lequel il choisit sa sépulture dans l’eglise de Saint-Jean, à côté de celle de son père, et un codicille écrit peu de temps après, contiennent de nouvelles libéralités en faveur de cette maison. Il lui légua la seigneurie de Vinon, sous la condition d'établir trois autres prêtres, chargés de célébrer tous les jours les saints mystères à son intention, et les cinq prêtres reçu- rent pour leur vestiaire une rente de quarante livres, assise sur les albergues des vigueries de Draguignan et de Grasse. Quelques années après la mort de son mari, le A1 janvier 1257, Béatrix de Savoie, sa veuve, donna à cette église plusieurs héritages, situés dans le terroir d'Aix, sous la condition d'entretenir trois autres prêtres, qui prieraient Dieu pour son ame et pour celle de son mari dont le corps reposait dans cette église. Tous ces ecclésiastiques furent logés dans le presbytère, et leur chef eut le titre de prieur (2). Par son testament, Béatrix légua encore à la mai- son d'Aix, le lieu de Lescale, qu'elle avait eu pour (1) Honoré Bouche, Histoire chronologique de Provence, tom. 2, liv. 9, sect. 2, pag. 242. — Ruffi, Histoire des Comtes de Provence, Chap. 4, $ 10, pag. 100. (2) Archives du prieuré d'Aix, liasse 2, ne 2 el 5 — 226 — son douaire (1), avec læ charge d'entretenir cinq nouveaux prêtres, un diacre et un sous-diacre qui devaient prier pour son ame. Villaret, grand-maître de l'Ordre prit, d'accord avec Charles IT, les me- sures propres à faire sortir à effet les intentions de son aïeule. Ce même Villaret avait, lorsqu'il n'était encore que grand-prieur de Saint-Gilles, établi dans l'église de Saint-Jean d'Aix, un prêtre chargé de prier Dieu pour lui. Toutes ces chapellenies, réunies à celles de Bé- renger-Monge, de Pierre Corsin, trésorier du roi, et de Dragonet de Montdragon, étaient au nombre de dix-neuf. Charles Il y en ajouta cinq autres; et par ses lettres-patentes données à Draguignan, le 19 février 129% (2), il en fixa le nombre à vingt- quatre. En 1330, Hélion de Villeneuve ayant passé du grand-prieuré de la langue provençale qu'il occu- pait depuis 4319 àla grande maîtrise de l'Ordre, se réserva expressément la collation du prieuré de Saint-Gilles et des commanderies qui en dépen- daient. Pendant qu'il était grand-prieur, il n'avait point tenu de chapitre, mais, dès qu'il fut reconnu chef (1) Archives du roi d'Aix, registre Pergamenorum, pag. 407. — Livre des Privilèges des Comtes de Provence (2) Archives du Prieuré, sac 2, n°6. = St de l'Ordre, il sempressa, dit l'historien de Sant- Gilles (4), d'en assembler un à Aix, le dimanche 10 mars de cette même année 1330. Il régla le service qui devait se faire dans l'église de Saint-Jean de cette ville. D’après sa bulle de réformation, l'église devait être desservie par dix-huit prêtres. tous religieux de l'Ordre, au lieu de vingt-quatre. Douze d’entre eux furent destinés aux fondations du comte Ray- mond-Bérenger et de Béatrix, reine de Naples, sa fille; deux à la fondation de Pierre Corsin, tréso- rier du roi; un à celles du grand-maître Guilleaume de Villaret et du frère Bérenger-Monge, comman- deur d'Aix; un à celle du grand-prieur Dragonet de Montdragon. Les deux derniers furent chargés de servir, l’un la chapelle de Sainte-Catherine, au- paravant des Templiers, et dépendante alors de la maison d'Aix, l’autre la chapelle qu'il avait érigée en l'honneur de Saint-Louis, évêque, et des onze mille Vierges dans l'hôpital qu’il avait fondé. Il ordonna ensuite qu'il y aurait toujours dans la maison d'Aix, un diacre, un sous-diacre et deux clercs. Il chargea le commandeur d'Aix, de nourrir tous ces prêtres et chapelains, et voulut que leur entretien fut pris sur le revenu des commanderies d'Aix, de Bayle et de Ca- (1) Tome 4er, pag. 0 lissane. Il assigna pour le vestiaire des mêmes prêtres et ecclésiastiques la rente de 300 gillats ou florins d'argent que le grand-maître Guilleaume de Villaret avait achetée pour l'entretien du prêtre qu'il avait fondé, et qui était imposée sur la propriété de Gaudi, située au terroir de Manosque ; celle de 300 gillats, que lui, grand-maître, avait achetée sur l'affar de Boniface de Bertrand, de Forcalquier. située dans le même terroir, et qu'il avait assignée pour le chapelain de l'hôpital qu'il avait fondé; #00 autres gillats de rente imposés sur des fonds de terre situés au terroir de Volx, etenfin 300 gillats sur les seigneuries de Vinon et Ginasservis. Il ordonna aussi que les prêtres iraient tous les dimanches en procession à son hôpital, et y chanteraientl Épitre et l Évangile, ainsi qu’on le pratiquait à l'église con- ventuelle de Rhodes (1). Ce règlement fut confirmé par le chapitre-géné- ral, célébré dans l'île de Rhodes, le 23 décembre 1344. ——————p— ro (41) Archives du prieuré, priviléges d’Aix, liasse 2, no 8. — Livre des Privilèges des Comtes de Provence, pag. 124 et suiv. — I n’est pas dit qu'on y récita également les prières de la messe selon l'usage de ce temps-là. Dès la plus haute antiquité quand on ensevelissait les morts ou qu’on administrait les malades, on était dans l'habitude de réciter les prières de la messe, sans prononcer cependant les paroles sacra- mentelles, ni celles de la communion. On appelait cela dire la messe sèche. Cette pratique fut interdite par le Concile de Trente, dans sa 22me session == fous Quelque temps après, un collège fut attaché au prieuré de Saint-Jean, pour l'éducation des jeunes clercs, et, par une convention passée entre le prieur Mathieu Honorat et le recteur de l'université de cette ville, en 1462, le premier fut maintenu dans le droit de nommer seul les régents. Ce prieuré était dans l'état le plus prospère , lorsque tout à coup l'invasion de Charles-Quint vint porter la désolation dans cette ville. On ordonna de démolir {out ce qui, hors de la cité, pourrait servir à l'armée ennemie. Tout fat rasé, le bourg Saint- Jean et le presbytère bâti par Raymond-Bérenger. Quelques années après, c'est-à-dire en 1540, le prieur Valentin Dubois le fit reconstruire, mais avec beaucoup moins de solidité et de magnificence que le précédent ; ce qui n'empêcha pas Marie de Mé- dicis de s y loger le 16 novembre 1600, lors- qu'elle vint en France pour y épouser le roi Henri IV. Les troubles suscités par l'invasion de l'empe- reur ayant fait suspendre le culte public dans cette église, le Parlement rendit un arrêtle 6 février 1543, par lequel il ordonna que le chant des offices et la distribution des aumônes seraient renouvelés, cette église étant de fondation royale. Tous les prêtres attachés au prieuré formaient un espèce de chapitre, exempts de la juridiction de = OR? = l'ordinaire (1), d'après une bulle du pape Paul V, envoyée au prieur de Naberat, en 1606; le prieur devait être profès conventuel de l'ordre de Malte, licencié en théologie ou en droit canon, et il jouissait de la cure attachée à cette église. De plus, il avait le droit comme certains abbés de monastère, de porter la mitre et la crosse lorsqu'il officiait (2). A l'avènement de ME. de Vintimille à l’arche- vêché d'Aix, le prieur et le sacristain qui, jusqu'a- lors avaient porté le surplis à grandes manches re- couvert de la mosette noire, furent autorisés, par le souverain pontife, à porter comme les prêtres con- ventuels de Malte, le rocher à petites manches avec la mosette violette. Ce prieuré rapportait 12,000 livres de rente à celui qui en jouissait, mais, outre les réparations qu'il était obligé de faire au presbytère, il devait encore nourrir et donner des émoluments à plu- sieurs ecclésiastiques qui desservaient cette église avec lui. Dans ces derniers temps, le nombre avait été réduit à six. Divers arrêts du Parlement, entre autres celui du 13 février 1638, avaient fixé la somme nécessaire à leur subsistance. (1) Voyez aux pièces justificatives le Mémoire du prieur Viany, adressé à Mar. l'archevêque d’Aix. (2) Procès-verbal de la visite faite en 1681 — 231 — CHAPITRE CINQUIÈME. Tombeau des Bérengers. Pendant ses discussions avec l'empereur Frédéric Il, le pape Innocent IV crut devoir se mettre à l'abri de ses coups, en choisissant la ville de Lyon pour le lieu de sa résidence. C'est là que le comte de Provence vint lui rendre ses hommages et qu'il reçut de ses mains la rose d'or. A peine de retour dans la capitale de ses états, Raymond-Bérenger tomba malade et mourut, comme nous l'avons dit, le 19 août 1245. Agrégé depuis longtemps dans l’ordre des Hospitaliers dont il avait pris l'habit en présence des prélats et des hauts ba- rons de cette province, il avait choisi le lieu de sa sépulture dans l’église de Saint-Jean d'Aix, à eôté de celle d’Alphonse IT, son père. Mais comme le nouveau temple n’était pas encore terminé au mo- ment de sa mort, son corps fut mis en dépôt dans la métropole de cette ville jusqu'en 1251, époque de sa translation, dans le magnifique mausolée que la reconnaissance des chevaliers lui avait élevé. C'est peut-être dans l'ornementation des tombeaux que l’art chrétien produisit le plus de chefs-d'œu- vre. Tout y rappelle la spiritualité, tout y annonce limmortalité de lame. Légèreté des colonnettes, = 19%" — 4 richesse des dentelures, ondulation des moulures, élancement des pyramides, expression des person- nages emblématiques, figurés sur les bas-reliefs ou dans les statues isolées, tout en un mot rappelle au chrétien que la mort n’est qu'un sommeil, un passage du temps à l'éternité. C'est ce qui nous explique l'attitude douce et tranquille dans laquelle sont re- présentés les illustres défunts sur leurs tombeaux. Celui-ci est divisé en trois parties: celle du mi- lieu est en forme de baldaquin soutenu par cinq faisceaux de colonnettes arrondies, dont trois sur le devant et deux sur le derrière appuyées contre le mur du transsept. Les chapitaux sont composés d'une double couronne de feuilles d’ache. La partie supérieure du monument est un fronton triangulaire orné dans ses angles de denticules ou crochets. Le tout est surmonté de trois pyramides également cou- vertes de feuillages. La partie inférieure de ce fronton est cintrée en ogive au haut de laquelle est une grande rosace paraissant être soutenue par trois : anges. Cette arcade se subdivise au-dessous en deux plus petites également ogivales. Dans la partie su- périeure des ogives est une petite couronne soutenue par deux anges de chaque côtés, appuyés sur une autre arcade inférieure ressemblant à un trèfle. On voit aux deux extrémités latérales du fronton supé- rieur, deux chiens de différentes espèces fixant l'un et l'autre leurs pattes sur une tête humaine. — 233 — Sur la tombe placée en-dessous de cette archi- teeture et dont la bordure est ornée d'une petite guirlande de lierre, repose un homme vêtu de la robe, du manteau et du cordon que portaient les chevaliers Hospitaliers. Ses pieds, selon l'usage du temps posent sur unlevrier, pour marquer la fidélité et la promptitude avec laquelle le défunt a marché dans le chemin de la vertu. Ses mains sont jointes comme celles d’un suppliant. C’est l’image d’Alphonse Il, comte de Provence, mort à Palerme, en 1209. A gauche est une niche carrée, formée de quatre colonnettes isolées et soutenant un espèce de pi- nacle. On voit à chacune de ses faces un fronton triangulaire orné de feuilles de chêne an lieu de crochets, et l'arcade inférieure est à trèfle. Les an- gles de ce petit monument ainsi que la partie supé- rieure sont couronnés de clochetons surmontés eux- mêmes d'une petite pyramide dentelée. C'est danscetteniche qu'est la statue de Raymond- Bérenger IV. Il est debout et entièrement couvert d’une cotte de mailles; ses gantelets, son haubert et son cuissart sont également maillés; il a, par dessus, une cotte d'arme. Une grande épée est suspendue à sa ceinture. Il tient de la main droite la rose d'or que le pape Innocent IV lui donna en 1245, Il s'appuye de l'autre sur un grand bouclier, pareil à celui qui est supendu au-dessus d’Alphonse IT, son père. 17 = os La niche de droite est à peu près semblable à celleHà, mais l'architecture en est plus simple, plus dégagée, et les clochetons pyramidaux plus élancés. La statue qu'elle renferme est celle de Béatrix de Savoie, épouse de Raymond-Bérenger, morte en 1266. La figure de ces statues est assez expressive, et la raideur que l'on remarque dans l’ensemble est peut-être l'effet de l'armure pesante du prince et du costume de son épouse. Ce caractère d’immobi- lité, qui frappe au premier abord, est le symbole de l'éternité. Nous avons à examiner maintenant les bas-reliefs du mausolée d’Ildefonse. Toutes les faces concou- rent à représenter le même sujet qui est l'ouverture du tombeau et l'enterrement du comte. Le petit côté à gauche représente quatre personnages, peut- être des prêtres plus ou moins affectés de la céré- monie à laquelle ils assistent. La première chose qui s'offre à nous sur le grand côté, cest le cercueil dans lequel va reposer le prince. Deux religieux soutiennent avec effort la pierre destinée à le couvrir. L’'archevêque d’Aix, présidant à cette ouverture, lève une main vers le ciel, et semble annoncer que Dieu a admis Ildefonse au nombre de ses élus. Un moine écoute avec attention le discours que l'évêque fait à cette occa- sion. Un autre prêtre porte la eroix. Cette céré- 230 — monie devant être toujours sanctifiée par la présence de ce signe sacré. Pendant ce temps un moine lit un écrit, probablement le testament de Raymond- Bérenger ou le procès-verbal de cette inhumation, et celui qui l'accompagne en suit la lecture comme pour voir s'il ne commet pas quelque erreur. C'est la partie du bas-reliefla mieux entendue etla mieux exécutée. L'invention du reste n’en est pas aussi heu- reuse. Ce sont des prêtres et des moines, tous at- tenüfs à cette cérémonie, et remplissant chacun quelque fonction. Le premier près du tombeau tient un bénitier, le second élève un encensoir. Le prêtre qui suit, couvert d'une grande chappe, est le frère Didier, premier prieur de cette église qui, élevant les mains, semble prier. Derrière lui est le com- mandeur Bérenger-Monge, tenant un rouleau dé- ployé; c’est la charte des donations qu'Ildefonse et Raymond ont faites à son Ordre. Ceux qui viennent ensuite, dit Millin (1), sont deux chanoines dont l'un est vu par derrière et l’autre par devant. Ils ont sur la tête en-dessous du capuchon de leur man- teau, un bonnet relevé et plissé tout autour. Le bas-relief est terminé au petit côté de droite par un pleureur qui s'arrache les cheveux, et une pleureuse agenouillée, couverte d'un grand voile, exprimant le plus affreux désespoir. (1) Voyage dans le Midi de la France, tom. 3, pag. 290 IR Ce bas-relief est précieux en ce qu'il nous fait connaître la forme des habits des évèques, des prêtres, des chanoines, des hospitaliers et des clercs au milieu du XIe siècle. A toutes ses fondations, Raymond-Bérenger en avait ajouté une autre. Deux ans avant sa mort, il avait fait diverses donations à l'archevêque et au chapitre de Saint-Sauveur, afin qu'un service so- lennel fut célébré chaque année, le premier jeudi après la Saint-Michel, pour le repos de l'ame de son père, de sa mère et de la sienne (1). Tous les ans en effet, à dater du jour de la trans- lation et à l'époque indiquée, le chapitre se rendait processionnellement à l’église de Saint-Jean, et y chantait une messe de requiem, suivie de l’absoute. Il avait soin toutefois de faire transporter dans cette église, tout ce qui était nécessaire au saint sacrifice, non-seulement les vases sacrés et les ornements, mais encore la cire, le pain et le vin. Ce service n’a cessé d’avoir lieu qu'en 1790. CHAPITRE SIXIÈME. Tombeau de la Reine Béatrix. A l'entrée du transsept du sud, en face du tom- beau des comtes, était celui de Béatrix, quatrième (4) Piton, Annales de la sainte église d'Aix, pag. 447 — 237 — fille de Raymond-Bérenger. Cette princesse avait épousé le frère de Saint-Louis, roi de France, Charles, comte d'Anjou, devenu par son mariage comte de Provence. Sœur de trois puissantes reines, son unique ambition était de le devenir comme elles, et, lorsque la victoire l'eût couronnée reine des Deux-Siciles, la mort vint la surprendre au milieu de ses triomphes, en 1267, dans la ville de Nocera, à l’âge de 38 ans (1). Longtemps avant sa mort, dit Ruffi (2), elle avait fait son testament et avait choisi le lieu de sa sépulture dans l'église de Saint-Jean d'Aix, où déjà reposaient les corps de son aïeul, de son père et probablement de sa mère. Quoiqu'’elle fut vivement regrettée de son mari, les embarras de sa nouvelle royauté parurent lui faire oublier les dernières vo- lontés de son épouse. C’est pourquoi les chevaliers de cette ville s’adressèrent au souverain pontife, pour engager le roi-comte à faire exécuter son tes- tament. Clément IV écrivit en effet une lettre de Viterbe où il résidait (3) par laquelle il pressait ce prince de faire transporter le corps de la reine dans l'église de Saint-Jean d'Aix. Cette lettre produisit son effet, et la translation eut lieu en 1268. (1) Saint-Vincens, Notes \Ws. sur l'Histoire d'Aix, tom. 4er, pag. 189. (2) Histoire des Comtes de Provence, pag. 212. 43) Ruffi, Idem, pag. 213. — 238 — Son tombeau n'était pas moins remarquable pour l’ornementation que celui de son aïeul. Il était même plus riche sous le rapport de la statuaire. Neuf grandes statues posées sur des bases élégantes cou- ronnaient ce magnifique mausolée. Cinq bas-reliefs, renfermés dans des médaillons d’une forme parti- culière, ornaient les diverses faces du tombeau; et deux autres représentant les Apôtres étaient placés au fond du monument, à côté de la statue couchée de la reine. Ces derniers paraissent avoir été beau- coup moins soignés que les autres. A l'exception de deux ou trois, les figures de ces fondateurs de l’é- glise étaient presque toutes grotesques, et l’on s'a- percevait que l'artiste n'était point encore fixé sur la forme qu'il devait leur donner. Il y avait, en tout, cinquante figures composant les tableaux de la résur- rection des morts et du jugement dernier. En gé- néral, toutes ces statues avaient du naturel et une grande vérité d'expression. CHAPITRE SEPTIÈME. Tombeau du Grand Prieur Dragonet de Montdragon. Au commencement du XIVe siècle, Dragonet de Montdragon, grand-prieur de Saint-Gilles, étant mort à Aix, il fut enseveli dans cette église, qu'il — 239 — avait désignée pour le lieu de sa sépulture. C'est dans cette vue qu’il laissa des rentes à prendre sur des fonds de terre situés à Manosque, pour l’en- tretien d’un prêtre qui devait chaque jour dire la messe à son intention (1). Ce chevalier, provençal d'origine, ne dut qu'à son mérite personnel d’avoir été choisi par le grand-maître des Hospitaliers, son lieutenant en-deçà des mers. Non-seulement il jouis- sait de l'estime générale de tous ses frères d'armes, mais encore il avait toute la confiance du roi Charles IT, son souverain, qui le fit son conseiller intime et son commensal; ce qui l'obligea de fixer sa résidence dans cette ville où il décéda le 22 janvier 1310. Ce fut dans un enfoncement en forme de grande niche pratiquée dans le mur à droite, en entrant par la porte principale et sous la troisième travée de la nef, qu'on éleva son tombeau. On y plaça dessus une statue qui le représentait couché, la tête ap- puyée sur un coussin et les pieds sur un socle, re- vêtu de la robe des chevaliers avec la croix de son ordre. Le tout était surmonté d’une arcade sur- baissée en-dessous de laquelle on voyait au milieu, son épitaphe encadrée, écrite en lettres majuscules, dites gothiques. Elle est ainsi conçue : ————————————_———— — — —————————Zs, (1) Procès-verbal de la visite faite en 1613, sous le prieur de Naberat.— Histoire du grand prieuré de Saint-Gilles, tom. 1er, pag. 205 = UE Dominus frater Draconctus de Alontedracone, Prior Honorabilis sancti egidit et vice magister In partibus cis-marinis bic jacet qui migravit Ab hoc soeeulo anno Domini M. ccex. x1 hal. Februarit, Éjus anima requiescat in pace. Amen. Pater noster. « C1 gît le seigneur frère Dragonet de Mont- € dragon, honorable prieur de Saint-Gilles, et lieu- « tenant du grand-maître en-deçà des mers, lequel « quitta ce siècle, l'an du Seigneur mil trois cent « dix, le onzième jour des kalendes de février, que « soname repose en paix. Ainsi soit-il. Notre père. » En-dessous était la représentation de son bou- clier, placé entre deux éeus; du côté droit était celui de ses armes, formé de gueules à un dragon ayant la tête de lion, le col velu et la poitrine; les ailes d'aigle; la patte gauche aboutissant à quatre griffes, chacune d'elles se terminant en gueule de dragon, de même que la queue ; la patte droite levée ei semblable à un bras d'homme, dontiltient un serpent qui le mord au coude. Le tout d’or (1). Du côté gauche était un autre écu chargé de six dragons en pal. é L'antique cathédrale de Vaison et son église pa- (4) Raybaud, Histoira Ms. du grand prieuré da Saint-Gilles, tom. 1er ze Safe roissiale actuelle, conservent encore plusieurs mau- solées de cette espèce ; ils sont placés dans des enfoncements pratiqués dans les murs, en forme de grande niche. Ce ne fut probablement que vers le milieu du XIVe siècle, lorsque l'usage d’élever des cha- pelles particulières aux saints dans les parties la- térales des églises s'établit, qu'on érigea un autel devant ce tombeau, en l'honneur de Saint-Roch et de Saint-Louis, roi de France. Le premier, comme on le sait, mourut en 1327. Cet autel fut, plus tard, cédé à la confrérie des hôtes et pâtissiers de cette ville. C’est alors qu'il changea de titulaire et qu’on le consacra à Sainte-Marthe, l'hôtesse du Sauveur ; le tableau du fond représentait la sainte avec sa sœur Madeleine aux pieds de Jesus. En avant de l’oratoire de Sainte-Marthe, contre le mur de la seconde travée et où fut percée dans la suite la chapelle du Purgatoire, on avait élevé un autel à Saint-Antoine, premier ermite, surmonté d'un tableau. Ilexistait une porte conduisant à la maison prieu- rale en-dessus et contre le mur de la quatrième travée, touchant le transsept du sud. Les deux transsepts furent également ornés d’un autel chacun , mais leurs titulaires varièrent. On consacra celui du nord tantôt à la Sainte-Vierge, et tantôt à Saint-Jean l’evangéliste. Il en fut de même 7" ve de celui du sud que lon dédia d’abord à Notre- Dame des Neiges, et ensuite à Sainte-Madeleine. On aurait pu, ce nous semble, supprimer plus tard ces autels ou les faire beaucoup plus petits. Ces emplacements étant déjà suffisamment occupés par les tombeaux des comtes et comtesses de Pro- vence. C'est dans ce dernier transsept ( celui du sud }, que les frères Géraud et Valentin Dubois firent cons- truire en face de l'autel, vers le milieu du XVIme siècle, le caveau destiné à la sépulture des prieurs de cette église, ainsi que nous l'apprend linscrip- tion gravée autour de la pierre tombale : HVNC TVMYLVM CONSTRVERE FECERVNT FRATRES GERALDVS ET VALENTINVS DE BOSCO PRIORES HVJIVS ECCLESIÆ AC NEPOTES REVERENDISSIMI DOMINI BALIVI MANVASCÆ. CHAPITRE HUITIÈME. Cimetière de Saint-Jean. Comme toutes les anciennes églises appartenant à une corporation religieuse, celle de Saint-Jean avait un cimetière particulier. [l était situé au nord, à l’est et au sud-est de l'ancienne chapelle des che- valiers, et de la nouvelle église qui la remplaça. = M = La quantité d'ossements que l'on a trouvés en creusant les caves des maisons situées dans ces di- verses parties, ne laissent aucun doute sur cette position. Il paraît cependant, qu'à l'époque de la suppression de l'hôpital il avait été réduit, puisque, dans le plan de la ville donné par Belleforest, au XVIme siècle, 1l remplissait seulement l’espace situé au commencement de la rue Cardinale, c’est-à-dire le sol occupé aujourd'hui par les maisons adossées aux chapelles latérales du nord, et par les maisons en face, jusqu'à l'angle nord-ouest du clocher. Pendant la construction de lPéglise en 1233, le chapitre de Saint-Sauveur, alors curé primitif de toute la ville, voyant l’'empressementdes habitants à choisir le lieu de leur sépulture dans ce cimetière, et se trouvant par-là frustré des droits qui lui re- venaient sur les inhumations, voulut arrêter ce qu'il croyait un abus et même une injustice, en défendant aux hospitaliers de n’y recevoir, à l'avenir, d'au- tres personnes que les membres de leur ordre. Ceux-ci s adressèrent alors au saint siége, et le Pape nomma une commission de cinq membres, au nombre desquels étaient les archevêques d'Arles, de Vienne et de Riez, pour juger ce différend. Les arbitres s'étant rendus dans cette ville le 18 juillet, le 29 du même mois ils rendirent une sentence par laquelle il fut décidé : 1° que toutes sortes de per- sonnes pourraient se faire ensevelir dans le cime- — 244 — üère de cette église et s'y faire administrer les sa- crements : 2° que le clocher ne pourrait avoir que deux cloches, qu'on ne sonnerait qu'à petit bruit ; 3° que le chapitre aurait le quart de ce qui lui serait légué par les laïques qui s’y fairaient ensevelir. On ne comprenait point parmi les laïques, les frères laïcs portant la croix de l'ordre, ni ceux qui, y ayant élu leur sépultuture, pendant leur maladie sans être en- core affiliés à l'ordre, y étaient entrés après leur con- valescence : et on refusait au chapitre tout droit sur les armes, chevaux valant plus de dix sols couronnés et le propre cheval du testateur. Du reste, on assi- milait aux chevaux les juments, palefrois, roussins, mulets et mules, etc. ; #° Enfin, que tous les biens appartenant à la commanderie seraient exempts de la dime. Ce cimetière (1) était, en 1668, dans un état complet d'abandon, aussi le commandeur de De- mandolx ordonna-t-il, dans sa visite faite cette année, d'en réparer les murailles et d'y planter une croix. Il ne fut entièrement supprimé qu'en 1681, lorsque le prieur Viany en vendit le terrain pour la construction de diverses maisons. C’est dans son en- ceinte, dit de Haïtze (2), que furent ensevelis Bé- (1) Procès-verbal de cette visite faite en 1668 (2) Topographie Ms. de la ville d'Aix, pag. 102 — 245 — renger-Monge et les premiers religieux attachés à cette église. CHAPITRE NEUVIÈME. L'Hôpital de Saint-Jean. Un des plus beaux titres de la ville d'Aix est, sans contredit, celui que lui donne un de ses historiens (de Haïtze) lorsqu'il l'appelle : la ville hospitalière par excellence. En effet, dès les temps les plus an- ciens, les malheureux trouvèrent dans son enceinte des asiles ouverts à toutes leurs misères. Il y avait, dit Piton (1), presque autant d'hôpitaux que d'é- glises. Les mendiants, les vagabonds, les orphelins, les aveugles, les enfants abandonnés, les pèlerins, les passants et les malades de toute espèce, trou- vaient des refuges ou des remèdes aux maux divers qui les affligeaient. Mais l'hôpital principal, le plus riche et le mieux meublé, comme le plus nécessaire, ajoute le‘même historien, fut celui des malades (2). Il fut fondé par le grand-maître Hélion de Villeneuve, en 1331, et non par les princes de la maison de Barcelonne, comme le dit encore Piton (3). (1) Annales de la sainte église d'Aix, pag. 212. (2) Idem, idem. (3) Idem, pag. 214 — 216 — Cet auteur n'a pas vu que les biens et les immu- nités accordés aux hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, par Alphonse IL, Bérenger IV, Béatrix sa fille et Charles Il, ne leur furent point donnés précisément pour fournir aux besoins de l'hôpital des malades de Saint-Jean de Jérusalem d'Aix, mais pour les fondations diverses qu'ils firent dans leur église où ils choisirent leur sépulture; pour la cons- truction de cette même église, pour le prieuré, c’est- à-dire, pour le logement des prêtres et pour la nour- riture et l'entretien de ceux-ci. C’est pendant qu'il était grand-prieur de Pro- vence, c'est-à-dire de 1317 à 1319, que le pieux Hélion de Villeneuve conçut le projet d’un hôpital pour les malades indigents de cette ville. Pénétré plus que tout autre des devoirs et des obligations de son état, il voulut leur ouvrir un asile où tous les secoursspirituels et corporels leur fussent prodigués. Il paraît, par certaines dispositions prises dans le chapitre provincial tenu à Aix en 1331, que cet hôpital fut régi par les mêmes règlements que l'hô- pital de Rhodes. Le prieur et les autres prêtres de Saint-Jean devaient aller tous les dimanches en pro- cession, visiter les malades, et y chanter solennel- lement l'Épitre et l'Évangile du jour (1). (1) Archives du Prieuré. — Privilèges d'Aix, liasse 2, no 8. — Livre des Privilèges de Provence, pag. 124 et suiv sn 0 7 pres La piété et la charité avec laquelle les Hospi- ialiers traitaient les malheureux, en augmentait sans cesse le nombre, de sorte que les secours ne tar- dèrent pas à manquer. Mais pour obvier à cetincon- vénment, le grand-maître y unit, le 8 octobre 1333, les rentes que l'Ordre avaitacquis de Pierre Desprès, cardinal-évêque de Palestrine, pour l'échange de la commanderie de Saint-Vincent, et plusieurs autres rentes imposées sur diverses terres, situées soit dans le terroir de Tarascon, soit dans celui d'Arles. Mais les guerres intestines qui désolèrent cette province pendant tout le cours du XVre siècle, en multipliant le nombre des malheureux diminuèrent aussi les revenus nécessaires à leur entretien, et, soit affublissement de zèle et de charité de la part des chevaliers, soit diminution des ressources, cet h6- pital fut supprimé le siècle suivant (1). Enfin, le 8 du mois d'octobre 1534, le conseil de ville, présidé par noble Bernard Bochadin, vi- guier et commandant pour le roi dans cette ville d'Aix, décida que tous les hôpitaux de cette ville, seraient réunis à celui de Saint-Jacques, nouvelle- ment fondé par Jacques de la Roque, et que les pauvres dispersés dans les autres hôpitaux y seraient conduits, et leurs revenus seraient perçus et ap- ——_—@— ©] (5) Raybaud, Histoire Ms. du grand prieuré de Saint-Gilles, tom. ter, à la bibliothèque Méjanes. Eos pliquésselonla volonté des administrateurs du susdit hôpital Saint-Jacques (1). Les chevaliers Hospitaliers s’engagèrent alors à entretenir treize pauvres malades dans ce nouvel hospice, mais diverses circonstances, notamment la négligence des recteurs de l'hôpital Saint-Jacques, furent cause que cette prestation fut discontinuée : ensuite, les mêmes recteurs s'étant pourvus au Par- lement contre les chevaliers, ceux-ci firent évoquer l'instance, dit Piton (2), au conseil du roi qui jugea la prescription en leur faveur, et débouta les admi- nistrateurs en 1636. CHAPITRE DIXIÈME. Des chapelles en général et'de celle de St Louis, évêque, en particulier. Nous avons dit ailleurs (3), en parlant des cime- tières chrétiens, quelle avait été l'origine des cha- pelles; nous allons décrire maintenant celles qui furent successivement fondées dans cette église. Au commencement du XIVme siècle, les archi- tectes n'avaient point encore adopté, du moins en (1) Mouan, Notice historique sur Jacques de la Roque, pag. 53—4 (2) Annales de ta sainte église d'Aix, pag. 213 (3) Histoire de l’art chrétien en Provence, Ms — 249 — Provence, de plan fixe pour ces oratoires; ils ne songeaient pas à en faire, comme dans la suite, de nouveaux contreforts tout autour des temples et de les régulariser. Les considérant d’abord comme des annexes attachées au corps principal, ils leur don- nèrent la même élévation. Ce ne fut guères que vers le milieu de ce siècle et pendant tout le XVme que l'usage en devint général, par la facilité avec laquelle les grands seigneurs obtenaient la permis- sion de s'y faire ensevelir. Jusque-là, il ny avait eu dans les églises qu'un seul autel, mais dès que l'usage des chapelles latérales eût prévalu, les di- verses corporations et les personnages les plus dis- tüingués voulurent tous avoir leurs oratoires parti- culiers; et y élever un autel à leur patron ou à leur protecteur. Le premier construit dans cette église fut celui élevé en l'honneur de Saint-Louis, évêque de Toulouse, quatorze ans après sa cano- nisation. Louis était né au mois de février de l'an 1274, à Brignoles, dans le château comtal, de Charles If dit le Boîteux, roi de Naples et comte de Provence, et de Marie, princesse de Hongrie. De bonne heure, sa pieuse vocation se manifesta par des signes écla- tants. Enfant, c'était un ange terrestre. Il supporta avec une résignation héroïque ses dix années de captivité à Barcelonne où il avait été conduit, comme Ôtage donné au roi d'Aragon, avec ses deux frères 18 — 250 — et quatre-vingts gentils-hommes provençaux. Après la paix conclue entre le comte de Provence et le roi d'Aragon, Louis avait refusé la fille de ce prince en mariage, et la couronne de Naples que son père voulait lui céder. À une jeune et belle épouse et l'éclat de la royauté , 1l préféra la hère et l'habit monastique de l'ordre des Franciscains. Après s'être préparé à recevoir l'onction sacerdotale, par une rigoureuse retraite dans le château de l'OEuf, à Naples, en compagnie seulement de quelques reli- gieux, il fut ordonné prêtre au mois de décembre 1290, etle 30 décembre 1295, le souverain pontife Boniface VIIL le consacra, malgré la constance de son refus, évêque de Toulouse. Le bruit de sa sainteté le devança dans $a ville épiscopaleoüil entra commeen triomphe. Là s’ouvrit pour lui, dans sa hautemissiond évêque, une nouvelle carrière de charité et de dévouement à son peuple. Mais à peine y eut-il passé vingt mois, qu'il se dé- termina à résigner lépiscopat, et il entreprit le voyage de Rome, pour faire agréer sa résolution au souverain pontife. Ce fut dans ce voyage qu'il mou- rut à Brignoles où il était