vu st s.q^^ s MlMM MEMOIRES DE LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE (itt$* TOME PREMIER. F^ PARTIE. V: ■. -. ,, i ':-/■•■ <\>^ CHEZ LES ÉBITECRS DU DICTIONNAIRE CI,ASSIQOB b'hISTOIBE NATU»EI.1.E, BAUDOUIN FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS, RUE DE VAUGIRARD , N^ 36, REY ET GRAVIER, QUAI DES AUGUSTINS, N° 55. 1823. IMPAIHERIE DE J. XASTU, RVS, DE VAVCIItAHD, H^ 36. n' Ç-Qi^. MÉMOIRES '^-uii. Rivero. Chabricr. Gaimard. BonsdorfF. Dumas. SchmiU. Norden-Skiolc. Résidcntr. Philadelphie. Saint-Sever. Nice. Londres. Strasbourg. Brurères. Montpellier. Bruyères. Toulon. Moscou. Sctio. Caen. H. Terasson. Quimper. Santa-Fé de Bogota. Conflans. Toulon. Abo. Genève. Nyraphenbourg. Stockholm. Résidence. ChuisT. Genève. Raffeneau Dclile. Montpellier Jacquemin. Arles. Fodéra. Catane. Sicber. Vienne. Dubuisson. Nantes. Omalius d'Hallov. Namur. Bourdet. Genève. Drapiez. Bruxelles. TLore. Dax. Graleloup. De Genille. Id. Valogne.'.. Charpentier. Bei. Pfeiffcr. * Cassel. Grewillo. Edimbourg Amotl. Id. De CandoUc. Genève. Piet. Noirmoulicr Impost. Id. Hcusinger. Jcna. Wmlik. Amsterdam. At'ardh. Lund. SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS. PROGRAMME PRIX PROPOSÉS POUR L'ANNÉE 4824. [■'mm) Un anonyme ayant adressé à la Société d'histoire naturelle de Paris une somme de huit cents Jrancs , destinée à fonder deux prix égaux dont il a indiqué les sujets , et qui devront être décernés, s'il y a lieu , en 1824; la Société, après avoir entendu le rapport de la Commission qu'elle a chargée d'examiner cette proposition , a accepté la donation dont elle est l'objet, aux conditions mises par le donateur, et a admis le programme des prix tel qu'il l'a rédigé. PREMIER SUJET DE PRIX. « Il sera donné, en avril 1824, une médaille d'or de la valeur de )) quatre cents francs à l'auteur du meilleur Mémoire de Géologie » organique sur une partie quelconque de la France. >> On voit qu'il est nécessaire que ce soit un espace plus ou moins étendu , dont le terrain renferme des débris organiques animaux ou végétaux , et qu'on devra faire connaître , non-seulement les roches et minéraux qui le composent, leur ordre de superposition, etc., mais encore donner la détermination précise et comparée des débris orga- niques renfermés dans ses couches. // îj PROGRAMME DES PRIX. SECOND SUJET DE PRIX. « Une médaille d'or de la valeur de quatre cents francs sera remise, » en avril 1824 , à l'autem- du meilleur Mémoire sur le sujet suivant : » Déterminer , par l'examen des corps organisés fossiles , et par tous » les moyens chimiques, les diflërences des houilles et des lignites, et » celles des terrains houillers et des terrains de lignites , en faisant )) connaître avec précision les lieux d'où proviendront les substances » analysées ou décrites. » La Société pense que les personnes qui voudraient diriger leurs re- cherches sur ce sujet, pourraient le considérer de la manière suivante : § J . Sous le point de vue chimique. Prendre , dans des terrains bien généralement et bien évidemment reconnus pour terrains de houille ancienne (i) (c'est-à-dire, présentant la réunion de circonstances telles que celles-ci : d'être de la houille inférieure au grès bigarré, de la houille accompagnée de feuilles de fougères sans coquilles, de la houille grasse ou maigre, mais non à l'état d'anthracite , etc.) , des échantillons nombreux , provenant de la masse même des couches exploitées, et les examiner chimiquement pour en faire ressortir les caractères essentiels. Prendre , dans des terrains bien généralement recoimns pour être des lignites ( par l'existence de plusieurs circonstances , telles que la position au-dessus du calcaire du Jura ou de la craie ; la pré- sence de parties à structure ligneuse , accompagnant la masse ; l'absence des feuilles de fougères; la présence des feuilles d'arbres ou celle de quelques coquilles , etc. ) , des échantillons nombreux , choisis surtout parmi ceux qui , par leur aspect cxtérii.-ur, ressemblent le plus à la houille. Les examiner chimiquement pour en faire ressortir la composition et les caractères, par opposition avec ceux de la houille. (1) Comme les houilles de St -Etienne , d'Anzin , de Ncwcastle , etc. PROGRAMME DES PRIX. iij On pourrait examiner , dans le même but , des échantillons de houille ou de lignite moins bien caractérises ; mais si l'on se livre à ce travail ( ce qui n'est point de rigueur), il faudra soigneusement dis- tinguer ces analyses des précédentes. § II. Sous le point de vue des corps organisés fossiles. Choisir , autant qu'il sera possible , lés mêmes mines , soit de houille , soit de lignite , qui auront fourni les échantillons examinés chimi- quement , pour donner une e'numération raisonnée , avec des rappro- chemens aux corps organisés actuellement vivans : 1°. Des genres de végétaux et de leurs principales espèces , observés dans l'ensemble de ces mines choisies dans chacun de ces terrains , pour en conclure quels sont les genres et les espèces pai-ticuliers à chacun d'eux, et ceux qui leur sont communs. 2". Des coquilles etautres débris animaux, considérés sous les mêmes rapports. On pourra se contenter de nommer , avec citation critique de la description et de la figure , les espèces végétales et animales déjà observées par les naturalistes ; mais on devra faire connaître , par des descriptions et des dessins, celles qu'on jugera caractéristiques, et qui n'auront pas encore été figurées. On voit que cette question est double , et qu'il est possible que la même personne ne puisse pas en résoudre les deux parties. Dans le cas ou il n'y aurait qu'une personne en nom , le prix total lui serait adjugé. Dans le cas où un Mémoire , renfei-mant les deux solu- tions, serait en nom collectif , le prix total serait adjugé aux auteurs du Mémoire , si la Société trouvait que les deux questions aient été également bien résolues. S'il n'y en avait qu'une des deux qui fût satis- faisante , on n'adjugerait que la moitié du prix aux auteurs. Si l'une des deux questions seulement était traitée , mais qu'elle le fût convenablement et complètement, la Société adjugerait la moitié du prix à l'auteur de ce Mémoire , et l'autre moitié appar- iv PROGRAMME DES PRIX. tiendrait à l'auteur qui aurait également bien résolu la seconde question. En présentant ce sujet complexe , le fondateur du prix et la So- ciété ne se dissimulent pas qu'ils offrent une apparence de travail considérable ; cependant on doit remarquer que la partie cliimique n'a pas l'étendue de détails qu'elle semble présenter , et qu'il n'est pas nécessaire de donner une analyse complète d'un grand nombre d'échan- tillons de houille et de lignite ; mais qu'on doit trouver , s'il est pos- sible , des caractères chimiques distinctijs de ces deux combustiJiles fossiles , ou prouver qu'il n'y en a aucun qui soit général. La deuxième partie exige beaucoup plus de travaux de détails : aussi la Société pense-t-elle , que si l'on enti'eprend seulement de la résoudre , il sera convenable d'étendre , autant qu'on le pourra , ce qui est relatif à la géologie, en faisant connaître si les débris organiques , renfei'més dans les terrains de houille et de lignite , indiquent pour chacun d'eux des époques de formations différentes. Conditions générales. Les membres honoraires de la Société d'iiistoire naturelle de Paris , parmi lesquels seront choisis les juges du concours , sont seuls exclus d'y prendre part. Les Mémoires , portant une épigraphe , ou devise , qui sera répétée avec les noms , prénoms , qualités et demeures de l'auteur ou des auteurs , dans un billet cacheté joint au manuscrit écrit lisiblement en français ou en latin , seront adressés au secrétaire de la Société , rue d'Anjou-Dauphine , n° 6 , avant le i'' janvier 1824- RÉGLEMENS DE LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS, ADOPTÉS DANS I.A SÉANCE DU l6 MARS 182I. TITRE PREMIER. ORGANISATION DE LA SOCIÉTÉ. CHAPITRE PREMIER. Des Travaux de la Société. Art. 1"'. -LiEs sciences dont s'occupe la Société sont : 1°. La Mine'ralogie et la Géologie; a°. La Botanique et la Physique végétale; 5°. La Zoologie, l'Anatomie et la Physiologie comparées. Art. 2. Le but des travaux de la Société n'étant pas seulement de faire des découvertes dans ces diverses sciences, mais encore de mettre ses membres parfaitement au courant de celles qui sont faites par les autres savans , elle chargera des commissaires de lui rendre compte par écrit des Mémoires lus , ou des observations faites dans les diffé- rentes Sociétés savantes de Paris. RÉGLEME.XS Art. 3. Dans cliaque section un membre sera chargé spécialement d'annoncer à la Société les ouvrages nouveaux qui seront publiés soit en France soit dans les pays étrangers. Art. 4. La Société chargera l'un de ses membres de lui faire con- naître par un extrait écrit ce que chacun de ces ouvrages renfemie de nouveau ou d'intéressant. Art. 5. La Société invitera également ses correspondans à lui fair»; comiailre les ouvi'ages nouveaux publiés dans leur pays , ou les Mé- moires lus dans les Sociétés des villes dans lesquelles ils résident. CHAPITRE IL Formalion de la Société. Art. 6. La Société est composée : 1 ° . De Membres ; 2°. D'Associés libres ; 3°. D'Honoraires; 4°. De Correspondans. CHAPITRE III. Des Membres. Art. 7. Le nombre des membres de la Société est fixé h trente qui seront répartis dans les trois sections , de la manière suivante : 1°. Minéralogie et Géologie ^ 2°. Botanique et Physique végétale >2 5°. Zoologie , Anatomie et Physiologie comparées 10 5o Art. 8. Parmi les membres de la section de Minéralogie, il y aura un membre s'occupant spécialement de Chimie analytique , et parmi DE LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE. 3 les membres de la section de Zoologie un membre s'occupant particu- lièrement d'Anatomie et de Physiologie humaine. Art. 9. La Société ne s'oblige pas à compléter le nomb.re de mem- bi'es fîxe's ci-dessus ; il faudra , pour qu'il y ait lieu à nomination , que la Socie'té de'cide aux trois quarts des voix qu'il y a une place vacante dans une section déterminée ; cette décision ne pourra avoir lieu que dans les premières séances de novembre , février , mai et août. Art. 10. Pour être reçu candidat avix places de membres il faudra : 1°. Avoir son domicile à Paris; 2°. Avoir présenté à la Société au moins un Mémoire ou un ou- vrage dont trois commissaires, nommés par la Société , auront fait un rapport favorable ; 3°. Etre soumis à un scrutin d'admission ou de rejet , et réunir au moins les quatre cinquièmes des voix. Art. 1 1 . Pour être admis membre de la Société il faudra : 1°. Avoir été reçu candidat ainsi qu'il a été prescrit ci-dessus; 2°. Réunir la majorité absolue des suffrages. Art. 12. Les membres seront astreints à un travail périodique et à une présence habituelle aux séances. Art. i3. Le travail périodique de chaque membre consistera à lire à son tour des ouvrages de sa composition , des extraits , des traduc- tions, des rapports d'expériences demandées par la Société. Art. i/f. Les membres ne pourront offrir pour lecture périodique que ceux de leurs ouvrages qui n'auront point été imprimés. Art. i5. Les rapports de mémoires de réception et ceux des Sociétés savantes ne seront pas comptés comme lectures périodiques. Art. 16. Lorsqu'un membre ne viendra pas à la séance ou arrivera après la lecture du procès-verbal , il paiera une contribution d'absence. Art. 17. Lorsqu'une maladie ou une absence de Paris forcera un membre de manquer plusieurs séances de suite , il préviendra la So- ciété par une lettre, il annoncera le temps probable de son absence; la réception de cette lettre sera inscrite sur le procès-verbal , et il sera exempt jusqu'au moment de son retour de toute contribution d'absence. 4 RÉGLEMENS Art. i8. Un membre qui s'absenterait de Paris pour aller prendre ailleui-s son domicile et qui désirerait toujours faire partie de la Société, deviendra associé libre. Art. u). Un membre qui aurait passé plus d'un au sans donner de ses nouvelles à la Société , sera censé s'être retiré de son sein , à moins qu'il n'ait été forcé à ce silence par des circonstances impérieuses dont la Société jugera. Art. 20. Les membres jouiront du droit d'être élus aux cliarges d'officiere et généralement à toutes les commissions qui intéressent le régime de la Société. CHAPITRE IV. Des Associés libres. Art. 2 1 . Tout membre qui , n'ayant pas atteint 1 âge de quarante ans, aura pris son domicile hors de Paris et ne pourra pas assister réguliè- rement aux séances, deviendra associé libre. Art. 22. Les associés libres jouiront, pendant leur séjour à Paris, 3 3 — De la queue G Hauteur de l'animal, mesurée au ti^ain de devant « 4 3 — Mesurée au train de derrière 5 » Circonférence du museau , prise aa-déSsotts des yevti. •> 4 » Contour de l'ouverture de la bouche ■> t 2 Distance entre le« naseaux, vers le bas • » îi/2 56 CAPROMYS, NOUVEAU GENRE pieJ. poacei. ligne» Longueur de chaque naseau - » 3 — Entre le bout du nez et l'angle antérieur de l'oeil » i 2 — Entre l'angle postérieur de l'œil et la base de l'oreille » ■ jj Diamètre \ertical de l'œil » • 4 Distance entre les angles antérieurs des yeux, mesurée en suivant la courbure du chanfrein » 1 3 Circonférence de la tête entre les yeux et les oreilles ■ 5 6 Longueur des oreilles ■ » 1 1 Largeur de la base des oreilles, mesurée sur la courbure extérieure. » 1 3 Distance entre les deux oreilles, prise dans le bas •> 1 4 Longueur du cou " 1 •> Circonférence du cou » 5 Circonférence du corps , prise derrière les jambes de devant. ...» 8 4 — Prise devant les jambes de derrière »io 4 Circonférence de la queue à sa base 2 10 — Dans son milieu. . .' » 1 3 — A six lignes avant son extrémité » " 7 '/' Longueur de l'avant-bras depuis le coude jusqu'au poignet. ..... 2 3 Largeur de l'avant-bras au coude •• 1 a Epaisseur au même endroit •. >. G Circonférence du poignet •> 1 »i — Du métacarpe " 110 Longueur depuis le poignet jusqu'au bout des ongles » 1 6 — De la jambe, depuis le genou jusqu'au talon » 3 Largeur du haut de la jambe lit Epaisseur du haut de la jambe ° » » 9 Largeur à l'endroit du talon .> 1 1 Circonférence du métatarse 2 2 Longueur depuis le talon jusqu'au bout des ongles 211 Largeur du pied de devant « » 9 — Du pied de derrière » 1 .. Longueur des plus grands ongles (aux pieds de derrière) ...» 4 Largeur de ces ongles à leur base » •• 1 1/2 Distance de l'anus à la base de la queue » » 9 — De l'anus à la base du fourreau de la verge en avant 1 2 Longueur du fourreau de la verge » • 9 Distance des mamelles de la première paire , entre elles 4 6 — Des mamelles de la seconde paire , entre elles » 5 Distance des mamelles de la première paire à celles de la seconde. .«26 DE L'ORDRE DES RONGEURS! 5; On voit, d'après cette description, que VUtia est un animal dont les formes générales sont celles des Rats proprement dits, si ce n'est que son coips est plus massif, son train de derrière bien plus volimiineux , et que ses jambes sont plus courtes et beau- coup plus grosses. Ses pieds de derrière sont surtout semblables à ceux de la Marmotte, et l'on peut dire qu'il fait le passage de ce dernier animal à ceux qui composent le genre des vrais Rats. Sous ce rapport, je ne balance pas à en former un genre parti- culier, auquel je donne le nom de Capromys , de xa^poç Aper, et fiuç Mus, voulant indiquer, par cette désignation, un certain rapport d'aspect que les poils durs de ce rongeur, sa couleur som- bre, et sa démarche lorsqu'il court, lui donnent avec les Sangliers. Je conviens toutefois que ce genre ne sera suffisamment fonde que lorsque son système dentaire sera connu. J'en ai dédie l'espèce au voyageur zélé qui me l'a fait connaître. Quant aux mœurs des Utias à l'état sauvage , je ne sais autre chose, si ce n'est qu'ils se trouvent dans les bois, qu'ils grimpent très-facilement aux aibres et aux lianes , et qu'ils vivent de végétaux. Dans l'état de domesticité où sont les deux individus que je possède, j'ai fait les remarques suivantes sur leurs mœurs. Leur intelligence me semble aussi développée que celle des Ecureuils et des Rats, et bien supérieure à celle des Lapins et des Cochons d'Inde. Ils ont surtout beaucoup de curiosité. Ils paraissent très-éveillés la nuit , ce qu'indique d'ailleurs la forme de leurs pupilles. Le sens de l'ouïe ne semble pas avoir autant de finesse que dans les Lapins ou les Lièvres. Leurs narines sont toujours en mouvement, surtout lorsqu'ils flairent un nouvel objet. 8 58 CAPROMYS , NOUVEAU GENRE Leur goût parait assez délicat pour qu'ils puissent distinguer et dédaigner les végétaux qu'on leur donne , qui ont été touchés par lies matières animales , pour lesquelles ils ont beaucoup de répugnance. Ils vivent en bonne intelligence entre eux , et dorment irès- rapprochés l'un de l'autre. Lorsqu'ils sont éloignés, ils s'appellent par un petit cri aigu très-peu différent de celui du Rat, et leur voix, lorsqu'ils éprouvent du conlentement, est un léger gro- gnement fort bas. Ils ne se disputent guère que pour la nourri- ture , lorsqu'on leur donne un seul fruit pour eux deux ; alors l'un s'en empare et se sauve avec, jusqu'à ce que son adversaire le lui ait enlevé. Ils font de longues parties de jeux en se tenant debout , à la manière des Kanguroos, appuyés soliilement sur les larges plantes de leurs pieds et sur la base de leur queue, et en se poussant avec les mains , jusqu'à ce que l'un d'eux, trouvant un mur ou un meuble pours'appnver , reprenne de la force et regagne l'avan- tage. Ils ne se mordent jamais. Ils ont beaucoup d'indifférence pour les autres animaux, et ne font même aucune attention aux Chats. Ils aiment à être flattés et surtout grattés sous le menton. Us ne mordent point, mais talent légèrement la peau de ceux qui les caressent avec leurs incisives. Ils ne boivent pas ordinairement, mais cependant je les ai vus (juelqiiefois humer de l'eau, ainsi que le font les Ecureuils. Leur nourriture consiste seulement eu matières végétales , telles que choux, chicorée, raisins, noix, pain, ])ommes, thé bouilli, châ- taignes, carottes, etc. Ils sont peu difficiles sur le choix de ces alimens , mais j'ai remarqué qu'ils ont un goût particuher pour les herbes à saveur forte et pour les plantes aromatiques , telles DE L'ORDRE DES RONGEURS. 59 que l'absinthe, le romarin, les géraniums, la pimprenelle, le ce'leri , la matricaire , etc., etc. Le raisin leur plaît beaucoup, et pour en avoir, ils se hâtaient, cet été, de grimper après une perche assez longue, à l'extrémité de laquelle je plaçais ce fruit. Ils aiment beaucoup le pain trempé dans l'anisette , ou même le vin pur. Leurs excrémens sont des crottes noires allongées, ovales, de consistance semblable à celles des Lapins, mais plus petites. Leur urine, blanche comme l'urine de Lapin, rougit, en séchant, le linge blanc sur lequel elle est répandue , et cette couleur est d'autant plus foncée qu'ils ont fait usage d'alimens plus secs. L'analyse chimique de l'urine d^Utia, faite par M. Lassaigne, préparateur du cours de chimie à l'école vétérinaire d'Alfort , a présenté les principes suivans : 1". De l'urée; 2°. Une huile rougeàtre combinée à la potasse ; 3". Un mucilage animal coloré en brun ; 4°. Du benzoate de potasse ; 5°. Du sulfate de potasse; 6°. Du muriate de potasse ou de soude; 7°. Du carbonate de chaux. Cette sécrétion a la plus grande analogie avec celles du Lapin et du Castor, qui ont été analysées par M. Vauquelin. Cependant elle diffère de l'urine de Castor en ce que cette dernière contient de l'acétate de magnésie en plus. Quant à leur démarche , ce sont des animaux presque absolu- ment plantigrades ; leurs mouvemens sont assez lents, et leur train de derrière est conune embanassé lorsqu'ils marchent, ainsi qu'on le remarque dans l'Ours. 6o CAPROMYS, NOUVEAU GENRE DE RONGEUR. Ils sautent quelquefois eu se reiouinayt brusquement de la lète à la queue, comme le fout les Siu-mulois. Ils courent au galop lorsqu'ils jouent, en faisant beaucoup de bruit avec les plantes des pieds. Lorsqu'ils grimpent, ce qu'ils font avec facilite', ils s'aident de la base de leur queue comme d'un point d'appui, et descen- dent de même : dans certaines positions, sur un bâton par exemple, cette queue leur sert de balancier pour conserver l'équilibre. Dans le repos, ils se mettent souvent aux écoutes, debout, en laissant pendre les mains, ainsi que le font les Lièvres et les Lapins. Enfin , pour manger, ils emploient tantôt les deux mains et tantôt une seule. Ce dernier cas arrive lorsque les corps qu'ils tiennent sont assez petits pour qu'ils puissent les tenir entre leurs- doigts réunis , et le tubercule de la base du pouce. Telles sont les observations que j'ai été h même de faire sur ces rongeurs, aperçus, pour ainsi dire, il y a trois cents ans, et dont l'existence a été tout-à-fait ignorée depuis cette époque. Lorsque l'im des deux individus que je possède sera mort , je ferai connaître son organisation intérieure, et je compléterai ainsi la description de cette espèce intéressante. Explication de la première planche. rig. 1. Capromys de Foumici-, moilié de f;randcur natuTelle. — 2. Le intist-au, vii clr lace, de grandeurnalurelle. — 3. Pied gauche de devant, vu en dessous, idem. — 4- Pied gauche de derrière, vu en dessous, idem. — 5. Organes de la génération et anus, idem. — G. Tronçon de la queue^ grossi pour faire voir la disposition des écailles et des poils qui couvrent cette partie. MÉMOIRE SUR LES GENRES OPHIORHIZA ET MITREOLA, PAR M. ACHILLE RICHARD. ( LU DANS LA SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1822. ) Ayant soumis à une analyse soignée les deux espèces du genre Ophiorhiza , connues sous les noms d^ Ophiorhiza Mungos et <}^ Ophiorhiza Mitreola, je me suis assure' que ces deux plantes constituent non-seulement deux genres dilFe'rens, mais encore que ces genres appartiennent à deux ordres naturels distincts, ainsi que nous allons le démontrer en comparant attentivement les caractères de ces deux plantes. Description de F Ophiorhiza Mungos, L. (PL. IL) La racine est allongée , pivotante , un peu plus renflée que la tige avec laquelle elle se confond insensiblement j elle donne naissance à quelques fibrilles grêles, et se termine en pointe à son extrémité. La tige est dressée, cylindrique, haute d'un pied et plus, di- 62 SUR LES GENRES OPHIORHIZA visée en rameaux opposés, (jiii sont légèrement puhescens (;t comme ferrugineux dans leur partie supérieure. Les feuilles sont opposées, ovales, lancéolées, entières, acu- minées à leur sommet, longues de trois à quatre pouces, larges d'un pouce à un pouce et demi; elles se rétrécissent insensible- ment à leur base en un pétiole d'environ un pouce. Elles sont glabres , molles. Leur face supérieure est d'un vert foncé ,. l'inférieure est beaucoup plus claire, marquée de nervures laté- rales alternes, légèrement ferrugineuses. Entre chafpie paire de feuilles on aperçoit une petite cicatrice transversale, que l'on peut considérer comme la trace de stipules qui seraient très-caduques. Les fleurs sont fort petites, rougeàtres , et forment une espèce de corymbe terminal à la partie supérieure des ramifications de la tige. Les pédoncules sont irrégulièrement rameux et courts. Le calice est presque globideux, entièrement adhérent avec l'ovaire infère ; son limbe offre cinq petites dents aiguës. La corolle est monopétale, régulière, tubuleuse, environ deux fois et demie plus longue que l'ovaire. Elle est un peu renflée dans son tiers inférieur , rétrécie immédiatement au-dessus , et va ensuite en s'évasant légèrement jusqu'à son sommet, qui est quinquedenté , à dents dressées. Sa face interne est hérissée, dans le point de son rétrécissement circulaire, de longs poils laineux. Les étamines, au nombre de cinq, sont insérées immédiatement au-dessous de ce rétrécissement : elles sont incluses dans l'inté- rieur de la corolle , composées d'un filet grêle et glabre et d'une anthère oblongue, presque sagittée, à deux loges qui s'ouvrent longiiudinalement. L'ovaire est infère , presque globuleux , couronné par les cinq dents aiguës tlu lind)e calicinal ; il offre deux loges dans cha- cune desquelles se trouve un trophosperme ovoïde, allongé, pé- ET MITREOLA. 63 dicellé à sa base qui s'insère au fond de la loge , et est recouvert d'un nombre irès-ronsiderable d'ovules fort petits. Le sommet de l'ovaire est garni d'un disque ëpigyne profondément bilobé. Le style est cylindrique , un peu plus court que l'ovaire, bifide à son sommet , chaque division étant glanduleuse sur sa face in- terne, en sorte qu'il existe deux stigmates , ou plutôt un seul stigmate bifide. Après la fécondation , l'ovaire devient lenticulaire, comprimé ; ses deux côtés prennent beaucoup d'extension, et le fruit devient une capsule beaucoup plus large que haute , et qui est comme diptère ; elle offre encore à son sommet les deux lobes du disque et les cinq dents du calice. Cette capsule s'ouvre à sa maturité par son sommet, au moyen d'une fente transversale qui a lieu dans le sens du sinus qui partage le disque. Elle est à deux loges qui sont séparées par ime cloison extrêmement étroite ; les graines sont excessivement petites et nombreuses , attachées à toute la surface des deux trophospermes : elles sont anguleuses, chagri- nées. Leur épispernïe est mince , et recouvre un endosperme blanc et charnu dans l'intérieur duquel est un embryon dicoty- lédoné très-petit. Cette plante croit dans l'Inde. Elle a été trouvée à Amboine , à Java , à Ceylan , et dans d'autres parties de l'Asie. Description de VOphiorliiza Mitreola , L. , ou Mitreola Ophiorhizoïdes , Nob. (PL. III.) Cette plante a le port d'un héliotrope, surtout par rapport à la disposition de ses fleurs. Sa racine est composée d'une touffe de fibres grêles, légère- ment rameuses, d'un brun foncé. 64 SUR LES GE.VRES OPHIOUHIZA Sa tige est simple ,. dressée , cylindrique, glabre, haute d'un pied à un pied et demi ; elle est légèrement anguleuse. Les feuilles sont opposées , sessiles, ovales, oblongues, aiguës, un peu sinueuses sur leurs bords, quelquefois ovales-obtuses, et presque orbiculaires. Les fleurs, fort petites, forment une espèce de cyme terminale composée de ramifications, ilont le sommet est un peu roulé en crosse, comme dans les héliotropes et beaucoup de Borraginées. Les fleurs sont sessiles sur ces ramifications; elles sont unilaté- rales, attachées toutes du côté interne. A la base de chacune d'elles, on trouve une petite bractée linéaire, aiguë et persistante. Dans chaque fleur, le calice est libre , subcampaniforme , à cinq divisions profondes, lancéolées, un peu obtuses, légèrement scabres , colorées vers leur sommet. La corolle est monopétale, régulière, tubuleuse et légèrement renflée dans ses deux tiers inférieurs, divisée supérieurement en cinq segmcns ovales, obtus. Elle donne attache intérieurement à cinq étamines incluses , et à l'ouverture de son tube garnie de poils assez longs. L'ovaire est libre, ovoïde et un peu aminci en pointe vers son sommet ; il offre sur chaque face un sillon longitudinal superfi- ciel, et deux loges qui contiennent chacune un grand nombre de petites graines insérées à deux trophospermes longituilinaux qui sont appliqués sur le milieu de la cloison. Cet ovaire est terminé à son sommet par un seul style court et cylindrique , surmonté d'un stigmate simple très-petit, à peine distinct du sommet du style. Peu à peu la cloison se sépare en deux lames qui s'écartent l'une de l'autre , et il se pratique une sorte de fente qui traverse l'ovaire dans sa partie supérieure, son sommet restant intact. Mai^ J ET MITREOLA. 65 bientôt le sommet lui-même se fend, et chaque moitié emporte avec elle une partie du style. ( Voy. pi. 5, fig. e. f. ) Le fruit est une capsule bifinquée dans sa moitié supérieure ; chacun de ses lobes est pointu h son sommet; elle présente tleux loges séparées par une cloison, sur le milieu fie laquelle régnent, de chaque côté, un trophosperme longitudinal qui se prolonge jusque sur la face interne de chaque lobe de la bifur- cation ( T^oy. fig. h) , et est recouvert d'une grande quantité de graines extrêmement petites. Cette capsule s'ouvre par le moyen de deux petites fentes qui se forment à la partie supérieure et interne de chaqiie lobe. ^T^oy. iig. g.) Cette plante est commune aux deux Amériques. On la trouve à St.-Doniingue, à la Martinique, dans la Caroline inférieure, etc. Nous ferons remarquer en passant que la description que nous venons de tracer de cette plante, et surtout de son pistil, est bien différente de celle donnée par les autres botanistes : on la décrit en général comme offrant deux stigmates ; ce qui n'est vrai dans aucun cas: le style et le stigmate sont simples et indivis. Mais après la fécondation , l'ovaire se fend à son sommet en deux lobes qui entraînent chacun avec eux une partie du style. C'est dans cet état que l'ovaire parait être surmonté par deux stig- mates. Voyez les figures analytiques de cette plante à la fin de ce Mémoire. Pour peu que nous comparions avec quelque attention les ca- ractères offerts par les deux plantes dont, nous venons de donner la description, il sera facile de s'apercevoir qu'elles ne doivent point être rangées dans un même genre. La première ( Ophio- rhiza Mungos , L. ) a un ovaire tout-à-fait infère, à deux loges, contenant chacune un très-grand nombre de graines atta- chées à deux trophospermes allongés et dressés, qui naissent de la 9 66 SUR LES GENRES OPIIIORHIZA partie inférieure de la loge. Dans la secontle, l'ovaire est entiè- rement libre et supère, à deux loges: les ovules qu'il renferiDc sont très-nombreux et attachés à deux iropliospermes longitu- dinaux, qui sont appliqués siu" le milieu de chaque face de la cloison. Le fruit dans VOpInorhiza Miiiigos, L., est une espèce de capsule transversale, aplatie, et comme à deux ailes, couronnée parles cinq petites dents du calice, et s'ouvrant dans sa moitié supérieure par une fente transversale. Dans XOpliiorluza Mi- treola, L. , le fruit est une capside bicorne, et s'ouvre par le moyen de deux petites fentes qui se forment à la partie interne de chacun des deux lobes. Ces caractères sont trop diflérens poiu- ne pas nous autoriser à former de chacune de ces deux piaules le type d'un genre dis- tinct, conservant le nom d'OpHioiunzA pour YOphiorhiza Mangos , et adoptant celui de Mitrtîola pour YOphiorhiza Mitreola. La structure de ces deux genres est tellement ilillérenle , que nous croyons devoir les placer dans deux familles naturelles dis- tinctes. Amsi, rOphiorhiza par son ovaire infère, par sa corolle monopétale régulière, par ses étamines au nombre de cinq, par ses feuilles opposées , nous paraît venir se ranger naturellement dans la famille des Ridîiacées, ainsi que M. Robert Bro^vii Ta déjà indiqué. Il est vrai que ce genre manque de stipules, ou du nionis que nous n'avons pu les observer sur le petit nombre d'échan- tillons de celte plante fort rare que nous avons pu étudier. Mais trop de caractères d'une plus liante importance militent en faveur de ce rapprochement, pour que l'absence des stipules soit sufli- sante pour s'y opposer. D'ailleurs , la famille des Rubiacées , quoique fort naturelle, présente trop d'anomalies sous le rapport ET MITREOLA. 67 (le quelques organes, pour nous laisser arrêter par cette seule considération. Quant au genre Mitreola , il nous paraît bien placé dans la fa- mille des Gentianées. Son ovaire libre , ses trophospermes longi- tudinaux et appliques sur la cloison , sont autant de caractères qu'on 1 eirouve dans plusieurs Gentianées , et qui rapprochent le genre Mitreola des genres Spiegelia et Mitrasacline. Nous allons tracer les caractères distinctifs des deux genres Ophiorhiza et Mitreola. OPHIORHIZA, NOBis. Genus Rubiacearimi. Cafyx turbinatus ciini ovarioinfero cohcerens , quinque- dentatus; corolla tuhulosa subinfundihuUfonnis , quinque- fida. Stamina 5 inclusa. Ovarium hiloculare, disco epigyno bilobo coronatum , loculis polyspermis ; trophospermio cj- iiiidraceo basilari, pedicellato , ovidis numerosissimis et de/isis obtecto ; styliis br-evis, simplex , stigma bifidum. Cap- sula compressa , subdiptera , dentibus calycis discoque co- ronata, bilocularis, polysperma apicetransversim dehiscens. Caulis herbacé us ; fol. opposita; flor. minimi spicato- corymbosi. Species : Ophiorhiza Mungos, L. MITREOLA, NOBIS. Genus Gentianearum. Caljx quitiquepartitus , persistens , inferus : corolla sub- urceolata linibo quinquepartilo ; stamina 5 inclusa. Ova- 68 SUR LF.S GENRES OPHIORHIZA KT MITREOLA. rium superiwi biloculare , locuUs po/ysperniis , ovulis in utroque lociilo trophospermlo cenlrali affixiti. Stylus brevis simplex, stlgnia indivisum. Capsula apice bicornis , rn/i/s dehiscens. CauUs herbaceusyfolki opposita; flores spicato-corymbosi. Species : Mitreola Ophiorihzoidcs, Nob. Ophiorhiza Mitreola , L. Sp. Explicatio tabularuni. Tabula 2. Opliloiliiza nuingos. a. Planta naturali magniludine. h. F/os nat. moî^nit. c. Flos auctu.i. à. CoroUa cxplicata. e. Pistillum. {. Pistillum longitudinalilcr scctum , ut loculi cl tinpliospcnnia vidcaului: g. Fructus auctus. Il . Fructus sectus. i. FrucItLS apice rima Irnnsversali dehiscens. k. Semen auctum. Tab. 3, %. I. Mitreola opliiorlil/iildr». a. Flos auctus. )>. Pistillum cum calycc. c. Pistillum ahstjue calycc. d. Pistillum longitudinalilcr scctum. c. Fructus immaturus. f. g. Fructus matuiiis. h. Fructus longiiudinalitcr sectus. MÉMOIRE SUR LE BRANCHIOBDELLE, NOUVEAU GENRE D'ANNELIDES DE LA FAMILLE DES HIRUDIINÉES; PAR M. AUGUSTE ODIER. (lu A LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE DE PARIS, EN N'OVEMBRE iSig. ) Au mois de juillet 1819 , en faisant avec MM. Adolphe Bron- gniart et Audouin l'anatomie de l'Ecrevisse fluviatile , nous trou- vâmes, sm'les branchies de ce crustacé, un petit animal parasite qui, par sa manière de se mouvoir en fixant alternativement les deux extrémités de son corps, nous parut se rapprocher des Sangsues. Nous cherchâmes à le déterminer dans difïeVens ou- vrages, tels que le Bègfie Aniinal de M. Cuvier, les Animaux sans vertèbres de M. Lamarck , les F'ers intestinaux de Ru- dolphi, eiXa. Liste des aniriiaux parasites z/ivans sur les in- sectes et les crustacés , du même auteur ; mais nous ne pûmes le reconnaîtra dans aucune description. Le sentiment de plusieurs savans distingués, à qui nous le mon- trâmes , nous porta à croire que cet animal était inconnu. Ces considérations m'engagèrent à l'e'tudier avec soin, pour voir si, par sa structure tant «xterne qu'interne, il devait rentrer (lans quelque genre déjà connu ou en constituer un nouveau. •jo SUR LE RRAKCHIOBDELLE, J'avais déjà recueilli quelques f.iits iiileressans sur ce parasite, lorsque je le trouvai figure par M. Latreille, clans VËncjclopc- die niélhodique. Ce savant l'avait tire de Roesel , qui en fait mention à l'article de l'Ecrevisse. Cependant je n'eus point à me repentir de mon travail , puisque Roesel en dit peu de chose et commet à son égard plusieurs erreurs. Je crois donc rendre ser- vice à la science en exposant ce que j'ai observe. Pour l'examen des parties internes , je me suis servi de la dis- section et d'un autre moyen assez simple , qui consiste à compri- mer l'animal entre deiuc plaques de verre, de manière à lui don- ner assez de transparence pour qu'on puisse voir toutes les parties internes. C'est à l'aide de ce procède seul que je suis par- venu à voir les vaisseaux sanguins. Cette annelide ( PI. IV, fi g. 1,2^5), car c'en est véritablement une, est d'un jaune dore'; la longueur de son corps varie à cause de sa contractilite , entre 5 et 1 2 millimètres , et sa largeur entre 1 millimètre et 1 ;. Elle est composée de 17 anneaux, non compris la tète. Celle- ci est oblongue, terminée par deux lèvres {fig- 8, 9, 10 ), dont la supérieure est un peu plus large. Ces lèvres se dilatent en suçoir, pour se fixer à la surface des corps. Je n'ai point vu d'yeux sur la partie antérieure de la tète. Les anneaux du corps sont à peu près de même largeiu- dans toute son étendue , quand il est allongé (//r^. 1 ); mais^^dans l'étal de contraction , ceux du milieu s'élargissent beaucoup , ce qui donne à l'animal la forme d'une poire {fig. 2 ). La longueur des anneaux varie : on en voit alternativement un grand et un petit. Le 11% qui est un grand anneau, donne passage à la verge inférieurement {fi g. 2 1 ). A sa partie postérieure. NOUVEAU GENRE D'ANNELIDES. 7 1 le corps est terminé par un disque charnu {fig. i3), qui sert à l'animal pour se fixer. Les organes du mouvement de cette anuelide sont des muscles longitudinaux qui s'insèrent sur les bords de chaque anneau, et des muscles circulaires qui sont immédiatement sous la peau (,;%•• i4). L'œsophage est une cavité qui occupe tout l'intérieur du pre- mier anneau ou de la tête: sa partie antérieure forme la bouche de l'animal entre les deux lèvres {fig. g, 10). Elle est garnie supérieurement et inférieurement d'une dent ou mâchoire cornée noire ; la supérieure {fig. 11), qui est la plus grande, a à peu près la forme d'un triangle équilatéral, dont le sommet est dirigé en arrière. C'est elle qui forme le point noir qu'on aperçoit dans la tête. La mâchoire inférieure [fig. 12 ), de même forme que la supérieure, mais beaucoup plus petite et à peine visible à l'oeil nu, se trouve placée delà même manière. Ces deux mâchoires ont été regardées par Roesel comme des yeux. Mais leur posi- tion et leur forme ne laissent aucun doute sur leur usage. L'estomac, qui succède à l'œsophage, est plus large que lui, et en est séparé par un étranglement qui occupe les 1"', 2", 'ô" et4''anneaux. Dans l'intervalle qui répond aux quatre anneaux sui- vans, le canal intestinal {fig. i5)se boursoufle deux fois; puis, se dirigeant toujours en ligne droite vers la partie postérieure, il se boursoufle encore deux ou trois fois , forme des espèces de cœ- cums, et aboutit à l'anus , situé sur le dos, au-dessus du disque. Dans les 9", 10" et 1 1*" anneaux, on trouve une masse grume- leuse {fig. 1 6 ), rougeàtre , qui , entourant l'intestin et une partie de l'utérus , adhère par quelques points au canal intestinal. La smicture et la position de cet organe nous le font regarder ■comme une glande analogue au foie. 7» SUR LE BRANCHIOBDELLE , Notre animal est hermaphrodite, et a besoin il' un accouple- ment mutuel pour se reproduire. L'organe mâle {^fig- 21 ) con- siste en une verge assez longue, qni sort par la partie inférieure du 11' anneau. Sa base est renflée en une poche qui, dans l'etai de repos , rentre dans le corps , et renfenne la verge. Immédiatement sous le canal intestinal dans le 1 1'' anneau, on trouve un tube allonge (//o-. 22), blanc, recourbe plnsieius fois, et embrassant l'intestin. Il est ferme par un bout, et se continue avec le canal déférent , qui va se rendre à la base de la verge. Ce tube est le testicule, qui est unique dans cet animal. Je n'ai point vu de vésicules séminales. Quant aux organes femelles , ils consistent en une ouverture pratiquée à la partie inférieure du g" anneau, en avant par consé- quent de la verge qui , dans les sangsues , occupe une position tout-à-fait inverse. Cette ouverture aboutit à un canal, lequel s'ouvre après un court trajet dans la matrice {Jig- 20 ) placée à côté de l'intestin, et formée par une poche ovoïde assez grande. Plus en arrière, c'est - à - tUre , dans les i5" et i4'' anneaux, et des deux côtés du canal intestinal, on remarque deux masses blanchàlres(yî^. 24), qui paraissent formées de globules ovoïdes, et que je regarde comme des ovaires. Ces masses n'étaient atta- chées par aucun point, et sortaient connue une matière pidpeuse aussitôt que j'ouvrais le corps de l'animal. Les ovaires se voient à travers la peau. J'ai trouvé quelques individus où ces masses blanches man- quaient; sans doute, parce qu'ils avaient pondu leurs œufs. Dans les 5* et 4" anneaux , d'une part , et dans les 5" ei 6% de l'autre , sont placées, des deux côtés de l'estomac , deux glandes aplaties, rougeàtres {Jig- 17 ), donnant chacune naissance à un con- duit que je n'ai pu suivre jusqu'à l'extrémité. J'ai seulement vu que NOUVEAU (iENRE D'ANNELIDES. ^3 celui de la glaîide gauche passe par-dessus l'estomac , et va se rendre à droite , tandis que celui de la glande droite se courbe sous l'estomac et se dirige du côté de la partie poste'rieiu'e du corps. Je ne sais quel peut être l'usage de ces deux glandes. Ne seraieQt-éHes pas analogues aux canaux replies qu'on trouve dans les Sangsues? Auraient-elles les fonctions de leurs poches respi- r-atoires ? Dans le té" anneau, se retrouvent deux autres glandes (/']§■. 18) également aplaties, mais qui diffèrent des précédentes en ce qu'elles sont fixées inférieurement à la peau. Ne serviraient-elles pas à sé- créter- la matière muqueuse dont les hirudinées sont enduites? A la partie inférieure du corps , s'étend le cordon nerveux {fig- 19), qui est composé de deux filets , et présente un ganglion dans chaque grand anneau. Le premier est placé dans la tête, sous l'œsophage. Il y en a en tout dix; le sixième répond à l'ou- verture delà vulve; le septième h la base de la verge ,'et le dernier est situé près du disque postérieur. Dans les derniers anneaux , les deux filets du cordon nerveux sont plus écartés, de manière qu'on les voit très-distinctement. Mais je n'ai pu distinguer les nerfs qui partent des ganglions. Il n'y a qu'un seul vaisseau sanguin {fig. 20) qui parcourt tout le corps k sa partie supérieure et inférieure, et donne plusieurs branches dans ses différentes parties. Ce vaisseau est artériel. Il prend naissance ( fîg. 20, a., c.) , à ce que je crois , dans le 9^ an- neau, au-dessus du canal intestinal, et se dirige vers la tête. Dans les 6", 5", 4^ et 3" anneaux , il s'élargit beaucoup en se courbant plusieurs fois. Cette partie renflée du vaisseau fait office de cœur, et pousse le sang dans les autres parties du corps. On y voit des mouvemens de systole et de diastole , qui vont de la queue à la tête. J'ai compté douze pulsations par minute. 10 ;} SUR LE BRAISCHIOBDELLE, A partir du second anneau, le vaisseau se rétrécit. Dans la tète, il donne trois rameaux à droite et à gauche , et se divise en deux branches devant la niàclioire supérieure. Ces huit branches, après avoir entouré l'œsophage, se réunissent à sa partie Infé- rieure et constituent le vaisseau ventral. Celui-ci {Jig. 20, b., c.) s'étend en droite ligne jusqu'au bout du corps, au-dessus du cordon nerveux. Dans le 5*^ anneau , il donne une paire de rameaux ainsi que dans le l4''. Ces deux anneaux sont aussi ceux où se trouvent les deux paires de glandes latérales. Dans la partie antérieure du vaisseau ventral, on aperçoit des pulsations beaucoup plus faibles cpte celles du vaisseau dorsal. Elles vont de la tète h la queue, et ont lieu qtielques insians apiès celles du cœur , ce qui mesure le temps que le sang a mis à arriver de cet organe dans le vaisseau ventral. Dans le dernier anneau, ce vaisseau se divise en deux branches qui contournent, le rectum, remontent à la partie supérieure du corps, et de-là se dirigent vers les ovaires où je n'ai pu les suivre. Le sang de cette annelide est louge comme celui de tous les animaux de celte classe. Ce système de vaisseaux sanguins nous paraît très-extraordinaire, puisqu'il est simplement artériel sans être veineux , ce qui tendrait à ('loigner cet animal de la classe des annelides qui ont un double système de vaisseaux. Mais il s'en rapproche par trop de caractères pour l'en séparer. Ne peut-on pas d'ailleurs supposer que le sang veineux est d'une autre coideur que le sang artériel, ce qui m'a empêché de voii les veines? D'après cet examen , nous voyons que cet animal rentre dans l'ordre des annelides apodes de M. Lamarck , par le manque de pieds ou mamelons réiractiles. L'absence de soies et la pré- sence d'un disque charnu le placent dans la famille des Inriiâinées; NOUVEAU GENRE D'ANNELIDES. 75 mais il s'eloigae de tous les genres de cette famille , par des ca- ractères bien ëvidens, et nous paraît pouvoir en former un nou- veau. En effet, il s'e'carte des Sangsues par le nombre des anneaux du corps ; par ses màchoiies corne'es ; par le manque de cœcums ; par la position de l'utérus relativement à la verge ; par la pré- sence de glandes qui, si elles exercent les fonctions d'organes respiratoires, n'en ont certainement pas la structure ; par la forme du testicule, et enfin par l'existence d'une masse hépatique. Le manque d'anneau circulaire et la présence de deux mâ- choires cornées l'éloiguent également des Trochetia. Le corps cylindrique garni de verrues , et l'absence des mâ- choires dans les Pontobdelles écartent ce genre de notre annelide. On ne peut non plus le ranger parmi les Piscicoles , qui sont dépourvus de mâchoires , et qui ont des yeux , ni parmi les phyl- lines, qui ont des crochets au disque postérieur, ni enfin parmi les Erpobdelles, qui manquent de mâchoires et ont des yeux. Nous en ferons donc un genre nouveau que nous nommerons Branchiobdella , de l'habitude qu'a cet animal de vivre sur les branchies des écrevisses. Nous lui assignerons pour caractères : un corps contractile un peu aplati, composé de dix-sept an- neaux, terminé par un discpie préhensile ; une tête ohlongue , garnie de deux lèvres ; une bouche armée de deux mâchoires cornées, triangulaires , dont la supérieure plus grande, et point d'jeux. Comme il se rapproche le plus du genre Hirudo, nous le pla- cerons immédiatement après ce genre et avant les Trochetia. Je lui donnerai, pour nom d'espèce, celui du crustacé siu- lequel il vit, je le nommerai donc Branchiobdelle de l'écrevisse, BranchiohdeUa Astaci. La description que j'ai donnée du Branchiobdelle a, j'espère. ~6 SLR LE BRA.NrmOBDFXLE, fixé l'opiuion des zoologistes impartiaux sur la classe à laquelle il appartieui; l'existence d'un système artériel bien caractérise, d'une ventouse ou disque à l'extrémité postérieure du corps, et surtout la ])résence d'organes génitaux niàles et femelles sur le même individu, ont dû, sinon déterminer, d'une manière bien positive, la place qu'il occupe dans la série des êtres, au moins l'éloigner irrévocablement de certains groupes d'animaux arti- culés. Personne donc ne sera, je crois, lente de partager l'opi- nion de M. de Blainvillc qui, dans un rapport qu'il fit à la Société pliilomatique, sur la partie du Mémoire qu'on vient de lire, tira desdifférens faits que j'ai exposés, cette singulière* conclu- sion : Que le Branchiohdelle n' était autre chose qu'uiie larvt . d'insecte diptère, sans doute du genre Tipule. 11 est vrai qu'a- vant d'énoncer cette opinion contradictoire , M. le rapporteur ju- gea que je manquais des véritables principes d'anatomie, et nia ensuite l'exactitude de plusieurs faits contenus dans mon Mé- moire : parmi eux, le plus important, sans contredit, et le plus décisif, était l'existence simultanée des appareils mâles et femelles sur un même individu. M. de Blainville avança que je m'étais mépris à lein- égard. Je n'en restais pas moins convaincu de l'exactitude de mes observations; mais j'avais à cœur d'en convaincre les autres. L'accouplement pouvait seul lever tous les doutes ; j'eus la satisfac- tion d'en être témoin ;i plusieurs reprises. Pour exécuter cet acte, deux individus, après s'être rapprochés, prennentunpointd'appui en se fixant avec leur disque postérieur ; puis ils s'entrelacent comme deux anneaux d'une cliaine (T?^. 4), en recourbant leni- tête vers la partie postérieure de leur corps, et se loiunenl en- suite un peu de c()té, de manière à ce que leurs deux surfaces inférieures soient opposées. Dans cette position , l'organe mâle de NOUVEAU GENRE D'ANNELIDES. 77 l'un, devenu très-saillant, va trouver l'ouverture de la vulve de l'autre , et vice ï^ersâ {fig. 5 ). L'accouplement dure plusieurs heures, et toutes les personnes qui, à la Société philomatique, ont bien voulu prendre la peine d'y regarder , ont distingué le contact des deux organes aussi clairement que je les représente. M. de Blainville n'a cependant pas ciu , dans sa conscience , pou- voir céder à ce genre d'évidence , et mon annelide est restée , pour lui seul , une larve. Le Branchiobdelle est ovipare. Ses œufs {fig. 6, 7 ) sont ellip- tiques, d'un jaune pâle, opaques, terminés supérieurement par une pointe cornée brune, dont la base est entourée d'un disque de même couleur. Ils sont fixés aux branchies des écrevissespar un pédicule lin brun, qiti s'élargit par en bas, pour s'appliquer sur les rameaux de ces branchies. Roesel dit que ces oeufs sont attachés les mis aux autres par un fil, de manière à former un chapelet ; je ne les ai point vus ainsi , mais toujours fixés iso- lément sur les branchies. Ces œufs changent quelquefois de forme, ce qui a lieu lorsque l'animal est près d'éclore. Je ne sais combien de temps il reste sous l'état d'œuf, ni comment il en sort. J'ai constamment trouvé de ces œufs , ainsi que l'animal parfait, depuis le mois de juillet jusqu'à celui d'octobre. Au mois de septembre, j'ai observé beaucoup de peuts, non sur les branchies, mais sur le bord extérieur du test de l'écrevisse. Il paraît que les œufs éclosent en automne, et que l'animal vit plusieurs années et passe par conséquent l'hiver, puisque Roesel tlu que c'est aux mois de décembre et de janvier, que l'on trouve principalement de ces animaux. 78 SUR LE BRANCHI015DELLE. Explication de la Planche IV. Fig. 1. Branchiobdelle de l'écrevissc allonge. Fig. 1. Branchiobdelle contracté. Fig. 3. Branchiobdelle s'avançant au moyen de son disque et de son suçoir. Fig. 4. Branchiobdelles dans l'acte de raccouplemcnl. Fig. 5. Les mêmes grossis, afin de montrer la verge do chacun d'cui (jui ^'introduit dans la vulve de l'autre. Fig. 6. OEufs fixés sur les branchies de l'écrevissc. Fig. 7. OEuf isolé et grossi, a Sommet pointu et entouré par un disque. bb. Base du pédicule élargi et fisé à un lilet de la branchie. Fig. 8. Bouche \ue de profil. Fig. 9. — Vue de face et ouverte. Fig. 10. — Vue de face et fermée. Fig. li. Mâchoire supérieure. Fig. 12. Mâchoire inférieure. Fig. i3. Disque de la partie postérieure du corps \u en dessous. Fig. 14. Fibres musculaires longitudinales s'inséiant à chaque anneau. Fig. i5. Canal intestinal. Fig. i6. Masse hépatique a, en rapport avec l'utérus b. Fig. 1-. Glandes de la partie antérieure du corps. Fig. 18. Glandes de la partie postérieure du corps, avec une portion du vaisseau ventral et les deux branches qui en partent. Fig. ig. Cordon nerveux, a Extrémité antérieure. (/Extrémité postérieure. b. Matrice en rapport avec le sixième ganglion. c. Verge en rapport avec le septième ganglion. Fig. 20. Système sanguin. a. V.Tisseau dorsal vu supérieurement. b. Vaisseau ventral vu inférieurement. c. Vaisseau dorsal et vaisseau ventral, vus de profil, afin de montrer antérieure- ment leurs anastomoses. Fig. 21. Appareil copulateur mâle sortant par la partie inférieure du onzième .-.nneau. a. Verge, b. Poche devenue saillante. Pig. 22. Organe mâle vu à l'intérieur. *• Testicule fermé à son origine et aboutissant au canal déférant c. Fig. 23. UtéruB vu à l'intérieur du neuvième anneau, a Son col aboutissant à l'orifice extérieur. Fig. 24. Ovaires sur les côtés du canal intestinal , dans les treiiième et quator- 7.ièrae anneaux. OBSERVATIONS SUR L HYBRIDITÉ DES PLANTES EN GÉNÉRAL, ET PAR'IICULIÈREMEINT SUR CELLE DE QUELQUES GENTIANES ALPINES. PAR MM. GUILLEMIN et DUMAS. (lu dams la SÉAVCE du 3 AODT l8îl. ) Parmi les végétaux , aussi bien que dans le règne animal , les espèces différentes d'un même genre peuvent se féconder mu- tuellement, et donner naissance à des individus intermédiaires; c'est une vérité si évidente, si confirmée par l'expérience jour- nalière , qu'il serait oiseux de s'y arrêter plus long-temps. Mais jusqu'à quel point peut-on admettre la théorie de l'hybridité, c'est- à-dire quel est le terme de la fécondation entre des espèces dis- semblables? Ce phénomène est-il fréquent dans la nature? S'il l'est , l'est-il assez pour produire des individus tellement nom- breux, et qui se ressemblent cependant entre eux au point de les réunir en un groupe constituant une espèce particulière? Enfin les liybrides végétaux sont-ils fertiles? C'est avec ime grande réserve que nous aborderons ces rpes- lions, parce qu'étant d'une importance majeine pour la classifi- cation et pour la pliysique végétale, il ne s'agit pas d'aller établir quelque hypothèse spécieuse, mais de constater des faits par des 8o SUR L'HYBRIDITF. observations sur l'exactitude desquelles ou puisse compter. Oi , il est difEcile, poiirne pas dire impossible^ de surprendre en pareil cas la nature sur le fait, pour tous les êtres qu'il a plu au\ bo- tanistes de qualifier d'hybrides ; et si nous avons pu recueillir une ou deux observations avec tous leurs tlétails, je crois qu'on nous saura toujours gre' de ce pas fait dans ime carrière peu connue. Nous nous bornerons donc à les présenter de manière à en tirer quelques conséquences utiles pour la solution des questions que nous nous sommes proposées. C'est dans un genre composé d'espèces qui ont besoin d'un sol tout particulier pour végéter , et qui , par consé- quent, se trouvent dans un même climat et sous l'iniluence uniforme des mêmes agens , que nous avons choisi nos obser- vatit)iis. Les Gentianes de nos Alpes sont, quoi qu'on en ait dit,très-distinctes entre elles sous tous lesrapports; elles se lient bien les unes aux autres, mais elles ne se nuancent pas de façon hoftVir beaucoup d'ambiguïté; et malgré qu'elles croissent presque toutes dans les mêmes heux généraux , elles se trouvent poui- la plupart à des stations particulièies. Ainsi, les Ge/iliana acaiilis et havarica n'occupent que les sommités les plus élevées , la G. z>erna , au contraire, les basses montagnes et même les plaines; dans les Alpes moyennes on rencontre les G. piirpiirea et pii/iclata; enfin la G. lulea habite tous les lieux compris entre les régions et les bois même assez chauds des basses montagnes. Sous le rapport de la grandeur, les espèces de Gentianes peu- vent être partagées en deux groupes. Dans le premier se placent les G.lutea , purpurea , piincLala, pannonica , et dont la tige s'élève quelquefois à plus d'un mètre. Le second est composé des G. zierna, bavarica , acaulis , amarella , etc. Toutes ces es- pèces ont beaucoup de ressemblance entre elles, mais elles se DES GENTIANES. 8i rapportent toujours à un type particulier, qui ne permet pas de confondre même leurs variétés si nombreuses et si extraordinaires ; de sorte que l'on s'e'tonne inaintenant que certains auteurs , tels que Yillars et Jacquiu, ne se soient pas entendus sur les espèces alpines décrites par Linnë, espèces dont les caractères tranchés établissent bien assurément la distinction. Admettant qu'il est toujours facile , au moins pour les Gen- tianes, de reconnaître l'espèce à laquelle appartient l'individu anomal que l'on peut rencontrer, on ne doit plus craindre de prendre pour des hybrides quelques variétés produites par le sol, la température et la lumière. En effet, supposons que l'on ail trouvé un être qui possède les caractères de deux espèces bien connues; ce sera une simple variété de l'une ou de l'autre, si toutes ses parties ne participent pas des deux espèces voisines , s'il a le caractère essentiel de l'une d'elles, et si on n'a pas observé la pré- sence de l'autre dans la même station ou à peu de distance. Ce sera une hybride au contraire, si ses formes sont parfaitement in- termédiaires entre celles des deux espèces mères, et surtout si on a vu celles-ci mélangées dans le même lieu où on a trouvé l'individu en question. C'est là le seul moyen de constater l'hybri- dité des plantes sauvages , et non pas par des observations de formes dont l'anomalie n'est souvent due qu'à l'influence des agens extérieurs (i). Aussi, ayant eu occasion de recueillir la Gentiana (i) Apii'S le Mémoire de Villars sur les Gentianes hybrides, imprimé en 1809, dans les CoUec/anea Botanica de Roëmer, il semblerait qu'il est superflu de revenir sur ce sujet. Mais l'incertitude des données de ce botaniste , d'ailleurs si versé dans la con- naissance des espèces alpines , relativement aux hybrides de Gentianes , incertitude augmentée par la confusion qu'il a faite de quelques espèces pourtant bien caractéri- sées par Linné et Frœlich, a toujours laissé flotter le doute sur la réalité del'hybridit^ide ses plantes. Quelques individus, en effet, offrant des caractères ambigus , r'cst-à-dire paraissant participer de deux espèces distinctes, mais recueillis sans examen quelconque I I 8?. SUR L'HYiminiTF. Iiybrida , DC, nous avons donne louie l'attention possible aii\ circonstances que nous venons de mentionner. Le loaoïit i8ig, dans une excursion botanique que nous limes au sommet du M(')le ( montagne calcaire de la première ciiaine des Alpes), nous lûmes très-agre'ablement surpris de trouver sui' le revers septentrional, immédiatement au-dessus d'un groupe de chalets connus sous le nom de Chalets de la tour , une quan- tité immense de Genliana purpurea formant un champ rougeàtre de plus d'une demi-lieue carrée : çà et là s'élevaient quelques pieds de G.lulea, et c'est près de ceux-ci que nous trouvâmes les G. hyhrida. Donnant ensuite plus d'attention à cette dernière circonstance , nous observâmes que les G. hybrides ne se trou- vaient jamais qu'à une très-petite distance de la G. liitea , dans lui raj'on de deux mètres au plus. Celle-ci était bien peu non)- breuse compaiativement à l'autre espèce, et chaque individu se des circonstances accessoires , n'étaient pas îles motifs assez puissans pour faire décider "(u'ils étaient produits par le croisement de celles-ci. Néanmoins nous avons lieu de croire, d'après ses descriptions, que Villars a réellement travaillé sur quelques lij- brides , et que sa Gentiana Thomasii est semblable à celle qui fait le sujet principal de ce Mémoire. Nous possédons des échantillons d'hybrides semblables à celles du Mille , et récol- tées par M. Thomas fils sur le mont Bovonnaz , dans le canton de Vaud , localité assi- gnée par Villars à la Genliana Tkomasii. Mais il n'y a que celle-ci et une autre qu'il désigne souslc nom de G. Hybrida. Vill., dontl'origine hybride soit à peu près certaine. 11 ne donne, (juant aux autres, <|ae des présomptions fondées sur peu ou point de rai- sons; ce (|ui l'a inévitablement conduit à commettre des erreurs essentielles, comme de penser que la Genliana Thomasii avdh pmir parent la G. pannonica Jaci|. au piinc- lata L. Ce serait nous éloigner de notre sujet €|uc de nous étendre davantage sur ce Mé- moire, de faire connaître les doubles emplois qu'il a commis relativement à quelques espèces très-importantes, et de discuter sur la légitimité des espèces de grandes Gen- tianes qu'il a proposées. L'un de nous s'ac<|uittera de cette tâche dans un tra\ail sur les Gentianées qu'il prépare depuis long-temps. DFS GENTIANES. 83 trouvait entoure de deux ou trois hybrides. Nous trouvâmes tous les intermédiaires de formes et de couleur entre les deux espèces mères, depuis la corolle rotace'e et à lobes aigus de la G. lutea jusqu'à la corolle campanulée et à lobes arrondis de la G.pur- purea, depuis le jaune tendre de la première jusqu'au violet pur- purin de la seconde. Les fleurs de plusieurs individus e'taient pe'- dicellees, d'autres ne l'étaient nullement, variation qui modifie le caractère attribué par M. De Candolle à la G. hyhrida , quand l'incertitude de son origine obligeait de la considérer comme es- pèce particulière. La corolle des unes était ponctuée , celle des autres était uniforme de couleur. En général , la plante atteignait presque en grandeur la G. lutea, mais il était visible que sous ce rapport elle était encore intermédiaire entre celle-ci et l'autre espèce. Enfin ses feuilles étaient un peu plus allongées et plus lui- santes que celles de la Gentiane jaune. Nous avons fait peindre une série de corolles d'hybrides, pour faire voir tous les passages entre les corolles des espèces mères que nous avons placées à chaque extrémité de la série. ( T^oy. pi. V. ) Malgré lovit le soin que nous ayons donné à la description générale des Gentianes hybrides que nous avons recueillies , il nous a été impossible de rentire cette description précise et coin- piété , car les croisemens ont pu varier à l'infini , et produire par leurs combinaisons une multitude de formes que nous ignorons. Nul doute qu'entre les deux espèces primitives , il n'existe tous les intermédiaires possibles , et qu'ils ne forment une chaîne non in- terrompue et même linéaire, puisqu'il n'y a ici de relation qu'entre deux espèces ou deux points donnés. Cependant nous avons juge' qu'il serait utile de détailler nos observations sur les individus qui sont tombés sous notre main, observations suffisantes pour constater leur réelle hybridité. 84 SUR L'IIYBRIDITÉ Gentianes produites par la fécondation adultérine entre la Gentiana lutea et la Gentiana ruRPURE.4. Racine. Elle ne présente rien de remarcjiiable. Tige. Elle est hante de 60 à 70 centimètres, droite, quel- quefois solitaire sur la racine; cependant celle-ci se divise le plus souvent et en pousse plusieiu'S en groupe. Les tiges qui portent des fleurs jaunes ne sont nullement colorées, mais celles dont les fleurs sont purpurines se teignent, vers leur sommet, d'une nuance pourpre fort prononcée. Feuilles. Outre les observations communes h tout le genre , on peut remarquer que celles des hybrides sont ovales , termi- nées en pointe, plus vertes que celles de la G. jaune, jamais glau- ques et ternes comme elles ; mais, au contraire, toujours plus ou moins luisantes, qualité qu'elles tiennent de la G. pourprée. On en trouve d'ailleurs de toutes les formes inlermédiaires entie ceUes de ces deux espèces. Dans certains individus, leur étroitesse et leur longueur les rapprochent sûrement de la G. pourprée , tandis que, dans beaucoup d'autres, elles participent davantage de la forme ovale et allongée des feuilles de la G. jaune. Injlorescence. Dans la G. pourprée , toutes les fleurs sont sessiles, même ceUe qui termine la tige; dans la G. jaune, elles ont un pédoncule égal au moins en longueur à l'ensemble de la lleui-, et celle qui termine la lige en possède luie d'une longueur double ou triple. Les Gentuines hybrides nous ont ofl'eit très- souvent cette dernière particidarité; leurs fleurs sont d'ailleurs portées sur des pédoncules moins longs que ceux de la G. jaune, et celles qui se rapprochent de la G. pourprée n'en possèdent presque pas. Calice. Comme dans leurs parens, cet organe est constamment DES GENTIANES. 85 inembraneiLx, fendu d'un seul côté, et terminé par des dents dont deux sont toujours plus longues que les autres ; leur nombre varie entre cinq et sept. Corolle. Chez les individus parfaitement intermédiaires entre les deux espèces primordiales, elle est droite, campanulée, mais divisée en cinq à huit lobes étroits et lancéolés. Les divisions dépassent la moitié de sa longueur, et sont pri- vées des appendices qu'on remarque dans plusieurs espèces du genre Gentiana. La couleur du limbe est d'un pourpre velouté à l'extérieur, et d'un pourpre jaunâtre à l'intérieur. Le tribe est jaunâtre et sans taches, tandis que sur le limbe on en remarque souvent plusieurs séries d'un pourpre violet très-intense : un peu au-dessus du milieu de leur longueur, on remarque deux sinuosités qui semblent déterminer la fin du tube et le commen- cement du limbe ; les lobes sont aigus. Mais si, au lieu de nous restreindre à ces individus, nous ob- servons les nombreuses variations que nous avons déjà signalées, nous verrons qu'il existe entre elles des nuances très-remarqua- bles. On ne peut les comparer que sous trois rapports : i° la profondeur des divisions , 2° la forme des lobes , 3" la couleur générale et les taches. Quant à la profondeur des divisions , elle varie d'iui individu à l'autre, mais toujours dans certaines limites. Parmi celles qui se rapprochent le plus de la G. jaune, la fente ne dépasse jamais l'endroit (a) * oii l'étamine se soude à la corolle, dans les autres la soudure arrive quelquefois jusqu'au point (6) qui désigne le commencement du limbe, mais elle ne se communique jamais plus haut. Ces dernières fleurs ne se distinguent de celles de la • Voyez pi. V. 86 SUR L'HYBRIDITÉ G. pourprée , que par l'eiroitesse de leurs lobes et leur termi- naison en pointe. La forme des tlivisions présente toutes les nuances depuis celles à bord droit de la G. jaune, jusqu'à celles dont le limbe est dis- tingué du tul)e par un sinus fortement prononcé, comme dans la G. pourprée. La couleur offre encore plus de diversités, et l'on peut dire qu'elle n'a pour limite que le jaune le plus pur et le pourpre le plus foncé. Les taches se foiit aussi remarquer quelquefois, même dans les corolles jaunâtres. Mais ces trois caractères sont loin de coïncider entre eux. Il arrive souvent qu'une hybride porte des fleurs analogues pour la forme à celles de la G. jaune , quoique d'une couleur aussi foncée qu'aucune G. pourprée. ( PI. V, fig. B*. ) Souvent encore l'on rencontre des fleurs hybrides entièrement semblables entre elles pour la forme, et différentes pour la couleur (fig. B et B** ). Tous ces accidens doivent résulter de croisemens variés dont on conçoit facilement la possibilité, mais dont on ne peut constater l'influence qu'au moyen d'expériences directes. Etamines. Leurs anthères sont tantôt libres, tantôt soudées; (quelquefois la syngénésie est incomplète, en sorte qu'elles sont réunies en deux ou trois faisceaux distincts. Celte circonstance est liée à la forme de la corolle; si celle-ci a des lobes très-profonds et qu'elle soit conune rotacée, les anthères sont libres ; elles sont toujours syngénèses dans une corolle tubuleuse, campaniforme et à lobes raccourcis. Il est h remarquer que, dans les Gentianes syngénèses , la soudure des anthères n'a lieu qu'après l'ouverture de leurs lobes ; lorsqu'on examine les fleurs à l'état de bouton , on trouve les anthères libres. Ovaire. Il ue présente rien de particidier, si ce n'est que les DES GENTIANES. 