'•ICiAl.-H'j y ^'fA ^:i5^^ ■ (fe^^ MEMOIRES DE LA SOCIETE ACADEMIQUE DE MAINE ET LOIRE PREMIER VOLVNE. ~ N« I 1) ANGERS IMPRIMEHIE DE COSNIER ET LACHESE Chaussde-Saint- Pierre, 13 1857 i 1^ M^MOIRES HE LA SOCIfiTE ACADEMIOUE DE MAINE ET LOIRE //. ^/J.2. /. MliMOIRES 1)E 1.A . ■ — ^- ^ ■..—■ ^ ... 1 <> ^ SOCIETE ACADEMIQllE DE MAINE ET LOIRE k PREMIER VOLUME ANGERS IMPRIWERIE DE COSNIER ET LACHESE Chaussee-Saliit- Pierre , 13 1857 LETTRE-CIRCULAIRE expos3Dt les bases DE LA CREATION D'^1 m\M ACADElOll m DEPARTEMENT DE MAINE ET LOIRE. Monsieur, Angers, eu egard au chiffre de sa population, est sans doute celle des villas de France qui possede le plus grand nombre de Societes scientifiques. Elle en compte six en effet, qui sont : les Societes d'Agriculture, Sciences et Arts, Grammaticale et Litieraire, Industrielle, Lin- neenne, Medicale et Veterinaire. Ce fractionnenient des forces inlellectuelles du pays est regrettable sous plus d'un rapport. 11 pent en rcsulter, soit un esprit de corps exclusil' qui cree des rivalites souvent steriles et des antago- nismes toujours facheux, soit tout au moins des scis- sions individuelles et des isolenicnts dans les labeurs 6 de I'esprit, lorsque parfois le progres ne peut elre ob- tenu et certains buls siirementet promplement atteints, que par une etroite mise en commun des efforts et. (les talents. Les intelligences, meme celles qui par leur nature sonl le plus portees vers les specialites, onl toujours quelque peu a profiter dans le contact des etudes qui, en embrassant la diversile des connaissances humaines, elargissent les champs de la pensee et reculent ses horizons. Rapprocher ces connaissances dans les tra- vaux auxquels elles peuvent donner lieu et dans leurs applications variees, ce n'est d'ailleurs qu'achever de developper en la fecondant, I'idee philosophique qui a voulu les rapprocher deja dans I'enseignemenl supe- rieur et les Facultes. II est d'autres points de vue encore sous lesquels les avantages de I'unite ne sont pas moins conside- rables. Ainsi, par exemple, la position financiere, qui, maintes fois dans les Societes actuelles, a presenle d'in- surmontables obstacles a d'u tiles projets, ne pourrait que s'ameliorer par la simplification et la reduction des depenses qui leur sont communes, et par la reu- nion dans une seule caisse des ressources maintenant disseminees. Les rapports obliges que tout corps savant doit avoir avec les difterentes administrations , lorsqu'il n'existe- rail qu'une Societe unique, gagneraient aussi notable- ment en facilite et en autorite. Enfm, la Societe nouvelle, par sa composition et la condensation de toutes les forces vives du pays, exer- cerait sur les progres dans Ics sciences, les arts et rindustrie, une action tout autrement intense et ener- gique que ne pent I'etre la somme des influences par- tielles des Socictes existantes. Ces considerations, autour desquelles pourraienl sc grouper beaucoup d'aulres que nous sommes forces de negliger ici, ont prcWalu deja dans plusieurs grandes villes on Ton a compris tons les avantages d'une con- centration dans un raeme foyer de toutes les lumieres dont pent s'eclairer I'esprit humain. C'est ainsi que pres de nous, a Nantes, s'est operee une fusion semblable sous le nom de Societe academi- que de la Loire- In ferierire, association qui dans cette vie nouvelle et multiple, a acquis des proportions et une valeur scientifique qu'elaient loin de presager I'obscurite, Taffaissement et I'abandon oil languissaient les Societes qui en sonl devenues les elements. Plus recemmenl la meme transformation s'est ope- ree dans les Societes rivales des villes de Saint-Etienne el de la Rochelle et avec un egal bonheur dans les consequences. Ce que nous venons d'exposer n'est du reste, en ce qui concerne I'Anjou, qu'un echo affaibli des opinions, des regrets et des voiux qui, mainles Ibis, se sont produits autour de nous. Le projet d'une fusion si desirable n'a en effet rien de nouveau, ni d'imprevu. En plusieurs occasions il s'est fait jour meme au sein des Societes existantes, mais jusqu'ici des questions de preseance loujours de- licales, certains attachements et certains respects pour un passe qui, pour chacunc d'elles, n'a etc ni sans uti- 8 lite, ni sans relentlssemenl, ef, oserons-nous le dire, l)eut-elrc aussi robligadon el rincertitude a la fois, dans une fusion operee de Societe a Societe, de pou- voir constater et concilier convenablement la recon- naissance et I'estime acquises a leurs fondateurs, onl presente des difllcuUes que les plus convaincus n'ont pas du oser affronter. Cependant lorsque les exemples salutaires s'accu- mulent, le moment nous a semble venu de prendre un parti supreme pour retremper et rajeunir dans un pacte commun des forces precieuses dont il serait a craindre que la vitalite vint a s'eteindre dans I'indiffe- rence et le vide qui tendent a se faire autour d'elles. Nous nous sommes done resolus a adresser un appel aux hommes de bonne volonte, quels qu'ils soient et d'ou ilsviennent, aux amis duprogres dans les sciences, les lettres, les arts et I'induslrie, pour les convier a fonder dans nos murs une vaste association sous le nom de Societe academiqiie de Maine el Loire, dans la- quelle toutes les capacitesen toutes choses trouveraient place et oh, a un moment donne, pourraient venir s'absorber les Societes actuelles. Nous avons du, en ce qui les regarde, esperer qu'en adoptant cette marche, la fusion si ardemment souhai- tee serait plus facilement acceptee, et que, portee sur un terrain neutre, elle ne souleverait aucune des sus- ceptibilites irritantes qui I'ont retardee et qui pour- raient renaitre, s'il s'agissait encore de la reunion directe d'une de ces Societes, a telle autre, sa vieille emule. II nous reste maintenant a indiquer les bases sur 9 lesquelles nous vous proposerions d'asseoir la Socieic nouvelle et qui seraieni les suivantes : La Society fondee sous le litre de Soci^lc ncademiquc de Maine et Loire coinprendrait I'universalite des connaissances humaines. Pour faciliter ses etudes et ses travaux, elle serait divisee en cinq classes ou commissions ayaiit chacune un bureau par- liculier : i" Celle ie ragriculture, comprenant I'liorticullure et ses divisions, la zootechnie et I'art veterinaire (1); elle pourra avoir pour section un cornice horticole ; 'i" Celle des sciences physiques et naturelles et d'acclima- tation ; 3» Celle de I'industrie ou technologie et du commerce; 4° Celle des sciences historiques, d'archeologie et de geo- graphic, des belles-lettres et des beaux-arts; 5" Celle de medecine, pharmacie et hygiene publique. Le bureau de chaque classe, elu par la classe, serait com- pose d'un president, un vice-president, un secretaire, un vice- secretaire. Total, 4 membres. Le bureau de la Societe serait compose comme suit : Des Presidents honoraires; 1 President titulaire; \ Directeur-administrateur ; 5 Vice-Presidents (ce soiit les presidents des classes); \ Secretaire-general ; 5 Secretaires - particuliers ( ce sont les secretaires des classes) ; (1) Sur la (ioinande de MM. les docteurs en medecine qui ont pris part a la discussion du reglcment, I'art vdt^rinaire a i\6 r^uni a la cin- quicme section. 10 1 Arcliiviste-general ; I Tresorier-general ; Total, 15 membres titulaires dont 5 seulemenl elus direc- tement ; Enfin 1 Secretaire-bibliothecaire-caissier recevant un trai- tement. Chaque mois les differentes classes auraient une seance et la Societe une seance generale, celle-ci fi la fin du mois. II y aurait chaque annee une seance generale de rentree. Certaines classes auraient des membres adjoints qui ne prendraient pas part aux seances generales. Les membres titulaires de la Societe residant dans les cliefs- lieux d'arrondissement du departement, pourront se consti- tuer en sections locales, prenant le nom de I'arrondissement et embrassant les memes sujets d'etude que la Societe-mere; ces sections pourraient tenir des seances parliculieres et le resultat de leurs travaux prendre place dans les publications de la Societe academique. La retribution pour les titulaires serait provisoirement fixee a 10 fr. et a moitie de cette somme pour les adjoints. La Societe aurait des correspondants, lesquels en payant la demi-cotisation auraient droit aux publications. Un salon serait ouvert pour les membres desireux de lire les publications periodiques adressees a la Societe et de consulter sa bibliothcque. En cas d'adhesion en corps de I'une des Societes existantes, elle se confondrait dans la Sociele academique avec I'apport sans distinction de son personnel en membres titulaires, adjoints et correspondants, son mobilier, son actil' et son passif. Telles doivent elre, croyons-nous, les bases fonda- inentales de la nouvelle association: nous avons ose it esperer, Monsieur, que vous pourrlez y donner vofre approbation el alors nous vous prierions de nous laire parvenir par ecril ou de vivc voix voire adhesion. Nous adressons cette circulaire: 1" a Ions les mem- bres des Societes existantes; 2° a t.outes les personnes elrangeres a ces Socieles que nous avons pu supposer disposees a se reunir h nous. Nous devons dire qu'avant d'agir, nous avons cru devoir nous assurer des sympathies que cette ceuvre tout angevine pouvait rencontrer dans les hautes re- gions ou notre Sociele tient a honneur de demander ses presidents honoraires, et qu'aussitot sa constitu- tion, il sera fait les demarches necessaires pour qu'elle soil reconnue comme etablissement d'utilite publique. Nous ajouterons, avant de clore cet expose, que nous ne nous considererons comme autorises a agir que lorsque nous aurons reuni plus de 60 adhesions, et que, ce chiffre alteint, nous nous empresserons de convoquer les adherents, afin de proceder a la redac- tion du statut definilif, et d'adresser ensuile une invi- tation specials aux Societes anciennes pour ks inviter a se joindre a nous. Veuillez, Monsieur, agreer etc. Ont donne leur adhesion a ki presente circulaire apres lec- ture : MM. Adville, bibliothecaire en chef de la ville. Beraud *, conseiller a la Cour imperiale, secretaire- general de la Sociele imperiale d'agricullure d' Angers. Bigot *, docteur-medecin, professeur de i'Ecole de me- decine d'Angers, etc. 12 MM- BoREAU , directeur du Jardin botanique d' Angers et du Musee d'histoire nalurelle, professeur de I'Ecole d'en- seignement superieur. Blavier *, ingenieur des mines. Dauban, directeur des Musees de peinture et sculpture, professeur de I'Ecole municipale des beaux-arts et de TEcole d'enseignement superieur. Daviers, docteur-medecin, professeur de I'Ecole de me- decine d'Angers. GiDEL, professeur de rhelorique au Lycoe, et des belles- lettres a I'Ecole superieure. MouRiN , professeur d'histoire au Lycee et a I'Ecale su- perieure. Port, eleve de I'Ecole des chartes et archiviste de la Prefecture. Planchenault ^, president du tribunal de 1" instance, ancien president de laSociete imperiale d'agriculture, membre du conseil municipal, etc. PoiTOU, conseiller a la Cour imperiale d'Angers. Thouvenel, president de la Societe grammaticale et lit- teraire. VoisiN ^, receveur-general des finances. P. S. Ci-joint est un modele qu'il suflira de signer et d'a- dresser franco a M. Beraud, conseiller, rue Saint-Gilles, a Angers, charge par les fondateurs de recevoir les adhesions. Des que la Societe sera constituee, une invitation sera adressee a chacune des Societes existantes et un delai fixe pour attendre qu'il y soit repondu, a I'expiration duquel il sera procedo a 1' election des membres du bureau general et des bureaux particuliers. REGLEMENT DE LA SOCIETY ACADMQUE DE MAINE ET LOIRE (adopte en assemblee generale le 28 Janvier 18S7). Art. 1«\ La Society Academique, dont les assemblees se tiennent a Angers, est etablie pour le departement de Maine et Loire. Art. 2. Elle se compose de membres titulaires, de corres- pondants residant hors du departement, et de membres ho- noraires. Le nombre des membres bonoraires ne pourra depasser la moitie du nombre des titulaires. Celui des autres membres est illimite. Art. 3. La Societe Academique embrasse I'universalite des connaissances humaines, en s'abstenant toulefois des consi- derations politiques et religieuses. Art. 4. Elle se divise en cinq sections, ou classes perma- nentes, ayant cbacune un bureau particulier. 1" Agriculture, comprenant la zootechnie, Thorticullure et ses divisions. — L'borticullure pourra former un Cornice par- ticulier. 2" Sciences physiques et naturelles. 3" Industrie, ou technologie, commerce et statistique. 4" Belles-lettres, beaux-arts, sciences bistoriques, archio- loeie et geographie. u 5° Medecine, pharmacie, hygiene publique, art v^terinaire. Chaque section elit un bureau, compose d'un President, uii Vice-President, un Secretaire et un vice-Secretaire. Art. 5. Le bureau de la Soci(5te Academique est compose com me suit : Des Presidents honoraires. Un President titulaire. Un Directeur-administraleur, pouvant presider la Sociele en I'absence du President. Un Secretaire general. Un Archiviste. Un Tresorier. L'un des cinq Presidents des sections, remplit les fonclions de vice-President dans les seances generales. L'un des cinq Secretaires des sections, remplit les fonc- lions de vice-Secretaire dans les seances generales. Enfin, il y a un Secretaire-bibliothecaire-caissier, recevant uii traitement, et qui n'est pas soumis a I'election. Art. G. Les fonctions du President general de la Societe, consistent a regler et a mainlenir I'ordre dans les seances, et a communiquer a la Societe le resultat de ses relations avec les correspondants et les divers corps savants. Art. 7. Le Directeur-administrateur est plus specialement charge d'entretenir et de stimuler ces relations, en meme temps que de tout ce qui concerne I'administration generate et des interets materiels de la Societe. Art. 8. Les membres du bureau se constituent, toutes les fois que cela est necessaire, en conseil d'administration, ou en comite de redaction, qui regie I'ordre et le clioix a faire pour les publications de la Societe (1). (1) II eiitrait dans Fesprit tie la commission de redaction du Regle- raent, ainsi que cela ressort des termes de la circulaire, que les bureaux des sections se joignissent au bureau de la Soci^tiJ pour cnnstiluer le t5 Art. 9. Le conseil d'administratioii represenle la Sociele, lorsqu'elle n'est pas ivunie en asseniblce gcnerale ; il demeure charge de tous les details de la geslioa, de la correspoiidance, des convocations et de la presentation des comptes. Chacune de ses atlribulions est r^parlie entre les membres qui le composent, d'apres la designation speciale de leurs fonctions. Art. 40. Les paiements a faire par le Tresorier , sonl or- donnances par le President ou par le Direcleur-administrateur. Art. 11. Tous les membres du bureau sont nomnies pour un an, au scrutin secret et par bulletins individuels, a la plu- ralite relative. lis sont reeligibles, a I'exception du President, qui ne peut etre elu deux annees de suite. Art. 12. Certaines sections de la Societe pourront avoir des membres adjoinls qui ne paient que la moitie de la coti- salion, mais ne peuvent prendre part aux seances generales. La section des sciences physiques et naturelles admettra des adjoinls-coUecleurs, qui ne seronl souniis a aucune cotisalioii. Art. 13. Chaque annee, apres le renouvellement du bureau, les membres qui voudronl cooperer plus etroitement aux Ira- vaux d'une ou de plusieurs sections, se feront inscrire au Secretariat, comme litulaires desdiles sections. Art. 14. Les membres tilulaires d'une section et ses mem- bres adjoints prendront seuls part a I'election du bureau de la section, et y pourront lire des travaux et voter. Les membres du bureau general, qui seraient presents, auront la faculle de prendre part aux discussions, mais les autres membres de la Societe n'y pourront assister qu'en qualite d'audileurs. Art. 15. La section des sciences medicales n'aura pour litulaires que ceux des membres de la Sociele ayant le titre de docleur-medecin, oflicier de sanlc, pliarmacien, veteri- conseil d'adminislration et If coniitt! de rt'daclion C'est par oubh que Tartii'le 8 ne le inentionne pas pxphciteinenl ( Note ile la (•(utiiiiissioii, Adv Ber. Hor Tliiniv . 16 naire, et des autres membres qu'elle jugera convenable d'ap- peler dans son sein. Elle seule ddcidera la question de I'ad- mission a ses seances, soil absolue, soil conditionnelle des autres membres de la Societe en quality d'auditeurs. Art. 16. Les membres titulaires, residant dans les chefs-^ lieux d'arrondissements du departement, pourront se consti- luer en sections locales, prenant le nom de I'arrondissement et embrassant les memes sujets que la Societe-mere. Ces sections pourront tenir des seances particulieres, et le resultat de leurs travaux sera adresse a la Societe academique qui pourra les inserer dans ses publications. Art. n. Tout candidal au titre de membre titulaire devra etre presente, par deux membres residants de la Society, au conseil d'administration qui statuera sur son admission et la soumettra au vote de la Societe en seance generale. Art. 18. Chaque membre entrant souscrit pour une cotisa- lion annuelle de dix francs. Cette somme est due pour I'annee couranle, a partir du 1" Janvier, quelle que soit la date de I'admission, ou celle de la demission qui pourrait etre donnee. Art. 19. Un droit de diplome de dix francs pourra etre exige de tous les membres titulaires qui seront admis a partir de I'annee 1858. Art. 20. Tout droit quelconque aux collections ou au mo- bilier de la Societe, cesse immediatement soit par la demis- sion, soit par le deces d'un membre, sans que ses heritiers puissent exercer aucune revendication contre la Societe. Art. 21 . La Societe aura chaque mois une seance generale : elle pourra en outre 6tre convoquee extraordinairement par le conseil d'administration, quand il le jugera necessaire. Elle pourra avoir une seance publique chaque annee. Art. 22. Les diverses sections auront une seance chaque mois, et pourront aussi etre convoquees extraordinairement. Art. 23. La Societe ne pent voter en seance generale une 17 (lepense au-dessus de cent francs, si la lettre de convocation n'en a pas fait mention. Art. 24. Toute proposition presentee k la Societe, ne pent I'elreque par ecrit et conforinenienta I'ordre prescrit ci-apres pour les lectures. Art. 25. Tout membre qui se proposera de lire un travail, soil a la seance generale ou publique, soit devant I'une des sections, devra se faire inscrire au Secretariat, au moins cinq jours auparavant. Art. 26. Apres chaque lecture faite en seance generale, le Bureau proposera au vote de I'assemblee, soit le depot aux archives, soit le renvoi au comile de redaction. 11 pourra aussi demander le renvoi a Texamen d'une section, et dans ce cas, la section devra faire son rapport a la seance suivante, et Tasseinblee votera de suite sur les conclusions de ce rap- port. Art. 27. Les sections pourront dans leurs seances particu- lieres elaborer des travaux ou entendre des lectures, dont elles voleront, soit le depot aux archives, soit le renvoi a la pro- chaine seance generale, oii il sera statue par russemblee sur leur destination. Art. 28. Les archives de chaque section recevront un clas- sement particulier , mais ne seront pas separees de celles de la Societe. Les ouvrages imprinies qui leur seront adresses seront deposes dans la bibliothefiue generale. Les livres de cetle bihiiolheque seront mis a la disposition des membres (|ui voudront les consulter, par les soins du bibliothecaire, mais ilsne pourront pas tHre emportes au dehors. Art. 29. Les travaux de la Societe seront publies sous le titre de : Memoires de la Socii'l^ academique de Maine et Loire; ils lormeront chaque annee un ou |»lusieurs volumes, selon I'abondance des sujets. Art. 30. Tout membre titulaire ayant satisfail aux pres- 2 18 criplions de I'arlicle 18, ref-oit gratuilemenl les publications edil6es par la Sociele. Art. 31. Les membres correspondanls qui desireraient re- cevoirces publications, paieront la moitie de la colisation. Le conseil d'adminislralion pourra neanmoins les adresser sans retribution aux niembres honoraires et correspondants qui conimuniqueront a la Societe des travaux inedits ou imprirnes d'une importance reconnue, ou qui lui auronl rendu des ser- vices. Le present reglement a ete adopte a I'unanimite par la commission d'organisation de la Societe academique de Maine et Loire, le 22 Janvier 1857. Adville, Beraud, Boreau, Port, Thouvenel. La Societe academique ayant rouni 80 adhesions, s'est constiluee dans sa seance de ce jour, et a adopte ;i Tunani- mite le present reglement. Angers, 28 Janvier 1857. Les membres de la Commission d 'organisation , Adville , Beraud , Boreal' , Port , Thouvenel. Le Maire d'Angers, olTicier de la Legion-d'Honneur, depute au Corps Legislatif, Donne sa pleine et entiere adhesion a la fusion de toutes les Societes savantes de la ville en une seule, sous le litre de Societe academique de Maine et Loire. II donne son approbation complete au present projet de reglement. A I'Hotel de la ville d'Anf/ers, kZI Janvier 1857. Er. Duboys, maire. Par decision du G fevrier 1857, le present reglement a ete approuve par M. le Prefet de Maine et Loire. COMPTE- RENDU des sdances des 9 fdvricr et %l mars INSf. Le lundi 9 fevrier 1857, la Sociele Academiquc s'esl reunie pour entendre la lecture fles lettrcs dpslinees aux Societes d' Agriculture, Sciences et Arts, Indus- trielle, deMedecine, Linneenne, Grammalicale el Lille- raire d' Angers, alin d'inviter ces corps savants a vcnir se reunir a la Sociele Academique. La redaction de ces leltres est approuvee par la Sociele qui decide qu'elle ne se conslitueradefinitivementqu'au mois demars, afm de laisser le temps aux Societes convoquees, de deli- berer sur cet important sujel, et de les meltre a meme en cas d'adhesion, de prendre part aux elections des bureaux. La Sociele aulorise, en outre, la commission d'organisation a accepter, en son nom, les adhesions qui pourraient etre donnees par les diverses Socieles, avec les clauses el reserves que celles-ci pouriaienl presenter, en tanl que ces clauses el reserves ne se- raient pas en opposition avec le reglemenl de la So- ciele Academique, lei qu'il vient d'etre approuve par Tautorile. Le 21 mars 1857, la Sociele Academique s'est reunie dans une des salles de la Preleclure. Horn mage est tail 20 i la Societe, de la part de M. Alfred Riche, docleur es-sciences de la Faculte de Paris, d'une dissertation qui a pour titre : Recherches sur le timgslene el ses com- poses. La Societe vote des remercimenls a M. Riche, et sur la proposition d'un membre qui rappelle la haute importance scienlifique de ce travail, elle decerne k I'auteur le litre de membre correspondant. M. Beraud, en sa qualite de president de la commis- sion d'organisation, lit un expose de la situation, dans lequel il rend compte des demarches tentees aupres des autres corps savants, pour arriver a une fusion ; il fait connaitre les reponses qu'il a regues de trois de ces corps, et proclame la reunion accomplie par la Societe Grammalicale etLitteraire, qui, la premiere, avec le plus honorable empressement, a voulu s'associer a la grande pensee qui a donne naissance a la Societe Academique. La Societe, apres avoir ecoute cette lecture avec une religieuse attention et avec les marques les plus pro- noncees d'interet et de sympathie, s'empresse de voter I'impression de cet important document, sur la propo- sition qui en est faite par I'un de ses membres. On procede a la nomination des membres du bureau general qui a lieu par bulletins individuels. II est en- suite donne lecture des listes des membres appeles a composer les diverses sections , puis Ton procede successivement a I'election des bureaux de chacune de ces sections. Malgre le grand nombre de votans, ces diverses nominations ont eu lieu a une majorite tres considerable, qui lemoigne hautemenl de I'esprit de bonne entente et de conciliation qui unit lous les membres de la Societe Academique. SEANCE UU il MARS 1857, presidee par M. le conseilier Beraud, president dt; la commissiou d'oraanisatiou. KXPOSE PAR M. BKRAUD, AU NOM DE LADITE COMMISSION. Messieurs , Au moment ou votre commission d'orgaiiisation vient deposer ses pouvoirs, elle croit devoir vous rendre compte do qu'elle a fait pour executer le mandat de haute confiance dont vous aviez bien vouhi I'inveslir. A votre reunion precedente, nous avions en efi'et ete charges par vous de represcnior la Societe academique pour traiter vis-a-vis des aulres Societes la question de leur fusion generale ou partielle. A cette occasion, nous eumes I'honneur de vous sou- meltre les lettres destinees a chacunc d'elles, et vous en approuvatcs sans restriction les termes et I'esprit. Elles avaient ete redigees dans le but surtout de i'aire scntir que vous vous eliez efTorces de concilier aulanl que possible avec une I'orme nouvellc, d'an- ciennes habitudes et d'anciennes afl'ections dans les choses et les personnes, et de sauvegarder loules les institutions accessoires dont I'experience avait consacre I'utilite. De ce nombre etaient, pour la Societe d'agriculture: la commission archeologique, b; cornice borlicole, le jardin fruitier, le cours de taille, etc. Pour la Societe industrielle: certains comices can- lonaux, les expositions industrielles, les concours d'a- nimaux, etc. On s'etait d'ailleurs cfforce dans ces lettres de deve- lopper celte pensee, que tout ce qui se faisait separe- ment de bon et d'ulile, pourrait s'operer apres la fu- sion comme par le passe, et dans des conditions plus favorables encore a raison de la puissance en quelque sorte irresistible, qu'acquerraienl par leur concours siniultane, les forces intellectuelles maintenant disse- minees. Du resle, Messieurs, comme I'esprit de conciliation doit avoir ses limites, meme dans une ceuvre d'edifi- cation, vous nous aviez sagement trace celles qu'il ne nous elait pas permis d'outrepasser. C'etait le respect el par consequent I'acceptation actuellc du regleinent, loi fondamentale de votre institution, dans lequel vous aviez la conviction d'avoir resume toutes les conditions de votre existence et celles qui pouvaient donner a votre action pour le bien, I'expansion la plus facile, la plus large et la plus efTicace. Les dispositions de voire reglement, n'avaient d'ail- leurs rien fl'insolile. En pareillc rnatiere, c'eul ele iin lort que de vouloir innover: on einprunto el on coor- donne. Voire reglement ne devait etre, et n'est en rea- lile, qn'une sorle de condensation de tout ce que rex|)erience des veterans des Socieles savantes, leur avail demontre comme utile et pratique dans les re- glements des Societcs d'agriculture et induslrielled'An- gers, el dans celui de la Societe academique de la Loire-Inferieure, nee elle-meme d'une fusion analogue de toutes les Socieles nantaises. Aussi, Messieurs, devons-nous le dire, il n'a ele I'ob- jet d'aucune critique qui se soil netlement Ibrmulee. II n'est qu'un seul point sur lequel il a ele fail une ob- servation que je crois devoir reproduire. Elle concernait les assemblees generales que de mennieUes on eut voulu voir trimeslrklles. Mais en cela, nous avons du d'abord faire remar- quer que le reglement ne fail que rappeler ce qui se pratique dans les deux seules Socieles d'Angers qui aient des sections, et que plus les sections possedeni un personnel nombreux et sont organisees de maniere a pouvoir vivre isolemenl, comme le seront les volres, plus il devien,t indispensable, par des seances gene- rales qui resument el relient leurs travaux, de main- lenir I'unile, la cohesion sociale. A quoi nous ajoulerons: 1o Que comme c'est la So- ciete entiere devant laquelle doivent etre portces les demandcs adressees par les administrations supcrieures ou locales, il importe beaucoup pour une plus prompte expedition des affaires que cbaque mois la Societe-Mere se retrouve a son posle ; 24 2" Que I'impression ne pouvanl elre votee que par la Sociele-mere, des seances Irimestrielles occasion- neraienlde trop longs elregrettablesdelais,pour la pu- blication des memoires ; 30 Enfin, que si le President, qui n'est nomme que pour un an, n'apparaissait ainsi annuellemenl que quatre fois dans I'exercice de ses fonctions, elles devien- draienlpurement nominales et s'nnnihileraientau profit de celles du directeur qui fonctionnerait seul pen- dant ces interregnes , ce que vous n'avez pu vouloir. Au surplus. Messieurs, I'admission en principe de I'acceptation actuelle du reglement, comme condition de I'adhesion, etait justifiee par la nature meme des negociations a suivre. Comment eut-il ete possible d'admettre sa discussion successive vis-a-vis des autres Societes? Est-ce que la condition poseepar I'une, n'eut pas pu devenir le sujet d'une exigence opposee de la part de celle qui lui eut succede, de telle sorte que chaque accession nouvelle, remettant en question la convention de la veille, vous vous fussiez ainsi con- damnes a traverser un provisoire mobile et incertain jusqu'au moment ou la fusion lotale eut ete consommee. Quant a la possibilite, a I'opportunite d'une revision ulterieure a un moment donne, elle devait etre et etait en effet comprise et admise de tous les bons esprils, et de votre commision comme de vous-memes. Aussi, M. le Prefet, tout en approuvant vos staluts, avec la prevoyance pleine de prudence sagace et d'equile pra- tique' qui caracterise tous les actes de son administra- tion, avait-il prevu et indique lui-meme I'eventualile d'une revision, pour le cas oil loutes les Societes exis- 25 tantes viendraient a sc fusionner; disposition cininem- ment et doublernent ralionnelle, puisqu'a ce momcnl seulement le remaniement peut acquerir un caractere definitif, ct que rinlervenlion alors considerable d'ele- raenls