AUS PES HR #4 er 1 14 SOCIÉT i IMPÉRIALE | DES SCIENCES : DE L'AGRICULTURE ET DES ARTS - DE LILLE. ANNÉE 1857. IL.e SÉRIE, — 4.° VOLUME. A LILLE, CHEZ TOUS LES LIBRAIRES. Ph PARIS ÿ enr DERACEE , RUE DU BOULOY, N.9 7, AU PREMIER. 1858. | | A RENT CA en RUES M MÉMOIRES SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DES SCIENCES, DE L'AGRICULTURE ET DES ARTS DE LILLE. AAA MÉMOIRES SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DES SCIENCES , DE L'AGRICULTURE ET DES ARTS DE LILLE. ANNÉE 1857. IL° SÉRIE. — 4.° VOLUME. LILLE, CHEZ TOUS LES LIBRAIRES,; PARIS CHEZ DERACHE, RUE DU BOULOY, N.° 7, AU PREMIER. 1858. MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DES SCIENCES , DE L'AGRICULTURE ET DES ARTS DE LILLE. TABLE DE LOGARITHMES ACOUSTIQUES, DEPUIS 1 3usQUu'A 1200, PRÉCÉDÉE D'UNE INSTRUCTION ÉLÉMENTAIRE, Par M. DELEZENNE , Membre résidant. Séance du 17 avril 1857. L'acoustique musicale est en possession de divers instruments dé- licats propres à déterminer avec exactitude le nombre d’oscillations exécutées , en un temps donné, par un corps sonore produisant un son appréciable. Qu'on fasse sonner le diapason d'acier dont tous les musiciens font usage, les deux branches s’écarteront et se rappro- cheront alternativement l’une de l’autre. Chaque mouvement d'écart ou de rapprochement sera une oscillation; les deux mouvements successifs conslitueront ensemble une vibration. Le nombre des oscillations est double du nombre des vibrations. Dans les instruments à vent , comme l'orgue, le cor, la flûte... c'est l'air contenu dans le tuyau qui est le corps sonore mis directement en vibration par le soufle, Dans les autres instruments comme le violon, la harpe, le piano... c'est la corde qui est le corps sonore mis en vibration par . ME le frottement de l'archet , le pincement des doigts , le choc du mar- teau... Il faut au moins une vibration, ou deux oscillations pour qu'un son se produise. Dans tous les cas, les vibrations du corps élastique se communiquent à l’air extérieur, elles y engendrent des ondes sonores qui se propagent au loin avec la vitesse de 340 mètres par seconde; elles arrivent ainsi à l'organe de l'ouïe qu’elles ébranlent et font naître la sensation du son. Avec la sirène de M. Cagniard de La Tour, décrite dans tous les trailés de physique, on trouve que le diapason usité en Allemagne fait 880 oscillations , ou 440 vibrations, par seconde (a). L'erreur possible sur la moyenne d'un grand nombre d'observations n’afteint pas une oscillation. On arrive au même résultat avec la roue dentée de Savart, décrite aussi dans les traités de physique. Quand on fait usage des fourchettes de Scheibler, l'erreur est au-dessous d'un dixième d'oscillation sur plus de neuf cents , c'est-à-dire d’une oscil- lation entière sur plus de 9000 (6). Quand on a un diapason dont le nombre des oscillations par seconde est exactement déterminé, on peuts’en servir pour trouver le nombre d'oscillations par seconde, correspondant à un son quelconque. À cet effet, on employe un sonomèire soigneusement divisé et organisé comme celui que j'ai décrit (e). Le procédé à suivre repose sur un principe que je vais développer avec les détails que réclame son importance. Les séomètres ont démontré que les nombres d'oscillations synchro- aiques (qui s'exécutent dans le même intervalle de temps) de deux parties inégales d'une même corde tendue, sont inversement propor- (a) Note sur Le ton des orchestres, dans les Mémoires de la Société des Sciences de Lille , pour 1854. (®) Voyez : Mémoire sur la théorie des battements, par M. Vincent, membre de l’Institut. Annales de chimie et de physique , 3.° série, T. XX VI. Voyez aussi : Mémoire explicatif de l'invention de Scheibler , par M. Lecomte, dans les Mémoires de la Société de Lille , pour 4355. (c) Sur la formule de la corde vibrante. Mémoires de la Société de Lille , pour 1850. EVE ue tionnels aux longueurs ; mais pour que cela soit réalisé, il faut, comme je l'ai prouvé (a) que la corde de cuivre pur soit extrêmement mince, qu’elle ait tout au plus 42 à 48 centièmes de millimètre d'é- paisseur. On doit refuser toute confiance aux expériences faites, comme ordinairement, avec des cordes beaucoup plus grosses et souvent aussi avec des instruments et accessoires grossiers et mal divisés. Sous la corde suffisamment tendue on introduit un chevalet mobile qu'on déplace peu à peu jusqu’à ce que la corde en vibrant fasse entendre un son identique avec celui du diapason faisant, par exemple, 880 oscillations par seconde; et puisque la portion de la corde comprise entre le sillet et le chevalet vibre à l'unisson du diapason, elle exécute comme lui 880 oscillations par seconde. Soit 332 millimètres la dis- tance trouvée depuis le sillet de droite jusqu'à l’arête du chevalet. À une distance convenable du sillet de gauche on cherche la place d’un second chevalet pour que la corde , comprise entre lui et le sille, vibre à l'unisson parfait du son dont on cherche le nombre synchroni- que d'oscillations. Soit 415 millimètres la longueur de celte portion de la corde. On fait alors la proportion inverse : (! — : —— :;, 880 : x — 704. 332 44 Qt Ainsi , le deuxième son est rigoureusement caractérisé et défini , par les 704 oscillations qu'il exécute dans chaque seconde de temps. On opère de la même manière pour caractériser tout autre son. Si l'on chante wf à l'unisson de la corde de 415 millimètres, on remarque, pour l'exemple ci-dessus choisi à dessein , que la corde de 332 millimètres fait entendre, en toute rigueur, la médiante au-dessus de cet uf, c'est-à-dire la tierce majeure, le m2 de la gamme majeure ayant cet wf pour tonique. (a) Sur la formule de la corde vibrante. Mémoires de la Société de Lille, pour 1850. 6 Puisque l'uf fait 704 oscillations pendant que le mx en fait 880, il est clair que l'uf fera la moitié, le tiers, le quart. ... de 704 os- cillations pendant que le mi fera la moitié, le tiers , le quart. . .. de 880 oscillations ; c'est-à-dire que le rapport synchronique entre les nombres d’oscillations de deux sons ne change pas soit qu'on multiplie, soit qu'on divise par un même nombre les deux termes de ce rap- port. Ainsi, pendant que l'uf fait 704 oscillations, le m2 en fait 880 ; et si l'on divise ces deux nombres par leur plus grand commun divi- seur 176, on trouve que l’uf fait 4 oscillations pendant que sa tierce majeure ou le mi en fait5, et qu'enfin l'uf fait une oscillation pen- dant que le #4 en fait + ou 4 ‘/4. Dans les calculs d'acoustique musicale il est d'usage de représenter ainsi par l'unité le plus grave des deux sons que l'on compare, et conséquemment de représenter le son aigu par une expression frac- tionnaire ayant pour numérateur le nombre d'oscillations du son le plus aigu et pour dénominateur le nombre synchronique d'oscillations du son le plus grave. Ainsi, quand on dit que £ représente le mi, on sous-entend que 1 représente l'ué. Des expériences précises (a) ont prouvé que dans la gamme majeure d'uf ou de 1, a le ré estreprésenté par Æ ou 1 420 mi _ Mr fa 3 1/3 sol L NEA la £ 41. °/3 si Fa 17/8 l'ut octave 2. Le rapport synchronique du ré au m4 est celui de à £ ou de EL à = ou de 40 à 45 ou de 5 ‘4.10 ou de 1 à *? (a) Considérations sur l'acoustique musicale. Société de Lille, 4855. ed AE Ce nombre + étant un peu plus grand que nous indique que le mi est un peu plus élevé au-dessus du ré que le ré au-dessus de l’ut. Comparons de la même manière le ré © à sa tierce mineure ou au fa 3. Le rapport synchronique de ces at sons sera celui de © à + 50 à 36 ou de FE LT ou de 30 à 36 ou de 5 à 6 ou de 4 à $ Comparons de même le mi + au fai, leur rapport sera celui de # à + ou de ++ à 1, ou de 15 à 16 ou enfin de 4 à 5 — 1 '/,2. De même , le rapport du sé à l'ut octave, sera celui de 4€ à 2 ou de 415 à 16, ou de 1 à +2, comme de mè à fa. 4 5°? En résumé , on a le tableau suivant : Notes de la gamme majeure d'ut, ut ré mi fa sol la si 4 rapports synchroriques 41, + < rap. sy. entre les notes consécut. 4 _ o 12 œs | 3 8 Si l'on écrit à la suite les unes des autres les notes de rang pair, puis leë notes de rang impair, on aura : ré fa la ut mi sol si CIE] >| ss. 5 ë G 4 5 4 5 rap. Syn. d'où l’on peut conclure que les notes de la gamme proviennent d'une suite de tierces alternativement mineures £ et majeures +. Les nombres fractionnaires ci-dessus réprésentant les notes succes- sives de la gamme majeure d'ut, se retrouvent dans les ouvrages mo- dernes qui traitent de la théorie de cette gamme, à l'exception pourtant du ré qui est partout représenté par +. C'est une erreur qui remonte jus - qu'à Rameau. Dans son traité de l'harmonie publié en 1722, le célèbre artiste adopte pour le ré la valeur ci-dessus 2; mais plus tard, en 1726, s'étant aperçu que cette valeur était en opposition avec les s si (OR bases de son nouveau système de musique théorique, et ayant besoin, pour étayer ce système, d'un ré qui fût la quinte juste du so4, il a dû croire que le ré ?, plus conforme à ses vues , était aussi plus conforme à la nature. D'Alembert dans son commentaire du système de Rameau, et J.-J. Rousseau dans son dictionnaire, n'ont élevé aucune réclamation contre ce changement , et c'est par cette voie que l'erreur s’est infiltrée partout. Ce n'est qu'en 1851 que des expé- ni. spéciales et rigoureuses (a) ont rendu au ré sa véritable va- leur #. Cette erreur n’a plus sa raison d'être, elle fausse toutes les SHdEs il importe qu'elle disparaisse. (Voir une note à la fin.) Nommons provisoirement ro le son qui serait élevé au-dessus d'ué autant que mi est au-dessus de ré. Ce ro sera représenté par 2, l’ut étant 1. Comparons maintenant le son sé au son ro. Le rapport syn- RTE sera celui © à + ou de $# à t, ou de 80 à 81 ou enfin de 1 tas . C'est-à-dire . si le ré est een per ( à ro le sera par 1, Gi l'on veut que l’uf soit 4, le ro sera € x ft ou ? Nous avons vu que le rapport synchronique de ut à réest 2 — NE réami +—1I Pi 6 mièfa 1"; 5 à 8141 Hé A TO en Mise etc. etc. “ est plus petit que "/$. Il en résulte que pour aller en chan- tant du ré au mi, il faut élever la voix (la rendre plus aiguë) un peu plus que pour aller de l’ut au ré. C’est ce qui fait dire que la distance, l'intervalle de l'ut au ré est un peu moindre que celui du ré au mi. On donne le nom de ton mineur à l'intervalle de l'ut au ré, EX en général , à l'intervalle de deux sons dans le rapport de 4 à 22. On appelle {on majeur l'intervalle de deux sons dont le rapport ék celui de 1à ?, comme de ré à mi, de fa à sol, de la à st. RE M ORNE MS, LR 2 LR (a) Expériences et observations sur le RÉ de la gamme. Mémoires de la Société de Lille, 1855. ro . La fraction - étant beaucoup plus petite que £ ou ; , on voit que pour aller en chantant de mi à fa, il faut élever la voix beaucoup moins que pour aller d'uf à ré ou de ré à mi. C'est-à-dire que l'in- tervalle de mi à fa est beaucoup moindre que le ton majeur ou mineur. On lui a donné le nom, assez mal choisi, de demi-ton majeur ; ce qui veut signifier que l'intervalle de m2 à fa est plus grand ( majeur ) que la moitié du ton ou majeur ou mineur. La fraction - est aussi beaucoup plus petite que À, par consé- quent l'intervalle du ré au ro est plus petit que le demi-ton majeur. On l'appelle comma. C’est l'excès du ton majeur sur le ton mineur. Le ro étant d'un comma plus aigu que le ré, nous le désignerons par rét Le petit c placé à droite et un, peu au-dessus du mot ré indique qu'il faut élever le son ré d'un comma pour avoir le son ro, dont le nom provisoire devient ainsi inutile. Par les mêmes raisons , on écrit un petit c à droite et au bas du nom d'une note pour indiquer qu'elle doit être abaissée, ou plus grave, d'un comma. Exemples : Mie mi abaissé d'un comma. | fa fa dièse abaissé d'un comma. sol*c sol dièse élevé d’un comma. sis st bémol élevé d'un comma. lahce la bémol abaissé de deux commas. rémecc ré double dièse élevé de trois commas. sie, st triple bémol élevé de deux commas. soli À sol quadruple dièse abaissé de trois commas. etc. Gardons-nous bien de confondre, comme on le fait souvent pour abréger le discours, deux choses différentes et parfaitement distinctes : le rapport synchronique de deux sons et l'intervalle de l'un à l'autre. Le rapport synchronique ©, par exemple, rappelle que l'ué fait quatre oscillations pendant que le mé er fait cinq, tardis que MO e l'intervalle de l'ut au mi est la quantité dont il faut élever la voix au- dessus de l’uf pour arriver au mi. Le rapport synchronique 42, ou Li 3) OU to[or .…. ne mesure pas l'intervalle de l’ut au ré, où au mi, ou au sol... mais il est un indice, un signe , un symbole de cet inter- valle ; ilne le mesure pas, mais il en donne le sentiment plus ou moins vague ; il sert même , comme nous le verrons , à trouver la mesure de l'intervalle. C'est pour cela que les rapports synchroniques PL, 4,2 , +, sont aussi nommés rapports symboliques, va- leurs symboliques, intervalles symboliques. Sous le nom de syn- 5 . 2 GIE , chroniques, ces rapports rappellent le nombre des oscillations de l’ut comparé aux nombres d'oscillations des notes de la gamme ; sous le nom d'intervalles symboliques, ces mêmes fractions portent la pensée vers la distance, l'intervalle de l'uf aux notes de la gamme. Par exem- ple , si la fraction Ÿ est qualifiée de rapport synchronique, c’est qu’on a en vue le nombre des oscillations de l'ut comparé au nombre des os- cillations du s0/. Si cette même fraction ? est qualifiée de rapport symbolique , ou d'intervalle symbolique, c'est qu'on veut porter la pensée sur l'intervalle de l'ut au sol, sur la quantité dont il faut élever la voix pour aller de l’ut à sa quinte sol. La fraction + est l'intervalle symbolique de ré à ré°, intervalle déjà signalé sous le nom de comma. Dans leur pratique de tous les jours. les musiciens éprouvent sou- vent le désir ou le besoin d'apprécier l'intervalle compris entre deux sons qu'ils veulent comparer. Ils estiment que cet intervalle est d’un ton, de deux tons, d'un demi-ton, d’un quart de ton....; mais ces appréciations, quelquefois assez justes quand 1l s’agit d’un intervalle fréquemment usité d’un ou plusieurs tons ou même d’un demi-ton, sont presque toujours grandement erronées dans les autres cas, sur- tout lorsqu'il s'agit de très-petits intervalles. C'est donc à tort que pour soutenir ou pour combattre une théorie musicale on invoque ces grossières estimations que l’on affirme être exactes sans fournir à l'appui des expériences précises. Une théorie musicale peut toujours se traduire par des chiffres, des es valeurs symboliques ; on peut en déduire , comme nous allons le voir , la mesure précise , rigoureuse, des intervalles et par conséquent juger avec certitude du mérite de cette théorie. Nous en donnerons des exemples. Mesurer un intervalle, c’est déterminer le nombre de fois qu'il contient un autre intervalle pris pour unité: comme on prend la toise, l’aune, le mètre... .. pour mesurer la longueur d'un mur, d'unetoile..... L'unité d'intervalle, comme toute autre unité, est absolument arbi- traire ; cependant, si elle est choisie trop grande, elle sera incommode pour mesurer de petits intervalles musicaux, comme cela arrive très- souvent. Nous choisirons entre diverses unités et nous donnerons les motifs qui ont déterminé notre choix. Concevons une série indéfinie de sons successifs marqués respec- tivement des numéros d'ordre 0,14,2,3,4,5,6,17.......ettels que le N.° 4 soit plus aigu que l'uf marqué N.° 0, de l'unité d'inter- valle; que le son N.° 2 soit plus aigu que le N ° 1 précédent , aussi de l'unité d'intervalle; que le N.0 3 soit plus aigu queleN.°2 , dela même unité d'intervalle ; que l'intervalle du N.° 3 au N.° 4 soit encore d'une unité. ... et que cela continue ainsi indéfiniment. Il est clair que le son N.° 17, par exemple , sera au-dessus de l’ut, N.° 0, juste de 47 unités d'intervalle. Par conséquent le numéro d'ordre 47 sera exactement la mesure de ce 47. son. Il est clair encore que l'inter- valle du son N.° 523 au son N.° 549 sera de 26 unités , excès de 549 sur 523. En définitive, l'intervalle de l'ut de départ à un son quel- conque de la série est mesuré par le numéro d'ordre de ce son , et l'intervalle entre-deux sons de la série est mesuré par la différence entre les numéros d'ordre de ces deux sons. Afin d'être mieux compris des praticiens en musique auxquels je m'adresse exclusivement, je vais reprendre les mêmes idées en les appliquant à un exemple. Prenons pour unité l'intervalle d'octave. Partons d'ut N.° 0 et élevons nous d’une octave pour arriver au N.° 1. Pendant que l'ut Rose de départ, N° 0, fait une oscillation , l'uf octave N.° 4 en fait deux; ainsi, la valeur synchronique du son N.0 0 est 1 et celle du son N.° 4 est 2. Le son N.° 2 étant l’octave aiguë du N.0 4, sa valeur synchro- nique sera double de 2, elle sera 4 ou 2 x 2 ou 2°. De même celle du N.0 3 sera double de celle du N.° 2, elle sera double de 4 ou de 2°, elle sera 8 ou 9%. Celle du N.° 4 sera double de celle du N.°3, elle sera donc 2 fois 8 ou 24.... et ainsi de suite. On aura donc le tableau suivant : Numéros d'ordre 0 1 DAS) k 5 6 SAM PORC DE 1 Val. synchroniques des notes î 2 L 8. 16 39 6% 128 956 512.. successives. ou COLOR CRETE EC LR EC EIRE SE On voit que l'exposant de la puissance à laquelle il faut élever 2 ou la valeur synchronique de l'unité d'intervalle {qui est ici l'octave) pour avoir la valeur synchronique de chaque son successif de la série, est précisément le numéro d'ordre de chaque son, et enfin que cet exposant, ce numéro d'ordre , est la mesure exacte en octaves de l'intervalle du son quelconque au-dessus de l'ut de départ. Ainsi la valeur synchronique du son N.° 13, par exemple, est 2 élevé à la ireizième puissance, c'est CHER c'est 2 multiplié treize fois par lui- même , c'est enfin 8499, et l'intervalle en octaves de l'ut 4 de départ à ce 13.e son de 8199 oscillations est mesuré par l'exposant 13. C’est un intervalle de treize octaves. Nous avons bien dans ce qui précède la mesure exacte de l'inter- valle en ociaves depuis l’wf de départ faisant une oscillation jusqu'aux sons faisant dans le même temps 2, 4, 8,16, 32, 64.... oscilla- tions; mais nous n'avons pas la mesure de l'intervalle pour les nom- bres intermédiaires d'oscillations. Nous n’avons pas, par exemple, l'intervalle en octaves de l'ut de départ au son représenté par le chiffre 49 que je prends au hasard. L'intervalle demandé est évidem- ment compris entre 4 , numéro d'ordre de 16 , et 5 , numéro d'ordre de 32; mais plus près de 4 que de 5. Ce numéro d'ordre cherché, cetintervalle en octaves de l'ut de départ au son 19, est l'exposant de la puissance à laquelle il faut élever 2 pour avoir 49. Nommons æ cet US — exposant inconnu, on aura donc pour le trouver à résoudre l'équation CRREETAN EU Prenant dans une table quelconque , dans celle de Callet, par exemple, les logarithmes de 2 et 19, on aura : log. 19 æ x log. 2 = log. 19 d'où æ — = log. 2 Logarithme vulgaire de 19....... 1,2787536 Logarithme vulgaire de 2........ 0,3010300 faisant la division, on trouve æ — 4,2479275.... pour l'intervalle demandé. Cet intervalle signifie que le son faisant 19 oscillations pen- dant que l’uf en fait une seule, est élevé au-dessus de cet uf de & octaves ‘/,, ou plus exactement, de 4 octaves et 2479 dix-mil- lièmes d’octave. Ce que nous venons de faire pour le nombre 19 on peut le faire pour tout autre nombre entier ou fractionnaire; on peut donc ainsi dresser une table, une sorte de Barême, en deux colonnes où l'on trouverait , dans la première colonne , la suite naturelle et indéfinie des nombres 4,2,3,4,5,6,17....et à côté, dans une seconde colonne, les intervalles calculés comme nous venons de le faire pour le nombre 19. On donne le nom de logarithmes acoustiques aux nombres de cette seconde colonne. Qu'on ne s’effraye pas de ce gros mot logarithme, il n'a pas ici d’autre signification que celle que nous lui avons donnée dans ce qui précède. Au lieu d'appeler ces nombres : logarithmes acous- tiques, on pourrait, on devrait les appeler : intervalles musicaux. La table des intervalles musicaux, la table de logarithmes dont je viens de donner une idée, et dans laquelle l'unité d'intervalle est 2 ou l'octave de l'ut, existe réellement. Elle a été calculée, en 4832, depuis 4 jusqu’à 320 , par M. de Prony, membre l'Institut. L'exac- titude de chaque logarithme ou intervalle musical en octaves, a été poussée jusqu’à la septième décimale, c’est-à-dire, jusqu’à la dix- millionième partie de l'octave. On a bien rarement besoin d'une aussi grande précision. Re (UNE Rien n'obligeait M. de Prony à prendre l'octave ou 2 pour l'unité des mesures d'intervalles ; tout autre nombre pris pour basepeut être employé ; mais comme les expériences d'acoustique musicale et les calculs qui en sont la suite ont presque toujours pour but de mesurer de très-petits intervalles , il convient de prendre pour unité un inter- valle beaucoup plus petit que l’octave 2. C'est aussi ce qu'à fait M. de Prony. Il a donné une table allant aussi de 4 à 320, en prenant pour base la douzième partie de l’octave ou 2 F5. Dans son grand ouvrage sur la musique des Grecs (a) M. Vincent, membre de l'Institut, a donné une table de logarithmes acoustiques dans laquelle l'unité d'intervalle, est la soixantième partie de l’octave ou 255: Ce choix convenait ici , parce que l’auteur avait à étudier une grande diversité de systèmes bizarres où figurent toutes sortes de nombres. Jai moi-même donné, en 1833 (b), une table de logarithmes acous- tiques ee 6 décimales. Elle s'arrête à 460 et l’unité d'intervalle est le comma +. Le choix que j'ai fait du comma pour mesurer lesintervalles musicaux eat justilié , ce me semble , par les considérations suivantes : Le comma est tiré des intervalles entre les notes de la gamme, puisqu'il est la différence entre le ton majeur et le ton mineur. Il affecte presque toujours , soit en la haussant, soit en la baissant , la note à laquelle on arrive comme résultat d'un calcul ou d’une combi- naison. Par exemple, si l’on s'éloigne continuellement d'ut d'un inter- valle de seconde, de tierce, de quarte, de quinte, etc., on ne rencontre que des notes ou naturelles, ou diésées , où bémolisées , et presque toujours commatisées, c'est-à-dire élevées ou abaissées d’un ou plu- sieurs commas entiers. Mes logarithmes mettent enévidence ces commas, qui restent cachés sous des chiffres quand on calcule avec des tables d’une autre base, d’une autre unité de mesure. Le comma joue un rôle très-important dans les expériences et les calculs d'acoustique musi- (a) Notices et extraits des manus. de la bibloth. ,etc.,t. XVI, 2° p., chez Duprat. {b) Mémoires de la Société de Lille , pour 1833 et 1848, a — cale, dans les théories, dans la constitution des accords, et en général dans les combinaisons diverses des notes usitées. Consultons, par exem- ple , le tableau suivant des diverses gammes dans le mode majeur : 10 9 16 9 10 9 9 8 15 8 9 8 si* ut réf mit far so lai mi fat soft la sif° utff ré? la sif ut? ré? mi fat solf* ré* mi? fat sol* la* si ut#* sol* Jaë si? ut* ré* mi* fat ut* ré? mi? fa? sol* laÿ s* fa* sol* la * si ut*° ré* mi* si ut* ré? mi fa* soÛ* la* mi fa? sol* la si ut* réf la si, ut* re mi fa? sol* ré mi‘ fa sol, la si, utf sol la si ut ré! mi faf ut ré mi fa sol la si fa sol, la si, ut ré mi Si, ut, ré mi, fa sol, la mi, fa, sol, la. si, ut, ré la, si, ut re, mis fa sol ré, mi, fa sol, la, si, ut sol, la, SI, ut, ré, mi, fa ut, ré, mi, fa, sol, la, si, fa, €: ins LS Se «Ut, FE mi, sl, ut, ré, mi, — fa? sol, la, mis, fa, sol, la,, si, ut, ré, la,, Slbe ut, ré mi, fa, sol, bb Mie là sol, la, Slbpe ut, io On y voit que le mi, le sol et le si de la gamme d'ut doivent être abaissés d'un comma pour entrer dans la gamme de ré ; que le fa* de la gamme de sol doit être abaïssé d’un comma pour entrer dans les gammes de mi, de la et de ré ; que le so/ naturel est plus grave d'un comma dans les gammes de ré, de fa et de si, ; que la seconde et la quatrième note de la gamme de s4, doivent être haussées d’un comma pour devenir la troisième et la cinquième notes de la gamme de La, etc., etc. On comprendra encore mieux l'importance du rôle que joue ce comma dans l'exposition des théories musicales, et par suite l'utilité d'une table qui le mette immédiatement en évidence dans les calculs, sans qu'il puisse se perdre ou se cacher sous des chiffres, en méditant le Mémoire sur la théorie de la gamme et des accords (a), lu à l'Académie des Sciences par M. Vincent, membre de l'Institut. C'est une opinion presque universelle, parmi les musiciens , que le comma n'est pas perceptible. C'est encore une erreur qui remonte jusqu'à Rameau. Le célèbre et savant artiste s'exprime sur ce point avec tant d'énergie et d'autorité qu’on n'ose presque pas le contredire : « Jamais personne n’a senti ni ne sentira la différence entre le ton » majeur et le ton mineur. » (b) Cette erreur, répétée de confiance par d’Alembert, J.-J. Rousseau et leurs successeurs, s'est enracinée dans les esprits et n’en sortira pas de longtemps. Il serait absurde, ilest vrai, de vouloir mesurer quoi que ce soit avec une unité qui échap- perait à nos moyens de perception ; mais tel n’est pas le cas du comma. Non seulement le comma est appréciable par les oreilles les plus brutes, mais un intervalle dix fois plus petit est encore perceptible dans un grand nombre de cas. On en trouvera beaucoup d'exemples dans les notices citées plus haut. à L'époque actuelle voit surgir de nombreux ouvrages ayant la théorie de la musique pour objet. Aujourd’hui la plupart des auteurs soumettent (a) Comptes rendus de l’Académie des Sciences. Séances des 19 novembre, 24 et 31 décembre 1855. (E) Code de musique pratique. 1760 , p. 205. — À] — leur système au calcul, et comme aucun , jusqu'ici du moins, ne tient compte du comma, que tous le dédaignent ou ignorent son importance, les petites erreurs s'accumulent et deviennent embarrassantes. Alors on s'en prend aux nombres fondamentaux qu'on déclare faux ; on nie les faits constatés par les musiciens eux-mêmes, on oppose à ces faits des affirmations dénuées de preuves , on est réduit enfin à user d'une tactique qui réussit toujours et qui consiste à verser tout doucement le ridicule ou le mépris sur les géomètres et les physiciens qu'on accuse d'incompétence et d'incapacité; aménités qui prouvent mer- xeilleusement l'excellence du système qu’on préconise. Quelles que soient les idées que chacun a adoptées sur la théorie de la musique, il est utile à tous de pouvoir les soumettre à l'analyse et à la comparaison avec les idées des autres, et cela ne peut se faire commodément qu'avec le secours d’une table de logarithmes acousti- ques , qui reste toujours neutre entre les opinions belligérantes. L'utilité d'une pareille table ne pouvant être mise en doute, j'ai songé à reproduire celle de 1833, mais beaucoup plus étendue, puisque je la pousse jusqu’à 4200 au lieu de 460. Afin qu'on puisse préciser le degré de confiance qu’on peut accorder à ma table, je me crois dans l'obligation d'indiquer la marche que j'ai suivie pour la calculer ; mais il faut pour cela qu’on me permette de reproduire en peu de mots, pour cette table , la petite théorie élémentaire déjà exposée à l’occa- sion de la table de M. de Prony, ayant l’octave ou 2 pour base. Concevons donc qu'on s'élève continuellement au-dessus d’ué d'un comma à la fois et qu'on marque d’un numéro d'ordre les sons succes- sivement produits. On voit que l'intervalle en commas de l’uf N.° 0 à l’un quelconque des sons de la série indéfinie sera mesuré par le numéro d'ordre de ce son. On aura donc : N.95 d'ordre 0 1 2 3 RTE BANANE ÉRANTES SANT: |: 844 val. synch. | — — = — Fee baie 80 80 80 80 80 81 6561 &3A&A1 13046720 symboles 4 —— . 86 6400 512000 40960009 | 9 2 — 13 — Où l'on voit bien que l’exposant de la puissance à laquelle il faut élever ©! pour avoir la valeur synchronique des sons successifs, est précisément égal au numéro d'ordre. C’est ce numéro d'ordre ou cet exposant qui est le logarithme acoustique de chaque son , c’est-à-dire l'intervalle en commas de l’uf à ce son. Nous avons bien ici sous les yeux l'intervalle de l’ut aux divers sons dela série, mais nous n’avons pas l'intervalle de l’ut à un son ne faisant pas partie de cette série. Soient 4 et N les nombres synchroniques d'oscillations de l'ut et d’un son quelconque ; N sera la valeur symbo- lique de ce son; soit æ l'exposant de la puissance à laquelle il faut élever “1 pour reproduire ce nombre N. On aura : 81\T Ce Lo Ah CA) d’où l’on tire log N. 1 == LR = % log.N. log + log 81 — log 80 Ce qui fait connaître æ, c'est-à-dire le logarithme acoustique de N, c'est-à-dire encore l'intervalle en commas de l’uf au son dontla valeur symbolique est N. Rappelons-nous que le rapport entre les nombres synchroniques d'os- cillations de deux sons ne mesure pas l'intervalle entre les deux sons, mais nous voyons ici que ce rapport N entre obligatoirement dans le calcul à faire pour obtenir cet intervalle æ. Pour résoudre l'équation (A) je me suis servi des logarithmes vul- gaires des tables de Gallet. J'ai donc eu : log. vulg. de 81. 1,90848 50188 78649 74918..... log. vulz. de 80. 1,90308 99869 91943 58364... log. v.81 — log. v. 80. 0,00539 50318 86706 16354. —p. Fe ainsi æ — — x log.vulg.N. P il n'y a donc plus qu'à diviser par p le logaritime vulgaire du = 19 — nombre N. C'est aussi ce que j'ai fait pour calculer ma première petite table ; mais comme , pour simplifier et abréger ce travail , je me suis contenié du diviseur trop petit 0,005395 , j'ai eu des résultats trop grands. Pour ma nouvelle table , j'ai d’abord divisé l'unité par p avec ses vingt chiffres décimaux , le quotient est 185,35571 63330 375....M. C’est le logarithme acouslique de la base 40 des logarithmes vul- gaires, c'est ce quotient ou module Mqu'il faut multiplier successivement par les logarithmes vulgaires de 2, 3, 4, 5, 6, 7... À cet effet, j'ai ajouté le module M à lui-même neuf fois de suite , ce qui m'a donné d'avance les produits partiels de M par les chiffres significatifs du logarithme vulgaire de N. Ces produits partiels ayant été écrits sur le bord d'autant de cartons soigneusement et largement réglés, il n'y avait plus qu'à ranger ces cartons les uns sur les autres en reculant d’une place à chaque chiffre , puis à faire l'addition. J'ai pris dans la _ table de Callet les logarithmes vulgaires à 12 chiffres décimaux, ce qui en donnait 23 aux produits totaux; mais en additionnant j'ai néoligé les sept dernières colonnes , en tenant compte de la retenue fournie par la dix-septième, De cette manière le produit ne peut être en défaut que de quelques unités sur le chiffre décimal du seizième ou du quinzième ordre. Les logarithmes des nombres premiers et de leurs diverses puis- sances ainsi calculés ont été écrits , avec dix chiffres décimaux seu- lement, sur le bord d'autant de cartons bien réglés, de manière qu'en les superposantj'additionnais facilement les logarithmes des plus grands facteurs des nombres complexes et j'insérais dans la table les sommes réduiles à 8 chiffres décimaux, avec la précaution, ici comme partout, d'augmenter d’une unité le dernier chiffre décimal conservé quand le premier de ceux qu'on abandonne est 5 ou plus grand que 5. Enfin, je n'ai calculé qu à 12 décimales exactes les logarithmes des nombres premiers au-dessus de 600, parce qu'il n’y avait pas lieu de les ajouter à d’autres. six RE 22 Malgré mes efforts d'attention et de patience pendant ce travail de manœuvre, il se peut qu'il y ait çà et là dans ma table quelques chiffres suspects. Si quelques-uns des logarithmes pris dans Callet sont en défaut, ils auront inévitablement faussé dans ma table ceux qui en proviennent. J'ai partagé les 8 chiffres décimaux en deux groupes de 4, parce qu'il est très-rare qu'on ait besoin de pousser l'exactitude au-delà des dix-millièmes de comma et qu’on peut souvent se contenter des cen- tièmes. N'oublions pas cependant qu'avec les fourchettes de Scheibler, et par la méthode des battements, on peut mettre en évidence des différences moindres qu’un centième de comma, c’est-à-dire un inter- valle cent fois plus petit que le comma nié par Rameau et tous les musiciens. A la seule inspection de la table, on reconnait que les différences entre les nombres N successifs sont constantes et égales à l'unité, tandis que les logarithmes correspondants ont des différences inégales qui décroissent , d'abord avec rapidité pour les petits nombres N, puis de plus en plus lentement pour les nombres plus grands, de sorte que pour les dernières pages de la table, les différences des nombres voisins sont à peu près proportionnelles aux différences de leurs logarithmes respectifs. Les erreurs des calculs fondés sur cette proportionnalité diminueront donc à mesure qu'on opérera sur des nombres plus voisins de la limite 1200 de la table. C’est sur cette proportionnalité approchée qu'est fondé le procédé suivant pour cal- culer avec une suffisante précision le logarithme d'un nombre qui passe les limites de la table. Soit donc à calculer le logarithme de 234,5678. On fera la pro- portion : À différence entre 234 et 235 : 0,3432 7969 différ. entre les log. de 234 et 235 ::0,5678 différ. entre 234 et 234,5678 : æ—=0,1949 1494 différ. entre les log. de 234 ei 234,5678. Ajoutant cette différence. ............... 0,1949 4421 au logarithme de 234......... RATS LAN 439,1477 0240 on aura, pour le log. de 234,5678..,...... 439,3426 1661 Le log. directement calculé est.............. 439,3428 1201 L'erreur négligeable est donc.......... …... 0,0004 9540 Si l'on voulait plus d'exactitude, on se dirigerait d’après la re- marque suivante qui a d'utiles et fréquentes applications. Le nombre proposé 234,5678 est assez petit pour que son quadruple et même son quintuple 1172,8390 soit au-dessous de la limite 1200 de la table. On cherchera donc le logarithme de 1172,839 en faisant la proportion 1:0,0686 5585 :: 0,839:x —.......... . 0,0576 0226 ajoutant le log. de 1172..,.. CERTA A 568,8432 7583 on aura pour le log. de 1172,839........... 568,9008 7809 Mais comme on a opéré sur un nombre 5 fois trop grand , il faut retrancher le log. de 5 ou.. 129,5580 8585 le reste est le log. cherché de 234,5678...... 439,3427 9224 Le log. exact, calculé à part, est..... sos. 439,3428 1201 la différence est........ PRE AE AE PARUS 7 fa 0,0000 1977 L'erreur est nulle jusque dans la quatrième décimale. Si l'on demandait le logarithme de 234567,8 il suffirait évidem- ment de calculer comme ci-dessus le logarithme de 234,5678 et d'y ajouter le logarithme de 1000. On aurait ainsi...... 439,3428 + 556,0671 995,4099 Il faudrait au contraire retrancher de.. 439,3428 le log. de 400 ou............ Ov LS LEE pour avoir le logarithme de 2,345678... 68,6314 On s’exposerait à faire une erreur sensible si l'on usait de la pro- portion pour calculer, sans préparation, le logarithme de 2,345678. C'est ce que constate le calcul suivant : = 9 de 1 : 32,6395 :: 0,345678:t— ...... ssh els 11,2828 ajoutant le log. de 2 ou...........,...,.242. 188796 on aurait..... De Doro 0 bio 0 de à Se RENÉE ... 67,0804 nombre trop faible de 1,5510 ou de plus d'un comma et demi, ou d'environ la 44.€ partie de la vraie valeur. Soit à calculer le log. de 1,0125. Il faut d'abord transformer ce nombre en 4012,5 en le multipliant par 4000, pour qu'on le trouve entre deux autres dans les dernières pages de la table. Puis on fait la proportion 4: 0,0795 0545::0,5:æ—... 0,0397 5258 ajoutant le log. de 1012.............. .. 557,0273 8661 SOMME. set à 557,0671 3919 Retranchant le log. de 1000 ou............. 556,0674 4900 il reste pour le log. de 4,0125.............. 0,9999 9049 nombre qu'on peut remplacer par 1. Et en effet 81 os=(t) d'où log.1,0125 — log.81 — log.80 — 1. Remarquons que 1,0125 est divisible par 5 et que le quotient 0,2025 est lui-même divisible par 5 , de sorte que 405 x 25 4,0425 ———., et log.1,0125 — log.405 + log.25 — log.10000. 10000 Opérant , on a, log.405.............. .... 483,3066 9363 log. SR ER EE ... 259,1161 7171 Somme, ou log. de 10125........ AD +. 142,4298 6534 Hop. 100. une - 370,7114 3267 Log.100...... ... 370,7414 3267 Lo40000:::1.::0 741,4998 6534...... 741,4228 6534 Différence , ou log. de 1,0125...... 1,0000 0000 Pour faire ressortir encore une fois l'utilité de la transformation quand on a à opérer sur de petits nombres, opérons directement sur ON 1,0123. Ce nombre est compris entre 4 et 2 dont les log. diffèrent de 55,7976 3048. On fera donc la proportion : 1/55,1976 3048 ::0,0425:T—:....... + 0,6974 7038 à quoi il faut ajouter le log. de 4 ou 0 , pour avoir le log. de 1,0125. Le résultat est trop petit de 0,30253 ou des 3 dixièmes de sa valeur. Soit à calculerle log. de 9228. On le réduira à 922,8, et l'on dira: 1:0,0873::0,8:2— 0,0698 + 549,5298 log. de 922 549,5996 log. de 922,8 + 185,3557 log. de 10 134,9553 log. de 9228. Remarquons que 9228 est divisible par 4 puisque 28 qui termine le nombre est un multiple de 4. De plus , la somme 21 des chiffres étant un multiple de 3, le nombre 9228 l'est aussi, 1l est par consé- quent divisible par 12, et l’on a 9228—769x12. Tout se réduisait donc à faire la somme des logarithmes de 769 et 42. Los. de: 7169. pui à 534,9229 bo der Ra ja ... 200,0324 Somme ou logarithme de 9228........ 734,9553 Par les détails qui précèdent on voit, qu'en général, si le nombre proposé est au-dessous de 600 ou au-dessus de 1200 , il convient de le multiplier ou de le diviser par un auxiliaire choisi pour le ramener à être compris entre 600 et 1200 , et le plus près possible de 1200. Il faut maintenant s'exercer à résoudre le problème inverse, c'est- à-dire à trouver le nombre correspondant à un logarithme qui n’est pas exactement dans la table ou qui en passe les limites. Soit, pour premier exemple, 497,2261. Ce logarithme est com- pris entre ceux de 481 et 482. On fera donc la proportion : Age, 0,1672 différ. entre les log. de 481 et 482 3 différ. entre ces nombres. :: 0,0752 différ. entre le log. de 481 et le log. donné 0,0732 M — —0.44976 .. différ. entre 481 etle nombre cherché; 0,1672 le nombre cherché est donc 481,44976... Soit encore le log. 156,5678. Le nombre correspondant sera com- pris entre 6 et 7, c'est-à-dire dans une partie de la table où les diffé- rences variant beaucoup, on ne peut espérer qu'une approximation grossière. Pour éviter ou diminuer cette cause d'erreur, j'ajoute au log. donné celui de 100 ou 370,7144. La somme 527,2792 répond à un nombre compris entre 699 et 700, et en opérant comme dans l'exemple précédent, on trouvera 699,3397... Ce nombre est cent fois trop grand puisque pour plus d’exactitude on a ajouté le log. de 100 au log. proposé. Le résultat est donc 6,993397.... Pour opérer sans avoir recours à l'auxiliaire 406, on dira : 12,4090 différ. entre les log. de 6 et de 7 1 différ. entre 6 et 7 :: 42,3330 différ. entre les log. de 6 et le log. donné sh" 12,3330 D — 2 — 0,993878... 12,4090 nombre auquel il faut ajouter 6 pour avoir le résultat 6,993875.... moins exact que le précédent et plus grand que lui de 0,000478.... Soit encore 977,35719. Pour faire rentrer ce logarithme dans les dernières pages de. la table qu'il dépasse, j'en retranche le log. de 200 ou 426,5091, et pour trouver le nombre correspondant, je dirai : 199 0,0859 : 1 :: 0,0199 : æ = — 0,23166472.. ajoutant 937 il vient 937,231665. Ce nombre est 200 fois trop petit ; le résultat est donc 937,231665x200—187446,333. Les divers usages d'une table de logarithmes acoustiques peuvent SONDE. être extrêmement multipliés, j'en ai donné de nombreux exemples dans les notices citées plus haut. Ce que j'en dirai ici aura simplement pour but de mettre le lecteur peu exercé en état de se servir de ma table pour résoudre les diverses questions qu'il pourra se proposer. Souvenons-nous que l'expression symbolique d’une note est un nombre fractionnaire dont le dénominateur est le nombre d’oscillations de l’ué et le numérateur le nombre synchronique d'oscillations de la note elle-même. Cette expression symbolique peut immédiatement se fransformer dans la mesure en commas de l'intervalle musical de l'ut à la note. Il suffit en effet de retrancher le logarithme du déno- minateur de celui du numérateur. Ainsi la valeur symbolique du ré étant , du-log.” de 10 ou....,.......... . 485,3557 1633 on retranche celui de 9 ou.,....... napasede#4109123.0380 Reste.x...170. . 8,4814 1244 Ce reste fait connaître que l'intervalle de l'ué au ré est de 8 commas et 48 centièmes , ou environ 8 commas 1/2. Nous savons que le rapport symbolique du ton majeur de ré à mi, est ©, on aura donc : log. de 9....... ses 176,8743 0389 log. HO Da AE sante ces 167,3928 9145 9,4814 1244 L'intervalle de ré à mi, ou du ton majeur est juste d'un comma plus grand que celui du ton mineur, ce que nous savions déjà. Des praticiens disent par tradition que le ton est de & commas , d'autres disent qu'il est de 8 commas ; bien GE savent au juste ce que c'est qu'un comma. Soit encore le rapport symbolique 1£ du demi-ton majeur de m2 à fa ou de si à l'uf octave. Du logarithme de 16..................... 223,1905 2194 on Ôte celui de 15...... SNS AA 0962 8780 5,1952 8414 Le reste fait connaître que l'intervalle de demi-ton majeur est de 5 commas el près de 2 dixièmes de comma. cute On voit que le demi-ton majeur est plus grand que la moitié du ton entier majeur ou mineur. Ton majeur..... 9,4814 194% Tonmineur... 8,4814 1244 Demi-ton majeur. 5,1952 8414 5,1952 8414 Différence. ... 4,2861 2830 3,2861 2830 Cette différence, cet excès du ton majeur ou mineur sur le demi- ton majeur, se nomme demi-{on mineur, ce qui signifie qu’il est plus petit (mineur) que la moitié du ton entier. On voit en même temps qu'il n'y a qu'un demi-ton majeur et qu'il y a deux demi-tons mineurs, : lesquels diffèrent d'un comma. : Quand on ne fait pas cette distinction on est entraîné à de graves erreurs. Le rapport symbolique du plus grand des deux demi-tons mineurs estixi— Hs, iles Rx 1 pourlautre. Désormais , sauf les cas qui exigent une grande précision, je ne calculerai qu'avec 4 chiffres décimaux, et j'aurai soin d'augmenter d’une unité le dernier de ceux que je conserverai quand le premier de ceux que j abandonnerai sera 5 ou plus grand que 5. Pour avoir en commas l'intervalle de l’uf à une note naturelle, diésée où bémolisée, il faut donc d’abord se procurer la valeur symbolique de cette note, puis opérer comme nous venons de le faire. J'ai calculé ces valeurs symboliques tant pour les notes naturelles que pour les notes diésées ou bémolisées jusqu'à 6 fois. Ces calculs peuvent se compliquer beaucoup quand on suit la marche indirecte ordinaire , ils se simplifient extrêmement au contraire quand on ap- plique les formules que j'ai données pour cet objet (a). D'un trait de plume on trouve la valeur symbolique d’une note diésée ou bémolisée autant de fois qu’on voudra. (a) Principes fondamentaux. Mémoires de la Société de Lille. 1848. — 97 — À la table des logarithmes je joins le fableau des valeurs symbo- liques accompagnées de leurs logarithmes acoustiques. Il nous sera utile. Avant de l'employer et afin d'en tirer un parti intelligent, je dois ici m'écarter de ma route ct faire quelques excursions sans but apparent. J'ai démontré dans mes opuscules que pour diéser une note appar- tenant à une gamme d’un système musical quelconque, il faut abaisser d'un demi-ton majeur (a) la note qui la suit dans l’ordre diatonique de cette gamme, et que pour bémoliser une note il faut élever d’un demi-ton majeur celle qui la précède dans l’ordre diatonique. Il im- porte de se bien pénétrer de cette règle dont je ferai un continuel usage. Ainsi , dans la gamme majeure d'ut, du log. demi. 17,9628 on retranche le log. du demi-ton majeur. .......... 5,1953 le reste est le logarithme du ré ne en la 12,7675 Mmiba dues Age Ur ob cerde ste uk 21084804 on ajoute le log. du demi-ton majeur. ....,,..,.... 5,1933 la somme est le log. du mi bémol ou Hp ele ae alain a ne) AUD 101 Ce mi, ou 13°,6767 n'est pas la tierce mineure de l'uf comme on le croit communément. La tierce mineure del’utest £, où 14,6767, ou mi} Dalestoden ant oatulut Mayo 14.419851 on retranche celui du demi-ton majeur.........,... B,1953 17,9628 le reste est le log. de m#* qui se confond avec le log. de mi naturel, puisque du mé au /a il y a l'intervalle d'un demi-ton majeur. TAN, RE, 18. GRAVE VECRUE" VORT, D) 0 (a) J'entends ici par demi-ton majeur le plus petit des intervalles entre les notes consécutives de la gamme quelle qu’elle soit. 98 Au log. de mi........,......,....... ...... 17,9628 j'ajoute celui du demi-ton majeur................. 5,1953 la somme est le log. de fas................ se... 23,1581 Il se confond avec celui de fa parce que de mc à fa, il y a un demi ton majeur comme de m? à fa. Selon qu'entre deux notes le ton est majeur ou mineur, on peut ajouter 4,2861 ou 3,2861 à la note grave pour avoir son diése , ou retrancher de la note aiguë pour avoir son bémol. Avant de faire l'opé- ration par cette marche indirecte, il faut donc avoir reconnu , par un calcul préalable , que le ton est majeur ou qu'il est mineur, ce qui peut être long et embarrassant, tandis que la règle logique donnée plus haut, et dont je me servirai toujours sans nouvel avertissement, est brève , invariable, commode et rigoureuse. On remarquera , dans le tableau des valeurs symboliques, que la différence entre une note affectée d’un nombre de dièses ou de bémols, et la même note ayant un dièse ou un bémol de plus ou de moins, est toujours l’un ou l’autre des deux demi-tons mineurs. Cela doit être, car la différence entre une note naturelle et la même note diésée ou bémolisée une fois, est d’un demi-ton mineur ; or, une note diésée ou bémolisée un nombre quelconque de fois peut être considérée comme naturelle relativement à la même note diésée ou bémolisée une fois de plus. Des auteurs commettent par tradition la grosse faute de ne pas distinguer entre le ton majeur et le ton mineur qui diffèrent d'un comma ; ils se servent invariablement du demi-ton mineur # ou 3c,2861, soit pour diéser soit pour bémoliser une note. Comparons les résultats obtenus par le procédé faux et le procédé exact. ut ré mi fa sol la 0,0000 8,4814 17,9628 93,1581 32,6395 41,1209 19,7167 28,1981 37,6795 42,8748 52,3562 60,8376 22,7167 32,1981 41,6795 46,8748 55,3562 64,8376 30000 4,0000 4,0000 4,0000 3,0000 4,0000 HsOorrz> md = A. Noms des notes B. Distances en commas de l'uf à ces notes. C. Les nombres de la ligne B augmentés de 19°,7167 ou 6 fois le demi-ton mineur 3,2861 ; ou les notes À diésées six fois selon la règle vicieuse usitée. D. Valeurs vraies des notes A diésées six fois. E. Différences entre les valeurs vraies et les valeurs fausses. L'erreur est partout de 3 ou de #4 commas entiers, ou près d’un demi-ton , dont les résultats faux sont trop petits. Et si l'on fait un pareil calcul pour les notes bémolisées , l'erreur est aussi ou de 3 ou de 4 commas dont les faux résultats sont alors trop g1 nds. D'autres auteurs commettent une erreur bien autrement grave. Ils prétendent que pour diéser une note il faut l'élever d’un demi-ton majeur et que pour la bémoliser il faut l'abaisser de ce même demi- ton. À ce compte il faut effacer de toutes les musiques mir si fa ut, et les remplacer respectivement par fa ut mi si Plus généralement, il faut remplacer dans toutes les gammes ma- jeures : La médiante accidentellement diésée, par la sous-dominante ; La sous-dominante bémolisée, par la médiante ; . La sensible diésée , par la tonique ; La tonique bémolisée, par la sensible. De plus, il faut monter d'un degré sur la portée toute note diésée, et descendre d'un degré les notes bémolisées. On ne peut insérer un dièse et un bémol qu'entre deux notes qui diffèrent d’un ton majeur ou mineur. Dans la gamme majeure d'uf, il ny a ni dièse ni bémol possible à insérer entre deux notes qui dif- fèrent d'un demi-ton majeur comme de mé à fa, de si à aut. Si l'on applique la fausse règle ci-dessus, le mt* au lieu de se confondre avec le mi se confondra avec le fa, et le fa, au lieu de se confondre avec le fa, se confondra avec le m2. 2e 50 Si on applique l’autre règle illogique usitée et enseignée presque partout, et qui consiste à élever le mi du demi-ton mineur + ou 3e,2861, on aura 21°,2490 pour mt*, c'est-à-dire le mi* des gammes de ut*, solx, réf, si... et si on abaisse le fa de ce demi-ton mineur 3,2861 , on aura 19°,8720 pour fa,, c'est-à-dire le fa, de la gamme de sipy. Mais ce n’est pas tout. En suivant cette règle absurde , il n’y a pas de raison pour exclure le demi-ton mineur 5 = 4 : Ë; alors on trouvera entre le mx et le fa de la gamme d’uf le mi* des gammes de fañ, laf, maiñ..…. et le fa, des gammes de ut, fa,, mi, , la, , Ainsi donc , en se conformant aux règles enseignées, on trouverait entre le mx etle fa de la gamme d'uf, c'est-à-dire dans un intervalle où aucune note ne peut entrer, on trouverait, dis-je, deux mé dif- férents et deux fa, différents, indépendamment d’un m#* se confon- dant avec fa et d'un fa; se confondant avec mi. Faisons ressortir encore l'absurdité et la contradiction dans les règles enseignées pour diéser et bémoliser. L'ut diésé six fois a pour valeur exacte...,..... 220,7168. Selon une règle qui tend à se propager, il faudrait élever l'ut de six fois le demi-ton majeur 5,1953, ce qui donnerait 31,1718, quan- tité trop grande de 8°,4550 ou un ton mineur. Ceux-là mêmes qui veulent qu'on diése une note en l'élevant d'un demi-ton majeur, veulent aussi qu'un wf, ou un ré, ou un /@, etc., diésé deux fois , soit un ré, où un #2, ou un so/, etc. En suivant cette règle , l’ut diésé six fois se confondrait avec /a* dont la valeur exacte est de 27C,4442 , quantité trop grande de 4°,7274. Pour ceux qui n’admettent que la gamme du tempérament égal, l'ut diésé six fois est la moitié de l’octave 55,7976 ou 27°,8988 , quaniité trop grande de 5°,1820 ou un demi-ton majeur. Selon la règle suivie dans les traités de physique et ailleurs, d'après Rameau , il faudrait augmenter ut de six fois le demi-ton mineur & ou six fois 34,2861 ; ce serait donc 49 ,7466 , quantité trop faible de trois commas, NP L'autre demi-ton mineur + ayant les mêmes droits que 2 don- nerait un w{°* de 25,7164 , quantité trop forte de trois commas. On a donc ainsi pour ut°*, six valeurs différentes selon les auteurs que l’on consulte. Voilà où mènent les fausses théories , toutes présentées comme in- faillibles et accompagnées de critiques passionnées contre les géomètres et les physiciens, la seule chose sur laquelle les écrivains soient d'accord. Je vais maintenant entrer dans les détails d'une instruction élémen- taire sur l'usage qu'on peut faire des deux tables dans les divers cas qui peuvent se présenter et sur la manière d'interprêter les résultats. Toute note dont la valeur symbolique est comprise entre 4 et 2 appartient à la première gamme montante, à la gamme qui commence par ut—1 et finit par s5—1%. L'uf octave ou 2 commence la se- conde gamme montante et toute note dont la valeur symbolique est comprise entre 2 et 4 , appartient à cette deuxième gamme montante, Par exemple, la note dont la valeur symbolique est 2x£ est un /a qui appartient à la seconde gamme montante. Convenons de repré- senter cette note par 2/4, le chiffre 2 rappelant que la note la ap- partient à la deuxième gamme. Si une note appartient à la troisième gamme, à la quatrième , à la cinquième... elle aura devant son nom le chiffre 3 , ou 4, ou 5... Ainsi ‘7ré indique un ré qui appar- tient à la septième gamme : ce sera une note plus aiguë que 7ut, mais plus grave que Su, car 8ut commence la huitième gamme montante. Il est inutile d'écrire le chiffre 4 vis-à-vis d’une note de la première gamme ; ainsi fa est la même chose que 4fa, et appartient à la première gamme : c’est une note plus aiguë que l’uf de départ, et plus grave que 2ut qui commence la deuxième gamme. Les calculs d'acoustique musicale sont souvent longs et compliqués quand on veut les faire par les valeurs symboliques; nous avons pu voir déjà qu'au contraire ils sont rapides et faciles quand on se sert des intervalles exprimés en commas. En conséqnence, nos calculs seront ES APE faits par logarithmes, c'est-à-dire sur les valeurs en commas des notes que nous aurons à combiner. ” Je répète donc dans le langage logarithmique ce que j'ai dit tout- à-l'heure : Toute note dont le logarithme est compris entre 0 et 55,7976 appartient à la première gamme montante. Ce nombre 55,7976 ou 55 commas et 3/, est le logarithme de l'uf octave aiguë de l'uf zéro de départ. Il commence la deuxième gamme montante. Le nombre de commas del'uf qui commence la troisième gamme est double de 55,7976, c'est donc 111,5982 et toute note qui aura pour valeur en commas un nombre compris entre 85,7976 et 111,5952 appartiendra de fait à la deuxième gamme. Pour conserver le souvenir de cette circonstance, nous ferons comme tout-à-l'heure, nous ferons pré- céder du chiffre 2 le nom de cette note. Ecrivons ici , pour faciliter les calculs à venir, la série des wé suc- cessifs avec leur valeur en commas. ut 0,00000 0000 tué 857,9763 0484 Qut 55,7976 3048 1Qut 613,7739 3532 ut 144,8952 6097 13ut 669,5715 6581 hut 167,3928 9445 \&ut 725,3691 9629 But 2234905 2194 15ut 181,1668 2678 Gut 278,9881 5242 1Gué 836,9644 5796 ut 334,1857 8290 ATut 892,7620 8774 But 390,5834 4339 1Sut 948,5597 1893 Qut 1463810 4387 Qué 1004,3573 4874 Out 5021786 7436 QOut .1060,1549 7920 On comprend de suite que toute note dont la valeur en commas est comprise entre 334,7858 et 390,5834 est plus aiguë que Tuf et plus grave que S8wué : cette note appartient donc à la septième gamme montante qui commence par Tu. Si c'est un sol on devra écrire 7s0l, = 933 — Veut-on savoir maintenant quelle note est représentée par 190,9279 7293? On voit tout d'abord, par la série des ut, que cette note appartient à la quatrième gamme montante , puisque son . logarithme est compris entre celui de &ué et celui de But. Quelle qu'elle soit, il y en a une du même nom et à la même place dans chaque gamme , et partout elle est à la même distance au-dessus de l'ut qui commence la gamme où elle est. Si donc on retranche 4ut ou 467,3928 9145 de 490,9279 7293 on aura 23,5350 8148 pour l'intervalle de l'ut de départ à la note cherchée dans la première gamme. Je cherche ce nombre parmi ceux du tableau des valeurs symboliques ; je trouve 25,5359 8148 vis-à-vis du m2 double dièse, doncla note cherchée, commune à toutes les gammes, est un miffabaissé de deux commas , c'est me. Je sais d’ailleurs que la note cherchée appartient à la quatrième gamme, c'est donc , en définiuve , 4 mir, On voit par ces détails que le logarithme d'une note étant donné, il faut en retrancher celui de l’uf immédiatement inférieur et chercher le reste dans le tableau des valeurs symboliques ; à côté on trouvera le nom de la note et sa valeur symbolique. En avant de ce nom on écrira le numéro de la gamme à laquelle la note appartient. On demande la valeur en commas, ou le logarithme acoustique, de 6latt,. À côté de la. dans le tableau je trouve 29,2625 4900; donc le logarithme de lait est 31,2562 4900. Il n'y a plus qu'à ajouter le log. de Guf ou 278,9881 5242, la somme 310,2507 0142 sera la réponse. Avant de conclure qu'un résultat obtenu ne se trouve pas dans le tableau des valeurs symboliques , on l'augmentera de 55,7976 3048 et l’on cherchera la somme parmi les nombres qui dépassent 5b,7976 3048. Un résultat n'est qu'approché et n’est pas censé dans le tableau s'ily a une différence d'une unité ou plus sur le quatrième chiffre décimal , lorsqu'on a opéré avec les 8 chiffres décimaux. Si exercé, si habile que soit un praticien , il serait à coup sûr fort embarrassé s’il avait à dire quelles sont ewactement les notes suc- 42 cessives par lesquelles on passe en partant d'’ut et en s’élevant con- tinuellement d’une sixte majeure. C’est l'affaire d’un ‘instant pour le musicien calculateur. On ajoute continuellement à lui-même le loga- rithme 41,1209 3390 de la sixte majeure /g. Dans le tableau ci- dessous on n'a poussé l'opération, dans la première colonne, que jusqu'à dix. Ces nombres sont les logarithmes des notes demandées. Progression ascendantepar intervalles successifs de sixte majeure: 41,1209 3390 #1,1209 3390 la la 82,2418 6780 26,4442 3732 2 fai fat 193,3628 0170 11,7675 4073 3 re* réf 164,4837 3560 52,8884 7463 3 si sit 205,6046 6950 38,2117 7805 &sol% la, 246,7256 0340 23,5350 8146 5m fa 287,8465 37130 8,8583 8485 Gut ré 328,9674 7120 49,9793 1878 6 la si 310,0884 0510 35,3026 2220 Tfa% sof &i1,2093 3900 20,6259 2561 8réi* fa, On opère sur les nombres de la première colonne comme nous l'avons dit et comme nous allons le faire pour un seul, le septième, par exemple. J'en retranche le logarithme de Gut ;‘et le reste 8,8583 8488, inscrit dans la deuxième colonne , est cherché dans le tableau des valeurs symboliques. On trouve 14,8583 8490 vis-à-vis de u£%. La note cherchée est donc ut % abaissée de trois commas, c'est uf*. Or, d’a- près le nombre 287,8462 3730 , cette note est comprise entre Gwf et Tut.C'est donc Gut#$ , comme on l'a écrit dans latroisième colonne. Les notes exactes de cette colonne sont d'une exécution presque impossible dans la pratique, même en les ramenant dans la première gamme. J'ai mis dans la quatrième colonne les notes praticables qui approchent le plus des véritables lorsqu'elles sont descendues dans la première gamme. Il serait également impossible d'indiquer exactement les notes par lesquelles on passe en s’élevant continuellement au-dessus d'ut { ou de fout autre note), de l'intervalle du triton. LT J'ai reconnu par l'expérience directe (a) que la valeur symbolique du triton .est © comme le voulait Rameau , et non 55 comme on le suppose ordinairement, et comme l'indiquait en 1639 le jésuite Parran dans son traité de musique {b). L'intervalle en commas de l'ut au triton fa* est donc 26,442 3732. Opérant avec cette valeur comme on vient de le faire avec celle de la sixte majeure on trouvera les notes suivantes : fat sf 2m Aa 3rét 3soËk AEutià mais on ne pourra pas aller plus loin parce que mon tableau incom- plet des valeurs symboliques s'arrête aux notes diésées six fois. Les notes ci-dessus sont d’une exécution pratique impossible, même en les descendant dans la première gamme. Voici celles qui, dans la première gamme, en approchent le plus feñ sù fa ut, mar st} mai. Proposons nous encore de trouver les notes par lesquelles on passe en s'élevant au-dessus dut, d'abord d’une tierce majeure, puis d’une tierce mineure au-dessus du résultat, puis d'une tierce ma- jeure , d'une tierce mineure , et ainsi de suite. Il faut donc à la valeur zéro de l'uf , ajouter celle 17,9628 2488 de la tierce majeure , puis celle 14,6766 9658 de la tierce mineure etc. Cela donnera la première colonne du tableau suivant : 17,9628 2488 mi 32,6395 2146 sol 50,6023 4634 si 65,2790 4292 9,4814 1244 2ré° 83,2418 6780 27,444 9739 2 fa 97,9185 6438 42,1209 3390 2la® 115,8813 8926 4,2861 2829 gut#c 130,5580 8584 18,9628 2487 3mi° 148,5209 1072 36,9256 4975 35000 163,1976 0730 51,6023 4633 3si° etc. etc. etc. —— — ————————————————————— (a) Considérations sur l’acoustique musicale. Société de Lille. Année 1855. (b) Voir sur ce livre une note à la fin. ee RE Lo Les nombres de cette première colonne sont les logarithmes des notes demandées. Il faut maintenant descendre ces logarithmes dans la première gamme pour les trouver parmi ceux du tableau des va- leurs symboliques. On retranche donc des nombres de cette première colonne les valeurs des ut immédiatement inférieurs. Les restes for- mant la deuxième colonne sont cherchés dans le tableau , et l’on a mis dans la troisième colonne les notes correspondantes. Les notes de cette troisième colonne sont fort simples, mais elles se compliquent de plus en plus à mesure qu’on pousse plus loin l'opé- ration. Nous reviendrons sur cette série de tierces alternativement majeures et mineures. Par quelles notes passe-t-on successivement quand on s'élève d'un demi-ton majeur au-dessus d’uf, puis d'un ton mineur au-dessus du résultat ; puis d'un ton majeur au-dessus du résultat; puis d'une tierce mineure , d’une tierce majeure , d’une quarte , d'une sixte mi- neure , d'une sixte majeure et enfin d’une septième ? Au logarithme zéro de l'ut de départ, on ajoute ceux des inter- valles indiqués ; des sommes successives on retranche le logarithme de l’ut inférieur et l’on cherche les restes parmi les logarithmes dans le tableau des valeurs symboliques. A côté se trouveront les notes suivantes : ré, Mi fa la, Qut Qfa ut Slasx hfde 5Mte Le lecteur peu exercé fera bien d'exécuter les calculs qui conduisent à ces notes. Je lui propose encore , comme exercice , de retrouver les logarithmes des notes renfermées dans les deux tableaux suivants : IL | wel 9 def L | ow91 9 ol 9 | 634108 47 ALU G 9781 040} 8 £ G 5° EL) GI G 8 9 ot 91 *oimnofeur *AnauTut ‘ainofeux *amautu *amofeut ‘aanautur “amendes ayxtS xs ‘aumd ‘axrend 90491], ÉRIC R 2pu0993 apuosog | ‘U07Im(T : HG SAISSHPDDNS SATIVAUTINI UVd HINVONAISY NOISSHHDOUd LITE er Note. Tierce Tierce Quarte. Quinte, eo deco ei Sixte mineure. | majeure, mineure. ou 6 5 5 4 : ut miÿ mi fa sol la, la fa la, la so 22 ut Ml. réa sol siè si dut 2-rét | 2m) ani la Out | Qrutt | Otré NN on 2 nee si dré* | 2rét | Samir | 2 ft {| 9 sol |P260l ut* mi mi? faf soF la la, ré* fa* fa* sol* la* si sit mi* soïM°| sol | la* sf | 9 ut | 9 ut* fa* la° la* si 2 utit | 2 ré | 2 ré* so si sf, out | 2 ré ,| 2 mi, 2\mif lé. | Qutt L'aut# | 2rét, |. 