né, dans le château de son père, le19 août 1297. Sa mort fut due à une fièvre de consomption, occasionnée par ses longues veilles, ses austérités et ses travaux apostoliques. Après sa mort, des miracles opérés sur sa sépul- ture, signalèrent sa sainteté. De toute part on allait — 251 — à son tombeau. Bientôt les évêques de cette pro- vince, supplièrent le souverain pontife de faire tra- vailler au procès de sa canonisation. Clément V, successeur de Boniface VIIT, mourut après avoir nommé la commission chargée des informations, et ce fut Jean XXIT, l’ancien précepteur de Louis, qui termina cette affaire et qui, vingt ans après la mort du bienheureux évêque, le plaça solennellement au rang des saints confesseurs pontifes (1). Dès cet instant, la Provence put se glorifier d’a- voir un nouveau protecteur dans les cieux, et la ville d'Aix, sa capitale, vit la première un oratoire con- sacré en son honneur, par les chevaliers de Saint- Jean de Jérusalen (2). Il était juste, en effet, que l'Ordre qui avait reçu tant de bienfaits des ancêtres de ce bienheureux, manifestat sa joie et sa reconnaissance par une inno- vation, imitée dans la suite avec tant de zèle. À peine Hélion de Villeneuve eut été nommé grand-prieur (1) Voyez sa vie publiée par un citoyen de Brigrroles , et imprimée à Avignon, chez Aubanel, imprimeur-libraire, rue de la Bancasse, 1780. (2) D’après ses intentions, on transporta ses restes précieux dans l'église des Cordeliers de Marseille, où ils reposèrent jusqu’à leur enlèvement par les Aragonais, lors du sac qu'ils firent de cette ville en 1423. Ces reliques reposent actuellement dans l'église cathédrale de Valence, en Espagne. Il serait à désirer que tous les évêques de la province d’Aix se réunissent pour réclamer les restes mortels d’un saint pontife, né et mort dans nos contrées qu'il édifia par res vertus. — 25: 1% de Saint-Gilles, qu'il fit éclater sa piété envers le fils du bienfaiteur de son père, par l'érection d'une chapelle qui lui fut consacrée. Jusque les oratoires particuliers avaient été isolés et avaient eu une élé- vation proportionnée à leur étendue ; quelquefois aussi on les adossait contre le mur de l'église; mais cette fois, le grand-prieur, en construisant cette nou- velle chapelle, voulut qu'elle fit partie mtégrante du temple, qu'elle y eut sa principale entrée, et qu’elle eut la même élévation. Son style est l'ogival secondaire. Les colonnettes flanquées dans ses an- gles sont très minces et ressemblent à des fuseaux; leurs chapiteaux formés de deux couronnes de feuilles d'ache sont très peu saillants. La voûte est toute découpée par les meneaux décrivant une croix grecque lancéolée. Ils viennent se rajuster à la clef de voûte qui représente l'écusson aux armes des grands-prieurs de. Saint-Gilles. Il est de gueules, écartelé de la religion et de fleurs de lys d'argent. Les points d’intersection des quatre branches de la croix sont marqués par de petites rosaces au milieu desquelles sont des croix de Malte à huit pointes, entourées d’une petite couronne de fleurs. Elles ser- vent de satellites à l’écu principal. Les trois faces de cette chapelle furent percées de longues fenêtres divisées en lancettes , lesquelles jointes à celle de l'église correspondaieut aux quatre points cardi- naux. Ïl n'en existe plus aujourd'hui que deux : 953 + celle du nord prenant jour dans la rue Cardinale , et celle du sud dans l'église. La fondation de cette chapelle remonte à l'année 1331. C'est dans son enceinte qu'on éleva un autel à Saint-Louis. Les vitraux des fenêtres durent représenter selon l'usage du temps, quelques-uns des traits de sa vie et tenir lieu de tableaux. Le 23 avril 1566, Claude de Savoie, comte de Tende, lieutenant-général pour le roi en Provence, étant décédé au château de Cadarache, son corps fut transporté et enseveli dans cette chapelle. L'é- pitaphe suivante, qui n’est autre que le procès- verbal de sa mort, fut gravée sur une lame de plomb et fixée sur son cercueil : L'AN M.C.C.C.C.C.LXYI ET LE XXII AVRIL A IN HEVRES APRÈS MIDI, EST TRÉPASSÉ DANS CADARACHE, MESSIRE CLAVDE DE TENDE, AGÉ DE LIX ANS XXVII JOVRS ENVIRON, VIVANT CHEVALIER DE L ORDRE DV ROI, CAPITAINE DE CINQVANTE HOMMES D'ARMES, SON LIEVTENANT GÉNÉRAL EN PROVENCE, GRAND SÉNÉCHAL DV-DIT LIEV, AMIRAL DES MERS DV LEVANT CY GIST MESSIRE CLAVDE DE SAVOIE COMTE DE TENDE. Cette inscription fut détachée de sa bière, dit l'historien du grand-prieuré de Saint-Gilles, en D 19 — 994 — 169#, lorsque le prieur Viany fit restaurer cette église, mais on ne dit pas où elle fut transportée. CHAPITRE ONZIÈME. Chapelle du Clocher. Cette chapelle renfermée dans l'intérieur de fa tour du clocher, fut commencée en même-temps que celui-ci en 1234, et ne fut terminée que dans la première moitié du siècle suivant. Son style est le même que celui de l'église, ainsi qu'on peut le voir dans la partie supérieure. Les faisceaux des colonnettes des angles et les nervures qui les accom- pagnent, sont en tout conformes, excepté qu'au lieu d'aller se joindre à une clef de voûte, elles vont se réunir à une grande couronne ouverte, entourée d'un tore uni. Cette ouverture, fermée seulement par une trappe, était destinée, dans le principe, au passage des cloches que l’on devait placer à cette tour. A peine terminée, un noble chevalier de cette ville, la choisit pour le lieu de sa sépulture, ainsi que nous l'apprend l'inscription gravée tout autour de la pierre tombale. On y distingue encore son por- trait en pied, portant le costume des docteurs et des — 2950 chevaliers de son temps. Il est fâcheux qu'une marche d'escalier couvre une portion de son épi- taphe. Nous allons cependant, pour la satisfaction du lecteur, la donner tout entière, telle que nous l'a conservée le savant père Dumoulin, religieux Cordelier de cette ville, dans son précieux Recueil d'inscriptions religieuses : fjic jacet egregius vir Dominus Ffranciscus De Érossis de Aquis miles, quris civilis professor, Qui migravit die decima nonû matt, decima Quinta indictione anno Domini 1347 cujus anima in pacis beatitudine requiescat. Amen +. « Ci-gît noble homme le seigneur François de « Grossis, d'Aix, chevalier, professeur de droit « civil, qui mourut le dix-neuvième jour de mai, la « quinzième indiction, l'an du Seigneur 1347. Que « son ame repose dans la béatitude de la paix. « Ainsi soit-il +. » Cette inscription, très curieuse par la forme de ses lettres, nous fait connaître un savant de ce pays dont aucun historien (du moins que nous sachions), n'avait encore parlé. Il fut du nombre de ceux qui ensei- gnèrent le droit civil dans l'académie générale des = 250 — sciences, fondée à Aix en 1109, par le comte flde- fonse [er, et bien avant la fondation de l'Université. par Louis IE, en 1409. Cette chapelle ne fut, jusqu'en 1680, qu'une chapelle sépulcrale. A cette époque, le prieur Viany la restaura et y éleva un autel. CHAPITRE DOUZIÈME. Avènement du frère Jean-Claude Viany au Prieuré de St-Jean Depuis l'édit du mois de janvier 1646, par lequel Louis XIV autorisait l'agrandissement de la ville d'Aix, une nouvelle enceinte avait été tracée dans la partie méridionale. Outre le jardin de l'Arche- vêque (1); l’église de Saint-Jean, sa maison prieu- (1) Le jardin et les prés de l’archevèque comprenaient la majeure partie du Cours actuel, commençant à l'extrémité du jardin de l'ancien monastère des Carmelites; se prolongeaient en droite ligne dans la direction dn couchant jusqu'à la rue Saint-Lazare, qui était alors un chemin puhlic conduisant à Marseille, longeaieht ce chemin du nord au midi, jusques à peu de distance de l’ancienne mala- drerie Saint-Lazare. Là ils contournaient vers le levant en suivant cet autre petit chemin qui de cette maladrerie aboutit aux bâtiments de la Boucherie, et de ce dernier point ils remontaient vers le nord jusqu’au jardin des Carmélites dont nous avons parlé plus haut et dont ils étaient séparés néanmoins par un troisième chemin qui conduisait à Marseille, lorsqu'on sortait la ville par la porte Saint-Jean. {Mémorial d'Aix, du 48 février 1844.) Hu rale et son enclos sv trouvèrent renfermés. Dès cette époque, un grand mouvement de construction eut lieu, et la noblesse se hâta de faire élever, dans le nouveau quartier, de magnifiques hôtels qu'elle vint habiter. Depuis plus de vingt ans on travaillait aux nouvelles bâtisses, lorsque le grand-maître dom Nicolas Cotoner nomma, le 22 avril 4667, Jean- Claude Viany, auparavant prêtre de l'Oratoire, pour succéder au frère Pierre Cheilan, prieur de Saint- Jean. Dès qu'il eût pris possession de sa nouvelle dignité, le 13 juin de la même année, le nouveau prieur résolut d'exécuter les grands projets de res- tauration qu’il avait formés. À une science étendue, à un esprit actif et remuant, ce prêtre chevalier jo1- gnit une grande ambition. Jaloux des prérogatives de sa charge, il ne laissa échapper aucune occasion de les exposer au grand jour, et, souteuu par le crédit de sa famille, il osa tout entreprendre. Jusque-là ses prédécesseurs, ou négligents ou dé- pourvus des moyens nécessaires, se contentaient de remplir leurs devoirs religieux sans être fort sou- cieux de réparer et d’embellir leur église; souvent même , à la requête du procureur-général du roi, le Parlement avait été obligé d'intervenir et de forcer les Hospitaliers à faire les restaurations les plus urgentes. Une seule fois il était intervenu contre le commandeur d’Alvis de Castellane qui, en 1598, avait voulu faire fermer une partie des fenêtres et — 258 — changer la forme de la vitrerie, et par son arrêt du 5 juin de cette année, il lui avait ordonné, sous peine de la saisie de son temporel, de rétablir les choses dans leur même état, avec inhibition de clore, fermer, ni changer la forme des fenêtres et des vitres. Comme nous ne connaissons pas les travaux exé- cutés par ce commandeur et ses projets ultérieurs, nous ne pouvons pas les apprécier au point de vue de l’art. On peut cependant conjecturer que le Par- lement était fondé à empêcher cette innovation. Ajoutons ici que cette Cour profita de cette circons- tance , pour enjoindre à l'Ordre de rétablir dans l'église d'Aix, les reliques et la vaisselle d'argent qui appartenaient à celle-ci, et qui avaient été trans- portés à Malte avec les les archives, lors de l’'inva- sion de Charles-Quint. Le premier soin de Viany fut, au contraire, de mettre de l'ordre et de la régularité dans son église, d'y faire célébrer les offices avec toute la pompe et la décence qu'exige la sainteté des mystères sacrés. Il rechercha ensuite tous les titres de son prieuré, perdus pour la plupart, et fit rentrer dans la mense de son église, les pensions et les droits suspendus depuis longtemps. La maison prieurale était presque inhabitable et tombait en ruine, Viany résolut d’en construire une plus digne et sur un nouveau plan. Le 6 novembre 1670, il obtint à cet effet l'autorisation nécessaire — 259 — de la langue de Provence, et le 25 février de l'année suivante, il en posa solennellement la pre- mière pierre sur laquelle on grava ces mots : D. ROUSM: PONT. MAX. CLEMENTE X. GALLIARVM REGE LVDOVICO XIV MAGISTRO TOTIVS ORDINIS JEROSOLY. DOM. NICOLAO COTONER EJVSDEM ORDINIS MAG. ET GEN. PRIORE R. R. ET ILLVSTR. IN CHRISTO R. F. PETRO VIANY. R. JUS IN CHRISTO P. F. JOANNES CLAVDIVS VIANY S. T. D. VIC. GEN. ORDINIS PRIOR ECCLESIÆ AQVENSIS. DOMYS QVAM SIBI ET SVIS IN PRIORATV SVCCESSORIBUS ÆDIFICAVIT, PRIMARIVM LAPIDEM POSVIT ANN. SALVT. 1671 DIE 9.* FEBRVARII ALPH. DVMAS FR. COLLACTANEVS. D. PRIORIS TOTIVS EDIFICIT FORMAM DELINEAVIT. « À Dieu très bon et très grand, sous le sou- « verain pontficat de Clément X, Louis XIV étant « roi de France, le seigneur Nicolas Cotoner, maître « de tout l'ordre de Jérusalem, le très révérend « et très illustre père en Jésus-Christ, le frère Pierre € Viany, étant grand-prieur du même Ordre. « Le révérend père en J.-C. le frère Jean-Claude — 260 — « Viany, docteur en sainte théologie, vicaire-gé- « néral de l'Ordre, prieur de l'église d'Aix, posa, « le 25 février de l’année du salut 1671, la pre- « mière pierre de la maison qu'il bâtit pour lui et « ses successeurs dans le prieuré. « Alphonse Dumas, frère de lait du seigneur « prieur, donna le dessin de tout l'édifice. » La facade monumentale du nouveau prieuré, tournée au nord, est située sur la place de l'église. Elle correspond parfaitement , quoique d'un style différent, à la majesté de la façade du temple chré- tien. Du côté du sud, elle tourne dans un grand jardin pris sur une partie de l'ancien enclos. Pendant que l'on travaillait à cette nouvelle cons- truction, le prieur ne resta pas inactif. Voulant donner plus d'éclat à l'annonce des solennités de son église, il prit la résolution de faire refondre les deux plus anciennes cloches de la tour felées depuis longtemps et trop petites à son gré. Il choisit pour cela, dit de Haïtze (1), le plus habile fondeur de la province, et voulut que l'habileté de l'ouvrier répondit au goût de celui qui en faisait la dépense. Les inscriptions qu'il y fit graver rappelèrent tout à la fois et leur origine et le zèle de Viany. On lisait sur la première ces paroles : (1) Histoire de la ville d'Aiæ, tom. 2, Ms. à la bibliothèque Méjanes- FRATER RENATVS MARTINI, PRÆCEPTOR AQVENSIS FECERAT HANC CAMPANAM : RVPTAM, AVXIT ET RESTITVIT R. IN CHRISTO P. FRA. JOANNES CLAVDIVS VIANY PRIOR HVJYS ECCLESIÆ ANNO 1671. TE DEVM LAVDAMVS TE DOMINVM CONFITEMVR CLAVDIVS PEYROYS. « Le frère Réné Martin, commandeur d'Aix, « avait fait cette cloche : s'étant brisée, Le révérend = « père en J.-C. frère Jean-Claude Viany, prieur « de cette église, l'a fait refondre et augmenter, « l'an 1671. O Dieu, nous vous louons, Seigneur, = _ 2 « nous vous confessons. Claude Peyrous, L'inscription de la seconde était : FRATER MATHEVS HONORATI, PRIOR SANCTI JOANNIS AQVENSIS, FECERAT HANC CVMPANAM : AVXIT ET RESTITVIT. R. IN CHRISTO P. F. JO. CLAVDIVS VIANY EJVSDEM ECCLESIÆ PRIOR. AN. 1671. CLAVDIVS PEYROYS. « Le frère Mathieu Honorat, prieur de Saint- « Jean d'Aix, avait fait cette cloche. Le révérend « père en J.-C, le frère Jean-Claude Viany, prieur « de la même église, l'a fait augmenter et refondre « l'an 1671. Claude Peyrous. » — 962 — Ces deux derniers noms sont ceux du fondeur , qui était d'Avignon. CHAPITRE TREIZIÈME. Chapelle de Saint Blaise. Le célèbre Jacques Viany, avocat au Parlement de Provence, voyant le zèle de son fils pour l'embel- lissementdel église Saint-Jean, voulut y contribuer de son côté, par la construction d'une chapelle qu'il fit élever sur le sol du cimetière immédiatement après celle située en-dessous du clocher ; 1l ÿ fit creuser un caveau pour lui et tous les membres de sa fa- mille, quelques années avant sa mort, c’est-à-dire en 1672. On y voit encore à la clef de voûte l’é- cusson de ses armes qui sont d'azur à un chien d’ar- gent sur une face d'or surmonté du casque, duquel pendent des lambrequins. Cette chapelle est divisée en deux parties bien distinctes : la première en entrant est plus étroite et n'est pas sur le même axe de la seconde qui est plus large et plus profonde. Nous pensons que la crainte d'affaiblir le contrefort du clocher adossé contre la muraille principale de l'église est la cause unique de cette irrégularité. = 58 A peine terminé, cet oratoire fut dédié à Saint- Blaise. Ce saint, de la vie duquel on ignore presque toutes les circonstances, avait été évêque de la ville de Sébaste et fut martyrisé par les ordres d’Agri- colaüs, gouverneur de Capadoce et de la petite Ar- menie vers l'an 316, durant la persécution de Li- cinius. Les Grecs en célèbrent la fête le 11 février, et les Latins le 3. Ses reliques ayant été transportés en Occident pendant les Croisades, son culte $ y ré- pandit bientot. Plusieurs guérisons miraculeuses, opérées par son intercession, augmentèrent encore la vénération des peuples, et depuis qu'une partie de ses reliques à été donnée à cette église, on y célèbre sa fête comme celle d'un patron. Après lui avoir élevé un autel, le frère du prieur, conseiller à la Cour des aides et son neveu, firent peindre, par Garcin, un tableau qui représente le saint faisant une oction sur le front d'un enfant malade présenté par sa mère. Il était entouré d'un cadre en stuc,ayant deux colonnes de chaque côtés également en stuc. M. de Venel légua par son testament à cette cha- pelle, une belle lampe d'argent, du prix de #00 livres. Le. prieur fit ensuite creuser dans l'épaisseur du mur, à gauche en entrant, une niche dans laquelle il plaça le buste du saint, au pied duquel est une partie de ses reliques : 11 la ferma ensuite avec une belle porte en fer. = dé — Le 48 du mois d'août 1674, le fondateur de la chapelle étant mort, on le déposa le lendemain dans son caveau , etlépitaphe suivante, composée par Gaspard Varadier, de Saint-Andiol, archidiacre de l'église d'Arles, fut gravée sur la pierre tombale : HIC JACET HUMANI DECVS ET FACVNDIA JVRIS : SISTE GRADVM (LECTOR) FLETIBVS OSSA RIGA. NOMEN SCIRE CVPIS : MEMORABILIS ISTE VIANY EST, QVI COELO, ET MVYNDO PIGNORA MVLTA DEDIT. BINA PRIORATVS DECORANT FASTIGIA NATOS ; VRBS MELITENSIS ERIT TESTIS, AQUENSIS ERIT. FASCIBVS ORNATVM MERITIS BIS PATRIA VIDIT, MISSVS ET AD REGEM PVBLICA VOTA TVLIT. ET THEMIDEM FLEVISSE, PATRES FLEVISSE SENATVS ET MYSAS LACRYMIS INTEPVISSE FERVNT. PONE MODVM LACRYMIS; FLORET VIRTVTE SVPERSTES, MORTVVS IN SALIO PECTORE VIVIT ADHVC. Louise de Balbi, épouse de Jacques Viany et mère du prieur, étant décédée quelques temps après, on la déposa dans le même caveau. Elle légua par son testament, la somme de dix livres pour la fondation de quelques messes. — 965 — indépendamment de cette fondation, la dame Catherine Amphoux, épouse de M. Chaix, secré- taire de la Cour des comptes, en avait fait une autre, pour faire dire dans la même chapelle, tous les lundi de l'année, une messe de requiem pour le repos de son ame. CHAPITRE QUATORZIÈME. Chapelle de N.-D. d’Espérance L'enceinte de la ville moderne se remplissant de plus en plus par les nouvelles constructions qu'on v élevait, l'ancien cimetière, conservé jusqu'alors, se trouva bientôt resserré entre l'église et l’île de mai- sons formant le commencement de la rue Cardinale. Voyant donc l'impossibilité de le conserver, le prieur fit exhumer, en 1680, une grande partie des osse- ments, et les fit transporter dans des tombes creu- sées à cet effet dans le temple. Ce fut alors qu'il voulut utiliser là chapelle sépulcrale des Grossis, située sous le clocher. Sa voûte en était très élevée eten disproportion avec son étendue. Viany en construisit une seconde et la coupa ainsi par le mi- lieu. Mais comme la partie supérieure n'avait point 19 =\oh— d'issue, il fit encore percer dans la muraille du clo- cher une porte qui lui servit d'entrée et créa ainsi un appartement très utile comme entrepôt. Ensuite, le caveau du chevalier Grossis étant resté dans le domaine de l'église par l'extinction to- tale de sa famille, M. Barret, avocat en la Cour du parlement , l'acheta pour sa sépulture et celle de sa famille. Ce futavec ses deniers que l'on fit cons- truire l'arcade de communication avec l'église. La partie du fond de la chapelle fut exhaussée de deux marches, et on y éleva un autel en l'honneur de N.-D. d'Espérance. Le peintre Armelin fut chargé d'en faire le tableau, et deux pilastres cannelés surmontés d'un entablement en formèrent le rétable. Un individu nommé Rodolphe peignit, aux frais du conseiller Duchaffaut, une partie des murs. Les principaux traits de la vie de la Sainte-Vierge y sont assez mal représentés. Une table de communion en bois séparait ce petit sanctuaire du reste de la chapelle, fermée elle-même par une grille en fer. C’est dans cette enceinte que se réunissait une confrérie de personnes pieuses pour y assister à diverses pratiques de dévotion, et y vaquer à la prière en commun. CHAPITRE QUINZIÈME. Restauration du Chœur. Quoique les historiens et les divers mémoires que nous avons consultés ne précisent pas l’époque où le prieur Viany changea les anciennes dispositons de l'abside, nous avons cependant quelques raisons de croire que ce fut en 1680. Jusque-là, l'autel principal orné de ses colonnes, avait été fixé contre le mur en-dessous de lagrande fe- nêtre. Le chœur occupé par trente-huit stales dont 22 en haut et 16 au bas de chaque côté, était sur le devant et au niveau de la nef; au milieu était le lutrin avec les quatre siéges que le prieur avait fait faire la première année de son administration. Cette année 1680, l'autel fut déplacé et mis au milieu comme celui de l'église primatiale de Saint-Jean de Malte, et le presbytère disposé par derrière. Le sol de l’ancien chœur fut exhaussé comme le sanctuaire primitif et fermé par une magnifique table de communion en fer. C'est alors que Viany déplaça deux petits mo- puments encastrés dans la muraille occidentale de l'abside. Le premier était une élégante piscine sem- blable à une fenêtre géminée et à lancettes dans le — 268 — style du XVe siècle; le second, un petit tombeau dans lequel reposait un jeune prince, moissonné par la mort dans là première enfance. On croit, dit le procès-verbal de la visite faite en 1696, que ce jeune enfant était le frère de la reine Béatrix. Il fit placer la piscine dans le transsept du sud en face de l’autelde Sainte-Madeleine, et le petit tombeau dans celui du nord en face de l'autel de Saint-Jean, aujourd'hui de la Vierge. On transporta ensuite dans la tombe commune des prieurs de cette église, placée en- dessous de la piscine, les restes mortels du frère Poncet d'Urre, commandeur d'Aix, enseveli aupa- ravant dans le chœur. Son épitaphe gravée sur la pierre tombale était ainsi CONÇUE : HIC JACET FRATER PONCETVS DE URRO BALIVVS MANVASCÆ PRÆCEPTOR HVJVS ECCLESIÆ ET SANCTIJOANNIS MASSILIÆ QVI SEPVLTVS FUIT DIE 14.2 MENSIS OCTOBRIS 1548. TOLLITE HVNC LAPIDEM ET SEPELITE DEFVNCTVM. Depuis plus d'un demi-siècle, un illustre cheva- lier avait été également enseveli dans ce même transsept. Le 19 décembre 1616, Latour-Landry, de Chà- teauroux, étant de retour de Malte, s embarqua au port de Mallemort et tomba dans là Durance où il se — 269 — noya. Selon ses dernières dispositions, son corps fut transporté à Aix, et enseveli dans l'église Saint- Jean. Le prieur de Naberat lui fit construire un tombeau à côté de celui de la reine Béatrix. Mais ayant négligé d'en demander l'autorisation au Parlement, l'avocat- général Décormis en porta plainte à la Cour ; et, sans l'intervention du prince de Condé, qui déclara dans une lettre adressée au procureur-général Guérin , que ce chevalier avait des alliances avec la cou- ronne, ce monument aurait été abattu. On voyait gravé sur la pierre tombale son portrait en pied, ainsi que l'inscription suivante tout autour : de plus, une plaque de euivre indiquait les fonda- tions qu'il avait faites dans cette église. ICI GIST FRÈRE FRANÇOIS DE LATOUR LANDRY DE CHATEAVROVX, CHEV. DE L'ORD. DE SAINT-JEAN DE HIÉRVSALEM, LEQVEL PAR VNC TRÉS GRAND MALHEVR SE NOIA DANS LA RIVIÈRE DE DVRANCE, PASSANT LE PORT BE MALLEMORT, REVENANT DE MALTE, LE LUNDI XIX DÉC. 1616, À DEVX HEVRES APRÈS MIDI. PRIEZ DIEV POVR LVI. On voit également encastrée dans le mur ocei- dental du transsept du nord, à côté du petit tom- beau dont nous avons parlé ci-dessus, l'épitaphe singulière du chevalier Gallard, enseveli probable- blement dans l’ancien cimetière. — 270 — Nous la transcrivons ici telle qu'elle est, avec l'ex- plication dans les interlignes : G.9 MILS. 1ACO. SB. TEGMIE. TE.° Gvillermvs miles jaceo svb tegmine tetro. GALLARDVS Q°NDA. VIXI. Q. REPE. RET.° Gallardvs qvondam vixi, qui tempore retro REB9. HONORE MICAS. GENVIT QVE. TE. A Rebvs honore micans, genvit qvem terra BEATV. VI FLETE, PCB9. DNO. ME. Beatum vi flete, precibus Domino me. FACITE GRATVM. C'est à la même époque qu'il fit disparaître la grande fenêtre du fond, dont on trouve encore l'in- dice dans la petite maison adossée contre le mur du chancel sise à la rue d'Italie, n° 22. Le chœur étant ainsi disposé derrière l'autel, il y fit placer un orgue d'accompagnement. Rien en effet ne contribue davantage à la majesté du culte que le chant grave des Psaumes accompagné par cet admirable ins- trument (1). Plus tard, c’est-à-dire en 1683, un orage ayant éclaté sur l’église la veille de la Saint- Jean, il fut presqu'entièrement détruit par l'eau qui découlait perpendiculairement de la voûte. Peu de (1) C’est un ouvrier flamand nommé Royer qui l’exécuta, moyen— nant le prix de 3000 fr. Il était composé de treize jeux non compris celui de voix humaine. 22 jours après, un officier de la ville, ayant insulté un prêtre de cette église pendant la procession de la Fête-Dieu, le Parlement le condamna à une amende de quinze cents francs en faveur de ce prêtre qui les donna au prieur pour les consacrer aux réparations de l’église. C'est avec cette somme que Viany fit exécuter le nouveau buffet d’orgues. Il avait onze mètres de haut sur huit de large. Dès qu'il fut ter- miné, le prieur fit construire une grande tribune sur le tambour de la porte principale en-dessus de laquelle il plaça l'orgue restauré, après avoir fermé l'œil- de-bœuf orné de ses vitraux qui éclairait la nef du côté du couchant. C'est aussi pendant qu'il chan- geait les dispositions du chœur qu'il dut raccourcir les longues fenêtres fermées de chaque côté, et qu'il fit ouvrir l’une d'elles au sud, pour éclairer les chan- tres. Les tribunes latérales prises dans l'intérieur des tours du nord et du midi sont également son ouvrage : c'est là où se plaçaient les musiciens aux jours degrande solennité. Elles étaient ornées de balcons en fer semblables à la table de communion, avec l’écusson aux armes de Viany. Pendant que le prieur faisait ces divers change- gements dans l'abside, il obtint de la langue de Pro- vence la réparation totale du pavé, depuis la porte principale jusqu'au sanctuaire. CHAPITRE SEIZIÈME. Chapelle de Saint Joseph ou des Calissane. Entre la chapelle de Saint-Blaise et celle d’Hélion de Villeneuve, aujourd’hui Saint-Joseph, il en existe une autre où s ouvre la petite porte de l’église. Elle fut construite en 1682, après celle des Viany dont nous avons déjà parlé, aux frais du commandeur de Leydet-Calissane qui y fit creuser un tombeau pour sa sépulture et celle de sa famille. On n'y voit cependant aucune inscription tumulaire, mais seu- lement à la clef de voûte l’'écusson de ses armes, qui sont de gueules à une tour ronde pavillonnée d'or. Ce chevalier était le troisième des enfants de Pierre de Leydet, seigneur de Calissane, conseiller au Parlement et de Lucrèce de Châteauneuf: le second de ses frères Joseph de Leydet pour lequel il avait une étroite amitié, était également chevalier de Malte. C'est peut-être à son occasion qu’il la dédia à Saint-Joseph son patron. Le culte de ce saint paraît assez récent dans Ja chrétienté, puisque l'auteur de l'excellente Mono- graphie de l'église Saint-Agricol à Avignon dit, pag. 127: « Avoir trouvé un titre dans lequel il est rap- « porté que Grégoire XI, siégeant à Avignon, au- « rait fait bâur dans l'église Saint-Agricol, fa « première chapelle peut-être qui ait été dédiée au « grand Saint-Joseph », dont le culte aurait ainsi commencé dans Avignon vers la fin du XIVe siècle, c'est-à-dire de 1371 à 1378. Quoi qu'ilen soit, un culte publie et solennel ne fut rendu à ce saint pa- triarche dans toute l’église, et surtout dans FOc- cident qu'après que les souverains pontifes Gré- goire XV et Urbain VIII l'eurent ordonné par leurs bulles respectives, datées la première de 1621, et la seconde de 16#2. Cette chapelle est aussi probablement la première construite en son honneur dans cette ville, et l'autel que lui consacra son pieux fondateur fait tout à la fois l'éloge de son zèle et de sa religion. On n'a cessé depuis lors de linvoquer et d'en célébrer la fête dans cette église d’une manière spéciale. CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. Chapelle de N.-D. de Bon Voyage ou des Forbin Sainte-Croix. Nous lisons dans le procès-verbal de la visite faite dans cette église en 1696, par ordre du grand- prieur de Saint-Gilles, que les chapelles latérales ne furent ouvertes par le prieur Viany qu'en 1682; on n’a voulu parler sans doute que de celles du côté de l’épitre, puisque les autres, du moins pour — Hoi la plupart, l'étaient antérieurement. C'est là l'é- poque de la fondation de la première chapelle à droite en entrant (aujourd'hui le dépôt des chaises. ) Vincent de Forbin des seigneurs de Lafare et de Sainte-Croix, grand-prieur de Toulouse, la fit cons- truire à ses frais, et l'un de ses neveux se chargea de fournir tout ce qui était nécessaire à sa déco- ration. C'est lui, nous dit encore le procès-verbal, qui en fit peindre le tableau. Ils voulurent ainsi l'un et l'autre, laisser une marque de leur piété,et donner une preuve de l'amour qu'ils avaient pour l'Ordre auquel ils appartenaient. L'écusson de leurs armes est à la clef de voûte. Elles sont d’or, à un chevron d'azur accompagné de trois têtes de Léopard arra- chées de sable, lampassées de gueules, posés deux en chef et une en pointe et écartelées de Lafare. A côté de l'autel, le prieur Viany fit ouvrir une porte de communication avec la belle maison prieu- rale qu'il avait fait bâtir depuis quelques années. La chapelle fut ensuite fermée par une belle grille en fer. CHAPITRE DIX-HUITIÈME Chapelle du Purgatoire. Cette chapelle, qui est la seconde en entrant à droite, fut bâtie aux frais du chevalier Claude de Simiane la Coste, comme le rapporte le procès- — 275 — verbal de 1688. Cet hospitalier était fils de Jean de Simiane de Lacépède la Coste, 11m du nom, marquis de Simiane-lès-Aix, et président à mortier au Parlement de Provence. Cette famille, l’une des plus anciennes du pays, ne fut pas moins illustre par sa piété que par les services éminents qu’elle rendit dans l'armée comme dans la magistrature ; plusieurs de ses membres sont morts en odeur de sainteté, et le chevalier dont il est ici question, ne dut qu'à son propre mérite de devenir grand-prieur de Tou- louse en 1722. L'écusson de ses armes, placé à la clef de voûte, est le seul monument qui nous rap- pelle son fondateur. Elles sont d’or, semées de chà- teaux et de fleurs de lys d'azur. A peine terminée, cette chapelle fut dédiée aux ames des justes souf- frants dans le Purgatoire. Le tableau qui les repré- sente dans ce lieu d’expiation est dù au pinceau d'Armelin. Ensuite, la confrérie du Centenaire de la bonne Mort fit peindre à la fresque, par Garcin, tous les murs, moyennant la somme de 300 francs. Cette société, dont les statuts avaient été approuvés par le saint siége, faisait célébrer chaque jour, à quatre heures du matin, une messe-basse, pour sa- tifaire la piété des ouvriers et des gens de la cam- pagne. Elle solennisait’aussi le jour de la Commé- moration des Morts et toute l'octave. Il était juste en effet, que des chevaliersiqui répandaient avec tant de générosité leur sang pour la défense du nom — 276 — chrétien, eussent, dans ce temple, un oratoire par- ticulier où le saint sacrifice fut offert chaque jour pour le repos de l'ame de leurs frères décédés. En entrant dans cette chapelle à gauche, on aperçoit une grande niche ornée de chaque côté d'un pilastre corinthien. C'est là où était un autel dédié à la sainte Croix, et où se réunissait la con- frérie des gens de la campagne du quartier Saint- Jean. Les membres de cette association, se livrant le jour de leur fête à des excès scandaleux, le prieur, Jean-Bapüste de Viguier, supprima l'autel et la con- frérie, et fit percer la niche pour y pratiquer un passage de communication avec les autres chapelles. CHAPITRE DIX-NEUVIÈME. Chapelles de Sainte Marthe et de Saint Paul. Depuis l'érection d'un autel consacré à Sainte- Marthe devant le tombeau du grand-prieur Dra- gonet de Montdragon, le retable et le tableau de la sainte le cachaient entièrement. En 1668, le cheva- lier Demandolx, faisant la visite de cette église, or- donna de le déplacer et de le mettre devant l'autel, pour qu'il fût mieux exposé à la vue des fidèles. = 6% = En 1693, Viany continuant les restaurations de son église par la construction de nouvelles chapelles et trouvant celle-ci trop petite, la fit démolir avec le mausolée qu'elle renfermait, et lui donna les mêmes dimensions qu'aux autres. Mais par un abus assez ordinaire aux religieux, dit de Haïtze, il plaça le tombeau de Montdragon sous l'autel de Sainte- Marthe, ce qui est expressément défendu par les canons; ces places étant uniquement réservées, con- tinue le même historien, aux martyrs et à ceux dont la sainteté est pleinement reconnue. Pour s'indem- niser en partie des dépenses occasionnées par cette reconstruction, le prieur exigea la somme de 300 fr. de la confrérie des hôtes qui y était établie bien avant son administration. On encastra l'épitaphe de Dragonet dans un des murs du transsept du sud où était la tombe commune des prieurs de cette église, et l'écusson de ses armes fut probablement caché dans le massif du tombeau. Vient ensuite la chapelle de Saint-Paul, la moins importante de toutes celles de l'église. Elle fut aussi la dernière construite par le prieur Viany. Sa fon- dation remonte, comme la précédente, à l’année 1693 ou très peu de temps après, puisqu'il n'en est pas fait mention dansles procès-verbaux précédents. A peine terminée, le prieur la dédia à l'apôtre Saint- Paul. L'autel qu'il lui consacra, quoique simple, était cependant très convenable et orné d’un magnifique = Me — tableau représentant la conversion du saint. Il est l'ouvrage du chevalier