nouveaux, peut former une majorite egalemenl nouvelle pour I'appreciation des prescriptions regle- mentaires. Je crois devoir, Messieurs, vous donner lecture de ce document important, d'autant qu'il a ete diversemenl inlerprete au-dehors. (Lecture est donnee de la lettre de M. le Prefet.) II resulte de cet expose, Messieurs, qu'une ligne de conduite nous etait tracec, et que nous avons dii la suivre sans nous en ecarte.r. Nous aliens voir bientoi quels resultats nous avons pu ainsi atteindre ; mais nous ne pouvons auparavant passer sous silence certaines objections qui nous ont ete failes et qui touchent je dirais presque au cote moral de I'affaire. On a en divers lieux formule ainsi une sorte de reproche et de fm de non recevoir qu'on ne craignail pas de vous opposer. Quelles que puissent etre, disait- on, les esperances d'avenir que presente la composi- tion de son nombreux |)ersonnel, la Socicte acade- mique, ne faisant neanmoius comme etre moral et collectif que de naitre a la vie, et n'ayant pas de position deja faite et justifiee par des travaux qui lui soient propres, on a lieu, au moins, de s'etonner de la voir se poser avec la pretention d'absorber en elle des So- cietes qui ont une existence consacree par de longs et d'uliles travaux, et il peut paraitre quelque pen outre- 26 cuidant el superbe de sa part, de lui voir imposer a ces autres Socieles un delai pour la reponse qu'elle en sollicile. Mais a cela, Messieurs, nous avons du repondre que le projel de fusion n'avail Hen de nouveau; qu'il avail a plusieurs epoques preoccupe los bons esprils dans nos administrations locales, comme dans les Societes elles-memes ; que des 1836 el 1837, il avail ele agile el meme impose a ces Societes au sein du Conseil Mu- nicipal, ado|)te alors par la Societe industrielle, et presenle par elle a la Societe d'agricullure, qui ne I'a- vail refuse que parce que plus de la moitie de ses membres ne lenaient alors leurs droits poliliques que du litre dont on la sollicitail de se depouiller; que c'est par suite de Tirapossibilile constatee par d'autres lentatives plus recenles, d'operer une fusion dirccte des Socieles cntre elles, que vous, hommes de progresdans les bonnes choses, et de la plus large conciliation dans les personnes, vous vous etiez reunis dans I'espoir que cette fusion si desiree s'opererail plus I'acilemenl sur un terrain neulre et en convianl les Socieles anciennes a s'unir sous un nom commun, et de maniere que la Societe qu'il designerait, ne put etre consideree comme la conlinualion d'aucune des anciennes par preference aux autres ; Que c'esl dans cet esprit que la Societe academique s'elail conslituee, et qu'elle avail lenu en meme temps a ne pas s'organiser par la nomination de ses divers bureaux, par la formation de ses sections el par I'inau- guralion de ses Iravaux scienlifiques, avanl d'avoir mis les autres Socieles en demeure , ou si ce mot a pu, 27 dit-on, choquer ijuelques-uns, en position de se juindrc a elle pour cooperer, el exaclemenl au meine litre, c'est-a-dire, comme cofondatricc, permetlez-uKji ce mot, a la creation d'une Socicte dile acAulemiqne; Que lui vouloir reprocher de ne pas clre aulremenl conslituee et organisee, et de n'avoir pas doja vecu de sa vie propre, c'est done vouloir meconnaitre I'abne- gation de grande convenance qu'elle a mise a s'elTacer autant que possible pour laisser une plus large part d'iniliativc aux autres Socieles, dont ello tcnait a s'as- surer la cooperation des le debut de I'oeuvre nou- velle ; Que si elle a fixe un delai pour altendre les adhe- sions, c'est qu'elle ne pouvait sans danger pro- longer indefiniment ce provisoire qu'elle avail bien voulii s'iniposer, cetle suspension de son action vitale ; Que sans doute le terme expire, elle recevra avec le meme empressement les adhesions des Societes deve- nues alors ses soeurs, mais que celles-ci doivont com- prendre que leur position ne sera plus la meme, d'a- bord parce que leur accession tardive n'aura plus le meme caractere de spontaneite, d'abnegalion et d'in- depcndance ; en second lieu, parce qu'elies ne pour- raient plus alors se poser comme Ibndalrices ct sans distinction entr'elles de premiere, ni de derniere, de la Societe academique, mais qu'elies viendraienl alors, ofTrir le sacrifice de leur ancienne individualite a une Societe ayant deja une existence dislincte , et ainsi s'absorbor en elle. Telles sonl les considerations par lesquelles. Mes- sieurs, nous avons cru devoir, vis-a-vis de diverscs 28 personnes et en divers lieux que je crois convenable de ne pas autrement preciser, justifier la ligne de con- duile que vous vous etiez tracee de vous-meraes vis-a- vis des autres Societes. Voyons mainlenant comment vos ouvertures ont ete reQues. La Societe grammaticale et liUeraire a repondu la premiere par une deliberation dont la mesure par- laite, la reserve pleine de convenance et I'esprit de confiance loute fralernelle, ne pourraient surprendre que ceux qui n'onl pas ete a meme d'apprecier les liommes honorables qu'elle a eus pour interpretes. Exirait de la let/re contenant copie do la deliberation de la Socidle gmmmalicale et litteraire. La Societe grain maticale et litteraire, sur Ic rapport de la commis- sion qu'elle a nommee a ce sujet et apres en avoir d^libir^ (dans sa seance dii 5 mars) , Consid^rant qu'll est en effet de sens droit et natural que Ton at- fende de la fusion des Societes, des avanlages beaucoup plus grands et plus 61eves que ceux qu'on retire d'etforts tentes isoleraent et sans unite d'action ; Considerant encore que pour arriver a une fusion, il faut necessaire- ment que chaquc Societe fasse ses concessions et se place sous I'em- pire d'un droit cominun, sauf a soumettre en temps opportun a la de- cision de la majorite, les reclamations qu'elle croirait devoir faire ; Donne sa complete adhesion a la Societe academique, qui n'est pas apres tout une Societe nouvelle, niais bien la reunion des autres, Et declare par cette presente reponse, s'associer an reglement adopte et presenle par la Society academique, et entendu naturellcmont scion I'expose des motifs qui a precede la promulgation de ce reglement. En outre, la Societe grammaticale et litteraire, informe la Societe academique, qu'au re^u de la reponse a la presente declaration, elle 29 remettra aux mains de I'aulorit^, les litres qui I'ont constitiiee l^galc- iiient et suivanl lesqucls c!lc existc oncoro aujouni'liiii. La Societe grarniiialicale adresse a laSociiHc acaiieiiiiquu rexpression de ses sentiments de confratcrnilo et de devoiiement. (Stiivent les signatures des memhres de la cdinniission el du Presi- dent de la Societe, Thouvenel). Par suite de celte adhesion generale et des adhe- sions personnelles, Messieurs les membres de la Societe grammaticale et lilteraire ont ete inscrits sur la liste generale de la Societe acadeinique; mais pour que la dissolution de celte Societe puisse s'operer reguliere- ment, il est necessaire que dans la presenle seance vous declariez que la fusion entre elle el la Societe aca- deinique est des ce moment consommee. Nous prions done ceux d'entre vous, Messieurs, qui acceptent celte fusion muluelle, de vouloir bien lever la main. (Le vole a lieu. Le bureau declare que la fusion est acceptee et consommee.) Poursuivons : La Societe de medecine, donl vous eles heureux de compter deja parrai vous une parlie notable des mem- bres les plus dislingues, a adople le principe de la fu- sion el s'est montree desireuse de se reunir a nous, voyanl dans les conditions parliculieres qui lui sonl menagees pour s'organiser, les gages d'une indepen- dance que rendent indispensable la nature de ses tra- vaux el la composition de son personnel. Mais elle a paru preoccupee de celte pensee que de cette situation excepiionnelle meme il rcsullerail une sorle d'isole- ment rojalif, qui, au cas oi'i les autres sections nr' se- 30 raient pas organisees ou ne fonclionneraient pas, la [)lacerail a I'etat d'une Sociele rivale, ou plutol paral- lele, accolee en quelque sorle avec la Sociele acade- mique, et sans que celte existence a deux, diit sembler avoir une suffisanle raison d'etre. Telle est du moins I'interpretation que nous a paru comporter la lettre de I'honorable president de cette Societe, dont je vais vous donner lecture. Ainsi, Messieurs, si nous avons bien compris le motif qui a engage la Societe de medecine a differer, nous devons avoir tout espoir de la voir bicnlot occuper la place que vous lui avez reservee au milieu de vous, maintenant que grace au chiffre de vos societaires vos sections vont etre organisees sur une echelle assez grande pour egaler et surpasser meme en nombre cerlaines Societes. Elle Irouvera d'ailleurs dans vos seances ge- nerales I'immense avantage de donner a ceux de ses travaux qui en sont susceptibles, une publicite de bon aloi, qui serait trop utile a tons pour qu'clle veuille se refuser ce moyen de se meltre en communication di- recte et frequente avec I'elite de la cite. Nous avons rencontre dans la Societe industrielle des hommes animes au meme degre que nous tous de I'es- pril de conciliation et de progres; mais il faut bien le dire, plus les services que cette Societe a rendus a nos contrees dans I'industrie et Tagricullure sont reels et evidents, plus les meilleurs esprits ont pu se laisser aller facilement a la crainle que ces services vins- sent h perdre quelque chose de leur importance par un changemcnt de position. Peut-etre aussi que quel- ques industriels ont du craindre que dans un milieu 34 nouveau les habitudes conlraclees, les relations eta- blies entre les personnes pussent avoir a souffrir. lis n'onl peul-etre pas compris assez que lorsque la So- ciete induslrielle a depuis longlemps devie du principe unique de sa fondalion pourenibrasser tout un ensem- ble d'objets divers, ils Irouveraienl au contraire dans la fusion une occasion toute naturelle de pouvoir for- mer, sous la forme de section ou commission, une ve- ritable Societe, specialement induslrielle, dont Faeces aurait meme pu, comme votre commission d'organisa- lion I'avait pense, etre exclusivement reserve aux theo- liciens et aux praticiens industriels, et qui aurait eu ainsi pour eux une homogeneite preferable certaine- raenl au pele-mele des autres Societes, tandis que les seances generales les eussent pu mettre cbaque mois en contact avec le reste de I'association. Celte position tout exceptionnelle qui leur eut ete ainsi faite, olfre des avanlages tellement evidents pour le travail et I'elude, que nous ne pouvons douter que mieux eclaires sur les grands intcrets qu'ils represen- tenf, ils ne pourront nianquer aun-moment quelconquc de provoquer la Societe a laquelle ils appartiennent a accueillir une fusion sur les bases que nous indiquons. Toujours est-il, Messieurs, que si la Societe indus- lrielle nous a refuse son adhesion acluelle, ellc a nean- moins declare, par deux voles successifs et a une enorme rnajorite, qu'elle admettail en principe la reunion en une seule de loules les Societes angevines. - II n'esl peut-etre pas sans interet d'observer que nous comp- tons dcjn parmi nous plus de Irente mcinbres (]ui ap- partiennent a celte Sociele. 32 Quant h la Sociele d'agriculture, elle n'a pas pris en- core de decision. A la seance de fevrier, elle a renvoye a celle de mars pour nommer une commission , la- quelle doit faire son rapport en avril. Se croira-t-elle alors en mesure de se prononcer? Nous I'ignorons. Reste done, Messieurs, la Societe linneenne, a qui nous avons du adresser la communicalion que vous lui aviez destinee et a laquelle elle n'a repondu d'aucune maniere. Nous ignorons done meme si cette Sociele a ete appelee a en deliberer. Ainsi, Messieurs, en resume : deux Societes n'ont pas donne encore de reponse; une troisieme a reconnu avec empressement le principe de fusion, qu'il y a vingt ans elle eut I'lionneur de proclamer la premiere; une qualrieme n'a fail que differer le moment de son adhesion ; une cinquieme s'est immediatement fusionnee avec vous. Les choses dussent-elles rester indefiniment dans cet etat, toujours est-il qu'un resullal considerable est dcja obtenu, c'est que I'apparilion de la Societe academique n'a pas augmente le nombre des corps savants exis- tants et que Ton ne pent plus lui objecter, comme on prelendait le faire d'abord, que contrairement a ses idees de concentration, au lieu de reduire elle est venue sans necessite multiplier les etres. Seulement, Mes- sieurs, il y aura cette consideration importante a ajou- ler, c'est qu'en place d'une Societe speciale, composee de 30 membres, qui va s'eteindre, vous vous trouvez avoir fondc une Societe en quelque sorte encyclope- dique , oil toutes les forces vivos du pays ont des re- presentants eminenls, Societe qui des ee moment atteint 33 le chiffre de 122 inembres, et parrni lesquels, choso remarquable, il en est plus de 80 apparlenanl k la ma- gislrature, a I'administration, au haul commerce, a la grande propriele, au corps enseignant dans tous ses degres et dans toutes ses branches, qui ne faisaient pas parlie des Societes anciennes, el qui vont ainsi ap- porler aux etudes locales un contingent aussi puissant qu'inaltendu d'honorabilite, de bon vouloir, de lu- mieres Ces resultats, Messieurs, sont immenses et significa- tifs, surtout si Ton considere que I'idee fondatrice n'a eu pour auxiliaire que la verite presentee a tous sans passion, sans pression d'aucune espece sur les volon- tes, puis, abandonnee en quelque sorte a elle-meme pour I'aire son cheinin dans le monde des idees. Cerlcs c'est le plus magnifique eloge que Ton puisse faire des principes sur lesquels repose la creation de voire Societe, mais c'est encore un plus rare molif d'eloge peut-elre pour un departement, ou, en quel- ques semaines a peine, une oeuvre aussi grandiose de conciliation et de progres a pu trouver, pour se faire adopter, tant d'hommes eclaires el genereux ! Honneur done, Messieurs, honneur a vous tous, qui eliez si di- gnes de vous trouver ici rassembles dans une memo el noble pensee ! Nous allons. Messieurs, proceder mainlenanl a notre organisation en suivant Tordre du jour, mais nous croyons encore devoir repcler en voire nom, en lermi- nant eel expose, que bien que definilivemenl conslilues vous n'en accueiilerez pas moins el avec le meme em- 3 u pressemenl les Socieles qui pourraienl plus lard r6- pondre a I'appel que vous leur aviez adresse, et ajou- ter que les sections que vous allez former seront tou- jours la comme des cadres prepares pour recevoir leurs specialites et dont il en est meme deux dont vous re- tarderezl'organisation, celles de Medecine et d'Agricul- ture, jusqu'a ce que les deux Societes qui represen- tent ces deux grands embranchements des sciences appliquees aient fait connailre leur dernier mot. Dans quelques jours done vos travaux commenceront, et viendront prouver que si vous faisant solliciteurs au nomdubien general, on apu vous voir tendant une main amie et quasi suppliante aux Societes qui ne voulaient pas voir encore en vous une emule, ce n'etait pas comme on aurait voulu le faire entendre, que vous jugeassiez que leur appui vous fCit necessaire pour soulenir vos pas a I'entree d'une carriere dont vous aviez d'avance et sans en etre effrayes mesure toule I'etendue et les difficultes, mais bien et uniquement parce que les sa- chant animees au meme degre que vous du desir d'etre utiles a nos contrees, vous pensiez que ce but comraun serait plus siirement atleint en mettant aussi en com- mun tous les efforts individuels. L'ordre du jour, Messieurs, indique d'abord la no- mination du bureau general. D'apres le reglement, on doit voter separement et je dois avoir I'honneur de vous prevenir que la simple majorite decide de I'elec- lion. La necessite de nous constituer dans le plus bref delai, et le temps que vont demander tant de votes se- 35 pares, nous engage, Messieurs, a supplier les persunnes (}ui seront elues a accepter les fonctions qui leur se- ront dcvolues. Ce sera une preuve de zele pour I'oeu- vre commune dont chacun dcvra leur ctre recounais- sant, el ce ne sera d'ailleurs qu'un fardeau passager, puisque leurs fonctions peuvent iinir avec I'annee. LISTE DES Menibrcs foiidnlcurs de la Sociele academique DE MAINE ET LOIRE. Messieurs, Adville, hibliolhecaire en chef de la ville d' Angers. Barasse, imprimeur-libraire, rue Saint-Laud. Barre-Bertery, ancien notaire, cour Saint-Laud. Baumann, professeur de musique, rue Saint-Aubin. Bedie, professeur de langues etrangeres, place du Rallienient. Bellier, conseiller a la Cour imperiale, rue Menage. Beraud -^ , conseiller a la Cour imperiale, rue Saint-Gilles. Berger (Adrien) ^, secretaire-general de la Prefecture , rue Desjardins. Berger-Lointier, membre du Conseil general, boulevard des Lices, 18. Bernier, instituteur communal a Champigne. Besnard (F.), negociant, pres le Mail. Bibari), architecte, place du Ralliement. 37 Messieurs , BiGORiE (de) i'ff, premier avocat-general a la Cour imperiale, rue des Lices. Bigot (Elie), baiiquier, rue des Cordeliers. Bigot (Th.) *, docteur-inedecin , professeur a I'Ecole di* niedecine. place Falloux. BiLLOi), docteur-medecin, directeur de I'Asile des alienes de Sainte-Gemmes. Blavier i(, ingenieur des mines, rue Ilannelou. BoNNiN, doreur, place Neuve. BoREAU, directeur du jardin botanique, professeur a rEcole superieure. BoiCHE, professeur de mathematiques au Lycee et ;i I'Ecole superieure, rue des Bas-Chemius. BouMiER, verificateur des poids et mesures a Segre. BouRciER (Caraille) it, conseiller a la Cour imperiale, rue Desjardins. BouTROUE, architecte de la ville d' Angers, rue Desjardins. Cadeau, professeur a I'Ecole normale. Castonnet, docteur-medecin, professeur a rEcole de mede- cine, rue Haute-Saint-Marlin. Champneuf, chirurgien-major en retraite, prop, a Vernanles. Charon, greflier de la justice de paix du premier arrondisse- ment, rue de la Madeleine, 41 . Chauvin, professeur de mathematiques a I'Ecole des arts, rue Saint-Jacques. Chemellier (de), pere, proprietaire, boulevard de la Mairie. Chesneau, proprietaire, naturaliste amateur, place Lesviere. CiiEux (Jules), avocat, rue Chapcronniere. Chevalier, professeur a I'Ecole normale. Chevre-Boughet, proprietaire, ancien adjoint au maire, rue de la Croix-Blancbe. CosNiER (Leon), imprimeur-libraire, Chaussde Saint-Pierre. CouLON, chef d'instilulion a Saumur. 38 Messieurs , Coi;RTiLLEnaineiS;,conseilleralaCourimperiale,rue duLycee. CiiBAiN, avocat, docteur en droit, rue Boisnet, 30. CuNE, professeur au Lycee, rue Basse-du-Mail. Dauban, pere ^, directeur honoraire des Ecoles d'arts et metiers, rue Faubourg Bressigny. Dauban, fils, directeur du Musee de peinlure, professeur aux Ecoles municipale et superieure. Daviebs, docteur-medecin, professeur a I'Ecole de medecine, rue Saint-Jacques. Deschamps, chanoine lionoraire, aumonier du Lycee. De Smyttere, docteur-medecin de 1' Asile des alienes de Sainte- Gemmes. Desprez, professeur au Lycee, rue de la Madeleine. DoLBEAU, professeur au Lycee. Di'LOS, professeur a I'Ecole des arts et a I'Ecole superieure. Dlmont, docteur-medecin, professeur a I'Ecole de medecine, place Saint-Maurice. DuRAND, professeur au Lycee. Feille, docteur-medecin, rue Beclard. Foi'RNiER, licencie en droit et docteur en medecine, rue Hardouin. Gaucher, professeur au Lycee et a I'Ecole superieure, rue Menage. Gautier, professeur au Lycee. Genevier, pharmacien a Mortagne-sur-Sevre. Gidel, professeur de logique (actuellement a Nantes). Giraud-Lesodrd, proprietaire agronome, rue d'Orleans. GouiN, avocat et juge suppleant a Bauge. GouiN (Eugene), docteur-medecin a Noyant-Bauge. Gripon, professeur des sciences physiques au Lyc^e et a I'Ecole superieure, chemin de Saint-Leonard. Grosbois ^, conseiller a la Cour imperiale, rue de la Pre- fecture. 39 Messieurs , Cruder, homme de leltres, employe a la Prefecture, rue Saumuroise. GuicHARD, ilocteur-medecin, professeur a I'Ecole de mMe- cine, rue Faubourg Bressigny. GuiTTON jeune, avocat, rue Milton. GuzzY, professeur au Lycee. Hauion *, chef de bataillon en retraite, rue de la Madeleine. Hehbel, proprietaire, place du Lycee. HiLAiRE, docteur-medecin, rue Saint-Aubin. HuNAULT DE LA Pelterie, docteur en medecine, rue St.-Julien. Janin *, capitaine en retraite, prepose en chef de I'octroi, montee Saint-Maurice. Janin lils, etudiant en medecine. JoLY i^, architecte, inspecteur des monuments historiques, a Saumur. JoussELiN (de), proprictaire-agronome a Saint-Georges-sur- Loire. JuBiEN, avocat, place du Ralliement. Lachese (Paul), imprimeur, chaussee Saint-Pierre. Laine-Laroche, manufacturier, rue Saumuroise, 54. La Perraudiere (Henri de), botaniste, rue du Cornet, 24. La Revelliere (Yictor), ancien depute, au Fleche, commune d'Avriile. Las Cases (c"^ Barth^lemy de), membre du conseil general, proprietaire des mines de la Pree, pres Chalonnes. Lecerf, imprimeur, place Saint-Marlin. Lecomte du Parc (I'abbe). Ledantec, conducteur de 1" classe des Ponts-et-Chaussees, rue Saumuroise, 40. Leger, directeur d'assurance, boulevard de laMairie, 15. Lens (de), inspecteur de I'academic, rue Haute-du-Figuier, 8. LiiUMEAi', instiluteur communal a Trelazc. Masieht, conseillcr de Prefecture, place Lesviore. 40 Messieurs , Mayet, controleur de la garantie, rue de I'Academie. MiCHEUN, docteur-medecin, place Saint-Maurice, MiEULLE (Anatole de), directeur de la banque de France a Angers. MiRAULT * , docteur-medecin, professeur a I'Ecole de mede- ciiie, rue Saint-Evroult. MonoRET, proprietaire, rue Saint-Georges. MouRiN, professeur au Lycee et a I'Ecole superieure, rue faubourg Bressigny. Ollivier (Charles-Serene), pharmacien de !''<' classe, fau- bourg Bressigny. Oriolle fils, manufacturier, rue Beaurepaire. Orlowski , ingenieur civil, prcparateur de chimie a I'Ecole superieure, rue Painpare. OuvRARD de Beauvau, docteur-medecin, professefir a I'Ecole de medecine, rue Saint-Jacques. Pagnien, libraire, rue Saint-Serge. Pallut, professeur au Lycee. PiNOT, secretaire au bureau de I'Academie, faubourg Bres- signy, 15. Planchenault*, president du Tribunal de l"""" instance, con- seiller municipal, boulevard du Jardin des Plantes. Planchenault fds, avocat, docteur en droit. Place, professeur au Lycee. PoiTOU, conseiller a la Cour Imperiale, rue de la Prefecture. Port, arcbiviste de la Prefecture. Prevost (Emile), avocat, rue de I'Hopital. Provost jeune, botaniste, rue Baudriere. Raynaly, entrepreneur, rue Boisnet. Richard (Max), manufacturier, rue Saumuroise, 54 . Riche (Alfred), docteur es-sciences, a Paris. RiDARD, docteur-medecin, rue de la Prefecture. Robert (Gamille). 41 Messieurs , Rondeau, negociant, place de rAcademie. Rousseau fils, proprielaire, a Saint-Georges-le-Toureil. Sailland, negociant, rue Grainetiere. Sailland fils. Simon, controleur a la banque (actuellement a Avignon). Talbot, avocat general a la Cour imperiale, rue Saint-Julien. Thouet, docteur-medecin, place Saint-Martin. Thouvenel, professeur, ex-president de la Societe gramniati- cale, rue Grainetiere. Trottier (Emile), negociant, rue des Champs Saint-Martin. Trottier (Henri), negociant, place du Ralliement. TuRQUET, conseiller a la Cour imperiale, rue Hardouin. Valienne, inspecteur des Ecoles primaires, k Segrc. Vergne, inspecteur des postes, rue Saint-Denis. VoisiN 'ff, receveur general des finances. N, B. Plusieurs adhesions dont les signatures sont trop peu lisibles pour qu'on n'ait pas eu a craindre d'erreur, n'ont pas it& comprises dans cette liste. Les adherents dont le noin n'y figure pas sont invites a renouveler leur adhesion. BUREAU DE LA SOCIETE. — MM. President, comte de Las Cases *. Directeur-adminislrafeur, Planchenault *. Seer Hair e-g6neral, Beraid -^. Archivisle, Herbel. Trisorier, Janin *. 42 SECTIONS. I" SECTION. — Agriculture. N'a pas constitue son Bureau. 11^ SECTION. — Sciences physiques et naturelles. Bureau. — MM. President, Boreau. Vice-President, docteur Daviers. Secretaire, Gripon. Vice-Secretaire, Orlowski. Membres de la Seetion, MM. Adville, Beraud, Berger-Lointier, docteur Bigot, docteur Billod, Blavier, Bouche,Cadeau, docteur Castonnet, docteur Champ- iieuf, Charon, Chauvin, Chesneau, Dauban pere, docteur de Smyttere, Dulos, docteur Dumont, docteur Feille, docteur Fournier, Gaultier, Genevier, docteur Gouin, doc- teur Guicliard, docteur Hilaire, docteur Hunault, Janin pere, Janin fils, Joly, de Jousselin, de La I'erraudiere, La Bevelliere, comte de Las Cases, Ledantec, de Lens, docteur Mirault, docteur Michelin, Ollivier (Ch.-Ser.), doc- teur Ouvrard, Provost jeune, docteur Ridard, docteur Thouet, ThouveneL Membres adjoints coUcctenrs, MM. Deloche, preparateur au cabinet d'histoire naturelle, Tou- piolle, naluraliste. 43 III*^ SECTION. — Industrie ou technologie , commerce ET STATISTIQUE. Bureau. — iMM. President, Voisin *. Vice-President, Laine-Laroche. SecrHaire, Chevre. Vice- Secretaire, Chauvin. Membres de la Section, MIM. Barasse, Barre-Bertery, Besnard, Bibard, Bonniii, Blavier, Bouclie, Boumier, Boulroiie, Clieux, Cosiiier, Daubaii pere^ Dulos, Genevier, Gripon, Guitlon jeune, Janin pere, Joly, de Jousselin, Lachese (Paul), Lecerf, Ledantec, Mayet, de Mieulle, Mordret, Ollivier, OrioUe fils, Orlowski, Pagnien, Provost jeune, Raynaly, Richard (Max), Rondeau, Sailland pere, TroUier (Emile), Trotlier (Henri), Vergne. IV* SECTION. — Belles-lettres, beaux-arts, sciences HISTORIQUES, ARCIIEOLOGIE ET GEOGRAPHIE. Burcitu. — 9IM< President, de Lens. Vice-President, Poitou. Secretaire, Mourin. Vice-Secretaiir, Thouvenel. Nota. Tons les membres de la Soci^tt'' poiirront prendre part aiix Iravnux de cette section. 44 Y« SECTION. — Medecine, pharmacie, hygiene publique, ART VETERiNAiRE (voir I'art. 15 du Reglement). N'a pas constitu^ son Bureau. OBSERVATION. La Society Acad^mique de Maine et Loire ^labore en ce moment de nombreux travaux se rattachant a THistoire, a la Lilterature, a I'ln- dustrie des ardoisieres, a la Toxicologie et aux diverses branches des sciences naUirelles. D'iniportants Memoires sur la Botanique, notam- ment une Revue monograpliique des Rubus de TOuest, seront succes- sivement presentes par MM. Boreau, Genevier, de La Perraudiere, etc. Les Memoires de la Societe Acadeniique offriront done, soil par la na- ture des travaux publies, soil par leur variete , un int^ret justifi^ d'avance par les connaissances speciales et par la position qu'occupent dans les lettres, les sciences, ou I'enseignement, le plus grand nombre de ses membres. La Soci(5te Academique offre Tecbange de ses Memoires centre les publications des divers corps savants auxquels elle adresse ce premier num^ro contenant les prolegomenes de ses actes. PHYSIOLOGIE DE LA PAROLE. 11 est des questions qui toujours los nicmes reslent pourlant toujours nou voiles : ce sont celles qui, par lour nature, piquant vivemont notre curiosito, ou sai- sissant (ilroitement nos besoins, offront sans cosse a Tobservation do nouveaux points de vue, et a la dis- cussion un champ fccond en nouvolles applications. Ce n'ost plus alors la s(Muction du style et rarlificc du discours qui donnent ou rcndent a la question son attrail, c'est le fond ai^nie et la valour dcs iddcs qui rdveillenl et entrainent I'atlention. Renconlrer ces questions, c'est retrouver un vieil ami, donl I'ame toujours jeune explore avec nous sans cti'ort Tinepuisable carriere do rexpiirienco. Cost tanlot la philosophic chercheuso et pratique de Montaigne, ou la finesse et tout a la fois la profon- dcur d'observation do Molioro et La Fontaine, tantdt la grandeur d'ame de Corncillo et Bossuet, ou bien la candour si touchante do Racine et Ft^nelon. C'est une autre fois la verve pindariquo du chantro natio- nal, ou bien les accords bibliques do Lamennais Pour aujourd'hui, permellez-moi, Messieurs, d'ar- r6ter un instant voire bienvoillance sur Porigino do 4 /*6 la parolo, les condilions dii lungago et leur influence sur la perfecUbilite do riiomme et le progres dos con- naissances. A cet L^gard, et pour ne parler que d'autcurs fran- (jais, 11 pouirait senibler un momoni qu'apres Volney, Dupont de Nennours, Deslull-Tracy , Cabanis, Gall, Cuvier et plus recemment Toussenel, Michclel, il ne resle plus mcme a glaner; niais ces ponseursserieux, COS ecrivains elegants, loin d'avoir epuis6 riieritage qu'il nous ont legue, font plutot feconde, ct les der- niers explorateurs pen vent trouver encore assez belle moisson. Rappelons d'abord, cornme fait, que la parole est la inise en signes, ou I'expression de la pcnsde, an moyen des sons varies de I'organe vocal, el que le langage est la parole elle-menio consideree comme as- sujeltie a des regies el a des lois conventionnelles, d^pendantes des lieux, des lemps et des moeurs. Cost sous CO point de vue qu'il convienl de dire qn'on pent refrouver riiisloire morale el plnlosophique d'uii peo- ple dans Fhistoire de sa languo ; car si, connne dit BufTon, le style, c'est Thomrne ; la languo, c'est la nation. Tons les animaux ne sont pas doues d'une faculty vocale, du moins apparente pour riiommc : les insec- tes, les poissons, les reptiles ne proferent ni cris, ni sons modules, perceptibles pour nous. D'autre part, certaines especes d'animaux ont une telle delicatesse de sens qu'ellc echappe a I'observa- tion la plus perspicace et la plus soutenue. Qui done a jamais mesuri^ retendue el la surete du regard de I'aigle et de riiiiondelle, la finesse de I'odorat da M T;liion, la snsceptihilile de Tonie du dial et dii lievre, la leiiuito el pourlaul la dcxlerilc dcs orgauesde I'a- b(.'il!o ol de raraignee ? ToujoLirs est-il que de tons les aaimaiix qui expri- raent Icurs seiilimenls et leurs passions par des crls ot des arliculalions, riiomnie est le soul qui soil doue de la faculle de niellre en signes convenlionncis ces seulimenls et ces [)ens(5es, et par consequent de for- mer des idees abslraites. Et c'est precis^ment la le caraclere essenliel el dislinelif de la parole; comme c"est aussi chez riioinnie la cause occasionnelle de Teducabilileet de la perl'eclibilit(!