2 mi | 2 5 ot |] st | 2rét | 2ré% | 2 mé | 2 fa* | 2 soÛ | 2 sol* | Qut, | 2m, | 2mi, | 2fa, |.2 sol, | 2 la, h2la, ré, fat fa sol, la, Si, si, mi, sol, sol, FN st, (l'a tut aut fa, la, la. Se | 2 ut, | 2 ré, | 2ré, sol, Sly, si, 2 ut, | 2 ré,! | 2 me, | 2m, la Leur [Out 0 ré, M2 #0 MO a si. | 2ré, | 2ré | 2 mi, | 2 fa | 2 sol, | 20l — 39 — Jusqu'ici nous n'avons considéré que des gammes montantes. Les gammes descendantes se traitent à peu près de la même manière; il y a seulement des précautions à prendre , une convention à faire, pour éviter la confusion. Parlons d’abord des ut successifs au-dessous de l’uf de départ. On les distinguera des wt ascendants par un signe quelconque. Ce qu'il y à de plus commode est un simple trait, le signe — mis en avant. Ainsi en descendant d'octave en octave, on écrira —Qutf, —3ut, —Akut, —ut, elc., et on prononcera : moins Auf, moins 3ué, etc. Les logarithmes ou intervalles en commasrestent ésalement les mêmes, et l'on écrit —55,7976 pour représenter —2uf, c'est-à-dire l'ut qui commence , en allant du grave à l'aigu, la deuxième gamme descendante. On écrit de même —114,5953 pour la valeur en commas de —3ut, de l’uf qui commence la troisième gamme des- cendante, et ainsi de suite. Les notes comprises entre les wf de ces gammes et leurs logarithmes divers sont également précédés du signe —, toujours pour éviter la confusion. Proposonsnous de trouver lanote dont le logarithmeest— 195,8374. Lesigne — m'annonce que la note appartient à l’une des gammes descendantes. Le chiffre —195 , compris entre les valeurs de —4ué et —Sut, indique que la note cherchée appartient à la qua- trième gamme , celle qui , en descendant depuis l'ut de départ, com- mence par —kut, et va, en montant, de —4ui à —3ut. Remarquons encore ici que la note à découvrir, quelle qu'elle soit, a sa pareille, je veux dire son homonyme, dans toutes les gammes montantes ou descendantes. Elle est dans la pre- mière gamme montante autant au-dessus de l'uf de départ qu'elle est, en montant, au-dessus de — 5 ué dans la quatrième gamme descendante, Donc pour avoir son logarithme dans la première gamme montante, il n'y a qu'à prendre la différence entre — 223,1905 pris dans la série des ut et — 195,8371. C'est — 27,3534 qui, dans le tableau des valeurs symboliques, répond à so/?. La note cher- chée est donc —4sol?, PR 7 VS On opère de même dans tous les cas pareils. Par conséquent pour trouver la note représentée par un logarithme précédé du signe —, il faut retrancher ce logarithme de celui immédiatement supérieur dans la série des ut. Le reste cherché dans le tableau des valeurs symbo- liques fera trouver la note qu'il faudra faire précéder du numéro de la gamme et du signe —. Proposons nous maintenant de trouver en commas l'intervalle de l'ut de départ, à la note —8ré**tt, c'est-à-dire de trouver le loga- rithme de —8re#itt. Le logarithme cherché sera compris entre celui — 390,5834 (de —8ut) et celui — 446,2810 (de —9uf). Dans la première gamme montante, le re*#t© a pour logarithme 19,0537. Or, ce re**tt est autant au-dessus d'uf que —8ref*tt est, en montant, au-dessus de -—9ut, ou de —4%6,3810; donc en diminuant — 446,3810 de 19,0537 on aura — 427,3273 pour le logarithme de —8ref*cc. Après ce qui a été dit, il suffira d’un exemple sur les gammes des- cendantes. On demande quelles sont les notes successives qu'on obtient en descendant d'abord d’une tierce mineure au-dessous d'uf, puis d’une tierce majeure au-dessous du résultat, puis, et conti- nuellement , d'une tierce mineure ; d’une tierce majeure, etc. Au logarithme — 14,6267 de la tierce mineure , on ajoute celui — 17,9628 de la tierce majeure , puis au résultat , le log. de la tierce mineure , etc. Les sommes successives forment la première colonne du tableau ci-dessous. dis 61167 — 41,1209 = La — 32,6395 — 93,1581 = — 41,3162 SERBE — ré — 65,2790 — 46,3163 — 25i, 2 79,085 — 31,6396 — 9501, — 97,9183 2 13,6168 : 7 2m, — 112,5982 — 54,7977 — 3ut, — 130,5580 — 36,8349 Lei — 145,2347 — 99,1582 — 3fae — 163,1975 — 4,1954 are etc. etc. etc. — 41 — Les nombres de cette première colonne { qu'on peut prolonger in- définiment), sont retranchés de ceux des nombres immédiatement plus élevés dans la série des ut. Les restes, formant la deuxième colonne, sont cherchés dans le tableau des valeurs symboliques, et l'on trouve à côté les notes inscrites dans la troisième colonne.ll n'y a plus qu’à faire précéder ces noms du numéro de la gamme et du signe —. Je reprends maintenant les deux séries de tierces alternatives pour n'en faire qu'une seule par leur réunion : —3ut, —2mi, —250l —25Ù, —ré—fa —la ut sol si 2réc 2fañ 2lac 3ut*e 3mi°.… et je la prolonge indéfiniment à droite et à gauche de l'ut. En lisant de gauche à droite, à partir d'une note quelconque , on monte du grave à l’aigu , par conséquent en lisant de droite à gauche on va de l’aigu au grave. Dans le tableau suivant, où cette série de notes est censée prolongée tant à droite qu'à gauche, pour lire en montant du grave à l'aigu, on peut partir, par exemple, du N.° d'ordre —60, remonter la colonne jusqu à —30, reprendre à —30 et remonter jusqu'à zéro , puis pour continuer d'aller du grave à l'aigu, descendre les N.0$ d'ordre 4, 2,3, #.... 30, reprendre à 30, 31,32... jusqu'à 60. En un mot, ce tableau remplace une longue ligne horizontale sur laquelle les notes seraient écrites, en commencent à gauche par —1852,,,. et finissant à droite par 4 8re“#fe. A —— 2 Slgyge —12 sole FA Migyse —13 ut —13 la —13 fase —14 rés, —1Z six —14 sols, —14 miss —15 ut —15 las —15 fays —16 res. —16 si, —16 sols, —16 Miyge — 17 ut, —17 lage —17 face —18 réiyge —18 Si,çe etc. N.° s d'ordre. Q I © OÙ Æ CO ND = © | (Je) ——————_—_—_—_—_—_—_——— 9 Le | @ o utie *C sol*° si ré*c far la*c ut? mi*° solr?° sir20 rér?c fa?2#2c Jar2c utr2c mir?° sol?*?0 sif?c ré?#2c f. 2430 lac 9 ue 9 mi? 9 sol O0 O0 CD I AT I I OO Où OO OÙ Où Où À 7 Er CO C0 C2 C2) ND ON 12 ré 12 farce 12 late 13 ut 13 mi 13 sole 13 sc A4 rés A4 fase A4 Jaÿñse 15 ut#ce 15 mit 45 sole 15 sc | 16 ré*sc AG fañ#5c 16 lac 17 ut#éc 17 mic | 17 sole} 17 si#éc |} 18 ré‘#5 |] etc. || — 43 — à I y a quelques remarques à faire sur ce tableau. À droite de l'uf, et allant en montant , les notes de numéros pairs, 241678... savoir sol, 2 ré, 2 lat, 3 mit, 3 si... forment une série de quintes. Arrivé au N.0 24 , c'est-à-dire à la douzième quinte, on tombe sur la note 7si% qui appartient à la septième gamme montante et qui a pour logarithme 391,6742 , lequel n'excède celui 390,5834 de 8ut, que de 1°,0908. Donc la douzième quinte de l’ut est plus aiguë que la huitième octave de l'ut , de 4 comma et 9 centièmes. La note s#°€ est donc presque un ut. À gauche de l'ut de départ , et allant de l’aigu au grave , toutes les notes marquées d'un numéro pair sont aussi des quintes descen- dantes de l'ut. De ce côté aussi la note —Sré,,., marquée du N.0 —24, est la douzième quinte descendante de l’ut ; et cette note, dont le logarithme est —391,6742, ne diffère également du huitième ut grave que de 1°,0908. . Les premières quintes en montant à droite de l'ut , savoir ut , sol, ré° , lat , sont rendues par les 4 cordes à vide du violoncelle soi- gneusement accordé, et les notes rét et lat sont plus aiguës d'un comma que le ré et le la de la gamme d'ut, comme on l'a constaté par l'expérience directe{a). S'il y avait sur le violoncelle une cinquième et une sixième corde à l’aigu, elles sonneraient à vide un mit et un si° plus aigus d’un comma que le mx et le si de la gamme d'ut. Que l'on prenne où l'on voudra dans le tableau sept notes consé- cutives dont la première ou la dernière soit marquée d’un numéro impair , ces notes constilueront une gamme majeure. Soit , par exemple , les notes numérotées Dial MORE: RE dit Vo eds à c'est-à-dire wf2f2c mate sole sie réfc fac lac. Ces notes conserveront entre elles les mêmes rapports si on les abaisse toutes de 3 commas, ce qui les ramène à D . 19 us mi sol s% réf fañ la. (a) Voir la notice sur le RÉ , déjà citée. DOM Le Ce sont là précisément les notes de la gamme majeure de si*. ( Voir le tableau des gammes, page 13.) Soient encore les notes —19 —20 —21 —22 -—23 —924 —25 ou s0lL2e Mipac Uthac lQ252e fab2e T'éabèc Sl2p3c« On peut les élever de deux commas sans changer leurs relations, ce qui donnera s0%, mia, Ut, la, fa, ré Sie c'est-à-dire les notes de la gamme majeure inusitée de /a,. Soient encore les notes —5 —4 —3 —2 —1 0 1 ou sok Se: ré © «fasse cut: mi. Ge sont les notes de la gamme de fa. Soient encore les notes #5 AREAS A2 AN AO ou mine ul? Jane fañc réñc sic sole. On peut les baisser d’un comma , ce qui donnera mit ul*e af fa* réf si so c'est-à-dire les notes de la gamme de faf. Toute note du tableau marquée d’un numéro pair est la tonique d'une gamme. Cette note avec les trois qui précèdent et les trois qui suivent constituent cette gamme. Le zéro de l'’uf , étant entre deux impairs , est compté comme pair. PRE DRE ! droite ; De la série indéfiniment prolongée à de l'ut, on peut gauche extraire toutes les gammes majeures possibles contenant des notes diésées élevées ! ; TE __, d'un nombre entier de commas. bémolisées abaissées Nous n'avons fait entrer, dans les combinaisons qui nous ont occupé jusqu'ici, que des notes pures, exactes , conformes aux principes , et dont les logarithmes se trouvaient exactement dans le tableau des valeurs symboliques, et, en conséquence, les notes auxquelles nous sommes arrivés comme résultats sont toutes ou naturelles, ou diésées, ou bémolisées, ou commatisées, c'est-à-dire élevées ou abaissées AR d'un ou plusieurs commas entiers. Nous allons maintenant faire entrer dans nos combinaisons, des notes plus ou moins profondément altérées, ce qui conduira nécessairement comme résultats à des notes altérées, à des logarithmes qui ne se trouveront qu’approximativement dans le tableau des valeurs symboliques. Pour faciliter l'exécution de la musique sur les instruments à clavier, la touche noire entre deux blanches sert à la fois comme dièse de la plus grave et comme bémol de la plus aiguë. Pour répartir uniformé- ment l’altération qui en résulte, on divise l'intervalle d'octave 55,7976 3048 en 12 demi-tons moyens qui s'ajoutent successivement pour former la gamme dite du tempérament éqal. Nous nous propo- sons ici de comparer note à note cette gamme à la gamme vraie. Les détails sont dans le tableau suivant : GAMME GAMME l SHER DU TEMPÉRAMENT al VRAIE. | DIFFÉRENCES. ut 0,0000 0,0000 0,0000 ut* 4,698 3,2861 1,3637 ré, 4,6198 5,1953 — 0,5455 ré 9,2996 8,4814 0,8182 ré* 13,9496 12,7675 1,1819 mi, 13,9496 13,6767 0,2727 mi 18,5992 17,9628 0,6364 fa 23,290 23,1581 0,0909 far 27,8988 27,444 0,4546 sol, 27,8988 28,3534 — 0,4546 sol 32,5486 39,6395 — 0,0909 sol 37,1984 35,9256 1,2728 la, 37,1984 37,8348 — 0,6364 la 41,8482 41,209 0,7273 la 46,980 45,4071 1,0909 st} 46,4980 16,3162 0,1818 si 51,1478 50,6023 0,5458 2 ul 55,7976 55,7976 ° 0,0000 cn AL Dans la première colonne sont les noms des notes de la gamme. Dans la seconde colonne sont les intervalles en commas de l’uf aux notes de la gamme tempérée. On a ces intervalles en ajoutant douze fois de suite à lui-même le nombre 55,7976 3048 — 4,6498 ..... 12 Dans la troisième colonne sont les intervalles vrais de l'ut aux notes de la gamme vraie. Dans la quatrième colonne sont les diffé- rences entre les intervalles tempérés et les intervalles vrais. On y re- marque que la plus grande différence est d’un comma et un tiers dont l’ut# du clavier est trop aigu. Le sol* est aussi trop aigu d'un comma et 1/4. L’oreille est sensible à de pareilles différences. Le fa et le so/ des deux gammes sont égaux à un dixième de comma près. _Galin affirme sans preuve expérimentale , selon l'usage des nova- teurs en musique, que les tons entiers de la gamme naturelle sont égaux et que le demi-ton mineur est les deux tiers du demi-ton ma- jeur. Il en résulte que le ton vaut en commas 8,9996 et le demi-ton majeur 5,3998 (a). La distance de l’uf zéro au ré sera donc 8,9996. Ajoutant 8,9996 on aura le mi; ajoutant 5,3998 on aura le fa ; ajoutant 8,9996 on aura le so/, etc Entre deux notes qui diffèrent d’un ton, on ajoute le demi-ton 5,3998 à la plus grave pour avoir le bémol de la plus aiguë, et l'on retranche 5,3998 de la plus aiguë pour avoir le dièse de la plus (a) En effet, soient d le demi-ton mineur et D le demi-ton majeur, on aura, d’après les suppositions de Galin , d3 = D? et dÿ DT = 9 d'oùl'on tire: 31 —— UE an=VS ,n=V*# et d = V 2° . Opérant avec mes logarithmes acoustiques , on trouve : d,D — 8,9996,., D = 5,3998 . d — 3,5998, DT ES grave. En appliquant ainsi la règle déjà donnée plus haut , on aura le tableau suivant : NOTES. GAMME GAMME DIFFÉRENCES. | DE GALIN. VRAIE. uns | | G0e onames ut 0,0000 0,0000 CRETE 0,0000 , utà 3,5998 3,2861 0,3137 ré, 5 3998 5,1953 0,2045 ré 8,9996 8,4814 0,5142 ré* 12, 5994 12,7675 — 0,1681 mi? 14,3994 13,6767 0,7227 mi 17,9992 17,9628 0,0364 fa 23,3990 23,1581 — 0,2409 fa 26,9988 27,444 0,1454 sol, 28,7988 28,3534 0,4454 sol 32,3986 32,6395 — 0,2409 so 35,9984 35,9256 0,0728 la, 37,1984 37,8348 — 0,0364 la 41,3982 41,1209 0,2773 la* k4,9980 45,407 — 0,091 sè 46,7980 16,3162 0,4818 sè 50,3978 50,6023 — 0,2045 2 ut 55,7976 55,7976 0,0000 Les notes de cette gamme de Galin diffèrent peu des notes vraies puisque les différences flottent entre 4 et 72 centièmes de comma; mais les rapports synchroniques sont incommensurables et d'une com- plication excessive. Au lieu d'affirmer sans preuve , et en quelque sorte sur sa parole d'honneur, que les ons entiers de la gamme sont égaux et que trois demi-tons mineurs valent deux demi-tons majeurs, Galin aurait pu avoir la fantaisie de déclarer que quatre demi-tons mineurs valent trois demi-tons majeurs. Cela aurait donné 9°,0833 pour le ton AS entier et 5,1905 pour le demi-ton majeur (a). Opérant avec ces nombres comme nous venons de le faire pour la gamme de Galin, nous aurons le tableau suivant : | NOTES. _. EAN, " DIFFÉRENCES. | ut 0,0000 0,0000 0,0000 ut# 3,8928 3,2861 0,6067 ré, 5,1905 5,1953 — 0,0048 ré 9,0833 8,4844 0,6049 réf 12,9764 12,7675 0,2086 mi, 14,2738 13,6767 0,5971 mi 18,1666 17,9628 … 0,2038 fa 23,3574 23,1581 0,1990 fo* 21,2499 27,4449 — 0,1943 sol, 28,5476 28,3534 0,1942 sol 32,4404 32,6395 — 0,1991 sol* 36,3332 35,9256 0,4076 la, 37,6309 27,8348 — 0,2039 la 41,5237 41,1209 0,028 la 45,4163 45,4071 0,0094 si 26,7142 46,3162 0,3980 si 50,6070 50,6023 0,0047 2 ut 85,7976 55,7976 0,0000 Cette gamme diffère bien peu de la précédente, ses notes sont plus compliquées d'incommensurables, aucune des deux ne peut avoir la prétention de se substituer à la gamme naturelle. Un autre inventeur de gamme peut venir affirmer que les tons en- 43 NUE {a) En effet, de dé — D3 et dÿ DT — 2, on tire : dD 4 4 2 —=9,0833; 437 — 43y——> D— V 245,905 et d — V 28 — 3,898. ML )ÉS tiers sont égaux et que 7 demi-tons mineurs font juste 5 demi-tons majeurs. Cela conduirait à 9°,0483 pour le ton entier et 8,2782 pour le demi-ton majeur Van , puis au tableau suivant : GAMME DIFFÉRENCES. NATURELLE. vs | ut 0,0000 | © 0,0000 0,0000 | ut* 3,7704 3,2861 0,480 ré, 5,2789 5,1953 0,0829 ré 9,0483 8,4814 0,5669 ré 12,8184 12,7675 0,0309 mi, 14,2265 13,6767 | 0,6598 | mi 18,0966 17,9628 0,1338 fa 23,3748 23,1581 0,2167 fa* 27,1449 27,4442 — 0,2993 sol, 28,6330 28,3534 0,2997 sol 32,4231 32,6395 — 0,2164 | sol 36,1932 35,9256 0,2676 | la, 37,7013 37,8348 — 0,1335 | la BAT £1,1209 0,3305 | la* 45,241 45,4074 = ONE | sû 16,7496 16,3162 0,1334 | si 50,5197 50,6023 — 0,0826 | 2 ut 55,7976 53,7976 0,0000 | Il est facile de multiplier ces exemples de gammes compliquées qui diffèrent peu de la véritable. La gamme naturelle a sur ces inventions capricieuses l'avantage d'être d'une extrême simplicité, comme tout ce qui est dans la nature, et d'être parfaitement confirmée dans ET (a) En effet, de d7 — DS et d5 DT — 2, ontire: d D — VE —9,0483; 5 am TUE n= VW 2 = 59870: d= V 2° —3,7104. Le ana toutes ses parties constituantes par des expériences positives et irré- cusables. Je passe à la gamme des Pythagoriciens. Elle s'écarte de la gamme naturelle beaucoup plus que les précédentes ; elle est fausse, pour notre système d'harmonie , comme je l'ai prouvé par des expériences directes {a). Les tons y sont supposés égaux et majeurs ? ou 9°,4814, ce qui fait 47€,4070 pour les cinq, qui, retranchés de 55°,7976, don- nent pour reste 8°,3906, dont la moitié 4°,1953 est la mesure du 256 243" demi-ton majeur. Le rapport symbolique de ce demi-ton est || NOTES GAMME " GAMME DIFFÉRENCES. | DES PYTHAGORICIENS . NATURELLE. | ut 0,0000 0,0000 0,0000 ut* 5,2861 3,2861 °*| 2,0000 | ré, 1,4983 | 5,4953 : — 1,0000 | ré 9,4814 | 8,4814 1,0000 | ré 14,7675 *(10.197675 8 2,0000 Il mi, 13,6767, 00N6.N643 6767 AU 0,0000 | ma 18,9628 | 17,9628 | 1,0000 fa 231881 lt.lles st DIN 0,0000 fa Q8,HE42 À 97,442 1,0000 sol, 27,3534 | |. 928,3534 | — 1,0000 sol 32,6395 32,6395 | 0,0000 solf 37,9256 38,9286 | 2,0000 | za, 36/8348 | ‘ 37,8348 — 1,0000 | 4 32,1209 | 41,209 1,0000 7 #7,4070, | 45,407 | 2,0000 ls, 16,3162 | 46,3162 | 0,0000 [si 51,6023 "|" 50,6023 °”| 1,0000 | Qu On 55,7976 : 0,0000 (a) Mémoire sur la corde vibrante. Société de Lille. 1850, gen) du On remarquera que : 1.° Les notes mi,, fa, sol, si,, sont identiques dans les deux gammes comparées. 2.° Les notes ré,, sol , la,, sont trop graves d'un comma. 3.° Les notes ré, mi, fañ, la, si, sont trop aiguës d’un comma. 4.9 Les notes ut*, ré*, sol#, la*, sont trop aiguës de deux commas. 5.° Entre les notes qui diffèrent d'un ton, le dièse est plus aigu que le bémol de 1°,0908. La gamme suivante déduite des théories philosophiques de Wronski est présentée par M. Durutte (a) comme la seule vraie. Re ns = NQRES: | DE Re NA AR Et DIFFÉRENCES. | | | ut | 1 0,0000 0:0000 0,0000 ut# | k,8802 3,2861 1,5941 | ré, Les 4,8802 5.1953 — 0,315! | ré 2 9,4814 8,4814 1,0000 | rét | 45 13,3616 12,7675 0,5941 mi | # 13,3616 13,6767 — 0,3151 mi 5 17,9628 17,9628 0,0000 | fa 3 23,1581 23,1581 0,0000 | ft | # 28,0383 27,444 0,5941 sol, | 28,0383 28,3534 — 0,315 soEy da à 39,6395 32,6395 0,0000 so* | À 37,5197 35,9256 1,5941 la nd 37,5197 37,8348 — 0,31541 la 27 42,1209 41,1209 1,0000 lañ - |-15 &6,0012 45,40TA | 0,5941 si | 4 46,0012 46,3162 | — 0,3150 | Se, pdt 51,1964 50,6023 0,5941,1 | a ut | 2 55,7976 55,7976 | 0,0000 | SE EE (a) Esthétique musicale. 556 pages in-4.0 1855, en EE Cette gamme est fort irrégulière. On y remarque trois tons ma- jeurs À de 92,4814 , savoir ut ré, fa sol, sol la. Il ÿ a un quatrième ton majeur /a si de 9°,0755 dont le rapport synchronique #$ est fort compliqué. Il n’y a qu’un seul ton mineur, c'est celui 4- de ré à mi. Le demi-ton majeur du m4 au fa n’est pas égal à celui 4 de si à Qut ; ils diffèrent de 0°,59414. Par suiteles trois tierces majeures sont inégales. Ilen est de même des tierces mineures, des quartes , des quintes , etc. Cette gamme est tempérée puisqu'entre les notes qui diffèrent d'un ton le dièse se confond avec le bémol. Dans la gamme des Arabes , supposée tempérée , l'intervalle d'oc- tave est partagé en dix-sept parties égales. DIFFÉRENCES. 2 ut 85,7976 55,7976 0,0000 roTEs: | GAMME |. GAMME f DES ARABES, | NATURELLE. | ut | 0,0000 0,0000 0,0000 ut# 3,2822 3,2861 — 0,0039 ré, 6,5644 5,1953 1,3691 ré 9,8466 8,4814 1,3652 rét 13,1289 19,7675 0,3614 mi, 16,4444 13,6767 9,7344 mi 19,6933 17,9628 1,7305 fa 22,9755 23,1581 — 0,1826 fa* 26,2577 97,L44Q — 1,1865 sol, 29,5399 28,3834 1,1865 sol 31,8221 32,6395 0,1826 sol* 36,1043 38,9236 0,1787 lab 39,3866 37,8348 1,8518 la 12,6688 41,1209 1,5479 | La 45,9510 45,4071 0,5439 ll si, 19,233 16,3162 2,9470 | sè 52,5154 50,6023 41,9131 A1 basent “Lu Une oreille exercée saisit une erreur d'un cinquième de comma faite sur une note comparée à une autre quand l'intervalle est l’un de ceux de la gamme. En faisant sonner l’ut puis le mi, on peut reconnaître l'erreur faite sur le m2 s’il est trop aigu ou trop grave d’un cinquième de comma. L'erreur est manifeste, même pour une oreille peu exercée, quand elle s'élève à un comma entier. Ainsi le m4 de la gamme des Pythagoriciens est manifestement trop aigu pour l'oreille du plus médiocre praticien. Le m2 de la gamme des Arabes doit écorcher l'oreille des musiciens de l'Europe. Le mi, et le si, sont en erreur, sur les notes correspondantes de notre gamme , de plus d'un quart de ton majeur ; ces différences , et d’autres encore , sont si grandes , que notre musique ne ressemble presque en rien à celle des Arabes; la quarte et la quinte sont à peu près identiques. La gamme de M. Vignon (a) a de l’analogie avec celle des Arabes. L'octave est partagée , non pas en 17, mais en 29 intervalles égaux. Les tons sont égaux et composés de 5 intervalles; la distance du mi au fa, ou de si à 2ut, est de deux intervalles. Avec ces données j'ai calculé le tableau suivant où la gamme de M. Vignon, plus défec- tueuse que celle des Arabes, est comparée à la gamme naturelle. (a) Voir le journal La Science des 6, 11 , 18 , 25 septembre , et 2, 5 et 19 octobre 1856. ET ED RE ML SERRE RL EEE DE M. VIGNON. Gamme naturelle, | Différences. U a ———————————— ————— | — — > © (© © I Où OF OO 19 = © > = = >= = = = © GO "I OO OC & © NN 9 ?9 NN 19 — © ré 0,0000 1,9241 3,8481 8,7722 7,6962 9,6203 11,5543 13,4684 15,3924 17,3165 19,2406 21,1646 23,0887 23,0127 26,9368 28,8608 30,7849 32,7090 34,6330 36,5571 38,4811 40,4052 42,329 44,9533 16,1773 48,1014 50,0285 51,9498 53,8736 55,7976 0,0000 5,1953 3,2861 8,4844 13,6767 12,7673 17,9628 23,1581 28,3534 27,4449 32,6395 31,8348 35,9254 £1,1209 16,3162 43,4071 50,6023 55,7976 0,0000 — 1,3472 2,4861 1,1389 — 0,2083 2,6249 1,2778 — 0,0694 — 1,4466 1,4166 0,0693 45408777 2,558 1,2083 — 0,1389 2,6943 1,3472 0,0000 DONNER Dans le tableau présenté par M. Vignon, chaque note naturelle de sa gamme est accompagnée de deux notes armées de dièse ou de bémol, qui sont, selon lui , identiques avec cette note naturelle. De plus, les cases vides de mon tableau sont remplies dans le sien par des notes aussi armées de dièse ou de bémol, et qui doivent égale- ment être identiques. En comparant ces notes , on trouve généra- lement 8 commas de différence. Si donc la gamme de M. Vignon, si La gamme du bon Dieu, comme il l'appelle , est la véritable , il faut avouer que celle des physiciens est horriblement fausse , car elle conduit à des différences d'un ton sur des notes identiques. M. Vignon a largement payé son tribut à l'usage : il a flagellé à bras raccourci les géomètres et les physiciens ; on sait qu'ils sont ignorants en musique. Voilà qui est assurément très-bien ; mais voici qui est fort mal : il’ose dire que les musiciens ne sont pas assez savants. Tout espoir était donc perdu si par un bonheur tout providentiel il ne s'était trouvé un phénix à la fois assez profond mathématicien et assez grand musicien pour dissiper les ténèbres. On peut maintenant tirer l'échelle ; la lumière est faite , on la doit à M. Vignon. On a pu voir, dans ce qui précède , que moi aussi j'ai inventé des gammes , qui même différent peu de la véritable, condition que tout inventeur cherche à remplir. Afin que mon lecteur praticien puisse juger par lui-même de la vanité de ces conceptions arbitraires , illu- soires , Chimériques, je veux le mettre en possession d’un talisman qui lui donnera le pouvoir sans limites de procréer des gammes à volonté , mais il faut pour cela qu'il me permette de faire encore ici quelque peu de grimoire algébrique. Si ces calculs lui déplaisent , il peut les passer sans inconvénient et ne lire que la prose où seront consignés les résultats. | Soient T' le ton majeur, le ton mineur, le demi-ton majeur , le plus grand des deux demi-tons mineurs , le plus petit des deux demi-tons mineurs. S R&D T PAR ER On aura, pour constituer la gamme, à remplir les conditions suivantes : # TD'—2; dD—T; SD—t;: 1T—b; 1T'D—e, d'où l'ontire, Or, des expériences précises prouvent que la tierce majeure tT— b, a pour valeur symbolique b — ©, et que la valeur sym- bolique de la quinte t T°? D—cest c—5. Avec ces nombres on trouve : 9 10 16 135 25 ES SN En, 8 9 15 128 24 Telle est la gamme naturelle exempte de toute falsification. Nous allons maintenant l'altérer par diverses suppositions plus ou moins capricieuses. #19 Si l'on suppose T — {— D les conditions ci-dessus se réduiront à 9 256 TS D — 9 et T=— —, d'où D ——. 8 243 Ce sont précisément là les propriétés de {a gamme des Pytha- goriciens. Si, pour être plus simple encore , en fait é— T — D”, l'équation LE 2 t T$ D°—9 se réduira à D'? — 9 d'où D— 2? et T — 2%, ce qui donne lu gamme du tempérament égal. Imposons-nous maintenant les conditions suivantes : TS D'—2, dD=T et d' =D", ce qui établit une relation arbitraire entre le demi-ton majeur et le demi-ton mineur. Cela conduit à ENT, ME Mm+Nn m n 1Mm+5n 1Mm+5n 1Mm+ôon D—: MODE EN , —_— Passant aux logarithmes acoustiques et faisant , pour abréger, log. 2 — 55,7976 3048 — a, on aura: Mm+n m lg T—=—xa; log D=-—— x; 1Mm+5n 1Mm+5n% n log. d — a I1m+Sn Si l’on suppose m — n , ces valeurs deviennent 2 log.T = —. 5 12 1 1 s log D—=—.a; log. d = —. A jo ds 0g Ta Ce qui reproduit de nouveau la gamme du tempérament égal. Si l’on fait m — 2 avecn — 1 ,ona 3 19° 2 9 log. T — a — 8,8192; log. D — ‘ai 58734); ee 1 log.d — — .a — 2,9367. 19 La gamme provenant de ces données contient cinq notes en erreur d'un comma. Elle est mauvaise. On arrive à une gamme encore plus mauvaise en faisant m— 3 avecn = Î. Essayons la combinaison m — 3 avec n — 2 , nous aurons : Het S.à BD — 5.8; logd — À og.T — —.a; logD ——.a; log.d — —.a. e TMS TPE 31 Ce sont précisément les conditions de la gamme de Galin. Avec m — 4 ct n — 3 on reproduit la gamme développée à la page 48. da RQ te Faisons m = 5 avec n = 3 , alors ts 5 log. T — ne = 46,0276; Von Di 50° = 5,5798; 3 log. d = —.a = 3,349, 50 d’où résulte le tableau suivant : | Gamme Différences. naturelle. : 0,0000 0,0000 0,0000 3,3478 3,2861 0,0617 8,5798 5,1953 0,3845 8,9276 8,4814 0,462 19,2734 12,7675 | — 0,492! 14,8074 13,6767 0,8307 17,8582 | 47,9628 | — 0,1076 23,4330 23,1581 0,2769 26,7828 97,4442 | — 0,6614 29,0148 28,3534 0,664 39,3626 32,6395 | — 0,2769 | 38,7104 35,9256 | — 0,2152 | 37 9494 37,8348 0,1076 | 441,290 41,1209 0,1693 4£4,6380 43,4071 — 0,769 46,8700 16,3162 0,5537 | 50,2178 50,6023 | — 0,3845 | 53,7976 | 55,7976 | 0,0000 Cette gamme est assez remarquable ; les différences ne s'élèvent nulle part à un comma. PA es Faisons m — 5 avec n —= # ; nous aurons 9 5 log. T — get —=9,1305; log. Ds — 5,0725, 4 log. d — eo — 4,0580, d'où résulte le tableau suivant : Re da | 2e | Différences. ut 0,0000 0,0000 0,0000 ut* L,0580 3,2861 0,7719 ré, 8,0725 51983 | — 0,1228 ré 9,1305 8,814 0,649 ré 13,1885 12,7675 0,4210 mi, 14,2030 13,6767 0,5263 mi 18,2610 17,9628 0,2982 fa 23,3335 93,1581 0,4754 faf 27,3915 27,44 — 0,0527 sol, 28, 4060 28,3534 0,0526 sol 32,4640 32,6395 | — 0,1733. | sol 36,5220 35,9256 0,5964 | la, 37,536 37,8348 | — 0,2983 la LA ,5945 £1,1209 0,736 | La* 55 ,6525 45,4071 0,2554 | si, 16,6670 16,3162 0,3508 si 50,7250 50,6023 0,1227 2 nt 55,7976 55.7976 0,0000 Cette gamme est aussi bonne ou aussi mauvaise que la précédente. Veut-on de nouvelles gammes ? 11 n’y a qu’à augmenter m conti- nuellement d'une unité et la combiner avec une valeur choisie de n. Plus les nombres entiers pour m et n grandiront, plus on aura de chances de rencontrer des couples conduisant à des gammes toléra- ME DE blement comparables à la gamme naturelle , sans jamais rencontrer celle-ci. Le lecteur , maintenant au courant de ce genre de calcul, fera bien de l'appliquer, comme exercice , aux couples suivants : m —= 6 avec n = 5 | m —= 8 avec n —= 4 | m —= 10 avec n = 6 m = 7 n = À | m —= n=5|m—10 n = 7 m1 n=5|m—=s8 MN esides der satete he Ge m = 7 n =6|m — n=6|jm—=ii n = 7 etc. etc. Le couple m — 7, n — 5 reproduit la gamme de la page 49. Le couple m — 9, n — 6 reproduit la gamme de Galin, Le couple m — 11, n — 7 conduit à la gamme suivante : | | ee | Différences. | ut 0,0000 0,0000 0,0000 ut# 3,4874 3,2861 0,2043 ré, 5,4801 5,1953 0,2848 ré 8,9675 8,4844 0,4861 ré# 19,4549 12,7675 — 0,3126 mi, 14,4476 13,6767 0,7709 mi 17,9350 17,9628 — 0,0278 fa 23,4154 23,1581 0,2570 fa 26,9021 27,4442 — 0,5417 ll sol, | 28,8952 28,3534 0,5418 | sol 32.3826 32,6393 | — 0,2569 j sol* 33,8700 35,9256 — 0,0556 | la, 37,8627 37,8348 0,0279 | la 41,301 &1,1209 0,2292 lat L4,8375 45,4071 — 0,5696 l si, 16,8302 16,3162 0,5140 | gi 50,3176 50,6023 — 0,2847 | 2 ut 55,7976 53,7976 0,0000 | TT Lee N n'ya nulle part la différence d’un comma entre les notes des deux gammes comparées. En continuant de prendre pour m et » des nom- bres entiers plus grands, on rencontrera des gammes qui approche- ront encore plus que celle-ci de la gamme naturelle. Jusqu'ici nous avons supposé une relation d® — Dn entre le demi- tonmajeur Detle demi-ton mineur d, et nous avons vu qu'en choisissant pour m et n certains nombres entiers , on pouvait créer une foule de gammès qui se rapprochent plus ou moins de la gamme naturelle. Au lieu de cette relation entre les deux demi-tons on peut en supposer une entre le ton entier T'et le demi-ton D. On peut, avec T° D° — 2, supposer que D® — T°. Alors, en donnant à "= et n des valeurs choi- sies , en nombres entiers , on aura une nouvelle mine d'où l’on pourra extraire autant de gammes qu'on voudra. Des deux conditions T° D? = 2 et Dm — T° on tire : m n 108T—= ———.ù, log D = ————.a 5Mm+2nN 0M+2N Faisons d'abord m — 2 avecn —1, alors log. T— + a, et log.D — _ a. Ce sont encore les éléments de la gamme du tempé- rament égal. Si l’on fait m — 3 avec n — 1 , on trouve : 1 log.T — —. t log. D — —, og Re TÉL C'est la gamme tempérée des Arabes. Si l’on fait m = 5 avec n — 2, on trouve 5 2 los D — "2 "et "los. D — —.4. 5 29 F 29 On tombe ainsi sur {a gamme du bon Dieu, procréée par M. Vignon. Faisons m — 5 avec n — 3 nous aurons le gamme de Galin. m = 1 MN RAR EP de a page Es: m — 12 RIT EAN AN 0 dell page" 49. m—=S n = +. + . + . . . de la page 58. M = 9 = 2 RER 2 de lt page 09, ail Éd Si l'on faitm—19 avecn—11 , d'où T— Ge x a et D— Fri a; , . . _ L ou bien, si l'on fait m — 19 avec n — 12, d'où T — sde a et 12 « . = Ty * a;elc. elc., on aura des gammes très voisines de la gamme naturelle. En établissant d’autres relations entre les élémens T,t, D. d, de la gamme naturelle on ouvrirait de nouvelles mines à exploiter. Il n'y a pas de raison pour s'arrêter en si beau chemin. D pe. NOTE. Dans le « Traité de la musique théorique etpratique » publiéen 1639 par le « R. P. Antoine Parran de la compagnie de Jésus » on trouve le « Dénombrement des Consonances, et Dissonances , avec leurs nom- » bres et proportions. » Ces valeurs symboliques des notes de la gamme sont conformes à celles que j'ai employées dans le texte, et qni sont justifiées par des expériences précises. Parran insisie particulièrement sur le ton mineur + de ut à ré. Il dit, page 46 : « Voyons maintenant en pratique où se retrouvent les semitons » majeurs , et mineurs ; la tierce majeure et mineure nous donnent » entièrement, et asseurément la cognoissance de ce point de difficulté: » car la tierce majeure est composée du ton majeur , et du ton mi- » neur : la tierce mineure du ton majeur , et du semi-ton majeur : » donques si nous disons ut ré mi fa, ut ré, ne peut être que le ton » mineur : et ré mt, le ton majeur, puis que uf mi, c'est la tierce » majeure composée du ton mineur , et du ton majeur : et ré fa, la » tierce mineure composée du ton majeur , et du semi-ton majeur. » Et ailleurs : « comma c’est l’excez du Ton majeur sur le mineur , » comme de 80 à 81. » À la page 8 , l'auteur donne , d'après Aristote , cette singulière dé- finition du son : « Le son est une fraction d'air par l'impétuosité de » la chose qui frappe à la chose frappée. » Le mot fraction doit sans doute être pris ici dans le sens d’ébranlement, de trémoussement , plutôt que dans le sens de division. On lit à la page 30 : .... » de ferois volontiers cette question si je ne craignois pro- » lixité : pourquoi pinsant la chorde d'un instrument bien résorant, » on entend sonner contre les autres chordes sans les toucher, tantost » une Octave, tantost une Quinte , ou une Douzième, selon la OA à: De » disposition , tempérement , et ordonnance des chordes montées et » accordées diversement ? » » Quelques uns attribuent cet effet à la sympathie, et antipathie » des sons , et des chordes : en un mot je dis avec Keplerus, que » l'espèce du son, voire le son mesme s’éspendant en l'air , frappe » ets’arreste à ce qui luy est propre; savoir est à l'octave, comme à » la première , et plus parfaite des Consonances : et aussi par fois à » la Douzième, mais rarement, n’estoit que l'instrument fut gran- » dement délié, et extraordinairement résonant. » Parran a précédé de 38 ans le P. Souhaitty, dans la notation par chiffres des notes de la gamme. Au chapitre II, page 74, on lit : « Pratique de la composition par nombres Arithmétiques. » La composition qui se fait par nombres Arithmétiques, est plus » aysée que la précédente, qu'ainsi ne soit. Voyez en l'expérience.» » Pour signifier et exprimer en chaque partie , ut, ré, mi; fa, » sol, la, nous mettons 1, 2,3, 4,5, 6 : et pour monter plus » haut adjouterons 7 et puis 8. » L'auteur doune en chiffres divers petits motets à 4 parties. A la page 77 il met les chiffres sur la portée à la place @es notes qu'ils representent. Il donne en chiffres une « table des accords synonymes.» TABLEAU DES VALEURS SYMBOLIQUES 65 nb) 0,0000 0000 re #} es 8,4814 1244 mi . 17,9628 2488 (PRE j10,36 À 23,1581 0902 | sol = 32,6395 2146 la - 14,1209 3390 si s 50,6023 4634 ut er = 3,2861 2830 ut 2 (2) 7,5722 5660 ut EE 11,8583 8490 utéé (Se) 15,1445 1390 ut (ee) 19,4306 4150 ut 2e.) 29,7167 6980 jf ONU 7 12,7675 4074 ré fe) 17,0536 6904 ré -() 20,3397 9734 ré (2) 24,6259 2564 ré# ECS ESS 97,9120 5394 | org tie 32,1981 8224 ue (= 222489 5318 ER 3 (2) 25,5350 8145 mi sf) 29,822 0978 mi 2..(5) 331073 3808 mit | 9.2-(5) 37,3084 6638 mifé 2.5.) 41,6795 9468 66 TABLEAU DES VALEURS SYMBOLIQUES. fat 2-(%) > 27,4442 3732 {a 3 (5) 30,7303 6562 fast E(e) 35,0164 9392 10 /15\5 à 9 fait De &) 38,3026 2222 fat if) 42,5887 0052 faf# -() | 46,8748 7882 5 15 25 sol 3 (©) = À 35,9256 4976 sol ee 40,2117 7806 sol# 2.2.(5) 43,4979 0636 D prete Là O} Aer EUERT L 5 sl 2}; Cs) 47,7840 5466 sol 2.5-(2) 52,0701 6296 solét 2.5.5) 55,3562 9126 15 15 295 _ c aë &- (5) _— _45,4070 6220 1% 2.2.(2) 48,6931 9050 1% 2:2:{2) 52,9798 1880 ! 3 15\6 4 Jai TEE 57,2654 4710 5 ). = = Ja5# NES) 60,5515 7540 la e.6-(e) 64,8377 0370 “ 10 /15\2 195 SE ER ee = 53,8884 7464 : 5 15\3 SE 2.7-(%) 58,1746 0294 e 3 15 \5 54 2.2:() 62,4607 3124 ne 2.5-(2) 65,7468 5954 S# 2.e.(5) 70,0329 8784 ns) it Ke() 73,3191 1614 TABLEAU DES VALEURS SYMBOLIQUES. 61 55,7976 19 S 2 mi 2.+ 73,7604 2 fa aue 78,9557 2 sol 2. : 88,4371 2 la | 22 96,915 2 2.— 106,3999 7 /16\2 9256 AR LE 2 ut, ; (ss) = 51,5115 3 ; 2 uts, E) 48,2253 CRTC) 13302 ro, [ré 6 2 ut, Ke () 39,6531 2 uts, 1.) 36,3669 ML 16\9 A Pt 1) 32, 0808 16\ 16 U ré, 1.(2)=2 5,1952 DE 5 :/16\2 x L-3 (2 0,9091 '4 3 f16\4 SAP 2rês, & (s) 93,42 dé, : (5 49,1345 10 /16\7 2 ré, me (ss) 1A,8484 I =; 2 ré 1:15) 41,5622 . H 10. 16 138 er. mi, = (ses 13,6766 1 FER 16\2 Dis, 1215) 10,3905 j 1.5 /16\4 Pons io , 1 ENT | M; : : (a). | Fr s . = 5 2 mis, 3 (2) 54,3298 1e, /16)s ( 9 m° el 50,0436 58 TABLEAU DES VALEURS SYMBOLIQUES. | LE Sa 18,8719 8072 SEE) 4 sas 1.5) 15,5858 5242 8: (3) 11,2997 2412 cle) 8,0135 9582 ue: (S) 3,727 6752 ses) 55,2389 6971 : ()=% 28,3533 9316 . () 24,0672 6486 1. (5) 20,7811 3656 cs 16,4950 0826 ue (E) 13,2088 7996 a (a) 8,9227 5166 “ (5) = À 37,8348 0560 LE 33,5486 7730 ef) 29,9625 4900 Ve) 95,9764 2070 a () 21,6902 9240 (ES) 18,041 6410 3 (5) =Ÿ 46,3162 1804 (a) 43,0300 8974 I 3 (à) 38,7439 6144 34,4578 3314 31,1717 0484 26,8855 7654 + G — w|s - — Ex nn Ca en || [nm 1 PR ER Ia a LR ET; c eæ w Ci LOGARITHMES - N. | LOGARITHMES. Ne | LOGARITHMES. EE LE I REA UE SE | | i 1| 0,6000 ERE 41 | 298,9387 0705 | 81 | 353,7486 0779 | 2| 55,7976 3048 | 42 | 300,8785 3501 82) 354,7363 3154 | 3| 88,4371 5195 | 43 | 302,7797 1569! 83 | 3557120 9451 | 4|111,5952 6097 | 44 | 3046233 4811 | 84! 356,6761 6549 | 5 |199,5580 8586 | 45 | 306,4323 8974 | 85 | 357,6288 2708 | 6 |-144,2347 8243) 46 | 308,2016 6898 | 86 | 358,5703 4618 | 71156,6437 52581 47 | 309,9328 9624] 87 | 359,5009 SOA | 8 |167,3928 9145 | 48 | 311,6276 7388 | 88 | 360,4209 7859 | 9 |176,8743 0389 | 49 | 313,2875 0516! 89 | 361,3305 8109 | 10 |185,3557 1633] 50 | 314,9138 02181 90 | 362,2360 2023 | 11 |193,0280 8714! 51 | 316,5078 9318 | 91 | 363,1195 2060 | 19 | 200,0324 12911 52 | 318,0710 2899 | 992 | 363,992 9946 | 131 206,4757 68021 53 | 219,6043 8897 | 93 | 364,8695 6702 | 14 |949,4413 8306! 54 | 321,1096 8632 | 94 | 365,7305 2679 | 45 |217,9952 3780 | 55 | 322,5861 7299 | 95 | 366,5823 7557 | 96 | 367,4253 0487 223,1905 21941 56 | 324,0366 4403 | 97 | 368.2594 9800 | 17 |298,0707 412351 57 | 325,4614 4166 | ee (er) 18 |232,6719 3438 | 58 | 326,8614 5895 | 98 | 369,0851 3564 | 19 |237,0242 89721 59 | 328,2375 4314] 99 | 369,9023 9103 | 20 60 | 329,5904 9876 j 100 | 370,7114 3267 | 241,1533 4682 | 101 | 371,512% 2400 | 102 | 372,3055 2366 | 103 | 373,0908 8565 | 104 | 373,8686 5947 105 | 374,6389 9037 | 330,9210 9046 | 62 | 332,2300 4556 | 63 | 333,5180 5647 | 64 | 334,7857 8290 | 65 | 336,0338 5387 245,0809 248,8257 1763 | 259,4040 3850 | 255,8300 4340 | 259,1161 7170 106 | 375,4020 1945 | 107 | 376,1578 8383 | 108 | 376,9067 1651 | 109 | 377,6486 4800 110 | 378,3838 0347 | 331,2628 6957 | 07 | 335,4734 0313 68 | 339,6660 0220 | 69 | 340,8411 9044 | 70 | 341,9994 6891 962.2733 27 |265,3114 5584 | 28 | 268,2300 1355 | |:29 |271,0638 92846 | 80 |272,7928 6898 | 111 | 379,1123 0586 | 72 | 344,2671 9535 | 119 | 379,8342 7451 || 731 345,3715 4350 | 113 | 380,5498 2558 | 74 | 346,4727 8440 | 114 | 381,2590 7214 | 51347,5533 2364 | 115 | 381,9621 2434 | 976,4324 1507) 71 |343,1413 1734 92 |978,9881 5242 | 33 |281,4652 3909 | 84 |283,8683 7172 286,2068 : 116 | 382,6590 8943 | 117 | 383,3500 7191 | 118 | 384,0351 7362 | 119 | 384,714% 9381 | 120 | 385,3881 2925 36 |288,4695 6486 1h 87 |990,6751 5392 | 38 |292.8219 20201 78 | 350,7105 5045 39 |294,9129 1997: 79 |2351,7360 2884 | 40 |296,9509 7:30 80 | 352,7486 0779 348,6195 5069 771 349,6718 3972 LOGARITHMES. 12) 122 193 124 195 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 1 158 | N, | LOGARITHMES. 386,0561 386,7187 357,3758 388,0276 388,6742 389,3156 389,9520 390,583. 391,2098 391,8314 399,4483 393,0605 393,6680 354,9710 394,86935 395,4626 596,0533 396,6388 397,2200 397,1970 398,3700 398,9389 399,5028 400,0648 406,6219 401,1751 401,7246 402,2704 402,8194 403,3509 403,8858 404,171 404,9450 405,4694 405,9905 406,5081 407,0225 407,5336 be | 408, 0415 160 | 408,5462 7428 2094 5900 7604 5755 8696 4572 1339 6764 8435 3768 0006 4230 3902 ; 4169 | 3969 | 7133 | 2093 | 4341 | 9940 | 4818 | 1783 | 5516 | 2583 | 1431 | 7398 | 5710! 1489 ! 9751 | 5413 | 3294 | 8117 ; 4513 7020 0092 8093 5307 5932 4091 3827 Rene 161 162 163 16% 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 200 409,0477 409,5462 410,0416 410,5339 411,0233 411,5097 4 9932 2,473 . 6515 413,4264 413,8985 414,3679 414,8346 415,2986 415,7599 416,2186 416,6746 A17,1289 417,879 418,0276 418,4736 418,9171 419,3582 419,7969 420,2332 420,6671 421,0988 421,5281 421,9552 422,3800 429,8025 423,2229 423,6411 42%,0571 424,4710 424,8827 425,2924 425,7000 426,1055 426,5090 9107 | 3827 | 1808 | 6802 | 2494 | 2500 | 0372 201 209 203 204 205 1 206 1 207 9598 | 208 3604 | 209 5757 À 210 9361 | 244 7666 | 212 3863 | 243 1090 | 214 2428 | 915 0908 | 9508 | 1158 | 8735 | 5071 216 917 218 | 219 | 220 2950 5108 ; 4241 | 2995 | 3976 | 221 292 293 224 225 9750 | 2837 | 5720 | 0842 | 0605 | 226 227 228 229 230 7377 | 3485 | 1223 | 2848 0582 | 231 232 233 234 235 6613 | 3095 | 9159 | 5872 6315 236 237 238 239 240 N. | LOGARITHMES. 426,9105 427,3100 297,7075 4128,1031 428,4967 438,8885 429,2783 429,6662 430,0523 430,4366 430,8190 431,1996 431,9784 431,9555 432,3308 432,7043 433,0761 6 433,4462 7 433,8146 434,181 434,5465 434,9099 435,2717 135,6319 435,9904 436,3474 436,7028 437,0567 437,4089 437,7597 438,1089 438,4567 438,8029 439,1477 439,4909 439,8328 440,1731 440,5121 440,8496 :41,1857 5973 0240 | 8209 | 0410 ||! 8079 || 2430 || 4666 N. LOGARITHMES, 21 RENE EE ORDER | N- | LOGARITHMES . | Ne | LOGARITHMES. SRB PET ET PERRIN EIRE TIENNE SEE TEEN PES | { 444,5204 41 ,8538 442,1857 442,5163 449,8453 443,1734 443,5000 443,8253 | 444,1492 444, 4718 444,7932 445,1133 445,4321 445,7496 446,0659 416,3810 446,694 447,007% A447,3189 447,6291 447,9381 448,2459 448,5526 148,8581 449,162% 449,4656 449,7677 450,0686 450,3684 450,6671 450,9647 451,2612 451,5566 451,8510 452,1442 452,4361 252,7275 453,0176 458,3067 1453,5947 4 7524 | 281 0477 | 282 5973 | 283 5143 | 284 9161 | 285 8948 | 286 BTTA | 297 0652 | 288 4646 | 289 8803 | 290 4161 ! 291 1744 1 292 2564 1 293 7621 : 294 7903 { 295 296 297 298 299 300 4387 8039 : 9812 0650 1484 | 3236 | 301 6816 | 302 303 304 305 2126 3054 7482 72718 3304 6410 7437 7217 306 307 308 309 310 311 312 313 314 319 6573 6317 7255 0181 5884 316 317 318 319 320 5141 8722 71390 1897 2983 453,8817 454,1676 454,4526 454,7365 455,0195 455,3014 455,5824 455,8624 456,1414 456,4195 456,6966 456,9728 457,2480 457,5222 457,7956 458,0680 458,3395 458,6101 458,8798 459,1485 459,4164 459,6834 459,9495 460,2148 460,4791 460,7426 461,0053 461,2671 À61,5280 461,7881 462,0473 462,3058 462,563. 462,8201 463,0761 463,3312 463,5856 463,8391 464,0919 464,3438 1402 7867 | 3105 ! | 324 7831 2751 | 8565 | 5963 | 5631 | 8947 | 4480 | 4994 0447 | 1487 | 8759 | 2899 | 1537 | 1298 | 2799 | 0652 | S461 | 6827 | 6342 7595 1165 7651 | 7561 | 1521 0069 3199 3141 8755 1142 0833 | 8355 4232 8981 3114 7140 1561 | 6875 | 321 322 323 329 326 327 328 329 330 331 332 333 334 339 336 397 338 339 340 341 342 343 344 349 346 347 | 348 349 390 391 392 393 394 309 256 397 393 399 860 | 464,5930 464,8454 465,0950 165,3438 465,5919 465,8392 466,0857 466,3315 466,5766 466,8209 467,0645 467,3073 . 467,5494 467,7908 468,0314 468,2714 468,5106 468,7491 468,9869 169,2240 469,4605 169,6962 469,9312 470,1656 470,3992 470,6322 470,8645 471,0962 471,3272 471,5575 471,7872 472,0162 472,216 479,4793 472,6994 472,9258 4731516 473,3768 473,6013 473,8252 3911 2156 3095 6875 3972 4856 9995 9850 4882 9942 2282 5548 5781 3420 8898 2646 5076 6653 7753 8805 0221 2409 5774 0714 7629 6912 8952 4138 2852 5476 2386 3956 0557: 2551 0319 4206 4576 1783 6181 8119 7 La LOGARITHMES . N. | LOGARITHMES . | | 401 | 482,5076 8991 | | 102 | 482,7081 8556 | 103 | 482,9081 8309 | 404 | 483,1076 8497 | 405 | A83,3066 9363 _ CS LS = © 441 | 490,1618 0905 | 442 | 490,344L 3974 | 443 | 490,5260 5838 | 444 | 490,7075 6683 | 445 | 490,8886 6694 | ATA,0485 7944 474,2712 5998 474,4933 2623 ATATAAT 8157 174,9356 2925 446 | 491,0693 6054 | 447 | 491,2496 4945 | 491,4295 3548 | 449 | 491,6090 2043 | 450 | 491,7881 0608 | | 406 | 485,5052 1153 4175,3155 1649 | 407 | 483,7032 4106 475,5945 6043 | 408 | 483,9007 8463 475,8130 1095 |! 409 | 484,0978 4162 476,0308 7025 | 410 | 484,2944 2339 475,1558 7289 176,2481 4054 | 411 | 484,4905 2397 476,4648 2199 | 412 | 484,6861 4662 4176,6809 3972 | 413 | 484,8812 9572 176,8964 5886 | 414 | 485,0759 7287 71,141 0949 | 415 | 485,2701 8026 451 | 491,9667 9419 | 452 | 492,1450 8655 | 2153 | 4192,3229 889 | 454 | 492,500% 9094 | 455 | 492,6776 0645 | 416 | 485,4639 2044 | 456 | 492,8548 3312 || 1417 | 485,6571 9536 | 457 | 493,0306 7965 || [418 | 485,8500 0734 | 458 | 493,2066 2674 || 419 | 486,0423 5861 | 459 | 493,3821 9707 | | 420 | 486,2392 5134 | 460 | 493,5578 8531 || 477,3257 8769 471,5395 9649 477,1528 3890 477,9655 1793 418,1776 3654 | 421 | 486,4256 8773 | 461 | 493,7321 9312 | 422 | 486,6166 6995 } 462 | 493,9066 2215 | | 423 | 486,8072 0013 ! 463 | 494,0806 7403 | | 424 | 486,9972 8042 : 464 | 494,2543 5040 || | 425 | 487,1869 1293 | 465 | 494,4276 5287 A78,3891 9767 478,6002 0425 478,8106 5918 479,0205 6534 479,2299 2557 EEE A79,4387 4272 479,6470 1958 479,8547 5896 480,0619 6362 480,2685 3630 | 126 | 487,3760 9977 | 466 | 494,6005 8304 427 | 487,5648 4304 | 467 | 494,7731 4259 428 | 487,7531 4480 468 | 494,953 3988 429 | 487,9410 0711 | 469 | 495,1171 5571 430 | 488,1284 sa | 70 495,2886 1257 231 | 488,3154 2157 ! A71 | 495,4597 0501 432 | 488,5019 7777 | 472 | 495,6304 3459 | | 433 | 488,6881 0263 ! 473 | 495,8008 0283 | | 434 | 488,8737 9814 ! A7A | 495,9708 1127 || 435 | 489,0590 6626 | 475 | 496,1404 6142 436 | 489,2439 0897 | 476 | 496,3097 5478 4137 | 489,4983 2829 | 477 | 196,4786 9286 [138 | 489,61923 2593 | 478 | 496,6472 7744 | 439 | 489,7959 0403 ! 479 | 496,8155 0910 440 | 489,9790 6444 | 80 | 496,9833 9022 480,4747 7973 480,6803 9661 450,8854 8962 481,0900 6144 481,2941 1469 481,4976 5200 481,7006 7598 481,9031 8921 482,1051 9424 482,3066 9363 [x [ socanmns. N. F socanrrmés. | LOGARITHMES . 481 482 483 484 485 486 487 497,1509 497,3181 497,4549 497,6514 497,8175 497,9833 498,1488 498,3139 498,4787 498,6432 498,8073 498,9711 499,1345 A99,2976 499,4604 499,6229 499,7850 499,9468 900,1083 500, 2695 200,4303 500,5908 500,7510 900,9109 901,0701 501,2297 501,3886 501,54353 501,7056 501,8636 502,0212 502,1786 502,327 02,4925 502 6489 502,8051 502,9609 503,1165 503,2717 503,4267 9194 0573 4302 3529 8384 9022 5577 8191 7002 2149 3768 1997 6970 8322 7688 3701 6992 7694 5937 1852 5566 7209 6909 4792 0985 5612 87199 0669 1346 0951 9508 7436 4556 1087 7150 2861 8338 3698 9058 4532 903,814 503,7357 903,8898 904,0435 504,1970 504,3592 504,5031 904,6557 904,8080 7 o(4,9601 905.,1118 905,2633 505,4144 505,5653 905,7199 505,8662 506,0163 506,1651 906,3155 506,4648 506,6137 506,7623 506,9107 907,0588 507,2067 907,3543 907,5016 507,6486 507,1953 507,9418 908,0881 908,2340 908,3797 508,5252 D08,0703 208,8153 508,9599 509,1043 509,2484 509,3923 561 562 563 564 565 9865 : 7622 966 1 567 068 1 569 970 4703 | 571 0326 | 572 7507 ! 573 6352 | 574 6968 | 575 0236 6284 2789 0458 | 576 3930 | 577 0486 | 578 9230 | 579 0266 | 580 LE. | 582 8144 | 583 9365 | 584 3389 | 585 3695 9621 0303 ! 586 0218 | 587 3230 | 588 9435 : 589 8932 | 590 | 1818 | 591 8189 : 592 8142 593 1771 | 594 9171 | 595 0438 | 596 5665 597 4945 598 8371 | 599 6036 | 600 LOGARITHMES. 209,5359 509,6793 509,8224 509,9653 510,1079 510,2502 910,3923 510,5342 510,6758 516,817! 510,9582 511,0991 511,2397 511,3800 511,5202 511,6600 511,7997 511,9391 5120782 512,2171 512,3558 512,4942 512,6324 512,7704 512,9081 913,0456 013,1828 513,3199 913,4567 913,5932 513,7295 513,8656 514,0015 514,1374 514,2795 514,4077 514,5497 514,6774 914,8119 514,9462 | 351 | 0915 | 1143 6154 | 6036 0880 0772 5800 6051 1613) 2571 9012 1019 8680 2077 1295 6418 7528. 4709 8043 7611 "| 8032 | 4450 | = 3495 5776 4535 9852 1807 0479 5947 8290 1586 3912 7346 7966 5848 1067 3700 3823 1510 LOGARITHMES. 525,1400 1241 525,2581 3270 | 595,3760 7992 | 525,4938 5458 | 525,6114 5718 | | 515,0802 | 602 | 515,2140 9875 | || 603 | 515,3477 0703 | | 604 | 515,810 9391 | | 605 | 515,6142 6013 | 8071 520,3926 6626 920,5179 5650 | D20,6439 5204 | 520,7679 5349 | 520,8926 6144 521,0171 7649 | 521,1414 9924 521,2656 3098 | 521,3895 7020 | 525,7288 8899 | 525,8461 4820 | 525,9632 3763 | 526,0801 5699 | 526,1969 0678 | 515,7472 | | 607 | 515,8799 3352 | 608 | 516,0124 4214 | 609 | 516,1447 3299 | | 610 | 516,2768 0679 921,5133 1960 | 921,6368 7905 521,7602 4913 | 521,8834 3043 | 522,0064 2353 | 6 | 611 | 516,4086 6426 612 | 516,5403 0609 | 613 | 516,6717 4054. || 614 | 516,8029 4569 | 516,9339 596,3134 8748 | 526,4298 9960 | 526,5461 4361 | 526,6622 2001 526,7781 2996 | 526,8938 7186 | 527,009% 4829 | 527,1248 5901 | 527,2401 0450 527.3551 8595 522,1292 2899 | 522,2518 4739 | 6 522,3742 7930 | 522,4965 2598 | 529,6185 8590 | | 517,0647 1.617 | 517,1953 0535 | 618 | 517,2256 6898 | | 619 | 517,4558 2003 | 620 | 517,5857 6189 | 527,4701 0170 | 527,5848 5434 527,6994 4364 | 527,8138 7005 527,9281 3403 | 522,7404 6173 | 529,8621 5331 | 599,9836 6120 | 523,1049 8596 | 523,2261 2815 | 621 | 517,7154 9434 | | 622 | 517,8450 1804 | || 623 | 517,9743 3367 | 624 | 518,1034 4190 | 11625 | 518,2323 518,3610 | | 518,4895 2881 | 628 | 518,6178 1404 629 | 518,7458 9515 | 630 | 518,8737 7280 523,3470 8830 | 523,4678 6696 | 523,5884 6468 | 523,7088 8200 | 523,8201 1947 528,0422 3606 | 528,1561 7658 | 528,2699 5605 | 528,3835 7493 528,4970 3368 || | 519,0014 4764 632 | 519,1289 2029 | | 633 | 519,2561 9141 | | 634 | 519,3832 6163 | 635 | 519,5101 3157 | 523.9491 7760 | 524,0690 5695 524,1887 5803 | 524,3082 8124 524,4276 9754 | 528,6103 3273 528,7234 7255 || 528,8364 5357 528,9492 7624 529,0619 4101 524,5467 9701 | 524,6657 9033 } 524,7846 0801 | 924,9032. 5057 525,0217 1853 519,6368 637 | 519,7632 7318 | 638 | 519,8895 4609 639 | 520,0156 2124 | 640 | 520,1414 9924 529,1744 4832 529,2867 9860 529,3989 9230 529,5110 2985 529,6229 1168 LOGARITHMES. 5297346 529,8462 529,9576 530,0688 530,1800 530,2909 530,4017 530,5124 530,6229 530,7332 530,8434 530,9535 931,0633 931,1731 531,2827 531,3921 531,5014 531,6106 531,7196 531,8285 531,9372 532,0457 539 1541 532,2624 532,3705 532,4785 522,5863 532,6940 532, 8016 532,9090 .| 533,0163 533,1234, 533,2303 533,3372 533,4439 533,9904 533,6558 533,7631 533,8692 533,9752 3823 | 0992 2719 | 9046 | 0016 | 5671 | 6054 | 1205 | 1168 | 5983 |' 5692 | 0337 | 9959 | 4698 | 4295 | 9093 | 7 9027 | 4143 | AATS | 0074 | 0969 | 7203 | 8816 | 2847 | 8335 | 6320 | 9840 | 8934 ! 3641 | 3998 | 1095 | 1817 | 9356 ; 2697 | 1879 | 6939 ! 7914 | 4841 ! 7158 6702 | 534,081 534,1868 534,294 534,3978 534.5031 534,6082 534,7133 534,8181 534,9229 535,0275 535,1320 535,2363 535,3405 535,4446 535,5485 535,6523 939,7560 939,8995 539,9629 936,0662 536,1694 536,2724 536,3752 536,4780 536,5806 036,6831 536,7854 536,8876 536,9897 537,0917 937,1939 537,2952 537,3968 537,4983 537,5996 537,1008 937,8018 537,9028 538,0036 538,1043 1709 | 2815 | 0058 | 3473 | 3098 | 8966 | 1116 | 9582 4400 | 2605 3134 | 7220 | 7899 | 5007 | 8677 | 8945 | 5844 | 9410 | 9677 6678 | 0449 | 1091 | 8430 2709 3892 | 2011 7100 9192 | 8320 | 4517 | 73816 8249 5848 | 0646 2676 1969 8997 2473 | 3747 2442 LOGARITHMES. 238,2048 538,3053 538,4066 538,5058 938,6058 38,7058 238,8036 938,9053 »39,0048 939,1043 539,2036 539,3028 939,4019 539,5008 239,5097 539,6984 539,7970 539.8954 539,9938 540,0920 540,1901 540,2881 540,3860 540,837 540,5814 540,6789 540,7763 540,8736 540,9707 541,0678 541,1647 941,2615 541,3582 541,4548 5/41,5512 541,6476 541,7438 541,8399 541,93359 542,0318 (l 8499 | 2039 | 3064 | 1608 | 7692 : 2632. | 1545 8128 2412 4126 3201 1767 | 7155 | 0393 | 1512 | 0541 | 7510 | 2449 | 5387 6352 | 5376 || 2481 || 7710 || 1079 | 2620 | 2363 | 0336 | 6567 | 1084 | 3917 | 5093 || 4639 || 2584 || 8956 || 3783 7091 | 8909 | 9264 8183 k D. v. | LGGARITHMES-: 5693 | 1829 | 6596 | 0043 2189 | | 886 542,1276 542,2233 512,3188 542,4143 542,5196 542,6048 542,6999 542,7949 542,8897 042,9845 543,0791 43,737 543,2681 543,3624 543,4566 543,5507 543,6447 543,7386 543,8324 543,9260 544,0196 544,1130 544,2063 544,2996 544,3927 944,48357 544,5786 544,6714 544,7641 544,8566 544,9491 545,0415 545,1338 545,2259 545,3180 545,4099 545,5017 545,5935 545,6851 545,1766 3061 2686 | 1090 | 8300 | 4342 | 9251 3026 | 5721 | 7352 } 7946 | 7528 | 6124 | 3759 | 0460 | | 900 6251 1158 | 5206 | 8420 | 0826 2448 3312 3441 | 2862 | 1598 9674 7115 3945 0189 5870 1013 5641 9780 3452 6681 9493 | 881 882 883 884 885 887 888 889 890 891 892 893 894 895 896 897 898 899 901 02 903 904 905 906 907 908 909 910 911 912 913 914 915 916 917 918 919 920 545,8681 545,9594 546,0506 546,1417 546,2327 546,3236 546,4144 546,5051 546,5957 546,6862 546,7766 546,8669 546,9571 547 ,0472 541,1372 547,9271 547,3169 547,4066 547,4962 547,5857 547,6751 547,764 547,8536 547,9427 54S,0317 548,1206 548,2094 548,2981 548, 3867 548,4752 548,5636 548,6519 548,7461 548,8283 548,9163 549,0042 549,0920 549,1798 549,2674 549,3550 1909 | 3953 | 5650 | 70292 | 8093 | 8886 | 9425 | 9732 | 9830 | 9743 | 0408 | 9103 | 8596 | 7994 | | 935 1320 6597 | 5846 5091 4354 | 3658 3020 | 2/68 | 1022 | 1703 | 1534 1537 | 1732 2143 | 2789 3693 4876 6360 8165 0313 2826 5723 9026 2756 6933 1580 921 929 923 924 925 926 927 928 929 930 931 532 933 934 936 937 938 939 940 941 942 943 944 945 946 947 948 949 950 951 952 953 954 955 556 957 958 959 960 LOGARITHMES 549,4494 6715 549,5298 2264 | 549,6170 8537 | 549,7042 5263 549,7913 2562 | 549,8783 0452 | 549,9651 8954 550,0519 8088 | 550,1386 7576 | 550,2252 8335 550,3117 9488 | 550,3982 1353 | 550,4845 3950 | 550,5707 7300 550,6669 1422 | 550,7429 6337 550,8289 2062 || 550,9147 8620 || 551,0005 6027 551,0862 4305 551,1718 3473 551,2573 3550 | 551,3497 4555 | 551,4280 6507 | 551,5132 9497 551,5984 3339 | 551,6834 8212 551,768% 4175 | 551,8533 1152 551,9380 9190 552,0227 8308 | 559,1073 8596! 552,1918 9862 | 559,2763 2334 | 552,3606 5964 552,4449 0762 552,5290 6755 552,6131 3959 | 552,6971 2391 | 552,7810 2070 | PAT, ie LOGARITHMES. 552,8648 552,9485 553,0321 553,1157 553,1991 553,2825 1553,3658 553,4490 553,5321 553,6152 553,6981 553,7810 953,8637 553,9464 554,0290 554,4116 554,940 554,2764 554,3586 554,4408 554,5229 554,6049 554,6869 554,7687 554,8595 554,9322 555,0138 555,0953 5b5,1767 555,2581 5855,3393 555,4205 555,5016 555,5827 555,6636 555,7445 555,8252 259,9059 555,9866 556,0671 3014 2243 8712 3621 9808 7350 6266 6574 8290 | 1433 6020 2070 | 9599 8625 | 9167} 4240 A862 | 0051 | 6824 | 5197 À 5189 6817| 0096 | 5045! 1680 | 0018| 0076 | 1871 | 5419} 0737 | 7841 | 6749 | 7A77 | 0041 so 1001 1002 1003 1004 1005 1006 1007 1008 1009 1010 1011 1012 1013 4044 1015 1016 1017 1018 1019 1020 1021 1022 1023 102% 1025 1026 1027 1028 1029 1030 1031 1032 1033 11034 4457 0743} 8913 | 8986 | 0976 | 4909 | 1035 1036 1037 1038 1039 1040 LOGARITHMES. 556,1476 0774 556,2279 8615 556,3082 8437} 556,3885 0258 | 556,4686 4093 556,5486 9958 | 556,6286 7268 | 556,7085 1841 | 556,7883 9890 | 556,8681 4033 556,9478 0270 | 557,0273 8661 | 557,1068 9176 | 557,1863 1847 | 557,2656 6689} 557,3449 3717 | 557,424 2947 | 557,5032 4394 | 557,5822 8073 | 557,6612 4000 | 557,7401 2189 | 557,8189 2656 | 557,8976 5416 | 557,9763 0484 | 558,0548 7875) 558,1333 7604 | 558,2117 9686 | 558,2901 4136 | 558,3684 0968 | 558,4466 0198 | 558,5247 1840} 508,6027 5909 | 558,6807 2419 598,1586 1386 | 558,8364 2824} 558,9141 6746 | 558,9918 3169 | 559,0694 2106| 559,1469 3572] 559,2243 7581 | LOGARITHMES. 559,3017 4147 | 559,3790 328à | 559,4562 5009 559,5333 9333 | 559,6104 6271 | 559,6874 5838 | 559,7643 8047 | 559,8412 2913 559,9180 0450 | 559,9947 0671 | 3590 | 9229 | 7581 | 8679 | 2531 | 560,0713 560,1478 560,2243 560,3007 560,3771 560,4532 9151 560,5295 8552 560,6057 0748 560,6817 5752 560,7577 3578 560,8336 4240 | 560,9094 7751 | 560,9852 4125) 561,0609 3375 561,1365 5514 561,2121 05561 561,2875 8514) 561,3629 9311 || 561,4383 3231 | 561,5136 0016 561,5887 9771 | 561,6639 2507/| 561,7389 8238) 561,8139 69781 561,8888 8739) 561,9637 3534! 562,0385 1376) 562,1132 2278 | 562,1878 6253 562,2624 3314 en LI: er N. | LOGARITHMES. h 562,3369 3473111921 | 565,2618 32861161 962,4113 67441 1122 | 565,3336 1081 11162 562,4857 3138/1123 | 565,4053 2481 | 1163 962,5600 2669 11124 | 565,4769 7498 11164 562,6342 5350! 1125 | 565,5485 6144/1165 LOGARITHMES. 562,7084 1193 11126 | 565,6200 8429 | 1166 562,7825 02101127 | 565,6915 4365 | 1167 562,8565 2414! 1128 |665,7629 3964 11168 562,9304 7818 | 1129 | 565,8342 7235 | 1169 563,0043 64331 1130 | 565,9055 4191 | 1170 11131 | 565,9767 4843 | 1171 563,1519 3351 | 1132 | 566,0478 9202 | 1172 563,2286 1678 | 1133 | 566,1189 7279 | 563,2992 3267 | 1134 | 566,1899 9085 | 563,3727 8199 | 1135 | 566,2609 4631 | 1175 563,462 6278 | 1136 | 566,3318 3928 | 1176 563,5196 7725 1137 | 566,4026 6987 | 1177 563,5930 2484 | 1138 | 566,4734 3820 11178 563,6663 0565 | 1139 | 566,5441 4437 | 1179 563,7395 1981 11140 | 566,6147 8848 | 1180 563,8126 6844 | 1141 | 566,6853 7066 | 1181 563,8857 4867 | 1142 | 566,7558 9100 | 1182 563,9587 6361 | 1143 | 566,8263 4961 | 1183 564,0317 1238 | 1144 | 566,8967 4662 | 1184 564,1045 9510 1 1145 | 566,9670 8211 | 1185 564,177%4 1190 11146 | 567,0373 5620 | 1186 564,2501 6289 | 1147 | 567,1075 6899 | 1187 564,3228 4819111481 567,1777 2060 | 1188 564,3954 6799 1 1149 | 567,2478 1113 | 1189 564,4680 2290 11150 | 567,3118 4068 | 1190 564,5405 1114114151 | 567,3878 0936 | 4191 564,6129 3487 | 1152 |567,4577 1728 | 4192 564.6852 9349 | 1153 |567,5275 6454 | 1193 564,7575 8713 | 1154 | 567,5973 5125 | 1194, 564,8298 1591 1155 | 567,6670 7752 | 1195 564,9019 7993 11156 | 567,7367 43441 1196 564,9740 79321 1157 | 567,8063 4912/1197 565,0461 1420] 1158 | 567,8758 94661 1198 565,1180 8467) 1159 | 567,9453 8018 | 1199 1120 | 565,1899 9085 1 1160 | 568,0148 0577 } 1200 F LOGARITUHMES. 568,0841 7153 568,1534 7757 | 568,2297 2400! 568,2919 1091 568,3610 3841 | 568,4301 0659| 568,4991 1557| 568,5680 6543 | 568,6369 5629 | 568,7057 8825 | 568,7745 61391 568,8432 75831 568,9119 31681 568,9805 2901 | 569,0490 6794. 569,1175 48561 569,1859 7097) 569,2543 3517 569,3226 4157| 569,3908 89961 569,490 8053 569,5272 1338] 569,5952 8862 | 569,6633 0634 569,7312 6663) 569,7991 6960 || 569,8670 1534 569,9348 0395) 570,009%5 37521 570,0702 1014 | 570,1378 27931] 570,2053 8896 | 570,2798 9334 570,3403 41151 570,4077 3250 570,4750 67491 570,5423 4619 570,6095 6871 | 570,6767 3514 570,7438 4558 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DES SCIENCES, DE L'AGRICULTURE ET DES ARTS DE LILLE. NOTE L'IDENTITÉ DE L'ÉRVTAROGLUCINE ET BE LA PHYCITE Par M. LAMY, Membre résidant. Séance du 6 février 1857. Dans un mémoire publié en 1848, le docteur J. Stenhouse a annoncé qu'en faisant bouillir la picro-érythrine avec un excès de chaux ou de baryte, on la transformait en orcine et en un corps nou- veau , l’érythroglucine. Cette substance cristallise facilement , a une saveur sucrée, n'est précipitée par aucune dissolution métallique , n'est attaquée ni par le brôme , ni par l'acide azotique froid, mais est transformée en acide oxalique par l'acide azotique bouillant. Par la distillation sèche , elle produit un liquide empyreumatique accompagné d’une odeur de sucre brûlé. M. Stenhouse a assigné à l'érythroglucine , qu'il appela plus tard érythromannite , une composition représentée par la formule : c:'° H:5 0’°. M. Strecker a proposé une autre formule : C$ °° O$ basée sur le mode de dédoublement de la picro-érythrine , sous l'in- fluence des réactifs alcalins : € H6 0'4 + 210 — C'é H$ 04 + CS H'° 05 + 2C0?. Picro-érythrine. Orcine. Érythroglucine. a ROULE D'un autre côté ; M. Gerhardt , regardant l’érythromannite commé un homologue de la mannite , lui a donné la composilion sx POS M. Regnault a adopté GA HS OP. Enfin M. Berthelot, dans un remarquable travail publié en 1833, a proposé la formule C2 H'° 0"2. Voilà donc cinq formules différentes pour représenter la même substance. — Celle de M. Strecker seule correspond rigoureusement à la même composition centésimale que celle de M. Berthelot; car le rap- port des nombres 8 , 10, 8 est le même que celui des nombres 12, 15, 12. — Mais cette dernière nous paraît devoir être adoptée de pré- férence aux autres, parce qu'elle résulte de l'analyse des combinai- sons neutres que forme l'érythroglucine avec les acides. Or, cette formule C'? H'° O'?, est précisément celle que j'ai assi- gnée à la phycite en 1851. — Frappé de cette identité de composi- tion , j'ai voulu connaître dans ses caractères les plus essentiels la matière sucrée dérivée de la picro-érythrine ; mais comme je n’avais à ma disposition ni cette substance, ni les travaux anglais et alle- mands dont elle avait été l’objet, j'ai adressé à M. Berthelot un échan- tillon de phycite , en même temps que les nouvelles déterminations de sa forme cristalline que j'avais obtenues, grâce aux bienyeillants con- seils de M. de La Provostaye.— La comparaison qu'a bien voulu faire M. Berthelot a confirmé l'identité présumée de l'érythroglucine et de la phycite. Voici les éléments de la détermination cristallographique du premier de ces corps , d’après Miller. (Fig. 4.) : Face 0.....a:a:c À — NN... 4: —4:c 3 —M...a:æ a: cl) (4) a c-désignent les axes du prisme droit à base carrée, st … MT A ER FL. Le cd a 4 RTS o sur 0 — 441° 9’ n : M— 138° 49% Voici maintenant les derniers résultats de mes observations et calculs sur la forme de la phycite. (Fig. 2.) : Race 0 de udiEPc 1 — n a se HUE — M a :ise-g ‘sic a il ton 8 D ON Angles observés. Angles calculés. M sur M ..... 90° 90° Où FAO sens 1419 4157 i419 48° OEM ML MAO 1099 46° Mt m : M... 1093 57 103° 59° ARE Cu REA 136235 136° 30” n (TM ERAIO NE 1449 35° 41149 33° ne 0 EUTANOMAIOS 15929 44 0 ONRRINE 15929 557 15200698 n CORRE NAS AT NE 10° 027 Ainsi , l’érythroglucine et la phycite cristallisent toutes deux dans le système du prisme droit à base carrée, et ont la même forme- type , modifiée par des facettes égales et semblablement placées. A la vérité, les angles n : M — 138° 42°, 0 : n — 150° 47" donnés par Miller, diffèrent notablement des angles correspondants que j'ai obtenus , savoir : 436° 35’ et 152° 52°. En outre , le même savant 6 indiqué comme constant un caracière d'hémiédrie qui ne m'a paru qu’accidentel ; mais ces différences , quelque réelles qu'elles soient, ne semblent pas suffisantes pour établir une distinction spécifique entre l’érythroglucine et la phycite. D'ailleurs , si l'on veut remarquer que les deux substances ont la même composition centésimale et des caractères physiques et chimiques semblables (1), on pourra diffici- lement conserver des doutes sur leur identité. En terminant celte note , je ferai observer que la phycite et l'éry- throglucine ont une origine fort peu différente. Les lichens , en effet, sont très-voisins , dans le règne végétal, des Algues ou Phycées. Seu- lement la Phycite existe toute formée dans le Protococcus communis , puisque pour l'extraire je n'ai employé que de l'alcool aqueux, tandis que l'érythroglucine , d’après M. Stenhouse, est un dérivé de l'acide érythrique , et n'existe qu’en combinaison avec l'orcine , ou du moins ne peut être retiré du lichen d'Angola qu’en traitant la disso- lution de ce lichen par un lait de chaux ou de baryte, avec le secours de la chaleur. ] (4) Voix ann. Ph. et Ch. Juin 1852. n n | d | ERYTHROGLUCINE (Projection Horizontale) Æg (0) PHYCITE (Projection Verticale) MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DES SCIENCES , DE L'AGRICULTURE ET DES ARTS DE LILLE. COMPTE-RENDU DES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES , DE L'AGRICULTURE ET DES ARTS DE LILLE, PENDANT LES ANNÉES 1854, 1895 et 1856, Par M. Victor DELERUE , Membre résidant. (Séance du 6 mars 1857.) Messieurs , Les graves occupations dont est surchargé M. Lamy, votre secré- taire général , ne lui permettant pas de s'occuper du compte-rendu de vos travaux pendant les années 1854, 1855 et 1856, vous m avez désigné pour remplir cette tâche que j'ai acceptée sans trop réfléchir aux nombreuses difficultés qu'elle présente et dont les moindres ne sont certes pas de vous laisser sans trop de regrets sur la perte que vous avez faite et sur le choix qui l'a suivie. Et pourtant j'avoue que je me sens heureux et fier de ce choix i Heureux de me retrouver vis-à-vis des travaux pour lesquels j'ai con- tracté une vive et puissante sympathie pendant les onze ans que J'ai été votre secrélaire-général; fier d’avoir été l'objet d'une préférence si flatteuse au milieu de tant de collègues plus dignes que moi de l'obtenir. Ma position ainsi établie, je me sens plus à l'aise pour entreprendre le travail que vous m'avez conlié. Les temps actuels , Messieurs, sont pleins de riches semences pour les temps à venir; l'instruction, ce premier des biens , après la vertu , se répand de pays en pays, gagne de proche en proche et jette de toutes parts des clartés éblouissantes au milieu des ténèbres de l'igno- rance et de la routine. Il semble que dans ce mouvement général vous avez senti plus que jamais l’importancede votre mission, car chacun de vous l’a remplie : avec un zèle louable , avec une activité toujours croissante. Aussi, suivrepas à pas la marche de vos travaux dans les sciences, l'agriculture , les lettres et les arts pendant ces trois dernières années; m'arrêter longuement à tout ce qu'ils renferment de bon , de sage et d'utile, serait chose impossible ; ce serait, du reste, dépasser de beaucoup les limites qui me sont tracées; je me bornerai donc à vous signaler les points les plus saillants de ces travaux , objet du compte- rendu que j'ai l'honneur de vous présenter. SCIENCES . Haihématiques, Physique et Chimie. Si les productions de cette vaste branche des connaissances hu- maines ne brillent pas comme la peinture et la sculpture, au grand jour des musées, si la foule impressionnée ne s'arrête pas devant elles, si la sécheresse du chiffre a remplacé l'éclat du coloris, si le vrai, l’exact se montrent là dans toute leur nudité et ont pris la place des plus riches ornements ; ces productions n'en sont pas moins dignes d'arrêter les regards par les services qu'elles rendent ; par les découvertes qu’elles constatent. ‘ on es Les sciences, déjà si dignementreprésentées parmi nous, ont fait de précieuses acquisitions dans la personne de MM. les professeurs de la Faculté des sciences, qui sont venus grossir nosrangs et donner par là une impulsion nouvelle à des travaux qui ont déjà acquis à notre so- ciété une place distinguée dans le monde savant. Ces Messieurs ont payé leur bienvenue à la société par des travaux qui ne peuvent qu'ajouter à la haute considération dont elle jouit. Vous devez à M. MamsrRe un mémoire sur les éclipses de lune et de soleil et la détermination de l'aplatissement des méridiens terrestres. Un mémoire sur le travail de la vapeur dans les ma- chines , en tenant comple de la vapeur qui reste après chaque coup de piston dans les espaces libres des cylindres. Une note sur le calcul de la force centrifuge. Ses démonstrations de l'équation du travail des forces ou du principe des vitesses virtuelles. Son mémoire sur le régulateur à force centrifuge. Et ses études sur les accroissements de force dans les machines de Wolf. À M. Pasteur : la communication des résultats de son travail sur l'alcool de betterave ou alcool amylique. Et celles qui l'ont amené à reconnaître que le jus de betteraves acidulé , brut, fermente facilement à la température de 25 à 30 degrés sans addition de levure. Et à M. Lacaze-Durmers : D'intéressantes communications sur les monstres doubles dans les mollusques. Des observations sur des parasites d'Helminthes, recueillies dans un voyage qu'il a fait aux Iles Baléares. i Et d’autres observations sur la fécondation chez les Dentales (mollusques). En regard de ces travaux, voici ceux que sont venus y placer les collègues qui jusque-là avaient seuls et si dignement représenté les sciences. Le GT M. Kuuzmanx vous a fait part de ses nombreuses recherches et découvertes sur les chaux hydrauliques , les pierres artificielles et sur les diverses applications des silicates alcalins solubles. Il vous a fait part également de ses découvertes ayant pour titre : Sur divers phénomènes d'oxigénation et de réduction. Et de son résumé théorique sur l'intervention des silicates alcalins dans les productions artificielles des chaux hydrauliques, des ciments et des calcaires siliceux avec des considérations géologiques sur la fermentation par la voie humide en général. M. Kuhlmann vous a communiqué aussi ses expériences sur la firation des couleurs organiques et celles sur la fixation des couleurs par les matières animales. Les travaux de M. Lamy ne sont ni moins nombreux ni moins in- téressants , en voici les titres : Sur les courants électriques engendrés par le magnétisme terrestre. Sur l'équivalent mécanique de la chaleur. Sur le magnétisme et la conductibilité électrique des métaux alcalins , sodium et potassium, De plus, vous lui devez les bulletins mensuels qu'il a livrés aux journaux depuis trois ans et qui grâce à sa plume correcte , à son talent d'analyse , ont porté au loin la valeur de travaux dont Je ne puis ici que mentionner les titres. Je trouve aussi dans ce vaste champ des sciences : Les considérations de M. DeLezenne sur l’acoustique musicale. Sa note sur le ton des orchestres et des orgues. Et son travail sur la constitution et la suspension des nuages. Là viennent encore se grouper comme en un large faisceau de sciences diverses : La première partie du mémoire de M. Heecman sur une nouvelle formule de réfractions astronomiques. Les observations de MM. Cazeneuve et Parise sur des cas chirur- gicaux. MPa NE Les curieuses éfudes microscopiques de M. GARREAU sur la formation des stomates dans le tradescantia virginiana et les transformations cellulaires qui l'accompagnent. L'appelchaleureux et philanthropique de MM. Gossecer et Vioerre, sur les effets physiologiques produits chez les consommateurs, par les alcools de betteraves. Les mémoires de M. Viocerre sur le fil des instruments tranchants et sur l'essai des acides du commerce. Le travail de M. Conexwinner sur la production du gaz acide carbonique par le sol et par les engrais. Les ouvrages de M. De £a Foxs-Mécicoco , L'un sur les monnaies qui avaient cours dans les vèlles de Lille et de Douai au XIV.