Mathias Preti, qui le peignit par les ordres de Viany. C'est le même artiste qui, déjà, avait peint le grand tableau représentant le martyre de Sainte-Catherine d'Alexandrie, placé pendant quelque temps au fond de l'abside derrière le maître-autel. ; Après avoir ainsi régularisé la nef, par l'ouverture de toutes ces chapelles, il Les fit daller avec les trans- septs et une partie du chœur. CHAPITRE VINGTIÈME. Translation du Tombeau de la Reine Béatrix. Depuis plus de seize ans, le prieur poursuivait la restauration de son église : mais on y voyait encore une défectuosité considérable. Le magnifique mau- solée de Béatrix, femme de Charles Ie" se trouvait construit, comme je l'ai dit, à l'entrée du transsept du sud. Viany résolut de lui donner au fond de ce transsept la même place qu'occupait celui d'II- defonse et de Bérenger IV dans le transsept du nord, etobtint pour cela l'autorisation du Parlement, premier gardien de ces tombes royales ; l'ouverture du mausolée eut lieu le 21 juillet 1689, en pré- sence du premier premier président, commis à cet — 2798 effet. Cest alors qu'on s aperçut, avec étonnement, qu'il ne restait plus du corps de la reine, de ses vê- tements et de son cercueil, que quelques débris d'ossements mêlés avec de la cendre. La cause de cet accident fut bientôt connue. Le tombeau avait été percé à chacune de ses extrémités. Par l'une de ses ouvertures on introduisait une bougie qui servait à en éclairer l'intérieur, et par l'autre, un regard in- discret pénétrait dans cet asile de la mort. Des étin- celles tombées dans la tombe royale avaient oc- casionné cette destruction. Néanmoins, ces restes et cette cendre furent recueillis avec respect , ils furent de nouveau renfermés dans le mausolée qu'on transfera à sa nouvelle place, et le procès-verbal qui en fut dressé constata tous ces détails (1). CHAPITRE VINGT-UNIÈME. Réparation complète de la Façade La façade de l'église avait besoin d'une restau- ration complète, elle offrait de grandes lézardes, la réparation du fronton détruit par la foudre avait été malexécutée, de plus, on peut dire que cette façade (1) Voyez aux pièces justificatives le Mémoire du prieur Viany — JE — flanquée de deux contreforts et d'une seule tou- relle, manquait de régularité et ne répondait pas à la beauté et à la majesté du temple. Le prieur voulut obvier à tous ces inconvénients, en la consolidant et en mettant la dernière main à son ornementation. Il fit pour cela construire une seconde tourelle à droite, semblable en tout à celle de gauche,renfermant l'es- calier du clocher et ayant comme sa sœur jumelle, 32 mètres d'élévation. Elle eut aussi dans son in- térieur un escalier pour monter au balcon qu'il fit faire entre les deux tours, au-dessus de l'œil-de-bœuf fermé depuis la pose des orgues. Ce balcon a 6 mêtres delong et 1 mètre 25 centimètres de large. La balus- trade est ornée de trois quatrefeuilles entre lesquelles étaient trois écussons ; le premier supportait les armes de Bérenger-Monge, fondateur de l’église, avec cette inscription: Fundator M.CC.XXXIL. Le second celles du grand-maître régnant; et le troi- sième, celles de Viany, avec cette autre inscription : Restaurator M.D.C.XCI. Ce balcon est soutenu par une arcade évasée dont les pendentifs reposent sur d'élégants culs de lampe. Ifitensuite construire entredeux petits contreforts ayant la forme d’aiguilles, le portail qui ressemble à une belle fenêtre géminée et à lancettes du XIE siè- cle. On voit entre les deux lancettes et sous l’arcade principale un élégant quatrefeuille et le tout est sur- monté d'un fronton triangulaire. Son extrémité, = — comme celles des aiguilles latérales, est ornée d'un bouquet de feuilles de choux frisés. Leurs angles sont également couverts de feuillages. A la naissance du fronton et de chaque côté, les aiguilles sont per- cées et ornées d'une petite gargouille, représentant des chiens tenant entre leurs pattes un écusson avec le chiffre et la qualité du restaurateur de l’église. Celui de gauche porte ces trois lettres entrelacées J CG: V. Jean-Claude Viany, et celui de droite, P. S. J. prieur de Saint-Jean. Après avoir terminé tout ce qui avait rapport à l'architecture et à la sculpture de la façade , il fit faire les deux battants des portes que l'on couvritde divers ornements exécutés par un maître sculpteur de ce pays nommé Routice. Non content de les avoir ainsi décorées, il voulut encore les consolider, et l’on assure qu'il y employa plus de dix quintaux de fer. Il fit peindre en-dessous de l’arcade qui supporte le balcon et de chaque côté, deux grandes figures emblématiques, représentant l’une la religion et l'autre la chevalerie, par Garcin. Enfin , pour obvier aux dégâts que pouvaient occasionner les eaux pluviales, il changea toute la charpente et la toiture de l'église. Il fit ensuite badigeonner tout l'intérieur du temple par un maître-menuisier nommé Nicolas, moyennant le prix de 400 fr., afin de donner une teinte uniforme à 20 — 982 — l'édifice, et faire ainsi disparaître les marques des diverses constructions. À tous ces travaux, le prieur joignit la construc- tion d'une nouvelle sacristie. L'ancienne , située comme nous l'avons déjà dit, dans le bas de la tour du sud-est, était depuis longtemps reconnue insuf- fisante et peu digne d’un si beau temple. Ne pou- vant cependant pas l'abattre, Viany en perça le mur oriental pour y pratiquer l'entrée de la nouvelle, qu'il fit construire. Si elle ne fut pas beaucoup plus grande, elle fut du moins plus convenable et accompagnée d’un autre petit appartement dans le fond, pour servir d’entrepôt. C'est dans l'épaisseur de la muraille mitoyenne de l’église et de la nouvelle sacristie qu'il fit creuser un grand placard pour y déposer les vases sacrés, les ornements et tout ce qu'il y avait de plus précieux. CHAPITRE VINGT-DEUXIÈME. Visite des ducs de Bourgogne et de Berri, en 1474 L'église étant complètement restaurée à l'intérieur et à l'extérieur, reçut encore du grand-maître de l'ordre Raymond de Perillos, un nouvel ornement digne des chevaliers à qui elle appartenait. Les ga- lères de la religion ayant à cette époque remporté — 283 — üpe victoire éclatante sur les Musulmans, et le che- valier de Ricard s étant emparé de leur étendard, il fut envoyé le 5 janvier 4 701 au frère Merlès de Beau- champ, commandeur de cette ville, pour le con- sacrer à Dieu dans ce temple, comme un témoignage de la valeur et de la piété d’un des enfants de la cité (1). La providence sembla ménager un nouvel hon- neur à celte église. Les ducs de Bourgogne et de Berri , de retour de leur voyage aux frontières d'Espagne où ils avaient accompagné Philippe V leur frère, vinrent à Aix, le 5 du mois de mars de la même année. Des fêtes magnifiques leur furent données par les diverses autorités de la ville. Le lendemain, après avoir assisté le matin aux offices de la métropole (c'était un dimanche), M£r le duc de Bourgogne fit prévenir le prieur de Saint-Jean qu'il irait avec MEr le duc de Berri, visiter l’église de son prieuré, pour y voir l'étendard pris sur les infi- dèles, et suspendu depuis peu de jours à la voûte du temple. A trois heures après midi, tout étant disposé pour cette réception, et les princes avertis, le cortége se mit en marche au son de toutes les cloches de l'é- glise. Le prieur, revêtu de son rocher, du manteau, (1) Voyez aux pièces justificatives, la lettre d'envoi de cet étendard, adressée par le grand-maitre au commandeur de cette ville. — 284 — du cordon de l'Ordre et de l’étole, parut à la tête de son clergé, et présenta l’eau bénite à leurs al- tesses royales. Pendant que cette cérémonie avait lieu, on descendit l'étendard, et les princes l'exa- minèrent avec la plus grande satisfaction. Ils s'a- vancèrent ensuite l'un et l'autre vers les prie-Dieu préparés ‘tout exprès en-dessous des marches du sanctuaire etadorèrent le saint Sacrement; le prieur les introduisit ensuite dans le transsept du nord où est placé le tombeau des Bérengers. Là, dans une harangue qu'il leur adressa, il leur fit con- naître les diverses parties du monument et les qua- lités brillantes des souverains dont ils admiraient le mausolée. Il leur rappela ensuite, en leur montrant celui de Béatrix, épouse de Charles Ir, roi de Naples, placé dans le transsept du sud, toutes les vertus de cette princesse et les bienfaits dont elle avait comblé ce prieuré. Les princes répondirent ensuite au prieur par les paroles les plus flatteuses, en lui disant qu'il avait eu le talent de rendre à cette église antique sa beauté primitive tout en y ajoutant des formes nouvelles (1). Pour perpétuer le souvenir de cette visite, le prieur fit graver sur une plaque de marbre l'ins- (4) Galaup de Chasteuil, Ares-de-Triomphe élevés à Mer le duc de Bourgogne et à Mer le duc de Berri. — De Haïtze, Histoire Ms. d'Aix, Liv. 25me, & 4me — 289 — cription suivante qu'il plaça ensuite dans le transsept du nord : ÆTERNE MEMORIÆ PONTIFICE MAXIMO CLEMENTE XI. LVDOVICO MAGNO GALLIARVM REGE SEMPER AVGVSTO , LVDOVICO FRANCIÆ DELPHINO INVICTISSIMO, QVO SOECVLO ET ANNO PHILIPPVS V, DVX ANDEGAVENSIS PRIMVM SERENISSIMI FILIVS LVDOVICI MAGNI NEPOS HISPANIARVM IMPERIVM AVSPICATVS EST ; LVDOVICVS BVRGVNDIÆ DVX ET CAROLVS DVX BITVRIGVM FRATRES, COMITANTE MARESCALLO DVCE A NOAILLES PROVINCIÆ SALYÆ VRBES INSIGNES LVSTRANTES, AQVIS SEXTIIS IN HOC REGIO TEMPLO AVORVM TVMVLOS ET VEXILLVM Ë SYLTANÆ NAVIS SPOLIIS EMMI. M. M. REIMYNDI DE PERILLOS MVNIFICA PIETATE THOLO APPENSVM , VISERVNT ET STVDIOSE PERSPEXERVNT DVM ILLOS SOLEMNITER SALVTAVIT R.dUS IN K.° P.F.J.C. VIANY PRIOR ECCLESIEÆ, NONIS MARTII M.D.C.C.I. Peu de temps après que cette inscription eut été placée, le commandeur de cette ville Merlès de Beauchamp la fit enlever, en changea quelques mots et la fit encastrer dans le mur du sanctuaire. Il dé- nonça ensuite la conduite du prieur au conseil de la langue de Provence. Celui-ci répondit par un sa- — 286 — vant mémoire aux diverses accusations du com- mandeur. C’est dans ces précieuses pièces que nous avons puisé la plupart des détails que nous donnons dans ce travail (1). CHAPITRE VINGT- TROISIÈME. Horloge de Saint-Jean. Des trois cloches suspendues à la tour, deux seu- lement avaient été refondues et augmentées par le prieur Viany. La plus ancienne, c’est-à-dire celle que le grand-maître Godefroi Duilson avait fait faire et qui avait été refondue peu après par le prieur Raymond Isnardi, vers l'an 1270, ne pouvait plus guère convenir soit à cause du son, soit à cause de sa capacité. Désirant cependant la mettre en har- monie avec les autres, le prieur voulut de nouveau la faire refondre et l’augmenter pour qu'elle püût servir de bourdon. Ce fut-en 1703 qu'il fit exécuter cette œuvre par Étienne Suchet, l'un des plus ha- biles fondeurs de cette ville. On y grava l'inscription suivante : (4) Voyez ces divers Mémoires aux piéces justificatives JOANNES EST NOMEN EJVS. HANC MAJOREM CAMPANAM ZTONO DISSONANTEM QVAM DONAVERAT M. HOSP. G. DVILSON ET REFECERAT F. R. JSNARDI PRIOR, MELIORI TONO RESTITVIT, ET CONFLARI FECIT, PARTIM EX ÆRE ANTIQVO, PARTIM EX SVIS R. IN CHRIST. PATER F.I.C. VIANY PRIOR COMMENDARIVS BAYONÆ, VICARIVS GENBRALIS MAG. PRI. SVB MAGISTRO E. R. DE PERILLOS. ANNO SALVTIS 1703. ETIENNE SVCHET. TE DEVM LAVDAMVS, TE DOMINVM CONFITEMVR. « Jean est son nom. Le révérend père en J.-C. « le frère J.-C. Viany, prieur de cette église, « commandeur de Bayonne, vicaire-général du « grand-prieur, a fait refondre et rendre à un meil- « leur son, soit avec le produit du bronze ancien, «_ soit aux dépens de ses deniers, cette grande cloche « discordante, qu'avait donnée le grand-maître de « l'hôpital Guilleaume Duilson et qu'avait refaite « le frère Raymond Isnard, prieur de cette église. « Sous le grand-maître de Perillos. L'année du salut « 1703, Étienne Suchet. « O Dieu, nous vouslouons, Seigneur, nous vous « confessons. » Ensuite, comme la population du quartier Saint- Jean augmentait de jour en jour,et que l'éloignement où elle était du centre de la ville, l'empêchait d’en- tendre le son de la grande-horloge, Viany résolut d'en — 588 faire unenouvelle et d'employer cettedernière cloche pour timbre. Il disposa pour cela dans l'intérieur de la tour un local pour y établir le mouvement qui marquait également les heures sur le cadran peint au fronton supérieur de la façade, et l'appartement situé au-dessus de la chapelle de N.-D. d’'Espérance fut destiné à en recevoir les divers poids. Quelques années après, lorsque les habitants en eurent goûté tous les avantages, le prieur en suspendit le cours, «_ afin que les particuliers, dit de Haïtze, portassent « la communauté à entrer dans la dépense de l'en- « tretien. » Les consuls consentirent à cette sub- vention, mais comme ils ne voulaient pas soumettre la ville à une redevance annuelle envers une maison appartenant à un ordre très puissant, ils convinrent avecleprieur qu’il se chargerait lui et sessuccesseurs de l'entretien à perpétuité de la nouvelle horloge, de donner une fois seulement une certaine somme qui serait employée principalement à la fonte d’une nouvelle cloche destinée à cette fin. Et pour que la convention fût à l'avenir hors d'atteinte, la ville exigea qu'elle fût ratifiée par le conseil suprême de l'Ordre. Ce qui eut lieu en 1710. Et ensuite on jeta la cloche en fonte avec les armes de la ville et l'inscription suivante : HÆC CAMPANA AD VSVM HOROLOGII ET ECCLHSIÆ SANCTI JOANNIS CONFLATA FVIT ÆRE PVBLICO CIVITATIS COSS. PROCVR. PROVINC, D.D, nn HENRICO DE CASTELLANE MAJATRES. PHILIP. PÉRRINI ASSESSOR, LVCA DE PITON TOVRNEFORT ET GVILLELMO MONTAVD PIERREFEV. OBTINVIT ET CVRAVIT R. IN CHRISTO P. J. C. VIANY PRIOR AQVEN. 1710 ESTIENNE FOVCHET. À FVLGVRE ET TEMPESTATE LIBERA NOS DOMINE. « Cette cloche à l'usage de l'horloge et de l’é- glise Saint-Jean, a été fondue aux frais de la ville, étant consuls et procureurs de la province MM. Henri de Castellane Majâtres, Philippe Perrin, assesseur, Luc de Piton-Tournefort et Guilleaume Montaud de Pierrefeu. Le révérend père en J.-C. Jean-Claude Viany, prieur d'Aix en 1710, l'a obtenue et en a soigné l'exécution. Estienne Fouchet. Seigneur , délivrez-nous de la foudre et de la tempête. » Cette cloche compléta ainsi la sonnerie de l’église Saint-Jean, l'une des plus belles de la ville. Deux sonneurs, aux gages de 36 livres en furent chargés en 1720. CHAPITRE VINGT-QUATRIÈME. Décoration de l'Intérieur de l’Église. Depuis plus de trente ans l'infatigable prieur pour- suivait ses plans de restauration. Le prieuré, l’église, son clocher et la sacristie avaient été successive- ment agrandis ou reconstruits ou embellis ; il ne lui — 290 — restait plus qu à oruer convenablewient le temple, objet de ses prédilections. II fit done un appel aux artistes les plus distingués du pays. Le 13 décembre 1689, Christophe Veyrier s engagea, par une con- vention privée à faire le maître-autel moyennant le prix de 1350 livres, mais ayant été nommé ins- pecteur de l'architecture etde la sculpture des vais- seaux de Toulon, en remplacement de l'illustre Puget, son maître et son ami, il y mourut un an après, le 41 juin 1690; n'ayant pu terminer que les sculptures de l'autel etle bas-relief de la crédence en marbre blanc. Son neveu, Thomas Veyrier, exé- cuta l'autel qui fut placé en 1703. Le 30 décembre de la même année, M£r François de Berton de Crillon, évêque de Vence le consacra et y renferma des reliques de Saint-Léonce et de Saint-Eugène. Le retable et l'exposition, ornée de colonnettes, ne furent terminés qu'en 1720, par ce même Thomas Veyrier, ainsi que nous l'apprend l'inscription sui- vante encastrée derrière l'autel : T. VEYRIER FECIT A 720. Si on excepte les ouvrages de Christophe Veyrier qui sont pleins de délicatesses et de sentiment, l'autel et la crédence n'offrent rien que de lourd et de matériel. Le frère du prieur l'enrichit ensuite de six beaux = 99t — chandeliers en cuivre, ornés de ses armes et d'une magnifique croix en ébène sur laquelle est un christ en bronze doré. Sur le piédestal est gravée l'ins- cription suivante : HANC CHRISTI IN CRVCE MORIÈNTIS EFFIGIEM AD PIAM FIDELIVM VENERATIONEM, MAJORI ALTARI ECCLESIÆ SANCTI JOANNIS AQVENSIS DEDICAVIT, CONSEERAVIT, ILL.MUS D, F. PETRYS VIANY TOTIVS ORDINIS, ET MILITIÆ SANCTI JOANNIS HYEROSOLIMITANI GENERALIS PRIOR. ANNO SALVTIS 1692. L'ancien maître-autel avec ses colonnes fut vendu 300 liv.aux porteurs de livrées et placé dans leur cha- pelle. Ce fut alors qu'ils firent peindre par Garcin le tableau de N.-D. de Bon-Repos. Le prieur voulant en- suite couvrir la nudité de la muraille horizontale qui termine l’église, en enleva le tableau de Sainte-Ca- therine et y fit peindre dans toute la largeur une grande fresque formant tableau. Elle représente le baptême du Christ par Saint-Jean dans les eaux du Jourdain, et se trouve accompagné de chaque côté de deux colonnes torses, supportant un enta- blement au-dessus duqgnel sont des figures d’anges. Le procès-verbal de l’année 1696 nous apprend qu'un autre neveu de Veyrier (Christophe), en avait fait le dessin et probablement l'avait peint. Après avoir ainsi décoré le chœur et le sanctuaire, = 998 Viany pourvut à l'ornement des chapelles latérales. L'autel élevé dans le transsept du nord avait été jusque-la en bois et dédié à la Sainte-Vierge, il le changea pour un autre en marbre de rapport avec un retable également en marbre de Gênes. Il le consacra à Saint Jean l'Évangéliste et en fit peindre le tableau par Garein. Il représentait l'apôtre dans l'île de Pathmos. Cette toile était encadrée entre deux colonnes d'ordre ionique en stuc supportant un fronton brisé. En face et au-dessus de l'inscription qui rap- pelait la visite des princes, il fit poser la belle toile de Sainte-Catherine, mais dépourvue de cadre. Dans le transsept du sud, l'autel était également en bois et dédié à la Sainte-Vierge, sous le vocable de N.-D. des Neiges, il le fit refaire en marbre, comme celui de Saint-Jean, avec un petit retable et le consacra à Sainte-Madeleine. Garcin en peignit aussi le tableau, représentant l'apparition de Jésus à la Sainte, après sa résurrection. Ensuite, le prieur commanda au même Thomas Veyrier, les bustes du Sauveur, de la Vierge, des douze Apôtres, de Saint-Paul et de Saint-Barnabé, qu'il fit placer sur de petites consoles en marbre fixées à une certaine élévation contre les piliers. Il termina tous ses travaux et toutes ses amélio- rations par la pose d’une belle chaire en bois doré et la construction de deux confessionaux. — 293 — Enfin, après cinquante-trois ans d'administration, courbé sous le poids des années et des infirmités, Viany donna sa démission le 15 avril 4720, et se retira à Malte où il mourut le 16 mars 1726 à l'âge de 88 ans. Son ami P.-J. de Haïtze lui fit élever dans cette chapelle, en face de la niche de Saint-Blaise, un cénotaphe surmonté de son buste , en-dessous du- quel, il fit graver sur une plaque de marbre l'ins- cription suivante : ILLE HIC EST IN EFFIGIE RTC F. JOANNES CLAVDIVS VIANY DOCTOR THEOLOGVS SACRÆ FACYLTATIS AQVENSIS DECANVS MAGNIFICVS HVIVS ECCLESIÆ PRIOR PRÆCEPTOR BAYONÆ QVI HANC BASILICAM REGVM ET COMITVM NOSTRORVM REGALI MVNIFICENTIA ERECTAM PARILI CVLTV INSTAVRAVIT ABSOLVIT : DOMYVMQVE PRIORALEM 294 — BASILICÆ DIGNITATI RESPONDENTEM AB IMO AD SYMMVM COMPLE VIT : PRIORATVM IPSVM COMMENDABILI STVDIO EX DVPLO AVXIT LOCVPLETA VIT. OBIIT XVII KAL. APRIL. 1726 SEDIS SVÆ 09 ÆTAT. 88 PETRVS VIANY PATRVO SVO MAGNO BENE MERITO GRATITVDINIS, ET PIETATIS ERGO POSVIT CVM ANNVA IN PERPETVVM HOC IN TEMPLO SVPLICI MEMORIÆ P. J. DE HAITZE DEFVNCTI AMICVS XXX ANNORVM MARMORIS ESCVTIONEM CONCINNAVIT. (THOMAS VEYRIER, SCVLP. } —. 295 — CHAPITRE VINGT-CINQUIÈME. État de l'Église sous les successeurs du prieur J.-C. Viany. Deux mois après, le grand-maître Zondadari nomma le 13 juin 1720, le frère Paul Alpheran, pour succéder à Viany. Celui-ci prit possession du prieuré le 26 juillet de la même année, dans la per- sonne de messire Louis Lautier, docteur en théo- logie, chanoine théologal de la métropole Saint- Sauveur, son procureur fondé, ainsi qu'il conste du procès-verbal de son installation, déposé aux écri- tures de M° Thibaud, notaire royal de cette ville d'Aix. C'est pendant l'administration de ce dernier que de Haïtze éleva dans la chapelle de Saint-Blaise, le cénotaphe, dont nous avons déjà parlé en l'honneur de J.-C. Viany, son ami. Rien autre de particulier ne marqua le passage du frère Alpheran dans le prieuré et sans un événement fortuit, son successeur Jean-Baptiste de Viguier , aurait passé presque ina- perçu. Mais en 175%, la foudre étant de nouveau tombée sur le clocher, elle abattit cette fois la boule et la croix de fer qui le surmontaient. L'un et l’autre furent remplacés l'année suivante le 10 septembre, par une grande croix à huit pointes et dorée, par — 996 — ordre du commandeur d'Albert , le tout aux frais du prieur. C'est celle qu'on y voit encore aujour- d'hui (1). ILest fâcheux qu'en réparant ce dommage, (1) « Une des pierres détachées du clocher vint écraser le toit d’une maison voisine, située à côté de l'église, dans la rue Cardinale. Cette maison est celle occupée actuellement (1844) par M. le doc- teur d’Astros, et qui appartenait alors à un maitre Granier , pro- cureur en la Cour des comptes, connu dans le monde sous le nom de Granier-Toilette, parce qu'il était habituellement pincé, frisé, musqué, etc., comme un véritable petit-maitre de l’ancien régime. I se mélait aussi de faire des vers provençaux, et se permettait quelquefois des épigrammes qui lui avaient fait des ennemis. Un de ceux-ci profitant de la circonstance, supposa qu’'Appollon avait voulu se venger du poète provençal, que l’auteur compare à un crapaud, en lançant sur lui une pierre qui devait désormais le réduire au silence, en le tuant. Tel est le sujet de la pièce de vers qu'on va lire :» LOU CLOUCHIER DÉ SAN-JEAN. Lou Diou deis vers, sus un nuagi Savisét dé faïré un vouyagi, Sé troubet, en voulastrégeant Sus nouestré clouchier dé San-Jean, Daqui vésiét pas maou la villo, Des questiens n’en faguet cent millo : Maï entr’autré d’un air fâchous, Démandet : « quu est avaou dessous, « Semblo qué vési uno vipéro « Qués habillado en proucurous. » Vous troumpas, counessi lou péro, « Li diguét aquéou émé quu éro, « Es Toilétto, qu’en prouvencaou « Fa dé vers qué vous farien gaou, — 297 - on n'ait pas remplacé toutes les pierres tombées, et placé les crochets des angles sur la même ligne que les autres (1). On ne verrait pas aujourd'hui une difformité qui choque l'œil et le bon goût. C'est en faisant ces réparations qu'on trouva vers l'extrémité de la flèche deux pierres blanches sur lesquelles « Siou estouna qu’à soun alluro, « (Car est un fouert pouli moussu ) « N’agués pas d’abord couneissu « Lou bras drech, l'ami de Mercuro, « Éou quaro rimo en turoluro. » Lou sacrébion pren Apoulloun u Ah! li diguét, lou vési doun « Lou marri grapaou qué m’harcélo !» Dins lou prémier fuéch de soun zélo, Mando un cop dé man per darrié : « Quand sooubriou dé ruina Gigélo (*). « Séra sa dernière foulié ; « N'a proun fach, foou plus qué n’en fassé. » Derrabo lou d’haut doou clouchier, Patoou sus lou paouré Granier, Messiés, Requiescat in pace. {(*) Ce mot veut dire bon-enfant: c'était le sobriquet donné au frère Jean-Baptiste de Viguier, d’une famille noble et ancienne d'Arles, alors priew de Saint-Jean, auquel il en coûta beaucoup d'argent pour faire rétablir la croix au haut du clocher. { Extrait du Mémorial d'Aix, du 3 octobre 1840. ) (1) I n'a plus aujourd’hui que 60 mètres et 3 centimètres d’élé- vation depuis sa base jusqu’au centre de la croix. Environ 185 pieds. 21 D. étaient gravées en caractères gothiques, de la lon- gueur de trois pouces, deux inscriptions semblables que nous allons rapporter : XPS. (Christus) vex venit in Pace Deus homo Jacius est. Ces deux inscriptions furent replacées en-dessus des plus hautes lucarnes de la flèche, l’une sur la face méridionale, l’autre sur la face septentrionale. On les distingue à l'œil-nu, mais il faut des lunettes- d'approche pour les lire. Ce qu’elles ont de sin- gulier, c’est que ces mots Christus rex venait in pace homo factus est forment la légende des écus d'or à la couronne, frappés à la fin du XIVe siècle et au commencement du XVe (de 138% à 1417), sous le règne de Louis IT, roi de Naples et comte de Pro- vence. Ce monument prouverait contrairement à l'opinion du dernier président de Saint-Vincens cité plus haut, que la flèche de ce clocher n'aurait été terminée que huit ou dix ans plus tard. On aperçoit encore encastrée sur la face orientale de la tour, à la hauteur de la seconde fenêtre, une autre inscription très curieuse, en même-temps très difficile à expliquer. —_ 00 Piton nous assure (1) qu'elle avait été trouvée dans le territoire de Puyricard, mais on ne sait quila fit placer en cet endroit, ni pourquoi elle y fut placée. Quoi qu'il en soit, elle a exercé la sagacité des plus illustres archéologues de la province. Nous allons donner l'explication des uns et des autres, sans adopter aucune opinion particulière. Nous laisserons le lecteur libre de choisir celle qui lui paraîtra la plus probable. Elle est ainsi conçue : 10. MA. OP. PAP PAP +R "PAP. F.F.F.F.F.F.F. Jules Raymond de Soliers l'explique ainsi : Jovi Maæimo optimo septem fratres posuerunt, sept frères dédièrent (cet autel ou ce temple) à Jupiter très grand et très bon. L'historien de la ville d'Aix, voulant connaître le sentiment de l'illustre évêque de Vaison, Joseph- Marie Suarès, celui-ci donna l'explication suivante : Jovi optimo Maximo ; populi. Per provinciam. Propriä pecumiä. Piè posuerunt. Fortissimi. Feli- cissimi. Florentissimi. Forum trium, nempè Juli, Voconui et Neronis. (2) Histoire d'Aix, pag. 636. — 9300 — «Les peuples épars dans cette province, très forts, très fidèles, très heureux et très puissants, ont con- sacré de leurs propres deniers ( ce temple ou cet autel ) à Jupiter très grand et très bon. » Après avoir réparé tous les dégâts occasionnés par la foudre, le frère Jean-Baptiste de Viguier jouit encore de son prieuré pendant l'espace de vingtans. Il mourut ensuite en 1774 et eut pour successeur Joseph-Felix Alpheran. Celui-ci administra le prieuré pendant l’espace de quatorze ans, après lesquels 1l résigna son bénéfice en faveur de Jean-François Al- pheran, son neveu, destiné par la providence à clô- turer la liste des prieurs de cette illustre église. En effet, à peine le frère Jean-François avait-il pris possession de sa nouvelle dignité, que l'As- semblée Constituante décreta le # août 1789, la sup- pression des dimes de toute nature possédées même par l'ordre de Malte. Bientôt parut le décret de la même assemblée du 2 novembre suivant, qui mettait sous la main de la nation les biens ecclésiastiques, sans distinction aucune. Cependant le 23 octobre 1790, l'aliénation des biens de l’ordre de Malteestajournée. Ce ne fut que deux ans plus tard environ, le 19 sep- tembre 1792, que les biens de cet ordre furent en- tièrement assimilés aux autres propriétés ecclésias- tiques ; dès cet instant l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem fut considéré comme n'’existant plus en France. — oO — Nous allons maintenant donner autant qu'il a dé- pendu de nous, le nom de tous les prieurs que nous avons pu découvrir soit dans divers ouvrages-ma- nuscrits, soit dans les archives de l'Ordre, déposées à la préfecture de ce département. CHAPITRE VINCT-SIXIÈME Catalogue des Prieurs qui ont gouverné cette Église, depuis Raymond Bérenger IV, fondateur du prieuré , jusqu’en 1790. re Re de leur NPA HE FF. Diner 1250. ISNaRDI Raymond 1264. LANCE B. DE CLERIO Jacques 1338. DE GRASSE Isnard. Curri Pierre 1408. Hoxorar Mathieu 1424. Hoxorar Antoine 1468. DE RONCHINOL Guilleaume 1484. Nicoras Jean. Dusois Géraud 1540. Dusors Valentin 1555. DE PACE Angelo 1593. DE CASTELLANE Dalvis 1594. DE NABERAT Anne 1643. — 302 — PELLEGRIN Honoré 1638. DE BERRE Hercules 1640. CHEILAN Pierre 1658. Viany Jean-Claude 1667. ALPHERAN Paul 1720. DE VIGUIER. J.-Baptiste 1754. ALPHERAN J.-Felix 1784. ALPHERAN J.-François 1788. CHAPITRE VINGT-SEPTIÈME. Inventaire du Trésor de la Sacristie de l’Église prieurale Saint Jean, Extrait des procès-verbaux des visites. 1° Un magnifique ostensoire en argent avec son croissant doré, orné d’une croix en dia- mant, estimée le 40 octobre 1708, à la valeur de 800 livres. Cet ostensoire pesait 9 marcs 5 onces et # gros. 20 Un ciboire en argent, doré en dedans, pesant A marc 4 onces. 3° Trois calices avec leurs patènes dorés en de- dans, le tout en argent, pesant 10 marcs 3 gros. 5° 70 8° 9 (o) — 9303 — Deux belles lampes en argent, pesant 418 marcs 5 onces. L'une d'elles avait été donnée à la chapelle de Saint-Blaise, par M. de Venel, comme nous l'avons dit. Une chapelle d'argent, composée de deux chandeliers, deux petits bassins, quatre bu- rettes, une croix sur laquelle était en relief l'image du Christ. Un petit pot-à-eau avec une boîte pour la grande hostie, le tout pe- sant 16 marcs 6 onces. Un bras d'argent dans lequel étaient des re- liques de Saint-Blaise et une croix de l'Ordre toute émaillée, pesant en tout 10 marcs & onces. Un encensoir et sa navette, pesant 6 marcs 6 onces. Un reliquaire de Sainte-Marthe, dont le pied seulement était en cuivre, pesant 5 onces. Un autre reliquaire d'argent renfermant d’un côté du bois de la véritable croix, et de l'autre une fiole fermée avec un verre, pesant 1 marc et 3 onces. Un autre petit reliquaire en vermeil avec une ampoule de cristal, dans laquelle étaient renfermées deux épines de la couronne de Notre Seigneur. 10° AA À 90  3° 17° — 304 — Un autre reliquaire en vermeil où il y avait aussi une ampoule renfermant une dent de Saint-Jean-Baptiste. Un reliquaire en vermeil, ayant la forme d’un clocher, dans l'intérieur duquel était un doigt de Sainte-Madeleine. Un autre reliquaire, en forme de cassette, soutenu par quatre pieds, dans lequel il y avait une côte de Saint-Clair. Un petit reliquaire d'argent, sur un pied de cuivre, qui contenait un des 30 deniers, auquel reliquaire sont attachés deux yeux d'argent. Un autre reliquaire d'argent à jour, en forme de boîte, garni de perles et de corail, avec des reliques, pesant 5 onces # gros. Un anneau d'argent doré, avec une pierre vio- lette, était attachée au reliquaire ci-dessus. Deux cassettes de cristal, dans lesquelles il y avait des reliques brisées. Une croix processionnelle à lames d'argent, ayant le Christ et la pomme en cuivre jaune. Une croix double, garnie de pierreries, à la- quelle il en manquait quatre des principales. Il y avait dans l'intérieur du bois de la vraie Croix. 18 A Q° 20° — 305 — Une petite boîte d'argent, avec une chaîne appelée le collier de Saint-Blaise, pesant 3 onces, les reliques comprises. Un bras d'argent, aux armes de la ville d'Aix et celles de l'Ordre, garni de perles, dans lequel étaient renfermées des reliques de Saint-Symphorien. Un autre bras de Saint-Jean, en bois argenté avec son piédestal, dans lequel était ren- fermée une boîte d’or, avec des reliques de Saint-Jean-Baptiste, dont le nom était gravé sur la susdite boîte. Un calice à l'usage de la chapelle de Sainte- Catherine avec sa patène, pesant 1 mare 6 onces et 6 gros. Un petit autel portatif d'ivoire à trois pointes. Un autre petit autel portatif à trois pointes, peint et doré. Une petite croix ancienne. Une mitre brodée et une crosse d'ivoire en diverses pièces. Un peigne de corne, ayant appartenu à Saint- Thomas de Cantorbery , lequel était con- servé dans un vieux bréviaire. — 306 — 27° Quatre bourdons en cuivreargenté, une masse et une baguette pour maître de cérémonies. 28° Une custode, ayant servi à l'exposition du Saint-Sacrement, elle était en cuivre, sans pied et sans cristal. 29° Une crémière en étain. 30° Un bassin de porcelaine verte, plus une pe- tite caisse en ivoire et deux boîtes de la même matière dans lesquelles il y avait quelques reliques. L'église de la commanderie de Marseille ayant été démolie en 1664, époque de la construction du fort Saint-Jean, le trésor de la sacristie fut transféré dans celle du prieuré de cette ville d'Aix. Nous allons en donner l'inventaire, pour faire connaître au lecteur les richesses dont la piété des fidèles avait enrichi ces sanctuaires. Inventaire de l’Argenterie de l’Église et de la Sacristie de Marseille. 1° Ungrandostensoire d'argentavec son croissant doré, pesant 6 marcs 4 gros. — 307 — 2° Un encensoir avec sa navette d'argent, pesant 3 marcs # gros. 3° Une statue de la vierge, en argent, pesant trois marcs. 4°. Un ciboire, dans une bourse de toile, pesant 1 marc 6 onces. 5° Une statue de Sainte-Anne et de la Vierge se joignant, pesant 5 marcs et 2 onces. 6° Deux vieux calices avec leurs patènes d'ar- gent, à un desquels il y avait un petit Christ et à l’autre une pierre bleue et une figure, pesant # marcs # onces. =? © Quatre poissons, une petite jambe, une cuisse d'argent et deux petites bagues d'or, le tout pesant 7 onces. 8° Trois petits reliquaires et un chapeletde cristal où il y avait une bague d’or, le tout pesant 7 onces. 9° Un bras d'argent avec son piédesial, pesant 6 marcs 2 onces 4 gros. 10° Un chapelet d'Agate, avec un corail au bout et diverses branches de corail séparées. 