\ qui n'exislent point ei ne peuvent point exisler chez la bele. Ce qui n'implique en rien pour elle la negation de I'anie el par consequent de la pens^e, mais ce qui la rt^duil an seul inslinct. Qui ne se rappclle a ce sujet I'exemple de son Mon- taigne? « Par ainsin, disait-il, le regnard, de quoy se ser- vent les habitants de la Thrace, quand ils veulent en- Ireprendre de passer par-dcssus la glace de quelque riviere gelee, el le laschent devant eulx pour cet efFecl; quand nous le verrions an bord de Teau approcher son aurcille bien [)rez de la glace, pour sentir s'il orra, «!une longue ou d'une voysinc; distance, bruire I'eau, courant au-dessoubs, et, selon qu'il Ireuve par la qu'il y a plus on moins d'espesseur en la glace, se reculer ou s'advancer ; n'aurions-nous pas raison de iuger qu'il Iny passe par la lesle ce mesme discours (pTil lerait en la noslre, et que c'esl une raliocinaliou el consequence lir(5e du sens naturel : « Cequi faict brui(;l +> se rcnnie ; ce qui se rennie, n'est pas gele ; ce qui 48 « n'est pas geld, est liquide ; el ce qui est liquide plie » soubs lefaix?» Car d'allribuer cela seulement a line vivacile du sens do roiiie, sans discours el sans consequence, c'esl une chimere, el ne peull entrer en nostre imagination. De mesme fault-il eslinier de tanl de sortes de ruses et d'invenlions, de quoy Ics besles se couvrenl des enlreprinses que nous faisons sur elles. » SaiiS doule, il ya des liommes plus capables el plus instruits les uns que les aulres : le philosophe qui a decouverl les lois do la pesanleur el decompose la lu- miere, 6lait dou6 d'uno faculle comparative autre- ment puissante quo celle du savant modcrne qui vienl do nous expliquer comment nous pourrions elre coudoyds impun^meul par une coniete, tandis que nous avons a rcdouler l'an(5anlissemenl subit du soleil. Aussi Newton aurait-il pu dire, en parlanl de lui : Pendant que la pluparl des intelligences peuvent a peine envisager simultanement quelques id^es, pour ddlerminer les rapports qui existent outre elles, moi, je puis, sous mon regard, on tenir dix en pr(5sence. Comme Racine, dans un autre ordre d'id(5es, disait de lui-meme, avec une admirable candour : Ce qui me distingue dePradon, c'esl que je sais (icrire. II y a des nations plus ou moins civiliseos : les Ila- licns du Nord comprennenl mieux ce qu'on doit en- tendre par droits el devoirs que les habitants de la Grece acluelle. Cependanl les araignoes a Turin ne tissent pas leur toile avec plus d'arl qu'a Albinos, et les abeilles de M. de Boauvoys ne font pas leur miel autrement que celles de Virgile. Pourquoi cola ? voila tout noire theme. ■ill Mais avaiit de passer oulre, comme les inols n'ont pas de valeur par eux-mcmes, et qu'ils ne signifient que ce qu'on est convenu de leiir faire signifier ; qu'il nous soil permis de prc^ciser d'abord ce qu'on enlend par idees abslrailes; car c'csl en negligeant de s'en- lendre aussi rigoureusement que possible sur le sens et la signification des mots, et en leur abandonnanl une valeur par trop elastique que I'ons'cngage et que Ton se perd souvenl dans des discussions intermi- nables. La raison pour laquelle vous ne pouvez pas vous entendre, disait Royer-Collard, a Tancienne Chambre des deputes, est bien rnoins que vous diff(5riez sur le fond des questions, qu'en ce que vous ne parlez pas la nieme langue. Le ton lui-menie, I'accent, la nuance la plus d(51icate et la plus fugitive denaturent et reu- versent le sens du mot. Combien de fois non, n'a-t-il pas voulu dire oui? 11 n'est pas besoin pour donner un exemple remar- quable de Tabus des mots de raviver la bizarre querelle des rcalisles el des nominaux, dont, pour le dire en pas- sant, noti'e professeur d'hisloire aux cours supdrieurs d'Angers a tracd recemment de main d(! maitre une esquisse, qu'on pent ne pas connaitre sans doute, mais qu'assurement on ne pent pas oublier quand on I'a entendue ; il nous sutlira de rappeler a propos des idees abstrailes et des idees genc^rales , qui font en ce mo- ment I'objet de notre entrelien, que c'est au in' siecle de I'ere chrdtienne que parait s'etre elevee vivement la question de savoir si ellcs onl des objet r(5els, ou s] <'lles no sont que de simples ddnominalions. Porphire, dans son introduction aux categories, di- 5& dare qu'il s'abstiendrade prononcer sur les queslions suivanles : les genres el les especes exislent-ils rdel- lement dans la nature , ou bien ne sonl-ils que des eoncopUdns de Tesprit humain, etc.? L'opinion qui semble avoir prevalu dans les siecles suivants , dit Gcnly, est que les universaux n'exislent ni avant les cboses, ni apres les choses ; c'esl-a-dire que les idees universelles n'onl pas , comme Tenseignaient Platon et Arislole, une existence distincle et S(*par6e des ob- jets individuels, et qu'ainsi elles n'ont pu exister avant eux; qu'elles ne sont pas cependant comme le vou- laient les stoiciens , de pures conceptions de I'esprit, de simples r(5suUats de la comparaison des individus ;. mais que cos formes sont de loule elernite inherentes a la nature des choses. — Au onzleme siecle, Rosce- lin, Abeiiard, et un pen plus tard Ramus, en adop- tant a col egard la doctrine de Zihion , renouvelerenS la dispute, et donnerent naissance aux deux secies des nominalislos et des rt^'alistes. La premiere fut con- damnee et bienlot oubliee , soil parce qa'elle donnait de mauvaises raisons de sa doctrine, par exemple, qu'il no faut pas multiplier lesetres sans n<5cessit(5....; soil par qnelqiie cause morale ou politique, qu'il est diffi- cile aujourdhui de determiner.' — Au treizieme siecle, Thomas d'Aquin s'accordait avec Jean Scot pour re- jeler la doctrine des nominaux comme dangereuse dans scs consequences, lorsque Giiillaume Occam, disciple de Scot, rciveilla la querelle assoupie el donna poiu' defensour a la secle des nominaux Louis de Ba- viere, landis qu'iillericurcment Louis XI, en France, proscrivait cetle doclrino el proiegeait les realisles. — Enlrc les n'-aJisles et les nominaux existent les 51 concepliialislos, sorlo d'eclecliques ou cspece de nonii- naux qui veulenl que les universaux soient des dtiiio- ininalions donnees a des groupes d'idecs qui sont communes a d'aulrcs. C'esl du moins ce qu'exposo Bruck dans son hisloire de la philosophic. On doit ranger dans celle derniere classe les philoiogues Dii- marsais, Reid, Condillac. Assez, assez, me direz-vous; je m'arrfite, en cfTi;!. Get exemple suITil pour moulrer dans quelles pere- grinations avenlurcuses s'enlacenl parfois les meil- leurs esprils, quand ils ndgligenl la premiere loi de la dialecUque, cclle de convenir nelloment de la valeur des niols. Je sais bien qii'il s'eleve ici une difTjculle : a qui apparlient le droll de delerminer celte valeur des mots? Esl-ce aux diclionnaires comme nous les pos- sedons? est-ce au premier rcdacleur venu? est-ce a moi de dire : lei mot signifie ceei ou cela? Assurement non. II n'appartient qu'au peuple, aux grands ecri- vains, aux bommes de genie, dil Lemare, de cr(!'er les mots et d'cn consacrcr les litres de nationalite par I'emploi n^pele qu'ils en font dans leurs Iravaux el dans leurs ouvrages. Un mot n'esl frangais et n'a telle ou telle valeur qu'a ces conditions. II n'y a que les es- prils mc^'diocres qui cherchent a faire ployer ces lois sous leur vanile. C'esl en consequence de ce principe que nous di- rons apres Locke, J. -J. Rousseau, la Romiguiere, qu'on appelle idces abslraites par opposition a iddes concretes, celles donl les objels n'onl d'exislence que dans I'esprit , el donl on ne pent en consequence rnonlrcr ces objels en dehors de nous. m Ces id(5es se torment en effet par abstraction ; mais toute abstraction suppose necessairement I'emploi de signes conventionnels. Nous allons reconnaitre que les signes convention- nels de nos id^es ne sent autre chose que les dl^ments d'une langue, et que la valeur el les progres d'une science, quelle qu'elle soil, tiennent au m(5rite de sa langue. En quoi consistent done, en effet, les services que Monge a rendus a la gdomc^trie descriptive, si ce n'est dans le perfectionnement de la langue inventt^c par Viete, pour appliquer I'algebre a la gdomdtrie? N'est-ce pas en dotant la chimie d'une langue que Lavoisier a presque cr6d cette science? Pourquoi I'anatomie a-t-ello 6\e\6 Bichat sur un piddestal, si ce n'est pour honorer a jamais sa melbode ou langue analytique? El que nianque-t-il a ceux qui s'en vonl colporlant naivement que la botanique n'est qu'une science de mots — comme s'il pouvait y avoir une langue sans mots — si ce n'esl de savoir metlre les iddes sous les mots et de compvendre la langue? Mais rcvenons a la formation des iclees abslrailes, el sans remonter prc^cisement a la creation du monde, disons pourtant que les premiers honmies , n(5s de la lerre, comme nous voyons encore aujourd'hui d'au- Ires animaux en sorlir, pai* la volonte mysl(^rieuse de Dieu, qui enveloppe d'un voile impenetrable toutes les causes premieres, onl dft, presses el contraints par leurs besoins, leurs plaisirs el leurs douleurs, proK'rer des cris et des articulations determines invincible- mcnl par lour organisation. El c'eslici le lieu de fair© 53 observer que la valeur phonique de ces sons inarlicu- Ids ou arliculds a dil elre h Torigine, comme clle Test encore aujourd'hui, ddpendante du sol, du climat, do la temperature, parce que les organes, instruments do ces sons, en dependent ndcessairement, el tout aussi materiellement que la saveur du raisin depend, a Fon- tainebleau, a Malaga ou a Corinlhc, du lieu oil nail et vil ce vdgdlal, ou que la couleur de rhommc a Slo- kolm , a Paris ou au Cap en Afrique , ddpend du mi- lieu dans lequel il se ddveloppe. De la Torigine constante el ineffagable des accents, des patois et, par suite, des idiomes; de la Timpossi- bilitd d'une langue orale universelle. Mais, bientot, les hommes se reunissant out inslinc- tivement montre I'objet de leur emotion , en memo temps qu'ils profdraient iju rri, un son ou une articu- lation, qui devenait ainsi, par une convenlion naliirelle, le signe de cet objet. Par cxemple , qu'a la vue de ce que nous appelons aujourd'hui soleil, et en montrant cet astre, un homnie, en presence d'un autre homme, ait profdrd un son quelconque : o, ol, sol ; I'un de ces sons , sol:, si vous voulez, sera devenu le signe conventiotinel du soleil, et quand le soleil, par suite du mouvement nature! de la terre, aura disparu sous Thorizon, ce mot sol aura did I)ropre a rappeler Tidde du soleil pendant son absence. Qu'a Taspect de ce que nous appelons aujourd'hui bceuf, et en montrant cet animal, un homme ait pro- noncd Ic son bous, bos, ou tout autre, ce son sera de- venu le signe convenlionnel tie I'animal donl il s'agil, el aura did propre a en rappeler I'idde [)cndanl son ah- souce. 54 Que saisi da besoin de manger, riiommo, egalc- ment environnd de ses semblables, ait manifesld ce besoin par unc mime parliculicre, el prononce en nieme temps un son, ou une articulation , celle articulation sera devenue propre a signifier la faim, alors m6me qu'elle n'etait plus eprouvde. Ainsi se seront formds les premiers mots 6videm- mcnl signes conventionnels des \66es, soil d'6tres phy- siques, soil d'etres m(5taphysiques, qu'il ne faut. bien entendu, confondre en rien avec les idees abslrailes. On con(;oit par analogic que les id(^'es de manieres d'etre, auront et6 formees par les niemcs moyens. Or, I'csprit humain ne peut avoir ou former d'an- Ires id(5es que celles des filres et des manieres d'etre. Nous n'avons jusquici paric que de la mise en signes convenlionnels des idees meres ou gen(5ratrices, c'est-a-dire des idees individuelles. Voyons conmient a Taide de signes toujours conven- tionnels,on a pu s'dlever aux idees de genres, d'especes, enfiin aux idees abslrailes ou archc^types de toute na- ture. Supposons qu'a la vue de plusieurs liommes, un autre liomme, pour distinguer ceux-la les uns des au- Ires, et les rappeler individuellement a la mdmoire. pendant Icur absence, ait donne a chacun d'eux un nom propre : Paul, Jean, Tom. Ces noms, signes ar- bitraires d'individus, auront designd par le mot Paul im individu grand, par cxemple, mince, cheveux blonds, voix douce, gesles timides, etc.; par Jean, un individu, je suppose, petit, gros, cheveux noirs, voix S'orle, niouvcmenls frequents, etc. Mais si riiommedout nous parlous veut desigui'rlo 55 groiipe, rensemble de ces individus par un scul mol , il fora , comme on dit , ahslraclion des parlicularilc^s individuclles de la laille, de la couleur des yeux, do la qiaalil^ de la voix, de la nature de lapanlominie, ponr ne tcnir comple que de la g(5n(^ralilc' d'une laille quel- (.'onque, d'une couleur quelconque de chevoux, etc.. et il emploiera I'cxpression generique hommc, qui est ainsi formde par abstraction , a Taide do mots on signes conventionnels, rnais qui u"a pas de type hors de I'esprit. En effel, homme nVxisle point dans la nature , on n"en pent pas montrer Tobjet; la denomination homme cxprime un ensemble de qualil(^sou de nianieros d'6lre communes a Paul , Jean , Tom , a tons les hommes, mais n'en designe aucun en parliculier. Quand je nomnie homme, je ne fais pa-; plus penser a Jean qu'a [*aul; j"enonce seulemcnl uue idee abstraitc on ge- nerate, Pcrmeltez-moi , Messieurs, en tcrminanl , de pren- dre encore un second et dernier exemple pour rendn; plus applicable co point de doctrine. Si de ridee or, je fais abstraction des idees Jamie elincolant, dissolnbilite dans Tacide nitro-nnn'iati(pie on clilorhydrique, comme on dit aujoiud'bui, qui lui apparliennent, je forme Tidee metal, ])lus abstraitc que I'idde or. Si de I'idee metal je retrancbe l(;s idees fusibilite, ductilile, qui en font parlic, je forme lidee mineral, plus abstraitc que lidee metal. Si de Tidee mineral, j'ole les idees lerraneite , inorganisme , qui la constituent, je forme \"u]n- minenle. Que fait-on en d'autres villesoii il pleul moins sou veni? On irrigue les promenades. Pourquoi ne pas user ici des deux moyeus? (luenMor d'abord pour briser dans une cerlainezone la couche suporficielle an pied des arbres , puis leur donner largement cetle eau bienfaisante , vdhicule obligd des agents nourriciers , et qui , avcc I'air , la 0(3 chalour, la liiniieie, roleolricili', est uiie dos conditions de la vegcHalioii, dans les plantes colyledon(ies dii inoins. La chiinie organique ne nons enseigne-t-elle pas que quatre corps simples, Thydrogene, I'oxygene, Ic carbone et I'azole entrenl pour les 95/100 dans la composition des vdgelaux, cl que I'eau les charrie en plus ou rnoins grande proportion? Pomp^e en nature par les racines, la s6ve ascendanle la porle jusqu'aux feuilles , ces poumons du vtigetal , oil s'op^re un A6- gagement de I'oxig^ne surabondant et oil, sous Tin- fluonce de la lumiere solaire, s'isole I'acide carboni- que, donl le carbone entre en si grande proportion dans la composition du corps ligneux. El faisons remarquer en passant que ce que la science a demontre par des experiences de labora- loire, la nature s'est chargde d'cn pr(5senter les r^sul- talsa qui veut bien les observer. II n'est personne en cffet qui, en parcourant les campagnes, n'ait rencon- trd certains arbres qui par leur mode de station habi- tuelle sont le plus eloignes des habitudes des especes aqualiques, et qui venanl a nailre dans des condi- tions d'un arrosement continu, commc peuventl'filre les bords d'un ruisseau, d'une mare, d'un foss6, y prennent un d(5veloppement rapide et gigantesque; les chenes, les chalaigners, les ormes ainsi places sont toujours les plus gros el les plus grands de la conlr^e. Quant au mode d'arrosement a introduire sur les promenades, il n'est plus a trouver. D(''j;i il est adopted dans d'autres villes qui peuvent comme la noire dis- poser d'eaux vives, et il est aussi facile que pen dis- pendicnx. ()7 l/irrigalioii s'opcno au iiiov'in <1<' rigolcs (lui, dans chaqiie rungee d'arbres vonl del'im a Taiilre, s'arroii- dissanl en demi-cercle el en dehors au pied de cha- cun. La rigole large de !20 cenlimelres et profonde de 15 dans les parlies droites, acquierl 30 cenlimelres de largenr sur 25 de profondeur dans ses coiirbes, afin (juo I'eau y puisse sejourner. Les rigoles se reniplis- senl a I'aidedc regards avoc plaque a jour, places au poinl culminanl el au besoin dans le trajel des pen- les. On donne, I'eau de'niinuitalrois heures du malin pendanl toute la pt^riode d'aclivild de la vdgc'ilalion de lelle sorle que les rigoles sonl ressuydesavanl que les passanls reparaissent. Dans certains endroils, on a pour les besoins dune circulalion plus aclive, subsliluti aux rigoles ouverles, un sysleme de drains d'arrosemenl tres-peu cofileux, mais plusdifflcilesa surveiller. Toujours esl-il que parlout ou I'un ou Tautre mode d'arrosemenl a el6 mis en usage, on a pu voir comme aux allees de Meillan a Marseille, des arbres en proie au scolylc se rdlablir presque inslanlandment et se ddbarrasser de eel hole dt^vaslaleur. Nous Savons qu'il a ele objecle que sous noire cli mat les arbres ont moins a souffrir de la secheresse que dans la France mi^ridionale, bien que la quantile d"eau pluviale soil bien moins considerable chez nous que dans le midi (1;. El Ton aurail peul-elre raison si Ton enlendail parler des arbres de nos campagnes el smioul de ceux qui comme les ormes sonl les holes (1 ) Geci poiirrail paraitre paradoxal, si les observations udomefri- ques ne le prouvaient pas. 08 •Ics lories Iraiclios dos vallons, mais les arbres dos pronKuiadt's imbliquos frequenl^es no sont pas dan> lesmemes conditions. Tandis qui; Farbre dcs champs va puiscr librement les elemcnls do nutrition dans les champs, les gazons, les lerres cullivdes, Ics arbres des promenades sonl resserres dans une lerre epnisec qui n'est plus ouverte a la pent'^lralion deseaux. Les fiersonnes qui, it y a a peine quclqnes scmaines, onl pu' voir les fosses praliquees pour enlever les arbres niorls (levant la grille de la mairie, onl pu recon- naitro qu'a la fin meme de Thiver le sol tHait dans un «^tat de siccite absolue. Enfln, nous te rep(^lons, rexperience est la, su|)e- rioure a toutes les objeclions. Pourquoi ue pas tenter [)our revivifier nos promenades nn moyen facile , economique, qui a rdussi partout ailleurs? Du reslo, si aucuns persislaient a voir dans une infection de la terre par le gaz, une cause de mortalite on de lent di^perissement pour les arbres, il est Ir^s- probable qu'on parvicndrait a en combaltre efficace- menl les effels par des arrosages abondanls, qui dans les parties les plus impregntV-s de gaz hydrogene el d'acide carbonique, pourraienl elre combiners avec lY'lablissement de drains de dessechement qui ^va- cueraienl les eaux qui se seraient salurt^es des gaz d^leteres et en laveraienl ainsi la lerre. Lorsque rinfeclion des lerres est ancienue el con- siderable, commo on dit qu'elle peut I'elre a Paris par exemple , on obliendrait sansdoute aiusi un assainis- semetil relatif de la lerre. Puisque nous avons parte de Paris, nous fiuirons par une observation sur la melhode de Iraitemenl 69 qii'on vi(Mil (I'iiilrofiiiirc pour los ormos des Champs- F;lys(^cs aUaqu(?s pur Ic scolyle. Elleconsisle a enlevcr les parlies corlicales endoiiiinaget's el a recouvrir I'aubier d'luie couclio d'ongiient de Sainl-Fiacre on autre enduil analogue. D'apres ce que nous venons de voir, on peul pr(5dire que le remede indique n'aura pas les effels qu'on en attend. Lesormes des Cliaiups- Elysees, ceux des autres promenades de Paris, ne sont plus dans les memcs conditions qu'autrefois. Les gazons onl partout disparu et partout la circulation des promeneursa decuple et battu la terre, de fagon a la rendre ddsorniais impermeable. On ne pourrait done obtenir les heureux rdsullals qu'on espere qu'autant que Ton vicndrait a ranimer ces arbres par des arrosemenls el par une nourriture nouvelle. II ne s'agii pas ici, en efFel, d'apres ce que nous croyons avoir dt^montrd, d'un mal local de 1'^- corce qui , comme le chancre ordinaire des ecorces. peut se trailer par I'ablalion de la parlie qui en est le si6ge, mais bien des suites d'une maladie organique qu'il faudrait d'abord combattre dans sa cause. Nous croyons done pouvoir affirmer que si Ton se borne h celte espece d'opi^ration cbirurgicale sans agir sur la constitution meme du sujet, on ne sauvera [)as les malades dont rhygiene n'aura pas ete chang^e. T.-C. Brraud, Secretaire genital de laSociete acadeniique d'Angers. NOTICE SUR UN OUVRAGE INEDIT DE BOTANIQUE DE MERLET LA BOULAIE. En rcconnaissanl entre los mains d'un brocanteur un rnanuscrit de la main de Merlet la Boulaie, conle- nanl des descriptions de plantes accompagn^es de Tindicalion des localit(^s de celles qui apparliennent a noire pays, je cms avoir retrouve la Flore de I'Anjou, que Merlel avail perdue en 1793 lors du siege d'Angers. Mais quoique ce livre n'ail ni litre ni date, il n'est pas difficile d'y reconnailre un catalogue rai Sonne et descriplif des plantes du jardin botanique d'Angers. La classification de Tournefort qui y est suivie prouve que ce catalogue est anl(5rieur a I'ann^e 1790, 6poque oil le jardin fut transplants dans le local qu'il occupe actuellemenl el dispose dans un nouvel ordre. D'un autre cote, Merlet n'ayant abordS I'Slude de la b()laiii(|iio qiTcn 1788, il n't'sl pas impossible do delerminer ri^poquo a laqnellc 11 a dCi redigcr ce ca- talogue, si loutefois ce n'est pas une simple copie des documents laisses par ses pred^cesseurs. Quoiquil en soil, les indications que conlient ce manuscrit sont intdressanles en ce qu'elles nous font connailre Tetat des connaissances bolanicines de Meiiet vers 1789. Plus tard il proflta des communica- tions d'Aubert du Petit-Thonars et il s'appropria les donnees consignees dans la Flore manuscrite deM. de la Richerie (1) non point, comnie on I'a 6cril, par suite d'un legs que celui-ci lui aurait fail de son ma- nuscrit, car en 1783 «^poque oil mourut La Richerie, Merlet (^lail completemen t etranger a la botanique, mats parce que resl(5 seul a Angers apres la dispersion des membres de la Society des bolanophiles, il conserva loutes leurs archives, coinme il le fit pourcelles de I'A- cademie et pour un grand nombre de pieces impor- lantes provenanl des maisons religieuses, et qu'il >ul souslraire a la destruction qui les menagait. On peul rendre toule juslice a Merlel la Boulaie en rappelant le zele qu'il montra pour la conservation el le d(!'veloppemenl du jardin botanique d'Angers, sans lui attribuer de grandes cormaissances botaniques (I) J'ai sous les yeux uiie note manuscrite de Desvaux qui ^ta- blit la concordance des principaux synonymes de cctte Flore, avec la nniiiPMrl.iliirc nioderne. F.n IS.M M. (inqiiii a pulilii^ un travail semblable dans les menioircs de la Sodete Linnccniie d'Angers. Le savant Liniieen gratific M. La Richerie du titre de baron, qui ne figure pas dans un acte anthentique pass(5 en son noin en 1777. II insinue que Hastard aurait pu puiser dans re manuscrit rindicaHon d'especes qu'il a inal u propos attribuf^es a I'Anjou, et il cile entr<" 7^2 (in'il u'avail [u»s cl ne pouvaif avoir (1). Merlel hommo fill rnonde, donl les inslaiils se parlageaienl entre des occupations tr6s diverses, abordail I'dliide de la bola- iiiquo en i788 a 52 ans, el il est diificile d'admetlre que des I'annee suivanle, comme on Ta avancd, il etil une Flore dela province en porlefeuille, qu'il possedal une seriense connaissance des plantes et que toules les localil(?s de I'Anjou lui fnssenl devenues faniilie- res. En cherohanl aujourd'hui a faire de Merlel un bo- lanisle du premier ordre, en rappdant « le plus grand uatnraliste qu'ait produit TAnjou » (phrase ditticile a qualifier appliquee a un pays qui a vu nailre Auberl du Petit-Thouars et Bastard, botanisles d'une renoni- in^eint'galesansdoule. inaisd'un merite qui pent sou- Icnir le parallele), n'aurait-on pas voulu, en exagdranl la science d'un homme qui n'en a laiss^ aucune preuve. faire oublier celle de deux savants qui I'ont reellemenl fondle parmi nous ? Ne soyons injnstes pour personno, respectons la menioire de ceux qui nous out frayed la route, mais rendons aussi un juste hommage aux contemporains qui en marchant sur leurs traces, ont fournl une plus glorieuse carri6re. autres un Silene ntpestris dont Bastard n'a fait mention dans au- cnn de ses ecrits, et le Thymus iiepetn, qu'il a dil citer avec d'au- tant plus de raison , qu'il I'avait vu a Saumur on il abonde aux bords des rhemins ! (i) A Tappui de r.cUe assertion nous pouvons citer les apprecia- tions erronees que contient le travail que nous faisons connailre et le grand nombre de plantes vulgaires auxquelles notre autcur at- tribue une origine etrangere, ce qui indique do sa part une con- naissance peu approfondie de la Flore locale. 73 II tie sera pas sans iiil(l'iC'l sans doule dc reproduirc ici les indications les plus notables consignees dans le catalogue de Merlel : Phyteuma spicala. — Pres le oouvent de la Hale, dans le Bois. Lobelia wens. — Pr(5 el lande du Perrai el pr6s Beaucouzd. AUhaa officinalis. — Porl-Ayrault, lies de la Loire, bords de rAuthion. Oxalis corniculata. — Abondanle pres le port Thi- bault (il faut lire Ox stricta). ('onvallaria maialis. — Bois de la Haie. Asperula odorala. — La Priniaudiere (il est reniar- quable de voir celte localite eloign^e ddja connue k roile epoque). Planlago Psyllium (lisez arenaria), lies de la Loire. Sanguisorba officinalis. — Sur les Fourneaux (par confusion avecle Poterium sanguisorba). Genliana perfoliala. — Sur les Fourneaux, assez rare. Veronica scutellala. — Mare ;i rentr(!'e du bois de la Haie, landes des Justices et du Perrai. Le Veronica spicala dont Merlel avail dil-on indi- qu6 dans son herbier la localite au bois de la Haie. ne tigurc point ici. II avail c'nipruiit(!' cetle indication au maiiuscril de La Kicherie, qui probablement avail eu en vue une plante (5cbappee des jardins. Daphne laureola. — Bois de la Haie. Lilhospermum purpureo-caruleum. — Sur une ga- renne pres la tour de BrioUay. Scrophularia canina. — lies de la Loire, vis-a-vis la Pointe. 74 Orobanche ramosa. — Vii une esptee sur les nico- liarios dii jardin. Salvia verticillala (lisez verbenaca), fosstJs do la porlo Sainl-Nicolas, lo pre Guineforl, derri^re I'auberge du Silence. Salvia sciarea. — Derrifere les jardins de la Bau- melle. Nepela calaria — Chemin du Perrai el environs de Briollay. Scutellaria galericulala. — Etang de la Haie. Galeopsis galeobdolon. — Bois de la Haie. Lamium album. — Prairie de la Baumelle le long des murs. Le L. maculatum est donnecomme nne planle d Al- sace el de la Provence. Teucrium cliamoedrys. — Pres le clii^leau de Riou. Sisymbrium sophia. — Sur la levde, enlre Saint- Malhnrin el les Hosiers, Briollay. Sistjmbrium lenuifolium. — La Levee, surlout pr6s Sainl-Lamberl. Turrilis glabra. — Chemin du Perrai. Lepidium ruder ale. — Le long des murs de la Blan- cheraie, fosses de la ville. Lunaria annua. — Sur les rochers de la Baumelle. A7iemo)ie Pulsatilla. — Nos bois, la forel de Bris- sac (?) Ranunculus charnphyllos, — Rochers Saint-Nicolas. Hypericum androscemum. — Pres Pouance. Polentilla recta. — Eglise de Lesviere sur les mu- railles. Peucedanum officinale (peul-6lre silaus). — Prairies au-dessus des Fonrneaux el de la Haie. 75 Imperatoria osthruthium (quid P). — C.roii dansnoliv pays, prc^ferable a rangtMiquc. Jigopodium podagrarin. — Prtis dcs environs de la Haie (?) dans colui de I'elang du Perrai (?) Smyrnium olusatrum. — Haies derri^re le couvenl de la Baumetle, dans le fos&6 de ville de la porle Sainl- Michel en abondance. Sison amumwn. — Campagnes de Frernur et Four- neaux. Ammi majus. — Champs de Sainl-f^aud. Sanicula europwa. — Bois de la Haie pr6s une vieille lour ol au-dessus de la Papillaie. Eryngium campestre. — Croil parloul. J'ai 616 siir- pris de ne pas le Irouver dans le Die. B. parini les chardons. Tordylium maximum. — Champs el haies au-dessus des Fourneaux. Caucalis nodosa. — Id. Silene nutans. — Esl donn(i comme indigene du Portugal. Corrigiolaliltoralis. — PresdelaBliniereetlaPr^saie. Stalice Armeria{V\sez plantaginea Aucl;. — Du c6le de Briollay el sur les bords do la Loire. Linum flavum. — H y a aux environs de Dou6 deux especes de Lin a fleurs jaunes, dont une esl vivace. Asphodelus ramosus. — Au Perrai (c'esl .4. sph(xro- cnrpus Gr.). Fritillaria Meleagris. — Tulipe de nos pr^s, vienl d'Orient. Allium ursinum. — Dans nos pr^s frais, on en Irouve paroisse Ecuill^. Uyacinlhus rncemosus. — Les ilesde Chalonnes. 