% TR ASE A CAT jun Mn) * RATE MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÊVE “I MÉMOIRES DE LA Fr SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENEVE Volume 37 1911-1913 MARY AE\W Yows BUT AN Can GENÈVE PARIS GEORG & Gie G. KFISCHBACHER BALE et LYON même maison. 33, rue de Seine, 1911-1915 3 E #4 } $ Le 1 2 L £ w 1 F : ù M rs ; n ne LS GENÈVE. — IMPRIMERIE ALBERT KÜNDIG à à : CA : : ] NAS A 1} : x w L % ; > 4 TABLE DES MATIÈRES du Volume 37 (1911-1913). FASCICULE 1 (Avril 1911). Rapport du Président de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève pour l’année 1910, par M. le D' Frépérie RevERDIN. Supplément à la liste des institutions scientifiques avec laquelle la Société Fe DS et d'histoire naturelle de Genève fait échange de publications . ; Liste des membres de la Société de physique et d'histoire naturelle de Con e. Modifications au règlement de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève. FASCICULE 2 (Août 1911). / Sur la notion de courbure et sur quelques points de géométrie infinitésimale non- euclidienne, par M. C. Camcer. Avec 18 fig. dans le texte. FASCICULE 3 (Juin 1912). Rapport du Président de la Société de D. et d'histoire naturelle pour l’an- née 1911, par M. Emire CHaix LE : Recherches expérimentales sur les mécanismes du nue # Mn es les Lépidoptères, par M. Arxozo Pierer. Avec 5 planches. FASCICULE 4 (Juillet et décembre 1913). Rapport du Président de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève pour l’année 1912, par M. le D' Maurice GaurIER : ë Et Monographie géologique et paléontologique du Salève (H' Iron, Rte) par MM. Errexxe Jourowsky et Jues Favre. Avec une carte géologique en cou- leurs, 29 planches et 56 fig. dans le texte A Fe END Pagos. 93 111 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS CauLer, C. — Sur la notion de courbure et sur quelques points de géométrie infi- nitésimale non-euclidienne : 3 Caaix, Emi. — Rapport du Président 40 la Socié té “e Déeute et + d' Histoire natu- relle de Genève pour 1911. 2 Gaurier, Maurice. — Rapport du Pre dent 6 la Société de Che sique et d’ RAS naturelle de Genève EE 1912 Jourowsky, E. et Favre, J. — ER On Ont et ne nee #r Salève (H“-Savoie, France) . j < : Pierer, ArNoLD. — Recherches Me ntAlES sur STE mécanismes cn ana et de lalbinisme chez les Lépidoptères . Revernin, Frkoéric. — Rapport du Président Ée la Soci iété à de aide et d' histoire naturelle de Genève pour 1910 . D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE Volume 37 FASCICULE 1. — (AVRIL 1911) Rapport DU PRÉSIDENT DE LA SOCIÈTÉ POUR 1910 DOCUMENTS ADMINISTRATIFS. GENÈVE | PARIS GEORG & Gie. | G. FISCHBACHER BALE et LYON méme maison. 33, rue de Seine. Prix : 2 fr. PR NE OR TNT AE Fe x = MÉMOIRES | SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE TABLE DES MATIÈRES DU FASCICULE 1, VOLUME 37 Rapport du Président de la Société de tel et d'histoire naturelle de Genè ve pour l’année 1910 par M. le D' FrépériC REVERDIN 5 D Supplément à la liste des institutions scientifiques avec lesquelles la Société de sique et d'histoire naturelle de Genève fait échange de publications . . . Liste des membres de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève LA Modifications au règlement de la Société de physique et d'histoire nature Genève RARPORT PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE POUR L'ANNÉE 1910 PAR M. Frédéric REVERDIN, Dr ès!Sciences. MONSIEUR LE PRÉSIDENT, MESSIEURS ET CHERS COLLÈGUES, Arrivé au terme du mandat que vous navez fait l'honneur de me confier, j'ai encore, selon l'usage, à vous rendre compte de la marche de notre Société pendant l’année écoulée; mais avant de mentionner les quelques faits d'ordre administratif qui doivent être consignés dans ce Rapport, je dois vous rappeler les grandes SE. pertes que nous avons éprouvées, coup sur coup dans les premiers mois de 1910, —— par les décès d'Henri Dufour (Lausanne), d'Alexandre Agassiz (Cambridge, Mass.) : de Stanislas Cannizaro (Rome), et tout récemment par celui d'Edouard Hagen- cr bach-Bischoff (Bâle); notre Société s'était attaché ces savants comme membres + honoraires il y a longtemps déjà, et je vous en retracerai, tout à l'heure, d'une manière bien incomplète sans doute, les belles carrières scientifiques. MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1911). 1 À RAPPORT DU PRÉSIDENT M. le prof. C.-E. Guye a bien voulu nous représenter aux obsèques d'Henri Dufour et nous avons fait parvenir aux familles éprouvées l'expression de votre sympathie. Dans notre Assemblée générale du 20 janvier, M. E. Chaiïx a été nommé vice- président et M. F. Battelli, secrétaire. MM. R. Chodat et L.-W. Collet ont été appelés à remplacer dans le Comité de publication MM. Lullin et Yung, membres sortants et non rééligibles. Nous ne saurions enregistrer la nomination de notre nouveau Secrétaire sans adresser nos sincères remerciements et l’expression de notre reconnaissance à son prédécesseur M. M. Gautier, qui a désiré se retirer après avoir rempli ses fonctions pendant de nombreuses années avec la plus grande distinction. Vous avez, dans le courant de l’année écoulée, nommé membres honoraires : MM. les professeurs Otto Lehmann à Carlsruhe; Wilhelm Ostwald à Grossbothen; Albin Haller à Paris: Pierre Weiss, Arnold Lang et Alfred Werner à Zurich; Henri Blanc à Lausanne et MM. les docteurs Fritz Sarasin et Pierre Chapuis à Bâle. M. Henri d'Auriol, membre émérite, fixé de nouveau à Genève, à repris sa place de membre ordinaire et vous avez nommé en outre au même titre MM. Roger De Lessert, Edmond Weber, Emile Briner et Humbert Cantoni. Enfin, MM. Auguste Rilliet, Henri Lombard, Edouard Brot, Georges Baume, Ettore Cardoso et Henri Flournoy ont été reçus associés libres. Vous avez, Messieurs, dans la première séance de l’année, accordé une subven- tion de 200 francs, payables en deux annuités, au Comité International de publi- cation des tables physico-chimiques, sur la demande de M. P. Dutoit, membre de ce Comité pour la Suisse et professeur à l’Université de Lausanne. Le premier volume de cette utile publication, renfermant les données de 1910, paraîtra ce printemps. Pour ce qui concerne les rapports extérieurs de notre Société, je vous rappel- lerai que des félicitations ont été envoyées à M. Louis Cailletet, membre honoraire, à l’occasion de son jubilé académique. M. le professeur R. Chodat a été délégué à la Section de nomenclature systé- matique du Congrès International de Botanique, qui s’est réuni à Bruxelles en mai et M. le professeur L. Dupare au Congrès International de Géologie à Stockholm. M. le professeur Yung et votre Président ont représenté notre Société à l'assemblée générale de la Société Vaudoise des Sciences naturelles, à laquelle nous sommes invités fort aimablement chaque année, et qui se réunissait cette fois à Lavey. La Société Valaisanne des Sciences naturelles, la Murithienne, fétait au mois d'août son cinquantenaire à l'Hospice du Grand St-Bernard où elle a été fondée ; Sas A POUR L'ANNÉE 1910 3 nous avons tout particulièrement tenu à nous associer à la célébration de l’anniver- saire de cette Société qui a toutes nos sympathies et à apporter, à cette occasion, à notre sœur cadette vos félicitations pour le passé et vos bons vœux pour l'avenir. Vos délégués M. E. Chaix et votre Président, ainsi que quelques collègues qui s'étaient également rendus à l'Hospice, y ont trouvé le plus charmant accueil de la part du Président, M. le chanoine Besse, des membres de la Murithienne et des religieux du Grand St-Bernard: ils ont rapporté le meilleur souvenir de cette intéressante réunion. M. le professeur R. Gautier, également délégué à cette fête, a été malheureusement empêché, au dernier moment, de se joindre à nous. M. Arnold Pictet, remplaçant M. Chaix délégué à cet effet, et votre Président, ont représenté notre Société à la Session annuelle de la Société Helvétique des Sciences naturelles qui a eu lieu à Bäle au commencement de septembre. Un fait important pour nous, doit étre mentionné dans ce Rapport; le Comité central de la Société Helvétique passant à (renève dès le 1° janvier 1911, a été constitué à la Session de Bale, de MM. Edouard Sarasin comme président, Robert Chodat comme vice-président et Philippe-Auguste Gruye comme secrétaire. C’est pour Genève un grand honneur de posséder de nouveau pour six ans le Comité central, et sa composition nous est un sûr garant que la Société Helvétique, dont nous allons, dans quelques années, célébrer à (renève le centenaire, continuera à être en bonnes mains: aussi est-ce avec le plus grand plaisir que vos délégués ont cons- taté l'unanimité avec laquelle la proposition faite pour la présidence, dans notre précédent exercice, a été ratifiée. Le nouveau Comité central peut compter sur la bonne volonté de tous les membres de notre Société, toutes les fois qu’il pour- rait avoir besoin de leur concours. Le compte rendu des sessions de la Société Helvétique, ne paraitra plus doré- navant dans les « Archives des Sciences physiques et naturélles de (renève », mais seulement dans les publications de la Société; de chaleureux remerciements ont été transmis à la direction des Archives pour la peine prise jusqu’à présent à ce sujet; les sections de physique et de chimie continueront toutefois à utiliser cet organe pour les comptes rendus de leurs sessions. Vous avez décidé à titre d’essai, dans la séance du 3 mars, de remettre gra- tuitement aux auteurs, qui le désireront, 50 tirages à part de leurs communications, avant méme qu'elles paraissent dans les procès-verbaux publiés par les « Archives »:; ces tirages portent la date de la séance dans laquelle la communication a été faite et le numéro des « Archives » dans lequel elle paraitra; cette facilité a déjà été utilisée cette année par quelques-uns de nos collègues. La direction des « Archives » a mis la plus grande bonne volonté à s'entendre avec nous dans ce but et accélérera autant que possible la publication de nos procès-verbaux. L RAPPORT DU PRÉSIDENT Enfin, les auteurs de communications faites à notre Société, ont été invités à faire pour les comptes rendus annuels, qui sont envoyés à un grand nombre de sociétés savantes, des résumés un peu complets, en profitant de la latitude qui leur est accordée d'utiliser 3 pages d'impression; ceci afin que les comptes rendus puis- sent être consultés avec utilité et reflètent, d’une manière aussi exacte que possible, notre activité scientifique. Nous avons reçu dans le courant de l’année les publications suivantes : De M. C. de Candolle : Table alphabétique des noms des personnes mention- nées dans les Mémoires et Souvenirs d’Augustin-Pyramus de Candolle. De M. B.-P.-G. Hochreutiner : Monographia generis Arthroclianthi. De la famille de Stanislas Cannizaro : La Scienza e la Scuola, discours pro- noncé par notre regretté membre honoraire à l’occasion de l’attribution qui lui avait été faite par la Société Royale de Londres, de la médaille Coopley. De M. le D' J. Briquet : le premier volume de son Prodrome de la Flore corse, résultats botaniques de six voyages exécutés en Corse sous les auspices de M. Emile Burnat. De M. R. de Saussure : Ærposé résumé de la géométrie des feuillets, par lui- même et Ætude analytique de la géométrie des feuillets de M. René de Saussure, par M. R. Bricard. Voici enfin la liste des publications faites par notre Société pendant l’année 1910. Compte rendu des séances de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, t. 36, 1909. Mémoires : volume 36; fascicule 2 renfermant : Exposé résumé de la géomé- trie des feuillets, par M. René de Saussure et le Rapport du Président pour 1909, M. le D' John Briquet. — Volume 36, fascicule 3 : Les minéraux des Pegmatites des environs de Antsirabé à Madagascar, par MM. L. Dupare, M. Wunder et R. Sabot. Enfin, le fascicule 4 et dernier du volume 36 renfermant le mémoire de M. Léon- W. Collet sur les Hautes Alpes calcaires entre Arve et Rhône, vient de paraitre. M. F.-Louis Perrot, notre dévoué secrétaire correspondant, nous fait remar- quer, dans son Rapport, que le volume 36 est le 3° qui ait paru depuis le nouveau système consistant à présenter nos mémoires par fascicules; ce mode de faire a donné plus d’homogénéité extérieure à notre principale publication: il assure une plus prompte distribution des mémoires et en fixe la date précise. Nous avons encore à mentionner deux échanges nouveaux de nos < Comptes rendus >», avec la Société Tessinoise des Sciences naturelles et avec le Museum für Natur- und Heimatskunde, à Magdebourg. POUR L'ANNÉE 1910 à) NOTICES BIOGRAPHIQUES HENRI DUFOUR 1852-1910 Henri Dufour, professeur de physique et de météorologie à l'Université de Lausanne, Directeur de l’Institut météorologique du canton de Vaud, est décédé à Lausanne, le 8 février 1910 en pleine carrière professorale, après avoir souffert, ces dernières années, d’une maladie qui avait, à plusieurs reprises déjà. donné de sérieuses inquiétudes à sa famille et à ses amis. Dufour était né à Morges le 12 octobre 1892, et il avait été initié à la physi- que, dans sa ville natale, par Charles Dufour. Après avoir pris ses premiers grades à l’Académie de Lausanne, il se rendit à Zurich pour y suivre les cours de l'Ecole Polytechnique fédérale et de l'Université, puis à Leipzig. En 1874, à 22 ans, il débutait dans l’enseignement auquel il devait se vouer complètement, en rempla- çant, au Collège de Vevey, le professeur Oettli, mais l’année suivante il obtenait un congé pour se rendre à Paris suivre les cours de la Sorbonne et du Collège de France, afin de compléter ses connaissances. Louis Dufour, son maitre à Lausanne, puis Mascart à Paris, eurent sans doute une grande influence sur la direction qu'il donna, dans la suite, à ses travaux scientifiques. Rentré à Lausanne, il fut chargé du premier cours d'électricité statique à l’Académie, puis en 1871 il fut nommé professeur suppléant de feu Louis Dufour, pour reprendre ensuite, avec le titre de professeur extraordinaire, l’enseignement complet de la physique et enfin, en 1879, à la suite d’un concours pour lequel il présenta ses « Recherches sur quelques points relatifs aux mouvement des gaz dans les corps poreux », il fut nommé professeur ordinaire; l'Université de Lausanne jusqu'à sa mort, avec la plus grande distinction et a su y conquérir l'estime et la reconnaissance de bien des générations d'étudiants. Quoique d’une santé délicate, Henri Dufour ne se contentait pas de remplir consciencieusement ses fonctions universitaires, déjà bien absorbantes, il enseignait il a occupé ces fonctions à 6 RAPPORT DU PRÉSIDENT encore dans maints établissements secondaires et institutions privées et il faisait de nombreuses conférences pour mettre ses concitoyens au courant des nou- veautés scientifiques et des grandes découvertes qui firent époque pendant sa carrière. Henri Dufour s'occupait en outre de météorologie: il fut appelé à faire partie de la Commission fédérale de Météorologie en 1882 et installa, quelques années plus tard, la station météorologique du Champ de l'air, dont il fut nommé directeur. Il à aussi, à ce titre, été tres utile à son canton en instituant un service rural de météorologie. Les travaux scientifiques auxquels se livra Henri Dufour appartiennent done soit aux différentes branches de la physique, soit à la météorologie; ils ont été communiqués à la Société Vaudoise des Sciences naturelles, à la Société Helvéti- que et aussi à notre Société de Physique et d'Histoire naturelle; ils ont fait l’objet de nombreux mémoires dont les plus importants ont paru, entre autres, dans les Archives des Sciences physiques et naturelles de Genève. En physique, les recherches de Dufour sur les rayons X ont été particulière- ment remarquées: il constata, en effet, indépendamment de Benoist, Hurmuzescu et de Righi, la décharge des corps électriques sous l'influence des rayons X; le phénomène de l’ionisation à fait Pobjet de travaux exécutés avee M. le D' Rosselet, sur lionisation par les rayons ultra-violets et les rayons Rœntgen, dont les résul- tats ont été communiqués peu de temps après la mort de Dufour; ces expériences ont montré que lionisation par les rayons ultra-violets diffère non seulement par son intensité, mais aussi par sa nature de l'ionisation par les rayons X. Dufour fit aussi des recherches sur les rayons secondaires émis par les corps exposés au rayonnement de substances radioactives, sur la fluorescence invisible, sur la déperdition de l'électricité sous l’action de radiations lumineuses, sur la ra- dioactivité de l’air des mines de Bex, sur l'analyse spectrale des liquides colorés, sur les distances explosives d’étincelles électriques, ete., etc.; parmi ses publica- tions relatives à la physique, nous citerons encore son étude du + phénomène de la recoloration des Alpes après le coucher du soleil >» publiée dans les Archives et ses « Leçons de physique expérimentale >. Comme météorologiste, Henri Dufour à laissé aussi un certain nombre de travaux concernant la climatologie, sur les orages, la gréle, les ares-en-ciel et l'électricité atmosphérique et enfin ses relevés actiniques, d’après les observations faites avec la collaboration de M. Bührer dans diverses stations vaudoises. On doit encore à l’ingéniosité et à lhabileté mécanique de Dufour la cons- truction ou le perfectionnement de quelques appareils de physique, tels, en par- ticulier, un baromètre enregistreur, un thermomètre différentiel de démonstra- POUR L'ANNÉE 1910 7 tion, un nouvel hygromètre à condensation et un appareil destiné à produire les figures de Lissajous. Henri Dufour était membre honoraire de notre Société depuis 1883 et, entre autres nombreuses distinctions, il avait été nommé « Docteur honoris causa » de notre Université à l’occasion du 25% anniversaire de son entrée dans l’enseigne- ment supérieur; il ne comptait parmi nous que des amis qui, non seulement l'avaient en haute estime comme savant, mais encore admiraient la conscience avec laquelle il remplissait les multiples fonctions de sa profession, l'élévation de son caractère et sa grande modestie; aussi est-ce avec le plus grand regret que notre Société a appris la fin prématurée de cet homme distingué, qui à fait honneur à son pays et avec la plus sincère sympathie qu'elle s’est associée au deuil de sa famille. ALEXANDRE AGASSIZ ! 1853-1910 Alexandre Agassiz, Professeur et Directeur du Musée de Zoologie comparée à l’Université de Harvard, membre honoraire de notre Société depuis 1880, est décédé le 27 mars 1910, à la suite d’une maladie de cœur, à bord de l’« Adriatie >», qui le ramenait en Amérique après un voyage en Europe. Il était né à Neuchâtel le 17 décembre 1835 et était fils du célèbre natura- liste, Louis Agassiz, mort en 1873 à Cambridge (Mass.), dont la Société helvétique des Sciences naturelles a célébré, il y à trois ans, le centenaire à Motier. Alexandre Agassiz quitta sa patrie d’origine en 1849 pour les Etats-Unis, son père s'était lui-même rendu à Boston trois ans auparavant, bien loin de sup- poser que la chaire qu'il occupait à l’Académie de Neuchatel, serait emportée par une révolution et qu'il allait, lui et sa famille, se fixer définitivement en pays étranger, Après avoir étudié la chimie et Part de l'ingénieur au Collège de Harvard, le jeune Agassiz obtint son diplôme d'ingénieur, mais il avait hérité de son père l'amour de l’histoire naturelle et il voulait s’y consacrer tout entier; l'exemple de Louis Agassiz, souvent à court d'argent et obligé de solliciter le concours pécu- ! Je dois une partie des indications renfermées dans cette notice à l’obligeance de M. le Prof. Dr C Loring Jackson, de Cambridge. (Mass.) F.R. 8 RAPPORT DU PRÉSIDENT niaire des autres, pour mener à chef ses vastes entreprises scientifiques, l’engagea à chercher d'abord à amasser assez de capitaux pour assurer le succès et l’indé- pendance des recherches qu'il avait en vue; il y réussit au delà de toute espérance, en jetant ses regards du côté des mines de cuivre, qu’il pressentait, à juste titre, pleines de promesses. Il visita les principales villes de Californie, puis celles de la région du Lac Supérieur, qui retinrent son attention et il acheta, avec son beau- frère. M. Quincy A. Shaw, les mines de Calumet et Hecla, qu’il avait jugées spé- cialement intéressantes; après beaucoup de peine, grace à sa grande énergie et à son talent administratif, il eut la satisfaction de les voir devenir parmi les plus pro- ductives du monde et de se procurer ainsi une très grande fortune qu'il sut em- ployer, selon le but qu'il s'était proposé et de la manière la plus intelligente, au profit de la science. Il réalisa d’abord le rêve de son père en fournissant au Musée de Cambridge les ressources nécessaires pour son développement et il dota large- ment l'Université de Harvard dont il fut un des grands bienfaiteurs; ses dons dépassèrent, dit-on, un million de livres sterling. Il fit en outre les frais d’un grand nombre d’expéditions qui avaient pour objectif l'étude des iles et récifs coralliens, et de la faune des grandes profondeurs; il entretint pendant de nombreuses années le premier laboratoire américain de zoologie marine qui fut fondé chez lui, à Newport (Rhode Island); il fit bien d’autres donations et, enfin, des legs qui feront survivre sa grande générosité pour la science. Agassiz avait été nommé assistant, en 1861, au Musée de Zoologie comparée de l’Université de Cambridge et en 1874 il avait succédé à son père comme direc- teur, poste qu’il conserva jusqu’en 1898. Après avoir visité les mines de cuivre du Pérou et du Chili, ce qui lui donna, entre autres, l’occasion de rapporter au Muséum une belle collection d’antiquités péruviennes, Agassiz fit une exploration au Lac Titicaca, puis les nombreuses expé- ditions océanographiques qu’il entreprit et qui le font considérer comme le pionnier de la thalassographie, le conduisirent de 1877 à 1879 à bord du < Blake » sur la Mer du Mexique, aux Caraïbes, sur les côtes de la F loride et des iles de Bahama ; ce fut à bord d’un autre navire dont le nom l< Albatros » est devenu également célèbre, qu’il fit en 1899-1900, sa plus grande expédition autour des iles de l'Océan Paci- fique. Il avait étudié, entre temps, la faune de surface du Gulf Stream, visité les iles Sandwich, l'Australie, les iles Fidji, les iles Maldives, etc. Les études faites dans ces expéditions ont permis, en particulier, à Agassiz de se rendre compte des grands mouvements qui se sont produits dans le fond du Paci- fique à une époque géologique relativement rapprochée, ce qui est mis en évidence par les nombreux bancs de corail qu'il a décrits. L'étude du matériel rapporté de ses expéditions et les observations qui y furent POUR L'ANNÉE 1910 9 faites, sont consignées dans un grand nombre de mémoires et de très belles publi- cations touchant toutes les branches de l’histoire naturelle. Agassiz fut un grand zoologiste et le principal représentant en Amérique de la biologie marine; c’est à ce titre qu'il fut appelé en Ecosse, pour aider Wyville Thomson à classer les collections rapportées par le « Ghallenger » de son grand voyage d'exploration des mers profondes. Ses recherches embryologiques, l’étude des formes larvaires, ses travaux sur les Astéries, les Oursins et les Holothuries ont été fort remarqués: il a constaté des phénomènes de génération alternante compliquée chez certains Annélides, ce qui avait fait classer dans trois genres différents les trois formes, neutre, mâle et fe- melle, d’une même espèce. Agassiz a laissé aussi des travaux remarquables d’icthyologie. Son activité scientifique lui valut un grand nombre de distinctions honorifiques qu'il serait trop long d’énumérer ici, disons cependant qu’il était Associé étranger de l’Académie des Sciences. Un des biographes d’Agassiz attribue la valeur de cet homme distingué à l'éducation sérieuse et soignée, tout à la fois suisse et allemande (sa mère était Alle- mande, et sœur du célèbre botaniste Alexandre Braun), qu'il reçut dans son enfance et à l'énergie qu'il acquit ensuite au contact américain; il était tellement cosmo- polite, ajoute-t-il, que si quelqu'un à jamais mérité le titre de « citoyen du monde », ce fut lui. Le nom d'Alexandre Agassiz restera certainement inscrit dans les annales des sciences, comme celui d’un savant qui à grandement contribué par son activité personnelle et ses libéralités judicieuses à l’avancement des sciences naturelles. STANISLAS CANNIZARO ! 1826-1910 Stanislas Cannizaro, Sénateur du Royaume d'Italie et Professeur de chimie à l'Université de Rome, fut tout à la fois un patriote dévoué et un grand savant ; décédé à Rome le 10 mai 1910, cet illustre chimiste était né à Palerme en 1826 et appartenait à une famille de magistrats. ! Une intéressante notice nécrologique sur Cannizaro, due à la plume de M. Armand Gautier, mem- bre de l’Institut, et à laquelle nous avons emprunté quelques-uns des faits relevés dans ces lignes, a paru dans le Bulletin de la Société chimique de France, du 5 août 1910. MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1911). 2 10 RAPPORT DU PRÉSIDENT Cannizaro fit ses premières études dans sa ville natale, mais avant de s’orien- ter définitivement du côté de la chimie, à laquelle il devait rendre des services considérables, il suivit des cours de médecine, de littérature et de mathématiques, puis la chimie physiologique, sous l’influence de son maitre et ami Fodéra, l’attira plus particulièrement et en 1845, comme il se familiarisait avec la physique au laboratoire de Melloni à Naples, Piria qui était alors professeur de chimie à Pise, vint lui offrir une place d'assistant dans son laboratoire de l’Université. Sa voie était choisie, mais les événements politiques devaient le ramener de nouveau, en 1847, dans sa patrie, où nous le trouvons officier d'artillerie à Messine et prenant part à la révolution contre les Bourbons; c’est alors qu’il fut élu député de Francavilla dans le Parlement Sicilien dont il était le plus jeune membre; la révolution ayant été vaincue et lui-même ayant été condamné à mort, il dut cher- cher asile à l'étranger et vint se réfugier en France où il mit à profit son exil pour étudier les industries chimiques du midi et de Lyon, puis il se rendit à Paris où il fut admis dans le laboratoire de Chevreul; la fréquentation de savants tels que Dumas, Cahours, Wurtz, Peligot, Malagutti, etc., eut sans doute une grande in- fluence sur la direction de ses travaux futurs. En 1851,le gouvernement piémontais l’appelait à Alexandrie comme profes- seur de chimie, de physique et de mécanique au Collège national auquel il resta attaché pendant quatre ans; en 1855 c’est à Génes que nous le trouvons en qualité de professeur de chimie à l’Université et en 1861 à Palerme comme professeur de chimie minérale et organique. Quelques années plus tard, lorsque l'Italie fat unifiée et que les destinées de cette nation furent confiées à un nouveau gouvernement, Cannizaro fut appelé à la chaire de chimie de l’Université de Rome, il fut nommé membre du Conseil d'Etat extraordinaire chargé d'étudier les institutions de la nouvelle Italie et membre du Sénat dont il fut l’un des vice-présidents. Toutes les étapes de cette carrière si mouvementée, ont été marquées par des travaux importants dans le domaine de la chimie organique et expérimentale ou dans celui de la chimie théorique. C’est ainsi que, dans le laboratoire de Chevreul, Cloez et Cannizaro étudièrent ensemble l’action du chlorure de cyarnogène sur l’am- moniaque et les amines, qu'ils préparèrent les premiers, la cyanamide et qu’ils reconnurent que la mélamine de Liebig n’était autre que l’amide de l’acide cyanu- rique. Plus tard, à Alexandrie, Cannizaro continuait ses recherches sur les cyana- mides et commençait celles qui le conduisirent à la découverte des alcools aroma- tiques ; il constatait, en effet, la transformation, par la réaction qui porte son nom, de l’aldéhyde benzoïque en acide benzoïque et alcool benzylique; en continuant " POUR L'ANNÉE 1910 11 cette importante étude, il découvrait ensuite les homologues de l’alcool benzylique, les alcools toluique, anisique, etc., ce qui permettait de saisir les relations des divers hydrocarbures aromatiques entre eux et avec les composés oxygénés de la série aromatique: les principaux mémoires sur ce sujet furent publiés à (rênes. Parmi les travaux les plus connus et les plus remarqués de Cannizaro, nous devons mentionner, en outre, ceux qu'il exécuta avec son élève Sestini, sur la san- tonine (vermifuge retiré des fleurs d'une artemisia) et les relations qu'il découvrit entre ses dérivés et les composés de la série du naphtalène. Ces recherches ainsi que celles qui ont trait aux alcools aromatiques, et bien d’autres encore, ont été de longue haleine et ont fait l’objet d’un grand nombre de mémoires, mais ce qui à sans doute le plus contribué à rendre célèbre le nom de Cannizaro et à le faire classer parmi les fondateurs et les représentants les plus autorisés des théories modernes de la chimie organique, ce sont ses conceptions théoriques développées dans son « Résumé d’un cours de philosophie chimique fait à l'Université royale de Gênes » et dans divers mémoires. Ce résumé, devenu classique, à en effet paru à une époque où la question des poids atomiques et des poids moléculaires venait de donner lieu à un certain flotte- ment chez les chimistes et avait méme provoqué des discussions si vives que l'illustre chimiste Laurent, quelques années avant cette publication, avait pu prétendre dans son langage imagé, que «si le matin on enfermait deux chimistes, le soir on n’en retrouverait que les extrémités, tant ils auraient mis de férocité à s’entredévorer !! » La scission engendrée par les débats passionnés auxquels se livraient alors les hommes de science, risquait fort d’entraver ou de ralentir les progrès de la chimie, aussi devons-nous une grande reconnaissance à Cannizaro d’avoir su dé- montrer sur quelles considérations on devait s'appuyer pour la détermination, sûre et inattaquable, de ces bases de notre système chimique; il sut éliminer, avec la plus grande logique et d’une manière irréfutable, la contradiction apparente entre la loi d'Avogrado et celle de Dulong et Petit, et montrer que l’on devait suivre la première pour la détermination du poids moléculaire et la seconde pour celle du poids atomique; il à ainsi, le premier, fait saisir les différences qui existent entre la molécule et l’atome, ainsi que les rapports entre les poids relatifs et en expli- quant en même temps les phénomènes de la dissociation, il a écarté le dernier obs- tacle à l’application complète et exacte des deux lois. L'œuvre de Cannizaro a donc été des plus fécondes au point de vue du déve- loppement de la chimie moderne pour lequel il est, à juste titre, considéré comme ! Albert Cocson, Æssor de la chimie appliquée, p. 54. 19 RAPPORT DU PRÉSIDENT l’émule de Kékulé, et son influence a été grande, non seulement dans sa patrie, qui lui doit toute une école distinguée de chimistes, mais encore dans les autres pays. Nous ne saurions terminer cette trop rapide esquisse d’une vie si remarqua- ble, sans rappeler que Cannizaro avait succédé à de Marignac, comme membre correspondant de l’Académie des Sciences de l’Institut de France et que notre Société se l'était attaché, comme membre honoraire, en 1892, lors du Congrès pour la nomenclature chimique, qui réunit, dans notre ville, les représentants les plus en vue de la chimie organique. EDOUARD HAGENBACH-BISCHOFE 1833-1910 Avec Hagenbach-Bischoff, l’un de nos plus anciens membres honoraires (nommé en 1869), a disparu à Bâle, la veille de Noël, une des figures les plus sympathiques et les plus respectées parmi les savants suisses; c'était aussi le plus populaire, dans le bon sens du mot, des hommes politiques de son canton. Né à Bâle, le 20 février 1833, il était petit-fils de Charles-Frédéric Hagen- bach, professeur d'anatomie et de botanique et fils de Charles-Rodolphe, professeur de théologie et historien ecclésiastique: il avait hérité d’eux, l'amour de la Science. Après avoir fait ses études universitaires successivement à Bâle, Genève, Berlin et Paris, Edouard Hagenbach revint se fixer dans sa ville natale ; il avait été promu docteur en philosophie en 1855 déjà, et débuta dans la carrière profes- sorale par l’enseignement de la physique à l’école réale supérieure ; il donna ensuite un cours de mathématiques à l’Université, puis fut nommé en 1863, professeur de physique comme successeur de Gustave Wiedemann; il occupa cette chaire, de la manière la plus distinguée, jusqu’en 1906, et lorsque l’age l’eût contraint à l’aban- donner, il eut tout au moins la joie de la voir attribuée à son fils Auguste; quatre générations de la famille Hagenbach se sont donc succédées à l’Université de Bâle pour le plus grand honneur de celle-ci. Hagenbach était chargé du cours de physique générale et de physique mathé- matique; il s’est fait remarquer dans cette chaire par la grande clarté de son expo- sition et la méthode de son enseignement, qui était complété par les travaux de laboratoire de physique du Bernoullianum dont il avait la direction depuis 1874: POUR L'ANNÉE 1910 13 il fut doyen de la faculté de philosophie, recteur, curateur des fonds académiques; sa réputation comme professeur et physicien lui valut deux appels très honorables à Munich, que son attachement à sa ville natale et à l'Université lui fit décliner. Les cours populaires qu'il donnait au Bernoullianum sur des sujets scientifi- ques étaient fort goûtés du grand public balois. Tous ceux d’entre nous qui fréquentent les sessions de la Société Helvétique des Sciences naturelles, connaissaient cet homme excellent, à la parole chaude et communicative et savent quelle grande place il occupait dans le mouvement scien- tifique de notre pays; il avait été Président du Comité central de Bâle, de 1875 à 1880 et était Président de la Commission des glaciers; il fut aussi membre de la Commission fédérale de météorologie qu'il présida et dont il fit partie jusqu’à la dernière année de sa vie. Malgré les multiples occupations de Hagenbach, en dehors de son professorat et dont nous dirons quelque mots plus loin, sa grande activité et une puissance de travail remarquable, lui ont permis de laisser un grand nombre de travaux scienti- fiques qui l'ont fait connaitre et estimer comme physicien et comme savant, bien au delà de nos frontières. Ces travaux embrassent en particulier les différents chapitres de la physique, la météorologie et l'étude des glaciers; beaucoup d'entre eux ont paru comme mé- moires dans les Archives des Sciences physiques et naturelles de Genève, et ont été communiqués à la Société Helvétique, à la Naturforschende Gesellschaft de Bale et à la Société suisse de Physique, ainsi que dans les Congrès internationaux dans lesquels la voix de Hagenbach était fort écoutée. Parmi ses premières publications nous trouvons en 1856, le résumé d’un im- portant mémoire du professeur Wiedemann ayant trait au transport des liquides par le courant de la pile et à ses rapports avec l’électrolyse:; un mémoire de Clau- sius sur la force motrice de la chaleur et les recherches photochimiques de Bunsen et Roscoe retinrent ensuite son attention, et plus tard il publia un mémoire sur les principes fondamentaux de la physique et de la mécanique. En optique nous lui devons des travaux sur la polarisation de la couleur bleue de la lumière réfléchie par l’eau et par l'air, sur les qualités optiques de la chloro- phylle, sur la fluorescence, sur les propriétés optiques du spath fluor et en acous- tique sur la transmission des sons aigus par le téléphone; mais son domaine de prédilection était l'électricité, car il nous à laissé de nombreux mémoires concer- nant cette branche si intéressante de la physique, parmi lesquels nous citerons, pour commencer, son étude des machines électromagnétiques et ses recherches sur l’induction unipolaire et les rotations électromagnétiques; des expériences sur la durée de charge de l'électricité dans les fils télégraphiques lui permirent en 1889 14 RAPPORT DU PRÉSIDENT de constater, par une méthode spéciale qu'il avait appliquée sur les lignes de Bäle- Lucerne et de Bâle-Olten, que cette durée est proportionnelle aux carrés des lon- gueurs. Il étudia aussi les phénomènes hertziens et publia (avec Zehnder) un mé- noire sur la nature des étincelles dans les oscillations électriques de Hertz; les effets de soupape qui accompagnent les décharges électriques dans les gaz très raréfiés, furent l’objet de ses investigations (avec Veillon). Il s’occupa des effets de l'induction dans les lignes télégraphiques et du transport à distance de l’énergie électrique. Nous devons encore à Hagenbach des recherches, sur lesquelles il est revenu à plusieurs reprises, et ayant pour but de déterminer la viscosité des liquides, une méthode mathématique appliquée à la détermination de l’acide carbonique dans le phénomène de la respiration, des expériences faites avec des obus sphériques de fonte sur les explosions par congélation, ainsi que des travaux sur les rayons Rœænt- gen appliqués aux recherches chirurgicales. Hagenbach était, à juste titre, considéré comme une autorité dans l’étude des glaciers et nous rappellerons à cette occasion les expériences qu'il fit, avec Forel, pour déterminer la température de la glace dans l’intérieur du glacier, et les mé- moires intéressants qu'il publia sur le grain du glacier. Enfin la position de Directeur de l'Observatoire de Bale qu'il occupa long- temps, l’a conduit à communiquer plusieurs observations météorologiques concer- nant, entre autres, l'électricité atmosphérique, les météores et les tremblements de terre. Cette nomenclature, nécessairement incomplète et bien imparfaite, ne donne sans doute qu'une faible idée de l’activité scientifique du savant qui à fait honneur à son pays, mais ce rappel des services rendus par Hagenbach à la science, pen- dant sa belle et longue carrière, ne doit cependant pas nous faire oublier le role très important qu'il a joué dans son canton, comme citoyen dévoué aux affaires publiques. Membre du Grand Conseil depuis 1867 jusqu'à sa mort, il recommanda des 1875, à l’occasion de la revision baloise, l'introduction du scrutin proportionnel qui n’entra cependant en vigueur à Bale-ville que 20 ans plus tard et dont il était l’apôtre bien convaincu. Hagenbach n’était inféodé à aucun parti; il était aimé et respecté de tous, car s’il savait défendre son opinion avec fermeté, il était aussi animé d’un grand esprit de tolérance envers celle des autres ; l'indépendance de son caractère, sa justice et sa libéralité étaient bien connues. Toujours prêt à se dévouer et à servir sa patrie, il fut membre ou présida un grand nombre de Sociétés ou de commissions poursuivant des buts utiles au dévelop- pement des institutions de notre pays, qu'il serait trop long d’énumérer ici; sa POUR L'ANNÉE 1910 15 grande bonté et sa complaisance inépuisable étaient gracieusement mises au service de tous ceux qui pouvaient avoir besoin d'y recourir, aussi ce robuste vieillard, à l'esprit toujours jeune et plein d'enthousiasme, était-il l’homme le plus considéré de Bâle, et fut-il conduit à sa dernière demeure par une foule recueillie et reconnaissante. ACTIVITÉ SCIENTIFIQUE DE LA SOCIÉTÉ Nous avons entendu, dans les 16 séances qui nous ont réunis cette année, 53 communications sur des sujets divers dont voici, pour chacune des sciences qu’elles concernent, un résumé sommaire. Mathématiques et Astronomie. M. R. DE SAUSSURE a répondu à une question posée par M. le Prof. Cailler à l’occasion d’une de ses précédentes communications. Il s'agissait de savoir si la forme fondamentale de la géométrie des feuillets (pentasérie linéaire) était unique. Il est très probable, d’après l’examen de la question qu’en a fait M. de Saussure. que, dans l’espace, la pentasérie est bien la seule forme définie par sept positions arbitraires d’un corps solide. LE MÈME auteur, dans un exposé relatif aux corps solides opposés, nous à montré les conditions qu'il faut réaliser pour passer de la géométrie réglée à celle des systèmes de corps solides. M. Prboux nous à parlé de la comète de Halley, de son passage dans le voisi- nage de la terre et des prévisions que l’on pouvait faire sur le moment de son arrivée à la plus courte distance de notre planète. Physique. M. L. DE LA RIVE nous a fait une communication sur la solidarité magné- tique des molécules des aimants, qu'il a démontrée par une expérience permettant de constater l'influence d’une orientation magnétique donnée à un disque de carton 16 RAPPORT DU PRÉSIDENT sur lequel est disposée une rangée de petites boussoles serrées les unes contre les autres. LE MÊME auteur nous a parlé des expériences qu'il a faites sur les oscillations d’un pendule dans un train en marche; il à pu constater que l'accélération et le ralentissement donnent lieu à une modification notable de la position d'équilibre du pendule. M. le Prof. C.-E. Guye et M. RATNOWSKY ont soumis à la critique expérimen- tale les formules de Lorentz et d'Abraham sur la variation d'inertie des électrons, par une méthode due à M. Guye et caractérisée par le fait que les rayons catho- diques suivent des trajectoires identiques dans des champs semblables: ils ont con- clu à.la supériorité de la formule de Lorentz. M. C.-E. GUYE nous à communiqué, en outre, qu'il a pu, avec la collaboration de M. A. TSCHERNIAWSKY, mesurer sans difficulté une tension de 70,000 volts envi- ron, avec un électromètre sous pression de son invention. M. TH. TOMMASINA, pour faire suite à ses travaux antérieurs sur la physique de la gravitation universelle, nous à lu les notes 27 à 37 du sujet dont il a entrepris l'étude; il nous a, dans ces communications, entretenus plus spécialement des cha- pitres suivants : interprétation mécanique de la masse électro-magnétique; rôle de l'interprétation physico-mécanique des faits; des causes et effets de l'accélération séculaire du moyen mouvement de la lune: les deux sources primaires, l’une cons- tante, l’autre variable, de forces centrifuges ; continuité nécessaire de l'accélération séculaire du moyen mouvement des planètes; découverte du moyen pour établir le sens de concavité de l'orbite du soleil d’après les variations périodiques des vitesses planétaires vraies; les marées et le rapport actuel entre les vitesses de rotation et de révolution de la terre; l’élémentarquantum et la théorie électronique de l’éther ; la théorie électro-magnétique de la polarisation et de la dissociation électrolytique ; correction d’une erreur d'interprétation de la répulsion solaire de la queue des comètes et ses conséquences, et enfin, irréductibilité des lois du train d’ondes aux lois du rayon élémentaire. On trouvera, dans les comptes rendus de notre Société, le développement de ces diverses notes, dont un résumé sommaire ne pourrait donner qu'un aperçu trop imparfait. M. le D' E. BRINER a fait part à plusieurs reprises, à notre Société, de recher- ches effectuées en collaboration avec M. le D' WRoczyNski sur l’action chimique de pressions élevées. Des réactions chimiques ont été constatées dans les mélanges gazeux NO—HCI, NO—$S0,, NO—CHCI, ete., et, grâce à l'emploi d’un compres- seur dû à une généreuse subvention de la Société auxiliaire des Sciences et des Arts de Genève, la décomposition de gaz tels que NO, CO, ON, a été réalisée par POUR L'ANNÉE 1910 17 une élévation suffisante de la pression, dans des conditions où ces gaz étaient répu- tés stables. Il résulte de ces recherches que l’action de la pression est d'autant plus efficace que le système est plus éloigné de son équilibre le plus stable; cepen- dant, dans certains cas, lorsque l'édifice moléculaire est très stable, il faudra, pour opérer la décomposition, joindre à l’action de la pression une élévation de tempéra- ture capable de désagréger la molécule. M. BRINER a également discuté devant nous la question si controversée des faux équilibres chimiques. Si certains effets chimiques des pressions élevées parais- sent plutôt militer en faveur de la réalité des faux équilibres, il convient cependant, selon lui, à cause de la complexité des phénomènes, d'attendre de nouveaux résul- tats avant de se prononcer définitivement sur ce point. M. E. CARDOSO nous a exposé la méthode qu'il à élaborée, avec la collabora- tion de MM. ARNI et BELL, pour la détermination des constantes critiques des gaz, méthode qui présente, dans sa technique, plusieurs perfectionnements nécessaires pour sa plus grande exactitude. Chimie. M. À BACH nous à exposé les résultats d’une série de recherches ayant trait à la théorie des oxydases, recherches au cours desquelles il a, en particulier, pu cons- tater que, contrairement aux idées de Bertrand, des oxydases ne renfermant ni fer, ni manganèse peuvent cependant être très actives. M. CANTONI nous à parlé, dans deux communications, des recherches faites par M. G. PATERNO D1 SESSA sur la diazotation des fluorhydrates de bases aroma- tiques. Il à été constaté qu'il ne se forme pas le fluorure de diazo correspondant, mais le diazoamido, aux propriétés duquel une formule symétrique répondrait bien. LE MÈME à présenté, également au nom de M. PATERNO, une note sur la cryoscopie du fuorhydrate et du chlorhydrate d’aniline en employant de l’eau, de l'acide chlorhydrique ou de l'acide fluorhydrique; les résultats obtenus montrent que l’on ne peut déduire aucune propriété différentielle entre les sels d’aniline en question. Les recherches de M. le Prof. Ph.-A. GuYE et de M. BOUBNOFE sur la stabi- lité du chlorure de nitrosyle aux basses températures ont montré l'existence pro- bable, dans celui-ci, d’une combinaison qui n’est déjà plus stable à —107°, ce qui empéche d'en utiliser la synthèse pour contrôler le poids atomique du chlore. M. Ph.-A. Guye nous à décrit, à cette occasion, la technique spéciale et très déli- cate qui a dû être employée pour ce travail. MÉM, SOC, PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL. 87 (1911). 5 18 RAPPORT DU PRÉSIDENT L'action de l'acide sulfurique concentré sur quelques nitramines aromatiques a fait l’objet de deux communications de M. Fréd. REVERDIN. La réaction qui se passe dans les cas étudiés donne lieu à la formation simultanée de produits d’oxy- dation et de produits de réduction; ces derniers étant des nitrosamines, on com- prend pourquoi certaines nitramines donnent d’une manière inattendue la réaction caractéristique de Liebermann pour les nitrosamines. Géologie, géographie physique. M. L.-W. COLLET nous a communiqué, au nom de M. MONTAGNIER, les ob- servations faites par ce voyageur un mois après l’éruption du Chinyero à Ténérifte, qui à eu lieu en novembre 1909. Le point particulier et très nouveau de ces obser- vations porte sur la morphologie des rejets. M. Collet qui a étudié avec M. A. BRUN les matériaux récoltés au Chinyero, nous a annoncé que la présence de sels de fluor à été constatée dans les sels des fumerolles, et celle du chlore libre dans les lapillis du magma neuf provenant du sommet du volcan. M. le Prof. Ch. SARASIN a présenté à notre Société, au nom de Mike de Tsy- TOVITCH, une étude de la géologie des environs de Chésery, dans la vallée de la Valserine, étude qui a permis de relever une erreur d'interprétation des deux cartes géologiques existantes de cette région. A titre de contribution à l'étude géo-physique de notre région, M. E. CHaix nous à parlé de l’incohérence du bassin de Genève au point de vue hydrographi- que et en particulier de la capture de Theiry, cas intéressant de transformation par capture, du drainage périphérique en drainage centripète. La géologie de Madagascar et les gisements de pierres précieuses de cette ile, ont fait le sujet d’une communication de M. le Prof. L. DuPARC:; il nous à parlé de la région des pegmatites d’Antsirabé qu'il a visitée l’an dernier et dont il à rapporté un matériel considérable et nous a donné connaissance des premiers ré- sultats de son étude faite avec la collaboration de MM. WüNDER et SABOT. Cet important travail à été complété depuis et a paru dans nos Mémoires en un fort beau volume. Les gisements de cuivre de Sysserskaja Datcha ont été décrits par M. le Prof. L. DupaRC qui à eu l’occasion de les étudier dernièrement; il nous a parlé à ce propos d’une méthode simple exploitée dans cette région, pour le traitement des minerais pauvres: cette méthode qui consiste à extraire le cuivre sous forme de sulfate pour le réduire ensuite, donne dans le cas particulier un bon résultat. POUR L'ANNÉE 1910 19 M. A. BRUN nous à rendu compte de sa récente exploration du volcan des iles Sandwich, le Kilauea, exploration au cours de laquelle il a pu étudier la com- position de l’exhalaison volcanique paroxysmale et constater qu’elle déshydratait l'atmosphère environnante. Cette étude lui à permis de démontrer irréfutablement la sécheresse absolue des gaz volcaniques au paroxysme et de trancher définitive- ment la question controversée de la présence où de l'absence de l’eau dans les phénomènes volcaniques en faveur de l’opinion qu'il défendait avec persévérance depuis plusieurs années. Météorologie. M. Georges WuLrr, de Moscou, nous a fait une communication, illustrée par quelques planches explicatives, sur linfluence de la pression de la lumière solaire sur la pression barométrique de latmosphère terrestre; tenant compte des travaux de P. Lébédeff, d’après lesquels les molécules gazeuses sont sensibles à l’action de la pression de la lumière, M. Wulff nous a montré, comme conséquence immédiate de ce fait, que la lumière solaire exerce une action sur notre atmosphère, action qui est mise en évidence par la marche de la pression barométrique dans ses diver- ses manifestations. Une série de graphiques météorologiques comparatifs, dressés d’après les tra- vaux des observatoires de Genève et du Grand St-Bernard, nous à été présentée par M. E. CHaix. Ces tableaux qui concernent 4 mois de l'hiver et de l'été 1907, permettent de se rendre facilement compte des différences climatiques (vent, satu- ration, nébulosité, précipitations et températures) qui existent entre ces deux sta- tions ainsi que de la variabilité et de l'amplitude différente des éléments météoro- logiques suivant les saisons. Botanique. M. le D'J. BRIQUET a étudié l’organisation et les affinités du genre « Morisia », crucifère endémique tyrrhénienne: il nous en a décrit la géocarpie caractéristi- que et nous a fait part de son opinion que cette particularité, quoique d'ordre bio- logique, contribue à l’isoler des genres voisins. Quelques intéressantes et nouvelles observations sur des fossiles de l’ère pa- léozoïque nous ont été communiquées par M. le Prof. R. CHopar; elles lui ont permis, entre autres, d'identifier un tronc de la collection de fossiles de l'Institut botanique de notre Université, comme provenant d’un Lépidodendron étudié précé- demment par Bower. MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL, 87 (1911). 3 20 RAPPORT DU PRÉSIDENT La question si controversée de l’origine des Spermaphytes à fait, en outre, l’objet d’une étude de M. le Prof. CHODAT qui avait déjà traité ce sujet dans une revue critique, et qui a pu étendre ses recherches à diverses Cycadacées provenant du jardin botanique de Lisbonne. Zoologie. M. R. DE LESssERT nous a parlé de la distribution géographique des araignées en Suisse, dont la faune est très riche et très variée, grace à la présence, d’une part, d'éléments méridionaux (Valais, Tessin et vallées méridionales des Grisons), et, d'autre part, d'éléments septentrionaux (Alpes). M. le Prof. E. YUNG nous a exposé le résultat des observations faites dans son laboratoire, par M LrpskA, sur les effets de l’inanition chez les infusoires, étudiés en particulier avec des individus de l'espèce Paramecium caudatum, pris dans des conditions naturelles ou dans des cultures in vitro. LE MÊME nous a rendu compte des expériences qu'il a exécutées pour déter- miner le degré de sensibilité des Gastéropodes terrestres à l’action de la lumière, et a démontré que les yeux des escargots et des limaces ne leur sont d'aucun usage au point de vue visuel. Les nouvelles recherches sur la variation des Papillons, que M. Arnold PICTEr nous à communiquées à deux reprises, l'ont amené à diverses conclusions sur la pro- venance de l’albinisme et du mélanisme partiels. Le fait, qui semble général parmi les animaux, que le mélanisme est signe de vigueur, tandis que l’albinisme dénote un affaiblissement de l'organisme, est confirmé en une certaine mesure par ces intéressants travaux, qui montrent encore que le mélanisme et l’albinisme provien- nent souvent d’une simple augmentation ou d’une simple diminution de la taille des écailles. M. PICTET nous a en outre parlé, dans deux autres séances, de ses recherches sur l’origine de la couleur bleue et de la couleur blanche chez les Lépidoptères: d'après lui, la première est produite chez les Lycaena par un pigment bleu. Le phénomène de décomposition des radiations lumineuses, dû à la structure striée des écailles, qui est du reste général à tous les Lépidoptères, même les plus colorés, joue également un rôle dans la production de cette couleur. Quant à la couleur blanche des Piérides, elle est aussi due à un pigment blanc. Chez les Papillons devenus albinisants, elle est souvent produite par le fait que leurs écailles se sont bombées, et qu’au lieu de décomposer les radiations de la lumière, comme le font les écailles plates, elles absorbent l’ensemble de ces radia- tions et réfléchissent la Inmiere blanche. - POUR L'ANNÉE 1910 21 Physiologie. Mie STERN nous a entretenus des résultats de recherches faites avec M. le Dr BATTELLI sur l'oxydation de certaines combinaisons par les tissus animaux; elle nous a parlé, en premier lieu, de l’oxydation de l'alcool et des aldéhydes, d'où il résulte, en particulier, que le foie fait subir à ces deux composés une oxydation due à un ferment pour lequel les auteurs proposent le nom d’alcooloxydase. Puis Mike Stern nous a exposé que l'acide succinique est aussi oxydé par les tissus ani- maux et que la rapidité de cette oxydation, pour laquelle la présence de cellules ou de débris cellulaires est indispensable, est excessivement grande. D'autre part, les recherches faites par les DEUX MÊMES auteurs, dans le but d’éclaireir le rôle que jouerait la catalase dans les sxydations de l’organisme ani- mal nous ont été communiquées par M. le D' BATTELLI. M. le Prof. J.-L. PREVOST nous a parlé des expériences qu'il a faites, avec la collaboration de M. SALOZ, sur les contractions des bronches étudiées chez des mammifères et des tortues: les principales expériences ont eu trait à la contraction bronchique provoquée par action réflexe à la suite de l'excitation de diverses par- ties et par électrisation du nerf crural. M. H. FLOURNOY nous a rendu compte de ses recherches sur l’inhibition des muscles et du réflexe patellaire; l'excitation du bout central du nerf sciatique inhibe le triceps de la même patte, en sorte que le réflexe patellaire ne peut plus avoir lieu; en outre, si le muscle se trouve en état de contraction tonique, il peut se relâcher immédiatement. Psychologie. Quelques intéressantes remarques sur le contrôle des médiums et sur les difi- cultés qu'il présente pour être à l'abri de toute fausse interprétation, nous ont été soumises par M. le Prof. E. CLAPARÈDE qui a attiré notre attention sur les prin- cipales causes d'erreurs susceptibles de fausser ce contrôle et qu'il faut prévoir pour éviter d’en être la victime. Il n’y à eu cette année que deux séances spéciales de biologie dans lesquelles M. Herbert GANS à fait deux conférences, la première sur la disparition des oiseaux et la seconde sur les moyens de protection des oiseaux migrateurs. SUPPLÉMENT A LA LISTE DES INSTITUTIONS SCIENTIFIQUES AVEC LESQUELLES LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE FAIT ÉCHANGE DE PUBLICATIONS! (Voir liste parue en 1905, vol. 35, pag. 29.) Nom de l'institution. Naturforschende Gesellschaft Baselland . ge Schw. Landesbibliothek . Società ticinese di scienze na- turali . AE Société des sciences de Nancy Società italiana per il progresso delle scienze . AS ES Société scientifique de Varsovie Academia Polytechnico . Nassauischer Verein für Natur- kunde. MN CE Museum für Natur- und Heï- matkunde . RENTE Gulf biologie Station Cameron (Louisiana) Re Department of Interior . Société de botanique Sociedade scientifica Paulo . ; Université égyptienne . The Australian Museum . de Sao Siège. Liestal. Berne. Lugano. Nancy. Rome. Varsovie, Porto. Wiesbaden. Magdeburg. Bâton-rouge Manila. Genève. Sao-Paulo. Le Caire. Sydney, Titre des publications, Thätigkeitsbericht Bollettino . ; Bulletin des séances . Atti. MORTE Res Comptes rendus des séances . Travaux . AÈ Annaes scientificos . Jahrbücher Abhandlungen und Berichte . BUT EEE EEE EE Philippine journal of science (section A : General science » C:Botany). Bulletin . Revista Records; Monograph. Cote de la Bibl. pub: de Genève, Ma Ra Ra 796 Ra 812 Ra 811 Ra 465 Ra 779 Ma 544 Ra 722 Me 479 Ra 815 ! La Société de physique et d'histoire naturelle de Genève faisant cession, suivant convention, à la Bibliothèque publique de la Ville de Genève, des ouvrages qui lui arrivent par voie d'échange, la présente liste renferme en regard de chacune des publications le numéro matricule sous lequel elle est cotée à la dite bibliothèque. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE Date de réception. 1861 MM. 1863 1865 1868 - 1869 1869 1873 1873 1874 1874 1876 1876 1850 1882 TABLEAU DES MEMBRES DE LA DE GENÈVE Mars 1911. 1° MEMBRES ORDINAIRES RESIDANT A GENEVE Casimir DE CANDOLLE, botaniste, Lucien DE LA RIVE, physicien. Arthur ACHARD, ingénieur. Jean-Louis PREVOST, médecin. Edouard SARASIN, physicien. Ernest FAVRE, géologue. Emile ADOR, chimiste. William BARBEY, botaniste. Adolphe D'ESPINE, médecin. Eugène DEMOLE, chimiste. Théodore TURRETTINI, ingénieur. Pierre DUNANT, médecin. Auguste-H. WARTMANN, médecin. Gustave CELLÉRIER, mathématicien. 24 LISTE DES MEMBRES 1883 MM. Aaoul GAUTIER, astronome. 1884 1887 1888 1889 1889 1889 1889 1889 1890 1890 1890 1890 1890 1892 1892 1893 1893 1893 1894 1897 1897 1897 1898 1898 1900 1900 1902 1902 1902 1902 1902 1903 1903 1904 1904 1905 1905 Maurice BEDOT, zoologiste. Amé PICTET, chimiste. Robert CHODAT, botaniste. Alexandre LE ROYER, physicien. Louis DuPARC, géologue-minéralogiste. F.-Louis PERROT, physicien. Eugène PENARD, zoologiste. Charles- Eugène GUYE, physicien. Paul VAN BERCHEM, physicien. André DELEBEOQUE, ingénieur. Théodore FLOURNOY, psychologue. Albert BRUN, minéralogiste. Emile CHAIX, géographe. Charles SARASIN, paléontologiste. Philippe-A. GUYE, chimiste. Charles CAILLER, mathématicien. Maurice GAUTIER, chimiste. John BRIQUET, botaniste. Paul GALOPIN, physicien. Frédéric REVERDIN, chimiste. Théodore LULLN, physicien. Arnold PICTET, zoologiste. Justin PIDOUX, astronome. Auguste BONNA, chimiste. Emile FREY-GESSNER, entomologiste. Augustin DE CANDOLLE, botaniste. F.-Jules MICHELI, physicien. B.-P.-(Georges HOCHREUTINER, botaniste. Alexis BACH, chimiste. Thomas TOMMASINA, physicien. Frédéric BATTELLI, médecin. René DE SAUSSURE, physicien. Emile YUNG, zoologiste. Edouard CLAPARÈDE, psychologue. Zugène PITTARD, anthropologiste. Louis BARD, médecin. Edouard LONG, médecin. DE LA SOCIÊTÉ 25 1905 MM. Johan CARL, entomologiste. 1905 1907 1907 1907 1908 1908 1909 1909 1902 1910 1910 1910 1910 1863 1869 1893 1897 1898 1902 1902 1908 1908 1849 +1869 1870 1871 1872 Me MM. MM. Mie MM. MM. Adrien JAQUEROD, physicien. Hector CRISTIANI, médecin. Prosper DE WILDE, chimiste. Charles Du Bois, médecin. Lina STERN, physiologiste. Auguste ETERNOD, médecin. Léon- W. COLLET, géologue. Etienne JOUKOWSKY, géologue. Henri D'AURIOL, chimiste. Roger DE LESSERT, zoologiste. Edmond WEBER, z0ologiste. Emile BRINER, physicien. Humbert CANTONI, chimiste. 2% MEMBRES ÉMÉRITES Henri Dor, médecin, Lyon. Raoul PICTET, physicien, Berlin. J.-M. CRAFTS, chimiste, Boston. David SULZER, ophtalmologue, Paris. Franz DUSSAUD, physicien, Paris. Emile BURNAT, botaniste, Vevey. Catherine SCHEPILOFF, médecin, Moscou. Etienne RITTER, géologue, Colorado Springs. Edouard BUGNION, entomologiste, Lausanne. 3° MEMBRES HONORAIRES Charles BRUNNER DE WATTENWYL, Vienne. Félix PLATEAU, Gand. Ernest CHANTRE, Lyon. Pierre BLASERNA, Rome. Samuel-H. SCUDDER, Cambridge (Mass.). 26 LISTE DES MEMBRES 1874 MM. François-A. FoREI, Morges. 1879 J.-Norman LOCKYER, Londres. 1884 Louis CAILLETET, Paris. 1884 Albert HEIM, Zurich. 1887 Théophile STUDER, Berne. 1887 Eïlhardt WiEDEMANN, Erlangen. 1889 Ludwig RADLKOFER, Munich. 1892 Hermann EBErT, Munich. 1892 Adolphe VON BAEYER, Munich. 1892 Emile FISCHER, Berlin. 1892 Emile NOELTING, Berlin. 1892 Adolphe LIEBEN, Vienne. 1892 Maurice HANRIOT, Paris. 1892 Léon MAQUENNE, Paris. 1892 Arthur-Rudolf HANTZSCH, Leipzig. 1892 Auguste MicHEL-LÉVY, Paris. 1894 Joseph HOOKER, Sunningdale. 1894 Ch.-Edouard GUILLAUME, Sèvres. 1894 Kristian BIRKELAND, Christiania. 1894 Jakob AMSLER-LAFOND, Schaffhouse. 1894 Sir Wliam Ramsay, Londres. 1898 MM. Auguste RiGar, Bologne. 1899 Wladimir LOUGUININE, Moscou. 1900 Hendrik-Antoon LeRENTZ, Leyde. 1900 H. NAGAoKA, Tokio. 1902 Johannès CoAZz, Berne. 1903 Walthère SPRING, Liège. 1903 René BLONDLOT, Nancy. 1907 Charles GRÆBE, Francfort. 1910 Otto LEHMANN, Karlsruhe. 1910 Wilhelm OsrwaLD, Grossbothen (Saxe). 1910 Fritz SARASIN, Bâle. ‘1910 Pierre CHAPUIS, Bâle. 1910 Pierre WEIss, Zurich. 1910 Arnold LANG, Zurich. 1910 Henri BLANC, Lausanne. 1910 Alphonse WERNER, Zurich. 1910 Albix HALLER, Paris. DE LA SOCIÉTÉ 4” ASSOCIES LIBRES 1864 MM. James ODIER. 1867 1872 1872 1873 1876 1879 1890 1890 1891 1891 1892 1892 1892 1893 1894 1894 1897 1897 1899 1903 1905 1905 1906 1909 1910 1910 1910 1910 1910 1910 1911 Charles MALLET. Agénor BOISSIER. Lucien DE CANDOLLE. Edouard DES GOUTTES. alliam KAVRE. r Augustus PREVOST. . Alexis LOMBARD. Louis PICTET. Gustate ADOR. Edouard MARTIN. Edmond PACCARD. David PACCARD. Edmond EYNARD. Edmond FLOURNOY. Georges FRÜTIGER. Aloïs NAVILLE. Edouard BERANECK. Emile VEILLON. Guillaume PICTET. Georges DARIER. Henry FATI0. Edmond YURRETTINI. John-L. ALBARET. Herbert-E. GANS. Auguste RILLIET. Henri LOMBARD, docteur. Edouard BROT. Georges BAUME. Ettore CARDOSO. Henri FLOURNOY. André CHAIX. MODIFICATIONS AU RÉGLEMENT DE LA Societé de Physique et histoire naturelle DE GENÈVE Dans sa séance du 2 mars 1911, la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, a décidé de modifier comme suit les anciens articles 38 et 41 de son Règlement. (Voir le Règlement : vol. 36, page 1 et suivantes.) ART. 38.—- Les Comptes-rendus donnent un résumé des communications faites à la Société. Afin d'en assurer lexactitude, les auteurs sont tenus de remettre au secrétaire un extrait de leur travail à la séance ou dans les huit jours qui la sui- vent. Passé ce délai le titre seul de la communication sera imprimé. Chaque auteur a droit à trois pages d'impression par séance; l’espace nécessaire à des figures n’est pas compris dans ces trois pages, mais ne peut pas dépasser une page. Sur leur demande, les auteurs recevront gratuitement cinquante tirages à part de leur résumé. Une fois le tirage à part imprimé, ils ne peuvent pas introduire de changement dans la rédaction de leur note. Arr. 41 (il y est ajouté un quatrième alinéa. en ces termes :) Les membres ordinaires et les associés libres reçoivent les comptes-rendus. Erratum. Vol. 36, page 7 (art. 34 du Réglement) ligne S à partir du bas. lisez article 51 et non pas 25. PUBLICATIONS On LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE | = " DE GENÈVE La Société peut disposer de deux collections complètes de ses Mémoires. (Tomes 1-36 et volume du centenaire.) Pour traiter, s'adresser au secrétaire des pubheuonse (Adresse de la Société : M. le secrétaire des publications de la Soc. de PHYSIQUE) P: A: . au Museum d'hist. naturelle, Genève, Suisse.) Comptes rendus des séances de la Société (in-8°). Tomes I-XX VII (1884-1910). Prix Er. 25 || Liste des publications des membres de la Société (1583) in-8° avec supplément (1896) Bnign hp Te NE RS Ur RC ON EEE Imprimerie Albert Kuündig, Genève. = MÉMOIRES DE LA | SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE 101 EP D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE — — Dé — — Volume 37 FASCICULE 2. — (AOUr 1911) SUR LA NOTION DE COURBURE ET SUR QUELQUES POINTS DE GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE NON-EUCLIDIENNE Fe par C. CAILLER Avec 18 figures. GENÈVE | PARIS GEORG & Cie | G. FISCHBACHER BALE et LYON même maison. 33, rue de Seine. Prix : 5 fr. Ë, T à Su r4 ë à F es : fe TABLE DES MATIÈRES DUO x FASCICULE 2, VOLUME 37 4 # Page 23 Sur la notion de Courbure et sur quelques points de Géométrie infinitésimale non- 2 - euclidienne, par M. C. Caicrer (avec 18 figures). . 2» 4 Û PTT TU! _ SES de ddil de au 3 ei id "in. Dé bit Gé 1 Lt : mile MÉMOIRES DE LA SOCIÈTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE VOLUME 37, FASCICULE 2 SUR LA NOTION DE COURBURE QUELQUES POINTS DE GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE NON-EUCLIDIENNE C. CAILLER (Avec figures dans le texte). Dans les pages suivantes, je me propose d'établir la définition et les propriétés principales de la Courbure en Géométrie non-euclidienne, et cela par une méthode générale, applicable aussi bien au plan de Lobatchewski qu'à celui de Riemann. Cette méthode, on le verra ci-après, s'étend même avec la plus grande facilité aux surfaces réglées et permet de définir, pour celles-ci, une quantité complexe possédant vis-à-vis des surfaces un rôle identique à celui que joue, pour les courbes planes, la courbure ordinaire. Toutefois les deux cas principaux de Riemann et de Lobatchewski présentent nécessairement quelques différences peu essentielles; ce serait se condamner à des redites que de vouloir les traiter l’un et l’autre dans tous leurs détails. En Géométrie riemannienne, le problème de la courbure n'offre aucune difficulté, l'identité de cette Géométrie avec la sphérique euclidienne rend les résultats évidents et presque intuitifs. Il en est différemment pour la Géométrie de Lobatchewski: les diverses modalités que présente alors la notion de courbe constituent une complication fort génante. On sait en effet que la courbe, envisagée comme lieu ponctuel ou MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. 87 (1911). 4 30 C. CAILLER tangentiel, peut être réelle ou idéale et présente de ce chef une grande variété d’aspects. Il en résulte que si on veut passer du cas normal d’une courbe réelle et ponctuelle, pour lequel les théorèmes peuvent être regardés comme immédiats, aux autres cas, on s’égare bien vite. L’analogie foncière des phénomènes se trouve dissimulée sous la diversité des éléments géométriques qui en sont tour à tour les agents pour ainsi dire, Le vrai moyen de rétablir lunité consiste évidemment à donner d’abord la définition de la courbure sous une forme strictement algébrique, puis à déterminer après coup les diverses interprétations dont les formules sont susceptibles. Cette tâche est la seule que nous ayons à entreprendre, et elle n’est point aussi aisée qu'il peut paraître d'emblée. J’opère la réduction du point de vue géométrique au point de vue analytique, en étudiant en premier lieu la Cinématique du plan rigide. Le grand avantage de ce mode d'exposition est qu'il rattache les unes aux autres, d’une manière organique, les questions les plus variées de Géométrie infinitésimale, celle de courbure, de développées, de roulement des courbes planes ou des surfaces réglées, ete. Si la théorie qu'on va lire est encore, par places, un peu abstraite, je crois du moins avoir réussi à supprimer toute difficulté sérieuse, Il vaut la peine de rappeler d’ailleurs que le développement de la Géométrie non-euclidienne, même dans ses parties lointaines, n’a pas seulement un intérêt de pure curiosité. Bien souvent, en effet, les faits se manifestent dans la Géométrie non-euclidienne avec une régularité plus complète que dans le cas limite de la Géométrie euclidienne. Et comme la symétrie est un principe de classification et de découvertes, le passage par l’espace non-euclidien a servi bien des fois à pénétrer plus avant dans la science de l’espace ordinaire, ou encore à relier entre eux des faits restés longtemps disjoints. C’est ainsi que dans la seconde partie de ce travail, la Géométrie hyperbolique réglée se présente avec un caractere frappant de simplicité sous l'aspect d’une sorte de planimétrie imaginaire, Il s’en faut que la Géométrie euclidienne réglée, quoique contenue dans l’autre comme cas particulier, offre au même degré cet avantage; la supposition d’un module infini altère les phénomènes, trouble ou détruit la symétrie, engendre les exceptions. Il est donc utile d'étudier d’abord la théorie, en Géométrie hyperbolique, à son état de pureté. On sera ensuite mieux à méme de comprendre le cas plus important, mais moins régulier, de la Géométrie ordinaire. Le lecteur voudra bien aussi remarquer les rapports établis au paragraphe [V entre les diverses formules de la courbure euclidienne, suivant le système adopté pour les axes coordonnés. La ressemblance remarquable que possèdent ces formules, quelle que soit la nature des coordonnéés employées, linéaires ou tangentielles, polaires, rectangulaires ou podaires, ne s'explique d’une manière satisfaisante que SUR LA NOTION DE COURBURE 31 par un retour à la formule unique de la Géométrie hyperbolique, dont les premières sont une simple dégénérescence, S 1. Invariant de deux points infiniment voisins. Commençons par un lemme algébrique. Soient X, Y,Z, trois fonctions des trois lettres ,y,2, ou si on veut un champ de vecteurs dans l’espace euclidien. Quelles doivent être ces fonctions, pour que, L et 2 désignant deux points quelconques du champ, on ait toujours l'identité Xyte + Xoti + ViYe + YoUi + Lire + 222, = 0 ? (1) Si le champ possède cette propriété, on aura X — 0, Y — 0, Z — 0, quand on se place à l’origine x — y — 2 — 0. Cette conséquence se tire de l’équation (1) en mettant 2 à l’origine et laissant 1 indéterminé. En outre quand on identifie les points 1 et 2, notre formule donne Kit Eye 73e; 0, (2) Xo%s + Yoÿo + 2322 = 0 , (3) puis, en combinant (1), (2) et (3), MX) em) EAN) 7%) (ZA A) — #2) = 0. Si enfin. dans cette dernière, nous supposons 1 quelconque, et 2 infiniment voisin de 1, si autrement dit, nous posons Lo — UT Ve y te 2 NA TE NES EN ER TETE EU TIeE il vient en effaçant un indice inutile dXdx + d\Ydy + dd: —0 . (4) Il existe done toujours trois indéterminées p, q, r telles que adX = qdz —rdy , AY = rdx — pd? , (5) AZ = ply — qdz 32 C. CAILLER Mais les conditions d’intégrabilité montrent que p dépend seulement de +, q de y, et » de 2; en outre leurs dérivées p', q', r' devant vérifier les équations p+g'=qg +r=r +p —=0, p',gq',r! sont nulles, et p, g,r sont constants. En résumé, puisque X, Y, Z sont nulles à l’origine, on aura X—qe—7ry, Y—rx—pz, Z—py—qx, (6) et ces valeurs vérifient bien la relation (1), quelles que soient les constantes p. q, r. Nous désignerons le plus souvent par (g2), (ræ), (py) les déterminants des seconds membres de (6) ; par suite (1) est résolu par les formules NE (0e) NN) DA (0) Soient maintenant £, r, £, les coordonnées homogènes d’un point du plan de Lobatchewski, et f(£, 7, 2), la forme fondamentale de la Géométrie hyperbolique. On peut toujours supposer, comme on sait, f = © — ;? — ?; mais ce choix par- ticulier ne devant entrainer aucune simplification, nous laisserons f indéterminé et nous admettrons simplement que le discriminant A de cette forme est positif. Tout ceci s'applique au plan elliptique en prenant f—= © + ;? + #?, et À — 1. Ne quittons pas le premier cas, f est décomposable en un carré positif et deux négatifs. Nous admettrons que si un point P(£, x, £) se meut dans le plan hyperbo- lique, ses coordonnées changent, mais non pas f(£, x, £) qui restera constant. La valeur de cette constante pourrait changer d’un point à un autre; mais nous ferons presque toujours la convention inverse en stipulant que pour tous les points réels on à f — + 1, tandis que l'équation f — — 1 caractérisera les points idéaux. Enfin les points à l'infini, étant placés sur la conique fondamentale, donnent f — 0; ces derniers points sont exceptionnels et nous n’aurons presque jamais à en parler. Ces diverses conventions étant bien précisées, l’invariant de deux points 1 et 2, avec les diverses interprétations géométriques que comporte cet invariant suivant la nature réelle ou idéale des éléments 1 et 2, est donné par la formule a E LR Na de Co 2) = : (3 ï < 11 de one Dee dr (7) (P] En particulier, si nos points sont infiniment rapprochés, on affectera plutôt le second de l'indice 1’, en posant £, = —%, + A%,, .. ; moyennant quoi l'in- variant s'écrit, l'indice étant supprimé comme superflu, fe SE ne ER PA D 0 SUR LA NOTION DE COURBURE 39 Mais A£ est donné par le développement d£ + > d°£ + … , et f étant constant, on à identiquement di — N ÿ di = 0 un 0£ ainsi LES fiv = RAD Cette formule se réduit encore, car de df — 0, on tire par différentiation l'identité ÿE 3 DS UN 7: ÉRRGTA de 244. 0 ainsi donc did. 1 31 of : l > qe gg ai G far, + (6) v Je La notation / 4; veut dire que dans la forme f les variables ordinaires £, ; ont été remplacées par d£, ds, dé. Voici dès lors les diverses significations de cette quantité la, telles qu'elles résultent de la formule (8). Les points 1 et 1’ étant infiniment voisins, si l’un est réel, l’autre l’est aussi, et si le premier est idéal le deuxième l’est pareillement. On n’a done que trois cas à considérer. 