°, XV.e et XVI.® siècles , l’autre sur Les cou- tumes de la ville d'Estaires au XV.® siècle. Les 13.2 et 14.2 livraisons de l'ouvrage de M. Very sur les mé- dailles , jetons , monnaies du règne de Sa Majesté Napoléon IT, précédé des pièces de la représentation et de la présidence. Les tables de la mortalité à Lille pendant les années 1853 à 1855 par M. Cunesriex ef les tableaux de M. Meurein sur les ob- servations météorologiques faites à Lille en 1854 et 1855, précieux documents pour la statistique générale de la France. Enfin , Messieurs , je rencontre là aussi , et malheureusement pour la dernière fois, le nom vénéré de M. Macquarr, de ce vétéran du travail intellectuel à qui la mort a dù arracher la plume des mains, et qui semble , néanmoins, s'être montrée intelligente en lui laissant le temps nécessaire pour achever ses beaux travaux sur les diptères exotiques nouveaux ou peu connus (5.° supplément) et sur les plantes herbacées d'Europe et leurs insectes, pour faire suite aux arbres et arbrisseaux , ouvrage publié récemment par lui et inséré dans nos mémoires. Jamais la plume deM. Macquart n’a trouvé de plus fraiches couleurs que dans son dernier ouvrage ; Jamais son âme expansive et tendre n'a eu d'accents plus vrais, plus sympathiques; sentait-il en lui-même que c'était son chant du cygne, et voulait-illerendre plus harmonieux encore. RS Agriculture, Mcomomie pratique. Votre sphère d'action, jadis si grande dans cette partie de vos travaux, s’est considérablement restreinte depuis que le Comice agri- cole s'est séparé de vous et qu'on l’a gratifié des subsides qui vous avaient été accordés jusqu'alors pour encourager l’agriculture et récompenser les hommes qui se vouent aux rudes labeurs de cultiver la terre. Cependant si la partie pratique de l'agriculture est sortie des mains qui lacomblèrent de tant de dons, qui lui ouvrirent tant de routes nou- velles , ces mains ont conservé la partie théorique et scientifique et vous avez prouvé par là que l'agriculture vous est toujours chère et que vos sympathies pour elle sont indépendantes des événements qui se sont produits à son occasion dans le sein de votre société, Cette science vous est redevable de recherches sur la compo- sition chimique des substances alimentaires du bétail dans le nord de la France. Et sur la composition chimique du lait de vache , avant et après la parturition , — incertitudes des obser- valions optiques. Ces deux importants et patients travaux ont eu pour auteur M. Corexwinoer si bien à même de remplir une pareille tâche, - Le même collègue s'est livré aussi à d'intéressantes-recherches sur les résultats d'un drainage opéré à Quesnoy-sur-Deñle , et sur la valeur comparative des betteraves montées et non montées. Enfin 11 vous a livré un long rapport sur la culture des lins dans ‘arrondissement de Lille. M. Bacny a rendu un véritable service aux innovateurs agricoles en venant en aide à leur inexpérience par sa note rétrospective sur la culture du polygonum tinctorium et l'extraction de son indigo. — 89 — Hitiéraiure et Beaux Arts. Le goût de la littérature et des beaux arts, comme l'amour des sciences vous a payé pendant ces trois années un tribut riche et varié ; une louable rivalité semble s'être établie entre elles; car si les sciences se sont tenues constamment au niveau d'une époque dont tous les jours sont marqués par une découverte nouvelle, la litté- rature a parcouru un cercle qui s'étend des austères recherches his- toriques aux riantes conceptions de l'esprit. M. Le Gzay apporte pour sa part de travail pendant ces trois ler- nières années » plusieurs ouvrages importants : l’un qu'il a intitulé Spicilége d'histoire littéraire ou documents pour servir à l'his- toire des sciences, des lettres et des arts dans le nord de la France. L'autre est sa notice sur Louis de Blois, abbé de Liessies , en Hainaut, au XVI. siècle. Et son fragment d’un mémoire sur les archives du chapitre de St.-Pierre à Lille. Il vous a fait connaître aussi , par sa lecture sur un des nombreux écrivains qu'a produits Lille, Floris Van Der Haer, chanoine de St.-Pierre (1588), combien les lettres ont toujours été en honneur dans notre cilé. M. Cnon vous a lu des fragments qui vous ont fait apprécier la valeur de son ouvrage intitulé : Æssai sur Washingion et sur la révolution d'Amérique ; depuis, cet ouvrage a paru dans vos mé- moires et vous avez pu vous convaincre par un style sévère , concis, ne permettant pas à l'imagination de jeter ses paillettes là ou la vé- rité seule a droit de semontrer, que notre collègue, qui professe l'his- toire d’une manière si distinguée, a toutes les qualités nécessaires pour écrire ce qu'il enseigne si bien. - M. Dupuis vous a communiqué , par la lecture, la première partie Lg de son travail intitulé: Æsquisse de l'histoire de l'enseignement philosophique à Lille. Un autre travail du même collègue ne doit pas passer inaperçu , car 11 prouve de nouveau , s’il en était encore besoin, de son amitié si vraie, si désintéressée pour la Compaguie , je veux parler de sa table des matières contenues dans les mémoires de la société ainsi que dans ses notices agricoles, depuis 1806 jusqu'en 1853 , dans la première partie de laquelle les travaux sont classés par ordre de date et noms d'auteurs, tandis que dans la seconde, ces mêmes tra- vaux figurent par ordre alphabétique sous l'objet spécial de chacun d'eux. A ce travail, déjà si important , M. Dupuis en a ajouté un autre, c'est une table des nombreux manuscrits déposés dans les archives de la société et qui n’ont point paru à la société d'une utilité assez gé- nérale pour en justifier l'impression. Vous le voyez, Messieurs , grâce à notre collègue, tous vos bites sont mis au jour, M. Dupuis n’a oublié qu'une seule chose , une seule , c'est de mettre son nom à ce fraternel travail ; eh bien! moi je me sens heureux de relever cet oubli et de vous rappeler ce nom d'un collègue qui méprise le dogme du mor sans place à d'autres, ce qui est rare, bien rare aujourd'hui, même parmi les savants. Vos mémoires se sont ouverts pour l'essai sur l'analyse et la synthèse des éléments phonétiques des langues et sur l'écriture, de M. Canissté , et cette place lui était bien due par l'érudition de l’au- teur et les nombreuses recherches auxquelles il s'est livré sur cette partie épineuse de la grammaire générale. M. GosseLer vous a lu une partie de son travail intitulé : Fragment philosophique sur la liberté morale. Ce titre indique suffisamment la haute portée de ce travail et la difficulté de l'analyser en quelques lignes , j'aime mieux m'en rapporter à vos souvenirs qui ne peuvent l'avoir oublié. Lorsque ses travaux législatifs lui laissent le loisir de revenir parmi LEGO NAN nous , M. Lecranp se hâte de reprendre sa plume littéraire et de lui faire tracer de ces pages dont vous connaissez le cachet original. Ses derniers écrits sont un épisode intitulé: Une journée à Mons-en- Pévèle , heureux mélange de souvenirs historiques et de riante ima- gination lu par l’auteur dans notre séance solennelle du 25 juin 1854. Il a aussi récréé plusieurs fois nos séances particulières par la lec- ture de son dictionnaire du patois de Lille, et par ses curieuses re- cherches sur un conflit élevé au moyen-àge entre les brasseurs de cervoise et les échevins de Lille. M. BruNEEL vous a lu sa notice biographique sur le peintre Ducornet , notre compatriote , et l'impression qu'elle avait produite dans le sein de la société, vous l'avait faitchoisir pour être lue à notre séance solennelle , mais le journal l'Illustration ayant publié cette no- tice et les journaux de notre ville l'ayant reproduite, notre collègue n’a pu jouir de l'honneur qui lui était réservé et M. Chasles a été désigné pour le remplacer. C'est à cette circonstance que nous devons ces belles pages que M. Cuasres a bien voulu détacher d’une étude sur Bossuet , riches d'appréciations élevées auxquelles un style plein d'élégance et de charme donnait eacore plus de force et d'éclat. Il fallait un semblable choix et de personne et de talent , pour ne pas laisser trop de regrets sur la perte que vous aviez faite et que le public allait faire après vous. Dans cette séance solennelle, M. Chon , notre président, a pro- noncé un discours parfaitement accueilli du public où il montrait l'heureuse influence que la Société a exercée sur les sciences , l'agri- culture , les lettres et les arts. M. Lavane y a fait exécuter plusieurs morceaux de musique de sa composition et j'y ai lu une fable intitulée: L'Industriel et le Joueur à la Bourse. La poésie, Messieurs, s’en va de la société ; depuis sa traduction et sa publication de Thomson, M. Mouras semble s'être retiré du — 99% — commerce des Muses ; seul je viens jeter çà et là dans vos austères séances quelques pages de poésie légère que vous voulez bien accueillir dans ves mémoires mais qui se trouvent un peu dépaysées parmi ce grand monde, c’est pourquoi je les ai réunies en un volume que la Sociélé a reçu en hommage en 1854. Avant qu'il ne parte pour l'exposition universelle | M. Coras vous a découver! son tableau représentant un épisode de la vie de Saint- Grégoire et les suffrages que vous avez donnés à cette grande et sa- vante conce] tion n'ont été démentis ni par le jury d'examen ni par la foule ; il y avait pour séduire, dans ce tableau, plus que le mer- veilleux priviltge qu'a la peinture de parler aux yeux et d’impres- sionner les masses , il y avait intérêt et harmonie. M. Cazows vous a lu la première partie de son travail intitulé : De l'influence d: la photographie sur l'avenir des arts du dessin ; il vous a lu aussi l'introduction de son ouvrage : Essai sur l’art d'embellir les édifices et vous a présenté son manuscrit ayant pour titre : Architectuie italienne, Pourquoi le livre de Vignol est-il plus répandu que celui de Serlio ? M. BraxquarT-EvraRp vous a mis à même , par le don qu'il a fait à la société , de deu volumes grand-in-folio de spécimens de l'impri- merie photographique , d'apprécier les progrès toujours croissants que cet art déjà si merveilleux fait encore dans ses mains. M. Ferdinand Lavaine vous a fait hommage de plusieurs grandes compositions musicales écrites avec ces flots d'harmonie qui ont porté son nom si loin. Enfin , Messieurs , le catalogue du Musée Wicar dont je vous avais . annoncé l’achèvement dans mon dernier compte-rendu vient de pa- raître , et l'importance de cetie œuvre , et la manière magistrale dont elle a été traitée , indiquent suffisamment les retards qu’a dû éprouver la publication d’un semblal le travail qui ne compte pas moins de 14 à 1500 articles et de 300 pages d'impression. — 93 — Déjà la presse parisienne et locale ont rendu compte de ce savant inventaire et des richesses qu'il constate et je ne pourrais être ici que l'écho affaibli de ces voix puissantes ; c'est pour quoi je me bor- nerai à vousrappeler que la société à qui s’étaientadressés MM .Meurisse et Heurley , pour obtenir l'autorisation de reproduire par la photo- graphie les sujets les plus importants du Musée Wicar, a décidé que la reproduction de ce musée par la photographie aurait lieu , mais sous certaines garanties d’habiletéetde capacité constatées par des en- treprises antérieures de même nature, menées à bonnes fins par les auteurs et éditeurs. Viennent ces artistes et le Musée Wicar répandra partout les lu- mières qu'il renferme et qui sont si propres à diriger l’avancement des arts dans la voie du vrai , du bien et du beau. Sous une inspiration grande et généreuse , M. Loiser a conçu la pensée de la création d'une galerie historique à Lille , dans laquelle seraient réunies les statues , les bustes et les portraits des grandes illustrations du pays et où figureraient aussi la représentation des grandes et mémorables actions et faitsdes temps anciens et modernes. Il vous a lu son projet et reconnaissant sa haute importance , sa portée et son enseignement moral, vous avez immédiatement nommé une commission pour en assurer l'exécution dans l'avenir le plus prochain. Espérons de son zèle, de sa persévérance , espérons surtout du concours empressé et sympathique de nos administrations et de nos concitoyens qui jamais n’ont fait défaut aux créations nobles et pa- triotiques. Ù L'établissement de la Faculté des sciences à Lille et la place que vous occupez dans le monde savant vous ont fait faire de précieuses acquisitions pendant ces trois dernières années. Vous avez recu au nombre de vos membres résidants : MM. Pasteur , doyen de la Faculté des sciences. gg Mahistre, Lacaze du Thiers et Chasles , professeurs à la même Faculté. Cox, manufacturier. Canissié , homme de lettres. Fiévet , ingénieur-mécanicien. Frossart , pasteur du culte évangélique. Paële , bibliothécaire de la ville. Et au nombre de vos membres correspondants MM. Raymond de Bertrand , propriétaire à Dunkerque. De la Frémoire , ingénieur des ponts-et-chaussées , à Cambrai. Mignard , homme de lettres , à Dijon. Bergmann , professeur à la faculté de Strasbourg. Browers, pharmacien aide-major, professeur à l'Ecole de Méde- cine et de Pharmacie. Liais , astronome, à Paris. Faidherbe , Commandant du génie au Sénégal. Deschamps de Pas, ingénieur des ponts-et-chaussées , à Saint- Omer. Vallez , docteur en médecine , à Bruxelles. Comormand , conservateur du musée de Lyon. Mille , ingénieur des mines à Paris. Lejolis , naturaliste à Cherbourg. Godefroy Deménilglaise , archiviste à Paris. Haime , naturaliste à Paris. Bellardi , professeur d'histoire naturelle à Turin. Fretin , maire de la commune de Quesnoy-sur-Deüle. Lecomte , ancien receveur des finances , à Paris. Dancoisne , ancien notaire à Hénin-Liétard. Bollaert , ingénieur des ponts-et-chaussées à Lens. Félix Nève, professeur de langues orientales à l'Université de Louvain. Ce CAES L'espace me manque , Messieurs, pour mentionner un à un les nombreux rapports auxquels ont donné lieu les candidatures portées devant vous et les ouvrages envoyés en hommage à la société depuis le dernier compte reudu de 1853. Maintenant , Messieurs , que j'ai fini cette revue passée au pas de course à travers vos travaux les plus importants, permettez-moi de vous parler affectueusement de nos joies et de nos peines , comme on doit le faire dans une famille bien unie et dont les membres ressen- tent sympathiquement ce qui arrive à chacun d’eux. Comme M. Macquart , de regrettable mémoire , M. Delezenne , a accompli, il y a quelques mois, son jubilé de 50 ans parmi nous, comme M. Macquart il vous a donné l'exemple d’une vie entièrement employée aux rudes labeurs de la science, commelui il a fait avancer, progresser son œuvre et a laissé sur sa route de nombreux jalons qui , trouvés plus tard par ceux qui le suivront seront le point de départ de nouvelles recherches; car les sciences ont ce grand avantage sur les lettres que ceux qui les cultivent, sembiables à de nobles mineurs, reprennent dans le filon qu'ils exploitent le travail à l'endroit juste où leurs prédécesseurs l'avaient laissé. Comme à M. Macquart, ses collègues sont venus solennellement lui présenter dans une chaleureuse allocution le tribut de leur affec- tueuse confraternité, et pour finir ce parallèle je vous ferai remar- quer que chez M. Delezenne comme chez M. Macquart , l'âge n’af- faiblit en rien l’amour de l'étude et de la science, vous avez pu le voir pas ses derniers ouvrages , le coucher de son soleil conserve tous les feux de son aurore. Grâce à la persévérante activité, aux soins , aux démarches sans ‘ nombre de MM. Gosselet , Violette, Bachy et Verly ; grâce à la puis- sante et sympathique intervention de M. le Préfet du Nord, à la solli- citude , à la munificence de notre administration municipale , aux dons nombreux et désintéressés d'une foule d’industriels , ces trois dernières années ont vu naître , croître et s'achever sous le patron- nage de notre société, une œuvre importante, la création d'un Musée opt industriel à Lille, qui placé immédiatement à la suite du Musée Moillet, semble être mis là tout exprès pour marquer deux points ex- trêmes : Les lumières de l'industrie chez les peuples civilisés et les ténèbres de l'ignorance des peuples sauvages. Get événement a été dignement célébré par M. Chon , dans le dis- cours qu'il a prononcé lors de l'inauguration de ce Musée, le 3 août dernier , et par M. Bachy , dans le rapport qu'il vous a luilya quelques semaines. Deux noms dont la société s’enorgueillissait à juste titre , viennent d’être effacés de la liste de ses membres ; la mort seule pouvait nous faire éprouver cette perte cruelle, car MM. Macquart et Degland nous avaient voué toute leur existence scientifique ; ils n'ont point eux , agi en fils ingrats , la société les avait élevés , elle avait aidé au développement de leurs talents, de leur considération et ils sont toujours restés reconnaissants envers elle ; ils n'auraient pas porté ailleurs des fruits dont elle avait développé les germes. Que leur mémoire , Messieurs , nous reste chère , que les regrets de la société , qui a eu en ces tristes circonstances de si dignes inter- prêtes , se gravent dans nos souvenirs , et que les noms de MM. Ma- quart et Degland reviennent souvent à notre esprit comme un encou- ragement au bien, au travail et à la douce confraternité des lettres. ESSAI SUÉ LA VIE ET LES ÉCRITS DE SAINT PAUL. (‘) Par C. L. FROSSARD, Pr. Secrétaire-Général. Coensidérations générales sur la vie de Saint Paul. L'apôtre des Gentils eut une existence bien active, bien pleine ; sa tâche a été la plus vaste qu'homme de génie ait jamais entreprise. Si Moïse, auquel a été dévolue la plus grande mission avant Jésus-Christ, a formé un peuple, Saint Paul, nous pouvons le dire, à contribué puis- samment à former la chrétienté. Toujours égal à son œuvre, dans les trois phases que nous pré- sente sa vie, nous le trouvons revêtu du même caractère supérieur. Voici ces trois époques : 4.° Le noviciat de l'apôtre, si l'on peut ainsi parler, c'est-à-dire sa jeunesse pharisaïque et persécutrice, sa conver- sion, son séjour en Arabie, à Damas, à Jérusalem , à Antioche , ses conférences avec les apôtres et ses visions célestes ; 2.° La mission, c'est-à-dire deux voyages en Asie-Mineure, deux en Europe, ses pré- dications, ses lettres ; 3.0 La persécution, c'est-à-dire une longue captivité à Césarée, deux à Rome , séparées par une revue générale des églises qu'il avait fondées, et l'envoi de ses dernières épitres, enfin sa mort. Dans la première époque, Paul forme sa foi ; dans la seconde, il la propage ; dans la troisième il la confirme. En présence d’une infinie variété de situations, dans la pauvreté et dans l'abondance, en liberté et en prison; en face de la faveur et de la haine populaires, avec les Juifs et avec les Grecs, passant sans cesse - du mépris à la gloire, Paul reste inébranlable dans sa foi; il ne cesse (*) Cet ouvrage , communiqué à la Société en 1855, ayant été égaré aux archives, n’a pu être imprimé plus tôt. EURE PAS pas d'agir en chrétien en toutes circonstances, modèle remarquable de ce que doit être un disciple de Jésus-Christ dévoué à la gloire de son maître. Un caractère aussi complet et aussi parfait ne peut être étudié qu'avec intérêt et profit ; faisons donc quelques observations générales sur Saint Paul. Paul était chétif de corps (II Cor. X. 10) (4) probablement petit (2); il éprouva plusieurs maladies, entr'autres pendant son séjour en Ga- latie; mais la force de son âme lui communiquait une énergie puis- sante, et lui faisait supporter les plus mauvais traitements, la fatigue de ses courses à pied (3), et de ses voyages par terre ou par mer. Il est manifeste que la puissance de Dieu le fortiliait dans certaines cir- constances graves comme lors de sa lapidation à Lystre, mais nous pouvons penser aussi qu'il avait un de ces tempéraments plus forts en réalité qu’en apparence, et chez lesquels la matière n'envahit pas l'es- prit. La tempérance, la sobriété et la continence de l’apôtre tendaient à maintenir cet état de soumission du corps, sans que le jeûne et les macérations vinssent l'énerver. Sans réprouver le mariage, qu’il déclare au contraire honorable entre tous, Paul ne se maria pas. La charge de missionnaire, les périls d’une vie tumultueuse ne lui permirent pas de planter sa tente ici bas et de jouir des douceurs de la famille. Il lui fallait une grande liberté pour l’œuvre de sacrifice qu'il accomplissait. Cependant pour faire contre-poids à ce qu'il y avait d’exaltant dans sa mission, son autorité et ses priviléges, un aiguillon mystérieux, souffrance inconnue qu'il appelait aussi un ange de Satan pour le souf- fleter, une épreuve en la chair (II Cor. XIT; Gal. IV) sur laquelle nous ne savons rien de précis, le suivait partout et arrêtait son élan : « J'ai prié trois fois le Seigneur, dit-il, d’éloigner cet ange de moi, mais il me fut répondu : ma grâce te suffit.» Cette épreuve qui lui faisait — (4) Dans le dialogue intitulé Philopatris, qui n’est pas de Lucien, mais qui pourrait être du temps de l’empereur Trajan , il est dit de Paul qu'il avait un grand nez et qu’il était chauve. (2) L’ovation de Lystre et le tumulte de Jérusalem semblent l'indiquer. © (3) Voyez sa marche de Troas à Assos et de Jérusalem à Antipatris, en une nuit. agde sentir sa dépendance de Dieu , lui était bonne, car lorsqu'il se sentait faible, il était réellement fort. Nous rappelons ici que Paul travaillait de ses mains avec activité. On ne peut nier que Paul eût un esprit cultivé. N’eüt-il pas été chrétien et instrument tout spécial de l'inspiration divine, il n’en eût pas moins été un homme de mérite; il avait des connaissances litté- raires étendues, une grande sagacité pour reconnaître les dispositions de ceux auxquels il parlait, de la finesse pour les arguties rab- biniques, de la logique dans ses raisonnements, de la vivacité dans l'exposition deses idées, une grande concentration de pensée, une pro- fonde connaissance de l’être humain, et, ce qui pénètre et domine tou- tes ses facultés, l’esprit de vérité que Dieu lui avait départ. Ces con- sidérations peuvent à juste titre paraître aussi sommaires qu'incom. plètes; mais nous y reviendrons dans la seconde partie de notre tra vail, qui est surtout consacrée à l'examen des écrits de Saint Paul. Le sentiment de l’apôtre n’est pas moins admirable que sa pensée ; malgré l'énergie et l’âpreté , si je puis ainsi dire , de sa doctrine , il a un cœur très sympathique, et après notre divin Sauveur, modèle en toute bonne chose, Paul me paraît le plus compâtissant, le plus dévoué et le plus humble des personnages de l'Écniture Sainte ; peut-être ne l'est-il pas plus, en réalité, que Jean ou quetelautre ; mais son carac- tère expansif lui fait montrer davantage ces précieuses vertus des- quelles nous ne pouvons, hélas ! comme de toutes choses, juger que sur l'apparence. Sa vie comme ses discours et ses écrits nous le montrent fort bien- veillant, très charitable et parfaitement désintéressé (1); il guérit les (1) Un trait fort notable du caractère de Saint Paul est son désintéressement dans l'administration des conmbutions des églises. Craignant qu’on ne l’accuse d’avarice , il se défend d'avance de cette inculpation : 1.0 il déclare qu'aucune inspiration n’au- torise les directions qu’il donne sur les collectes (II Cor., VI, 8); 2.° quoiqu'il dise que les ministres de Christ ont le droit de demander leur entretien pour prix des travaux de leur ministère , il proteste ne vouloir faire aucun usage de ce droit par rapport à sa personne (1 Cor., IX , 14-15 ) ; 3.0 il demande aux Corinthiens qu’on — 100 — malades (Act. XIV. 8-10; XX. 9. 10; XVIII. 39. etc.) travaille pour l'entretien de ses compagnons d'œuvre [Act. XX. 14.), il empêche le geoher de Philippe de se tuer (Act. XVI. 27. 28.\, il aime les chré- tiens (Act. XX: 32, 37; XXI. 6; II Cor. L. 6; IL. 1-4; IT 3 ; VE.414. 12.43; VIL. 3. 6. 946: XI. 3: IX. 10. 44: XIL. 21: XIL 9. 40. etc.) (1) ; il aime aussi les inconvertis, les pécheurs et les païens (IL Cor. IT. 5-8; son discours à Agrippa Act. XVI. 29; son discours aux Athéniens Act. XVIT 46. 31.). Sensible lui-même, il en appelle à la sensibilité des autres et il est à remarquer que ses effusions pathétiques, puisées ordinairement dans le sentiment de ses souf- frances et de sa situation, précèdent presque toujours un commande- ment pénible, adoucissent une réprimande et tempèrent la rigueur de quelque vérité désagréable (2). Le nombre des disciples qui l’accom- pagnaient, le vif attachement qu'ils éprouvaient pour lui, les soins qu'ils lui prodiguaient et l'obéissance qu'ils avaient pour ses ordres, montrent combien il était un ami précieux et dévoué {3). Son humilité paraît en maint endroit de sa vie, surtout en présence de l’enthou- siasme qu'il excita à Lystre (Act. XIV. 14. 15.) et dans les passages suivants de ses épitres : « Je suis le moindre des apôtres et indigne d'être appelé tel, parceque j’ai persécuté l'Église — non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est en moi. — J’ai été imprudent en me glorifiant. —dJe suis le moindre de tous les saints. — Jésus-Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs dont je suis le premier. » Paul est lui donne des associés afin de garder avec lui les collectes ; il ne veut pas des collègues de son choix, mais des personnes appelées à cet office et nommées par les contri- buants eux-mêmes (1 Cor., XVI. 3-4). Cette demande fut exécutée et le fut pour mettre son caractère à l'abri de tout soupcon sur l'emploi de ce dépôt (EX Cor., VIX, 18-24). ; (4) Je cite cette épitre comme étant la plus tendre de Paul, mais chacune pourrait fournir des traits de l'amour de l’apôtre pour ses frères. (2) Le discours aux pasteurs d’Ephèse et aussi Rom. VIII; Gal. IV. 11-20; Philip. 1, 2-9; 11. 2; I Cor. VI, 1-43 ; Philém. 10, 17, 20, 91. (8) Timothée et Luc le bien-aimé furent ses plus chers compagnons ; il s’attira aussi l'affection de Barnabas et des apôtres Pierre et Jacques. — A01 — toujours accompagné de sa sollicitude pour les églises, il porte les Corinthiens dans son cœur, il prie pour les troupeaux qu'il a évangé- lisés; « qui est faible que je ne me sente faible, dit-il, qui est scandalisé que je ne le sois davantage » (IT. Cor. XI. 29.). Son amour des hommes n'absorbe pas son amour pour Dieu ; sa conversion, le sacrifice de sa famille, sa mort, son zèle, sa vie entière en sont garantis ; la haute estime qu’il a pour la charité montre bien qu'il en fait l’essence de Dieu et il ne serait pas difficile de trouver dans ses écrits des passages qui établissent sa profonde croyance en l'amour de Dieu ; mais pour ce point nous renvoyons à la deuxièmé partie de notre essai. Si le cœur comme l'esprit de Paul est admirable, c'est dans sa volonté qu éclaie le plus son génie. Il n'a pas la fougue de Pierre, maisilagit avec une vigueur étonnante. Conséquent avec ses principes. il persécutait violemment l'Église avant sa conversion. Son change- ment de croyance nous le montre encore plein d’énergieet tous les actes de sa vie depuis lors sont ceux d’un homme à l'âme robuste et mâle, qui se maîtrise lui-même sans faiblir et qui sait frapper fortement les esprits. Ses arguments sont puissants, ses conseils sont péremptoires. Il ne fait pas quartier à ses adversaires. Néanmoins le trait corrélatif de l'énergie ne lui. manque pas et sa patience égale sa sévérité ; il sait attendre l'effet de l'Evangile sur les âmes. Il prêche, sème la parole et attend de Dieu l'accroissement que l'œil ne voit pas encore. Pour lui-même, il sait être résigné et patient ; il ne regimbe pas contre les épreuves, souffre mille vexations, mille outrages, mille persécu- tons ; bien plus, il possède au milieu des luttes de son ministère une grande paix, une Joie chrétienne. À Philippes, l'apôtre chante des cantiques dans son cachot ; il demande par ses lettres aux frères de rendre sa joie parfaite et recommande si souvent la joie aux au- tres qu'on ne peut douter qu'il l'ait reçue lui-même en don de Dieu. Paul avait une grande force d'initiative, un grand courage pour entreprendre des œuvres ; comme on l’a dit: « il parcourt le vaste empire romain, rasant le sol, à n'en juger que par l’étendue de sa — 102 — course, le creusant profondément, à en croire la trace qu'elle laisse après elle et semant la terre chemin faisant d’une traînée d'églises naissantes, de Jérusalem à Rome , si ce n’est au-delà, et de Rome à Jérusalem » (1). 11 n'est pas d'homme qui ait plus entrepris que lui ; il a évangélisé tous les rivages de la Méditerranée. Il ne s'est pas épargné, il n’a pas craint les périls : pour la gloire de son maître, il s’est précipité tête baissée à travers tous les dangers. D'un courage personnel inflexible, il attaque de front la multitude à Ephèse, comme à Jérusalem : il résiste en face à un apôtre, parle hardiment aux gouverneurs et aux rois. Au courage il associe la persévérance ; sa foi est toujours la même et toujours aussi vive ; ses derniers écrits ont le même but , la même inspiration, la même foi que les premiers. Son affection pour les siens ne varie pas, ils peuvent l'abandonner, mais il ne les oubliera pas (voyez 2.e épitre à Timothée). Si sa prédication a été mal reçue dans une église, il ne laisse pas que d'yrevenir ; il prêche assiduement dans le même endroit lorsque les circonstances ne le forcent pas à s’en aller (2). Par ses voyages multi- pliés, par ses écrits, ilvoudrait être toujours avec ses enfants en la foi. Dans la vie du grand apôtre, nous trouvons en total une grande unité. Son caractère reste le même tout le long de son existence ; sa doctrine est inébranlable , magnifique exemple pour tous les temps ’ P et surtout pour le nôtre où les opinions ont si peu de fondement qu’un proue cer Vin ne BnPant jracriassionios À oeil un Era oo (4) Saint Paul. Sermons par A. Monod, 46. (2) Paul fut essentiellement missionnaire ; sa manière d’évangéliser est digne de remarque : dès son arrivée dans une ville, l'apôtre se rendait à la synagogue, an- nonçant l’évangile premièrement aux Juifs (Act. XIII. 46. etc. ). Lorsque les Juifs rejetaient son ministère , il quittait leur congrégation et s’adressait aux païens. À Corinthe , il discourait dans la synagogue, puis à la suîte de l'opposition des Juifs, il fut vers les païens (Act. XVIII. 6); de même à Ephèse ( Act. XIX. 6. 10 ) et à Thessalonique (1 Tim, I. 9. 40; Act. VIII. 1. 2. 4). Il est constant que sa prédi- cation avait en général le plus grand succès auprès des païens, tandis que les Juifs étaient turbulents et disputeurs. Des persécutions interrompirent souvent la prédi- cation de Paul. Hors de la Judée , les Juifs, qui étaient les plus grarids acteurs: de ces scènes de violences, ne pouvant agir par eux-mêmes, ameutaient les païens contre l'apôtre à Thessalonique ( Act. XVII, 5), à Berée (Act. XVII, 18}, en Asie- Mineure (Act. XIX. 2; I Tim. Il. 15. 16. etc.). — 103 — léger vent suffit pour les renverser. De son temps on accusait Paul de versatilité ; mais la postérité n’a pas confirmé ce jugement. Il est vrai que Paul s’en est lavé, à nos yeux, dans ses écrits. On lui repro- chaït d'être faible devant les Juifs et hypocrite devant les Grecs, mais sa devise était : fout à tous, c’est-à-dire que son esprit, méprisant la forme pour ne s'attacher qu’au fond des’ choses, se pliait aux circon- stances, au profit de la vérité immuable, qui ne pouvait certes pas résider dans le manger ou le boire, pas plus que dans le jeüne ou la circoncision. L'injuste accusation portée contre Saint Paul ne pouvait venir que de ces esprits mesquins, détracteurs impuissants des hommes de génie qu'ils ne sauraient comprendre. Paul demeure un honneur pour la race humaine, une gloire de l'Eglise chrétienne, un triomphe éclatant de la grâce divine. Il répétait : le juste vivra par la foi ; la foi en Jésus a été le secret de sa pensée, de son cœur, de sa conscience, de sa vie, de sa mort et de sa gloire immortelle. Documents sur la vie de Saint Paul et littérature du sujet. Il convient, avant d'écrire la vie de Saint Paul, d'examiner les docu- ments qui nous en rapportent les faits. Les principales sources, les seules selon quelques uns, sont le recueil des Epîtres de Paulet le livre des Actes; nous devons y ajouter avec nombre de bons critiques, la tradition des quatre premiers siècles en ce qu'elle a de solide. Dans la seconde partie de notre travail, en démontrant l'authenticité des Épttres, nous montrerons aussi leur crédibilité; la première solution entraînera la seconde ; car on ne peut douter de l'exactitude autobio- graphique de l'apôtre, dont le caractère ne laisse aucune prise à l'accusation de mensonge. ie Le livre des Actes tenant une grande place dans notre étude, 1l importe d'en établir l'autorité ; celle-ci repose sur les preuves de l'authenticité et de la crédibilité de cet écrit. Authenticité. — Quel est l’auteur du livre des Actes ? Pour ceux qui regardent Luc comme l’auteur du troisième Evangile, il est évident que cet évangélisie a aussi écrit le livre des Actes. Pour répondre à ceux qui contestent l'authenticité du troisième Évangile, nous résu- merons les preuves dont il faut renverser l'édifice pour nier que Luc, le médecin, compagnon de Paul, ait écrit les Actes. 1.° Preuve externe. frénée (adv. Hæres II. 44), Clément d'Alex- andrie (Stromates V.588), Tertullien (de Jejunio. 10), Origène, Eusèbe, le fragment trouvé par Muratori, les manuscrits D. E. de Westein, la Pechito, la Vetus Itala et dès le IVe siècle toute l’église orthodoxe ont attribué le livre des Actes à Luc. Parce que les Marcionites, les Mani- chéens, les Ebionites et les Severaniens ont rejeté de leurs bibles mu- tilés le livre des Actes pour des motifs dictés par une dogmatique hétérodoxe, nous n'en demeurerons pas moins convaincus que l'Église, dès les premiers temps , a considéré ce livre comme l'œuvre de Luc. 2.9 Preuve interne. La comparaison du style clair, précis, parfois scientifique des Actes avec le génie grec de Luc, le médecin, et l'ana- logie de ce que l'on peut induire des Actes sur sa vie avec ce qui est rapporté de lui dans les Epitres de Paul fournissent deux bons arguments en faveur de l'authenticité. Crédibilité. — Le livre des Actes étant de Luc, est-il digne de notre créance ? Du fait de l’authenticité, nous pouvons déjà extraire une preuve; car Luc, étant un compagnon affectionné de Paul, a dû par cela même étre bien renseigné ; mais nous en avons d’autres. Le consentement des Pères, l'autorité qu'ils lui accordent est un second argument. Nous trouvons dans les écrits des auteurs ecclésias- tiques les plus anciens des allusions et des citations que nous allons noter et qui sont incontestables. — Tatien, Oratio contra Græcos. 14%. allusion à Actes XVIT. 25.— Justin Martyr. Dialogue c. Tryphon — 105 — allusion à Actes XVI. 24. — Appolog. IL. allusion à Actes XIIL. 27. — Polycarpe, E. ad Philipp. [. comparé à Actes III. 24.— Ignace, E. ad Smyrn. If. comparé à Actes X. 41. — Lucien, allusion à Actes XVII. 13. — Irénée cite Actes XV. 39; XVI. 8. etc. XX. 6. 17. etc. ; — Lettre des églises de Vienne et de Lyon (voyez Euzèbe Hist. Eccles. V. 2.) cite Actes VIT. 60. — Clément d'Alexandrie, Stromates V cite Actes XVII. 22. — Tertullien — Origène etc. citent les Actes comme une autorité digne de foi. En présence de ces témoignages externes, on dresse des objections tirées de l'examen des récits. De Wette classe ces difficultés sous trois chefs. Il relève dans les Actes des récits selon lui contradictoires, insuffisants et incroyables à cause du merveilleux qui s’y trouve. Suivons ses arguments. Récits prétendus contradictoires. 1.° Actes IX. 16 et XXIT 17. comparé à Galates I. 77. Guericke adversaire de De Wette dans cette discussion admet à tort la difficulté ; on peut faire observer qu'il est naturel que Luc raconte d’une manière abrégée Îles faits dont il n’a n'a pas été lui-même témoin, ce qui résout la difficulté et ôte la con- tradiction apparente. 2,9 Actes IX. 27. comparé à Galates I. 18, 19. Paul déclare n'avoir vu à Jérusalem que Pierre et Jacques &dekgos vou Kugrou : mais ce Jac- ques étant lui-même apôtre, l'Évangéliste a pu très justement dire que Paul avait été présenté aux apôtres , surtout si Pierre et Jacques étaient seuls d'entre leurs collègues présents à Jérusalem. 3.° Actes XI. 50 comparé à Gal. IT. 4 ; mais rœuv wwefry peut signifier Je montai plus fard au lieu de pour la seconde fois et quand cela ne serait pas, rien ne nécessite dans les Actes la mention que Paul fait de Tite et de Barnabas dans son épître aux Galates. De plus l'apôtre a pu montrer à Antioche une grande activité dans son minis- tère et rencontrer les difficultés qu'il mentionne aux Galates. Enfin le but principal de conférer avec les apôtres, d'après l’épitre, n'est pas en contradiction avec le but secondaire de porter des aumônes d’après — 106 — les Actes; et si les Actes ne parient pas des conférences. c’est qu'elles furent privées, tandis que la collecte fut remise officiellement. Dans l'épitre Paul ne parle pas du concile de Jérusalem, car le fait était notoire parmi les Galates ; mais il leur révèle les conférences qu'ils ignoralent. 4.9 Actes XVII. 43; XV. 1.5. comparé à I. Thes. IT. 4.2. S; l'épitre disait que Paul envoya Silas et Timothée d'Athènes à Thessa- lonique, la contradiction serait réelle ; mais avec le vague de la date, il est permis de supposer que Timothée fut envoyé de Berée ; on ne peut rien conclure de ce que Silas nommé dans les Actes ne l'estpasdans l'épitre. 5.° Actes [L. 18. Comparé à Mat. XXXVI. 4. 5. exrnouro des Actes peut se traduire à/ donna occasion d'acheter et rien n'empêche que Judas ne se soit précipité et pendu tout à la fois. 6.° Actes XII. 20. comparé à Joseph archéolog. XIX. 8. 2. La ressemblance parait ici plus que la contradiction. 7.° Actes V. 35. Teudas Selon Joseph, ne parait qu'en 46, c’est-à- dire après le discours de Gamaliël , mais il est fort possible qu'il y ait eu deux séducteurs d’un nom aussi commun. Récits prétendus insuffisants. Actes XVIIT 22. 30.31. Omission des faits rapportés I Cor. XV. 32 ; IL. Cor. I, 8, 11 ; Rom. XV, 19. Absence de détails sur les Judéo-chrétiens adversaires de Saint Paul et sur les églises de Galatie. Gal. I. 8. 13. On peut répondre à ces objections que Luc a pour but dè raconter l'établissement et les premiers développements de l'église chrétienne et non de faire une biographie complète de Paul. Récits merveilleux. De Wette objecte la conversion miraculeuse de Paul (Actes IX. 3; XXIL, 6; XXVI 44); mais Paul regarde lui-même sa conversion, comme un miracle (Gal. I. 41; I Cor IX; XV, 8). et ceci est plutôt une question de dogmatique que de critique sacrée. Nous ne sommes du reste pas atteint par l'objection ; la relation d'un vrai pro- dige ne discrédite pas à nos yeux un auteur ; un miracle bien établi ne rebute pas notre foi, il la confirme. — 107 — Toutes les bases du récit ont pu être vérifiées par les contemporains; la fin brusque de la relation de Luc indique assez nettement qu'elle a été terminée dans la ville et au temps marqué par les dernières lignes des Actes, c'est-à-dire à Rome , en 63, selon Guericke et Hug, en 64, selon d'autres. L'introduction dans le canon des livres saints est enfin à nos yeux une preuve de la crédibilité. Quant à la tradition des Pères, nous l’emploierons dans une sage mesure, n'oubliant pas que ces renseignements ont une valeur bien moindre que ceux qui proviennent de la source apostolique. Nous ne recevrons les témoignages des Pères que s'ils cadrent avec les indications des Epitres. Nous n’avons pas le loisir de prouver l’authen- ticité des écrits patristiques ; mais nos citations seront consciencieuses. Les sources ainsi fixées, deux mots sur la littérature de la question. Citer le nomde ceux qui se sont occupés de Saint Paul serait faire une nomenclature de tous les théologiens ; examiner les points de vue auxquels on l’a considéré serait faire l’histoire de la théologie. Tel ne peut être notre objet. Bornons-nous à quelques noms. Witsius, Macknight , Paley , Schroeder , Néander , M. J. Conybeare et J. S. Howson , etc. ont traité spécialement de la vie de Saint-Paul. On doit de précieux travaux à Chrysostome, Bède-le-vénérable, Pierre Lombard, Thomas d'Aquin, Nicolas de Lyra, si goûté par Luther, Laurentius Valla, Lefèvre d'Etaples, Erasme, Luther, Mélanchton, Bucer, Bullinger, Calvin, de Bèze, J. F. Flatt, Olshausen, Tholuck, Reus, Oltramare , etc. Enfin, dans les introductions au Nouveau-Testament , on trouve de nombreux éléments pour des recherches sérieuses sur Saint Paul. Parmi les meilleurs, citons de Wette , Guéricke, Hug , Néander, Bert- hold, Michaelis, Lardner, Horne, Schleiermacher , Jahn, Hase. Nous en prenons une poignée pêle-mêle, il serait trop long deles définir et de les classer : chacun a son importance , mais chacun aussi entre dans le débat avec des vues plus ou moins incomplètes ou trop systématiques; il faut donc les écouter tous sans prévention , mais non sans examen. — 108 — Vie de Saint Paul. JEUNESSE. Un juif de nom inconnu , mais de la tribu de Benjamin et originaire de Gischala en Galilée, ayant probablement servi la république romaine, par sa valeur militaire, son habileté commerciale ou par tel autre talent , reçut en échange le titre de citoyen romain (1); il habi- tait la grande cité de Tarse en Cilicie; ce fut dans cette ville que naquit (2), on ne sait quand, son fils ou son petit fils Saul (3). Tarse était alors, comme Athènes, Alexandrie, Corinthe, Pergame et Rome (4), une ville savante, et pour perfectionner les études qu'ils y avait faites, il était d'usage d'envoyer les jeunes gens en voyage pour étudier sous les maîtres illustres que renfermaient d’autres cités. Nous conjecturons que Saul étudia de la sorte la littérature grecque et la posséda assez fortement pour paraître Grec aux yeux des Grecs. Dans ses écrits et dans ses discours , nous voyons quelques réminis- cences de cette culture grecque (5). Cependant sa famille était juive et son père pharisien, il devait donc acquérir une instruction juive et fut envoyé à Jérusalem le centre de l’enseignement de cette philosophie (1) Quelques-uns ont dit que Paul était citoyen romain, parce que la ville de Tarse avait recu ce privilège des empereurs , mais Paul n’eût donc pas tenu ce titre de sa naissance, comme il l’a dit Act. (XXII 28.) et puis Tarse recut des priviléges, mais non la bourgeoisie entière. ‘ (2) Jérome rapporte une tradition d’après laquelle il serait né à Gischala, mais ceci ne peut se rapporter qu’à ses ancêtres, à cause de Act. XXI. 39; XXII. 3. qui tranchent la question. (3) Néander infère , maïs sans insistance , de son nom de Lin le désiré, qu'il fut donné à ses parents après une longue attente. (4) Strabon met Tarse au-dessus d'Athènes et d'Alexandrie comme ville scien- üfique. Veyez Géographie , I, 4. (5) II cite Aratus (Act. 06 28). Toÿ ap zut yévos ëopev; Epiménide (Œit. I. 12). Kpÿrec ae Vedorur, xuxù Dapice VaGTÉGES &pyzi et Ménandre (L Cor. XV. 33). Yerpouotv 400 X pñoÿ Guihinr ruai. Ces citations ne sont pas. nombreuses , mais leur à-propos montre que Paul eût pu en faire davantage s’il eût voulu embarrasser ses lettres d’érudition hellénique. — 109 — spéculative qui devait produire dans ses développements successifs les sectes gnostiques et la Kabbale. Saul s’attacha au savant Gamaliel et recueillit à ses pieds toutes les finesses de la théologie pharisaïque, dont 1l se servit plus tard pour la cause chrétienne, notamment dans ses épitres aux Galates et aux Hébreux. Pour compléter cette éduca- tion et selon l'usage des Rabbins (1), Saul apprit un métier. Il choisit celui de fabricant de tentes , comme étant fort utile et facile à exercer partout (2). Pendant son séjour à Jérusalem, il est douteux s'il a connu Jésus ou non. S'il l'a connu il a dû s'opposer à lui et désirer la ruine de cette secte naissante dont le chef attaquait si fortement le phari- saïsme. En aspirant à la sainteté légale, il dut avoir plus d’une fois à lutter contre un tempérament fougueux et une nature rebelle au joug de la loi (3). Il avançait dans le judaïsme, étant le plus ardent zéla- teur des traditions de ses pères (Gal. I. 44). Son éducation une fois faite, l'historien des Actes nous le montre à Jérusalem bien éloigné de la modération de Gamaliel. Sicaire ardent du Sanhédrin, il vote pour la mort d'Etienne dont il a peut-être en- tendu l'apologie (Act. VIIT. 2) et non content d'approuver le supplice, il y assiste gardant les vêtements de ceux qui lapidaient le martyr (Act. VIL 58; VIIL. 4.). Il ravage l’église de Judée et de Samarie (Act. VIE. 4.) entrant dans les maisons et trainant par force hommes et femmes et les mettant en prison (Act. VIIL. 3 ; allusions I. Cor. XV. 9; Gal. I. 13; I Tim, I. 12.43.). CONVERSION. -Ne respirant toujours que menaces et carnage contre les disciples de Jésus, Saul s'adresse au souverain sacrificateur (4) et obtient de (1) Le Pikre avoth IT, 2, établit l'usage des étudiants juifs de travailler de leurs mains pour fournir à leur entretien et se garder de la dissipation. (2) Act. XVI, 3. Les tentes étaient alors d’un usage universel. (3) C’est là du moins ce qu’on peut induire de sa profonde connaissance des luttes intérieures de la conscience. Rom. VII. (4) Le Sanhédrin avait autorité sur les Juifs résidant à Damas en vertu du droit assuré aux Juifs d'exercer leur culte à leur manière , et par son influence sur les femmes , dont un grand nombre étaient Juives. Joseph, Arch. 20, 2. — 110 — lui des lettres pour les synagogues de Damas et pour le gouverneur de la ville (Act. XI. 1; XXL. 5; XXVI. 10. 14.) afin d'en recevoir main- forte pour ramener captifs à Jérusalem les disciples de Christ quipour- raient se trouver en Syrie (Act. IX. 2.). Aussi zélé contre:le royaume de Dieu que les disciples l'étaient pour la propagation de la Parole, le nouvel Elie du -pharisaïsme part plein d'ardeur pour accomplir une mission barbare ; il va à Damas , plus tard il ira sans doute en Asie- Mineure, en Grèce, à Rome. Son activité destructive aura un vaste champ à moissonner, car les persécutions aussi insensées que cou- pables du Sanhédrin ont répandu par toutes les colonies juives cette poignée de disciples que contenait Jérusalem. C’est l’histoire du plus grand desadversaires du christianisme naissant que nous allons écrire. Ennemi sans entrailles, il va emprisonner les femmes, faire mourir les saints. Une troupe le suit pour exécuter ses ordres, il abhorre ceux qu'il regarde comme des blasphémateurs , et regarde fièrement le ciel dont il croit servir le Dieu... Tout à coup le ciel est déchiré par un éclair qui brille en plein midi. Saul tombe par terre , épouvanté. Une voix — cette voix si douce qui avait dit au disciple repentant : « Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu ? » — arrive à son oreille : « Saul! Saul ! pourquoi me persécutes-tu ? » Le trouble, l'ignorance lui font dire: « Qui es-tu? » et le Christ lui répond: « Je suis Jésus que tu persécutes. Il t'est dur de regimber contre l'aiguillon. » L'instant suprême est venu, la circonstance est solennelle, la puissance de Dieu a éclaté; que fera la liberté humaine ? Admirons l'harmonie du phé- nomène de la conversion qui n’ôte rien à la responsabilité de l'homme, ni à la gloire de Dieu. Si Saul résiste il sera le Thomas de Torquemada du premier siècle; mais il ne veut pas regimber. Quelque chose en lui dément ses persécutions? Il a agi en ignorant. Le souvenir du dis- cours d'Etienne vient agiter sa conscience. Il ne peut demeurer sourd à cet appel. Dieu le veut et il se rend ! D'ennemi, le voilà disciple et de persécuteur, il sera bientôt victime, «Que veux-tu que je fasse? » tel est le cri de son âme. Le Seigneur lui dit : « lève-toi, entre dans la ville, ét là on te dira ce que tu dois faire. » Ceux qui l'entourent — A1 — ne voient que sa chûte, et s'ils entendent les paroles divines, ils ne les comprennent pas (1), (Actes XXVI. 14.) Un prodige s’est joint à l'apparition miraculeuse ; Saint-Paul est devenu aveugle; ses compa- gnons de route le conduisent à Damas à la maison de Judas dans la rue droite, où il passe trois jours/en extases et en révélations ; (Il Cor. XII. 4. Actes IX. 9. 14.) toujours aveugle et sans nourriture il prie le Sei- gneur qui ne l’a frappé que pour lui faire mieux connaître sa misé- ricorde. Si c'est dans son corps ou sans son corps, il ne sait, maisil est ravi au ciel qu'habitent le Seigneur et ses anges (2). La vérité qu'il n'a pas connue comme les disciples, par les enseignements du Fils de l'Homme dans les jours de sa chair, il la reçoit par une révélation directe comme un favori de la grâce. Ainsi s’accomplit la conversion de Saul; ce fut en l'an 35 ou 36 (3). PRÉPARATION APOSTOLIQUE. Dès lors Saul entra dans la vie active. De la maison de Judas dans la rue droite. (Act, IX. 11) il sortit baptisé. Ayant mangé et repris ses forces il resta quelques jours à Damas préchant sans relâche dans les synagogues que Jésus-Christ est le fils de Dieu, à l'admiration de ceux qui avaient connu sa rage antérieure et qui voyaient son chan- gement profond. Puis 1l alla en Arabie et, dans cette retraite ordonnée (1) De Wette et plusieurs autres font remarquer entre Act. IX, 9, et XXII, 9, une contradiction qui n'est qu'apparente : WXOVOYTEG [LEV TNS POYNGre.s TV govay aux axouowv. Le rapprochement de ces passages nous apprend que les assistants entendirent des paroles qu'ils ne comprirent pas , soit qu’elles fussent dans une langue qu'ils ne connaissaient pas, soit que ce ne fussent à leurs oreilles que des sons inarticulés, (2) Le texte porte : Ravi au troisième ciel. Selon les idées juives, les premiers cieux étaient ceux des planètes ou de l’air, les deuxièmes ceux des fixes ou des étoiles, les troisièmes ceux des anges. (3) On a beaucoup discuté sur la date de la conversion de Paul. Voici les princi- pales solutions : 31, Bengel; 32, Süsskind; 33, Eusèbe, Vogel; 34, Baron, Calov ; 35 ou 36, Usher, Pearson, Lardner, Horne, Calmet, Hug, Glaire, Néander, Olshausen , Rillet , etc.; 37 ou 38, Eichhorn ; 38, Auger; 39, Schroeder; 40, Kinoel ; 41, Schmidt et Wurm. Nous adoptons la plus commune, surtout à cause des raisons de Hug ; mais nous ne pouvons nous arrêter à les exposer. — 1142 — de Dieu (Gal. I. 16. 47.) pour laquelle il ne prit conseil ni de la chair ni du sang et dont la durée paraît avoir été assez longue, puisqu'il ne revint à Jérusalem que trois mois après sa conversion (Gal. I. 48.), il médita et refit en chrétien les études qu'il avait déjà faites comme juif (1), il compara les deux alliances , et fortifié par les lumières du Saint-Esprit, il fut capable d'exercer utilement le grand ministère auquel il était appelé. Après ce noviciat , ilrevint à Damas prêcher aux Juifs , que Jésus . était le Messie promis, ce qui excita leur haine au point qu'ils voulu- rent le faire mourir et pour que Saul ne püt échapper à leurs embüû- ches favorisées par le gouverneur pour le roi Aretas (2), ils gardèrent les portes de la ville nuit et jour ; mais son temps n'était pas encore venu et avant de témoigner de sa foi par son martyre, il devait le faire par sa vie etses écrits. Les disciples , ses frères en la foi , descendirent dans une corbeille, de nuit, par la fenêtre d’une maison contigué aux remparts (IL. Cor. XI. 32.33; Act. IX. 23. 25.) C’est dans cette humble situation qu'il sortit d’une ville où il était entré pour la première fois aveugle et saisi de terreur. le Echappé de Damas, il revint à Jérusalem pour voir Pierre, chez lequel il demeura 15 jours. Il ne vitalors aucun autre apôtre que Pierre et Jacques, cousin du Seigneur (Gal I. 18. 19.) 1] désirait se joindre aux disciples, mais tous le craignaient, ne croyant pas qu'il fût un vrai disciple. Barnabas, qui devait être plus tard son compagnond'œuvre,lle prit et le mena aux apôtres Pierre et Jacques et leur raconta comment il avait vu le Seigneur qui lui avait parlé et commentil avait, à Damas, franchement déclaré de sa foi au nom de Jésus. Sur cette déclaration les apôtres le reçurent, et dès lors, il se montra publiquement avec les frères. Dans ce temps, il eut au temple une vision extatique , pendant (4) Ceci est une simple conjecture | mais nous la croyons probable, (2) Ce fait sert à fixer les dates. Huget Néander s’en sont servis pour prouver que la conversion de Paul eutlieu en 36, cette fuite s'étant effectuée à la deuxième année du règne de Caligula , c’est-à-dire en 39. — 113 — laquelle le Seigneur lui apparut, pour lui assurer que les Juifs ne croiraient pas à sa prédication et lui donner ordre de setourner vers les _ païens (Act. XXIL. 17. etc.) Saul discutait avec les Juifs hellénistes ; mais ceux-ci conçurent pour lui une haine si violente, qu'ilscherchaient à Je faire périr , ce que les frères ayant appris ils le menèrent à Césa- rée, d'où il partit pour Tarse (Act. IX. 30. etc.) à travers la Syrie et la Cilicie, préchant sur sa route la nouvelle doctrine du salut par Christ | Gal. I. 21). Nous pouvons dire que la période préparatoire de notre apôtre est achevée en ce moment. Quoiqu'il ne se révèle pas encore par de grands travaux , il devient désormais le prédicateur des païens, sa parole est sans entraves, ou du moins il sait tout dominer par la grâce de son maitre. Tandis que Paul évangélisait Tarse, Barnabas vint le cher- cher comme aide dans la prédication aux Grecs d'Antioche qui avaient cru et auxquels le collége apostolique l'avait délégué. Pendant un an avec l'aide de Barnabas , il annonça la parole, enseignant un grand peuple auquel le vulgaire donna pour la première fois le nom de chré- tien Xpeccevu. À la fin de cette année nous voyons l'église d’Antioche bien mériter le nom des disciples du Christ ; par l'envoi d'une collecte, dans laquelie chacun donna selon son pouvoir pour subvenir aux besoins des frères de Judée , affligés par une famine prédite par un chrétien du nom d'Agabus , qui arriva sous le règne de Claude. Saul et Barnabas furent chargés de porter cet argent aux anciens à Jéru- salem (Act. XI. 25. 30). Après s'être acquittés de cette mission ils revinrent ensemble. à Antioche , emmenant avec eux Jean Marc (Act. XII. 28). Il y avait dans la capitale de la Syrie plusieurs docteurs, Siméon Niger, Lucius de Cyrène et Manahem, et tandis qu'ils jeûnaient ensem- ble , le Saint-Esprit leur dit : « Séparez-moi Barnabas et Saul pour l'œuvre à laquelle je les ai appelés.» Ils reçurent pieusement cette révé- lation de la volonté divine , et après avoir prié et imposé les mains à leurs deux collègues, ils les laissèrent partir. Ici commence le premier des grands voyages de l'apôtre dans lesquels il devait faire retentir tout le monde civilisé du nom de Jésus-Christ (Act. XIIL. 4-3). 8 — 114 — PREMIÈRE MISSION. Les missionnaires descendirent à Séleucie qui, située à l'embouchure de l'Oronte, était en quelque sorte le port d'Antioche. De là, ils s'em- barquèrent pour Chypre (1; ; dès qu'ils furent à Salamis, ils y pré- chèrent l'Evangile ; puis traversant l'île, ils vinrent à Paphos où ils eurent à lutter contre Barjésus Elymas, en présence de Sergius Paulus, proconsul romain, désireux de connaître la vérité qu'il n'avait point trouvée dans sa religion. Ils le convertirent en confondant le magi- cien (2) frappé par Paul (3) d'un aveuglement qu rappelle le sien. Alors Jean Marc les abandonna pour retourner à Jérusalem (Act. XIIL. 4-13). Les apôtres passèrent en Asie-Mineure. Ils abordèrent probablement à Attalie pour se rendre à Perge qu'ilsquittèrent bientôt pour Antioche de Pisidie; Paul et Barnabas se rendirent à la synagogue de cette ville et après la lecture de la loi et des prophètes, les principaux de la syna- gogue leur firent dire : « Hommes frères, si vous avez quelque parole d’exhortation pour le peuple, dites-la ! » Paul prit la parole. Ce premier discours que les actes nous rapportent mériterait une analyse et une appréciation détaillées ; nous nous bornerons à constater brièvement qu'il commence par un aperçu rapide de l'histoire d'Israël jusqu'à David ; puis il arrive à celle du Christ dont la mission divine est démontrée par les déclarations des prophètes. IL montre enfin que le salut accomplit les promesses de l'alliance mosaïque (Act. XIII. 46. 41) ; il termine par un avertissement menaçant pour que ses audi- (4) Selon Néander, patrie de Barnabas, et où il pouvait avoir des relations qui lui servirent de point de départ. (2) Les magiciens, assez nombreux dans ce temps , s’opposèrent à l'Evangile ou lui firent du torten voulant exploiter ses charismes. Lucien nous en donne une preuve dans son histoire d'Alexandre d'Abonoteichos. (3) L'apôtre change de nom. ZzouX devenu Zxouhos à son entrée en contact avec les Romains et pour leur rappeler sa qualité de citoyen romain, prit la forme Ilœvhos , nom très-usité chez les Latins. Cette explication de Néander et autres nous paraît plausible. — 115 — teurs se gardent de l'incrédulité. Ce discours, preuve incontestable de l'habileté oratoire de Paul , produisit un bon effet sur les Pisidiens. Les juifs et les païens le prièrent de parler de nouveau. Au prochain sabbat, plusieurs juifs prosélytes pieux accompagnèrent Paul et eurent des entretiens avec lui et Barnabas. Au sabbat suivant, presque toute la ville s’assembla pour ouir la parole de Dieu. Alors les Juifs remplis d'envie commencèrent à contredire Paul et à blasphémer. Les deux apôtres ne perdirent pas courage et leur dirent : « C'était bien à vous que nous devions d'abord annoncer la parole de Dieu ; mais puisque vous la rejetez et que vous vous jugez vous-même indignes de la vie éternelle, voici, nous nous tournons vers les Gentils, car le Seigneur nous l’a ainsi commandé : « Je t'ai établi pour être la lumière des Gentils, afin que tu sois leur salut jusqu'au bout de la terre. » Ges derniers mots réjouirent beaucoup les païens et plusieurs d’entr’eux crurent et la parole du salut se répandit dans les pays environnants ; mais la haine des Juifs s’accrut en proportion, tellement qu'aidés de familles puissantes auxquelles appartenaient des femmes prosélytes, ils excitèrent la persécution contre les prédicateurs et les chassèrent du pays. Alors selon l’enseignement du maître, ils secouèrent la pous- sière de leurs pieds contre cette ville ingrate et vinrent à Iconie en Lycaonie. Là, leur prédication dans la synagogue fut très fructueuse ; mais ceux des Juifs qui ne crurent pas excitèrent les païens contre les nouveaux disciples. La ville se divisa en deux partis ; une émeute à laquelle se mêlèrent les gouverneurs s’ensuivit et les apôtres en dan- ger d'être lapidés s'enfuirent à Lystre en Lycaonie (II. Tim. IL. 21; Act. XIIE. 54 ; XIV. 4.5). Paul guérit dans cet endroit un pauvre perclus qui n'avait jamais marché ; il fit cela après avoir remarqué en lui une grande foi. A la vue de ce miracle fait en public et sans plus de magie que ces mots: « Lève-toi droit sur tes pieds, » les Lycaoniens s'écrièrent dans leur lan- gue : « Les Dieux se sont incarnés pour habiter la terre parmi nous. » Barnabas , peut-être à cause de son extérieur plus imposant , était à leurs yeux Jupiter et Paul, qui parlait le plus souvent, l'interprête des — 116 — Dieux, Mercure. Le sacrilicateurde Jupiter, soit entraînement de la foule, soit crédulité, soit ruse, soit espoir cupide {4) conduisit à la porte de la ville des taureaux couronnés prêts pour le sacrifice qu'il voulait leur offrir avec le peuple. Mais les apôtres , désolés d'avoir été si mal compris , honteux de ravir un instant au Très-Haut les adorations qui ne sont dues qu’à lui seul , déchirèrent leurs vêtements et se jetèrent au milieu de la foule en criant : « Pourquoi faites-vous cela ? Nous sommes aussi des hommes sujets aux mêmes passions que vous et nous vous annonçons que de ces choses vaines vous vous convertissiez au Dieu vivant qui a fait le ciel, la terre , la mer et toutes les choses qui y sont. Il a laissé les nations marcher dans leurs voies durant les siècles passés ; mais il n’a pas cessé de nous faire du bien en nous envoyant la pluie et la fertilité et en nous donnant la nour- riture et la joie. » Ces paroles empêchèrent à peine le sacrifice ; mais les juifs d'Antioche , de Pisidie et d'Iconie , exaspérés des succès de Paul, survinrent, et profitant de Ia mobilité du peuple, le gagnèrent , puis se mirent à lapider Paul et le traînèrent hors de la ville le croyant mort (IL. Cor. XI. 95. If. Tim. I. 14.) Il n’en était rien ; les disci- ples. prompts à retrouver les symptômes de la vie, s’assemblérent autour de lui , l'apôtre tout moulu se leva et rentra dans la ville. Le lendemain , oublieux du supplice de la veille, toujours confiant en Dieu , il partit de nouveau avec Barnabas pour Derbe. À Derbe , il instruisit plusieurs personnes et retourna par Lystre, Iconie et An- tioche de Pisidie, exhortant les congrégations naissantes et leur faisant sentir {il le savait par expérience) qu'il faut souffrir plusieurs afflictions avant d'entrer dans le royaume de Dieu. Il consulta les assemblées et sur leur proposition établit des anciens dans chaque église , les recommandant au Seigneur en qui ils avaient cru. (1) Faire passer au compte des faux dieux la gloire d’un vrai miracie , pour spé- euler ensuite sur la crédulité publique , a été plus d’une fois la tactique des païens. Voyez Simon le magicien, ete. — 117 — De Pisidie ils passèrent en Pamphilie, préchant à Perge et à Attalie, d'où ils s’embarquèrent pour Antioche de Syrie. Là ils assemblèrent l’Église pour lui rendre compte de leur mission. Ils séjournèrent long- temps dans cette ‘église dont l'importance allait toujours croissant. (Act. XIV. 5. 