76 Iris fcEtidissima. — Aii-dessiis des Fourneaux, bean- ooiip a Savcimiert'S. Gladiolus communis. — Champ aiipres de la maison du Lulin (c'esl G. Guepini). Ononis nalrix. — PresCharc6, Thouarc^, Faveraie. Trifolium Lagopus. — (Lisez arvense) , abondant dans Ics prairies de la Loire. Trifolium suhlerraneum.. — La Baumelle. Orobus vernus (Lisez luberosus). — Bois du Roi. Lathyrus sylvestris. — Au-dessus de la lour de Briollay. Reseda sesamoides. — Rochers Saiul-Nicolas el aussi sur les Foiu-neaux dans les fenles des rochers. Nigella arvcnsis. — Dans 1(!S bl(isd'Evanlard. Aquilegia vulgaris. — Bois de la Haie. Fumaria Indbosa. — Pres Chalonnes el pres la Plessc, fumaria claviculata. — Bois de la Haie. Ophrgs orala. — Pres le couvenl de la Haie, aupr6s du chaleau des Noyers. Ophrys spiralis. — Dans un pre pres les Capucins. Tanacelum vulgare. -— Les lies de la Loire en soul rcmplies. Artemisia campcstris. — lies de la Loire. Dipsacus pilo,ms. — Vient d'Alleinagne.' Carduus Marianus. — Pres les Capucins, Four- neaux. Xanlhium spinosum. — Presle Porl-Thibaull parmi les sault's (?) (On n"y Irouve que le X. macrocarpum) . Scorzonera laciniata. (Lisez Leontondon aulum- nale). — Croil dans ce pays. Erigeron graveolens. — Champs Sainl-Marlin, len- daul a la Croix-Renard. Doronkum Pardallanches. — Lc long de la Loire dans h.'S vailccs (penl-eliT Dor. Planlagineum, mais jl ne sp Irouve gu^rc dans ocs localilt^s.) Tussilago peinsilcs. — Pros Sainlc-Gemnies snr les bords dc la Loire el des ruisseaux, au-dessus de la Hale pres le Prau, dans le pare de Varennes a Saven- nieres el pros Morannes. Meiiurialis perennis. — Prairies des environs de la Haie. Urlka pilulifera. — Pres Sainl-Serge derriere les murs, TEsviere, elc. Osmumki spkant. — Bords des prairies Boguais, pres le bois de la Haie. O.wmnda re(jaUs. — Memes lieux. Ophiocjlossiim vulgalum. — Bords de la Loire, prai- ries aupr6s de la niaison de la Haie. Telles sonl les principales indicalions consignees dans ce nianuscril : un grand nonibre d'especes Iri^s repandnes dans le pays sonl enumereos comme ayanl une origine elrang(^re, cc qui peul laissi r penscr que Merk'l avail recueilli ces indicalions dans lescommu- nicalions verbales on ecriles de ses pr^d^cesseurs plul6l que par suile de rcchcrches sur le terrain. On Ironve ga el la des observations pratiques assez curiouses, par exeinple celle-ci a propos de YAntlmius lotula : K M. de la R... (Riclicric) prdlond que celle » plante esl si acre , que des porsonncs en ayanl ra- » masse une certaine quantild, onl eu les bras cou- » verls de cloches el ressenli de vives douleurs. La » farine de seiglo niel6e avec de I'huile el du vin esl le » rernede. Tenant cctte plante a la main on peul ap- » procher d'une rucho a miel, les abeilles la fuienl. « 6 78 Nous avous publiti en 1851 , dans la noUcc sur le jardin bolanique d'Angers, line biographic de Model la Boulaie, donl tons les details onl dl6 exlrails de pieces aulhenliques el officielles, on dos correspon- dances conlemporaincs , nous sommes heureux de pouvoir ajouler un nouveau llearon a la couronne bo- lanique de eel eslimable professeur. A. BOREiD. President de la section des sciences physiques el nalurelies de la Societe academique. Avril 1857. i:X.TK.4IT D UNE LETTRE ADRESSEE A M. BOREAU Par M. le d'' SAGOT. Dieuibie cuiTesiJoiidant, chlrui-(;len de la marine, ii la Giivaiie. Acarouany (quarlier de Mana), Guyane franijaise, 15 fevrier 1837. Void Irois ansque je suis a la Guyane et jemeplais loujours beaucoup dans le pays ; je ne nie pas qii'il n'ail ses inconvenienls et ses dangers , inais ce n'en est pas njoins un beau et bon pays , ou , avec de la persevdrance et nne suite bien conduite d'efforts, on peul order une colonie superbe. La plus grand e dif- liculte du probleme, il faul Tavouer, est une sage el [jratique rdgleuienlation des rapports des planteurs blancs avec les ouvriers n6grcs. Le regime acluel est pSle, inddcis et ne permcl aucune direction serieuse. Je suis de ceux qui pensenl que , sans violer les droits d" rhumanile, on peut allribuer aux propridtaires un 80 peu plus d(3 droit de comnuindomenf . Je ne voiis parlc pas de cela sans une cerlaine connaissance de cause, car (5!anl ici m(''deciii ol dirocleur des riogres Idpreux, je connais bion le caraclore ol los besoins de ces gens-la. Lesjournaux vous auront appris que nous avons des mines d'or, il n'y en a encore que de po- ntes exploilalions provisoires, mais elles ont 616 Ui- cralivos. Cela va altirer par un at trail nouveau les Europeens a la Guyane et nous recoinniander a I'at- lenlion du gouvernement de la Melro[)ole. Vous vous demandez quelle part la bolanique lienl dans nia vie de lous les jours : elle prend une grosse partic de mes loisirs. Ayanl epuise In vegetation her- bacee et frulcscenle de mes environs immediats, je m'adonne depuis eel el6 n la recherche des grands arbres, que j'examine a la luuelie d'approche el que je coupe apres a la hache. Cela ne va pas vile, car les arbres fleurissent assez peu et on ne les voil que Ires- ditlicilemenl dans nos epaisses for6ls , mais je Irouve de belles choscs. J'ai recolle aujourd'hui a peu pres 1,200 especes (phanerogamcs el fougeres) el je n'ai pas voyag<5 du lout ; jugez par la combien le pays est riche. Les delerminalions n'avancenl pas vile, on arrive ais^ment a la famille et m6me an genre, mais I'espece? — Je vous avoue que je ne connais guere qu'une espece sur quatre dans mes recoltes. Si je puis alter en France dans 3 ou 4 ans, je IScherai de ddbrouiller un peu le chaos, mais les herbiers exoti- ques sonl si peu nommes que je n'avancerai pas vile a la recherch(!. C'esl de honle d'avoir si peu de dt'ler- minalions que je ne vous communique pas le catalo- gue de mes recoltes. Ce sera [)our un peu plus lard. 81 l^a graiiiie familkui(; la Flon; co sonl les k''i,'muiiieuscs; i'ai 120 lt\ia;iimineuses el !28 composdes, vous voycz que ce no soul plus les proporlions de rEuropc. Apres les l^gmninenses, vlonnenl graniin(5es, fou- gercs, indlaslomcs, cyporacdes, rubiacees, [)iiis des families nioiiis nombreiises , qiioiquc Ires-richos en- core : orchidees , scilaminees , palmiers , aroidees, ar- locarp(5es , euphorbiac(5es , laurinees , verbenac(5es , solanees, bignoniacees, apocynees, convnlvulacdeSj composees, niyrtees, chrysobalan(5es, ldrebinlhac(5es, malpighides , malvacees , clnsiac(5es , sapindacdes , anonacees. — Les types de noire Flore sonl Ires-va- ries, il y a pUis de families qu'en Europe. Quanl a I'abondance des especes, je presume que, sous un climal uniforme el sans haules monlagnos, nous avons au moins qualre fois plus d'especes pbanero- games qu'uno r(5gion nalnrellc de la France, mais on n'arrivera que bien lenlement a la connaissance de lout cela. II y a pen de nos plan les qui puissenl s'in- troduire ulilemenl dans les serres d'Europe, elles sonl Irop grandes et fleurissent trop peu. En general, on Irouve Ires-pcu de graines el tres-peu de ces graines sonl susceptibles de couservalion, la pluparl moisis- senl ou pourrissenl lout de suite, peu soul seches el revclues d'uno enveloppe fernie.... .I'ai conlinut^ mes eludes do culture jardiniere el jo suis devenu d'une certaiue adresse ct experience. J'ai Irouve une loi tres-curieuse d'origine el de distri- bution geographique de nos races si varieos de fruils et do legumes t^quatoriaux. Cbaque continent , on plutol cbaque grande region geographique, a sa col- lecliou propre de races originaires. Ainsi la banauo, 89 rigiiani(\ lu palate douce se Irouveiil dans tous les pays (jhauds , mais aiilres elaietil les races originai- res d'Asie, de Chine, des coles d'Afriqne, d'Ameriqnc orientale et occidenlale, des iles de la mer du Sud. Ce principe connu, on est guidd pour faire des collec- tions melhodiques el completes de ces planles utiles et pour demeler les races iinporldes qui croissenl au- jourd'liui a cote des indigenes. Je crois que rimmense uiajorile de nos races cultivees si nonibreuses , sonl I'oRuvre de la nature el non de la cuUure. II y a des maniocs, des banaues, des mangucs , comme des bleds, des pommes et des raisins. Mais il y a cepen- danl sous nos youx, des fails inconteslables d'amelio- ration de races par la culture , par exemple dans I'abricol mammea, I'avocat , le mombin, la sapotille et surloutla mangue,... J'ai enlendu parler ici, par des militaires, des cul- tures el du climal d'Algerie, c'esl une nature propre et non pas une transition entre les climats lemp^res ot la zone ^quatoriale ; aussi, je suis bien fonde a vous dire qu'aucune plante de la Guyane ne rdussirait le moins du monde a Alger. Si on y cultive du colon, des palates, du sesame, c'esl que ce sont en gdneral ou des races particulieres , ou meme des especes, ou des planles qui ne sont pas proprement equatoriales. Aussi, aucune rivalil(5 et de meme aucune subslilulion ne peul exister entre I'Algdrie et les colonies d'Am6- rique, chaque climal a ses richesses et ses produits propres L'ignamo de la nouvelle Z(51ande que Ton a inlroduit en France, est-ilbon?a la Guyane, Tigname indien (Dioscorea Irifida?) est excellent, mais le D. aculeala est m(^diocre. NOTTCi: N SUR J.ES PL\NTES HhXUKILLlES HN CORSE PAR M. E. REVELLIERB , avfc des observations sur les especes liligicuses ou iiomctles. »AR M. A. BOREAD, pi<*sls annees, ont reuni tant de documenis imporlants pour la Flore de la Corse. MM. Grenier et Godron dans leur Flore de France, ayanl resumd presque lous ces documents , nous croyons pouvoir considerer comme nouvelles pour la Flore de Corse les esp6c(;s qu'ils n'ont pas mcn- lionnees. Clematis cirrhosa, L.— Ronitacio. Je mentionne celte espece |)our faire observer que sa reunion au CI. Balearica fiich. ne me seuible nuUement fonddc en 85 rais(»ii. Cnllivi'cs onsoniblo a Angi r?, res donx cldma- liles semblenl n avoir dc comrnun quo los caracleres flu genre. Ramincnlus procerus. Moris. — Bonifacio, marais de Sanla-Manza. C'csl bien la planle cullivee sous ci; nom dans los dcolos do botaniqtie , mais lo caract6ro atlribnc^ a TespSco , Carpellis luberadalo - setigeris ii'oxiste pas dans nos oxomplairos. Ranunmhis Revellierii, Bor. Plante de I a 3 dooime- •<^' ^^ '^ tresdressee, glabre, d'un vert clair; racine annuelle, ^ ''V fibreuse, croissant dans Feau; lige flstuleiise, ra- (jS't'^. mouse presque des la base, ramoaux dress(5s, un pen roides, presque fasligies; fonilles inferieures orbicu- laires, onlieres oblusos, point en coeur a la base , les suivantes et une parlie des caulinaires lanceol(5es , atl(^nuees aux deux bouts , aigiies , loulos pourvuos d'nn peliole une fois et demie plus long que le limbe, les supc^riouros lint^aires lanc(?o](fes a petiole courl, loulos enti^res ou avoc quelques dents pou nombrou- ses el ^carl(5es; pedoncules fisluleux, munis de quel- ques polls apprimes , les frucUferos longs de 5-6 contimolros et un pou renflds au sommet; receptacle glabre, sepales un pou veins a rexlerieur, dtalos, pelits; polales jauno-clair. une fois au moins plus pelils que les sepales, ovales a onglet court, c^caille noclarifere plus (Mroile que Tonglel , presque nullo ; car|)elles 30-35, finenienl Inberculeux, ovoides oblus. a bee Ires-court droit, large a la base. Avril-mai. Marais des environs de Bonifacio, et do Porlo-Vec- chio. Celte espece que ,](! docrisd'apres les notes rcjcuoil- lios sur piaf;e par M. Kevelliere, s'eloigne des Ran. iiodiflorus ol lalcriflorus par ses fleurs pedoaculees , (le Vophmilossifolius, par ses feuilles primordiales sou- vent flollanles, comme dans celle-ci, mais loutes ovales retr^cies aux deux bouls el non largemenl cordiformes, par ses fleurs Irois fois plus pelites, ses carpelles moitie plus gros, ses rameaux plus roides et plus dresses, son port qui rappelle mieux le Ran. nodiftorus ; elle parail aussi sc rapprocher du Ran. »i%mosi{s , Wild., esp6ce imparfaiternent decrite el indiqu(^e aux Canaries, mais elle s'en eloigne par -ees feuilles a peine denizes el non serratis , par ses pe- lales tres-petils el non calycis longiludine. Papaver obtusifolmm, Desf. Fl. All. i, p. 407.— Tige droile, a polls apprimtis, lobes des feuilles courts, oblus, pedoncules longs, apbylles uniflores, a polls apprim^s, capsule glabre ovale oblongue, fleurs d'un rouge pale, diamines jaunalres — Rogliano, dans les vignes. Fumariaspedo.$a, Jord. — Rogliano. Fumaria vmjans, Jord. — Rogliano. Fumaria offxcinalis, L. — Rogliano. Fumaria micrantha, Lag. — Bonifacio. Sisymbrmm coiamno', Jacq. — Rogliano. Capsella rubella , Reul. — Sables marilimes , a Ajaccio; Bonifacio , a Venlilegne. — Nos exemplaires ue different de ceux du pays G«5nevois que par leur slalure moins elancee. Rapislrum microcarpum, Jord. — Rogliano. Viola Corsica, Jord ! — Rogliano. C'csl une de ces especes a peliles fleurs, rt^unies par les auleurs sous ie nom de V. arvensis. M. Jordan en donnera la descripliou. 87 Aslrocarpus spathnhpfoliiis , Hovcll.— lionifticio , h la TriniUi. Celte especo rapporldci en varit'lc h VA. purpuras- cms, Walp, s'on distingue an preniiiT coup-d'oeil, par ses feiiilles inlerienres pt^liolees snborbicnlaires, les snp(!'rioures obovales spalulecs, los anlheres soni d'nii jaune plusfouce, le friiil esl d'nne forme differenle. Polygala Corsica , Bor. — Planle de 1 a 4 decirn^-- Ires, tiges nombrenses, diffuses ou ascendanles, feuil- les infdrieures elli|)liqnes obovales, les aulres lancdo- Ides oil lineaires sub-aigiies, grappes terniinales, pen ou point cbevolues an sommet, bractc^es inembra- neuses, Ciiduques; ailes ovales cllipliques, blancha- Ires, parfois lav(5es de rose au sommet (com me la coroUe), a nervures lat^rales un pen ramiflees, cap- snle obcord(5c retrecie a la base, beanoonp plus courte que les ailes, a la fln presqne aussi large ; graines oblongnes obluses, herissdes, arille a lobes lateraux. n'^galant pas la moitid de la graine. Jnin-juillet. Rochers prds Rogliano. Le P. rosea, Desf. diffen; par ses flcurs roses plus grandes, sa capsule suborbicnlaire, etc. — Le P. Pres- Hi, Spr. a les fenilles snperieures lanceoldes et plus larges, les ailes plus ellipliqnes. — Le P. pavcsccns. D. C. s'en rapproche,mais ses flenrs sontjaunalres, la capsule pins largemenl bordde ddpassi^ un pen les ai- les, les sepales exldrienrs plus aigus egalent presque !a moiliedes ailes. Gypsop/iila rigida, L. Tunica Saxifraga, Scop. Ro- gliano. Je Tai ene aussi dn Valdoniello Leveilid). Dianlhus Godroniamis , Jord. />. virginrus, Godr. non L. — Rogliano. 88 Siletip, neylecla, Tenor. — Ronifacio , rochors do la Trinite. — Je I'ai eu aussi de Ajaccio (Levcill(5). Sarjiiia debilis, .lord. — Bonifacio, a la Trinite. Sagina maritima, Don. — lie de Lavezzio. Elalinc macropoda, Guss. — lie de Lavezzio. Liimm spicaiim, Lam. — Bonifacio, a la Pian- larella. f-inwn amhiyuum, Jord. — Rogliano. f/npericum micrnphi/llum, Jord. — Rogliano. Oxaliscorniculala, L. — Rogliano. McUlotus messanensis. Desf. — Rogliano. Tri folium la-rujnixm., Desf. — Bonifacio. Cotie espece ne doit pas elrorennio an Tr. strictnm , W. K. Dori/clwium corsicum, .lord. — Rogliano, Bonifacio. Cracca Corsica, Godr. — Bonifacio, Sanla-Manza. Vicia trichocalyx, Moris. — Bonifacio. — Fleurs roses Cello espece nous semble dislincle du V. alro- purptirca, Desf. Vicia Forsleri, Jord. Bor. Fl. cent. Ed. iii, n° 662. — Bonifacio. Vicia hirta, Balb.— Bonifacio. Pisum biflorum , Raf. Caract. p. 7\. « Fusto ango- lalo, foglie Irijughe, picciuoli angolali inferiormcnle, slipole e foglione denlale, peduncoli assilari, biflori, » Raf. — Graines ronsses lachdes de brnn avec de grandes macules noires, finement poncluees sous la loupe . bile ovale convert de polls blancs (5cailleux, — Boni- facio, rocbers de Colognola. Hippocrepis ciliata, L. — Bonifacio. PolentiUa nemoralis, Nest. — Bonifacio. Rosascandens, Mill. — Rogliano. 89 l.ijlhium PresJii, Guss. — Roglinno. Sedum Corsinun, Duby. — Bonifacio. — Esp^co dislinclo solon nous. Sedum brevifoiium, Dc? Bonifacio, lieudil // Crovo. — Son aspect n'esl pas le rnemo que celui de la plante des Pyrdndes. OEnanthe apiifolia , Brol. — Rogliano. — MM. Gre- nicr ct Godron la regardcnl comnie idcniique a VOK. crocaia, L. Ayanl reproduit de graines la planle de Corse et lacullivanla c6[6 de VOE. crocala de I'Anjou, nous pouvons affirmer qu'elles consliluont deux es- peces Ires-dislincles. Inddpendammenl des caracleres allribuds par les auteurs a VOE. apiifolia, elle se distingue au premier cou[)-d'oeil par son port , la nuance plus sombre de son feuillage, la direction des ramifications du petiole, etc. Galium decipiens, Jord. — Rogliano. Galium saccharalum, All. — Rogliano. Galium murale, All — Rogliano. Pallenis spiuosa, Cass. — Rogliano. Filago spalhulala, Presl. — Bonifacio. Filago eriocepliala, Guss. — Rogliano. Filago lenuifolia, Presl. — Rogliano, Bonifacio el lie Cavallo. — Indiqne soulement en Sicile. Carduus fasciculi floras, Viv. — Bonifacio a 15 kil. snr la route de Porto-Vecchio. Crepis decumbens , Gren. et G. — Bonifacio au Phare. Erica mulliflora, L. — Rogliano. Ciccndia pusilla. Gris. {Candollei). — Bonifacio. Convolvulus alihccoides, L. — Rogliano. Cuscuta corymbosa, R. P. — Bonifacio. 90 Myosolis sicula, Guss. — Bonifacio. Unaria commulala, Rernb. — Bonifacio Linaria J'reslandrece, Tin., in Guss. Syn. Sic. ii, p, 842 el 890. — Bonifacio , a Ja Trinild , a Paraguano ; Rogliano. Linaria (UrvUlei), L. Elatine, d'Urv. non L. — Ro- gliano. Plusicurs aulres Linaria de celle section onl 6[6 rocucillis par M. Revelliere et conslilucnt probable- menl des especcs disUncles. Linaria Chalepensis, Mill. — Rogliano. Odontites lulea, Reich. — Rogliano. Mentha Pulegium, eriantha, D. C. — Santa-Manza. Planle remarquable, appelant de nouvelles (Eludes. Melissa atlissima, Siblh. — Rogliano, Bonifacio. — M. Revelliere la considere coajme une espece dis- lincle. Lippia repens, S^)r. — Rogliano. Viiex Agnus Castus, L. — Rogliano. Amaranlhus deflexus, L. — Bonifacio. — albus, L. — Bonifacio. Jiumex intermedius, D. C. - Bonifacio.— C'esl (i lort qu'on le reunil au R. tliijrsoides, Desf. Polyyonum flavescens, Jord. — Rogliano. — Planle d'un verl pale, voisine du P. Bellardi. Arislolochia rotunda, L. — Rogliano, Baslia. — longa, L. — Rogliano. Euphorbia bonifaciensis, Req. — Bonifacio. — Celle planle nous parail bien caraclerisde. Urtica atrovirens, Req. — Rogliano. Juniperus Lycia, L. — Rogliano, Bonifacio. Triglochin laxifloruni, Guss. — Bonifacio, — Celle 91 planle omise dans la Flore de Fiance, avail d(^ja e[6 indiqui^e en Corse par Loiselenr. Reichcnbach I'a fl- gnreo dans ses ioonos comme venanl de Montpellier. Potaviofjeion Berchloldi, Fieb. — Bonifacio. Le Gladiolus communis de la Corse, ne doil-il pas 6tre rapports au G. dubius, Guss. ? lAlium candidum, L. — Bonifacio, sponlan6 sur les coUines el maquis sur la route de Porlo-Vecchio. Scilla fallax, Sleinh. — Bonifacio a la Trinild , meleau 5. autumnalis qui y est bien plus rare. Urginea fugax, Sleinh. Annal. So. nat. ( 1834) t. i, p. 328, PI. 14. — « Sepalis petalisque albidis linea » dorsali e fusco purpurascente notatis,floribus paucis » subsecundis pedunculos aeqtianlibus , bracteis re- » fraclis deciduis , Scapo filifornii, foliis linearibus ; » pericarpium oblongum , » Sleinh. — Bonifacio. — Celte espece etait indiqu(5e seulernent en Algdrie. Ornithogalum Narbonense, L. — Rogliano , Bo- nifacio. Ornithogaium divergens, Bor. — Bonifacio. Allium carneum, Berl. — Bonifacio. Allium oblusiflorum, Req. —Bonifacio. Simethisbicolor, K. — Bonifacio. Juncus iriccphalus, Gay. — Bonifacio. — Espece bien caraclerist5e ! Spartina versicolor, Fabre. — Bonifacio, golfe de Sanla-Manza. — La plante est sans fleurs , niais du restc ?emblable a celle de rHdraull. Glyceria corivolula, Fries. — Bonifacio. Melica lijphina , Bor. — Tige de 6 a 9 d(5cimelres, droile simple; feuilles lint^aires 6lroiles, longueinenl acuuiinees , les intV'rieincs herissees, ainsi que les 9-2 i^aiiies , les siiixiriemes onroulees filiformes , lr6s- rudes en dessons; ligulc saillanto, blanc-scarieuse, lac^rc^e; paniciilo droilc, epaissc, a rameaux courls, dressus, Ires-serrc'S on e[)i blanchAlre; spalhcllos ova- les lanceol(3es acnmin(^es en poinle aigiie, un pen menibranouscs, finemcnl rudes-ponclii(^es , a cinq nervures saillanles; spalhellnle extdrienre lanc(^oIee. slriec, chargee d'asperiles, longuernenl cilieo snr les bords, colles des flours sldiiles glabros, fruil oblong fusifornie luisanl, chagrine sur loule sa snrface. Juin- juillel. — Rogliano. Le= colloclions de M. Rovelliere conlionnenl pres- que loules los especes inlerossanles indiqudes dt^a par k's anleurs sur le lilloral do la Corse. Les genres Medicago, Trifolium, Lotus, Vicia, Sialics, Euphorbia, Allium sonl represenles par des especes nonibreuses; les on^hidees sonl a pen pros an coniplel, il en est en onlre un corlain nombre snr lesqnelles nous n'avons pu porter un jugemenl definilif. Les recherches de cot habile exploratour auront des rt^sullals iniporlanls pour la boluniqne franyaise el , loul en regrellanl noire insnfflsanoo, nous devons le reniercier de la marque d'amilie qu'il nous a donnee en nous confianl iesoin de publier cos fragments. A. BOIIEAU. Juin 1857 USTE DES UEPIDOPTERES OBSERVES AUX ENVIRONS D' ANGERS, 96JL M. GUSTAVE TOCPIOLLE , Daturaliste , depuis la publicalion dc son Catalogue, c'esl-adire du 20 dccembrc 1855 au 20juillel 1857 (*). DIURNES. Anthocaris cardamines 9-30. — La fcmelle est aussi rare que le male est commun. II est curieux de voir ceux-ci voler apres tous les papillons blancs pour d(5- couvrir une compagnc. C'cslen les suivant dans celte recherche qu'on peut parvenir a prendre les femelles de I'espece. Lycoena bformis. 340. — Juin 1856. Les haies. Assez commun. Sesia culiciformis . 344. — Mai 1856. Haies d'Anip(5. Sesia spheciformis. 362. — Juin 1856. La Chalouere. Sesia asiliformis. 364. — Juillet, id. Haies, Avrille. 95 Zygana trifoUi. 418. — Mi-juin. La Marc. Rare. Procris pruni. 452. — Juillet. La Gu(5ronicre. Rare. NOCTURNES. Lilhosia grammica. 465. — Juillcl. Route de Paris. Lithosia ? — Jnin. Jardiii de la Prefecture. Lilhosia deprcssa. 475. — Juin. Sur un chcne. Les fourneaux. Rare. Naclia ancilla. 493. — Juillet. Les bois. Avrill6. Callimorpha Dominula. 501. — Mi-juin 1857. Elevde d'une chenille Irouvee au Jardin botanique par M. Bo- reau. Elle se nourrit de borragintes. Cbrysalidde le 3 mai, dclose le 5 juin. Espece rarissime aux environs do la ville. Nemeophila Russula 9- — Bois d'Avrillc. Juin 1857. Chclonia Caja. Var. Act B. — Fin de mai 1857. La varidte B 5 porle sur les ailes supdrieures un point blanc analogue a celui du Bombyx quercus. Bombijx lancslris 9 • 566. — Eleve de cbenille nour- rie avec de raub(jpine. Eclos le 27 fevrier 1857, Bombyx processionca $• 573. — Chenille nourrie avec du chene. Eclos le 13 aoCit 1856. Bombyx rubi Q. 579. 12 juin 1857. Pres Brionncau. La feraelle est excessivenieut rare, d'autant qu'il est impossible de se la procurer en (^levant la chenille, dont I'educalion ne reussit presque jamais. Le vol du male est lellement rapide et inegal qu'il est des plus ditliciles a prendre. Las iocampa pruni 5- 586. — Mi-juillet. Au Jardin dcs plantcs. Rare ct belle espece qui a du rapport de 96 forme avcc la feuille morle du ch^nc, mais se dislin- guc aisemcnt par sa coloration d'un jaune fauve. Cleoceris 00 Q .704. — Mi-juillet. Les bois de ch6ne d'Avrillt'. Celle fcnielle ayant pondn dans ma boitc de chasse, j'adressai les ccufs a mon savanl ami, M. Grol- lean, de Nanles, L'eclosion cut lieu; les chenilles fu- rent ^lev(5es et donncrent plusieurs sujels de celle rare espece. Plastenis suhtusa. 705. — Juillet. Tivoli. Rare. Acromycla Euphrasia. 720. — Mai 1856-57. Tivoli, Jardin botaniqne, Bryophila AlgcB. 729. — Juillet. La Chalouere. Rare. Triphcena fimbria 5 • ^60. — Fin de juin. Jardin bo- tanique. Belle et Ires rare espece. Triphoena orbona. Var. Connuba, 761. — Avril. Avrill<5. Agrolis saucia. 821. — Juillet. Route de Paris, rare. Agrotis suffusa. 822. — 9 oclobre. Bois d'Avrillt et int6rieur de ma maison, rue Bolanique. Agrolis tritici. 836. — Aout. Sur les peupliers de Tivoli. Agrolis obeliscus. 840. — Meme localitc^. Luperina testacea. 859. — Seplembre. Route de Paris. Luperina Pinaslri. 883.— Mai 1857. Tivoli et Jardin des Planles. Celle belle espece n'esl pas commune. Luperina Liloxylea. 885. — Juillet 1855. Route des Ponls-de-C(5. Apamea slrigilis, var. Mlhiops. 901. — Mi-juin 1857. Tivoli. 97 Uadena alripticis. 940. — Juin 1857. Route do Paris. Iladena Roboris 5 et 9. 960. — Oclobrc. Route des Fonts de Ce. La fcmelle, d'un vert fence, est tres reniarquable. Miselia OxyacanlhcB. 983. — Septembre. Tivoli. EpiscmahispidiB 5 ct 9. 1119 — Septembre. Chc- min de La Motte. Caradrina blandce. Orthosia gothlccc. 112.3. — Octo- bre. La Mare. Orthosia Lota. 1144. — Octobre. Tivoli. Orlhosia stabills. 1147. — Fin de mars 1857. Dans la rue des Lices. Orthosia miniosa. 1150. — Fin d'avril 1856. Roulc- vard de Laval. Cosmiadijfinis. 1154. — Juillet. Jardin botanique ct fours a chaux. Xanlhia ferruginea. 1174. — Septembre. Arbresdu Mail. Xanthia rufina. 1176. — Octobre. Le Mail. Xanlhia cilrago 1186. — Septembre. Le Mail, Ilarus ochroleuca. — Juillet 1857. Rois d'Avrille. Ceraslis vaccinii, var. Spavicea. 1191.-2 mars. La Chalou(^re. Aconlialuduosa. 1323. — Juin. Jardin botaniqur. Phorodesma bajularia 5 et 9 . 1417. — Fin de juin. Hales. Avrille. Rare el jolie esp6ce. Boarmia lichenaria 6 et 9. — Fin de mai et com- mencement dejuin 1857. Rare. nemithea coronillaria. — Fin de mars. La Haie. Avrille. Indiquee en Sicile et dans le midi de la Franco. Hemithea vernaria. — Juillet 1857. 98 Tephrosia crepuscularis. 157i. — Mars. AvrilM. Rare. Larentiafluviaria. 1645. — (Obs.) Cetteespecen'etait encore indiqude qu'en Sicile, suivant M. Bdcher (de Paris), qui radelerminde surrenvoi que M. Toupiolle lui a fait de I'individu par lui capfurd au Jardin bota- nique, en juillet 1854, et qu'il avail communique a plusieurs amateurs exerces sans qu'il eut pu recevoir un nom. Elle ne figure pas dans la liste de ce genre si nombreux, publiee par Duponchel, tome 8, 1"= par- tie, page 361 de son ouvrage sur les lepidopleres d'Europe, liste dans laquelle sent comprises cepen- dant toutes les especes alors d(5crites dans les auleurs. Celte decouverte est done des plus curieuses. Son in- t(5ret augmente encore quand on remarque que notrc savant botaniste, M. Boreau, alrouve sur nos schistes plusieurs planles qui avant lui n'avaient ete indiquees qu'en Sicile. (M. B(5raud.) Eiipiihecia innoteria. 1699. — Fin de rnai 1857. Jar- din botanique. Cidaria chenopodaria 9- 1749. — Mi-aoiit. Tivoli. Rare. Cidaria badiaria. 1758. — 31 mars. La Gouroni- diere. Cidaria derivaria. 1760. —29 mars. Ecouflant. Cidaria picuria. 1797. — Avril. Cabera permutaria 5 et 9- — Mai. Acidalia rusiicaria.. 1849. — Juillet. Tivoli. Acidalia auroraria. 1860. — Juillet. Bois d'Avrili^. Acidalia dccoloraria. — Juillet 1857. Id. 99 MICROLEPIDOPTERES. Nomenclature dc Duponchel. Hijdrocampa nymphoBalis. — Commencement dc juin 1857. Tivoli. Pionea margarilalis. — koul. Tour-Bouton. Hijdrocampa Lemnalis. — St-Ldonard. Botys lanccalis. — Oclobrc. Les boulevards. Botys ochrealis. — 26 juin. Tour-Bouton. Botys ophialis. — Juillet. Bulles de Tivoli. Bodea ferrugalis. — 21 juillet. Avrilld. Bivula sericcalis. — 14 septembre. Tivoli. Nola albnnala. — Juin. Bois converts d'Avrill6. Cargyrotoza plumbana. — Trelazd. 1856. Cargyroloza flagellana. — Route de Paris. Eudorea dubilalis. — Jardin botanique. Eudora ambigualis. — Id. Cochylis roserana. — Mai. Tour-Bouton. Aspidia udmanniana. — Juin. Trelazd. Grapholitha Cwcimacula. — Id. Id. Crambus protellus. — Id. Crambus hortuellus. — Juin. Cledeobia augiistalis. — SoYiiemhre. Butte de Tivoli. Diurnea flagella. — Mars 1857. LaChalouere. Ilumilis aranella. —Vionie des Ponls-de-C6. Teras conlaminana. — Id. Ponthina hennannana. Id. Carpocarpa Pomona. — Aoi\t. Dans ma chambrc. Hcemilis alstroemerella. — 4 aoCit. Tivoli. 100 Adela Degurianella. — Mai 1857. Avrille. Tres com- mun dans les bois. Palpula bitrabicella. — Ma maison. Obs. — Le premier catalogue public par M. Toiipiolle et comprenant les decouverles par lui faites jusqu'au 20 ddcembre 1855, pr(5sentait 377 especes par lui ob- servdes dans I'espace de trois ann(5es, dans un rayon de 6 kilometres, au plus, aulour de notre ville. Les types de cette premiere collection ont il6, a cetle (5poque, acquis par la mairie et sont places au cabinet d'bistoire naturelle. II faut ajouter a cette premiere liste I'indication par nous de 18 especes, dont quatre ont 6t6 depuis retrouv6es par M. ToupioUe. Le pre- sent suppl(5ment contenant 94 especes , ce serait ainsi un total de 485 especes dont la presence pres de nous est de ce moment constat^e. T.-C. Behaud, Secretaire-genepal. NOTE SUR LE REGDLATEUR ASTRONOMIQUE DE M. FLEURY, horloger h Angers. Messieurs. En examinant , a la derniere exposition, I'immcnse variele des produits qu'une civilisation avancd'C comme la notre met chaque jour en mouvement, on remarquait que plusicurs industries, jadis tributaires de I'etranger, s'en etaicnt completement affranchies. .I'ai eu lieu de constater que de ce nombre se trouvaient les arts de precision et que Thorlogerie frangaise sur- loul ne le cedail en rien a celle de Gen6ve. Evidem- menl, Messieurs, c'est a la marche des sciences qu'il faut attribuer ces rcisultals. II est certain, en effet, que dans les villes oil Tenseignement scientifique a rcQu des d(5veloppcmenls , coordonniis avec les exigences sociales , les arts sont en progres. — 11 y a soixanle 102 ans, les artsavaient devanc6 les sciences, aujourd'hui les sciences dominent les arts. Ceux qui refusent d'admeltre ce point de vue sont dans I'erreur et se laissent prdoccuper par les faits du pass6 , sans tenir assez compte des 6v^nements de I'epoque actuelle. L'an dernier, j'eus I'honneur , dans une autre en- ceinte, de faire connaitre les avantages d'un appareil fort utile dCi a un horloger de cette ville. Aujourd'hui, sous Finfluence des legons que je me propose de don- ner a I'dcole des sciences, j'(5prouve le meme bonheur en venant vous parler des ingdnieuscs combinaisons que M. Fleury a rdunies dans son rc^gulateur aslrono- miqne. Pour pr6venir toute equivoque , je dois pr^alable- ment dire que la construction en est due a MM. De- touche et Houdin de Paris. Dans toules les machines, on rencontre certainement plusieurs idees capitales qui peuvent ne pas elre sorties de la meme tete. Cette ind(^pendance de la construction et de I'invention <^tant done stabile, it me sera facile de donner a cha- cun ce qui lui appartient , en classant les diffi5rents organes par ordre d'importance. M. Fleury a su grouper avec art vingt effels divers dans leurs positions relatives, et au moyen d'un poids et d'uneroue, 11 les obtient avec precision. Le cadran du centre qui marque I'heure de Paris, a dii etre Tobjet de ses preoccupations. 