Q7 TL LAS DT 4, de as { À . = _ * nr e vs TT e sit ne PRE - Éd LE Los MÉMOIRES ° DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES, INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES | | À k DE TOULOUSE. | 4: SÉRIE. mi Tome Da rotation TOULOUSE, IMPRIMERIE DE JEAN-MATTHIEU DouLADÉERE, RUE CRAN * 41. 185$ MÉMOIRES TC'ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES, INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES DE TOULOUSE, —0—— Cinquième Série. TOME II. TOULOUSE, IMPRIMERIE DE JEAN -MATTHIEU DOULADOURE , rue Saint-Rome, #4. 1358. ÉTAT > | PSN \ CO UE ER + DATES ELA SE LY Ve AE AT, QG? —— 5 / ME RS E 4 ALT (A D DL: ME & A0 é: \ Ta | Le v \ N . 1 CE Re OMJQE T4 | A7, 7e RE à VER fn. MRTA VE” se : LA. she eqhéla à * Wa 1e WE : AUOT Fa FA : TER AE DE 74 AE rot Le 4 4 "A + TO RAUTONE. CAE UURAR - AUS Liu à ni CR TENTE | LU ÉTAT DES MEMBRES DE L'ACADEMIE AU 1e JANVIER 1858. OFFICIERS DE L’'ACADÉMIE. M. FILHOL %, Professeur à la Faculté des sciences, Pré- sident. M. MOULINS *#, Professeur et Doyen de la Faculté des scien- ces, Directeur. M. VITRY (Urbain) #%, ex-Ingénieur-Architecte en chef de la ville, Secrétaire perpétuel. M. MOLINIER , Professeur à la Faculté de droit, Secrétaire adjoint. M. LARREY (Auguste) #, Docteur en chirurgie, Trésorier perpétuel. ASSOCIÉS HONORAIRES. Mgr. l’Archevèque de Toulouse. M. le Premier Président de la Cour impériale de Toulouse. M. le Préfet du département de la Haute-Garonne. M. pe Beaumoxr (Elie), C. #£, Sénateur, Secrétaire perpétuel de l’Institut (Classe des sciences), Commandeur de l’ordre du Christ. M. FLourexs, C. %#, Secrétaire perpétuel de l'Institut (Classe des Sciences). M. LarerRiëRe, O. %<, Membre de l'Institut de France, Inspecteur général de l’enseignement supérieur. 1v ÉTAT DES MEMBRES ASSOCIÉS ÉTRANGERS. M. Liouvizce %, Membre de l’Institut de France, à Paris. M. Visconti (le Commandeur), Commissaire des Antiquités à Rome. M. Micaecer % , Membre de l’Institut de France, à Paris. M. Dumas, G. O. %, Sénateur, Membre de l’Institut de France, Inspecteur général de l’enseignement supérieur , à Paris. ACADÉMICIEN-NÉ. M. le Maire de Toulouse. ASSOCIÉS LIBRES. M. Léox (Joseph), ex-Professeur à la Faculté des sciences. M. Ducasse (Jean-Marie-Augustin) #, Professeur honoraire et ancien Directeur de l'Ecole de médecine. ASSOCIES ORDINAIRES. CLASSE DES SCIENCES. PREMIÈRE SECTION. SCIENCES MATHÉMATIQUES. Mathématiques pures. M. Brassixne, Professeur à l'Ecole d'artillerie, rue des Cou- teliers, 53. M. Mouws %, Professeur et Doyen de la Faculté des scien- ces , rue du Lycée, 1. M. Gascmeau %, Professeur à la Faculté des sciences, rue des Couteliers , 49. Mathématiques appliquées. M. Gavrier % , ancien Professeur à l'Ecole d'artillerie, rue Saint-Rome, 23. M. Viry (Urbain) #, ex-Ingénieur-Architecte en chef de la ville, allée Louis-Napoléon, 3. DE L’ACADÉMIE. Y M. Guerzes (Joseph-Auguste), C. #£, %, Colonel du génie en retraite. M. Gureaz (Jules) , Ingénieur-Architecte en chef de la ville, rue Pargaminières , 71. Physique et Astronomie. M. Perir % , Professeur à la Faculté des sciences , Directeur de l'Observatoire, correspondant de l'Institut de France. M. Laroque, Professeur de Physique au Lycée de Toulouse, rue de l’Echarpe, 12. M. Dacunx , Professeur à la Faculté des sciences, allée Louis- Napoléon , 15. DEUXIÈME SECTION. SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES. Chimie. M. Couserax, Pharmacien, rue Cujas, 14. M. Macxes-Lanens (Charles), Pharmacien, rue des Coute- liers, 24. M. Ficnoz (Edouard) #£, Professeur à la Faculté des sciences, rue Saint-Etienne , 14. M. TimBaz-LaGRave (Edouard), Pharmacien , rue Parga- minières, 84. Histoire naturelle. M. Frizac (François) #%, ex-Conseiller de préfecture, Bi- bliothécaire de la ville, cloître Saint-Etienne. M. Leymente , Professeur à la Faculté des sciences , rue des Aris,t15 M. Jocx , Professeur à la Faculté des sciences, quai de Brienne , 9. M. Lavocar, Professeur à l'Ecole vétérinaire, Econome de l’Académie , à YEcole. M. D. Ccos, Professeur à la Faculté des sciences, Directeur du Jardin des Plantes , au Jardin des Plantes. Médecine et Chirurgie. M. Larrey (Auguste) #%, Docteur en chirurgie, rue du Taur,, 17. * vj ÉTAT DES MEMBRES M. Noucer, Professeur à l'Ecole de médecine, rue du Lycée, 8. M. Gaussaiz, Professeur à l'Ecole de médecine, rue Duranti, 1. M. Dessarreaux-Bervarn, Docteur en médecine, Bablio- thécaire , rue Deville, 5 M. Dassier ( Auguste) #£, Directeur de l'Ecole de médecine, rue des Couteliers, 46. CLASSE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. M. ou Mice (Alexandre-Louis-Charles-André) #, ex-Ingé- nieur militaire, l'un des Directeurs du Musée de Toulouse , rue des Trois-Renards, 3 M. Packs, Avocat, rue des Récollets, 69. M. Gamien-Aroucr, Professeur à la Faculté des lettres , boulevard Napoléon , 1. M. Crausozres, Homme de lettres, rue Louis-Napoléon , 41. M. Hamec %, Professeur à la Faculté des lettres, rue Deville, 3. M. Sauvace % , Professeur et Doyen de la Faculté des lettres , à l'hôtel de la Faculté, rue Matabiau, 13. M. pe VacquiÉ, Avocat, ancien Magistrat , rue des Fleurs, 13. M. Ducos % , Avocat, ex-Conseiller de préfecture-, rue Merlane, 2. M. Barry, Professeur à la Faculté des lettres , allée Saint- Michel, 4. M. Mounir , Professeur à la Faculté de droit, rue Ma- laret, 12: M. Dusor (Marcel), Avocat, ancien Magistrat, rue Mage, 20. M. Asrre (Florentin) #, Avocat, ex-Conseiller de Préfec- ture, rue des Fleurs, 18. M. Decaviexe %, Professeur à la Faculté des lettres, rue Ma- tabiau, 56. M. A. Caze 3%, Conseiller à la Cour impériale, rue Mage, 24. DE L'ACADÉMIE. vi] ASSOCIES CORRESPONDANTS. CLASSE DES SCIENCES. PREMIÈRE SECTION. SCIENCES MATHÉMATIQUES. Mathématiques pures. M. Tissié, ancien Professeur de mathématiques, à Mont- pellier * (1). M. Vasse DE Sanr-Ouex % , Insp. d’Académie en retraite. * M. Desreyrous, Prof. suppl. à la Fac. des sciences, à Paris. M. Sar-Guicuem % , Ingénieur en chef des Ponts et Chaus- sées, à Perpignan. * M. Ticor, Professeur de mathématiques, à Castres (Tarn). M. CaraLaw, Professeur de mathématiques , à Paris. M. Sorn, Censeur au Lycée de Versailles. * M. le Prince A. ne Poriexac # , Capitaine d'artillerie. Mathématiques appliquées. M. Lermier %, Commissaire en chef des poudres et salpé- tres, en retraite, à Dijon. M. A. Paque , Professeur de mathématiques à l’Athénée royal de Liége. Physique et Astronomie. M. Barsey , Professeur au Lycée de Besancon. M. Sorui , Professeur au Lycée de Zournon. M. Caaumonr % , Officier supérieur du génie maritime, à Cherbourg.” (x) Les Associés correspondants dont les noms sont suivis d’un astéris- que *, sont ceux qui ont été Associés ordinaires. vii] ÉTAT DES MEMBRES M. Decun , Professeur de physique, à Lyon. * M. Romner , Professeur, à Paris. M. Dauriac (Mathieu), à Toulouse. M. Sanuqué (Adolphe), de Poitiers , à Paris. M. le Baron Pecer, G. O. %, Sénateur, Membre de l’Institut de France, Général de division , à Paris. M. n’A8ganie (Antoine) %, de Navarreins (Basses-Pyrénées), Correspondant de l’Institut de France , à Paris. M. Lavcier %, Membre de l’Institut et du Bureau des Lon- gitudes , à Paris. M. Luis, Astronome à l'Observatoire de Paris. DEUXIÈME SECTION. SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES, Chimie. M. Bouts, Pharmacien , à Perpignan. M. Francois # , Ingénieur en chef des mines, à Paris. M. Fowrax (Amédée) #£, Docteur en médecine, à Bagnères- de- Luchon. M. Dusarn, Doyen de la Faculté des sciences de Rennes.” M. Fauré , Pharmacien, à Bordeaux. M. Barrczrar , Pharmacien , à Mäcon. M. Boeax, Pharmacien, à Chambéry (Savoie). M. Cnarix % , Professeur à l'Ecole de Pharmacie, à Paris. Histoire naturelle. M. Lorseceur »E Lowccuawes, Docteur en médecine, à Paris. M. Tournai fils, Pharmacien , à Narbonne. M. Boupée (Néréc), à Paris. M. pe CHESsnEL , à Paris. * M. Farnes , Pharmacien , à Perpignan. M. Lacrëze-Fossar , Avocat, à Moissac. M. ve Quarreraces %, Membre de l'Institut de France (classe des Sciences) , à Paris. ” tete DE L'ACADÉMIE. ix M. Rozcaxo pu Roquan (Oscar), à Carcassonne. M. Sismoxna (Eugène) *#<, Professeur de Zoologie à la Faculté de Zurin. M. Mere, Professeur au Lycée de Marseille. M. LeresouLer, Prof. à la Faculté des sciences de Strasbourg. M. Durour (Léon) #, Docteur médecin, Correspondant de l'Institut de France, à Saint-Sever (Landes). M. Scnimrer, Conservateur des collections de la Faculté des sciences de Strasbourg, Correspondant de l'Institut de France. M. Moucror O %, Docteur en médecine , Correspondant de l’Institut, à Bruyères (Vosges). M. Gassies, Trésorier de la Société Linnéenne, à Bordeaux. M. Larrer ( Edouard) #, Avocat , à Seissan par Auch. M. Moquin- Tannox >, Membre de l’Institut de France, Professeur à la Faculté de Médecine de Paris. * M. Guiserpe DE Narace , Docteur en médecine , à Messine (Deux-Siciles ). M. pe Mausos | Jules), Membre de la Société géologique de France et de plusieurs autres Sociétés savantes , au Chäteau de Saint-Victor par Saint-Ambroix (Gard ). M. Poucrer #, Professeur de zoologie au Muséum d'histoire naturelle de Rouen, Corresp. de l’Institut de France, à Rouen. M. Le Jous, Archiviste de la Société des sciences naturelles, à Cherbourg. M. RoumeGuërE (Casimir), naturaliste, Membre de plusieurs Sociétés savantes nationales et étrangères, Lauréat de l’Acadé- mie, à Z'oulouse. M. BuzatmEs , Docteur en médecine , à Limoux (Aude). Médecine et Chirurgie. M. Scourerrex *< , Docteur en médecine, à Metz. M. Prerqu DE GEemeroux, Inspecteur de l’Académie , à Grenoble. M. Muxarer , Docteur en médecine, à Brignois (Rhône). M. Hurn (Félix), O.#, Chirurgien en chef de l'Hôtel des Invalides, à Paris. x ÉTAT DES MEMBRES M. Barsavez , Docteur en médecine, à Carpentras. M. Payax (Scipion), Chirurgien en chef, à l'hôpital d'4ix. M. le Baron H. Larrey, O. %, Inspecteur du service de santé militaire, Chirurgien de S. M. l'Empereur. M. Le Cœur , Professeur à l'Ecole de médecine de Caën. M. Cazexeuve %e, Directeur de l'Ecole de médecine, à Zille. M. Bracuer %, Docteur en médecine, à Zyon. M. Heraro (Hippolyte), Docteur en médecine, à Paris. M. Beauroiz, Docteur en médecine, à /ngrandes (Indre- et-Loire ). M. Cosres, Professeur à l'Ecole de Médecine, à Bordeaux. M. Armieux, Chirurgien aide-major au 12° régiment d'in- fanterie légère. M. Borceau pe CasrTeLnau >, Docteur en médecine, Membre de plusieurs Sociétés savantes , à Nîmes. M. Mauren , Docteur en médecine, à Baume-les-Messieurs par Voiteur (Jura). M. Mazave , Docteur en médecine , à Anduse (Gard). CLASSE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES. M. Dam, Avocat, à Condom (Gers). M. Rewou, C. #, ancien Conseiller au Conseil de l'ins- truction publique , à Paris. M. Cnampozuon - Ficeac %% , à Fontainebleau. M. Weusss, O0. %, Bibliothécaire de la ville de Besancon, Correspondant de l’Institut de France. M. le Baron Caaupruc pe CRazannes, O %, Correspondant de l’Institut de France, Officier de l’Université, à Castelsar- rasin. M. Davezac pe Macaya fe, garde des archives de la marine, à Paris. M. pe Lamorag-Lancon (Léon), membre de plusieurs Ordres, à Paris.Ÿ M. Foresr, Sous-préfet d'Oloron. M. Cnarces-Maco % , Homme de lettres, à Paris. DE L'ACADÉMIE. x] M. CwarPENTIER DE SaitT-Presr { Jean-Pierre), Inspecteur d’Académie en retraite, à Paris. M. Bercer DE Xivrey ( Jules) #<, Membre de l’Institut de France , à Paris. M. Rarn, Professeur royal Danois , à Copenhague. M. Rrauo , Homme de lettres, à Marseille. M. ne Aa %, Correspondant de l Disliiné de France, à Caën. M. Souquer , Avoué, à Saint-Girons. M. Duraurier (Edouard) #%< , Professeur à l'Ecole des lan- gues orientales vivantes, à Paris. M. DE Saint-FELIx-MAUREMONT , %, »%< , ancien Préfet , à Mauremont. M. Mas-LatRe (Louis ), de l'Ecole des chartes, à Paris. M. Cros-Mayrevieicce , Docteur en droit, Inspecteur des monuments historiques , à Narbonne. M. Bresson (Jacques), Négociant, à Paris. M. Mere , Avocat, à Castelnaudary. M. DE BRIÈRE, à Paris. M. Couees (Anacharsis) #, à Castres. M. De Lacuisine #%, Conseiller à la Cour impériale de Dijon. M. Durcor ne Morras #, à Paris. M. RicarD ( Adolphe ), Secrétaire général de la Société archéologique , à Montpellier. M. Perer (Auguste) %, Inspecteur des Monuments histo- riques , à Mismes. M. GarriGou (Adolphe), Propriétaire, à Tarascon (Ariége). M. Tmisaucr, Officier de l'Université, principal du Lycée de ’alence (Drôme). M. pe LAvEerGxE, O. %<, Membre de l’Institut de France, à Paris. * M. Baron DE Moxrsez % , ancien Ministre. * M. Jacquemin, Homme de lettres, à /rles ( Bouches-du- Rhône). M. Foxps-LaMoTHE , Avocat, à Limoux | Aude). xi] ÉTAT DES MEMBRES DE L'ACADÉMIE, M. Temrigr, Avoué près le Tribunal civil de Marseille. M. CLos (Léon), Avocat, à Pillespy (Aude). M. Boucuer DE Crevecogur , de Perthes %, Président de la Société impériale d'émulation de la Somme, à Æbbeville. M. Bascce ne Lacreze, Conseiller à la Cour impériale, à Pau |Basses-P yrénées ). M. Crozss (Hippolyte), Juge au Tribunal d’4{bi (Tarn). M. l'Abbé Caxero, Vicaire général , à Auch. M. J. L. Dessazues, Archiviste, à Périgueux. M. German, Professeur à la Faculté des lettres de Montpellier. M. le Chevalier pe LE BibarT DE THumaine , Docteur en droit, à Liége. M. pe Crausane, Homme de lettres, à Rabastens (Tarn). M. Barrocomeo Bowa, Professeur à l’Université de Turin. M. Sreckerr , Proviseur du Lycée à Châteauroux. M. Lasar , Organiste de la Cathédrale de Montauban. M. Burvour , Professeur à la Faculté des lettres, à Nancy. M. pe Barrmecemy, Auditenr au Conseil d'État , à Paris. M. Cenac Moxcaur , Homme de lettres , à Mirande (Gers). M. Huevexix, Professeur d'histoire au Lycée impérial de Metz. M. Bouparo, Membre de plusieurs Sociétés savantes, à Béziers. AVIS ESSENTIEL. L’ACADÉMIE déclare que les opinions émises dans ses Mémoires doivent être considérées comme propres à leurs auteurs, et qu’elle n’entend leur donner aucune approba- tion ni improbation. MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES, INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES DE TOULOUSE, MÉMOIRE SUR LES ERODIUM PETRÆUM WILLD., CRISPUM LAP., LUCIDUM LAP. , MACRADENUM L'HER. ; Par M. E. TIMBAL-LAGRAVE. # Les Erodium lucidum et crispum ont été établis, pour la première fois, par Lapeyrouse, dans son Histoire abrégée des Plantes des Pyrénées, p. 290. Il distingua ces deux plantes des £. petræum et macradenum, qu'il avait trouvées aussi dans les Pyrénées. Depuis cette époque, les floristes ont considéré ces deux plantes Lapeyrousiennes comme des variétés ou des variations de l'Erodium petreum de Wilidenow et de Gouan. De Candolle (FI. franc. vol. v, p 839, n° 4530) distingue les Æ. petrœum et macradenum , et réunit au premier les Æ. lucidum et cris- pum de Lapeyrouse. Mais il nous semble probable que le cé- ièbre auteur de la Flore française ne connaissait pas suffisam- ment les deux plantes des Pyrénées, qui ne sont pour lui que 9° S,— TOME II. 1 2 MÉMOIRES de simples variations dues à la pubescence pius ou moins abon- dante. Nous sommes portés à croire que son jugement a été basé sur les descriptions incomplètes de Lapeyrouse ; car il est certain que s’il avait eu sous les yeux nos deux espèces, et surtout s’il les avait vues vivantes, il n’aurait pas fait un pa- reil rapprochement. M. Duby (Bot. gall. 1, p. 103) ne fait pas mention des Erodium lucidum et crispum. M se demande s'il ne faudrait pas réunir le macradenum au petræum? M. Duby n'avait pas vu ces plantes; il signale même le macradenum, d’après de Candolle. Lapeyrouse, dans son Supplément à l'Histoire abrégée des plantes des Pyrénées, répondit à de Candolle; mais le ton co- lère et passionné qui dirigea sa plume, fait perdre à ce recueil une grande partie de la valeur des observations qu'il contient. Dans ce travail, Lapeyrouse chercha à défendre les deux es- pèces nouvellement créées par lui; mais au lieu d'établir de nouveaux caractères, il ne fit qu'étendre ceux qu'il avait déjà signalés. Ayant trouvé, en 1816, une nouvelle forme qui s’éloignait sensiblement de celles qu’il avait déjà distinguées, qui même participait des caractères de l’une et de l’autre, et semblait en tenir le milieu , il la rapporta à celle dont elle se rapprochaïit le plus, et en fit une variété, pour se tirer plus facilement d’af- faire, sous le nom de lucidum Ê prostratum ; mais il ne l’ac- compagna d'aucun caractère distinctif pour la séparer du type. S'il était permis de soupçonner la bonne foi scientifique de Lapeyrouse , on s'expliquerait pourquoi il a gardé le silence sur les caractères différentiels de cette plante. En effet, on conçoit aisément que s’il eût dit que sa variété £ prostratum avait les pédoncules, les pétioles et les calices couverts de poils, ses grands caractères , lisse, glabre, luisante, disparaissaient ; et comme il ajoute dans le même article, en parlant des onglets des pétales du lucidum , qui sont velus : ce sont les seuls poils qu'il y ait sur loute la plante , ses adversaires n'auraient pas manqué de lui dire que cette variété était l'intermédiaire du petræum au DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 3 lacidum , et qu'ils avaient donc raison de les réunir. Lapey- rouse comprit sans doute sa position ; il vit qu'il allait donner des arguments à ses ennemis; et voulant, quand même, dé- fendre ses espèces , il garde le silence. Plus tard , quand il fit son Herbier, qui est déposé à la Faculté des sciences, il mo- difia son opinion en faisant de la variété lacidum £ prostra- tum une espèce sous le nom d’Z. cærulescens. La mauvaise méthode d'observation suivie par Lapeyrouse lempêcha d'indiquer les véritables caractères de ces £rodium , et de répondre victorieusement à de Cañdolle, qui observait les plantes bien mieux que lui. Il porta toute son attention sur la quantité plus ou moins grande de poils, sur leur nature simple ou glanduleuse, sur la coloration des fleurs, sur la forme et la nervation des pétales, et sur l'odeur de ces plantes; carac- tères généralement considérés comme variables ; et il négligea complétement les organes de la fructification , qui fournissent toujours de sûrs et constants caractères spécifiques; il ne tint aucun compte de la station et de l'époque de la floraison , de manière qu'après sa réponse, la question reste douteuse comme avant. De Candolle, dans le Prodrome (t. 1, p. 625), fut obligé de revenir sur les Ærodium crispum et lucidum. Cette fois , au lieu d’en faire des variations du petrœum , il en fit des va- riétés , soit que pour lui ces deux mots eussent la même signi- fication, soit qu'il crût nos deux plantes plus distinctes qu’il ne l'avait d'abord pensé , ii dit : variété 8 foliis villosioribus, £. crispum Lap. , variété y foliis glabratis , E. lucidum Lap. Loiseleur Deslonchamps (F1. gall. 11, p. 90), connaissant la critique que fit de Candolle sur les £rodium lucidum et crispumn, et la réponse de Lapeyrouse, et n'ayant pas sans doute vu les deux plantes pyrénéennes , fut très-embarrassé de les classer convenablement. Il prit un terme mixte qui signifie le doute, en faisant deux variétés, 6 et y, tout simplement, sans ajouter un seul caractère qui distinguât ces variétés. Depuis la publication des Flores de Lapeyrouse, de Candolle, Duby et Loiseleur, qui forment la première phase de l’histo- n MÉMOIRES rique de nos plantes ; le docteur Bubani, qui est celui qui, depuis Lapeyrouse, à le mieux exploré la chaîne pyrénéenne, a publié une brochure intitulée , Schedulæ criticæ. Dans ce travail, plein d'érudition, ce botaniste réunit nos quatre plan- tes en une seule espèce, exactement comme Duby inelinait à le faire. Pour notre part, tout en rendant hommage au savoir du botaniste de Bagnacavallo , nous ne pouvons partager son opinion, qui est aussi celle des botanistes linnéens. Nous ne croyons pas, d’après nos propres observations, à la variabilité des plantes , comme l'entendent ces éminents observateurs ;: à un polymorphisme tellement étendu , qu'il permette de réunir en une seule espèce quatre où cinq plantes qui, pour nous et pour d’autres, sont autant d'espèces bien déterminées. Nous pensons, nous, que les espèces ont des limites plus restreintes , et que par suite elles sont plus nombreuses. Sans nier cependant la propriété qu'ont les plantes, de varier un peu selon qu’elles sont soumises à l'hybridation ou à d’autres influences bien connues, nous croyons ces influences moins nombreuses et surtout moins puissantes que ne le pensent en général les partisans de la réduction des espèces, et la déno- mination des variétés n’exprime pour nous qu'un signe de doute , une espèce de réserve, en attendant que de nouvelles observations nous permettent d'étudier complétement ces formes douteuses, et de les ranger à leur véritable place. Ainsi, dans la brochure du docteur Bubani, que nous avons citée, il réunit en une seule les Ranunculus parnassifolius L., pyreneus L., plantagineus AI. , amplexicaulis L., et angustifolius DG, toutes plantes qui sont autant d'espèces pour nous et pour la grande majorité des botanistes. Nous avons vu à ‘Toulouse le docteur Bubani, un des plus rudes partisans de la réduction des espèces ; nous avons très- souvent discuté ces questions fondamentales de la botanique descriptive ; mais , il faut l'avouer , nous n'avons pu nous con- vaincre mutuellement; chacun de nous est resté avec ses rai- sons bonnes où mauvaises, DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES. 5 Pour terminer la seconde période des auteurs qui ont écrit sur les Zrodium, nous devons citer la Flore de France de MM. Godron et Grenier. Ces deux botanistes reviennent tout simplement à l'opinion de la Flore française de de Candolle, qui consiste, comme nous l'avons déjà dit, à réunir à l’£ro- dium petrœum Willd., les Æ. lucidum et crispum comme de simples variations sans importance. Mais ils distinguent comme espèce l’£rodium macradenum YH. Cependant , la description qu’ils donnent de l'£rodium pe- trœum nous prouve que ces deux floristes avaient vu nos plantes. Ainsi , ils disent des feuilles velues ou velues glandu- leuses, glabres luisantes, planes ou crépues : l'est bien facile de voir dans cette phrase les feuilles des £rodium petræum , crispum et lucidum ; s’il nous fallait encore une autre preuve, les localités citées ne laissent aucun doute à cet égard. La localité de Medasolles, montagne voisine du pic Cessiré, citée par eux , se rapporte à l’Ærodium cucidum Lap. ; Notre-Dame de Cases de Pena, au crispum Lap.; la Clappe et le pic Saint-Loup au petræum. 1 nous semble donc que nos trois plantes ont passé sous les yeux de ces messieurs ; mais il est probable qu’ils ne les ont vues que desséchées en herbier, et, qu’entraînés par l'autorité de de Candolle et de plusieurs bota- nistes , ils ont suivi leur manière de voir. Devant ces diverses opinions , entourées de l’autorité des sa- vants botanistes qui les ont formulées, nous avons dü être très- circonspect , et nous entourer de tous les documents possibles pour vaincre les difficultés. Nous avons d'abord étudié ces plantes dans les auteurs, depuis Gouan et Magnol, qui, les premiers , ont parlé d’un Geranium petræum, jusqu'à la Flore de France et de Corse, terminée l’année dernière. Nous avons ensuite examiné avec le plus grand soin les plantes qui avaient servi de type à Lapeyrouse pour faire ses descriptions : son Herbier nous a offert pour cela des échantillons très-complets et bien préparés. Nos recherches ne se sont pas bornées à ces deux études ; nous avons voulu voir ces plantes vivantes dans leur lieu natal ; nous avons exploré plusieurs fois le Midi et les 6 MÉMOIRES Pyrénées , où nous avons cu occasion d'étudier les £. pe- trœum WN., lucidum, crispum et macradenum ; c'est donc le résultat de nos recherches que nous allons faire connaître : nous espérons apporter quelques éclaircissements à la déter- mination de ces plantes critiques , et modifier l'opinion généra- lement adoptée. ERODIUM PETRÆUM ( Geranium Gouan.) Willd. sp. 3, p. 626. Loiseleur, FI. gall. 11, p. 90. DC. FI 5, p. 839. Gren. ct God. F1. de Fr. et C. 1, p. 312, ex parte, Lap. Hist. abr. Pyr., p. 590, Geranium pelræum cicutæfolio , radice crassa, fetidum Mag. Monsp. 109. Gouan. Ill. t. 21, f. 1. = Voy fiss-4 E. Pédoncules axillaires tri-quadriflores dépassant peu les fouilles, hérissés dans toute leur longueur de poils simples étalés; pédicelles de 20 millim. , couverts aussi de poils sim- ples étalés , très-nombreux ; bractéoles ovales courtement acu- minées, hérissées sur la face inférieure; sépales largement ovales, à nervures vertes très-saillantes, couverts de poils longs simples ; la nervure médiane dépasse le limbe et forme un mucron long hérissé; pétales trois fois plus longs que les sépales , obovales, se recouvrant un peu par les bords, légère- ment émarginés au sommet; onglet cilié; filets des étamines glabres ; bouton globuleux avant l'épanouissement de la fleur ; valves du fruit couvertes de poils blancs appliqués, déclinés des deux côtés; bec de 30 millimètres , formant quatre tours de spire à la maturité, munis sur la face interne de poils longs égaux blanchâtres ; graine allongée obluse à la base, longue de & millimètres et large de 1 millimètre 25. Elle con- serve la même largeur dans presque toute son étendue, mais elle s’amincit brusquement en une pointe très-courte ; on re- marque au sommet une saillie de 1 millim. 33 formée par le raphé ; sa surface est sillonnée en long de stries fines visibles à la loupe; feuilles ovales dans leur pourtour, planes, tri-pen- natipartites à lobes principaux, séparés par de petits lobules linéaires entiers, aigus; hérissées aux bords ct glabriuscules DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. g sur les faces, surtout vers la fin de la floraison ; tous les poils sont simples; pétioles striés, hérissés de poils simples étalés ; stipules lancéolées courtes, aiguës, éloignées du pétiole et for- mant un angle obtus avec lui; souche vivace, ligneuse, tor- tueuse, étalée sur le sol, colorée en rouge foncé, produisant vers le sommet plusieurs bourgeons qui donnent naissance à des rosettes de feuilles ; toute la plante répand une forte odeur peu agréable ; fleurs roses avec des veines purpurines. Elle fleurit au commencement de mai ; elle est très-répanduc dans le midi. Nous l’avons observée, en 1850, au mont Alaric, près Carcassonne, et à la Grasse, dans les basses Corbières ; en 1851 , à la Clappe, au roc de Pastouret, à Lebrettes, près de Narbonne ; en 1857, au pic Saint-Loup, près Montpellier ; enfin , nous l’avons vue desséchée de la valiée d'Eynes. Elle préfère les roches calcaires. ERODIUM CRISPUM. — Lap., Hist. abr. Pyr., p. 390. — (Voy. fig. 2.) ÆE. Pédoncules axillaires tri-quadriflores dépassant peu les feuilles , hérissés dans toute leur longueur de poils simples courts appliqués, et de longs poils étalés glanduleux ; pédi- celles de 20 millimètres, couverts aussi de poils simples et de poils slanduleux très-nombreux, bractéoles ovales acuminées, hérissées sur la face inférieure ; sépales largement ovales à nervure blanchätre très-saillantes ; la nervure médiane se pro- longe en un mucron {rès-hérissé : pétales obovales se recou- vrant à peine par les bords, entiers, deux fois plus longs que les sépales , d’un rose pâle avec des nervures purpurines, plus foncées sur deux pétales vers les onglets; le bouton, avant l'épanouissement de la fleur est ovoïde ; valves du fruit cou- vertes de poils blancs appliqués déclinés des deux côtés; bec de 35 millimètres, formant quatre tours de spire à la maturité, muni sur la face interne de poils simples égaux 7aunâtres ; graine allongée, obtuse à la base, longue de 3 millimètres 95 et large de 1 millimètre 20. Elle conserve la même largeur dans presque toute son étendue, mais elle s'amincit brusquement en $ MÉMOIRES une courte pointe; on remarque d’un côté une faible carene, et de l’autre côté, au sommet , une saillie de 1 millimètre 33, formée par le raphé; sa surface est lisse à la loupe ; feuilles ovales dans leur pourtour, créprres, tri-pinnatipartites , à lobes principaux , séparés par des lobules linéaires lobulés à leur tour, obtus, hérissés sur toute leur surface et sur les pétioles de poils simples courts, et d'autres plus longs glanduleux ; stipules lancéolées courtes aiguës, éloignées du pétiole, et for- mant un angle obtus avec lui; souche vivace ligneuse, tor- tucuse, étalée sur le sol, colorée en brun jaunâtre , et produi- sant vers le sommet plusieurs bourgeons qui donnent naissance à des rosettes de feuilles; toute la plante a un peu d’odeur, mais bien moins que le Petrœum. Elle fleurit fin mai. Nous avons récolté cette plante, le 28 mai 1852, à Notre- Dame de Cases de Pena, près de Perpignan, sur le calcaire, localité indiquée par Lapeyrousc. ERODIUM MACRADENUM l'Her. Ger. t. 1; E. Glandulo- sum Wild. sp. 3, p. 628 ; DC. FI. Fr. 4, p. 839 ; Duby. Bot. Gall. 103; Lois. FI. Gall. 2, p. 8. Æ. graveolens Lap. Hist. abr. Pyr., p. 390 ; Æ. radicatum Lap. FI. Pyr. 1, | RAS (Voy. fig. 3.) E. Pédoncules axillaires dépassant beaucoup les feuilles tri- quadriflores couverts de longs poils simples, et d’autres glan- duleux ; pédicelles de 25 à 30 millimètres, couverts de poils slanduleux très-nombreux ; bractéoles ovales blanches , sca- rieuses aux bords, vertes sur le dos, ciliées glanduleuses ; sé- pales elliptiques allongés, arrondis aux deux bouts, ciliés glanduleux à nervures noirâtres très-saillantes; la nervure médiane dépasse le limbe , et se termine par un mucron très- long ; pétales INÉgaux , ovales aigus, violacés, les deux plus grands tachés de pourpre noirâtre à la base; onglet cilié; filets des étamines glabres ; valves du fruit couvertes de poils longs simples, déclinés des deux côtés, moins nombreux que dans les précédents ; bec de 4 millimètres , formant cinq ou six tours de spire, couvert en dedans de poils jaunes à la matu- DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 9 rilé, très-longs, et par-dessus de poils courts appliqués, glanduleux ; graine de 4 millimètres 42, allongée, lisse, non striée ; obscurément trigone , conservant la même largeur dans sa plus grande étendue, s’amincissant seulement vers le tiers supérieur, puis se terminant brusquement en pointe ; large de 1 millimètre 42; saillie formée par le raphé, 1 mil- limètre 20 ; feuilles planes, ovales dans leur pourtour, très-grandes, ri-pennatipartites, à segments à huit lobes principaux, séparés par d’autres lobes entiers lancéolés ; co- lorées en vert jaunâtre, hérissées de poils glanduleux, les lobules des feuilles ne se recouvrent pas et laissent entre eux des vides très-réguliers ; pétioles hérissés , glanduleux, très- dilatés à la base ; stipules ciliées, glanduleuses, /ancéolées non cuspidées, écartées du pétiole comme dans le petræum, un peu arquées au sommet; souche vivace très-volumineuse, cachée dans le sol et terminée par plusieurs rosettes de feuilles. Elle fleurit en juillet et août , sur les rochers granitiques. Nous l'avons récoltée en 1849 dans les Pyrénées centrales, près l'hospice de Venasque, et nous l'avons vue aussi dans l’herbier de M. le D' Viollet , venant de Néouvicille. ERODIUM LUCIDUM Lap. Hist. abr. Pyr., p. 390, Æ. luci- dum $ prostratum Lap. suppl., pag. 94, £. cœærulescens Lap. Herb. £.petrœæum y lucidumDC.prodr.1, p.645.—(V. fig. 4.) Æ. Pédoncules axillaires dépassant les feuilles, bi-triflores , hérissés de quelques poils sémples ascendants où tout-à-fait glabres , pédicelles de 10 millimètres, couverts de poils simples appliqués, peu nombreux; bractéoles lancéolées acuminées , glabres , ou avec quelques poils très-courts sur la face infé- rieure; sépales elliptiques à nervures saillantes rougeûtres , scarieux aux bords et légèrement ciliés , couverts, dans le bas, de poils {rès-courts et très-appliqués , ce qui lui donne l'aspect cendré, ou bien tout-à-fait glabre ; pétales une fois plus grands que le calice, tous égaux, étroitement obovés, se rejoignant à peine, entiers, concolores, onglets ciliés, filets des étamines glabres ; valves du fruit couvertes de poils longs étalés, à peine 10 MÉMOIRES déclinés de chaque côté; bec de 25 millimètres, formant quatre tours de spire à la maturité, couvert sur la face inté- rieure de poils inégaux très-longs ; graines ovales lisses , rou- goûtres, longues de 2 millimètres 69 , larges de 0 millim. 72, s’amincissant insensiblement vers le sommet, et se terminant en pointe, cylindriques et présentant vers le sommet une saillie de 0,53 mill., formée par le raphé ; feuilles glabres, luisantes, rougeûtres, planes, binnatipartites, ovales dans le pour- tour , à cinq segments, séparés entre eux par des lobules en- tiers opposés et longuement décurrents sur le rachis; glabres ou parsemées de quelques poils isolés ; pétioles glabres ou hérissés de poils ascendants, peu dilatés à la base, non striés ; stipules lancéolées, aiguës, cuspidées, ciliées au som- met seulement , et rapprochées du pétiole de manière à ne for- mer qu'un petit angle aigu. Souche vivace, ligneuse, couchée dans les détritus végé- taux, près de la surface du sol; son écorce est brunâtre , pro- duisant vers le sommet des rosettes de feuilles ; plante com- plétement inodore. Elle fleurit en août et septembre, sur les rochers granitiques ou schisteux ; nous l’avons récoltée plusieurs fois à cette épo- que au pic Cessiré, près Bagnères-de-Luchon, dans les Pyré- nées centrales. L'Erodium petræum Willd. se distingue par ses pédoncu- les et pédicelles couverts de poils simples étalés, ses pédicel- les du double plus longs que dans le /ucidum et moins longs que dans le macradenum; par ses bractéoles moins longue- ment acuminées, très-hérissées ; par le calice plus globuleux, hérissé de poils simples même sur le mucron ; par ses pétales concolores plus grands que dans les trois autres; par les valves du fruit couvertes de poils nombreux très-déclinés, plus nom- breux et moins longs; par le bec de moyenne longueur , trente millim.; par l’arête couverte sur la face supérieure de poils courts, simples, trèsnombreux, et sur l'intérieur de poils longs, égaux, jaunâtres ; par ses graines plus grosses que DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 11 dans le lucidum , moins que celles du macradenum , finement striées, cylindrique, conservant la même largeur jusqu'au sommet ; par ses feuilles d’un vert jaunâtre, glabriuscules, pla- nes à cinq lobes principaux; par les lobules qui séparent les lobes principaux sessiles, entiers non décurrents ; par ses stipu- les plus courtes, plus écartées du pétiole ; par sa souche étalée sur le sol, fortement colorée en rouge ; par sa floraison très- précoce et sa station méridionale qui ne s'éloigne pas du calcaire. L'Erodium crispum Lap. est très-voisin du petræum , ettient le milieu entre les deux ; c’est le moins caractérisé des quatre ; cependant il me semble devoir constituer une espèce, par ses pédoncules et pédicelles couverts de poils simpies et glandu- leux (1); par ses calices à nervures blanchâtres, couverts de poils glanduleux ; par ses fleurs à nervures plus foncées, deux pétales maculés à la base, plus étroits; par sa graine lisse; par ses feuilles plus longuement pétiolées, crépues , à cinq lobes ; lobules entre les lobes principaux, obtus, dentés ou lobés ; souche plus robuste, moins colorée, fleurit un peu plus tard ; les poils courts, simples et les poils longs glanduleux qui cou- vrent toutes les parties du crispum , changent complétement le facies de cette plante, et la font distinguer à première vue. Cette pubescence particulière, qui était caractéristique pour Lapeyrouse, rapproche le crispum du macradenum ; les pé- tales sont un peu maculés à la base, mais bien moins que dans ce dernier ; il est, en outre, plus robuste que le petræum , mais moins que le macradenum , qui est le plus élevé des trois. Le macradenum est parfaitement distinct par ses pédoncu- les deux fois plus longs, ainsi que les pédicelles couverts de poils glanduleux et de quelques poils simples; par ses bractéoles très-grandes , acuminées, bien plus scarieuses aux bords ; par son calice ovoïde à nervures noirâtres ; par ses sépales grands, elliptiques , terminés par un long mucron glanduleux ; par ses pétales plus étroits, elliptiques, aigus au sommet , les deux plus (1) Les poils glanduleux sont des poils cloisonnés simples comme ceux du macradenum. 12 MÉMOIRES grands marqués vers l'onglet d'une tache noir-pourpre; par ses fruits plus gros , plus longs de trente-cinq à quarante milli- mètres , offrant à la face interne des poils jaunes à la maturité ; par ses graines lisses un peu trigones , très-grosses ; par ses feuilles couvertes, comme toute la plante, de poils simples peu nombreux, et d’autres en plus grand nombre glanduleux , à sept à huit lobes principaux , ceux de la base beaucoup plus longs que les supérieurs ; ce qui rend la feuille largement ovale dans son pourtour, divisions des lobes très-fines , égales, et laissant entre elles des espaces vides, réguliers ; par la souche souterraine très-grosse , par sa floraison plus tardive, enfin par sa station alpine, préférant les rochers granitiques ou schisteux. Le lucidum Lap. est très-distinct des trois précédents ; il a le facies du macradenum ; il présente deux formes, une parfaitement glabre (Zucidum Lap.), et l'autre un peu hé- rissée | cœærulescens L.); il se distingue par ses pédoncules et ses pédicelles moitié moins longs , couverts de poils simples , arqués, ascendants; par ses bractéoles insensiblement acumi- nées, glabrescentes ; par son calice ovoïde , couvert à la base de poils courts, simples, appliqués, ce qui lui donne l'aspect farineux ou cendré; sépales elliptiques à nervures rouge-som- bre, mucron glabre ; par ses pétales égaux , une fois plus longs que le calice, concolores ; valves du fruit couvertes de poils plus longs, moins appliqués et moins déclinés, à bec couvert sur la face interne de poils inégaux , simples , courts et d’autres très- longs, blancs; les extérieurs courts, ascendants ; par ses grai- nes rouges , de moilié plus petites, insensiblement atténuées en une pointe fine; ces graines ont beaucoup d’analogie avec celles de 'Erodium cicutarium forma triviale ; par ses feuilles épaisses , planes , glabrescentes, rougeâtres ou d’un vert som- bre, à cinq lobes principaux, séparés par des lobules simples entiers , largement décurrents à la base d’un lobe à l’autre; les divisions des lobes se recouvrent les unes les autres de manière à laisser peu de vides entre elles, pétioles glabres ou hérissés ; par ses stipules lancéolées , cuspidées , rapprochées du pétiole ; DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 13 par sa souche grosse, ligneuse, brunâtre, étalée sous le sol, sa floraison plus tardive et sa station particulière. Dès le début de notre étude, nous avions donné à la variété B prostratum du lucidum Lap., le nom d’Erodium Lapeyrou- sianum , parce que cette plante nous paraissait différente des autres formes , par la pubescence constante de ses pétioles , ses pédoncules et ses calices ; nous fondions alors notre opinion, comme les auteurs, sur les descriptions de Lapeyrouse , et nous plaçant à son point de vue, nous la distinguions comme espèce , comme lui-même avait été obligé de le faire dans son Herbier. Mais en poursuivant nos recherches , nous avons étudié toutes ces plantes dans l’Herbier de notre compatriote ; après un examen mioutieux, nous avons vu que le lucidum est complétement glabre, tandis que la variété que nous réunissons aujourd'hui a constamment les pétioles, les pédoncules et le calice hérissés de poils simples ; mais tous les autres organes sont identiques dans les deux formes. Nous devons dire, pour être vrais, que nous n'avons pas vu les graines du lucidum. Nous devons ajouter, en terminant , que l'Erodium luci- dum Lap. est le seul de toutes ces espèces que nous n’ayons pas étudié à l’état frais, en vie ct dans son licu natal ; nous avons fait deux voyages pour récolter cette plante ; mais, chaque fois, le mauvais temps nous a empêché d'atteindre notre but. Si donc de nouvelles recherches venaient à démontrer que l'Erodium lucidum 8 prostratum Lap. fût une espèce distincte, ce que nous ne pensons pas en ce moment , notre plante du pic Cessiré que nous réunissons aujourd’hui au lucidum, devrait reprendre le nom d'£rodium Lapeyrousianum , nom sous le- quel nous l'avons distribué depuis trois ans à nos correspon- dans. 1% MÉMOIRES EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. 4. Enoniun PErræun Willd. Graine grossie (40 fois). Longueur de A en B...,..........s..e..e LEE Largeur de G en D.............. secs ee Longueur de la saillie du raphé de B en E....... Fig. 2. Enoniux crispum Lap. Graine grossie (10 fois). Longueur de A en B................ Écoboalb 00 Largeur de C en D....... desnnee use dé e DCELEE Longueur de la saillie du raphé de B en E....... Fig. 3. ERODIUM MACRADENUN l’Her. Graine grossie (10 fois). Longueur de A en B..... sons eos ee ee Largeur de C en D....... Ho do SL avdooc ee Longueur de la saillie du raphé de B en E....... Fig. 4. Enoniux Lucinuu Lap. Graine grossie (10 fois). Longueur de À en B.......... s5 toto roonse » Largeur de Cen D......%2...,...., SHbag or Longueur de Ja saillie du raphé de B en E....... 4mn (00 14 25 A 37 5um 95 1 20 1 33 Ann 42 1 42 1, 20 9m 69 D'or? 0 53 DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 15 NOTE SUR UNE MANDIBULE DE MASTODONTE A DENTS ÉTROITES (MASTODON ANGUSTIDENS), Retirée de la molasse sous -pyrénéenne ; Par le D' J.-B. NOULET. ILest acquis.à la science que des restes osseux d’un grand proboscidien fossile, appelé Animal de Simorre par les pre- micrs naturalistes qui le connurent (1), et depuis, plus géné- ralement désigné sous le nom de Aastodonte à dents étroites (Mastodon angustidens) (2), ont été fréquemment retirés des couches de molasse ( sables et argiles plus ou moins carbona- tés), qui constituent le sous-sol de la région sous-pyrénéenne. L'arrondissement de Lombez ( Gers) est un de ceux qui ont le plus abondamment fourni des restes de cette espèce, caracté- ristique du terrain tertiaire moyen ou miocène dans le Sud- ouest de la France et ailleurs. (1) Réaumur, Acad. des Sciences de Paris, 1715, p. 174. — Buffon et Daubenton , Jlist. nat., tom. xiI. (2) On ne s’est pas toujours bien entendu sur le nom spécifique que doit porter ce Mastodonte. Voici la synonymie qui nous parait la plus sûre : MASTODON ANGUSTIDENS (Maxima pars), G. CüVIER , Ann. du Mus., t. VIT, p. 401, pl. 66 et 67 (1806), et Recherches sur les oss. foss. 17e édit. (1812), et 2e édit. (1825). MASTODON ANGUSTIDENS , DE BLAINVILLE , Ostéogr. : Gravigrades; Elephas , pag. 246. MASTODON LONGIROSTRIS, P. GERVAIS, Zool. et Paléont. fr. , texte, p. 38, non M. LONGIROSTRIS , KAUP. MASTODON SIMORRENSE , LARTET , Note sur la colline de Sansan, pag. 24. (1851.) 16 MÉMOIRES Il ya peu de jours que M. Debats, conducteur des ponts et chaussées à Lombez, nous a remis un assez grand nombre de débris d’ossements de Mastodonte à dents étroites découverts dans le bassin de la Save, sur le territoire de la commune du Planté , à l'extrême limite du département du Gers, vers celui de la Haute-Garonne. La pièce la plus intéressante parmi ces restes, consiste en une mandibule ou maxillaire inférieur , dont la portion posté- ricure, angles et parties montantes, manque, mais qui offre, quoique plusieurs fois fracturée , dans un état suffisant de conservation , la symphyse de l'os converti en rostre et portant à son extrémité les deux incisives ou défenses inférieures. En effet, un des traits les plus remarquables de ce Masto- donte est de présenter un prolongement exagéré du maxil- laire inférieur à l’endroit de la symphyse , d'où résulte une sorte de rostre , légèrement incliné d’avant en arrière, rétréci vers le tiers postérieur , convexe , arrondi en dessous, et creusé longitudinalement en dessus d’une large gouttière suffi- samment profonde. Les incisives ou défenses inférieures sont confusément pris- matiques à trois pans ; leur face supérieure est presque plane avec une dépression longitudinale , et comme elles sont un peu arquées en dedans, la face externe est légèrement convexe et l'interne concave. Ces dents sont constituées par une sorte d'ivoire particulier, disposé par couches concentriques. Elles avaient leur base creusée d’une cavité conique profonde. Notre savant ami , M. Edouard Lartet, d'abord , et posté- rieurement M. de Blainville, firent remarquer le singulier prolongement du maxillaire chez ce Mastodonte. Dans son Ostéographie, M. de Blainville fit figurer un maxillaire prove- nant de Tournan (Gers } , mais dont l'extrémité du rostre n'était pas intacte. De plus , le savant anatomiste ne possédait que les pointes libres des deux dents incisives, trouvées hors de place. Il fit représenter celles-ci offrant, ce semble, leur concavité en dehors et leur convexité en dedans, de telle sorte qu'elles offrirent un écartement d'autant plus considérable , DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 17 qu'elles s’éloignaient davantage de leur point de départ, de facon à être très-divergentes par leurs extrémités. Le rostre qui vient d'être découvert au Planté, donne la preuve qu'il n’en était pas toujours de même, et que si, à la longue peut-être, ces dents pouvaient, par une sorte de dévia- tion, s'écarter parlois vers leurs pointes, elles étaient rappro- chées dans leur état normal. Dans notre morceau , les incisives offrent un écartement de 0,2 à leur sortie des alvéoles ; bientôt elles se rapprochent et se côtoient parallèlement. Ainsi juxtaposées, elles forment en avant de l'os maxillaire une extrémité mousse , obtuse et arrondie , taillée un peu en biseau aux dépens de la face supé- rieure. Leur saillie hors de la mâchoire est de 0",16. La longueur totale des incisives, constatée à l’aide des frac- tures offertes par le rostre, est de 0",64, par conséquent la racine avait 0",48 de long. Le rostre, mesuré depuis les apophyses géniennes à son ex- trémité libre, en avant, donne une longueur de 0,55. Le point le plus rétréci se trouve à 0",36 de sa pointe; il a de largeur 0",9. Le point le plus élargi, qui est à 6,13 de la pointe, a de largeur 0,15. Le rostre a subi, sous la pression des couches qu'il avait eucs à supporter , une légère déviation de droite à gauche, mais qui n'a pas sensiblement modifié sa forme générale, ni sa cour- bure. La portion dentaire des branches de la mandibule n’existe que du côté gauche. Elle porte des débris de deux molaires. L'antérieure devait être presque entièrement usée à la mort de l'individu auquel l'os appartenait. Parmi les débris osseux recueillis avec le maxillaire qui vient de nous occuper , nous avons trouvé plusieurs tronçons de dé- fenses supérieures, malheureusement d’une conservation peu satisfaisante , altérées qu'ont été ces dents dans la couche géolo- gique qui les recélait. L'extrémité de l’une d'elles a pu néan- moins être rétablie sur une longueur de 0w,60. 5° $.— TOME II. 2 15 MÉMOIRES Il est à regretter que les ouvriers de M. Debats aient brisé diverses autres pièces du même gisement qui leur semblèrent sans importance, et qui probablement appartenaient au crâne. Cette portion du squelette du Mastodonte à dents étroites étant celle qui est encore incomplétement connue, il serait à désirer que ceux qui auront l’occasion de rencontrer des restes de ect animal , s’appliquassent à conserver plus particulièrement les os de la tête, parmi lesquels on pourrait espérer de trouver les incisifs , d’où sortaient les grandes défenses à la mâchoire supérieure. Ce n’est , en eflet, que lorsque les paléontologues connaîtront cette portion de la face , qu'ils pourront tenter d'indiquer les fonctions du rostre dans les Mastodontes qui en sont munis. On sait que dans les Éléphants vivants et fossiles et dans quelques Mastodontes , entre autres dans le #astodonte de l'Ohio , les mandibules sont courtes et obtuses, et que les in- cisives inférieures sont des dents rudimentaires très-variables dans leurs dimensions et leur direction, qui manquent même habitucllement chez les femelles. Ces dents sont donc là pour témoigner plutôt de leur existence dans l’ordre entier des pro- boscidiens, que pour y remplir un véritable emploi fonctionnel ; la longueur démesurée des défenses supérieures comparée aux petites proportions des inférieures, rendant ces dernières inu- tiles. Dans les Mastodontes à longue symphyse , il devait en être autrement ; il faut penser que le rostre, terminé par de fortes incisives , remplissait chez eux une fonction essentielle , en har- monie avec les conditions d'existence de ces animaux. = DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 1 RECHERCHE D'UNE FONCTION RATIONNELLE ET ENTIÈRE DE Æ QUI SATISFASSE A L'ÉQUATION DIFFÉRENTIELLE By Ay —> — ————————0; dx? L+pr+q Par M. MOLINS. Cette équation rentre dans la suivante : (as Hat) + (e2+f) T+sy= 0, dont M. Liouville, dans un remarquable Mémoire inséré au 21e cahier du Journal de l'Ecole polytechnique, a déter- miné l'intégrale à l’aide des différentielles à indices quel- conques. Lorsque A est le produit de deux nombres entiers consécutifs, elle constitue un cas spécial qui mérite d’être signalé, parce qu’elle possède une intégrale particulière de forme algébrique et entière. C’est ce que nous allons établir en cherchant à développer y en série, ce qui donnera deux intégrales particulières, dont l’une sera composée d’un nombre limité de termes, l’autre d’un nombre illimité. De à résultera d’ailleurs un nouveau moyen d'intégration de l'équation différentielle , car d’une intégrale particulière , supposée connue, on déduit sans difficulté l'intégrale géné- rale. On verra en outre comment cette intégrale particulière peut servir à former le terme général du développement de Le la quantité (R°—2Rrx+r") = suivant les puissances crois- santes de r, en supposant r < R; on sait que cette quantité, que nous désignerons par p, étant considérée comme une 20 MÉMOIRES fonction de x et der, satisfait à l'équation aux dérivées partielles 1 de Zn 4 (im) À FL dx rs Ep TS cp One OS Ne laquelle est un cas particulier de celle de Laplace. En désignant par 2 un nombre entier, posons A=7(7+1:); on peut toujours supposer 7 positif, car si l’on remplace n par—7, On aura A=—n(i1—n)=n(n—1),de sorte que À est encore le produit de deux nombres consécutifs, entiers et positifs ; ee différentielle deviendra (1) (a +px+ aq) 7 (nHi)y=0. Pour développer y en série, il faut former l'expression d'une dérivée quelconque de cette quantité en fonction des deux PERRÈreRS nous nous servirons pour cela de la formule 1% di du bin oc! (meet) du PRET di dx” TE IR 1.2 Fstert RE dy En posant u=2x+pr+, = , elle donne 2 m V = dx? dy dy dx” =(x pag) tm (2x + p)S D mm ST 172 dès lors si l’on prend la différentielle d'ordre » de l’équa- tion (1) on aura PH PL a ; ii à jee y C+patg) met) [m(m ii) 2 (= m+ 2 mi + Faisant dans cette formule x=—Ë , et désignant les va- leurs correspondantes de y et de ses diverses dérivées par y, ; dy dy By re Ne seine: LEGA m + 2 m j 2 “up dy dy (2) (a EL) bare soeurs NE) DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 21 m +2 ; > AT j ge dy On voit par là que pour »—=7n+41, la quantité 34 est nulle, et par suite, en vertu de la même relation , les quantités m +4 m + 6 m + 8 dy dy dy M: dx"+4 fi DEEE “ Cent) seront aussi nulles, pourvu que gr soit différent de zéro. Supposons d’abord 7 impair : toutes les dérivées d'ordre pair, à partir de l’ordre 2+3, n +3 n+5 dy dy NRT dart3], \adw+s}, seront nulles, et celles d’un ordre inférieur, mais pair, dé- duites de la formule (2), s’exprimeront en fonction de 7, comme il suit : | PYNe AIT). = p° 7° 1% (7) _"n(n# 1)[2. int], RE (re) (72) Le n(n+1) )Le. In @+)| [4.3—=n(n+2)] ) Yo d'+1y de: da“t1/0 Lntræ)(o1 7 (n41)] 2 a | Socce [(a—1)(@—2)=n(n+1)| Se EE en og (7) Dans cette dernière formule, on prendra les signes + n + 1 . . . Er selon que—— sera impair ou pair. Quant aux dérivées 22 MÉMOIRES d'ordre impair, aucune ne sera nulle, et elles s’exprimeraient toutes en fonction de (7) , à l’aide de la formule (2) où l'on ferait successivement m—1, m—3, Mm—9..... Appliquant au développement de y en série la formule 2 Pl (3) y=r+(s+À) 4 Een + PRÉ et substituant à 25 dy, leurs valeurs, l’expres- dax? “ , d x? : .... C) P sion de y se composera de deux parties, l'une composée d’un nombre fini de termes et ayant pour facteur commun To, l'autre composée d’un nombre infini de termes et ayant dy : dy (). pour facteur commun. Comme 7, et (2). restent ar- bitraires , on conclut de la formule (3) que, dans le cas de n impair, l'équation (4) a une intégrale particulière finie qui est nn ES) cl) 0 Eee ne (n+1) [o. 1—n(n4 1) C3 (e+ry]e[tr —1)(n—2)—n (a4+1)] LE ne 6-7 Le Xï:3.3.. tri) Supposons en second lieu z pair : toutes les dérivées d'ordre impair, à partir de l'ordre 2+3, seront nulles our x=—2: celles d'ordre inférieur, mais impair , auront 2? ? pour valeurs DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 23 Py) Lt, far dx? AR p° dx 0 Da (répes n(n+ (= (ar) ( _nqm1){s.2=n m4] Été tent (ar n+ 1 dy Le dx!+: NT + n(rL1)|3.5—n(r11)] Ne a(n+a)]...[(m—1)n—2}n (e+1)] (2) ( —R) dx o  On prendra dans cette dernière formule les signes +, selon n « : : L que = sera impair Où pair. En procédant comme plus haut, on arrivera à cette imtégrale particulière ME op [une CS snpunees) Vo23.400 nn) 3.00 (0241)][5.4—n(nt)] [Ge 1)(0— 2) nr )] der 4 (244) Ke see Ta decece- (7-1) Ayant une intégrale particulière de l'équation (1), et plus généralement de DE PO —Ay=0, d: - 24 MÉMOIRES il est facile de former l'intégrale générale. Car soit y =CX cette intégrale particulière, C étant une constante arbitraire : concevons que C soit remplacé par une fonction de x telle, que CX mis à la place de y satisfasse encore à l'équation différentielle. Il vient d æXx dCaxX d: substituant pour y et _ leurs valeurs dans l'équation dif- férenuelle , on trouve a IX dc _ dx FR doi. ï dC ou bien, en posant de ie a Lo. K L'intégrale de cette dernière équation est {== x? K étant une constante arbitraire ; par suite dx cf K; RU K, étant une autre constante arbitraire. L'on a enfin pour l'intégrale cherchée dx Les formules (4) et (5) supposent que la quantité q = n’est pas nulle, ou que x?+p x +9 n’est pas un carré par- fait ; il faut done examiner séparément ce cas particulier. L’équation (1) devient alors (s+£) _ (@4+:1)y Faisons x += x", l'équation prend la forme d r ' y % Dern VAUT) EE DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 25 et l’on y satisfait visiblement en posant n +1 L y=Kx"#=K(x+t) , par suite, en vertu de la formule (6), l'intégrale générale sera n +1 d n +1 y=K(x+}) + Ki (+0) ; 2 er APEEIA 2 n+3 ec (+ ET. Avant d'aller plus loin, je vais démontrer que toute équation de la forme d Ja) 7 ne peut pas admettre comme intégrales particulières deux fonctions différentes , rationnelles et entières en x. Car si deux fonctions de cette espèce, æ et v, satisfaisaient à l’é- quation, on aurait ‘ Y Er = A0 du do J()—Au=0, Ja) Av—o, d’où lon tirerait, en retranchant ces équations l’une de l’autre après avoir multiplié d’abord la première par et la seconde par x, T4 do 2 à de dar ou bien (7) pe des" dx dx C étant une constante dont la valeur pourrait être nulle. Posons ul l— 1 — u= x + a x +5 lbhissspemhh r P—: LV —2 o=x+ax +b'x +.....+gaxth L'et l’étant des entiers positifs; on donne, ce qui est per- 26 MÉMOIRES mis, l'unité pour coefficient à la plus haute puissance de x dans x et v. En substituant ces expressions dans l’équa- tion (7), on trouvera pour le terme du degré le plus élevé dans le premier membre , ({— 7) AE ; et comme il doit disparaître, on doit avoir 2 =’. Donc w et v sont de même degré en x, et ont par conséquent même premier terme. Le terme suivant dans ‘équation (7) sera (e ({—i1)æ#al—a'(l—1)—a Ms ou bien A) D S il faut donc que l’on ait a — a. Supposons généralement que les »2 premiers termes soient égaux dans w et v, et dé- signons leur ensemble par X, nous aurons l—m l—m—i1 u—œX<+ax <+8x +... —M—I : I—m l o=X<+ex +£x +... Or on voit aisément que le terme du degré le plus élevé dans l'équation (7), après qu'on y aura substitué ces expressions, sera a l—m—1 (= met m) et) , ou bien 2l—m—I1 m(a'—«)x : on en conclut que l’on doit avoir «—«; dès lors, par la même raison, on a &/—8..... Donc les deux fonctions u et v sont nécessairement deux fonctions identiques, et l’é- quation différentielle du 2 ordre ne peut être satisfaite que par une seule fonction entière de x mise à la place de y. Appliquons les formules (4) et (5) au cas où l'équation (1) serait (8) (1) tp)y=o. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. PT Cette équation peut être supposée provenir de cette autre (9) (a) rie en faisant 2 EN (x) =, d’où (-) 7-2 r= dx? dx dx’? par suite dy (10) Ta trtr+i):= en différentiant cette dernière et remplaçant < par ue on tombe sur l'équation (8). Les formules (4) et (5) four- niront une intégrale particulière de l'équation (8), en faisant P—0 = 1. 4° Sin est impair, la formule (4) donnera m2 . ly=rel nn) En (a La(e 2. ET ? n (nr + 1)[r ni) su] NS RS al n+ 1 1.2.3... (1) On prendra les signes +, pour le dernier terme, selon n+1 2 X que sera impair Ou pair. 2° Sin est pair, on aura par la formule (5), 2)y= (7) [a—nçe+1) nr) re). se 1.2. _ PE UFR Fa(n+1 )n(n+ 1)— 3.2] [n (n +1) NI (n 1) —(n—1)(n—2)] n +1 x CFA ENATE 1} 28 MÉMOIRES On prendra les signes +, pour Île dernier terme, selon I . . . que = sera impair où pair. L'intégrale particulière de l'équation (8) en donnera une | correspondante pour l'équation (9), car de la relation (10) | on tire 1 dy n(n+1)dx? et Von n'aura qu'à remplacer y par les valeurs que fournis- sent les formules (41) et (12). On aura done, 1° si 7 est impair, en vertu de la formule (11), Zz = a ——— (13) 2=0|. ap Do] + laque 1) 20 ]latr +0 43] x X 1.2.3.4.5 [ça — 01 ]{r a+ 43)... nr) 01) 2] x 3 | On prendra les signes +, pour le dernier terme , selon | n +4 1 . : : RC que —— sera IMpalr OU Par; C désigne une constante ar- bitraire. 2° Si 7 est pair, la formule (12) donnera (14) 2=C[in(r+i) nu le qu) 32) + Donc Œn(n+i1) Fe (n + 1)— 3.2] [r (nr +1) — sl bre ai an 1:93. 7 X On prendra les signes +, pour le dernier terme, selon n à ‘ or are que = sera impair où pair ; C désigne une autre constante arbitraire. Les formules (13) et (14) sont susceptibles d’une appli- cation intéressante. L’équation (9) se déduit de l'équation aux différences partielles de Laplace , comme cas particulier. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 29 Appelons # la distance de deux points M, M’, ret R leurs distances à un troisième point O, 6 l’angle MOM'; faisons cos 0= x; on à (nr Rre+r)s, si» 1 . . « , . , , . et la quantité a satisfait à l'équation aux dérivées partielles 54 d — x? ii el (: a ee d er dx As FA EP! CHe 9 à 1 A Là 4 = e Or la quantité = peut être développée suivant les puissances r k ces quantités est moindre que l'unité; supposons, par exem- : R . ’ croissantes de —ou de — , suivant que l'une ou l'autre de r ple, = <1, et posons 1 1 ER (EE BLXxS + Ne .) X,,X,,....X,.... désignant des fonctions de x, ration- nelles et entières. En substituant ce développement à la I - . FO . place de- dans l’équation aux dérivées partielles, et annu- lant séparément les coefficients des diverses puissances de r R° quation différentielle on trouve qu'un coefficient quelconque X, satisfait à l’é- ne +n(nHi)X,=0, laquelle n’est autre chose que l'équation (9) où l’on aurait mis X, à la place de z. On en conclut que X, est un poly- nôme rationnel et entier en x qui satisfait à l’équation (9), de sorte que y>—=CX, en est une intégrale particulière , - 30 MÉMOIRES C étant une constante arbitraire. Mais nous venons de voir que les formules (13) et (14) fournissent une intégrale par- ticulière; dès lors, puisque l'équation (9) ne peut avoir qu’une seule intégrale particulière , il s'ensuit que le poly- nôme X, ne peut différer, que par un facteur constant, du second membre de l’une ou de l’autre des formules (13) et (14), ce qui conduit à une nouvelle méthode pour déter- . e , 1 miner les coeflicients du développement de à Supposons d’abord 7 impair. On verrait sans peine que le coefficient de la première puissance de x dans X, est GE D n = "+, 5 2 2 2 ; V0 ste js 2 : n—+ 1 : - : en prenant les signes + selon que —— sera impair ou pair. Par suite, en vertu de la formule (15), on aura à 1 200 n : - LE 2 [ (its) n— 1 La 1 2-0 sise vtr rt 2 + [n(r4a)—3 0] Ce) 48 a fatunsedilé mener: : La (n41)— (m1) (m—2)] — = ! On prendra les signes +, tant hors de la parenthèse que n —+ 1 : : : sera 1MPaIr OU palr. 2 dans la parenthèse , selon que Supposons en second lieu 7 pair. On remarquera que la partie indépendante de æ dans l'expression de X, est 1 3 5 n —1 Je 2° 2" où ... 2 Æ —————— ) 1.2.3..2 [CRE DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 31 . sisvy . . 1 comme il est aisé de s’en assurer d’après l'expression de F5 On . [12 . . . prendra les signes + selon que ;sera impair ou pair. On aura donc, en vertu de la formule (14), ARS PU n—1 3 2 2 9 .... 