1° P est réel, et par suite f,, — <+- 1. Alors à mesurant la distance infiniment petite de nos deux points et k le module de la Géométrie hyperbolique, nous avons x à ù d° fu fa = hr —1= 7 donc 29 Le point P, ou 1, est idéal ainsi que 1’. Ce cas se subdivise en deux autres suivant que la ligne de jonction 11° rencontre ou non le cercle de l'infini. Nous nous plaçons ici dans la première hypothèse qui s’énonce : 11! est une droite réelle. Dans le cas actuel les droites figuratives de 1 et 1! sont non sécantes entre elles et admettent la droite 11° comme perpendiculaire commune, Si à représente 34 C. CAILLER de nouveau la longueur infiniment petite de cette perpendiculaire commune, on aura cette fois ou La, = TT go É (10) 3° Le point P reste idéal, 1! aussi, mais leur ligne de jonction est elle-même idéale, c’est-à-dire ne rencontre pas le cercle de l'infini. Dans le réel 1 et 1! deviennent deux droites sécantes, et si à désigne l’incli- naison infiniment petite d’une de ces droites sur l’autre, on à maintenant fr—fn=l—csiz,, et Mi er De (11) S 2. Mouvement infiniment petit d'un plan sur lui-même. Dans le déplacement instantané d’un plan sur lui-même, l’invariant de deux points quelconques, désignés par les numéros 1 et 2, ne change pas. Si donc £, », € Le ? = () , deviennent pendant le mouvement £ Æ d£, 5 + dy, € + dé, les valeurs «£, dy, d£ qui dépendent de £, ;, £, doivent vérifier identiquement la relation fi im l£ }—=0. (12) : £ nRUVE 2 = | 0 1 ne 2) Les notations à double indice, f,, ou f,,, représentent comme ci-devant les variables £,,... ou %,,... en fonction desquelles s'exprime la forme f. Pour résoudre l'équation (12), désignons par A et g le discriminant et la forme adjointe de f, et soient X, Y, Z les variables qui entrent dans l’adjointe g. Ecrivons les équations È 1 0 1 Ôg EP Il 0g < PA XL PONS A 20 Ge qui se lisent aussi eos AY O0 F0 LE 9 0 TEE 0? RL dr a ù ; x les dérivées partielles telles que Y étant celles de la forme fi: 4. dc pee )d£ SUR LA NOTION DE COURBURE 3) Si on substitue dans (12) les valeurs (13) de 4£,.... d£,,... en fonction de DÉS X,,..., cette formule se transforme en S (o£u due + Das ds V0 = DE, oX, DES OX, ; Mais on a identiquement x — GX mi +62). par suite en dédoublant N dfir Vgse | Von VE (Ge. CR dE OX, MAN ENCEINTE) La condition (12), ou son équivalente (12’), prend ainsi la forme XXE HXSE, E Yiro + Yor, ol) ; (15) pour laquelle nous avons obtenu le théorème du $ 1. D’après ce lemme nos auxi- liaires X, Y,Z s’e xpriment, au moyen de trois paramètres auxiliaires, Comme suit X — (dË) , MANN E (Pr) ; (16) telles sont les valeurs à porter dans les formules (13) ou (14) pour obtenir les com- posantes d£, dy, d£ du déplacement d'un point quelconque de notre plan rigide non- euclidien. Il est aisé de reconnaitre dans ces diverses équations l'équivalent des règles connues, en particulier celle concernant le centre instantané de rotation. Remarquons à cet effet que les auxiliaires X, Y, Z introduites ci-dessus, dans la formule (14) par exemple, ne sont autre chose que les coordonnées homogènes de la normale à la trajectoire décrite par le point P(£, », 2). En effet, lorsqu'un mobile Q(£, H, Z) se déplace en restant à égale distance de deux centres fixes P, (£,,...) et P,(4,....), autrement dit quand Q trace la per- pendiculaire élevée au milieu du segment P,P,, les invariants /= :, et f= :, étant égaux, on à f-+;,_: — 0, Quand P,P, est infiniment petit, la condition précédente è ) E,£9 —E v 172 ) I devient s E of H à Z df fus For Fose—0: RE 2 od£ 2 ddr 2 dde on le voit, les coordonnées homogènes de la normale ainsi tracée sont en effet propor- tionnelles aux quantités (14). Pour bien comprendre le calcul qui précède, il n’est pas inutile de rappeler que la notion de normale n’a de signification intuitive que 2 30 C. CAILLER dans le seul cas où P engendre un lieu réel; mais en fait rien n'empêche ce lieu d’être idéal. Quoi qu'il en soit, les formules (16) montrent que X, Y, Z sont aussi les coor- v | ) ) ; données homogènes de la droite unissant le mobile P (£, >, £), à un point C(p, q, r), fixe dans le plan. En rapprochant les deux interprétations qu'on vient de voir pour REC it EN I ONE 2 OdE£ males menées aux trajectoires des différents points de la fiqure mobile vont passer .… nous obtenons le résultat connu. À chaque instant, les mor- par le centre instantané C(p, q, r). Ce centre C peut naturellement être idéal; dans ce cas, la règle précédente signifie que toutes les normales en question sont perpendiculaires à une seule et même droite qui est, dans le réel, le représentant du point C idéal. Il faut encore remarquer que les quantités p, q,r étant infiniment petites, les coordonnées du centre instantané C(p, q, r) ne sont pas absolues; on n’a donc pas FD, 4,7) = fy = + 1. Souvent nous remplacerons p, q, 7 par 4, %0; Lo: €t fm Par {003 nous allons voir comment cette quantité fo détermine en grandeur les déplace- ments des points de la figure mobile que nous connaissions jusqu'ici seulement quant à la direction. Soient toujours P (£,..,) un point quelconque, d£ … son déplacement, alors : 1 HRÔ7E cit Tar d> 9 ea d£ ddE = D XdE ou, en remplaçant les d£ par leurs valeurs (13), É 1 «3, dg jl IE aEr fa — 5x D] SN a Y,2) . Employons la notation [01], pour désigner le point dont les coordonnées sont les mineurs (7,2,), (2,4,), (t9%,) tirés du schéma à deux lignes T0 Yo #0 ; T4 Yi ê4 On a alors, ainsi qu'on vient de Voir, d’après la signification des X, Y, Z, Afue, a — Yfoij,to1) » (17) or, d’après une formule connue Toi, 01) Ho lt SUR LA NOTION DE COURBURE 37 la forme définitive de l'équation (17) est ainsi > Afas, ae = flo — LE,0 (18) valable comme toutes les précédentes quelle que soit la nature des points P (£,...), et C(p, q, r); ce dernier, rappelons-le, figure dans la formule par l'indice 0. Les distinctions suivantes se présentent maintenant d’elles-mêmes. Premier cas. C’est le plus simple, celui où le centre C est réel ainsi que P (£,...). On à alors fz = 1; /,, devant être un infiniment petit positif peut être remplacé par dr. En outre, d’après la signification de l’invariant de deux points, on a CP «ls? t0—= dich F ; enfin nous avons VU que fye y —= — TE: ds étant le petit dépla- ci fr 4% = cement de P. La formule (18) donne ds CP ds, CP je — dr? Sh° Fa ou AS VAN SRE, (19) A elle représente évidemment une rotation instantanée, À Pr M autour de C, de vitesse angulaire —— VA Deuxième cas. Le centre instantané est toujours Tr réel, mais P(£,...) est devenu idéal et apparait, dans le réel, sous la forme d'une droite LM. (E La règle du centre instantané signifie ceci: la Fig! droite mobile LM touche son enveloppe en R, pied de la perpendiculaire abaissée de C sur LM (fig. 1). En outre, nous avons CR Te ; ee) fz = —1 , fo e È eo ——E dash et la formule donne dans le cas actuel f: 4; — — di, di étant l'angle dont la droite LM à tourné autour de R. Ainsi, d’après (18) des h CR ch - V/A k di — (20) Troisième cas. Le point P (£,...) est de nouveau réel, tandis que le centre C est devenu idéal; c’est, dans le réel, une droite XY le long de laquelle s'exécute un glissement instantané (fig. 2). MÉM SOC. PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1911). Hi] 38 C. CAILLER On a donc, en désignant par PD la perpendiculaire abaissée de P sur l'axe instantané ; 3 PD fe = + ls 100 = — (r$ , fe.0 — + di sh ur à et d’après l'équation (10) Finalement (18) nous donne dés PD ds _ k VA ch = 3 (21) Û 12 . les la grandeur du glissement élémentaire vaut done k Vars Fiy 2 Fig. 3. Quatrième cas. Les points C et P sont idéaux tous les deux et figurent dans le réel sous la forme de droites XY, LM dont la première est l’axe du glissement instantané (fig. à). On a = il: 100 — —dw?, mais /:, à deux valeurs différentes suivant que LM rencontre ou non XY. Le cas actuel se décompose donc en deux distincts : a) LM rencontre XY sous l'angle +. Alors fezloo — LE, = di (1 — cos x) = dr sin? . D’après les formules (10) et (11), les deux positions voisines de notre droite SUR LA NOTION DE COURBURE 39 mobile ne peuvent se rencontrer. Si dg mesure leur plus courte distance, on sait 10? Que far à — , et la formule (18) donne dise. Em VV ' (22) Il est évident que le point central de la droite mobile LM, c’est-à-dire le pied de la perpendiculaire commune à LM et à sa position infiniment voisine, est au point de concours de LM avec l’axe XY. b) Les droites LM et XY ne se coupent pas, leur plus courte distance est RS figurée en RS (fig. 3). On af: 4 — + ch ra puis , RS RS fecloo == FE 0 — dr? 1 — cle ie des ShÈ = sx 31 k / k Les formules (10) et (11) nous montrent qu'ici LM rencontre forcément sa osition infiniment voisine ; le contact se fait en R, sous un angle di donné par (18), ? ? sous la forme drs RS di VA sh TR (23) Dans ce dernier cas nous avons regardé comme évident que R est le point d’intersection des droites LM, L'M', et, en général, dans tous les autres, nous avons mentionné, sans les démontrer, les règles qui fixent la direction d£, dy, d£ suivant laquelle se meut le point P(£, ….) réel ou idéal. Si on ne regardait pas ces règles comme suffisamment intuitives, il serait aisé de les justifier à posteriori par le théorème que voici. Si P,(E,,...) et P,(, … deux déplacements virtuels égaux efjectués dans le même sens par ces éléments sur ) sont deux éléments réels ou idéaux, d2,, …. el 5£,, la droite qui les joint, d£,, … et d£,, … leurs déplacements réels pendant le mou- vement du plan mobile, on a identiquement foulard = file, 8e, - (24) En effet, on trouve immédiatement DE — firés 1951 >= de —Tioto — forts MT M NO IE (25) der — fule — faots ; dla —fiate — fat ; A0 C. CAILLER en observant que les déplacements ainsi définis s’operent sur la droite P,P, et don- I il nent 9/12 — 0. Développons alors les émanants (24) sous la forme 7 e of : L of LE PSE MO RE ENT TE Æ Se Er Laë,, 3, — dE, 951 ie 52 = dE 2 NA % Ô et remplaçons-y les 97, … par leurs valeurs (25) et les Sd “+ Par leurs valeurs “ Ou (14), on obtient, au lieu de (24) file Li + RE Vire Æ Yon + 26 + 26)=0, relation identique à (15). En résumé, le théorème (24) n’est qu'une forme un peu différente des identités (12) ou (15) qui définissent le mouvement du plan sur lui- même, Pour appliquer ce théorème (24) à la détermination des déplacements d2,, … il suffit de faire coïncider 2 avec l'élément invariant C(p, q, r) ; cela fait disparaitre le second membre, car d£, … étant nuls, fx, 3, l’est aussi. On voit done que la série linéaire définie par le point P(£,….) et le centre © d'une part, et la série linéaire définie par les points infiniment voisins P(E,…) et P(4 + dé, …) d'autre part, ont un invariant nul. Si une de ces séries est une droite et l’autre un point dans le réel, la droite contient le point ; si ce sont toutes deux des droites réelles elles sont perpendicu- laires ; enfin les deux séries ne peuvent pas représenter toutes les deux des points réels. La règle précédente détermine dans tous les cas la direction du chemin infini- ment petit décrit par P(4, ..) : elle donne des résultats conformes à ceux indiqués ci-dessus. S 3. Couples de Points et Formule fondamentale. Les deux points 1 et 2 qui servaient à déterminer le mouvement du plan mo- bile étaient jusqu'à présent tout à fait arbitraires. Nous supposerons désormais qu'ils forment un couple, c’est-à-dire qu'ils sont conjugués par rapport à la conique fonda- mentale, ou vérifient la condition fs — 0. Cette condition, qui correspond à celle de la perpendicularité dans la Géométrie sphérique, peut évidemment être satisfaite d'une infinité de manières; au point de vue de la réalité, un couple 1,2 présente diverses apparences suivant la nature de ses deux composants. Si un des composants est réel, l’autre est idéal. Mais les deux composants SUR LA NOTION DE COURBURE VA peuvent être idéaux tous les deux et, dans ce cas, leur ligne de jonction est elle-même idéale. Lorsqu'on représente un élément idéal par une droite réelle, celle-ci est la polaire du premier par rapport à la conique fondamentale. Alors, dans le premier des deux cas énumérés à l’instant, le couple est figuré dans le réel par une flèche (droite issue d’un point). Dans le deuxième cas, le couple se présente à nous comme un système de deux axes rectangulaires. De toute façon, il est clair que la multiplicité des couples du plan dépend de trois paramètres. La Géométrie des couples comporte done l'étude des monoséries et des biséries de couples, analogues aux courbes et aux surfaces de l’espace ordi- naire à trois dimensions. Nous n'avons à nous occuper ici que des monoséries. Soient deux points quelconques, d'indices 4 et G, nous désignerons par [28] le point dont les coordonnées homogènes sont égales aux mineurs (7, £), (£, £), (£, 8) de la matrice à deux lignes Ë " 4 < Ex m3 Ce z 14 ea 3 3 75 On vérifie de suite l'identité bien connue [L01], [121] =1012|[1] dans laquelle 0, 1, 2 sont trois points quelconques, et où | 012 | représente le dé- terminant | NE ES) | ENT 012|—=|£n RE RTE 2 [1] est une notation symbolique désignant le point d'indice 1. Prenons l'identité de Lagrange sous la forme A Ju Taa Dia — As 12 remplaçons-y 1 par [01}, et 2 par [12]; il vient, en vertu de la réduction men- tionnée à l'instant, SFA ? cnrs Jo, 01) 212, 2) — ion, 12) À Afu léorte | Cette identité se simplifie en appliquant les équations connues de la théorie des formes Jon, 12) = folie — lolu et Jus, 12) = fig las — fra 12 C. CAILLER qui nous donnent finalement 12 LME nl Jo, on — (oifiase PSE + Afy ÉTAT Ce Pour employer ceci dans la théorie de la courbure, supposons que 1 et 2 soient les composants d’un couple, et que 0 soit le centre instantané du plan mobile soli- daire du couple. Alors f,, — 0, puis, à cause de la formule (17), Jon = Aa, 45, » l'équation précédente prend done la forme V2 1/, 0 7 €2) ; ete las di 7 F fat FER ; (26) C’est sur cette formule que reposent toutes les applications géométriques sub- séquentes. Elle attire d’abord l'attention par la raison suivante. Puisqu'un couple dépend de trois paramètres 2, £, ;, il est clair que les coor- données de chacun de ses composants sont aussi des fonctions des 2, 6, y. Par suite, quand le couple varie les coordonnées du centre instantané p, q, r sont des fonctions linéaires homogènes de dz, d6, dy, et fa, y, est quadratique en dz, dB, dy. Ce dernier fait est bien mis en évidence par la formule (26), mais on voit de plus, d’après la constitution du second membre de cette formule, que la forme ternaire Laz, a, St décomposable en un.produit de deux facteurs linéaires. La raison a priori de ce phénomène est facile à découvrir. Pour fixer les idées, supposons 1 idéal et A > 0. Alors f, — — 1; la condi- tion as 4, — 0, d’après l'équation (11) équivaut à # — 0. Si donc le premier membre de (26) s’annule, c’est que les éléments contigus P (£,, ...)et P(Ë, + dë, ,...), qui sont figurés dans le réel par deux droites, sont parallèles. Or la condition d’un tel parallélisme est linéaire en dz, dB, d:. En effet, si À, B, C sont les coordonnées d’une droite fixe Q, la droite mobile P(2, 6, y) devient parallèle à Q, quand est vérifiée une certaine relation de la forme F(A, B, C, 2, 6, y) — 0. En différentiant cette condition par rapport à 2, 6, y, on exprime que les deux droites P (2, 6, ;) et P (x + de, 6 + dB. y + dy) sont paral- lèles entre elles. Suivant qu'on tire la parallèle à l’un ou l’autre des bouts de la droite P(2, 5, y), on obtient deux droites P (+ dz,...), qui correspondent au double signe par lequel se différencient les facteurs de la formule (26) SUR LA NOTION DE COURBURE 13 $ 4. Couples conjoints. Courbure et centre de courbure. Dans les $$ précédents on a défini le mouvement d’un plan à l’aide d’un couple de points conjugués fixés invariablement à ce plan. Particularisons désormais davantage en considérant des monoséries spéciales de couples et des catégories particulières de mouvements engendrés par ces monoséries. Soit { le paramètre d’une monosérie. Déplacons le couple en changeant # en t + dt; nous disons que le couple est conjoint lorsqu'un des deux composants du couple, À, par exemple, est le pôle du déplacement infiniment petit subi par l’autre composant A,, et sert ainsi de représentant réel ou idéal à ce déplacement idéal ou réel. Quand la condition précédente est réalisée, elle est réciproque et A, est aussi le pôle du déplacement de son conjoint A2. La chose est évidente d’après les propriétés des polaires réciproques, mais elle résulte bien simplement aussi des calculs qui suivent et qui montrent, d’une manière nette, que les coordonnées d’un des composants sont des fonctions arbi- traires de la variable £, mais que les coordonnées de l’autre composant sont dès lors complètement définies. En effet, le point 2 doit être conjugué tant à P(£,, 1, 4), qu'au point voisin P(£ + dé, ...);ses coordonnées homogènes &,.. doivent donc satisfaire les deux conditions fa—=0, dfe = , (27) dans la seconde desquelles 4, marque une différentiation relative à l'indice 1. Or en différentiant la première (27), on à dfie —= dif ia + daf ==" () ; ainsi les formules (27) qui expriment que 2 est conjoint de 1, se lisent aussi Ta Où, def = 0 ; (28) elles montrent que 1 est conjoint de 2. Les formules (27) ou (28) s'écrivent (29) 44 C. CAILLER ou encore £ of of ; 0f 0 72 dë, de 7 07, AE 72 dé, 2 | 30 E of. of , of 0 | ( ) 2 dE, fe Ta ddr, +& dd£, mnt partout les indices 1 et 2 peuvent être alternés. Remarquons que si, dans la deuxième formule (30), on remplaçait les quan- 2 AD - tités VE et leurs analogues par les valeurs (14) et (16), cette formule prendrait 1 la forme EX, + Yi + 2 = (Gont) 0 ; où apparaît de nouveau le caractère réciproque des points conjoints et dont la si- gnification géométrique est fort simple. Æsé conjoint tout couple tel que le centre instantané déterminé par son mouvement se trouve en ligne droite avec les com- posants du couple. Du même raisonnement renversé résulte immédiatement la réciproque. Quand un plan se meut de manière que le lieu du centre instantané dans la figure mobile soit une droite, si on définit le mouvement du plan par celui de deux points fixes conjugués pris à volonté sur la droite en question, ces points se comportent comme des points conjoints dans leurs déplacements simultanés. Au point de vue de la réalité, la condition pour un couple d’être conjoint amène les distinctions suivantes. 1° L'élément 1 est réel, et la courbe qu'il engendre dans son mouvement aussi; son conjugué idéal est figuré dans le réel par une flèche 2 issue de 1. La condition de conjonction signifie que le centre instantané, réel ou idéal, se trouve sur la normale élevée en 1; c’est dire que la flèche 2 est la tangente à la trajectoire du point 1. 2 Le point 1 est idéal et 2 est réel. Cela est identique au cas précédent, à cela près que 2 représente maintenant le point décrivant notre courbe réelle tandis que 1 en est la tangente. 30 Les points 1 et 2 sont idéaux tous les deux. Is apparaissent dans le réel comme deux droites rectangulaires 1 et 2. Pour qu'il y ait conjonction, il faut que le centre instantané soit aussi sur la droite joignant 1 et 2 considérés comme des points. Le mouvement instantané est donc nécessairement une translation le long d’un axe, et cet axe doit passer au point de rencontre des droites réelles 1 et 2. Dans ces conditions, le point commun est central pour l’une et l’autre de nos droites mobiles. SUR LA NOTION DE COURBURE 4) Le rapport du cas actuel au précédent apparaitra peut être avec plus de netteté si l’on dit que, quand une droite mobile 1 possède une enveloppe idéale, sa conjointe 2 coïncide avec la perpendiculaire élevée par le point central. Il y à d’ailleurs réciprocité entre ces droites 1 et 2. Tout ceci étant bien compris, appliquons la formule fondamentale (26), valable pour un couple quelconque, au cas d’un couple conjoint. On à alors (£,r, 4) — 0, et par conséquent ne (31) 1 fi LE, dE — se 22 De même, en alternant les éléments du couple _ life AT ons A; lis ; (32) et comme 12 — ke — 1, on obtient en divisant (32) par (31) 2 Ne la, , dé; fa fo4 ee AE f, de ce rapport nous servira à définir la courbure de la mo- 0,2 nosérie conjointe. C’est en somme le rapport des éléments infiniment petits décrits simultanément par les composants du couple, comme le montre la formule (33); suivant l’ordre dans lequel on range les composants, la courbure prend deux valeurs inverses l'une de l’autre. Avant de transporter aux courbes cette notion de courbure établie d'abord La racine carrée Are LT los ; pour les monoséries conjointes, il importe de calculer le rapport fa , en le débar- 0,2 rassant des auxiliaires £,, 7,, £,. et de l’exprimer en fonction des seules quantités données &,, … et &,, … Le point C(ë,, x, £,) S'appellera volontiers le centre de cour- bure de lu monosérie, il doit disparaitre des formules. Pour la clarté des notations, je désignerai de nouveau ses coordonnées par les lettres p,q,r au lieu de £,, %,, £,. Pour déterminer ce centre de courbure en fonction de £,, …. ë. … nous avons à notre disposition les formules (14) et (16) que je réunis comme suit : à : lo : 107 Le l of Be a Pa gap Pa 5 5e? : 1 of ; 1107 1 àù/ Vs — Ta = ROUTE RS ER LR Re T2 rate ÔdE, RAT 0 ddr, Para Od£, on en peut tirer, de diverses manières, les inconnues p, 4, r. MÉM. SOC. PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1911), 6 AG C. CAILLER Entre les deuxième et troisième colonnes, éliminons r et g, il vient NC D NN RU PE) —3 (à 1E 72 ddr, of eOIE ) à 1 P Eire) — 2 (& dde, # dde, Additionnons ces deux valeurs après les avoir multipliées par les facteurs — 7, ét — £,, et ayons égard aux identités rl re) Er): ; of of $ of DE =" ESS dé, L ddr, dd, df df df ë Ô(E, NE ddr, "1 dde, z qui sont ou évidentes, ou résultent du fait que 1 et 2 sont des points conjoints. l ; Toute réduction faite j'obtiens Care df df nt) = (ae Po) ; En résumé, si pour un instant nous désignons par #, v, w les coordonnées (7,£,), (£,8.), (&,r2) de la demi-droite 12, nous avons 1 of df LE nor (a dde, ) NAT PAR pe 5 (ed En) » cs) 1 à of df \ PU — x (Es dde, EF HE.) ; desquelles on peut tirer aisément un résultat plus symétrique. 10g 10g 1 dg . = — ——, Si on tient 9 du’ 2 dv’ 2 dw Ajoutons-les, après avoir introduit les facteurs compte des formules de réduction n = (u dg da dg 10 Ôg Ny71 0? o20 ) —= qu, 0, 0) — fasfas — Tia —Jaafae » SUR LA NOTION DE COURBURE 47 dg df og 0 og Ôf k A Z = — — l£ ‘(db 14.) , ou OdË, dv ddr, de dde, AA (u dé, + vd, + wde,) og df 0g df 0g df ; + _ _ == == [= > 10.) du ÔdE, nr ddr, d20 dd, 44 (di, VE we) il vient Pfufe = A(E, À, — E,A)) . Pour abréger, on a posé Audi, +odn +udt = |& nm & ; (35) et, de même, A, — udé, + vdn, + wdr, — CRE RTE ù (36) dE, dr dr, Les valeurs définitives des coordonnées homogènes p, g, » du centre de cour- bure sont résumées dans le tableau Plufn = A(E, A, — A) , Ha = As — A) ; | (37) rfufs = AA, — GA) , | elles ne changent ni de grandeur ni de signe quand on alterne 1 et 2, elles ne chan- gent pas non plus quand on change le signe d’un quelconque de ces points. Des formules (37) on tire immédiatement l'intensité de la rotation instantanée, qui vaut d’après le $ 2 ee —= + dr ; or fi2 étant nul, les équations (37) donnent + dé? — A? (f22 A +- fu A5) . (38) Enfin les quantités PRE of : of : PRO of a 5 (» dË, + q dr, 42% de.) 3 tu] — 5 ( dE, + q sa 48 C. CAILLER dont le rapport est égal à la courbure et dont l'interprétation géométrique a été aussi expliquée au $ 2, deviennent par la substitution des valeurs (37), au lieu de (DENTRETS 1 — - Aa 7 fo = — = Ai p (39) $ 2. Théorie de la Courbure des Courbes planes. Jusqu'à présent nous n'avons parlé que de la courbure des monoséries con- jointes. Il s’agit désormais de rattacher à cette théorie celle de la courbure d’une courbe plane quelconque, réelle ou idéale, conçue comme engendrée par un point mobile P,(4,….). On y arrive en associant à ce point P; un autre point P,(&, ..) de manière que le couple P;P, soit conjoint. La courbure, le centre de courbure, etc. de la monosérie P, P, seront pris dès lors comme définissant les quantités de même nom relative à la courbe P,. Les formules (29) nous ont donné les coordonnées homogènes £,, x,, £&, du second composant d’un couple en fonction des coordonnées absolues £,, 7, £,, ar- bitrairement choisies pour le premier composant !. Il s’agit d’abord de conver- tir ces coordonnées homogènes en coordonnées absolues &,, .… satisfaisant l’identité A cet effet désignons par d; une indéterminée et récrivons les formules (29) comme suit 1 ùf PRE 1 Ôf Aya; 9. )Ë VA (a l- , 9 dr V/A (e &) 1 df Eee dr, , su va (s &) | (40) ! Les formules qui précèdent manifestent une double homogénéité; on les voit se reproduire quand on change les coordonnées £, … en 27, … et aussi quand on passe, à l’aide d’une transformation linéaire, de la forme primitive f à une autre K. L'emploi des coordonnées absolues supprime la première homogé- néité, comme on le voit déjà sur la formule (38) ; on ne rencontre plus en général que la seconde dans la suite de nos calculs. SUR LA NOTION DE COURBURE 49 Substituons ces valeurs dans l'équation f5: — f(Ëë:, …), 1l vient ou, le dernier terme étant nul, 122 — lulu, d£i ds ‘ds Ainsi l’auxiliaire d; a pour signification la formule fait immédiatement reconnaitre le signe à adopter pour f5 — + 1. La quantité 5, dont le sens de variation est resté arbitraire, prendra le nom d'arc de la courbe P,(£,, …) ; quant au signe de P, conjoint de P, il dépend, par lintermé- diaire des formules (40), du sens positif choisi pour la variation de 5. En même temps que P, et P,, considérons un troisième point P,(£,, 7,; ,), formant avec les deux premiers un triangle autopolaire. On doit avoir fi3 — 0, fa = 0, d'où, en fixant à volonté un signe ambigu, dé, dr d£ PR MP — OR ER (42) La — , ": [æ 3 do 3 do v 3 ds Nous avons maintenant, à la place d’un point unique, un triangle rigide 1, 2, 3. Si au lieu de points idéaux, on veut revenir aux objets réels dont ils sont les images, on est conduit aux distinctions habituelles. 1° Supposons que 1 est réel, par suite 2 est idéal. Dans le réel 2 représente la tangente à la courbe P,; 3 est aussi idéal, dans le réel c’est la normale à la courbe P;. 29 Supposons au contraire 1 idéal, mais 2 réel. Alors 1 est la tangente enve- loppant une courbe réelle dont 2 est le point de contact. L'élément 3 est encore ici la normale à notre courbe. Ce cas correspond au précédent par dualité. 3 Supposons 1 et 2 idéaux tous les deux. Dans le réel, ce sont deux droites rectangulaires, 3 est leur point de concours; c’est à la fois le point central de la droite mobile 1 et de sa perpendiculaire 2. 0 C. CAILLER Il s’agit, pour obtenir la courbure de P,, de calculer les déterminants (35) et (36) en fonction de £,, »,, Et Or en développant A, suivant les éléments de sa deuxième ligne, on a A, —E#, (nd) kr, (dé) LA (Ed), ce qui, d’après (40), s'écrit aussi PEL Me EUR df df ds me 2V/A (& dE, Le da Fe es . Va : (43) Le calcul de A, est un peu plus pénible. Posons, pour abréger, de RUE CAR lee Ge 7) IR (a =) Rae (a ? (4) et différentions les formules (40) qui donnent 1 2Ôf: OR lors ne 2 0, Unes ddr RER, dd, NE ou, par résolution, UE — ds Ôg DS ds dq DS ds dg “ATV A OU 2 2V/ADV 2 /A0W Mais on a, d’après (36) AN ACTA SA ERA ou bien, en introduisant les valeurs qu’on vient d'obtenir pour dés, … 2 2 do 2 \ 0q 0g do = oV/A CPR 2) T ee (GE) 2 oV = £ fa) = VA Juz12) Le point 2’ qui figure dans cette dernière formule est celui dont les coordon- nées homogènes sont £ dE, ; dr, e de, 2 = 9 , Ye — = = à ds° É dr? k = ds? Or on à /;y2 — 0 , par suite Tao, 129 — = fl —j}, —— Ie ; ainsi A2 devient ds fe Nr a 07 ne oi (45) SUR LA NOTION DE COURBURE )1 Nommons encore #, v, w les analogues de (44) les formules (40) peuvent aussi s’écrire £ 1 ùg 107 1 dg OA ATOS a 9V/A À dv 27 91/ À dw en portant ces valeurs dans l’équation (45), elle devient do (ès df 0g df ! dg df PNR D Ÿ ET du DE, T ov in ; L) — fu do (ul, + Vrs + Wbs) . À, OU DE, En substituant enfin dans ce résultat les valeurs précédemment données pour . et £,... on obtient dn, dE Etats 2 à) dc do? ou, sans désignation de variables indépendantes, f ë, fi ë AE dé, dn de, 5 (46) PE, dr dk, Les formules à retenir pour le calcul de la courbure sont (43) et (46). Avant d'appliquer ces formules, tirons encore des notions précédentes quelques remarques essentielles. Si æ, 5, y sont les indices 1, 2, 3 dans un ordre quelconque, on a f,, — 0, et en différentiant l'identité jen — + 1, on obtient Be — 0. De là résulte que dé, s'exprime linéairement en LP ë comme aussi, et de la même manière, dr, en LE n.> et dé, en be ë Il existe donc trois groupes de formules qui sont les Ras Fe celles de Frenet dans la Géométrie ordinaire à trois dimensions. Les formules (42) sont un de ces groupes, nous allons établir les deux autres. x : Ê : ùf d D'après les équations (40), nous avons D ne a — 0, et comme dfis = 0, $2 QG df dE nous avons également © De ï Fa — 0. Si donc on fait de, dis dé, a =bh +aë, , H =tuter 3 Z =tu tu, C «cs D Ge on obtient immédiatement b — 0. Quant CAILLER à a, Sa valeur est a ( of of É Li) ï 1 (or de, df dis of re) Fe 9 \ës dE, TL % dr, He dE) — ss — 9 OË. do | On, do | dE, do) fée Or des égalités f13 — 0, et fa — 0, on conclut. 1 df x 1 df 107 : : 2 0, — “u@); Fm UE 9 0€, — Ga) ; (48) l'inconnue résulte de ce que, en vertu de (35) et (42), 1l of a A 22 SN — — ; ee IE, D ës dE, fla et (Bira63) ds PARTS Ainsi fs ds ; alors en remplaçant les valeurs (48) dans l'équation (47), 1 on obtient Ta = [62] dé, + (GE) dry + (sr) dE] = 1e donc enfin GE RMEAE dm À dé, A, HAT 0 EAN AO c’est le second groupe cherché. Pour trouver le troisième on procédera d’une ma- nière analogue. Récrivons les résultats sous forme de tableau, en affectant d’un indice l’are engendré par le déplacement de P, dë, AE A dE, DRM CA SE DES Fa de, ( en Tag ) dr, dr, A dr F Le À, \ À ds, ou do, a A, T8: 2 ds, nn (fr + fun A, ñ3) ; (49) de, dt, À, de, | pe > = i£, , = NE ) - — (as ln (es do, do, A, do, À, La réciprocité inhérente à toutes les questions de courbure se marque dans ces formules de Frenet par le caractère suivant : Si on alterne les indices 1 et 2, en remplaçant ds, par la quantité ds, définie comme suit Ci ou plus exactement, H —=3X: É G SUR LA NOTION DE COURBURE 53 les équations se reproduisent. L'indice 3 n'est pas affecté par le dit change- ment. Outre leur intérêt propre, ces équations (49) permettent de déterminer à : AU = elles seules, la courbure du lieu P,, soit le rapport A" ainsi que le centre de cour- bure correspondant, sans recourir aux formules (37). On peut en effet énoncer la propriété suivante ; elle n’est qu'une forme particulière du théorème d’après lequel la normale à la courbe P, coïncide avec la tangente menée par le centre de cour- bure à la développée de cette même courbe. Si (91 (20 %» &) Ou C(P, q,r) est le centre de courbure, le conjoint de ce point 0 est précisément le point 3 envisagé ci-dessus. Etablir ce point, c’est démontrer les relations eee 0! mais la première est immédiate puisque, d'après (37), f,.:, diffère seulement par un facteur de l’expression A2fi3 — Aifss, et que fi3 = fos — 0; en un mot fx, S'an- nule parce que le centre instantané est sur la droite polaire de 3. Nous avons de même, sauf un facteur, fo, 4, = Aufi, de, 7 Aifa, ae, si on remplace, au second membre, d£,.. par les valeurs (49), qui donnent : SR ; PUS Pia, = dfuls ) et fa, &, = — do files À (JA Le centre de courbure a été désigné par les coordonnées homogènes, notées on trouve l'équation fe a . 3 p,q.r ou £ . Nous n’emploierons plus ces dernières lettres que pour repré- senter des coordonnées absolues telles que fe à = “0? Po: 0 En vue de déterminer ces nn absolues, nous avons à utiliser le théorème qui vient d’être obtenu et à poser les équations analogues à (40), soit 1 of Es) 1 of ( de, 1 of / dr) 23 — _ — — Ar =— ER — NAN CN Q ñ 2 dE, =V/a (4 do ) DOTE v’a £a FA) nd dés VA (E, %.) Ju Ch) 0 la quantité dz,, élément d'arc engendré par P,, répond naturellement à l'équation a fa CUS lee (51) Se 1 MÉM, SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1911). 54 C. CAILLER Il nous faut encore obtenir les rapports de d3, à ds, d’une part, et de l’autre, à la vitesse angulaire instantanée ds telle qu’elle figure dans la formule (38). Or si on porte dans (51), la valeur f , tirée de la dernière colonne du ta- bleau (49), on trouve 1? 1 di (f, JX2 7 A) A5, = — — 99 9 3 Ta A? 2204 41572 puis, à cause des relations (38) et (43), Too 455 — fax do + fi doi ; (52) er de —\de No ide = dor (53) Cette dernière équation constitue une interprétation remarquable de la vitesse angulaire instantanée dr; celle-ci n’est autre chose que l’élément d'arc décrit par le point 3 conjoint au centre de courbure. Ecrivons enfin les relations de proportionnalité existant entre les quantités D, QMnetE mr Ép = CE SONE ë V’Ads, fn % V/A do, = 5 CE V’Ad5, — 1fn - (54) Pour obtenir ces résultats, il suftit de rapprocher les quantités fo, fo données par les formules (39) ou < 1 of L 1 df ) 5 (» +) Ù le — 3 (» SAGE : des véritables valeurs en coordonnées absolues IAA IN fn= 5 (m3 +.) ’ fa 3 Co +) la comparaison fait ressortir immédiatement les formules (54), quand on remplace £, … par les valeurs (50). Remarquons que le signe de d5, est resté arbitraire, et comme p, g, r, sont définis d'une manière absolue, on voit que le signe du point C(£,, »,, &,) est égale- ment arbitraire et change avec celui de do, . SUR LA NOTION DE COURBURE 2) 6. Résumé des Formules et Cas particuliers. Pour la clarté commençons par récapituler les résultats du S précédent. Le point décrivant se nomme toujours P; (4, …), ses ein dépendent d’un paramètre {. Ayant posé ah à d'où résulte la détermination du signe /3:, on définit deux nouveaux points 2 et 3 par les formules et Re puis on pose pour abréger AE mA) : et A —(E 746 Je Les formules sont alors les suivantes : Relations finies. 1 0f do, 1 of do, He À de 9 0 u À Cf > 20m — “A és 95 À, (En 3) 1 of ; do 1 of do, : 1 of do, 30, ln À (36) ; 9 dr — 22 A, (66) ; 35, 2x 6 )) 1 df | ds, 1 à . do, 1 of ee 30, los à, (te) ; D 0n —| 3 PAT (6,8) ; 9 of == & M2). fufaæfs = 1 la = fa = fa = 0 fu AE a di —= fe fa, dE, di PA a far. dE, 6 C. CAILLER ces dernières donnant le signe de fo = + 1. A, do, = A, do, ; Lo 53 = fa doi 5 fads3 ) ds, 11 > : de Eva ? Be 1 & dr de, | Formules de Frenet. d£ di, dE, / A, \ FES UE de 53 dore fa À fuë) 1 2 1 1 / dy, di da f A, : | ñ: TT = — orale ds, 32 do, A do, °°) A lu 2) de, dE, de, A, = — DE == ee CEE" un DS Gi ED fat TX fut Centre de Courbure et Mouvement du triangle 125. Le centre instantané de ce mouvement étant désigné par l'indice 0, comme ON à VU, ON à 2 02, 3 2 dy D, 206, d5/ 1 of PACE 1 of dE) 1 df ds) CE LT } a) £ AR = >, = EAU = £ Les) J'OSCEE v’a Co a.) Ô 2 dns VA (& ) 3 206 NE Æ (2 #1 puis le mouvement du plan est déterminé par les formules X — f33 das (mpË) VA , YŸ — as dos (GE) VA, Z—fyds, (En) FA a 1 ùg pie ] O7 ra ] O7] PT OADR 0e AN ere 220 SUR LA NOTION DE COURBURE 57 Enfin les courbures des lieux P1(4,.) et P2(3%, ..) sont données par (55) dr, PE, | Coordonnées particulières. L'expression (55) obtenue plus haut pour la courbure possède, bien évidem- nent, le caractère d’invariance par rapport aux mouvements qui changent la forme f en elle-même, et cette propriété d’invariance persiste même quand on exécute sur les coordonnées une transformation linéaire quelconque. On peut done, dans le calcul de (55), employer au lieu de 2... les coordonnées #, #, w, de la droite polaire de P(4,….); cette remarque trouve son application plus bas. Il convient d'ajouter que la courbure c, du lieu P, ne se réduit à zéro que dans le seul cas où 2,»", € Vérifient, pendant le mouvement, une équation linéaire homogène telle que a + bn + ce — 0 Cela posé, rappelons qu'il existe trois systèmes principaux de coordonnées: ils sont de simples variétés du premier d’entre eux et different les uns des autres seule- ment par la position de leur centre relativement au cercle fondamental. Nous prenons désormais f=r-f—#, et A—=1 Premier cas. — La courbe est réelle, les coordonnées employées sont les polaires, rayon vecteur et angle: elles sont telles que ch sxx r Fr Ve n —Sh C0 6., € — sh} sin 6 : k k ? le ou bien les rectangulaires, abscisse et ordonnée, telles que = hE che : 1h} ch? à SR Y k C. CAILLER D8 ou enfin les Loricycliques, u et v, telles que 9 1 2 y ‘ Ü DES (pee (} UE E=c“h;+onet, n=pef, €=sh}+3pe k Que devient la formule de la courbure quand on emploie l’un ou l’autre de ces systèmes ? En coordonnées polaires, par exemple, le déterminant (55) est nul seulement si r : ! 2 ccth - est du type « cos 5 + b sin 4. La courbure a donc la forme algébrique k a[£ ce coll ? = He cotl = Pour déterminer le coefficient À, il suffit de se placer dans l'hypothèse où r est constant. Si on remarque que, d'après l’équation (9) et s représentant l’arc de la 9 11 s° à - sr — -; .le détermi- courbe à partir d’une origine quelconque, on a di? — 2 TAbeue E Le À nant | £d;d'&| devient ch = 0 0 | r r sh g ‘0 0 __ sh! LS sin 5 dÿ — sh E CS 5d£ : k sh ? E sin 9 sh E CS 6 dj — sh E sin 4d£ ce qui vaut ch? ñ a _ ds. L 3 On tire de là À — k*shà — (a ) , et enfin Re CO RC Eee : c— sh E (a) 48 cotl 7 + coth = (56) On aura, de la même manière, en coordonnées rectangulaires y da y y De Ch (c Ch a) [E 3 tqh k tgli A ; (27) et en coordonnées horicycliques Bd *, 2 == 5 (e k + Ée £ 2e | . (38) SUR LA NOTION DE COURBURE 9 Au point de vue de sa signification concrète la courbure a conservé, dans le ‘as actuel, son sens ordinaire. En effet, l'élément 2 conjoint à P(£, », é) est figuré dans le réel par la tangente à la courbe, la courbure est égale à LES lac, dEn» ds da 1, . dE, ce rapport. suivant (9) et (11), est celui de l’angle de contingence 42 à l'élément ds da d'arc donc ce —k =- RS ds * Deuxième cas. — La courbe est encore réelle, mais elle est donnée tangen- tiellement. Ce point de vue est l'opposé du précédent par dualité. Ainsi donc, l’élé- ment P, est maintenant idéal, il correspond à la tangente réelle T(#, #, «), d’après les relations x == / n—= — ’ ( , = = he L'élément conjoint 2 est réel; c’est le a où la droite T touche son enve- loppe. La courbure € est maintenant égale à , elle est l'inverse de la courbure k À ponctuelle ; il s’agit de l’exprimer en coordonnées linéaires. Laissons de côté les diverses espèces de coordonnées horicyeliques; la position d’une droite T(u, », w) peut être définie de trois manières dont les deux dernières s’excluent réciproquement. Si on fait ? 0 0 De u = sh : D— — ch = COS 0 W——Ch= sin , k k ? le ces coordonnées podaires ; et w représentent le rayon vecteur et angle polaire de la projection de l’origine sur notre droite T (w, #, #). On peut aussi écrire Ê sh £ w—ch T ; k D. , q U— IR Sh À, Rapiaie si T est non-sécante de l'axe OX, les coordonnées normales p et q représentent l’abseisse et l’ordonnée de la perpendiculaire cormmune à T et OX; ou bien, si T rencontre OX, on fera Etes ; u = sh E Sn D, ——ch;sinr, w—cos), 60 C. CAILLER et alors les coordonnées mixtes let } désigneront l’abscisse du point d’intersection et l’angle TOX. En substituant ces diverses valeurs dans le déterminant (55), on trouve par des calculs semblables à ceux développés dans le premier cas, les expressions sui- vantes pour la nouvelle courbure tangentielle: dz y représente, comme ci-dessus, l'angle de contingence. 1 0 ch d 0 0 : a — que A 1= L ñ€ Er (cr TE [a th E + tgh 4 ; (29) re Et æ\ d q Een £ Co = A = — F (sh ke FES dp° coth E Te coth 2] n (60) 1 AS GMEGE : 1 S à Co = ë = + k (sin À. a) [F COË } — JE cot : | £. (61) Troisième cas. — Les points 1 et 2 sont devenus tous les deux idéaux. La droite mobile T,(«, v, «) qui sert de représen- tant réel au premier enveloppe une courbe idéale; cette courbe (fig. 4) possède ainsi une ligne de striction réelle. T; est la perpendicu- laire élevée à T, par le point central de cette droite. Il y a d’ailleurs réciprocité entre ces éléments T, et T,; eux-mêmes et leurs voisins forment un rectangle; la courbure du lieu en- gendré par le mouvement de T, est, par défini- tion, égale au rapport des côtés de ce rectangle PP; dd PP, di tera, d’une manière analogue, la courbure du lieu conjoint T, . D'après les formules (10) et (11), pour obtenir, dans le cas qui nous occupe, la courbure en coordonnées polaires, normales où mixtes, il suffira de reprendre les Fig. 4. . L’inverse de ce rapport représen- : re Are À dù équations (59) à (61) du cas précédent et d’y remplacer partout dz par 7 substitution des coordonnées de T,, au lieu de celles de T;, changera cette cour- . La simple bure en son mverse. Enfin, si dans les formules des trois cas, on fait À — w, on obtiendra, comme cas limite, les valeurs de la courbure euclidienne, exprimées dans les mêmes coor- données polaires, rectangulaires, podaires ou mixtes. C'est par cette origine com- SUR LA NOTION DE COURBURE 61 mune que s'expliquent les analogies que présentent ces formules les unes avec les autres. S 7. Développées et Développantes. Soient deux lieux Cet C’, de même espèce, c’est-à-dire tous deux ponctuels, ou tous deux tangentiels à enveloppe réelle, ou enfin tous deux tangentiels à enveloppe idéale. Ayant choisi sur C et C” des origines « et a', nous ferons correspondre un point A’ de C’ à un point A de C par la condition Il faut remarquer que cette correspondance peut être établie de deux ma- nières différentes suivant les signes adoptés pour d et ds’, autrement dit suivant les sens positifs de croissance des ares & et 5. Soient P,(£,..), P,(4,, .), P,(£,,...) les sommets du triangle principal quand P, décrit la courbe C; soit de même P,(4,.….), P.(2, …), P,(E,, …) le triangle associé au point P, qui correspond à P, sur la courbe C'. Si on transporte le pre- mier de ces triangles sur le second, quand P, varie la courbe C solidaire du trian- gle P,P,P; prend une série de positions ; on dit qu’elle roule sur C’. Si les deux courbes sont de la première espèce on voit immé- diatement que le roulement, ainsi entendu, n’est autre chose qu’un roulement au sens ordinaire du mot. Si les deux courbes sont de la deuxième espèce, la condition Fig. 5. de correspondance exprime que les angles totaux de contingence comptés sur les deux courbes entre & et C, et a’ et C’ sont égaux. Nous avons un roulement de deuxième espèce. Si enfin nos courbes sont idéales à tangentes réelles, elles apparaissent, dans le réel, sous l'aspect de faisceaux de droites à lignes de striction réelles MN, M'N' (fig. 5). Traçons les droites initiales «, a’ et deux droites correspondantes P, P': alors l'élément d'arc du faisceau aP est égal à l'élément ds de la ligne de striction pro- MËM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 37 (1911). 8 62 C. CAILLER jeté sur la perpendiculaire à la génératrice, on d; — ds sin w. La condition de cor- respondance est celle de l'égalité entre les intégrales 2P apr | ds Sin w — | ds! sin w! . z Dans ce genre de roulement, dit de froisième espèce, on transporte successi- vement les droites P de la première figure sur leurs correspondantes P' de la deuxième en faisant coïncider les points centraux. Lorsque les deux faisceaux roulent ainsi l’un sur l’autre, les faisceaux orthogonaux, composés des perpendiculaires menées aux génératrices P, P’' par les points centraux N, N’ exécutent eux aussi un certain mouvement de roulement; mais la condition de correspondance a changé de forme, les cosinus y prennent la place des sinus. Cette nouvelle espèce de roule- ment se produit done toujours en même temps que l’autre, aussi me dispenserai-je de la mentionner dans la suite, et les mots roulement de troisième espèce seront toujours pris dans le sens primitif indiqué ci-dessus. Comme dans les $$ précédents, il suffit de se laisser guider par l’analogie avec les faits bien connus de la Géométrie plane pour obtenir, d’une manière toute natu- relle, les propriétés caractéristiques du roulement lobatchewskien ; on obtient, comme toujours, des résultats sensiblement plus compliqués. Avant d'aborder cette étude qui fera l’objet du $ suivant, prenons d’abord le mouvement exécuté par la droite invariable P, P, lorsque le premier composant du couple P, P; décrit la courbe C. Nous allons voir que cette droite roule sur la développée de C. En effet, le centre de courbure O est déterminé par les formules (37) et (54), ou Edo, =VA(GA, —&A,) ,; mdr, — VAGA AA) ‘0 bd, = V/A (GA, — EA)) . Or selon qu’on veut suivre le point O (%, …) dans son mouvement absolu sur le plan fixe, ou relatif sur la droite P, P2, on aura à différentier les formules qui pré- cèdent en faisant varier toutes les lettres ou, au contraire, en maintenant invariables A, … et &, … Mais c’est indifférent, car, pendant le mouvement du couple, les for- mules de Frenet sont vérifiées, elles donnent Ad AE, — À, dr, À, dr, — A,dt, — À, HE DE Autrement dit, en désignant par les indices « et » les mouvements absolu et relatif, nous avons SUR LA NOTION DE COURBURE 63 d, F0 — d, 50 ? A7 = d, #0 > d, = d Eo : et de là résulte que les arcs franchis par O sur la développée ou sur la droite P; P; sont égaux. En outre, le point 3 est conjoint de O aussi bien pour le mouvement relatif que pour le mouvement absolu; les deux conditions du roulement étant ainsi satisfaites, la droite P4 P, roule sur la développée. La recherche des développantes d'une courbe se rattache tout naturellement à la propriété précédente; pour la clarté, il faut toutefois remarquer ce qui suit. Lorsqu'on cherche la développée d’une courbe, il est indifférent de savoir si cette courbe, supposée réelle pour fixer les idées, est engendrée par le mouvement d’un point ou, sous le point de vue tangentiel, par le mouvement d’une droite, sa tangente. Le passage d’un des points de vue à l’autre s'opère dualistiquement en alternant les conjoints 1 et 2; le centre de courbure, et partant la développée, ne change donc pas. De même, pour un faisceau à ligne de striction réelle, l'échange de la génératrice 1 avec sa perpendiculaire 2 est sans effet. Dans la recherche des développantes, il importe au contraire de distinguer soi- gneusement le point de vue tangentiel du ponctuel. Le même lieu géométrique ad- mettra des développantes toutes différentes suivant que l'élément générateur est un point ou une droite; il nous faut donc de nouveau employer les classements habi- tuels. : Premier Cas. — C’est celui, très simple, où la courbe O est réelle et ponctuelle. La ligne qui roule est la tangente, les développantes sont les trajec- toires des divers pointsde cette droite, et comme le centre instantané est au point de contact, les développantes sont équidistantes et parallèles. D’ail- leurs le faisceau linéaire P, P, con- tient encore des éléments idéaux qui sont les perpendiculaires élevées aux différents points de cette droite ; Fig. 6 ces perpendiculaires engendreront les mêmes développantes sous le point de vue tangentiel. Tout ceci est bien connu et conforme aux théorèmes de la Géométrie ordinaire. Deuxième Cas. — Si la courbe réelle O est le lieu d’une droite mobile 0’, (fig. 6) alors la série linéaire qui lui correspond dans le plan mobile est formée derayons issus d’un point O. Figurons à part ce faisceau par deux de ses rayons OP, et OQ. Ils correspondent respectivement aux tangentes OP; et O/Q' de la courbe donnée, 64 C. CAILLER de telle manière que quand OP, , d’abord tangent à la courbe en O, s'avance jusqu’en O'P;, la nouvelle tangente O'Q! fait avec OP; un angle Q'OPI — QOP, égal à l’angle total de contingence de l’are O0". L'ensemble des positions telles que O’ P; est une des, développantes cherchées. Le roulement de seconde espèce qu'exécute ainsi le plan QOP, solidaire de OP,, se compose d’une série de glissements instantanés le long des tangentes à la courbe donnée et celle-ci apparait comme la ligne de striction des génératrices mobiles O’P:. Le problème des dévelop- pantes dans ce cas est une simple forme du suivant: wne courbe réelle étant tracée, cons- truire un faisceau dont elle soit la ligne de striction. Une solu- tion étant connue, toutes les autres s’obtiendront en menant par le point central une droite d'inclinaison constante sur celle Fig. 7. qui engendre la première déve- loppante. Troisième Cas. — La courbe O est composée de droites variables, telles que OP, 0’Q" admettant une ligne de striction réelle OO! (fig. 7). Le faisceau linéaire corres- pondant comprend toutes les perpendiculaires OP,, 0'/Q, ete., tirées par les diffé- rents points d’une droite D. Il y a correspondance entre des droites affectées dans les deux figures de la même lettre initiale lorsque le segment rectiligne OO? de la droite D est égal à l'intégrale f Ÿ ds sin z calculée sur la courbe. 0 Appliquons alors successivement les droites O/Q sur leurs correspondantes 0/Q'; une droite fixe OP, du faisceau linéaire prend une série de positions telles que 0” P?, et cette série O0” P, forme une des développantes cherchées. Le mouvement du plan mobile est, dans ces conditions, un roulement de troisième espèce composé d’une série de glissements élémentaires le long des droites O/Q/. On reconnait de suite que la génératrice O” P}, possède une enveloppe réelle qu’elle touche en 0”; ainsi la développante apparait plus simplement, sous le point de vue tangentiel, comme le lieu de ce point O0”. A l'exemple de ce qui a lieu dans le premier cas, nos dévelop- pantes sont parallèles et équidistantes. Le problème des développantes étant ainsi complètement discuté, reprenons le cas général du roulement. SUR LA NOTION DE COURBURE 69 $ S. Le roulement. Formules de Savary. Mettons en contact au point P,(£,..) la courbe mobile C avec la courbe fixe C’, ou plus précisément, faisons coïncider les deux triangles P, P, P, et P,P, P;, puis déplaçons ces triangles le long des courbes C et C’ laissées immobiles. On suppose que pendant ces mouvements simultanés P, et Pi décrivent des arcs correspondants. FXx Au moment du départ nous avons &, — 2, 4, = #,, … , et même, en vertu des formules de Frenet et de la condition de correspondance, dé, — dé, … A, — A; mais la concordance s'arrête ici, et par exemple, on n'a plus dë, — dé,, ni A, — A,, car nos courbes sont seulement tangentes et leurs courbures en général different l'une de l’autre. Cela posé, remarquons que pendant que les triangles P, P, P, et P, P; P; avan- cent le long de nos deux courbes, les déplacements infiniment petits de points solidai- rement fixés à ces triangles résultent de vitesses angulaires p, g, r et p', q', r' fournies par les formules (37). Si on maintient fixe le premier de ces triangles, le mouvement relatif de la courbe C par rapport à lui donne lieu aux vitesses angu- laires — p, — q, — r ; enfin le mouvement de roulement qui n'est qu'une combi- naison de ce mouvement relatif avec le mouvement d'entrainement du triangle P; P, P, le long de C’, résulte d’une vitesse angulaire de composantes p! — p, gd —q,r —r. Substituons les valeurs (37) et tenons compte des concordances établies ci- dessus, il vient pour la vitesse cherchée P — p! — p, … Pfss — A(ASs — A3), Qfss = AA — Asjr, Rfas — A(A5 — A3)ë. (62) D'où il résulte évidemment que le centre instantané est au point de contact des courbes roulantes et que la vitesse angulaire a pour valeur À A 1 ! ra (A, — A) = — doit Era Dans cette formule c et e' représentent les courbures de nos lignes C et C’ en leur point de contact, ces lettres « et c! doivent, bien entendu, étre calculées avec les signes qui leur reviennent d’après (5). Il est clair que si le roulement est de première espèce, le mouvement instan- tané est une véritable rotation, tandis qu'il devient un glissement pour les roulements de deuxième et de troisième espèces. 66 C. CAILLER Afin de ne rien omettre d’essentiel, observons que tout mouvement fini d'un plan sur lui-même est un roulement. Ce fait, évident à cause des analogies avec les Géométries euclidiennes plane et sphérique, résulte d’ailleurs immédiatement des formules de la transformation des axes. Il suffit de se baser sur la forme linéaire de ces équations; en les différentiant on constate que la vitesse du centre est la même par rapport aux plans fixe et mobile. C’est la double condition du roulement; on déduit de là, par les règles classiques, la base et la roulante comme lieux du centre instantané dans l’un et l’autre plan. Je terminerai ces quelques remarques en déterminant la courbure des trajec- toires des divers points de la figure mobile. C’est le problème de Savary, il nous fournira une nouvelle application de la formule (55). Pour le résoudre, observons que les propriétés du mouvement instantané consignées dans les équations (13), (14) et (16), constituent en réalité les équations différentielles linéaires d’un mouve- ment quelconque de roulement, si on y remplace les p, q, r par les valeurs P, Q, R de la formule (62). Il sufñt dès lors d’une nouvelle dérivation pour obtenir la courbure cherchée en appliquant l'équation (55). Désignons toujours comme plus haut par P(ËE,, …) le point qui décrit la base et la roulante, par E, x, £ sans indices les coordonnées du point M engendrant la roulette ; prenons une variable indépendante { telle que dt=V Afa(c! — c)do, ; ce qui donne = Edt , Qu, dé, R=CQULRE 1 Posons, pour abréger, en désignant par des accents, mais aux seconds membres seulement, les dérivées relatives à la lettre f, Ke GE NEC EN EEE | ONE M RE TE) (64) A) : ME) : LED : Différentions les équations (13), ou «l£ 1 ùg dr 1 g CRAIROT FROID TION PL GR 0e DNA SUR LA NOTION DE COURBURE 67 qui sont celles du mouvement de M, lorsque le point P,, fonction de la variable £, engendre la base. Il vient dE 1 /dg ùg ) d'r l /dg 0g dt = 9A Gx Aa ox dB — 9A Le ot | \ dE ETIeE ( dy ùg dË 2A dZ' dZ" dy dE Le numérateur de la courbure cherchée est le déterminant D — | ë dt dE d les valeurs précédentes au , …… le font apparaître sous la forme binôme D — D' + D”, avec Ë " Ex RE ” EG l | 0g dg dg 1 dg ùg dg D’; ox 0Y (VAE EMUD =, | 0x 0Y 02 | dg ùg ùg | ùg 0g ùg | | dX’ OO ORNE 77 Il s’agit de développer ces déterminants D’ et D”. Or D, par exemple, est bilinéaire gauche par rapport aux lignes X, Y,Z et !, Y',Z', on a done une formule comme D'= , LYZ)A + (ZX) B + (KV) C] ; ces coefficients À, B, C ne dépendent pas des valeurs particulières X,. X’, écrites ci-dessus; on peut donc poser, pour les déterminer ORNE 70) : UN =, FE =") , ce qui donne (YZ')— 1, (ZX')—(XY')— 0.La valeur obtenue directement pour 1 of A AS df à 1 —) cs ni Déest= 24 dE? celle déduite de la formule est aa Ainsi A 9A DE” et D' = [(2)S xd ae +arY|. (65) 0E. De la même manière D’— LA AO ENS 0) S. (66) 68 C. CAILLER Ce ne sont pas là encore les valeurs définitives, il nous faut les réduire en subs- tituant les expressions (64) des X, … X’,... X°,… Reprenons D’ et remarquons que cette quantité possède le caractère bilinéaire gauche relativement aux séries £,, 7,, 4, et £, ,, & : elle est donc de la forme D, 6) LE (GE) ME TDNe la détermination des nouveaux coefficients L, M, N se fera par le procédé employé plus haut pour À, B, C. Faisons ERA il 2 =Ù et = ed, té =) OZ)=È , (ZX)— Ex , AYI=E ; fe 1,7 Puis 1x la comparaison des deux expressions de D’ donne L — 1e s ae D fe, n, 06658) + (6) + e (Em): Empruntons enfin aux formules (40) les valeurs des déterminants (7, 4). telles que ee) note MO Va Go.) dé — VAE, dt il vient finalement pour D’ 1 of of 0f do, d'a do, D ne ae < | dé —anledes De même, pour réduire D”, récrivons explicitement les quantités X”, Y”, Z” sous la forme développée ARS Er nil (: 0g Lee Cm RS UE CNE 0, . Ôq Y—&, TE ë dt _ 9A (e, D Et AU ERA 0 T 0g DE ad AN en) SUR LA NOTION DE COURBURE 69 d'où l’on tire ST 04 - 0g 04 04 ze [a (x x+'yt+2ÿ) RL nn Y +22) se og , 14e ou, le coefficient de 5x étant évidemment nul, ë si (XZ") == 9x, OA (ZX) ” » = XY')—” ATX, v,z ? (2 NT R PE Z 5 Si on porte ces valeurs dans la formule (66), il vient 1 df df of. 1 TER RES | 0Z AA TE 0x, 2 ou encore à cause de 44 y 7 = fu fzz fi,8 Hal D Re Réunissant enfin les deux parties (67) et (€ (À) : (68) 8) de D — D’ + D”, nous obtenons MD — (fifar fre fi ) + fe ee T en (69) ou bien, en observant que /, fz: — —H 1, sous une forme plus claire ds era » ! 0 = fe (fe FI) + lefe, 7 VA: (T0) Pour obtenir la courbure du lieu engendré par le déplacement du point ‘ds \3 M(E.». €), il suffit maintenant de diviser la valeur de [AD par la quantité (= ü Je dans laquelle ds désigne l'élément d'arc tracé par M, où dé? — + fy: 4. Or d’après (18) et les formules écrites plus haut pour P, Q, R,on a {d5\? Ras a ( ) (el) . dt, 5 Le deuxième signe ambigu est égal à /,,/:: tandis que le premier se détermine de manière que le second membre soit positif. En résumé la courbure du lieu de M est donné par la formule fafe fe rent 8e per MÉM. SOC. PHYS. ET HIST,. NAT. DE GENÈVE. VOL. 87 (1911). (71) 70 _ C2 CAILLER L'application de ce résultat exige une certaine attention à cause des cas assez nombreux qu'il faut examiner successivement. Pour ne pas s’égarer, il convient de remarquer que P;(£.….) est supposé tracer la base du roulement, et que l'élément ds, de cette base est toujours pris en valeur absolue. Le conjoint P, (£,. ..) est dé- terminé par les formules (40), les courbures € et c’ de la roulante et de la base par £ dx de, 1 d dans la description de la courbe C est sans effet sur la courbure du lieu M, tandis que si on change le signe du point P;, cette courbure change également de signe. les équations € = V/ A , ete. On voit par là qu’un changement de sens o — Ci 0i On remarquera aussi que P2(, …), conjomt de P,(4, …), est bien souvent idéal; sa détermination concrète comme élément réel a été expliquée ci-dessus. On a vu que si, P, est réel, P, est la tangente tirée dans le sens de la croissance de Fig. 8. Fig. 9. 5,. Cest le premier cas du roulement. Dans le deuxième, P, est une droite à enve- loppe réelle, P, est le point de contact avec cette enveloppe, positif où négatif selon que P, tourne dans le sens direct ou inverse, et ordinairement nous prenons comme sens direct celui de gauche à droite. Dans le troisième cas enfin, P, est une droite à ligne de striction réelle, et P, est la perpendiculaire élevée par le point central sur la génératrice, du côté de son déplacement infiniment petit. Tout ceci étant bien compris, il devient facile d'appliquer la formule (71) puisqu'elle ne contient que des invariants f,; de points ou de droites, et que les signes ou sens de ces éléments sont toujours bien définis. Pour le caleul, il est avantageux, mais non indispensable, de faire f— ©? — ;? — £? et À — + 1. Je me bornerai à transerire ici les résultats laissant au lecteur le soin de les vérifier. Premier Cas. — Roulement de première espèce, le point décrivant M est réel (fig. S). Les coordonnées employées sont les polaires, où PM — >, et 5 — MP, P; angle compté à gauche de la tangente P, P, aux courbes roulantes. On a r 1 "sin 6 Courbure = — coth - + ; k pe CE SUR LA NOTION DE COURBURE 71 Deuxième Cas. — Le même que le précédent, sauf que le point décrivant est idéal et apparait sous la forme d’une droite M (fig. 9). Les coordonnées employées sont les podaires , et » rapportées à la tangente P, P; aux courbes roulantes comme l'indique la figure. On a 6 Lu Sin Courbure — — {gh = + , AUME C— € mel (412 ke Troisième Cas. — Le roulement est de seconde espèce, le point décrivant M est réel (fig. 10). Pour le calcul des courbures € et c” qui, bien entendu, sont ici relatives au déplacement de la tangente P,P,, on suppose que cette tangente tourne Fig. 14. Fig. 10. de gauche à droite. Les coordonnées employées sont les rectangulaires +, y, cette dernière comptée à gauche de P,P, . l Courbure — — {4h ? nee Quatrième Cas. — Même cas que le précédent, mêmes conventions, mais l'élément M est devenu une droite non-sécante de P,P, (fig 11). On admet que M est tiré en sens contraire de P,P,, il est rapporté aux coordonnées rectangulaires +, y tracées comme l’indique la figure. ! \ bure — — € ‘ TE à Courbure — —- coth É + tee eg Cinquième Cas. — Le même que le précédent, mêmes conventions, mais la 79 CG. CAILLER droite M est sécante de P2P, (fig. 12). Les coordonnées à employer sont les mixtes æ, «, comme dans la figure. On a æ 1 sh RÉ Courbure = — cot à + — —— . Su C— C!' SUÈ Sixième Cas. — Le roulement est de troisième espèce, la génératrice QP, a Q pour point central et selon qu’elle se déplace dans le plan fixe ou dans le plan mo- bile, elle engendre la base ou la roulante (fig. 13). On suppose ces mouvements exé- cutés dans un sens tel que l’élément QP2, conjoint de QP,, se trouve à gauche de ce dernier. Enfin le point M qui décrit la roulette est réel, il est rapporté aux coordon- nées rectangulaires æ, y indiquées sur la figure. L FAR DEEE a Courbure = — tyh E + ART AT TE [A Septième Cas. — Le même que le précédent, sauf que l'élément décrivant est cette fois une droite M (fig. 14). Nous la supposons non sécante de QP, et de même sens que celle-ci. Les coordonnées sont les rectangulaires æ, y relatives à la per- pendiculaire commune. x ? ] sh k Courbure — De cotl 7 + Lies sh? Æ Huitième Cas. — Idem, la droite est seulement sécante de QP, (fig. 15). Les coordonnées indiquées par le dessin sont les mixtes æ, + relatives au point d’inter- section R. Alors x 1 € h n Courbure — — cot = = + C— € Si x Dans les huit cas les coordonnées ont été choisies d’après les analogies sug- gérées par le premier d’entre eux; ainsi s'expliquent les similitudes de forme que . présentent les résultats obtenus. Le théorème de Savary est susceptible d’une généralisation, quand on envisage SUR LA NOTION DE COURBURE 7 non plus la roulette décrite par un point, mais celle enveloppée par une courbe ; fixement liée à la courbe mobile. Cette généralisation se fait sans difficulté en remarquant que si enveloppe y’ quand C roule sur C’, et si y’ enveloppe > loppe aussi /” quand C roule sur C”; c’est une sorte de propriété transitive du roulement. ! quand C’ roule sur C”, alors ; enve- Fig. 12. Fig. 13 Aïnsi done, pour ramener le problème du roulement d’une courbe y à celui d'un point M, il suffira de déterminer la courbe C” telle qu’en la faisant rouler sur C, un point M de son plan engendre >. Lorsque C” roulera sur C' le lieu de M sera justement l'enveloppe de ; pendant le roulement de C sur C”. On voit qu'une double application des formules de Savary, relatives au roulement d'un point, fournira la courbure de la roulette engendrée par >. Fig. 14. Fig. 15. Toutes les propriétés précédentes s'étendent immédiatement de la Géométrie ordinaire à celle de Lobatchewski. Les formules développées pour les huit cas envi- sagés plus haut sont donc suffisantes pour résoudre le problème de la courbure dans le cas le plus général du roulement. Les résultats offriront naturellement une grande variété suivant la nature du roulement envisagé et suivant que la courbe 7 présente un caractère ponctuel ou tangentiel. Pour ce motif, je me dispenserai de les transcrire ici. 74 C. CAILLER $ 9. Généralités sur la Géométrie réglée de Lobatchewski. Les recherches de divers géomètres, notamment de M. Study, ont montré que la Géométrie hyperbolique à trois dimensions présente, avec la planimétrie ellip- tique, la plus frappante analogie. Il suffit, pour faire apparaitre le parallélisme des deux théories, de prendre, comme élément d'espace, non pas le point mais la droite, ou, si l’on veut, de mettre en correspondance les & * droites de l’espace réglé de Lobatchewski avec les & * points imaginaires du plan de Riemann. On peut, à la place du plan elliptique, se servir de la sphère euclidienne pour le même usage‘. Toute géométrie particulière est complètement définie par la structure de son groupe des mouvements. Ainsi, l'identité foncière de la Géométrie réglée hyperbo- lique avec la planimétrie riemannienne provient du fait que le groupe de l’espace réglé est isomorphe au groupe orthogonal ordinaire des rotations autour d’un point, du moins lorsque les paramètres de ce groupe orthogonal cessent d’être réels pour devenir complexes. On conçoit donc comment la théorie de la courbure exposée ci-dessus peut être transportée directement à la Géométrie hyperbolique réglée. Au point de vue analytique, le passage consiste simplement à remplacer la forme f dont nous avons parlé par f = à? + y? + 2, tout en admettant des valeurs complexes pour les in- déterminées x, y, z. Chacune des déterminations x, y. z. représente une droite de l’espace; ainsi les monoséries æ(4). y(t). 2(t) ne sont plus des courbes, mais des surfaces réglées. L'une des Géométries sert d'image à l’autre. Par exemple, toutes les formules données plus haut pour la courbure, le roulement, etc., des courbes planes, expri- ment certaines propriétés des surfaces réglées, et on peut dégager la signification géométrique de ces propriétés par une interprétation convenable. C’est à cette sorte de traduction qu'est consacrée la dernière partie de ce travail. Mais avant de l'entreprendre, il nous faut d’abord étudier dans ce K le principe même de la cor- respondance entre les deux Créométries. Nous nous bornons à un bref aperçu sans entrer dans les détaiis. La droite. — On sait qu'en Géométrie hyperbolique à trois dimensions les ! M. R. de Saussure, dans deux mémoires, Sur la Géométrie cinématique réglée et Sur le calcul géomé- trique réglé, insérés à l'American Journ. of Mathematics (vol. XVIII et XIX) avait déjà établi une corres- pondance analogue pour la Géométrie euclidienne. LL À SUR LA NOTION DE COURBURE 11) . , Ces") 2 e. ” s à n points sont déterminés par quatre coordonnées homogènes £, 7, £. +. Le caractère réel ou idéal d’un point P(, », £, -) se reconnait au signe de la forme fondamentale = ne = Si les coordonnées sont absolues, et que le point P soit réel, onaf — HT, et en outre, quand P est positif, £ l’est aussi. De même, on af — — 1 pour les points idéaux représentés dans le réel par des plans, et { — 0 pour les points situés à l'infini. Le groupe des mouvements est le groupe continu à six paramètres laissant f invariant. Si P, (4...) et P:(%, .) sont deux points donnés par leurs coordonnées absolues, l’émanant est l’invariant fondamental du groupe. Lorsque les points sont réels et positifs, si à représente leur distance, on a ù ; > 4 {2 —= ch -; lorsque ces points ne sont pas réels tous les deux, /: admet diverses interprétations ; si nous avons, par exemple, affaire à deux plans réels sécants, se coupant sous l’angle ?, on à fi3 — cos i. Prenons deux points et disposons leurs coordonnées homogènes sur deux lignes, comme suit - ve >= 1x 1 ave 1x 1 » To Formons avec ce schéma les six mineurs l ME, Es), DES) P—(E TS) ; q — (7) ; —(n, 6) : A 1 <2 Nous regarderons ces déterminants comme définissant la droite P, P,; ces coordon- nées sont évidemment surabondantes et vérifient la relation lp + mg + nr = 0. (73) Réciproquement six quantités /, », n, p. q, r représentent toujours une droite sielles vérifient la condition (73); les équations de cette droite sont NE — Mr = PE , En; = 4, Mn UE —TrË,, et on reconnait que si 1 et 2 sont deux points quelconques appartenant à cette 76 C. CAILLER droite, les coordonnées !, … r ont bien les significations qui leur sont attribuées par les formules (72). Pour reconnaitre si une droite D({,… ») est réelle ou idéale, il faut savoir si les intersections de cette droite avec la sphère de l'infini sont réelles ou imaginaires. Dans ce but envisageons l'identité suivante, qui résulte des définitions (72) et de la théorie des formes adjointes PH M ne — pe — QE — 7 —=fh —fifo - (74) Si D est réelle, alors on peut aussi choisir réels les points P, (4, .….) et Pa(£, ….); de là fi — fo = + 1, et fi — ch? >> 1; ces formules supposent, il est vrai, les coordonnées £,, … Æ, … absolues, mais c’est une hypothèse indifférente. On a dès lors, pour une droite réelle, en vertu de (74), l'inégalité PERMET SRE 0 Si la droite D était idéale, 1 et 2 le seraient aussi; on aurait fy = fx = — 1, file = + 1; en outre, comme on a vu plus haut, fi, = cos à. Cette fois, la quantité Q— À Em ER pr sinin est négative. Ainsi, c’est le signe de + qui indique la situation de D(/, 7) par rapport à la sphère de l'infini. Le plus souvent, il importe de convertir les coordonnées homogènes l, … r, considérées jusqu'à présent en coordonnées absolues, de manière qu’en ait 9 = 1 selon que D est réelle ou idéale. On y arrive en divisant les déterminants (£ »,), … | © du schéma (72) par la quantité VE — PACS égale, suivant les cas, à sh El ou sin i. L'emploi de ces coordonnées absolues s'impose surtout quand on a affaire à des . ; Dar r droites réelles et, dans ce cas, nous prendrons toujours sh E positif. Alors les coor- données absolues, essentiellement indépendantes du choix sur D des points 1 et 2, changent cependant de signe quand on alterne ces points. On réalise ainsi l’avan- tage d’avoir deux représentations différentes {, m, n, p, q, v, et — 1, — m, —n, — p, — 4, —7r pour deux demi-droites opposées. Il reste entendu dans la suite . (Ë, r) que la droite D de coordonnées !/ — Cr , … est tracée de P, vers P2. ù sh k SUR LA NOTION DE COURBURE ip Nous n’aurons plus dans la suite à considérer les droites idéales: la raison en est la suivante. Prenons une droite quelconque et associons-lui sa conjuguée par rap- port à la sphère de l'infini. Les deux droites forment un couple, à correspondance biunivoque et réciproque, chacun des éléments du couple peut servir de représen- tant à l’autre et au couple entier. Or, de ces éléments, un et un seul est toujours réel. En invoquant le fait que deux points placés à volonté sur les deux droites conjuguées sont eux-mêmes conjugués, nous obtenons presque immédiatement les relations qui existent entre les coordonnées de deux droites conjuguées; ce sont nt 7 Tr, L —m ñ Bien que nous n’ayons plus à envisager désormais que des droites réelles, donnant 5 = + 1, il est important de se rappeler constamment l'existence de la conjuguée qui forme, pour ainsi dire, la réplique idéale de toute droite réelle donnée. C’est par là qu'on s’expliquera le caractère binaire des propriétés de la droite, le fait de l’existence de deux mvariants réels pour deux droites données, etc. Le mouvement. — Passons à l'étude du mouvement dans l’espace hyperbo- lique et proposons-nous de déterminer l'effet produit sur les coordonnées linéaires D({,.. r) par un déplacement quelconque. Au point du vue ponctuel, un déplacement est une des transformations du groupe projectif, à déterminant + 1, qui laisse invariante la forme f — £? — ;? — #7 — =; soit H ce groupe. Il est clair que toute transformation de H transforme linéaire- ment les mineurs (En) (rés). L'ensemble des déplacements constitue donc, en l, M, n, p, q, r, un groupe linéaire G à six paramètres, isomorphe au groupe ponctuel H. Représentons toujours par ©, ou »,,, la forme À + 2 Æ n° — jf — @ — par +,, l'émanant relatif à deux droites D, , D,, dont la première a été obtenue, par exemple, en joignant les points 1! et 2’, et la seconde en joignant les points 3’ et 4”. Empruntons à la théorie des formes adjointes l’identité bien connue EN RER Son premier membre ne change pas quand on exécute une des transformations du groupe H ; donc le groupe adjoint G laissera v,, invariant. On peut dire que G appartient à la fonction o Cette propriété ne suffit pas pour déterminer (Gr; je dis que G laisse encore MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. #7 (1911). 10 78 C. CAILLER invariant le trinôme /p + mg + nr. En effet, si le mouvement change /. 5», r en L, M, R, le trinôme LP + MQ + NR doit se réduire à zéro toutes les fois que /p + mg + nr est nul, ou que D(Z, »,… r) représente une droite. On aura done identiquement, pour toute transformation de (x, LP + MQ + NR — «(lp + mg + nr) . Enfin, puisque le déterminant de G est l’unité, et que af est l’invariant de la transformée, on à nécessairement aî — 1; or G est continu et possède la trans- formation identique, donc a — 1. En résumé on peut dire que le groupe G, à coefficients réels, laisse inva- riantes les formes 2 + m° —Æ n° — p? — q? — 72, et 1p Æ mg + nr. C’est dire qu’il laisse invariante la forme complexe © + 2% ({p + mg + nr), ou (+ ip} + (m + iq)ÿ + (n + ir} . Représentons dès lors par 2, w, » les trois coordonnées complexes de la droite, définies comme suit I—=i+ip, u—mEiÿg, v—n+ir. Le groupe G n’est plus que le groupe orthogonal ordinaire laissant invariante la forme 2? + 4? + ?: en effet, le décompte des paramètres du groupe ortho- gonal complexe montre que G@, qui est d'ordre 6, n’en peut pas être un sous-groupe. Pour obtenir la forme explicite de G, il suffira de prendre les formules ordi- naires de O. Rodrigues et dy remplacer les paramètres réels e, f, g, h par des quantités complexes quelconques. Les équations ainsi transformées contiennent six paramètres réels; le retour du groupe G ainsi constitué au groupe ponctuel H est facile, mais sans utilité pour nous. Invariant de deux droites. — La quantité 1 — 2,2, + mu, + »,%, est l’in- variant fondamental du groupe G ; nous avons à en rechercher la signification géo- métrique. En premier lieu, si deux droites se rencontrent sous un angle droit, nous ayons I — 0, car on pourrait les prendre comme axes coordonnés OX, OY, et pour ceux-ci HEIN EUE et dl e=0" ce qui donne | — 0. Réciproquement, si I — 0, je dis que nos deux droites D; (21, …) et Do(a, …) se coupent à angle droit. En effet, la première étant choisie pour axe OZ, la con- ES | .