87 stigmates sont quelquefois colorés en violet fonce'. Il en est de même des sutures des valves; cette circonstance, qui se rencontre également dans la G. pourprée, ne s'offre jamais dans la G. Jaune. Les graines paraissent susceptibles d'une parfaite maturité; mais tians tous les ovaires il existe une larve qui dévore l'embryon. Nous n'avons pu la soumettre à un examen ultérieur par cette cause seule. Tous ces faits nous semblent ne laisser aucun doute sur l'origine hybride de cette Gentiane; mais il se présente ici une question qui, quoique peu importante en elle-même, mérite cependant d'être examinée. La G. hybride provient-elle de la G. purpurea, fécondée par le pollen de la G. hiiea , ou , au contraire , est-ce cette dernière qui reçoit la fécondation de la première? Nous croyons qu'on peut répondre affnmativement pour le premier cas, malgré que rien n'exclue la possibilité de l'un et de l'autre. Il est en effet très-probable que la G. jaune fait ici fonction de mâle , si l'on considère sa taille beaucoup plus élevée que celle de l'autre. La liberté de ses anthères qui les expose davantage à l'action du vent, ainsi que sa corolle ouverte et à pétales non soudés, doivent favoriser singulièrement la dispersion de son pollen, tandis que, dans la G. pourprée, la corolle est tellement tubuleuse qu'elle est fermée pour ainsi dire, et que ses anthères réunies sont appliquées contre l'ovaire. Quoi qu'il en soit de la manière dont s'effectue l'échange des pollens , il est certain que cet échange ne peut s'exécuter qu'à de faibles distances ; car., lorsqu'on rencontre dans cette partie de la montagne où se trouvaient les hybrides, des places occupées par la G. lutea seule, ou la G. purpurea également seule, on est sûr de n'apercevoir aucune trace de fécondation adultérine. Après nous être bien assurés de l'origine de la G. hybrida. 88 SUR L'HYBRlDITlt nous avons dû rechercher si quelques espèces douteuses du même genre n'étaient pas aussi des hybiides ; c'est aussi ce que nous avons cru reconnaître daus la G. pannonica , L. et Froclich.Nous l'avons trouvée sur le Mont-Reposoir, parmi les G. piirpurea et pimctata, L., et dans les mêmes circonstances que la G. hyhrida du Môle. Elle est, sans aucun doute, le résultat de la fécondation de la G.purpurea par la G. punctata , qui est une espèce assurément bien distincte. Ses formes participent également de ces deux espè- ces ; mais comme celles-ci ont entre elles de plus grands rapports que ceux de la G. jaune et de la G. pourprée, il en résidte que les caractères de l'hybride doivent être moins tranchés. A sa corolle rose-violette et à sa taille grêle, on la prendrait tantôt pour une variété de la G. purpurea , mais son calice toujours entier et les lobes de la corolle beaucoup moins obtus , l'en feront suflisam- ment distinguer. Comme les botanistes, depuis Liimé, ne se sont pas compris relativement aux deux espèces mères, que, par exem- ple, la G. purpurea de Villarsest la G. pimctata de I.inné, que Jacquin a aussi pris une variété de la première poui- celle-ci, il n'est pas étonnant qu'on n'ait donné aucune attention aux carac- tères intermédiaires de la G. pannonica , et qu'on en ait fait une troisième espèce sur laquelle on est loin de s'accorder. Les G. canipestris et antareUa ,\^., produisent aussi fréquem- ment des hybrides. Sur la montagne de Salève, oii ces deux es- pèces sont très-abondantes en automne et dans la mêjne localité, nous avons trouvé des individus qiie nous ne pouvions pas plus rapporter à la première qu'à la seconde; ils avaient le port de la G. canipestris et les caractères de la G.amarella, sauf celui du calice , dont deux sépales étaient beaucoup plus développés ; du reste quatre ou cinq eUvisions k la corolle indilléremment, etc. Nous DES GENTIANES. .89 ne sommes , à la vérité , certains de l'hybriditë de ces individus qu'en raisonnant par analogie ; car les deux espèces mères e'tant aussi nombreuses l'une que l'autre , nous n'avions pas le même moyen de certitude que pour l'hybride des G. lutea etpi/rpurea; mais la profusion avec laqnelle la nature les avait répandues dans ce lieu, l'affinité de ces deux espèces entre elles, tant sous le rapport des formes que sous celui de la grandeur, tout porte à considérer les individus en question comme des variétés hybrides. Les exemples que nous venons de citer sont en trop petit nombre pour qu'on en puisse tirer des conséquences décisives pour la théorie de l'hybriditë; mais ils nous apprennent que dans la nature sauvage les plantes se croisent entre elles seulement dans ces circonstances : 1° lorsqu'elles se trouvent réunies dans un espace très-resserré, et qu'elles y sont en assez grand nombre pour que l'accident de l'Iiybridité ait lieu; nous disons accident, car la fécondation de l'ovaire de la G.purpurea, par exemple, par le pollen de la G. lutea , ne s'effectue qu'autant que les stigmates de la première se trouvent dans un état de développement plus avancé que ses propres organes mâles ; autrement nous ne concevons pas pom-quoi l'impression du pollen de la G- lutea sur la G.pur- purea , ferait plus d'effet que le sien propre ; c'est donc un pur liasard, ou plutôt le concours de plusieurs circonstances assez rares dans la nature, qui détermine le phénomène de l'hybriditë dans les plantes. 2°. Lorsque les plantes du même genre ont entre elles des relations très-intimes de taille et de structure. La G. h/y- brida, D. C. , etpannonica, L., proviennent d'espèces très-voi- sines sous ce rapport ; et les individus que nous croyons être des hybrides de la G. campestris par la G. amarella, ou -vice -versa, confirment encore notre assertion. Dans le règne animal, il n'y a aussi que les espèces voisines 12 90 SUR I.'HYimiDlTF. d'un même geme ou d'une famille si ualurelle qu'elle ue forme qu'un veVilable genre, qui puissent se croiser. Le croisement des espèces des genres Eqau^, Ca/iis, Ga/lus, etc., est assez fre- cjuenl ; mais nous ne sachions pas qu'on ait d'exemple de métis de genres essentiellement divers, ni même d'espèces un peu éloi- gnées. Si donc nous n'observons point de croisement entre tles êtres qui peuvent à chaque instant se trouver dans des circons- tances favorables, uous ne devons pas en attendre davantage de ceux qui sont irrémissiblement fixés au sol qui les a vu naître, et cpii, par conséquent, ne se trouvent que très-accidentellement rapprochés de leurs congénères. L'hjbridité n'est donc pas aussi fréquente qu'on l'a pensé, ei nous dirons avec M. DeCandoUe (T/iéor. Elêm., 2' édit., p. 199) que ce phénomène est assez rare dans la nature sauvage pour qu'on ne lui donne aucune importance si on le considère comme moyen de former de nouvelles espèces. En restreignant à certaines plantes très-voisines la foculié de produire des hybrides, la nature a prévenu la confusion de tous les êtres organisés; et si l'on admettait cette hypothèse, que tous les êtres sont suscep- tibles de se croiser, qu'ils se croisent en eflet chaque jour, et que le nombre des espèces est aujourd'hui beaucoup plus considérable qu'il n'était autrefois ; on peut dire que l'histoire naturelle n'exis- terait pas, puisqu'aucune forme particidière ne séparerait tel groupe d'un autre, et qu'il ne faudrait plus étudier dans l'ensemble des êtres que des individus isolés. Mais l'expérience et le raison- nement détruisent ces suppositions; il est constant (|u'il y a des espèces dont les types se conservent toujours absolument sem- blables, que tous les individus anomaux se rattachent à ces types par des caractères fixes, et qu'on peut en expliquer l'existence par la considération des circonstances accidentelles, c'esl-à-dire DES GENTIANES. 91 par l'influence de la tempe'ralure, du sol , du climat , par les sou- dures et les avorteniens des parties, et enfin , mais c'est le cas le plus rare, par le croisement des espèces voisines. Il nous resterait à examiner si les hybrides végétaux sont fer- tiles. Nous ne pouvons malheureusement résoudre en aucune manière cette question par nos observations sur les Gentianes. Ces plantes n'e'tant pas susceptibles de culture, ni même de vé- gétation lorsqu'on les a transplantées de leur patrie dans nos jardins, il était impossible de s'assurer si leurs graines avaient été fécondées. Ce ne serait que dans les lieux où elles croissent spon- tanément que l'on pourrait tenter ces expériences , soit en semant leurs graines miires , soit en détruisant autour d'elles les espèces qui les ont produites. Il serait à désirer qu'on essayât d^^'soudre ce problème, dont la gravité avait paru telle à M. De Candolle, qu'il le propose aux botanistes comme un des plus intéressans sous le point de vue taxonomique. Malgré les probabilités en faveur de la stérilité des hybrides végétaux , puisqu'il est avéré que cer- tains d'entre eux ne sont nullement féconds {Ranunculus la- cerus y CerJaurea Ivyhrida) , on ne doit prononcer sur cette matière que d'après des expériences exactes et suffisamment mul- tipliées. L'analogie tirée du règne animal ne peut plus ici nous servir de guide ; en général, les mulets des mammifères sont sté- riles, en général aussi les métis des oiseaux sont féconds. Si l'on ne peut donc pas donner pour caractère essentiel aux hybrides la stérilité de leurs graines , on peut d'un autre côté être fondé à croire que, puisque plusieurs d'entre eux ne se reproduisent pas, le nombre des individus anomaux doit être peu considérable, qu'il est accidentel et borné à la vie des seuls individus , quand d'ailleurs il dépend d'im concours et d'une combinaison très-for- tuite de circonstances. 92 SUR L'HYBRIDITK DES GENTIANES. Les observations que nous veuous d'exposer font sufTisaniment counaitre le phénomène de l'hybridité chez quelques plantes sauvages. Voilà donc au moins deu.\ espèces, G. //y brida et G. paJinonica, qui ne sont autre chose que des accidens de la nature, et qui, par conse'quent, doivent être rayées de la liste des êtres que cette mère prévoyante reproduit constamment sous les mêmes formes principales. Mais en est-il de même pour une loule d'autres que les botanistes ont appelées hybrides, parce qu'ils leur ont observé des caractères ambigus? Ce serait une étude importante quant aux espèces européennes, étude ii laquelle nous espérons nous hvrer par la suite. Il est probable que beau- coup de plantes dites h^ijrides sont ou de véritables espèces, ou des vaiiétés produites par le sol et le climat. Explication de la planche V, fig. i . A. Corolle de Gentiana lulea, L. BB'B". Série de corolles de Gentiana hybrida, DC. C. Corolle de Gentiana purpurea, L. NOTICE SUR UNE MONSTRUOSITÉ DES FLEURS DE LEUPHORBIA ESULA; PAR J.-B.-A. GUILLEMIN. ( LU DANS LA SÉANCE DU 24 MAI 1822. ) L'ÉTUDE des aberrations que la culture ou toute autre cause accidentelle produisent dans les plantes, est jugée maintenant de la plus haute importance par tous ceux qui s'occupent d'organo- graphie et de physique végétale. Qui pourrait en effet recon- naître la vraie nature des parties qui constituent les fleurs , de ces parties si disseml)lables entre elles , par leurs formes , leurs cou- leurs, leur consistance , lorsque rien n'a entravé la marche admi- rable et compliquée de la nature ? qui pourrait nous dévoiler en même temps les lois qui président à leur formation, à leur dé- veloppement, sans l'examen attentif des écarts que nous y ren- controns accidentellement? Un savant célèbre a fait sentir, et par des découvertes , et par la sagacité de ses raisonnemens , com- bien il était nécessaire de démêler la vraie nature des organes, et parmi les causes d'erreurs dont cette étude était obscurcie, il a principalement insisté sur la soudure et l'avortement. Dans la seconde édition de sa théorie élémentaire de la botanique. 94 SUR UNE MONSTRUOSITÉ M. De CaadoUe a consacré uu chapitre entier à la dégénéres- cence des organes. Profondément iinbu des idées et des conseils renfermés dans cet excellent ouvrage, je recherche tout ce que je crois pouvoir éclaircir la question ; l'observation suivante ne me paraît donc pas sans intérêt, puisqu'elle porte sur la mu- tuelle transformation de tous les organes llorau\ les uns dans les autres. En examinant les fleurs de V Euphorbia esula , L. , swï des in- dividus cidtivés au jardin de l'Ecole de médecine de Paris , je m'aperçus que du milieu de la toulFc s'élevaient cinq a six jets plus vigoureux que les autres. Presque tous les pédicelles étaient chargés de fleurs dont l'ovaire, au lieu d'être une capsule à trois coques, comme cela s'observe dans les Euphorbes, présentait une multitude de valves tantôt disposées très-régiUièrement en aaueau, tantôt superposées en masses confuses. Dans l'un et l'au- tre cas, chaque carpeUe était surmonté d'un style à deux stig- mates. Le nombre des étamines était sensiblement diminué, et d'autant plus que celui des coques était augmenté. La coupe transversale de chacjue ovaire otïriiit un nombre de loges égal a celui des carpelles dont chacun renfermait un ovule. Lorsque les ovaires n'étaient pas rangés symétriquement autour d'im axe, les moins avancés, par une sorte de superfétation, nais- saient à l'intérieur. Si quelques-uns semblaient placés plus exté- rieurement, c'est que par leur développement ils avaient écarté deux carpelles de la circonférence, avaient pris leur place , et s'étaient accrus à leurs dépens. Cette circonstance n'avait lieu que dans la partie supérieure de l'ovaire dont le pédicelle est tou- jours renversé, c'est-k-chre dans la partie la mieux exposée à l'in- fluence de l'air et de la lumière. J'ai dit que le nombre des éumines était en raison inverse de DR L'EUPHORBIA RSULA. 96 celui des carpelles. Il serait naturel de penser qu'elles avaient avorté par défaut de nourriture , l'énergie vitale étant concentrée sur les ovaires. Cependant une autre cause se joint à la précé- dente pour diminuer le nombre des étamines , c'est que celles-ci se transforment soit en carpelles , soit en écailles de l'involucre ; et d'abord il était facile d'observer cette dernière transformation. Indépendamment des écailles qui composent l'involucre , on en voyait quelques autres placées plus intérieurement. Plus ou moins déformées, elles finissaient par se confondre avec les étamines fertiles. L'organisation de celles-ci est d'ailleurs très- analogue à celles des divisions de l'involuci^ : un filet grêle dans les premières, articulé à son sommet, supporte une anthère à deux loges écartées par un petit connectif ; d'autre part , le mbe de l'involucre représente les filets de quatre ou cinq étamines irès-dilatés et soudés ensemble, et les glandes bicornes dont se compose le limbe ont remplacé au point de l'articulation le connectif et les deux anthères (1). La dégénérescence des étamines en carpelles , quoique moins apparente , n'en est pas moins aussi réelle. Dans les fleurs qui offraient une superfétation très-irrégulière de coques , quelques étamines étaient adhérentes par leurs filets au pédicelle com- mun des ovaires, l'articulation était oblitérée, et à sa place une sorte de nodosité soutenait les rudimens d'ime anthère biloculaire. Cette observation me conduit à penser que la partie de l'étamine située immédiatement au-dessus de l'articulation, c'est-à-dire le connectif, peut se métamorphoser en ovaire dont le style à (1) Pour se convaincre de la réalité de ce ijue j'avance, il convient d'examiner avec attention la structure de l'involucre d'ù périgonc d'une Euphorbe facile à observer, de V Euphorbia Lathyris , par exemple. 96 SUR UNE MONSTRUOSITÉ deux stigmates est forme par la degéndrescence de l'anthère. Or, comme une pareille iiansformaiion a lieu entre les di- verses parties des etamines et celles correspondantes des divi- sions de l'involucre, je crois être en droit de conclure : i"que le pédicelle de l'ovaire des euphorbes, le filet des etamines et la partie tubuleuse de l'involucre ont une conmiune origine et qu'ils ne diffèrent que par la soudure, la liberté et la dilatation des parties qui les composent; 2° que l'ovaire, le connectif et la glande nectarifère , sont également des modifications d'un même organe ; 5" et que les stigmates et les cornes du limbe de l'in- volucre se sont formas par la me'tamorphose de l'anthère. Une facilité aussi extraordinaire des etamines à se convertir indifféremment en deux organes qui avaient semblé jusqu'à pré- sent d'une nature très-distincte l'une de l'autre, m'a suggéré des réflexions qui ne seront peut-être pas sans intérêt pour les per- sonnes dont l'esprit d'investigation s'étend jusque vers les causes premières. Si les anthères des Euphorbes , eu subissant quelques changc- mens dans leurs formes, changent aussi de fonctions, puisque d'organes raàles ils deviennent organes femelles , on peut croin; réciproquement que ces anthères sont , dans leur oiigine , des ovaires dont une cause inconnue arrête subitement les progrès. Ce n'est pas tant par leurs formes que les anthères diffèrent des ovaires, mais c'est leur nature physiologique qui est fort dissem- blable. Ceux-ci décomposent l'acide carbonique, deviennent verts et plus ou moins analogues aux feuilles ; ceux-là sont blancs ou diversement colorés parce qu'ils sont devenus impropres à la décomposition de l'acide carbonique. On n'a pas cherché à expli- quer la cause d'un pareil changement : ne serait-il pas naturel d'admettre qu'un avorlement par défaut et du genre de ceux que DE L'EUPHORBIA ESULA. 97 M. De CandoUe appelle prédisposés , donne naissance à l'organe mâle? Si, dans Fobservalion présente, nous trouvons des étami- nes changées en ovaires, c'est que, par une abondance excessive de sucs nourriciers , les diverses parties de la fleur ont pu conti- nuer leurs fonctions primitives ; il n'est donc pas étonnant que nous voyions pulluler des ovaires au centre de la fleur, et que les étamines les plus intérieures oftrent la dégénérescence plus ou moins complète de ces ovaires. i3 MEMOIRE SUR L'ACHLYSIE, NOUVEAU GENRE D'ARACHNIDES TRACHÉENNES; PAR M. J. VICTOR AUDOUIN. ( LU A l'aCID^MIE des SCIENCES ET A LA SOCIÉTÉ o'hiSTOIRE NATUP.F.LLK DE PARIS , EN 3IAI I 82 I . ) La classe des Aptères qui , du temps d'Aristote , conipreuail tous les insectes prives d'ailes , a siAi depuis lui des cliangeniens très-heureux. Linné, Mùller , Degèer, Herinann, Fabricius, r^atreille, Cuvier, Dumèril, Lamarck et quelques autres savans ont beaucoup contribue' à rendre moins incohérent ce groupe, dans lequel on avait rejeté la plupart des insectes qui ne s'ac- commodaient pas aux classifications admises. C'est ainsi que, ne se fondant plus uniquement sur l'absence des ailes , on a reconnu que plusieurs Aptères appartenaient à tel ou tel ordre d'insectes hexapodes, et que d'autres constituaient des groupes plus ou moins naturels, que M. Latreille désigne sous les noms de Crus- tacées, d'Arachnides , à'ijisectes myriapodes , thysanowes parasites et suceurs (i). (i) Règne animal de- M. Cuvier, 3<^ vol., par M. Lalnille; iii-8". Paris 1817 ACHLYSIE, NOUVEAU GENRE D'ARACHNIDES. 99 Maigre un grand nombre de travaux entrepris sur ce sujet (1), et dont les plus remarquables se rattachent aux noms que je viens de citer, il reste encore, je crois , quelque chose à faire sous le rap- port de la classification, et bien davantage sous celui de la connais- sance des espèces , de leur anatomie et de leur physiologie. L'orga- nisation , les mœurs , la manière dont se reproduisent ces animaux , les changemens qu'ils éprouvent pendant la durée de leur exis- tence, méritent une attention toiue spéciale, et doivent fournir un jour des données précieuses a la méthode , qui , faute d'ob- servations , pourrait réunir des êtres différens , éloigner au con- traire des individus analogues, confondre souvent les sexes, et considérer , comme des espèces distinctes , le même individu à chaque période de sa vie. , L'insuffisance des méthodes et le peu de secours que leur prête j usqu'à présent l'observation, peuvent surtout s'apprécier lors- qu'on doit y recourir pour classer un être nouveau et offrant une combinaison de caractères qui ne s'était pas encore rencon- trée. Tel est le cas dans lequel je me trouve. Le petit animal que je me propose de faire connaître est para- site , mais n'appartient pas , par ses caractères , à l'ordre de ce nom, et ne peut être placé dans aucun genre établi jusqu'à ce jour; j'en ai rencontré, une seule fois, deux individus parfaitement semblables sur le corps d'un dytique mâle (Djtiscus margina- lis, L.) , ti'ouvé dans une des mares de la forêt de Fontainebleau, au mois de juin (181g). Je conservais dans un bocal d'alcool ce Dytique et un grand nombre d'autres, pour servir à des recher- (1) voyez l'article Aptères que j'ai inséré dans le Dict. class. d'hist. nar. In-S" Paris, 1822. Chez Baudouin frères. loo ACHLYSIE, NOLVEAU GENRE ches d'anatomie, quaud le hasard me fil découvrir, long-ieiiips après , le nouvel être que je vais décrire. Placés sur le côté droit du dos do rabdoiiien du Dytique, et ca- chés par les ailes et les él vires, l'un d'eux adhérait à Tintervalle inembraneiix qui existe eutre le uiétathorax et l'arceau supérieur du premier segment de l'abdomen ; il avait une position transver- sale; son extrémité postérieure regardant à gauche et l'antérieure à droite. Le second était fixé à l'espace de même nature , qui unit le troisième anneau de l'abdomen au quatrième, et oflVait son extrémité postérieme dirigée ii choite et en avant, et l'anlé- rieure à gauche et en arrière. Ils étaient, en outre, couchés sni- le flanc, position assez rare chez un animal articidé, et qui trou- vera son^ explication dans le courant de ce Mémoire. La longueur totale de cet animal est de six milhmètres, et sa plus grande largeur de trois et demi. Considéré d'une manière générale, il est ovoïde et ligure assez bien une cornue dont la panse serait allongée, et dont le col très-court, fermé et arrondi , serait abruptement recourbé sur cette pause, de manière ii laisser entre elle et lui un inlervallc ou une sorte d'échancrure étroite et profonde. Sa couleur dominante est le jaune-orange , disposé par zones irréguhères et transversales sur la région du dos, s' étendant sur celle du ventre, et confondu sur les côtés avec miecoulcui- jaune- citron, qui se prolonge supérieurement entre les bandes oran- gées dont je viens de parler. Ces couleurs très-vives donnent à l'animal un aspect gracieux, en même temps que sa forme lui prête quelque chose de bizarre. Si à ces caractères on ajoute qu'il n'existe ni tète, ni yeux, ni antennes, ni thorax, ni division du corps en anneaux, ni anus, ni ouvertures pour la respiration; qu'il y a bien, il est vrai, un suçoir et des pâtes; mais que leur D'ARACHNIDES TRACHÉENNES. loi tënuite est telle , qu'il faut un microscope pour les apercevoir ; si, dis-je, on ajoute ces caractères aux pre'ce'dens, on aura déjà une idée assez exacte de notre animal parasite. La peau rjui l'enveloppe est épidermique, c'est-à-dire parfaitement transparente , et se roule sur elle-même lorsqu'on vient à la de'tacher. Elle adhère peu aux parties qu'elle recouvre, ne présente aucune ouverture et se continue avec le suçoir et le plastron sternal. Ce suçoir et ce plastron , situés l'un et l'autre dans le fond de l'échancrure que nous avons fait connaître, échappent, autant par cette position que par leur petitesse, à un premier coup -d'oeil, et réclament, pour être aperçus, des recherches très-minutieuses. Le suçoir, placé en avant et à une très-petite distance du plas- tron, est de forme conique, denté à sa partie postérieure, et de consistance cornée. Sa ténuité excessive et son opacité ne nous ont pas permis de déterminer s'il était simple ou composé. Son sommet est aigu , libre, et s'introduit dans le corps du Dytique. Sa base se continue avec la peau et se détache avec elle. Derrière le suçoir on aperçoit , avec une très-forte loupe et mieux au microscope , le plastron formé de chaque côté par trois sortes de sternums placés à la suite les uns des autres et soudés entre eux. Ces pièces, au nombre de six par conséquent, sont planes, quadrilatères, un peu plus consistantes que la peau. MM. Latreille et Savigny les considèrent comme autant de hanches constituant le premier article des pâtes; je partage volontiers leur opinion. L'angle externe et antérieur de chacune d'elles donne attache an second article de la pâte , laquelle en présente en tout six. Ceux qui suivent la hanche sont uniformément articulés , à peu près également développés etmunis infériemement et en dedans d'un poil, à l'exception du dernier, qui porte à son côté externe une petite épine. .02 ACHLYSIE, NOUVEAU GENRE D'après ce qui vient d'être dit , on ne reconnaîtra dans cet être singidier qu'un organe de succion et un appareil locomo- teur bien caractérisés, sans lesquels il serait, pour ainsi dire, ré- duit au premier degré de l'animalité. L'achlysie présente en outre un fait três-digne de remarque : elle est fixée au Dytique, au moyen de son suçoir; mais ce suçoir, situé dans l'échancrure profonde dont il a été parlé, est d'une petitesse excessive , et ne saurait en dépasser les bords inférieurs. Il résulte de-là, que si l'animal était posé de champ, c'est-à-dire sur le ventre, k la manière de tous les insectes , son bec ne pourrait rester fixé au Dyticpie. Il est obligé, pour obvier à cette disposition défavora- ble, de se coucher sur l'un ou l'autre flanc ; ceux-ci étant très-com- primés, permettent au suçoir de les déborder en s'inclinant, soit à droite , soit à gauche, pour atteindre , par son extrémité libre et aigué, l'abdomen du Dytique auquel il adhère très-fortement. Nous avons recherché avec beaucoup de soin à quelle partie de l'abdomen du Dytique répondait l'extrémité du suçoir, et nous sommes convaincus qu'il n'aboudssait h aucun organe important, mais qu'il était simplement en rapport avec le tissu lamineux le plus superficiel ; car il ne dépasse guère , à l'intérieur , la paroi membraneuse qu'il a percée. Tel est l'usage essentiel du bec. Il parait aussi en avoii- un autre secondaire. En effet , le moindre attouchement fait exécuter à cet animal, privé de vie, un mou- vement de rotaùon sur un axe fixe, et le suçoir devient l'axe au- tour duquel s'opère cette révolution, qui d'ailleurs est rendue fa- cile par la convexité des flancs de l'Achlysie et la surface lisse et polie de la partie du Dytique sur laquelle elle repose. L'animal, pendant sa vie, ne jouit sans doute que de ce mouve- ment borné qui se manifeste à l'aide des pales. Celles-ci sont situées, comme je l'ai dit, en arrière du suçoir, et dans la même échan- D'ARACHNIDES TRACHÉENNES. io3 crure. Un peu plus longues que le bec, elles ne le sont cepen- dant pas assez pour dépasser le bord inférieur de cette e'chan- crure, et ne peuvent, de même que le suçoir, se mettre en rap- port avec les objets extérieurs, qu'en se déjetant à droite ou à gauche. Quelles sont alors les fonctions de ces appendices et de quelle utilité' peuvent-ils être pour un corps si volumineux par rapport à eux? Le seul usage qu'on puisse leur attribuer, c'est d'avoir servi de soutien à ^animal , lorsqu'il a introduit pour la première fois son bec dans le corps du dytique, et de lui rendre le même office s'il vient à se déplacer. Une manière d'être aussi singulière devait naturellement m'inspirer le désir d'ajouter à cette connaissance de nouveaux faits fournis par l'anatomie des parties internes. Je disséc[uai en conséquence, avec tout le soin possible, les deux individus que je possédais ; mais probablement à cause du séjour de ces animaux dans l'esprit de vin, je ne rencontrai qu'un tissu parenchyma- teux, d'une consistance à peu près égale, et je ne trouvai aucune de ces parties qu'il est si aisé de distinguer au premier coup-d'oeil dans les autres animaux articulés. Je présenterai cependant le résultat de mes recherches , en le donnant pour ce qu'il est, et en engageant les personnes qui en auraient occasion à étudier avec soin l'individu vivant. L'animal ayant été ouvert par le ventre, nous découvrîmes, en examinant les choses de dehors en dedans : i" L'enveloppe épidermique cjue j'ai déjà fait connaitre. 2°. Une membrane ténue, blanchâtre, translucide, entourant tout l'animal, et constituant une seconde peau. 3°. Une masse fort épaisse, de consistance parenchymateuse, se déchirant avec facilité, se réduisant en grumeaux; plus dense sur le dos que partout ailleurs , enveloppant aussi toutes les par- io4 ACHLYSIE, NOUVEAU G'ENRE lies siluees plus profondemeiu ; sa couleur est orangée dans cer- tains points, et jaune dans d'autres; c'est elle qui, paraissant à travers les deux enveloppes préce'dentes , constitue les belles nuances que nous avons fait remarquer. 4°. Une masse cylindroïde d'un jaune sale, ou plutôt grisâtre, d'ime consistance pâteuse, plus tenace que la substance orangée, e'tendue d'une extrémité du corps à l'autre. J'ai aperçu au-devant d'elle une sidDStance blanche parenchy- mateuse, peu consistante , formant d'abord à la partie antérieure du corps de l'animal , une sorte de vaisseau unique ; se divisant bientôt en deux branches mal limitées dans leur contour, assez rapprochées de la ligne médiane (i), et se perdant enfin dans la masse eyUndroïde grisâtre que je viens de décrire. 5°. Au-devant et au tiers postérieur environ de la même masse cylindroïde, nous avons découvert une petite poche, sorte de vésicule formée par une membrane incolore , assez ténue et rem- plie exactement d'une matière blanche , comme farineuse. Ce sac donne naissance ou plutôt reçoit un canal, qui se trouve enveloppé dans toute son étendue par la masse cylindroïde grisâtre au centre de laquelle il est situé. Ayant ouvert l'enveloppe , nous avons vu que, d'abord dirigé en haut et en arrière, il se portait bien- tôt en avant , jusqu'au niveau du bec au([uel nous présumons qu'il aboutit ; car nous n'avons pu distinguer d'une manière bien nette sa terminaison. Dans son trajet, il est légèrement ondiJé et décrit une courbure dont la convexité est en arrière et en haut , et la conca- vité en bas et en avant. Sa paroi est de même nature que celle de (i) La figure représente ces deux branches déjetées sur les côtés , afin de laisser apercevoir le corps cylindroïde. J , D'ARACHNIDES TRACHÉENNES. io5 la vésicule, et la même matière blanche qui remplit celle-ci, s'ob- serve daas toute l'ëtendue de ce canal : si ce conduit est l'intes- tin, c'est un intestin n'ayant d'autre orifice que celui de la bouche. Nous n'avons découvert, en effet, maigre le soin que nous mettions naturellement à cette recherche, aucun autre canal partant de la vésicule ou y aboutissant. Ce fait , sans doute très-curieux et le plus positif de ceux que nous venons de rappor- ter, s'accorde parfaitement avec ce que nous avons dit de l'ab- sence de toute ouverture à la peau, celle du suçoir exceptée. Quant à la nature des autres parties , nous ne saurions pronon- cer sur des observations aussi imparfaites que les nôtres , surtout lorsqu'il s'agit d'une organisation encore peu connue. Si l'anatomie ne nous a fourni que des données vagues sur la nature de notre animal parasite, on conviendra que ce que nous avons fait connaître sur les parties externes est bien suffisant pour fournir de très-bons caractères zoologiques. C'est en nous y attachant que nous pouvons espérer de déterminer à quelle classe, à quel ordre, à quelle famille, à quel genre et enfin à quelle espèce notre individu appartient. Or cet examen nécessiterait d'assez longs détails , et m'oblige- rait de parcourir un grand nombre de méthodes s'il fallait comparer successivement les caractères assignés par chaque auteur aux différens groupes , afin d'indiquer celui auquel notre animal se rapporte, ou auprès duquel il se range. Mon but étant unique- ment de reconnaître s'il doit former un genre nouveau, ou s'il appartient à im de ceux établis, je me bornerai à la classification la plus naturelle que je connaisse, celle de M. Latreille. La première chose à faire était de constater si les individus que j'avais trouvés constituaient une espèce nouvelle , ou bien s'ils avaient été décrits par quelque auteur. Les recherches que j'ai faites i4 io6 ACHLYSIE, NOUVEAU GENRE à ce sujet me portent à croire qu'il n'a ete mentionne nulle part ( i ). Il s'agissait ensuite de déterminer sa place dans la se'rie des êtres, et j'ai dû, pour arriver à ce but, comparer les caractères que je lui avais trouves avec reu\ que M. Latreille assigne aux difterenies classes, ordres, familles etgenres. Or voici lerésultatde cette comparaison : Notre animal appartient plutôt à la classe des Arachnides qu'il tout autre groupe ; il doit être rapporte à l'ordre des trachéennes et à la deuxième tribu de la famille des Holèlres, désignée sous le nom (WJcarides. En prenant en considération le nombre des pâtes, il se range auprès des genres Caris, Leptus, Astoma de Latreille, et Ocypetè de Leach , qui tous ont six pâtes ; mais il ne peut être placé dans aucun d'eux tels qu'ils sont étabhs. Il a de plus un grand nombre de caractères qui nous autorisent à en faire un nouveau genre, qui prendra place à côté de celui des Leptes , et qui portera le nom (^ylchlysia (Achlysie) (2). Nous lui assignons les caractères distinclifs suivans : Six pâtes de six articles, le premier irès-éteiidii , quadri- latère ; les suivans développés à peu près unijorniément , situés , ainsi que le siphon, dans une échancrure antérieure et profonde du corps. Ces caractères pourront certainement être modifiés ou même remplacés par d'autres , suivant les bases de classification que l'on adoptera. C'est ainsi que le bec , qui est de forme conique, aigu (1) Parmi les parasites qui vivent sur les insectes, et qui sont décrits et figurés par les auteurs, quelques-uns se rapprochent tant soit peu de celui que nous décrivon.» , mais tous en différent assez pour en être distingués. (2) li'yirlilys, déesse de l'obscurité et des ténèl)res, à cause de rabsciice des yeux et de la place caeliée que l'animal occupe sur le corps du Dytique. D'ARACHNIDES TRACHÉENNES. 107 à son sommet, denticule à sa face postérieure, depomvu de palpes, et que l'absence des yeux et de plusieurs organes pour- ront , dans une autre circonstance , être pris en considération. L'espèce imique qui, jusqu'à présent, compose ce genre, et qui a fait l'objet de cette note, portera le nom d'Achlysie du Dy- tique , ^chlysia Dytisci. Les caractères que je viens d'assigner à ce nouveau genre prendront certainement place un jour dans un cadre plus géné- ral que celui que nous connaissons, et la découverte d'êtres plus ou moins analogues à celui qui en fait le type les fera sortir de l'isolement oii ils se trouvent, en les liant aux caractères de plu- sieurs séries voisines. En effet, ce groupe d'animaux ne peut lar- der long-temps à attirer l'attention exclusive de quelque ob- servateur. Quoi de plus intéressant que des individus dont la vie se trouve liée d'une manière intime à l'existence de certaines espèces? Celles-ci sont pour eux une terre nourricière, au-delà de laquelle ils rencontrent une mort inévitable; à moins que lors- qu'une cause quelconque les en a chassés , le hasard ou plutôt la nature prévoyante ne leur fasse rencontrer un nouveau monde , absolmnent semblable à celui qu'ils ont quitté. Plusieurs parasites sont par conséquent doués de mouvement, et jouissent de la fa- culté de parcourir dans tous les sens le sol qui les fait vivre. D'autres, au contraire, tels que celui qui a fourni le sujet de notre Mémoire, sont fixés par leur bec à quelque partie du corps de l'animal, et puisent tranquillement et dans une immobilité parfaite les sucs que celui-ci leur prépare. Ce sont eux surtout qui obéis- sent, d'une manière passive , à toutes les circonstances dans les- quelles l'individu qui les nourrit vient à les placer. Singulière condition ,. qui les oblige de se soumettre à un être qui se trouve à son tour sous leur dépendance ! io8 ACHI.YSIE, NOUVEAU C.ENRF C'est aussi sur ces derniers aiiùnauv qu'il se présente une foule de questions qu'il serait bien intéressant de résoudre, et en les appliquant d'une manière plus spe'ciale à l'espèce que j'ai fait con- naître, ou se demande conniient ce parasite a pu arriver à la place où nous l'avons trouve, puisqu'il n'est doué d'aucun oigane lo- comoteur capable de l'y transporter. Ou peuse alors que le vo- lume de son corps n'a pas toujours été ce que nous le voyons ; qu'il a éprouvé un accroissement analogue à celui de certains pa- rasites, les Tiques en particulier, et qu'il fut une époque, sans doute dans son premier âge , oîi la ténuité des pâtes étant en rap- port avec la petitesse du corps, l'animal a pu nager et s'intro- duire sous les ailes et les élytres du Dytique. C'est alors qu'il s'est fixé en introduisant son bec entre les segmens abdominaiLx. Dès ce moment son corps a pu acquérir tout son voliune par la noiu- riture qu'il a puisée, tandis que ses pâtes, qui ne devaient plus avoir qu'un usage très-secondaire, ont conservé leur premier accroissement. Si l'on examine ensuite, chez notre animal, l'étendue des pro- priétés aux moyens desquelles la vie se manifeste, on recon- naîtra , d'après les idées que nous avons de cette dernière , qu'elles doivent être très-bornées. En eflTet, cet être ofl're une ouverture unique à la peau, pour l'introduction de la substance alimentaire. Du reste, on n'aperçoit aucun organe des sens, au- cun appareil excréteiu- ou respiratoire, aucune partie extérieure pour la génération. Cependant le vœu de la nature, ici comme ailleurs, est toujoins rempli. L'individu existe et reproduit certai- nement son espèce, sans que, dans l'état actuel de la science, il soit possible d'expliquer cette existence et cette reproduction. D'ARACHNIDES TRACHÉENNES. 109 Explication de la planche T^,fig- 2. A. Dytique dont on a découvert l'abdomen in enlevant les élytres et les ailes membraneuses, afin démontrer la position des deux Achlysies. an. Ces deux animaux, de grandeur naturelle , posés sur le flanc et adhérant au moyen de leur suçoir à l'in- tervalle membraneux des anneaux. B. Une des Achlysies très-grossie , vue de profil et du côté droit. On voit la dis- tribution de ses couleurs, a. L'échancrure au fond de laquelle sont situés le bec et les pâtes qui , malgré la dimension qu'on a donnée à l'animal , ont encore une petitesse relative telle qu'elles ne sauraient être visibles. C. L'animal ouvert du cûté du ventre. a. Première enveloppe épidcrmique. è. Seconde enveloppe membraneuse, c. Masse parenchymatcuse de couleur jaune et orangée, d. Masse cylindroïde grisâtre, conte- nant, dans son intérieur, je canal digestif, et ayant inférieiirement au-devant d'elle une vésicule à laquelle aboutit ce canal, mais qui , dans cette figure , n'a pas été re- présentée, e. Substance blanche placée aussi au-devant de la masse cylindroïde, .se divisant en deux cordons trcs-rapprochés dans l'état naturel , mais qui , ici , sont très- écarlés l'un de l'autre , afin de laisser voir la masse cylindroïde dans laquelle ils se perdent. D. Animal vu de profil et du côté gauche; on a figuré en a le canal digestif, en su])posant une incision profonde dans les masses qui l'enveloppent , au moyen de laquelle il serait mis à découvert; on voit très-bien son trajet et ses légères ondula- tions, ainsi que la vésicule à laquelle il aboutit. E. Le Siphon et les six pâtes sternales vus de face avec la lentille n" i du microscope de Dellabarie. a. Siphon corné , vu par sa face postérieure qui est denticulée ; il est de forme co- nique et adhère par son extrémité aiguë à la peau du Dytique; sa base se continue avec les hanches au moyen de la peau. o. Les hanches, au nombre de six, donnant chacune attache par leur angle anté- rieur et externe à une pale composée de cinq articles. Ces pièces constituent une sorte de plastron sternal, et sont séparées sur la ligne moyenne par un intervalle com- plété par la peau. F. Portion de l'Achlysie vue de trois-quarts et excessivement grossi, afin défaire comprendre le développement qu'auraient les pâtes et le bec, si l'animal avait atteint ce volume démesuré. a. Le bec. b. Les pâtes. On voit par cette figure que les pâtes et le bec, situés au fond de l'échancrure , ne sauraient atteindre son orifice inférieur c , et que ce n'est qu en se déjetant sur les flancs, qui sont très-comprimés, qu'ils peuvent .se mettre en rapport avec les objets extérieurs. NOTICE GEOLOGIQUE SUR LES ENVIRONS D'ANVERS, PAR M. DE LA JONKAIRE. (ld dans la séance du i3 avril i8ai. ) Depuis que les travaux, de quelques savans ont éveille l'atten- tiou des géologistes sur l'iatérètque présentent les terrains mo- dernes , et qu'enfin l'on s'est occupé des révolutions les plus voi- sines de nous, les plus propres à nous éclairer sur l'histoire du globe, plusieurs auteurs ont fait faire d'immenses pas à la science par la description des terrains tertiaires en divers lieux, et nous connaissons actuellement les rapports de ces formations en France, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, etc. Mais jusqu'à présent aucun élève de l'école moderne, si l'on peut nommer ainsi la nouvelle manière d'étudier la géologie, n'a donné de notions étendues sur le sol tertiaire de la Belgique , soit que le hasard n'en ait point amené dans cette contrée , soit que l'on se reposât, pour sa détermination , sur quelques des- criptions données par Burtin et sur les ébauches tles fossiles qu'il y a jointes. NOTICE GÉOLOG. SUR LES ENVIRONS D'ANVERS. m M. Omalius d'Halloy , seul , dans sa géologie du nord de la France, commençait à nous faire connaître cette intéressante contrée ; et personne, sans doute, mieux que cet habile géolo- giste, n'eût pu s'acquitter de cette pénible tâche, lorsque des occupations nouvelles sont venues trop tôt , pour les sciences , l'enlever à ses études. Les Annales de Bruxelles renferment bien quelques faits in- téressans de la géologie des Pays-Bas, mais on ne s'y est point attaché à la détermination des terrains , d'après les classifications reçues. Cependant l'une des extrémités du bassin de la Belgique avait été le sujet de nombreux ouvrages et de contestations fréquentes, mais toujours on s'était arrêté à l'importante description des collines de Maestricht , sans ajouter celle des terrains auxquels elles servent de base; rien de bien certain n'existait donc pour les temps postérieurs à la craie. On se contentait en général de considérer cette grande zone de terres basses, qui s'étend de- puis la Russie jusqu'en France, et qui comprend la Hollande et la Flandre, comme le produit d'une action très-récente des eaux, et l'intérieur du sol n'avait pas été fouillé suffisamment pour rectifier cette idée ; pourtant des recherches y ainaient fait re- connaître des couches analogues à la plupart de celles du bassin de Paris ; on y eût rencontré sans doute notre argile plastique, notre première formation marine; probablement quelques dé- pôts marins plus récens, et peiU-ètre même des produits des eaux douces contemporains de notre formation d'eau douce su- périeure et accompagnés des mêmes sables. Mais un grand attérissement recouvrait tout et masquait ces diverses couches, de sorte que les observateurs ne pouvaient que bien difficilement recueillir quelques faits, et l'on ne doit lift NOTICE GÉOLOGIQUE point s'etoiiner que la géologie de la Belgique soit si peu avancée relativemeal à celle des pays voisins. Me trouvant à Anvers , dans un moment oii l'on taisait des fouilles , j'ai rasseml)lë quelques documens, encore bien peu certains et bien peu nombreux; cependant il existe si peu de notions sur cette contrée, que j'ai pense qu'on accueillerait avec indulgence, même les plus imparfaites. L'examen de quelques coupes peu profondes joint aux des- criptions qu'ont bien voidu me communiquer des personnes pré- sentes aux travaux des bassins , étaient mes seides ressounes pour la détermination bien difficile de terrains mal caractérises ; mais j'ai dû à l'obligeance de M. Brongniart des secours, des ren- seignemens, qui m'ont été' très-precieux , puisque eux seuls ont pu me déterminer à publier ces observadons (i). Aperçu du Terrain. Les fouilles les plus profondes qui aient été faites sotu celles des bassins , elles se sont arrêtées à im banc coquiller dont la nature ne m'est pas bien connue el sur lequel on n'a pu me donner d'exacts reuseignemens ; je présiune pourtant qu'il se compose d'une argile calcarifère. Au-dessus était une couche d'argile grisâtre , quelquefois \m peu mêlée de sable , ayant ordinairement une assez grande té- nacité, et se rapprochant par ses caractères minéralogiques de l'argile plastique. Il paraît qu'on n'y a point rencontré de co- (i) Je ne puis in'cmpécher d'ofFiir encore ici un juste tribut de reconnaissance à M. de LaCroii, qui, long-temps habitant d'Anvers, a recueilli une foule de traits curieux de l'histoire physique des Pays-Bas, et qui a eu l'extrême bonté de les mettre à ma disposition. SUR LES ENVIRONS D'ANVERS. ii3 quilles , ou qu'au moins elles y étaient assez rares pour avoir e'chappe à des observations assidues. En remontant encore, on voyait un deuxième banc, très-puis- sant, de sable quarz'eux chlorité , rempli de coquilles parmf lesquelles on remarquait des Cyprines, des Pe'ioncles, des Tur- ritelles , et surtout plusieurs espèces appartenant au genre As- tartë de M. Sowerby. C'est aussi dans cette couche, vers sa partie inférieure, qu'on a trouvé des ossemens de Cétacés. De-là jusqu'à la terre végétale était un banc de sable sans co- quilles, ayant jusqu'à trente pieds d'épaisseur et renfermant sou- vent des galets siliceux. Le bassin renfermait donc quatre lits assez puissans , assez distincts. A Deurne , village situé à une lieue d'Anvers , en creusant un étang, on a trouvé les mêmes terrains; seulement le banc sa- blonneux coquillier se relevait et n'était plus qu'à sept pieds de la surface du sol. Ici encore on a rencontré des ossemens dans la partie la plus profonde des travaux , et comme ils n'ont été poussés que jusqu'à l'argile , il parait probable que ces ossemens étaient comme dans les bassins à la partie inférieure du sable renfermant des coquilles. A Stuyvenberg, d'un autre crjté de la ville, on a trouvé de même des coquilles , qui , au lieu d'être dans un sable quarzeux, étaient dans un conglomérat de galets d'un petit diamètre , agglu- tinés par un ciment calcaire, et remplacés quelquefois par des nodules calcaires assez semblables à certaines parties non décom- posées des couches inférieures de notre calcaire grossier. C'est auprès de ce dernier endroit qu'au-dessous de la terre vé- gétale, nous avons vu des coupes qui mettaient à découvert les sables i5 ii4 NOTICE GÉOLOGIQUE sans coquille , qui généralement recouvrent toute cette contrée, et le banc coquillier. Cette dernière couche était formée d'un sable quarzeux to- loré par le fer, contenant une grande quantité de ces grains verUs si communs dans les parties inférieures de notre calcaire grossier, et que Ton avait appelé chlorite (fer silicate deM.Berthier). Jen'v ai recueilli que les coquilles suivantes ; elles sont loin sans doute de former la totalité de celles qui s'y trouvent, mais leur énumé- ration peut pourtant être fort utile à la détermination du terrain qui les renferme : Turitella triplicata (i). Turitella tornata (2). Natica non décrite. Ostrea (3). Ostrea non décrite (4). Pecten plebeius (5). Pecten , quatre espèces non décrites. Pectunculus pulvinatus (6). Pectunculus niunmiformis (7). Astarte oblicjuata (8) ? Id. 4 ou 5 espèces non déterminées. Isocardia cor (9). (i) Brocchi, tab. VI, f. i4- Turbo triplicatus (San Miniato. Toscane ). (i) Brocchi , tab. VI, f. 18 ( Plaisantin ). (3) Une espèce bien voisine est nommée Ost. Sonera , par M. Dclrami- (4) Se rapprochant par la charnière de la grypbée de Menaril. (5j Brocchi , t. XVI, f. 10. Ost. plcbcia. ( Plaisantin. ) (6) Lam. (7) Lam. Brocchi , t. XI, f. 8, Pectunculus ( Piémont). (8) Sow. ( près Ipswich ). (9) Lam. V SUR LES ENVIRONS D'ANVERS. i,5 Cardium. Lucina circinnata (lo). Venus , deux espèces non décrites. Cyprina islandicoïdes (il). Id. (12). Nummulites. Des fragmens de bois silicifië paraissant appartenir à des genres voisins des palmiers (i3). §. 2. Détermination des couches. iSoiis venons de faire l'e'nume'ration des couches qui ont e'te' vues à Anvers ; nous allons maintenant essayer de rapporter chacune d'elles à des époques contemporaines des environs de Paris. Des argiles inférieures. La couche argileuse inférieure , celle que nous avons cite'e la première, paraît renfermer des coquilles, mais tous nos efforts n'ont pu nous en procurer, et par conséquent il est impossible de la déterminer positivement. Cependant, si ce que nous avançons plus bas pour les couches suivantes se trouvait confirme', celle-ci ne pourrait appartenir qu'à l'argile plastique qui, dans plusieurs endroits, dans notre bassin même, renferme des bancs qui semblent comme pétris de coquilles. (10) Brocchi, t. XIV, f. 6. Venus circinnata. (11) Lara. Brocchi, t. XVI, f. 5. Venus Islandica ( Plaisantin ). Sow. Venus aequalis. (12) Se rapproche de l'espèce nommée Cyprina umbonaria, Lam. (i3) Ces bois étaient trop altérés pour qu'on puisse donner rien de certain à leur ogard,,-ee n'est qu'une détermination approximative que je dois à la complaisance de M. Adolphe Brongniart. ,,6 NOTICE GÉOLOGIQUE Des secondes Argiles. La couche suivante encore mal caractérisée l'est pourtant da- vantage par sa nature minëralugique , par sa couleur dominante que présente si souvent l'argile plastique, enfin par des lignites qui paraissent se trouver à une faible distance et dans une posi- tion semblable. En effet, des terrains qui semblent la continuation de ceux que nous décrivons, qui les représentent sur d'autres points des Pays- Bas, renferment des couches de glaise bitumineuse, ou même de véritables lignites. Telles sont les terres de lîuisduinen, et pro- bablement ces prétendues tourbières qui renfermaient les noix de Coco et d'Arec figurées par Burtin. jNous devons remarquer à ce sujet qu'il faut se défier de cette dénomination de tourbière, appliquée si généralement dans la Hollande à tous les lieux doni on retire une matière combustible ; car ce n'est certainement pas dans les tourbières proprement dites que l'on peut avoir ren- contré, soit un mélange de coquilles d'eau douce et marines, soit même du succin. Or ces deux choses se sont troiivées dans de prélentlues tourbières, et particulièrement le succin qui est de- venu, par des découvertes récqptes, im des minéraux caiactéris- liques de l'argile plastique , et qu'on a recueilli en Hollande à une époque fort reculée, et depuis encore à diverses reprises dans des couches bitumineuses, auxquelles les auteurs qui citent ces découvertes donnent en général le nom de touibe. Ces couches, sans aucun doute, sont la continuation des lits bitumineux de la basse Allemagne , où M. Coquebert de Montbret et d'autres auteurs ont vu également le succin, et sont par conséquent des lignites. SUR LES ENVIRONS D'ANVERS. u, En résumé, s'il existe dans ce même bassin, dans des lieux voisins, et dans une position semblable, de véritable argile plas- tique ; s'il se trouve à Anvers des bancs qui aient toute la nature minéralogique de cette roche , il nous parait nécessaire de s'ar- rêter à cette analogie, et de les ranger dans la formation d'argile inférieure au calcaire grossier des environs de Paris. Des Sables coquilliers. Les sables renfermant des coquilles, qui sont supérieurs à cette couche, doivent donc être dans notre supposition la repré- sentation du calcaire grossier. C'est ce que nous allons tâcher d'établir. Nous rappellerons d'abord combien la nature apparente d'une roche est un caractère trompeur dans sa détermination comme terrain, et qu'ainsi, quoique ce banc n'ait point fourni de véri- table calcaire grossier pour le minéralogiste , il peut en être au- trement aux yeux du géologue. Une difficulté plus grande est le rapport, la ressemblance par- faite de la plupart des fossiles avec ceux des terrains tertiaires de l'Italie , que plusieurs auteurs regardent actuellement comme postérieurs à notre gypse. Ou trouve à Anvers comme en Italie des ossemens de Cétacés; on y trouve des coquilles spécifiquement semblables, et il n'existe aucune différence bien apparente entre ces deux lieux; cepen- dant je ne puis, malgré cette analogie avec im terrain que l'on rapporte à la seconde formation marine du bassin de Paris , con- sidérer Anvers comme appartenant à cette époque. Les dents de squale, si fréquentes à Anvers , se trouvent com- munément dans le calcaire grossier ; soit celles du genre Scillium , soit celles du genre Carcharias. Les Nummulites, les Turbinolites ii8 NOTICE GÉOLOGIQUE qui se sont trouvées à Gand dans la niènie couche sablonneuse, sont bien senJîlables à celles du calcaire grossier. Burtin a donné, comme provenant de mêmes terrains qu'Anvers, la VolutaHar- pula, XdiVoluta Cythara, V Hippocrenes , et peut-être même le Cerilhiumgigas, fossile si essentiellement caractéristique de la formation marine inférieure; enfin, et cette circonstance nous semble fort importante, la couche que nous décrivons renferme près d'un cinquième en volume de fer silicate. Cette circonstance, disons-nous, est fort miportante; en effet les couches inférieures du calcaire de Paris en sont tellement chargées , qu'elles se désagrègent entièrement , tandis qu'une analyse mécanique que nous avons faite des couches sablonneuses ou argileuses du second terrain marin de diverses localités au- thentiques, ne nous a jamais fait reconnaître un seul grain de cette substance. La composition minéralogique des sables n'est peut-être pas aussi peu importante qu'on le croirait d'abord à leur détermination géognostique ; car les débris des roches anciennes qui ont servi à leur formation ont dii être travaillés, ont dii être déposés partout à la même époque. Malgré tout, on doit avouer qu'il existe une différence assez grande dans l'aspect général des deux terrains; mais il nous semble qu'on peut l'expliquer ainsi : La formation marine d'Anvers, exclusivement composée de couches sablonneuses, a dû nécessairement se mêler davantage au terrain inférieur que lorsqu'elle avait toute la consistance du calcaire grossier comme dans notre bassin ; toute la formation marine a dû perdre une partie de ses propres caractères pour em- prunter ceux de l'argile plastique, et ne doit avoir, par consé- quent, quelques rapports qu'avec ces bancs qui sont tellement char- gés de fer silicate , qui renl'ennent si fréquoimnent des dents de SUR LES ENVIRONS D'ANVERS. 119 Squale , où les coquilles sont si tendres , si décomposées ; en un mot, à cette partie la plus inférieure du calcaire grossier qui semble se mêler à l'argile plastique. Ces couches de mélange, peu puissantes en France, le sont da- vantage en Belgique , et sont les seules que l'époque du calcaire grossier ait déposées dans ce bassin. Ce qui prouve que le calcaire grossier y a conservé une partie des caractères de l'argile plastique, ce sont les Cyprines qui y sont communes, et qui se trouvent dans les argiles de l'île de Wight; les Astartés qui sont les fossiles caractéristiques d'Anvers, et qu'on a fréquemment lencontrées dans des argiles qui, pour la plupart, se rapportent à l'argile plastique. Plusieurs des coquilles du calcaire grossier d'Anvers appar- tiennent également à l'argile plastique , ou plutôt au point de contact, au point de mélange de ces deux terrains. De-là , sans doute , la difficulté que l'on trouve à voir le calcaire grossier d'une manière certaine en Belgique , oii les terrains ana- logues à ceux de Paris ne se sont déposés ni aussi tranquillement ni en masses aussi distinctes. Il existe donc dans le bassin de la Belgique des terrains ana- logues à la partie inférieure de la première formation marine du bassin de Paris , et ces terrains y sont caractérisés en général par la présence du fer silicate, par des dents de Squale, par des Num- mulites, par plusieurs espèces du genre Astartd, par des Peignes, des Cyprines , des Pétoncles, etc. Pour ne pas s'arrêter à cette détermination , il faudrait démon- trer que la seconde formation marine de notre bassin se présente quelquefois avec tous les caractères de la première, et qu'il existe au-dessus du gypse des couches partaitement semblables à l'argile inférieure , et accompagnées comme elle de lignites. Ceci, 'S" NOTICE GÉOLOGIQUE au reste, est bien loin do nous paraitre entièremenl dénué de probabilité ; mais comme ce fait , bien qu'il soit fort possible , n'est point encore démontré, nous devons nous en rapporter aux déterminations généialement adoptées ( i ). Des Sables supérieurs sans coquilles. Le sol d'une partie de la province se compose de sables qui ne sont point encore recouverts par la terre végétale ; cette partie, que l'on nomme la Campine, est coupée de monticules semblables à de véritables dunes qui s'étendent jusqu'au Waal ; la végétation y languit, souvent même le sable y parait h découvert, ou n'est faiblement caché que par quelques espèces de bruyères. Ces dunes, ces sables, sont évidemment les mêmes que ceux que nous avons cités au-dessus du banc coquillier dans la des- cription du bassin ; mais à quelle formation connue des géognostes doit-on i-apporter les ims et les autres ? Si l'on en croit quelques traditions ou même quelques écrivains, on ne ferait remonter qu'aux temps historiques l'époque oii ils oui été accumulés ; et cependant la nature du terrain contredit ces dépositions. Nous allons donc citer les autorités et les faits les plus concluans pour l'une ou l'autre opinion. Un auteur flamand assure qu'on a trouvé dans les sables de la Campine des ancres et divers autres instrumens des (f) Depuis la lecture de ce Mémoire , de nouvelles obsen'ations que nous avons faites sur d'autres points de la Belgique , ont ajouté dans notre esprit beaucoup de force à cette supposition d'un terrain de lignites bien plus récent que ceux que l'on connaît. Cependant , comme cela est bien loin d'être mis hors de doute , nous ne pouvons , nous lie devons point nous t tenir. SUR LES ENVIRONS D'ANVERS. ,21 hommes, laisses sans doute par la mer lors de sou dernier retrait. Un autre rapporte que dans le neuvième siècle les Normands, après avoir pille' Anvers , se rendirent par eau à Aduatuca , que des historiens regardent comme Tongres. Or, il n'existe main- tenant aucune communication semblable. Hubert Thomas dit aussi qu'autrefois la mer venait baigner les miu'S de Tongres, et que de son temps encore on y voyait les grands anneaux de fer qui servaient à amarrer les navires. Je pourrais citer plusieurs autres écrivains qui ont soutenu cette opinion; leurs argumens les plus pressans sont base's sur des e'ty- mologies quelquefois sans doute un peu hasardées. A ces diverses considérations l'on peut répondre avec assez de raison peut-être : ces instrumens des hommes , s'ils ont vraiment été trouvés, n'étaient-ils point à la surface du sol; n'étaient-ils point apportés par une cause étrangère quelconque? D'ailleurs, les énormes morceaux de fer hydraté qui se trouvent dans cette contrée n'ont-ils pas pu , par une forme faiblement imitative , tromper le peuple toujours porté à reconnaître un modèle bien exact dans l'ébauche la plus imparfaite de la nature ? Guichardin , qui est une autorité au moins aussi recomman- dable qu'Hubert Thomas, dément formellement ce dernier au- teur, et donne de nombreuses preuves de son erreur- et de celle des historiens qui ont partagé son opinion. Pourtant, de nos jours encore , quelques habitans de Tongres et des campagnes voisines pensent que le temps n'est pas fort éloigné où la mer couvrait la contrée qu'ils habitent, et que leur ville existait déjà lorsqu'elle s'est retirée. Mais ils se fondent sur la nature des sa)jles , et surtout sur la présence des coquilles , preuve irrécusable, selon eux, d'un séjour fort récent des eaux. Or, ces coquilles appartiennent au calcaire grossier, ou au moins 16 ,22 NOTICE GÉOLOGIQUE à une foniialion qui , loin d'èire historique, est anterieiuc .m dernier grand catadisme. 11 en est de cela comme des Gryphées ou des Ammonites, où l'on voyait les débris authentiques du déluge. Rien dans César n'appuie l'opinion que nous essayons de com- battre; si au contraire, comme les mêmes auteurs le pensent , Tongres est l'Aduatuca des anciens, deux passages des Com- mentaires doivent faire croire que cette place était située dans l'intérieur.On pourrait objecter que déjàla mer s'était retirée lors du séjour des Romains; mais ce retrait récent encore devait avoii laissé de nombreuses traces, puisque Hubert Thomas dit en avoir vu des vestiges, et sans doute César n'aurait pas oublié de parlei d'un fiùt si capable d'attirer sa curiosité , lui qui n'a pas ne- ghgé plusieurs traits moins saillans de l'histoire physique des Gaules. Après tout, une opinion adoptée dans des Chroniques nn- ciennes , controversée par d'autres écrivains , doit-elle faire re- noncer à une détermination à laquelle conduisent les caractères géognostiques? et c'est le concours de tous ces caractères qui nous fait dire que les sables supérieurs d'x\nvers, que ceux de la Cam- pine , que les bancs de galets de Tongres , des environs de Liège, ( le Maestricht, et en général la plupart des roches arénacées qui se trouvent en Belgique, soit à la surlace du sol, soit immédiatement recouvertes par la terre végétale, doivent se rapporter à l'aité- rissemeul diluvien. En eflet, nous avons rencontré dans les sables de la Campme de ces infiltrations calcaires qui ont agglutiné les grains quarzeux , et formé de ces nodules un peu friables que quelques auteurs regardent comme un caractère de l'altérissement diluvien. Comme l'altérissement diluvien, ils forment une seule graiule SUR LES ENVIRONS D'ANVERS. laS assise de fragmens roulés plus ou moins gros , et ne présentent pas l'alternance de couches nombreuses comme les attërissemens plus modernes, comme ceux qui se forment encore à l'embouchure de l'Escaut. Souvent ils renferment du fer hydrate , souvent leur na- ture mine'ralogique est identiquement semblable à celle de nos sa- bles micacés supérieurs. Enfin c'est dans ces mêmes couches qu'on a trouvé, auprès de la Vilvorde, des ossemens d'éléphant. Ceux de Bruges, de près de Bois-le-duc, de Maestriclit, cités dans le travail de M. Cuvier , se sont trouvés dans des lieux oii la couche saljlouneuse a une très-grande puissance , et probablement vers sa partie inférieure. A Anvers même on en a rencontré, et certaine- ment l'attérissement diluvien n'a encore aucun caractère plus siir que la présence de ces dépouilles fossiles. Des attérissemens modernes. Ce n'est pas que nous refusions de croire qu'il existe en Belgique des attérissemens modernes, et comment le pourrions-nous, en effet? ils se forment encore sous nos yeux. Ce que nous nions seu- lement, c'est qu'ils aient xme étendue aussi grande qu'on leur attribue généralement ; ce que nous avançons , c'est qu'on a range' quelquefois parmi les attérissemens les plus modernes des dépôts qui paraissent formés par la dernière grande révolution terrestre , ou même antérieurement à cette époque. Avant d'ofliir le résultat de nos observations sur la géologie du pays d'Anvers , nous aurions dû peut-être présenter un court aperçu de l'état actuel de la province et des causes qui , de nos jours, changent ou altèrent cet état. Lorsque l'on connaît le pré- sent, avant de chercher à pénétrer le passé, on peut plus aisément saisir les différences ou les rapports des causes qui ont agi aux ,î4 NOTICE GÉOLOGIQUE deux époques ; mais j'ai dû suivre l'ordre chronologique et Iraiier du sol ancien avant de décrire l'éiai moderne, puisque cet oidre est adopté par tous les géologistes. • Le côté du pays d'Anvers , (jui s'étend vers les bouches de l'Escaut, est fort uni, fort bas, et ircs-marécageux, principale- ment sur les bords de ce fleuve ; il porte vraiment des traces d'un séjour récent des eaux. , et semble ne devoir son existence qu'aux digues qui le protègent. Deux fois chaque jour la marée montante ftit refluer les eaux jusqu'au pied des digues; là, suspendues et stagnantes pour ainsi dire pendant quelque temps, elles déposent leur limon, et lors- qu'elles descendent , n'acquérant pas immédiatement une grande vitesse , elles laissent une couche vaseuse au pied des tligues, et y foi'ment à la longue des attérissemeus. Ces aitérissemens entourés de nouvelles barrières font ce qu'on nomme dans le pays des polder. Quelquefois de fortes marées, jointes à des vents vio- lens , rompent les digues et convertissent les polder en marais. Tels sont les agens qui de nos jours allèrent la surface du sol. Ils ne produisirent que des efi'els très-bornés; savoir, des tourbières, des marais en général et quelques bancs de sable au bore 1 de la mer. Je ne sache pas que les nomljreuses inondations si violen- tes de la Hollande se soient étendues jusqu'il Anvers, du moins rien ne le peut faire penser ; et ces inondations elles-mêmes ont laissé bien peu de dépots, puisque la question de savoir si le sol delà Hollande s'est exhaussé ou abaissé depuis les temps historiques, est encore loin d'être définitivement résolue. Nous avons donné peut-être une bien grande extension à celte détermination des sables siipérieius; mais ce travail ne paraîtra point inutile, si l'on se rappelle que l'atlérissemeul tliluvien ou ceux qui l'ont suivi sont encore peu connus, et qu'il esl plus aisé SUR LES RNVmONS D'ANVERS. ia5 de déterminer une couche du sol primordial, que ces formations si rapprochées de nous , quoiqu'elles soient bien plus propres à nous éclairer sur le travail de la nature. § III. Conclusion. Il existe en Belgique un bassin tertiaire borné par des collines de craie qui , partant des côtes fie France , forment , comme l'a indiqué M. Prévost, une longue zone qui passe auprès de Mons, de Liège , de Maestricht , etc. Ce bassin paraît être semblable à celui de l'est de l'Angle- terre, et renferme probablement plusieurs terrains analogues à ceux des environs de Paris. A Anvers , où nous l'avons examiné , nous y avons vu des terrains que nous croyons devoir rapporter à l'argile plastique, à la partie la plus inférieure du calcaire grossier, à l'attérissement diluvien, aux attérissemens plus modernes. Nous avons essayé de prouver que les Pays-Bas n'étaient pas aussi récemment abandoiuiés parles eaux, que plu- sieurs auteius l'ont pensé , et pour cela, nous n'avons pas craint d'ajouter quelques considérations historiques à un travail de sim- ple géognosie. On nous le pardonnera sans doute en pensant que ce ne serait pas un des résultats les moins heureux de la géologie, que de rectifier quelquefois l'histoire, et de détruire des idées, qui, quoique fausses, sont pourtant reçues sans discussion par la plupart des hommes, et cela seulement parce qu'adoptées par les générations précédentes, elles semblent avoir prisplace parmi les vérités. Tels sont les principaux résultats de ce premier travail sur hi géologie des Pays-Bas; peut-être un jour des observations plus exactes nous forceront-elles à les rectifier ou même à les ciianger 126 NOTICE GÉOLOG. SUR LES ENVIRONS D ANVERS, entièremeat j mais alors nous croirions encore que nos observa- tions n'ont pas été tout-à-fait perdues pour la science, si, eu éveillant l'attention des géologistes sur une contrée intéressante, nous devenions ainsi la cause de travaux moins imparfaits que ceux que nous publions aujourd'hui. NOTE SUR LE GENRE ASTARTÉ, Sowerby. (CRASSINE, Lamarck *. ) PAR M. DE LA JONKAIRE. (lo bans la séance du i5 mars 1822.) Plusieurs espèces du genre Astartë de M. Sowerby, ou Cras- sine de M. de Lamarck, se trouvent si fréquemment dans les couches sablonneuses du terrain tertiaire de la Belgique, que leur histoire n'en doit pas être séparée. Eu eflet , elles se montrent avec autant de constance dans le sable chlorité de ce bas- sin, que les Cérithes dans la première formation marine du nôtre. M. Sowerby a figuré, il est vrai, des Astartés qui pro- venaient d'une époque fort diflerente de celle que nous avons dé- crite; mais pourtant on peut dire qu'en général, c'est dans cette formation qu'elles se sont le plus ordinairement présen- tées , soit dans le bassin de Londres , soit dans celui de la Bel- gique, qui en parait la continuation; soit enfin dans les collines suJjapennines où ont été trouvées celles .données par M. Brocchi. (•) Nous conservons à ce genre le nom d'Astarté , sous lequel plusieurs de ses es- pèces avaient été figurées par M. Sowerby, avant que M. de Lamarck eût proposé de leur donner le nom de Crassines. V. Sow. Gen. Nov. laS SUR LE GENRE ASTARTÉ. Quel que soit au reste l'âge véritable de cette formation, qu'elle nesoitpas ou qu'elle soit léellemeiii le calcaire grossier inférieur, comme nous avons essayé de l'établir, les Aslartés en resteront néanmoins le caractère le meilleur, le moins sujet à varier avec les localités , et la monographie de ce genre devient par consé- quent nécessaire à l'histoire du sol de la Belgique. On doit rattacher aux Astartés plusieurs coquilles laissées dans les Vénus, dans les Capses, etc., etc. Le travail que nous entre- prenons a peut-être quelque utilité de plus sous ce rapport. M. Sowerby a donné aux x\slartés celte phrase caractéristique : (i) « Caract. gén. — Suborbiculaire ou transverse; ligament e.