2 x ue SRE CRU ne ETC CE Se PET On 2 +4) 8.2]x + Rental Loc ve der — On devra prendre les signes +, hors de la parenthèse et x n . . : dans la parenthèse, selon que - sera impair ou pair. 2 32 MÉMOIRES NOTE SUR L'HISTOIRE DU COMMERCE DE TOULOUSE, Et communication de quatre lettres royales inédites ; Par M. C. ROUMEGUËÈRE. MESSIEURS, En félicitant notre honorable confrère, M. Astre, pour la communication qu'il a faite, à votre dernière réunion, de ses Études sur l'Épiscopat toulousain, M. le chevalier du Mège, historiographe infatigable et consciencieux , a fait ressortir l’a- vantage qu'avaient les travaux historiques inspirés par les chartes et les documents authentiques sur ceux uniquement dé- duits des opinions des anciens auteurs. Les premiers ont tou- jours le cachet de la vérité; ils ont exigé de recourir aux ar- chives, source féconde quand il s’agit de pénétrer le labyrinthe ténébreux du moyen âge. Les seconds sont hypothétiques ; leur vogue tient à la forme; le fond n'est souvent rien, surtout quand leurs auteurs ont délaissé ou n'ont pas atteint les ori- gines naturelles. , Les historiens de Toulouse ont négligé de tourner leurs in- vestigations vers le passé du commerce de cette ville; il n'a rien été publié jusqu’à ce jour qui fasse connaître les débuts, le développement, les vicissitudes où la prospérité de cette grande branche de l’économie publique et de la richesse locale. Cependant il existait un grand nombre de documents attestant les soins que prirent successivement les Comtes de Toulouse, les Rois de France, les Parlements, les Capitouls, pour favoriser le commerce toulousain et celui des contrées voisines. Ce champ neuf à exploiter parut offrir un véritable intérêt à votre Com- DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 33 paguie, puisqu'elle proposa pour sujet de prix de l'année 1794, d'assigner les principales révolutions que le commerce de Toulouse a subies, et les moyens de animer, de l’étendre ct de détruire les obstacles, soit moraux, soit physiques , s’il en esl, qui s'opposent à son activité et à ses progrès. Mais rien ne constate dans vos Mémoires que le prix ait été décerné, et c’est en vain que l’on cherche dans vos archives les traces de la remise de quelque travail. Porté par goût vers l'étude du passé de notre cité, je visitai ses divers dépôts publics , et les ressources historiques que j'es- pérais d’y retrouver y existaient en effet; j'eus la satisfaction de retirer quelquefois de l'oubli des pièces que je regardai, quand elles furent assez nombreuses, comme les jalons d’une his- toire du commerce de Toulouse. Secondé par mon regrettable ami , M. Belhomme, nous aurions publié un jour ce travail en commun, si je n'avais pas eu le malheur de le perdre ; car depuis longtemps nous avions confondu nos recherches faites à Toulouse, à Montauban, à Foix , à Auch et à Albi, dans les diverses archives de ces villes. Je regrette que l’auteur de son éloge n'ait pas eu connaissance du projet d'étude qu'il avait adopté avec un zèle bien louable, et je crois remplir un de- voir pour sa mémoire en vous en instruisant aujourd'hui. Une découverte récente que j'ai faite à Toulouse, de trois pièces authentiques relatives au commerce de la ville au xvi° siècle, représente un fragment des archives de l’ancienne Bourse des marchands, et c’est la communication d’une traduction fidèle de ces pièces que je vais avoir l'honneur de vous donner. Vous savez , Messieurs , que le degré de prospérité qu'avait atteint, au milieu du xvi° siècle, le commerce de Toulouse avec les pays étrangers, détermina Henri II à créer dans cette ville la première juridiction, dite la Bourse des marchands. A cette époque, la ville d'Anvers était le centre de la correspon- dance des marchands de Toulouse avec ceux du Nord de l'Eu- rope. Le pastel, qui fournit à la teinture une matière ana- logue à l'indigo, était cultivé en grand dans la Sénéchaussée de Toulouse, et il s'en expédiait au dehors 200,000 balles tous D° S. — TOME NH. 3 3% MÉMOIRES les ans. Malgré les guerres étrangères et les premières guerres de religion , le commerce des coques de pastel avait tellement enrichi les habitants du Haut-Languedoc, que, pour désigner un pays riche et abondant en ressources de toute nature, on l'appelait un pays de cocagre. Les marchands de Toulouse qui faisaient le commerce du pastel étaient singulièrement favorisés par le roi, puisqu'ils armaient à Bordeaux des vaisseaux pour le transport de cette marchandise chez les nations ennemies, et qu'ils recevaient , même en temps de guerre et pendant que toutes les autres relations étaient suspendues , les missives ct chargements de commerce , de la part des ennemis, à l’aide de sauf-conduits spéciaux. La pièce no 1 est une lettre patente et un sauf-conduit donné par Henri I, à Reims, le 26 septembre 1552, autorisant ses sujets à acheter et vendre au dehors du royaume, même aux sujets ennemis, les objets ci-après : Toiles, pastel, draps, laines, papiers, houcran, sarges , cuirs, chanvres, lin, quincaillerie, suifs, mèches, mules, mulets, juments, bœufs et moutons, tant pour le labourage que pour nourrir, et généralement toutes autres espèces de marchandises de réserve, vins (telle quantité que bon sem- blera, vu l'abondance de l’année}, sels, blés ou autres grains, or et argent, fer, poudres, salpétres ct autres munitions de guerre. La pièce n° 2 est la plus intéressante. C'est une autre lettre royale donnée à Compiègne, le dernier jour de juin 1557 ; elle concerne uniquement les coques de pastel, et contient les noms de dix-sept marchands italiens ou allemands établis à An- vers , à Londres et en Espagne. Cette lettre est accordée sur la requête des opulents Pierre Æssezat et Roger Duprat, mar- chands bourgeois de Toulouse , dont la fortune, ainsi que celle de Bernuy, qui fut une caution de la rançon de Francois I‘, tirait son origine du commerce du pastel. La pièce n° 3 est une ordonnance du Lieutenant-général du roi au gouvernement du pays de Normandie, donnée à Rouen, le 17 août 1557, pour autoriser, en vertu de la lettre royale DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 39 précédente, les Æssezat et Duprat, et leurs facteurs et asso- ciés étrangers, à enlever du duché de Normandie, plumes, pastels, satins, hostades, camelots, pignes et vins en telle quantité qu'il leur plaira, et ramener aussi toutes les autres marchandises de l'ennemi. La pièce n° 4 est une lettre patente donnée à Paris le 4° septembre 1557, pour autoriser les marchands d'Assezat el Roger Daprat, à Toulouse, malgré les guerres, à transporter et à vendre hors du royaume telles quantités qu'ils voudront de pastel, de pignes et bois à faire pignes, lant en Angleterre, Espagne, Flandres qu'ailleurs, cela malgré la révocation gé- nérale des sauf-conduits particuliers qui avaient favorisé la nourriture, l'assistance ou l'approvisionnement des ennemis. Les titres énoncés plus haut sont écrits sur parchemin, en parfait état de conservation , signés et avec sceau, assurément authentiques ; ils sont déposés dans les archives de la Chambre. de Commerce de Toulouse. PREMIÈRE LETTRE. HENRY par LA GRACE DE DIEU ROI DE FRANCE. A tous ceux que ces présentes lettres verront ; salut... Comme nous avons depuis la guerre ouverte entre l'Empereur (1) et Nous accordé à plusieurs de nos sujets marchands et autres pour leur donner moyen de faire leur profit le plus qu’ils pourraient et continuer leur traffic de marchandises qu'ils puissent Lirer de notre Royaume, pays, lerres et seigneuries de nolre obéissance toutes sortes et espèces de marchandises non prohibées ni deffendues pour mener et conduire hors notre royaume et vendre et débiter aux étrangers encore qu'ils fussent sujets de nos ennemis, car de ces (2) faut expédier plusieurs permissions et lettres particulières conte- nues en sauf conduit et sureté pour les sujets de nos ennemis des- quels nos sujets s’aideront pour le transport d’icelles marchandises, (1) Charles-Quint, empereur d'Allemagne. (2) Teneur textuelle, orthographe et ponctuation conformes à celles des titres originaux. 36 MÉMOIRES par le moyen desquelles permissions le gain profit et emolluments qui devrait être commun entrenos sujets et venu et vientaux parti- culiers seulement; et outre cela les marchands sujets dudit Empereur sous ombre d'enlever les marchandises de notre royaume, ont en abusant des saufs conduits, fait, et font encore plusieurs pratiques et menées au préjudice de Nous et de la république de notre Royaume. Pour à quoi obvier et aussi accommoder nos sujets de tout le moyen que nous pourrions pour faire leur proffit et avantage, avons de notre pleine puissance et autorité royales permis, accordé et oc- troyé, permettons accordons el octroyons à tous el chacuns nos sujets marchands et autres qu’ils puissent et leur loise acheter changer ou faire acheter charger tirer el enlever de celui notre royaume pays lerres et seigneuries de notre obéissance tant en Leur nom que au nom de tels marchands qu'ils nommeront et des- quels ils auront charge de ce faire, encore que iceulx étrangers soient ennemis, toutes sortes de marchandises et denrées non prohi- bées ni deffendues qui se croissent se vendent et débitent en notre royaume comme : [aucunes] (illisible) toiles de quelque sorte et qualité quelles soient ; pastel, draps, laines, papiers, boucran, sarges , cuirs, Chanvre, lin et toutes autres espèces de quincaille- ries; suifet autres grosses mèches à faire chandelles ; mules, mulets, juments, bœufs, moutons et toute autre sorte de bestial tant pour le labourage que pour nourrir et généralement toules autres espèces de marchandises de réserve , vins, sels, blé et autres grains ; or et argent , fer, poudres salpètres et autres munilions de guerre et les marchandises non prohibées ni deffendues. Avons semblablement permis à nos sujets transporter hors nolre royaume par terre, mer et eau douce icelles vendre débitter troquer et trafiquer lan! en leur dit nom que des étrangers amis ou ennemis ainsi que bon leur semblera pour leur plus grand profit el avantage et semblablement acheter et retirer d’eux toutes autres sortes de marchandises qu'ils aviseront lesquelles ils pourront faire entrer en notre Royaume et les vendre trocquer et trafiquer en leur nom ou des étrangers aux- quels étrangers tant amis que ennemis venant pour acheter de nos sujets les marchandises ou en apportant pour leur en vendre. Nous avons semblablement permis et accordé permettons et accordons par ces présentes que icelles marchandises ils puissent tant amener que emporier par Lerre mer el eau douce en leur pays et tels au- tres lieux que bon leur semblera sans qu'il leur soil en ce faisant mis ou donné aucun empéchement ni qu’il leur soit meffait ni DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 3 médil en quelque sorle ou façon que ce soil et quant à ce leur avons dès à présent comme pour lors et dès lors comme mainte- nant donné et donnons bon et loyal sauf-conduit et sureté sous les conditions toutefois et réservations el restrictions qui s'en suivent. C'est à savoir que nos sujets feront conduire les marchandises qu'ils vendront aux sujets de nos ennemis jusques à leurs frontières et villes de leur obeissance et que les sujets de nos ennemis ne vien- dront en aucune facon dedans notre royaume même dedans les villes d'icelui soit pour rapporter marchandises ou en venir quérir mais demeureront aux limites de notre Royaume et pays ou nos sujets feront conduire leur marchandise ayant au préalable bonne sureté qu’il ne leur sera fait aucun dommage par les ennemis ce que nous ferons reciproquement aux ennemis pourveu qu'ils ne pas- sent les limites el ne soient armés en guerre venant prendre icelles marchandises, à la charge aussi qu'ils ne tireront aucun or et ar- gent et n'emporteront ou feront porter hors notre royaume et que ces marchands paieront et acquitteront pour chacune des mar- chandises qui seront tirées hors notre royaume ou qu'ils feront entrer en icelui les droits tributs impots et subsides accoutumés es lieux et détroicts pour ce faire ordonnez et qu'ils ne feront aucune menée ni pratique préjudiciables à nous notreélal et sujetssous peine de s’en prendre à eux en leurs propres el privés noms et pour ce faire n'écriront et ne fairont écrire ni avertir nos ennemis de quelque chose que ce soit si non que pour l'eifet de leurs marchandises. Ils pourront écrire lettres qui seront vues aux ports et passages par les ofliciers des lieux qui les feront enregistrer et quant aux marchandi- ses qui se conduiront et ameneront par mer nous avons semblable- ment ordonné que les sujets de nos ennemis ne viendront ensemble et ne pourront entrer en nos ports et havres en plus grand nombre que de trois ou de quatre navires lesquels navires ne seront que de 80 à 100 tonneaux ordinaires et aussi ne viendront , en aucun équi- page de guerre ni apporteront aucunes armes offensives ni deflen- sives, que les navires n’y aura plus grand nombre de gens et navi- guiers que ceux lesquels sera besoin pour la conduite et navigage des navires, que devant que les navires entrent aux ports et havres ils seront tenus envoyer le bateau de leur équipage avec un mari- nier et deux trois pages du navire pour avertir les capitaines , juges magistral et gouverneur des lieux auxquels nous mandons et très expressement enjoignons aller à l'instant aux navires pour les visi- Ler et faire verballement les défenses, aussi que quand les navires 38 MÉMOIRES seront armés aux ports el havres de ce Royaume les gens et mari- niers étant en iceulx ne sortiront en terre sinon pour cause de tourmente de mer maladie ou autre grande et urgente nécessité et avec permission et consentement des magistrats auxquels juges el magistrats nous mandons el enjoignons eux informer par commis- sion et charge desquels marchands de ce royaume viendront ces navires lequels marchands leurs facteurs et entremetteurs ils feront obliger envers nous qu'ils repondront en lewrs propres et privés noms que les navires et gens étant en iceulx garderont et observe- ront entièrement les susdites charges et submissions et auquels marchands leurs facteurs serviteurs et entremetteurs. Îls enjoin- dront très expressément d’expédier iceulx navires le plus prompte- ment que faire se pourra lesquels navires seront tenus partir et s’en aller des havres au premier bon temps que Dieu leur donnera après leurs dépèches faites, et si par fortune de mer ou autres cas con- traint et fortuit les navires s'assemblaient sur es mer ou autre de leur ligne ou nation et fussent contraints pour leur sûreté el sauver les marchandises eux retirer ez ports et havres de ce royaume en ce cas encore qu'ils excédassent le nombre de trois où quatre leur avons permis et permettons armer en iceulx ports el havres aux charges de notre équipage en guerre ne descendre en terre. Permettant semblablement aux mariniers conduisant les navires pouvoir prendre en iceulx ports et havres ou ils arriveront vivres à eux nécessaires seulement sans fraude ni en abuser, lesquels vivres nous mandons et ordonnons à nos sujets leur bailler et administrer en payant raisonnablement et dautant que graces à Dieu , il y a eu les années passées et la présente telle abondance de vins en celuy notre royaume que outre la provision qui est nécessaire pour nos sujets il en demeurera encore une bonne quantité de laquelle voulant donner moyen à nos sujets de faire leur profit leur avons permis et accordé permettons et accordons en outre qu'ils puissent et leur loise tirer et transporter hors notre royaume pays terres et seigneuries de notre obeissance pour vendre tant à amis que ennemis telle quantilé de vins que bon leur semblera en payant toutefois es mains du receveur des lieux où ils fairont les traictes deux écus pour chacun tonneau ordinaire de mer sous les conditions toutefois et réservations et ainsi que dictés dessus et sans fraude en deffendant très expressement à tous nos sujets et autres de quelle qualité et condition qu’ils soient qu'ils n'aient à tirer ou enlever de notre Royaume aucunes marchandises sans ob- DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES. 39 server les choses sous quelques permissions qu'ils aient de nous pour cet cffet et auxquelles les clauses restrictions et réservations ne seront insérées et lesquelles permissions particulières nous avons de notre certaine fience pleine puissance et autorité royales revocquées cassées et annullées, revocquons cassons et annullons par ces présentes el ce sur peine aux contrevenants à ces présentes de confiscation de marchandises et des vaisseaux sur lesquels ils les auront chargés et outre à nos sujets d’être punis comme transgres- seurs de nos ordonnances et à ceux de nos ennemis d’être retenus et traités comme ennemis. Si donnons en commandement à tous nos lieutenants , gouverneurs , amiraulx, capitaines, chefs et con- ducteurs de nos gens de guerre, baillifs, senechaux prévots capi- taines et gardes des villes cités “hateaux forteresses consuls éche- vins d’icelles marchandises ei gardes des ports pons peages passages juridictions et detroits el à tousnos autres justiciers officiers et cha- cun d'eux en droit soi et comme il lui appartiendra que ces pré- sentes 1ls fassent publier crier et proclamer à son de Lrompe et eri public es lieux de leurs gouvernements pouvoirs et juridictions accoutumés à faire semblables cris et proclamations et le contenu en icelles entretenir garder et observer inviolablement sans en- freindre et si aucuns se tiennent y contrevenir procèdent et fassent procéder contre eux par les peines susdites et ainsi qu'ils verront être à faire par raison. Car tel est notre plaisir. En temoin de ce nous avons fait mettre notre scel à ces présentes. Donné à Reims le 26° jour de septembre de l'an de grace mil cinq cent cinquante el deux et de notre règne le sixième. DEUXIÈME LETTRE. HENRY PAR LA GRACE DE Dieu, ROI DE FRANCE, à lous nos lieutenants généraux , admiraulx, vis-admiraulx, baillifs, séné- chaux, prévots, juges capitaines chefs et conducteurs de nos gens de guerre tant par mer que par terre, maires échevins consuls, gardes des villes cités chateaux, forteresses bastides ponts ports peages havres passages juridictions et détroits et à tous nos autres jusliciers officiers et sujets alliés confédéres et bienveillants à qui ces présentes seront montrées , salut et dilection. Adberant à la supplication et requèle que faile nous a été par aucun de nos spé- 4 @ MÉMOIRES ciaux serviteurs en faveur de nos chers et bien amés Pierre Assezat et Roger Duprat marchands bourgeois de notre ville de Toulouse avons à iceux Assezal et Duprat et notre certaine fience, pleine puissance et aulorilé royale permis accordé et octroyé , permet- tons accordons et octroyons et à chacun d’eux leurs facteurs ser- vileurs entremetteurs et négociateurs durant les guerres qui sont à présent qu’ils puissent et leur loise sous notre protection et sauf conduit acheler charger enlever de celui notre royaume terres el seigneuries de notre obéissance tant en leur nom que au nom de Gaspard et Melchior Eschet, Trolli, Prunel, Gilles, Hothman, les hé- riliers de Bonaventure, Miquelly, Jerome Arnolfmy et Jean Granier marchands allemands et italiens demeurant à Anvers ; Balthesar et Echet demeurant en Espagne; Nicols et Auguste Dessalle marchands aragonnais ; Pierre Paulhuis ; les héritiers de Barthelemi Fortui marchands demeurant à Londres, tel nombre et quantité de Pastel et autres sortes de marchandises non prohibées et défendues qui croissent se vendent et débittent en notre royaume et icelles trans- porter ou faire transporter hors notre royaume par terre mer et eau douce, les vendre débiter trocquer et trafiquer tant en leur nom que des Eschet , Prunel, Hothman, Miquelly et autres susdits marchands étrangers ainsi que bon leur semblera , et semblable- ment acheter et retirer des terres pays et seigneuries sujets à nos ennemis toutes autres sortes de marchandises qu’ils aviseront être nécessaires à notre royaume et sujets d’iceluy et icelles vendre trocquer et trafiquer en leur nom et des étrangers et toutes les sus- dites marchandises faire porter, transporter , rapporter charger et recharger en tous vaisseaux, barques. charrettes, chevaux et mulets soient et appartiennent tant à nos sujets amis aliés et que ennemis, aux charges loutefois et restrictions contenues en notre sauf con- duit général donné les guerres passées. Avons aussi permis et per- metlons aux Assezat, Duprat, Eschet, Prunel et autres susdits mar- chands étrangers qui puissent les uns autres écrire lettres missives en tous endroits pour le faict traffic et commerce de marchandises seulement et à la charge loutefois que les lettres seront vues visi- tées et regardées par nos ofliciers des villes des frontières et en tous autres lienx suivant la coutume en tel cas garde de notre man- dement aussi avons accordé el accordons que les Assezat pourront envoyer horsnotre dit royaume pour la conduite des marchandises vente et débittement d’icelles Antoine Cros, François Milhau, Jean Rey et le dit Duprat Roger Duprat son fils et Simon Olmeson fac- DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 41 teur à la charge de payer tous nos droits de domaine forain et im- position foraine et tous autres a nous ds et accoutumés ; lever es lieux et détroicts par nous ordonnés, et moyennant ce avons donné et donnons bon et loyal sauf conduit aux Assezat, Duprat, Eschet, Prunel, Hothman, heritiers de Bonaventure Miquelly Arnolfmy Granier Fortuy Pessalle et Paulhuis et à chacun d'eux leurs facteurs entremelleurs par ces mêmes présentes non obstant nos prohibi- tions et autres faites sur l'ouverture de la guerre. Si nous mandons comettons et tres expressement enjoignons et à chacun de vous en droit soi et si comme à lui appartiendra prions el requérons vous nos amis confédérés et alliés et bienveillants que faisant jouir les dessus nommés Assezat, Duprat, Eschet, Prunel, Hothman et autres susdits leurs compagnons facteurs serviteurs el entremetteurs, les maitres contre maitres mariniers pilottes conducteurs de navires et vaisseaux des marchandises, les chareltes chevaux mules et mu- lets sur lesquelles les marchandises seront portées et conducteurs d'icelles de la qualité que dessus de nos présents grace permission sauf conduil vouloir et octroi vous failes souffrez et laissez passer surement et sauvement par vos pouvoirs détroits juridictions icelles marchandises ainsi qu’elles entreront et sortiront ou étant rechargées en aucun de nos ports et havres ou des ennemis pour les transporter ailleurs car nous les avons pris et mis prenons et mettons en notre protection et sauvegarde spal sans que au moyen ni allocation de nos ordonnances et défenses par nous ci-devant faites sur le fait des traficages et de l'ouverture de la guerre qui est à présent contre nos ennemis, il leur soit fait mis ou donné au- cun trouble ou empêchement, au contraire et voulons et nous plait qu’ils jouissent entièrement de tout le surplus et contenu en notre sauf conduit général aux charges et restrictions en icelles conte- nues, et pour ce que les Assezat, Duprat, Eschet, Prunel, Hothman et autres sus nommés auront besoin et à faire de ces présentes plu- sieurs et divers lieux et que sans faire apparaits de notre sauf con- duit ils ne seraient bonnement faire le commerce traflic et trans- port des marchandises spécifiées en notre sauf conduit et congé , Nous leur avons permis et octroyé, permettons et octroyons par ces présentes que sur l'original d’icelles ils en puissent faire signer et sceller vingt doubles en forme auxquels originaux et copies ou vidimus d’icelles fait sous sceau royal ou signées et collalionnées par un de nos amés et féaux notaires et secretaires nous voulons foi être ajoutée comme au présent original car tel est notre plaï- 42 MÉMOIRES sir, non obstant quelconques ordonnances el restrictions mande- ments deffenses à ce contraires lesquelles ne voulons en cet endroit avoir lieu. Ainsi à iceulx de nos science puissance et autorité que dessus avons derrogé et derrogeons ensemble à la dérogatoire de la dérogatoire y contenue. Donné à Compiègne le dernier jour du mois de juin l’an de grace mil cinq cent cinquante septet de notre règne le onzième. Et au bas était écrit : par le Roi de Lobes Pins. Un seing et paraffe et scellé sur simple queue de cire jaune. TROISIÈME LETTRE. Martin Dubellay prince d'Yvetot seigneur de Langey chevallier de l’ordre du Roi et son lieutenant général au gouvernement du pays et duché de Normandie en l’absence de monseigneur le Dau- phin et monseigneur le duc de Bouillon. Vues par nous les lettres patentes du Roi notre seigneur donné à Compiègne le dernier jour du mois de juin dernier ci attachés sous les cachets de nos armes par lescuelles et pour les causes y contenues icelui seigneur a per- mis octroyé el accordé à Pierre Assezat et Roger Duprat mar- chands bourgeois de Toulouse leurs facteurs serviteurs et négocia- teurs que durant les guerres qui sont de présent ils puissent et leur loïse sous la protection et sauf-conduit d'icelui seigneur acheter charger enlever ou faire acheter charger et enlever de ce Royaume terres et seigneuries de l’obéissance de Sa Majesté tant en leur nom que pour et au nom de Gaspard et Melchior Eschet, Trofli Prunel Gilles Hothman les héritiers de Bonnaventure Miqueilly Gerome Alnolfmy et Jean Granier marchands allemands et italiens demeu- rant à Anvers, Balthesar Eschet demeurant en Espagne , Nicols et Auguste Dessalle marchands aragonnais, Pierre Paulhuis les héri- tiers de Barthelemy Foriuy marchands demeurant à Londres tel nombre et quantité de Pastel et autres sortes de machandises non prohibées ni deffendues qui croissent se vendent et débitent en ce royaume el icelles transporter ou faire transporter hors d’icelui par terre mer et eau douce et les vendre débiter trocquer et trafi- quer tant en leur nom que des Eschet, Prunel, Hothman, Miquelly et autres susdits marchands étrangers ainsi que bon leur semblera et semblablement acheter et retirer des terres pays ei seigneuries sujets aux ennemis toutes autres sortes de marchandises qu'ils avi- DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. L3 seront être nécessaires à ce dit royaume et sujets d’iceluy et icelles vendre trocquer et trafiquer en leurs noms et des étrangers à loutes les susdites marchandises faire porter transporter rapporter char- ger et recharger en tous vaisseaux barques charretes chevaux et mulets soient ou appartiennent tant aux sujets dudit seigneur amys et alliés que ennemis aux charges toutefois et restriclions contenues au sauf-conduit général donné aux guerres passées ainsi qu'il est plus à plein contenu et déclaré aux lettres patentes. Nous pour plu- sieurs justes causes à ce nous mouvans et jusques autrement en ait été ordonné par le Roi notre seigneur avons en tant que à nous est que pour le regard de ce dit Gouvernement consenti et consentons par ces présentes que les Assezat et Duprat leurs facteurs et associés élrangers enlevent seulement d'icelui pays les marchandises ci- après déclarées , à savoir : Pastel plumes satins renversés hostades camelots pignes et vins en Lel nombre qu’ils aviseront ce que leur commité pourra permettre et ramenent aussi des pays de l’en- nemi en ce dit royaume loules autres marchandises qu’ils aviseront être propres pour l'utilité d’iceluy. Par quoi mandons à tous mai- tres des ponts péages passages juridictions et détroits de ce dit gouvernement ne donner ne souffrir être mis ou donné pour les marchandises ci-dessus spécifiées aux dits Assezat et Duprat leurs facteurs serviteurs et associés aucun trouble ou empêchement, ains les laisser jouir et user de cette présente nolre présente permission seulement laquelle en témoin de ce nous avons signé de notre main et scellé du sceau denos armes à Rouen le dix-septieme jour d'août mil cinq cent cinquante sept. Signé Martin Dubellay et scellé d’un sceau plaque et cire vermeil. QUATRIÈME LETTRE. HENRY par LA GRACE DE DIEU ROI DE FRANCE. À tous nos lieutenants généraux, etc. etc. officiers et sujets et chacun d’eux en droit soi et comme à lui appartiendra, salut. Nos chers et bien amés Pierre Assezat et Roger Duprat marchands de notre ville de Toulouse Nous ont fait dire et remontrer que par nos lettres de sauf-conduit ci-attachées sous le contre-sceau de notre chancellerie Nous leur avons permis et accordé qu'ils puissent et leur fut loisible tirer et enlever tant en leur nom que d’autres h MÉMOIRES marchands étrangers dénommés audit sauf-conduit et faire Lrans- porter hors notre royaume nonobstant les guerres qui sont de pré- sent telle quantité de Pastel et autres marchandises non prohibées ni deffendues qu'ils verront être à faire et semblablement en retirer des autres pays nos voisins pour icelles apporter et vendre en notre royaume ainsi qu'il est plus amplemeut porté par nos lettres de sauf-conduit suivant lesquelles les exposants auraient acheté et fait préparer une grande quantité de pastel de pignes et bois à faire pignes en délibération de les envoyer tant en Angleterre, Espagne, Flandres que autres pays voisins de notre royaume, mais au moyen de la révocation générale qui a été depuis faite de tous les sauf- conduits particuliers-sous couleurs que par le moyen d’iceulx nos ennemis sont nourris secourus et renforcés de plusieurs provisions nos lettres sont aux exposants non seulement demeurées inutiles mais leur causent un très grand dommage perte et interesse d’au- lant que ayant les marchandises de Pastel, pignes et bois à faire pignes employé la plus grande partie de leur bien pour l'espérance qu'ils avaient d’en faire leur profit aux pays étrangers ils seront contraints de les revendre en notre royaume à vil prix s’il ne nous plait user envers eux de quelque grace et remède convenables ainsi qu'ils nous en ont très humblement supplié. Pour ce est-il en nous incluans à la requete des exposants el considerants que les mar- chandises qu’ils veulent faire transporter hors notre royaume ne pourront apporter à nos ennemis grand secours ni moyens de nous nuire ni endommager , mais seront profitables à nos sujets qui par les moyens des transports auront moyen de faire grand proflit aux Assezat et Duprat. Pour ces causes et autres à ce nous mouvans avons permis accordé et oclroyé, permettons accordons et oc- troyons par ces présentes que non obstant la révocation des saufs conduits particuliers par nous ci-devant faite ils puissent et leur loise suivant celui que leur avons accordé ci-attaché comme dit est sortir hors notre royaume et faire transporter aux pays tant de nos amis que nos ennemis sous leur nom ou des marchands étrangers dénommés aux leltres de sauf-conduit les Pastel pigne et bois à faire pigne qu’ils ont déjà acheté ou autre telle quantité de mar- chandise et non autres qu’ils aviseront et de l'effet dudit sauf-con- duit jouiront pour le regard d’icelles marchandises seulement sous les conditions et autres charges contenues et portées par nos lettres sans que sous ombre de ladite révocation ils soient en cela empe- chés ni encourent les peines portées par icelles révocations. Si vou- DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES. 45 lons et vous mandons que de nos présent congé LICEN et permission vous faite souffrez et laissez les Assezal et Duprat jouir et user pleinement et paisiblement sans en ce leur faire mettre ou donner ne souffrir leur être fait mis ou donné aucun arrest trouble des- tourbier ou empechement au contraire lequel si fait mis où donné leur était fait incontinent le tout mettre à pleine et entière déli- vranceet au premier élat et dù, car Lel est notre plaisir, non obstant ce que dessus et quelques ordonnances lettres restrictions mande- ments ou deffenses à ce contraires. Donné à Paris le premier jour de septembre l'an de grace mil cinq cent cinquante sept et de no- tre règne le onzième et au bas élait écrit : par le Roi vous M. le cardinal de Sens garde des sceaux de France. Présent Delaubes. Un seing et paraffe et scellé sur simple queue de cire jaune. k6 MÉMOIRES CONSIDÉRATIONS HISTORIQUES SUR L'ÉPISCOPAT TOULOUSAIN; Par M. FLOoRENTIN ASTRE. SECONDE PARTIE (1). XIIIe SIÈCLE. (Suite du sommaire.) 45. Préludes de la guerre des Albigeoïis ; effets. =— 46. Sentiments divers à Toulouse... de l'aristocratie. —— 47... de la bourgeoisie et du peuple. —— 48. Date de ces effets intérieurs. 49. As- semblée et serment de 1203. —— 50. Réflexions. —— 51. Observation im- portante. —— 52. Réaction dans la ville; preuves. —— 53. Unanimité dans la résistance à Montfort; siége homérique. d4. Foulques. —- 55. Qui il était. 56. Sa nomination et son entrée dans l’Episcopat. —— 57. Faits principaux de sa vie. —— 58. Mobiles de sa conduite; leurs effets pour lui- même. —— 59. Ses richesses, etc. ; usage qu’il en fit. —— 60. Enonciations des actes de son temps. —— 61. Examen de deux de ces actes. —— 62. Con- clusion. 63. Dernières années de Foulques ; jugements opposés. —— 64. Foulques poëte. —— 65. Raymond de Felgar; principaux faits. —— 66. Ses tergiversations. —— 67. Sa fin; déductions. —— 68. Etat des choses à la fin du Comté. ——- 69, Changements sous Jeanne et Alphonse. —— 70. Réunion du Comté à la Couronne ; ses effets ; puissance royale. ——— 71. Résumé gé- néral et analytique. —— 72. Droits et réserves de l'Evèque. —— 73. Sépa- ration des pouvoirs; Coutumes et Droit Canon. —— 74. Conséquences. —— 75. Conclusion finale. 45. Déjà les avant-coureurs de la terrible guerre des Albi- geois troublaient les Etats du Comte de Toulouse. La constitu- tion de la Cité Toulousaine n'avait pas été altérée ; mais, sui- vant une remarque fort judicieuse de M. du Mège (2), il y 1) Lue dans la séance du 25 juin 1857. Voy. la première partie, aux À ane 2 JAN PES I Mémoires de l’Académie, 4° série, t. vi, pag. 45, et 5e série, t. 1, pag. 446. (2) Voy. Institutions Toulousaines, 1°* vol, pag. 280 el suiv. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. &T avait eu des changements notables dans le choix des Consuls ou Capitalaires préposés à l'administration intérieure. L’aristo- cratie bourgeoise, les anciennes et nobles familles se voyaient, d'année en année, supplantées par des hommes nouveaux pris dans les classes moins élevées. La démocratie montait, et, sui- vant son usage constant etinvariable, elle se montrait inquiète, turbulente et jalouse des droits et de l'autorité qu'elle pouvait exercer au dedans et au dehors. C’est l’époque des expéditions contre Villemur , Rabastens et Autvillars. 46. Les hommes anciens, habitués au gouvernement muni- cipal, et dont les vues étaient plus prudentes, partageaient sans doute les idées du Comte Raymond, ou, si on l'aime mieux , ses faiblesses et ses hésitations. Qu'ils fussent restés inébranlables dans leur foi, ou qu'ils cussent trempé dans les nouveautés, tous, en fermant peul-être trop les yeux sur la marche, les progrès et les désordres de l'hérésie albigeoïse, au- raieat mieux aimé la combattre ct en arrêter les entrainements par des voies douces et plus mesurées. Tous, ils redoutaient l'intervention étrangère, ne l’accucillant pas avec moins de répugnance parce qu'elle partait du haut du Saint-Siége, au nom du Dieu vengeur : tous goûtaient peu ces Légats tou- jours prêts à se servir de leurs foudres, ces moines aux prédi- cations excitantes, enfin, ces moyens violents qui provoquaient de plus vives agitations au lieu de calmer les esprits. 47. Au contraire, la petite bourgeoisie et le peuple toulou- sain, plus susceptibles dans leur foi et dans leurs idées reli- gieuses, parurent aussi plus portés, au moins dans le prin- cipe et sauf des restrictions, à recevoir l'influence ultramon- taine et à lui obéir. 48. C'est vers 1202 que cette révolution intérieure dans les élections est bien marquée; et ce fat l’année suivante (en 1203) que se passa un fait bien étrange et qui mérite une attention particulière. 49. Les Légats du Pape, au nombre desquels était ce frère LS MÉMOIRES Pierre de Châteauneuf, dont la mort fut, quelques années après (1208), le signal de la guerre, se rendirent à Toulouse. Au mois de mars 1203, ces Légats, en vertu des pouvoirs qu'ils avaient reçus, disaient-ils, du Souverain Pontife Innocent HF, accoutumé à se poser en arbitre et en dispensateur des cou- ronnes (1), ne dédaignèrent pas de confirmer «omnes illas » libertates, usatica et omnes illos mores qui in Tolosa erant, » vel constituti habebantur ullo modo. » Us concédèrent, tou- jours au même titre, cette confirmation des libertés ct usages, sous la condition que les Consuls, le peuple et les hommes probes de Toulouse feraient, avant cet octroi, le serment en commun pour la foi catholique et romaine : scilicet quod » unusquisque romanam fidem curaret. » Les Consuls, pour eux-mêmes, et pour tous les habitants présents et futurs, prêtèrent ce serment ainsi requis, que re- eurent les Légats si généreux : « assensu et voluntate; » et qui concédèrent et établirent : « Ut omnes quicumque facerent sacramentum pro. fide ca- tholica romana , pro fidelibus christianis habeantur ; etsi fortè aliquis vel aliqui de jurantibus, priusquàm facerent sacramentum de hœresi fuerint accusati in aliquo, rebus vel personis eorum officere non possit. Quæ omnia præfati Le- gati promiserunt se à Summo Pontifice confirmare; verumta- men qui fuerint rebelles et sacramenti resistentes , similiter illos et non similiter alios sententiam excommunicationis po- nere debuerunt (2). » 80. On a autant de peine à concevoir ce serment, que cet octroi singulier, cette reconnaissance superflue, ces conces- sions surabondantes venues de si loin et d’une autorité si peu compétente. Que de perturbations, que de renversements s’an- noncçaient par un acte semblable ! Les Légats eurent le soin d’en- tourer la réception du serment, leur confirmation des privi- (1) Voy. Fleury, Hist. Eccl., liv. Lxxv, n° 48 et suiv. (2) Voy. Catel, Hist. des Comtes, pag. 236. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. :9 léges et des usages, leurs excommunications, de toute la solen- nité possible. Tout fut fait, concédé, confirmé en présence de Raymond Evêque, de l'Abbé de Saint-Saturnin, des Bayles, du Viguier , de plusieurs personnages importants de la ville et des environs : les Consuls qui avaient prêté le serment furent eux-mêmes les témoins de l'acte; sa date mentionne Philippe Roi des Français, Raymond VI Comte de Toulouse , et Raymond Evêque. 51. Ce qu'il n’est pas indifférent d'observer, c'est que cctte façon de charte ne parut pas certainement de la même valeur que celles concédées par les Comtes , que les établissements des Consuls , etc., etc. ; car elle n’a pas eu l'honneur d’être inscrite sur le registre, sorte de livre d'or, chargé de garder pour la postérité les titres municipaux. I Mouse ne contient pas une seule ligne de la concession papale. 52. Mais cet entraînement, cette ardeur catholique des pre- miers moments ne durèrent point. Ces Consuls, hommes nou- veaux, qui, suivis de leurs concitoyens, s'étaient un instant séparés de leur Comte et seigneur légitime, qui avaient accepté cette suprématie apportée d'au delà les monts , ne tardèrent pas à s'arrêter dans la voie où ils s'étaient engagés, et même à re- venir en arrière. Une réaction s’opéra bientôt , car nous trou- vons, à une date bien rapprochée, l'un de ces établissements dont j'ai parlé tout à l'heure, celui de 120% , fait par le grand Conseil et les Consuls, et qui défend d'’accuser d’hérésie quel- qu'un après sa mort (1). Evidemment, l'excès avait amené celte répression d’un zèle exagéré, ne respectant pas même la tombe. Par le second de ces établissements (1207) les Con- suls réglementèrent l’ordre des convois funèbres, défendirent l’aliénation des tombeaux et sépulcres (2), toutes choses qui, par certains côtés, dépendaient de la juridiction ecclésiastique ; et, dans l'intervalle { 1205), comme gage de sa bonne volonté, D (1) Voy. Catel , pag. 229, Loc. cit. (2) Voy. Catel , #b., pag. 230. 3° $. — TOME II. k 50 MÉMOIRES Raymond avait accordé la charte relative à la monnaie sep- tène (1). On avait donc repris à s'entendre, à se rapprocher, et les événements vinrent bientôt manifester cette entente et ces rapprochements entre le Comte et les Toulousains. 53, C’est qu'en effet , si les listes des Consuls sont perdues ou incomplètes pour quelques-unes des années de 1205 à 1212, on sait, par ce qui en a été sauvé, que les anciennes familles y avaient repris quelques places. On sait surtout, par les faits historiques , que, dès la rupture complète (en 1209) entre le vieux Raymond VI et ses persécuteurs , la ville entière , au moins la majorité irrésistible des citoyens, se rallia autour de son souverain; qu’elle tendit de plus en plus, et malgré des temps d'arrêt et des oscillations inévitables, à se réu- nir, dans un sentiment unanime et prononcé, en faveur de la dynastie comtale des Raymond. Si Toulouse fut contrainte de céder à la force et de plier sous l’usurpation de Simon de Montfort, elle célébra comme l'aurore de sa délivrance le jour où cet odieux envabisseur périt sous ses remparts, et où fut levé ce siége, chanté dans une épopée patriotique (2), que la Muse de l’histoire, en s'exprimant comme sa sœur, a qualifié d'Homérique par la bouche d’un de ses plus savants inter- prètes (3). 84. Et cependant c'est au milieu de ces efforts inspirés par l'amour de la patrie que l'Evêque de Toulouse, désertant le sanctuaire , reniant les saintes traditions el les exemples pieux de ses prédécesseurs , se jeta au milieu des dissensions pour en exciter encore la fureur, pour s'opposer à la réconciliation. il fit sa résidence dans les camps, présida ou assista à d'épou- vantables carnages, et se plut à porter contre des chrétiens , mais ses frères, la croix , ce signe de la paix parmi les hommes, et dont il faisait un étendard sanglant et impitoyable. (1) Voy. Catel, &b., pag. 230. (2) L'Épopée Toulousaine, par M. Florentin Ducos. (3) Voy. Henri Martin, Hist. de France, liv. xxiv. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 51 55. Quel était donc cet Evêque ? Ce n'était plus Raymond de Rabastens, chassé de son siége comme simoniaque (1). Il avait été remplacé (en 1205) parle provençal Foulques. D'un esprit inquiet et mobile, d’une imagination ardente, cet homme avait sacrifié une fortune indépendante et les loisirs d’une existence paisible et heureuse aux séductions de la vie errante et agitée des Troubadours. Ilavait promené de cour en cour son enthou- siasme poélique, ses passions amoureuses , ses serments équi- voques et fugilifs. Puis, une conversion, causée par des cha- grins ou une exaltation en sens inversæ , l'avait jeté dans les austérités d’un cloître; il y avait entraîné après lui sa femme et ses enfants. Le chapitre de Toulouse était allé le chercher dans une abbaye, dont il était devenu le chef, et l’a- yait mis à la place de Raymond (2). 56. IL faut le dire, si ce choix, ainsi que le prétend un chroniqueur sans cesse en admiration devant le nouvel élu, avait été dicté par l'inspiration divine {3) el à la plus grande joie du Légat du Pape ; si Foùlques prit pour texte du premier sermon qu’il précha à son peuple : « £xiit qui seminat semi- »nure semen suum (h); » il est mal aisé de retrouver cette inspiration d'en haut dans la conduite &u prélat, et de recon- naître la bonne semence qu’il avait semée, quand il n'eut à récolter, selon lui-même , sur sa terre, que de l’ivraie, bonne à arracher et à livrer aux flammes (5). 57. Je n’ai point à raconter la vie épiscopale de Foulques, à énumérer les actions vraiment effrayantes de ce prêtre armant les citoyens, les rangeant sous les couleurs les plus opposées , (1) Voy. Guillaume de Puylaurens, chap. vi, el Gallia christiana. (2) Voy. les Historiens ; voy. Fleury, Hist. Ecel., liv. vxxvu. — Millot, Hist. des Troubadours, lom.1, pag. 179; et aussi la Biographie Toulou- saine. à (3) Guillaume de Puylaurens, chap. vi, « Deo inspirante.» (4) Saint Luc, chap. viu. (5) Saint Matthieu, chap. xu1, ÿ. 30. 52 MÉMOIRES les précipitant les uns contre les autres, allumant la guerre ci- vile entre la Cité et le Bourg ; aussi funeste à son troupeau quand il était au milieu de lui que lorsqu'il s’en éloignait pour remplir des missions auprès du Pape, pour assister à des Con- ciles, pour s’en aller en exil. Contraint de fuir, Foulques, en se réfugiant au camp des Croisés, se joignait aux futurs as- siégeants de ‘a ville, et là, tout en préparant et commençant sa vengeance, il faisait injonction à lous les clercs de sortir, comme leur pasteur, de la ville impie, d'emporter avec eux le corps du Christ, que, selon lui, ses ouailles n'étaient pas di- gnes de posséder. Comme résumé suffisant de tous ces faits, je citerai cette phrase des auteurs de la Gallia christiana, peu suspects de partialité contre Foulques : « Quot et quanta hoc anno (1216), Tolosanis tisdem ipse intulerit mala, auctor Simoni prædicto, ul eos omnibus bonis spoliaret et incarce- rarel , propudiosum est dicere (1). » 58. Quels furent les véritables mobiles des fureurs , des per- fidies atroces qui signalèrent la carrière de Foulques pendant la guerre contre les Albigeois et contre le Comte de Toulouse ? Ce prélat a-t-il obéi à un zèle sincère pour la religion, mais outré dans ses égarements ? A-t-il été emporté aveuglément par un fanatisme insensé? A-til été enflammé par des passions humaines, par l'ambition, par le désir de s'élever sur les ruines de la puissance des Comites , et de profiter de leur chute, à la- quelle il travaillait de toutes ses forces ? Ces impulsions, ces motifs se confondirent peut-être dans l'âme de Foulques et en excitèrent les mouvements désordonnés. Mais, ce qui est cer- tain, c’est que son pouvoir d'Evêque n'en fut pas agrandi. Confiné toujours en un rang inférieur par la position plus né- cessaire, plus élevée de Simon de Montfort, par l'ambition plus grande et plus active de ce redoutable guerrier, Foulques fut un agent utile, remuant, mais non pas principal, du parti qu'il servait ; il voulut conquérir à sa manière et de la gloire hu- (1) Gallia christiana , Lom. xur. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 53 maine et son salut éternel; mais s’il crut agir encore au profit de sa grandeur politique et de son importance temporelle , il se trompa ; il fut absorbé par l’homme de guerre ou ne marcha qu'à sa suite. 59. Toutefois , si Foulques ne gagna pas de la puissance, il gagna des richesses. Pauvre d’abord autant que ses prédéces- seurs immédiats , il amassa beaucoup de biens. Après ces Evé- ques, nommés précédemment, et qui du x° au xu° siècle avaient été assez heureux pour réparer les désastres financiers de leur évêché, au xme siècle, Fulcrand, Raymond, Foulques, en montant sur leur siége épiscopal, étaient presque sans res- sources , et obligés de recourir à des expédients. Guillaume de Puylaurens en fait honte au Comte : « Quod securtum in terra sum Episcopum non teneret (1). » Catel accuse « la mauvaise ménageric des Evêques (2). » Quoi qu'il en soit, Foulques ne dé- daigna point un sort meilleur : il réussit à sortir de sa pénurie, à assurer son existence ; à la rendre aisée, riche, par les dons qu'il sut s’attirer. Il fit, diton , un noble usage de ce qu'il avait ainsi recueilli et amassé (3) ; c’est une sorte de compensalion à opposer à bien des méfaits. Lui-même eut, de ce côté, des dé- dommagements pour ce qui lui manquait sous le rapport de la puissance temporelle et politique, qui, malgré sa bouillante activité, lui échappa de plus en plus. 60. Da reste, ainsi que dans les plus anciennes chartes, le nom de cet Evêque figure, à titre de simple date, dans les ser- ments prêtés, en 1212, par les deux Raymond , entre les mains du Roi d'Aragon (4), au moment où la paix et la réconciliation paraissaient possibles, et dans le serment que Montfort dut prêter, en 1215, pour jurer de maintenir les libertés et les franchises toulousaines (5). On rencontre encore ce nom dans (1) Voy. Guillaume de Puylaurens, chap. vr. (2) Voy. Catel, Mémoires sur le Languedoc, pag. 889 el suiv. (3) Voy. Guillaume de Puylaurens, chap. xxxvr. (4) Voy. Catel, Histoire des Comtes, pag. 175. (5) Voy. Lafaille , tom. 1, aux Preuves. 5) MÉMOIRES le remarquable établissement de 121% (1), sur l'organisation capitulaire. Mais, ni cct établissement, quelle qu’en ait été l'exécution, ni ces procès-verbaux des serments de 1212 ct de 1215, pas plus que celui de 1203, n’ont été transcrits sur l'Zdephonsus. On dirait que ces actes irréguliers, se référant à des époques où la Cité Toulousaine subissait à regret une pression extrême venue du dehors, ou gémissait sous un usur- pateur, n'ont pas été jugés dignes d'être comptés dans ses an- nales officielles. 61. Je dois encore relever, pendant cette période de la guerre et de lusurpation, deux actes qui ont des caractères ex- ccptionnels plus prononcés , et dont l'Evêque n’eut que sa part relative. En 1209, Raymond s'obligea à ne point nommer aux évé- chés vacants dans son Comté (2). C'était pour lui une des nom- breuses concessions par lesquelles il se flatta vainement de flé- chir ses impitoyables ennemis; ce fut pour le Pape une sorte d'heureux appendice à la transaction sur la vieille querelle des investitures (3). Au mois de novembre 1212, Montfort jura de garder les ordonnances et règlements qu’une Commission « des plus no- » tables hommes » avait dressés pour la réformation des pays elterres par lui acquises : les détails de ces ordonnances éta- blissent que Montfort n'avait rien à refuser aux Evêques qui lui avaient donné un concours si actif (4) et si fructueux. 62. Mais ce n'était pas à Foulques que ces concessions étaient faites , que ces priviléges étaient accordés; il n’en profitait que a — (1) Voy. Catel, ibid., pag. 302. (2) Voy. ébid., pag. 249 et suiv. (3) La querelle des investilures est de 1074. (Grégoire VII défendit à tout Evêque , sous peine de dégradation, de recevoir d’un laïque la crosse et Panneau, etc... : cette querelle durait encore de 1101 à 1106.) — Voy. H. Martin, Hést. de France, liv. xix el sui. (4) Voy. Catel , Hist., pag. 263. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 55 d'une manière secondaire, et sans avantage pour sa propre for- tune politique. 63. Enfin, après la mort de Simon de Montfort (1), après le siége essayé, sans succès ( en 1219), par Louis, fils du Roi de France Philippe Auguste , lorsque le Comte Raymond VI était resté maître de sa capitale, et n'avait plus à se défendre que contre les attaques impuissantes d’Amaury de Montfort ; lorsque la Cité, réparant ses ruines, était revenue à ses an- ciennes traditions et avait rétabli son Chapitre Municipal sur ses antiques bases (2), Foulques, de retour du Concile de La- tran (tenu en 1215), abandonna sans retour ce monde poli- tique où il n'avait que trop marqué sa place. Il résolut même de rentrer dans le cloître, et ce fut seulement par obéissance pour le Pape qu’il renonça à ce projet de retraite absolue; mais il n'eut plus pour les affaires terrestres ni la même acti- vité, ni la même influence. 11 n'intervint, en aucune facon, dans ce fameux traité de 1228, si fatal à la dynastie des Raymond (3). Il vécut obscurément jusqu'en 1231, occupé d'œuvres pies et vraiment épiscopales, s'il faut en croire des historiens trop indulgents pour les agitations mondaines de la vie de ce prélat (4); car il a eu des panégyristes enthousiastes autant que de détracteurs convaincus. Pour les uns, Foulques a été un homme illustre, religieux, vénérable, un Évèêque bien- heureux, plein de piété, un autre Elisée, etc. (5); pour les autres, il a été un fanatique , un traître, un perfide, un génie infernal (6), enfin, l'Evêque des diables; qualification que (1) Montfort s’empara de Toulouse après la bataille de Muret (1213) ; il l’assiégea de nouveau en 1217, et fut Lué en 1218. (2) Voy. M. du Mège, Znst. Toul., tom. 1, pag. 336, 345. (3) Voy. Catel, Hist., pag. 332. (4) Voy. Catel, Mémoire sur le Lang., pag. 898. (5) Voy. Guidon, pag. 41. — Guillaume de Puylaurens, chap. vu, x, xu , elc., ele. — Catel, Loc. cit. — Voy. Millôt, Hist. des Troubadours , tom. 1, pag. 179 et suiv. (6) Voy. H. Martin, Hist. de France, liv. xxiv. 56 MÉMOIRES Foulques acceptait, pourvu que l'on convint avec lui que ses ouailles étaient les démons confiés à sa garde (1). Les idées de tolérance qui ont si heureusement triomphé ne nous permettent pas de nous ranger parmi les apologistes d’un tel pontife. 64. Un dernier mot sur Foulques. Cet Evêque laissa à la ville de Toulouse une institution religieuse qui, peut-être contre ses intentions et assurément contre les premières prévisions, le rendit funeste aux Toulousains , même après sa mort. Il y établit les Dominicains , d'abord simples Frères pré- cheurs : heureux s'ils le fussent restés!..., mais qui, s'ils n'étaient pas déjà les Inquisiteurs , le devinrent bientôt (2). Et ce nom seul en dit assez ! Foulques leur donna l'Eglise de Saint- Romain (3). Dans ce mème temps, revenu aux occupations pré- férées de ses premières années, il cultiva la poésie, mais en employant désormais à composer des cantiques sacrés les tar- dives inspirations de cette verve poétique autrefois si profane. Tel fut le renom que lui ont procuré ses premiers ou ses der- niers vers, que l'Evèque a été absorbé par le poëte aux yeux de ceux qui, comme lui, cultivaient l'art divin; ainsi Foulques à été nommé par Pétrarque dans ses Triomphes d'amour (4); et bien mieux, par une bizarrerie, aussi inexplicable que beau- coup d’autres , de son génie immense et capricieux, Dante, cet implacable ennemi des Boniface, des Clément, etc. , etc. , à placé pourtant Foulques dans les gloires immortelles de son Paradis (5). Le chantre de la Divine Comédie ne retrouve dans Foulques (1) Voy. Guillaume de Puylaurens, chap. xxxvit et XXXvUT, et la Chroni- que de l’anonyme , pag. 130. (2) Sur l’Inquisition, voy. Guillaume de Puylaurens, chap. xunr. — Voy. Fleury, liv. zxxxin, ele. , el Durand de Maillane. C’est à tort que saint Dominique est regardé comme le fandateur de l’Inquisition en France ; ce sont ses moines seuls qui ont exercé les fonctions d’inquisiteurs. (3) Voy. Gallia christiana , loc. cit. — Voy. Catel, loc. cit. el Fleury, liv. Lxxvur. 4) Chap. 1v, v. 119- 5) Paradis, chap. 1x, v. 88 et suiv. ( ( DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, 57 que le Troubadour ancien et célèbre par ses vers et par ses amours ; à ce seul titre il le met parmi les esprits bienheureux et brillants du troisième cercle. Puis ; lui faisant partager ses haines et ses vengeances, Dante fait de cette lumière resplen- dissante et pleine d'amour son interprète pour une de ces vio- lentes apostrophes où le cœur ulcéré de lexilé se répandait contre une patrie ingrate, contre ses adversaires politiques aux- quels il ne pouvait pardonner. On en conviendra done, Foul- ques a été bien poétisé par son illustre successeur ; cet l'Epopée Italienne parle tout autrement que l’histoire (1). (1) L’analvse de ce passage entier de la Divine Comédie fera juger du mérite de cette observation , et ne paraïtra pas ici dépourvue d’à-propos, d'autant que cette apparition de Foulques, souvent cilée , n’a pas élé exa- minée sous le rapporthistorique qui nous occupe ici, et n’a été mentionnée qu’en passant. Dante, parvenu dans l’étoile de Vénus (3° cercle du paradis, ix° chant}, voit s’avancer vers lui une foule de lumières resplendissant dans la splen- deur de la planète ; elles semblent ... in essa luce allre lucerne. Cb. vin, v. 19. Elles sont remplies d'amour, e sem si pien d’amor... À v. 98. Leur éclat augmente par l’allégresse que le plaisir d’être agréable ajoute à leur allégresse, …. Vid'io lei far pite Per allegrezza nova, che s’accrebbe, Quand’io parlai, alle allegrezze sue. ’ v. 46. et leur désir de plaire s’annonce par les feux qui les entourent, . e il suo voler piacermi Significava nel chiarir di fori. Ch. 1x, v. 12. Tandis que quelques-uns de ces esprits s’entretiennent avec Dante, Foul- ques, quoique tout voisin et déjà désigné comme célèbre par une renommée durable, Di questa luculenta e cara gioja Del nostro cielo ; Ch. 1x, v. 37. quoique déjà reconnu , n’a point encore parlé. Sur l'invitation du poëte lui reprochant son silence , Foulques s'explique aussitôt ; il indique le lieu de sa naissance par plusieurs détails géographiques poétiquement exprimés 58 MÉMOIRES 65. A Foulques succéda Raymond de Felgar. Ce Dominicain, imbu des principes de son ordre, et qui les pratiqua énergi- dans des périphrases, et qui font reconnaitre Marseille. Ensuite il se nomme ; il avoue combien il fut dans sa jeunesse enclin à l’amour, in fin che si couvenne al pelo. 1b. v. 99. Mais, comme les autres esprits, il n’a plus là à se repentir d’une faute qui ne se représente plus à sa pensée, sans cesse en admiration devant l’ordre magnifique que Dieu a établi et maintient dans l'univers. Poursuivant ses explications , Foulques s’adressant à Dante, lui dit : « Tu désires savoir quelle est dans ce feu l’âme Qui brille auprès de moi de scintillante flamme; Comme dans une eau pure un rayon de soleil. » Sache que c’est Rahab , transportée dans celte sphère avant toute autre âme, que le Christ racheta par son sang. Cette femme mérila ce bonheur anticipé par son dévouement et par le service qu’elle rendit à Josué lors de la première victoire dans la Terre-Sainte ; elle en est le signe glorieux et élernel. » Puis, par une brusque transition appuyée sur ces contrastes qu’il aime tant, le poète, l’exilé, se substituant à Foulques qu’il prend pour lorgane de ses colères contre ses ennemis, de ses rancunes contre Florence , s’écrie sous le nom du bienheureux : « Oui, ta cité natale est la fille de l’être Qui pour son Créateur, le premier devint traitre Et dont la jalousie a causé tant de pleurs (*). Cette cité produit, répand la fleur maudite (*) Par qui tout le troupeau la bonne route quitte ; Car elle fait qu’en loups sont changés les pasteurs. De là, les saints Docteurs autant que l'Evangile Sont délaissés ; on va pour seule étude utile Aux Décrétales ; comme à leur marge il parait. Papes et Cardinaux à cela seul s’accolent ; Jamais vers Nazareth leurs pensers ne s’envolent, Aux lieux où Gabriel ses ailes entr’ouvrait. Mais ces endroits de Rome , élus pour cimetière De la milice allant à la suite de Pierre, Avec le Vatican ensemble consacrés , Seront de l’adultère avant peu délivrés. » On voudra bien excuser la hardiesse de celte citation. Combien de traduc- tions de Dante n’ont-elles pas été et ne sont-elles pas tentées tous les jours ! (*) Satan. (“*) Les fleurs de lis de France. tie home M ins cry DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 59 quement, n’a point laissé une mémoire aussi détestable que celle de son devancier. Il n’en poursuivit pas moins les héréti- ques avec une cruauté excessive, et de concert avec les Légats de 1242 (1). Raymond fut au nombre des Evêques qui avaient auparavant imposé au Comte Raymond VII la publication des Statuts de 1233 (2). Ces Statuts donnèrent à la juridiction ec- clésiastique plus d’une extension ; ils prescrivirent notamment de ne point tarder un instant à remettre à l’'Evêque , à son Offi- cial, à son Bayle, l’hérétique saisi sur une terre quelconque, même par un particulier, à qui tout chrétien était tenu de venir en aide (3). Raymond fut mêlé à une foule d’affaires politiques et de négociations. Tandis que le dernier Comte (4) se débattait Eh bien, c’est là un court fragment de l’un de ces essais de traduction ver- sifiée , qui restera inédite, de la Divine Comédie; traduction suivant le texte tercet par lercet, et sur les formes de ce modèle si bien exécuté par l’élégant el heureux traducteur de l'Enfer et du Purgatoire (M. Louis Ralisbonne), mais dans ce système , poussé même à l’excès, qui fait passer avant tout l’exactilude et la fidélité la plus rigoureuse envers l’auteur, traduit pas à pas et au plus près, en cela si l’on veut d’autant plus trahi. On le sait, chaque système de fraduclion a ses partisans et ses ennemis, parce que chacun a ses avantages eLses inconvénients. J’ajouterai que ce genre de travail ne se produit guère aux séances de PAcadémie ; on ne s’est résolu à l’y faire paraitre, en le tirant d’une pru- dente obscurité, que lorsque , toutes choses inégales d’ailleurs , on y a vu accueillir avec intérêt et faveur une communication récente qui , moius que celle-ci, avait besoin d’indulgence (*). Du reste, le discours de Foulques comprend une soixantaine de vers (du 82e au 142° du 1x° Chant du Paradis). Ils ne cèdent, en énergiques beautés, à aucun autre des passages plus connus et plus souvent cités de ce sublime poëme que Dante a légué à la postérité comme un témoignage de son génie autant que de ses malheurs. (1) Guillaume de Puylaurens, chap. xuu. — Biog. Toul. (2) Voy. Catel , pag. 348 et suiv. ; Fleury, liv. zxxx, n° 25. (3) « Præcipimus etiam ut quilibet etiam privatus in terra cujuslibet possit inquirere et capere hæreticum ; et caplum necesse habeat sine mora Episcopo, Officiali, vel Bajulo ipsius Episcopi præsentare ; nec ipsum præsumal aliquis impedire , sed in captione quilibet christianus præstet ei auxilium et favorem. » Catel, ibid. (4) Raymond VII dit le Jeune. ( La traduction en vers da Faust de Gœthe, par M. le Prince de Polignac. Voy. Mémoires de l'Académie , 5° série, tom. 1, pag. 4314 et suiv. 60 MÉMOIRES sous les étreintes du traité de 1228 et du Concile de 1229 (1), que les Inquisiteurs, établis des lors, se fortifiaient de jour en jour (2) et que la clause de retour à la couronne semblait d’un effet imminent, Raymond s'était déclaré le servitenr zélé et dévoué des Rois de France. Ce zèle et ce dévouement le por- tèrent à défendre, les armes à la main, la ville de Carcassonne contre les entreprises du Baron de Trencarvel (3) ; il pressentait l'avenir prochain et lui donnait des gages. 