28). SÉJOUR A ANTIOCHE. Tandis qu'ils édifiaient l’église d'Antioche, quelques Judeo-chrétiens vinrent la troubler en déclarant qu'il n'y avait de salut que pour les circoncis qui suivaient les ordonnances de Moïse ; ce n'était l'avis ni de Paul, ni de Barnabas. L'Église résolut d'envoyer ceux-ci à Jérusalem avec quelques uns de leurs antagonistes auprès des apôtres et des an- ciens. Un ordre céleste vint confirmer Paul dans cette mission dogma- tique (1). Les missionnaires accompagnés de Tite (Gal. IL. 4 etc,) rendirent ce voyage plus utile encore en évangélisant la Phénicie et la Samarie. À Jérusalem , ils eurent des conférences privées avec Pierre , Jacques et Jean pour s'entendre sur l’évangélisation ; puis dans une assemblée générale de l'Église, après des débats contradictoires, il fut décidé par ce concile (2) qu'on donnerait la main d’association à Paul et à ses compagnons et qu'on les renverrait à Antioche en leur adjoignant Judas Barsabas et Silas ou Sylvanus. Ils étaient porteurs d’une lettre (4) Néander place ce fait en 50 , comptant les 14 ans depuis la conversion , qu’il meten 36. Hug le place en 53, c'est-à-dire 3 ans après, comptant les 44 ans à partir du premier voyage à Jérusalem, Quant à ces 14 ans, quelques-uns disent que c’est & qu'il faut lire, que Paul ne resta pas aussi longtemps à Tarse , et ils se fondent pour cela sur l’activité de Paul. Ils lisent T:00%gwY, supposant que le chiffre est écrit en signes grecs ; il ne s’agit alors que d’un simple ‘074 introduit par les co- pistes. Nous ne voyons là qu’une hypothèse, qui est contredite par les manuscrits : ils portent tous dez47TE00%p0% et d’ailleurs la réduetion à 4 ans soulèverait une foule de difficultés historiques. (2) Le seul qui ait eu une autorité infaillible résultant de l’infaillibiité toute personnelle des apôtres de Jésus-Christ, Un | | de circulaire, espèce de décret adressé aux églises de Syrie et de Cilicie, au nom de l'église de Jérusalem. Il y était déclaré que la circoncision n'était pas nécessaire, mais qu il fallait s'abstenir de choses sacrifiées, du sang, des bêtes étouffées et de la fornication. Gette dépulation produisit un heureux effet sur l'église d'Antioche. Judas Barsabas et Sylvanus haranguerent les frères et les fortifièrent par plusieurs dis- cours, puis ils furent congédiés avec déférence; mais Silas préféra rester , et Paul demeura à Antioche enseignant avec les autres doc- teurs la parole de Dieu {Act. XV. 1. 35). SECONDE MISSION. Quelque temps après, Paul proposa à Barnabas de retourner en Asie Mineure pour visiter les éghses qu'ils avaient fondées ensemble ; mais ils ne purent s' accorder, parce que Barnabas voulait prendre avec li son cousin Jean Marc, ce que Paul refusait. Ce jeune homme les avait abandonnés à Paphos lors de leur première mission et l’apôtre pensait que le saint ministère exigeait plus de persévérance. []s allèrent donc chacun de leur côté : Barnabas à Chypre avec Jean Marc ; Paul à tra- vers la Syrie et la Cilicie avec Silas qui s'était attaché à lui. Ils fortifie- rent partout les églises (Act. XV. 30. 41). Paul passa ainsi à Derbe , puis à Lystre {(compar. Act. XVI. 4. 2. et XX. 49.) où il remarqua Timothée qui recevait un bon témoignage des frères de Pisidie. Il le circoncit à cause des juifs qui étaient là, et parce que sa mère était Juive : ensuite , il l'emmena avec lui (Act. XVI. 1. 5). Itraversa la Phyrgie sans passer par Colosse {Col. IT. 4.) et Ja Galatie où le mauvais état de sa santé ne l'empêcha pas de précher (Gal. IV.14). De là il vinten Mysie qu'il parcourut jusqu'à Troas. Dans ce lieu, Paul s'adjoignit Luc le médecin {1} et sous l'influence d’une vision remarquable , il résolut d'aller en Europe et d'abord en Macédoine. (4) 9x induit ceci du changement de pronom dans les Actes. Vous remplace Z:, ce qui implique la présence de Luc. Le nom de Luc est une abréviation de celui de Lucanus. — 119 — Jusqu'ici, l'évangile était resté dans les limites de l'Asie, Paul vint le répandre en Europe. Les destinées du monde moderne sont dans ce fait. Passant par Samothrace, les missionnaires furent en un jour à Néapolis d’où ils se rendirent à Philippes, colonie romaine fort impor- tante (Act. XVI. 6. 14). Paul y séjourna quelque temps (Philip. IV. 9), préchant en plein air sous des arbres auprès du fleuve, à l'endroit où les Juifs se réunissaient pour leurs ablutions et leur culte. Une Lydienne , de Thyatire , Lydie, marchande de pourpre , fut convertie et baptisée avec sa famille ; elle offrit ensuite avec beaucoup d'instances sa maison aux missionnaires. Un jour que Paul se rendait à la prière, une esclave ammée de l'esprit de Python le suivit en criant : « Ces hommes sont des serviteurs du Dieu suprême et ils vous annoncent le salut. » Ayant fait cela à plusieurs reprises, elle importu- nait Paul; l'apôtre, ne voulant pas qu'il y eut confusion ou alliance entre Christ et Python , commanda au malin esprit de sortir de cette fille et elle fut guérie. Alors ses maîtres voyant qu'ils ne pouvaient plus comme auparavant tirer profit de ses divinations , se saisirent de Paul et de Silas (1)et les traînèrent au forum devant les décemvirs, magistrats municipaux, les accusant de troubler la ville par des maximes contrai- res à l'ordre public. Le peuple comme de coutume , s'ameuta contre les apôtres et les magistrats les firent fouetter et jeter en prison sous bonne garde. Le geôlier les mit dans le cachot le plus profond avec des entraves au pied. Cependant les apôtres au lieu de se lamenter et de perdre courage, voulurent faire tourner leur captivité au profit de la gloire de Dieu. Ils entonnèrent des cantiques qui , résonnant dans toute la prison , portèrent , malgré l'épaisseur des murs , le nom de Jésus-Christ aux oreilles des autres détenus et du geôlier. Soudain , à minuit un tremblement de terre brisa toutes les chaîneset ouvrit toutes les portes. Le geôlier s’éveilla en sursaut , vit les cachots ouverts et, pensant que les prisonniers dont il était responsable s'étaient enfuis , (4) Luc le médecin ne fut pas compris dans cette arrestation , aussi ne figure-t-1l plus comme témoin oculaire jusqu’au retour de Paul à Philippes. — 120 —— voulut se tuer; mais Paul lui cria: « Nete fais aucun mal, nous sommes tous ici. » Touché d’une telle conduite, legeôlier vintse jeter aux pieds des chrétiens, leur demandant ce qu'il fallait faire pour étre sauvé. Il reçut docilement leurs instructions, puis lava leurs blessures et reçut le baptème avec toute sa famille ; il les mena chez lui et leur servit à manger. Quand le jour fut venu , les gouverneurs pensant en avoir assez fait pour satisfaire les accusateurs , firent élargir les apôtres. Paul, assez fier pour repousser les outrages inutiles à la cause de l'Evangile et tenant par dignité à ses droits, dit aux huissiers qu'il était Romain et qu'après avoir été publiquement outragé , il voulait être publiquement libéré par eux. Les décemvirs ayant appris la bourgeoisie de Paul craignirent , car il n’était pas permis de frapper un citoyen romain, et vinrent sur le champ lui faire leurs excuses en le priant de partir. Alors Paul alla chez Lydie consoler les frères affli- gés de son départ (voyez Actes XVI. 12. 40). De Philippes il se rendit à Thessalonique , en passant par Amphi- polis et Appollonie (L. Thes. IE. 4.) Pendant trois sabbats il yexpliquala Messianité de Jésus. Ces prédications eurent un grand succès ; car plusieurs juifs , une multitude de grecs et des femmes de qualité en grand nombre crurent à sa parole (Act. XVIL. 4. 4.); Paul parla aussi dans les maisons des païens et leur expliqua la loi chrétienne (I. Thess. IL. 9.); Deux fois il reçut, sans les avoir sollicités, des présents des Philippiens, témoignage de l'affection que lui avait vouée cette église naissante (Philip. IV. 16.) Néanmoins il'travaillait aussi de ses mains pour ne pas surcharger l’Église (L. Thes. I. 9; IL. Thes IL 8; E. Cor. IX, 16. 18.) Dans cet état de calme, il prévoyait les persécu- cutions qui l'attendaient([ Thes. TEL. %.), et elles ne tardèrent pas; car les Juifs ayant ramassé quelques fainéants remplis de malice firentune émeute , cherchèrent Paul chez Jason ; ne le trouvant pas , pour ne pas se retirer les mains vides, ils s’emparèrent de ce dernier et de quelques autres chrétiens , accusant les disciples de révolte contre l'empereur Claude ; mais les magistrats, ayant reçu caution de Jason et de ses coaccusés, les laissèrent aller et les frères firent échapper de ss 124 — nuit, Paul et Silas (4) (Act.XVIL. 5. 10.). Cette église se ressentit de l'opposition des Juifs et fut surtout composée de païens convertis. Paul prévoyant que des persécutions attendaient les croyants et que l'Eglise aurait besoin d’être encouragée avait le projet de retourner à Thessalonique. En attendant le moment favorable il vint à Bérée, et précha dans la synagogue ; les Juifs reçurent sa parole avec empressement, conférant les écritures, c’est-à-dire [l'Ancien Testa- ment, pour voir si la parole des apôtres y était conforme. Des hommes et des femmes grecques de distinction crurent aussi en assez grand nombre ; mais quand les Juifs de Thessalonique apprirent les succès de Paul à Bérée , ils vinrent pour les détruire. Il ÿ eut encore une émeute ; mais les frères firent sortir Paul, tandis que Silas et Timothée restaient dans la ville. Ceux qui avaient pris la charge de mettre Paul en sureté l’accompagnèrent jusqu’à Athènes. (2) D’Athènes les compagnons de Paul vinrent dire de sa part à Silas et à Timothée qu'ils vinssent le rejoindre au plus tôt. L'esprit ému de l'excès de l'idolâtrie du peuple Athénien , l'apôtre désirait répandre la doctrine évangélique et cherchait tous les moyens de gagner le cœur de ce peuple intelligent , mais léger. Dans la syna- gogue il préchait aux juifs, dans le forum d'Erétrie il discutait avec les philosophes et les oisifs. Parmi les discoureurs il avait surtout affaire avec les Stoïciens et les Epicuriens dont les écoles étaient voi- sines, quoique leurs tendances morales fussent opposées. La curiosité du peuple athénien et des étrangers qui fréquentaient cette ville célèbre (4) Néander pense que Timothée resta à Thessalonique et ne rejoignit Paul qu'à Bérée , et il se fonde sur ce qu'au départ Paul et Silas sont seuls nommés; c’est possible , mais la preuve n’est pas suffisante. (2) On peut douter si Paul fut par terre ou par mer; @ç< (Act. XVII. 14) pourrait indiquer que sa direction était la route de mer; c’était le chemin le plus court, mais Paul, dans d’autres circonstances, pritJa direction de la mer pour éviter les Juifs (Act. XX , 3), et l’escorte convient davantage à un voyage de terre ( Act. XVII,1,5). Nous penchons pour la voie de terre, — De Bérée, Timothée fut à Thessalonique remplir la mission que Paul aurait voulu faire lui-même, — 122 — lui procura des auditeurs frivoles , mais impressionnables. Ils vou- lurent en savoir davantage sur ce harangueur qui selon quelques uns annonçait des dieux étrangers {4} ; aussi pour être plus à l’aise le menèrent-ils dans l'enceinte de l'Aréopage. Paul se mettant à leur point de vue en appela à leur dévotion (2) et leur montra qu'il venait précher un Dieu qu'ils adoraient sous le nom de Dieu Inconnu (3), ce qui vou- lait dire aussi qu'ils adoraient le vrai Dieu sans le connaître. Il leur dé- clara que ce Dieu est le seul créateur de toutes choses, qu'il est infini , tout-puissant et bon ; que tous les hommes sont nés d'un même père , et sont tous frères , que les humains sont gouvernés par Dieu et que leur fin sur cette terre est de chercher ce Dieu qui nous a faits de sa race. En conséquence, nous ne devons pas considérer comme dieux les idoles faites par l’art humain. Après les ténèbres du passé, Dieu an- nonce à présent la vérité, en ordonnant la repentance et menaçant le monde entier du juste jugement de celui qu'il a établi juge et qu'il a désigné à tout le monde en le ressuscitant des morts... Au mot de résurrection des morts, il se fitun grand vacarme dans l'assemblée ; les incrédules se moquant de l’apôtre , les indécis le renvoyant à plus tard. Quelques uns pourtant se joignirent à lui , entr'autres Denys de l'Aréopage et une dame courageuse, prosélyte de la doctrine nouvelle, nommée Damaris. Ces succès ne retinrent pas Paul, il fut bientôt à Corinthe. Dans cette ville il trouva deux juifs , peut-être déjà chrétiens, Aquilas (4) (4) Ils prenaient sans doute Jésus pour un Dieu et la résurrection pour une déesse (Act. XVII, 48). (2) Is avaient une foule d’autels ; selon Pausanias, eux seuls avaient élevé un autel à la pitié. (3) L’autel à un dieu inconnu est constaté par Pausanias , Elien et Diogène de Laerte. Jérome rapporte cette inscription : Diis Asiæ et Europæ et Lybiæ, Dis ignotis et peregrinis. (&) Juif né dans le Pont, fabricant de tentes , converti de bonne heure avec sa femme Prisca ou Priscilla. Jls furent à Ephèse avec Paul, exposèrent leur vie pour lui dans l’émeute , ou antérieurement, instruisirent Apollos dans le baptême de Jésus. Js revinrent à Rome , où leur maison servit d'église (Act. VIII. 26. Rom. XVI. 4). Ils y étaient encore après un long séjour à Ephèse à la mort de Paul (II Tim. EV. 49). — 193 — et Priscilla sa femme, que l'édit de bannissement de Claude avait forcés de quitter Rome. Comme ils étaient du même métier, ils travaillaient ensemble, car Paul, pour n'être à charge à personne, se mit à exercer son ancien métier de fabricant de tentes. Chaque sabbat il parlait à la synagogue et persuadait tant les Juifs que les païens. On remarque deux tendances chez les Corinthiens, la recherche de la sagesse des Grecs et la soif des miracles des Juifs; en leur présence, Paul employa surtout pour preuve la démonstration d'esprit et de puisssance (I. Cor IE. 4). L'Église se composa d'abord de gens de basse extraction ([. Cor. I. 26.) qui s'étaient adonnés aux impuretés de la plus impure des villes grecques (1) (I. Cor. VI. 41). Silas et Timothée revinrent de Thessa- lonique (2) et Paul se mit à prêcher ouvertement que Jésus était le Messie. Cette déclaration irrita les Juifs à un tel point qu'il dut leur dire : « Que votre sang soit sur votre tête, j'en suis net ! Je m'en vais dès à présent vers les païens. » Et joignant la réalité à la menace , il entra aussitôt chez Justus, païen couverti, dont la maison touchait à la synagogue. Îl ne tarda pas à recevoir de grands encouragements pour cette conduite hardie ; une vision l'excita à parler sans crainte et plu- sieurs crurent et furent baptisés ; le chef de la synagogue , Crispus, se joignit à eux avec toute sa famille. À cette époque, il écrivit en son nom et au nom de ses deux compagnons Timothée et Silas (3) une lettre aux Thessaloniciens. La rédaction de cette lettre fut amenée par le rapport de Timothée sur l'état de l'Eglise et l’épître fut destinée à suppléer à l'absence de l'apôtre. Cependant Annœus Gallion frère de Sénèque le philosophe , étant devenu proconsul d’Achaïe, les Juifs s’accordèrent pour accuser Paul et l'amenèrent devant son tribunal, l’accusant de parler contre l'observation de la loi. Paul allait se jus- (4) Nous ne relaterons pas toutes les abominations qui se commettaient à €Corinthe ; qu'il nous suffise de constater que la dépravation morale de ses habitants était passée en proverbe. (2) Les Actes disent seulement de Macédoine (XVII. 5) ; mais 1 Thes. INT. 1. 7, constate la mission à Thessalonique. (3) L'épitre porte Sylvanus : mais c'est le nom dont Silas est l’abrégé, — 194 — tifier lorsque le proconsul, homme d'un caractère doux , opposa aux Israëlites une fin de non recevoir. « S'il s'agissait de quelque injustice ou de quelque crime, » leur dit-il, « je vous rendra; justice; mais puisqu'il n'est question que de querelles de mots et de votre loi, je ne veux pas en juger, mettez y ordre vous-mêmes, » et illes fit retirer. Alors, les Grecs, outrés de l'accusation des Juifs , pri- rent le chef de la synagogue Sosthènes , et le battirent impunément devant le tribunal. La tentative des Juifs ne tourna donc qu’à leur honte et n’entrava en aucune façon le ministère de Paul. Celui-ci ayant appris que sa lettre aux Thessaloniciens avaitmanqué son but par suite des mauvaises dispositions d’un certain parti qui agitait l'église, prit la résolution de leur écrire une seconde lettre et il le fit encore au nom de Timothée et de Silas en l'apostillantde sa main pouréviterla contre- façon. Il avait baptisé Gaïus, Crispus et Stephanas (I. Cor. I. 14.47.); les autres chrétiens l'avaient été par ses compagnons. Parmi les fruits de son ministère , on peut compter la conversion de la famille de Cloé, Achaïque, Fortunatus, Sosthènes, plus tard pasteur à Corinthe, la diaconesse Phoébé qui habitait Cenchrée. Ayant demeuré à Gorinthe encore un certain temps, temps de repos qui le préparait à ses travaux ultérieurs , il fut à Genchrée (1),: localité voisine , avec Aquilas et Priscilla et par suite d'un vœu (2) il s'y fit raser la tête. Paul ne tarda pas à arriver avec ses compagnons à Ephèse , où il parla aux Juifs dans leur synagogue de manière à leur faire désirer qu'il prolongeât son séjour parmi eux ; mais il ne voulut pas obtem- ’ (1) Genchrée et Léchée étaient les deux portes de Corinthe. (2) Les yœux de Nazareat consistaient à s'abstenir de vin pendant trois jours , se faire couper les cheveux et offrir un sacrifice à Jérusalem. Ils se faisaient par recon- naissance pour une demande exaucée, pour un malheur évité. Paul judaïsant avec les Juifs avait fait un yœu à Corinthe et il l’accomplit ici , manifestant de la sorte sa fidélité à ses promesses ; et il est probable que les autres parties du vœu furent exe- cutées, quoiqu'on ne nous le raconte pas; quant à ceux qui disent que le vœu ne regardait pas Paul, mais Aquilas, nous ne pouvons suivre leur manière de voir, qui tord le sens grammatical du texte grec (Act. XVIII. 18.). ‘ — 125 — pérer à leur demande, leur disant: « il me faut absolument faire la fête prochaine à Jérusalem; mais je reviendrai vers vous, s’il plaît à Dieu. » Cette pensée de nécessité d'aller à Jérusalem s'explique par le sacri- fice attaché au vœu. Alors il désancra . laissant là Priscilla et Aquilas, et le vais- seau le conduisit à Césarée , d’où il se rendit à la ville sainte {4). ll fit son sacrifice et salua l’église, encore unie malgré les mauvaises dispositions de plusieurs zélateurs fanatiques de la loi. Il prit part à la fête dela Pentecôte. Puis de ces contrées montueuses, il descendit à Antioche au travers de la Samarie et des plaines de la Syrie. SECOND SÉJOUR A ANTIOCHE. À Antioche, dans ce centre important du christianisme naissant , l'apôtre Paul fit un dernier séjour de quelque durée. C'est à cette époque que nous devons rapporter les faits suivants : Pierre était à Antioche et S'accordait avec Paul , lorsque vinrent de Jérusalem quelques Judéo- chrétiens se disant envoyés de Jacques et prêchant que les nouveaux Chrétiens devaient se soumettre à la loi cérémonielle des Juifs ; l'apôtre Pierre, sous la pression des faux émissaires, fit comme eux et entraîna même Barnabas par son exemple, (Gal. Il. 42.18). Paul, indigné d'une prétention qui ne tendait à rien moins qu'à l'anéantissement de la doctrine du salut par grâce, résista en face à Pierre (2) : et lui dit : « Si toi qui esjuif as vécu comme un païen, pourquoi veux-tu forcer les païens à vivre comme les juifs ? » Cette parole incisive fitrevenir lapô- tre égaré à une notion plus saine du dogme évangélique (I Pierre [. 18. 49; IL. Pierre I. 4; III. 45. 46.). (4) Le texte dit seulement qu’:l monta , mais c'était l’expression consacrée pour dire aller à Jérusalem ; il est donc fort présumable, et la plupart des commentateurs l'ont ainsi compris , qu'il fut faire son sacrifice à J érusalem. Voyez Néander. (2) On a exploité ce fait en le dénaturant ou en l’exagérant. On s’en est fait un moyen de ruiner l'autorité apostolique ; remarquons qu’une erreur bientôt reconnue et réparée ne suffit pas pour anéantir l'inspiration des apôtres , d'autant plus que la — 126 — TROISIÈME MISSION. D'Autioche Paul partit pour un nouveau voyage d'évangélisation ; 1l se rendit en Galatie et en Phrygie, fortifiant les disciples. Il fut reçu par eux avec une Joie et une affection extraordinaires. Après avoir réglé les collectes (Act. XVIIT. 23; Gal. IV. 44.15; L. Cor XVI. 1..), il descendit selon sa promesse {Act. XVIII. 22.) à Ephèse où il resta près de trois ans (Act. XX. 31.), travaillant pour gagner sa vie et celle de ses compagnons (Act. XX. 34; I. Cor. IV. 12.). Pendant ce long séjour, il ne s'épargna pas à l'œuvre de l’évangélisation. Parmi les juifs auxquels Paul prêcha d’abord se trouvaient douze disciples de Jean-Baptiste qui avaient reçu son baptême, mais qui n'avaient pas même entendu parler du St.-Esprit. Paul leur précha Christ ; ils le crurent , et ayant reçul'imposition des mains, le St.-Esprit descendit sur eux, et se manifesta par des dons particuliers (Act. XIX. 4. 17.). Dans la synagogue, il parla hardiment, pendant trois mois, mais comme une minorité rebelle s'endurcissait, il sépara les croyants des incrédules ; puis il évangélisa les Païens par des discussions quoti- diennes dans l’école de Tyrannus. Malgré l'opposition des Juifs une grande porte lui fut ouverte (I. Cor. XVI. 9.). Il continua cette prédication pendant deux ans, disséminant ainsi la vérité question de la foi et des œuvres ne se présentait ici que par son côté disciplinaire. La nécessité de concessions au parti juif entraîna Pierre malgré lui. Il avait encore ce caractère fluctuant qui le distingua pendant la vie de Jésus. Paul, par contre, apportait une grande ardeur dans la proclamation du principe de la liberté chrétienne vis-à-vis de la loi rituelle. Le caractère des apôtres n’est pas parfait, mais on n’en peut pas conclure qu’ils n'aient recu les dons surnaturels du Saint-Esprit pour nous transmettre par écrit la saine doctrine. On peut voir ici l'origine d’un parti moitié juif moitié chrétien qui se manifesta bientôt dans toutes les églises et contre lequel Paul est toujours à lutter. Dans le fait que Paul judaïsait à Jérusalem avec les Juifs et qu'il agissait autrement avec les Païens , plusieurs virent une contradiction. Dans ses épîtres Paul répond à ce parti; il démontre sa sincérité et détruit l'accusation d'inconséquence. NE —— parmi les Juifs eti les Grecs de toute l'Asie-Mineure. (1) Pendant ce temps il écrivit aux Galates de sa propre main et cela par affection pour eux. Il avait besoin de réfuter les idées pernicieuses et charnelles auxquelles ils étaient adonnés et de détruire les calomnies dont il était le sujet. Il écrivit aussi en réponse à l’église de Corinthe une première lettre pour combattre leurs schismes et leurs erreurs , pour répondre à leurs questions sur divers sujets dogmatiques et pratiques. Cette lettre était écrite en son nom et en celui deleur pasteur Sosthènes. Dieu opérat par les mains de Paul de nombreux miracles, de sorte que des vêtements qui avaient touché son corps, guérissaient les malades sur lesquels on les apphiquait. Sept juifs exorcistes , fils de Scéva, principal sacrificateur, voyant la puissance du nom de Christ essayèrent de l’invoquer sur les possédés. Ils employaient cette formule : « Nous vous conjurons par ce Jésusque Paul prêche, » et l'esprit malin répondait : « Jeconnais Jésus et je sais qui est Paul , mais vous qui êtes-vous ? » Un possédé leur sauta à la gorge et les maltraita au point qu'ils durent s'enfuir nus et blessés. Ce fait vint à la connaissance des Juifs et des Grecs qui furent saisis de crainte et de respect pour le nom de Jésus; plusieurs même furent amenés à croire tant par ce fait que par les exhortations de Paul contre la magie, de sorte que ceux qui s'étaient adonnés aux sciences occultes apportèrent leurs livres aux pieds de l’apôtre et les brülèrent publiquement (1). On supputa le prix de ce sacrifice d’un nouveau genre et il s’éleva à la somme de 50,000 pièces d'argent {Act. XIX. 11. 19.), mais ces succès visibles ne furent pas sans revers (II. Cor. I. 8.) Paul eut à subir des persécutions cruelles que nous ne connaissons pas en détail, (1) Le commerce et le culte de Diane attiraient beaucoup de voyageurs à Ephèse ; c’est par eux que l’évangile se propagea dans les pays d’alentour. (2) Ephèse était adonnée au culte mystique de Diane ou Artémis; on y faisait des formules magiques supposées d’une grande puissance, Epeoux ypauuru. Plutarque, Clément d'Alexandrie. Les Ephésiens étaient, parait-il , d’un caractère fort mobile. — 128 — mais dans lesquelles Aquilas et Priscilla lui sauvèrent la vie ; il eut à combattre contre les bêtes féroces (1) (1. Cor. XV. 32; Rom. XVI. 4). Paul prit la résolution d’aller en Macédoine, puis en Achaïe, de là à Jérusalem, et enfin à Rome : aussi envoya-t-il d'avance en Macédoine Timothée et Eraste. Il resta encore quelques jours à Ephèse, mais il fat contraint de hâter son départ. Une grande émeute s’éleva contre lui. Gette fois ce n'étaient pas les Juifs qui en étaient les instiga- teurs, mais un orfèvre païen que l'intérêt de son métier excita contre le prédicateur de la nouvelle religion. Démétrius, fabricant de petits temples de Diane en argent , rassembla les ouvriers de son métier, les ameula au nom de leurs affaires et de la gloire de la grande déesse Ariemis. Ce double mobile de l'intérêt et du fanatisme les mit dans une grande colère; ils remplirent la ville de confusion. « Grande est la Diane des Ephésiens, » criaient-ils! La foule se rendit au théâtre et s'empara de deux Macédoniens (1) , compagnons de Paul , Gaïus et Aristarque. Alors l’apôtre voulut entrer au théâtre pour parler au peu ple , mais ses amis l'empéchèrent d'exposer sa vie, et même quelques magistrats (2), appelés Asiarques, lui firent dire par intérêt pour sa vie de ne pas s’y rendre. Les uns criaient d'une façon, les autres d’une autre et l'assemblée était si confuse que beaucoup ne savaient pas même de quoi il était question. Alors Alexandre (peut-être orfèvre, mais en tout cas Juif et poussé par les Juifs), voulut parler pour excuser le tumulte , auquel il avait peut étre pris part. Quand les émeutiers eurent reconnu sa nationalité, ils vociférèrent pendant près de deux heures leur cri de ralliement. Alors le secrétaire de la ville ayant pu obtenir un peu de silence, voulut apaiser le peuple en,luifaisant remar- (1) Ceci peut sans doute se prendre au figuré, mais n'indique pas moins une grande lutte, (2) Etaient-ils au théâtre ou y furent-ils conduits ? Je ne sais. (3) H y avait à Ephèse des magistrats chargés d'administrer les choses sacrées et les jeux publics. De plus , chaque ville du Kotvoy ns Act choisissait annuel- lement un député pour le collége des Asiarques ; le nom e son président servait à dater les événements publics. ban MU quer que la majesté de Diane était incontestable, qu'il fallait agir prudemment et que les prisonniers n'avaient pas blasphémé contre la déesse, que si Démétrius et ses compagnons avaient quelques crimes à leur reprocher , il y avait des proconsuls pour rendre la justice , que ce tumulte pouvait les faire accuser de sédition sans motifs. Ce dis- cours habile et sage apaisa l'assemblée qui fut bientôt dissoute (Act. XIX. 23; XX. 1). Le départ de Paul suivit de près cette échauffourrée; il embrassa les disciples et se rendit à Troas , espérant y trouver Tite {II Cor. IL. 42. 43); ne l'ayant pas rencontré, il passa en Macédoine. Pendant quelque temps, il exhorta les fidèles de Philippes, parmi eux iltrouva Tite, qui lui donna des nouvelles des frères de Corinthe. Désireux d'aller les voir , de hâter la collecte et de leur exprimer ses sentiments sur les rapports de Tite, il leur écrivit une seconde lettre dont il chargea Tite et deux frères dévoués (I. Cor. VII. 42.) L'un d'eux, choisi par les Églises, était connu par ses travaux apostoliques ; on peut supposer que c'était Luc. Paul passa tout l'été et tout l'automne en Macédoine (selon Néander) et étendit ses travaux jusqu'en Jllyrie (1). L'apôtre vint en Grèce et sé- journa trois mois d'hiver à Corinthe. Ayant le projet d'aller à Rome après son retour à Jérusalem, il voulut préparer les esprits à sa venue et leur donner une exposition complète de la doctrine du salut par la foi ; c’est pourquoi il écrivit aux Romains une de ses épîtres les plus importantes, tant par son étendue, que par les dogmes qu'elle renfer- me. Les Juifs jui ayant tendu des embüches par la route de Syrie, il prit celle de la Macédoine qu'il aimait'tant. Sopater, Aristarque, Second, Gaïus, Timothée, Tychique et Trophime furent l'attendre à Troas. Après les jours des pains azymes, en compagnie de Luc, Paul se (4) Rom. XV: 47 ne dit pas si l’apôtre prêcha lui-même en Illyrie , et IT Cor. X. 42 ne peut pas signifier d’une manière absolue que l’Achaïe fût la limite de son : voyage; il y a donc doute sur cette partie du voyage, que Néander place entre 58 et 59. 9 )16a— rendit à Troas en cinq jours et ils y restèrent sept jours. Le premier jour de la semaine comme ils étaient assemblés pour rompre le pain, Paul, qui devait partir lelendemain, fit un long discours pendant lequel un jeune homme, nommé Eutyche s'endormit ; tomba d'un troisième étage et fut relevé mort. Paul le guérit par un simple attouchement , et remonta pour rompre le pain; il prolongea ensuite son discours jusqu’au lever du soleil. Alors ses compagnons reprirent la mer , tandis que Paul suivait le littoral à pied ; ils se joignirent à Assos , d'où ils naviguèrent à My- tilène , le lendemain à Chios, puis à Samos , Trogyle, Milet. Pressé de se rendre à Jérusalem pour la Pentecôte , Paul ne voulut pas aller à Ephèse ; c'est pourquoi il convoqua les pasteurs de cette ville et des environs à Milet et leur tint un discours dans lequel il résume les faits de sa conduite et ses enseignements. L'idée qu'il va à Jérusalem sans savoir ce qui lui adviendra , la pensée qu'il ne les reverra plus j’attristent ; mais il leur a annoncé le conseil de Dieu , ce qui met sa conscience en repos. Il leur recommande de veiller sur eux-mêmes et sur leur troupeau , à cause des doctrines corrompues qui s'élèvent parmi eux. Il les engage au désintéressement , avis déjà nécessaire au clergé de ce temps ; il les recommande à Dieu et leur rappelle son exemple. Ge discours fort touchant qui est comme son testament aux églises d'Asie, fut suivi d'une fervente prière; tous fondirent en larmes en se jetant au cou de Paul. Tels furent les adieux pénibles de ces pasteurs affligés de le voir partir avec l'appréhension de ne plus presser sa main, nirevoir son visage (Act. XX. 16. 38 ; Irénée IL. 14). De Milet Paulserembarqua pour Cos , de làil vint à Rhodes, puis à Patara où il prit un navire qui allait en Phénicie. Laissant Chypre à gauche et cotoyant la Syrie, l’apôtre et sa compagnie arrivèrent à Tyr, où le navire laissait sa charge. Ils y restèrent 7 jours chez des disci- ples qui engagèrent Paul à ne pas monter à Jérusalem ; mais il était résolu à le faire , les chrétiens l'accompagnèrent avec leurs femmes et leurs enfants jusque hors de la ville, et après avoir fait la prière sur — 131 — le rivage .il s'embarqua pour Ptolémaïs qui fut leterme desanavigation. Il y resta un jour chez les chrétiens ; puis vint à Césarée chez l’évangé- liste Philippe. Tandis qu'il y était, un prophète, de judée, Agabus, prédit à Paul qu'il serait lié et livré aux païens. Alors ses compagnons le prièrent de ne pas aller à Jérusalem ; mais ils n'ébranlèrent pas le courage de l'apôtre. « Que faites-vous en pleurant et en affligeant mon » cœur ? je suis prêt non seulement à être lié, mais aussi à mourir à » Jérusalem pour le nom du Seigneur. » A l'ouïe de cette déclaration héroïque, ses compagnons se bornèrent à dire : « la volonté du Sei- gneur soit faite, » Quelques jours après accompagné de Mnason de Chypre , de quelques disciples de Césarée et de ceux qu'il avait em- menés dans ses voyages, il arriva à Jérusalem (Act. XXL. 1.16.) et fut reçu avec joie par les disciples. Le lendemain 1l fut chez Jacques auprès duquel tous les anciens furent convoqués. Après les avoir em- brassés, il leur raconta en détail les événements de sa mission. Ce récit éleva leur cœur reconnaissant vers Dieu ; à leur tour ils dirent à Paul lasituation florissantede l'Église et l'opinion que les Judéo-chré- tiens avaient de lui à cause de sa liberté chrétienne. Ils lui conseillè- rent pour prévenir l'opinion publique de se joindre à quatre personnes qui faisaient un vœu , de se purifier avec elles et de contribuer à leur don, afin de montrer qu'il n'avait pas abandonné la loi. Quant à ce qui regardait les Pagano-chrétiens, il fallait s’en tenir aux pres- criptions du concile de Jérusalem. Paul se rendit à leurs raisons et s'étant purifié il entra au temple avec ceux qui faisaient leur vœu. PREMIÈRE CAPTIVITÉ. Comme les 7 jours de purification finissaient, quelques Juifs d'Asie, l'ayant vu dans la ville avec Trophime, pagano-chrétien d'Ephèse , s'imaginèrent que Paul l'avait amené au temple et soulevèrent le peuple sous ce prétexte mal fondé. Ils s'emparèrent de sa personne, le tratnèrent hors du temple et fermèrent les portes de la ville. Comme ils tâchaient de le tuer, Claudius Lysias , tribun de la citadelle romaine, apprenant que la ville était en émeute, prit des certurions et des soldats et vint vers le rassemblement. À leur vue, on cessa de frapper Paul. Le tribun prenant l’apôtre pour un Egyptien qui avait excité une révolte, et s'était retiré au désert avec 40,000 brigands, le fit prendre et lier de deux chaînes. Une fois assuré de la personne de celui qui était l'occasion du trouble, il demanda de quoi ilétait ques- tion; mais il ne put rien apprendre de certain au milieu de cette cohue; il fit donc amener provisoirement Paul dans la forteresse. Le peuple suivit en foule criant : « fais-le mourir.» Les soldats durent porter Paul sur le perron de la citadelle, à cause de la pression de la foule. Au moment d'entrer, il dit au tribun qu'il était juif et qu'il désirait par- ler au peuple ; Lysias le lui ayant permis , il fit signe dela main à la foule, et au milieu d'un profond silence, il commença à leur parler en hébreu. Au son de l’idiôme national , le peuple écouta avec une plus grande attention encore l'apologie de l’apôtre. Pour prendre la parole dans cette circonstance , il fallait un grand courage et une con- science bien tranquille. Paul fitsa harangue en commençant par établir ce qu'il était comme juif : sa patrie, son éducation , son zèle pour la loi, ses persécutions contre les chrétiens. Passant à sa conversion, 1l.la raconta dans tous ses détails. Quand il vint à parler de cette vision dans le temple , dans laquelle il reçut du Christ l'ordre de pré-. cher aux Gentils, les Juifs se mirent dans une grande colère, demandant sa mort, et pour augmenter le vacarme ils secouèrent leurs vêtements et jetèrent de la poussière en l'air. Alors le tribun le fit entrer dans la forteresse Antonia et voulut lui appliquer la question des verges. Il était déjà garotté avec des courroies, lorsque s'étant réclamé du titre de citoyen romain, le centurion, chargé de veiller à l'interrogatoire, vint rendre compte au tribun de cette réclamation et Lysias fit retirer les tortionnaires et craignit même pour l'avoir fait lier. Afin de savoir au juste de quoi on l’accusait, il le présenta le lendemain au sanhédrin assemblé. Paul regarda hardiment le conseil et dit : « Frères, je me suis conduit én bonne conscience devant Dieu jusqu'à ce jour. » Sur quoi Ananias, souverain sacrificateur, ordonna qu'il fut souffleté. Paul = BB — outré deson injustice, s'écria: « Dieu te frappera, muraille blanchie; » mais il rétracta bientôt ce cri d'indignation, quand on lui eut fait re- marquer qu'il parlait au souverain sacrificateur. Voyant qu'il n'avait rien à gagner de leur justice , il fit surgir entr'eux la discussion sans fin du pharisaïsme et du sadducéisme. Cette habile défense mit de son côté tout le parti des pharisiens. Cependant , dans le tumulte , Paul risquait trop et le tribun le fit enlever par ses soldats et ramener à la forteresse. Au milieu de ces affhctions , il plut à Dieu de relever le courage de son serviteur et pendant la nuit le Seigneur vint l'encoura- ger en lui annonçant qu'il ne périrait pas à Jérusalem , mais qu'il irait lui servir de témoin à Rome. Un complot se tramait contre ses jours ; plus de 40 Juifs étaient résolus de le tuer , tandis qu'il irait au conseil mandé par les sacrificateurs. Cette trahison fut connue du neveu de Paul, il vint le déclarer à l'apôtre , qui l'envoya au tribun. Celui-ci ordonna au jeune homme de garder le silence sur cette affaire puis il fit préparer sous les soins de deux centurions une formidable escorte qui mena Paul à Césarée. Lysias envoyait par la même occa- sion une lettre au gouverneur romain Félix. Dans cette lettre ; après l'avoir salué, il racontait le fait. Paul avait été saisi par les Juifs et enlevé d'entre leurs mains par lui, il avait mené au Sanhédrin, où on ne l'avait accusé d'aucun crime , mais seulement taxé d’hérésie. Pour le sauver d'une embüche il le lui envoyait bien escorté promet- tant d'envoyer ultérieurement les accusateurs. Du reste , le tribun n'eut garde de dire ce qui pouvait le compromettre dans cette affaire. Paul fut donc mené de nuit à Antipatris , par 400 soldats à pied et 70 ca- valiers. De là les fantassins s’en retournèrent à la forteresse et Pau! continua sa route avec la cavalerie vers Césarée où il fut présenté au gouverneur Félix , homme très incapable (selon Néander), qui renvoya de l'entendre jusqu'à l’arrivée de ses accusateurs et le fit garder dans le palais d'Hérode; c'était en l'an 60. Cinq jours après, Ananias , le sanhédrin et un orateur Tertulliu « vinrent comparaître devant Félix. Tertullius prit la parole pour accu- ser l'apôtre d'être le chef dangereux des Nazaréens et d'avoir profané — 134 — e temple ; il en appelait en commençant à la sagesse du gouverneur et en finissant à la véracité de Paul. Celui-ci répondit qu'il était monté à Jérusalem à peine 42 jours auparavant et qu'il n'avait en aucune façon ému le peuple, qu'il avait bonne conscience, qu'il était allé porter des aumônes à Jérusalem , que ses vrais accusateurs étaient absents, puisque c'étaient des Juifs d'Asie qui l'avaient rencontré au temple sans attroupement et purifié , que le conseil n’avait trouvé aucun motif de blâme contre lui. Félix, embarrassé de cette affaire , la remit à plus ample informé sur la secte nouvelle et sur le témoi- gnage de Lysias. Là-dessus il confia Paul à un centurion et lui laissa la liberté de voir ses amis et de recevoir leurs soins. Quelques jours après, en compagnie de sa femme Drusilla qui était Juive, ilfit venir Paul ;mais comme l’apôtre en appelait à sa conscience, Jui parlait de la justice, de la tempérance et du jugement futur, le gouverneur tout effrayé le renvoya à plus tard ; néanmoins il le man- dait souvent et s'entretenait avec lui dans l’espoir que Paul lui donne- rait de l'argent pour acheter sa liberté. Deux ans s’écoulèrent , Félix fut rappelé par l'empereur et Portius Festus lui succéda dans le gouvernement de la Judée romaine. Celui-ci pour commencer son gouvernement par une complaisance envers les Juifs, laissa Paul en prison ; mais le sanhédrin ne fut pas satisfait de cette faible ven- geance, sa haine voulait du sang. Festus étant venu à Jérusalem , le souverain sacrificateur et les anciens demandèrent le transfert de Paul à Jérusalem, avec l'intention de le faire assassiner en route , mais Festus répondit que Paul était bien gardé et que lui-méme allait à Césarée. Il engagea les accusateurs à l'accompagner à sa résidence. Environ dix jours après, il revint à Césarée avec quelques Juifs qui accusèrent Paul de nombreux crimes qu'ils ne purent prouver. L'apôtre répondit en démontrant son innocence. Alors Festus, pour plaire aux Juifs lui proposa d'aller à Jérusalem , mais Paul, comme s’il eut pressenu ce qui lui adviendrait en allant à Jérusalem, en tout cas n'espérant rien de la justice d'un homme qui désirait se concilier à ses dépens l'esprit de ses ennemis , en appela au tribunal suprême de l’empereur, comme citoyen romain, Festus délibéra sur sa — 135 — demande avec le conseil et décida qu'il irait à Rome. Quelques jours après , le roi Agrippa et Bérénice vinrent saluer Festus: celui-ci eut l'occasion de leur parler de Paul et deson affaire ; ce qu'il leur en dit excita leur curiosité et ils voulurent l'entendre. Festus accéda à leur désir. Le lendemain donc,le roi et la reine des- cendirent en grande pompe dans une assemblée de tribuns et des principaux de la ville et Paul fut introduit chargé de chaînes. En quel- ques mots Festusdit: «toutelamultitude des Juifs m'est venue solliciter, tant à Jérusalem qu'ici, demandant la mort de cet homme; mais ne l'ayant trouvé coupable d'aucun crime et lui-même ayant fait appel à l'empereur, je l’ai fait venir en la présence du roi Agrippa, afin qu'étant mieux informé je sache ce que je dois écrire à l'empereur. » Agrippa demanda à Paul de se justifier. Heureux d’avoir à parler devant un homme instruit sur les querelles juives , il se déclara pharisien , com- paraissant à cause de la promesse faite aux pères sur la résurrection des morts. Il parla de sa haine persécutrice pour les Nazaréens , ra- conta l'histoire de sa conversion , sa vocation et ses missions. Festus ne comprenant pas son discours , lui dit qu’il était hors de sens ; mais Paul dit à Agrippa: « O roi , crois-tu aux prophètes? Je sais que tu v crois. » Agrippa l'interrompit en disant : « tu me persuades presque d'être chrétien » (1). Ges mots amenèrent de la part de Paul cette magnifique exclamationqui marque tout à la fois son amour des âmes et sa foi: « Plut à Dieu que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui m'écoutent, devinssent, non presque, mais parfaitement tel que je suis, hormis ces liens. » Après ce généreux élan, Agrippa, Bérénice, le gou- verneur el les préteurs sortirent pour délibérer, puis ils vinrent déclarer que l’apôtre pouvait être relâché , s’il n'avait pas fait appel à César. (4) Selon Néander, les paroles d’Agrippa seraient une dérision ; il aurait pris en mauvaise part la question de Paul et il voulait lui répondre : « Bientôt tu diras que je suis chrétien ! » Nous ne pouvons adopter cette exégèse. Il nous parait évident que, sans le concours du roi , Paul eût été condamné, Festus étant disposé à faire la volonté des Juifs, qui demandaient hautement sa mort. Néander date cet événement de l'an 62 Horne de 61, — 136 — Paul , avec quelques autres prisonniers , fut confié à Julius , centu- rion de la légion Auguste , homme d'un caractère doux et humain. Un rapport favorable à l'apôtre lui fut remis. Aristarque de Thessalonique, Luc le médecin, et plusieurs autres frères furent autorisés à accompa- gner Paul. Ils montèrent sur un vaisseau d'Adramite , ville de Mysie, qui devait les conduire jusqu'à Myra. Partis de Césarée, ils arrivèrent le lendemain à Sidon où Paul eut la permission de voir ses frères ; ils ne tardèrent pas à se mettre en route, malgré des vents contraires qui les firent passer au dessous de Chypre. Ils côtoyèrent la Lycie jusqu'à Myra. À Myra ils montèrent. un navire d'Alexandrie qui allait en Italie. À cause du vent ils navi- guèrent fort lentement pendant quelques jours et vinrent jusqu’en vue de Gnide en Carieet de là , ils furent au sud de l'île de Crète vers Salmone ; en côtoyant avec peine, ils vinrent à Kaloïlimenoï, port de Lassée. La navigation se présentait sous un mauvais aspect et Paul déclara ses craintes au centurion ; mais celui-ci, se laissant entraîner par l'avis du patron et du maître du vaisseau , résolut de partir pour hiverner à Phænix en Crète, port à l'abri du vent d'Afrique ,et du nord-ouest. Le vent de midi soufflant doucement , ils crurent venir à bout de leur dessein et ils côtoyèrent Crète de plus près ; mais le vent tourna au sud-est, et le navire, livré à l'impétueux Euroclydon , passa au-dessous (1) de la petite île de Clauda. Ils manquèrent perdre leur embarcation et durent la tirer à bord; craignant de faire côte , ils lièrent le vaisseau par-dessous avec des cables et abattirentleurs voiles. Le second jour, le mauvais temps continuant, ils jetèrent la cargaison à la mer ; le troisième les agrès. Pendant la tourmente tous étaient reslés sans manger. Paul fut le premier à espérer ; il eut une appari- (4) Au-dessous veut dire au sud, quoique le texte dise qu’ils passèrent la mer vis-à- vis de la Cihicie et de la Pamphilie, ce qui ne peut se faire qu'en passant au nord, à moins d'un détour. À cause du texte parallèle si explicite de Act. XVII. 7., nous pré- férons le passage au sud avec détour vers le nord , détour fort probable avec les vents contraires. — 137 — tion consolatrice; il la communiqua à ses compagnons et s’efforça de relever leur courage abattu par desages et douces paroles. « Personne ne périra, dit-il ; mais nous ferons naufrage sur uneîle. » À la 14.9 nuit, après avoir été ballottés jusque dans la mer Adriatique , ils cru- rent voir la côte; ils sondèrent 20 brasses, puis 15. Alors, dans l'at- tente du jour, ils jetèrent 4 ancres à l’arrière;sous prétexte de les éloi gner les matelots mirent l'embarcation à la mer avec le projet de se sauver. Paul en avertit Julius, en lui disant que leur présence était nécessaire ; alors les soldats coupèrent les amarres de l'embarcation qui sombra. Paul exhorta ensuite les gens à manger ; pour leur donner exemple il rompit du pain après avoir béni Dieu ; puis on allégea le navire de tout le blé. Au jour ils reconnurent un golfe et ils voulurent y faire échouer le navire : aussi relevèrent-ils les ancres ; ils hissèrent la voile de l’artimon et sacrifièrent les gouvernails, mais le vent les mit dans un double courant contre des récifs et le navire s'ouvrit par le milieu. Les soldats dans ce naufrage voulaient tuer les prisonniers, de crainte qu'ils ne, s'échappassent ; mais Julius ne le permit pas et donna ordre aux naufragés de gagner le rivage comme ils pourraient. Les 276 personnes qui montaient le navire furent sauvées et ils recon- nurent que la plage sur laquelle ils marchaient de pied ferme était . Mélite (1), actuellement l'île de Malte. Les Maltais montrèrent à leur égard une grande humanité , car ils allumèrent au plus tôt de grands feux pour les réchauffer et sécher leurs vêtements trempés. Paul, tou- jours prét à rendre service , avait ramassé des sarments et les jetait au feu, il en sortit une vipère qui s’aitacha à sa main ; les insulaires voyant cela conclurent que l'apôtre était un meurtrier, parceque la divinité ne voulait pas le laisser échapper à la mort, mais il secoua le serpent au milieu du feu sans en être blessé ; aussitôt ils le prirent pour un Dieu , revirement facile à concevoir chez un peuple supersti- (4) Bryant place Mélite dans la mer Adriatique , à Ja hauteur d'Epidaure ; je ne connais pas ses raisons pour penser ainsi ; la plupart des commentateurs font de Mélite l’île de Malte. Le Ms ee e tieux. Publius, homme riche du pays, reçut les voyageurs pendant troi$ Jours avec beaucoup d'hospitalité. Paul, en reconnaissance , guérit son père malade de la fièvre et de la dissenterie; il guérit aussi d'autres malades qui leur firent honneur et leur fournirent les choses nécessaires. Trois mois après ils partirent sur un vaisseau d'Alexandrie qui portait le nom des Dioscures (Castor et Pollux). Ils relächèrent à Syracuse où ils restèrent trois jours, puis à Rhegium où ils passèrent un jour ; en deux jours , poussés par le vent du midi ils côtoyèrent jusqu’à Pouzzoles. Ils y débarquèrent ; il y avait là des chrétiens chez lesquels ils demeurèrent sept jours. En continuant leur route par terre, aux Trois-Tavernes, et au marché d'Appius ils trouvèrent des frères venus à leur rencontre. Paul , les voyant, rendit grâce à Dieu et prit courage. | Parvenus à Rome , Julius remit Paul entre les mains du préfet du prétoire, qui permit à l’apôtredejouir dela custodia militaris liberior, c'est-à-dire qu'il put demeurer dans sa propre maison sous la garde d’un soldat. Trois jours après , Paul convoqua les principaux Juifs et leur exposa avec habileté par quelle suite de circonstances il se trou- vait ainsi accusé devant Néron. Is lui répondirent qu'ils n'avaient reçu aucun rapport défavorable à son sujet et qu'ils désiraient l'entendre parler de la nouvelle secte (1), ils convinrent d’un jour. Ce jour venu, il leur expliqua du matin au soir par divers témoignages le royaume de Dieu et la venue de Jésus. Les uns furent persuadés et les äutres non, et comme ils contestaient beaucoup entr'eux , l’apôtre les congé- dia avec des paroles sévères. Paul demeura deux ans dans une mai- son qu'il avait louée, annonçant sans empéchement la bonne nouvelle du salut par Jésus-Christ à tous ceux qui voulaient venir. (Act. XXI. 17. XXVIIL. 51.) L'Évangile se répandit à Rome et pénétra jusques dans le prétoire. Dans le palais de l'empereur, Junie, selon quelques uns concubine de ocre me ee Re SO (4) Néander observe judicieusement que l'ignorance des Juifs sur les Chrétiens n’était pas absolue, — 139 — à Néron et plusieurs autres personnes se convertirent. Les Juifs n'osè- rent poursuivre Paul jusqu'au tribunal de César, ce qui améliora son affaire. . L'apôtre des Gentils avait d’abord espéré la délivrance, puis il pensa que le martyre lui était réservé (Philip. IL. 17), néanmoins 1l ne perdit pas tout espoir. (Philip. I. 26 ; III. 24.) et continua de communiquer avec les Églises. Les Philippiens lui envoyèrent le fruit d’une col- lecte par Epaphrodite , sans qu'il l'eut demandé. Epaphrodite était tombé malade à Rome (Philip. L. 7. 13 ; IV. 48; III. 25. 28.), mais étant revenu à la santé et repartant pour la Macédoine , Paul le chargea en son nom et en celui de Timotnée d’une lettre pour son église ; c'était en 63. Ne pouvant travailler à cause de son emprison- nement , il attendait les secours qu'il ne voulait tenir que d’eux ; son intention en leur écrivant, fut de les confirmer dans la foi et les prémunir contre les docteurs judaïsants. Il écrivit ensuite à peu d'in- tervalle aux Ephésiens et aux Colossiens. Ces deux épîtres ont le même sujet, la même forme et souvent la même expression. Celle aux Ephésiens fut peut-être portée par Tychique, celle aux Colossiens peut- être par Epaphras. Elles ont pour but d'exposer la nécessité de la foi pour le salut, d'encourager aux bonnes œuvres et de prémunir les âmes contre la fausse philosophie. Tout espoir de salut y est fondé sur Christ, seul parfait. Paul n’était jamais allé dans l'église de Golosses ; mais elle avait été évangélisée par ses disciples. Il écrivit aussi à peu près en même temps à Philémon, fidèle de l’église de Golosse, pour lui recommander Onésime , son ancien esclave. À ce moment il éspérait davantage en sa délivrance (Philip. 22.); cet espoir fut réalisé. Après un interrogatoire public il fut mis en liberté (1). (4) La fin de cette captivité offre quelque chose d'obscur. Tâchons de l’éclaircir. 1.9 Les écrits canoniques ne renferment aucun détail précis sur ce fait, néanmoins de l’ensemble des circonstances que présente l’épître aux Hébreux et des trois épitres pastorales, on peut conclure avec raison que Paul a été mis en liberté (voy. 2€ partie); 2.0 L’apôtre aurait été absous par Félix sans son avarice, par Festus sans sa com- plaisance pour les Juifs (Act. XXIV.28. XXV. 9), et l'appel à César (Act. XX VI. 32.) L'accusation ne pouvait paraître grave à Néron, et Paul, comme citoyen romain, QUATRIÈME MISSION. Une fois libre (4). Paul écrivit de Rome ou d’un autre endroit d'Ita- lie, un traité sous forme épistolaire aux Juifs de Palestine. Get écrit nous a été conservé sous le nom d'épître aux Hébreux. C’est un beau complément à l'épitre aux Romains et à celle aux Galates. Paul avait appris la persécution dont l’église de Judée, avait été l'objet et les attaques des faux docteurs qui avaient des tendances Ebionitiques. Il écrivit à la fois pour réfuter les docteurs , pour prouver la nécessité de la foi et pour montrer l'insuffisance du sacerdoce lévitique. De Rome (2) nous pensons que Paul passa en Crète avec Timothée devait être mieux écouté que les Juifs. Ces deux causes durent contribuer en sa faveur; enfin, la manière dont on le traitait à Rome indique une liberté prochaine plutôt qu’une mort imminente ; 3.9 Luc termine son récit par ces mots : « Paul demeura deux ans entiers dans une maison à lui; » etsi, à cette époque, Paul eut subi le martyre, Luc n’eüt pas manqué de le raconter en finissant son livre ; 4.° La tradition au IL. siècle est unanime sur les deux captivités ; au IL. siècle , Jérome dit qu'après une captivité de deux ans avant la persécution de Néron , Paulus a Nerone dimissus est. Eusèbe rapporte une tradition à laquelle il croit et qui établit deux captivités devrepoy d'éribavru rn aura role. H.E. II. 22. Le canon dit de Muratori et la déclaration de Caïus, prêtre à Rome, confirment le témoignage de ce siècle. Eusèbe HE. IL. 25. Au IL siècle , Clément de Rome ad Corint. V dit que Paul prêcha aux extrémités de l'Occident Tex Tns docemws. Par rapport à l'Italie, Clément habitant Rome , l'Occident est l'Espagne , que Paul n’a pu visiter avant sa première captivité. Donc il y a eu à son opinion deux captivités. En conséquence, la tradition admet une fin heureuse à la première captivité ; nous concluons de tout ce qui précède que l'emprisonnement à Rome dont nous venons de rapporter l’histoire , s’est terminée par l'élargissement de l’apôtre. Néander croït que la captivité finit de 62 à 63. (4) Quelques traditions disent qu'il fut banni de Rome. (2) Voici divers itinéraires proposés : 4.0 Crète , Judée , Syrie, Gilicie, Colosses, Ephèse, Macédoine, Grèce, Nicopolis, Crète, Corinthe, Rome ; — 2.0 Crète, Judée, Asie-Mineure , Colosses , Ephèse, Macédoine , Nicopolis , Troas , Milet, Corinthe, Rome ; — 3.° Ephèse, Macédoine, Crète, Nicopolis, Espagne, Rome ; — 4.0 Asie- Mineure, Macédoine, Crète, Nicopolis, Ephèse, Espagne, Rome. — Celui que nous adoptons est : Crète, Judée, Syrie, Cilicie, Colosses, Ephèse, Macédoine , Grèce, Nicopolis, Froas , Milet , Corinthe , Espagne et Rome, L'ordre, du reste, est hypo- thétique chez les uns comme chez les autres , aucun document authentique ne fixe la suite des faits indiqués dans les épitres de Paul. Ë = En 2 et Tite, et laissa ce dernier dans l'îleaprès y avoir séjourné quelque temps (Tit. 1.5); delà ilalla en Judée dontil parcourut les églises ; ilvoyagea ensuite en Syrie, en Cilicie, par l'Asie-Mineure. Il demeura à Colosses dans un logement préparé par Philémon et à Ephèse où il se sépara à regret de Timothée qu'il laissa à la tête de l'église ; (LE Tim. I. 17,) delà il fut en Macédoine où il demeura assez longtemps probable- ment à Philippes (Philip. L 26; IL. 24; Tite LIL. 12) ; de cet endroit il écrivit sa première lettre à Timothée pour l’instruire dans les de- voirs de sa charge à Ephèse et le prémunir contre les hérétiques (1). De Macédoine nous pensons qu'il écrivit aussi à Tite. Cette seconde lettre a le même but, les mêmes idées et souvent la même forme que la précédente (2) ; il trace dans l’une et dans l’autre un plan de con- duite pour l’organisation de l’église et ses recommandations contre les judaïsants. Paul fut en Grèce , puis se rendit à Nicopolis en Epire où il passa l'hiver de 64, (selon Horne). Tite vint probablement l'y joindre sur sa demande. (3) De Nicopolis, l'apôtre passa en Asie Mineure, à Troas ; il demeura un certain temps chez Garpus, homme distingué, y laissa son manteau, ses livres et ses parchemins (IL. Tim. IV. 43.) ; il vint aussi à Milet (I. Tim, IV. 20.)où Trophime tomba malade, peut-être aussi à Ephèse (IL. Tim. IV. 14. 46.) de là il revint à Corinthe (II. Tim. IV. 20), y laissa Eraste et, selon la tradition qui nous paraît assez importante sur ce point, passa en Espagne, puis rentra à Rome. Il était alors accompagné de Luc, Tite, Crescens, Demas et de quelques autres. La persécution de Néron sévissait contreles Chrétiens d'une manière inouïe ; l’apôtre fut pris et détenu dans une prison plus étroite que lors de la premicre captivité. Il fut traité comme un malfaiteur. Ses (4) I parle comme s’il connaissait bien les faux docteurs, ce qu’il n'aurait pu faire dans le séjour précédent, parce que cette tendance hérétique n'avait pas encore germé. (2) Ces deux lettres ont dû être écrites en même temps, et exe Tite III. 43. montre que Paul n’était pas à Nicopolis , comme on l’a dit. (3) De Nicopolis , Paul aurait passé à Corinthe , selon Michaelis IV, 37. — 142 — compagnons, sauf le fidèle Luc, l’abandonnèrent en ce moment eriti- que ; Tite fut en Dalmatie , Crescens en Galatie, Demas à Thessa- lonique (IL. Tim, IV. 40) ; il envoya lui-même Tychique à Ephèse (II. Tim. IV. 12.) Cette fois le martyre lui apparut comme imminent et il n'eut plus d'espoir de délivrance. On lui laissa néanmoins une certaine liberté ; il avait la compagnie de Luc et d'Onésiphore, il espérait celle de Timothée et de Marc. Il put écrire encore comme son testament apostolique dans la 2.° épître à Timothée. Il se défendit une première fois seul en public, peut-être devant Néron ; il échappa pour cette iois au supplice des bêtes (IE. Tim. I. 16. 17.) mais ce ne fut qu'un instant de répit qui ne trompa en aucune façon les pressenti- ments de l'apôtre. Après avoir écrit à Timothée ses derniers conseils etla confession de sa foi inébranlable devant une mort prochaine, il fut condamné ainsi que Pierre à perdre la vie. Son titre de citoyen romain lui épargna le honteux et douloureux supphce de la croix ; il fut décapité, (1) pendant une des dernières années de Néron ; nous ne savons pas d'une manière positive quand , mais selon la tradition ce fut le 29 juin 66 à Aquæ Silviæ à 3 milles de Rome. Il fut ensuite, d’a- près cette même tradition, enterré dans la Via Ostensis. Nous ne sa— vons ce que devint Luc. Marc passa en Egypte (2). (1) La date de la mort varie entre les années 64 Schmidt , Schott, Schroeder; 65 Eichorn , Vogel; 66 Calmet ; 67 Bengel , Usher , Hug , Olshausen , Coquerel ; 68 Eusèbe, Steiger. (2) Il nous faut rappeler quelques faits , dont la date incertaine ne nous a pas permis de faire mention dans notre récit. Paul subit cinq fois le supplice juif des 39 coups de fouet. IL. Cor. XI. 24. (Les Juifs n’osaient pas arriver au nombre de 40 défendu par la loi. Deut. XXV. 3), trois fois le supplice romain des verges. Il essuya trois naufrages et fut un jour et une nuit en danger de mort sur mer. Écrits de saint Paul. PREMIÈRE ÉPITRE AUX THESSALONICIENS. Authenticité. — Polycarpe , — Justin martyr, — Irénée, — Tertullien, — Clément d'Alex, — Caïus, — Origène, — les Marcionites citent la première épître aux Thessaloniciens. Tous les anciens l’ac- ceptent ; il est vrai que quelques modernes la repoussent ; mais nom- bre de critiques de poids confirment son authenticité. Les preuves in- ternes abondent, — signée de Paul — ordre de la lire en public (V. 27.) — allusion aux persécutions souffertes à Philippes (Act. XVI. 23 24; XVII. 12 etT. Thes. IL. 2. 17.) — Projet de retourner à Thessa- lonique depuis Corinthe (I. Thes. IT. 18, IL. 10. 11.) — Mission de Timothée à Thessalonique (IL. 1. 7. comp. act. XVII. 14. 15 ; XVIIL. 5). Langue. — Cette épitre a été incontestablement écrite en grec. Intégrité. — Notre texte est exact ; il fut altéré par Marcion selon Epiphane ad Haeres 42, mais nous n'avons pas sa leçon. Temps. — En 51 Michælis — 52. 53 Horne, Glaire. — 54 Hug. La mission de Timothée à Thessalonique fixe le temps, c'est après son premier voyage en Macédoine. Cette épitre est conséquemment la première en date. Lieu. — La souscription porte Athènes, mais elle est relativement moderne et fondée sur [ Thes. ITE. 1. En comparant aux actes, il de- vient évident que Timothée, collaborateur de cette lettre n’a rejoint Paul qu’à Gorinthe et de plus le séjour à Athènes ne paraît pas avoir été suffisanc pour aufre chose que pour l’évangélisation. Michælis , Horne, Hug, Paley, Glaire, Bost, etc. sont de cet avis. Titre. — Grotius prétend que cette épître doit être comptée la 2.€ et l'autre la 4.'2. mais c’est sans raisons historiques. Les manuscrits 2 ii = sont unanimes. Le permier verset et diverses allusions montrent bien que c'est aux Thessaloniciens que cette épître est adressée. État de l'Église. — Elle fut fondée par Paul en l’an 50 selon Horne, composée de Juifs surtout de païens convertis, visitée par Silas et Timothée (1. Thes. IL 6.), qui l'évangélisèrent et furent satis- faits de ses progrès spirituels. But. — Paul veut confirmer les Chrétiens de Thessalonique dans leur foi, de peur qu'ils ne se laissent détourner par les persécutions des Juifs incrédules. Les instruire dans certaines vérités , affermir la foi de ceux qui doutent, reprendre avec douceur ceux qui s’égarent , voilà les motifs de sa lettre. Occasion. — Elle tient au rapport favorable de Timothée qui arrivait de chez les Thessaloniciens et au désir de l’apôtre d'aller les revoir (1. Tim If,48; III. 40. 