119 Une grande croix d'argent à huit pointes, pour servir aux processions, la boule était — a — en fer-blanc. Elle pesait en tout 8 marcs 6 gros. 12° Quatre lampes d'argent, dont une grande et trois petites, pesant 21 marcs # onces 5 gros. 13° Enfin, un calice d'argent avec sa patène, pe- sant 1 marc 7 onces 6 gros. Tous ces vases sacrés, tous ces ustensiles et tous ces reliquaires en or cu en argent, dont nous venons de faire l'énumération, ne manquèrent pas de fixer l'attention de ceux qui prétendaient, en 1790, faire revivre les beaux jours de la primitive église. Aussi se hâta-t-on d'en faire dresser l'inventaire et de faire transporter à la monnaie nationale ou ailleurs, tous ces dons que la piété de nos pères avait réunis dans ce temple. On voulut, avant de l'ériger en succursale, le dépouiller de tout ce qui pouvait rap- peler sa majesté première, et la religion de ceux qui l'avaient construit et décoré. DISCOURS DE RECEPTION PRONONCÉ A L’ACADÉMIE D’AIX LE 20 NOVEMBRE 1844 Par M. l'Abbé COQUAND. Appelé par vos bienveillants suffrages, bien plus que par mes faibles titres à l'honneur de faire partie de votre savante société, je voudrais, Messieurs, que ma première parole, en paraissant au milieu de vous, pût vous exprimer aussi vivement que mon cœur les éprouve, mes sentiments de profonde gra- titude pour une faveur si précieuse et si peu mé- ritée. Car, Messieurs, ce titre de membre de l Académie d'Aix, que votre indulgence a daigné m'accorder, qui m'ouvre cette enceinte consacrée par le souvenir 29 — 310 — de tant de noms célèbres et où se rencontrent en- core tant d’esprits éminents qui sont les gloires vi- vantes de notre cité; ce titre, je l'ai accueilli avec bonheur, nou-seulement comme une distinction flat- teuse, mais encore Comme un puissant encourage- ment offert à mon sincère amour de l'étude, comme un noble motif d'émulation, et à ce point de vue, il a acquis, à mes yeux, toute la valeur d’une récom- pense. En effet, quels avantages précieux n’ai-je pas dû me promettre de ces relations intimes de la pensée, de cet échange mutuel de travaux, enfin, de ce doux commerce des lettres qui fait vivre d'une même vie intellectuelle tous les membres d’une société ; comment ne pas m'applaudir d'entrer en partici- pation des fruits de vos études, riches trésors dont s'accroît chaque jour l'héritage de science qui vous a été légué ? Mais, en me félicitant de cet utile rapprochement avec des inteligences d'élite, j éprouve cependant un regret, cest d'avoir si peu à rendre en retour de tout ce que j'aurai reçu; et ce sentiment de mon insuffisance s'accroît encore par la pensée que je suis appelé à remplacer dans cette académie, un professeur dont l'éloge m'estinterdit, mais en faveur duquel néanmoins, il doit m'être permis de cons- tater, comme un fait notoire, qu'il travailla avec une infatigable ardeur de prosélitisme à propager — 311 — au milieu de nous, le goût des sciences naturelles et surtout de la géologie. Pendant trois années, les leçons de son cours public de géologie furent accueillies par un nom- breux auditoire avec une assiduité et un empres- sement qui témoignaient du vif intérêt qu'on prenait dans notre ville éclairée, à l’enseignement de cette science, ce fut pour mon frère un puissant encou- ragement et à la fois une bien douce récompense de son zèle; mieux que tout autre peut-être, je me trouvais dans une position favorable pour m'initier d'une manière plus intime aux connaissances du professeur. Je pus l'accompagner dans la plupart de ses cour- ses, apprendre en détail le résultat de ses explo- rations, examiner les roches et les fossiles qui ser- vaient à la démonstration de son cours, saisir avec exactütude le caractère des phénomènes, en déduire la valeur intrinsèque, et puis, de l’ensemble des faits bien connus, rigoureusement constatés par l’obser- vation, remonter à la cause qui les a produits; grâce à cette méthode d'expérimentation, je voyais les principes de la science se dérouler avec clarté, un ordre admirable jaillir de ce chaos apparent, au sein duquel, par un effet des préventions de mon igno- rance , Je croyais que la masse entière du globe devait rester à jamais ensevelie. Ainsi, des mondes inconnus se montralent à mes regards émerveillés; — 312 — ces cimes abruptes des grandes chaînes de monta- gnes qui s'élèvent majestueusement sur nos têtes, ces immenses crêtes qui se dessinent en relief sur les flancs déchirés de la terre et forment comme sa charpente osseuse; ces couches de nature et de composition si diverses, dont les unes, étendues ho- rizontalement en larges plateaux, marquent encore le niveau des anciens Océans qui les déposèrent, tandis que les autres inclinées, contournées en tout sens suivent les pittoresques ondulations des collines, s’enfoncent dans les gorges des vallées, descendent dans la plaine, disparaissent dans les profondeurs des abîmes de la mer ; enfin, tous les accidents si nombreux et si variés qui ont affecté l'enveloppe du globe que nous habitons, me révélaient le secret de leur origine, me déroulaient les fastes des éton- nantes révolutions que la sphéroïde terrestre a subies et qui l'on fait arriver par une longue série de modi- fications et à travers mille changements dont il porte les traces évidentes à l’état d'équilibre et de repos où il est aujourd'hui placé. Ainsi, je voyais avec ravissement, sortir de leurs ruines et se reconstituer avec leurs propres débris, ces mondes antiques que la géologie a découverts et dont L'esprit de l’homme, il y a à peine un demi- siècle, ne soupçonnait pas, même l'existence, bien que leurs vestiges fussent continuellement exposés à ses regards. Je les voyais apparaître, chacun avec — 313 — sa création distincte, occupant une position déter- minée dans les assises dont se compose l'écorce so- lide de notre planète ; un examen attentif des di- verses formes d'organisation, que revêtirent à ces époques reculées les habitants de ces mondes éteints, me démontraient l'existence d’un plan général conçu et exécuté avec une prévoyance merveilleuse, car il n'est pas un seul des innombrables fossiles de plantes et d'animaux exhumés des entrailles fé- condes de la terre, auquel la science n'ait restitué ses formes et ses caractères, auquel elle n’ait assigné avec la plus rigoureuse exactitude une date chro- nologique, en fixant l'âge relatif de son apparition. Chose admirable ! A mesure que l'édifice géologique s'élevait sur des bases plus larges et plus solides, à l'aide des nombreux matériaux que les observateurs lui apportaient de tous les points du globe, l'ordre et l'harmonie des grandes lois de la nature brillaient d'un nouvel éclat et recevaient, en s'appliquant aux formations soit minérales, soit inorganiques des âges qui nous ont précédé, une magnifique confirmation ; car il est impossible de ne pas reconnaître, dans les diverses conditions de l'état passé du globe, un ache- minement à son état présent. La science a donc étendu son domaine sans rien perdre de son unité. Les limites du temps ont re- culé devant elle, plus loin peut-être que celles de l'espace. Justement fière de ses nouvelles décou- = fab vertes, elle a eu raison d'en proclamer avec con- fiance l'infaillibilité du jour où elle a pu rattacher l'ensemble des faits soumis à ses investigations, aux mêmes causes physiques qui président aux déve- loppements des phénomènes de l'époque actuelle, et régissent le monde adamique dont nous faisons partie. Mais j'ai hâte, Messieurs, de justifier ces asser- tions par l'exposition sommaire des découvertes et des progrés de la géologie. Vous faire l'histoire de cette science, ce sera en même-temps vous fournir la plus complète démonstration de la solidité des fondements sur lesquels elle repose, et vous donner une idée de la haute importance philosophique des questions qu'elle soulève. Oui, Messieurs, la géologie est arrivée à des con- clusions incontestables, son rang lui est assigné dé- sormais parmi les sciences du premier ordre : elle a pris place à côté de l'astronomie : les principes sur lesquels elle repose ne sauraient être regardés comme des conjectures imaginaires conçues à priont, en dehors de l'appréciation raisonnée des faits; les lois générales auxquelles elle s'est élevée relative- ment à la formation du globe terrestre, sont le ré- sultat logiquement déduit des phénomènes direc- tement soumis à nos investigations, semblables à ceux qui se produisent de nos jours, et dont la pé- riode actuelle nous offre la continuation. Vous allez en juger : L'histoire de la terre est le but des recherches géologiques, mais pour composer une histoire exacte et complète, ilest nécessaire de bien connaître les faits qui se rapportent à l'époque que l'on veut dé- crire, d'en saisir la signification, d'en apprécier la valeur, de les classer d'après l’analogie de leurs caractères, et enfin d'extraire la formule des lois générales dont ces faits eux-mêmes ne sont que la manifestation ; eu un mot, il faut observer , ana- lyser et induire ; or, c'est à l'emploi rigoureux de cette méthode philosophique que la géologie est re- devable des progrès rapides et assurés qui ont mar- qué sa marche depuis le commencement de ce siècle : aux vagues théories des esprits aventureux, aux conceptions quelquefois brillantes, souvent bi- zarres, des fabricateurs de systèmes du monde, elle a substitué la froide et minutieuse analyse des phé- nomènes; elle a abandonné l'interprétation des rêves pour s'attacher à celle de la nature, elle a recueilli une immense série de faits à l'empire desquels il n’a plus été permis à l'esprit humain de se soustraire , et qui sont devenus l'élément indispensable et le fondement solide des nouvelles théories scientifiques. Car la terre conserve d’impérissables monuments de son passé ; elle possède, dans un état de conserva- tion admirable, desarchives d’une prodigieuse anti- quité qu'il faut préalablement apprendre à déchi- frer, si l'on veut arriver à une détermination exacte — 316 — des divers âges de son existence : ses annales sont inscrites en caractères indestructibles sur le granit et le marbre de chacune de ses formations; et de plus, les innombrables débris des êtres organisés dont elle recèle les dépouilles fossiles, sont comme autant de médailles caractéristiques des mondes anéantis aux- quels elles ont autrefois appartenu, portant, pour ainsi dire, l'empreinte du millésime des créations distinctes et successives qui ont marqué le dévelop- pement progressif du globe. Or, c’est à l’aide de ces monuments dont l'au- thenticité ne saurait être révoquée en doute, c'est par une étude approfondie de ces ruines imposantes, que la géologie est parvenue à établir avec certi- tude les notions fondamentales de l’histoire si inté- ressante de notre planète. Le premier principe qui sert de base à l'édifice géologique, c'est celui de la fluidité primitive du globe terrestre; il est démontré que notre globe a été dans l’origine une masse incandescente et liqui- fiée par le feu, et qu'il est arrivé à la température qu'il possède aujourd'hui par l'effet de son rayon- nement dans l'espace, lequel a amené son refroidis- sement progressif; cette théorie est un accord par- fait avec tous les phénomènes observés, elle est né- cessaire pour que l’ensemble de tous ces faits puisse être compris et expliqué. La forme de la terre est imparfaitement sphé- sn HR rique : elle est applatie aux pôles et renflée à l'équa- teur. La différence de ces deux diamètres est éva- luée à un trois centième. La même dépression se fait remarquer à toutes les planètes proportionnellement à la rapidité de leur mouvement de rotation ; elle est presque nulle aux planètes inférieures à la terre qui se meuvent plns lentement qu’elle; elle va jus- qu'au treizième et au onzième de leur diamètre pour Jupiter et pour Saturne dont la marche est in- comparablement plus rapide (1). Or, cette forme de la terre ne saurait être at- tribuée au hasard ; elle est le résultat des grandes lois fondamentales du système du monde. Elle est justement ce qu’elle aurait dû être si cette planète tournant sur elle-même s'était trouvée à l'état li- quide. Sa rondeur sphéroïdale, son excentricité, les dimensions respectives de ses deux axes polaire et (1) La théorie des forces centrales avait fait présumer à Huyghens que l’axe polaire était moins long que le diamètre équatorial de 11578. New ton ayant introduit denouveaux éléments dans son Calcul, évalua cette différence à 14/230. La théorie plus exacte de Clairaut ne porta cet excédant du diamètre équatorial sur celui des pôles qu’à 17305. Les diverses mesures géodésiques exécutées sur divers points de la surface terrestre, sont conformes aux calculs de Clairaut. Les ob- servations de Laplace, relatives aux inégalités lunaires, ont donné à peu de chose près, les mêmes résultats. De toutes ces obser— vations on peut conclure que le globe terrestre est un sphéroïde applati aux pôles et renflé à l'équateur, et dont les deux axes ne diffèrent que de 1/300. (Voyez Mémoires sur la rotation de la terre, lu à l’Académie des Sciences, 18 mai 4818. — Cours de Géologie, par H. Coquand, 7me leçon.) Es équatorial se trouvent exactement dans les propor- tions prescrites par le rapport de sa masse supposée fluide avec la vitesse connue de son mouvement de rotation, ce qui a fait dire au célèbre Haüy, que l'applattissement de la terre à ses pôles «est un fait géologique et le plus grand de tous (A). » Il y a plus : l'étude des phénomènes astronomi- ques à enseigné aux géomètres, que la densité des couches dont la masse du globe est composée allait en diminuant du centre à la superficie, et le plus il- lustre de nos astronomes, Laplace, ayant observé que la densité moyenne de la terre était de beaucoup supérieure à la densité de la couche aqueuse, vit dans cette différence une preuve nouvelle de la flui- dité originaire de la masse terrestre, en vertu de la- quelle les couches les plus denses ont dû se porter au centre (2). Newton avait pressenti ce résultat que Laplace a établi par ses calculs (3). Plus tard, Élie de Beaumont confirma cette brillante induction, en (1) Voyez les Essais de Géologie de Reboul. (2) « La précession des équinoxes et la nutation de laxe ter— « restre, dit Laplace , indiquent une diminution dans la densité « des couches du sphéroïde depuis le centre jusqu’à la surface, « sans cependant nous instruire de la véritable loi de cette dimi-— « nution. La mer est dans un état stable d'équilibre, et cette sta— « bilité cesserait d’avoir lieu, si la moyenne densité de la mer « surpassait celle de la terre. Enfin, les principes de l'hydrosta— « tique exigent que si la terre a été primitivement fluide, les parties « voisines du centre soient en même temps les plus denses. » (3) Uranographie de Francœur, pag. 471. — 319 — démontrant par les faits, que la pesanteur spécifique des roches massives d’origine ignée , et des subs- tances rejetées par les volcans, se trouvait en rap- port inverse de l'ordre chronologique de leur appa- rition ; cette découverte, due à l'esprit éminemment observateur du plus grand de nos géologues mo- dernes, a une immense portée, car elle donne un caractère positif à la théorie de la fluidité du globe. Et on conçoit, en effet, que si la terre, ainsi que l'é- tablissent avec une extrême probabilité les calculs astronomiques, a été primitivement fluide, toutes les molécules de matières, indépendantes les unes des autres, en vertu deleur état de liquéfaction, ont dû se disposer autour du centre suivant l’ordre de leur pesanteur spécifique ; les substances les moins denses qui flottaient à la surface de la masse en pleine fusion se sont donc refroidies les premières : celles que les forces expansives des gaz, et que les con- vulsions volcaniques ont produites postérieurement à la formation de la première enveloppe du sphé- roïde, provenant d’un point plus rapproché du centre ont dû nécessairement être plus lourdes; or, c'est ce que l'observation a pleinement démontré : les granites, les posphyres, les basaltes, les laves modernes qui nous représentent les termes princi- paux de la série des roches ignées, suivant l'âge de leur apparition, nous offrent une échelle graduée de densités croissantes. — 320 — Mais ce nest pas tout: lest calculs et les expé- riences de Laplace, de Markeline, de Cavendis, ete. , ont démontré que la densité moyenne du globe ter- restre est cinq fois er demie plus grande que celle de l'eau, et double de l'écorce minérale du globe. D'où il résulte que les couches situées à des profondeurs inaccessibles à nos investigations sont encore plus pesantes que toutes celles que nous connaissons, et que par conséquent, cet ordre de densités crois- santes s'applique à la masse entière du globe. Ainsi, les matériaux dont se compose notre planète depuis les couches les plus rapprochées du centre jusqu'à l'enveloppe gazeuse de l’atmosphèrequilarecouvre, ont obéi aux lois de la pesanteur pour se super- poser les uns aux autres et accusent par la régularité de cet arrangement, un état de fluidité originaire. Aiïnsi, tous ces résultats viennent aboutir et se rat- tacher à ce fait primordial de la fusion du globe. Que cette fluidité primitive, ait été ignée, c’estune vérité incontestable acquise à la science, et qu'aucun esprit au courant des études géologiques ne saurait nier aujourd hui. L'ancienne opinion soutenue par les Neptuniens que la masse entière du globe avait été originairement tenue en dissolution dans les eaux, ne supporte {pas un instant l'application des plus simples notions déduites des grandes lois de la physique générale et de la chimie (1). (1) La fluidité primitive du globe terrestre était-elle aqueuse , 2 Bi Les plus grands génies des temps modernes, Des- cartes, Leibnitz, Newton avaient deviné le fait pri- mitif de la fusion ignée du globe terrestre ; Buffon avait entrevu et saisi quelques-unes des raisons fon- damentales de cette incandescence originaire, mais les preuves de fait par lesquelles il s’efforça de cor- roborer sa théorie étaient loin d’être concluantes. Le judicieux Curvier avait confondu ces aperçus du génie avec les rêveries cosmologiques de quelques hommes sans crédit scientifique. « Legrand Leibnitz « même, dit le célèbre auteur des Recherches sur « les ossements fossiles, s'amusa, comme Descartes, « à faire de la terre un soleil éteint, un globe vi- « trifié sur lequel les vapeurs, étant retombées lors « de son refroidissement, formèrent les mers. » = était-elle ignée ? Les Neptuniens tenaient pour l’eau, les Plutoniens pour le feu. La science a donné raison à ces derniers. Aujourd’hui, il ne reste plus trace de Neptuniens dans la géologie. Leur opinion, en effet, était insoutenable. Elle n’expliquait pas la liquéfaction ou la dissolution des roches granitiques dont se compose l’écorce con- solidée du globe. On conçoit bien que par le rayonnement dans l’es— pace, le colorique qui tenait en dissolution les matières terrestres aujourd’hni solides se soit dissipé, mais que serait devenue cette immense quantité d’eau nécessaire pour la complète dissolution du globe, puisque la vapeur d’eau ne peut franchir les limites de l’at- mosphère ? — D'un autre côté, il existe des roches qui n’ont jamais pu être dissoutes dans l’eau, et la quantité nécessaire pour dis- soudre les autres est énorme. Enfin, en supposant cette dissolution comme ayant pu être opérée, on arrive à cette conclusion néces- saire, d’après les considérations tirées de la quantité relative des roches et des eaux: qu’un litre d’eau a di tenir en dissolution 50,000 kilogrammes de matières minérales! Ce qui est évidemment impossible. — 322 — Les adversaires de la géologie ont souvent reproduit ce passage et en ont fait une grave objection contre la théorie de la fusion ignée, mais par l'effet de je ne sais quelle fatale inadvertence, dont on a de la peine vraiment à se rendre compte, ils ont toujours oublié d'ajouter que le grand naturaliste s'était ré- tracté lui-même, lorsque mieux informé il déclarait à une époque plus avancée, en signalant le mode de récomposition de la plupart des roches cristallines opérées à l’aide des hauts fourneaux, par le célèbre Micherlitz. « Cette précieuse découverte paraît « enfin porter presque au degré d'une démonstra- « tion rigoureuse, une hypothèse célèbre avancée « sans preuve par Descartes, Leibnitz et Buffon, et « à laquelle les travaux récents de Laplace avaient « déjà donné un haut degré de vraisemblance; on « peut donc regarder aujourd'hui comme chose à « peu près prouvée, que la terre a une chaleur « propre, indépendante de celle qu'elle reçoit du « soleil, et qui est un reste de la chaleur originaire, « ce retour, aux idées énoncées jadis par nos plus « grands hommes, prouve qu'il ne faut jamais mé- « priser les conjectures même les plus hasardées « des hommes de génie; c’est un de leur privilège « que la vérité leur apparaît souvent jusque dans « leurs rêves. » Ainsi, la fluidité primitive et incandescente du alobe, appuyée sur les déductions les plus rigou- — 923 — reuses des lois générales du monde, est devenue le point de départ de tous les phénomènes géologiques. L'astronomie, la physique, la chimie ont con- couru à l'établissement des bases désormais inébran- lables de cette théorie. Chacune de ces sciences po- sitives, en étudiant notre planète sous ses aspects divers, est arrivée par de voies différentes et qui peuvent se servir réciproquement de contrôle, à des conclusions identiques relativement à l’état origi- paire et au mode de formation de notre planète. Cet accord est, sans contredit, un des résultats les plus imposants de la science moderne. La géologie a le droit de s'en prévaloir vis-à-vis certains esprits qui trouvent plus commode de nier ses progrès que de discuter ses principes. Mais à ces arguments à priori, la géologie a ajouté des preuves plus nombreuses encore, plus irrécu- sables, d'une évidence plus palpable , et qu’elle a puisées dans l'examen des phénomènes directement soumis à nos mvestigations. Ces faits d'observation concordent admirablement et avec une justesse frappante avec la théorie fondamentale de l'incan- descence primitive du globe terrestre. Qu'il me suf- fise, Messieurs, de vous en indiquer sommairement les principaux : Les recherches thermoscopiques exécutées dans les mines ont décélé sous toutes les latitudes une chaleur progressivement croissante à mesure que =. (Op l'on pénètre plus profondément dans les entrailles de la terre. Les sources thermales que l'on rencontre sur tous les points du globe mais qui jaillissent plus abon- dantes près des grandes chaînes des montagnes, parce que là, les soulèvements en fracturant le sol ont ouvert de plus nombreux passages aux eaux souterraines , accusent une chaleur ordinairement très élevée, mais toujours égale et par conséquent indépendante de l'influence des rayons solaires et des variations de la température atmosphérique. Les eaux que la sondeartésienne va chercher dans les profondeurs des couches de l'écorce solide du globe au sein desquelles elles étaient emprisonnées, et que le seul effort de la pression fait remonter à la surface, sont douées d’une chaleur d'autant plus considérable que leur lieu de provenance se trouve plus rapproché du centre de la terre. Les roches appartenant à la série ignée (1), de- (4) Les matériaux qui entrent dans la constitution de l'écorce solide du globe depuis sa superficie jusqu’à la roche primitive se présentent dans deux états essentiellement différents et accusent, soit par leurs relations de gissement, soit par leur composition intime deux origines distinctes. Les uns se montrent en couches régulières, horizontales ou inclinées , étendues les unes sur les autres, imitant quelquefois des assises de maçonnerie; leur configuration annonce l'action sédimentaire des eauæ, et les terrains qui offrent cette dispo— sition s'appellent terrains stratifiés. Les autres, tels que les granites , les basaltes affectent au contraire une forme massive, compacte et se trouvent intercalés au milieu des terrains stratifiés dont ils ont — 9329 — puis les granites sur lesquels reposent les premières couches sédimentaires jusqu'aux laves modernes dont les coulées s'étendent sur les térrains au- jourd'hui en voie de formation, offrent, ainsi que troublé l’arrangement primitif; leur caractère minéralogique les rap- proche des matières vomies par les volcans, les substances qu'ils renferment peuvent être produites dans nos fourneaux, ils sont souvent épanchés au-dessus des terrains formés sous les eaux. Leur origine doit évidemment être attribuée à l’action du feu. Ainsi toutes les roches peuvent être rapportées à deux modes bien distincts de formation. Dans le premier ordre se rangent les roches ignées où d'épanchement ; le second ordre comprend les roches sédi- mentaires ou stratifiées, c'est-à-dire, étendues en couches ou divisées en feuillets. C’est donc à ces deux agents antagonistes l’eau et le feu qu’appartiennent certainement toutes les révolutions lentes ou subites que le globe terrestre a vu s’accomplir. Après la Consolidation de la première enveloppe du sphéroïde en incandescence, quand l’abaissement de sa température par l'effet du rayonnement dans l'espace, permit aux vapeurs suspendues dans l'atmosphère de se condenser et de descendre sur la surface refroidie , les eaux rema- nièrent les matériaux fournis par le feu et après leur avoir fait subir des renouvellements et des transformations de diverse nature les étendirent en couche, et en formèrent des terrains nouveaux. Alors s’établirent les deux ordres bien tranchés de phénomènes dont nous venons de parler et qui n’ont pas cessé de se reproduire jusqu’à nos jours en conservant leurs caractères distinctifs : car les alluvions et les dépôts sédimentaires qui se forment au fond des mers actu elles, continuent les formations aqueuses. D'autre part, les éjections volcaniques se rattachent au feu central qui a produit les trachytes , les basaltes, les porphyres et les granites, dont la réunion compose la série des roches ignées. L'erreur des Neptuniens qne nous avons signalée dans une note précédente, n’était donc pas de soutenir que des terrains eussent été formés sous les eaux, ce qui est par trop évident, mais ils pré- tendaient que la masse entière du globe avait été primitivement tenue en dissolution äans les eaux. Cette opinion succomba au premier choc d’une sérieuse discussion. Il ne fut pas difficile aux Plutoniens de la couler à fond. 23 — 326 — nous l'avons déjà observé, des densités respecti- vement plus fortes, suivant l'ordre de leur apparition: cette considération, jointe à celle de l'homogénéité des produits de chacune des grandes divisions de la série ignée, qui présentent la même constitution minéralogique sur quelque point du globe qu'on les observe, nous est une preuve évidente de la liqué- faction de la couche intérieure, dont ces produits faisaient primitivement partie, et d’où ils ont été rejetés par la force expansive des gaz. Les soulèvements des montagnes opérés, à di- verses époques , à la suite d’épouvantables convul- sions dont notre planète a été agitée, qui ont fracturé son enveloppe, et fait surgir ces puissantes masses granitiques qui forment l'axe principal des grandes chaînes ; les modifications que ces roches brûlantes ont fait subir aux terrains soumis à leur contact; les filons métalliques qui ont accompagné l'émission de ces matières élaborées par les feux intérieurs, voilà tout autant de faits qui se lient in- timément à une même cause générale et qui ne re- çoivent d'explication satisfaisante que par la théorie de la fluidité incandescente du noyau central. Enfin, nous trouvons encore des indices indu- bitables de cette fluidité dans la haute tempé- rature qui régnait à la superficie du globe pendant les périodes reculées qui ont précédé l'apparition de l'homme. Car les végétaux et les animaux dont — 327 — les débris sont enfouis dans les couches anciennes, établies sur tous les points du globe, n'ont pu vivre et se développer qu'à l'aide d’une chaleur au moins égale à celle des régions équatoriales. Et si les étages des dernières formations montrent des espèces commençant à se rapprocher de celles qui s y remarquent aujourd hui, on y trouve aussi des débris de plusieurs autres qui n'appartiennent maintenant qu à des climats plus chauds que le nôtre (1). Or tous ces phénomènes que nous venons d’énu- mérer, nous paraissent démontrer jusqu'à l'évidence que la terre posssède une chaleur qui lui est propre et d’une intensité prodigieuse, puisqu'elle est ca- pable, même à une faible profondeur, de fondre les matières les plus refractaires qui entrent dans la composition des éjections volcaniques. Ainsi, la forme élypsoïdale de la terre, sa densité, sa chaleur interne, indépendante de l'influence des rayons solaires, le décroissement graduel de sa température, aux divers âges de son développement, la production alternative ou simultanée des roches ignées et des roches aqueuses ou sédimentaires , les soulèvements inégaux des unes et des autres, les (41) Tels sont les restes de mastadontes , de crocodiles, de tortues: des tiges, des feuilles, des fruits de palmiers que l’on trouve en abondance dans les étages des terrains tertiaires d'Aix. - = Je modifications imposées par la succession des temps aux phénomènes de l’organisation des végétaux et des animaux, l'ordre invariable de superposition des terrains dont la formation a exigé une série vraiment prodigieuse de siècles, et qui a permis à la science d'établir la pagination complète du grand livre de la nature : tel est l'ensemble imposant des phénomènes généraux qui constituent les bases fon- damentales de la géologie et qui tous sans aucune exception viennent aboutir à ce fait primordial d'un globe qui, roulant dans l'espace, a été origi- nairement en pleine fusion. Voilà ce qui fesait dire à Ampére dans son der- nier ouvrage sur la philosophie des sciences et la classification naturelle des connaissances humaines: « remonter aux causes des lois de la formation de « la terre, découvrir quels changements succes- « sifs et quelles révolutions soudaines ont mis le « globe dans l'état où nous le voyons, les causes « qui ont amené ces formations successives dont « nous reconnaissons l'existence et qui ont incliné « et brisé çà et là la couche composant l'écorce du « globe, tout cela est l'objet d’une science qui « complette l'ensemble de nos connaissances rela- « tives au globe terrestre et qu'on appelle théorie « de la terre. Sous ce nom on a désigné autrefois « des hypothèses qui n'étaient que de vains romans; « mais aujourd'hui, grâce aux travaux de nos géo- — 559 — « logues modernes et surtout à ceux de M. Élie de « Beaumont, la théorie de la terre s’est élevée au « rang d'une véritable science ; et plus loin M. Am- « pére ajoute: la réunion de la géographie physi- « que, de la minéralogie élémentaire d’une part, « et de l’autre la géonomie et la théorie de la terre « qui forment la géologie comparée, constituent « une science du premier ordre appelée géologie « (1834). » Le fameux géomètre Poisson qui a essayé de faire prévaloir un système particulier sur le mode de re- froidissement du globe, système que la physique a repoussé, nous déclare, et en ceci il est d'accord avec tous les géologues, les astronomes et les physi- ciens, que la forme sphéroïdale de la terre et des autres planètes prouveavec évidence qu’elles ont été primitivement à l’état fluide et même aériforme. Et sil fallait recourir au témoignage des grands hom- mes qui ont écrit sur la géologie pour nous montrer combien elle mérite la prééminence qui lui est dé- cernée , Je citerais ce passage des écrits de Herschel où je trouve ces remarquables paroles : «que cette « science par la grandeur et l'importance de ses « observations et de ses découvertes prend place à « côté de l'astronomie. » Certes ce jugement d'un de nos plus célèbres astronomes ne saurait être suspect. Je lis dans Bukland si justement appelé le Cuvier — 990 — de l'Angleterre «de ce que de vieilles opinions qui ne s’appuyaient que sur des matériaux sans valeur ont disparu devant des découvertes plus étendues, on à conclu qu'il ny a rien de certain de ce que l'on a dit au sujet de la théorie de la terre, et que toutes les déductions sur lesquelles la géologie est fondée n’ont rien que d’indigeste et de purement conjectural, c’est s'armer contre la géologie d'un jugement faux et injuste... » Nous pouvons dès maintenant atteindre à des conclusions d’une impor- tance et d’une certitude incontestables, et la somme de ces conclusions, à mesure qu’elle s'accroît fournit à cette théorie, qui un jour sera l’une des richesses de l'esprit humain, un point d'appui de plus en plus ferme. Arago, Cordier, Brongniert, Fourrier , Poisson, Laplace, Cuvier, Lyeel, Bukland, Élie de Beau- mont et un nombre infini d’autres géologues, répan- dus aujourd'hui sur toute la surface du globe, en un mot toutes les célébrités scientifiques qui illustrent le 49e siècle; voilà tout autant d’autorités impo- santes que nous pouvons invoquer en faveur de la géologie, et contre lesqu'elles personne n'a jamais réclamé. Mais, tandis que la géologie demandait des bases à l'astronomie, à la physique générale et à la chimie, tandis que ses magnifiques théories embrassaient dans leur rapide développement et liaient dans un — 331 — indissoluble faisceau tous les faits qui devaient servir à la Composition de ses annales, son influence rayon- nait sur les autres branches de l'histoire naturelle. L'anatomie comparée se trouvait en face d’un monde nouveau. La zoologie descriptive s’enrichissait d'observations curieuses sur les générations fossiles. Les lacunes signalées par la science dans l'échelle graduée de l’animalisation appartenant à la création actuelle, se comblaient à l’aide des genres et