11 a ete magni- fiquement utilis6 , malgrd des difficullds sans nombre qu'ont du rencontrer dans rex^cution MM. Detoucbe et Houdin. Les mois, lesquanlicmes, les jours de la se- maine, les secondes sont fournies par diff^rentes ai- guilles. Dans la region sup(5rieure se Irouve I'dquation 103 du lemps qui joue un si grand r61e dans les observa- tions. A la parlie inforieurc le mouvement apparent du soleil est parfaitemcnt representt^. Deux cadrans secondaires, I'un a gauche et I'aulre a droite, donncnt I'heure exacte du lever et du couclier pour lous les jours de I'annde. Un dernier cadran enfln fait voir les difFerentes phases de la lune ; de sorte que Tensemblc de tons ces cadrans permct d'embrasscr d'un coup d'ceil les phdnomcnes celestes les plus connus. Autour du cadran principal viennent se grouper dix aulres cadrans de diamelres divers et qui par leurs indications fournissent I'heure exacte a Angers , a Geneve, a Londres, a Constantinople, a Vienne, a Al- ger, a Rome, a Besangon, a Jerusalem et a St-P6ters- bourg. La disposition de lous ces cadrans secondaires a dCi ofFrir des difficultes que le conslructeur a heu- reusement vaincues. Des efFets si multiplies ne pouvaient ctre obtenus avec la precision qu'ils exigent qu'a la condition d'at- t(5nuer Ic frottement et de ne pas fatiguer le rouage. II s'agissait, en effet, de vaincre la r(5sislance opposde par quatre sautoirs ct un ressort de renvoi. M. Fleury a employee une ddtente fort ing(5nicuse qui produit ces quatre effots. Vers le milieu de la nuit, cette detente mue par le cylindre de la roue princi- pale, fait alternativcraenl passer I'^quation du temps, les quanticmes , les jours de la semaine et enflu les mois, quand ils doivent changer. Cette roue qui ac- complit une revolution en trois jours , pr^sentc de nombreuses complications. Montee sur I'axe qui rcyoit la corde du poids moteur , ellc est formde d'un res- sort, d'un rochet, d'un second rochet de la roue rdgu- 104 lalrice et do Irois levees desUndes h op^rer sur la ddtenle. Ces diverges pieces animdes d'uu mouvement de rotation dansle sens de leur encliquelage sont so- lidaires les unes des autres. Les fonclions diverses de cet organe semblent faire supposcr qu'il a des dimen- sions consid(3rables. Aussi grande a 616 ma surprise de reconnailre que la boile qui le renferme a une profondeur maximum de dix centimetres. L'dquation du temps est donnde par une roue an- nuelle porlant une ellipse el sur laquelle s'appuie I'une des extremites d'un levier, tandis que I'autre formde d'une partie dentee commande un pignon dont Taxe porte Taiguille indicatrice. A la partie inferieure du r(^'gulateur est plac6 un cadran bleu dtoilti , sur lequel se meut un soleil qui nionte pendant six mois ot descend pendant six autres. La representation de ce pbenomene est obtenue au moyen d'un excentrique en coeur place entre deux roues dont Fune est (5vas(5e de mani^re a pouvoir loger cet excentrique. Ces deux roues sont respective- ment armees de 365 et de 366 dents. Elles engr^nent avec un pignon fix6 a la platine qui produit I'effet demande. Le lever et le coucher du soleil sont fournis par deux ellipses superpos(5es el contre lesquelles vient porter I'une des extr(5mit6s de deux leviers dont I'autre denize conduit les roues indicatrices du lever et du coucher. II est constant que le regulateur de M. Fleury pre- sente des innovations curieuses , mais a coup sur ce n'est pas dans les moyens de transmission de cette derni^rc partie de I'appareil que Ton irouvc d'aillcurs 105 lians la plupart dcs pieces d'horlogerio dii m6mc genre. Si done , sur ce point, M. Flcury n'a fait qu'appli- quer ce qui est connu depuis longlemps, d'autre part son procddd pour regler I'appareil, en cas d'arret , est digne do reniarque. II est certain, en effet, que le regulateur 6lant mis en place, les divers cadrans ne permetlent pas d'aper- cevoir les rouages interieurs. Pour obvier a cet incon- venient, M. Fleury a eu recours a un petit carrd anime d'un mouvement circulaire de un tour par vingt- quatre heures ; I'axe qui le porte est muni d'une roue qui cngrene avec la roue a laquelle est adaptt^e la levi^e de la detente que Ton peutainsi faire fonctionner a volonie. Tel est , Messieurs , le r(3sultat de mes impressions sur le r(!'gulateur aslronomique dont j"ai fait I'^tude, uniquement en vue de I'application des prdceptes ge- n(iraux que j'ai d^veloppds dans mes legons de I'Ecole des sciences. Angers, le 22 juillet 1857. Pascal Dulos, Professeur de mecanique a I'Ecole imperiale des arts et k I'Ecole des sciences et des leltres. GILLES HEMGE CONSIDERE COMME POETE. T-i sive gnoecis, sen latiis modis Heroas astris condere, seu faces Cautare cyprias etrusca Vel patria properas loqiiela. {Ant. Peron. ad Mengianum Oda). On cntend partoutcette lamentable plainle, la podsie se meurt, la poesie est morle ! Serait-il bien vrai que nous assislons au moins a son agonic et qu'il ne nous reslera bientot plus que d'en prendre le deuil? Mal- gr6 le lemps d'arret qui senible avoir pelrifle noire lilltn'ature, malgr*^ eel engouenicnt pour les sciences exaclcs qui lend a malerialiser nos plus nobles ins- lincls, non, croyons-nous, non, la lilleraturc et ce qui en est la plus belle expression, la podsie, ne mour- ront pas. Le goul du beau el du bon n'est-il pas, pour Tame humaine, ce quo raliment quotidien est pour nos organes mal(^ricls? c'est-a-dire, un imperieux besoin. Sans doute le culte des muses ne perira pas, mais il pent s'affaiblir el s'affaiblit en effet, chez certains 107 peuples, a certaine dpoquc de leur vie socialc, et Irop souvent, a sa place, on voit s'elever raulcl de Plutus, sur Icquel ne brfile que rcncens de la ricliesse et des lerreslres appelits. Quand une nation a produit des chefs-d'oeuvre dans tous les genres, et que, dans le vaste champ de la lit- terature si largernent moissonnt^, elle ne laisse plus que quelques (ipis a glaner, que restera-t-il aux gend- ralions qui suivent? Deux choses : tenter de nouvelles voies ou marcher sur la trace des devanciers. Mais I'invention n'est donnee qu'a un petit nonibre d'es- prils d'elite. Reste done I'imitalion plus ou moins ser- vile, plus ou moins originale , si Ton pent ainsi dire, des bons modeles. Eh! c'est ici pr6cis<5ment I'c^cueil. Car, apres tant de travaux podtiques, il faudrait 6tre n6 bien malgr(5 Minerve pour ne pas tourner pas- sablement un vers. On fait done des vers, force vers, riches de rimes, s'ils sent pauvres de sens. On se croit litldrateur parce qu'on a fait imprimer ses moments de loisir, ses fantaisies; puis fier de ce mince bagage, on se pose en homme de lettres et Ton n'a que du dddain pour des ecrivains d'un autre si6cle, chez lesquels I'esprit po(5tique s'alliait a une profonde connaissance des lilt(iralures de Rome et d'Ath6nes. A peine les drudils memo leur consacrent-ils quelques lignes, comme si nos progres lilt(5raircs, notre erudition, noire feu po6tique avaient completement dclipse des auteurs qu'un ou deux si6cles seulemenl separent de nous. Mulgre les pretentions de noire c^poque, disons-le liaulement , pen d'hommes aujourd'hui pourraient soulenir le paralMe avec plusieurs de ces ecrivains dont on connail a peine le nom. 108 Si, par cxcmple , il se rencontrait de nos jours un homme d'une prodigieuse m^moire, d'une (5rudilion aussi vaste que variee, jurisconsulte Eminent, gram- mairien faisant autoril6, poelc fran^ais au-dessous seulement de nos bons dcrivains, faisant des vers ita- liens admirds meme de rAcaddmie Delia Crusca, ri- valisant en po6sie laline avec ceux qui ont le mieux 6crit dans celte langue, maniant I'idiome d'Anacrdon et de Thdocrite avec une facility et une grace peu commune, et couronnant cet assemblage de talents si rares par une amenity et un alticisme qui ont <5merveill6 ses conlemporains, si, disons-nous, un pareil homme se rencontrait, la France n'aurait-elle pas le droit d'etre fiere d'un pareil personnage? Eh bien! cet homme si peu connu, vivait il y a deux siecles, c'dlait notre compatriote, c'dtait M(5- nage ! Oui, Manage est peu connu, peut-etre m6riterait-il de I'etre davantage. Parmi les diflerents aspects, tons assez remarquables , sous lesquels il pent 6tre consi- d6rd, nous ne voulons nous occuper aujourd'hui que du cote podtique, M(5nage poete, voila ce que nous al- iens examiner. Et d'abord, n'est-ce point d(5ja quelqne chose digne d'altenlion que de voir un auteur parler le langage des dieux, comme on disait alors, en quatre langues di- verses, dont une seule bien manide sufflrait a la gloire d'un (5crivain? Cerles nous ne pr(5tendons point qu'il ait excell6 egalement dans ce quadruple idiome, et pour aborder de suite le cole faible, parlous des vers frangais. Mon Dieu ! nous d irons sans d(5lour3 , que les 109 poesies frangaises do Menage n'onl pas aiijourd'hui a nos yeux uii grand m(!Tite. Elles ne sorlent pas de celle phraseologie plus ou moins podlique, de celle imila- tion inalenconlrense cl servile telle qu'elle exislait avant Ics Corneille, les Racine et les Boileau. Mais enfm, si nous ecarlons un momenl les grands mo- deles du grand siecle, Mt'-nage liendra sa i)lace parmi les auleurs du second ordre qui onl (^cril avanl 1G60. Si Mdnage fCit ne deux siecles plus lard, apres lanl de chefs-d'oeuvre de grands mailres, apres la forma- tion de noire langue poetique; quand la phrase a 6[6 lournee cl relournt^e de milie fagons el que la memo idee donnee a dix auleurs sera, a peu pres, rendue dans des lermes sembahles et comme sl(5reolypes, croyez-vous qu'il n'eut pu prelendre a un prix de rAcad(5mie? Et par centre, si faisant remonler en ar- riere de deux cents ans nos rimeurs d'anjourdluii, vous les placiez a celle ^poque, oil le grand Corneille lui-meme bronchait si souvent, esl-il vraisemblable qu'ils eussent mieux rt^ussi que Menage a dompler noire langue si relive, si rebelle alors, et qui ne s'esl assoui)lie que sous la main de nos meilleurs (5cri- vains? Vous me permcttrez d'en douler. Mi( ux inspire du Latium, Menage dul aux muses latines une gloire moins conleslable et moins conies tde. II s'etait, d6s son enfance, merveilleusement nourri de la lecture des pocles et des oraleurs de Home. Sa prodigieuse m^moire n'en avail pas seule- rnenl relenu de longs et nombreux fragmenls; mais Virgile, mais Ovide, il les savait presque tout enliers. Omnia Virgilii meinori cum nieiilc Iciioi-eiii. HO Noire age, assez pen soucicux do ce genre d'eludes, ne jelle qu'un regard dislrail et presque dedaigncux sur ces anciennes lilteralures, auxquelles I'Europe enli6rc doit ce qu'elle est anjourd'luii. Erreur grave qui, si elle devenait gc^n^rale, compromeltrait infailli- blement dans les ouvrages d'esprit le bon sens et le bon gout. Mais, a-t-on dit, a quoi servenl les vers latins? In sylvam ne ligna [eras, s'ecrie Voltaire. A noire lour nous dcmanderons a quoi sert le latin? Apparommeiil <^e n'esl pas un hors d'ceuvre, puisque vous y sournet- lez V05 enfants pendant les plus belles annees do leur adolescence. Non, ce n"est pas une elude oiseuse, on I'a dil et nous le repelons avec une conviclion pro- fonde, sans de bonnes etudes classiques il n y a point de vraie, de solide instruction. L'education est tron- quc^e. Vous citerez quelques exceptions, notrc poete national, par exemple. A Dieu ne plaise que nous re- jetlions ce qui pent allenuer la regit; generale. Ici- menie nous pourrions monlrer du doigl d'honorables exceptions; mais cela ne fait que confirmer la tbese dans ce qu'elle a d'absolu. D'ailleurs nous voudrions que vous eussiez pu deniander a noire Pindarc mo- derne a quel prix il lui a ^le doiini de combier cette lacunc de son education. Faire des vers latins, le beau merile! nous disent des gens qui n'ont jamais su entendre qualrc vers d'un auteur ancien. Ne nous y Ironipons pas ndan- moins, ne fait pas qui veut de bons vers latins. Savez- vous en effet, ce qu'il faut pour y riiussir ? II faut une etude approfondiedelalangue latine, laconnaissance exaiute de la valeur du mot poetique, une lecture HI longue ct st^rieuse dcs meilUurs auteurs , une oroillc sonsihlo ol fnconnde a la cadenco da vers, de I'imagi- nation ol quolque chose de cc mens dirinior dont Ho- race fail rallribut dii poele. Pens'ez-vous que parmi les ddlracteurs du lalin il y en ail beaucoup qui soienl capables de rdunir eel ensemble de qnalites? Enfln, selon nous, celui-la seal peul senlir Virgile qui s'esl longlenips ^verlu^ a riniiler. Mais revcnons. Mdnage ful done une des gloires du Parnasse lalin. Nous voudrions bien vous mellre ici sous les ycux quelques fragments de ces poi^sies, car des pieces si legeres ne s'analysenl qu'imparfailemcnl. Leur beaute presque lout enliere se Irouve dans la forme, el bien que la raison el I'espril y brillenl sou vent, c'esl nean- nioins le jugemenl de roreille, ce sitpcrbissimwn amis judicium, c'omme dll Quintillen, qu'il faul consuller, avanl tout, quand on veul apprecier les poeles On ne peul'guere, nous le sentons bien, vous inviler a se- couer la poussiere des siecles qui recouvrc ces ceuvres poeliques. Si cependanl vous aviez garde quelque gofil poiu" les muses latines, ces pcliles pieces vous plai- raienl sans doute, el vous ra{)pelleraienl pcul-etre quelques-uns de vos premiers succes litldraires, suc- ces loujours si doux au souvenir, meme quand plus lard on en a obtenu de plus brilianls. Sans suivre t'ordre du lemps, nous allons joler un coupd'oeil sur quelques morccaux qui donneronl une id(5e de la maniere de faire de noire autour. Dans un Age d(^ja avance, Menage perdit sa riche el brillanle mdmoire. C'esl a eel accident que nous dcvons deux (Elegies ou plulol deux hynmes adresses a Mnt'jmosyne. 412 Dans la premiere pi6ce, il fail podtiqneinenl I'in- venlaire de loutes ses perles : Memini cum plurima Homeri, Plurima peligiii recitarem carmina vatis Omnia Virgilii ineinori cum menic tenerem. Joigncz a ce repertoire, les norns de tons Ics [)hilo- sophes de I'anliquile, leurs secies, leurs syslemes, la serie des consuls de Rome, la succession des peuples qui onl paru sur la scene du monde, I'arbre genc^alo- gique des maisons nobles, lonle son hisloire de Sable, voila ce qn'il embrassail dans son vasle savoir, voila aussi le sujel de sa douleur quand il se disait : Omnia mine oblila ! Co luxe cxubdranl de mdmoire, celle inepui?able f^condile de conversation, dlaient un talisman avec lequel il caplivail, sinon le coeur, car Mi^nage n'<^lail pas hcureux en amour, mais I'espril des nobles dames de cetle (-poque. Ce prestige une fois evanoui, voyez avec quelle amertume il le regrelte : Ingenii pars ilia mci, placuisse puellis Qua potui, periil; nunc illis Tabula fio. Pendebanl olim, memini, narrantis ab ore. Trahi par sa mc^moire, Mt^iage racontait soiivenl les menies conies, les niemes hisloires devant les memes personnages, et ces nobles demoiselles, que naguere ^merveillail le cbarme de ces r^cils, le quitlaient an milieu de son radolage : Nunc me fastosas medio in sermone relinquunt. Celle m6moire lant regrellee, celle partie la plus prt^cieuse de lui-m6me, il la recouvra enfln. Ce ful le as sujcl dn second hymnc, donl lo cole le moins suillanl n'est pas d'avoir ele compose a soixanle-dix-huil ans. Dans Tenlhousiasme de sa joie, le vieil alhlele recueil- lil le resle de ses forces podliques, et celte verve, presque oclog(5naire , jeta encore un assez brillani t'clal avanl de s'etcindre pour jamais. Mazarin, a sa renlrec Iriomplianle dans Paris, vil a ses pieds lous ces parlemeiilaires qui avaient mis sa tete a prix. Au milieu de celle tourbe de plals adula- teurs, le cardinal n'ayani pas aperQu Manage, s'en plaignit. Notre auleur, flalle d'avoir brill6 par son ab- sence, adressa an Mlnistre nne piece de vers dans la- quelle il reconnail d'abord que sous les reproches il se cache toujours un peu d'amour et de bienveillance : Officiosa qiiidem tua sunt convicia, Juli, Nam latel in querulo pectore blandus amor. II se vanle ensuite de n'avoir jamais rien dit, rien ecrit centre lui pendant ce facheux exil (assertion un peu doutcuse peut-etre). II pretend d'ailleurs que s'il n'est pas alio le saluer, c'est que des valets lui ont refuse rentnie du palais. El plein d'une juste fierle, il ajoute : Contemplus ferrem famuli ! fastidia possim Non tua, non rcgum, non ego fcvve Jovis. « Subir le dedain d'un valet de cour ! mais ton d6- » dain, le dedain des rois, celui des dieux memos, je » ne le supporterais pas. » C'est dans celte piece que se Irouvenl ces vers qui allaient droit a I'adresso du parlemenl : Et puto tani viles despicis inde togas. Hi sunt saepe tuum qui petiere caput. 1U Le parlem(>nt se crut insulte. II voiiIiU poiirsuivre M(^nago; mais celui-ci prouva que le aiol loga sigiiifie un habil do coiir. Dans line dlegie adress^e au m(5decin Bachot, Mi- nage le prie de le gii(5rir de Tamoiir. « J'ai lonjours, dil-il en aposlrophant Cupidon, j'ai loujours comballu sous tes enseignes. » Te dominum coliii , serviit tibi dedita semper Ars mea; quid faimilum lajdis, acerbe, tuura? « Pourquoi toiirmentes-tu un serviteur si fldele? » La modesUe n'^tait pas une des verlns de M(5nage , on lui a souvenl reproch6 les louangos un pen exces- sives qu'il se donnait a lui-meme. II prdlend ici que la France proclame en lui le chanlre par excellence de I'amour. Sa:,ve puer, vocat alma tiiiini me Gallia vatem. II est vrai que toules ses pieces roulent a pen pres surce sujol, ct qu'a ce litre on pourrait le nommer le poele des amours. Dans ces plaintes, il s'agit peut-etre des rigueurs de M™' de Sch'igne qui se plaisail a ddsespt^rer Menage en le menagant d'aller le tronver chez lui, ou plulot de la belle de Lavergne (iM""^ de la Fayette) dent le nom revienl dans tons ses vers, I'tHernel objet de ses doldances et de ses desespoirs. Quant a ces aveux un peu compromettants dans la bouche d'un abb6, il ne faut pas s'cn scandalisor Irop. Mc^nage tcnait, il est vrai, a I'Eglise, comme tant d'autres, par le petit collet et le rnanteau court; mais 115 au domenrant, sos fonclions occldsiasliques ronsis- laienl a porcovoir et ii di'ponser les rcveniis d'lin be- nefice, sans autre charge d'anie que Kn sienne propre « Uii jour, dil il, en finissant, un jour les jeunes » gens viendronl pres de ma lombe, el dironl aux » jeunos filles : « El lui aussi ful un esclave de I'a- » mour. » Mais j"enleuds la voix du porlicr des Enfors, ji il ui'appelle, adieu, cher ami, adieu pour loujours. » Ces melancoliques paroles rappellent involonlaire- menl : Et in Arcadia ego. Menage avail loujours vdcu a Paris. Apres vingl ans d'absence, il revinl a Angers. De meme qu'aulrefois S(5ndque, a la vue de ses arbres deleriores el vieillis, rejelail sur la negligence de son jardinier ce qui n'e- lail que I'oulrage du lemps, eel insitjne larron; ainsi noire poele aurait presque accuse ses compalrioles des changcmenls qui frappaienl peniblenienl sa vue. Toul, dans sa ville nalahi, avail pris une face nou- velle, mais toul ne s'elail pas embelli pour cela : Quas posiii virides sylvas. sunt arida ligna. Qiiam striixi peiidel inox ruitura domus. Ces arbres qu'il avail [)lanles el que le temps a des- s(jcbes; celle maisou qu'il avail conslruile el qui menace ruiiie, lout cela rafflige el le ddsole. Cependanl, avec eel elan du cceur qu'excile lou- jours, dans un homme bien n6, la vue de son pays, il s'(5crie : Salve, magna parens, tellus niilii patria, salve! « Salul, more puissaule, lerre de mon pays, salul ! » Mais soudain il esl oblige de faire sur lui-meme un 116 doiilouroux relour. Qui suis-je? oil siiis-je? Je ne rc- connais aucnn des mions; petils el grands demandenl qu(!l esl mon uom. Toules ces Angevines, qii'il avail laissdes brillanlos do jeunesse el do beaulo, ne soul plus. La morl pour la pluparl les a moissonnees. La vieille Plioloo seulo vil encore, dit-il, si loulefois c'csl vivre que d'etre vieille : Vivit anus Pholoe, si modu vivit anus. II serail piquant, apres deux siecles, do connailre les pcrsonnes dout parte Mc^nago ; mais la necossile dn vers et la biensoance, sans doute, no lui oni pormis d'employer que des noms einpruntes a la langue po(^liqae. Menage avail alors soixante ans : Milii sexagesima messis Instal. II vivait a uno epoque oil les sentinienis rcligieux, profond(knenl imprimes par rexemple do la famillo el par Teducation publique, dans to cceur des enfanls, pouvaiont elre oublit^s el comme mis en r(?serve pen- dant le feu do la jeunesse ; mais reparaissaiont forls et vivaccs quand I'ago et los deceptions do la vie avaienl ramene dans les esprils la reflexion et le calme. Aussi voyoiis - nous , sans elonnemenl , Menage faire ici amende honorable pour ses fautes passees au pied du prelat vd'nerable qui tenait alors le si6gc (Episcopal d'Angers. CY'tail rilluslre Henri Arnauld que nous avons vu, un sieclc plus tard, renaiire dans la por- sonne d'un autre eveque dont noire villo n'a point perdu le souvenir, el donl le nom esl el sera long- 117 temps le symbole do la pi(He, dc la bionfaisance el du devouenient. Les jeunes les pins riides n'efFraiont point noire poc'te penitent. II eonvrira volonliers son corps du Ingnbro habit de la penitence: meme il se soumettra aux coups de la discipline. Non ego velandos pannis squalentibus artus, Nudaque verbcribus terga secaiida negein. Celte (51(5gie oil, contre I'habilnde de Tauleur, perce je ne sais quelle douce mc^'lancolie, finil par ces deux vers d'une potHique prc^cision. II s'adresse toujoursan prelat : Erige me lapsum , due me, Pater alme, volentem, Nolentem tecum, me, pater alme, irabe. Ce n'est pourtant que I'adage des stoiciens : ducunt volentem fala, nolenlem Irahunt; mais I'application en est faito ici Ires houreusemenl. Pcut-elre y a-l-il la qiiolque secrete allusion a la grace divine dont les di- vers el inintelligiblos systemcs tournaient alors loules les I6tes ct agilaienl lous les esprits. Cost quelquefois par un trail fln el delical que Manage excelle , Idnioin ce dislique : Te supero, non ipsa negas, mea Magdali, amore ; Non tamen ipse niniis le superasse velim. « Mon amour, lu ne le nies pas, remporte sur le » lien ; mais pourlanl je ne voudrais pas qu'il Teni- » portal trop. » Ailleurs, pour se punir d'avoir offense sa ch^re 118 Lavergiio par des vers que le d(^sespoir avail rendus Irop violenls, il demands des fers : Ferrca non manilnis, pcdibus iinii vincln I'ccuso. Qu'on le couvre de chaiiies, iiiais qu'au moins sa main droile soil libre pour ecrire les louanges de celle qu'il airne. Tu modo taiitilluni nostrae nimis aspera dexlrsp Vincla leva , laudcs scribal ut ilia luas. Tout le monde connail Monmaur, ce parasite fa- nieux , conlre lequel se ligua, on no sait trop pour- quoi, une foule dY-crivains de la premiere moilie du XVII' siecle. Menage aussi apporia sa pierre a eel edi- fice de vengeance lilldraire. II melamorphosa en per- roquet GargiliusMamurra (Monmaur). Voici comment se termine la piece; ce sera, si Ton veut, un specimen de la versification latine de M(5nage : « (1) Sa langue adulatrice repete encore son dler- » nel bonjour. Toujours meme loquacite. Son nez, » comme autrefois, esl crochu el empourprd; sa tele » esl dure, sa voix rude el criarde, son cou enorme (I) Lingua Saliitatrix et priscum x^'f- remansit. Pi'iscaque garrulilas el adiinci purpura nasi. Durities capitis, vox ferrca, plurima cervix, Quique olim fuerat tenebrosi carceris liospes, Nunc cavea; clatbros iratis morsibus urget. Nunc quoque nugalor, nunc vinosus edaxque Nunc et scurra procax nee non convicia totus ; Nunc etiain meininitque libens quas psittacus audit Atque aniat auditas claniosus redderc voces. Ilium Gargilio scires e rbetore factum. 119 » Comme jadis il avail habiU' iino t(''n(''brenso prison, » anjourd'tini sa rage inipnissanlo liarcole a coups de » bee les barreaux do sa cage. Fulile et hableiir, re- » chercbant le vin el les bous morceanx, efFronle » bouffon, il r(5sume en lui lonles les injures. Les » paroles qu'il entend sous sa forme nouvelle, il ne » les oublie point , el so plail a les reproduire dans do » violents (Eclats de voix. On n'en pent douler, c'esl » bien la m^lamorphose du rbeleur Gargilius. » Dans ses podsies lalines, Manage monlre un goill assez pur, de la simplicild el de la clarte, une con- naissance elendue des auleurs qu'il imile, mais pen d'imagination. Une critique Iroi) severe, sans doule, mais non lout a fait injusle, lui reproche de porter rimilalion jusqu'au plagial. II est bien vrai qu'un erudit de lY'poquc, Baillet, ja- loux de la renommee de Menage, et de I'accueil que lui faisaienl de liaules el nobles dames, a compile en qualre volumes (Irois de Irop au moins) lous les pla- gials reels ou prelendusqu'on lui reprocbait. Avouons- 1(> francbemenl et tout d'abord. Menage diait poMe, bel esprit, et parlant, un |)eu vain. A la gloire qu'il s'elait acquise par de nobles veilles, il en joignil (juel- quefois une de conlrebande. Mais ces peccadilles de I'homme ne peuvent faire oublier le merile de I'au- leur. On ferait un gros volune do ce que Virgile a derobo', sans en rien dire, a Homere, a I'auteur des Argonauliques, a Hesiode, Ennius el lant d'autres. « Sur le Parnasse, comnu! dans le monde, disail Vol- taire, il n'esl permis qu'anx ricbes de voler. » xMi^nage avail eu , dil-oii , le dessein d'ecrire sur la 120 maniere d'imitcr les poeles sans les copier; il serail curieux, ajoiilo le dernier biographe de noire auleur, do savoir comment il enlendait celte dislinclion. Sans rien prdjuger sur Topinion qu'aiirail formulee Menage parlanl dans sa propre cause, nous dirons qn'il n'en est pas de I'imilation d'un ancien comme de celle d'un auleur moderne. Ecrivant dans sa langue maternelle, le poele pent lirer, comme d'nne source qui lui est propre, des lournures de phrase, des mdtaphores, des alliances de mols, des hardiesses do style qu'il n'a plus a sa dis- position quand il exprime sa pensec dans une langue morle. Jamais, en effet, on ne sera stir d'dcrire corrccte- ment, et selon le gdnie d'un idiome (Stranger, qu'au- tant que Ton aura puise dans cet idiome meme, non seulemenl les mots, mais I'art de les agencer dans les phrases, de disposer cellcs-ci dans un ordre donnd, et d'enchainer le tout d'une fa(,^on qui n'a rien d'ar- bilraire el que Ton ne pent deviner a priori. Ce travail ne donne pas le gdnie, sans doulc; mais on ne pent le nc^gliger saus s'exposer a prendre pour des phrases latinos , par exemple, ce qui au fond ne serail qu'un style barbare plus ou moins harmonieux. La ligno qui s(:'pare le plagial de I'imilalion est dilTicilc a tracer; mais nous ne pensons pas que Menage Tail souvent d^passde. Cossarl a plus d'eldgauce et de purete. Le Pore de La Rue Temporte par le feu et la verve virgilienne, Sanleuil par renthousiasme, Rapin, Herman lui sont bien superieurs; mais Menage, par sa timidite meme qui I'empeche de s'avenlurer dans la phrase latine, i'21 nous donne peul-elre une garanlie plus sftre du bon aloi de sa lalinitd. (Note A). Manage a Iraduil Iui-m6mc en vers grecs qiiolques- uncs de ses peliles pieces lalines. Celle Iraduclion, ainsi que pliisieurs aulres morceaux en langue hell^- nique, ne manqnont ni de gr^ce ni d'el(!'gance , et prouvenl que I'auleur jouait familieremenl avec I'ididme d'Homore. Telle est gdndralcmenl noire ignorance de la langue grecque, celle langue; riche, harnionieuse el presque divine, que bicn des gens crieronl a I'hdresie litleraire quand ils nous enlendronl atlirmer qu'il est plus facile de fairc des vers grecs que des vers latins. Celte asserlion est nt^anmoins indubitable. Les Romains ne rignoraient pas. Horace n'a t-il pas dit : que la Muse a donni!' aux Grecs un langage plus facile? Martial tranche la question par ces mots : Nos coliimis musas scveriores. Au reste, pour celui qui s'est essaye dans I'nn ou Taulrc travail, il ne peul y avoir de doute. Si nous avons du elre sobre de citations lalines, vous nous pardonnerez de I'elre encore davantage, quand il s'agit d'une langue gt^neraletnent ignorec aujourd'bui. Nous le regreltons pour Tamour de celle belle langue que malbeureusenienl negligent trop meme les liotumes instruils. C'esl un mallieur, quand il s'agit de grec, de ne pouvoir dire coninie Virgile ; Non canimus surdis. 