66. Et cependant cet Evêque , après maints refus, consentit à être, en 1241, le témoin de l’un de ces mariages essayés , sans succès, par Raymond le Jeune pour perpétuer sa race (#4). Et cependant cet Evêque fut aussi l’un des témoins de cet acte solennel de 1247, par lequel le Comte Raymond, près de quitter la terre (1249), désira d’assurer quelques-unes des li- bertés Toulousaines contre les envahissements probables du pouvoir royal, suriout en reconnaissant à l’universalité de la Ville et du Bourg le droit exclusif de nommer les Consuls (5). Et cependant encore cet Evêque , comme compensation à ses rigueurs contre les hérétiques, et à de précédentes réserves , ayant à cœur de ne point laisser les méfaits impunis, concéda aux Consuls le droit de saisir les Clercs soumis à sa seule juri- diction , et qui seraient pris en flagrant délit de vol, de ra- pine, d’homicide, d’adultère ou d’autres crimes, mais à la condition que les coupables n’en seraient que plus tôt remis, eux et leurs armes, à lui-même ou à son Official (6). 67. Ce fut un des derniers actes de la vie de Raymond de Felgar (1269) qui ne précéda que de quelques mois dans la tombe Jeanne et Alphonse (1271). Raymond fut un personnage (x) Voy. Fleury, liv. xxx, n° 58. — Guillaume de Puylaurens, ch. xc. (2) Saint Dominique est mort en 1221. L’inquisition commença en 1229. Voy. les traités de cette année, et Biographie Toulousaine , lom. 2. (3) Guillaume de Puylaurens, chap. xcur. (4) Guillaume de Puylaurens, chap. xuv. — Fleury, liv. Lxxxt, 53. (5) Voy. Catel, Histoire des Comtes , pag. 385. (6) Voy. Catel, Mémoires, pag. 904 el suiv. die file dt. "er DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 61 important dans les grandes affaires de cette époque; mais sa qualité d'Evêque ne pouvait plus désormais retirer des avan- tages politiques ou de domination par suite de l'habileté du négociateur. Il devint du moins possesseur de nombreux do- maines (1), bénéfices, seigneuries, ete. , etc. Il assura pour longtemps la fortune des futurs Archevéques. 68. Au moment donc où le Comté finissait, nous trouvons encore en présence les pouvoirs divers qui formaient la Consti- tution politique , civile et religieuse de Toulouse : le Comte ac- cordant, octroyant, concédant les Libertés et les Coutumes, etc. ; les Consuls et le peuple, acceptant et stipulant pour faire re- connaître et maintenir leurs droits, pour les exercer, etc...; enfin, l'Evêque faisant ses réserves dans l'intérêt de sa juridic- tion particulière. Néanmoins il avait été plutôt rabaissé que relevé par les événements qui s'étaient succédé. 69. Mais tous ils touchaient à une ère nouvelle: ils voyaient s’avancer vers eux un autre pouvoir qui devait les vaincre et les absorber. C'était la puissance royale. Dès 1249, et comme préludes de ces envahissements destruc- teurs du passé, Jeanne et Alphonse son mari affectèrent dans leurs actes les formes et les formules adoptées par les Rois de France. « Æctum et datum», écrivaient-ils au bas de leurs Chartes, en reconnaissant les Libertés et les Coutumes (2), en promettant de les maintenir ct respecter. Tout au plus le Vi- guier, intermédiaire entre le Comte et ses vassaux , cédant à des réclamations élevées par les Consuls , avait-il employé les anciennes énonciations pour les dates (3). 70. A peine les Commissaires de la Couronne eurent pris possession du Comté (#) que la main royale fit sentir sa pesan- (1) Voy. M. du Mège, tom. 1, pag. 94 des Znstétutious Toulousaines. (2) Voy. Catel, Histoire, pag. 380 el suiv. (3) Voy. ibid , pag. 382. (4) Voy. Lafaille, tom. 1, aux Preuves. L’Evèque de Toulouse ne fut point délégué. 62 MÉMOIRES teur ; elle entreprit aussitôt de réduire sous le même niveau les puissances désormais subalternes devant sa prépondérance et sa souveraineté. Ces discussions qui s’agitaient entre des pouvoirs presque rivaux , ou qui tendaient à se contre-balancer les uns par les autres, curent dès ce moment pour arbitres et pour modérateurs, ces ordres descendus de la royauté, ces lettres patentes de la fin du x siècle, que nous a lues naguères le regrettable M. Belhomme (1). Ces règlements royaux annon- çaient et faisaient pressentir l'établissement d’une Cour souve- raine, émanation de la justice du Trône et instituée pour juger et terminer les débats suscités entre des Juridictions également ambitieuses, d'autant plus avides que leurs attributions étaient de jour en jour plus limitées. Le Roi voulait ou commençait à vouloir fermement être le seul maître en France. 71. En résumant les faits et les observations, on peut énoncer ces conclusions : A Toulouse , l'Evêque ne put jamais prétendre à devenir Su- zerain ou Prince temporel. Indépendamment des causes géné- rales, il aurait eu ou il eut, comme causes particulières, des obstacles insurmontables pour une telle ambition. Ce furent : 1° L’antique Constitution municipale sous l'Empire Romain ; 9° La formation et la chute des Royaumes et Empires suc- cessifs ; 3° La création et l'envoi des Ducs et des Comtes, représen- tants d’un gouvernement qu’ils soutenaient avant de le rem- placer ; 4° L'agrandissement seigneurial de ces Comtes devenus des Souverains à peu près indépendants ; 3° Par dessus tout l’organisation de la Cité Toulousaine se transformant, mais qui perpétuait, en les accroissant, ses libertés , ses coutumes , ses usages respectés , jurés, maintenus par tous ; (1) Voy. Mémoires de l’Académie, 4° série , lom. vi, pag. 349. cdtemien cc DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 63 6° Enfin les guerres de religion qui reléguèrent l'Evêque au second rang par les causes mêmes où elles prirent naissance. 72. Mais, côte à côte, pour ainsi dire, de ces autorités, dans de légitimes proportions, dans ses bornes naturelles, sous la seule condition de controverses inévitables , presque néces- saires, l'Evêque, chef spirituel, resta le maître dans son Eglise et pour sa juridiction. Lui aussi, il maintint ses droits et ses prérogatives, ou sut les revendiquer et se les faire restituer ; il garda sa place ou la reprit bientôt ; il se remit à son rang quand il fut parfois contraint de reculer. Si donc l'Evêque n’acquit pas tout ce qu'il ambitionna , du moins il ne perdit rien de ce qui ne devait pas lui être ravi, jusqu’à ce qu'il tomba sous la loi nouvelle et commune à ses antagonistes. 73. Cette séparation complète des pouvoirs temporels et spi- rituels, cette distinction raisonnable et constante entre le Droit dela Coutume, ou Civil ou Criminel , et le Droit Ecclésiastique ou Canonique apparaît ainsi dans sa démonstration. Chacun des deux avait ses lois et ses codes, les Coutumes d’une part, de l'autre le Droit Canon qui s'élevait, s’augmentait, mais ne débordait jamais pas plus qu’il n’était envahi. 7%. Il n'y a donc pas à s'étonner si ces deux Droits demeu- raient dans les limites respectives qu'ils avaient à Toulouse; et si la Coutume n’a fait que bien peu d'emprunts au Droit Canon; l’un et l’autre existait par soi-même et en soi-même. Ils cher- chaient à empiéter réciproquement, non sur leurs principes et leurs textes, mais pour les applications et les conséquences ; et leurs dispositions régulatrices étaient entièrement distinctes et séparées ; l'analyse de la Coutume en a fourni la preuve évi- dente (1). 75. Je ne sais si je m’abuse, mais il me semble résulter de cette étude bien imparfaite des raisons nouvelles pour admirer (1) Voy./l’Essai sur les anciennes Coulumes de Toulouse, par M. La- ferrière , Recueil de l’Académie de Législation , année 1855. 64 MÉMOIRES davantage les anciennes Institutions de notre Cité ; tout y était à sa place et fonctionnait dans un juste équilibre. Si ces Insti- tutions n'étaient pas à l'abri du choc des passions humaines, toujours est-il que les principes d'une liberté sage et désirable, d’une noble indépendance, l'amour sincère de la patrie, de généreux dévouements régnèrent et brillèrent, appuyés sur cette pondération réglée de tous les pouvoirs, jusqu'au jour marqué par le doigt de Dieu. Alors nos pères ne regardèrent plus la France comme une terre étrangère, n'habitèrent plus hors de France, ne franchirent plus ses frontières tels que des voyageurs (1); mais en voyant s’abaisser à jamais devant eux ces distinctions et ces barrières, ils furent définitivement appelés à partager les destinées d’une patrie plus vaste et plus gloricuse, sans oublier de longtemps les biens qu'ils avaient eus de la première. (1) Guillaume de Puylaurens emploie en.beaucoup de passages de pareilles . Tv 0 expressions. — Voy. passim. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 65 a ————_—__—__——___— —— NOTE SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE LICHEN (USNEA SAXICOLA Roum.); Par M. C. ROUMEGUÉRE. FRies à rapporté à une espèce unique les diverses Usnées d'Europe des auteurs. Pour le lichenologue suédois, toutes les formes d'Usnea dérivent de l’Usnea barbata Ach. A peu près d'accord avec lui sur ce point (1), j'avais considéré jusqu’à ce jour comme une forme ou une sous-variété de ce même type le lichen rudimentaire qui croît sur les pierres ct les gros gra- viers, dans les lieux couverts et humides , où une vive lumière ne pénètre jamais. Je dis lchen rudimentaire, car, dans cet habitat particulier, la plante n'a pas été observée avec ses apothécies. Le thalle est peu développé; les fibrilles sont cour- tes, rameuses , rabougries ; et comme la plante est plus petite dans toutes ses parties que le type auquel elle doit être rap- portée, on peut la considérer comme une élégante miniature de l’'Usnée fleurie, si élégante elle-même. Frics était loin de penser que celte forme püt constituer une espèce, puisque en parlant de l'Usnée fleurie , il dit : « Rarior et degenerans in saxis, Campis arenosis..….. » Et il n’est pas permis de douter qu'il parle de la forme dont je m'occupe, puisqu'il ne recon- naît que cette seule espèce comme saxicole. Au reste, cet ha- bitat n’est pas mentionné par tous les auteurs qui ont esquissé les principaux caractères des genres de lichens, puisque plu- sieurs ont avancé, Schærer de ce nombre, que l’Usnée fleurie et les autres espèces du genre, étaient uniquement corticoles. Les botanistes qui ont fait d’ingénieuses classifications, re- (1) Je rapporte les variétés ou formes connues à l'Usnea florida Ach., qui pour moi est le type de l'espèce. D° S.— TOME I. b) 66 MÉMOIRES lativement à l'habitat de fait , n'auraient pas eu tous les torts s'ils avaient distingué particulièrement notre espèce saxicole, puisque la forme qu'elle revêt, la consistance du thalle, les dimensions, la disposilion des scutelles demeurent constam- ment les mêmes pour les lichens qui croissent sur les rochers et sur les pierres (1), tandis que des différences frappantes caractérisent le type des écorces. Prenant un autre point de départ, certains auraient pu, en considération de la struc- ture réduite dans toutes ses parties, distinguer notre lichen par l'épithète de forme naine, ou encore tirer une diffé- rence caractéristique de la couleur verte du disque, qui est constamment glauque ou jaune au commencement de la vie ou au déclin du lichen type. Mais ces différences, quant aux formes extérieures et à la couleur du thalle, ne sauraient suf- fire, puisqu'une bonne détermination d'espèce doit emprunter sa valeur de la réunion des caractères extérieurs et intérieurs de la plante. C'est cette étude anatomique de l’intéressante forme saxicole de l’Usnée fleurie que j'ai faite, et qui m'a permis de signaler maintenant celte plante comme espèce suf- fisamment caractérisée. Depuis que j'ai écrit la mens des lichens du bassin de la Garonne, j'ai reçu de M. le D' Gaye, du Brouilh (Gers), de M. Rossignol, de Montaut { Tarn}, de M. Larambergue, de Castres, et de M. Roger, de Tarbes, divers exemplaires de l'Usnea florida , parmi lesquels se trouvait la forme saxicole, heureusement pourvue d'apothécies. Le degré de dessiccation de cet organe ne me permit point de l’analyser; l'humidité l’altéra au point de rendre toute observation microscopique impossible. Je constatai les caractères extérieurs seulement. Ce qui me surprit fut la couleur du disque, également vert comme le thalle, tandis que, dans le type ( dé Ach.}, le disque de la scutelle est jaune, pâle ou glauque. Quant aux (1) Ge que je dis là doit s'entendre uniquement de l’Usnea florida, variété saæicola, bien qu’on ait créé quelques espèces distinctes de la forme saxicole de divers lichens ; de ce nombre, le Parmelia conspersa dont M. Mougeot a fait le Parmelia quartzicola à raison de son habitat exceptionnel. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 67 dimensions, cet organe mesurait en diamètre 4-5 millimètres, tandis que les scutelles de FUsnée fleurie atteignent normale- ment un centimètre de diamètre et souvent davantage. Au mois de février dernier (1) j'eus la satisfaction de re- cueillir moi-même à Toulouse, dans l'Ile de la Poudrerie, sur les graviers ombragés de la Garonne, plusieurs individus de l'Usnea florida, forme saxicole, pourvus d’apothécies. J'ai pu, conséquemment, étudier cette plante à l’état de végéta- tion, au moyen d'expériences répétées sur huit seutelles. J'ai découvert les thèques mûres, et dans ce corps, beaucoup plus petit que celui que recèle l’orbille du type, j'ai vu des spores de dimensions moindres de moitié que celles de l Usnea florida. Ces spores sont transparentes. La thèque est insensible ou très- faiblement sensible à l’action de la solution aqueuse d'iode (2). tandis que la thèque de l'Usnea florida recoit une coloration violette prononcée. Ces différences notables, rapprochées des formes extérieures bien tranchées, de la couleur du thalle et de l’apothécie, et de l'habitat exceptionnel sur les rochers, m'ont porté à élever au rang d'espèce, la forme saxicole connue de l’Usnée fleurie. Voici la diagnose à l’aide de laquelle on pourra la reconnaître : USNEA saxicora ( Roumeguère), USNEA FLORIDA FORMA saxi- cora (olim, Roum. in Herb.). — Usxes rLoria auctorum ). Org.extér. Planta pumila, saxicola.— Thallus (filamentus) viridis, filiformis , ramosissimus, sæpius pulverulentus vel sorediatus. — Apotheciis (orbillis) rarissimis, ciliatis, late- ralibus minoribus , ciliis gracilibus brevibusque ; disco viride apertissimo. Org. intér. : Æscis parvis, obvallatis ; sporidiis ovoideis diaphanis unilocularibus, diam. long. 0"®" 0040 usque 0080. Trans. vix 0% 00200. (Grossim 300 diam. mic. Oberhauser.) (1) J'avais déjà remis mon travail à l’Académie, ce qui m'a privé d'y ajouter mes nouvelles observations sur le genre Usnea. (1) 5 cent, iode. — 14 cent. iodure de potassium. — 20 cent. eau distillée. 68 MÉMOIRES oo NOTICE HISTORIQUE OU COMPTE RENDU SUR LES TRAVAUX ET LE MOUVEMENT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES ;, INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES DE TOULOUSE, Pepuis l'aunee 4846 jusqu'à ce jou ; Par M. le Docteur AuGusre LARREY , Trésorier perpétuel. Lue dans la Séance du 7 janvier 1858. MESSIEURS , Dans la séance du 24 juin 1846, j'eus l'honneur de lire à l'Académie une Notice historique sur ses {ravaux ; publiés de- puis son origine (1), c'est-à-dire, pendant la période d'un siècle révolu ; car ce fut à pareil jour (le 24 juin 1746 \, que le roi Louis XV rendit une ordonnance portant établissement, à Toulouse, d’une Académie royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres. Je fis remarquer alors que l'existence réelle de notre Com- pagnie ne datait pas seulement de cette époque, déjà éloignée, mais qu'elle remontait vers la première moitié da xvn° siècle ; que des hommes dévoués aux Sciences et aux Lettres en avaient dès lors, jeté, pour ainsi dire, le germe en organisant, dans notre ville, ce qu'on appelait d’abord les Conférences acadé- miques. Je divisai mon travail en deux parties : la première com- prenait le précis historique des travaux de l’Académie, de- —————— (1) Voy. Mém. de l'Acad., 3 série, tom. 3, pag. 97. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 69 puis 1729 jusqu’à la révolution de 93; ct, dans la seconde partie, je faisais le résumé des travaux de notre Compagnie depuis son rétablissement, en 4807, jusques en juin 1846. Quant à ce que l’on peut appeler la première époque, c'est- à-dire de 1640 à 1729, je manifestai le regret de n'en pou- voir rien dire, et cela, par le manque absolu de tout document authentique. Mais je disais alors: si les travaux des premiers fondateurs de l’Académie sont aujourd'hui à peu près inconnus, le temps n'a pas emporté les noms de Pelisson, de Malapeire, de Palarin et de quelques autres personnages distingués dans la magistrature, le barreau, et parmi les hommes &e lettres. Eb bien, Messieurs, cette lacune que je regrettais alors, a été en quelque sorte remplie, peu d'années après, par notre honoré con- frère le D' Bernard , dans son £ssai sur les réunions littéraires et scientifiques qui ont précédé, à Toulouse , l'établissement de l’Académie des Sciences (4). Voici un des passages de la dissertation de notre ami, relatif au sujet qui nous occupe : « Nous ne possédons , dit M. Bernard , que quelques pièces dé- » tachées des travaux présentés à la nouvelle Académie pendant » la période de 1640 à 1645. La perte de ces documents est » d'autant plus regrettable, que quelques-uns de ces ouvrages » nous auraient fourni des données plus précises sur la nature » des recherches auxquelles se livraient nos prédécesseurs. 11 » paraît pourtant certain qu'ils lisaient, aux conférences heb- » domadaires , des ouvrages de prose et de vers, en latin ct en » français, et quelques-uns même en langue romane. » La collection des ouvrages présentés depuis cette époque » jusqu’en 1700, formée, au siècle dernier, par un membre » de notre Académie, M. de Méja, qui l’avait augmentée de la - »série presque complète des ouvrages imprimés à Toulouse, » existait encore, en 1816, au château de la Salvetat. Offerte, à » celte époque, à l'Administration municipale de notre ville » pour la modique somme de 700 fr., elle fut refusée dédai- » gneusement, et vendue, en grande partie, au poids. » (4) Voy. Mém. de l'Acad., 3e série, tom. 5, pag. 392 et 410. 70 MÉMOIRES Voilà, Messieurs, ce que nous savons des travaux de nos premiers prédécesseurs. Dans la communication que j'ai l'honneur de faire aujour- d'hui à l'Académie, je vais continuer, comme en 1846, de rappeler à votre souvenir ce qui s’est passé de plus remarquable dans son sein, et ce qui se trouve contenu dans les onze vo- lumes publiés pendant la dernière période décennale. Si j'avais à mentionner , une à une, et dans l’ordre chrono- logique, toutes ces productions, je su vrais la division adoptée par vous, pour la classe des Sciences, en commençant par les Mathématiques pures, et successivement les Mathématiques appliquées, la Physique et l’Astronomie, la Chimie, l'His- toire naturelle, enfin la Médecine et la Chirurgie. Les tra- vaux appartenant à la classe des Belles-Lettres seraient égale- ment présentés dans l’ordre de leur publication. Mais ce n’est pas ainsi que j'ai conçu celte revue rétrospec- tive; ce serait faire une sorte de table analytique, telle à peu près que celles que j'ai publiées en 1854, et à la fin du 6° vo- lume de la 4° série , année 1856. J'ai mieux aimé démontrer, par des preuves irrécusables, que notre Compagnie acquiert de jour en jour une plus grande considération par la régularité, l'importan ce, la diverstéet le nombre de ses travaux, et en même temps prouver l'erreur ou la mauvaise foi de ceux qui nient encore l'utilité et l'influence des Académies. Grâces à la munificence de M. le Ministre de l'instruction publique, du Conseil général du département de la Haute- Garonne, et surtout du Conseil municipal de la ville de Tou- louse, vous pouvez faire imprimer , tous les ans, un volume de 500 pages avec des planches et des dessins lorsque les sujets le réclament. Autrefois , et avant ces protections toutes bienfai- santes, vous le savez, Messieurs, l’Académie ne publiait son *ecueil qu’à de longs intervalles , faute de moyens pécuniaires. Rétablie en 1807, ce ne fut que vingt ans après (en 1827) qu’elle put faire paraître le premier volume de ses Mémoires. Depuis cette époque jusqu’en 1844 (pendant dix-sept ans) , elle DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 71 eut la plus grande difficulté à compléter le 1° série, formée de 6 volumes in-8°. Mais, à dater de 14845 , un voiume a été annuellement publié , de telle sorte que leur nombre se trouve deux fois plus considérable pendant cette période de onze ans qu'il n'avait été pendant les trente-sept années précédentes. Dans ces onze volumes se trouvent 247 Mémoires originaux, dont 160 appartiennent à la classe des Sciences, et 87 à celle des Inscriptions et Belles-Lettres. Dans la première de ces classes 41 Mémoires concernent les Mathématiques pures; 7, les Mathéma- tiques appliquées ; 24, la Physique et Astronomie; 61, les Sciences physiques et naturelles, et 8, la Médecine et la Chi- rurgie. Parmi les 87 Mémoires de la classe des Inscriptions et Belles-Lettres, 71 ont été lus par les membres appartenant à celte classe, et 16 par quatre membres de la classe des Sciences. Après les Mémoires originaux , on remarque dans le Recueil qui nous occupe 176 Rapports, que l’on peut diviser en trois catégories , savoir : Rapports nourris de pensées et de réflexions sérieuses sur les différents concours ; ils sont au nombre de 11 : Rapports présentés au nom de diverses Commissions ; on en compte 69 : enfin , 96 Rapports verbaux , faits par les membres des deux classes , complètent le total de 176. Ainsi que j'ai cru devoir le faire pour les Mémoires origi- naux, je m'abstiens de citer d'une manière particulière tel ou tel de ces Rapports, qui tous, on peut l’assurer , sont recom- mandables par leur lucidité et par l’impartialité de leurs au- teurs. Cependant, je dois le dire, il en est quelques-uns, de la première catégorie surtout , qui seront toujours consultés avec fruit comme des modèles à imiter par les Académiciens chargés, à l'avenir, de faire connaître les résultats des concours. Un Rapport spécial et substantiel, fait pour une autre as- semblée , et au nom d’une Commission étrangère à l'Académie, a trouvé place, à juste titre , dans le tome II de la 3° série de nos Mémoires. Ce magnifique travail, lu dans la séance du 19 juin 1845 par son auteur, le savant; modeste et regrettable M. Pinaud , est intitulé : Rapport sur les moyens d'assainis- sement que réclame létat des hôpitaux et autres établisse- 72 MÉMOIRES ments communaux de la ville de Toulouse, fait au Comité de salubrité de la même ville. Il serait superflu de reproduire ici cette œuvre si distinguée, où se trouve tout ce que peut inspirer de bon et de généreux une âme pure, un esprit éclairé. Ce furent les dernières pa- roles et comme le chant du cygne que fit entendre, dans cette enceinte, cet homme mort si jeune encore, et qui aurait con- tribué, je n’en doute pas, à faire reculer les bornes de la science. Toutefois, je ne résiste pas au désir de transcrire les der- nières lignes de ce Mémoire. Après avoir signalé les améliora- tions désirables pour l'assainissement dans les écoles, les hôpitaux et les établissements publics de notre ville, M. Pi- naud s’écriait, en terminant : a Recherchons et adoptons avec empressement les amélio- rations qui se présentent. Le progrès, qui est une loi de l’hu- manité, devient, quand il a pour objet les conditions mêmes de la santé publique, un droit du pauvre dont nous ne pou- vons lui refuser les bienfaits. N'oublions pas que l’air pur et une chaleur modérée sont pour l’homme un aliment indis- pensable de tous les instants, qui exerce sur les fonctions de ses organes la plus salutaire influence. Dispensons-lui donc avec largesse ces éléments de santé et de vie, sans lesquels l'art et le dévouemeut du Médecin perdraient une partie de leur efficacité. » : Qu'est-il résulté de ces paroles éloquentes , de ces vœux phi- lanthropiques? Nous le disons à regret, Messieurs; toutes les améliorations sollicitées alors ne sont pas encore complétement réalisées. Puissent-elles l'être un jour !1 Mais revenons à notre sujet. Les travaux de l’Académie déjà signalés ne doivent pas être confondus avec d’autres d’un intérêt particulier , et désignés sous le nom de Communications. On compte dans les 80 Bulletins, faisant partie des dix derniers volumes, 121 communications verbales, dont la plupart, d'une importance vraiment remarquable, ont pour but ou le progrès des Sciences ou celui des Lettres. GS EVAUT EU AUTRES Y y y DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 73 Vient ensuite un autre ordre de travaux auxquels vous atta- chez une si grande considération qu'aux termes de vos Règle- ments l'impression dans vos Mémoires en est ordonnée de droit sans l'approbation du Comité de Librairie. Ce sont les Discours prononcés annuellement, dans les Séances publiques, par les Confrères que vous avez investis de l'honneur de présider vos Assemblées. Ces Discours sont au nombre de onze , et leurs su- jets ont été pris dans les sciences physiques ou naturelles, ou bien dans des questions de haute littérature , suivant les études et la spécialité de leurs auteurs. Enfin , pour clore la série des ouvrages qui forment l’en- semble et presque la totalité de ces onze volumes, n'oublions pas les Eloges et les Notices nécrologiques que l’on y rencontre au nombre de vingt-deux. Il y en a dix qui concernent les Académiciens ayant appartenu à la classe des Sciences; sept qui s'adressent à ceux de la classe des Lettres ; un seul est pour un Associé honoraire; il y a de plus deux Eloges relatifs à deux illustrations contemporaires ( Aloys Seneferder et Etienne Gcoffroy-Saint-Hilaire) , et enfin deux Notices sur deux Méde- cins des xvi° et xvu° siècles { Du Port et Pierre Rousseau}, ces quatre derniers étrangers à l’Académie. Ceci nous amène à vous rappeler les pertes bien sensibles que l’Académie a éprouvées pendant cette période de onze années. Parmi les Associés honoraires, Arago, Salvandy et le Baron Thénard ont été enlevés à la science: vous leur avez donné pour successeurs MM. Elie de Beaumont , Flourens et Lafer- rière, dont le nom seul est un éloge. Dans les Associés ordinaires ou résidants, seize Confrères ne figurent plus sur cette liste; ilest vrai que sur ce nombre quatre vous sont encore attachés par le titre d’Associés correspondants : ce sont MM. de Lavergne, Moquin-Tandon, Saint-Guilhem et Sornin ; mais douze sont perdus à jamais. Voici leurs noms : Dessolles, Duffourc et Viguerie , Membres libres ; Borrel et For- toul passés Correspondants, et Belbomme, Bénech, Maguës, Manavit, de Mortarieu , Pinaud et de Saget notre Doyen. Mais, pour réparer ces pertes douloureuses, vous vous êtes 7h MÉMOIRES associé d’autres Confrères qui remplissent avec distinction le vide laissé par leurs prédécesseurs : ce sont MM. Astre, Caze, Clos, Daguin, Dassier, Delavigne, Desbarreaux, Dubor, Gascheau , Guibal, Laroque, Lavocat, Molinier ct Timbal- Lagrave. Quant aux Associés correspondants , dont le nombre est illi- mité en vertu de l’art. 13 de vos Statuts, vous avez conféré ce titre à cinquante-quatre savants regnicoles ou étrangers qui ont sollicité cet honneur et qui vous ont adressé, à l'appui de leur demandes, des Ouvrages scientifiques ou littéraires men- tionnés d’abord dans vos Mémoires , et déposés ensuite dans vos archives. Relativement à la perte des Associés de cette classe, il est assez difficile de l’établir d'une manière précise à défaut de renseignements suffisants, mais on peut l'évaluer à dix- huit environ , si l'on compare l'état général de 1848 à celui de 1858. Puis-je quitter ce sujet, Messieurs, sans déplorer l'éloigne- ment de vos séances que s’est imposé votre dernier Secrétaire perpétuel? Le besoin de repos l’a forcé, après quarante années de travaux continuels, d’assiduité et d’exactitude dans ses devoirs, à échanger son titre de Membre actif contre celui de Membre libre que vous lui avez unanimement conféré. Très-peu d’Académiciens ont fourni une carrière aussi labo- rieuse et ont coopéré aussi efficacement que M. Ducasse à la prospérité et au renom de notre Société. Très-peu ont enrichi nos publications d’un si grand nombre de productions. On compte plus de cinquante Dissertations , Résumptions, Discours, Mémoires ou Observations imprimés dans les divers volumes des quatre dernières séries. Il y aurait donc de l'ingratitude à ne pas exprimer ici nos vives sympathies à notre éminent Con- frère , qui s’est constamment distingué par la fécondité de son esprit, son aptitude et sa facilité au travail. Messieurs , afin de vous conformer aux Statuts qui vous ré- gissent, une question relative aux sujets des Prix a été pro- posée tous les ans, et a été fournie alternativement par les deux classes de l'Académie. Dans la période qui nous occupe , sur DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 75 onze Concours ouverts, huit ont porté leurs fruits. Ils ont pro- duit dix-sept Mémoires ; douze appartenant aux Sciences et cinq à la classe des Lettres. Sur ces dix-sept Mémoires, cinq ont remporté le grand prix de 500 fr., et ont valu, de plus , à leurs auteurs le titre d’Associés correspondants. Les Sciences ont eu trois Lauréats, et les Lettres deux ; mais cette dernière classe a décerné, en outre, deux médailles d'encouragement , et le rappel de médailles à trois autres Mémoires qui se sont fait remarquer dans les Concours de 1847 et 1848 ; comme aussi dans la classe des Sciences , et dans les deux Concours de 1849 et 1855, cette classe a voté trois mentions honorables et le titre d’Associés correspondants aux Auteurs qui, sans attein- dre le but, s'étaient distingués dans la lutte. C'est ici, je crois, le lieu de rappeler la récente innovation qui a considérablement augmenté l'influence que l’Académie exerce au dehors par les différents genres de récompenses qu'elle offre maintenant à toutes les communications scientifi- ques, littéraires et industrielles qui lui sont présentées. Ce fut le 9 mars 1854 que la première délibération , que je me plais à rappeler, fut prise à ce sujet ; en voici le texte : « Les grands travaux qui s’exécutent ou qui sont projetés » dans le département de la Haute-Garonne et dans les départe: » ments voisins, doivent entraîner des fouilles et des terrasse- » ments considérables qui peuvent amener des découvertes im- » portantes pour l’Archéologie et la Géologie. » L’Académie, mue par le désir de favoriser le progrès des » sciences, et surtout de recueillir tous les faits qui se rapportent » à la faune antédiluvienne et à l’histoire du bassin de la Ga- » ronne , décernera des encouragements spéciaux aux personnes » qui lui signaleront et lui adresseront des objets d’antiquité , » de Paléontologie et de Géologie, ou du moins qui lui en trans- » mettront des descriptions détaillées accompagnées de figures. » Ces encouragements consisteront en médailles d'argent ou » de bronze , avec mention au procès-verbal, selon l'importance » scientifique des découvertes. Dans tous les cas, les objets sou- » mis à l'examen de l’Académie resteront la propriété exclu- » sive des inventeurs. » 76 MÉMOIRES Telle fut la décision prise par l’Académie ct adressée à toutes les Administrations, à tous les Journaux ainsi qu’à toutes les So- ciétés savantes et littéraires des départements sous-pyrénéens. Cet appel fut entendu , puisque, dans la séance publique da 3 juin 1855, quatre Lauréats, appartenant à trois départements différents, reçurent chacun une médaille d'argent. Mais cette même année vous rédigeâtes votre programme d'une manière plus claire, plus précise et surtout plus étendue ; en voici un extrait : « Dans sa Séance publique annuelle , PAcadémie continuera » de décerner des médailles d'encouragement aux personnes qui » lui signaleront et lui adresseront des objets d'antiquité (m10n- » naïes, médailles, sculpture, vases , armes, etc.) et de Géo- » logie (échantillons de roche et de minéraux, fossiles d'ani- » maux, de coquilles, de végétaux , ete. ). » Cette annonce donna lieu à quatre autres communications pour lesquelles leurs auteurs reçurent, dans la Séance publique du 18 mai 1856, chacun une médaille d'argent. Toutefois, ne voulant pas borner vos récompenses à ces deux genres de recherches, et désirant donner plus d’étendue et une plus grande considération à ces sortes de travaux, votre pro- gramme, publié en 1857, mentionna , qu'indépendamment des communications d'objets d'art et de géologie, toute disserta- tion, observation où Mémoire importants et inédits sur un des sujets scientifiques ou littéraires qui font l’objet des travaux de l’Académie, concourraient à ces prix d'encouragement; de même que les inventeurs de machines ou de procédés nouveaux intro- duits dans l’industrie, et particulièrement dans l'industrie mé- ridionale. Les prix, disait le Programme , seront des médailles de vermeil, d'argent ou de bronze. Cette fois le nombre des communications a dépassé vos pré- visions. La moitié de l’année ne s'était pas encore écoulée, que dans la séance publique du 7 juin 1857, vous avez donné cinq médailles de vermeil, sept médailles d'argent et une de bronze; en total, treize prix d'encouragement. Ces chiffres en disent plus que toutes les réflexions possibles. DE L’'ACADÉMIE DES SCIENCES. gi Honneur au cher Confrère (1) à qui appartient l'initiative d’un tel progrès! honneur aux deux estimables Présidents(2) qui, en dernier lieu , dans leurs remarquables Discours, ont fait ap- précier à un public éclairé, un tel bienfait! honneur enfin à l'Académie tout entière qui, sur la proposition du Comité éco- nomique, s’'empressa d'ouvrir un crédit éventuel de cent francs pour couvrir les premières dépenses. Indépendamment de cette innovation , aujourd'hui inhérente à nos travaux, il en est une autre plus ancienne, mais qui n’ap- partient pas moins à la période du temps qui nous occupe ; je veux parler de la publication de l'Annuaire de l’Académie, dont vous avez confié la rédaction à votre Directeur en lui désignant, par l’article 21 de vos Statuts, les objets que cet Annuaire doit comprendre. Déjà, en 1813, l'Académie avait commencé, mais sur une échelle moins grande, une semblable publication, lorsque, après deux années d'épreuves, ses ressources pécuniaires ne lui per- mirent plus de la continuer. Mieux favorisés que vos devan- ciers, vous avez pu le faire paraître régulièrement depuis l'année 1846. Les articles divers que renferment ces douze Annuaires, se rapportant tous à notre Midi , les font rechercher avec empres- sement, et pour preuve de l'intérêt qui s’y rattache, 1l suffit de citer le titre de ceux qui suivent : « Hauteur de quelques lieux du département de la Haute- Garonne ; » Etat des hauteurs moyennes de l'eau de pluie et de neige qui est tombée dans l’udomètre du Canal du Midi, placé au Port Saint-Etienne , à Toulouse, par mois et par année, pen- dant les trente-huit années écoulées depuis 1809 jusqu’en 1847 inclusivement ; » Etat des hauteurs moyennes de l’eau évaporée dans le bassin évaporatoire dudit Canal et au même lieu, par mois et (1) M. Vitry, Secrétaire perpétuel. (2) MM. Hamel et Filhol. 78 MÉMOIRES par année, pendant les trente-deux années écoulées entre 1815 et 1846 inclusivement: > Notices sur la Constitution médicale de Toulouse, de 1847 à 1851 inclusivement ; » Sur les anciennes Mesures de Toulouse; » Sur la Statue de Riquet, à Toulouse ; » Sur le Jardin des Plantes, à Toulouse ; » Sur Cujas et Fermat ; » Sur le Choléra, à Toulouse ; » Sur quelques Inscriptions inédites des Pyrénées ; » Tableau des rivières navigables et flottables du bassin de la Garonne ; » Observations météorologiques relatives au climat de Tou- louse ; » Et une Notice sur le Canal latéral à la Garonne, avec un tableau des principaux ouvrages d'art entre le Pont St-Pierre à Toulouse et Agen. » On y trouve de plus l’état général des Associés honoraires, des Associés étrangers, des Associés résidants et des Associés correspondants de l'Académie, avec la date de leur nomination, depuis 1807 jusqu’au 1° janvier 1858. Il résulte de cet état général que l’Académie a inscrit sur son tableau , depuis son rétablissement, quatorze Associés hono- raires , dix Associés étrangers, cent trente-un Associés résidants et deux cent sept Associés correspondants. Enfin, il est une troisième innovation introduite, depuis quel- ques années, dans nos publications, celle des Bulletins impri- més dans les volumes. Ces Bulletins, comme je l’ai déjà dit, au nombre de quatre-vingts, expriment le résumé de ce qui s’est passé dans chaque séance, et donnent une analyse assez étendue des divers Mémoires, Rapports ou Communications dont la reproduction entière n’a pu contenir dans le corps du volume. Outre ces Bulletins, publiés seulement à la fin de l’année, lorsque le volume est imprimé, l’article 10 de vos Règlements intérieurs veut que l'Analyse de chaque Séance soit insérée DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 19 dans les Journaux de Toulouse. Mais, par suite de plusieurs réclamations, vous avez modifié, dans la séance du 9 juillet dernier , cet article de la manière suivante : « L'Académie décide que les discussions de toute nature qui » auront lieu dans son sein , ne seront, dans aucun cas, com- » muniquées dans les journaux politiques, et que l’on se bornera » à leur adresser les notes ou résumés rédigés par les auteurs » des Mémoires qui auront été lus. » Messieurs, presque toutes les Sociétés académiques de pro- vince échangent leurs productions contre les nôtres ; soixante- quatorze recoivent gratuitement, tous les ans, nos Mémoires et nous envoient de même les leurs. La classe des Sciences de l'Institut et le Garde-des-Sceaux, lorsque le Journal des Savants s'imprimait sous ses auspices , ont bien voulu nous comprendre, depuis quelque temps, au nombre des Saciétés savantes qui re- coivent gratuitement leurs publications. Le Ministre de l’agri- culture, du commerce et des travaux publics nous adresse aussi, très-régulièrement , les brevets d'invention , dont la col- lection complète se trouve dans notre Bibliothèque, et se com- pose de cent huit volumes in-4°, tous reliés. Les Académies établies dans les différentes capitales de l’Eu- rope, à Turin, Milan, Chambéry, Genève, Saint-Pétersbourg, Christiania, Amsterdam, Londres, et Washington aux Etats-Unis d'Amérique, nous envoient aussi, en échange de nos Mémoires, les travaux qu’elles publient et qui sont recherchés par ceux qui cultivent les Sciences et les Lettres. Et, disons-le avec or- gueil, la plus ancienne de ces Sociétés savantes, celle d’où émanent les Zransactions philosophiques, a bien voulu faire une distinction flatteuse en notre faveur, car l'Institut et notre Académie sont les deux seules Compagnies savantes de France qui jouissent de cet avantage d'échanger avec elle. N'oublions pas ici les dons qui vous ont été faits à diverses époques, soit en objets scientifiques, soit en objets d'art; d’abord, par le général Baron Pelet, notre compatriote et notre correspondant, des livraisons de la magnifique Carte de France ; par M. Roumeguère, votre dernier lauréat, des cinq cartons S0 MÉMOIRES renfermant les figures et les échantillons des mousses et des li- chens du bassin de Bordeaux ; par quelques autres Confrères, de plusieurs ouvrages placés dans votre Bibliothèque; et comme objets d'art, mentionnons la statuette de Riquet et celle du général Compans, notre compatriote, offertes à l’Académie, la première par l’Administration du Canal du Midi, et la seconde par notre honorable confrère, M. Lavocat ; rappelez-vous aussi l’ingénieux cosmographe de M. Burnouf, si bien exécuté par l’habile serru- rier , M. Bouzigues , à qui il a valu une médaille d'argent. A votre tour, vous avez répondu favorablement à la demande qui vous a été faite d'accorder à l'Ecole des Beaux-Arts et à l'Observatoire de Toulouse la collection complète de vos Mémoi- res pour être conservés dans leurs Bibliothèques respectives. Parlerai-je, Messieurs, de l’'empressement que vous avez toujours eu à éclairer les autorités locales lorsqu'elles ont de- mandé votre opinion sur quelques points de la science? Votre correspondance prouverait, s’il en était besoin , que vous n'avez jamais failli à ce devoir. Ainsi, lorsque M. le Préfet vous a posé celte question : « La fumée des charbonnières peut-elle » être nuisible à la floraison des céréales? » lorsque M. le Maire vous a demandé quel était le meilleur mode à suivre pour le tirage de la Loterie Toulousaine ? lorsque ce même Magistrat vous a demandé si le dépérissement des arbres des promenades éclairées par le gaz, provenait de cette sorte d'éclairage ou de toute autre cause? enfin, lorsqu'une inscription, pour être placée au-dessous de la statue de Cujas, vous a été demandée ; vous n’avez pas fait attendre longtemps une réponse à toutes ces questions, et cette exactitude vous a valu l'approbation et la bienveillance de ces hauts fonctionnaires. Vous n’avez pas été moins empressés à satisfaire aux vœux des personnes étrangères à l’Académie, lorsqu'elles ont soumis à votre examen l'appréciation de leurs travaux. « L'Académie, » disait naguère le savant Rapporteur de la Commission des Mé- » dailles d'encouragement (1), n’a jamais reçu une communi- (1) Voy. Mém. de l'Acad., 5e série, tom. 1, pag. 387. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 81 » cation de quelque valeur, sans répondre par un Conseil ou » par un Rapport consciencieux. Aussi voyons-nous s'augmen- » ter, chaque année, le nombre des Mémoires qui nous sont » adressés de toutes parts. Nos séances intimes sont en quelque » sorte, agrandies et vivifiées par cette correspondance avec le » dehors. L'Académie, loin de se plaindre du surcroît de » travail que nécessitent de nombreux rapports, des réunions » spéciales , des visites d'ateliers, sollicite ces relations avec les » vrais amis de la science, et elle offre à leurs recherches, à » leurs méditations , les récompenses dont elle peut disposer. » C'est ainsi qu'ont été accueillies très-favorablement » en pre- mier lieu , cette horloge imaginée par un jeune laboureur age- nais , et cette autre encore plus remarquable exécutée par un jeune berger du village de Lescuns, près Lavelanet, ct dont notre honoré confrère , M. le colonel Gleizes , a donné une description si intéressante dans une Notice lue à l’Académie le 7 mai 1857, Plus tard, les travaux de M. Gabolde relatifs à la navigation sur les canaux en général, et en particulier sur le Canal du Midi; ceux de MM. Maybon et Baptiste, inventeurs d’une ma- chine hydraulique à faire des mortaises; ceux de M. Galinier pour la taille des briques , de M. Espinasse pour la belle exé- cution de ses clichés ; le Cosmographe de M. Burnouf , confec- tionné si adroitement par M. Bouzigues, et quelques autres in- ventions où productions que je m’abstiens de signaler, pour ne pas abuser de votre indulgente attention. Enfin, Messieurs, je vais terminer cette Notice, comme je terminai celle de 1846 , en vous disant quelques mots concer- nant notre beau médaillier. Je vous disais alors (le 24 juin 1846) : «A la reprise de vos séances, le 3 janvier 1843, M. le » Président vous annonça le résultat de la mission dont vous » l'aviez chargé, et vous fit part de la décision du Conseil mu- » nicipal, d’après laquelle il augmentait de 500 fr. la dotation » de l’Académie, à titre d'indemnité annuelle pour le dépôt pro- » wisoire de votre médaillier dans le lotal du Musee. » Deux Commissions furent nommées , l’une par l’Académie, » l’autre par le Conseil municipal, pour procéder à la déli- 9° S.—TOME Il, 6 82 MÉMOIRES » vrance et à l'acceptation de ce médaillier aussitôt que les ré- » paralions dans les salles du Musée et la confection des vitrines » seraient terminées.» Je disais en finissant : « Espérons que cette translation s’effec- » tuera bientôt dans l'intérêt de tous. Les amis de la science » pourront consulter avec fruit ces dépôts précieux, enfouis au- » jourd'hui dans des cases impénétrables ; la Ville en retirera » quelque illustration, et l’Académie qui perçoit déjà, depuis » quatre ans, une subvention de 500 fr. de plus, sans qu'elle » ait aliéné sa propriété, ne pourra que se réjouir doublement » d'être agréable et utile au public éclairé. » En effet, Messieurs, un an après ( le 3 juin 1847), un procès-verbal constatant, d’une part, la remise , et de l’autre, l'acceptation de ce dépôt, fut dressé et signé par les parties contractantes. Cette pièce est très-importante et constitue à elle seule notre titre de propriété ; cependant, par une négli- gence qu’il est urgent de réparer, elle ne figure pas dans nos Mémoires ; elle n’est pas même transcrite sur nos registres, et ne se trouve qu'à la fin du Catalogue manuscrit rédigé par la Commission dite Commission des Médailles, et qu'un accident imprévu pourrait facilement faire disparaître. Il est donc essen- üel de prendre quelques mesures à l'abri de tout événement, pour sauvegarder le droit de nos richesses numismatiques. (Voyez la Note à la fin de cette Notice.) J'ajouterai que, depuis 1848, le Bureau de l’Académie a le soin de faire procéder, une ou deux fois tous les ans, à la vé- rification et au récolement de ce médaillier, et que, jusqu’à présent, tout est dans le plus grand ordre et dans le même état que le jour de la remise. Voilà, Messieurs, un résumé bien concis, sans doute, de vos travaux et de ce qui est survenu de particulier dans le sein de l’Académie pendant les dix dernières années. En comparant ce compte rendu avec celui qui aurait été fait auparavant dans la même période de temps, on trouverait en faveur de celui-ci une supériorité bien marquée. Jamais vos séances n'ont été aussi fréquentées ; la moyenne DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 83 des membres présents a été de vingt-deux à chaque assemblée: presque tous les Académiciens inscrits sur l’ordre du travail dressé par M. le Directeur, ont répondu , avec exactitude, à l'appel qui leur a été fait; de telle sorte que les Mémoires lus et choisis par le Comité de librairie pour être imprimés, ont dépassé quelquefois ce qui était nécessaire , à la fin de l’année, pour composer les 500 pages du volume , et qu'il faudra vrai- semblablement bientôt porter le nombre de ces pages à 6 ou 700, si toutefois nos ressources pécuniaires le permettent. S'il était besoin de rechercher les causes d’une prospérité aussi évidente et qui ont fait placer notre Académie au rang honorable qu’elle occupe entre toutes les autres Sociétés scien- üfiques et littéraires de la France, on les trouverait , d'abord , dans la bienveillante protection des fonctionnaires placés à la tête du département et de la cité, dont la libéralité nous per- met de donner plus d'extension à nos publications, et de décer- ner des prix d'encouragement aux personnes qui se distinguent dans les sciences, les lettres et l’industrie. On les trouverait encore dans l’émulation qui anime chacun de vous, et qui fait que vos travaux, müris par l'étude, la réflexion et l'expérience, sont recherchés des hommes compétents qui savent les appré- cier, et d'un public moins éclairé qui veut s’instruire. Mais il est d’autres causes non moins réelles, non moins effi- caces, quoique d'un ordre moins élevé, qui ont fait sortir l’Académie de cet état de langueur et presque d'inertie où elle était restée si longtemps. Ce sont les modifications sages et surtout l’exécution franche et complète des Statuts et des Règle- ments qui la régissent. Depuis que , dans les années 1847 et 1849, ils ont été revisés et ponctuellement observés, les travaux ont pris une régularité parfaite ; la correspondance très-étendue est constamment à jour ; le service se fait avec ordre et en- semble ; les dépenses sont subordonnées aux recettes ; une éco- nomie bien entendue a permis non-seulement d'augmenter de beaucoup le nombre des ouvrages de votre Bibliothèque et de les faire relier tous, mais encore de faire construire , récemment , des armoires suffisantes pour les y placer et classer convena- S4 MÉMOIRES blement , ainsi que la grande quantité de manuscrits tant an- ciens que modernes à comprendre dans le Catalogue général : mission dont votre Bibliothécaire a su et saura s'acquitter parfai- tement, en vous demandant même, s’il le faut, encore les fonds nécessaires que vous vous empresserez de voter pour un but si intéressant , et dans la mesure de vos ressources financières. Pour moi, Messieurs, après un tel exposé, je n’ai plus, en terminant, qu'à émettre devant vous un vœu bien sincère et qui part d’un cœur dévoué tout entier à la prospérité de notre Compagnie : comme je vous l'ai démontré , l’Académie, par le nombre et l'importance de ses travaux, est à la hauteur de sa réputation : puisse-telle, avec le même zèle et avec la même vigueur continuer à marcher dans cette voie ! et j'espère pouvoir encore enregistrer dans les revues décennales à venir, de nou- veaux succès qui serviront d'exemple à nos successeurs. Note. Depuis cette communication , l'Académie a fait transcrire sur ses registres le procès-verbal du 3 juin 1847, et en a ordonné l'impression dans le Recueil de ses Mémoires. En voici la copie litiérale : « L’ax mil huit cent quarante-sept et le trois juin, » Nous soussigné, Maire de la ville de Toulouse , agissant en cette qualité, d’une part ; » Et nous également soussignés, N. Jozy, Président de l’Académie royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse; pu MÈGe, Directeur; Ducasse , Secrétaire perpétuel; Perir, Secrétaire adjoint ; Lanrey, Trésorier perpétuel; Virny, Ducos, Banrv, BÉxEcH, tous Mem- bres de ladite Académie , d'autre part; » Nous sommes transportés, à l'heure de midi, dans les salles de J'hôtel de l’Académie, rue Lafayette, à l'effet de mettre à exécution les conventions qui ont été arrêtées dans le mois de novembre 1842, et qui se rattachent aux faits suivants : » A cette époque, M. Moquin-Tandon, alors Président de l'Académie, fit verbalement l'offre à M. le Maire de Toulouse, au nom de sa Com- paguie, de déposer dans un local désigné par l'Autorité municipale , le beau Médaillier que cette Société possède, afin que le public et les savants étrangers qui visiteraient Toulouse, pussent jouir de cette pré- cieuse collection. Il demanda aussi, par sa lettre du 15 août 1842, une DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 85 augmentation de cinq cents francs sur la dotation que le Conseil muni. cipal vote si généreusement chaque année, augmentation devenue indispensable pour couvrir la dépense occasionnée par l'impression des Mémoires de l’Académie. L'offre faite en son nom fut favorablement accueillie par l'Administration municipale et sanctionnée par la déli- bération du Conseil, en date du onze novembre 1842, qui éleva à trois mille francs la dotation de l’Académie, dotation qui figure depuis celte époque sur le budget de la ville. » Bientôt après, l'Administration fit disposer, dans les salles du Musée, des vitrines convenables, sous lesquelles devaient être placés des cartons en velours violet pour recevoir les Médailles. » De son côté, l'Académie se mit en mesure de faire la délivrance de ce Médaillier ; mais auparavant elle crut devoir charger une Commission de procéder à son récolement, et de classer en même temps, dans l'ordre le plus convenable, sur les cartons fournis par l'Administration , toutes les Médailles dignes d'y figurer. Les autres, c'est-à-dire, les frustes, les fausses ou de double emploi, devant être mises séparément pour ne pas être mentionnées dans le catalogue scientifique dont la ré- daction a été confiée aux lumières de M. du Mège, les frais d'impression restant à la charge de l'Administration. » Aujourd’hui que toutes ces dispositions sont accomplies, et à la suite de la lettre de M. le Président de l’Académie, du 29 mai dernier, qui, se référant à celle de son prédécesseur du 15 août 1842, annonce que cette Société savante est en mesure d'effectuer le dépôt du Médaillier, Nous Maire de la ville de Toulouse , déclarons et reconnaissons avoir actuellement reçu des Membres de l’Académie des Sciences ci-dessus nommés, quinze cartons contenant ensemble quatre mille deux cent quarante-sept Médailles (moins une monnaie arabe), dont soivante-onze en or, et classées dans l’ordre suivant : Médailles des peuples, des villes, des rois { 4° Carton......... 194 et des colonies grecques et latines..... Derls ve Matt, Men Médailles consulaires d’argent.......... | 3°............... 557 AS cu neue ee El 220 GORE PRET EE 7esk. Core ES NN D sshpiset Just 240 Do ne dussns à JOUE ARE ES em ssm-c eee DD DES RSS PR 902 AISNE. 6. HO RU eee joue LE 1.0 Ce DDR ere ae moy he MOta ler ce donaaree sed A Médailles impériales grand bronze....... Médailles impériales d'argent et or...... 86 MÉMOIRES » Le tout conformément au catalogue manuscrit in-4e, relié et composé de cent trente-une pages, qui a été dressé par une Commission de l'Académie, revêtu à chaque page du sceau de la Compagnie et de celui de la Mairie de Toulouse, signé par première et dernière, tant par M. le Maire que par le Secrétaire perpétuel de l'Académie, catalogue dont l’exactitude a été préalablement reconnue par lesdits signataires. » Cette réception ainsi faite, nous Maire de Toulouse, avons confié à M. Prévost, Directeur du Musée de la ville, ici présent et acceptant ce dépôt, les quatre mille deux cent quarante-sept Médailles, pour qu'il les fasse transporter immédiatement au Musée, dans le lieu de leur destination. » Il reste expressément convenu entre les parties contractantes que les délégués de l'Académie auront la faculté de visiter le Médaillier toutes les fois qu'ils le jugeront convenable, à l'effet de s'assurer qu'aucun changement n’y aura été opéré. » À ces fins, les vitrines devront être fermées à trois clés, dont une restera à la disposition de M. le Maire, l’autre à la disposition de l'Académie, et la troisième dans les mains du Directeur du Musée. » Il est encore expliqué que dans le cas où l'Administration munici- pale croirait devoir faire des acquisitions de Médailles pour son propre compile, ces acquisitions resteront tout-à-fait distinctes du Médaillier de l'Académie , et devront former une collection à part. » De tout quoi avons dressé le présent procès-verbal, qui a été fait en double original, signé de toutes parties; un de ces doubles a été remis à M. le Maire, et l’autre déposé dans les archives de l’Académie avec le catalogue déjà mentionné. » Fait à Toulouse, les jour, mois et an que dessus. Signés , Mizués, Maire par intérim; N. Jozv, Président de l’Académie; Ducos, Barry, Viry, Larrey, Perir, pu Mèce, Bénecn , Prévost, D.-BernarD , Mem- bres de l’Académie ; Ducasse, Secrétaire perpétuel. » DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 87 NOTE SUR LA DÉCOUVERTE , A TOULOUSE, D'UN VASE DE TERRE RENFERMANT DES MÉDAILLES LATINES DE L'EMPEREUR PROBUS, ET DESCRIPTION DE CES MÉDAILLES ; Par M. C. ROUMEGUËRE. Le 17 novembre dernier , des ouvriers terrassiers, en dé- fonçant le sol d’une serre que je faisais construire dans ma propriété de la rue Riquet, découvrirent , à une profondeur de deux mètres environ du niveau de la voie publique, un petit pot en terre cuite de forme circulaire , ayant quatorze centimètres de hauteur sur douze centimètres d'ouverture, que la pioche fractura en plusieurs morceaux, et d’où s’échappèrent de petites monnaies , oxydées légèrement sur leurs bords, et associées par quatre à six ensemble. Ces monnaies, au nombre de 497, étaient toutes de petit bronze romain en belle conser- vation , et ce qu'il y a de particulier, elles étaient toutes à l'effigie de l'Empereur Probus. Le triage de ce dépôt singulier m'a procuré 196 variétés distinctes , que cette communication a pour but de faire connaître. Vous savez, Messieurs , que Probus est celui des Empe- reurs romains dont l’histoire métallique est considérée comme la plus féconde, puisque l’abbé Rothelin , suivant les citations du savant Mongès , avait recueilli 2000 variétés environ de petits bronzes de son règne , qui passèrent dans le cabinet du roi d'Espagne , et que Mionnet éleva plus tard ce nombre à 2500. Mon catalogue, au point de vue de l'histoire générale , abs- traction faite néanmoins d’une pièce , offre bien peu d'intérêt, 88 MÉMOIRES puisqu'il ne mentionne qu’une faible partie des médailles con- nues de l'Empereur Probus ; mais il n’en sera peut-être pas de même sous le rapport de l’histoire locale, et pour le complé- ment qu’il offre à la collection de l’Académie , car votre série du règne de Probus renferme vingt-six variétés seulement. Je vous signalerai dès ce moment, d’une manière spéciale, une médaille sur les 196 variétés recueillies, dont le type ne me paraît pas avoir encore été décrit, c’est à l’avers la tête radiée de l'Empereur à gauche, avec la légende ordinaire, et à l’obvers une grappe de raisin avec deux feuilles et la légende en trois mots séparés par un point : FOR -+ HIL : SAL : qu'il faut lire, je présume, FORTITUDO , HILARITAS , SALUS. Figure morale qui rappelle les heureuses conséquences de l’usage modéré du vin, et qui témoigne aussi du bon sens de Probus ou de ses monétaires. Je donne cette explication de la légende critique comme mon opinion personnelle , et j'attends ce l’obligeance des numismatistes plus heureux une définition meilleure. Une légende monétaire , composée de mots abstraits et pour ainsi dire trop coupés comme celle de la médaille qui m'occupe, ouvre un large champ à la supposition et à la dis- cussion , d’abord parce que cette forme concise en tous les mots est très-peu usitée sur les médailles , et que la 3° lettre du mot HIT est altérée à sa base, et peut être prise à la rigueur pour un second LE Dans ce dernier cas , il faudrait attribuer au type une légende qui concordät moins avec le sujet qu’il représente. J'ai fait graver avec soin cette médaille, que j'ai communiquée à plusieurs numismatistes pour avoir leur avis. Vous savez, Messieurs, que notre agriculture honore la mémoire de Probus comme étant l’introducteur de la vigne dans les Gaules (1). Né en Pannonie, dans une condition mé- (1) Six cents ans avant Jésus-Christ, les Marseillais récoltaient du raïsin sur leur territoire ; cependant la vigne ne parut dans la Gaule narbonnaise qu’à l’arrivée de Fabius Maximus , et ne se répandit que plus tard dans la Gaule entière ; mais Domitien prétendit que la culture du blé dans les Gaules se— rait plus utile à l'Empire en général, que celle du vin, et en conséquence DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 89 diocre l'an 232 de J. C., il fut proclamé Empereur après la mort de Florien, l’an 276, et massacré à Sirmium , en 281, par ses propres soldats , qui lui reprochaient de les avilir par les travaux de la terre quand ils revenaient des combats. — Adoptant l'ingénieuse classification proposée par Adolphe Oc- cone , qui attribue à chaque année du règne le type des mé- dailles expliquées par lui, j'ai constaté que le dépôt de Tou- louse réunissait les six années que dura la puissance de Probus. Ainsi , l’année 276 , la première du règne, a donné trente-six médailles ; l’année 277, soixante-onze ; l’année 278, trente- huit ; l’année 279, trente-six ; l’année 280, huit ; et treize pour l’année 281 , qui est celle de la mort de ce Prince. J'ai suivi cet ordre chronologique dans la rédaction âe mon cata- logue. La découverte dont je vous entretiens vient encore à l'appui de l'opinion des contradicteurs de l’abbé Audibert, qui veut que Toulouse ait été primitivement bâtie sur les coteaux de vieille Toulouse ( villa Tolosa) (1). A l’époque où l'on redressa le canal du Languedoc pour opérer le prolongement des allées Lafayette, et quelques années plus tard , en 1843, lorsqu'on élargit les ports de ce même canal dans le quartier Saint- Etienne , on découvrit plusieurs urnes funéraires de très-grande dimension , semblables à celles qu’on voit dans notre Musée. Ces urnes étaient complétement vides ou en partie garnies de terre, mais en si grande abondance dans le sol de Saint-Aubin, que les curieux s’en étant tous pourvus , les ouvriers en em- portèrent chacun une sur leur cou pendant plusieurs jours de suite. Quelques années plus tard , on voyait ces poteries dans les jardins du quartier Guilleméry, où leurs possesseurs, gens il fit arracher toutes les vignes. Cette ordonnance fut exécutée pendant près de 200 ans; mais Probus rétablit, en 280 , la paix et les vignes dans notre pays. (1) Un antiquaire aussi instruit que modeste , M. le docteur Fournalés, professeur à l’école des Beaux-arts de notre ville, prépare un travail sur ce sujet, que ses propres recherches et le zèle qu'il a toujours mis à recueillir le produit des fouilles locales, promettent de rendre fort intéressant. 