des es- pèces anéantis ; ainsi non-seulement la géologie re- trouvait un immense prolongement de la chaîne des êtres, mais elle fournissait encore les anneaux in- termédiaires qui rattachent les unes aux autres les créations distinctes qui ont marqué lesdiverses phases du développement de la vie, depuis son origine jusqu'à nos jours. Et chose étonnante ! C’est dans le temps où les recherches suivies simultanément sur toutes les parties des anciens et des nouveaux conti- nents, établissaient un ordre de superposition inva- riable dans les dépôts formés sous les eaux, fixaient la chronologie des terrains, et inspiraient au génie d'Élie de Beaumont sa brillante théorie de l'âge du soulèvement des montagnes; c’est à peu près à cette même époque que le génie de Cuvier , en restituant aux antiques générations exhumées des entrailles de la terre, les organes qui leur avaient appartenu , dotait la géologie d'un code de lois, au moyen des- quelles tout se débrouillait, tout s’expliquait dans — 9332 — le chaos des anciens âges. L'archéologie de la terre était dévoilée ! Alors se déroula aux regards étonnés de l'homme le plus beau et le plus inattendu des spectacles. Ces roches abruptes, ces pics majestueux, ces masses colossales des grandes chaînes de mon- tagnes que la terre dans les convulsions d'un tita- nique enfantement a poussés vers le ciel, se mon- trèrent à lui comme les ruines cyclopéennes des vieux mondes anéantis, comme les gigantesques mausolées où la nature garde la muette et froide poussière des générations éteintes, dont la vie et la mort se sont mille fois disputées les dépouilles. Eh ! qui pourrait dire , en effet, la joie du géologue, lorsque à sa voix les races, enfouies depuis des milliers de siècles dans les profondeurs des couches, semblent se réveiller de leur long sommeil et lui apparaissent avec les formes qu'elles revêtirent autrefois ; lorsque semblable à un prodigieux nécro- mancien, promenant sa baguette magique sur ces vastes amas d'ossements pétrifiés, il évoque les esprits des mondes que le passé a engloutis. Et ne croyez pas, Messieurs, que ce soit là un tableau de fantaisie où la réalité des faits soit sacrifiée au prestige de l'imagination : si le géologue foule sous ses pieds les couches de la formation primaire, sa pensée le reporte à ces temps reculés où une chaleur intense ne permettait pas aux êtres organisés de vivre et de se développer sur un sol brûlant, et — 333 — à mesure que les couches de cette première série s'élèvent, il voit les matériaux primitifs arrivés à une décomposition plus avancée, offrir des éléments graduellement plus rapprochés des conditions de l'existence organique et surtout la segrégation plus complète des matières argileuses, siliceuse et cal- caire avec lesquelles devaient spécialement $'allier les quatre principes élémentaires (1), alors com- plètement isolés, destinés à la constitution végétale et animale. S'il parcourt les bassins houillers , il con- temple les premiers indices de la vie animale se développer au sein des eaux, tandis que les conti- nents émergés se couvraient de fougères arbores- centes, de gigantesques équisétacées, végétation luxuriante qui s'étalait majestueusement sous un ciel des tropiques. La période secondaire le ramène vers ce vaste océan sillonné par de monstrueux reptiles auxquels il restitue leur effrayante dimen- sion , leurs formes bizarres et pour ainsi dire fabu- leuses, vrais tyrans du globe qui exerçaient leur vo- racité sur les races pacifiques dont ils avaient pour mission d'arrêter lexcessive propagation. Il re- trouve sur les bords des lacs tertiaires les élégants (1) L'oygène , l'hydrogène, l’azote et le carbone sont les quatre élé- ments dont se composent les matériaux exclusivement propres à l'existence organique, c'est-à-dire , à la vie végétale ou animale. — 394 — palmiers et les touffes de jones où se cachaient les crocodiles et les gavials; il aperçoit encore appendus aux berges des fleuves le monstrueux dynotherium aux défenses verticales, le megathorium aux pro- portions démesurées, 1ladmire avec une inexpri- mable émotion de curiosité cette légion de races anéanties, cette prodigieuse variété d'espèces per- dues, dont l'organisation s harmonisait si admirable- ment avec les circonstances extérieures sous l'in- fluence desquelles elles vivaient: enfin, tout s'anime à chacun de ses pas dans les contrées géologiques, et dans son exaltation, il se croit transporté dans les régions lointaines où se développent sous l'action d'un climat plus fécondant que le nôtre , une faune si riche , si abondante , une si puissante végétation ! Et si vous hésitiez, Messieurs, à croire à la jus- tesse de ces aperçus, je vous dirais : écoutez Cuvier lui-même ; il serait difficile de montrer avec plus de chaleur et d’éloquence qu'il ne l'a fait dans son immortel ouvrage sur les ossements fossiles, la sin- gularité des arrangements systématiques, suivant lesquels se montrèrent à son génie les débris des animaux qui peuplèrent les mondes antiques. « Je « me trouvais, nous dit-il, dans le cas d'un homme « à qui l'on aurait donné pêle-mêle les débris mu- A tilés et incomplets de quelques centaines de sque- « lettes appartenants à vingt sortes d'animaux, il fallait que chaque os allât retrouver celui auquel — 330 — « il devait tenir, c'était presque une résurrection «_en petit, et je n'avais pas à ma disposition la trom- « pette toute puissante; mais les lois immuables « prescrites aux êtres vivants y suppléèrent, et à « la voix de l'anatomie comparée, chaque os, « chaque portion d'os reprit sa place. Il n° y à point « d'expression pour rendre le plaisir que j'éprouvai « en voyant, à mesure que je découvrais un ca- « ractère, toutes les conséquences plus ou moins « prévues de ce caractère se développer successi- « vement, les pieds se trouver conformes à ce « qu'avaient annoncé les dents, les dents à ce qu'a- « vaient annoncé les pieds, en un mot, chacune « des espèces renaître pour ainsi dire de chacun « de ses éléments. » On n’est plus surpris après ces magnifiques dé- couvertes que les hommes à la raison froide, auss; bien que les esprits enthousiastes qui se sont sérieu- sement occupés de géologie aient été subjugués par les fastes d’une histoire aussi grande par l'élévation du sujet qu'elle embrasse, que par la haute antiquité à laquelle elle remonte, et tel est l'intérêt drama- tique que présente son étude, qu'en parcourant la série des phénomènes dont se composent les annales du monde, on se demande si les descriptions qui s'y rapportent ne sont pas plutôt les rêves d'une imagination fantastique que l'exacte expression des faits observés. Comment s est-il done fait qu'une science dont les documents ont de tout temps été placés sous la main de l’homme, qui déroulait à ses regards les archives complètes de l'histoire physique du globe, qu'une science si facile dans son étude, si attrayante dans ses merveilles, si féconde dans ses applications, si importante dans son but philosophique ait si peu attiré l'attention des siècles qui ont précédé le nôtre ? La cause de cette longue et ténébreuse enfance de la géologie se trouve dans l’imperfection où étaient les diverses sciences créées pour ainsi dire à son usage, qui devaient lui prêter le secours de leurs lumières, diriger sa marche, éclairer chacun de ses pas. Il lui fallait des flambeaux pour ne pas se perdre dans l'exploration des immenses cryptes des vieux mondes où gissaient tant de générations ensevelies. Aussi, est-ce du jour même que ces sciences auxiliaires ont été formées, que la géologie a pu dater l'ère véritable de sa naissance et de ses rapides développements. Dès lors elle a abandonné les utopies imaginaires pour s établir sur l'observa- tion positive des faits et asseoir ses théories sur la base inébranlable de l'induction philosophique. Oui, il est donné maintenant à l'écrivain qui vou- drait aborder l'histoire naturelle du globe, de sap- puyer non-seulement sur les branches les plus trans- cendantes des sciences physiques, mais aussi sur les découvertes récentes qui viennent d'être faites en — 337 — minéralogie, en chimie, en zoologie, en botanique, en anatomie comparée. Ainsi armée des progrès nouveaux et des moyens infaillibles d'exprimenta- tions que toutes ces sciences, ses devancières lui ont fournis ; « débarrassée du bandeau qui obscurcissait sa vue et maîtresse de parcourir en tout sens l'ho- rizon immense qui s'étend autour d'elle: si on en excepte l'astronomie, la géologie embrasse plus en surface et en profondeur qu'aucune autre science physique » (Bukland. ) Sans doute, 1l semble au premier coup d'œil que ce travail de mille siècles ne soit définitivement qu'un jeu du hazard et un pêle-mêle desordonné : il semble que la série des évènements qui ont amené la situation présente du globe n'offre qu'une succes- sion de catastrophes ayant pour seule cause des forces aveuglément perturbatrices; mais quand avant de se prononcer sur la nature de ces évènements, on s applique à en saisir l’origine, à en établir la con- nexion, à en constater les résultats, on est bien forcé d'en prendre d’autres idées, on ne peut plus y voir que les conditions calculées d’une élaboration progressive qui se développait d’après des lois in- variables, on reconnaît alors que les révolutions qui ont agité le globe, le rendaient apte à recevoir des existences de plus en plus élevées auxquelles il était destiné ; car chaque crise marquait un pas de plus vers l’ordre, chaque mouvement convulsif établissait — 338 — une transition à un arrangement meilleur. Et ces perturbations, cent fois renouvelées, étaient néces- saires à la constitution de l’état présent de la terre. Cette voie seule a pu préparer ces combinaisons infinies de toutes les substances, ce mélange des matières diverses, les plus fixes s'étant combinées avec celles qui étaient les plus volatiles et qui na- geaient originairement dans l'atmosphère ; alliance que nous présentent la plupart des minéraux. —Ces bouleversements ont produit ces dispositions inté- rieures de la terre qui mettent à la portée de l'in- dustrie de l'homme, tout ce que son génie devait faire servir à l'utilité età l'agrément de son existence. — Ils ont donné lieu à la décomposition chimique de cette première masse cristalline qui enchaînait presque tous les éléments fixes dans une combinaison tout à fait stérile et morte pour en faire des roches distinctes de calcaire, d'argile, de grés auxquelles la période secondaire doit ses principales formations, magasins inépuisables où l’âge tertiaire a pris en- suite les matériaux dont il a fait de nouveaux em- plois et d'où a été retirée, après avoir reçu de nou- veaux germes de fécondité par les dépouilles des végétaux et des animaux, cette couche de terre superficielle si belle et si riche qui fournit abondam- ment aux besoins de l'homme. Ainsi, Messieurs, du plus loin que l'on prenne le point de départ des faits dont se compose la science — 339 — géologique , leur suite aussi bien que leur ensemble caractérisent visiblement un plan dont l'objet était l'adaptation graduelle du globe terrestre à une grande fin et l'adaptation de chaque partie à une fin particulière,concourant à préparer cette fin com- mune et dernière. L'homme destiné à être le maître de la terre n’en a été mis en possession par l’auteur de son être, que lorsque parvenue à un état suffisant de perfection et de stabilité, cette terre n'avait plus à éprouver de commotion générale qui pût com- promettre le sort d’une espèce destinée à y déve- lopper de si beaux attributs. Car la série des êtres par perfection vient se terminer à l'homme: aussi, tout sur le globe relève de l'espèce humaine; reine de la création , elle commande aux éléments, fait servir aux progrès de son industrie les richesses minérales des époques anciennes ; tout se plie à son usage , tout se range sous sa domination ou s'anéantit sous les efforts de son puissant génie : et cette suprématie n'est pas une usurpation, c'est l'avantage de sa nature, c'est le privilège de sa supériorité, c'est son droit ! Je me borne, Messieurs, à cet aperçu général de la marche philosophique d'une science qui a fait dans un demi-siècle de si étonnants et de si incontestables progrès, et dont de nouvelles découvertes viennent chaque jour agrandir le domaine. Science admi- rable, qui déjà occupe un rang si élevé dans la — 80 25 classification des connaissances humaines ; science éminemment religieuse dont l'étude approfondie est destinée à devenir une des plus abondantes sources de reconnaissance et d'admiration pour tout cœur sincère, pour toute intelligence droite qui ne veut pas se dérober aux ravissantes émotions des merveilles géologiques, car ces merveilles, sorties de la main de Dieu, portent l’éclatante empreinte de sa puissance et brillent à nos yeux comme autant de chefs-d'œuvre de sa sagesse suprême. La géologie en élevant nos pensées à la contem- plation des lois immuables qui ont constamment présidé au développement des phénomènes cons- titutifs du globe, proclame donc aussi bien que les autres sciences naturelles, la gloire des attributs créateurs. Grâce aux investigations géologiques, la philosophie s'est enrichie d'arguments nouveaux , de preuves irrécusables, qu'elle peut faire servir à la démonstration de quelques vérités fondamentales de la religion. Car la géologie a établi sur des preuves physiques qui ne laissent aucune place au doute et défient toutes les subtilités du raisonnement que la terre a été créée; que notre globe, masse* purement minérale à son origine et aux âges reculés de sa formation, n’a pas toujours été propre à la production des phénomènes de l’organisation végétale et animale, qu'à une certaine époque la vie sv est manifestée comme un fait sans — 341 — précédent, qu’elle n’a donc pas existé de toute éternité dans les conditions qu'elle présente de nos jours, mais qu’elle y est arrivée par des créations distinctes qui se sont succédé durant des périodes consécutives, d'une étendue considérable, mais par- faitement limitées entre elles. Nous croyons que ce sont là des sources de certitude d'une extrême importance pour la théologie naturelle ; nous nous contentons de les indiquer à peine aujourd'hui, nous réservant d'y revenir dans un travail spécial sur la concordance des faits géologiques avec le texte de nos livres sacrés, et que nous aurons l'honneur de soumettre , Messieurs, à votre judicieuse appré- ciation. |eheisa sk ann — 343 — Réponse à A. l'Abbé Coquand, Par M. L'ABk SIBOUR, Président de l’Académie. Monsieur, Si l'Académie avait besoin de justifier le choix qu'elle a fait de vous, pour remplacer le savant professeur auquel vous venez succéder ici, le dis- cours si élégamment écrit et si plein de hautes con- sidérations et de faits importants que vous venez de nous faire entendre, serait pour cela plus que suffi- sant. Vous devrez donc désormais à notre société, heureuse de vous ouvrir son sein, le tribut de vos travaux scientifiques et littéraires, vous lui devrez très peu celui de votre reconnaissance. En vous — appelant au milieu d'elle pour y remplir le vide que l'éloignement de l’un de ses membres les plus distin- gués y avait laissé, notre Académie n’a consulté que ses intérêts qu'il ne lui est pas permis de séparer des intérêts de la science. Que serait en effet une société de la nature de la nôtre, si elle n’offrait la représentation la plus complète possible de toutes les parties principales dont les sciences humaines se composent ? Elle oublierait son nom et son but, et au lieu d’être une société savante elle ne serait plus qu'une coterie. L'Académie d’Aix peut se glo- rifier de ne s'être jamais laissé conduire par cet esprit étroit et exclusif, d'avoir toujours fait ses choix avec des vues larges et d’avoir accueillis dans son sein, autant qu'il a dépendu d'elle, tous ceux qui pouvaient l'aider à accomplir sa mission scien- tifique. À ce titre, les Géologues avaient droit à trouver place au milieu de nous. Par la noblesse de son but, par la grandeur de son domaine, par l'étendue de ses investigations et par l'importance des faits qu'elle a déjà constatés, aussi bien que par l'éclat de ses théories, la solidité de ses principes et l'utilité pratique de ses résultats, la Géologie a désormais pris un rang distingué dans la famille des sciences naturelles, elle se détache de l'arbre qui les représente comme un rameau vi- coureux, plein de jeunesse et de sève. — 349 — Nous ne saurions oublier, Monsieur, que celui que vous venez remplacer parmi nous et que nous nous félicitons de ne pas avoir perdu tout à fait, puisqu'il demeure toujours attaché à notre société par le titre de membre correspondant, à puissam- ment contribué par ses travaux à maintenir la science géologique dans la direction qui lui a été récem- ment imprimée, direction que vous venez de carac- tériser si bien et qui doit la conduire par la voie sûre de lexpérience , loin de la région nébuleuse des systèmes, à des résultats toujours plus sûrs, et à des découvertes toujours plus importantes. Nous re- grettons vivement que les liens étroits qui vous unissent à lui ne vous aient pas permis de nous donner ici une appréciation de ses travaux et de rappeler qu'ils lui ont valu dans le monde scientifi- que une célébrité aussi précoce que légitime. Nous le regrettons d'autant plus, qu’en reconnaissant notre incompétence pour suppléer à votre silence, nous reconnaissons en même-temps que personne n'était plus capable que vous de remplir la tâche dont nous venons de parler. Car vous lui êtes uni par une double fraternité. Non-seulement par celle de la nature, mais encore par celle de la science. Et voilà pourquoi l'Académie vous appelle au- jourd hui à être son successeur. Ce n’est pas le frère qui vient remplacer le frère. C'est le savant qui fait — 9346 — place au savant, et le premier disciple, pour parler comme vous, qui vient prendre la place du maître. S'il avait été possible de trouver ailleurs plus de zèle, plus d'aptitude, une vocation scientifique plus prononcée, des connaissances acquises plus étendues, nos suffrages vous auraient fait défaut; ce n’est pas votre nom qui les a conquis, ce sont vos mérites. Pour moi, je demande , qu'il me soit permis en ce moment de me féliciter et de féliciter notre Académie de deux choses : la première c’est que vous ne serez pas seulement au milieu de nous le représentant de la géologie, mais encore l'expression de l'alliance de la géologie avec la religion. Il me semble que tout antagonisme étant au fond impossi- ble entre la vraie science et la vraie foi, lorsque quelque divorce de cette nature se déclare, cela vient ou de ce que les hommes de science ne con- naissent qu'imparfaitement la religion ou de ce que les défenseurs de la religionse font des idées inexactes de la science. Votre double vocation sacerdotale et scientifique, en vous faisant parcourir le double do- maine de la foi et de la science vous a mis complè- tement à l'abri du funeste mal-entendu que je viens de signaler. Ilestunautre accord, Monsieur, donc je suis heu- reux de saluer en vous l'expression, c’est celui de la — 9347 — science et des lettres. Heureux accord qui a produit les Buffon et les Cuvier, et qui distingue aujour- d'hui les professeurs et les académiciens les plus habiles, tels que les Arago, les Orfila et les Flourens. Sans doute la science peut se passer quelquefois des formes littéraires, mais quand il lui est permis de les revêtir, elle est sûre d'étendre son domaine et son influence et d'assurer l’immortalité à ses inves- tigations. Asie ds dut ner, ke Prendre | 1 fr: 7 . VOUS a s0F0E: HET mleroent au vie dé we ke rapedsuniesntutél Hesehèrre, pt NME piesion ‘ dé Plant Jean aten Pre Fe - CRIS sue À tit PERS BE sul er Srguuss 1 lé: ans 1 a. some dE D nu Pyÿ “hoteqne. _ piques iron doses ser rer ia. à MC émane batiments A Go | raitéettqite “tbe te Fr: Leo sn de 1e qe lose da W: renoue latdes idea iémpitd leds selsen Ki desde Five sy soedran tes Fa : cible dois dan GE peit ee her dl: Sy rareté du Dés fret # KR CES ve. “ fe perpip à HORS Caat %, fibense ciao) de is FR Fa Sgen: ; ë Meitis ditre ro Mason sue né rétbet AU nat à delire PAT eENNE APAEE CET Che D - #1. — 349 — POBSURS Par M. LE marquis D'ARBAUD-JOUQUES. 40 — Paris , 2 Décembre 1801 ODE. À mon illustre ami Chenedollé, Auteur du poème du Génie de l’homme. Ainsi, lorsque le bras qui lance le tonnerre, Eut, des voûtes du ciel au centre de la terre, Précipité l’orgueil des féroces Titans, Les Muses fugitives Revolèrent aux rives Qu'ombragent des lauriers d’un éternel printemps. Ils sont passés ces jours de honteuse mémoire Qui de pleurs et de sang souilleront notre histoire. Tout pouvoir qui détruit, est détruit à son tour; Et c’est sa propre rage Qui disperse l'orage, Qui déchire la nue et ramène le jour. — 390 — Ah! que dis-je! de Dieu bénissant la clémence, Reconnaissons ici l'œuvre de sa puissance C’est elle dont la main dans le port nous conduit, Et dans ce grand désastre A fait lever cet astre Dont les premiers rayons éclaircirent la nuit ; Cet astre, qui bientôt s’élancant dans sa course, De l’aurore au couchant, de l'équateur à l’ourse, Par son éclat vainqueur rassurant l’univers, Dissipa les tempêtes Qui roulaient sur nos têtes, Qui menacaient la terre et soulevaient les mers. O toi, Chenedollé dont le mâle génie, S'allume chaque jour au flambeau d'Uranie , Puisqu’à tes vers, sortant de l'empire des morts, L’antique Pythagore Croirait entendre encore Des globes radieux les nocturnes accords ; Réponds-moi, dans quels cieux et près de quelle sphère, Tes chants placeront-ils cet astre tutélaire Qui de notre patrie a changé les destins ? Est-ce Mars dieu du Thrace Qui lui cède sa place Ou Saturne le père et l'amour des Latins ? C’est par lui, par lui seul, que des tyrans serviles La terreur de nos champs, la honte de nos villes, — 351 — Dans leur fange natale ont été rejetés. C’est lui qui les dévoue À cacher dans la boue Leur fatale existence et leurs fronts détestés. L'infortuné, jeté sur des rives ingrates, Par lui seul retrouva ses malheureux Pénates, Ses Pénates émus de ses longues douleurs Et sous ses vieux portiques, De ses Lares antiques Adora les débris humectés de ses pleurs. O souvenirs! c’est là qu'est son berceau fidèle, Il voit le lit d'hymen et l’urne paternelle, Et pâle de bonheur, il bénit le héros Par qui seul la patrie De ses maux attendrie, Lui rouvre un sein de mère, asile du repos. Tels, les essaims dorés des volantes abeilles, Au retour du printemps assiègent ses corbeilles. Tel, quand un chène élève un front majestueux, Poursuivis par l'orage, Sous son vaste feuillage Accourent les oiseaux, à flots tumultueux. Il a donné la paix, aux peuples, aux monarques. Un seul s’agite encor; mais avant que les Parques Roulent un nouvel an sur leurs sombres fuseaux, La superbe Tamise Alliée ou soumise Dans son sein orageux recevra nos vaisseaux. — 392 — Mais quel jour plus brillant luit déjà sur nos tètes ! Du Dieu de nos aïeux nous revoyons les fêtes. Nous lui sacrifions dans son temple affranchi. Éclatante victoire, Qui surpasse la gloire De Mantoue écrasée et de l’Adda franchi. Oui; que la France espère et l'Europe s'étonne. Qui releva l’autel'doit relever le trône. Sans doute, un grand dessein agile son grand cœur. Sa généreuse audace Va, d’une antique race Rendre aux vœux des Francais le sceptre protecteur. Il le peut. Erinnis baisse sa tête impure. Ses serpents, autrefois sifflante chevelure Pendent inanimés, voilent ses yeux hagards, Et sa rage étouffée Frémit sous un trophée Où sont assis la paix, le commerce et les arts. Les Muses, de nos bords si longtemps exilées, Par son vaste génie aujourd’hui rappelées, Retournent le front ceint d’olives et de fleurs. Je leur prête l’oreille, Et mon ame s’éveille Aux sons harmonieux de tes vers enchanteurs Soit qu'à l’astre du jour adressant Loan hommage D'un encens que pour lui ne brüla point le mage, — 353 — Tu parfumes le trône où ce sublime roi Règne entouré des mondes Que ses flammes fécondes Font rouler dans l’espace et tiennent sous sa loi ; Soit que sa sœur L’appelle à ces heures nocturnes Où ses nymphes près d’elle accourant taciturnes, Traversent l’horison d’un pas silencieux, Et retournent la tète Pour sourire au poète Qui célèbre leur gloire en vers mélodieux. Soit, qu’enfin, par Herschell ta muse soutenue, Monte de globe en globe, et de sa course émue Sur le grand architecte interroge les cieux, Élevant sa pensée, Des astres élancée, Lumineuse, brillante et sublime comme eux : Mais alors, effrayé d’un élan si rapide L'ombrage me rappelle, oiseau faible et timide, Et je te laisse seul, franchir notre horizon. Plane ; moi je voltige Et me perds sous la tige De ces modestes fleurs qui parent le gazon. A la Sainte Vicrar. EXORDE. Salut ! reine immortelle, 0 toi, qui dans les cieux, Triomphante montas sur les ailes des anges. Salut ! charme éternel, trésor mystérieux Des célestes esprits et des saintes phalanges. Je invoque ; sur moi daigne abaisser tes veux. Sans cesser d’être enfant, je suis devenu vieux. Des folles vanités je porte encor les langes. Trop longtemps prodiguée à de frivoles jeux, Qu’au moins ma voixs’éteigne enchantantteslouanges. 1 Strophe. — Laus. De mille harpes d’or les célestes concerts, Des astres descendus dans des flots de lumière, Avec toi remontant dans le vague des airs, Célébraient ton triomphe, 6 fille, épouse et mère Du Dieu qui créant l'univers, note Y déployant partout sa puissance infinie, Ne fit rien d'aussi grand, d'aussi beau, d'aussi pur Que l’humble et royale Marie ; Marie, Éve innocente et des siècles bénie ; Marie, aux voiles d’or, et de pourpre, et d'azur, Dont le sein virginal fut l’arche d'alliance Où le Verbe fait chair daigna prendre naissance. Anti-strophe. Rose de Jéricho, ton parfum précieux Est l’encens que le ciel offre à son roi suprême. Ton trone est près du sien. Les astres radieux Ceignent ton front auguste et sont ton diadème. Du serpent infernal, ton pied victorieux Écrase avec mépris la menaçante tête ; Et fille de David, la tour du roi prophète Offrait à ses vaillants guerriers Moins de lances, de boucliers, Qu'un seul de tes regards pleins de célestes charmes, Ne donne à tes enfants de triomphantes armes. 2me Strophe. — Deprecatio. Mère de l’'Homme-Dieu , rédempteur des humains, Puisqu’il s’est fait ton fils, il s’est fait notre frère Sa parole éternelle a fixé nos destins. Il a dit sur la croix sa volonté dernière. « Vierge, voilà ton fils, Chrétiens, voilà ta mère.» Tu peux tout sur son cœur, et tu tiens dans tes mains Et le bonheur du ciel et le sort de la terre. — 390 — Vierge sainte et sacrée, exauce ma prière. Ne laisse pas jusqu’à la mort, Sur l’abime de l'onde amère, Ma vagabonde nef flotter au gré du sort, Brillante étoile de l’aurore, A ce soir de mon jour, sois mon étoile encore. Fais-moi franchir l’écueil. Guide-moi vers le port. Anti-strophe. Déjä, près d’un hameau solitaire et tranquille , De mon père martyr héritage sacré, Dans un temple rustique, et sous l’autel d'argile. De ta douce image paré De mon dernier sommeil, j'ai préparé l'asile. Misérable pêcheur ! à l’instant redouté, Où ton fils, où mon Dieu me dira d’y descendre, Vierge dont la puissance égale la bonté, Prends pitié de mon ame, et protège ma cendre. CALENDRIER DE FAUNE ET DE FLORE. di” H = $ 4 +4 A? LATE L'ile Pi F ETS à 1er Y : CE RS Fraise 4 SOIT UN EASN DIR bein Le ? L La À L: U AAA 7 TER EME ENT ALE REC CALENDRIER T} Bi fn Il [10] fl DE BAUNE ET DE PLORE POUR LES ENVIRONS D AIX OU PREMIÈRE APPARITION DES PRINCIPAUX INSECTES PREMIÈRE FLORAISON DES VÉGÉTAUX qui s’y trouvent, PAR M. BOYER DE FONSCOLOMBE. AIX, iMPRIMERIE DE MM"° VEUVE TAYERNIER , Rue du Collège , 20. M DCCC XLV. RAAOMAIAO © MAO PR AVAL EU ri € SON PRE vb La | RONA AAATEMN AG FONFELAUSA “ma ZUA PE jt. eu GBA NUE sus 1A1 START sup sta M NU 0 Re RS TNRRIEE HANERIELATES A fac anag, NA HIANtINUU "1 a dt tt HU AU N'ALUA LEUR Lg AVANT PROPOS. ar L'inée de désigner l'époque de chaque saison par les plantes qui sy développent, d'en former un calendrier, comme aussi un horloge de Flore en observant les heures du reveil ou du sommeil des fleurs ; cette idée aussi poétique qu'exacte, est due au génie de l'immortel Linnée qui en a consacré la pensée dans ses Amænitates academicæ. I est bien naturel aussi de chercher à comparer, à ac- corder les moments de l'existence des insectes avec celle des plantes, puisque l'habitation, la nourriture de ceux-là est presque constamment dépendante CCCLXITE de celles-ci; et cette dernière idée n'est pas non plus nouvelle. Jai cru que l’opuscule que je pré- sente aux amateurs de l'histoire naturelle, pourrait être de quelque utilité à ceux qui voudraient ex- plorer les environs de notre ville. C'est le fruit de plus de quarante ans d'observations, le résultat de toutes Les notes que j'ai rassemblées dans cet espace de temps. La forme que je lui ai donnée, et que j'avais toujours en vue dans mes recherches, m'a paru, conformément à ce que je viens de dire, plus piquante et en même temps plus usuelle et plus commode. Je ne puis me promettre d’une manière absolue que ce travail soit exempt de fautes, que tout ce qui y est énoncé soit d'une exactitude scrupuleuse. Quelque soin que j'aie pris de noter chaque jour les insectes que je rencontrais, les plantes que je voyais fleurir, il est aisé de concevoir qu'une foule de circonstances locales et variables, peuvent faire, que toutes les années et dans tous les cas, on ne trouve pas toujours pour la première fois, au jour marqué, soit les insectes, soit les végétaux en fleurs. Les chaleurs plus où moins précoces ou retardées, CCCEXIIE la différence d’abri, de culture, de situation, peu- vent avancer ou reculer la naissance des insectes, la floraison des plantes. Il est possible encore que, malgré l'exactitude que j'ai tâché d'y apporter, quelques fautes m’aient échappé tant pour la no- menclature, que même pour les époques que j'ai assignées. Je prie les personnes sous les yeux de qui cet écrit tombera, d'en signaler les erreurs et de vouloir bien me les faire connaître ; ce sera me rendre un vrai service, et me procurer le moyen de les corriger dans une nouvelle édition, s'il y a lieu. Au reste j'ai indiqué la première époque, la plus précoce , dans tous les cas, de l'apparition des insectes et de la floraison des végétaux. C'est le moyen, ce me semble, de se tromper le moins possible dans leur recherche. J'ai suivi la nomenclature la plus nouvellement adoptée, autant que j'ai pu en avoir connaissance. Pour les plantes, c’est la Flora gallica de Loiseleur avec les suppléments, édition de 1806, 1807 et 1810; Gerard et Garidel, quoique encore étrangers à la nomenclature Linnéene m'ont bien servi pour la fixation des noms de beaucoup de plantes, et CCCLXIV l'indication des lieux où on les trouve. M. Castagne, chargé par la confiance des français résidant à Cons- tantinople, dans l'absence de la légation française, de leurs intérêts pendant deux années entières , aussi excellent botaniste que bon observateur m'a donné les noms d’une multitude de plantes intéres- santes, surtout de Marseille et de Miramas. Il les a accompagné de notes et d'observations qui m'ont été d'une grande utilité. M. Teissier, professeur de bo- tanique à Aix, m'a fourni les noms et les époques de la floraison de beaucoup de végétaux des environs d'Aix, et des renseignements bien exacts sur les localités. M. de Fontverd, président du tribunal de Sisteron, m'a aussi communiqué des notes qui m'ont été très utiles. Je n’ai pas connu et par; conséquent pas cilé tout ce qu'a cité Garidel (que j'ai trouvé d'ailleurs très exact dans toutes ses indications) ; mais en revanche je donne beancoup de végétaux qu'il n'a pas indiqué. Quand j'ai cru devoir m'é- carter de la nomenclature de Loiseleur, je désigne l'auteur que j'ai suivi. Quant aux insectes je me suis conformé pour les coléoptères au catalogue de la collection de M. le CCCLXV comte Déjean, par M. Boisduval, troisième édition. Le catalogue méthodique des lépidoptères par le même auteur (1840) ma servi de règle pour cet ordre, et à son défaut M. Duponchel (Hist. naturelle des lépidoptères de France). Les ouvrages de La- treille, surtout les plus nouveaux, (par exemple, les crustacés, etc., pour faire suite au règne animal, de Cuvier) m'ont dirigé pour la nomenclature des autres ordres en général, tels que les aptères, hy- ménoptères, orthoptères, nevroptères et hémip- tères, conjointement avec Fabricius, du moins quant aux noms spécifiques de ce dernier auteur ; et les diptères, concurremment avec Meigen et M. Macquart. J'ai suivi littéralement le savant ouvrage de M. Gravenhorst sur les Ichneumonides, et de M. le comte Lepelletier pour la famille des Tenthrèdes. Mes guides pour les Libellulidées, que j'avais étudié spécialement moi-même, ont été, Vanderlinden , Toussaint de Charpentier et M. de Sélys-Longchamp dont les conseils me les ont fait encore mieux con- naître. J'ai cru pouvoir citer quelquefois le travail que j'ai fait moi-même sur les cinips, les diplolèpes et les pucerons, inséré dans les Annales des sciences CCCEXNVI naturelles et dans celles de la Société entomologique de France. Je ne puis trop témoigner ma reconnaissance à M. Solier de Marseille, capitaine dans le génie , coléoptériste distingué, et connu de tous les ento- mologistes. Il m'a fourni beaucoup de notes, m'a indiqué une foule d'insectes intéressants, surtout de Marseille et de Marignane ; ses observations et ses conseils obligeants m'ont été de la plus grande utilité. Pour faciliter aux amateurs qui seraient encore peu initiés aux nouveaux progrès de l'entomologie, j'ai marqué, entre parenthèses, à la suite du nom nouveau, lenom générique plus anciennement connu, surtout pour les coléoptères et les lépidoptères. Je l'ai fait également pour les plantes lorsque j'adopte des noms encore peu connus, surtout dans la cryp- togamie. Le rayon de mes observations comprend prinei- palement les environs d'Aix. Je l'ai étendu souvent jusqu'aux limites de notre département, et Marseille m'a fourni beaucoup d'insectes et de plantes. Il en est de même des parties du Var assez voisines et CCCLXVIE même limitrophes des Bouches-du-Rhône, telles que Saint-Zacharie et la rente où jai souvent prolongé mes excursions. A l'exemple de Garidel, je n'ai pas cru devoir me priver de citer quelquefois les espèces intéressantes que J'ai pu rencontrer même dans des localités un peu plus éloignées. J'ajoute dans le courant du calendrier quelques notes , quelques observations sur les mœurs des in- sectes, quelques particularités concernant les plan- tes, qui m ont paru présenter de l'intérêt. J'ai cru aussi devoir indiquer les époques des récoltes prin- cipales et de la maturité des fruits plus remarquables. Enfin je donne les noms français et provençaux. Une table alphabétique qui termine l'ouvrage, servira à trouver dans l'instant l’époque où l’on devra cher- cher une plante ou un insecte quelconque. Je m'estimerai heureux si ce travail, plus pénible sans doute que d’un mérite réel, peut devenir de quelque utilité. SRE Le HS | M dep re SA 4 MAT ‘ | DE RER 4 SE a à 2% ae seu pl Poe ds ab “si 1 LR AE ue Fe Mars DATE cn ane 06e RAA sh | Fe on ÉD se UN CR nie yrausA FNCRARUD sidiqautt Jis HS É zut Pt iles" Guy SEA à HA at 148 3 x: jè sea QU ‘pi sue mob #1 Art ANT Le A r: : PETITE > "4 tp 1h 1 NE 1e NAT s à DA > ; dir fil à k cm auf - MS ARS EAU | 3 EM ta4 ER fa ns iles qi nykre ÉPArUEMRE d dt MUCH < di" F We HUIT d'ifiers los: « a (lt ni : AIM à Ur L “ x brebis Or Var MEL ue) PS A à | | à 3 Moéringitp-esdroemtnure, st AS EE mt ram tant Éyr é à Néré # Über mecormibles M Caspue + à : di P) drift. 