41). Contenu. — 1.° Indication de ceux qui écrivent ou inscription EL. IL.1.° Paul célèbre la grâce de Dieu envers les Thessaloniciens et leur rappelle l'introduction de l’évangile chez eux. IL. 2 ; — IL. 16. 2. 11 désire les revoir et prie pour eux. II. 47; — II, 3. L'exhortation à croître en sainteté IV. 1-8. et en amour frater- nel IV, 9-12. £. Contre le chagrin immodéré à cause de ceux qui sont morts dans la foi. Venue de Christ et jugement IV. 43;—V. 11. JIL.° Instructions et conseils moraux V. 12-28. Style. — On peut signaler l'éloquence persuasive et insinuante des trois premiers chapitres et dans le cinquième des comparaisons aussi justes que frappantes. SECONDE ÉPITRE AUX THESSALONICIENS. Authenticité. — Citée par frénée — Clément d'Alexandrie. — Tertullien. — Origène, etc. les canons et les versions. Preuve interne.—Paul en appelle à un enseignement oralsurla venue — 145 — de Jésus-Christ , rectification des expressions de la première épître (E. Thes. IV. 17. 18; V.4; Il. Thes IL. 2.). Langue. — Grec. intégrité — Schmidt a soutenu l'interpolation de II. 1 — 12. qu'il attribue aux Montanistes. — Voici ses raisons : frénée et Tertullien sont les premiers à citer ce fragment dont l'épître peut se passer sans perdre son ensemble. La doctrine renfermée est en opposition avec celle de la première. Paul se plaint de faussaires, mais il ne pouvait à cette époque étre connu comme auteur épistolaire. Il ne cite pas la pre- mière dans la deuxième. Enfin la signature a été mise pour tromper. — Berthold a réfuté tous ces arguments. On peut répondre entr'autres choses : Si Paul eut cité la première, cela ne convaincrait pas Schmidt, puisqu'il nie la signature. Les opinions sur la venue de Christ au lieu de s'opposer se corrigent l'une l’autre. L'apôtre ne nie pas f’authen- ticité de la première. mais il attaque une fausse lettre ou sa lettre mal comprise. La signature est pour prémunir les lecteurs à l'avenir et non pour rejeter des contrefaçons déjà faites. Quant aux doctrines nouvelles , il serait étrange que Paul ne düt jamais dire que la même chose dans toutes ses lettres. Il y aurait, avec la suppression , une lacune dans le sens. Les citations de Tertullien et d’Irénée ne font que confirmer l'authenticité. Temps. -- Composée peu après la première. La conformité de sujet, les noms de Timothée et de Sylvain qui se lisent en tête mon- trent qu'elles se sont suivies de près, ainsi en 53 ou en 54. Lieu. — Nous pensons que c'est depuis Corinthe que Paul écrivit. Les souscriptions portent Rome , mais c'est inexact et sans preuves. D'après la version syriaque , elle aurait été portée de Laodicée de Pisidie par Tychique, mais cette opinion est sans défenseur. Titre. — Sauf Grotius, qui en fait la première à cause de la signa- ture, on en fait généralement la deuxième aux Thessaloniciens. État de l'Église. —— La lettre de Paul avait été mal comprise et 10 — 146 — les faux docteurs en avaient pris occasion pour attaquer les bases de la foi. But. — Analogue à celui de la première. Exhortation à la persévé- rance malgré les afflictions, à la vigilance vis-à-vis des faux docteurs qui leur représentent le jugement dernier comme prochain; il veut aussi réprimander fortement les oisifs. Occasion.— Nécessité pressante de rectifier les idées Chiliastes ame- nées par sa première letire et de se prémunir contre les faussaires par l'envoi de sa signature autographe. Contenu. — 1.9 Inscription. I. 4. 2. I.° 4. Paul rend grâces à Dieu et prie pour les Thessaloniciens, I. 3-12. 2. Rectification sur la prochaine venue de Christ etla doctrine de l'antichrist. Il. IIT.° Conseils parénétiques sur la prière IT. 1-5. Les désordres III. 6-16. IV.° Conclusion. IIL. 17. 18. Style. etc.— Ecrite comme la première au nom de Paul, Timothée et Sylvain ; quoique courte, elle n'en est pas moins belle. Description frappante de l'Homme de péché (antichrist). | ÉPÎTRE AUX GALATES. Authenticité.— Elle est bien établie par des citations de Clément Romain.— Hermas, — Ignace, — Polycarpe. Elle est déclarée anthen- tique par Irénée . — Clément d'Alexandrie, — Tertullien , — Caïus, Origène et les écrivains postérieurs. Reconnue par Marcion qui la place la première en date dans son Apostolicon. voy. Epiphane Hæres. 42. La preuve interne repose sur la signature de Paul, la conformité de sa doctrine et de son style. Langue. — Grec. Les Galates parlaient Grec. Intégrité.. — Généralement incontestée , même par les Marcio nites. — A4T — Temps. — En 56 (1). Elle a été écrite aux Galates anciennement comyne cela se voit par la remarque de leur hâte à saisir un nouvel évangile Gal. 1. 6. et par les troubles suscités par les judaïsants. Le contenu de l’épitre et son occasion servent à fixer la date, pour laquelle il y a plus de différence apparente que réelle entre les com- mentaleurs. On est assez d'accord sur l'époque ; mais le système de chronologie une fois fixé, le dates particulières en résultent forcément. Lieu.—Ya souscription porte Rome ; quoique soutenue par Jérome et Théodoret , nous la considérons comme d'une main ignorante, — Grégoire-le-Grand, L. Capel, Usher, Pearson, Witzius, Eichorn, Hug, Bertholdt, Glaire, Coquerel, etc. croient qu'elle fut écrite d'Ephèse , les anciens manuscrits latins le portaient. On peut encore remarquer que Chrysostome place cette épitre avant celle aux Romains et que les manuscrits de Clermont et de St.-Germain n'ont point de souscription. — Beausobre, Lardner, Benson , Fabricius la font écrire de Corin- the; Mill de Troas ; Bèze et Macknight d'Antioche. Nous pensons que les arguments les plus forts sont en faveur d’Ephèse. Titre. — Aux Galates. État de l'Église. — Prêché de bonneheure en Galatie par Paulqui visita deux fois ce troupeau l'an 50 (selon Hug, de Wette ,: Néander) (Act. XVI 6.) et l'an 54 ou 55. (Act. XVIIL. 23.), l'Évangile eut chez les Galates un prompt succès que l’apôtre consolida à son deuxième voyage. La plupart des Galates étaient des païens convertis (IV. 8. 10; V.4.),il y avait aussi des Juifs {V. 2; VI. 42. 143.) Paul les montre heureux , zélés , instruits par l'évangile et ayant reçu; le Sei- (1) Les opinions sont fort variées ; voici les principales : 49 Michaelis; — 48 Weingart ;— 51 L. Capel ; — 59 à 53 Beausobre, Rosenmüller, Horne, Clarke :— 53 Van Lil, Benson, Lardner ; — 54 Hottinger; — 55 Calmet;, — 56 , après le quatrième voyage à Jérusalem, À. Bost; — 57 Pearson, Hug ; — 56 ou 57 Glaire, Bertholdt, parce que Paul avait prêché deux fois aux Galates (Gal. IV. 13.); — 57 à 58 Eichorn ; — 58 Mill, Fabricius, Moldenhawer et Coquerel. Lightfoot veut que ce soit pendant la première captivité. con fps) et gneur (IV. 43. 44.148; V. 7; VIA; XI. 13. 45.16. 19.). Mais ils ne tardèrent pas à être détournés de la foi, soit par des Judaïsants, venus de Judée, soit par des Corinthiens (selon Grotius) ; en tout cas par des gens qui anéantissaient la spiritualité de l'Évangile et attaquaient l'autorité de Paul.(1) | But.—But voisin de celui de l’épitre aux Romains ; c’est un traité polémique sur les rapports de la loi et de l'évangile, dans lequel l'apô- tre désire rétablir son autorité à cause du Seigneur, détruire la vaine doctrine, enfin prouver la conformité de sa prédication avec celle des autres apôtres. Occasion. — Nécessité de réfuter les erreurs pernicieuses de l'église de Galatie avant de quitter l'Asie , d'autant plus que les nouveaux sectaires couraient les églises en le calomniant. Contenu. — I.° Introduction I. 4-5. IE.° Discussion— A. Paul défend sa doctrine et son autorité I. 6.— IL. 21. B. Discussion sur la circoncision et sur la loi, la justification par la foi en Christ. III. 4-18. la loi est donnée pour convaincre de péché, en éloigner et conduire à Christ. IT. 19-24. — Tel étant le but de la loi, les Chrétiens sont affranchis IIL.25-29. — Exemple de l'église juive IV. 4-7. — Faiblesse et folie des Galates qui, se soumettant à la loi, perdaient le bénéfice de la grâce IV. 8 — V. 9. UL.° Instructions variées sur la vie chrétienne et l'usage de la liberté chrétienne V. 40. — VI. 40. IV.° Conclusion sommaire de la discussion et bénédiction VI. 11-18. | Style, etc. — Cette épître fut écrite de la main même de Paul, on y remarque du tact et de l’habileté oratoire dans le choix d'un langage familier — le portrait des faux apôtres (I. 7. 9; IT. 4. etc. IV. 47; V. 1-12). l'apologie de sa doctrine. Le style est à la fois tendre et ardent. — (4) Les Galates avaient un naturel changeant à la manière des Français , avec les- quels ils avaient une commune origine. L'esprit de légalité judaïque pénétra parmi eux après la prédication de l’apôtre , etils ne tardèrent pas à en être imbus. — 149 — PREMIÈRE ÉPITRE AUX CORINTHIENS Authenticité. — Citations ou allusions dans Clément de Rome, Ignace et Polycarpe, 1° siècle.—Tatien, Irénée, Athénagore et Clément d'Alexandrie, 2° siècle. — Tertullien, Caïus, Origène au 3.6 siècle.— Preuve interne surabondante ; tout y montre qu'elle est de Paul. Langue. — On n'a jamais douté qu’elle ne fut écrite en grec. Intégrité. — Non contestée. Temps. — 56, c'est l'opinion de Mill , Paley , Michaelis, Horne, Witby, etc. — Paul écrit après avoir été à Corinthe (I. Cor. IT. L.); ilse proposait d'y retourner ([ Cor. IV. 19. comp. Act. XVIII. et XIX.) ; dans l'intervalle , il séjourna deux ans à Ephèse (comp. II. Cor. XVI. 19 ; XVIII 146 ; I. Cor. XVI. 8. 9 ; Act. XIX 10. 21; I. Cor. XVI, 9 ; Act. XIX. 9); il écrivit aux approches de Paques (1 Cor. V. 7.9 comp. XVI. 9). Hug et Coquerel la font écrire en 59, mais à tort. Lieu. — Ephèse. La souscription porte Philippes , mais elle ne se trouve , ni dans le manuscrit Alexandrin , ni dans celui de Clermont, ni dans celuideSt. Germain, etc. ; plusieursmanuscrits portent Ephèse; le texte I. Cor. XVI. 8. s’oppose formellement à ce que le lieu soit Philippes. Michælis pense que cette confusion est venu de l'interpré tation de depyouur X. 8 qui signifie : Wa route est par la Macédoine et non, je voyage actuellement en Macédoine. Le temps fixe le lieu et Paul salue de la part des églises d'Asie et au nom de Prisaille et d’Aquilas qui étaient à Ephèse. Titre. — Tous les manuscrits citent cette épître comme la pre- mière aux Corinthiens. I. Cor. I. 2. montre qu'elle s'adresse aux Corinthiens. I. Cor. V. 9. porte ces mots: EypuŸa puy èv ÿ irioro)ñ, on en a conclu que Paul avait écrit une précédente lettre aujourd’hui per- due ; de cet avis sont Calvin, Bèze , Grotus, Cappel, Witsius , Le- clerc, Heinsius, Mill, Wetstein, Beausobre, Doddridge, Scott, Michae- lis, Storr, Rosenmüller, Lightfoot, Louis de Dieu, Hug , Schleusner , etc. D'autres disent que ces mots se rapportent à l'épitre même : ce — 150 — sont Chrysostôme , Théodoret , etc. parmi les anciens ; Fabricius, Glassius , Calmet, Witby, Stosch, Lardner , Purver, Tomline, Middleton, Horne, etc. parmi les modernes. Une troisième opinion est que la lettre en question a été écrite ou du moinscommencée, mais non envoyée, à cause des informations de Stephanas, Fortunatus et Achaïque. Considérant que la première épître supposée n'est pas citée par les pères, qu'elle n'aurait existé que pour être perdue dans le 1 ef siècle, que le texte cité peut avoir en vue la lettre que nous possédons, nous gardons l'opinion commune que Paul n’a écrit que deux lettres aux Corinthiens, et par suite nous rejetons les deux autres hypothèses. État de l'Eglise. — Paul avait fondé l’église de Corinthe. Cette ville était d'un grand commerce, opulente, orgueilleuse et impure. La pro- stitution et toutes les impudicités y étaient en usage et même en hon- neur. L'apôtre précha aux Juifs et aux Grecs, et fit beaucoup dedisci- ples. Pendant l'absence de Paul , Apollos (1) et quelques adeptes de Pierre (ou Pierre lui-même) vinrent précher et se firent des partisans (2) Accoutumés aux sectes philosophiques, les Corinthiens virent une occa- sion d'en établir dans l'église, quelques uns se servirent à l'excès de cette doctrine que tout est pur pour les purs et ne se firent pas seru- pule de choses qui scandalisaient les faibles. Les désordres de leur ville leur firent fermer les yeux sur. ceux de leurs frères ; plusieurs s’adonnèrent aux procès, à la fausse philosophie. Quelques uns nièrent la résurrection (3); les riches se séparèrent des pauvres dans les-aga- pes, plusieurs tirèrent vanité de leurs charismes, les femmes voulurent (4) Apollos ævnp hoyros homme érudit , savant plutôt qu’orateur, avec quelque tendance gnostique. (2) Le parti de Christ dont il est parlé dans l'épître serait, selon Néander, com- posé de ceux qui rejetaient les apôtres et les traditions , appuyant leurs spéculations sur Christ seul. (3) Les Corinthiensne niaient pas positivement la résurrection, c’est le raison- nement qui les y poussait ; en tout cas Paul n’eut pas à combattre le sadducéisme , mais le matérialisme philosophique. prendre part aux prédications et y parurent sans voile ; il y avait des opinions erronées sur le célibat et le mariage. Stephanas, Fortunatus et Achaïcus avertirent Paul de tous ces travers. Ceux de la maison de Cloé en firent autant. (1. 11. 42; V. 4. 2.) Enfin l'église était troublée par un parti judaïsant (4) et par celui qui exagérait la liberté chré- tienne (Storr. Notæ Historicæ, epistolarum Pauli ad Corinthios inter- pretationes inservientes). But. — Paul paraît avoir un double but : 4.0 Combattre les schis- mes, (I Cor. I. 411. etc.), les scandales {V: VL.), l'idolâtrie (VIEIL. X.). les désordres du culte et des agapes (XI. 2-16 ; XIV.), la négation de la résurrection (XV. 12, etc.) ; 2.° Répondre aux questions des Gorinthiens (XVI. 47; VI. 4.) sur le mariage (VIL. 4. etc.) , les viandes sacrifiées (VIIT.) , les charismes (XII), la prédication (XIV), les collectes pour la Judée (XVI. 1. etc.) Occasion. — Ce fut la nécessité d'une réponse à la lettre envoyée par l’église de Corinthe (I. Cor. VIT. 1.) et l'envoi de Timothée pour relever l’église ([, Cor. IV. 17-19; Act. XIX, 21.). Contenu. — 1.° Introduction. I. 1-9. IL.° Corps de l'épitre. — À, 1° reproches contre les sectes L. 10,— IV. 21. 2.° reproches sur la conduite des disciples à l'égard de l'in- ceste V. 3.° sur leurs dispositions litigieuses VI, 1-9. 4.0 contre la fornication VI, 10-20. B. 1.0 réponses sur le mariage, VII—16;2.0les vierges VIL,25—38; 3.0surles veuves VII, 39, 40; 4.°sur les viandes sacrifiées, VIII —- XT, 2; 8.° sur la conduite des femmesXI,3-17; 6.°sur les agapes XI, 17-34. GC, 4.9 instructions sur les dons spirituels, XIF, — XIV; 2.0 sur la résurrection des morts, XV. IHE.° Conclusion. Ordre pour les aumônes, promesse de visite, der- nières recommandations, XVI. 1-—18, et salutations XVI, 19—24. (4) Le parti judaïsant de Corinthe était moins avance que celui de Galaue. — 152 — Style, etc. — Gette épître est adressée au nom de Paul et de Sos- thènes qui avait évangélisé Corinthe. Beautés littéraires nombreuses , noblesse de diction , reproches énergiques, apostrophes véhémentes, description de la charité, XIIT. la résurrection des corps, XV. etc. SECONDE ÉPITRE AUX CORINTHIENS. Authenticité. — Non contestée, citationsnombreuses, entre autres chez Polycarpe, Athénagore, Tertullien. Langue. — Grec. Intégrité. — Incontestée et incontestable quand on examine le contenu de l'épitre (voy. Disputatio de Altera Pauli ad Corinthios epis- tola Royaards). Temps. — Ecrite peu après la première ; on s’accorde à dire un an après, donc en 57. Selon Hug, 59, commela première ; selon Coquerel, 60 ; Bloch 78 ; Calmet comme nous 87. Lieu. — D'Ephèse. Paul vint à Troas, espérant y trouver Tite qui (Jui eut donné des indications sur l’état de l'église de Corinthe et sur l'effet de son épître (IT, Cor. Il, 12); ne l'y trouvant pas , il fut en Macédoine {v. 13) où il rencontra Tite (IT Cor. VII, 5. 6); de là, probablement de Philippes , comme le porte la souscription, il écrivit cette lettre (IT Cor. VIII, 1, 14; IX, 1,5.) Quelques manuscrits por- tent écrite de Troas ; mais cette assertion est contraire au conteru de l’épître ; nous n’approuvons pas Bloch qui veut que ce soit de Bérée. Titre. — La précédente étant regardée comme la première, celle- ciest sans contestation la seconde. Etat de l'Eglise. — La première épitre produisit divers effets sur l’église de Corinthe, plusieurs amendèrent leur conduite (II Cor. II, 5 — 11 ; VIT. 11), demandèrent avec larmes le retour de l’apôtre VIL, 7), le défendirent contre ses adversaires { VII. 7, 11) ; d'autres attaquèrent son ministère, tirant des arguments de son épitre, l’accu- _— 153 — sèrent de légèreté (II Gor. I, 48). d'orgueil, d'être méprisable (II Cor X, 10) et quoiqu'ils eussent accueilli Tite, ils tardèrent dans leur collecte pour les pauvres de Jérusalem. But. — Son but lui était fourni par l'effet de sa première lettre, Expliquer le retard de sa venue (Il Cor. I, 8 ; IT, 34), commenter ses ordres sur l’incestueux (Il, 5, 14), se défendre de l'accusation d'or- gueil spirituel (H1, Cor. FI ; IV, V), exciter les Corinthiens à une vie sainte, les exhorter à finir la collecte (VIT, IX), se défendre du mé- pris (X, XIIL.). ÿ Occasion. — L'occasion naquit de la venue de Title , de son des- sein d'aller à Corinthe (II. Cor. XIII, 1) et de la nécessité de hâter la collecte. Tite et deux frères, peut-être Luc, durent la porter (1). Contenu. —1.° Introduction I, 1, 2. IL.° Apologie de l’apôtre. Il se justifie en montrant la sincérité de son ministère [, 3-22,—son amour des Corinthiens 1, 23—VIT, 16,— iles exhorte à la libéralité VIT ; IX. — Il résume sa défense et établit son autorité X-XIIT, 40. IIE.° Conclusion XII. 41-13. Style, etc. — Ecrite au nom de Paul et de Timothée. On y voit une confiance remarquable dans sa cause ; c'est une belle apologie, pleine de comparaisons et d'antithèses ; on y remarque un tableau saisissant de ses persécutions, et de son amour ardent pour les Corin- thiens. ——————————————…—…—_—_——…—…—…—……—…_…—………—.—……—…—…————…—………—…— …—…——.—…——…—………—…—…—_—…_—_…_—…—_—_—…—…—…—…—……“—…—<…—“m0 (4) Difficulté chronologique. II Cor. XII. 18; XIII. 1. 2. parlent d’un troisième voyage ; or, il n’en avait fait qu'un (Act. XVII. 4). Grotius, Hammond et Paley conjecturent qu'il compte sa lettre comme une visite ; l’apôtre lui-même, disent-ils , l'envisage ainsi (1 Cor. V. 3). Cette manière de voir est trop recherchée pour être vraisemblable, Michaelis dit que Paul, à son retour de Crète , aurait visité Corinthe avant d'aller hiverner à Nicopolis. Cette visite n’est pas mentionnée dans les Actes, parce que le voyage lui-même ne l’est pas. Le troisième voyage eut lieu plus tard (I Tim. 1V. 20); cette opinion est plus simple, mais n’est qu'une conjecture. — 154 — ÉPITRE AUX ROMAINS. Authenticité. — Elle ost signée de Paul, appuyée par Irénée , Théophile d’Antioche, Clément d'Alex., Tertullien, Origène, etc. ; citée par Barnabas , Clément de Rome , Ignace, Polycarpe , l’épître des églises de Vienne et de Lyon, Marcion, les gnostiques du 2.° siècle. Elle se trouve dans la version syriaque et la Vetus Itala. Depuis lors tous les critiques l'admettent , sauf Evenson. Lanque. — Ecrite en grec selon tous les critiques , sauf Bolten et Bertholdt qui la supposent écrite en Araméen, et le père Hardouin, Salmeron et Bellarmin qui la prétendent écrite en latin. Paul écrivait en grec; la langue grecque était fort connue à Rome (voyez Suétone . Claude 4. Dialogue des orateurs 29. Juvénal satire 4, 185.) Le style est original, la tradition unanime ; au surplus, Griesbach , et Rosen- muller, ont amplement réfuté ces opinions excentriques. Intégrité. — L'intégrité des chapitres XV et XVI a été vivement contestée par Humann, Semler, Schott, Eichorn, etc. ; en opposition deces noms , on peut mettre ceux de De Wette, Néander , Credner, etc. ; aucun manuscrit de quelque valeur nerejette ces deux chapitres. Jérôme mentionne seulement quelques manuscrits qui retranchent XVI. 25-27 (comp. Eph. IL. 9); Wetstein cite un manuscrit latin qui ometces 3 versets. Les Marcionites retranchaient les versets 26 et 27 (Origène Epist. ad Rom. 16), mais leur opinion ne peut faire autorité; l'argument interne n’est pas plus fort. Tout ce qu’on peut dire, c’est que ces chapitres ont été probablement écrits en plusieurs fois, à cause des trois conclusions qu'ils renferment. Temps.—Variété de dates assignées : 55, Van Til; 57, Pearson, Mill, Fabricius, Reinneccius , Rosenmuller, Horne , Sardinoux ; 58, Lardner ; 60, Usher, Coquerel. Celle que nous adoptons est 58. Paul allait porter des aumônes de Macédoine et d’Achaïe à Jérusalem. (Rom. XV, 25, 26. Comp. Act. XX, XXII, XXIV, 417, 48; 1 Cor. XVI,14, 4; I Cor. VIII, 4,4; IX, 2.) Il avait le projet d'aller à — 155 — Rome et en Espagne (Rome I, 8, comp. Rom. XV, 23, 24; Act. XIX, 21.) Il avait évangélisé depuis Jérusalem jusqu'en Ilyrie( Rome XV, 19, comp. Act. XX, 2) ; pour la coïncidence des dates voir encore Rome XIV, 21, 23 et Act. XX, 4; Rom. XVI 3, 4, et Act. XVII, 2. Donc c'est au second voyage en Grèce. Lieu. — Il est déterminé par la solution précédente , c’est Corinthe où Paul passa trois mois ([Cor XVI, XVIL. Act. XX. 3.). Nouvelles preuves. Dans cette épitre il y fait mention de Priscilla et d'Aquilas (Act. XVIII, 19, 26. I Cor. XVI, 19. Rome XVI, 23), d'Eraste (II Tim. {V, 20, Acte XIX, 22), de Phoébé, diaconesse à Cenchrée tout près de Corinthe (Rom. XVI, 4. 2, Act. XVIII, 48); il y a des salu- tations d'Eraste et de Gaïus, fidèle de Corinthe. Titre. — Aux Romains selon les manuscrits. Etat de l'Église. — L'église de Rome avait deux éléments distincts les Judéo et les Ethno-chrétiens. Ces derniers prédominaient. La fondation de l’église dans la capitale du monde romain est obscure ; cette congrégation fut probablement formée : 4.°par des Juifs revenus de Jérusalem où ils avaient assisté à la première Pentecôte chrétienne (Act. 1.10); 2.0 par des Judéo-chrétiens dispersés après la mort d'Etienne (Act. VIII 4, 4); 3.° par des Juifs chassés à la 9° année du règne de Claude (1) et qui à leur retour auraient pu rapporter le Christianisme à Rome, comme Aquilas et Prisca ; 4.0 par des disciples de Paul tels que ceux qu'il cite, Rom. XVI. En tout cas Paul devait être pour quelque chose dans la formation de cette église, puisqu'il n’intervenait ——————_—_————— (4) Sur l'expulsion des Juifs, Suétone nous dit : Claude XXV. « Judaeos , im- pulsore Chresto assidue tumultantes , Roma expulsit ( Claudius à. » Chresto pourrait être une corruption populaire de Christo , car au dialogue qu’on joint d'ordinaire aux écrits de Lucien et qui est intitulé Philopatris ou le Catéchumène, Jésus est par déri- sion appelé Chrestos pour Christos (Chrestos pris dans le sens de simple, débonnaire). Ce fait donne une certaine probabilité à l'hypothèse de l'introduction du christianisne du temps de Claude. De plus ,le départ de Prisca et d’Aquilas, compris dans ce banissement, et leur adhésion antérieure au curistianisme, confirment cette suppcsition. — 156 — jamais dans le champ du travail des autres. L'église était florissante et les païens convertis nombreux (Rom. XV, 15, 16. ! Tim. V, 1.). But. — Paul écrivit en qualité d'apôtre des Gentils: son but est d'exposer aux Romains la foi en Christ crucifié comme seul moyen de salut et non spécialement pour mettre l'accord entre les Judéo et les Pagano-chrétiens. Occasion. — Ge qui amena Paul à écrire fut son projet d'aller à Rome et le désir de préparer son ministère par une lettre comme gage de sa foi et introduction à son œuvre d'évangéliste. Contenu. — 1.0 Préambule. Salutation I, 1-7. Introduction 1, 8—15. Indication du sujet [, 16, 47. IL.° Dogme. À. Les Juifs et les païens sont les unset les autres dans le péché I, 48. 1.0 La condamnation divine est pour ceux qui connaissant la volonté de Dieu, la méprisent et péchent contre elle. 18. Les païens connaissent la volonté du Seigneur, mais en partie par leur idolâtrie, en partie par leurs autres vices, ils péchent contre elle, et c’est pourquoi la colère du Seigneur les punit [, 19-32. Les Juifs quoique connaissant une plus grande part de vérité que les païens, ce- pendant péchent comme eux If, 1—16.En conséquence les Juifs seront punis davantage que les païens IT, 17-29. 2.0 Réponse aux objections, a) les Juifs sont bien fondés dans la connaissance et par l'étude de la loi, mais si cette connaissance suffisait, Dieu ne condamnerait pas davan- tage les païens qui ont la religion naturelle IT, 18-16, b), les Juifs sont circoncis, mais ceci est un témoignage de leur alliance avec Dieu, qui ne peut sauver les violateurs de l'alliance Il. 25-29, c.) Les Juifs n’au- raient donc pas d'avantage sur les païens, dira-t-on : certainement ils en ont, car à eux sont confiés les oracles de Dieu; mais leurs privilé- ges ne vont pas jusqu’à fermer les yeux à la Justice divine, II, 4-8, d); ils ont la loi et le sacrifice, mais ces choses produisent la connais- sance du péché et non la rémission, II. 9-19 ; donc les païens et les Juifs ont également besoin du salut par Christ. , IT, 20. B. Nouvelle voie desalut; la foi justifiante et sanctifiante III, 24-30. Ses germes dans l'Ancien Testament. Abraham plut à Dieu par sa foi —— 157 — IV, 1-25: ce moyen a été mis en évidence par l'amour de Jésus- Christ V. 4-11. C. Harmonie de ce moyen de salut avec la nature humaine. Le péché est venu par Adam, le salut par Christ. La loi rend le péché plus sérieux, la grâce plus puissante, V, 12 — VI, 1. Tout chrétien doit renoncer au péché VI, 4 — VIT, 6. D. Progrès de la conversion dans l'homme , vie intérieure de la grâce VI, 7 — VIII, 17, perfection croissante de la création dans son ensemble VIII, 18-29. E. Participation des Juifs au Christianisme , doctrine de l'élection IX, 4-29. Gbstacles à la conversion des Juifs IX, 30 — X, 11, conversion finale des Israëlites X, 12—XI. 32. Doxologie XI, 33-36. IE1.° Morale. Nécessité de se dévouer à Dieu XIT, 4-8, Amour chré- tien et charité XII, 9-21. Obéissance aux autorités XIIT, 1-7. Amour mutuel XIII, 8—X1iV, 14. Devoirs envers les faibles XIV, 18-XV, 14. IV.° Epilogue. Paul donne des nouvelles de sa personne et recom- mande Phoébé XV, 15 — XVI, 2. Salutations et vœux XVI, 3-27. Style, etc— Cette lettre divine a été écrite sous la dictée de Paul par Tertius.\ L'épitre aux Romains excite un concert d’admiration de la part des chrétiens. Chrysostôme la nomme clé d'or de l'évan- gile; Augustin, un modèle d’éloquence dans le genre modéré; Erasme, le chef-d'œuvre de St.-Paul ; Grotius y retrouve le style accompli d'Isocrate; avec Clshausen nous pouvons dire qu'elle a été la base de tous les développements dogmatiques dans l'église d'Occident. ÉPITRE AUX PHILIPPIENS. Authenticité. — Elle a en sa faveur: Ignace, Polycarpe, frenée, Tertullien, Clément d’Alex., Origène, Cyprien, qui la citent directe- ment ou indirectement. Polycarpe emploie le pluriel, mais on n'en peut conclure qu'il veuille faire mention de plusieurs lettres ; car le grec emploie souvent le pluriel pour le singulier, quand il s’agit de lettres. — 158 — Les anciens canons, le recueil de Marcion , enfin les caractères internes d'originalité et les allusions établissent solidement l'authenticité (1). Langue. — Grec sans contestation. Fntégrité. — Reconnue. Grotius croit que les chapitres II et IV sont une addition , mais de la main même de Paul. Heinrichs y voit deux épîtres réunies, la première composée des deux premiers chapitres , adressée à toute l’église, la seconde au clergéou à ses amis. Paulus est de cet avis, mais termine la deuxième épitre à IV, 9. Le reste du chapitre serait joint à la première partie. Krause est de l’avis de Grotius ; ces hypothèses sont sans fondement. ro hoërov est bien plutôt une transition qu'autre chose (Bretschneider , Griesbach et Bertholdt) et yaœepeey qui se trouve IV, 4 (comp. IV, 10), veué dire : réjouissez-vous et non : adieu. Temps. — 63. Des paroles de Paul on peut conclure que c'est pendant sa captivité ([. 7. 13; IV, 22.) Nous voyons par II. 25. 26. que les Philippiens avaient envoyé Epaphrodite à Rome auprès de Paul, que le premier avait été très malade, que la nouvelle de sa maladie était parvenue à Philippes, qu'Epaphrodite avait eu du chagrin de l'inquiétude qu'il avait causée, ce qui suppose au moins trois com- munications avec Philppes depuis que Paul était à Rome, parconséquent un temps assez long , ce qui fixe l’époque vers la fin de la captivité (Cellérier.). Lieu — Rome. Paul fait mention de ses liens, des conversions opé- rées jusques dans le palais de l'empereur ; il envoie les salutations de la maison de César. Les souscriptions portent Rome. — En 1731 Oeder soutint Corinthe, et il fut réfuté par Wolf; en 1799 Paulus dit Césarée, il fut combattu avec succès par Heinrichs. L'une et l’autre opinion furent discutées et renversées par Bertholdt. Titre. — Aux Philippiens. (4) Commentaires de M.'-A. Rilliet, Usteri, Storr, Steiger, Néander (Commen- taire pratique traduit par E. de Pressensé), — 159 — Etat de l'Eglise. — Première église chrétienne fondée en Europe par Paul, l'an 30 (Horne), église aimée tout spécialement de l'apôtre. Troupeau petit, mais très-généreux, contribuant par ses dons à l’é- vangélisation apostolique en Macédoine , à Thessalonique , à Rome, Luc et Timothée évangélisèrent Philippes après Paul et l'église s'agran- dit. On a remarqué qu'à Philippes se trouvaient réunis les cultes les plus divers : paganisme macédonien , grec, romain et asia- tique ; mystères de Samothrace, assemblée juive et église chrétienne. But. — Le but de Paul est de confirmer les Philippiens dans la foi, de les prémunir contre les Judaïsants et de témoigner sa recon- naissance pour leur libéralité chrétienne. Occasion. — Ce fut le départ d'Epaphrodite, un de leurs anciens par qui Paul l’envoya, qui occasionna son épitre et aussi le besoin de secours en argent qu'il ne voulait recevoir que de cette église dévouée (étant prisonnier il ne pouvait travailler). Contenu.— 1. Introduction I. 4. 2. IL. a.) Sa reconnaissance envers Dieu I. 3-14. Ses souffrances ne sont pas des obstacles à l'évangélisation, I. 12-20. b.) Exhortations à une conduite chrétienne ; exemple de Jésus-Christ 1.21 — II. 17. Promesse d'envoyer Timothée et Epaphrodite 18-20. c,) Il prémunit ses lecteurs contre les Judaïsants II —- IV. 1. d.) Exhortations IV. 2-9. e.) Il se défend de desseins mercenaires, car il sait s’accommoder - de toute situation IV. 10—18. III. Salutation de sa part et de celle des amis de Rome. Bénédiction IV. 21—23. Style, ete. — Ecrite au nom de Paul et de Timothée. Style animé, affectueux, agréable, coulant et aisé. Plein de confiance dansses amis, il leur épargne toute censure. ÉPITRE AUX ÉPHÉSIENS. Authenticité. — Elle est généralement admise comme étant de — 160 — Paul. Citée comme de lui par — Ignace, 7 allusions. — Polycarpe, allusion. — [rénée, citation avec le nom de Paul. — Clément d’Alex- andrie , T'ertullien , Origène , etc. admettent son authenticité sans contradiction. Quelques modernes l'ont contestée , s’appuyant sur le style de l'épitre et sur ce qu'elle paraît combattre les gnostiques, qui n'avaient pas encore paru du temps de Paul. La difficulté du style vient de la nature du sujet ; ce n'est pas un rhéteur qui parle, mais un homme inspiré. Le sort de cette épiître est intimément lié à celui de l’épitre aux Colossiens ; l’une et l'autre ont même objet , même doctrine , mêmes arguments , même messager ; elles sont contempo- raines. Comp. Eph. I. 22 ; IV. 15 ; XI. 45. et Colos I. 18 ; 1.19; ET. 40. 44. — Eph. IT; 14; 16. 20, et Col. I. 14 ; L. 48. XI. 7. Conformité frappante entre Eph. 7.1 20. Colos. I.44. 20.—Eph. V. 2, Cols. I. 25. — Eph. V. 19. Col. IL. 16. — Eph. VI 29. Col. IV. 8. — Eph. I. 19. IL. 8. Col. IL. 12. 13. — Eph. IV. 2. #4. 46. 32. Col. IE 9. 410.— Eph. IV. 22. 24. Col. III. 9. 40. — Eph. V. 6, 8. Col. IE 6. 8. — Eph. V. 15. 16. Col. IV. 5. — Eph. VI. 19. 20. Col IV. 3. 4. — Eph. V, 22. VI 1. 9. Col. TEL. 48. IV. 4. — Eph. IV. 24. 25. Col. EI. 9. 10. — Eph. V. 28. 22. Col. III. 17. 18. etc. Cette concordance dans le fond et la forme suppose le même auteur, et toucher à l’une, c’est les renverser toutes deux ; pareillement en établir une, c'est les établir l'une et l’autre. Or, l’épi- tre aux Colossiens sera fixée en son temps ; dureste , les preuves ex- ternes que nous avons fournies sont dirimantes. La différence du style ne peut les détruire. Quant aux gnostiques , il n’est nullement prouvé que les germes de cette philosope ne soient pas contemporains de Paul et puis il est hasardeux de vouloir prouver que Paul a com- battu les gnostiques proprement dits, il s’agit bien plutôt de Juifs phi- losophants et adonnés à la magie: or c’est là une tendance très-ancienne chez cette nation, puisqu'elle commence en quelque sorte à la captivité. Langue. — La rudesse du style nous semble un caractère interne qui s'ajoute à la tradition pour attester que l'original fut grec. — 161 — Intégrité. — Notre texte est intègre , mais Marcion le falsifia et l'interpola, ce dont il fut repris par Tertullien. Temps. — En 64. On le conclut des allusions à l'emprisonnement de l’apôtre (II. 4 ; IV. 1 ; VI. 18. 20. ëv &üoa comp. Act. XXVIIL. 16. 20. Tv &huary TaûTny repiremuat) ; l'analogie frappante réside surtout dans le singulier, employé seulement pour l’espècede détention que Paul subissait à Rome {ailleurs Act. XXVI. 29. c'est œopoi, fers; aux mains et aux pieds, ou Act. XIL. 6 , œivse, lié de chaînes entre deux soldats.) Paul avait l'espoir de voir finir sa captivité {VI. 49.); donc, c'est à la première captivité, peu après son arrivée (1). — Comme argument , on peut encore présenter que cette épître doit être du même temps que celle aux Colossiens. Lieu. — Le temps fixé , lelieu ne peut être que Rome. Les sous- criptions sont unanimes sur ce point. Titre. — Sujet controversé. Grotius, Mill, Wetstein , Vitringa, Venema , Benson, Paley, etc. disent que le titre ordinaire n'est pas exact et que l'Epitre fut adres- sée aux Laodicéens. Cette opinion s'appuie : 1.° Sur Marcion qui l’affirme. Son témoignage , dit-on , n'est pas contestable sur un point semblable qui ne touche pas à la doctrine. 2.° Sur ce que Basile dit que les anciens manuscrits portaient Txuhos Tous wyuous Tous out xœt ruotouc ev X proto Incou. adv. Enom 2. Jérome. Comm. sur Eph. I, paraît dire la même chose; lemanuscrit du Vatican n'a Ephèse qu'à la marge (Hug. de antiquitate Cod. Vatic. 26.).3.° le contenu de l'épitre présente les formes que Paul emploie pour les Églises’qu'il n’a pas visi- tées, ce qui peut être le cas de Laodicée (Col IT. 1.) et non d'Ephèse où il a séjourné (I. Cor. XVI. 8; Il. Cor I. 8; I Tim. I. 3; I Tim. I. 48; Act. XVIIL 48; XX. 4; Eph. I. 15. 17.) 4.0 c'est d'elle qu'il est fait mention Col. IV. 46 ; en effet, il s’agit d’une lettre récente, cano- (4) En 61 selon Horne ; l’an 8 de Néron selon Théodoret, Grotius, Calmet, Mauduit, Glaire, Paley, Coquerel. 41 — 162 — nique, puisque Paul veut qu'on la communique aux. Églises et tout cela répond à la nôtre. Pour expliquer l'erreur des manuscrits, on remarque qu'un messager allant de Rome à Laodicée et passant à Ephèse, pouvait y communiquer la lettre; des copies faites alors pouvaient prendre le nom d'Ephèse sans peine, puisqu'il n'y avait qu'unnom à changer ou que l’épitren'en portait pas, et, dela métropole de l’Asie-Mineure passant à la chrétienté, l'erreur se serait multipliée. Michaelis , Hæœrlein, Hug , Usteri , Bengel , Cellérier , Olshausen , Harless, Steiger, gardent le titre reçu communément ; mais font de l'épitre une lettre encyclique pour toute l’Asie-Mineure. Cette hypothèse explique la généralité de l'épitre et le manque de traits spéciaux pour Ephèse. On peut objecter que l'encyclique devant aller aussi à Golosse y serait arrivée en même temps que la lettre particulière adressée à cette église, double emploi improbable ; mais l'hypothèse de la lettre adressée aux Laodicéens, communiquée à Colosse, présente la même difficulté. Macknight veut que l'épitre fût envoyée à Ephèse avec ordre d'en faire une copie pour Laodicée, et, s'adressant à un double audi- toire, Paul se serait abstenu de traits spéciaux sur Ephèse. Lardner , Calmet , Horne , Glaire, etc. se fondant sur la masse des manuscrits, anciennes versions et pères, lisent : ev Eyecw. Les preuves externes sont abondantes. Ignace dit aux Ephésiens que Paul leur a écrit. Irénée, Clément d'Alexandrie, Tertullien, Origène, Cyprien, la citent aussi franchement que possible ; comme preuve interne on pré- sente quelques allusions àla magie, à la philosophie et à l'impureté des Ephésiens. On remarque encore que Basile est choqué de l’ab- sence du mot ovcr, mais son observation ne porte pas sur & Egccw car il cite l’épitre sans hésitation. On fait aussi observer que le témoignage de Marcion est sans autorité. De bonne foi, les opinions intermédiaires ne sont que de pures hy- pothèses ; la première , celle qui dit aux Laodicéens , a pour elle les preuves internes; la seconde, celle qui dit aux Ephésiens,les preuves externes. Selon que l'on donne plus d'autorité auxunes qu’aux autres, on se décide pour la première ou pour la seconde. — 163 — Pour moi, je me range à l'opinion commune. Je crois jusqu'à plus ample examen que l'épître porte son vrai titre; je ne m'explique pas les difficultés internes et les considère comme des singularités. Quelques-uns, selon Calmet, veulent que ce soit une seconde épitre à cause de III. 3. ; mais ces mots s'appliquent parfaitement au chapi tre précédent (1). Etat de l'Eglise. — L'Eglise d'Ephèse fut fondée par Paul environ en 54 (Horne), d'abord parmi les Juifs à son premier voyage, et sur- tout parmi les païens à son second ; il resta chez eux jusqu’en 56, {Horne), et obtint de leur zèle la destruction de leurs livres de magie. Avec l'impureté et l'amour des vains raisonnements, la magie était un des vices du pays. (2) L'église était nombreuse et florissante. But.— Confirmer la pureté de la foi, maintenir les bonnesmœurs, prémunir les fidèles contre les philosophes, les magiciens, et les Juifs inconvertis, tel est le but de Saint-Paul. Il ne dispute pas, il explique, enseigne et encourage à persévérer dans la bonne voie qu'il a précé- demment enseignée. Occasion. — Paul ne précise dans sa lettre aucun incident qui puisse expliquer l’occasion, à moins que nousne considérions le dé- part de Tychique commela cause qui lui fit choisir ce moment; l'épître fut portée par ce Tychique. Contenu. — I.° Introduction. 4. 2. IL.° Doctrine. Louange à Dieu pour le bienfait de l'Evangile. I. 3 — 14. Prière pour les saints I. 45 — IL. 10. Misère antérieure, félicité présente. IT. 11 -— 22. Prière pour eux. HI. IIL.° Exhortation générale et dogmatique. Unité de l'Esprit et di- versité des dons IV. 4.-16. Différence entre leur premier et leur der- (1) L. Montet, In Epistolam Pauli ad Coloss. Introductio. Commentaires de Mélanchton et de Steiger. (2) Les Epecta ypapuuTæ, voyez aussi Aristophane, Lucien (Alexandre, l’Ane etc.), Apulée, etc. AGE de nier état IV. 17-24. Exhortation particulière et morale. Eviter le men- songe, la colère, le vol, etc. IV. 25 — V. 21. Devoirs des maris et des femmes V. 22 — 33. Enfants et parents VI. 1 — 4.Maîtres et servi-- teurs VI. 5 — 9. Exhortation finale à combattre le combat spirituel VI. 10 — 20. IV. Conclusion VI. 24. — 24. Style, etc. — Difficile à comprendre ; longues phrases composées de membres de phrases très courts, susceptibles de constructions dif- férentes , très animées du reste ; expressions fécondes et sublimes. ÉPITRE AUX COLOSSIENS. Authenticité. — Ignace, Ep. aux Smyrniens — Justin, martyr, cite Col. 115—Tertullien adv. Hæres cite II. 2— Clément d'Alex cite I. 9. 11, 25, 28. etc.—Irénée adv. Hær .cite IV.12—Origène contre Celse — Théophile à Autolicus—Marcion, la citent.—Eusèbe Hist. Eccl. la met dans les ouokoyouuevx. Bref, elle est universellement reconnue. — Preuve interne: le style , la méthode , sont de Paul ; analogies nom- breuses avec ses autres épîtres. — Elle a été contestée par Bauer et Mayeroff, refutés par Hulher, Baeher et Boehmer. Langue. — Grec. Bertholdt et Bolten prétendent qu'elle fut écrite en araméen et traduite en grec par Timothée. Bæœhmer les réfute. Il n’est pas prouvé que Timothée sût l'araméen!, et d'ailleurs les termes araméens sont dans les habitudes de Paul. Les chrétiens de Colosses savaient le grec. Intégrité. — Quoique altérée par Marcion,'commetoutes les épîtres, son intégrité est reconnue et réelle dans la limite des variantes sans importance que les copistes ont pu introduire. Temps. —- En 64. Paul parle deses liens, c’est la première capti- vité ; Timothée n'étant plus avec lui, c’est à la fin. Lardner, Calmet Glaire, Horne , etc. sont de cet avis. Lieu. — La souscription porte Rome, nous la maintenons. Pierre Lombard et Lanfranc après Grégoire-le-Grand ont soutenu que c'était — 165 — d'Ephèse que Paul avait écrit; Schulzius, de Césarée; mais Hutter les réfute en montrant que la mention des compagnons de Paul et l’allu- sion à la captivité prolongée ne peuvent se rapporter qu'à Rome. Titre. — Les manuscrits du Vatican, d'Alexandrie , d'Ephrem et beaucoup d’autres , les versions coptes , syriaques et slavonnes, Ori- gène , Grégoire de Nisse et quelques pères lisent sv Kokucawz, mais Kodoconvo , Kolooox qu'on trouve sur les monnaies de cette ville , montrent que nous avons le vrai nom. Ceci est encore confirmé par l'orthographe d'Hérodote, Xenophon, Pline etStrabon. Quelques auteurs latins et grecs se sont imaginé que l'épitre s'adressait aux Rhodiens , célèbres par leur Colosse ; mais cette opinion ne tient qu'à un jeu de mots. Malgré les efforts de Wetstein, Mill, Griesbach, Michaelis, et Bertholdtpour défendre Kokaoaa nous gardonsle titreaux Colossiens. Etat de l'Eglise. — Théodoret prétend qu'elle fut fondée par Paul. Schlutz et Niggers l'ont appuyé ; mais tous les autres critiques pensent que Paul n’est jamais allé à Colosse (voy. Col. IE. 4), ni à Laodicée. C'est probablement Epaphras selon Rosenmüller , ou Timothée selon Michaelis, ou quelques disciples d'Ephèse ou de Phrygie convertis par Paul qui fondèrent l'Église entre 57 et 63 (voyez Eichorn). Dans l'église de Colosses se glissèrent de faux docteurs d'une doctrine douteuse , amalgame de judéo et de pagano-chrétiens. Michaelis les dit des Esséniens ; Horne, un mélange d’Essénienset de gnostiques ; Clément d'Alex. et Tertullien, des Epicuriens ; Grotius , des Pythagoriciens; Heuman, des Platoniciens et desStoïciens; Eichorn et Schneckenburger , de faux apôtres juifs ; Herder, des Kabbalistes ; Néander , des gnostiques Cerinthiens ; Mosheim et Hug , des Théo- sophes orientaux. Credner attaque et ruine l'opinion que ce sont les Esséniens. Nous ne voulons rien décider dans cette mêlée d'opinions ; mais nous présumons que ces faux docteurs étaient imbus de divers systèmes que l’apôtre groupe avec raison sous le titre de faux amis de la sagesse. But. — A la fois didactique et polémique. Cette épitre réfute les doctrines philosophiques. Elle expose les devoirs chrétiens de la con- — 166 — naissance de l'Évangile, de la foi et dela charité. Ellefonde en Christ, seul parfait, tout espoir de salut pour l'homme. Occasion. — Des difficultés survenues dans l’église des Colossiens nécessitaient l'envoi d'Ephras et d'une lettre apostolique. Contenu. — 1.° Inscription et salutaton 1. 4. 2. IF.° L’apôtre rend grâce pour la foi et la charité des Colossiens I. 3 — 8. Il prie Dieu pour leur perfectionnement [. 8 —14. Dignité du chrétien [. 15—20. Leur réconciliation pourvu qu'’ilsdemeurent dans la foi 1. 21 —- 23. Il se réjouit d'avoir été appelé à la connaissance du mystère de la vérité I 24—29. Son attachement aux chrétiens de Co- losse et de Laodicée IL. 4 — 7. Il les exhorte à se détourner des faux docteurs II. 8— 15, à se dégager des lois cérémonielles sur le boire, le manger.etc. Il. 16—24 à s'attacher aux choses célestes. III. 1—4. TIL.° Morale. Avertissement sur l’incontinence, le mensonge, l'ava- rice, la charité, la piété IT. 5 — 117. sur les devoirs des maris etdes femmes, des pères et des enfants, des maîtres et des esclaves III. 18-— IV. 1, sur la sagesse des chrétiens en présence des inconvertis IV. 5. 6.Affaires privées IV. 7 — 17. . IV.° Salutation de la propre main de l’apôtre. IV. 48. : Style. — Nous avons déjà remarqué la parenté qui existe entre cette épitre et celle aux Ephésiens. Calvin appelle cette lettre : Thesaurum incomparabile. Grotius et Cocceïus ont fait remarquer à son occasion que les plus belles épitres de Paul sont celles qu'il a écrites en prison, ce qui rappelle eette parole : « quand je suis faible , c'est alors que je suis fort. » ÉPITRE A PHILÉMON: Authenticité. — Au temps de Jérome (Proemium in Ep. ad Phi- lemon), quelques personnes niaient que cette épitre fût de Paul comme n'étant pas digne du caractère apostolique , mais le traduc- teur de la vulgate leur répondait victorieusement. Tertullien , Caïus , Origène , les anciens auteurs cités par Eusèbe et les Pères — 167 — subséquents ont reconnu comme authentiqne l'épitre à Philémon. Marcion qui a si hardiment taillé dans l'œuvre de Saint-Paul, recon- nait celle-ci. Le soin d'un esclave n’est pas indigne de l'apôtre de Jésus. La mention de Timothée , de Marc, d'Aristarque , de Démas et de Luc concorde avec l’histoire. Le style est de Paul et elle est auto- graphe (V. 19). Langue. — Ecrite en grec. Intégrité.— Incontestée. Tertullien dit que les Marcionites mêmes l'ont respectée, peut-être à cause de sa brièveté. Temps.—D'après les versets 4. 10. 13 et 23, Paul était en prison, mais 1] avait l'espoir d'être rendu à la liberté (22) c'est donc probable- ment durant la première captivité l'an 62 ou 63 selon Horne etGlaire, 65 Hug, du même temps que l'épitre aux Golossiens (Comp. Philem. 40.12 et Col. VI 7. 9. Philémon 20 et Col. IV. 3; Philip I. 23, 24) L'une et l’autre sont écrites au nom de Timothée et portent des salu- tations des compagnonside Paul à Rome; Aristarque, Marc, Epaphras, Luc et Démas. Titre. — À Philémon. Etat du lecteur. — Fidèle de l'Église de Colosse en Phrygie , sa maison était un lieu de culte. Il avait de grandes obligations à Paul. Il était riche et généreux. Grotius, Beausobre, etc. en font un an- cien de l'Église ; la tradition, un évêque. But. — Présenter à Philémon les raisons pour pardonner à Oné- sime, régler à ce propos les rapports du maître à l'esclave et poser les bases d'une émancipation future. Occasion. — Onésime était esclave de Philémon, peut-être avait-il volé son maître. Il s'était enfui à Rome; repentant, il vint trouver Paul et en reçut le baptème. L’apôtre prisonnierle garda quelque temps à son servicé; énsuite Onésime voulut retourner à son maître, selon qu'il le devait, alors Paul lui donna comme lettre de recommandation celle que nous possédons. Contenu. — I.° Inscription 4. — 3. — 168 — I © Il rend grâces pour la générosité de Philémon 4.—7. Requête pour Onésime 8. — 21. IIL.° Il demande un logement. Salutations 22. — 25. Style. , etc. — Douceur , charité , onction remarquable , modèle d'éloquence d’une grande habileté dans le genre persuasif, selon Jérome, Chrysostôme et Erasme. Au nom de Paul et de Timothée, cette lettre fut écrite de la main même del’apôtre (Philém. 19). ÉPITRE AUX HÉBREUX. Authenticité. — Vivement contestée. — On a attribué cette épître à plusieurs auteurs: 1.° A Clément de Rome. -— Mais ce Père est auteur d'autres lettres et on n'a jamais songé à le mettre dans le canon. Son style est verbeux, tandis que celui de l’épitre aux Hébreux est énergique et noble. Enfin Clément a fait de larges emprunts à cette épître et la ma- nière dont il la cite ne permet pas de douter s’il copie , tandis que les morceaux transcrits ne paraissent nullement des pièces de rapport dans notre épitre et tiennent au contraire au nexe du discours. Comp. Héb. I, 3. 7. 13 à Clém. ad Cor. 36; Héb. IV. 42 à Clém. 21; Hébr. XI. 37 à Clém. 47 ; Hébr. II. 2 à Clém. 14 ; Hébr. IL. 5 à Clém. 14 ; Hébr. XI. 8 à Clém. 10 ; Hébr. XI. 31 à Clém. 12; Hébr. XI. 3 à Clém. 38 et 15 ; enfin Hébr. XII, 42 à Clém. 19. 2.9 À Luc. — Ily a plusieurs ressemblances de mots, mais non de style, et au moins autant de différence entre l'épitre et les écrits de Luc qu'entre celle-là et les lettres de Paul. L'éruditionjuive qu’on y voit ne peut venir d'un grec converti et les Pères qui ont mis ce nom en avant ne l'ont présenté que comme traducteur de l’œuvre originale de Paul. 3.° À Barnabas. — Tertullien est le seul à le penser et son témoi- gnage ne peut tenir contre tous ceux de l'Église grecque. Rien, ni dans la lettre, ni dans l’histoire de Barnabas ne peut appuyer cette hypo- thèse. Du reste, Barnabas ne nous est pas représenté comme un homme plus éloquent que Paul, bien au contraire ; et la remarque critique — 169 — faite le plus souvent sur cette lettre est qu’elle est trop bien écrite pour être de Paul. 4.9 À Marc. — Nous ne faisons que mentionner cette opinion ; elle n’a rien pour elle. 5.° À Tertullien. — Mais Tertullien lui-même l'attribue à Barnabas. 6.° À Apollos. — Luther et Bèze n'ont présenté cette opinion que sous forme dubitative et ils ont bien fait. Si ce chrétien était éloquent, instruit et digne d'une telle œuvre, il n'en est pas moins positif qu'au- cun témoignage externe ne l'établit et que l'argument interne est assez illusoire. 7.° À un Alexandrin. — Mais Panthène qui était catéchiste à Alexandrie et Clément d'Alexandrie son successeur, étaient bien placés pour connaître la littérature de leur ville et ils déclarent que l'épitre est de Paul. 8.° À un Marcionite. —J'ignore si quelqu'un dans les temps modernes a adopté cette opinion de Caïus et du fragment de Mura- tori ; s'il se trouvait, nous lui demanderions compte des témoignages les plus respectables qui s'y opposent. 9.° Olshausen pense, dit M. Bost, que c'est une église entière qui est l’auteur et que Paul n’a fait que l’apostiller. Voilà une idée bien singulière et peu conforme à la dignité apostolique. 10.° Hypolite et Irénée, selon Photius, estiment que cette lettre est d'un Paul différent de l’apôtre ; mais quel était ce Paul ? où et quand vivait-il ? Un homme de ce mérite serait donc resté dans l'oubli ? 414.° Enfin, on la dit composée par Paul , mais corrigée ou traduite par un autre tel que Luc, Clément, etc. Ceci n'est fondé sur aucune donnée historique et il serait assez étrange que Paul fit ainsi remanier ses ouvrages par des disciples. Nous avons écarté onze hypothèses et n’avons plus à examiner que la douzième, savoir : Paul est l’auteur de l’épitre aux Hébreux. Ceci au faitest la vraie question. Tâchons de la traiter à fond et présentons d’abord les objections. Objections externes. — 1.° On prétend qu'il y a une allusion à — 170 — cette épiître dans la 2.° de Pierre, mais celle-ci admise, et elle est con- testée, elle s'adresse aux Juifs dispersés, tandis que celle aux Hébreux regarde les Juifs de Palestine ; dès lors sur quoi porte l’allusion ? 2.° La tradition n’est pas unanime ; l'église latine des trois premiers siècles ne luiest pas favorable ; elle n'est citée ni dans la discus- sion avec les Novatiens, ni dans celle avec les Montanistes ; — Tertullien lui donne pour auteur Barnabas ; — le fragment , dit de Muratori (2.° siècle) l’attribue à la fraude d'un Alexandrin Marcionite — Caïus, prêtre de Rome (212), ne compte que 13 épîtres de Paul et attribue la présente aux Marcionites (Eusèbe Hist. Eccl. VI. 20) ; — Irénée et Hypolite ne l’attribuent pas à Paul ; — Eusèbe et Jérome résumant les opinions du passé, doutent et assurent que l'église romaine la rejette. Après le concile de Carthage on continue à douter de l’authenticité (voy. le commentaire de Primasius et Isidore de Séville). Depuis la réformation, Luther , Calvin , Erasme, de Bèze, Cameron , Scaliger , Grotius , Cajetan, Le Clerc, Schmidt , Lefèvre , Saumaise, Storr, Bodme, Sindorf, Bertholdt, etc., ont rejeté la Pauli- nité ou la canonicité de l’épitre aux Hébreux. Objections internes. — L'épitre est anonyme contre l'usage de Paul. — Style différent. — Présence de passages favorables aux Novatiens et aux Ariens. — L'auteur dit avoir recu la doctrine de Jésus de témoins oculaires : or Paul la tient directement de Jésus. — Il suppose que les premiers docteurs du christianisme sont morts (XII. 7), or, ils vivent encore. — Silence sur ses liens, ses travaux, la foi en Jésus, le salut gratuit, la résurrection, le jugement, qui sont des points fondamentaux dans les épîtres reconnues. Voiei maintenant ce qu’on peut dire tant pour détruire les objec- tions que pour étabhr l'authenticité de l’épitre. Il Pierre HI. 44. 16. Ge passage s'adresse aux sxiextor rupertompo diuoropas À Pier, [. 4. Gxoropa selon Schleusner est regio quam dispersi Judei inhabitant et par métonimie les Juifs eux-mêmes. La seconde épître leur est adressée (IL. Pierre IIL. 4). L'une et l’autre sont adressées aux Juifs seuls (IL. Pierre II. 12. IV.3. etc). L'épitre aux — AT — Hébreux est pareïllement adressée aux Juifs seuls, dispersés ou rési- dents peu importe ; ce qui regarde les uns regarde aussi les autres ; donc il est probable que c'est à notre épître que se rapporte II Pierre HT. 44. 16. L’exhortation de Pierre a pour matiere selon toute appa- rence. Hébr. IX. 27.28; X. 19 - 37 : XII. 4. 14. 16. 25. - 29. Arguments externes. —Les Pères grecs et orientaux sont una- nimes. Panthène, tout voisin des temps apostoliques, Eusèbe Hist. Eccl. VI. 44, — Clément d'Alex. Eus, H. E.IIT. 38 , — Origène qui en appelle aux premiers chrétiens ot &pyaor uvdpes, = Denys d'Alex. - Theognoste d'Alex. ,—Méthodius, —Pamphile de Césarée, —Archelaüs —Hieron Egyptien, — Eusébe de Césarée, —Athanase, —Adamantius, — Cyrille de Jérusalem, — Serapion, évêque d'Egypte , — Titus de Bostra, —Epiphane,— Bazile,— les deux Grégoire, —Amphiloque, — Diodore de Tarse, —Didyme d'Alex.,—-les constitutions apostoliques, — Théodore de Mopsueste, — Chrysostôme, — Maximien {arien), — Severus,— Victor, —CGyrille d’Alex.,— Theodoret, —Ephrem de Syrie, — le conale de Laodicée, — En occident : Hilaire de Poitiers, — Lucifer, — Victorin, — Ambroise, — Philastre, — Augustin, — Ruffin, — le concile d'Hippone, — le 3. de Carthage, — Chromace, — Innocent, — Paulin, —Cassien,—-Prosper, —Euscher, — Léon, et dès lors toutes les églises chrétiennes ont reconnu l’authen- ticité. Si la réforme a produit des adversaires, elle a fourni aussi des défenseurs nombreux et distingués comme: Braun, Carpsov,Spanheim, Lardner, Macknight, Moses Stuart, Wetstein , Rosenmüller , Bengel, Tomline, Horne, Cellérier, etc. Dans Eusèbe, le fameux passage Hist. Eccl. IE. 25 place l'épitre parmi les homologoumènes sous le nom de Paul, disant que les 14 épitres de Paul sont manifestes et bien connues xpodnhor rar cugeis. Jérome la reçoit tout en parlant des doutes des Pères latins. Les héré- tiques, montanistes, novatiens, sémi-pélagiens, nestoriens et les ariens. en premier lieu , l'acceptent. Il n’est pas certain qu'Irénée ait rejeté cette épitre, puisque Eusèbe nous apprend qu’il la citait dans un ouvrage qui est perdu et Photius — 172 — peut s'être appuyé sur le silence des autres livres pour dire qu'il ne l'admettait pas. Hypolite, quoique écrivain grec, était proba- blement en Italie. Donc l’église grecque peut être considérée comme unanime. Cette opinion est des plus anciennes , puisqu'elle commence à Panthène. Si on la rejetait en occident, c'était par des raisons dogma- tiques et non critiques ; quand l'opinion de l'orient entier fut connue à Rome, on l’adopta presque sans exception. Arguments internes, — C'est l'écrit d'un homme instruit dans la loi, tel était Paul (Hébr. XIII. 19. 24) ; d'un apôtre captifà Rome comme Paul (Hébr. XIII. 23. ; comp. II. Cor. I. 1 ; Col.L 41; I Thes. III. 2). On y remarque comme dans les écrits précédents une fervente hardiesse, un zèle brûlant pour Christ; l’idée de l'efficacité de la foi, une vue compréhensive du caractère et de l'office de Jésus-Christ et bien d’autres idées profondes rappellent parfaitement le génie inspiré de St.-Paul. Comme dans ses autres écrits, il y a deux divisions : doctrine (I à XI, excepté VI) et morale (XII et XIII). La deuxième partie renferme de nombreuses analogies avec les autres épitres, ainsi l’apôtre recommande ici comme ailleurs : le courage (Hébr. XIL. 31 ; comp. Gal. VI. 9 ; Eph. [IL 43), la paix et l'amour (Hébr. XIE. 44. 45 ; comp. I Cor. XIII. 4. 43 ; I Cor. XIII), l'hospi- talité (Hébr. XIII. 2 ; comp. Rom. XII-13). la chasteté (Hébr. XIII. & ; comp. Eph. V. 3.5), le contentement (Hébr. XIII. 5 ; comp- Eph. IV. (4), la prière pour lui (Hébr. XIII. 19; comp. Eph. VL. 19 ; Tim. V. 25). On retrouve dans l’ensemble de l’épitre plusieurs expressions carac- téristiques de Paul, ainsi #\npovouos ravrwy Hébr. I. 4 ; comp. Rom. VILL. 47. yapurrep Hébr. 1. 3 ; Col. I. 45, IT. 9. Suvweornxe Hébr. I. 3; Col. I. 47; Hébr I. 34. Eph. I. 20. etc, en tout vingt expressions spéciales. Il y a des hébraïsmes comme dans toutes les épîtres de Paul. L'apôtre sépare les prémices de la conclusion par un discours paré- — 173 — nétique comme Rom. Il. 43.46. V. 12. 18 ; Eph. IIL. 1. 13. Ainsi Hébr. VI. 6. Formes particulières de construction ro yvoroy Héb. XI. 7; XII 43. 24 ; comp. Rom. [. 19 ; I. 4.1 Cor. 25 ; — Hébr. VIT. 44. Comp. Bou VI 40. 1.24 47. NUL, à. Expressions usuelles varzos yæp ecte Hébr. V. 13. Comp. I. Cor. II. 4 ; Eph. Il. 44. zeïcior Hébr. V. 14. et 1 Cor. II. 6: Hébr.VI. 1. et Col. LIT. 14. Euvzec emicpsrn o Osos Hébr- VI. 3. Comp. Cor. XVI. 7. Sxuv roy pehovroy Hébr. X. 1 comp. Col. IT. 47 ; Hébr. X. 28. comp. Rom. I. 47 ; Héb. XII. comp, Rom. XV. 93; L.Ephes. V. 25 ; Hébr. XII. 22 comp. Gal. IV. 26 ; Hébr. IV. 2. comp. I. Thes. IT. 43. Il y a des mots communs à l’épitre aux Hé- breux et aux 13 reconnues, tels sont: GE OTUX. uEourne. dtabnun. *xTu0yew.aywv. Dent piéectur.oTOyetov. )eTouupyos . TAN pOYO LL. EvTUyyuve. adoxmor. GLOwS. GIÇEOUUL. WAUYOS. EX. 00)0VLA. UTOGTECL. VE pou e (Goncord. Nov. Test. de Schmidt). Si l'épître est anonyme, ce n'est pas sans raison; suivant Panthène, c'est par humilité; étant l'apôtre des païens,Paulne voulut pas prendre aussi le titre d’apôtre des Hébreux. Clément d’Alexandrie croit que c'est parce que Paul avait beaucoup d’ennemis en Judée et que par son nom, il craignait de discréditer la doctrine qu'il enseignait, et si la fin pouvait le faire reconnaître, l'effet état déjà produit. On peut dire encore avec Calmet que c'est par sagesse et modestie qu'il ne se mettait pas en avant en écrivant à une église encore dirigée par la plu- part des apôtres. Cette considération explique aussi pourquoi il ne donne aucune recommandation aux chefs de l'Eglise et ordonne au contraire d'avoir pour eux un profond respect et une grande obéissance. d’imiter leur foi et leur conduite. Enfin, ce n'est pas une lettre, mais un traité ; dès lors Paul ne sera pas astreint à suivre les mêmes formes que dans ses autres écrits. Quant à la différence du style, quoique bien réelle, elle n'est pas absolue et peut s'expliquer ; 4.° par la différence entre un traité et une lettre ; 2.° par le soin apporté näturellement à une œuvre des- — 174 — tinée à convaincre des gens prévenus, plus difficiles que les églises qu'il avait évangélisées ou avec lesquelles il soutenait des rapports ; 3.9 par la nature du sujet qui est fort élevé. Enfin les épitres aux Ephésiens, aux Colossiens, à Philémon, et les discours oraux du grand apôtre (Act. XVIF. 24. 31. XXIV. 10. XXVL. 4. 24.) nous ont appris que Paul était capable d'un beau langage et s’il s’est surpassé dans le traité aux Hébreux ce n'est pas une raison pour lui en contester la composition. Les passages qui paraissent favoriser l'hérésie ne l’autorisent pas au fond ; c'est un point queles critiques modernes ont cédé. Paul, dans cette épitre, semet au nombre de ceux qui ont recu ja doctrine de Jésus de témoins oculaires ; cela ne veut pas dire qu'il n'ait pas reçu aussi des révélations directes du Seigneur. Paul n'a pas vécu dans la compagnie de Jésus avant sa résurrection : est-il étonnant qu'il ait dû apprendre des miracles , des discours , bien des faits dela vie de Jésus par la bouche detémoins rencontrés à Antioche, à Jérusalem ou ailleurs? De plus il lui arrive fréquemment de se mettre à la place et du nombre de ceux auxquels il parle. Disons encore qu au lieu de démontrer son apostolat il lui était plus avan- ageux dele voiler. Quant au décès des premiers docteurs du christianisme (XIII. 7), Paul ne dit pas que tous fussent morts et l'on sat queEtienne, Jacques et probablement d'autres avaient disparu. A vouloir que tous fussent morts, on renverrait la composition de l'épitre au second siècle, après ja mort de Jean. Nous avons expliqué pourquoi Paul ne parle pas de lui-même, et s’il ne parle pas des sujets importants dont on signalel'absence, c’est qu'il avait autre chose à dire, et que ces éléments de la foi étaient connus de l’église de Jérusalem. On a encore dit contre l’authenticité qu'il y a dans le texte des es- pèces de jeux de mots (Héb. V. 8;[VIL. 3; XI. 37.) et que les citations sont tirées de la version des Septante (Hébr. IT. 7. 5. 19); mais les ren- contres de mots sont du goût des Hébreux et n'ont rien defrivole chez — 175 — eux. Les citations sont faites sur une version fort répandue, reconnus des Églises et citée dans d’autres écrits canoniques. Il est temps de clore cette discussion ; de tout ce qui précède nous concluons que l’épitre aux Hébreux est de l'apôtre Paul. Langue. — Nous avons donné à cette question une solution impli- cite en traitant de l'authenticité. À nos yeux l'original est grec ; mais tous les critiques n’ont pas pensé demême.Clément d'Alexandrie, Eutha- lius, Théodoret, Jérome et dans les temps modernes Bahrdt, Michaelis et plusieurs autres ont pensé que l'original était en hébreu, traduit plus tard en grec par Luc ou Barnabas ou Clément. Voici les raisonsqu'ils ont alléguées : 1.° Paul a dû écrire aux Hébreux dans leur langue: 2.0 Cette supposition explique l’éloquence et lestyle remarquable, Paul étant élégant en hébreu et le traducteur habile dans sa langue ; 3.° ressemblance de style avec Luc.—La première raison est sans fon- dement, autrement les évangiles et les épiîtres de Pierre eussent dû être écrits en hébreu et l’épitre aux Romains en latin. Cette raison du reste est toute a priori. La 2.e est une hypothèse ingénieuse , mais non indispensable pour expliquer le style et l'éloquence. Troisième- mentil n'y a pas plus de ressemblance entre l’épitre en question et les écrits de Luc qu'entre elle et les autres écrits de Paul ; mais en outre Clément d'Alex. ,Origène, Eusèbe, Jérome n'ont jamais connu l'original hébreu, il n’en a ja mais été question au deuxième siècle, il n'existait pas, car la Peschito est traduite sur le grec, il n’y a pas à en douter.— Le style est grec et très mêlé d'hébraïsmes comme le texte des Septante. L'écrivain explique l’élymologie des mots hébreux; il y a desjeux de mots qui ne se conserveraient pas par traduction (Hébr. V. 8. VII. 3. XI. 37). Il cite l’ancien Testament d’après les Septante , ainsi X. 6. comp. Ps. XXXIX. 