6 * 90 MÉMOIRES du peuple , les gardaient avec une certaine vénération. On retira des mêmes fouilles des restes d'anciennes constructions romaines, des füts de colonne , des chapiteaux , des fragments de bas-relicfs en marbre , et un torse de gladiateur romain en pierre, qui fut recueilli par M. Soulage. Notre honorable et savant confrère, M. le professeur Barry, vous a récemment communiqué une inscription très-intéressante que portait une pierre tumulaire trouvée dans la même localité. IL est incon- testable qu'il exista pendant les premières années du christia- nisme , des cimetières romains sur le sol des anciens cimetières Saint-Aubin , puisqu'on retrouva , dans l’emplacement des cryptes actuelles de l'église en construction , des bijoux , des médailles et divers objets que l’usage des funérailles et la piété des familles avaient fait jeter dans les sépultures. MM. Ducos, Fournalés , Soulage et mon regrettable ami Omer Colomies, recueillirent plusieurs de ces objets que l'on voit encore dans leurs collections ; mais j'ai constaté que ces localités n'avaient jamais donné des médailles du haut empire, mais uniquement des moyens bronzes de Dioclétien et des petits bronzes romains de Gallien, de Claude le Gothique , de Tétricus , etc. , menues monnaies qui étaient plus particulièrement à la disposition du peuple. — Mon jardin, où ont été découvertes récemment les médailles de Probus , était contigu au terrain des anciens cime- tières , ainsi que l’indiquent les anciens plans de la ville où la rue Riquet n'existe pas encore; mais ce n’est point aux céré- monies des funérailles qu’il faut attribuer l'enfouissement de ce dépôt. Il est plus sage de penser qu’il est dù au caprice d'un avare cachant son trésor aux yeux jaloux , ou au départ de quelque soldat qui aura voulu mettre son pécule en sûreté en le déposant dans le champ des morts. Quant aux découvertes numismatiques que l’on fait encore sur les coteaux de Pech-David, à Pouvourville , à Vieille-Tou- louse et jusqu’au village de Lacroix-Falgarde , il est à remar- quer que ces localités n’ont jamais donné des médailles du Bas-Empire romain, mais uniquement des pièces celtiques ou ibériennes et des impériales romaines jusqu’au règne de Tibère DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 91 inclusivement; d'où il est permis d'avancer que les premiers habi- tants de Toulouse allaient sur les coteaux boisés de Pech-David pour brûler les morts et mêler ensuite à la cendre des cadavres, selon la coutume de la religion payenne, des pièces de monnaies usitées dans leurs échanges , et que l’ensevelissement des corps, pratique chrétienne , ne commença que plus tard dans le pays de plaine, au lieu dit des Récollets et dans le quartier Saint- Aubin. Orbis 4238. v. c. 1028. 1. c. 276. (1). IMP. PROBVS. AVG. $ 1. Téte radiée à droite. No 1. ADVENTYS AvG. L'Empereur à cheval, à terre un captif. R © A. 2. Idem Ro 3. 3. Idem R © p. 4. Idem R © A. 5. Idem R O Zz. 6. Idem B O A. 7. Idem R + A. M dem, Are E 9. Vicrorra GERM.Trophée entre deux captifs. AQ H. 10. Roux ærern. Rome assise dans un temple exostyle..... SE He copie: eROT. 11. Socrinvicro. Le soleil dans un quadrige. R x E. (1) Attribution faite relativement aux légendes par Occone. (mp. Romano- rum numismata 1579, page 345.) Occone dit 226. Il faut lire 276. 92 MÉMOIRES $ 2. Téle radiée à gauche , l'Empereur tenant le labarum. N° 12. Sozr vicro B © A. 435. Idem B AIN. 44. Roux ÆTERN. R © E. 15. Sazvs avc. Figure debout. Serpent. XXI. Au centre II. S 3. Téte casquée, l'Empereur tenant le bouclier et la haste de la main droite. 16. Anvenrvs Proët AVG. L'Empereur à cheval fou- lant un captif. ARTE. 17. ADvENTvs AVG. R x P. 18. RomÆ ÆTERN. R x r. IMP. PROBYS. P. F. AVG. Téte radiée à droite. 19. Victoria GERM. R <<< A. 20. Idem ROMA 91. Romæ ÆTERN. R Q E. 22. Concorpra mizir. Deux figures debout joignant les mains XXIIIL. 23. Concorpra AvG. Figure debout tenant de la main droite une couronne, et de la gauche la corne d’abondance XXI — VIT. 24. Idem XXI — p. 25. Vicroria avc. Victoire passant à droite. Reese r. 26 SALVS ANG. XXI 70! 27. Jovi cons. prog. AVG. Jupiter debout tenant la foudre de la main droite et la haste de la gauche R. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 93 N° 98. Idem B < L'air peut se déplacer, se transvaser ou passer d'un corps dans un autre, el par conséquent en faire varier le poids; mais le fluide planétaire , à l'état de repos ou à l’état de mouvement, esl loujours en même quantité dans chaque corps; et voilà pourquoi un corps chaud ou froid, lumineux ou obscur, élec- trisé ou non, conserve le même poids; de même qu'une im- mense cloche de cathédrale dont les vibrations sonores les plus intenses n’augmentent point le nombre des molécules matéricl- les, et ne font point varier le poids. Les circonstances qui accom- pagnent les mouvements vibratoires sont assez nombreuses , comme on peut le voir dans l’acoustique. » Si un corps vibrant est mis en contact avec un autre corps vibrant, etsi les vibrations du premier s'effectuent en sens in- verse , relativement à celles du second , il y a répulsion. Il y aurait attraction si les deux mouvements s'harmonisaient, Les deux corps rentrent à l'état de repos lorsqu'il y a un choc direct avec des quantités égales de mouvement, etc. »Il n’y a dans la science générale que de la chimie, de la mécanique et de la physiologie. » Le fluide planétaire existe d’une manière permanente dans D° $. — TOME I. 21 326 MÉMOIRES la masse atmosphérique. Je l'ai prouvé par les faits les mieux constatés (1). » L'action directe du soleil sur le globe et dans l'atmosphère est la principale cause des phénomènes électriques, ainsi que celle de la coloration et du développement des plantes à la sur- face de la terre. L'influence de la vie organique réagit à son tour sur le fluide planétaire, et les émanations végétales, en s'élevant dans l'atmosphère, y augmentent l’activité du fluide planétaire déjà mis en mouvement par la chaleur. » L'espèce de mouvement qui s'effectue dans un nuage ora- geux , y produit des changements analogues à ceux que produit un courant dans un barreau qu’on aimante : il déplace et dis- pose autrement les molécules ; il Les fait vibrer dans une direc- tion plutôt que dans une autre, et cette direction est indiquée par les effets d'attraction ou de répulsion, etc. , etc. Les expé- riences faites sur la boussole et sur les barreaux aimantés expli- quent parfaitement les attractions et les répulsions, sans qu'on ait besoin de recourir à l'hypothèse iusoutenable des deux fluides. » Deux masses de fluides planétaires qui sont animées de mouvements directement contraires, etqui se choquent avec des quantités égales de mouvement, produisent un froid subit et peuvent ainsi donner lieu à la formation de la gréle ; car de ce choc doit résulter nécessairement, d’après les lois établies dans la mécanique, un état d'équilibre ou de repos Le froid, l'obs- curilé , et ce qu'on appelle improprement l'état naturel, relati- vement à l'électricité et au magnétisme, c'est-à-dire l'absence du calorique, de la lumière , de l'électricité, etc. , ne sont que les conséquences de l'extrême ralentissement des vibrations et des oscillations du fluide planétaire. (1) Pour faire apprécier la manière dont l’auteur établit les preuves, nous croyons utile de reproduire le passage de son Mémoire où il prétend prouver l'existence de l'électricité atmosphérique : « Qu'on reprenne ensuite toutes les expériences qui ont été faites sur les appareils où se meuvent des courants électriques, et sur les barreaux aiman- tés, dans presque toutes ces expériences action électrique de l'atmosphère sera évidente. » DÉ L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 327 » Il y a des circonstances de lieu et de climat qui rendent la grèle plus fréquente et plus intense dans une contrée que dans une autre. La nature du sol, l'espèce de végétation, le genre de culture, la disposition et la hauteur des montagnes les plus voi- sines, la direction des vallées, celle des cours d’eau , celle des courants atmosphériques, la concentration de l’activité solaire dans les vallées , et plusieurs autres causes purement locales, in- fluent, sans aucun doute, sur l'espèce et sur le plus ou moins d'intensité des mouvements qui animent les nuages, el par con- séquent sur l’ensemble des circonstances d’où peuvent résulter un refroidissement subit et la formation de la grêle. » Ainsi donc, l’Auteur du Mémoire s'efforce d'établir que le calorique, la lumière, l'électricité , le magnétisme, sont les ma- nifestations diverses d’un fluide planétaire en mouvement. Il prétend déduire de ce principe théorique, et comme consé- quence nécessaire , la solution de chacune des questions diverses mises au concours. Et cependant il n’éprouve pas la vérité de ces déductions par leur accord rigoureux avec les résultats soit des observations déjà connues, soit des observations nouvelles el personnelles, puisqu'il n'en rapporte d'aucune espèce dans son {ravail. La Commission n’a pas à se prononcer sur la valeur scienti- fique de la théorie exposée dans le Mémoire qu’elle a examiné , théorie dont l’idée première est depuis longtemps dans le do- maine de la science. Mais elle doit proclamer que l’auteur de ce Mémoire n’a répondu, selon les exigences du Programme, à aucune des questions qui y sont énoncées. En conséquence, la Commission est d'avis, à l'unanimité, de proposer à l’Académie de déclarer que, pour cette année, il n'y a pas lieu de décerner le prix de physique. 328 MÉMOIRES RAPPORT DE LA COMMISSION DES MÉDAILLES D ENCOURAGEMENT (CLASSE DES SCIENCES); Par M. D. CLOS. Messieurs , C’est un des beaux priviléges des sciences de voir leur hori- zon s’agrandir de jour en jour, en même temps que leurs applications deviennent plus nombreuses et plus importantes. Il fut une époque où leurs adeptes s'entouraient d’impénétrables secrets, oublieux de cette belle pensée de Platon : La science est l’amie de tous. Les temps sont bien changés. À mesure que surgissent de nouvelles découvertes, elles passent aussitôt, par les mille voix de la presse, dans le domaine public. Les projets les plus gigantesques, dont l'imagination n’eût pas même jadis osé concevoir la pensée, sont aujourd’hui étudiés, discutés , entrepris. Au milieu de ce mouvement général, les Sociétés savantes ne pouvaient rester inactives. Il était de leur devoir de favoriser , dans la limite de leur influence, ces tendances inces- santes vers tous les progrès. Au commencement de ce siècle, se fondait à Paris une noble institution, qui , sous le titre de Société d'encouragement, atlirait à elle de grands noms, pro- voquait d’utiles découvertes, et ne tardait pas à conquérir une lointaine réputation. Suivre un tel exemple eût été peut-être au-dessus des ressources toujours limitées de la plupart des villes de nos provinces. Mais n’y avait-il donc pour elles rien de plus à faire? Devaient-elles, comme par le passé, se borner à des publications périodiques et à porter un jugement sur les Mé- moires soumis à leur appréciation? L'Académie impériale des DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES. 329 Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse a pensé qu’elle pourrait bien être encore utile à un autre point de vue ; et d’un accord unanime, elle n’a pas hésité à élargir le cadre de ses relations et de ses travaux. Pévelopper le perfectionnement des arts mécaniques ou industriels dans notre contrée ; encourager toutes les recherches qui, dans le domaine des sciences physi- ques, chimiques et médicales peuvent avoir quelque application utile pour le bien de l'humanité ; susciter le zèle de ceux qu'a- nime, à un titre quelconque , le désir d'éclairer l'Histoire des temps géologiques ou historiques antérieurs ; accorder le privi- lége d’une sanction publique à tout ce qui lui paraît un progrès dans les sciences ou dans les arts dont elle s'occupe : tel est le but qu’elle s'est proposé. Elle a fait appel au savant, au prati- cien, à l'industriel, à l’ouvrier, au simple amateur , à tout homme jaloux de contribuer pour une part quelconque au bien général ; elle leur a dit : Toute découverte, tout perfectionne- ment , toute modification utile sera de notre part l'objet d'un consciencieux examen, et s’il ne nous est pas permis de propor- tionner toujours la récompense au mérite , nous serons heureux du moins d'appeler sur vous le bienfait de la publicité ; et déjà l’Académie a lieu de s’applaudir de cette initiative. Lorsque, en 1854, elle prenait une telle décision , elle espérait bien dans le succès. Les nombreux lauréats qui sont venus depuis, en une pareille solennité, recevoir ici le prix de leurs labeurs ou de leurs recherches, témoignent hautement de l'utilité de cette mesure. De nombreuses communications ont été adressées, cette année, à la Compagnie; s’il en est parmi elles quelques-unes sans valeur et au sujet desquelles elle doit à sa dignité de se borner au silence , il en est aussi qui ont un véritable intérêt. Voici le jugement qu’elle a cru devoir porter sur toutes celles qui ont pour objet le côté scientifique de nos travaux. 1. Un ancien élève de l'Ecole des arts de Toulouse, M. Cunq, dont l’Académie a déjà récompensé les efforts, a soumis, cette année, à son examen une machine à calcul. Bien des essais du même genre avaient été tentés avant lui. M. Gunq reconnait lui- même de bonne foi que l’arithmomètre de M. Thomas de 330 MÉMOIRES Colmar est une machine simple et commode; mais le Calcula- teur de M. Cunq, grâce à son prix peu élevé, pourra facilement se répandre, et ce genre de mérite ne saurait être dédaigné. L'Académie a cru devoir aussi approuver l’idée, heureuse- ment réalisée par M. Cunq, de réunir sur une seule feuille de papier , et à l’aide d’une série de bandes horizontales , un tableau des logarithmes des nombres entiers, depuis un jusqu’à dix mille, avec cinq décimales. Les praticiens qui font de nombreuses applications des mathématiques, pourront avoir ainsi (oujours sous la main un tableau commode et d'un usage facile. Ces deux travaux, dont M. Brassinne a rendu compte à l’Académie, ont mérité à M. Cunq une médaille d'argent avec éloges. IL. La croisure est une des manœuvres les plus importantes dans le travail de la soie. Elle a pour objet d’arrondir le fil de soie et de le sécher : insuffisante , elle laisse ces deux conditions incomplètes : trop forte, elle diminue la ténacité et l'éclat du fil. Elle s’effectuait primitivement à la main ; mais il y avait à la fois perte de temps ct irrégularité dans l'opération. Aussi a-t-on cherché de bonne heure à substituer ici des machines à Vaction de l’homme. Vaucanson fut le premier à entrer dans cette voie, bientôt suivi par quelques mécaniciens. En 1850, M. Roeck, de Lyon, présentait un très-bon croiseur à l'Exposi- tion de Toulouse; et l’on a beaucoup employé jusqu’à ce jour celui de M. Robinet, de Paris. Toutefois, M. Chalamel, de Ba- gnols, a pensé qu'on pouvait faire mieux encore. Fondé sur un mécanisme très-simple, le nouveau croiseur qu’il a soumis au jugement de l’Académie donne invariablement et avec rapidité un nombre de tours fixe et déterminé par la grosseur du fil à produire. Grâce à une disposition des plus ingénieuses , toute erreur de la part de l’ouvrier qui veut croiser les fils à la suite d'une rupture ou d’un incident quelconque est impossible. Ces deux importantes modifications distinguent le croiseur de M. Chalamel des appareils du même genre qui l'avaient pré- cédé. Aussi, sur le rapport favorable de M. Vitry, la Compa- DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 331 gnie a jugé M. Chalamel très-digne de recevoir une médaille d'argent avec éloges. Elle croit seulement devoir signaler à ce mécanicien deux additions propres à perfectionner un instru- ment déjà si utile : il conviendrait de pouvoir faire varier à volonté le nombre des tours, et d’empêcher le croiseur de se dévisser, comme il le fait souvent de lui-même : un corps, de forme allongée, placé sur la chaîne de manière à diminuer l'étendue de sa course, permettrait de réaliser la première con- dition ; et on obvierait facilement à l'inconvénient signalé, par l'adjonction à la douille du croiseur d’une petite vis de pression. M. Hippolyte Leplay a fait du sorgho sucré ( sorghum saccharatum Pers. ), de son développement et des principes qu'il renferme, une étude sérieuse qu’il a soumise au jugement de l’Académie. À la suite du rapport de M. Filhol, la Compa- gnie a reconnu à ces recherches une importance réelle au point de vue scientilique. On n’obtenait jusqu'ici l’alcool d’une plante sucrée qu'après en avoir extrait les sucs : M. Leplay est parvenu à supprimer cette dernière opération. Etadiant la composition chimique du sorgho aux diverses phases de sa végétation , il a constaté que la quantité de sucre augmente dans la tige à mesure que la plante approche du terme de sa vie. Encore vert, le sorgho ne contient que du sucre incristallisable: à l’état de maturité , il est riche en sucre de cannes. Enfin, M. Leplay a fait d'importants essais pour déterminer les avantages que peut présenter pour nos contrées la culture de cette plante. L’Aca- démie a cru devoir décerner à M. Leplay une de ses plus belles récompenses , une médaille de vermeil avec éloges. M. Cavayé a soumis au jugement de l’Académie deux sortes d'appareils de natation, construits sur un même modèle, mais de composition différente. Les uns sont de grands tubes cireu- laires en caoutchouc que l'en insuffle d'air à volonté et que l’on fixe sous les aisselles ; les autres, qui ont paru beaucoup plus incommodes , sont en légères feuilles métalliques. Les premiers semblent, par leur nature même, éviter le défaut qu'a la cein- ture de sauvetage, de rester imbibée de liquide, la natation terminée. Toutefois, l'appareil de M. Cavayé réclame un per- 332 MÉMOIRES fectionnement ; il devrait être divisé à l’intérieur, à l’aide de diaphragmes , en plusieurs chambres aériennes distinctes ; car, dans son état actuel, la moindre fissure au tube à la suite d’un choc où d'un accident quelconque, suffirait à mettre en péril la vie du nageur. Sur la proposition de M. Filhol, rapporteur, l’Académie accorde une mention à M. Cavayé. NI. Il est une science dont l’origine ne remonte guère au delà d'un siècle environ, mais à laquelle se rattachent les plus hautes questions de la philosophie naturelle, car elle touche à l'essence même des êtres. Comment se sont formées les diverses assises de ce sol qui nous supporte? et ces montagnes dont les hautes cimes semblent porter comme un éternel défi à l'intrépi- dité de l’homme? quelles sont les diverses créations animales et végétales qui se sont succédé à la surface du globe ? faut-il ou non admettre une transition de l’une à l’autre ? toutes ques- lions qui rendent la géologie solidaire à la fois des Sciences physiques et des deux autres branches de l'Histoire naturelle. Les premiers naturalistes philosophes, à l'intuition desquels s'of- frit un si vaste horizon, s’efforcèrent de trouver en eux-mêmes la solution de ces difficiles problèmes, ignorant que la Géologie est avant tout une science d'observation. Toutefois, celle-ci n’a pas tardé à répudier les théories parfois si brillantes qui avaient servi de point de départ à la Géognosie. Aujourd’hui, grâce à la facilité des communications de peuple à peuple, grâce à ces audacieux travaux de l’homme, bouleversani le sol pour créer un passage à la vapeur , ou lui procurer un aliment, la Géolo- gie marche appuyée sur des faits et des inductions d'une incon- testable vérité. Et cependant, en cette voie, le champ de l'ob- servation est sans bornes. Aussi l’Académie n’a-t-elle qu’à s’applaudir de l’appel adressé par elle à tous ceux qu'intéressent les progrès des études géologiques ou de paléontologie générale. M. Debats, conducteur des ponts et chaussées à Lombez, a découvert, dans le bassin de la Save, un maxillaire inférieur , appartenant à une espèce animale perdue, le Mastodonte à dents étroites | Mastodon angustidens). Ce fragment a permis à un de nos confrères d'éclairer certains points de l’anatomie de ce DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 333 fossile, ct de préciser, par exemple, la position et la direction des incisives beaucoup mieux qu’on n’avait pa le faire jusqu’à ce jour. L'Académie , prenant en considération l'importance de cet envoi, a cru , sur la proposition de M. Noulct, devoir accorder à M. Debats une médaille d'argent. La Compagnie a encore reçu de M. le D° Manceau , ancien chirurgien militaire en résidence à Tarbes, cinquante pièces environ , la plupart d’un beau format , consistant en minéraux, roches et fossiles qu’il a recueillis lui-même, avec beaucoup de soin ct de peine , dans les Pyrénées. Le rapport de M. Leymerie constate qu'un certain nombre de ces pièces sont mieux caracté- risées que celles de même espèce qui existent en général dans nos collections de Toulouse, et quelques-unes offrent un vérita- ble intérêt. Aussi, sans tenir compte de quelques indications erronées, échappées à M. Manceau , l’Académie a décidé que cet envoi devait être mis, au point de vue des récompenses , sur la même ligne que le précédent. M. Voltaire-Lasbarcilles, piqueur des ponts et chaussées en résidence à Narbonne, a fait parvenir à l’Académie une masse pierreuse , découverte par lui dans la tranchée de Nyssan , et qui semble au premier abord représenter un beau fragment de tronc fossile. Malheureusement les caractères intérieurs de cette pièce sont si peu manifestes, que la Commission chargée de l’exami- ner n'a pu rien préciser sur sa nature. Il est à regretter que cet envoi soit de nulle valeur au point de vue scientifique. IV. L'Académie a cru devoir accorder une médaille de bronze à M. Louis Domergue, limonadier à Mazamet, qui lui a transmis le dessin d’un animal monstrueux qu’il possède ; c’est un porc à une tête et à deux corps parfaitement distincts. Naguère encore, ces sortes d'écarts de la nature étaient uniquement considérés comme des faits bizarres, sans utilité pour la science : on les négligeait, ou ils devenaient l'objet de pratiques superstiticeuses. Mais depuis que l'Histoire naturelle est entrée dans une voie philosophique , la science des monstruosités dans les deux rè- gnes organiques n'a pas {ardé à reposer sur des lois aussi fixes que celles de la physiologie générale : dès lors toute nouvelle 334 MÉMOIRES observation est destinée soit à confirmer, à étendre, à modifier les principes déjà établis, soit à servir de point de départ pour la création de nouveaux principes. C’est par ces considérations que, sur le rapport de M. Joly, l’Académie a cru devoir accueil- lir avec intérêt la communication de M. Domergue. V. Parmi le grand nombre de végétaux qui se recommandent à divers titres à l'observation du médecin et du physiologiste, il en est deux qui ont su fixer surtout l'attention du D* Millon, médecin à Revel. À Le Gui de chêne { V’iscum album L., ), est une plante aux mœurs essentiellement bizarres, réfractaire à toute culture, incapable de vivre ailleurs que sur d’autres végétaux. C'était pour les Druides la plante sacrée par excellence, un présent du ciel. Tous les ans, au solstice d'hiver, suivis d’une foule im- mense , ils parcouraient, à la recherche du précieux parasite , les réduits les plus obscurs des forêts de la Gaule. On le cueil- lait à l’aide d'une serpe d’or; on le recevait dans des tissus d’une finesse extrême, d’une éclatante blancheur ; on distribuait l'eau lustrale purifiée par le Gui, et c'en était assez pour éloi- gner les esprits, pour dissiper les sortiléges. Aujourd’hui , le Gui n’est plus qu’une plante des plus curieuses au point de vue physiologique ct qui n’a pas même pu conserver son ancienne réputation d'efficacité dans les maladies épileptiques. M. Miilon a su réunir, dans son étude sur le Gui, les notions les plus utiles pour l'histoire de cette plante. La médecine moderne n'hésite pas à emprunter des remèdes aux poisons les plus actifs : la strychnine, la noix vomique, l'acide cyanhydrique peuvent rendre, habilement maniés, d’utiles services. Au nombre des plantes que nous a léguées l'Amérique, le sumac vénéneux ( Rhus toxicodendron L.)\, est sans contredit une des plus remarquables, bien propre à inté- resser à la fois le médecin et le physiologiste. C’est le végétal délétère par excellence. Le simple attouchement de ses feuilles peut provoquer à la surface de la peau de douloureuses érup- tions. Toutes les parties du sumac sont imprégnées de fluides caustiques , et lui seul jusqu’à ce jour a permis de constater , DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 335 par voie d'expérience , les émanations pernicicuses que peuvent exhaler les feuilles de certaines plantes. M. le D' Millon a donc été bien inspiré en faisant du sumac vénéneux l’objet d’un sérieux examen. Il a soumis au jugement de l’Académie un long Mémoire accompagné de huit planches et embrassant l'histoire botanique, physiologique, médicale et pharmaceuti- que de ce redoutable végétal. On y trouve décrits avec soin six cas de l'éruption pustuleuse que produit le contact du sumac avec la peau , et c’est peut-être la première fois que celte affec- tion est si bien décrite et figurée. Le chapitre des propriétés médicales du sumac est, sans contredit, un des plus importants par le grand nombre d'observations qu'il renferme, et dont plusieurs sont tout à fait nouvelles. L'auteur met hors de doute l'efficacité du sumac dans les paralysies indépendantes d'une lésion ou d’un vice organique du cerveau. Aussi la Commission chargée de rendre compte à l’Académie de ce travail, l’a-t-elle jugé très-favorablement , et sur la proposition de MM. Gaussail, Joly, et Clos, rapporteur, la Compagnie a décerné à M. le D° Millon une médaille de vermeil. Tels sont, Messieurs’, les documents et les objets qui, dans l'espace d’un an , ont été soumis à l'appréciation de la classe des Sciences de l’Académie. Ils sont nombreux. Espérons, dans l'intérêt de la science ct de l’art, qu'ils le seront plus encore à l'avenir. L'Académie ne reculera pas devant le surcroît de tra- vail réclamé pour leur examen : heureuse si elle peut contri- buer par ses efforts au progrès des connaissances humaines , à la prospérité des arts mécaniques et industriels en France , et en particulier dans nos belles contrées méridionales. 336 MÉMOIRES RE RAPPORT DE LA COMMISSION DES MÉDAILLES D ENCOURAGEMENT (CLASSE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES ); Par M. BARRY. Messieurs, Dans les sciences historiques, sinon dans les sciences exactes ou naturelles, l’année qui vient de s’écouler a été moins féconde, à tout prendre, que celle qui l'avait précédée. L'archéologie, dont le champ est si vaste, dont les découvertes sont aussi fa- ciles à enregistrer qu'elles sont faciles à faire, puisque c'est le hasard qui s’en charge le plus souvent, ne nous a fourni elle- même qu’un mince contingent de ces, renseignements précis que l’histoire lui demande tous les jours avec plus d'intérêt et plus de confiance. Quelques-uns de nos lauréats des précédents concours , sur lesquels nous aimions à compter, parce que nous leur devons déjà d’intéressantes communications , et qu'ils con- tinuent, nous le savons, leurs investigations persévérantes , nous ont fait complétement défaut. D’autres, comme MM. Lou- bers frères , de Toulouse, qui nous ont adressé deux curieuses patères d'argent, découvertes, il y a quelques années, dans le sol antique de notre ville, et analogues, par le caractère de l'ornementation comme par l’alliage du métal, aux célèbres vases d'argent de Caubiac, que M. de Montégut publiait dans nos Mémoires, à la fin du siècle dernier (1785, t. IL, p. 1 et suiv.), ont oublié, à notre grand regret, que l'institution et le règlement de nos concours archéologigues en exclut d’une manière formelle loute découverte qui ne serait point inédite au moment où elle nous est soumise. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 337 Ceux qui entrent après eux dans notre:modeste arène ne semblent pas tous aussi familiarisés avec les recherches que nous encourageons , ou n'ont pas tous été également favorisés de l’aveugle déesse qui est pour quelque chose dans tous les succès de ce monde, dans ceux même de l'archéologie. En ac- cordant à l’un d'eux, à M. Guittard , instituteur à Vallègue, la plus modeste de nos récompenses , une médaille de bronze, nous avons dû tenir moins de compte de l'importance de ses découvertes, qui nous ont paru manquer de caractère et de précision, que des habitudes d'investigation dont elles étaient l'indice, et des services que peut nous rendre, dans les voies nouvelles où nous voudrions ramener l'attention , le corps de fonctionnaires méritants et laborieux auquel il appartient. Pourquoi, en effet, comme le remarque avec raison M. Guit- tard , pourquoi les instituteurs des communes rurales qui cou- vrent comme d’un réseau tout le sol de notre pays, ne devien- draient-ils pas les associés et comme les conducteurs de ces re- cherches qui les intéressent à un double titre, puisqu'elles tou- chent de très-près souvent à l’histoire des classes inférieures dont ils sont les précepteurs et les guides ? Pourquoi ne de- viendraient-ils point, dans un autre ordre d'études, le complé- ment et la contre-partie de l'administration des ponts et chaus- sécs dont les employés inférieurs nous ont rendu, en géologie notamment, de si utiles services ? La plus importante des communications qu’ait reçue l’Aca- démie est due à M. l'abbé Costes, curé de Caïlhavel, qui n’en est pas à ses coups d'essai en fait d'archéologie, car c’est par lui qu'ont été sauvés du creuset, il y a plusieurs années, un nombre considérable de monnaies consulaires romaines dont se sont enrichies plusieurs des collections publiques où privées du Midi , le Musée de Carcassonne entre autres, où la trouvaille de Gramazié {c'est le nom de la localité où elle a été faite) remplit une vitrine tout entière, et attire l'attention des nu- mismalistes par la beauté de certains types et la conservation remarquable de l’ensemble. Il m'est impossible moi-même d’ou- blier, en prononçant le nom de M. l’abbé Costes, que c’est 338 . MÉMOIRES entre ses mains que sont restées longtemps deux élégantes figurines antiques , qu'il m'a été donné d'admirer pendant plu- sieurs jours, et sur lesquelles j'aurais tenu à arrêter les re- gards et l’attention de la Compagnie, qui n'est point habi- tuée, en fait d’antiquités, à des communications de cette im- portance artistique. Je ne pourrais aujourd'hui vous en parler que sur des souvenirs effacés en partie, malgré une photogra- phie assez mal venue que j'en avais fait prendre, eten vous en parlant même ainsi, je sortirais du cadre limité dans lequel je dois me renfermer, püisque ces deux morceaux charmants d'époque, de style, de conservation même, ont passé, comme bien d’autres choses, des mains d’un amateur de notre ville dans les vitrines d’une célèbre collection de Paris (celle de M. de Janzé}, où l’on en ignore probablement la provenance et l’origine. C'est à Cailhavel et à quelque distance par conséquent de la commune de la Force , où avaient été trouvées , au milieu de dé- bris et de monnaies antiques du n° siècle de notre ère {les deux Philippes, Probus, Tacite , etc.), les deux figurines que je viens de signaler à vos regrets , qu'ont été découverts, à une époque toute récente, les objets d’un caractère tout différent que M. l'abbé Costes soumet aujourd’hui à l'appréciation de l’Académie. Ils étaient enfouis à une faible profondeur , à ce qu'il paraît, et à très-peu de distance du village actuel, sur un plateau élevé qui servail évidemment de cimetière ou de sépulture commune, car on les y a trouvés mêlés à des ossements humains et à quel- ques squelettes encore entiers, couchés côte à ‘côte, la tête vers le nord et les bras croisés sur la poitrine. Comme la plupart des sépultures gallo-romaines des derniers temps de l’empire, surtout lorsqu'elles appartiennent aux classes pauvres de la société, où l’on se donnait rarement le luxe d’une auge ou d’un cercueil de pierre (la Naufa des lois barbares), les tombes de Caïilhavel ne portaient aucune inscription qui püt servir à dé- terminer l'époque à laquelle elles appartiennent. Mais les us- tensiles et les armes de fer ou de bronze, les ornements d’es- pèce diverse, les agrafes métalliques des ceinturons cet des DE L ACADÉMIE DES SCIENCES. 339 baudriers de cuir , que l'on avait l'habitude, universelle alors, d'enterrer avec les morts , et que nous retrouvons constamment à côté de leurs cadavres, fixés souvent à la place même qu’elles occupaient pendant la vie, peuvent suppléer, dans une certaine mesure, à ce silence systématique des monuments épigraphi- ques. Ces débris, trop souvent dispersés, ont été recueillis par M. l'abbé Costes, avec l'attention et le soin qu’ils méritent ; et quoique nous en soyons réduits à les juger sur des dessins tou- jours moins concluants que les objets qu'ils reproduisent, leur caractère est assez tranché pour nous permettre d'affirmer sans hésitation qu'ils appartiennent , non point à l'époque de la croi- sade des Albigeois, comme le supposait l'auteur de cette com- munication, mais à l'époque mérovingienne de notre histoire, à laquelle nous reporte, d'une manière plus précise encore , un triens d'or, recueilli à peu de distance de ce cimetière antique. Ce serait aller beaucoup trop loin que de conclure de ce nom de Mérovingien , synonyme pour nous d'une époque ou d’une ère historique , que les tombes qu'on vient de nous signaler appar- tenaient, sans distinction, à des Franks ou à des barbares de race, et que le village de Cailhavel ait cu l'honneur, heureu- sement fort rare dans le Midi, d'avoir été le sort ou le do- maine (sors) de quelque chef de dizaine ou de centaine barbare, restée chez nous à la suite de quelqu'une de ces expéditions dévastatrices que nous raconte Grégoire de Tours. Grâces aux travaux intelligents de l'histoire et de l’érudition modernes, grâces sartout aux analyses lumineuses et aux récits pleins de vie de notre admirable Augustin Thierry, dont la France et l’Europe pleureront longtemps la perte, nous savons aujour- d'hui à quoi nous en tenir sur la proportion numérique des vainqueurs et des vaincus à la suite de la conquête franque, sur la manière dont s'était répartie sur notre sol la population con- quérante, cantonnée, à de rares exceptions près, dans le pays au nord de la Loire, à d'assez grandes distances par conséquent de la Narbonnaise et du Rasez, où les bandes franques n’ont probablement jamais paru. Dans la Neustrie elle-même, où M. l'abbé Cochet a fait, dans ces derniers temps, de nombreuses 340 MÉMOIRES et intéressantes découvertes analogues à celle que nous venons de vous faire connaître, nous nous sommes demandé plus d’une fois, en parcourant les procès-verbaux de ses fouilles, à quels signes et sur quels indices historiques il distinguait ee qu'il appelle des tombes franques, c’est-à-dire, si le mot à un sens, les tombeaux d'hommes de race germanique et étran- gère, de ceux des indigènes ou des Gallo-Romains, dont le genre de vie, le costume et l’armure même devaient ressembler de bien près, toute différence de condition et de fortune gardée, à celle de leurs vainqueurs, à partir surtout du vr ct du vf siècle de notre ère. Ce qui est incontestable , et ce que les dé- couvertes de Cailhavel mettent, à nos yeux, au-dessus de toute discussion, c’est que cet obscur village, dont nous ignorions même le nom avant la communication dont je viens de vous entretenir, existait déjà à l’époque barbare de notre histoire , et par conséquent à l’époque romaine, puisque la barbarie proprement dite a beaucoup plus détruit qu’elle n’a fondé. Sans nous exagérer l'importance des découvertes de M. l'abbé Costes, elles nous ont pourtant paru dignes d’une de nos récompenses les plus honorables { une médaille d'argent }, dans un moment surtout où l'Administration se préoccupe avec un zèle intelli- gent de nos antiquités nationales, et travaille à restituer, si on peut le dire, la géographie ancienne de la Gaule, en s'auto- risant de recherches et de découvertes locales, de travaux mo- destes et méritants, comme ceux que nous vous signalons ici. C'est à un tout autre ordre d'idées qu'appartiennent trois Mémoires manuscrits, sur lesquels je voudrais pouvoir arrêter plus longtemps que je ne le ferai l’attention de l’Académie. Le premier, qui a pour objet des études juridiques sur l’augment ou le gain de survie selon la coutume de Lomagne en Gasco- gne, est l’œuvre d’un magistrat instruit du tribunal d'Auch, de M. Ferdinand Cassassolles, auquel l'Académie est heureuse de décerner une de ses médailles d'argent. Sans méconnaître le mérite, un peu spécial peut-être , de cette dissertation, à la- quelle la Commission dont je suis l'organe n’a reproché qu'une erreur de détail , facile à corriger, sur l’origine ou le point de DE L’ACADÈMIE DES SCIENCES, 341 départ de cet usage légal , et sans oublier une trop courte his- toire de la ville de Lectoure, publiée, il ÿ a déjà longtemps, par le même écrivain ; l’Académie aurait été plus explicite dans ses éloges et dans ses récompenses si l’auteur, au lieu de con- centrer son atlention sur un point curieux, il est vrai, du droit municipal de cette ancienne province, l'eût embrassé dans son ensemble , comme l'a fait récemment un de nos collègues pour une petite ville voisine de l’ancienne vicomté de Lomagne (1), et nous eùt donné dans son entier le texte encore inédit de cette coutume, que personne n’a étudiée el ne connaît à coup sûr aussi bien que lui. Un autre magistrat, qui appartient cette fois au ressort de Toulouse, et que se sont empressées d'accueillir, dès qu'il a été connu parmi nous, plusieurs Sociétés savantes de notre ville , M. ons, a consacré deux Mémoires étendus et conscienciceux à l'étude d'une petite ville voisine de la nôtre, dont le nom est beaucoup plus connu que l'histoire. Dans sa notice sur l'abbaye royale de l'Oraison - Dicu - lez - Muret, il a essayé de suivre, autant que le lui permettaient la pénurie et incohérence des documents contemporains , l’histoire de cette ancienne abbaye, née, au xu° siècle, d’une pieuse colonie, partie du couvent de la Lumière-Dieu de Fabas, au pied des Pyrénées, et qui devint bientôt, grâce au patronage des Comtes de Comminges, suze- rains du pays, et aux sympathies libérales de la noblesse du comté, dans laquelle la congrégation se recrutait exclusive- ment, riche, florissante et enviée. Les orages, dont le moyen âge n'était pas plus exempt que les temps modernes, quoiqu'ils fussent en général plus circonscrits et plus passagers , les ora- ges ne commencent réellement pour elle qu'à l'époque désas- treuse des guerres des Anglais, où les compagnies de routiers , dispersées dans le Midi, qu'elles traitaient en pays conquis , sur- prirent, pillèrent et brälèrent le couvent situé en plate cam- (4) Les coutumes de Beaumont-lès-Lomagne, publiées , traduites et com- mentées par M. Dubor, Meém. de l'Acad. des Sciences, Inser. el Belles-Lettres de Toulouse, année 1850, 3e série, tom. vi, p. 113. 9° S, —TOME IL. 22 342 MÉMOIRES -pagne, à plus d’une licue de la ville, et en dispersèrent les re- ligieuses , dont plusieurs vinrent se réfugier et se réunir à Mu- ret, dans une petite maison qu’elles tenaient de la libéralité des Comtes (1442 ou #4). La partie la plus neuve du travail que nous analysons est in- contestablement celle où l'auteur, s'intéressant, à son tour, à cctte maison déchue et ruinée, qui ne subsistait plus que de nom, montre les religieuses travaillant, avec l'esprit de suile ct de patience qui distingue les Congrégations monastiques, à recueillir les débris dispersés de cette ancienne fortune, les terres et les grands biens de leur maison, envahis et détenus par les moines de l'abbaye d'Eaunes qui les défendaient , à ce qu'il paraît, avec une habileté, une fécondité d'expédients ct une persévérance au moins égale à celle de l'attaque. Pour re- naître, il ne fallait à la Congrégation que gagner ses procès, c’est-à-dire que couper court aux appels sans fin, aux incidents et aux interlocutoires qui sortaient les uns des autres , et se dé- gager du réseau de formalités ou de lenteurs dans lequel on l'avait enlacée. Elle y parvint enfin versle milieu du xvn° siècle par la protection toute-puissante alors du Cardinal de Richelieu, qui traitait à l'égal de la rébellion, la mauvaise foi, l’avidité, l'oppression des faibles par les forts. Mais ce fut pour s’affaisser de nouveau et pour s'éteindre bientôt après sous une pression plus terrible que les violences du xv° siècle, sous cette conju- ration de l'indifférence, de la froideur, d’un éloignement ins- tinctif qui se développait avec le xvme siècle, qui remontait in- sensiblement jusqu'aux classes élevées de la société et qui se traduisait, dans l’intérieur des couvents, par la dépopulation , par le relâchement et un état de gêne voisin de la pauvreté. Ce fut le 8 juillet 1760 que fut rendu le troisième arrêt du Conseil qui ordonnait , au nom du Roi, la suppression de la maison, et la réunion de ses biens à l'abbaye des Salenques de Toulouse, qui appartenait, comme elle, à l’ordre de Cîteaux. Dans son étude analytique du cadastre de Muret, pour l’an- née 1669, l’auteur pénètre et nous fait pénétrer avec lui dans l'intérieur d’une petite ville de province, telle qu'elle était à la DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 343 fin du xvu siècle , il y aura bientôt deux cents ans. Non con- tent de recueillir, chemin faisant, tous les renseignements que pouvait lui fournir ce document précieux , comme le sont tou- jours les statistiques, sur le territoire de la ville, sur ses can:- mas et ses faubourgs où il relève patiemment les noms des te- nanciers et ceux des métairies , il entre à la suite des agrimen- seurs (c'est le nom tout latin sous lequel on les désigne encore) dans l’intérieur de la ville, dont il énumère minutieusement tous les détails, dont il nomme et décrit les portes engagées encore dans l'antique enceinte de murailles, au pied desquelles s’est li- vréc la célèbre bataille qui décida des destinées de votre pays, les ponts, les places, les rues, les ruelles, les coins de rues dont la plupart ont perdu leur nom. Peut-être aurait-il pu tirer, plus fréquemment qu'il ne l’a fait, de ces détails exacts mais arides, quelques renseignements ou quelques inductions sur l’état inté- rieur de la population, sur le chiffre habituel des revenus ct des fortunes, sur le développement du commerce et de l’indus- trie, paralysés, comme ils le sont encore, par les habitudes agricoles et le voisinage d’une grande ville, sur les rapports de la classe ouvrière et de la classe moyenne avec la noblesse locale qui habitait alors les rucs de la Croix et de Garonne, le fau- bourg Saint-Germain de Muret, comme l'appelle l’auteur. Bien des choses ont changé, à coup sûr, dans cet intervalle de deux siècles, couronnés par une révolution ; mais en perçant cette atmosphère de calme et de silence qui pèse toujours sur la petite ville, on retrouverait probablement, sous des noms diffé- rents, de l’une à l'autre époque, bien des ressemblances ou des affinités. Sans se dissimuler ce que laisserait à désirer, de plusieurs autres côtés encore, les travaux que j'essaye de vous faire con- naître , la Commission dont je suis l'organe n’en a pas moins été frappée de leur caractère simple et sensé, qui répond com- plétement au Programme formulé par l’Académie , de leur sujet précis et bien déterminé, de leur cadre étroitement circonscrit , du ton de bonhomie même qui y règne d’un bout à l’autre. Sous les investigations laborieuses de l'érudit qui dépouille patiem- 344 MÉMOIRES ment des documents oubliés ou inédits, on aime à sentir à l’oc- casion la personnalité du magistrat, dont les habitudes d'esprit s'allient si heureusement à celles de l'historien, le respect et le culte de la vérité sans autre mobile que la vérité elle-même, l'habitude de la discerner et de la saisir sous les réticences, sous les subterfuges ou les déguisements dont elle est presque tou- jours enveloppée, l’art de la dire sans froisser de légitimes susceptibilités et en respectant tout ce qui est sérieusement res- pectable, mais sans abjurer en même temps ses droits impres- criptibles comme ceux de la conscience humaine, sans les subordonner jamais à ce que chaque intérêt appelle complai- samment des principes. Ces qualités précieuses, inhérentes à l'essence même de l’histoire, ne sont pas moins indispensables dans de simples et de courtes monographies comme celle-ci, que dans l'histoire proprement dite, qu’il faudrait effacer de notre littérature le jour où elles viendraient à lui manquer. En décer- nant à M. Fons une de nos médailles d'argent avec éloges, nous tenons à lui rappeler que ce n’est point la plus élevée des récom- penses dont nous puissions disposer, et que les utiles travaux qui la lui ont méritée ne sont que ses premiers pas dans une carrière où l’attendent, nous en sommes certains, de nouveaux et prochains succès. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 3485 = — NOUVELLE EXPLICATION D'UN PASSAGE DE L'ÉPITRE AUX PISONS; Par M. SAUVAGE. Das le tableau qu'il a tracé des quatre âges de la vie, l’au- teur de l’Epître aux Pisons caractérise notamment ainsi l’âge viril : Queæril opes et amicilias , inservit honori. Il est digne de remarque que chacun des trois substantifs qui entrent dans la composition de ce vers, paraît, au premier coup d'œil, susceptible d’un double sens. Le premier, opes, signifie naturellement et proprement, force, pouvoir, crédit, et ce n'est que par extension , et au sens figuré, qu’il peut se prendre pour fortune , richesses. Quant au second , amicilias, qu'aucune épithète n’accompagne non plus et ne modifie , il semblerait plus naturel de l'entendre d’abord de l’amitié pro- prement dite, que de ces alliances que les hommes politiques font entre eux pour l'appui réciproque de leurs principes. Il ÿ a longtemps toutefois qu’on s’est mis d'accord sur le vrai sens de ces deux premiers mots. Opes est définitivement en- tendu dans le sens de fortune , richesse , et cette explication s'accorde parfaitement avec la pensée générale du vers qui est l'objet de cette discussion , et dans lequel l’auteur a pris soin de préciser, avec une gradation pleine de justesse, les trois moyens principaux par lesquels l'ambition politique , à Rome, pouvait arriver à ses fins. Nul doute , en effet, que l'argent ne jouât un grand rôle dans la marche qu’il y avait à suivre pour arriver aux distinctions sociales, aux dignités, aux konneurs, comme on disait vulgairement. Indépendamiment des sommes 346 MÉMOIRES énormes que coûtaient les jeux et les spectacles de toute sorte, préliminaire indispensable de toute grande candidature, il fallait encore, quand venait le jour des comices, avoir à son service des courtiers politiques qui, sous le nom fort signifi- catif de divisores, distributeurs, payaient les voix à bureau ouvert. La crainte d'un procès, pour briguc ou corruption, n’arrêtait personne, et il n’était pas rare que les personnages les plus considérables fussent en même temps accusés et candi- dats. IL est vrai qu’une fois élus ils pouvaient refaire leur for- tune dans le gouvernement des provinces par de violentes dé- prédations, comme Cussius, ou, comme Brulus , par d'igno- bles usures ; sauf, ensuite, ct afin d'échapper aux conséquences d’une infaillible accusation, ou pour s’en consoler, à faire trois parts de leurs rapines, comme Verrès : une pour leur avocat, une autre pour leurs juges , et la troisième pour eux. Un mot célè- bre sur César résume toute cette question d'argent. Comme il envoyait à Rome des sommes considérables pour corrompre les élections, ou pour acheter les magistratures, il donna lieu de dire : « Qu'il avait conquis les Gaulois par le fer des Romains, et les Romains par l’or des Gaulois. » Il fallait donc être riche pour être candidat, et c’est ce qu'Horace a parfaitement marqué par le mot opes, qui ne saurait avoir d'autre sens dans le vers qui nous occupe. D'ailleurs, entendu autrement, et dans le sens de crédit, ce mot formerait un double emploi avec le mot amicilias qui le suit, ce qui est inadmissible dans un écrivain tel qu'Horace, si curieux du terme propre, si attentif à le cher- cher , si heureux enfin à le trouver, comme l'a si bien dit un critique ancien : Æoralii curiosa felicitas. Amicilias, en effet, ne peut exprimer ici que l'amitié poli- tique, c’est-à-dire celle qui résulte d’une alliance , d’un groupe d'opinions, d’une liaison de parti. Ce sens paraît si évident à Grimm, que, dans un passage de sa correspondance de l’année 176%, il va jusqu’à dire qu’on ne peut pas entendre le premier mot du traité de Cicéron sur l’amitié, si on n’admet pas cela. Aussi, à l’occasion d’une traduction nouvelle de ce dialogue , traite-t-il fort mal le nouveau traducteur, et tous nos hommes DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES, 347 de lettres de son temps qu'il accuse de n’en savoir guère davan- tage. Il a raison d'ajouter que, dans Horace, « quærere ami- » cilias veut dire, chercher à se jeter dans un parti, parce que » l’âge viril est l’âge de l'ambition, et que, dans les républi- » ques, l'ambition regarde avec raison l'appui d'un parti puis- » sant comme essentiel à ses vœux. » Toutefois, il nous semble que le correspondant littéraire des princes d'Allemagne fait beaucoup de bruit pour bien peu de chose. IL n'était pas nécessaire d’avoir eu Ernesti pour maître, et d’avoir fait ses études au delà du Rhin, pour entendre, comme il faut, un passage après tout aussi facile. Grimm aurait pu être à la fois plus convenable et plus ingénieux. Au lieu de fonder seulement son explication sur l'étude des mœurs politiques des Romains, par un procédé qui était à la disposition de tout le monde, il pouvait l'emprunter, ce me semble, à la philologie la plus vulgaire et à l'ordre moral le plus simple. Il est évident que le pluriel amicitias frappe d'abord l'attention , et l'avertit qu'il ne s’agit pas ici de l'amitié proprement dite, de l'amitié morale, cette chose si rare et si délicate, qu'on peut bien ren- contrer dans le cours de la vie, mais qu’on ne cherche pas de. propos délibéré; qu'on peut bien avoir le bonheur de trouver une fois, mais non pas plusieurs; qui est surtout lente à se former, et ne s’impruvise pas comme ces amitiés politiques qu'on va chercher à domicile, qu’on est sûr d'obtenir à cer- taines conditions, et pour un certain temps. Au point de vue moral, l'explication était encore plus facile. Il est certain que l’amitié n'est pas le fait particulier de l'âge viril. A cette époque de la vie, on doit avoir déjà perdu plus d’une illusion, celle de l'amitié surtout, et il serait bien tard, dans tous les cas, pour commencer une poursuile à cet égard : quærere amicitias. C’est à peine si la jeunesse y est encore à temps, engagée qu'elle se trouve déjà dans les intérêts sérieux et positifs de la vie. Aussi les poëtes, c'est-à-dire, cette classe d'écrivains qui a le mieux approfondi l'étude de nos sentiments, semblent-ils faire de l'amitié le privilége exclusif de l'adoles- cence. Les plus beaux types qu'ils nous aient laissés appartien- 348 MÉMOIRES nent à cet âge, si même ils ne touchent pas quelquefois à l’en- fance. Le langage vient consacrer lui-même la vérité de cette observation. On dit : des amis d'enfance, des amis de collège ; et quand il nous arrive de parler de vieux amis, c'est moins leur âge que nous voulons indiquer que la date déjà ancienne de leur amitié. Ainsi, soit qu'on regarde au mot où à la chose, il n'y a pas d’équivoque possible sur le véritable sens d'amicitias. La diffi- culté qui m'occupe n’est done pas plus là que dans la manière d'entendre opes , et si j'ai reproduit quelques-unes des raisons qui ont désormais fixé la vraie signification de ces deux pre- miers mots, c'est parce que, dans la pensée d'Horace, ils an- noncent et préparent, au moyen d'une gradation parfaitement articulée, le sens que je propose pour les deux derniers , in- servit honort, sens tout-à-fait nouveau, et qui va faire l'objet de celte discussion. Mon opinion est que l’auteur de l’Art poétique, obiigé par son plan de caractériser l’âge viril, a eru n’en pouvoir mieux indiquer les traits principaux , au point de vue des mœurs ro- .maines, qu’en le supposant préoccupé des trois conditions es- sentielles de la candidature, c’est-à-dire, des trois moyens qui pouvaient en assurer le succès. Il nous représente donc l'homme fait, qu'il suppose d’ailleurs, à bon droit, épris de l'ambition des honneurs, courant d'abord après la fortune, puis, après l'alliance d’un parti, et venant ensuite se placer à la suite et comme au service d'un grand personnage politique dont il grossit le cortége, dont il épouse les haines et les amitiés , pour mieux assurer les fins de son ambition particulière. Voilà, selon moi, le vrai sens d’énservit honorri. Ces deux mots mar- quent le dernier degré de la pratique à laquelle tout candidat devait se soumeltre; ils complètent, si je puis m'exprimer ainsi, une sorte de trilogie de la candidature. Or, ce n’est pas ainsi que l'ont expliqué et que l'ont entendu jusqu'ici les commentateurs et les traducteurs. Soit que l’appa- rence des mots les ait trompés, soit que, préoccupés unique- ment du but que se propose l'ambition politique, dont les sou- DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 349 venirs classiques rappellent en foule les images, ils n'aient pas vu qu'Horace n'indique ici que la marche à suivre pour l’atteindre, ils ont confondu les moyens avec la fin, et le désir lui-même d'arriver aux honneurs , avec le dernier terme de la poursuite. Et moi-même, quoique dans le cours de mon ensci- gnement à la Faculté des Lettres, je n’aie pas consacré moins de trois ans à l'explication des 476 vers dont se compose l'Epitre aux Pisons, je m'y étais aussi trompé , je l'avoue, tant le pré- jugé a de force, tant les mots ont d’empire. Je me sentais surtout subjugué et entraîné à traduire, comme {out le monde, par le souvenir de ce passage célèbre où le même poëte représente ailleurs lambitieux politique au comble de ses vœux, si la foule inconstante des enfants de Romulus accumule à l’envi les honneurs sur sa tête : Hune, si mobilium turba quiritium Certat tergeminis tollere honoribus. Je ne puis même pas dire qu'après avoir si souvent passé à côté du vrai sens, j'aie eu le mérite de le trouver, par l'effet d’un examen plus attentif et plus réfléchi. C'est le hasard qui m’a mis sur la voie et me l'a fait reconnaître dans un passage du Brutus de Cicéron, où j'ai cru voir, soit dans les mots, soit dans les choses, tous les caractères d’une conformité parfaite avec celui qui est en question. Voici ce passage, que je re- prends d’un peu haut, afin de faire mieux apprécier la preuve que j'en tire. On sait que Cicéron raconte dans le Brutus l'histoire de l’éloquence, chez les Grecs, et notamment chez les Romains. « Dans le même temps, dit-il, parurent les deux frères » C. et L. Cépasius, avocats infatigables, dont une rustique » et grossière éloquence porta rapidement à la questure la nou- » veauté sans gloire et la fortune soudaine. Joignons ici, pour » n’oublier aucune voix parlante, C. Cosconius Calidianus, qui, » sans le moindre talent d'invention, étalait devant le peuple » ce qu'il avait de faconde, et recueillait les bruyants applau- » dissements d'un auditoire immense. On en peut dire au- 350 MÉMOIRES » tant de Q. Arrius, qui fut comme l'auxiliaire et le second » de Crassus, qui fuit M. Crassi quasi secundarum. Cet » homme est un exemple remarquable de ce qu'on peut faire » dans Rome en prodiguant à beaucoup ses soins officieux , et » en servant un grand nombre de citoyens dans leurs périls » ou dans leur ambition : Multorum vel honori, vel periculo » servire. » Servire honori !.