\- » terne; lunule du côté postérieur; deux 'dents divergentes au- » près du sommet. (Sow. , Min. conch. ang. i , 1816. ) » C'est surtout la situation tlu ligament qui distingue les As- urtés des Crassatelles , genre avec lequel elles ont une ressem- blance marquée, par une légère dépression §ur le côté, par une troisième petite impression très-profonde auprès d'une des im- pressions musculaires, ce qui existe également dans les Vénéri- cardes , les Trigonies , etc. ; enlin , par une épaisseur souvent notable. Les dents des Astartés sont ordinairement striées comme celles des Trigonies, mais moins profondément, d'une manière moins sentie; la forme générale esta peu près celle des \énus, seule- ment elle est un peu plus angulaire. On peut citer, comme type vivant du genre, la Vénus danmonice , Lin. Crassina danmo- niensis, Lamk. (1) • Crassiiie, Lam., Car. gén.— Coquille suborbiculce , Iransverse , cquivalvc, . subinéquilalérale , close : charnière ayant deux denU fortes, divergentes sur la vaUc . droite, cl deus dents très-inégales sur l'autre vahc •. ligament extérieur sur le • côté le plus long. • SUR LE GENRE ASTARTÉ. 129 Parmi les espèces que uous avons recueillies, les quatre sui- vantes nous paraissent nouvelles : 1. Astarte Omalu (fîg. 1, a, b, c). Astarté d'Omalius (en l'honneur de M. Oraalius d'Halloy dont le nom se rattache si heureusement à tout travail sur la géologie de la Belgique ). Coq. épaisse; quelques plis longitudinaux sur le dos, plus fré- quens vers le sommet; bords striés, quelquefois comme tronqués subitement; lunule très-profonde en forme de cœur allongé. Anvers ; partie inférieure du calcaire grossier. ■2. Astarte corhuloïdes (fig. 2, a, b^ c). Astarté corbuloïde. Coq. rappelant les corbules par son aspect , et ayant , comme plusieurs espèces de ce genre, de nombreuses cannelures longi- tudinales. Bord crénelé. Anvers ; inême gisement. 3. Astarte Basterotii {Ç\^. 5, a, b, c). Astarté deBasterot. Coq. plus large, plus aplatie que l'Ast. Omalii, atteignant sou- vent une plus grande taille. Bords crénelés. Anvers. Même gisement. A Cleyn Spauwen , près Maestricht, M. de Basterot a trouvé une Astarté qui ne se distingue de ceUe-ci que par la taille ; peut-être un jour devra-t-on pourtant l'en sépa- rer, si l'on reconnaît que celle de Clein Spauwen a atteint tout son accroissejuent. Le terrain de Cleyn Spauwen est un mélange de coquilles d'eau douce et de coquilles marines, analogue à celui de l'ile de Wight. 4. Astarte Burtinea ( fig. 4, A, b , c ). Astarté de Burtin. Coq. épaisse; bien distincte par des stries longitudinales nom- '7 ■ 3o SUR LE GENRE ASTARTÉ. breuses, lëgèremeni ondulées, et s'entrecroisant avec des plis plus élevés. Bord crénelé. Si aux Astartés que nous venons de citer, on ajoute celles que M. Sowerby a décrites et quelques Vénus de Brocchi, on aura à peu près toutes les espèces connues, et par conséquent une sorte de monographie du genre. 5. y^starte lurida,So\x. (pi. 127, fig. 3). 6. Astarte elegans , Sow. Babling-Hill, dans une couche de chaux carbonatée. 7. Astailecunenta, Sow. (pi. i37 , fig, 2 ). Chihnarch (Wiltshire) dans une couche de chaux carbonatée terreuse avec sable vert. 8. Astarte pJmui , Sow. (pi. 179, fig. 2). Près Norwick, dans une couche sablonneuse. 9. Astarte obliqiiata, Sow. (pi. 179, fig. 3). Holywell, près ipswich et Anvers, calcaire grossier inférieui. 10. Astarte lineata, Sow. (pi. 179, fig. 3 ). Heddington , près Oxford , dans une couche séléniteuse et argileuse qui paraît dépendre de la Connalion de l'oolilhe. 11. Astarte excavata, Sow. (pi. 253). A Dundry , dans l'ooUthe. 12. Astarte planata , Sow. (pi. 267 ). Gunton, dans une marne endurcie. i3. Astarte riigata, Sow. (pi. 5i6, fig. i-4). Nous présumons que cette espèce est la même que celle que nous avons donnée fig. 5, nous l'avons cependant figurée dans l'incerlilude. i4. Astarte senilis. ( P'enus senilis, Broc, t. i5, iig. i5. ) i5. Astarte incrassata. {J^enus iiicrassata, Broc, t. i4., fig. 7, a. b. Capsa incrassata, Lam.) SUR LE GENRE ASTARTÉ. lii i6. Astarte disera ( Kenus disera, Broc, t. lo, lig. 7 et 8 ). Telles sont les espèces connues qui nous paraissent devoir se rapporter aux Astartës ; il est probable qu'il en reste quelques- unes parmi les Venus ou d'autres familles, mais, n'ayant pas été' suffisamment observées , elles n'ont pu se ranger encore à leur véritable place; car lorsque l'on découvre des espèces nouvelles , dont les caractères bien tranchés nécessitent l'établissement d'un genre , il arrive bientôt qu'elles trouvent des congénères dans les genres plus anciennement établis. Explication des figures. Fig. 1. a. b. c. Astarte Omalii. Fig. 2. a. b. e. Astarte Corbuloïdes. Fig. 3. a. b. c. Astarte Basterotii. Fig. 4' 3- 1. c. Astarte Burtinea. Fig. 5. a. b. c. Astarte Rugata, Sow. FJ.Pl^ / MONOGRAPHIE DES ESPÈCES VIVANTES ET FOSSILES DU GENRE MÉLANOPSIDE, MELJNOPSIS , ET OBSERVATIONS GKOLOGIQUES A LEUR SUJET ; PAR M. 1) AUDEBARD DE FÉRUSSAC. (ib'daNS la séance du 2 AOUT l823. ) Le genre Mélanopside , que uous avons institue en 1807 (1), est un (les plus inléiessans des animaux mollusques, par Tinipor- tance des faits qu'offrent ses espèces fossiles, poiu éclairer l'his- toire des terrains dits tertiaires. Il est non moins curieux à étu- dier sous les rapports zoologiques, parce qu'il établit une sorte de transition entre les pectinihranches pomastomes et hémipo- niastomes, c'est-à-dire entre ceux de ces animaux dont la coquille offre une ouverture entière sans canal et im opercule toujours pi oportionnè à cette ouverture, et ceux oii celle-ci est plus ou moins prolongée en un tube destiné à recevoir un appendice du manteau qui porte le fluide dans la cavité branchiale, et dont l'o- percule n'a ni sa grandeur ni sa figure. Ce genre tloit marcher immédiatement avant les Cérites , dont (1) Essai d'une méth. cundiil., p. 70. MONOGRAPHIE DU GENRE MÉLANOPSIDE. i33 la famille commence le sous-ordre des hémipomastomes. Il est le seul , dans les pomastomes , dont l'ouverture soit ëchancree , quoique le martteau soit dépourvu d'appendite , et il termine ce dernier sous-ordre. On peut même présumer, d'après l'analogie qu'offrent avec les Mélanopsides plusieitrs coquilles marines pla- cées parmi les Cériles , que ces coquilles doivent y être réunies, les Mélanopsides , comme tous les genres de pectinibranches , pouvant avoir des espèces fluvialiles et d'autres marines. Mais l'examen seul de leurs animaux peut décider cette réunion; car on ne peut s'en rapporter uniquement à la forme de l'ouverture. Plusieurs des espèces rangées par M. Brongniart dans les Pota- mides , devant , par ce seul caractère , entrer dans les Mélanop- sides , quoique l'organisation de leurs animaux assigne leur vé- ritable place parmi les Cérites, le Cerlthium ebeninuin de Bruguière, à ne considérer que son ouverture, se placerait dans les Pyrènes de M. de Lamarck, et cependant les Cérites comme les Potamides ont des animaux fort différens de ceux des Méla- nopsides et des pyrènes. Le nombre, la forme des tentacules, la présence ou l'absence du syphon , la position des yeux, le voile qui couvre la tète des Cérites, distinguent nettement ces deux genres. Ces observations se rapportentsurtoutaurapprochementque vient de présenter M. Sowerby [Min. conchyl., cahier n° 69) entre la Melanopsis atra et quelques fossiles du groupe des Potamides, dont il continue à faire un genre h part, malgré que son auteur ait renoncé à cette division. Si les Potamides figurées par M. Sowerby doivent être regardées comme appartenant à la même division que la Melanopsis atra , c'est dans le genre mélanopside qu'on doit les placer. Si, au contraire, ce sont des Potamides, elles n'ont rien de commun avec la Melanopsis atra, et il faut les laisser parmi les Cérites. iJ4 MONOGRAPHIE Nous réunissons depuis long-leiups les Pyrènes aux Mëlanop- sides ; leurs coquilles ont en effet la plus grande analogie , et leurs animaux, dont nous avons pu constater ridetitité, viennent appuyer cette réunion. Si l'on excepte les figures pidjliées par Olivier , des deux Mélanopsides trouvées par lui dans l'Orient, on peut dire qu'a- vant la création de ce genre il était presque inconnu. Une de ces espèces et deux ou trois autres étaient confondues dans les genres Biiccinum et Murex de Linné, où nous avons été, pour ainsi ilire , obligés de les deviner. Actuellement , comme on va le voir, le genre Mélanopside renferme treize espèces, et ce nombre s'augmentera sans doute lorsqu'on aura mieux observé les rivières des côtes orientales de l'Adriatique , celles de la Grèce , de l'Archipel , de la Turquie, de la Russie méridionale , de l'Asie et de PAfrique septentrionale ; car les Mélanopsides pa- raissent, du moins quant à présent, appartenir exclusivement à l'ancien continent, et c'est principalement sur les bords du bassin de la Méditerranée, depuis les côtes de Syrie jusqu'en Anda- lousie, que l'on rencontre les espèces île ce genre. On n'en a point encore trouvé en France, ni même en Italie; mais on en trouve enCarniole, en Hongrie et dans la Russie méridionale. Outre les parties du bassin de la Méditerranée où l'on rencontre les Mélanopsides , on en trouve aussi sur la pente de la péninsule espagnole qui regarde l'Océan , dans tout le bassin du Guadal- quivir, ainsi que sur la pente de l'Asie, dirigée vers la mer des Indes, dans le Tigre et l'Euphrate. Enfin le groupe des Pyrènes appartient aux grandes Indes, à l'Archipel de la Notasie et à Madagascar. Le royaume de Maroc et les environs de Valence, en Espa- gne , offrent la Mélanopsis Dufourii , dont une variété fossile, DU GENRE MÉLANOPSIDE. i35 à Dax , prouve l'ancienne existence en France. La Mélanopsis Buccinoidea habite aujourd'hui sur toute la côte tle Syrie, dans l'Archipel et dans le royaume de Sëville; elle se trouve à l'état fossile en Angleterre, en France, en Italie, et dans les pays même oîi elle s'est conservée vivante , comme à Rhodes et à Sestos. La Mélanopsis costata du fleuve Oronte se trouve fossile à Sestos, et, à ce qu'il parait, aussi aux environs de Sois- sons : nous disons à ce qu'il paraît, car si les deux individus fossiles des environs de cette ville, trouvés par M. l'abbé Mâ- nes, et que nous avons cités (i) pour les avoir vus chez M. Du- fresne , n'appartiennent pas à cette coquille, ils appartiennent indubitablement à la Mekuiopsis nodosa du Tigre et de l'Eu- phrate, laquelle vivait jadis en Italie où son test fossile a été trouvé abondamment par M. Ménard de la Groie, entre Otri- coli et Le Vigne , près de la route de Rome à Foligno. Enfin une nouvelle espèce fort jolie , trouvée par M. Boue , eu. Mo- ravie , avec le Pyruin nionstruosum de Martini ( ConcliyL, t. 2, p. 202, tab. 94, fig. gi2 à 9i4), n'ont pas encore d'ana- logue vivant reconnu, mais il est très-probable qu'on le dé- couvrira lorsqu'on aura fait des recherches dans les pays que nous avons signalés ; car presque toutes les espèces vivantes aujourd'hui ont leurs analogues fossiles. Pour compléter ce rapprochement , très-remarquable par la formation à laquelle appartiennent la plupart de ces fossiles, nous pourrions citer encore la Mélanopsis aura fossile ( Pyrène lérébrale de Lamarck ), dont M. Desmarest vient de donner la figure (2). Cette coquille, dont plusieurs individus sont groupés (1) Mémoire géologi(|ue, p.ii,2« observation. (2) Crustacés fossiles , p. 87, pi. VI, t. 3, 4- '^«i MONOGRAPHIE dans un morceau de calcaire marneux surmonte d'un beau crabe, a etë rapportée de l'ile de Luçon oii celle même coquille vit encore aujourd'hui. Mais cette citation pourrait bien n'être pas concluante si, comme on peut le supposer d'après l'ins- pection du morceau en question , ce dernier n'était dû qu'à une simple agglutination vaseuse assez moderne. Il y eut un temps oîi des espèces fluviatiles, qui paraissent exiger une température plus élevée que celle du climat où nous vivons , peuplaient les courans ou les lacs qui couvraient le sol d'une partie de la France et de l'Angleterre. Leur genre même a disparu de ces deux pays ; il ne vit plus que dans des contrées plus méridionales , et , par l'existence de leurs enveloppes fos- siles dans la formation de l'argile plastique et des lignites, en Angleterre et en France , on voit que ces espèces appartenaient au premier terrain découvert , au premier sol peuplé de végé- taux et d'animaux étrangers comme elles à notre sol actuel, et dont il faut, comme pour les Mélanopsides , aller chercher les analogues de genre et de familles dans des contrées plus méri- dionales que les nôtres. Ces coquilles prouvent , comme nous l'avons fait voir il y a long-temps ( voyez notre Essai, etc., p. 70 etsuiv. ), que tous les êtres qui existaient avant le dépôt marin du calcaire grossier ne sont pas détruits, car les fossiles de plusieurs d'entre eux ne sont pas seulement du même genre que les espèces vivantes; ils sont, selon toutes les apparences, de la même espèce, ainsi que nous le montrerons dans cette Monographie. Celte assertion n'est pas seulement prouvée par l'examen des Mélanopsides ; ces coquilles sont souvent accompa- gnées d'une ou plusieurs espèces de Nérites , de Mélanies , de Pa- ludines et de Cyrènes qui ont aussi les plus grands rapports avec les espècesdes mêmes genres qui vivent aujourd'hui dans l'Orient et en DU GENRE MELANOPSIDE. iS^ Asie; et plusieurs de ces espèces ont de même leurs analogues vivans. Toutes ces coquilles sont les seuls débris des êtres non marins de cette époque dont l'analogie de genre soit incontes- table, et dont l'analogie d'espèce puisse même s'établir avec toute la rigueur désirable. Les Mélanopsides fossiles, par leur multiplicité dans les mêmes dépôts , caractérisent ces dépôts , surtout ceux de l'antique et primitive végétation des parties basses de notre continent, du moins depuis l'Angleterre jus- qu'aux Pyrénées. Elles servent de base aux conjectures qu'on peut chercher à établir , les végétaux qui les accompagnent offrant rarement des parties distinctes quoique évidemment d'une végé- tation étrangère à notre chmat actuel. Ces coquilles sont donc une preuve évidente ajoutée à toutes celles que nous avons recueiUies, d'un changement de chmat, de l'abaissement de température qu'a éprouvé notre sol ; car si l'irruption du fluide marin qui a déposé le calcaire grossier était la seule cause de l'anéantissement de ces espèces dans notre pays , pourquoi ne se seraient-elles pas conservées là où ce li- quide n'a pu atteindre, c'est-à-dire, à un niveau auquel il n'a pu s'élever? comment, du moins, ne se seraient-elles pas conser- vées là oii on les trouve fossiles , dans des dépôts non recouverts et supérieurs à la limite des formations marines ? Il est donc à présumer qu'elles ont , en général , cessé d'exister en France et en Angleterre, par suite du changement de température; quoi- qu'en particulier elles aient pu être anéanties dans certains bas- sins, par l'effet des révolutions locales que ces bassins ont éprouvées. La quantité de lieux où on rencontre les Mélanopsides prouve qu'elles peuplèrent jadis les eaux douces du premier sol décou- vert, comme le font aujourd'hui nos Limnés et nos Planorbes. i8 i38 MONOGRAPHIE Elles habitaient en Angleterre et dans les bassins de la Seine , de la Garonne et de la Saône; bassins qni incontestablement ont en des limites distinctes depnis la consolidation primitive de la croûte du globe. Elles prouvent qu'il n'y a point eu de cataclysme depuis le dépôt de la craie, en tant que l'on attache à ce mot l'idée d'une révolution générale ; et comme il n'est nulle néces- sité de recourir k ce moyen pour expliquer la formation des dé- pôts antérieurs à la craie, puisqu'il n'y a point d'alternat dans la nature du fluide prouvé avant elle, et qu'au contraire on athnet généralement que, depuis la ciaie jusqu'aux terrains prmiitifs , tout s'est formé dans le sein d'un liquide de même espèce, que toutes les formations d'alors sont prouvées marines par les corps qui caractérisent ceux de ces terrains qui renferment des débris organiques (i) , on peut conclure que la théorie des aitaclysmes doit être rejetée de la géologie. Mais il y a eu incontestablement révolution, déluge partiel partout oti, depuis la craie, nous voyons succéder un dépôt d'eau douce à un dépôt marin, et celui-ci au premier. Ainsi , c'est seulement dans ce sens qu'on doit entendre les révolutions du globe : tout ce qui s'est passé avant que les parties basses des continens fussent délaissées par la mer, avant qu'elles fussent couvertes de végétaux et peuplées d'animaux, en un mot, avant le premier sol découvert qu'in- diquent l'argile plastique et les lignites, doit être rejeté dans l'his- toire de la formation de cette croûte que nous habitons aujour- d'hui. Nbus disons qu'on peut conclure toutes ces conséquences de l'existence des Mélanopsides dans des contrées qui , raisonna- blement, ont dû être soumises aux mêmes effets généraux de l'Océan ; car il serait impossible de concevoir un cataclysme qui (i) A l'exception , comme cela va sans dire , des produits volcaniques , etc. DU GENRE MÉLANOPSIDE. iSg aurait anéanti la race des mollusques fluviatiles vivant alors en Angleterre et clans les bassins de la Seine et de la Garonne , et qui les aurait laisses subsister dans celui du Guadalquivir , ces bassins appartenant tous à la même grande pente générale des terres vers l'Ocëan. Pour nier l'évidence de ces observations, il faudrait admettre, en Andalousie , des points plus élevés, échappés au cataclysme , au retour de la mer , et où ce même genre d'ani- maux se serait conservé; mais alors il est évident que nous ren- trons, non dans le phénomène du cataclysme, en général, mais dans celui des bouleversemens , des submersions partielles ; et qu'il faut reconnaître par conséquent des obstacles , des limites à ces inondations , des niveaux qu'elles n'ont pu atteindre. Alors , comme nous l'avons déjà montré ailleurs , l'histoire des terrains tertiaires se réduit à expliquer les phénomènes que présentent des formations purement locales, par l'ancienne configuration du sol , les différences de niveaux des bassins , et des relaissés de la mer. Après cette digression à laquelle nous sommes amenés naturellement, nous allons essayer de prouver, par la considé- ration des Mélanopsides vivantes et fossiles , combien il faut être en garde contre les différences ou les analogies de formations qu'on peut établir entre certaines couches , au moyen de la com- paraison des fossiles entre eux ou avec des espèces vivantes. Plus ce moyen oflre d'importance et d'intérêt, étant presque le prin- cipal sur lequel s'appuient les géologues modernes, plus il est nécessaire de poser des bornes à l'abus qu'en pourraient faire ceux qui , moins exercés et moins prudens que MM. Cuvier et Brongniart, voudraient se guider par le fil qu'ils ont su suivre avec tant d'habileté et de tact. Nous pourrions accumuler des preuves nombreuses pour prouver: i° que les mêmes espèces, surtout les espèces fluvia- i4o MONOGRAPHIE iHeS) varient quelquefois tlaus les mèuies lieux, de manière à offrir, clans des variétés exlrènies , l'apparence de plusieurs es- pèces dislincies, lorsqu'on ne voit pas les intermédiaires; 2" que l'influence des loc;dilés est souvent assez forte pour que la même espèce paraisse inconnue lorsqu'on ne consulte pas les transitions; 5" qu'à bien plus forte raison on ne doit pas s'étonner de voir de fortes variations entre ties individus d'une même espèce, pris à de glandes distances; 4° enfin, que si l'on admet ces vérités qui sont incontestables, on doit, à plus forte raison, reconnaître que certains fossiles ne sont pas des espèces distinctes , poiu- cela seul qu'ils n'ont point une identité absolue avec certaines coquilles vivantes, toutes les fois d'ailleurs qu'ils rentrent dans l'ensemble des caractères qui constituent ces espèces. Ces obsei- vations cjui paraissent si simples et qu'aucun naturaliste ne vou- drait méconnaître, sont cependant si souvent négligées que cette négligence devient aujouixl'hui un lléau pour la science , et qu'elle tend à faire de celle-ci un chaos impénétrable. Il semble qu'il y ait une telle gloire à donner une dénomination générique ou spé- cifique, ou à découvrir, nous ne dirons pas un caractère, mais un signe le plus minutieux de différence, que chaque naturaliste doive s'escrimer à ce beau passe-temps , et que nous soyons me- nacés de voir les Species impossibles, et les Monographies réduites à des catalogues de sigualemens individuels. Nous sommes loin assurément de voidoii' encourager l'abus opposé ; mais nous croyons que pour les espèces qui n'offrent pas des limites tran- chées, on ne doit les établir qu'après un examen scrupuleux et comparatif de toutes les espèces du genre ou du moins du groupe auquel elles appartiennent. On ne peut juger la plupart des es- pèces que sur une grande collection : il faut en outre avoir, dans beaucoup de cas, un très-grand nombie d'individus de chaque DU GENBE MÉLANOPSIDE. i4i espèce, pris, s'il se peut, dans tons les pays on elle se trouve. Nous observerons du reste que ces réflexions ne s'appliquent qu'aux animaux invertébrés , et en particulier aux mollusques, nos connaissances ne nous permettant pas de rien décider à l'égard des autres. Les Mélanopsides, par exemple, varient à tel point que des individus d'une même espèce, pris dans les mêmes lieux , dans les mêmes eaux , vivant , s'accouplant ensemble , sont sou- vent remarquablement difïérens par leur taille, les proportions respectives de l'ouverture et de la spire, ainsi que par les autres caractères de leur coquille. La Melanopsis Dufouru des envi- rons de Valence , en Espagne , pourrait offrir , dans des individus extrêmes , deux ou trois espèces distinctes. La même chose a lieu chez les Limnées, les Planorbes, lesPaludines, les Ampullaires, et même chez beaucoup d'espèces terrestres. Mais ces variations n'affectent pas toutes les coquilles; il en est que nous avons trouvées parfaitement semblables et qui cependant sont com- munes aux quatre parties du monde, comme V Hélix aspersa des environs de Paris, ou le gros limaçon de nos jardins. Certaines espèces de Mélanopsides se lient les unes aux autres par des nuances insensibles , mais elles conservent toujours quel- que chose des limites qui les séparent. Elles sont cependant ca- ractérisées quelquefois par des accidens très-prononcés , par de grosses côtes longitudinales ou transversales, ou par une sur- face lisse. Ce que nous disons des espèces vivantes et des variations qui s'opèrent de nos jours , presque sous nos yeux , doit faire présu- mer que , si nous allons rechercher les analogues fossiles de ces mêmes espèces dans d'autres contrées et après que tant de siècles se sont écoulés et que l'état du globe a si fort changé, nous ne devons pas nous attendre à les trouver identiquement les mêmes: 1^7. MONOGRAPHIF ce serait demander ce qui n'existe jamais , rigoureusement par- lant, entre deux individus vivant actuellement. On peut cepen- dant reconnaître qu'en général les mêmes espèces vivantes et fossiles, dans le même pays , sont très-ressemblantes; aussi la Melanopsis huccinoïdea fossile, à l'ile de Rhodes, est presque la même que celle qui vit aujourd'hui dans les eaux de cette île. La Melanopsis costata fossile de Sestos est seulement un peu plus petite que la vivante du fleuve Oronte; mais les individus fossiles de ces deux espèces, qui vivaient jadis dans des pays oii leurs analogues vivans n'existent plus, oflVent et doivent offrir des diftérences plus ou moins sensibles, sans pour cela que l'on puisse douter de leur identité. On observe d'ailleurs entre les in- dividus fossiles autant de diversité dans les formes et les accidenfe du test, que dans les individus vivaris. Il se joint encore à ces causes naturelles de différence des circonstances qui , pour les individus fossiles, tiennent à la formation même des dépôts dans lesquels ils se trouvent, et qui rendent leur analogie douteuse, parce qu'assez souvent ces circonstances ont causé la perle de certains caractères, en usant ou brisant leurs coquilles. Les Mé- lanopsides fossiles de l'île de VVighl, tic la Champagne, de Cui- seaux , etc., se rencontrent dans la formation de l'argile plastique et des lignites, oîi elles ont pu être déposées tranquillement; mais en d'autres pays, comme àDax, à Bordeaux , elles parais- sent avoir été charriées et mélangées avec le falun. Près de Dax , dans le dépôt de Maudillot , elles se trouvent même dans les couches supérieures de ce falun, et, malgré toutes les recherches de M. le docteur Grateloup , auquel nous devons un beau tra- vail géologique sur les terrains tertiaires des environs de Dax, nous ne savons point encore si ces Mélanopsides ont été arrachées d'une formation d'argile plastique ou de lignite antérieure au DU GENRE MÉLANOPSIDE. i43 dépôt de falun, ou si le mélange s'est ope'ië dans l'instant même (le ce dépôt, par l'effet d'une irruption ou d'un courant qui au- lait apporté les Mélanopsides dans le fluide marin ; ce qui paraît certain, c'est qu'elles vivaient antérieurement au dépôt d'eau douce qui a foinié le calcaire à Limnés et à Planorbes , dont on trouve des couches solides du côté de Bazas et de Bordeaux, ainsi qu'en diverses localités entre Dax et ces deux villes ; car ce calcaire ne contient ni les Mélanopsides , ni les Néritines de Dax. M. Boue, qui a une si grande habitude d'observer, et qui a visité dernièrement toute cette contrée , n'a pu nous éclairer à ce sujet. Dans le cas que nous venons de citer , où les Mélanopsides ont été violemment agitées et charriées , elles ont dû perdre une partie de leurs caractères ; et en effet il est très-rare de trouver à Dax des individus bien conservés : le plus souvent l'ouverture est brisée , leurs côtes sont usées , et en partie effacées. Ainsi , dans tous les cas semblables ou analogues, la comparaison des espèces fossiles aux espèces vivantes , demande un examen attentif. Il faut tenir compte des accidens que les test des premières ont éprouvés, et surtout il faut en avoir un grand nombre d'individus, afin de bien juger l'espèce que l'on exa- mine. En Italie , le dépôt découvert par M. Ménard de la Groie , entre St.-Germini et Carsoli, route de Narni à Todi, repose immédiatement sur le calcaire compacte ancien, qui forme la chaîne Apennine. Ce dépôt circonscrit, sans mélange de co- quilles marines, n'est pas recouvert, et rien ne peut dévoiler s'il est antérieur ou postérieur au dépôt marin des collines sub- apennines , mais il est évidemment antérieur à ceux de Poggi- banz» et de Colle , qui ont formé un tuf calcaire rempli de co- quilles analogues à celles qui vivent encore en Italie , tandis que i44 MONOGRAPHIE celui de Sl.-Gennini n'oflVe que des Mélanopsides et une Nériiine qui ont cessé d'exister dans celte presqu'ile. En Moravie, M. Boue, auquel nous tlevons les ren.'îeigneniens suivans, les a rencontrées dans les sables et les argiles situés entre les argiles micacés à coquilles marines qui recouvrent l'ar- gile plastique et les lignites, et le calcaire grossier marin de MM. Prévost et Beudant. Là les Mélanopsides sont accompagiiées d'une coquille bivalve de la famille des Mytilus , dont on devra peut-être former un genre nouveau. Cette coquille était-elle marine ou lluviatile? c'est ce qu'il est difficile de décider, sur- tout depuis que nous connaissons un vrai MytiUis fluviatile du Danube. Cette dernière observation doit en faire naitre une autre d'une haute importance : c'est que , basant nos considéra- tions géologiques sur la différence de natiue du fluide oii ont dû vivre tels ou tels fossiles, d'après ce qui se passe de nos jours , où certains genres paraissent ne pas exister dans l'eau douce, tandis que d'autres l'habitent exclusivement, nous pouvons fort bien déclarer cette couche marine, parce qu'on n'y aura trouvé qu'une espèce de Mytilus ou de Modioles, lorsque peut-être ces espèces ont vécu dans l'eau douce; et cela est si vrai, qu'un A^?, plus forts argumens qui ont été opposés à notre opinion sur l'origine lacustre des collines de Weissenau , était la présence d'un Mytilus , au milieu de toutes les petites paludines dont sont formées ces collines ; mais ce Mytilus a les plus grands rapports avec celui du Danube, en sorte qu'il a peut-être vécu dans l'eau douce. Les raisonnemens géologiques ont d'ailleurs été trop généia- lement établis sur l'état actuel des eaux , et sans tenir compte des changemens qu'eUes ont éprouvés, soit dans leur température, soit dans leur composition chimique qui a subi des modifications DU GENRE MÉLANOPSIDE. • 145 importantes. Ainsi nous ne pouvons pas affirmer qu'autrefois les eaux-douces n'aient point nourri des natices , des toupies , des cérites, des tellines, des cythe'rées, puisque aujourd'hui nous y connaissons des moules , des corbules , des modioles , des bulles, etc.; il s'ensuit que certains alternats, déclares marins parce qu'une telle couche ne contient qu'une ou deux espèces de coquilles de genres aujourd'hui exclusivement marins , n'a peiu- être pas été' pour cela formée sous l'eau marine , et qu'on ne peut admettre pour preuves qu'un ensemble de circonstances géolo- giques propre à démontrer l'alternat, ou une réimion assez con- sidérable d'espèces évidemment marines qui ne puisse laisser aucun doute sur l'origine de cette couche. On ne peut souvent décider l'analogie ou la diflerence d'une couche , ni sa nature marine ou lacustre , sur l'inspection d'une ou deux espèces de coquilles , à moins que ces coquilles ne soient très-nombreu- ses, et n'appartiennent aux pulmonés hygrophiles , la plupart des genres de pectinibranches ou d'acéphales ayant pu avoir autre- fois des espèces lacustres ou fluviatiles. Toutes ces réflexions doivent nous mettre en garde contre les règles trop absolues. L'é- poque du dépôt des terrains tertiaires étant cefle où , par l'abais- sement des eaux de l'Océan, la terre s'est trouvée couverte de lacs dont les uns sont devenus doux , tandis que les autres sont restés salés ; les eaux tendant à se mettre en équilibre , et tout se disposant à cette époque pour organiser l'écoulement des eaux des parties élevées vers les parties basses , il en est résulté une foule de formations locales; des superpositions nombreuses de nature différente, par suite du déversement de ces lacs de liquide doux ou salé , les uns dans les autres ; des mélanges fréquens et surtout d'immenses et nombreuses lagunes, comme celles des côtes de la Méditerranée, où les courans fluviatiles apportent »9 i46 .MO>0(àRAl'lllE les coquilles terrestres et d'eau douce, et les mêlent aux dépouilles des mollusques marins. Voilà, en deux mots, l'histoire des ter- rains tertiaires. Ces terrains ont pour cause les difterences de ni- veaux des relaisse'es de l'Oce'an. On doit cire aussi beaucoup plus reserve qu'on ne l'est com- munément pour rejeter l'analogie de telle ou telle l'ormatiou, à cause des légères difterences qu'on peut apercevoir entre quel- ques espèces de difterentes couches. Le temps et les révolutions locales ayant prockiil des variétés dans les mêmes espèces qui doivent, comme les superpositions, prouver des époques diffé- rentes , des circonstances particulières, mais non un autre ordre de phénomènes, il faut qu'une considération plus vraie guide aujourd'hui les géologues sur tout ce qui regarde les terrains ter- tiaires ; c'est que , depuis la craie, tout a été soumis à l'influence des circonstances locales de conligttraiion du sol, et de ses rap- ports de voisinage et de niveau avec les bassins marins ou la- custres. 11 n'y a aucune règle générale et absolue dans le nombre des superpositions ; il n'en existe que dans l'ordre d'antériorité , par rapport aux êtres qui peuplèrent ou embellirent successive- jnent la surface terrestre , parce que les phénomènes de cette classe tiennent aux changemens que la vie a éprouvés par suite de l'abaissement de la température et des révolutions locales. Nous croyons être les premiers qui nous soyons prononcés poui- cette marche à suivre dans l'observation des faits géologiques qui regardent les terrains tertiaires, marche qui, selon toutes les apparences , doit s'étendre aussi à l'observation de terrains plus anciens, et qui, si nous ne nous abusons point, doit sin- gulièrement modifier les idées reçues en géologie. C'est après l'examen attentif et niinuti«;ux de près de 4oo in- dividus vivaus ou fossiles, qui composent notre collection de DU GENRE MÉLANOPSIDE. 147 Melanopsides , que nous avons arrêté la cléterniinalion suivante des espèces de ce genre! Nous avons cru utile d'appeler, sur ce genre important, l'attention des naturalistes et des géologues, afin d'avoir des observations nouvelles et des renseignemens plus précis lorsque nous en ferons l'histoire dans notre ouvrage général. TABLEAU DU GENRE MÉLANOPSIDE, MELJNOFSIS, Férussac, Essai d'une méth. Conclùl. 1807, p. 170, aiMém. géoL, p. 55o. Mclaiiia , Olivier; BuUmiis , Poiret, Brugiiière; Biicct'num, Murex , Linné, Gnielin , Dillwj'n; Biiccinum , Chcmnitz. Ajoutez le G. Ptbène, Pyrcna, Lam. Extrait d'un cours de zoologie , p. ii6; ^/?. j. -î'CA?., deusième édition, t. G, seconde part., p. 169. Sirnmbus , Buccinum , Linné, Gmelin, Dilhvyn; Ncrila, Millier; Cerithium, Bru- guière; Faunus , Montfortj Conchyl. 2, p. 427- Me/anopsù , Férussac. Caractères génériques. Animal. Gastéropode pectini- BRANCHE POMASTOME, de la famille des toupies ou trochoïdes. Couverture, jusqu'à la tête; manteau s'étendant jusqu'au bord de l'ouverture de la coquille, sinué comme elle vers la colu- melle, et tapissant intérieurement l'angle extérieur de l'ouver- ture ; /)iW attaché au col, très-court, ovale, angulaire anté- rieurement de chaque côté, ou en forme d'écusson; tentacules, quatre, annulés, contractiles; les deux plus longs conico-subulés, un peu déprimés ; les deux courts connés par leur base a\ ec les premiers, mais séparés dans leur longueur, assez gros, cylin- driformes, oculés à leur extrémité; mufle proboscidiforme ; orifice respiratoire aboutissant à l'angle extérieur de l'ouver- ture, entre la callosité de la gorge et le bord gauche, où la réu- nion du manteau au corps forme une espèce de gouttière. Tesï allongé, fusiforme ou conico-cylindrique , sommet a\^\\.\ spire , i48 MONOGRAPHIE 6 à 1 5 toius , le deraier formant souvent les 2jo du test ; cône .s/j/ra/ incomplet ; ouverture ovale oblohgue ; columelle torse , solide, calleuse, tronquée à sa partie supérieure, séparée du bord extérieur par un sinus, la callosité se prolongeant sur la convexité de l'avaut-dernier tour, plus forte près de la réunioa du bord gauche, et formant une gouttière entre elle et celui-ci, qui, quelquefois, est fortement échancré en sinus vers celte partie; opercule smxçXe , corné, ne fermant pas très-compléte- uïent l'ouverture, et attaché aux deux tiers de la longueur du pied, depuis la tète. Nous avons observé les animaiLX vivans des Mel. Buccinoidea et Costala , et nous les avons décrits depuis long-temps {Mérn. géoL, p. 53 ). Nous avons examiné ceux des Mel. Dufonr'd et Atra , conservés dans la liqueur, et nous pouvons assurer que celui de cette dernière espèce, qui forme le G. P} rêne de Lamarck, ne diftere des autres en aucim point; ce qui, joint à la grande analogie de leur coquille, nous a décidés à réunir ces deux genres. ■f Un seul sinus au bord extérieur de l'ouverture, le séparant de la columelle. Genre Mélanopside y Melanopsis, Lamarck. 1 . MÉLANOPSFDE BucciNoÏDE , MeUinopsis Buccinoidea , nobLs. F'oyez pi. i, fig. i à 1 1, et 2^ pi., fig. i à 4. Testa ovato-conica, acuta, soUda, nitens, brunea vel casta- nea ; anfractihus 8. coniplanatis , ultime ventricoso , caetferis requaU. Apertura ïv&Cdi , ovali, acuta, apice emarginala : latere exteriore arcuato ; Callo albo , convexo , crasso , nitido ; Colu- inella niiida, alba, inflexa. Melanops. Buccinoidea,¥év\JiSSdiC,Méni.géoI., p. 54, sp.n ' i. DU GENRE MÉLANOPSIDE. i49 «) Spira conica. Melania Buccinoidea, Olivier, Voyage au hev., 1. 1, p. 297, pi. i7,fig. 8. Melanopsis Buccinoidea, Fe'russac, Essai, etc., p. 70, sp. n" 1. Melanopsis Buccinoidea et Melan. Castanea, Fërussac, Mém. géol, p. 54, n"" 1 et 6. Melanopsis Lœvigata , Lam., Enc. niéth., pi. 458, et ^n. s. vert., 2® ëdit., t. VI, 2"^ part., p. 168. * Fossilis , Fërussac , Hist. des MolL, XV° liv. Mélanops. Foss., fig. 10, de l'ile de Rhodes. Id. fig. 8? de Sestos. Bulimus antidiluvianus , Poiret, Prod., p. 07, 11° 5. Testa pyraniidali subulata , anfractibus planis , apertura ovata. Voy., XXP livr. , Mélanops. foss., 2^ pi., fig. 1. • Lamarck, Foss. Ann. mus., to. 4, p. 295. Mëlanie de Soissons, Brard, 4* Mëm.; Journal de phys., to. 74, p. 254, pi. fig. 9 ( mala). B) Testa fusiformis. Buccinum prœrosum , Linnaeus , Syst. nat. XII, p. 1 2o3. Chemnitz , Conchyl. IX, part. 2, p. 4o, 1. 1 2 1, f. io35, io56. Gmelin, Syst. nat., p. 3489. Schreibers, Conch. I, p. 161. Dillwyn, Descript. cat., p. 627. Bulimus prœrosus , Briiguière, Encycl. méthod., p. 061. Melanopsis Buccinoidea, Fërussac, Mém. géol, p. 54,, sp. n° 1. Schrôter, Einleit., t. 1, p. 34i. r) Antiquua, Fossilis. Testa fusiformis, plus minusve inflata vel elongata. Fërussac, Hist. des molL, XV^ livr. Mélan. foss., fig. 1, 2, 3, 5, 6, 7, 9, et XXPlivr. Melan. foss., 2* fig. 2, 5, 4. 1 5o MONOGRAPHIE • Melcui. fusiformis , Sow., Min. conch., tab. 202, f. 1 k 7. 1) Iidlata, uobis. M£LA>^ors. foss., 1" pi, fig. 1, 2, 5. Envir. d'Épernay: id. fig. 9, d'Italie, el Mel. foss. 2° pi, fig. 2, 5, 4, d'Italie. Sowerby, iig. l, 5, 7, d'Angleterre. 2) Elougata, nobis, 1" pi fig. 5, 6, 7. Envir. d'Epernay. Sowerby,fig. 2, 5, 6, d'Angleterre. i) Sublubercidata ,/o55//?5, i^'pl^ fig. 11, d'Italie, c) WiuuVA , fossilis , 1" pi, fig. 4, de Cuiseaux. L'animal de la Var. /3) , la seule que nous ayons observée, est orné de lignes transversales, ondulées, noires, plus colorées sur le mufle. Hah. a.) Les eaux, douces de la côte de Syrie, de l'ile de Crète, de l'Archipel, Olivier; reçu de Gendeck, de Seyde, de Tripoli, de Syrie, de Chypre, de Scio, de Naxie. On dit qu'elle se trouve aussi dans le Plattejisce en Hongrie. Cette variété varie elle-même d'une manière notable, 1" par la couleur : elle est tantôt noire, brime, châtain, tantôt d'un verd jaunâtre ; très-rarement elle oflVc trois bandes brunes , sur im fond verdàtre ; 2° par sa forme plus ou moins idlongée ou élargie, ce qui la rend conique ou fusiforme. Dans des exem- plaires, l'ouverture a moins de la moitié de la longueur du test; dans d'autres, elle en forme les deux tiers. Nous avons deux in- dividus pris entre les ruines de Tyr et de Sidon, dont les tours de spires sont un peu aplatis, légèrement étages et garnis de fai- bles tidjercides longitudinaux près des sutures. *Fossilis. Les individus fossiles que nous avons fait graver, 1 ^^ pi, fig. 10, viennent de l'ile de Rhodes , sur la montagne de Triando, et sont identiques avec les individus vivans de la Syrie et de l'Archipel Celui de la fig. 8 a été trouvé avec la Mel. coslata, fossile, sur le haut des montagnes de Sestos, dans le canal des DU GENRE MÉLANOPSIDE. i5t Dardanelles. Enfin nous rapportons encore a cette variété et non à la suivante , le Bnl. cuiùdiluvianus de M. Poiret. Les indi- vidus que nous tenons de ce savant se rapprochent plus de la première que de la seconde. Ce fossile se trouve dans la forma- tion d'argile plastique et de liguites des environs de Soissons. &) Dans l'aqueduc de Séville , dans la fontaine de Bornos , et dans plusieurs ruisseaux du royaume de Séville. Cette variété est plus fusiforme que la précédente , assez renflée vers la bouche ou à peu près au milieu de la coquille, sa spire est acumiuée, sa columelle est un peu moins arquée ; on observe assez souvent un indice de sillon ou de dépression transversale sur le dernier tour, ce qui la rapproche de certains individus de la var. B) de l'espèce suivante. y) La formation de l'argile plastique et des lignites , dans le bassin de la Marne, de chaque côté de cette rivière, vers Eper- nay, au haut de la montagne deBernon, etc., et de l'autre côté du vallon, au-dessus d'Ay, de Disi, etc., et au lieu dit les Ro- zières, à gauche de la route de Cumières, ainsi qu'eu divers lieux du plateau, connu sous le nom de montagne de Rheims, qui sépare le bassin de la Marne de celui de la Vesle. Elle se trouve aussi près de Soissons, où M. Poiret l'a , le premier, fait con- naître, et tout près de Château-Thierry, à un quart de lieue de cette ville, près la route de Chàlons, où M. Cordier l'a rencon- trée il y a près de 20 ans. Nous l'avons toujours recueillie, sans mélange de coquilles marines, dans les couches inférieures et pures de lignites ; le mélange ne s'observe généralement que dans les marnes et les argiles qui recouvrent celles-ci. Dans le bassin de la Marne et vers Soissons , cette formation est connue sous les noms de terre noire, de cendres, etc. Elle sert à l'engrais des vignes d'Ay, de Cumières, etc. ,52 MONOGRAPHIE En Angleterre , dans la même formation, à File de Wight, à New-Cross , à Wohvich , à New-Charlton , à Hordwell; com- muniquée par IVIIVI. Brongniart etSowerby. En Italie, dans un dépôt lacustre, sans mélange de coquilles marines, circonscrit, non recouvert, reposant sur le calcaiie compacte, ancien, qui forme la chaîne apennine, et qui est situé entre Sl.-Germini et Carsoli, route de Narni à Todi, oii il a été découvert et observé, pour la première fois, par M. Ménard de la Groie, avec une petite Nérite fort analogue à celle qui accom- pagne ordinairement la Mel. Biiccinoidca vivant en Orient et en Andalousie. Les individus de ce dépôt sont souvent tellement identiques à ceux des bassins de la Marne et de l'Angleterre (voyez notre première planche, fig.g), qui forment notre variété antiqinta înflata, qu'on pourrait se méprendre entre eux. Celui que nous avons figuré s'en éloigne déjà un peu, pour se rappro- cher de la variété suivante. La variété r) est dans le cas de la var. a). Elle varie beau- coup ; mais quand on tient compte de ses anomalies et de celles qu'offrent les espèces vivantes , on ne peut la séparer et en faire une espèce à part. Si généralement elle a un faciès un peu dis- tinct, on doit croire que la différence de localité, l'influence du temps et des changemens d'état de l'air et des eaux, entre l'é- poque actuelle et l'époque oii cette espèce vivait dans les lieux oîi on la trouve aujourd'hui fossile, suffisent pour eu rendre raison. Du reste, certains individus que nous avons sous les yeiLv, res- semblent beaucoup à la var. B) vivante ( voyez la i" planche tig. 1, 2, 3, etSowerby, i, 5, 7 ). Enfin les plus gros, les plus allongés, ceux figurés par nous, fig. 5, 6, 7, et par M. Sowerby, fig. 2, 3, 6, se rapprochent, par certains caractères, de l'espèce suivanle. Nous avons deux exemplaires de l'ile de Wiglli, qui DU GENRE MFJLANOPSIDE. ,53 ont une carène prononcée près de la suture , comme dans les fossiles de Dax , de cette dernière espèce. La fig. 4 de Sowerby semble se rapprocher de la forme des coquilles de la var. x). 5f, 9 decussala, nobis. Testa lœvi, nitida ; lineis rufis integris vel puuctatis, angulari- bus, tessellatim picta. Spira conica. anfractibus h adti. Coin- i(>o MONOGRAPHIE planatis, uliimo ventricoso, caeteris longiore. ^/)e//«/-a alba , magna, ovalo-acuta, iuiegia; callo vix dislincto. Columella alba feiè recia, angusla, apice vix canaliculata et emarginata. Hab. lePlattensee, en Hongrie, avec la Buccinoidea, Comm. M. de Charpenlier; à Staiy Maydan Zakrzewski, dans le gou- vernement de Podolie, non loin de Raniieniec-Podolsk. Comm. iM. le baron de Chaudoir. Peut-être devra-t-on réunir cette espèce à la suivante? 10. MÉLANOPsiDE d'Esper , MeUmopsis Esperi , nobis. Tes/a acuta, ovato-conica, apice obtusata, nitida, lœvi, oli- vacea vel brunea , unicolori, vel punctis bruneis , quadratis se- riatim maculata. Anfrcictihus 5 minime convexis. Ultimo ven- tricoso , csoteris longîore. Apcrtiira alba , ovalo-acuta. Callo vix distincte ; Columella alba ^ix inflexa, apice 1ère canaliculi- formi , emarginata. Hab. la Laybach, rivière qui donne son nom à la capitale de la Carniole. Cette espèce nous a été envoyée par MM. Esper d'Erlaug et Holandre de Metz. 11. MÉLANOPSIDE ALLONGÉE, Mélujiopsis aciciiUiris , nobis. Zfei/a snbulata, laevigata, nitida, solida , atro-fusca, fascia flavescente, suturis cincta. Anfractibiis 8 ad lo, complauatis, sensim decrescentibus ; apertura ovali , utrinque acuta , alba. Callo indistincto. Columella apice atlemiata, acuta , vix emar- ginata et canaliculata. Férussac , Mém. géoL, p. 54, sp. n° 5. ^) Minor, unicolor. Mel. Audebartii , Prévost. /3) Corneo colore. * Fossills. Melanopsis subulatus , Sowerby, Min.concli. t. 532, lig. 8. Hab. la rivière de Laybach avec la précédente, Comm. Esper DU GENRE MRLANOPSIDE. i6i et Holandre. x) Les eaux tliermales de Weslau , près de Vienne. Conun.C. Prëv ost et P artch. I^) Le Danube, à Wissegrad et à Bude. Comni. Beudant. Nous rapportons la Mel. subulatus de Sowerby à cette espèce, quoique nous ne la connaissions pas; sa descrip- tion et sa figure convenant en tons points aux individus de la var. &) Elle a ètè trouvée dans la ibnnation d'argile plasdque et de lignite de l'ile de Wight. •f."f Deux sinus distincts au bord extérieur de l'ouverture, l'un qui le sépare de la coliuiielle , l'autre situé près de la réunion de ce bord avec l'avant-dernier tour. Genre Pyrène , Pyrena , Lamarck. 12. MÉLANOPSiDETÉRÉBRALE, Melaiiopsls (itrci , nobis. Testa, turrito-subulata , vertice acutissimo, laevigata subni- tida, dure ferè opaca , fusco-nigra vel badia. jlnfractihus 16 ad 18 contiguis, sensim decrescenlibus, planulatis ; suturis arista etsulco lineari notatis. Apertuia albida, ovata, utrinque emar- ginata ; tatere exteriore sejuncto , extenso , margine valde arcuato acuto. Columella incurva, subulata; callo repando, mediocri. Mehuiopsis atra, Férussac, Mérn.géol., p. 54, sp. n" 7. Strombus ater , lÀnn^ws , Syst. Nat., p. I2i5; Mus. Liid. Ulr., p. 624, n° 289. ^chràiev, Fluss., p. 37 1, n° 168 ;Ein- leit. I, p. 449. Chemnitz, Conchjl. IX, part. 2, p. 191, t. i35, f. 1227. Gmel., p.352i.Dillwyn, Descr. cat., p. 676. Strombus dealbatus , Gmelin,p. 3523. Seba, Thés. 3, t. 56, f. i3, i4. Schrôter, Einleit. I, p. 462. Strombus, n° 52. Nerita atra , MùUer, Verm. hist., p. 188, n° 375. Ceritliium atrum, Bruguière, Enc. méth., p. 485. n° 18. Pyrena terebraUs , Lamarck , An. s. vert. , 2" édit., t. 6 , 2* part., p. 169. 21 iGa ■ .MOM);JRAPHIE Lisler, SyJiops, lab. ii5, f. lO. Ruinpliiu-S, lab. 5o, f. R. Peiiver. ^Jmb., t. i5, f". iG. Martini, Berlin. Mag. IV, t. 9, f. 4i.Favanne, i. 61, f. H 11. Rk'lu, Ostrac, § 90, sp. 2, n" 8, p. 54. 1) Junior. Bucctnuni acicula, Ginelin, p. 55o3. Lisler, Synops., lab. io53, f. 7. Schroler, Einleit. I, p. -107. Buc- cinuru, n" 191. 2) Fossilis? Uesmaresi, Crustacés foss. , pi. VI, f. 3, 4. Feriissac, XXF livr. Mél. foss., 2" pL, fig. 7. Hab. les grandes Indes et les Moluqiies. Lorsqu'on Ini enlève repideriiie tenace qni la couvre, elle ollVe un fond poli, brillanl , bai , orne de lignes longitudinales punclue'es et blanchâtres , très-rapprochées. L'individu fossile que nous citons fait partie d'un groupe de ces coquilles enchâssées dans un morceau de cal- caire argileux assez tendre, sur lequel est le crusiace' fossile que M. Desiuaresi a nomme Porlune Leucodonte ( voyez l'ouvrage cité, p. 86). Ce morceau, qui fait partie de la collection duMu- seimi , vieni de l'île de Luçon , province des Camerines , et a e'ie donne par M. Poivre à cet établissement, en 1767. Nous sommes irès-leniés de regarder, avec M. Cordier, qui a éveillé notre atteniion à ce sujet, le morceau en question comme ime vase endurcie , et le crabe et les coquilles qui y sont agglutinées comme n'étant pas de vrais fossiles. i3. MÉLA-VOPsiDE ÉPiN'EusE, Mel. spinosa , nobis. Testa lurrila ; verlice eroso Iruncalo; crassa, nigro-opaca ; anfraclibus '] ad i3, inferne luberculalo-spinosis; propèsulu- raniplanulatis et sulcis linearibus notalis , ultimo supernèsulcalo: aperlura caeridea, ovato-acuia, ulrinque emarginata; laiere exteriore sejuncio, in medio extenso, emarginato,parlilo , latere interiore disiincio , crasso , repando , inlegro , columellam DU GEiNRE MÉLANOPSIDE. ,63 adnalo. Perisiomate fusco , callo non distiucto ; rima unibili- cali distincta. Buccinuni flumineitm , Gmclin, p. 55o5. lÀsiev , Sjnops., t. 118, f. i5. Martini, Berlm Mag. 4, lab. 10, f. 52. Schiôt. Einleit. 1, p. 4o5. Buccinum, n" i85. Hélix cuspidata, Dillwyn, Descript. caf., p. 94g. Pyrena Madagascariejisis , Lamarck, EncycJop. niéthod., pi. 458, fîg. 2, a, b. Pyrena spinosa, Lamarck, An. s. vert., to. VI, a*" part., p. 170, n° 2. Hah. Cette belle et précieuse espèce vit dans les eaux douces de Madagascar, oii M. le docteur du FouUois l'a trouvée. Nous en tenons un exemplaire de son obligeance. Nous avons indiqué, dans nos Mémoires géoL, p. 54, sp. n° 4, une autre Mélanop- side, la Mel. de Bojica. Nous ne connaissions point alors cette coquille que M. Brard a décrite et figurée ( 4'' Mémoire sur les terrains d'eau douce. Journal de phy s., t. 74, p. 254). Nous avons reconnu depuis qu'elle est tout au plus une variété de la coquille décrite par Bruguicre, sous le nom de Bidimus lacteus ( Enc. méth., p. 524, n° 45 ), dont M. de Lamarck a fait sa Me- lania laclea. (Fossiles. Anfi, du Mus., sp. n" 2.) Fossile marin commitn à Courtagnon. La même variété que celle de Ronca se trouve aussi aux environs de la Rochelle. Nous l'avons reçue de l'amitié de M. le docteur d'Orbigny. M. de Lamarck rapporte encore au genre Pyrène la Nerita aurita deMûller; mais cette espèce, par les seuls caractères de sa coquille, ne peut être ôtée du genre Mélanie, car elle y con- vient parfaitement, et n'a point ceux des Mélanopsides et encore moins des Pyrènes. II faudrait donc que son animal déterminât i6i MONOr,l\APHIF. DU GT.XRE MÉLAKOPSIDK. celte réunion aux Pyrènes, et, comme il est encore inconnu, on ne peut rien préjuger à ce sujet : ainsi nous la laisserons parmi les Mélanies. Il en est de même de la Pyrena graiiulosa , Lam., sp. n" 4j que ce savant décrit pour la première fois. Explication des Planches. PI. VII, fig. I, 2. Mclanopsis Buccinoidea, var y) antiqua : injlala. Des environs d'E- nernay. Mcianopsisfusifnrmis, Sowcrbv, Mm. conch., tal). 232, lig. 1,5, y. Fig. 3. La même plus jeune, du lieu dit les Rozicres, près d'Épernay. Fig. 4. Mclanops. Buccinoidca? var. .) Minura; fossiUs. De Cuiseaux près Sl.- Auiour, dans le bassin de la Saône. hola. Le.s tours de spire sont un peu trop détaeliès dans la ligure. Fig. 5. Mclanopt. Buccinoidca , var. y} antiqua; chnf;ata. Des environs d'Epernay. Mclanops. Jusiformis , Sowerbv, loe. cit., lig. 2, 3,6. Fig. G. La même , de Tile de Wight. Sowerbv, id. Fig. 7. La même plus âgée, des environs d'Epernay. Fig. 8. Mclanops. Biu-cinoidca, \ar. «\ FossiUs. dèSestos. Fig. 9. Mclanops. Buccinoidca ; var y) antiqua : inflata. Du dépôt situe entre Sl.- Germinini et Carsoli ; Italie. Fig. 10. Mclanops. Buccinoidca, var. a) fossiUs. De l'île de Rhodes. Vtg. II. Mclanopsis Buccinoidca, \ar ^) fossiUs. Des dépôts situés entre St.-Ger- mini et Carsoli , et entre Otricoli et le Vigne, Fig. 12. Mclanops. incerla ? var. de Sestos. Fig. i3. Mclanops. nodosa.Hw dépôt situé entre Otricoli et le Vigne , route de Rorae à Foligno. Fig. 14. Mclanops coslala, de Sestos. Fig. i5. La même plus petite, de Sestos. Fig. i6. Mclanops. Dufouni, ^ ar. <). FossiUs, maxima. Des environs de Dax. ^'•,^^"'i'&- *• -^lelanopsis Buccinoidca var. «) fossilis. Bulim antidilui'ianus. Poiret. hig. 2. La même espèce, var. y) Aniiquua , du dépôt situé entre St.-Germini et Larsoli. tig. .3.Mème var., «lus âgée , du même lieu, et se rapprochant de la Mclanops. UuJouTu par le sillon qui l'entourre. Fig. .i Autre variété du même lieu, qui se rapproche de la var. .) de Cuiscau.T. !■ ig. 5. Mclanops. Dufourii, var. a), de Dax. Fig. 6. Mclanops. incerla, var. jeune de Sestos. Fig. 7. Mclanops. atra , fossile? de Luçon. ig. 8. Mclanops. nodosa, var a.) cylin'dracca. Fossile. Dans une roche calcaire d'A- Ineiies. F Fig. 9. Mclanops. Bouci. De la Moravie. Fig. 10. Id. Var. Fig. 11, i3. Mclanops. i>/a;/(>!/'«na , grands exemplaires. •Tig. i3. La même coquille; individus moins âgés. NOTICE SUR LE GISSEMENT DU ZIRCON HYACINTHE D'EXPAILLY, PRÈS LE PUY-EN-VELAY ; PAR M. C. BERTRAND-GESLIN. ( LUE A LA SOCIETE PHILOMATIQUE, LE 10 MARS 182I. ) Le vrai gissement du Zircoii, connu, le plus ordiuaireineui, sous le nom de Hyacinthe , a e'të pendant long-temps ignore des minéralogistes. Les cristaux d'Hyacinthes ne se trouvant jamais qu'isolés el roulés dans les sables des ruisseaux , ou disséminés dans la terre meuble avoisinant les terrains volcaniques ou trappéens , comme ils se rencontrent en effet au ruisseau d'Expailly, près le Puy ; à Leonedo, dans le Vicentin, et à Ceylan, dans le sable des ri- vières ; on fiu d'autant plus porté à leur attribuer une origine volcanique, qu'ils se trouvaient toujours accompagnés d'autres minéraux dont l'origine volcanique n'était pas douteuse. Cette association fut donc suffisante alors pour que, dans tous les ouvrages de minéralogie antérieurs à 1790, ils aient étéindi- ,66 SUR LE GISSEMF.NT ques comme d'oiigine volcanique. Mais lorsque, vers l'e'poque précitée, M. le comte de Boiirnon, et après lui M. Cordier, eiu'ent fait connaître qu'ils avaient trouvé les Hyacinthes dissé- minés, mais non implantés, dans les roches volcaniques com- pactes et poreuses; l'un dans les basaltes couchés de la montagne au sommet de laquelle est située la ville du Puy, l'autre dans les basaltes de la montagne des Orgues , près le Puy, et dans les sco- lies du Puy des Amis ; dès-lors la faible présomption qu'on avait eue de leur origine volcanique parut tourner en certitude. Les Hyacinthes furent donc regardés comme appartenant aux terrains volcaniques ou trappéens, à la manière des Pyroxènes, des Amph} gènes, etc. En parcourant les ouvrages de minéralogie, on voit d'abord qu'Arduino a été le premier à faire connaître les Hyacinthes de Leonedo, dans le Vicentin; qu'ensuite Faujas (i) cite le Zircon Hyacinthe dans un terrain volcanique près le Puy, et ii Beaulieu, en Provence; et enfin MM. Rome de Lisle, Haùy, Brongniart, Cleaveland, Jameson, indiquent tous le gissementduPuy comme le plus célèbre et le mieux observé, et d'autres localités qui n'é- taient connues que par des relations très-vagues. Les observations géologiques viennent à l'appui de l'opinion qu'avaient conçue les minéralogistes, sur le gissemenl du Zircon Hyacinthe. En effet, M. Fords (2) assure que les Hyacinthes de Leonedo, dans le Vicentin, ressemblent, sous tous les rapports, à ceux de Rioupezzouliou , près ^rExpailly. M. Faujas cite (5) aussi le Zircon Hyacinthe dans une lave noire compacte des (i) yolcnns Cictnls du f^ii'arais, page i8g. (2) Mémoires sur l'Italie , t. I, p. loi. (3) Essais de géologie , t. ii,p. Coî. I DU ZmCON D'EXPAILLY. 167 Orgues, près d'Expailly. En 1817, M. Marzari de Viceiice, géo- logue distingue, annonça à M. Brocchi qu'il avait trouvé, dans les environs de Leonedo , les Hyacinthes en place clans un grûnstein secondaire qui forme la partie supérieure d'un lit de basalte auquel il fait passage. ( Cette lettre est insérée dans la Bibliothèque italiemie , année 1817, t. 2, p. 347. ) Enfin, à l'article Zircon Hyacinthe du Nouveau Dictionnaire d' histoire naturelle, M. Léman observe (( qua les cristaux d'Hya- cinthes se trouvent disséminés dans les laves basaltiques ou Ija- salies, dans les scories et dans les sables qui se rencontrent dans les terrains volcanisés , et qui contiennent des débris et des cris- taux d'autres substances, du fer oxydulé, du corindon vitreux bleu, etc.» Cependant quelques géologues présumaient que les Zircons Hyacinthes n'appartenaient pas aux terrains volcaniques dans lesquels on les rencontrait. En effet , M. Gillet Laamont tlit <( que M. Weiss regarde les cristaux de Hyacinthes ( isolés ) comme ayant été détachés des scories volcaniques environnantes qui les avaient enveloppés , mais oii ils n'avaient pas pris naissance ; de manière que l'origine de ces cristaux est encore ignorée (1). » C'est contre cette opinion si naturelle, et depuis long-temps admise par le plus grand nombre des naturalistes ; c'est contre ce résultat qui leur paraissait si certain , que j'ai l'intention d'élever des doutes fondés sur une observation que j'ai eu occasion de faire, en 1820, près du ruisseau d'Expailly, lorsque j'accompa- gnai M. Brongniart dans son voyage d'Italie ; observation qui (i)Note de M. Gillel Laumont, sur la d(''Couvc'rte de laves porphyritiques avec sub- stance bleue. {Journal des mines , n" i36, p. Sog.) i68 SUR LE GISSE.MENT vient à l'appui de l'opiuion qu'avaient conçue M. Weiss et •pielques autres auteiu'S, sur l'origine non volcanique du Zircon Hyacinthe. Nous fiunes visiter , an nord du village d'Expailly, près le Puv, le ruisseau appelé Rioupezzouliou, si célèbre par le gite de Zir- cons Hyacinthes et de Telesies. Ayant remonté ce ruisseau jus- que vers sa soiu-ce , nous entrâmes dans un champ voisin re- couvert de débris /le roches volcaniques poreuses. Après avoir trouvé quelques Hyacinthes immédiatement enveloppés , et dis- séminés dans ces blocs volcaniques , le hasard me fit casser un de ces blocs renfermant dans son milieu im morceau assez gros d'une roche granitique. Cette roche , par ses formes anguleuses , par la nature de sa pâte , par sa séparation nette et tranchée d'avec la lave , nous a paru être bien évidemment un fragment enveloppé par la roche volcanique. Nous avons eu souvent occasion de remarquer, pendant notre voyage, que la plupart des laves poreuses et compactes, des environs du Puy et de la vallée de l'x\rdèche , contenaient de nombreux etméme de très-volumineux fragraensde Granité. Nous les avons vus bien clairement à Thueis, vallée de l'Ardèche, et à la Roche rouge , près le Puy. Dans cette dernière localité, les fragmens de Granité empâtés dans la lave sont plus gros que la tête , assez nombreux , et ne paraissent pas avoir été très-forte- ment altérés. Le Granité est la seule roche dont nous ayons observé des fragmens empâtés dans les laves compactes et poreuses. Par con- séquent, si on trouve dans ces terrains des fragmens appartenant à d'autres roches , ils doivent au moins y être fort rares. DU ZIRCON D'EXPAILLY. 169 Maintenant, si l'on considère la préexistence des fragmens de Granité an milieu des roches volcaniques , et le passage que ces matières volcaniques se sont ouvert à travers les Granités; pas- sage qu'on peut observer facilement à la Eoche-Rouge, près le Puy, roche décrite par Faujas (1), où l'on voit le Basalte qui s'est fait jour à travers un vrai Granité, dont il a entraîne, en s'éle- vant, de gros fragmens que j'ai cités ci-dessus, et qui sont évi- demment de la même nature que le Granité environnant ; si l'on considère , dis-je, ces faits , ne paraît-il donc pas probable, même presque sûr, que l'action ou foyer volcanique était ou inféiieur à ces roches , ou au moins au milieu d'elles ; et que les matières volcaniques, en les traversant, les ont brisées, et en ont en- traîné avec elles quelques fragmens? Opinion émise déjà par Do- lomieu et d'autres célèbres géognostes , et que tous les faits que nous avons observés tendent à confirmer. Après avoir posé ces faits et admis leurs conséquences, je re- viens au fragment de roche granitique que j'ai trouvé dans ime lave poreuse , vers la source du ruisseau d'Expailly. Cette roche primitive, qui est bien évidemment un fragment empâté dans la lave, comme j'ai essayé de le prouver ci-dessus, est composée de Feld-spath un peu altéré , et de Quarz enfumé ; on n'y voit pas de Mica. Le Quarz et le Feld-spath sont en pro- portion à peu près égale. Ces deux substances ne sont pas en grains anguleux , comme dans les Granités communs, mais elles offrent ici une certaine tendance à la cristallisation, et sont dis- posées en zones ou bandes, comme dans certains Peginatites. Cette structure , jointe h la composition , ne pourrait-elle pas porter à ^1) f-^o/cans éteints du ï^n'arais et l'''ela')', page 364- ,;o SUR LE GISSEMENT croire que cette roche est un Pegnialite qui n'est lui-même qu'une roche suliordonnée de hi formation gianitique? C'est en examinant ce fragment de Granité que je reconnus dans sa masse un pelit Ziroon Hyacinthe très-bien caractérisé par son faciès, cpioicju'il n'oflre aucune lace cristaUine. Par la rupture de la roche qui le contenait, il a été partagé en deux parties, dont M. Brongniart possède l'une. Ce Zircon se trouve engagé au milieu du fragment de Granité , dans un morceau de Feld-spath dont toutes les parties environnantes lui sont parfaite- ment adhérentes. Les grains de Feld-spath et de Quarz, compo- sant le Granité, sont aussi intimement agrégés entre eux ; de sorte qu'il ne peut y avoir eu aucune communication entre la matière volcanique extérieure et le Zircon; il fait donc évidemment partie constituante accessoire de la roche granitique; roche dans laquelle on aperçoit en outre, avec la loupe et même à l'œil nu, plusieurs autres petits Zircons se présentant de la même manière que celui que je viens de décrire. Conduit par cette observation à examiner de nouveau les fragmens de granité empâtés dans la lave, je reconnus dans un de ces fragmens , provenant encore d'Expailly, un autre petit Zircon rose engagé, comme le précédent, au miheu du Feld- spath et du Quai'z, qui, dans cet échantillon , sont en grains assez petits. D'après ces faits il parait que le Zircon Hyacinthe appartient aux roches granitiques traversées par les roches volcaniques dans leurs éruptions. La manière d'être de ce Zircon dans les roches granitiques, porte à croire qu'il en a fait partie constituante, connue d'autres minéiaux qu'on y observe, tels que le Titane, les Grenats, etc. Le Zircon Hyacinthe est donc de même origine que ces roches DU ZmCON D'EXPAILLY. 17 1 qui le contiennent, et non pas d'origine volcanique à la manière des Pyroxènes, des Amphigènes, comme on l'avait cru jusqu'ici, ainsi que nous l'avons fait remarquer en citant les ouvrages qui traitent de son gissement. Ces roches granitiques ayant e'te' brisées, désagrégées par l'action volcanique et par d'autres causes qu'il n'est pas de mon sujet de rechercher, leurs élémens ont été disséminés; les plus altérables, comme le Feld-spath, le Mica, ont été détruits au moins en grande partie. Les plus inaltérables , comme le Zircon , le Corindon Télesie, ont été conservés et enveloppés dans les roches volcaniques; puis, lorsque celles-ci se sont décomposées, ils en ont été séparés , lavés ensuite par les eaux , et mis à nu dans les ruisseaux. Ce résultat acquiert une certitude qui peut devenir incontes- table lorsqu'on le voit appuyé par d'autres observations faites dans des lieux très-éloignés les uns des autres. Ces observations sont : 1°. La présence du Zircon dans des roches granitiques, partout oii on l'a vu dans le lieu de sa véritable origine. En effet, on a trouvé le Zircon à Fridischwern , en Norwège, dans un syenite, d'oii il a été rapporté à M. Haiiy, pour la pre- mière fois , par M. le comte de Lasterie. Ce Zircon , malgré sa teinte jaune roussàtre, a été réuni, par M. Brongniart, au Zircon Jargon. M. de Bournon a vu des Zircons Hyacinthes primitifs de la grosseur d'un pois et plus, parmi les Corindons du district d'El- lore , partie septentrionale du gouvernement de Madras. Ces Zir- cons ne pouvaient provenir que du terrain primitif, puisqu'ils accompagnaient les Corindons dont l'origine primitive est cer- taine. ,^2 SUR LE GISSEMEJ.T M. Cleavelaud cite un Zircon (i) ressemblant, par sa coiilenr et par ses autres caractères extérieurs, au Zircon Hyacintlie ((ui est engage' dans un Quarz laiteux près de Baltimore , à Treutoii , dans le New-Jersey. M. Beudant et nous, avons trouve', dans la brèche volcanique du rocher de St.-Michel, au Pny, à gauche de la chapelle bâtie sur le sommet de ce rocher, un fragment de Granité compose de Feld-spaih, de Quarz, et d'une substance bleue à l'etal amorphe, faisant partie constituante de la roche granitique. Quoique ce minerai n'offre aucune facette qui puisse faire con- naître sûrement son espèce, cependant, d'après sa coideur bleue, sa cassure coachoïde éclatante , sa dureté capable de rayer le Quarz, et la propriété qu'il a de se fondre en un émail gris, on est porté, eu attendant qu'il soit analysé, à le regarder comme du Dichroïte. Voici donc une substance déjà trouvée en Bavière, en Nor- wège, dans le Groenland , dans les Alpes, dans des roches pri- mitives, qui se présente, comme les Zircons Hyacinthes, dans des fragmens de roches granitiques, non-seulement dans le même terrain , mais encore avec les mêmes circonstances , et dans la même localité. 