7 ; Hébr. VIII. 8. comp. Jér. XXXI. 31 ; dans ces citations il n’est pas indifférent que ce soit les Septante ou la tra- duction littérale; car la première traduction a plus de force pour le raisonnement. Ainsi la citation littérale du Ps. XXXIX. présen- terait un sens tout différent de celui des Septante. Jérémie XXXI porte 11 qu ne signifie jamais testament, tandis que dufnan — 176 — a le double sens d’alliance et de testament, ce qui est nécessaire au raisonnement. L'opinion de quelques anciens, quand on observe qu'aucun d'eux ne parle expressément de l'original de l’épitre aux Hébreux, peut facilement s'expliquer par le besoin qu'ils avaient de donner raison de la diversité de style. On présume que Paul parlait mieux l’hébreu que le grec ; mais à Tarse on parlait grec et non syro-chaldéen et dans tous ses voyages et par tous ses discours , Paul ne se serait-il pas familiarisé avec le grec ? Intégrité. — Reconnue. Temps. — Antérieure à la destruction de Jérusalem, puisqu'elle parle de sacrifice; selon presque tous les chronologistes, en 63, dixième année de Néron, en 65 selon Hug. Les salutations d'Italie, ainsi que la promesse d'aller les voir, marque la fin de la première captivité. Lieu. — Les souscriptions portent Rome , mais avec des variantes disant l'Italie ou Athènes. Néanmoins elles sont relativement modernes. Comme Paul salue au nom des frères d'Italie, nous concluons que le lieu est en Italie, mais non à Rome. Titre. — Tous les manuscrits et toutes les versions portent la suscription Épitre aux Hébreux, Tertullien. de Pudicitia 20, Clement d'Alex., Éusèbe H. E. VI. 25 , Jérome , Eutyche , Chrysostôme , Théodoret, etc. pensaient que cette épitre fut adressée aux juifs con- vertis qui habitaient la Judée et qu'on nommait Hébreux pour les distinguer des chrétiens hellénistes ou grecs, qui étaient dispersés parmi les Gentils (Acc. VI.1.1X.20). Comme preuve interne on pent produire Hébr. V. 22; VI. 40; X. 33. 34; XII. 4; XIII. 49. 23. — Selon Storr, ce serait aux juifs de Galatie, selon Bengel, à ceux d'Asie Mineure, selon Semler à ceux de Macédoine, selon Ziegler et Boehme à ceux d'Antioche, selon Hase à une portion peu visitée de l'Asie que Jésus n'avait pas évangélisée, selon quelques uns à ceux de Rome, selon d'autres enfin à ceux d'Espagne. Les hypothèses ont fait le tour de l'empire romain pour une question de peu d'importance. I ne faut pas aller chercher les Hébreux si loin de chez eux. C’est aux habitants de la Judée que cet écrit s'adresse. — 177 — État de F Église. — Nous manquons de renseignements sur l'état de l’Église de Judée au moment où Paul lui écrivit; toutes les données que nous pouvons obtenir par induction proviennent de temps anté- rieurs ou de l'épître même. L'église de Jérusalem se distinguait par sa tendance au formalisme, son zèle pour la loi cérémonielle (Act. XV et XVI ); les judéo-chrétiens admettaient bien Jésus comme le Messie, mais ne saisissaient pas bien le sens intime de son règne et l'abolition de la loi de Moïse par sa mort. But.— Prouver la nécessité de la foi en Jésus-Christ pour réfuter les docteurs qui enseignaient l'alliance des formes judaïques et du christia- nisme ; montrer l'insuffisance de l’ancienne alliance et du sacerdoce lévitique. Occasion. -- L'occasion fut probablement la persécution que les juifs incrédules faisaient subir aux judéo-chrétiens et les attaques fal- lacieuses de leurs arguments. Il importait de les encourager et de raviver leur foi prête à s’éteindre dans une sorte d'ébionitisme enva- hissant quoique ignoré. Contenu. — Trois parties. L.° Démonstration de la divimté de Jésus-Christ. I— X. 18. Christ est le vrai Dieu. 1, 4. — 3.11 est supérieur aux Anges I. &—1 4; en conséquence nous devons faire attention au salut qu'il nous propose IT. 4—1 4; Sa supériorité malgré Son humiliation terrestre II. 5—9 sans laquelie I n’eût pu nous sauver Il. 40—25 et pour laquelle I prit la nature d'Abraham Il. 16—18 ; Sa supériorité sur Moïse III. 1 — 6 ; apphcation aux juifs qui ne doivent pas imiter l'exemple de leurs pères dans le désert. IT. 7—-IV 13 ; Sa supériorité sur Aaron et les grands prêtres ; Il est préfiguré par Aaron et Melchisédech IV. 44. -- VIE (au chapitre V. 4-14. digression parénétique dans laquelle Paul condamne l'ignorance scripturaire des Hébreux) ; nature typique du tabernacle IX. 1—1 0. Le sacrifice de Christ est unique et abolit ceux de l’ancienne loi IX. 41 — X. 18. IL.° Application des arguments X. 49. — XIII. 49. 12 — 178 — Exhortation à la foi, àla prière, à la persévérance dans l'Évangile. X.19— 45. Danger de renoncer à Christ après avoir reçu la vérité ; avertissements, encouragements pour montrer l'excellence et la nature de la foi — confirmés par l'exemple des saints hommes X.37— XI, à la patience et au zèle par le témoignage des anciens croyants, par l'exemple de Christ, par les desseins paternels et l'effet salutaire des corrections du Seigneur XII. 1—13, à la paix et à la sainteté, à l'ob- À servation de soi-même pour éviter le péché d'Esaü XIL 14 — 17. Obéissance pour l'évangile et culte respectueux pour le Seigneur à cause de la supériorité du christianisme ; amour fraternel , hospita- lité , piété , charité , contentement , amour de Dieu XIII .1 — 3 ; souvenir de la foi et de l'exemple des pasteurs déjà morts 4: — 8 ; vigilance vis-à-vis des fausses doctrines sur le sacrifice de Christ 9. — 12; soumission à la persécution à cause du Seigneur, actions de grâces à Dieu XIII. 48 ; soumission aux*Anciens et prière XIII. 16. — 19. III.° Conclusion. Prière et salutations XIII. 20. — 25. Style. — Coulant et impressif. Elévation et clarté relative ; c’est un beau complément à joindre aux épîtres aux Romains et aux Galates ; c'est une épître comme le montre Michælis, mais en forme de traité, car Paul s'excuse sur sa brièveté VIII. 22, et pour une lettre elle est plutôt longue que courte. Cette épitre a toujours été fort goûtée par les chrétiens ; le chap. XII a été une source intarissa- ble de consolations pieuses. PREMIÈRE ÉPITRE À TIMOTHÉE. Authenticité —Contestée; niée même par Schleiermacher,Eichorn, et de Wette, soutenue par Planck, Süskind, Hug, Bertholdt, Guericke. Curtius, Heindenreich, Boehme, Schnekenburger, Mathies, Horne, etc. — Schleiermacher attaquait cette épître seule. Planck lui prouva que ses objections atteignaient aussi les autres épitres dites pastorales ; alors Bertholdt les attaqua toutes trois. La violence des attaques a — 179 — produit des défenses consciencieuses et en définitive l'authenticité nous paraît bien établie. Voici sur quoi nous l'appuyons. Cette épitre est parmi les Homologomènes. — Clément de Rome y fait des allusions, 4. ad Corinth. 29 ; comp. I Tim. II. 8. — id. 7. comp. I Tim. V. 4. — Polycarpe la cite ad Philip. 4 ; comp. I Tim. VE. 7 ; id. 12 ; comp. I Tim. L. 2. .— Justinmartyr {cité par Eusèbe, H. E. III. 26.)1 Tim. III. 46. — Lettre des églises de Vienne et de Lyon I Tim. IT. 45, IV. 3 4. — Irénée adv. Hæres I. 1. comp. [Tim. I. 4.—id. IL. 3 ; comp. I Tim. IV. 21.— Clément d'Alex. , — Tertullien , — la version Peschito, — le canon dit de Muratori, toutes ces autorités affirment l'authenticité de l’épitre et si Marcion l'a niée, c'est par des motifs tout dogmatiques. Schleiermacher accorde que les preuves externes sont abondantes, il ne conteste que la cita- tion de Polycarpe et cela formellement, il récuse aussi l'autorité d'Eu- sèbe, mais avant ce Père nous avons assez de témoignages. Nous avons donc pour nous la preuve externe qui à la rigueur pourrait suffire, l'argument interne étant de nature plus ou moins hypothétique et variable avec le point de vue et les progrès de la science. Les trois épîtres pastoralesseressemblent par lestyle;Schleiermacher en conclut que la première à Timothée est une compilation posthume des deux autres. Ce raisonnement nous paraît faible ; la différence de style avec les autres épiîtres est notable ; mais autre doit être le style d'une épître à une église et autre celui d'une lettre àun disciple. Le style est en harmonie avec le sujet. On objecte beaucoup d'axaËeyoueue ; mais les autres épîtres en fourmillent. Schleiermacher se contredit en acceptant II Timothéeet Tite, tont en rejetant I Timothée, et de Wette comme Eichorn se contredit en trouvant le style de cette épître conforme à celui de Paul. De Wette soutient que le contenu est contre l'authenticité. Guericke, Flatt, etc. le réfutent admirablement. De Wette et Eichorn soutiennent qu'il n'y — 180 — a pas de moment dans la vie de Paul, selon les Actes, où l'on puisse placer la rédaction de cette Epitre ; cette attaque sera combattue en parlant du temps et du lieu. Langue. — Grec. Intégrité. —Inattaquée, sauf le passage [ Tim. II. 46. @coc est la leçon qui nous paraît la vraie , voyez Hartwell Horne, Holden, Hende- son, etc. Temps. — Benson , Michaelis, Hug, Larder , Grotius, Cappel, Lightfoot, placent cet écrit entre les deux épitres aux Corinthiens ; lorsque Paul fut chassé d'Ephèse, par la sédition de Démétrius, en 59. — Eusèbe, Chrysostôme, Pearson, Leclerc, Rosenmüller, Mill, Paley, Olshausen, Guericke disent après la captivité à Rome, 64 ou 65. Il est une tradition bien établie (voir 4." partie), c'est que Paul a été deux fois à Rome et c'est entre les deux que l'épître a dû être écrite. Les fausses doctrines répandues dans l’église montrent que l'église d’Éphèse a eu une certaine durée. La nouveauté de forme et de sujet s'explique facilement par la distance qui sépare les pastorales de la masse des épîtres. On objecte que Paul avait prédit que les Ephésiens ne reverraient pas son visage Act. XX.25.,et d'après cette conclusion, ils l’auraientrevu. Cen’est pas une prophétie et, en füt-elle une,rien n’em- pêche qu'elle ne se soit accomplie ; puisque les termes en sont : ouxere odecbs.... vues muvres, et que plusieurs des pasteurs pouvaient être morts ou déplacés à son retour. En second lieu , on dit que Timothée y est représenté comme jeune et qu'il avait cependant 28 à 30 ans, mais relativement à Paul, qui avait une soixantaine d'années, eu égard à la charge immense d’évêque métropolitain à Ephèse, il pouvait être considéré comme jeune pour sa position, surtout avec les idées anciennes sur les limites de cette seconde période de la vie qui , selon Aulu-Gelle, s'étendait jusqu'à 40 ans. Lieu. — Les souscriptions grecques indiquent Laodicée, capitale de la Phrygie Pacatienne ; mais elles sont modernes comparées à l'épitre. Le nom de Phrygie Pacatienne datant au plus loin de — 181 — Constantin, Paulus veut que ce soit Césarée ; maisiln’a pas de rai- sons solides. Théodoret etla Synopse attribuée à Athanase déposent en faveur de la Macédoine. Les raisons alléguées par Paley et par Glaire, etc. I. Tim. I, 3. démontrent que le lieu d'où Paul écrivit fut probablement Philippes. Titre. — À Timothée. Etat du lecteur. — Timothée était chargé par Paul de la haute mission de diriger l'église d'Ephèse,infectée d'un gnosticisme naissant But. — Paul écrit à Timothée pour l'instruire dans le choix à faire des chefs de l’église, pour le prémunir contre l'influence des faux docteurs (Esseniens selon Michælis , gnostiques selon Néander, voy pag. 460 de ce travail), pour tourner son attention vers la religion pratique et pour l’exciter au zèle et à la fidélité. Occasion. —Elle ne nous paraît pas très précise, peut-être est-ce la nécessité d'établir des diacres et des anciens. Contenu. — I.° Introduction I. 4.2. IL.° Instruction à Timothée. 4.° Il rappelle à Timothée en quoi consiste sa charge [. 3.—1 1.—Digression de reconnaissance pour son propre appel I. 12.—20.—2.° a) le service divin II. b) les qualités des évêques et diacres IIL.c} la corruption des temps futurs IV 1--5, d) manière de soutenir le caractère sacré 6.—16, e) admonestation pas- torale des hommes etdes femmes V. 1. 2, f) devoirs envers les veuves V.3.—16, g) les anciens 17.—29, h) les diacres 20. 21, i) quelques instructions spéciales 22. — 24, j) devoirs des esclaves VI. 1. 2.— 3.9 les vaines disputes, l'amour de l'argent VI. 3. — 19. IIT° Conclusion VI. 20. 21. Style. — Familier, succinct , passant fréquemment du général au particulier et du particulier au général. Quoiqu'il diffère un peu de celui des autres épîtres, c’est bien le style de Paul. Cette lettre aurait été portée par Tite selon la version copte, par Tychique selon Baro- nius ; mais on n'a pas plus de raisons pour l'une que pour l’autre opinion. — 182 — EPITRE A TITE. Authenticité. — Clément de Rome ad. Cor. 2. Allusion à Tite III. 4.—[rénée adv. Haeres III. 3. Citation de Tite III. 40. 14.,Clément d'Alex.—Tertullien—la Peschito— le canon de Muratori — prouvent l'authenticité. Rejetée par Marcion, par Eichorn et De Wette et défendue par Planck , Hug , Bertholdt, Guericke, Heydenreich, etc., cette épitre , par son analogie de sujet et de style , a été l'objet des mêmes attaques que la première à Timothée. Les adversaires de l’au-- thenticité font ici, comme précédemment, bon marché des preuves historiques ; on a compté, pour se faire un argument, tous les «raËe- Jouez; mais s'il y en a 44, il y en a bien aussi 57 dans l'épitre aux Galates et 144 dans les épitres aux Ephésiens et aux Colossiens. On objecte encore qu'il y est parlé d'un voyage de Paul en Crête (I. 3.) et d'un séjour à Nicopolis (III. 12.); mais Act. XXVII. 7. 8. parle d’un voyage en Crète, et le séjour à Nicopolis se rapporte à l’inter- valle des deux captivités. On dit que Paul n’a eu aucun temps pour l'écrire ; Hug et Bertholdt se défendent de cette difficulté ; mais nous ne pouvons approuver leurs vues. Nous croyons que le fait des deux captivités répond parfaitement aax objections. Langue. — Grec. Intégrité. — Admise. Temps.— On est très-partagé. — Hug indique 56, première année de Néron.—Michaelis, entre la 2.° aux Thessaloniciens et la 4.re aux Corinthiens, c’est-à-dire entre 52 et 55. Il faut supposer que Luc ait passé sous silence les faits dont parle l'épître. — Paley, Tillemont et Pearson 65. —— Benson et Horne 64. — Les analogies avec 1 Tim. nous la font placer à la même époque (Comp. I. Tim. E. 1 à 3. Titel. 4. 5. — TI Tim. I. 4, Tite L 44. — I Tim. IV. 19. Tite IL. 7. 45. — I. Tim. IT. 2. Tite I. 6 — 8.). Selon quelques uns 66 ou 67 (voyez Glaire VI. 173). Lieu. — Hug dit Ephèse à cause de la mention d'Apollos ; d’autres (Jérôme, Grotius, Erasme, Baron, Usher, Paley, etc.) disent Nicopolis — 183 — E] avec les souscriptions grecques. Mais quelle Nicopolis? Les souscrip. tions portent en Macédoine, ainsi l'ont entendu Chrysostome , Théo- doret et plusieurs critiques actuels; mais Michaelis et Mill montrent que cette ville n’existait pas du temps de Paul et qu’elle fut bâtie par Trajan. Théophylacte dit Nicopolis sur l’Ister en Thrace : mais la ville indiquée dans l’épitre doit être voisine de la mer. Ce ne peut être Nicopolis vers l’Hémus, ni en Arménie, ni en Egypte, etc. Nicopolis en Epire réunit les conditions voulues, mais on peut opposer en général à toutes les Nicopolis, Tite III. 43. exe signifie 2bè et non hic. En conséquence Paul allait à Nicopolis et ne s'y trouvait pas. Le débat est donc vidé ; nous pencherions néanmoins dans le doute, pour Nico- polis en Epire, à cause des autorités qui l'appuient, mais nous préférons , comme Horne , Philippes en Macédoine, ce qui s'accorde avec l'histoire de Paul (voir page 49 ). Titre. — À Tite sans contestation. Etat du lecteur. — Chrétien converti par Paul et propagateur de l'Evangile, Tite fut en dernier lieu laissé par Paul comme évêque en Crète. Il avait besoin de directions sur la conduite de sa charge. Etant Grec et d'un certain âge, il avait moins d'adversaires que Timothée. But. — Paul veut lui tracer un plan de conduite, comme à Timo- thée, sur le choix des pasteurs, sur l'attitude qu'il doit avoir vis-à-vis des diverses classes de personnes et des judaïsants. Occasion. — Le désir de faire venir Tite vers lui à Nicopolis. Capel pense que cette lettre fut portée par Apollos et Zénas (Tite III. 13. ; voy. Calmet VI. 220.). C'est possible, mais les documents nous manquent, le passage qui les recommande n’est pas décisif. Contenu. — 1.° Suscription. L 1 — 4. IL.0 Instructions à Tite — 1) choix des évêques et des diacres 5 —9, prudence dans le choix des chefs de l'Eglise 10 — 16. ; — 2) accom- moder son enseignement aux âges, sexes, circonstances , leur donner du poids par son exemple. IT. HT.0 — 4) Obéissance aux magistrats en opposition aux judaïsants, a à es Il. 1—7. 2) Bonnes œuvres , folles questions et faux docteurs IT. 8— 11. IV.° Invitation de venir à Nicopolis et quelques ordres IL. 43.-15. Style. — Simple et coulant, exhortation paternelle, quelque chose de noble et de solennel. SECONDE EPiTRE À TIMOTHÉE. Authenticité. — Barnabas ch. 7. Allusion II Tim. IV. 4. — Ignace ad, Ephes. 2. comp. IT Tim.EÆ. 16. 48.:— Clément d'Alex. — Tertullien. — La Peschito. — Le canon de Muratori. — Consen- tement universel de l'antiquité orthodoxe, rejetée par Marcion ; de nos jours par De Wette, Eichorn, réfutés par Planck, Hug, Bertholdt, Guericke , etc. L’authenticité de la première, aidée des témoignages externes que nous venons de relever, établit celle de la seconde qui a subi les mêmes attaques fondées sur les mêmes raisons. Comme preuve interne, on peut remarquer avec Eichorn qu un faus- saire ne se fût pas imaginé, tant il aurait été maladroit, de parler d'Eunice et de Loïs I. 5., du voyage d'Onésiphore à Rome. 16., d'un autre à Corinthe IV. 20., à Troas, à Milet, de réclamer ses livres en indiquant Carpus IV. 13. Langue. — Grec. Intégrité. — Reconnue. Temps. — Estius, Hammond, Lightfoot, Lardner, Hug en 56 à la première captivité. Les circonstances de la lettre cadrent, disent- ils, avec le premier emprisonnement. Ils répondent aux objections fondées sur ces mots : Eraste est resté à Corinthe , et sur ceux-ci : J'ai laissé Trophime à Milet, que Timothée devait être déjà allé à Rome, que Tychique était parti pour Ephèse et Démas pour Thessa- lonique ; mais leur réponse ne me paraît pas satisfaisante, et considé- rant que la première est fixée après la première captivité, nous ne pouvons être de leur sentiment. — Benson, Paley, Michaelis, Rosen- — 188 — müller, Bertholdt, Cellérier, etc., sont pour le deuxième emprisonne- ment et nous les suivons. La comparaison des épîtres écrites lors du premier emprisonnement à la deuxième à Timothée montre, qu'elle ne leur est pas contemporaine, La manière dont Paul parle de ses fers est différente. Il est regardé et traité comme un malfaiteur , peut-être comme accusé de l’incendie de Rome: sa situation était des plus critiques (I Tim. IV. 6, 7. 8. 16.). — Horne. Paley, Calmet sont pour l'été de 65. — Coquerel indique l’an 66. Lieu. — La souscription, appuyée par le texte, porte Rome. Les exemplaires coptes et le manuscrit alexandrin portent Laodicée; mais voyez IT Tim. I. 8. 16. 47. Titre. — À Timothée, seconde épitre. Etat du lecteur. — On pense en général que Timothée était alors à Ephèse ; mais Michaelis croit qu'il était dans une autre ville d'Asie- Mineure, parce que Paul cite des personnes de cette contrée ei demande à Timothée de réclamer son bagage à Troas. But. — L'apôtre veut sans doute informer Timothée de son état. Incertain sur la durée de sa vie, il fait, pour ainsi dire, son testament spirituel et légue à Timothée ses conseils, ses encouragements, avec la solennité et l'effusion d’un père mourant Occasion. — La fin probable de sa vie fut ce qui poussa Paul à écrire en ce moment cette lettre, portée par Onésime selon la version copte, par Tychique selon Benson : suppositions difficiles à prouver. Contenu. — 1° Inscription [. 4 — 5. IL.° Exhortations : —1) à la patience, persévérance dans la bonne doctrine [. 12 — 18.; — 2) ;' au courage dans les épreuves1;—3), se garder des faux docteurs III. IV. 8. IE. — Conclusion. — Il prie Timothée de venir le voir. Saluta- tions. [V. 9 — 22. Style, etc. — Le ton calme, ferme et solennel de l'apôtre parvenu au terme de sa carrière, l'affection qu’il témoigne à son disciple chéri — 186 — font de cet écrit un des plus intéressants entre ceux du nouveau Testament. DES ÉCRITS FAUSSEMENT ATTRIBUÉS A PAUL. Nous ne dirons que quelques mots sur les ouvrages qu’on a Jadis attribués à Paul. Ceux qu’on a soutenus dans les temps modernes n'existent plus, si tant est qu'ils aient jamais existé. Les ouvrages suivants sont l'œuvre de faussaires anciens. 4.0 Les lettres de Paul à Sénèque. 2.° Les actes de St.-Paul (voy. Origène de princip. 4. 2. Eusèbe H. E. II. 25. Nicéphore H. E. IL. 25., il en extrait le combat de Paul avec les bêtes à Ephèse. I. Cor. XV. 32.). 3.° La prédication de St.-Paul, composée par les disciples de Simon le magicien (Cyprien de baptismo). 4.9 Voyages de Paul et de Thècle, composés par un prêtre d'Asie, déposé à cause de cette fraude par St.-Jean (Tertullien de baptismo 17. Jérôme de viris, 7.). 5.° Clément d'Alexandrie cite un apocryphe de Paul (Strom. 6.). Parmi les ouvrages reconnus par quelques-uns, on compte: 1.° Une troisième épttre aux Thessaloniciens (voy. IT Thes. Il. 2); mais si cette lettre a jamais existé, elle est fausse. 2.9 Une troisième épître aux Gorinthiens, motivée par I Cor. V. 9.; mais c’est là une allusion à I. Cor. III. 46,19. V. 4. 6. — Il existe aujourd’hui deux lettres, une sous le nom de Paul aux Corinthiens, l’autre sous celui des Corinthiens à Paul, toutes deux en Arménien. Leur authenticité ne saurait être prouvée, bien qu'on ait voulu les faire passer comme les lettres désignées dans la première aux Corin- thiens. Chrysostôme, Théophylacte, Théodoret, Michaelis, Beausobre, Rosenmäüller, A. Bost, etc., sont pour trois épitres aux Corinthiens ; on peut leur répondre que eypæbx peut se rendre par le présent; il y en a de nombreux exemples dans le Nouveau-Testament. C'est un hébraïsme. 1 enraroln peut se traduire ainsi: cette lettre-ci. — 187 — 3.° Une deuxième épître aux Ephésiens à cause de Eph. III. 3., mais cela se rapporte au Chap. IT. &.° Une épitre aux Laodicéens. Glaire croit que c'est une lettre des Laodicéens à Paul. 5.° Enfin quelques-uns attribuent l'évangile de Luc à Paul; cette opi- nion insoutenable se trouve chez Tertullien contre Marcion IV. 5., et chez Athanase. Ce serait l'évangile dont il parle dans ses épitres. Rom. 11.46. XVI. 25. etc.Il. Tim. {L8.; nous renvoyons pour l’exa- men de cette hypothèse à Irénée, à Richard Simon et à Hug. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES ÉCRITS DE ST-PAUL. Il convient, après avoir fixé l'extérieur des épîtres, si Je puis ainsi dire, d'en examiner l'intérieur; quoiqu'il ne soit pas dans notre dessein de développer le système de l'apôtre tel qu’il se trouve dans ses lettres, nous ne pouvons néanmoins nous dispenser de dire d'une manière sommaire ce qu'on doit penser de l’ensemble de ses écrits. Nous en observerons d'abord le style, nous rechercherons ensuite les principes de la doctrine de Saint-Paul, ce qui caractérise son système dogma- tique et moral. STYLE DE SAINT-PAUL. Paul dit de ses épiîtres qu’elles sont graves et fortes (II Cor. X. 40.) Saint-Pierre les qualifie de sages, quoique parfois difficiles à inter- prêter (II Pierre III. 15, 16). Ces jugements ont été confirmés par la chrétienté tout entière. L’apôtre approprie son style à ses lecteurs , ainsi les mêmes grands principes sont exposés aux Hébreux, avec pro- fondeur, mysticisme, et démontrés par de nombreuses citations dans le goût des Juifs ; aux Galates, avec un style simple, incisifet facile à comprendre , comme il convenait à des auditeurs sans culture littéraire ; aux Romains avec un ton noble, élevé, correct, comme le demandaient des hommes instruits. URSS La forme comme le fonds s'adapte aux circonstances spéciales. De deux traités dogmatiques, l’un, celui aux Romains, a un plan réeulier, un style grave, des transitions présentées avec talent ; l'autre, celui aux Galates, à moins de méthode, il abonde en arguments coordonnés etnon subordonnés , la dogmatique y est mélée de polémique, le ton général en est entraînant , le style rapide, plein d'énergie et de cha- leur. Paul n'écrit pas à une église avancée comme à celle qui com- mence, dans un temps prospère comme pendant la persécution , quand il est lui-même en prison comme quand il est libre, quand il est jeune, comme quand il est vieux. Les événements de sa vie et de ceux auxquels il écrit lui inspirent des remarques ou des conseils tout spéciaux et vraiment pratiques. Plein de son sujet , l’apôtre sait lui soumettre son style, c'est ainsi que la deuxième épître aux Corin- thiens n'offre aucune ressemblance de forme avec la première et il n'écrit pas sur la nécessité de la foi, comme pour recommander une collecte. On accuse Paul de manquer de simplicité , mais cela tient à l'a- bondance des idées et des sentiments qui fermentent dans son âme (Voy. Eph. L.). Il veut dire toute l'idée et alors naissent des incidents et de nombreuses parenthèses. Il écrit en général tout d'un jet et sous la pression de sentiments tumullueux ; rien n’est fait à loisir, si ce n'est l'épitre aux Hébreux et celle aux Romains; il y a cependant, mal- gré ce chaos apparent, un certain ordre , une certaine méthode, une filiation d'idées et même une certaine habileté ; a-t:il des reproches à adresser, il commence par préparer ses lecteurs par quelques mots encourageants et affectueux (I Cor. I. 4 — 9 ; 1 Thes. I. et surtout l’épitre à Philémon.} L'épitre aux Galates fait exception à ce procédé ; néanmoins sans manquer d'adresse. L'apôtre fait constamment précéder les enseignements moraux par l'exposition de la doctrine comme principe premier de ses exhortations pratiques , en sorte que toutes ses épîtres peuvent être divisées en deux parties, l'une dogmatique et l’autre parénétique. Parfois , il les entremêle, ce qui donne un peu de confusion à son plan ; mais malgré — 189 — toutes les entraves possibles et ses digressions multipliées, il arrive au but , parce qu'il ne l'a jamais perdu de vue, même quand on l’a cru le plus égaré. Style peu coloré, nu, positif, sobre d'images, tirant touteïsa beauté de la pensée ; ses figures, quand il yena , sont empruntées à des ob- jets familiers (Gal. LL. 45,24. 25. IV. 4 ; ICor. XV.). Chez Paul l'imagination paraît comprimée, surtout dans ses écrits ; il est néan- moins plein de mouvement. Irénée esquisse au vrai en deux mots son génie littéraire : velocitas et impetus. La forme du langage de St. Paul n'est pas toujours laconique , mais nullement prolixe ; car ses énumérations ont trop de sens pour mériter cette critique ; quel- quefois serré dans le raisonnement , impétueux dans ses sentiments , quelquefois au contraire inépuisable et abondant en antithèses, jamais monotone. Paul est un grand écrivain , car ses lettres ont la vie, le naturel, le sentiment, l'originalité, la vérité. Longus, dans son traité du sublime, le cite comme le premier qui se soit servi du dogme sans les preuves et en fait un grand orateur grec ; ce jugement d'un rhé- teur païen n’a rien de surprenant. (1) Une singularité remarquable et souvent répétée dans ses lettres, est qu'un mot lui rappelant une idée, il l'introduit aussitôt par une parenthèse dans sa phrase (IT Cor. 1144-17. III 1-3, 12-18 VI, etc.). On peut remarquer encore de fréquents hébraïsmes dans la tournure ou dans les mots et des idiotismes de la Cilicie (Michaelis). La deuxième aux Corinthiens est l'expression naïve et exacte du caractère de Paul, brusquerie d'un style diffus, mais puissant et tou- jours original, plein de sentiment et de chaleur, riche en conson- nances de mots (II Cor. I. 13. TL. 12. comp. Rom. I. 29. 30.). Pour caractériser les Apôtres dogmatiques qui ont écrit des lettres, Pen el (1) On a contesté ce passage de Longus, mais Hug ( introduction Il. 334.) en a démontré l'authenticité ; voici la traduction de ce passage : On.peut y.ajouter (à la liste des orateurs grecs) Paul de Tarse, le premier qui se soit servi du dogme sans les preuves. — 190 — on peut dire que Jacques , Jean, Pierre et Paul ont des formes spéciales selon leur naturel. Jacques parle une langue poétique , qui rappelle la forme des Proverbes. Le style de Jean est empreint du type oriental , plein de douceur et de mysticisme. Quand il raisonne, c'est le raisonnement passionné et exclusif du cœur. Pierre s'exprime dans une langue à demi-juive ; il joint à la simplicité de la doctrine une tendance pratique et une mâle vigueur. Paul enfin représente dans ses épîtres le docteur convaincu, puis- sant, par la foi, grec avec ceux-ci, juif avec ceux-là, et le plus souvent supérieur aux uns et aux autres. (1) PRINCIPES DE LA MORALE ET DE LA DOGMATIQUE DE SAINT PAUL. Nous n’abordons pas sans trembler l’exposition de la doctrine de Saint Paul; qui sommes-nous pour condenser et systématiser son enseignement? Dans le sentiment de notre insuffisance pour cette tâche, bornons-nous à résumer quelques travaux antérieurs. Paul est méthodique au fond , sinon en apparence, Tout est acci- dentel dans ses écrits, il se laisse aller aux inspirations de sa sollici- tude apostolique , la théorie est dès-lors pleine de lacunes et de di- gressions; mais pourtant Paul est discursif , plein de science et de preuves logiques ; il argumente et son système est assez lié pour qu'il puisse passer sans peine et à chaque instant des prémices à la con- clusion et aux corollaires et vice versa. Il allie le mysticisme à la dialectique, la méthode de l'école au sentiment profond , les douces inspirations à une logique impérieuse ; le tout est subordonné à la vie pratique. Il veut que tout puisse se traduire en conseils ou en actions. Nous l’avons déjà dit, pour l’apôtre la morale tient à la dogmatique comme une conséquence à son principe; nous ne subdiviserons donc pas son enseignement. Le point de départ de l'apôtre se trouve dans letriple fait du péché de l’homme , de la rédemption par le Fils de Dieu , de l'union du croyant et du Sauveur. (4) Reuss. Histoire de la Théologie chrétienne au siècle apostolique. — 191 — Paul est en présence des païens et des Juifs. — Les païens peu- vent s'élever à la connaissance de Dieu par la contemplation de la nature ; leur conscience leur fait connaître le mal et sa punition. Mais ils n'ont pas connu Dieu et cela les a conduits au péché. La conscience commence par s'obscurcir , puis vient la dépravation , les uns s'arrêtent à l’aveuglement , d'autres vont jusqu'au pervertisse- ment complet de leur volonté. — Les Juifs avaient reçu la loi, non- seulement par les mêmes moyens que les païens , mais essentielle- ment par la révélation de l’Ancien Testament. Le caractère légal de la morale juive , l'esprit de la servitude (Nveuux douheius) dominant, les Juifs ne tardèrent pas à violer la loi comme les païens. Tous sont pécheurs ; — voilà le fondement de son système dogmatique et moral Rom. III. 9. 40. 41. etc.). Apacreu core uvoui« telle est la définition que Saint Paul donne du péché, opposition dans la conscience à la loi révélée. Cette‘opposition peut se manifester par un simple sentiment (Rom. XIV. 23. I Cor. VIIL. 7. IV, 5.), qui est négativement l’absence d'amour pour Dieu, positivement l'amour du mal. Or, l’homme se compose de trois éléments : 4 .° le principe spirituel etdivin, rveuua, vous (Il Cor. VIT. 1. Rom. VII. 22, 23, 25, IT. Cor. 1V.16.); 2.0le principe charnel et physique coux, oupë (I Cor. VIE. 4. Rom. VII. 18. Gal. V. 46.); 3.° terme intermédiaire, l'âme, Yuyn. (Rom. XI, 3. XVI. 4. Phil. Il. 30 ; I Thes. Il. 8.). La lutte est entre le mreuux et la oxpë. Gette lutte inégale est la source du péché. Le péché appelle la punition, le pécheur éprouve un sentiment intérieur de misère, il sent plus de pente pour le péché, 1l perd la liberté morale (Rom. VII, 15-24, VI, 17-18. VII, 2.). Au jour de la Création , l'homme avait déjà un corps mortel. (I Cor. XV, 43.); la punition s’est manifestée dans les souffrances de la mort, le malheur et la corruption de la nature humaine. La nature entière participe à cette chute et soupire avec les hommes après lerelèvement ; enfin pour la vie future, l'homme s'est attiré la malédiction divine Oavxrog (Rom. VE, 46, 24. [I Cor VII, 8.). La conscience est inca — 192 — pable de relever le pécheur; la loi de Moïse (Gal. III, 12. Rom. VII, 20.) qui est un précepteur rœdwyoyos (Cal. IIL 43, 24. I Tim.9, 10.) ne peut que lui faire apprécier sa misère (Rom. III, 20. VIT 14, 24); Talxirwpos ëyo &v0pwros Tis pe poosru Ë» ToÙ couatoc Toù Üuyarou raÿrev ; mais l’un et l'autre l’amèneront à Christ (Gal. III. 24.). Christ est le rédempteur — la justification vient de Jésus-Gbrist . décrétée par Dieu et annoncée par les prophètes. Elle est un don gra- tuit de Dieu. (Rom. IE, 24. Eph. TI, 9, 11. [.4. Rom. 1, 2. III.23.) L'effet de la rédemption est de délivrer l’homme des punitions encou- rues et de l'esclavage de la loi. Jésus-Christ prend nos péchés passés sur sa tête et il ouvre une nouvelle voie de salut par son œuvre. Il y a encore une loi, mais les hommes de mineurs sont devenus majeurs vis-à-vis d'elle (Rom. VIE. 6. Gal. IV. 4. 7.) Christ nous délivre du péché (Gal. I. 4; I. Cor. I. 30. etc.) et nous donne la liberté (Rom. VI. 18. VILL. 2 ; I. Cor. V. 145. ; Tite II. 48 ; Eph. V. 25 — 27.) La mort perd son aiguillon ([. Cor. XV. 35.) La réconciliation opérée par Jésus-Christ est la communion des hommes avec Dieu. {Rom V. 11. etc.) et produit comme effet la paix avec Dieu (Rom. V. 4 ; Eph, IL. 47), l'obéissance joyeuse (Rom XIV. 17, ) l'adoption, la filialité divine (Rom. VII. 15 ; Gal. IV. 7 ; Rom. VIIL. 17.\ Comme voie au salut, l’apôtre demande la foi ox , (Rom. V. 1. I. 17. Act. XXVI. 18), c'est-à-dire la fidélité (Rom. II. 3 ; Tite [L. 10), la confiance. (Rom IV. 18. 20), la croyance à la mort et à la résurrec- tion de Jésus-Christ (Tite I. 4 ; Rom. I. 5. IV. 24. III. 25. IV. 24— 25),:enfin l'identification religieuse et morale avec Christ. (Rom. VI. 16), en somme une vie nouvelle dont le principe est Christ. La loi agissait par le mérite des œuvres et extérieurement sur les Juifs seuls ; la foi met à la place la grâce de Dieu, par une action inté- rieure et universelle. De la foi découle l'amour (Rom. VII. 28 ; Eph. VI. 24), l'homme devient une nouvelle créature, rwvyesecuz (Tite III. 8. Rom. XII. 2. Gal VI. 15 ; II. Cor. V. 17) et suuuappas Xpcorou, semblable à Christ (Rom. VIII. 29.). — 153 — La foi est un don de Dieu (Eph. XIX; I Cor. XII. 2: Phil. IN. 43; Rom. V. 5.) Dieu connaissait d'avance les croyants (Rom. VII. 29), il avait élu et appelé ceux qu'il voulait sauver (Eph. [. 4. — 11. Rom. VIII. 29.) et leur a accordé le Saint-Esprit. [ls n'ont fait que recevoir Rom. VIT. 16— 26.) L'Esprit-Saint (rveuux) dirige l'homme etil est mort au péché (Rom. VI, 2): dès lors le détail des devoirs est fort secondaire , l'esprit de Christ lui sert de décalogue (Gal. V. 18 ; I Thes I. V. 9.). La tendance pratique de Paul lui fait tenir compte de la liberté et de telle façon que la prédestination , si bien établie ailleurs , disparat presque ici (Rome IX. 32. XXI ; Tite Il. 24 ; IT Tim. Il: 4.) L’anti- nomie est flagrante entre la théorie et la pratique ; dans celte dernière, Je péché subsiste et la vieest une lutte continuelle, l’homme est ou- vrier avec Dieu, cuvesyos auv Os ; ses devoirs se résument dans l’a_ mour œyara (Rom. XII. 8 — 10 ; Gal. V. 14 ; Col IE. 44); non un amour qui anéantisse l'individu (I. Cor. XIIT. 3 ; L. Tim. IL. 5); mais l’homme ne se regardant pas comme dernier but considère la gloire de Dieu etle bien de ses frères [Phil IE. 4 — 4 ; I. Thes. IV, 9.) Les démons viendront tenter l’homme par les erreurs (I Tim. IV. 1), l'ap- pas des richesses, de la gloire (VI. 9) et de la chair (1 Gor VIL. 15); mais le chrétien sera fort contre la tentation ([ ThesI. 3), il supportera les épreuves (Rom. VIT. 25. XV. 4), l'amourtient à la foi (I Cor. XIIF 1. etc.; Î Thes. I, 3 ; Tite IT. 2 ; Col 1 4, etc.). Cette loi de la charité est éternelle, l'amour ne périt jamais (Cor. I XIIT. 8). L'amour pour le père produit l'amour pour les enfants ; l'amour fraternel et la charité découlent de la communion avec le Seigneur. Dès lors Paul peut en- trer dans l'exposition des devoirs d'homme à homme et c’est ce qu’il fait avec beaucoup de détails, réprouvant chaque péché à son tour, et encourageant aux bonnes œuvres. Ala conversion, à cette nouvelle vie communiquée au pécheur par Christ, se rattachent tous les devoirs de piété, de fraternité et de personnalité. — 194 — Nous terminerons cet aperçu infiniment trop sommaire par une remarque susceptible de longs développements, mais que nous ne pourrons qu'indiquer ici, c’est que l'étude de saint Paul, tant dans sa vie que dans ses principes , est capitale à notre époque si semblable , à tant d'égards, à celle que venait transformer l’apôtre de la conscience. Bien des passions de son siècle agitent le nôtre,et s’il a guéri quelques âmes alors, son exemple et ses conseils n'en pourraient-ils pas guérir d’autres aujourd’hui? Les esprits ébranlés ont besoin de cette vérité hardie et inébranlable. Celui qui par sa voix a: fondé le christianisme en Occident ne pourra-t-il pas le défendre et le propager par ses écrits? Elles nous restent, ces précieuses pages ! sachons les méditer et y chercher l'aliment du salut et de la sanctification. Comme les églises des premiers temps celles de uos jours ont un besoin continuel d’affirmations et de preuves, de promesses et de menaces. Dans les épîtres de l’apôtre, elles trouveront la sagesse d’un docteur, la fermeté d’un gouverneur, la tendresse d’un père. Le fidèle apprendra de Paul qu'il y a peu de succès sans revers , pas de repos ici bas , mais des biens permanents dans le ciel et une couronne de gloire et de félicite pour celui qui aura vaillamment combattu le bon combat de la for. Le lecteur attentif demeurera convaincu de la faiblesse humaine et de la toute puissance de la grâce de Dieu. Puisse-t-ilemporter de son étude et dans son cœur ces doctrines élémentaires : Christ est venu pour sauver les pécheurs dont je suis le premier. — Il est mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification. —Le juste vivra par la foi. —Je puis tout par Christ qui me fortifie.— Recherchez la paix avec tout le monde et la sanctification sans laquelle nul ne verra le Seigneur ! Années après J.-C. 35—36 39 45 52 ©! == — 195 — TABLEAU CHRONOLOGIQUE SERVANT DE TABLE. Origine et naissance de Paul, . . . . . . Page 108 Sanéducation -: s + 10e fr ofqurt 107% . 88 408 Ses persécutions contre les Chrétiens. . . . . . . id. SACURNEL MIO UE ca cn M JOUE Mr 8 LE LU Séjour de Paul à Damas. . . SR dla AE Retraite en Arabie (Caligula ne r empireen37).. id. Paul revient à Damas, y prêche et en est chassé par la DORSÉEUUOEN Et Ut TS 7, ji URRE Il vient à Jérusalem auprès des apôtres. . . . . . id. Paul retourne à Tarse (Claudeempereur 41) . . . . 113 Barnabas va le chercher comme aide à Antioche. . . id. Tous deux vont porter une collecte à Jérusalem. . . id, Mis à part au nom du Saint-Esprit, ils entreprennent le premier grand voyage de mission par, Seleucie — Chypre — Attalie —Antioche de Pisidie—Iconie — Lystre — Derbe — Perge — Attalie et retour à Antioche de Syrie. ©". 72 Le. 7. AA Paul député à Jérusalem. Synode apostolique, . . . 447 IL.e mission. — Cilicie — Derbe — Lystre — Phry- gie —Galatie—Troas— Philippes— Thessalonique —Bérée — Athènes -- Corinthe. . . s LRU Première Epttre aux Thessaloniciens. . . . . . . 143 Seconde Epiître aux Thessaloniciens, . . . . . . 144 Cenchrée —Ephèse — Césarée — Jérusalem— (Néron empereur 55). . . . . . AS ee 124 Séjour à Antioche. — Lutte avec Pierre. . + . . . 125 56 57 58 59 61 63 64 65 — 4196 — IIL.€ mission — Galatie — Phrygie, — Ephèse . . 126 Epitre aux alias 0e ee EN ES Première épître aux Corinthiens. . . . . . . . 149 Seconde Epitre aux Corinthiens. , . . . . . . 152 Troas — Philippes — Séjour en Macédoine et en Ulyries-,....." {rat eh ones snif est 29 Trois mois, a-Corinthe… ::,-..-.,-0044m4 108 7 CON, Epître aux Romains. . . . . . . , . . . . . 1454 Troas — Assos — Mile — Paaià — Tyr — Piolémats. 2" 5 MTS CET SRE 0 Césarée —Jérusalem. .. . . . . . . . . . . . 4131 Vœu — Emeute — Emprisonnement — Accusations ar Jérusalem Le re) te CE? Transfert à Césarée (Félix gouverneur) —Débats— Capti VILO PFOVISUIPES = ete ERA ea. ARE OU33 Nouveaux débats (Portius-Festus gouverneur) —Appel à César — Comparution devant le roiAgrippa. . . 134 Départ pour Rome—Chypre—La tempête — Malte— Syracuse — Pouzzoles — Rome . . . . . . . 136 Prison non rigoureuse — Evangélisation. .: . . . 138 Epitre aux: Philippiens. 4.524400 2, me AE MST Epitre aux ‘ÆEphésiens "2 EME Epiire aux ‘Golasstens 7", ie NET GE Epitreà Philémon. . . . . ne Ts TE LOD Jugement public — Mise en liberté ro ne on Bpire aux "Hébreux 21 ER 0e RMS IVe mission — Italie — Crète — Judée — Syrie — Cilicie — Colosse — Ephèse — Macédoine. . . 140 Première épliresa Fimothée’ 0.7 00e COUUTS LA 6 Een Top dE EE RD: L'ONSR Grèce — Nicopolis — Troas — Mitet — YGétinthe — Espagne — ‘Rome. . . : : 2," . . 441 — 197 — Seconde captivité — Prison sévère — Attente de la EP ARUOM sn Dee ee ee de NE NU Seconde épitre à Timothée. . . . . . . FAAGCAE LL 66 Jugement — Supplice. . . . . . . . . . . . 142 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. Documents de l'histoire de Paul — Autorité du livre des AiestetdestDéress 20 Ve MN ee enr + ee 103 Male dont. 20 LU on en A0 tendent Paule 2 ee Nan € 9 Des écrits faussement attribués à Paul.. . . . . . . . 186 Du style de Saint-Paul. . . . . . : LUE PS Principes de la dogmatique et de la More 7 Paul. ue Actualité de l'étude de Saint-Paul, . . . . . . . . . 194 SET TU AD diam br 111, = UMR ASUS » 7 + 0 1 SUR À MEANS es dé 6 sé AE AE TS MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DES SCIENCES, DE L'AGRICULTURE ET DES ARTS DE LILLE. SPICILÉÈGE D'HISTOIRE LITTÉRATRE OU DOCUMENTS POUR SERVIR 4 L' HISTOIRE DES SCIENCES , DES. LETTRES ET DES ARTS, DANS LE NORD DE LA FRANCE, Par M. LE GLAY, Membre résidant, DEUXIÈME PARTIE (4). NUMISMATIQUE. Lettre de Joachim Hoppers (2), membre du Grand-Conseil de Malines, à Maximilien de Berghes , évêque de Cambrai , touchant les monnaies. 6 novembre 1560. Original. $. P. Litteras vestras, Rme D. præsul, ad calendas novembris scrip- tas postridie ejus diei accepi. Quarum argumentum erat ut responsum quoddam juris D. Elberti Leonini (3), clarissimi sane jurisconsulti, legere et cognoscere vellem. Feci id equidem et libenter et quatenus in —_—__—————_—_——__—_—— eg (4) Voir pour la première partie , le 2.° volume dela IL.° série, année 14855, p. 409. (2) J. Hoppers, Hopperus, né en 1523, à Sueek en Frise, fut d'abord pro- fesseur de droit à Louvain ; il devint ensuite membre du grand conseil de Malines, et, en cette qualité, concourut puissamment à la fondation de l’université de Douai * En 4566, on le chargea de gérer les affaires des Pays-Bas auprès de la cour d'Es- pagne. C’est dans cet emploi qu'il est mort à Madrid , le 25 décembre 1576. Hop- pers a publié divers ouvrages importants, (3) Elbert de Leuw, Leoninus, omis par tous les biographes, excepté par Foppens, fut successivement professeur de droit à Louvain et chancelier de Gueldre. est mort à Arnheim en décembre 4598, âgé de 79 ans, après avoir composé plusieurs ouvrages de jurisprudence , dont quelques-uns sont restés inédits en la pos- session de son petit-fils, Elbert Zoes. Voir des lettres d'Elbertus Leoninus dans le Messager des Sciences historiques, de Gand, 2. série, t. 2, p.194. —. 200 — me fuit diligenter. AC quantum quidem ad ipsum responsum attinef, certe, si quid ego ideo, plane luculentum est et prope cumulatum. Quantum vero ad rem qua de agitur, quod bona venia dictum sit, ita est quemad- modum ait comicus, quo homines lot sententliæ; suus cuique mos est. Mihi cum fratre Rmæ D. V. D. de Walerdyck, super hoc negolio sæpe ac multum conferenti, semper visum est, nec vero ille improbavit, dispositionem Molinæi de valore intrinseco et extrinseco réi propositæ primario non salis convenire. Ratio quæ nos movet est, quia alia est species circa quam Molinæus versatur, alia hæc nostra. Molinæi est, veluti cum vetus et nova moneta ejusdem plane sunt formæ, nominis et ponderis, sed differunt tantum bonitate intrinseca; quo casu vult recte solvi monetam novam, tametsi deleriorem, pro veteri, propterea quod revera una cademque moneta est, tametsi bonitas intrinseca, cujus nullam vull haberi rationem, mutata est. Nostra species est, qua nova moneta non modo bonitate, verum eliam nomine, pondere ef forma distet a velteri, sic ut nihil haheant inter se commune, quo casu omnes consentiunt, etiam Molinæus et Covarruvias , (1) non esse rationem ullam habendam novæ monetæ , sea veteris tantum , ut vel ea ipsa solvatur, si exstat, vel vera ejus æstimatio, si non exstat ; sicut enim omnino diversæ et distinctæ monelæ. Quod quidem cum ita sit, satis apparet disputationem de intrinseco et extrinseco huic parïti quæstionis casusque nostri non congruere ; sed si vere dicendum est, tota res eo tendit, nec est sane aliud in quæstione, quam ut videamus quo- modo vera exislimalio antiquorum grossorum (2), quorum duodecim uuum aureum florentinum (3) faciunt, pro ratione monetæ nostri temporis (4) Diego Covarruvias ou Covarrubias, évêque de St.-Domingue, puis de Ciudad Rodrigo, mort en 1577, est auteur de beaucoup de savants ouvrages , entr'autres de deux traités numismatiques , intitulés . De mutatione monetarum; Collatio nummorum veterum cum modernis. Quant à Molinæus , je ne saurais dire s'il s’agit ici de Louis Molina, jurisconsulte espagnol , conseiller de Philippe IL, à qui on doit un traité sur les substitutions des terres anciennes de la noblesse d'Espagne. (2) Le gros ancien, désigné iei comme la douzième partie du florin d'or, se composait lui-même de seize deniers tournois. Voir Stat. Eccl. Leodiensis, anno 1330. (3) Le florin d'or, monnaie cambrésienne , est ainsi décrit dans une ordon- nance de l'archevêque Louis de Berlaymont , 40 juin 4572 : « Avons ordonné de faire forgier ung florin d’or, sur le piet du Saint-Empire, qui portera à un cousté le double aigle de. l'empire, avec le titre de l'Empereur nostre sire, et de l’aultre cousté nos armes et tiltres, pesant 2 escalins 4 as, pois de Coulongne, contenant 48 carats 6 grains d'or fin de 72 pièces au marcq. dudit Coulongne ;. lequel florin d’or vauldra 40 patars 46 deniers de nostre monnoye de Cambrésis. » 3 $ » ss ss iniri debeat. In qua re cum duæ sint vi, dispiciendum est utram de iis se qui oporteat. Circa cujus rei electionem, prima in hoc argumen{o ver- satur dispulatio. Nam cum capitulum corporibus ipsis antiquorum gros- sorum, vel aureorum florentinorum prolatis, ex eorum examinatione per libram et ignem, velit veram æstimationem iniri, R,me Vero D. V. secundum æstimationem olim factam per Philippum Ducem Burgundiæ ; prima congressio disputationis est , illamne viam potius, an hanc in- sistere oporteat. In qua congressione, quæ a vobis faciunt, et in respon- dendo de jure diligenter tractari debent, sunt, tum quidem, quod prior via mullis difficultalibus est obsita et inexplicabilis propter antiquos grossus, et maxime quidem temporis constitutiones reddilus incognitos, tum vero quod Covarruvias tradit et rationi consentaneum est, in anti- quorum nummorum æstimalione, eam sequendam esse quæ aliquando publica authoritate facta est, quemadmodum id factum est olim per Philippum, quæ certa est et nullis obstructa difficultatibus. Hac re evicta, succedit tum secunda disputatio quæ hujusmodi est, quoniam æslimatio per Philippum facta duobus modis accipi potest; uni quidem secundum intrinsecum valorem pleccarum (1), brabanticarum illius temporis, quibus quivis æstimati sunt singuli grossi antiqui; altero secundum commu- nem cursum et usum illius æstimationis, quo XXI stuferi (2) et una plecca hujus temporis in singulos aureos florentinos communiter solvuntur, Exo-= ritur hic nova quæstio : intrinsecumne illum valorem an communem . Cursum sequi oporteat. Ad quam questionem dissolvendam jam aliquo modo usui esse potest, quod disputari queat ex Molinæo cur extrin- secum valorem et communem cursum potius quam intrinsecum sequi debeamus, quanquam ego hacin re, in comruni opinione magis, quam omnes probarunt, quam in Molinæi, qui solus cornicum oculos vult configere , acquieeco ? Sed quæ vere et valide pro R.ma D. V. afferri possunt, sunt duo. quorum unum est communis usus, quo per omnes basce provincias æqualiter receptum est ut pro singulis aureis floren- tinis XXI sluferi et plecca una solvatur, a quo usu non est recedendum, ue pro eadem re dispares fiant solutiones in eodem episcopalu, certe donec authoritate publica re: ad alium certum modum fuerit reducta : Alterum noctura rei pro qua redditus iste debetur, qua est vice dominatus, (1) Le mot plecca ne se trouve point dans Ducange; mais ila saus doute la même signification que placa, placca, d’où l’on a fait plaque, plaquette, placart, (2) Stuferus, stuÿver, petite monnaie flamande , partie du florin. — 402 — quem nihil aliud quam officium fuisse esse, quod pro libitu Episcopi auferri ei possit qui habet clare docebimus ex Sigeberto in chronicis, qui id tractat et eleganter et valde convenienter rei propositæ : Est que in his duobus, post priorem quæstionem, status totius controversiæ, quan- tum quidem ego judice, constitutus. De qua quidem re, quanquam in res- ponso nostro, quod novum de integro paramus, uberius tractaturi sumus, non putavi tamen alienum si et ad Rmam. D. Vestram nonnihil perscribe- rem. Quia enim negotiis quibusdam occupatus, non tam cito quam velim ad responsum scribendum dare me potero, volui de ratione instituti mei vos interea loci esse certiores, ut, si quid occurrat quod vel juvare vel mutare possit institutum, id mihi suggeratur. Bene vale, reverendissime præsul, meque totum tuum esse etiam atque etiam tibi persuade. Mechliniæ vi novembris A. MDLX. Reverendissimæ ac illustrissimæ Amplitudinis vestræ paratissimus servitor, Joacx. HOPPERUS. NOTA. On lit au dos : R". ac ill. episcopo Cameracensi, duci Cameracesii elc., Bruellis. Le mot episcopo prouve qu'à l’époque de la date de cette lettre , l’autorité civile ne reconnaissait pas encore Maximilien de Berghes, comme archevêque de Cambrai. — 203 — REPRÉSENTATIONS THÉATRALES. Enquête tenue à Lille, suivant l’ordre de l’évêque de Tournai, par Pierre Tavernier, curé de St.-Étienne, doyen de chrétienté, à l’occasion des spectacles qui avaient lieu les jours de fête, à midi, tandis qu'on fai- sait des prédications dans les églises (1). 1573 , 12 août. Imprimis Reverendus Pater, Fr. Joannes Glorianus , Minoritarum Insu- lensium guardianus , sacræ theologiæ licentiatus , annorum XXX VIT, in verbo sacerdotis asserit frequentes a se auditas proborum virorum insu- lensium querelas de actionibus ludicris quæ Insulis diebus sacris exhi- bentur, eo quod populus a verbo Dei audiendo , ad illas magna animi contentione et alacritate confluens, distrahatur, quod etiam juventuti sint illectamenta et illecebræ ad voluptates et cupiditates pravas , quarum acta sæpius turpia in illis referuntur, sectandas. Item. Joannes Le Blancq, annum excedens L, ballivus ecclesiæ S.- Mauritii, sub juramento asserit et deponit se fabulis ludicris interfuisse ac aliquando verba obscœna audivisse quæ ad nequitiam juventuti fenestram patefacerent et quæ silentio præstitisset supprimi. Item. Anthonius Pollet, XXII annorum , minor custos ecclesiæ S.- Salvatoris, sub juramento deponit se sæpius primis ludis interfuisse in quibus fabulosa bella x11 parium Franciæ referuntur et semel audivisse nonpulla quæ castas aures offenderent. . . . . . . . . . . Idem quoque asserit in posterioribus ludis ludicris mulla admisceri (4) Cette pièce et celles qui suivent ne forment, pour ainsi dire , qu’un appendice aux curieux documents publiés par M. le baron de La Fons de Mélicocq, touchant les représentations dramatiques et jeux de personnages dans le nord de la France. Voyez Annales archéol, de M. Didron , années 1848, 1850, 1851, 1852, 1853, 1354, 1855, Messager des Sciences hist., Gand 1836, 367; plus Les Artistes et Ouvriers du nord de la France, Bethune, 1848. — 204 — amatoria, ad risus quidem . sed non ita ad pudicitiam provocantia, non quidem semper sed plerumque, Item. Petrus Franciscus , custos S.ti-Andreæ in suburbiis Insulensibus, XXXV annorum , fatetur sub juramento se quoque ludicras illas actiones frequentasse ad oblectandi gratiam ; ac juventuti posse perniciosas esse , propter frequentem technarum amatoriarum narrationem ac verborum satis inhonestorum admixtionem. Item. Ludovicus du Tertre, XL annorum , sub juramento asserit nibil aliud in illis ludis mali subesse nisi quod interdum de rebus venereis fiat mentio. Item. Johannes Le Veau, civisinsulensis, annorum circiter XL, asserit audivisse se in quodam convivio ab ïis qui aliquando spectaculis illis interfuissent, quod ianta illis esset religio filiabus suis potestatem illa adeundi facere quanta loca prostitutis mulieribus infamia, sed nomina eorum ex quibus hoc audivit sibi dici non occurrere. Petrus TAVERNIER (1), S.ti-Stephani parochus et decanus christianitatis immeritus. Lettre à l’évêque de Tournai, concernant une tragédie et autres œuvres dra- matiques que le magistrat de Lille voulait faire jouer par la Chambre de rhétorique. 1585, 29 septembre à Lille. Monseigneur et très-révérend père, Merquedy dernier passé, xxvi.© de ce mois de septembre, vint à mon logis pour la première fois, quelque commis de messieurs les Magistrats de Lille, m’aportant une tragédie tirée des premiers chapitres du premier livre des Roys, corrigée et signée par le pater de S.te-Clare, et me requé- rant de la visiter et approuver, si en icelle rien ne trouvoie contraire à la foy et bonnes meurs. Je prins temps jusques à samedy ensuivant pour l’examiner. Après l'avoir bien reveu , l’ay monstré à nostre doyen, pour conformément nous reigler, lequel ay troùvé entièrement d’ung même advis avec moy. C'est assçavoir que, non obstant que ledit jeu ne conte- noït chose contraire au texte duquel estoit tyré, néantmoins pour l’or- donnance de V. Rme P., laquelle n'entend que jeux prins des textes dela Sainte Escriture fussent ordinairement en publicques exhibés, n’apertenoit à nous de le signer, comme approuvant pour le jouer, n’estoit que par ledict magistrat ou aultrement nous fust du congié et consentement de V. Rme Srie apparu. Laquelle response avons faict verballement audict commis samedy ensuivant. Et en conformité d'’icelle, ont lesdicts du magistra, déclaré aux rhétoriciens que à eulx ne tenoit, ains aux députés visiteurs, (1) P. Tavernier devrait figurer p. 146 du Camer. Christ., parini les curés de l’an+ cienne paroisse St.-Étienne de Lille. — 205 — que ce jeu ne fust exibé le lendemain , qui estoit le jour de saint Michiel, rejectans le fardeau de bénédiction sur noz espaulles, et ainsi en lavoient leurs mains. Ledict samedy après disné, vinrent lesdicts joueurs troys foys envers moy ; premièrement répétant leur livre et requérant la cause pour laquelle on refusoit la signature ; ausquels fust respondu que icelle avoit ésté suffisamment communiquée au député de Messieurs après vespres, m'aportant ung aultre jeu des gestes de Charlemain , faisant instance de le vouloir signer sur le coup et à leur bon plaisir pour le jouer le dimanche ensuivant , comme si telle visite se debvoit faire légièrement et en une heure ou deux accomplies. Lesquels, pour n'avoir commodité, lors envoyay vers nostre doyen, affin que iceluy voulust satisfaire à leurs importune requeste. Depuis , sur les cincq heures, de rechief me vindrent aggrever, simulant estre envoiés et poussés d’aulcuns du magistrat, inslamment me pressant de signer leur histoire sacrée, attendu que l’avoie eu assez par longe espace pour veoir si elle contenoit chose répu- gnante à la vérité; ce que seullement (commeils disoient leur avoir esté dict) apertenoit à nostre office, non pas de permettre ou donner congié de jouer, lequel ils avoient de Mess.'S de la halle. Non obstant leurs alléga- tions, n’eurent aultre response que la première, se malcontentans et incivilement comportans , commenchèrent à protester, disant qu'ils pren: deroient acte de refus, et ainsy se partirent de moy. A raison de cestes difficultés et semblables que prévoions pour ces jeux théatrales, lesquels le peuple fréquente les festes et dimenches , deux fois .le jour plus dili- gemment que l’églisse délaissant, grandement se faschent, prions enten- dre , tant pour contenter le magistrat et ce peuple que pour respondre à nostre office, comment en ce faict nous debvons reïgler et conduire, affin que n’excédons nostre commission. Quant aux jeux tirés hors des bibles , semble qu'il est expédient les deffendre , principalement à raison que par iceulx , tant les joueurs que le peuple viennent à aceter et feuil- leter les bibles en franchois. En oultre debveroit souflir de jouer une fois le jour, après l'office divin accomply, jeux prophanes, visités, signés et approuvés, prendant esgard que deyant ces troubles, quasi en touttes villes , les chambres des rhétoriciens ont esté fort corrumpues d’hérésie pour les conventicules , lesquelz en telles chambres se tenoient. Mons r le lieutenant Viron at jugé bonne nostre response; lequel désireroit que, par placcart ou aultrement, ces jeux fussent empeichiés, à cause des assamblées, lesquelles se [ont durant ces jeux, veu pareillement que en ce faict les villages de la chastellenie commenchent ensuivre et imiter ceulz de la ville. Je remect néantmoins du tout ceste affaire à la prudence et disposition de Vostre Rme authorité , laquelle Dieu tout-puissant veuille loing temps maintenir et conserver pour le bien de son église et salut des àmes. Escript de Lille le 29.° de septembre 1585. Vostre humble et très affectionné serviteur Jehan SYMON. — 206 — Autre lettre sur le même sujet, Monsieur, Vostre S. verra par l’adjointe que vient de monsieur Simons, licencier en théologie, chanoine de Lille, ce que passe là aux jeux théâtraux et que ceulx de la rhétorieque audict lieu s'efforcent , contre ma deffense, exhiber des histoires de la Bible , que donne occasion à plusieurs d’eux pourveoir des bibles , laquelle ils applicquent plus à leur sensualité que salut. Et comme les villaiges à l’entour dudict Lille s'advancent à faire le semblable, et que nous scavons les maulx que sont procédé des jeux de rhéthorique que se feirent l’an 1539 à Gand, que le feu bon empereur Charles V.° défendit généralement , je veoidz que les jeux dudict Lille et lieux circonvoisins n9Z feront ung feug qui sera bien difficile à estaindre. s’engendrans, en telles assambléez de populace, grandes audaces de disputer sur l'Escripture , dont plusieurs gens de bien et zéleux audict Lille se commencent de donner garde, tant ecclésiasticques que séculiers, verentes ne res erumpal in pejorem, qu'est cause que je prendz mon refuge vers vostre Srie, conoissant son bon zèle et affection vers la reli- gion catholicque, la priant bien affectueusement tenir la bonne main que ces jeux soient généralement défenduz par tout le pays ; et je tiens que, si l’on demande advis à ceulx de la gouvernance audict Lille, qu'ilz seront de mesme opinion, et que le magistrat complaict par trop au peuple , l’af- freuse audace duquel il est mieulx réprimer au commencement que de plus attendre , selon que vostre prudence le peult mieulx considérer. À tant, après m'’estre bien affectueusement recommandé à vostre bonne grace , je prie Dieu vous donner, Monsieur, en santé très longue vie. De Tournay ce x.© d'octobre 1585. Édit royal portant défense à la Chambre de rhétorique de donner des représentations théâtrales. PAR LE ROY. Chiers et bien amez, Comme il soit venu à notre cognoissance qu’en ceste saison tant diverse et dangereuse , ceulx de la rhetoricque en nostre ville de Lille s’advancent journellement aux théâtres d’exhiber au peuple des histoires de la Bible ; par où se donne occasion à plusieurs de se pourveoir de bibles, les inter- prétans par après plus à leur sensualité que salut. Et dont fort à craindre pourriont sourdre les mesmes inconvéniens que €y devant sont par trop esté veuz, au grand et irréparable interest de la républicque et de nostre service. Et désirans obvier de bonne heure à semblables désordres , vou- lons et vous ordonnons très expressément el acertes de à l'avenir n’ad- mectre aucuns jeux de rhétoriques publicques hors la Bible ou d'histoires — 207 — sacrées, ne soit que préalablement ilz soyent approuvez par l'évesque diocésain ; comme de mesme vous enchargeons de ne permectre la repré- sentation d’aultres jeux profanes aux heures du service divin et prédica- tions qui se font par les églises illecq, dequoy ne ferez faulte. A tant, chiers et bien amez, Nostre Seigneur vous ail en garde. De nostre ville de Bruxelles le XVI.° jour d'octobre 1585. Concorde avec la minute originalle. Signé : d'ENGUIEX. Nora. Ces dispositions et inhibitions ne mirent pas fin aux jeux scéniques tirés de la Bible, puisque le 5 janvier 1590 le Magistrat de Lille autorisait les jueurs de jeux et comédies de cette ville à mon- trer au peuple la passion de N.-S. J.-C., en prenant de chascune personne six deniers tournois, à charge par chascun jeu de payer cent sols parisis, moitié au prouffit de la bourse commune des pauvres, et l'autre moitié de l'école dominicale. (M. Brun-Lavainne, Revue du Nord, VI, 186.) — 208 — LES CATHOLIQUES ANGLAIS AUX PAYS BAS. RÉFUTATION D'UN PASSAGE DE L HISTOIRE D ANGLETERRE, PAR HUME, TOUCHANT LES BÉNÉDICTINS. De toutes les contrées où les catholiques anglais trouvèrent un asile, lorsqu’au XVL.e siècle ils furent expulsés de la Grande-Bre- tagne , il n’en est pas une seule peut-être qui leur offrit une meilleure hospitalité que nos provinces de Flandre, Hainaut et Cambrésis. Et dans ces provinces elles-mêmes il n’est point de cités où ils-aient trouvé plus d'accueil et un meilleur refuge qu'à Douai et à Cambrai. Nous avons par devers nous une belle série de documents originaux qui constatent à souhait ce que nous venons de dire. Tous ces exilés , hommes et femmes, correspondaient entr'eux ; et toutes leurs lettres, à part la correction du style et la sagesse de la pensée qui les distinguent toujours , sont autant de petits monuments lumineux très-propres à éclairer ces périodes intéressantes de l'his- toire religieuse. Ces lettres, au nombre de plus de 1000, appar- tiennent à la seconde moitié du XVIIL. siècle. Les dernières ont été écrites en 1792, au moment où la révolution française, plus inhu- maine encore que celle d'Angleterre , dépouillait les couvents de leurs domaines et quelquefois les religieux de l'existence. Elles sont toutes, ou presque toutes , adressées à dom Georges- Augustin Walker, président général des congrégations bénédictines anglaises, Avant d'examiner un peu en détail cette belle collection épistolaire, mentionnons une lettre de dom Walker lui-même, lettre qu'il faudrait nommer plutôt {raité ou mémoire, à cause de son étendue, du sujet qu'on y discute et du soin avec lequel elle est — 209 — rédigée. Walker y examine et réfute un passage de l'Histoire d’An- gleterre par David Hume, sur St. Dunstan l'illustre archevêque de Cantorbéry, et touchant l’origine des bénédictins. Cette missive, datée de Rome le 5 juin 1762 , est adressée à un ami de l'auteur, nommé André Lumisden. Nous la publions ici : Rome, 5 juin 1762. SIR : lt seems, at the first sight , of very little importance to the world to be ascertained of the truth of what M. Hume relatesin his History of England concerning S. Dunstan (1) and the benedictin monks ; that is wetherS. Dunstan was the first that brought over into England that order or not.This point seems, I say, to be of so little importance that he cites no authority for it. However 1 cannot but think that M.r Hume has humanity enough to believe every thing of consequence to an historian , which affects any body of men, or even any individual now living. When you red over to me the article concerning S. Dunstan, I whas sorry to see an author of his importance fall so easily into an error which brings an injust reflection on a body of which j have the honor to be a member; but still £ should have been silent on the occasion, had1 not feared that you would have interprete my silence into an approbation of that au- thor’s opinion. Two motives now engage me to trouble you with these few indigest animadversions on that subject : the first is that author's reputed impar- tiality : the errors of such writers are of too much consequence to be over- looked. Partial writers may advance what they please: men of sense always read them with due circumspection. In the second place your supe- riour judgement, and the many other amiable quaïlities for which I have always esteemed you, make me desirous of convincing you of the truth of what I advanced lately to you on that subject. Many are the arguments that j could produce to prove that S. Austin and his companions who came to preach the Gospel to the Saxons in England where of the benedictin order ; and that in his time that order had its fon- dation in England; but I shall content myself with producing only a few, remitting you for more, if yeu think the controversy worth your notice, to F. Reyner’s Apostolatus Benediclinorum in Anglia (2). + (4) Saint Dunstan, l’un des patrons de l'Angleterre ‘catholique, vivait au X.e siècle. Fondateur et premier abbé du monastère de Glastonbury, il fut ensuite évêque de Worcester et archevêque de Cantorbéry. Dunstan est mort en 988. (2). On s’étonne que Reyner n’ait point d'article dans nos biographies dites uni- verselles. I] parait d’ailleurs que le véritable auteur de l’Apostolatus etc., n’est pas Reyner, mais bien A. Baker. Voyez nos Nouveaux Analectes Hist., p. 170. 