… Les mots sont identiques comme la position , et ce qui suit est encore plus frappant. « C’est par » là, continue Cicéron , que, né dans un rang obscur, Arrius » parvint aux honneurs, à la fortune, à la considération, et » se fit même, sans talent ni savoir, un certain nom parmi » les avocats. » En présence d’un texte aussi formel , et qui fut pour moi comme un trait de lumière, il n’était plus possible d'hésiter sur le sens d’inservit honori. Horace avait donc voulu dire que l’homme, arrivé à l’âge viril, et qui sait très-bien com- ment, à Rome, on peut faire son chemin, quantum in hac urbe polleat, cherche à fonder son avenir sur trois moyens principaux : la fortune , l'appui d’un parti, et le patronage par- ticulier de quelque grand personnage politique dont il prend d'abord soin lui-même de seconder l'ambition. Ce dernier moyen paraît même si puissant à Cicéron, qu’à lui seul il pro- cure, indépendamment des honneurs, honores ; la fortune, pecuniam ; la considération, graliam; et même , sans génie, sine ingenio , la renommée du talent oratoire : de telle sorte, que l’auteur du Brutus semble attribuer sérieusement aux co- teries politiques ce privilége qu'un personnage de comédie donne si plaisamment aux coteries littéraires : Nul n'aura de l'esprit, hors nous et nos amis. Une fois en possession de ce sens, j'ai voulu le justifier au- trement que par le hasard d’une rencontre et l'autorité d’un rapprochement; j'ai cherché à létablir, en quelque sorte, de toutes pièces, au moyen de considérations empruntées soit à la valeur littérale des mots eux-mêmes, soit à l'étude des mœurs DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 351 politiques, soit, enfin , à l’une des données les plus importantes de l’art de la comédie. Voyons d'abord ce que disent les mots, dont le rôle est si im- portant dans les discussions de ce genre. Bien entendus, bien pénétrés, ils rendent l’idée comme transparente, et la philoso- phie doit souvent à la philologie les solutions les plus sûres. N’est-il pas évident, par exemple, que le mot inservit, exprime , au propre, un état de subordination, d’assujettissement, de ser- vitude, enfin, à l'égard des personnes et des choses ? Quant au mot Aonori, le singulier est ici très-significatif, et les affir- mations des érudits à cet égard sont si fortes , que le doute n’est plus permis, et qu'il n’est pas possible de prendre ce mot dans le sens des honneurs en général. Voici comment s'exprime Ernesti, le savant auteur de la Clé de Cicéron : « Honor, in » plurali, de magistratibus dicitur... numquam vidi quum honores dicerentur de uno magistratu. » Le grand Diction- paire de Facciolati fait la même distinction. « Notandum est, » dit-il, quum de pluribus magistratibus, scilicet de publicis » Muneribus in universum sermo sit, verbum HoxoR semper » plurali numero esse ponendum. » Qu'on ne dise pas qu'Ho- race a usé ici d’un des priviléges de la versification, en mettant le singulier au lieu du pluriel, parce que le pluriel n’allait pas à la mesure ; Horace n'est jamais en peine d’un mot, ctsi, au lieu de représenter l'homme fait au service d’une ambition autre que la sienne, il eüt voulu le montrer agissant pour son propre compte , il eüt facilement trouvé sectatur honores, qui est du meilleur latin, qui va parfaitement à l’idée et à la me- sure, surtout à l'expression , le fréquentatif s’accordant à mer- veille avec l’incessante et inquiète activité de l'ambition po- litique. Znservit honori, étudié dans la valeur intrinsèque des mots, veut donc dire que l’homme, parvenu à l’âge mûr, s'abaisse d'abord pour mieux s'élever, et se résigne provisoi- rement au second rôle en attendant le premier. C’est le sens le plus vrai, parce qu'il est le plus philosophique. « On supporte » aisément, dit un moraliste moderne, une puissance qu’on » espère pouvoir exercer. » Et Cicéron avait encore dit ailleurs 392 MÉMOIRES avec le mot même, ce qui est digne de remarque, dont je dis- cute le sens : « 4 quo plurimim sperant, ei polissimüum in- serviunt. » J'ai eu, toutefois, un moment d'inquiétude, et j'ai senti ma conviction chanceler en lisant dans Cicéron, au premier cha. pitre du second livre des Offices : Posteaquäm honoribus inser- vire cœpi, etc. Le rapport des mots était si frappant, qu'il ne paraissait pas possible que le sens ne fût pas identique. Je pou- vais bien dire, il est vrai, que le mot Aonor est ici au plu- riel, et qu'on ne se sert jamais du singulier, comme je viens de l’établir par une double autorité, pour exprimer l'ambition des honneurs en général; mais cette raison, malgré toute sa valeur, ne me paraissait pas suffisante. Je me suis donc mis à étudier plus attentivement, dans tout le contexte, le passage embarrassant , et j'y ai reconnu , avec une vive satisfaction, que je l'avais mal compris pour l’avoir considéré isolément , et que Cicéron n’y parlait pas de la poursuite, mais de l’exer- cice des honneurs, et de son dévouement exclusif à la chose publique, du moment qu’il fut entré dans les charges, comme le disent les mots qui suivent : Posiquüm me tolum reipu- blicæ tradidi. Mors le mot enservire est très-énergique ; il veut dire, au sens figuré, que Cicéron fut esclave de ses de- voirs, comme le prouvent, d’ailleurs, sa vice d'homme d'Etat et sa mort tragique. C’est un exemple de plus qu'inservire hono- ribus veut dire, même au pluriel , non pas chercher les hon- neurs , mais les exercer. Or, faire dire à Horace, dans le type qu'il trace, que l’âge viril occupe les fonctions publiques, ce serait lui prêter une puérilité. Voilà pour les raisons tirées de l'ordre philologique : les preuves qu'on peut emprunter à l'étude des mœurs de la can- didature, c'est-à-dire, à l’ordre politique, ne sont pas moins concluantes. Le passage du Brutus que j'ai déjà cité pour la valeur des mots , n’est pas moins caractéristique à ce second point de vue. Cicéron ditdeQ. Arrius , qu'il fut d'abord l'auxiliaire et comme le second de M. Crassus, qui fuit M. Crassi quasi secun- DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 353 darum, et c’est ainsi qu'il explique la fortune politique si mer- veilleuse de ce personnage en tout si médiocre. I s’avança en se dévouant au service d'un grand personnage, en le servant dans son ambit.on ou dans ses dangers ; vel honor vel periculo. C'est, en effet, l'alternative où se trouvaient habituellement les hommes politiques, comme je l'ai déjà dit : ils étaient ou candidats, ou accusés; quelquefois l'un et l'autre en même temps. Cicéron écrit à son frère : « Les quatre candidats con- » sulaires sont accusés : candidati consulares quatuor omnes rei, » À ce double titre, ils avaient besoin de l'appui et du dé- vouement de leurs amis. Remarquons , du reste, par anticipa- tion, qu'il y aici une sorte de défaveur jetée par Cicéron sur les doublures politiques en général, et en particulier sur le rôle d’Arrius. Cette considération appuie encore ma thèse, comme je le dirai plus bas. Platarque toutefois prend ces seconds rôles au sérieux, et dans ses préceptes d'administration , il recommande cette prati- que comme un moyen d'entrer aux affaires par d’honorables et glorieux commencements. Le passage, qui est d’ailleurs si affé- rent à mon point de vue, es{ particulièrement expressif par les images, surtout dans le vieux langage d'Amyot : « Tout ainsi que le lierre s'entortille à l’entour des arbres » plus puissants que lui, et se lève à mont quand et eux , aussi » chacun de ces personnages là étant encore jeune et incogneu, » se coupplant avec un autre ancien qui desjà était en crédit, » en se levant petit à petit soubs l'ombre de l'autorité de l’autre, » et croissant avec lui, a fondé et enraciné son entremise au » maniement des affaires. Ainsi, Clisthènes poussa Aristide; » Chabrias, Phocion ; Sylla, Lucullus ; Valérius, Caton ; Pam- » mènes, Epaminondas , et Lysandre , Agésilas. » Voltaire, qui avait certainement étudié les mœurs politiques des Romains avant d'écrire Brutus, Rome sauvée et la Mort de César, en marque le trait le plus éminent, lorsque , dans cette dernière tragédie, il fait ainsi parler Antoine s'adressant à César : 354 MÉMOIRES Antoine, tu le sais, ne connait point l'envie. J'ai chéri, plus que toi , la gloire de ta vie; . J'ai préparé la chaîne où tu mets les Romains, Content d’être, sous toi, le second des humains, Je pourrais, si ces développements n'étaient pas déjà trop longs , faire une excursion dans l'Histoire de nos mœurs parle- mentaires d'il y a quelques années ; y chercher , y trouver, y montrer plus d’un couple politique dont la composition serait très-propre à appuyer ma thèse; mais J'ai hâte d'arriver tout de suite aux preuves que je puis emprunter à l’ordre philosophi- que, c’est-à-dire à l'essence même de la comédie , et à l’une de ses données principales. On s’est étonné qu'Horace, dans sa description des Quatre âges , n’ait représenté la nature humaine qu'avec toutes ses fai- blesses , et n'ait pas également retracé les vertus qui l’honorent ou les qualités qui l'embellissent , la candeur , par exemple, et la grâce dans l'enfance; la générosité, l'amour de la gloire dans la jeunesse, et dans les vieillards la sagesse, fruit de l'expérience. Je trouve notamment cette réclamation dans une excellente monographie de l'Art poétique, travail complet, dû à M. Gonod, ancien professeur de rhétorique au collége de Clermont , enlevé bien jeune à l’érudition littéraire et histo- rique. Un tel étonnement, je l'avoue, m'a paru bien peu réfléchi de la part d’un interprète aussi compétent , et qui à , d’ailleurs, laissé de fort bonnes études sur les préceptes de l'Epître aux Pisons. Horace, en effet, en empruntant à la rhétorique d’Aris- tote quelques-uns des traits par lesquels ce philosophe a peint les divers âges de la vie, a dü se souvenir qu'il écrivait pour le théâtre, et il s’est bien gardé de présenter le beau côté du tableau. Boileau, en imitant ce passage, ne s’y est pas plus trompé que Régnier , et l’un et l’autre , strictement fidèles au point de vue du maitre, n'ont nullement songé à corriger ni à modifier sa peinture. C’est qu'Horace n’est point ici un mora- liste ordinaire qui étudie la nature humaine à un point de vue général, et cherche à la saisir dans sa vérité absolue , bonne ou DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 355 mauvaise. Il est évident que toute sa peinture des Quatre âges s'applique à la comédie qui corrige le vice en le châtiant, en l'exagérant, et qui a pour ressort le ridicule : Ridiculum acri Fortius ac melius magnas plerumque secat res. Aussi Racine le fils a fort bien remarqué que les poëtes comi- ques ne présentent la nature humaine que par ses défauts, et Corncille, dans son premier discours sur le Poëme dramatique, avait déjà dit : « Horace a pris soin de décrire les mœurs de » chaque âge, et leur attribue plus de défauts que de perfec- » tions ; » façon de parler qui veut dire qu'il n’en présente absolument que le mauvais côté. Dans la comédie, ce n’est pas tel ou tel homme qu’on doit mettre en scène ; ce n’est pas un sot, c'est le sot ; ce n’est pas un homme ridicule ou vicieux, c’est le ridicule ou le vice lui-même. Non viliosus homo es, Zoïle , sed vitium, est la loi de la comédie , comme de la satire, comme de l’épi- gramme. On dit que les Spartiates mettaient sous les yeux de leurs enfants un Ilote ivre, pour les dégoûter de l'ivresse: tel est le procédé de la comédie, et c'est ainsi qu’elle enivre, en quel- que sorte, un vice ou un ridicule , pour en montrer l'excès ou la difformité; je dirai presque qu'elle le calomnie, pour qu'il en reste quelque chose, et pour faire sortir la lecon de l’exa- gération même qui est son principe. Si ces remarques sont justes, l'explication que je propose pour #nservil honori, est la seule vraie ct qui réponde à la pensée d'Horace. Ce qu'il a fait pour l'enfance dont il oublie la grâce el la touchante naïveté ; pour la jeunesse, dont il semble méconnaître et dont il a tout à fait omis les beaux instincts : pour la vieillesse qu'il traite plus mal encore, il le fait aussi pour l’âge viril, c’est-à-dire pour cet âge de la vie où ceper- dant l’homme a presque toujours mis une qualité à la place d’un défaut. Quelles sont, en effet , les passions, les préoccu- pations qu'il prête à l'homme fait ? L'amour de l'argent : queæ- 356 MÉMOIRES rit opes , alin sans doute qu'il se mette en mesure d'acheter les suffrages , s'il ne peut les obtenir par toutes les humilités de la candidature; le souci des alliances politiques, amicilias , c'est- à-dire de ces coteries et le plus souvent de ces coalitions où l’on sacrifice la chose publique à l'esprit de parti; enfin toutes les abnégations et tous les dévouements du second rôle, au profit d’une position plus haute, d'une ambition plus grande que la sienne : 2aservit honori. Horace n'a donc pas voulu dire par ces deux mots, directement du moins, que l’âge viril aspire aux honneurs, parce que c’eüt été lui prêter une ambition non- seulement légitime, mais honorable, et même imposée par les mœurs. En effet, dit Cicéron, précisément dans le livre des Devoirs et dans de belles pages sur la véritable grandeur d'âme : « Geux-là me paraissent plutôt dignes de blâme que » de louange, qui prétendent dédaigner les commandements » et les magistratures : Jis non modd laudi, verüm etiam » vilio dandum puto. » IL est ainsi bien démontré qu'au point de vue des mœurs politiques des Romains, la recherche des magistratures était considérée comme un devoir , et que, par conséquent, Horace n'a pas pu, dans l’un des traits du caractère qu'il prête à l'homme fait, jeter du ridicule sur cette poursuite , et qu'il n'a entendu blâmer et livrer à la censure publique, par la voie du théâtre, que cette résignation au second rôle qui fait de lui l'instrument, et comme le client de lambition d'autrui. C’est la portée morale que j'attribue, en effet, à cette expression : inservèt honori, et j'ose croire que ce sens est acquis à ma discussion par l'étude abstraite des mots eux-mêmes, par le témoignage des mœurs politiques , et enfin par l'autorité du grand écrivain, qui ayant voulu avant tout être homme d'Etat, avait dù particulièrement étudier les rapports de la langue avec les habitudes et les passions de cette vie publique dont il fut un si imposant témoin, un si noble acteur, un si intéressant historien , une si héroïque victime. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 357 DE QUELQUES ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES DU SECOND ORDRE, AUXQUELLES ON SATISFAIT PAR UNE FONCTION ENTIÈRE DE LA VARIABLE INDÉPENDANTE , COMPOSÉE D'UN NOMBRE FINI DE TERMES ; Par M. MOLINS. Nous considérerons d’abord équation différentielle & y dy 43 Pme — 0. (4) (ax File trés D +eæy=0 En la différenuiant m2 fois, on tombe sur la relation m2 m1 Fo (2) (aa + ne FAR ten T'h3am(m—i) x JT | nm +2 F1 LE Be rh NÉE +2bm + c +am(m—1)(m—2) CRE TURT + bm(m—1) dx +mc Si dans cette relation on fait x=—0, et qu'on donne à #2 successivement les valeurs 0, 1, 2, 3, 4... , on obtient ; ; d'y dy les résultats suivants, dans lesquels y, , (%) ; ( = ) (9 0 dx représentent les valeurs de y et de ses dérivées, répondant à cette même valeur de x : d y Mm=O (),=0 dy m=—= 1 = cr. 5° S.— TOME Hi. 23 358 MÉMOIRES m—=4 (),= c(a.4.3.2+0b.1.34+4c)Ye m=—=5 (2). =(b.2.1+2c)( (a5.4.3408.44+5e) (02) 0 m= "7 ()= —c(a.4.3.240.4.34 40) (a.7.6.548.7.647 c)ye m= 8 (a —œ—(b.2.14 20) (a.5.4.348.5.445c) a Jo das r ee D Ca-Bu7.6+0.8.5+80)(02), dx"/o | On voit par là que toutes les dérivées dont l'indice est un multiple de 3 moins r sont nulles pour x=0. Si donc on emploie la formule de Maclaurin pour le développement de y en série, on devra y supprimer tous les termes contenant ces dérivées , et l’on aura Ont) + (+ ra Es) Hosgss (at Désignons par 2 un nombre entier positif, et supposons que les constantes a, b, c satisfassent à la relation (4) 1) (a(u—9+t) +0. En posant m—n dans l'équation (2), il est clair qu'on obtiendra, pour x=0, d'+?y >" dar?}, d DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 359 puis , faisant »2 égal à l’un des nombres 72+3, +6, no. , qui forment une progression arithmétique dont la raison est 3, on trouvera que les quantités d' #5, dr y d” +1 ‘y | n+5 ? ni +8 ? n+ ir En L CECI dx à dx PU VET . sont aussi nulles: Mais si l’on fait m7 — 3, on obtient la relation n—1. nr —4,, ris +3) (ad —5)#0—##e) #5 = 0, dé pu di 1); 0 À d'+?y J ; qui montre que, de ce que De est nul, il ne s'ensuit dx * Ji ] F as que — Je soit; et l’on verrait de même que les A EU quantités d"—#y d'— y d'— 1, 2% 1 5 FE k Croce hi EX ne sont pas nulles. Cela posé, nous distinguerons trois cas, selon que 7 sera de l’une des trois formes 34, 3k 1); 5G)' / étant un entier positif; cette relation peut se mettre sous la forme Sat — k—1, ou bien 3 (3441) — (30) On en déduit a [3441 + (81—1) —3| Ho, ou bien | a [r+(37—1)—3] +40. ON y m—1 % Dès lors le coefficient de dans l'équation (2) s’annu- lerait en y faisant m—37— 1; et comme il s’annule aussi par hypothèse pour m—=n—=3k+1, il s'ensuit qu'il existe deux fonctions entières de x, de degrés 34 et 3/— 2, qui mises pour y satisfont à l'équation différen- üelle; par suite la valeur générale de y est aussi repré- 364 MÉMOIRES sentée par une fonction de cette espèce. L'on à dans ce cas b=3a(i—k—k), c=—3k[a(3k—1)+8atikk)]=—3ak(s — 34), et l'équation (4) devient @a+n) +3 a(i—k—#y2 0 2 — 3ak(2—3k)xy=0o; de sorte que, toutes les fois que Æ et À’ sont des entiers positifs, la valeur générale de y, qui satisfait à cette équa- tion, est une fonction entière de x, composée d’un nombre fini de termes. Au reste, quand on connaît une intégrale particulière de l'équation (4) qui est linéaire , il est facile, comme on sait, d'en déduire l'intégrale générale. Soit y =Cy, cette inté- grale particulière. Si l’on regarde C comme une fonction de æ, on aura par la différentiation , D. c 2: dc dx — SE PE ‘dx? &y cr dCdy; dæC Zs —C 7 dx PPAULL Tr Portant ces expressions, en même temps que celle de y, dans l'équation (1), on obtient dy, æC dG (CT Lie ne Te)+és V1 =0; dx (aa +1) b 20,0 ou bien, en posant =», d dy, £ (a 2841) Yi + ÉE as+n)+oer|eo, d’où PLU PE ue P Jit LAP EE L'intégration donne EE cu / A 3 IR = LY; ga/(ax +1), DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 365 K étant une constante arbitraire, ou bien K LT À re(an+ x dc K da — D: | Fe (aa+ D Par une nouvelle intégration on obtient dx = KT {! EE so (a 2° + t)Fe K' étant une nouvelle constante arbitraire , et l’on a enfin pour l'intégrale générale La 2 1x Re RE. Ye (a a + ré Supposons que léquation (1) possède deux intégrales particulières , dans lesquelles y soit une fonction entière de x, composée d’un nombre fini de termes ; représentons-les par 7 =C),, y =C'y,, de sorte que l'intégrale générale sera Y — Ky;° 7=0CY; Cr. Cette intégrale devant être identique avec celle que nous venons de déduire de l'intégrale particulière 7=Cy,, il s'ensuit que l’on doit avoir b dx =hHy, Æ (« a + 1) F +H'y,, H et H’ étant des constantes déterminées. On en conclut que la valeur de intégrale ‘b dx FE SE (a 2 + 1) Yx , . Q y est donnée par une expression de la forme L—=+ L/, la- 366 MÉMOIRES quelle est une fonction rationnelle de x. Mais on pourrait aussi déduire l'intégrale générale de l'intégrale particulière Jx=C'r,, et lon arriverait pareillement à la relation b =, f (as) My, M et M’ étant deux autres constantes déterminées. On ver- rait done de même que la valeur de l'intégrale s b dx 7 3a ss (ax + 1) + me est donnée par une expression de la forme Vx NN Ya * laquelle est aussi une fonction rationnelle de x. On remar- 3 b quera que, dans le cas qui nous occupe, l’exposant — 3 (st u un entier positif. Considérons en second lieu léquation différentielle dy dy [= 3 È 2 E— AZ ax BNE= CTY=—=0. (9) dx? ( Er dx a 7 Si l’on en prend la m° dérivée, on obtient la relation sui- van{e : ie 3 PAT Le. 7 D +3 ma —-—: m(m—1)|x : . dx dx dx + ax? +2am + b +c — A +m(m—i)(m—2) PCT LE MP SX —+am(m—)) + mc laquelle devient en faisant x 0, DUT y FRS (6)2 ———— |+ mm Leur) 2)+a mie | 9: dar “ À da À DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 367 De cette dernière équation on déduit, en donnant à »2 successivement les valeurs ©, 1, 2, 3... — dy — m0 (FE Ve MAN MD (+ Cho = 4 APE ME 000 ui +2 (ac) (FE). 0 1 dy +. == 9 (2) + 2(1+a)+ (2), 0 d Mm—= (Te 1 3(2+ a) + 2), —0 ET dy ñ NRAT NE Mm=Oo AREA Nn=2n— 1 ee Ts 4 b de +(27— 1) [&n—2)(2n—3+ a+] = Re dr: F HA a n—=2n 2n+Hr, AS eo) an [(on—1) (2n—2+a)+ c| (=) =e m—=I2n+1 272 ,\ a” : (. ia) +(2n+1) )[2n( 2 nr — 1+a)+c| (2) =°. La quantité (T à étant nulle, on conclut de ces relations que d'; d'y RES | Re ( = (TE ). (2 ee (ER —-| se e sont pareil 0 lement. Dès lors, dans la série de Maclaurin , les termes qui contiennent ces dérivées disparaissent, et l'on a aa fdy x {d'y (7) Y=Yo + a (2) + Fr (52) + AS EL 368 MÉMOIRES Les mêmes relations donnent "A DMRELLS = Gr d'y M À (=rCo+o+eh {dy 3.5c = L. = [2 (1 +a)+e | [4 (3 +4) +] Ÿo (= [2G+0+e] | 4 (B+a)+e | [6 (54 a)+c re CE CPE ESS à [(an—2)(an—34+a)+cfr. Admettons qu'il y ait entre les constantes a et € la relation 2n(2n—1+#+a)+c=0; %È n+ 2 il est clair que la quantité (=) sera nulle ; 1l en sera x o Pr, "Ty de même de = x E its ; par suite les Œx 0 Û ( termes de la formule (7), qui contiennent ces dérivées , dis- paraitront. Substituant dans cette formule les valeurs que nous venons d'obtenir pour les autres dérivées d'ordre pair, nous arrivons au résultat suivant : ca y=r li Ve 2(1+a)+e| ab ‘ = alet+o+e] [48+a)+ c|+.… casn a(i+a)+e] [1G+a+e].. [(ar—s)(an—3+a)+e] FA ER ee L'lce lequel donne une intégrale particulière de l'équation (5); et DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 369 l’on voit que l'expression de y est une fonction entière de x de degré 27. On peut arriver au même résultat en posant : F=A<+H+Ba+Ca HDattE 2 LE a"+.... d’où DB» HACAH6 Da BE +107 ap. ax TT oB+ 4. 3Cx°+6.5D2"48.7Ea° + 10.9 F x° +... dx? Substituant ces expressions dans l'équation (5), on trouve 2Bh|x+2B + 4.3C1a+6.5 Da +... —0} HAc| +oBa + Ca +0Da CAM PE CDE | “PRE + Be +CGe +De résultat qui devant avoir lieu, quel que soit x, donne les relations suivantes : 2B6+AcC—=0o Bla(i+u)+e]+ 40220 CL 4(34+4 )Hc c]+ 6D5—=0o D|6( 5+a)+e]+ SEi=0 E[ 8(7 +a)+c]4+10 F6 B—=—A* 20 CA. - rl ed 370 MÉMOIRES a [2 (1+a)+c e][4t (3+a) )+c| be [(an—2)(an—3+a)+e] Quant au cocfhcient K qui suit H, il est nul en vertu de la relation 2R(2n7—1+4a)+c=0, et par suite tous les autres coefficients qui suivent le sont aussi. En substituant les valeurs de B, C, D... H dans l’ex- pression de y, et mettant en facteur commun la constante A qui reste arbitraire , on retrouverait visiblement l'intégrale particulière déjà obtenue. Nous allons considérer l’équation différentielle 38 / œ (Ba pon p(iato)y= ea +f, "4 ire dans laquelle exc représente une fonction entière de x, à laquelle s’ajoute la constante f. En la différentiant »2 fois on obtient la relation suivante : au d"+'y dy a +ém ra Un + a +2amx +bx + c 7 ET € am —m(m—1) (m— 2) PRIE ie LS (a—m41)x am (m—\1) + m b Cette relation devient pour x—=0 F1 SEE (9) 1É a) +m | ( m—1)(m—32)+4 a( en) D) == d—m ZX euf(a—1)..(a—m+#+i)x DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 371 Tant que 72 sera moindre que le plus fort exposant contenu dans Zexe, le second membre de cette relation sera visible- ment une constante. Mais si 2 est supérieur à cet exposant, le second membre sera nul, et l’on aura ao (S Admettons que l’on ait la relation ; 1 2) [( (m1) (m—2)+a (m—1)#6 | (TE) 0 (n—1)(n—2)+a(n—1)+é=o ñ étant un entier positif supérieur au plus fort exposant de 3exe. En faisant m—72 dans l'équation (10), on trou- d" 4 : vera (= T)=o, par suite on aura de même l'xt de ane C)= pris a) = .…... .. Dès lors, dans la série de Maclaurin , les termes qui con- tiennent ces dérivées disparaitront ; ceux qui resteront con- dy\ [dy RS tiendront y, ( de = _ Le Lt Ç - uk dont les valeurs ax 0 se lireront de l’équation (8), où l’on fera x — 0, et de l’é- quation (9), où l’on donnera à 77 successivement les valeurs 1,2, 3... 2—1. On obtiendra ainsi une fonction entière de x de degré — 1, laquelle, mise à sa place de y, satis- ferait à l'équation 8; mais il importe de remarquer que cette expression de 7° ne Ten TO me pas de constante arbitraire. Considérons le cas particulier où le second membre de l'é- quation (8) se réduirait au terme constant f. La formule (9) donnera , en attribuant à »2 les valeurs 1,2, 3... 72— 1, R= + (TE +ir=e Æo &y y Mm=2 À (72), +2 +1) (TE) =0 912 MÉMOIRES m=3 (7), +32. ou+t](72). —=0 MR 4 (a), +4[5. »+3a+6](7 2). =0 ‘à da MS (TZ 3), +5 [4 3+{a+b| (TZ 7 =0 ER TE ANNE Vo ER {—T) +e—[e—2 (n—3) +(1 n—s)a+0]| = O0. On déduit de ces relations AN Ur b . au € 10 TE (ni )(n— he or (ab) [21 +a) +6] [s(ae)+e [ces tr—3+e)#0] res Quant à la valeur de 7, , elle est égale à = , en vertu de l’é- dy\ [dy quation (8). Portant enfin ces valeurs de y, , (&), ()e- +) dans la série de Maclaurin , on obtiendra la fonction ne ns x suivante : PAL = —Sr+te ee cb ein Ji + (a+ofau+e)+i].[e-de-3+0H]x et cette fonction, qui est de degré 2— 1, étant mise à la place de y, satisferait à l'équation (8). DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 373 THÉOCRITE. IDYLLES MIMIQUES; Par M. HAMEL. Parmi les petites pièces de Théocrite qui nous sont parvenues sous le nom général d'Idylles , il en est quelques-unes qui, par la forme et la nature du sujet, se rapprochent plus que les autres des idylles bucoliques. Elles sont dramatiques, comme celles-ci, et mettent également en scène des acteurs appartenant aux classes inférieures de la société. Mais , au lieu de les aller chercher dans les champs et à l’ombrage des bois, elles les pren- nent au sein même de la ville, dont elles peignent les mœurs et les occupations. Le but de ces peintures est du reste le même que celui des premières : c’est toujours de réveiller , par le pi- quant du contraste, le goût de lecteurs ou d’auditeurs blasés , par les chefs-d’œuvre de la poésie antique, sur l'élévation des sentiments, sur la dignité et la pompe du langage. C'est à des auditeurs en effet, et à des auditeurs d’un rang élevé, que devait s’adresser cette seconde classe d’idylles, plus dramatiques encore que les idylles bucoliques, au sens propre du mot , puisqu'elles étaient destinées à être représentées. Aussi les a-t-on rapportées avec raison, par la dénomination d'idylles mimiques , à ce genre inférieur de la comédie, connu sous le nom de mimes, que Sophron de Syracuse, plus d’un siècle avant Théocrite, avait inventé pour divertir les tyrans de Sicile et leur cour aux dépens des ridicules populaires. Le rapprochement était d'autant plus naturel que, sur les trois idylles qui appartiennent à cette classe , il y en a deux qui sont désignées commes des imitations de Sophron par les auteurs 5° S.— TOME II. 24 T4 MÉMOIRES des arguments grecs dont elles sont accompagnées. Malheureu- sement, ils segpnt bornés à cette simple indication, et ne nous ont conservé aucun fragment qui nous permette de juger jus- qu'où a été poussée l’imitation. Nous savons du moins, mal- gré quelques assertions contraires, que les petits drames de Sophron étaient écrits en prose. Les mêmes sujets, traités en vers par un poëte {el que Théocrite, n'ont pu que gagner pour la forme en vivacité et en précision , et, quant au fond même, le génie bien connu de l’auteur des idylles est une garantie assez grande d'originalité. Mais, laissant de côté des conjec- tures plus ou moins fondées , c’est en elles-mêmes, puisque les points de comparaison nous manquent, qu'il faut examiner ces idylles. Elles sont, avons-nous dit, au nombre de trois : la Phar- malkeutria où la Magicienne , V Amour de Cynisca et les Syracusaines. Je ne me propose aujourd'hui d'analyser que les deux dernières, réservant pour une étude plus étendne la Pharmakeutria, qui se distingue de celles-ci par le ton, par la profondeur des sentiments et la vivacité de la passion. C'est cette idylle dont Racine a dit qu'il n’avait rien vu de plus beau et de plus vif dans toute l'antiquité, et dont il s’est inspiré , non moiss que de Virgile et de Sapho, dans son admi- rable peinture de la passion de Phèdre. Quant aux deux autres pièces, bien qu’elles diffèrent entre elles par le sujet comme par leur mérite, elles offrent néanmoins assez de ressemblance pour être rapprochées dans une même analyse. La première des deux, celle qui est intitulée l'Æmour de Cynisca, serait peut-être mieux désignée sous le nom de la Fille souffletée , (à sarKouévn) que porte une des comédies de Mé- nandre. Elle offre, dans un cadre fort resserré , le tableau d’une de ces scènes de jalousie, assez souvent représentées par la co- médie nouvelle, où un soldat brutal maltraite sa maitresse, dont il soupçonne la fidélité. Eschine, le héros du petit drame de Théocrite, a prié Thyonichos, un de ses amis, de venir le voir; celui-ci le trouve tout changé, la barbe négligée, les cheveux en désordre, pâle et maigre, dit-il, comme un Pytha- DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 31 goricien affamé qu'il a rencontré naguère arrivant d'Athènes : trait jeté en passant , qui rappelle encore la comédie attique et ses attaques contre les philosophes , mais où se fait reconnaître la main sicilienne qui l'a lancé. — Le malheureux Eschine n’est guère disposé à goüter les plaisanteries de son ami; des chagrins d'amour l'ont presque rendu fou ; il ne s’en faut pas d’un cheveu , dit-il, OQiË dvà weccév. Il raconte alors à Thyo- nichos l'histoire de ses chagrins. Il avait invité à sa campagne trois de ses amis, soldats comme lui, mais de différents pays, détail qui peint les armées grecques d'alors, composées de mercenaires. Il leur avait préparé un excellent régal : deux poulets et un cochon de lait, arrosés par un vin de quatre ans, doux et parfumé comme au sortir du pressoir ; des oignons et des coquillages aiguisaient la soif. Cynisca était de la partie. On arrive à proposer de vider une coupe, chacun en l'honneur de ses amours. « Tous nous buvons , dit Eschine, en nommant » quelqu'un, comme c'était convenu ; mais elle, pas un mot, » et cela devant moi. Juge de ma colère. Ne parleras-tu pas, » lui dis-je? — « Elle a vu le loup, comme dit le proverbe, » s'écrie un plaisant. — Aussitôt le feu lui monte à la joue; » on y eût allumé une lampe. C'était bien le Loup, le Loup vrai- » ment, le fils de notre voisin Labès, ce grand mince, qu’on » trouve beau (je ne sais pourquoi). Voilà celui pour lequel, » au su de tous, elle séchait d'amour. J'en avais bien eu déjà » quelque léger vent; mais je n’y avais pas pris garde, à la » honte de ma barbe. » Eschine eùt peut-être encore une fois fait la sourde oreille ; mais un des convives revenant maligne- ment à la charge, Cynisca fond tout à coup en larmes , comme un enfant de six ans qui va se réfugier dans le sein de sa mère. «Tu me connais, Thyonichos, continue Eschine; je lui lance » alors un coup de poing sur la figure, puis un autre ; elle aussi- » (ôt rassemble ses voiles et s’enfait au plus vite. » Eschine la poursuit de ses injures; mais, plus rapide que l'hirondelle, la jeune fille a franchi la porte. Adieu les amours. Deux mois se sont écoulés depuis lors, et Eschine n’a pas revu la belle, tout entière à son nouvel amant. Encore s’il pouvait y renoncer, /« 376 MÉMOIRES désaimer , comme dit naïvement le grec ; mais le rat a goûté la poix. IL va pourtant essayer d’un remède. Simos, un de ses compagnons , amoureux comme lui , a quitté le pays, et est re- venu guéri; il va, lui aussi , passer la mer, et, s’il n’est pas des meilleurs soldats, il ne sera pas non plus des plus mauvais. Thyonichos engage alors son ami, s’il veut prendre du service, à s'adresser à Ptolémée, et la pièce finit par un éloge du roi devant lequel elle devait être représentée. A cet éloge se joi- gnent des conseils à Eschine sur la manière dont il devra se conduire. e Quel homme est-ce que Ptolémée, dit Eschine? — Le » meilleur maître que puisse désirer un homme libre, répond » Thyonichos; bienveillant , chéri des Muses et de l'amour, » plein de douceur; sachant reconnaître qui l'aime et mieux » encore qui ne l’aime pas; répandant partout ses dons, ne » repoussant jamais une demande telle qu'on doit la faire à un » roi ; mais il ne faut pas lui demander toute chose, Eschine. S'il te plaît donc de t'agrafer le bout du manteau sur l'épaule » droite, et si tu es prêt à attendre de pied ferme l'attaque d’un » vaillant fantassin, pars en toute hâte pour l'Egypte. Aussi » bien nous vicillissons tous; et, des tempes au menton, le » temps insensiblement nous blanchit la barbe; il faut agir, » tant que nous sommes encore dans la verte jeunesse. » Ce qui fait le charme de cette petite pièce , c’est la fidèle imi- tation des mœurs et du langage populaires, élevés à l'idéal par le choix des détails, par la vivacité du tour, par la rapidité d'une narration non moins dramatique que pittoresque. Les proverbes abondent dans le récit d'Eschine, et çà et là de charmantes comparaisons en relèvent la simplicité. Peut-être même le poëte se montre-t-il plus que le personnage dans cette comparaison de la fuite de Cynisca avec le vol de l’hirondelle , qui, «après avoir porté à ses petits cachés sous le toit leur » pâture, s'éloigne à tire d’ailes pour en aller chercher d'autre.» Quelle que soit la puissance des chagrins d’amour sur l'imagi- pation, ces détails semblent bien délicats pour le grossier amant de Cynisca. On regretterait du reste qu'un goût plus sévère les Ÿÿ DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 317 eût supprimés. Ailleurs Théocrite me semble avoir trop recher- ché le naturel dans la peinture de la prolixité populaire, lorsque Eschine, comme pour allonger les deux grands mois écoulés depuis sa brouille avec Cynisca, les suppute ainsi en les divi- sant : « Voici vingt Jours, et puis huit, ct puis neuf, ct dix » autres , c'est aujourd'hui le onzième ; ajoutes-en deux encore, » et cela fait deux mois que je suis séparé d’elle, » Ce qu'il faut louer sans restriction, ce sont, avec la mesure et la dignité de l'éloge que Théocrite fait du roi d'Egypte, les vives images qui suivent et qui terminent si heureusement ce petit drame. On a cherché à fixer la date et à marquer le but de la quator- zième idylle. On en a placé, non sans quelque vraisemblance , la composition entre les années 28% et 275, pendant le séjour de Théocrite à la cour de Ptolémée et avant son retour à Syra- cuse (1). On a supposé en outre qu'après avoir été représentée à Alexandrie, sous les yeux du roi, elle fut envoyée par le poëte dans sa patrie , alors déchirée par les troubles qui suivirent la mort d’Agathocle et se prolongèrent jusqu’à l’ayénement d'Hiéron. Théocrite aurait ainsi appelé ceux de ses concitoyens qui voulaient fuir les discordes civiles à s’enrôler dans les armées du roi d'Egypte. Toutes spécieuses que soient ces con- jectures , s’il est vrai , comme je l'ai dit ailleurs, qu'il faille placer la naissance de Théocrite vers l’année 305 (2), j'hésiterais à attribuer cette idylle à une époque qui serait celle de sa pre- mière jeunesse. La réflexion qui la termine me semble écarter celle supposition, et le poëte qui décrit si bien les premiers signes de l’âge qui s’avance, devait avoir alors plus de vingt à trente ans. Rien n'empêche au contraire que Théocrite ait fait plus tard son envoi de Syracuse à Alexandrie, ainsi qu’on le pense généralement pour l'idylle des Syracusaines ; et d'ail- (1) Voy. Spoln. , in lection. Theocrit. specimine primo. (2) Mémoires de l'Académie des Inscriptions el Belles-Lettres de Toulouse, 3e série , tom. 2, pag. 125. 378 MÉMOIRES leurs pourquoi ne serait-il pas allé plus d'une fois en Egypte près de Ptolémée, comme à Milet, près de son ami le médecin Nicias? De toute cette discussion , le seul fait qui ressorte à peu près certain , c’est que l'Amour de Cynisca, comme les Syra- cusaines , a été adressé par le poëte à Ptolémée Philadelphe , pour provoquer ses faveurs ou pour l'en remercier. L'idylle des Syracusaines a été souvent regardée comme le chef-d'œuvre de Théocrite. Nulle autre part du moins n’éclate aussi vivement que dans ce petit tableau son talent dramatique et la verve piquante de son esprit. C'est aussi de toutes les idylles celle qu'il est le plus difficile d'analyser ou de traduire. L'analyse y détruit la vie, en fane la vive couleur; et cette senteur dorienne qui fait un des principaux charmes du lan- gage des deux Syracusaines s’évapore dans la traduction. Fes- saicrai toutefois d’en donner quelque idée. Gorgo et Praxinoé, du plus pur sang dorien, sont venues s'établir avec leurs maris de Syracuse à Alexandrie. Le mau- vais vouloir de ceux-ci a éloigné l’une de l’autre les deux amies, en les logeant aux deux bouts de la ville; mais elles se dédommagent de la rarèté de leurs visites par le bon emploi qu’elles y font de leur temps. Un jour Gorgo arrive chez Praxinoé pour la prendre et aller avec elle aux fêtes d’Adonis , que célèbre au palais avec grande pompe la reine Arsinoé. Après les premiers compliments d'usage, après les plaintes de Gorgo sur la longueur de la route et l'encombrement des rues , où se croisent en tous sens fantassins , cavaliers et quadriges , vient, comme cela est naturel entre femmes, le tour des maris , © à qui les épithètes de tout genre ne sont pas ménagées. Pendant que Praxinoé donne libre carrière à sa langue, son enfant la regarde, avec l'air de comprendre : « Va, Zopyrion , va, mon » cœur , lui dit sa mère ; ce n’est pas de papa que je parle. — » Il est beau ton papa, ajoute Gorgo. » Puis, cette précau- tion prise contre l'indiscrétion de l'enfant, nos deux amies continuent de plus belle, citant à l’envi des traits de malice ou de sottise, celle-ci de Dinon, celle-là de Dioclidas. Nous sommes mis ainsi au courant de tous les détails du ménage. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 379 Mais il est temps de partir pour aller voir la fête; Praxinoé quitte son ouvrage el commence sa loilette, non sans gronder de sa lenteur et de sa maladresse l'esclave qui lui apporte l’eau et le savon(1). La voilà pourtant lavée, comme il plait aux dieux. Elle tire alors de son coffre sa tunique à plis, sur la beauté de laquelle s'extasie Gorgo ; elle sait aussi ce qu'il lui en coûte, plus de deux mines de bon argent ; et que de travail! elle s’y est tuée. En voyant sa mère prendre manteau et chapeau, l'en- fant voudrait sortir avec elle. Nouvelle scène d'intérieur, ren- due visible par le langage animé de Praxinoé. « Je ne l’emmè- » nerai pas, mon fils, (il y a des loups); les chevaux mordent » les’enfants. Pleure tant que tu voudras; je ne veux pas te » faire estropier. Partons ; Phrygie, prends l'enfant ct amuse- » le; fais rentrer le chien ; ferme bien la porte. » En quatre vers {out est dit. Voilà enfin nos deux femmes dans la rue, chacune suivie de son esclave. « Dieux ! quelle foule! Comment jamais passer à » travers celte cohue; c’est une vraie fourmilière. » Praxinoé remarque pourtant que, gräce aux sages règlements de Ptolé- mée, on peut maintenant s’aventurer dans les rues, sans être en butte à la perfide adresse de ces fripons d'Egypliens. Théo- crite, qui sans doute avait eu à se plaindre des habitants d'Alexandrie, couvre ainsi ses attaques de la haute protection du roi grec. Mais voici les chevaux de guerre du roi que l’on mène. C’est toujours Praxinoé qui parle : « De grâce, mon cher, » S'écrie-t-elle, ne marchez pas sur moi. Ah ! le cheval bai qui » se cabre! Vois (Gorgo), comme il est rétif. Eunoé (c'est son » esclave), chienne impudente, te retireras-tu ? Il va tuer son » conducteur. Je suis vraiment bien heureuse d’avoir laissé » mon enfant à la maison. » Enfin les chevaux sont passés ; Praxinoé se rassure. Mais c’est bientôt un autre flot qui arrive. Une vieille égyptienne passe auprès du groupe formé par les quatre femmes. « Venez-vous du palais, ma mère, lui dit . » geo + ‘ 5 G \ | ’ (4) Je lis, avec l'édition de M. F. Didot , au vers 30, & de œuapa gepes, lecon qui donne à tout ce passage plus de mouvement et de variété. 380 MÉMOIRES » Gorgo? — Oui, mes enfants. — Est-il facile de passer ? — » Les Grecs , à leurs risques et périls, sont entrés dans Troie, » ma belle enfant; avec de la peine on vient à bout de tout, » Puis la vieille passe son chemin après avoir débité ses prover- bes. Les proverbes assaisonnent partout ici le dialogue, comme dans l’Æmour de Cynisca. Cependant la foule devient de plus en plus pressée; nous sommes aux portes du palais ; il faut les franchir. Ici, en douze vers, toute une scène, à laquelle ne manque aucun des inci- dents ordinaires en pareille circonstance. Praxinoé commande la manœuvre : « Gorgo , donne-moi la main ; prends celle d'Eu- » tychis (c’est l’esclave de Gorgo); fais attention à elle; ne va » pas te perdre. Entrons toutes ensemble. Tiens-nous ferme , » Eunoé. Ah! Gorgo, malheureuse que je suis! voilà mon man- » teau fendu en deux. Au nom de Jupiter, si vous voulez qu'il » vous soit propice, mon cher, épargnez mon manteau. » L'étranger, si vivement interpellé, répond qu'il y fera tout son possible; et Praxinoé, pour reconnaître sa courtoisie, lui adresse quelques paroles où, par une image plus vraie qu'élé- gante, elle compare toute cette foule qui se pousse à un trou- peau de pourceaux. Enfin, grâce à la protection qu’elle a ren- contrée, les voilà hors de peine, elle et Gorgo. Sa reconnais- sance éclate par les plus vifs remerciments : « Puisse aujour- » d’hui et demain et toujours le bonheur habiter avec vous, » généreux étranger, qui nous avez protégées. » Puis, se retour- nant vers Gorgo : « L’excellent homme! quelle complaisance ! » Tout à coup elle regarde en arrière : « Voilà, s’écrie-t-elle, qu’on » nous écrase Eunoé ; allons, Eunoé, allons , encore un effort. » Très-bien! Tout le monde est entré, comme dit celui qui » ferme la porte sur la mariée. » Dans les salles du palais, Gorgo fait admirer à sa compagne la beauté des tentures. « Divine Minerve , s’écrie Praxinoé, » quelles mains ont formé ces tissus ? Quels peintres ont si bien » dessiné ces figures? Comme toutes leurs poses, comme tous » leurs mouvements sont vrais! Ce sont des personnes vivantes, » non pas des tapisseries. L'homme est vraiment une chose mer- DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 381 » veilleuse. Et lui, comme il est beau , étendu sur son lit d’ar- » gent, avec ce léger duvet qui descend le long de ses joues, » cet Adonis trois fois aimé, chéri même aux enfers. » Un voisin peu endurant , un lonien, sans doute, que fatigue le babil de nos Syracusaines, les apastrophe assez rudement en contrefaisant leur langage : « Cesserez-vous enfin votre éternel » caquetage , roucoulantes tourterelles ; elles m’assommeront » avec leur traînant jargon.» La plupart des éditions partagent entre Gorgo et Praxinoé la vive réponse que s’attire ici l'inter- rupteur. Praxinoé resterait d'abord interdite, et Gorgo pren- drait sa place, pour laisser ensuite la parole à sa compagne revenue à elle-même. Telle que s’est montrée jusqu’à présent Praxinoé, on ne peut guère supposer qu’elle se laisse prévenir dans la riposte, et je croirais bien plus volontiers , avec quel- ques éditeurs, qu’il faut lui laisser à elle seule les sept vers dont voici la traduction (1) : « Par la terre ! D'où vient cet original? » Qu'avez-vous à redire à notre babil? Gardez vos ordres pour » qui doit les recevoir ; allez-vous commander à des Syracusai- » nes? Pour que vous le sachiez, nous sommes Corinthiennes » d’origine, ni plus, ni moins que Bellérophon. Nous parlons » la langue du Péloponnèse. Il est bien permis à des Doriennes, » sans doute, de parler dorien. Douce Proserpine, garde-nous » d’un nouveau maître ; c’est assez d’un. Fi de celui-ci ! Ce n’est » pas à vous de me rogner la portion (2).» Gorgo vient enfin arrêter cet intarissable flux de paroles, en avertissant Praxinoé que la chanteuse qui doit célébrer Adonis s'apprête à commencer. C’est justement celle qui naguère a remporté le prix du chant funèbre. L'hymne chanté en l'honneur d’Adonis forme environ le tiers de la pièce, qu'il complète par l'expression lyrique des senti- (1) Voy. l'édition de M. F. Didot, vv. 89-95. (2) Le dernier vers a donné lieu à plusieurs interprétations diverses qu’il serait trop long de discuter ici. Aucune ne m’ayant paru complétement sa- tisfaisante dans son ensemble , j'ai tiré des unes et des autres le sens que j'ai jugé le plus probable. J’indiquerai seulement l'explication donnée par , M. Rossignol, Journal des Savants, janv. 1837, pag. 40-42. 382 MÉMOIRES ments que la fête réveille dans les cœurs, par la vive peinture de toutes les merveilles qu’an art ingénieux a multipliées autour du jeune amant de Vénus. On entend d’abord les louanges de la Déesse et de cet Adonis qu'après douze mois lui ramènent, des rives de l'intarissable Achéron, les Heures aux pieds déli - cats , les Heures trop tardives. À ces louanges succédent et ré- pondent, comme dans une antistrophe, celles de la reine Ar- sinoé, belle comme Hélène , et celle de Bérénice sa mère, élevée par la faveur de Vénus au rang des immortelles. Puis vient l'énumération des riches et gracieux présents offerts à Adonis par la piété reconnaissante de la reine. Les productions de la nature s’y marient à celles de l’art, comme pour célébrer la puis- sance universelle de l'amour, dont elles rappellent en même temps les joies fugitives par leur fraîcheur si promptement fa: néc. Ce sont tout à l'entour les plus beaux fruits des vergers , dans des corbeilles d'argent des plantes délicates, des parfums de Syrie dans des vases d’or; çà et là mille figures diverses d'animaux et d'oiseaux formés avec la blanche farine que l’art des femmes a mélée aux fleurs, au miel et aux doux sucs de lolive. « Là s'élèvent des berceaux de verdure couverts de molles tiges d'anceth odorant; au-dessus voltigent de jeunes amours, » comme on voit sur un arbre les petits du rossignol voler de branche en branche... Ces moelleux tapis de pourpre, plus doux que le sommeil, diraient l'habitant de Milet et le pas- » teur de Samos, forment la couche où repose le bel Adonis ; » un lit est dressé pour Vénus, un autre pour Adonis, pour le » jeune époux qui compte à peine dix-neuf printemps ; ses » baisers ne piquent point ; un blond duvet ombrage encore ses » lèvres. » Après cette description des pompes du jour, description où se décèle par plus d’un trait le poëte bucolique , la chanteuse con- tinue, en annonçant les solennités du lendemain, que doivent célébrer les initiés aux mystères d'Adonis. « Qu'aujourd'hui Vénus se réjouisse de posséder son époux ; » demain, dès l'aurore, nous irons toutes ensemble, avec la S > ÿ ÿ DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 383 » rosée , le porter sur le rivage, près des flots écumants ; et là, » les cheveux épars, la robe flottante et tombant jusqu'aux ge- » noux, nous commencerons l'hymne mélodieux. » Elle chänte alors , accompagnée peut-être par un chœur d'ini- tiées, une strophe où Adonis est célébré comme ayant obtenu, seul de tous les héros, le privilége de revenir ainsi chaque année des bords de l’Achéron. « Sois-nous propice, cher Adonis, dit-elle en finissant, et » maintenant el toujours à l'avenir. Tu es aujourd’hui le bien- » venu parmi nous, çt, quand (u reviendras, tu le seras » encore. » Le chant fini, Gorgo , tout émue, se retourne vers Praxinoé. « Heureuse, trois fois heureuse femme, s’écrie-t-elle, quel »-talent , quelle voix mélodieuse! » Mais il faut s’arracher à ces douceurs. « Il est temps, continue Gorgo, de retourner à la » maison ; Dioclidas n’a pas dîné, c'est alors un vrai fagot d’é- » pines; quand il a faim, malheur à qui l'approche. — Adieu, » bel Adonis , reviens et la joie avec toi.» C’est par ce simple el gracieux adieu que se termine l'Idylle. Revenons rapidement sur ce petit drame, et voyons tout ce qu'il renferme en moins de cent cinquante vers. La scène y change trois fois. Commencé dans la maison de Praxinoé, il continue à travers les rues d'Alexandrie, pour se terminer au palais de Ptolémée. Chaque scène se développe avec aisance et variété. C'est, dans la première, l’arrivée de Gorgo, les médi- sances des deux amies, la toilette de Praxinoé, les pleurs de l'enfant, les recommandations à la nourrice au moment du dé- part; dans la seconde , la rencontre des cavaliers et celle de la vieille Egyptienne , puis, aux portes du palais, l'encombrement et ses suites ; dans l'intérieur, la brutale interruption qui coupe court à l'admiration des deux Syracusaines, et enfin l'hymne d'Adonis, qui lui-même est une représentation dramatique de toutes les pompes de la fête. Autour ou à la suite des deux person- nages principaux , nous en voyons apparaître de scène en scène plusieurs autres, ceux-ci que le dialogue ne fait que peindre , comme les deux maris Dinon et Dioclidas , ceux-là qu'il montre 384 MÉMOIRES présents et agissant, mais sans parler, comme la molle Eunoé et l'enfant mutin; ceux enfin qui prennent part à la fois à l'action et au dialogue, la malicieuse vieille, l'étranger bien- veillant et l’Ionien discourtois. La nourrice Phrygie et Eutychis, l'esclave de Gorgo, sont seulement nommées. Quant à la chan- teuse , elle fait à elle seule un drame à part. Les deux Syracu- saines ont chacune leur physionomie propre et leur rôle parti- culier dans l’action. Gorgo a été mise par le poëte sur le second plan; son langage ct son caractère n’ont rien de bien saillant. Pourtant la musique réveille chez elle un certain instinct poé- tique dont l’expression n’est pas sans charmes. C’est Praxinoé qui a le premier rôle. Sa pétulante vivacité, la mobilité de ses impressions animent tout le drame. Impatience, frayeur, admi- ration, reconnaissance, indignation de l’amour-propre blessé, elle exprime tour à tour les sentiments les plus divers dans un langage qui est une continuelle mimique. L'idéal du genre est atteint dans le personnage de Praxinoé. L'auteur grec de l’ar- gument des Syracusaines nous apprend que cette idylle est imitée d’un mime de Sophron , intitulé les femmes aux jeux isthmiques ; malgré toute la faveur dont les productions de So- phron ont été entourées dans l'antiquité, il est douteux que le modèle ait pu valoir limitation. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 385 DE LA FORMATION DE L'OXYDE DE FER MAGNÉTIQUE PAR L'ACTION DES DISSOLUTIONS SALINES , Notamment de l’urine sur le fer : Par M. F. LAROQUE. Ox trouve insérée, dans le tome xxiv , 3° série des Annales de Chimie et de Physique , une note de M. Persoz, qui a pour tre: Des dangers qui peuvent résulter, dans les constructions, de l’action des dissolutions salines, notamment de l'urine sur le fer. On y lit le passage suivant : « A la fin de juiliet 1847, M. Morin, architecte du département du Bas-Rhin, m'invita à aller étudier avec lui un fait curieux qu'on venait d'observer dans la tour de l’église Saint-Georges , à Schelestad (Bas-Rhin). Cette tour, de 50 mètres d’élévation, située au-dessus de la porte d'entrée de l’église, a été achevée vers le commencement du xvi siècle; de forme octogone, elle est terminée par une coupole à pans extradossés en pierre de taille, avec galerie en pierre à l'extérieur. Dans le but de prévenir la poussée de cette coupole, le constructeur avait fait placer, au droit de la galerie, entre deux assises en pierre, et à 15 centimè- tres environ du parement intérieur, un polygone en fer carré de 4 à 5 centimètres de côté. Or, cette ceinture, loin de con- solider l'édifice, avait fait éclater intérieurement l’assise en pierre dans laquelle elle se trouvait encastrée par suite d’une altération qui avait presque doublé le volume du fer, notam- ment dans sa partie supérieure , et rendu urgentes d'assez im- portantes réparations. » 336 MÉMOIRES « Quelle pouvait être la cause de cette altération , se deman- dait-on? » M. Persoz, après avoir fait l'analyse du métal altéré, n’hésita pas à attribucr l’altération observée à l’action de l'urine sur le fer ; car à la même époque M. Persoz eut l'occasion d'ob- server qu'une barre de fer faisant partie d’une grille destinée à protéger deux angles des murs de l'Académie de Strasbourg, exposée pendant buit ans à l’action de l'urine, avait subi une altération qui en avait doublé le volume. Enfin , il tira de ces faits cette conclusion : c’est que dans toute construction ayant pour base le fer forgé , il faut soigneu- sement éviter l'accès des dissolutions salines, el notamment de l'urine. Si l’on conçoit aisément que le fer en contact avec l'urine puisse en s’altérant prendre un grand accroissement de volume lorsqu'il est soustrait à toute action mécanique capable de con- trarier cette expansion ; on ne comprend pas aussi bien qu'un phénomène identique se reproduise lorsque le fer est soumis à des pressions très-considérables, et lorsque l’agent principal de l’altération da fer n'arrive que très-diflicilement au contact de ce métal, ne peut même l'atteindre que par l'intermédiaire de canaux capillaires — Il était donc du plus haut intérêt que l'explication du fait observé dans la tour de l'église Saint-Geor- ges , explication proposée par M. Persoz, füt confirmée par l'observation de faits nouveaux et reproduits dans des circon- stances analogues. Je ne sache pas que les annales de la science en aient recueilli d’autres jusqu’à présent. Comme il m'a été permis d'en découvrir de nouveaux ; comme d’une autre part mes observations ne s'accordent pas avec celles de M. Persoz relativement à la nature du composé qui se forme pendant l’ac- tion de l’urine sur le fer, j’ai cru devoir communiquer à l’Aca- démie les faits nouveaux que j'ai observés. J'ose espérer qu’elle les jugera dignes de fixer son attention. La grille de fer monumentale qui ferme les allées du quai Dillon, à l'extrémité sud-est, est soumise en plusieurs endroits, près du sol, à l’action de l'urine. C’est là que chacun peut DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 387 constater l’altération que subit le fer au contact de cette sécré- tion organique. En effet , partout où le fer est resté seulement au contact de l'air atmosphérique, l'oxydation du métal n’a été que superficielle. Mais là au contraire où à l’action de l'air est venue s'ajouter celle de l'urine , l’altération du métal a été beaucoup plus profonde , à tel point que le métal a compléte- ment disparu en certains points, et que partout où ce métal altéré a été retenu , on observe qu'il possède un volume beau- coup plus grand que le métal qai a servi à son développement, Ainsi des ouvertures carrées de 0",0% de côté sont presque entièrement obstruées. Mais le fait le plus remarquable, celui qui m'a surpris davantage quand je l'ai vu pour la première fois et parce que je n'avais pas conservé la mémoire du fait consigné dans la note de M. Persoz, est le suivant : Dans l’intérieur d’un encadrement formé par des barres de fer à section carrée de 0,06 de côté, sont cloués des cadres de fer dont les barres à section carrée ont 0,02 de côté. Ces barres, soumises à l’action de l'urine qui a pa s’infiltrer dans les joints, ont subi une altération telle qu’il en est résulté une flexion dont la flèche correspondante à la face exté- rieure de la barre a une longueur de 0,05 De plus encore, l'expansion due à l’altération du fer a été capable de produire la rupture des clous de fer destinés à consolider le cadre. On pourrait objecter que ces effets mécaniques sont le résul- tat de toute autre cause que l’altération chimique du métal. Mais comme ils ne se sont manifestés que là où le métal a reçu l'action de l’urine, comme, d’une autre part, le cadre extérieur n'a subi aucune déformation appréciable, on doit admettre que les effets mécaniques observés sont uniquement le résultat de l’altération chimique du métal. On comprendra dès lors que si des phénomènes analogues se reproduisaient sur plusieurs points d’un pont construit en fer, comme on en voit aujour- d'hui plusieurs sur les chemins de fer , la solidité de ce pont serait nécessairement compromise. M. Persoz dit dans sa note que le métal altéré avait l'aspect physique de certains minérais de fer, et que, d’après l'analyse 388 MÉMOIRES qu'il en fit, c'était de l'oxyde ferrique (Fe ?0*) sensiblement pur, contenant seulement de faibles proportions de phosphate ferri- que et quelques traces d’ammoniaque. Tel n’est pas le résultat de mes recherches. En effet, le métal altéré que j'ai recueilli possède tous les caractères physiques des oxydes magnétiques naturels, et particulièrement de l'oxyde de Taberg. Il est noir, doué d’un éclat métallique ; sa dureté est très-grande, car il a résisté à l’action de la scie en acier, ronde et mue avec une très-grande vitesse. IL est aussi très-cassant ; sa structure est schisteuse ; elle est certainement le résultat du mode de for- malion. J'ai pris avec le plus grand soin la densité de deux échantil- lons différents. J'ai trouvé que pour l'un elle est de #,45, pour l’autre 3,88. Ce dernier nombre diffère peu de 3,75, nombre qui, d’après mes expériences , doit représenter la densité d’un morceau d'oxyde magnétique de Taberg que je dois à l’obli- geance de M. Leymerie , notre savant confrère. Enfin il possède une polarité magnétique très-prononcée. Les expériences sui- vantes prouvent incontestablement que cette polarité magnéti- tique ne peut pas être attribuée à la présence d'une certaine quantité de fer resté inaltéré et incorporé au métal altéré. On a réduit en poudre très-fine 40 grammes environ de ce métal altéré. Ensuite, au moyen d’un aimant plongé dans la masse en poudre, retiré et débarrassé des parcelles qu'il avait entraînées , cette masse a été partagée en deux parties. L'une d'elles a été traitée par l'acide sulfurique convenablement étendu d’eau dans un ballon de verre muni d’un tube abduc- teur plongeant dans l’eau. A froid et à chaud, il n’y a pas eu dégagement de la plus petite quantité d'hydrogène. Il en a été de même pour l’autre portion traitée par l'acide chlorhydique. Enfin le métal altéré se dissout dans cet acide. La dissolution versée dans l’ammoniaque donne un précipité qui est magnéti- que sans polarité. J'indiquerai dans un instant par quel procédé je suis parvenu à constater cette absence de pôles magnétiques permanents. De tous ces résultats d'expériences il faut conclure que le © DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 389 métal altéré contient de l’oxyde de fer magnétique; mais il est mêlé avec une certaine quantité d'oxyde ferrique. Il contient en outre des traces de phosphate ferrique, de l’ammoniaque, et enfin une matière organique azotée retenue mécaniquement. Pour constater la présence de cette matière organique, il suffit de placer l’oxyde réduit en poudre dans une cloche courbe et de chauffer avec la lampe à alcool. Lorsque la température est suffisamment élevée , on voit un liquide incolore couler sur les parties froides de la cloche. Ce liquide a une odeur qui rappelle celle que laissent dégager les matières animales azotées lorsqu'elles commencent à se décomposer par la chaleur. Enfin, ce liquide a une réaction fortement alcaline. Quelle est la cause de la différence entre les résultats de mes recherches et ceux que l'analyse a fournis à M. Persoz? Je ne puis exprimer à cet égard que des conjectures. Il est possible que par une action longtemps prolongée de l'urine, ou bien seulement de l’air atmosphérique, l’oxyde magnétique se trans- forme en sesquioxyde. Cette supposition est rendue très-proba- ble par ce seul fait que l'oxyde magnétique est mêlé avec une proportion d'autant plus grande d'oxyde ferrique que l’action de l'air a pu s'exercer plus facilement sur le métal et sur l'oxyde magnétique. M. Persoz n'aurait donc fait l'analyse que d’unc partie du métal altéré, transformé en totalité en oxyde ferrique. Je crois pouvoir avancer , sans crainte d’être accusé de don- ner aux faits que j'ai découverts une trop grande importance, qu'ils intéressent à la fois les chimistes, les physiciens et les ingénieurs. Premièrement. Ws font connaitre des circonstances nouvel- les où peut se former l’oxyde de fer magnétique. Secondement. Les physiciens admettent généralement que les oxydes magnétiques naturels doivent leur polarité magnéti- que à l’action magnétique de la terre. Peut-on attribuer à cette seule action la polarité magnétique que possèdent les divers fragments d'oxyde magnétique que j'ai recueillis? Je ne le 9° S.— TOME IL. 25 390 MÉMOIRES pense pas; car chacun de ces fragments possède plusieurs axes magnétiques, dont les directions n’ont entre elles aucune rela- üon déterminée, et sont de plus indépendantes de celle qui devrait résulter de l’action magnétique de la terre. I y a donc à rechercher encore les causes qui développent les divers axes magnétiques coexistant dans un même fragment d'oxyde ma- gnétique. Troisièmement. Enfin j'ai cru qu'il était de la plus grande opportunité, aujourd'hui que les constractions en fer se mul- tiplient, de rappeler aux ingénieurs , par l'observation de faits nouveaux , ce que M. Persoz a découvert depuis longtemps, qui peut-être était resté inaperçu, combien il est important d'éviter dans les constructions en fer, l'accès des dissolutions salines et notamment de l'urine. Je ferai connaître, en terminant, le procédé que je crois nou- veau et qui m'a permis de reconnaître que l’oxyde magnétique précipité d’une dissolution saline où il était engagé, est dé- pourvu de polarité magnétique permanente, tandis que origi- nairement ce même oxyde possédait cette polarité. Le précipité bien desséché et réduit en poudre fine est projeté sur l’eau. Par un effet &e capillarité bien connu, les parcelles que l'eau ne peut pas mouiller restent flottantes à la surface du liquide et y conservent une mobilité excessive. Or quand ces parcelles flottantes sont simplement magnétiques , elles se metteut en mouvement vers le pôle qu’on leur présente, et quel qu’en soit le nom. Mais quand ces parcelles possèdent une polarité permanente, si elles sont attirées par l’un des pôles d’un aimant , elles n’obéissent à l’action attractive de l’au- tre pôle qu'après avoir décrit une demi-révolution , qu'après avoir pris une direction diamétralement opposée à celle qu'elles possédaient primitivement. C’est en utilisant le même procédé d'expérience que je suis parvenu à découvrir les faits suivants : L'oxyde de fer, produit pendant la décomposition de la va- peur d'eau au contact du fer chauffé au rouge , est magnétique et possède une polarité permanente très-prononcéc. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 391 L'oxyde de fer magnétique précipité d’une dissolution où il était engagé chimiquement , possède la vertu magnétique sans polarité permanente ; mais il peut la prendre sous l'influence plus où moins prolongée de l’un des pôles d’un aimant. Enfin, l’oxyde noir de fer, connu des pharmaciens sous le nom d'éthiops martial, est aussi dépourvu de polarité ma- gnétique permanente. Pour le vérifier et l’établir d’une manière générale, j'ai expérimenté avec des parcelles prises à des échan- tillons de provenance différente. Or, tandis que certaines pré- sentaient une polarité magnétique permanente bien prononcée , d’autres au contraire en étaient complétement dépourvues, et étaient simplement magnétiques. C’est en recherchant Ja cause de cette différence que je suis parvenu à reconnaitre qu’elle de- vait être attribuée à la présence du fer non oxydé dans l’oxyde noir magnétique avec polarité. En effet, en traitant par l'acide sulfurique étendu d’eau, l'oxyde noir dont les parcelles sont magnétiques avec polarité permanente, il se fait un dégage- ment abondant d'hydrogène. 