11 résulte de l'ensemble de tous les faits que je viens de citer, que les Zircons Hyacinthes n'ont pas un gissement originaire dif- férent de celui du Zircon Jargon, qu'ils appartiennent tous les deux au terrain primordial granitique, et que ni l'un ni l'autre ne sont d'origine volcanique , quoiqu'ils se trouvent disséminés dans des roches de cette formation. On sait depuis long-temps que les Corindons Télesies Saphirs (^\^ Miticra/offic, page 207. DU ZIRCON D'EXPAILLY. , -/i accompagnent les Zircons dans les sables des ruisseaux et rivières qui traversent les terrains volcaniques , et qu'ils ont un gissement primordial e'vident. En outre, ce gissement primordial paraît être généralement commun au Dichroïte, malgré qu'il s'offre quelquefois aussi, comme les Zircons Hyacinthes , engagé dans le terrain volcanique , ainsi que M. Cordier l'a observé dans les montagnes de la baie de San- Pedro, en Espagne. DESCRIPTION D UN GENRE NOUVEAU NOMMÉ ICACINA, PAR M. ADRIEN DE JUSSIEU. ( I.U DA>S LA SÉANCE DU 3 AOCT l8ai. ) Plusieurs branches d'un arbre du Sénégal qui se trouvait dans l'herbier de mon père, parmi des plantes qui n'avaient encore été ni nommées ni décrites, m'ont paru ne se rapporter en effet à aucun genre connu, et devoir en constituei- un nouveau, dont j'expose ici les caractères. Feuilles. Les feuiUes sont alternes, assez rapprochées, dres- sées sur la tige, ovales avec un sommet obtus ou légèrement aigu; les plus grandes ont trois pouces au plus de longueur, et moins de deux de largeur ; leur contoui- est très-entier , leur subs- tance coriace; d'une nervure médiane saillante, principalement sur la face inférieure , partent , à angle aigu , plusieurs nervures latérales, qui se ramifient elles-mêmes, puis s'anastomosent entre elles en formant un réseau ; du reste leur surface est glabre , luisante, d'un vert très-pâle; elles sont portées sur un pétiole court, de trois lignes au plus, à la base duquel on ne remarque aucune supule. SUR UN NOUVEAU GENRE, NOMMÉ ICACINA. i^S Fleurs. Inflorescence. Les fleurs sont disposées en panicules terminales ou axillaires à l'extre'mite' des rameaux , et longues de trois pouces environ ; des bractées à peine visibles sont ëparses sur les pédoncules, qui sont glabres, et, vers le sommet seulement, un peu pubescens. Ces fleurs sont petites , longues et larges d'une ligne et demie au plus; leur couleur, sur le sec, est d'un brun blanchâtre. Chacune d'elles est complète , et présente les caractères suivans : Calice. Le calice est très-court , monosépale , partagé en cinq dents égales et assez profondes , velu sur la face extérieure, sans aucune adhérence avec les autres parties de la fleur dont on le détache sans peine. On le trouve quelquefois persistant à la base du fruit. Pétales. La corolle est composée de cinq pétales égaux, al- ternes avec les divisions du calice, trois fois plus longs que lui, s'insérant, par leur base, au pourtour d'un disque glanduleux hypogynique , aigus au sommet , entiers sur leurs bords qui, dans le bouton, se touchent sans se recouvrir, ou, pour se servir des mots techniques, dont la perlloraison est valvaire; leur surface extérieure est velue , siutout au milieu; l'intérieur est glabre, si ce n'est vers la base où elle présente une touffe de poils. Étamines. Les étamines, au nombre de cinq, alternent avec les pétales qu'elles dépassent à peine; elles s'msèrent, dans leur intervalle et un peu au-dessus d'eux , au disque , par des filets dressés, glabres, cylindriques, légèrement élargis à leur base. L'anthère, attachée à leur sommet par le milieu de son dos, est droite, cordiforme, terminée supérieurement par deux petites pointes, séparée par un sillon en deux lobes, parcourus eux- mêmes chacun par un sillon moins profond ; intérieurement elle est à deux loges qui s'oitvrent chacime par une fente longitudi- ijÔ SUR UN NOUVEAU GENRK. nale. Les grains du pollen sont jaunâtres, globuleux ou ovoïdes, quelquefois traverses par un sillon qui leur donne, au micros- cope , l'apparence d'un grain de café. Pistil. L'ovaire est porte sur un disque qui , cinq fois plus court que lui, le déborde à peine, mais^s'en tlistingue aisément par sa surface glabre et sa consistance glanduleuse. Cet ovaire , libre et simple , conique et étroit , s'élevant un peu au-dessous des anthères, est surmonté d'un style court et arqué que termine un stiginale tronqué; sa surface est hérissée de poils blanchâtres et nombreux; il offre, à l'intérieur, une loge unique contenant deux oviJes pendans. Fruit. Le fruit est une capsule ovoïde de neuf à trois lignes de longuem- sur cinq à deux de large , un peu aiguë à son sommet , par lequel elle s'ouvre, environnée à sa base par les débris du calice , des pétales et des étamines qui persistent long-temps. Le péricarpe, mince, présente une surface extérieure veloutée et d'un vert foncé, une intérieure conuue ligneuse, inégale et par- semée de côtes réticulées et saillantes, dont une, plus pronon- cée, se dirige de bas en haut vers le point d'attache de la graine, qui est ordinairement unique et alors un peu latéralement appen- due. Dans un seul fruit j'ai rencontré deux graines; sur aucuns de ceux que j'ai examinés elles n'étiiient assez avancées pour qu'on put les analyser. Tels sont les caractères de cette plante que je résume ainsi : Calix inferus, monosepalus , quinquefidus, brevis, saepè persis- tens. Petala quinque, in pra'floratione valvala , disco hypogynoin- serta,laciniiscalicinis alterna, iis tiiplolongiora,basiintusvillosa. Stcunina quinque petalis alterna, >ixlongiora, ciun iisdem disco incerta , erecta , a/7^//em cordatis, medifixis, introrsis, bilocularibus, loculis in longum dehiscentibus. NOMMÉ ICACINA. 177 Stylus simplex , incurvus ; stigma truncatiim. Ovarium simplex, superum, disco glanduloso insidens, vil- losum, uiiiioculare. Ovula duo inversa. Fructus capsiilaris, apice tlehisceus , aboriii saepiùs monospermus. Ai'bor Senegalen^is. Folixi simplicia , alterna , exslipulacea breviler peiiolata , ovata; intégra, reiiculo-nervosa. Flores panicnlati ternainales. Comme il ne se trouve pas parmi ces caractères quelque pai- licularité d'organisation ou de forme dont on puisse tirer le nom du genre, j'ai adopté celui ^Icacina, à cause de la ressemblance que les branches de cet arbre oftVent dans leur port avec celles de l'Icaco, espèce de Chrysobolon. Sur l'étiquette qui y était jointe, dans l'herbier de mon père, étaient écrits, de sa main, ces mots : Habitus Chrysohalani ; et d'une autre part , la même plante se retrouvait, dans l'herbier de M. Ricliard, h la suite A^^ Chrysobalanus. 11 était natmel, sur la foi de deux autorités aussi grandes , de chercher d'abord la place de ce genre auprès des Chrysobalanées ; mais l*affinité, qui se présentait au premier as- pect, disparait par l'analyse des fleurs, puisqite, au lieu d'im style latéral et d'une insertion évidemment périgynique pour les pétales et les nombreuses étamines qu'on observe dans l'Icaco , nous rencontrons ici un style terminal , et surtout cinq étamines tout-;i-fait indépendantes du calice ainsi que les pétales , et in- sérées sous l'ovaire. C'est donc dans une des familles de plantes dicotylédonées à insertion hypogynique que l'Icacina doit être placé. Mais toutes celles qui ont été établies jusqu'ici semble?u le repousser malgré la simplicité de sa structure. La famille des aurantiées, telle qu'elle a été exposée dans la première étiition du Gênera planiarujn , Juss., présentait pour caractères : un calice monosépale souvent divisé ; des pétales , en 23 178 SUR Ux\ NOUVEAU GENRE NOMME ICACINA. nombre défini , élargis à leur base , insères autour d'un disque hypogynique ; ainsi que les e'tamines dont le nombre est ou n'est pas défini , les filets sont libres ou soudes ; un ovaire simple , ter- mine'par un style unique et un stigmate souvent simple. Les vraies Aurantiees ont pour fruit une baie h une oi^plusicurs loges con- tenant une ou deux graines, et présentant des feuilles parsemées de points transparens. Mais avant se trouvait une première sec- tion composée de genres distincts par leur fruit monosperme et leurs feuilles non ponctuées. C'est dans cette section , si elle avait été conservée, que l'Icacina aurait dû prendre place, non loin du Ximenia, dont certaines espèces olfrent avec lui quelque analogie par leur port et plusieurs caractères de leurs fleurs ; mais , plus tard , les limites de cette famille ont été restreintes et fixées par un Mémoire de M. Correa : la première section a été détruite ; les genres qui la composaient ont été dispersés dans d'aunes fa- milles ou déjà connues ou nouvelles, mais qui ne peuvent ad- mettre le genre dont il est question. Il faudrait d'ailleurs, poiu- déterminer plus sûrement ses r.\\>- ports, être éclairé parla connaissance de la structure de son embryon , qui m'a manqué. C'est ce qui m'a engagé à entrer dans tous ces détails descriptifs, et à les soumettre à l'attention des botanistes , dans l'espérance que cette plante pourrait être analysée complètement, ses affinités mieux discernées, et sa place ainsi déterminée sans aucune incertitude. Explication de la PlaJiche IX. i. Boulon. — î. Fleur épanouie.— 3. Pétales.— 4. Fleur dépouillée d« ses pélales. — 5. ÉlaminesetPistil. — 6. Antlière. — 7. Ovaire. —8. Le même, ouvert verticalemcnl. NOTICE SUR LE FOSSILE A ODEUR DE TRUFFES, PAR M. JULES DESNOYERS. ( LU DANS I.A SÉAN'CF. DU 12 AVRIL iS'?.. ) On connaît depuis assez long-temps , en Italie , sous le nom de Madréporite asbestiforme , Tartufoli , Tartiiffite xiloïde , un Fossile singulier qui exhale l'odeur de truffes parla percussion: quoique plusieurs naturalistes distingités en aient fait le sujet de Mémoires particuliers, il règne pourtant encore beaucoup d'in- certitudes sur sa nature , et on ne le connaît qu'imparfaitement en France où il n'avait point été trouve' jusqu'ici. La découverte que je viens d'en faire, en Normandie, peut donc intéresser par sa nouveauté, et jeter en même temps quelque jour sur la nature de cette singulière substance. I. Historique. Le gissement de ce Fossile , le plus ancienne- ment , ou plutôt le seul connu , appartient à la Haute-Italie ; c'est aussi un géologue italien, Albert Fortis (i), qui l'indiqua le pre- (t) Mémoires pour servir à l'hisl. nat. de l'Italie, etc., t. 1, p. 36. i8o SUR LE FOSSILE mier dans le Vicenlin, àMonte-Viale, six milles de Viceace,mais sans examen, sans critique, qnoiqne je ne sache pas qu'aucun naturaliste en ail fait mention avant lui, Ferber n'en parlant point dans ses Lettres, non plus qu'Arduino dans ses Men)oircs. M. Fanjas visita les mêmes lieux en 1806 ou 1807, et en donna la description dans les Annales du Miiscuni d'/iis/oirc natu- relle [\) : il parle de la rareté de ce Fossile, des Madrépores sans odeur, des cocpiilles spadiiques, des bois silicifie's qui l'acconi- pagnent ; mais il ne lui donne, d'après Fortis , d'autre nom qnc celui de Madréporile ashestifnr me , et ne cite que la localité- précédemment indiquée. Dans le même volume des Annales, et immédiatement après le Mi'nioire de M. iaujas, on trouve une analyse, qu'a donnée M. Vauquelin , de cette substance. Vers 1811, M. Catidlo, professeiu- d'histoire naturelle, à Vé- rone, la décrivit dans sou Munnale m ineralogico, comme ime simple variété de cliaiix carhonalée bacillaire. Au mois d'août i8i5, M. Moretli, professeur alors de chimie et d'histoire naturelle, et aujourd'hui d'agriculture, à Pavie, lut, à l'Institut d'Italie, les résultats d'une analyse île la même subs- tance; résultats qui ont été insérés dans la Bibliothèque britan- nique, en juin i8i4 (2). Durant cette dernière aiuiée, M. Maraschini, qui m'a, pendant son séjour à Paris, très-obligeamment commimicpié ou indiqué la plupart des Mémoires relatifs au Fossile du Vicentin , eu parla dans le Journal de lu lillératurc italieniir (3), imprime' à Pa- doue, et remarqua le premier qu'il présentait aussi souvent l'as- pect d'un bois que la structure d'un madrépore. Cet excellent (1) Tome IX, page îa4- — (») Tome 56, page iSg. — (3) Tome Sg, page 164. A ODEUR DE TRUFFES. 181 géologue en a reparle' dans un Mémoire qu'il a lu à la Société phi- lonialique, et fait insérer clans le Journal de physique de mars 1822. Il nous apprend qu'on rencontre abondamment la chaux carbonatée tartufïite ( c'est ainsi qu'il l'appelle ) dans plu- sieiu-s lieux du Yicentin, à Castel^Gomherto , à San-Petro et à la Trinita de MonteccJiio-Maggiore , au mont de Gambu- gliano , et aussi près àaSocu-e, dans le Véronais. Pour réunir ici toutes les localités connues en Italie, j'ajouterai h celle de Monte-J^icde, déjà indiquée, celle du ïnomBolca, où M. Bourdet de la Nièvre m'a dit avoir également rencontré ce Fossile dans des couches bien inférieures à celle qui renferme les poissons de ce célèbre gissement. En 1816 ou 1817, le docteur PoUini publia un Voyage au lac de Garda et au mont Baldo , dans lequel il cite cette substance comme une variété de chaux carbonatée, ainsi que l'avait fait M. Catullo. Cet écrit a donné lieu à de mutuelles critiques dont les savans auteurs s'oublient tant soit peu en oubliant la science. Plusieurs fois , dans ces opuscules imprimés à Milan , il est vive- ment question de la Tartulllte. En 181 8, M. Léman, dans le Nouveau Dict. d'hist. nat., parla fie ce Fossile avec quelques détails, au mot Pierre de TriiJJes. Il convient de citer ici une observation de M. Beudant , consi- gnée d'abord dans le Bulletin de la Société philoniatique ( 1 ) , puis dans son bel ouvrage intitulé : T^oyage géologique en Hon- grie (2) , et qui offre un rapport assez immédiat avec le sujet de cette notice. (( Dans les mines de Williczka , en Pologne , dit-il , la seconde » masse de sel gemme présente une prodigieuse quantité de bois (i) Mai 1819, page 65. — (3) i8'22, tome II, page i48. ,82 SUR LE FOSSILE » fossiles. Ces bois cousistenl en troncs e\lrèmemeni gros , ou « en branches très-minces , soit à Fetat de Jayet , soit siinplemenl » biiuniinisës, ei conservant leiir tissu. Ils exhalent, smtoutles M e'chantillons frais , une odeur forte et nauséabonde très-analogue » à celle des trufl'es tout-à-fait exaltée. » Ce dernier caractère étant le seul qui soit commun entre ces bois et les nôties, j'en reparlenu au sujet tle Todeur. J'arrive enfin à mon objet principal , la découverte , en France, du bois fossile à odeur de truffes. C'est dans le département de rOrue, à Frenay-le-Euflard , quatre lieues N. N. O. d'Argentan, que j'en trouvai d'abord plusieurs tiges ; il en fut également ren- contré à Ecouché, dans le même arrondissement, quelques frag- mens qui m'ont été donnés par le respectable directeur du col- lège de Falaise , M. l'abbé Hervieu , dont le savoir égale l'obli- geance. Depuis j'ai retrouvé ce fossile dans deux locaUtés du dé- partement du Calvados, à Croisilles, près Harcourt, et au val de Curcy, non loin à l'est d'Aunay, cinq à six lieues au S. S. O. de Caen ( deux des exploitations de pierre à chaux les plus ijnportantes de Normandie), et toujoiu-s dans les mêmes circonstances géo- logiques. Nouvellement encore, M. de Bazoches, de Falaise, m'a dit en avoir trouvé à Gapré, aux environs deSeez (Orne), un très- gros fragment ayant tous les mêmes caractères , et dans un gis- sement analogue. Je n'avais recueilli les premiers échantillons qu'à cause de la singularité de leur structure et de lem- forme , et non point pour leur odeur que je ne soupçonnais même pas dans aucun Fossile de ce gem-e. Cette propriété m'y a été indiquée par M. Maras- chini, qui, étant habitué, pour ainsi dire, à l'originahlé de cette subsuuice, se récria, au seid aspect de mes échantillons, sur l'i- dentité parfaite qu'ils devaient offrir avec ceux du Vicenlin. Ce A ODEUR DE TRUFFES. i8:5 rapport, parfaitement justifie, nous permettra de comparer cons- tamment les Fossiles des deux pays. II. Description des caractères extérieurs ; forme des tiges. La Tartuffite de Normandie consiste en fragmens de tiges rondes, ou polyédriques à trois et quatre faces; liges dont le tliamètre est très-variable , et la longueur encore plus sans doute , puisque ce ne sont toujours que des fragmens. On en voit en petits filets trian- gulaires qui rappelleraient mal l'organisation végétale s'ils n'ac- compagnaient des morceaux rudimentaires où cette organisation est beaucoup plus sensible. L'intérieur est souvent traversé par des diaphragmes , à la manière des Bambous ; la surface extérieure est tantôt lisse, tantôt sillonnée de stries longitudinales. Ces différentes variétés se sont trouvées réunies à Frenay-le- Buffard (Orne), sur un bloc d'un calcaire jaunâtre assez dense quoique d'apparence incohérente et terreuse , dont j'ai fait hommage au Muséum du jardin du Roi. La tige la plus grosse «st ronde, et semble un fort rameau; elle montre un nœud Ters le quart de sa longueur, qui était de o,4o6o ( i5 pou- ces), «t devait être beaucoup plus grande; son diamètre est de o,o4o6 ( i pouce 1/2 ) à l'une des extrémités, et réduit des trois quarts à l'autre. Cette diminution , remarquable dans une si faible longueur , n'est point progressive , mais elle résulte de deux dépressions sensibles , l'une à l'extrémité supé- rieure de la tige, l'autre vers le milieu, avec apparence d'inser- tion d'une branche. Ce genre d'aplatissement a été observé dans le Vicentin, avec une sorte tle retrait qui donne aux tiges les formes les plus variées. La tige ronde est , ainsi que la plupart de celles que j'ai ren- contrées, fistuleuse, telle qu'une jeune branche de sureau dont on aurait extrait la moelle ; et , en suivant celte comparaison , le i84 SUR LE FOSSILE tuyau persistant, qui a ici une épaisseur de o,oo25 à 0,0067 ( une à troi:» lignes ) , est converti en chaux carbonalée aciculaire conjointe , dont les sommets sont dirigés vers le centre, et non point longitudinalement comme on l'a, je crois, observé dans le Yicentiii. 11 n'y a ici de parallèles à l'axe idéal de la tige, et dans le centre même de ces tiges, que quelques libres brunes très-dé- licates, ou de petits filets ferrugineux, ou bien une matière noire pulvérulente, résultant sans doute du végétal décomposé, et que remplace souvent un sable jaune silicéo-calcaire tiès-incohérent. On trouve parfois dans ce sable, ou dans les parties les plus tendres de la roche , de très-petits cristaux confusément pris- matoïdes , qui ressemijleraient assez à l'arragonite , sans leur cassure lamellaire. Cette structure est la même dans les tiges polyédriques assez nombreuses qui accompagnent celle dont nous venons de parler, et qui en diffèrent par leur forme d'un prisme à quatre pans, tou- jours déprimé, rappelant assez bien la niâcle létragramme , ou les tiges de quelques labiées ( T^oy. pi. X , lig. A. L'extrémité de l'une d'elles \ la couleur plus foncée marque le vide intérieur). Elles sont remarquables en outie pai" répaisseur variable «le leur corps, dont les quatre côtés réguliers ressemblent intérieu- rement à des segmens d'ellipse renflés vers le milieu de la courbe, et aplatis vers les bords. Cette forme polyédiique, avec plus ou moins de faces, a été également remarquée dans le Vicentin. Outre ces caractères communs aux deux pays, les vaiiétés d'IlaUe mieux observées, mieux décrites, offrent quelques dif- férences : M. Maraschini en possède dix ou douze dont il a bien voulu me commimiquer la description, et qui, jointes à celles observées par d'autres naluialistes , peuvent être ainsi conçues. D'abord la plupart semblent appartenir à des tiges beaucoup plus A ODEUR DE TRUFFES. ,85 fortes et plus épaisses, puisqu'on eu trouve qui ont une largeur d'à peu près un pied , sur une longueur également très-conside'- rable. Tantôt l'extérieur présente l'apparence de racines ou de fibres ligneuses , ou bien la forme d'esquilles de bois , ou même l'aspect d'une partie de l'écorce, mais toujours en une pâte de spath calcaire grisâtre; tantôt c'est l'intérieur qui offre des cou- ches concentriques, ou des fibres irrégulières encroûtées de chaux carbonatée niétastatique ; souvent enfin la structure radiée intérieure qui rappelle les prolongemens médullaires des plantes dicotylédones, est partagée entre plusieurs centres, comme dans certains palmiers ou dans les madrépores. C'est sans doute, d'un accident à peu près semblable que parlait M. Faujas , lorsqu'il dit que les extrémités polies montrent de très-petites cellules qu'il regarde comme madréporiques , et qui pourraient aussi bien ap- partenir à des végétaux (i). m. Odeur. Le caractère essentiel, constamment commun et qui , joint à celui de la structure , rend ce rapprochement plus curieux , est l'odeur de truffe très-prononcée qu'exhale ce Fossile à l'aide du frottement, ou par une légère percussion. Elle se ma- nifeste surtout à l'intérieur des tiges, sur les faces le plus héris- sées de petites pointes cristallines , et avec d'autant plus d'inten- sité que les cristaux offrent une teinte plus grisâtre. M. Vauquelin fait observer que le Fossile, une fois pulvérisé, a perdu l'odeur pour toujours ; peut-être est-il seulement réduit à ne la pouvoir plus manifester par le frottement que rend impossible la trop (l) Je terminerai cette description , pour ainsi dire physique , en faisant observer que les segmens qui partagent transversalement l'inlt'rieur des tiges dont nous parlons, de même sorte , à peu près , que dans les graminées et quelques roseaus , se rencontrent dans d'autres bois fossiles convertis en chaux carbonatée , et aussi dans des impression» de tiges signalées par M. Ménard , dans un grès des environs du Mans. =4 ,86 SUR LE FOSSILE grande division de ses particules; mais sans que le principe odo- rant soit entièrement détruit, puisque c'est à cet état que M. Mo- retti est parvenu à le fixer. J'ai remarque que l'odeur e'iait va- riable en raison d'un plus ou moins long frottement, et devenait d'une fétidité particulière, si l'on essayait un fragment long- temps chaulTé. Il paraît aussi , d'après une observation de M. l'abbé Hervieu, que des échantillons d'Ecouché(Onie) ont exhalé au feu une odeur un peu semblable à celle de corne animale. On peut de plus ajouter que les morceaux encore pénétrés de l'hu- midité de la carrière, sont inodores jusqu'à ce qu'ils soient par- faitement secs. Celte propriété, que nous voyons modifiée par la cristallisation, la couleur, la densité, et aussi par la chaleur, semble presque uniquement bornée au spath calcaire pseudo- niorphique de ces tiges , car elle ne se retrouve ni dans les autres bois pétrifiés , ni dans les polypiers , ni dans les coquilles qui les accompagnent, non plus que dans la masse générale tlu terrain ; et c'est peut-être légèrement que M. Faujas a avancé que le tufi'a du Vicentin l'avait aussi exhalée. On peut seulement noter que le calcaire, à quelques lignes autour des tiges, manifeste parfois une fétidité presqiie analogue, et que l'on a vu dans le \ icenlin de la chaux carbonatée grisâtre, cuboide, inverse ou lamellaire , exhalant cette odeur sans être aucunement pseudomorphique en apparence, mais toutefois adhérente aux fibres des tiges mêmes. On peut enfin ajouter qu'à \Villi(v,ka , la grande quantité de débris organiques dont le sel est pénétré, et l'état particulier de ces bois Fossiles paraissent communiquer l'odeur à toute la masse. Cette odeur, où une à peu près analogue, manque rarement, ainsi que me l'a fait observer M. Brongniart, dans la foi-mation du gypse inférieur à l'ooliie, ou dans les sources salées qui s'y rencontrent. IV. RésuUats coniparaûjs de l'analyse chlmicjue. Les pro- A ODEUR DE TRUFFES. 18:7 priètés et caractères, pour ainsi dire physiques, de l'odeur étant connus, nous devons en rechercher la nature, et l'analyse peut seule nous éclairer sur cet objet. Je n'en ai point à oft'rir de la tar- tuffite de Normandie; mais elle montre avec celle du Yicentin une identité si parfaite dans tous les caractères extérieurs, que la composition intime doit être nécessairement la même : je me bornerai donc à rapprocher les résidtats des deux analyses de MM. Vauquelin et Moretti. Le célèbre chimiste français , n'ayant pu malheureusement opérer que sur 12 grammes de la substance, ce qui n'était que la 4o'' partie de la quantité traitée par le pro- fesseur de Pavie, n'obtint aussi que des résultats assez faillies. Il trouva que l'action de l'acide nitrique avait manifesté, en les dissolvant, du carbonate de chaux tt; de l'oxide de manganèse, de l'alumine, un peu de fer; le résidu insoluble, qui avait acquis une dureté et toutefois une flexibilité considérables, lui offrit encore un peu de fer, de la silice et un bitume sec qui exhalait, par la chaleur, une odeur semblable à celle d'un bitume anima- lisé. Quatre de ces substances semblent plutôt propres au terrain ; le fer oxidé qui s'y trouve comme principe colorant de la roche , et même en grains et en petits filets , pourrait appartenir en partie au Fossile, car on sait jusqu'en qitelle proportion ce métal entre dans la composition de certains végétaux ; mais le principe or- ganique le plus certain est le bitume. La suite des expériences de M. Vauquelin continue à le manifester sous l'apparence d'une huile grasse et laiteuse, qui pourtant ne conserve rien de l'odeur de truffes , non plus que l'eau, l'alcohol, l'éther et l'acide nitrique, où cet habile chimiste avait cherché vainement à la fixer. Cette grande volatilité, reconnue par M. Vauquelin , n'a point été trouvée telle par M. Moretti, qui est parvenu à fixer l'odeur dans de l'eau. U s'était aperçu que le développement du gaz «8« SUR LE FOSSILE acide carbonique de la substance , au moyen de l'acide nitrique , était accompagne du dégagement de l'odeur connue ; et faisan t passer ces gaz à travers l'eau des flacons d'un appareil de Woulfe , l'odeur s'y arrêta et continua de s'y manifester, même après l'entier dégagement de l'acide carbonique. Il est fâcheux que ce chimiste n'ait pas pénétré plus avant dans ce nouveau mélange , et n'ait point recherché dans l'eau même quel pouvait être le gaz qu'elle avait ainsi absorbé. Le bitume qu'avait indiqué M. Vau- quehu, a été aussi reconnu par M. Moretti, dans une liqueur transparente, insipide, légèrement aromatique, et s'est encore manifesté dans le dégagement des gaz hydrogène et azote, où l'on en reconnaît les élémens. D'un mélange à dose égale de Tar- tuflite pulvérisée et d'éther suLfurique rectiûé, que M. Moretti laissa infuser pendant 5oou4o jours, à la température de 20°R, il obtint, pour résidu de la fUlration, quelques gouttes d'une subs- tance huileuse verte, et de petits cristaïui à saveur et odeur terreuse, mais empyreumaiiques seidement en brûlant, et qui pourraient rappeler ceux qu'on obtient en décomposant de l'al- cohol , du naphte et les huiles essentielles. Enfin INI. Moretti détermina, par une analyse soignée , les pro- portions relatives des principes constituans de la Tartuflîte, les mêmes , hormis le carbonate de magnésie , que ceux indiqués par M. \'auquelin. loo Parties de ce Fossile lui ont donné. Matière bitiunineuse 4 grains. Carbonate de chaux 85 Carbonate de magnésie 4 i/5 Oxide de fer 5 Silice 1 Oxide de manganèse o 4/i5 A ODEUR DE TRUFFES. 189 V. Origine de Fodeur et du bitume qui la produit. Le ré- sultat de ces deux analyses ne permettant pas de douter que le principe odorant ne provienne du bitume ou plutôt de ses ëlé- mens, l'hydrogène carboné et l'azote, c'est-à-dire d'une source organique et non point minérale , comme l'odeur de l'arsenic , du quarz fétide , et de la plupart des sulfures , et de quelques laves, il est encore curieux de rapporter ces éle'mens mêmes à leur pri- mitive et plus im^médiate origine. Appartenaient-ils à un animal ou à un végétal ? question plus embarrassante encore à résoudre parla détermination chimique qu'à l'aide des caractères extérieurs : la réunion de ces deux genres d'induction nous mènera peut-être à la vérité. L'un d'eux seulement , l'analyse chimique , engagea M. Vauquelin à rapporter l'odeur à la décomposition des débris de polypes qui jadis habitaient ces prétendus madrépores. Mais la présence de l'azote qui, sans doute, fit regarder par cet habile chimiste le bitume comme animalisé, ne nous doit point sur- prendre, puisque ce gaz se rencontre, en une légère quantité, il est vrai, dans plusieurs végétaux, et se reconnaît surtout dans les végétaux Fossiles. On peut d'ailleurs remarquer que l'azote trouverait sa source naturelle dans la décomposition des vrais animaux polypes et mollusques, dont les parties solides ont été conservées dans ces terrains. M. Beudant regarda aussi corrime d'une origine animale , l'o- deur des hgnites de Williczka : « C'est précisément, dit- il, celle » que répandent, durant leur putréfaction, beaucoup d'animaux » mous , tels que les Aplysies, les Holoturies , quelques Mé- » duses, etc. Ce phénomène s'observe surtout sur les côtes où » ces animaux sont journellement jetés par la vague ; il a eu lieu )) constamment dans diverses expériences que j'ai faites sur les )) mollusques.... Ce rapprochement me paraît d'autant plus digne ipo SUR LE l'OSSlLE » d'attention , que je ne connais aucune putréfaction végétale M qui produise une odeur semblable, et je suis porté à croire que » celle développée par le sel gemme , peut être due , comme sur » nos côtes, à la décomposition des matières animales, peut-être » même de celles que je viens de citer. » L'exposé de ces faits curieux , et les conséquences tirées par un aussi bon observateur que l'auteur du Voyage géologique en Hongrie, sont sans doute un argument bien fort contre une opinion diûerente. Mais on peut dire aussi que les Fossiles de Williczka, les plus nomljreux et les plus visibles j paraissent être des débris de végétaux, et que les polypiers et les test de mollusques le sont beaucoup moins ; en outre que dans les autres localités on trouve des madrépores incontestables et pourtant tout-à-fait inodores ; de plus enfin que cette odeur n'est point tellement étrangère aux végétaux, qu'on ne rencontre quelque chose d'analogue dans le tan de certains arbres. Au reste, s'il est vrai que la même odeur soit , d'un côté, due à des débris animaux, rien n'empêche que, d'un autre, elle le soit à des végétaux : une combinaison semblable de principes aussi volatils peut se rencontrer dans deux classes d'êtres qui ne sont à peu près que le résultat des mêmes principes , diverse- ment combinés. Au contraire de MM. Vauquelin et Beudant , et des deux sa- vans italiens, MM. Catullo et Pollini, qui n'ont vu dans la Tar- tuflite qu'une variété de chaux carbonatée fétide ; l'un des ad- versaires du docteur Pollini y reconnaît parfaitement un bois Fossile, et fait grande guerre à cet auteur de son opinion, disant qu'il suffisait d'être exact observateur botaniste pour voir et compter les couches ligneuses. Ce jugement me semble juste quant à l'espèce du Fossile, mais ce que je suis loin de partager, c'est l'explication curieusement bizarre du principe odorant. « Ne A ODEUR DE TRUFFES. 191 » serait-il pas possible , dit littéralement l'auteur de l'opuscule » italien , que la truft'e empruntât son odeur aux racines des » arbres entre lesquelles elle vit , et que cette odeur se formât )> dans le tissu ligneux des plantes, à un certain degré' de decom- » position ? Une odeur analogue à celle des champignons comes- » tibles se manifeste dans les bois en décomposition phospho- » rescente; d'oîi nous concluons que le bois de ce xiloïde, quand )) il a commencé à recevoir les infiltrations calcaires , était dans )) le même degré de désorganisation que les racines dont la truffe » emprunte son odeur. )> Si l'auteur se fût borné à indiquer une décomposition végétale, sans supposer cet emprunt singulier fait par la truffe à des racines tout-à-fait étrangères , je serais assez de son avis, en ajoutant toutefois que ce ne serait point une décomposition ordinaire , mais une vraie bituminisation qui ne se peut opérer, ainsi que je l'ai entendu développer par M. Ménard, d'une façon très-satis- faisante, que sur des corps enfouis, et à l'aide d'une certaine réaction minérale de molécules autrefois organiques, comme dans la houille, certains lignites, et surtout dans les bitumes. Sans chercher à expliquer entièrement le fait, ne peut-on pas penser que la substance ligneuse du bois, après avoir moulé sur sa forme le magmas environnant, est venue à se détruire, comme il arrive dans presque tous les Fossiles , et a été remplacée , on ne sait trop comment , par du spath calcaire? La plus grande partie des principes élémentaires du végétal , gazeux ou aiures, s'est volatilisée; mais il a pu en rester assez pour former par leur affinité, alors purement minérale, un bitume qui s'est avide- ment jeté, et fixé en proportions sans doute déterminées dans la chaux oarbonatée , et a concentré son odeur dans la cristallisa- tion. Cela paraît plus évident lorsqu'on voit à Williczka, l'odenr ip-s SUR LE FOSSILE qiii n'est point ainsi iîxee par un jnine'ial étranger , continuer à s'exhaler spontanément des bois bitumineux , et aussi bientôt s'épuiser dans les écliantillons des collections , comme je l'ai observé chez M. Brongniart ; et lorsque dans un lignite de Mon- tecchio-JVIaggiore, nous remarquons, avec M. Maraschini, la substance végétale elle-même ne plus rien conserver de l'odeur que se sont entièrement appropriée des cristaux de chaux car- bonate grisâtre. On a de nombreux exemples de ce mélange de bitumes avec des matières minérales , entre autres , dans les marbres noirs féti- des, dans la chaux carbonalée lucullite d'Angleterre (M. Jameson) dans la plupart des Jjois calcarifiés, et même dans des lythoxyles silicéo-bitumineux, indiqués en Piémont, en Franconie, par M. Léman , dans une mine de mercure du Palatinat ; et par M. Bertrand-Geslin dans les plàtrières d'Aix. On peut ajouter , pour compléter l'histoire de cette odeur , ou du principe bitmuineux qui la produit, un fait que M. Brong- niart m'a communiqué, c'est que l'on en observe une à peu près analogue dans les fosses d'aisance , dont les conduits sont traver- sés par des eaux tenant du sulfate de chaux en dissolution, comme dans les environs de Paris. Ce fait donne à présiuner de plus en plus que l'un des élémens les plus essentiels de cette odeur est l'hydrogène combiné sans doute, dans ce dernier exemple, avec l'acide sulfurique du gypse. La ressemblance si parfaite entre l'odeur de nos calcaires xy- loïdes et celle de la truffe est due sans doute à l'analogie des mêmes principes, qu'on sait se trouver dans la truffe naturelle- ment, et dans la Tartuffiie, par une réaction qui aura accidentel- lement atteint le même mode de combinaison , sans que pareille odeur se soit jamais trouvée dans les mêmes bois vivans. A ODEUR DE TRUFFES. igS VI. Espèce Après avoir essaye d'établir par le rappro- chement des caractères les plus remarquables, que ce fossile ap- partient à la grande famille des vége'taux, il resterait à lui assi- gner une place plus pre'cise dans la méthode ; mais ces tiges dé- pouillées ne peuvent , non plus que la plupart des bois pétrifiés, rappeler aucune espèce; et nous avons vu que si quelques varié- tés semblaient appartenir à des plantes dicotylédones , d'autres pouvaient être rapportées aux monocotylédones , et que l'odeur annonçait trompeusement celle des cryptogames. Toutefois , je rappellerai que M. Maraschini a indiqué de petits cristaux de Ch. Carb. tartuffite entre les fibres carbonisées d'un tronc de pal- mier, du Vicentin. La forme régulièrement polyédrique de quelques-unes tles tiges, semblerait devoir offrir un assez bon caractère générique, mais M. Adolphe Brongniart, que son intéressant travail sur les plantes fossiles rend bon juge en cette matière, n'a vu dans les échantillons que j'ai somnis à son examen, que des esquilles régu- lières, comme dans le hêtre, le charme et d'autres bois, et non point une forme naturelle telle que celle des labiées. La présence de véritables bois silicifiés au milieu des mêmes terrains peut seu- lement faire présumer que ce fossile appartenait à une plante plutôt terrestre que marine, et du reste le regarder, jusqu'à plus certaine connaissance , comme ime millième espèce à rejeter dans la foule inconnue des êtres de l'ancien monde. VII. Gisement et position géologique. Nous n'avons plus qu'à comparer le gisement de la tartuffite dans les deux pays où elle est uniquement connue; mais autant les autres caractères nous ont offert d'analogie , autant celui-ci semble d'abord diviser l'époque de son existence. Dans le Vicentin, ce fossile se trouve au milieu des couches les plus nouvelles du singulier luÛa volca- 25 ipi SUR LE FOSSILE iiico-marin {Brecciole de M. Brongniart, Péperite de M. Cor- dier), que MM. Brongniart et Maraschini ont en partie rapporté à la formation du calcaire de Paris (i). En Normandie au con- traire , ainsi que je l'avais d'abord préjuge pour la seule localité de Frenay-le-Buffard, le gisement paraît beaucoup plus ancien , puisque partout oîi j'ai depuis observé la tartuffite, je l'ai rencon- tréedans un cale, coquillier, horizontal, et bien inférieur à la craie. Cette formation est relie dont on a parlé depuis lui ou deux ans, sons les noms de Calcaire d'Evrecj (M. de !\'^?.gneville et les géologues de Caen); OoUte inférieure de M. Buckland, ei aussi de M. Prévost, et qui peut correspondre aux parties moyennes du Cale, du Jura. Ce terrain, dont je réunis ici une coupe et la description, est extrêmement riche en coquilles fossiles, toutes pélagiennes, hormis ce mélange bien connu maintenant d'un très-petit nombre de genres analogues à ceux des calcaires plus modernes ; tandis cpie les coquilles du Vicentin, presque toutes littorales, ofîVent la plus par- faite analogie avec celles du cale, parisien. Toutefois ce caractère distinctif tiré de la différence des coquilles fossiles dans les deux gisemens , n'est point si absolu que tout rapprochement géologi- que entre eux soit interdit; et en songeant au mélange bien cons- taté dans le nord de l'Italie, de terrains nettement limités ail- leurs, on ne sera pas éloigné de reconnaître dans les nombreux (i) On peut consulter, pour la superposition des terrains dans cette partie de l'Italie, 1.1 planche VIII des Mémoires d'Albert Fortis, les Obscivalions g6cf;nostiquei de M. Maraschini , inst'rées dans le Journal de physique (^mars 1822 ), et surtout le dernier Mémoire de M. Brongniart, sur le Vicciilin, où l'on trouvera , dans la planche 1, des coupes du yal de Ronea , fig. 1, de Montc-Viale , fig. 4i d du mont Bolen , fig. 5. Pour les terrains de Normandie , on trouvera aisément la place de celui que j'indique , dan» le beau tableau de M. Pré\ost , joint à ce I" volume des Mémoires de la Société. A ODEUR DE TRUFFES. 195 polypiers qui accompagnent en ce pays la tartuffite , ceux du cal- caire à polypiers de Normandie, ou du dépôt moins connu, mais non moins riche de la craie tufau. Sans avoir recours à l'action des bouleversemens volcaniques, on peut se borner h re- marquer que la formation calcarëo-trappëenne du Vicentin s'ap- puie sur un calcaire Jurassique , dont elle remplit même quelques vallées; que ces brèches volcaniques sont nécessairement com- posées d'élémens très-hétén gènes empruntés à des terrains d'é- poques et de nature diverses ; que , parmi ces débris , elles em- pâtent des morceaux arrondis d'un calcaire compacte contenant parfois la Tartuffite, mais jamais les coquilles analogues à celles de Paris; en un mot il est présumable que ces bois fossiles, aussi bien peut-être que les Polypiers , ne sont point là dans leur gis- sement primitif. Le silence que garde M. Rrongniart sur ces deux classes de fossiles, dans son intéressant ouvrage sur le Vicentin, oii il en a décrit tant d'autres , pourrait faire croire aussi que leui gissement serait un peu distinct. C'est sans doute l'observation des mêmes faits qui faisait tirer une conséquence semblable à M. Faujas , lorsqu'il disait , il y a i8 ans : « Le fossile à odeiu" de truffes , ainsi que les polypiers, )) pourraient bien ne pas appartenir primitivement au tuffa vol- » canique , mais avoir été détachés de terrains différens et plus )) anciens. » L'idée de ces mélanges avait aussi frappé un excel- lent observateur du siècle dernier ; Ferber qui en a parlé dans ses lettres (trad. de Diettrich, 1776, p. 52.). Si cependant ces motifs de rapprochement entre les deux gisse- mens semblent hasardés, on se bornera à dire que le végétal rem- placé par la Tartuffite, a vécu pendant l'époque qui s'est écoulée depuis la destruction des plantes monocotylédones de la houille jusqu'au dépôt des lignites supérieurs à la craie , dont M. Brong- 196 SUTl LE FOSSILE niart vient d'agrandir le domaine d'une manière si curieuse (1); époque durant laquelle l'ancienne végétation a laissé des traces de son existence, soit dans les lignites ou xilantrax biiiunineux , soit sous la forme de lithoxyles ferrugineux , siliceitx , et plus ra- rement calcaires. Toutes ces variétés de hois fossiles dont M. Mé- nard a si heureusement établi les distinctions dans ses cours , en même temps qu'une foule d'autres faits intéressans sur les corps organiques enfouis, se retrouvent dans les terrains secondaires de Normandie, ainsi que je pourrai le donner à connaître dans une autre occasion. Résumons enfin les principaux faits contenus dans cette notice. 1°. Le fossile nommé en Italie Madrêporite asbestlforme , calcaire xyloide, tariujfite , oflVe presque évidemment les ca- ractères d'un bois fossile converti en chaux carbonatéc aciculaire , mais ne peut être rapporté à aucune espèce végétale vivante, quoiqu'il semble se rapprocher davantage des monocotylédones. 2°. La plus parfaite identité paraît exister entre les variétés que j'ai rencontrées en Normandie et celles déjà connues dans le Vi- centin; les lignites de Williczka , au contraire , n'ont de commun avec celles-ci que l'odeur. 3". L'odeur de truffes, que ce fossile exhale sans que le terrain et les débris d'autres corps organiques la partagent aucunement, n'est point une odeur conserve'e; mais elle résulte d'un nouveau mode de combinaison des principes volatils des végétaux enfouis: elle est due à la présence d'un bitume susceptible d'être fixé dans l'eau, et quelquefois en proportion de quatre pour cent. 4". Ce fossile , quelque caractéristique qu'il soit , semble ap- f^\) Description géologique des cnvinins de Pans, î= tdil., arl. î, |i. 107: Dr quel- ijues terrains d'argile plastique et de lignites , hors du bassin de Paris. A ODEUR DE TRUFFES. 197 partenir à des époques géologiques difFe'renies , l'une antérieure , l'autre postérieure à la craie; différence qui pourrait bien pro- venir d'un mélange des terrains dans le Vicenlin , et au gisse- nient de la roche qui le renferme. 5°. Enfin , le bois fossile à odeur de truffes ne doit pas être aussi rare qu'on l'a pensé , puisque, indépendamment des nom- breuses localités du Vicentin, le seul calcaire qui le renferme en Normandie, en contient abondamment et est très-répandu en France , en Angleterre et en Allemagne. Description du Calcaire qui contient, en Normandie , le bois fossile à odeur de trujfes , — Carrières de Croisilles , près Harcourt ( Calvados ). Cette coupe ( pi. X, f. 2 ) est le résultat d'observations faites dans trois carrières voisines et dépendantes l'une de l'autre , mais à des niveaux très-sensiblement différens. L'une montre les deux pre- mières couches qui sont les plus pviissantes , et un commencement de la troisième ; l'autre embrasse toutes celles comprises entre le n° 3 et le n° 9, qui sont les plus riches en fossiles, surtout les bancs indiqués par les n"^ 3 , 5 , 7 et 8. La dernière carrière enfin , en descendant dans le vallon de Courmeron, contient le conglomé- rat calcaire le plus inférieur, et les galets quartzeux. Celle-ci est exploitée pour l'entretien de la route, et les deux autres pour fournir la pierre à chaux d'un si grand usage dans l'agriculuire du Bocage normand. 1. Glaise fortement rougie par un oxide ferrugineux, conte- nant beaucoup de silex pyromaqu es tuberculeux, et offrant tous les caractères de l'argile à silex, qui, suivant les observations de M. Omalius d'Halloy, observations que j'ai été à portée de vérifier, pourrait bien représenter la craie ordinaire dans les dé- tçfi SUR LE FOSSILE partemens de l'Eure, d'Eure-et-Loir, de l'Orne et sur plusieurs points des falaises de Normandie, où M. Prévost a très-bien cons- taté leur existence. Ce de'pôt, que l'on croirait être une sorte d'alluviou, formée sans grande agitation des eaux , est tout-à-faii distinct des couches suivantes, remplit les cavités irrégulières qu'offrent celles-ci au point de contact. 2. Calcaire blanc d'un tissu lâche, sans silex, moins dur que le calcaire de Caen, et offrant plutôt les apparences niméralogiques de la craie tu fait. Il pourrait montrer. Usa coideur près, quel- que analog ie avec les argiles bleues de Dives, supérieures au Lias, en raison de ses fossiles dont les principaux sont des moules intérieiu-s très-abondans de trochus , de modioles , de deux ou trois coquilles bivalves peu détenuinables, mais constantes; et une térébratule peu commune , dont le faciès rappelle d'abord celui des gryphées arquées. Ce banc, puissant de huit mètres environ, se divise en une dixaine d'assises épaisses de six à sept décimètres chacune , et séparées par un mince filet argileux. 3. Conglomérat coquillier , dans une pâte de calcaire ter- reux parsemé de fer ooliticpie, que les ouvriers nomment sable, en raison, sans doute, de sa facile désagrégation. Cet amas de fossiles, le plus riche de la formation ooliiique moyenne, suffi- rait seul pour la faire reconnaître; car, quoique épais à peine de cinq à sept décimètres, il en est le dépôt le plus constant, le plus remarquable, et toutefois le seul inutile. Les coquilles, seuls fossiles, à peu près, qui s'y rencontrent, en sont variées et surtout très-nombreuses en individus. Leur test est converti en spath calcaire. On y voit plusieurs genres , dont les espèces et les variétés s'y sont grandement multipliées. Ce sont surtout des cypricardes, des trigonies, un genre voisin des spondyles ; des térébratules , des trochus et autres coquilles turri- A ODEUR DE TRUFFES. 199 cule'es ; dont plusieurs sont peu connues , et dont quelques autres ont e'té figurées pour la première fois par M. Sowerby , clans son ouvrage intitule : Minéral Conchiology ; des ammonites, de gran- des et petites Belemnites, etc.; mais on n'y voit ni polypiers, ni bois fossiles. 4. Silex cornés tuberculeux et branchus , disséminés irréguliè- rement dans un calcaire blanchâtre incohérent, nommé banc bleu à Croisilles , et moellon blanc à Curcy : ces silex sont tantôt bleuâtres et tout-h-fait opaques; tantôt blancs et d'un tissu tel- lement lâche, qu'ils seraient presque nectiques ; ils se revêtent au feu d'un bel émail de porcelaine. Les coquilles fossiles y sont rares, mais on y trouve des esquilles et des tiges de bois silicifiés, entièrement différens de ceux à odeur de truffes , auxquels non* arrivons bientôt. Epaisseur d'un peu plus d'un mètre. 5. Plusieurs bancs de calcaire jaimàtre terreux , la plupart in- cohérens, dont l'un est partagé par des fissures qui Itii donnent l'apparence de pavés régulièrement rangés , et dont l'autre con- tient de petits amas de fer silicate verdàtre grenu, long-temps pris pour de la chlorile, qui serait ici dans l'une des formations se- condaires les plus anciennes où on l'eût observé, si M. Beudant n'en eût indiqué au milieu même d'im grès houiller, sur les fron- tières de la Gallicie (1), et qu'au reste on peut rencontrer à toutes les époques. Cet assemblage de bancs que les ouvriers de Curcy nomment terre mêlée, abonde eu ammonites de moyenne gros- seur , il a une épaisseur de deux mètres et quelques décimètres. 6. Argile fortement colorée , sans fossiles, dite banc de zmse à Croisilles, et cordon à Curcy; deux à trois décimètres d'épaisseur. 7. Autre couche de cale, argileux jaune , nommée pierre (1) Voyage en Hongrie , tome II, p. 1^7 et 160. aoo SUR LE FOSSILE égrenée , contenant des moules de coquilles, rarement des pois- sons, et, je crois , des fragmens de bois fossile à odeur de truffes. Au-dessus, ainsi que nous l'avons vu, on n'en a pas trouvé la moindre trace, et ce fossile est bien plus abondant au-dessous. La succession des couches et des fossiles est jusqu'ici presque tout-à-fait semblable à Croisilles et au val de Curcy ; mais dans cette dernière localité', se trouve intercaUe, entre les couches 7 et 8, un dépôt d'argile bleue et jaune plus ou moins endurcie , plus ou moins mélangée de chaux carbonatée, alternant même avec une marne blanche compacte, et formant en trois couches ime épais- seur d'environ cinq mètres. Ce dépôt, qui contient, m'a-t-on dit, de belles empreintes de poissons, et où je n'ai vu que des fragmens indéterminables de coquilles , de petites vertèbres de cétacées, répond sans doute à l'une des argiles décrites parM.Bu- ckland dans l'Oolite moyenne, peut-être à l'O.T/b/YZ-c/aj. 11 n'est représenté h Croisilles que par des plaques de glaise desséchée à la surface de plusieurs bancs. Au-dessous de ces argiles, se rencontre l'identité la plus par- faite entre les deux localités, 8. Roche calcaire jaune, offrant encore çà et là des grains de fer oolitique, et contenant entre autres coquiUes de grands et nombreux individus de la Gryphœa Cymbiiim, de grosses ammo- nites , et plus que toute autre couche , le bois fossile à odeur de truffes, dont les débris très-noirs en sortant de la carrière, per- dent bientôt une partie de leur coideur. Cette couche, qui con- tient de plus à Curcy une prodigieuse quantité de Bélemnites souvent roulées , y est divisée en six bancs inégaux, dont l'épais- seur totale plus grande qu'à Croisilles , est de deux mètres six décimètres. A ODF,UR DE TRUFFKS. 20, g. Banc rouge, peu coqulllier, tendie, épais de deux déci- mètres. 10. Conglome'iat forme de grains de quarz hyalin et de par- ticules calcaires sans coquilles. Celte couche , nommée pierre de rnaillère, est en Normandie le premier calcaire horizontal supé- rieur au terrain meuble suivant qu'elle accompagne d'ordinaire, il. Galets de quarz hyalin et grenu, et surtout de véritable grès intermédiaire, dont le dépôt consiste en une vingtaine de petites assises ondulées, incohérentes en partie, et en partie ag- glutinées en pouddiugue par un ciment ferrugineux. Il ne semble pas qu'il y ait aucun ordre de pesanteur dans ces débris, car les plus gros reposent sur un sable fin qui approche du fond de la carrière , et les autres couches alternent avec la plus grande va- riété de volume. L'épaisseur, comme à Croisilles, est de six à sept mètres. Ce terrain, d'ancienne alluvion, forme en Normandie une sorte de bordure dans le voisinage des terrains intermédiai- les , et paraît compris entre l'Oolite et le Lias. 26 NOTICE SUR UNE MONSTRUOSITE REMARQUABLE DES FLEURS DE VORCfllS LATIFOLIA , L. PAR M. ACHILLE RICHARD. (l.l'E P*NS LA SÉAVCF. DIT (J NOVEMBRE iSîl) Les Orchidées constituent une famille de plantes extrêmement naturelle, qui bien qu'ayant (\(2i^ lapporls très-marques avec cer- taines autres familles, s'en distingue cependant par des caractères fort nettement tranchés. En eflet , dans la série des Endorhizes , à laquelle appartiennent les Orchidées, la famille avec lacjuclle elles offrent le plus d'affinité est, sans contredit, celle des Amo- mées ou des Cannées de Jussieu. Dans l'une et dans l'autre, on n'ohsci've ordinairemeiu qu'une seule élamine, l'ovaire est éga- lement infère ; le calice coloré, et le plus souvent à six divisions inégales. Mais aussi cet ovaire offre trois loges dans les Amomées et une seulement dans les Orchidées. C'est particulièrement dans la structure de l'Etamino que résident les véiilables caractères disdnciifs de la famille tics C)rchidées. Cette étamine est toujours soudée et intimement confondue avec le style et le stig- DE L'ORCHIS LATIFOIJA. ao3 mate, et, sous ce rapport, les Orchidées se rapprochent des Aris- tolochiëes. Le pollen renferme dans l'intérieur des deux loges de l'Anthère, est constannnent soudé en une ou plusieurs niasses , qui ont absoliunenl la même forme que les loges dans l'intérieur desquelles elles étaient contenues. Cette structure du pollen , que l'on ne retrouve que dans les Apocinées, famille de plantes fcîxorhizes, extrêmement distincte des Orchidées, et encore dans quelques espèces de Mimoses, comme l'a récemment observé M. Ruuth, caractérise et distingue ficileuient toutes les plantes qui entrent dans cet ordre natmel. Avant de faire connaître la monstruosité singulièie que nous nous proposons de décrire dans cette note, nous croyons néces- saire de rappeler en peu de mots quelle est la structure la plus ordinaire des fleiu^s dans les plantes de cette famille et en parti- culier dans le genre 0/v/iis, afin de mettre à même de mieux saisir les différences bien remarquables que présente la plante qui fait l'objet de ce Mémoire. Les Orchidées présentent constamment un ovaire infère à une seule loge contenant un très-grand nombre de graines fort petites attachées à trois tiophospermes suturaux bipartis : leur calice esi coloré à six divisions ordinairement inégales et irrégulières, très- rarement presque semblalîles et égales entre elles ; ces six divi- sions sont constamment disposées sur deux rangées, l'une inté- rieure, l'autre externe j des trois divisions intérieiu-es , les deux supérieures, ordinairement semblables, sont dressées; l'infé- rieure, qui porte le nom de Labelle, offre les formes les plus va- riées et souvent les plus bizarres, et donne à la fleur de certaines Orchidées , l'apparence tantôt d'un Bourdon , tantôt d'une Mou- che, d'une Araignée, etc. Assez souvent, de la base du labelle, part un prolongement creux , dont la longueur varie beaucoup , ao4 SUR U-NE MONSTRUOSITÉ et que les botanistes ont désigne sous le nom d'Eperon. Quant aux organes sexuels, considères d'une manière générale, ils iA- fient la structure suivante : Du centre de la fleur, sur le sommet tle l'ovaire, s'élève un corps cliarnu, quolqiiffois allongfi et en forme de colonne, d'autres fois très-court. A sa partie supérieure et ordinairement en avant , on trouve une Anthère de forme va- riable toujours à deux loges, dont chacune est quelquefois subdi- visée par de petites cloisons. Ces deux loges d'une n)ème anthère avaient ète regardées, par Linné, comme deux anthères luiilocu- laires. Aussi trouve-l-on toutes les Orchidées, à l'exception du genre CypripecUum , rangées dans la Gynandrie Diandrie. Sur les parties latérales de ce suppoit commun, on trouve ordinai- rement deux petits tubercules irréguliers, qui cependant man- quent (juelquefois. Ces deux tubercules sont deux anthères avor- tées; en sorte que dans la famille des Orchidées, le t\^e naturel est d'offrir trois anthères ; mais les deux latérales avortent presque constanmient , tandis que celle du milieu est seule fertile. Le genre Cypripecliimi sert merveilleusement h démontrer ce nombre et cette structure des Elamines. En effet dans les espèces qui le com- posent, ce sont les deux anthères latérales qui sont fertiles, tan- dis qu'an contraire celle du milieu, la seule qui dans les autres genres tle la fuiiille soit parfaite et bien conformée, est stérile et rudimentaire. Si l'on pouvait encore conserver quelc[ues doutes sur le véritable nombre des anthères, je pense (ju'ils seraient en- lièrement détruits par les détails que nous allons donner tout à l'heure. Au-dessous de l'anthère unique, qui est ordinairement fertile, on trouve h k face intérieure du gvnostème ou sup|)ort conunun, une petite fossette, irrégulièrement figurée, glandu- leiLse, humide, sur laquelle on voit souvent (ies masses pollini- qiies airètées : c'est le stigmate. Il résulte de cette description. DE L'ORCHIS LATIFOLIA. 2o5 que ce support commun est forme' par la soudure intime du style et des trois iilets staminaux, caractère qui distingue les plantes de la Gynaiidrie de Linné. Quelques auteurs ont déjà signale des monstruosités, c'est-à-dire des formes et une structure qui, s'éloignautmanifestement decelles que l'on a l'habitude d'observer dans les plantes de cette famille, ont e'të considérées comme des aberrations de la nature. Cepen- dant l'étude des monstruosités peut, dans l'anatomie des animaux aussi bien que dans celle des plantes , être de la plus haute impor- tance , soit pour nous faire mieux connaître la nature des tissus , soit pour nous indiquer la véritable position de certains organes, soit enfin pour nous éclairer sur les connexions qui existent entre eux. 11 y a déjà plusieurs années que M. Hys a décrit une monstruo- sité assez remarquable dans YOphrys apifera, monstruosité que j'ai été à même d'observer. Les deux divisions supérieures et in- térieures du calice étaient transformées en étamines parfaites, et pollinifères. Mais du reste, la fleur ne présentait aucini autre changement notable, ni dans la forme, ni dans la situation de ses autres parties. Cet exemple de transformation du calice en éta- mine est assez rare, et s'observe en général moins fréquemment que le changement des parties de la corolle en étamines. Un autre fait beaucoup plus important, est celui qui a été si- gnalé par M. Kunth dans un genre nouveau de cette famille, au- quel il a donné le nom à^ Epistephlum. En efl«t, ce genre offre au sommet de son ovaire, en dehors des six divisions calicinales, un rebord membraneux cisaillant, à six petites dents écartées, et parfaitement continu avec les parois de l'ovaire; de telle sorte que dans ce genre singuher, il semble au premier aboi-d qu'il existe un calice et une corolle; que le calice est marginal, à six ao6 SUR UNF. MONSTRUOSITK dénis, tandis que la corolle est fornie'e de six pétales irréguliers et inégaux. Cet exemple de l'existence d'un calicule extérieur dans les Orchidées, est le seul qui ait encore été observé, et pourrait doinier lieu à uu grand nombre de conjectures sur la véiitable structure de ces plantes singulières. L'anomalie dont nous avons à nous occuper maintenant n'est pas moins remarcjuable. Elle a été observée sur les fleurs de rOrchis lalifolia, et m'a été communiquée par un des élèves de la Faculté de Médecine , qui assistent à mes Cours de botanique. Ces fleurs oflVent plusieurs degrés d'altération. On est frappé, en les voyant, de leur trouver un calice tout-ii-fait régulier; les six divisions sont étalées , parfaitement régulières et égales entre elles. Il n'y a aucune apjiarence ni de Libelle, ni d'éperon, c'est- à-dire que la division interne et inférieure du calice ressemble entièrement aux autres. Les organes sexuels n'offrent pas des al- térations moins notables. Tantôt , en effet, l'étamine centrale est la seule développée et fertile, comme cela a lieu ordinairement, mais dans ce cas même on observe déjà quelque changement dans la forme du stigmate. En effet, au lieu de former une cavité irrégulière au-dessous de la partie inférieure de l'étamine, il cons- titue simplement une sorte de petit bourrelet transversal, légère- ment saillant ; et le gynostème , loin d'être concave antérieure- ment, est convexe et presque régulièrement cylindrique. Tel est le premier degré d'altération des organes reproducteuis. Voyons en quoi consiste le second. Sur le même épi , avec des fleurs qui offrent la Structure que nous venons d'indiquer, on en trouve d'autres qui ont également le calice parfaitement régulier, et de plus qui présentent trois éta- mines fertiles; c'esl-à-dire qu'outre l'étamine centrale, les deux étamines latérales, qui sont toujours rudimenlaires et avortées. I DE L'ORCHIS LATIFOLIA. ao^ se sont développées. Dans ce cas, voici la position respective des différentes parties de la fleur : le gynostème, on le support com- mun des organes sexuels, esta peu près cylindrique à son sommet; il est termine par trois anthères biloculaires circulairement dis- posées, introrses, c'est-à-dire dont la face, ou la partie par la- quelle a lieu la de'hiscence , est tournée vers le centre de la fleur. Quant au stigmate, il occupe une petite fossette, une sorte d'ex- cavation presque triangulaire , située h la partie supérieure et centrale du gynostème en dedans des anthères. Lorsque l'on examine l'ensemble de cette fleur, on la trouve parfaitement régulière dans toutes ses parties, et il est, au pre- mier abord, diflicile d'y reconnaître la structure des plantes de la famille des Orchidées , tant cette structure a été modifiée et chaiïgée. Il est important de remarquer que cette monstruosité se re- produit et se perpétue depuis sept à huit ans dans un pré aux environs d'Amiens, où elle a été observée par M. Fagot , candidat en médecine, qui a bien voulu m'en communiquer des échan- tillons frais pendant deux années de suite. Maintenant examinons les inductions sur la voie desquelles une semblable organisation semble nous conduire naturellement. 1°. Il est impossible de révoquer en doute que dans toutes les plantes de la famille des Orchidées, il existe, ou du moins il doit exister trois étamiues dont les filets sont réunis et soudés avec le style; si la présence des deux Slaminodes à la partie su- périeure du" gynostème dans tous les genres, à l'exception du Cypripediuni , qui sont les vestiges des deux anthères avortées; si l'existence des deux étamines latérales et feniles dans ce der- nier genre, tandis que l'anthère centrale avorte, n'en sont pas des preuves assez irrécusables pour certains esprits , il nous semble 2o8 SLR UNF, MONSTRUOSITÉ impossible de se refuser à l'évidence, daas l'exemple qui nous est offert par les fleurs d'Orchis latij'olia dont nous venons de donner la description. •2". L'avorteinent constant de deux ou d'une seule des anthères, dans les genres nombreux do cette famille , ne pourrait-il pas être considère' comme la cause de l'irregularilé du calice , puiscpie lors- que cet avortement n'a pas lieu, c'est-à-dire quand par hasard les trois anthères se sont développées, la fleur est parfaitement réguUère, et les six parties de son calice égales entre elles? 3". Il nous semble que des observations précédentes, on peiM conclure que dans tous les genres de la famille des Orchidées , le type naturel et primitif est une fleur régulière, composée d'un calice à six divisions égales entre elles; de trois étamines don les filets sont soudés non-seidement entre eux , mais encore avec le support du stigmate, c'est-à-dire le style; que ce stigmate doit occuper la partie centrale tie la fleur et être ainsi placé à la partie supérieure du gynostème ; mais que par snile de l'avortement , en quelque sorte constant , de deux ou d'une des anthères , la fleur devient irrégulière, et ses parties constituantes cessent d'être symétriques. L'observation qui nous a conduits à considérer l'irrégularité de la fleur des Orchidées comme purement accidentelle et consé- cutive , et à leur accorder au contraire pour type primitif une fleur régidière et symétrique , peut être, selon nous, appliquée à toutes les fleurs irrégulières, et plus .spécialement à celles qui ne sont pas symétriques. C'est ainsi, par exemple, que dans les An- tirrhinura, les Digitales, les Scrophulaires et tous les genres analogues, l'irrégularité de la corolle nous semble une consé- quence évidente de l'avortement d'une cinquième étamine. En effet, nous retrouvons dans les Peloria, oii les cinq étamines sont DE L'ORCIIIS LATIFOLIA. i.H, également developpc-os , la régularité et la syme'trie que cet avoi- temeut avait détruit, et dans les genres ou les espèces de genres analogues dans lesquels la cinffuième e'tamine n'avorte point en- tièrement ou même se développe tout-à-fait, nous voyons la corolle reprendre graduellement sa régularité et sa symétrie , comme par exemple on l'observe dans les genres Sibthorpia , Swenchia, etc. Ainsi donc nous croyons pouvoir conclure des faits et des rai- sonnemens énonces précédemment que : i" le type primitif des fleurs, dans les Orchidées, ainsi que dans toutes les autres fa- milles dont la corolle est irrégulière et non symétrique, est une fleur régulière , et dont toutes les parties qui les constituent sont disposées dans un ordre symétrique ; 2°. Que toutes les irrégularités qu'on observe dans les végé- taux, dépendent en général de l'avortement ou de la soudure de quelque organe, et de l'extension de développement que certains autres prennent. Cette loi générale a quelque chose de satisfaisant pour un es- prit philosophe , et une multitude de faits lui servent de base. ExpUcalion des figures. Planche lll,fig. 2. a. Fleur grossie de VOrchis lalifolia ordinaire, i, l'ovairo ; 2, 3, 4, les trois divisions extérieures du calice ; 5, 6, les deux divisions internes et supérieures ; 7, le labellc ; 8, l'éperon. b. Fleur grossie de VOrchis latifnlia monstrueuse. \ , l'ovaire ; 2, 3, 4> Sj 6, 7, les six di- visions du calice légulier ; 8, l'anthère; 9,9, les deux staminodcs ou anthères avortées. c. Organes sexuels de VOrchis lalifolia ordinaire. 1-2, les deux loges de l'anthère j 3-4, les deux staminodes ; 5, la fossette stigmatique ; 6 l'éperon. d. Les trois étaraines développées d'une Heur monstrueuse. 1 , le gynoslêmc ; 2, 3, 4» les trois étaraines. y " h,. ovye^n /^S-O^ < Jné-m , ft4j)t na^it^Ue. (le J'xOK\\\)i> 0'm'i*HCA<- — ^O"* ■ Mm . de. & Soc. JVM ■ A'at ?' lU Paru . PI . 2 . À-Itic/ua-J J,/.,S,i OPillORlIIZA Miuigos./ Pl^père ,eru^: M^i. ^e & Soc. d'Mrf.Tiat^' de J'aris. FI ■ 5 . JeJUfff ///Mari/t ORCmS latifolia. Inonstrosa. Plft'pèrf Lft-i/^'f i Il i-iii ,Ui( hi.^t natunfffc i/r Pn-ir.) T I PL n aJi,-ifJ a,f£f /,.//( ./. K/^u/r c:Vxa4ic/î-w6df//-e <- . (X.O ()l^^ Afivn ■ (j^la-iTûc. t/2^é'. /mâ^de /^ttrùc. Il- -> t 1. Flmr ,/e /a GENTIANA lutea . 2.5.iÙ(>.M^ de /u G . Wbrida .^.F^ d^ la G.purpm-ea • AOin.YSlA (h fi soi. .w. //ùim.rW /uùf./i/7^//;/^fi^fA^/^^i. . ,W^f . / '( f-^eHi/ienuff atuirrJ —•f/ïy'. ^>/4 <4 (^ônJ^nJ a . M/re.i (L -^ L/nMZ^ct'': f/ût^ Mi'in Soc Hisl Naturelle de Paris . ? jj. \ iS. Toml. P. Vn. #1 3 lA- / "^V X fl ':9 ê ? /^. ^; "T? f itf t ItMffonj. MELAIVOPSIDK i I Meni Soc. Hist Naturelle rie Paris. Tum.I. P VllI MELA/VOPS/DE I i J/eni . ,/c /.i J',if. t^'Mit.Sal?' t/e- J'arù-. P^ ■ Q n\ ICACINA Scnogalensis. /,/.A- ./ J*^Dtre'_-rcuA>t 1 V/zC'/y/ ,7(>f ^t^>/ /n/y/err-//? é^ r %'^^ 1. 1, P[. X ^ (■ X i ' ^c^ P^'3 A ^ MEMOIRES DE LA SOCIÉTÉ D'HISTOIRE NATURELLE 3^^e ^5^(tn$* TOME PREMIER. //» PARTIE. CHEZ LES ÉDITECKS DU DICTIOBNAIKE OLASSIQDE d'hiSTOIRE WATDRELI.E, BAUDOUIN FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS, RUE DE VAUGIRARD , N° 36, REY ET GRAVIER, QUAI DES AUGUSTINS, N° 55. DWMBXUe »» J. TASTti, RDÏ Vr. vlcr.miKD, ! DE L'ORCHIS LATIFOLIA. 