— — SUR LA NOTION DE COURBURE dition se réduit à », — 0. Les coordonnées réelles de D, sont alors la, Ma (OH Dis Tata A0 ? A et ses équations Mi: — Né Er UE, Cum UE =0., (75) sont satisfaites par le point appartenant aussi à l’axe OZ et dont les coordonnées sont !, 4 2 —— >, 1—=0, 0, :— 2 — ; VE — q ceci à cause de l'identité /,p, + m,q, — 0 que nous savons vérifiée. La même identité, jointe à la condition & + m3 — pi — 4; — 1, donne Ê— q;>0; par suite, le point commun à deux droites Di, D: d’invariant nul est nécessairement réel. Prenons toujours D, comme axe OZ ; faisons passer le plan XOZ par D;, les équations (75) doivent avoir pour conséquence £ — 0; ainsi, d’après la dernière, m, — 0, puis, par la première p, — 0. Si enfin l’origine est au point commun il faut que g, — 0, et l’on aura finalement pour les coordonnées de D, LENS EN EEE Te La droite D, coïncide avec OX, elle rencontre bien D,, où OZ, sous un angle droit. De là résulte qu'une équation linéaire telle que a + bu + œ—=0 , représente la congruence des droites normales à un axe dont les coordonnées’sont a, b, c; c’est, si l’on préfère, l’ensemble des sécantes communes à une droite fixe et à sa conjuguée. Il suit encore de ce qui précède que deux droites D, (,, …) et D: (22, ….) admettent toujours une et une seule perpendiculaire commune déterminée par les coordonnées homogènes L — (4,2), M = (2,2,), N = (,p,). Toutefois il y aurait exception si L? + M? + N° — (2,72) + (44)* + Qu) Ur ce cas qui est évidemment celui du parallélisme se reconnait aussi par l'égalité I— TE 2e Palo cr = +1 80 C. CAILLER Nous sommes maintenant à même de déterminer dans tous les cas la signifi- cation de l’invariant I. La voici. Tirons la perpendiculaire commune aux droites D, et D:, soient £ sa longueur (le module # de la Géométrie de Lobatchewski est pris comme unité pour simplifier l'écriture), z l'angle des deux droites mesuré par celui de deux plans respectivement perpendiculaires à chacune et menés par la perpendiculaire commune. On à alors (== DE + Ua a + Y,%a — COS (x + Bi) . L'application correcte de cette formule exige qu'on ait fixé avec précision la valeur de z parmi toutes les déterminations possibles de cet angle. Convenons que G est toujours positif ; plaçons un observateur le long de la per- pendiculaire commune, les pieds en Di, la tête au delà de D:, + est alors l’angle po- laire dont il faut faire tourner, de la gauche à la droite de cet observateur. la ligne D, pour qu’elle soit recouverte par D,. L'ordre de numérotation des droites est sans effet sur la quantité z + fi, tandis que le renversement d’une seule d’entre elles, changeant > + Gi en 7 + > + Gi, transforme I en — I comme il fallait. La justification de la règle est facile. Prenons en effet les équations paramé- triques d’une demi-droite D, issue d’un point P(E, x, £, =) perpendiculairement à un plan Q(u, v, #, t) qui passe en P. Ce sont E —£chs— ushs , Z—&tchs +uwshs , H= »chs Evshs, D RCRS ENISRS Les coordonnées absolues /, 2, n, p, q, r de cette demi-droite se déduisent done du schéma A ñ a TAN — Ù a l Choisissons D, pour axe OZ, et supposons que D,, perpendiculaire à OX, le rencontre à la distance B de l’origine, tout en faisant avec OZ l'angle > défini ci-dessus. Les éléments du schéma précédent sont chB sh G 0 0 0 0 — Si à COS & , et les valeurs qui en résultent pour /, 2, #, p, q, r, sont 0, — chBsinz, chBcosa, 0,—sh£Gcosx, —shGsina, d'où —V0}# = — sin (& + Gi) ° y — COS (x + Bt) . (76) et. SUR LA NOTION DE COURBURE SI La dernière valeur écrite est justement la formule à démontrer ; un instant d'attention sufht pour reconnaitre l'exactitude des règles posées plus haut pour la détermination précise des quantités - et 5. Je tire encore une conséquence de ces formules (76). Si on fait, pour abréger, « — z + Gi, et qu'on déduise les coordonnées abso- lues de la perpendiculaire commune à deux droites D, (2, …) et D:(22, …) sous la forme (u,%) (AL) Ii IT Sin u LD Sin cette perpendiculaire est toujours dirigée de D, vers D,; il suffira de vérifier cette règle quand D, coïncide avec OZ, et D, avec la droite (76). $ 10. Courbure complexe des surfaces réglées. Il n’est pas question d'exposer ici dans tous ses détails la Géométrie réglée de Lobatchewski. Ainsi que je l'ai annoncé, je me bornerai à appliquer simplement les formules démontrées plus haut à propos de la courbure des courbes planes en y remplaçant la forme f par sa nouvelle valeur f — :? + 1? + À. Afin d'éviter toute confusion, j'appellerai courbure complexe d'une surface gauche la quantité complexe a 2 RTS QE . SR CE AS : ; qui va jouer le même rôle que l'expression réelle ne dans les théories précédentes. Ai Par suite d’analogies évidentes avec les propriétés des courbes gauches ordinaires, l'analyse actuelle est très élémentaire et ne nécessite que quelques explications supplémentaires. Invariant de deux droites voisines. — Si D...) et D'(2 + d,….) sont ces droites, leur invariant sera dé = di? + dif + dÀ, et on extraira la racine carrée avec un signe positif pour la partie imaginaire de ds. Alors si dz et d5 représentent l'angle et la distance des deux droites voisines, mesurés comme dit plus haut, on à do — da + idB . 82 C. CAILLER En outre le rapport Fe représente le paramètre de distribution et régit la posi- tion des plans tangents à la surface menés aux divers points d’une même génératrice; on suppose, bien entendu, à, u, » fonctions d’un seul paramètre réel £. Prenons D (f) comme axe des z, le point central comme origine, comme axe OX la plus courte distance de D (4) à la génératrice voisine D'(4 + dt) (fig. 16). Par rapport à ce système d’axes les coordonnées complexes de D' sont, d’après les formules (76) JA —I0E g' = — sin ds = — ds , D COS oil Fig. 16. Les coordonnées réelles D’({,... >) qui en dérivent sont données par le tableau QE PT AS ET ete d’où résultent, pour la représentation paramétrique de notre droite D’, les formules ECRSAR 1 — Chs dB , E— — shs da , PSS TE) dans lesquelles s joue le rôle de variable indépendante. Or au point M situé sur la droite D à la distance s de son point central, le plan tangent possède une équation de la forme #; + wé — 0, et si on exprime que ce plan contient le point M’ (77) de la génératrice D’, on trouve 1 dashs + EdGchs = 0 . Ainsi w étant l’angle de notre plan tangent avec le plan des 2, angle compté dans le sens direct autour de OD, on à (4 da WO=I=—= Te US , f ; a © Ô < se da x : À : 2 formule qui assigne bien à la quantité de Son role comme paramètre de distribution. (2 Elle fait voir que, dans la Géométrie hyperbolique, tous les plans tangents le long de D sont compris entre deux positions limites qui ne sont pas rectangulaires. Il est clair aussi que cette Géométrie nous présente deux catégories de surfaces dévelop- pables. Pour l’une de ces catégories, de — 0, le plan tangent en tout point de la SUR LA NOTION DE COURBURE 89 génératrice coïncide avec XOZ, pour l’autre 45 — 0, le plan tangent coïncide avec YOZ. Axe instantané et vitesse instantanée. — Si un corps se meut dans l’espace, toute droite D(}, ..), liée à ce corps, éprouve un déplacement particulier, et il existe toujours, comme on à vu au $ ?, trois constantes infiniment petites telles que ! di = qy — ru AW— TX — y, (y = Du — Q) . fl be; l l L’axe de coordonnées homogènes p, g, r, est l’axe instantané, son sens dépend du signe attribué au radical V/p* + g° + »? lequel prendra le nom de vitesse èns- tantanée. | L'interprétation de ces éléments est immédiate, Car la droite aux coordonnées homogènes d}, du, dy, se trouve être la perpendicu- laire élevée par le point central O, à OD d’une part, et de l’autre à la ligne OO’ normale commune à D(:, …) et D'(2 + d2, …). Les déterminants (q), (»2), (pu) représentent la plus courte distance F des droites A (p, q, r) et D(2, ….). Ainsi, tout d’abord, si on tire cette perpendicu- laire commune F — O0, le point central de la géné- ratrice D en est le pied O (fig. 17); le déplacement OO’ du point central s'exécute normalement au plan RER O0, D. En second lieu, si l’on fait VRP + ® Er — du + idg = dQ , (TS) l'invariant de? de OD avec sa position infiniment voisine O’ D’ est donné par de = de + du + 22 —(q} + (0) + (pu) = ds u , ou bien ds = dQ sin u , formule dans laquelle « est l’invariant complexe des droites A et D et qui achève de déterminer la position de D’ relativement à D. En appliquant cette même formule (78) au déplacement d’une droite D tirée perpendiculairement à À, ce qui donne « — 90° et sin u — 1, on reconnait immé- diatement la signification des constantes dg et du qui composent dQ. Elles mesu- ? Bien entendu, ces lettres p, q,r n’ont aucun rapport avec les coordonnées réelles d’une droite D({, m, n, p, q r). 84 C. CAILLER rent l’une le glissement élémentaire, l’autre l'angle de rotation d'un mouvement hélicoïdal qui s'exécute autour de A. Courbure complexe de la surface réglée. — Soient D, (1, ….) la droite, fonction de #, qui engendre la surface quand varie le paramètre réel £ Posons do? = Un un du? nu À? s et do, = dx + id B, avec dB A0 Associons à cette première droite D, deux autres droites D, et D; suivant les formules (4 ). 5e ) 26 —= TN ee a = Me 1 ds a 7 do, 2 Ty es di, ES dy, % dy, En ; Va = — 7 : W== ES 3 do, ? is do, 73 ds, Alors D, est la perpendiculaire commune à D, et sa position infiniment voisine, D; est la normale aux deux autres menée par le point central du côté positif; ainsi D,, D, D, constituent un trièdre rectangulaire qui se déplace quand # varie. Nous avons dès lors les formules de Frenet ; ce sont À, = | 2, u2 dr, | Æ == do, ; ou [2 À 1 2 a | == + 1 5 L du, d dy, A = l,nd,|= |, ds, ds, ds, LME do, À, . du, à d = ) | ’ ets É do, A, "4 ds 1 do, lo, enfin a, Le dy Le Ds FA Go) GE 3? do, Heie do, : Van: et leurs analogues en y et ». En outre, le mouvement instantané du trièdre mobile est défini par les relations di. CES dy dt — (q») ; dt — (r) , dt — (pu) ; avec les valeurs suivantes pour la vitesse instantanée f dy, p—), AT A— (ea =) do ; 25 SUR LA NOTION DE COURBURE 8) 3) 4 = bÀs — là A, — Be dr ) ds ; \ 3/ de plus D + +r= de di + doi = di(1 + À) . L’axe instantané A (p, q, r), défini par les formules précédentes se nommera l'axe de courbure de la surface engendrée par D: il est conjoint à Ds, comme D: l'est à Di et, à ce titre, il rencontre toujours Da sous un angle droit (fig. 18). La surface conjointe D; admettra cette même droite À pour son axe de courbure. me ARE L Quant à la quantité ; — — A, qui repré- 1 sente la courbure complexe de la surface D,, elle ds, est égale au rapport > des éléments complexes 71 Fig. 18. décrits simultanément par les conjointes D, et D. Pris dans l’ordre inverse, ce rapport nous donnera la courbure de la surface D. Sans nous occuper en détail de la signification géométrique de cette notion de courbure complexe, étude qui sortirait du cadre de ce travail, remarquons que, indépendamment des raisons d’analogie qui lui ont donné naissance, son introduc- tion dans la théorie des surfaces gauches se justifie complètement. En effet, la con- naissance en fonction de {, des seules quantités = abstraction faite de sa situation dans l’espace. Autrement dit, les invariants de po- et permet de définir la surface, sition de la surface réglée sont au nombre de trois réels, qui sont le paramètre de CRE AUE distribution —— ds La chose est évidente; car si les trois quantités sont données en #, ds, l'est , et les deux parties réelle et imaginaire de la courbure complexe. aussi, l'intégration des équations de Frenet fournira done sans ambiguïté les valeurs 2: 2: qui déterminent la surface. Il n’en est plus ainsi si on se borne à imposer 1 « . 17 (e à la surface une seule condition concernant sa courbure complexe : l’élément 1 (172 restant inconnu, le problème comporte une infinité de solutions. MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1911). 11 86 C. CAILLER Pour éclaircir ce point, traitons un exemple particulier et cherchons la sur- face dont la courbure complexe est constante. Soit, pour abréger 2 — VI +, prenons pour système d’axes coordonnés la position initiale 5; — 0 du trièdre D, D:D;. L'intégration du système de Frenet (79) nous doune immédiatement o È Il ; Ie 1 —=$& —+ S cos ds D — de (L — cos ds) , = —&SinÛT ,; (80) Norris 5 RM CEE 1 5 1 + -° cos ds 2, = & (1 — cos d), D : V A SMÔT , (81) 2e 2 2 LRRne ds a y, — COS Da 82 re 0 HS SM 07 % — COS ÔS , (82) et il semble qu’on soit en présence d'équations complètement déterminées pour re- présenter la surface. Mais en réalité il n’en est rien, car & étant complexe, peut se décomposer en 5 — + + Gi, et les formules précédentes qui dépendent implici- tement de deux paramètres + et 5 définissent une bisérie de positions. Les surfaces cherchées seront toutes celles dont les génératrices appartiennent à la congruence (80), laquelle est complètement déterminée par la condition 7h T7: Pour le dire en passant, cette congruence, comprenant toutes les droites d’in- variant constant par rapport à un certain axe fixe, joue dans la Géométrie réglée un role presque identique à celui du cercle en Géométrie plane. La propriété qu'ont les surfaces de la congruence au point de vue de leur courbure complexe est un exemple de cette analogie. Pour montrer sur un second exemple lintérêt qui s'attache à cette notion de courbure complexe, considérons une surface développable de la première catégorie dB — 0; c’est une développable comme celles qu'on étudie dans la Géométrie ordi- naire. Quand la droite D, enveloppe l’arête de rebroussement, D, est sur la binor- male, D, sur la normale principale à cette arête. Il est clair qu’en désignant par ds Vélément de Parète, par L la courbure, et par £ la torsion de la courbe, les élé- 2] l ments do, et ds, ont les significations ds ds “À Er d 7 2 SUR LA NOTION DE COURBURE 87 La courbure complexe, étant leur quotient, vaudra = - + io ; (S3) 7 de la sorte le calcul de > fournira, d’un seul coup, les valeurs de la courbure et de la torsion d’une courbe gauche quelconque. J'ajoute qu’on aura formule qui définit immédiatement les déplacements linéaire et angulaire de la normale principale, Les calculs détaillés sont fort simples, quoique un peu trop longs pour trouver place ici. Roulement de deux surfaces réglées. — Le roulement dont il s’agit ici est complexe ; il est, en fait, toujours accompagné d'un glissement élémentaire le long des génératrices en contact, et se compose d’une infinité de mouvements hélicoïdaux successifs. Soit une surface réglée D(£); prenons une génératrice D (4) comme origine, et mesurons la distance de la génératrice variable D(#) à la génératrice initiale D (4) par la quantité complexe l t x A+iB— /d— | (da + idp). to lo Sur une seconde surface réglée D'(#), prenons de même une génératrice mi- tiale D’(#), et déterminons la distance de D'(u) à D'(#5) par une quantité sem- blable A’ — 5B'. Il y aura correspondance entre les génératrices D(£) et D'(w) quand PEAR AE TRE ou MA Ar ete-B—R Si on transporte le trièdre D, D, D, qui dépend de f, sur le trièdre correspon- dant D, D, D, qui dépend de #, la surface D solidaire du premier de ces trièdres exécute le mouvement de roulement à étudier. Cette définition est identique à celle du roulement des courbes, mais il faut observer qu'il y a actuellement deux condi- tions pour la correspondance, à savoir À — A’ et B — B'. C’est donc seulement dans des cas particuliers qu'une surface réglée peut rouler sur une autre. En prenant comme variables, au lieu de # et w, les angles Z et ', la premiere condition de correspondance est simplement 3 — 2’, dB ap’ da dx et la deuxieme se réduit à . C’est la condition de possibilité cherchée, elle signifie que sur les géné- Rte] C. CAILLER ratrices correspondantes, les paramètres de distribution doivent être égaux. De la sorte, en supposant cette condition remplie, quand D roule sur D’, les surfaces sont en contact tout le long de la génératrice commune. Si maintenant on laisse fixes les surfaces D et D', et qu’on les fasse parcourir par les génératrices D, et D’, les trièdres principaux D,D,D, et D'D,D, éprouvent les mouvements dus aux vitesses instantanées respectives qui sont, ! PNA LA Tone pe AS Ar, ? D DEA 4 —puÂs — po , j — As — A, r—nAs—vA , r' y A, — % À, Les premières changent de signe quand on maintient le trièdre D, D, D; immo- bile et qu’on fait glisser sous lui la surface D; ainsi le mouvement de roulement de D sur D’ donne naissance aux vitesses angulaires P=p—p, Q—g—g, R=r—r Dé plus, au moment du contact, À =, 2,10 di, etA; "A: On aura donc, exactement comme dans le cas des courbes planes P = Ju (Ao D A°) PRE ou P = A doi (y — 7) ee: (84) D’après ce résultat l’axe instantané coïncide avec la génératrice de contact, tandis que la quantité d(y! — ;), où ; et y’ sont les courbures complexes de la roulette et de la base, mesure l'intensité dQ du mouvement hélicoïdal élémentaire. Il est à peine nécessaire de remarquer que la solution du problème des déve- loppées des surfaces gauches résulte immédiatement de ce qui précède et des expli- cations contenues au $ 7. Voici le résumé de cette théorie. Pendant que la génératrice D; engendre la surface D maintenue fixe, l’axe de courbure A (p, q, r) décrit dans l’espace la surface développée de D. Par rapport au trièdre D, D,D, cette même ligne A (p, q, r) engendre un certain conoïde droit Q dont l’axe est D,. Il est évident que le dit conoïde roule sur la développée. Réciproquement, étant donnée la développée, on peut toujours construire un conoïde droit ( tel que la distance t f&=A+i8, e lo qui sépare deux de ses génératrices soit égale à la distance A’ — :B' de deux gé- nératrices de notre développée. Dans ces conditions si on fait rouler Q sur la sur- SUR LA NOTION DE COURBURE 89 face donnée, une droite quelconque perpendiculaire à l'axe du conoïde engendrera une surface développante. Il existe une double infinité de ces développantes, leur distance mesurée par l'invariant des génératrices correspondantes est constante, Pour prendre un second exemple de roulement complexe, considérons encore deux lignes gauches quelconques, et faisons en correspondre les points de manière s 3 que l’angle total de contingence + — | ë soit le même pour deux arcs correspon- JP dants. Si on prend alors pour D,(2,, ….) et Di(4, ….) les tangentes aux points cor- respondants, on voit, à cause de l'égalité A + ÿB — A! + :B', laquelle est évi- demment satisfaite, que les surfaces D et D’ peuvent rouler l’une sur l’autre. Pen- dant ce roulement la courbe mobile liée à D se met en contact avec la courbe fixe aux divers points correspondants, et cela avec coïncidence des plans osculateurs. Le déplacement élémentaire de D est hélicoïdal autour de la tangente commune, et les composantes linéaire et angulaire de ce déplacement sont fournies par les relations Fu \ do = dx Ê = É : dg = da(p' — 5) , 1.71 ; : dans lesquelles — et — sont, avec les signes convenables, les courbures et torsions de nos deux courbes aux points correspondants. Ces formules ne sont qu’une application immédiate des relations (83) et (84). Le mouvement lui-méme est une simple extension au cas de l’espace du roulement de deuxième espèce décrit au $ 7 pour les seules courbes planes, J'ajoute enfin, afin d'achever la revision des formules établies dans la première partie de ce travail, l’énoncé sous lequel se présente maintenant le théorème de Savary. Si la surface D(,, .….) roule sur une autre surface D’, une droite R(, v. ») fixement liée à la figure mobile engendre une surface gauche, La courbure com- plexe de cette roulette est fournie par la formule de Savary 1 cos (RD;) cot (RD) + Nr) si (RD)) : Les quantités y et >’ représentent ici les courbures complexes des surfaces roulantes, tandis que RD, et RD, désignent les invariants RD, — 2%, + Gi, RD, = +, + Gi, de la génératrice R relativement aux arêtes D, et D, du trièdre principal D, D, D, . 90 C. CAILLER La règle d’après laquelle la droite D,(3,, …) fonctionne comme l’axe instan- tané du mouvement de roulement nous donnait déjà le paramètre de distribution de la surface roulette R. Ce qui fait ici l'importance de la formule de Savary c’est que, déterminant la courbure complexe de cette même roulette, elle achève d’en donner une définition intrinsèque, indépendante de tout système d’axes. Nous sommes ainsi parvenus au terme de notre tâche, en fixant successivement la signification, pour la Géométrie hyperbolique réglée, des formules de courbure obtenues d'abord en Géométrie plane. Le lecteur développera sans peine les résul- tats que nous n'avons fait qu'indiquer; il est inutile, sans doute, de lui faire obser- ver que la majeure partie d’entre eux restent valables, moyennant des modifications parfois assez profondes il est vrai, dans la (réométrie cuclidienne réglée. Ze A: Se US AS AS AS UN 4 17 il 2. — 0. TABLE DES MATIÈRES — Invariant de deux points infiniment voisins . — Mouvement infiniment petit d’un plan sur lui-même. 3. — Couples de Points et Formule fondamentale . 4. — Couples conjoints. Courbure et centre de courbure 5. — Théorie de la Courbure des Courbes planes . 6. à 8. BE — Résumé des Formules et Cas particuliers . — Développées et Développantes . — Le roulement. Formules de Savary . — Généralités sur la Géométrie réglée de Lobatchewski. — Courbure complexe des surfaces réglées . Cd] 5 on, # SE # mA vu Le FER me IA Las ae REC K PROLATE PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE La Société peut disposer de deux collections complètes de ses Mémoires. (Tomes 1-36 et volume du centenaire.) Pour traiter, s'adresser au secrétaire des publications. (Adresse de la Société : M. le secrétaire des publications de la Soc. de physique, P. A.: au Museum d’hist. naturelle, Genève, Suisse.) Comptes rendus des séances de la Société (in-8°). Tomes I-XX VII (1884-1910). Prix Fr. 25 Liste des publications des membres de la Société (1883) in-8° avec supplément (1896) PEIRS Eu CRM MR ETES MAN PT PT ENT AO LUE ARR PO ET Imprimerie Albert Kündig, Genève. MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE Volume 37 FASCICULE +3. — (JUIN 1912) RAPPORT DU PRÉSIDENT DE LA SOCIÈTÉ POUR 1911. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES MÉCANISMES DU MÉLANISME ET DE L ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES par A. PICTET Avec 5 planches GENÈVE | PARIS GEORG & Uie | G. FISCHBACHER BALE et LYON méme maison. 33, rue de Seine. DE | FASCICULE 3, VOLUME 37 0 4 & : 2 à PE < D. j HE " ; : - < à - ra & £ on : ÿ +30 Rapport du Président de la Société de physique ot d'histoire naturelle de Genève pour 1911 par M. Emize CHax . . . RE M no cb ar ou sou CD à Recherches expérimentales sur les mécanismes du mélanisme et de l'albinisme chez à Re 7 # ; les lépidoptères par ARNOLD Piorer, avec les planches 1à5 MEN tn Ke Et ; L > . . : 2 els À ‘ à $ è v + : LL. e x Ë 51 | ; 2. } + 4 z { « 0 a / É RAPPORT DU PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE POUR L'ANNÉE 1911 PAR M. Emile CHAIX MONSIEUR LE PRÉSIDENT, MESSIEURS ET CHERS COLLÈGUES, Vous avez bien voulu m'honorer de la présidence de la Société de Physique et d'Histoire naturelle pendant l’année 1911; je vous remercie encore de cet honneur, et, comme dernière manifestation de mes fonctions, je vais retracer brièvement la vie et l’activité scientifique de notre Société. Nous avons perdu cinq des savants que nous nous étions associés comme mem- bres honoraires : Félix Plateau, mort le 8 mars à l’age de 70 ans; W.-V. Spring, mort le 17 juillet à 63 ans; A. Michel-Lévy, mort le 25 septembre à 67 ans; W. Louguinine, décédé le 26 octobre à l’âge de 77 ans; enfin Sir Jos. Hooker, mort le 10 décembre, àgé de 94 ans. Tous travaillaient encore activement pour la MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NA. DE GENÈVE, VOL. 87 (19192). 12 94 RAPPORT DU PRÉSIDENT science, en sorte que leur mort est non seulement un chagrin pour leurs familles, auxquelles nous exprimons notre profonde sympathie, mais une très grande perte pour la science. Je vous rappellerai dans un moment leur vie et leurs travaux scientifiques. Voici en quelques mots les faits qui jalonnent l'existence de notre Société : Dans l’Assemblée générale du 19 janvier, vous avez nommé M. le D' Maurice Gautier aux fonctions de vice-président, M. le D' Fr.-L. Perrot à celles de secré- taire-correspondant pour une nouvelle période de 3 ans, et MM. Augustin de Can- dolle et Frédéric Reverdin comme nouveaux membres du Comité de rédaction. M. le D' Battelli et M. Arnold Pictet conservaient leurs fonctions de secrétaire et de trésorier. Je ne pourrais assez remercier tous ces Messieurs de leur amabilité et de leur activité — l’une et l’autre étaient d'autant plus nécessaires, que votre président se trouvait surchargé de travail d’une manière tellement exceptionnelle que son activité comme président en a souffert bien des fois. Nous n'avons nommé cette année qu'un membre honoraire, M. le professeur Giovanni Cappellini, de Bologne, le pionnier de la géologie italienne, — deux membres ordinaires, MM. les D' A. Schidlof et Georges Baume, — et un associé libre, M. André Chaix. — Nous avons entendu d'intéressantes communications de ces trois collègues, et je leur réitère mes souhaits de bienvenue. Le Comité de publication s'est réuni quatre fois et je vous rappelle que, sur sa proposition, vous avez voté des modifications aux articles 38 et 41 de notre règle- ment (parues avec le rapport de 1910) et que vous avez alloué une somme de 200 francs comme subvention à la 2° édition de la Bibliographie de M. Boubier. Dans nos 16 séances ordinaires, vous avez entendu 41 communications scien- tifiques, sur lesquelles je reviendrai dans un instant. Notre Société à pris part à la 44° réunion de la Société helvétique des Sciences naturelles, qui avait lieu à Soleure du 30 juillet au 2 août. M. Maurice Gautier ayant été empêché d'y venir, votre président a été votre seul représentant officiel ; mais un grand nombre de nos collègues ont pris part à la réunion — qui à été très intéressante et très bien organisée. La Société vaudoise des Sciences naturelles, qui se réunissait à Nyon, et la Murithienne, qui siégeait à Sierre, ont eu l’amabilité de nous inviter. Dans ces deux occasions, c’est M. Frédéric Reverdin qui a bien voulu nous représenter, votre pré- sident en étant empéché, à son grand regret, par son travail. POUR L'ANNÉE 1911 95 NOTICES BIOGRAPHIQUES FÉLIX PLATEAU I était fils du physicien Joseph Plateau, professeur à Gand: il est né à Gand le 16 juin 1844, c'est à l’Université de Gand qu'il a professé de longues années et c’est là qu'il est mort le 4 mars 1911. Son existence s’est donc déroulée entière dans sa ville natale, mais son travail scientifique à une importance universelle, Il avait des qualités rares de persévérance et de méthode et fut lun des pre- miers qui appliquât à l'étude des animaux inférieurs les méthodes de la physiologie, et comme il poursuivit pendant un très grand nombre d'années des observations ayant un but bien défini et constant, il laisse une œuvre d'une remarquable unité et d'une grande valeur pour la science; il a fait beaucoup progresser le champ d’études qu'il avait choisi. Une liste méme incomplète de ses publications donnera une idée de l'impor- tance de son labeur. La plupart de ses recherches ont été publiées par l'Académie de Belgique soit dans son Bulletin. soit dans ses Mémoires : Sur la force musculaire des insectes, Pull, 2° série, 1865, XX, et 1866, XXII. — Ja vision chez les poissons et les amphibies, Mém. in-4°, XXXHT, 1866, — Obser- vations sur l'Argyronète aquatique, Bull, 2° sér., XXII, 1867. — Etudes sur la parthénogénèse, thèse pour le doctorat spécial en science zoologique, in-8°, 1868. — Recherches sur les Crustacés d'eau douce de Belgique, Mém., XXXIV et XXXV, 1868 et 1870. — Recherches physico-chimiques sur les Articulés aquatiques, ! Je tiens à dire que je dois la plupart des documents relatifs à ces notices à MM. Emile Yung et Frédéric Graves (Liège) en ce qui concerne M. Plateau; Fréd, Reverdin et M. Ph. Guye en ce qui concerne M. Spring; A. Brun pour Michel-Lévy; Ph. Guye et Ch, Guillaume pour Louguinine ; Casimir de Candolle pour Hooker. 96 RAPPORT DU PRÉSIDENT Mém., XXXVI, 1870. Matériaux pour la faune belge. Crustacés isopodes terres- tres, Bull., XXIX, 1870. — Idem. Myriapodes, Bull., XXXIT, 1872. — Un parasite des Chéiroptères de Belgique, Bull., XXXVI, 1873. — Un procédé pour rendre leur couleur aux muscles conservés dans l’alcoo!, Bull., XXXVHL, 1874. — Recherches sur les phénomènes de digestion chez les Insectes, Mém., XLI, 1874. — Note sur les phénomènes de la digestion chez la Blatte américaine, Bull., XLi, 1876. -— Note sur les phénomènes de la digestion et la structure de l'appareil digestif chez les Phalangides, Bull., XL, 1876. — Idem. chez les Myriapodes de Belgique, Mém., XL, 1876. — Idem. chez les Aranéides dipneumones, Bull, XLIV, 1878. — Recherches expérimentales sur les mouvements respiratoires des Insectes, Bull. 3e série, 11, 1882. — Recherches sur la force absolue des muscles des invertébrés. Mollusques lamellibranches, Bull., 3° série, VI, 1883. — Idem. Crustacés décapodes, Bull., Vi, 1884. — Recherches sur les mouvements respiratoires des Insectes, Mém., in-4°, XLY, 1884. — Recherches expérimentales sur la vision chez les Insec- tes, Bull., X, 1885. — Idem. chez les Arthropodes, Bull, XIV, 1887 et XV et XVI, 1888. — La ressemblance protectrice dans le règne animal, Bull., XXII, 1892. — Un filet empéche-t-il le passage des insectes ailés? Bull., XXX, 1895. — Comment les fleurs attirent-elles les insectes? Bull, 3° série, XXX, 1895; XXXII et XXXINI, 1896; xxxIV, 1897. — Les pavots décolorés et les Insectes visiteurs, Bull. Classe des Se., 1902. — Note sur l'emploi d’une glace étamée dans l’étude des rapports entre les insectes et les fleurs, 4bid., 1905. — Idem. sur l'emploi de récipients en verre, #bid., 1906. — Les fleurs artificielles attirent-elles les insectes ? Mém. Acad. Belgique, in-8°, 2° série, 1, 1906. Cette énumération chronologique montre l’évolution graduelle des recherches de Plateau, passant de l'animal lui-même à ses relations extérieures. A côté des travaux publiés par l’Académie de Belgique, Félix Plateau laisse un nombre énorme d'articles de toutes dimensions dispersés dans des périodiques nationaux ou étrangers, et beaucoup de ces articles sont originaux, ainsi: Les Palpes des Arthropodes, dans Mém. de la Soc. zool. de France; le Macroglosse, l'adhérence des mâles de Ditiscides, la fonction des antennes de Periplaneta, dans Ann. Soc. entom. de Belgique; le vol des Coléoptères, le Centre de gravité des Insectes, dans Bibl. univ. de Genève, etc., etc. — Il a donné les articles Abeille, Arachnides et Crustacés au Dictionnaire de Physiologie de Richet et sa Zoologie élémentaire à eu deux éditions. Félix Plateau fut reçu dès 1874 à l’Académie Royale de Belgique, Classe des Sciences. Notre Société l’a nommé membre honoraire dès 1869. Nous présentons à sa veuve l'hommage de notre respectueuse sympathie. POUR L'ANNÉE 1911 97 WALTHÈRE SPRING (1548-1911) Walthère-Victor Spring est né à Liège, le 6 mars 1848. Il fit ses premières études à l’école de la fabrique d'armes, puis, de 1867 à 1872 au Polytechnicum de Liège, d'où il sortit avec le diplôme d'ingénieur des mines. Mais, comme la chi- mie physique l’attirait, il alla passer deux années à l'Université de Bonn, pour tra- vailler avec Clausius et Kekulé. L'Université de Liège le nomma professeur extraordinaire de physique mathé- matique en 1875 et de chimie générale en 1876. Il devint professeur ordinaire en 1880, et fut enfin chargé de la chimie spéciale depuis 1884. Il à continué son activité jusqu'à sa mort, qui a eu lieu le 17 juillet 1911. Dans son enseignement W. Spring fut toujours extrémement clair, et son adresse comme expérimentateur était extraordinaire. Dans son travail personnel il a montré une + imagination scientifique > remar- quable, beaucoup d’originalité, et une très grande habileté à indiquer les applica- tions pratiques des découvertes. Il à publié un nombre énorme de travaux, sur des branches très diverses de sa science, mais on peut cependant indiquer trois directions principales de ses recher- ches : d’abord la chimie pure, anorganique; ensuite la chimie physique, où il fut un pionnier remarquable et à laquelle il a consacré la plus grande partie de son travail; enfin des questions plutôt physiques. Dans le premier genre d’études, on peut signaler, de 1874 à 1876 ses recher- ches sur la chimie du soufre et les acides thioniques; de 1881 à 1883 ses travaux sur l’éther hyposulfureux, sur les dérivés sulfonés, sur un hydrate du soufre, sur l'allotropie du soufre. En chimie physique son activité fut considérable, notamment sur les relations entre l’état solide d’un corps et ses autres états, sur la soudure des métaux, leur solution solide, la pénétration réciproque des solides, leur plasticité. Il à travaillé à ces questions depuis 1878 jusqu à ces dernières années. Il à surtout étudié l'action de la pression sur les solides, expérimentant, en sénéral, à 6 ou 8000 atmosphères, mais parfois jusqu’à 20,000, C’est ainsi qu'il a transformé les corps pulvérulents en solides (carbonate de chaux pulvérisé, sciure de bois, ete.); qu'il à fait une série de synthèses par simple pression (sulfures, arsé- 98 RAPPORT DU PRÉSIDENT niures, alliages), et, dans ces réactions il a prouvé que ce n’est pas la chaleur déve- loppée par la pression qui agit, car il montre, entre autres preuves, que de la poudre à canon ne s’enflamme pas sous une pression de 7 à 10,000 atmosphères. Il par- tait du principe que mouvements moléculaires et aptitudes à réagir existent aussi bien dans les solides que dans les liquides et les gaz, et qu'il suffit de favoriser les rapprochements moléculaires par l'intervention de la pression. Il à créé par pres- sion des formes allotropiques de divers corps: il à prouvé la pseudo-fusion de ceux qui subissent une diminution de densité sous l’action de la pression; il a montré que certains hydrates et les sulfates acides perdent leur eau de cristallisation et leur acide en excès: il à étudié la formation des roches feuilletées et celle des cal- caires métamorphiques. Enfin il à montré la diffusion réciproque de métaux solides (notamment plomb et étain) mis en simple contact et sous une pression pas trés considérable, et à posé ainsi les bases expérimentales de la théorie des solutions solides. Dans le groupe de ses dernières recherches, de nature plutôt physique, men- tionnons ses observations sur la liquéfaction des solides quand la pression dépasse leur limite de plasticité, sur la couleur de l’eau chimiquement pure, sujet qu'il avait très brillamment exposé en 1902 à la réunion de la Société helvétique des Sciences naturelles à Genève, sur les alcools (1896), sur l'eau oxygénée, sur la chaleur spé- cifique et le coefficient d'expansion des alliages, sur la transparence des liquides et des solides, sur les milieux optiquement vides (1899), ete.; enfin ses travaux tres importants sur les milieux troubles (1900), notamment sur leur floculation et sur la nature des solutions colloïdales, qui l'ont amené au calcul de la limite supérieure des dimensions de la molécule, toutes études qui ont abouti à l'invention de Pultra- microscopie. La mort d'un travailleur de cette puissance est un deuil pour la science uni- verselle. Spring entra en 1884 à l'Académie de Belgique et en fut président depuis 1899. L'Université de Bruxelles et celle de Genève lui conférerent le titre de Doctor honoris causa. Enfin il fut élu membre honoraire de notre Société en 1905. AUGUSTE MICHEL-LÉVY (1844-1911) A. Michel-Lévy était né à Paris, en 1844; il y est mort le 25 septembre der- nier. Il termina ses études à l'Ecole polytechnique, dont il fut un des élèves les plus POUR L'ANNÉE 1911 99 remarquables ; il en sortit premier, et entra au Corps des Mines, où il fit toute sa carrière; il était Inspecteur général de 1'° classe quand il mourut. Il fut d’abord assistant de F. Fouqué au Collège de France; à partir de 1880, directeur du laboratoire, puis professeur. Il à été jusqu'à sa mort directeur des Services de la Carte géologique de la France, Il était président de la Société géolo- gique de France et de la Société de Minéralogie. Un très grand nombre de sociétés scientifiques étrangères l’ayaient nommé membre honoraire: la nôtre se l'était attaché en 1892. En 1896 il fut nommé membre de l'Académie des Sciences, en remplacement de Daubrée, et à sa mort l'Académie des Sciences leva la séance en signe de deuil, le 2 octobre dernier. L'activité scientifique de Michel-Lévy a été considérable, Il laisse un nombre remarquable de travaux importants, en géologie, minéralogie et pétrographie. En géologie il à étudié à fond plusieurs régions d'interprétation difhcile : le Morvan,la Chaîne des Puys. le Beaujolais, le Charollais, etc.; 1 a publié dix des feuilles de la Carte géologique de la France au \}35 000 avec leurs Mémoires expli- catifs: il a dirigé l'établissement de la très belle Carte géologique de la France au millionnième : il a collaboré au levé et à l'étude de la Carte géologique du Bassin d'Autun au ‘Ji pp: ete Quelques-uns de ses travaux, parus dans le Bulletin des Services de la Carte géologique, concernent des régions voisines de (renève, notamment ses mémoires sur les Chaines au S. des Aiguilles Rouges, les Pointements cristallins des Gets, ete. En minéralogie et pétrographie il a fait, seul ou en collaboration avec Fouqué ou Lacroix, des travaux de la plus grande importance. Il a particulièrement con- tribué à l'introduction et au perfectionnement de la méthode optique de détermina- tion des roches par l'analyse au microscope en lumière polarisée. Dans cette branche ses ouvrages capitaux sont : Minéralogie micrographique. Roches éruptives francaises, in-4° avec Atlas, publié en 1879 en collaboration avec F. Fouqué et suivi d'un grand nombre de monographies complémentaires, notamment : Les minéraux des roches publié dans le Bulletin des Services de la Carte géologique en collaboration avec A. Lacroix, le Porphyre bleu de lEstérel (ibid.), etc. Un ouvrage capital au point de vue de la classification a été son livre sur les Roches éruptives, leurs structures et leur classification, grand in-8°, Paris. Ses différentes études sur les Æeldspaths sont classiques, notamment celles sur les feldspaths tricliniques, les micas, les pâtes vitreuses des roches et leurs temps de formation. les inelusions cristallines, etc. Enfin il a exécuté, généralement avec Fouqué, une série remarquable de syn- 100 RAPPORT DU PRÉSIDENT thèses, soit par fusion ignée, soit par l’action de l’eau au rouge et sous haute pres- sion — oligoclase, labrador, anorthite, amphigène, néphéline, andésite, labrado- rite, porphyres, basaltes, etc. Il est mort en pleine activité, aussi la science a-t-elle fait en lui une perte irréparable, d'autant plus qu'il était accueillant et bienveillant pour la jeunesse scientifique. WLADIMIR LOUGUININE (1834-1911) Les circonstances empêchèrent Louguinine de se vouer tout de suite aux études scientifiques : l'agitation politique qui suivit 1848 amena la fermeture pres- que complète de l’Université de Moscou, et comme le père de W. Louguinine était colonel d’'Etat-Major, le jeune homme quitta Moscou, où il était né, et entra à l'Ecole d'artillerie de Saint-Pétersbourg. Il en sortit sous-lieutenant, pour prendre part aux opérations autour de Silis- tria et dans la Dobroudja en 1854, puis, quand les alliés attaquèrent Sébastopol, Louguinine y fut envoyé, comme officier d'ordonnance du général commandant l’ar- tillerie; il prit part aux luttes de la Tchornaia-Retchka et à la défense du bastion Malakoff, ce qui lui valut la croix militaire de Sainte-Anne. C’est vers cette époque qu'il fit ses premiers voyages en Europe occidentale, voyages qui le captivèrent infiniment. Il reprit ses études militaires à l’Académie d'artillerie de Saint-Pétersbourg, à laquelle il resta encore attaché deux années comme adjoint du secrétaire des sciences. Puis il renonça à la carrière militaire et partit pour l'Allemagne. Il entra à l'Ecole technique de Karlsruhe, puis à l'Université de Heidelberg, où il resta, sous la direction de Bunsen et de Kirchhoff jusqu’en 1864. Il passa alors à Paris, pour entrer dans le laboratoire de Wurtz; mais se trouvant insuf- fisamment préparé, il suivit pendant un an les cours de 1 Ecole polytechnique de Zurich, puis retourna auprès de Wurtz et de Regnault. Des circonstances de famille le forcèrent à abandonner ces études et à rentrer en Russie ; mais il fit un nouveau voyage en Occident, pendant lequel il épousa une Française, à Paris, en 1869. Il resta douze années en Russie, puis revint à Paris en 1881 et y fit un séjour de dix ans, pendant lequel il reprit avee une ardeur magnifique ses travaux de chimie physique. En 1891 il fut appelé à Moscou, d’abord comme professeur agrégé, puis comme POUR L'ANNÉE 1911 101 professeur ordinaire. Il organisa extrémement bien un laboratoire à ses frais et réunit une bibliothèque chimique de 10,000 volumes; mais comme l'Université était souvent fermée et que les étudiants faisaient plus de politique que de travail minu- tieux, cela le découragea. Il quitta Moscou, en faisant don à l'Université de son laboratoire et de sa bibliothèque, et il rentra à Paris, où il reprit ses recherches scientifiques. Dans les dernières années de sa vie, il passait l’été dans une villa qu'il s'était créée près de Bex, en Suisse, et il y organisait des observations sur le développe- ment de certains végétaux. Il est mort à Paris le 26 octobre 1911, après avoir travaillé presque jusqu'au dernier moment. Wladimir Louguinine s’est spécialisé dans une branche des études chimiques où il à rendu des services inappréciables : la calorimétrie, surtout la mesure des combustions organiques. Il à étudié d’abord les méthodes, avec une précision extraordinaire; il a recherché les moindres causes d'erreurs dans leurs opérations si délicates; et une fois qu'il eut perfectionné l'instrument, au point de pouvoir pré- ciser les observations les plus minutieuses de thermo-chimie, il appliqua ces mé- thodes avec une habileté rare à la détermination des quantités de chaleur fixées ou transformées par les plantes, dans leurs différentes parties. Il fallait une ténacité à toute épreuve, une habileté extraordinaire et des moyens peu habituels pour mener à bien ce genre d'études, aussi a-t-il mérité la reconnaissance des adeptes de la chimie physique. Dans la dernière période de son activité, il eut comme collaborateur M. G. Dupont. Son ouvrage capital, Les Méthodes de Calorimétrie, à été rédigé avec la col- laboration de M. Chukarev. A côté des services rendus à la science, il en a rendu à sa patrie en créant des œuvres pratiques de philanthropie sur ses terres au moment de l'émancipation des serfs : banque coopérative des paysans, écoles, hôpital, société de secours mutuels. Il est membre honoraire de notre Société depuis 1899. SIR JOSEPH-D. HOOKER (1817-1911) Joseph-Dalton Hooker est né le 30 juin 1817 à Halesworth (Suffolk). Il était le fils de Sir W.-J. Hooker, qui fut pendant vingt ans professeur de botanique à Glasgow, puis, depuis 1841, directeur des Jardins de Kew. MÉM, SOC. PHYS. KT HIST, NAT, DE GENÈVE, VOL, 86 (1910). 13 D. VTT FUN 102 RAPPORT DU PRÉSIDENT Il fit des études à Glasgow et obtint le titre de D'-Méd. en 1839. Mais, au lieu de pratiquer la médecine dans sa patrie, il commença immédiatement ses voyages scientifiques. Il S'embarquait à la fin de 1839 sur l’Ærebus en qualité de médecin-assistant, chargé des observations de botanique, et prit part de cette manière à la célèbre expédition antarctique de Sir James Clark Ross; pendant trois ans il parcourut l'océan polaire antarctique et fit des séjours en Nouvelle-Zélande, en Australie, à Kerguelen, à la Terre de Feu, aux iles Falkland, etc., d’où il rapporta des collec- tions remarquables. A son retour, il fut quelque temps à l’Université d’Edimbourg comme assistant de Graham, professeur de botanique. A la mort de celui-ci, en 1845, Hooker fut nommé botaniste du Geological Survey de Grande-Bretagne. Mais il eut bientôt l’occasion dè partir pour un nouveau voyage : il fit aux Indes une expédition scien- tifique de trois années, d’abord seul, puis avec le D' Campbell; une grande partie du voyage se fit dans l'Himalaya et notamment au Sikkim. En 1855 il était nommé sous-directeur des Jardins de Kew: en 1860 nouveau départ, pour la Palestine; puis, en 1865 il fut appelé à remplacer son père dans la direction des Jardins de Kew. C’est en 1858 qu'eut lieu, sur les instances de Hooker, la première communi- ation de Ch. Darwin sur sa théorie à la Linnæan Society. Hooker avait toujours appuyé et aidé Darwin et il l’engageait depuis longtemps à publier ses résultats; mais celui-ci attendait d'avoir accumulé encore plus de preuves à l’appui de ses idées. Comme A.-R. Wallace venait d'arriver indépendamment aux mêmes prin- cipes, Hooker obtint d'eux une communication commune, après une lutte de géné- rosité admirable entre ces deux savants !. En 1871 Hooker, J, Ball et G. Maw firent un voyage important au Maroc, jusque dans le Grand-Atlas, en terres inconnues. Enfin, en 1877, il exécuta, avec le pro- fesseur Asa Gray, un grand voyage botanique en Amérique, notamment dans les Montagnes Rocheuses. Il abandonna en 1885 la direction des Jardins de Kew, où il fut remplacé par son gendre Sir W. Thiselton-Dyer, mais il continua son activité scientifique Jusqu'à sa fin : il travaillait encore l’année dernière, à 94 ans. Partout Hooker déployait une activité remarquable : il fut collectionneur infa- tigable dans son expédition antarctique et dans les autres, il fit d'excellents tra- 1 A ce propos il est juste de relever une petite inexactitude qui s’est glissée dans lexcellent article consacré à Hooker dans le Times du 12 décembre 1911: Loin d'expliquer la disjonction de certaines espèces par des créations multiples, Alphonse de Candolle l’attribuait, déjà en 1853, à des causes naturelles, géologiques ou autres, ainsi qu'on peut le voir à la page 1117 de sa belle Géographie botanique. POUR L'ANNÉE 1911 103 vaux sur les fossiles végétaux britanniques, il dirigea extrémement bien les Jar- dins de Kew. Mais ce qui était admirable chez lui, comme chez de Humboldt ou chez H.-B. de Saussure, c'est qu'il voyait tout et s'intéressait à tout, parce qu'il savait tout — à côté des plantes et des animaux, il faisait des observations impor- tantes sur la topographie, la géologie, les phénomènes glaciaires, la météorologie, et son extraordinaire expérience des expéditions scientifiques était précieuse. Voici les titres d'une partie de ses travaux : Flora antarctica, 2 vol. in-4°, 1844. — Mora Novæ Zelandiæ, ? vol in-4°, 1893. — AHimalayan Journals, 1S54, réimprimés en 1 vol. in-S° en 1891. — The Rhododendrons of the Sikkim Himalayas, À vol. fol. -— Ælora indica, en collabora- tion avec le D''Th. Thomson, 1 vol. in-8°, 1855, -— Ælora Tasmaniæ, 2 vol. in-4°, 1860, — Outlines of the Distribution of arctic Plants, br. in-4°, 1860. — Hand- book of the New Zealand Flora, 1 vol. in-8°, 1867. — The Students Flora of the British Isles, À vol. in-$°, 1870, — Marocco and the Great Atlas, en collaboration avec J. Ball. Parmi ses œuvres de très longue haleine, nous pouvons signaler : la série du Botunical Magazine, dont 11 publia treize volumes. — Genera Plantarum, en colla- boration avec Bentham, 5 vol. in-S°, 1862-1883. — flora of British India, T vol. in-8°, 1875-1897, en collaboration avec divers botanistes anglais, mais dont il à fourni lui-même les monographies les plus considérables. —— /cones Plantarum, 3° et 4 séries, 20 volumes in-8°, en collaboration avec divers botanistes anglais. Le dernier fascicule, qui vient de paraitre, a été entièrement fait par Hooker, à 94 ans révolus ! Il est l’auteur de 80 à 90 mémoires et monographies, entre autres : sur les Nepenthes, 1854; sur le Hehcitchia mirabilis, 1862: sur la Flore de l'ile Kergue- len, 1879, etc., etc. Peu d’hommes ont laissé un pareil œuvre scientifique. Sir J. Hooker à reçu un nombre considérable de distinctions honorifiques : la médaille royale de la Royal Society (1834), l'Ordre du Bain (1869), la Croix de chevalier de l'Etoile des Indes (1877), la médaille de fondateur de la Société de Géographie de Londres (1884), la médaille Copley (1887), la médaille de la Lin- næan Society (1888), la médaille Darwin de la Royal Society (1892), le titre de Grand Commandeur de l'Etoile des Indes (1897), l'Ordre du Mérite, en 1907, lors- qu'on féta ses 9,0 ans. Les universités d'Oxford, Cambridge, Dublin, Edimbourg et Glasgow lui con- férèrent la dignité de Doctor honoris causa, et Académie des Sciences de Paris celui d’Associé étranger. 104 RAPPORT DU PRÉSIDENT En 1908 :l fut le héros de la cérémonie organisée par la Linnæan Society pour fêter le cinquantenaire de la première communication de Darwin sur sa théorie. C’est en 1894 que notre Société nomma Sir J. Hooker membre honoraire. Nous payons un dernier tribut d’admiration à sa mémoire et présentons l'hommage de notre sympathie à sa famille. ACTIVITÉ SCIENTIFIQUE DE LA SOCIÉTÉ (Résumé sommaire des 41 communications qui lui ont élé faites). Physique. M. le D' Th. ToMMASINA à fait deux communications au sujet de recherches exécutées en collaboration avec M. Edouard SARASIN sur la radioactivité induite. Les courbes de désactivation qu'ils ont obtenues montrent qu’en vase clos la con- densation de l’ionisation dérange le phénomène, tandis qu’il est normal à l’air libre, d’abord rapide, puis très ralenti. Ayant obtenu une radioactivité induite à désacti- vation très lente par une activation de longue durée, ils ont constaté qu'un échaut- fement augmente l’ionisation, donc l'effet de décharge, sans augmenter la radioac- tivité, qui reste toujours constante. — Transvasé, le produit de désactivation rapide montre encore une activité de décharge, celui de désactivation lente n’en montre plus (ce dernier ne doit donc contenir ni émanation, ni dépôt solide mobile). Quant à l’effet de l’échauftement, il doit provenir d’une accélération de vitesse des ions (donnant lieu à une surproduction d'ions par les chocs). En son nom personnel, M. Tommasina nous à entretenus du magnéton de Weiss : il reconnait l'importance des travaux de P. Weiss sur l’aimantation aux basses températures, il approuve ses conclusions théoriques, mais fait des réserves quant au magnéton comme constituant universel de la matière. Le même orateur à parlé deux fois d’aéroplanes; d’abord il a proposé une modification de construction qui donnerait plus de sûreté aux aéroplanes; ce résul- tat serait obtenu par la possibilité de relever légèrement l’axe de l'hélice de pro- pulsion, ce qui éviterait le capotage. — Ensuite il a exposé le principe d’un appa- reil d'aviation où l’hélice actuelle serait remplacée par un propulseur spécial qui agirait, à chaque tour, moitié pour la propulsion, moitié pour la sustentation (dis- POUR L'ANNÉE 1911 105 posé de manière à agir continuellement comme parachute) faisant prendre automa- tiquement à l'appareil le vol plané dès qu'il vient à se produire une panne du moteur. M. le D'Th. Tommasina nous à encore lu une noté sur la nature de l’électri- cité et la dynamique de l’électron. La théorie corpusculaire n’explique pas la nature de l'électricité, car l’électron est un phénomène déjà complexe; c'est une inertie électromagnétique pendant son déplacement, parce que Pactivité qui la déplace est une fonction de l'énergie électromagnétique du champ extérieur à l’électron même. M. L. DE LA RIVE fait une communication sur les équations électrodynamiques de Maxwell-Herz, relatives à un courant fermé. En se basant sur la loi de Laplace, il à pu établir une relation analogue pour l'action d’un élément de courant sur un pôle et vice versa. — Dans une autre communication, il a montré par un caleul très simple que la trajectoire de l'électron attiré par la molécule dans un champ magné- tique uniforme peut être circulaire, quand l'impulsion initiale est donnée dans un plan normal au champ magnétique. M. le D’ A. SCHIDLOF nous a exposé en deux conférences plusieurs considéra- tions sur des problèmes récents de la théorie du rayonnement. Pour la répartition de l'énergie dans le spectre du corps noir, il faut modifier la formule de Jeans par l'hypothèse des éléments d'énergie de Planck, d’ailleurs contraire aux lois de la mécanique statique. Quant au calcul de l'entropie, il est basé sur le principe de Boltzmann, modifié selon Einstein. — Pour expliquer lorigine électrodynamique des éléments de l’énergie rayonnante, on peut se baser sur l'atome imaginé par J.-F. Thomson mais légerement modifié, qui fournit une valeur numérique presque égale à celle de Planck pour le rapport entre l'élément d'énergie et la fréquence des oscil- lations. M. le D'G. BAUME nous à fait part des résultats de ses essais métallographi- ques. Il à introduit des simplifications dans la technique des essais habituels et dans la mesure des propriétés de la nature métallique. Il explique le fonctionnement du marteau de dureté Baume-Watson, et montre des applications précieuses de la micrographie métallurgique à l'étude de l'homogénéité des alliages, de l'effet du laminage, du refroidissement, etc. En collaboration avec M. BAUME, et par de nouvelles méthodes, M. Fr.-L. PERROT à obtenu, sur la densité de plusieurs gaz liquéfiés et sur la tension de leurs vapeurs à diverses températures, des résultats qui concordent parfaitement entre eux et avec des méthodes antérieures. M. le professeur L. DUPARC nous à exposé la nouvelle méthode cristallomé- trique du professeur Théodoroft de S'-Pétersbourg. 106 RAPPORT DU PRÉSIDENT M. le D'E. CARDOSO à fait une communication sur les densités des phases coexistantes de l’anhydride sulfureux au voisinage du point critique. Comme un résumé trop sommaire de ce travail n’en donnerait pas une idée satisfaisante, je renvoie le lecteur aux comptes rendus de notre Société. Chimie. Le D' E. BRINER a discuté la formation de l'eau en partant de ses éléments. En opérant aux températures inférieures à celles de l'explosion mais sous de fortes pressions, on diminue grandement l'influence perturbatrice du récipient, qui doit provenir de la formation d’une couche de vapeur d’eau contre les parois. En collaboration avec M. JEANNERET, M. le professeur L. DUPARC est par- venu à séparer le zirconium d'avec la silice, le fer et l’aluminium, par traitement par l'acide fluorhydrique et par évaporation en présence d'acide sulfurique concen- tré pour éliminer la silice, puis par des traitements successifs qu’on trouvera exposés dans les comptes rendus de notre Société. M. le D' Fréd. REVERDIN, avec la collaboration de M. Armand DE Luc, à déterminé la constitution d’une nitramine, fusible à 125°, dérivée de la méthyl- para-anisidine, décrite récemment par l’un d'eux, ainsi que de l’éther correspon- dant de la dinithrohydroquinone, fusible à 102°, connu depuis longtemps. M. le prof. Amé PICTET nous à exposé la synthèse de la berbérine, qu'il a réa- lisée en collaboration avec M. Alphonse Gams. Ces Messieurs y sont parvenus en partant de l'homopipéronylamine et du chlorure homovératrique, également synthé- tiques, en réduisant leur produit de condensation et en le traitant par le méthylol. On obtient ainsi l'hydroberbérine, qui, par une oxydation ménagée, fournit à son tour la berbérine. Cette série de réactions est probablement très analogue à celle qui s'effectue dans la plante; cela semble vérifier l'hypothèse émise par M. Pictet, d’après laquelle les alcaloïdes seraient des déchets que le végétal fixe en les com- pliquant. Géologie. M. le prof. L. DUPARC nous a entretenus deux fois des gisements de platine de l’'Oural. Dans sa première communication il nous a donné une étude d'ensemble sur la structure, la nature et la genèse des gites platiniferes ; dans la seconde il nous à parlé de quelques gisements anormaux de platine. Les gites normaux sont dans les pointements éruptifs de dunite ou de tilaïtes avec salbandes de gabbros. Les quel- ques gisements anormaux de platine d’alluvion qu'il a trouvés dans le bassin de POUR L'ANNÉE 1911 107 rivières qui ne traversent aucun pointement platinifère, proviennent de ce que des sources de ces rivières, qui les traversaient jadis, ont été capturées au profit d’au- tres bassins fluviaux. En son nom et au nom de Mie Xénia de Tsyrowiren, M. le prof. Ch. SARASIN a exposé les résultats de nouvelles observations faites sur l’éboulement de Chésery (vallée de Mijoux). Ces observations ont confirmé celles dont les résultats ont été publiés en 1910; ils ont montré que la masse éboulée est très amincie vers le haut et qu’elle s’est décomposée en écailles superposées, qui se sont dépassées mutuelle- ment de bas en haut. M. André CHAIX à résumé l'étude de la géologie des Brasses (Haute-Savoie) qu'il a faite sous la direction de M. Ch. SaRASIN. Ce massif est formé de quatre plis N.-S., dont le plus oriental chevauche légèrement sur les autres: tous sont affectés, dans la région d’Onion, par un profond ensellement transversal, qui a été cause de nombreuses anomalies. Météorologie. M. le prof. F.-A. FOREL nous a présenté cinq cahiers manuscrits d’observa- tions météorologiques faites à Genève de 1760 à 1789 par Charles de Lubières, au Grand puis au Petit-Saconnex. Ces observations très précieuses ont été offertes à l'Observatoire de (renève par Mme Charles DUFOUR-FALQUIER. Plus tard, M. le prof. Raoul GAUTIER nous a annoncé que l'Observatoire venait de recevoir une nouvelle série d'observations anciennes, faites par Guillaume- Antoine de Luc de 1768 à 1800 et par son fils Jean-André de Luc de 1821 à 1847. Enfin il nous à communiqué qu'il avait retrouvé la fenêtre à laquelle G.-A. de Luc avait fait ces observations et qu'il y organise une année d'observations dans les mémes conditions, afin d'obtenir des chiffres comparables à ceux de l'Observa- toire actuel, ce qui allongera beaucoup la période étudiée du climat de Genève. Le même orateur nous à présenté des graphiques qui résument l'allure de la pression, de la température et de la nébulosité au Grand Saint-Bernard et à (renève. M. Gautier nous à aussi communiqué son étude sur les retours de froid en juin à Genève et au Saint-Bernard. Pour Genève, le fléchissement des températures dans la deuxième décade de juin n’est sensible que dans la seconde moitié du XIX° siècle; si l’on remonte à 1826 ou jusqu’en 1796, ce retour du froid disparait, Enfin le professeur (rautier a signalé les anomalies de température et d’inso- lation de l’été 1911 : chaleur exceptionnelle du 18 juillet au 13 septembre ; record de chaleur pour août (21°,28): 66 jours de suite supérieurs à la normale: en juillet 389 heures d’insolation et seulement 4" de pluie. 108 RAPPORT DU PRÉSIDENT Botanique. M. le D' John BRIQUET, directeur du Conservatoire botanique, a fait une com- munication sur la structure et les affinités de lHerniaria suffruticosa, Caryophyllée atlantique, appelée aussi lecebrum suffruticosum et qu'on à classée dans les genres Herniaria et Paronychia. Après étude approfondie de la fleur et du fruit, et exa- men histologique de l’appareil végétatif, M. Briquet conclut que l’Aecebrum suffruticosum doit être considéré comme un Paronychia, mais former dans ce genre une section nouvelle Pseudherniaria. M. le professeur R. CHODAT nous à exposé les résultats obtenus sous sa direc- tion par Mie KORPATCHEWSKA sur la nature de la sexualité dans quelques espèces hétérothalliques. Aucune variation du milieu ne modifie leur sexualité, mais les deux sexes se comportent différemment vis-à-vis des saccharides. Il à résumé ensuite les conclusions de M. le D' A. SPRECHER sur la variabilité du sexe dans le chanvre et l’oseille — conclusions également négatives quant à une influence du milieu sur la proportionnalité normale des sexes, mais positives quant à une différence de la concentration des sucs. Enfin M. Cnopar a présenté les résultats d’une série d'expériences faites en collaboration avec M. MONNIER sur la migration des sels dans les végétaux. Pour éliminer les erreurs dues à la variabilité individuelle, ces Messieurs ont fait chaque observation sur cent exemplaires des mêmes plantes; cela leur a donné des résul- tats d'une remarquable homogénéité et d’une valeur exceptionnelle sur la marche de l'assimilation et de la désassimilation des sels, et notamment sur l'influence du fer sur les cultures (à la dose de 1 °°/,, de FeCT). Zoologie. M. le D' Arnold PICTET a mentionné un nouvel exemple d’hérédité de carac- tères acquis : des chenilles de Lasiocampa querceus, nourries d’aigtuilles de sapin au lieu de feuilles, attaquaient l'aiguille par la pointe et non par le bord; c’est en cela que consiste le caractère nouvellement acquis; leurs descendantes, remises sur le chêne, ont attaqué l'extrémité des petites branches, sans pouvoir consommer les feuilles. M. le D' J. CaRL nous a communiqué un nouveau cas d’hermaphroditisme partiel chez un Diplopode de la Colombie. L’exemplaire, une femelle contenant des œufs, porte sur le 7° segmeut du côté gauche une patte ambulatoire normale, mais du côté droit une patte copulatrice de la forme caractéristique pour l’espèce. POUR L'ANNÉE 1911 109 M. le professeur E. YUNG à exposé les recherches faites dans son laboratoire par M. François LUBECKI sur l’ovispermiducte et la glande albuminipare de l’es- cargot : la matiere de la membrane de l’œuf est fournie par des glandes de la gout- tière ovulaire, et le calcaire de la coque par une glande du canal séminal ; après la ponte, la glande albuminipare crée une réserve pour l’hibernation. M. H.-E. Gaxs, a lu deux articles qu'il avait rédigés en 1868 et 1869, l’un sur lés variations de couleur des Lépidoptères, l’autre sur les Lycænidéæ. Psycho-physiologie. M. le professeur Ed. CLAPARÈDE a exposé ce qu’on entend par les phéno- mènes psycho-électriques, qui sont encore peu expliqués. Il semble en tout cas que la réaction vis-à-vis du courant galvanique exige l'intégrité de l'écorce cérébrale. M. W. RADECKI a traité d’abord la nature physique et physiologique de ces phénomènes : sous l'influence d’excitations psychiques on constate des variations de la conductibilité électrique du corps et des changements dans le potentiel de la peau. Le premier fait paraît être causé par les modifications cireulatoires, le second par les phénomènes sécrétoires. Ensuite il a exposé la partie psychologique du sujet : ce sont les états émotifs et affectifs uniquement qui donnent lieu aux phénomènes psychoélectriques. Grâce aux considérables différences individuelles, la méthode est inapplicable pour comparer les sujets. Elle sert comme représentation objective du degré de l'élément émotif, qui, chez le même sujet, est lié aux différents processus psychiques. Le professeur Ed. CLAPARÈDE nous a parlé d’un cas d’hypnose chez le singe : par des passes ou par la fixation du regard, un singe très vif est mis dans un état de calme complet, et ses membres gardent même les attitudes qu’on leur donne. Enfin le même orateur nous a communiqué un procédé, fondé sur l’amnésie post-hypnotique, qui permet de contrôler l'authenticité de l'hypnose: à l’état de veille le sujet ne se souvient pas des mots qu’on lui à dits quand il était hypnotisé. On Ÿ 1 ARNOLD PICTET Drés sciences. Privat-docent à l'Université de Geneve RECHERCHES EXPÉRIMENTALES sun LES MÉCANISNES DU MÉLANISNE ET DE LALBINISNE CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES Pratiquées à l'Institut de Zoologie de l'Université de Genève. Avec les planches 1 à 5. Mémoire couronné par la Facullé des Sciences en 1911 (Prix Davy). GENÈVE IMPRIMERIE ALBERT KÜNDIG 1912 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE VOLUME 97, FASCICULE 3 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES LES MÉCANISMES DU MÉLANISME ET DE L'ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES ARNOLD PICTET Dr és sciences. Privat-docent: à l'Université de Genève. Avec les planches 1 à 5. PREMIÈRE PARTIE LE MÉLANISME ET L'ALBINISME DES LÉPIDOPTÈRES D'APRÈS LES RECHERCHES DES AUTEURS CHAPITRE PREMIER Colorätion des ailes des Papillons. Nul n'ignore de quelles brillantes couleurs les aïles des Papillons sont souvent ornées ; les tons les plus merveilleux, les plus riches, font de ces gracieux animaux de véritables joyaux que le pinceau de lartiste le plus expérimenté peut seul imiter. Et nul n’ignore également que la multiplicité et la beanté de ces couleurs sont dues à la présence d’une infinité de petites écailles microscopiques qui sont appli- quées contre chacune des deux faces de laile et qui contiennent une matière colo- rante. MÉM. SOC. PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 14 112 ARNOLD PICTET Dans certains groupes d’Insectes, la présence d’écailles sur les aïles est absolu- ment caractéristique ; ce sont les Lépidoptères et les Thysanoures. D’autres fois, elles ne se rencontrent que dans certains genres (Lixus, Plinus, pour les Coléop- tères, Culex, pour les Diptères). Chez les Lépidoptères, les écailles se présentent comme des sacs aplatis, imbriqués sur la surface de la membrane de laile, à chacune des deux faces de celle-ci, au moyen d’un petit pédoncule faisant office de canal; grace à ce canal, la cavité de l’écaille est en communication avec la cavité de l’aile. Les écailles des Papillons varient, quant à leur forme, dans une large mesure, suivant les espèces ou les régions de l'aile que l’on considère et, chez certains Hétérocères (Bombyciens par exemple), il n’est pas rare qu’elles appartiennent à un très grand nombre de types divers; chez les Rhopalocères, leur forme est moins rariable. Les écailles sont placées sur l'aile les unes à côté des autres, en rangées régulières, la partie distale de chacune d'elles chevauchant sur l'extrémité proxi- male de l’écaille voisine ; elles sont donc disposées comme les tuiles sur un toit ou comme les écailles sur la peau des Poissons. Les écailles des Lépidoptères ne sont autre chose que des poils modifiés, aplatis. On à pu dans un certain nombre de cas observer tous les passages entre les poils ordinaires, cylindriques, et les véritables écailles. C. SEMPER (1857) a prouvé d’ailleurs que le développement de ces deux espèces d'organes est identique et pro- vient de certaines grandes cellules hypodermiques de forme ovale qui produisent au dehors un prolongement destiné à sécréter le poil ou l’écaille. Les écailles ne se rencontrent pas seulement sur les ailes, on en trouve encore sur le corps, les pattes et la tête. KOLBE (1893, 76) classe les écailles d’après leur forme et montre qu'elles appar- tiennent à diverses catégories suivant qu'elles ressemblent à des plumes, qu’elles sont terminées en pointe fine, qu'elles ont l’aspect d’un cheveu, ou bien qu’elles sont arrondies, courtes ou élargies à leur sommet. Mais on admet maintenant que la classification de KOLBE, juste en une certaine mesure pour les parties des ailes, ne peut servir à distinguer des groupes de Lépidoptères. En effet, les écailles ter- minées en pointe fine se trouvent fréquemment à la racine de l’aile, tandis que la partie proximale supporte des écailles d’un autre type; la frange en possède sou- vent qui sont d’une forme tout autre. Il n’est guère possible d'établir de règle à ce sujet, la variation, dans ce domaine, étant infinie. Les écailles sont chitineuses et présentent le plus souvent une structure striée, ou ridée, c’est-à-dire qu’elles sont tapissées sur toute leur longueur d’une infinité de petites stries en relief, semblant comme guillochées, parallèles les unes aux autres, et séparées par des rainures; elles sont orientées dans le sens de la longueur de l’aile et leur extrémité distale comporte MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 113 fréquemment un certain nombre de petites dents plus où moins bien marquées, plus ou moins acérées. Ce sont elles qui constituent les éléments colorés de Paile. Malgrélesrecherches de KRUKENBERG, COSTE, URECH, HOPKINS, A.-G. MAYER, etc., la nature et le mode de formation des pigments et autres substances colorantes des insectes sont encore très mal connus. PERRY et C.-B. POuLTON (1887)! discernent deux origines bien distinctes aux couleurs des écailles des Lépidoptères, les unes pigmentaires, les autres optiques. Celles-ci, dues aux interférences provoquées par la construction intime ou le relief des écailles, ont été particulièrement étudiées par A. SPULER (1895). Leurs couleurs sont dues à des phénomènes de diffraction, comparables à ceux qui donnent naissance aux réseaux en optique. C’est surtout dans le genre Morpho que l’on rencontre ces magnifiques couleurs bleues, irisées, aux reflets métalliques ; sur leurs écailles, d’après C. HOULBERT (1910, 71), on à pu compter jusqu'à 1400 stries longitudinales par millimètre, C’est, vraisemblablement, grace à ces nombreuses stries que les écailles peuvent décomposer les radia- tions lumineuses et réfléchir les diverses couleurs spectrales. Mais la constitution striée de l’écaille n’est pas suffisante, à elle seule, pour reproduire les magni- fiques couleurs irisées, telles que le bleu métallique des Morphide, ou le violet chatoyant des Limenitis, et un phénomène physique annexe doit certainement jouer un rôle puissant. D’après H. MaNDour, les écailles contiennent souvent du pigment foncé for- mant un écran propre à mettre en valeur les irisations de la surface. Les ailes des Morpho cypris, par exemple, offrent des bandes longitudinales alternantes d’un blanc azuré et d’un beau bleu. Les bandes bleues correspondent aux écailles con- tenant du pigment noir; les bandes seulement bleutées sont en rapport avec les écailles dépourvues de pigment ; dans ce dernier cas, la lumière blanche réfléchie par l'écran blanc sous-jacent, varie en partie les irisations de la cuticule. D'autre part, CANICHEL et MANDOUL (1901, 19) ont démontré que les colora- tions bleue et verte, assez répandues chez les Vertébrés, sont dues à un phénomène physique, car les peaux bleues ne renferment que du pigment noir, et les peaux vertes un pigment noir et un pigment jaune. Ces pigments sont formés de grains dont la grandeur est analogue à la longueur d'onde de la couleur. UrECu (1893,174) indique le bleu et le violet, principalement chez les Rhopa- locères, comme étant des couleurs optiques, et M. BAER (1898, 5), en fait de cou- leurs optiques, distingue celles qui proviennent d’une seule sorte d’écailles et celles qui sont fournies par deux sortes de constitution différente; en outre, il admet que ! D’après H. Bezzrarp (1903, 9), p. 141. 114 ARNOLD PICTET le bleu de certains Papilio exotiques (Papilio ulysses par exemple), et le violet-rose de Callosune jalone proviennent d’une combinaison de la couleur pigmentaire et de la couleur optique. Quelques auteurs admettent que la couleur bleue et les tons chatoyants violets ne sont pas les seuls qui puissent être produits par le phénomène physique des réseaux, et E. HAASE! voit un phénomène de ce genre dans la production de la couleur blanche de certains males du genre Pieris. Nous ferons remarquer à ce pro- pos que F.-(Gr. Hopkins (1889, 68 et 1895, 70) a montré que la couleur blanche des Piérides est due à un pigment de cette couleur. La couleur verte, qui se présente souvent chez certaines espèces exotiques avec des reflets irisés métalliques, à été également étudiée. Mais, de même que pour la couleur blanche, les recherches des auteurs n’ont pas abouti à la solution du problème. A. SPULER (1897)° tient le pigment vert de ces Papillons pour une combinaison chimique réelle, que A.-B. GRIFFITHS (1892, 60) n’a pu extraire au moyen de l'alcool et de l’éther; tandis que M. BAER (1898, 5) estime qu'aucune pro- duction pigmentaire n'existe dans les écailles de cette couleur. Chez certains Papilio, c’est souvent la membrane de laiïle qui est colorée en vert. Beaucoup de Lépidoptères, tels que les mâles de Lycæna, présentent des cou- leurs bleues avec des reflets métalliques. Les auteurs ne sont pas d'accord au sujet de l’origine de cette couleur ; mais ils admettent qu’en général le phénomène optique joue un grand rôle dans leur production. KRUKENBERG (1884, 77), après avoir essayé en vain d'extraire une matière colorante des écailles des Papillons bleus, en conclut que cette couleur est due au phénomène optique. Le phénomène de coloration, dans bien des cas, serait sem- blable à celui des plumes de certains oiseaux. De même SCHATZ* voit l’origine du bleu des Morphidæ et du rouge de Callosune ione dans une combinaison des écailles pigmentaires (rouges dans le second cas) et des écailles optiques. Quant à LEYDIG (1876, 80), il voit dans le fait que les écailles de certains Papillons contiennent une couche d'air, un phénomène suffisant pour produire le reflet métallique de cer- taines couleurs. : H. MANpouL (1902, 99), qui à étudié les colorations changeantes des tégu- ments de plusieurs animaux (irisation des coquilles, des écailles des Poissons, des plumes des Oiseaux, ete.), montre que l’on a affaire, dans tous ces cas, à une sfruc- ture lamelleuse. La couleur des lames dépend de leur nature, de leur épaisseur, et de l'incidence sous laquelle on les examine. La présence d’un écran pigmentaire 1! D'après P. BacamersEw (1907, 4), p. 316 © Ibid., p. 325. * D’après H.-J. Korse (1889, 76), p. 52. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 115 noir sous-jacent est une condition favorable à la manifestation de ces colorations. C’est aussi au phénomène des lames minces, avec couche de pigment sous-jacent, que W. BIEDERMANN (1904, 13) attribue les couleurs chatoyantes des Insectes et les taches argentées des Argynnis à une couche d'air se trouvant entre les deux membranes de l'aile. Nous voyons par ce qui précède que, en aucun cas, le phénomène optique seul n'est capable de produire certaines couleurs des Lépidoptères: il semble qu'un pig- gment soit toujours nécessaire. Les couleurs pigmentaires sont dues à la présence d'un pigment dans les écailles. D'après H.-J. KOLBE (1893, 76) les principales couleurs sont le jaune, le vert et le rouge: elles sont à tel point solubles dans l'alcool que les écailles ainsi traitées peuvent perdre presque complètement leur pigmentation et devenir trans- parentes. A.-(r. MAYER (1896, 103) et M. VON LANDEN (1902, S4 et 1906, 93) ont étudié le processus de formation des écailles et de leurs pigments dans l'aile naissante. Selon MAYER, chacune des écailles dérive d’une cellule qui à fait saillie au-dessus de la surface de l'aile. La cellule sécrète une paroi cuticulaire qui est l’écaille pro- prement dite; puis le protoplasma se retire, laissant l’écaille vide. Les écailles qui seront blanches chez l'adulte, restent vides où remplies de gaz, tandis que le sang (hémolymphe) pénètre dans les autres et, recevant ainsi le contact de l’air, prend une coloration cire-jaune. Toutes les écailles qui sont colorées chez l'adulte passent par ce stade jaune. MAYER à montré comment les diverses colorations se rattachent à des modifications d'ordre chimique de lhémolymphe homogène. M. vOx LINDEN (1902, S{),après d’autres, montre que le pigment jaune initial des cellules épithéliales des ailes des Vanesses passe au rouge carmin tel qu'il s’observe sur l'adulte une fois que les préparations ont été montées dans la gélatine glycérinée. Par conséquent, au moins chez les Vanesses, les couleurs proviendraient des transformations d'une seule substance colorante, probablement d’une modifica- tion de la chlorophylle introduite par la larve dans son intestin. Les pigments ne seraient done qu'un produit de l'assimilation et de la désassimilation. Pour F, FRIEDMANN (1899, 45), il existe un rapport génétique entre le pigment et la graisse. Plusieurs auteurs ont montré que la plupart des pigments des Lépidoptères dérivent de l'acide urique, et F.