392 MÉMOIRES NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR LAMBERT-FRANÇOIS-THÉRÈSE CAMMAS, PEINTRE-INGÉNIEUR-ARCHITECTE ; Par M. GUIBAL. Les Mémoires imprimés de l’Académie de Toulouse, de 1807 à 1822, contiennent diverses Notices sur les Peintres, les Sculpteurs et les Architectes auxquels cette ville est redevable des monuments et objets d'art qu’elle possède. Ces Notices dues à M. Malliot ne sont que de très-courts résumés des Mémoires biographiques lus par cet académicien dans les séances de FA- cadémie, sur Æmbroise Fredeau , Jean Pacquier, André Libre, Jean-Michel, Sublayras, Guillaume Cammas et François Cammas. En retraçant successivement la vie de ces artistes célèbres , l’auteur faisait ainsi connaître l’histoire des Arts dans Toulouse depuis le commencement du xvn° siècle jusqu'à la fin du xvne. Mais ces biographies, qui faisaient partie d’un ouvrage inédit et sans doute perdu maintenant, ne furent pas déposées à l’Académie. Les conditions particulières dans lesquelles nous nous trou- vons envers l’un des hommes que nous venons de citer, nous permettent de remplir une partie de cette lacune en retraçant l'histoire de François Cammas, notre grand-père. Aussi bien sera-ce là pour nous un devoir que nous remplirons avec le sentiment d’une dette de famille à acquitter; sa fille, qui fut notre mère, avait entrepris celte tâche; nous l’achèverons en DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 393 nous aidant de ses manuscrits et de ses entretiens dont le sou- venir est resté ineffaçable dans notre esprit. LauserT-François-THéRÈse CAMMAS naquit à Toulouse, le 12 novembre 1743, de Guillaume Cammas, que son seul mé- rite avait élevé à la position de peintre et architecte de la ville. Il vint au monde au beau moment du talent de son père, quatre ans après que celui-ci eut présenté aux Capitouls et fait approuver par eux, à force d'esprit, le projet de la façade du Capitole avec celui d’une place entourée de bâtiments unifor- mes. Il eut ainsi le bonheur, assez mal apprécié d'habitude, d’avoir une carrière toute tracée devant lui, et le bonheur plus cher encore aux esprits d'élite, d'avoir à conserver sinon à ac- croître l'éclat d’un nom déjà illustre. Cammas suivit donc la voie où l'avait placé sa naissance, et se fit remarquer de bonne heure dans les Cours de l’Académie des Beaux-Arts, à la fondation de laquelle son père avait concouru avec Lucas, Rivals ct Crozat. I se rendit ensuite à Paris, où il passa quelque temps au contact des maîtres de l'Art et de la Science. Quand il revint dans ses foyers, en 1766, ce fut pour y obtenir le grand prix de pein- ture que lui décerna l’Académie de Peinture, de Sculpture et d'Architecture de Toulouse, à laquelle des talents de premier ordre avaient acquis alors dans le monde une brillante répu- tation. L'année d’après, ccax qui l'avaient couronné l'appelè- rent dans leur sein ; ils l’admirent même aux fonctions de l’en- scignement comme Professeur adjoint (1768). A vingt-cinq ans, déjà distingué dans son pays, sentant en lui le pouvoir et l'obligation de faire mieux, Cammas partit pour Rome. Ï comprenait bien qu'il n’y a pas d'artiste véri- table sans un pèlerinage en ltalie, cette terre privilégiée où l’art est partout, dans les grandes cités comme dans les hameaux, dans la chapelle solitaire comme dans ‘les cathédraies les plus opulentes. Il examina tout avec l'œil serutateur du savant, avec l’imagination vive du poëte. Rome surtout, la ville éter- nelle, attira son attention; il y passa neuf années. Neuf an- nées ! ce serait un siècle aujourd'hui. Aussi, rarement études 394 MÉMOIRES d'architecture furent-elles plus complètes que celles qu'il y fie. L'examen constant des monuments antiques , qui tous passè- rent sous son crayon facile, devait lui être plus tard du plus utile secours. Pendant son séjour à Rome, il se lia d'amitié avec le chevalier Nicolety, édile des fontaines de Rome, et qui pouvait, à ce titre, disposer d'une somme considérable pour des expériences soit sur la résistance des matériaux employés dans les constructions, soit sur la résistance au mouvement des eaux dans les canaux et dans les tuyaux de conduite. Cammas prit une grande part à ces expériences, souvent même il les dirigea. Dans son pré- cieux ouvrage inédit sur l’Ærehatecture militaire , il a l'occa- sion de citer le chevalier Nicolety au sujet d'un calcul sur la résistance des bois à la rupture, et il écrit ceci en marge du livre : « Nicolety était encouragé par le Pape Rezonico; son » successeur Ganganelli, quoique plus philosophe, n'avait pas » le goùt des Arts; il supprima la somme annuelle de 5,006 fr. » qu'avait Nicolety pour faire des expériences sur la résistance » des bois, la poussée des eaux, les formes des piles et culées » des ponts, cintrage et décintrage; et cela par un motif d’éco- » nomie et sous prétexte que Nicolety avait fait toutes les décou- » vertes possibles, quoique la nature soit inépuisable. » En 4770 , Cammas fut recu Professeur à l’Académie de Saint. Luc de Rome, avec les priviléges attachés à ce titre. Nous en avons la preuve dans le diplôme délivré par la docte compagnie, titre signé du Président, de quatre Conseillers et du greffier. Son tableau de réception à cette Académie est déposé au Vatican; il est peintsur cuivre et représente l'avénement de Clément XIV au siége pontifical. Cammas approfondit ainsi à Rome, avec le même soin, les études qui devaient le guider dans sa triple carrière de Peintre, d'Ingénieur et d’Architecte. Après ce long séjour en Italie, il revint à Toulouse au mi- lieu de ses concitoyens qui ne tardèrent pas à lui témoigner la haute idée qu’ils avaient de ses talents. En effet, en 1778 , suc- cédant à son père , il fut nommé peintre de la ville, fonction DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 395 alors très-recherchée par la large part d'influence locale qu'elle apportait à celui qui en était investi. Deux ans après il entra Professeur d'architecture à l'Ecole spéciale des Sciences et Arts de Toulouse. En 1783 une partie de l’enseignement de l'Ecole du génie incomba à son talent de plus en plus apprécié. Le 7 janvier 4790, une délibération des Commissaires réunis des légions de la ville décréta la formation d’une Æcole mili- taire nationale et patriotique de génie et d'artillerie. Cammas y donna des lecous gratuites d’architecture militaire, point de départ, sansdoute, de son ouvrage sur ce sujet. L'année d'après, il fut nommé Secrétaire perpétuel de l’Académie de Peinture, de Sculpture et d'Architecture. Enfin, il fut recu à la Société des Sciences et des Arts d'Albi, en 1804, ct à l’Athénée de Tou- louse en 1802. La plus belle partie de la carrière de Cammas, après son retour d Italie, fut troublée par la période révolutionnaire : aussi, ne sera-t-on pas surpris de la trop courte nomenclature de ses travaux que nous décrirons d’ailleurs rapidement et suc- cessivement au point de vuc du peintre, de l'architecte, de l'ingénicur et du professeur. Lorsque Cammas fut nommé peintre de la ville de Tou- louse, en 1778, les Capitouls lui commandèrent un tableau allégorique de la naissance de la Dauphine fille de Louis XVL. Ce tableau n'existe plus, il disparut dans la tempête révo- lutionnaire , brisé comme toutes les images royales. C’est dans la salle du Grand-Consistoire au Capitole, où il avait été placé, qu'eut lieu cette lacération. L'on possède au Musée de Toulouse, mais non exposé dans les galeries , faute de place , nous a-t-on dit, un tableau de Cammas qui y figura quelques années, et où nous avons souvenir de l'avoir vu. Ce tableau, qui avait obtenu le prix extraordinaire proposé par l’Académie de Toulouse , a pour sujet Louis XVI rappelant les Parlements. L'on voit à l'église de la Dalbade un grand tableau qui avait été commandé à Cammas par le Prieur de la Chartreuse de Castres, pour orner la chapelle capitulaire de ce couvent. Ce (ableau, inachevé au moment de la révolution , resta plu- 396 MÉMOIRES . sieurs années dans l'atelier du peintre, et, plus tard, chan- geant forcément de destination , il fut placé dans l’église de la Dalbade , à Toulouse; il représente le Prieur des Chartreux de Castres en adoration devant le saint Sacrement , et ayant un moment d'extase, pendant lequel une vision lui montre Jésus ouvrant son cœur , d'où s’échappent des rayons de lumière qui éclairent le Prieur et les autres Chartreux. Enfin, il existe dans les chapelles des bas-côtés du dôme de Saint-Pierre, à Toulouse, quatre tableaux grisaille dûs au pinceau de Cammas. Le premier représente saint Basile devant le proconsul Modeste ; le second , saint Guillaume s’évanouissant à la vue de l'hostie consacrée que tient l'abbé de Citeaux ; le troisième, saint Bruno refusant la mitre qui lui est offerte par le souverain Pontife ; le quatrième, Totila , roi des Ostrogoths , aux pieds du fonda- teur de la Grande-Chartreuse. Enfin, nous rappellerons le tableau de réception de Cammas à l’Académie de Saint-Luc de Rome, représentant l’avénement de Clément XIV. e Nous l'avons dit, les circonstances politiques empêchèrent le génie vraiment créateur de Cammas de produire tout ce qu'il aurait pu , ou plutôt d'exécuter les beaux projets d'archi- tecture qui, pour la plupart, lui avaient été commandés par des couvents ou par des églises. Aussi ne pouvons-nous citer de productions de lui en architecture, que le dôme de l'église Saint-Pierre à Toulouse , fort remarquable par son élégante ornementation intérieure, et le maïtre-autel de cette même église, si gracieusement décoré de deux anges adorateurs dont l'exécution fut confiée au célèbre sculpteur Lucas. IL cons- truisit aussi la chapelle capitulaire du couvent des Chartreux de Castres. Les autres travaux, non achevés au moment où la révolu- tion éclata, restèrent à l’état de projet dans les portefeuilles de l'architecte, où ils sont encore, pour la plupart au com- plet. Celui de la restauration de l’église du Taur de Toulouse était prêt à être exécuté. Il constitue un vrai chef-d'œuvre de perspective et de lavis, en même temps qu'un beau modèle d’ar- DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 397 chitecture. Nous signalerons aussi un projet d'église en rotonde à l'hospice Saint-Joseph-de-la-Grave, remarquable surtout par le mémoire à l'appui dans lequel l’auteur signalait la dis- position vicieuse d’un autre projet qui avait déjà reçu un com- mencement d'exécution, et qui se composait d’un dôme circu- laire reposant sur huit piliers en arcades , entouré d’une voûte annulaire, formant les bas côtés de l’église. « Le mur circu- » laire, dit-il dans ce mémoire, ne pourrait se soutenir, les » plates-bandes sortant de la ligne droite et portant sur un appui » aussi faible que les colonnes qu’il pousserait en dehors. » Cette disposition a néanmoins été suivie de nos jours, et il semblerait bien que les sages appréciations de Cammas étaient fondées. Cammas composa successivement quatorze beaux projets de fête publique à l’occasion de la naissance du dauphin, fils de Louis XVI ; la municipalité les ayant trouvés trop dispen- dieux , les rejeta et exigea de l'architecte un simple projet de feu d'artifice, pour lequel un vote de 400 francs fut accordé, avec avertissement à l’auteur qu’il supporterait l'excédant des dépenses, sil y en avait un. Ce fut ce qui arriva; mais, le conseil l’ayant su, il fut délibéré qu'on donnerait à Cammas une tabatière d'honneur en argent de la valeur de trois louis. Ces quatorze projets, qui nous sont restés en partie, sont, à l'exception du dernier , de véritables modèles en architecture et en décoration, et ils avaient des proportions telles que c’est à peine si on les exécuterait aujourd'hui à Paris. Les Chartreux de Toulouse , qui possédaient tout le terrain de l'arsenal actuel et de l’église Saint-Pierre, avaient chargé Cammas d'un projet général de grande Chartreuse. Plusieurs plans de ce projet , établi sur des proportions très-larges , nous sont restés inachevés. Cammas avait fait également un magni- fique projet de salle de spectacle, et, pour donner une idée de la disposition intérieure d’une manière plus précise que par les ressources seules du dessin, il avait construit une espèce d'op- tique qui rendait l'illusion parfaite. Ce projet a été donné par notre mère à un architecte de Toulouse. Cammas présenta 398 MEMOIRES plusieurs projets d'achèvement du Capitole, dont il ne nous est resté que quelques fragments. Enfin , un de ses projets favoris, et dont il a donné une longue description dans son ouvrage sur l'architecture militaire , était relatif à la construction d’un ma- nége couvert à Carcassonne. La destitution du ministre de la guerre, à qui les plans avaient été soumis, et qui leur avait fait bon accueil, fut la cause de leur inexécution. Mais, la lettre du haut fonctionnaire annonçant son approbation a quel- que chose de singulièremeut flatteur pour Cammas. En ellet , le ministre témoigne à l'administration sa surprise qu'il y ait en province quelqu'un en état d'avoir donné un parcil projet. La municipalité lui répond aussitôt que si l'artiste qui avait sa confiance avait cru travailler pour la capitale, il aurait monté les cordes de sa lyre sur un ton plus élevé. Enlin, pendant son séjour à Rome, il fit construire sur. ses dessins une chapelle sépulcrale en rotonde dans leglise de Pratica, à la mémoire du cardinal Ciara Colonna , ancien nonce de France. Dans ses travaux d'ingénieur, Cammas ne fut pas plus heu- reux que dans les autres; tous ses projets sont restés, comme les premiers, eu portefeuille. Une question d'intérêt local, à l'ordre du jour pendant plu- sieurs siècles et qu'on agite encore aujourd'hui, lui fournit l'occasion de mettre à profit les sérieuses études d’hydraulique qu'il avait faites à Rome avec le chevalier Nicolety. Nous vou- lons parler d’une distribution d’eau dans la ville de Toulouse. En 1783, Cammas présenta quatre projets différents pour amener et élever en ville les eaux des sources de l’Ardenne ensemble avec celles de la Garonne, quoique séparément. Les plans et dessins relatifs à ces quatre projets existent encore , mais les mémoires ont été égarés. Dans les deux premiers projets, les eaux du coteau de l’Ar- denne étaient amenées par une conduite forcée an pied des tours du Pont, où l’on aurait puisé également l’eau de la Garonne. Des pompes mues par un manége établi sous un quai, entre les tours et l’hospice, devait élever les eaux à la partie supérieure DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 399 des tours actuelles, dans des cuvettes analogues à celles de notre château d'ean. Le second projet différait de celui-ci, premièrement, en ce que le moteur était une machine à vapeur, du seul système alors connu , celui de Niewcomen. Seconder=ent en ce qu’on rempla- çait l'arc de triomphe par un autre plus large d'ouverture et plus élevé. Dans les deux autres projets, l'emplacement était pris un peu au-dessous du moulin du Château, dans la rue du Moulin , en face du laminoir de cuivre. Les caux de l’Ardenne y étaient amenées par une conduite forcée qui traversait à fond la rivière en face de la porte de Muret. Les eaux de sourcc et celles du fleuve étaient élevées séparément par des pompes dans un château d’eau à cuvettes de distribution. Dans les deux projets, l’auteur faisait usage de moteurs hydrauliques parfaitement bien entendus, eu égard surtout à une époque où la science des machines était encore fort arriérée. Il établissait, dans le premier, deux roues à aubes planes, mues dans un coursier circulaire, et recevant l’eau au-dessous du centre, c’est-à-dire deux de ces roues qu'on appelle de côté, très-employées aujourd'hui, mais inconnues de son temps, et dont l'invention lui serait due si son projet eût été mis à exé- cution (1). (1) M. de Prony dit, dans son Rapport au Conseil général des Ponts et chaussées, sur le projet d’une machine hydraulique destinée à fournir de l'eau à la ville de Toulouse. 5 juin 1821 : « Les roues de la machine de Toulouse sont de l'espèce dite en dessous ou » à aubes , et C’est malheureusement celle qui fait la plus grande déperdition » de force motrice. Il nous paraît que les auteurs du projet, dont la louable » intention est de profiter des progrès que la mécanique appliquée fait chaque » jour, n’ont pas eu connaissance d’un procédé employé depuis peu d’an- » nées à Essonne dans la manufacture de M. Feray-Oberkamp , qui rend » l'effet de l’action de l’eau motrice lorsqu'elle vient attaquer la roue au- » dessous de son centre identique avec cet effet lorsqu'il est produit dans » les roues qui prennent l’eau au sommet de la circonférence. Ce nouveau » procédé fournit le moyen bien précieux, ete... Nous ne décrirons pas ici » le mécanisme de la roue d'Essonne , parce qu'il est exposé dans le Traité - » des Machines de M. Achette, édition 1819, page 97, planche HI. » Dans son Mémoire, intitulé : Suites données au rapport de M. de Prony sur la machine hydraulique projetée pour les fontaines de Toulouse , M. d'Au- 400 MÉMOIRES Dans le second projet, il faisait usage de sept machines à co- lonne d’eau , à simple effet, dont la disposition toute particu- lière, et l'application à une très-faible chute, constituaient une invention à cette époque , bien que le principe de ces machines, dû à Bélidor , eùt été p'iblié par ce savant ingénieur, dans son Traité d'Architecture hydraulique, en 1730. Ces machines étaient fort simples, et, à quelques détails près, il n'est pas douteux qu’elles auraient pu être mises en usage. Elles se composent d'un grand piston circulaire en bois de 2",60 de diamètre, placé dans une cuve en pierre de taille, et muni d’une garniture de cuir très-ingénieusement disposée pour empêcher la communication de l’eau. Ce piston est soulevé par l'eau qui s'introduit de bas en haut dans la cuve. Puis l’eau s'écoule en dessous, après avoir produit son action mécanique. Une tige en bois, surmontant le piston, fait mouvoir la pompe au moyen d’une transmission des plus simples, et dans laquelle l’auteur a placé un excentrique combiné de manière à égaliser les moments de la force variable du piston moteur avec celui de la force résistante. Ce dernier projet est un de ceux dans lesquels le génie inventif de Cammas se révèle peut-être le mieux; c’est pourquoi nous avons cru devoir entrer dans quelques détails. Indépendamment des notes des Cours que professait Cammas, il a écrit deux ouvrages relatifs à la science de l’Ingénieur, mais buisson dit : « La plus importante des améliorations indiquées, est la subs- » titution des roues dites de côté par les anglais, aux roues en dessous em- » ployées dans le projet. Ces dernières sont sans contredit les plus mauvaises » de toutes les roues hydrauliques, c'est-à-dire que ce sont celles qui » occasionnent la plus grande déperdition de force. M. de Prony, après avoir » fait cette remarque, propose de les remplacer par des roues pareilles à » celle construite, depuis peu d'années, à la filature de M. Feray à Essonne, » et dont il lui parait que les auteurs du projet de la machine de Toulouse » navaient pas connaissance ; ce qui est très-vrai. M. de Prony a indiqué » l'ouvrage où lon pourrait en voir la description; on la examiné, et l’on » a trouvé qu’à l’aide de quelques petits changements dans le niveau de la » prise d’eau et du coursier de fuite , elle pouvait être parfaitement adaptée » aux localités , et qu’elle le serait avec beaucoup davantage, » DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 401 inédits tous les deux ; un Cours d'Architecture militaire, grand in-8°, de 360 pages, et une Description sur l’histoire et les pro- portions des principaux ponts du monde, ouvrage de 120 pa- ges avec tableaux. Les travaux de Cammas, comme Professeur, seront suffisam- ment caractérisés par les faits suivants : L'Ecole des Ponts et chaussées de Paris avait besoin d'élèves au Concours de 1792 ; Cammas y en envoya seize qui occu pè- rent un rang distingué. L'un d'eux fit connaître au premier Ingénieur de l'Ecole, le citoyen Perronct, les lecons de son maitre, et celui-ci reçut peu après la lettre suivante : € À Cammas (François). Paris, le 23 mars 1793. » On ne peut être plus satisfait, Monsieur , que je l'ai été de la lecture de vos Mémoires qui m'ont été communiqués par l’un de vos élèves ; il a pensé que vous ne désapprouveriez pas que je les fisse copier pour l'Ecole nationale ct gratuite des Ponts et chaussées. Indépendamment de l’érudition qui règne dans ces Mémoires , laquelle annonce un travail pénible et soigné de votre part, ces Mémoires contiennent des recherches et des moyens très-instructifs pour les jeunes gens qui se des- tinent aux Arts ct aux Sciences. Et l’on ne pouvait mieux faire, Monsieur, que de vous confier la place de Professeur du Lycée patriotique de Toulouse, ainsi que j'en ai pu juger par les con- naissances que ceux de vos élèves, qui ont été envoyés à Paris, y ont acquises et qui les ont fait distinguer, dans le nombre dë leurs camarades, à l’Ecole des Ponts et chaussées. » J'ai vu, dans vos Mémoires, que vous vous proposiez d’en donner un nouÿeau sur l'Architecture civile ; je désire beaucoup que vous puissiez vous en occuper, et je serai également très- flatté d'en avoir une copie. J'en fais actuellement imprimer un sur les arches d'une grandeur extraordinaire, de 200 , 300 ; 400 et jusqu'à 500 pieds d'ouverture qu'il ne me paraîlrait pas impossible d'entreprendre pour la traverse des vallées profondes et bordées de roches escarpées. Je vous pricrai de me permettre de vous en adresser un exemplaire le mois prochain , mais sans k02 MÉMOIRES avoir la prétention de le comparer avec l'utilité que l’on pourra retirer de vos productions pour le progrès des arts. » Soyez assuré, Monsieur, des sentiments d'estime et de con- sidération que j'ai l'honneur de vous vouer. » Sioné : PERRONET (1). L'Ecole Polytechnique venait d'être créée; au premier Con- cours qui s'ouvrit pour remplir les places d'élèves, Cammas présenta un si grand nombre de candidats dignes d’être admis, que les juges, obéissant à un sentiment d'égalité, alors fort de mode et bien mal compris, n’osèrent recevoir que onze élèves de la Haute-Garonne ; mais ils témoignèrent au Jury de ce dé- partement le regret d'avoir été dans l'obligation d’agir ainsi. La lettre qui en contient l'expression est déposée aux archives du département, etellea, pour Cammas, plus de valeur en- core que celle de Perronét. Celle-ci n'émane, en effet, que d’un homme, bien compétent du reste; mais l’autre est écrite au nom de l'Ecole Polytechnique elle-même, c'est-à-dire du pre- mier corps savant de France avant la création de l'Institut. A l'abolition des Académies, et lorsque les appointements des Professeurs furent supprimés, Cammas , uniquement animé de ses sentiments patriotiques et de son dévouement pour les Sciences et les Arts, vertus héréditaires chez lui, continua gra- tuitement ses leçons l’espace de quatorze années, c’est-à-dire jusqu’à sa mort, Son père, Guillaume Cammas , successeur de Rivals, avait donné, dans des circonstances analogues, non- seulement des leçons gratuites, mais il voulut encore fournir de ses deniers aax dépenses qu'entraînait son enseignement. Ce qui a fait dire à Durosoir , dans son discours à l’Académie, le 31 janvier 1773 : « Ce trait mérite d'être remarqué ; les hommes sacrifient quelquefois, par vertu, des avantages futurs, mais rarement (4) Il est écrit au bas de la copie de cette lettre, dont l'original a été Cgaré : Enregistré à Toulouse, le 12 du 2 mois de l’an 2e de la République. Reçu vingt sous, signé Dessarte. DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES, k03 ceux qu'ils possèdent déjà ; ici c’est beaucoup plus : non-seule- ment les leçons étaient gratuites, mais le Professeur entrait dans les dépenses nécessaires au soutien de l'Ecole. Ce sont là des traits qu'une ville ne peut oublier. Que deviendrait la société si les hommes publics étaient ingrats par système ? » Un témoignage semblable, mais sous une forme plus offi- cielle, est donné à François Cammas par le certificat émané du bureau de l'Ecole spéciale des Sciences et Arts de Toulouse. Ce certificat est ainsi conen : , « Le Bureau d'administration de l'Ecole spéciale des Sciences et Arts de Toulouse certifie à qui il appartiendra que François Cammas, peintre-architecte, fut appelé deux fois à la place de Professeur d'architecture, en 1780 eten 1791; qu’à ces deux époques il a donné des preuves du plus grand dévouement au progrès des arts et du patriotisme le plus désintéressé , en don- nant gratuitement ses leçons aux nombreux élèves de cette Ecole, la première fois pendant trois ans, et la seconde pen- dant onze ans ; que ce Professeur estimable a été enlevé aux Arts et à ses amis dans le courant de l’année 180% , emportant avec lui le regret de tous ses compatriotes, qui sont en partie redevables à son zèle, à ses talents et à son désintéressement , de la conservation de leur Ecole des Arts pendant les orages de la révolution. » Délibéré au Bureau d'administration, le 2 décembre 1807. Le Maire, signé Baron pe Beccecarve. Le Secrétaire, signé DESSOLLE. » Quel Professeur eut jamais de tels états de service ? Et quoi d'étonnant , dès lors, que plusieurs corps Savan{s aient cherché à s'attacher l'homme qui se recommandait par des mérites si divers? Nous sommes surpris au contraire de ne pas le trouver dans un plus grand nombre d'Académies. Il est vrai que ses services, marqués au coin d’une utilité réelle, ne cherchèrent jamais à s'imposer à la foule par un retentissement dont toutes les natures ne s'accommodent pas; Cammas p’alla jamais au- devant d'une élection. Ce qu'il fut, il le fut pour ainsi dire 40% MÉMOIRES malgré lui, et plût à Dieu qu’il eût résisté au moins une fois! nous n’aurions pas à rapporter ici l'événement qui attrista la fin de sa carrière, et probablement abrégea ses jours. Jusqu'en 1798, Cammas avait vécu dans son atelier ou dans sa chaire, donnant à sa famille tout le temps que lui laissaient ses travaux une fois accomplis. Le témoignage d'estime que lui donnèrent alors ses conci- toyens , fut seul capable de l'arracher à cette espèce de solitude qui lui plaisait tant. 11 se laissa nommer Juge de paix de son arrondissement par #09 voix sur #87 votants. La nature toute de paternité et de dévouement de ces nouvelles fonctions le dé- cida à les accepter. Avec le coup d'état du 18 brumaire 1799, la France entra dans une voie nouvelle de réparation et de régénération. Cam- mas s’y associa dans la mesure de ses forces ; il continua ses fonctions de Juge et prêta serment au premier Consul de la République. Pourtant , on l’accusa de n'avoir pas pour le Gouvernement qu'il servait toute la sympathie désirable. Des hommes qui ont toujours le tort d’avoir trop de zèle, lui reprochèrent d’en man- quer dans l’accomplissement de ses devoirs. Ils crurent que le magistrat devait porter sur son siége les passions politiques de l’homme et du citoyen vivant en des jours de contre-révolution, et ils reprochèrent à Cammas, procédant contre les sieurs Bonhomme et Roy, de n'avoir pas mis assez d’ardeur au service du pouvoir exécutif, et le 24 décembre 1800 il fut incarcéré. Le Tribunal de Cassation donna mission au directeur du Jury de l’arrondissement de Toulouse d'interroger le prévenu. Cammas n'eut pas de peine à prouver son innocence. La netteté de ses réponses, la déposition des témoins entendus, les témoignages des fonctionnaires de la localité, l'impossibilité de le comprendre dans la grande procédure relative aux événe- ments du 3 Nivose an IX, amenèrent à la fin une ordonnance de non lieu. La sentence qui prescrivit sa mise en liberté est du 17 ven- démiaire an X. Sa détention avait duré près d’un an. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 405 Cammas ne survécut pas aux chagrins que lui avait occa- sionnés cette séparation vielente de sa famille et de ses amis; il essaya, mais en vain, de reprendre les travaux qui avaient fait sa Joie, de reparaître au milieu d'élèves qu'il était heureux d'éclairer de ses conseils et de son expérience ; une fièvre ma- ligne ne lui permit pas d'achever sa tâche ; il mourut le 30 Janvier 1804. Ses élèves lui donnèrent une dernière et significative marque d'estime en le portant eux-mêmes au champ du repos. Honneur à eux! Ils surent égaler en reconnaissance le dévouement du Professeur qui, au milieu des orages de la révolution , avait si généreusement contribué à conserver l'Ecole des Arts aux en- fants de Toulouse. 1°" juillet 1858. D°S,— TOME Ii, 26 LOG MÉMOIRES NOUVELLE MÉTHODE POUR DÉMONTRER L'EXISTENCE DU SYSTÈME CONJUGUË RECTANGULAIRE DANS LES SURFACES DU SECOND ORDRE ; Par M. E. BRASSINNE. La méthode suivante, qu'il suffira d'appliquer à l'ellip- soide, suppose la solution de ce problème : «Trouver les » conditions auxquelles sont assujettis les axes d’une ellipse, » pour qu’elle puisse être placée sur un ellipsoïde donné. » 1° Sans autre caleul que la résolution d’une équation du second degré, on démontre aisément que léquation géné- rale des surfaces du second ordre se ramène, dans un système de coordonnées obliques, aux deux formes : Part P'yabP'a—i, P'y+P"z—=207x. On établit d’ailleurs immédiatement, par un procédé dû à J. Binet, que la somme des carrés des demi-diamètres conjugués est constante , ainsi que le volume du paralléh- pipède construit sur leurs longueurs. On peut aussi prouver que la somme des carrés, des aires , des parallélogrammes conjugués, est invariable pour tous les systèmes conjugués obliques ou rectangulaires. Si on considère par exemple l'ellipsoïde : LRU Ex à GEENEMIPUR GE Le plan zx pourra être supposé perpendiculaire à celui des xy, puisqu'on peut placer à volonté dans ce dernier plan le demi-diamètre a’. Cela posé, si on appelle 6, 6, 6” les angles xy, x2, y2; et si, pour un nouveau système conjugué , qui aurait le même demi-diamètre c’ sur les z, DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. h 07 et des demi-diamètres a”, D" sur le plan xy, on désigne par À, NV, N’ les angles analogues, on aura égalité : a bassin 8H a"c'sin +" RU de b'"2 sin? à + —+a2c'? sin x" Hb''2c'?sin? 2"; car si on tient compte des relations cos #’’—cos # cos #', cos 2""—cos (442) cos d', cos "= cos & cos l’, a'b'sinô—=«a"&b''sinà, dans lesquelles « désigne l'angle du diamètre 4” avec 4’, on arrive aisément à l’expression a? + 0" cos 1— a"? cos? 84 b'2cos2 (a+ a), qui n’est qu'un cas particulier de ce théorème connu : « La » somme des carrés des projections des diamètres conjugués » d’une ellipse, sur une droite donnée, est constante. » On passe ensuite au théorème général que nous avons en vue, en plaçant, comme le fait 3. Binet, le demi-diamètre a” sur l'intersection du plan xy, avec un nouveau plan x’ y", relatif à un second système conjugué. 2° Considérons, dans un système rectangulaire , l’ellip- soïde Px°+P'y°+P/2= 1, que nous couperons par un plan passant par son centre. Si © est l’angle que fait la trace de ce plan sur celui des x y avec la ligne des x, et 0 son inclinaison sur ce même plan , l'équation de la section sera (2) x'2(P cos? g+ P'sin? ç) + y"? (P cos? 8sin? ç+ P' cos’ #cos’g+ P''sin?4) + 2 x'y" cos 0.cos @.sin pg(P'—P)=—:1; x, y! sont dans le plan de section dans la direction de sa trace et d’une perpendiculaire à cette trace. Comparons cette section avec une ellipse dont les demi- 1 La = \ axes seront —— NÉ FF et dont l'équation, dans un système L rectangulaire , sera : 408 MÉMOIRES (3) "2 (M cos’ + N sin? @)+ y"? (M sin? » Æ N cos? © )+ +22" y" sin o cos & (N—M)= 1. Si on donne M, N, cette équation ne renfermera que l'in- déterminée ©. Posons 4 M cos o+N sin’w, & aura pour limites supérieure et imférieure M, N, en supposant M >N. On comprend d’ailleurs sans peine que l'équation (3) pren- dra la forme simple : (4) ux'?Æ(MÆN—u)y +0 y /(M—u)(u—N)= 1. Cette dernière, identifiée à (2), donne : MÆN—P"— LP 0e | P— P+P'—Pp"— MEN P'— 7 (5) (rw) (u— 1") (P — u) + (u —M)(u — N)—=o. COS Ces relations d'identité prouvent d’abord que si on sup- pose, ce qu’or peut toujours faire, P>P/>P", on doit avoir M+N>P+P’, u>P', uP'P” et Mb'>c', on aura en faisant 4—0, un résultat négatif — À ( VF exprime le volume du paralléli- pipède oblique construit sur 4”, D”, ec"); pour £—b" on a un résultat positif, pour é— a” un résultat négatif, et pour t— un résultat positif. Il existe donc trois valeurs posi- tives pour &, b, ©, qui satisfont au système (6), et qui sont telles que a>a”, c DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. h25 » plutôt lui devoir l'existence qu’à la Sax. cuneifolia L. Quant à » la Sax. rotundifolia, elle en est le père ou la mère très-certai- » nement; et vous en jugerez, tant par la figure que d’après » les détails comparatifs dans lesquels je vais entrer. » 1° Sax. rotundifolia a des dents de scie à ses feuilles; elle est » velue, son calice ne se réfléchit pas ; ses pétales sont pointus, » très-légèrement onguiculés, ponctués de huit à neuf points » rouges au delà de leur milieu , et sont bien plus grands que » ceux des espèces suivantes. » 2 Sax. hirsuta a ses pétioles velues, ses feuilles elliptiques » à dents obtuses ; tige un peu velue, rougcâtre, avec très-peu » de bractées linéaires; calice reflexe, pistil rouge; anthères » rouges; pétales oblongs très-oblus, ouverts, une fois plus » petits que ceux de la précédente, et n’a que quatre à cinq » points rouges près de leur base, au-dessous du milicu des » pétales. » 3° Sax. cuneifolia a ses feuilles crénelées, en spatule; calice » reflexe; pétales plus petits, fugaces, non ponctués, ayant » une tache jaune à leur base, et obtus; les anthères sont » blanches , la tige est nue, etc. » 4° L'hybride a des feuilles rondes ; leur pétiole très-peu » velue ; épaisses, comme charnues, sans être cartilagineuses ; » comme rayées en dessus par des nervures plus blanches, mais » non striées ; et dentées par neuf, dix ou onze dents de scie » en devant, ou à leur pointe seulement. » En un mot, je crois voir dans ses feuilles, leur dentelure, la feuille cauline , les fleurs, la grandeur, la figure des » pétales , et surtout le nombre de points placés vers leurs » parties moyennes, une plante intermédiaire, issue de la Saxi- » fraga rotundifolia et hirsuta (ses anthères sont jaunes) ; » elle est éloignée à la vérité de quelques pieds de cette der- » nière, tandis qu’elle est sur le bord du gazon, formant corps » pour ainsi dire avec la touffe de la Saxifraga cuneifolia. » Voilà la seule difficulté qui se présente. Mais la nature se plaît » toujours à jeter un voile sur ses opérations ; elle aime à se © :26 MÉMOIRES » dérober à nos yeux , afin de mieux exercer notre imagination, » et peut-être aussi afin de mieux varier et embellir ses produc- » tions. » Une dernière réflexion qui m’a échappé en commencant, » c’est que je présume le genre Saxifraga augmenté, surtout » chez nous , de plusieurs espèces ou variétés de nouvelle créa- » lion; je veux dire d'espèces hybrides, nées de deux autres » voisines. Allioni en a aussi quelques-unes. La Saxifraga » pedemontana que j'ai séchée , ressemble un peu à notre nou- » velle hÿbride. Je présume qu’il en est de même des hieracium » chez nous, des g'alium, des bruyères au Cap, des andro- » meda au Nord, des geranium en Afrique, etc.; que toutes » les fois que plusieurs espèces d'un même genre se sont ren- » contrées , elles se sont, comme des hommes civilisés, fortifiées » les unes par les autres, et ont éloigné leurs adversaires, » qui ont dù souffrir autant de leur voisinage, qu’elles-mêmes » ont dù y gagner. » Quelques jours après, le 24 juillet 1793, Villars, dans une nouvelle lettre, revient sur la Saxifrage hybride. « Je me flattais, dit-il, de pouvoir réveiller votre attention » sur ces espèces intermédiaires de Saxifrages qui, comme dans » tous les genres un peu nombreux et assortis, partagent les » caractères de l'espèce qui précède et de celle qui les suit, et » n'ayant pas toujours en elles-mêmes des caractères suffisants » pour en créer de nouveaux , embarrassent les vrais bota- » nisies, » Les fruits de notre Saxifrage hybride ont avorté, mais » elle se porte bien ; ses fleurs ont persisté bien plus longtemps » que celles du rotundifolia, harsuta et cuneifolia, ses parents » et ses voisins (je veux dire ses pétales). Je la veilleraï, si elle » vit. de sais que l’âge, le climat , les engrais , la culture chan- » gent les espèces , mais vous avez trop bien apprécié mon » dessin et mes notes pour ne pas sentir que les différences de » cette nouvelle Saxifrage ne sont pas de ce genre, si elle pou- » vait se perpétuer. » DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, 497 Dans une troisième lettre , datée du 9 janvier 1796, Villars revient sur la Saxifrage hybride. « Notre Saxifrage hybride se soutient ; il y en a deux ga- » zons au jardin botanique. Elle se multiplie par touffes sans » grainer ; rarement elle fleurit. En 1773, lors de son appari- » ion, elle se montra belle; le sol était plus frais, plusombragé, » plus aéré. Comme nous sommes venus dans un faubourg de » la ville, elle est plus dure, plus cartilagineuse , sans avoir > autrement changé. Pallas a vu une Saxifraga daurica Voy. » qui lui ressemble un peu; je crois toujours que la nôtre, née » parmi les plates-bandes des Alpes, où lon ne sème rien à » quatre cents pas des semis et couches opposées à l’autre extré- » mité du Jardin , est une hybride , une nouvelle plante. Je n’ai » rien à vous ajouter ; je ferai lever un gazon pour en avoir les » racines ; mais jusqu'ici elles m'ont paru fibreuses, rougeûtres, » semblables à celles du cuneifolia. » Le 17 mai 1796, Villars, dans une autre lettre, dit entre autres choses : «Ma Saxifrage hybride est en fleur parmi les Alpines, mais » elle languit dans le marasme à l’école botanique. Celles-là » sont à l'ombre au nord, sur un terrain mêlé de limon de » l'Isère ; celle-ci, sur un sol limoneux et gras, mais bombé » par le sarclage et isolément des plantes. Avis pour la vôtre. » Je vous en sècherai si je puis ; elle n’a pas fleuri depuis trois » ans. » Enfin, dans une dernière lettre datée du 29 janvier 1800, Villars, étant à Paris, écrivit à Lapeyrouse ce qui suit : « J'ai pris chez Fuchs votre feuille de Saxifrages, mais je » N'y ai pas vu notre hybride ; je crois que vous ne devez pas » l'oublier. » On n'a pas perdu de vue que Villars donnait tous ces dé- tails à Lapeyrouse pour qu'il tint compte de l'hybridité, dans l'étude des espèces de ce genre qui devait servir de base à la 128 MÉMOIRES monographie que Lapeyrouse préparait ; ce fut cette correspon- dance, dont Lapeyrouse cite un fragment, F/. Pyr. pag. 51, qui l'ébranla, quoiqu'il ne crût pas à l'hybridité, comme il nous en donna la preuve dans son Histoire abrégée des plantes des Pyrénées qu'il publia plus tard. Cependant , après avoir cité le fragment d’une lettre de Vil- lars, dont nous avons parlé, Lapeyrouse ajoute : « Si cette » hybride eût été trouvée sur les Alpes par un botaniste qui eût » ignoré les circonstances de sa formation, ne pouvant la ra- » mener à aucune des espèces connues, et la voyant participer » également des deux, il l’eùt proposée sans hésiter comme une » espèce nouvelle. » J'avoue que je ne vois jamais ces individus ambigus inter- » médiaires qui lient les espèces entre elles par des caractères » plus aisés à sentir qu’à exprimer, surtout dans les genres » nombreux, que je ne sois fortement entraîné à les regarder » comme des hybrides, dont la création, difficile à la vérité, » peut varier et se renouveler tous les ans, et augmenter ainsi » le nombre des végétaux. » IL est à regretter que Lapeyrouse n'ait pas persisté dans l'opi- nion qu'il formule ainsi, et qui est due à l'influence de Villars ; il aurait pu apprécier à leur juste valeur plusieurs hybrides dans le genre Saxifraga qu’il s'est obstiné à considérer comme espèces. Je citerai le Sax. luteopurpurea Lap. le capitata Lap., qui sont certainement de véritables hybrides , et peut-être aussi son micla , palmata, intricata, et dans les variétés du mus- coides Nulf., on découvrira aussi d’autres plantes hybrides. Nous trouvons le changement de Lapeyrouse bien formulé dans l'Histoire abrégée des plantes des Pyrénées, pag. 224, pu- bliée vingt-un ans après. En parlant encore du $. luteo-pur- purea, il dit : La culture m’a convaincu que ce n'est pas une hybride, comme je l’avais présumé. Mais remarquons que la culture de Lapeyrouse consistait tout simplement à transplanter une plante douteuse toute venue dans son jardin , et non pas à la faire venir de graine , comme nous l’entendons ; mais cela ne prouve pas moins qu’il renonçait à l'hybridité pour la seule DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 429 Saxifrage hybride qu’il eût distinguée; cependant cette plante est une hybride parfaitement constatée. On la trouve encore aujourd'hui à la montagne de Rie, près Saint-Beat , où l’indi- que Lapeyrouse; elle vient dans cette localité en société du media et aretioides ; mais on ne la irouve pas où ces deux plan- tes viennent isolément, comme à Labatsec, à Fond de Comps. D. C. FT. Fr. 6, p. 517, ne se méprit pas sur la nature hybride de la plante de la montagne de Rie ; il constata même que ces deux espèces, media et aretioides, donnaient naissance à une seconde, qu'il nomma $. ambigua ; cette dernière est aussi une hybride, où le S. media joue le rôle de père, tandis que c’est l’aretioides dans le S. luteo-purpurea. G.G. Lapeyrouse n’est pas , au reste, le seul qui ait méconnu les hybrides que nous présente ce genre, il est probable que certai- nes espèces réputées très-polymorphes devront certaines variétés à des formes qui auront pour origine l'hybridité. M. de Joffroy a déjà constaté que le Saxifraga patens , de Gaudin, était une hybride du Saxifrag'a cœæsia et aizoides. Nous avons rapporté ces diverses circonstances pour rappeler que l’idée de l’hybri- dité dans le genre Saxifraga date déjà de longtemps , quoique on paraisse n'en avoir tenu aucun compte dans les ouvrages de botanique descriptive. Il nous semble qu’il appartient aux bo- tanistes sédentaires de nous dire ce qu'il y a de vrai dans ces appréciations. C’est surtout sur quelques groupes déterminés que doit se porter leur attention ; car si nous sommes bien fixés sur les Saxifraga aretio-media (Gren et God. ) et medio- arelioides des mêmes auteurs , et sur le S. aquatico-ajugæ- Jolia N., il n'en est pas de même sur le groupe du Diapen- soides (Bell.}, Squaroza (Sieb.), Cœsia L., Valdensis (DC.), ni dans celui qui commence au S. oppositifolia, et se ter- mine par le biflora Al. , ayant comme intermédiaire le Kochii (Horn. ) et S. Rudolphiana (Mornsch.), le S. obscura (Gren. et God.), voisin da S. geranioides et du nervosa, le S. in- tricata Lap., voisin du S. exarata Vill. et du S. muscoides Waulf., et tant d’autres exemples que nous pourrions citer, nous confirment dans l’idée que l'hybridité peut servir considé- k 30 MÉMOIRES rablement à élucider, soit comme espèces , soit comme variétés, les genres dont les espèces sont très-nombreuses. Ces faits avaient une trop grande importance pour que Vil- lars , observateur habile et consciencieux, ne s'en préoccupât vivement. Aussi, n’avons-nous pas été surpris, en trouvant dans cette curieuse correspondance des observations semblables sur des plantes appartenant à d’autres genres. Dans une lettre datée du 28 floréal an 4 (17 mai 1796), Villars dit : & Nous avons encore un Ranunculus trifurcatus, » né, dans notre jardin , du Æanunculus plalanifolius et » Pyrenœus , probablement ; il se multiplie grandement, se » ramilie, fleurit sans se reproduire; je vous l’enverrai en » automne. » En effet, le 22 fructidor an 4 (22 octobre 1796), Lapeyrouse reçut de son ami une lettre dont nous avons extrait le passage suivant : « Notre Saxifrage hybride se porte bien ; elle a fleuri » cette année, mais les fraits ont avorté. Il en est de même de » la Ranunculus trifurcatus que Bellardi Appendix 4° 1792, » ad. fl. ped. a fait graver sous le nom de À. lacerus ; comme » moi, il ne la croit pas hybride de la Ranunculus aconitifo- » lius et Pyrenœus ; il Va trouvée en Piémont, à Limon ; nous » verrons lequel aura raison. » Ce qu'il y a de singulier, c'est que Haller et moi, qui » avions vu la À. Pyrenœus à feuilles trifurquées, avons induit » Bellardi dans l'erreur ; il a cru que la nôtre était la sienne. » Pas du tout, Haller et moi avions parlé d’une autre plante , » qui est vraiment une variété de la À. Pyrenœus. Mais Bellardi » a vu ct fait graver l’hybride de notre jardin , que Haller ni » personne autre n'ont peut-être vue. » L'année suivante, nous trouvons dans une lettre datée du 42 juillet 1797, quelques détails sur la À. lacerus Bell. Villars dit : « Bellardi m'a envoyé son appendix à sa Flore du » Piémont, où se trouvent quelques plantes rares, entre autres » une Ranunculus lacerus ; il V'a trouvée sur la montagne ; elle » est belle et se multiplie de racines, jamais de semences ; elle DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 431 » est à fleurs blanches, comme l’aconitifolius et la Pyrenœus, » ses pères et mères , à ce que je crois. Bellardi n’en parle que > comme espèce. » Jusqu'à présent, les hybrides observées par Villars s'étaient formées sous ses yeux, dans son jardin ; il pensait, comme il nous le dit, que ces plantes se civilisaient en subissant une espèce de domestication ; il pouvait même, selon lui, se former de nouvelles espèces. Plus tard, en 1803, ce botaniste observateur écrivit à Lapeyrouse qu'il avait trouvé sur la montagne une Gentiane hybride qui tient, dit-il, de la G. lutea et de la G. Pannonica de Jacquin , et qui n’est pas certainement ni la punclala, ni la campanulata. Je la crois neuve, dit-il > et la caractérise par la phrase suivante : « G. cor. ad medium 6 fides punctalis acutis, Antheris » liberis, calix sexfida. Les G. pw'purea punctata mihi et » la Gentiana campanulata de Suisse , ont toutes les quatre » leur calice lacéré, membraneux, spathacé ; la G. Pannonica » dacq. seule ressemble à la nôtre ; elle a trois pieds, presque » aussi élevés que la G. lutea ; moins glauque, elle vient pré- » cisément à côté. » Ces faits, observés par Villars, devaient avoir une grande influence dans la rédaction de son Histoire des plantes du Dau- phiné, et durent vivement l’embarrasser pour établir les limites des nombreuses espèces nouvelles qu'il proposait. Surtout , si on remarque que Villars fut un des premiers qui osa rompre avec les traditions Linnéennes, qu'on avait suivies aveuglément jusqu'alors; sachant d’ailleurs les difficultés que la méthode d'observations qu'il allait indiquer rencontrerait dans le monde botanique, il dut être très-circonspect dans l'application qu’il allait en faire. Aussi, dans une lettre datée du 14 février 1793 , il disait à Lapeyrouse : « En vous donnant des preuves de ce que je pou- » vais faire sur les Graminées , les Galium , les Ombellées , 432 MÉMOIRES » les Astragales, les Hieracium, je vous ai donné aussi de ma » faiblesse , dans les rosiers , les ronces et ma cryplog'amie ; » mais j'avais tant de neuf, que je ne pouvais être toujours » le même. Je me rassasiai à faire des espèces ; j'en ai de légè- » res, mais j'en ai sûrement laissé passer un plus grand nom- » bre, et même quelques-unes volontairement. Dans ce fragment, Villars ne semble-t-il pas laisser entrevoir les doutes et les hésitations que ces formes hybrides avaient laissés dans son esprit ; et l’insistance qu'il mettait à les indi- quer à Lapeyrouse , ne prouve-t-elle pas l'embarras qu'il éprouvait sur les limites qu'il fallait attribuer aux espèces ? Par espèces légères, ne voulait-il pas dire aussi ses formes ambiguës, indécises, celles surtout sur lesquelles on manque de renseignements , ou qu’on n’a pas étudiées assez longtemps. Nous ne voulons pas discuter aujourd'hui sur la valeur de la méthode de Villars; mais constatons seulement qu'elle a servi de base à une école moderne de botanistes, qui aura longtemps à lutter avec tous ceux qui n’étudieront pas les plantes dans la campagne, ceux qui veulent plier la nature aux besoins de leurs classifications , au lieu de l’étudier telle qu’elle est. Villars avait aussi à combattre des adversaires, comme il nous le dit lui-même en deux endroits de sa corres- pondance : « Gouan, dit-il, en réduisant tout aux espèces de Linné, ne » voit pas que l’étoile polaire ne brille plus sur ses travaux. » Il ajoute plus bas : « Il me dispute les espèces les plus frap- » pantes , les plus neuves; je ne l'estime pas moins, il n'a pas » couru beaucoup. » Dans une autre occasion , Villars exprime la même idée, en parlant de Cusson : « Cusson, dit Villars, avait le tort de » vouloir trop perfectionner son ouvrage; il y a loin de vous » à lui; il n'avait herborisé que dans son cabinet; il était » homme à préjugés , disant que s’il manquait à une plante un » caractère générique, la nature le ferait exprès, car les genres » sont bien plus essentiels que les espèces. » DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 433 Ïl est bien certain que de ces deux méthodes d'observation devra résulter deux écoles qui auront chacune leurs parti- sans ; les botanistes qui étudieront les plantes desséchées en berbier, ou qui herboriseront rapidement et en passant une fois seulement dans un pays, auront besoin, pour déterminer les plantes , des caractères tranchés , saisissables sur le sec, tandis que ceux qui, comme Villars, herboriseront longtemps dans un même pays, qui suivront pas à pas les végétaux spontanés de leur Flore, attribueront aux espèces des limites plus restreintes ; c'est ce qui arrive encore aujourd'hui. Aussi Villars disait à son ami, qui lui adressait quelques critiques sur son livre : « C'est dans la campagne, le livre à la main, qu'il faudrait étudier ma Flore. » Cherchons maintenant, pour terminer cette note, que sont devenues les hybrides que Villars nous a, le premier , signalées dans ses lettres. Le Sax. hybrida, dont des échantillons sont conservés dans l'herbier de Villars à Grenoble, se trouve indiqué, comme nous l'avons dit, dans la préface de la Monographie des Saxifrages de Lapeyrouse, et cité depuis, par M. Seringe , dans le pro- drome de De Candolle, et par Don. Trans. Linn. 113, p. 362. Mais il n'a pas été retrouvé par les botanistes modernes , quoique nous pensions qu'il puisse se produire, par une fécon- dation mixte, là où les éléments nécessaires à sa formation pourront se produire. Le Ranunculus lacerus Bellardi a été cité depuis par D. C., (FL Fr.,#,p. 891 ). Ce célèbre botaniste se demande si cette plante est une hybride des Ranunculus aconitifolius et Pyre- nœus, où simplement une variété de ces mêmes espèces. Loiseleur ( Æ. Gall., p. 393) doute que ce soit une variété du À. aconitifolius , et lui conserve le nom de À. lacerus Bell. Duby ( Bot.Gall., 1, p. 10) considère cette plante comme une hybride , il emprunte son opinion à De Candolle. k3h MÉMOIRES Enfin, Gren. et God. (#7 Fr., p. 1,28), partagent cette opinion. Ils pensent avec raison que cette plante est une hybride, mais ils ne lui donnent pas de nom; ils la conservent sous le nom de À. lacerus Bell. Cette hybride devra donc être attribuée à Villars, qui ne l’a pas nommée, mais qui a, le premier, découvert son origine hybride ; elle devra porter le nom de Ran. aconito-Pyrenœus Vill. La formation des plantes hybrides, telle que nous la compre- nons aujourd'hui, nous permet de nous rendre compte de la différence que Villars remarquait dans le Ran. trifurcatus de son jardin, et la forme qui n’était pour lui qu’une variété, et qu’il trouvait spontanée dans la campagne; plantes qui sont pour les modernes une seule et même hybride. En effet, dans la production de ces plantes accidentelles , dans ces déviations passagères des types, il peut arriver que l'action hybridante des parties contractantes soit égale et tel- lement intime, qu'il en résulte une stérilité complète des pro- duits , et qu'il en résulte de véritables métis , tels que Villars les entendait. Mais on a reconnu depuis que cette action adultère du pol- len , pouvait être relative et varier d'intensité selon les espèces et d’après des causes qui ne sont pas encore connues ; d’où doivent résulter naturellement des sujets variant de forme, selon que l’un ou l’autre des types qui auront concouru à la formation de l’hybride dominera dans le produit de cette fécondation anormale. : Dans les deux plantes de Villars, le Ranunculus aconitifo- lius aura été le père, tandis que, dans l’autre , il aura joué le rôle de mère, et donner deux plantes qui auront pu être prises l’une pour une hybride, et l’autre, moins caractérisée, pour une simple variété. On arriverait à la même conclusion, en supposant, ce qui aurait pu être aussi, que l’action bybridante de l’un ou de l’autre ait été moins profonde, de manière à mo- difier légèrement le type primitif. DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 435 Le Gentiana, hybride que Villars a » le premier , trouvé , a été aussi distingué par d’autres botanistes ; on l’a nommé G. Hybrida Schl. (in D.C. FL. Fr. p. 651); G.Thomasti Gillab., ap. Vill. ir Rœm. coll., 1, P. 189, et G. purpureo - lutea par Griseb.; entin, G. luteo-punctata, par Gren. et Godr. (FL, Fr., 2, 489). Ici encore nous devons revendiquer la priorité en faveur de Villars. Ces observations inédites de Villars nous ont paru avoir assez d'importance pour être bien accueillies de l’Académie ; d’abord parce qu’elles auront le mérite de restituer à leur véritable auteur quelques observations qu'on a attribuées à d’autres qui, ne connaissant pas celles de Villars, ont cru devoir les publier comme leur appartenant. En restituant à cet auteur célèbre ces quelques observa- tions, si petites qu'elles soient, nous croyons faire un acte de probité scientifique qui nous fut inspiré en trouvant dans cette même correspondance la phrase suivante de Fillars ré- pondant à Lapeyrouse , qui lui avait confié des plantes nou- velles q&’il n’avait pas encore publiées. «Je ne toucherai rien » aux plantes ; c'est un dépôt ; il est sacré. Quoique botaniste » parfois enthousiaste, jamais l'injustice n’entra dans mon » Cœur ; Jamais l'amour des plantes ne troubla le calme insépa- » rable d’une âme honnête. » Toulouse, 29 juillet 1858. 436 MÉMOIRES BULLETIN DES TRAVAUX DE L'ACADÉMIE PENDANT L'ANNÉE 4858. SALE L’ACADÈMIE a recu pendant les vacances, et M. le Secrétaire du 7 janvier. herpétuel dépose sur le bureau , un très-grand nombre de Re- cueils, de Mémoires, d'ouvrages manuscrits ou imprimés, qui témoignent du développement de plus en plus considérable que prennent chaque jour les relations établies , non-seulement avec les Sociétés et les Corps savants de l’Empire français, mais aussi avec ceux de l'étranger. Ainsi, des envois très-intéres- sants et très-remarquables ont été faits de Londres, d'Amsterdam, de New-York, de Philadelphie , de Milan , du duché de Mo- dène , etc. M. Dufaur, vicomte de Pibrac, envoie une brochure sur les Ruines de Verdes, et sollicite le titre de correspondant. — Renvoyé à l'examen de MM. Barry, du Mège et Hamel. M. Lissillond adresse la description d’un appareil pour dé- montrer l'égalité de pression de haut en bas dans un vase rempli d'eau. — Renvoyé à M. Daguin. M. le Bibliothécaire du musée Fabre, à Montpellier, demande l'envoi des Mémoires de l’Académie. — Accordé. M. Jacquemin, correspondant à Arles, transmet un manus- crit intitulé : Détails curieux et inédits sur l'entrée du cheva- lier de Guise dans Arles , en 1614. Cet ouvrage sera lu dans une des séances subséquentes. M. Bacci, de Mirandola | duché de Modène), envoie divers opuscules, et sollicite le titre de correspondant. — Renvoyé à MM. Astre, Barry et Desbarreaux-Bernard. M. Boudard adresse des remerciments à l’occasion du titre de correspondant qui lui a été décerné. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 437 MM. les Secrétaires de la Société royale de Londres et de l’Académie royale d'Amsterdam, en envoyant les dernières publications de ces Sociélés savantes, accusent réception de Mémoires de l’Académie ; ils signalent les lacunes existant dans leurs collections, relativement à ces Mémoires. M. Batiflol adresse à l’Académie un ouvrage intitulé : Choix d'expressions latines. Le renvoi à M. Sauvage est pro- noncé. M. le docteur Millon , de Revel, envoie deux travaux ma- nuscrits, intitulés, le premier : Observations sur le Rhus Toxicodendrum, ou Sumac vénéneux ; le second : Recher- ches sur le Gui du chêne. — Ces travaux sont renvoyés à l'examen de MM. Clos, Gaussail et Joly. M. Cavayé, de Montpellier, demande l'autorisation de pré- senter à l’Académie un appareil dit protecteur des baigneurs. L'autorisation est accordée. M. Voltaire-Lasbareilles soumet à l'appréciation de l’Académie des échantillons de géologic découverts aux environs de Nar- bonne. — Renvoyé à MM. Leymerie , Noulet et Clos. M. le Président annonce qu'il a été procédé au récolement du médailler de l’Académie, déposé dans le Musée de la ville, et que ce précieux dépôt est en parfait état. Il annonce aussi qu'un seul Mémoire a été présenté pour le concours du prix de l’année, relatif à des Recherches sur lélec- tricité atmosphérique. Le délai pour la remise des Mémoires étant expiré, M. le Président déclare que la barre est mise au concours. M. Larrey demande la parole. Cet académicien donne com- munication d’une notice statistique sur les travaux de l’Aca- mie pendant les dix dernières années, et sur les faits les plus intéressants qui se sont produits dans cette période décennale. (Imprimé, p. 68.) M. RoumeGuÈre lit un Mémoire concernant les fouilles archéologiques faites depuis quelques années sur le sol des an- 5° $.— TOME HN. 28 14 janvier. 21 janvier. : e 138 MÉMOIRES ciens cimetières romains qui existèrent à Toulouse, dans les quartiers Saint-Etienne et Saint-Aubin. (Imprimé, p. 87.) M. Roussilhe , de Castelnaudary , adresse une note sur un électro-moteur perfectionné et sur un nouveau genre do bar- rage et de vannes. — Renvoyé à MM. Laroque, Daguin et Brassinne. M. Lavocar communique à l’Académie un Mémoire intitulé : Considérations générales sur les principes d'économie phi- losophique applicables aux études de myologie comparée. (Imprimé, p. 126.) M. Rouueçuëre lit un Mémoire sur les contre-marques que portent les monnaies et les médailles romaines. L'auteur dé- crit seize médailles de sa collection, provenant du sol Toulou- sain, et chargées de contre-marques différentes ; il désigne les villes ou colonies qui y ont apposé ces signes pour leur donner cours, concurremment avec leurs monnaies propres. M. Rou- meguère combat l'opinion des numismatistes qui ont attribué aux contre-marques tan(ôt une augmentation ou une diminu- tion de valeur monétaire, tantôt une fonction de larg'esses pu- bliques ou de tessères pour les ouvriers employés dans les tra- vaux publics. M. Roumeguère ne reconnaît aux contre-marques qu'une scule origine : celle d’avoir servi aux colonies romaines pour adopter les monnaies qui leur étaient étrangères par leurs noms ou par leurs symboles. Parmi les travaux adressés au Secrétaire perpétuel, on re- marque un recucil de géologie envoyé de Vienne {Autriche}, et une dissertation sur quelques monnaies épiscopales, par M. de Longpérier. M. le docteur Jocy, appelé par l’ordre du travail, fait con- naître à l’Académie un nouveau genre de monstruosité double qu'il vient d'établir sous le nom de Æhinodyme. (Imprimé, p. 137.) M. Sauvage, en renouvelant les observations qu'il a déjà pré- sentées l’année dernière à l’occasion d’une communication ana- DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. k39 logue faite par M. Joly , persiste à croire qu’il ne peut pas y avoir de lois pour les monstruosités ; la raison ne peut pas admettre qu’on puisse classer les monstres, et surtout qu'on puisse dire que la nature est admirable dans de semblables écarts ; il pense que son opinion peut se formuler par ces quel- ques mots : du moment que la nature abandonne une loi, elle en sort sans loi. M. Joly répond à ces objections; il cite les faits nombreux qui sont acquis à la science, et notamment cette observation constante, que les monstres sont soudés l’un à l’autre par les parties similaires ; c'est toujours tête contre tête, poitrine con- tre poitrine, etc., etc. Jamais on n’a trouvé deux étres unis bras contre cuisse, tête contre dos, etc. N'y a-t-il point là tous les caractères d’une loi , et peut-on contesler son existence ? La discussion état close, M. Joy demande la parole pour une seconde communication ; il donne la description d’un Ac/minthe du genre filaire, qu'il a trouvé dans le cœur d’un phoque tout récemment soumis à son scalpel. (Imprimé, p. 166.) M. Mounier prend la parole pour faire connaître une obser- vation qui lui est personnelle, relativement à l'existence des filaires dans le corps humain. A la suite d’une violente querelle avec sa femme , un homme du faubourg Saint-Etienne mourut après avoir pris son repas. Des bruits d'empoisonnement s'étant répandus, M. Molinier, alors magistrat, dut faire procéder à l’autopsie. On trouva dans le corps de cet homme plusieurs pe- lotes formées d’une innombrable quantité de vers : et les méde- cins ayant déclaré que la mort était due à l’existence des asca- rides lombricoïdes, l'instruction criminelle dut être abandonnée. Dans une note dont il a donné communication à l’Académie } M. Barry précise et formule quelques principes d'épigraphie locale, que l'expérience lui a révélés, et qui peuvent servir , dit-il, à l'intelligence de beaucoup de monuments inscrits du sud-ouest de la France , au 3° et au 4° siècle de notre ère. En appliquant lui-même ces principes, qu'il a réduits à quatre ou cinq règles fort simples, il a pu restituer complétement une 28 janvier. 