209 egalemeiil développées, la régularité et la symétrie que cet avor- teineut avait détruit, et dans les genres ou les espèces de genres analogues dans lesquels la cinquième étamine n'avorte point en- tièrement ou même se développe tout-à-f;iit , nous voyons la corolle reprendre graduellement sa régularité et sa symétrie , comme par exemple on l'observe dans les genres Sibthorpia , Swenchia, etc. Ainsi donc nous croyons pouvoir conclure des faits et des rai- sonnemens énoncés précédemment que : 1° le tj^pe primitif des fleurs, dans les Orchidées, ainsi que dans toutes les autres fa- milles dont la corolle est irrégulière et non symétrique , est une fleur régulière , et dont toutes les parties qui les constituent sont disposées dans un ordre symétrique ; 2°. Que toutes les irrégularités qu'on observe dans les végé- taux, dépendent en général de l'avortement ou de la soudure de quelque organe, et de l'extension de développement que certains autres prennent. Cette loi générale a quelque chose de satisfaisant pour un es- prit philosopliique, et une multitude de faits lui servent de base. Explication des figures. Planche III, fig. 2. a. Fleur gross.c de VOrchis lalifulia ordinaire. 1, l'ovaire ; 2, 3, 4) les trois divisions extérieures du calice ; 5, 6, les deux divisions internes et supérieures ; 7, le labelle ; 8, l'éperon. b. Fleur grossie de VOrchis latifolia monstrueux. 1, l'ovaire; 2, 3, 4, 5, 6, 7, les six di- visions du calice régulier ; 8, l'anthère; 9,9, les deux staminodes ou anthères avortées. c. Organes sexuels de \Orchis lalifolia ordinaire. 1-2, les deux loges de l'anthère; 3-4, les deux staminodes ; 5, la fossette stigmatiquej 6 l'éperon. d. Les trois étaraines développées d'une fleur monstrueuse. i,legynostème; 2,3,4,les trois étamines. ,-''^' mmL MEMOIRE UN NOUVEAU GENRE DE GUTTIFERES El SUR u arua:ngemeiNt Méthodique de cette famii-i>E: PAR J.-D. CHOISY. ( LP DANS LA SÉANCE DD l5 MARS «8aî. ) Le nouveau genre que je propose dans ce Mémoire, et auquel je donne le nom do Micranthera , est fonde' sur une plante ori- ginaire de la Guyane, de ce pays qui fonrnit depuis long-temps et qui doit fournir encore aux naturalistes, d'abontlans matériaux et de nombreux sujets d'étude. Rapportée pour la première fois en France par Leblond, elle fut mentionnée dans les Actes de la Société d'Histoire Naturelle de Paris, par M. Richard père , sous le nom de Clusia lojiglfolia; les échantillons rapportés par le voyageur susmentionné, ainsi que ceux que j'ai trouvés et examinés dans l'herbier de M. de Candolle, étaient dans le plus triste éiat, mais offraient encore de quoi reconnaître l'or- DES GUTTIFÈRES. 21. ganisaiion singulière des fleurs mâles ; je dois à la complaisance de M. Desfontaines et de M. Kunth, d'avoir pu étudier chez eux celle des fleurs femelles et des fruits ^ et j'ai cru qu'il y aiuait quelque intérêt à en offrir le détail. Mais la formation d'un genre nouveau^ dans une famille encore mal connue, m'imposait le devoir d'établir, d'tuie manière pre'cise, les différences qui le caractérisent, et par conséquent d'examiner et de rectifier, s'il était nécessaire, les caractères des autres genres ; c'est ce que je me suis efforcé de faire dans le Conspectus generum GuLtife- rarum, qui fait partie de ce Mémoire. Les notes que M. de Jussieu a insérées sur ce sujet, dans les Annales du Muséum, tomes XIV et XX, m'ont facilité ce travail, auquel la beauté et l'iuilité des végétaux qu'il concerne me faisaient mettre quelque degré d'intérêt de plus qu'à tout autre ; mais avant d'offrir ce Conspectus , je dois rendre compte des motifs qui m'ont porté à adopter la classification que j'y propose, et exposer quelques faits intéressans que fournit cette famille : elle appartient en entier aux pays chauds , et ses fruits exquis fournissent à leurs habitans de salittaires rafraîchissemens ; tous les végétaux qu'elle renferme sont des arbres dont quelques-uns parasites ; presque tous sont remplis de sucs résineux, qui ont fait donner à la famille le nom qu'elle porte. Il m'a paru qu'elle pouvait être assez commodé- ment divisée eu quatre sections, fondées sur la nature des an- thères et sur celle du fruit: le premier de ces caractères, quoi- qu'il semble peu important au premier coup-d'œil, est cependant un de ceux qui, dans une même famille, est le plus généralement constant, et en particulier dans celle dont je m'occupe; et dans les familles voisines, il mérite une attention spéciale, puisque la position de l'anthère est la seule différence générale qu'on puisse assigner entie les Guttifères et les Hypéricinées. Elle est oscillante 2 12 SIR LA FAMILLE dans celles-ci , atlne'e dans les premières ; du reste , dans chacune , la forme absolue varie , et par conséquent avec elle la manière d'être attachée au lilei de re'taniine. Dans trois genres qui for- ment ma quatrième section, elle est sur le côte extérieur, et par conséquent exlrorse ; dans les autres elle est introrse. La nature du fruit divise ces derniers genres en trois autres sections, d'une manière assez naturelle. La première, à laquelle je donne le nom de Chisices, se com- pose des genres Mahiirea , Marila , Godoya et Chisia ; c'est ici que se placent naiurellenient les genres qui servent de pas- sage entre les Millepertuis et les Gutlifères , genres qui par cette raison ne vont parfailenuml Imcu ni dans l'une ni dans l'autre de ces lamilles ; le Mahurea, le Mai ila et le Godoya que j'ai rap- portes aux Gutlifères, à cause de leurs anllières allongées et adnees, en dift'èrent par leur fruit sec et capsulaire, et par leurs graines minces; peut-être prefe'rera-t-on les réunir au Carpodontos et à l'Eucryphia , qui ont les anthères arrondies et oscillantes, pour en faire un petit groupe iniernièiliaire distingue par ses graines minces, plates et ailées. Aucun de ces trois genres ne donne de sucs résineux : le Mahurea d'AuLlet, rapporte autrefois aux Ti-_ liacèes, s'en distingue essentiellement par l'estivation imbriquée de son calice; le Marila, mal à propos confondu par Swarlz avec le Mahurea , a un point de contact remarquable avec les vraies gutlifères par la disi)ositiou et la nature luènie de ses (leurs qui sont tout-à-fait semblables aux fleurs des Calophyllum. Le Godoya , dont je n'ai pu examiner qu'une seule espèce , a de l'af- linilc' avec les Gonpliia par ses feuilles alternes et déniées, par son calice coloré , par le nombre des paities de la fleur , par la l'urine doses aiuhcres et leur mode de déliiscence; mais il a un ()\aire unique nudliloculaire dépourvu degynobase; il a aussi. DES GUTTIFÈRF.S, 2i3 par son habitas, quelque rapport avec certaines légumineuses à fleurs régulières. Le genre Clusia est le plus considérable des guttifères et en même temps un des plus singuliers ; l'existence souvent parasite des espèces qui le composent, les sucs jaunâtres dont elles sont remplies, les racines qu'elles émettent de leurs troncs en font des végétaux remarquables. L'organisation de leurs fleurs ne l'est pas moins ; elles sont dioiques ; l'ovaire est entoure, dans les femelles, d'un nectaire staminal qui revêt plusieurs formes diOerentes ; dans les mâles, les êtaminessont aussi attachées sur un organe semblable, qui quelquefois les unit par la base en plu- sieurs paquets. Je ne crois pas devoir distinguer du Clusia les genres Luapoya ctHavetia; quant au Luapoya, mon opinion, conforme à celle qu'avait feu M. Richard père, est fondée sur ce que les caractères de ce genre, savoir la forme du nectaire et le nombre des e'iamines , sont très-variables dans les plantes dont je m'occupe. Le Clusia alha a quelquefois im très-petit nombre d'êtamines ; je conviens cependant que ces difterences , jointes à la petitesse comparative de toutes les parties , suflisent pour faire du Luapoya une section dans le genre Clusia. Le Havetia de M. Kunth , dont cet habile observateur et savant botaniste nous a fait connaître l'organisation bizarre, mériterait à plus juste titre d'être considère comme un genre distinct, si, pour être conséquent avec moi-même, je ne devais partir à son égard du même principe que j'admets à l'égard du Luapoya , c'est-à-dire que la forme et le nombre des étamines et du nectaire ne suffisent pas pour caractériser un genre distinct du Clusia. Les anthères de cette plante qui a du reste, avec le Luapoya, la plus happante ressemblance pour l'habitus , sont sessiles sur le disque au nombie de 4 et s'ouvrent en 5 valves; la connaissance des fleurs femefles et du fruit qui n'ont point été observés, déterminera l'adoption 1.4 SUR LA FAMILLE de'fiuilive de ce genre : les botanistes qui sépareraient le groupe ou la tribu des platyspermées , c'est-à-tlire qui attacheraient une plus grande importance aux caractères qui la distinguent, pour- raient alors aussi relever le Luapoya et surtout leHavetia au lang de genres. La seconde section , celle ties Garciniées , renl'erme les genres Chloroinjron, Ochrocarpos , Maria/va, Micrcuilhera , Gar- cinia. Je n'ai pas de remarques particidières à ajoiuer aux ca- ractères des premiers île ces genres ; M. de Jussieu a rciuii avec raison au Mari;dva le Tovomita d'Aublel et le Beauharnoisia de Ruiz et Pavon. Ce que ces derniers botanistes ont regarde comme des pores terminant les anthères, constitue, selon moi, les anthères mêmes qui sont fort petites et attachées au sonnnet du filet dans toute k'in- longueur. Ce même caractère existe d'une manière très-prononcée dans mon genre Micranthera , et j'en ai tiré le nom que je lui donne ; l'arbre qui le constitue se fait remarquer parce que son tronc pousse des racines qui viennent s'appuyer sur la terre en forme d'arcs-boutans, comme celles des palétu- viers. Le Gari:inia qui offre aux Asiatiques le meilleur de tous les fruits, le mangoustan, comprenait autrefois, et doit, selon moi, renfermer encore toutes les espèces dont on a formé , it diverses époques, les genres Canibogia, Mangostana, Oxycarpus , Brin- donia. J'admets le Brindonia comme une simple section qui se distingue des vraies Garcinia par ses étamines soudées et non libres, caractère qui du reste est lui-même sujet à des variations dans les diverses espèces. Eoxburgh a nommé, dans son catalogue, un grand nombre d'espèces nouvelles de Garcinia, mais nous devons attendre que les botanistes indiens nous en donnent les carac- tères : quelques espèces, et entre autres le Garcinia siipllca , of- frent avec certaines Ciuatella un rapport d'habitus très-frappant. DES GUTTIFÈRES. 2.5 Du reste je reviendrai plus bas sur cette analogie : je dois ici dire quelques mots d'une question assez singulière , dont la solution intéresse plusieurs des genres de la famille dont je m'occupe. Ces genres pre'sentent, en apparence, un përianthe unique du- quel il s'agit de savoir si c'est un calice ou une corolle ; si je veux lui donner ce dernier nom, je dirai qu'il est colore et offre les autres apparences extérieures d'une corolle ; si au contraire je veux le nommer calice , je dirai qu'en le comparant aux genres dont le calice et la corolle sont parfeitemeiït distincts , comme le Clusia , il offre la structure du premier de ces organes, c'est-à-dire qu'il est compose d'une suite de paires croisées de folioles dont les extérieures recouvrent les autres. Dans l'incertitude , et pour changer le moins possible les expressions reçues , j'ai appelé ca- lice les portions extérieures de ce përianthe, plus coriaces, plus grandes et plus persistantes ; les autres ont conservé le nom de corolle. C'est dans ce sens que je donne au Chloromyron, h l'O- chrocarpos , au Marialva un calice à deux sépales , au Micran- thera un calice à quatre sépales. C'est encore dans ce sens que parmi les Calophyllum je distingue les espèces qui ont au calice quatre sépales, deux sépales, ou point de sépales. Qu'on ne con- fonde point du reste cette question avec celle du même genre qui a été débattue pour les Protéacées et familles voisines ! Re- marquons à l'occasion de ce qui vient d'être dit , que la base du système floral, dans les Guttifères, parait être le nombre deux qui est celui des folioles dans chaque rang ; est-ce une analogie avec les millepertuis , comme semblerait l'indiquer le nombre quaternaire des organes de l'Ascyruin et du Carpodontos? Est-ce au contraire le nombre 5 qui , dans cette dernière famille , serait le type prmiilif , ou peut-être mieux encore le nombre 3 que nous présentent le plus souvent les styles, et auquel je soupçonne ai6 SIR LA TAMILLE devoir être rapportes aussi les Cistes, les Liserons et autres genres dont le calice oflVe deux rangs, l'un de deiL\ folioles, l'autre de trois; du reste, dans ces questions importantes, il ne faut mar- cher qu'avec les faits, crainte de s'égarer dans de \ains systèmes. La troisième section, celle des Cahp/ivllées , comprend les genres Mamniea, Xanloc/irnii/s, SUilagmilis , Mesua et Ca- lophylluni. Elle est moins naturelle que les précédentes; dans les trois premiers genres le fruit charnu est plein de pulpe et na- turellement uniloculaire; au contraire, dans les deux dernieis, le fruit est uuiloculaire par avortement et d'une consistance sèche. Cette consistance m'a engagé à les placer à la fin de la section, et à commencer celle-ci par le Mammea ou Abricotier des Antilles, naturellement placéprèsduGarciiiia.LeCaloph\lluin est un genre dont les espèces sont encore bien mal connues; il demande que les voyageurs en examinent toutes les parties sur le vivant, et sur- tout les fruits dont la forme, plus ou moins allongée, pourra for- mer de bons caractères spéciliques ; les raisons que j'ai exposées plus haut m'ont fait changer le nom de C apclaliini donné par \^ illdeuow à une espèce qui n'avait que quatre parties au pé- rianlhe. Enfin la dernière section, celle des MoronohèeR, comprend les genres Cappella , Moronobea, Chrysopia. Le caractère de cette section estd'avoir les étaniines réunies en un urcéole plus ou moins profondément multilide, et des anthères nombreuses appliquées dans toute leur longueur sur le dos des lobes de cet urcéole, par con- séquent extrorses , et creusant l'urcéole et l'ovaire qui en est en- touré par des espèces de sillons; les pétales ont l'estivation con- tournée comme les Malvacées. Jusqu'à présent , le Canell a ou Winterania avait été placé parmi les Méliacées , en raison de la monadelphie de ses étaniines; M. de Jussieu, si habile appré- DES GUTTIFÈRES. 217 ciateur des affinités, en avait autrefois rapproche le Symphonia qui, depuis , a été reconnu n'être point différent du Moronobea. Ce rapprochement, fondé sur l'inflorescence et sur la parfaite si- militude dans la disposition des organes mâles, nous paraît devoir être conservé, et comme le Moronobea et le Chrysopia se rangent incontestablement parmi les Guttifères, on doit aussi y transpor- terie Canella. Il est vrai que les feuilles alternes et l'existence d'un albumen charnu signalé par Gtertuer semblent s'y opposer ; mais remarquons: 1° qu'il y a déjà dans les Guttifères quelques plantes àfeuilles alternes; 2° que peut-être Gœrtner a pris pour un albumen les cotylédons qui , dans un grand nombre de Guttifères , sont soudés entre eux; ce n'est ici qu'une conjecture dont je n'ai pu vérifier l'exactitude, mais qui s'appuie sur ce que le même au- teur a commis cette erreur à l'égard des G^rcinia ; 5° qu'aucune Méliacée n'offre les étamiues en nombre indéterminé, et que pres- que toutes ont les feuilles composées : du reste, le fruit de la Ca- nelle blanche se rapproche aussi bien de celui des Calophyllum que de celui des Méliacées. La forme des longues anthères du Moronobea grandiflora nous a rappelé celle des Magnolia avec lesquelles, ainsi qu'avec les fa- milles voisines, les Guttifères ont plus d'un rapport; le feuillage coriace, les anthères tantôt introrses, tantôt extrorses, l'habitus de plusieurs espèces peuvent le prouver. I^e Chrysopia qui, malgré M. Sprengel, n'a avec l'Haronga d'autres rapports que ceux des Guttifères aux Millepertuis, appartient de toutes manières à la pre- mière de ces deux familles , comme l'a , du reste , suffisamment démontré M. DuPetil-Thouars. Au nombre des genres connus , et qui avec tant d'autres compo- sentleca/>^//77^o/•/^/^^/7^ delà botanique, on trouverales genres itffl- canea, Sijigcma et Macoubea d'Aublet, et le Rheedia de Linné; 28 ai8 SI;R la FAMII.LF, cedeinitT doil-il être rapproche- des Caloph) llum auxquels la des- cription de Linnd paraît le rapporter? Parmi les genres autrefois places dans les Gullil'ères, je citerai le Grias de Linné, qui est une Myrtinee, \ Augia de Loureiro, auquel cet aiueur attribue des feuilles pinnees, et que je ne puis par conséquent admettre au nonibie des Gutlifères sans de |)lus amples informations; les e'tamines nonnbreuses qu'il lui donne, l'e'loignent aussi des Terebinthacecs. Le T^enana de Lamarck ou Brexia de M. Auberl Du Petit-Tliouars nie parait devoir être éloigné de cette famille par ses anthères arrondies, par sa graine munie d'un albumen, par ses feuilles alteines et dentées, par son inflorescence. Le Shorea que les analyses de Gaertner elles figu- res malheureusement peu exactes de Roxburgh, semblent r.ip- procher du Vateria ou duDipterocarpns, ne peut point non ])his faire partie des Gutlifères. Enfin on avait autrefois rapproché de cette famille XEinbrjopteris qui est uueEbénacée, et qui, par les sucs qu'elle donne et son fruit charnu, avait quelque affinité avec elle. ' DES CUTTIFÈRES. 219 CONSPECTUS GENERUM OEDINIS GUTTIFERARUM. GUTTIFERyE. /z/s5. Gen.,jy. 245. Char, ordinis. Calyx 2-6-sepalussœpiùspeisisiens, sepalisro- Uindalis meml^ranaceis iinliiicalini oppositis , quandoque inse- qualihus et coloratis, nuiic eliam uullis. Corolia liypogyna 4- 10 petala sœpiùs lutea. Flores hermaphroditi, monoïci^ dioici aut polygami. Stamina numerosa hypogyua, raiiîis defmita; filamenta varia? longitudi- nis; anthcrce elongalce adnatae longitudinaliter déhiscentes, rariùs extrorsœ, aliquando niiiiiniae et poris diiobus similes. O vavium uni- ciim liberuin. Stylus niîUus aut unicus saepiùs bre\ is. Stigma sessile peltato-radiatum aut apice styli multilobiun rariîis concavo-de- pressum. Capsula, bacca aut drnpa pericarpio coiticoso crasso imillivalvi ilonaïa. Valvulainuncmargiueintroflexœ placentœ uni centrali aut placentis peculiaribus crassis adfixae et dissepimenta eftbrmantes, niuic siinplices et dissepimenta nulla. Fructus nunc unilocularis oligosperuius aut drupaceus aut baccatus et pulpà re- pletus, nunc multilocularis, capsularis, aut baccatus loculismono- aut polyspcrniis. Spermoderma tenue membranaceum. Albumen nuUiira. Enibryo rectus. Cotyledones crassae mine separabiles, nunc in unum coadunatae. Frutices et arbores aliquando parasiticœ succos resinosos emit- tentes ; folia opposita (rarissime alterna) coriacea breviter petio- lata saepiùs intégra nervum intermedium aliosque latérales paral- lèles referentia : flores saepiùs racemosi, axillares, aut paniculati terminales, aut conferti latérales. Obs. Ordo variis suissectionibus affinisHypericineis, Meliaceis et Aurantiaceis, ab Hypericineis vix nisi antheris adnatis distinc- 110 SUR I.A FAMILLE tus. 2 1 gênera et 6o species complectitur yuaruin Sg in America calidiore nascuntur, 17 in Asià meridionali viciuisqiie insiilis, 4 in africanis iiisulis, nulla in Europà nec in regionibiis temperalis. In Indià iitrà(|iic' .suavissiiiii saporis fruclus pr;ebenl islre plantœ. Dividilur oido in quatuor SfCtiones neuipè : CUisieat;, Garci- nieaSj Calophyllcas et Moronobeas. Sect. I. CLUSIEiE. Char. Fructus muliilooularis, loculis polyspermis. Anthera^ introrsae. — Gênera 4; species 22 omnes Americanae. (Aff. Ily- pericineis ). I? Genus. MAHL'REA. AuM.Guy. \.p. 558. Bonnetia. 5c//rei. Gen.p. 5G5. Char. Calyx 5-sepalus , sepalis inibricatis. Corolla 5-pelala aîs- tivatione conlortà. Staniina libéra ; anlhera; oblong;e. Stylus 1 ; stigma siinplex. Capsula conica 5-valvis, valvulis uiargine inirci- Qexis placentas peculiares attingentibus. Seniina niinutissima nn- merosissinia compressa subpendula. — Arbores alicrnifoliaî; do- res racemosi; pedunculi in prima specie è 2 scpianiis orientes. Ohs. Genus adhuc incerlioris sedis; accedit ad BiNincas ha- bilù, ad lîypericineas fruclù et seniinibus, ad Gutlileras stylo, staniinibus et antlieris; ad Carpodoiuon speciatim accedit pediin- culis basi 2 squamatis; ab utroque Guttiferarum Ilypericinea- rumque online foliis alteruis dislal. Sp. 2. M. Palustris. Auhl. , M? speciosa. Chois (1). (^i)M?,speciosa.'tli. flore luteoin diametro2-pollioari,anlheriselongatis, tetragono- sulcatis, basi infi.iis. ( Descr. ex flore unico a clar. Balbis suli nomiiic Marlla; race- mosi misse; repcriit in Sanctà-Marlhà Cl. Bcrtcro. ) DES GUTTIFÈRES. 22, II. Geijus. MARILA. Sw. Prod.p. 84. Char. Calyx 4-sepalus; sepala cruciata, 2 exterioribus florem iiivolventibiis. Corolla 4-petala. Slamina numerosissinia basi sxib- coalila; aailieiœ adiiatae. Stylus 1; siigma capitato-adpressiiin. Fructiis columnaris stylo persistente connatus 5-4 locularis, 3-4 valvis, valviilis margine introfJexis placentae centrali adfixis, post dehiscenliam contortuplicatis margine menibranaceis. Semina numerosissinia membraniilà flavà finibriatà cincta. — Arbor; fo- lia opposita. Obs. Genus certè intermedium inter Hypericineas et Guttiferas ut optimè censuit 111. Jussieu; aflinius Hypericineis seminibus et fructù, sed ad Guttifeias inflorescentià Calophyllorum sjn)illimà, stylo et stigmate imico_, aiitheris adnatis multù magis accedit. Sp. 1. M. racemosa. Su>. III. Genus. GODOYA. R. et Pav. Procl FI. Per. 101. Char. Calyx 5-sepalus coloratus. Slamina definita aut indefi- nita. Antheroc poris duobus pollen eflundenles. Stigma 5-angu- lare. Capsula 5-locularis; semina imbricata alata Arbores 5 fo- lia alterna. — Char, prœcipuè è G. obovatà. Obs. Genus Ochnaceis qiiibusdam affinis totà floris fabricà, ovarlo fructuque longé discrepans. Sp. 2. G. spatlîiilata. R. et Pav., ovata. id. IV. Genus. CHJSL4. L. Geji. 1 1 54. Jiiss. gen. p. 256. Quapoya. .Jubl. Xanthe. TVilld. Havetia. H. B. etKunth. Char. Calyx 4-8-sepalus imbricatus coloratus. Corolla 4-8- petala stamina numerosa, rarô definita. Stylus o. stigma radiato- î5a SUR LA FAMILLE peltatutn. Flores viilgô polygamijin fœinineis ovaiium neciario staniineo crasso integro aut lobato circiiindatum. Capsula cornea coriacea 5-12-valvis costis ab apice dehiscentibus. Placenlae 3- augulares valvulis iiUioflexis affîxnc : semina teretia nunc placen- laruni augulis exloiuis, nunc angulis inlornis inlcr se coalitis et placeutam centralein coluninarem angulosani efTornianlibus af- fixa. Cotyledones separabiles. — Arbores saepiùs parasiticae foliis opposilis, caulibus sa?pè telragonis. Ohs. Gênera Chisia, Luapnya, Tlavctia habitù, exislenu;p modo, formisque niniisaffiûia; 2 posleriora interna floruin fructuumquc fabricà uimis ignota , ul unico tantùm variation! obnoxio carac- tère , nempè staminum numéro aut forma, ea sejuugere audeam ; 2 autemsectiones constiiuam. I. Seclio. Stcmjina ni/jucro.sa. CLUSIA. Sp. 12. C. rosea L., alba L., flava L., venosa L., retusa Poir., nemorosa il/^p)'., parviflora PViUd., elliptica A'?/«^A,?Gau- * dichaudii. Chois. ,{\) multiflora Kunth, volubilis Kiinlh. II. Seclio. Slamhia dejinita 4, 5 ?'('/6. QUAPOYA. Sp. 3. C. Quapoya. Chois. (2), Panapanari Chois. (3), tetrandra. ff-'illrl. (4). Sp. incertae 2. C. ? sessiliflora Poir., acumiuata Spreng! (5). (1) c? Caudichaudii. Chois. C foliis obovatis obUisls intcgiis , florilius dicholomé paniculatis, calyce 6-scpalo, corolla 5-petala lulea, cslùs apice iiigro-lioeala, anlbcris rima dehiscentibus, filamentis brevissimis confertis coalitis. Fum. dccst. Rio-Ja- nciro. Caudichaud ( V. s.). Oi) Qiiapoja scandcns. Aubl. Guy. 7, p. 898, t. 343. (3) Quapoya panapanari. Au/jI. Guy. 2, p. goi, t. 344- ^4) Havctia laurilolia. H. B. et Kunlli. nof. gcn. et sp. 5, p. 2o4» '• à^2. (5) C. acuminata Spreng! inherb. Balb. C. foliisorbiculalisbasisubattenuatis, mucrone spinoso acumlnalis , subtiis vcnosis, floribus scssilibus. In ins. Portorici montibus edilioribus. Bertcro. ( V. folia.) DE GUTTIFERES. 2^3 Sect. II. GARCINIE^. Chaj\ Fructus mukilocularis , lociilis monospermis. Antherae introrsce. — Gênera 5; species i5 plerœque asiaticae. — (Aff. Au- rantiaceis ). V. Genus. CHLOROMYRON.P^r5.£:;2cA. i.jo.yS. Verticillaria. R. et Pav. Syst Fl. Fer. p. i4o. Char. Calyx 2-sepaliis. Corolla 4-petala, Stylus nullus ; stigma sessile concavnm 3-lobum. Capsula o-lotularis. — Arbor; folia oblonga acuminala intégra; ramuli subverticillati. ( Char. ex Pers. et R. et Pav.) Obs. Vix nisi fructùs partium numéro terno differt h sequente. Sp. i.C. verlicillatum. Pf/^s. VI. Genus. OCHROCARPOS. iVor. etPet.-Thoiiars.Gen.nov. Madagascariensia. p. 1 5. Char. Calyx 2-sepalus coriaceus. Corolla 4-petala. Flores dioïci, stamina numerosa basicoalita ; antherae ovatae. Stylus nullus ; stigma sessile peltatum 4-6-lobum. Racca corticosa 4-6-Iocularis. Semina arillala pscudo-monocolyledonea. — Arbor; folia verti- cillatim approxiraata ; pedunculi pauciflori. Sp. 1 . O. madagascariensis Pet.-Thouars. VII. Genus. MARIALVA. Vand. in Rcem script. bras. p.\\%. Tovomita. AuhJ. Guy. ip. gôS.Beauharnoisia. Riiiz et Pav. Ann. Mus. t. XI. p- Ji- Char. Calyx 4-sepalus. Corolla 4-petala. Flores hermaphroditi, stamina i-serialia basi coalita; antherae minimae ovatae porcs si- k aa4 SUR LA FAMILLE mulanies. Stylus brevis in siiginaia -t siiiiplicia ili\ isus. Bacca cor- ticosa 4-loculans. — Aibures; l'olia opposita. Sp. 5.M. guyanensis. Chois, (i), fruciipciulula. Chois. (2), uni- flora. Chois. (5). VIII. Geiuis. MICRA>TJIERA. Char. Calyx 4-sepala.s coloralus. CoroUa 10-petala; pelala ina3(£iialia. Flores dioïci. Staniina nuniciosissinia libéra; antliera' apicelilaineuliadnaue miiiiiuic 2 kxuilares, loculis sejuuclis poro.s 2 meatiendbus. Ovariuin minimum fîlamentis sterilibus cinc- tum; stigma sessile peltatum ô-lobum. Bacca 5-locularis. Sp. I. M. Chisioides. Chois. Arbor dioica rannilis lerelibus griseis lola glabcrrima. Folia opposila elliplico-lanceolala acuta , intégra seu siuuato-plicata nervo intermcdio nervnlisque pinnatis distantibus instructa, 4-8-pollIces longa, 1 i/2-3 1/-2 lata, .su- peraè viridia, laevia : petiolus pollicaris angulosiis; internodia su- periora4 lineas longa. Flores in lernn'nalibus brevibus subdiclio- tomis panicidis disposili ; pcdicelli 5-6 lineas longi baj^i bracieis 2 opposilis glabris ovalis acutiusculis munili. Masc. Calyx 4-sepa- lus ;sepala cruciatim opposita ; 2 exteriora coriacea elliptico-acuta 4Iiueaslonga,floresinvolventia, poslinflorescenliamreflexa; 2in- teriora breviora meinbranacea vi\ à corollà disiincta. Corolla 8- lO-petala, lutea venala calyce paulô longior palula; â pe' ila ma- jora. Stamina mimerosissiraa ; lilamenta nigra compressa a'qualia recta receplaculum operientia 2-.'5 lineas longa ; antherae apice ^l) Tomovita guyanensis. .iiiht. Guy. 2, ya.gSfi, t. 364. (a) Bcaubanioisia fructipcndula. ii. et Pav. Ann. Mus., t. XI, p. 71, liii.çj. (3) M.unijlora. Chois. M. foliis lanccolatis .3 pulliccs longis, pcdunrulis asillaribus uniflorisvii semipollicaribus. An vcrè disiincta à M. fructipenduIà?InGu_van;*i(V.s.). DES GUTTIFÈRES. ' aaS fllaineiiloruma(.lnata3 et quasi infi.xce, 2-loculares, lociilis sejunc- tislateralibus poros 2 menlienlil)us; pollen (albicluni?)./^!?/;^. Calyx et coi'olla maris. Filamenta staminea ovarium circumdantia sed sterilia. Ovarium minimum; stylus nullus; stigma sessile 5-lobum. Bacca pyriformis glabra nigra semi-pollicaris stigmate coronata 5-locularis , loculis monospermis , pericarpio fungoso. Semina ovata, crassiuscula placentœ cenlrali in loculi angiilo interne af- fixa : spermoderma membranaceum glaberrimum lutescens. Al- bumen nulluni. Embryo crassus fungosus ; cotyledones crassae (adglutinatœ?) Clusia longifolia. Ric/i. acl. soc. hist. nat. Par. I. p. 1 1 5. In Guyanà ( V. s. sp. masc. in Herb. Candolliano et Lessertiano , fem. in herb. Fontanesiano et Kunthiano. ) Obs. Ex notulà in Herb. clar. Felessert servatà fluit arborera hanc 56 pedes excelsam esse, decemque pollices latam; lignum rubrum lacteumque esse, deinde primos ejus ramulos ad solum pronos mox radiées edere. y u\^b iWciluY PigJioiiara pafy. IX. Genus. Gx\RCINIA. L.gen. ôgé. Jiiss. gen. 266. Garcinia et Cambogia. L. Juss. Mangostana. Gcertn. Oxycarpns. Lour. Rrindonia. Aiib. du Pel.-Tli. Char. Calyx 4-sepalus persistens. CoroUa 4-petala. Stamina numerosa libéra aut basi polyadelpha ; antherœ ovata?. Stylus o. Stigma sessile 4-8-lobum. Flores polygami aut dioici. Ovarium femineorum nullo nectario cinctum. Bacca succulentissima 4-8- locnlaris. Semina arillata. Cotyledones crassae coadunatœ. — Ar- bores foliis ovatis aut ellipticis. Ohs. Species omnes asiaticae suavissimos praebent fructus ; duas seciiones admittimus quas non ut gênera habemus ob paucam characieris gravitatem. 29 526 SUR LA FAMILLE I. Seclio. Flores nionoïci aiit liermaphroditi ; siaraina libéra. MANGOSTANA. Sp. 4. G. Mangostana L., cornea L., Cambogia Desr., Morella Desr. II. Seclio. Flores dioici aiil hennaphrodili; stamina niasc. basi monadelplia , lierni. polyadelplia. BRINDONIA. Sp. 5. G. cocliincliinensis Chois, (i), elliptica Chois. (2), ce- lebica L. (3), iiulica Chois. (4) co>^a Ro.rh. (5). Segt. m. CALOPHVLLE^. Char. Fructus unilocularis olygosperimis, mine dnipacens , iiunc baccalus et pulpà re])lelus. Anlherac introrsos. — Gênera 5 et species lô varias legiones habitantes. ( Aff. Meliaceis.) X. Genus. MAMMEA. L.gen. 56. Juss. gcn. p. 267. Char. Calyx 2-sepalus coloratus. Petala 4-ovala coriacea. Sta- mina nnmerosa brevissima ; anlheraî minutœ oblong.T. Slyliis 1 teres persisiens. Stigma capitatiim. Bacea carnosasiyli rudimento saepiiis coronala. Semina 4 aut abortu 2-5. — Arbores ; flores heimaphiodiii aut masculi; folia opposita iransversis pinnatis conferlis venissaepiiis distincia. (1) Oxvcarpns cochinchinensis. Lour. FI. Chin. (2) Xantochymus diilcis. Roxb., Cor. 3, p. G6, t. 270. (3) Brindonia cclebica. Pet.-Th. Dict. Se. nat., 5, p. 339- (4) Brindonia indica. Pel.-Tli. l. c. (5) G. rori'n. Roil). Cat., p. 45- 5. Foliis ovatis acuminatis, ramulis teretibus,floribus masculis lateralibus4-5 oongestis, herm. solitariis tcrminalibus lircviùs podniiculatis, sligmale inlegro rugoso 6-suUato , baoca ovalo-globosa. G. dioica ? .Smilli. Rccs Cvcl. vol.XV.H.inIndià.(V. s.) DES GUTTIFERFS. 227 Sp. 3. M. Americana L., emarginata Moc.et Sess. (1), huniilis XI. Genus. XANTHOCHYML S. iîoxô. Corom. 2. p. 5i. Char. Calyx 5-parlitus insequalis imbricatus. Corolla 5-petala ovato-rotunda. Neclaria 5-petalis opposita. Slamina i5-20 al- tissimè 5-adelpha petalis allerna ; antherae oblongac. Stylus bre- vissimus. Slignia 5-lobuiii loiigum paiulum. Bacca maxima pe- ricarpio luteo coriaceo. Semina5-4. — Arbor;fbliaIinean-lanceo- lata acula opposita inicgra petiolata; flores tascicidaii latérales pedunculaii. (Char, ex Roxb.) Obs. Immérité Cel. Roxburgli ad suum genus Xanthochymum varias relert species Garciniœ, embryoïie pseudo-monocolyledo- ueo in varios errores de iVnctiis suiX. dulcis (G. el/ijjficam'ihi) natiirà addiicliis. Sp. 1. X. pictorius. Roxb. XII. Genus. STALAGMITIS. Murr.conun.gott. 9. p. 175. Char. Calyx 4-6-sepalus caducus inaequalis. Pet. 4-6. Stamina ferè 5o receptaculo carnoso tetragono inserta 5-adelpha? Stylus 1 brevissinius; stigmata 3-4 obcordata patentia. Bacca globosa stylo et stigmate coronata. Semina 3-4 aut abortu 1. — Arbor Z/eylonica; flores herm. aut maso, cum rudlmento styli. (Char. exMurr.) Sp. S. cambogioides Murr. (1) M. emarginata. Moc. et Scss., FI. Mex. ined. M. foliisobovatis,obtusissinis apice emarginatis , fructibus globosis M. americanœ fructus non aequantibus 2-spermis. In Mexico. An. sp. distincta? (V. ic.) a28 SUR LA I AMII.I.F. XIII. Genus. IVIESUA. L.gen. 663. Jiiss. gen. ]). 208. Char. Calyx 4-scpalus persistcns. Peiala 4. Siamina numerosa basi comiala. Stylus 1. Sligraa nassuni ooiicaviim. ÎNux 4-gona aut conica coriaceofiingosa scissura 4-valvis, i-4-sperma. — Frii- tices asialici. Sp. 2. M. ferrea L., speciosa (1) Chois. XIV. Genus. CALOPHYLLLM. L.gen. 6o8.J//ss.gen.p. 268. Char. Calyx o-2-4-sepalii,s coloraïus. CoioUa 4-p(!laIa liilea. Stainina numerosa basi polyadelplia aul liliera; anilieraî oldon- gîe. Stylus unions. Stignia siniplex sa^pè concavo-depressuni. Drupa globosa aut ovata abortu i-speinia , raiiiis 2-sperma. — Aibores ; folia ronfortîni sliiato-venosa; flores ratoniosi aut paiiicnlaii. Obs. Species pessimè nota% vix uisi regione distiiicue et .il) auctoribus confusap. Necum illis misceas C. Nagassariuni Bmni. quod est Mesua ferrea nec C. Acara Burin, quod est Gaertneia la- ceniosa Roxb. et Pers. Très in secliones dividi potest genus. I. Sectio. Calyx 4-sepalus. Sp. 5. C. luopiiylliun L., Tacanialiata Tf'dld. (2), spcctabilc PFHk]{3). II. Sectio. Calyx 2-sepalus. S]). 2. C. Calaba Jacc/., Madrunno K inilh. (1) M. speciosa. Cliols. M. foliis lincari-lanccolalis, suliulatis, IlorlluK vispiclunoul.i- tis, pelai is rolundatls, rogularil)US,nii(c malurii4-spennâ.Cbar. cxRhicd.Mal. 3,p. C3, t. 53. H. in Incliâ. (a) C. Itlupliviluni. Lam. Enc. I,p. 552. (3) C. acuniinaluni? La/n., /. r. C. Soulatri. Burm. lnd.,p. lîi. DES CxUTTFFÈRES. 229 III. Sectio. Calyx nulhis. Sp. 2. C. spuriuin C/iois. (i), parvifoliuni Chois. (2). Sp. minus nota. C? Cupi. Kiinth. Sect. IV. MORONOBEtE. Char. Fructus mullilocularis. Staminum filamenta nunc polya- delplia, nunc in urceolum connata; aniherae éxtrorsae. — Gê- nera 5 ; species 4. ( Aff. Meliaceis). XV^Genns. Cx'iNELLA. Murr. syst. p. 443. Winterania. L. sp. 656. C/iaACalyx ohtusè 3-partitus. Corolla 5-petaIa. Stamina in ur- ceolum connata; antherœ i5-i6 extùs totà longitudine adnatse strias simulantes. Ovarium minimum; slylus parvus; stigma 3 minima coalita. Bacca 3-Iocularis loculis 2-spermis^ abortu saepè uniloculan's. (Albumen carnosum?; radicula supera ; embryo teres recurvus. Gœr/72.) — Arbor ; folia alterna ; flores parvi, um- bellali glauco-cœrulei. 0Z>5. Winterania lanceolata. Poir. Eue. 8./>. 799, est Tasman- nia aromatica. K. Br. Sp. 1 . C. alba. Murr. Sfj^. (1) c. Calaba /-. Sp. y?,2. C. apctalum. frt//d. Ber. Mag. i8ii,p. 80. (2) C.pari'ifo/nim. Chois. C. foliis «ordalo-ovatis obtusiusculis i2-)61ineaslongisbre- vissimè petiolatis, paniculis laxissimis 3-5 (loris, pedioellis filiformibus plus quàm pollicaribus. Species clegantissima ; caulisaiboreus teres; ramuli lortuosi foliosissimi; folia lœvia, striato-venosa, coiiacea; petioluslineam longus; pedunculus2-3 pollices longus; pedi- relll suboppositi ; llores minimij petala 4 lu'ca linearia obtusa post infloresccntiam reflexa; stamina libéra; aiithcrœ quadrifariam alatae. Stylus reclus; stigma coiicavo- depressum. In ins. Rawak. Gaudichaud. (V. s.) 23o SUR LA FAMILLE XVI. Geims. MOROXOBEA. Jtnbl. Guy. 2. p. 789./ 5i5 SMiiphouia. L. supp. p. 001. Char. Calyx 5-sepalns iinbiicalus coriaceiis. Petala 5 contorlè aestivala. Staniina 3 seu ô-aïk-lpha, adelpliiis inter se iii urccoluia (in unà specie) siibconiiatis ; antlierac nuraerosai dorso aclelphia- rum adnalse, strias menlientes. Ovarium striatum; slylussimplex ; stigmata 5. Bacca corticosa 5-locularis, loculis i-speiinis. — Ar- bores; folia opposita; flores uinbellali. Sp. 2. M. coccinea. Aiihi (i), graiidillora. Chois. (2). XVII. Goiuis. GHRYSOPIA. Pet.-Thouars. gen. niad. p. i4. C%a/'.Calyx 5-6-sepalus coriaceiis imbricatus. Petala 5-contortè aestivala. Staniina in urceolum apice S-fiduni connata ; anthera» extrorste 25-3o. Ovarium parvum sulcalo-siriatuni; stylus ma- ximiis. Nectariumcoriaceum planiiui urceolaluui 5-lubunj. Bacca corticata 5-locuIaris , loculis polyspermis. Arbor ; folia opposita (1) Svmplionia globulifcru. /.. /. c. Stuminum adelphix 5 intcr se in urceolum sul>- connala; et aulheris sulcato-strlatac supià anthcras in acumcn praducuntur ut ovarium circumdant ; anthera; i5-i6. Gemma floris globosa. (jt) M. grantlijlora. Chois. M. fcliiselliptico-lanceolatis subacuminatis, floribuspau- cis subcorymbosi.s , gemma ovato-conica 12-18 lineas longa ,staminibus longissimis 3- adclpbis, stylo longissimo. Cauli.s arborcus tcres ramosus; ramuli opposili giabri. Folia glabra intégra 2 polliee.'; longa , Q-12 lineas iata supemc lœvia lucida nigresceiilia , inl'erné dilaliora; petiolus tenuis canal iculatus 3-3 line%s longus. Pcdunculi florum crassissimi articulât! glabri in- curri 3-4 lineas longi. Gemma acuta. Sepala 5 coriacea imbricata, 3 intcriora latiura. Petala 5 ovato-lancrolata coriacea extùs rugosula griseo-lutca , inltis lutea. Anlliera- ferè semipollirares estùs adelpbiis adnatx spiraliter ovarium circumdanles. Ovarium spiraliter sulcatum. Stylus subpollicariri teres incurvus, apice in 5 stigmata 1-2 lineas longa acuta divisus. — Symplioniagraudiflora. Rich. herb. H. in Guyanà. ( V. s. ) DES GUTTIFÈRES. aBi coriacea ; flores corymbosi bracteis suffulti involutique ; gemma globosa. Sp. 1. C. Madagascariensis. PeL-Thoiiars. XVIII. Gémis. MACANEA. Juss. gen. p. aSy. Macalianea. Alibi. Guy. 2. p. Char. Bacca magna pyrifoi mis extùs gibba in.Tequalis coitice coriaceo i-locularis, inlùspulposa 4-6-sperma, seminibus ad re- ceptacula lateralia affixis ovatis coriaceis in pulpà nidulantibus.— Arbor;folia opposita dentata. (Aublet.) Semina crassa dicotyle- donea , cotyledonibus crassissimis facile separandis ; albmnen nullum. Sp. I . M. Guyanensis. Aubl. XIX. Genus. SINGANA. Aubl. Guy. l. c. p. bqô. Juss gen. p. 257. Char. Calyx 3-5-partitus. Petala 5-5-ungiiiculata limbo ser- rulato. Stamina nmiierosissima ; andierse subrouindae; Stylus apice incurvas. Stigma capitatum concavum. Capsula longa cy- lindrica i-locularis pol^sperma. Semina magna sibi mutuô in- cumbentia pulpà involuta ad receptacula 3-lateralia afFixa. — Ar- bor scandons ( Aublet. ) Albumen nullum. Cotyledones 2 crassœ facile separantur. Sp. 1 . S. Guyanensis. Aubl. XX. Genus. RHEEDIA. L. gen. 64i. Juss. geji. p. 268. Van Rheedia. Pluni. gen. 43. CAor. Calyx o. Petala 4. Stamina nimierosa; antherae oblon- g3e. Stylus 1 ; stigma infundibuliforme. Bacca ovata i-lorularis ; h •«32 SUR LA FAMILLE DES GUTTIFÈRES. pericarpium tenue ; semina 2-5 ov'aio-oblonga cainosa crassa in piilpà nidulantia. — Folia opposila obliisa petiolata. ( Char, ex L. et Juss. ) Sp. 1. R. lateridora. L. XXI. Genus. MACOUBEÂ. ////;/. Guy. Snpp. 2 />. 1-. //m. Ge/i. p. loi. Char. Fructus aurantiifonnis subconipressus corlice lenui- puncuuo subcrasso i-Iocularis polyspernius ; semina ol^Ionga subcurva hinc sulcata arillata pariotibiis IVuclùs aflixa. — Arbor lactesceas; ranii opposili ; lolia opposila nervis secnndaiiis irans- versis; fructus racemosi. (Cliar. ex Aubl. et Juss.) Sp. i.M. Guyanensis. Aubl. Explicatio Tabularum. MlCRANTHEKA CLCSIOIDES. Tab. XL Flos masculus. 1. Gemma floris. •2. Flos apertus. 3. Petalum. 4. Stamen auctum ; s. s anthera; lociili. Tab. XIL Flos femineus. 1. Fructus calyce, corollâ, Blaraentisquc sterilibus persistentibus jmulutus ,stiç- matibus corouatus. 1. Fructus seclio verticalis. 3. Fructus sectio borizontalis. NOTICE SUR LE GISSEMENT DES OSSEMENS FOSSILES DES ENVIRONS D'ARGENTON ( INDRE ). PAR M. BASTEROT. ( LU DANS LA SEANCE DU 22 NOVEMBRE l822. ) Depuis que les naturalistes clans tous les genres et de tous les pays se sont re'iuiis pour recueillir les matériaux d'une véritable théorie de la Terre , on a vu la science ge'ologique se dépouiller successivement de ses vaines hypothèses, et former peu à peu un corps solide et inébranlable de faits et d'observations. C'est à l'anatomie comparée surtout que nous devons cet heureux chan- gement. Le voile avec lequel la nature semblait avoir voulu ca- cher ses premiers travaux, se lève peu h peu devant ses efforts, et déjà il lui est donné de nous faire reconnaître des traces de ré- volutions qui ont précédé jusqu'à l'existence de notre espèce . La connaissance de cette antique création , différente de celle de nos jours et qui lui est cependant analogue , est sans contredit le plus étonnant phénomène découvert dans ces derniers temps , et 3o 23 i Sl'ïï LE GISSEMEINT son influence sur les théories géologiques est bien irnporianle , puisqu'il lui fournil les données les plus sûres elles plus incon- testables sur l'existence d'anciennes lëvolutions. Quel doit être, eu effet, noire eïonnemeut de retrouver epars dans nos climats, des osseinens de Rhinocéros, d'Elephans et d'autres animaux de la Zone Torride! de rencontrer enfouis dans nos couches des races entières d'êtres qui n'existent plus ! — Et sans sortir de l'exemple qui est devant nous , combien ne doit-on pas s'e'tonner de trouver réunis dans une seule niarnière , au centre delà France, desosseniens de Lophiodons, de Crocodile et de Tortue, animaux ilonl les congénères ne fréquentent plus que la profondeur des forets de l'Inde ou de l'Amérique ! C'est cependant un phéno- mène incontestable que M. Cuvier a annoncé le premier, et entre ses luains la connaissance zoologique de ces débris ne laisse que très-peu de chose à désirer. Il n'en est pas de même de lein- his- toire géologique : leur position dans le sein de la terre, la nature des couches qui les renferment, la place qu'elles oceupent dans la série générale des formations, sont encore à décrire. — Je vais essayer de remplir cette lacune. Mais avant de parler de l'étonnaulu marnière dont on relire journellement ces ilébris, il est à propos de fiiire connaître , d'une manière succincte, la nature des terrains des environs. Argenton, petite ville du département de l'Indre, est située à 25 lieues environ au N. N. E. de Limoges. Elle est entourée par des coteaux assez escarpés , qui forment une ^ allée fort étroite oii coule la rivière de la Creuse. Les collines placées au nord sont composées de calcaire ooliliqiie en couches épaisses, ne présentant rien de particulier : au midi, commence un grand plateau qui se continue avec très-peu d'interruption jusqu'aux ter- rains primoi'diaux du Limousin j sa base, qu'on découvre au DES OSSEMENS D'ARGENTON. 235 midi de la Creuse, est composée d'un calcaire caverneux, d'une liomogéneite très-variable et qui se de'sagrège irrégulièrement au contact de l'air. Ces caractères donnent aux escarpemeiis qui en sont composés, un aspect lugueux particulier, qu'on ne peut mieux comparer qu'à celui que présente la surface des silex de la craie. Les corps organisés y sont assez rares; j'y ai observé des Bélemnites et des Térébratules lisses; on trouve, dans sa partie inférieure , plusieurs couches continues de silex d'un pied en- viron d'épaisseiu' , dont la structure fort inégulière ressemble beaucoup à celle du calcaire. Ses cavités contiennent quelque- fois des rognons libres et creux, composés de grains et tapissés par de petits cristaux de quarz. Ces couches qui présentent , au bord de la Creuse, une épaisseur de soixante mètres environ, se dirigent du S. E. au N. O., en plongeant légèrement vers le S. O. Elles ne sont ici recouvertes que par un sable d'alluvion où on reconnaît tous les élémens des terrains primordiaux voisins. On trouve dans ce sable des fragmens assez volumineux , ordi- nairement de quarz , mais souvent aussi de gneiss et de granité. On en voit surtout vers le S. O. , sur une petite éminence auprès de l'étang Bideau. On rencontre fréquemment, dans les champs, des scories d'an- ciennes fonderies depuis long-temps abandonnées. Elles datent sans doute de cette époque peu avancée de civilisation à laquelle le commerce ne pouvait pas répandre fort au loin les produits de l'industrie : le fer étant cependant de première nécessité, on fut forcé de l'exploiter en petit partout oii l'abondance du mi- nerai, jointe à celle du combustible, rendait son extracdon peu dif- ficile. Telle a dû être la situation de ce pays. En avançant sur ce plateau et en s'élevant très-légèremenl , on rencontre à peu de distance d'autres couches calcaires , moins 236 SUR LE GISSEMENT anciennes que celles dont je viens de donner la description. Leur structure est tantôt oolitique, tanltk compacte. Elles sont très- fendillées et présentent un grand nombre d'inclinaisons faibles et variées. Les coquilles y sont assez nombreuses ainsi que les madrépores. On y trouve aussi du minorai de fer, et c'est dans ce terrain que sont situées les mines qui alimentent les célèbres forges du Berri. Sa structure n'offre d'ailleurs rien de particidier , mais elle ressemble au contraire, dans tous les points, h celles de la grande formation oolitique si répandue en France. On exploite ici les couches qui ont la propriété de se cU-sa- gréger à l'air, et on s'en sert pour amender les terres. Les pierres qu'on répand ainsi dans les champs , se réduisent en poussière dans deux à cinq ans. On donne h cette oolile friable le nom de marne, et celui de marnière aux carrières d'oii on la retire. Il est bon d'être prévenu de cette circonstance, comme nous le verrons tout à l'heure. C'est après avoir parcouru environ une demi-lieu sur ce ter- rain qu'on arrive au fameux dépôt d'ossemens. Le domaine des Prunes (i) , lieu oii l'on a découvert ces dé- bris, est situé dans la commune d'Argenton, à trois quarts de lieue environ à l'ouest de celte ville et au sommet du plateau que je viens de décrire; on y a découvert il y a quelques années, une espèce de marne qui différait de toutes celles du pays envi- ronnant, qui ne sont, comme je l'ai déjà dit, que des oolites en (i) Ce domainb appartient à M. Rollinat-Lavcaii, aux soins éclairés duquel on doit la premiorc connaissance des ossemcns qu'on y rencontre. On en voit de beaux échan- tillons au cabinet du Jardin du Roi , qu'il y a envoyés sur l'invitation de M. Co<|uebcrt de Monlbrel. ,1e me fais un plaisir de lui renouicler ici mes remcrcimens pour toutes les bontés qu'il a eues pour moi lors démon séjour à ■■Vrgenton. DES OSSEMENS D'ARGENTON. 287 désagre'galion. Celle-ci au contraire est une véritable marne , souvent tendre, (juelquefois assez compacte, dont la masse, un peu inclinée vers le nord, s'appuie immédiatement sur le cal- caire oolitique. C'est dans cette marne que se trouvent les osse- mens. La première chose qui frappe est leur abondance. Elle est en effet telleinent considérable que, dans plusieurs parties de la mar- nière,on ne peut ramasser un seul ëclianiillon qui n'en contienne quelques parcelles. Ces endroits se font constamment remarquer par des taches jaunes, rouges ou noires, résultant très-probable- ment de la décomposition des parties charnues des animaux aux- quels CCS débris ont jadis appartenu. Les ossemens ne sont ni roules ni casses, mais ils sont souvent écrases et tellement fra- giles, qu'il est fort difficile de s'en procurer d'entiers. Les os courts et les dents sont, comme partout, les mieux conserves : les der- nières se cassent cependant fort souvent au collet. Celles de Cro- codile se rencontrent le plus souvent , mais on peut estimer que c'est plutôt à cause de leur nombre dans chaque individu, qu'à cause du nombre des individus eux-mêmes. On commence à trouver les os à quelques pieds de la surface, mais il paraît qu'ils sont encore plus abondans vers la partie inférieure. On n'a creusé qu'à environ vingt pieds de profondeur. Les coquilles sont fort rares dans ce dépôt. Je n'y ai vu que des Planorbes et quelques empreintes d'une petite coquille dont la forme rappelle plutôt celle des Cyclostômes que celle des Lym- nées. Ces coquilles sont dans le même état que les ossemens , c'est-à-dire écrasées et très-fragiles. On y trouve beaucoup plus communément de petits rognons d'alumine hydratée (Collyrite), de très-petits cailloux roulés de quarz, et même des morceaux détachés d'oolite. i38 SUR LE GISSE.MENT Cette marne varie peu dans sa composition ; seulement le cal- caire y domine queicjuefois , quelquefois l'argile devient plus abondante, surtout vers sa partie inle'rieure. On s'en sert avec les plus grands avantages pour l'amendement des terres. Ayant ainsi de'termine les principaux caractères do cette couche, j'ai clicrclie à en reconnaître les limites. Les nombreuses car- rières d'oolite dont tous les environs sont crible's, m'ont offert beaucoup de facilite pour cette recherche , et j'ai j)ii nie con- vaincre avec etonnement qu'elle ne pouvait occu|)er luie lon- gueur de plus de six cents pieds sur une largeur de cinquante à soixante. Elle parait avoir renqili une sorte d'enfoncement , de fente ou de ravin de profondeur inconnue, qui se dirigeait du S. E. au N. O., dans la masse de l'oolite. Les parois de cette cavité ont ètè mis à découvert dans le lieu oîi l'on exploite la marne. On y observe, vers le fond, des masses ooliliques sans stratilication distincte; la coupe que je joins ici, pi. i5, f. 2, donne une idée assez exacte de ce lieu. On voit vers le S. O. deux carrières dont les couches, très- désagrége'es, sont accompagnées de terres argileuses renfermant une grande quantité de cailloux loulés et de très-petits fragmens d'os également roulés. Ce sont probablement des os des Prunes que d'anciennes alluvions auront arrachés de leur lieu de dépôt primitif. Je crois que c'est ici que M. Rollinat a trouvé un frag- ment de bois de cerf qu'il a envoj'é au cabinet du Roi, avec les autres ossemens dont il diffère par l'aspect. Les os recueillis par M. Rollinat, ainsi que ceux que j'ai ra- massés moi-même , ayant été déposés au cabinet du ]\oi , M. Cu- vier en a donné une description détaillée dans la nouvelle édition de ses Recherches sur les ossemens fossiles (tom. H', i " part.. DES OSSEMENS D'ARGEJNTON. 2^9 loin. IV, supp.; la description des reptiles paraîtra dans un des prochains volumes). Les espèces de Lophiodons y sont au nombre de cinq, dont une au moins est l'analogue d'une espèce du même genre , trouvée à Buxvveiler. On y trouve deux vrais Palëothe'rium , dont l'une est l'ana- logue d'une des espèces d'Orléans. J'y ai également rencontre quelques os d'xlnoplothërium. Les os et les dents de Crocodile y sont, comme je l'ai déjà dit, très-abondans. Ceux de Tortue paraissent appartenir au genre Trionix qui, comme ou le sait , habite exclusivement dans l'eau douce. D'après ces caractères zoologiques joints à ceux que j'ai déjà cites, on ne peut douter que la marne d'Argenton n'ait été dé- posée dans l'eau douce. Mais à laquelle des formations lacustres faudrait- il la rapporter? La présence des genres qui semblent ca- ractériser la formation gypseuse des environs de Paris , ferait d'abord penser qu'elle doit être de la même époque; cependant elle en dift'ère par les dépouilles de Lophiodon et par l'alumine hydratée , caractères que je crois n'être pas sans quelque impor- tance. Heureusement il existe un dépôt intermédiaire au moins par sa position géographique, qui présente le plus important de ces caractères, et auquel je pense qu'on peut comparer, avec assez de certitude, le dépôt qui nous occupe. Je veux parler des cal- caires marneux de Montabusand, près d'Orléans. Eu effet la position géographique d'Argenton aurait pu déjà nous faire soupçonner que la couche isolée d'eau douce qu'on y rencontre, n'était qu'un lambeau de la grande formation du même genre qui s'étend partout au N., sur les bords de la Loire. Sa situation au sommet d'un plateau de calcaire jurassique, n'est I a4o SUR LE GISSEMENT DES OSSEMENS DARGFATON. pas unique dans les fastes de la géologie. M. Omalius d'Halloy a déerit de semblables lambeaux entre Bourges el Sainl-Ainaml ( i ) ; et , ce qui est encore plus remarquable , ils ne sont pas seulement dans une position semblable , mais ils sont situés sur la pro- longation du même système de couches qui forme la base du plateau au midi d'Argenlon. On peut encore rapprocher de ces terrains, celui deBuxweiler en Alsace, si semblable par ses caractères zoologiques, el dont une des espèces de Lophiodons est semblable à une de celles d'Ar- genlon. Cependant on trouve à Buxweiler dos couches de lignite, ol on a généralement pensé qu'on devait la regarder conmie de la première formation d'eau douce. — Celle de l'argile plastique. Ce n'est que par un examen comparatif de tous ces terrains et des débris qu'on y trouve , qu'on peut espérer d'éclaircir un jour ces diiïicullés; en attendant je me suis borné à indiquer les analogies qui les réunissent et les différences qui les séparent. D'autres faits , d'autres observations décideront un jour sur la valeur respective de ces analogies et de ces différences. (i) Journal des Mines, t. 32, p. 43 (1812)- MEMOIRE SUK UN NOUVEAU GENRE DE POLYPIER FOSSILE, PAR M. LE SAUVAGE. ( LU DANS Li SÉANCE DU 8 NOVEMBRE »8aï. ) Parmi les Polypiers fossiles que recèle le sol du département du Calvados , et doat nous devons la connaissance aux recher- ches et aux travaux de MM. De Magneville et Lamouroux , il existe une espèce qui a été' rapportée, par le dernier, au genre Astrée, sous le nom d^Jstrea de7idroidea {La/nx. Exposit. niéth. des genres de V ordre des Polypiers , etc. Suppl. p. 85 , pi. 78, f. 6). M. Lamouroux a fait la description de ce Polypier, d'après un fragment assez informe de quelques centimètres de hauteur, el cependant il a très-judicieusement reconnu qu'il n'était pas encroûtant, i^ViA formait une masse de même nature , et qu'il s'éloignait, par la forme, de toutes les espèces du genre auquel il l'a rapporté. J'ai rencontré, dans le calcaire à polypiers de la falaise de Bé- nerviîle, un fragment considérable de ce beau fossile, qui n'e'- 3i 54-! SUR UN NOUVEAU GF.NRE lai i lui-nièine qu'une faible partie d'uae masse plus volumineuse de plusieurs pieds de hauteur. Il m'a été facile alors de recon- naître qu'il présentait des caractères bieu tranchés, que M. La- niouroux n'avait pu saisir dans le fragment qu'il avait en sa pos- session, et qui devaient l'éloigner du genre Asirea. Cette singulière production est formée d'un faisceau considé- lablede tiges rameuses, simplement contigués, de lo à i5 lignes de diamètre, et présentant sur toute leur longueur une suite assez régulière de dilatations arrondies et de rélrécissemens cir- cidaires. Les rameaux sont terminés eu pointes mousses à des hauteurs inégales, et toute leur surface est couverte d'étoiles la- melleuses, arrondies, contigués et presque superficielles. Si ou examine la coupe transversale d'une lige , on voit que son inté- rieur est formé de lames nombreuses , qui laissent entre elles des espaces anguleux, et aftéctent la forme éloiléc. La coupe longi- tudinable laisse apercevoir une suile de cavités quelquefois assez régulièrement espacées, ce qui semblerait indiquer que l'in- térieur des rameaux était cloisonné; mais ces cavités paraissent être dues , au moins en grande partie , à une sorte de retrait résultaul d'une cristallisation confuse du calcaire d'organisation. Ce calcaire offre une coideur rouge sombre qui contraste avec la blancheur de celui qui encroûte la masse. D'après la belle con- servation d'un Polypier d'une taille si prodigieuse, on doit ètie porté à croire qu'il n'a subi aucun (l('placement, et qu'il aura été saisi par la matière calcaire qui l'enloure, dans le lieu qui l'avait vu naître. La disposition de ses étoiles, répandues sur toute la surface extérieure , l'éloigné de l'ordre des Astrées , ainsi caractérisé par M. Lamouroux : Etoiles ou ce/ Iules circonscriles, placées à la surface supérieure du Polypier. Cette seule particularité DE POLYPIER FOSSILE. ■il^^ doit empêcher qu'on le maintienne dans le genre Astrea, qui est range dans l'ordre du même nom, quand il ne serait pas suf- fisamment distinct des espèces qui composent ce genre par sa dis- position en rameaux fascicules. Il doit trouver sa place naturelle dans l'ordre des Madi épore'es, ainsi défini : Etoiles ou cellules circonscrites , répandues sur toutes les surfaces libres du Polypier, et être mis en tête de cet ordre avant le genre Poriie , dont il est bien distinct par la forme unie et arrondie de ses étoiles , ce dernier ayant les lames des étoiles Jîla menteuses , acérées ou cuspidées ( Lamh. Anini. sans z>e7-t., tom. II, p. 267). D'après ces considérations, j'ai pense qu'il convenait de faire un genre nouveau pour ce polypier, et je propose de lui donner le nom de Tliamnasteria , mot qui signifie buisson à rameaux pressés, couvert d'étoiles; ses caractères peuvent être ainsi e'iablis : Thamnasteria. Polypier pierreux, rameux; surface des ra- meaux couverte d'étoiles lamelleuses, sessiles, à lames linéaires arrondies. Ses caractères spécifiques seront : Th. de Lamouroux ( i ) (Le Sauvage ). Astrea dendroidea. (Lamx.) Polypier fossile, gigantesque, rameux, fascicule; à renflemens et rétrécissemens circulaires et alternatifs ; à étoiles arrondies , superficielles ou peu profondes. Th. Lamourouxii, Fossilis , ramosa,fasciculata ; dilata- (1) J'ai dédié ce Polypier à M. Lamouroux, dont le nom est lié à d'importantes dé- couvertes en histoire naturelle, et qui a jeté un grand jour sur l'tistoire des Polypiers dans deux ouvrages qu'il a publiés sur cette partie intéressante des êtres organisés. 241 SUR UN NOUVEAU GENRE DE POLYPIER FOSSILE. tionibus et contfoctiouibus circularibus , aUemis ; stellis ro- Lundis, subplanis. Terraiu k Polypiers des environs *de Caeu (Larax. ), falaise de BeiK'iville (Calvados). La ligure i de la planche XI\ représente le Polypier à nioiiie de nature à peu près; la figure -2, uu fragment fie grandeur na- turelle d'une des plus grosses brandies. Explication de la Planche XTJ^. Fig. i. Thamnasicria Lamourouxu, eulièrv , réduite à moitié. Fig. a. L^n fragment de grandeur naturelle. MEMOIRE GEOLOGIQUE SUR LES FOSSILES DE VALMONDOÏS, ET PRINCIPALEMENT SUR LES COQUILLES PERFORANTES DÉCOUVERTES DANS LE GRÈS MARIN INFERIEUR ; PAR G.-P. DESHAYES. Parcourant les environs de Paris , autant par l'attrait de la géologie que pour l'étude particulière de la conchyliologie, je vais chercher à rapporter clairement une observation précieuse pour l'une et l'autre de ces sciences ; observation unique, à ce que je sache , dans les annales de la géologie, qui , se renouvelant plus lard, apportera à cette belle science des matériaux utiles à son éclaircissement. Au mois d'avril 1822, j'eus occasion de me procurer quelques coquilles fossiles que l'on me dit être des environs de Paris ; elles me parurent si étrangères à tout ce que j'avais vu jusqu'alors. ,46 SLR LKS COQUILLES FOSSILES que je résolus de me iransporier sur les lieux pour les explorer. Ou m'avait indiqué le villaye de Valmondois , entre Pontoise et l'Ile-Adam. J'y étais dès le 22 du même mois. L'endroit où l'on trouve les fossiles est au-dessus du village; il est profondémenl creubé par un ravin que les eaux ont formé dans une colline toute de sable. Sa situation géologique est celle du grès marin infé- rieur, c'est-à-dire immédiatement au-dessus du calcaire grossier; la coupe du terrain à laquelle je renvoie expliquera mieux que la description la situation successive des diverses couches. C'est dans ce ravin que Ton observe des bancs coquilliers , dans un sable quarzeux, blanc ou jaunâtre. Ces bancs ne con- tiennent pas seulement des coquilles, mais aussi des morceaux roulés, plus ou moins gros, de calcaire grossier, de calcaire d'eau douce, de silex , et quelquefois des morceaux de grès fort durs, renfermant dans leurs masses toiues ces substances réunies. Le calcaire grossier est analogue à tous ceux que l'on trouve dans les environs de Paris ; il est extrêmement friable lorsqu'il est humilie , il se solidifie un peu en se desséchant; il renferme des coquilles fossiles avec leur test , analogues à celles de (irignon, de Parues , etc. Il est bon d'observer que ce calcaire diffère en- tièrement de celui où gissent les bancs coquilliers ; celui-ci est semblable à certaines portions un peu dures de Grignon ; celui- là, au contraire, est pareil à celui que l'on voit, aux environs de Beaumont , former les premières assises calcaires , dans im sable chlorité au-dessus de la craie. Les calcaires d'eau douce sont assez tendres et assez friables pour la plupart , et quelquefois , mais ayant appartenu proba- blement à des couches différentes, ils sont durs, compactes, et présentent dans leurs masses des Cyclostômes, des Lynniées et des Potamides. Les silex sont ordinairement noirâtres et en tout DE VALMONDOiS. 247 semblables, pour leurs formes bizarres, à ceux que l'on trouve roules sur nos plages. J'ai d'abord ëte' surpris de trouver dans le grès marin inférieur tm si grand nombre de coquilles sembla- bles à celles des calcaires grossiers , et surtout de trouver roules, en masses quelquefois assez considérables , des calcaires grossiers qui sont toujours au-dessous , et des calcaires d'eau douce qui sont toujoins au-dessus de cette formation. Cette observation me lit naitre l'idée soit d'un bouleverse- ment, ou mieux peut-être d'une mer qui avait long-temps roulé sur des calcaires tendres , qui les avait détaches et désagrégés peu à peu, avait séparé et roulé dans son sein des coquilles déjà devenues fossiles, et les avait rejetées sur cette plage, recou- verte ensuite par une couche énorme de sable. Je me confirmai d'autant plus volontiers dans cette idée, que d'autres observations vinrent à l'appui des premières. Ces observations consistent : la première, à avoir trouvé en grand nombre, mélangées avec d'autres fossiles, des coquilles semblables en tout à celles qui se rencontrent dans les masses roulées, et je dirai plus, remplies encore du calcaire même dans lequel elles étaient primitivement empâtées; la seconde, de les avoir généralement trouvées bien plus usées et bien moins con- servées que celles qui ne paraissent pas dépendre de la même formation ; ce qui me lait diviser les coquilles de Valmondois eu deux ordres : celles qui appartiennent au calcaire grossier, et celles que je regarde comme inhérentes à la localité, et qui ont vécu dans la mer à laquelle on doit ces dépôts. Je fonde ceci sur ce que ces derniers fossiles n'ont leurs ana- logues nulle part, du moins jusqu'aprésent, tandis que les aiures ont les leurs dans les calcaires grossiers. Je pourrais ajouter que, si l'on découvre des fossiles analogues à ceux de Valmondois, 248 SUR LES COgUILLF-S l'OSSH.ES ce sera dans des circonslances senililables , et Irès-probablement dans la inéine situation g«iologii|uc. Il serait difficile de préciser la juste limite qui doit séparer une formation de l'antre ; cependant j'essaierai de le faire aussi exactement que cela me sera possible, en présentant, tians un travail particidier, la liste nombreuse et la description des nou- velles espèces trouvées dans cet endroit. Quant au calcaire d'eau douce , je ne puis expliquer sa pré- sence ilans une formation qui lui est toujoius inférieure; il fau- drait faire des suppositions que d'autres observations rendent impossibles : il faut donc attendre d'autres observations bien faites. Quoi qu'il en soit, la présence du calcaire lacustre suffit pour expliquer celle des Lymnées, des Planorbes et des Cy- clostomes mélangés avec les coquilles marines. Ce qui rend «e fait plus intéressant, c'est que l'on ne trouve de calcaire d'eau douce en place nuUe part dans les environs, les calcaires gros- siers qui forment les coteaux de la vallée de l'Oise, depuis Pon- toise jusqu'à Valmondois, étant couverts de grès marin qui se découvre natmellement dans les endroits les plus élevés. Mais le fait que je voulais surtoiu faire connaître^ et dont on trouvera les preuves convaincantes sur les lieux mêmes et dans ma collection , c'est que ces calcaires grossiers et ces cal- caires d'eau douce sont criblés, perforés en tous sens par des co- quilles térébrantes. Ce fait très-curieux pourrait donner lieu à quelques hypothè- ses plus ou moins vraisemblables ; mais je n'en veux admettre aucune et n'en faire aucune moi-même, pensant qu'il faut plus d'un fait pour porter un jugement sur de pareils sujets ; cepen- dant , et ceci se déduit de l'observation même , on ne peut s'em- pêcher de penser que la mer a eu là un long séjour, puisque des De valmondois. 249 animaux perforans ont eu le temps d'y former leurs demeures ; que celte mer, clans cet endroit, était peu profonde, puisque nous voyons des animaux de genres analogues , vivant dans nos mers , préférer les bas-tonds et le bord des côtes aux grandes profondeurs ; enfin nous serons force's d'admettre qu'ils n'ont pas e'te transportés ; qu'ils ont vécu là et ont été enfouis sans avoir changé de place. Celte observation vient à l'appui de l'opinion des savans qui pensent que la mer n'a pas quitté nos continens toul-à-coup , mais ne les a abandonnés que successivement. Les dépôts ob- servés à Valmondois seraient les preuves non équivoques du sé- jour d'une mer qui aurait atteint de plus grandes hauteurs , et qui, en quittant ses bassins, nous aurait laissé les monuinens de sa grandeur, de son abaissement et de sa disparition. Je vais maintenant présenter au conchyliologiste la descrip- tion des coquilles térébrantes que j'ai trouvées à Vahnondois. J'ai rapporté aux sept genres Clavagelle, Fistulane, Pholade, Saxicave,Pétricole, Vénérupe et Modiole, les quinze espèces sui- vantes. Les caractères génériques que je placerai en tète de chaque genre , seulement pour éviter les phrases descriptives trop lon- gues , sont puisées dans l'ouvrage de M. Lamarck. CLAVAGELLE ( ClavageUa ). Fourreau tubuleux , tesiacé , atténué et ouvert antérieure- ment, terminé en arrière par une massue ovale, sub-compri- niée , hérissée de tubes spiniformes ; massue offrant d'un côté une valve découverte, enchâssée dans sa paroi; l'autre valve libre dans le fourreau. 52 ,5o SUR LES FOSSILES 1. Clavagei.li: de BiiON'GKrAnT. Chwagella BrongnlartU. Vagimeclavà, parte siiperiore, tiibulis spitiifonnibus cristatà , depressà , apertuni iiiagnà ovaià. Testa ovalà , compressa , hvante , irregulariier siibplicatà ; cardine siib unuleiUato. (Pi.xv,r.g. I.) En altaclianl le nom de M. Brongniart à celte nou\ elle espèce, je ne fais que rendre lioinraage h un savant dont les belles observations ont si puissamment contribiiv à fiier les connaissances géologiques sur les cm irons de Paris. Tout le tube est inséré et lixé dans la partie la plus épaisse d'une Came , ce qui dis- tingue essentiellement celle espèce de toutes les autres, d(ml les tubes uni été trouvés libres. Cette circonstance n'enipcehc pas la pré.sence des tubes spinirurmcs dont on voit l'embouchure dans l'intérieur du tube. La valve libre est très-aplatic, trc.*- luiuce , un peu plissée par des accroissemens irréguliers; l'autre valve, insérée dans la paroi du lube , se dessine très-bien par un contour assez saillant sur lequel la \ alve libre \ient s'a|)puyer , ce qui rend la coquille ruoins bâillante. Le tube est long du quinze miUinir(r»-s, la valve libre est large de neuf millimètres et longue de cin(i mil- limètres. FISTILANE ( Flstulana ). FotiiTeau liitjuleu\, le plus souvent lestace, pltis reiilh' et fei'ine' postérieurement , atténue' vers son exlre'mité antérieure , ouvert à son sommet , contenant une coquille libre et bivalve ; les valves de la coquille égales et bâillantes lorsqu'elles sont f'ei- me'es. Pour ne pas conloudre deux genres dont les coquilles oui beaucoup de rap|>orls, il suffira d'en rappeler les caractères distinelifs. Les Fistulancs que j'ai trouvées à Val- monduis ont tant de ressemblance , quant h. la coquille , avec certaines Gaslrochèncs , que j'avais d'abord cru qu'elles dei aient appartenir à ce genre; mais, faisant attention (jue les unes sont constamment contenues dans un tube , tandis que le* autres en doi- vent être toujours dépourvues , je ne balançai plus, d'après celte considération si essentielle , h placer mes noovelles espèces dans le genre Fistulane dont elles ont tous les caractères, évitant de tomber dans la même faute que l'auteur de l'article Gastro- chdne , dans le Dirlionnairc d'histoire naturelle , qui a placé dans ce genre des coquilles dont le fourreau est libre, trompé probablement parrexlrénie ressemblance des vhIm's des Fistulancs avec celles de certaines Gaslrochéne.