-G. Hopkins (1889, 68 et 1894, 69 et 70) que les écailles blanches des Pierides contiennent de cet acide et que c’est lui qui agit comme pigment blanc. Le pigment jaune de ces insectes, d’après les analyses prati- quées, est également dérivé de l'acide urique. F. URECH (1890, 171, 1891, 172 et 1892, 173) ne croit pas qu'il y ait de rapport entre la chlorophylle et la matière 1 16 ARNOLD PICTET colorante des Papillons; il estime que toute la chlorophylle ou ses dérivés est éli- minée par la chenille. Les pigments selon lui sont des déchets de l’organisme en leur qualité de corps uriques. Quoiqu'il en soit, les phénomenes chimiques qui concourent à la production du pigment sont loin d’être bien connus et un grand nombre de recherches sont encore nécessaires pour arriver à la solution du problème. Les dessins des Papillons. Après avoir montré quelle est la nature des couleurs des Papillons, il ne sera pas inutile, pour la compréhension du sujet que nous voulons traiter, de dire quelques mots de la façon dont les écailles s’assemblent, se combinent, se complètent les unes les autres, pour former les dessins, souvent si gracieux, qui ornent les ailes de ces Insectes. Chaque écaille fonctionne comme un élément de coloration ; nous savons qu’elles sont imbriquées sur la surface de l'aile, à chacune des deux faces de celle-ci, à la manière des tuiles sur un toit ou des écailles sur la peau des Poissons. Chaque Papillon possède une couleur générale de l'aile, que l’on appelle la cou- leur du fond ; chez les Piérides c’est le blanc, chez les Ærebia c'est le brun-noir, chez les Papilio européens, le jaune. En outre, l’aile possède des dessins d’une autre couleur, qui sont formés par un certain nombre d’écailles colorées et qui remplacent, aux endroits ou existent ces dessins, les écailles du fond. Aïnsi une bande, une tache rouge seront formées par un assemblage d’écailles rouges ; une tache brune, incluse dans un croissant noir, sera formée d’écailles brunes, tandis que des écailles noires composeront le croissant. Il n’est pas nécessaire de s'étendre davantage sur la constitution de ces dessins qui, suivant les cas, sont simples ou très compliqués. Il est assez généralement admis que les dessins sont plus foncés que la couleur générale de l'aile. Mais cela ne veut pas dire qu'ils occupent, sur l'aile, moins de place qu’elle. Il sera, en effet, facile de trouver des espèces où les dessins couvrent une plus grande superficie que la couleur du fond. K. BERGE (1901, 11) a donné quelques indications sur la constitution des priricipaux dessins des ailes des Papil- lons. Chaque dessin constitue un caractère spécifique et joue un grand rôle en systé- matique; c'est l’ensemble du dessin qui servira en grande partie à différencier les espèces, tandis que les variétés et les aberrations seront caratérisées par une modi- fication dans la forme, dans la taille, dans la couleur du même dessin. CHAPITRE II De la variation par mélanisme et albinisme, à l’état naturel. Les Papillons, ainsi qu'on le sait, varient infiniment quant à la nuance de leurs couleurs. Mais ils varient souvent encore dans la forme et l’arrangement des dessins. Si ces modifications, souvent très accentuées, peuvent être le résultat d'expériences pratiquées sur ces insectes aux diverses périodes de leur ontogénie, elles se ren- contrent aussi fréquemment à l’état naturel, sans qu'on puisse toujours dire quel est l'agent qui les a produites. En second lieu, la variation atteint encore la taille et aussi parfois la forme de l’aile; mais ce dernier cas est plutôt rare. Les dessins peuvent subir des variations, non seulement dans leur taille, mais aussi dans leur forme. Si nous examinons, par exemple, une série d'individus d’Arctia caja, nous remarquons qu'il n'y à pas deux mdividus absolument semblables sous ce rapport ; les bandes blanches qui sillonnent l'aile supérieure sont, suivant les cas, plus ou moins zigzaguées, plus où moins larges, plus ou moins confluentes. Un examen de plusieurs Melitæa parthenie nous montrera aussi que les taches noires qui ornent les ailes de cette espèce, affectent des formes et des dispo- sitions, par rapport les unes aux autres, qui varient dans une large mesure suivant les individus. Il est excessivement rare, pour ne pas dire impossible, de trouver des espèces dont les individus soient tous identiquement comparables, et partout, chez les Lépidoptères comme chez les autres animaux, on rencontre de nombreux exemples de ces variations individuelles dont le plus souvent on ne connait pas l’origine. Si les dessins peuvent varier dans leur forme, ils varient aussi dans leur cou- leur ; ainsi les taches rouges de quelques espèces du genre Zygæna deviennent jaunes chez certaines formes aberrantes. Variation de la couleur générale de l'aile. La couleur du fond des ailes est un caractère spécifique important. Il est très rare qu’elle se modifie autrement qu'en devenant simplement plus claire où plus 118 ARNOLD PICTET foncée qu’elle n’est d'habitude. Les collectionneurs, en effet, ne connaissent que fort peu de cas où des aberrations sont d’une couleur différente que celle de l’espèce type. Mentionnons pourtant Ællopia prosapiaria, qui est brune, et son aberration prasinana, qui est verte; Callimorpha hera, dont les aïles inférieures sont rouges, et son aberration /utescens, où elles sont jaunes. Ce qui caractérise le plus souvent la variation de la couleur générale de l'aile, c'est, avons-nous dit, son assombrissement ou son éclaircissement. Citons deux exemples : nous connaissons des Argynnis pales brun foncé, d’autres bruns et d’autres presque jaunes. De même, des Vanessa urticæ sont beaucoup plus riche- ment colorées que d’autres, dont la teinte se rapproche du jaune. Il est facile de se rendre compte, au moyen du microscope, de la raison de cette variation ; dans les cas d'assombrissement, les écailles sont plus abondamment pourvues de pigment que normalement; dans le cas contraire, elles en possèdent peu, ou presque pas. Mais, dans l’une et dans l’autre forme de variation, c’est la méme couleur qui existe; sa gualité ne se modifie pas, mais sa quantité. Citons encore le cas des Pieris rapæ (blanches) et de certaines aberrations de cette espèce qui sont d’un blanc laiteux. Les ailes de la forme blanche comportent toujours un petit nombre d’écailles jaunes : dans l’aberration blanc laiteux, les écailles jaunes sont en plus grand nombre et cette couleur est due à la combinaison des écailles blanches et des jaunes. Là encore, il n’y a pas apport d’une rouvelle couleur pour former la variation; il n'y a que swrproduction d'une couleur déjà existante. Variation des dessins de l'aile. Dans la variation des dessins, il n’y a pas non plus apport d'une nouvelle couleur. Les dessins peuvent s’assombrir ou s'éclaircir de la méme manière que la cou- leur générale de l’aile. En outre, ils peuvent s’agrandir ou diminuer. On comprendra l'importance que prend ce fait dans la question qui nous occupe. Un exemple fera surtout ressortir cette importance ; c’est celui de Psilura monacha (pl. 1, fig. 19 et 20), dont les ailes supérieures sont blanches, traversées de lignes zigzaguées noires. Chez les individus de l’espèce normale, le blanc domine de beaucoup, tandis que chez les individus de lab. eremita, les ailes, surtout les supérieures, sont entièrement noires. Entre ces deux extrêmes, il existe des individus présentant toute la gamme des intermédiaires (ab. rigra). Or, il est manifeste que l’assombrissement de l'aile est dû à l’envahissement des lignes zigzaguées, c’est-à-dire des dessins noirs : ceux-ci s’agrandissent et finissent par masquer le blanc. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 119 Des cas identiques se trouvent chez Melanarqia qalathea et son ab. lugens Oberth. figurée par REVERDIN (1905-1909, 144), chez Arctia caja et une foule d’autres espèces. Citons encore, dans le même genre, les ab. aphæa et navarina de Melitæa athalia, ab. malpodia de Melitæa parthenie, lab. valesina 4 Argynnis paphia, ete. Il arrive fréquemment que deux bandes seulement, situées l'une à côté de l’autre, S'élargissent de façon à se souder pour former une bande plus large qui coupe l'aile transversalement. Les deux genres Argynnis et Melitæa présentent de nombreux cas de cette sorte de variation, que l’on retrouve aussi chez bon nombre d’autres espèces. Les dessins peuvent aussi diminuer de taille; cette diminution, dans bien des cas, pourra aller jusqu'à la disparition presque complète, parfois complète de ces dessins, donnant aux ailes un aspect différent et un facies très éclairei. L'ab. cory- thalia de Melitæa parthenie en est un exemple. On trouvera de nombreux cas ana- logues. Lorsque les dessins sont composés de simples taches ou points, la variation se fait de même que nous venons de la signaler : Abraxas grossulariata devient noire aux ailes supérieures, par le fait qu'en s’agrandissant, ses taches envahissent la couleur générale de l'aile et la bande transverse fauve; la même espèce devient presque blanche par suite de la disparition plus ou moins complète de ses taches. L'aspect de l'aile se trouvera grandement modifié par la simple jonction, par un trait, de taches ou de points : ainsi les aberrations dites confluentes des genres Lycænaet Polyommatus. L.-G. COURVOISIER (1903, 25) à étudié ce mode de varia- tion. Par contre, chez les mêmes espèces, les points peuvent manquer pour la plupart ou parfois complètement. Dans un grand nombre de cas, les ailes des Papillons comportent à la fois des bandes et d’autres sortes de dessins; ces Papillons se modifient également de la facon que nous venons de voir. J.-W. SPENGEL (1899, 159) a montré que, d’après ce processus, Papilio machaon peut devenir presque complètement jaune ou tout à fait noir. Il en est de même pour Amphydasis belularia, dont quelques individus sont presque blancs et pour son aberration doubledayaria, qui est noire. I sera facile à chacun de trouver quantité d'exemples analogues. L’envahissement d'un dessin par celui qui est situé à côté est fréquent et con- tribue largement à modifier l'aspect de l'aile. Ainsi REUSS (1909, 141 et 142) à montré que, chez Vanessa io, l'extension de la couleur bleue de l'ocelle de l'aile supérieure se fait au détriment du jaune et du noir de cet ocelle : à l'aile inférieure c’est au détriment du noir. On trouve des individus dont l'ocelle inférieur est entiè- rement bleu avec peu de noir; chez d’autres, au contraire, locelle est presque noir MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. 87 (1912). 15 120 ARNOLD PICTET avec trois ou quatre petits atomes bleus. De même, chez Vanessa urticæ, les lunules bleues augmentent au détriment du noir qui les entoure ou bien c’est le noir qui les envahit presque complètement. La forme des dessins donne aussi lieu à des modifications importantes. Mais ces changements de forme proviennent presque toujours d’un déplacement d'une couleur déjà existante sur l'aile. Vanessa urticæ et Vanessa io nous fourniront quel- ques exemples à ce sujet. En comparant la première espèce et ses aberrations ichnusoïdes et polaris, on remarquera la différence qui existe entre leurs bordures marginales. Or, dans les deux aberrations, nous retrouvons, constituant cette bor- dure, tous les éléments qui forment celle de l'espèce; seulement, ces éléments sont déplacés et occupent, par rapport les uns aux autres, des positions différentes. Même remarque peut être faite en ce qui concerne l’aberration belisaria de Vanessa 10, où l’ocelle de l’aile supérieure, arrondi chez l'espèce, à pris la forme d’un fer à cheval chez l’aberration; ce changement de forme provient simplement du fait que la tache noire de la cote s’est déplacée de façon à chevaucher sur locelle. A.-G. MAYER (1897, 104) a établi des lois du type de coloration des Papillons. Après avoir montré que, parmi les couleurs (rouge, jaune, vert, etc.) des Lépidop- tères, le plus grand nombre contient une proportion surprenante de noir, il confirme à son tour plusieurs des points que nous venons de signaler. Celles de ces lois qui concernent la variation sont les suivantes : 1. Des bandes de couleur sont souvent formées par la fusion d’une file de taches adjacentes et, inversement, des files de taches proviennent souvent de la reproduction d’une bande, 9, Quand elles sont en voie de disparition, les bandes commencent d'ordinaire à se réduire à partir d’une extrémité. 3. Dans une série de taches, celles des extrémités sont plus variables que celles du milieu. 4. La disposition des taches situées près d’un bord extérieur des ailes est for- tement influencée par le plissement de la région. Variation par mélanisme et albinisme des parties de l'aile. Considérons, maintenant, que le brun, le rouge et le jaune, dans leurs diverses nuances, sont les couleurs les plus répandues sur les ailes des Papillons. C. OBERTHÜR (1893, 117) montre que les Lépidoptères dont les ailes sont tachées de rouge peuvent, par albinisme moyen, changer le rouge en jaune et, par albinisme extrême, en blanc. Par mélanisme, ces mêmes parties rouges peuvent devenir brunes et même 4 DSP MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 121 noires. « Nous ne connaissons pas d'exception à cette règle, ajoute OBERTHUR, en ce sens que toutes les espèces colorées de rouge présentent au moins les deux types moyens de la variation albine et mélanienne, c’est-à-dire le jaune et le brun. Les termes extrêmes, le blanc et le noir, sont plus rares, et, dans l'état actuel de la science, le nombre des espèces où l’albinisme et le mélanisme complets ont été cons- tatés, est encore assez restreint. ». Dans la variation des Papillons, le brun et le jaune dérivent donc du rouge. Cette observation, qui ramène à une seule couleur trois colorations distinctes, est assez séduisante et ne semble, en aucune facon, extraordinaire, Dans leurs études de l'origine des couleurs, M. VON LINDEN et d’autres auteurs ont montré que, pen- dant l’ontogénie, les couleurs suivent cette gradation. En outre, ainsi que nous le verrons dans la partie expérimentale de ce travail, les dessins noirs (cette couleur n’est jamais absolue) peuvent provenir d’une surcoloration de dessins correspondants bruns (autrement dit rouges) et les taches blanches peuvent être le résultat de la décoloration de dessins correspondants jaunes (autrement dit rouges). Des lors, ces considérations étant admises, le mécanisme de la variation des Papillons devient très simple et nous voyons qu'elle se fait nettement dans deux directions opposées : la dégradation de teinte des dessins qui, poussée à l'extrême, conduit à l’albinisme de ces dessins où bien Passombrissement de ces mêmes parties qui, poussé à l'extrême, conduit à leur #é/anisme. Mais, hätons-nous de le dire, les termes extrêmes ne sont pas toujours atteints. Il n’en est pas moins vrai que, lorsqu'un Papillon varie, il suit teujours, pour tout ou partie de ses dessins, les deux directions précitées. Nous dirons donc qu'il est, dans les cas de dégradation de la teinte de ses dessins, dlbirisant, pour bien marquer que cette dégradation de teinte n’a pas été suffisante pour que l’insecte soit frappé d'al- binisme complet. Dans le cas contraire et pour les mêmes raisons, nous dirons que le Papillon est mélamisant. Pour ce qui est des Lépidoptères normalement colorés en bleu, ceux-ci devien- dront, selon OBERTHÜR, par albinisme gris et par mélanisme brun foncé. La variation des Papillons, telle que nous venons de l'indiquer, est générale; c'est OBERTHER, (1893, 117) qui, le premier, l’a démontré. Il ajoute : + La règle est donc établie aussi bien pour les Rhopalocères que pour les Hétéroceres et pour les espèces de la région tempérée comme pour celles de la région tropicale. On peut alors conclure à l'existence d’une loi atteignant et modifiant semblablement toutes les espèces de Papillons colorés en rouge. » Ajoutons que cette loi générale de la variation des Papillons par mélanisme et albinisme des parties de l'aile, peut s'appliquer aussi aux Papillons qui ne sont pas colorés en rouge. Le gris des noctuelles, par exemple, suit les mêmes modifications 199 ARNOLD PICTET que le rouge des autres espèces et peut passer au noir comme au blanc. Nous ferons cependant une réserve pour la couleur verte, les Papillons ainsi colorés ne donnant généralement pas lieu à des variations assez accentuées pour que nous ayons pu nous faire une opinion. Nous verrons, au cours de ce travail, que les idées de C. OBERTHÜR, touchant la variation par mélanisme et albinisme des couleurs, sont conformes à la réalité, du moins en ce qui concerne les espèces étudiées, et celles-ci sont suffisamment nom- breuses pour nous laisser supposer que cette loi est générale pour l’ordre des Lépi- dontères. Ce travail nous montrera encore quels sont les mécanismes qui agissent pour amener la variation des Papillons selon la loi en question. Ils sont de plusieurs sortes, suivant les différents groupes. La variation des Lépidoptères en rapport avec leur distribution géographique. La loi de la variation des Papillons par mélanisme et albinisme des parties de l'aile étant établie, existe-t-il des contrées ou des régions de notre globe où se rencon- trent plus fréquemment les formes mélanisantes, et d’autres, les formes albinisantes ? DE LA HARPE (1846-48, 26), apres avoir montré que le climat froid a sur les Papillons le même effet, au point de vue de la coloration, que sur les animaux à sang chaud, cite quelques exemples qui tendent à montrer que les aberrations méla- nisantes sont surtout spéciales aux régions montagneuses. A. VON CARADJA (1894, 20) et H. FEDERLEY (1905, 35) arrivent à des con- clusions semblables. Et, de fait. les collectionneurs savent bien que, dans les Alpes, la pigmentation des Lépidoptères s’accentue souvent de façon que le pigment brun est remplacé par du noir, le rouge par du brun et le fauve par du rouge brun. WALSINGHAM explique que le climat froid rend nécessaire aux animaux une absor- ption plus grande de chaleur; c’est pour cela qu'on y rencontre plus d'animaux foncés, la teinte foncée absorbant davantage les rayons du soleil. S'il est exact que des formes foncées se rencontrent en plus grand nombre dans les montagnes que dans la plaine, il n’en est pas moins vrai que des aberrations plus claires que le type spécifique volent aussi en grand abondance dans les régions montagneuses et froides, C'est ainsi que H. MeyEer-Dür! à remarqué que lalti- tude crée aussi bien des formes claires que des formes foncées; c’est surtout par l'observation directe que l’on pourra se rendre compte du bien fondé de ce qui précède. Mais ce que l'observation directe nous apprendra également, c'est que les ! D’après P. BacamersEw (1907, 4), p. 247. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 123 mêmes espèces sont souvent représentées aux hautes altitudes par des variétés dont les unes sont plus et les autres moins colorées que l'espèce normale, Ainsi Melanargia galathea, dans les mêmes localités montagneuses, montre fréquemment les deux types de coloration albine et mélanienne. Différentes espèces appartenant aux genres Melitæa, Argynnis, Satyrus, Ercbia, ete. témoignent de la même ten- dance. Les Lycæna se comportent de même et l’on trouve dans les mêmes parages des Lycæna arion surchargés de noir (ab. obscura) et d’autres chez lesquels le pigment foncé est au contraire réduit. Des Lycæna corydon males à large bordure noire volent avec des individus de même espèce chez lesquels cette bordure est en partie effacée ; les femelles des Lycæna corydon des Alpes sont aussi souvent pâles que richement colorées. Cette remarque est presque générale. L'observation directe nous apprend encore que la plupart des formes albini- santes et mélanisantes des montagnes se retrouvent dans la plaine, également côte à côte avec la forme typique. Là encore nous ne pouvons pas dire que le climat des plaines exerce une influence dans un sens où dans un autre, en ce qui concerne la pigmentation. TaurAU! a signalé que l’aberration femelle valesina d'Argynnis paphia vole, en Allemagne, en même temps que le type et dans les mêmes localités que celui-ci. Cette observation à été également faite en ce qui concerne toutes les loca- lités où se rencontre cette aberration. Le climat des Alpes doit-t-il étre considéré comme froid ? Il est certain que la température y est plus basse à certaines époques de l’année et à certains moments du jour. Mais, dans les vallées latérales, encaissées, orientées par exemple dans le sens du levant au couchant, la température pendant la journée est parfois exces- sive; les conditions climatiques de ces vallées ne peuvent donc être assimilées à celles des montagnes en général; sous ce rapport elles tendraient plutôt à se rap- procher des conditions méridionales. Nous avons montré (1903, 122) que ces vallées contiennent souvent des aberrations voisines de celles qui se rencontrent dans le midi de la France ou en Italie. L’altitude, en elle-même, ne semble done pas constituer plus spécialement un facteur de mélanisme que d’albinisme; les deux sortes de variations, en effet, s’y rencontrent aussi fréquemment que dans la plaine, En est-il de même dans les régions du Nord, dans celles du Sud et dans les Tropiques ? J. MANN? à remarqué que les Papillons qu'il récolta dans la Dobrudscha présentaient de notables différences de coloration avec ceux des mêmes espèces 1 D’après P. BacumerJEW (1907, 4), p. 356. ? Ibid., p. 343. 124 ARNOLD PICTET habitant les environs de Vienne, Et A. HOrFMANN (1891, 67), avec des chenilles de Teras hastiana, montra que la tendance au mélanisme de cette espèce dans les environs de Hanovre s’observe aussi chez d’autres espèces, et l’auteur voit, dans le climat de la mer du Nord, une tendance à l’éclaircissement des couleurs. A. WEISMANN (1895, 188), dans ses belles recherches sur le dimorphisme saisonnier, conclut que l'abondance des points bleus à la bordure de certains Chry- sophanus phlæas n’est pas en corrélation avec le climat et que des aberrations de ce genre se rencontrent aussi bien au nord qu'au sud; leur présence constitue une variation individuelle qui se retrouve partout et à n'importe quelle température. De même H. MEYER-DÜR (1852, 114) trouve au nord de l'Europe des formes claires et d’autres foncées appartenant aux genres Sutyrus et Argynnis et, dans le Sud, les deux nuances s’observent également parmi les individus de ces deux espèces. Enfin HENSEL!, pour ce qui est de Psilura monacha et J. Brett (1900, 16), en ce qui concerne Melitæa aurinia, Amphydasis betularia, Boarmia roboraria, Bourmia consortaria et Bourmia crepuscularia, ont remarqué que les aberrations mélanisantes apparaissent pendant un cycle d'années ; ensuite vient un cycle d’une certaine durée où l’on ne rencontre que des aberrations albinisantes. BREIT estime que la production des formes foncées provient des conditions climatiques de l'hiver- nage qui a précédé l’éclosion des adultes. De même que pour l'étude des formes alpines et de la plaine, l'observation directe montrera que le climat des régions septentrionales produit aussi bien des formes albinisantes et mélanisantes que le climat des régions méridionales. Cette obser- vation pourra se faire par l'examen de collections étendues. On pourra se rendre compte encore de la chose d'après le bel ouvrage de C. OBERTHUR (1909-1910, 119). Cependant, le climat des iles semblerait avoir une influence plus régulière sur la pigmentation foncée. Selon C. OBERTHÜR (1900, 118), les Hétérocères anglais présentent des variétés surtout mélaniennes affectant presque toutes les espèces; on peut les considérer, par leur fréquente répétition, comme des spécialités de la faune insulaire quoique, çà et là, sur le continent, mais très rarement en général, on trouve des variations analogues. Nous voyons par ce qui précède qu'il n’y a guère de contrées où le mélanisme soit plus particulièrement répandu que l’albinisme, ou vice versa et, si l’on rencontre dans quelques localités spéciales (Angleterre, par exemple) une tendance plus mar- quée à la production des formes foncées, cela doit être considéré comme une exception. ! D’après P. BacamerJew (1907, 4), p. 356. ë CHAPITRE TI De la variation par mélanisme et albinisme des parties d’après les expériences des auteurs. Ayant constaté que, en Europe surtout, le climat n’est pas ce qui produit l’al- binisme et le mélanisme des Papillons, recherchons maintenant si les différents fac- teurs du climat ont, séparément, une action plus régulière sur la variation de ces Insectes. A. — DIMORPHISME SAISONNIER. Parmi les phénomènes météorologiques qui composent le climat, nous devons mentionner tout d'abord l'alternance de l'été et de l'hiver, ou, dans les pays tropi- caux, de la saison humide et de la saison sèche. On sait que plusieures espèces ayant deux générations par année se présentent avec des nuances différentes et même avec des dessins différents, suivant la saison où elles se sont développées. La diffé- rence entre les individus de chacune de ces saisons est parfois assez accentuée et constitue de frappants exemples de dimorphisme saisonnier. Le Papilio ajax de l Amérique du Nord se présente sous trois formes différentes : deux formes d'hiver à teinte claire et une forme d'été à teinte foncée, W.-H. EpwaRps!, en refroidissant les chrysalides de la forme d'été, a obtenu des ’apillons de la forme d'hiver. Dans les régions tropicales, la différence entre les formes de la saison humide et celles, de même espèce, de la saison sèche, est plus accentuée que l’est dans nos régions, la différence entre les formes d'hiver et celles de l'été. Ainsi LIONEL DE NICÉVILLE® à montré que les formes indiennes Cyllo leda et Cyllo ismene ne sont en réalité qu'une seule et même espèce; la premiere ! D’après L.-F. HexxeGuy (1904. 65), p. 512. ? D’après P. Bacumergsew (1907, 4) p. 365. 126 ARNOLD PICTET apparaît pendant la saison sèche, tandis que l’autre ne se montre que pendant la saison humide. Il est vrai que SCHWINHOE, d'après BUTLER (1879. 18), avait pré- cédemment constaté la présence des deux formes, dans les environs de Bombay, aussi bien dans chacune des deux saisons. G.-A.-K. MARSHALL! admet que le dimorphisme saisonnier de Pieris octavia- seramus, Liépidoptère du Transwaal, est dù à laction de la sécheressse et de l'humidité; la forme seramus apparaît pendant la saison humide, tandis que la forme octavia est celle de la saison sèche. L'auteur admet que l’excitant réside dans le milieu extérieur et combat l’hypo- thèse de POULTON que, par suite des modifications acquises dans les couleurs, qui, dans certains cas, deviennent protectrices, la sélection naturelle ait joué un rôle pri- mordial dans la production de ces couleurs. Tandis que le dimorphisme saisonnier serait dû, en Europe, à la différence de température, dans l'Afrique centrale il fau- drait surtout considérer la différence d'humidité. Poursuivant ses recherches, MARSHALL (1901, 102) étudie l'influence de l’hu- midité sur les chenilles du genre Terias et il arrive à la conclusion que, dans bien des cas, le stimulus nécessaire pour produire le dimorphisme saisonnier consiste en une combinaison de l’humidité et de la chaleur, ou inversement de la sécheresse et du froid. Enfin C.-W. BARKER (1895, 7) démontre que, dans le Natal, des règles constantes président aux modifications qui différencient la forme de la saison humide et celle de la saison sèche. En Europe, les cas de dimorphisme saisonnier, quoique moins accentués que dans les pays tropicaux, sont tout aussi nombreux. Citons comme exemples Artho- charis belia-ausonia (belia, printemps, ausonia, été); Anthocharis belemia-glauca ; Lycæna polysperchon-amintas : Papilio machaon, dont la couleur du fond est jaune pale au printemps, jaune orangé en été; Selenia tetralunaria-æstiva, ete. Il en est de même pour la plupart des espèces qui ont deux générations par année. J.-A. DUPONCHEL (1849, 30) et KE. BERCE (1867, 10) ont entrepris l'étude expérimentale du dimorphisme de Vanessa levana-prorsa. Cette Vanesse apparait au printemps, provenant de chrysalides qui ont passé l'hiver, sous la forme levana (teinte brun-jaunatre, avec des taches noires et blanches). La Vanessa levana pond, et ses chenilles et chrysalides, après une courte existence, donnent, en juillet, des Papillons brun foncé, presque noirs, avec quelques taches blanches, et un peu plus grands que les Papillons du printemps. Cette seconde génération est done représen- tée par des individus mélanisants et constitue la forme prorsa, de laquelle proviendra de nouveau au printemps suivant, la forme levana. Quelquefois des individus prorsa 1 D'après K. HenneGuy (1904, 65), p. 516. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 197 éclosent déjà en automne, et apparaissent alors sous une forme intermédiaire, porima. En maintenant à la chaleur les chrysalides de levana, DUPONCHEL obtint la forme prorsa et, en maintenant à la chaleur les chrysalides de prorsa, BERCE obtint la forme porima. A. WEISMANN (1875, 186) étudia, outre celle de la chaleur, l'influence des basses températures sur les chrysalides de cette Vanesse. Il maintint pendant quatre semaines dans une glacière des chrysalides provenant de la génération prorsa et obtint des Papillons qui, pour la plupart, avaient la coloration claire de levana. Plus tard (1895, 188), ayant entrepris de nouvelles séries d'expériences en vue d'établir dans quelles limites le dimorphisme saisonnier peut être considéré comme le résultat direct des conditions de température, et dans quelle mesure les différences de climat peuvent avoir donné lieu à des modifications permanentes, c'est-à-dire héréditaires, dans la couleur, le même auteur à montré qu'il existe deux sortes de dimorphisme saisonnier : un dimorphisme direct, résultant directement des varia- tions du milieu extérieur (Ex : Chrysophanus phlæas) et un dimorphisme adaptatif qui est le résultat d’un processus d'adaptation héréditaire où la sélection naturelle semble jouer un certain rôle (Ex: Vanessa levana-prorsa). Dans cette dernière sorte de dimorphisme, les conditions extérieures n’agissent que comme stimulant, produisant par un phénomène d’induction le développement de déterminants parti- culiers. Dans certains cas, tel que celui de Pieris napi, il est probable que les deux sortes de dimorphisme soient représentés. E. FISCHER (1895, 38) et G.-W. RUHMER (1898, 150 et 151), qui ont aussi étudié les effets de la température sur plusieurs espèces et en particulier sur Vanessa levana et ses variétés, confirment les résultats obtenus et se rattachent aux conclu- sions de WEISMANN. M. STANDEUSS (1895, 161), dans ses recherches sur la température comme fac- teur de variation chez les Lépidoptères, a montré que, sous cette influence, peuvent naitre : 1° Des variétés saisonnières, (Vanessa ©. album et Papilio machaon) : 20 Des formes et des races locales; 3° Des formes telles qu'on en voit apparaitre çà et là exceptionnellement ; 4° Des formes phylogénétiques. Les données de l’auteur s'accordent avec l'opinion qui attribue aux agents extérieurs une influence directe pour la formation des formes saisonnières et des espèces. C’est aussi celle qu'a soutenue EIMER (1889, 32). L'un et l’autre se refusent à admettre, sous ce rapport, l'influence de la sélection naturelle. MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 16 198 ARNOLD PICTET W. HARCOURT-BARTH (1896, 63) a porté ses observations sur le dimorphisme saisonnier de diverses espèces de la Grande Bretagne. En ce qui concerne les Pieris brassicæ, Pieris rapæ et Pieris napi, Vauteur conclut de ses expériences à l'influence directe du milieu (température) comme facteur de dimorphisme sai- sonnier. Comme on le voit, l’origme du dimorphisme saisonnier est loin d’être établie. L'hérédité entre certainement en ligne de compte et les exemples de Vanessa levana- prorsa, ainsi que d’autres parmi ceux observés jusqu'à maintenant, tendent à montrer que l’on se trouve en présence de cas d’alternance de générations dans lesquels la température agit simplement comme stimulant. C’est ce que confirment les recherches de WEISMANN (1875, 186 et 1895, 188) et, avant lui, celles de DORFMEISTER (1864, 29). Quoi qu'il en soit, que le dimorphisme saisonnier soit adaptatif ou résulte direc- tement des conditions de l'ambiance, les différences que présentent les individus de chacune des générations, en ce qui concerne les régions tempérées, sont soumises à la loi de la variation par mélanisme et albinisme des parties. C’est ce dont chacun se rendra compte facilement par l'examen d'une collection tant soit peu étendue. Pour ce qui est des Papillons des régions à saisons sèche et humide, nous avons vu que la production de pigment noir caractérise parfois une des générations. B. — INFLUENCE DE L'HUMIDITÉ ET DE LA SÉCHERESSE L’humidité joue certainement un rôle comme facteur de mélanisme. Dans cer- taines régions, l’air est presque constamment chargé de vapeur d’eau; aïlleurs, les périodes humides sont intermittentes. Dans certains pays tropicaux, la saison humide alterne avec la saison sèche; dans d’autres, la sécheresse domine presque toute l’année, En Europe, les périodes d'humidité ne sont pas partout régulières, à époques fixes. L'observation directe montre que les années pluvieuses sont parfois riches en aberrations surcolorées. C’est ainsi que F. RÜHL (1889, 148) constata le fait pour Argynnis euphro- syne et que R. BERGER (1892, 12) a montré que les formes foncées d’Aglia tau proviendraient de chenilles qui ont vécu dans des lieux humides. Mais c’est surtout à l’expérimentation que nous devons demander la solution du problème ; nombreux sont les auteurs qui ont étudié l’humidité comme facteur modifiant la couleur des Papillons. Nous en citerons les principaux résultats : MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 129 L. KATHARINER (1900, 75) trouva que l'humidité et la pression amènent des perturbations dans la coloration des Papillons et F. RÜHL (1892, 149) montra que, lorsque des chrysalides se trouvent placées, expérimentalement, dans le voismage de l’eau froide, les Papillons qui en proviennent sont fréquemment frappés de méla- nisme partiel. A. WEISMANN (1895, 188) remarqua que l'humidité d'une glacière dans laquelle se trouvaient des chrysalides de Chrysophanus phleas rendait souvent plus intense le rouge de ces Insectes. K. FRINGS (1898, 47), ayant enfoui dans du sable mouillé la partie antérieure de chrysalides nouvellement formées de Vanessa c-album et de Vanessa atalanta, de façon que l’abdomen et ses stigmates fussent seuls en dehors, remarqua que les Papillons issus de cette expérience possédaient, pour la plupart, des caractères mé- lanisants. Quant à EF. FUCHS (1905, 54), ayant élevé les chenilles d’Acidalia similata dans une éleveuse constamment saturée d'humidité, il observa que les insectes par- faits avaient les ailes uniformément grisatres ; il nomma cette aberration grisea. Nous avons montré (1903, 122; 1904, 124 et 190, 126) que l'humidité agis- sant sur les larves et sur les chrysalides modifie notablement la coloration des Papillons qui en proviennent. Nous n'entrerons pas dans le détail des nombreuses expériences auxquelles nous nous sommes livrés; nous nous bornerons à indiquer dans quelles circonstances l'humidité agit pour produire une surabondance de pigment foncé sur les ailes des Papillons qui ont été soumis à ces expériences : 1° Lorsque les chenilles consomment des feuilles constamment recouvertes d'humidité. 20 Lorsque les chrysalides sont placées dans une atmosphère saturée d'humidité à la température normale, ou reçoivent cette humidité sous forme d’une pluie artificielle. 3° Lorsque les chrysalides sont placées dans une atmosphère humide à la tem- pérature de + 5 à 10° et de + 8 à 15°. Dans aucun des cas précités l'humidité n’a produit de formes albinisantes. Mais lorsque les chenilles de Fanessa urticæ furent soumises à cette influence pen- dant la période de suspension qui précède la nymphose, les Papillons furent légère- ment plus clairs, avec caractères albinisants. Cependant l'humidité ne semble pas un facteur absolument général de méla- nisme et, si la surproduction de pigment foncé en est, le plus souvent, le résultat, le contraire se présente également. H. FEDERLEY (1905, 35) a observé, en effet, que la production de formes albinisantes de Leucodonta bicoloria est due à l'humidité. L'influence de la sécheresse a été étudiée par quelques auteurs; ses effets ne semblent pas moins manifestes que ceux de l'humidité. 130 ARNOLD PICTET A. MEYER-DÜR (1852, 114) a trouvé que les Papillons d’Arge galathea varient suivant qu'ils se rencontrent sur les pentes froides et sèches, où ils sont jaunâtres (aberrations mélanisantes) ou dans les tourbières et les endroits marécageux où la couleur du fond de leurs ailes est plus blanche (forme normale). O. HaBicH (1891, 62) admet que la sécheresse de la nourriture de la chenille a une influence sur la coloration du Papillon. A ce propos nous rappellerons que les chenilles de Vanessa urticæ, nourries avec des feuilles d'Orties desséchées, donnent lieu à des adultes petits, aux couleurs ternes, aux dessins effacés. M. SrANDEUSS (1891, 160) admet que l’albinisme soit une résultante de la sécheresse des chrysalides, tandis que W. PREST (1877, 139) trouve le contraire pour ce qui concerne Amphydasis betularia dont les chenilles ont été nourries de plantes sèches. Mentionnons encore les recherches de C. RIBBE! qui démontrent que les chenilles de la variété verte d’'Ornithoptera priamus ne se rencontrent que sur les plantes qui poussent dans les endroits secs, tandis que les chenilles de la variété jaune cræsus ne vivent que dans les lieux humides. Enfin H. BürsTERT (1901, 17) montre que le milieu humide agit sur les chry- salides de Sphinx pinastri pour produire des variations foncées de leur Papillon, tandis que le milieu sec agit dans le sens opposé. Les expériences signalées sont suffisantes pour nous montrer que l'humidité et la sécheresse constituent aussi bien un facteur de mélanisme que d’albinisme partiels. C. — INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE. De tous les agents extérieurs, c’est sans contredit la température qui agit le plus dans la variation des Papillons. Lorsque les œufs, les chenilles ou les chrysalides de la plupart des espèces sont placés dans un milieu anormalement chaud où anor- malement froid, ils réagissent contre cette influence à laquelle leurs ascendants n’ont pas été accoutumés: cette réaction se traduit sur les ailes des Papillons qui pro- viennent de ces œufs, de ces chenilles ou de ces chrysalides, par des modifications souvent tres accentuées dans la forme et la couleur des dessins. Un nombre important de recherches ont été faites dans ce domaine, de 1864 à nos jours; les résumer toutes, serait allonger considérablement ce travail et ceux qui désireraient se documenter à ce sujet feront bien de consulter le bel ! D’après P. BacametyEw (1907, 4), p. 369. AL OU MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 4131 ouvrage que P. BACHMETIEW (1901, 3 et 1907, 4) a consacré à l’entomologie expé- rimentale; ils y trouveront, résumés, tous les travaux qui ont paru dans ce domaine. Sous l'influence de la température, les Lépidoptères modifient parfois consi- dérablement l’ornementation de leurs ailes: c’est surtout la chrysalide qui est sen- sible. Elle peut supporter une température de 55°, ou de plusieurs degrés au- dessous de zéro, et cela pendant un certain temps, sans être tuée. M. STANDEUSS (1900, 167 et 1901, 168) a démontré qu’il suffit d'exposer deux heures de suite des chrysalides à une température de 42-45° pendant deux, trois où quatre jours consécutifs, pour déterminer des aberrations. Nous avons obtenu nous-même de très jolies formes, voisines des aberrations ichnusoïdes et polaris de Vanessa urticæ, en ne soumettant les chrysalides de cette espèce qu’une seule fois deux heures de temps à 43°, assez vite après la pupation. Chez certaines espèces, telles que les Vanessa, les aberrations obtenues de la sorte sont très différentes des types respectifs, tandis que d’autres espèces ne se modifient que peu, ou même pas du tout. Dans les expériences de température, les auteurs ont employé les méthodes les plus diverses, ont varié la durée de Pexposition à la température aussi bien que le degré de celle-ci; ils ont également fait agir le froid et la chaleur sur des chrysalides d’ages divers, tout en reconnaissant que la pupe fraîchement formée est plus sensible que la pupe âgée; ils ont encore soumis les chrysalides plusieurs jours consécutifs, ou bien chaque jour pendant un certain temps, au même régime thermique. Enfin quelques-uns se sont appliqués à alterner l'influence de la chaleur et du froid. Les résultats ont donc sensiblement varié suivant le procédé ou suivant l'importance de l'expérience. Mais, malgré les procédés différents et malgré les résultats divers, les aberra- tions produites, qu’elles soient accentuées ou simples, peuvent toutes se ramener aux deux types de variation par mélanisme et albinisme des parties : dans les recherches bibliographiques auxquelles nous avons dû nous livrer et pour lesquelles le travail de BACHMETIEW nous a été d’une grande utilité, nous n'avons pas trouvé (à part un petit nombre de cas douteux et mal étudiés) d'exception à cette regle. Pour en faire ressortir l’importance, nous classerons, dans les tableaux sui- vants, les résultats obtenus par les auteurs en deux catégories : 1° Aberrations mélanisantes (produites par la chaleur et par les basses tem- pératures). 2° Aberrations albinisantes (produites par la chaleur et par les basses tempé- ratures). 132 ARNOLD PICTET ABERRATIONS MÉLANISANTES AUTEURS G. DoRFMEIsTER (1864, 29) C.-E. VENUS (1888, 183) F. MerRirieLp (14889. 107 ; 1891, 108 ; 1892, 109 ; 1893, 110 et 189%,111) M. Sranpruss (1894, 161 : 1895, 162 et 163) E. Fischer (1895. 38) A. WEISMANN (1895, 188) INFLUENCE DE LA CHALEUR Température 27 à 30° de 7 à 10). à 37° 48 h. à 39° 34 à 38° 29 à 40° E "2 ic j Euprepia caja. Vanessa urlicæ., ab. ich- NUS. Selenia illunaria. S. luna- ria, S. illustraria. Platyplerix falcataria (ge- ner. printemps). Vanessa levana ab. prorsa. Chrysophanus phleas. Papilio machaun. Rhodocera rhamni ab. ichnusaetab.turcicu. V. polychloros. Vanessa urlicæ. Vanessa urlicæ, passage à| INFLUENCE DES BASSES TEMPÉRATURES Température 0°,5 10°,9 plusieurs jours 5'à180 34 à #48 jours ds glacière d° glacière Seleniaillunaria : S. luna- ra. S. illustraria. Platyptleriæ falcataria (gen. printemps), Eugonia aulumnaria. Vanessa urlicæ ab. polaris. Vanessa urticæ ab. ichnusa Bombyx quereus ab. cal- lunæ. Chelonia caja. Chrysophanus phleas. Pararge egeria. Vanessa polychloros. Vanessa C.ulbum, V. poly- chloros. V. urticæ (la plupart pola- ris). V.io (la plupart fischeri), V. antiopa. V.cardui, Argynnis aglaja. D. abietis. Vanessa polychloros, V. an- tiopa. V. cardui (ab. wiskotti). V. atalanta (ab. merri- field). Vanessa io et ab. fischeri. V. antiopa et ab. artemis. Crysophanus phleas de Naples. élevées à Fri- bourg ab. eleus el formes plus foncées que phleas. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 133 AUTEURS *, MeRRIFIELD (1894, 111; 1896, 112) M. Sraxpruss (1896, 164) Fiscner (1896, 39: 1898, 40 et 1903, 43) F. MeRRirIELD (1897, 112) M. Sranoruss (1898, 165 el 166) H. GauckLer (1806, 57 ; 1898, 58) F. Urecn (1898, 180et181) INFLUENCE DE LA CHALEUR Température 36 à 38° 35 à 30° pendant l'hiver 38 à 41° insolation Gonopteryx rhammni. Lasiocampa quercifolia (œufs, chenilles et chry- salides). | Vanessa antiopa. | Vanessa levana. Vanessa io et ab. fischeri V. urticæ el ab. polaris ; V. polychloros et ab. dixeyietformes voisines: V. antiopa et ab. «rtemis ou formes voisines : F. et cardui et ab. alalanta ab. merri- fieldi ; V. wis/otti. V. urticæ et ab. 1chnusa, ab. ichnusoïdes : V. poly- chloros et ab. testudo ou formes voisines ; V. an- tiopa et ab. arlemis, ab. antigone : V. cardui ab. elymi : V. atalanta et ab. clymene. Parnassius apollo, P. de- lius. Vanessa carduietab.elymi. V. C. album et ab. f. al- bum. Vanessa io et ab. Culore niquum maculata. INFLUENCE DES BASSES TEMPÉRATURES Température 0° — 4° à — 20° — 8° à — 12° — 6° à —10° —_ 0452 —10à —12° 5.32 + 90 0° \Pararge egeria, Vanessa polychloros. | L Vanessa urlicæ ab. polaris. Vanessa urlicæ et ab. po- laris et ab. ichnusoïdes, V. io et ab. fischeri. V. antiopa et ab. artemis. V. io et ab. antigone, V. urlicæ et ab. polaris et et «chnusoides, V. poly- chloros et ab. lestudo, V. cardui et ab. elymu, V.atalanta etab. merri- fieldi et clymene. Aporia cralægr, Argynnis paphia. V. io et ab. belisaria. V. urticæ et ab. atrebaten- sis et ichnusoides, V, io et ab. belisaria. V. io et ab, fischeri. V. urticæ, V. io et ab. fi- scheri, V. antiopa. Vanessa urlicæ et ab. po- laris artifice etab.donar. 134 ARNOLD PICTET AUTEURS F.Urecu (1898, 180et181) C. Frines (1898, 4; 1899, 48 ;: 1900, 49; 4901,50:; 1902, 51; 1903, 1905, 54) so - D2; M. von LinpeN (1899, 82) E. FiscHer (1899, 40) INFLUENCE DE LA CHALEUR Température 390 + 43° SEBEE + 37 à 39° + 09 + 43 à 50° + 30° V. urlicæ et vois. ichnusa, polaris V. jo et vois. fischeri et belisaria. V. urticæ ab. polaris : V. polychloros ab. testudo : V. prorsa ab. levana. V. urticæ et passages entre ichnusa et ichnusoïdes. Thais polyxena ab. ochracea : Papilio machaon : Melitwa dydima. M. au rinia. Papilio podalirius ab. ni- grofasciatus; Polyomma- tus amphydamas ab. obscur. Papilio machaon ab. nigro- fasciata : Vanessa io et formes voisines de ab. sardoa ; V.atalanta : V. cardui. Papilio podalirius. V. levana ab. prorsa. INFLUENCE Température —10ùà—14° 6 à 8° — 13° — 15° —6à— 8° expérience de gelée [HA à +30 + 13 à — 3° à + 15° DES BASSES TEMPERATURES V. io et ab. 10 kaste, ab. fischeri, ab. antigone. V. urticæ et vois. tchnusa, polaris. V. io et ab. fischeri et ab. mélanisantes. V. atalanta ab. merrifieldi et ab. mélanisantes, F. C. album. Vurticæetab.ichnusoides, V.atalanta et ab. cly- mene, et ab. merrifieldi. Papilio machaon, ab .nigro- fasciata. Apatura iris. Vanessa polychloros ab. tes- tudo. V. C. album ab. f. album, V. antiopa ab. hyqiæa, V. atalanta ab. merri- fieldi. Arclia caja. V. wrticæ ab. ichnusoïdes et formes voisines ; V.po- lychloros etab. testudo, V. antiopa et ab. arlemis, V. io et ab. antigone, V.C. album et ab. f. album, V. cardui et ab. elymi, V. atalanta et ab. clymene. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 139 AUTEURS L. CATHARINER (1900, 75) E. Irmseuer (1900, 72) B, Scevocr (1900) C. Lorez (190%, 97) E. Fiscuer (1901, 42) C. Frixcs (1903, 52; 1905, 53) H. FenerLey (1905, 35) C. Scurüper (1903, 155) T. Reuss (1909, 142) INFLUENCE DE LA CHALEUR Température exposition au soleil + 40° + 37 à 0°| 38° exposition au soleil Psilura monacha. Arclia flavia ab. obscure. Papilio podalirius ; P. ma- Lymantria dispar : Mala- Abraxras grossulariata. chaon : Polyommatus amphydamas, ab. obs- Cura. cosoma neustria. Vanessa urlicæ, ab. tocolor et ioform. Température | expérience | de gelée fenêtre expo- sée au nord PUR ee = 6 à + 7 MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912) INFLUENCE DES BASSES TEMPÉRATURES ' : Vanessa io Vanessa polychloros. Arclia caja. Limenitis sibylla etab. ni- | qgrina. Melitæa maturna, M. au- rinia, Callimorpha do- minula, Arctia hebe, À. villica, À. [lavia, Argynnis daphne, A. Deilephila eu- aulica, À. A. purpurala, paphia, phorbiæ. Limenitis po- puli. |Lymantria dispar. 17 136 ARNOLD PICTET ABERRATIONS ALBINISANTES AUTEURS G. DorrMeistTER (1864, 29) F. MerrireLp (1892, 109; 1893, 110 ; 1894, 111: 1897, 112) M. Sranpruss (1895, 162) E. Fiscuer (1895, 38) M. Sranpruss (1898, 166) C. FrinGs (1898 ,47 : 1899, 48; 1901,50; 1905, 53) C. ScnrôDper (1903, 155) F. RüHL (1888, 147) M. Sranoruss (1896, 164; 1898, 165 et 166) G. W. Runmer (1898, 150) E, Fiscer (1895, 38) Temperature + 960,7 269,7 + 32° 37e + 36° + 36° à 38° INFLUENCE DE LA CHALEUR Vanessa urticæ et V, io. | Bombyx quercus, ab. cal- lun. Pararge egeria. Vanessa polychloros , alalanta, Eugonia au- Lumnaria. Vanessa C. album, V. po- lychloros, V. antiopa, V. cardui Argynnis aglaja. Vanessa cardui. Vanessa antiopa ab. ky- qyæu. V. prorsa ab. porima. Vanessa antiopa ab. hy- gyæea: Alraxas grossulariala. Papilio podalirius, P. ma- chaon, Thais polyxena. Callimorpha dominula. Papilio podalirius ab. zan- cleus. Satyrus semele ab. aris- læus. Vanessa antiopa ab. hy- Jyæ. Vanessa antiopa, Payilio machaon. INFLUENCE DES BASSES TEMPÉRATURES Température + A°à 13° + 5° à 8° 0° [| |Chrysophanus phlæas. Eugonia autumnaria. Gonopteryæ rhamni. Vanessa antiopa, V. poly- chloros. Vanessa prorsa ab.porima. Vanessa antiopa ab. hy- qyæu. Colias myrmidone ab. alba. Vanessa anliopa. Abraæas grossulariata. Vanessa antiopa ab. hy- qyæa. Vanessa prorsa ab. porima. Vanessa antiopa et formes voisines de lab. hygyæa. - ua MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 137 AUTEURS INFLUENCE DE LA CHALEUR INFLUENCE DES BASSES TEMPÉRATURES es Température Température | M. von Linpex (1898, 82) + 30° | Vanessa levana ab. porima. E. Fiscuer (1899, 40) exposition |Vanessa antiopa et ab. au soleil epione et ab. hygyæa. _ 4. KATHARINER (1900, 75)/réchauff. uni-| Vanessa urlicæ. latéral par rayons solaires E. Fiscaer (1903, 43) + 38° à 41°! Vanessa prorsa ab. porima. C. Frincs (1903, 52; 1904 ,/+ 43° à 44°|Thais polyrenu. Expérience |Papilio podalirus ab. zan- 50) de gelée cleus, Arclia caja et ab. Deilephila euphorbiæ. schullzi. H. Fevencey (1905, 35) | 37° à 38°|/Limantria dispar, Mala- 0° Lymantria dispar, Mula- cosoma neustria. cosoma neustria. O. Seirert (1905, 157) — 12° |Arclia proximu. L’examen de ces tableaux nous apprend que : 1° Des aberrations mélanisantes et albinisantes sont produites aussi bien par les températures élevées que par les températures basses. 20 Des formes albinisantes de même espèce et en tous points semblables sont obtenues par la chaleur comme par le froid; des formes mélanisantes de même espèce s’obtiennent également au moyen des deux sortes de température. 30 La plupart des aberrations obtenues par ces procédés sont des formes locales qui se retrouvent dans d’autres localités ou d’autres pays où les conditions de température sont voisines de celles qui ont été expérimentées. 4° Quelques-unes des aberrations artificielles, principalement parmi les Vanessa, sont identiques à celles obtenues sous l'influence de l'humidité. 5° Le mélanisme semble plus fréquent que l’abinisme. 6° Les aberrations obtenues se créent toutes suivant la loi du mélanisme et de l’albinisme des parties. 138 ARNOLD PICTET E. FISCHER (1895, 39 ; 1899, 40 et 1903, 43) et M. STANDEUSS (1898, 165 et 166) sont les premiers qui aient démontré que les deux extrémes de température, agissant sur les chrysalides, produisent les mêmes variations de leurs Papillons. Les expériences de G.-W. RUHMER (1898, 150), F. URECH (1899, 182), M. von LINDEN (1904, 90) et H. FEDERLEY (1905, 35) ont donné des résultats analogues, c’est-à-dire que le froid et le chaud se conduisent comme des facteurs physiologiques équivalents. Pour FISCHER, on ne doit pas considérer le froid et la chaleur comme deux agents distincts agissant en sens opposé sur les espèces considérées. Comme il n'y a, entre ces facteurs, qu'une différence de quantité dans le nombre des vibrations, on doit de même regarder les réactions auxquelles ils donnent lieu sur l'organisme comme ne différant entre elles que par une question de degré. FEDERLEY démontre, en outre, que presque toutes les couleurs, sous l'influence des températures extrêmes, peuvent se modifier en couleur noire. Les recherches de M. vOx LINDEN l’amènent à la conclusion que les tempéra- tures basses et chaudes déterminent le plus souvent, les unes et les autres, une aug- mentation du pigment sombre. C’est ce que montrent également les tableaux pré- cités. C’est aussi la même chose avec l'humidité. F. URECH (1896, 175) conclut que la chaleur agit, dans le développement ontogénique, d’une façon corrélative en ce qui concerne les modifications de cou- leur, modifications qui donnent, pour résultat final, soit la décoloration, soit l'accen- tuation des couleurs. D'autre part, le même auteur (1899, 182) a démontré que l'influence des agents thermiques varie suivant les espèces, que le froid assombrit le pigment chez Vanessa urticæ, tandis qu'il l’éciaircit chez Vanessa levana-prorsa et que ce n’est pas la température elle-même qui agit, mais bien plutôt ses varia- tions, les oscillations de l’énergie calorique. Cependant l'examen des tableaux montre nettement le contraire, c’est-à-dire que le froid et le chaud assombrissent ou éclaircissent lun et l’autre le pigment chez presque toutes les espèces expérimentées. L'influence de l’état anormal produit par la différence des vibrations thermiques dans lequel se trouve la chrysalide apparaît donc cumme très nette. H. FEDERLEY (1905, 35) a encore porté ses recherches sur la forme des écailles de divers Papillons modifiés par la température et il résulte que le froid très vif et la chaleur excessive modifient la forme des écailles, qui peuvent être aussi moins nombreuses, tandis que le chaud et le froid moyens altèrent seulement la couleur des ailes, soit dans le sens mélanisant, soit dans le sens albinisant. Il y a lieu de reconnaitre cependant que, dans quelques cas, les deux sortes de variation peuvent se rencontrer sur les ailes du même Papillon. Mais le fait MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 139 qu'un même individu se modifie à la fois selon les deux modes de variation n'infirme en aucune façon la loi de la variation par mélanisme et albinisme des parties: il l’afirme au contraire !. D. — INFLUENCE DE LA LUMIÈRE. L’intensité des rayons lumineux joue un rôle évident dans la coloration des téguments des Insectes et de la plupart des animaux. Les larves qui vivent dans l'obscurité sont souvent incolores et blanchâtres; parmi celles qui vivent à la lumière, beaucoup sont, au contraire, parées de colorations plus ou moins vives, parfois éclatantes. L. MÔLLER (1867, 115) avait déjà remarqué que plus la lumière est intense, plus la couleur des Insectes est intense également. E. B. POULTON (1887, 1898, 138), F. MERRIFIELD (1898, 113), E. BORDAGE, (1889, 15), CH. SCHRÔDER (1896, 156), C. E. VENUS (1888, 183) et d’autres, ont signalé la relation qui existe entre la couleur de certaines chenilles et de certaines chrysalides et celle des surfaces où elles sont fixées. POULTON et MERRIFIELD, entre autres, ont démontré que la coloration des chrysalides de plusieurs espèces se modifie suivant qu’elles sont placées dans des récipients de couleurs diverses, de manière à devenir foncées dans des milieux foncés et claires dans des milieux elairs. SCHRÔDER, de son côté, en ce qui concerne les chenilles d’Æupithecia oblongata, à mis en évidence l'influence des rayons lumineux. Nous ne suivrons pas ces auteurs dans les théories, très intéressantes et pleines de mérite, qu'ils ont émises touchant le mimétisme et la protection que retirent les Insectes de l’homochromie acquise sous l'influence de la lumière ambiante; cette protection ne semble pas douteuse, mais son étude sort du sujet que nous traitons. Nous nous bornerons à mentionner que, parmi les adversaires de la théorie en ques- tion, M. C. PIEPERS (1895, 134) a nié que les colorations acquises fussent pro- tectrices. Les chrysalides et les larves dont la couleur à été ainsi modifiée ne donnent pas souvent naissance à des Papillons modifiés à leur tour. Cependant C. E. VENUS (1SSS, 183) remarqua que, parmi les chenilles de Panessa urticæ qu'il eut en édu- cation, celles qui se chrysalidèrent au soleil devinrent jaunâtres, avec reflets métal- liques et donnèrent naissance à la forme très colorée ab. ichnusa de la Corse. ! Plusieurs auteurs ont montré que la température exerce une influence directe sur la coloration des chenilles et des chrysalides de même que sur leur ontogénie. Mais nous n’avons pas à traiter ici cette question. 140 ARNOLD PICTET De son côté, M. voN LINDEN (1899, 82), ayant placé des chenilles et des chrysalides dans des récipients en verre recouverts de gélatine monochromatique. constata que les plus grands Papillons de Vanessa uwrticæ furent obtenus par la lumière bleue: les plus grands Papillons de Vanessa io provinrent par contre de l'obscurité, là où il n’y avait pas de rayons. Dans la lumière rouge, les chrysalides donnèrent des Papillons à couleur du fond intense, tandis que dans la lumière bleue, la couleur fut au contraire plus claire. Par contre, les recherches de L. KATHARINER (1900, 74), de M. STANDFUSS (1591, 160), de F. MERRIFIELD (1892, 109) et de E. BLANCHARD (1895, 14), tout en démontrant l'influence de la lumière sur la coloration des pupes, n’ont pas donné de résultats positifs en ce qui concerne la variation des adultes. V. GRABER! et N. CHOLODKOWSKY (1901, 22) concluent au contraire que l'intensité des rayons lumineux peut agir sur la chenille pour amener, plus tard, des modifications sensibles sur les ailes des Papillons. GRABER, ayant élevé des chenilles de Vanessa polychloros sous un verre jaune, obtint des Papillons chez les- quels les lunules bleues étaient remplacées par des lunules grises. (HOLODKOWSKY fit une série d'expériences en élevant des chenilles de Vanessa urticæ sous l'influence des rayons jaunes, rouges et bleus. La plupart des Papillons, une cinquantaine, ne présentaient pas de modifications spéciales que l’on puisse attribuer à l'influence expérimentale, Mais trois d’entre eux, un provenant de l’expérience avec les rayons jaunes et deux de celle avec les rayons bleus, furent, au contraire, complètement modifiés ; ils sont franchement mélanisants et se rapprochent, par plusieurs carac- tères, de variations obtenues par la température, par l'humidité et par d’autres influences que nous étudierons ensuite. Nous voyons que, dans quelques cas, les variations produites sont sensiblement les mêmes que celles obtenues par la température et l'humidité. E. — INFLUENCE DES AGENTS CHIMIQUES. Dans ce domaine, les recherches sont peu nombreuses; nous signalerons tout particulièrement celles que M. voN LINDEN (1899, 82; 1904, 89; 1905, 91 et 94) à entreprises pour démontrer l'influence qu'ont les principaux composants de l'air sur le développement et sur la variation des Lépidoptères. C’est l'azote et l'acide carbonique qui agissent avec le plus d'intensité sur les chrysalides pour ! D’après P. Bacamersew (1907, 4), p. 476. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 141 modifier les dessins de leurs Papillons. Des pupes de Vanessa urticæ plongées dans de l'acide carbonique pendant 24 h. donnerent la forme ichnusoïdes et quelques variations se rapprochant de lab. polaris. Une incubation de 48 h. dans l'azote pro- duisit également lab. ichnusoïdes et, pour Vanessa io, lab. belisaria. Quant à l’'in- fluence de l'oxygène sur les chrysalides de Vanessa urticæ elle crée, sur les ailes de leurs Papillons, des caractères foncés. Nous avons démontré (1905, 125) que des chrysalides de Vanessa urticæ placées dans des boîtes closes contenant de la naphtaline donnèrent des aberrations voisines de celles obtenues par l'humidité froide et, dans quelques cas, par la tempé- rature (ailes transparentes par place, coloration rose et transport du pigment foncé vers le bord de l'aile). Quoique peu nombreuses, ces recherches confirment ce que nous avons vu pré- cédemment en ce qui concerne, du moins, le mélanisme. F. — INFLUENCE DE LA NOURRITURE. Plus nombreuses sont les recherches qui ont pour but de mettre en évidence l'influence exercée par la nourriture des chenilles sur la variation de leurs Papillons. Cette influence ne peut être qu'évidente si l’on songe à l'énorme quantité de nourri- ture que doivent consommer les chenilles pour mener à bien leur évolution ontogé- nique ; on ne sera donc nullement surpris que des modifications physiologiques, pro- venant de la quantité ou de la qualité de l'alimentation des larves, puissent se pro- duire dans leur sang, et de là sur les ailes des Papillons, le sang étant le producteur et le véhicule de la matière colorante dans les écailles. Toutefois les variations obtenues, soit en restreignant le régime alimentaire, soit en remplaçant les feuilles habituellement consommées par celles d’autres espèces végétales, sont loin d'être aussi accentuées que celles obtenues par l’éléva- tion ou l’abaissement de la température. H. GAUCKLER (1882, 56). avec des chenilles d’Arctia caja, obtint des Papillons albinisants, lorsque ces larves furent nourries d’Aconitum napellus et fortement mélanisants, lorsqu'elles furent alimentées de feuilles d'Osier. W. PREST (1877, 139) obtint des résultats analogues en nourrissant les chenilles d’'Amphydasis betularia et A Abraæas grossulariata avec des feuilles desséchées; les Papillons de la première espèce naquirent avec des ailes noires et ceux de la seconde avec des ailes pales. ESPER!, en nourrissant des larves de Sphinx liqustri avec des feuilles 1 D'après P. BacamerJew (1907, 4), p. 532. 149 ARNOLD PICTET de Tabac, F. SCHREIBER (1893, 153), en faisant consommer à des chenilles de Lophopteryx camelina ab. giraffina diverses essences forestières ne constituant pas leur alimentation normale, obtinrent des Papillons foncés. Tandis que ZELLER, d'après G. H. T. EIMER (1888, 31), obtenait des Papillons de Papilio podalirius presque sans écailles et F. RÜHL (1892, 149) des aberrations d’Abraæas grossula- riata de diverses nuances, en changeant, l’un et l’autre, l’alimentation normale des chenilles. Plusieurs expérimentateurs ont obtenu des variations dans la couleur des ailes de certains Lépidopteres en nourrissant leurs chenilles de feuilles trempant dans des liquides colorés ou imbibés de solutions chimiques. Nous signalerons, dans ce domaine, les recherches de E. HEIN (1894, 64) qui obtint, d’après le premier pro- cédé, des Vanessa wrticæ jaunatres, et celles de M. STANDEUSS (1896, 164) qui remarqua que les ailes inférieures de Callimorpha dominula, rouges habituellement, devenaient jaunes lorsqu'on avait trempé les plantes nourricières des chenilles dans une solution de sel de cuisine. STANDFUSS démontre par cette expérience la cause de la fréquence des aberrations jaunes de Callimorpha dominula dans le voisinage de la mer. De son côté, M. VON LINDEN a essayé de nourrir des larves de Vanessa urticæ avec des feuilles d’orties trempées préalablement dans diverses substances, telles que de l’ovalbumine, du sucre, du sang défibrinisé, de la lupuline, de l’atropine, etc. Les chenilles, dans plusieurs cas, produisirent des aberrations analogues à celles produites par l'élévation et l’abaissement de la température. Plus tard (1905, 92), renouvelant ses recherches, M. VON LINDEN nourrit des chenilles de Vanessa urticæ avec des feuilles d’orties couvertes d'hydrochinon; mais les résultats furent négatifs. Les recherches que nous avons entreprises dans ce domaine (1902, 121 ; 1905, 193 ; 1904, 124; 1905, 126; 1909, 129) mettent en évidence le rôle de la nourriture des chenilles comme facteur de variation de leurs Papillons. Ces recherches se résumeront de la façon suivante : Les chenilles, à l’état naturel, sont adaptées à la consommation d’un petit nombre seulement de plantes et leurs organes masticateurs se sont conformés, au cours des générations, pour entamer les feuilles auxquelles ces chenilles sont adap- tées. Dans les expériences, on leur fait manger des feuilles appartenant à d’autres espèces végétales et dont les caractères anatomiques sont différents (plus où moins grande épaisseur, plus ou moins grande consistance de leur épiderme, épiderme plus ou moins feutré de poils ou de concrétions d’oxalates, etc., etc.). Les chenilles ren- contrent, pour entamer ces feuilles, une résistance qui, suivant les cas, est plus considérable ou moins considérable que la résistance qu'elles rencontrent à entamer MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 143 les feuilles habituelles. Dans le premier cas, les chenilles sont génées par les efforts qu'elles doivent faire pour la prise de leur nourriture, se fatiguent vite à ce régime et, par le fait du repos qu'elles doivent prendre fréquemment, absorbent, au cours de leur ontogénie, une trop faible quantité de nourriture. Dans le second cas, au contraire, les chenilles ne rencontrent pas de résistance dans la prise de leur ali- mentation et elles se nourriront d'autant plus abondamment que la fatigue sera moindre et, par conséquent, le temps consacré au repos plus court. Ces deux modes d'alimentation, cela se conçoit, ont leur répercussion sur la nuance des ailes des Papillons, mais chacun dans un sens opposé et, dans le premier cas, c’est un facteur d’albinisme, dans le second cas, de mélanisme. Pour plusieurs espèces, entre autres pour Ocneria dispar, les variations mélanisantes obtenues par l’alimentation sont identiques à celles produite par l'humidité. Nous voyons que, dans quelques cas, les aberrations obtenues sous l'influence de la nourriture des chenilles sont les mêmes que sous l'influence de l'humidité, de la lumière et de la chaleur. G. — INFLUENCE DE L'ÉLECTRICITÉ. Parmi les facteurs qui constituent le milieu, nous devons tenir compte de l'état électrique de l'atmosphère pendant les périodes d’orages. Selon le marquis DE LARITOLE ! et E. BELIER DE LA CHAVIGNERIE (1858, S) cet état pourrait, dans certains cas, modifier la coloration des Lépidoptères. J. FALLOU (1883, 34) obtint d’éclosion un exemplaire d’Arctia caja presque uniformément brun, dont la pupation avait eu lieu lors d'un fort orage; des che- nilles de Melanargia galathea, trouvées pendant un orage, donnérent au contraire des Papillons albinisants. N. WAGNER (1865, 185) et M. VON LINDEN (1899, S2) ont recherché Pinfluence de l'électricité provenant d'une bobine d’induction sur les chrysalides de Vanessa wrticæ. Les Papillons obtenus par WAGNER se remarquent par l’am- plification du pigment noir ; ceux qui proviennent des expériences de VON LINDEN sont également foncés avec la bande noire marginale qui envahit en partie les lunules bleues. Nous avons également (1899, 120) effectué quelques recherches de ce genre en faisant passer au travers du thorax de chrysalides de Vanessa io et de Pieris } D'après P. Bacameruew (1907, 4), p. 522. MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 15 144 ARNOLD PICTET rapæ le courant électrique d’une bobine de Rhumkorft, dont les électrodes étaient placées à une petite distance des fourreaux alaires. Les ailes des Papillons furent parsemées d’une infinité de petites taches brunâtres provenant de la destruction des écailles. D'’intéressantes expériences ont été pratiquées, dans ce domaine, par J. REVER- DIN (1909, 146) en faisant agir sur les chrysalides de Vanessa urticæ et de Pieris brassicæ les rayons Rüntgen. En ce qui concerne Pieris brassicæ, les résultats sont différents pour les chrysalides de la génération qui passe l'hiver à l’état nymphal et pour celles de la génération d'été. Dans ce dernier cas, par le fait probablement de la rapidité du développement, il n’a pas été constaté de modification dans la couleur des ailes. Mais dans le premier cas, on observe une diminution de l’inten- sité du noir de la tache apicale et cela dans les deux sexes; ce pâlissement est quelquefois très accentué, mais n’atteint pas les autres taches noires, qui sont par- ticulières aux femelles seulement. Pour Vanessa wrticæ, parmi les nombreux spé- cimens issus de cette expérience, six se font remarquer par les caractères anormaux suivants : Sur le dessus, les lunules bleues qui se trouvent sur le bord des quatre ailes ont disparu complètement ou presque complètement et la place qu’elles occu- pent est noire. Au-dessous, certains dessins noirs sont plus accentués. Les autres Vanessa urticæ n'ont pas été modifiés. Il y a lieu de faire observer que pour Pieris brassicæ les rayons Rüntgen sont un facteur d’albinisme partiel, tandis qu'ils constituent, au contraire, pour Vanessa urticæ un facteur de mélanisme partiel. En outre, les variations de cette dernière espèce sont identiques à quelques unes de celles obtenues par la chaleur et le froid, et se rapprochent, par certains caractères, de celles obtenues sous l’action de l'humidité, de la nourriture des chenilles et de l'intensité lumineuse. M. VON LINDEN (1905, 92), par contre, a recherché l’influence des rayons radioactifs sur les chenilles et les chrysalides de Vanessa urticæ; mais, sous le rapport de la variation des Papillons, ses résultats n'ont pas été concluants. H. — INFLUENCES MÉCANIQUES DIVERSES. Nous relaterons ici quelques expériences qui montrent que les Lépidop- tères, à l’état de chenille et de chrysalide, réagissent parfois, pour produire des adultes aberrants, vis-à-vis de phénomènes qui ne font pas partie des conditions du milieu. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 145 Trépidation. —- A. WEISMANN (1875, 186), ayant voyagé en chemin de fer pendant 7 h. de temps avec des chenilles de Pieris napi génération d'été, dont plusieurs se chrysalidèrent pendant le voyage, fut très étonné de voir que les Papil- lons qui éclorent de ces chrysalides appartenaient à la forme d'hiver; cela montre que la trépidation peut avoir la même influence que le froid. Ligature des chrysalides. — C. FRINGS (1897, 46) attacha par le milieu du corps au moyen d'un fil de soie des chrysalides fraichement formées de Vanessa atalanta. Au moment de l’éclosion, il constata que l'extrémité proximale des ailes, c’est-à-dire celle dont les nervures n'avaient pas été obstruées par la pression du fil, était seule intacte, tandis qu'au contraire, l’extrémité distale était dépourvue d’écailles. F. URECH (1897, 177 et 1899, 182), encore avec Vanessa urticæ, fit des expériences analogues à celles de FRINGS. La ligature des jeunes pupes détermina un changement de coloration dans la partie distale de l'aile, la portion proximale gardant la coloration ordinaire. Ces modifications ne portèrent pas sur les taches noires, mais les lunules bleues disparurent partiellement, envahies par le noir de la bordure ; le jaune, de même que le jaune rouge, devinrent plus foncés. De notre côté, nous avons entrepris quelques expériences avec Fanessa wrticæ, en couchant des chrysalides sur le côté et en comprimant leurs fourreaux alaires au moyen d’une bandelette de papier tendue. Les résultats ont été négatifs. Cepen- dant une chrysalide du même Papillon posée sur une table et ayant reçu une assez forte pression de la part d’un objet lui étant tombé dessus, donna naissance à un adulte dont les lunules bleues du côté gauche ont complètement disparu et dont la bande noire à pris un aspect grisatre, trouble, avec quelques reflets métalliques. Mouvement de rotation. — KE. FISCHER (1896, 39) soumit tous les jours durant 5 minutes des chrysalides de Vanessa urticæ, Vanessa polychloros, Vanessa antiopa, etc. à un mouvement de rotation. Pour ce qui est de Vanessa urticæ, les lunules bleues furent fortement réduites ou disparurent même complètement. Avec Vanessa polychloros, l’auteur obtint de cette façon une réduction dans la taille des taches noires du centre de l’aile et des lunules bleues; mais deux chrysalides donnèrent, l’une une aberration voisine de l’ab. testudo et l'autre une ab. testudo typique. Ces dernières expériences ne manquent pas d'intérêt puisqu'elles montrent que la disparition des lunules bleues causées par l’envahissement du noir de la bordure est le résultat de procédés d'une nature tout autre que ceux que nous avons étudiés dans les paragraphes précédents. En effet, cette disparition est encore produite par l’électricité, la lumière, la température, l'humidité et la nourriture des chenilles. 