4 février. h40 MÉMOIRES inscription fort importante qui n’avail jamais été lue jusqu'ici, quoiqu'elle ait été publiée plusieurs fois, la belle et longue inscription du milliaire des Philippes , découverte près du pont de Labroquère-sur-la-Garonne (ancien territoire des Convenæ). M. Fiznoz fait un rapport sur un traité de chimie élémen- taire de M. Doré fils. À part quelques lapsus linguæ , cet ou- vrage résume très-bien les principes et les applications actuelles de cette science : il renferme surtout des détails intéressants sur l'histoire des découvertes faites à diverses époques. M. Filhol fait observer néanmoins que ces détails n'auraient peut-être pas dû trouver place dans un livre destiné principalement à la classe ouvrière ; cependant il propose d'adresser des remer- ciments à l’auteur pour sa communication. Ces conclusions sont adoptées. M. Lambour soumet à l'examen de l’Académie une méthode de lecture à haute voix. — Renvoyé à M. Ducos. M. Jouy communique une lettre par laquelle M. Louis Dou- mergue , limonadier à Mazamet, signale une monstruosité qu'il possède , et dont il envoie le dessin. C’est un porc à une tête et à deux corps parfaitement distincts. — Cette communication sera soumise à la Commission chargée de distribuer les médail- les d'encouragement. M. Brassine lit un travail sur les applications de la stati- que à la géométrie. (Imprimé, p. 14.) M. Brassinne entretient ensuite l’Académie de ses nouvelles recherches de calcul intégral, relatives à l'étude des solutions imaginaires des équations différentielles. Son Mémoire sur ce sujet sera l'objet d’une communication prochaine. À propos de la discussion qui avait eu lieu dans Ja dernière séance, M. Jocy présente des considérations sur le venin de la vipère, pour établir que ce venin n’est pas ordinairement mortel pour les personnes adultes. Parmi Îles faits nombreux qu’il signale, on remarque surtout celui du préparateur de la Faculté des sciences de Toulouse qui avait été mordu deux fois DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. hh1 dans huit jours, et notamment à la langue. Ce dernier cas, unique dans la science, a été suivi d'accidents graves, mais qui n’ont pas amené la mort. M. RoumecuÈre donne lecture d’un Mémoire ayant pour titre: Des anomalies des mollusques et en particulier des - anomalies observées chez les mollusques des environs de Toulouse. L'auteur, adoptant la division créée par Geoffroy Saint-Hilaire, examine successivement tous les degrés de l’hémitérie et de l'hctérotaxie; il signale les divers cas de nanisme et de géantisme, de scalairité, d’enroulement dextre ou senestre anormal, d’albinisme , de monstruosités princi- pales constatées par lui; il signale aussi les cas de fausse et de vraie dicéphalie que présentent les mollusques terrestres et fluviatiles de notre contrée, ainsi que les mollusques marins de sa collection. M. Roumeguère termine son travail par des considérations physiologiques (admises aujourd’hui par la ma- jorité des naturalistes) qui tendent à faire reconnaître que ces écarts des formes ordinaires dans les êtres vivants ne consti- tuent pas une infraction aux lois générales de la nature, mais seulement une conformation insolite. M. Joly développe, au sujet de cette dernière lecture, Îles règles générales de l’hétérotaxie , et tout en reconnaissant l’in- térêt qu’offrent les faits nouveaux signalés par M. Roumeguère, il les considère comme venant à l'appui de l'opinion qu'il a déjà émise dans une des dernières séances. Il démontre que les déformations anormales et les monstruosités observées chez les mammifères, existent dans les diverses classes d'animaux, ainsi que dans les végétaux, qui se trouvent ainsi soumis à la même loi des anomalies. Dans la séance du 2 avril 1857, M. GuiBaL avait lu un Mé- moire sur l'emploi de l’eau comme organe de transmission et de modification de mouvement à de grandes distances. Ce travail a été imprimé dans les Mémoires l'Académie de Tou- louse. Au mois d'octobre dernier, M. le prince de Polignac a trans- 1 février. 4h92 MÉMOIRES mis à l'Institut. de France un Mémoire sur le même sujet, et les comptes rendus en ont donné l'analyse. M. Guibal, pour établir son droit de priorité, donne con- naissance de la lettre qu'il a dû adresser à ce sujet à M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences de Paris. M. Gariex-Arouzr lit une Note sur une expression de Lu- cain et la doctrine ruidique touchant la destinée de l'homme. (Imprimé, p. 148.) M. Roumecuire lit un fragment de sa Monographie du genre Murex. Après avoir défini la diagnose spécifique et dé- veloppé les caractères essentiels du Murex brandaris (Rocher droite épine) de la Méditerranée, l’auteur établit dix variétés nouvelles de ce gastéropode. Ces variétés sont basées sur la forme , la situation et le nombre des épines, et sur la saillie, la continuité et la direction des varices. Le type de l’espèce présente un simple rang d’épines autour du sommet de la spire, deux rangs aux dernières et un rang à la naissance du canal; les varices sont au nombre de sept ; la coloration de la coquille est habituellement fauve pâle. Les formes exceptionnelles sur lesquelles M. Roumeguère a fondé ses variétés sont : 1° Quant aux épines, des rangs de forme semi-tuberculeuse ou purement tuberculeuse, isolés ou alternés avec les rangs d’épines proprement dites, qui sont tri- ples, quadruples et quintuples au dernier tour de la spire ; dou- bles au sommet de la coquille, et doubles ou triples à la nais- sance du canal; 2° quant aux varices , elles existent aplaties ou mamelonnées , fréquemment au nombre de six et plus rare- ment au nombre de huit et de neuf; 3° quant à la couleur , les exemplaires remis par M. Roumeguère présentent la colo- ration saumonée, blanche, verte, brune, bleuâtre et ardoiséc. M. Cros qui avait déjà, dans une Notice sur les écrits bota- niques de François Bayle, savant Toulousain, cherché à faire ressortir le mérite de cette œuvre, signale à l’Académie un nou- vel écrit botanique de cet auteur. Ses Zastitutiones physicæ ad usum scholarum accommodatæ, Yolos., 1700, 3 vol. in-#”, DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 443 comprennent un traité sur les plantes ( Zractatus de plantis, de la page 636 à 722 du tomesecond ), omis par M. Pritzel dans son Thesaurus literaturæ botanicæ (1851). (Imprimé, p. 159.) M. Ficuoc communique à l’Académie la suite des recherches qu'il a entreprises sur les matières colorantes végétales. (A im- primer. ) M. Asrre lit une nouvelle notice, faisant suite à celles qu'il a données précédemment sur l'institution smithsonienne aux Etats- Unis. Le dernier envoi fait par l’Institution comprend : 1° le dixième rapport annuel des directeurs, qui constate les progrès toujours croissants, soit quant aux travaux intellectuels, soit quant aux intérêts matériels ; et 2° le neuvième volume des Mémoires publiés en 1857. M. Astre donne une analyse succincte ou une simple indi- cation des Mémoires contenus dans le 8° et le 9° volume de ces publications ; il appelle particulièrement l'attention de l’Acadé- mie sur les grands travaux d'histoire , d'archéologie et de géographie qui sont consignés dans ces Mémoires. Il signale encore le beau volume ajouté à l’envoi ordinaire, et qui con- tient le rapport du surintendant, la levée générale du plan des côtes des Etats-Unis , etc., immense opération qui se pour- suit sur le littoral de l'Union, et qui est l'équivalent des ira- vaux semblables qu’on exécute en France. M. Astre s’applaudit de ce que ces communications bienveil- lantes nous tiennent au courant du progrès des sciences dans le Nouveau-Monde, et nous donnent ainsi la preuve que le désir du savoir et des améliorations rivalise partout où l'homme a la juste conscience de sa destinée et de ses devoirs. M. Barry fait, au nom d'une Commission, un rapport sur un ouvrage de M. de Longpérier, intitulé : Dissertalion sur quelques monnaies épiscopales de Strasbourg et de Cons- tance. X propose de conférer le titre de correspondant à l’auteur de ce travail. 1] sera statué sur celle proposition dàns la pro- chaine séance. 18 février. > février. 444 MÉMOIRES M. Metge, correspondant à Castelnaudary, annonce qu'il en- voie une collection de médailles découvertes en Afrique et un projet de colonisation. — Renvoyé à l'examen de MM. Barry, du Mège et Molinier. M. Rouuecuëre, obligé de s’absenter momentanément de Toulouse , écrit à l’Académie pour lui communiquer la décou- verte qu'il vient de faire dans la propriété de M. Moras, à Vieille-Toulouse, de quelques constructions romaines. Il an- nonce qu'il fera connaître prochainement à l’Académie le résul- tat de ses investigations. M. le Recteur réclame la coopération de l’Académie pour un travail concu par l'Empereur dans le but de déterminer la topographie des Gaules jusqu’au v* siècle. — Renvoyé à l’exa- men de MM. Barry, du Mège, Astre, Dubor et Ducos. Dans un travail destiné à l'impression , M. Barry attire l’at- tention de l’Académie sur les poids inscrits des villes du Midi, dont il se propose de publier une monographie détaillée. ll signale d'une manière rapide l’intérêt qui s’attache à ces petits monuments, dédaignés jusqu'ici des savants comme des collec- teurs. Il montre le parti que la science en peut tirer , soit au point de vue archéologique, so au point de vue historique lui- même, puisqu'ils ne sont, comme il l’a dit, qu’un détail se- condaire , un rouage inférieur du régime municipal, dont ils ont suivi et dont ils reflètent les destinées depuis le xure jus- qu'au xvin* siècle. Dans une statistique, ajoutée en manière d’appendice à ces considérations, il énumère, province par province, et année par année, toutes les villes, au nombre de quarante-quatre, dont il possède actuellement des poids inscrits, et termine en priant les membres de l’Académie et tous les hommes éclairés du Midi, de vouloir bien l’entourer de leurs indications et de leurs conseils dans un travail sans précédents encore, et qui ne doit point être, dit-il, une œuvre strictement individuelle , puisqu'elle intéresse, à de rares exceptions près, toutes Îles provinces et toutes les villes de langue Romane. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. k45 L'ordre du jour indique la nomination d'un associé corres- pondant. A la suite du scrutin, M. Adrien de Longpérier, mem- bre de l'Institut, est nommé correspondant dans la classe des Inscriptions et Belles-Lettres. M. Timeac-LaGrave communique à l’Académie une note in- titulée : De l’hybridité dans le genre Viola. (Imprimée, page 294.) M. RoumeGuÈre annonce à l’Académie que la construction romaine de Vieille-Toulouse est un four à potier. Se fondant sur la situation du petit monument à proximité de l’ancien ci- melière romain qui a existé sur le champ connu dans le pays sous le nom de Camp-Sant, il pense que l'atelier de Vieille- Toulouse produisait principalement ces urnes funéraires que la charrue soulève tous les jours sur le sol et dont il a retrouvé de nombreux débris dans le foyer du four et dans le chemin de service. M. Roumeguère ajoute que cet atelier était entouré de forêts, ainsi que le prouvent les couches superposées de char- bon qui se montrent dans la coupe du terrain de toute la contrée. MM. Astre, Dubor et Vitry prennent successivement la pa- role pour émettre quelques doutes sur l'antiquité de ces cons- tructions. M. Barry, sans rien affirmer, pense qu'il serait possible qu’elles fussent romaines , car le territoire de Vieille-Toulouse a été la résidence de populations gauloises et romaines , entre- tenant des échanges avec les contrées les plus éloignées , ce qui est prouvé suffisamment par la multitude de monnaies que recèle le sol et qui sont journellement recueillies. On ne pour- rait pas, à son avis, s'appuyer sur les petites proportions de ce four pour en contester antiquité , car, à l'époque romaine , l'industrie était individuelle, et il existait beaucoup de petits ateliers pour une même fabrication. M. Duran, d'Oran, communique un procédé de guérison de la maladie de la vigne au moyen de l'électricité. 4 mars. 11 mars, LG MÉMOIRES M. le Secrétaire de l’Institut de Milan accuse réception d'un envoi de Mémoires de l’Académie. M. Barry annonce que , depuis la lecture de son dernier mé- moire relatif aux poids inscrits du midi de la France, il s'est procuré une belle série de poids de la commune de Rabastens , de l’année 1241. Il dépose sur le bureau un spécimen d'une belle et précieuse conservation. M. Cros , appelé par l’ordre du travail, communique un Mémoire sous ce titre : Pourret et son histoire des Cistes. ({ Imprimé , p. 244.) M. Morier présente, au nom d’une Commission, un rap- port sur un écrit de M. Metge, qui a pour titre : Colonie de l'Aude dans l Afrique française. En analysant ce travail, le rapporteur fait remarquer que le bat principal que s’est proposé M. Metge est de provoquer l’ad- jonction de l’action du département à l’action de l'Etat, pour le développement de la colonisation de l'Algérie. Selon lui, les départements pourraient établir avec avantage, dans ce riche pays si peu éloigné de la France, des hospices pour les indi- gents et pour les enfants trouvés, qui y seraient appliqués à des travaux libres , fructueux et utiles, et qui y recevraient une direction propre à assurer leur avenir. M. Molinier rend compte des principaux moyens d'exécution proposés par M. Metge. Il propose à l’Académie de le remercier de la communication qu'il lui a faite, et de lui témoigner qu’elle le verra avec intérêt continuer les études économiques qu'il a entreprises. Ces conclusions sont adoptées. M. Ducos fait un rapport sur une méthode de lecture à haute voix de M. Lambour. à Quoique depuis longtemps ce sujet ait été traité d’une ma- nière plus complète par plusieurs savants, notamment par M. de La Rive, le rapporteur se plait à signaler la simplicité de la méthode de M. Lambour, simplicité qui permettra aux jeunes intelligences d'en suivre facilement le but et la portée. DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. h47 Il propose, en conséquence, d'adresser des remerciments à M. Lambour. Ces conclusions sont également adoptées. M. le docteur Manceau, de Tarbes, présente, pour le Con- cours, un article publié dans le journal de Tarbes, concernant le procès de M°° Lafarge ; il annonce un autre envoi prochain de quelques échantillons de fossiles. M. Loubers soumet à l'examen de l’Académie deux patères antiques trouvées dans des fouilles faites à Toulouse. Cette dé- couverte n'étant pas inédite , puisqu'elle a été communiquée depuis longtemps, soit à l’Académie de Toulouse, soit au Aa- gasin pittoresque , ne peut être admise au concours des mé- dailles d'encouragement. « M. RoumeGuërE fait hommage à l’Académie, au nom de M. Penon , d’un ouvrage, intitulé : Description de quelques médailles bysantines. — Renvoyé à l'examen de MM. du Mège, Barry et Dubor. Au nom d’une Commission , M. pu MËGE fait un rapport fa- vorable sur un travail relatif aux ruines de Verdes, par M. le vicomte Dufaur de Pibrac. Il propose d'accorder à l’auteur le ütre de correspondant. Il sera statué sur cette proposition à la prochaine séance. M. Ccos fait, au nom d’une autre Commission, un rapport sur un tronc d'arbre fossile envoyé de Narbonne par M. Voltaire- Lasbareilles. Il propose, conformément au désir manifesté par l'inventeur, de transmettre ce fossile à M. le Maire pour le Mu- sée de la ville. — Ces conclusions sont adoptées. Le même Académicien fait aussi un rapport sur deux ouvra- ges manuscrits de M. le docteur Millon , de Revel. Le premier de ces ouvrages a pour titre : Observation sur le Rhus Toxicodendrum où Sumac vénéneux ; autre : Recher- ches sur le Gui du chêne. Ces travaux, auxquels le rapporteur a donné des éloges, sont réservés pour être soumis à la Com- mission qui sera nommée , après le 31 mars, pour décerner les médailles d'encouragement. 18 mars. 25 mars. 45 avril. k48 MÉMOIRES M. Costes, Curé à Caiïlhavel { Aude), adresse divers objets d'archéologie découverts par lui. — Renvoyé à la Commission des médailles d'encouragement. M. Asrre , appelé par l'ordre du travail, donne lecture d’une Etude sur les comparaisons employées par Dante dans sa Di- vine Comédie. (Imprimé , p. 266.) Conformément à l’ordre du jour , il est procédé à la nomi- nation d'un correspondant dans la classe des Inscriptions et Belles-Lettres. M. le vicomte Dufaur de Pibrac obtient la ma- jorité des suffrages. M. RoumeGuÈRE communique à l’Académie la description d’un mollusque fluviatile du genre Paludina, nouveau pour la Faune de Toulouse. ( Imprimé, p. #10.) M. le Ministre de l'instruction publique adresse une circu- laire relative à l'institution d’un Comité de travaux histori- ques et des Sociétés savantes , et à la création de trois prix an- nuels de 1,500 fr. chacun à décerner aux Sociétés savantes qui présenteront les meilleurs Mémoires. L'Académie reçoit pour le Concours des prix d’encourage- ment et renvoie à la Commission spéciale : 1° Des études historiques sur l’ancien cadastre de la ville de Muret, en 1669, et sur l’abbaye royale de l’'Oraison-Dicu- lez-Muret , par M. Victor Fons, juge à Toulouse, 2° Mémoire sur cette question : De l’augment, ou gain de survie, selon les coutumes de Lomagne, par M. Cassassoles , juge d'instruction à Auch. 3° Des médailles antiques découvertes par M. Guitard, de Vallègue. &° Un modèle de croiseur de nouveau genre destiné à être employé dans les filatures de cocons, par M. Chalamel , de Bagnols. 5° Trois modèles d’un appareil dit Protecteur des Bai- gneurs, par M. Cavayé, de Montpellier. 6° Une pièce de poésie patoise, par M. Labelle. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 449 7° Des échantillons de fossiles et de minerais, par M. Man- ceau, de Tarbes. 8° Divers opuscules relatifs à des applications de l'électricité à la médecine pratique , par M. Rebold , de Paris. 9° Une communication concernant le Sorgho, par M. Leplay. 10° Une nouvelle machine à calculer, par M. Cunq. M. RoumeGuËRE fai, hommage , au nom de M. A. de Saint- Simon , d’un ouvrage intitulé : Miscellanées malacologiques , 1'° et 2° décades. M. le vicomte de Pibrac adresse des remerciments, à l’occa- sion du titre de correspondant qui lui a été décerné. M. CLos fait hommage à l’Académie d’un Mémoire de feu le docteur Jean-Antoine Clos , son père, médecin à Sorèze (Tarn), et qui a pour titre : /nfluence de la lune sur la menstruation. Ce travail , que vient de publier dans ses Bulletins l'Académie royale de Belgique (2° série, tome IV, n° 2), ne repose, il est vrai, que sur deux observations, mais dont l’une embrasse 27 ans de la vie d’une femme et comprend 295 époques menstruelles, et l’autre 5 ans de la vie d’une autre femme et comprend 62 époques menstruelles. Prenant la moyenne du nombre de jours qui sépare deux époques dans l’une et l’autre observation, l’au- teur trouve pour la première 28,122 jours, et pour la seconde 28,754 : or, la moyenne des trois révolutions périodique , anomalistique et synodique de la lune, lui donne un nombre intermédiaire entre ces deux derniers , savoir 28,135 jours. M. Jocy communique à l’Académie une lettre qu'il vient d'adresser à l’Institut, afin de revendiquer la part qui lui re- vient dans la découverte des Hétamorphoses chez les Crustacés décapodes ( Crabes. Homards, Langoustes ). Niées d'abord au moment ( 1830-1835) où Thompson an- nonÇa leur réalité, ces métamorphoses sont aujourd'hui générale- ment admises, et tout récemment MM. Costes et Valenciennes, de l’Académie des Sciences de Paris , apportaient de nouveaux faits à l’appui des observations que la Science possédait sur ce point, Mais l’un et l’autre de ces académiciens ont oublié de 450 MÉMOIRES dire que, bien longtemps avant eux, en étudiant, jour par jour, le développement des œufs d’une petite crevette ou salico- que ( Caridina Desmarestü), découverte par lui dans le canal du Midi, M. Joly avait constaté chez cet animal , et annoncé à priori chez les genres voisins, l'existence de métamorphoses tout aussi réelles que le sont celles des insectes. Présenté à l’Institut le 19 septembre 1842, ct jugé d’une manière favorable par ce corps savant, 16 travail de notre col- lègue fut imprimé bientôt après dans les Mémoires de l'Aca- démie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Tou- louse (année 4843) ct dans les Annales des Sciences natu- relles (tome XIX , p. 3%, 2° série 1843). Pour établir ses droits à une incontestable priorité sur MM. Costes et Valenciennes, en ce qui touche à la découverte des métamorphoses chez les crustacés décapodes, M. Joly a donc cru devoir se borner à citer un extrait du rapport de M. Milne- Edwards, et à transcrire, à la fin de sa lettre, les conclusions qui terminent son Mémoire sur la Caridina. Dans l'intérêt de la justice et de la vérité , nous reproduisons, à notre tour, ces deux documents, qui suffisent pour faire voir à tous combien la réclamation de notre collègue est fondée. Extrait du rapport fait à l’Académie des sciences de Paris, sur le Mémoire de M. Joly, intitulé : Etudes sur les mœurs, le déve- loppement et les métamorphoses d’une petite salicoque d'eau douce (Caridina Desmarestii), suivies de quelques réflexions sur les métamorphoses des Crustacés décapodes en général. « .......... Ainsi M. Joly a vu que, dans son premier état , la Caridine ne possède que trois paires d’appendices buc- caux , tandis que l'adulte en a six paires, et que cette espèce de larve n’a que trois paires de pattes, bien qu'à l'état parfait il en aura six paires. Sous le rapport du système appendiculaire, la jeune Caridine ressemble donc à un insecte plutôt qu'à un crustacé normal, et un autre fait qui vient pleinement confir- mer la belle théorie de M. Savigny, relativement à la transfor- mation de parties homologues en organes variés, c'est que Îles trois paires de pattes de la jeune caridine se changent en mà- DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 451 choires auxiliaires , tandis que les cinq paires de pattes propre- ment dites se forment de toutes pièces. » Conclusions de M. Joly. «1° La Caridina Desmarestii sort de l'œuf sous une forme très-différente de celle de l’adulte , et se trouve alors privée de plusieurs organes très-développés chez ce dernier (branchies, pieds-mâchoires, fausses pattes abdominales, appareil stoma- chal, etc. ); » 2° Les changements qu'elle subit avec l’âge constituent de vraies métamorphoses , des métamorphoses beaucoup plus com- plètes que celles qu'éprouvent les insectes Orthoptères , les Hé- miptères et certains Névroptères. » 3° En rapprochant nos observations de celles de Thompson et du capitaine Ducasse, nous nous croyons autorisé à penser, contrairement à l'opinion généralement admise, que presque tous, et peut-être même tous les Crustacés décapodes, sont sujets à de semblables transformations. » Après celle communication , M. Joy donne lecture de la pre- mière partie d’un travail considérable sur l’acclimatation. Dans ce travail, l'auteur se propose de prouver : 1° Que l'acclimatation , la culture et la domestication de nou- velles espèces de plantes et d'animaux, sont possibles ; 2° Qu'elles sont utiles ; 3° Qu'elles sont nécessaires. Après quelques considérations générales, tirées de la nature même du sujet qu'il traite, l’auteur passe rapidement en revue l'influence des divers milieux ambiants sur la nature vivante en général, et il annonce que, dans une prochaine séance, il s'occupera spécialement de l’action de l’homme sur les animaux que nos ancêtres ont réduits à l’état de domesticité. Cette communication donne lieu à une discussion à laquelle prennent part MM. Lavocat, Clos, Sauvage et Astre. La conti- nualion en est ajournée jusqu'a l'époque où M. Joly aura com- muniqué la seconde partie de son travail. 29 avril. k52 MÉMOIRES M. Barry fait un rapport sur un travail de M. Penon, inti- tulé : Description de quelques médailles Byzantines. 11 propose d'adresser des remerciments à l’auteur, en l'enga- geant à vouloir bien continuer à communiquer à l'Académie le résultat de ses intéressantes recherches. M. Barry entretient en outre l’Académie de la découverte ré- cente d’un poids de Moissac, sans nom de ville, daté de l’an- née 1572, et portant l’estampille de l'alliance Montalbanaise , sur laquelle il a récemment attiré l'attention des antiquaires. Il signale en même temps les légendes de deux poids intéres- ressants et inédits qui figureront dans son recueil : l’un est un poids de Castelsarrasin de 1512 ou 1522, CVART D. C. SARASI R. ANNO M. CCCCCXXII (et XIL? } ; porte tourrelée, — fleurs de lys. — L'autre est de la ville de Limoux, et porte pour date 1270. +: VNA : LIVRA : DE . LIMOS. Au centre un écu portant les armes de la famille de Voisins. + : INCARNATIONE : DOMINI : M: C:C:L : XX. Dans le champ, un écu chargé et fleurs de lys; en contre- marque, deux monogrammes portant les lettres M. et A. entre- lacées et dominées de la croix archiépiscopale de Narbonne, dont le Razès dépendait au spirituel. M. BrAssiNNE communique , au nom de M. de Saint-Guilhem, Correspondant, un Mémoire sur l'établissement des arches de pont assujeties au maximum de stabilité. (Imprimé, p. 213.) M. le Préfet annonce que M. le Ministre de l'instruction pu- blique a approuvé les modifications apportées aux statuts de l’Académie. M. Rey, en adressant une biographie des hommes célèbres de Tarn-et-Garonne, sollicite le titre de correspondant. — Ren- voyé à l'examen de MM. Barry, Ducos , Hamel. M. le docteur Jocy communique à l’Académie la seconde partie de son Mémoire sur l’acclimatation. Cette seconde partie DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, n53 traite des modifications organiques , physiologiques et psycho- logiques résultant de la domesticité. A l’aide de faits nombreux et authentiques , l’auteur fait voir toute l'étendue de la puis- sance de l’homme sur la nature des animaux , qu’il peut modi- fier à son gré, suivant ses besoins, souvent même selon ses caprices. Mais cette puissance de l’homme a pourtant ses limi- tes : nous créons des races , nous les perfeetionnons , mais c’est en vain que nous tenterions de créer des espèces nouvelles ; car, ainsi que l’a très-bien dit Buffon : « Les espèces sont les seules unités permanentes de la nature. » Cela est si vrai que nos ani- maux domestiques, rendus à la vie sauvage, retournent, après très-peu de temps, au type primordial auquel ils appartiennent. En s'appuyant sur les données positives de l’histoire naturelle, de l'histoire proprement dite, et de l'ethnographie, M Joly démontre ensuite que l'homme lui-même ne peut se soustraire complétement aux influences des milieux qui l'entourent. Consi- dérée sous un certain point de vue, la civilisation est pour lui ce que la domestication est pour les animaux. Elle a changé ses formes extérieures, modifié ses instincts, agrandi son intelligence. Ainsi les Tarcs, Osmanlis actuels, en quittant la vie nomade de leurs ancêtres Mongols , à crâne pyramidal, ont acquis une forme de crâne tout à fait semblable à celle du type caucasique le mieux caractérisé. Les jeunes Anglais élevés avec les Peaux- Rouges dans les colléges du Nouveau-Monde, obtiennent plus de succès dans leurs études , apprennent plus vite que leurs cama- rades arrachés, même de très-bonne heure , à la vie sauvage. Plusieurs membres prennent la parole à l’occasion de la nouvelle communication de M. Joly. M. Gaussail fait observer que lamélioration physique ct morale de la race humaine ne peut être obtenue qu’à la condi- tion que les families ne s’allient pas-entre elles; il cite à ect égard des exemples très-connus de dégénérescence, et c'est, selon lui, par un motif de haute philosophie que la discipline de l'église catholique a frappé de prohibition les mariages con- sanguins à un degré trop rapproché. Tout en approuvant les observations de M. Gaussail, M. La- D° $.— TOME 11. 29 29 avril. h54 MÉMOIRES vocat ne croit pas qu'on doive les étendre à tout ie règne animai, car l'expérience démontre tous les jours que c'est au contraire par des accouplements consanguins qu’on arrive à l'améliora- tion de certaines races d'animaux; tout le monde connaît les importants résultats obtenus par ce moyen dans les races che- valines, bovines , ovines. Il ajoute qu’en général le producteur le plus fort donne son sexe au produit ; le croisement des races .a même fait surgir des faits très-remarquables ; ainsi, contrai- rement à l'opinion populaire, on a remarqué dans l'antiquité et on remarque de nos jours des mulets fécondants, des mules fécondées , etc. Les observations de M. Lavocat amènent M. Brassinne à rap- peler que, par suite de nombreuses statistiques faites en France, en ltalie, en Angleterre, en Allemagne et généralement dans toutes les parties de l’Europe où les registres de l'état civil sont tenus avec régularité, il est acquis aujourd'hui que dans les naissances légitimes il y a moyennement 17 garçons et 16 filles, tandis que dans les enfants naturels il n’y a que 23 garçons et 22 filles. La fraction 1/22 étant plus petite que 1/16, il en résulte que le nombre de filles est plus considérable dans les naissances des enfans naturels que dans celle des enfants légiti- mes. Ces déductions font comprendre combien la statistique peut aider à l'étude de toutes les branches des connaissances humaines. M. Joly ayant annoncé que la fin de son travail sera lue dans la prochaine séance, la continuation de la discussion est ajournée. M. Ficroz fait un rapport sur un ouvrage de M. le docteur Herpin, de Metz, intitulé : Etudes médicales, scientifiques et statistiques sur les principales sources d'eaux minérales de France, d'Angleterre et d'Allemagne. Le rapporteur propose d'adresser des remerciments à l’auteur. Ces conclusions sont adoptées. M. le Secrétaire perpétuel de l’Académie des Jeux Floraux adresse des invitations, pour assister à la séance publique de cette Académie. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. k55 Dans la séance du 15 avril dernier, M. Jocy a communiqué à l’Académie la lettre qu’il adressait à l’Institut de France, rela- tivement à son droit de priorité sur des expériences concernant l'existence des métamorphoses chez les Crustacés décapodes. Cette lettre très-importante n'a été publiée que par extraits dans le cahier des Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences de Paris, du 19 avril 1858, p. 788, cahicr déposé aujourd'hui sur le bureau par M. le Secrétaire perpétuel. L'Académie de Toulouse , désirant assurer , autant qu'il est en son pouvoir , les droits de priorité de l’un de ses membres, décide que la lettre de M. Joly sera insérée en entier, et tex- tuellement, dans le procès-verbal de cette séance. La voici : À propos de la communication faite à l’Académie par M. Coste, dans la séance du lundi 22 mars 1858 , M. Va- lenciennes s'exprimait ainsi dans la séance suivante : « Les recherches de notre confrère, M. Milne Edwards, sur la Drouille , celles de M. Thompson , de Belfast, et les miennes prouvent que les Crustacés ne sortent pas de l'œuf avec la forme qu'ils garderont pendant toute leur vie. Notre confrère, M. Coste, vient d'ajouter à un autre genre, de nouvelles preuves de cette loi générale et intéressante. En comparant ce qu'il a dit avec ce que j'avais déjà publié, il y a six ans, on est frappé du parallèle qui existe entre des observalions propres à chacun de nous, faites à plusieurs années de distance. » Obseur travailleur de province et à peine connu de M. Va- lenciennes, je ne suis nullement surpris que cet Académicien ait ignoré l'existence d’un Mémoire dont je suis l’auteur, et qui a pour titre : Etudes sur les mœurs, le développement et les métamorphoses d'une petite Salicoque d'eau douce (Caridina Desmarestii), suivies de quelques réflexions sur les métamor- phoses des Crustacés décapodes en général (1). Dans ce Mémoire, présenté à l’Institut le 49 septembre 18#2, (1) Ce travail a été inséré dans les Mém. de l'Acad. des Scienc., Inscript. et Belles-Lettres de Toulouse , 2e série , tome 6, et dans les Annal. des Sciences nat. , 2 série, tom. XIX, pag. 34. 456 MÉMOIRES après avoir fait l'historique des travaux antérieurs au mien, je disais, d’après M. Milne Edwards, qu'aucun d'eux, sans en excepter celui de Thompson , n’avait entraîné la conviction des zoologistes , et je citais les propres paroles du docteur Ratke, que je reproduis ici : «Al n’est donc pas vrai que, comme l’a prétendu Thompson, les Décapodes sortent de l'œuf dans un état fort imparfait, et les changements qui se passent encore pendant l'accroissement ne méritent point le nom de métamorphoses. » Enfin, je rappelais, pour les combattre, les assertions émises par M. Westwood, compatriote de Thompson , dans un Mémoire dont le titre seul : On the supposed existence of metamorphoses in the Crus- tacea (1), indique assez les conclusions. En 1842, époque à laquelle j'eus l'honneur de présenter mon travail à l’Académie, tous les naturalistes, à l’exception de Thompson et du capitaine Ducasse, s'étaient donc formelle- ment prononcés contre l'existence des métamorphoses chez les Crustacés supérieurs. M. Milne-Edwards lui-même avait dit, dans son Aistoire naturelle des Crustacés, tom. 1, p. 198 : « Les Décapodes paraissent tous naître avec la série complète de leurs anneaux ct de leurs membres. » Or, en suivant jour par jour le développement des œufs d'une petite Salicoque que l’on trouve abondamment dans le Canal du Midi, et que j'ai nommée Caridina Desmarestà , J'étais arrivé à établir « que, dans son premier état, la Cari- dine ne possède que trois paires d’appendices buccaux , tandis que l'adulte en a six paires, et que cette espèce de larve n’a que trois paires de pattes, bien qu’à l’état parfait elle en aura cinq paires; sous le rapport du système appendiculaire , la jeune Caridine ressemble donc à un insecte plutôt qu’à un Crustacé normal; et un autre fait qui vient pleinement confir- mer la belle théorie de M. Savigny, relativement à la transfor- mation des parties homologues en organes variés, c’est que les trois paires de pattes de la jeune Caridine se changent en mà- (1) Philosophical transactions , part. 2, pag. 341, 1835. DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 457 choires auxiliaires , tandis que les cinq paires de pattes propre- ment dites se forment de toutes pièces (1). » J'ai cru devoir laisser M. Milne-Edwards lui-même résumer les principaux résultats de mon travail. Maintenant, afin de ne pas abuser des moments de l’Académie, je me bornerai à transcrire les conclusions auxquelles , sur le rapport de la Com- mission nommée dans son sein , l'Académie a bien vouiu déjà donner sa haute et précieuse approbation. Les voici textucllement : 1° « La Caridina Desmaresti sort de l'œuf sous une forme différente de celle de l'adulte, et se trouve alors privée de plu- sicurs organes très-développés chez ce dernier. (Branchies, pieds-mâchoires, fausses pattes abdominales, appareil stoma- cal, etc.) 2 » Les changements qu’elle subit avec l’âge constituent de vraies métamorphoses , des métamorphoses beaucoup plus com- plètes que celles qu’éprouvent les insectes orthoptères, les hé- miptères et certains névroptères. 3° » En rapprochant nos observations de celies de Thompson et du capitaine Ducasse , nous nous croyons autorisé à penser, contrairement à l'opinion généralement admise, que presque tous, et peut-être même tous les crustacés Décapodes , sont sujets à de semblables transformations. » Je demande pardon à l’Académie de l'avoir de nouveau en- tretenue d’un travail déjà bien ancien, puisque mes recherches sur la Caridina Desmarestii et ses métamorphoses ont déjà presque seize ans de date. M. Valenciennes lui-même me par- donnera, je l'espère, de m'être rappelé, à mon tour, à propos de sa Note sur la reproduction des homards, mes ancien- nes observations sur la petite Salicoque qui habite les eaux du Canal du Midi, et il reconnaitra, j'en suis bien sûr , avec la bonne foi qui caractérise le vrai savant, que, longtemps (1) Milne-Edwards, Rapport Sur un Mémoire de M. Joly, intitulé : Etudes sur les mœiws, le developpement , ete. 458 MÉMOIRES avant lui et M. Coste , j'avais constaté qu'il existe de vraies métamorphoses chez les Crustacés décapodes. Toulouse, le 10 avril 1858. M. Gascugau, appelé par l’ordre du travail, communique à l’Académie une note sur la ligne que parcourt le sommet de la tige du piston d’une machine à vapeur, dirigé ‘par le parallé- logramme articulé de Watt. IL donne d’abord, par des considérations géométriques , la construction de la lemniscoïde entière, de sa tangente et du point particulier qui correspond à la position moyenne du paral- lélogramme. Il emploie ensuite l'analyse algébrique pour obtenir , sous diverses formes, les équations à deux et à plusieurs variables qui représentent cette courbe. Son travail a principalement pour objet la recherche des proportions des éléments du système qui font coïncider la posi- tion moyenne du sommet de la tige avec un point d’inflexion de la courbe. Car c’est par cette disposition que la course du piston s'éloigne le moins psssible de la direction verticale. Pour la déterminer, l’auteur a recours au calcul des différentielles secondes des variables ; et ce calcul le conduit à des relations très-simples, entre les longueurs de trois où, au plus, de quatre tiges, qui font partie du système articulé. M. Ducos, appelé aussi par l’ordre du travail, lit une note sur diverses chroniques relatives à la croisade contre les héré- tiques Albigeois ; ces chroniques ont été recueillies par Catel, et elles sont imprimées à la suite de son Histoire des Comtes de Toulouse. — La première est l'ouvrage du moine Bernard Guy, de l’ordre des Frères Prêcheurs et Inquisiteurs, pour la recherche des faits d’hérésie ; la seconde est connue sous le titre de Præclara Francorum facinora ; la troisième est une sorte de table rédigée par un auteur anonyme et ayant pour titre : Æliud chronicon autoris anonymi, ex veteri co- dice manuscriplo. — Ces trois chroniques sont écrites en latin; enfin, l’on trouve aussi , à la suite de l’ouvrage de DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 59 Catel, une notice en français sur les Comtes de Toulouse, intitulée : Sommaire recueil de la création et érection de la comté de Tolose, ensemble de sa vie, faicts, vaillances, v'es- Les et trespas des comtes d'icelle ; Extraicts des registres de la maison de ville de Tolose. M. Ducos fait un examen rapide de ces di vers documents historiques. Il fait observer que l'œuvre de Bernard Guy et l'œuvre anonyme intitulée : Præclara Fran- corum facinora , ne sont à peu près que la répétition abrégée de la chronique écrite avec quelque détail par le chapelain de Raimond VIT, Guillaume de Puylaurens. C'est une imitation tout-à-fait servile du style et des pensées de cet historien. M. Ducos, en s’occupant quant à l'espèce de table rédigée par un auteur anonyme, relève plusieurs erreurs dans la supputa- tion des époques historiques. Relativement à la Notice écrite en francais swr la création du comté de Toulouse, il indique un détail intéressant au sujet du premier comte qui fut établi par Charlemagne. Il y est dit que Zorsin, où Torson, était un prince Sarrasin qui régnait à Toulouse à l'époque où Charlemagne , organisant l’Aqui- taine, soumise par son père Pepin , la divisa en neuf comtés. Le mahoinétan Torsin, s'étant converti à sa foi, Charlemagne le maintint dans ses états et l’établit premier comte de Toulouse. M. Guimas fait un rapport verbal sur le croiseur présenté au concours par M. Chalamel. Le rapporteur est invité à prendre de nouveaux renseignements, et la discussion est ajournce jusqu'à plus ample informé. M. LEYMERIE fait un rapport favorable sur divers échantil- lons de fossiles présentés au concours par M. le docteur Man- ceau , de Tarbes. Ce rapport sera transmis à la Commission chargée de classer les propositions relatives aux médailles d’en- couragement. s A celte occasion, M. Leymerie et plusieurs membres deman- dent qu'il soit fait des démarches auprès de l'autorité municipale pour obtenir la création d’un cabinet d'Histoire maturelle à Toulouse. Déjà, en 1853 , l'Académie s'était occupée de cette 6 mai. 42 mai. 460 MÉMOIRES question. Elle est renvoyée de nouveau à l'examen d'une Com- mission spéciale, composée de MM. Caze, Leymerie , Joly, Clos et Timbal-Lagrave. M. pe PLaxer adresse une brochure intitulée : La vérité sur les machines à battre. M. Roumecuëre fait hommage à l’Académie, aù nom de M. Mingaud (du Gard), de deux ouvrages, ayant pour titre, l'un, Examen d'un minerai qui présente tous les caractères de l’Allophane ; Yautre, Essai sur la constitution chimique de l'air atmosphérique. M. Caze , appelé par l’ordre du travail, donne lecture de la dernière partie de ses aperçus historiques sur les Etats du Languedoc. (Imprimée, p. 181.) M. LaroQue fait un rapport sur le Mémoire présenté au concours de l’année, dont le sujet était la question suivante : Recherches sur l'électricité atmosphérique. M. le Rapporteur conclut à ce que le prix ne soit pas décerné. Ces conclusions sont adoptées. M. Czos lit une note de M. Lagrèze-Fossat, correspondant de l’Académie, à Moissac, sur deux fruits exotiques trouvés dans le tube digestif d’une chèvre. ( Imprimée, p. 307.) Ce fait paraît tellement étrange à M. Joly, qu'il hésite à admettre à priori; les phénomènes extraordinaires ne sau- raient être entourés de trop d’investigations. Il cite à cet égard l'exemple d'une jeune fille qui vomissait abondamment des vers qu'on disait provenir de son corps ; mais la supercherie ne put résister à l'examen scientifique , qui prouva que ces vers n'étaient que des vers de terre. Il croit donc devoir faire des réserves au sujet de la communication de M. Lagrèze-Fossat. M. le colonel Gzetzes, membre résidant, adresse à l’Aca- démie : 1° Un modèle et un Mémoire relatifs à un nouveau système de transformation de mouvement alternatif continu, en mouve- ment de rotation continu, par M. Soubira, de Cazères ; DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 461 20 Un procédé pour prévenir le déraillement et la rencontre des locomotives, par M. Mathieu , vicaire à Montesquieu-Vol- vestre. Ces communications sont renvoyées à l'examen de MM. Gas- cheau et Brassinne. M. le Recteur annonce à l’Académie qu’une Commission a été chargée par l'Institut de se rendre dans le Midi , pour y faire une enquête scientifique sur la maladie des vers à soie. A cette occasion , M. Jozx fait part des expériences qu'il a eu le premier l’idée d'entreprendre pour traiter les vers à soie par le soufrage. Les heureux résultats ohtenus par ce procédé dans la maladie de la vigne, paraissent se réaliser aussi sur les vers à soie. M. Joly soufre le ver et la feuille à peu près une fois par se- maine , et depuis vingt jours que l'éducation est commencée sur une demi-once de graine, aucun symptôme de maladie ne s’est encore produit. M. Joly informe en même temps l’Académie que le profes- seur Balsamo Crivelli vient de trouver, dans les environs de Pavie, une nouvelle espèce de crustacé branchiopode , qu'il a nommée Zsaura Ticinensis. Le genre Zsaura, établi par M. Joly, en 1842, renferme donc aujourd’hui quatre espèces bien distinctes, savoir : 4° Zsaura cycladoïdes , trouvée par notre confrère aux envi- rons de Toulouse : 2° Is. Tetracera, découverte près de Moscou , par M. Kri- nicki ; | 3° Is. Dahalucensis, rapportée de Nubie, par le célèbre voyageur Rüppel ; 4° Enfin, Zs. Ticinensis, de Pavie, récemment décrite par M. le professeur Balsamo Crivelli. M. CLos communique une lettre par laquelle M. Lagrèze- Fossat répond aux réserves faites par M. Joly relativement aux fruits exotiques trouvés dans le tube digestif d’une chèvre. Il 4.62 MÉMOIRES donne des détails qui tendent à démontrer l'exactitude des faits qu'il a signalés. M. BRrassixE fait, au nom d’une Commission, un rapport fa- vorable sur un ouvrage de M. Giraud-Teulon , intitulé : Traité de mécanique animale. (mprimé, p. 301.) M. le Rapporteur propose d'accorder à l’auteur le titre de Correspondant. M. Barry fait aussi un rapport sur une biographie de Tarn- et-Garonne, par M. Rey. Des remercîments sont votés à l’auteur. M. Jouy donne lecture de la troisième et dernière partie de son Mémoire sur l’acclimatation. Ici l’auteur passe en revue les principales modifications que les soins de l’homme ont fait subir aux plantes cultivées, et, après avoir cité de nombreux exemples de naturalisation et d'acclimatation spontanées chez les végétaux , il se plaît à rendre hommage aux efforts si louables et au zèle intelligent de la Société impériale zoologique d’acclimatation qui, fondée depuis trois ans à peine, nous à déjà donné l’yack, l’igname de la Chine et le sorgho sucré. Passant ensuite aux deux dernières questions qu’il se propo- sait de traiter, M. Joly prouve qu'il est utile d'introduire en France et en Algérie de nouvelles espèces, soit animales, soit végétales , et, appuyé sur des documents statistiques officiels , il démontre l'insuffisance de l'alimentation publique, surtout parmi les ouvriers agriculteurs. D'où cette conclusion toute naturelle : Puisque les vrais trésors que nous ont légués nos ancêtres sont devenus insuffisants, nous devons tenter de nouvelles conquêtes sur la nature. Elle nous offre libéralement toutes ses richesses ; mais c’est à la condition que nous les conquerrons une à une, par un travail persévérant et assidu, par des efforts incessants , éclairés et dirigés par la science, qu'un illustre écrivain de nos jours a si justement appelée la première des philosophies (1). (1) C'est ainsi que M. Villemain a caractérisé l'Histone naturelle propre- ment dite, DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. h63 M. Gaussail pense que la plupart des statistiques sont erro- nées , et qu'elles ne doivent être prises en considération qu'avec une grande réserve. Ainsi, sous le rapport de l'alimentation animale , il a eu l’occasion de constater , dans sa longue prati- que, que les gens qui mangent journellement de la viande ne sont pas les mieux portants. Les [ymphatiques et les scrofuleux sont beaucoup plus nombreux dans les villes que dans les cam- pagnes, où cependant l'alimentation végétale est la plus usuelle. MM. Astre et Pagés prennent part à la discussion, en émet- tant quelques doutes sur la possibilité de l'acclimatation de certaines espèces. Quant à l'igname, M. Clos annonce qu'il l'a cultivé dans le Jardin des Plantes, et qu'il tient des tubercules à la disposition de ceux qui voudraient se livrer à la culture de cette racine alimentaire. M. Dusor , appelé par l’ordre du travail , lit un Mémoire sur un passage de Virgile. L'auteur a pris pour sujet de ses commentaires les cinq der- niers vers du discours de Junon au dieu Eole (Virgile, Æneiïd. liv. 1). La déesse, afin d'assurer la ruine de la flotte troyenne, invoque le secours du dieu des tempêtes, et lui promet en ré- compense la main de Deïopée, la plus belle nymphe de sa cour. Dans ce beau passage de Virgile qu'on admirera toujours, la réflexion et les études qu'on a faites sur l’ancien Droit romain peuvent faire mieux apprécier aujourd'hui l'exquise conve- nance des expressions employées par le poëte, et son habile exactitude à caractériser les justes noces | Justæ nupliæ) dans l'hymen proposé par Junon. Comme si de tout temps la loi des Douze tables eût été connue et pratiquée chez les dieux immor- tels, chaque mot de ce vers: Connubio jungam stabili pro- priamque dicabo , paraît au commentateur d’une parfaite exactitude technique , et la force du vers est dans son triple objet à bien définir : 4° les justes noces ; 2° la puissance mari- tale conférée à l'époux; 3° l'incertitude de cette puissance sui- vant le mode patricien de la confaréation (fariven). Junon se montre Romaine encore dans ce qui précède et dans ce qui suit, au point de défier l'exactitude de nos traductions. 20 mai. h 64 MÉMOIRES Celle de Delille, illastrée cependant par de brillants succès , devient insuffisante en regard de l'expression latine. Le connu- bium stabili, dont nous venons de parler , ce grave lien af- fermi, comme on a vu, dans l'intention du puële romain , n'est pas le doux hymen imaginé par l’idée française. La belle Déïopée, choisie parmi quatorze nymphes de prestance divine (præstante corpore nymphæ), est tout à fait du goût de la déesse qui présidait au mariage à Rome, et fort peu du goût de la traduction qui choisit la plus jeune et la plus séduisante. Enfin , suivant le commentateur, la perspective offerte à l'époux ‘de devenir le père d’une belle postérité (#4. pulchr& faciat te prole parentem), celte perspective toute romaine d'acquérir les prérogatives de la puissance paternelle, est aussi clairement marquée par l’expression réelle du mot parens, qu'elle est effacée dans ces deux vers de la traduction francaise : Et d’Eole à jamais la compagne fidèle, Un jour lui donnera des enfants dignes d’elle. M. Vitry, qui a procédé à l’examen du croiseur de M. Cha- lamel , donne connaissance des divers renseignements qu’il a recueillis auprès de plusieurs hommes spéciaux, et notamment auprès de M. de Planet, qui avait rédigé la partie technologique des rapports de la Commission départementale à l'Exposition universelle ; les conclusions du Rapport sont très-favorables. M. le Secrétaire perpétuel donne connaissance des proposi- tions de la Commission des Médailles d'encouragement, et l’Académie décerne les récompenses suivantes : CLASSE DES SCIENCES. Médailles de vermeil. M. Leplay, à Toulouse (avec éloges). — Alcool de sorgho. M. le docteur Millon , à Revel. — Etudes sur le gui du chêne et le sumac vénéneux. Médailles d'argent. M. L. Cunq, à Bordeaux (avec éloges). — Machines à calculer. DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 465 M. Chalamel , à Bagnols (Gard) (avec éloges). — Croiseur pour filature de soie. M. Debats , à Lombez. — Echantillons de fossiles d'animaux. M. Manceau , à Tarbes. — Echantillons de minéraux. Médaille de bronze. M. Doumergue, à Mazamet. — Dessin d'un monstre de l'es- pèce porcine. Mention. M. Cavayé. — Appareil de natation. CLASSE DES INSCRIPTIONS ET BELLES - LETTRES. Médailles d'argent. M. V. Fons, à Toulouse (avec éloges). — Travaux histo- riques. M. F. Cassassoles, à Auch. — Mémoire de jurisprudence. M. Coste , à Caïlhavel. — Objets d'archéologie. Médaille de bronze. ” M. Guitard , à Vallègue., — Médailles antiques. Il est procédé à la nomination d’un membre correspondant, conformément à l’ordre du jour. M. le docteur Giraud-Teulon est nommé au scrutin secret , Associé correspondant dans la classe des Sciences, section des Mathématiques appliquées. M. le Président annonce que la section d’Astronomie propose pour le sujet de prix de l’année 1861, la rédaction suivante : Appliquer des observations nouvelles et convenablement discutées, à l'étude des étoiles variables. M. Timpaz-LaGrave présente à l’Académie un échantillon d'une hybride d'orchis (O. Simio militaris Weddel) qu'il a trouvé en compagnie de MM. Bosquet et Filhol, dans une prairie, sur les bords de l'Ariége, près de son embouchure. Il y a déjà quelque temps que M. Timbal-Lagrave a publié 27 mai. Séance publique du 30 mai. k6G MÉMOIRES divers Mémoires pour appeler l'attention des botanistes sur les hybrides que forment entre elles les diverses espèces de ce genre; mais il n'avait pu signaler encore dans nos environs la présence de l’orchis, Simio purpurea, que M. Weddel avait trouvée à Mantes (Seine-et-Oise) , et dont on ne connaissait pas d'autre habitat. La formation des plantes hybrides est le résultat du trans- port à distance du pollen par des inséctes , et est par conséquent soumise aux chancès du hasard; ce qui explique facilement pourquoi cette hybride n'avait pas encore été rencontrée à Tou- louse, tandis qu'il n’est pas rare de rencontrer les O. purpureu- militaris (Timb.) et Simio-militaris (Timb. ). Ces hybrides d’orchis, une fois formées, peuvent se repro- duire par le développement d'un bourgeon latéral (tubereule }, el présentent alors une certaine fixité ; mais si elles se perpétuent de graines, elles suivent la règle de toutes les hybrides, c’est-à- dire qu'elles tendent à revenir progressivement au type mater- nel ; ce qui donne une très-grande variabilité aux caractères de ces plantes bâtardes. MM. les Secrétaires perpétuels de l'Institut accusent réception de volumes des Mémoires de l’Académie. M. Ficnoz communique le Discours qu’il doit prononcer en Séance publique. M. Ccos lit un rapport sur le Concours des médailles d’en- couragement de la classe des Sciences. M. Barry donne aussi lecture d’un rapport analogue pour la classe des Inscriptions et Belles-Lettres. Conformément à la proposition faite dans la dernière Séance, l’Académie décide, au scrutin secret , que M. le Recteur de l’A- cadémie sera inscrit au nombre des Associés honoraires. M. le Premier Président , M. le Recteur de l’Académie et M. le Maire de Toulouse honorent la réunion de leur présence. M. Fizuoz ouvre la séance par un discours. M. Laroque présente le rapport sur le Concours relatif au DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. kGT prix de l’année, dont la question était : Recherches sur l'élec- tricilé atmosphérique. M. Sauvace lit une dissertation sur un passage de l'£pitre aux Pisons, d'Horace. ( Imprimé, p. 345.) M. CLos donne lecture du rapport sur le Concours des Mé- dailles d'encouragement pour la classe des Sciences. M. Barry communique à son tour le rapport relatif à la classe des Lettres. Après ces lectures, la distribution des médailles est faite dans l'ordre indiqué dans la dernière séance. M. le Secrétaire perpé- tuel donne lecture du programme des Prix proposés pour les années ultérieures, et la séance est levée. M. Giraud-Teulon adresse des remerciments à l’occasion du titre de Correspondant qui lui a été décerné, M. Martin Duclaux, docteur en médecine à Saint-Julia, adresse un Mémoire, intitulé : ÆZistoire de la Pellagre , et il sollicite le titre de Correspondant. — Renvoyé à l'examen de MM. Gaussail, Joly et TimbaÎLagrave. M. le Président annonce à l’Académie que le Bureau s’est rendu auprès de M. le Recteur pour lui communiquer sa nomi- nation de Membre honoraire. M. Rocher, s'étant montré très- Îlatté de cette nomination , a prié le Bureau d’en exprimer ses remerciments à l’Académie. L'ordre du jour indique le renouvellement des Membres du Bureau et des Commissions. Le Scrutin dépouillé a donné les résultats suivants : Président, M. Molins; Directeur , M. Molinier ; Secrétaire- adjoint, M. Clos. Comité de Librairie et d'impression : MM. Brassinne, Joly et Barry. Comité économique : MM. Petit, Timbal-Lagrave et Dubor. PBibliothécaire : M. D. Bernard. 3 juin, 10 juin. 17 juin. 24 juin. h68S MÉMOIRES M. le Président maintient M. Lavocat dans ses fonctions d'Econome. M. HAmEL, pour payer son tribut académique, a lu une ana- lyse de deux idylles de Théocrite, intitulées : lÆmour de Cy- risca et les Syracusaines aux fêtes d Adonis. ( Imprimé, p-373.) M. Baury entretient l'Académie de l'avantage qu’il y aurait de créer des prix intermédiaires entre le grand prix de l’année et les médailles d'encouragement. Une discussion s'engage sur ce sujet. Diverses observations sont présentées par plusieurs mem- bres, et l'examen de cette question est renvoyé à une Com- mission, composée de MM. Joly, Brassinne, Hamel et Barry. M. Mouns, appelé par l'ordre du travail, communique à l'Académie la suite des recherches entreprises déjà l’an dernier, sur les équations différentielles du second ordre. M. le Maire de Toulouse prie l’Académie de lui donner la ré- daction en français d’une inscription qui serait gravée sur le monument funèbre que la viile de Toulouse se propose d'élever sur la tombe de M. Abadie, auteur des machines du Château- d'eau. — Reuvoyé à l'examen de MM. Barry, du Mège, Sau- vage et Rrassinne. M. Bax, de Lectoure , adresse quelques épreuves de dessins de plantes , obtenus par un procédé qu’il nomme herborigra- phie où foliographie. — Renvoyé à l'examen de MM. Joly, Timbal-Lagrave et Clos. M. RoumeGuÈre fait hommage d’un exemplaire de sun Mé- moire sur les contre-marques romaines. M. Viry, désigné par l’ordre du tableau , rappelle que, dans la séance du 20 août dernier, il annonça à l’Académie qu'il rapportait d’un voyage récent en Catalogne et en Roussillon le plan de plusieurs monuments religieux romano-byzantins. Déjà, dans leur magnifique ouvrage intitulé : Voyage dans SE TS 3 Q Ua à] Q l'ancienne France, MM. Taylor et Charles Nodier ont donné ? DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, L69 de nombreux dessins de ces monuments, tels que vues pitto- resques, détails, ornements , etc. ; mais les plans n'ont pas été publiés par eux. M. Vitry a pensé qu’il y aurait quelque intérêt à combler cette lacune, car, pour les hommes de l'art, c’est le plan qui constitue la partie la plus importante et la plus essen- tielle d’un édifice. Ces plans, qu'il met sous les yeux de l’Académie, sont ceux: 1° de l’église de l’abbaye de Saint-Martin du Canigou ; 2° de l'église de Cornella de Conflants : 3° de l’église et du cloître d'Arles ; 4° de l'église et du cloître d'Elne ; 5° de l’église de Saint-Jean-le-Vieux et de la cathédrale de Perpignan, sous le même vocable. Tous ces plans sont dressés sur une même échelle, de manière à pouvoir les comparer et à établir une sorte de pa- rallèle ; ils parlent mieux aux yeux et à l’esprit que toutes les descriptions possibles; d’ailleurs , le texte de l'ouvrage de MM. Taylor et Ch. Nodier, ainsi que les ouvrages de MM. Jau- bert de Passa et Puiggari renfermant tous les documents désira- bles, M. Vitry se borne à accompagner les plans d’une simple notice et de quelques observations qui lui sont personnelles sur chacun de ces monuments. Ii donne lecture de celles relatives à l'abbaye de Saint-Martin du Canigou, à l'église de Cornella de Conflants et au monastère d'Arles. Enfin, il annonce, en ter- minant sa lecture, que la suite de ce travail sera l’objet d’une communicalion ultérieure. M. Laroque lit un Mémoire, ayant pour titre : De la forma- tion de l'oxyde de fer magnétique, par laction des disso- lutions salines sur le fer. (Imprimé, page 385.) M. Gusaz , appelé par l’ordre du travail, lit une Notice bio- graphique sur Lambert-François-Thérèse Cammas, peintre , architecte et ingénieur, fils de Guillaume Cammas, l'auteur de la façade du Capitole , qui fut , pendant quarante ans, peintre et architecte de la ville de Toulouse. (Imprimé, page 392.) M. Brassinne ayant obtenu la parole à suite de cette lecture, présente quelques observations sur les moteurs hydrauliques projetés par François Cammas, et fait ressortir leur mérite. 9° S. — TOME I. 30 1" juillet, 8 juillet. k70 MÉMOIRES M. Roumeguère, ayant aussi obtenu la parole, entretient l'Académie sur un ouvrage inédit de Cammas, dont il possède le manuscrit, et qui a pour titre : Mémoire historique sur l'Académie royale de peinture , sculpture et architecture. Cet intéressant écrit est précédé de la délibération extraordinaire de l'Académie, du 18 juillet 1790 , et des statuts présentés à l'As- semblée nationale, en vertu d’un décret de la même année. Ces documents paraissent écrits de la main du savant artiste tou- lousain. M. Brassixne présente à l’Académie un Mémoire sur les sur- faces du second ordre, dans lequel! il démontre l'existence des systèmes conjugués rectangulaires par un procédé différent de ceux qui ont été suivis jusqu’à ce jour. (Imprimé, page #06.) M. RoumeGuëre communique à l’Académie une inscription placée sur la tombe du célèbre bibliophile Mac-Carthy Reagb, qui avait formé à Toulouse une des plus belles collections de livres de l'Europe. Cette inscription se trouve dans les dépen- dances de la nouvelle église Saint-Aubin. Elle est aussi remar- quable par l'élégance du style que par les sentiments religieux qui y sont exprimés. M. Nouzer entretient l’Académie de l'âge géologique de la formation lacustre de Narbonne et de Sigean (Aude). (Im- primé, page #12.) Après cette lecture, M. Gariex-Annoucr conclut, au nom d’une Commission, à ce que MM. Michelet, Liouville et Da- mas , associés étrangers , soient compris à l'avenir dans la classe des Associés honoraires. La Commission propose, en outre, de renvoyer à une autre époque les nominations aux places vacantes d’Associés étrangers , et que les étrangers à la France soient seuls admis dans cette dernière catégorie. Ce rapport et ses con- clusions sont adoptés. Au nom d’une autre Commission, M. Hamec fait un rapport duquel il résulte qu'il y a lieu de créer une médaille d’encourage- ment en or, en faveur d’un travail remarquable, inédit, ou pu- DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. k74 blié depuis moins de trois années. La Commission propose de transformer cette décision en article réglementaire. Cette de- mande est accucillie, et la rédaction de cet article, qui sera ajouté au Programme, est arrêtée comme il suit : « 4° Indépendamment de ces médailles, dont le nombre est illimité, il pourra être décerné chaque année, et alternative- ment pour les Sciences et pour les Lettres, une médaille d’or de la valeur de 120 fr., à l’auteur de la découverte ou du travail qui, par son importance entre les communications faites à l’Académie, aura paru le plus digne de cette distinction. » Les travaux imprimés seront admis à concourir pour cette médaille, pourvu que la publication n’en remonte pas au delà de trois années, et qu’ils n'aient pas déjà été récompensés par une Société savante. » L'auteur de la découverte ou du travail qui aura mérité la médaille d'or, recevra de droit le titre de correspondant. » M. Caze rend compte des travaux de la Commission chargée de s'occuper des moyens de créer un cabinet d'Histoire naturelle à Toulouse : il annonce que la Commission doit faire une dé- marche officielle auprès de M. le Maire pour insister sur l'utilité et l'urgence de ce cabinet, et pour lui proposer de l'établir dans les galeries supérieures du cloître du Musée, à la suite de la collection Roquemaurel. L'Académie donne son approbation aux décisions de la Commission. A cette occasion, M. RoumeGuëre fait l'offre de déposer dans le futur Musée d'Histoire naturelle de Toulouse la belle collec- tion conchyliologique dont il a hérité de M. Watson; elle com- prend trente mille espèces terrestres, fluviatiles, marines et fossiles des deux continents, et renferme les collections fournies par Durville et Mathieu. L'Académie, en acceptant l'offre de M. Roumeguère , lui vote des remerciments ; car l'intérêt historique qui s'attache à cette collection et son importance, la classent au nombre des pre- miers cabinets de France, et en font un précieux élément d’étu- des et d'instruction. 