^. DE VALMONDOIS. >5i 1. FisTULANE DE Provigny. Fistulcmci Provîgny. Vagiuà lereti-clavatà , ad aperturam crassà; parte posteriori tenuissimà; aperlurà bicarinatà, carinis oppositis. Testae aper- lurà amicà magnà; valvis eleganter striato-sublamellosis , car- dine recto, edentulo. ( Tab. XV, fig. 2."* Celle supfibc oo([iiille , tlonl j';ii tiom é trois individus dans une grosse masse de polypier, est une des plus rares que je connaisse ; rcniarqualile autant par sa grande taille que par l'élc^gance de ses stries presque lamelleuses, elle présente la forme exté- rieure du Gastrochêne cunéiforme , et je l'aurais placée dans ce genre , si je ne l'eusse trouvée renfermée dans un tube. La longueur de la coquille est de vingt millimètres, la largeur est de quarante ( un pouce et demi environ. ) En lui donnant le nom de M. de Provigny , je ne fais que m'acquitter faiblement de la reconnaissance que je lui dois , puisque c'est en m'abandonnant une partie de son terrain que j'ai pu faire les fouilles nécessaires à la découverte d'un grand nombre d'espèces nouvelles, et que c'est aussi par sa bienveillante protection que j'ai été à l'abri des poursuites des paysans qui , dans des temps malheureux, confondaient les plus paisibles voyageurs avec les vagabonds et les incendiaires. M. de Provigny est maire de Valinoudois. 2. FiSTULANE ÉTROITE. Fistuluna angusta. Vagiiià tereti-angustà, anlicè altenuatà; aperturà ovato-de- pressà, diiobus carinis oppositis munità. Testa apertissimà, cuneifoniii , sublaevi , siilcis accretionis tenuissimis ornatà. (PI. XV, fig. 5.) Cette espèce ne peut se confondre avec la Fistulane de Provigny, parce qu'elle est toujours plus petite , plus étroite , plus ouverte , et n'a d'autres stries que celles de se» accroisseniens ; les crochets sont plus près de l'angle supérieur. La longueur du tube est de vingt-cinq millimètres; la longueur de la coquille est de huit millimètres, et la largeur de quinze. 3. Fistulane contournée. Fistulana conlorta. Vagiaà clavatà, contortà, angulo subrecto. Testa parvulà. ■îSî SUR LES FOSSILES elongalà , tenuissimis strils accretioiiis ornalà, hyanlissiimi ; aperturà ovali-acuià. ( PI. XV, fig. 4. ) Je l'ai liDiivi'C d(ins l'opaisseur d'une nitlic de moyenne taille; il v a (rois tubes et je n'ai qu'une seule eoquille. Les tubes sont eonlournés à angjle droit , leur ouverture est ovale allongée , munie de deux ea rênes opposées. La coquille est très-petite , ovale aiguë, très-bâillante. La longueur du tube est de sis millimètres seulement; la coquille est longue de deui millimètres, et large du double. PIIOLADE [Pholas). Coquille bivalve, équivalve, transverse , bâillante de chaque côte; ayant des pièces accessoires diverses, soit sur la charnière, soi», au-dessous; bord inférieur ou postérieur des valves re- courbe en dehors. 1. PlIOLADE A GRAND KCUSSON. PholciS SCUtUta. Tesià oviformi, biradialà, sirialà ; siria^ distantiores, ininus- que profundiores iuler radios ; parte supcriori la,'vigat;î. Scutuin curvatum valvis œquale. (PI. XV, fig. 5. ) p^ar. Testa iiniradiatà; striis continue) e.\iguis. C'est, je pense, la première fois que l'on trouve des Pholades fossiles aux environs de Paris; elles sont rares, Irès-minees, très-friables; celles que j'ai gardées pour roa collection sont pourtant d'une trè.s-belle conservation. Elles .s'enfoncent le plus ordi- nairement dans les parties tendres , soit du calcaire d'eau douce , soit du calcaire marin. L'espèce (lUc je viens de nommer se distingue facilement |)ar son grand ccusson qui Cal aussi long (juc les valves; il est recourbé pour en suivre les contours , il se rétrécit un peu vers le milieu ; une petite élévation , surmontée d'un pclil canal , .se voit dans l'endroit qui correspond aux crochets des valves. Longueur sept millimètres, largeur onic millimètres. 2. Phol.^de coNOïnE. P/io/cwi conoidea. Testa ovato-conoideà , déganter siriatà, parle supcriori la'vi- DE VALMONDOIS. 'a53 gatà, occlusà; sulco longitudinali unico ^ submecliano , inteiioie valvarum eminente; scuto minimo , subcordato, concavo , sep- tifero. (PI. XV,fig. 6.) Il y a beaucoup de ressemblance entre cette espèce cl la préci'dente ; elle s'en dis- tingue cependant par son écusson qui est beaucoup plus petit , par sa forme conoïde et presque rostrcc , et parce qu'elle n'offre qu'un seul sillon rayonnant qui est vers la partie la plus large de la coquille. J'ai dans ma collection un individu de cette espèce , son de grandeur naturelle. Fig. g. Saxieave nacrée. Saxicat'a margaritacca. a. Valve vue en dedans. — b. Valve vue en dehors. — c. Charnière grossie. Fig. 10. Saxieave aplatie. Saxicai'a dcprcssa. a. Valve vue en dedans. — b. Valve vue en dehors. — c. Charnière grossie. Fig. 11. Saxieave modioline. Saxicafa modiolina. a. Valve vue en dedans. — b. Valve vue en dehors. — c. Charnière grossie. Fig. 12. Pétricule élégante. Pclricola elcgans. a. Valve de grandeur naturelle, vue en dessus. — b. Valve vue en dedans. — c. Valve de la variété j)Uis allongée. Fig. i3. Vénérupe globuleuse. Venerupis globosa. a. Valve vue en dedans. — b. Valve vue en dehors. — c. Charnière grossie. Fig. i4. Les variétés de la Vénérupe globuleuse. a. Variété lisse et qui ne présente que quelques sillons irreguliers d'accroissement. — b. La seconde variété dont la coquille est plus Iransvcrse. Fig. «5. Modiole argentine. Modiola argcnlina. a. Valve vue en-dessus. — b. Valve vue en dedans. — c. Les deux valves réunies , vues du ctité des crochets. Fig. 16. Modiole papyracée. Modiola papyraccra. a. Valve vue en-dessus. — b. Valve vue en dedans. DE L'IMPORTANCE DE L'ÉTUDE DES CORPS ORGANISÉS VIVANS POUR LA GÉOLOGIE POSITIVE, ET DESCRIPTION D'UNE NOUVELLE ESPÈCE DE MOLLUSQUE TEST ÂGÉ DU GENRE MÉLANOPSIDE; PAR M. CONSTANT PREVOST. (lu dans la séance du 8 NOVEMBRE 1822.) Rien n'a sans doute plus contribue aux progrès de la ge'ologie , que la découverte et l'examen des débris de corps organises qui ont e'té plus ou moins complètement conserve's dans le sein de la terre, àl'ëtat àe fossiles. C'est en effet sur la présence bien constate'e de ces corps fos- siles, au milieu de se'dimens de substances minérales et sur les rapports plus ou moins grands qu'ils présentent avec les êtres qui vivent encore aujourd'hui à la surface du globe, que sont fondées en partie les connaissances positives qui ont place' la géo- logie parmi les sciences d'observation. a6o DESCRIPTION Les anciens, comme on le sait, n'ignoraient cependant pas que des débris d'animaux marins se renconliaient loin de la mer, sur de très-hautes montagnes ; car ni Ilerodolo , ni Strabon , ni Ovide, n'ont mis en doute ce fait, ainsi que l'analogie que ces corps inanimes avaient avec ceux qu'ils connaissaient vivans; et ces grands hommes de ranliquilc ont même trouve, dans cette observation, une preuve sans réplique, que le globe terrestre avait éprouve de nombreuses révolutions, par suite desquelles la mer aurait transporté ou abandonné dans les lieux oii on les trouve , les débris des êtres qu'elle nourrissait. Mais des opinions aussi conformes à celles que nous avons maintenant et que les moindres recherches devaientfaire naître, ont été non-seulement oubliées, mais encore combattues pen- dant des siècles ; lorsqu'à la iln du seizième, un homme de la nature, un simple potier de terre, libre des erreurs scolastiques qui dans ces temps d'ignorance générale obscurcissaient et étouf- faient la vérité, peut-être à dessein, Bernard Palissy vint an- noncer de nouveau que les Fossiles attestaient la présence de la mer dans les lieux qui les recèlent; il éprouva une forte oppo- sition, et il ne put encore parvenir à fùre substituer ses idées à celles aussi singulières que conlraiies à l'observation, qui domi- naient alors : on continua à regarder, pendant long-temps , les Fossiles comme des jeux de la nature , comme des pierres figu- rées imitant des animaux, et suivant quelques-ims, plus absurdes encore, c-ommc des ébauches imparfaites de ces mêmes anijuaux ou de quelques-unes de leurs parties. Lorsqu'eufin des comparaisons nombreuses ne permirent plus aux savans de bonne foi de douter de l'origine des Fossiles , on contesta encore la cause de leur présence dans les endroits ('loi- gnés de la mer : les ims dirent que des singes pouvaient les \ D'UNE NOUVELLE MÉLANOPSIDE. . 261 avoir portes ; et telle est la puissance qu'exercent pendant leur règne les préjuges les plus ridicules et les moins fondes, que Voltaire lui-même qui, dans tant d'autres occasions, sut si bien faire triompher la vérité', voulut regarder sérieusement l'exis- tence des coquilles sur les montagnes comme un fait particulier qu'il croyait expliquer suffisamment, en supposant que des pè- lerins pouvaient les y avoir déposées. La ve'rite l'a enfin emporte, et les Fossiles, reconnus comme des témoins des révolutions du globe, servent maintenant de base principale dans l'étude de la ge'ognosie. Ainsi l'absence ou la présence des corps organisés fournit le principal caractère, pour diviser toutes les couches de la terre que nous pouvons étudier, en deux grandes sections; un examen plus immédiat de la nature des mêmes corps permit ensuite de distinguer, parmi les couches de la seconde section, celles qui ont été formées dans les eaux de la mer , de celles qui furent déposées dans des eaux douces. Combien de conséquences importantes peuvent être encore déduites, pour l'histoire de la terre , de la comparaison minu- tieuse des Fossiles des diverses contrées, de ceux des divers ter- rains, des diverses couches! Mais combien aussi il importe de ne pas perdre tout le fruit d'un moyen précieux par l'application peu raisonnée et trop ex- clusive des caractères qui peuvent induire en erreur le géologue, si, ne considérant que les fossiles en eux-mêmes, il ne tient pas compte avec discernement de leur manière d'être dans les sédi- mens qui les renferment, de leur état de conservation , et surtout de leur association, plus ou moins conforme aux habitudes, aux mœurs des êtres vivans dont ils sont les ancêtres! Sous ces derniers rapports, il ne suffit pas au géologue de consi- il6-?. description dérer les fossiles comme des corps qui impriment aux terrains ou aux diverses couches au milieudesquels on les trouve, un cacliet propre à les faire reconnaître. Il devient indispensable, pour que souvent il ne soit pas conduit à identifier des formations d'origine diÛerente, comme h en S('parcr d'autres qui appartiennent à la mémo t-poque, qu'il connaisse non-seulement les formes et les noms des animaux vivans , mais qu'il ait pénétré dans leur organisation , qu'il soit bien convaincu des rapports on de l'incompatibilité nécessaires, qui existent entre cette organisation de chacun et certaines ha- bitudes, certaines mœurs; qu'il sache si, dans la nature actuelle, tels êtres ne peuvent vivre que sur la terre on dans les eaux, si tel genre naturel peut comprendre en même temps des espèces terrestres , marines ou fluviatiles, si ({uelques autres peuvent avoir une habitation variable.Ilfaut qu'il n'ignore pas par exemple quels sont les Testacës qui habitent de préférence les climats chauds ou les zones glacées, les profondeurs plus ou moins grandes ou les rivages, qui sont Hbres ou fixés , qui recherchent la vase, le sable ou les roches, les eaux tranquilles ou les eaux agitées; cpielles sont les espèces qui, par des habitudes semblables, peuvent se trouver naturellement ensemble, et celles qrii , au contraire, ne peuvent avoir été réunies que par l'effet d'un désordre ou d'un bouleversement. C'est avec ces données que l'observateur pourra être conduit par induction à présumer ce qui a été de ce qui est, à distinguer les complications accidentelles des règles générales , et à s'élever enfin avec quelque confiance jusqu'à la nature des causes qui ont présidé à la formation des dernières couches de la terre. Le fait le plus simple en lui-même peut en conséquence donner lieu aux résultats les plus importans dans son application, et rien ne doit être négligé pour augmenter les moyens de recherche ; D'UNE NOUVELLE MÉLANOPSIDE. -.AVA toute observation constatée doit être jointe, sans crainte de mi- nutie, aux matériaux qui se recueillent de toutes parts avec zèle, pour la grande histoire de la terre. Ces motifs m'ont engage à publier un fait dont les réflexions qui précèdent pouvaient seitles faire apprécier la valeur. Parmi les mollusques testace's rapportes par Olivier, de son voyage dans le Levant, on remarque deux espèces qu'il avait placées dans le genre Mclania , et qui depuis ont servi de type à M. de Fèrussac pour l'établissement de son genre Melaiiopsis. Ce sont les Melanopsis huccinoidea et Mclanopsis coslafa de ce conchyliologiste. La première a été' trouvée par le célèbre voyageur dans les eaux douces de la côte de Syrie , des îles de Scio et de Crète , et l'autre dans le fleuve Oroute. Ce qui est remarquable , c'est qu'il a toujours rencontré de compagnie avec l'une et l'autre une petite Nériline noire. M. de Fèrussac a recueilli également dans des ruisseaux de l'Andalousie, dans leGuadalquivir et dans la fontaine de Bornos, deux Mélanopsides qu'il regarde comme de simples variétés des Mel. costaia et huccinoidea, et dans les mêmes eaux il a ren- contré ime Nériline noire semblable en tout à celle du Levant. Depuis, j'ai découvert en Autriche, auprès de Baden, une autre espèce de Mélanopside vivant également avec une Néritine dans un bassin fort peu étendu d'eau légèrement chaude et sul- fureuse. Ce bassin est artificiel, ou au moins il a été élargi et garni de planches sur toutes ses faces, dans l'intention de réunir et conserver les eaux thermales d'une source ; il a tout au plus six pieds carrés sur quatre de profondein-; les parois et le fond sont presque entièrement couverts des deux mollusques qui y 264 DESCRIPTION sont eu quantité presque égale; el clans le même bassin je n'ai trouve aucune autre espèce. Le test des coquilles semble avoir e'te' corrode' par l'action des eaux sulfureuses qui ont une chaleur constante de dix à douze degrés du thermomètre de Rèauniur environ. La Melanopside me paraît être une espèce nouvelle, et je j)ropose de lui donner le nom de Mélaiiopsldc de d'Audcbard, Melaiiopsis Audehardi. La coquille est conique , composée de cinq tours de spire peu renflés ; la suture peu profonde qui les sépiirc est marquée par un léger cordon formé pur une double ligne ; le test est brun , lisse , bien que quelquefois dans les individus parfaits les der- nières stries d'accroissement soient un peu en saillie. La bouche est ovale; son bord droit , mince , non tranchant et arqué , offre une légère indication d'éehancrure à son origine ; le bord gauche , excavé comme la eolumellc sur laquelle il s'applique , se ré- fléchit sur celle-ci en une lame calleuse; l'ouverture du la coquille est légèrement échancréc à sa partie antérieure , c'est-à-dire vers le point qui correspond à l'cïtré- mité de la columelle; l'intérieur de la bouche est d'un brun violàtre dont la teinte est beaucoup plus foncée que celle de l'extérieur de la coquille; la longueur de celle-ci est de dix niillim. au plus, et sa largeur de six millimètres, prise à l'origine du bord droit. L'animal est d'un gris brun , uniforme, sans bandes colorées; il a deux tentacules déprimés à leur base et très-pointus .à leur extrémité; son pied est court en forme d'é- cusson, l'opercule adhérent à ce pied est corné, mince et de moitié plus petit que l'om erturc de la coquille. La Mélonopsidede d' jiiidebard o^re de nombreuses varie'tës d'âge et d'individus; on peut remarquer sur les échantillons que j'ai réunis, que les jeunes sont proportionnellement plus courtes, et que l'intérieur de leur bouche est moins colore. Quelques in- dividus parfaits ont la spire très-coniqtie , et les tours en sont très-sëpare's , tandis que dans d'autres ceux-ci sont à peine sen- sibles , ce qui peut dépendre de la diflèrence des sexes , selon l'observation de M. de Blainville qui, depuis long-temps, a re- marque que, dans tous les mollusques testacés gastéropodes dont D'UNE NOUVELLE MÉLANOPSIDE. 265 les sexes sont separe's , les coquilles des individus màles sont beaucoup plus eflilëes, plus étroites, plus petites que celles des femelles ; observation importante pour la distinction des espèces vivantes comme pour la comparaison à établir par le géologue entre celles-ci et les espèces fossiles , avant qu'il puisse se pro- noncer sur l'existence ou la non-existence des analogues. La Mëlanopside de d'Audebard se dislingue clelaMelauopside buccinoïde, en ce que celle-ci est fusiforme, beaucoup plus grosse, et proportionnellement plus large. La Mëlanopside à côtes a des côtes saillantes qui découpent profondëraent le bord supérieur de chaque tour de spire, ce qui la sëpare suiFisamment de celle de d'Audebard , connue de la Mël. buccinoïde ; enfin dans ces deux espèces anciennement connues, l'animal a le corps orne de lignes transversales noires ondulées, tandis que dans l'espèce que nous faisons connaître la couleur du corps est uniforme. La petite Nëritine qui vit avec cette Mëlanopside est d'un noir fonce opaque , le plus souvent uni ; mais , dans quelques individus cependant, sur le fond noir se détachent des lignes en zig-zag blanches, qui rappellent la disposition de couleur com- mune à toute la famille des Nërites ; l'intérieur de sa bouche est bleuâtre. Cette Nëritine qui atteint rarement plus de six à sept milli- mètres de longueur , ne me paraît pas pouvoir être distinguée de celle de Syrie et d'Espagne. Il me reste maintenant à fiire remarquer qu'une association semblable à celle que je viens de faire connaître dans la nature actuelle, avait également lieu dans le monde antëdiluvien, puisque dans plusieurs localités on rencontre ensemble des Mëlanopsides et des Nëritines fossiles. 34 -.1)6 DESCRIPTION Elles ont principalement e'ië observées dans les lignites p\ri- teux qui reposent sur l'argile plasti([ue ou qui l'acconipagn«'nl ii Ste.-Marguerite près Dieppe, à Soissons, à Epernay, et M. de Fe- russac, qui les a découvertes dans ce dernier endroit , regarde la Mélanopside fossile comme l'analogue de la Mél. buccinoide, tandis que la Néritine , qui est beaucoup plus grosse et plus ronde que celles de Syrie, d'Espagne et d'Autriche, lui a paru appartenir à une espèce difiérente qu'il nomme Néritine Petit- Globe. J'ai reconnu, il y a quelque temps, parmi des coquilles fos- siles de la baie d'Alum, dans l'ile de Wight, qui ont été recueil- lies par M. Webster , et que M. Underwood a bien voulu nie communiquer, encore des espèces des mêmes genres, c'est-à- dire une Mélanopside analogue de la bnccinoïde, et deux Né- ' ritiues dont l'ime est voisine du i\ eriluiaGlobulus. Ces coquilles se voient, en Angleterre connue en France, dans la formation des lignites de l'argile plastique. On sait que cette formation, qui renferme en outre des Gyro- gonites, des Planorbes, des Limnées, des Potamidcs, et qui par conséquent doit être due aux eaux douces, préscntedans quel- ques-unes de ses couclies , et notamment dans les supérieures, un mélange confus de mollusques lacustres et marins, qui n'ont certainement pas vécu dans les mêmes eaux. Il importe de savoii comment s'est opéré le mélange : l'examen de la manière d'être des coquilles qui le composent, ainsi que la connaissance des habiiiules des analogues vivans de chacune d'elles, peuvent éclairer dans cette question , et j'en ai fiiit usage : j'ai re- marqué que les coquilles d'eau douce sont presque toutes en- tières; on trouve avec elles très-peu de fiagmcns (jui puissent leur être attribués ; qu'elles sont d'espèces qui , par analogie , D'UNE NOUVELLE AIÉLANOPSIDE. 267 doivent vivre ensemble et clans les mêmes lieux ; que leur inté- rieur est souvent vide ou rempli par la substance qui les en- veloppe; qu'elles sont espacées dans leur gangue, tandis que les coquilles marines, au contraire, ne sont conservées intactes qu'accidentellement et au milieu de détritus qui appartiennent à de semblables coquilles dont le nombre e'tait, à celui des coquilles entières , peut-être comme dix mille à un ; que les espèces de ces dernières sont très-variées, et que les babiludes que l'on doit at- tribuer à beaucoup d'entre elles sont tout-à-fait différentes. Les huitres, par exemple, et beaucoup d'autres acèphalécs n'ont, le plus souvent, qu'une valve; elles sont pèle-mèle avec un grand nombre d'univalvcs dont les plus grandes sont remplies de dé- tritus ou de petites espèces. Les considérations fournies par les fossiles sufliraient donc pour fture croire que, dans les lieux cités oii le mélange existe, ce sont les coquilles marines qui ont été apportées violemment dans un bassin tranquille qu'habitaient précédemment les mollusques lacustres; mais beaucoup d'autres faits, dans le cas dont il s'agit, concourent avec ces considérations pour faire croire que le mé- lange a effectivement eu lieu dans des eaux douces. Si l'existence, dans des eaux sulfureuses, des Mélanopsides et des Néritines que j'ai observées en Autriche, ne devenait pas une circonstance locale, puisqtie ni Olivier ni M. de Férussac ne rapportent la même chose des espèces qu'ils ont recueillies en Syrie et en Espagne, il pourrait paraître encore ciuieux de re- trouver les espèces fossiles analogues dans des couches impré- gnées d'une très-grande quantité de sulfure de fer , de sulfate de chaux et de soufie. Il est trop généralement reconnu aujounriuii que la géologie, placée long-ten]['S dans le domaine exclusif des minéralogistes, 268 DESCRIPTION D'UNE NOUVELLE MÉLANOPSIDE. doit avoir pour base aussi indispensable, la connaissance des êtres organises que celle des corps bruts , pour que j'apporte les faits consignes dans cette note , comme preuve à l'appui d'une vérité déjà démontrée par les travaux recens des zoologistes et des anatomistes qui, presque seuls, ont tracé la marche ration- nelle que suivent maintenant les observateurs géologues de toutes les nations. I DE L'ORGANISATION EXTERIEURE DES CÉPHALOPODES, COMPARÉE AVEC CELLE DE DIVERS POISSONS; PAR M. LATREILLE, De l' Académie des Sciences. ( LU DANS L* SÉANCE DD «4 MARS iSsS. ) Il resuite du beau travail analomique de M. Cuvier , sur les Mollusques céphalopodes , ou ceux que l'on désigne habituelle- ment sous les noms de Seiche, de Poulpe et de Calmar, qu'ils sont les plus parfaits de tous les animaux invertc'brés inarticule's, et dès-lors ceux de cette se'rie qui se rapprochent davantage des poissons ; mais si la comparaison des organes intérieurs respec- tifs nous amène à cette conse'quence , celle de leurs organes extérieurs semble, au premier abord, nous en éloigner ou du moins nous interdire tout parallèle. Je vais essayer d'expliquer, en peu de mots , la composition , si bizarre en apparence , de ces mollusques , et de montrer qu'elle est pareillement empruntée des mêmes animaux avec lesquels ils ont, à l'intërietu", tant d'analogie. On savait déjà, d'après les recherches de Schwammerdam, et du savant pre'cité, que les céphalopodes ne sont pas inférieurs, à ,^0 SUR L'ORGANISATION F.XTÉRlKtJIŒ IVgard tlu sens de la vue, aux poissons et même k (rautics ani- maux plus avances dans l'e'ohelle animale. Passons donc à d'autres oonsidëralions. i". Dans les Synbranches, poissons delà famille des Murènes, les hrandiies ont luie ouverluie extérieure connnmie et située à la eor"e ou sous la tète. Tel est aussi lun des caractères des Céphalopodes. 2°. Dans les poissons cartilagineux , et plus particulièrement dans les Squatines ou Anges, dans les Raies, dans lesMoles en- core, mais relativement aux nageoiies poslcrieurcs , le corps présente latéralement des expansions en manière d'ailes, soit continues, soit inierrompiies, et produites par les nageoires pectorales, soit seules, soit combinées avec les ventrales. Les lobes du juanteau ot\ des prolongcmens cutanc's forment pareillement, sur une portion des ilaiics du corps de la plupart des Céplialopodes , une sorte de nageoire, mais qui n'étant ni articulée ni sotitcnue par des rayons , est moins comparable h une vraie nageoire qu'à ces membranes qui bordent les doigts des j)alniipèdcs. Au surplus, plusieurs poissons de la faïuille des anguilliloriiics manquent de nageoires pectorales, et, sous le rapport des moyens de natation, ne sont pas plus favorises que les Céphalopodes. y. Le museau de divers poissons n'est point ou très-peu saillant, et quelquefois, comme dans les Gymnodontes , les Diodons suitout, leurs màclioiies ressemblent à une sorte de bec de perroquet. Il est bien évident que les deux fortes dents de la bouche des Céphalopodes ont les plus grands rapports avec les deux qui composent celle des Diodons ( i ), et c'est aussi h des 1 ) Pallas , Spicil. zool., compare les dents du Diodoii Mole à celles des Seiches. DES CEPHALOPODES. ^^ , mandibules de perroquet qu'on les a comparées. Il existe d'ail- leurs ici, comme là, une langue, et qui, dans les mollusques, est hérissée de pointes cornées. 4°. La bouche de plusieurs poissons, de ceux notamment de la famille des Silures et des Gastrobranches , genre de poissons cartilagineux à branchies fixes, est accompagnée d'un certain nombre de barbillons , dont quelques-uns sont parfois très- remarquables par leiu- longueur et leur villosité. On en connaît qui en ont jusqu'à huit, disposés par paires , en quantité égale à chaque mâchoire, et dont les inférieures sont même réunies à leur base. La forme et les usages de ces tentacules, dont les supérieurs sont analogues aux antennes des crustacés et des in- sectes, peuvent, ainsi qu'elles, varier. On conçoit dès-lors , qu'à raison de leurs situations respectives, les pieds et les bras des Céphalopodes ne sont que les mêmes barbillons plus développés et appropriés à d'autres fonctions ; letn- nombre est de huit à dix, et, comme l'a observé M. Cuvier, ils servent à saisir, à marcher et à nager. 11 me parait que divers Ptéropodes, les Clio spécialement, reproduisent, sous d'autres formes, ces mêmes organes : aussi ces animaux composent-ils , avec les précédens et sous ce point de vue, une section naturelle , celle des mol- lusques pourvus d'espèces de nageoires , ou véritablement nageurs. Dans mon Mémoire sur le passage des animaux invertébrés aux vertébrés, j'avais dit que, selon mes présomptions, c'était avec les Raies et d'antres poissons cartilagineux que les Cépha- lopodes avaient le plus d'affinité. Cette pièce intérieure de leur corps, et comparable à une sorte de vertèbre générale, libre, et ne pouvant, faute de canal et de quelques autres dispositions, servir d'étui à la moelle épinière, offre, dans sa structure et sa ■x-j-y. SLR L ORGAN. EXTÉRIEURE DF^ CÉPHALOPODES, consistance, une grande analogie avec les os des poissons car- tilagineux, et se modifie de même progressivement. Puiscpi'on admet dans les Céphalopodes Texistence d'un crâne, il est évident que s'ils étaient pourvus d'une coloruie vertébrale, elle devrait s'unir avec lui. Or, comme la pièce qui pourrait la représenter est entièrement libre et sans articulations, on ne peut donc accorder à ces animaux un véritable squelette. Son absence entraine, comparativement aux poissons, des changemens im- portans dans les autres systèmes, et, quoique de part et d'autre la respiration s'opère au moyen de branchies, par cela même que l'eau, dans cet acte, n'entre plus par la bouche, les Céphalo- podes, ainsi que les Crustacés et d'autres animaux invertébrés, s'éloigneraient essentiellement des poissons. L'exposition des autres différences anatomiques n'entre pas dans mon sujet. Les rapprochemens que je viens de présenter nous annoncent que les Céphalopodes tiennent de près aux poissons par plusieurs de leurs caractères extérieurs, et qu'ils doivent être placés, ainsi que l'a très-bien jugé M. Cu\ier, à la tète de la série des Mol- lusques. APERÇU GEOGNOSTIQUE SUR LE BASSIN CxYPSEUX D'AIX, DÉPARTEMEINT DES BOUCHES-DU-RHONE. PAR M. BERTRAND-GESLIN. (tu DANS LA SÉANCE DD 3 J ANVIEE l823.) PREMIÈRE PARTIE. — DESCRIPTION GEOGNOSTIQUE. N'ayant pour but, dans ce travail, que défaire connaître quelques faits observes, au mois d'octobre dernier , dans le bassin gypseux d'Aix en Provence, je n'entreprendrai pas d'exa- miner ce qui a e'ié écrit sur cette formation gypseuse, l'une des plus célèbres que nous ayons en France sous tous les rapports. Ainsi , devant me borner à la simple exposition des faits , il ne me parait pas cependant inutile de donner une idée de la to- pographie de ce bassin, et de faire mention des roches qui lui ont servi de circonscription. Ensuite je ferai l'énume'ration des di- verses sortes de couches constituant le bassin gypseux d'Aix, en suivant leur ordre de superposition de bas en haut. Le bassin gypseux d'Aix présente, au nord de cette ville, un plateau assez élevé qui s'étend de trois lieues en longueur du S.E. au N. O., et d'une lieue et demie en largeur du N. E. au S. O. Ce plateau est borné, au sud, par Aix et la plaine de l'Arc; à 35 ,,4 APERÇU GÉOGNOSTIQUE l'ouesl, par la chaîne des montagnes de Ventabren; au nord, par la rivière de la Touloubre, et à l'est, par l'abattement des înontagnes du Tolonet et de Sle.-Vicloire. La surface de ce plateau , très-bien cultivée , présente (jnclqucs collines qui vont en s'abaissant, ainsi que la pente gcncrale du terrain, vers le nord, c'est-k-dire vers la Touloubre. Les eaux sont rares dans ce terrain , aucun ruisseau ne le sillonne. Du côte du sud le pays change d'aspect : le bassin de ce côte présente des escarpeinens taille's à pic (i), couronnes de plusieurs buttes, dont la plus élevée est celle qui domine les plàtrières sur la roule il'Aix à Avignon. Ses flancs ont e'te' ravine's, déchires en forme de caps; des ilôts en ont ëtë détaches, et restent isoles dans la plaine oîi coule l'Arc. Quelques sources sortent de ces ravins qnelcjuefois assez profonds. A partir de la montée d'Avignon, les escarpemens vont en diminuant vers l'ouest jusqu'au château de St.-Martin qui en esi la dernière butte. Le Bassin gvpseuv d'Aix me paraît donc assez bien limite ge'o- logiquement par une ligne qui passerait, en sortant d'Aix du côte de l'est, aux moulins de la butte St.-Eutrope, suivraitle tor- rent de la Mignarde, irait rejoindre la Touloubre sur la route de Venelles, cotoyerait cette rivière jusqu'à la Caladesur la route de Paris, et de-là, revenant à St.-Martin , ;i Valserre, gagnerait la route de Condoux jusqu'à Aix. Je ne prétends pas, en donnant ici une idée de la circonscrip- tion du Bassin gypscux d'Aix, assigner les limites du terrain ter- tiaire. Je sais que ce terrain se rencontre sur les bords de la Du- rance, près Beaulieu, et qn'il se coiuinue bien au-delà de St.- (i) Ces escarpemens poi Uiit , dans le pays , te nom de Barret. i SUR LE BASSIN GYPSEUX D'AIX. 2^5 Martin. J'ai donc cru devoir les donner, quelqu'incomplètes qu'elles fussent , en attendant que de nouvelles courses dans cette localité me mettent à même de les reconnaître avec plus d'exactitude. Ainsi, d'après les limites que j'assigne au Bassin gypseux d'Aix , j'ai remarque' que les couches qui le forment se sont déposées dans un vaste lac circonscrit par des terrains de nature bien différente. L'un est un terrain de sédiment ancien , l'autre un terrain de transport. § I. Du Terrain de sédiment ancien. Ce terrain de sédiment ancien se divise en terrain de sédiment inférieur , et terrain de sédiment moyen. Le terrain de sédiment inférieur, formant des montagnes éle- vées qui , au sud-est, servent de limites au Bassin gypseux , se présente sur le flanc est de la butte de St.-Eutrope ( dans le che- min qui va d'Aix à la Mignarde), composé, ainsi qu'il suit, en allant de bas en haut ( V. Coupe A ). 1°. Un calcaire alpinnoir, traverséde veines spathiques, en cou- ches peu puissantes. 2°. Un calcaire alpin rempli de veines spathiques et d'argile rouge, contenant des Terebratules, des Bélemnites, etc., et for- mant deux couches de vingt pieds de puissance chacune. 5°. Calcaire alpin avec nodules de silex , peignes, terebratules, alternant avec des calcaires marneux jaunes. 4° et 5". Poudingue de calcaire alpin dont je parlerai plus tard. Toutes les couches de cette formation alpine inclinent au nord de 45°, se dirigent de l'est à l'ouest , et reposent sur un calcaire argileux noir. Les montagnes de calcaire alpin qui s'étendent depuis les ijG APERÇU (;ÉOGNOSTIQUF, moulins de St.-Eutrope , en suivant le lit du torrent de la Mi- gnarde jusqu'à Venelles, sont escarpées au sud; leurs couches s'inclinent au nord, et se dirigent de l'est à l'ouest, comme je viens de le tlire ci-dessus. Le terrain de sédiment moyen est un calcaire compacte (in du Jnra, avec corps organisés fossiles très-altére's , qu'on peut ce- pendant reconnaître pour des univalves. Ce calcaire se présente en couches de plusieurs pieds de puis- sance, inclinées au sud de 25°, et se dirigeant de l'est à l'ouest; il forme la chaîne de montagnes qui, partant de Venlabren, vieiu joindre le Bassin gypseux à \alserre, et de-là le limite bien au-delà de St.-Martin. § II. Du Terrain de transport. Ce terrain de transport est un poudingue coiuposé de cailloux primitifs, de calcaire alpin et de calcaire du Jura. Ce poudingue, par sa position géognostique , par la nature des roches qui entrent dans sa composition, et par leur mode d'aggrégation , parait être un Nagelfluhe. Ce terrain de transport recouvre le calcaire alpin , et porte les couches du terrain gypseux. Il présente, dans la manière d'être des débris qui le forment, dans leur nature , dans leur mode d'aggrégation , des diflerences assez évidentes pour qu'on puisse y reconnaître deux époques de formations bien iranchées. Ce Nagelfluhe oll'ie deux variétés, savoir: le poudingue cal- caire, et le pouchngue polygénique de M. Brongniart. Le poudingue calcaire est le plus ancien, il est entièrement formé de fragmens de calcaire alpin réunis par une pâte calcaire spathlque , et repose inunédiatement sur le cakaire alpin, comme on le voit coupe A, n. 4 (chemin de la Miguarde). SUR LE RASSIN GYPSEUX D'AIX. 377 Le flanc ouest de celte même butte de St.-Eutrope, mis à dé- couvert parles travaux de la roule de Venelles, offre une belle coupe B de ce terrain de poudingue. D'a^îrès cette coupe B , Icfe couches n° 1 présentent des frag- mens d'autant moins arrondis qu'ils sont places plus près du cal- caire alpin. Quelques-uns de ces fragmens, traverses de veines spathiques, ont plusieurs pieds de diamètre. Leurs angles sont tellement aigus et leur surface si fraîche qu'on croirait qu'ils viennent d'être brises à l'instant. Le ciment qui les unit est spa- thique; ou y voit des cavite's tapissées de cristaux de chaux car- bonate'e. Ces couches du n" 1 atteignent quinze pieds de puis- sance. Vient ensuite : N" 2. Banc de psammite calcaire gris, contenant un banc de cailloux roules, et recouvert par deux bancs de même nature. N° 5. Marne sableuse grise scliisteuse et compacte ( 3 pieds ). N° 4. Banc de cailloux roide's, gros comme la tête (3 pieds ), recouvert de deux bancs de petits cailloux roules d'un pied chaque. N° 5. Lits de psammite calcaire de huit à deux pouces chaque ( 4 pieds ). N° 6. Lits de marne schisteuse, avec un banc de psammite de six pouces (5 pieds). Les fragmens à angles non e'mousse's ne reparaissent plus dans les couches supérieures. Toutes les couches dont je viens de parler gardent entr'elles un parallélisme complet , et inclinent au nord d'environ vingt degrés. Ces poudingues se prolongent jusqu'après le couvent des Frères gris. Derrière ce couvent, comme ils commencent à s'é- loigner des montagnes alpines, ils contiennent des cailloux pri- 278 APERÇU C.KOC.NOSTIQl F. mitiis et de calcaire du Jura. Ces poudingues sont recouverts de calcaire compacte gris et rose, n°' 7, 10 et ti, enveloppant des couches de marnes calcaires, et de psamiiiiie n"" 8 et (). Ces bancs de calcaire rose ont un pied et plus Vie puissance. Les couches de ces cinq numéros ont subi des bonloverse- mens qui les ont redressées et conlournees comme j'ai essayé de le rendre dans la coupe B. Les couches suivantes n'ont pas e'te' si tourmentées ; ces couches sont ainsi composées : N" 12. Psammite compacte gris, calcaire, alternant avec un calcaire gris. N" i5. Calcaire marneux rose (4 pieds ). N° i4. Marne psanmiitique schisteuse grise (8 pieds). N" 1 5. Marne calcaire jaune schisteuse en lits minces (très- puissante). N" 1 6. Poudingue poh gdnique. Je pense que cet ensemble de couches , depuis le n" 9 jus- qu'au n" lô inclusivement, appartient ;i la forniaiion du pou- dingue calcaire. Le poutlingue polygenique recouvre; le poudingue calcaire ; il a acquis une beaucoup plus grande extension que ce d«;rnier, et forme des collines très-éleve'es qui servent de ceinture au Bassin gypseux. La nature de ses fragmens toujours roulés varie beau- coup, suivant les lieux. Dans le voisinage des montagnes alpines, ils sont presque enticremonl de calcaire alpin; lorsqu'ils commen- cent h s'en éloigner, les cailloux prinnlils et de calcaire du Jura deviennent plus abondans ; enfin il y a une limite oîi les cailloux de calcaire alpin ont tout-à-fait disparu. Le poudingue n'est alors formé que de cailloux primitifs et de calcaire du Jura ; sa pâte est marneuse, argileuse ou psammitique; il se présente en cou- ches assez épaisses alternant avec des psammiles et des argiles SLR LE BASSIN GYPSEUX D'AIX. 279 bleues; mais ces couches n'ont point de continuité, et n'obser- vent pas entr'elles un parallélisme aussi régulier que celles du poudingue calcaire. Maigre que ses couches ne soient pas très- réguhères, on voit cepentlant qu'elles inclinent au nord. Ce poudingue se présente dans les lieux suivans : sur le flanc N. E. delà butte de St.-Eutrope, route de Venelles ( coupe A, n" 5, et coupe B, n° 16 ); sur la même route, à la Bastide de M. Pontier, où il forme des monticules très-élevés. Cette chaîne de monticules se dirige à l'ouest , va traverser la route de Paris au commencement de la montée d'Avignon , de-là passe à St.- Mitre(i), et va se terminer à la Bastide de Monjeau. Ce poudingue se rencontre encore au nord du Bassin d'Aix, à la Calade sur la route de Paris. Là les cailloux de calcaire alpin ont entière- ment disparu; ceux de calcaire du Jura sont très-abondans ; ils sont agglutine's par un ciment calcaire. Ce poudingue alterne avec des mollasses jaunes micacées, et forme des monticules peu élevés sur la rive droite de la Touloubre. Telles sont les roches qui m'ont paru avoir servi de limites du côte du sud, de l'est et de l'ouest, au grand lac dans lequel s'est dépose le terrain tertiaire gypseux d'Aix. Les limites du côté du nord-est ne me sont pas aussi bien connues , n'ayant pu les visiter qu'aux environs de la Calade , et sur la route de Venelles , après la Bastide rouge. Il me reste donc encore à voir si, de ce côté, le Bassin gyp- seux d'Aix va se réunir avec le Bassin gypseux tertiaire qu'on m'a dit exister à Carias près Beaulieu , et qui s'étend jusqu'à la Durance. (i) Ces Poudingues reposent ( à St.-Mitre) sur des argiles rouges, que je n'ai pas vues sur un assez grand nombre de points pour savoir à quel terrain elles appartiennent. a8o APERÇU GÉOGNOSTIQUE J'espère pouvoir compleier, l'eie' prochain, mon travail sur le Bassin d'Aix, eu le comparant avec celui de Carias, et faire connaître, dans la seconde partie de ce Mémoire, les rap- ports ou les difleieuces cpai peuvent exister entre ces deux bas- sins g) pseux. § III. Du Terrain tertiaire gypseux. Ce terrain n'ofTre pas, dans les diverses roches qui le com- posent, tics différences assez tranchées, et des séparations assez brusques dans leur ordre de succession, pour que je puisse (dans l'énumeralion que je dois en faire) y reconnaître des alternances évidentes de formations marines et d'eau douce. Ce terrain se compose donc, d'après ses caractères minéralo- giques, à partir du Nagelfluhe, savoir (V. coupe C): 1°. De Molasse; 2". De Marnes argileuses ou calcaires; 3°. De Calcaire compacte commun blanc, avec liis de silex. 4°. D'une formation gypseuse , avec marnes calcaires schis- teuses ; 5°. D'une formation de sable micacé' jaune; G". De calcaire marneux coquillier , alternant avec des marnes argilo-calcaires. 7°. De Calcaire siliceux coquillier. De la Molasse. J'ai cru devoir placer à l'article du terrain tertiaire cette for- mation de Molasse que nous avons vue reposer sur les pou- dingues polyge'niques à la Bastide de Monjean , parce qu'elle me parait avoir avec les couches inférieures de la formation tertiaire des liaisons geognostiques assez grandes. Cette molasse (coupe C, SUR LE BASSIN (lYPSEUX D'AIX. 281 q" 1), inférieure à la formation des marnes argileuses, est peu micacée , jaune , rougeàtre , très-calcaire , contenant quelquefois des fragmens de quarz et de roches primitives. Celte molasse repose sur le poudingue, h la Bastide de Monjeau, et alterne avec des marnes argileuses sur les chemins d'Aix h St.-Milre, a Puyricard, ainsi qu'à la barre des moulins de la Sèbe au-dessous de la plàtricre de Regniei-. Des Marnes argileuses et calcaires. Cette formation se compose de marnes plus ou moins argi- leuses ou calcaires, qui se délayent dans l'eau, font une pâte courte avec elle, et présentent une violente effervescence dans l'acide nitrique. La coupe C offrant leurs diverses superposi- tions, je ne décrirai que celles qui offrent quelqu'inte'rét. Le n" 2 de la coiqje C est une marne argileuse verte , qiti con- tient dans ses fissures des cristaux de gypse assez abondans , en outre des nodules de psammite jaune, et un banc de nio' oSe compacte jaune calcaire. Vient ensuite une marne blanche, n" 3 , avec coquilles turri- culëes écrasées , ayant à sa partie supérieure un lit de coquilles bivalves transverses , dont quelques-unes portent un pli a la partie postérieure.Le test de ces coquilles est extrêmement mince; les plus grandes se rapprochent un peu des Tellines. Elles sont en si mauvais état que leur détermination est impossible. Ces coqtiilles bivalves sont mêlées avec des coquilles turriculées qui n'ont point été écrasées comme les précédentes , et qui parais- sent, par la granulation des tours despire, se rapprocher beau- coup d'une Cérithe qui se trouve en très-bon état au-dessus du gypse, et dont je ferai mention plus tard (1). (i) J'appellerai donc désormais Cérilhes , toutes ces coquilles ù spire al longd-e et 36 28a APERÇU GKOGNOSTIQUE L'empreinte de ces mêmes Ceritlies réparait encore dans un calcaire compacte commun blanc, n" 4, avec tubulures siimeu- ses , comme dans les marnes d'eau douce. La marne argileuse, lie devin, n"5, contient des cocpiilles univalves conoides qui s'approchent beaucoup d'un Hélix par leur spire aplatie. Vient ensuite le calcaire cojupacle comnuin , n° 6, avec Cérithes. Marne schisteuse blanche , n" 7. Marue lie de vin, friable, n" 8, avec Cërithes écrasées et Ile'lix, conune dans le n" 5. Marne argileuse verte , sans coquilles , n" 9. Les coquilles bivalves du u" 3 reparaissent avec des Cérithes dans des marnes blanches, grises (n° 10), qui sont recouvertes de deiLx bancs de marne verte sépares par une marne blanche schisteuse avec Cérithes ( n° 1 1, 1 2 et i5, coupe C). Des Calcaires compactes communs , avec lits de Silex. Ces calcaires blancs ( n" i4, coupe C) sont en bancs com- pactes assez puissans , alternant avec des marnes schisteuses. Ils contiennent des Cérithes écrasées, et des lits de Silex dans les bancs supérieurs. Ces Silex sont les premiers qui aient encore paru dans ces couches inférieures au gypse. Ils sont pyioma- ques, se fondent dans la pâte calcaire, passent aussi au Silex resinite, en prenant tous les caractères de ceux du terrain d'eau ur la route de Venelles (butte de Sainl- Eutrope, pr OBSERVATIONS uianuscril, et par conséquent inconnu à presque tous les natu- ralistes. 11 paraît, d'après ce queBrocchi eu dit, que ces Fucus se rapproclieni de quelques espèces que nous décrivons dans ce ^Mémoire. On doit pourtant présumer, d'après le nombre des planches qui accompagnent ce travail, que Targioni possédait beaucoup plus d'espèces que nous n'en connaissons. Tiu-ner, dans son superbe ouvrage sur les Fucus, vol. II, p. 70, à l'article du Fucus Ugulatits , dit que le docteur Scott lui a -annonce avoir trouve des empreintes de ce Fucus sur le basalte de la Cliausse'e-des-Geants; mais celte indication est trop vague pour qu'où puisse avoir une grande conliance dans cette observation, car on n'a, jusqu'à présent, trouvé aucun corps organisé fossile, et surtout végétal, dans le Basalte. Enfin, l'année dernière, M. Schloiheim, dans un supplément h son ouvrage sur les pétrifications (i), a fait connaître, sous le nom cWIIgaciles , quelques Fossiles qu'il rapproche des Algues ou plantes marines, et dont il n'avait pas parlé dans sou pre- mier ouvrage. A la même époque oii ce supplément paraissait en Allemagne , j'indiquais , dans le Mémoire que j'ai publié dans les Mémoires du Muséum (2) , ce groupe de végétaux fossiles , sous le uom de Fiicoïdes , et j'aunonçais le travail que je publie maintenant. L'examen que M. Agardh a fait de ces Fossiles, lors de son sé- jour à Paris ( eu janvier 18-21 ), et les observations qu'il a bien voidu me communiquer à ce sujet, ajouteront certainement beaucoup à cette Notice : aussi j'indiquerai avec soin, par les mots --^g. Mss., les espèces que j'ai pu soumettre à cet habile botaniste , qui a fait une élude toute particulière de la famille des ^C) Kai-hliagezur Pelrcfactenkunde, von. E. F. Baron von Seh/ollicim. Golha, l82î l'î) Sur ta Classific. et la Dislrib.des Vcgét. fossiles. Méin. du Mus., vol. VIII. SUR LES FUCOIDES. 3u3 Algues. Ces espèces ont ëte indiquées par lui clans le Sjjec/es AJgarinn dont il vient de publier le premier volume; mais, de- puis cette époque, le nombre des espèces que je connaissais a beaucoup augmente, et il est probable que lorsqu'on recherchera ces vègeïaux avec soin dans les lieux où on en a déjà rencontre, on en distinguera mi plus grand nombre. Je n'ai pas parle, dans ce Mémoire, des prétendues Conferves trouvées dans des cristaux de quarz, n'ayant pas eu occasion de les examiner moi-même; je n'aurais pu que rapporter ce que les auteurs en ont dit, et je préfère, dans ce cas, renvoyer an Mé- moire publié, sur ce sujet, par M. J.Mac Culloch dans les Tran- sactions géologiques (i) oii on en trouvera de très - bonnes figures. Je dois remarquer, en outre, que, si ces singulières arbo- risations sont réellement des restes organisés végétaux, ils devront former un genre particulier parmi les plantes fossiles dans le- quel ou pourra ranger tous les végétaux fossiles confervoïdes à filamens articulés. Aux espèces observées par moi-même, j'ai dii en ajouter cinq figurées par M. Schlotheim , sous les noms Ôl Jlgacites crispi- forinis , filicoïdes , granulatiis , orohiforinis et frumcn- iarius , dans l'ouvrage que nous avons déjà cité; mais, parmi ces Fossiles, il n'y a que la première espèce que je croie pou- voir ranger parmi les plantes appartenant évidemment à la fa- mille des Algues; les autres me paraissent difterer tellement des Fucus vivans , que je les réunirai à la fui avec quelques autres espèces douteuses que je n'ose pas rapporter avec certitude à cette famille. Ou verra, en effet, combien il est dillicile de bien (i) On r cgctabh' rcfiiains prcscjvcd in Chaîcedony by J. Mac Culloclif M. D. , ctc Transactions of thc gL'ological societj. vol. Il, p. 5io. London, i8i4- 3o4 OBSERVATIONS fixer les limites d'une famille dont les genres et les espèces vi- vantes présentent tant de variations dans leurs formes et dans leur aspect,' lorsqu'on est prive' des caractères les plus précieux pour établir dos rapprochemens exacts, l'organisation interne et le uiotle de fruclificallon, caractères qii'on ne peut jamais obser- ver sur les Fossiles, pour lesquels on doit se l)oruer aux carac- tères extérieurs que fournit le port, la forme et l'aspect que conserve la plante après être passée à l'état fossile. Nous croyons cependant que tout le monde sera d'accord avec nous pour placer dans la famille des Algues non arlicidées les espèces (|ue nous avons rapportées comme certaines à celte famille ; quant à celles que nous avons placées, avec doute, àla fin du genre l"u- coïde , il n'y en a que deux que nous ayons observées par nous- mêmes, et leur forme est si singulière (jue nous n'osons pas les ranger, avec certitude, parmi les plantes marines; nous ne con- naissons les quatre autres que d'après les figures de M. Schlo- theim, et, en Jious en rapportant à ces figures, elles tliflèrenl tellement de toutes les Algues décrites et figurées par les bota- nistes , que nous douions beaucoup qu'elles fassent partie de cette laaiillc. S'il nous reste peu de doutes sur la position que tloiveiit occuper , dans le règne végétal , les Fossiles que nous décrivons dans ce Mémoire;, il n'en est pas de même de la distinction des espèces; rien n'est en efl'et plus embarrassant (jue de savoir ce qu'on doit regarder comiue espèces ou comme vai iétés tlans des corps fossiles de formes, en général, très-variables dans luic même espèce; d'autant plus qu'on doit souvent se déciiler d'après peu d'éA!1 ^I. CHARLES KUNTH. (lL'E DA\à l.AStANCEllU ij MABS l8j.3.) SwARTZ, en joigiiaat le genre Eiigenia de Liinio ;ui genre Myrliis, n'expose point les raisons qui l'ont engage' à celle réu- nion. Coninie je partage enlièiement l'avis de cecelèbre bulanisie, je tâcherai de suppléer à eelle omission, et j'espère prouver ipic les caractères diOerenliels consignes par les ailleurs n'offrent :ni- ( une constance, qu'ils nesont poinlen rapport entre eux, ni iudi- ijues d'avance par un porl parliculier : aussi les botanistes qui ont parle des deux genr(;s dont il s'agit ne sont-ils point d'accord sui- les caractères qu'ils leur assignent. C'est tantôt dans le nombre des parties de la lleiir ( connue M. de Jussieii), tant(')t dans la natuie du fVuii (comme Gaertner) (i), tantôt dans le nombre de ses lo- (i) GaTlticr a inul a propos regardé le fruit de l'Kugeiiij coinine un Hriipe. De ^ru^lillus, 1. p. ili;, iGy). su il J.RS GENRES MYRTUS ET EUGENIA. 3^3 ges el de ses- graines (comme Willdeijow), qu'ils ont clierchë les différences génériques. .' J'ai examiné sous ces rapports un grand nombre d'espèces de Myrtus et d'Eugenia conservés dans les herbiers ; voici le ré- sultat de mes recherches : i". J'ai trouvé le non»bre des divisions du calice et celui des pétales souvent variable dans le même individu (exemple : le Myr- tus coccolobsefolia et le Myrtus acuminata), ou souvent différent dans des espèces très-voisines ( exemple : le Myrtus vaccinioides et le Myrtus myricoides, le Myrtus deflexa Poir. et le Myrtus emargiuata). 2°. Les loges de l'ovaire sont au nombre, tantôt de deux, tan- tôt de trois sur la luême branche (exemple: le Myrtus micro- phylla, le Myrtus comnumis, le Myrtus umbellulifera et le Myr- tus salicifolia ). 5". Le nombre des ovules dans chaque loge varie dans les es- pèces les plus voisines et très-souvent dans les mêmes individus. (^n observe deux ovules dans le Myrtus polyantha, le Myrtus acuminata et le Mm( us complicata; deux à qualie dans le Myr- tus microph y lia ; trois à cinq dans le Myrtus malpighioides ; six à huit dans le Myrtus casearioides ; douze à seize dans le Myrtus maritima, et vingt-cinq à trente-six dans l'Eugenia Jambos. Les espèces qui contiennent deux ovules dans chaque loge, ressem- blent souvent beaucoup à des espèces à plusieurs ovules, et l'on ne peut les éloigner, sans rompre des rapports naturels. x\insi le Myrtus deflexa Poir. présente un ovaire à deux loges dispermes, tandis que le Mvrtus pubescens, espèce très-voisine, offre plu- sieurs ovules dans chacune de ses loges. 4°. Depuis que l'on étudie l'organisation de l'ovaire , luî grand nombre de genres fondés uniquement sur l'avortement des loges J24 SUR LES GENRES ou des graines , a e'ié supprimé avec raison. L'avortenieni ne sau- rait non ]>Iu.s fournir ici des caractères admissibles, car il n"a rien de cousianl, et ne donne cjiie des coupes arlilK'ielles. Witr^ deno^v cl daulres botanistes ont range parmi les Myrtes , qu'ils disent polyspennes, des espèces dont le fruit a une à trois loges monospermes (exemple: le Myrtus Leandri, le Myrtus Pimento et le Myrtus androsa.'moides ), et parmi les Eugenia, des espè- ces qui ont plus d'une graine, quoique dans le caractère généri- que ils leur attribuent un fruit monosperme ( exemple : l'Euge- nia Jambos a souvent deux graines, et l'Eugenia albida de Bon- pland en a plusieurs). Toutes ces contradictions prouvent l'in- suffisance ou plutôt la nullité de ce caractère. 5". Ine diflérence , plus importante au premier abord, s'ob- serve dans la structure de la graine de diverses espèces. M. Lintl- ley, auquel nous devons déjà tant de belles observations, a de nouveau fixé l'attention sur cet objet (Collecl. bot. 4. tab. ig). Avant lui, Ga^rtner s'était déjà servi des caractères tirés de la se- jncnce pour distinguer ses genres Syzygium, Greggia, Carv)- pliyllus, Janibolifera, qui, conunenousle démontrerons dans la suite, ne sont qu'un tlémembrement inadmissible du genre Myr- tus. Voyons d'abord en quoi consistent ces tlifférences. Le Myrtus conmiunis , qui, d'après M. Lindiey, doit être re- gardé connue le type du genre Myrtus, oll're un embryon courbé en demi-cercle, dont la plus grande partie est formée par la radi- i:ule;les cotylédons y sont très-petits etpresque égaux; l'embl^ou est recouvert par deux tégumens, dont l'extérieur luisant et d'une consistance ciustacée. Quelques espèces, comme le Myrtus mi- cropliylla , le M. myricoides, le M. vaccinioides, l'Eugenia par- viflora, Lam., le Myrtus tomenlosa, etc., oifrent absolument la même structure. D'autres présentent quelques diflérences ; dans MYRTUS ET EUGENIA. 325 le MyniisLeandri^par exemple, que les syslëinatiques, à cause de son fruit raonospenne, rangeraient sans doute parmi les Euge- uia, l'enveloppe extérieure est très-dure et osseuse ; le lesta du Myrtiis salularis est également osseux, mais non luisaiu conmic dans le précèdent; les cotylédons sont en outre très-petits ei fléchis en dedans. Les graines du Myrlus Pimenlo, recouvertes d'une seule enveloppe, ont, d'après Gaertner, l'embryon formé presque entièrement par la radicule et contourné en spirale. Une organisation encore très-différente distingue le Myrtus brac- teolaris Poiret , le Myrtus coccolobœfolia ?, le Myrtus Billai- diana, le Myrtus acuminata? et le Myrtus emarginata?; le tégu- ment propre de la graine y est simple, les cotylédons sont grantis, plus ou moins foliacés et diversement plissés ou chifl'onnés , !a radicale est extérieure et très-longue. La graine de l'Eugenia Jambos montre une nouvelle modification ; elle ressemble un peu à celle d'un laurier; une membrane sijuple recouvre deux gros cotylédons, réunis entre le centre et le bord au moyen de la radicule qui est courte et cachée entre les cotylédons ; la plu- mule est également visible. L'Eugenia alljida de Bonpland, l'Eu- genia uniflora etleMyrtus distichadeSwartz (i) offrent une struc- ture assez analogue; ils ont une enveloppe simple, mais leurs cotylédons sont soudés entre eux, et l'on n'aperçoit ni radicule ni plmnule ( Embryo partibus omnibus invicem conferruniinatis , Lindley). Dans l'Engenia malaccensis, les cotylédons sont seule- ment soudés entre eux par leur bord ; la radicule est distincte , mais cachée entre les cotylédons. (1 j Le Myrlus Ijuxilolla S« . , l'Eugenia niiciociirpa Lam. , et plusieurs autres es- pèees que j'ai esamiiucs, présentent la même structure; au moins je n'ai pu y distinguer ni cotylédons ni radicule. 3ï6 SLR LES GENRES Mais les caractères que je vieus (l'ex^x>ser ne peuvent être ob- serves que dans des graines parrailenieiu niùres, et nos herbiers ne renfeinient qu'un très-pelit noml)re d'espèces en fruit. Or, en établissant des genres il'après ces considérations, |)lus des neuf dixièmes des espèces connues de Myrlus et d'Eugeuia, ne pourraient être classées, car l'organisation des graines n'est in- diqiuHJ d'avanceni par le port ni par aucun caraclèrequi se voye dans la fleur. Je dois observer ici que ce n'est uulieuieul la diilicullé que présenterait la recherche de semblables caractères génériques qui m'empêcherait de m'en servir , s'ils existaient réellement. Si nos observations s'étaient toujours arrêtées à desobjçis faciles à voir, la botanique serait encore peu avancée , et nous ne connaîtrions pas une moitié très-intéressante du règne végétal, les Cryptoga- mes. 11 est possible que dans la suite, quand on aura examiné un plus grand nombre d'espèces , on s'aperçoive de quelque con- cordance entre l'organisation de la graine et celle des autres parties de la plante ; mais on peut supposer aussi, et peut-être avec plus de raison , que l'on trouvera des nuances nouvel- les , et alors elles feront disparaître entièrement les diflérences qui , déjà, dans l'état actuel de la botanique, perdent lîeaucoup de leur importance, quand on les réduit à leur juste valeur. Il n'existe aucune différence réelle entre un embryon courbé et un embrvon en spirale; les cotylédons du Myrtus sahitaris, encore petits, mais déjà iléchis en dedans, font le passage entre les coty- lédons du Myrtus communis et ceux du Myrtus bracteolaris ; les "ros cotylédons de l'Eugenia Jambos se retrouvent dans le Ca- ryophyllus aromaticus, rangé déjà par Willdenow parmi les Eu- geoia , et ses sinuosités très-sensibles rappellent les cotylédons chiffonnés. Ce passage est encore plus sensible entre l'embiyon MYRTUSETEUGEINIA. 857 de l'Eugenia Jambos et celui de l'Eugeiiia malatcencis, dn Myi-- tiis all)ida, du MyrUts dislicliaj etc. D'après ces considérations , les genres de Gœrtner, Greggia , Syzygiiim , Janibolit'cra et Caryophyllus , fondes nniquemeiit sur la structure de l'embryon doivent disparaître, et il est même probable que Gœrtner ne les aiirait pas distingues, s'il avait exa- mine les graines d'im plus grand nombre d'espèces, surtout celles de l'Eugenia Jambos. Nous observons en outre que l'absence de l'enveloppe propre de la graine dans ces quatre genres, ne md- rite aucune attention , parce que cette enveloppe existe dans les graines inoins avancées. M. Lindley est dispose à conserver les genres que nous pio- posons de supprimer et même à en créer de nouveaux; il regarde comme importans des caractères dont nous croyons avoir dé- montre l'insuflisance, et il en admet d'autres dont nous devons par- ler encore. Ces derniers sont un style droit ou courbe en crochet, des ëtamines rigides ou légèrement tordues, un placenta plus ou moins gros, on son absence totale. Même sans avoir examine, sous ce rapport, les diverses espèces de Myrtns et d'Eugenia, il était facile de prévoir que des caractères fondés sur des modifications aussi légères , devaient présenter toutes les nuances possibles. Le style est courbé à son extrémité, parce qu'il était trop long pour rester droit dans le bouton de la fleur; l'obstacle levé, il peut encore , plus ou moins de temps, conserver cette direction, et l'on trouve sur les mêmes branches du Myrtus communis, tantôt des styles droits et tantôt des styles en crochet. Ce que nous venons de dire du style se rapporte aussi aux éta- mines ; ayant déjà toute leur longueur dans le bouton, elles étaient obligées de se replier sur elles-mêmes, et à proportion que l'on prend des fleurs plus ou moins développées, on trouve les éta- .\iè SUR LES GENRES MYRTUS ET EUGENIA. mines plus ou moins droites. Quant à la grosseur des placentas, elle est toujours en rapport avec le nombre des ovtdes qui s'y atta- chent; un grand nombre demande un large support, im moindro nombre peut se fixer immédiatement à l'axe central. Lu genre Myrtus, devenu de cette manière très-nombreux en espèces , présente dans son inflorescence des caractères diftèren- tielstort sensibles, et qui ont l'avantage de donner des coupes très-naturelles. Ce sont eux que nous avons employés dans la classiticaiion des espèces rapportées parMM.de Humboldtet Bon- pland, et qui ont été publiées par nous dans les Nova Gênera et Speciea Plantarum Americœ œquinoctialis. ANAÏOMIE D'UNE LARVE APODE, TROUVÉE DANS LE BOURDON DES PIERRES. PAR FEU LACHAT ET VICTOR AUDOUIN (0. LU A LA SOCIETE PHILOMATIQDE, LE 12 AOOT 1818. L'histoire de l'insecte imparfait est en général l'histoire de ses plus longs momens. Echappe de sa demeure primitive, il (t) Ce travail a déjà cti- Imprimé en 1819 dans le Journal de Physique (tom. 88 , pag. 228), mais les figures qui l'acconipagnenl n'ayant pas été toutes représentées , j'ai pensé qu'il m'était permis de le reproduire dans le recueil de la Société; j'avouerai d'ailleurs que, mettant de côté tout sentiment personnel, j'ai cru payer par-là un tribut à la mémoire d'un excellent ami enlevé à la science au début de sa carrière. M. Lacbat est décédé le 3 octobre 1818, peu de temps après que nous avions lu ce Mémoire à la Société philomatique de Paris, et au moment où nous étudiions anato- miquemcnt les organes copulateurs des Bourdons ; j'ai depuis continué et rédigé ces recherches, et j'en ai fait un Mémoire que j'ai cru digne d'être présenté au nom de mon ami et au mien à l'Académie des .Sciences. Il ne m'appartient pas de juger ces travaux ; mais s'ils présentent quelques vues neuves, s'ils offrent quelque intérêt et s'il y a la moindre gloire à en retirer, elle est de moitié réversible sur mon ami. J'ajou- terai que nous avons fait ensemble quelques autres observations trop peu importantes pour être publiées isolément ; je m'empresserai de rappeler ces propriétés communes et indivisibles lorsque l'occasion se présentera de les faire ressortir avec avantage en les liant à mes propres travaux. V. A. 42 33o ANATOMIR mange un temps, s'abstient un autre, se repose ou se meut, as- souplit son industrie à ses besoins , et marche ainsi par nuances interrompues vers d'autres goûts et d'autres mœurs. Si sa mère l'a dépose dans quelque autre animal, il peut y vivre sans soins, presque sans mouvemens, et sepréparer, avec sa peau détachée et durcie, ime retraite assiuee pour les époques critiques. Une larve blanchâtre, très-molle et sans pieds (fig. 1,2, 5, 4), fut trouvée le 7 juillet 1818, entre les ovaires, au- dessus de l'estomac , entre celui - ci et l'aiguillon et sous le vaisseau dorsal d'un Bourdon des pierres {Bojtibus lapida- riiis , Fabr. ) depoiuvu de graisse ; elle avait onze anneaux, un long col, une bouche, deux lèvres, deux crochets et des mamelons de'pendans de la peau; le reste de sou corps était renflé, un peu sillonné, en dessus et en dessous, par une série longitudinale de points groupés ordinairement trois par trois sur les côtés de chaque anneau qui, lui-même, paraissait légèrement étranglé. L'extrémité opposée à la bouche , corres- pondante au rectum du bourdon, avait un anus fendu verti- calement, et deux plaques latérales plus élevées, voisines l'une de l'autre et très-curieuses par leur organisation et leur impor- tance. Jusqu'ici tout restait immobile ; on mit la larve dans l'eau, tout prit du mouvement : les lèvres , les crochets , les mamelons sail- lans autour d'eux , le col et trois canaux dont deux paraissaient au bas de celui-ci, et le troisième semblait naître entre les cro- chets, allaient en zig-zag se confondre avec deux masses blanches disposées comme les circonvolutions d'un cerveau himiain ; le col disparaissait quelquefois tout entier , l'estomac plein de gru- meaux jaunâtres, et doucement agité par des ondulations, allait D'UNE LARVE APODE. 33 1 en replis plus étendus et plus mouvans , imprimer ses impulsions au bout postérieur du corps c[ui rentrait ou ressortait alternative- ment. L'eau n'était plus transparente, on en changea pour mieux ob- server; comme la seconde était fraîche, elle engourdit la larve presqu'aussitôt ranimée par des rayons solaires concentrés, ou bien par des atomes échappés de la graisse et des intestins arra- chés au Bourdon des mousses {Boinbits inusCorum , Fabr. ) et plongés dans ce liquide ; elle semblait saisir avidement ces débris, et rejetait quelquefois par l'anus , sous forme de ruban quelque temps continu, une sorte de nuage blanchâtre. Trois jours et trois nuits s'étaient passés. Constamment dans un milieu qui n'était point fait pour elle , notre larve devenait de moins en moins active. On avait pu suivre sa bouche , son anus , son canal digestif et ses trachées. La nature, agissant à découvert, entr'ouvrait une carrière à la physiologie, et la mort prochaine de l'animal devait détruire ou confirmer ce qu'on avait supposé, ajouter aux faits connus ou en dévoiler de nouveaux. Enveloppes générales. Deux membranes ( fig. i o ) recouvrent tout son corps, l'iuie extérieure et l'autre interne. La première, eu grande partie con- nue par la description précédente, confondue avec les lèvres, at- tachée aux crochets et autour des éminences marron du bout ob- tus du corps , est libre dans le reste de son étendue , plus lisse en dehors qu'en dedans,semblableà un parchemin très-fni et mouillé; elle paraît chagrinée vis-à-vis la lumière. Après une longue macé- ration , les plis principaux ne se sont point efl'acés. La seconde, extrêmement mince , parsemée de trachées nom- 333 ANATO.MIF. breuses, se lL\e aux mêmes points que l'extérieure, et de plus a l'entour d'une sorte de perle (fig. io,i), située vers la fin de l'es- tomac ; elle se réduit dans l'eau et l'esprit de vin en une sorte de tissu cellulaire brunâtre. Ces enveloppes forment les deux mamelons saillans au-dessus de la bouche, parallèles entre eux et à la longueur du corps , ainsi que les froncemens inégaux qui entourent la larve lorsqu'elle se meut. Organes de la digestion. On trouve à la bouche (fig. 5 et lo) deux crochets et deux lè- vres; les premiers sont latéraux, d'un brun jaunâtre, comprimés, plus larges k leur moitié postérieure qu'en avant , où ils sont terminés par une pointe doucement infléchie en dehors, arrivant petit à petit depuis une brusque échaucrure du bord externe. L'extrémité postérieure est étroitement unie aux tégumens et au tube digestif. Non loin de cette base , ils ont entre eux une sorte de pivot très-gréle, transversal, concave en aVanl, dur et corné comme eux, qui les (ieut éloignés et devient le centre de leurs mouvemens , dont les uns ont lieu de haut en bas et les autres latéralement; ceux-ci, plus étendus, ne permettent cependant point aux boius des crochets de se mettre en contact dans leur plus granil rapprochement. Les lèvres placées horizontalement entre les crochets, et moins avancées qu'eux , sont molles à leur base , et bordées d'une li- gne qui parait être cornée ; la supérieure est arrondie , et l'infé- rieure , moins large, est un triangle inéquilatéral. Pendant l'ac- tion des crochets , elles s'éloignent ou se rapprochent, et jouent lenlenieni de bas en haut et de haut en bas. L'œsophage ( fig. lo et 1 2) uait de leur base, marche suivant la D'UNE LARVE APODE. 