122 Quoi qu'i! en soil, vous savez tons la charmanlc idyllc de M""^ Deshoulieres , Dans ces pr6s fleuris Qu'arrose la Seine... on de pelits vers de cinq pieds coulent mollement en p(^riodes harmonicuses. Eh bien ! parmi les pieces grecqaes de Menage, il y en a une qui a plus d'un rapporl avec ce chef-d'oeuvie. II est vrai que la, comme ailleurs, I'invenlion csl nulle a pen pres (ce d(5faul, vous le savez, est le p6cAi6 originel de Manage); mais, pour la rapidile du style, I'degance de la forme, I'adresse a nianier ces pelils vers qui semblenl une source limpide lombanl en cadence el flallant amou- reusement I'oreille , nous croyons que le grec ne le cede guere a la gracieuse idylle frangaise qui ne ful inconiprise que du Grand Roi. La morl d' Adonis en est le sujel, faible iniilalion, sans doule, de I'adinirable elegie de Bion, a laquelie peut-(3lre il n'y a rien de comparable cbez les moder- nes, en ce genre de poesic. La piece de Menage a plus de deux cents vers; mais la monolonie s'y fail senlir en raison meme du rhylhmc que Tautenr a choisi. En effet, soil hasard, soil propos delibc'srd, il a employ^ le vers adonique, verS de deux pieds, qui fatigue vile I'oreille par le retour toujonrs repete da daclyle el du spondc^e. Plus heureuse, M»"= Deshoulieres a lrouv6 dans les rimes croisdes une variel(i harraonieuse qui soulient Tallenlion sans la faliguer. (Note B). Parnii d'autres morceaux, dont aucun d'ailleurs ne manque de facility el d't51(''gance , il y a ime petite <51egie (fXE7J.v iJii'fCt TO ikx": f "■Tl t'm.n.iotrjttit 9 126 Sans multiplier davanlage ces citations grecques, je rappellerai une petite pi6ce anacr(?ontiquG adress(5e au savant Huet, adjoint a Bossuet pour I'^ducalion du Dauphin, fils unique de Louis XIV. Le ton dpicurien qui regne dans ce morceau parailrail singnlierement hasarde si Ton voyait dans celui pour lequel 11 est compost, I'eveque d'Avranche. Mais il ne faut pas ou- blier que Huet n'enlra dans les ordres que tres tard et qu'il tHait d'un age d6ja avanc^ quand il fut promu a I'c^piscopat. Au reste, I'hotel de Rambouillet qui, a cette i5poque, donnait le ton parlout, avait inlroduit dans la society une certaine galanterie platonique qui s'^lait emparde de tons les beaux esprits et que Ton relrouve meme chez des membres (3minenls du clerg6, Fl^chier, Godeau , dveque de Vence et d'autres. A I'occasion du sous-precepteur du Dauphin, nous ferons reniarquer que Ton avait songd a Menage pour remplir cet honorable emploi. Je ne sals pourquoi, cette place fut accordde a Huet qui d'ailleurs y avait toule espece de droits; mais ce ne fut pas Bossuet qui (5carla notre auteur, car celui-ci, dans une elegie adressde a ce meme Dauphin , pretend que Bossuet, pour slimuler Tardeur de Tenfant royal , disait a son (ileve : Si vous travaillez bien , vous serez chantti par la bouche 61oquente de Menage. C'est encore la un des coups d'encensoir que Me- nage ne s'dpargnait pas assez. Toutefois, en presence d'un homme aussi profon- dement erudit quo I'i^veque d'Avranche , si Menage a pu meme un moment faire pencher la balance et meriler le sufTrage de Monlausier el do Bossuet, Tap- 127 pr^ciation de ces graves et habiles personnages, dans celle solennelle occasion , doit 6lre, si nous no nous trompons, la plus irrefragable caution du vrai et solide merile de noire conipatriote. Quclque brillante que soil, en general, la poesie la- tine ou grecque parmi les moderncs, des esprits diffi- ciles pourront toujours prelendre , avec d'Alenibert , que nous sommes des juges un peu suspects quand nous pronon^ons sur rimilation exacle ct vraie d'une langue que Ton ne parte plus. Celle objection, cepen- dant, bien qu a nos yeux plus sp(!'cieuse que rt^elle, ne pent du moins atteindre Menage , considere conime poele italien. Telle 6lait, en effet, sa merveilleuse facility a s'assi- milcr les langues dtrangeres , qu'il dcrlvait I'italien com me un Toscan. ,Si nous n'avions a enregistrer ici que Topinion el le gout de ses compalriotes, nous pour- rions craindre que la pidvenlion ou Tignorance ne les efitaveugI(^'S; mais des juges irrdcusables, des hommes instriiils de rilalie, des membres de I'Acad^mie Delia Crusca se soul plus a rondro un hommagc explicilo aux poesies que Menage avail compos^es dans leur langue. Quolques critiques , a la vdrite, pour all^nuer lo merile d'un pareil succ6s, onl prdlendu que la poesie ilalienne n'offrait pas de grandes ditlicultes. Mais il en est a peu pros des vers ilaliens comme des vers frangais. C'est une chose cxtremenient facile d'en faire de mauvais ou de mi^diocres, passablemenl dif- ficile d'en faire de bons. A-t-on vu depuis iMc^nagc un grand nombre d'elrangers qui aienl excelle dans la podsie ilalienne! CependanI celle langue molle et 128 nous dirioiis presque cffdmini^e, esl apprise parloul et aucun des idiomes modernes ne se prele aulanl qu'elle a I'expression des sentirnenls tendres et pas- sionn6s. Nous ne craindrons done pas de dire que c'est peut-etrc ici que nous renconlrons le plus in- contestable merite de noire compalriote. Ce n'dtait pas, qu'on le croie bien, I'oeuvre de Poe- shie du grand Frederic. M(^nage n'avait pas besoin d'un Voltaire pour laver son linge sale. On eilt dil qu'il (5tait n6 a Rome on a Florence, tant sa dic- tion est pure, tant il a merveilleusenienl saisi le Ian- gage de P^trarque. Ces poesies consistent principalement en quelques sonnets, en madrigaux Ires nombreux auxquels on peut joindre quelques pieces dans le genre de celles que les Ilaliens appellent Canzonette. Le tout route sur des sujets tendres , galants, lagers , aiguises d'une pointe quelquefois fine, quelquefois d'un goilt plus que douleux. Quelques-uns des madrigaux respirent une simplicity qui n'cst pas sans cbarmes , mais oil I'esprit ne se cache pas assez peut-etre. l'amour eternel. « Tu me demandes, 6 Philis, combien durera cetle » ardeur que les beaux yeux ont allumde dans mon » £ime. Qui pourrait le dire? 6 Philis , Iheure de la » mort n'est-elle pas toujours incertaine? » Cela est bicn italien et pour la forme el pour I'idee; mais un pen recherche peut-etre. Get autre sur le depart de M""^ de Lafayette est d'une \en[6 plus simple el plus m(51ancolique, il pa- rait un veritable ^lan de I'ame. 129 « Inondes d'lin lorrcnhiu larmes,d mos Iristes yen\, ponrqiioi pleiiroz-vous Ic depart d'line beaul(5 cruelle loiijours sourdc a incs voeux ? Ah ! s'il vous fuul des pleiirs, plourez cojoiir oil, pour la premiere fois, vous vilos celle beaul(5 c(!'lcste, plourez celte heure fatale , originc ot soiu'cc de vos si longs tourmenls. » Uno canzoncUa adrossdc a Frangoise d'Aubignc , M'"« Scarron aiors , depuis M""= de Maintenon , com- mence ainsi : Chi puo mirarvi E noil amarvi? ler vi mirai Dunque v'amai. « Qui peul vous voir el no pas vous aimer ? Hier jc » vous vis, hier jc vous aiuiai. » Celle piece, inlilulee capriccio amoroso est pleine de faciliU^, de grace, el ce qui est plus rare, no cheque point le bon goAl. Enfiu nous aliens terminer ces citations qu'il serail fastidieux do multiplier, par quelques stances qui, selon nous, joignent a une simplicit(^ naive, sans concetli, sans poinle, je ne sais quoi de nalurel qui se rencontre assez raremenl au-dela des nionls : 0 mon coeur que ferons-nous? Faut-il liai'r? faut-il aimer? Par la route incertaine du vallon amourcux , allons , allons la oil I'a- rnour doiine ses conseils. Belle et gracieuse est ma bcrgnrc, je nc le nic pas , mais aussi n'est-ellc pas cruelle, iaiiumaiiie, ingrate ct perlide! Haissous , haissons , 6 mon cceur , c'cst le conseil que donne I'amour. 130 Oui, elle est cruelle, iuhumaine, ingrate et perfide, ina bergere, je ne le nie pas ; mais aussi , qu'elle est belle ! qu'elle est gra- cieuse ! Aimons , aimons , 6 mon coeur , c'est le conseil que donne TAmour. Rien de plus gracieux qu'elle, rien de plus enjoue. Sa facon est gentillette, son allure est charmante. Aimons, aimons, 6 mon coeur, c'est I'Amour qui le commande. (Note D). Enfin nous trouvons parmi ces pieces italiennes un madrigal que Ton crut , en Toscane meme , soiii de la plume dii Tasse. Cerles les iddes, si idc^es il y a, n'en sont ni neuves ni remarquables, rien n'y fait entrevoirrauleiir gracieux d'Aminte, mais il faul que le style ait hien heureuscment respir6 le gt^nie italicn pour que des hotnmes d'esprit, jugeant d'ailleurs dans leur propre idiome, aient pu s'y tromper. Ici s'arrete noire tache, puisse-t-elle ne pas vous avoir paru trop longue. Quelque incomplete que soit celte analyse, elle fera, nous le pensons du moins, entrevoir quels talents varices, quelle flexibility d'es- pril, quelle mine de richesse renfermail la tete de notre compatriole. N'oubliez pas surtout que nous n'avons ouvert, pour ainsi dire, qu'un des tiroirs de ce cerveau si splendidement meubl6 et qu'un travail analogue a celui-ci pourrail-^lre entrepris par une main plus heureuse el avec plus de succes sur plu- sieurs autres c6l6s non moins brillants de I'espril de cet auteur. Tout le monde connait les gigantesques travaux de Pliue I'ancien. Comment travaillant au lit , a table, 131 au bain, en Iiti6re , a cheval, au camp, malgre des emplois publics, des commandemenls d'armde, dans una vie d'homine assez courte, il avail Irouve le temps do composer plus de 140 ouvrages diffc^renls. Le neveu de ce grand homme^ bien que Ires passionne lui-nieme pour I'elnde, s'dcrie, en rappelant les labours de son oncle : Pelils elres que nous sommes! vanlons nous, apres cela, de noire amour pour le travail! Dans une sphere plus restreinle, en voyanl Menage dcrire prose el vers en qualre differenls idiomes , se dislinguer comme philosophe, grammairien, juriscon- sulle, historien , sans pour cela cesser d'etre liomme de socielt^, homme du monde, ne pourrions-nous pas avec quelque raison nous appliquer I'exclamalio:! du gouverneur de Bilhynie, el n'esl-ce pas avec justice que Bayle a surnomme Menage le Varron dn xvii^ siecle? On a dit , pourquoi le dissimuler? travail ingrat, travail stt^rile, Menage est bien mort, on ne le ressus- cilera pas. iMessieurs, je craius bien que ceux qui par- lent ainsi ne soienl jamais exhumes eux-memes. Le chancelier de THopilal elail mort aussi, et ses podsies latines ensevelies avec lui. Cependanl on vienl de les Iraduire el de les ressusciler. Pour noire part, nous croyons que le Iraducleur a fail acte de bon citoyen el d'homme de gotit. Que d'(^crivains distingu^s aujour- d'hui, auronl, dans un siecle, besoin qu'on les ressus- cite? I'espece humaine est si oublieuse , surloul a cctte ^poque de defaillance lillc^raire et morale! Quaudune vanileuse presomplion nous fail rejeler avec dedain ce qu'onl produit les leuips auterieurs, il nest peul-etre pas inutile de rappeler aux jeunes gens les tilres 132 scicnlifiquGS el lilt(iraires de leurs devanciors; de leiir dire comment, a cerlaino dpoqiie , lonl en rem- plissanl ses devoirs civils, on savait par reliide et par le travail orner son esprit et agrandir son intelli- gence. Toulefois, en revendiqiiant un retour sur le merite lilleraire de Menage, nous n'avons rien voulu exagd- rer. Notre admiration a des bornes que nous n'avons point dissimuk^es; cepondanl, toule part I'aile a la cri- tique, il re&tera plus d'un fleuron a la couronne poe- tique de noire compatriole. C'est du moins notre conviction. Sans doule, devant les grands noms de Descartes, Pascal, Corneille, Bossuet, son nom plusobscura dCi palir. Mais aux yeux de la poslerile , bien qu'cn un rang sccondaire , il ne laissera pas que de garder un cerlain (5clat , et , pour finir par une id(5e que nous avons emise plus haul, nous ne pensons pas avancer un paradoxe en disant : Si Menage vivaitaujourd'bui, il serait une des gloires de I'Anjou, une des lumieres de la France. (E). Ddmont. NOTES. (A). — Nous donnons ici un fragment d'une ^legie adressee a M""= de Lafayette. Ce morceau pourra servir a appuyer notre juge- 133 ment sur la latiiiite de M(5nage. On y trouve quelque reminiscence de la facilite d'Ovide iinie a la scnsibilite de TibuUe, dernier point assez rare dans la poc'sie de noire aiileur. « Les Dieux prodigiics pour vous , 6 belle Lavergne, ont uni, » aux cbarmes de votre corps, les plus brillanles qualites de Tesprit. » Mais les destins crucls vous ont refuse un poele qui sut digne- II ment celebrer ces celestes faveurs. Cent fois je I'essayai moi- 1) meme , mais toujours vainemcnl; toujours ma muse a 6te im- )i puissante a cbanter vos louanges. Si le sort vous eut donne » pour poete le cbantre de Laure, Laure eut vu sa gloire eclips^e » par la v6lre. Et pourtant je I'emporte autant sur lui par I'ar- I) deur de mon amour qu'il Temporte sur moi par ses divins ac- » cords. II a vu la mort ravir,avant le temps, son amanle et il a » pu ne pas succomber a son desespoir ! Si ta derniere lieure venait II a sooner aujourd'Iiui , o lumiere de ma vie, eel affreux inal- I) hear je ne pourrais Ic supporter , non je ne pourrais survivre a » ma douleur et sur ta tombc , 6 mon amie , j'exhalerais mon » dernier soupir (1). » (1) Ingenii eximias formoso in corpora doles Dii faeilos dederunt, pulclira Laverna, tibi. Dura scd exiniium vatem lib! fatn negarunt Qui caiiercl dodis muiicra lanla ojodis. Haec ego sed fruslra lentavi includere chartis, Landibtis est impar nostra Thalia tuis. Si tibi Tiiyrrenum valeiii surlila fiiisses, Cessisset faraae Laura vet ipsa luae. Ille lamen lenero lanliiin iiiiiii cedil aiiiore Quantum nos iili cedimus eloquio, Immatura suae speclavit fata pueliae Ncc poluil lantis non supcresse tnalis. Si suprcma libi , mca lux, nunc liora veniret , Hei milii , non posseni tanta videre mala, Ah ! ego non pussem tanio superesse dolori , Iminorerpr Imnnlo , puichra l^averna , luo. 134 (B). Ke(Ta; A'tTaiv/c K-t>.0( A'Jo'KC. KaXcc A'J'ctvi; 2 Xero • M^pyotf Ka; K;vi>p«o 'iaiS'i/Aos iJiot A ^XaOjMof^of Q'^st' A'J'a-Kt O' Tp((fiX>)Tl3{ KaXoc axO'TX!, XxiBxio;, ai , ai Qxst' A'.l7 T O'vS'' invumiii H' v( ,t'i n 2ii Ki/9!fS(« • Ae3'iroT«, ^(('7I'>l(. rio/, ?(K' A^uvt Hi? »(>^£ fliy'^f/c i Mt(VOV \S\i1l , *iXTaTj fAiiyoy, Nous ne traduirons point cc morcoau qui n'a de valeur que par la forme el qui d'ailleurs no peut interesser quo des iiellenistes. Rappelons seulement que dans toutes cos pieces ou le vers n'a que deux ou trois pieds , I'oreille ct I'esprit sc fatiguent au retour trop frequent de ce son monotone. Dans des liymnos plus impor- tants tels que ceux de Synesius le menie defaut se fait sentir, en raison meme de la longueur de la piece. Le troisieme hymne , par exemple, renferme pres de 800 vers , tons , a peu pres , composes de deux mots , un certain nombre meme n'a qu'un mot seulement. Au reste , tout le monde sail avec quel bonheur et quelle ele- gance, M. Villemain, de I'Academie fran(;aise, a traduit le premier hymne de I'eveque de Ptolemais. (Note C). Pensions accordees aux gens de lettres par Louis XIV en 1663. Nous n'en citerons que quelques-unes. Au sieur Conrard , lequel , sans connaissanre d'aucune langue que sa naturelle ( sic) est admirable pnur juger toutes les produc- tions de I'esprit 1 ,500 fr. 136 Au sieur Pierre Corneille , premier poete drama- tiqiie (ill monde 2,000 fr. All jeune abbe de Pure qui ecrit I'histoire en latin ^l(5gant i ,000 fr. Au sieur Moliere, excellent poete comique i ,000 fr. Au sieur abbe Cotin , poete et orateur fran^ais. . . 1,200 fr. Au sieur Menage, excellent pour sa critique des pieces 2,000 fr. Au sieur Racine , poete fran^ais GOO fr. portee depuis a . 2,000 fr. Au sieur Cbapelain , le plus grand poete fran^ais qui ait jamais 6te et du plus solide jugement 3,000 fr. Au sieur Mezerai , historiographe 4,000 fr. On pretend que cette liste fut dress^e par Cbapelain avec la qualification annexee a chacun des auteurs pensionnes. S'il en est ainsi I'auteur de la Pucelle ne s'oublie ni sur les qua- lites de I'esprit , ni sur la quotite de la pension. C'est en 1666 que parurent les premieres satyres de Boileau et, saus doute , il avail cette liste sous les yeux, quand il disait de Cba- pelain : Mais que pour un module on vanle ses Ci'rits , Qn'il soil le mieux rente de tous les beaux esprils ; Ma bile alors s'cchauffe. Menage etait bien fait el d'une agreable figure. Boileau avail d'abord dcrit : Si je pense parler d'un galant de noire age , Ma plume pour rimer rencontrera Menage. Mais trouvant que Menage , joignanl h Tamabilite dans la societe un merite reel , ne preterait pas facilement au ridicule , le satyri- que changea ce vers el a Menage substitua I'abbe de Pure. (Tallemant des Reaux). — Historieties. 137 (Note D). L'Amante Irresoluto , canzonetta pastorale , per la Signora comtessa de la Faietta. Mio core, che farcmo? Odieremo? ameremo? Per lo dubbioso calle Deir amoroso valle , Andiamo , andiani, mio core, Dove consiglia Amore. Vaga (nol niego) e bella E la mia paslorella. Ma non meno b crudcle Empia, ingrala , inlidele. O'liamo, odiam , mio core ; Che lo consiglia Amore. E (nol niego) crudele, Empia, ingra(a , infidcle. Ma non men vaga e bella E la mia paslorella. Amiamo , amiam , mio core , Che lo consiglia Amore. Sopra lulte e vezzosa Piu dogn' altra h fcstosa, A modi amorozelti , Coslumi a leggiadrelli. Amiamo, amiam, mio core Che lo commanda Amore. 138 (Note E). Menage termine son recueil de poesies par ces deux vers : Xf/ffTt iva^, Tot /Lily io^xk KHi iiy^O'jiitoi! xai av«i/xTO(c Christ , 0 mon roi ! accorde-inoi ce qui m'est utile , que je ie demande ou que je ne le demande pas. Quant ^ ce qui peut nie nuire, refuse-le m6me h nies instantes pri^res. II est probable que Menage avail en vue ce vers de Juvenal : Evertere domes tolas optantibus ipsis Di faciles. Juv. Satyr X. DISCOIRS PRONONCI^ PAR SI. R^RAID SECIIETAIRE-GENERAL DE LA SOCIETE A LA DISTRIBUTION DBS PRIX DE L'ECOLE MUNICIPALE ©li iiay^-AaTg, Messieurs , Lorsque, les ann(5es pr(5c6denles , la commission des beaux-arts m'a charge de prendre la parole dans celle cnceinle , je me suis appliqud d'abord a signaler I'essor que les arts du dessin avaient pris aulour de nous depuis que leur enseignemenl public y avail 616 inaugur6 vers le commencement du siecle; et j'ai suivi I'histoire de cet enseignemenl dans ses vicissi- tudes , ses d^faillances momentan^es , ses progr^s derniers. Je me suis ensuite cfforce d'assigner la place a la- quelle il doit pretcndre d'apres celle qu'occupe dans I'dchelle des connaissances humaines I'art qu'il pro- fessc , et , pour ccla, j'ai dti cnvisager I'art en lui-meme el comme n"(ilanl qu'une des manifestations les plus 140 dloquentes de la pens<5e , une des Emanations les plus puissanles el les plus directes de rimagination et du raisonnement , ces deux bautes facullds de I'esprit humain. J'ai dft compl(5ter plus lard ces idees sur la prd^mi- nence de Tart en lui-menne, en appr(5ciant ses pro- ductions , ses resullals , ses applications directes ou niedialos aux choses mate^rielles de la civilisation, en indiquant qu'il n'est pas de produits affocles a la satis- faction des besoins pbysiques et de la pbipart de nos besoins intellecluels, de ceux des sciences nieme, dans une soci^te avancEe comme la notre , qui n'ait quelque secours a lui demander, quelque perfection a en attendre. Enfin , passant du domaine de la spdculalion dans celui des fails , pour acbever de constatcr I'influence qu'un enseignemenl rationnel, logique d'un art donl on est trop dispose a ne voir que le cote qui affecte nos sens, pent exercer soit sur le gout public, soil sur le d6- veloppement desfacultdsartisliques dans les individus, je n'ai eu qu'a jeter les yeux autour de nous , qu'a contempler cello foule qui se presse dans nos muscles, le nombre toujours croissant des eleves de ce cours, puis ensuile a dvoquer tous ces noms qui, pour I'bon- neur de la c'\[6 angevine, out surgi successivenient du milieu nouveau qu'un enseignemenl raisonn(^ des beaux-arts elail venu crder, el c'csl alors que ceux des David, Maindron , Arnaud , des Bodinier , Apperl, Dauban , Lebiez , Lencpveu , Moll , et de tant d'aulres, qui , a divers degrds , se pressenl autour d'eux , out apparu a tous pour rendre temoignage. Mais , Messieurs , au moment oil I'dcho de nos pa- 141 roles s'(5tait depuis longlcmps eloinUians vos souvenirs, voilaqii'uneconsecralion loule eclalaiite vienl de leiir elre donnee par le senlimenl et radmiralion publics , et 11 ne peut m'^lre permis de ne pas en tenir coniple dans la solennil(5 qui nous rassennble, Quelques jours , en effet , Messieurs , se sonl a peine ecouk's depuis qu'une augusle c(^rt^monie, Ic plus grand homniage que noire ville ail jamais rendu pu- bliquemenl aux arts, homniage auquel la religions voulu s'assooier par ses actions de graces et par les pompes qu'clle reserve pour ses jours de Me, est venu inaugurer de splendides Iravaux. Col immense edifice, ou plutot eel immense amas d'(^difices divers appelti I'hospice Sainle-Marie, eleve exclusivement au culte de rhumanil6 souffrante, est peul-elre a la fois le plus digne , le plus vaste , le mieux approprie que Tart modernelui aitconsacre. II y avait la, Messieurs, un grand probleniea resoudre. II fallait avant lout , affocler a cliaque service special toule la 'alitudc possible, el cependant coordonner Tensemble de telle sorle que chaque parlie participal a la fois des avanlages de la promiscuite coninie de ceux de I'iso- lemcnt, et cela sans avoir a souffrir d'aucun des incon- venienls qui leur sonl liabiluels. C'elait done une sorle de malC'rialisalion de Tordre a operer dans lout ce qu'au milieu de lant d(i destinations varices il pouvait offrir de desirable el de possible. II ne fallait done pas seu- lement a une telle oeuvre un homme de I'art, c'est-a- dire qui, au point de vue de Tart, sCit faire avec discer- nenienl un choix heureux parmi des idees dc'ja ac- quiscs a la pratique, dcja traduiles par Tapplication; il fallait, avant tout, un esprit capable de se rendre 10 442 comple exaclement des besoins, dos ndcessites des divers services , de les pouvoir appreoier, de mnniere a n(?gliger cerlaines habiludes peu jiisUfic^es pour doii- ner une plus ample salisfaclion a d'aulres d'un in- l^rel bien (!4abli, at rendre ainsi parloul pronipl, stir et facile, raccomplissement de loules les I'onclions el de lous les details. Placee a ce point de vue d'analyse, de discussion ct d'appreciation, la mission de rarchitecle s'eleve el grandil, el dans la poursuile d'une solution a des pro- blomos mulliples el pour iui sans cesse renaissanls, il y a cerlainemenl tout ce qui pent flatter les intel- ligences les plus distingudes, car on n'y peut parvenir que par des (itudes serieuses de mceurs, d'habitudes, une elimination judicieuse de tout ce qui n'a pas une raison d'etre sufBsanle et une minulieuse recberche de lout ce qui peut aider an developpement de ce qui a un caractere d'ulilile incontestable. Ce n'est done qu'apres ces prfiliminaires, oil I'ima- ginalion comrae la raison a son role, qu'apparait ]'honmie technique, mais a Iui seal aussi il est reserve de salisfaire et de traduire toutes ces exigences dans ses cr&ilions arcbiteclurales , el d'en composer un en- semble conforme aux regies de son art qui n'est que I'expression du gout dans les siecles dclaires. A Iui seul appartenait, par exemple. dans le genre de cons- tructions qui nous occupe en ce moment, de savoir concilier un aspect vraiment monumental avec une sage economic de d(?lails , de suppleer au luxe des or- nements par une noble (Elegance , par tout ce qu'il y a d'imposanl dans la grandeur et la beautd simple des lignes, dans la justesse calculde des proportions d'61«5- valion el de ddveloppemenl , dans la compensation si ddlicalc a cMablir enlre les vides des onvorluR'S ct Ics parlies pleines des fagades Enfln , Messieurs, il fallail encore a de tels ddifices, doni la diirde devrail 6lre iiidefinie comme la charil6 qui les fonde, des condilions nouvelles de solidile que les conslruclions ^phemeres de la propriety priv(5e, plus ou moins es- elaves des caprices de la mode, ne doivent pas meme ddsirer. C'esl, Messieurs, a un enfanl de TAnjou, c'esl a un homme qui lui aussi s'est, aux premiers jours de sa jeunesse laborieuse, assis sur ces bancs, qu'il a tH6 re- serve de satisfaire aux donn^es d'un des programmes les plus conqilexcs que Tart de balir ail eu encore peul-6ire a (^'ludier el t\ ex(5culer. Mais c'est spdcialenieni de I'eglise que nous avons a parler ici au poinl de vue des arts. Vous savez , Messieurs , qu'elle a 616 plac^e par I'ar- chilccle comme le centre autour duquel gravitenl loules ses autres constructions. Dans une haute pensee philosophique elle est le lien qui en consomme I'unitd, le foyer d'oii rayonne comme d'une source inlarissable le feu de la charite , le milieu vers lequel convergent par un juste retour loutes les esp(5rances de ceux qui soufirenl, loules les actions de graces de ceux qui sonl soulages ! Simple dans son ordonnance , une coupole aericnne la domine el annonce au loin que la pensee religieuse serl ici de mobile a lanl de devouements divers. Vous Irouverez sans doute , Messieurs, que ce n'esl pas nous ecarter de I'objet de not re reunion que de fciliciler en passant lemiuenl architecle d'avoir su dc'- daigiier ici im esprit d'itnilalion auquel noire e^poquo se laisse trop ais(5ment aller dans la construclion dcs edifices religieux. Trop faclles pastiches, mais trop sonvent imparfails, de ces ceuvres antiques dont Ic style avail ses liarmonies dans le milieu qui les en- tourait, ces anachronismes de pierres que se plait a cre(T I'art moderne , ddsh^rites qu'ils sont do I'aureole des souvenirs dont le temps colore et eunoblit tout ce qu'il rcspecte, ne seniblent que trop souvent jet(5s au devant de nos demeures modernes, comme ces follcs mascarades oil les paisibles habitants de nos cites bourgeoises revetant la cuirasse fdodale et couvrant leur front paciflque du heaume enipanache du moyen age, s'en vont par les carrefours laissant oisifs ce jour- la la plume ou le metre palernel pour brandir fiere- ment une inoffensive ept^e. II y a done eu un certain courage plcin de bon goiit a demander au style grec ses formes les plus sc^veres et les plus simples pour mettre I'Eglise nouvelle en relation architecturale avec les grandes lignesdroites que donnaienl lesautres Edifices. Mais , Messieurs , cette grande ceuvre n'eul pas en- core m complete au point de vue de I'art, si la pein- ture, celte soeur si devoude, si riche et si intelligente de I'architecture , ne ful inlervenue pour se faire au besoin son interprete en lui prodiguant ses tr(5sors. Et it (!'tait encore reserve a un autre enfant de la cit(i angevine de concevoir cette pensde, et dans un d(5- vouement plein d'abnegation personnelle pour un art dans lequel il a longtemps seul porte el soutenu haul le nom de notre ville, de d(jlerminer par une heureuse initiative Tadminislration a accomplir ce 145 projol : honneiir done , an nom des amis des arts , a M. Bodinicr! Pour satisfaire a cos inspirations il n'y avail d'ail- leurs que Tcmbarras d'lin choix a fairo , car nous complous parnii nos artislos plus de peintres d'his- loire qu'aucune ville de province. MM. Appert, Dau- ban, Lenepveu furenl les 6\\\s el cliacun aujourd'hui peul dire s'ils out repoiidu vaillanimenl a rappel fail a leurs lalenls dija d'ailleurs mainles fois eprou- vds. Jelons un rapide coup-d'ceil sur leurs Iravaux el pentHrons dans le temple par Ic porlique. Au seuil du teniple, a droiteet a gauche du portail, nous remarquerons d'abord deux grands panneanx peinls par M. Appert. A ce premier pas qu'il fait dans la nef, le visileur esl encore sous I'impression des choses qui I'onl le plus vivement affecte dans ces asiles du malheurj aussi le peinlre a-l-il voulu lenir compte de ces souvenirs du nionde reel qui ne sont pas encore assez effaces. Ainsi done , par une ingeuieuse preoc- cupation, composition, types des visages, accessoires, costumes , couleur , c'esl la v(5rile qu'il a voulu faire revivre, c'esl un r^alisme de bon aloi et avoue par le bon goill qu'il a eu en vue. Celle lendance, sans doule, pouvait pour lout autre avoir de dangereux dcueils , mais houreuscmenl en lui , clle n'excluail ni Televa- lion de la pensee, ni I'expression piltoresque, ni le sentiment de la situation, ni la science de la perspec- live, ni Tentenle du clair obscur. Aussi y a-l-il nn certain parfum d'idealisme qui s'exliale de ce rdalisme ■ la. Quant a la couleur, elle a toule la sobriele de tons habitiiellc au mailre et qui rappclle les belles epoqucs 146 de I'Ecole v^nilienne. Espdrons done que plus lard il sera donnd au peintre plus a I'aise dans le large lym- pan qui surmonle ceUe enlr(5e du temple, de faire ap- pricier lous les aulres coles de son riche lalenl. Pour remplir ces deux panneaux il a du choisir parmi les ceuvres de la charile publique les deux plus capilales : celles qui pour le soulenir prennent rhomme aux deux exlr(^mil(5s desa carri6re lerrestre. D'un cold c'est done I'enfance qui dds le premier jour oil sou ceil s'est ouvert a la lumiere s'esl liouvde dos- herilee desjoies delafaniille; d(3 I'aulre c'esl la vieil- lesse, voude elle aussi a I'isolemenl mais apres avoir vu sursa Irop longue route disparailre la famille qui Tenlourait, ou ddcimec par la morl ou dispersee au venl de la misere. Des deux parls c'esl Tabaudon ab- solii el sa falalild, frappanl a la porle de la charile pu- blique, qui sous les Irails pieux des filles de Marie, vienl subslituer ses consolalions aux allachernenls el aux affeclions qu'a refuses ou rompus une nature ma- ralre. Mais au centre du temple la peinlure a dA prendre un loul autre caractere, chercher un loul autre ordre d'ins|)iralions. La , le symbolisnie cbrelien a du se subslituer au realisme philanlhropique. La, la pensee laissanl loin derriere elle les choses du monde, devait tendre a s'dlever exclusivemenl vers Dieu pour rendre hommage a la majeste de la religion el salucr la loi nouvelle, manifestde surloul icipar eel esjjril de cha- rile universelle que , des hauteurs du Ciel , elle verse a flols inlarissabies aux coeurs des enfanls de la terre. Pour M. Dauban , le centre de I'Eglise est done U7 devcnu le symbole m6me de I'ddifico de la religion chrLHionne. Aussi sur ces piliers puissanls qui elevent la cou- polo vers le Ciel a-l-il place los quatre dvangdlislcs avec leurs allribuls priniilifs, colossales figures, d'un slyle severe el d'un beau caraclere, largementpeinles el savainmont dessindes, el qui, en ayanl en lant que peinlure (oule la valeur possible pour produire un grand efFel, no sorlenl pas cependanl du cadre elroit des piliers, n'allerenlen rien leur caraclere de simpli- cil(5 monunienlale , leur aspecl solide ct grandiose. Voila cerles bien les bases inebranlables sur lesqiielles doil reposer le monumenl de la foi chrctienne. C'esl au-dessus de chacun de ces piliers que s'epa- nouissent en (5venlail les relombees de I'inlerseclion des voiMes en berceau des quatre bras de la croix, forniaul ainsi les pendenlifs de la coupole cenlrale, el c'esl sur ces pendenlifs que Tarlisle , dans quatre grandes compositions , donl les figures principales a'onl pas moins de Irois metres de module, a retrace ceque la charil6 chrtHieiuie a de plus grand, de plus heroiqiie, el aussi de plus douxv, La se presentenl lour a lour a la reconnaissance des bommes : saint Jean de Dim , calmanl les fureurs de la folie el devenanl la providence consolalrice de tons les nialheureux qu'onl atleinls d'incurables infir- miles; Saint Vincent de Paul, venanl en aide a la vieillosse qui le benit, el lout enloiu'e par les groupes cbar- uianls des petils enfanls qu'il a arraches a I'abandon ol a Janiorl; Camillede Lellis, donl le calnie courage, bravanl les 148 alleinles de la peste, s'en va, au pdril de sa vie, porler aux agonisants les derniers secours de la religion; Enfin Pierre Nolasque, ce fondatcur de I'ordre de la Mcrci, rachetanl les caplifs et devenu par une inge- nieiise allegorie du peinlre, le represcnlanl de la Reli- gion rendant aussi aux aniesleur liberie primilive, en les affrancliissanl des chaines du genie du mal. Celte personnificalion de la cliarile universelle est done la, comme le couronnement celeste de la pensee dont I'Evangile est la base. 11 ne manque plus a ce solennel ensemble, comuie compl(iment, que I'acbe- vement de la coupole qui ofFrirail Timage du cicl vers lequel s'dleveraient loutes ces gloires de la charile pour y recevoir la sublime recompense. Devons-nous rappeler que c'esl la premiere fois que I'artisle a eu la bonne fortune de pouvoir executer des peinlures murales de sa composition, et qu'il y a pris de plein saut une place oil peu pourronl le suivre , el cependant it a eu a produire la parlie capilale de son cpuvre dans des conditions d'une difficult^ exception- nelio^ oil bien d'autres, el parmi les plus habiles, eus- sent pu dcbouer. Ces pendenlifs concaves presenlenl en effet dans leurs courbes, quant an dessin des rac- courcis dans les nuds, des problemes de perspective el d'optique qui dejouenl parfois Ionics les regies de la science et de I'art. C'esl surloul, a noire sens, en se rendant si bien mai- Ire de ces difficultc% qu'elles disparaisscnl complele- menl pour qui ne considere que les resullals obtenus, que M. Dauban a surloul prouv6 loutes les ressources et la solidity de son talent. Pour atleindre ainsi le but, il ne lui eCli cerlos pas suffi do posseder seulemenl le U9 sentiment de la coulcur, la sftrcld du trait, la facilite ct Tenergie du faire, Ti'lude approfondie de Tanaloniie, renlcnie du pli el la soience de la composilion qui sonl les trails disliuclifs el habiluels do son talent. Si mainlenanl des hauteurs de la coiipole nous abaissons nos regards vers le fond du sanctuaire, de nouvelles emotions et de nouvelles jouissances nous attcndent. I. a en effet se deroule une des plus grandes pages qu'il ail ele donne a un pinceau moderne de couvrir. Aussi elait-ce pour la premiere fois qu'un champ si digne de lui s'elevait pour le talent ma- gistral de I'ancien pensionnaire de Rome, de M. Lc- nepven. La dedicare de lYglise a la sainle Vierge, tel esl le sujet qui lui incombait, vasle composition qu'il a Irai- \6e en trois grandes parlies. Le bas est occupd par I'aulel au-devant duquel I'eveque C(!