14 — 219 — But as no positive arguments have ever been produced in favour of the above mentioned assertion ofM.r Hume, Lo answerit would be abundantly sufficient the following attestation of the four greatest antiquaries of our na- tion: S." Robert Cotton (1) ,S.° Henry Spelman (2), M: Selden (3) and M.r Camden (4). The original writing is preserved in the archives of the English Benedictins at Douay ; it is as follows : « Quoniam hac nostra ælate exorta est controversia de monachatu Gre- » gorii Magni, et Augustini Cantuariensis sociorumque ejus, quos Gre- ° gorius in Angliam de suo monasteric prædicandi evangelii causa desti- »* nasse legitur : quibusdam ipsos ordini benedictino addicentibus. quibus- » dam vero id acriter pernegantibus, et ipsos ordini S. Equitü , sive alicui » ali, ascribentibus; nos, qui muitum temporis in rebus velustis, tum civi- » libus, tum sacris , atque iis imprimis quæ ad Brilanniam nostram potis- » Simum spectant , impendimus ; rogati ut testimonium perhiberemus » Veritati, cum neutrius partis præjudiciis simus obnoxii, dicimus et affir- » mamus nos duo solum monachorum genera in primis saxonicæ apud » majores nostros ecclesiæ temporibus: urum eorum qui, Ægyptiensium » mores sequuii, in hac insula florebant ante adventum Augustini : » allerum eorum qui benedictini Augustino itineris erant comites. Hanc » traditionem a parentibus ad filios dirivatam esse testamur ; atque ita » dirivatam ut non levibus innitatur fabulis, aut ambitiosis partium con- » jecluris ; quin eam ipsam vetusta sigoatæ fidei exhibent apud nos » monumenta. Ab Augustino insuper ad Henricum Octavum perpelua in » hacinsula viguit benedictina institutio; nec Augustino recentiorem'ejusve » originem, originisve recentioris vestigium ullibi comperimus. Tantum » abest Equitianum aliquem in hac insula fuisse ordinem, ut omnino * hujusmodi neque ordinis, neque nominis mentio in vetustis quibus ver- » Samur tabulariis babeatur. Sane aliorum fere omnium ordinum ir bac » insula origines ita observavimus ut uniuscujusque , etiam minimi, in- (1) Le chevalier Robert Cotton , né en 1570, mort en 1631, est surtout célèbre comme créateur de la riche collection de livres , connue sous le nom deBibliothèque Cottonienne , dévastée et presqu'anéantie par le feu en 1734. (2) H. Spelman, très-habile antiquaire , auteur du Glossarium archæologi- cum, est mort à Londres en 1740. (3) Les principaux écrits de J. Selden , mort en 1654, traitent du droit et des usages de l’antiquité sacrée et profane. (4) E. Cambden ou Camden, qui mourut en 1623 , mérita d’être dE le Varron , le Strabon et le RIT de l'Angleterre. ERA gressur) suo ann0 Consignatum habeamus. Solius benedictini ordinis » originem ante Augustini sæculum non invenimus ; ipsius sæculo flo- . rüuisse aperte reperimus. Unde exploratissimum nobis esse profitemur, » non alterius ordinis fuisse- ipsum sociosque ejus quam benedictini, qui » ideo procul dubio tam altas radices in Anglia egerit, quoniam primiill »s monachi a Gregorio in insulam destinati regulæ beuedictinæ professores » extiterunt. » Robertus CoTTroN, Henricus SPELMAN , Joannes SELDENUS, Gulielmus CAMDENUS. 2 é Tho’ this formal dicision of these four learned men , be sufficient to put the point in question above controversy; I shall add a few, out of the many autorities, which might be brought, to prove the Benedictins. to be as old in England as S. Austin.it is true that, in the charters and writings of that time, the name of S.Bennet and the word benedictin do notalways oceur; nei- ther was if natural to distinguish the monks by their founders , till the multiplicity of orders suggested it, as necessary io avoid confusion. Howe- ver the name ofS. Bennet is sometimes to be met with, as you will see herafler. M." Hume owns Dunstan to have been abbot of Glastonbury (1); wich is the same as owning him to have been a benedictin; for it is Certain that abby followed the rule ofS. Bennet, as early as the year 725 ; that is, . above {wo centuries before the time of Dunstan , who did not begin his re- formation in {he church, till after he was recalled from banishment in the reign of king Edgar. That Glastonbury followed the rule vf S. Bennet in the year 725, appears from à charter of that date, granted to Glastonburv by king Ina. lt is coppied from a manuscripl inscribed Secretum abbalis for- merly belonging Lo Glastonbury, and afterwards to the library of the Earl of Arundel. It begins « Adjuva nos Deus..... ut habeant fratres ejusdem » loci potestatem eligendi et constituendi sibi rectorem juxta regulam » Sancti Benedicli, ete » It is printed at length in the Apostolatus Bene- dictinorum in Anglia. In the vear 14, Egwin, bishop of Worcester, after erecting the great abby of Evisham (2), in his letter of endowmentsays :... « Ut fratres , secundum » regulam sancti Benedicti inibi Deo servientes , sine perturbatione vitam » agerent, etc. » This manuscript was communicated by Clarencieux. » (4) Glastonbury , dans le comté de Sommerset , offre encore des ruines fort curieuses de son antique abbaye. (2) Evisham ou Evesham , au comté de Worcester , sur l'Avon. — 949 — 4 Of the Benedictins being in England in the year 709, which ;$ still ear- lier, an undeniable proof is found in the bull of pope Constantin in 709 for the founding the said abby ofEvishan, the original sign'd by the pope with the approbations of the two kings Kenred and Offa, and of Egwin, bishop of Worcesier, is in the above Arundel library : «Constantinus, servus ser- » vorum Dei, Birthwaldo, Britanniarum ecclesiæ primati, salutem et apos- » tolicam benedictionem. .... quatenus ibidem congregatio monachorum » secundum regulam memorandi patris Benedicti, etc. » Many other monuments of the same purport might be brought; butit would take a volume to transcribe them all. Alcuin , who lived 2 centuries before Dunstan, writing to his brethren the monks of Jarrow, a monastery on the banks of the Tine, says in one of his epistles ! « Vos vero qui estis patres et pastores S. Congregationis , do- » ‘cete regulam S. Benedicti in conventu fratrum , ad cujus institutionem » unusquisque corrigat vitam suam , ut quod Deo vovistis, ante altare in- » violabiliter custodiatur a vobis, dicente propheta: vovete et reddite »s D. Deo vestro; displicet enim Dec infidelis promissio , etc. » By the above passage we learn that the monks of Jarrow, in the time of Alcuin vowed to follow the rule of S. Bennet ; and of consequence we may seethe falshood of what M. Hume advances, when he says that monasteries, before the time of Dunstan,where only an union of secular priests, who lived without wows ; and these priest, he says, were a kind of regular can- nons ; weras the title of regular cannons wasnever given, as! could learn, to priests who did not live under wows. Regularcannons were those who ; professing obedience to some rule, were so called to distinguish them from who professed none, which last were caïled secular cannons. The benedictins who officiated in Canterbury and other cathedral churches mm England were always stiled regular cannons, till L£e time of their expul- sion in the reign of Henry the VIII. This title of regular cannons, given to the Benedictins in England', has sometimes forreign historians info mis- takes; from their not having seen the Benedictins in the cathedral chureches of other countries, they imagined these regular cannons to aave beentof the rule of S. Austin , not considering that the title of cannons regular be- longs equally as well to any religious order, whatever which enjoys cano- nicates in cathedrals , as to those of S. Austin. It. would be useless to go about to seek further arguments on a subject, where our adversaries never coulg bring the value of one single positive citation in their favour older than Baronius : who is said to have taken a dislike to the benedictin monks, because those of Mount Cassin refused to trust their mss to him out of their own hands. From hence he is said to have conceived a dislike to the order, and to have endeavoured to rob'them of the honour of having produced so great a pope asGregory andofhavingconverted the Saxons in England by Auslin.But whatever induced him to thattreatment of the monks, the ennemies ef monachism , since his time, have always adhered to his assertion, not corroborating it by positive arguments, but = ee, — maintaining it by negative ones, such as ’’Bede does not mention his order to have been that of Sr Bennet; from whence one might as well deduce that hewas of no order. At all since he does not say he was of any other; but he asserts that he was a monk of Jarrow. Now it is certain, from the above mentioned citation of Alcuin his contemporary,(hatthe monastery of Jarrow was benedictin: and it is not to beimagined that Alcuin could be ignorant of the order of a monastery which he says he belonged ; as appears by his letter to Eadhold, abbot of Jarrow : « Non ignotum esse tuæ dilectioni, » says he, venerande frater , credo, quod olim SS. Patres, antecessores » fui, mihi licet indigno familiaritalis vestræ gratiam perdonaverunt, et » albo Beatitudinis Vestræ meæ parvitatis nomen conscribi jusserunt. » These testimonies appear to me in so strong a light that 1 can scarcely persuade myself that it can be reason which animates the ennemis of mo- nachism in this dispute. I am rather inclined to think that we must seek for the cause in the passions of the human breast. Mankind is tyranised by passion and prejudice ; self love and ambitious views too often controul the judgment ; many , who think themselves free from these tyrants, are still perhaps their greatest slaves. Not that I suppose M." Hume to be of that number; I rather believe him entirely unprejudiced in the affair in question. Perhaps might he have thought the thing of so little importance as to follow the first opinion he met with concerning it, which might, that not improbably , be suggested to him. However it be, L am inclined to think that this opinion gaind ground in England from the jealousies and disputes which have been, for same years past, between the secular andre- gular clergy of the roman catholick communion in England. Tbe roman catholic bishops, only temporary missionars from Rome, wi- thout any hereditary righter jurisdiction, seem to fix their hearts too much on becoming ordinaries , and in some measure. independent of the disposition of the Pope who, having sent them only for a time with a limi- ted jurisdiction , can recall them at pleasure as he sent them ; the.seek to bave their power enlarged and in a word to have all the power of bishops in their proper dioceses. But above all they seem desirous to gain an abso- lute command over the regulars. The inferior clergy joins with the bishops in endeavouring to bring it about ; this proceeds from a jealousy natural enough to man. We are apt to imagine ourselves exalted, when we see ourneighbours depressed. On the other hand, the regular, jealous of main- taining their priviledges, did all in their power to put a stop to what they thought encroachments of the bishops ; who the last pleaded the cannons and laws of the church for {he submission of regulars to them in all that belongs to the administration of the sacraments and other missionary du- ties. The regulars, on the other hand, pleaded that they derived their mis- sion equally from the same power that made the bishops missionars, and their missionary faculties were of a much older date; having laboured in the english mission long before any missionary bishops set forting. in England and consequently that they did not want any authority from the bis- ONE — hops for the exercise of those offices of which they had so long acquitted themselves without the assistance of any bisbop. The Benedictins, alone of all the other regulars, pleaded another motive of exemption , founded up on the cannon law, in vertue of their having kept up a succession of cannons, since their expulsion frem Cantorbury and other eathedral chur- ches of which they were possessed at the lime of the reformation. Now it is universally allowed that upon the demise of à bishop, the episcopal au- thority nalurally devolves on the chapter of {he vacant see. Hence the beredictin monks seam {o have some reason to sav that. as there are, as roman catholic bishops of the oldsees in England, all right and jurisdiction is devolved upon them; as they are the only ones who have keptup a succession in those churches; according to which the missionary bishops themselves ought rather to have fheir authority from the said ehapters of benedictins. But tho’ the Bençedictins have always been willing for the sake of peace, to wave this last part of the question, they think hard to be deprived of what regards themselves. The bishops have sought to abviate all this by engaging the court of Rome to recall those missionary priviledges granted by it to the regulars, before the missionary bishops were first sent to England. As to what the benedictin monks advanced concerning lheir authority derived from their succession to the metropolitan and other-cathedral churches, the clergy have endeavoured to invalidate it hy divers means; in the first place they denied a succession of the present Benedictins from those who existed in England before the reformation. That point being suffi- ciently proved to them, they immediately changed their attack, and pre- tended that the benedictins, formerly in England, were not united'in one body or congregation , and consequently that tho’ they had got together, when the first troubles were near an end, a few of the last surviving members of the old Benedictins in England, that they could have no pre- tence, but to the rights of those houses of which these survivors were pro- - fessed. Reyner, in his Aposlolatus B. in Anglia, answerd this with greatest de- gree of evidence, and plainty demonstrated that {he ancient benedictins, long before the reformation, made one body or congregation, and bas published many acts of their general chapters in proof thereof, which are still extant in different libraries in England. Beat from this hold , and still resolved to fasten to som'thing they pre-. tend that the monks were intruders put unjus{ly over their heads into the Cathedral churches by Dunstan; that Austin and his compagnions, who founded the english church were not benedictins and that consequently + they had no right to those churches, but had takèn (hem very ‘injustly from the secular clergy ; and for this end they are glad to have an author of the bulk of Baronius to back them, where they cast their anchor, and all: and all authority against him is deemed no beller than monkish for- gery; but happily the authentic monuments which the monks produce — 945 — were stowed in publick libraries .. long before the present disputes had their origin. Tfear I have troubled too much on your patience in delaining you so long on a subject of so little importance to vou; but j know how desirous you are of coming at the truth of things, and that your humauily is s0 great that you would spare no pains to do justice to the meanest of the human species ; this is what has emboldened me to adress you in so long and, i fear, so tedious a letter, and it is this humani{y of yours . which encou- rages me to desire your patience a little longer. It would seem unjust in me to insinuate {hat M! Hume had his notion about S. Dunstan’s bringing the benedielin order into England from our secular clergy, either directly or indirectly ; I fairly own il is only a sur- mise, but from what I shall ad it may perhaps not appear grouudless. But that such a thing might happen 1 have good grounds to believe, I have known a similar case on a similar occasion; and I have no reason {o think but that the some people would repeat the same again, if the occasion offer'd. The case was as follows : About seven years ago was published in France a new ecclesiastical his- tory (1), in which I was much surprised to find a very long paragraph concerning the above mentioned disputes; for I esteimed the french gene- rally ignorant of any such disputes having ever been carryed on among us; but what had most weight with me, was that the clandestine disputes of so inconsiderable a body, as the english roman eatholics make with res- pect to the whole church, did not seem to me to deserve so great a propor- tion in a general ccelesiastical history. In it the regular clergy of England are represented in the most unjust light. They are accused of fomenting disturbances among the roman catholics, undermining tbe clergy, and 6f bringing on a persecution against D." Smith (2), bishop of Calcedon in parti: bus and vicar apostolik in England. This bishop was sent into England by the court of Rome. The missionars, both secular and regular, uniting to de- mand a bishop to assist them in their mission, father Rudesind Barlow, then superior general of the english benedictins, was consulted by the congre-- gation de propaganda fide in Rome, about a proper person to be made bishop and sent into England with such missionary faculties as were neces- sary in those circumstances. F. Rudesind thereupon wrote to the said con- gregation. His letter is dated december 2 1625, and proposed D. Smith as (4) Il s’agit sans doute de lAbrégé de l'Histoire Ecclésiastique, de l'abbé Bonav. Racine, 15 vol. in-12, Paris, 1752, 1762. Cet ouvrage fut considéré comme entaché de jansénisme. (2) Richard Smith, auteur de plusieurs bons ouvrages en faveur de l'unité catho- lique, professa durant quelque temps la théologie à Douai. Ses efforts pour sountettre les réguliers à la juridiction épiscopale donnèrent lieu à de vives répliques de la part du P. Ployd, Jésuite et du Bénédictin Rudisind Barlow. Smith est mort en 41655! Agé de 85 ans. — 216 — tho proprest person. D.’ Smith was accordingly ordained bishop and sent to assist in the english mission by performing those functions, which were not of the competancy of simple priests, such as the administration of cor- firmation, blessing the oils, etc.-.. But the new bishop no sooner arrived in England, then seized with ambitious views, and forgetting the end for which he was sent, he set up for ordinary of all England and Scotland, caused himself to he so stiled, subscribed his name with that tittle, and claimed a jurisdiction and authority equally extravagant over all Great Britain. F. Barlow, his friend, and who, as I said, put the miter of his head, seeing the exhorbitant pretentions of the new Dionopl opposed him in them. The affair was carried to Rome : the Pope blamed the bishop and declared that no such jurisdiction was ever meant to be given him. Bui still he insisted upon it in England, and made so much noises about it, that it came to the ears of the gouvernment: and D." Smith was at last obliged to fly out of the kingdom. Now i will leave you or any candid person Lo judge whether it be pro- bable that the roman catholiks would dare attempt to interest the court in their disputes about the beginning of the reign of king Charles the first, at a time when they scarcely durst shew their heads ; or whether it be not more probable that the rumour of this new episcopal tribunal and juris- diction over all Great Britain , coming to the ears of a jealous minisiry, was the true cause of the persecution commenced against bishop Smith. But let us spupose for a moment, with the above cited french historian, that the regulars, and particularly the monks, had so muchinterest with Charles the first as to obtain that king’s protection against the unaccoun- table pretensions of the bishop. The accusation would rather turn out to the honour of the regulars , for as much as, if it were to appear that king Charles took their part, it would he a proof that he looked upon them as the better subjects ; for we cannot suppose him to have had any other in- terest in those disputes. But whatever the trufh of the may be, the bene- dictins will allways think themselves honour’d by accusations of this kind, as they prove no more than that they cousted and obtain’d the protection of their lawfull kings ; I wish some of our political bishops could clear themselves of having paid their devotions to power of a later date, in which time alone they found means to extend their authority. When i first saw the above mention’d paragraph in thefrench historian, i immediately imagined some foul play, not thinking it possible that a fo- reign writer, unbiased in our disputes, could give so partial an account of them. But I was soon satisfied as to that article : for a few days after. I had a visit from D.' Holden, then superior of the english seminary at Paris; who very politely, according to his usual custom, begun himself the discourse on the new published church history, but particularly on that part which regarded our disputes in England. I told him I was sur- prised that the french historian should be acquainted with them. The doc- tor owned the truth of my reasoning,-and boastingly added, that our 2 A7 disputes would never have appear’d in that history, and not he himself drawn up that article and gotit inserted. Now what jugdment should we pass upon an historian who takes impliitely his account of things from the most virulent of a party concerned ? M.' Holden (1) is, a believe ; still living : and I dare say will not deny the fact. But this is not the only case of this kind. M. Tipper, a roman catholic clergyman and grand-vicar in London, had the adress and industry to insinuate himself so far into the good graces of M. Cart the historian that they lived together in the same chambers in one of the innes of cart , at {he time M. Cart was writing his history of England; to whomit is said that M. Tipper often suggested things tending to the Same purpose. The constant behavour of our secular clergy on former occasions, raised my suspicion on the passage of M. Hum’s history concerning S. Dunstan ant the benedictin monks : a suspicion which, j own, is perhaps ground- less: but I could account in no other way, for a man of M. Hume’s pene- tration and impartiality, falling into so gross a mistake. Excuse, dear sir, this tedious tryalI have put upon your patience ; I as- sure you nothing but the affection I bear you, and the esteem I have for your superior judgement, could have engaged me on so disagreable a subject ; for I detest disputes. But the desire of making you conceive a better and more just opinion of a body to which I belong, would make me untertake any still more disagre’able task, so dear to me is your good opinion and esteem. But whatever judgement you pass on this hastly per- formance, j presume it will in no ways byass you against me ; for I declare that I am ready, when seeing stronger arguments, shall be brought on the opposite side of the question, to recall what I have said ; for I do not think myself so far prejudiced in favour of the monks, as to be blind to their facults. Of times I can see my own, among which 1 rekon the trespass I am making on the time, which you would have employed to much better purpose , on more important affairs. But my judgement is over power’d by the passionate desire 1 have of assuring you on all occasions of the invio- late attachment, esteem and sincerity with which I am and shall ever pro- fess myself, Sir, Your affectionate and humble servant, 1 D. WALKER. Rome, june the 5 1762. Nora. La lettre de dom Walker est d’une lecture assez difficile. On voudra donc bien excuser les petites défectuosités que pourrait présenter cette copie. RER RER EEE EE REREE EEOREER EEE (1) Ce supérieur du séminaire anglais à Paris était sans doute le neveu ou le petit- neveu de Henri Holden , savant théologien réfugié, auquel M. Tabaraud a consacré un article dans le supplément de la Biographie universelle, t. LX VII, 263. — 218 — EXTRAI'C D'une lettre écrite du camp de Deynze à la prieure de l’Hôpital-Comtesse à Lille. ee Le 3 juin 1690. Le corps de M. de Calvo (1) passa hier par Menin où j’estois. Je vous vois, Madame , dans l'attente d'apprendre quelle fut la pompe funèbre avec laquelle il y entra, et qui doit estre proportionnée à un lieutenant-général des armées du Roy, qui a donné mille preuves de sa valeur. ; Je ne vous diray point que le convoy parut en belordre, ayantles gardes du défunct à la teste et plusieurs gens de livrée suivis des officiers de sa maison, que son escuier portait son épée entourée d'un crespe, et qu'il précédoit son carosse où estoit son cercueil couvert d’un drap noir chargé de l'ordre du Saint-Esprit, que cette marche funèbre estoit fermée par l'escorte qui l’avoit accompagné de Courtray , que la garnison prit les armes pour le recevoir , que le clergé a!la au devant du corps, qu’on le déposa dans l’église, que les magistrats y parurent en robe de cérémonie, et que les cloches frappèrent les airs de toutes leurs forces. Non , je ne vous diray point tout cela , car il n’en est rien. Son carosse et cet équipage magnifique qu’il avoit à l’armée, ayant été vendus et partagés aussitôt qu'il eut cessé de vivre, il ne luy restoit plus aucune suite. Les officiers de la garnison n’estoient point awertis de son arrivée , le curé faisoitla méridiane , les magistrats estoient au staminet, le sonneur ne sonne point sans argent. Enfin cet illustre mor:t fit son entrée sur un chariot de paysan qui s’arresta de son plein gré; au milieu de la place, sans que personne sceut ce qui estoit dedans ; et on ne l’apprit que lorsqu'on vit sortir de cette espèce de Caraba un récollet qui, après avoir dit quelques oremus en descendant, s’en alla avec le palefrenier dans un cabaret pour prendre sa réfection, laissant le corps à l'a garde du charetier qui détela aussi ses chevaux et lesattacha au Char porir les faire repaistre. Dès que le bruit en fut répandu , chacun y courvit en foule. On estoit étonné de voir le corps de ce grand homme enfermé dans une simple bière , sur laquelle estoit une couverture de muleit, au lieu de poële, et (4) Jean-Sauveur de Calvo , espagnol qui passa au service de France en 4641 , et qui mérita par tous ses hauts faits d'armes, le surncm de Brave Calvo, mourut à Deinze , le 29 mai 4690, âgé de 65 ans. On s'explique le manque d'appareil dans ce cortégé funèbre d’un lieutenant-général d'es armées de Louis XIV, lorsqu’on sait que ledit cortége traversait un pays tou’, nouvellement conquis et encore mal assuré à la France. ME — pour comble d’indignité, on avoit jeté dessus des bottes , de vieilles selles, d’autres hardes de campagne. Le soldat considéroit ce spectacle avec douleur et murmuroit de voir traiter ainsy la mémoire d'un capitaine qui l’avoit mené si souvent aux ennemis avec beaucoup de valeur. Ce portrail de la misère humaine m'’engageroit dans de hautes réflexions. Je garday quelque temps un profond silence ; mais enfin rentrant dans mon naturel , j’envisageay d’un autre œil celte bizarrerie du sort, et je fis cette manière d'épitaphe : Le vaillant Calvo, que naguère Redouloient le Belge etl'Ibère, Gist entre un moine et son valet, Sous la couverte d’un mulet. Ensuite je m'en consolay , songeant que Pompée n’avoit pas eu un plus heureux destin, lorsqu'il mourut devant Peluze, puisqu'on attacha ce vers sur SOn COrpPE : Pene caret tumulo cui tot modo templa fuissent. Voilà à quoy se fermine la gloire de cemonde et ma lettre, y joignant de nouvelles assurances d'amitié (4). (1) Je regrette de n’avoir pu découvrir quel est l’auteur de cette lettre assez spiri- tuelle et de l’épitaphe piquante qu’elle contient. — 220 — DE JEAN CARPENTIER ET DE SA FUITE EN HOLLANDE, La Notice que j'ai publiée sur J..B. Carpentier, historiographe du Cambrésis, in-8.°, Valenciennes, 1833, mentionne la dispa- rition de ce moine de St.-Aubert, qui, envoyé à Malines par son abbé pour y suivre un procès que la maison soutenait contre le chapitre cathédral, jugea bon de visiter la Hollande et de s’em- barquer ensuite pour la Suède. J'ai dit comment l'abbé Jérome Milot, touché du repentir de ce fugitif, l’accueillit bénignement et le rétablit parmi ses confrères. Une lettre de Carpentier, insérée à la fin de ladite notice, fournit même quelques détails touchant la fuite et le retour du moine. Voici, pour compléter la connais- sance de cet incident, des pièces qui me semblent dignes d’être publiées. Je tiens les deux dernières de l’obligeance de M. le comte de Galametz. L.° Acte par lequel l'abbé et les religieux déclarent que Carpentier est réin- tégré dans le chapitre, comme s’il n’en était jamais sorti. « Nous messire Hiérosme Milot , par la permission divine , humble abbé de l’église et abbaye de Saint-Aubert en Cambray, de l’ordre des cha- noines réguliers de Saint-Augustin, salut. Scavoir faisons à tous ceux que conviendra que, comme sire Jean Carpentier, nostre religieux et confrère, fu commandé de par nous le 29 de septembre 1650 de se transporter à Malines pour négocier un procès intenté contre MM. de la métropolitaine, touchant nostre prébende en leur église, il auroit pris l’assurance, (se servant de la vacance publiée à Malines pour 15 jours) sans nostre préalable et spécial congé, de visiter la ville d’Ams- terdam , à la persuasion et compagnie d’aucuns siens amys , sous la pro- messe qu'ils lui avoient faite de le ramener sain et sauf au bout de 8 jours. — 221 — Mais comme nostre bon Dieu, qui dirige toutes nos actionsetse sçait venger en temps de nos témérités quoy bien legères, fu malheureusement em- barqué à son retour sur un vaisseau qui faisoit voile en Norvège , d'où, après avoir esté traicté en esclave quelque mois, fu emmené en Suède, d’où il nous a fait scavoir plusieurs fois son estat é‘ l'extrême désir qu'il , avoit de nous revoir ; Ce qu'il a accompli heureusement , par la grace de Dieu qui est autant miséricordieuxque juste, et chastie plusieurs fois ceux qu'il aime. A la fin est arrivé en nostre maison le 10 de novembre de cet an 1652, à nostre grand contentement et applaudissement de nous tous. Or comme nul péché contre l’obédiance ne doit estre espargné , mais exemplairement puni, avons délibéré que la douceur et la charité nous doit estre autant et plus recommandables que la discipline en ce point, veu que sa cheute n’estoit émanée que d'une simple et inconsidérée curio- sité , attendue aussi sa constance en sa foy et vocation parmi ces nations barbares, y joincts les bons conseils et advis de fameux et signalés person- nages , nous avons trouvé bon, après l’accomplissement de quinze jours de vray et repentante pénitence, de lui pardonner à toujours cette faute et de le rejoindre avec nous, mesme de le remettre , de le considérer et juger capable de charges et honneurs, comme il estoit par ci-devant. Et afin qu'avec le laps de temps l’envieux, qui ne dort jamais, ne lui vienne à controuver ou avancer quelques reproches ou calomnies qui lui pourroient apporter quelque destourbier en sa vocation, pro bono pacis j'ay trouvé bon , en tesmoignage de vérité, de signer ceste de mon signe manuel, ayant aussi prié un chascun de nos confrères et religieux aux fins préalléguez. » « Nous religieux et couvent du susdit lieu , ayant meurement considéré l’'humble remonstrance de messire J. Carpentier, habentes memoriam nostræ communis fragililalis, recogitantes nos in eadem peccala posse labi, nous le recevons fraternellement et tendrement entre nous tous, avec joye et applaudissement, et le considérons en tout comme l’un de nos vrays et très-sincères confrères. En tesmoignage de tout ce que dit est ci- dessus, et en suitte du consentement etsignature de nostre dit sieur prélat, nous avons signé ceste de nostre signe manuel le jour et an susdits. » 2.0 Lettre de Jean le Carpentier à M. Foullon (1), chambellan et conseiller de S. A. S. l’évêque et prince de Liége, en la souveraine cour, féodale de Leide, Il lui avouenaïvement le motif de rancune quilui a fait omettre la famille Foullon dans son Æstat de la noblesse du Cambrésis. 2 décembre 1666. Vous vous étonnerez peut-être de ce que je n’ay pas fait mention de (1) Erasme Foullon , d’une famille originaire de Cambrai, naquit à Liége en 4606 (ay ; $ ets q A — 2292 — vostre famille dans mon premier œuvre; mais outre que vous y remar- querez quelques raisons, la plus forte, à vous dire franchement, est demeurée dans ma plume , qui est fondée sur une naturelle aliénation ou aversion fomentée depuis plus de septante ans, entre le conseiller Foullon défunt et.mon ayeul, pour je ne sçay quel sujet. Au surplus, ceux/qui vivent à présent à Cambray et ès environ, enflés peul-être de leurs richesses, ont fait si peu de cas de ceux qui me touchent qu'ils m'ont donné sujet de taire les éloges de ceux qui leur regardent. Si j’avois sceu ; Monsieur, que je vous faisois tor (sic) par ce silence, je m’aurois bien gardé de me venger de la sorte. Au reste, je vous proteste que je réparerai toutes ces fautes dans mon grand œuvre (t})et que je parlerai de vostre maison, en son rang, avec tous les avantages possibles , espérant que vous aurez la bontée de me traiter avec plus de civilité que ceux de Cambray el que vous ne dédaignerez pas parfois mes correspondances. Cependant persuadez-vous que je suis et serai toute ma vie, Monsieur, l’un de vos plus affectionnés serviteurs. JEAN LE CARPENTIER (2): 3.0 Lettre de E. de Foullon 2*** J'ai les œuvres de Jean le Carpentier , dont il vous a plu de m'envoyer un extrait par vos lettres du 24 du passé; et comme je me suis autrefois plaint à luy même du peu de soins qu'il a eu d'insérer en son Traité de la Noblesse de Cambrésis , ce qui pouvoit faire à l'honneur de nostre famille, il m'ait répondu dans les termes ici-joints , et. cependant il m'a envoyé un document en parchemin dont copie est aussi jointe (voir Collect. de D: Le Pez , livre M. p.325 ; c’est le manuscrit 600). Ores, Monsieur, puisque vous ayez la bonté de nous offrir vos services et que je me suis toujours deffié de la vérité de ce document et du peu de foy à adjouter à un homme qui l’a faussé à Dieu, je prends la liberté de vous requérir, comme eslant en Arras, d'aller au monastère de St.-Vaast el d'y aprendre s’il.se trouve effec- tivement dans leurs archives domestiques qu'un nommé Louis Foullon (3) et y mourut le 3 février 4687. Paquot luiattribueun 7raite des droits de l’église de Liége sur le duché de Bouillon. Mémoires XV111, 100. Erasme Foullon eut un frère nommé Erard', connu comme historien de Liége. Paquot , cbid, 103. (4) Ce grand œuvre n’a jamais paru. (2) Quoi' qu’en dise cette signature, le vrai nom n’est pas Le Carpentier, mais Carpentier. (3) Ivy eut, de 1380 à 4385, un abbé de Saint-Vaast nommé Louis ; était-ce un Foullon? C'est ce que ne dit pas le Gall. Christ. —.223 — y auroit esté abbé environ de l’an 1383, et que un Charles Foullon, sieur d'Offemont el de Charlefort, marié à la demoiselle de Wanquetin auroit esté enterré l’an 1470 dans leur église auprès de l'hôtel @e N.-D. Quelles armes luy et l’autre portoient? car s’il en faut croire aud. Carpentier et à une ancienne généalogie à nous communiquée par nos parents de Cambray, eux descendent dudit Charles et nous de Gérard Foullon. son frère cadet, marié à demoiselle Eléonore de Louverval; duquel mariageil sortit, comme ils disent , Robert Foullon, nostre trisaïeul, mort à Cambray , l'an 1537, approchant ses cent ans ; Roger, son fils, s’estant venu habiter en Liége et s'y marier environ de l’an 1524. De quoi nous avons des documents et preuves irréfragables. Je ne sçay pourquoy ceux de nostre nom à Cambray font difficuité de vous communiquer leur descente; mais je dois vous dire qu'il y a des choses qu'ils nous cachent et que si nous avions accez aux archives de ceste ville, là nous trouverions peut-être de meilleures preuves qu'eux. Au reste il s’en faut tenir à ce qu’on a ; et mon père vous remercie fort de voire civilité , comme je fais aussi en demeurant, Monsieur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur, E. DE FOULLON. De Liége , le 1." décembre 1685. — 9224 — PAMPHLETS POÉTIQUES CONTRE FRANÇOIS 1.%. Les deux pièces qu'on va lire ci-après se rattachent tout à la fois à l’histoire littéraire comme, curieux échantillons de poésie politico-satyrique du XVE siècle, et à l’histoire civile, comme documents singuliers sur la guerre entre François premier et Charles-Quint. IL est bon que nous sachions un peu, nous autres Français, comment on traitait la France et ses rois dans ce pays-ci à une certaine époque. La Flandre Wallonne, comme on va le voir, avait aussi alors ses Clément-Marot , sauf le talent. La Journée des pourettes fait allusion aux tentatives des Français pour secourir Térouane en juillet 4537. Quant au Miroir nouveau, c'est une sorte de diatribe assez piquante contre François [.®T, à l’occasion de son alliance avec le duc Guillaume de Gueldre et à propos de leur invasion dans le Brabant et le Hainaut. Il faudra bien qu’on nous permette quelques notes pour éclaircir certains noms et certains faits relatés dans ces deux petits pamphlets , où les règles métriques de la versification ne sont guères respectées, comme on le verra de reste. Nos poètes wallons, très-peu français par la pensée, ne l’étaient pas beaucoup plus pour l'expression et pour le style. Ces bagatelles sont extraites d’un petit cahier in-8°, papier, ayant pour titre : S'enssieult aulcun recœul de pluisieurs choses tant dictiers — 225 — comme oraîsons et aulcunes bonnes pièches recœulies tout en- samble. Ges prétendues bonnes pièches et oraisons sont : 1.° Pro victoria habita apud Sanctum Hubertum per Namurcenses contra Franchigenas. C’est la seule production latine du recueil; elle se compose de 56 vers. 2.° Compte et renseignement fait à St.-Hubert par ceulx de Namur et Bouvingnies à Geldroisde Franche, le XX VII: d'octo- bre mil V cent et NII. 3.9 Comptes rendus, présens Jehan de Sponiin, plusieurs bourgeois de Namur et Bovingnes. 4. Complaincte du défunct roy de Castille. 5.0 Les dictz de Divgënes. — Les dictz de Cléobolus. 6.° La Journée des pourettes. 7.° Miroir nouveau. 8-0 S’ensieult aultres dictiers. LA JOURNÉE DES POURETTES. Venez, Franchois, au ravitaillement De Terronnane et force apportés pourre ; Et vous montés trestous légièrement , Tant que soyés plus légier à bien courre; Car point dedans ainsi on ne se fourre. Bien vous le sceult la journée des esperons. (1) Par les Anglois vous vous fistes escourre Et ceste fois par tous nos Bourguignons. Pour bien courrir estes preux et vaillants; Mais pour chocquier vous n’avés hardiesse. Ce samble rage à vous voir sur les champs Estradyer: Là n’avés point de cesse ; Mais à la lance se aulcuns vous oppresse, Pour le rencontre vous lui devrès la fuytte, Craindant que vous ou vos chevaux ne blesse. Vostre vaillance est au piet, point à la luyte. (4j On sait que ce nom, journée des éperons, fut donné à l1 bataille de Guinegate | 18 août 1513 où les Francais; a-t-on osé dire, se servirent moins d’épées que d’éperons. 45 — 226 — Vous pensièsbien, avecq voz sacquellés , Faire merveille estant tout plain de pourre : Mais vous avés trop meschans chevallés : Is ne vallent riens sinon que peur bien courre. Vous cuydiés bien Terrouane secoure : Mais on vous a le chemin racourchiet. Cheulx qui sçavoient myeulx trotter et courre Doibvent avoir le pris, car ils ont bien gaigniet. Vous estimiés ce cop cy eschapper Par vos finesses , comme le temps passet (1); Mais Molenbaix vous à altrappés Dedans ses royes, comme le temps passet. Et quant vos pas il eut bien compasset, Chocquant sur vous vous at fait despasser Plus quele pas ; l’eau avés repasset Mais la pluspart ne l’ont sceu repasser. Voz capitaines que vous estimiés tant, Et vos grans maisires, chevalliers Ge renom, Le sieur de Pienne (2), Hannebault (3) tant puissant, George capitaine, le seigneur de Chalon, Avecq aussy le barron d’Alenchon (4), Monsieur d’oultre eawe et le josne Sercus Sont prisonniers ; pluisieurs autres de nom Bien chincq cens mors prest à mettre au sercus. En l’an de grâce XV.f et XXXVII, Ung vendredi en julletie proprement, Que les Franchois plain d’orgueul, comme on scet, Pensant faire ravitaillement A Terrouanne, portant honnestement Les sacquelés. en guise de mallettes, Pour bien parler de ce jour proprement, On le nomra la journée des pourettes. (4) Sans doute Charles de Lannoy, à qui l'on attribuait le gain de la bataille de Pavie, (2) Louis de Halluin , sire de Piennes, après avoir été, sous Charles VIIT, charge de diverses ambassades, devint, sur la fin du règne de Louis XII, lieutenant- général de Picardie. (3) Ce sire de Hennebaut ou Anebaut fut du nombre des capitaines faits prison- niers à Pavie. (&) Charles 1V. comte d'Alençon, moins brave à Pavie qu'il ne l’avait été à Marignan. MIROIR NOUVEAU transmis au roy de France, forgiet en Huinault pur ung de ceulx de la forge, en l'an de Nostre Seigneur mille cinq cens et xliii, le dixième jour du mois de novembre. L'ACTEUR. Haynault, voyant que Franchois, roy de France, De mettre à fin sans rayson le poursieult, Remply de deuil, d'angoisse et de souffrance, Proffère et dict au roy ce qui s’enssieult : HAYNAULT. Qui tant t’esmuelt de guerroyer icy ? Dis moy, Franchois, roy de France puissant, Qui est celluy qui conseilla cecy, De mettre au sang et au feu sans merchy, Le jardinet de Haynault filorissant ? Ce fut pour toy ung conseil mal yssant. Mal l’en prendra sur la fin de tes jours. Les conseilliers ne paient point tousjours. Tu as pensé par cautelle et trafficque, Au lamps passet envahir mes pourpris; Mais à présent, comme roy magnificque, Tues venu mettre camp bellificque Sur mes terroirs, dont je suis fort despris. Tu as brulez, allumez et despris Mainte maison et pilliet mainte vache, Ne sçay comment ung roy a telle audache. Tu as gaigniet Maulbuege (1) et Landrechie Par grant proesse et corage animez. Barlemmont as conquis et Aymerie, Et qui plus est, la gendarmerie ee a —— 2 ———— ———— ee ——————_—_——— (1) Maubeuge fut prise et réduite en cendres par le Dauphin, en 1543, tandis que Francois |.®T s'emparait lui-même de Landrecies qui jusque-là était, comme Maubeuge . au pouvoir de Chirles-Quint. DNS ie Qui deffendoit les chasteaux susnommez, Laquelle estoit en nombre bien sommez, De octante à cent ; n’esse point grant famille Pour résister contre soixante mille ? Après avoir Barlemmont (1), Aymerie (2), Ravy par force où nulz ne deffendoit, Tes deux enfants, parrez d'arme pollie, S’en sont venus à la frisque et jollie Ville de Sinch (3) qui le crocq attendoit, Là ung chascun de tes gens prétendoit Facillement entrer ainsy que ailleur : Mais la police l’on at trouvet meiljeur (4). Car la villette, à son maistre léalle, Dont à jamais ne sera diffamée, Pour soy monstrer du tout impérialle N’at espargniet géniture royalle ; Ains a tiré au mitan de l’armée : Si que par feu, par fouldre et par fumée Elle a plongieten mortelle souffrance Les plus gentils de ton pays de France. Tes deux enfants descendu en ce val, Accompagniez d'Bennebault et Vendosme, Marle, Pointieuvre, et aussi Loingueval, Ont bien montré de pieds et de cheval Qu'ils ont vertu, couraige et force d'homme . Car quant ils onf veu tresbuchier en somme Cincq on six mors de leurs nobles parens, Is n’ont osé se trouver sur les rens. ——_—_———— (1) Berlaimont , auj. chef-lieu de canton, rive gauche de la Sambre, arr. et à 4% kil. d'Avesnes. (2) Aymeries, à 2 kil. de Berlaimont, avait un château fort que le Dauphin prit et fit démolir en 1543. (3) Binche devait sans doute ces doux surnoms, frisque ‘et Jolie, au beau palais que Marie , reine de Hongrie , sœur de Charles-Quint , venait d'y faire bâtir et que le roi Heüri IX brûla en 1554. (4). J1 faut lire dans Pontus Heuterus, Rerum Belgicarum Libri quinque ,\in-4.9, Anvers, 1598, p. 544 et suiv., le récit de cette expédition dans le Hainaut et de cette attaque de Binche où le célèbre Coligny recut une blessure à la gorge. MAN — Ains sans honneur, comme gens trop infame, Se sont tirés bien loin des copz trenchans, Et ont laissiet à vitupère et blasme Bien deux cents corps, dont Dieu vœal avoir l'ame; De leurs gens mors sur la terre couchans, Viande aux loups et aux bestes des champs Dieu ! quel horreur ! un roy souffrir les siens Estre engloutis des oyseaux et des chiens! C'est peu d'honneur à ces nobles enfans D'avoir si tost levés leur camp el siége. C'est peu d'honneur à ces gens triumphans Que on estimoit aussy fort que éléphans, D'avoir si tost reculé leur colliége. C’estoit bien loing de s’en aller en Liége (1). Mettre par force ung évesque à leur choix. Dieu n’a voulu tant d'honneur aux Franchois. Pourquoy n’as-fu ta bataille rangiet Devant Bouchain ou place de renom ? Pourquoi n’a-{u le Kaysnoit asiégiet? D'Avesnes aussy pourquoy n’as-{u mengiet ? As-tu doublé la pouldre du canon ? Si ton Daulphin demandoit bruit et nom, Que n’alloit-il requérir sa vasselle Que ceulx d’Avesnes ont pesquiet sans bousselle ? Avesnes at faict à Les gens grant dommaige ; Et si t’a faittrès honteux vitupère ; De tes oyseaulx elle a prins le plumaige : De tes chevaux elle at saisy dismaige. Pourquoy convient que ung aultre le compère; Et loutes fois pour un roy qui prospère, Tu te debvois plus tost prendre à ycelle Que de volloir violer la pucelle. Pucelle est Binche qui si bien at vescu Que fol amant jamais ne convoita. Elle at sa foy à un prinche invaincu, Portant harnois, lance et pieu, dardz, escu. CESSE (4) Eu 1541, lorsqu'il fut question de donner un coadjuteur à Corneille de Berg, qui était évèque de Liège sans être prêtre lui-même, l1 Frahce essaya vainement d'intervenir, Ce fut Georges d'Autriche , archevêque de Valence , qui fut nommé — 230 — Le plus exquis que la terre porta, C’est cesluy-là qui jadis surmonta , Oultre les mons, ton sceptre de renom, Charles cinquième, empereur de cenom. Ceste pucelle assise à secque terre, Sçavans jouer de picques et de dars, T'a bien gardés de la prendre et conquerre. Si t’a monstré qu'elle scet de la guerre Plus que ne font tes vassaulx et souldars ; Car seulement avec deux estandars Elle a deffait ton espantable effort. Troye en son tamps n’at point fait si très fort. ee . Quant tout est dict de la folle entreprise, Tu n’en seras ne prisiés, ne louez ; Car tout ainsy que oyseleux tendt à prise, Tu as cnydié enfiller ma pauprise, Mais de ton gluys point ne suis engluez, Sy j'ai perdu, par estre mal cloués, Aulcuns pallis de mon jardinet gent, Tu m'en rendras pour ung seul plus de cent. Villains meschants, mengeurs de gras morcheaux , Et garsonceaulx , tu tiens soubz ta bannière, Pour emmener comme vray laronceaux, Mes moutonceaux, mes vaches, mes pourcheaux, À grans monceaux, en la fosse et taynière, Par telle manière est mise prisonnière La parsonniére à ung chascun donnant Ce que pour droit iuy est appartenant. Roy, cesle justice , ‘à laquelle tu fais Oultraige telle et quelle mesprison, Que si donc n’est que tu changetes fais’, Tu sentiras les importables fais Que Vulcanus apprest en sa prison. Repoz es cieulx que sur tout bien prise ou, Ne t'aviendra sans changer tes propos Roy, myre {oy au miroir d'Atropos. OS 1 — Situ te myre au miroir que je dis, Tu ne feras dommaige à tes voisins ; Ains t'eniras pour gaignier paradis, Ruer dessus ces’ Affricquans mauldis, Turcgs infidèles, mescréans sarrazins ; Trotter feras Auvergnois, Lymoisins, Gascons, Normans, sur télle pation Sans faire guerre à (a cognation. Si tu ne fais cela que ie recorde, Certes la fin point ne te sera bonne. Tes gens seront attachiez d’une corde, Et seras, sans avoir miséricorde, Pris ou privez de sceptre et de couronne. Ne vois-tu point qu'Espaigne te avirone, Et qu’Allemaigne à la mort te pourchasse ? De chiens rabbis ne voit-on longue chasse. L'ACTEUR. L'an quinze cent ayecq quarante-trois, Du plaisantmoy de juillet le treizième. Le Daulphin mist gros canons et charois Tout près de Binch , pour trouer les parois: Ettira t'on toutle jour quatorzième. Mais quand ce vint le matin du quinzième, Tout ce gros siége et camp se retira; Car dudict lieu trop fort on les tira. Avoir puist-il au ciel couronnement. Et soit exempt de mengier dur pain d'orge, Qui che myroir forgea si proprement Que piecha tel ne vuyda de la forge. Droict Neul (1)- Nora. — La Société des Antiquaires de la Morinie à publié dans son Bulletin de 1855, graces aux communications de M. le président Quenson et de M. P. de Beaupré, de curieuses pièces de poésie touchant les vicissitudes de Térouane. (1) Ces deux mots Droict Neul, placés là en guise de signature , forment s1ns doute l’anagramme du nom de l'auteur du Miroir ; mais je'ne me sens pas capable de trouver le mot de l'éniyme; ur plus savant le fasse. — 232 — LIVRE PUBLIÉ A LILLE SOUS UNE APPROBATION FAUSSE Nicolas Calcan, qui fut successivement cure de la Madeleine et de Saint-Etienne, et qui mourut de la peste le 14 juin 1647, avait été en outre chanoine et pénitencier de la cathédrale de Tournai. On connaît de lui une Oraison funèbre de Maximilien Villain de Gand, évêque de Tournai , in-8°, Lille, Nic. deRache, 1645; mais une œuvre de Calcan que l’on ne connaît point, parce que sans doute elle fut supprimée, c'est un petit traité qu'il aurait laissé paraître sous le couvert d’une approbation supposée. Le digne curé aura cru que ce Vu bonétaitunesimple affaire d'usage, qu'on pouvait formuler soi-même, sans v mettre tant de façons. Voici à cet égard un document authentique : « Je soussigné, commis censeur en la ville de Lille, atteste à tous qu'il appartiendra que seroit venu à sa congnoissance estre imprimé audit Lille, certain livret sansnom d’imprimeur, intitulé : Manifeste touchant la possession des pasteurs et manegliers de lavillede Lille. au faict des premiers services, contre les religieux de l'ordre de Saint-Dominique de ladite ville, tiré du droit, des décretz ponti ficaux et des règlements et contratz fuictz entre les chapitres et pasteurs, et entre lesdits religieux. Far Nicolas Calcan, licencié en théol. et pasteur de Saint-Estienne à Lille, 1646. » OS » Sur la fin duquel livret est portée ou couchée l'approbation en ces termes : » Ce manifeste ne contient rien contre la foy, et n’est aheurré des termes de la jurisprudence , ainsi est remply de belles remarques du droit et des auteurs receus, confirmées par accors et réglement. » Signé : Jean Parent, censeur. » Lequel livret je n’ay veu, n'y leu, n'y approuvé. Il est néant- moins véritable que le vendredi, douziesme du mois de janvier xviec quarante-six, environ le soir, le susdit sieur pasteur Nicolas Calcan m'est venu trouver avec un gros trousseau de pappier escrit à la main pour avoir approbation d'iceux, disant en être fort pressé pour les faire imprimer et les présenter à la gouvernance. Estant ainsi pressé , je luy ay respondu que je l'approuverois , croiant que l'imprimeur eût fait son debvoir d'apporter les premiers pour les examiner fœulle par fœulle; cequ'il n’a fait. Ains j'ay sceu et recognu que ledit livret estoit dès lors entièrement imprimé, usant de telz termes qu'ilz ont voulu en la susdite approbation , à mon grand étonnement, Et le lendemain matin 4 3e dudit mois, ledict hvret fut distribué à messieurs du magis- trat. Ce qu'entendant , je me suis aussitôt transporté à la Maison de Ville, et me suis plaint à messieurs du magistrat, de l'imprimeur, d'avoir imprimé soubz mon approbation, ce que je n’avois pas veu, n'y approuvé.En signe de vérité j'ay signé ceste, en présence des réverends péres Christophe du Colombier, prêtre, et L. Hippolite Tesson, aussi prêtre et religieux. Ge seiziesme jour de janvier mil six cent quarante six. Tesmoing : Jean Parenr, prêtre. Disons maintenant ce qu'était ce Jean Parent dont on décline ou plutôt dont on suppose ainsi la censure. Jean Parent, né à Lille, prêtre et directeur des Sœurs-Noires en celte ville, était frère de Nicolas Parent, abbé de Loos, auprès de quil alla mourir le 1." août 1632. On l'inhuma en l’église de ce monastère, dans une sépulture, où son frère vint le rejoindre le 22 février 1663. LB Outre l’épitaphe de noire censeur, ainsi conçue : Officio censor, Lillanus origine, mystes Ordine , Joannes nomine, stirpe Parent, On plaça sur la tombe l'inscription suivante : Parthenium quicumque vides obiïisse Joannem, Dic : sit partheniis mens sociata choris. Utque sit ambobus par gloria , dic Nicolaus Incolat ælherei regna superna poli. Quos amor et sanguis fraterno fœdere junxit Disparibus clausos non decet esse locis. Obiit 1664, febr. 22. Omnibus æque. Parent à tous. Jean Parent a composé : Miroir des supérieurs, ou art de gou- verner. Traité de l'amour dùû aux parents et aux supérieurs ; in-8°, Lille, P. Derache, 1645. Les églises, monastères, couvents, hôpitaux, etc., de la ville de Lille ; in-folio, inédit. a ND —— PUBLICATION DES MÉMOIRES DE CASTELNAU. On sait que la seule bonne édition des mémoires de Michel de Castelnau est celle qu'a publiée Léonard, avec les savants com- mentaires de Le Laboureur, Bruxelles, 3 vol. in-fol., 1731 ; mais ce qu on ignore peut-être c’est que les Godefroy ont encore prêté là leur assistance précieuse. La lettre suivante, écrite à Jean Godefroy par Léonard, nous donne quelques détails curieux sur les débuts de cette publication qui est toujours recherchée des vrais bibliophiles (1). Monsieur , J'ai bien reçu la lettre dont il vous à plu de m'honorer. J'ai l’honneur de vous dire qu'ayant ete conseillé de réimprimer les Mémoires de Castelnau et en ayant obtenu ici le privilége, j'en ay commencé l'im- pression depuis quelque temps, avec de neufs caractères d’Hollande très- beaux et sur très-beau papier, dont j'ai donné une feuille du grand et petit papier à M. votre ami; il y a quelque temps que j'ay fait mettre un advertissement dans les gazettes d’Hollande que j'imprime cet ouvrage par souscription , en trois volumes in-folio ; la raison pourquoy j'ay fait mettre en trois volumes in-folio , c'est qu'on me donnera par l'entremise du prince de Rubempré une copie d’un manuscrit qui est dans la biblio- thèque de la Congrégation de St.-Maur et dont le P. Le Long fait mention, n° 12,924 dans la Bivlioth. Hist. de La France ; el comme ce manuscrit est assez gros, on m'a conseillé de le mettre à la fin de l'ouvrage qui, selon mon calcul , irait à 600 feuilles ou environ. M. Potier , avocat au parle- ment, ami du prince de Rubempré et aussi ami de M. votrefrère, à Paris, a —————" — —— — — ——…—_—" eee ete (4) Nous avons , en 4852, offert au Comité historique des monuments écrits de l’histoire de France un certain nombre de lettres originales de Castelnau . que le Comité à bien voulu insérer dans son bulletin , même année 38-62 , avec un:préame bule de M. H. H. 1050 m'a dit que vous rendriez un grand seivice au public, si vous vouliez avoir la bonté d’arranger et d'éciaircir ledit manuscrit à la manière de M. Le Laboureur; si vous le jugeriez à propos. Sur quoy je dis à M. Potier que je souhaiterois en ce cas de savoir comment je pourrois reconnoître vos bontez. Voilà, Monsieur, à quoy en est cet ouvrage, auquel per- sonne n’a touché ; on m’a conseillé de l’imprimer tel qu'il est, et de mettre à la fin de tout, ledit manuscrit. Mais comme M. votre père, que j'assure de mes très-humbles respects, a déjà fait des notes sur les Mémoires de Castelnau , ce seroit les rendre parfaits , s’il vouloit bien m’en donner une copie , et ce seroit donner un grand crédit à cette impression , si son nom et le vôtre, Monsieur , paroïssoient dans le titre. Je fais graver en cuivre les armoiries qui, dans l'édition de Paris, ne sont qu'en bois. J'’imprime tous les jours une feuille ; et , si j'ai des sous- criptions , j'en imprimeray deux par jour. Comme M. Potier n’a pas voulu qu'on fisse ici le prospectus , disant qu'il me l’enverroit de Paris, jene puis contenter ceux qui en demandent. Je l’attends depuis longtemps etJe devrois déjà l’avoir publié ; je n’imprime que 159. en papier royal, l’autre étant grand assez. J'hazarde à imprimer Castelnau, sur ce qu'un libraire de Paris m'a dit d'en prendre un nombre, mais ce ne sera que contre de ses livres. Dans l’exemplaire que j'ay de Castelnau , la généalogie de la maison de Castelnau est mise au commencement du premier tome; et à la fin du second tome est mise la Généalogie des maisons alliées à celle de Cas- telnau. 11] me semble, Monsieur, qu'il vaudroit mieux que ces deux généalogies seroient l’une auprès de l’autre, au troisième tome. Dans mon exemplaire, je ne trouve point d'approbation ; il y a comme une espèce d'approbation dans le privilége de France que je pourray aussi mettre. f Si je puis avoir le bonheur d'aller à Lille, je ne manqueray pas, M., de venir vous assurer de mes très-humbles respects et vous offrir nes services. A Bruxelles , Le 24 avril 1730 Votre très-humbie et très-obéissant serviteur , J. LÉONARD. — 237 — LETTRE D'ADRIEN KLUIT. On sait qu'Adrien Kluit fut au siècle dernier, l’un de ces critiques profondément érudits, que les Pays-Bas et les Etats germaniques semblent avoir le privilége exclusif de produire et de développer. Entre les nombreux ouvrages de cet écrivain, plus recommandable encore peut-être par la noblesse de son caractère que par l'étendue de son savoir (1), nous aimons à citer surtout : Historia critica comitatus Hollandiæ et Zelandiæ, in-4.°, 2 vol., Middelbourg, 1777-1782. Cet excellent livre doit son principal intérêt aux recherches laborieuses que fit l’auteur dans les bibliothèques et les archives de nos contrées. Ainsi Kluit ne manqua point de puiser dans le dépôt de la Chambre des comptes de Lille. Les lettres qu’il adressa pour ce motif à Denis-Joseph Godefroy sont, à notre avis, des modèles de latinité épistolaire et de courtoise érudition. Nous en avons retrouvé plusieurs, qui toutes seraient dignes d'être mises au jour. Toutefois, comme dans ce Spicilége nous avons déjà peut-être abusé du latin, sachons nous borner, et contentons-nous de ater textuellement la première desdites lettres, sauf à faire connaître les autres plus tard. Adrien Kluit sollicite de Denis-Jos. Godefroy la communication de quel- ques titres concernant les comtés de Hollande et de Zélande. Middelbourg , 28 janvier 1775. Aultogr. Viro reverendo et rei historicæ callentissimo Godefroy, garde des chartres, S. D. A. Kluit, lector eloq. et ling. græc. ac rector illustr. gymnas. Medioburg. in Zeelandia. (1) On sait que Kluit a péri dans l’épouvantable catastrophe qui eut lieu à Leyde le 42 janvier 4807. Un bateau de poudre ayant fait explosion devant sa maison , le célèbre professeur fut englouti , ainsi que sa femme , sous les décombres. — 238 — Veniunt ad te, vir reverende, literæ ab ignota manu alicujus, qui nihil a te suo jure rogat, sed, quæ tua est humanitas et in promovendis studiis atque historiæ illustratione audita mihi benevolentia, supplex petit, ut si quam præstare sine tuo damno potes, opem præstes, et cognito meo his in studiis Conamine, {uum auxilium literarium mihi ferre ne recuses. Nimirum in eo sum ut,secundum conspeclum hujus Historiæ crilicæ, quam tibi, exigui muneris instar, offero, historiam Hollandiæ et Zeelandiæ. cum ex editis tum ineditis monumentis chartisque quam optime et planissime id feri potest . illusitrem. Quem in finem etiam facultas mibi data est a summe reverendo episcopo Brugensi de Caimo (1), id quod gratus agnosco, ex ipsis autographis. quæ in S. Donatiani ecclesia asser- vantur, describendi ac cum sigillis delineandi et in lucem deinde pro- ferendi duas comitum nostrorum chartas, anno 1167 et 1206, quarum existentiam maleseduli quidam in terris nostris critici negaverunt et nunc etolim. Tu qui harum rerum es callentissimus , quique perhiberis om- nium earum charlarum indicem (inventaire) ipse composuisse, quæ in Camera rationum Insulensi magno numero autographæ assevantur, tu, inquam , ex adjecto heic indice sermone gallico, cum meis notis perspicies , quid mihi indagando innotuerit; nempe latere in refertissimis vestris archivis permulta eliam nune documenta Zeelandiam et Flandriam spec- tantia , forte etiam Hollandiam, quorum ingens quidem numerus jam aliunde productus est ab Oliv. Vredio et ab Edmundo Martene et Durand ex archivis Hannoniæ, quæ nostrates congesseruntin suum Codicem diplomati- cum comitum Holland. , 4 vol. in-fol , sub nomine Flandrico : Mieris (2) Chartlereboek der Graven van Holland en Zeeland. multa tamen adhuc inedita penes te asservantur. Quam velim autem utper te, Vir Rev. ac benefaciendo nate , facultas mihi daretur ut harum chartarum accurate descriptarum yam compos. Et 1.° quidem ex adjeclis hunc ad indicem ( cujus exemplar ad: te mitto) notis marginalibus videbis quas hujus indicis chartas habeamus, quibus. careamus et quarum apographis sigillorumque descriptione supplex ro- garem ditari. Pro ampendenda per seribis opera non nihil dare redhos- timenti non detrectarem, etiam si ad 60 libras gallicas id cresceret. Secundo habetur in FoPPENS , Diplom. Betgic., IV, 523 , charta cujusdam nobilis Zeelandi , anno 1187, quæ hausta dicitur ex antiquo cartulario Zeelandico (in Camera rationum Insul) id quod conjicio exnota ibid.,p. 235, (4) Jean Robert Ghislain Caimo fut sacré évêque de Bruges , a Malines en juin 1754. (2) Fr. Miéris, peintre distingué comme son père et son aïeul, fut de plus un habile historiographe. Le recueil diplom:tique dont Kluit donne ici le titre fut publié en 4 vol. in-folio , Leyde , 1753-1756. — 239 — ubi dicit editor se hæc diplomata descripsisse, anno 1741, ex antiquo cartulario Zelandieo , quod exislil in Camera rationum (1) insulensi. Quam velim autem scire, utrum hoc antiquum cartularium , quod tara vetustas exhibet chartas, etiamnum apud vos existat, et quas charlas, quove die, anno, loco, quibus teslibus et qua de re datas illud complecteretur; quo per quam me devinçtum tibi agnoscerem, et ansa mihi daretur publicis scriplis tuam humanitatem prædicandi ac grata mente recondendi. Denique 3.