333 ligne moyenne du col, entre le sommet des trachées, sur le canal salivaire, descend entre les deux branches de celui-ci, etfonrnit, peu après, insertion h deux poches sphëriques (fig. io,r), par des filamens très-gréles et semblables à de petits vaisseaux. Inferieu- remeut accolées l'une à l'autre, opaques et très-blanches, ces po- ches donnent naissance , du côte' gauche , à un prolongement très-court, en forme de doigt, embrassant leur côte antérieur en se portant à droite; nous en fimes la section; leur cavité parut vide, et les parois solides en conservèrent la forme et l'étendue. L'œsophage, glissant au-dessus de leur union, ne fait plus de-là que peu de chemin ; sans rides et de même largeur depuis son origine, il finit et l'estomac commence (fig. lo, s, et 12, s). Cet organe se renfle toul-à-coup en tête , se rétrécit en col , s'élargit peu à peu , et devient la plus large et la plus longue portion des intestins. On trouve à sa naissance et dans son intérieur, une saillie formée par des fibres , sans doute musculeuses et très-ana- logues aux valvules qui se rencontrent là dans certains insectes parfaits. Bientôt il se recourbe en un coude tourné en haut, des- cend un peu en avant , forme un second coude tourné à droite vis-à-vis le milieu du corps, et se dirige entravers. Revenant alors sur lui-même , il se ploie en anneau rompu, et s'allonge vers la partie postérieure droite où son diamètre diminue. C'est là qu'une petite sphère s'appuie postérieurement contre sa surface exté- rieure; un peu déprimée, argentée et brillante , elle a deux faces séparées par une arête oii s'attache l'enveloppe générale inté- rieure ; elle n'est pas difficile à briser et ressemble au dedans à un morceau d'amidon mouillé ne conservant qu'une légère humidité. On a cru voir autour d'elle quelques restes de vaisseaux grêles, blanchâtres, entremêlés ensemble (fig. 12, i, i). L'estomac va se rétrécissant et donne naissance à deux vaisseaux opposés (fig. j o. 3.^4 ANATOMIE u, et 1 2, II). Chacun se divise presque aussitôt eu deux branches qui, léuuies, auraient plus que le diamètre de leur tronc. Elles monteul en replis ouduleux et varies vers les premiers anneaux du corps. L'une rcîhrousse chemin, revient sur elle- même jusqu'auprès du milieu île sa longueur. Enfoncée dans les premiers replis, elle s'y termine et se trouve alors entourée par un grand nombre de fines trachées. Les autres branches ont la même terminaison , et, comme elles , sont remplies de grains miliaires, jaunâtres, d'une finesse extrême, en général placés trois par trois sur une ligue oblique, et qui, après trente Jieures de macération dans l'eau mêlée d'esprit-de-vin, ont paru en- chaînés à quelque distance par ime membrane transparente, paroi fragile de ces vaisseaux. Leur tronc s'ouvre dans le canal alimentaire , oîi il marque le terme de l'estomac et l'ori- gine de l'iniesiin (fig. loet 12) qui poursuit son cours par plu- sieurs légères inflexions et deux plis dont je'principal est à gau- che ; enfin il se redresse sous le ncjui de rectum, remonte et se termine à l'anus , étant bridé par deux faisceaux latéraux , dont la nature parait musculeuse et la fonction propre à faciliter la sortie des excrémens ; là, beaucoup mieux qu'à l'estomac, on voit des rides disposées transversalement; là aussi, le glissement de la membrane extérieure et musculaire (fig- 9, h), permet d'en distinguer une seconde intérieure très-fine (fig. 9, i), transpa- rente , ne revenant pas sur elle-même après la section. La teinte de l'intestin depuis les vaisseaux aveugles jusqu'à l'a- nus est absolument la même que la teinte de ces derniers; il ren- ferme des grains miliaires tout-à-fait semblables , mêlés néan- moins avec les grumeaux de l'estomac , irréguliers et plus jaunes. En examinant un autre appareil situé sous le précédent (fig. 10, irUNF, LARVE APODE. 335 l, et flg. Il), on est embarrasse pour en déterminer exacte- ment la naissance. Il mesnre la moitié' antérieure de l'œsophage, se dilate et se divise en deux branches plus grosses, moins transparentes que leurs troncs et qui s'engagent entre l'estomac et les vaisseaux aveugles. Au soleil, dans l'eau et au foyer d'une lampe, elles paraissent garnies au dedans de plaques hexagonales presque continues entre elles , obliquement alignées cinq par cinq, blanchâtres sm- leur bord, diaphanes au centre; elles sont probablement dues à une membrane intérieure , semblable à celle que l'on trouve dans certains canaux de l'ovaire des in- sectes parfaits. Elles ressemblent aussi beaucoup aux plaques que Lyonnet a légèrement exprimées sur les vaisseaux soyeux de la chenille, auxquels nous les comparons directement. Cette analogie frappa d'abord Sv\'ammerdam qui, par un retoiu- snr lui-même , en fit une dépendance du système digestif Le juge- ment ne peut rester suspendu entre le respect qu'on doit à un grand homme et les véritables desseins de la nature. Organes de la respiration. On voit à la partie postérieure et supérieure du corps de la larve, deux éminences en forme de rein (fig. 2 , 6 et 8 ) dont le côté interne est concave, le gros bout en bas, la face postérieure d'un marron clair, bordée d'une teinte noirâtre très-légère, avec un point rond, blanc, transparent, central et un peu en dedans. Ces éminences sont parsemées d'un grand nombre de points de même couleur disposés irrégulièrement deux par deux, trois par trois , quatre parquatre, rapprochés ou confondus par leurs côtés voisins; chacun d'eux est composé d'autres points infiniment plus petits , saillans, dont la plupart sont circulairement arrangés dans leur 336 A^ATOMIF. étroite enceinte. Ils brillent comme des pierreries agréables, et cet éclat parait dépendre d'un reflet de liunière qui va frapper le tissu argenté des trachées , fixées par leur base à la face anté- rieure concave et blanchâtre dont elles circonscrivent l'étendue (fig. 7). Les trachées reçoivent l'air par ces petits points, sont dou- bles et sur les côtés du corps ((ig. 1 o, .1) oîi elles s'étendent comme deux arbres taillés en quenouille, dont les racines seraient fixées à ces éminences, dont le sommet se terminerait vers la bouche , dont les rameaux iraient se diviser sur l'enveloppe générale inté- rieure, et qui, par d'innombrables ramifications , la plupart ii peine perceptibles à la loupe, ramperaient sur tous les tissus et lieraieTit tous les organes. Quatre rameaux principaux naissent sur le côté extérieur du tronc , un cinquième s'en échappe en bas , un sixième en dedans, et tous envoient leurs divisions très- fines h l'enveloppe interne. Le sommet de cet arbre figuré s'avance un peu flexueux jusqu'à la bouche, et rencontre trois plaques (fig. 10, n° 1, 2, 5) de chaque côté, vis-à-vis les trois premiers anneaux; deux sont arrondies, opaques siu' leur bord, transpa- rentes au centre. La première reçoit un rameau gros et court du tronc de la trachée, laquelle en passant adhère à la face interne de la seconde plaque, représente avec elle un grec, se renfle , forme la troisième et distiibue aussitôt deux gros rameaux à l'o- rigine de l'œsophage pour se perdre ensuite dans les parties voi- sines, par des divisions innombrables et de plus en plus décrois- santes. Dès sa naissance jusqu'aux premiers anneaux (hi corps, la trachée est plongée dans ime matière très-blanche, arrangée en cylindres courbés, petits et très-nombreux, qui, partagés en deux masses latérales par le canal alimentaire , masquent par leur opa- cité la plupart des organes. C'est une sorte de tissu graisseux , peut-être équivalent par son poids ;i tout le reste de celte larve D'UNE LARVE APODE. 337 intéressante , dont le temps et l'observation achèveront la con- naissance (i). En rassemblant tous ces faits, on trouve qu'elle est composée d'une double enveloppe, d'un double organe pour la respiration, d'une sorte de tissu graisseux abondant, d'ime bouche oii sont deux crochets très-mobiles et deux lèvres , d'un anus situé au bout d'un canal digestif si étendu qu'il semble faire exception aux principes établis sur sa longueur dans les animaux carnassiers. On voit qu'elle a un canal sans doute analogue aux vaisseaux soyeux des chenilles, et par divers rapprochemens qu'elle ressemble beau- coup au Dipodiian apiaire de M. Bosc, et qu'elle avoisine plusieurs larves de Diptères décrites par Réaumur (Mémoires pour servir à l'Histoire des Insectes, tomes IV et V). M. Latreille l'attribue au Conops riifîpcs dont il a trouvé quatre individus dans une boite dans laquelle il avait renfermé des bourdons ter- restres ( Bombiis terrestris, Fabr. ) Cette larve passerait donc ses trois premiers âges, étroitement enfermée dans un insecte étranger, s'y nourrissant de graisse et re- cueillant, comme presque toutes les larves de Diptères, par des ouvertures postérieures , im air abondant qu'un autre aurait ins- piré pour elle. Déjà M. Dnméril avait pressenti que, d'après la courbure de son ventre, le Conops devait déposer ses œufs dans le corps de quelque autre insecte. Explication de la planche XXII. rig. 1. Larve de grosseur naturelle vue en dessus. 2 Considérablement grossie et vue en dessus. — «. Anus. — b. Extré- (i) 11 reste encore plusieurs points à ëclaircir pour ce qui concerne l'anatomie ; on remarquera, par exemple, qu'il n'est fait aucune mention du système nerveux, lequel nous a (^cliappé, la larve ayant été ouverte en dessous et sans doute sur le trajet du cordon nerveui. 43 338 ANATOMIE mite antérieure terminée par deux sortes de mami-lons. — c. Plaques stig- matlqut'S. 3. Larve considérablement grossie et vue en dessous. — b. Les prolongeniens mammiformes. 4. — Considérablement grossie et vue de profil, a. Anus. 5. Parties dures de la bouche vues par leur face inférieure. — d. Crochets. e. Lèvre supérieure. — /". Lèvre inférieure masquant presqu'en totalité hi lèvre supérieure. 6. L'une des plaques stigmatiques vue à sa face esterne; elle est parsemée de petits points blancs composés euï-mèmes de points plus petits et transpa- rens. — g. Point blanc principal. 7. Plaque stigniatique vue en dedans. — h. Tronc de la trachée «'insérant à tout son pourtour. 8. Les deux plaques stigmatiques vues .i leur face interne; l'une d'elles est simple- ment au trait, l'autre est terminée et présente le rebord qui donne insertion à la trachée, y. Eïlrémité postérieure du canal intestinal. — a. Anus ouvert sur la ligne moyenne et un peu en arrière des plaques stigmatiques. — ('. Membrane in- térieure fine et transparente du rectum. — /■. Membrane extérieure de la même partie; elle est musculaire, plissée transversalement, et recouvre dans l'état naturel la membrane interne (. 10. Larve extrêmement grossie ouverte en dessous. — /. Vaisseau salivaire nais- sant au-dessous de l'œsophage et bifurqué postérieurement. ( 11 nait sans doute à la bouche; mais il a été rompu dans la dissecUun, et cette rupture est figurée ici.) — nnnn. Enveloppe extérieure. — 000. Enveloppe inté- rieure.— ^.Extrémité antérieure présentant les crochets séparés par les lèvres. — q. Naissance de l'œsophage mise ici à découvert parla rupture du vaisseau salivaire. — ;■. Poches sphériques placées sur le trajet de l'a-so- phage. — s. Origine de l'estomac. — /. Sphère argentée insérée sur l'estomac et donnant attache à l'enveloppe générale intérieure, et peut-être à de petits appendices grêles. — u. Deux des vaisseaux biliaires dans une petite portion de leur étendue. — c. Rectum. — .r. L'un des deux troncs principaux des trachées donnant des rameaux en dehors et en dedans. — 1. Sorte de plaque recevant un rameau du tronc de la trachée. — 2. Deuxième plaque de même nature que la précédente, mais sur laquelle passe le tronc de la tra- chée principale. — ;i. Autre renflement plus allongé et plus opaque fournis- .sant deux rameaux j qui se rendent à l'origine de l'œsophage. — zz. Dé- bris des masses graisscu-^ïs. 11. Portion du canal salivaire eonsiilerahlement grossi. — /. S.i bifurcation. — D'UNE LARVE APODE. 389 m. L'une des branches dans laquelle on a représenté les plaques parfaite- ment hésagonales qui paraissent appartenir à une membrane intérieure. 12. Canal alimentaire isolé. — q. OEsophage à son origine ( on a enlevé, les deux poches sphériques situées vers son quart inférieur.) — s. Naissance de l'es- tomac.— r.Sphèrc argentée. 1. 1 . Portions des vaisseaux qu'on a vu en partir. — u. Branches fournies par deux vaisseaux biliaires très-courts naissant à la terminaison de l'estomac, u. i.Une de ces branches offrant comme des grains miliaires que l'on rencontre aussi dans les trois autres — c. intestin. «3. t. Sphère argentée i.solée. MONOGRAPHIE D'UN NOCVEAC GENRE DE MOLLUSQUE GASTÉROPODE, DE LA FAMILLE DES TROCHOIDES (i). PAR M. ALCIDE DESSALINES D ORBIGNY. ( LC DANS LA SÉANCE DD ly JANVIER iSaS. ) EiV faisant des recherches parmi les sables marins et fossiles de divers pays , dans le dessein d'étudier les Céphalopodes micros- copiques qui s'y rencontrent, et sur lesquels je pidîlic en ce mo- (i) No/e extraire du rapport de MM. Prérost, Desnoyers et Fcrussae. Nou« avons r'té chargés, MM. Provost , Desnorcrs et moi, d'examiner ce Mémoire d'un jeune naturaliste qui, marchant avec constance sur les traces de son père, est déjà bien connu de la Société par le zèle remarquable et le talent d'observation qu'il déploie. Nous \o\\% rappellerons surtout la suite qu'il apporte à l'étude des Céphalo- podes micï'oscopîqucsdunl il a lormé une collection considérable et un recueil de deux à trois cents planches de dessins fidèles et bien esécutés. Il travaille dans ce moment à faire connaître par un nouveau genre de publication les types des divisions qu'il a établies parmi ces petits êtres, en en livrant au public les modèles grossis. Ces modèles, dont la première livraison a paru depuis q>ieli[ue temps, sont d'une exactitude par- faite, et il e>t vivement à désirer (pie M. Alcide d'Orbigny puisse étendre cette pulili- eation à un plus grand nombre d'espèces. C'est en cherchant des Céphalopodes mi- croscopiques dans les sables marins et fossiles, que ce naturaliste a trouvé le* petites eo- MONOGRAPHIE DU GENRE SCISSURELLE. 34i ment un ouvrage composé d'une suite de modèles de leurs prin- cipales divisions, j'ai aussi observé une immense quantité de irès- peutes espèces de Gastéropodes, d'Acéphales, d'x\nnelides, d'E- chinodermes , de Polypiers, etc. La multiplicité et la singularité frappante d'un grand nombre des dépouilles de ces animaux, m'a convaincu que, pour les décrire convenablement , il était in- dispensable d'établir de nouvelles dénominations génétiques, dé- duites des caractères des espèces qui par leur forme ne se rappor- tent à aucune des divisions déjà adoptées; à cet effet je me propose de publier successivement la monographie de chacun des genres et sous-genres de cette nombreuse série d'êtres que leur extrême petitesse a pu seule dérober jusqu'à présent à l'attention des ob- servateurs. Ce n'est que dans les sables marins des bords de la Méditerra- née et dans quelques sables fossiles d'Italie, que j'ai rencontré les élégantes coquilles qui font le sujet de ce Mémoire ; la scissure qui les caractérise est analogue à celle de plusieurs Pleuroiomes quilles qui font l'objet de ce Mémoire. Le genre qu'il propose d'établir pour elle et qu'il nomme Seissurelle,.yf/«i/rc//a, a oéjà été formé piir M. Defrance, sous le nom de Pleurotomaire, pour des fossiles de coucbcs assez anciennes et d'un volume assez grand si on les compare aux Scissurelles de M. d'Orbigny, qui n'ont qu'un ou deux niilliniètrcs de diamètre. Nous devons observer que le genre Pleurotomaire de M. Defrance n'ayant encore élc décrit dans aucun ouvrage, M. d'Orbigny n'a pu le connaître, et il était tout simple qu'il le décrivît comme étant nouveau; mais ce genre est connu depuis long-temps des naturalistes de Paris, et son nom est déjà imprimé dans plusieurs ou- vrages, notamment dans un tableau de classification des animaus mollusques où il forme le sixième genre de la famille des Trochoïdes. M. d'Orbigny n'a trouvé dans les au- teurs quel' Anatome indien deMontfort qui oBrît quelque analogie avec les Scissurelles par le caractère de leur fente. Cette coquille de Montfort, malgré quelques différences de détails, n'est certainement pas étrangère à ce genre, si véritablement elle appar- tient à un mollusque; mais on peut présumer qu'elle doit être reportée aui Annelides ainsi que plusieurs autres figures de .Soldani dont l' Anatome est tiré. .5{a MONOGRAPHIE parmi les Muricées, à celle des Emarginiiles parmi les Scuiibrau- ches, elà celle des Siliquaires parmi les Annelides; enfin les Scis- surelles remplissent pour les Trochoïdes une lacune dans la sé- rie des diverses conformations observées à l'ouverture des co- quilles de plusieurs l'auiilles de Mollusques et dWnnclides. Cette scissure , dont les deux bords, en se relevant, forment chacun un bourrelet, et dont l'intervalle compris entre eux s'obli- ipie jusqu'à une petite distance du bord de l'ouverture de la co- quille , est le caractère principal qui donne le nom à ce genre ; il indique positivement une organisation particulière de l'animal qui l'habite, et m'a paru assez important pour m'autoriser a for- mer cette nouvelle sous-division que je soiunets à l'examen des zoologistes. De toutes les coquilles décrites ou figurèesdans les ouvrages qui sont k ma disposition, \ Anatonius indicus de Montfort (i)est la seule qui, par une entaille àpeu près semblable à celle des Scissu- relles, puisse avoir quelque analogie avec elles; mais celle désignée et dessinée par cet auteur sous le nom d'Anatome , est discoïde et ressemble à une Valvée; sa bouche est exactement circulaire, son entaille est située siu- le bord gauche de l'ombilic et ne forme pas de carène par ses bourrelets. La Scissurelle au contraire est turbinée à spire surbaissée, la bouche n'est pas circulaire , mais ellipsoïde et h bords désunis; l'entaille est placée sur le bord droit ou dorsal de l'ouverture, et forme par la continuité des bourre- lets qui l'accompagnent une carène sur le dos de la coquille : ce- pendant il serait possible quel'Anatome, mieux observé et dessiné plus correctement, se rapportât au genre Scissurelle ; alors il for- (i) Voyc7. Montfort, univalves non cloisonnées, genre 70, page Q-8 ; cl Soldani test, microsc. 1 , page 33, tab. 3o, 6g. i43. — CC. DU GENRE SCISSURELLE. ij^i nierait uae cinquième espèce sous le nom de Scissure/la Mojit- ybr^iV, et la courte description que cet auteur donne del'aninial, si elle est exacte , deviendrait le complément de ce Mémoire ; il dit avoir fréquemment rencontré l'Anatome, vers le tropique du can- cer, fixe' AXiFiicus natans par u n espèce de muscle, en partie corné, qui sort de la scissure de la coquille, et que sa tête est munie de tentacules pointus. N'ayant pit observer les Scissurelles que parmi des sables qui m'ont été envoyés de divers points , je n'ai aucune connaissance de l'animal qui les habite ; on peut présumer par analogie qu'il doit faire partie des Pectinibranches (Cuvier). J'engage les na- turalistes qui habitent ou parcourent les bords de la Méditerra- née, à observer les Scissurelles vivantes, et à les dessiner; je se- rais très-reconnaissant des renseignemens qu'ils voudraient bien me donner à cet égard. GENRE SCISSURELLE. SCISSURELLJ. Coquille univalve, libre, ombiliquée, à spire surbaissée; bou- che subarrondie, sans canal, à lèvres sans péristome et désunies, dont le bord droit est entaillé par une scissure profonde qui a suivi l'accroissement des tours de spire, s'est oblitérée jusqu'à une petite distance du bord de l'ouverture, et a tracé sur le dos de la coquille une espèce de carène. Espèces. \. Sc[ssuRELLE L[ssE. Scissurella lœvigata. (Fig. i. ) Coquille ovale, lisse, blanche, translucide, mince et fragile, à sommet déprimé, formée par trois tours de spire, marqués seulement de quelques lignes d'accroissement qui remplacent et indiquent les lieux où sont situées les côtes ou sillons qui carac- 344 MONOGRAPHIE térisent les espèces suivantes. L'espace compris entre les deux bords de la partie oblitérée de la scissure (qui sont chacun relevés en bourrelet), est uni, sans lignes transversales, et oblitère jusqu'à une petite distance du bord de l'ouverture ; l'ombilic est orne de plusieurs stries circulaires très-fines, la bouche est ovale, plus haute que large ; les lèvres sont tranchantes. Longueur, deux millimètres. Habite les bords de la Méditerranée, parmi les Fucus et les Cé- ramiiun ; elfe y est très-rare. 2. SciSSURELLE A COTES. ScisSUrclkl COStCltCl. ( Fig. 2. ) Coquille ovale , blanche , translucide , fragile , à sonnnet aplati, ayant trois tours de spire, dont le dessus est garni de cotes transversales élevées et espacées les unes des autres, et dont le dessous montre les mêmes côtes mais plus saillantes et presque tranchantes ; l'espace compris entre les côtes est presque uni ut ne laisse apercevoir que de très-légères inégalités. Les deux bords de la scissure forment deux bourrelets qui laissent entre eux , dans la partie oblitérée, un intervalle marqué par des lignes transversales rapprochées et très-prononcées ; l'ombilic est en- touré de stries circulaires, la bouche est presque quadrangulairc, les lèvres sont tranchantes. Longueur, un millimètre. Habite les mêmes lieux que l'espèce précédente. 3. SciSSURELLE TREiLLissÉE. Scissun'Ua chcussatci. (Fig. 3.) Coquille ovale , mince , fragile , treillissée , h sommet aplati , avec trois tours de spire marqués transversalement en dessus et en dessous par des côtes ou sillons saillans et nombreux ; l'espace qui .les sépare offre îles stries longitudinales rap- DU GENRE DE SCISSURELLE. 345 prochées et profondes; l'intervalle compris entre les deux bour- relets des bords de la scissure est marque' dans sa partie oblitérée par de larges sillons espacés les uns des autres; la bouche est ovale, plus haute que large ; les lèvres sont tranchantes. Longueur, un millimètre. Trouvée dans les sables fossiles de Castel-Arquato , dans le Plaisantin. 4. ScissuRELLE ÉLÉGANTE. Scissiirella elegans. ( Fig. 4.) Coquille ovale, bombée, fragile, à sommet en mamelon et moins déprimé que celui des autres espèces; quatre tours de spire, avec des côtes transverses , peu saillantes , mais éloignées les unes des autres et marquées entre chacune d'elles de stries lon- gitudinales superficielles, qui rendent la coquille comme fine- ment treillissée ; l'espace compris entre les bourrelets de la par- tie oblitérée de la scissure, est uni et plus étroit dans cette espèce que dans les précédentes; on remarque autour de l'ombilic un es- pace uni qui remplace les lignes circulaires remarquables dans les numéros i, 2 et 5; la bouche est arrondie et les lèvres tran- chantes. Longueur, deux millimètres. Habite avec le n° 5 ; ces deux espèces se trouvent très-rarement entières vu leur extrême fragilité. Explication des figures. Fig. i. Scissurelle lisse. Fig. 1. Scissurelle à côtes. Fig. 3. Scissurelle treillissée. Fig. 4- Scissurelle élégante. 44 NOTICE SUR QUELQUES MOUSSES DE RIO -JANEIRO. PAR M.WALKER ARNOTT. (lue dans la séance do 29 AOUT i8a3.) " ' Les descriptions suivantes de quelques espèces de Mousses^ tie Jungenîiannes et de Lycopodinées, sont faites d'après les échan- tillons envoyés par M. N. Jameson, chirurgien; il m'écrit que ce sont les seides espèces qu'il ait trouvées aux environs de Rio- Janeiro, mais il ajoute que cela dépend probablement de ce qu'il -nJa pas pu étendre ses recherches au-delà de quelques milles de cette ville ; ce pays ayant été peu étudié jusqu'à présent sous le point de vue de la cryptoganiie et particulièrement pour la mus- éologie, cette collection renfermait, comme on pouvait s'y at- tendre, plusieurs espèces nouvelles ; malheureusement l'état im- parfait de plusieurs d'entre elles ne permet pas d'en donner des descriptions complètes ; j'espère cependant qu'elles suffiront poui faire reconnaître ces plantes. LYCOPODIACE.^. 1. LvCOrODIUM RUPESTBE. LtNN. Vau. Tenuior, caule ramisque subsimplicibus, filiformibus: foiiis lanceolato-subulatis vix apice piliferis. SUR QUELQUES MOUSSES DE RIO-JANEIRO. 34; Hab. ^d rupes intra portus introitum Rio de Janeiro. 2. Lycop. convolutum. NoB.Foliisbifariis, imbricatis, secun- dis, ovatis, aculis, ciliaio-dentatis ; superficialibus minoribus ge- minis , caule erecto distiche et alternatim ranioso , ramulis di- chotome ramosis, apicibus convolutis. Hab. In subalpinis afidis in Rio de Janeiro. L. circinali proximum , sed ut suprà differt ; fructus non ob- servatus. MUSCI. 3. Gymnostomum Jamesoni. Nob. Foliis latè lineari-lanceola- tis^ margine convolmis, integerrimis, siccitate incurvo-tortuosis, nervo excurrente. Theca turbinata, ore amplo, operculo rosirato thecà longiore. Hab. /« collibiis in Rio de Janeiro. Caulis quatuor ad octo, seta vix ultra duas lineas longa : annu- lus nuUus. G. tortilis varietatibus majoribus satis refert, sed fo- liis , thecœ et praeserlim operculi figura facile distinguitur. 4. DrCRANUM BRYOIDES. HoOK. Hab. Rio de Janeiro. Plantae Europœae oninino similis. 5. DicRANUM PLEXuosuM. Hedw. Caule subsimplici, foliis erectiusculis, rigidis, lanceolato-subulatis, acuminatis, nervo la- tissimo, setà subllexuosà, thecà ovatà, striatâ, estrumosà. Hab. var. B. In coUibus in Rio de Janeiro. Très varietates hujusce speciei eniunero. X. Caule stricto , foliis lanceolato-subulatis, marginibus sub- incurvis è basi vaginantibus, rariter pilosis, setà flexuosà. (Dicr. flexuosum, Hedw.; Dicr. saxicola, Web. et Mohr ; Dicr. ca- Hfi SUR QUELQl r.S MOUSSES jiillaceuni ,V)i\d.; Canipylopiis pUif'cr cl penicillalu^ , Brid. Meth. ) B. Foliis lanceolato-acuminalis, pilo cano lerminatis, è basi vix vaginanlilius, selà incurva. Subvar. «.Caiile strictiusciilo (i?/cr. introflexiim, Iledvv. ); b, caule ascendenli arcualo ( Thysano- initrion Rie hardi, ScHav. ) •/. Caule slrictissimo, simplicissimo , foliis èbasi late vagiiian- tibus, subulaiis, setà incurva {Dicr.Jilifornie, Schw.) Omnes lias varieiates setani juniorem plus minusve flexuosani, iliecam aflfanani plusminusve strialam, Iwsique tauien et super rugis aculls promiiiulisque scabrani , calyplramque diuiidiatam habent. 6. ToRTULA ciRRHATA. Caulc rauiosiusculd , foliis patentibus lineari-lanceolatis, margine undulatis, siccilale tortuosis , nervo valido excurrente, pcriclicctialihus uiinorihus , theeà cylindra- ceà, erecliusculàjleniter arcuatà, operculo conico, rostrato (TVv- chost. harhula , Schw. ) Hab. In coUihus in Rio de Janeiro. Caulis 1 ad g lineas longus. Folia siccitate tortuosa, nitentia, peristomii dentés leniter torti, ad basin membranà brevi c onnexi. Operculuni tliecœ trientem longiiudine arquât. 7. Bryum argenteum. Hedw. Hab. Âd miiros vetuslos in Rio de Janeiro. », 8. Bryum turbinatum. Hedw. • J^ar. Minus. g. Bryum roseum. Schw. Hab. In subalpinis aridis in Rio de Janeiro. Mnia Iruncorumey. doniingense , Bnin. certe non diversa snnt, vix etiam separanda Mnia. Comniersoni et Âuberti , Scinv. DE RIO-JANEIRO. 349 10. Orthotrichum Jamesoni. Non. Gaule repente, lamis ereclis, ramosis , foliis ellipticis, longitudinaliter plicads, nervo breviterexcurrente, setà longiusculà, thecà ovato oblongà laevi, calyptrà campaniilalà, laevi, basi intégra, appenclicibusque latis auctà. Hab. In sylvis Rio de Janeiro. O. rugoso, habitu proxime refei t, differt tamen foliis non ru- gosis, ihecà basi( totà junior? ) 4-sulcatà. Peristomium exterius e dentibus 8 linearibus rubris linea longiludinali notatis vel fissis, siccitaterevolventibus constat: interiussemi-destructum vestigia membranae ut in Sclilotheliniâ , Schw. exhibet. Calyptrà basi non fissa sed laciniis latis aucta. Gênera Schlotheimia et Ma- cromitrion vix stabilata sunt, potius cum caeteris , Orthotrichi sectionem secundam caule repente insignitam constitui debent. h.Neckera undulata. Hedw. Hab. Adarho7-um triincos in Bio de Janeiro. Calyptrà milriformis pilosaque videtur , peristomii ciliae non è -membranà interna, sed è dentium lateribus progrediuntur, haec species itaque ad Dallonian, Hook; vel Cryphœam, Mohr. per- tinet. laCflooKERiA ALBICANS. {LesL'ea albicans, Hedw. ) Hab. Iti sylvis circa Rio de Janeiro. i3. HooKERiA AFFiNis.NoB. Caille procumbentc, Famoso, sub- compresso, foliis undique imbricatis, oblongis acuminulatis, nervis duobus divergentibus ante apicem evanescentibus, emar- ginatis, integerrimis; tliecà cernuà, operculo conico rostrato, setà laevi, calyptrà glabrà basi multifidà. Hab. In sylvis circa Rio de Janeiro. i4. HooKERiA PRyELONGA. Nob. Caule reptantc, pinnatim ra- <5o SUR QUELQUES MOUSSES moso, ramis simplicibus, laxe foliosis, foliis distichis? subrotumlis acuminatis, enervibus, integerriiuis. Caulis longus repens : foliorum texlura laxa ul in Hookeriis plerisque, at fructus non visus. i5. HooKERiA TOMENTOSA. {HypTium , ScHW. RacopUiim , Brid. ) Hab. In sylvis in Rio de Janeiro. Hookeria vera est calyptrà mitriformi : tliecœ autem et opei- culi figura ab Hookeriarum omnium aliarum longe diversa. Huic generi etiam propier calypiram nobis visam référendum est Hypnum tamarisci vel rotulata , eadein enim est spetius. 16. Hypnum imbricatum. Schw. Hab. In sylvis umbrosis in Rio de Janeiro ad arhoriiin truncos ramuloaque, et ad rupes. Fructus non adest; forte ab hac specie non differt H. Hexas- tichum, Schw. 17. Hypnum subsecl ndum. Nob. Gaule repente subpinnato, brevi, inferne nudiusculo, foliis sursiim paiontibus, ovatis, acu- minulatis, concavis, marginibus recurvis integerrimis , en«rvibiis; tliecà erectà, ovatà, operculo hemisphrerico-rostrato. Hab. In sylvis in Rio de Janeiro. ^ H. Crassiusculo habitu et magnitudine proximum , differt foliis laie ovatis, valde concavis , operculo non subulato, thecà erectà œcpiali. Folia sursiim solummodo spectant , certe autem non ad tribum foliis falcatis seu secundis designitum pertinet , omnes enim hœ species folia deorsimi spectanlia habent. Thecam (unam solummodo) vix maturam possideo, at de génère non dubito; peristomii dentés externi sordide lutei, interni lutes- centes. — Folia ratione planta^ magna , reticuli areolis ut m plu- DE RIO-JANEIRO. 35 1 rimis Pterogonii speciebus; forte mei;a varietas H. crassius- culi, in quo etiam foliorum margines subrecnrvas video. 18. Hypnum LoxEisrsE. KuNTH. ( H. Bonplandii , Hook. , Mss.) 19. Hypnum amoenum. Hedw. Hab. Ad arborum truncos in Rio de Janeiro. Ab hac non differt H. recurvans ex America boreali. Folia in hac ex Jamesono non tam falcato-secnnda. 20. FoNTiNALis SQUAMOSA. LiN. imr. curta. Hab. Rio de Janeiro. Vix duabus unciis longior : fortasse in locis aquà in aesta te défi- ciente crescit, itaque robustior : folia crassa,canaliculata, maigine versus apicein involutà. HEPATIC^E. 21. JUNGERMANNIA PATULA. Sw. Hab. In sjlvis in Rio de Janeiro. Folia solummodo apice dentata, igiturqiie ab hac specie renio- veri débet Carpolepidum dichotomum , P. Beauv. ; habet enim folia non solum apice dentata, sed tota margine ciliato- serrata, ad /. adianthoidem itaque allocanda, sed iit bene dixit Weberus : « Nuni /. patula satis a /. adiantlioidc , foliis vix, nisi apice dentatis, différât, peritioribus est dijudicandnni.» Habitus eadem et nisi discrimina lajvissima suprà notaia , nihil plane interest. 22. J. BRACCHIATA? Sw. Hab. In coUibus prope Lima , unde inter rauscos ex Rio de Janeiro misit Jamesonus. J.filiformi valde similis: differt tamen foliis apice rariter den- ticulatis stipulisque foliis multo minoribus. /. bracchiatam vix 35a SUR QUELQUES MOUSSES DE RIO-JANEIRO. cognosco : exemplaria swartziana dicta , ab amicis recepta, des- criptionem swartzianam certe non quadrant , folia enim obtusa, integerrima, et stipula oblonga videntur. 25. J. TAMARisci?HooK. Caulc piocunibente ramoso,foliis ins^ qualiter lobatis, lobis superioribus ovatis, concavis, integerriniis, iiit'erioribus linearilius vel clavatis, integenimis, stipulis subro- (uadis, apice acule bifldis. Hab. ^4d arborum Iruncos in Rio de Janeiro. Gaules stricti, ramosi, ramulis subcurvatis : folia aiefaotione retrô circa caidem convoluta ; sidj nomine Hypni ? rctepi , sed potius yi nictangium ciliatum \Ar. filiforme primo intuitu ic- fert; fructus non visus. 24. J. PLAïYPHYLLA. LiN. J^ur. tenuior. 25. J. MULTIFIDA. LiN. Hab. Rio de Janeiro. Hue certe allocari débet J. palniala et bipinnaUi, Svv. NOTICE SUR LES ÉTHÉRIES TROUVÉES DANS LE NIL PAR M. CAILLIAUD, ET SUR QUELQUES AUTRES COQUILLES RECUEILLIES PAR CE VOYAGEUR EN EGYPTE ;, EN NUBIE ET EN ETHIOPIE ; PAR M. DE FÉRUSSAC. ( LUE A l'académie DES SCIENCES DE l'iXSTITUT DE FRANCE, LE 21 JUILLET l823. ) La plupart des naturalistes de Paris ont su que M. Cailliaud, à son retour d'Egypte , annonça qu'il avait recueilli des Huîtres dans le Nil bleu. Cette nouvelle e'tait de nature à piquer la cu- riosité'et à exciter l'intérêt; car, par-là, quelques couches répu- tées marines par la présence des Huîtres fossiles qu'elles renfer- ment, et attestant, par leur alternat avec des dépôts formés sous les eaux douces , le retour d'un fluide d'une autre espèce, pou- vaient devenir, au moins, d'une nature problématique. On pou- vait conclure de ce fait qu'à l'époque où l'animalisation et la vé- gétation étaient, sur les mêmes points, si différentes de ce qu'elles sont aujourd'hui, les eaux douces nourrissaient des Huîtres, et que , par conséquent, les alternats fondés sur la présence de quel- ques-unes de ces coquilles , pouvaient bien ne pas être admis. Déjà plusieurs genres que l'on croyait exclusivement marins , 45 354 NOTICE tels que les Moules, les Modioles et les Coibules , se sont trouvés vivre dans l'eau douce. Si l'on y ajoute les genres uniquenieni fluviatiles ou lacustres , tels que les Anodontes , les Mulettes et les C)clades qui peuplent les eaux douces de toutes les parties du monde; les Cyrènesetl'Iridine (qui uedifFèrepas de l'Anodonte), qui vivent seulement dans celles de l'Orient ou de l'Inde ; les Hyries, laCastalie de l'Amérique et la Galathée de Ceylan , on connaîtra tous les genres de Mollusques bivalves, non-exclusive- ment marins. Aucune de ces coquilles irrégulières, à test épais et feuilleté, adhérant entre elles ou aux rochers, dépourvues par conséquent de locomotion, ayant un talon plus ou moins prolongé, variables par leurs fLUines selon les corps sur lesquels elles se fixent , Ibr- n)ant en se groupant et par leur accumulation de véritables bancs solides, n'avait encore été reconnue dans l'eau douce. Ce sont des coquilles de cette sorte que M. Cailliaud a troiïvées dans le Nil bleu. Voici les renseignemens que nous tenons de ce voya- geur si zélé. On commence à les rencontrer après avoir passé la première cataracte. Elles ne paraissent pas exister au-dessous. Elles deviennent très-abondantes dans la province de Rebata, en-deçà de la presqu'île de Méroé. Les habitans les ramassent sur le bord du fleuve, pour en couvrir, comme ornemens , leurs tombeaux. Ils disent qu'elles viennent des parties plus élevées du Nil, (\u SaïJe , o\x les payeus les mangent. M. Cailliaud en a trouvé jus- qu'au Fazoql , le pays le plus éloigné oii il ait pénétré sur le fleuve Bleu. Dans le Sennaar, les habitans ont dit à ce voyageur que pen- dant 1.1 saison d'été ils en prenaient avec l'animal, aux eaux basses. Mais malgré toutes ses recherches , il n'a pu en recueillir de vi- vantes , les eaux étant alors trop élevées. On les dit très-communes SUR LES ÉTHÊRIES. 355 dans la Jaboussi, rivière qui se jelte dans le fleuve Bleu, et selon toutes les apparences, les nombreux afïluens de ce grand bras- du Nil en nourrissent e'galement. La quantité qu'on en trouve sur les tombes, dans toutes ces contrées de l'Ethiopie est si prodigieuse qu'il est e'tonnant que Bruce et Burkhart n'en aient point parlé. Il suffit du premier coup-d'œil pour s'assurer qu'elles ne sont point fossiles et même qu'elles n'ont pas été exposées très-long- temps aux influences si actives de ce climat brûlant ; car elles con- servent encore une partie de leur épiderme. Nous avions déjà soupçonné que ces intéressantes coquilles pouvaient bien ne pas être des Huîtres. Nos doutes sont nés'd'une observation judicieuse de M. Sowerby ( Gen. of Shells , cahier n" 1 ) , qui, en décrivant une espèce du genre Ethérie de M. de Lamarck, dit qu'il présiune que cette coquille vit à l'embou- chure des fleuves ou dans les lagunes saumàtres , à cause de la couleur verte de son épiderme et des œufs attachés sur la valve supérieure. A la première vue des coquilles rapportées par M. Cail- liaud, nous reconnûmes, en effet, qu'elles étaient des Ethéries, qui forment un genre rare et précieux, connu dans un petit nombre de cabinets et institué par M. de Lamarck dans les An- nales du Muséum, tome X, p. 598. Ce savant célèbre a décrit ces coquilles comme habitant les profondeurs des mers, quoiqu'il n'eût d'autres preuves de cette opinion que leurs rapports avec les Huîtres et les Avicules; et, en eflet, au premier aperçu , il est difficile de les en distinguer. L'espèce rapportée par M. Cailliaud ressemble surtout d'une manière si frappante à certaines Huîtres, que ce voyageur est bien excusable de n'avoir point reconnu les différences qui en distinguent les diverses Ethéries et dont la prin- cipale consiste à avoir deux impressions musculaires , tandis que les 356 NOTICE Huîtres n'en ont qu'une. Cette différence a engage M. de Lamarck à placer les Ethe'ries dans la famille des Cames, et par conséquent très-loin des Huîtres avec lesquelles elles ont tant d'analogie par \e faciès des valves de leur coquille, le genre de vie de leurs ani- maux et surtout parle déplacement de la valve supérieure et la for- mation du talon delà valve inférieure, caractères particuliers aux Huîtres et aux Spondiles. 11 s'élèverait ici une question qui ne peut être approfondie dans cette Notice : c'est de savoir si la considé- ration du nombre des impressions musculaires peut , dans une classification fondée sur des bases naturelles, l'emporter sur des rapprochemens aussi marqués et aussi importans. Selon M. de Blainville (Di-ct. des Sc.Nat., au mot Ethérie), c'est probable- ment à tort que les Ethe'ries sont éloignées des Huîtres ; car il est évident, dit ce naturaliste, de leurs formes relatives, ne sauraient être conservés en les réu- nissant, comme on doit le faire, ce qui nous oblige h proposer de nouvelles dénominations poiu* ces belles et curieuses coquilles. Nous croyons devoir attacher à la plus remarquable de ces es- pèces, le nom du vénérable auteur de ce beau genre, et à celle découverte dans le Nil bleu, celui du voyageur intrépide et rao' SUR LES ÉTHÉRIES. 35ç, deste qui, le premier, a explore' l'antique empire de Méroë et les pays les plus voisins de la ligne vers cette partie. i". Ethérie de Lamarck , Etheria Lamarcku. Nob. Ethei'ia elliptica , Lam. Ann. Mus. , t. lo, p. 4oi, pi. 29 et 5i, fig. 1. Id. Blainville , Dict. des Se. Nat. au mot Ethe'rie. A. Etheria trigonula, Lam. Ann. Mus., t. 10, p. 4o3 , pi, 3o et 3i , fig. 2; Anim.sans vert., loc. cit., p. 100. /c?. Blain- ville , loc. cit. Obs. Les deux individus de cette magnifique coquille, qui ont servi aux descriptions de M. de Lamarck et qui font aujourd'hui partie de la collection du Musëimi, viennent de celle de M.Fau- jas qui les acheta d'un marchand de Marseille ; un troisième, le seul connu après ceux du Muséum, fait partie de la célèbre col- lection qui appartenait à M. SoUier de La Touche ; on ignore leur patrie. M. de Lamarck cite, avec un point de doute , la mer des Indes, uniquement par conjecture; mais tout fait présumer qu'ils appartiennent à l'un des grands fleuves de l'Afrique , ou, moins probablement , à ceux de l'Inde. 2°. Ethérie de Cailliaud, Etheria CailUaudi. Nob. Cette espèce diftere surtout de la précédente par la couleur de sa nacre micacée et très-blanche, sa forme moins elliptique , plus allongée, souvent très-étroite, son talon souvent long de plusieurs pouces. Elle habite le Nil bleu et ses affluens, ainsi que nous l'avons dit. 3°. Ethérie couleur de viuOmb , Etheria plumbea. Ethericl semilunata fljann. An/i. Mus., t. 10, p. 4o4, pi. 52, fig. 1, 2. Anim.sans vert., t. 6,* première part., p. 100, n" 3. 36o NOTICE — Id. Blainville, loc. cit.; Sowerby, Gen. of Shelis, cahier, n" 1. Etheria transversa, Lam., loc. cit., p. 4o6, pi. 52, fig. 5, 4; Anim. sans vert., loc. cit., n° 5. — Id. Blainville, loc. cit. Obs. Cette espèce est indiquée par M. de Lamarck comme vi- vant sur les rochers submergés de l'ile de Madagascar ; mais il est plus naturel de croire, vu sa grande analogie avec celle du Nil , que , si elle vient de cette ile , elle habile les fleuves , car elle offre toutes les apparences d'une coquille fluviatile et ne présente aucun indice qui puisse même inviter au doute à ce sujet. Elle est moins rare que la première espèce ; M. de Lamarck en pos- sède deux individus , ceux sur lesquels il a établi les Etheria transversa et semilunata. M. le duc de Rivoli en a une autre dans la précieuse collection que son zèle , si digne de louange , pour riiistoire naturelle, le porte à enrichir chaque jour. Il a bien voulu nous la communiquer avec une Huître que nous signale- rons tout à l'heure et qui nous a été remise comme étant la même espèce d'Ethérie, tant en effet elle ressemble anphimbea; nous en possédons un quatrième individu et nous en connaissons un cinquième en Angleterre dans la riche collection de notre excel- lent et vénérable ami M. le docteur Goodall, prévôt du collège royal d'Eton. La comparaison de toutes ces coquilles ne laisse aucun doute sur leur identité. Sur la plupart d'entre elles la valve libre est couverte de petits corps ronds blanchâtres , ou de petits cercles qui en marquent la place, analogues à ceux que l'on voit sur plu- sieurs Nérites fluviatiles et sur les Septaires : ce sont des œufs de quelques mollusques d'eau douce. Cette espèce, comme les deux qui précèdent , offre des indi- SUR LES ÉTHÉRIES. 36i vidus, en apparence sënesires, c'est-à-dire qui ont été fixés par la valve ordinairement libre. Nous allons actuellenieni signaler quelques autres découvertes intéressantes , également dues à M. Cailliaud , et indiquer les di- verses espèces de coquilles terrestres et fluviatiles rapportées par ce voyageur , de l'Egypte , de la Nubie et de l'Ethiopie. Nous connaissons si peu les productions en ce genre de ces contrées , dont les dernières sont presque inconnues , que ces renseigne- mens sont précieux. La principale ^ après les Ethéries, est la dé- couverte de l'Iridine dans le Nil. Celte belle coquille, recherchée et fort chère, était indiquée connue vivant à la Chine, d'où elle était connue sous le nom vulgaire de Palme de la Chine. M. Cailliaud l'a trouvée en abondance dans le canal de Joseph , dans la Haute-Egypte, oii il paraît également que M. de Savigny l'avait rencontrée. Mais ce dernier n'ayant pas encore publié la partie de la description de l'Egypte qui traite des Mollusques, cette observation était ignorée. Le genre Iridine a été premièrement établi par Humphrey , dans le Catalogue de la collection de M. de Galonné, sous le nom de Barbala ( Mus. Calonn. p. 5g ). Nous avons signalé ce fait au mot Barbelle du Z?/c/^. c/assi^z/e cVhist. Jiat. Humphrey l'avait créé pour le Mytilus plicatus de Solander , décrit dans les ma- nuscrits de ce dernier savant, qui donne aussi à cette coquille la Chine pour patrie , et qui la cite dans son Catalogue de la col- lectionde la duchesse de Portland, sous le n". Sgio, àla page i83. L'individu de ce cabinet offrait plusieurs perles et l'indice des moyens artificiels employés par les Chinois pour déterminer cette excroissance ou dépôt de nacre. Il paraît que Solander, dans ses manuscrits, rapportait à cette espèce, comme synonyme, la Came Mutel d'Adanson [Sénégal, p. 234, pi. 17, fig. 21 ), qui se trouve 46 363 NOTICE dans les lacs d'eau douce de l'intérieur de ce pays, coquille qui n'a point e'te' reconnue jusqu'à présent par les naturalistes, et dont Gmelin a fait son Mylilus clublus {Sysl. Nat., p< 5565 ). Dillvvyn {Descript. cal. p. 3i8) a adopté ce dernier nom et toute la synonymie que nous venons il'indiquer. Ayant fait demander des renseignemens à M. Humphrey sur les genres nouveaux qu'il a établis dans le Muséum Calonia- num , il nous fit répondre que l'Iridine , était sans doute, son genre Scaj)/ia , ce qui nous induisit en erreur dans l'ardcle du BuUetin des sciences (n" 901 du loin. 2), oii nous rendons compte du Mémoire de M. Swainson sur les Iridines. Nous croyons que c'est au genre Barbala que l'on doit rapporter celle coquille, ei depuis que nous avons vu celles que M. Cailliaud a trouvées dans le Nil , nous croyons que le Mulel d'Adanson est bien cer- tainement la même espèce, et cela avec d'autant plus de fonde- ment, comme nous le verrons tout à l'heure, que \ ,4nodonUi riibens de M. de Lamarck , qui vit au Sénégal , se trouve aussi dans le Nil. En comparant les individus découverts par M. Cailliaud, un uc ceux de l'Iridine anciennement connue, on ne peut s'empèciier de les rapporter à la même espèce. Ceux du Nil sont plus épais, leur ligne cardinale offre fort rarement ces petits tubercules, seul caractère sin- lequel M. de Lamarck a appuyé l'établissement de ce genre et la distinction de l'Iridine avec les Anodontes ordi- naires; mais malgré ces légères différences de localilé,^n ne peut eu faire qu'une variété de Ylridiiia exotica de M. Lamai^k (Hi elongata de Sowerby , et celte variété sert à prouver que cette faible di.iiinction n'est pas même conslanle et que par conséquent le genre Iridine doit être réuni au genre Anodonte. Vraisemblablement l'Iridine vit à la Chine, et sa variété du Nil SUR LES ÉTHÉRIES. 363 se trouve aussi au Sénégal et est la même que le Mutel d'Adanson. Enfin ce genre doit être supprime'. La découverte de M. Cailliaud justifie ces opinions déjà émises par nous et par d'autres na- turalistes. Les autres coquilles fluviatiles trouvées par ce voyageur sont : i". \J Anodonla riibens de Lamarck, rare à ce qu'il parait dans le Nil et plus commuoe au Sénégal. 2°. \J AmpuUaria carinaLa d'Olivier, trouvée par ce voya- geur dans les canaux d'Egypte , et que M. Cailliaud a rencontrée jusque dans le Sennaar. Cette coquille sênestre a les plus grands rapports avec \ Ainpidlaiia gidneensis {Hélix lusitanica, Linn.), dont, peut-être, elle n'est qu'une très-forte variété, ainsi qu'avec une nouvelle espèce décrite par M. Sowerby sous le nom ^ Âinp. siihcarinata , et qui vient du Congo. 3". \J AmpuUaria ovata d'Olivier, trouvée par ce savant dans le lac Maréotis , avec des coquilles uniquement marines , le Cerithium vulgatum et le Cardiuin edule , fait important que nous avons déjà relevé, et qui , avec plusieurs autres faits analogues, jette un grand jour sur la théorie des alternats en géologie. M. Cailliaud a rencontré cette coquille en abondance dan$ les grandes sources des Oasis, notamment dans celle de Shiwah. 4". Paludina hulimoides , Nobis; Cjclostoma bulimoïdes d'Olivier, trouvée par lui dans le canal d'Alexandrie. M. Cail- liaud l'a rencontrée un peu différente, dans la partie du Nil qui traverse le Darfour. 5°. Melania ; Nov. Sp. ? Recueillie dans l'Oasis de Tarafré ; elle semble n'être qu'une très-grande variété de la Melanoïdes fasciolata d'Olivier , trouvée par ce dernier dans le canal d'A- lexandrie. 364 NOTICE M. Cailliaud n'a lenconli é que deux espèces de coquilles ter- restres : 1°. Noire Hélix ï>re^«/am, espèce singulière parles variétés de forme et de couleur qu'elle présente , et intéressante comme étant, à ce qu'il parait, le seul limaçon qui peuple les bouquets solitaires de ces vastes plaines tie sable; on serait tenté d'en faire plusieurs espèces , si l'on ne savait que dans ces climats brùlans, la même coquille varie en grandeur et en figure d'ime manière étonnante. >I. Cailliaud l'a trouvée à Chendy en Ethiopie , dans le Sennaar, dans les Oasis, à Alexandrie et au Caire, d'où Olivier l'avait rapportée ; enfin nous l'avons reçue de Smirne, de Suez et de l'Arabie. Des individus pris vivans dans le Sennaar et l'Ethio- pie, il V a plus de deux ans, par M. Cailliaud-, se sont conservés depuis ce temps, sans manger et presque sans respirer, et je les garde depuis plusieurs mois sur ma cheminée, sans qu'ils paraissent souflVir. Cet exemple n'est pas unique : M. Ménard de la Groie a retrouvé des limaçons vivans deux ans après son retour d'Italie, oii il les avait recueillis, et nous avons souvent conservé dans cet étal des espèces de nos pays, pendant plus d'un an. 2". La seconde espèce tIe coquilles terrestres est une belle Hé- lice ( H.Jlammata), de notre sous-genre Cochlogène {G. ^u- lime, Lam. ), longue de plus de deux pouces , ornée de belles (hunmes brunes; M. Cailliaud ne l'a jamais rencontrée en Egypte et l'a trouvée assez abondanmienl dans le Sennaar. Cette coquille se trouve aussi au Sénégal , à Sierra-Leone et sur la cite de Guinée. Nous croyons devoir signaler deux très - belles coquilles fossiles dont les genres n'étaient pas connus encore , en cet état , d'une manière irrécusable : l'une est une superbe Yulselle , l'autre une Placune; toutes deux paraissent parfaitement analo- SDR LES ÉTHRRIES. 365 gues aux espèces vivantes actuellement connues. M. Cailliauc! les a trouvées au mont Cathan , à trois lieues du Caire, et tout annonce que le dépôt dont elles faisaient partie est analogue aux autres dépôts tertiaires du bassin de la Méditerranée , tels que ceux des collines Sub-Appennines , de Nice et du Roussillon. Nous terminerons cette note , en disant un mot sur la singu- lière analogie que les faits que nous venons de rapporter établis- sent entre certaines productions de l'Egypte, de la Nubie, de l'Ethiopie et celles du Sénégal, séparés cependant par d'immenses déserts. Nous avons vu l'Iridine et VUnio rubens communs aux eaux douces de l'Egypte et du Sénégal , et YHelix flammata , espèce terrestre qui peut difficilement aussi fran- chir les déserts, habiter dans le Sennaar et sur les côtes occiden- tales. En général, selon l'observation de M. de Savigny, tous les oiseaux de l'Egypte sont distincts de ceux du Sénégal , tandis que ceux rapportés par M. Cailliaud, de la Nulîie et de l'Ethiopie, sont tous absolument les mêmes que ceux de ce pays. D'un autre côté, plusieurs des productions de l'Egypte sont les mêmes que celles de l'Europe méridionale: telles sont les Hélix putris , striata, Pisana, -uariahilis, Algira, aciita , decollata ; la PIvysa harpula qui se trouve en Estramadure, vit aussi en Egypte, comme la Melaiiopsis buccinoïdea dans le bassin du Guadalquivir et sur la côte de Syrie. D'autres coquilles sont com- munes à l'Egypte et à l'Asie, telles que les Hélix ligata, irregu- Icu'is etspiriplana; la Paludina unicolor d'Olivier, du ca- nal d'Alexandrie, se trouve jusque dans la presqu'île en-deçà du Gange, etc. Ces rapprochemens intéressans, que je pourrais étendre encore, con fument les aperçus que nous avons donnés dans notre grand ouvrage, sur la distribution géographique des mollusques terrestres et fluviatiles, notamment sur la similitude 366 NOTICE de beaucoup de coquilles des autres parties du monde, avec celles de l'Europe. A.insiY Hélix decollata, par exemple, si com- mune en Egypte, en Syrie , dans l'Archipel , en France, en Ita- lie et en Espagne, se retrouve aux environs de Charles-Town aux Etats-Unis , et Y Hélix aspersa de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, est la même que celle du Brésil et de la Guiane {b). NOTICE Sur un now^eau ^enre de la famille des Huîtres , qui parait réellement vivre dans l'eau douce. Avec l'exemplaire de VEtheria plumbea de la collection de M. le duc de Rivoli , que nous avons cite dans la notice précédente , se trouvait une seconde coquille qui nous fut remise par M. Du- fresne , à l'obligeance duquel nous sommes redevable de la géné- reuse communication de M. de Rivoli. Cette coquille nous fut don- née comme un second individu de la mèmeEthérie, cl nous la reçû- mes sans nous apercevoir nous-même de leur différence générique , tant, à l'extérieur, l'aspect de ces deux coquilles est semblable, de sorte que, même en l'ouvrant , la préoccupation oii nous étions , ne nous permit pas plus qu'à M. Dufresne de remarquer la dis- tinction si visible, cependant, de leurs impressions musculaires. En voulant l'examiner de nouveau, pour la décrire, nous recon- nûmes avec ime vive surprise que, si les Huîtres de M. Cailliaud se trouvaient être des Ethéries , cette Ethérie se trouvait, à son tonr, être une Huître, ou du moins appartenir à la famille qui comprend ce genre. SUR LES HUITRES. 867 Eu edfet , la charaière et le ligament de cette précieuse coquille offrent des caractères particuliers qui la distinguent des véritables Huîtres, et demandent d'en former, au moins, un sous-genre sé- paré. Elle offre un ligament extérieur, court, latéral et linéaire, parfaitement semblable à celui des Anodontes et des Mulettes, et à peu près comme dans les Pernes et les Crénatules, une ligne cardinale ondulée, ou traversée par quatre ou cinq fossettes obliques, opposées d'une valve à l'autre, dans lesquelles s'emboi- tent les séparations saillantes qui les limitent. Cette ligne cardi- nale, située sous les crochets, est remplie par une couche de sub- stance ligamenteuse, appendice ou continuation du ligament, et qui lie comme lui les deux valves. Dans la classification de M. de Lamarck, celte coquille se trouverait plus rapprochée, par son ligament extérieur et sa charnière , de la famille des Malléacées où cependant le ligament est marginal et non extérieur. Mais cette famille a dit se diviser par la restitution faite par M. Cuvier, aux acéphales dimyaires, des genres Crénatule,Avicule et Pintadine, en sorte que ce serait, tout au plus, avec les autres genres de cette famille, savoir les genres Marteau et Perne qui forment pour nous la famille des Malléacées , qu'elle devrait se placer, si d'autres considérations ne commandaient de la comprendre dans celle des Huîtres. Les Marteaux et les Pernes sont byssifères ; notre co- quille se fixe à la manière des Huîtres et non par un byssus : ainsi son animal paraît dépourvu de pied. La charnière est dif- férente de celle des Pernes et des Marteaux, où il n'y a point d'em- boîtage ni de ligament extérieur. Sa valve inférieure a son crochet prolongé en talon, comme chez beaucoup d'Huîtres dont elle a d'ailleurs l'aspect et la forme générale, de sorte que c'est à côté ou avec le genre Huître qu'elle doit se placer. A l'exception du talon de la valve inférieure, cette coquille est presque équivalve; 368 NOTICE sa figure doit varier suivant les corps sur lesquels elle se fixe. Nous croyons que les caractères que nous venons d'indiquer suffisent, à la rigueur , pour pouvoir en faire un genre distinct des vraies Huîtres, et nous lui donnerons le nom de MuUérie en re- connaissance de tout ce que l'histoire naturelle des Mollusques doit au savant et ce'lèbre Midler. Famille des Huîtres. a. Ligament intérieur; coquille mince papy racée. Genres Ano- niie, Placune. b. Ligament demi-intérieur; test feuilleté, souvent très-épais. Genres Gryphée, Huître. c. Un ligament extérieur latéral et lui autre marginal garnis- sant la charnière. Test solide et non feuilleté. Genre IV. Mullérte, Mulleria nobis. Coquille adhérente , inéquivalve , irrégulière ; valves réunies par un ligament extérieur, court, latéral, et par une charnière sinueuse, munie de fossettes obliques, dans lesquelles s'emboîtent des proéminences correspondantes, garnies les unes et les autres par un appendice ligamenteux. Patrie ignorée; présumée Madagascar ou l'Afrique. La seule espèce connue vient, sans doute, du même lieu que YEtherkiplumbea; car e\le (ut raipTjiortée avec trois individus de cette Ethérie, et la couleur du test et ses accidens indiquent que ces coquilles ont vécu dans les mêmes eaux. A l'extérieur, elle offre les circonstances découches épidermiques et d'érosion qu'on remarque sur les coquilles fluviatiles. Le talon de la valve inférieure est très-allongé et assez pointu. Des lignes concen- SUR LES HUITRES. 369 triques ondulées couvrent cette coquille. Ce sont les bords ronges des diverses couches du test. L'inte'rieur est d'un vert noirâtre et bleuâtre ; l'extérieur est nébuleux et varié par les lignes irrégu- lières dont nous venons de parler. L'épiderme estverdâtre. Cette coquille est longue de cinq pouces trois ou quatre lignes depuis l'extrémité du talon jusqu'au bord opposé de la valve inférieure. Extrait du rapport fait sur ces Notices , à l'académie des sciences , If 29 septembre 1823, par MM. Brongniart et Latreiîle, rapporteurs. («) Votre commissaire-rapporteur avait déjà prévu ces difficultés et avait fait quel- ques reclierches afin de pouvoir les éclaircir. Il pense qu'au moyen de quelques légères rectifications, le caractère tiré des impressions musculaires, signalement d'ailleurs très- commode et dont Lister ainsi qu'Adanson avaient depuis long-temps apprécié les avantages , peut être employé , sans déranger en aucune manière l'ordre naturel. D'a- près les observations de M.Cuvier (iîe^ne Animal, t. 11, pag. 456 et suiv.), sa famille des Ostracées, composée des Acéphales à manteau ouvert et sans ouverture particulière, se partage en trois sections. Dans la première, le muscle destiné h fermer la coquille n'est point distinct. Je ne dirai point qu'il n'existe pas, car si d'anciennes descriptions anatomiques, que l'on trouvera réunies dans la dernière édition de la Conchylio- logie générale de Lister, et qui ont pour objet l'animal des Huîtres et celui des Peignes, sont exactes; ce muscle y est formellement désigné, mais il est tellement rapproché de celui qui sert d'attache au corps, qu'on peut le confondre avec lui. Dans la seconde section des mêmes Ostracées, celle qui comprend les Avicules, les Crénatules et les Pinnes, le muscle constricteur est sensible, mais très-petit ; il ne laisse pas, à son point d'attache avec les valves, d'impression remarquable : celle que forme l'autre muscle est, ainsi que dans la première section, presque centrale. Les faisceaux de ces deux muscles sont presque égaux dans la troisième section , écartés et fixés aux valves au- delà de la ligne médiane : l'un ou celui qui sert d'attache au corps entre la charnière et l'extrémité du côté qu'on a nommé antérieur, mais qui relativement à l'animal est postérieur, et l'autre ou le constricteur au côté opposé, le postérieur dans la nomencla- ture ordinaire, mais réellement l'antérieur. Soit que l'impression formée par celui-ci soit manifeste ou non, l'autre ou l'ordinaire et constante, est latérale. Sa situation nous fournit donc un caractère qui distingue les Ostracées de la troisième section , i-omposéc des Arches et des autres Acéphales suivans, des Ostracées des deux pre- 47 S-jo NOTICE oiiàrefi d«iièi«ns ) aUfodu que daaa la seconde^ le muscle cunstricteur est très-petit et (jiie l'ioipression ordinaire est toujours presque centrale; nous réunirons cette section à la première, et ces coquilles formeront exclusivement notre divison des Monomyaires. Un eiamen «natftinlqne m'a fait reconnaître duns les Moules, rangi^s par M. de La- marck nveu ces Monomyaires, l'impression formée par le muscle constricteur. Ces co- quillages sont donc dimyaires, de même que les Naïades et les Arcacées. Ils composent, avec les Xridacnées, une série naturelle bien distincte, soit par la forme de là char- nière, soif par cMe du ligament et sa situation. Toutes ces familles une fois séparées, nous arrivons à des Conchifères parfaitement dimyaires, et dont les animaux ont le manteau terminé postérieurement par deux tubes disjoints, d'abord courts, ensuite longs, et qui vers la lin se réunissent en un seul corps. Cette seconde série aura en tète les Camacées. L'animal des Ethérics n'ayant pas été observé, l'analogie peut seule lious éclaii^èr sur la place naturelle de ce genre. L'opinion de M. de Lamarck nous paraît, â cet égard, mieux fondée que celle de MM. de Blainville et dcFérussac. Sup- posons (|ueraniiual des Cames fût inconnu , comme sa coquille est lné(|uivalve et fixée; si l'on en jugeait d'après ces rapports, on placerait ce genre près de celui des Huîtres, et l'ordre naturel nous interdit néanmoins ce rappruebement. Nous pouvons faire la même application aux Ethérics. Si l'on suit une série décroissante, on observera qu'on ne commence à trouver de coquillages d'eau douce, ([ue dans la famille des Mytila- cées.Ge mode d'habitation se continue dans (juelques familles suivantes, et cesse en- suite; de manière que les deux extrêmes de classe des Conchifères ou Acéphales sont composés de coquillages uniquement marins. Le même fait a lieu dans la classe des Gastjéropodesde M. Cuvier. C'est encore vers le milieu de leursérie, c'est-à-dire dons les Pfllmonés aquatiques et dans les Peeti ni branches sans siphon, que l'on observe cette alternative d'habitiilion marine et d'habitation d'c.TU douce. Or, puisque certaines Ethérics sont fluviatiles, il est à présumer ipi'elles se rangent naturellement près des Conchifères qtii nousolTrent la même analogie d'hal)itudc, ou dans cet espace mitoyen delà séri* classicjue dont nous avons parlé; à raison de leurs impressions musculaires, elles sont exclues de notre première section, et comme les Arcacées qui commencent Id'ïeboddé; et qui sorittoutes marines, se lient intimement, soit avec les Monomyaires, itHt avec 'lès Mvtilaeées et les ISaïadcs, les Ethérics doivent nécessairement descendre pitis ba^ èt's'assucier att Cam^sy coquilles pareillement inéquivalves et adhérentes à "divers èorps'. ^''■'Selon M. d'Audebart, lés trois espèces d'Ethéries qu'il mentionne otl'rcnt des in- dhidus, en apparence séncstres ou gauches, et il regarde comme possible que ranim.il "peut se fixer indistinctement par l'une ou l'autre valve. '■•'Nous avons tu ces èoquilles et nous avons etfcctivement remarqué que le ligament 'if'la''Miai'hièrc étaient situés tanldt A gauche et tantôt A droite. Si on suppose que •IBv^sqtié rshlilnâl vient de YiaMrtf, ses valves sont presque égales, l'explication du fait 'dVmné'p'AVcé' natVira'lîit'e ne' set*^it(9 in^raisemblabloi . .-i . . j . '•'• - SUR LES FIUITRRS. i-ji (i)M. d'Audebarl termine cette notice par des vues générales sur les rapports d'ha- bitation des coquilles terrestres et fluviatiles. Ainsi, par exemple, plusieurs espèces des provinces méridionales de l'Espagne sont communes à l'Egypte; mais celles 4Ç|M Nubie et de l'Ethiopie ne se trouvent qu'au Sénégal et que ,dans d'autres contrées oc- cidentales de l'Afrique , pareillement voisines de l'Equateur. Le domaine de quelques autres coquilles est bien plus étendu. Nous citerons V Hélix decollatasX abondante dans les pays qui bordent la Méditerranée et que l'on revoit encore aux environs de Charles- town, et V Hélix aspera qui' est presque cosmopolite. Ces observations relatives à la géographie des coquilles s'accordent avec celles que votre commissaire-rapporteur a recueillies à l'égard des insectes, et qu'il a exposées dans un Mémoire particulier. (c)Une coquille de la collection du duc de Rivoli, qui avait été prêtée à M. d'Au- debart avec l'Ethérie plombée , et qu'on avait d'abord confondue avec cette espèce, lait le sujet de la seconde notice de ce naturaliste; il en forme le genre Mullcria . . ■ La seule espèce connue ayant été rapportée avec trois individus de l'Ethérie plombée, ce naturaliste présume qu'elle est aussi originaire d'Afrique ou de Madagascar. La couleur du test et ses accidens paraissent indiquer qu'elle est Huviatile. Le genre MuUérie nous paraît, en effet, devoir être adopté. Il se rapproche beau- loup de celui des Crénatules, où la coquille est pareillement feuilletée et sans byssus. Mais celle des Mulléries est fixée par sa valve inférieure et remarquable d'ailleurs par son talon. La charnière ressemble davantageà celle des Pernes, et la substance cornée et ligamenteuse remplissant ses fossettes, se prolonge sur le corselet en un ligament extérieur, caractère très-distinctif. A l'égard de la place que M. d'Audehart assigne à ce genre, votre commissaire-rap- porteur ne partage pas son opinion, et il pense que les Mulléries font partie d'une petite famille naturelle bien caractérisée par la forme et la situation du ligament, et qui se composent des genres que M. Cuvier, d'après les rapports anatomiques de ces animaux, a placés entre les Spondyles et les Arches. Déjà dans ces Spondyles et dans les Peignes, les deux valves sont réunies dans toute la longueur de leurs oreillettes par une substance ligamenteuse de forme linéaire et qu'il ne faut pas confondre avec une autre matière pareillement ligamenteuse , occupant la fossette cardinale, et qui, lorsque la facette de la charnière s'ava.nce intérieurement, comme dans les Spondyles, les Huîtres, etc., la partage dans le milieu de sa longueur. Votre commissaire-rap- porteur soupçonne aussi que les Mulléries sont plutôt fluvi-marines que fluviatiles proprement dites, c'est-à-dire purement d'eau douce Ainsi que vous le voyez, Messieurs, ce naturaliste vous donne chaque jour de nou- velles preuves de son dévouement et de son zèle pour les progrès des sciences natu- relles, de la conchyliologie spécialement. Se proposant de revenir avec d'amples détails sur les objets dont nous vous avons entretenus , dans son Traité des Coquilles terrestres 3^2 NOTICE SUR LES HUITRES. et fluvialilej , ouvrage si remarquable sous le rapport des connuissances et de l'exé- cution , il vous a présenté ces dernières obserrations sous le titre simple de notices. M;iis quelles que soient leur forme et leur concision, cesrecherches n'en sontpasmoins curieuses et dignes, à ce qu'il nous semble, de ces suffrages dont vous avez si souvent honore ses travaux. Signé BRONGNI.\RT. L.iTRElLLE, rapporteur. L'Académie approuve le rapport et en adopte les conclusions. '.'.tlilnivuD 'lop c^'iiiiiKm-ivuI) lh\\u l'iL'Il' '•/ ^i^îfcTI -ulnn ?.