146 ARNOLD PICTET CONCLUSIONS RELATIVES AUX FAITS EXPOSÉS DANS CE CHAPITRE. Nous ne nous étonnerons plus maintenant qu'il n’y ait pas de régions du globe où les Lépidoptères mélanisants soient en plus grand nombre que les albinisants ou vice versa, puisque la plupart des facteurs qui composent le climat, pris 1solément, produisent les mêmes effets touchant la variation de ces Insectes. Que ce soit sous l'influence de l'élévation ou de l’abaissement de la température, de l'humidité ou de la sécheresse, de la lumière ou de l'électricité, de la nourriture des chenilles ou d’un phénomène mécanique, les Lépidoptères varient de la même façon, c’est-à-dire selon a loi du mélanisme et de l'albinisme des parties de l'aile. Or les divers facteurs dont nous venons d'étudier les effets, sauf peut-être ceux purement mécaniques, se retrouvent, avec plus où moins d'intensité, dans toutes les régions de la terre, partout où l’on rencontre des aberrations. Pourquoi, par exemple, les formes aberrantes, albinisantes et mélanisantes, des Alpes sont sou- vent les mêmes que celles de la plaine ? Pourquoi certaines formes méridionales, appartenant aux deux types de coloration, se trouvent-elles également dans les régions septentrionales ? Et pourquoi enfin, au milieu de ces formes modifiées, le type vole-t-il souvent en tout aussi grande abondance ? C’est que ce n’est pas contre le milieu lui-même que réagissent les Lépidop- tères, mais contre le changement de milieu. Supposons une espèce vivant dans une région où la température est excessivement élevée (40° par exemple); on conçoit que cette espèce ne se modifiera pas si ses chrysalides sont placées dans une étuve chauffée à cette température; il n'y à que les individus pour lesquels 40° est anor- mal qui réagiront, c’est-à-dire ceux qui pxssent d’une température moyenne qui est habituelle à leur espèce dans une autre plus élevée. Nous pouvons faire la même supposition pour le froid et pour tous les autres facteurs de l’ambiance. Depuis tant de générations que les Papillons vivent dans les mêmes localités, ils ont pu s'adapter à tous les facteurs de leur climat. D'autre part, les conditions climatiques ont pu se modifier et beaucoup d'espèces ont dû émigrer alors dans des localités plus avantageuses pour elles. C’est à ce moment que ces émigrés se sont trouvés en présence de conditions nouvelles auxquelles ils ont dû s'adapter ; cette adaptation, si elle ne les a pas anéantis, s’est vraisemblablement traduite par des modifications dans la couleur et dans l’arrangement des dessins de leurs ailes. Mais les descendants de ces émigrés ont-ils continué à se modifier, à chaque géné- ration, par le fait de ces conditions nouvelles ou bien ont-ils fini par s’y accoutumer de telle facon à ne plus en subir les effets? Les résultats de quelques expériences Ne" 4 ETS MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 147 semblent montrer que, dans certains cas du moins, les choses se sont passées de cette dernière façon. Nous avons montré, en effet (1903, 122; 1904, 124 et 1905, 126), en ce qui concerne lhumidité, l'exactitude de cette adaptation au milieu. Les Fanessa urticæ, Vanessa io, Vanessa polychloros et Ocneria dispar des environs de (renève se modi- fient facilement, lorsque leurs chenilles et leurs chrysalides sont placées dans un milieu anormalement humide. Les chenilles et les chrysalides de ces mêmes espèces, mais prises dans les montagnes, là où elles sont fréquemment couvertes ou envi- ronnées de gouttelettes provenant de la condensation des brouillards, que lon sait étre fréquents dans les Alpes, ne réagissent pas, dans les expériences pratiquées de la même façon, contre l'influence de l'humidité. Que penser de cela, si ce n’est que les individus des montagnes se sont accoutumés, à la longue, à l'humidité ? Et ce que nous pouvons dire de l’accoutumance à ce facteur est exact également pour l’accou- tumance des chenilles au changement de leur régime alimentaire, ainsi que nous l'avons démontré pour un petit nombre d'espèces (1905, 126 et 1906, 127). Vrai- semblablement il doit en être de même pour la température, la sécheresse, etc. M. STANDEUSS (1895, 161), M. vON LINDEN (1902, 85), E. FISCHER (1901, 41) et d'autres, ont démontré que les caractères acquis sous l’influence des températures anormales sont héréditaires pour les individus de la génération suivante. Mais leurs recherches n'ont pas dépassé la deuxième génération, tandis que, dans nos expé- riences d'alimentation avec Ocneria dispar, nous avons vu, qu'après quatre géné- rations, les caractères de l'espèce reprennent le dessus molgré la continuation de l'expérience, tandis que les caractères nouvellement acquis disparaissent. Cela semble donc montrer que le facteur qui modifie la coloration des Papillons agit surtout lorsqu'il constitue, pour une espèce donnée, un facteur nouveau. Aux géné- rations suivantes, les individus s'adaptant au changement cessent d'en être modifiés. Cependant, si cette hypothèse se confirmait d'une façon générale, la variation des Papillons serait excessivement réduite, ce qui n’est pas le cas. Il faut done admettre que, parmi les multiples espèces de l’ordre des Lépidoptères, il y en à qui sont aptes à l’accoutumance, et d’autres qui, peut-être par le fait de leur phylogénie plus ancienne, ont perdu cette disposition. Il est vrai qu'une grande complexité réside dans ces phénomènes d’adaptations héréditaires et que les modes suivis par certaines espèces peuvent fort bien ne pas étre ceux d’autres espèces. Le changement de milieu, tel qu'il se pratique dans les expériences, peut très bien se présenter à l’état naturel et modifier les Papillons de la même façon que dans les laboratoires. En ce qui concerne la température, M. STANDEUSS (1900, 167) explique comment les plus fortes variations des Papillons peuvent se produire naturellement dans les localités où la température n'est pas généralement élevée. 148 ARNOLD PICTET L’exposé que nous avons fait des expériences pratiquées jusqu’à ce jour montre que les aberrations les plus accentuées, telles que les ab. polaris, ab. ichnusoïdes, ete., ete., sont surtout produites par l'élévation ou l’abaissement de la température; les autres facteurs de l'ambiance ne produisent guère que des aberrations de moindre importance. Mais ce sont précisément ces dernières qui existent le plus abondamment à l’état naturel, et que l’on voit surtout voler aux côtés d'individus non modifiés, dans n'importe quelle région montagneuse ou de la plaine, septentrionale ou méridio- nale, où les différents facteurs du climat peuvent agir sur eux. Or, comme nous avons vu que chaque facteur du climat, pris isolément, produit les mêmes variations, et que celles-ci se forment toujours selon la loi que nous avons indiquée, cela suffit pour nous montrer pourquoi l'albinisme et le mélanisme des Lépidoptères n’ont pas de patrie déterminée. Pour expliquer cette similitude de réaction des Lépidoptères contre les diffé- rents facteurs auxquels ils sont soumis, un grand nombre de théories ont été émises, parmi lesquelles quelques-unes sont fort séduisantes. Nous ne nous arrêterons pas à les discuter, car, au point de vue qui nous intéresse plus spécialement, elles n’ont guère de portée pratique, et nous renverrons au travail de P. BACHMETIEW (1907, 4) qui passe en revue ces théories, ceux qui voudraient les connaitre. Les plus vrai- semblables peuvent, du reste, se résumer de la façon suivante : Les Lépidoptères, avons-nous vu, se modifient dans deux directions seulement et, pour atteindre le mélanisme absolu ou l’albinisme complet, passent par tous les degrés de coloration ou de décoloration; ces modifications de couleur ont leur origine dans la pupe sous l’influence de tel agent extérieur anormal qu’elle rencontre. Une fois les ailes formées dans la chrysalide, la pigmentation s'arrête à un certain stade et, suivant le degré d'évolution que le pigment a atteint à ce moment, le Papillon éclôt avec des caractères mélanisants (évolution des couleurs poussée plus loin) ou albinisants (évolution des couleurs poussée moins loin). Voilà pour la pigmentation. En ce qui concerne le fait que la plupart des agents extérieurs produisent les mêmes effets, nous devons penser que, parmi les individus de chaque espèce, tous ne sont pas sujets à varier avec la même intensité; il en existe même qui ne sont pas doués de ce pouvoir, Mais, parmi ceux qui sont aptes à varier, c’est-à-dire qui sont en permanence dans un état physiologique que lu moindre rupture d'équilibre peut modifier, il suffit d’un excitant, d'un déterminant pour que cette rupture se produise, Cet excitant n’est autre que le facteur anormal, quel qu'il soit ; il réside dans le fait que les individus en question, à un certain moment de leur ontogénie où ils sont plus sensibles, ont passé du milieu qui leur convenait dans celui qui ne leur convient plus. DEUXIÈME PARTIE LE MÉLANISME ET L'ALBINISME DES LÉPIDOPTÈRES D'APRÈS LES RECHERCHES PERSONNELLES CHAPITRE PREMIER Recherches expérimentales sur la coloration des ailes des Papillons. Nous avons vu que les couleurs des Papillons sont de deux sortes, pigmentaires et optiques. Les couleurs dues au phénomène optique sont produites par des écailles vides, où remplies de gaz, et qui possèdent une structure striée; c'est ce dispositif qui décompose les radiations lumineuses. Les recherches microscopiques des auteurs sur ces écailles, dont nous avons mentionné les résultats au commence- ment de cette étude, sont d'accord sur ce point que la structure striée joue le rôle principal dans le phénomène. Le role de l’écran sous-jacent n’est cependant pas moins certain. Les couleurs pigmentaires sont dues au fait qu'une matière colorante se trouve dans les écailles et leur donne ainsi leur couleur. Mais ces dernières ont-elles une structure spéciale différente de celle des écailles optiques ? Morphologiquement les deux sortes sont construites absolument sur le même schéma. Il est facile, en effet, de se rendre compte que toutes les écailles pigmentaires sont striées de la même façon que les optiques. Détachons par exemple quelques écailles des lunules bleues (optiques) et des parties rouges ou noires (pigmentaires) de Vanessa urticæ et examinons-les sous le microscope en préparation sèche: aucune différence de structure, entre les unes et les autres, ne sera apparente, même à un fort grossissement. De même pour les écailles bleues des Lycæna mâles et les brunes des Lycæna femelles. Nous nous sommes rendu compte de cette simi- litude entre les deux sortes d’écailles par l'examen d’un grand nombre d'individus appartenant à presque tous les groupes. Disons, en passant, que l'examen de ces minimes éléments de l'aile est assez dificile à faire, La méthode des coupes est presque impraticable. On sait, en effet, que pour l’utiliser dans l'étude histologique des Insectes il est nécessaire de dis- soudre préalablement la chitine, par exemple au moyen de l’eau de Javelle. Mais OR RE VA 7) PRISE ET MINECTONEES 150 ARNOLD PICTET détruire la chitine des écailles pour les débiter en coupes minces, c’est précisément détruire ce que l’on a intérêt à conserver intact. Nous avons cependant essayé de pratiquer des coupes à travers les ailes, sans leur faire subir le traitement à l’eau de Javelle. Mais, par ce moyen, les écailles furent si malmenées par le rasoir, la couche chitineuse fut si détériorée, que l'examen de ces coupes perdit beaucoup de sa valeur. Cependant, ce procédé nous a confirmé que les stries des écailles à pig- ment sont constituées comme celles des écailles optiques. C’est surtout l’examen microscopique des écailles détachées de l'aile, montées en préparations sèches ou au baume de Canada, qui montre bien cette similitude de conformation morphologique. En effet, une écaille peu chargée de pigment n’est pas assez opaque pour arrêter complètement les rayons lumineux transmis par le miroir et pour qu'on ne puisse en observer minutieusement les moindres détails à un gros- sissement de 500 diamètres. Une écaille bleue de Lycæna ou de Vanessa est étudiée au microscope, à la lumière transmise par le miroir, c'est-à-dire qui en éclaire la face inférieure, tandis qu'elle laisse dans l'ombre la face supérieure, la seule que l’on aperçoive au travers de l'objectif; de cette facon l’écaille apparait grise. Une écaille pigmentaire de n'importe quelle autre couleur, examinée de la même façon, apparait grise égale- ment; le pigment qui contient cette dernière la rend suffisamment opaque pour arrêter les rayons lumineux transmis par le miroir: la face supérieure apparait grise, parceque privée de lumière !. On peut ainsi fort bien se rendre compte de l'existence et de la disposition des stries; elles sont rapprochées, parallèles et dirigées selon le grand axe de lécaille; elles sont en relief et séparées les unes des autres par une rainure; la disposition en relief est rendue apparente par le fait que, sur le microscope et à la lumière directe, chaque strie provoque à l’un de ses côtés une ombre portée qui en accentue le relief. En second lieu, lorsque le grand axe de l’écaille est situé dans la même direction que celle des rayons lumineux, les rainures sont inondées de lumière et leur exis- tence se dénote ainsi sans qu'il soit permis d’en douter. Les stries, examinées à un grossissement de 500 diamètres, se montrent, en outre, comme légèrement guillo- chées sur toute leur longueur. L'étude de la couleur des écailles ne se fait pas plus aisément que l'étude de leur structure. En effet, leur couleur, par le fait de l’opacité de la matière colorante, n'est pas appréciable au microscope à la lumière transmise; elle n'apparaît ainsi que sous forme d’une masse grisätre, diffuse, qui remplit tout ou partie de la cavité. ! Cela laisse supposer qu'il existe un pigment dans les écailles bleues; c’est, en effet, à ces conclusions que nous sommes arrivé dans nos recherches sur l’origine de la couleur bleue chez les Lépidoptères (1910, 133). MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES A1 Cette teinte grise provient de ce que le pigment rend l’écaille plus ou moins opaque et arrête les rayons transmis par le miroir; la face de l'écaille qui est seule visible au tra- vers de l’objectif se trouvant dans l'ombre parait grise quelque soit sa couleur. Si l’on examine de cette façon les écailles d’une espèce peu colorée, telle que Leucophasia sinapis, on remarque qu'elles sont presque transparentes et que c’est à peine si leur extrémité distale est pigmentée. Des écailles noires de Pieris rapæ montrent par le même procédé qu'elles contiennent du pigment abondant qui est répandu dans presque toute leur cavité. Les écailles de n'importe quelle espèce et de n'importe quelle cou- leur, examinées à la lumière transmise, laissent voir, en gris plus ou moins foncé, le pigment qu'elles contiennent, et l’on peut ainsi se rendre compte de son existence. Nous voyons par là que les écailles contiennent un pigment diffus qui a coloré la chitine et que des granulations pigmentaires ne s’aperçoivent que très rarement. M. BÆR (1898, 5) distingue chez les Insectes deux sortes de pigments : diffus et granuleux. Dans le premier cas, c’est la chitine de l’écaille qui est colorée par le pigment diffus; dans le second cas les granulations pigmentaires sont incrustées dans la chitine. Vanessa urticæ, les Pierides, Papilio machaon posséderaient un pig- ment diffus et Æhodocera rhamni, Colias edusa, un pigment granuleux. Quoi qu'il en soit, il est parfois assez difficile de faire la différence entre les deux catégories car, lorsque le pigment est très abondant, comme c’est le cas chez Rhodocera rhammni et aussi chez Colias edusa, l'écaille est si opaque qu'on ne peut que très difficilement l’examiner au microscope. Pour apprécier la couleur du pigment, il faut employer un autre procédé, En effet, si nous tournons le miroir du microscope, de façon qu'il n’éclaire plus la face inférieure de l’écaille, mais que ce soit la face supérieure de celle-ci qui reçoive la lumière directement, c’est alors, seulement, que la couleur réelle est apparente. Les écailles optiques se montrent bleues, avec reflets métalliques; les pigmentaires montrent la couleur réelle du pigment qu’elles contiennent. Cependant, les parties colorées en noir intense comportent des écailles qui sont parfois abondamment chargées de pigment. Celles-ci sont opaques, elles ne laissent passer aucun des rayons lumineux réfléchis par le miroir et paraissent noires, à la lumière transmise comme à la lumière directe. Quant aux écailles qui sont d’une autre couleur que le noir, ce n’est qu'à la lumière directe qu'on peut en observer la couleur. D’où une première constatation, c’est que toutes les écailles ne contiennent pas la même quantité de matière colorante. Il y a lieu d’attacher une certaine importance à ce fait. En effet, au micros- cope et à la lumière directe, les écailles qui contiennent peu de pigment décom- posent les radiations lumineuses et c'est à cela qu'il faut attribuer les reflets métal- liques si fréquents chez les Papillons. Tandis qu'au contraire les écailles qui sont MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 19 159 ARNOLD PICTET surchargées de pigment perdent le pouvoir de décomposer les vibrations de la lumière et ne présentent plus que quelques reflets sans importance. ’arfois, le pigment est si rare dans les écailles que l’on a de la peine à se représenter qu'il puisse leur donner une coloration appréciable. Tel est le cas, par exemple, de Leucophasia sinapis. À la lumière transmise, les écailles de cette espèce qui ont été isolées sur un porte-objet se montrent comme étant presque vides, transparentes, sans coloration, tandis qu'elles n'apparaissent comme réellement blanches que si nous les examinons à la lumière directe; c’est alors que le phéno- mène optique que nous venons de mentionner est des mieux apparents. Lorsque l’écaille est orientée perpendiculairement à la direction de la lumière, elle réfléchit les rayons bleus avec intensité, surtout si le jour est clair. Nous faisons alors subir au porte-objet un mouvement de rotation, de façon que l'écaille varie son orientation vis-à-vis des rayons lumineux et nous remarquons que, suivant la position donnée, toutes les couleurs spectrales apparaissent les unes après les autres. Chez Pieris rapæ, ou Pieris brassicæ, les écailles sont un peu plus pigmentées que celles de Leucophasia sinapis; mais cela ne les empêche pas de décomposer également les radiations de la lumière, quoique avec moins d'intensité; le même phénomène a lieu, avec plus ou moins de vigueur, pour les écailles de tous les Papillons dont les écailles ne sont pas trop opaques. On rencontre souvent des écailles à peu près vides à leur extrémité proximale, mais opaques à leur extrémité distale; c’est le cas d’une foule d’espèces et, chez les Bombyx, de certaines écailles allongées. C’est le cas, encore, d’écailles qui, habi- tuellement opaques, ne possèdent pas, par suite vraisemblement d’une atrophie de leur canal, la matière colorante en dose voulue. Or ces écailles ne reproduisent le phénomène optique qu'à leur extrémité transparente. Pour mettre encore en évidence la quantité de pigment qui se trouve dans les écailles, nous avons employé à maintes reprises un procédé qui nous à rendu de grands services; il a cet avantage d’être fort simple. Employons-le, tout d’abord, avec les écailles de Leucophasia sinapis. Nous plaçons deux écailles blanches l’une sur l’autre, de façon qu’elles forment un ensemble plus opaque; ces deux écailles ainsi superposées ont, en effet, une plus grande épaisseur et offrent aux rayons lumineux une plus grande quantité de pig- ment amassé sur une même surface. L'image produite de cette façon se montre, à la lumière directe, comme beaucoup plus blanche que lorsque les écailles sont exa- minées séparément; en outre, l’écaille de dessus décompose les vibrations lumi- neuses avec moins d'intensité qu’elle ne l'aurait fait si elle avait été isolée. Super- posons trois écailles et l’image ainsi produite est opaque, d’un blanc très intense et ne reproduit plus le phénomène optique. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 153 Ce procédé nous à permis de déceler la présence d'un pigment si peu abon- dant que l'examen microscopique d’une seule écaille ne pouvait l'indiquer. C’est principalement avec les écailles des taches blanches du dessous des ailes de certains Melitæu que cette constatation à été faite. Ces écailles, détachées de l'aile, parais- sent comme n'ayant pas de pigment tant qu'elles sont isolées sur le porte-objet; mais si l’on place deux d’entre elles lune sur l’autre, l'image reproduite de cette facon est légèrement jaunatre; la figure formée par la superposition de trois écailles se montre avec une coloration nettement fauve, de la même teinte que les taches réellement fauves avoisinantes. Deux écailles de cette dernière tache superposées donnent une image fauve plus foncée, de la même couleur que les taches fauves du dessus de l'aile. Enfin, après avoir placé, l’une sur l’autre, deux écailles de ces taches fauves foncées, on obtient une figure d’un brun foncé, presqu'aussi intense que le brun des taches brunes de la face supérieure, Dans d’autres cas, ce procédé nous à permis de reconnaitre la couleur exacte de plusieurs écailles à coloration peu accentuée, tels que les tons jaunes (Papilio machaon, Papilio podalirius, dessous de Pieris rapæ, de Pieris brassicæ, à Anto- charis cardamines, ete.). Nous nous sommes encore rendu compte, de cette façon, que les tons fauves sont, en général, plus pigmentés, partant plus opaques que les jaunes; à mesure que la couleur devient plus foncée, l’opacité augmente et égale- ment la quantité de pigment et à mesure que s’obscursit l’écaille le phénomène “optique diminue d'intensité. Chez les Ærebia, le pigment brun est très abondant; mais, malgré cela, l’écaille n'apparait pas noire et la superposition de deux de ces écailles donne toujours une image brune. Un cas fréquent chez certaines espèces est celui d’écailles à forte dose de pigment qui possèdent deux ou trois petits filets transparents; ceux-ci décomposent la lumière. Enfin, dans les parties les plus foncées de certaines espèces (taches noires de Vanessa urticæ, couleur du fond de Vanessa io, ete.) il se trouve toujours une ou deux écailles anormalement vides qui décomposent les vibrations lumineuses. Nous voyons par ce qui précède que le phénomène optique de décompo- sition des vibrations lumineuses est lié à la quantité de pigment qui colore les écailles et que ce phénomène croit d'intensité en raison inverse de la quantité de pigment. Les écailles des Colias edusa et Colias hyale contiennent un pigment jaune orange qui est très abondant. Malgré leur couleur pale, ces écailles sont opaques et ne reproduisent pas le phénomène optique, mais elles présentent une irisation orange très marquée, avec reflets dorés. Que la lumiere éclaire le dessus ou bien le dessous de la préparation, ces écailles se montrent avec la même couleur. D'autre part, si on en superpose deux, la couleur n’est pas non plus modifiée. Nous voyons 154 ARNOLD PICTET par là que, dans quelques cas, l'opacité de l’écaille peut être produite par la pré- sence dun pigment clair, vraisemblablement granuleux, quoique peu abondant. Ce que nous venons de voir se rapporte aux écailles détachées de l’aile et étudiées isolément au microscope. C’est de cette façon qu’elles décomposent les vibrations lumineuses. Pourquoi ces mêmes écailles ne les décomposent-elles pas lorsqu'elles sont en place sur les ailes ? Reprenons notre exemple de Leucophasia sinapis et examinons-en les ailes au microscope. Les écailles sont assemblées, sur ces ailes, en rangées régulières qui chevauchent les unes sur les autres ; il résulte de cette disposition que la moitié proximale, transparente, de chaque écaille, c’est-à-dire la partie qui décompose la lumiere, est cachée par l’extrémité distale, pigmentée, de l’écaille voisine. Il n’y à donc que la partie pigmentée qui soit apparente. En second lieu, on sait que chacune des deux faces des ailes des Papillons comportent des écailles. Cette disposition cor- respond en somme à la superposition de deux écailles et nous avons vu que, dans ce cas, la lumière est moins, ou n’est pas décomposée. Chez certaines espèces, on peut remarquer encore un phénomène qui contri- bue, en une certaine mesure, à empêcher que la décomposition de la lumière se pro- duise sur les aïles entières, malgré que les écailles soient peu colorées; ce phéno- mène est très apparent chez Pieris rapæ, Pieris brassicæ, Leucophasia sinapis et un grand nombre d'espèces à nuance claire. Lorsqu'on examine leurs ailes entières au microscope, on voit que la base de chaque écaille est plus foncée que le reste; chez les Pierides, cette base est grisatre. Or, cette différence de teinte est due à une illusion d'optique et n’est autre que l'ombre portée d’une écaille sur sa voisine; il y à toujours, entre elles, un petit espace, suffisant pour délimiter une ombre de cette nature. Du reste cette différence de teinte n’est apparente que lorsque l’aile est orientée d’une certaine façon par rapport à la lumière; si on tourne l’aile dans le sens opposé, l'ombre disparait. La partie de l’écaille qui est susceptible de décom- poser les vibrations lumineuses recevant peu de lumière, ce phénomène ne peut se produire. Cependant il existe plusieurs cas où la lumière est légèrement décomposée par les écailles sur les ailes entières des Papillons. Nous ne parlerons pas des Apaturides ; mais on observe souvent que les aïles des Papillons montrent des irisations qui, sans reproduire toutes les couleurs spectrales, n’en sont pas moins très remarquables. I’éclat métallique de plusieurs Ærebia, par exemple, provient du fait que, parmi leurs écailles, il s’en trouve une certaine quantité qui sont peu chargées de pigment et qui décomposent un peu la lumière. Maïs comme elles sont relativement peu nombreuses, et disséminées sur un assez grand espace, cela se e. MELANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 159 traduit seulement par la reproduction d’un éclat métallique spécial. Les irisations d’Ærebia glacialis sont d'un autre ordre; il en est de même des reflets irisés de cer- taines femelles d’Argynnis. Chez ces dernières espèces, on aperçoit nettement les couleurs spectrales suivant l'orientation que l’on donne au Papillon. Là, le phéno- mène de décomposition de la lumière est positif sur les ailes entières. Mais la dis- position des écailles est, ici, différente qu'ailleurs. Examinons, sous ce rapport, une femelle d'Argynnis aglaja! dont les quatre ailes montrent une irisation bleuatre très particulière qui disparait suivant l’orien- tation donnée à l’aile. Les parties fauves sont constituées comme dans la plupart des Papillons, avec leurs écailles arrangées comme les tuiles sur un toit. Mais un grand nombre de ces écailles sont incolores ou à peu près. Ces parties fauves se trouvent donc parsemées d’une quantité d'éléments décomposant les radiations de la lumière. Quant aux parties noires, leurs écailles sont fortement pigmentées; mais. au-dessus d'elles, on remarque un certain nombre de grosses écailles mcolores, trans- parentes, qui décomposent la lumière sans amoindrir la couleur noire des écailles sous-Jacentes, Nous devons donc reconnaitre que, parmi les Papillons, les aïles entières ne décomposent généralement pas les rayons lumineux et que cela tient principale- ment au fait que leurs écailles sont trop chargées de pigment pour mettre en vigueur ce phénomène; dans le cas où les écailles sont transparentes à leur partie proximale, celle-ci se trouve cachée par lécaille voisine. La superposition des deux faces de l'aile joue aussi un rôle dans ce domaine. Il convient maintenant, pour étudier le role du phénomène optique, de débar- rasser les écailles de leurs pigments. Nous y sommes arrivé facilement sur des ailes entières d’une quantité de Papillons appartenant à presque tous les groupes de cet ordre. La méthode que nous avons employée pour débarrasser les aïles de leur matière colorante est des plus simples ?; elle consiste à plonger l'aile dans une éprouvette contenant de la potasse caustique et à chauffer celle-ci au bain-marie à 95°. De cette façon on arrive à extraire assez facilement le pigment des écailles et à rendre les ailes plus ou moins transparentes suivant la durée de l’action de la potasse et suivant la nature du pigment. Dès que l'aile se trouve en contact avec le liquide, une matière brune focon- neuse s’en détache et vient S’'amasser au fond de l’éprouvette. Cette matière ne se ! Cetexemplaire nous a été obligeamment prêté par M. d’Auriol auquel nous adressons nos remerciements. * Nous avons encore obtenu de bons résultats, quoique moins rapides, au moyen de la potasse caustique à froid, de l’ammoniaque et de l'acide sulfurique. L'acide acétique, le xylène, tous deux à chaud, et l’éther ne dissolvent pas, ou presque pas, le pigment des Papillons. 56 ARNOLD PICTET compose pas seulement du pigment extrait, mais encore d’une quantité d’impuretés qui se trouvent dans les ailes et peut-être aussi d’un reste d'hémolymphe. Pour faire l'étude du pigment lui-même, il serait donc préférable de détacher les écailles de même couleur pour les placer dans l’éprouvette. Mais nous ne voulons pas, pour le moment, étudier la composition chimique de ces pigments; il nous suffit simplement de savoir ce que deviendra une aile de Papillon une fois qu'elle aura été débarrassée de sa matière colorante. En premier lieu, ces expériences confirment un des points que nous avons énoncés précédemment, à savoir que les couleurs claires sont le plus souvent formées par des écailles qui contiennent moins de pigment que les couleurs foncées. En effet, certaines couleurs se dissolvent plus rapidement que d’autres et l'expérience montre que ce sont précisément les parties claires qui se vident le plus facilement. Ainsi une Piéride devient, par l’action de la potasse caustique à chaud, absolument transparente de façon à ce qu’on puisse lire au travers, en très peu de temps (demi-heure environ); tandis que, pour obtenir le même résultat avec les parties noires de cette Piéride, il faut un temps double; pour décolorer les dessins noirs des Vanesses, il faut prolonger le traitement jusqu’à 9 et 14 heures. Or, nous avons vu précédemment que les écailles blanches des Pieris contiennent peu de pigment et que les écailles noires des Vanessa en sont surchargées. Il faut 2 à 3 heures pour décolorer les ailes des Ærebia; pour la bande fauve des individus de ce genre, le temps nécessaire pour la débarrasser de sa matière colorante est moindre. On voit qu'il y à une corrélation entre le degré de coloration des différentes parties et la rapidité avec laquelle celles-ci deviennent transparentes. Le tableau suivant, en méme temps qu'il donne la liste des espèces étudiées, montrera cette corrélation : na te ptit (34 “1 MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES l DÉCOLORATION DES AILES DE DIVERS PAPILLONS AU MOYEN DE LA POTASSE CAUSTIQUE CHAUFFÉE A 95 Durée nécessaire pour rendre l'aile transparente. ESPÈCE COULEUR DU FOND DESSINS | | | | Heure Heure | TRIAL LTE INR SEE rer 1 3 | és rapæ get ? 1 As | 10 DOC COMEDIE ES EE I 2 | » nan et ® I 21} | CRCOP UT S NAME NN: CERN EN. ta [ | Aporia cralægi 1 | Rhodocera rhamni 1 — Colias edusa et Q l 3 LL » hyale g'et Q® 1 3 Vanessa urticæ 2 9 » 10 . 2 ME 12 » atalanta 2 1 » levant AUS 5 Lycæna icarus G 1 2 » “0 ; ï » corydon 1 2 » » Q 2 li » bellarqus 1 2 ; RS 2 ï » semiurqus Il 2 » » Q 2 n Melitæa athalia RS 3 » parthenie. A/S | 3 Argynnis dia TL 4 | Erebia æthiops 2 5 Arge qgalathea gate l | Epinephele-hyperanthus 2 l ù Jantra . I ! | Cœnonympha pamplilus AE | Zygæna lransalpina 2 6 Ocneria dispar G'. 2 | 3 » NL ON 11} 3 Lasiocampa quercus 3 7 Bombyx neustria Q 1 2 "y | Saturnia pavonin Q . 2 — Plusia gamma . 1 ae | Brotolomia meticulosu (l 2 | Caradrina quadripunctata JE DE A grolis cuprea ue AREre 2% AT NO LIOMIQI SE OP NON TA A Ematurqu atomaria I 1}/s 158 ARNOLD PICTET Ce tableau nous montre que la décoloration des aïles au moyen de la potasse caustique à chaud se fait avec une rapidité d'autant plus forte que le pigment est peu abondant, c’est-à-dire que l'aile est plus claire. Une fois que les ailes ont été décolorées d’après le procédé que nous venons d'indiquer, nous les lavons à l’eau, puis à l’alcool; nous les étalons sur un porte- objet où elles ne tardent pas à se sécher. Il faut attendre que la dessiccation soit complète avant de se livrer à un examen quelconque. En effet, les ailes entières rendues humides par un liquide (eau, alcool, xylène, etc.) ou en préparation au baume de Canada, jouissent, tant qu’elles sont humides, du pouvoir de décomposer les radiations de la lumière. Les ailes dépigmentées, une fois sèches, sont examinées au microscope; la transparence qu’elles ont acquise facilite cet examen. Nous remarquons alors que les écailles se sont un peu aplaties, ce qui se conçoit du reste, mais que leur forme et leur position sur l’aile les unes par rapport aux autres n’ont pas été modifiées ; il en est de même des stries qui sont restées intactes et n’ont été ni déformées, ni altérées. Nous avons cherché à obtenir des décolorations absolues; la chose est facile, ainsi que nous l’avons déjà dit, pour certaines espèces peu pigmentées, telles que les Pieris, les Rhodocera rhamni, les Colias, etc. Les ailes de ces espèces deviennent si transparentes qu'on peut parfaitement lire au travers; les nervures seules sont restées un peu opaques. Mais chez les Vanessa, les Melitæa, les Argynnis, les Lycæna, etc., les taches noires conservent toujours un peu de pigment, à moins qu’on ne pousse très loin la dissolution. Ayant constaté que les stries n’ont pas été modifiées, nous examinons les ailes décolorées, par transparence, à la lumière du jour ou à la lumière artificielle, en ayant soin de les incliner légèrement. La première chose qui frappe, dans cet examen, c’est que les ailes décolorées des Rhopalocères décomposent toutes active- ment les raciations lumineuses ; et c’est principalement les ailes qui sont devenues si transparentes qu’elles peuvent rivaliser, sous ce rapport, avec une plaque de verre, qui montrent avec le plus d'intensité les couleurs spectrales. Ajoutons que le phénomène se présente mieux au soleil qu’à la lumière diffuse ou à la lumiere artificielle. Toutes les espèces dont la liste figure au tableau page 157, se compor- tent, une fois que leurs ailes ont été décolorées, de la façon que nous venons de dire. Les Rhopalocères, surtout, décomposent merveilleusement les rayons lumineux. Quant à certains Hétérocères, le phénomène optique est masqué par l’abondance des poils qui recouvrent les ailes, ainsi que nous le verrons plus loin. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 159 Ce procédé de décoloration des ailes met encore en évidence un phénomène optique curieux qui mérite d’être connu, Quoique ce phénomène soit assez étrange, nous n'hésitons pas à en dire quelques mots. Examinons une aile en partie décolorée de Vanessa urticæ dont les taches noires ont seules conservé du pigment et dont tout le reste est devenu transparent. Les parties transparentes décomposent, comme nous le savons, la lumière. Quant aux parties noires, elles se montrent avec des reflets métalliques rouge brun, dorés au pourtour des taches. Et le même phénomène se reproduit encore pour d’autres espèces, notamment parmi les Ærebia. et pour les taches noires des Pieris, des Melitæa, des Argynnis, ete. Si nous examinons maintenant des ailes de ces mêmes espèces, mais que l’on a, volontairement, peu décolorées, le phénomène en question ne se reproduit plus aux parties noires. En résumé, les parties noires, complètement décolorées, décomposent les vibra- tions lumineuses; les mêmes parties, ayant conservé passablement de pigment, ne reproduisent plus ce phénomène et, lorsqu'elles conservent leur pigment en quantité moyenne, elles se montrent avec des reflets métalliques rouge brun, dorés, très appréciables. En outre, le pigment de ces écailles ne semble plus être diffus, mais granuleux ; c'est du moins, nous semble-t-il, le résultat de l'examen microscopique de ces parties. Ce qu'il y à surtout lieu de retenir, c'est que, modifiées dans leur structure pigmentaire par le traitement à la potasse caustique, les taches noires réfléchissent la lumière rouge. N'y aurait-il pas là, grâce au fait que le pigment est devenu granuléux, une sorte de sélection opérée parmi celles des radiations lumi- neuses qui sont décomposées ? Les rayons rouges ainsi sélectionnés agiraient avec le noir de la tache pour former ces reflets métalliques brun rouge. Quoiqu'il en soit, on se rend compte que la couleur réelle des Papillons peut être, parfois, modifiée par des jeux de lumière, dès que le pigment n’est plus assez abondant dans l’écaille pour rendre celle-ci opaque. Nous aurons du reste à signaler plus loin quelques cas qui montrent que la sélection ainsi formée joue un rôle dans la production de l’albinisme et du mélanisme. Le mécanisme de la reproduction, par les ailes décolorées, des couleurs spec- trales est-il réellement dû à la présence des nombreuses stries qui tapissent la sur- face des écailles et à la transparence des écailles elles-mêmes ? Pour résoudre cette question, nous décolorons les ailes de plusieurs espèces au moyen de l'acide sulfurique fort; le pigment s’extrait facilement, les ailes deviennent transparentes et jouissent de la même propriété que précédemment. Mais si nous augmentons la durée d'action de l’acide sulfurique, celui-ci, après avoir extrait le pigment, attaque les stries et les efface; en sorte que, une fois lavées et séchées sur le porte-objet, les ailes possèdent des écailles transparentes et lisses MÉM. SOC, PHYS, ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL, 87 (1912). 20 160 ARNOLD PICTET comme du verre, Or, ces ailes ne décomposent plus les vibrations lumineuses. Ce sont donc bien les stries des écailles qui jouent le seul rôle dans la production du phénomène optique dont nous venons de nous occuper !. On peut le prouver encore de la façon suivante : les aïles de plusieurs espèces de Rhopalocères sont décolorées complètement par le procédé à la potasse caustique qui, nous le savons, ne détériore pas les stries. Cela fait, ces ailes sont trempées dans différents colorants de façon à acquérir une couleur quelconque, mais tout en restant transparentes. Nous avons utilisé, comme colorants, la rosaniline, le brun de Bismarck, l'hämalun, une solution alcoolique d’encre de Chine, une solution alcoolique d'acide picrique, de l'encre bleue et de l'encre violette: tous donnent de bons résultats et l’on obtient, de cette façon, des ailes absolument transparentes, mais colorées en bleu, en brun, en rose, en violet ou en noir. Or, ainsi préparées et malgré leur transparence, ces ailes #e décomposent plus la lumière, sauf dans un ou deux cas où elles n’ont pas été suffisamment colorées. D'où cela peut-il provenir? L'examen microscopique de ces ailes nous donne la solution du problème; en effet, nous voyons que le colorant s’est amassé tout particulièrement au sommet des stries ; celles-ci, rendues un peu opaques, ont perdu par conséquent leur pouvoir de décomposer la lumière. Les recherches que nous venons de décrire ont été pratiquées de la même façon sur des ailes de quelques Lycæna, dont les mâles, on s’en souvient, brillent d’un éclat métallique tout particulier. Les auteurs ont admis que la couleur bleue de ces males est due au phénomène optique. Si ces écailles étaient construites diffé- remment de celles des Papillons à couleurs pigmentaires, cette différence devrait s'apercevoir en pratiquant sur les ailes bleues les mêmes méthodes que nous avons pratiquées sur les ailes pigmentées. Or, la décoloration des ailes des Lycæna au moyen de la potasse caustique, la destruction de leurs stries au moyen de l’acide sulfurique, la recoloration d'ailes décolorées au moyen de divers colorants, nous ont donné exactement les mêmes résultats et les mêmes indications que pour les aïles à pigment. En outre, l'examen microscopique des ailes des Zycæna décolorées nous a montré que leurs écailles sont identiques, quant à leur structure, à celles des Papil- lons à couleurs pigmentaires. Les écailles des Æétérocères ont également été étudiées chez un certain nombre d'espèces appartenant aux principaux groupes de ce Sous-ordre. Elles varient un peu, quant à leur forme, de celles des Rhopalocères et, notamment, leurs dents sont souvent plus longues et plus acérées. Mais elles sont également ornées de stries en 1 Au moyen de l'acide nitrique on peut obtenir le même résultat, quoique moins concluant, et effacer les stries des écailles. Mais, dans ce cas, les écailles et les membranes alaires se colorent en jaune, en sorte que le phénomène est modifié. die" Je MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 161 relief, longitudinales, légèrement guillochées, disposées sur la surface de lécaille parallèlement les unes aux autres. Leur structure est donc la méme que pour les Rhopalocères et l'examen d’un grand nombre de ces écailles nous amène encore à la conclusion que leur pouvoir de décomposer les radiations lumineuses croit en “aison inverse de la quantité de pigment qu'elles contiennent. Cependant les ailes des Hétérocères qui ont été décolorées par la potasse caus- tique (et dont la liste figure à la fin du tableau, page 157) ne décomposent pas, malgré la transparence acquise et le fait que les stries de leurs écailles sont restées intactes, les vibrations de la lumière. D'où peut bien provenir cette différence entre les ailes des Rhopalocères et celles des Hétérocères, alors que leur structure et le procédé employé sont les mêmes dans les deux cas ? Deux phénomènes sont la cause de cette différence. En premier lieu, et principalement chez les Bombyciens, les ailes sont cou- vertes d'une abondante pilosité. Examinons au microscope une aile entière d’une femelle de Lasiocampa quercus et nous serons frappés de trouver, au-dessus de la couche normale des écailles, une couche compacte de poils plus ou moins allongés, qui prennent racine sur le champ de l’aile, aux côtés des écailles et qui s'élèvent légèrement au-dessus de celles-ci. Presque tous les Bombyciens possedent, avec plus ou moins d'abondance, une pilosité semblable à celle qui vient d’être décrite. Si ces poils, sous l'influence de la potasse caustique, perdent leur pigment et deviennent transparents, ils ne sont nullement doués du pouvoir de décomposer la lumiere, puisqu'ils sont cylindriques et ne possèdent pas de stries. Il résulte donc de ce dis- positif spécial, que la couche d’écailles étant recouverte d'une couche de poils non striés, cette dernière empêche la production du phénomène optique. La seconde raison explique surtout l'absence du phénomène optique chez les Noctuelles et les Géomètres; elle réside dans le fait que les écailles de ces Papillons ne sont pas aussi solidement implantées sur l'aile que chez les Rhopalocères. En effet, en examinant au microscope les ailes des Noctuelles et des Géomètres déco- lorées, on constate que la plus grande partie des écailles sont déplacées, souvent déformées ou plissées et qu'elles forment un enchevétrement qui empêche certaine- ment la décomposition des rayons lumineux. CONCLUSIONS RELATIVES AUX FAITS EXPOSÉS DANS CE CHAPITRE. Nous concluons de ce qui précède que la division des couleurs des Papillons, ainsi qu'on l’admet généralement, en deux catégories, pigmentaires et optiques, n’est pas tout à fait exacte. En réalité, toutes les couleurs des Papillons, depuis les tons les plus pales jusqu'aux plus foncés, depuis les bleus chatoyants jusqu'aux 162 ARNOLD PICTET violets irisés, appartiennent à une seule et méme catégorie, celle des couleurs optiques, puisque {outes sont susceptibles de décomposer la lumière, et qu’elles sont toutes semblablement constituées. On se souviendra encore que les écailles peu pig- mentées, une fois qu'elles sont détachées de l’aile, se présentent comme des écailles optiques et produisent les mêmes effets. Il n’y a que celles qui sont surchargées de pigment qui ne décomposent pas les rayons lumineux. Ce n’est donc pas la constitution morphologique de ces minimes éléments de l'aile qui motiverait l'existence de deux catégories, puisque leur constitution est partout semblable. Il n'y a donc qu'une seule catégorie d’écailles, les écailles optiques; seulement, dans certains cas, le phénomène de décomposition des radia- tions lumineuses est masqué par l'abondance du pigment. Nous pourrions fort bien nous représenter la chose en imaginant un prisme qui aurait été machuré de noir où un miroir qui aurait été barbouillé de couleur: le premier ne décomposerait plus la lumière, le second ne la réfléchirait pas davantage. Enfin, la plus grande partie des Rhopalocères et beaucoup d'Hétérocères pré- sentent, sur leurs aïles intactes, quelque peu de reflets métalliques dont l’origine est duc à la présence des stries sur chacune des écailles. Le phénomène optique est donc général avec plus où moins d'intensité à tous les Lépidoptères, sauf cepen- dant à ceux qui sont velus. Chez ceux-ci, les poils cylindriques et sans stries qui couvrent les écailles masquent les irisations qui devraient se produire, mais leurs écailles n’en sont pas moins optiques. Il demeure donc établi que toutes les écailles, qu’elles soient colorées en rouge, en jaune, en blanc, en brun, en noir, jouissent de la faculté de décomposer les vibrations de la lumière, aussi bien que les bleues ou les violettes. Nous concluons encore et nous citerons d’autres exemples plus loin, que, par le fait de la constitution striée des écailles et du phénomène optique qui en résulte, les pigments des Papillons n'apparaissent pas toujours avec leur couleur réelle. CHAPITRE I Recherches expérimentales sur la variation par mélanisme et albinisme des parties. Il nous reste maintenant à rechercher comment fonctionnent les écailles dans la production du mélanisme et de l'albinisme des parties, de même que dans toutes les nuances intermédiaires qui se rencontrent sur les aïles des Papillons, depuis les tons les plus clairs jusqu'aux plus foncés: il nous faudra également nous rendre compte de quelle façon sont formés les dessins. Pour cela, nous examinerons un certain nombre d'espèces et décrirons les expériences que nous avons pratiquées dans ce but. Ce travail ayant principalement pour objet l'étude du mélanisme et de lalbi- nisme, nous commencerons par quelques-uns des Lépidoptères qui sont blancs et noirs; les Piérides, sous ce rapport, nous fourniront un excellent matériel. Nous ferons, avec quelques détails, l'examen de Pieris rapæ, qui servira, en outre, de modèle à nos autres recherches. Pieris rapæ. Examen du dessus des ailes. — Cette espèce est blanche et possède à l'aile supérieure une tache apicale noire et dans le champ de cette aile une autre tache noire chez le male, deux chez la femelle. Les contours de ces taches se fondent graduellement dans le blanc de l'aile de telle façon qu'elles se trouvent entourées d’une zone grisatre. Les ailes inférieures sont blanches également, avec une petite tache noire, à contour diffus, au bord antérieur. Nous avons donc à considérer trois nuances distinctes : le blanc du fond, le noir des taches et le gris qui sépare ces dernières du reste de l'aile. Vers le corps nous considérons encore la racme de l'aile qui est légèrement saupoudrée de grisatre. Les écailles noires et les blanches sont à peu près toutes construites sur le même type et ne présentent guère de variation que dans leur taille. Les unes, en 164 ARNOLD PICTET effet, sont un peu plus longues et étroites, les autres, au contraire, sont plus courtes et larges : vers le corps et à la frange nous les trouvons plus allongées et, chez les males, nous remarquons en outre la présence des écailles androchoniales dont J. REVERDIN (1909, 145) a décrit la structure spéciale. ; Examen des écailles détachées des parties blanches. — 1° Au moyen dune aiguille emmanchée nous détachons un certain nombre d'écailles des parties blanches et nous les plaçons, en préparation sèche, sur un porte-objet. Sous le microscope, à la lumière transmise par le miroir, ces écailles sont légèrement trans- parentes, surtout à leur extrémité proximale. Leur couleur est nettement grisatre, principalement aux parties les plus pigmentées et il est facile de se rendre compte que cette couleur grisatre provient du fait qu'il y a, dans ces écailles, un pigment, plutôt diffus que granuleux, qui arrête la lumière transmise par le miroir; il en résulte que la face qui est seule visible à travers l'objectif, étant dans l’ombre, se montre avec cette teinte. Cet examen nous révèle encore que l’extrémité distale de l'écaille est souvent plus opaque et contient par conséquent plus de pigment que l'extrémité proximale; dans certains cas, cette dernière extrémité est absolument transparente. Si, maintenant, nous examinons ces mêmes écailles blanches à la lumière directe, éclairant leur face supérieure, nous constatons qu'elles se montrent avec une couleur blanche presque aussi pure que sur les aïles entières du Papillon; elles ont cependant des reflets irisés qui n'existent pas toujours sur les ailes intactes, et, suivant l'orientation qu'on donne à ces écailles par rapport à la direction de la lumière, elles présentent, alternativement, toutes les couleurs spectrales. Cela montre que, grace à leur peu de pigment, elles décomposent les radiations lumi- neuses. Parmi les écailles qui ont été placées sur le porte-objet, il s’en trouve parfois deux qui sont superposées:; or cette superposition donne une figure beaucoup plus blanche que lorsqu'il ne s’agit que d’une seule écaille et, en outre, l’écaille de dessus décompose beaucoup moins les vibrations de la lumière. Nous en trouvons parfois trois qui sont ainsi superposées; dans ce cas, la supérieure ne donne presque plus lieu au phénomène optique. Dès lors, nous nous rendons compte pourquoi les ailes des Pieris rapæ sont blanches, opaques. presque sans irisation, alors que leurs écailles, étudiées isolé- ment, sont transparentes avec une forte irisation. Sur l'aile, les écailles dans leur position habituelle, sont serrées les unes contre les autres, en rangées régulières, la portion distale (opaque) chevauchant sur la portion proximale (transparente) de l’'écaille de la rangée voisine; les extrémités transparentes, qui pourraient, sur l'aile MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 165 intacte, décomposer la lumière, sont donc cachées. En second lieu, la surface infé- rieure de l’aile contient également une couche d’écailles identique à celle de Ja face supérieure, ce qui produit le même effet que lorsque, dans l'examen microscopique, deux écailles détachées sont placées l’une sur lautre. Ce qui précède nous montre encore que l'existence d'un pigment blanc n'est pas douteuse. 29 Nous décolorons les ailes de quatre Pierisrapæ, males et femelles, en les pla- çant pendant un temps variable (1 à 2 h.) dans un bain de potasse caustique, chauffé lui-même au bain-marie à 95°. À mesure que les ailes se décolorent, un précipité jaunâtre, Hoconneux, se forme dans le bain de potasse ; c’est le contenu des écailles qui se déverse de cette façon. Les ailes, une fois décolorées, sont lavées à l’eau et éten- dues sur un porte-objet où elles ne tardent pas à se sécher, Suivant la durée de lopé- ration, les ailes de Pieris rapæ deviennent plus ou moins transparentes et celles qui ont séjourné pendant 2 h. dans la potasse le sont devenues à tel point que l’on peut lire au travers. Les parties noires se décolorent moins rapidement que les blanches. Examinées au microscope, à la lumière transmise par le miroir, nous remar- quons que les écailles sont restées intactes quant à leur forme et quant à la position de leurs stries; en outre, leur position sur l'aile par rapport les unes aux autres n'a pas non plus été altérée; elles sont devenues parfaitement transparentes et nous voyons encore par là qu'avant d’avoir été traitées, elles contenaient un pigment que la potasse caustique à extrait. Ainsi que nous l'avons indiqué, les ailes deve- nues transparentes, lorsqu'elles sont examinées selon une certaine inclinaison, et surtout à la lumière du soleil, décomposent activement les radiations lumineuses. Nous retenons, de ce qui précède, que la couleur blanche des ailes de Pieris rapæ est due à un pigment déposé en petite quantité dans les écailles et que ce pigment est réellement blanc. Ce n’est pas à un phénomène optique que cette couleur est due. Nous avons encore trouvé sur les ailes des Pieris rapæ, quoiqu'en très petit nombre, des écailles vides, mais atrophiées selon un mode particulier : elles se sont recourbées, sont devenues convexes, en sorte que leur surface est maintenant bombée. Or ces écailles, au lieu de décomposer les vibrations de la lumiere comme c’est le cas de toutes les écailles vides ou contenant peu de pigment, se montrent blanches, sans refléter les couleurs du prisme. Il semble probable que ce phénomène soit dû à la structure bombée spéciale de ces écailles !; en effet, sur cette surface bombée, les stries se présentent à la lumière ! Nous n'avons pas pratiqué de coupes au travers de ces écailles bombées ; mais on se rend compte, par l'examen microscopique, que leur structure est bien telle que nous l'avons indiquée. En effet, on n'arrive jamais à les mettre entièrement au point; si l’on met au point leur centre, leur périphérie est trouble et inversement, la périphérie étant mise au point, c’est le centre qui est alors trouble, Au contraire, les écailles à surface plane peuvent être mises au point sur toute leur étendue, 166 ARNOLD PICTET sous un autre angle que celui des stries qui existent sur une surface plane. Cette disposition semble être la cause de la réflexion de l’ensemble des rayons lumineux, c’est-à-dire de la lumière blanche. Cependant les écailles de cette sorte sont trop peu nombreuses sur les ailes des Pieris rapæ pour qu’elles puissent jouer un rôle dans la production de leur couleur blanche. Mais nous verrons plus loin que des écailles semblablement modi- fiées jouent un rôle très conséquent dans certains cas d’albinisme et surtout d’albi- nisme expérimental. Examen des écailles détachées des parties noires. — En préparation sèche, d’après le même procédé que pour les écailles blanches, les écailles noires sont examinées au microscope. À la lumière directe, éclairant le dessous de la préparation, elles se montrent légèrement transparentes, grisâtres, et nous reconnaissons ainsi que cette couleur grisätre est due au fait que le pigment arrête la lumière transmise par le miroir. Leur extrémité proximale contient moins de pigment que leur extrémité distale. De même que précédemment, celles de ces écailles qui sont peu pigmentées décom- posent les radiations lumineuses. Examinées au microscope, à la lumière directe, les écailles noires sont loin de se montrer de cette couleur : elles sont franchement brunes. Il ne s’en trouve guère que quelques-unes qui, plus chargées de pigment que les autres, apparaissent noiï- râtres. Mais si, dans la préparation, deux écailles sont placées l’une sur l’autre, l’image produite de cette façon est d’un beau noir réel; de même, si deux écailles chevauchent en partie l’une sur l’autre, il n’y a que la portion couverte qui soit noire. D'autre part, le sommet des stries et le bord de l'écaille situé du côté où arrive la lumière ont des reflets bruns, parfois rouges, très prononcés. Nous concluons done que la couleur noire des taches de Pieris rapæ est bien produite par un pigment brun, et que si ces taches nous semblent, sur l'aile, noires, cela tient à l'abondance du pigment et au chevauchement de ces écailles les unes sur les autres, formant ainsi un magma compact. Nous retiendrons encore, comme étant important dans la question qui nous occupe, qu'un pigment brun peut, dans certains cas et suivant sa quantité, former des taches noires !. Examen des écailles détachées des parties grises. — Dans l'examen microsco- pique des écailles qui composent les parties grises, nous constatons, aussi bien à la ! Nous trouverons plus loin d’autres exemples de ce genre en ce qui concerne la bordure marginale et les taches de Vanessa urticæ, les taches de Vanessa levana, les bandes de Melitæa parthenie, la tache apicale de Colias hyale, la couleur générale d’Zrebia æthiops, ete. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 167 lumière directe qu'à la lumière transmise, qu'il ne s’en trouve aucune qui contienne un pigment gris; on n’aperçoit que des écailles brunes, semblables en tous points à celles des parties les plus noires, et des écailles blanches, identiques à celles du fond de l’aile. Mais si, dans la préparation, une écaille blanche se trouve placée sur une noire, l’image produite par cette superposition est grise. [l arrive aussi que, deux écailles blanches chevauchant sur les bords d’une noire, cette dernière paraisse avec sa couleur normale au centre et grise sur les côtés. Nous voyons, en conséquence, que la couleur grise de Pieris rapæ est formée, non pas par des écailles contenant un pigment gris, mais par des combinaisons d'écailles noires et de blanches. Examen des ailes entières. — C'est en examinant au microscope des ailes entières de Pieris rapæ en préparation sèche, que l’on se rend compte encore de la réalité de ce qui vient d'être dit. Les écailles sont toutes orientées dans le sens de la longueur de l'aile, c'est- à-dire que leur extrémité dentelée se trouve à l'opposé du corps du Papillon. A la lumière directe, les écailles des parties blanches semblent être grisatres à leur base: mais cela provient d’une illusion d'optique. En effet, cette coloration grise de la base ne se remarque que si la lumiere éclaire l’aile dans la direction du grand axe des écailles et elle n’est autre chose que l'ombre portée d'une écaille sur sa voisine. Il suffit de tourner la préparation dans l’autre sens pour que cette coloration dispa- raisse, La présence de cette ombre portée, soit dit en passant, est encore l’indica- tion que la couleur blanche de Pieris rapæ est bien due à un pigment blanc: il est évident que si les écailles étaient transparentes et que leur couleur fut due à un phénomène optique, ainsi que certains l’admettent, cette ombre portée ne se pré- senterait pas. L'observation à la lumière transmise ne donne pas de résultat par le fait de la présence de la membrane inférieure de l'aile, qui forme un écran et rend celle-ci opaque. C’est surtout l'examen des ailes entières qui nous révèle que les parties grises sont formées d’une combinaison d'écailles noires et d’écailles blanches, ou de la superposition des unes sur les autres. Le centre des taches noires est plus foncé: là, on remarque quand même la présence d’écailles blanches disséminées ; mais elles ne sont pas en nombre suffisant pour en changer la nuance. À mesure que les parties grises qui entourent ces taches deviennent plus claires, le nombre des écailles blanches augmente et celui des noires diminue; en sorte que, là où l'aile est presque blanche, on ne rencontre plus que quelques écailles noires disséminées. On comprendra done, ce qui, du reste, est tout naturel, que là où le nombre des MÉM, SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 21 168 ARNOLD PICTET écailles noires domine, la tache est plus foncée que là où ce sont les blanches qui sont en plus grand nombre. La région grisâtre de la racine des ailes est formée de la même façon. La tache apicale se prolonge vers l’intérieur de l'aile en deux ou trois minces filets noirs qui suivent les. nervures et qui vont en diminuant de teinte et d’épais- seur à mesure qu'ils avancent vers le milieu de l’aile. Sur l’un des individus exa- minés, le plus grand de ces filets à 4% de longueur et le plus petit 1"® seulement. Les écailles qui composent ces filets sont disposées en rangées transversales. La première rangée, celle qui suit la tache apicale, est formée de 12 écailles parmi lesquelles se trouvent 10 noires et 2 blanches intercalées: viennent ensuite 5 ran- gées de 8 à 10 écailles noires sans mélange ; la 6" rangée compte 6 écailles dont 3 blanches encadrées de 3 noires, puis de nouveau 2 rangées de 7 écailles noires, et une de quatre. À cet endroit le filet est déjà très mince; il ne comporte plus que des rangées de une ou deux écailles qui se succèdent de la façon suivante : une ran- gée bigarrée, une rangée de 3 écailles noires, dont deux sont totalement couvertes par des blanches et apparaissent grises. Enfin le filet se termine par une succession en file indienne de 10 écailles noires, le plus souvent couvertes, en tout ou partie, par des blanches. Le plus petit des deux filets, de même que ceux d’autres sujets examinés, est constitué, à quelques détails près, de la même façon. Examen du dessous des ailes. — Le dessous des ailes supérieures de Pieris rapæ est blane, avec une tache apicale jaune et un saupoudré de jaune et de gris à la racine des ailes. En outre, au centre, nous trouvons chez la femelle deux taches noires, et une seule chez le mâle. Les inférieures sont uniformément jaunes, sablées de gris: leur couleur varie beaucoup comme intensité suivant les individus et sui- vant que ceux-ci appartiennent à la génération du printemps ou à celles de l'été. Examen des écailles détachées. — Les écailles blanches sont identiques à celles du dessus de l'aile; en en pratiquant l'examen microscopique selon la même méthode que précédemment, nous voyons qu'elles contiennent un pigment blane. Le rôle joué par l’interférence des rayons lumineux est le même pour les écailles du des- sous que pour celles du dessus de l’aile. Les écailles de la fache apicale jaune sont semi-transparentes et apparaissent grises à la lumière transmise par le miroir du microscope et éclairant le dessous de la préparation. Leur couleur réelle ne se montre nettement qu'à la lumière directe ; nous voyons ainsi que ces écailles contiennent, en petite quantité, un pigment Jaune, diffus. Ce pigment n’est amassé qu'à la moitié distale : la moitié proximale est trans- MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LEPIDOPTÈRES 169 parente. L'examen microscopique ne laisse aucun doute sur l'existence de ce pig- ment jaune, qui est moins abondant que le pigment blanc des autres parties. Lorsque, dans la préparation, deux écailles jaunes se trouvent placées l'une sur l'autre, l’image produite par cette superposition est d'un jaune plus vif que celui des écailles isolées: si plusieurs de ces éléments forment un groupe compact, la couleur que présente ce groupe est jaune d'ocre. Cela nous montre, une fois de plus, le rôle que peut jouer, pour renforcer la nuance de Faiïle, la superposition de deux ou plusieurs écailles. Examen de l'aile entière. — La tache apicale de l'aile supérieure est composée, en dessous, d'écailles jaunes, avec quelques écailles blanches intercalées. Chez cer- tains individus dont la tache apicale est très pale, les écailles blanches sont en assez grand nombre. Quant à la portion, de teinte dégradée, qui limite la tache apicale du reste de l'aile, sa coloration est due à une combinaison d’écailles jaunes et de blanches, le nombre de ces dernières augmentant à mesure que l’on se rapproche du centre de l'aile. Un phénomène tontribue à rendre la tache apicale jaune plus foncée qu’elle n'est en réalité : c’est la présence, sur la face supérieure, de la tache noire de l'apex. Ces deux taches occupent la même position à l’extrémité de l'aile, l’une à la face supérieure, l’autre à la face inférieure. Il résulte de cette disposition que la tache noire du dessus rend plus foncée la tache jaune du dessous. Mais celle-ci est plus étendue que celle-là, et les parties jaunes qui dépassent apparaissent seules avec leur couleur réelle. C’est, par conséquent, l'existence du noir de Ja face supérieure, qui fonctionne comme écran arrêtant la lumière, qui donne à l’apex du dessous une coloration jaune plus foncée qu’en réalité Voilà un exemple du rôle que peut jouer la coloration d’une des faces de l'aile sur celle de l’autre face. Ce phénomène, très appréciable dès que l’on examine l’aile par transparence, ne peut se présenter que chez les espèces dont les écailles contiennent peu de pigment; la coloration plus intense de la portion distale de la tache jaune est due à cette organisation et non pas au fait que ses écailles contiennent plus de matière colorante, où une matière colorante d’un jaune plus foncé, que dans la por- tion proximale. La côte apparait d’un jaune beaucoup plus intense, allant même, parfois, jus- qu'au jaune d’ocre. Les écailles, à cette région de l'aile, sont serrées les unes contre les autres et davantage superposées qu'ailleurs ; elles forment ainsi une sorte de magma assez compact. Mais, si nous isolons quelques écailles de cette région pour les examiner séparément, nous nous rendrons compte qu'en réalité elles ne sont pas 170 ARNOLD PICTET d'un jaune plus foncé et que le pigment n’y est pas plus abondant que dans les autres parties. C’est uniquement à cette disposition des écailles, dont la superposition augmente l’épaisseur, qu'est dû le renforcement de leur teinte. La couleur du dessous des ailes inférieures de Pieris rapæ varie passablement suivant les saisons, les localités et l'altitude qu'habite cette espèce ; il existe des individus dont les ailes inférieures sont uniformément jaunes, légèrement sablées de gris, et d’autres chez lesquels le sablé gris couvre presque toute l'aile. L'examen microscopique, pratiqué de la même facon que précédemment, nous montre que le dessous des ailes inférieures de Pieris rapæ comporte, à la base, des combinaisons d’écailles noires, de jaunes et de blanches, et dans le champ, des combinaisons de Jaunes et de blanches. C’est encore la proportion numérique entre chacune de ces écailles qui donne à l'aile la couleur qu’elle possède; ainsi, dans les spécimens où le sablé de gris s'étend sur presque toute l'aile, les écailles noires sont disséminées sur presque toute la surface de celle-ci. Nous avons encore eu à l'examen des exemplaires de Pieris rapæ dont le des- sous des ailes inférieures est d’un jaune excessivement pale. Les écailles jaunes, examinées isolément, se font remarquer par la rareté de leur pigment. Mais la méthode de superposition de deux ou de plusieurs d’entre elles nous montre que ce pigment est d’un jaune de méme valeur que celui des écailles d'individus normaux. Nous avons la un exemple que le palissement de la couleur provient de la rareté d’un pigment de teinte normale et non pas de ce que le pigment a pris une temte plus claire. En étudiant en détail les ailes des Pieris rapæ, C'est-à-dire un des cas les plus simples qui puissent se présenter, nous avons surtout voulu faire ressortir le fait que des ailes qui comportent des dessins de cinq colorations différentes (noir, blanc, gris, jaune d'ocre et jaune) ne sont formées que par des écailles qui ne contiennent que trois pigments. C’est ainsi que le jaune d'ocre est produit par un plus grand chevauchement des écailles jaunes, et non pas par la formation d’un pigment jaune d’ocre ; que les parties grises comportent un mélange d’écailles noires et de blanches, ou d’un plus fort chevauchement des noires sur les blanches, etc. Pour former toutes les aberrations connues de cette espèce, c’est un mécanisme analogue qui intervient et, dans aucun cas, il ne se crée de nouvelle couleur. Nous verrons qu'il en est ainsi pour presque toutes les espèces étudiées. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 171 Expériences de température élevée avec Pieris rapæ. Ces expériences ont été pratiquées chaque année depuis 1906, sur un grand nombre de chrysalides hivernantes ; elles se divisent en 3 séries. 1. Les chrysalides sont soumises à l'influence de la température de 40 à 50°, en automne. a) pendant une Courte durée (2 à 7 jours conséculifs suivant les cas, mais 7 heures par jour seulement). b) pendant 3 à 5 jours consécutifs. 1. Les chrysalides sont soumises à l'influence de la température de 40 à 50°, au printemps. IL. Les chrysalides sont soumises à l'influence de la température de 40 à 50°, en automne, pen- dant 3 jours consécutifs et de 35°, au printemps, pendant 10-15 jours consécutifs. Les résultats sont peu nombreux; sur le nombre très élevé de chrysalides expérimentées, 31 seulement ont réagi pour produire des adultes légèrement modifiés dans les séries 1 et LL. Les expériences de la série IT n’ont pas donné de résultat. la. Parmi les chrysalides qui ont donné lieu à cette expérience, nous avons seulement obtenu 13 aberrations : 7 (dont 2 ©) sont mélanisantes et 6 (dont 3 ©) sont «lhinisantes. Une femelle parmi les premières, brille tout spécialement par son extrême richesse de pigmentation : aux ailes supérieures la tache apicale est très étendue, les taches du centre de l'aile sont larges : le sablé gris couvre la moitié de la superficie de l'aile, la côte et la marge sont fortement teintées de jaune ; aux inférieures, le sablé grisatre est également très étendu et on remarque en outre, au centre de chacune de ces ailes, une petite tache noire spéciale. . Les autres aberrations mélanisantes brillent par une accentuation de tous les caractères foncés et par leur couleur du fond qui est devenue jaune. Les aberrations albinisantes ont les caractères suivants : En dessus : Eclaircissement de la teinte de toutes les taches noires, qui, dans deux cas, s’elffacent presque totalement ; absence d’écailles jaunes. En dessous : La teinte jaune est très atténuée. En outre, les 4 ailes sont légèrement trans parentes. 1h. Parmiles Papillons des chrysalides qui ont pris part à celte expérience, 8 (dont # © ) sont modifiés. Les 4 femelles sont mélanisantes :; il y a renforcement de tous les caractères foncés, sauf de la tache apicale qui est grise. Les 4 ailes sont, en outre, légèrement jaunâtres avec reflets métalliques. Les # mâles sont légèrement albinisants. IL (9 Q et 3 G). 8 femelles brillent par les caractères suivants : En dessus : Taches peu étendues, brunätres, avec des reflets métalliques bronzés ; les 4 ailes sont fortement saupoudrées d'alomes brunälres, à reflets métalliques comme ceux des taches. En dessous : Aïles fortement sablées de grisâtre, La 9m femelle possède les mêmes caractères bruns, mais la tache apicale est, en partie, effacée. Les trois mâles ont les taches brunes, avec reflets métalliques, mais peu marquées. 172 ARNOLD PICTET Nous ajouterons que, parmi les individus de la série I, les mélanisants se remarquent par la grosseur de leur abdomen, et, pour la plupart, par leur grande taille. Les albinisants possèdent au contraire un abdomen fluet, qui s’aplatit en séchant; en outre, trois de ceux-ci n’ont pu développer complètement leurs ailes. La taille de tous les individus de la série IT est légerement au-dessous de la moyenne; tous ont l'abdomen bien conformé, un seul est resté atrophié. Nous retiendrons encore de ces expériences que, sous l’influence de la tempé- rature élevée agissant sur les chrysalides de Pieris rapæ., trois sortes de modifica- tions peuvent se produire sur les ailes de ces Papillons : 1° Des formes mélanisantes ; 20 Des formes albinisantes ; 3° Des formes à la fois mélanisantes et albinisantes. Autrement dit: les Pieris rapæ, sous l'influence de la température élevée, ne varient que selon la loi du mélanisme et de l'albinisme des parties. Examen microscopique des aberrations obtenues des expériences avec Pieris rapæ. — Les écailles des individus normaux, à part les androchoniales des mâles, sont de deux types: des allongées et minces, et des arrondies et courtes. Ces deux types d’écailles sont disséminés à la surface de l'aile et se retrouvent, avec quelques modifications de détail, sur les différentes parties de l’aile (PI. 5, fig. 2, a). Il existe un dimorphisme sexuel, relatif à ces éléments. Individus albinisants. — Parmi les écailles des individus les plus albinisants, nous retrouvons les deux types signalés ; mais, pour chacun d’eux, les écailles sont beaucoup plus petites que normalement (PI. 5, fig. 2, b)!. Plusieurs sont déformées ou ne possèdent point de dents au sinus. En outre, l'examen microscopique des ailes entières nous montre que, chez deux exemplaires, les écailles sont beaucoup moins serrées que d'ordinaire, et qu'elles laissent parfois entre elles des espaces assez marqués. On comprendra l’origine de ces espaces ; ils proviennent du fait que les écailles étant devenues plus petites et plus rares, ne couvrent plus complètement les ailes. Il résulte donc de ce dispositif que les aïles de ces deux exemplaires sont légèrement transparentes et, par conséquent, sont plus claires. Ce palissement pro- vient aussi du fait que les éléments de coloration blanche sont moins aboridants que normalement. ! Pour apprécier la taille des écailles, nous en dessinons les contours au moyen d’une chambre claire, en ayant soin de conserver toujours la même élévation entre celle-ci et le papier; on peut comparer ainsi la taille des diverses écailles dessinées. SANTE MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 173 En ce qui concerne les taches noires que l'expérience a palies dans une large mesure, les écailles y sont plus petites également, parfois déformées. Mais ce qui frappe surtout, c’est le petit nombre de noires par rapport à celui des blanches. En outre, nous trouvons souvent qu'une noire est couverte par une blanche. La fré- quente répétition de ces deux modes de modifications peut éclaireir les taches en question, de manière à les faire disparaitre presque totalement. Nous concluons encore que l’albinisme expérimental de Pieris rapæ provient : 1° De la diminution du nombre et de la taille des écailles noires ; 20 De la transparence et du pâlissement de l'aile, produits par la diminution du nombre et de la taille des écailles blanches ; 3° De la rareté du pigment ; 4° Les trois procédés peuvent se combiner chez un même individu ; 50 À la petitesse des écailles, s'ajoute souvent leur déformation. Individus mélanisants. — Parmi les écailles des individus mélanisants nous retrouvons les deux types habituels. Mais, comparées à celles des individus normaux, il est manifeste qu’elles sont souvent plus grandes". Les écailles noires ne paraissent pas contenir plus de pigment que d'ordinaire ; elles sont brunes, et deux écailles superposées donnent une image noire. Mais elles sont en plus grand nombre que normalement; les blanches, au milieu des taches noires, sont très rares. Dans le champ blanc de l’aile, on rencontre plusieurs écailles noires. Les femelles de la série Ia brillent par la coloration jaunatre du dessus de leurs ailes; cette coloration est due au fait que, à côté des écailles blanches et des noires qui composent habituellement la face supérieure de l'aile, il se trouve une forte proportion d'écailles jaunes ; par la méthode de superposition, nous nous rendons compte que le pigment de ces écailles est bien réellement jaune, et que cette cou- leur n’est pas due à un phénomène physique. Les individus de la série IT sont mélanisants, sauf en ce qui concerne la tache apicale qui est très pale et réduite. Ici, nous remarquons que les écailles noires y sont en petit nombre, et qu’elles sont presque constamment remplacées par des blanches. En outre, plusieurs d’entre elles sont plus petites. Nous avons voulu nous rendre compte si, normalement, il n'existe pas une dif- férence de taille entre les écailles de l’apex et celles du centre de l'aile; et, en en dessinant à la chambre claire et à la même échelle, un certain nombre pris à chacune 1 Nous avons apprécié la taille des écailles des individus mélanisants de la même façon que pour les albinisants, « 174. ARNOLD PICTET de ces deux parties, nous avons pu nous convaincre que les unes et les autres étaient à peu près de la même grandeur. Tandis que chez les modifiés de la série IIT, la dit- férence de taille est très apparente. Nous concluons de ces dernières recherches que le mélanisme expérimental de Pieris rapæ provient : 1° De l'augmentation du nombre des écailles noires. Une certaine quantité d’écailles ordinairement blanches sont remplies de pigment noir ; 20 De ce que les écailles des parties noires sont souvent plus grandes que les normales ; 3° Le pigment blanc du centre de l'aile semble se modifier parfois en un pig- ment jaune. La couleur jaune constitue done bien, ici, un cas de mélanisme par rapport au blanc. Il y a lieu de faire remarquer encore que les individus albinisants possèdent des écailles plus petites que normalement, souvent déformées, et que ce caractère vient s'ajouter à ceux que nous avons signalés (petitesse de la taille, paleur des ailes, souvent atrophiées) et qui sont des caractères de dégénérescence et d’affaiblisse- ment. Au contraire, aux caractères de vigueur et de santé des individus mélanisants, s'associent celui des écailles qui sont souvent plus grandes que normalement. Pieris brassicæ. Nous avons examiné, suivant les mêmes méthodes que pour Pieris rapæ, dix exemplaires mâles et femelles de Pieris brassicæ, pris à l’état naturel. Cette espèce, blanche également, mais plus grande que la précédente, possède des taches noires qui rappellent, comme position, celles de Pieris rapæ. Ces taches, principalement celle de l’apex, varient de nuance; il en est de même du sablé gri- sâtre avoisinant le corps et qui, chez la femelle surtout, peut acquérir plus ou moins d’étendue. En dessous, les ailes inférieures sont d’un jaune plus ou moins accentué, toujours légèrement saupoudré de gris; ce saupoudré gagne parfois toute la surface de l'aile. Nous ne ferons pas en détail l'examen de cette espece. Nous nous bornerons à indiquer que toutes les conclusions que nous avons tirées de l'examen des Pieris rapæ se vérifient pour Pieris brassicæ. Le dessous des ailes inférieures de certaines femelles est légèrement verdàtre ; si l’on en détache les écailles, on n’en trouve aucune qui soit verte ; le dessous de MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 175 ces ailes ne comporte que des écailles noires, des blanches et des jaunes. C’est à la combinaison des noires, qui présentent des reflets métalliques bleus, et des jaunes, qu'est due la production de cette nuance verte. Les ailes des mâles ont un aspect différent de celles des femelles. Elles sont plus épaisses et recouvertes d'une pilosité veloutée qui fait défaut dans l’autre sexe. Cet aspect particulier aux males provient de l’abondance des écailles amdrochoniales qui sont très allongées et grêles à leur sommet, ayant un peu la forme d’un poil et qui se rencontrent sur toute la portion blanche de l'aile. Les femelles, au contraire, ont les ailes plus minces par le fait de l’absence de ces écailles, et ne présentent pas cet aspect velouté. Par contre, elles montrent une certaine irisation. Expériences de température élevée avec Pieris brassicæ. Un certain nombre d'expériences ont été pratiquées, depuis 1908, avec des chrysalides hivernantes de cette espèce et ont été divisées en deux séries : 1. Les chrysalides sont soumises à l'influence d'une température de 40 à 45°, pendant 15 à 20 jours consécutifs et 5 h. par jour, en automne. 