^lebre le saint sa- crifice en invoquant I'intervenlion de la Mere du Christ; au-dessus apparail la Vierge-mere; plus hant encore dans les limbes le ciel s'ouvre pour monlrer Dieu le pere assis dans sa gloire au milieu des chcieurs des bicnheureux. Ce sont a vrai dire trois composi- tions dislinctes et ayant un cachet sp(5cial, mais soli- dement relides par une action commune el formant, quant a la couleur, la plus vasle et la plus riche gamme et d'une harmonic indescriplible de Ions de- puis ce que la couleur et le faire donnenl de plus vi- goureux jusqu'a ce que Ton pent oblenir de plus suave el de plus vaporeux. Devanl une oeuvre (I'mie si in- conleslable valeur on se sent impuissant a en parlor convenablemenl et Ton csl conlrainl de se borner a en indiquer sans reflexions les trails les [)lus frappauts. 450 Le bas de ce vaste tableau, au milieu duquel sonl debout rev6que et ses grands vicaires vus de 3[4, est rempli a gauche par un large groupe d'hommos age- nouilles, balance a droile par un groupe de femmes , Tun et I'aulre avec runiforme de la maison. Toules ces figures sont peintes d'apres nature, ce qui donne a celle parlie de la composilion un caraclere parlicu- lier de realisme qui forme une opposition precieuse el des plus Iranchees avec les personnages c61estes qui occupent les plans sup^rieurs. Les assistants se trouvenl done r(5parlis en deux grandes masses de couleur analogue, mais ou le pein- Ire neanmoins a su Irouverdes nuances et des d(^lails qui jellent dans les tons une vari(^l(^ d'effels qu'ils ne somblaicnt i)as devoir comporler par eux memes. On remarque en outre dans le cole des femmes el sur le premier plan, un groupe de religieuses donl les ve- temenls noirs rompenl la monolonie des autres cos- tumes, sans rien oler a I'harmonie de Tensemble et donl les poses a la fois dislingudes , naturelles et pleines d'animalion, sont d'un ravissant cfFel. G'est enlre ces deux grandes masses des assistants que se detacho et s'isole le groupe dont I'cWeque est le cen- tre ; Irois portraits admirables de v(5rit(5 el d'expres- sion, et dont les v6lemenls ruisselanls d'or, de pour- pre et de sole , attestent loule la ricbesse de la palette du peinlre. Du reste loule cette parlie basse du tableau est peinte avec un brio, une cnergie de pinceau, une vigueur de coloris dont la peinlure murale a I'encaus- tique n'avait peut-elre pas encore monlr(5 d'exemple. Le groupe de la Vierge debout au milieu des nuages et entouree d'anges el de ch(5rubitis , descend bien a 151 la voix du prelal. La Vicrgc, d'nn grand style e! d'une grande pureli' de dessin, apparait pleine do calme, de douceur el de dignile niodosle. Les anges souriaiils qui forment a I'entour connne une guirlande animee, aux chairs Iransparentes , sont dcssin(5s dans toules les posilions possibles aveo une science profonde du nil, une aisance et une grace parfailes. U en est un surlont qui sort vc^rilablenienl du nuage pour vo- ler vers ceux qui prienl. Toul cola est peinl d'une delicieuso couleur, et quand on les compare a ces honmies qui prient au-dessous , on sent bien mieux encore que ces etres-la ne doivenl pas apparlenir a la terre, si pour les traduire aux yeux il a fallu leuf donner les formes el les traits des enfants d'Adam. C'est an-dessus de la Vierge et de son angtilique en- tourage qu'apparait Jc^'hova environn(5 des esprils Je lumiere el de ses elus, immense ensemble qui , par- toul ailleurs , serail a lui sent un tableau d'une com- position savanle, d'une couleur suave et aerienne, chaudc et vaporeuse a la fois, Irailc^e avec un parli pris de laisser I'imagi nation errer dans les jouissances d'une incertitude pleine de charme, qui en fail un morceau capital comme pensee, exdculion cl cou- leur. Enfin, pour compldler celle ceuvre magnifique, les murs laleraux qui forment les deux coles du sanc- tuairo sont occupes par deux com|)ositions, secondai- res il est vrai , niais qui n'en meritcnl pas moins Tatlenlion par I'adresse avec laquello elles out ('[6 rallacht^es a la composition priucipale dc maniere ^ la faire valoir au lieu den detourner I'allenlion. Le peinlre y est parvenu tout en leur conservanl la vi- 152 giieur necessaire, en inlroduisanl dans la couleiir des vclenienls iine sorte de monolonie savammenl calcu- li. Ce soiit dcjoiines cnfanls do I'Hospice, filles el gargons, ranges !e long de Iribnnes donl h s lignes perspeclives lendenl loiilos vers le sujel principal dn tableau du fond et leur donnent une saillie et des proflls qui en foul de verilables trompe I'ceil. Enfin, ce qui ajoule encore puissammenl al'effel d'ensemble des oeuvres de nos Irois artistes , c'esl qu'elles se Irouvent en partie en contact avec une ri- che ornemenlalion byzanline, du meilleur gout , oil r(51egance et la distinction du dessin est ^galde par les harmonies on les conlrastes heureux que Ton a cherches dans le choix des tons. Celte partie purement ornementale demandait des connaissanccs toutes spe- ciales en arch(^'ologic byzantine et trop peu rc^'pandues, mais qu'heureusement possedaienl MM. Dauban el Lenepveu, aussi a-t-elle &[& exdcut(5e sur leurs des- sins originanx el sous leur direction immediale pour le choix des couleurs, loiijours d'une grande impor- tance dans ce genre d'orncmenlalion. Un peinlre de la ville, M. Gudrif, a et6 charge d(>s faux-maibres; le reste a 616 ex(^cul(5 dans les conditions de direction que nous venous d'indiquer, et sous I'oeil du mailre, par un eleve de celte Ecole , choisi par M. Dauban , le jeune Henri GuifFart. Ce nom , Messieurs , doit vous rappeler un des lau- rc^ats du dernier concours. C'esl en effel ici meme que ce jeune homme a commence la vie arlislique. Vous le vites alors au premier rang des sections de Tacade- mie et de la tele lant d'apres la bosse que d'apr6s na- ture. Aussi lorsqu'a la suite de ces Eludes s(^rieuses el 153 fortes il fill clioisi par son maitre pour I'aider dans la ducoralion do Sainlo-Marie, fll-il de raiiides progress dans ccllt; voie nouvelle, el sa vocation n'elanl arrelde par ancune difficultc^ d'cxC'Cution, put-il niarclier sans hesitation aucnne dans la carri6re qu'on lui ouvrait ainsi. Ces succ6s I'ont determine a ne pas attendre la fin de Tannine scolaire ct a se rendre immediatement a Paris oil il a tiouv6 nn cmploi Incratif. C'esl un exemple de plus pour confirnier ce que nous nous efforyons chaque annee de faire coniprondre anx pa- rents et aux Aleves , que sans des dtudes rdflc^chies et d6jci avanc^es dans racademie et la lete, on n'esl ja- mais qu'un mediocre ornemaniste, landis que par clles tout devient facile, le rliamp de la composition s'a- grandil et Tadresse de la main y gagne aussi considd- rablemenl, C'est bien dans ce cas que Ton peut dire que qui peul leplus peut le nioins. Avanl d'en flnir avec Sainte-Marie , qu'il soil per- mis, iMessieurs, a la Commission des beaux-arts de formuler ici un voeu pour rachevement complet de ses peinlurcs murales , et de Tappuyer de quelques considerations gen^ralesqui se rattacbenl a I'avenir de la peinlure en France. Les demeures modernes, avec leurs proportions mesqnines et le caraclere parliculior de leur d(^cora- tion, excluent la presence de grands tableaux; aussi la grande peinlure el les peintres d'histoire tendent- ils chaque jour a disparaitre. Le genre, source pres- quc cerlainc de fortune et de rc^putation et plus faci- lement accessible sous tons les rapports, dont les productions trouvent partout acces , attire a lui les plus belles vocations. La tragedie et le poeme epique 154 onl fait place en peinlure aux peliles scenes de la vie inlimo el privee , aux mievrcries du marivaudage , a la chansonnelle ol a Tidylle. La haule pocsie s'en va, laissant le prosaisme et le romanesqne prendre sa place, au salon comnie an boudoir. Une seulo carriere pourrail encore, de nos jours, s'ouvrir pour les gran- descomposilions : ce serail la decoration des edifices religieux. Ce n'est plus que d'elle seule qu'on pent allendre la rdgeneralion d'un art qui s'eteint dans ce qu'il a de plus grand, et on serail d'autanl plus cer- tain de I'obtenir par elle , que c'est de ccltc sorte de peinlure meme que sonl sorties les 6coles ilalienne et espagnole, el que se sont produits les chefs-d'oeuvre qui onl ensuile rc^agi si puissamment sur I'^ducation arlislique des siecles suivanls. Pourquoi done ne serait-il pas reserve a noire ville d'ouvrir la premiere cetle voie aux progres de la pein- line fran^aise? Si je dis la premiere, c'est qu'en effet si d^ja quelques villes de province possedent des spe- cimens de peinlure murale, ils ne sont parlout , conime ici, qua Tetat de fragments plus on rnoins isok^s sur la nudile des monumenls. Or , ce qu'il im- porterait de donner comnie modele a suivre, ce serail un temple tout entier consacre au d(ivcloppement d'une vaste epopee et cachant loules les parlies de ses murailles sous des peintures dd^coratives archiclectu- rales concouranl a un grandiose effet d'ensemble. Nous concevons qu'ailleurs, pour execuler de lelles choses, il puisse y avoir des obstacles, dont le plus grand , sans doule, est toujours de rassembler un nombre sufTisant d'artistes de merite qui consenlent pour plusieurs annees a quitter Paris; mais, cetle 155 difricult(5 elle n'exisle pri'-cisdment pas ici, car Ton ne peut doulcr que nos ariisles angevins ne so monlras- sent empresses de repondre a I'appel qui leur serail adress6 pour lenniner ce qu'ils ont si brillamnient commence. La commission, au nom de laquelle nous avons ici I'honneur de parler , verrail done dans ce genre de Iravaux un des plus surs et des plus puis- sanls sUmulauis pour perpeluer en France les tradi- tions de la poinlure Iiislorique dans ce qu'elle a de plus 6Iev6 du point de vue do Tart, el elle pense en cons(^quence que , soil dans I'inleret general de Tart lui-meme, soil aussi dans des inldrets locaux d'un tout autre ordro, el que chacun comprend, il serait de tons points ddsirable que la dt^coralion piclurale de I't^glise Sainle-Marie fCit achevde, et qu'a eel effet les administrations deparlemenlale , municipale et des hospices, auxquelles se joindrait probablement une intervention flnanciere de I'Elal, se rt'unissent pour accomplir un projel deslind a faire dpoque dans I'his- toire de Tart nioderne en province, el acheveiil de coniplf^ler ainsi Toeuvre commencee sous la gc^ndreuse inspiration du doyen de nos peintres d'hisloire , M. Bodinier. Messieurs, revenant maintenant plus direclemenla Tobjet de la solennile qui nous aconvies ici, nous dc- vons, avanl de terminer, feliciter au nom de la Com- mission des beaux-arts M. le professeur Dauban des progres qui se sonl accomplis cello annc^'C encore dans son Ecole. La sculpture a donnt5 un (^levc qui possede ddja des qualitcis prticicuises el developpees a un haul dcgr6 sous I'babile direction impriuiee a sou education d'ar- 456 lisle. M. Leroux a puisd dans le cours d'analomic de noire Ecole de mtidecine des connaissances qui fer- ment la base la pins imporlanle de son arl, el que lonle rinlelligence et I'adrcsse possibles ne pcuvent jamais reniplacer. A cet egard nous avons parliculie- menl remarqu(^ un pied qui marche qui a ^le models a I'tHat d'ecorchd, en commenganl par la reproduction des OS qui en torment la charpenle , et qui onl tHe successivemant reconverts par les tendons addncleurs et extenseurs, et par les rubans des muscles dans I'ordre de leur superposition ou de leur enchevelre- ment, ouvrage interessant ex^cutd de m^moire par I'dleve. De nombreux porlraiis en ronde-bosse et en mddaillon, d'une vc^rild de forme et d'expression qui leur donne un caraclere rare d'individualite, une academic d'apres nature, une grande slalue de saint S^bastien dont nous avons rendu compte a une des dernieres stances de noire Society academique, qui a cette c^poquea manifeslci a M. Leroux loutes les esp(^- rances qu"elle fondait sur son lalent, ferment un en- semble de travaux remarquablcs parmi lesquels, au dire d'hommes compcilents, il en est que ne desavoue- raient pas des talents parvenus deja a la maluritd. Les dessins a I'estompe de Tacademie et de la t6te d'apres nature et d'apres la bosse, bien que Tceuvre d'(51eves dont il en est pen qui complent dt^ja deux annees, viennent allesler comme par le passe Fexcel- lence de la methodeDupay, lorsqu'elle est bien ap- pliqu(5e , comme moyen de developper rapidement rinlelligence et les facultds artisliques. Un prix a 616 decerne dans la premiere section a I'eleve Harion et c'(5tait justice, car non-seulenient il a eu pour lui le 157 nit^rite de I'execulion du dessin , mais il a conslam- mcnt montre du goiU ol une rare pcrsev(!'ranco dans le cours de ses (Eludes. Les dessins d'archilcclure ont 616 6galemenl fori apprecies et l^iuoignenl de la bonne direction donnee acelleparlie de I'enseignement par M. Bibard, I'ha- bile arcbitecle qui en est chargd. lis permellent d'es- perer pour I'avenir des conlre-mailres inslruils dans lesprincipesde I'art, ce qui manque presque parlout. Noire lacbe a 6[6 iongue a accomplir , Messieurs . mais nous esperons que vous nous pardonnerez celle prolixile involouiaire, car elle provienl bien plus en- core de Tabondance ineme des cboses , quoique nous nous soyons efforce d'elaguer le plus possible , que de la forme nieme dans laquelle nous avons essaye de Iraduirc convenablemenl nos impressions el nos idees. 11 LE SONGE DU ROI R£N£. PEINTURES MURALES DE SAINTE MARIE. Au coteau de la Maine est une source pure (1). La prierent ja.lis un Ermile et son Roi ; La, d(''posanl son sceptre el sa pesanle arinure, Les palmes do la gloire el le prix du lournoi , Soldal de Jeanne d'Arc, le roi des Deux-Siciles, D(^ploranl les combats el les grandeurs fragiles , En soi se r^sumait el dans son cceiir chrelien, Hors I'amour de son Dieu ne ddsirail plus rien. Un soir ils'endormil au modesle Erniiiage. La null enveloppail I'hospice d'Henri deux. (1) La fontaine des Vigiies, enclos des Gapucins, touchail i'Er- mitage. — Journal de Louvet. Roger, hist. d'Anjou. 459 ]a\ Charilc' voillant en ces lieux d'dgo en Age, Y versail sos pavols, son baiime aux inalheurcnx. De I'Angelus du soir Irois fois la voix sacr«5e Avail lini la veillc elpermisle repos; Un songe on ses esprits r(3veillant la pens6e, Du bon Roi vint soudain illuminer I'enclos. II lui sembla qu'aulour de la source des Vignes La lerre se moiivail el qne mille ouvricrs , Tra^alenl de longs fossc^s el de fecondes lignes Oil s'elendaionl des murs el de vasles senliers. Puis un palais offrail d'innombrables fonelres Oil paraissaienl joyeux de pauvres habilanls , Benissanl de leurs voix I'auleur de Ions les elres, Celui qui regno aux cioux el gouverne le lems, Celui qui donne au riche el le pauvre soulage , Celui qui prele a lous , pour rimniorlaiitd , Aux uns lo bon consoil , la parole du sage , Aux autres resperance et foi dans sa bonlc^. Au cfuilre harnionieux de ce vasle ddiflce Un dome s'elevail, portant la croix CL^ans La croix.., signe diviu ! Iriompbe ! sacrifice ! La croix du Golgoiha , la croix du Valican. Vers le lomple , a grands pas il lui sembla qu'un ange Le guidail de son vol, ravi d'lui saint tinioi. Des porliques ouverls , oil la foule se range, II a franohi le souil.. 6 mj'slere de foi ! Sur son Irono olernel est assis Dieu le Pere. Chrisl iuiMiolo pour nous sur Taulel do I'agneau , Son flls esl a ses pieds el, dans ce grand myslere, L'Espril a rnnivors dido un dogme nouveau. La niie de David, vierge predcslinee, Due I'eloile couronne el pare le soleil , 160 La Mere de Jdsus , sur un nimbe portde, Lui pr«^sente le flls qirannonga Gabriel. Anges immacult^s, aux ideales formes , Porlez , porlez vers nous la Mere de Jt^sus ! Beaux messagers! du ciel par vous rhomme s'informe. Le Sauveur, diles-le ! ne vous quillera plus ! Puis il vit se dresser , soutenanl la coupole , Le regard plein de feu , pares de I'aardole , L'Evaiigdlisle Marc , saint Jean , Luc et Mathieu , Apporlant sur leur coeur el leur male poilrine Le r^cit (^lernel que leur style burine, La parole de Dieu. El toules les vertus planerenl sur le nionde. Vincent , lendant les bras , y regoit les enfants, Les vieillards, les l(ipreux. Pour Dieu rien n'esl immonde Que le mal s;ans remords el les cceurs sans dlans. Saint Jean de Dieu, du Ciel appelle la lumiere Sur le pauvre insense , lui prete sa raison , Son coeur el son amour; car il aime , il esp6re Et rhomme de I'esprit est la sainle maison. Camille de Lellis, quand le fl^au d(5cime Epoux, vieillards, enfants, sous ses coups confondus Aux serres de la mort, disputant sa victime, Leur nionlre encore I'espoir et du ciel les clus. Nolasque des caplifs a fail tomber la chaine, Et de la liberie proclam^ le retour. Liberl(^, noble dot de la nature humaine! Aux portes de I'Eden lu faillis en un jour; Mais du mailre irrite la cl(^mentc colore , En langant son arret, terrible souvenir ! Et voyant les douleurs de son regard de p6re , Te laissa I'esp^rance avec le repenlir. 161 II promil le sauveur , il indiqua sa mere Aux siooles a venir el la caplivilii Resle dansle passd comme un signes(5vere Ri'plaganl le devoir pres de la liberie. Rene vil au milieu de celle douce extase Les soeurs de Sainl Vincenl , souriant au malheur, A la porie veillant , (!'pianl chaque phase De la vieet la moil , du crime ou de I'erreur. Vous parties aussi , modesles el joyeuses, Sceurs de Sainle-Marie, ariges de la maison; Comme le laboureur qui cueille sa moisson, Ou rapporle au bercail mainles brebis boileuses. Par V06 soins empr<>sses el vos efforls pieux Toules se presseul la pres de rAgiieau sans laclie , Egales devanl lui donl le regard s'allache Toujours avec amour sur le plus malheureux. Quel est ce sainl pr^lal , de I'encens el la myrrhe Elevanl le parfum vers le Irone Divin? Que Ton lombe a genonx ! car sa voix semble dire : Eloile de la mer ! gloin; a Dieu Irois fois sainl ! De la joie en son c(jeur Ren6 senlil Fivresse. Et conlemplanl ces lieux pleins d'un grand souvenir Qui pourrail, disail-il, 6 divine Hesse ! Te peindre sur ces murs pour doler I'avenir ? Lors il vil apparailre aux parois d'une pierre , Far range des beaux-arls inlailles, mis en rang, Aux marches de I'aulel , benis par la prii;ro , Ces noms unis : Appert , Moll, Lenepveu, Dauban. Rend se rdveilla... puis les siiicles passerent , Comme passe un seuljonr, comme passe un malin. .^lais de Planlagcnel les bienfails demeurerenl. Le denier de Deserl , (5chapp6 de sa main , 162 A londdi I'Holel-Dieu, dot6 Sainte-Marie : Gardez , gardez D(^sert , du pauvre la patrie, Le souvenir d'hier, I'espoirdu lendoinaiii (1). N. P[.ANCHEN.\ULT. (1) L'administratioii de I'liospice a reiionce a veiuJre Uuscrl donn^ il y a sept siecles par Henri II Plantagenet, pour fonder I'Hfltcl-Dieu. On sail que c'est aussi a la bienvcillance artislique de noire peintre angevin, M. Bodinier et dc sa dame, que I'liospice doil les peintures murales de Sainte-Marie, ainsi qu'au zclc de M. le Prefct Vallon, et de rAdministration. PROCES-VERBAUX DES SEANCES DE LA SOCIETE ACADEmQUE de Maine cl Loire. SEANCE DU 'J8 AVRIL i857. I'residence de M. Boreau. La seance est ouverle a sept heures prt^cises du soir. M. le comle de Las Cases , pr(^sidenl , et M. Planche- iiaull, adininistraleur dela sociele, nepouvant assis- ler a la reunion, sont remplac(5s dans ces fonclions par M. Boreau , pr(!'sidt'nl de la classe des sciences phy- siques, el par M. de Lens, prc^sident de la classe des lellres. Lcs aulres menibres dn bureau sont prc^sents. Lo secrelaire-gen(;ral donne lecture du proces-ver- bal de la derniere seance , qui est adopte sans r(5cla- nialion. M. Alfred Riche , doclcur cs-sciences , dcrit k la So- ciele pour la remercierdu litre decorrespondanl quelle lui a d^cerne. II sc propose d'etre un correspondant aclif el ddvoue a I'oeuvre qu'ellc a enlreprise, et se met 164 enlicroment a sa disposition pour la repr^senter dans loules Ics occasions oil il pourra lui elro utile. II sera heureux de lui pr(^senler des travaux inc^dils , ainsi que ccux qu'il a soumis a I'approbalion de TAcademie des sciences. M. Thouvenel est appeld par Vordre du jour a lire un travail sur la Physiolorfie de la parole L'auteur y ^lablit ce qu'on doit entendre par ces mots : parole et langage , par idees individuelles et idees abslrailes. 11 fait voir que Ton ne pent former did(%sflft.s/ra/ffi.squ'araide designes convenlionnels constiUuuil le langage ^ qu'une langue n'esl qu'une combinaison (\'idees abslrailes et qu'une science, se ramcnanta une langue qui devicnt I'expression des fails et des rapports existant enlrc les fails qui constituent la science , celle-ci trouve par cor- rdilalion son mdrite el ses moyens de progres dans le md'rile m6me de la langue qui lui sert d'inlerprele. II lermine en monlrant comment I'homme qui jouit seul de la faculte d'employer des signes convenlionnels pour former et combiner des id(';es abslrailes, c'est a dire pour creer el perfectionner les langues et par consequent les sciences, est le seul (iducable et per- fectible. M. le docleur Dumonl demande a faire une obser- vation. II d(!'sirerHit savoir s'il est entrd dans les inten- tions de l'auteur du mdmoire d'admeltre quel'exislence de rhommc, meme a I'etat restreint de famille , ait pu precMer pendant un laps de temps quelconque la for- mation el I'emploi d'un langage meme rudimentaire, niais propre du moins et ndcessaire pour c^tablir une vie de relation cntre les membres si peu nonibreux qu'on les suppose de la famille humaine. 165 M. Thotivenel repond qu'il a cherch^ a signaler le developpomonl logi(iiie dii langago parle , mais (pi'll n'a pas preleiulu rioii prejiigor sur le point do d('i)aii de son origine, sur sa conlomporaneile onsi\ subse- qnencoala crc^alion de rhomme. M. Dumonl fail alors observor que si Ic travail qui vient d'etre lu, A dont il rcconnail d'ailleurs la valour au point de vue philologiquo, avail eu le but qii'a la siuqtle audition, il lui avait pu attribuer, il eut cru devoir y re- pondre. Selon lui, en effel, le don de la pensee etant ac- cord(i a rhomme, on doit logiquement admetlre qu'il a regu correlalivemenl celui d'un langage propre non pas seulement a traduire sa pensc^e au dehors, a la parler, mais d'abord a servir a celle pensee elle-meme d'ins- trument si inlinie que les operations interieures d(; rentendement ne puissent jamais s'isoler complele- mcnt de Temploi de cet instrument ; que pour pen que nous nous inlerrogions, nous voyons en effel que notre pens(!*e ne se forme qu'a I'aide ou par des mots . et que tout ce qui se passe en nous sans s'(^xprimer ainsi par des mots reste a I'etal obscur de sensation ou d'inslinct.... Ne peul-on pas induire de la que la divine sagesse en crdanl rhomme, destine a penser , lui in- culquait en m6me temps l(;s elements du langage parte dont elle lui donnail les organes physiques, langage qui par ses mots devait devenir une parlie inlegrantc de la pensee qui avail mission de diriger loules les ac- tions neccssaires pour assurer el defendre une existence bien autremenl fragile et d(5nuee que celle des ani- maux , reduils au seul iuslincl ? langage primilif que le lemps, I'usage , ladiversile des milieux oil riiomme s'est Irouve jele , les incidents , les besoins vari(is el 166 les complications inflnies de la vie en commun ont dft necessairement developper el agrandir , en en mo- difianl incossaniincnt la force el la porlde. Telle est du nioins I'analyse , malheureusemenl trop superflcielle, que nous a paru comporler la rapide cl brillanle improvisalion de noire savant confrere. Le Iravail de M. Thouvenel est renvoye au comity de rt^daclion. M. Boreau prend ensuile la parole. Un manuscril aulographe de Merlet la Boulaie , rd- cemmenl Irouve enlre les mains d'un brocanleur de noire ville, fournit au savant professeur le sujel d'ime notice, dans laquelle, apres avoir apprecie avec la rare imparlialild qui preside a lous ses Iravaux de cri- tique bolanique les connaissances el la valeur scienli- fique de Merlet, il met en relief les principales indi- cations de planles relatives a la flore angevine qui se Irouvent consignees dans ce catalogue raisonnd du Jardin Bolanique d'Angers , qu'il suppose avoir eld re- digd vers 1789. Plusieurs de ces indications soul intd- ressanles el paraissenl etre la source de celles que la Iradilion a conservees jusqu'a nos jours. Ce Iravail four- nil une nouvelle i)age a I'hisloire de la Bolanique en Anjou donl M. Boreau avail sufaire un tableau si ins- Iruclif el si allachant dans le Mdmoire par lui publid il 3^ a quelques annees, et ce n'est pas sans raisons qu'il a dft se feliciter de pouvoir allacher ce nouveau fleuron a la couronne bolanique de Merlet; nulle main n'dtait plus digne de lui donner toule sa valeur. La Socidtd renvoie celle notice au comild de rddac- tion. M. le conseiller Turquel commence la lecture de 167 son important travail snr la magistradire fran^aiso , dgalemcnt plein d(! fails, de ponsdes 6Iev('os ot g&{\6- reuses, do nobles senlinienls heiircusenient el energi- quenient exprini(5s. Son (itendue oblige d'en conli- nuer la lecture a une prochainc seance ou 11 en sera rendu compte. Les lectures ainsi lermin(''es, le secr(5laire-g(^neral prond la parole jjour ra[)p('!erh rassemble(> que, d'apres I'art. 5 de son reglement, la Sociele a admis Texislence de presidents bonoraires, el qu'il parailrail convena- ble, a cette seance qui suit cclle ou elle s'esl defini- tivemenl organis^e, de proceder a leur election. L'assemblee accueille celte proposition avec les marques d'une vive syinpatbie, et, refusanl de pro- cdiier par la voio du scrulin, elle proclanie ses presi- dents bonoraires : JI. Vallelon, premier president de la Courimperiale; M. Vallon , prefel de Maine el Loire, Mgr Angebaull, evdque d' Angers; M. Duboys , maire d'Angers; M. Mourier, recleur de TAcad^mie de Rennes. Le bureau consulle Tassemblde sur la fixation des assemblees ge^'n6rales. On ddcide qu'eiles auronl lieu, sans eocception, le qualrionie mercredi de chaque niois. Les sections fixent leurs assemblies parliculieres. Le Secretaire-general , T.-C. Beraud. 168 SEANCE DU 27 MAI 1857. Presidcnce de M. Planchenault. I.c secr6laire-gdndral donno lecture du proces- verbal de la derni6re stance; il est adopld. 11 donne ensiiite communicalion des r(5ponses adressees par M. Vallelon , premier pr(^sidont de la Cour iniperiaIe,M8rl'^veque d'Aiigers, M. Er. Diiboys, maire, el M. Mourier, recleur de I'Academie de Reiines, lesquels acceplenl avec emi)ressemenl le lilrc de pre- sident honoraire qui leur a ele confdr(3 par la Sociele. L'assenibl(5e est vivement impressioniiL^e par les ternies chaleureux et sympathiques dans lesquels son! con^ues ccs flalleuses adhesions. Ello se monire henreuse de ce que I'esprit de conciliation et de pro- gres dans liquet elle s'est fond(5e, ait et(5 si bien corn- pris et apprecid par les honimes ^minents dont elle a cru pouvoir invoqiier le patronage , et y vent troiiver un motif d'esp(^rer qu'arrivera prochainemenl le mo- ment oil toutes les forces iniellecluelles du pays vien- dronl se concentrer dans une vaste unite , oil s'elein- dra lout autre rivalitdque celle de donncr aux etudes locales leur plus large expansion. La Societd ddcide que les originaux de ces letlres prendront place dans ses archives et qu'elles seront en ouire Iranscrites in extenso a la suite du pr(5sent proces-verbal. M. le docleur Mirault, membre litulaire, fait bom- mage d'un memoire sur la suture enlrecoupee subs- litude a la suture enlortillde dans le trailement du bee 169 do lievre unilateral soil simple, soil accompagiK^ de bifidilo dcs OS niaxillaires. 