>'ju-ji' OBSERVATIONS SUR LA STERILITE DES HYBRIDES. PAR M. AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE. ( LD DANS LA SEANCE DU 1 AOOT 182,3. ) Dans l'intéressant Mémoire que MM. Guillemin et Dumas ont publie sur les Hybrides, ils demandent, comme l'avait déjà fait M. De CandoUe (The'or. Elém., deuxième e'ditk)n, p. 2i5), si ces plantes, lorsqu'elles proviennent d'espèces réellement dif- férentes j sont douées ou dépourvues de la faculté de porter des graines fertiles. Un fait que je vais citer tendra à résoudre cette question. Dans une herborisation que nous fîmes en 1 808 , M. de Sal- vert et moi , aux environs de Combronde, petite ville de la basse Auvergne, nous trouvâmes, au fond d'une vallée stérile et ro- cailleuse, une Digitale qui, mêlée avec les Digitalis purpurea et lutea , participait presque également aux caractères des deux espèces. Nous crûmes reconnaître en elle le Digitalis fucata de Persoon, et M. Loiseleur à qui nous l'envoyâmes, la signala sous ce nom dans son supplément au Flora gallica. L'année suivante, nous revîmes notre plante dans le même vallon, mais à des places différentes, et voiJant en recueillir les graines nons ne trouva- 3^4 OBSERVATIONS SLR LES HYBRIDES, mes que des capsules ridées et remplies de semences avortées. De ce fait, de la ressemblance de notre plante avec les D. purpurea et lutea, de la facilite' enfin avec laquelle Koelreuter avait déjii obtenu d'autres hybrides de Digitale, nous crûmes pouvoir con- clure que notre plante en était une elle-même. M. de Salvert en fit insérer la description et la figure dans le Journal de Bota- nique; il rapporta les faits que je viens de citer, et caractérisa la plante dont il s'agit de la manière suivante : DiGiTALis HYBRiDA. D.fucafa. Loiscl. not. p. 96. Caule erecto, subramoso ;Joliis lanceolatis, semi-amplexi- caulibus, glabriuscuUs , serratis; racemo longo lerminali , calycinis laciniis lanceolalls, acutis, superiore angustiore; coroUœ labri infcrioris lobo intermedio elongato , Ira/i- cato. Depuis l'époque oii M. de Salvert rédigea sa description, nous continuâmes à suivre notre Digitale. Pendant six années consé- cutives , nous la revîmes dans le même vallon et toujoui'S au mi- lieu des D. purpurea et lutea ; pendant six ans nous observâmes ses ovaires et ses capsules , et nous trouviimes constamment que celles-ci étaient ridées et ne contenaient aucune semence capable de fructifier, que les ovaires étaient entièrement flasques et que les ovules ressemblaient à une poussière de bois fine et légère. Je ne prétendrai assurément pas qu'un fait unique puisse faire considérer le problème proposé par MM. De Candolle , Guille- niin et Diunas comme étant à jamais résolu. Ce fait cependant me paraît assez curieux pour être consigné dans les archives de la science, il tend encore à donner plus de poids, s'il est possible, à la doctrine de l'existence des sexes chez les plantes, doctrine qui, si elle ne peut être mathématiquement démontrée, se fortifie cC' pendant chaque jour davaniagji par les travaux des botanistes. MONOGRAPHIE DE LA FAMILLE DES ÉLAEAGNÉES. PAR M. ACHILLE RICHARD. (lue A l'académie des sciences de l'institut, le 7 DÉCEMBRE l823.) Depuis l'introduction de la méthode des familles naturelles dans la botanique , cette science a pris une face nouvelle. Son étude est devenue plus satisfaisante pour l'esprit et plus philoso- phique dans ses résultats , dès le moment où l'on ne s'est plus borné, comme autrefois , à n'étudier dans les végétaux que les différences spécifiques qui les distinguent les uns des autres. Aussi depuis cette époque, qui date de la publication du Gênera Plantarum de M. de Jussieu, les progrès de cette science ont- ils été aussi rapides que son domaine est devenu plus grand. On a senti que pour arriver h bien apprécier les rapports naturels qui existent entre tous les végétaux , il était préalablement indis- pensable de connaître avec la plus scrupuleuse exactitude la struc- ture et les modifications diverses de tous les organes qui les com- posent. Les botanistes ont vu que ce n'était pas d'après un ca- ractère unique que l'on pouvait classer les plantes et en former des groupes naturels, mais que pour arriver à ce résultat, vers lequel doivent constamment tendre leurs efforts, il fallait réunir 376 MONOGRAPHIE les caractères fournis par l'ensemble de l'organisation et peser en quelque sorte leur importance respective. Celte direction nou- velle imprimée à la science a conduit à reconnaître que ces organes avaient d'autant plus de valeur pour la classification, qu'ils étaient plus constaus dans leur existence et leurs modifications; l'on a dès-lors apprécié toute l'importance des diverses parties ilu fruit et de la graine , jusqu'alors trop négligés , pour servir à la coor- dination des plantes en familles naturelles. C'est aux travaux car- pologiques deGœrtner, et j'ose dire aussi à ceux de monpère, que la botanique a dû cette marche nouvelle, qui a exercé une si grande influence sur ses progrès. Dans son Gênera Plantaruin, publié en 178g, M. de Jussieu groupa tous les genres connus alors en cent ordres ou familles naturelles. Depuis cette époque ce nombre s'est considérablement accru , soit par la découverte de végétaux nouveaux, olfrant des modifications nouvelles d'organisation, soit qu'en étudiant avec plus de soin les genres déjà décrits et arrivant ainsi à une connais sauce plus parfaite de leur structure et de leurs affinités, on en ait retiré un certain nombre des familles où ils étaient placés, pour en former de nouveaux groupes. Ces deux causes sont certaine- ment celles qui ont le plus puissamment contribué à augmenter le nombre des familles naturelles : aussi ces groupes ne sont-ils plus aujourd'hui les mêmes qu'à l'époque où ils furent établis par le fondateur de l'école française. Quelques-uns ont été t(!llement divisés, que les genres qui les formaient alors constituent aujour- d'hui plusieurs familles plus ou moins distinctes ; c'est ce que prouvent les Joncées, les Naïades, les Narcisses, les Amentacées, les Rosacées , les Elœagnées , etc., etc. Il nous a paru important pour la science de soumettre à un nouvel examen ces familles ilont les membres ont ainsi éprouvé de fréqueiues migrations, afin de DES ÉLjEAGNÉES. 377 déterminer exactement la place que chacun d'eux occupe aujour- d'hui, et d'en tracer les caractères avec plus d'exactitude et de pré- cision. C'est par la fomille des Elœagne'es que nous commence- rons ce travail. La famille des Elaeagne'es , telle qu'elle a e'te présentée par M. de Jussieudans son Gênera Plantariim (p. 74-76), se com- pose d'un grand nombre de genres qui, mieux e'tudie's dans la structure de leurs organes floraux, ont oftert des différences assez grandes pour être groupés en plusieurs ordres naturels dis- tincts les uns des autres. Gœrtner et mon père, en observant que dans le genre Hippophae l'ovaire n'était point adhérent avec le calice , ainsi qu'on l'avait cru jusqu'alors , mais qu'il était tout-à- fait libre et simplement recouvert par le tube calicinal, ont mis les premiers sur la voie pour indiquer que tous les genres réunis dans l'ordre établi par le savant aiueur du Gênera , pouvaient se prêter à un arrangement plus naturel. M. de Jussieu dans son premier Mémoire sur les caractères gé- néraux des familles, tirés des graines {Atui. du Muséum, vol.5, p. 222), guidé par les observations de Gartner et de mon père, qui indiquent dans les genres Thesium et Nyssa la présence d'un embryon renfermé au centre d'un endosperme charnu, écarte ces deux genres delà fimiille des Elœagnées, sans indi- quer toutefois la nouvelle place qu'il leur assigne. Le genre Hip- pophae ayant l'ovaire libre, M. de Jussieu le retirait également des Elaeagne'es, n'ayant pas observé alors que cette structure existait également dans le genre Elœagnus. Quant à la seconde section de ses Elœagnées, qui comprend les genres Termlnalia, Bucida, etc., dont l'embryon, dénué d'endosperme, a les cotylédons minces, foliacés et coïitoinnés en 48 3-8 MONOGRAPHIE spirale autour de la latlicule, M. de Jussieu propose d'en former une famille dislincie sous le nom de Mirobalanees. Plus lard Robert Brovvu dans son Prodromus Florœ-Novœ Hollandiœip. 56o etseq.) a fait voir que robsorvation de Ga^^rl- ner sur la non-soudure tle l'ovaire dans XHippophae, s'étendait également au ^enre Elœaginis, dans lequel celorgane était tout- à-fait libre. Ce caractère éloigne donc les deux genres Hippophae et Elopcignus , des autres genres qu'on leur avait associés et qui tous ont un ovaire infère. Robert Brown a pensé qu'ils devaient former à eux seuls la flunille des Elœagnées; quant aux autres genres qui leur avaient été réunis et dont la majeure partie cons- titue la famille des Myrobalanées, proposée par M. de Jussieu , il en a formé deux autres familles sous les noms de Santalacées et de Combrélacces. Dans la première, savoir les Santalacées, il place le genre Seul ktlum rangé parmi les Onagraires, et tous les genres de la famille des Elasagnées de M. de Jussieu , qui, ayant l'ovaire infère et à une seule loge , ont de quatre à cinq étamines oppo- sées aux lobes du calice, l'ovaire uniloculaire contenant plusieui-s ovules attachés à la partie supérieure d'un placenta central ; un embryon axillaire , très-petil, cylindrique et renversé, placé au centre d'un endosperme charnu : tels sont les genres Thesium , Leplomeria, Osyrls , Choretrum , Fusaiius , Santahun et Exocarpiis qui diffère des précédens par son ovaire supérieur. Les Combrétacées comprennent les genres Bucida, Teiniina- lia, Chuncoa, Pamaa, Tanibuca, Conocarpus , Laguncu- laria, placés d'abord parmi les Elaeagnées, et les genres Conihre- tum, Cacucia, etc., rangés par M. de Jussieu dans la famille des Onagraires. Tous ces genres dont plusieurs sont pourvus d'une corolle polypéule, tandis que les autres n'ont, ainsi que les San- DES élj::agnf.es. 379 lalace'es, qu'un perianthe simple, ont pour caractères communs : un ovaire infère et uniloculaire , huit ou dix e'tamines , des grai- nes dépourvues d'endosperme et ayant un embryon renverse , dont les cotylédons foliacés sont tantôt planes, tantôt roulés autour de la radicule. L'ovaire dans ces deux familles offre des caractères différens. Dans les Santalacées, il est toujours à une seule loge, qui présente à son centre un trophosperme axiilaire ou placenta central d'a- bord adhérent au sommet et à la base de la cavité, ainsi que l'a observé M. Auguste de Saint-Hilaire dans quelques espèces de Thesium. Mais peu de temps après la fécondation, il se détache de la base de la loge , se contracte sur lui-même ou se tord en spirale. Les ovules sont au nombre de deux à cinq, placés à la partie supérieure du placenta, de manière que quand ce dernier s'est détaché de la base de la loge , ils semblent naitre de son sommet. Ces ovules sont constamment renversés. Piobert Brown dans son Prodrome dit que dans les genres qui forment sa nouvelle famille des Combrétacées, les ovules dont le nombre varie d'un à quatre pendent immédiatement du sommet fie la loge, qui est totalement dépourvue de placenta central. Nos observations s'accordent avec celles du botaniste de Londres. Nous avons vu dans l'ovaire du genre Biicida trois ovules pen- dans immédiatement du sommet de la loge et portés chacun sur un podosperme fihforme assez long sans aucun vestige de placenta central. Dans le genre Nyssa que son endosperme charnu éloi- gne des Combrétacées , tandis que tous ses autres caractères l'en rapprochent, nous avons trouvé un seul ovule pendant, attaché au sommet de la cavité de l'ovaire. Ce caractère devient alors- l'un des plus précieux poiu- distinguer les Cojiibrétacées des San- talacées dans lesquelles il existe un trophosperme central, don- 38ft MONOGRAPHIE nant attache aux ovules dans sa partie supérieure. L'absence de l'endosperme, signalée par Robert Brown comme un caractère propre à distinguer les FJyeagnëes des Santalace'es qui en sont pourvues, ne saurait tare jusiemenl invoquée, car nous prou- verons lîientùt que cet organe, qui joue un rôle important dans la coordination naturelle des genres , existe dans tous ceux qui constituent véritablement les Elaoagnées, et qu'il manque dans les Combrétacées, en sorte qu'il ne peut servir qu'à distinguer l'une de l'autre la famille des Combrétacées et celle des Santalace'es. Il résulte des différens travaux dont nous venons de faire con- naître les résultats, que la famille des Elœagnées, telle qu'elle a été modifiée par les modernes et particulièrement par R. Brov\ n, ne renferme plus des anciens genres qu'on y avait autrefois rénnis, que VEln'agnus elYHippophae. Mais Nuttal {Gênera ofnorih ylmerican plants) a fait, et avec raison, de ÏHippophaecana- densis, un genre distinct auquel il a donné le nom de Shepherdia. Nous ajouterons à ces trois genres déjà connus un quatrième genre entièrement nouveau, auquel nous donnons le nom de Co- nuleum et qui se compose d'un arbre dioïque observé par feu mon père dans la Guyane française. Ce Mémoire sera divisé eu trois parties. Dans la première nous étudierons successivement et d'une manière générale l'organisa- tion de chacun des genres qui composent la famille des Elaîagnées, et pour mieux apprécier leur structure nous donnerons la des- cription détaillée de plusieurs espèces de ces genres. Dans la se- conde partie nous tracerons les caractères généraux de la famille et des genres qui en font partie , nous exposerons les rapports de cette famille avec les autres ordres naturels. Enfin, la troisième comprendra la monographie alirégée de la famille, des genres et de leurs espèces. DES ÉLjEAGNÉES. 38 i PREMIÈRE PARTIE. § I. DU GENRE ELtEAGNUS. Le genre El^eagnus, que l'on appelle aussi en français Chalef, se compose d'environ dix espèces. Ce sont en général des arbres ou arbrisseaux à feuilles alternes, pétiolées , ovales, arrondies, cordiformes ou lancéolées, aiguës ou obtuses, très-entières, quel- quefois sinueuses sur leurs bords , recouvertes d'écaillés minces , sèches et comme micacées, qui leur donnent, ainsi qu'aux jeunes rameaux et aux pédoncules floraux, un aspect blanchâtre et ar- genté. Dans quelques espèces, les deux faces des feuilles restent constamment chargées de ces écailles ; dans d'autres, elles ne sont ainsi que dans leur jeunesse ; plus tard la face supérieme devient verte et glabre. Leurs fleurs sont petites, odorantes, hermaphro- dites, pédicellées, placées à l'aisselle des feuilles; leur nombre varie d'une à douze et quinze; assez souvent il s'en trouve quel- ques-unes qui sont mâles par l'imperfection de leur pistil ; le calice est étroit et tubuleux à sa base, évasé et campaniforme dans sa partie supérieure qui offre quatre lobes réguUers tantôt dres- sés , tantôt réfléchis ; sa surface externe est recouverte de petites plaques micacées semblables à celles que l'on remarque sur les feuilles. Au point de réunion du tidîe du calice avec la partie évasée , on voit un disque plus ou moins saillant , annulaire et soudé avec la paroi interne de la base du calice, ou bien très- saillant, un peu bilobé et percé à son milieu d'une ouverture assez étroite pour le passage du style et du stigmate. Les étamines sont au nombre de quatre , presque sessiles , in- sérées au haut de la portion évasée du calice, à la base de chacune des incisions qui partagent sou Hmbe. Le filet est extrêmement J82 MONOl'.RAlMIIE court, attaché un peu au-dessous du milieu de la face posté- lieurede l'anthère. Celles-ci sont introrses , allongées, à deux lo- ges opposées, s'ouvrant chacune par un sillon longitudinal. Le pollen se compose de particules jaunes anguleuses et presque tou- jours trigones. L'ovaire est iimnédiatement attaché au fond du tube calicinal qui le recouvre étroitement sans y adhérer. Cette partie du tube du calice qui environne l'ovaire est épaissie par une lame de la substance jaunâtre qui forme le disque; coupélongitudinalement, ^ovaire offre une seule loge dans laquelle ou trouve un seul ovule dressé, attaché non par sa base, mais par un point latéral au moyen d'un petit podosperme qui forme sur l'un des côtés de l'ovide un vasiducie saillant qui monte jusqu'à son sommet. La partie supérieure de l'ovaire se termine par un style court qui au-dessus du disque, que l'on remarque au haut du tube cali- cinal, se change insensiblement en un stigmate allongé, subidé, glanduleux, légèrement plane, de la longueur du calice, et qui se roule un peu vers son sommet. Le fruit se compose du tube du calice épaissi, dont le limbe s'est ilétachéjil est légèrement charnu : cette partie charnue est formée par l'épaississement du calice, dont la paroi interne est endurcie, marquée de huit stries longitudinales et formant une sorte de noyau. Cette partie osseuse du calice n'existe pas dans les autres genres. Le fruit qui est un véritable akène est attaché au fond de ce noyau. Il est allongé et un peu comprimé. Sou péricarpe est mince et presque membraneux ; il offre à son sommet une petite pointe formée par la base du style. Le tégument propre de la graine est membraneux et adhérent avec l'amande. Celle-ci secompose d'un cndosperme charnu blanc, mince, un peu plus épais vers la base; il contient un embryon DES ÉL^AGNÉES. 383 dressé , presque de la longueur delagraiae. Ses cotylédons sont oblongs, obtus, un peu échancrés à leur base, qui récouvre la moitié environ de la radicule, qui est courte et obconiquejla gemmule est très-petite et forme un cône pointu. Nous allons maintenant donner la description détaillée de quel- ques espèces. 1°. Elœagnus angustifolia , L. Arbor mediocris, ramis ereclis, ramulis sœpè, prjEsertim in syl- vestriljus, apice indurato-spiuosis. Folia alterna, brevi-petiolata , exstipulata, lanceolata , angusta, integerrima, acula, 3-4 pollices longa, vix sesquipoUicem lata, utrinquè squammulato-argentea nitentia. Flores ad axillas foliorum aggregati , numéro i-3; latérales solitô ovarii abortu imperfecti, cœterô tamen fertili similes ; in- termedius perfectè hermaphroditus, omnes breviusculè pedicel- lati , odoratissimi. Calycis tubus angustus, oblongus subcompresso-teres ; limbus abrupte multotiesque latior, campanulatus subsemiquadrifidus (interdum in cultis 5-6 fidus), laciniis subrecurvo-patulis, semi- ovalibus, acutis introrsîim puberulis , extùs pube miciJaceà albi- dus, intiis pallens seu lutescens. Stamina4, ad incisuras calycis inserta et ideôipsis alterna: fila- menta brevissima, G i, vix ulla; ponè antheras latentia. Anthe- rse, G 2, erectae oblongo-cordataî , obtusae, basi breviter bifidse, ad tertiam partem inferiorem dorsi filamentulo affixœ, bilocu- lares , introrsa; , loculis sulco sublaterali totà longitudine de- hiscentibus , patulis ; pollen particulis globuloso-trigonis cons- lans. J84 MONOGRAPHIE Discas: tuberculum, B 3, insigniter crassum, carnosum, lu- lescens, fundo limbi latiusculè orbiciilatimque innatum, con- vexum, inedio plus niinùs prœmineus et solitù subbifidum; à inaterie incrassati tubi calycini suprà faucem expansà produc- tiim; ad axim angusto perlusuni foramine, pro slyli et stigmatis exertione. Ovarium, B. 4, fundo tubi calycis immédiate affixum , inlrà illum arctè inclusum, eo paulô brevius, oblongum, desinens in styliim, B. 5, brevem, simimo tubo discoque pressim conchisum. Stigma, C. 6, ferè longitudine limbi, stylo crassius et mulioiies longius, flexuosum et suminiiaterevolutum,S3epc subcontortnm ; hinc notatum fascià glandiUariprominiilà, cum sulconiedioplus minus notabili. Ovarii longitudinaliter secti, B. 4; ovulum, B. g, suberecto-as- cendens oblongum compressum podosperraio brevissimo, B. 8, crassiusculo, sublaterali affixum. Fructus. Calycis fructiferi, D i, E i, tu})iis, elapso limbo, su- bolivaeformis , pedicellatus, ad apicem depressum obscure um- bilicalus, D 2, pube miculaceà piinctatus, exalbido-lutescens ; crasso-carnosus, El, carne tenerà veluti medullaceà acidulà ; paries interna, E 2, nucem simulans, carni adhaerentem, oblongo- ovatam,F, leviter exaratam sulcis octo,totidem nervis crassis, se- paratis , duro-cartilagineam. Fructus: akenium, G 2, H, fundo nucis affixum, oblongum, compressiusculè teres. Pericarpium, H i, tenuissimè pellucido- raembranaceum apice in fllamentulum, H 2, stylinum, flaccidiuii prodiictum. . Seminis epispermium , H 3 , crassiusculè membranaceUm nu- cleo adhairens. DES ELiEAGlNEES 385 Endospermium,H4, 4, carnosum, lenuissimum, prseserlim ad basiii crassescens, sordide exalbidum. Embryo, H 5, 6, 1, oriholropus , ferè longitudine endosper- mii, soididè subpallido-albidus ; cotyledones, 1,2, oblongaî ro- tuudalo-oblusce, basi subbifidœ, lobis fissurse ferè dimidiam ra- diculam oblegentibus ; dorso convexae, plano-adpressse ; radi- cula , H. 6 , I. 1 , brevis , obconica ; gemmula pusilla , conica acuta. Crescit in Europàaustrali, in Oriente. Fréquenter in horlissub dio colilur, ubi vernaculo nomine Olivier de Bohême nuncupa- tur. (V. V. cultmn. ) 2". Elceagnus conferta. E. conferta, Roxb. in Carey. FI. Tnd., vol. 1, p. 46o. Arl)uscula scandens , ramis ramulisque squammato-ferru- gineis. Folia alterna, exstipulata, brevipetiolata, elliptico-acuminata, intégra, margine subsinuosa , 3-4 pollices longa , 1 et sesqui- poUicem lata ; adnltis suprà glaberrimis, lœvibus, subtùs squam- mulato-argenteis ; junioribiis in utràque facie incanis. Flores hermaphroditi , pedicellaii, erecti, in axillà foliorurn , 10-1 5 fasciculati et conferti ; pedicellis brevibus simplicibusque. Calyxbasi ovoideo-oblongus tubulosus, apice coarctatus, ova- rium cingens nec cum illo adhserens ; limbus campanulatus , tubo sublongior et telragonus, apice quadrifidus ; laciniis œqua- Ubusereciiusculis, brevibus, subcordifonnibus. Calycis faciès ex- terna , squanimulis orbiculatis margine fimbriatis , argenteis , puncto centrali ferrugineo notalis et subtîis quasi peltatis, tota obduciliir. Faux calycis et pars inferior linibi disco parietali sub prominulo adhœrenti circumducuntur. 49 3IS6 MONO(.RAPIIIE Slamina quatuor inclusa subsessilia , incisuris hmln respon- (lentia. Antheris intiorsis , ovoideis bilocularibus ; filanienlisbre- vissiinis, ovarium obionguni tubo calycis arctè tectum , glabrum uniloculare unioviilalum; ovulo adscemlente, breviler siipiiato; Stylus brevissLnius moxin stigma lineari-subulatum glandulosuni calyce brevius altenuatus ; fructus oleaî europeae conformis, sed major, cylindraceo-oblongus. Crescit in raontibus Bengalis? propè Silhet , ubi ab incolis Gaitra vernaculè nuncapatur. 5". Elœagnus lalifolia^ E. laiifolia, L. sp. 177, Burm. FL Iiid., p. Sg. a. Elœachnusfoliis oblongis acuminatis, maculatis. Burm.Thcs. Zeylan, p. 92, t. 39, f. 1. li. Elœachuus foliis rotundis maculatis, id. 1. c. t. 39, f". 2. Ela?agnus triflora , Roxb. in Carey. Flor. Indica. i, p. 45g. Arbuscula, caule ramisque scandentibus, cortice la;vi purpu- rascente tectis; cortex ramoruin juniorum squammato- argen- teus. Folia alterna, exstipulata, breviter petiolata, ovali-rotundata, obtusissima sive sub-acuta, intégra , suprà glabra, viridia et ma- oiilis purpurascentibus notata; subtùs argentea , duo pollices ionga, unum et sesquipollicem lata. Flores hermaphroditi axillares, solitarii aut 2-8 conferti, pedi- cellati, pedicellisereclis, simplicibusbrevibus, uli flores, squani- mulato-argenteis. Calycis tubus ovoidco-oblongus ; liiiibus tubii- loso-campanulatus, quadrifidus, laciniis ovali-aculis subpatulis; stamina quatuor inclusa (uti in prsecedenlibus). Discus parietaiis vix proniinuhis, stigma capillare hirtuin. Fructus ovoideo-ob- DES EL^AGNÉES. 38; lougus , calyce baccalo intùs cluio imciformi et akenio cons- tans. Ciescit in Zeylanià (Heniiann), in Sumatra , undè in horlo botanico Calcutensi inlroducta fuit (Wallicli.) 4". Elaagnus ferruginea, N. Ramulis teretibus, pulveruleuto-cinereis non spinosis. Folia alterna approximata brevipetiolata, petiolo canaliculato, elliptico-acuminata, integerrima 2 1/2 pollices longa, 1 poUicem lata, sul^coriacea suprà squammato-viridia, etsubtùs squammalo- fenuginea. Flores pedunculati 3-4 in axillis foliorum supremorum fasci- culati, pedunculati, extiis sicut folia squammulato-ferruginei. Calycis tubus ovoideo-oblougus j limbus campanulatus 4-fîdus, laciniis subpalentibus lato-acutis. Stamina quatuor subsessilia; autheris cordiformibus bilocula- ribus introrsis. Discus perigynicus annularis subproeminens. Caetera ut in E. latifolià. Crescit in insulà Javà(Lesc/ze«a«//.) Affînis Elœaguo latifolio, L., sed diflert caulo niagis ramoso , f'oliis abrupte acuminatis subtùs ferrugineis; florlbus majoribus, longius pedicellatis et ferrugineis. 5 II. DU GENRE HIPPOPHAE. A l'exemple de Nultal, nous ne laissons dans ce genre qu'une seule espèce, V Hippop/iae Rhcnnnoidcs , L., ou x\rgoussier : c'est un arbrisseau épineux dont la tige est rameuse, dressée, ayant de six à huit pieds d'élévation, toute recouverte, ainsi que <88 monograpiiip: les feuilles, d'écaillés minces et micacées qui lui donnent un as- pect blanchâtre. Cette tige porte des feuilles alternes assez rapprochées les unes des autres, lancéolées, aiguës, étroites, entières et blanchâtres, surtout à leur face inférieure. Les épines sont axillaires , s'allon- gent fréquemment et redeviennent des rameaux. Ses fleurs sont dioïques, très-petites ; les fleurs jntJes formeiii une espèce de petit chaton à l'aisselle des feuilles de l'année précédente et qui sont tombées; il se compose d'un grand nom- lire de petites écailles imbriquées , disposées par séries longitu- dinales, portant à l'aisselle de chacune d'elles une seule ilein sessile. Le sommet de ce chaton donne naissance à un bouquet de feuilles qui se développent après la floraison. Cliaque fleur se compose d'un calice membraneux un peu renflé, comprimé, à deux divisions profondes qui forment deux lobes très-obtus , un peu écartés dans leur partie supérieure; les étamines, au nombre de quatre , sont incluses et sessiles ; les anthères sont linéaires , oblongues, jaunes, insérées au fond du calice et correspon- dant , deux en face des incisions et deux en face des lobes. Les fleurs femelles sont solitaires et presque sessiles à l'aisselle (les jeunes lameaux; leur calice est ovoïde-oblong , légèrement comprimé, à deux lobes obtus, peu profonds, rapprochés, re- couverts en dehors d'écaillés minces et deniiculées, et garni en dedans de poils longs et assez touffus ; l'ovaire est sessile au fond du calice, presque globuleux, à une seule loge qui contient un ovule réniforme ou presque arrondi , inséré près du fond de la cavité par un point latéral. Le style est court et se termine par un stigmate saillant hors du calice, allongé en forme de languette, marqué d'une rainure lon- gitudinale dans toute sa longueur. DES ÉL^AGNÉES. iSg Les fiiiiis sont légèrement pëdicellës et recourbés, pisiformes, allongés. Le calice est péricarpoide , charnu et bacciforme , re- couvrant immédiatement le fruit; il est percé à son sommet d'une petite ouverture ombilicale. Le fruit est un akène fixé an fond ilu calice par un pédicule très-court ; il est obovoïde , portant à son sommet les restes du style , de la base duquel partent deux sillons longitudinaux et opposés ; le péricarpe est mince , mem- braneux, pellucide, non adhérent à la graine ; celle-ci est attachée à sa base, offre la même forme que lui et se compose d'un tégu- ment propre, brun, cartilagineux, dur; l'embryon est très-grand; les cotylédons sont ellipsoïdes , allongés, presque planes; la radi- cule descendante et cylindrique ; l'endosperme est très-mince. Ce genre se distingue facilement du précédent par ses fleurs unisexuées, la structure de leur caHce, l'absence du disque et une foule d'autres caractères faciles à saisir. § III. DU GENRE SHEPHERDIA. Deux espèces composent ce genre d'abord réuni au précétlent: l'une eslV Hippophae Ca/iadensis de Linné, que Nuttal a désigné sous le nom de Shepherclia Canadensis ; l'autre est \Hippo- phae argentea de Pnrsh ou Shepherdia argentea de Nuttal ; toutes deux sont originaires de l'Amérique septentrionale. Le Shepherdia Canadensis est un arbrisseau que nous avons acclimaté dans nos jardins et qui porte des rameaux opposés en croix et cylindriques , souvent spinescens à leur sommet. Ses feuilles également opposées sont ovales, un peu aiguës, glabres à leur face sitpérieure, recouvertes inférieurement d'écaillés min- ces et ferrugineuses entremêlées de quelques poils. Les fleurs sont petites et dioiques; les mâles ont un calice à {.,o MO-NOGnAl'IHE quatre divisions, renfermant huiletamines incluses, qui aherneni avec un égal nombre de glandes. Les fleurs femelles sont oppo- sées sur les ramillcalions des jeunes rameaux; elles sont presque sessiles, leur calice est ovoïde, lubuleux, recouvert d'écaillés sem- blables à celles de la face inférieure de^ feuilles ; sa paroi interne est garnie de poils roides et dressés; son limbe est presque plane quelquefois un peu réfléchi, à quatre divisions semi-ovales , aiguës, la gorge du calice porte huit glandes très-grosses et très- saillantes , disposées circulairement et contiguës les unes aux autres. L'ovaire est libre et attaché par sa base au fond du calice qui est plus long que lui; il est obovoïde, glabre, et se termine iusen- sil)lement à son sommet en un style saillant au-dessus du tube calicinal, subulé et un peu recourbé à son sommet; le stigmate règne sur toute la longueur d'une des deux faces du style, qui est glanduleuse jusqu'à l'entrée du tube; coupé transversalement, l'ovaire offre une seule loge qui contient un ovule arrondi pres- que réniforme, attaché latéralement au fond de la loge par lui podosperme court et latéral. Le fruit est oliviforme et couvert d'écaillés. Cet arbrisseau qui s'élève à six ou huit pieds, croît sur le bord des lacs dans les Etats de New-Yorck, dans le Canada, sur les rives du fleuve Saint-Laurent; ses fruits ont un goût agréable, mais on les mange rarement. La seconde espèce de ce genre est le Shepkerdia argentea de Pursh. C'est un arbrisseau de douze à dix-huit pieds de haut, dont les rameaux sont spinescens à leur sommet et portent des feuilles ovales, oblongues, obtuses , également douces des deux cotés et couvertes d'écaillés aigentées et ciliées. Les fleurs mâles ont leur calice divisé jusqu'à la base en quatre segmens ovales- DES ÉL^ACzINÉES. Sgt obtus, également écailleux; les ëtamines au nombre de huit ont les filets très-courts, pubescens, et les antlières biloculaires. Les fleurs femelles sont plus petites, courtement pe'doncule'es. Les fruits sont charnus , petits et rapproches les uns contre les autres et oftVant la même organisation que celui de l'Hippophae que nous avons décrit plus -en détail dans le paragraphe précè- dent. Si nous comparons ces caractères avec ceux que nous avons précédemment tracés du genre Hippophae , il ne nous sera pas difficile d'en apprécier les différences. Dans l'un et dans l'autre genre les fleurs sont unisexuées, mais dans le genre Shepherdia le limbe du calice est étalé ou réfléchi, à quatre divisions égales ; son entrée est garnie d'un disque de huit glandes contigués , tandis que dans VHippophae le limbe calicinal est dressé , à lieux lobes inégaux, et le disque n'existe pas ; dans le premier on compte huit étamines, tandis qu'on n'en compte que quatre dans le second. § IV. DU GENRE CONULEUM, Richard. La seule espèce qui compose ce genre et que nous nommons Conuleani Guyamiense, est un grand arbrisseau qui croit dans les forêts de la Guyane française, d'où il a été rapporté, en 1789, par feu mon père qui lui a donné le nom de Conuleum , à cause de la forme conique du limbe de son calice et de son disque; elle a également été trouvée dans les mêmes localités parle voyageur Martin, qui en a envoyé plusieurs échantiflons au Muséum d'His- toire Naturelle. Sou tronc est arborescent, ses branches sont cy- lindriques, dépourvues de feuilles; celles-ci ne naissent que sur les plus jeunes ramifications de la tige; elles sont opposées, obovales. 3i,->. MO.NOGRAGRIE allongées, rëtrécies insensiblement à leur base en un court pé- tiole, obtuses et légèrement acuminées à leur sommet , planes, très-entières, longues de quatre à cinq pouces, larges de deux , ayant leur face supérieure chargée de petits points blancs. Les fleurs sont dioïques. Les mâles ne sont point connues. Les fleurs femelles sont réunies à la partie moyenne des jeunes rameaux sur des pédoncules comnums, rameux, ordinairement bifurques, géniculés et anguleux ; elles y sont presque sessiles. Le tube de leur calice est épais, cylindrique, un peu plus renflé dans sa partie inférieure, terminé en cône tronqué dans soit tiers supériem- et offrant à son sommet une ouverture circu- laire , à travers laquelle on voit sorùr le stigmate. Cette partie conique consùtue le limbe , et est séparée du tube par une ligne ciiculaire. A la partie supérieure et interne du tube calicinal, on voit un disque saillant qui forme un cône creux pointillé, plus étroit que le limbe du calice qui a la même forme, mais un peu plus allongé et le dépassant légèrement à son sommet, lequel est percé pour le passage du stigmate. Le limbe du calice conique et entier, se détachant par une scis- sure circulaire, le disque oflrant absolument la même forme, sont les caractères distinctifs de ce eenre. s'- Description générale de lafaniiUe. Quatre genres , ainsi que nous venons de le voir , composent la famille des Ela;agnées, savoir :Ekeagnus, Shepherdia, Hippo- jihae et Conideum. Le caractère descriptif que nous venons de ti acer de ciiacun de ces genres a dû faire déjà sentir la grande analogie qui existe entre eux et les points nombreux de ressem- DES ÉL^AGNÉES. SgS blance qu'ils offrent les uns avec les autres. Nous allons mainte- nant comparer les différentes parties des Elseagne'es , afin d'é- tablir les caractères communs ou généraux qui sont propres à cette famille. Toutes les Elœagnées ont la tige ligneuse, arborescente ou fru- tescente; leurs rameaux sont alternes ou opposés, quelquefois terminés en pointe aiguë et épineuse , ainsi qu'on le remarque surtout pour VHippophae et le Shepherdia. Leurs feuilles sont tantôt alternes comme dans toutes les es- pèces d'Elteagnus, ou opposées , très-entières , dépourvues de stipules, généralement recouvertes ainsi que les autres parties du végétal, de petites plaques écailleuses, minces, luisantes, sèches et comme micacées qui donnent à ces arbres un aspect blan- châtre tout particulier. Ces écailles sont irrégulièi'ement arron- dies, attachées par le centre de leur face inférieure, denticulées sur leur bord, qui est quelquefois assez profondément incisé pour avoir ime forme étoilée. Les feuilles sont généralement sessilesou portées sur des pétioles courts et caducs. Les fleurs sont petites et de peu d'apparence. Munies des deux organes sexuels dans le seul genre Elœagnus , elles sont uni- sexuées et dioïques dans les trois autres genres. Dans le genrej^/œagTzz/squi a les fleurs hermaphrodites, elles sont groupées à l'aisselle des feuilles supérieures , tantôt solitai- res , tantôt réunies au nombre de deux à quinze, dont qvielques- unes sont mâles et infécondes par l'imperfection des organes fe- melles et surtout de l'ovaire qui reste à l'état rudimentaire. Dans les trois autres genres qui ont les fleurs unisexuées et dioï- ques , si nous en exceptons le genre Conuleum , dont on ne connaît encore que les fleurs femelles , les fleurs mâles forment des espèces de petits épis courts et écailleux assez analogues aux 5o ^94 MONOGRAPHIE chatons mâles des Amenlacées. Les écailles sont imbriquées les imes sur les autres et disposées sur plusieurs rangées longitudi- nales; dans l'aisselle de chacune d'elles on trouve une seule fleur sessile , qui est à peu près de la même hauteur que cette écaille; dans le genre Hippophae elle se compose d'un calice formé de deux sépales convexes , arrondis et très-obtus, unis par la base , et de quatre étamiues sessiles. Dans le genre Skepherdia le ca- lice est à quatre divisions très-profondes, et renferme huitétami- nes dont les anthères sont ovoïdes allongées, à deux loges, s'ou- vrant par toute la longueur d'un sillon longitudinal qui règne sur chacune d'elles; ces anthères sont introrses, c'est-à-dire ont leur face tournée vers le centre de la fleur ; dans le genre Elaeagnu6 cil le nombredes étamiues correspond h celui des lobes du calice, elles alternent avec ces derniers ; le pollen est de couleur jaune et formé de particules obscurément trigones. Les fleurs femelles placées à l'aisselle des feuilles y forment des espèces d'épis ou de grappes. Leur calice varie dans les trois gen- res de cette fuuille qui n'ont pas les fleurs hermaphrodites; dans tous il est plus ou moins allongé et tubuleux à sa base; dans le genre Coiiuleum le limbe est dressé, indivis , en forme de cône un peu tronqué à son sommet, qui est perforé pour le passage du style et du sugmate : cette partie du calice finit par se détacher au moyen d'une fissure circulaire; il est également dressé dans le genre Hippophae , mais divisé en deux lobes arrondis et rappro- chés, sa face interne est garnie de poils plus ou moins longs, comme dans le genre Elœagnus.'Le genre Shepherdia de Nuttal se distingue par son limbe à quatre divisions égales , lancéolées , aiguc's et réfléchies. A la face interne du caHce dans les fleurs femelles des Elaea- gnées , on trouve au point de réunion du tube ou partie inférieure Des él^âgnéës. 395 du calice, avec le limbe, un disque périgyne glanduleux, qui fournit d'excellens caractères pour distinguer les quatre genres de cette petite famille. Ainsi dans le Conideian, il forme un cône semblable à celui du limbe calicinal, et perce comme lui à sa partie supérieure , pour laisser passer le style et le stigmate. Celui du genre Elœagniis est fort différent. Tantôt c'est un tubercule saillant, entourant l'entrée du tube calicinal, et divise' en deux lobes dans son extrémité' sitpe'rieure. Tantôt il forme un petit bourrelet circulaire adhèrent avec la base du limbe calicinal. Dans le genre Sheplierdia , on trouve à la base des quatre lobes du calice, huit glandes épaisses arrondies, disposées circulai- rement, et fermant l'entrée du tube du calice. Une singularité bien digne d'être remarquée, c'est que dans le genre Hippophae, il n'existe aucune trace du disque qui est si apparent dans les atitres genres de la famille. Ce caractère négatif justifie l'établis- sement du genre proposé par Nuttal, pour les Hippophae cana- densis et H. argentea, dont le disque est si singulier. L'ovaire est placé au fond du calice qui le recouvre immé- diatement, sans cependant être soudé avec lui, eu aucune manière, par la paroi interne de son tidje. Cet ovaire est ovoïde, ou presque globuleux dans les deux genres Hippophae et Shepherdia; il est plus ou moins allongé dans V Eloaagnus et le Conuleum. Il pré- sente constamment une seule loge , qui contient un ovide ascen- dant, c'est-à-dire attaché au fond de la loge, mais un peu laté- ralement au moyen d'un podosperme court qui s'insère, non pas à l'une dés extrémités de la graine , mais sur l'un de ses côtés beaucoup plus près de la base que de son sommet. Sur le côté de l'ovule , oii s'attache le podosperme , on voit régner un cordon ou faisceau de vaisseaux saillant, que l'on nomme vasiducte ou raphé, et qui se prolonge jusqu'à l'extrémité supérieure de l'ovule 396 MONOGRAPHIE Du sommet de l'ovaire naît un stylo épais très-court, se changeant bientôt en -un stigmate liès-allongé, latéral, saillant au-dessus du limbe calicinal , terminé en .pointe, et glanduleux seulement sur l'un de ses côtés. Le fruit se compose de deux organes distincts, savoir : 1° de la partie inférieure du calice , qui est persistante , devient épaisse et charnue, quekpaefois même osseuse dans sa paroi interne, et s'applique iimnédiatement sur le véritable fruit, sans cepen- dant contracter d'adliérence intime avec lui; 2" du fruit, c'est- à-dire de l'ovaire fécondé et développé. Celui-ci est un akène ovoïde, cpielquefuis un peu comprimé, relevé de plusieurs lignes saillantes et longitudinales. Le péricarpe est mince, membraneux elplus oumoins transparent. La graine qu'il contient et sur laquelle il est appliqué a son tégument propre épais, quelquefois dur et cartilagineux (Hippophae), quelquefois membraneux (Ela3aguus); l'endospenne est charnu, mince, plus épais vers la partie infé- rieure. II renferme exactement un embryon dressé , à peu près de la longueur de l'endospenne. La radicule est conique , et les deux cotylédons sont assez épais. Robert Brown dit que dans les deux genres Hippophae et Elaiagnus, la graine est dépourvue d'albumen {semen exalbu- minosum ). Nous pouvons assurer que c'est une erreur échappée "à cet illustre botaniste qui, dans l'ouvr^ige que nous avons cité précédemment , n'avait à parler de ces deux genres que d'une manière transitoire. L'albumen ou endospcrme existe bien cer- tainement dans la famille des Ela^agnées; mais il n'y est pas , à beaucoup près , aussi développé que dans les genres qui cons- tituent les Santalacéos. Nous avons maintenant h nous occuper des rapports qui existent entre la famille des Éla^ignées et les autres groupes / DES ÉLjEAGNÉES. 397 naturels avec lesquels elle offre de l'affuiité. La non adhé- rence de l'ovaire avec le tube du calice, la place dans la si- xième classe de la méthode de M. De Jussieu, c'est-à-dire parmi les Dicotylédones apétales et pe'rigynes. Or, dans cette classe, nous trouvons la famille des Tliymëlëes et celle des Pro- te'ace'es , avec lesquelles elle présente plusieurs points de con- tact. Les Thymélées offrent des fleurs hermaphrodites ; elles sont au contraire unisexuées dans la famille qui nous occupe, à l'ex- ception du genre Elaeagnus ; l'ovule est renverse dans les Thy- méle'es , il est dresse dans les quatre genres qui forment les Elaeagnëes. De-là la position inverse de l'embryon dans la pre- mière de ces deux familles, et la position infère de la radicule dans la dernière. Nous ne pouvons, ainsi que l'a fait M. Robert Brown, mettre au nombre des caractères distinctifs entre ces deux ordres naturels , la présence ou l'absence de l'endosperme , puisque nous avons fait voir que cet organe existe également dans toutes les deux. Le fruit est en gênerai charnu dans ces deux or- dres , mais dans les Elœagnèes c'est le tube du calice qui s'e'paissit, devient charnu et recouvre le véritable fruit qui est un akène, tandis que dans les Thymèlëes le calice reste membraneux, et c'est le péricarpe lui-même qui est charnu. Quant aux Protéacées , elles offrent aussi des différences tran- chées qui les séparent des Elœagnèes : leurs fleurs hermaphro- dites, leur calice formé généralement de quatre pièces distinctes, portant chacune une étamine, leur ovaire qui présente fré- quemment deux ovules, leur fruit déhiscent, et enfin 1 eur embryon dépourvu d'endosperme, sont les caractères qui les distinguent le mieux de la famille des Elœaguées. Nous ne parlerons pas des rapports et des différences qui existent entre la famille dont nous 398 MONaiRAPHIE venons de tracer les caractères , avec les Santalacées et les Coni- bretacëes qui en diffèrent surtout par leur ovaire adhèrent avec le tube du calice. Ce que nous en avons dit dans les généralités placées en tète de ce Mémoire , doit suffire pour les bien faire ap- jM'écier. Il résulte de ce travail : 1° que de tous les genres rapportés par M. De Jussieu à la famille des Elceagnées, on ne doit laisser dans cet ordre naturel que ceux qui, ayant l'ovaire libre, c'est-à-dire non soudé avec le tube du calice , présentent un seul ovule dressé, un embryon également dressé, placé au centre d'un endospeime charnu très-mince, et enfin dont le fruit indéhiscent, sec et mem- braneux, est recouvert immédiatement par le tube du calice qui devient charnu. 2°. Que des autres genres d'abord placés dans celte fimiille, et qui s'en distinguent par leur ovaire infère, les uns, ayant l'o- vaire uniloculaire contenant de trois à cinq ovules attachés au sommet d'un placenta central, et l'embryon renversé au centre d'un endosperme charnu, forment la nouvelle famille des Santa- lacées de Brown; tels sont les genres Thesiiini , Osyris, Fu- sanus, etc. Les autres dont les ovules pendent immédiatement du sommet de la loge, sans placenta central, dont l'embryon est renversé et sans endosperme, constituent avec plusieurs aiures genres munis d'une corolle et classés par M. De Jussieu parmi les Onagrées, le nouvel ordre naturel que M. Brown propose de nommer Combréiacées ; tels sont les genres Bucida , Terminalia, Combretmn, Chunesa etTanibuca. DES ELJIAGNÉES. Bgg DEUXIÈME PARTIE. CARACTERES lO.FAMILI^. EL^AGT^EiE, Robert Brown. El^agnorum pars Juss. Flores diclines, rarius hermaphrofliti. In hermaphroditis ca- lyx infundibuliformis, limbo campannlalo, 4-5 fido. Flores mascuU : Calyx squamis 3-4 inaequalibus incumbenti- bus constans; stamina 3-8 subsessilia, basi squammarum inserta, antherae oblongae biloculares , loculis inlrorsis sulco longitiuli- nali dehiscentibus. Flores feminœi : Calyx inferus raonosepalus basi lubulo- sus persisiens, limbo regiilari 2-4-5 fido , piano aut campanu- laio, patente aut erecto, extùs squamulis subfurfuraceis teclus , inliis villosus , ad faucem disco glandiilari prominenti varié lo- bato coronatus (in Hippopliae discus nuUus) ; in hermaphroditis stamina qiiinque aut quatuor subsessilia, limbi laciniis alter- nantia et ad basim illarum inserta. Ovarium liberum, tubo ca- Jycis immédiate obtectum, nec cimi illo adhaerens, uniloculare, uniovulatum; ovulo subpedicellato adscendente. Stylus bre- vissimus ; stigma simplex , subulalum , crassum , calyce lon- gius. Fructus : Calycis tubus persistens, limbo deciduo, apice um- bilicatus, incrassatus subcarnosus, obtegit akenium ovoïdeo- oblongum aut obovoïdeum. Pericarpium crustaceo-membrana- ceum , tenue , indehiscens , uniloculare , monospermum. Semen adscendens, pericarpio conforme. Epispermium membranaceum. 4oo MONOGEAPIIIE aut crustaceum. Endospeimium allium carnosum tenue , ad basim iucrassatum, embryonem erectum includenl. Radicula conica in- fera ; cotyledones plana? carnosae. Arbores aut arbusculœ ramulls sœpe spinescentibus folla sim- plicia, alterna velopposita, dentatavel intégra, lepidota; stipidoe nullaîj flores in axillis fuliorum vario modo dispositi, solitarii, pa- niculati aut racemosi. 2°. GENERUM. A. Flores HermaphrodUi. EluEagnus. L. Juss. Flores hermaphroditi aut polygami. Calyx basi tubulosus; iimbo campanulato, 4-5 fido, regulari. Stamina4-5 laciniis ca- lycinis alternantia. Discus prœminens bipartitus aut annularis. Nux calycis tubo incrassato, carnoso, intîis osseo , apice umbili- cato et akenio obovoïdeo constans. Arbores foliis alternis , floribus in axillis foliorum pedicellalis. B. Flores dioïci. HiPPOPHAE. NUTT. Hippophaes Sp. L. Juss. Flores dioïci : Masc : quasi in amentum dispositi , calyx squamis 5-4 sepaliformibus orbiculatis , obtusissimis ; stamina 3-4 sessilia. Fœmin : in axillis solitarii; calyx tubulosus ; Iimbo erecto bifido ; discus nullusj akenium calyce carnoso tectiun. Arbuscula foliis lanceolatis alternis. DES ÉLjEAGNÉES. 4oi SHEPHERDIA , NUTT. Hippophae canadensis. L. Flores dioïci : Masculi : slamina octo. Feminai apice ramuloriim subracemosi,calycis tubo ovoïdeo, lirabo piano 4-partitOj laciniis acutis; discus glandulis octo faucem calycis oblurandbus constans. Nux uti in prtecedentibus. Arbusculœ foliis oppositis lanceolatis. CONULEUM, RICHARD. Flores dioïci : Masculi ignoti. Feminai in axillis foliorum racemosi, calycis lubo cylindraceo, basi ovoïdeo, limbo conico , apice perforato, circumcissè deciduo : discus conicus integer, apice perforatus , limbo sublongior ; fructus ignotus. Arbuscula foliis obovoïdeo-oblongis, integris oppositis. CARACTERES DIAGNOSTICI. 1°. Faniiliœ. ELiEAGNEiE. Flores dioïci, rarius hermaphrodiii ; masculi subamentifor- mes, 3-4-8 andri, staminibus inlrorsis, subsessilibus, bilocu- laribus; feminœi in axillis foliorum aut apice ramulorum varié dis- positi : calyx tubiilosus, limbo erecto aut piano, integro aut 2-4 fido; discus faucem obturans aut nuîlus, ovariiun è fundo ca- lycis assurgens nec cum illo coalitum, uniloculare, uniovulatum, ovulo ascendenti subpedicellato ; stylus brevissimus, stigma lin- guiforme.Nux calyce baccato, etakenio crustaceo constans. Semen erectum ; endospermium carnosum tenue ; embryo intrarius ho- motropus. Arbores aut arbusculae foliis alternis aut oppositis integris ex- stipulatis. 5i 4o2 MONOGRAPHIE 2°. Generum. A. Flores hermapJirocUti. EliiîîAGNUS. Flores hermaphroditi : calycis tubiis gracilis, lIiuLo canipa- nulato 4-5-fido,aequalijdiscus annularis autbifidus; slamina4-5. Nux calyce baccato intùs osseo et akenio coustans. B. Flores dioïci. HiPPOPHAE. Flores dioïci : masculi anienliformes , tetrandri ; femiaœi ia axillis foliorum solitarii : calyx tubulosus, apice bifidus, clausus'; discus nuUiis. Fruclus calyce baccato et akenio constans. Shepherdia. Flores dioïci : masculi anienliformes 8-audri; feminœi apice ra- mulorum racemosi : calycis limbo piano, regiilari 4-parlitOj discus glandulis 8 coustans. Fructus Hippophaes. CONULEUM. Flores dioïci : masculi ignoti ; feminœi in axillis foliorum ra- cemosi : calycis limbo conico integro apice perforato^ circumcissè deciduoj disco conico apice perforato. DES ÉLiEAGNÉES. 4o3 TROISIEME PARTIE. DE ELiËAGNÏS MONOGRAPHIE TENTAMEN. Elseagnese, R. Brown. A. Rich. Elaeagnorum pars, Juss., Gen. PL § I. flores hennaphroditi. ELEAGNUS. L. Juss. A. Rich. Obs. Le nombre des espèces de ce genre n'est pas très-consi- dérable, mais lem- distinction est assez difficile, soit par l'imper- fection des caractères assignés à chacune d'elles, soit parce qu'elles sont assez rares dans les herbiers. C'est ainsi que les espèces dé- crites par Thunberg , dans sa Flore du Japon , sont encore aujour- d'hui couvertes d'une obscurité profonde, que nous ne poitrrons que bien imparfaitement dissiper. La présence ou l'absence des épines, la grosseur des fruits, les écailles même qui recouvrent les feuilles nous ont paru des caractères peu constans. EL^AGNDS ANGDSTIFOLIA. E. anguslifolia, L. E. orientalis, Delile, Egypt. (non L. non Pallas.) E. arborea mediocris ; foliis lanceolatis acutis intcgerrimis, utrinque squammuliiln- argenteis nilidis ; floribus in axillis folionim i-3 pediccUatis erectis, N. Crescit in Europâ australi, inSyilâ, Cappadociâ, jEgypto, Persiâ. (V. v. c.) Obs. Cette espèce est très-variable et ses variétés ont souvent été considérées comme des espèces. Elles dépendent de la figure des feuilles, de la grosseur des fruits et de la présence ou de l'absence des épines. 1°. Les feuilles varient beaucoup dans cette espèce, elles sont tantôt fort étroites et très-longues et aiguës, d'autres fois elles sont plus larges et presque obtuses. Le plus généralement elles sont également argentées et luisantes des deux côtés ; dans quel- ques individus la face supérieure est verdàtre et non luisante. 2°. En général le fruit est ovoïde et de la grosseur d'une cerise, mais plus .lUongé; quelquefois il est beaucoup plus gros. Comme dans ces individus les feuilles sont en général plus larges, c'est cette variété que l'on trouve fréquemment désignée sous le 4o4 MONOGRAPHIE nom à' Elœagniu orientalis, mais qui diffère beaucoup du vtritaLlo E. orientatis de Linné, qui a constamment les feuilles obtuses, tomenteuses et non argentées. 3°. La présence ou l'absence des épines ne peut fournir aucun caractère pour la distinction des espèces ; elles existent presque constamment dans les individus sauva- ges et disparaissent par suite de la culture. ELiEAGNITS OBIENTAUS. E. orientalis, L. Pallas, FI. ross. i, p. n, t. 5. Willd. sp. i, p. 689. (non Delile.) E. arbor mediocris; foliis ovali-oblongis obtusis, integerrimis , pubcscentibus , abtùs cano-tomentosis ; floribus pedicellatis , axillaribus solitariis, N. Crescit in Oriente, in monlibus Persiœ, circà marc Caspicura (Pallas.) (V. s. sp. in herb. Delcssert.) Ods. Le caractère distinctif de cette espèce, telle qu'elle a été décrite par Pallas, consiste dans ses feuilles obtuses non recouvertes d'écaillés argentées, mais tomenteu- ses sur leurs deux faces et blanchâtres. Les fleurs sont toujours solitaires. ELAAGNUS LATIFOLIA. E. latifolia, L. sp. 177, Burm. FI. Ind. 89. a. EKxaehnus foliis oblongis acurainatis maculatis. Burm. Thés. Zej!. 92, t. 39, f. 1. p. Elxachnus fol. rotundis , maculatis, id. 1. c. 1, t. 89, f. 2. Elœagnus triflora, Rosb. in Carej-, FI. indica. 1, p. 459. E. arbuscula foliis ovali-aculis, sive obtusis, integerrimis, suprà viridibus purpureo- maculatis, subtùs argenteis ; floribus 1-8 fasciculalis argenlcis, N. Crescit in Indià. (V. s. sp. In herb. Burm. nunc apud Delcssert. ) Obs. Cette espèce dont les feuilles sont vertes et glabres supérieurement et macu- lées de taches pourpres, argentées inférieurement , présente deus variétés qui ont été bien signalées par Burman. Dans l'une, en effet, les feuilles sont ovales et acuminées , dans l'autre elles sont orbiculaires et très-obtuses ; les taches pourpres n'existent pas toujours. ELiEAGNOS FERRCGINEA , N. Ë. arbuôcula, foliis ellipticis valdè acuminatis integerrimis, suprà viridibus, subtùs- ferrugineis, floribus 2-3 fasciculalis fcrrugineis, N. Crescit in insulà Java (Leschenault.) Obs. Cette espèce a de l'analogie avec l'E. latifolia . L. , mais en diffère par ses feuilles elliptiques et brusquement acuminées au sommet , vertes en dessus, jamais maculées, plus épaisses, ferrugineuses à leur face inférieure; par ses fleurs plus gran- des dont les pédoncules sont plus longs et couverts, ainsi que les fleurs^ d'éeailles fer- rugineuses. (V. s. sp. in herb. Mus. Paris.) DES ÉLjEAGNEES. 4o5 EL^AGNUS MACROPHTLIA. E. macropliylla, Tliunb. FI. Jap. i, p. S;. Willd, sp. i, p. 690. E. inermisfoliis rotundato-ovatis argenteis, Thunb. 1. c. Crescit in Japoniâ. (V. s. sp. in herb. Delessert.) Obs. Elle diffère de l'E. ladfolia, L., par ses feuilles plus larges en proportion de leur longueur et presque cordiformes. L'échantillon qui existe chez M. le baron De- lessert est dépourvu de fleurs. Et^AGNnS CONPERTA. E. conferta, Roxb. in Carey, FI. Ind. 1, p. 46o. E. arbuscula scandens; foliis alternis ellipticis, acuminatis , suprà Isetè viridibus glabris , subtùs argenteis ; floribus pedicellatis , io-i5 axillaribus argenteis; laciniis limbi ereetis, N. Crescit in Bengalià. (V. s. sp. in tcrb. Deless.) Obs. Celte belle espèce se distingue surtout par ses feuilles allongées , et par le grand nombre de fleurs qui naissent de l'aisselle de chacune d'elles. ELiEAGNUS ARBOREA. E. arborea, Roxb. in Carey, FI. Indica 1, p. 461 • E. arbor excelsa ; ramulis s])inescentibus; foliis oblongis lanceolatis, integris subtùs argenteis ; floribus axillaribus 3 5, N. Crescit in Bengalià. Obs. Cette espèce est un grand et bel arbre, dont les feuilles sont plus étroites et les fleurs beaucoup moins nombreuses à l'aisselle des feuilles. EL.œAGNDS OMBELLATA. E. umbellata, Thunb. FI. Jap. 66, 1. 14. Willd., Sp. 1, p. 690. E. inermis, foliis obovatis obtusis , floribus axillaribus aggregatis, pedunculis flore brevioribus. Thunb. 1. c. Crescit in Japoniâ. ELjEAGNCS glabra. E. glabra, Thunb. FI. Jap. 67. Willd. sp. 1, p. 690. E. inermis, foliis ovato-oblongis acuminatis, floribus axillaribus, subsolitariis , Thunb. 1. e. Crescit in Japoniâ. EL^ACNCS MDLTIFLORA. E. multiflora, Thunb. FI. Jap. 66. Willd., sp. 1, p. 690. 4o6 MONOGRAPHIE £. inermis, foliis obovatis oblusis, âoribus asillaribus aggregatis, pedunculis flore longioribus, Thunb. 1. c. Crcscit in Japonià. Et.EAG>.'rS CRISPA. E. crispa, Thunb. FI. Jap. C6. Willd. sp. i, p. C89. E. inermis, foliis lanceolato-oblongisobtusis, undulatis, Ûoribus solitariis. Thunb., l.c. Crescit in Japonià. (V. s. sp. in herb. Dtlcsscrt.) § IL Flores dioïci. HIPPOPHAE , Nutlal , A. Rich. HIPPOPHAE BHAMNOÏOES. H. Rhamnoïdes, L. sp. H. arbuscula; ramis divaricatis; ramulis apicc- spiacscentibus; foliis allerni^ lanceolatis acuti^sublùs squaramato-argenteis. Fructibus carnosis rubris, N. Crescit in Europa locis humidis. (V. v. c.) SHEPHERDIA, Kuttal , A. Rich. SHEPHERDIA CANADENSIS. S. canadensis, Nuttal, Gen. north. Am. 2, p. 241- A. Rich. Eliagn. t. 24, f. 3. Hippophac canadensis, L. Michï. FI. bor. Am. Pursh , FI. of north. Am. 1, p. iij. S. arbuscula niediocris, ramis spincscentibus ; foliisque oppositis , ovali-oblongis , subacutis, suprà glabris, sublùs pube squamulisque micaccis fcrrugincis décidais, N. Crescit in Americd septentrional!. (V. v. c.) SHEPHERDIA ARGEKTEA. S. argentca. Nuit. 1. c. 2, p. 240. A. Rich. Elxagn. Hippophac argcntea, Pursh, 1. ci, p. ii5. S. arbur mediocrls, raraulis spincscentibus, foliis oppositis ovali-oblongis obtusis, utrinquè raollibus et squamraulato-argentcis, N. Crescit in America boreali. CONULEUM.Rich. CONCLECM GCTANNENSE. C. guyannense, A. Rich. Elxagn. , t. 25. C. arbor inermis; foliis oppositis obovali-acuminatis, integris Icpidolo-argfntii^ , floribus in axillis dichotomo-racemosis, N. Crescit in Guyannoc sjlvis. (V. s. s.) DES ÉLiEAGNÉES. 4o7 Explication des planches. Planche 24- !• Elœagmis angustifolia ., L. A . Fleur de grandeur naturelle. — i . Pédoncule. — 2. Tube du calice recouvrant l'o- vaire. — 3. Partie évasée du calice. — 4-5. Les divisions du limbe. — 6.T étamines. B. La même fendue longitudinaleraent et grossie. — i. Tube du calice. — 2. Son limbe. — 3. Le disque. — 4- L'ovaire. — 5. Le style. — 6. Le stigmate. — 7-7. Deux des étamines. — 8. Le podospermc. — g. L'ovule. C. Etaminc grossie. — i. Filet. — 2. Anthère. D. Fruit. — Tube du calice devenu charnu. — 2. Ombilic. E. Le même coupé transversalement (i) pour faire voir le noyau (2) formé par sa paroi interne. F. Noyau dégagé de la partie charnue. G. Le même coupé longitudinalement pour faire voir le vérirable fruit (2). H. Fruit coupé longitudinalement. — i.Paroisdu péricarpe. — 2. Les restes du style. — 3. Tégument propre de la graine. — 4- L'endosperme. — 5. L'embryon. — 6. La radicule. \. Embryon. — 1. Radicule. — 2. Cotylédons. IL Hippophac rhamnoïdcs , L. A. Chaton de fleurs mâles. — 1. Le rameau. — 2. Les écailles florales. — 3- Le jeune rameau qui naît du chaton. B. Une fleur mâle grossie. — 1-2-3. Ecailles calicinales. — 4- Etamines. C. La même pour faire voir les étamines. D. Fleur femelle grossie. — 1. Pédoncule. — 2. Calice. — 3. Stigmate. E. La même coupée en long. — 1. Pédoncule. — 2. Calice. — 3. L'ovaire. — 4- L'o- vule. — 5. Le style. — G. Le stigmate. F. Pistil isolé. — 1. Ovaire. — 2. Style. — 3. Stigmate. G. Le fruit grossi et coupé longitudinalement. — i.Tube calicinal épaissi. — 2. Sa paroi interne. — 3. Le fruit. — 4. Restes du style. H. Fruit coupé longitudinalement. — 1. Péricarpe. — 2.Endosperme. — 3. Embryon. IIL Shepherdia canadensis. A. Fleur femelle grossie. — 1. Tube du calice. — 2. Limbe. — 3. Disque formé de huit glandes. — 4- Stigmate. B. La même vue en dessus. C. La même coupée en long. — 1. Tube du calice. — 2-3. Limbe. — 4- Le disque. — 5. L'ovaire. — 6. L'ovule. — 7. Le stigmate. 4o8 MONOGRAPHIE DES ÉL^AGNÉES. Planche a5. IV. Conuleum guyannense, Rich. A. Rameau d'un individu femelle, de grandeur naturelle. B. Fleur femelle grossie. — i. Le tube du calice. — 2 Son limbe. — 3. Le disque — 4- Le stigmate. C. La même fendue longitudinalement i. Tube du calice. — a. L'ovaire. — 3. Le .«tigmate. — 4. Limbe du calice. — 5. Le disque formant un cône. — 6. L'ovule. D. I. Partie supérieure du calice dont le limbe s'est détaché. On voit le cône saillant et creux que forme le disque. riN DE LA SECONDE PARTIE. INDICATION DES PLANCHES DU PREMIER VOLUME. pages PI. I. Capromys de Fournier. Capromys Furmeri. Desm 41 II. Ophiurhiza miwffos. L 61 m. fig. 1. Mtfreo/a ophwrhi'zoidcs. Kich 63 Fig. 2. Détails des fleurs ordinaires de VOrchis lalifolia et des fleurs monstrueuses de la nicme espèce î02 IV. Branchiobdelle de l'ëcrevisse et son anatomie 69 V. Fig. 1. Fleurs du Gentiana lutea, du G. hybridael du G. purpurea. . . 79 Fig. 2. Aclilysie du dytique et son anatomie 98 VI. Astarte 127 VII. Mélaiiopsides i32 VIII. Mélanopsides ib. IX. Icacina Senegahnsis. Ad. Juss 174 X. Fig. 1. Coupe du terrain qui renferme les coquilles perforantesàValmondois. 245 Fig. 2. Coupe du terrain qui contient le bois fossile à odeur de truffe, à Croisille, près Harcourt (Calvados.) 197 X.I. Alicrartf/icra c/ustoi(/es. Chois. Individu mâle 210 XII. Mlcranthera clusioides. Chois. Individu femelle ib. XIII. Plan etcoupe du terrain qui renfermeles ossemens fo.ssiles, prèsd'Ar- gcnton (Indre.) 233 XIV. Thamnasteria Lamourouxii. Sauv 2^1 XV. Coquilles perforantes de Valmondois 245 XA'I. Carte géognostique et vue du Bassin gypseux d'Aix , département des Bouclies-du-Rbône 273 XVII. Coupe A du calcaire et du poudingue à la butte Saint-Eutrope. — Coupe B du poudingue prise sur la route de Venelles. — Coupe (E G) transversale du bassin gypseux d'Aix. — Coupe (DE) longitudinale du même bassin ib. XVIII. Fig. 1. Coupegénérale des divers terrains du bassin gypseux d'Aix. — Fig. 2. Coupe des masses de Gypse de la montée d'Avignon. — Fig. 3. Coupe des masses de Gypse des moulins de la Sèbc près d'Eguilles ib. XIX. Fucoides 3oi XX. Fucoides ib. XXI. Fucoides et Zosterites ib. XXII. Anatomie d'une larve de Diptère 329 XXIII. Sci.ssurelles. 34o XXIV. Détails analytiques des genres Elœagnus, Hippophae et Shepherdia. 38) XXV. Conuleum Guyannense.YiÀKh. Sgi 52 TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES CONTENUS DANS CE PREMIER VOLUME. ■-■-aXKiT-» pages. Liste des membres j Réglcmens de la Socict(^ i Résumé des liavaux de la Soeiété pendant l'année 1821, par M. Ad. Bbon- GNi vBT, secrétaire i5 1. Mémoires sur la composiliun chiuiique des parties cornées des insectes, par M. A. Odier 29 2. Mémoires sur un nouveau genre de mammifères de l'ordre des rongeurs , nommé Caphomts, par M.A.-G. Desmarest 4,j 3. Mémoire sur les genres Ophiorhiza et Mitreola, par M. A. Richard . (il 4. Mémoire sur le Branchiobdelle, nouveau genre d'Annelides de la famille desHirudinées, par M. A. Odier (iy 5. Observations sur l'hybridité des plantes en général et particulièrement sur celle de quelques Gentianes alpines , par MM. Glillemi.v et DcMAs.. . . -y 6. Notice sur une monstruosité des fleurs de VEupkorbia esula, par M. J.-B.-A. GciLLEHIN q3 7. Mémoire sur I'Achltsie, nouveau genre d'Arachnides trachéennes, par M. J.-V. AuDoriN n8 8. Notice géologique sur les environs d'Anvers, par M. DE i,A Jonkaire.. . . 110 i). Note sur le genre Astabtk , Sowerby. (Crassi.ve , Lam..k.) , par M. de la JoNKAIRE ,2- 10. Monographie des espèces vivantes et fossiles du genre Mélanopside (jVc- lanopsis^, et observations géologiques à leur sujet, par M. d'Acdebard de Fébossac j32 1 1. Notice sur le gissemcnt du ZtRCON hyacinthe d'Espailly près le Puy-en- Velay, par M. C. Bertrand-Geslin- iG.5 12. Description d'un nouveau genre nommé IcACiNA, par M. Ad. de Jdssieu. . 1^4 1 3. Notice sur le fossile .à odeur de truffe, par M. J. Desnoyers 179 i4. Notice sur une monstruosité remarquable des fleurs de VUrchis ialifo lia, yiar M. A. Richard ao2 TABLE. 4ii pages. i5. Mémoire sur un nouveau genre de Guttifèreset sur l'arrangement méthodi- que de cette famille, par J. D. Choisy 212 »6. Notice sur le gissement des osseraens fossiles des environs d'Argenton (Indre), par M.Basterot 23l-t 17. Mémoire sur un nouveau genre de Polypiers fossiles, par M. Le Sacvage. . 241 18. Mémoire géologique sur les fossiles de Valmondois et principalement sur les coquilles fossiles perforantes découvertes dans le grès marin inférieur , par M. G. -P. Deshayes 2.45 19. De l'importance de l'étude des corps organisés vivans pour la géologie posi- tive et description d'une nouvelle espèce de mollusque teslacé du genre Mélanopside, par M. Constant Prévost 239 20. De l'organisation extérieure des Céphalopodes comparée avec celle des di- vers poissons , par M. Latreille, membre de l'Acad. des sciences. . . . 269 2 1 . Aperçu géognostique sur le bassin gypseux d'Aix ( départ, des Bouches-du- Rhône), par M. Bertrand-Geslin 273 -22. Observations sur les Fdcoides et sur quelques autres plantes marines fossi- les, par M. Ad. Brongniart .'loi i'.\. Notice sur les genres Mtrtcs et Eugenia des auteurs, par M. C. Kunth. . 322 24. Anatomie d'une larve apode trouvée dans le Bourdon des pierres, par feu Lâchât et Victor Acdoïin 329 23. Monographie d'un nouveau genre de mollusques gastéropodes de la famille des Trochoïdes , nommé Scissurelle, par M. Alcide Dessalines d'ORBioNT 34o 26. Notice sur quelques Mousses de Rio-Janeiro, par M. Walker-Arnott. . 34G 27. Notice sur les Ethéries trouvées dans le Nil par M. Caillacd, et sur quel- ques autres coquilles recueillies par ce voyageur en Egypte, en Nubie et en Ethiopie, par M. de Férussac 353 28. Notice sur un nouveau genre de la famille des Huîtres qui parait réelle- ment vivre dans l'eau douce, par M. de Férossac 366 29. Observations sur la stérilité des Hybrides, par M. A. de Saint-Hilaire.. . 873 30. Monographie de la famille des El^eagnées, par M. A. Richard 875 FIN DE LA TABLE. ERRATA. Page 19 , ligne 22. Humboltine, lisez Humboldtine. a2 , 25. Icassina, lisez Icacina. 164, 35. Fig. 6, lisez fig. 7. — Ligne 36. Fig. 7, lisez fig. 6. ail, 27. dont je m'occupe; lisez dont je m'occupe , ai3, 12, 19, 24 P' 27- Luapoya, lisez Quapoya. 2t4i 4- Luapoya, /('jcz Quapoya. ibid. 29. Garcinia stiptica, lisez Garcinia elliptica. 217, 28. genres connus, lisez genres mal connus. 222, 9. Luapoya, lisez Quapoya. 226, 8 et 25. Corva, lisez Cowa. 23i, après la ligne 3, ajoutez : Gênera minus nota- (,V FIN DE L ERRATA. /< ^;^t KOî.t,<„0'y c /c^' M/»l ,/• /,, Sor . .77/,>f. -V.rt^'''',/^ /V,; . f/ .7J. ir^I^^id de/ ■ MIC R AN T I T K R A dus loide.. . a. JP^^^ère ,rru^. Jltim ■ (& /a Sac. ,/J/urf.Mae^JeI'arij-. //• 12 . V, L y?..;-,./ Je/\ J MlCRAlV'rillOKA clusioide y^A'^ /ftvf .'■l'u/r. S . <'/ii>t ^e7/i j^ ûi ^ûC- y /L^f 7i^-(u>tt-À'^ a^ <_^-r< x.i. pl.xm. il' r~ '"^%:j^. ■-'■^!>-"''fisr'-' ' '■■;-' '"-Tv^ii-j, WM<— ^'^ ï-êfe, •?%. m iwl ■Hjt .«i«w/ ;.tV." /^ .,.Jl^y --W?"- J:'^^iavz a^- ut- .-^/ÙMm^-g a^ t^^x^iini gà c^ Cîui^t&i a'âhd/e c/c.:^ !*î'. ( oup<- .'ut'uajU /(t l{^ /éikÀ'^ ûf^ -im^^y'^2^^ a^i!W^^2^( Me Ji; la Soc d'Hisl. mi'lurell(j «It» J'at-is . J F PI .Xl\. •S/ /^a^/^^auuuiM«i ia-' Jxt.iMx'u'U'UXu. . ^/}/ui\ ..n^ft,. (if C« J'c'c. i^/&^ na^ Zi^S»- cïk^crtM TI. PI.XV. '/^. ^/jffu/^mjïv^ .^'^/i^^r-J.M/. ^Jr^t^ Cc7,nj/a,iJ à .^ri. (€^€66/^ fS:^€^éif^a;^^É-\ I) PL.XVi, I Cà^^ w ' iteï- J^E Ventairen- ÔkAxct "^-■"A- '^ -Si '^^ Mém.flela Soc. cl'Hist. naturflle de Pa T.l. Pi XIX &/^' '^. "' ,.t^ H /i tyôff1tiCf/R4. <^^uecib!^ . /ji/fy (/e (. CénJianJ. [M'-m rU la Soc d'Hisf naturelle de Paris. 1 Pi X\ Ja-Mm/içmewâ^ y.' t-y^ucY^i^ci^. L,//, <^ C^ ('jrt4 ^ilii^f Cd/iMi^i. c^J^i^'ecce^ Mf„, J, /„ .r,,^ . J'l/,„f. nat'^Je Faru^. PI. 2^ . JeAiYi^ jUMani A/! 1. EL KAGNUS an^nstifolia ./, 2 mPPOPnAE Rlianmoïdes.f''"""^' ô.vSlIKIMIKKDI A Caiiadensis. v„//^/. .¥m ,/^ /,7 Jor. \ /. (./(irAxr^ li^f r ONX^T.E UM Guvannonso ./^,;/. /îfv'^Ewi- .nrw^r