4 “ehirhdne: bent Na DE dal ben —{i Hoi} desire: soute E, cube fr otoiedés = ever Spb (dei) ia cmimnineuiten Éou è D EAU DIE | sad sh Babe: loi 5 PE os | ; BAHPanals — AM Asa op rs ei ÿ # A re a rtusanoiesrots" Lol toi) dé gld D fre “M0 Abo -00 ab 1 rsoÿ aid sf afeb = FAUNE MERON L=#8h] T'PPT rte sos : F: 0 ados 15 aoû 5h iMoë-Jidt pt SEA db : soda 19° AUCH CNE biett ob 21 LE he 0e LerotLast asp ROTENAENT Safore lp, tion) DUMP EPST 7 RTE . 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FORMICA MARGINATA — dans les bois cariés— la chaleur du foyer la fait sortir du bois et courir, même par # degrés de froid à l'extérieur; en automne sous les pierres, dans les bois. PEZOMACHUS FESTINANS, Gr. (Cryptus) — ces 15 jours sont dans notre pays l'époque des froids les plus rigoureux : l'hiver est ordinairement plus doux avant comme après. HELOPHILUS TENAX, Latr. — languissant à cette époque et caché entre les pétales de la Rosa indica — la larve, dans les eaux stagnantes, le fumier. Elle subit presque sans périr, l'effort du pressoir (Linnée),. COCCINELLA SEX-PUSTULATA. Jours. LÉ T 1 JANVIER. 371 Végétaux qu'on voit déjà où encore en fleurs. VIBURNOM TINUSs — à Marseille, gorges de Marseillo- véiro , rochers inaccessibles ( M. Castagne ) — fr. laurier-tin. Il commence à fleurir. NARCISSUS TrAZETTA — il fleurit en bocal sur les chemi- nées , fr. narcisse. ALYSSUM MARITIMUM (Clypœola) — sur les rochers, an bord des sentiers — fleurit tout l'hiver. SINAPIS ERUCOIDES — dans les champs — fleurit pler- nement à présent. vicrA FABA — dans les lieux cultivés — fr. fève, pr. favo. HELLEBORUS FOETIDUS — bois de Trévarèse, à Puyri- card — fr. pied de griffon, hellébore noir. CHEIRANTHUS INCANUS — dans les jardins — 1l persiste à fleurir, fr. giroflée, violier, pr. garanier. URTICA URENS — dans les champs, les jardins — elle commence à fleurir , fr. ortie, pr. ourtigue. ROSA INDICA, Decand.— dans les jardins; exotique — cessant à peine de fleurir avec la neige. L'hiver rigoureux à encore sa couronne, fr. rose de Bengale. Jours. DE 10. 16. 572 JANVIER. FORFICULA AURICULARIA — sous les pierres, dans cette saison; en été sur les plantes, dans les fruits — fr. perce-oreille, pr. taille-sébe. AGABUS BIPUSTULATUS , Aubé — dans l’eau, aux Pin- chinats, etc. HYPÆNA ROSTRALIS, Dup. (Pyral.) — trouvée à Saint- Zacharie , tombée d’une fenêtre , languissante, mais en vie, par 13 degrès de froid. ACRYDIUM LINEOLA, Ov. — fréquent dans les lieux abrités, parmi les oliviers. HYDROPORUS GEMINUS — dans les eaux. ACRYDIUM PEDESTRE , Olv. REDUVIUS PERSONATUS (Larva) — dans les maisons — toujours sali de poussière , dont il se fait un vête- ment. [ldévore la punaise des lits, selon Fabricius. CALATHUS LATUS — aperçu aujourd'hui, courant sur le gazon, AGABUS BIGUTTATUS , Aubé — dans les eaux, aux Pinchinats. AGABUS DIDYMUS, Aubé — dans l'Arc, aux Pinchinats. ELOPHORUS GRANDIS — dans les eaux, les bassins , etc. AGABUS BRUNNEUS, Aube — eaux, Pinchinats. PARNUS PROLIFERICORNIS—les eaux, les lieux bourbeux. HYDROBIUS GRISEUS ( Hydrophilus )} — dans l’eau, les bassins, etc. BERONUS LURIDUS ( Hydrophilus } — dans l'eau , les bassins. Jours. 9. 10. 14, 15. 16. JANVIER. 373 VERONICA AGRESTIS — les champs. ROSMARINUS OFFICINALIS — sur les Collines, dans les bosquets — fr. romarin, pr. roumaniou. Fleurit presque toute l'année, la glace l’arrête à peine. CALENDULA ARVENSIS — fr. Souci, pr gauché-fer. Fleurit même avec la gelée. SENECIO VULGARIS — dans les champs cultivés — ÿr. seneçon, pr. séniçoun. HYACINTHUS NON-SCRIPTUS — fr. jacinthe. Fleurit en bocal sur les cheminées. BELLIS PERENNIS — les gazons — fr. paquerette, pr. margaridetto. Fleurit tout l'hiver, à peine arrêtée par la gelée. CREPIS NEMAESENSIS — très commun au bord des champs, des chemins — commence à fleurir. SALVIA CLANDESTINA — bord des sentiers, levées de terre — elle commence à fleurir. AGROSTIS MINIMA — les champs sablonneux. Jours. 17 19. 374 JANVIER. NOTONECTA MACULATA — nageant. VELIA RIVULORUM — nageant. VANESSA ATALANTA — elle sort de sa retraite et vole, quand la chaleur se fait sentir pendant quelques beaux jours. HYDROPORUS HALENSIS — aux Pinchinats, etc. HYDROPORUS LITURATUS — ibidem. HYDROBIUS 2-PUSTULATUS ( Hydrophilus } — ibiden. TAGENIA FILIFORMIS — sous les pierres. MELOË RUGULOSUS — sous les pierres; aux moulins au-dessus de l'Hospice des Insensés, à Fons- colombe, près Le Puy-S'e-Réparade. ANTHICUS PEDESTRIS — sous les pierres. ASTENUS FILIFORMIS, Dabhl. — sous les pierres. HYDROPORUS NIGRITA — dans les eaux. HYDROPORUS LEPIDUS — les bassins. CHIRONOMUS PLUMOSUS — dans l’intérieur des maisons, contre les fenêtres — c'est sa première apparition. COCCINELLA 7-PUNCTATA — cachée dansles raisins secs, panses, gardés dans les maisons. DROMINUS #-SIGNATUS—sousles pierres, dansles collines. OPHONUS PUNCTICOLLIS — sous les pierres. PROCRUSTES CORIACEUS — caché sous les pierres dans cette saison. PSYCHODA PHALÆNOIDES, Latr. (Tipul. )— fréquemment sur les murs. JANVIER. SH) Jours. 17. ARBUTUS UNEDO — collines de Saint-Zacharie (Var) — il reste en fleurs tout l'hiver. fr. arbousier, pr. darboussier. 15. AMYGDALUS COMMUNIS — fr. amandier, pr. amendier. En fleurs malheureusement trop tôt, quand les chaleurs sont précoces. 19. IBERIS SEMPERFLORENS, Linn. — fleurissant dans les serres — fr. thlaspi des jardiniers. 20. CHEIRANTHUS CHEIRL — sur les murs — fr. violier jaune, pr. garanier jaouné. Il commence à fleurir. 21. JASMINUM ODORATISSIMUM, Vahl. — dans les serres. 22. VERONICA HEDERÆFOLIA — les champs — commence à fleurir. 23. ERODIUM PRÆCOx— les pelouses — commenceàafleurir. 19 = THLASPI BURSA-PASTORIS — fr. bourse à pasteur. Com- mence à fleurir. Jours 25. 26. AD: 30. 31. 370 JANVIER. VANESSA L-aALBum — on l'a vu voler ce jour là, ayant passé l'hiver caché et abrité. SATYRUS MÆRA — même observation que ci-dessus pour la V. L-Album. BRUCHUS pisi — courant dans l’intérieur d'une maison, v. 2 avril — les jardiniers de Montreuil, environ de Paris, ont observé que les pois semés en avril pour s’en procurer jusqu'à l'été, n'étaient jamais touchés par cet insecte ; et ce sont ceux-là qu'on récolte en sec et qu'on garde pour les semis des années suivantes; la graine est franche, tandis que les autres chez qui, sinon le germe, au moins le pé- risperme est entamé, lèvent moins bien et donnent des plantes très inférieures (note de M. Teissier ). SITONA LINEATUS — sous les pierres. OXYTELUS CARINATUS — sous les pierres, dans les excréments, et aussi voltigeant. CORYNETES RUFICOLLIS — dans le fromage, les latrines. PULEX IRRITANS — déjà malgré le froid, fr. puce, pr. niero. HALIPLUS LINEATOCOLLIS, Aubé — dans les eaux, Pin- chinats. ACARIDLE QUÆDAM — sous les pierres — plusieurs es- pèces; j'omets leurs noms spécifiques, les con- naissant imparfaitement. SCUTOPTERUS CORIACEUS (Dytiscus) — dans l'eau, même sous la glace. ATTA STRUCTOR, Latr. ( Formic. ) 7. JANVIER. 377 25. TORTULA MURALIS, Duby ( Bryum) — sur les murs au nord. 96. EUPHORBIA HELIOSCOPIA — les champs — fr. reveille- matin. Elle commence à fleurir. 27. ULMUS camrEsrRIs—il fleurit déjà si l'hiver s'adoucit, fr. orme, ormeau, pr. oumé. 28. rauya oRIENTALIS, Linn. — les jardins, les bosquets. Originaire de la Chine — fr. thuya de la Chine. Il croît ici en pleine terre. 99. BETULA ALNUS — au bord des rivières, des ruisseaux, dans les sables de la Durance—fr.aulne, pr. verno. 30. HOLOSTEUM UMBELLATUM — dans les champs. 31 écorzoxera Lacmtara — les levées de terre au bord des chemins, des champs. Jours. CE 10. 378 FEVRIER. Insectes qui commencent à paraitre. TIMARCHA TENEBRICOSA ( Chrysom. } — Elle reparaît. SCATOPHAGA STERCORARIA , À. — sur les excréments. CHRYSOTOXUM ARCUATUM. PSOCUS PULSATORIUS, F. — sur les vieux meubles : dans les collections d'histoire naturelle. couts EDusa — sortant de sa retraite, indice trom- peur du printemps, Linn. OPATRUM SABULOSUM — dans les gazons, à l'abri. XYLOCOPA VIOLACEA. SCORPIO EUROPÆUS — Contre un mur abrité. CYMINDIS HOMAGRICA Var. MERIDIONALIS — sous les pierres. ANCHOMENUS PRASINUS — en famille, sous les pierres— très commun. HARPALUS DISTINGUENDUS — sous les pierres dans les prés, au bord des chemins, etc. — très commun. Jours e = 9 10. FEVRIER. 379 Végétaux qui fleurissent. ROSMARINUS OFFICINALIS — fr. rOMarin, pr. l'OUMANIOU. Il fleurit de nouveau, même malgré # degrés de froid. PRIMULA VERIS — les jardins. Garidél l'indique au Prignon — fr. primevére. RESEDA ODORATA — Îles jardins. FUMARIA OFFICINALIS — les champs — fr. fumeterre pr. ubriaguos. ALLIUM CHAMÆMOLY — Foz-les-Martigues. DRABA VERNA — au bord des chemins, au pied des murs, etc, CLYPÆOLA JONTHLASPI — les côteaux gazonnés. TARAXACUM OFFICINALE — dans les prés, au bord des sentiers, partout — fr. pissenlit. LEPIDIUM PETRÆUM — Collines. CUPRESSUS SEMPERVIRENS — acclimaté chez nous — fr. cyprés. JUNIPERUS VIRGINIANA, Linn. — patrie, l'Amérique septentrionale; croit facilement dans nos bosquets. Il est né spontanément dans mon domaine de Fonscolombe, de graines des arbres déjà âgés — fr. cèdre de Virginie. CALLITRICHE VERNA — dans les ruisseaux, Marseille. ANEMONE CORONARIA — au-dessous de la Trinité, à la Pinette, à Saint-Mitre. Jours. 380 FEVRIER. | HARPALUS ÆNEUS — sous les pierres, prés de Fenouil- lère. G 12. AGRIOTES SEGETIS ( Elater) GyIL — dans les prés, sous les pierres. 13. EMUS CYANEUS ( Staphylinus ) — sous les pierres. ASTRAPÆUS ULMINEUS — sous les pierres, surtout au pied des ormeaux , à Fonscolombe. ENNOMOS LUNARIA ( Phalæna } — éclos aujourd'hui. {4, HARPALUS PYGMÆUS — autour d'Aix, sous les pierres — assez rare. TENTYRIA MUCRONATA — à Marseille, plus rare aux environs d'Aix — elle commence à paraître si le temps devient un peu chaud. 45. CYMINDIS HOMAGRICA — sous les pierres. 46. ARGYNNIS LATONIA — dans les près, vers le pavillon de l'Enfant. Jours LINE 12. 13. 15. 16. FEVRIER 381 VISCUM ALBUM — sur l'amandier, l'aubépin, parasite — fr. le guy, pr. guis. PHYLLIREA ANGUSTIFOLIA — lieux secs el montueux , côteaux de la Blaque, chemin de Marseille. HYACINTHUS ORIENTALIS — jardins. Spontané près de Toulon. RANUNCULUS FALCATUS — dans les champs, très com- mun. JUNIPERUS PHOENICEA — sur les hauteurs, collines du Tholonet — pr. mourvén. IRIS LUTESCENS — lieux secs et montueux. HYACINTHUS RACEMOSUS — dans les champs, au bord des sentiers — pr. pichot barralet. ULMUS SUBEROSA — au bord des ruisseaux, des champs — est-ce bien une espèce distincte ? ou plutôt une variété accidentelle que l’âge fait disparaître. VINCA MaJor — le long des hayes. ERODIUM MALACOIDES — sur les levées, au bord des chemins, des champs. FUMARIA SPICATA— les champs sablonneux — les phar- maciens doivent prendre garde de mêlanger cette espèce avec la F. ofjicinalis, quand ils donnent celle-ci en remède. La Fum. spicata est pour le moins un purgatif violent et dangereux, tandis que la F. officinalis n'a que de bonnes qualités. Observations et expériences faites par M. Teissier et M. Boyer, pharmacien. Jours. 107 18. 9: © 22. 352 FEVRIER. PIERIS DAPLIDICE — chenille sur le chou — passe l'hy- ver en chrysalide. GLOMERIS PUSTULATA , Latr. — sous les pierres, contre les rochers humides MELOE CICATRICOSUS— fréquent dans les jardins, le long des sentiers, au-dessus de l'Hôtel-Dieu. SATYRUS ÆGERIA, Var. MEONE — dans les bosquets. ECHINOMYIA FERA. CLEONIS OPHTHALMICUS — sous les pierres, rampant aussi à terre, dans les gazons. CHRYSOMELA SANGUINOLENTA. APHIS HYBERNACULORUM — dans les serres, sur le Daphne indica. PIERIS RAPÆ — chenille sur le chou, le réseda odorata des jardins. LEBIA CYATHIGERA — sous les écorces des arbres à demi détachées. BRACHYCERUS UNDATUS — sous les pierres, au pied des murs abrités. OTIORHYNCHUS MERIDIONALIS (Curculion.) — caché dans la terre pendant le jour au pied des oliviers, des cyprés — la nuit il monte sur les oliviers, ronge les feuilles, les bourgeons, les jeunes pousses. TI fait beaucoup de dégats aux oliviers du Var. Se- lon M. Laure agriculteur distingué de Toulon , il ronge aussi les feuilles des orangers. 1 paraît qu'il attaque presque tous les arbres toujours verds. Jours. 17. 18. 19. FEVRIER. 383 RANUNCULUS FICARIA — les champs humides — pr. aoureilleto. ANAGYRIS FOETIDA — Mont-Majour près d'Arles. ANEMONE HEPATICA — bois de Saint-Zacharie; forêt de la Sainte-Baume — fr. hépatique, pr. herbo doou fégé ; violetto dé Sante-Madeleine. DAPHNE LAUREULA — à Mimet. (M. Castagne.) PRUNUS SPINOSA — dans les haies, bord des chemins — fr. le prunelier, pr. agranas. PRUNUS ARMENIACA, Var. Prœcox — les jardins fruitiers — fr. abricotier alexandrin. LAURUS NOBILIS — dans les jardins. Spontané à Solliés, au bord de la rivière. CUPRESSUS HORIZONTALIS, Miller — transplanté; il croit très bien dans uns bosquets. SAXIFRAGA TRIDACTYLITES — les pelouses, au Montei- gués, plaine Déis dédaous. GRIMMIA PULVINATA ( Bryum) Duby, botan. gallic. — sur les murs exposés au nord. Jours 23. 354 FEVRIER. Ses dégats sont connus sous le nom vulgaire et provençal de chaplun. CLEONIS CINEREUS — sous les pierres, dans les gazons. MOLYTES BAJULUS (Curculion. ) -— caché sousles pierres, rarement à découvert et marchant. SCATOPHAGA STERCORARIA À et ® — on la trouve sou- vent accouplée à cette époque. DERMESTES MURINUS PHYTONOMUS FASCICULATUS (Curcul.) — sous les pierres détachées des vieux murs, colline 4 Entremont. VANESSA POLYCHLOROS — elle passe souvent l'hiver dans les maisons ; dès que la chaleur se fait un peu sentir, elle paraît au dehors. Chenille sur l'orme, le peuplier blanc, le cerisier, le caprier, etc. LYGÆUS APTERUS— Commun partout, dans les jardins, les champs, le long des murs — accouplé à cette époque. DITOMUS CALYDONIUS — rare à Aix. Sur la colline au nord de la Trinité, ou couvent des Capucins. ACINOPUS MEGACEPHALUS — Courant dans les chemins , les gazons. EMUS ÆNEICOLLIS ( Staphylhinus) — sous les pierres. PANDARUS TRisTIs ( Dendarus) — sous les pierres, à Entremont ; dans mon bois de Montverd, à Saint- Zacharie. SATYRUS MEGÆRA. Jours 23. 25. FEVRIER. 385 SISYMBRIUM TENUIFOLIUM — sur les murs, le long des chemins, très commun partout — pr. rouqueto fero. Odeur et saveur forte et désagréable. VALANTIA MuRALIS — le long des murs, sur les rochers. GYMNOSTOMUM TRUNCATUM, Duby (Bryum) — murs au nord. TUSSILAGO FARFARA — dans les vignes, les champs, les lieux humides — /r. tussilage, pas-d’âne; pr. herbo dé la puto. Il fleurit à présent, sans feuilles qui ne paraissent qu'en été. ENCALYPTA VULGaRIS, Duby (Bryum) — les murs. Jours. 27. 386 FEVRIER. LIXUS ANGUSTATUS — sur les plantes, la bardane , l'ar- tichaux. CLEONIS OBLIQUUS — sous les pierres, plus tard dans les gazons. BANCHUS PICTUS — sous une pierre, colline d'Entre- mont. TAGENIA INTERMEDIA — Marseille, sous les pierres — rarement mêlée avecle Tag. filiformis (M. Solier.) DORCADION MERIDIONALE — entre les pierres; le long des sentiers, au nord de l'Hôtel-Dieu, au jeu de mail. CASSIDA MERIDIONALIS — sous les pierres. RHODOCERA RHAMNI ( Colias) — à Luynes; à la Sainte- Baume, M. Marloi, médecin d’Auriol — rare aux environs d'Aix. Jours. FEVRIER. 387 27. ins pumILA — au Monteigués, au bord des champs. MARCHANTIA CRUCIATA — près du pont de Beraud, dans les mousses. 98. EUPHORBIA PEPLUS — les lieux cultivés. AMYGDALUS COMMUNIS — Sa floraison ne peut être plus longtemps retardée. Le froid et la gelée ne l'ar- rêtent plus à cette époque. Jours 388 MARS. Première apparition des Insectes. BRACHINUS SCLOPETA — sous les pierres. CARABUS AURATUS — Courant dans les champs, les SazoONS. APHODIUS PUBESCENS — dans les crottins, les bouses. POLYOMMATUS PHLOEAS. BIBIO HORTULANUS — très Commun, endommage les fleurs. BRACHINUS EXPLODENS — à Fonscolombe, etc., sous les pierres. CLIVINA ARENARIA — au bord de la Durance, de l'U- veaune à Saint-Zacharie, sous les pierres. NEBRIA BREVICOLLIS — sous les pierres, dans la terre. CAPNODIS TENEBRICOSA ( Buprestis) — plus commun à Marseille qu'autour d'Aix. LIMONIUS NIGRIPES ( Elater ) — sur les plantes. CHLÆNIUS MELANOCORNIS — sous Îles pierres. PÆDERUS RIPARIUS — id. HELIOPATES HYBRIDUS — Id. SILPHA GIBBA — Courant à terre. ATTA CAPITATA, Latr. — elle construit sont nid dans la terre. HALICTUS SELADONIUS, F. (sub megillà. ) ANCHOMENUS PALLIPES — sous les pierres, ordinaire- ment en famille. TIMARCH A CORIARIA ( Chrvsom. ) — commune, ram- pant à terre. ICHNEUMON CORRUPTOR, ON. (Cryptus, Grav.) Jours. MARS. 389 Première floraison des Végétaux. A. VIOLA OpORaTA — les prés, les bosquets. BRYUM CÆSPITITIUM — avec les autres mousses. 2. POPULUS ALBA — au bord des terres, des rivières — fr. peuplier blanc, aube, pr. aoubèro. 3. FRAXINUS EXCELSIOR — dans les bois, au bord des ri- vières, des ruisseaux. VALERIANELLA PUMILA — dans les champs. &. AMYGDALUS PERSICA — dans les jardins fruitiers — fr. pêcher, pr. pességuier. ANEMONE NEMOROSA — à la Touëésso, chez M. Depe- rier. 5. POA ANNUA — dans les jardins potagers. NARCISSUS JONQUILLA, Var. Flore duplici — dans les jardins. Jours. 6. 390 MARS. SCUTIGERA ARANEOIDES, Latr. (Aran. ) — dans les mai- sons, les lieux humides. PHYTONOMUS VARIABILIS (Curcul.) — sous les pierres. DICRANURA VINULA ( Bombyx ) — la chenille sur le saule, le peuplier — éclose ce jour-là ; elle avait passé l'hiver en chrysalide. HELOPHILUS ? METALLINUS, F. — les murs à l'abri. POECILUS CUPREUS. PHALERIA CADAVERINA — à Marseille. GERRIS LACUSTRIS — très fréquent dans les eaux — pr. pesqué-pel. DILOPHUS VULGARIS, Latr. Meig. — sur les plantes, les fleurs. OESTRUS BOVIS, Larva. — elle produit et habite les tumeurs du dos des bœufs — à cette époque à peu près, elle quitte ces tumeurs, se laisse tomber à terre et s y change en nymphe. ICHNEUMON SALUTATOR, Rossi — sous l'écorce d’un arbre mort — plus de 50 réunis ensemble. OSMIA CORNUTA , Latr. — elle creuse son nid qui est un simple trou cylindrique, dans une terre sablo- neuse, compacte, dans une porte, dans un mur bâti avec de la terre. PIERIS BRASSICÆ — chenille sur le chou — éclose ce jour-là. TRACHYSCELIS APHODIOIDES — à Marseille. ANTHICUS ATER — SOUS les pierres, dans le sable d'une cave, sur les plantes. LA PERLE BRUNE A PATTES JAUNES, Geoffr. MARS. 391 Jours G. ORNITHOGALUM LUTEUM — dans les champs de blé. 7. PRUNUS ARMENIACA — les jardins fruitiers — fr. abri- cotier, pr. ambricoutier. CYNOSURUS CÆRULEUS — à Notre-Dame-des-Anges. 8 BROMUS RUBENS — sur les murs. HYPNUM SERPENS — les rochers. 9. POTENTILLA OPACA — au bord des sentiers, les lieux gazonnés. POPULUS NIGRA — fr. peuplier, pr. piboule, pible. Jours. 40. ane A3. 392 MARS. OSMIA BICORNIS, Panz. Latr. — nid semblable à celui de l'os. cornuta. V. le 8. | FIDONIA ATOMARIA — Commune dans les prés au bord de la Durance, 1scles ; chenille sur la luzerne, le lotus corniculatus — éclos ce jour-là, paraît deux fois l’année. V. 4 décembre. NOTIOPHILUS #-PUNGTATUS — les sables, dans de la sciure de bois entassée dans un chemin. TAGENIA MINUTA — SOUS les pierres. TRACHYSCELIS RUFUS — Marseille. LIXUS POLLINOSUS — Colline d'Entremont, sous les pierres. LEBIA FULVICOLLIS — sous les pierres ; en juillet sur les plantes. DROMIUS GLABRATUS — sous les pierres. STAPHYLINUS VARIANS, Grav. DRUSILLA CANALICULATA (Aleochara) — sousles pierres. HELOPS TESTACEUS — Marseille, M. Solier. OTIORHYNCHUS LIGNEUS (Curculion. }— sous les pierres. TRACHYPHLÆUS SCABRICULUS — id. CASSIDA FERRUGINEA — sous les pierres, contre les racines de thym et de lavande, assez commune à Fonscolombe. CLOSTERA RECLUSA (Bombyx) — chenille sur le saule, vivant cachée entre les feuilles pliées. OMASEUS NIGRirA — les prés des Fenouillières, sous les pierres. EMUS OLENS (Staphylinus) — très commun sous les pierres. Jours 10. Lib LE 13. MARS. 393 CORNUS MASCULA — dans les bois, à Beaurecueil, etc. FUNARIA HYGROMETRICA , Duby (Mnium. ) ROSMARINUS OFFICINALIS — les collines — il est en pleine floraison. Il fleurit même presque toute l'année. MYOSOTIS ANNUA — le long des hayes, au Prignon, etc. JUNGERMANNIA COMPLANATA — sur le trone des arbres. HELIOTROPIUM PERUVIANUM — Cultivé dans nos jardins. HYPNUM CRISTA-CASTRENSIS — Île bois de Montverd , à Saint-Zacharie. CORONILLA GLAUCA — dans les bosquets — fleurit à plein à présent et presque tout l'été. MEDICAGO LUPULINA — dans les champs. JUNGERMANNIA PLATYPHYLLA — sur l'écorce des arbres. Jours. 15. 394 MARS. VESPA VULGARIS — fr. SUêpe, pr. guespo. OPHONUS OBSCURUS — sous les pierres ; à Fonscolombe. SITONA HISPIDULA — sous les pierres, marchant aussi sur la terre. DOLERUS GONAGER, Lepell. AMARA TRIVIALIS — dans les champs. HARPALUS TENEBROSUS — sous les pierres. HISTER CORVINUS. OTIORHYNCHUS PROVINCIALIS, Dej. 47 catal. — lieux arides, Marseille, sous les pierres, M. Solier. HALICTUS VULPINUS, F. (Sub Andrenä. } MUSCA COESAR — dans les champs. XANTHOLINUS PYROPTERUS. CHRYSOMELA FEMORATA — sous les pierres, collines de S'-Canadet — l'été on ne la trouve plus qu'avec les cuisses toutes noires. NABIS APTERA, Encycl. (Reduvius) Fabr. REDUVIUS ÆGYPTIUS. IXODES RETICULATUS — rampant dans les gazons. ONISCUS MURARIUS — sous les pierres, les murs humi- des — fr. cloporte, pr. pouér dé Sant-Antoni. LIXUS SOBRINUS — Marseille. GRYLLO-TALPA VULGARIS, Latr. — trouvé ce jour-là dans la ville, se traînant le long d’un ruisseau. — fr. courtillière, taupe-grillon, pr. boubiou. BOMBUS TERRESTRIS — nid sous terre. Jours. 15. 16. 117. MARS. 395 SAMBUCUS NIGRA — dans les haies, le bord des champs, des chemins — fr. sureau, pr. sambéquié. CREPIS Di0sCORIIS — les champs, le bord des prés, des chemins. BUXUS SEMPERVIRENS — les collines de Meirargues, etc — fr. buis, pr. bouis. HORDEUM MURINUM — bord des chemins, des champs, etc. TARAXACUM OFFICINALE ( Leontodon } — dans les prés, le bord des champs, partout — fr. pissenlit, dent de lion. Il fleurit à présent constamment. NARCISSUS DUBIUS — le Monteigués. ROSA INDICA, Decand. — les jardins — à partir de cette époque elle fleurit toute l’année. SALIX CAPREA — au bord des ruisseaux — fr. saule- marceau. PRIMULA AURICULA — Cultivé dans les jardins — fr. oreille d'ours. Jours 18. 1Q: 20. 21. 396 MARS. ANCHOMENUS ANGUSTICOLLIS — sous les pierres, à Beau- val, près de l'Arc — assez rare. CETONIA HiRrA — sur les fleurs qu'elle endommage beaucoup, celles du rosier, poirier, pommier, etc. CRYPTUS MOSCHATOR, Grav. EMPUSA PAUPERATA (Larva) — dans la ville ce jour- là; sur les collines abritées. OXYTELUS PICEUS—Volant partout, sur les excréments. CHRYSOMELA BANKSII — encore cachée sousles pierres. RHODOCERA RHAMNI, Var. cLEOPATRA — chenille sur l'alaterne, le rhamnus catharticus. POLYOMMATUS RUBI — Ja chenille sur l'hedysasum ono- brychas. TROX PERLATUS — sous les pierres. LACHNAIA CYLINDRICA ( Clythra) — Marseille; plus rare autour d'Aix. NOTODONTA DICTÆA, ( Bombyx) — éclos ce jour-là, passe l'hiver en chrysalide. ENNOMOS ILLUSTRARIA, (Phalæna) — chenille sur le saule. OPHONUS GERMANUS — sous les pierres. EMUS MAXILLOSUS — sous les pierres, dans les crottins. CORYNETES RUFIPES. ORTALIS CERASI (Musca. ) BRACHINUS CREPITANS — sous les pierres. EMUS ERYTHROPTERUS — Id. PEDINUS FEMORALIS — id. Jours. 18. 20. 21. 22. MARS. 397 TULIPA OCULUS-SOLIS — les champs ensemencés, sur- tout au-dessous du jardin des capucins ou de la Trinité, terre de Faye — racine très profonde. COCHLEARIA DRABA — les champs, le bord des terres, des prés, très commune partout. HEDYSARUM ONOBRYCHIS — cultivé ; mais on le trouve sauvage — fr. sain-foin, esparcet. SALIX BABYLONICA — acclimaté chez nous — fr. saule pleureur. VERONICA ARVENSIS — les champs, les jardins. CERASTIUM VULGATUM — le long des sentiers VALERIANELLA CORONATA — les champs. THYMUS VULGARIS — les collines, le bord des sentiers fr. thym, pr. faligoule. FRAGARIA VESCA — les jardins. Croit spontanément au pic de Saint-Cassien, à la Sainte-Baume. — fr. fraisier. TEUCRIUM CHAMÆpiITYs — les champs. GERANIUM MOLLE — les prés, les endroits cultivés. Jours. 23. 24. 29. 398 MARS BRACHINUS PSOPHIA — sous les pierres. BADISTER BIPUSTULATUS — Id. CHLÆNIUS VESTITUS — dans les cailloux, les sables, au bord des rivières. OMASEUS ITALICUS, Bonell. — sous les pierres. HELOPS ROTUNDICOLLIS — Marseille. ARCTIA LUCTIFERA — éclos ce jour-là. PTEROSTICHUS NIGER — sous les pierres, au bord des eaux. HARPALUS SEMIVIOLACEUS — sous les pierres, commun partout. CARDIOPHORUS EXARATUS ( Elater ) — Marseille. SCARABÆUS PUNCTATUS — à terre, dans les gazons , le long des chemins. APHIS RADICUM, Nob. — en terre, contre diverses racines — Annal. entom. 1841. ALYSIA MANDUCATOR, Latr. — dans les champs, cou- rant à terre. OSMIA LATREILLEI , Spin. — à la Touësso, creusant son nid dans une terre compacte, sablonneuse, expo- sée au midi. LYCÆNA ARGIOLUS, (Polyomnm. ) ORTHOSIA MINIOSA — éclos ce jour-là. CICINDELA CAMPESTRIS — les lieux sablonneux, les che- mins autour de la ville. OPHONUS MACULICORNIS — sous les pierres, rives de la Durance. MARS. 399 Jours 23. SISYMBRIUM 1RIO — dans les champs, autour des bâ- timents ruraux. 29. CYNOGLOSSUM CHEIRIFOLIUM — au bord des champs EUPHORBIA SERRATA — dans les champs. 25. SCANDIX PECTEN — les champs, les endroits cultivés — fr. peigne de Vénus. HIPPOCREPIS UNISILIQUOSA — les rives, le bord des champs. Jours 27. 490 MARS. HISTER LUNATUS — sous les pierres, Fenouillère, le bord de l'Arc. CASSIDA ViRIDIS — dans l’intérieur d’une maison. MELOË BREVICOLLIS — les lieux gazonnés des collines, Marseille — M. Solier. RHYNCHITES BACCHUS — sur la vigne. — il contourne ses feuilles en cornet cylindrique et pond ses œufs dans les replis, il entame le pédicule. APION TAMARISCI — Marseille, sur le tamarix gallica. CHRYSOMELA HÆMOPTERA — sous les pierres et rodant dans les gazons. LEMA MERDIGERA — sur les feuilles du Zilium candidum — la larve y vit aussi et les salit, en se couvrant de ses excréments comme d’un manteau. MACROGLOSSA STELLATARUM, ( Sphinx ) — elle passe l'hiver dans les maisons. On la voit à cette épo- que-c1 volant dans les champs. Chenille sur le galium et en général les plantes à fleurs étoilées. CHLÆNIUS HOLOSERICEUS — les prés de Fenouillère, sous les pierres — rare. PRISTONYCHUS VENUSTUS, Clairv. — à Fonscolombe, sous les pierres — très rare. HARPALUS SERRIPES — sous les pierres. LIBYTHEA CELTIS — chenille en famille sur le micocou- her, celtis australis — le papillon passe l'hiver ca- ché, il reparait à présent, ainsi deux fois l'année. HELOPHILUS ARBUSTORUM, Latr. MARS. 401 Jours. 26. ORNITHOGALUM UMBELLATUM — les champs cultivés. PRUNUS DOMESTICA — les jardins — fr. prunier, pr. prunièro. OPHRYS PSEUDOSPECULUM, Decand. — sur les hauteurs. M. Castagne. 27. SYRINGA VULGARIS — les jardins, acclimaté — fr. lilac. PLANTAGO LANCEOLATA — dans les prés, au bord des champs, des sentiers. zoSTERA MARINA — le golfe de Marseille. M. Castagne. Jours 28. 29. 30. 31. IULUS TERRESTRIS — dans les débris de végétaux al- térés ; dans les lieux humides et bas des maisons. LIXUS VENUSTULUS — dans les champs, les sentiers, sous les pierres. FORFICULA APTERA — SOUS les pierres — commune. EPHIALTES MANIFESTATOR (Pimpla. ) ONTHOPHAGUS NUCHICORNIS — dans les bouses. ARCTIA MENDICA. CABERA PERMUTARIA ( Phal. } — chenille sur le saule, les osiers — éclose ce jour-là ayant passé l'hiver en cocon. SYRPHUS PYRASTRI, Latr. Meig. — la larve est aphi- divore. CARDIOPHORUS THORACICUS ( Elater. ) MALACHIUS DILATICORNIS. BARIS NITENS ( Curcul. }— sur les plantes. CHRYSOMELA DILUTA — Marseille. OMASEUS MELAS — sous les pierres. ONTHOPHAGUS FRACTICORNIS — les bouses. CYRTONUS ROTUNDATUS — Marseille — indiquée par M. Soler, capitaine au corps royal du génie à Mar- seille, qui a écrit sur les ins.coléoptères qu'il étudie et recherche avec assiduité, qu’il connaît parfai- tement; et qui m'a donné les nppenements les plus utiles. POMPILUS FUSCUS. ANTHOPHORA HIRSUTA, Latr. LEUCOPHASIA SINAPIS ( Pieris ). Jours. 30. 31. MARS. 493 TULIPA CELSIANA — au Monteigués, à Sainte-Victoire. PRUNUS CERASUS — dans les fruitiers, cultivé; sauvage et spontané au bord des ruisseaux, etc. — fr. cé- risier, pr. cerlier, cerrilier. ERYSIMUM ALLIARIA — au bord des ruisseaux, des prés vers le pavillon de l'Enfant — fr. alliaire. PLANTAGO PSYLLIUM — au bord des champs, des che- chemins — fr. herbe aux puces. RHAMNUS ALATERNUS — les bois, les collines — fr. fila- ria des jardiniers, alaterne, pr. daradéou. TURRIS GLABRA — à Repentance. ZANNICHELLIA PALUSTRIS — les marais de Saint-Cha- mas. M. Castagne. POA BULBOSA, Var. Vivipara — bord des sentiers, le- vées de terre. PLANTAGO LAGOPUS— Collines arides, moulins au-dessus des insensés, ou de Saint-Eutrope. TRAGOPOGON PORRIFOLIUM — les champs. OPHRYS ARACHNITES — au bord des champs, des ruis- seaux , les gazons QUERCUS COUCIFERA — les côteaux arides — fr. chêne- kermés, pr. avaou, avaoussé. Jours 404 AVRIL Première apparition des Insectes. BRACHINUS CAUSTICUS — Marignane. M. Solier. LACHNAIA RUFIPENNIS ( Clythra) — Sur le chêne-ker- més, l'yeuse. PSYLLA OLEÆ, Nob. — sur l'olivier; plus tard sa larve produit le coton des fleurs sous lequel elle s'abrite — trouvée ce jour-là en état parfait ; elle a donc passé l'hiver dans cet état. Ann. Soc. entom. 1 840. PEZOMACHUS FORMICARIUS. MUTILLA HALENSIS, Fabr. — courant à terre. HYLÆUS ANNULATUS, Latr, — sur les fleurs. ANTHOCHARIS CARDAMINES ( Pieris } — la chenille sur les plantes cruciféres — elle est restée en chrysalide depuis la fin de juin. RHIZOTROGUS RUFESGENS (Melolontha) — à S'-Zacharie, les prés, les arbres. BRUCHUS pisi — dans les pois, les lentilles — V. 27 janvier. APION VERNALE — les prairies, Marseille. BLATTA ORIENTALIS, Fab. — dansles caves, les cuisines. uROPUS ULMI (Bombix) — chenille sur l'orme — éclos ce jour-là, avait passé l'hiver en chrysalide. DROMIUS #-SIGNATUS—dans les collines, sous les pierres. LYCÆNA ADONIS ( Polyomm. } — bord de l'Arc, bois de Montverd. LYCÆNA uyLas ( Polyomm.) — l'insecte parfait sur les collines de Barret, etc. , sur le thym fleuri — pa- Jours. AVRIL. 405 Première floraison des Végétaux. NARCISSUS JONQUILLA — Collines de Barret, de Fonsco- lombe — fr. jonquille sauvage. JUNCUS BUFONIUS — dans les mares. ANEMONE CORONARIA — les champs un peu humides, près de la Trinité, champ de Faye; à la Pinette. ISATIS TINCTORIA — les champs — fr. pastel sauvage. CYATHUS VERNICOSUS, Dub. (Peziza } — sur les débris de végétaux. Une fois sous une pierre — rare auprès d'Aix. ALSINE MEDIA — bord des champs — fr. morgeline, mouron blanc, mouron des oiseaux, pr. paparudo. SYMPHYTUM OFFICINALE — la Touësso, pont de Beraud fr. consoude. ORNITHOGALUM NUTANS — les champs, les blés. BRASSICA OLERACEA — Cultivé dans les jardins — fr. chou, pr. cooulé. NARDUS ARISTATA — les lieux secs et élevés — M. Cas- tagne. HYACINTHUS COMOSUS — les champs — pr. gros bar- ralet, sébilloun. EUPHORBIA CHARACIAS — les champs, les côteaux, 28 Jours. 406 AVRIL. raît deux fois l'année, mais la seconde apparition a lieu assez rarement. PHLOGOPHORA METICULOSA (Noctua } — chenille sur les plantes basses, polyphage. IULUS VARIUS , Fab. — les lieux humides, les maisons, les végétaux en putréfaction. NECROPHORUS VESPILLO — les cadavres d'oiseaux, de serpents. BLAPS OBTusA — les lieux humides des maisons REDUVIUS ÆGypTius — rodant sur les gazons, les che- mins. GERRIS LACUSTRIS, Latr. Var. iNaLATA — dans les eaux qui ne coulent pas rapidement. DIPLOLEPIS GALLÆ-RAMULORUM, Nob. — galle cylindri- que ou ellipsoide, produite par le renflement des rameaux du quercus coccifera — éclos ce même jour. Ann. sciences natur. 