11 tail voir comiiienl, jus- tenicMil prcoccupe dos accidents ct des insiicces noni- brcux de I'ancien mode d'op6rer par la suture entor- tillde, lors m6me qu'on y employait des epingles fle- xibk'S, it fulconduit a appliquer la suture cntrecoupee a quatre points seulemenl. II on fit le premier essai en 1853, a I'Holel-Dieu d'Angors, sur nn adiilte de vingt-sepl ans et parvinl a une restauration complete dos parties, obtenue en moins de huit jours. II donno (^galement les details de cinq aulres op(5rations choi- sies parmi beaucoup d'autres dont trois concernent des enfants de quatre a buit mois, et donl deux otaienl compliquees do division dcs os niaxillaires el du voile du palais. Une modification importante par lui intro- duile dans le procodo do r(^seclion du lobe median do la levro a permis a I'ingonieux praticien d'arriver a la restauration la plus complele de la forme normale de la partie oporee. La Society vote des remercimenis a M. le docteur Mirault et exprime le ddsir et Tespoir que cetle com- munication soil suivie de celle de ses importanles pu- blications sur divers sujots do modecine el de chirur- gie. Los membros qui s'inleressonl an progros dos sciences et a la renonnnee de coux qui les cultivent dans notre pays , n'ont pas oublio les beaux Iravaux publics par ce savant anatomiste , sur la ligature de Tarlere iliaque externe ; sur celle de I'artere linguale entrc la grande corne de I'os hyoide et la parotide ex- torno; la ligature sous-mental(! de la langue dans un cas do cancer profond do eel organe suivi doguorison, etc. , etc. La Society sera beureuse d'ouvrir sabiblio- 170 Iheque ade pareils Iravaux qui conlribuenl a jusUner de plus en plus la place dlevee qu'occupe dans I'es- lime dcs hommes de I'arl le savoir, Thabilel^ pra- tique el la hardicsse prudenle de celle chirurgie an- gevine dont M. Miraull conlinue en sa personne Tun des noms les plus juslement celebres. M. le doclenr Guepin de Nanles , correspondant de la Socidl6, lui adresse un memoire sur les eaux \mn6- ralisdes. L'auleur y a trails sommairement des forces organiques el des forces medical rices ainsi que des ph(5nomenes chimiques qui s'accomplissent dans les actes de la vie animale. 11 insisle sur les avanlages que la medecine peut Irouver dans les eaux minera- lisees pour transporter immedialement dans Tecono- mie animale les agents chimiques deslinc^s a reagir sur I'organisme pour ramener ses foncUons a I'elal normal. II indique un moyen simple el facile de fa- briquer ces eaux en telle pelile quanlile qu'on le veut, et nt^anmoins avec un dosage d'une exaclilude ma- Ihemalique. II compare par le controle d'expdriences direcles les resullals oblenus par Tancien mode de medicalion et par la voie aqueuse. II Irouve dans ce- lui-ci plus de cerlilude, d'aclivile, et une economic notable pour le Irailement du pauvre. Apres avoir donn6 1 'analyse de loutes les eaux mi- nt^rales naturelles de France les plus renommees , il fait voir que la cliimie peut ajouter a leur energie soil par des modificalions dans la proporlion de leurs (Elements, soil par I'addilion d'elemenls nouveaux. 11 traite ensuile des diverses substances qui concou- rent a leur composition et de Taction medicatrice propre a chacune, et est ainsi conduit a divisor les 171 eaux min<5rales en sept groiipos dont il donno les forninles en indiquanl les applications qu'il a I'ailes avec succes dans sa clinique a diverses categories de maladies. Ce memoire aaquel on ne pent reproclier que de n'avoir pas laisse a son aulenr dans le cadre oil il s'c^- lail renferme assez de place pour developper davan- tage la parliephilosophique de seslheoricis niedicales, est de nature a exciter fortenient I'intc^ret dcs amis de riiumanile et a prendre dans la bibliolheque de la So cM[6 la place qui lui est due. Des remerciements se- ront Iransmis a I'auteur auquel la Societe adressera ses publications en execnlion de Tart 31 du reglenienl porlanl que : « les publications ponrronl elre adres- » sdes sans retribution aux membres correspondanls B quicommuniqueronl des travauxd'une importance » reconnue.... » L'ordre du jour appelle la continuation de la lec- ture du travail sur la magistrature frangaise par M. le conseiller Turqucl. L'auteur y retrace rapidement I'hisloire de la ma- gistrature ancienne et fait voir que I'institution ac- luelle ne pent etre a aucun point de vue consideree comme sa continualrice et son heriliere. Son role est desormais en efFel de demeurer depouillee de lout caraelere politique et de se renfermer dans une elroite et intelligente application de la loi, laquelle so fail en dehors el au-dessus d'elle. Elle n'est que son organe independant et impartial , devant avant tout la res- pecter et quelles que soient les variations que vienne a subir la forme gouvernemenlaiej la toi apparlcMianI a la nation elle-meme pour laquelle el par laquelle , 172 pour cela m^me qu'elle existe , elle est toujours cens^e avoir 6td faile. L'auleur fait voir comment et avec quels eldmenls fut fondee la magislralure sous le premier Empire : combien eel edifice iul assis sur des bases jusles et ralionnelles, par consequent durables, et grace aux- quelles il a pu impunement traverser les plus mau- vais jours. II la monlre constannnent animee, a loules les peripc^lies du long drame de I'ljisloire con- lemporaine, d'une enliere indt^pendance dans I'appli- calion des lois, comme d'une rcspectueuse dL'ference pour loules les inslilulions poliliques acceplees par la nation , mais r(^sislant dans I'accomplissemenl de ses devoirs comme dispensalrlce de la justice, a tous les entrainemenls de si haul ou de si bas qu'ils vins- sent. 11 la monlre enfln dans les plus rudes epreuves qu'elle ait du avoir a subir , ne desesperant jamais de la loi et osant toujours Tinvoquer dans I'inlc^ret de I'ordre et pour la protection des honneles gens , sans s'enquerir s'ils furent pour Bourgogne ou pour Ar- magnac. Ce long travail, remarquable a plus d'un litre, est renvoye a I'examen de la section des lellres. M. le secr(5laire-g(3n(5ral Beraud eslappel6 a lire un m(5moire qui conlienl I'expose de ses recherches sur les causes accidenlelles de la mortality des arbres dans les promenades publiques , et sur les moyens rationnels et pratiques de la comballre. II examine d'abord la part qui a ele altribu(^'e dans celte sorle d'epidemie vtig^tale au gaz et au scolyte deslrucleur. Quant au gaz , il 6tablit , par de nombreuses cita- 173 tions, que bicn avanl qii'il fiU venu pnmdre posses- sion du sol de nos villos , le depdrisscinenl des ormes 6lait parlout signale dans les publications dos so- ci^les savantes, et qu'en aduieltaul que son absorp- tion dans la terre piit 6tre fatale aux arbres, du moins son action d61(^tere reslerail-elle circonscrile au voi- sinage des fuites, tandis que I'on voit succomber in- diff^remment ceux qui sont eloignes aussi bien que ceux qui sont voisins du tuyau d(! conduite. Quant aux scolyles et aulres insectes xylopbages , 6tant destin(!'s sous leurs divers 6tats (larves et inseclcs parfaits), a respirer I'air en nature, privds qu'ils sont d'un appareil branchial , il est evident qu'ils seraienl asphyxi(!'S dans un milieu liquide : il faut done pour qu'ils puissent vivre dessous et dedans les decrees que I'arbre soil d(!'ja dans un cHat de ddp^rissement avanc6 et qui affaiblisse la production de la seve. II rc^sulle, eneffcl, d'observations directes, dont I'auleur donne les details, que les choses ont lieu ainsi et que I'apparilion du scolyte , loin d'etre d(^ter- niinante, n'esl v^rilableuient que consecutive de I'etat morbide, II signale a celte occasion la difference des niceurs ct par suite du mode de d(5gats particuliers a difK- renles espfeces de scolyles, dont 11 en estquiattaquent exclusivement certaines essences foreslieres, et il est ainsi conduit a des considerations philosopliiques d'un ordre plus 61evd sur le role que la nature leur a d6 parti dans la reaction perpcHuclle des 6tres organisi^s les uns sur les autres qui conduit a r«5quilibre g6- ^n6ral, etc. II conclut qu'il faut chercher aillours les causes 12 474 premieres du di^peuplcment des promenades publi ques, etil en signale de nombreuses et de nmlliples qui loules concoureiil a un menie r^'sullat, a savoir : un dessMiement excessif du sol qui ne permel plus aux racines d'y puiser I'eau indispensable a loule \6- gelalion, et vehicule oblige des qualre corps simples qui enlrenl comme elements principmx (pour les 95[000) dans la composition des plantes cotyledondes. Quant au moyen de reviviflcr les arbres atlaquds , la nature meme du mat lindique, el des expc^riences failos dans d'aulres villes prouvent la facilile et \\k:o- nomicde son application. L'auleurcite pourexemple ce qui se fait a Marseille, a Bordeaux, etc., el dt^cril les deux modes d'arrosemenl par des rigoles ouvertes el des drains souterrains. II t(.ruiine en disculant le mode de traitement re- cemmenl adoplt^ a Paris pour les orrnes altaques du scolyle, et d^inontre son inetricacit(5 probable , si Ton ne change pas I'hygiene du malade. L'assernbk'e renvoiece m^moire au comite de redac- tion, et, sur la proposition d'un de ses membres, de- cide en outre qu aussitol Timpression lerniin(5e, il en sera adressi^ un exemplaire a radministralioa muni- cipale connne Iraitanl une question d'une actualile incontestable. M le doclcur Dumonl lit ensuite une ^tude litt«^- raire sur Gilles Menage, considert^ comme poete. 11 d^bule par quelques rt^flexions sur les causes qui font accueillir avec une certaiue indifference et aussi avec une certaiue defiance d'appr^cialion, les ceuvres poetiques en g6ueral , el met en parallele la facilile que la soiiplesse acquise par la langue offre mainle- 175 nant pour la facliire dii vers avec los difficulles de loules sorles que le poele devail renconlrer dans la langiie au lemps oil vivail Menage. S'il etil vdou a noire dpoque , an lieu d'avoir 616 ecli[)S(^ dans la p(5- nombre des illustrations du grand siecle, son talent eilt sans doute jet(i un vif dclat parnii nos c(51dbril(5s conlemporainp'-. Doue d'une m(!'moire prodigieuse , d'une vaste et profonde erudition, eminent jurisconsulte, grammai- rien faisant aulorile; ajoutanl a ces qualiles serieuses une amenite et un allicisnie qui ont dmerveille ses conteniporains, iM(5nagene serait pas encore suftisam- ment connu et apprecit5, si Ton ne voyait en lui : un poele fran^tm reste seuleinent au-dessous des nieil- leurs (?crivains; un poele italien, adopld et admire par les Ilaliens eux-memes ; un poele latin, rivalisant avec les modernes qui out le mieux c^cril dans celte langue; un poele grec, manianl avec une facilil(5 et une grace tout antiques Tidiome d'Anacreon... M. le docteur Dumonl s'altache a faire connailre les litres qui recommandenl le poele dans chacune de ces quatre langues, discule leur merile el cite un cer- tain nomhre de passages saillants propres a jusiifier ses appreciations. II parait resulterde ce travail d'ex- ploration el de critique que Menage avail loules les qualiles qui foul les poeles en taut qu'c'crivains , el que ce qui lui manquail,c'etail a certain degre I'ima- giualion , rinvention , le feu sacre , ce mens divinior enfin, donl Horace fail Taltribut du vrai poele. On ue pent done s'elonner que ce soil prc^cisemenl dans noire langue, alors si rebelle el oil d'ailleurs la poesie vit plus par la pensee que par la forme , que Menage 176 so soil olevci le moinsliaul dans le chainp de la po(!'sic. Dans la langiie lalinc, nonrri dcs rcnfance de la lecluro des grands ocrivains poetes el prosaleurs , doud d'unc merveilleuse mdnioire qui en conservait dans lenrs formes nalives lousles fragmentsprecienx, Virgile qu'il savail tout enlier , falsaient que pour Ini les nial(iriaux elaienl si abondanls ct si bion prels pour la mise en oeuvre , que Ton ne peul s'etonner qu'il les ail employes avec aulant de succes qu'aucun nioderne. Aussi M. le docleur Dumonl n'hesite-l-il pas, pp. faisant ressorlir le caraclere special de leurs lalenis divers, a le comparer au pore Larue, a Rapin, Sanleuil, elc. II en (^lait de meme de la langue d'Homere, qui du reste , au dire des anciens eux-memos , presentait moins d'obslacles au genie poelique que le lalin : M(5- nage y a excelid en lant que moderno. On a de lui un Ires grand noiubre d'epigrammes etde po(5sies legeres, donl une elegie sur la mort d'Adonis de deux cenls vers, que M. Dumonl n'hdsile pas a comparer pour la grace, Tadresse a manier les pelils vers, la rapidile el r61(^gance, a Tidylle cdlebre de Mme Deshoulieres. Mais c'esl surtoul dans la poesie italienne que Te- tonnanle facull(5 qu'avail Menage a s'assimiler uno immensil(3 d'expressions, son aplilude a developper I'idee, a polir la phrase, a soigner la forme enfin , le servil admirablemenl et le fil enlrer comme de plain- pied dans le sancluaire podlique de cette langue, si I'on peul ainsi dire. Ecrivant Tilalien dans le plus pur idiome loscan, rAcademie de la Crusca linl a hon- neur de se I'allacher el de manifesler son admiralion pour ses ouvrages qui prirenl des lors parmi les clas- 177 siques italiens une place qui ne leiir a pas 616 coii- les[6e depuis. Tel est le nouvel aspect sous lequel M. lo docteur Dumont a voulu faire poser devant nous la figure , qui nous (itail arrivee plus austere que gracieuse , de Gillcs Menage , en faisant observer qu'un travail ana- logue pourrait eire enlrepris sur plusieurs coles non nioins brillanls de cet esprit si multiple. L'assemblde , qui a ecoule cette lecture avec un inldret et une attention soutenus, decide son renvoi au comile de redaction , et exprime le desir que M. le docteur Dumont complete ces etudes biogra- pliiques sur Tune des vieilles illustrations lilt(5raires de noire Anjou. L'ordre du jour etanl epuise, la seance est lev(5e. Le secrelairc-ijeneralj T.-C. Beraud. SEANCE DU '24 JUIN 1857. PresUlence de M. Planchenadlt. Le fauteuil est occup6 , en I'absence de M. le comte de Las Cases, prdsidenl titulaire , par M. le priisidenl Planchenault, directeur de la SocitH6 academique. Lcs autres niembres du bureau sont prdsenls. Le proces-verbal de la dorniere seance g(5n(^ralo est In par le secretaire-general el adoph^. Lecture est dgalemenl donnee du proc6s-verbal de 178 la stance de mai , da Comilt^ de redaction et d'adnii- nistralion. Parnii les documents prc^sentes par la correspon- danco, on dislingiie parliculierement unc lellrc de la Sociele d'enmlalion de Lons-le-Saulnier, qui annonce renvoi immedialde la collection complete de ses iMe- moires, et celle de la Societd impcidalc de Saiul- Elienne oil se trouve celte phrase : « La So('i(''le de la » Loire sera heureuse d'cHablir el d'enlrelcnir avec » celle de Maine-et-Loire les meillenres el les plus » ^Iroiles relations, el j'ai I'honneur d'etre pres de » vous I'interprele de la satisfaction qu'elle a eprou- » v6e en voyanl se propager une pens^e qu'elle a elle- » meme realisee par une utile fusion » Le secretaire- general communique une lellre de M. le recteur de rAcademie de Rennes qui, an nom de M. le minislre de Tinslruction publique, Iransmei a la Society la pr(:'cieuse assurance de la vive sympa- Ihie que la creation de la Society a Irouveo pres de lui, el une invitation pressantc d'adresser a Son Exc. non seulemenl le Recueil de ses memoires , mais encore les travaux parliculiers de ses membres. II sera r(5pondu a une Icltre si flatleuse pour la So- ciele qui en est I'objet, par M. le secretaire general, charge en cetle occasion d'etre rinlerprele de sa gra- titude, lanl vis-a-vis de Son Exc. le minislre de I'ins- truclion publique, qu'aupres de M. le recleur de I'A- cadeniie de Rennes. Le secr(^laire general annonce ensuile les adhesions de M le docleur Gazeau el de M. Langle , redacteur du journal liltdraire V Album, el M. le pr(5sidenl les proclame imm^dialemcnl membres titulaires. 179 Le pr(5sident pri^senle ensiiilc a I'assemblte utie pholographie ex(5cnl('?e par M. Berlhaud, artiste do noire ville, connii pardeslravaux rcmarquablcs.plio- logra|)liie dont il est fait hommage a la Socic^td, par M. Jiilion Roux, statuaire, dleve de I'Ecole miinici- pale des beaux-arts d'Angers. Elie reproduit un Saint- Sebastien en plalre, plus grand que nature, oeuvre de ce jeune artiste, qui annonce a la fois des etudes avan- cdes en analoniie et une intelligence deja tres d^ve- loppee des principes et des pratiques de Tart. L'on pent remarquer dans cette composition I'absence de ces effets violents, de ces nieiubres conlournes par la souffrance, decelleruusculalure tournienlee el quasi rocailleuse auxquels se sont gdneralenient laisse ten- ter les artistes peinlres et sculpleurs qui ont eu a trai- ler le meme sujet. Noire jeune statuaire, au contraire, a cherche dans une plus haute spirilualisalion du su- jet a ^leindre en quelque sorte le sentiment de la douleur physique dans rexaltalion du sentiment reli- gieux, ce qui lui a permis des details anatomiques plus calmeset qui par cons(5quent pouvaient compor- ler aussi plus de d^licalesse et de linesse dans le mo- dele. Les draperies sont simples, harmonieuses, sa- vamment cassees pour laisser lire les contours sans affectation, el commc il convienl de les trailer de la part de I'c^lcve d'uu(! Ecole qui pent se nourrir de la contemplation des plus purs modeles de David, en meme temps qu'elle entend chaque jour ddvelopper les vrais principes de I'arl par son habile et (Eloquent professeur. Des remerciements sont voles a M. Julien Roux, dont la pholographie sera plus lard exposee dans la 180 salle dos stances. La Socidl6 lui decerne le litre do membre corrospondanl. Le secr^taire-g(5neral rend comptc d'nn mdmoire sur la colorisation des corps dont il esl fait liommago par M. Landois, chimiste laureat, membre de I'Acadc^- mie imp^riale, etc., etc. La physique avail des longtemps enseigne que la variele de coloration des corps provenait de la faciille inlierenle a chacun de d(iComposer la lumiere pour ne reflechir que cerlains de ses rayons. D'oii provenait celle faculty? Elail-elle due a une action chimique des corps encore inapprdci^e sur la lumiere am- tiante ? a une forme speciale de leurs molecules inl^- granles? a un sysleme special d'agregalion des mole- cules? La finissait rexperimentationel commengaienl les hypotheses. C'est une solution a ces problemes que M. Landois aurait trouv^e dans la d(5couverte d'un corps unique, universellement r(5pandu et ayaut pour propri^le, se- lon son inlcnsite ou son «5paisseur, de rendre les corps aptes a reproduire les couleurs primitives, soil dans leur puret6, soil dans toutes leurs combinaisons possibles. Get agent universel , c"esl Vhydrogene iodure. Les r^sullats constatds par M. Landois peuvent se rc^sumer le plus brievement possible, ainsi que suit : Existence d'un principe colorant commun a tous les corps a TtHat Aliydrogene iodure; La coloration d'un corps rc^sulte du degr6 d'epais- seur du principe colorant existant a la surface des molecules ; Les couleurs primitives suivenl, pour se produire, 181 une loi d'ordro invariable. La piemiore concho ost jaune, mais lollciiienlclairc, qu'olleesl plus ou nioins iiiappn'ciable a Tceil , cl conslilue dans col (ilat les corps blancs; la deuxieme, appliqiu'C sur cellc-ci, donne \e jaune oranllos so sonl prodnilos. Cc sont cellos de MxM. Apporl, peinlred liisloir(';'B;»l('rean,ing(''nif'iir dcs ponls-el-chaussc'cs; Antonio Bloiiin, banquier; Boii- Iros, proprielairc; Glientiau, jugo; CI(''nienf, dirccleur do renrogislrement; Flonry, liorlogor-mecaiiicien ; Girard, conducteur principal des ponls-et-chaussees; Gnerin, nolairo; Gnerin lils, avocat; Hanry, nc'-go- cianl; Laroohe, ndgocianl; Meniere, pbarmacien; Richou, conduclenr principal faisanl fonclions d'inge- nieur ordinaire; Toulain fils, proprielaire. D'apres nne decision anldrieure de la Society, ces Messieurs comme Ions aulrcs membres qui vien- draient ddsormais a adherer avant le i"^ janvicr 1858^ prennent le tilre de membres fondalonrs, ct vu V6- poqnc avancee de bnir admission ne sont pas aslreinis au paiement do la colisalion do la presenlc annexe. M. Boreau demande alors la parole el prononce quelques mots aussl sinc^res que bicn senlis sur la pcrle que vienl d'eprouver la Societe par la morl prd- maturee de M. Serene OUivier, pbarmacien de pre- miere classe, niembre du conseil do salubrild, el qui parlageail babilueliement avec notrc savant confrere M. le docteur Daviers, les travaux d'analyse cbimique dans les instructions criminolles. A la stance du 27 mai dernier, la Soci(5le c^coutait, avec celte sorle d'intcirel qui s'attacbe a une revela- tion, M. le docleur Diunont mettant en relief el en lumiere lun dos coles de I'espril de Menage, qui semblail de nos jours s'efi'accr de plus en plus dans la penombre que le temps projelle sur les ceuvres qui ne restent pas au premier rang dans les productions de I'espril. Pou depersounes, en etfet, connaissaienl 196 dans Menage le poete grec el lalin , el surloul celui que rilalie, pour la purel6 de son idiome el la grace de Texpression, place encore dans scs bibliolheques toul a c6le de ses classiques nalionanx. Mais si Ma- nage fut pour I'Anjou son illuslralion lilleraire au xvii-^ siecle, Jean Bodin avail c^le sa gloire lilleraire et philosopliique des le xvI^ Deux riches el puissanles natures! deux hommes dou6s d'une L^rudilion (5gale- menl vasle el profondeel d'une prodigieuse mt^nioire, mais nes avec des lendances el dans des silualions aussi diffLh-enles que les milieux politiques oil ils eurcnl a se mouvoir. M. le presidenl Planchenaull en- trei)rcnd, dans une sine d'eludes, de faire poser devanl nous celle grande et imposanle figure de Jean Bodin, el de nous monlrerce genie si complexe el si profond sous loules ses formes; faisant successivemenl passer sous nos yeux I'agreable causeur qu'Henri III admet- lail danssa familiarity, el que recherchaienl alors les hommes les plus dislingues de la cour, le savanl ami du savanl anglais Barclay qu'il conquil a rUniversite d'Angers, I'intimc du president de Thou el du chan- celier de L'Hopital, ceseminenls repr(5senlanls du ca- Iholicisme el de lareforme; le diplomale, conseiller, etc., du due d'Alen^on; Teloqucnl el (^nergique de- fenseur du tiers aux Elats de Blois ; le bon ciloyen qui ne Ironva pas quo ce fCil payer Irop cher I'indf^pen- dance de ses opinions, la libort(^ de sa parole el la cha- leureuse dtH'ense des droits de la nation par le sacri- fice de la faveur royale el de lout un avenir qui s'ouvrail si radieux el si digne do lui; enfin , ce pen- seur elev6 el puissanl qui preceda Grotius, el auquel il fut donne d'oblenir le plus grand hommage que les 197 haules inlcHigencos rendenl parfois an g6nU\ en foiir- nissanl, doux ceiils aiis plus lard, a Monlesquieu, peiU-elro, ridee-merc de son plus capital ouvrage, niais bl(!n cerlalnemenl du nioins une mullilndo de fails, d'observalions, d'apei'QUS, de decisions el le sys- teme lonl enlier des climals! Bodin composa iin assez grand nombre d'ouvrages imporlants qui se sonl lous plus ou moins ecli[)ses derrierc I'oclal qu"a jele son livre de la Rrpublique, inais auqucl il iniporle cependaul d'etre inilie pour apprecier coniplelemenl retendnccl la [lorlee de celte liaule intelligence. Plusieurs de ces onvragcs n'cxis- tent pas a la Bibliotlieqne d'Angers, el M. Planche- nanlt s'efForcera, dans une exploration relrospeclivc, de nous lesfaire connailre. Aujounriiui, il lit le com- niencenienl d'une premiere elude donl il sera rendu comple apres son acbevemenl. L'assemblee, qui a ecould avec une attenlion cons- lante celte lecture, manifesle loul Tinlerel quexcile un sujet qui se raltacbe, sous lant de cd[6s, a I'bisloire locale, et qui loucbe a lout ce (ju il y a eu de plus ce- lebre en bommes el en opinions duns les sciences morales el (^conomiques , el dans la litlerature el la pbilosopliie, au xvf siecle. Elle decide le renvoi de la partie qui vienl d'etre lue devant le conseil de r(5dac- lion. M. le conseiller B(5raud presenlc a la Society le der- nier discours prononee par lui, au norn de la Com- mission municipale des beaux-arts, tors de la distri- bution des prix a I'Ecole des beaux-arls; el, cddanl au desir exprimi5 par plusieurs membres, il en donne leclure. Le president, au noni de la Sociiite, le reiner 198 cie do la communicalion de ce document qui conslale I'filat present des Eludes arlisliques dans noire ville, retrace les principaux travaux de peinluro el de sculp- ture recemment accomplis, el qui avail, cclle fois, pris pour objet principal I'apprt^cialion , au point de Yue architectural et piclural, du niagnifique hos[)ice de Sainte-Marie, 6difi(5 par un Angevin, M. Moll, el dont I'eglise, grftce a une inspiration gc^ndreuse de M. Bodinier, a vu une parlie de ses murailles se cou- vrir de peintures splendides, dues au pinceau de Irois aulres Angevins, MM. Apperl, Dauban, Lenepvcu. La publicile que le Journal de Maine-el- Loire a accordee si gracieusemeut a ce discours quelques jours apres qu'il fut prononce, celle non moins flalleuse que la Socield acad(5mique lui accorde en ordonnant son renvoi au comit6 de redaction, dispensent d'enrepro- duire I'analyse. Celle lecture avail une sorle d'a propos en ce qu'elle est devenue comme une inlroduclion nalurelle a I'audilion d'une piece de vers, inlilulee \e Songe du Roi Rene, dans laquelle M. le pn^sident Planchenau't, Iransporte par une ing(^Hiieuse fiction le bon roi dans sou hermilage de la Fontaine des Vignes, pour I'y faire se recueillir en s'isolant des plaisirs bruyants de sa cour. Rene, dans ce calme des sens et de I'esprit, se laisse alter aux douceurs d'un sommeil profond el tranquille, el un r6ve le transporlant vers I'avenir, lui fait voir le monument immense qui vient s'elevcr a la voix de !a charit(5 publique. Le poele, dans son Ian- gage liarmonieux el pilloresque, retrace toutes ces merveilleuses cremations oil les arts sont veuus mellre en commun leurs inspirations et leurs efforts. 499 L'assembl(5e qui applaiulil vivrnnent an mc^rite de ce inorceau^crit en vers alexaiidrins, le renvoie de- van I le coniile de redaclion. L'ordre du jour (^tanl C'puisc^, la stance est levt^e el la Sociele s'ajourne au premier mercredi de dd- cenibre. Le secretaire-general, T.-C. Beraud. NECROLOGIE. La Soci^le acad(^nnique a perdu deux de ses mem- bros lilulairos en 1857. M. Rousseau fils, de Sainf-Georges-des-sppl-Voies, est mort cct (^le a MartignLVBrianl. Un couis d'histoire qu'il professa il y a quelques annees a Angers , avail ^Iv fori apprecit^. II avail redige vine bisloire du Sainl- Simonisme que I'on doil regreller qu'il n'ait pas pu- blit^e. M. Charles-Sth'(^n6 OUivier, n6 a Angers, est morl a 51 ans, lo7 seplembre dernier. Pharmacion distingue de lEcoIe de Paris, il sii^gea longlemps dans le sein du Conseil de salubril(5 el fnl choisi par la Justice, avec M. le doeleur Daviers, pour les expertises dans les affaires criminelles ; son caraclere honorable lui avail concilici Teslime g6n(5rale. ERRATA. Corrections a la notice sur les plantes de Corse : Page 83 : au lieu de Revelliere, lisez Reveliere. Page So : au lieu de lUtnonculus Rerellieri , lisez Revelieri. Page 88 : au lieu de Elatine macropoda , Guss. , lisez Elatine campylosperma , Seub. E. macropoda, Bertol. non Guss. Ajoutez : Biinias macroplera , Reich. Bonifacio. Antinoria insularis, Pari. Bonifacio, a la Trinite. TABLE. PIECES RELATIVES A LA FONDATION DE LA SOCIETE. Pages. Lettre circulaire 1 Reglement i 2 Coinpte-rendu des deux stances de Kvrier et mars 19 Expos^ par le Secretaire-general 21 Premiere lisle des fondateurs 36 Organisation des bureaux 4.1 MEMOIRES, NOTICES, etc. Physiologie de la parole , M. Tiiouvenel 4.5 Recherches sur la niorlalile des arbres des promenades pu- bliques, etc, par M. Beraud 57 Notice sur un ouvrage botanique inedit de Merlet la Boulaie, par M . RoiiEAU 70 Extrait d'unc lettre adresst^e a M. Boreau par Ic d'' Sagot, chirnrgien a la Cnyane 79 Notice snr les phnites rccueiilies en Corse par M. Reveli^re, avec des observations, par M. Boueau 83 Liste de L^pidoptcres observes aux environs d'Angers de 1855 h 1857, par M. Toupiolle 93 204 Pages. R^gulafeur astronomique (notice sur le , de M. Fleury d'Angers, par M. Dulos , . . 101 Gilles Manage consid(5re coinme poete , par M. le docteur DUMOiST 10() Discours prononc^ a I'ecole des Beaux-arts par M. Beraud. 139 Songe du roi Rene, po^sie, par M. Planchenault 157 PROCES-VERBAUX. Stances d'avril, mai, juin, juillet et noverabre 163 Necrologie 200 Errata 201 Angers. Imp. (Josiiier el Lacliesc ^^- OBSERVATION. La Soci(5t5 Academique de Maine et Loire elabore en ce moment de nombreux travaux se rattachant a THistoire, k la Litt^rature, a Tln- dustrie des ardoisieres, a la Toxicologie et aux diverses branches des sciences naturelles. D'importants Memoires sur la Botanique , notam- ment une Revue monographique des Ruhiis de I'Ouest, seront succes- siveraent presentes par MM. Boreau, Genevier, de La Perraudiere, etc. Les Memoires de la Societe Academique offriront done, soit par la na- ture des travaux publics, soit par leur variete, un int^ret justifi^ d'avance par les counaissances speciales et par la position qu'occupent dans les Icttres, les sciences, ou I'enseignement, le plus grand nombre de ses membres. La Societe Academique offre Techange de ses Memoires centre les publications des divers corps savants auxquels elle adresse ce volume et qui sent pri^s d'envoyer leurs publications s'ils desirent recevoir la suite de ces Memoires. Le siege de la Societe est rue Courte , n" 7, a Angers. V^?A'^.' m M