1. Les chrysalides sont expérimentées de la même facon, mais au printemps. Les résultats, au point de vue de la coloration, sont peu nombreux et la grande majorité des chrysalides qui ont donné lieu à ces recherches n'ont pas réagi contre l’influence de la température. Deux femelles, devenues albinisantes et dont les taches apicales sont très pales, en partie lavées, et teintées de reflets métalliques bruns, retiendront notre attention. L'examen de ces taches confirme un des points que nous avons signalés chez les Pieris rapæ devenues albinisantes, à savoir que les écailles blanches sont plus nombreuses que normalement et couvrent souvent les écailles noires, ce qui en fait paraître une bonne partie grises. En outre, les noires contiennent peu de pigment. Par le même procédé de mensuration que celui pratiqué pour lieris rapæ, on peut se rendre compte encore que les écailles des taches apicales modifiées sont plus petites que celles du centre de l'aile, tandis que, chez les individus témoins, les unes et les autres sont de même taille, Mais ce qui frappe surtout, c'est que les écailles des taches apicales albinisantes ont, en outre, passablement modifié leur forme (PI. 5, fig. 3, « et b). Parmi les individus modifiés, signalons encore un jet trois © qui peuvent être considérés comme mélanisants, en ce sens que leurs taches apicales noires MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 22 176 ARNOLD PICTET sont exceptionnellement grandes et remarquables par leur intensité. En outre, le dessous des ailes inférieures est fortement saupoudré de gris. Les écailles des parties noires ont acquis une dose énorme de pigment; elles sont à ce point opaques que leurs stries ne s’aperçoivent pas au microscope. Mais il est facile de se rendre compte qu’elles contiennent un pigment brun de même valeur que celui des individus normalement colorés. C’est la surabondance de ce pigment qui est la cause de cette intensité de coloration. Quant au saupoudré gris du dessous des ailes inférieures, il est formé par des écailles brunes surpigmentées en combinaisons variées avec des blanches. Pieris napi. Les individus de cette espèce présentent un dimorphisme sexuel accentué. Blanes dans les deux sexes, avec une tache apicale noire, ils se différencient aisé- ment par la présence, chez les femelles, d’une abondance d’atomes gris qui sont amassés, en de longues bandelettes, le long desnervures; ces bandelettes font défaut chez les mâles. En outre, les femelles possédent, sur le dessus des aïles, deux taches noires que n’ont pas les individus masculins. En dessous, dans les deux sexes, la couleur du fond est à peu près la même que chez Pieris rapæ, et présente de sem- blables variations de nuance, Mais le caractere distinctif consiste en des bande- lettes grisatres, légèrement verdatres, qui suivent le trajet des nervures aux ailes inférieures. Nous avons étudié plusieurs mäles et femelles des deux générations de la plaine et de la montagne, en suivant la même méthode que celle employée jusqu’à maintenant. Nous ne reviendrons donc pas sur le détail de ces recherches et nous nous bornerons à en indiquer les résultats : 1° La couleur blanche de Pieris napt est due à un pigment blanc déposé en petite quantité dans les écailles. Ce n’est pas à un phénomène d'optique que celte couleur blanche est due. 20 La couleur noire est produite par un pigment brun. C’est grâce à l’extrème surcharge de ce pigment que les taches paraissent noires ; autrement elles sont d’un brun foncé. 30 Les parties grises du dessous des ailes sont formées par des combinaisons d'écailles brunes, paraissant noires parce que fortement pigmentées, et d’écailles blanches, en tous points sem- blables à celles des parties blanches. 0° Les parties jaunes du dessous sont composées d’écailles jaunes et de blanches; suivant que ce sont les unes ou les autres dont le nombre domine, ces parties sont plus ou moins foncées. Le bord antérieur de l'aile inférieure est d’un jaune passablement plus intense que le reste de l'aile; cette teinte plus foncée est due à une plus forte superposition d’écailles jaunes de nuance ordinaire. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 177 59 Les bandelettes grisätres qui longent les nervures sont formées de la même façon que les autres parties grises; mais, chez certains individus où ces bandelettes sont teintées de verdâtre, on ne trouve pas d'écailles vertes; cette couleur est due à la combinaison des écailles jaunes et des brunes, ces dernières paraissant noires par surcharge pigmentaire et ayant des reflets bleus, Les mâles de lieris napi possèdent sur le dessus des ailes supérieures quelques minces filets grisätres qui longent les nervures. On pourrait penser que ces filets sont formés de quelques écailles brunes en file indienne. Or cela n’est pas le cas, car lexamen microscopique montre que les écailles brunes y sont si rares, que leur nombre est insuffisant pour motiver la formation de ces filets. En réalité, ils proviennent du fait que, en dessous, les nervures sont couvertes d'écailles brunes qui forment un ensemble opaque, obscurcissant, en dessus, la nervure. Aux ailes infé- rieures le même cas se présente, Nous voyons done qu'il peut se faire que certains dessins foncés du dessous des ailes délimitent, à la place correspondante du dessus, un dessin, Sans qu'aucun pigment spécial n'entre dans la formation de ce dessin. Aberrations de Pieris napi. Les aberrations femelles bryoniæ, napeæ et flavescens des régions montagneuses possèdent les caractères suivants : La couleur du fond des ailes supérieures est jaune crème, souvent surchargée d’une abondance d’atomes brunâtres: les taches sont plus étendues et les bande- lettes sont souvent plus larges que normalement. Les recherches microscopiques pratiquées sur trois de ces femelles nous appren- nent que : 19 La couleur jaune crème du fond est due à une combinaison d'écailles blanches et de jaunes de même nature que chez les individus de l'espèce; il n’y a pas formation d'un pigment jaune crème. 20 Les atomes brunätres contiennent un pigment brun de même coloration que celui des taches noires lvpiques ; mais il est en pelite quantité dans les écailles. 39 Les bandelettes qui suivent les nervures comportent des écailles brunes, des jaunes et des blanches. C'est pour cela que ces bandelettes ont, souvent, une coloration café au lait. Sur les ailes des Pieris napi normaux, il existe toujours, disséminées au milieu des blanches, un petit nombre d’écailles jaunes et de brunes: mais ces deux der- nières sortes ne sont pas en quantité sufhsante pour modifier la coloration blanche. Tandis que sur les ailes des aberrations, les écailles brunes et les jaunes deviennent assez nombreuses pour cela. La formation de ces aberrations n’est donc que l’accentuation d'un état de chose existant déjà chez l'espèce. 178 ARNOLD PICTET On rencontre souvent des femelles de Pieris napi dont toutes les taches et les dessins sont gris. C’est encore à un mélange d’écailles brunes (noires) et de blanches (ces dernières en plus grand nombre que normalement) qu'est due cette coloration. I n’y à pas formation d’un pigment gris. Nous avons encore étudié deux mâles de Pieris napi dont la tache apicale est nettement brundtre. C’est bien au fait que le pigment normal est moins abondant dans les écailles de ces taches qu'est due cette coloration et non pas à la présence dun pigment brun plus clair. Rappelons que chez les Pieris à tache apicale noire le pigment y est quand même brun; mais, comme il est très abondant et rend les écailles opaques, ces taches paraissent noires. La production de ces aberrations à taches brunatres s'explique donc facile- ment : les individus qui les possèdent fabriquent moins de pigment que normale- ment. Il sufñt, du reste, de décolorer partiellement les ailes d’une Pieris napi à taches noires, pour montrer l'évidence de ce qui vient d’être énoncé. Leucophasia sinapis. Cette espece est blanche en dessus avec une tache apicale noire à contours fondus. En dessous, aux ailes supérieures, elle est blanche avec tache apicale jau- nâtre. Aux ailes inférieures, la couleur du dessous est jaune avec des dessins gri- satres, estompés et peu marqués. Ces différents caractères peuvent s’accentuer où s’éclaircir suivant les individus, les localités où ils se rencontrent, ou leur époque d'apparition. Les taches apicales varient aussi, quant à leurs dimensions et leur nuance; elles peuvent, dans certains cas, disparaître. L'examen de 11 individus de cette espèce nous amène, en ce qui concerne leur coloration et leurs dessins, aux mêmes conclusions que pour les espèces précé- dentes. Nous ajouterons que chez les exemplaires femelles où la tache apicale fait défaut, on trouve encore, à l'emplacement de cette tache, quelques écailles brun foncé, mais dont le nombre est insuffisant pour qu'on puisse les apercevoir à Pœil nu. Leucophasia sinapis ab. subgrisea. C’est une combinaison d’écailles noires et de blanches qui est cause de la formation de la tache apicale grise; en outre, les noires sont fréquemment recouvertes par des blanches. L'examen de trois exemplaires à tache apicale brunätre montre que les écailles de ces parties contiennent peu de pigment. Là, encore, il n’y à pas formation d’un pigment brun plus clair. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 179 Antocharis cardamines. Cette espèce offre un certain intérêt. Ses principaux caractères sont les suivants: En dessus : Couleur du fond blanche; aux supérieures, tache apicale et une tache centrale grises. En outre, chez les males, la tache apicale grise est accompa- gnée d’une large tache rouge embrassant la moitié de l'aile supérieure. En dessous : Couleur du fond blanche: l'aile inférieure est encore marbrée de taches verdâtres, saupoudrées et accompagnées d’atomes grisatres, Ces derniers dessins se remarquent légèrement, par transparence, sur le dessus des ailes infé- rieures. Les écailles du fond sont remplies d’un pigment blanc peu abondant et se comportent, vis-à-vis des rayons lumineux, comme les écailles blanches des autres Piérides. Les taches grises sont formées d’une association d’écailles noires! et de blan- ches ; la nuance de ces taches dépend du rapport numérique qui existe entre les noires et les blanches. IT n’a pas été trouvé d'écailles à pigment gris. La tache rouge des males se compose bien d’écailles rouges. Une zone jaune, dégradée, limite, à l'intérieur, cette tache du reste de l'aile. L'examen microsco- pique de cette zone nous montre qu'elle n’est formée que d’écailles rouges et de blanches ; le nombre de ces dernières augmente à mesure que l’on s'approche du centre de l’aile. En réalité, cette zone n’est donc pas jaune, comme on en à l’impres- sion en regardant le Papillon, mais rose. Le reste de la tache apicale des mâles est brune, par le fait qu'elle comporte des écailles noires et des rouges. Il n'existe donc pas de matière colorante brune. Les taches verdätres du dessous des ailes inférieures, tant chez les mâles que chez les femelles, offrent un intérêt tout particulier. En détachant les écailles de ces parties et en les examinant au microscope, successivement aux deux lumières, nous ne trouvons pas la moindre écaille verte ; nous n’en trouvons que des jaunes, des noires et des blanches. Ces dernières proviennent de la couleur du fond ; les Jaunes contiennent un pigment qui est bien de cette couleur, puisque deux écailles superposées donnent une image qui reste jaune. Quant aux noires, examinées soi- gneusement, elles se montrent avec des reflets bleus brillants, très apparents. Des ! Chez Antocharis cardamines, le pigment des taches semble bien être noir et non pas brun. En eftet, les écailles peu pigmentées de ces parties conservent, malgré cela, leur coloration noire. 180 ARNOLD PICTET lors, on peut concevoir l’origine de la couleur verdatre des taches en question: elle provient d’une combinaison d’écailles jaunes et de noires à reflets bleus". Nous ayons examiné le dessous d’une dizaine d'Antocharis ausonia. 4 Anto- charis beliu et de sa variété simplonia, de Pieris callidice et de Pieris daplidice ; leurs taches verdâtres sont dues à une combinaison analogue d’écailles jaunes et de noires à reflets bleus. Du reste, beaucoup d'individus aberrants de ce groupe possèdent des taches qui, au lieu d’être vertes, sont simplement jaunes: chez ceux-ci, les écailles noires sont rares. Dans d’autres cas, les taches sont formées d’atomes jaunes et d’atomes noirs distincts des jaunes; chez ces dernières aberrations, les écailles jaunes sont localisées en certains endroits et les noires, trop abondamment pigmentées pour donner lieu à la production du phénomène optique, sont localisées ailleurs. Aporia cratædgji. Cette Piéride, en dessus, est blanche, sans dessins ; les ailes sont parcourues par les nervures, marquées en brun foncé et même parfois en noir; celles-ci ne sont pas accompagnées d’une bande d’atomes grisàtres, comme c’est le cas chez Pieris napi ; cependant, vers le bord de l'aile, l'extrémité de chaque nervure est accompagnée d'un petit triangle brunatre. En dessous, les caractères sont les mêmes qu'en dessus ; mais la couleur du fond, surtout aux ailes inférieures, y est plus char- gée d'atomes noirs; en outre, les nervures sont accompagnées d’une bande saupou- drée de noirâtre. Chez les femelles, les ailes supérieures sont le plus souvent trans- parentes à la partie centrale. Les écailles que supportent les ailes d’Aporia cratægi sont de deux sortes : des arrondies et des minces, plus petites. Examen du dessus des ailes. — Les écailles de la couleur du fond sont blan- ches et contiennent en abondance un pigment blanc ; nous le prouvons par la même méthode que celle employée pour les autres Piérides. Examinées comparativement avec les écailles de ces dernières, il est facile de se rendre compte que celles d'Apo- ria cratægi contiennent beaucoup plus de pigment. Or les ailes d’Aporia cratægi ne possèdent pas le reflet métallique que possèdent souvent les autres Piérides: cela confirme que l’abondance du pigment dans les écailles arrête la décomposition de la lumière. UM. Bar (1898, 5) a signalé le fait; il l’attribue à une combinaison d’écailles jaunes et de noires. À vote OR MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 1S1 Les écailles blanches sont toutes du type arrondi et montrent une légère dif- férence de forme suivant qu'elles appartiennent à des males ou à des femelles. En examinant, au microscope, les ailes entières, nous remarquons que, chez les mäles, les écailles sont très serrées les unes contre les autres, tandis que chez les femelles, elles sont au contraire assez espacées, laissant entre elles des vides appréciables. Certaines femelles ont les ailes très transparentes ; chez celles-ci les écailles sont peu nombreuses. D’autres femelles, au contraire, sont peu transpa- rentes et leurs écailles sont en plus grande quantité. L'accentuation de la transparence est donc due à la rareté des écailles et non pas au fuit que celles-ci ne contiennent point de pigment. Les écailles qui forment les triangles brunâtres accompagnant l'extrémité des nervures sont toutes du type mince et petit; elles sont plus grandes chez les mâles que chez les femelles. En outre, elles contiennent un pigment noir peu abondant. En ce qui concerne la couleur brunätre de ces triangles, elle est due: 19° Au fait de la chitine de la membrane alaire qui est colorée en brun; 29 Au fait que les écailles qui composent ces triangles sont petites et minces, très espacées les unes des autres, laissant la membrane brune en partie à nu ; 3° Au fait que ces écailles contiennent peu de pigment. Nous retiendrons encore de ces recherches que les #riangles transparents con- tiennent des écailles plus petites que duns les autres parties. Or nous avons vu, lors de l'énoncé des expériences avec Pieris rapæ et Pieris brassicæ, que les écailles devenues albinisantes et en partie transparentes ont une tendance à diminuer de taille. Mais la transparence des ailes ne doit cependant pas toujours être considérée comme un cas d’albinisme partiel, puisque l'étude d’'Aporia cratægi nous montre qu'il peut y avoir des ailes transparentes avec écailles noires. Examen du dessous des ailes. — La couleur du fond est formée d’écailles blanches ; les nervures sont accompagnées d’une bandelette grisatre qui est formée d'une combinaison d'écailles noires et de blanches; les nervures elles-mêmes sont brun foncé et l'examen microscopique montre qu'elles ne sont pas recouvertes d’écailles. Chez certaines femelles, les ailes inférieures sont saupoudrées de gris, ce qui est dû encore à la combinaison d'éléments noirs et de blancs. Les parties transparentes des femelles et les triangles qui accompagnent leurs nervures sont constitués comme pour le dessus des ailes. Examen de l'aberration femelle flava. — Le caractère distinctif de cette aber- ration réside dans le dessous des ailes inférieures qui est d’un jaune accentué, pou- 189 ARNOLD PICTET vant aller jusqu'au jaune d'ocre. Cette teinte est formée d’écailles de trois sortes, des jaunes, des noires et des blanches, qui entrent en combinaisons variées et dont la proportion numérique varie la teinte de cette partie de l'aile. Mais, ce que nous retiendrons surtout, c’est qu'il y à, dans l’aberration flava, production de la couleur jaune qui n'existe pas chez les femelles typiques. Il faut donc en conclure que le pigment blanc de certaines des écailles du type se modifie, pour former cette aber- ration, en un pigment Jaune. e Expériences de température élevée avec Aporia cratægi. } 1 Nous avons soumis, en 1908, pendant 9 h. de temps, durant le premier jour de leur formation, une trentaine de chrysalides de cette espèce, à l'influence d’une température de 40-45°, Les résultats obtenus sont les suivants : 22 individus (12 femelles et 10 mâles), Femelles. 1° Chez 5 ©, la transparence de l’aile est très accentuée aux ailes supérieures, et commence à se faire remarquer aux inférieures : individus albinisants!. 20 Chez 3 ©, la transparence est accentuée à l'aile supérieure, mais fait défaut à l'aile inférieure dont le dessous est, par contre, fortement saupoudré de gris et de jaune: individus à la fois mélanisants et albinisants. 39 Chez 2 ©, les ailes supérieures sont normalement transparentes ; les ailes inférieures sont forte- ment saupoudrées de gris : individus melanisants. Deux femelles ne sont pas modifiées. Müûles. 1° Chez 2 G, la transparence existe un peu aux ailes supérieures : individus albinisants. 29 Chez 4 c', les ailes sont saupoudrées de gris : individus mélanisants. Les autres mâles ne sont pas modifiés. Les écailles des parties transparentes se sont fortement modifiées; elles sont passablement plus petites que normalement et, pour la plupart, ont perdu les dents de leur extrémité distale. Quant à la production du saupoudré grisatre, il faut en voir l’origine dans l'augmentation du nombre des écailles noires. Nous concluons de ces expériences : 1° Que les températures élevées, chez Aporia cratægi, sont aussi bien un facteur de mélanisme que d'albinisme ; ! Nous considérons ces individus comme albinisants, 1° parce que les éléments colorés blanes du centre de Paile ont fortement disparu, 2° parce que les éléments noirs des triangles se sont en partie effacés. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 183 20 Que les écailles des parties devenues transparentes ont diminué de taille et ont modifié leur forme, sous cette influence ; 3° Que le pigment blanc, par oxydation produite par la chaleur, peut, en cer- taines régions de l'aile, devenir jaune. { J Parnassius apollo. Cette espèce varie passablement; ses principaux caractères sont les sui- vants : Ailes blanchâtres; les supérieures portent 4 où 3 grosses taches noires, les inférieures 2 gros ccelles rouges, entourés de noir et le plus souvent pupillés de blanc. Les femelles sont généralement beaucoup plus chargées d'atomes noirs que les mâles. En outre, les ailes des deux sexes, et surtout les supérieures, possèdent deux bandes marginales, à contours irréguliers, séparées par une bande smueuse blanche. En examinant les ailes depuis le bord externe, nous considérons d’abord une pre- mière bande noirâtre (1), une deuxième bande, blanche, qui la côtoie (I) et enfin une troisième bande noire (I) qui côtoie la seconde. A la suite de la bande IT, l'aile est blanche, avec les 3 taches noires mentionnées, jusqu'à sa racine, où elle est légerement saupoudrée de noir. Les écailles qui couvrent les ailes de Parnassius apollo peuvent encore se ramener à deux types : des larges et arrondies et des minces, allongées, se termi- nant en pointe (PI. 5, fig. 16, « et b). Les premières se trouvent dans les régions qui avoisinent le corps et les autres vers la bordure. En comparant ces diverses écailles on se rend compte que celles du type allongé dérivent des arrondies, car, entre les unes et les autres, on remarque tous les passages. Les écailles des taches noires sont remplies d’un pigment noir compact et abondant. A la lumière transmise, elles sont absolument opaques; à la lumière directe elles se montrent d'un beau noir d’ébène; sauf une ou deux qui sont un peu moins pigmentées et qui ont des reflets métalliques rouge brun, ces écailles ne décomposent en aucune façon la lumière. Deux écailles, choisies parmi les moins pigmentées et superposées, donnent une image noire. Les ocelles rouges sont formés d’écailles dans lesquelles se trouve un abondant pigment rouge qui les rend opaques; ces écailles, quant à leur forme, sont intermé- diaires entre celles des deux types signalés. Le fond des ailes est formé par des écailles blanches, peu serrées les unes contre les autres et contenant un pigment blanc compact: grâce à cela, elles ne pro- MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 23 184 ARNOLD PICTET duisent que fort peu le phénomène de diffraction. En outre, deux de ces écailles placées l’une sur l’autre ne donnent pas une image d’un blanc plus intense qu’une seule écaille isolée; cela nous montre que ces éléments, chez Parnassius apollo, sont surcolorés par le pigment. Examen des bandes marginales. — Les bandes TL, IT et II différent les unes des autres par la forme des écailles qui les composent. La bande noire III se compose d’écailles du type large et arrondi, semblables, comme forme, aux blanches du centre de l'aile. Les unes et les autres contiennent un abondant pigment et sont opaques. Suivant le rapport numérique qui existe entre ces deux éléments, la bande est plus ou moins noire; les bords de celle-ci, qui sont grisatres, contiennent une plus grande proportion d’écailles blanches. La bande blanche IT comporte également des écailles du type arrondi; mais celles-ci sont plus petites qu'au centre de l'aile. La bande noire I est transparente et formée exclusivement d'écailles du type mince; aux ailes supérieures. elles sont noires, opaques, mais très clairsemées et laissent, entre elles, de larges espaces: c’est à peine si, au milieu de ces écailles noires, il s’en trouve une ou deux qui soient blanches. Aux ailes inférieures, la bande I manque parfois. Quand elle existe, elle est peu transparente et moins foncée. Les écailles y sont également du même type que ci-dessus, mais les blanches dominent fortement. Nous avons examiné la bande I de 22 Parnassius apollo, males et femelles; le résultat de cet examen a été de nous montrer que les écailles du type mince n’exis- tent que sur cette bande. Ce qu'il y à lieu de remarquer, dans ces recherches, c’est que : 1° Les parties transparentes, de même que chez Aporia cratægi, contiennent des écailles dont les dimensions sont plus réduites que dans les parties opaques. La transparence des ailes de cette espèce ne semble donc pas seulement due au fait de la rareté des écailles, mais aussi à leur diminution de taille. 20 Les écailles des parties transparentes peuvent contenir soit un pigment blanc, soit un pigment noir. Les femelles de Parnassius apollo sont souvent fortement saupoudrées de noir; chez certaines aberrations, cette coloration mélanienne gagne parfois beaucoup en étendue et en intensité. Dans ce cas, un certain nombre d’écailles blanches acquierent un pigment noir. Nous avons encore étudié 4 individus ayant les ocelles jaunes au lieu de rouges. Les écailles des ocelles rouges détachées et examinées au microscope sont opaques MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LEPIDOPTÈRES et ne montrent presque pas d'irisation. Au contraire, les écailles des ocelles jaunes, examinées de la même façon, sont transparentes, avec des reflets métalliques dorés. Nous voyons par là que, dans les ocelles jaunes, le pigment est de même couleur que dans les ocelles rouges, mais en moins grande quantité. Parnassius delius. Les caractères des ailes de cette espèce, considérés au point de vue qui nous intéresse, sont très voisins de ceux de Parnassius apollo. Nous distinguons principale- ment une région distale transparente et noire et une région proximale opaque et blanche, avec des taches noires. De même que chez Parnassius apollo, les écailles de la région proximale sont blanches, opaques, serrées les unes contre les autres, tandis que la région dis- tale, transparente, comporte des écailles minces, en majorité noires; quelques blanches y sont intercalées. Les conclusions qui découlent des 17 Parnassius delius qui ont été examinés sont donc les mêmes que pour la précédente espèce. Parnassius mnemosyne. Les caracteres de cette espèce, concernant ses dessins, sont des plus simples ; ils peuvent se résumer ainsi : L’aile supérieure se divise en deux régions: une proximale blanchatre et opa- que, une distale, moins étendue, noire et transparente. Dans la portion proximale se remarquent 3 taches noires, dont une transparente, qui fait quelquefois défaut, et deux opaques. L’aile inférieure est uniformément blanchätre et opaque ; elle est ornée de deux taches noires. A l'extrémité de chaque nervure, nous trouvons un petit triangle allongé, noir et transparent. Ces caractères se rapportent aux deux sexes ; mais, chez les femelles, il arrive fréquemment que la portion distale des ailes supérieures soit plus large, comparativement, que chez les males. Chez certaines aberrations, la transparence gagne quelques-uns des caractères normalement opa- ques ; nous étudierons plus loin ces formes spéciales. De même que pour les précédentes espèces, les écailles de Parnassius mnemo- syne Se rattachent à deux types distincts: des larges et arrondies et des minces et gréles ; ces dernières ne se trouvent que dans la région distale, transparente où elles 186 ARNOLD PICTET sont noires, assez éloignées les unes des autres, tandis que les larges et arrondies n'existent qu'à la portion proximale, opaque, où elles sont blanches et serrées les unes contre les autres. A l'aile inférieure, les écailles minces, noires, se rencontrent surtout dans les triangles transparents qui accompagnent l'extrémité des nervures. Mais nous devons mentionner qu'il y à des écailles minces et blanches sur une faible étendue, tont le long de la bordure marginale de cette aile. Nous avons signalé qu'une des taches noires de l’aile supérieure est transpa- rente ; cette tache est diversement constituée suivant les individus. Sur 15 mâles examinés et provenant des environs de Louèche, nous avons trouvé que trois sortes d’écailles noires concourent à la formation de cette tache : 1° Les unes du type arrondi et de même taille que les blanches de la portion proximale ; 20 Les autres du type mince et grêle, comme les noires de la portion distale ; 3° Enfin des écailles qui tiennent le milieu entre les deux types précités. Chez 4 individus, les écailles 1 dominent pour former cette tache ; chez 7 indi- vidus, ce sont les écailles intermédiaires qui sont en plus grand nombre et chez 4 individus, ce sont surtout les écailles 2 qui s’y trouvent. Nous voyons done que lorsque la tache transparente existe chez certains indi- vidus de Parnassius mnemosyne c’est le plus souvent (11 cas sur 15) par la réduc- tion de la taille des écailles que ce caractère prend naissance, et non pas seulement par une diminution du rombre de celles-ci. Le sexe féminin, chez Parnassius mnemosyne, donne lieu à un certain nombre d'aberrations. dont l’ab. melaina et lab. hartmanni sont les plus caractéristiques ; l’une et l’autre sont fortement mélanisantes. L’ab. © melaina est caractérisée, aux ailes supérieures, par le fait que la portion distale et transparente s'agrandit et envahit parfois presque complètement la por- tion proximale opaque. Aux ailes inférieures, il se forme une bande marginale transparente. Nous avons étudié 8 femelles de cette aberration et nous avons trouvé que les écailles, pour former les parties anormalement transparentes, mont modifié ni leur forme ni leur taille, mais que c’est leur nombre qui a diminué. Cette portion transparente comporte en effet des écailles du type arrondi, blanches et noires ; leur nombre ayant diminué, ces écailles se trouvent plus espacées et c’est de là que provient la transparence de l'aile. Quant à la bande transparente mar- ginale, elle est composée, comme normalement, d'écailles du type amincï. Dans lab. © hartmanni, les 4 ailes sont transparentes et d’un noir uniforme ; on ne peut plus faire de distinction entre une région proximale et une région distale. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 187 Or l’examen microscopique de l'unique exemplaire que nous ayons entre les mains, montre que la région correspondante à la partie transparente des individus nor- maux à seule des écailles du type mince; partout ailleurs les écailles sont du type arrondi. C’est en somme la même chose que chez melaina, mais, alors que chez celle-ci les régions anormalement transparentes possèdent des écailles noires et des blanches, chez hartmanni elles sont toutes noires. Nous coneluons de ce qui précède : 1° Que la transparence de l'aile n’est pas toujours accompagnée d’une réduc- tion de la taille des écailles. 2" Que le pigment, normalement blanc, des Parnassius mnemosyne peut se modifier en un pigment noir. 3° Que des aberrations transparentes peuvent étre mélanisantes. Nous devons revenir encore sur la transparence des ailes des 4 dernières espèces étudiées (Aporia cratægi, Parnassius apollo, P. delius, P. mnemosyne). Cette transparence, avons-nous vu, se produit de deux manières : les écailles deviennent plus petites et, dans ce cas, elles ne se joignent plus, en sorte que des vides se produisent entre elles. Mais il peut se faire aussi que les écailles conser- vent leur taille habituelle ; dans ce cas, pour présenter entre elles les vides qui sont la cause de la transparence, elles doivent forcément être passablement moins nom- breuses; c’est le premier mécanisme qui crée la transparence chez les 4 espèces types, tandis qu'au contraire c’est le second qui intervient dans les ab. © melaina et hartmanni. Melitæa athalia. En dessus, la couleur du fond est fauve ; les quatre ailes sont traversées, dans le sens de la largeur, par 5 ou 6 bandes noires sinueuses et, dans le sens de la lon- gueur, par des filets noirs suivant les nervures. En dessous, les ailes supérieures sont fauves également, avec quelques des- sins noirâtres; les inférieures sont d’un blanc crème, avec des dessins jaunatres, des bruns, des bruns foncés, et des noirs. Les écailles de cette espèce se rattachent à 3 types distinets: des longues et gréles. dont l'extrémité distale contient quelques dents, des larges et arrondies avec dents, et des larges et arrondies, sans dents. Ce que nous considérerons surtout, dans l'examen des dessins de cette espèce, 188 ARNOLD PICTET c’est la gradation de couleur qu'ils présentent. En effet, si nous allons du plus clair au plus foncé, nous trouvons que ces dessins ont les nuances suivantes : Dessous : blanc-crème (1), fauve pale (ID), fauve (I), brun fauve (IV), brun (V), noir (VI). Dessus: fauve (II), brun fauve (IV), noir (VI). Taches blanches du dessous (1). Les taches blanches du dessous affectent des nuances diverses suivant les individus que l’on considère : elles sont, dans la plupart des cas, d’un blanc laiteux; mais on trouve parfois des individus chez les- quels elles sont jaune pale, jaunes, et même brun clair. Examinons d’abord les écailles détachées d'individus où ces taches sont d’un blanc laiteux. Ces écailles sont presque transparentes et décomposent activement la lumiere. La quantité de pigment qu’elles contiennent est minime. En superposant deux écailles, elles ne donnent pas une image blanche, mais une image légèrement fauve pâle; 3 écailles placées les unes sur les autres prennent une coloration fauve qui est de même nuance que celle qui caractérise les dessins IL. Un amas plus épais d’écailles apparaît d'un fauve plus foncé, voisin du IV. Nous voyons par là que es écailles des taches blanches possèdent un pigment fauve, mais trop peu abondant pour leur donner cette dernière coloration; elles se montrent donc d’un blanc laiteux. Chez les individus où les taches blanches sont remplacées par des fauves, les écailles qui les forment contiennent déjà plus de pigment ; lorsque ces taches sont brun foncé l'abondance de leur matière colorante est manifeste. Taches fauve pâle du dessous (I). Le pigment de leurs écailles apparait déjà comme plus abondant. Deux écailles saperposées donnent une image fauve et trois écailles placées les unes sur les autres atteignent la coloration IV. Taches brun fauve et brunes du dessous (IV et V). Tei, les écailles com- mencent à devenir opaques, surtout à leur extrémité distale; leur extrémité proximale est encore assez souvent transparente. Le pigment est donc beau- coup plus abondant que dans les dessins plus clairs. Nous superposons deux écailles de la nuance IV et la figure ainsi produite atteint la coloration V : nous plaçons l’une sur l’autre deux écailles de la coloration V et c’est la teinte VI qui est reproduite. Taches brun fauve et noires du dessus (IV et VI). En ce qui concerne les écailles du dessus (IV), nous voyons qu’elles contiennent un pigment abondant, et qu'un groupe de 3 ou 4, en superposition, donne une image compacte, très foncée, de la même couleur que VI. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 189 Les écailles des dessins noirs (dessus et dessous) ne contiennent pas toutes la méme dose de pigment; il y en à qui sont moins pigmentées et qui se montrent brunes, de la même teinte que V; d’autres regorgent de matière colorante et sont opaques; elles paraissent alors d’un brun très foncé, presque noir; en en superpo- sant deux on n'arrive pas à produire une image réellement noire, comme cela à été le cas pour les écailles brunes des Piérides. Récapitulant ce que nous venons de dire, nous voyons que: 1° Les écailles des taches blanches contiennent un pigment fauve en quantité minime : 20 Plus un dessin est foncé, plus ses écailles contiennent de pigment ; 20 3° Les écailles de chaque tache, en superposition de deux, donnent une image qui est de la même couleur que la tache de rang immédiatement plus foncé. Nous concluons de ces recherches, pratiquées sur un grand nombre de Melitæa athalia : Il n'existe, pour former les différents dessins de cette espèce, qu'un seul piq- ment, qui est fauve ; réparti en infime quantité dans les écailles, il les colore à peine (taches blanc laiteux) ; en plus grande quantité, d leur donne une teinte fauve : en plus grande quantité encore, une teinte brune, et plus ce pigment s'amasse avec abondance, plus l'écaille atteint une coloration foncée, qui peut devenir, dans les cas d'extréme surcharge pigmentaire, d'un brun si intense qu'il semble noir. L'examen des ailes entières de plusieurs individus de cette espèce confirme les conclusions qui découlent de l’examen microscopique des écailles. Beaucoup de Melitæa athalia ont des taches qui, loin d’être noires, se montrent comme étant parfaitement brunes ; nous possédons 8 exemplaires (1 de Bérisal, 1 de Saas-Fee et 8 de Genève) qui sont ainsi ; deux de nos aberrations asteriades ont aussi des taches brunes et tous sont de première fraicheur. Ces aberrations n'ont donc pas acquis, au cours de leur développement, la quantité de pigment nécessaire dans leurs dessins les plus foncés. Examen de 4 exemplaires des aberrations mélanisantes navarina et aphæu. Ces aberrations sont caractérisées par le fait, qu’en dessus, la moitié proximale de l'aile est presque uniformément d’un brun noir, L'examen de cette partie de l’aile nous apprend qu'on y trouve presque exclusivement des écailles de la teinte VE, au milieu desquelles quelques-unes seulement de la teinte V. En dessous, lab. aphæa est parsemée de longs traits en éventail d’un brun noir intense et qui sont formés en majorité par des écailles de la teinte VI. 190 ARNOLD PICTET Les écailles de ces parties sont opaques et, au microscope, à la lumière directe, on peut se rendre compte qu'elles sont bien réellement d’un brun foncé, avec énorme surcharge pigmentaire. Examen de 3individus de l'aberration albinisante corythalia. Ces aberrations se font remarquer par l’absence presque complète des taches noires sur les dessus des ailes supérieures. A la place de ces dessins, existent des écailles à coloration fauve (I et IV). Or, les parties claires des ailes de ces aberrations qui remplacent les parties foncées correspondantes des ailes des individus ordinaires, contiennent le pigment en petite quantité. D’après ce que nous venons de voir, le mode de formation des aberrations mélanisantes de Melitæa athalia est des plus simples. Ces individus, au cours de leur nymphose, n’ont pas modifié leur pigment fauve en un pigment brun ou noir; ils ont simplement fabriqué une plus grande quantité du pigment normal fauve, qui s’est amassé dans certaines écailles pour les rendre opaques et les faire paraître brunes ou noires. Pour les aberrations albinisantes, c’est le contraire qui se présente. Melitæa parthenie. Cette espèce est si voisine de la précédente que nous nous abstiendrons de la décrire, Disons seulement que l’examen d’une quinzaine d'individus nous a amené exactement aux mêmes conclusions que celles qui sont résultées des recherches pratiquées avec des Melitæa athalia. Melitæa aurinia. La couleur du fond, en dessous, est la même que pour Melitæa athalia; ce qui fait paraitre A. aurinia plus claire, c’est que les dessins noirs sont moins étendus. Ils consistent en 6 bandes transversales brun foncé, minces, sinueuses, souvent anastomosées, et en filets longitudinaux qui suivent les nervures. Bandes et filets, par le fait de leur entrecroisement, délimitent des quadrilatères irréguliers, dont les uns sont fauves, les autres brun fauve. En dessous, nous trouvons, aux ailes infé- rieures, des taches fauves et des bandes transversales brun clair où brun fauve. Nous ne décrivons, cela va sans dire, que les caractères qui sont utiles aux recher- ches que nous poursuivons. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 191 L'examen de 15 individus, males et femelles, pratiqué selon la même méthode que nous avons suivie jusqu'à maintenant, nous amène encore aux mêmes conelu- sions que pour les deux précédentes espèces : il n°y à qu'un seul pigment fauve pour former les différents dessins de Melitæa aurinia ; amassé en petite quantité, ce pig- ment ne donne aux écailles qu'une coloration pale ; en plus grande quantité, une coloration plus foncée, fauve et, lorsque les écailles en sont surchargées, elles deviennent si opaques qu'elles apparaissent d’un brun très foncé. C’est surtout chez Melitæa aurinia qu'il est facile de se rendre compte que les écailles qui constituent les dessins les plus foncés contiennent un pigment fauve très serré ; il suffit, pour cela, d'en détacher un certain nombre ou d'en Superposer deux ou trois et de les examiner à la lumière directe, au microscope. Expériences de température élevée avec des chrysalides de Melitæa aurinia. Quelques expériences ont été pratiquées, en 190$, avec les chrysalides de cette espèce. Elles ont consisté à soumettre 40 de ces chrysalides pendant les 8-10 premiers jours de leur formation à une température de 45 ©. 28 Papillons sont issus de ces expériences, dont IS seulement ont été modifiés dans leurs caractères pigmentaires. Les aberrations obtenues sont de 3 types : 1. Aberrations mélanisantes (4 © et 5 ) a) 3 individus, semblables, en dessus, à l'ab. mélanisante merope (des Alpes). b) 6 « se rapprochant, sauf quant à leur taille qui reste inférieure, de lab, orrentalis. IL. Aberrations albinisantes. (2 Q et 5 ©). Leur caractère consisté en un éclaireissement général des deux faces des ailes : les dessins noirs sont devenus nettement d’un brun grisütre. LT. Aberrations à la fois mélanisantes et albinisantes. (3°). a) 2 individus chez lesquels la couleur du fond s’est éclaircie, tandis que certaines bandes noires ont augmenté d'intensité et de largeur. b) 4 individu remarquablement modifié : la couleur du fond est éclaireie et les bandes transyerses, à l'exception d'une seule, ont disparu. En revanche, les filets longitudinaux sont devenus de véritables bandes. Nous allons examiner l’arrangement des écailles des différentes parties de ces aberrations : I. 4) Ces aberrations mélanisantes sont voisines de lab. merope : c'est-à- dire que les bandes transversales ont pris tellement d'ampleur qu'elles masquent MÉM. SOC, PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. #87 (1912). 24 192 ARNOLD PICTET presque complètement la couleur du fond. Chez Merope, les écailles sont presque toutes dentées; chez les individus en question, elles sont presque toutes sans dents. b) Les caractères mélanisants consistent dans l'intensité de coloration de toutes les parties. Dans les deux cas, les écailles qui constituent les bandes contiennent un pigment très abondant et sont fortement opaques ; en outre, elles sont plus larges et souvent, aussi, plus allongées que les écailles correspondantes des individus normaux. (PI. 5, fie. 5, c). Par conséquent, elles chevauehent davantage les unes sur les autres: on se rend compte également de la chose par l'examen direct des ailes. Il se forme, de cette façon, un plus grand entassement des éléments colorés qui, joint au fait que les écailles contiennent plus de pigment que normalement, contribue à renforcer la teinte de ces bandes. Quant à l'intensité de la couleur du fond des aberrations de la catégorie b, on reconnaitra qu’elle est due au fait que les écailles contiennent plus de matière colorante que dans les parties correspondantes des individus normaux. II. Les aberrations albinisantes provenant de ces expériences se font surtout remarquer par la paleur de leurs ailes; les bandes sont d’un brun grisâtre. Cette paleur est le résultat de trois mécanismes différents : 1° Les écailles sont plus petites que normalement : souvent déformées, amincies:; elles ont pris une forme lancéolée particulière (PI. 5, fig. 5, b); l'aile se trouve donc couverte d'éléments de coloration plus petits. 20 Par le fait de la dimension réduite et de la forme lancéolée des écailles, des jours se forment entre celles-ci, en maints endroits, ce qui laisse filtrer ia lumière et contribue à donner aux bandes cet aspect grisatre qu’elles ont. En outre, en examinant les ailes entières, nous remarquons que quelques- unes de ces écailles sont recourbées, leurs deux bords latéraux s'étant relevés; cette disposition crée également des jours de chaque coté de ces écailles et, si cela venait à se répéter souvent sur une même aile, on conçoit l’éclaircissement que prendrait celle-ci !. 3° Le pigment est moins abondant que normalement. Ia. Chez les individus de cette expérience, la couleur du fond s’est éclaircie, tandis que certaines taches noires sont devenues plus intenses et plus larges. Les écailles des parties éclaircies contiennent peu de pigment et plusieurs d’entre elles sont plus petites que normalement. Les écailles des taches noires sont ? P. Denso, dans un travail en préparation, a trouvé que les écailles des parties albinisanfes de divers Papillons sont souvent recourbées de cette façon. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LEPIDOPTÈRES 193 rendues très opaques par l'abondance du pigment: plusieurs d’entre elles se sont agrandies. b) De méme que pour «, les écailles de la couleur du fond sont peu pigmentées et plusieurs ont diminué de taille. Quant aux écailles des taches noires, en outre de leur extrême abondance de pigment, elles se font remarquer par leur grande taille (PIS eo): Les principales conclusions à retenir de ces expériences sont les suivantes : 1° Les parties devenues albinisantes sont formées d'écailles dont beaucoup sont plus petites que normalement : inversement, les parties devenues mélanisantes com- portent un certain nombre d'écailles qui se sont agranulies. 20 Dans les modifications que présentent les écailles, # y « corrélation entre leur taille et leur degré de pigmentation : la plupart des écailles qui ont recu une moins grande dose de matière colorante qu'habituellement sont restées plus petites, et la plupart de celles qui, au contraire, en ont reçu une plus grande quantité ont aug- menté de taille. Cela met en évidence le rôle que joue, dans la taille de l'écaille encore molle, la pression du pigment injecté. FEDERLEY (1905, 35) a du reste montré cette influence dans ses expériences de température avec d’autres espèces. Mais, dans les individus normaux, la taille des écailles foncées n'est pas plus grande que celle des écailles claires: il faut done en conclure que la corrélation indiquée est surtout le résultat de l'expérience; sous Pinfluence de la température, il y à certaines écailles qui sont plus aptes que d’autres à recevoir une surcharge de matière colorante. Melitæa cinxia. Les caractères qui nous intéressent consistent en une couleur du fond fauve et en des bandes noires, transversales, coupées par des filets de même couleur, sui- vant le trajet des nervures. En outre, les ailes inférieures possèdent une série linéaire de points noirs. En dessous, les ailes inférieures comportent des taches d’un blanc laiteux et d’autres, fauves, brun fauve, et brunes. L'étude des écailles de ces différentes parties, pratiquée de la méme facon que précédemment, donne les mêmes résultats que pour les autres Meliteu, c’est-à-dire qu'il n'existe, pour former les dessins de cette espèce, qu'un seul piq- ment, fauve. 194 ARNOLD PICTET Expériences de température élevée avec des chrysalides de Melitæa cinria. 3» chrysalides ont été soumises, en 1908, pendant les 6 à S premiers jours de la nymphose, à une température constante de 46°. 1S Papillons sont issus de ces expériences, dont 12 ont été modifiés; ceux-ci peuvent se classer en trois catégories : - I. Andividus mélanisants (3 exemplaires). Se remarquent par un accroissement notable de la taille des bandes et par une accentuation appréciable de leur teinte, Nous n'avons pas trouvé de modification dans la forme des écailles: celles qui constituent les bandes sont plus opaques et, par conséquent, simplement plus char- vées de pigment que normalement. IL. {ndividus albinisants (T exemplaires remarquablement modifiés). Les bandes transversales noires des deux ailes, sauf la marginale, ont dis- paru et sont remplacées par la couleur du fond; celle-ci n'est pas modifiée dans sa nuance habituelle. Cette disparition des bandes suffit pour donner au Papillon un aspect tout différent. En dessous, les taches blanches se sont fortement allongées au détriment des dessins foncés, ce qui donne encore au Papillon un aspect très particulier (PL 2, fig. 11). Nous n'avons pas trouvé, non plus, de modification dans la forme des écailles de ces 7 aberrations. Le mécanisme de l’albinisme partiel, dans ce cas, réside simplement dans la quantité moindre de pigment et dans sa répartition différente dans les dessins. IL. Andividus à la fois mélanisants et albinisants. a) Un individu se trouve étre comme ceux de la catégorie IT, en ce qui concerne les ailes supérieures. et comme ceux de la catégorie L, quant aux inférieures. En outre, l'aile supérieure «droite est très pale, avec les dessins effacés, d’un brun grisatre très curieux (PI. 2, fig. 10). L'albinisme des ailes supérieures est produit de la même maniere qu'à la caté- gorie IT, et le mélanisme des ailes inférieures, comme dans la catégorie TL. Quant à la teinte brun grisatre de l'aile supérieure droite, elle résulte de deux mécanismes : 1° Les écailles des bandes contiennent moins de pigment que normalement. 20 La plupart de ces écailles sont devenues bombées, convexes, leurs deux MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 195 bords latéraux s'étant repliés. En examinant, au microscope et à la lumière directe, ces écailles en place sur l'aile, nous voyons qu'elles réfléchissent la micre blanche et que ce phénomène est très appréciable; les dessins noirs se trouvant ainsi par- semés d’écailles blanches, c'est ce qui leur donne cette teinte grisatre particuliere. Nous retrouvons, ici, produit par ces écailles bombées, un phénomène identique à celui que nous avons signalé pour Pieris rapeæ. b) Un individu dont toutes les bandes sont d’un brun grisatre, comme dans l'aile supérieure droite du cas précédent. La couleur du fond est d'un fauve rougeatre. L'examen microscopique des bandes montre que cet mdividu possède beaucoup d'écailles bombées et peu pigmentées, comme dans le cas précédent. Nous avons étudié ce phénomène attentivement, car il n’est pas facile à comprendre: il est bien réel. La surface des écailles des individus normaux est plane: leur pigment est abondant. Sur le bord qui se trouve dirigé du côté où arrive la lumière, c’est à peine si l’on remarque un petit filet irisé brunâtre. Nous remplacons, sous le microscope, l'individu normal que nous venons d'examiner par l'individu modifié, et il est mani- feste que la majorité des écailles des parties modifiées contiennent peu de pigment. sont bombées et présentent #ne large bande blanche à reflets métalliques du côté de la lumière. Quant à la couleur du fond, devenue d'un fauve rougeatre, nous remarquons que cette teinte n'est due qu'à une plus grande abondance du pigment normal. L'ensemble des recherches pratiquées avec les 4 espèces de Melitæa précitées, montre l’un des mécanismes de l'albinisme et du mélanisme chez les Lépidoptères : ce mécanisme n’est qu'une question de plus où moins grande abondance d'un seul et méme pigment (fauve dans le cas particulier). Les ailes des Melitæa comportent donc des écailles qui, suivant les places qu'elles occupent sur les aïles, n’ont pas toutes le même pouvoir de recevoir le pigment et, de la quantité qu’elles reçoivent provient leur degré de coloration. On conçoit donc, pour les individus de ce groupe, comment se forment les aberrations. L'agent modificateur qui intervient pour les produire porte son action sur la phy- siologie des individus et leur fait fabriquer plus de pigment qu'habituellement (aberrations mélanisantes) où moins de pigment que de coutume (aberrations albinisantes). Dans le premier cas, le surplus de la matière colorante produite s’amasse en certaines places qui sont plus aptes à la recevoir, Dans le second cas. les écailles ne recoivent pas la dose voulue. En outre du mécanisme qui provient de la plus où moins grande quantité de 196 ARNOLD PICTET pigment, il s'en présente d’autres, tels que ceux que les expériences précédentes viennent de mettre en évidence; ces derniers mécanismes concourent done à accen- tuer le rôle du pigment dans la production du mélanisme et de l’albinisme. Nous retiendrons encore des expériences qui ont été pratiquées avec Melitæa aurinia et Melitæa cinæia que, sous l'influence d’un même excitant (c’est-à-dire d’une température de 40° pour les individus de la première espèce et de 46° pour ceux de la seconde), les Papillons se sont modifiés de deux façons différentes, en produisant aussi bien des aberrations mélanisantes que des albinisantes. En outre, certains individus ont réagi, à la fois, dans les deux sens opposés. QUELQUES ESPÈCES DU GENRE EREBIA. Les Ærebia montrent, d'une facon toute spéciale, comment un pigment brun colore les ailes en noir lorsqu'il est abondant. Certaines espèces de ce genre ont les ailes brunes; d’autres paraissent réellement noires. Or les écailles de ces dernières contiennent la matière colorante en surcharge, tandis que les premières en sont moins colorées. Mais, dans les deux cas, le pigment est brun. En outre, chez les Erebia qui paraissent noires, les écailles sont plus nombreuses et chevauchent davantage les unes sur les autres. Les espèces du genre Ærebia comportent une couleur du fond brun foncé et des bandes ou des ocelles fauves. Chez Erebia æthiops, les écailles du fond sont colorées par un pigment brun gris, et celles de la bande par un pigment brun rouge. Les écailles de chacune de ces deux parties présentent le même degré d’opacité et, en superposant deux où plusieurs des écailles de la bande, la figure ainsi produite ne change pas de couleur. Le dessous des ailes est disposé comme le dessus. Cela nous montre qu'il existe deux pigments différents (brun gris et brun rouge) pour former les dessins d’Erebia æthiops. , Chez Erebia ceto, les écailles du fond possèdent un pigment brun gris et les écailles des ocelles, une matière colorante brun rouge. Comme pour Æ. æthiops. deux pigments concourent à la production des dessins. Mais il existe une différence avec æthiops pour la constitution de la couleur du dessous: chez Æ. ceto, les deux sortes d’écailles, à des degrés divers d’opacité, sont mélangées. Chez Erebia euryale, 1 existe également deux matières colorantes pour former le fond et la bande. Le pigment brun gris est localisé à la couleur du fond et le pigment brun rouge à la bande. Le dessous des ailes supérieures est constitué de MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 497 même, Mais le dessous des inférieures est disposé comme chez Z, ceto, avec mélange des deux sortes d'écailles. Chez Ærebia tyndarus, il existe, de même, deux pigments différents (brun gris et brun rouge). L'organisation du dessus des quatre ailes est la même que pour Z. &thiops. Le dessous des ailes supérieures comporte presque exelusivement des écailles brun rouge, à des degrés divers d'opacité, comme celles de la bande de l'aile supérieure. Le dessous des ailes inférieures se compose presque exclusivement d'écailles brun gris, comme celles de la couleur du fond des supérieures. Certains individus du genre ÆZrebia ont le dessous des ailes inférieures marbré de gris, de brun et de noir. Ici, on remarquera qu'un grand nombre d'écailles sont incolores ou presque incolores, c'est-à-dire blanches, et que ce sont elles qui. en combinant leur couleur avec les écailles normales brun gris, forment les parties claires. Dans les parties plus foncées, le pigment normal est plus abondant: dans les parties de teinte intermédiaire, les écailles incolores sont moins nombreuses. Erebia tyndarus vaxie énormément en ce qui concerne le dessous de ses ailes inférieures; ces variations proviennent simplement de combinaisons variées d'écailles à pigment brun gris à des degrés divers d'opacité. Il convient de comparer l'organisation pigmentaire des espèces du genre Erebia avec celle des Melitæa. Dans les deux cas. les couleurs sont les mêmes: elles s'étendent du blane au brun foncé donnant l'illusion du noir, en passant par des intermédiaires de coloration que l’on rencontre chez les Ærebia comme chez les Melitæa. Or, dans le premier cas, il existe deux pigments distincts, dans le second cas un seul pigment, pour produire les mêmes couleurs. Argynnis paphia. Les caractères dont nous nous occuperons, chez cette espèce, résident dans la différence de coloration entre le male et la femelle et entre la femelle et son ab. valesina. À part les dessins noirs, qui différent légèrement suivant les sexes, la couleur générale fauve de l'aile est plus claire chez le male que chez la femelle. Quant à l'ab. ralesina, elle est d'un brun grisatre, parfois d'un brun rouge pres- que noir avec reflets métalliques verdatres. Le pigment du male est le même que celui de la femelle; mais chez cette der- nière il est plus abondamment répandu dans les écailles: en outre, la couleur géné- rale des femelles comporte une plus grande proportion d’écailles noires que dans les 198 ARNOLD PICTET mémes parties, chez les males. C’est par la méthode de superposition des écailles que nous sommes surtout arrivés à ces conclusions. Il n'y à donc pas production, chez la femelle, d'un pigment plus foncé. L'ab. © valesina doit sa couleur foncée à un mécanisme analogue, en ce sens que, dans la couleur générale de l'aile, les écailles noires sont presque les seules qui s’y rencontrent. Beaucoup de ces écailles noires, en outre, contiennent peu de pig- ment ef apparaissent comme grises. D'autre part, dans l'espèce comme dans son aberration, les écailles des parties noires contiennent un pigment brun, mais dont l'abondance les fait paraître noires, Nous n'avons pu discerner, dans ce cas particulier, si le pigment brun des taches noires est le même que celui de la couleur générale, comme cela est le cas pour les espèces du genre Melitæa; en effet, Argynnis paphia ne comporte pas assez d’inter- médiaires de coloration entre la couleur du fond et les dessins noirs pour per- mettre d'élucider ce problème. Argynnis aglaja et niobe. Lorsqu'il existe une différence de coloration entre le mâle et la femelle, elle est due aux mêmes mécanismes que pour la précédente espèce. ABERRATIONS ALPINES FEMELLES DE DIVERSES ESPÈCES DU GENRE ARGYNNIS, Dans les Alpes, les femelles de plusieurs espèces du genre Argynnis ont, par- fois, le dessus de leurs ailes qui présentent des reflets métalliques beutés et riolacés. Ces reflets métalliques disparaissent suivant l'orientation donnée à l'aile par rap- port à la direction de la lumiere. Les écailles fauves sont constituées comme nor- malement; mais un grand nombre sont incolores ou à peu près. Elles fonctionnent done comme autant d'éléments décomposant les radiations de la lumière. C’est ce qui donne, à ces aberrations, ce reflet métallique particulier. Quant aux parties noires, leurs écailles sont très colorées; seulement, au-dessus d'elles, on remarque un cer- tain nombre d'écailles incolores, transparentes, qui jouent le même role que les incolores des parties fauves, sans amoïndrir la couleur noire des écailles sous- Jacentes. sir 4 LEA Li MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 199 Taches nacrées du dessous de diverses espèces d'Argynnis. L'origine de ces taches n’est pas facile à déceler. Leurs écailles, détachées et regardées au microscope à la lumière transmise, ne semblent pas être colorées par un pigment. Si elles en contiennent, celui-ci est donc blanc et en très petite quantité. À la lumière directe, elles se montrent d'un blanc métallique avec reflets argentés, mais elles ne décomposent, en aucune facon, les radiations lumineuses. En outre, l'aspect nacré caractéristique ne se présente que sur les ailes entières. D'autre part, chez les aberrations où les taches nacrées font défaut et sont remplacées par la couleur générale de l'aile, les écailles de ces parties sont colorées par le pigment fauve du fond; dans ce cas, le pigment est abondant, compact et empêche toute espèce de jeu de lumière. Il semble done que l’origine des taches nacrées soit due à la présence, dans les écailles de ces taches, d’une faible proportion d’un pigment blanc et de l’action d'un phénomène d'optique difficile à comprendre; ce phénomène n'ayant son effet que sur les aïles entières (l'aspect nacré ne se présente pas sur les écailles détachées), cela montre que l'écran formé par l’autre face de l’aile est nécessaire pour la pro- duction des taches nacrées. Papilio podalirius. Les seuls caractères dont nous nous occuperons sont les suivants : ailes d’un jaune pâle, avec des bandes noires transverses, alternativement grandes et petites. Examen des écailles. — Les écailles qui composent le fond de Paiïle varient passablement quant à leur taille et quant à leur forme. Elles sont colorées, d’une manière uniforme, par un pigment jaune qui s'étend sur toute leur surface; c’est à peine si, de temps en temps, on trouve une écaille dont la matière colorante ne la colore pas en entier. Malgré la paleur de ce pigment jaune, les écailles sont peu transparentes et ne décomposent généralement pas les radiations lumineuses. Les écailles des bandes noires sont excessivement opaques ; elles sont de deux sortes : les unes contiennent du pigment sur toute leur étendue; dans les autres, celui-ci ne s'étend pas jusqu'à l'extrémité proximale. Le pigment de ces bandes n’est pas noir, mais brun foncé. MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. vOL. #87 (1912). 2 200 ARNOLD PICTET Expériences de température élevée avec des chrysalides de Papilio podalirius. Ces expériences ont eu lieu en 1907. 19 50 chrysalides, reçues d'Allemagne le 2 octobre, sont placées, dès leur réception, dans une température constante de 35°. Leur éclosion se poursuit du milieu de novembre au milieu de décembre. 2° 30 chrysalides, de même provenance que les précédentes, sont placées, pendant ia journée, dans la température de 35° et pendant la nuit, dans la température du laboratoire (18-20°). L'expérience dure depuis la réception des chrysalides jusqu'au moment de leur éclosion qui a lieu dans le courant de janvier 1908. Dans les deux cas, les Papillons, à part une dizaine qui sont restés normaux, ont subi les mêmes modifications de couleur ; celles-ci sont les suivantes : Ailes d’un jaune excessivement pâle, parfois d'un blanc laiteux ; bandes le plus souvent très päles, avec reflets brunâtres. Un commencement de transparence des ailes a été constaté chez 3 individus. Les caractères de ces aberrations sont donc nettement albinisants. Examen des écailles. — Les écailles de la couleur du fond, examinées séparé- ment au microscope, sont transparentes ; pour la plupart, la transparence existe surtout à l’extrémité proximale; à la lumière directe, ces écailles se montrent comme très faiblement colorées en jaune. Si nous en superposons deux, la figure qu’elles donnent est d’un jaune légèrement plus foncé; si nous en superposons trois où quatre, la couleur ainsi obtenue est d’un jaune semblable à celui des écailles des Papillons normaux. Le pigment jaune des individus albinisants est done le même que celui des Papillons non modifiés; mais il est moins abondant. La päleur des aïles, dans ce cas, n’est par conséquent pas due à la présence d'un pigment plus pâle, mais au pigment normal réparti en moins grande abondance. Les écailles des bandes sont nettement brunes; leur examen microscopique né laisse aucun doute au sujet de leur couleur. En outre, elles sont peu opaques ; plusieurs sont transparentes à leur extrémité proximale. La superposition de deux ou trois de ces écailles reproduit un brun si foncé qu’il apparait comme noir. Le pigment brun des bandes des individus albinisants est donc le même que celui des bandes des individus normaux, mais il est moins abondant. De même que pour la couleur du fond, la couleur brunâtre des bandes »'est pas due à la présence MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 201 d'un pigment modifié et plus pâle, mais au pigment normal réparti en moins grande abondance. Pour ce qui est de la légère transparence des ailes constatée chez 3 individus, nous remarquons qu'elle provient du fait qu'au milieu des écailles jaunes à pigment réduit, il en existe un certain nombre qui sont presque incolores. Vanessa urticæ. Les ailes de cette espèce sont d’un fauve vif, avec frange brunätre, accompa- enée d'une bordure noire, dans laquelle se trouvent des lunules bleues. Aïles supé- rieures avec six taches noires, dont 3 costales, grandes, séparées par des éclaircies Jaunes et suivies, à l'angle apical, par une tache blanche, et les trois autres, plus petites, discoïdales; la plus inférieure de ces trois taches est éclaircie extérieure- ment de jaune, Ailes inférieures anguleuses vers la moitié du bord externe, avec la base noire, accompagnée d'un triangle clair. Chez la femelle les éclaircies jaunes sont plus larges. Chez certains individus, la frange devient noire et se confond alors avec la bordure ; les lunules varient de taille et les éclaircies jaunes peuvent devenir assez foncées pour se confondre avec le fauve vif de la couleur du fond. Jramen des écailles. — Les écailles de chaque tache et celles de la couleur du fond ont la même forme et à peu près la même taille et la même structure (PI. 5, fig. 1, 4); elles peuvent se ramener à trois types : des minces, des larges et des arrondies. L'examen microscopique d'ailes entières et d’écailles détachées de chacune des différentes parties des ailes de Vanessa wrticæ montre que, dans les parties les plus claires, on trouve les écailles les plus transparentes, tandis que les écailles opaques ne se rencontrent que dans les parties foncées. Aïnsi les écailles de la tache apicale blanche sont presque transparentes et décomposent fortement les radiations lumineuses ; celles des taches noires sont très opaques et ne jouissent pas de cette propriété. Entre ces deux extrêmes nous constatons les intermédiaires suivants, dont l’opacité augmente avec le degré de coloration : lunules bleues, taches jaunes, fauve vif du fond, frange brune, bordure marginale, Nous confirmons ainsi un des points que nous ayons énoncés précédemment, à savoir que le pouvoir qu'ont les écailles de décomposer les radiations lumineuses croit en raison inverse de la quantité de pigment dont sont colorées ces écailles. 202 ARNOLD PICTET Les écailles de la fache apicale blanche contiennent un pigment blanc peu abon- dant, dont nous prouvons l'existence de la même façon que pour le pigment blanc des Piérides ; détachées de l'aile, c’est à peine si elles sont blanches; mais si la tache, sur l'aile entière, est d’un blanc beaucoup plus intense que celui de l’écaille détachée, cela provient de la face inférieure de l’aile qui est foncée et fonctionne comme un écran capable de faire ressortir la couleur blanche. Il suffit de comparer les écailles détachées et l’aile entière pour se rendre compte de la chose. Parmi les écailles qui composent les parties jaunes, nous en trouvons passable- ment qui sont presque transparentes, mais qui contiennent bien un pigment jaune, ainsi que l'indique la superposition de deux d’entre elles. D’autres écailles de ces taches sont plus opaques et, en en plaçant deux l’une sur l’autre, on obtient une figure qui, sans atteindre la teinte de la couleur du fond, s’en rapproche. Chez certains individus, les taches jaunes sont très foncées, presque de la couleur du fond. Cela provient de ce que le pigment jaune y est plus abondant que normalement. Aux ailes inférieures, la tache triangulaire jaune est souvent blanchâtre vers le bord de l'aile. Cela provient de ce que les écailles à pigment réduit y sont nom- breuses. Ce qui précède semble montrer qu’un seul pigment (fauve) existe pour former les taches jaunes et la couleur du fond ; peu abondant, il donne aux écailles une coloration jaune ; plus abondant il leur donne la coloration du fond. Les écailles de la couleur du fond contiennent un pigment fauve vif assez abondant, amassé surtout à leur extrémité distale. Nous trouvons parfois des écailles jaunes, mais en trop petite quantité pour que la teinte générale en soit modifiée. Les écailles détachées des parties noires, examinées au microscope, sont nette- ment brunes ; on leur trouve tous les degrés d’opacité et, par conséquent, tous les degrés de coloration ; elles apparaissent brunes, aussi bien à la lumière transmise qu'à la lumière directe, et deux d’entre elles, une fois superposées, donnent une image brune. La portion proximale de ces écailles est généralement peu chargée de pigment et brune, tandis que l'extrémité distale est opaque et d’un brun si foncé qu'elle parait noire; entre ces deux extrémités, la coloration va en se graduant. Nous voyons donc que le pigment des parties noires est brun ; si l’on tient compte qu'il est fortement amassé dans la partie distale de l’écaille, la seule qui émerge à la surface de l'aile, que les écailles chevauchent les unes sur les autres, et que la face inférieure de l'aile agit comme écran foncé, on comprendra pourquoi ce pigment brun donne aux taches l'illusion qu’elles sont noires. La frange brune se compose d’écailles brun foncé comme celles des taches noires, de fauves comme celles du fond et de jaunes. C’est la combinaison de ces MALE PE MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LEPIDOPTÈRES 203 trois sortes d’écailles qui, suivant le rapport numérique qui existe entre elles, donne à cette frange une coloration plus ou moins foncée. Nous savons que cette partie de l'aile varie constamment de coloration d’un individu à l’autre et qu’elle peut, par- fois, devenir aussi noire que la bordure qui l'accompagne ; on conçoit que ce dernier cas proviendra du fait que toutes les écailles qui concourent à la formation de cette frange auront acquis la dose maximum de pigment. Expériences de température élevée avec les chrysalices et les chenilles de Vanessa urticæ. Ces expériences ont été pratiquées de 1904 à 1911, avec un très grand nombre d'individus; en effet, dans la plupart des catégories, plus de 200 chrysalides ont été expérimentées; en outre, chaque expérience à été faite plusieurs fois avec des individus des environs de Genève, mais souvent aussi avec des spécimens provenant de la montagne. Un premier point à signaler, c’est que ces derniers paraissent réagir, vis-à-vis de la température, de la même façon que ceux de la plaine. En général, nous récoltions les chenilles de Vanessa urticæ dès leur jeune âge, alors que les larves de toute une ponte menaient encore la vie sociale, et nous les élevions dans les meilleures conditions. De cette façon, il nous était possible d’expérimenter sur des chrysalides sœurs, et d'éviter, en quelque sorte, la production de varia- tions individuelles, qui, ainsi qu'on le sait, sont très nombreuses chez les Papillons de cette espèce; un bon nombre de chrysalides, dans chaque cas, furent conservées dans les conditions normales, afin que leurs Papillons puissent être considérés comme témoins. Disons, en commençant, qu'une forte proportion de Papillons non modifiés sont éclos dans chaque expérience; nous estimons que le chiffre des chrysalides qui n'ont pas réagi vis-à-vis de la température atteint à peu près le 50 !