1832. GLOMERIS LIMBATA , Latr. — sous les pierres, sur les rochers, dans les lieux humides. BLAPS FATIDICA — très commun à Marseille. ACRYDIUM MACULATUM, Enc. — les côteaux arides. COREUS NUGAx — sur l'euphorbia serrata — très sou- vent accouplé sur les plantes. FORMICA RUFA — nid en tas pyramidal composé de terre et de débris végétaux, dans les bois. FIDONIA PLUMISTARIA — chenille sur le doryenium fru- ticosum ; lépidoptère dans son dernier état sur les collines — les œufs éclosent 20 jours environ après la ponte, la jeune chenille à son premier âge. Jours, AVRIL. 407 ALYSSUM CALYCNUM— les champs, le bord des chemins. GERANIUM ROTUNDIFOLIUM— les terrains élevés, au bord des chemins, les gazons. FESTUCA CILIATA — les champs incultes. SYMPHYTUM TUBEROSUM — les prés du côté du pavillon de l'Enfant, les Pinchinats. cisrus mirrus — les collines. RANUNCULUS ACRIS — les prés. PRUNELLA VULGARIS — les prés, le bord des champs. CREIRANTAUS CHEIRI — les murs — fr. giroflier, violier jaune sauvage, pr. garanier jaouné fer. Il fleurit à plein à cette époque. GLOBULARIA VULGARIS — les côteaux — fr. globulaire. TULIPA SYLVESTRIS — dans les champs au nord de l'Hôtel-Dieu ; au mont Perrin près le chemin de Marseille. pPyrus MALUS, Var. Pumila — dans les jardins — plus précoces que les autres variétés. TURRITIS HIRSUTA— au bord des champs, des sentiers. CAREX ovaLiS — le long des ruisseaux. Jours. (er 1 408 AVRIL. est noire avec des cercles blancs ; élevée dans des boîtes, après la 17° mue et alors toute grise, elle se fixe, reste immobile et finit par périr. Sans doute dans les champs elle reste engourdie l'été, l'automne et partie de l'hiver, comme la plupart des chenilles de satyres. Elle doit reprendre le mouvement dès que la saison s'adoucit, et accom- plir alors ses métamorphoses. Je ne l'ai jamais re- trouvée dans ces derniers états. SARCOPHAGA CARNIARIA (Musca), Latr. — la larve dans les cadavres, les viandes gardées. SCOLOPENDRA ELECTRICA — sous les pierres, dans lieux humides. MEGACHILE MURARIA, Enc. $. — nid de terre paîtrie construit autour d'un rameau. Les mâles éclosent régulièrement avant les femelles. Très différente de la æylocopä murariä de Fabr. PAPILIO MACHAON — Chenille sur la rue, la carotte. MELITÆA CINxIA — voltigeant ordinairement dans les chemins. SATYRUS PAMPHILUS. OPHIUSA LUNARIS (Noctua. ) PAPILIO PODALIRIUS — chenille sur le poirier, le pè- cher, l’abricotier. VANESSA 10 — elle a passé l'hiver, chachée dans quel- que retraite. LYCÆNA ALEXIS. LYCÆNA AGESTIS. Jours 6. AVRIL. 409 IRIS GERMANICA — sur les terrains élevés, au bord des champs — fr. iris, flambe, pr. glouojoou. LITHOSPERMUM PURPUREO-CÆRULEUM — les prés. ANCHUSA TINCTORIA — à Istres. M. Castagne. BUNIAS ERUCAGO — les champs. CERCIS SILIQUASTRUM — les bosquets, les jardins — exotique, mais bien acclimaté chez nous. Fr. ar- bre de Judée, gainier. CAREX GYNOBASIS — sur les hauteurs. EUPHORBIA CYPARISSIAS — dans les champs. PYRUS COMMUNIS — dans les fruitiers; naturellement, mais assez rarement dans les bois — fr. poirier , pr. périero. AJUGA REPTANS — les prés, les lieux gazonnés — fr. la bugle. TRIFOLIUM PRATENSE—les prés—fr. tréfle, pr. trioulet. Jours 110 AVRIL. HISTER LUNATUS, Var. Nigra — sous les pierres. CIMBEX AMERINÆ — sur le saliæ viminalis, ete— passe l'hiver en chrysalide. PACHYMERUS CALCITRATOR, Gr. — sa larve vit dans celle du cephus pygmæus, compensant par-là le dommage que celle-ci cause aux céréales. DIOXYS CINCTA, Enc. — sur les fleurs du thym; il fréquente les nids des apiaires, il doit être parasite. FIDONIA PENNIGERARIA — la chenille sur le thym ; le lépidoptère sur les collines, du côté du Tholonet —en chrysalide en mars. Éclose à cette époque-ci. MELANTHIA FLUCTUATA ( Phal. ) ELACHISTA OLEELLA , Dup. Suppl. — chenille mineus logée entre les deux pages des feuilles de l'olivie — elle ronge même les jeunes bourgeons quant elle est vers la fin de sa croissance. ARANEA DOMESTICA — les recoins des maisons — tout l'année. fr. araignée, pr. aragne. PERIPHUS RUPESTRIS — au bord des rivières, dans le sables, les graviers. SAPERDA POPULNEA — la larve en automne dans les rameaux de peuplier qu'elle fait renfler en bosses cylindriques. L'insecte parfait se trouve aussi sur le populus nigra— elle éclot à cette époque ayant passé l'hiver en chrysalide. TENTHREDO GERMANICA — les lieux humides, les joncs Jours. AVRIL. All VICIA SATIVA — les champs, cultivée — fr. vesce, pesotie, pr. pésarotte. IRIS FLORENTINA, Linn. — campagne de Bel-Air, à demi-lieue au nord dela ville, chemin de Venelle. CAMPANULA HYBRIDA — les champs, M. Castagne. GLECOMA HEDERACEA — tertres gazonnés prés du pa- villon de l'Enfant — fr. lierre terrestre. MEDICAGO ORBICULARIS. MEDICAGO CORONATA — Roquefavour. EQUISETUM ARVENSE — bord des ruisseaux, la Touësso, l'Arc. ASCLEPIAS VINCETOxXICUM — le bord des bois, Saint- Zacharie. RUMEX ACETOSELLA — les hauteurs. ERICA ARBOREA — bois et collines des Maures, dans le Var. PYRUS CYDONIA — planté dans les fruitiers, spontané dans les haies — fr. cognassier, pr. coudounier. EUPHRASIA LarIFourA — Ste-Victoire, M. Castagne. ANTIRRHINUM SIMPLEX — les champs. Jours. 10. 412 AVRIL. ICHNEUMON CASTIGATOR — sorti d'une chenille. ICHNEUMON SATURATORIUS ,; Gr. — sorti d'une chenille. VANESSA URTICÆ — chenille en famille sur l'ortie dioi- que. CECIDOMYA ? TRITICI — sa larve habite en automne et en hiver le bas des tiges de blé, les ronge , les fait jaunir et périr; surtout quand les froids arri- vent tardivement. ZABRUS GIBBUS — fréquemment courant à terre. PERIPHUS CÆRULEUS — sur les sables, au bord des ri- vières, l'Arc, la Durance. PERIPHUS RUFIPES — id. BARYNOTUS OBSCURUS (Curcul. } — sous les pierres. CIMBEX NITENS, Lepell. — sur les collines, près de la ville. ICHNEUMON FOSSORIUS — éclos d’une chenille. SIALIS NIGER — sur les jones, les cyperus, au bord des eaux. EPHEMERA CULICIFORMIS, Fab. —sur-les fenêtres, dans l'intérieur des maisons. SATURNIA PYRI ( Bombyx) — chenille.sur le poirier, le sorbier, le maronnier d'Inde — la chenille et le bombix très communs. Il a passé quelquefois trois ans en chrysalide. SCIAPHILA WALHBAUMIANA — elle se voit fréquemment dans les vergers d'oliviers. Chenille sur le cen- laurea colhina. Jours. AVRIL. 413 A0. SALVIA PRATENSIS. 1e VERONICA TRIPHYLLOS — les champs. GLOBULARIA NAva — les collines, vers les Pinchinats. PLANTAGO PiLosa — à Montredon ‘près Marseille. PRUNUS MAHALEB — les bois, les bosquets — fr. bois de S'e-Lucie. Dévasté chaque année par la che- nille de l'hyponomeuta cognatella qui dévore les feuilles, ne laissant intact que le bois. Heureux encore quand elle n'attaque pas les pruniers et les pommiers qu'elle dévore souvent. BROMUS SECALINUS — les champs, le long des sentiers. VIBURNUM LANTANA — les côteaux — fr. viorne. SORBUS DOMESTICA — les bois, les champs — fr. sor- bier, cormier, pr. sourbièro. LATHYRUS ODORATUS , Linn. — originaire de la Sicile, cultivé dans nos jardins. Jours. 42. 13. #14 AVRIL. PERIPHUS CRUCIATUS — aux rives des fleuves, des ruis- seaux, dans les sables ou caché sous les cailloux. SILPHA GRANULATA--dans les charognes, courant à terre. MACROTOMA GERMARI ( Prion.) — à la Molle, le Var, les chantiers de bois de pin, volant à la lumière, D 9. Je ne suis pas certain de l'époque de son apparition. CIMBEX HUMERALIS, Lepell. — sa larve se nourrit des feuilles de poirier — eile passe l'hiver en chrysa- lide et éclot à présent. PEZOMACHUS GRAVENHORSTH, Nob. (Ichn.) — sur les murs ou courant dans les champs — non décrit dans le grand ouvrage de Gravenhorst; tout noir, les pieds bruns, distinct: des autres par son aiguillon plus long que l'abdomen. MUSCA VOMITORIA — les charognes, les plantes. MUSCA DOMESTICA — les maisons, les champs, partout, trop connue par son 1importunité. GAMASUS COLEOPTRATORUM, Latr.—sur divers insectes, parasite. PHALANGIUM OPILIO — sur les murailles , les gazons. SCOLOPENDRA MORSITANS — sous les pierres. HARPALUS TARDUS — id. PERIPHUS DECORUS — dans les graviers, au bord des courants d'eau. OCHTEBIUS RIPARIUS — les flaques d'eau, le bord des rivières, les lieux humides. PLATYSOMA ANGUSTATUM (Hister) — sous l'écorce des pins morts. APHODIUS SUBTERRANEUS. Jours. 12. 13. AVRIL. 415 SECALE CEREALE — fr. le seigle, pr. ségué. TULIPA CLUSIANA — les vignes, à la Touësso, Montei- gués. CISTUS HELIANTHEMUM — les collines. GENISTA HISPANICA — id. SALIX TRIANDRA — les bords sablonneux.de la rivière d'Arc. LAMIUM PURPUREUM — les potagers. viCIA HYBripa — les champs, le bord des sentiers. STACHYS RECrA — les Champs, les côteaux. QUERCUS ILEX — les bois, des collines — fr. yeuse, chêne vert — pr. éouvé. CAREX SCHREBERI — sur les pelouses. RUSCUS ACULEATUS — les bois , les coteaux, prés de Barret — fr. petit houx, houx frêlon, fragon — pr. prébouisset. SALIX VIMINALIS — les bords sablonneux des rivières, les torrents — fr. osier, pr. vésé, végé. Jours w4l6 AVRIL. DORCADION MERIDIONALE — sous les pierres aux envi- rons de la ville, se glissant aussi entre les gazons quand la saison devient chaude. MICROGASTER GLOBATUS (Sub Crypto, Fab. } — la larve vit en famille nombreuse dans le corps d’une seule chenille — elles en sortent en grand nom- bre, et filent ensemble un cocon globuleux, frisé, semblable à du coton jaune-souffre ou blanc, fixé autour d’une tige de plante, renfermant tous leurs COCONS. PSYCHE MUSCELLA — volant dans les collines, la Tré- varèse, à Saint-Canadet, 14. OPRONUS OBSOLETUS — à Foz, Marignane. M. Solier. HETEROCERUS MARGINATUS — Îles eaux, les endroits inondés. HYLESINUS OLEIPERDA — la larve dans l'aubier du bois d'olivier — fr. ciron, taragnon. COCCUS ROSMARINI, Nob. Ÿ. — sur le romarin — Ann. sciences natur. 1833. Après l'accouplement la fe- melle croit en forme de petite galle ou gall-insecte. OSMIA TRICORNIS, Encycl. — son nid est un trou cy- lindrique creusé dans les murs enduits de terre. NEMATUS CINCTUS , Lepell. SYRICHTUS MALVÆ ( Hesperia) — chenille se cachant et vivant dans les feuilles de mauves, de passerose. HEXATOMA NIGRA — sur les jones et les saules au bord de l'Arc. 15. CYMINDIS LINEATA — sous les pierres. Le rossignol commence à se faire entendre. AVRIL. 417 MORCHELLA ESCULENTA, Decand. (Phallus) — dans les bosquets — fr. morille. Jours. 1%. MESPILUS AMELANCHIER — les côteaux, les bois — fr. amélanchier. cIsTus ALBIDUS — les collines, du côté du Tholonet — pr. messuLo. GENISTA PILOSA — les lieux secs, sablonneux. SALIX ALBA — fr. le saule, pr. saouzé. PISTACIA TEREBINTHUS — les collines — fr. térébinthe, pr. pélélin. A5. PYRUS AMYGbALIFORMIS, Dub. — dans les terrains incultes, les champs, au bord des chemins — Jours. ais AVRIL. CALATHUS MELANOCEPHALUS — id. MALACHIUS DENTIFRONS — prés de Marseille. ANTHOPHORA HIRSUTA, Latr. RL TT daPrthes (mecizia pires, Fab. ) Tet?. aureum, du lycium barbarum, dansles jardins, etc. ANTHOPHORA BALNEORUM, Lepell. % et +. — elle creuse son nid dans des terrains sablonneux, compactes, coupés à pic au midi, en le creusant elle pratique en avant de l'entrée une galerie courbe, composée de parcelles de terre à jour; elle la détruit lors- qu’elle bouche le nid. OSMIA MELANIPPA, Spin. — creusant aussi son nid dans un tertre exposé au midi. EUCERA LONGICORNIS, _. —très commune sur les fleurs. VANESSA carpur — chenille sur tous les chardons, sur toutes les plantes de cette famille — très com- mune, si multipliée qu'on rencontre souvent ces chenilles en troupes traversant les sentiers, soit pour chercher une nouvelle nourriture, soit pour aller se métamorphoser. Répandue presque dans toutés les régions tempérées du monde. THAIS HYPSIPYLE — au Tholonet. EUCHELIA JACOBÆZÆ (Lithosia) — chenille sur le se- neçon commun , à Pélissane , à Gréoulx — a passé l'hiver en cocon. DIANTHÆCIA CUCUBALI ( Noctua } — chenille dans les capsules des caryophyllées — éclose après avoir avoir passé l'hiver en chrysal. Paraît deux fois l'an. Jours. AVRIL. 419 pr. pérussier. Fruit très äpre; les brebis, les dindes s'en nourrissent. HIERACIUM pILOSELLA — le bord des champs, des sen- tiers, les terrains élevés. — fr. piloselle, oreille- de-rat. orcmis miziraris — les collines , les bosquets. orcIS MORIO — Marseille. M. Castagne. carex GLauca — le long des sentiers. saAuIX virezuna — au bord des cours d'eau. Jours. 16. 420 AVRIL. LARENTIA VENOSATA ( Phal. } — à Fonscolombe. La chenille dans les capsules du cucubalus behen. CHESIAS HIPPOCASTANATA ( Phal.) — M. Martin conser- vateur du musée d'Histoire naturelle l'a trouvée auprès d'Aix. BOTYS POLYGONALIS — la chenille sur le spartium jun- ceum, dont elle ronge l'écorce jusqu’à la moëlle — éclos ce même jour, paraît deux fois. CULEX PIPIENS — les jardins, les prés, les ombrages. AMARA FUSCA — Marseille. HISTER #-MACULATUS — dans les crottins de cheval, etc. HISTER SEMI-PUNCTATUS — rare à Aix, plus commun à Marseille. BARIS ARTEMISLÆ — les prairies. HALICTUS 4-STRIGATUS, Var. — sur les fleurs — re- marquable par 3 ou 4 filets terminés en houppes semblables à des étamines, implantés sur le front; variété accidentelle. BOMBUS ITALICUS. ANTHOCHARIS EUPHENO ( Pieris. ) SMERINTHUS POPULI — sur le peuplier, le saule. ASPILATES CITRARIA ( Phalæna) — chenille sur le plan- tain — paraît deux fois l'année. TINEA GRANELLA— dans les greniers; la chenille réunit avec de la soie plusieurs grains de blé, et les ronge — elle a passé l'hiver en chenille ou en chrysalide. AVRIL. 421 Jours 46. ANTHOXANTHUM OpORATUM — les prairies de S'-Zacha- rie — fr. flouve. FESTUCA DURIUSCULA — les élévations de terrain; au bord des terres, des sentiers, les endroits gazonnés. LINUM PERENNE — les champs, les gazons. VIOLA CANINA — à Salon. LOTUS SILIQUOSUS — les prés. n°2 as Jours. 1e 18. 422 AVRIL. DITOMUS CAPITO — rare à Aix, moins à Marseille. CALATHUS OCHROPTERUS — sous les pierres. PSAMMODIUS PORCICOLLIS — Marseille, dans les sables. DONACIA DENTIPES — 1scles de la Durance, les joncs des ruisseaux COCCINELLA BIPUNCTATA — larve sur le cucubalus behen, la saponaria officinalis — beaucoup de coccinelles vivent de végétaux, en état de larve; la plus grande partie cependant est aphidivore. LYGÆUS SAXATILIS — les prés, surtout les prés secs. HEMEROBIUS CHRYSOPS — les arbustes, les plantes. — les larves d'hémérobe mangent les pucerons. MYGALE CÆMENTARIA — nid creusé dans la terre, fer- mé par une trappe de terre battue, revêtue de soie, mobile, qu'elle referme en entrant dans son trou. POLYDESMUS COMPLANATUS — sous les pierres, lieux humides. DASYTES PALLIPES — sur les fleurs du cistus albidus , etc. HISTER BIMACULATUS. ASIDA DEJEANI, SO. — à Marseille, sous Les pierres , toute l'année. M. Solier. FYCHIUS CUPRIFER (Curcul.) — les herbes des prairies. TRUXALIS BREVICORNIS—les lieux incultes, les collines, toujours aux abris. ANTHIDIUM STICTICUM — butinant sur les fleurs labiées, odorantes, le thym, les teucrium. Jours. 18. AVRIL. 423 VALERIANELLA ECHINATA — les champs — fr. mâche. CHÆROPHYLLUM SYLVESTRE — les prairies — fr. persil d'âne, cerfeuil sauvage. RHUS COTINUS — le défens de S'-Zacharie, les côteaux boisés — fr. fustet. LAMIUM ALBUM — les bois de S'-Zacharie, à Sisteron — fr. ortie blanche. MESPILUS PYRACANTHA — Côteaux du Tholonet, les haies près de Pertuis — fr. buisson ardent. COLUTEA ARBORESCENS — les bois, côteaux des Pin- chinats — fr. baguenaudier. ARUM ITALICUM — au bord des champs, sous les buis- sons, endroits un peu humides— fr. pied de veau, pr. fugueiroun. CHARA VULGARIS — les eaux stagnantes. SALIX INCANA — au bord de l'Arc, des torrents — fr. osier, pr. VÉsé, végé. EQUISETUM FLUVIATILE — iscles de la Durance, Pey- rolles, Meirargue — fr. prêle, queue de cheval, pr. cooussoudo , frétadou. Jours. 19. 424 AVRIL. PIERIS Nabil — les bosquets, vers le pavillon de l'En- fant — assez rare ici. ANTHOCHARIS BELLEZINA (Pieris) — les collines arides, à la tour de la Kérié — la découverte de cette es- pèce est due au comte de Saporta. MELITÆA PHÆBE — chenille sur le plantain ; le papil- lon dans les prés. EREBIA EPISTYGNE ( Satyrus } — côteaux arides des Pinchinats, de S'-Marc, où croit la festuca cæspi- tosa, le chêne kermés. ORGYA PUDIBUNDA ( Bombyx ) — rare autour d'Aix — éclose ce jour-là, ayant passé l'hiver dans son cocon. CYMATOPHORA OCTOGESIMA ( Noctua ) — chenille sur le peuplier. ACRONYCTA RUMICIS ( Noct.) — chenille sur le fraisier, le prunier, etc. — éclose ce jour-là. HILARA CILIPES, Macq. — se balançant en foule au- dessus des ruisseaux , mâles et femelles. CHLÆNIUS SPOLIATUS — assez rare autour d'Aix ; plus commun à Marignane. CALATHUS LATUS — sous les pierres — toute l'année, très commun. OPHONUS SABULICOLA—sOus les pierres, à Fonscolombe — assez rare. BYRRHUS sTrIATUS, Enc. (Sub Nosodendro) — dans les sables de l'Arc, collines de St-Canadet, sous les pierres. AVRIL. 25 ES ë Jours. 19. Romus srELIRIS — au bord des champs, des sentiers. NARCISSUS POETICUS — les prairies — pr. Jusiévo. JUNCUS MAXIMUS — à la S'e-Baume. M. Castagne. ERODIUM ROMANUM — sur les pelouses. JUGLANS REGIA — fr. noyer, pr. nouguier. Jours. 20. 26 AVRIL. SES APHODIUS CARBONARIUS. BRACHYCERUS ALGIRUS—rodant dans les gazons abrités, sous les pierres ; la larve vit dans le bas du tronc des oliviers, au collet de la souche. M. Mille, docteur-médecin. LD CLYTUS ARVICOLA — les fleurs. MICROGASTER GLOMERATUS, F. ( Sub Crypto) — les larves vivent en famille dans une seule chenille ; en la quittant, elles filent en commun leurs cocons dans une même enveloppe, mais où elles se voient distinctes et séparées. V. 13 avril. CINIPS SAPPHYRINA, Nob. —Ann. sciences natur. 1832. CHRYSIS AUSTRIACA. MELITÆA DIbYMA — chenille sur le plantago lanceolata. CROCALLIS LENTISCARIA, Donz. (Phalæn. }— Ann. Soc. entom. SYRPHUS MENTHASTRI — sur les plantes, les fleurs. DROMIUS CORTICALIS — Marignane. LEISTUS SPINIBARBIS — Sous les pierres. DASYTES CÆRULEUS — sur les plantes. HISTER SINUATUS — sous les pierres. APATE LUCTUOSA — je ne l'ai trouvé qu'une fois près de l'Hôtel-Dieu, le matin, volant. CASSIDA VIBEX. APHIS ISATIDIS, Nob. — sur le pastel isatis tinctoria — Ann. Soc. entomol. 1841. DOLERUS NIGER — sur les plantes, volant au bord des sentiers. ES 19 SJ Jours. AVRIL. 20. PHYLLIREA MEDIA — les bois — pr. daradéou. GLOBULARIA ALYPUM — Côteaux de Barret, colline des pauvres, le Prignon, le Monteigués. CERASTIUM SEMIDECANDRUM — les Champs. CYTISUS SESSILIFOLIUS — les bois ; du côté du pavillon de l'Enfant, vers la Touësso. HIERACIUM MURORUM — les murs, les chemins — fr. pulmonaire des français, pr. herbo dé la guerro. ARUM ARISARUM — à la Molle, dans les Maures — pr. calen. OPHRYS MYODES — Marseille. : Jours AE 22. 428 AVRIL. ARGYNNIS EUPHROSYNE — sur la wiola odorata — rare ici. Éclose ce jour-là. OSCINIS OLEÆ, Latr. — la larve ronge la chair de l'olivier et gâte les huiles — éclose à présent, mais aussi dans les greniers à la fin de novembre, quand la température reste douce. V. 27 nov. LEPISMA LINEATA, F.—les lieux humides, les maisons. DROMIUS SPILOTUS — Marignane. SCARITES ARENARIUS — au bord de la mer, Montredon près Marseille, Foz, Marignane. AGONUM PARUMPUNCTATUM — iscles de la Durance, sous les pierres. CARABUS CATENULATUS — Marseille — rare. CANTHARIS FUSCA — commune sur les plantes. HISTER CRUCIATUS — les charognes. BUBAS BISON — Marseille, le Var, rare à Aix. SCUTELLERA MAURA, F. (Sub Tetyrà.) HEMEROBIUS PERLA. OPHION LUTEUS, Gr. — éclos ce jour-là de la chrysa- lide de là dicranura vinula. LYCOENA MELANOPS (Polyomm.) — dans les bois de pin, vers le Tholonet, à la Trévarèse— découverte la première fois par M. le comte de Saporta. MACROGLOSSA FUCIFORMIS ( Sphinx) — chenille sur la scabiosa arvensis et sc. columbaria. PHILOSCIA MUSCORUM, Latr. — sous les pierres. CALLISTUS LUNATUS — sous les pierres — assez rare. POGONUS HALOPHILUS — à Marignane. POGONUS MERIDIONALIS — à Marignane, à Marseille. Jours. 21. 22. AVRIL. 429 PINUS HALEPENSIS — sur nos montagnes — on ne le trouve plus au-delà de 6 à 7 lieues du bord de la mer; le pinus sylvestris lui succède. Pr. pinsot. SALIX AMYGDALINA — le long de l'Arc. VERONICA BECABUNGA — les lieux humides. POA PRATENSIS. PHYSALIS ALKEKENGI — les bois, les lieux cultivés — fr. alkekenge, coqueret. ERODIUM GRUINUM ( Geranium) — autour des champs, sur les élévations de terre, au bord des sentiers. ANTHYLLIS VULNERARIA — les côteaux, le Monteigués, le Tholonet, S'e-Victoire — fr. vulnéraire. PINUS LARICIO, Poir. — originaire de Corse, on com- mence à le propager et à l’élever dans nos bos- quets d'agrément. PHYLLIREA LATIFOLIA — dans les bois — pr. gros da- radéou. LONICERA TATARICA, Lin. — cultivée fréquemment Jours. 23 130 AVRIL ANTHRENUS VERBASEI , GYIl. — sur les fleurs. La larve dans les matières animales sèches, les pelleteries, lés collections d'Histoire naturelle, qu’elle infeste. PIMELIA BIPUNCTATA — dans les sables, Marseille. PHYTONOMUS PUNCTATUS (Curcul.) — seus les pierres. DOLERUS GERMANICUS — sur le sahix viminalis. MEGACHILE MURARIA, Enc. (Sub. Ape.) 2. —V. 6 avril. MELECTA PUNCTATA — elle fréquente les nids des os- mies et des mégachiles; parasite. SATURNIA CARPINI ( Bombyx)— chenille sur le poirier, l'alisier, la ronce, le rosier, l'arbousier — éclos, ayant passé l'hiver en chrysalide. AMPHIDASIS PRODROMARIA ( Phalæna ) — le poirier , le pommier , le chêne, le térébinthe. ADELA DEGCERELLA — Volant autour des buissons, du chêne kermès. CICINDELA FLEXUOSA — les sables au bord de l'Arc. POGONUS PALLIDIPENNIS — Foz, Marignane. TRICHODES ALVEARIUS. ATEUCHUS SACER — autour des crottes de cheval, de bœuf ; le long des chemins. — pr. scaravaï. EMPUSA PAUPERATA — dans les champs arides, les col- lines abritées— époque de son état de perfection. DOLERUS TRISTIS — sur le salix viminalis. LYCÆNA ACIS ( Polyomm. ) ZERENE PANTATA (Phal. } — chenille sur le frêne — paraît deux fois l'an. BIBIO MARCI — Îles prés. Jours 23. AVRIL 451 dans nos bosquets et les jardins. — fr. chaméri- sier de Sibérie. SAXIFRAGA GRANULATA — à la S'e-Baume. THLASPI CAMPESTRE — les champs. BELLIS ANNUA — les bois et les champs des Maures (Var.) PLATANUS OCCIDENTALIS — originaire de l'Amérique septentrionale, il a réussi parfaitement dans nos contrées, et est devenu l’ornement de nos pro- menades — fr. platane d'Occident. POPULUS FASTIGIATA — les allées, les bosquets ; origi- naire d'Italie — fr. peuplier d'Italie. ANDROSACE MAXIMA — dans les blés, à la Pioline, à la Mignarde. ÆSCULUS HIPPOCASTANUM — acclimaté dans nos con- trées — fr. maronnier d'Inde. CISTUS GUTTATUS — dans les prés des Maures (Var.) MELITTIS MELISSOPHYLLUM — à la S'°-Baume, à S'-Za- charie, bois de Montverd — fr. mélisse bâtarde, mélisse des bois. MEDICAGO MURICATA — les champs. LAPSANA STELLATA — les bords des champs. PINUS PICEA, Linn. — les montagnes de la haute Provence — fr. sapin, sapin à feuilles d'if, sapin argenté, pr. sapine. Jours. 24. 432 AVRIL. CICINDELA RIPARIA — sur les bords sablonneux de la Durance, du Verdon à Gréoux, plus rarement de l'Arc. LAMPRA RUTILANS ( Buprestis) — bois d'ormeau. APHANISTICUS EMARGINATUS — les plantes, la vigne. CANTHARIS PALLIDA — très commune sur les plantes, les arbres. ONTHOPHAGUS HYBNERI — les crottins. RHYNCHITES BETULÆ — sur la vigne — il en contourne les feuilles en cylindre et loge ses œufs entre les replis. CYANIRIS CYANEA (Clythra } — sur l'aubépin, etc. DONACIA NYMPHÆÆ — les prés marécageux des iscles de la Durance. ANTHOCHARIS BELIA (Pieris)—la chenille vit sur l'asalis, les sisymbrium — elle sort de la chrysalide au bout de 15 jours. 25. CHLÆNIUS VELUTINUS — sous les pierres ; se cachant entre les cailloux au bord des rivières. AGONUM MopEsTuM — Marseille. OLISTHOPUS FUSCATUS—sous les pierres, sur les plantes. OPHONUS DORSALIS — Marignane. Jours. 24. 25. AVRIL. 433 VALERIANA CALCITRAPA — les prés des collines, Trets, Peynier , Sarrau , près de Sault, département de Vaucluse. VALERIANELLA ERIOCARPA— à Miramas dans les champs — M. Castagne. CERINTHE MAJOR — au Luc (Var.) $CANDIX AUSTRALIS — la collines des pauvres, le Pri- gnon au nord. BERBERIS VULGARIS — bois de Fonscuberte ou Bigour- din, près de S'-Canadet — fr. épine vinette. ARENARIA SERPYLLIFOLIA — les champs sablonneux. HESPERIS AFRICANA — dans les sables de l'Arc — une grande quantité de plantes d’origine africaine se trouvent en Provence, principalement sur la route de Marseille à Nice, et de Nice à Perpignan. Quel- ques botanistes ont pensé que les Maures en avaient apporté les semences dans les fourrages qu'ils tiraient d'Afrique et charriaient après eux, lers de leurs invasions, dans nos contrées. Note de M. Teissier. GERANIUM LUCIDUM — bois de la S'e-Baume, les en- droits humides. TRAGOPOGON PRATENSE — /r. barbe de boue, pr. barbe à bouc. HYOSCIAMUS ALBUS — au pied des murs, au bord des sentiers, près l'Hôtel-Dieu, au pavillon de Grassi — pr. SAoU-pIgnaque. ILLECEBRUM PARONYCHIA — au nord des moulins de Jours. 43 AVRIL. ACUPALPUS LURIDUS — Volant en plein jour dans les prés des iscles de la Durance. BEMBIDIUM CELER — Caché ou courant entre les gra- viers, dans les sables de la Durance, du Verdon. BEMBIDIUM CHALCOPTERUM — Id. SPHÆNOPTERA GEMELLATA ( Buprestis ) — les gazons. NITIDULA RUFIPES — très fréquente sur les fleurs. ANTHRENUS PIMPINELLÆ — sur les fleurs, surtout les ombellifères. ATEUCHUS PIUS — les chemins, les bouses. PHILAX MERIDIONALIS — sous les pierres. ANASPIS HUMERALIS — les plantes, les fleurs. ANASPIS FLAVA — id. PHYLLOBIUS UNIFORMIS ( Curcul. } — sur les feuilles des arbres, de l’'aubépin, etc. LACHNAIA 3-STIGMA (Clythr. ) — sur les arbres. ACRYDIUM LINEOLA — souvent dans les vergers d'oli- viers — il a passé l'hiver en retraite, paraissant de temps en temps quand le temps est beau. ACRYDIUM MIGRATORIUM — il est rarement très nuisible dans nos contrées, et pas plus que les autres es- pèces. Ailleurs, surtout dans les climats un peu plus chauds, il ravage les champs sans y laisser la moindre végétation, obscurcissant l'air par le vol serré de ses bataillons, plus dommageable que le feu et la grêle. I en est de même de quelques autres espèces du même genre. THRIPS PHYSAPUS — sur les plantes. Jours. AVRIL 435 S'-Eutrope ou des Insensés, sur le chemin des premières eaux — M. Teissier, professeur de bo- tanique. EUPHORBIA SYLVATICA — à la Pioline, le long de l'Arc. RANUNCULUS FLAMMULA — les lieux marécageux, Co- golin ( Var.) LAVANDULA STÆCHAS — les côteaux, les bois des Mau- res, dans le sol granitique; près du Luce, à la Molle. GERANIUM DISSECTUM — Îles prés de Fenouillère, etc. CENTAUREA BENEDICTA — les Champs cultivés — fr. chardon béni. Jours 26. 430 AVRIL CORIXA STRIATA — nageant dans les eaux. AMMOPHILA VIATICA, Latr. —courantlelong des chemins — il creuse un nid en terre, y entasse des lar- ves, des araignées blessées et engourdies par le venin de son aiguillon, pour la nourriture de ses petits. PEPSIS ARENARIA, Fabr. — le long des chemins. SESIA APIFORMIS— Fonscolombe, sur le peuplier blanc. HADENA TREITSCHKI ( Noctua ) — chenille élégamment colorée, vivant sur l'hippocrepis comosa — éclose ce jour-là, la chrysalide ayant passé l'hiver dans un cocon de terre CICINDELLA LITTORALIS — Marseille, Marignane, rare à S'-Zacharie. LEBIA CYANOCEPHALA— sous les pierres, sur les plantes. PRISTONYCHUS TERRICOLA, Var. Sardea — les lieux obscurs, les caves. AMARA EXIMIA. AMARA RUFICORNIS — à Foz. OPHONUS MENDAX — sous les pierres, dans les prés, à Fonscolombe. TRACHYS MINUTA — sur les plantes. CANTHARIS LIVIDA — Id. TROX HISPIDUS — sous les pierres. MICRONYX CYANEUS (Curculion. } — Marseille. PISSODES NOTATUS ( Cureculionite) — sur les pins, Mar- seille. Jours AVRIL. 437 CRATÆGUS OXYACANTHA — le bord des champs, des chemins—fr. aubépine, pr. aoubrespin, poumeto dé paradis. ADONIS ÆSTIVALIS — les champs semés en céréales. SPARTIUM SCORPIUS — les collines de Venelle, St-Ca- nadet. LATHYRUS APHACA — les champs. ANTHYLLIS TETRAPHYLLA — les côteaux des environs de Marseille. CHRYSANTHEMUM LEUCANTHEMUM. — les champs, le bord des sentiers, les prés secs — fr. grande margue- rite, grande paquerette. MERCURIALIS PERENNIS — à laS'e- Baume, 30 Jours. 438 AVRIL. APATE SEXDENTATA — dans le bois des rameaux morts d'olivier. AGAPANTHIA CARDUI ( Saperda ) —sur les fleurs, du cnicus lanceolatus. CLYTUS ARIETIS — sur les arbres, les bois morts ou coupés, les fleurs. ADIMONIA BREVIPENNIS ( Galleruca ) — la larve sur la salvia clandestina où verbenaca, les centaurées , etc. —l'insecte parfait très commun sur les plantes. LINA POPULI ( Chrysom.) — larve et insecte parfait sur les peupliers, saules, osiers. TRIDACTYLUS VARIEGATUS, Latr. — les sables de l'Arc. COREUS MARGINATUS — les plantes. NEMATUS GRANDIS, Lepell. — larve sur le peuplier — passe l'hiver en chrysalide, éelos à cette époque ; paraît deux fois l'année. PROCRIS STATICES. SERICARIA MORI (Bombyx) — fr. le ver à soie, pr. magnan. Il éclot de l'œuf ces jours-ci, au plutôt. AËDIA ECHIELLA ( Hyponomeuta } — chenille sur le cynoglosse , l'echium vulgare — paraît deux fois dans l’année. EMPIS LIvIDA — sur les fleurs. LITHOBIUS FORMICATUS, Leach. (Scolopendra) — sous les pierres. BRACHINUS BOMBARDA — Marignane. DRYPTA EMARGINATA — les prés humides, au bord de la Durance, Puy-S'e-Réparade. AVRIL. 439 Jours. 27. ANCHUSA raLicA — les champs — fr. buglosse , pr. bouragi fer. BRASSICA ERUCA — les champs — fr. roquette. GERANIUM SANGUINEUM — les bois près de Nans, dép. du Var. Jours 28. 440 AVRIL. BEMBIDIUM USTULATUM. BEMBIDIUM PALLIDIPENNE — Marignane. TACHYPUS PICIPES — dans les sables, le long des che- mins. PÆDERUS RUFICOLLIS — entre les cailloux au bord des ruisseaux, des rivières. ATEUCHUS LATICOLLIS—les chemins, parmi les crottins. UTIORHYNCHUS CRIBRICOLLIS. LEPYRUS COLON — sur les saules, très commun au bord de l'Arc. VANESSA ATALANTA — chenille sur l'ortie dioique. CHELONIA vizcica (Arctia) — sur le pissenlit, laitue, elc. OPHIUSA GEOMETRICA ( Noctua) — les rives gazonnées et élevées de l'Arc; rare. AGROTIS SAUCIA (Noctua. ) SCARITES PYRACMON — dans les sables, à Montredon, Mazargue, près de Marseille — très profondément enfoncé dans le sable. OPHONUS COLUMBINUS—sOUS les pierres, à Fonscolombe. NITIDULA FLEXUOSA — (ans les charognes, sous les pierres. ONTHOPHAGUS FURCATUS — les bouses. ARRHENODES CORONATUS ( Brentus )} — sous les lichens, dans mon bois de Montverd, à S'-Zacharie — une seule fois trois ensemble , dont un mâle. CLEONIS BREVIROSTRIS — Marignane. PERITELUS SENEX (Curculion. }—environs de Mar seille. Jours AVRIL. A4 CYTISUS ARGENTEUS — les collines, les terres amonce- lées, gazonnées au bord des chemins; aux moulins des insensés, à Fonscolombe, etc. VICIA FABA — Cultivée — V. 5 janvier, fr. fève, pr. favo. MEDICAGO MARINA — les côtes sablonneuses de la mer, près de Marseille, à Montredon — pr. herbo d'oou pardoun. MORUS ALBA — fr. mürier blanc, pr. amourier. RANUNCULUS AQUATILIS — les fossés, les lieux inondés, au chemin de Marseille, près de l'auberge du Pin. CARDAMINE HIRSUTA. HESPERIS MATRONALIS — à Cabasse près Brignolle. ARISTOLOCHIA ROTUNDA. PINUS SYLVESTRIS — forêt de la S'e-Baume, surtout au couchant ; à Méoune (Var), où il est entremêlé avec le P. halepensis qui finit là. VALANTIA APARINE — les champs semés en céréales. CAREX VULPINA — dans les prés. ADIANTHUM CAPILLUS-VENERIS — rochers humides, à la ! Strangalia calcarata ( Leptura) , : juil. Stratyomys chamæleon , 5 jui. strigatus , 23 mai. Stygia australis , 22 juin. Sympecma fusca (Agrion), 8 mai, juill. Syrichthus althææ ( Hesperia ), 29 juin. alveus , 8 juill. fritillum , 6 juill lavateræ , 50 juin. T. Tabanus autumnalis, 13 juin. morio , 10 juin. Tachina tremula ( Musca ), 7 mai. Tachypus farines 25 juin picipes, 27 avr. Fachys rufescens , 8 juill. Tagenia filiformis , 17 Janv. intermedia , ‘28 févr. minuta , 10 mars. Tenebrio molitor, 20 juin. obscurus , 25 juin. Tenthredo albimacula, 7 mai. bifasciata , 5 mai. captiva , 3 mail. carbonaria , 4 mai. confusa, 12 mai. ge-manica, g avr. hæmatopus, 29 mai. interrupta, 3 mai lepida, 17 mai. meridiana , 29 avr. punctum, 10 mai. ribesii, 7 juill. rustica ; “ nai. scripta, 5 juin. sucecincta , 25 sept. ventralis, 8 mai. vidua , 15 mai. viridis, 29 avr. Termes flavicolle, Fab. 14 sept. malvæ, 14 avr. proto , 20 juin. sa0 , 28 avr. Gjuill. sidæ, 27 mai. Syrphus festivus, , 10 mal. mellinus , 24 juin. menthastri ; 19 avr. pyrastri, 29 mars, 16 oct ribesn , 10 nov. scriptus , Û juin. Syrtis crassipes ( Cimic.), 14 mai. La Tentyria mueronata , 14 févr. 29 juiw. Tepbritis cardui, 21 mai. Dés , 20 juin. solstitialis, 22 juin. viedemanni, 8 mai. Tetragnatha extensa , 16 mai. ( Aranea ). Tetrix bimaculata , 1 juin. subulata, 18 mai. Tettigonta viridis , 50 mai. Thais hypsipyle, 1: avr. medesicasle, 8 mai. Thanaos tages ( Hesperia ), 12 mai 6 oct. Thecla æsculi ( Polyomm.), 6 juin. betulæ, 5 juili. evippus , 19 juin. lynceus , 10 juin. quercüs, 5 juin. spini, 8 juin. walbum , 28 mai. Thomisus citreus (Aranea), 8 mai. Thrips physapus , 25 avr Thylacites fritillum { Cureul.), 19 août. pilosus , 14 mai. Tillus unifasciatus , 18 mai. Timarcha coriacea, 5 mars, 18 août , 5 dée. 16 662 de Timarcha tenebricosa , 1 févr., à sept. 19 oct. Timia margarita (Noctua?), 2 mai. Tinea crinella , 18 mai. granella , 16 avr. Tingis cardui , 14 juin. Tipula oleracea , 2 juin. Tortrix cynosbana , 21 mai. obliquana , 17 juin. viridana , 27 mai. Trachynotus foliator (Ichneum.), 16 mai. Trachyphlæus scabriusculus ( Curcul. ) 12 mars Trachys minuta, 26 avr. pygmaxa, 29 avr. Trachyscelis aphodioides 9 mars, 1 DOV. rufus, 10 mars, 2 nov. Trechus rubens, 13 mai, 24 août Trichodes alvearius , 19 mai. apiarius , 3 juill. leucospideus, 26 juin. Tridactylus variegatus , 26 avr. Urocerus juvencus sie }20 sept. noctilio \/ Vanessa antiopa , :0 mai atalanta, 16 janv 25 avr. 5 juill. c-album, 14 j juin, 30 sept. cardui, 30 juin io, 7avr. 18 juin. J-album, 25; janv.ro mai. polychloros, 23 févr. 28 mal. 1 Triphæna fimbria { Nortua ), 6 juill. ianthina , 15 juill. orbona, 24 juin. pronuba, 18 juin, 1 nov. subsequa , 24 juin. subsequa, var.consequa, 28 mai. Triplax nigripenuis , 6 juil, Trogosita cærulea , 23 juin. caraboïides , 23 mai. Trogus lapidator ( Ichneumon ) ); 16 mai. lutorius , 13 juill. Trombidium holosericeum, 7 nov. Trox hispidus, 26 avr. perlatus , 50 mars. Truxalis brevicoruis , 18 avr. nasutus , 51 août. Trypeta solstitialis , 7 juil. Trypoxylon figulus, 3 juil. Tychius cuprifer ( Curcul ), 18 avr. 1 juin. Typhonia melas(Bombyx), r9août U. Uropus uimi [ Bombyx | , 2 avr. Usia ænea , 14 juin. V. urlicæ , Q avr. 9 juin. Velia rivulorum, 16 janv. 7 sept. Venil'a maculata(Phalæna)29 juin Vespa 3-maculata, 3 juill. vulgaris,13 mars, 26 oct. Vesperus soliert , 25 août. strepens (Ceramb.)7 juil. Volucella inanis, 6 juin. 663 AE Xanthia aurago ( Noctua }, 15 oct. gilvago , 4 sept. gilvago , var palleago , 10 oct. pulmonaris , 8 mai. rufina , 9 oct, xerampelina , 14 oct. Xantholinus elegans, 4 nov. pyropterus , 16 mars, 2 déc. Z. Zabrus gibbus , 10 avr. 4 oct. piger, 23 mai. Zeuzera æsculi, 12 août. Zonitis bifasciata , 28 juin. mutica , 6 juin. nigricoruis , 23 juin. præusta , 23 mai. Zygæna erythrus , boisd. 