° certo mihi persuadeo, præter hæc alia etiamnunc latere, quæ bella et discordias inter Holl. et Flandros super feudo olim Zelandico excitatas spectant. Si verum enim est, quemadmodum verum esse aliunde deprehendi, omnes eas chartas Zeelandicas, quas nunC lusulis ex hoc adjecto indice adesse patet. servatas olim fuisse in castro Rupelmondano . tune dubio procul esse; statuo etiam in vestris archivis adhuc latitare eas quas indice 2° recensui. In his igitur ad tuam humanitatem convolo ; et si quid in his descri- bendis vel clarius explicandis auxilii suppeditare possis, enixé rog0, precor. Quis autem sim et qualis , norunt viri reverendi de Wtle et Roels canonici cathed. S. Donatiani Brug. ; novit vir rev. Clemens, Canon. S. Bavon. Gand , cujus imprimis hortatu hæc ad te scribere sustineo ; novit Y.R. Goyers (1), qui Foppensii Biblioth. Belg. continualorem strenuum agit, norunt ali. Deus optimus te tuosque éiu salvos incolumesque servet precor; meque lLuo prosequi amore ne recuses rogo-. Dabam Medioburgi in Zeelandia , IV kal. febr. cIDI9GCLxxv. (4) Les archives de la Chambre des comptes de Lille n’ont jamais possédé ce car- tulaire de Zelande dont Kluit parle ici. La charte de 1187, que le continuateur de Miræus donne comme extraite de ce cartulaire, n'existe même pas dans lesdites archives. (2) Jacques Goyers , chanoine de \ alines, avait entrepris en effet de compléter la Bibliotheca belgica de Foppens Les documents préparés pour cette continuation se trouvaient dans la riche bibliothèque de Ch. Van Hulthem, Voir le catalogue, t. VL., N.95 822-834. BU tr ho Ds à UD its nent CEYRUB acier op VD Lt VON 5840708 l'y Same tete: péter TON BOB: Divepe a di tive RATE DRE 1 Cr PERTE RS LUN ROMANE gas 1 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DES SCIENCES , DE L'AGRICULTURE ET DES ARTS DE LILLE. OBSERVATIONS SUR LES FLOTTEURS INDICATEURS DE NIVEAU D'EAU DANS LES GÉNÉRATEURS A VAPEUR, Par M. Edmond COX , Membre résidant. Séance du 17 avril 1857. On emploie, pour connaître le niveau d'eau dans les générateurs, le flotteur à tige à boîte à étoupes et à balancier, le niveau d'eau en verre, les robinets espacés dans l'eau et vapeur, le flotteur magnétique, etc. Le flotteur à tige, boîte à calfat et balancier, est souvent lent à marquer ; avec le calfat un peu serré il reste en place sans bouger; si on laisse le calfat libre, il y a déperdition de vapeur, ce qui est gènant et désagréable ; dans cet état on le considère comme un mauvais in- strument. La boîte à calfat étant si défectueuse, on a cherché à la remplacer par un poids très-lourd que traverse la tige; on perce un petit trou sur la chaudière, de son diamètre, on y met une boîte dont le chanfrein est garni de chanvre, le poids vient presser dessus, le flotteur marche librement par ce moyen, mais très-souvent il y a déperdition de vapeur, parce que le balancier se terminant à l'extrémité de la tige, en quart de cercle, pour remplacer le parallélogramme, n'en a pas la rigoureuse exactitude et, bougeant de place, la tige dévie quelque peu en montant ou en descendant et dérange le calfat, qui donne alors la déperdition de vapeur. 16 — 249 — Le niveau d'eau en verre est un tube rond qui communique dans le bout de la chaudière par un robinet qui se trouve au-dessous du niveau d'eau, et un autre, qui prend dans la vapeur; en ouvrant les deux robinets , l’eau tenue en équilibre dans le tube de verre indique exactement le niveau dans la chaudière. Il faut avoir soin de choisir un système d'un nettoyage facile, sans devoir rien démonter ; il faut que les robinets soient disposés pour pouvoir purger le tube de verre facilement, avoir des bouchons vissés en face des clés, pour nettoyer les communications , si elles s’obstruent. C’est un instrument fragile, bon pour un contrôle ; sa pose en face des fourneaux gêne le chauf- feur, qui doit prendre beaucoup de précautions pour ne pas le casser; s'il arrive accident par l'échappement de l'eau et de la vapeur, il risque d'être brûlé ; si le nettoyage ne peut s'opérer avec facilité, le tube s'encrasse et devient tellement brouillé qu’on n y voit plus rien. On cherche à établir un niveau d'eau en verre , composé d'une boîie en fonte avec une large ranure tout le long, pour y fixer un châssis garni d'un verre plat , très-épais; ce niveau sé trouve en com- munication avec la chaudière, comme les autres, et pour mieux voir le niveau de l'eau, il y a dans la boîte en fonte un petit flotteur libre, qui surnage ; sa couleur tranchante le fait distinguer; on prétend que ce verre plat cassera moins qu'un tube rond, c'est ce que la pratique apprendra; il y a à craindre que la dilatation dela boîte ne fasse éprou- ver de la contraction au verre et qu'il ne résistera pas. Les robinets espacés ne peuvent servir que pour contrôle, et souvent, au moment de vérification, les robinets sont encrassés, et on ne peut les ouvrir. L'appareil du flotteur magnétique se compose d'une colonne creuse , que l’on pose sur la chaudière ; elle renferme un levier aimanté ; il communique , par une tige libre, avec un flotteur ; extérieurement se trouve un cadran à échelle graduée, sur lequel circule une petite ligne en métal , qui suit exactement la position de l'aimant ; le flotteur, en descendant où montant, communique son mouvement au levier aimanté etil est répété à l'instant par le signe sur le cadran; ily a en — 243 — outre un sifflet d'alarme que le flotteur fait agir pour le peu ou trop d'eau. Un autre appareil magnétique, tout récemment introduit d’An- gleterre, se compose d'un cadran extérieur, avec une aiguille mobile, elle communique intérieurement dans la chaudière , avec un rouet ai- manté , attaché sur une roue qui porte une chaîne; celle-ci est fixée par un bout sur la roue ; elle tient un flotteur très-léger, fondu d'uneseule pièce; à mesure que l’eau baisse ou monte, la roue tourne à droite ou à gauche, l’aimant fait de même et entraîne l'aiguille dans les indica tions du cadran. Ce système magnétique est très-sensible et marque avec une extrême justesse toutes les variations du niveau de l’eau. De tous les niveaux indiqués, celui préféré par le chauffeur est le flotteur à tige et à balancier, d'abord par routine et la force de l'habi- tude ; l'individu le plus inepte comprend que le balancier étant hori- zontal présente le niveau exact, que plus ou moins couché d'un côté ou de l’autre, il y a peu ou trop d'eau; dans l'obscurité, avec la main, il peut s'assurer s'il est bien posé et en règle. Les niveaux en verre, à cause de leur fragilité, sont presque tou- jours en repos ; les robinets espacés ne peuvent fonctionner que mo- mentanément; le flotteur magnétique, qui est encore peu répandu, ne présente pas, pour un chauffeur, avecson cadran, une facilité de distin- guer le niveau aussi bien que le balancier. Cependant ce dernier fonctionne souvent imparfaitement. Voici un moyen facile de faire du flotteur à tige et à balancier avec boîte à calfat, un instrument parfait, fonctionnant très-librement et sans aucune déperdition de vapeur : il suffit de dégager entièrement la boîte à calfat , d'introduire dans le fond une petite rondelle en caout-chouc-alcalin (1) de 3 à 4 millimètres d'épaisseur, avec un trou pou la grosseur de la tige ; il faut la fendre en biais pour la passer; on en remet une seconde semblable en posant la fente du côté opposé à la (1) Caout-chouc-alcalin (terme technique), qui a la propriété de pouvoir résister à la vapeur. EAU première, on ajoute un peu de filasse de lin pour remplir à peu près la boîte et on remet par-dessus, deux rondelles en caout-chouc, semblables à celles du fond, on sert très-peu le calfat ; le flotteur garni ainsi fouctionnerar merveille, il ira librement , sans aucune déperdition de vapeur; l’élasticité du caout-chouc vient grandement aider à cela, et ce niveau devient alors un instrument indicateur, de toute confiance. L'avantage de la garniture qui vient d'être indiquée, c’est qu’elle permet de mettre au flotteur une tige plus grosse que d'ordinaire , de rendre cette tige creuse dans la partie qui sort de la chaudière jusqu’à la chaîne du balancier, d’adapter au bout de cette tige creuse, avec un pont, un sifflet d'avertissement ou d'alarme : on faità la tige creuse, un petit trou, à distance, au-dessus de la chaudière, pour que le balancier, en baissant , amène ce-trou dans la vapeur; supposons le flotteur de niveau et que l’on veuille être averti si l’eau baisse de dix centimètres : si la boîte a huit centimètres de hauteur, on fera le trou deux centimètres au-dessus de la boîte, le sifflet marchera lorsque l'eau baissera , le petit trou, sitôt qu'il arrive à l'intérieur dela chau- dière , fait fonctionner le sifflet ; on peut faire le trou plus ou moins haut, selon que l’on désire être averti du niveau de l’eau. L'avantage de ce sifflet, que l’on peut faire en gros fil de fer, et la partie creuse, en tôle roulée et brasée à grosseur exacte au fil de fer, qui nepeut se rouiller à cause que le calfat est graissé avec de l’huileet qu'il ne sort pas de vapeur, c’est d’être en dehors de la chaudière, de ne pouvoir s’obstruer pour cettecause, comme cela arrive souvent pour les autres siffleurs, avec des eaux marneuses, de pouvoir se rendre compte à chaque instant s’il fonctionne bien ; il suffit de faire descendre le balancier, pour faire arriver le trou de la tige dans la chaudière, le sifflet ira et en làchant le balancier, le flotteur reprendra sa place, de lui-même, et la vérification serafaite. L'emploi de fer au lieu de cuivre rouge, que l'on met souvent, est préférable, à cause de sa durée; il est bien entendu que le flotteur surnageant sur l’eau , doit être en bon état, et s'il est en métal, s'assurer, que l'eau ne peut y pénétrer; du reste, après un courtessai, s'il fonctionne bien, il estrare qu'il s’altère. nr — Le système de Royennette, de Sotte-en-Ville près Rouen, pour l’ali- mentation continue, est bon; la pratiqueen a constaté l'efficacité; comme c’est aussi un système de flotteur , il convient d'en donner la descrip- tion : cet appareil se compose d’une boîte en fonte que l'on pose sur la chaudière, cette boîte contient un levier en cuivre tenant une douille ; dans la boîte , la douille est traversée par un arbre faisant corps avec le levier, l'arbre étant passé dans la douille vient à l'extérieur de la boîté porter une aiguille indicatrice et, se prolongeant, vients’introduire dans le bout de la clé du robinet d'alimentation qui, par une disposi- particulière , peut se trouver très-libre sans avoir dé fuite ; en faisant mouvoir l'aiguille à droite ou à gauche, on ouvre ou on ferme le robinet; au levier intérieur, dans la boîte en fonte, pend une tige libre qui vient tenir, à la hauteur du niveau d’eau que l'on doit avoir, un flotteur énergique, en forte tôle, éprouvée à une pression de dix atmosphères. Ce flotteur, en montant par l'augmentation de l'eau dans la chaudière fait mouvoir l'aiguille indicatrice, qui ferme graduellement le robinet ; la pompe foulante marche toujourset, au moyen d’une soupape, lesup- plément d’eau s'échappe, ou monte dans un réservoir d'utilité ou d'agrément ; si la consommation de vapeur est grande, le flotteur tendant à descendre ouvre le robinet pour laisser entrer une plus grande quantité d'eau ; s'il manque un verre d'eau , ils’introduit dans la chaudière, enfin l’eau entre à mesure de la consommation. On comprend que ce système doit donner une économie de combustible, carle niveau étant constant, la tension de la vapeur reste la même, beaucoup plus facilement, que de mettre à la main une grande quantité d'eau à la fois. Comme pour la mise en train, il se consomme de l’eau avant que la machine marche , on a adapté à cet appareil un sifflet de pré- venance ou d'alarme, ce sifflet est commandé par le levier qui tient le flotteur. Le niveau étant descendu, l'aiguille indique lerobinet grand ouvert , et si l'eau a baissé de neuf à dix centimètres dans la chaudière, le levier vient accrocher le sifflet d'alarme et le faire fonc- tionner, et le chauffeur est prévenu qu’il faut mettre de l'eau. Cet appareil s'applique à chaque chaudière, avec une seule soupape d'écou- — 246 — lement pour plusieurs chaudières, elles sont en communication pour l'alimentation et peuvent ne pas l'être pour la vapeur, le niveau reste constant à chaque chaudière. Il est bien d'avertir les chauffeurs que , quoique ce système d’ali- mentation isole les générateurs les uns des autres , il faut pour les temps d'arrêt, surtout la nuit, fermer les communications d'alimentation d'une chaudière à l'autre , parce qu'il serait possible que la soupape ne ferme pas parfaitement, par un grain desable ou autrement, et que l’eau des chaudières ne s’échappe ou entre chez la voisine , si le robi- net n'était pas hermétiquement fermé ; du reste, c’est une précaution que l’on doit prendre pour toute espèce de système. Si avec l'alimentation continue on a un flotteur à balancier bien organisé, comme il a été décritavec calfat élastique , un chauffeur, fut- il peu intelligent, sera à même de ne pas être exposé à manquer d'eau, il sera foujours averti par l'un ou l’autre flotteur ; il est bon d’avoir sur le même générateur deux systèmes, l’un essentiellement pratique et à portée de l'intelligence du chauffeur, l’autre à alimentation continue ou, à défaut, un autre système de flotteur indicateur, pour avoir con- trôle l'un par l’autre, de manière que si, par une cause quelconque , l'un vient à manquer soit par incurie, négligence ou mauvais vouloir, l’autre agira, et on se trouveradans les meilleures conditions de sûreté et de garantie contre les explosions si-terribles des générateurs, qui sont presque toujours occasionnées par le manque d’eau, et même , sans éprouver les conséquences désastreuses de l'explosion, en étant bien organisé en flotteurs , indicateurs, avertisseurs de niveau, on évitera les chaudières brüûlées, réparations fort coûteuses , et on aura la satisfaction d'avoir , dans les limites du possible, fait le nécessaire pour éviter les accidents malheureux. A 4 Le 4. y 7 4 J 4 À Ê ee Cher dote LITE. ur de RIVE, 4 normal. + ndue en buis Sotteur hors de niveau, Syflbmarhant é He Falteur de var, élat normal. th AB ondes Canuichaues aleal, féndie C7 AaB4 em 6 É CO Faso lin ou chanvre Dtiyencretse Ç Eh réneltge plate Fra siffteur. ( Sfut CE pPOREMtOUrRANE H Boite a Casfat. MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DES SCIENCES , DE L'AGRICULTURE ET DES ARTS DE LILLE. MÉMOIRE SUR LA DÉTENTE DE LA VAPEUR® DANS LES MACHINES DU SYSTÈME DE WOOLF, Par M. Auguste FIÉVET, Membre résidant. Séance du 5 juin 1857. Pour l'intelligence de ce que j'ai à dire, il est nécessaire que je rappelle sommairement comment se produit ordinairement la détente de la vapeur. Dans les machines à un seul cylindre , la vapeur est interceptée à un certain point de la course du piston, et ce dernier continue son che- min par l'effet de la détente. Dans les machines à deux cylindres , la vapeur est d'adord reçue sur le petit piston, puis elle va se détendre, à la course suivante, dans le grand cylindre. Quelquefois elle n’est admise que pendant une par- tie de la course du petit piston ; alors il y a une première détente dans le petit cylindre, et une seconde dans le grand. Le rapport ordinaire entre les capacités des deux cylindres est de 34/2 à 4, et je ne sache pas qu'il dépasse jamais ce dernier chiffre. Enfin ilya, mais je n’en ai jamais vu , et l'on n’en construit pas dans notre localité , des machines dans lesquellesla vapeur, après avoir fonctionné dans un premier cylindre . va se détendre successivement (4) L'auteur s'est assuré la propriété de sa découverte par un brevet d'inven- tion , s. 9. d. g. RES dans deux autres cylindres, le dernier étant le plus grand. Je ne m'oc- cuperai pas de ces dernières machines , car , on le verra plus loin, deux cylindres suffisent pour pousser la détente à ses dernières limites. Les tiroirs qui servent à obtenir ces effets sont de plusieurs espèces ; ce sont, pour les machines à un seul cylindre : 4.2 Le tiroir dit à recouvrements , 2 o Celui qui est muni de deux petites glissières , 3.0 Celui qui n’a pas de recouvrements , mais auquel on adjoint une soupape ou une glissière séparée, contenue dans une boîtespéciale. Pour les machines de Woolf, ce sont, lorsqu'il n’y a pas de détente dans le petit cylindre, les tiroirs sans recouvrements ; s’ily a détente, on emploie pour le petit tiroir l’un de ceux dont il vient d'être ques- tion pour les machines à un seul cylindre. Je n’ai pas la prétention de rappeler tous les genres de tiroirs ; je ne parle que des principaux. Le:tiroir dit à recouvrements , et je ne parle que du plus usité de ceux de cette espèce , introduit la vapeur pendant une partie de la course du piston; il laisse opérer la détente pendant une autre partie ; mais le piston parcourt le reste de cette course en vertu de la vitesse acquise , les recouvrements intérieurs étant moindres que ceux exté- rieurs. Ce moyen est vicieux au double point de vue de la perte de travail qu'il occasionne et des irrégularités prononcées qu'il provoque dans lemouvement de la machine. Il résulte aussi de la construction de ce tiroir, qu'une partiede la décharge de: la course précédente reste emprisonnée dans le cyiindre, et quelquefois la compression de cette vapeur soulève le tiroir et cause une perte assez sensible. Le tiroir qu est muni de glissières . est compliqué et ne tarde pas à s'user ; alors la vapeur ne se détend plus comme on l'a voulu, et les économies sur lesquelles on comptait , disparaissent.’ Le tiroir qui n'a pas de recouvrements, mais auquel on adjoint une soupape , et mieux , une glissière séparée , montée dans une boîte spéciale, compliquela machine et augmente le volume des espaces libres de la capacité de la boîte quile contient. — 249 — Il résulte donc de cette disposition, pour une même dépense, une perte d'effet assez importante. Observons en passant que lorsqu'il s’agit de détendre dans un cy- lindre plutôt que dans deux , un même volume de vapeur doit être introduit pendant une très petite portion du temps que le piston met à parcourir sa course, d'où il suit que les tuyaux aboutissant au cy- lindre et les espaces libres, doivent être d'autant plus grands. * Enfin , les tiroirs qui n’ont pas de recouvrements, à laide desquels on distribue la vapeur dans les machines de Woolf ne détendant pas dans le petit cylindre, jouissentseuls de l'avantage d’être à lafois, sim- ples, durables et corrects ; mais, je viens de le dire, il faut, pour les employer, renoncer à la détente danslepetitcylindre, etc’estcequel'on fai: généralement, soit que les constructeurs qui agissent ainsi n'aient pas tenté de faire mieux , soit que des essais malheureux les aient ramenés à ce dernier moyen. Cependant, dans cet état, la vapeur ne produit pas tout l'sffet dont elle est capable, et l'on nese doute pas toujours de ce qu’il est encore possible d’en tirer. Pénétré des imperfections que présentent les procédés comnus , j'ai recherché s’il n'y aurait pas un moyen simple , durable , correct et facile à exécuter, pour obtenir de la vapeur son maximum d'efet. Pour les machines à un seul cylindre , je n'ai rien trouvé ; mais , pour celles à deux cylindres , on peut facilement éviter les hconvé- nients signalés plus haut, et faire produire à la vapeur son meximum d'effet , en établissant les cylindres dans un rapport tel que la vapeur arrive à sa limite convenable d'expansion, sans détendre dans e petit cylindre. On pourra alors employer les tiroirs sans recouvrenents , auxquels il ne manquait que ce rapport convenable entre les cyindres pour atteindre le but proposé. Cette idée trouvée, le reste découle naturellement des formubs sur la machine à vapeur, sauf de légers changements. En effet , l'éqation qui donne l'admission du maximum d'effet dans les machines de Voolf détendant dans le petit cylindre , est la suivante : dans laquelle : L exprime la course du grand piston , l', la partie de la course du petit piston , pendant laquelle se fait admission de la vapeur , À, la section droite du grand cylindre, a, la section droite du petit cylindre, €, la liberté du petit cylindre, représentée par une longueur équi- valente du cylindre, P”, la pression de la vapeur d'admission , en kilogrammes , par mètre carré , à, la pression de la vapeur dans le condenseur , en kilogrammes , par mètrecarré , estimée 2,100 kilogrammes dans les machines qui condensert assez bien , n et q) deux constantes qui valent, pour les machines à condensa- tion : n,0,)0004227 , q, 090000005829, En trinsformant cette formule, et en faisant [’ égale à la course / du petitpiston , il vient : Mai, pour que la vapeur ne sorte pas précisément du grand cylin- dre à k pression à ; pour qu'elle ait, au contraire, un petit excès de — 2514 — force sur la résistance du condenseur , je négligerai dans la première équation le terme négatif He (È) n - +P q qui a peu de valeur, et il me restera simplement : n 4 - + d Lee AL q F re +?’ q que je transformerai en n - +P AL HA És a on a — +o q en faisant, comme je me le suis proposé, d’—1. Avec l’aide de cette formule, j'ai formé le tableau suivant des rap- ports des cylindres des machines de Woolf, pour des pressions de quart en quart d'atmosphère, depuis une jusqu'à cinq atmosphères. PRESSIONS EN ATMOS : RAPPORTS. PRESSIONS EN ATMOS : RAPPORTS. 1 atmosphère. 3, 839 3 4/4 atmosphères. 41, 859 4 1/4 — L, 731 3 1/2 — 42, 750 4 1/2 _— 5, 622 3 3/ —_— 13, 641 41 3/4 — 6, 513 & » = 14, 532 2 » — 7, 404 L 4/k _— 45, 493 a À — 8, 295 4412 — 46, 344 2 1/2 _— 9, 185 L 3/L _ 47, 205 23% — 10, 077 gr qe 18, 097 3 » — 40, 966 » » — » » — 9252 — On voit par ce tableau combien l’on — mz. (5) SRE ha On tire des équations (3\ et (4) S" n n (6) P= y: (Er) LA S"J\4 q Substituant dans cette relation les valeurs {1} et (2) deS' et de S”, on trouve n al +ac+6+06 P a —— az+B +0 az ++ et en mettant pour € sa valeur m Zz az+£+ 6 Ut l 3 HD (+ ne | (£ ni SUNQUR à eut nas q / az + 6 +0 [ (rar a+ — (ac +6) (£ + ) — 6 (2 ) — 300 — Si l'on fait dans cette formule z — !/ +c, et qu'ensuite on rem- place m par sa valeur, àl vient (ac + 6) re -) (: (Er ad'+ac+B+6 s .q —œ lTs ———_—_— — + — ne S /\g al+ac+B+6 S al+ac+B+0 n. Î TS ad+ac+b+0. Si dans cette équation on pose 7 = w, on aura, pour délerminer la course d'admission qui fait sortir la vapeur sous la pression & (1) s a+fp+6 ji ENT BR j ON OS R RES ER Ho al+ac+6+6 n+q5 S al+ac+f6+5 le al+ac+p+6 n+qP s A Remarquons maintenant que le travail de la vapeur, relatif à une course du piston, a pour expression L+c 5 aRl = abl + ap dz — a(i+s). Æ C0 Effectuant les intégrations , on trouve, après tous calculs faits, | (41). au (= +) [er +(ar+ac+6+6) log al’ +ac+6+6 q EM | (+ (os js L( , (d'+ac+B+0) q / S q / (on ñ ; al'+ac+f6+6 I al+ac+fB+6 en En € — — — ———— — ——— 00. ————— 1 se (2 +=) B : + x ) AT g D Pac ni p = — — = (1) Cette course d'admission est a très peu prés, la course d'admission du maxi- mum d'effet, — 301 — Soit V la vitesse moyenne du piston en une minute; le nombre des V courses relatif à cet intervalle de temps sera — , et le travail corres- pondant Ÿ al+ac+f6+0 CNT, — (Er )] or + (ar + ae +6+6)log Ê | q al +ac+B+0 V V ue (© +T ) 1 +P Jar ae + B +6) n n ; al'+ac+B+0 al+ac+f+6 —{(ac+6)|—+ m|—65[—+- D — — 08. ———— |, q ; q a(l — 1) al’ +ac+f6+0 En divisant ce résultat par 4500, on obtiendra la force de la machine en chevaux. A l'égard de la quantité S , elle sera donnée par la relation (13). S=(n+qP) (al +ac+6+0)— (ac +6)(n+qm)—fBn+qr'). $ IL. MACHINES DE WOLF. 3. Dans une machine de Wolf, le volume de vapeur a pour valeur, à la fin de l’admission s n+q 7 n+qr 14). S — all — 6 (14) a(l'+c) —ac Fee A — 302 — Pendant la détente dans les deux cylindres, et quand le piston du petit cylindre est à la hauteur z, ce volume a pour expression n+qT n+qT al USB). S'=a(l+2c—z)+a,0, + {3 — 0) — ac ——— —ac, c n+qp n +qp + n + + 6 — Er +8, sg STE ie su Mes n+qp n+qp rm NU l'on a également S (16). S — ——— \ n+qP (47). FE eh | n +qp S ayant ici la même signification que précédemment, et s désignant la quantité de vapeur condensée en une course, pendant la première détente de la vapeur dans le petit cylindre. Soit aussi s, le volume d’eau condensée en une course pendant la deuxième détente. Si l’on suppose que la quantité d'eau condensée àun instant quelconque, depuis le commencement de la course, soit proportionnelle à z, le volume d'eau qui résulte de la vapeur condensée aura pour expression èt (1 —:,)(S—s), ets, LS . Egalant ces deux quantités, puis résolvant par rapport à e,, on trouve (48). n=1—m (S—s) (+ ec). en posant, pour abréger, m,— — 303 — Des deux équations (16) et (17)ontire, ñ Si (= p nn = — ——— | — + : du g7 S q et plus simplement (19) is | É P) . au. =) EM ù q S q en faisant pour abréger & —:, L'on a en même temps (20). AN ME ee CR” Posant encore pc dB: 0, puis substituant dans l'équation (19) les valeurs précédentes de e, 5, S”, on trouve = 04e . RER Es _(—19 ( ” b j ( b _— à =, a 4 = au, L Re +4 ni . u 4+ 9 + 90 + 70 l 0+g+0D+ 70 Ù : : ste ; ) 9 +90) — (+9 +on+ 1?) d+ E — pe ar b eee ; ; — LL 5) eee me (6 + dæ+ 0 + 0) + p| ( d- g) 2 9ANO1) UO ‘9 © ouuo) a[ owruddns uo |} y) opnuxtoy ej-suep 1 ‘paoq,([ dpt à + Ug 9 = YY (qu ë) »d osanoo oun e juauoanepos ‘ eme uo ‘uorneordde p qutod uos 1ed 31199p uruogo af y 30 ‘ suoysid so ins 0807 ouuoÂowu ooueJsIs9i e] Y ouuou u0,[ 18 ‘ 7 ‘ © JueJ ApUrfAO IOTMOP 09 SUBP JUEISISQI [IBAUI) 0] ‘oxpurAo pueué of suep anojou paea 9 , Q owuguu 9p Jo ‘expuryAo j1jod of sup AUBISISQI 19 ANOJOU XNBABI) SO] 19 4e U°Q queusqureux Juo10S ‘7 De S 0+d+00+)00+00+ 790 S Eee Al O+00+7D S 990 +70 dh+u o+g+0on+7r (8) ul ie se 2 RER a — —_——. (1%) J D HD S p+d+on+ms non s+s o+o0+ 0) lob+u o+g+on +0 ns mm ut } gd s ‘190, P WNLUIXEU NP UOISSIUPE.P 9SIN09 E[ JUrUH99p Anod ‘eine uo ‘& = À osoddns uo uonenho a1etuiop 93399 suep 1$ ‘uyJu'f (p +90) à S —1p9+0+(0o+'7) 0 + on b s+s < — = —_——— — ———— ——"— — —] — (es) b b b É ( Ps =\( de » d — (= + 2 recto) (ous mas) u./\'s+s u \ u s+s . atoaes ‘soapurÂo xnop so] suep uorsuedxo p ojruif e 8 modea ej op 4 uorssoid ej Emme u0 ‘2 + 7 = Z O[NUMO 97109 SUEP JUESIB} UE ll d+(o—2)—+'o'n+(s — 08 #7) u E b* p A7 2 à (f 4 (a+ | (24 (200) — go (as) I( el = ++) © +) (aes) o +) © [A 3 ) = 509 ER Î CÉRel UE RP ET MES spa f =", ) SIL] 1ajo ug ‘4,2 ep ourwd sues jinpop es ",2 arquenb eT U d+(o+yjn+'oln : f p—'j"n 2+15S +] S fes betes fr LS Mt re | d+ (lo + 7) 'n + 0 rep +(o+7)o+'o'n) 7 $ 1-8 1 \ lo mn RE LC. i- 4 FRE + (lo + y) 'm+0n b 2p—- 9'n }e + 00) — (9 +9 +00 + 70) a) mn = u 1 70 — gs in BOL ——— ——— pp 1) UE - ( mr ( =) 4 + © +— lo p+l q+— | (0+ 7) u u JUOTA [i ‘SUOTBISQQUI SO] JUBNIOOJJT 9 -zpdn 410 b d+(o +7)0 +'o'r Is SENTE u UOIB[OZ U[ SIO[Y ‘OUIUOBUI PJ 9P A1PUITAO PUBIo 9] o Le PU9"2M0 /Z 18AJOS(O p et . S S 1 ‘a d £ BIy}ns [L 3979 399 Y Ge; 19 JAUTUH919P JIOABS LR 9]S91I SNOU II Ssaju9pP99941 Sa[nuriOF sat saiquiou ua 9IMpPPA} sroAnod 9p ut y = S+S (Çub+u)g — {26 + u) (04 00) — (9 +9 +00 + 70) (qb + u) = $ ‘(L8) apnuuoy e] ed oouuop eus offo ‘6 sjuuenb ee jueu() 1 0 9) Deer ae 90 — ‘p'D ne | 2+7S Ê 0) e ({—1) ? d+(o+7)r+00 + LE 3 dar(907)0 200 20 RS : p+d+op+p | 1 9 + 00 + yp L. ro, © 1,1 Î b b = b d +: : à MERE ER )S [( 7 ++) —( db Jo 0) — {y + + + m(ae)] 2e | d + (lo +7) "0 + 00 s u u uw Ji A : dæ+(o+7)0 + "or l d+(o+p)o+ ‘o ‘D b\ 2 ——@ © ———— Bot — + + ———©°Î—— "$0] "0 D— "79 D) a +—|— — d+ (fo + 7) ‘0 + 00 À _ dæ+(o+ 7) !n +0on w J À d+(o+7)0+ lo" ÿ +9 + 00 + y b\°7 ———— ————"$501(9+7)) | SONO ct 00 JD J 0 d + (lo + 17) 'n + 0v I À) 9 + d + 00 +0 30] (9 g 1) À d a À L (9) “auTU9eu E 2p 98707 22407 ej Mod ‘oruyop uo ‘9ANOï) UO ‘OJNUILU OUN UY SOSJN09 9p E à quiou ej Jed jeJn$91 ef oynsuo querpdrqau 59 :(a%) suep smoeA S2SIDAID 599 JUBNINIS NS  — 307 — (ac+0)[n \= Va £ q | n : apache 0) Sade BEN De a TZ a _— q Aer É S alt a+f +0 (qui n’est autre chose que l'équation (9) dans laquelle on a remplacé F r S j S +S FEU w par r) fera connaître Ai La seconde inconnue 0. déduira de l'équation (23). | Si dans la formule (28) on ne conserve que le terme multiplié par n e Sir p, on aura, à très-peu près, nv) (29) RAS n+gr'alsa+f+6 Rent S° 7 n+qP ad'+ac+8+6 La même hypothèse, faite dans la relation (22), donne | (30.) S+S, j LL qmac ta "(4 .#0,)-1#19-40; | ; HU n+qP 11 A en CH Si, par exemple, on suppose 4 - a, l baux P — & atm. — 41340 kil.,x— — aim. = 2476 kil, == 4, ———, 49 al l 2 on trouve, en négligeant les espaces libres. s+s k L — 6, 3 environ. Telles sont les formules qu'il s'agissait d'obtenir. { & si à xl, Ki si D Fa sé vi D D MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DES SCIENCES , DE L'AGRICULTURE ET DES ARTS DE LILLE. MÉMOIRE SUR LES VITESSES DE ROTATION QU'ON PEUT FAIRE PRENDRE A CERTAINES ROUES, SANS AVOIR A CRAINDRE LEUR RUPTURE SOUS L'EFFORT DE LA FORCE CENTRIFUGE, Par M. MAHISTRE , Membre résidant. Séance du 6 février 1857. 4. Dans son traité de mécanique appliquée aux machines, M. le général Poncelet démontre (page 126) que la limite de la vitesse absolue V, qu'on peut faire prendre sans danger à la circonférence moyenne de la jante d’un volant, est donnée par la formule Te v=V£s; dans laquelle D désigne le poids spécilique du métal, « S la limite des efforts qu’on veut faire supporter aux parties extérieures de l'anneau eur le mètre carré de surface. » Mais dans cette formule, M. Poncelet ne tient compte que de la force centrifuge sur la jante, absolument comme si celle-ci tournait sans le secours des bras. Il en résulte qu'on ignore complètement si cette limite n'est pas de beaucoup trop faible. Nous ferons voir plus loin, qu'en aucun cas, elle ne saurait être doublée. — 310 — 2. En vertu d'un théorème que j'ai démontré dansles mémoires de la Société des Sciences de Lille [année 1855, 2.€ série, tome II), La résultante des actions centrifuges sur un corps de forme quel- conque, homogène ou hétérogène, tournant autour d'un axe fixe ou instantané, est la même, en grandeur, que si toute la masse du mobile était concentrée en un point quelconque d'une ligne, menée par le centre de gravité, parallèlement à l’axe de rota- tion (*). D'après cela, si l'on nomme ; R le rayon moyen de l'anneau, ou de la jante, supposée comprise entre deux surfaces cylindriques ; e son épaisseur, estimée dans le sens du rayon, H sa largeur parallèle à l’axe de rotation, P son poids, \ r le rayon moyen du moyeu, supposé cylindrique, e’ son épaisseur dans le sens du rayon, P’ son poids, H’ sa largeur parallèle à l'axe, | a la section droite d'un bras , supposée constante, À la longueur d'un bras, comprise entre le moyeu et la jante, w son poids, N le nombre des tours de la roue en une minute. (*) M. Poncelet base sa théorie de la rupture des volants sur un théorème ana- logue à celui qui précède, mais d’une généralité momdre. Voici l'énoncé qu'en donne l'illustre géomètre, à la page 127 de l'ouvrage cité : Si un corps tournant autour d'un axe fixe est décomposable en tranches planes infiniment minces, perpendiculaires à cet axe , et dont les centres de gra- vité sont situés sur une ligne droite qui lui est parallèle , ou sur une ligne quel- conque comprise lout entière dans un plan passant par cetaxe, le corps étant alors divisé symétriquement par un certain plan perpendiculaire à ce méme axe, et qui en contient le centre de gravité, la force centrifuge de ce corps est la ù méme que si toute la masse était concentrée au centre de gravité, — 311 — On aura les valeurs ci-après de la force centrifuge : 2 ù de P 7 1e? J Sur la demi-jante — ——{ R + — — }; et plus simplement g 900 12 R Pris g 900 en négligeant le 2.8 terme, qui n'a qu'une importance secondaire. Sur le moyeu, et au même degré d'approximation : 4 © x°N° L ; sur un bras —— —l+2r+e). 2 g 900 Soit # l'angle compris entre les axes de deux bras consécutifs. La force centrifuge totale qui agit suivant un bras, et qui tend à rompre la roue par le milieu, aura pour valeur rNR USE i \+2r+e \i+9r+e + P = GO COS p 900 g Re (2 R R i+9r+e ro cu 29 +6 ot) Soit toujours $ la résistance du métal à larupture, rapportée au mètre carré ; cette résistance, estimée parallèlement au bras que l’on con- sidère, sera : Pour la jante... 2eHS, Pour le moyeu... des; Pour les bras compris dans une demi-circonférence. .. Sa+2$Sa cosy + 25 a cos 2 y +2 Sacos3p+© ct. — 312 — “equel ej ep juewu$es un,p ner ne nb ‘se1q un JUPAINS OWQU €] JuOwE -eagups sed jo u oangdns ej aunpoid @ puey mb jaoyo | enb eruowu senuuoy xn6p 500 op uosreedwos er ë ë ë (19 Q + d = s09 +4 = 500 + = 500) “ù co Hoz+poc g € Ù 2 HAT sl € y 2 2 % #7 56 A 0€ NN (£) (49.9 RO be tu LC ÿ Ê Ü | eJne uO ojuel E[ Op JUS UN P neIu ne JUPSSIÉC OUWOY JI04JO | OPIESOI UO | 1 : ; el CRU! (49 DH 0 6800 SH É SO € HÉSOOL HR ——> DH Hoi + pos " =: DA R+Y Pre dl SA ge a A A xt é 45098 Se. 08 (19 D-+0€800 Sr dLS008+5008+1)D+ Mer +08 — ‘pejou np q onbyoods sprod np uorouoy ue spiod se jurtunidxo ue ‘N op amtuif 8] Anod One JUOpEIAOP U() ‘BND 0240} E[ 9P MO9, E 10pP90 ossmd ou nos ef onb jne4 uoy 1 ‘opuosos ej e oagiinbo ou 110p 00107 oromoud ej onb juapras 150 jt 16 199 Q + S09DG +0 & S092D GRH 509 PGGH+DG HS II 2 +20 : aneea mod eune o4njdtu e] R 01807 ooueysisoi e] “quonbosuo) «eg — 313 — Si l'on remarque maintenant que le deuxième radical surpasse l'unité, dans l’une et l’autre des formules qui précèdent, on pourra prendre, à fortiori, pour limite de N 30 /a8 4)... N — — ER (#) = A ou bien v=y/1$ D T en observant que — V, Ce qui est la formule de M. le général Poncelet. Si la roue n’est pas homogène, on attribuera à S la valeur qui con- vient au métal le moins résistant. Si les bras n’ont pas une section constante dans toute leur étendue, ainsi que cela a lieu généralement, on pourra prendre pour 4 la moyenne entre la plus grande et la plus petite section, et mieux la plus petite. Pour la fonte : S — 2,170,000 kilog. Ce nombre représente l'effort par mêtre carré qu'on peut faire supporter au métal avec sécurité {voir le traité de la résistance des matériaux de M. le général Morin, 2. édition, page 52). Si l'on prend en même temps D — 7210 kilog., on trouve par la formule (4) (Bi): N = RUES, R 4. Les formules (2) et (3) s'appliqueront sans peine à tous les cas particuliers. S'il s'agit, par exemple, d'une roue à trois bras , l'angle + surpas- sera 90°, et dès lors il n'entrera pas dans la formule (2), qui devient, dans ce cas : (6). — 344 — NE 38 y TE me Retpie M nent 00 ve te CLONE RIRE 2eH+2e W AS pres Pour une roue à quatre bras y — 90°, et l’on retombe sur la for- mule (6). Relativement à une roue à six brase — 60°, et la formule (2) donne NE ds gS 2eH+2e H+2a r R D : 1+ 9r He. r 2 eH+2e KH DL R° Enfin, pour une roue à huit braso — 45°, et la même formule devient 30 TE I : = = VIS J2eH+2eW+ali+y/2) f D M don EC SR ETOIE ae 2eH+2eH Fee R° (un A La formule (3) conduirait à des résultats analogues Si l’on prend par exemple : R— 2", 50,H — 0m, 98 ,e— 0,15, 2r—0m, 60, — 0, 035, a — 01, 00595, à — 1,825, 6 — 0,60, on obtient, en négligeant le rayon de l'arbre sur lequel la roue est montée. par la formule {5)..... N'= 207,9 par la formule {8)..... N — 954,9 Si, dans la formule {4), on attribue à R les valeurs qui conviennent diff. — 47,4. aux volants des machines à vapeur, on trouve pour les vitesses de ro- tation des limites de beaucoup supérieures aux vitesses qui sont adop- tées dans la pratique; d’où l'on peut conclure qu'un volant ne saurait éclater , sous l'effort de la force centrifuge, que par suite d’un vice de construction, ou de quelque grave perturbation dans l'agrégation moléculaire. — 315 — On peut remarquer que les formules (2) et (3) conduisent encore à la relation (4)en y faisant e — 0,ce qui réduit la roue à son moyeu et à ses bras. Si l’on fait a — 0 ,e — 0, on retrouve la formule de M. Poncelet. 3. Cherchons mainténant la limite du deuxième radical. Je dis que dans tous les cas ce radical est moindre que 2. Pour le faire voir, il suffit de calculer la limite de N, en supposant que la roue proposée soit pleine; on trouve de la sorte et sans rien négliger dans la valeur de la force centrifuge. (9)... N— ——. RnVEvVE 18 — Supprimant ! e au dénominateur, et remplaçant ss par sa 1 valeur , il vient : SU ra (40)... N Polype utérin.. . . . . . ? Métrite chronique. . ., . Ruplure de l'utérus. . .{ < Eu, ex = vo EE © © S 5 Q Y y + 9 O7 FR 9 Où 9 AGÉ DE 5 | 40 | 20 | 30 | 40 à | à | à | à | à 40 | 20 | 30 | 40 | 50 cl 1 e - —., LR ee 19 * We y DO OU PR y y & I © » CI 50 | 60 | 70 | 80 à 60 | 70 | 80 | 90 | 400}} D ‘ 8 1 FE 4 | | | Î 44 | 18 » l » 2! 4 7} 5 » HU4 7 | 16 41 | 38 5 | 20 4 | 41 PT 4 » 15 | 43 su 02 » 2 | 4 » | 5 L| 41 3 | 2 »| 2 3 | 1 1! 8 » ; À » 3 » | À » | 4 4 » 1 » 4 » 3 » 3 » 1 1 2 » » 1 À » | 1 | à 28 ES % ss 9 J À À % 5» Ÿ 3 5% % % © À & % à 30 # + æ 9 Or % % © © Oo ÿ L2 ds y % Or Où y 4 2 1 } à 90! à C1 US US 5 MN ULE-U NES (ESTLLLE . y, #7 à BE 1 © © © Gl E © Gi © © A = © a DEL DNCS CS LE SN + 00 4 5999p 00F ans DSP SR ReRS > BIRRTS BESRANSRRSSNSSS SVG SSSe tes = ML MR DES DR M4 Des AU EE ES e SEL de DES Las lee es 2e es DRE LR EN Me RER Me En Ce uo110d014 SH 19 SH ei © © D SN. te © MS = © MAN NS © © OS S © SOS S S 2 = Se © D DS ODDQMAM LA en — GE © ON Nm eD À 20 HN 20 D et ed et SN 4 © © 20 1 et M , Le] LOL CRE CRE TS S ER se QE EN ON NE EC 2 EE GE EE DEL RER RICE 28 PROMO VU ESC ET = © > + © 20 4 8 8 a HG 8 mi 8 À à M mi = # & D EIRE SAS SO en à SSP SSI en a CI f a EE © E Dr OX #8 #8 4 :0 29 D 1 EU ed EU ed À OR 8 1 M ON 2 mi RO À É< a 5 te AR ER GTA D 'OMOEA SEL dsl ou. 2 = E = ® Fr Ana RAR BE o OS M A M D Fe RO OR OR GR 1 GA GI CC 2) Ge] LR <@ RRBARNO« SAN ES 5 sun [=] 5 A 2 = © NA M ei 2 EE Gi © 20 mm QD CD Cf et GNU OR 20 et et À O8 ed 2 OA ei OP GO dd ed © À +6 2 (a, He DER ES DETENTE RES ES < a 5 = a 20 » = 1 OO M NN M EE © mm mt pr] om = © © © ei 2 RAS ES 1 2 HR R ei 6€ _ A RS M NOT RITES te ON À 2 D PENDANT L’'ANNEE 1656. AGE, MOIS ET ARRONDISSEMENT URBAIN. 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À » » » » » À » » » » » » »il Syphilis constifutionnelt. 5 6 8 À » » » 4 » »| 1 » » D | || \ ! Débilité (avant terme). 75| 361 111 » » » » » » » » » » » Vieillesse . . 37| 67 » »1 oo» »f »| »| »] | 6| 45! 6] 7 Vice de turn 3 4 L »| » » » » | »] on] »l_»l » Fracture du crâne . 1 » ‘» » » » 4 » » » » » » » de la col. dertéb 4 » » » À » » » » » » » » » » indéterminée. À » » » » » 1 » » » » L » » Ecräsement par voiture. 3 » ? | NE || D ie a 1 CS 1e OR »| » 2 Brülures. . . L 4 » 3 » » » À » » » 4 » » s Chute d’un lieu. élevé. L 4 » 4) »| 4! 94 »] »| »| »| 1 = 977 ! Submersion actideltelle . ! 4 » » » | »| 2] 1 »| »| » 3 »| » e \ Plage inst. tranch., assass. \ » > » » » » » » » 4 ? » » 3 | plate armes à feu (guerre) | 4 » » »| « 4 » » » » » » » 5 Accid. { brûlures . 3 » » » » DL: 4) LA | 0 » »| » 1 écrasement : 1 4 » #05, 4») +) 73 4097 2") que. (explosion gén. L 2 » » » 4 » » 2), 4 > Le » »{l Ê par LORE k 3 » » » À 4 » 4 b] 1 » » = \par suspension . 7 2 : »f 0) EE nl alé) | AREA ENIONS | 2 À Caüte d'un li Goré + 4 2 » » » » » wi »! »| À] »|° » % !{ par coup de fou... 1 » © »[ » : l »| ») 2 ANNE » itrxution militaire. . . 4 > ? ” » »|r Al » I LA | CE En Indéterminée. . . . . 3 5 1 af 1 il »|s »|1 »|e a] 1 » 2,374 TOTAUX. . 4,199/4,475) : 462) 516] 96 e 184| 182) 159] 196] 200! 212| 77 | Proportion p. 100 décès. |50,50)49,49 FASELTE 2,04|3,45 7,75 7,6616,69|8,25 8,12)8,98 3,240, 32 — 347 — A LILLE. *#999P 00F ns u01}10d014 nr MOD OO ei ei ed © et SNS ee et OÙ 20 0 SN et ed M M SN Ce OO 1 ei tt Ah a . S AN — + — © [4 "IVLOL = = m. oh [ ssl © A = © = A ed ed À OR id id © HO M R RO ES ed ON À ei RO 2 ed et À OO ei À OR 1 co à 20 5 A = + _ cm 4 — { = [el] Eu M M nan me DM 8 F5 0 1 mi M DIR AMAR EE Ad MR mA RAA MR RO RO + Le) F3 + D. « a ue er Gt = — Fa un © Fe] e «4 DO = G mt 8 OR » À « DS 212 FR mem mL LR SN ei C] a æ Fa Le] AVR — RS * S co ea 20 sl EEE IS = © Æ Æ 2 S r D © EE O_Gl 2 1 # M A M D en En AR UC IR, An AR EER GENE ANA LES Gr] ea Qu si ou s + S a [al RU Re ne = be & ë SN N D 4 SOS 2 = mn nn 20 SN M et RO 8 Ge RO 2 OR 8 OGM A OR RO À = À >: Éla] & — Qt — mn ai 2 SG A mm Le] à 4: NN A © 2% GG = 2% 2 GG 2x a ŒmS GMrr D RAR A Pi A AR A R_,A EU AT AMAR à A = a1(999Œ = s À < 3 : | À — ———— —_——————_— ch = "2IqUI9AON M = © DS 1 8 2 R AVR &# mm * BR RR 8 ti RO OR 0 M RAR QU R & A #82 «À LS ge 1 = ER Re. ER 2 “0140790 E EE NOM HN 7 RO SR di em 2 OO © ei AR A RAM OR OR OA A em M OR ON 2 MR # À LL ee rs “o1quo1dos À 1 mi ARLON ed AT R A OR, 2 2 HS m2 8 208 RG em A À PR FR FR RP A À À RAR x Es Fil es Du sel = —_——__—_—_—_—_— Las "Jn0Y A 1 O RO A: REROA ACER D OO OR A OR ei ed ed 8 M A OR OF ed 8 ON RO R 28 8 GA BE FA Lo] S — — pes a = ES L ES le ets "jorinf D # 8 | CS. ARS RAR R - RO ea EN AR RAMR RL RAS MR nm | & à = un { — «S si ‘unmf a R = GT 20 ON 1 À 2 2 2 = sS S RR OR R OR OR ed QU RO OR OR 8 On MIO RO À 2 4 | à 8 © Cd = ‘CR D me Do20 à 2 #8 6e 8 À RE ND RSS eee | À S ——— æ ‘[HAY M 1 2 A OM Ann 5 8 QUE ARR AR RAR SAR RSR SR ARE RES An «A Là ES CRE ue OR ten ji 2 SRE Le] -"SIVN © À 2 A M ER 2 A ON 2 M D EN 2 KR À À OR RO R A FR RM OR OR 2 M RO 2 à + F. “ ————— “IOHAY EUR «M NO À 8 À A I A à Re D RCE TS | À 4 “wnuut | | à — 348 — Mort-nés Le nombre des mort-nés s’est élevé à 189, chiffre un peu inférieur De , à la moyenne des cinq dernières années, qui se trouve être de 194 et HQE EN fraction. précédentes C'est.un mort-né sur 44, 4 naissances. C’est à peu près le rapport trouvé à Paris, en moyenne, de 1836 à 1844: 1 sur 14,3. | De ces 189 mort-nés 100 appartiennent au sexe mascuhn, 84 au sexe féminin, et pour 8, le sexe n'a pas été déterminé. De 1852 à 1856, total des mort-nés, 972 ; en moyenne, 194, 4: rapport, À sur 13,5 naissances. Naissances En 1856, Lille a compté 26 naissances doubles et une triple ; soit wluples. une naissance double sur 105 naissances. De 1847 à 1856, naissances doubles , 222; total des naissances , 25050 ; rapport, ! naissance double sur 112.8. Pendant une période égale, M. Moreau de Jonnès indique pour la Belgique le chiffre de 1 naissance double sur 41 4 naissances. Les 26 naissances doubles de 1856 ont donné neuf fois 2 garçons, sept fois 2 filles ; 16 fois les jumeaux étaient du même sexe , et 10 fois de sexes différents. Les 222 naissances doubles des dix années ont donné 146 fois des Jumeaux de même sexe ; 77 fois 2 garçons et 69 fois 2 filles ; 76 fois des jumeaux de sexes différents | Des 26 naissances doubles de 1856, 19 étaient légitimes, 7 naturelles. Des 222 naissances doubles de 1847 à 1856 , 184 étaient légiti- mes, 33 naturelles. Soit une naissance double naturelle sur 5,8 naissances doubles. C’est le même rapport que pour les naissances prises en masse. Quant à l'âge des parents , nous avons le tableau suivant : AGE. PÈRES. MÈRES. de 10 à 20 À 4 20 à 30 53 94 30 à 40 107 417 40 à 50 28 10 50 à 60 4 » — 349 — Dans la colonne de l'âge des pères tigurent 9 pères d'enfants natu- rels reconnus. Les 222 naissances doubles de ces dix années, se répartissent de la manière suivante dans les arrondissements urbains : | 5e 1847 12 4 ] s 6 27 1848 5 3 4 1 3 16 1849 3 7 G 3 1 20 1850 6 6 5 4 2 23 1851 9 3 8 1 8 29 1852 4 ( 3 1 1 15 1853 4 4 2 5 1 16 1854 14 6 7 2 2 29 1855 8 4 4 1 4 21 1856 Er] 5] 8 4 3 26 Toraz.... 81 48 50 22 31 222 Soit une, naiss. double sur. ,[216 hab. 376 330.39 407 475 341 Les résultats de ce tableau étaient faciles à prévoir, et sont confor- mes aux remarques faites jusqu'ici : le 1. et le 3.2 arrondissement sont ceux qui contiennent le plus de pauvres, et le cinquième est sur- tout peuplé d'habitants fort à leur aise. Quant à la profession des parents, j'ai tout réuni sous quatre désignations : Propriétaires , négociants. , ... . . 1 Professions libérales, . . . , . . . 49 Marchands en détail. . . , . . . . 34 Ouvriers de toute nature . . . , . . 468 Pendant les mêmes années , Lille a compté cinq naissances triples , ce qui porte à 227 le nombre des naissances multiples. Elles ont donné une fois 3 filles, deux fois 2 garçons et 1 fille , et deux fois 2 filles et un garçon. — ,350 — Voici le classement par mois des naissances doubles : Mars Avril Mai. Juin Juillet [2] CS co 19 © lè O1 mè O9 C0 % © 2 1 1 2 3 » 2 2 3 1 0 = À 3 N © N NN 3 D © FN © = æ D 09 ND 3 19 N9 R9 NO CO RO > D æ NO > La moyenne mensuelle est de 18. Si l'on divise l’année par trimestre, on voit que le premier trimes- re l'emporte sensiblement. Ainsi l’on a 63, 57, 52 et 50 pour le 4.€r, 2.€, 3 Cet 4.€ trimestre. Mariages L'année 4856 compte 703 mariages , 50 de plus que la moyenne 1856. je dix dernières années, qui n’est que de 653. Ce chiffre de 703 nous donne : 4 mariage pour 411,86 habitants. 4 — pour 46,8 hommes. 54,59 femmes. Et pour 4 mariage, 3,11 naissances légitimes. A — 3,37 décès. On compte en France : 1 mariage pour 427,57 habitants. 4 — pour 3,45 naissances légitimes. Entre les deux recensements de 1854 et de 4856, on trouve encore, relativement aux mariages, le tableau suivant : À RAPPORT, ANNEES; POPULATION. MARIAGES. à NS 1 mariage sur 1851 | 5,795 620 122,95 h. 1852 76,282 656 116,29 « us : 1853 | 76,144 653 116,58 ' 1854 17,023 633 121,67 1855 17,085 64 | 114288 jo 1856 18,641 037 | 111,86 Soit p. les 6 années 461,546 3,941 117,11 — 43514 — Les mariages sont donc un peu plus fréquents à Lille qu'en France. Notons en passant que la disette de 4854 s’est fait aussi sentir sur les mariages. Revenons à la mortalité de Lille en 1856 et analysons la de diffé- Mortalité e . : : des divers rentes manières ; d'abord relativement aux arrondissements urbains a et au nombre de décès de chacun de ces arrondissements , dans les hôpitaux et hospices. Nous avons le tableau suivant : à s [peou l'Asie 2 | 2 a | & |oe2/'or| P q 5 Fac-simile d’un certificat donné par Lavoisier, 4 page lithographiée. Rapport de la commission chargée d'étudier la moissonneuse , récem- ment introduite dans l'arrondissement d'Avesnes, par M. Derveaux- Lefebvre. Bourgeois, rapporteur. Culture en lignes, en carrés, en terre appuyée. 4 pages in-1 2, signé Amédée Bertin. Quelques Chiquenaudes . recueil de pensées ou quasi-pensées, dictons et boutades, mis en vers par J.-B Millet-St.-Pierre. — 416 — Rapport présenté au comité central de vaccine du département du Nord, sur l’état de la propagation de la vaccine dans ce département, pendant l’année 14856, par le docteur E. Bertherand, secrétaire du comité. Uber die Physik der Molecular Krafte. Sur la physique des forces moléculaires, par le professeur docteur Jolly. Denkrede auf Christian Samuel Weiss, par D. Charles-Frédéric- Philipp d. Martius. Munich, 1857. Uber den Anbau und Ertrag des Bodens im Konigreiche Baïern, 1 abtheilung. Sur la culture et le produit du sol dans le royaume de Bavière, 1.'€ partie. Par Dr. F.-B.-W. de Hermann, Munich, 1857, aux frais de l’Académie , imprimerie de Weiss. Thèses présentées à la Faculté des sciences de Lille, pour obtenir le grade de docteur ës-sciences physiques, par M. Charles Violette. — Thèse de physique : études optiques sur le formiate de strontiane. Thèse de chimie : Recherches sur la préparation de l'alcool amylique actif. Lille, imp. de L. Danel, 4856, broch. in-4.° Octaviæ querella. Carmen, cujus auctori Johanni Van Leeuwen, e vico Zegwaart, certaminis poetici præmium secundum elegato Jacobi- Henrici Hoeufft, adjudicatum est in concessu publico academiæ regiæ scientiarum die IX martii anni MDCCCLVII. Amstersdam , apud Van der Post, in-8.0, cart. d. s. tr. Détermination des lieux au moyen d'observations magnétiques faites sur différents points du royaume de Bavière et en quelques autres en- droits hors du royaume , par D." J. Lamont, membre ord. de l’Aca- démie royale des sciences de Bavière. 4 vol. contenant les bases géné- rales servant à déterminer la direction des courbes magnétiques en Bavière, accompagné de 18 planches ; un vol. in-8.°, 400 pages, Munich, 1854, imprimerie de F.-S. Hubschmann , 1856, tome 2.9 Tours des églises de Thourout et de Lichtervelde; fonts:baptismaux de cette dernière commune. Notice par M. Le Grand de Reulandt. Compte-rendu des travaux de l’Académie du Gard, en séance publi- que du Conseil général et du Gouseil municipal, le 29 août 4857, par M. Nicot. Nimes, broch. in-8.° Rapport sur les travaux du congrès des délégués des sociétés savantes de France, dans sa session tenue à Paris, le 13 avril 1857, et jours suivants, par M. Sellier. Chalons, imp. de Laurent, broch. in-8.°, 1857. N.° 12. Maladie des pommes de terre; maladie de la vigne. — AT — 1€ juillet 1857, Victor Chatel. 1/2 f. in-8.°, Angers, imp. de Cosniers. Nouvelles observations sur l'utilité de la conservation des oiseaux, dans l'intérêt de l’agriculture, lus à la séance de la société impériale d’acclimatation, du 20 février 1857, par Victor Chatel (deVire), etc. Paris, imp. Mme. Ve. Bouchard-Hazard, 1/2 £. in-8.°, 1857. Maladies des végétaux, N.° 4. Juillet 1856. Victor Chatel., 43 pages in-12, imp. à Caen. Les rues de Troyes , anciennes et modernes, revue étymologique et historique, avec un plan, par M. Corrard de Brebau. Troyes, Bouquot, imprimeur-libraire, 4 vol. in-8.°, 1857. De l’Usufruit paternel et de ses origines. Du Pécule castreuse. Thèse pour le doctorat , par L. Genevoise, avocat près la Cour impériale de Paris. Saint-Germain-en-Laye, imp. de Beau, 1 vol. in-8.°, 1857. Sur deux nouveaux ouvrages de M. Fée : les Souvenirs de la Guerre d'Espagne et le Voyage autour de ma Bibliothèque , par P.-G, Dumast. Nancy, f. in-8.° La maladie de la vigne expliquée par la théorie de Rozier et de Bose sur la taille et l'ébourgeonnement, Historique des affections qui ont précédé et amené la maladie de la vigne et celle de la pomme de terre. La maladie de la vigne comparée à celle de la pomme de terre, par Leroy-Mabille. Paris, A. Gouin, libraire. Février 1857, broch. in-8.° Du vrai dans les mœurs et les caractères. Les Masques. Discours pro- noncé par le président de la société impériale d’émulation d’Abbeville , dans la séance du 29 mai 1856. Abbeville, typographie de P. Briez, broch. in-8°, 1856. { Signé : Boucher de Perthe.) Catalogue de la bibliothèque et de l’herbier de M. N.-A. Desvaux. Angers, Cosniers et Luchere, lib. 4 vol. in 8.°, 4857. Une précieuse conquête à faire. Nancy, broch. in-8.°, Grimblot, imp. lib. 1856. Nouveau mémoire sur la question relative aux Ægilops triticoides et speltæformis , par Alexis Jordan. Paris, J.-B. Bailliere, broch. g. in-8.° 1857. Discours prononcé par M. le comte E. de Rets, sur la tombe de M. le baron d’Hombres-Firmas, le 7 mars 1857. Alais, 8 pages in-8.° Mécanique industrielle ; mémoire sur un nouveau système de moteur fonctionnant toujours avec la même vapeur, à laquelle on restitue , 27 — 418 — à chaque coup de piston, la vapeur qu’elle a perdue en produisant l'effet mécanique, par M. Seguin, ainé. Paris, imp. de Mallet-Bachelier, -1857, broch. in-8.0 Comité de patronage. L'Ordre et le Calcul. Discours adressé aux apprentis, par M. H. de Triqueti, secrétaire du Comité de patronage, dans sa séance mensuelle du 2 mars 1856. 1/2 f. in-8.°, imp. de Ch. Meyrueis, à Paris. ? La question du Pot au-Feu . par Victor Borie. Organisation du com- merce des viandes. Paris, librairie agricole de la Maison rustique, broch. in-8.9, 47 pages, 1857. Notice sur l'emploi de la règle à calcul destinée aux candidats à l'é- cole polytechnique et à l’école militaire de Saint-Cyr, par Giraudet, agrégé de l’Université, ete. Paris, imp. de Giraudet et Jouaust , 1859, broch. in-4.0 Thèses présentées à la Faculté des sciences de Paris, pour obtenir le grade de docteur ës-sciences , par M. Giraudet, agrégé de l’Université, ete. Thèse de mécanique : Recherches sur le mouvement d’un point libre rapporté à des coordonnées curvilignes. Thèse d'analyse : Aperçu historique au sujet des problèmes auxquels s'applique le calcul des varia- tions, jusqu'aux travaux de Lagrange. Paris, imp. de Giraudet et Jouaust., 1856, broch. in-4.0 5.9 DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES. Arcen. — Société d'agriculture. — Bulletin N.95 2 et 3 ; deuxième et troisième trimestre 4 857. Amiens. — Société des Antiquaires de Picardie. — Bulletin de la société, année 1856 , N.95 3 et 4, année 1857 , N.054 , 2 et 3. — Académie des Sciences. — Mémoires, années 1855 et 1856, 3.€ livr. Ansrernam. — Académie royale des Sciences. — Rapports et com- munications ; section des lettres ; 1 .er et 2.° volume. Mémoires ; tome 3.°, uu volume in-4.° avec planches, 1856. Rapports et communications : section des sciences, 3.€ vol., 3.€liv. et 4.6, 5. et 6.€ vol. complets. Ancers. — Société académique de Maine et-Loire. — 4. vol., 1.€r fas. 1857. — Société industrielle du département de Maine-et-Loire. — Bulletin de la société , 27.€ année, 7€ de la 2.é série, 1 vol., in-8.° 1856. — 419 — Ançens. — Société d'agriculture. — Travaux du comice horticole , 5.€ volume, N.” 43. Ancouzème. — Société d'agriculture, sciences et arts du dépar- tement de la Charente. — Annales, XXXVIIT, N.° 4. Arras. — Mémoires de l'académie. — Tomes 27, 28 et 29. — Société centrale d'agriculture. — Bulletin 1857. Anvens. — Académie d'archéologie de Belgique. — Annales de l'académie, tome XIII, 4.2 Liv. et tome XIV. Auca. — Société d'agriculture du Gers. — Revue agricole et hor- ticole, 5.° année, N.%1,2,3,4,5, 6,8,9,10. Avesnes. — Société d'archéologie de l'arrondissement. -— Statuts constitutifs et règlement. Aviexox. — Société d'agriculture et d'horticulture de Vaucluse. — Tome VI, 4.er liv. Beruw. — Académie royale. — Mémoires; année 1855 , in-4.0 1856. Beuers. — Société archéologique. — Bulletin, 15.° liv., compte rendu de la séance publique , tenue le 21 mai 1857. Bonpaux. — Académie impériale. — Actes, XVIIL.® année, 3.° et 4.© trimestre. — Société philomatique. — Bulletin, 2. année, N.°5 2 et 3 Bouroexe-sur-MEr. — Société d'agriculture , des sciences et des arts. — Séance trimestrielle du 8 novembre 1856. Bources. — Sociéte d'agriculture du département du Cher. — Bulletin de la société , tome X , N.°° 63, 64, 65 et 66. Bnuxeizes. — Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. — Bulletin, tome XXI. 2.° p.et tome XXIIT, 4€ p., 2 vol. in-8.° 1856. — Société royale de Flore. — Soixante-dixième et soixante-et- onzième expositions publques , mars et juillet 1857 , 2broch. in-8.0 Caen. — Société vétérinaire du Calvados. — Mémoires ; 4 vol» in-8.0 1856. (N.0 17). CamgninGe axp Boston. — Américan academy of arts and sciences. — Mémoires , vol V, 2.° partie et vol. VI, 4.76 partie, 2 vol. in-4.0. — Procedings. — Vol, UT, page 185 à 284. — 420 — Cuensoune. — Société impériale des scicnces naturelles. — Mé moires , tome VI, 4 vol. in-8,° Paris 1856. — Société impériale académique. — Mémoires, 1 vol. in-8.° 1856. CLermonr-Ex-AuvErGxE. — Académie impériale des sciences, belles- lettres et arts. — Annales scientifiques , littéraires et indus- trielles de l'Auvergne, tome XXIX, année 4856, 4 vol. in-8.0 Corus. — Ohio agricultural report. — 1850. 54 , 52, 53; 54. et 55 , 6 vol. in-5.° Dunkerque. — Comité flamand. — Bulletin N.9% 4, 2, 3, 4 et 5. Eninsurcu. — Royal society. — ‘Transaction of the, vol. XXI, part. IIT et IV , 2 vol. in-4.0 — Procedings. —- Vol IIT, N.95 46 et 47. Ermar. — Société d'émulation du département des Vosges. — Annales, tome IX , 1. et 2,e cahier , 2 vol, in-8.° Evreux. — Société libre d'agriculture, sciences, arts et belles- lettres de l'Eure. — Recueil des travaux , 3.° série , tome III, année 1854. Havre. — Socicté Havraise d'études diverses. — Recueil de la 22.° et 23.€ année (1855-56.) Laon. — Société académique. — Bulletin de la société, tome VI, 4 vol. in-8.° 1857. Lauzanne. — Société vaudoise des sciences naturelles. — Tome V, bulletins N.° 38. Le Mans. — Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe. — Bulletin , 2.® série, tome IV, 3.€ liv.; tome XI, 1€T et 2€ liv. mémoires , 1€ facicule. Luce. — Comice agricole. — Archives de l'Agriculture du Nord, tome IV , N.°5 9 à 12; tome [ , N°5 1 à 6. — Conseil central de salubrité du département. — Rapport sur les travaux pendant l’année 1856 , tome XV. Lrmoszs. — Société archéologique et historique du Limousin. — Bulletin , tome VII, 1.reet 2.° Liv. Lownox. — The natural history Review. — Années 1854, 1855, 1856 et 1.® trimestre de 1857. Macon. — Académie de. — Annales , tomes II et IIS. Mers. — Société des sciences médicales. — Exposé des travaux , année 1856. — 49214 — Maxz. — Socsété d'histoire naturelle. — Bulletin, 8.2 cahier. — Académie impériale. — Mémoires, 2.° série, 4.° année, 4 vol. in-8.0 Muax. — J. R. instituto Lombardo di scienze lettere ed arti. — Giornaele dell -fascicules 33 à 51 inclus. — Mémorie , volumes 5 et 6, deux volumes grand in-4.° — Fondation scientifica cagnola. — Atti. Volume 1. Mons. — Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut. Mémoires , 2.© série , tome IV , 4 vol, in-8.° 1856. Muruouse. — Société industrielle. — Bulletins de la société, N.0s 136,137, 141. Mumex. — Académie royale des sciences de Munich. — Transac- tions de la classe de mathématiques , 4"° partie da VIIE.* vol. Nawer. — Académie de Stanislas. — Mémoires de 1856, 1 vol. , in-8.° 1857. Nanres. — Société académique. — Annales, années 1854, 55, 56, 3 vol. in-8.° — Société académique. — Journal de la section de médecine , 21.° année, N.95 163 , 166, 167, 168: 29.° année , N.°5 169, 170, 171, 472. Paris. — Société émpériale d'agriculture. — Bulletin des séances , tome XII, 1856. — Société impériale d'horticulture. — Journal de la société, tome LIT. — Revue des beaux-arts. — Tome VII. — Société de l'histoire de France. — Bulletin, 2.° série, tome I. —\1Société impériale des antiquaires de France. — Bulletin 1857, 4%, 2.f et 3.° trimestre. Prrriexan. — Société agricole, scientifique et littéraire des Pyré- nées-Orientales. — X.° volume. Porrxers. — Société académique d'agriculture. — Bulletin N.°5 36 à 44 inclus. Pur. — Société d'agriculture, sciences, etc. — Annales, tome XIX. Rems. — Académie impériale. -- Travaux, année 1855-1856, 23. et 24.° volumes. Rocmeronr. — Sociélé d'agriculture, des belles-lettres, etc. Tra- vaux, années 1854, 1855 et 1856, 2 vol. g. in-8.° — 4922 — Rouex. — Société libre d’émulation. — Bulletin, année 1855-56. Rapport sur l'exposition universelle de 1833. Rapport de la commission des médailles sur l'exposition départementale. — Académie impériale. — Précis analytique des travaux pendant l’année 1855-56. Samr-Enenne. — Société agricole et industrielle. — 1855-56, 26.e et 27.° vol. de la collection. — Société des sciences naturelles. — 1856. — Société impériale d'agriculture, — Annales , tome [, 1.r° et 2. Livr. Samr-Omer. — Société des antiquaires de. la Morinie. — Bulletin historique , N.°5 19, 20 , 21 , 22, 23 et 24. SrrasBouné, — Société du muséum d'histoire naturelle. — Les tome E , IT, IL et IV. 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Agrieul- ture , 4vol. in-8.° 1855. Report for the year 1855, agriculture , 4 vol. in-8.° 1856, {dem for the Year 1855 , arts and manufactures , 2}vol. in-8° 1856. Waexx. — Jahrbuch der Kaiserlech Koniglichen geologischen Reichsans- tallt. volumes 2, 3,4, 5, 6 de 1851 à 1855. 6.9 pAR ABONNEMENT, Plantes Cryptoganes de France, fascicules 9 et 10, par M. Des- mazières, M. R. Revue des Sociétés savantes, missions scientiliques et littéraires Tome IE. Compte-rendu des séances de l’Académie des Sciences. Année 4857. L'Institut ; 1." et 2.e section. Année 1857. Journal d'agriculture pratique. Année 1857. ñ Nu pe tn RAA x mule < AO % HEC A d F dial + M: TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. Pages, Table de logarithmes acoustiques, depuis 1 jusqu'à 1200, précédée d’une instruction élémentaire, par M. Delezenne , M. R. (1)... .. ns nn nn mnt mm nt Compte rendu des travaux de la Société des Sciences, de l’Agricul- ture et des Arts de Lille, pendant les années 1854 , 1855 et 1856, parmiM= Victor Delerue, MSR:. 242 Lait eee t-yaeie Essai sur la vie et les écrits de Saint-Paul, par M. C. L. Frossard, RÉSANTSR nn ce AN er RS Re de Spicilége d'histoire littéraire, ou documents pour servir à l’histoire des sciences, des lettres et des arts, dans le nord de la France, Dar Te Gay M. R:-5.20. 1.200 M ÉEEE ER CIalieeler ele ee Observations sur les flotteurs indicateurs de niveau d'eau dans les générateurs à vapeur , par M. Ed. Cox, M.R........... ..... Mémoire sur la détente de la vapeur dans les machines du système de Woolf, par M. Auguste Fiévet, M. R...................... Mémoire sur les limites des vitesses qu’on peut imprimer aux trains des chemins de fer, sans avoir à craindre la rupture des rails, Da Man istre MERE PE RER à 21 à eee Mémoire sur le travail de la vapeur dans les cylindres des machines, en tenant compte de tous les espaces libres du système distri- RER par M. Mahbisire M: Re NN. CUIR... Note sur une amélioration à introduire dans le régime économique des machines à vapeur du système de Wolf, par M. Mahistre , ie. nn nn nn nn te nono ses cms. Note sur le calcul de la vaporisation d’une machine à vapeur , tra- vaillant à la détente du maximum d'effet, parM Mabhistre, M. R. Mémoire sur les limites de la pression dans les machines, travail- lant à la détente du maximum d'effet; et sur l'influence des espaces libres dans les machines à un seul cylindre, par M. Mahistre, M. R. (1) Les lettres M. R. signifient Membre résidant. Les lettres M, C. signifient Membre correspondant. 79 2959 269 Mémoire sur le travail de la vapeur dans les machines , en tenant compte des condensations qui se font pendant la détente, par M. Manistre, M: Re... SR Ne. RUE eee Mémoire sur les vitesses de rotation qn'on peut faire prendre à cer- taines roues, sans avoir à craindre la rupturé sous l’ effort de la force centrifuge, par M. Mahistre, M. R...................... Recherches chimiques sur la betterave pendant la seconde pÉOAe de sa végétation, par M. Corenwinder, M. R..................... Mémoire sur la production du gaz acide carbonique par le sol, les matières organiques et les engrais, par M. Corenwinder , M. R. Expériences sur la puissances fertilisante de quelques tourteaux de graines oléagineuses, par M. Corenwinder , M.R......-....... Notes statistiques sur la mortalité de la ville de Lille, pendant l’année 1856 , par M.J. Chrestien , M.R...................... Note sur les courants électriques engendrês par le magnétisme ter- restre ; par M. Lamy. M.R............ ........... ..... Troisième mémoire sur les chaux hydrauliques et la formation des roches par la voie humide , par M. Fréd. Kuhimann , M.R.. Documents sur l’histoire du nord de la France, js le Mis hé Godefroy-Ménilglaise , M. C. ............................... Emploi des capsules enfumées dans l'analyse chimique , par M. H. Violette Ms Riva 2. ame bet Reed te den. Liste des Membres de la Société impériale des Sciences , du 1.°° jan- vier au 31 décembre 1857.............. .. ................. Avis aux sociétés correspondantes. ............................. Notes bibliographiques Lille-Imp.L Danel, 297 309 à \ 3 / ‘ Le \ n 4 N ® PAIE . à À $ F . k { s » Û Ë . « "D s 2 14 . LS (© ! . LE a % ME ee ï pl à LME 4 ne