15 juillet. 472 MÉMOIRES M. Leplay adresse des remerciments , au sujet de la médaille de vermeil qui lui a été décernée. M. Boudard , Membre correspondant, est introduit dans l’as- semblée. M. Gaussaiz , appelé par l’ordre du jour à payer son tribut académique, annonce qu’il continue ses éludes sur François Bayle. Il rappelle que la première étude a pour objet l’examen ana- lytique de trois dissertations de cet auteur, soutenues dans un concours pour une chaire vacante à l’ancienne Faculté de mé- decine de Toulouse ; que l'analyse de la première de ces disser- tations a déjà été communiquée à l’Académie, et que la se- conde , ayant déjà, l'an dernier, fourni les matériaux de deux lectures qui ont embrassé les considérations générales , il se pro- pose de la compléter dans sa communication de ce jour. Abordant ensuite l'examen analytique de la seconde partie de cette dissertation qui comprend les particularités du sujet , M. Gaussail s'attache à faire ressortir les idées fondamentales , aussi bien que les développements accessoires ; il insiste sur les unes et sur les autres, suivant le degré de leur importance. En terminant sa lecture, M. Gaussail fait remarquer que si les appréciations dont il a fait suivre la première partie ont aussi leur raison d’être pour la seconde, elles doivent néan- moins, en se spécialisant, subir quelques modifications qu'il indique; il en résulte que, pour le fond aussi bien que pour la forme , la partie qu’il vient d'analyser est inférieure en mé- rite à celle dont il a entretenu l’Académie l’année précédente. Malgré ces appréciations critiques, M. Gaussail reconnaît qu'à côté de quelques erreurs se trouvent des aperçus qui té- moignent de connaissances anatomiques et physiologiques exac- tes, et, en résumant les faits principaux qu'ils contiennent, il les présente comme un véritable progrès à l’époque où vivait François Bayle. À propos de cette lecture, dans laquelle M. Gaussail a cité M. Pidoux comme ayant donné au placenta le nom de mamel- DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. K73 les du fœtus, M. Joly fait observer que déjà, en 1852, dans sa thèse pour le doctorat en médecine , il avait fait ressortir les analogies qui existent entre les mamelles et le placenta , entre le lait de ces glandes ct le liquide placentaire ou cotylédonnaire. Ces analogies ont été confirmées par les recherches ultérieures qu'il a entreprises de concert avec M. Filhol, recherches qui font l'objet d'un travail couronné, en 1856, par l’Académie royale de Médecine de Belgique. M. Jorx annonce ensuite à l’Académie que M. J. Geoffroy- Saint-Hilaire vient de lui adresser le magnifique travail que l'illustre professeur a publié tout récemment sur le gorille gina, et il donne de vive voix quelques détails sur ce géant des singes anthropomorphes, c’est-à-dire à formes plus ou moins semblables à celles de l'homme. Découvert en 1847, par le docteur Sauvage, missionnaire protestant de New-York, le gorille a été porté en France par Pamiral Penaud , dans le mois de janvier 1852 {). Le grand quadrumane dont il s’agit habite sur les bords de la rivière du Gabon (Afrique occidentale), un peu au nord de l'équateur. Les nègres de ces contrées le redoutent à tel point, que l’un d'eux répondait à l'amiral Penaud , qui lui faisait les offres les plus séduisantes pour l’engager à lui procurer la dépouille de quelques gorilles g'ina : « Quand tu me donnerais aussi gros d'or que cette montagne, je n'essaierais pas. » Dé- fiance qui se concoit , du reste, à merveille, car s’il n’est pas tué raide , dit M. Aubry-Lecomte , aïde-commissaire de la marine française au Gabon, le Gina tord les canons de fusil comme des pailles, et broie son ennemi entre ses dents. « A moins qu’il ne soit empêché par un coup de feu bien dirigé, dit, de son côté, M. Ford , il saute sur son adversaire, létreint dans ses bras , ou , le saisissant avec.les mains de facon qu'il ne puisse échapper, il le déchire à belles dents. On prétend (1) C’est à la générosité de M. Franquet que le museum d'histoire naturelle de Paris est redevable du magnifique exemplaire de gorille gina, rapporté par l'amiral Penaud. h7 4 MÉMOIRES qu'il saisit le canon de fusil et l’écrase immédiatement entre ses formidables mâchoires. » Cet animal est, de tous les singes connus, celui qui , par la structure de sa main et de son pied, se rapproche le plus des caractères humains. À voir ses extrémités , on dirait celles d’un géant de huit ou neuf pieds au moins, bien que, en raison de la brièveté de ses membres postérieurs, la taille du gorille adulte dépasse rarement un mètre soixante-dix. D'ailleurs son crâne est très-différent du nôtre ; ses canines sont énormes, et ses trois dernières molaires inférieures ont la face supérieure de leur couronne garnie de cinq tubercules ou pointes, et d’un talon bien prononcé. (Il n’existe que quatre tubercules chez l’homme aux dents correspondantes. ) Se basant sur des textes anciens, M. Dureau de La Malle avait avancé, il y a peu de temps, que le gorille gina avait été non-seulement vu, mais encore rapporté à Carthage par le navigateur Hannon. M. Geoffroy-Saint-Hilaire combat cette idée; et, appuyé sur les documents authentiques fournis par l'Histoire naturelle, il prouve que les peaux des prétendues femmes gorilles que l’on voyait suspendues dans le temple de Junon , à Carthage, n'étaient rien autre chose que des peaux de chimpanzés, autres grands singes anthropomorphes qui , de nos Jours encore, vivent dans les parages visités jadis par Hannon. Après cette communication, M. Jocy témoigne à l’Académie le désir qu'il a de prendre date pour certains faits dont il a été témoin en étadiant les vers à soic atteints de la gattine. Voici l'énoncé pur et simple de ces faits, que M. Joly se propose de développer dans un prochain travail, où il rendra compte de ses expériences personnelles, ainsi que des études auxquelles il s’est livré pendant la mission qui lui avait été confiée par la Société d'Agriculture de la Haute-Garonne. 1° On trouve dans le sang des vers gattinés une innombra- ble quantité de petits entozoaires qui méritent réellement le nom d'hématozoïdes (animaux du sang. 2° La g'attine paraît être une sorte de gangrène de l’appareil digestif et du système cutané. DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. n75 3° Cette maladie ne reconnaît pas pour cause la présence du champignon microscopique, désigné par M. Nageli sous le nom de Nosema Bombycis. h° Le soufrage, employé comme moyen préventif ou curatif, pe saurait donc agir pour détruire un végétal qui n'existe pas chez le ver à soie malade. 5° Les vers qu'on nomme petits subissent une, deux ou trois mues ; mais très-souvent ces mues sont incomplètes, au point que la peau ancienne de la tête reste appliquée comme un mas- que au-devant de la face de l'animal et l'empèche de manger. 6° La gattine ne peut s’inoculer ; elle n’est pas contagieuse. La muscardine , au contraire, est contagieuse et peut s’inocu- ler facilement. M. Joly s'en est convaincu par des expériences diverses et souvent répétées. M. Caze rend compte à l’Académie du résultat de la visite faite à M. le Maire par la Commission chargée de provoquer la création d’un cabinet d'Histoire naturelle à Toulouse. Ce ma- gistrat, ayant accueilli la proposition d’affecter à ce cabinet les galeries supérieures du cloître du Musée, a nommé une Commission mixte, chargée d'étudier la question et de donner son avis sur ce projet. M. Barry fait hommage, au nom de M. Boudard , corres- pondant, des 4° et 5° livraisons du travail sur la numismati- que Ibérienne. M. RoumeGuëre fait également hommage à l’Académie de son ouvrage intitulé : Description des médailles grecques et latines du Musée de la ville de Toulouse, et il fournit quel- ques détails sur le sujet de ce livre. L'auteur propose, dans l'intérêt de l'étude , un nouveau clas- sement du médailler dans une seule série d'ordre, car, selon lui, la division existante par module nuit à la bonne interpré- tation des types numismatiques. Afin de suppléer à l'absence d’un ouvrage élémentaire sur la connaissance des médailles, il a consacré une portion notable de son livre à une introduction à l'étude de la numismatique. Cette introduction contient, avec 22 juillet, 29 juillet. h76 MÉMOIRES les opinions des auteurs, les remarques de sa propre expé- rience, notamment en ce qui concerne les médailles fausses. Les desiderata de la collection ont été relevés soigneusement d’après la suite chronologique des médailles, et forment l’in- ventaire du complément à donner au médailler , Si un jour l'Académie devait augmenter le dépôt déjà fort riche. Enfin , la publication de M. Roumeguère cemble une lacune qui existait depuis longtemps; car la galerie des tableaux et celle des anti- ques ayant leur description particulière, la collection numis- malique n’en avait pas. Le catalogue manuscrit déposé dans les archives de l'Académie reçoit ainsi une juste publicité et un complément. M. le Président adresse des remerciments à M. Roumeguère au sujet de ce travail, qui, pour le petit nombre de lecteurs auquel il s'adresse, est une nouvelle preuve de dévouement à la science, donné par l’auteur. M. Trupar-Lacrave , appelé par l’ordre du travail , commu- nique à l'Académie une note ayant pour titre : Opinion de Villars sur les plantes hybrides, d'après sa correspondance avec Lapeyrouse. (Imprimé, p. 4923.) M. Barry communique un travail qu’it a adressé à M. le Di- recteur de la Revue archéologique sur le point de départ et la date première des poids inscrits du midi de la France. Il prouve, dans ce travail, que c'est à la ville de Toulouse qu’appartient jusqu'ici l'honneur d’avoir fabriqué et émis la première les poids inscrits dont tout le Midi s’est servi pendant six siècles, et que c'était par une erreur de lecture qu’un savant avait ré- cemment essayé d'attribuer à la ville d'Albi, en reculant de quarante-six ans, la date de l'émission du poids inscrit dans les pays de langue romane. M. Jocy fait un rapport, au nom d’une Commission, sur un ouvrage de M. Paul de Rémusat, intitulé : Les Sciences naturelles. W propose d’accorder à son auteur le titre de Cor- respondant. Îl sera statué sur cette proposition dans une des séances subséquentes. DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES. 471 M. Jocy communique à l’Académie un travail sur la maladie des vers à soie. Il rappelle qu'une Commission avait été nommée par l'Institut pour s'occuper de cet important objet, et que celte Commission devait se mettre en rapport avec les Sociétés savantes du Midi. Désigné par l’Académie des Sciences , Inscrip- tions et Belles-Lettres de Toulouse pour recueillir les renscigne- ments qui pourraient intéresser les Commissaires de l'institut, et chargé, dans le même but, par la Société d'Agriculture de la Haute-Garonne, de visiter les magnaneries de ce département, M. le docteur N. Joly, non-sculement s’est acquitté de la mission qui lui avait été confiée, mais il s’est encore livré à des expé- riences personnelles sur l'éducation et sur la maladie des vers à soie. Il communique aujourd'hui à l’Académie les résultats de ses expériences, et il décrit avec détail (en montrant les pièces à l'appui) l'affection pathologique qui a été désignée, dans ces derniers temps, sous le nom de maladie de la tache. Selon lui, cette maladie n'est rien autre chose qu’une espèce de gangrène plus ou moins complète du canal digestif et du système cutané, ou de la peau extérieure de l'animal. Les taches ne sont point dues à des végétations. La maladie du ver à soie n’est pas unique, mais multiple. Ainsi M. N. Joly a pu observer, soit chez lui, soit dans les ma- gnaneries qu'il a visitées : 1° Le rachitisme , ou maladie des petits; 2° La gatline, ou maladie de la tache; 3° la maladie des noirs (negrone , des Italiens); 4° id. des Jaunes ou gras; 5° id. des luisants ; 6° id. des courts | frati, moines); 7° id. des flats; 8 id. des pattes sèches ; 9 id. des clairs ; 10° enfin , il a pu obtenir la muscardine , par inoculation directe et par contagion atmos- phérique, dans son appartement. Si l'on en doutait encore, cette expérience suffirait à elle seule pour prouver la nature essentiellement contagieuse de la muscardine. Quant à la gattine, ou maladie de la tache, M. Joly ne la croit pas contagieuse, mais très-probablement elle est héréditaire. 5 août. 478 MÉMOIRES Les remèdes qu'il a tentés, tels que le vinaigre et l'alcool affaiblis, le chlorure de calcium , le charbon pulvérisé et même le soufre , ne lui ont pas donné des résultats satisfaisants. Quant au sucre ràpé, recommandé par lun des Commissaires de l'Insutut, M. Joly ne l’a pas essayé ; il pense qu'avant d’asseoir une opinion à cet égard , il faudra tenter les nouvelles expé- riences dont M. de Quatrefages lui-même reconnaît la nécessité. La Science n’a donc pas dit son dernier mot, ou plutôt elle n’a presque rien dit encore. Cependant, M. le docteur N. Joly s'élève contre les éducations dans de grands locaux, insuf- fisants, quelque vastes qu'ils soient, pour le nombre de vers qu'on y entasse, et qu'on y soumet le plus souvent à des soins exagérés , à des conditions vraiment anti-hygiéniques. Les édu- calions en petit, qu'il appelle éducation à la spartiate, lui paraissent de beaucoup préférables. € Revenons donc à la na- ture, dit-il : faisons comme nos bons campagnards, qui, sans aucuns frais d'établissement , sans calorifère aucun , sans autre ventilateur que leur cheminée largement béante, sans autre magnanerie que leur chambre enfumée , font éclore avec un plein succès et conduisent presque toujours à bonne fin une ou deux ouces de graines. » M. le docteur N. Joly entre ensuite dans quelques détails relatifs à l’alimentation du Bombyx mori ; et après avoir étudié et pesé les vers , les cocons, les chrysalides et les papil- lons obtenus par les divers genres de nourriture qu'il a mis en usage , il conclut que la feuille doit être donnée avec abon- dance et qu'il y a désavantage à l’économiser. Enfin, l’auteur annonce, en terminant, qu’il va s’occuper de la rédaction d’un travail complet et accompagné de nombreux des- sins,sur le sujet dont il vient d'entretenir rapidement l'Académie. M. Brassinne fait remarquer l'importance des conclusions auxquelles amènent les observations et les expériences de M. Joly. L'élève en grand des vers à soie offrirait moins de chances de succès et serait proportionnellement moins produc- tive que l'élève peu considérable ; il conviendrait alors de mul- tiplier et d'encourager la petite industrie séricicole, DE L'ACADÈMIE DES SCIENCES, 479 M. Joly ajoute que des observations faites en Italie confirment sur ce point,celles qu'il a lui-même faites dans nos contrées, car, produisant le germe avec abondance, la nature semble avoir voulu qu'ils ne fussent fécondés et productifs que dans des proportions restreintes. Les grandes magnaneries qu'il a visitées étaient ravagées par les maladies. Les vers à soie élevés dans la demeure du petit cultivateur étaient sains. M. Astre fait observer qu'on pourrait peut-être obvier aux inconvénients des grands établissements , en divisant et en iso- lant les locaux affectés aux vers à soie. M. Barry fait un rapport favorable sur un ouvrage de M. Léo Drouyn, intitulé : Croix de procession, de cimetière et de carrefours. Conformément aux conclusions du Rapport, des remerciments seront adressés à l’auteur , en l'engageant à con- tinuer ses intéressantes communications. M. Jocy annonce qu'il a eu la visite de M. Echerigt, membre de l’Académie de Copenhague, qui lui a manifesté le désir d'établir entre cette Académie et celle de Toulouse des relations d'échange de publications. L'Académie décide que cet échange aura licu , et charge M. le Secrétaire perpétuel de s’en entendre avec M. Joly, pour s'informer de l’époque où M. Echerigt sera rentré à Copenhague. M. le Président annonce que les Membres du bureau se sont rendus auprès de M. le comte de Campaigno, maire de Tou- louse, pour lui présenter les félicitations de l’Académie , à l'oc- casion de sa récente promotion. M. Daeunx, désigné par l’ordre du tableau , lit un travail sur les foudres progressives, et particulièrement sur les foudres as- cendantes. Il commence par développer quelques considérations sur les inconvénients qu’il y a à pousser. trop loin l'esprit de doute relativement à certains phénomènes qui paraissent diffi- ciles à admettre, parce qu'ils ne peuvent s'expliquer au moyen des théories actuelles de la physique. I cite à cet égard les aéro- lithes, certaines pluies singulières, le tonnerre en boule, qui ont été trop longtemps repoussés de la science. 12 août, k80 MÉMOIRES I passe ensuite à l'examen des foudres progressives, c’est-à- dire des foudres qui, au lieu d’éclater en un éclair subit, s'élancent progressivement avec une rapidité assez modérée Pour qu'on puisse en suivre la marche. Ces traits de feu s’élè- vent souvent du sol et forment alors les foudres ascendantes , considérées , il y a environ un siècle, comme un phénomène parfaitement avéré, puis laissées dans un oubli complet, Après avoir cité an certain nombre de faits observés par des hommes habiles et consciencieux, M. Daguin s'applique à chercher les causes de ce phénomène, et en trouve l'explication dans la po- larisation électrique des molécules de l’air sous l'influence des nuages orageux. Il fait connaître des expériences nouvelles au moyen desquelles on reproduit sur une petite échelle des phé- nomènes analogues el qui confirment ainsi l'explication pro- posée. Appelé aussi par l’ordre du travail, M. Macnes-Lauens, pour- suivant ses recherches sur le glucose dont il a constaté la pré- sence dans un grand nombre de végétaux , entretient l’Acadé- mie du glucose contenu dans la racine de gentiane. Il a présenté un échantillon de ce glucose, amené à un degré très- satisfaisant de pureté, et qui possède une action réductive plus prononcée sur la liqueur de Bareswil, à poids égal, que le glucose de froment et le glucose granulé; mais l’auteur n’a pu lui enlever le principe amer avec lequel il est étroitement uni dans la racine de gentiane. Le dosage du glucose contenu dans la gentiane a été exécuté par deux moyens différents, qui ont donné à l'auteur le même résultat. Il a trouvé que la racine de gentiane renferme 13,55 0/0 de glucose. L'ordre du jour indique la nomination d’un Associé corres- pondant dans la classe des Sciences , section des Sciences natu- relles. M. Paul de Rémusat obtient la majorité des suffrages. L'Académie s'occupe du projet d'inscription que la ville de Toulouse doit faire graver sur le monument à élever sur la tombe de M. Abadie. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, L81 La rédaction de cette inscription est arrêtée de la manière suivante : a za mémome » JEAN ABADIE 3 INGÉNIEUR CIVIL, MEMBRE DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES , INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES DE TOULOUSE, CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR ; NÉ A SOUEICH , HAUTE-GARONNE, LE 44 NOVEMBRE 4773, MORT A TOULOUSE LE 8 MARS 1846. D'OUVRIER HORLOGER , IL DEVINT, SANS MAITRE, MÉCANICIEN ÉMINENT. DANS LE COURS DE SA LONGUE CARRIÈRE, IL ÉTABLIT DE NOMBREUSES USINES QUI ONT CONTRIBUÉ A LA PROSPÉRITÉ ET AU PROGRÈS DE L'INDUSTRIE DANS NOS CONTRÉES. TOULOUSE LUI DOIT SON BEAU SYSTÈME DE POMPES DU CHATEAU-D'EAU QUI, DEPUIS 1825, AMÈNE LES EAUX FILTRÉES DE LA GARONNE DANS NOS FONTAINES PUBLIQUES. SES TRAVAUX UTILES, SON NOBLE CARACTÈRE, LUI MÉRITÈRENT LES DISTINCTIONS DE L'ÉTAT , LES RÉCOMPENSES DE LA CITÉ, L'ESTIME DE SES CONCITOYENS. M. RoumecuÈre annonce à l’Académie la découverte récente de mosaïques antiques, à trois mètres de profondeur de la mai- son Debax , actuellement en démolition dans la rue Peyrolières, à Toulouse. Il communique trois fragments de cette mosaïque, comprenant des cubes de marbre blanc et noir de diverses gran- deurs. 11 donne lecture d’une note qui a pour but de rapporter cet ouvrage antique à l'époque où , d’après les historiens , exis- tait dans le même quartier le temple païen qui fut remplacé , sous les rois visigoths de Toulouse, par une église appelée la Daurade, démolie, à son tour, vers le milieu du xvur° siècle. L'auteur pense que la mosaïque antique qu'il a étudiée pour- rait, à raison de son étendue {première preuve de l'existence 49 août. 26 août. 182 MÉMOIRES d'un grand édifice), et du lieu où elle est située, fournir quelques documents sur une question intéressante de topogra- phie archéologique. M. RoumeGuÈre communique de nouveaux fragments de mo- saïque, retirés des fouilles de la maison Debax, à Toulouse, et dont la nature confirme l’origine gallo-romaine précédem- ment assignée par lui à cet ouvrage. M. Roumeguère met sous les yeux de l’Académie une dent de lion retrouvée par M. Chalande, zélé archéologue , dans le ter- rain meuble qui recouvre cette mosaïque. M. Assiot, chef d'institution , communique une modification qu'il propose d'introduire dans la construction de la boussole. M. Timpaz-LaGrave fait un rapport sur le Mémoire envoyé par M. Norman , intitulé : Quelques observations de morpho- logie végétale. Après avoir fait l'analyse complète des observations dévelop- pées dans le Mémoire et des idées qui y sont proposées quant aux stipules de certaines plantes, ainsi que d’autres observa- tions, en partie nouvelles, sur des chloranthies , M. le Rappor- teur conclut à ce que des remerciments soient adressés à l’au- teur, qui sera engagé à continuer ct à communiquer ses tra- vaux à l’Académie. Le Secrétaire perpétuel, Urgain VITRY. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 183 SUJETS DE PRIX POUR LES ANNÉES 1859, 1860 Er 1861. L’ACADÉMIE n’a point décerné le prix de 1858, dont le sujet était la question suivante : Recherches sur l'électricité atmosphérique. Observations. L'Académie, en posant la question dans ces termes généraux et en laissant ainsi un libre et vaste champ aux recherches, croit néanmoins utile d'attirer particulière- ment l'attention des concurrents sur les questions secondaires suivantes : 1° Discuter les observations desquelles on a déduit l'existence de l'électricité atmosphérique et les lois de sa tension ; 2° Déterminer , en s'appuyant sur l'expérience, les sources de l'électricité atmosphérique ; 3° Reconnaître si l'espèce d'électricité qui charge un nuage orageux exerce une influence sur sa constitution physique ; k° Rechercher quel est le degré d'influence de l'état électri- que des nuages orageux sur la formation de la grêle ; 5° Etablir sur des documents authentiques la fréquence relative de la grêle dans les régions du bassin sous-pyrénéen, et rechercher les circonstances qui peuvent, dans ces mêmes régions , influer sur la répartition inégale de ce météore. Nota. Quelles que soient les questions traitées , l’Académie , dans l'appréciation des Mémoires qui lui seront présentés , tiendra compte surtout de la nouveauté et de la fécondité des observations personnelles ; elle attachera cependant une grande importance aux recherches relatives à la dernière question. En conséquence, et conformément à l’art. 32 de ses règle- ments , l’Académie a décidé qu'elle accordera un prix extraor- 4h84 MÉMOIRES dinaire à l’auteur d’un mémoire qui lui serait adressé avant le 1°: janvier 1859. Ce prix extraordinaire sera une médaille d’or de 500 fr. L'Académie rappelle que le sujet du prix à accorder en 1859, est la question suivante : Faire lhistoire de l'organisation judiciaire , civile , criminelle et ecclésiastique dans le Languedoc et la Pro- vence, depuis la publication du Bréviaire d Alaric jusqu'à l'établissement fixe du Parlement de Toulouse, en 1h44. Le prix sera une médaille d’or de la valeur de 500 fr. L'Académie propose pour sujet de prix de l’année 1860 , la question suivante : Faire connaître les résultats positifs dont les expériences physiologiques ont enrichi la médecine clinique depuis le commencement du xrx° siècle. Le prix sera une médaille d’or de la valeur de 500 fr. L'Académie propose pour sujet de prix de l'année 1861, la question suivante : Appliquer des observations nouvelles et convenablement discutées à l'étude des étoiles variables. Le prix sera une médaille d’or de la valeur de 500 fr. Les savants de tous les pays sont invités à travailler sur les sujets proposés, Les membres résidants de l’Académie sont seuls exclus du concours, Indépendamment du prix ordinaire, l’Académie décernera , dans sa séance publique annuelle, des prix d'encouragement , 4° aux personnes qui lui signaleront et lui adresseront des objets d’Antiquité (monnaies, médailles, sculptures, vases, armes, elc.), et de Géologie (échantillons de roches et de minéraux , fossiles d'animaux , de végétaux , etc.), ou qui lui en transmettront des descriptions détaillées, accompagnées de figures ; 2° Aux auteurs qui lui adresseront quelque dissertation, ou DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 485 observation, ou mémoire , importants ct inédits, sur un des sujets scientifiques ou littéraires qui font l’objet des travaux de l’Académie ; 3° Aux inventeurs qui soumettront à son examen des ma- chines ou des procédés nouveaux introduits dans l'industrie, et particulièrement dans l’industrie méridionale. Ces encouragements consisteront en médailles de bronze , d'argent ou de vermeil, selon l'importance scientifique des communications. Dans tous les cas, les objets soumis à l’exa- men de l’Académie seront rendus aux auteurs ou inventeurs : s'ils en manifestent le désir. Lo Indépendamment de ces médailles, dont le nombre est illimité, il pourra être décerné chaque année, et alternative- ment pour les sciences et pour les lettres, une médaille d’or de la valeur de cent vingt francs, à l’auteur de la découverte ou du travail qui, par son importance entre les communica- tions faites à l’Académie, aura paru le plus digne de cette distinction. Les travaux imprimés seront admis à concourir pour cette médaille , pourvu que la publication n’en remonte pas aa delà de trois années, et qu'ils n'aient pas déjà été récompensés par une Société savante. L'auteur de la découverte ou du travail qui aura mérité la médaille d'or recevra de droit le titre de correspondant. DISPOSITIONS GÉNÉRALES. I. Les Mémoires concernant le prix ordinaire ne seront reçus que jusqu’au 167 janvier de l’année pour laquelle le concours est ouvert. Ce lerme est de rigueur. IT. Les communications concourant pour les médailles d'encouragement devront être déposées , au plus tard , le 1er avril de chaque année. JL. Tous les envois seront adressés, franco, au Secrétariat de l’Académie, rue Louis-Napoléon, 12, ou à M. Urbain Virey, Secrétaire perpétuel , allée Louis-Napoléon , 3. IV. Les Mémoires , pour les prix ordinaires, seront écrits en français ou en lalin, el d’une écriture bien lisible. V. Les auteurs écriront sur la première page une sentence ou devise ; la même sentence sera répétée dans un billet séparé et cacheté, renfermant 9° $. — TOME I. 31 1:86 MÉMOIRES leur nom, leurs qualités et leur demeure ; ce billet ne sera ouvert que dans le cas où le Mémoire aura obtenu une distinction. VI. Les Mémoires dont les auteurs se seront fait connaitre avant le juge- ment de l’Académie , ne pourront être admis au concours. VII. Les noms des lauréats seront proclamés en séance publique, le pre- mier dimanche après la Pentecôte. VIil. Si les auteurs ne se présentent pas eux-mêmes, M. le Docteur Larrey, Trésorier perpétuel , ne délivrera le prix qu’au porteur d’une pro- curalion de leur part. IX. L'Académie, qui ne prescrit aucun système, déclare aussi qu’elle n’entend pas adopter lous les principes des ouvrages qu’elle couronnera. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. L87 ar seems # OUVRAGES IMPRIMÉS ADRESSÉS À L'ACADÉMIE PENDANT L'ANNÉE 4857-1858. Sociétés Savantes. ABBEVILLE. — Mémoires de la Société impériale d'Emulation , 1852, 1853, 1854, 1855, 1856 et 1857. Un vol. in-8°, fig. 1857. AGEN. — Recueil des travaux de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts, t. vint, 2° partie, 1857. In-8°. AGEN. — Fête annuelle du Comice agricole de l’arrondissement d'Agen; Discours et Rapports lus en séance solen- nelle, 1857. In-8°. Aix. — Mémoires de l’Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Beïles-Lettres , t. vis, 1857. In-8°. Aix. — Rapport sur le travail intitulé : L'Institut et les Acadé- mies de province, de M. Bouillier, par M. le con- seiller Feraud-Giraud , 1858. In-8°. Amiens. — Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie , année 1857. In-8°, 1857. AMIENS. — Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie, 2° série, t. v, 1858. In-8°, fig. AmMsTERDAM. — Verslagen en Mededcelingen dee Koninklijke Akademie van Wetenschappen. — Afdeeling letter- kunde deel 2, stuk 2, 3, 4: — Afdeeling Natuur- kunde deel 5, stuk 2 et 3, deel 6, stuk 1,2,3, 1856-57. In-8°. ANGERS. — Mémoires de la Société académique de Maine-et- Loire. 1° et 2° vol. , 1857. In-8°. &S8 MÉMOIRES ANGErs. — Mémoires de la Société d'Agriculture, Sciences ct Arts, 2° série, v, vi, vin et vu vol. , 1854-55. In-8°. AxGers. — Pomologie de Maine-et-Loire, publiée par la Société d'Agriculture, Sciences et Arts, 5° liv. 1857. In-8°, fig. ANGOULÈME. — Annales de la Société d'Agriculture, Arts et Commerce du département de la Charente, t. xxxix, 1857. In-8°. ANVERS. — Annales de l'Académie d'Archéologie de Belgique, sir, 20/9, 08 NV, 1907- IU-S°, fg. Besancon. — Bulletin de la Société de Médecine , n° 7, 1857. In-8°, 1858. Béziers. — Bulletin de la Société Archéologique, 15° et 16e liv, In-8°. Borpeaux, — Recueil des Actes de l’Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts , 18° année, 1856, 3° et 4° trim. 1857, 19° année. In-8°, 1857. BouLOGNE-SUR-MER. — Sociélé d'Agriculture, des Sciences et des Arts. — Séance semestrielle du 7 novembre 1857. In-8°. BourG. — Journal d'Agriculture, Sciences, Lettres et Arts, années 1857 , 1858. In-8°. CnaLoxs. — Mémoires de la Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne, année 1857. In-8&°. Caristiania. — Forhandlinger ved de Skandinaviske Natur- forskeres fjerde Môde, i Christiania, den 11-18 juli, 1844. In-8°, 1847. Carisriania. — Beretning om Bodsfœngflets Virksomhed i aaret 1855 , 1856. In-8°. CaristianiA. — Det Kongelige Norste Frederits Universitets Aarsberetning for 1854. In-8°, 1857. CnrisriANiA. — Index Scholarum in universitate regia Frede- riciana , 1856, 1857. In-4°. DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES. 489 CLERMONT - FERRAND. — Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne, publiées par l’Académie des Sciences , Belles-Lettres et Arts, t. xxx, 1857. In-8’, fig. Dugcix. — Catalogue of stars near the cecliptic observer at Markrec during the years 1854, 1855, 1856, vol. 1v, containing 14, 951 stars, 1856. In-8°. Evreux. — Recueil des travaux de la Société libre d’Agricul- ture, Sciences, Arts et Belles-Lettres de l'Eure, 3° série, t. 1v, années 1855-1856. In-8°, fig. 1858. GENÈVE. — Bibliothèque universelle; Revue suisse et étran- gère, 53° année, t. 1°, n° 1, 1858. In-8°. Harrrorn. — ‘The american journal of Education, edited by Henry Barnard , LL. D., volume 1, 1856. In-8°, fig. Lirce. — Mémoires de la Société impériale des Sciences, de l'Agriculture et des Arts, année 1856, 2° série, 3° vol., 1857. In-8°, fig. Limoges. — L’Agriculteur du Centre, n° 2, 3, 1857. In-8°. Lonores. — Philosophical Transactions of the royal Society of London for the year 1856 et 1857, vol. 146, part, 2, 3; vol. 147, part. 1 et 2. In-4°, fig. Lonpres. — Proccedings of the royal Society , vol. 8, n°°22, 23, 24, 25, 26, 27; vol. 9, n° 28, 29. In-8°, fig. Lonpres. — The royal Society 30 th. november 1857. Loxpres. — Address of the right honourable the lord Wrottes- ley, 1857. In-8°. Loxpres. — The Atlantis; a register of Literature and Science. Conducted by members of the catholic University of Ireland n° 2, july 1858. In-8°, 1858. Loxpres. — Report on the adjudication of the copley, rumford, and royal medals, 1834. In-4°. Le Maxs. — Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe, 1857, 3°et 4° trim. ; 3°, 4° et 5° cahiers du tome x, 1858. In-8°. 490 MÉMOIRES Menoe. — Bulletin de la Société d'Agriculture, Industrie, Sciences et Arts du département de la Lozère, t. vur, 1857; t. 1x, 1858. In-8°. Merz. — Mémoires de l’Académie impériale de Metz , 38° an- née, 1856-1857 ; 2° série, 5° année, 1857. In-8°, figures. Merz. — Bulletin de la Société d'Histoire naturelle du dépar- tement de la Moselle , 8° cahier, 1857. In-8°, fig. MowrrELLier. — Mémoires de l’Académie des Sciences et Let- tres de Montpellier. — Section des sciences, 2° et 3° fase. du tome 11; 1°", 2° et 3° fasc. du tome ur. — Section de médecine, 4° fasc. du tome 1°; t. nn. — Section des lettres, 6° fasc. du t. 1, t. m1. In-4°. MowrrecuiEr. — Rapport lu dans la séance de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, du 25 janvier 1858, par M. Victor de Bonald , sur un projet d'association de l’Institut et des Académies de province, présenté à l’Académie de Lyon par M. Bouillier; Montpellier, 1858. In-4°. MonrTrecLier. — Publications de la Société Archéologique, n°25. In-4o, fig. Nantes. — Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure, année 1857. In-8°, 1857. Nimes. — Mémoires de l’Académie du Gard ; 1856-57. lu-8°, fig. Nîmes. — Compte rendu des travaux de l’Académie du Gard, par M. Nicot, 1857. In-8°. Oxrorp. — Meteorological Observations made at the Radiliffe Observatory, Oxford , in the yeard, 1855, under the superintendence of Manuel Johnson , 1856. In-8°, fig. Paris. — Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Aca- démie des Sciences, t. xzvi et xzvir, 4857. In-k°. Paris. — Mémoires de la Société impériale des Antiquaires de France, 3° série, t. m1, 1857. In-8°, fig. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. kO1 Paris. — Bulletin de la Société impériale des Antiquaires de France , 1857, 1° et 2° trim. 1858. In-8°. Paris. — Société impériale Zoologique d’Acclimatation. — Rap- ports faits au nom du Conseil sur la fondation d’un Jardin d’acclimatation au Bois de Boulogne, Paris, 1858. In-k°. Paris. — Société Philomalique. — Extrait des procès-verbaux des séances pendant l’année 1857. In-8°. Paris. — Annuaire de l’Athénée des Arts, Sciences ct Belles- Lettres de Paris, année 1857. In-8°. Paris. — Annuaire de l’Institut des Provinces et des Congrès scientifiques, 1858. In-18, fig. Paris. — Bulletin du Cercle de la Presse scientifique, n°1, 1858. In-8°. PERPIGNAN. — Société agricole , scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales , xi volume , 1858. In-8°, fig. Paicapezpnte, — Act of incorporation and by-laws of the Aca- demy of natural Sciences, 1857. In-8°. Porriers. — Bulletins de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 1857, et 1° sem. 1858. In-8°. Porriers. — Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, années 1852 et 1856-1857. In-8°, fig. Reims. — Travaux de l’Académie impériale de Reims, xxui et xxive vol., 1855-56. In-8°, fig., 1856. Rocuerorr. — Travaux de la Société d'Agriculture, des Belles- Lettres, Sciences et Arts, années 1856-57. In-8°, 1857. ROtEN. — Précis analytique des travaux de l'Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts, pendant l’année 1856-57, In-8°, fig., 1857. SAINT-Omer. — Bulletin historique de la Société des Antiquaires de la Morinie, 23, 24, 25° liv., 1857. In-8°. 492 MÉMOIRES Tourouse, — Recueil de l’Académie de Législation, 1857, t. vr. In-8°. Toucouse. — Recueil de l’Académie des Jeux Floraux , 1858. In-8°. TouLouse. — Journal d'Agriculture pratique et d'économie ru- rale pour le Midi de la France, 3° série, tome vi, 1858. In-8°. TouLouse. — Compte rendu des travaux de la Société impé- riale de Médecine, Chirurgie et Pharmacie, du 13 mai 14856 au 10 mai 1857. In-8°. Tours. — Annales de la Société d'Agriculture , Sciences, Arts etBelles-Lettres, tome xxxvinr, 1857. In-8°. Tours. — Recueil des travaux de la Société médicale d’Indre- et-Loire, année 1855-56. In-8°. Troyes. — Mémoires de la Société d'Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-Lettres du département de l’Aube , 2° série, t. vur, 4857. In-8°, fig. Turin. — Annali della R. Accademia d’Agricoltura di Torino, vol. 1, 2 ct 9, 1840, 1842 et 1857. In-8, fig. Vienne. — Jabrbuch der Kaiserlich-Koniglichen geologischen Reichsanstalt, t. vinett. vin, 1° trim. 1856-57. In-4°, fig. Wasmnerox. — Tenth annual report of the board of regents of the Smithsonian Institution , 1856. In-8°, fig. WasmnGron. — Smithsonian contributions to Knowledge, vol. x, 1857. In-4°, fig. WasminGrox. — Report of the superintendent of the coast survey showing the progress of the survey during the year 1853, 1856. In-8°, fig. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 493 Travaux des Membres de l’Académie. BEaupoiz. — Des indications du sulfate de quinine dans cer- taines formes de maladies aiguës. Metz, 1857. In-8°. Boucner DE PERTHES. — Antiquités celtiques et antédiluvien- nes, t. 1. Paris 1857. In-8°, fig. Bouparn. — Numismatique Ibérienne , précédée de Recherches sur l’alphabet et la langue des Ibères, 3, 4 et 5 fas- cicules. Paris , 857. In-4°. BrACHET. — De la Glycogénie hépathique. Lyon, 1856, In-8°. BraceT. — Réflexions sur l’action de l'âme dans les fonctions de l'homme. Lyon, 1858, In-8°. CaTALAN. — Sur un cas particulier de la formule du Binôme. Paris, 1857. In-4°. Cros (Dominique). — Origine des champignons ; la truffe et sa culture. Toulouse, 1858. In-8°. Comses ( Anacharsis). — Notice nécrologique sur Magloire Nayral aîné. Castres, 1858. In-8°. Daçuix. — Traité élémentaire de Physique théorique et expé- rimentale, avec les applications à la météorologie et aux arts industriels, tome second, 2° partie. Tou- louse, 1858. In-8o fig. DessaLes. — Histoire du Bugue. Périgueux, 1858. In-8o, fig. Duraur , V'° de Pibrac. — Mémoire sur les ruines gallo-romai- nes de Verdes. Orléans, 1857. In-8°, fig. GassiEes. — Description de coquilles terrestres et fluviatiles re- cueillies à la Nouvelle Calédonie. Paris, 1858. In-8°, figures. Giraun-TeuLox. — Principes de Mécanique animale , ou étude de la locomotion chez l’homme et les animaux vertébrés. Paris, 1858, In-8°, fig. 49% MÉMOIRES Joux. — Essai de réponse à ces trois questions : 1° L’acclima- tation, la culture et la domestication de nouvelles espèces , soit animales , soit végétales , sont-elles pos- sibles? 2° Sont-elles utiles? 3° Sont-elles nécessaires ? Toulouse , 1858. In-8°. Jouy. — Sur les métamorphoses des crustacés décapodes (lettre adressée à l’Institut , séance du 19 avril 1858 ). Tou- louse, 1858. In-8°. Jouy. — Sur l'hypermétamorphose des strepsiptères et des æs- trides. Paris, 1858. In-k°. Jocy. — Rapport fait au nom d'une Commission chargée d'examiner les propositions faites par M. Joly, ten- dant à ce que la Société d'Agriculture de la Haute- Garonne se fasse affilier à la Société d’Acclimatation, Toulouse, 4857. In-8°. Jouy. — Note sur le soufrage appliqué aux vers à soie atteints de gattine et de muscardine. Toulouse , 1858. In-8°. Lagar. — Les concerts ou solennités musicales à toutes les épo- ques caractéristiques de l'art. In-8°. Lagar. — La Chapelie de Notre-Dame de Beauville et une an- cienne mélodie. In-8°. Larermière. Histoire du Droit français , précédée d’une intro- duction sur le Droit civil de Rome, t. v et vi, Paris, 1858. In-8°. Lacrëze-Fossar. — Note sur une tortue fossile trouvée à Mois- sac, et sur la constitution et l’âge des terrains ter- tiaires des environs de cette ville. Bordeaux , 1858. In-8°. Lacrëze-Fossar. — La folle avoine. In-8°. Larrey (B°). — Rapport sur l’état sanitaire du camp de Chà- lons , sur le service de santé de la garde impériale et sur l'hygiène des camps ; adressé à S. E. le Maréchal ministre de la guerre ; Paris, 1858. In-8°. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 495 LarTer. — Sur les migrations anciennes des mammiferes de l'époque actuelle. Paris, 1858. In-4°. De Lox6periEr. — Dissertation sur quelques monnaies épisco- pales de Strasbourg ct de Constance. Paris, 1857. In-8°, fig. De LoxGpertER. — Médaillon inédit de Grazia Nazi. Paris, 1858. In-8°, fig. De Loxérerier. — Notice sur cent deniers de Pepin , de Car- loman et de Charlemagne , trouvés près d’Imply, en Nivernais. Paris, 1858. In-8°, fig. De LoxGPertER. — Rapport à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, au nom de la Commission des Anti- quités de la France. MerGe. — Colonie de l’Aude dans l'Afrique francaise. Ville- franche, 1856. In-8°. MuxarerT. — Lettre sur l’hippophagie. Lyon , 1858. In-8°. DE Remcsar (Paul). — Les sciences naturelles. Paris, 1857. Grand in-15. ROUMEGUÈRE. — Essai d'interprétation des contre-marques existantes sur des médailles romaines trouvées à : Toulouse. Toulouse , 1858. In-8°. ROUMEGUËRE. — Description des médailles grecques et latines du Musée de la ville de Toulouse, précédée d’une in- troduction à l'étude des médailles antiques. Toulouse, 1858. In-18. DE Sar-Fecix, marquis de Mauremont. — Architecture ru- rale théorique et pratique à l'usage des propriétaires et des ouvriers de la campagne. 3° édition. Toulouse, 1858. In-4°, fig. Viry et Esquié. — Mémoire et Observations à l’appui des pro- positions présentées par MM. Malvezin et C°, pour l'exécution des projets rédigés par MM. Vitry et Es- quié, architectes, relativement à l'achèvement du Capitole et à la construction d’un théâtre définitif. Toulouse , 1858. In-8°, fig. 496 MÉMOIRES Ouvrages divers. D'ALDÉGUIER. — Compte rendu du concours général de l'Ecole des Beaux-Arts et des Sciences industrielles, année 1858. Toulouse, 1858. In-8°. AUBERT. — Beiträge zur lateinischen grammatik, 1. Chris- tiania, 1856. In-8°. Azaïs père. — Dieu, l’homme et la parole, ou la langue pri- mitive. Béziers, 1853. In-8°. Baccr. — Sulla ragione e sullo intelletto, lettera del Miran- dolese D. Bacci. Venezia, 1854. In-8°. Baccr. — Sugli offici di Cicerone, lezione d’introduzione al Corso di Morale, per Francesco Bouillier, tradotta dal francese da Bacci. Modena, 1855. In-8°. Baccr. — Sulla natura ce sull’ officio dello ideale relativamenti alle Lettere e alle Belle Arti. Venezia, 1856. In-8°. Bacci. — Sui sogni ce sul sonambulismo ; pensieri fisiologico- metafisici. Venezia, 1857. In-8°. Batimroz. — Choix d'expressions latines, avec notes explica- tives pour l'intelligence des auteurs latins. Toulouse, 1858. In-8°. Binaur. — De la santé et du bonheur; petit cadeau à des amis. Paris, 1858. In-32. Boeck. -— Klinik over Hudsygdommene og de syphilitiske syg- domme i 1852. Christiania. In-12. Bock. — Syphilisationen studeret ved Sygesengen. Christia- nia, 1854. In-8°, fig. Casrorani. — Fixateur de l'œil, présenté à l’Académie des Sciences. Paris, 1856. In-8°, fig. CasTrorani. — Mémoire sur les causes de la cataracte lenticu- laire. Paris, 1857. In-8°. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. 497 Cnacaxne.— Lettres numismatiques, ou description de quelques monnaies trouvées dans le midi de la France. In-8°, fig. CuasTan. — Chansons, Satires nouvelles et Poésies en patois valréassien. Valréas, 1858. In-8°. CLemens. — The English primer , ou premier livre de lecture anglaise. Rodez, 1852. In-18. CLemexs. — Etymologies anglaises du patois de Rodez. Rodez, 1858. In-8°. Cos (J.-A.). — De l'influence de la lune sur la menstruation. Bruxelles, 1858. In-8°. Coreer. — Revue de l'Art chrétien. Recueil mensuel d’Archéo- logie religieuse. Paris, 1858. In-8°, fig. Doré fils. — Leçons de Chimie élémentaire appliquée aux arts industrieis ; 3° partie. Paris, 1857.In-8°, fig. Drouyx (Léo). — Croix de procession , de cimetières et de car- refours. Bordeaux, 1858. In-ol., fig. EicerT Suxpr. — Om Sœdcligheds. Cilftanden i Norge. Chris- tiania, 1857. In-8°, fig. EicerT Suxor. — Om Giftermaal i Norge. Christiania, 1857. in-8°. Fier. — Discours prononcé le 12 juillet 1858, au banquet pour l'installation du Cercle de la presse scicntifique. Paris, 1858. In-8°. ; Fourquer. — Notice sur les eaux sulfureuses et l'établissement de Cadéac (Hautes-Pyrénées ). Toulouse, 1857. In-8°. GLorsexer. — Télégraphe à aiguille perfectionné. Liége. In-8°, fig. Gore (Arthur). — Mein Leben und Wirken in Ungarn in den Jahren 1848 un 1849, 2 Band in-8. Leipzig, 1852. Guigr. — Première Lettre géologique adressée à l’Académie des Sciences et aux principales Sociétés savantes. Mamers, 1857. In-8°. 4:98 MÉMOIRES Hogvwrrr |Jacobi-Henrici). — Octaviæ querela carmen, cuius auctori Joanni van Leeuwen e vico zegwaart, etc. Aumstelodami. 1857. In-8°. Hocwsor. — Norsk og Keltisk om det norske og de Keltiske sprogs indbyrdes laan. Christiania , 1854. In-4°. Horsye. — Observation sur les phénomènes d'érosion en Nor- wége. Chrisliania, 1857. In-4°, fig. Hupaun. — Examen critique d’un opuscule intitulé : Quelques recherches sur les débuts de l'imprimerie à Toulouse, par M. Desbarreaux-Bernard. Marseille, 1858. In-8°. Humpary Davy. — Six Discourses delivered before the royal Sociéti at their anniversary meetings, on the award of the royal and Copley medals. Londres , 1857. JouGLar. — Monographie de l’abbaye de Grand-Selve. Toulouse, 1857. In-4°, fig. Jourpaix (Charles). Un ouvrage inédit de Gilles de Rome, pré- cepteur de Philippe-le-Bel, en faveur de la papauté. Paris, 1858. In-8°. Kieruze. — Besvarelse af den af det akademiske collegium d. 23 de mai 1854, fremsatte Prisopgave, n° 6. ” At underkaste de forskjellige Theorier, etc. Christiania. In-8°. Küaxnorz. — Analyse du Rapport de M. le Baron H. Larrey sur l’elephantiasis du scrotum. Montpellier , 1857. In-8°. LarrorGue. — Les Archives de la Gascogne. Auch, 1857. In-8°. Lanpais. — Application de la chaux et de la potasse à l’annu- lation des gaz délétères qui se produisent dans les mines de houille. Paris, 1857. In-8°. Lexror Voss. — Inversio vesicæ urinariæ og luxationes femo- rum congenilæ hos samme individ, Christiania, 1857. In-4°, fig. DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. Lk99 Le Pexnec. — La vraie Danaïde, motrice aérienne. Château- roux , 1858. In-4°, fig. Lepcay. — Culture du Sorgho sucré comme plante industrielle et comme plante fourragère , suivie d’études chimi- ques sur cette plante. Toulouse, 1858. In-8°. Mincaur. — Examen d’un minerai qui présente tous les carac- tères de l’allophane. Montpellier. In-8°. Pexox. — Description de quelques médailles byzantines. Bruxel- les. In-8°, fig. Poux. — Cours pratique de langue française. Cambrai, 1857. In-18. De PLaxer. — La vérité sur les machines à battre, à vapeur et à manége. Toulouse, 1858. In-18. Marrix-Pascmoun. — Le Disciple de Jésus-Christ ; Recueil men- suel (Janvier 1858.). Paris, 1858. In-8°. Micaés. — Du pronostic de l’épilepsie et du traitement de cette maladie par le valérianate d’atropine. Paris, 1858. In-8°. Mizcer Saint-Pierre. — Quelques chiquenaudes. Hâvre, 1857. In-8°. Normax. — Quelques observations de morphologie végétale faites au Jardin botanique de Christiania. Christiania, 1857. In-b, fig. Paris. — Revue des Sociétés savantes, publiée sous les auspices du Ministre de l'Instruction publique, t. 1v, 1858. In-8°. Paris. — Journal des Savants , année 1858. In-4°. Paris. — Annales de Chimie et de Physique, t. ir et Lu. 1858. In-8°, fig. Paris. — Revue archéologique, 15° année, 1858. In-8°, fig. Paris. — Description des machines et procédés consignés dans les brevets d'invention dont la durée est expirée, et dans ceux dont la déchéance a été prononcée , tome Lxxx VI. 1857. In-4°, fig. 500 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. Paris. — Description des machines ct procédés pour lesquels des brevets d'invention ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1844, €. XxV, XXVI, XXVII, XXVHI. 1857. In-8°, fig. Paris. — Table générale des vingt premiers volumes de la des- criplion des brevets d'invention pris sous le régime de la loi de 18%4. 1856. In-4°. Paris. — Catalogue des brevets d'invention pris du 1° janvier au 31 décembre 4856, et du 1° janvier au 31 dé- cembre 1857. 1857-58. In-8°. Paris. — Annuaire pour l’an 1858, publié par le Bureau des Longitudes. In-32. Paris. — Journal de la Morale chrétienne, t. vir, n° 5, 6;t.8, n° {. In-8°. Renan. — Jeanne d'Arc était-clle française? Paris, 1857. In-8°. Rey. — Galerie biographique des personnages célèbres de Tarn- et-Garonne. Montauban. In-8°, fig. Roussizme. — Note sur un perfectionnement de mon électro- moteur, sur un nouveau genre de barrage et sur une nouvelle vanne. Castelnaudary, 1857. In-8°, fig. Sars. — Bidrag til kundskaben om Middelhaveis littoral-fauna; Reisebemarkninger fra ltalien. Srreker. — Das chemische Laboratorium der universitat Chris- tiania und die darin ausgeführten chemischen Unter- suchungen. Christiania, 1854. In-k°, fig. Toucouse. — Journal de Médecine, Chirurgie et Pharmacie, t. ur, 9° série. 1858. In-8°. TouLouse. — Journal des Vétérinaires du Midi, t. x1, année 1858. In-8°. TouLouse. — Rapport du Conseil central d'hygiène et de salu- brité à M. le Préfet de la Haute-Garonne, sur les vac- cinations pratiquées par les Médecins cantonaux pen- dant l’année 1857. In-8°. 501 nr ERRATA. Page 106, ligne 11. L'inscription hébraïque doit être figurée ainsi : 2p re M7 72927 nov SN" 32 jn3 Après un mûr examen du monument, on lit peut-être avec plus d'exactitude : Zrdicalion ou marque de la tombe de l'honorable Don Vidal Sylvah (ou Schlomo), et alors les observations linguis- tiques de ce paragraphe n'ont plus la même raison d'être. Page 107, ligne 16 et suiv., lisez : AanD2 52 0Y2 NT UN ADN NT 117 NATIAT WOY INNDD 717 NON TANT IPN ADNI2 921 10037 ADD) NN D wa Ov 02 à on na Page 108, ligne G : M. Oury, ajoutez : Rabbin de Toulouse. Même page, ligne 10 : «David est caché par moi (la tombe) ou avec son épouse.» Le mot épouse serait exprimé en chaldéen ; d’après cette leçon ; et alors il faudrait supprimer le mot enseveli, et lire : « Deux jours après la mort de sa génisse, il suivit la même voie. n Même page, ligne 27. Voici la copie la plus exacte de ce monument : 257 p AD "2 OT NT 9 Ton NIW2 N FNNN3IO 503 TABLE DES MATIÈRES. Mathématiques pures. MM. Pages. Brassinxe. — Nouvelle Méthode pour démontrer l'existence du sys- tème conjugué rectangulaire , dans les surfaces du second mr sssbéneoscnddooséscnonooonavénoeseccoco ZE IL BRAssiNxE. — Propositions de géométrie démontrées au moyen de la statique... en eo eee cesse cesse... 144, 440 Mouns. — De quelques équations différentielles linéaires du second ordre, auxquelles on satisfait par une fonction entière de la variable indépendante composée d’un nombre fini de ter- MICS Re eee cc-cese-cReel-errcedlens-e----c 072100 Mouxs. — Recherche d’une fonction rationnelle et entière de æ qui es LA AETE 2 me : CET Lu, satisfasse à l'équation différentielle == Bret 0049 Mathématiques appliquées. Assior. — Modification à introduire dans la construction de la boussole sie same ossenetees din nest ste st 402 Bax. — Epreuves de dessin obtenues par un procédé dit herbori- graphie ou foliographie.........s.sssss ses sesesss..e 468 CAvAYÉ. — Appareil dit protecteur des baigneurs....... 437, 448, 465 CnALAMEL. — Croiseur pour filatures de cocons......... 448, 459, 465 Cros. — Rapport de la Commission des médailles d'encouragement (classe des Sciences)........................320, 466, 467 Cuno:— Machmetatcalculer se ee EN 119 264 Gasceau. — Note sur la ligne que parcourt le sommet de la tige du piston d’une machine à vapeur, dirigé par le parallélogramme arliculéde Walter. AR GirauD-TEuLox. — Traité de mécanique animale ( Rapport de MP \Brassinne)etereneecneetimene eee -ccnesccckec-toUl, 402 50% TABLE DES MATIÈRES. MM. Pages. Guisaz. — Emploi de l’eau comme organe de transmission et de modification de mouvement à de grandes distances........ 44 LisszLonn. — Appareil pour démontrer l'égalité de pression de haut en bas dans un vase rempli d’eau...................... 436 Marmeu. — Procédé pour prévenir le déraillement et la rencontre Je IUCOMOIVES. 2 2---erecemes-scmovsessses cesse AO Roussizue. — Note sur un électro-moteur perfectionné et sur un nouveau genre de barrage et de vannes.................. 458 Sawr-Guiznem. — Mémoire sur l'établissement des arches de pont, assujetties aux conditions du maximum de stabilité. ... 213, 452 Sourira. — Nouveau système de transformation de mouvement al- ternatif continu en mouvement de rotation continu........ 460 Physique et Astronomie. Daçuix. — Essai sur la grêle. ......ssssseesess ses seseosesee AO Dacuix. — Mémoire sur les foudres progressives , et particulière- ment sur les foudres ascendantes....................... 479 DuraxD. — Guérison de la vigne au moyen de l’électricité........ 445 * Laroque. — Rapport sur le concours de 1858........... 325, 460, 466 Resozo. — Applications de l'électricité à la médecine pratique... . - 449 Chimie. Don fils. — Traité de chimie élémentaire ( Rapport de M. Filhol). 404 Ficuoz. — Recherches sur les matières colorantes végétales. ..... 445 Her. — Etudes sur les principales sources d'eaux minérales de France, d'Angleterre et d'Allemagne (Rapport de M. Filhol). 454 Laroque. — De la formation de l’oxyde de fer magnétique par l’ac- tion des dissolutions salines, notamment de l'urine sur le RE TE UE ec LE LUC ci Lercay. — Distillation du sorgho........................ 449, 464 Macwes-Lauexs. — Recherches sur le glucose.........,......... 480 Mixcaun. — Examen d’un minerai qui présente tous les caractères de l’allophane. — Essai sur la constitution chimique de l'air atmosphérique, «..e..esessssosessonsesseseseseneeseee 46% TABLE DES MATIÈRES, 505 Médecine et Chirurgie. MM. Pages. CLos. — Influence de la lune sur la menstruation............... 419 Gaussaiz. — Etudes sur François Bayle....................... Lavocar. — Considérations générales sûr les principes d'anatomie philosophique, applicables aux études de myologie com- PATÉC CE Rein siusaicriee e Sjeuibies sais quoi e 100, Marrin-Ducraux. — Histoire de la pellagre..........,.......... Histoire naturelle. Cros. — Du Tractatus de plantis, de François Bayle...... 159, CLos. — Pourret et son histoire des Cistes. ............... 244 Crivezi. — Crustacé branchiopode (Isaura Ticinensis)..... .... Desars. — Fossiles d’animaux.................,.. ss... DoumEercue. — Porc monstrueux. ........ sc... 440, Joy. — Communication relative au Gorille Gina............... Jouy. — Considérations sur le venin de la vipère.. Jozx.— Etablissement d’un nouveau genre tératologique pour le- quel l’auteur propose le nom de Rhinodyme. ........ 137, Jouy. — Mémoire sur l’acclimatation de nouvelles espèces de plan- SEL dAnMAUx nee... ses -e ADS A0, Jouy. — Métamorphoses chez les crustacés décapodes....., 449, Joy. — Sur une nouvelle espèce d'hæmatozoaire du genre Filaria ( Filaria cordis phocæ N. Joly), trouvée dans le cœur d’un PROMESSE SSSR CAUSE ER RR A NNIAU CATAN MeE JODVA NV CLS AS OIE sers oran Le Pete beats rie tte de MOINS 7777 ? Lacrèze-Fossar. — Note sur deux fruits exotiques , trouvés dans Je tube/digestif d’une chèvre... 0.2. 507, Manceau. — Fossiles et minerais.................... 447, 459, Mizcon. — Observations sur le Rhus Toxicodendrum ou Sumac VÉDÉRIOUE, ess reesmce creme ess MAI UT, Nouer. — De l’âge géologique de la formation lacustre de Narbonne etde Sigean| (Aide). nee re. . 412, Nouzer. — Note sur une mandibule de Mastodonte à dents étroites ( Mastodon angustidens ).........,............ ss... Remusar (nr). — Les sciences naturelles ( Rapport de M. Joly)... > ‘ 472 458 467 506 TABLE DES MATIÈRES. MM. Pages. RouweGuène. — Des anomalies des mollusques et en particulier des anomalies observées chez les mollusques des environs de ROUIOUSE. nr au nee MER ete see 2 ejoiees 0/0 » 0e cons cs AA RoumeGuère. — Description de la Paludine de Moquin....... 410, 448 RoOUMEGUÈRE. — Fragment d’une monographie du genre Murex. ... 442 RouweGuÈre. — Note sur une nouvelle espèce de lichen (Usnea DARICORORONIE ) Ress enenmmeno ane ses ce ER. 65 SAINT-SIMox (DE). — Miscellanées malacologiques................ 419 Timsaz-LaGrave.— De la grappe bicorymbifère dans le genre Jberis, considérée comme caractère spécifique... .....ss.cesces. 124 Timsaz-Lacrave. — Echantillon d’une hybride d’Orchis (0. Simio ATEN RU El) es rene crmeece ven ne cadets AUD Tiaz-Lacrave. — De l’hybridité dans le genre Viola... ........ 294 TimBaz-LAGRAvE, — Mémoire sur les Erodium petræum Wild., cris- pum Lap. lucidum Lap., macradenum l'Herb. ............ 1 Timvaz-Lacrave. — Opinion de Villars sur les plantes hybrides, d'après sa correspondance avec Lapeyrouse. ......... 425, 476 Timsaz-LaGrave. — Quelques observations de morphologie végétale. 482 Vozraire-LAsBAREILLES. — Tronc d'arbre fossile... .............. 447 Inscriptions et Belles-Lettres. AsrRe. — Considérations historiques sur l’épiscopat Toulousain (GSpATNe) Reese en eee-e-chLrerce- cor Lec-ciii0 AsTre. — Etudes sur les comparaisons employées par Dante dans laDivme Comedie. ste: -cerereeees 200, 440 Asrre. — Notice sur l'institution Smithsonienne aux Etats-Unis... 443 Barry. — Poids inscrits du midi de la France...... 444, 446, 452, 476 Barry. — Principes d’épigraphie locale. ...................... 459 Barry. — Rapport de la Commission des médailles d’encourage- ment ( classe des Inscriptions et Belles Lettres ).. 356, 466, 467 Barirroz. — Choix d'expressions latines. ...................... 487 CassassoLes. — De l’augment, ou gain de survie, selon la cou- ture de Lomagne ects te MINE RMS Re se 7440, 400 Caze. — Quelques aperçus historiques sur les Etats du Langue- ocre décret NN RER AS 0182260 Costes. — Objets d’archéologie........,................. 448, 465 Dusor. — Mémoire sur un passage de Virgile................... 405 TABLE DES MATIÈRES. 507 MM. Pages. Ducos.— Note sur diverses chroniques relatives à la croisade contre IERIRÉTÉTIQUES ADISES ee. eee cse des credo es Duraur DE Pisrac. — Mémoire sur les ruines de Verdes........., Drouyx. — Croix de procession, de cimetières et de carrefours Gannort'de Melanie ee 5 Mec no Du Mèce. — Notes sur les objets antiques ou du moyen âge, décou- verts pendant les fouilles opérées pour l'établissement d’un chemin de fer de Bordeaux à Cette. { Voy. l'Errata, p. 501.) Fizuoz. — Discours d'ouverture de la séance publique du 50 mai ADD EP ss cms names esse seceesc ice. JU Fons. — Etudes historiques sur l’ancien cadastre de la ville de Mu- ret, en 1669, et sur l’abbaye royale de l'Oraison-Dieu-les- ALES enorme. severe doc AA GATIEN-ARNOULT. — Explication d’une expression de Lucain et de la doctrine druidique sur les destinées de l’'homme...... 148, Guimaz. — Notice biographique sur Lambert-François-Thérèse Cammas , peintre-ingénieur-architecte.............. 592, Guitar. — Médailles antiques............,..,.,,,,...... 448, Hanec. — Théocrite. Idylles mimiques.................... 575, JacQuEMIX. — Détails curieux et inédits sur l'entrée du chevalier de EURE ds ATIES ST RE. JUL copnt si NV Lamsour. — Méthode de lecture à haute voix............... 440, Laney. — Notice historique sur les travaux et le mouvement de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, depuis l’année 4846 jusqu’à ce jour... ...... 68, / LoxGrerienr (ne). — Dissertations sur quelques monnaies épiscopales de Strasbourg et de Constance ( Rapport de M. Barry ). Lourers. — Patères antiques trouvées à Toulouse.............. Maxceau. — Mémoire concernant le procès de Mme Lafarge... .... Merce. — Collection de médailles découvertes en Afrique et projet HP COIOMISANONs ser scene ee AL 444, NHNISTRE DE L’InsrRucTION PUBLIQUE. — Circulaire relative au Comité des travaux historiques et des Sociétés savantes. .......... PExox. — Description de quelques médailles byzantines..... 447, REcTEUR DE L'ACADÉMIE. — Topographie des Gaules jusqu’au ve siècle. Rey. — Biographie des hommes célèbres de Tarn-et-Garonne. 452 +) RoumecuÈre. — Découverte de mosaïques antiques. ......... 481, / RouxeGuÈRE. — Découverte d’une constrnction romaine à Vieille- DOUDOUS RER de ee a» su ee UE AU. 444, RouMEGuÈRE. — Description des médailles grecques et latines du Musce de ve de TOUS RP ER er ARS 458 447 CS D a à LL © PSS CS LS] D © © 19 19 508 TABLE DES MATIÈRES. MM. Pages. Roumecuère. — Inscription placée sur la tombe du bibliophile Mac-Carthy Reagh..... Eee ee RARES CON ON CE 7 AL Roumecuère. — Mémoire sur les contre-marques que portent les médailles romaines...... Mec - ce ccuelns-LEC . À58, 468 Rouwecuère. — Note sur la découverte à Toulouse d’un vase de terre, renfermant des médailles latines de l'empereur Probus, et description de ces médailles... De ae » cie cop cie na Te EU Rouwecuère. — Note sur l’histoire du commerce de Toulouse..... 32 Sauvace. — Nouvelle explication d’un passage de l'Epitre aux DONS Se Me UT TE NAS CARNET A e € à ue + 2 se DNS p ART Viry. — Plans de monuments religieux de la Catalogne et du Foussilon.