1 juin. fausta, 9 juill. filipendulæ , 9 mai. X. Xylina exoleta { Noctua ) , 5 sept. 1 déc. lapidea, var. leauterii, 21 oct. rhizolitha , 5 août. Xylocopa violacea , 6 fév. 21 juin, 4 nov. Xylopoda dentana ( Tortrix ), 14 mai. nemorana , 51 août. L. bilaris , G juill. hippocrepidis , 16 juin. lasandulæ , 24 mai. occitanica , 2 juil]. onobrychis, 17 juill. rhadamanthus , 30 avr. saportæ , 17 juin. sarpedon , 18 juin transalpina , 6 juin. trifolii , 25 mai. annee à e- x ni ET este TONER Gr Mae UT 14e passent: Es | k CS LET NME | d LP LANTERNE: L AS [R AV " Se à phil MERS ts sf, ul Ve # £ | sw Le 1 es ram = t -, D Û A hs 2 + Vases TMS lntnat Du ad Ent EURE er pig avr Vekia rivulorum ffons + rent Er: Suit, VeniHétiéen la Diees D din Pa ES joie Lo V'esph atdlate, Frot À LEA n° er 2j pot rl 8 ort. 10!, ave ia . Nerperus "Lalbün. 15 pay À o mimi Sr el rtrehhoes 49 Avr, af Vol nain à ei CR EL Pr + TABLE 60 ALPHABÉTIQUE DES PLANTES. À. Acer campestre , 1 juin. mouspessufanum, 16 jnin. opubfolium, 17 juin. pseudo-platanus , 12 juin. Achillæa ageratnm, 22 juill. millefolium , 50 juin, 15 oct. nana , 1 mai odorata, 10 mai. tomentosa , 14 mai. Adiantum capillus veneris, 28 avr 19 aout. Adonis æstivalis, 26 avr. Ægilops ovata , 20 mai. triuncialis , 7 juin. Æsculus hippocastanum , 25 avr Æthusa cynapium , 19 mai. Agaricus campestris , 10 oct. À deliciosus , 24 nov. eryngl, 6 oct. Agrimonia eupatorium , 8 juin, 8 oct. Agrostemma gitago , 18 mai. Agrotis decumbens , 8 juill. minima , 16 janv. stolonifera , 21 juin. Aira minuta , 13 juin. montana , 27 Mai. Ajuga reptans , 7 avr. Alcea rosea , 5 juin. L Alisma parnassifolia , 15 juin. À. Alisma plantago , 15 mai Allium carinatnm , 5 juin. cepa , 1 Juill. chamæmoly , 4 févr moschatum , 20 sept. porrum , 15 juill. roseum, 16 mai sativum , 15 mai schænoprasum , 1 juin. Alopecurus bulbosus , 22 juin. Alsine media , 2 avr. 9 déc. Althæa cannabina , 16 août hirsuta , 26 mai. officinalis , 12 juin. Alyssum calycinum , 5 avr. maritimum, 5 janv 1OcL. Amaranthus viridis, 24 juil. Ammimajus, 13 juil. Amygdalus communis, 18 janv. 25 fév. 24 août, 29 déc. persica, 4 mars, 1 août. Anagallis phænicæa , 20 mai. tenella , 25 mai. Anagyris fœtida , 18 févr. Anchusa italica , 27 avr. üinctoria, 6 avr. Androsace maxima, 23 avr. Andryal: integrifolia, 19 juin. Andropogon ischæmum , 26 août, 7 DOV. provinciale , 2 Juill. A. Anemone coronaria, 10 fév.r avr. 30 déc. hepatica, 18 févr. nemorosa , 4 mars. stellata, { mai. Anethum feniculum , 18 juin. Anthemis arvensis, 30 avr. 13 déc. cotula , 14 juin. incrassata , 12 mai. Anthoxanthum odoratum, 16 avr. Anthyllis montana , 50 avr. tetraphylla , 26 avr. vulueraria , 21 avr. Antirrhinum cymbalaria , 21 mai. elatine , 14 juill. latifolium , 20 mai. majus , Q mai, 7 déc. orontium , 22 août pelisserianum , 20 mai. simplex , 9 avr. 15 juin, 15 Ov. spurjum , 14 août. Aphyllauthes monspeliaca , 2 mai Apium graveolens , 9 juin petroselinum, 10 juin. Arabis aspera , 19 mai Arbutus unedo, 17 janv. 3 nov. Arctium lappa, 13 mai. Arenaria media , Q mai. rubra, 17 mai. saxatitis , 4 juin. serpyllifolia , 24 avr. tenuifolia , 10 mai. tetraquetra , 13 mai. triflora , 13 juin. Aristolochia clematitis, 29 avr. pistolochia , 29 avr. . rotunda , 28 avr. Artemisia abrotanum, 16 juil. absinthium , 20 juin. dracunculus, 14 juin 660 A. paniculata, 18 août, vulgaris, 17 août. Arum arisarum , 20 avr. 7 nov. italicum , 18 avr. Arundo donax, 20 août. phragæmites , 9 août. Asclepias vincetoxicum, 9 avr. 20 juin. Asparagus acutifolius , 7 août. officinalis , 10 août. Asperula arvensis , 6 mai. cynanchica , 23 juin, 10 nov. Asphodelus fistulosus, 16 mai rammosus , 22 mal Asplenium adiantum nigrum , 20 mai, 30 nov. ceterach, 24 juin. hemionitis , 20 juill. ruta-muraria, 27 juin , 1 déc. scolopeudrium, 10 sept. Aster acris, 15 sept. 19 nov. tripolium, 8 sept. Astragalus cicer, 23 juin hamosus, 24 mai hypoglottis, 13 mai. incapus , 1 JUIN. massiliensis , 17 mal. monspessulanus, 5 mai. sesameus , 20 mai. Athamanta meum , 22 mai. Atriplex balimus 5 août hortensis , 1 juin. Avena bromoides , 16 juin. elatior , 3 mai, 23 nov. fatua, 11 mai. flavercens , 19 juin. pratensis, 17 juin Sativa, 19 Mai, 21 JUIR 667 B. Ballota nigra , 15 juin , 29 nov. Bartsia viscosa , 16 oct. Bellis annua, 29 avr. perennis, 14 janv. 27 août, 11 déc. sylvestris, 10 sept. Berberis vulgaris, 24 avr. Beta cicla, 10 juin. vulgaris , 8 juin. Betonica officinalis, 5 juill. Betula alnus, 29 avr. Biscutella hispida , 31 mai. saxatilis, r mai. Biserrula pelecinus , 14 juin. Boletus luteus , 27 sept. Borago officimalis , 4 mai. Brassica eruca , 27 avr. Hapus , 19 mal. oleracea , 2 avr. rapa , Q mai. Briza eragrostis, 19 juin, 25 août, 10 oct. maxima , 28 mai. Calendula arvensis, 11 janv. , 19 juin, 4 déc. Callitriche verna, 10 févr. Campanula erinus , 28 mai. glomerata , 10 juill. hybrida , 8 avr. persicifolia , 28 mai. rotundifolia, 24 juin. speculum , 15 mai. trachelium, 16 juill. Camphorosma monspeliensis, 30 juil. Cannabis sativa, 26 juin Capparis spinosa , 15 juin. Capsicum annuum , 50 juin. Cardamine hirsuta , 28 avr. pratensis, 29 avr. Carduus acanthoiïdes , 15 mai. nigrescens , 16 juin. B. media, 10 mai. Bromus arvensis , 35 mai. asper, 3 juin. distachyos , 18 mai, madritensis, 7 juin. rubens , 8 mars. secalinus , 11 avr. squarrosus , 17 mai, sterilis, 19 avr. tectorum , 1 mai. Bryonia dioica, 24 mai. Bryum cæspiticium , 1 mars. Bunias erucago , 6 avr. orientale, 19 mai. Buphthalmum aquaticum , 25 mai spinosum , 5 juin. Buplevrum fruticosum, 6 juin. gerardi , 26 mai. glaucum , 19 mai. odontites , 18 mai. rotundifolium , 31 mai. stellatum , 18 mai Buxus sempervirens, 14 mars. C. pycnocephalus, 2 mai. Carex acuta , 14 mai. glauca , 15 avr. gyuobasis , 6 avr. hirta , 20 mai. maxima AG) mai. muriCata , 27 mal. ovalis , 5 avr. schrebert, 13 avr. vesicaria , à mai. vulpina , 28 avr. Carliva acaulis, 24 mai. corymbosa , 20 juill. lanata , 23 juill. vulgaris, 25 mai. Carpinus betulus , 20 juin. Carthamus carduncellus, 1 juin. Janatus , 5 juill. tinctorius , 29 juin. (in Ç. Catananche cærulea , 7 juin. Caucalis anthriscus , 18 mai. daucoides , 12 mai. grandiflora , 14 juin. latifolia , 19 mai. leptophylla , 10 mai. nodosa 2 18 mai. Celtis australis, 12 juin. Cenomyce endiviætolia ( Lichen ), 11 OC. pyxidata, 50 avr. 15 nov. rangiferina , 5 oct. Centaurea aspera, 18 mai benedicta , 25 avr. calcitrapa, 17 juin, 14 nov. collina , 10 juin. conifera , 2 juill. crupina, 17 mal. cyanus , 6 mai. jacæa , 20 mai, 9 oct. montana, 25 mai. paniculata, 5 juill 29 oct. salmantica , 26 quil]. scabiosa , 2 4 mai. solstitialis, 50 juin, 17 déc. Cerastium aquatictun , 2 Juin. arvenise, 29 mai. semide Std um, 20 avr. viscosum , Q mai. vulgare , 20 mars. Ceratonia siliqua , 24 juin. Cercis siliquastrum , 6 avr. Cerinthe major, 24 avr. Chara vulgaris, 18 avr. Chærophyllum sylvestre , 17 avr. Cheiranthus cheiri, 20 janv. 4 avr incanus , 0 janv. Chelidonium corniculatum, 2 juin. glaucium , 30 an bybr idum , 30 avr majus , 27 juin. Chenopedium leiosper mum, 29 nov. viride , 21 juin. C. urbicum , 20 juin. vulvaria , 26) juin. Chironia centaurium, 18juin. Chlora perfoliata , g'juin , 16 nov. Chondrilla juncea , 20 juil. Chrysanthemum corymbiferum ; 9 juin. 26 avr. 25 oct. leucanthemum , segelum , 2 mai. Chrysocoma linosyris , 5 oct. Cicer arietinum , 16 mai. Cichorium endivia , 22 juin. intybus, 21 juin, 7 oct. Cineraria maritima , 4 juill. Cistus albidus , 14 avr. fumana , 2 mai. guttatus , 25 avr. belianthemum, 12 avr. hirtus 4 avr. ledifolius, 14 avr. ae » 29 avr. penicillatus , 12 mai. salvifolius , 2 mal. tuberaria , 4 mal. Citrus aurantium , 7 mal. medica , 4 mai. Clathrus caucellatus, 18 oct. Clavaria amethystina , 14 oct. coralloides , 12 oct Clematis flammula, 15 juin. vita{ba , 14 juin Clypæola jonthilaspi , 5 fév. 9 mai. Cnicus acarna , 8 août. arvensis , 28 juin. dissectus, 14 mai. eriophorus, 30 juin ferox , 25 juill. 27 oct linceolatus , 19 juil. 17 oct. monspessulanus , 26 jnil. Cochlearia coronopus , 20 juin. draba , 18 mars. Colchicum autumnale , 15 sept. Colutea arborescens , 18 avr Convallaria polygonatum , 23 mai. 669 Convolvulus arvensis, 2 juin. cantabrica , 3 mai. intermedius , 29 mail. lineatus , 26 mai. sepium , 25 juin. Conyza sordida , 17 mai. squarrosa, 20 juil. 25 nov Coris monspeliensis, 14 mai. Cornus mascula , 10 mars. sanguinea , 4 mai. Coroailla emerus , 15 mai. glauca, 13 mars, 27 déc. juncea , 14 juin. minima , 2 Mai. Corylus avellana , 10 déc. 26 déc. Cotyledon umbilicus , 27 juin. Cratægus aria, Qmai. azarolus , 15 mai. oxyacantha , 26 avr. torminalis , 15 mai. Crepis dioscoridis , 14 mars fœtida , 26 juin. hispida , 15 juin. nemausensis , 15 janv. 6 mai. zacyntha , 10 juin. D. Dactylis glomerata , 5 mai. Daphne gnidium , 28 juill. 20 nov. laureola, 19 févr. mezereum , 25 mai. tartonraira , 15 août. Datura stramonium , 10 août. Daucus carota , var. sylvestris, 28 juin , 24 oct. gummifer, 20 juin. Delphinium ajacis , 4 juin pubescens, 6 juill. Crithmum maritimum , 11 août. Croton tinctorium , 4 juill, Crucianella angustifolia , 11 juill. Crypsis schænoides , 14 août, Cucubalus behen , 16 mai. italicus, 2 mai otites , 22 juin. Cucumis melo , 18 mai. sativus, 18 mai. Cucurbita citrullus, 27 juin. pepo , 19 mal. Cupressus horizontalis, 21 févr. sempervirens , 8 févr. Cuscuta europæa , 28 juin. Cyathus vernicosus(Peziza), 1 avr. Cynara scolymus, 93 juin. Cynoglossum cheirifolium,24 mars pictum , 4 mai Cynosurus cæruleus, 7 mars. Cyperus flavescens, 14 sept. fuscus , 24 mai. longus, 16 mai. Cytisus argenteus , 27 avr. laburnum, 4 mai. sessilifolius , 20 avr. D. Dianthus asper , g août. caryophyllus, : juill , 28 déc. birtus, 6 juill. 22 nov. prolifer , 12 juin. Digitalis lutea , 25 juin. Dictamnus albus, 25 mai Dipsacus fullonum , 4 juill. sylvestris , 29 juin. Dolichos melanophthalmus, saoût. Dorycnium suffruticosum , 5 mai. Draba verna , 4 févr. 9 déc. 670 “ E de Echinops ritro, 14 juill. Echium australe , 8 mai. italicum , 25 mai. vulgare , 15 mai Elæagnus angustifolins, 15 mai. Elymus europæus, 25 juin. Encalypta vulgaris (Bryum),26 fév Epilobium angustifolium , 19 juin. hirsutum, 22 juin. montanum , 2) juin. Equisetum arvense, 8 avr. fluviatile , 18 avr. palustre , 15 mai. Erica arborea , 9 avr. mulüflora , 27 nov. viridi purpuréa , 20 mal. vulgaris, 15 mai. Erigeron acre, 8 août. canadense, 23 sept. glutinosum, 15 sept. viscosum , 28 août. Érodium cicutarium, 6 mai 31 déc. gruinum , 21 Ar. malacoides , 15 févr. præcox , 25 janv. romanum, 19 avr Eryugium campestre , 2 juill. maritimnm , 10 août. F. Fagus sylvatica , 5 mars castanea, 29 juin. Festuca br omoides , 27 mai. cæspilofa, 9 mai. ciliata , 4 avr, dumetorum , 11 mai. duriuscula , 16 avr fluitans , 25 mai. myuros, 4 mai. phænicoides, 17 juin. phleoides , 22 mai, Erysimum alliaria, 28 mars. canescens , 14 mai officinale, 16 mai, 2 déc. Ervum ervilia, 18 mai. lens , 20 mai. Evonymus europæus , 13 mai. Eupatorium caunabinum , 22 juin Euphorbia chamæsyce, 15 juin characias , 3 avr. 5 nov. Cyparissias , 7 avr. exigua ,6 juin. leats , 21 juin. gcrardiana , 25 mai. helioscopia , 26 janv. obseura , 15 mai. paralias , 15 août. peplis , 7 août. peplus , 28 févr. pilosa , 17 juin pithyusa , 16 août. serrata , 24 mars. segelalis , 20 mai. spinosa , $ juin. sylvatica , 25 avr. Euphrasia latifolia , 9 avr. linifolia, 19 août. odontiles , 11 sept. viscosa , 50 aoûl. F. Ficus carica, 4 mai, 8 juill. ; sept. l'ragaria vesca, 22 mars. Franbens intermedia, 12 juin, pulverulenta, 30 avr. Fraxinus excelsior, 5 mars. ornus , à mai, Fritillaria pyrenaica, 13 mai. Fumaria officinalis, 3 févr. spicata , 10 févr. Funaria hygrometrica ( Mnium ), 10 Mars. + 6 G. Galeopsis ladanum, 16 juin, 2 oct. Galium aparine , 23 mai. aristatum, 25 mai. cinereum, 10 mai. glaucum , 18 mai. maritimum , 2 juin mollugo, 12 mai. palustre , 16 mai. parisiense , 8 juin. pumilum , 29 mai. setaceum , 10 mal, tenpuifolium , 24 mai. verum, 30 avr. 21 oct. verticillatum , 25 mai. uliginosum, 15 mai. Garidella nigellastrum , 27 juin. Genista h'spanica, 12 avr. pilosa , r4 avr. tinctoria, 30 mai. Geranium dissectum , 25 avr. molle 22 mars, lucidum , 24 avr. pratense , 14 mai. Hi. Hedera helix , 16 sept. Hedysarum caput galli, 15 mai. crista galli, 7 juin. onobrychis, 19 mars, 22 déc. saxatile , 1 mai. spinosissimum, 17 juin. Helianthus tuberosus , 13 août. Heliotropium europæum , 23 juill peruvianum » 12 MArS. Helleborus fetidus 6 janv. 25 déc. Helminthia echioides { Picris ), 13 juin , 28 oct Heracleum sphondylium, 4 août Herniaria hirsuta , 27 mai. glabra, 20 juin. Hesperis africana , 24 avr. matronalis, 28 avr. verni , 20 avr. 71 G. pyrenaicum , 24 juin. robertianum, 24 juin. rotundifolium , 5 avr. sanguineum , 27 avr., 22 juil. tuberosum , 18 juin. Geum urbanum , 9 mai. Cladiolus communis , 15 mai. Glechoma hederacea , 8 avr. Globularia alypum , 20 avr. nana, 10 avr. vulgaris, 5 mars. Gouffeia arenarioides , 13 juin. Gnaphalium germanicum (Filago), 1 juin, luteo-album , 10 juill. stæchas, 12 juin, 20 sept. Grimmia apocarpa (Bryum)15 nov pulvinata, 22 fév. 12 déc. Gymnostomum truncatum (Bryuuwu), 24 févr. Gypsophila saxifraga , 16 juin. H. Iieracium andryaloides, 13 juil. aureum, 11 juil. barbatum , 12 juin. cerinthoides , 21 mai. halleri, 12 juin. murorum , 20 avr. pilosella , 15 avr. , 3 oct. Hippocrepis ciliata , 14 mai. ComoOsa , 11 mai, unisiliquosa , 25 mars. Folcus halepensis, 12 sept. lanatus , 23 avr. Holosteum umbellatum , 39 janv. Hordeum distichum , 2 juin. murinum, 15 mars, vulgare, 29 mai, 19 juin. Humalus lupulus , 26 juin, Hyacinthus comosus, 3 avr. non scriplus , 15 janv. EL. orientalis, 19 févr. racemosus , 13 févr. Hyosciamus albus , 25 avr. 9 août. uiger, 5 mai. Hyoseris scabra , 1 août, 8 nov. Hydnum imbricatum , 5 oct. Hypecoum pendulum , 8 mai. procumbens , 18 mai. Hypericum coris , 25 juin. LR Iberis linifolia , 15 mai. pinnata , 15 mai saxatilis , 29 avr. semperflorens , 19 janv. Iex aquifolium , 6 mai. Ilecebrum paronychia, 25 avr. Ioula bifrons, 12 août. dysenterica , 12 juill. birta , 23 juin. 1h Jasminum frutieans, 1 mai. odoratissimum , 21 janv. officinale, 16 mai, 26 sept Juglans regia , 19 avr. Jupcus acutiflorus, 14 juin. acutus , 16 janv. articulatus , 8 juill. bufonius, 1 avr. bulbosus, 21 mai. conglomeratus, 20 mai. effusus, 3 juin. glaucus , 20 mai. L. Lactuca perennis, 18 mai. saligna , 51 juill. saliva , 11 juin. scariola, 4 août. 67 H. moptanum , 22 juin. perforatum , r juin. tomentosum , 23 juin. Hypnum crista castrensis, 12 mars 31 oct. sericeum , 23 dec. serpens , 8 mars. Hyssopus officinalis , 25 sept. L. provincialis , 24 juin. Squarrosa, 23 juin. Iris florentina , 8 avr germanica , 6 avr. lutescens , 14 févr. pseudacorus , 15 maï. ._. pumila, 27 févr. Isatis tinctoria, 1 avr. J. Juncus lampo carpus, 14 mai. maritimus , 12 juin. Maximus , 19 avr. obtusiflorus, 10 juill. tenagela , 10 mai Jungermannia complanata, 11 mars. platyphylla , 13 mars. Juniperus communis , 1 nov. oxycedrus, 26 nov. phænicea , 13 févr. virginiana , 9 févr. L. Lamium album, 15 avr. amplexicaule, 7 déc. hirsutum , 23 mai. maculatum , 25 juin. L. Lamium purpureum , 13 avr. Lapsana communis , 13 mai. rhag-diolus , 8 juin. stellata , 23 avr. Laserpitium gallicum , 6 mai. siler, 14 juin. trilobatum , 15 juin. Lathræa squamaria , 26 mai. Lathyrus aphaca , 26 avr. cicera', 17 mai. hirsutus , 17 mai. nissolia , 16 mai odoratus, 11 avr. pratensis , 30 mai. rectus, 17 mai. sativus , 17 Mal. sphæricus, 15 mai. sylvestris, 24 mai. Lavandula latifolia, 19 juin. spica , 28 sept. stæchas , 25 avr. Lavatera olbia , 17 juill. trimestris , 19 sept. Laurus nobilis , 21 févr. Leontodon crispum, 20 juin. hirtum , 12 oct. hispidum , 12 mai. tuberosum , 29 juill. villarsii, 25 juin. Lepidium iberis , 20 juin. petræum , 7 févr. 21 déc. sativum, 24 juin, 21 nov. Ligustrum vulgare , 16 mai. Lilium candidum , 9 juin. M. Malva nicæensis , 29 mai. rotundifolia , 28 juin. sylvestris, 8 mai, 16 déc. Marrubium vulgare , 8 mai. Medicago coronata, 8 avr. denticulata , 14 mai. gerardi, 1 juin. L. Lilinm martagon , 7 juill. Linum campanulatum, 11 mai. catharticum , 18 juill maritimum , 29 août , 30 oct. parbonense, 2 mai. perenne, 16 avr. strictum , 9 juin. tenuifolium , 55 mai usitatissimum , 17 mai. Lithospernum arvense , 15 mai. fruticosum , 4 mai. officinale , 50 avr. purpureo- cæruleum , 6 avr. Lolium perenne , 18 mai. temulentum , 29 mai. Lonicera caprifolium 25 déc., 15 mai. periclymenum ,24 mai. pyrenaica , 26 mai. tatarica , 22 avr. Lotus corniculatus, var. major, 12 mai. var. villosus , 14 mai. hirsutus , 17 müi. rectus , 17 mal. siliquosus , 16 avr. Lycopus europæus, 15 juin,13 oct. exaltatus, 8 juin. Lycium europæum , 22 juin. Lysimachia nummularia , 27 juin. vulgaris, 4 juin. Lythrum hyssopifolia , 9 juill. salicaria , 20 juill. M. Medicago falcata , 1 juin. lupulina , 13 mars. marina , 27 avr. minima, 17 mail. muriCcata, 29 avr. 21 Juin orbicularis, 8 avr. nigidula , 5 juin. 674 M. Medicago sativa , 18 mai. Melampyrum arvense , 19 mai. Melica ciliata, 9 juil]. nutans 7 mai. ramosa , 25 mal. Melis:a nepeta, 26 juin , 4 oct. officinalis , 15 mai. Melittis melissophyllum , 25 avr. Mentha aquatica , 3 août pulegium, 23 juin, 25 oct rotundifolia , 23 juin. Mespilus amelanchier , 14 avr, pyracantha, 16 avr. N. Narcissus dubius , 16 mars. jonuquilla , 5 mars, 1 avr. odorus , 10 mars. poëticus , 19 avr. tazelta , 2 janv. 0. Ocymum basilicum , 6 juill. OEnanthe peucedanifolia, 16 juil. pimpinellifolia , 1 mai. Olea europæa , 22 mai » 25 nov. Ononis cherleri, 23 mai. minutissima , 1 juin. patrix , 12 juin: Spinosa , 15 juin. Onopordum acanthium , 18 juin. elongatum , 22 juil. Onosma echioides 17 mai. Ophrys anthropophor a , 20 avr. arachnites , 31 mars. bifolia , 15 juin. myodes, 20 avr. nidus-avis, 2 juin. pseudo-speculum , 26 mars. spiralis , 18 sept. M. Mercurialis anuua, Q mai., 22 nov. perennis , 26 avr. Mirabilis jalapa , 6j juin. Momordica elaterium , 25 juin. Morchella esculenta, 13 avr. Morus alba , 27 avr. nigra , 50 avr. Myagrum er ucæfolium , 6 mai. pauiculatum , 10 mai. perenne , 30 avr., 6 nov. Myosotis annua , 11 mars. apula, :3 jun. Myrtus communis, 28 juin. N. Nardus aristata , 5 avr Nepeta cataria , 21 juill. nepetella » 13 juin. Nerinm oleander, 14] juin. Nigella damascena ,7 juin. 0. Orchis abortiva , 18 mai. coriophora , 21 mai. laxiflora, 50 avr. maculata , 5 mai. militaris , 15 avr. morio , 15 avr. pyramidalis, 2 juin. Origanum creticum , 23 juin. majorana , 26 juiu. vulgare , 1 juill. Ornithog alum luteum , 6 mars. narbonense , 2 mai. nutans , 2 avr. umbellatum, 26 mars. Ornithopus per pusillus , 30 mai. Orobanche major , 3 mai. medicaginis , 22 Sep, minor, 10 juin. thymi-vulsaris, 7 juin 0. Orobus canesceus , 23 mai. Osmunda regalis , 25 oct. BP. Pæonia officinalis, 5 mai. Paliurus aculeatus , 27 mai Panicum crus galli, 21 août. dactylon , 6 août. glaucum , 25 juin: miliaceum , 20 juin. sanguinale 14 juiu. verticillatum , 11 août. viride , 18 juin. Papaver argemone , 5 mai. rhæas , 50 avr. sommiferum , 16 mai. Périetaria officinalis , 13 mai Parmelia ( Lichen) candelaria , 3 sept. caperata, 3 juin. Passerina hirsuta , 28 juill. Pastinaca sativa , 22 juin. Peucedanum officinale , 15 juin silaüs , 6 oct. Phalaris canariensis, 28 mai. cylindrica , 26 juin. Phaseolus vulgaris , 22 juin. Philadelphus coronarius ; 17 Mai. Phleum nodosum , 19 juin. Phlomis herba-venti , 22 juin. lychnitis, 20 mai. Phyllirea angustifolia , 12 févr. Jatifolia , 22 AVT. media , 20 avr. Physalis alkekengi \,21 avr. Picris hieracioides, 28 juin, 20 déc Pimpinella dioica , 14) juin. glauca , 13 juin. Pinus abies . 5 mai. cedrus , 7 mai. halepensis , 20 avr. laricio, 21 avr. picea , 25 avr. pinea , 5 mai, 0. Osyris alba, 2 mai. P. Pinus sylvestris , 28 avr Pistacia lentiscus , 31 mat, terebinthus, 14 avr. vera , 22 mai. Pisum sativum , 7 mai. Plantago albicans, 18 juin. arenaria, 52 mai. coronopus , 14 juin. gratminea, 2 août. lagopus 30 mars. lanceolata , 25 mars, 20 oct, major, 24 mai. media, 4 juin. pilosa, 10 avr. psyllium , 29 mars, 26 juin. subulata , 25 juin. victorialis , 50 mai. Platanus occidentalis , 22 avr. orientalis, 7 mai. Plumbago europea , 20 juin. Poa annua , 6 mars. bulbosa , 50 mars bulbosa , var. vivipara , 6 mai. compressa, 20 mai. eragrostis, 25 mai. maritima , 16 juin. pratensis , 21 avr. rigida , 28 mai. trivialis, 8 mai. Polycarpon tetraphyllnm, 25 mai. Polycnemum arvense , 20 sept. Polygala amara , 32 juin. saxalilis , 20 mai. vulgaris , 50 avr. Polygonum aviculare , 24 sept. aviculare, var. erectum, { juin. PI convolvulus , 17 juill. maritimum 7 ‘sept. persicaria , 18 juill. Polypodium vulgare , 8 juin. Polypogon monspeliensis , 13 juin. ( Alopecurus). Populus alba, 2 mars. fastigiala , 22 avr. nigra , O mars. Potentilla hirta, 15 mai. opaca , Q mars reptans , 12 mai. subacaulis , 13 mai. Poterium sanguisorba , 8 mai. Postulaca oleracea , 24 août. Prenanthes hieracifolia , 20 juill muralis , 25 juin. viminea , 21 juill. Primula aur he » 17 mars elatior , 22 mai. veris , 2 fév. Q. Quereus coccifera , 51 mars. ilex , 13 avr. R. Ramalina farinacea, 13 juin ( Licheu ). Ranunculus acris , 4 avr. aquatilis, 28 avr. arvensis, 14 mai. chærophyllos , 16 mai. falcatus , 13 févr. ficaria , 17 févr. flammula , 25 avr. muricatus, 2 mai. pyrenæus , 20 mal. repens , 12 Mal. Raphanus raphanistrum , 20 mat. salivus , 20 mai, Xeseda lutea , 50 juin. 676 P. Prunella hyssopifolia , 2 juin. Jaciniata , 8 juin. vulgaris 5 4 avr. O nov. Prunus armeniaca, 7 mars, 10 juil. armeniaca , var alexan- drina , 20 févr. cerasus , 28 mars, 10 juin. domestica , 26 mars, 28 juill. mahaleb, 10 avr. spinosa . 10 févr. Psoralea bituminosa, 14 mai. Pteris aquilina , 5 sept. Punica granatum , 19 juin. Pyrus amygdaliformis , 15 avr. communis , 7 avr. 5 juil. cydonia , 9 avr. malus , 10 mai , 12 sept. malus, var. pumila, 5 avr. Quercus pedunculata , 3 mai. robur , 29 avr. odorata , 3 févr. 16 déc. phyteuma, 4 juin, 5 déc. Rhamnus alaternus , 29 mars. catharticus » 10 mai. zizyphus , 3 juill. Rhinanthus crista galli , 19 mai. Rhus coriaria , 26 juin. cotinus , 17 avr. Ribes rubrum , 4 mai. Robiuia pseudacacia , 5 mai. Rosa canina , 17 mai. centifolia , 17 mai. indica , 8 janv. 16 mars. pimpinellæfolia , 22 Mai. remensis , 4 mai. R. rubiginosa , g mai. sempervirens , 18 mai spinosissima , 21 mai. Rosmarinus officinalis, 10 janv, 1févr., 11 mars, 3: déc. Rubia tinctorum , 14 juin. Rubus cæsius, 15 juin corylifolius , 20 mai. fruticosus , 15 mai. S. Sahx alba, 14 avr. amygdalina , 20 avr babylonica , 19 mars. caprea , 16 mars. helix , 5 mai. incaua , 18 avr. triandra, 15 avr. viminalis, 13 avr. vitellina , 15 avr. Salsola tragus , 0 juin Salvia clandestina, 16 janv., vr mars, 12 NOV. horminum, 12 juil. officina'is, r mai. pratensis, 10 avr. sclarea , 8 jnin. verbenaca , 10 mai. Sambucus ebulus 25 mai. bigra , 14 mars. Samolus valerandi, 6 juin. Sanicula europæa , 25 juin. Santolina chamæcyparissus, 25 juin. 19 oct Saponaria ocymoides, 2 mai. officinalis , 19 juill. /acCaria , 13 juin. Satureta capitata, r sept hortensis, 7 juill. montana, 4ojuill, 17 nov Saxifraga ajugæfolia , 12 mai. granulata , 22 avr rotundifolia , 51 mui. R. Rumex acetosa , 9 juin. acetosella , 9 avr. acutus , 18 mal. bucephalophorus,23 juin Crispus , 14 juin. obtusifolius , 12 juin. pulcher , 21 mai. Ruscus aculeatus , 13 avr. Ruta angustifolia , 28 juin. $ PES graveolens , 12 juin. S. tridactylites , 29 févr. Scabiosa arvensis , 5 mai. ntropurpurea, 28 nov. columbaria , 20 mai , 2! déc. gramontia , 25 juil]. leucantha , 2 juil]. stellata , 20 juin. succisa , 7 août. Scandix austr alis, 24 avr. ren ,1raoût. pecten , 25 mars. Scherardia arvensis , 18 mai. muralis, 15 mai. Seilla autumnalis, r4 sept. Scirpus holoschænus , 15 mai. lacustris, 20 juin. maritimus , 10 juin. palustris, 16 mai. Schænus mucronatus, 192 juin nigricans , 1 mai. Scolymus hispañicus, 4 juill. Scorpius subviilosa, 16 mai. Scorzonera angustifolia , 25 juin. hirsuta , 19 mai. hispanica, 17 juin, 4 déc. humilis, 12 juin. Scropbularia aquatica , 25 juin. canina , 26 mai. Secale cereale, 19 avr. 29 juin. Sedum acre , 16 mai. album, 24 juin. 48 S: Sedum anacampseros , 10 juill. desyphyllum, 10 juin. stellatum , 25 juin. Senccio doria , 21 juil. jacobæeæ, 3 31 noût, 30 oct. sylvatieus, 11 mai. vulgaris, 19 janv, Q mai. Serapias ensifolia , 18 nai. latifolia , 23) juin. lingua , O juin. rubra , 28 mai. Seseli glaucum , 6 sept wontanum , 15 juul. tortuosum , s1 oct. Sisymbrium altissinunr, 5 juin. columnæ , 3 mat, 1110 5; 25 mai, monense , 30 avr. naslurtium, 17 mai.iti nov. obtusanguium LS juill. poiy ceratium Lo 3 mai. sophia , 12 juin, syivestre , 3 juin, tenuifolitun , 25 févr., 2 Dov. Sium fulearia, 14 juin. latifolium , 3 juin. nodiflorum , 14 juill. Sideritis hirsuta, 17 mur. scordioides , à juin. Silene muscipula , 9 juin. uoctiflora , 19 inai. saxifraga , 7 juill. Sinapis erncoides , 4 jonv., O sept. 11 nov. Tamarix gullica , 7 mai. per mm anice, 29 mal Tamus commanis, 95: juin. Tonacetum balsamita , 25 juil. vuleare, 21 jmill. S. Smilax aspera , à sept. Smyrnium olus-atrum, 2a juin. Solanum dulcamara , 27 mai. lycopersicon , 11 mai. melongena , ok juin, nigrum , 26 juill. tuberosum , 29 juin. Solidago virgaurea , ñ sept. Sonchus arvensis , 2 août. oleraceus, 1 mai, 26 déc. picroides, 17 mai, 6 déc. Sorbns domestica, 11 avr. Spartium erinaceoides , Q juin. junceum , 5 mai, 24 déc. pargans, 18 mai. Scorpius ; 26 avr. Spinacia oleracea , 18 mai. Spiræa ulmaria , 9 juin. Stachys annua, 17 mai. arvensis, 17 Mai. recta , 15 avr. Stæhelina dubia, 93 juin. Stative armeria , 25 juin. echioides , 16 mai. plantaginea , 23 mai. Stelléra passerina , 8 sept. Stücta pulmonacea (Lichen), 2 juil. Stipa juncea , 15 juin. pennata, 51 mai. tortlis, 10 oct. Styrax officinale, 7 mai. Symphytum officinale , 2 avr. tuberosum, ñ avr Syringa vulgaris, 27 mars, 26 oet. T. Taraxacum officinale , 6 févr., 15 mars , 23 déc. palustre , r0 mai. Telephium imperati, 12 mai. Teucrium aureum , 5 juill. 679 T. Teucrium chamædrys , 14 juin. chamæpitys , 22 mars. flavum , 1 juin. iva , 10 mai. montanum, 15 juin. polium , 6 juill. pseudo -chamæpitys , 20 mai. scordium 93 août. Thapsta villosa , 25 juill, Thesium linophyllum , 19 mai. Thlaspi bursa-pastoris, 24 janv., 15 mai. campestre , 29 avr perfoliatum , 15 mai. saxatile , 21 juin. Thuja orientalis, 28 jauv. Thymus acinos , : juin. serpyllum , 27 juin. vulgaris , 21 mars. Tilia europæa , 5 juin. Tordylium maximum , 50 juin. Tortula muralis (Bryum), 25 jauv. subulata , 18 déc. Tragopogon crocifolium, 10 juin. dalechampi , 50 avr. picroïdes , 21 juin porrifolium, 51 mars pratense, 24 avr. 14 déc. Frichostomum barbuloides ( Musci}, 10 nov. Trigonella monspeliaca, 17 mai. U. Ulex europæus , 3 déc. uanus , 10 sept. provincialis, 14 mai. Ulmus campestris , 27 jauv. V. Valantia aparine , 28 avr. crucfata, 29 mai. TE. Frifolium agrarium, 5 juin, angustifolium , 27 juin. arvense , 15 juill. fragiferum , 15 juin. lappaceum , 16 mai. achroleucum , 16 mai. officinale, 1 mai, 22 déc. pratense , 7avr., 16 oct. rubens , 11 juin. repens , 6 mai. scabrum , 16 mai. spumosum , 15 juin. stellatum , 29 avr. suffocatum , 13 mai. Tribulus terrestris, 20 juin. Triticum hybernum, 26 mai , 24 juin. junceum , 12 Juin. repens, 21 juin. spelta, 27 mai. sylraticum, 19 juin. tenellum , 57 juin. Tuber cibarium, 22 sept. Tulipa celsiana , 28 mars. clusiana , 19 av. oculus solis, 18 mars. sylvestris, 5 avr. ÆKurritis glabra , 20 mars. birsuta , 5 avr. Tussilago farfara, 25 févr. fragrans, 24 déc. Ü. Ulmus suberosa , 15 févr. Urtica dioica , F1 juin. pilulifera , 7 mai. ureus , 7 janv. V: Valantina muralis, 25 févr. Valeriana calcitrapa , 24 févr. Y. Valeriana rubra, 8 mai, 13 nov. Valerianella auriculata, 24 avr, coronata, 21 mars, echinata , 17 avr. hamata, 8 mai. pumila, 3 mars. Velezia rigida , 8 juill. Verbascum blattaria, 18 juin. nigrum, 19 juin, 4 nov. thapsus, 15 juill. Verbena officinalis , 16 juin. Veronica agrestis , 9 janv,. anagallis, 11 mai, arvensis, 20 mars, 10 déc. beccabunga , 21 avr. chamædrys, 11 mai. hederæfolia, 22 janv. officiualis , 24 juin. triphyllos, 10 avr. X. Xanthium spinosum, 3 sept, strumarium , 21 juin. Z. Zannichellia pallustris , 20 mars. 680 Y. Viburnum lantana, 11 avr. tinus , 1 janv. Viccia cracca , 7 juill. faba, 5 janv. , 27 avr. hybrida , 13 avr. peregrina , 1 mai. sativa, 7juill. sepium , 20 mai. Vinca major, 15 févr. Viola arvensis, 10 mai. canina , 16 avr. odorata , 1 mars. odorata, var, semper flo- res, 8 déc. tricolor, 3 mai. Viscum album , 11 févr. oxycedri, 28 sept. 10 nov. Vitis vinifera , 15 juin, 13 août, 21 sept. X. Xeranthemum annuum , 26 juin. Z. Zostera oceanica, 27 mars. 681 ERRATA. PAGE 372, ligne 26 — beronus — lisez berosus. 374 , ligne 21 — drominus -— lisez dromius. 383, ligne 15 — uns — lisez nos. 407, ligne 18 — après le motvariétés — ajoutez pommier nain. 414, ligne 4 — le Var — lisez (le Var ) 418, ligne 1re — 4 la place de id.— lisez sous les pierres, 425, ligne 1re — steliris — lisez sterilis. 430 , ligne 15 — lisez Degeerella. 436, ligne 3,— il creuse — lisez elle creuse. 438, ligne 24 — formicatus — lisez forficatus. 455, ligne 1'e — garex — lisez carex. 479, ligne 14 — après agathis major, nob. — ajoutez annal, entomolog. 1845. 484, ligne 11 — après pivoine double — “joutez annal. entomol. 1845. 502, ligne 18 — effacez les mots déjà citée. 506, ligne 18 — effacez diplolepis quercüs folii. 512, ligne 17 — commun — lisez commune. 514, ligne 15 — vagans nob.— lisez cursor nob. ann. entom. 1845. 516, ligne 2— gracilia brevipennis — ajoutez (Longic.} 592, ligne 26 — après commune — ajoutez annal. entom. 1845. 538, ligne 4 — après ann. soc. entomol.— ajoutez 1834. 547 , ligne 223 — coucomasse — lisez coucoumasse. 548 , ligne 16 — après enfomolog.— ajoutez 1836, tom. 4 p.586. b50, ligne 6 — après ruisseaux — ajoutez ann. entom. 1849. PAGE 01, higne 6 — célidoine — lisez chélidoine. 556, ligne 7, ahgynnis — lisez argynnis. 556, ligne 16 — entomol. — ajoutez 1834. 902, ligne 3 — 18 — lisez 1834. 063, ligne 1 — dianthur — lisez dianthus. 072, ligne 8 — 3-faciatus — lisez 3-fasciatus. 570 , ligne 21 — œsha — lisez æschna. 590, ligne 15 — près — lisez prés. 622, ligne 22 — ann. s00. entomol. 18 — lisez ann. scienc.natur. 18. 637, ligne 7 — quadam — lisez quædam. 653 ,2'° colonne — aætosellæ — lisez acetosellæ. 654, 1" colonne, ligne 8 — cribrella — ajoutez 8 juill. 655, 1re colonne, ligne 6 — lateralis —- ajoutez 17 août. 676, 1'e colonne, ligne 14— postulaea — lisez portulaca. 683 TABLE DES MATIÈRES DU CINQUIÈME VOLUME. PAGES DISCOURS SUR L'ALLIANCE DE LA RELIGION ET DE L’'AGRI- eyciure, par M. l'abbé Sibour...........:... 1 COMPTE-RENDU DES (TRAVAUX DE L'ACADÉMIE, par Mhlerdoctenr:PAVAN- SN de te eee Nan NOTICE SUR LA VIE ET LESÏOUVRAGES DE JE AN-ANTOINE CONSTANTAN, pan M°J-FPorte.e.- 5... 001 DEUX FABLES suivies d’un DISCOURS EN PROVERBES PRO- VENCAUX, pariMd'AStroS DIM... (oi DE LA PLANTATION DE LA VIGNE, par M. de Bec, Direc- teur de la Ferme-modèle des Bouches-du-Rhône... 137 NOTICE SUR QUELQUES ARTISTES PROVENÇAUX , par MSP PO ME ET Re cernes cadeau te IDD NOTICE SUR L'ÉGLISE SAINT-JEAN DE MALTE, D'AIX (intrà muros ), par M. l'abbé E.-F. Maurin ....... 201 DISCOURS DE RECEPTION, par M. l'abbé Coquand..... 309 RÉPONSE , par M. l’abbéËSibour ….................. 343 POÉSIES, par M.le marquis d’Arbaud-Jouques...... 349 CALENDRIER DEËFAUNE ET DE FLORE , POUR LES ENVIRONS D’AIxX, par M. Boyer de Fonscolombe........ +... 997 TABLE ALPHABÉTIQUE DES INSECTES ....... nr EU 7 TABLE ALPHABÉTIQUE DES PLANTES. ................ 669 ERRATA..... Dod Oo oc R 90 date o oo eco oloie do ME CoininuiS à 581 Ne 56, - T dites ARLES MOTEURS ds Sr à x "29140 so ob". 1 à Fu . ñ 211 h3 44 | Et ..satf-0h sir aob #16Dôm-2er19 À LE D aust :_, Me Adearona BATETRA SOMTID PTE LS DOTE DTA MN En 6h04 LL, MF + HAE à TAN NE MAR THIAR “Sens 532 znvon | 108 00 Ds . aFtsb . A bdde'l ME 1uq aou dre MY 1008 …. 12 baaupoD dus’, R'ETTE Loir 220) CAT AIDE Be" MST AN NT RENE 2 006 Nero à - QE 2 sspoépusdA etsproin of .M 64