/, de celles expérimentées. Ce pourcentage, avec quelque légère variante suivant les cas, est assez général; nous l’avons constaté aussi bien pour les expériences 2? à 16, où la durée d’incubation produit le plus grand nombre d'aberrations typiques (ichnusoïes. polaris et forme de passage) que dans les autres expériences. En outre, une mor- talité, parfois assez élevée, est venue entraver ces recherches; mais, malgré cela, les résultats sont assez nombreux pour nous permettre d'en tirer des conclusions d'une façon précise. Nous n'indiquerons pas, dans l'exposé des expériences faites avec cette espèce, le nombre des individus qui ne se sont pas modifiés ni celui des chrysalides qui sont mortes au cours de ces recherches: nous nous bornerons à indiquer le chiffre et la nature des aberrations obtenues. MESA NP AE EN EN PS en VE PRTE 204 ARNOLD PICTET Quelques remarques «u sujet du point critique où la chrysalide de Vanessa urticæ est susceptible d'être influencée par la température. Les auteurs, STANDEUSS, VON LINDEN, FISCHER entre autres, estiment que le fait que des individus puissent ne pas se modifier sous l'influence de la température, alors que d’autres, de même espèce et soumis exactement aux mêmes influences thermiques, se modifient largement, est dù à l'existence, dans la chrysalide, d’un point critique, €est-à-dire d’un moment précis de son évolution nymphale où elle est susceptible d’être atteinte par l’excitant. Ce point critique se rencontre dans la première journée qui suit la pupation; l'influence produite à ce moment peut être confirmée ou accentuée par l’action de la température se renouvelant pendant le deuxième jour et même pendant les deux journées suivantes. On conçoit donc que, dans les expériences, il doive arriver souvent que telles chrysalides soient placées dans l’étuve avant ou après le point critique, c’est-à-dire à une période de leur développement où elles ne sont pas susceptibles d’être modifiées ; de là résulte le fait que des chrysalides, incubées pendant le temps voulu et à la température néces- saire, ne donnent pas naissance à des Papillons qui soient modifiés et, suivant le soin que l’expérimentateur aura pris pour calculer l'instant le plus propice de la mise en expérience, le nombre des non modifiés sera plus ou moins grand. Les expériences des auteurs que nous venons de signaler ont été faites avec suffisamment de soin et de minutie pour qu'il n'y ait aucun doute à avoir sur l’exis- tence de ce point critique. Cependant, nos recherches montrent que siles chrysalides de Vanessa urticæ doivent être atteintes par la température à un moment précis de leur ontogénie pour produire les aberrations typiques (échnusoïdes, polaris, ete.), tel n’est pas le cas pour la production des autres aberrations de moindre importance, telles que celles figurées PI. 2, fig. 13 à 16 et celles représentées PI. 3. En effet, ces aberrations proviennent aussi bien de chrysalides qui ont été placées, jeunes, dans l'étuve, que d’autres, placées plus âgées, dans les mêmes conditions expérimentales, pourvu que ces dernières n'aient pas dépassé le troisième jour de leur existence. Nous signalerons, à titre d'exemple, quelques recherches que nous ayons pra- tiquées à ce sujet : Les pupes de Vanessa urticæ, provenant d'une même ponte, sont divisées en plusieurs lots, qui sont soumis à l'influence d’une même température (45°), mais à des périodes variables de leur évolution ontogénique. : MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 205 Lot 1. Chrysalides expérimentées dès leur formation et laissées 7 h. de temps dans l’étuve. » 2. Chrysalides expérimentées dès leur formation, pendant 14h. EE » » Th. après leur formation, » 7 h. » 4. » SA CDS » » » 14h. +: » » 14h. » » » ah: 670! » » 14h. » » se lei RE » HA TQ TE » # » 20h. De ces 7 lots, à part le 50 °/, habituel de non modifiés et la mortalité inévi- table, naissent presque toutes les aberrations obtenues dans nos recherches, aussi bien les typiques que celles de moindre importance. Lot 8. Chrysalides expér. 24 h. après leur formation, pendant 7 h. 19; » » 30h. » » » Th. nl: » » 30h. » » > 14h. CEE A1 5 » » 2jours » » » 14h. De ces 4 derniers lots e naissent aucunes des aberrations typiques, mais seulement les aberrations de second ordre, dont la plupart sont identiques à celles de second ordre obtenues des 7 premiers lots. Nous avons renouvelé cette expérience à plusieurs reprises de 1904 à 1910, en variant l’age où la chrysalide est placée dans l’étuve et la durée d’incubation, et nous sommes arrivé, chaque fois, à des résultats semblables, c’est-à-dire que les chrysalides de Vanessa urticæ, pour produire les aberrations de second ordre, peuvent être atteintes par l’excitant à n'ümporte quel moment de la pupation ne dépassant pas le troisième jour. Détail des expériences avec les chrysalides de Vanessa urticæ. 4. — 1h. à 40-45°, le premier jour de la chrysalidation. : Pas de résultats appréciables. 2. — 2h. à 40-45°. ABERRATIONS MÉLANISANTES obtenues : 1 ab. ichnusoïdes (PI. 2, fig. 17). 4 ab, polaris (PI. 2, fig. 18). 10 individus rouge brique, chez lesquels on remarque la disparition totale ou presque totale des lunules bleues qui ont été envahies par la bordure noire. 206 ARNOLD PICTET individus rouge brique avec larges lunules bleues et ailes inférieures en partie noires. 3 individus dont les ailes supérieures ont les dessins d’un noir très vif, la bordure élargie et les lunules agrandies ; ailes inférieures presque entièrement noires. ABERRATIONS ALBINISANTES. 2 individus chez lesquels les taches noires du centre de l’aile supérieure ont disparu. 18 individus chez lesquels les taches noires sont excessivement petites. 3. — 2 h. le premier jour el 2 h. le deuxième jour de la chrysalidation, à 40-459. Mèmes aberrations qu'au n° 3, avec 2 ab. polaris, mais pas d’ab. échnusoides. 4. — 2h. pendant chacun des 3 premiers jours de la pupation, à 40-45°. Mèmes aberrations qu'au n° 3. En outre, il a été obtenu un individu alhinisant aux ailes supérieures (disparition des laches noires du centre de l'aile supérieure) et melanisant aux inférieures, qui sont en partie noires et dont les lunules sont presque complètement cachées par une large bordure noire. — 3 h. le premier jour de la pupulion, à 40-45°, Mêmes aberrations qu’au n° 2. En outre, il a été obtenu un magnifique exemplaire à Ja fois albinisant el mélanisant, dont la couleur du fond, aux supérieures, est pâlie, et dont les lunules bleues se sont considérablement allongées. Les ailes inférieures sont presque entière- ment noires et leurs lunules se sont également fortement allongées. (PI. 2, fig. 12). 6. — Pendant 3 h., chacun des 2 premiers jours de la pupation, à 40-45°. ABERRATIONS MÉLANISANTES. & ab. polaris. 3 ab. ichnusoïdes. 2 individus presque entièrement noirs aux ailes inférieures avec lunules peu marquées ; ailes supérieures d’un brun sale. 3 individus avec les ailes inférieures presque entièrement noires, avec une large bordure noire qui dépasse de beaucoup la zone des lunules. 1 individu rouge brique, fortement saupoudré de noirâtre et à larges lunules (PI. 3, fig. 16). Les autres aberrations, comme au n° 3. ABERRATIONS ALBINISANTES. 3 individus normaux, quant à leurs dessins, mais avec les ailes supérieures passablement plus pâles que normalement. 4 individus normaux, mais avec les lunules presque blanches. 1 individu chez lequel les trois taches du centre de l’aile supérieure font défaut. + Les autres aberrations comme au n° 3. 7. — Pendant 3 h. chacun des 3 premiers jours de la pupation, à 40-45°. Mèmes aberrations albinisantes et mélanisantes qu’au n° 6. 8. — Pendant 3 h., chacun des 4 premiers jours de la pupation, à 40-45°. Mèmes aberrations albinisantes et mélanisantes qu’au n° 6, mais sans ab. polaris ni ab. ichnusoides. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 9. — Pendant 2 h., chacun des 5 premiers jours de la pupation, à 40-457. ABERRATIONS MÉLANISANTES. 2 individus rouge brique, à bordure noire envahissant les lunules. ABERRATIONS ALBINISANTES. 2 individus à couleur du fond rouge jaune. 3 individus à couleur du fond rose pûle. 40. — Pendant 3 h. chacun des 5 premiers jours de la pupation, à 40-45° ABERRATIONS MÉLANISANTES, 8 individus à caractères noirs accentués. ABERRATIONS ALBINISANTES. 3 individus à couleur du fond parsemée de beaucoup d’atomes jaunes. ABERRATIONS A LA FOIS MÉLANISANTES ET ALBINISANTES. { individu jaune sale et rose, avec large bordure noire aux #4 ailes. £=o ) 41. — Pendant 3 h. chacun des 6 premiers jours de la pupation, à 40-4: ABERRATIONS MÉLAN TES. 12 individus, à couleur du fond rouge brique. ABERRATIONS ALBINISANTES. 3 individus assez pâles. 1 individu dont la couleur du fond des ailes inférieures est jaune pâle, avec bordure grisûtre. 42. — Pendant 4 h. le premier jour de la pupation, à 45°. Mèmes aberrations qu'au n° 3. En outre, 4 individu a/binisant, dont l'aile antérieure gauche est en partie transparente. 43. — Pendant 5 h. le premier jour de la pupation, à 45°. Mèmes aberrations qu’au n° 3. 44. — Pendant 6 h. le premier jour de la pupation, à 45°. Mëêmes aberrations qu'au n° 3. 45. — Pendant 7 h. le premier jour de la pupation, à 40-45°,. ABERRATIONS MÉLANISANTES. Un grand nombre d’ab. polaris et d’'ab. ichnusoules (PL. 2, fig. 17 et 18) ; les autres comme les aberrations mélanisantes du n° 3. En outre : 8 individus fortement chargés de noir aux ailes supérieures ; les inférieures presque entière- ment noires avec lunules bien marquées. 7 individus semblables aux précédents, mais avec lunules effacées. 5 individus, normaux quant à leurs dessins, mais avec les ailes inférieures chargées de noir el nervures marquées en noir. 3 individus à couleur du fond rouge brique, à nervures noires et chez lesquels la bordure noire à envahi les lunules aux ailes supérieures. MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. #7 (1912). 20 œ 208 ARNOLD PICTET 16. A7 18. ABERRATIONS ALBINISANTES. Mêmes aberrations albinisantes qu’au n° 3. En outre : Plusieurs individus normaux quant à leurs dessins, mais plus pâles que normalement en ce qui concerne la couleur du fond. 7 individus à couleur du fond pâle; réduction de la plupart des dessins noirs. Aux ailes supérieures, disparition des deux taches noires du centre et formation d’une large tache blanche apicale. Aux ailes inférieures, élargissement des lunules bleues (PL. 2, fig. 14). ABERRATIONS 4 LA FOIS ALBINISANTES ET MÉLANISANTES. 5 individus à couleur du fond pâle; aux ailes supérieures, disparition des 3 taches noires centrales; réunion de 2 des taches du bord antérieur en une seule tache : lunules devenues noires. Ailes inférieures à peu près normales, légèrement envahies par le noir (PI. 2, fig. 13). 4 individus à couleur du fond pâle et ressemblant aux précédents. En outre, aux ailes supé- rieures, les nervures sont noires et les ailes se trouvent chargées de taches jaunes. Aux ailes inférieures, les lunules sont grandes et blanchâtres. 2 individus, comme les précédents, mais avec plus de jaune encore aux ailes supérieures : ailes inférieures presque entièrement noires. Plusieurs individus avec renforcement des caractères foncés, sur un fond plus clair que d'habitude. — Pendant 7 h. chacun des deux premiers jours de la pupation, à 40-45°. Mêmes résultats qu'au n° 15, pour les trois sortes de modification. En outre, parmi les aberrations à la fois albinisantes et mélanisantes : 2 individus normaux quant à leurs dessins, mais à couleur du fond saupoudrée de brun foncé et à lunules blanches (PI. 2, fig. 16). 4 individus à couleur du fond parsemée de taches jaune clair et avec large bordure noire, cachant les lunules aux ailes supérieures. — Pendant 7 h. chacun des 3 premiers jours de la pupation, à 40-45°. Dans cette expérience, il n’a pas été obtenu d'ab. polaris et d’ab. ichnusoïdes. ABERRATIONS MÉLANISANTES. 8 individus dont la couleur du fond est rouge brique, avec large bordure noire envahissant presque complètement les lunules. 7 individus normaux, mais avec renforcement des dessins noirs. ABERRATIONS ALBINISANTES. 4 individus plus pâles que normalement. 3 » chez lesquels la bordure est excessivement amincie. 1 » avec commencement de transparence aux 4 ailes. ABERRATIONS A LA FOIS MÉLANISANTES ET ALBINISANTES. 1 individu très foncé, mais avec quelques taches jaunes. — Pendant 7 h. chacun des 4 premiers jours de la pupation, à 40-45°. Dans cette expérience, il n'a pas été obtenu d’ab. polaris ni d’ab. ichnusoïdes. Mêmes aberrations qu’au n° 17. En outre. parmi les aberrations albinisantes. signalons : MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 209 1 individu avec élargissement des lunules aux 4 ailes. avec larges taches jaunâtres aux ailes supérieures. Le dont la couleur du fond est rose. ZC avec commencement de transparence aux 4 ailes. Parmi les aberrations à la fois mélanisantes et albinisantes, nous signalerons aussi : {individu dont les ailes sont mächurées de noir et de jaune, et dont les lunules sont blanches (PI. 3, ig. 13). 49. — Pendant 7 h. le premier jour et 2 h. le second jour de la pupation, à 40-45°. ABERRATIONS MÉLANISANTES. Mèmes résultats qu'au n° 15. En outre : 7 individus dont la couleur du fond est rouge brique, et dont la bordure noire a envahi presque totalement les lunules (totalement chez 1 individu). 1 individu semblable aux précédents, mais qui, en outre, a l'aile supérieure traversée d'une zone sablée de noir. 2 individus normaux, mais avec les nervures noires. ABERRATIONS ALBINISANTES. Plusieurs individus plus pâles que normalement et chez lesquels les taches du centre de l'aile supérieure ont disparu. 3 individus à couleur du fond rose, avec élargissement des lunules bleues et disparition de l’une des taches du centre de l'aile supérieure. ABERRATIONS A LA FOIS MÉLANISANTES ET ALBINISANTES. 2 individus à couleur du fond jaune sale, à bordure noire envahissant les lunules et ayant, aux ailes supérieures, une zone transversale sablée de noir. 1 individu avec accentuation des caractères foncés, nervures marquées en noir, bordure claire et lunules hanches. 20. — Pendant7 h. le premier jour, 2h. le deuxième et 2 h. le troisième jour de la pupation, à 40-45° 21. 22. 23. 24. Mèmes résultats qu’au n° 15. En outre, parmi les aberrations à la fois meélanisantes et albinisantes : 3 individus qui ont l'aspect de lab. échnusa (PI. 3, fig. 18). — Pendant 8 h. le premier jour de la pupation, à 40-45°. — Pendant 9 h. le premier jour de la pupation, à 40-45°. Dans ces deux dernières expériences, faites avec un petit nombre d'individus seulement, les résultats sont les mêmes que ceux obtenus au n° 15. En outre, parmi les aberralions à la fois mélanisantes el albinisantes, nous signalerons plusieurs individus à couleur du fond foncée, avec lunules agrandies et blanches. — Pendant 8 h., le premier jour et 2 h. le deuxième jour de la pupation, à 40-45°. — Pendant 8 h., le premier jour, 2 h. le deuxième jour et 2 h. le troisième jour de la pupa- Lion, à 40-45. Dans ces deux expériences, faites avec un petit nombre d'individus seulement, les résultats sont sensiblement les mêmes qu'au n° 15. 210 ARNOLD PICTET 25. — Pendant 14 h., à partir du premier jour de la pupation, à 40-15°. ABERRATIONS MÉLANISANTES. 2 ab. ichnusoules. 1 ab. polaris. 2 individus intermédiaires. 10 individus dont la couleur du fond est rouge brique, avec bordure d’un noir intense, envahissant tout ou partie des lunules (PI. 3, fig. 10), 5 individus à couleur du fond rouge sombre. 1 individu dont les ailes inférieures sont en partie noires (PI. 2, fig. 15). ABERRATIONS ALBINISANTES. Plusieurs individus normaux quant à leurs dessins, mais plus pâles en ce qui concerne la couleur du fond. 2 individus avec taches jaunâtres (PI. 3, fig. #). 1 individu très pâle, avec lunules agrandies. ABERRATIONS A LA FOIS MÉLANISANTES ET ALBINISANTES. 3 individus pâles avec agrandissement des lunules bleues et envahissement de l'aile infé- rieure par du noir. 26. — Pendant 14 h.. chacun des 2 premiers jours de la pupation, à 40-45°. Dans celte expérience, il n'a pas été obtenu d'ab. polaris ni d'ab. ichnusoïdes. Mèmes résultats, en ce qui concerne les autres aberrations, qu'au n° 25. En outre, parmi les aberrations albinisantes. nous signalerons : l'individu à couleur du fond presque jaune (PI. 3, fig. 15). 27. — Pendant 14 h., chacun des 3 premiers jours de la pupalion, à 40-15°. Petit nombre d'individus expérimentés ; mêmes résultats qu’au n° 26. 28. — Pendant 14 h., chacun des 4 premiers jours de la pupalion, à 40-15°. Petit nombre d'individus expérimentés ; mêmes résultats qu’au n° 26. En outre, parmi les «hberrations albinisantes, signalons : 2 individus à couleur du fond jaune, voisins de celui représenté PI. 3, fig. 15. 29. — Pendant 17 h., le premier jour de la pupation, à 40-15°. Petit nombre d'individus expérimentés; mêmes résultats qu'au n° 26. Signalons en outre, parmi les aberrations mélanisantes : 1 individu dont les lunules des 4 ailes sont devenues noires, et dont les ailes inférieures sont, en partie, noires (PI. 3, fig. 17). Et parmi les aberrations à la fois mélanisantes et albinisantes : 2 individus à dessins noirs accentués, mais avec les ailes légèrement transparentes. 3 individus à couleur du fond päle, avec réduction des taches noires du centre de l'aile supérieure, mais élargissement de la bordure noire et lunules marquées en noir ; ailes infé- rieures en partie noires. 30 — Pendant 20 h., le premier jour après la pupation, à 40-45°. Petit nombre d'individus expérimentés. PRET. OT TN IT 717 31. 32. 33. 34. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 211 — Pendant 20 h., le premier jour, et 1 h. le deuxième jour de la pupation, à 40-14: Petit nombre d'individus expérimentés. Dans ces deux expériences, mêmes résultats qu'au n° 25. — Pendant 20 h., le premier jour, et 1 h., chacun des deux jours suivants, à 40-157. Petit nombre d'individus expérimentés. Mêmes résultats qu’au n° 25, mais, en outre, parmi les aberrations mélanisantes et albinisante 3 individus ayant l'aspect de lab. ichnusa (PI. 3, fig. 18). — Pendant 24 h., dès le premier jour de la pupation, à 40-45°. Dans cette expérience, il n’a pas été obtenu d'ab. polaris ni d'ab. échnusoides. Les formes mélanisantes et à La fois mélanisantes et albinisantes qui sont issues de cette expérience sont en petit nombre (10 individus) ; elles se rapprochent, pour la plupart de leurs caractères, des aberrations du n° 25. Les aberralions albinisantes sont, par contre, très nombreuses (plus de 40) ; elles brillent par les caractères suivants qui n'alfectent guère la forme des dessins, mais seulement la nuance de ceux-ci : 1° Pälissement de la couleur du fond. 20 Effacement des taches du centre de l’aile supérieure. 30 Réduction de la bordure marginale ; celle-ci peut n'être plus représentée que par un mince filet noir, avec frange brun clair, allant parfois au fauve (PI. 3, fig. 3). En outre : 2 individus ont les dessins en partie effacés et les ailes presque transparentes (PL 3, fig. Let6). Pendant les deux premiers jours de la pupation, à 40-459. Les aberrations oblenues sont du même type qu'au n° précédent. Mais le nombre des aberrations mélanisantes et à la fois mélanisantes 6E albinisantes diminue dans de larges proportions, tandis que le nombre des aherralions albinisantes augmente. Parmi ces dernières, nous signalerons : 1 individu dont les 4 ailes sont devenues absolument transparentes, n'ayant plus qu'un peu de pigmentation à la racine des ailes (PI. 3, fig. 9). 35. — Pendant les 3 premiers jours de la pupation, à 40-457. 36. (Grande mortalité vu la durée de l'expérience). - On remarque encore que le nombre des aberrations mélanisantes et à la fois mélanisantes el albinisantes diminue fortement, tandis que celui des aberrations albinisantes augmente au contraire. Parmi ces dernières, signalons : & individus possédant sur leurs ailes des taches transparentes. 7 individus dont les ailes sont parsemées de jaune (PI. 3, fig. 5). 1 individu dont le rouge des ailes inférieures est remplacé par du Jaune (PI. 3, fig. 12). Nous signalerons encore quelques spécimens dont les ailes sont parsemées de jaune, et dont la bordure noire, quoique élargie, a une teinte grisûtre. — Toute la nymphose, dès le premier jour, se passe dans une température de 35-407. Les chrysalides éclosent dans l’étuve. La durée de l’évolution nymphale se trouve, de ce 212 ARNOLD PICTET fait, considérablement raccourcie ; elle dure à jours au lieu de 7 à 8 jours qui est la durée normale. Aucune aberration mélanisante n'a été obtenue de cetle expérience. ABERRATIONS ALBINISANTES 8 individus chez lesquels les taches du centre de l'aile supérieure ont diminué de taille et ne sont plus représentées que par deux points. 8 individus dont les quatre ailes sont marbrées de taches jaunes. 2 individus chez lesquels, aux ailes inférieures, la couleur du fond est jaune; (comme celui tiguré PI. 3, fig. 12). individu dont la couleur du fond de l’aile supérieure est devenue presque entièrement jaune. 5 individus à couleur du fond rose, avec marbrures jaunes 3 individus à couleur du fond rose jaune et à bordure grise (PI. 3, fig. 2). En général, les taches noires de ces individus sont sablées de gris. ABERRATIONS À LA FOIS MÉLANISANTES ET ALBINISANTES. 2 individus seulement chez lesquels la couleur du fond est rouge brique parsemée de jaune. 37. — Chenilles élevées dès la deurième mue dans une température de 30-35°", 100 chenilles prennent part à cette expérience ; une assez grande mortalité en est aussi la conséquence ; 25 Papillons modifiés sont obtenus. Les chrysalides, dès leur formation, sont maintenues dans la température de la chambre. ABERRATIONS MÉLANISANTES. 12 individus fortement colorés ; accentuation des caractères noirs ; formation, parfois, d’un saupoudré noirâtre au centre de l'aile supérieure. l'individu à large bande noire envahissant les lunules aux supérieures ; ailes inférieures en partie envahies par le noir (PI. 3, fig. 1%). ABERRATIONS ALBINISANTES. k individus à couleur du fond jaunâtre, avec forte réduction des deux taches du centre de l'aile supérieure. 2 individus, à couleur du fond rose pâle. {individu dont l’aile supérieure gauche est devenue transparente et la supérieure droite, en partie transparente (PI. 3, fig. 8). ABERRATIONS A LA FOIS MÉLANISANTES ET ALBINISANTES. {individu à couleur du fond amarante ; disparition des lunules bleues, envahies par la bordure ; les 4 ailes montrent des portions transparentes (PI. 3, fig. 7). l'individu à couleur du fond rouge brique ; diminution de la taille de la bordure noire. 1 L'évolution larvaire, dans cette expérience, est fortement accélérée. En outre, les chenilles suppriment leur dernière mue. Elles prennent une énorme quantité de nourriture, qu’elles absorbent rapidement et constamment dans le but d’étancher la soif que leur procure la température élevée dans laquelle elles se trouvent. Malgré cela, et à cause de la suppression de la dernière mue, elles se chrysalident alors qu’elles ont une taille excessivement petite, Tous les papillons éelos sont de fort petite taille et plusieurs ne dépassent pas le 50 °/, de la taille normale, PU Le MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES M3 Examen des écailles des aberrations albinisantes. — Plusieurs mécanismes concourent à la production de l’albinisme chez les Vanessa urticæ qui ont été modi- fiées par nos expériences. Nous allons les passer en revue successivement. Jaunissement de la couleur du fond. — Nous avons vu que, chez plusieurs aberrations, la couleur du fond fauve vif se change en jaune ; dans d’autres cas, les ailes sont simplement tachées de jaune. Ces cas doivent être considérés comme des cas d’albinisme partiel. Les mécanismes qui produisent le jaunissement sont de plusieurs sortes : a) Les écailles ne reçoivent pas toutes la dose voulue du pigment normal. Ce cas est le plus répandu. En examinant au microscope les ailes entières des individus qui se rattachent à cette catégorie, on se rend compte que beaucoup d’écailles sont peu colorées, par conséquent plus transparentes que les normales. L’examen micros- copique d'écailles détachées confirme le fait. A côté des jaunes, existent des écailles fauve vif en quantité plus ou moins grande suivant les individus. La proportion numé- rique entre jaunes et fauves déterminera la teinte de l’aile ou de la tache. Lorsque nous avons fait l’examen des Papillons normaux de Vanessa urticæ, nous avons remarqué que leur couleur du fond est, parfois, parsemée d’un petit nombre d’écailles jaunes, parcequ'à pigment réduit; celles-ci sont cependant trop peu nombreuses pour que la teinte du fond en soit modifiée. D’autre part, si nous examinons les ailes de Papillons, dont les chrysalides ont été soumises à l’influence de la température, mais qui n’ont pas été modifiés de façon appréciable, nous voyons que le nombre des écailles jaunes y est déjà plus considérable, Le jaunissement des ailes n’est en somme que l'accentuation d'un état de choses qui existe normalement. La présence d’écailles incolores en plus ou moins grand nombre contribue aussi au jaunissement de l’aile, par le fait que la face inférieure est jaune et que cette couleur s'aperçoit par transparence. Dans le cas où certaines parties de l’aile sont presque blanches, les écailles incolores dominent dans ces parties. b) Les écailles se déforment et diminuent de taille. Elles peuvent devenir lan- céolées ou grêles: en général leur grand axe est de la même longueur que celui des écailles normales ; c’est surtout en largeur que la diminution de taille se fait: elles sont le plus souvent sans dents (PI. 5, fig. 1). Dans cette catégorie, le jaunissement est très accentué, car il a double origine. En premier lieu, les écailles étant plus petites ne chevauchent pas les unes sur les autres et laissent, entre elles, des espaces qui n’ont pas de coloration, ce qui éclaircit la teinte de l’aile. En second lieu, un certain nombre de ces écailles modifiées ont peu de pigment (jaunes) ou sont très peu colorées (blanches). Chez quelques Papillons à nuance jaune, nous avons remarqué que les écailles 214 ARNOLD PICTET se sont recourbées en élevant leurs deux bords latéraux ; c’est le même cas qui a été observé chez d’autres Lépidoptères par P. DENSO (v. p. 192). Ces écailles ainsi recourbées ne se touchent plus les unes les autres et laissent des espaces entre elles; en outre, beaucoup sont jaunes, parce que peu pigmentées, ou blanches, parce que incolores. En somme, malgré la modification dans la forme des écailles, ce cas se rattache au précédent. Pour deux individus, le jaunissement de l'aile est dû à un mécanisme curieux : Nous examinons le dessus de l’aile de ces Papillons et nous sommes étonné de n’y trouver aucune écaille jaune; toutes sont de la couleur normale, c’est-à-dire fauve vif; mais elles sont plus petites et, évidemment moins nombreuses, car elles laissent entre elles des espaces vides de la largeur d’une écaille habituelle. Par contre, la face inférieure de l'aile n'a pas modifié sa couleur, ni la taille et le nombre de ses écailles; elle est restée uniformément jaune. Il résulte de cette disposition que les écailles jaunes du dessous montrent leur couleur dans les espaces vides du dessus et c’est ce qui colore la face supérieure de l'aile en jaune. Transparence de l'aile. — Nos expériences ont montré que les Vanessa urticæ modifiées par la température sont fréquemment transparentes, à un degré plus ou moins accusé. Cette transparence provient : a) De la diminution de la taille des écailles. Cette diminution de taille peut devenir assez conséquente ; les écailles sont alors toujours déformées, parfois très grêles et perdent le plus souvent leurs dents (PI. 5, fig. 1). La transparence s’accuse encore par le fait que la diminution de taille se porte aux écailles des deux faces de l'aile, Dans la grande majorité des cas, #ne insuffisance de pigmentation corres- pond à la diminution de taille des écailles ; 1 en résulte que les parties transpa- rentes sont plus pâles que normalement et doivent étre considérées comme un commencement d'albinisme. Cependant, dans deux cas, nous avons constaté que des ailes transparentes comportent des écailles très pigmentées, et mêmes plus pigmentées et opaques que normalement. b) De la diminution du nombre des écailles. Ce cas est peu répandu, du moins d’une façon appréciable; car il n’est pas possible d'évaluer la quantité des écailles qui recouvrent les ailes des Papillons. Cependant, dans quelques cas, dont ceux figurés PI. 3, fig. 7, 8 et 9, il est manifeste que les écailles sont devenues rares, Dans l’exemple signalé fig. 9, il est des places de l'aile qui en sont totale- ment dépourvues. Une modification dans la forme et la taille des écailles est aussi la caractéristique de cette transparence. De même que précédemment, les écailles MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES A5 des individus en question sont pales et jaunes, par le fait du peu de pigment dont elles sont colorées; en outre, plusieurs sont presque incolores. Etclaircissement de la frange. — Nous avons vu, lors de l'examen des ailes de Vanessa urticæ normales, que la frange varie beaucoup dans sa coloration; elle peut être noire, dans ce cas elle se confond avec la bordure marginale, et varier jusqu'au brun pale. L'examen de la frange de plusieurs individus à démontré que la teinte de celle-ci provient de la proportion numérique entre écailles fortement chargées de pigment brun et écailles moins ou peu colorées du même pigment. Dans les expériences dont nous venons de passer en revue les résultats, un certain nombre d'individus sont nés avec une frange très claire : celle-ci est alors composée d'écailles brunes peu pigmentées et d’écailles à peu près vides. D’autres individus sont nés avec une frange grise : cette nuance provient d’une combinaison d’écailles très opaques (noires) et d’écailles à peu près vides. Du reste, dans la com- position de la frange des Papillons normaux, il entre toujours quelques écailles à pigmentation réduite. En général, les écailles qui composent les franges des individus dont nous venons de nous occuper ne sont pas plus petites que les normales. Dans un cas seulement (PI. 3, fig. 3) nous avons observé la réduction de leur taille. Eclaircissement de la bordure marginale et des taches noires, — TI arrive sou- vent que la bordure marginale et les taches noires deviennent brun clair ou grises: ces modifications sont dues à plusieurs mécanismes. a) Les écailles ne contiennent pas toutes la dose voulue de pigment normal ; elles sont alors d’un brun qui peut devenir, lorsque la matière colorante est en très petite quantité, assez clair. b) Les écailles diminuent de taille, se déforment, deviennent grêles, et laissent entre elles des espaces vides, par où la lumiere peut filtrer, ce qui éclaircit la teinte du dessin. c) Les écailles deviennent moins nombreuses, et parfois déformées. Le résultat est le même que dans la catégorie précédente. Ces trois derniers mécanismes concourent à produire des dessins brun clair. Les mécanismes qui rendent grises la bande marginale et les taches noires sont différents : Les écailles se déforment toujours et deviennent grèles, parfois assez petites ; souvent elles sont en moins grande quantité que normalement. Mais, ce qui est caractéristique, c’est que ces écailles se divisent, Suivant leur dose de pigmentation, en deux catégories distinctes. Les unes sont opaques, abondamment pigmentées et MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 27 916 ARNOLD PICTET paraissent noires ; les autres sont à peu près vides (quelques unes le sont complète- ment) et paraissent blanches ou possèdent une si faible coloration que c’est comme si elles l’étaient. La combinaison de ces deux sortes d'éléments de coloration à pour conséquence la production de la teinte grise dont nous recherchons l’origine. Dans quelques cas, toutes les écailles sont opaques ; plusieurs d’entre elles sont bombées, convexes, à la maniere de celles que nous avons signalées lors de l'examen de Pieris rapæ et d'autres Lépidoptères. Malgré leur opacité, le côté éclairé de ces écailles apparait comme blanc, tandis que l’autre côté, seul, se mon- tre noir; la combinaison du blanc et du noir donne, à ces parties, une couleur grise. La nature optique de cette couleur est très apparente. Enfin, un troisième mécanisme contribue à rendre gris les dessins noirs. Nous l'avons constaté chez un individu de l'expérience 36: les écailles de la face supé- rieure de l'aile sont petites, peu nombreuses, avec de larges espaces entre elles, et fortement pigmentées. Mais, à la face inférieure de l’aile, se trouve un grand nom- bre d’écailles vides et très pales, qui montrent leur couleur au travers des espaces de Ja face supérieure. De cette façon, les taches se trouvent composées des éléments noirs du dessus et blanchatres du dessous, et c’est ce qui produit la couleur grise. Blanchiment des lunules bleues. — Sous l'influence de la température, il arrive fréquemment que les lunules bleues deviennent blanches. Le mécanisme de cette modification est très simple : La couleur des écailles bleues est due à la fois à la présence d'un pigment blanc, mais en infime quantité, et à l’action de la décom- position des radiations lumineuses; le dessous de l'aile joue le rôle d'écran, mettant en valeur le phénomène optique. Dans les aberrations la quantité du pigment blanc augmente !. Dans quelques cas, un certain nombre d’écailles vides, tout à fait transpa- rentes, se trouvent au milieu des lunules et concourent à en pâlir la teinte, Rubéfaction de la couleur du fond. — De fauve vif qu’elle est normalement, la couleur du fond peut devenir rouge, et même rose (Expérience 37). Le mécanisme qui produit la couleur rose est intéressant à noter. Les écailles des parties roses sont bombées, convexes, de même que celles que nous avons obser- vées à maintes reprises et réfléchissent la lumière blanche ; ou bien elles ont leurs bords latéraux recourbés dans le sens vertical, à la maniere de celles observée chez d’autres espèces par P. DENSO (p. 192); elles contiennent le pigment en dose ror- ! Il se peut que quelques-unes des écailles des lunules, chez les individus normaux, contiennent une légère dose d’un pigment bleu, mais la couleur blanche de la majorité des écailles des lunules n’est pas douteuse. " MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 7 normale, Si l’on examine les ailes entières sous le microscope, on se rend compte que, grace à leur structure, ces écailles laissent des espaces entre elles; celles de la face inférieure sont, pour la plupart, vides, et montrent leur couleur blanchatre au travers des espaces de la face supérieure, En outre, les bords recourbés des écailles sélectionnent la lumière jaune. Ces trois mécanismes réunis produisent la teinte rose de la couleur du fond. Examen des écailles des aberrations mélanisantes. — Les mécanismes du méla- nisme, chez Vanessa urticæ, sont moins nombreux que ceux de lPalbinisme. Ils résident, le plus souvent, dans une plus grande abondance de pigment normal. En regardant au microscope les écailles de la couleur du fond de Papillons chez lesquels celle-ci est devenue rouge brique, il est aisé de se rendre compte que les écailles sont beaucoup plus opaques que normalement, c’est-à-dire qu'elles contiennent le pigment en plus grande abondance et que la lumière transmise ne passe pas au travers d'elles, tandis qu'elle passe au travers des écailles non modi- fiées. Deux écailles rouge brique superposées ne donnent pas une image qui soit plus foncée. En outre, le fait que deux écailles normales (fauve vif) superposées donnent une image rouge brique, nous montre que c’est le pigment normal amassé en grande quantité qui est la cause de cette variation. Il en est de même des écailles qui composent les taches noires de certains individus chez lesquels ces taches ont pris une intensité remarquable. Là, les écailles sont tout à fait opaques et leur pigment s'étend jusqu'à leur extrémité proximale, Ces écailles, examinées séparément à la lumière directe, sont, cependant, d'un noir mat, tandis que les écailles normales des mêmes parties sont brunes. Nous n'avons pu discerner si ce changement de coloration est dû simplement au fait de la surpigmentation ou à une oxydation de la matière colorante ; il est infini- ment probable que les deux phénomènes concourent à produire cet effet. Pour le noircissement de la frange, nous constatons qu'il est surtout produit par l'augmentation du nombre des écailles noires, au détriment du nombre des écailles d'autre nuance. Pour certaines formes ichnusoïdes où l'aile inférieure est devenue uniformé- ment brune, il est assez difhcile de se rendre compte de l’origine de ce changement de couleur. Les écailles y sont certainement très opaques; mais nous avons vu que l’opacité des écailles fauves donne la coloration rouge brique. Un phénomène d'oxy- dation doit done intervenir et changer, dans ce cas, le pigment normal en un pigment brun foncé, Mais il y a lieu de faire remarquer que les écailles des parties noires des individus normaux contiennent, en réalité, un pigment brun ; 1 serait 918 ARNOLD PICTET done possible que, sous l'influence de la température, le pigment brun normal soit produit en très grande quantité, et envahisse les écailles fauves du fond de l'aile infé- rieure. En somme, le mélanisme des Vanessa wrticæ est surtout dû à une surpigmen- tation des écailles, c’est-à-dire au fait qu'un pigment de couleur normale s’y assem- ble en plus grande quantité. Mais ce mécanisme m’exelut pas la possibilité de la transformation du pigment habituel en un autre plus foncé, dans quelques cas. Quelques individus ont pris une teinte amarante. Elle provient de ce que leurs ailes sont parsemées d'écailles noires à reflets bleus, au milieu des écailles fauve ou rouge brique. En outre, il existe, avec elles, des écailles jaunes avec insuffisance de pigmentation. Disparition des lunules bleues. — Ta bordure noire envahit souvent les lunules bleues de maniere à les faire disparaitre, parfois complètement. Chez les individus normaux, les lunules contiennent toujours un petit nombre d’écailles noires ; la disparition de ces taches, dans les expériences, n’est donc que l’accen- tuation d'un état de choses normal. Suivant les cas, c’est le pigment noir, ou le pigment brun des écailles qui avoisinent les lunules, qui vient s’accumuler dans celles-ci. Ajoutons que plusieurs des mécanismes signalés peuvent, parfois, se rencontrer chez le même individu et que, pour former les aberrations à la fois mélanisantes et albinisantes, les mécanismes des deux sortes de coloration sont représentés. Conclusions relatives à l'énoncé de ces expériences. — En outre des mécanis- mes de l’albinisme et du mélanisme qui ont été mis en évidence au cours des recherches que nous venons de décrire, il est d’autres conclusions que nous devons faire connaitre. En premier lieu, ces expériences nous montrent que, sous l’influence de la chaleur, les Papillons de Vanessa urticæ ne varient que selon la loi du mélanisme et de l'albinisme des parties, c'est-à-dire que, dans chaque cas, les différentes parties des ailes ont passé, séparément, de la teinte normale à une teinte plus foncée où plus claire. C’est ainsi que le fauve vif a pu devenir rouge brique, amarante ou brun, rose ou jaune ; que les taches et les bandes noires ont pu devenir d'un noir d'ébène, ou qu’elles se sont teintées de gris où se sont effacées ; que la frange à pu passer par toutes les nuances intermédiaires entre le noir et le gris; enfin, la couleur du fond a pu pâlir à tel point que le pigment a disparu de ses écailles, produisant la trans- parence plus ou moins complète de l'aile. Mo MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 219 En conséquence, nous confirmons, pour Vanessa urlicæ, ce qui à été remarqué pour un certain nombre d'espèces, à savoir que la variation se fait principalement par surcoloration ou décoloration des parties et que ces deux modifications qui peuvent ne se porter que sur certaines parties de l’aile, tandis que les autres restent sans changement, sont dues surtout à une plus grande abondance de pigment normal, où à une moins grande abondance de ce même pigment. D’autres mécanismes secon- daires, tels que ceux que nous avons signalés, concourent à accentuer l'effet produit par la surcoloration et la décoloration, et cela, surtout dans les cas d’albinisme. Un autre résultat de ces expériences est de nous montrer que la température semble n'agir qu'en tant qu'excitant pour déterminer l'individu à varier dans un sens où dans l’autre. En effet, dans chaque expérience, sauf dans la 36%, la variation s’est portée aussi bien dans le sens albin que dans le sens mélanien ; en outre, à part les aberrations typiques ichnusoïdes et polaris, les mêmes formes albinisantes et mélanisantes ont pu être obtenues, quelle que fût la durée de lincu- bation de la chrysalide. Sur les 37 expériences pratiquées, la 36° seule (toute la nymphose à 30-35°, c’est-à-dire à une température inférieure à celle des 35 autres expériences) n’a pas produit d’aberrations mélanisantes. Cependant, malgré l’observation précédente, nous remarquerons encore que la production de l’albinisme partiel tend à devenir plus générale lorsque la durée de l'incubation est prolongée. En effet, dans les expériences 33 à 35, où les chrysalides ont été incubées pendant 2 et 3 jours consécutivement, nous voyons le nombre des aberrations mélanisantes diminuer tandis qu'au contraire celui des aberrations albi- nisantes augmente notablement. Dans l'expérience 35, où la chrysalide reste 3 jours dans l’étuve, les aberrations foncées sont en très petit nombre et dans l’expérience 37, où toute la nymphose (5 jours) se déroule par la température élevée, il n’a été produit aucune aberration mélanisante. En outre, les Papillons les moins colorés et principalement ceux qui sont devenus transparents, sont ceux qui proviennent sur- tout des expériences où la durée de l’incubation a été prolongée. Or, plus l’action de la température est longue, plus rapidement la chrysalide se développe; c’est ce que montre principalement l'expérience 37, où la pupe a effectué son évolution ontogénique en 5 jours, alors qu'il lui en faut 7 ou 8 dans les conditions normales. Par contre, le temps nécessaire à la fabrication du pigment ne doit guère être accéléré par l’action de la température. Il résulte donc que les écailles ont atteint un degré de développement où elles ne sont plus capables de recevoir la matière colorante, avant que celle-ci ait été fabriquée en quantité sufi- sante. C’est de là que semble provenir l'insuffisance de coloration si répandue parmi les individus ayant subi une longue incubation. Du reste cette hypothèse n’est pas nouvelle; nous avons eu l’occasion de la 290 ARNOLD PICTET démontrer déjà lors de nos expériences d'alimentation (1905, 126). Au cours de ces expériences nous avions montré, en effet, que les Papillons d'Ocneria dispar et de Lasiocampa quercus dont les chenilles avaient été mal nourries, et dont les caractères consistaient surtout dans la paleur des ailes, avaient eu une nymphose notablement raccourcie et nous en avions déjà conclu que le temps, dont avait disposé la chrysalide pour fabriquer son pigment, avait été insuffisant. Cependant, parmi les Papillons de Vanessa urticæ éclos de chrysalides à courte incubation, il s’en trouve un bon nombre d’albinisants dont les caractères de colo- ration sont, parfois, les mêmes que pour les individus provenant d’une incubation de longue durée. Cette constatation n'infirme en aucune façon l'hypothèse qui vient d’être émise. En effet, il est possible que les albinisants en question aient eu leur nymphose raccoureie ; nous n'avons pu le constater parce que, au moment où nous nous livrions à ces expériences, nous n'avons pas pensé devoir vouer notre attention sur ce sujet. En second lieu, les mécanismes de l’albinisme, chez Vanessa urticæ, sont de deux sortes, ainsi que nous l’a démontré l’examen des écailles : l'insuffisance de pigmentation, qui proviendrait du fait du raccourcissement de la nymphose, et la déformation et la diminution de la taille et du nombre des écailles (qui souvent pro- duisent les mêmes effets que dans le cas précédent), et qui seraient le résultat de l’action de la température, indépendamment de la durée de la nymphose. Quant aux aberrations mélanisantes de Vanessa urticæ nous ne pouvons dire si elles proviennent de chrysalides dont la nymphose à été prolongée, comme ce fut le cas pour les chrysalides de Papillons mélanisants obtenus de nos expériences d'alimentation. On aura encore remarqué que les aberrations typiques ne s’obtiennent pas de chrysalides qui ont séjourné au delà de 24 heures dans l’étuve et que la durée d’incubation la plus propice pour obtenir les formes polaris et ichnusoïides varie entre 7 et 14 heures. Ce fait est assez curieux pour devoir être signalé : Des chrysalides de Vanessa urticæ sont, par exemple, placées dans l’étuve 3 heures après leur formation et y restent 7 heures de temps; de celles-ci proviennent un certain nombre d’aberrations typiques. D’autres chrysalides, provenant de la même ponte que les précédentes, sont également placées dans l’étuve 3 heures après leur formation, mais elles y sont laissées pendant 30 heures consécutivement ; de ces dernières ne proviennent aucunes aberrations typiques. Nous avons pu vérifier ce cas un grand nombre de fois, en variant l’âge où la chrysalide est mise en expérience et le temps que dure celle-ci (voir le détail des recherches); dans aucun cas, les aberrations typiques ne sont nées d’une incubation dépassant 24 heures. Or, pour en revenir à l'exemple pré- cité, les chrysalides expérimentées 30 heures, ont subi, pendant les 7 premières MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 291 heures de leur incubation, un développement égal à celui qu'ont subi les autres, pendant le même laps de temps: autrement dit, les réactions qui concourent à la production des formes ichnusoïdes et polaris ont dû se faire, avant la septième heure, pour les chrysalides de l'expérience qui a duré 30 heures, Pourquoi ces réac- tions ne se sont-elles jamais maintenues chez ces dernières ? Pour expliquer cette anomalie, deux hypothèses se trouvent en présence. II se pourrait que les aberrations typiques, une fois créées, périssent si la durée de l’in- cubation se prolonge; le nombre des décès qui se présentent à chaque expérience est suflisant pour laisser supposer la réalité de cette hypothèse. Mais nous avons pratiqué ces recherches pendant 7 ans et il nous parait surprenant que, parmi le grand nombre de chrysalides incubées, il ne se soit pas trouvé une ou deux aberra- tions typiques qui aient résisté à une incubation supérieure à 24 heures. Il nous semble plus logique d'admettre que les réactions qui produisent les aberrations typiques, s’effacent, disparaissent, pour donner lieu à des modifications de moindre importance, une fois que l’action de la température se prolonge au delà de la limite qui les a créées. Nous retiendrons encore de ces expériences que l’albinisme est le signe d’un affaiblissement de l'organisme, tandis que le mélanisme, au contraire, dénote la santé et la vigueur de ceux qui en sont atteint. Les recherches faites avec Vanessa urlicæ mettent surtout en évidence le premier de ces deux cas. En effet, la plupart des aberrations albinisantes possédent des caractères de dégénérescence patholo- gique, dont les principaux sont : le défaut de pigmentation, la réduction de la taille et du nombre des écailles, leur fréquente atrophie, qu'accompagne souvent l'atro- phie des ailes et de l'abdomen ; fréquente diminution de taille des Papillons, qui, souvent, ont de la peine à éclore. En outre, les aberrations transparentes, c’est-à-dire celles qui possèdent, à un plus haut degré, les caractères d'infériorité que nous venons d'indiquer, proviennent surtout d’une incubation prolongée qui a dû les affaiblir. Quant aux aberrations mélanisantes, leurs caractères de vigueur résident dans le fait de la richesse pigmentaire de leurs écailles, qui ne sont que rarement déformées; la taille et le nombre de celles-ci ne diminuent pas facilement et latro- phie des ailes et du corps ne s’observe pas souvent. Disons encore, pour terminer, que l'expérience 37 (chenilles élevées dans une température de 30-35°, et chrysalides maintenues dans la température normale) montre que les chrysalides, bien que ne subissant pas l’action thermique, réagis- sent encore dans le sens de coloration mélanienne ou albine, lorsque ce sont leurs chenilles qui ont subi l'influence de l'élévation de la température. En outre, les aberrations issues de cette expérience sont, parfois, semblables à celles qui ont été produites par l’action thermique agissant sur les chrysalides. 222 ARNOLD PICTET Vanessa 10. Les 4 ailes de Vanessa io, en dessus, sont d’un rouge pourpré avec 4 grandes taches ocellées, imitant les yeux des plumes de paon. L'ocelle des supérieures est maculé de bleu, de jaune, de noir, de violet, de rouge pourpré et de blanc. L’ocelle des inférieures est maeulé de noir et de bleu ; il est entouré d’une zone brune. Aux ailes supérieures, nous remarquons encore, à la côte, deux taches noires triangu- laires. En dessous, les 4 ailes sont brunes, sablées d’une multitude d’atomes noirs et de gris. Les seules parties dont nous étudierons la composition sont les ocelles. Ils comportent des écailles jaunes, des noires, des rouges et des blanches; il ne sy trouve aucune écaille bleue ni de violette. Les blanches contiennent bien un pigment blanc, quoique peu abondant ; elles sont très répandues. Dans les régions blanches de l’ocelle elles sont assemblées en un amas compact, chevauchant les unes sur les autres. Ce sont encore les écailles blanches qui concourent à la formation des régions bleues et des régions violettes. Dans le premier cas, elles sont placées au-dessus d'écailles noires ; ce dispositif a pour résultat de mettre en valeur le phénomène de décomposition des radiations lumineuses. Dans le second cas, les écailles blanches sont placées au-dessus d'écailles rouge pourpre. La couleur bleue émanant du phénomène optique s'associe au rouge des écailles sous-jacentes pour produire la couleur violette. Aux ailes inférieures, le bleu des ocelles est également formé par des écailles blanches peu pigmentées, placées au-dessus d’écailles noires. Expériences de température élevée avec des chrysalides de Vanessa io. Nous avons pratiqué, depuis 1906, les expériences suivantes avec un très grand nombre de chrysalides de Vanessa io: Les chrysalides sont soumises à l'influence d'une température de 43° et 48° (suivant les séries) : L 3h.:5h.:6h.:7h.;:8h.;9h.;14h.; 15 h.; ou 16 h. de temps, le premier jour de la pupation. Il. 2 h. de temps, chaque jour, pendant les 2 premiers jours. IL 3h: ; 4 h°; 5h » » » IV. 7 h. de temps, » » » MÉLANISME ET ALBINISME CIHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 293 Nous avons obtenu, de ces expériences, toute une série d'aberrations qui constituent des formes voisines des ab. fischeri et belisaria, avec des fischeri et des belisaria typiques. A chacune des séries, indistinctement, on remarque, dans les cas les plus simples, soit une accentuation, soit un palissement de la teinte générale des ailes. Dans ce dernier cas, la zone brune qui entoure l'ocelle des ailes inférieures devient, parfois, d’un blane sale, mat. Souvent le palissement conduit à une légère transparence des ailes. Les mécanismes qui amènent la variation de là couleur générale de l'aile résident uniquement dans l'apport d'une dose plus où moins forte du pigment normal. Dans les cas de transparence, la rareté des écailles s'associe à la faible dose de pigment. Les ocelles sont surtout le siège d'importantes modifications dans la réparti- tion des différentes couleurs les composant. 1° Le blanc est très étendu ; il envahit, dans quelques cas, presque tout l'ocelle. Cela provient de ce que les écailles blanches sont devenues beaucoup plus nombreuses que normalement, de manière à chevaucher les unes sur les autres en un amas compact, sur une plus grande surface. 20 Le bleu est très étendu ; il envahit, chez certains individus, presque tout l'ocelle. Dans ce cas, c'est l'écran sous-jacent, formé d'écailles noires, qui s'étend au-dessous d’une plus grande quantité d’écailles blanches à reflets bleus. 3 L'ocelle est violet. Nous trouvons alors une grande quantité d'écailles blanches, à reflets bleus, qui chevauchent sur des rouges. 4° L'ocelle est sablé de vert. Cette couleur est due à la présence d’écailles blanches, à reflets bleus, en combinaison avec des écailles jaunes. 5° L'ocelle ne comporte plus que du jaune, du rouge et du noir. Les écailles blanches, dans ce cas, ont plus ou moins disparu. 69 Enfin, l’ocelle est complètement noir : ce pigment à donc envahi toutes les autres écailles. Aux ailes inférieures, l’ocelle devient violet ou verdätre, par les mêmes méca- nismes que ceux signalés aux n% 3 et 4. Il disparait de la manière indiquée au n° 6. On conçoit toutes les variations qui peuvent se présenter dans les ocelles des Vanessa io modifiées sous l'influence de l'élévation de la température, En effet, deux, et même plusieurs des cas signalés, peuvent se combiner chez un même individu. Dans lab. belisaria, aux ailes supérieures, les deux taches noires triangulaires de la côte ont une tendance à se réunir en une seule tache volumineuse : en outre, MÉM. SOC, PHYS, ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOr, 87 (1912), 28 29/, ARNOLD PICTET celle qui est voisine de l’ocelle s'étend sur celui-ci et l’envahit presque complète- ment, ne lui laissant plus qu'une où deux parcelles d’un blanc violacé ou verdâtre, parfois d’un blanc pur. Les mécanismes de ces transformations résident dans le fait que les écailles qui n’ont pas été envahies par le pigment noir restent blanches, avec reflets bleus, parce que peu pigmentées, et s'associent avec les écailles rouges ou avec des jaunes, ou bien sont seules, Dans les cas extrêmes. l’ocelle est entière- ment envahi par le noir Bombyx neustria. Les individus de cette espèce présentent une coloration jaunàtre, légèrement plus foncée chez la femelle que chez le male. Chez les femelles, les ailes supérieures sont traversées par une bande brune, un peu plus foncée que la couleur du fond et limitée de chaque côté par deux filets d'un jaune très clair. Les males possèdent deux minces filets parallèles qui traversent l'aile supérieure à une certaine distance l'un de l’autre. Les ailes inférieures sont uniformément jaunatres, dans les deux sexes. En dessous, les caractères du dessus sont légèrement reproduits. Nous ne décrirons pas en détail la forme des écailles: celles-ci varient dans de telles proportions, que leur description risquerait de nous entrainer trop loin. Bornons-nous à dire qu’elles peuvent se rattacher à trois types bien distincts : les unes sont longues et eréles, d’autres courtes et arrondies; on en trouve encore qui sont d’une forme intermédiaire entre les deux types précités. Examen des mâles. — Dans les parties jaunes, les écailles de chacun des trois types sont représentées ; elles sont colorées par un pigment jaune qui apparait plus compact et couvre une plus grande superficie dans les écailles longues que dans les autres. En outre, la portion proximale de l’écaille, qui contient peu ou pas de pig- ment et est par conséquent presque transparente, décompose les radiations lumi- neuses, Par contre, dans les écailles du type allongé, cette portion proximale est souvent légèrement bombée selon deux ou trois zones longitudinales; si les écailles de la sorte ne contiennent pas de pigment, c'est la lumière blanche qui est réflé- chie. Si, au contraire, ces écailles bombées contiennent un peu de pigment, ce sont les radiations jaunes qui le sont. Ces deux phénomènes sont tres apparents sur les écailles détachées des ailes. Les écailles des deux lignes transversales contiennent un pigment brunâtre : à la lumicre directe, elles se montrent avec un reflet rougeitre. En superposant MÉLANISME ET ALBINISME CUEZ LES LÉPIDOPTÈRES 295 deux ou plusieurs écailles de la couleur du fond, l'image ainsi produite reste jaune et n'atteint pas la coloration brune des lignes transversales. Cela indique done que le pigment de ces lignes est d’une autre nature que celui de la couleur du fond, et que la coloration brune de Bombyx neustria ne provient pas de la surabondance du pigment jaune, mais d'un pigment distinct. Examen des femelles. — Les trois types d’écailles se retrouvent pour former la couleur du fond et la bande transverse. La différence de coloration entre ces deux parties de laile est peu de chose, ce qui en rend l'examen difficile. Nous ne pouvons donc nous rendre compte S'il existe un où deux pigments pour colorer les ailes des femelles. Expériences de température élevée avec les chrysalides de Bombyx neustrix. Un certain nombre d'expériences ont été pratiquées, en 1907 et en 190$, avec cette espece, Environ 100 chrysalides ont été soumises, au commencement de leur nyimnphose et pendant une durée variable, à l'influence d'une température de 45 à 20°, 69 aberrations ont été obtenues de cette facon. 1. Les chrysalides sont maintenues dans l'éture pendant 6 heures et donnent : 10 aberrations mélanisantes. 9 » albinisantes, I. Les chrysalides restent dans l'étuve pendant LA heures et donnent : 13 aberrations mélanisantes. 15 » albinisantes. 6 ” à la fois mélanisantes et albinisantes. UL. La durce d'incubalion est de 24 heures. Les chrysalides donnent : 8 aberralions à la fois mélanisantes et albinisantes. IV. La durée de l'incubalion est de 36 heures. Les chrysalides donnent : 2 aberrations mélanisantes. 3 n albinisantes. Il » à la fois mélanisante et albinisante. Examen des aberrations mélanisantes. — Ces aberrations sont de diverses natures : Femelles : 1° La couleur du fond devient plus foncée de façon à se rapprocher de celle de la bande 296 ARNOLD PICTET brune. Dans cerlains cas elle atteint la coloration de celle-ci, en sorte que l'aile supérieure est uniformément colorée en brun {PL 4, fig 4). 20 Il n’y a pas de modilication dans la couleur du fond, sauf l'apex et la côte, qui deviennent d’un brun assez foncé. 30 La couleur du fond reste encore sans modification, mais la bande devient d’un brun rouge vif (PI. 1, lig. 2). Mäles : 1° La couleur jaune du fond devient brune. 2 L'espace jaune compris entre les deux filets transverses se charge d’atomes bruns. 30 L'espace compris entre les deux filets transverses se comble presque complètement de brun, en sorte que laile se trouve traversée par une large bande brune, comme chez les femelles normales 4° La couleur du fond, ainsi que l'espace qui existe entre les deux filets, deviennent d’un beau brun foncé (PI. 1, lig. 14). 5° Les deux filets deviennent brun foncé et, en outre, s'élargissent de facon à former deux petites bandelettes. L’apex prend également une coloration brune (PI. 4, lig. 13). Examen des écailles de ces aberrations. — Test manifeste que les écailles des Papillons mélanisants, males et femelles, sont colorées par une plus grande dose de pigment que normalement; l'examen microscopique, successivement aux deux lumieres et la méthode de superposition de deux écailles, pratiqués lun et lautre comparativement avec des écailles de Papillons non modifiés, le montre suffisamment. En second lieu, et dans certains cas seulement, les écailles mélanisantes semblent contenir un pigment d’une couleur rougeatre tout à fait spéciale, que l’on ne peut imiter en superposant deux ou plusieurs écailles d'individus normaux. Nous pensons done que, pour acquérir cette teinte, le pigment normal, brun chez les femelles et jaune chez les males, subit une modification due très probablement au fait d’une plus forte oxydation par la température. Les poils prennent aussi cette teinte brun rougeatre. Dans les femelles n° 2, la côte est devenue d’un brun assez foncé; nous remar- quons que les écailles y sont passablement plus grandes qu'au méme endroit chez les individus non modifiés; ces écailles ne contiennent cependant pas un pigment plus abondant et, étudiées séparément, n'ont pas une coloration plus foncée. La couleur anormalement foncée de la côte résulte simplement de ce qu'étant devenues plus grandes, les écailles chevauchent davantage les unes sur les autres. Examen des aberrations albinisantes. Femelles : 1° La couleur du fond s’éclaireit et devient jaune. 29 Les ailes, aux emplacements de la couleur du fond, deviennent transparentes. 3° La bande transverse palit, peut même devenir de la méme couleur que le fond de telle MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 297 facon que l'aile se trouve uniformément d'un brun jaunatre, et chez quelques exemplaires, uniformément jaune (PI. 1, fig. 7 el 8). 9 Toute l'aile devient transparente (PI. 4, fig. 9). 50 La bande transverse Ss'amineit parlois considérablement (PL E, lig. 6). Males : 19 et 20 Comme pour les femelles (PI 4, fig. 10). 39 La zone comprise entre les deux filets s'éclaireit considérablement (PI. 4, lig. F8). ho ‘” Les ailes deviennent transparentes, » Les dessins s'effacent, en sorte que l'aile devient uniformément d'un jaune pale(PLA, fig, 16). Exvamen des écailles de ces aberrations. — TH n'est pas douteux, et l'examen microscopique le prouve, que la plupart des écailles des individus clairs contiennent très peu de matière colorante. Elles décomposent donc les radiations lumineuses avec plus d'intensité que les écailles normales qui sont plus pigmentées, et le phé- nomene optique contribue, en s'alliant à la diminution du pigment, à éclaircir l'aile. Ces deux raisons, à elles seules, sont suffisantes pour expliquer l'éclaircissement de la couleur des aberrations albinisantes. Cependant, d'autres mécanismes concourent encore à la production de cet éclaircissement. 1° Plusieurs écailles sont sans pigment, et par conséquent ne donnent pas de coloration à l'aile. L 20 (Quelques-unes se sont bombées à la façon des écailles dont nous avons constaté la présence chez les Piérides, chez Melitæa cinxiu et d'autres et réfléchis- sent l'ensemble des rayons lumineux, c’est-à-dire la lumière blanche : Paile se trouve ainsi parsemée d’éléments blancs qui aident encore à en éclaircir la teinte. Dans les exemplaires les plus pales, le nombre des écailles de cette nature est assez grand. 3° Les écailles se déforment et deviennent beaucoup plus petites (PL 5, fig. 4). Elles laissent donc entre elles des espaces où il n'y à pas de coloration. 4° Les écailles sont moins nombreuses et laissent encore entre elles des espaces vides. 5° Les poils, très abondants chez Bombyx neustria, perdent aussi leur pig- ment ; ils deviennent rares sur les ailes des individus transparents. 6° Ces différentes modifications dans la forme et la disposition des écailles . peuvent se présenter à la fois sur les ailes d’un méme individu. Examen des aberrations à la fois albinisantes et mélanisantes. Femelles : 19 La couleur du fond s'éclaireit, tandis que la bande devient d'un brun rougeatre. 20 La bande devient d’un brun rougeñtre mais diminue de largeur. Celte diminution se fait 298 ARNOLD PICTET de la facon suivante : la bande s’amineit; elle se ceintre en son centre de facon à former une sorte de (PL 4, fig. 3, et 5). En outre, la couleur du fond devient jaune pâle, ou d'un brun rougeâtre suivant les cas. 39 Un exemplaire possède les ailes supérieures mélanisantes et les inférieures albinisantes, Miles : 1° La couleur du fond s’éclaireit, tandis que les filets deviennent plus larges et plus foncés PI. 1, fig. 15). 20 La couleur du fond devient brunâtre à l’apex, les ailes inférieures sont plus pâles et les deux filets sont plus marqués que normalement et brun rouge. Dans les aberrations de ce genre, les deux filets peuvent s’écarter l’un de l’autre, ou se rapprocher ; ils vont même jusqu'à se souder de facon à former une bandelette qui prend alors une coloration brun rouge. Ces deux filets, dans certains cas, se rejoignent, en leur centre seulement, de manière à constituer un +, ou s’écar- tent pour former un 0 ; enfin, ils peuvent disparaitre complètement. Dans ce dernier cas, il est assez difficile de dire si ces aberrations ne sont pas simplement albini- santes (PI. 1, fig. 12, 14 et 17). Examen des écailles de ces aberrations. — V'examen microscopique de ces écailles montre que les mécanismes, dans les parties foncées, sont les mêmes que dans les aberrations mélanisantes ; pour former les parties claires nous retrou- vons les miémes procédés que chez les individus albinisants. Cependant, ici, le mécanisme principal réside dans la surpigmentation ou la pigmentation insuf- fisante. Nous concluons encore de ces expériences que, sous l'influence d’un méme excitant, c’est-à-dire d’une température de 45-50° agissant sur les chrysalides, et malgré la durée variable de leur incubation, les Bombyx neustria ont réagi, en ce qui concerne leur pigmentation, de érois façons différentes, en se modifiant, les uns dans le sens albinisant, les autres dans le sens mélanisant, d’autres encore dans les deux sens à la fois. S'il a été obtenu, de ces expériences, des individus présentant à la fois les caractères de mélanisme et d’albinisme, nous ne pensons pas que cela puisse modifier l'interprétation que nous donnons à ces résultats. Cela nous montre simplement que l’influence de la température peut, parfois, être localisée et non pas générale à l’ensemble de lorganisme; les écailles des différentes parties ne se forment probablement pas toutes en même temps et, suivant le développement atteint lorsqu'agit le facteur, les unes sont plus aptes, les autres moins aptes, à recevoir le pigment. Chez certains individus mélanisants, nous constatons une augmentation dans la taille des écailles et, dans tous, une plus grande abondance de pigment ; en outre, MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 299 la plupart sont bien constitués avec gros abdomen, surtout chez les femelles, et possèdent une forte pilosité. Ces caractères sont l'indication de la force et de la viqueur. Tandis qu'au contraire, parmi les albinisants, quelques-uns sont d’une taille inférieure à la moyenne, avec abdomen généralement fluet, et plusieurs sont nés atrophiés. Tous se font remarquer par le peu de pigment que contiennent leurs écailles et par la réduction du nombre et de la taille de celles-ci; en outre, ces éléments se déforment, deviennent souvent bombés, rabougris. Ces caractères indi- quent suffisamment la dégénérescence des individus qui les possèdent, Selenia tetralunaria. La figure 24 (PI. 1), donnera une idée sufhisante de l’arrangement des dessins chez cette espèce. Nous ajouterons que, en dessus, les dessins les plus clairs sont jaune brun, avec une teinte rosée et de légers atomes bruns, et que les dessins les plus foncés sont d'un brun foncé; entre ces deux nuances, nous trouvons plusieurs intermédiaires de coloration. Les caractères, en dessous, sont à peu près les mémes qu'en dessus. La structure des écailles est légèrement différente de celle observée jusqu'à présent; leur surface, en effet, n’est pas plane, mais bombée selon ? ou 3 zones longitudinales: elles ont cependant la structure striée habituelle. Parmi les écailles des parties les plus claires, nous en trouvons une certaine quantité qui sont transparentes et dans lesquelles on n’aperçoit pour ainsi dire pas de matière colorante, A côté de celles-ci, d’autres, tout en étant encore assez trans- parentes, laissent apercevoir un peu de pigment: mais la coloration qu’en reçoivent ces écailles est de peu d'importance; cependant, si l’on en superpose deux, l'image ainsi produite est légerement jaunätre. Dans ces mêmes dessins clairs, nous trouvons encore des écailles jaune brun et des brunes: la superposition de deux écailles de la première nuance donne une image brune. Les écailles des parties de coloration moyenne contiennent déjà davantage de pigment que celles que nous venons d'examiner. Elles sont brunâtres: deux de ces écailles ayant été superposées, l'image produite atteint la coloration des parties les plus foncées. Nous trouvons en outre, dans ces parties de coloration moyenne, des écailles à tous les degrés de pigmentation. Enfin, les écailles des parties foncées sont surchargées d’un pigment nettement brun; en effet, la couleur de deux de ces écailles superposées reste brune, malgré l'opacité résultant de cette superposition. ‘230 ARNOLD PICTET Nous voyons donc que le mécanisme de la coloration des dessins de Selenia tetralunaria est le même que pour les Melitæa : il n'existe, pour former ces dessins. qu'un seul pigment jaune brun qui, suivant qu'il est peu abondant ou très abondant dans les écailles, donne à celles-ci la coloration jaune brun pâle des parties les plus claires, brun foncé des parties les plus foncées, avec toutes les nuances inter- médiaires, lorsque les écailles contiennent du pigment en quantité moyenne. Reste à expliquer maintenant l'origine de la teinte rosée que nous avons remarquée dans les parties les plus claires; elle provient de celles des écailles qui contiennent le moins de pigment, et est vraisemblablement produite par la forme de ces écailles. En effet, nous avons signalé que les écailles de Selenia tetralunaria sont bombées selon 2 ou 3 zones parallèles, longitudinales ; ce dispositif, qui change l'angle d'incidence des stries, et le fait que ces écailles contiennent peu de matière colorante, produisent le même effet que celui produit par les écailles bombées des Piérides et des Melitæa cinria. En définitive, les parties claires se trouvent done composées d’écailles brunes. de jaunes et de blanches et le résultat de cette combinaison est la teinte rosée dont nous cherchons l’origine. Toutes les écailles de Selenia tetralunaria sont bombées de la sorte : mais celles qui sont surpigmentées et qui constituent les dessins foncés. ne donnent pas lieu au phénomène optique indiqué, et cela par suite de leur opacité. Il est facile de se rendre compte de ce que nous venons de dire, en examinant au microscope les ailes entières d’un individu de cette espèce: on remarquera en effet qu'à la lumière directe les écailles peu pigmentées présentent, sur leur surface, 2 où 3 bandes blanches à la place où se trouvent les zones bombées. Les individus de Selenia tetralunaria possèdent, à chaque aile, un croissant blanc à reflets métalliques; or, les écailles qui composent ce croissant sont noires, mais si gréles et en si petit nombre que la transparence de l'aile est suffisante pour donner à ces croissants l'illusion de la blancheur. Nous confirmons par là ce que nous avons vu maintes fois, à savoir que la transparence n'est pas seulement due à la rareté des écailles, mais encore à la réduction de taille de celles-ci. Expériences de température avec les chrysalides de Selenia tetralunaria. Des expériences, en vue de rechercher l'influence de la température sur les chrysalides de cette espèce, ont été pratiquées en 1907. Les individus de la génération d'hiver passent cette saison sous forme de chry- salide; ils apparaissent au printemps à l’état d’adulte avec les colorations que nous MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 231 venons de décrire. Les individus de la génération estivale subissent toute leur onto- génie pendant la belle saison et apparaissent sous forme d'adulte, avec les mêmes dessins que les précédents, mais beaucoup plus clairs et rougeàtres. 60 chrysalides de la génération hivernante, reçues d'Allemagne en février 1907, ont été divisées en trois lots, dont deux ont été soumis à l'influence de l'élé- vation de la température, et un à été laissé dehors, dans les conditions naturelles, pour servir de témoin. L. 20 chrysalides sont placées, dés leur réception, dans une lempéralure de 45°, où elles restent jusqu'au moment de leur éelosion: celle-ci eut lieu dans l'espace de 12 à 15 jours qui suivit le début de l'expérience. I. 20 chrysalides sont placées, dés leur réception. dans une température de 35°, où, de même que les précédentes, elles restent jusqu'au moment de leur éclosion: celle-ci survint également dans l’espace de 12 à 15 jours après le commencement de l'expérience. Dans les deux cas les résultats sont les mêmes : production de la couleur claire des individus de la génération l'été, pour 16 individus sur 19 éclos de ces expériences, et production d’une teinte intermédiaire pour les 3 autres individus (PI. 1, fig. 25). HE. 20 chrysalides constituent le lot témoin el sont maintenues dehors ; elles éclosent au printemps el donnent des Papillons foncés, semblables à ceux que nous avons décrits comme constituant la forme d'hiver. Dans les aberrations obtenues, les parties les plus foncées sont rougeitres : les parties moyennement colorées sont jaunätres, légèrement rostes, les parties les plus claires sont devenues blanches. A l’examen microscopique, il est aisé de reconnaitre que les écailles des parties rouges et celles des parties jaunes contiennent, respectivement, moins de pigment que les mêmes parties chez les individus normaux. Quant aux parties blanches, on se rend bien compte que leurs écailles n'ont pas de pigment, et réfléchissent la lumière blanche par suite de leur structure spéciale, bombée. Les écailles des parties moyennement colorées et celles des parties foncées contiennent, en proportions diverses, des écailles jaunes et des brunes, Mais, au milieu de celles-ci, nous en trouvons qui sont vides. De cette combinaison entre éléments colorés bruns, jaunes et blanes, provient la couleur rosée et rougearre de ces parties. En outre, comme leur pigment est peu abondant, leur nuance est plus claire que chez les témoins. k Les écailles de ces individus n'ont été modifiées ni dans leur taille ni dans leur forme. MÉM, S0C, PHYS, RT HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 29 239 ARNOLD PICTET Cette expérience met en relief d'une façon remarquable la loi de la variation par mélanisme et albinisme des parties et l’un des mécanismes qui concourent à produire cette variation. Le fait que les chrysalides de Selenia tetralunaria n'ont réagi, sous l'influence de la température, que dans le sens de l’albinisme, ne contredit pas les conclusions des autres expériences. Il est évident qu'il se rencontre des espèces qui ne peuvent réagir que dans un sens. Psilura monacha. Les ailes supérieures, chez le male et chez la femelle, sont d’un blanc légére- ment brunâtre, avec des points et quatre lignes transverses en zigzags noiratres. Les ailes inférieures sont d’un blanc sale, légèrement plus foncées que la couleur du fond des supérieures, avec l'extrémité blanchatre. On trouve parfois des indivi- dus chez lesquels les ailes inférieures sont d'un gris brunätre assez foncé. Dans lab. xigra, les bandes en zigzags deviennent plus larges et la couleur du fond plus foncée; les bandes peuvent s’élargir à tel point qu’elles se réunissent, en sorte que toute la surface de l'aile est d’un noir brunâtre uniforme; les individus qui sont ainsi frappés de mélanisme complet caractérisent lab. eremita. Chez cette der- nière, il arrive souvent que les ailes inférieures deviennent uniformément d'un noir brunâtre. On rencontre plusieurs intermédiaires, quant à la coloration, entre l'espèce et les deux aberrations. Examen des écailles. — Les écailles des ailes de Psilura monacha peuvent se rattacher à trois types distincts en ce qui concerne leur taille et leur forme : des larges et arrondies, des longues et grêles, et des intermédiaires; mais la démar- cation entre ces trois types est plus difheile à faire que pour les écailles de Lasio- campa quercus et de Bombyxr neustria. Les écailles de la couleur du fond sont presque transparentes et décomposent activement les radiations lumineuses. Détachées de Paile et examinées au micros- cope, à la lumière directe, elles montrent une légère coloration brun pâle aux endroits où le pigment est amassé ; celui-ci est surtout apparent à l'extrémité distale de l’écaille et s'étend le long de deux ou trois filets longitudinaux ; l'extrémité proxi- male est toujours incolore. On se rend encore compte de l’existence de ce pigment brun par la superposition de deux ou trois écailles: ce procédé ne laisse aucun doute sur là nature de leur coloration. C’est grace à l'extrême rareté de cette matière colorante et au fait que les écailles décomposent la lumière que le fond des ules apparait blanc. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 233 Les bandes zigzaguées comportent des écailles qui varient quant à leur degré d’opacité. Les unes sont peu opaques : leur couleur est brune: d'autres le sont davantage : elles sont brun foncé: entin le plus grand nombre d’entre elles sont tout ce qu'il y à de plus opaques à leur extrémité distale, qui parait alors noire, tandis que leur milieu, qui contient moins de matière colorante, est nettement brun foncé, et leur extrémité proximale, qui n’en contient presque pas, est brun clair. La super- position de deux écailles brunes donne une figure noire. D'autre part, la superpo- sition de quatre écailles de la couleur du fond donne une figure d’un brun foncé qui n'est pas loin d'atteindre, en coloration, celle des parties les plus foncées de l'aile. L'examen des écailles des ailes inférieures donne les mêmes résultats que pour les supérieures. Nous voyons, par ce qui précède, qu'il n'existe qu'un seul pigment (brun) pour former les différents dessins des ailes de Psiura monacha et que la couleur de ces dessins ne provient que de la quantité dont ce pigment est réparti dans les écailles. Les ailes inférieures varient, quant à leur nuance, du blanc sale au brun grisatre; c'est à une combinaison d’écailles brunes à divers degrés d'opacité que cette variation est due. Dès lors, il nous sera facile de comprendre le mécanisme de la création des aberrations nigra (PI. 1, fig. 19 et 20) et exemita. Sur les ailes des premieres, les bandes s'élargissent et la couleur du fond s'assombrit. Or, l'examen microscopique nous montre que cette couleur du fond contient, en très grande proportion, des écailles opaques et que la zone qui avoisine les bandes en comporte aussi une plus erande quantité que normalement. Chez les individus »igra très foncés, l'opacité augmente pour la plupart des écailles et surtout dans les zones qui limitent les bandes. Enfin, pour constituer les ailes uniformément brun noirâtre de lab. eremita. l'opacité augmente dans presque toutes les écailles. L'assombrissement des ailes inférieures se fait de la méme façon, par augmen- tation du nombre des écailles opaques. C’est donc par la surproduetion du pigment brun normal que se forment les aberrations rigra et eremitu. Expériences de température élevée avec Psilura monachu. Ces expériences ont été pratiquées avec une quarantaine de chrysalides qui ont été divisées en deux lots : I. Les chrysalides ont été placées, durant 3 heures chaque jour, les > premiers jours de la nymphose, dans une température de 45°. 93/1 ARNOLD PICTET IT. Les chrysalides ont été placées dans la méme température, et pendant la méme durée, les 5 premiers jours de la pupation. Nous ne considérerons, parmi les résultats de ces expériences, que les aberra- tions albinisantes. En effet, celles qui possèdent des caractères mélanisants, ou à la fois mélanisants et albinisants, sont identiques, quant à leur coloration et à la nature de leur pigment, aux aberrations naturelles eremita et nigra; on ne peut donc dire si la production de ces formes est le résultat de l'expérience. En dehors des individus qui n’ont pas été modifiés et de ceux qui appartiennent aux deux aberrations susmentionnées, nous avons obtenu de ces expériences : 9 aberrations albinisuntes qui présentent les caractères suivants : a) 2 individus du lot 1 ont les lignes minces el pales; la couleur du fond couvre donc une plus grande superficie que normalement. b) 4 individus des lots 1 et 2 ont les ailes en partie transparentes, avec les dessins des ailes supérieures pales, effacés et nettement bruns (PI. 4, fig. 23). c) 2 individus des lots 1 et 2 ont les ailes supérieures légèrement transparentes, avec les dessins presque complètement effacés (PI. 4, fig. 24). É d) A'individu du lot 1 est légèrement transparent aux 4 ailes avec les dessins à peine marqués (PI. 1, fig. 22). Examen des écailles. — L'examen des écailles et des ailes entières des imdi- vidus modifiés confirme absolument la majeure partie de ce que nous avons démontré Jusqu'à maintenant touchant les mécanismes de l’albinisme. a) La faible pigmentation de la couleur du fond s'étend aux écailles qui avoisinent les bandes ; celles-ci se trouvent donc bordées de chaque côté d'écailles blanches, ce qui augmente la surface du fond au détriment de la largeur des bandes. b)etc) Les écailles se déforment et diminuent de taille; toutes ont peu de pigmentation. En outre, les espaces vides qui les séparent sont appréciables. Pour constituer la bande nettement brune des 4 individus b, nous remarquons que la plus grande partie des écailles sont peu colorées, transparentes aux ?/, de leur région proximale: la superposition de deux de ces écailles montre que leur pigment n'a pas été modifié et qu'il est de même coloration que le pigment normal; c’est à sa moins grande abondance qu'est due la couleur brune de ces bandes. Quant à l'effacement des bandes zigzaguées des deux individus €, il est dû au fait qu'une bonne partie des écailles qui composent ces dessins sont vides ou à peu près: on y rencontre qu'un petit nombre d’écailles à opacité normale. d) La transparence des ailes de l'individu de cette catégorie est due au fait que les écailles sont moins nombreuses que normalement et laissent des jours entre elles. Mais elles ne sont ni déformées ni plus petites que chez les individus non ‘2 ÈS MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 23) modifiés. L'effacement des dessins est dû, ici, au méme mécanisme que pour les exemplaires €. Ces recherches confirment encore que lalbinisme est le résultat d'un affai- blissement de l'organisme, Ocneria dispar. La couleur du fond des males est assez variable: celle des témoins des expériences dont nous parlerons plus loin est brun clair. I'aile supérieure est traversée par quatre lignes zigzaguées brun foncé, dont la deuxième, à partir de la base, est plus large que les autres; elle est accompagnée d'un F discoïdal d'un brun plus foncé qu'elle. Les ailes inférieures sont d'un brun presque uniforme et légèrement plus foncées que les ailes supérieures. Une bordure de méme nuance que les lignes et accompagnée de points marginaux complète le dessus des qua- tre ailes. La femelle est passablement plus grande que le male et a les ailes plus allon- vées ; elle est d'un blanc légerement jaunatre, où brunatre, avec les mémes dessins que le mâle. La variation des individus de cette espèce, à l’état naturel, se porte fréquem- ment sur la teinte de la couleur du fond qui, pour les males, peut devenir d’un brun cendré plus ou moins clair, ou bien atteindre, en coloration, celle des lignes zigza- vuées ; dans ce dernier cas, ces lignes ne sont presque plus visibles. Examen des écailles. — Les écailles des Papillons de cette espèce varient passablement quant à leur forme et à leur taille, suivant les régions de laile où elles sont considérées ; comme pour la plupart des espèces étudiées, ces écailles peuvent se rattacher à trois types; les unes sont longues et gréles, d’autres courtes et arrondies, et on en trouve également dont la forme est intermédiaire entre les deux types précités: les modifications dans la pigmentation affectent aussi bien les unes et les autres de ces écailles. Femelles. — L'examen microscopique des écailles détachées de l'aile, à Ja lumière directe comme à la lumière transmise, et d’après la méthode habituelle, nous montre que le pigment qu'elles contiennent n'est pas blanc, mais légerement brunätre ; il y est déposé en fort petite quantité et, de ce fait, les écailles sont trans- parentes. Nous superposons deux d’entre elles et la figure qui résulte de cette superposition affecte la coloration des lignes zigzaguées. 236 ARNOLD PICTET Les écailles de ces lignes sont plus opaques, partant, plus riches en pigment que celles de la couleur du fond. Deux d’entre elles superposées reproduisent la coloration du F discoïdal. Nous voyons, par ce qui précède, qu'un seul et même pigment existe pour former la couleur du fond et les dessins des ailes des femelles d’'Ocneria dispar et que la quantité de ce pigment constitue seule la différence de coloration des écailles. Males. — Parmi les écailles de la couleur du fond, nous en trouvons quelques- unes qui sont peu colorées et de méme nuance que celles de la’couleur du fond des femelles. Les autres sont moins transparentes, d'un brun plus apparent, et, en superposant deux de ces dernières, on obtient la nuance des lignes zigzaguées, ou de la bordure marginale. Chez les individus qui sont d’un brun cendré, le nombre des écailles peu pigmentées, c'est-à-dire presque blanches, domine: tandis que chez les Papillons dont la teinte est plus foncée, ce sont les écailles opaques qui sont plus nombreuses. Si nous placons deux écailles de la bordure marginale ou des lignes zigzaguées l’une sur l'autre, c’est la coloration du V discoïdal qui est ainsi reproduite. Nous voyons par là que, de même que pour les femelles, les différents dessins des males ne sont constitués que par un seul et même pigment, dont la quantité constitue, seule, la différence de coloration. En outre, le fait que les écailles les plus claires des males sont de même couleur et ont le méme degré de transparence que les écailles claires des femelles, nous montre qu'il n’y a qu'une seule sorte de pigment pour les deux sexes. Nous avons encore étudié plusieurs individus de la forme asiatique d’Ocneria dispar, ab. japonica. Leurs écailles sont légèrement différentes, quant à leur forme, de celles de l’espèce européenne ; mais les conclusions que nous tirons de cette étude, touchant la coloration des ailes et la nature du pigment, sont les mémes que celles que nous avons tirées de l'examen de l'espèce type. Expériences de température avec les chrysalides d'Ocneria dispur. Influence de la chaleur. — Nous avons pratiqué, en 1909 et 1910, plusieurs séries d'expériences en soumettant les chrysalides de l'espèce européenne et de la variété asiatique à l’action d’une température de 40-45° ; pour cela les chrysalides ont été divisées en plusieurs lots qui ont été placés dans l’étuve pendant 7 heures le premier jour, ou bien pendant 7 heures les deux premiers, les quatre premiers, MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 937 les cinq premiers, ou les six premiers jours de la nymphose, Dans d’autres séries, les chrysalides ont été incubées chaque jour 14 heures pendant les deux premiers, les trois premiers, ou les quatre premiers jours de la pupation. Les résultats obtenus. peu nombreux comparativement à la grande quantité de chrysalides expérimentées, sont assez semblables les uns aux autres, malgré la diversité dans la durée de l'incubation. Comme précédemment, la variation s'est produite suivant la loi du mélanisme et de l'albinisme des parties. Aberralions mélanisantes. Maces. Oeneria dispar. — La couleur du fond devient brun ocre ; ou bien elle reste de coloration normale, mais la deuxième ligne zigzaguée prend de l'ampleur et envahit tout le centre de l'aile. Dans d’autres cas, la couleur du fond devient presque aussi foncée que les lignes zigzaguées et que la bordure. Ab. japonica. — Les caractères mélanisants sont les mêmes que pour l'espèce européenne, mais Le nombre des individus brun ocre est plus élevé. tère mélanien réside dans l'élargissement de la deuxième ligne zigzaguée qui devient une véritable bande brun foncé (PI. 2, fig. 4). Les ailes inférieures se saupoudrent, parfois. d'atomes brunâtres. Ab. japonica. — Mèmes caractères que pour l'espèce européenne: parfois, en outre de l'élargissement de la deuxième ligne, les autres prennent plus d'ampleur et d'intensité, sans toutefois prendre la taille d’une bande. Aberrations albinisantes. La modilication des caractères est la mème pour les mâles et pour les femelles. Ocneria dispar. — Ces caractères résident principalement dans la pâleur du fond et dans la pàleur générale de l'aile, qui, chez les femelles, devient toujours d’un blanc presque pur. Parfois les lignes zigzaguées s'effacent plus où moins, et peuvent même disparaitre tout à fait chez certaines femelles. La transparence des ailes, à un degré plus ou moins accentué, est très répandue, surtout chez les femelles: pour une de celles-ci, les ailes sont uniformément trans- parentes, sans trace de dessins, sauf le V discoïdal qui reste marqué, quoique légèrement elfacé. Pour les mâles, la transparence n'alfecte qu'une portion des ailes inférieures. Ab. Japonica. — Les caractères d'albinisme, pour la variété asiatique, sont les mêmes que pour l'espèce européenne, mais, parfois, beaucoup plus marqués encore. C’est ainsi que nous trouvons des mâles qui sont réellement frappés d'ulbinisme, en ce sens que leur couleur du fond est blanche et que les lignes zigzaguées sont devenues grises (PL. 2, fig. 7); la trans- parence, chez deux mâles, gagne presque toute l'aile inférieure (PI. 2, fig, 6). Abherralions à la fois mélamsantes et albinisantes. Ocneria dispar. — Nous ne signalerons qu'un seul mâle dont la couleur du fond est brun ocre, avec zones blanches à l'extrémité des supérieures (PL. 2, ti. 8). Ab. japonica. — Parmi les femelles, nous indiquerons trois individus dont la deuxième ligne s’est élargie en une bande de belle envergure, d'un brun très foncé, tandis que toutes les autres lignes ont disparu (PL 2, fig, 4). Li] » 238 ARNOLD PICTET Un mâle a les extrémités des ailes supérieures blanchâtres, tandis que leur racine est d’un brun très foncé, couleur du fond des inférieures brun ocre (PI, 2. fig. 9). Dans aucun cas le V discoidal n’a disparu. Influence du froid. — Ces expériences n'ont été pratiquées qu'avec l'espèce européenne ; elles ont eu lieu pendant les hivers 1904-1905 et 1909-1910. Les œufs, provenant de plusieurs pontes, ont été forcés en décembre 1904 dans le premier cas, et en automme 1909, dans le second, en les plaçant dans une chambre à température de 20-22°. Les jeunes chenilles, écloses au bout de quel- ques semaines, ont été élevées dans la même chambre et divisées en deux lots, dont l'un à été nourri de feuilles de Rosier et l’autre de feuilles de Sapin. Les éclosions des Papillons ont eu lieu à partir de juin 1905 et d'avril 1910. La nourriture avec le Rosier n’amène pas de modification appréciable dans la couleur des ailes : c’est ce dont nous nous sommes rendu compte au moyen d'expé- riences antérieures. Quant à la nourriture avec le Sapin, elle crée des formes albinisantes que nous avons décrites (1909, 129) et dont il y a lieu de tenir compte. g Dans les eæpériences de 1904-1905 (voir 1909, 127), ce sont les chenilles adultes qui ont été soumises à l’action d'une température de 15°, c'est-à-dire de 8 à 10° inférieure à la température normale, tandis que les chrysalides n'ont pas eu à subir les effets du froid. Les Papillons qui proviennent de ces expériences sont albinisants en ce qui concerne les mâles (blanchiment de la couleur du fond et éclaircissement des lignes zigzaguées) et mélanisants en ce qui concerne les femelles (ailes inférieures teintées de brunâtre). Dans les expériences de 1909-1910, les chenilles sont élevées dans la tempé- rature à peu près normale, (20-22°); mais ce sont les chrysalides qui sont sonmises à l’action de l’abaissement de la température. Ces chrysalides sont divisées en deux lots : I. Une trentaine de chrysalides sont maintenues, pendant toute la durée de la nymphose, dans une température de 15°, c'est-à-dire de 8 à 10° inférieure à celle dans laquelle l'espèce se déve- loppe à l’état naturel. IL. Une vingtaine de chrysalides sont gardées en chambre, mais sont placées dehors pendant 5 à 10 malinées consécutives ; à, elles subissent l'action du froid qui varie entre — 2° et + 10°. Les Papillons des deux lots sont modifiés de la même facon. Les femelles sont en plus grand nombre que les mâles, (6 mâles sur 32 Papillons modifiés). Les caractères mélanisants résident dans l'assombrissement de la couleur du fond, pour ce qui concerne les mâles. Chez les femelles, la deuxieme ligne zigzaguée devient une bande large et foncée et les autres lignes s'accentuent légérement (PL 2, fig. 3). MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 239 Les caractères albinisants ne se rencontrent que chez les femelles ! : ils résident dans le blanchiment de la couleur du fond, l'effacement des lignes zigzaguées et la transparence très accusée de l'aile (PI. 2, fig. 3). Chez un individu, les ailes sont complètement transparentes et les lignes totalement effacées. Dans aucun cas le V discoïdal n'a disparu. Examen des écailles. — Les mécanismes de la production du mélanisme sont, ici, très simples. Si l’on compare les écailles des parties qui sont devenues plus foncées avec les écailles des parties correspondantes des Papillons normaux. il est facile de se rendre compte que les premières sont plus opaques, autrement dit, plus pigmentées que les secondes. Et, si nous superposons deux écailles normales, nous obtenons la teinte des écailles des parties devenues mélanisantes, Cela nous montre que la production du mélanisme est due simplement au fait de la plus grande abon- dance du pigment normal. En ce qui concerne la production de la couleur brun ocre de certains indi- vidus, elle est vraisemblablement due à un phénomène d'oxydation. Inversement, pour produire les formes albinisantes, les écailles ne reçoivent pas une dose suffisante du pigment normal. L'examen comparatif des écailles des parties modifiées et des parties non modifiées montre, en effet, qu'une grande proportion des premières ne contient presque pas de pigment, et que, dans les cas où le blanchiment est accentué, le nombre des écailles incolores est très consi- dérable. C’est surtout chez certaines femelles d'Ocneria dispar et chez les deux mâles de lab. japonica devenus blancs, que cette constatation se fait facilement. Dans un grand nombre de cas, à la faible dose de pigment s'associe une réduc- tion de la taille des écailles, ainsi que la déformation de celles-ci, ce qui conduit à la transparence des ailes. Dans d’autres cas, où la transparence est très accusée, aux trois modifications précitées, vient s'ajouter encore la rareté des écailles. Les mécanismes que nous venons de signaler se présentent aussi bien chez les Papillons modifiés par la chaleur que chez ceux modifiés par le froid. Les expériences qui précèdent et l'examen des écailles des Papillons qui en proviennent, confirment la plupart des faits que nous avons mis en évidence jusqu’à maintenant. [ n’y à done pas lieu de revenir sur ces faits. ? Il ne faudrait pas croire que les femelles soient seules susceptibles d’être modifiées, sous l'action du froid affectant les chrysalides, dans le sens de l’albinisme ; le nombre des mâles issus de ces deux dernières expériences est, en effet, trop-petit (6 sur 32 Papillons modifiés) pour que lon puisse tirer cette conclusion, MÉM, SOC, PHYS, ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912) 30 9210 ARNOLD PICTET Lasiocampa quercus. Chez les males, les quatre ailes sont traversées par une bande fauve, coudée. A droite et à gauche de cette bande la couleur est d’un brun ferrugineux, plus foncé à la portion proximale qu'à la portion distale, qui est presque toujours sablée d’atomes fauves; la bande coudée est nettement coupée intérieurement et fondue extérieurement dans l’espace terminal. Les femelles sont beaucoup plus grandes que les mâles, d’un fauve qui varie assez souvent de nuance; la ligne coudée est peu accentuée chez les individus pales et n’est bien marquée que chez les exemplaires foncés. Il existe, en effet, certaines femelles qui sont d’un brun foncé et dont l’aspect général rappelle beaucoup celui des mâles. Chez les deux sexes se trouve, au centre de l'aile supérieure, un point discoïdal blanchâtre. L’ab. spartii, avec les individus de laquelle nous avons pratiqué un certain nombre d'expériences, se distingue de lespèce par les caractères suivants, qui affectent principalement la forme des ailes et de la bande coudée : Les ailes supérieures des mâles sont coupées plus carrément, c’est-à-dire à bord terminal plus droit que chez quercus. Leur fond est d’un brun violacé, plus foncé à l’intérieur de la bande coudée; celle-ci est étroite aux quatre ailes et moins arquée. Parfois, tout l’espace terminal est fauve. Les caractères de la femelle résident principalement dans la teinte qui est d’un fauve foncé. La variation de cette espèce, à l’état naturel, se porte surtout sur la coloration du fond, qui devient plus où moins foncée suivant les cas, et principalement chez les femelles, La partie de l'aile qui modifie le plus sa coloration est l’espace terminal : la bande coudée peut, en effet, s'étendre à l'extérieur jusqu'au bord terminal. Aux ailes inférieures, il arrive souvent que toute la partie située à l'extérieur de la bande soit jaune, de même couleur que celle-ci. Eramen des écailles (PI. 5, fig. 6 et 7). — Les écailles qui tapissent les ailes de Lasiocampa quercus et de son ab. spartii, quoique présentant les formes les plus variées, principalement en ce qui concerne le nombre et la longueur de leurs dents, peuvent encore se rattacher à trois types distincts : les unes sont longues et grêles, d'autres courtes et arrondies: entre ces deux sortes, on en trouve dont la forme est MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 241 intermédiaire, Les poils sont très nombreux et couvrent toute la superficie de Faile: ils forment un feutre assez épais dans le voisinage du thorax. Ces poils participent de la coloration des parties de laïle qu'ils recouvrent: ils sont placés légerement au-dessus des écailles, en sorte qu'ils génent beaucoup l'examen direct des ailes, par suite de l'ombre portée qu'ils projettent sur elles. Le point discoïdal est composé d’écailles dont la plupart sont du type allongé : elles contiennent très peu d’un pigment fauve et sont, par conséquent, transparentes et presque blanches. La superposition de deux ou trois de ces écailles reproduit à peu près la couleur fauve des femelles ou de la bande des males, ce qui nous mon- tre que leur pigment est bien fauve et non pas blanc. Les écailles des femelles sont, dans la moitié distale de Paile, presque toutes du type arrondi; elles sont plus grandes que les écailles des parties correspon- dantes et du même type, prises chez les-:males. Les écailles des femelles de colora- tion claire sont peu pigmentées, transparentes ; la matière colorante y est surtout amassée dans les dents et au bord distal ; elles contiennent un pigment fauve. Dans la moitié proximale de l'aile, les écailles du type allongé sont plus nombreuses : leur pigment, de même nature et de même coloration que celui des écailles de la portion distale, en colore une plus grande superficie. La superposition de deux écailles, prises dans les parties claires, reproduit la couleur de la bande qui traverse l'aile et de certaines femelles légèrement plus foncées. Nous voyons donc, par ce qui précède, qu'un seul pigment existe pour former les différentes parties des femelles fauves de Lasiocampa quercus. Cependant, la superposition de plusieurs écailles des femelles fauves n’atteint jamais une coloration qui dépasse la teinte fauve ; au moyen de ce procédé on ne peut imiter le brun des écailles de certaines femelles très foncées. Cela laisse donc supposer que, chez ces dernières, le pigment fauve à été modifié en un pigment brun. Les écailles des mâles appartiennent aux trois types précités; elles sont plus petites que celles des femelles. Pour former la bande fauve, ce sont des écailles du type arrondi qui existent en majeure partie; elles sont colorées par un pigment peu abondant, fauve pale ; à l'examen, nous voyons qu'il est de même coloration que le pigment des femelles claires. En outre des écailles arrondies, on trouve encore celles des deux autres types, mais peu colorées. Pour former la région terminale de l'aile, ee sont les écailles du type allongé et celles du type intermédiaire qui dominent. La couleur de cette partie’de laile est parsemée d’atomes fauves qui la rendent plus claire et qui possèdent les écailles des trois types. 249 ARNOLD PICTET Pour former la région proximale de l'aile, qui s'étend à l'intérieur de la bande fauve, le nombre des écailles du type allongé et du type moyen domine. Ici, toutes les écailles sont pigmentées d’un brun rougeàtre et on ne rencontre que rarement des écailles fauves. La matière colorante est, parfois, assez abondante pour colorer l'écaille sur toute sa longueur, Mais ce sont surtout les poils qui donnent, à cette partie de l'aile, sa teinte plus foncée ; ceux-ci, en effet, sont très opaques ct contiennent, en forte surcharge, le pigment brun rouge normal. Nous avons pratiqué la superposition de deux ou plusieurs écailles de la bande fauve, et l'examen microscopique de cette bande sur des ailes entières, et cela, com- parativement avec les parties foncées ; nous avons remarqué qu'il existe deux sortes de pigments pour colorer les Lasiocampa quercus males: un pigment fauve, qui ne se rencontre que dans la bande et dans certaines écailles de l'extrémité distale, et un autre, brun rouge, d'un aspect différent, qui colore la racine et le centre de Paile, ainsi que le reste des écailles de l'extrémité distale. En effet, en superposant deux ou plusieurs écailles fauves on ne parvient pas à obtenir la teinte brun rouge des autres écailles. Expériences de température avec les chrysalides de Lasiocampa quercus ab. spurtii. Les cocons qui ont donné lieu à ces expériences proviennent de deux pontes effectuées en 1908, et dont les chenilles ont été nourries avec des feuilles de Lierre. Dès l'automne 1908, ces larves sont maintenues dans une chambre tempérée (18° environ) et elles se métamorphosent dans le courant de l’hiver. Les unes ne subissent pas de diapause et s’encoconnent en novembre et en décembre 1908; d’autres mènent une vie ralentie et se chrysalident en janvier et février 1909; enfin, un certain nombre de ces chenilles subissent une diapause hivernale malgré l'absence de l’action des basses températures, et se métamorphosent dans le courant de mars 1909. En février 1909, il est prélevé 18 de ces chenilles qui n’ont pas encore effec- tué leur dernière mue, ou qui viennent à peine de leffectuer, et nous les plaçons dans une chambre non chauffée, située au nord, et dont la fenêtre est fréquemment ouverte: la température de cette chambre est donc relativement basse et oscille entre 2 et S°. La pupation de ces chenilles à lieu en avril et maï. La durée de la nymphose des sujets mis en expérience, disons-le en passant, varie dans une large mesure; il ne semble pas qu'il y ait de corrélation entre la date de la chrysalidation et celle de l'éclosion. Les premiers Papillons ont apparu ee. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 23 en mai 1909: ils provenaient de chrysalides métamorphosées en décembre T90S, janvier, février et mars 1909, tandis que les derniers éclos provenaient de chry- salides formées précisément en même temps. Le premier cocon à été tissé le LS novembre 1908 et n'a donné qu'en septembre 1909 naissance à linsecte par- fait. La dernière pupe formée (10 avril 1909) à éclos le 29 août suivant, Nous voyons, par ce qui précède, que les cocons qui ont servi à ces expériences ont vécu pendant l'hiver 1908-1909 et qu'ils ont duré passablement plus longtemps que les COCONS normaux |. A l'état normal, Lasiocampa quereus subit son évolution nymphale en juillet et août: celle-ci dure un mois par une température d'environ 25°. Pour l'éducation des témoins de nos expériences nous avons done cherché à imiter autant que pos- sible les conditions habituelles. Mais, s'il nous est facile d'imiter celles qui ont trait à la empérature d'incubation des cocons témoins, nous ne pouvens le faire en ce qui concerne la durée de leur nymphose. Ainsi que nous avons montré dans de pré- cédentes recherches (1906, 127) l’état nymphal des Lasiocampa quercus dont on à supprimé l'hivernage à l'état de larve dure plusieurs mois et se prolonge parfois bien au delà de l'époque habituelle d'éclosion. I nous faudra done tenir compte de cette différence de durée entre les cocons normaux et ceux de nos témoins, quoique: en somme, elle ne doive influencer en aucune façon l'examen des résultats: en effet, les cocons qui ont été expérimentés, de même que les témoins, ont eu une longue nymphose et, si le temps que l’insecte passe à l'état de pupe doit agir sur sa pigmentation, il agira aussi bien sur les témoins que sur les expérimentés. Détail des expériences et résultats obtenus. Ecpérience n° 4. (Relative à l'obtention des Papillons témoins). 21 chenilles élevées dans 18° s'encoconnent, les unes entre le 12 et le 19 décembre 1908 les autres entre le 12 et le 18 février 1909. Les chrysalides soul maintenues dans celte tempé- ralure de 18° jusqu'au printemps, et ensuite dans la température du dehors. Aberralions oblenues : 9 Q et 8 (4 cocons n'ont pas éclos). Durve de la nymphose : ©, a plus courte : # mois: ©, la plus longue : 6 » 5 Jours: , la plus courte : 3 » 5 » ', la plus longue : 7 » 7 ! A l’état naturel, Lasiocampa quercus se chrysalide vers la fin de juin ou le commencement de juillet; adulte apparait un mois environ après l’'encoconnement. 244 ARNOLD PICTET Papillons : Les mâles ne présentent rien d'anormal dans la coloration de leurs ailes. Parmi les femelles, 6 sont plus foncées et 2 sont passablement plus pigmentées que la mére, Epérience n° 2. Les cocons sont maintenus, depuis leur formation jusqu'au printemps suivant, dans une température de 15-167. Ces cocons proviennent de 29 chenilles élevées dans 18° el qui s'encoconnent, les unes en décembre 1908, les autres en janvier et février 1909. Aberralions oblenues : 8 © et9 G° (9 cocons n’ont pas éclos). Durée de la nymphose : ©. la plus courte : 5 mois 9 jours; ©, la plus longue : NRA) g', la plus. courte : 5 » #4 » Œ', la plus longue : 7 » 5 » 1 Papillons : Les males et les femelles sont à peu près comme les parents. Cependant, un male a la bande fauve de l'aile inférieure qui s'étend jusqu'à la frange (albinisant) et une femelle est légèrement plus foncée que la mère. Observation : Nous remarquons qu'une température de 15° (inférieure de 10° à la normale) agissant pendant tout l'hiver sur les chrysalides, ne semble pas avoir d'effet sur la pigmentation des Papillons. Expérience n° 3. Les cocons sont maintenus, depuis leur formation jusqu’au printemps suivant, dans une température variant entre 5 et 11°, de décembre 1908 à mars 1909, et ne dépassant pas 15° en avril. À partir de ce moment ils subissent la température du dehors. Ces cocons proviennent de 51 chenilles élevées dans 18° et qui se Janvier à mars 1909. sont encoconnées de Aberrations oblenues : 22 © et 23 ‘(6 cocons non éclos). Durée de la nymphose : ©, la plus courte : 5 mois 22 jours ; ®, la plus longue : 5 » 25 » o', la plus courte : 9 » 14% » œ', la plus longue : 7 » 7 »° Papillons, MALes : a) 13 sont comme leur père. b) 8 ont la bande fauve de l'aile inférieure allant jusqu’au bord marginal. c)' 1 est passablement plus foncé que le père. à d) 14 a les ailes inférieures plus claires que celles du père. FEMELLES : a“) à sont comme la mère. b) 4 sont très pales aux # ailes (PI. #, fig. 1). c) 3 ont la partie interne de l'aile inférieure très foncée et la partie externe fauve pâle; ailes supérieures sans modifications (individus semblables à celui figuré PI. 4, lig. 6. d) 9 sont très foncées, avec la bande des 4 ailes encore marquée (PI. #, fig. 5). MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 245 #) 2? sont très foncées aux 4 ailes, avec la bande de l'aile inférieure novée dans la couleur du fond. f) est d'un brun foncé, légèrement transparente, la bande des ailes inférieures avant complètement disparu (PI. #4, fig. 7). Observation. — Sous l’action du froid, la variation atteint les sujets dans les deux sens de coloration, albine et mélanienne. En effet, parmi les sujets modifiés, nous voyons que les uns sont très pâles (albinisants) et les autres très foncés (méla- nisants), tandis que la coloration des parents est intermédiaire. Experience n° 4. Les cocons, dès l’époque de la chrysalidation, sont placés dehors où ils recoivent une tem- péralure variant entre — 1° et + 7°. Ils sont laissés dans ce milieu 3 heures par jour, le reste du temps dans la chambre à 20°, La durée de l'expérience, suivant les cas, est de 20 à #0 jours consécutifs. Ces cocons proviennent de #0 chenilles élevées dans 18° et qui se sont encoconnées en Janvier 1909. Durée de la nymphose : ©, la plus courte : 4 mois 16 jours ; ®, la plus longue : 40 » 5 » d, la plus courte : #% » 41% » cf, la plus longue : 5 » 19 » Aberrations obenues : 45 © et 18 Gf (7 cocons non éeclos). MaLes : 10 ne sont pas modiliés. a) 3 ont la bande fauve de Paile qui s'étend presque jusqu'à la frange. b) 2 ont cette même bande très large. ec) 2 ont les 4 ailes décolorées, transparentes ; la zone transparente s'étend depuis la frange jusque tout près du corps qui n’est plus entouré que d'une faible quantité de poils; les bandes sont complètement effacées aux 4 ailes: seuls les points discoïdaux se voient encore (PI. #4, fig. 4). d) 4 à la bande inférieure de l'aile très large et en partie décolorée (PL. #, fig. 40). FEMELLES : 6 ne sont pas modifiées. a) 2 ont les 4 ailes très pâles. b) 3 sont légèrement plus pigmentées que la mère. c) 3 sont franchement mélanisantes et brillent par l'abondance de pigment brun foncé sur les # ailes (PI. 4, lie, 5). d) 4 ne possède plus de bande aux ailes inférieures. e) 1 chez laquelle les ailes inférieures sont d'un brun foncé uniforme, légèrement trans- parentes, avec la bande à peine marquée. Les ailes supérieures sont de même couleur, transparentes également, et absolument sans bande, c’est-à-dire d’un brun uniforme (PI, #4, lig. 2). Observation. — V'action des basses températures, alternant avec une cha- leur de 20°, se manifeste fortement, Mais, de même que dans le cas précédent, les 216 ARNOLD PICTET Papillons qui ont été modifiés le sont dans les deux sens de coloration et de déco- loration. 1 En outre, les expériences 3 et 4 nous montrent que les basses températures ont encore pour effet de rendre parfois les ailes plus transparentes et d'effacer la bande des ailes inférieures. Erpérience n° 5. Les cocons sont placés, depuis leur formation jusqu'au printemps, dans une température constante de 30°. 11 cocons seulement, dont les chenilles se sont métamorphosées dans le courant de l'hiver 1908-1909, l'ont partie de cette expérience : 6 ont péri: parmi les » Papillons qui sont arrivés à bien, nous signalerons : a) 4 cf, dont la bande fauve de l'aile inférieure est très large, mais fortement saupou- drée de brun. b) 2 , dont la bande est très large, mais transparente. c) 4 c', dont les 4 ailes sont transparentes aux extrémités et dont la bande fauve des inférieures à disparu (PI. 4, fig. 44). Les femelles ne sont pas modifiées. Observation. — Va le petit nombre d'exemplaires, il n’est pas possible de tirer des conclusions. Nous nous bornerons à faire remarquer que Paction d’une tempé- rature prolongée, légerement supérieure à la normale, à pour effet de décolorer les aïles. Expérience n° 6. Les cocons, dès l'époque de la chrysalidation, sont placés dans une éluve à 45°, où ils restent 3 heures par jour. le reste du temps dans la chambre à 20° : la durée de l'expérience, suivant les cas, est de 19 à 46 jours. Ces cocons proviennent de 36 chenilles élevées dans 18° el qui se sont encoconnées de décembre 1908 à janvier 1909. Durée de la nymphose : ©, la plus longue : 10 mois 22 jours : ®, la plus courte: 8 » 8 » G', la plus longue : 9 » 29 » CS LAMDIUSRCOUNE STE D PE) Aberrations, MaLes : 7 ne sont pas modifiés. 4) & possèdent la bande fauve des ailes supérieures très pâle. b) 5 » » Ù » » inférieures très large, s'étendant presque jusqu'à la frange. c) À a la bande fauve s'étendant jusqu’à la frange. 4) 2 avec ailes supérieures d'un brun chocolat, la bande effacée et l'extrémité de l'aile transparente: ailes inférieures transparentes, sans trace de bande ; les extrémités des % ailes sont striées de filets en éventail (PI. %, fig. 12). e) 1 avec ailes presque uniformément transparentes (PI. #, fig. 13). MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 247 FEMELLES : 3 ne sont pas modiliées. a) 4 est excessivement pâle. b) 3 sont chargées d’atomes foncés. #1 1 est très foncée, avec la bande de l'aile inférieure effacée, légérement transparente. d) 3 dont les ailes supérieures sont jaunes. saupoudrées d'alomes blancs. tandis que les inférieures sont chargées de pigment brun rouge. e) 4 dont les ailes supérieures sont foncées, transparentes aux extrémités; ailes infé- rieures complètement transparentes. [) 1 dont les extrémités des ailes sont transparentes : le centre est légèrement plus coloré que normalement. 4) À dont les # ailes sont presque totalement transparentes, mais avee coloration brun foncé. k) ? ont la partie externe de laile inférieure fauve pâle et la partie interne d'un brun rouge intense ; les ailes supérieures sont brun rouge fortement sablées de fauve pâle (PI. 4, fig. 6). Observation. — L'action des hautes températures, alternant avec une chaleur de 20°, se manifeste de la même façon que dans l'expérience 4 (basses tempéra- tures alternant avec une chaleur de 20°). En outre, de méme que dans les expé- riences 3 et 4, la chaleur à parfois pour effet de rendre les ailes plus où moins transparentes. Expérience n° 7. 18 chenilles adultes, élevées jusqu'à leur dernière mue dans 18°, sont placées ensuite dans une température variant entre 2 et 8° où elles restent six semaines environ. Cette température est tout à fait anormale pour des chenilles de Lasiocampa quercus de cette taille, qui hiver- nent, d'habitude, beaucoup plus jeunes. La plupart des individus obtenus ne sont pas modiliés : les autres, et ©, sont ou albini- sants on mélanisants. Signalons cependant un mâle qui est d'un brun chocolat intense et chez lequel la bande fauve de l'aile inférieure a complètement disparu (PI. 4, fig. 8). Observation. — Malgré le petit nombre de résultats, Paction des basses tem- pératures sur les chenilles adultes est manifeste et produit aussi bien des formes albinisantes que des mélanisantes. Examen des écailles (PL 5, fig, 8 à 15), — L'examen des écailles et l'examen direct des ailes des aberrations issues de ces expériences modifient quelques-unes des conclusions que nous avons tirées de nos autres recherches, et, si ces résultats confirment la plupart des faits acquis, ils en infirment, malheureusement, d'autres. Nous reconnaitrons par là que les réactions physiologiques des Lépidoptères peuvent varier suivant les espèces considérées. MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. 87 (1912). 31 218 ARNOLD PICTET Les faits confirmés sont les suivants : Aberrations albinisantes. — Beaucoup de femelles sont nées avec des ailes d'un fauve très pale: ce palissement est dû au fait : 1° Que le pigment fauve normal est moins abondant dans les écailles (il ne s'agit donc pas d’une modification du pigment): c'est par la méthode de superposi- tion que nous le prouvons. 20 Qu'un certain nombre d'écailles sont presque incolores, les autres ayant le pigment normal en quantité appréciable. 39 Que les écailles sont plus petites et moins nombreuses que normalement. Pour le pälissement de la couleur des mâles, nous constatons les mêmes mécanismes. Les poils se modifient de la même manière que les écailles: leur nombre dimi- nue parfois, ce qui accentue le palissement. La transparence des ailes, dans les deux sexes, est due à la rareté et à la réduction de la taille des écailles : celles-ci se déforment, parfois considérablement. et beaucoup sont presque incolores ; plusieurs le sont complètement. Les deux mâles de l'expérience 5 ont la région externe de l'aile inférieure légèrement transparente et d’un fauve foncé un peu violacé. Cette région est com- posée d’écailles petites, rabougries, déformées, parmi lesquelles plusieurs contien- nent le pigment brun rouge normal, et d’autres le pigment fauve: d’autres, encore, sont incolores et décomposent par conséquent les radiations lumineuses avec intensité, C’est vraisemblablement à la production du bleu émanant du phénomène optique. allié à la couleur brun rouge, qu'est dû l'aspect violacé de cette partie de l'aile. Plusieurs males ont la bande fauve qui s’étend jusqu’au bord externe de l'aile: les écailles qui composent cette région sont colorées par le pigment fauve, au lieu de l'être par le pigment brun rouge normal. Aberrations mélanisantes. Femelles. — Certaines femelles sont devenues d’un fauve vif, plus foncé que normalement, sans étre cependant brunes. Cette coloration provient d'une surcharge du pigment fauve normal et non pas d'un pigment plus coloré que normalement. Pour ce qui est des femelles qui sont devenues brunes, ou d'un brun rouge presque aussi intense que celui des males, il existe deux méca- nismes pour produire cette coloration : 1° Les écailles restent de la couleur fauve habituelle, parfois en surcharge pigmentaire ; mais ce sont les poils qui deviennent brun rouge, Les ailes, dans ce cas, sont parsemées d’atomes fauves qui proviennent des écailles sous-jacentes, 2e La quantité de pigment n'augmente pas (les écailles ne sont guère plus opaques que normalement), mais il devient brun rouge, de même coulenr que celui MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LEPIDOPTÈRES 219 des males, Dans ce cas les poils participent parfois de cette modification dans la nature du pigment. Nous avons pu constater certains cas où, suivant les parties de l'aile que l'on considère, les deux mécanismes signalés sont représentés. Mäles. Le mélanisme, chez les males, réside le plus souvent dans la surcharge pigmentaire des écailles et des poils. Les mécamsmes que nous venons de signaler modifient les aberrations pro- duites par le froid aussi bien que celles produites par la chaleur, de même que si c'est la chrysalide où la chenille qui ont été soumises à l'influence thermique. Quant aux aberrations à la fois mélanisantes et albinisantes, les mécanismes de l'albinisme se présentent pour former les parties claires, et ceux du mélanisme concourent à la formation des parties foncées. Les faits infirmés sont les suivants : Transparence des ailes. Nous avons vu qu'à la transparence des ailes est presque toujours associé un défaut de pigmentation. Plusieurs des aberrations obtenues des expériences avec Lasiocampa quercus, et, entre autres celles figurées (PL 4, fig. 2, 4. 11,12et 15), nous montrent que cette espèce peut faire parfois exception à la regle. Disons tout d'abord que, dans chacun des cas qui vont suivre, les écailles ont toutes fortement diminué de taille: le plus souvent elles sont devenues lancéolées, gréles, conservant parfois un vestige de deux dents mal formées. Dans ce cas leur petit diametre a seul diminué. Dans d’autres cas elles ont aussi diminué de longueur et alors elles sont tout à fait déformées, très petites, souvent tordues, la plupart du temps rabougries. Parfois les stries participent de cette déformation et ne sont plus rectilignes. La rareté des écailles est un fait général pour les parties transparentes. Pour ce qui est de la taille et de la forme des écailles, nos conclusions sont donc confirmées, mais c'est en ce qui regarde le pigment qu'elles contiennent qu'elles cessent de l'être. Examinons donc en détail quelques-unes de ces aberrations transparentes : FEMELLES. Expérience 6». Les écailles de l'extrémité distale de l'aile sont peu nombreuses, petites et déformées el contiennent un pigment brun rouge, mais peu abondant. Les écailles du centre et de la racine de l'aile sont plus nombreuses, comparativement, qu'à Pextrémité, et contiennent également un pigment brun rouge. Expériences 3 f: 4e (PL 4, fig. 2: 6 c. Les écailles sont presqu'en nombre voulu, mais loutes sont plus pelites que normalement et contiennent un pigment brun rouge parfois assez abondant. MaLes. Expérience 6 d (PI. 4, lig. 12). Les écailles de l'extrémité distale, la seule qui, dans ce cas, soil transparente, accusent une 250 ARNOLD PICTET forte diminution de taille, quoiqu'elles conservent encore des formes régulières: elles con- liennent loutes le pigment brun rouge normal, mais, dans un grand nombre d’écailles, celui-ci est si abondant qu'elles en sont rendues opaques el paraissent noires. Le centre et la racine de l'aile ne présentent rien d’anormal. Erpérience 6 e (PL. &, fig. 13). Les écailles de extrémité distale et du centre de Paile sont petites, déformées, et très rares ; elles contiennent toutes, en forte surcharge, le pigment brun rouge normal. La transparence de l'aile, dans les exemples précédents, doit donc étre consi- dérée comme un cas de mélanisme, puisque les écailles, quoique plus petites et moins abondantes, sont plus foncées que normalement. La surcharge pigmentaire, dans les deux sexes, et la transformation du pigment fauve en pigment brun rouge, chez les femelles, sont la cause de ces cas de mélanisme, FemeLues. Expérience 6 [. Les écailles des parties transparentes sont peliles, déformées, rabougries, la plupart avec siries déformées également: on ne peul donc pas discerner à quel tvpe appartiennent ces écailles, qui, le plus souvent, se terminent en une seule pointe, parfois en deux pointes iné- galement formées. La plupart sont irrégulièrement colorées, le pigment V élant amassé en paquets, constituant pour chaque écaille des parties opaques et des parties transparentes. D'autres sont sans matière colorante et paraissent blanches; enlin, un certain nombre sont fortement colorées en brun rouge et beaucoup de ces dernières sont opaques à tel point qu'elles paraissent noires. Expérience 6 4. Toutes les écailles sont déformées comme dans le cas précédent. Parmi les écailles de la région terminale de l'aile (la plus transparente) nous en trouvons qui ont le pigment fauve normal en très petite quantité, d’autres qui sont vides et par conséquent blanches, et d’autres, enlin, qui contiennent, parfois en forte surcharge, le pigment modilié brun rouge. Au centre el à la racine de l'aile, nous ne trouvons que des écailles à pigment brun rouge. Maces. Expérience 6 e, 2 individus (PI. #, fig. 4). Les écailles sont petites, déformées et moins nombreuses que normalement. Pour former la région externe de l'aile on trouve des écailles sans pigment ou presque: le pigment de ces dernières est fauve: les autres écailles sont run roige. À la racine de l'aile, il n'y a que des écailles brun rouge, dont les unes sont suflisanment opaques pour paraitre noires. Au centre, les deux types se combinent. Expériences 6 d'et 5 c (PL 4, lig. 11). Toutes les écailles sont petites, déformées et moins nombreuses que normalement. Pour former la région externe de l'aile, nous constalons une combinaison d'écailles opaques brun rouge et d'écailles incolores. Au centre et au milieu de laile, même mécanisme que dans le cas précédent. La bande fauve, qui existe encore aux ailes supérieures, contient des écailles qui sont colorées par le pigment fauve normal. La transparence de l'aile, dans les cas qui viennent d’être étudiés, doit donc être considérée comme caractérisant des aberrations à la fois mélanisantes et albini- TT MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 251 santes, puisque nous trouvons, comme éléments colorés des ailes, des écailles plus foncées et d'autres qui sont plus claires que normalement. Pour constituer les différentes régions, nous voyons que les mécanismes résident dans la surcharge pigmentaire (males et femelles), la transformation du pigment fauve des femelles en brun rouge et la dose insufisante ou l'absence du pigment normal. La transforma- tion en brun rouge du pigment fauve de la bande est ce qui produit la disparition de celle-ci. Comme se rattachant aux faits infirmés, nous devons encore signaler le male (PI. 4, fig. S) qui provient de l'expérience 7. Celui-ci est d'un brun chocolat, très foncé, uniforme aux ailes inférieures, avec bande réduite aux supérieures. C’est un cas de mélanisme bien accentué. Or, ses écailles, colorées du pigment brun rouge normal, mais en telle surcharge qu'elles en sont rendues opaques et paraissent noires, sont déformées, lancéolées pour la plupart, et plus petites que normalement. Nous avons là un exemple d'aberration mélanisante chez laquelle on constate, contrairement à ce que nous avons vu jusqu'à maintenant, la réduction de la taille des écailles. Mais, malgré leur réduction de taille, les écailles chevauchent bien les unes sur les autres : il faut donc en conclure qu'elles sont devenues plus nombreuses que normalement. Parmi les mécanismes nouveaux qui sont mis en évidence par ces recherches. nous signalerons celui qui à modifié les femelles de l'expérience 3 €, et de lexpé- rience 6 k, (PI. 4, fig. 6); ce sont des aberrations à la fois mélanisantes et albini- santes. Les ailes supérieures de ces femelles sont brun rouge, sablées de fauve pale : à l'examen microscopique, nous voyons qu'elles comportent des écailles à pigment brun rouge, et que ce sont les poils qui sont, pour la plupart, fauve pale, où qui n'ont presque pas de coloration. La plupart des expériences faites avec Lasiocampa quercus confirment que le mélanisme est un signe de force et de vigueur (surcharge pigmentaire, pilosité excessive et grosseur générale de l'abdomen qui contient, chez les femelles, une erande abondance d'œufs: en outre, l'atrophie des ailes est tres rare chez les méla- nisants). L'albinisme dénote au contraire l’affaiblissement des sujets qui en sont atteints (fréquente réduction de la taille des individus, de la taille et du nombre de leurs écailles, petitesse de leur abdomen:; insuffisance pigmentaire, rareté fréquente de la pilosité et atrophie des ailes maintes fois constatée). Cependant, dans quelques cas, les individus possèdent une forte constitution, bien qu'ayant des écailles de taille réduite, avec surcharge pigmentaire: 1ls constituent done une exception à la règle et montrent que, en ce qui concerne les Lépidoptères, on ne saurait trop s’abs- tenir de vouloir généraliser. Ces cas exceptionnels se sont produits aussi bien chez les individus modifiés par la chaleur que chez ceux qui se sont modifiés par les basses températures. 252 ARNOLD PICTET CONCLUSIONS. Les nombreuses expériences que nous avons signalées au commencement de ce travail etles recherches auxquelles nous nous sommes livrés, montrent que les Lépidoptères, à part un petit nombre d'exceptions, ne varient que selon deux modes: le mélanisme et l'albinisme des parties, et que ces deux sortes de variation sont générales, aussi bien pour les individus pris à l’état naturel que pour ceux qui ont été modifiés par les influences expérimentales, quelles que soient ces dernières. Ce n'est, en eftet, que très rarement par la formation d’une nouvelle couleur qu'un Papillon varie et nous avons signalé les quelques cas les mieux connus où il en est ainsi ; à part ceux-ci, on n'en connait pas beaucoup d’autres, du moins pour les espèces paléarctiques. Cette loi de la variation par mélanisme et albinisme des parties, émise par C. OBERTHUR (1893, 117) et dont nos recherches montrent la réalité absolue, se l'ÉSUME AINSI : Chaque partie des ailes des Papillons peut devenif. séparément, plus foncée ou plus claire qu’elle n’est normalement ; dans le premier cas, quelle que soit la couleur (à part le vert), celle-ci peut s’assombrir suffisamment pour devenir brune, et même d'un brun foncé paraissant noir; de cette façon, l’assombrissement de toutes les parties conduit au mélanisme. Dans le cas inverse, ces mêmes parties, quelle que soit leur couleur (à part le vert), s'éclaircissent suffisamment pour devenir fauves, jaunes, et même d’un jaune si pale qu'il paraît blanc : de cette façon, l'éclaircisse- ment de toutes les parties conduit à l’albinisme. Mais les cas de mélanisme et d’albinisme complets sont excessivement rares chez les Lépidopteres. Les différentes parties des ailes ne se modifiant pas toutes à un même degré, il s'ensuit, le plus souvent, que certains dessins seulement S'as- sombrissent ou s'éclaireissent, tandis que d’autres conservent leur nuance normale. C’est grace à cette localisation de la variation à certaines parties de laile qui sont plus aptes à se modifier, que naissent des formes que nous avons nommées »élani- santes où albinisantes, pour bien montrer que l’assombrissement ou l’éclaircisse- ment n'ont pas atteint la totalité de l'aile, mais qu'ils indiquent un acheminement vers le mélanisme ou Palbinisme complets. En outre de l’assombrissement et de l’éclaircissement des parties, certains dessins foncés peuvent s’agrandir, s'étendre, se déplacer, se fondre avec leurs voi- sins ou les masquer plus où moins complètement (formes mélanisantes). Inversement, MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 253 ils peuvent aussi s’'amoindrir, s'effacer en partie, et même disparaitre, laissant plus de place aux dessins clairs où à la couleur du fond (formes albinisantes). Dans d'autres cas. certains dessins s’assombrissent et d’autres s'éclaireissent (formes à la fois mélanisantes et albinisantes). Enfin, la teinte générale de l'aile peut simplement s’obscurcir ou s'éclaireir, sans qu'il se produise de modifications dans les dessins. Les faits signalés dans la première partie de ce travail montrent encore que le mélanisme et l'albinisme, chez les Lépidopteres, n'ont pas de patrie déterminée : les formes mélaniennes et albines, appartenant souvent aux mêmes espèces, volent dans les mêmes localités de la plaine ou dela montagne, dans les mêmes pays septen- trionaux ou méridionaux, et souvent avec des individus de coloration normale, Il n'est done pas possible d'établir une règle positive à cet égard et l’on doit recon- naitre que le climat, si c'est lui qui modifie les Lépidoptères, les modifie aussi bien dans le sens de l'albinisme que dans celui du mélanisme. | D'autre part, les nombreuses expériences des auteurs, de même que celles que nous avons pratiquées, démontrent que les agents modificateurs se comportent de Ja méme façon que le climat et modifient les individus dans les deux sens opposés de coloration. Les auteurs ont montré encore que les chrysalides, sous le rapport de la varia- tion de leurs Papillons, réagissent de la méme facon contre deux excitants différents. C’est principalement contre la chaleur et le froid que cette similitude de réaction se produit. Nous avons vu, en effet, que pour les mêmes espèces, les températures élevées et les températures basses produisent des variations respectivement sem- blables. Et ce qui se présente sous l’influence des deux extrêmes de température, se présente encore pour tous les autres facteurs du milieu agissant séparément; la nourriture des chenilles produit les deux sortes de variations, albine et mélanienne, aussi bien que l'humidité, que la sécheresse, que la lumière, Il en est de même d'agents spéciaux, tels que l'électricité, la trépidation, un mouvement de rotation imprimé aux chrysalides, etc. (Pour ces trois dernières sortes d'expériences, disons que les sujets expérimentés étaient peu nombreux). Et, poussant plus loin nos recherches, nous voyons encore que cette similitude de réaction qu'observent les Lépidoptères dans leur variation devient générale, puisque des aberrations de mémes espèces s'obtiennent parfois absolument identiques sous l'influence de chacun des facteurs que nous venons de signaler. Nous basant sur ces constatations, ainsi que sur d'autres faits observés, nous en avons conclu que ce qui modifie le Papillon, ce n'est pas le facteur anormal à l'influence duquel on le soumet, mais bien le fait de passer du milieu normal de l'espèce dans un milieu nouveau qui ne lui convient pas. Dans ce domaine, nos expériences ont montré que cette similitude de réaction 254 ARNOLD PICTET des chrysalides vis-à-vis de la température va plus loin encore que les auteurs l'ont observé jusqu'à maintenant. En eftet, sous l'influence d’une température élevée agissant sur les chrysalides, nous avons obtenu, pour les mêmes espèces, et malgré la durée variable de lincubation : 1° des formes mélanisantes : DD) albinisantes : 3° à Ja fois mélamsantes et albinisantes. Et sous l'influence des basses températures, également : 4° des formes mélanisantes : 59 » albinisantes : 6° à la fois mélanisantes et albinisantes : avec cette particularité, qui n’a rien d'étonnant du reste, que 1, 2 et 3 sont, la plu- part du temps, respectivement identiques, à 4, 5 et 6. Nous montrons encore que, sous le domaine de la variation de leurs Papillons, les chrysalides peuvent réagir de deux façons différentes, c'est-à-dire dans le sens albin ou mélanien, contre un seulet méme facteur. Ajoutons que ces diverses modifications se créent également selon la loi du mélanisme et de l’albinisme des parties". La variation mélanienne est plus répandue que la variation albine; tant à l'état naturel que dans les expériences, les Lépidoptères ont surtout une tendance à se modifier dans le sens du mélanisme. Cependant, les mécanismes de l'albinisme sont plus nombreux que ceux du mélanisme. Les mécanismes de la variation. Quels sont maintenant les mécanismes qui interviennent pour modifier la colo- ration des Lépidoptères dans les deux sens indiqués? Une des conclusions de ce travail est de montrer que ces mécanismes sont multiples, souvent très complexes. et qu'ils varient beaucoup suivant les groupes que l’on considère; ils ont surtout leur siège dans les écailles. On admet, avons-nous vu, que les couleurs des Papillons sont de deux sortes : pigmentaires et optiques: ces dernières doivent leur coloration à des phénomènes de ! Nous ferons remarquer, à ce propos, que dans nos expériences d'alimentation (1905, 126). des cas absolument semblables ont été observés. Ainsi, pour ne eiter qu'un exemple, les chenilles de Lasiocampa quercus nourries de Lierre ont donné des Papillons mélanisants ou des Papillons alhinisants, suivant que l'adaptation de la larve à cette plante avait été facile on non. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 295 diffraction de la lumière ou à des phénomènes comparables à ceux que l'on connait, en physique, sous le nom de réseaux: c'est la structure striée des écailles qui décompose les radiations lumineuses, ainsi que l'ont démontré celles de nos expé- riences relatées p. 159; le plus souvent, un écran sous-jacent formé d’écailles fon- cées met en valeur l’action des rayons lumineux. Les autres couleurs sont dues à la présence d’un pigment coloré. Nos recherches sur la coloration des Papillons ont démontré que toutes les écailles de ceux dont la coloration est due à un pigment sont sériées et absolument identiques, quant à leur structure et quant à leur forme, à celles qui produisent les couleurs optiques. En outre, une fois détachées de l'aile et examinées au micros- cope, à la lumière directe, les écailles pigmentaires, pour peu qu'elles ne soient pas surchargées de pigment à tel point d'en être rendues opaques; décomposent les radiations lumineuses de la même façon que les optiques. Si les écailles les plus abondamment pourvues de matière colorante ne donnent pas lieu au phénomène optique, c'est grace à l’opacité qu'elles ont acquise, et l’on peut se représenter la chose, en imaginant un prisme ou un miroir machuré de couleurs: le premier ne décomposerait plus les radiations de la lumière et le second ne les réfléchirait pas davantage. Nous voyons donc qu'il existe une relation entre la quantité de pigment contenu dans les écailles et le pouvoir qu'elles ont de décomposer les vibrations lumineuses, et que ce pouroir croit en raison inverse de la quantité de pigment. Nous renverrons au travail lui-même pour la preuve que nous avons donnée de cette relation et le moyen de décoloration des ailes que nous avons employé pour établir cette preuve. Toutes les écailles ne contiennent pas la même quantité de pigment: celle-ci varie aussi suivant la teinte des dessins et avr plus clairs correspondent les écailles les moins pigmentées. Ce cas est presque général : la relation qui existe entre la teinte de l'écaille et son degré d’opacité est presque partout manifeste ; c'est ainsi que le pigment blane des Piérides colore à peine leurs écailles et qu'un pigment fauve, par exemple, s’il est très peu abondant, donne aux écailles l'illusion qu'elles sont blanches, Il faut que cette matière colorante fauve soit injectée en une certaine quantité pour que sa couleur soit apparente, et plus elle est abondante plus sa couleur est foncée, lors méme que le pigment n'a pas changé de nature. Nous avons vu que la surcharge d'un pigment fauve peut donner aux écailles une couleur brune, parfois assez foncée, et que la surcharge à outrance de ce même pigment peut leur donner une coloration d’un brun si foncé qu'il parait noir. Nous n'avons trouvé qu'un petit nombre de cas où des écailles de couleur claire soient quand méme opaques, et MÉM. SOC, PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL, 87 (1912). 32 256 ARNOLD PICTET nous signalerons, parmi ces exceptions, les écailles jaunes des Æhodocera, des Colias, etc. Or, les écailles faiblement colorées, ainsi que nous l’avons vu, décomposent avec facilité les radiations lumineuses, Mais, si l’on superpose deux de ces écailles. l'image ainsi produite est plus foncée que celle produite par une seule écaille prise isolément et celle de dessus cesse de donner lieu au phénomène optique. Cela nous montre que la couleur de l'aile est surtout dépendante de la quantité de pigment et non pas toujours de sa qualité. D'où un premier mécanisme du mélanisme : ## pigment de méme couleur donnera à l'aile une coloration d'autant plus foncée qu'il sera plus abondant et un premier mécanisme.de l'albinisme : wn pigment de méme couleur donnera à l'aile une coloration d'autant plus claire qu'il sera moins abondant. L'augmentation ou la diminution de la dose d'un même pigment peut parfaite- ment, suivant sa quantité, changer la couleur des écailles. C’est ce qui a lieu, entre autres, chez les Melitæa étudiées, où un seul pigment (fauve) existe pour colorer tous les dessins de ces Papillons; ces dessins sont blancs laiteux, jaunâtres, fauve, brun fauve, brun foncé, et, suivant que les écailles en contiennent une infime quan- tité (taches d’un blanc laiteux) ou qu'elles en sont surcolorées de façon à être rendues opaques (taches d’un brun foncé ayant l’aspect du noir), on obtient tous les tons des autres taches, d'après la teneur en matière colorante des écailles qui les forment. Et, ce que nous avons montré pour les espèces du genre Melitæa, nous l'avons retrouvé encore pour d'autres (Selenia tetralunaria, Lasiocampa quercus. etc.) de même que pour beaucoup d’aberrations naturelles ou obtenues d'expériences. Un second mécanisme réside dans la proportion numérique qui existe entre les écailles de deux couleurs différentes qui forment un ou plusieurs dessins. Ainsi, D'ieris rapæ (blanche) devient, par mélanisme, grisatre, surtout dans la région proximale des ailes. Dans les exemplaires normaux, le blanc des ailes est toujours accompagné de quelques écailles noires, mais en petit nombre : dans les aberrations le nombre des écailles noires augmente. Dans ce cas, la variation n’est que l’accen- tuation de l’état de choses général. Du reste, chez les Piérides, nous avons montré que pour former les taches grises, il n'existe pas de pigment gris, mais bien une combinaison d’écailles noires et de blanches. Dans d’autres espèces, une combi- naison d’écailles rouges et de jaunes donne la couleur orange, d’écailles rouges et de blanches. la couleur rose, etc.; un mécanisme analogue existe pour toutes les espèces qui comportent au moins deux couleurs. Le phénomène de décomposition des radiations lumineuses, que chaque écaille peu pigmentée est susceptible de produire dès qu'elle est détachée de laile, ne se présente pas avec autant de vigueur sur les ailes entières; cela provient, en pre- mier lieu, de ce que les écaillles sont superposées, comme les tuiles sur un toit et, MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LEPIDOPTÈRES 9257 en second lieu, de ce que chaque face de Paile contient une couche d'écailles ainsi disposées. Ces deux dispositions sont suffisantes pour donner à l'aile une opacité assez grande pour entraver, le plus souvent, la production du phénomène optique. Cependant les ailes de tous les Papillons à pigment peu abondant présentent cer- tains reflets métalliques qui sont une conséquence de ce phénomène. Le pouvoir qu'ont les écailles peu pigmentées de décomposer les radiations lumineuses peut constituer, malgré l'organisation de l'aile, un autre mécanisme de l’albinisme. En effet, lorsqu'un certain nombre d'écailles d’une partie foncée ont moins de pigment que aormalement, la partie où cela se présente se trouve, ainsi, parse- mée d'autant d'atomes brillants, qui contribuent à éclaircir la teinte de cette partie. Ce cas a été rencontré parmi les individus albinisants de plusieurs de nos expé- riences et observé, dans d’autres cas d’albinisme naturel, parmi les espèces du genre Argynnis. L'albinisme partiel est souvent produit par un phénomène auquel nous avons fait aliusion au cours de ce travail et qui est intervenu dans la production de quel- ques-unes des aberrations obtenues. Il S’'agit d’une sorte de sélection opérée pur les écailles parmi celles des vibrations lumineuses qui sont décomposces. Enfin, un mécanisme de l'albinisme trouve encore son origine dans un phéno- mène optique. Les écailles, avons-nous vu, ne contiennent pas toutes la même quantité de pigment, et il s'en trouve même qui sont presque vides: chez les Papillons devenus albinisants sous l'influence de la température, le nombre des écailles de ce genre est souvent assez grand. Or, parmi celles-ci, nous en avons parfois trouvé une bonne quantité, qui, au lieu d'être planes, comme c'est le cas général, ont acquis une surface bombée, convexe ; loin de décomposer les radiations lumineuses, elles réféchissent la Lomière blanche. D'où cela peut-il provenir? On conçoit que, sur une surface bombée, les stries soient disposées, par rapport à la direction de la lumière, selon un autre angle que les stries disposées sur une surface plane: €’est sans doute à cette disposition particulière qu'est due la production de la couleur blanche: en effet, au lieu de décomposer les radiations lumineuses, ces écailles les réfléchissent toutes, et reproduisent, avec une faible irisation, la lumière blanche. Du reste, l'examen micros- c'est-à-dire lensemble des radiations lumineuses. copique des ailes entières confirme la chose; les écailles bombées de cette façon se montrent blanches, malgré le pigment dont elles sont colorées: l'aile élant parsemée d'une certaine quantité d'éléments blancs, ce sont eux qui contribuent à l’éclaircir. Chez Selenia tetralunaria, ce phénomene se présente à l'état normal, 258 ARNOLD PICTET Nous voyons ainsi que certains phénomènes d'optique jouent parfois un grand role dans la production de lalbinisme; en outre, ils contribuent souvent à modifier la couleur réelle des Papillons et à la faire apparaitre à nos veux différemment de ce qu'elle est réellement. En dehors des mécanismes optiques et de celui qui provient de l'abondance plus où moms grande d'un pigment donné, nos recherches mettent en évidence une quantité d’autres modes. Nous allons les passer en revue, PRODUCTION DU MÉLANISME. 1° Le pigment, de méme couleur que normalement, est umassé en plus grande quantité dans les écailles. C’est ce que démontre l'examen des écailles d'individus mélanisants compara- tivement avec les écailles des mêmes parties, prises chez les individus normaux. Chez les premiers, les écailles sont beaucoup plus opaques que chez les seconds : elles montrent en conséquence qu'elles ont reçu une plus grande quantité de matière colorante. Pour prouver que le pigment n'a pas modifié sa qualité, il suffit de superposer deux écailles prises chez les individus normaux ; on obtient, de cette facon, une image plus foncée, qui est de la teinte des individus mélanisants. La surcharge pigmentaire, telle que nous l'avons observée chez presque toutes les espèces étudiées, c'est-à-dire le fait qu'une écaille est plus richement colorée que d'habitude par le pigment normal, est un des mécanismes du mélanisme les plus répandus. C’est lui qui peut changer le jaune en fauve et en brun, le rouge en brun et le brun en noir. 20 Le pigment n'est pus amassé en plus grande quantité, mais se modifie par une oxydation plus forte, qui le rend plus foncé. C’est le mécanisme mis en évidence par certains auteurs. En ce qui concerne nos recherches, par exemple dans les aberrations mélanisantes de Pieris napi, le pigment blanc normal devient jaune : les écailles, devenues jaunes et mélangées avec un petit nombre d'écailles noires normales, produisent la teinte brune caractéristique de certaines de ces aberra- tions. De même pour celles à teinte jaunatre d’Aperia cratægi : de même encore pour plusieurs aberrations expérimentales, telles que les Pieris rapæ devenues Jaunes; ici, le pigment blanc s'est modifié en jaune. Dans le cas des formes mélanisantes de Parnassius mnemosyne, le pigment blanc peut devenir noir. Nous signalerons encore lexemple des femelles de Lasiocanmpa quercus, dont la matiere colorante fauve se modifie pour devenir brune. ou brun foncé, ou aussi brun rouge, etc. MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 299 3° Lorsque deux couleurs sont représentées, une claire et l'autre foncée, le nombre des écailles foncées augmente. Ce mécanisme montre que, dans la variation mélanienne, le pigment foncé pénètre dans des écailles qui, normalement, auraient dû recevoir le pigment clair. C'est de cette façon, par exemple, que se produit la tente grise à la racine des ailes des Pierides, par augmentation du nombre des écailles noires au milieu des blanches. Les exemples de ce genre sont nombreux. 4 Les écailles, sans posséder un pigment plus foncé que normalement, deviennent plus nombreuses, et, comme elles sont placées sur une aile qui n'a pas augmenté de surface, elles chevauchent davantage les unes sur les autres, en pro- duisant ainsi un renforcement de la teinte. Nous avons vu, en effet, que deux écailles superposées donnent une image plus foncée que lorsqu'elles sont isolées: le plus grand chevauchement produit le même effet. Ce cas est dificile à apprécier, par le fait qu'il n'est pas commode d'évaluer le nombre des écailles qui recouvrent une aile de Papillon. Cependant, en comparant plusieurs individus foncés, avec d'autres de méme espèce et plus clairs, on peut se rendre compte que le chevauchement des écailles est souvent moins fort sur les ailes de ces derniers (Ærebia). Chez certains spécimens où les nervures sont accompagnées d'une zone plus foncée, cette der- nière contient souvent des écailles en plus grande quantité que d'habitude. 5° Les écailles augmentent de taille, sans posséder un pigment plus abondant ou qui soit d’une autre teinte que le pigment normal. Le chevauchement, de même qu'au n° 4, est plus fort et le résultat en est encore le renforcement de la teinte. Ce mécanisme est peu répandu ; nous l'avons constaté, cependant, chez Pieris brassicæ, P, rapæ, Aporia cratægi, Melitæa aurinia, M. Cinxia, Lasiocampa quercus, Ocneria dispar. ete. En outre, il peut se faire que les écailles, en devenant plus erandes, changent de forme, comme cela a été le cas chez certaines aberrations expérimentales de femelles de Bombyr neustria. 6 Les poils, devenant plus nombreux, assombrissent l'aile, à la condition que leur couleur soit normalement foncée. De même que pour les écailles, ils peuvent recevoir une dose plus grande du pigment normal: leur matiére colorante peut aussi se modifier et devenir plus foncée. Nous ne saurions trop rappeler que la surcharge pigmentaire peut modifier Ia couleur d’une aile, Sans, pour cela, que le pigment se soit modifié lui-même, Si, d'une part, une écaille colorée d’un pigment jaune devient, par surcharge pigmen- taire, jaune foncé, d'autre part, une écaille fauve, par le méme procédé et sans modification du pigment, deviendra brune. Les exemples de Melitæwa, et d'autres que nous avons signalés, sont sous ce rapport concluants. 7° Lorqu'une des faces de l'aile est pale, par le fait de la petite quantité de pigment de ses écailles, elle peut paraitre plus foncée qu'elle n'est en réalité, si 260 ARNOLD PICTET l’autre face, par un des mécanismes indiqués, s’assombrit elle-même. Prenez une feuille de papier blanc, légèrement transparente, elle se montrera dune teinte plus foncée, voire même d’une autre couleur, si vous placez immédiatement au-dessous quelque objet plus foncé, ou quoi que ce soit de coloré. Ce cas est assez répandu pour assombrir certains dessins. (Pieris napi, Aporia cratægi, etc). PRODUCTION DE L'ALBINISME, 1° Le pigment, de même couleur que normalement, est amassé en moins grande quantité dans les écailles. Ce mécanisme est le plus fréquent parmi ceux qu'ont mis en évidence nos expériences et nos recherches. C’est aussi celui dont il est le plus facile de se rendre compte par l'examen microscopique et par les méthodes habituelles de superposition de deux ou plusieurs écailles, de même que par la décoloration des ailes au moyen de la potasse caustique. Chez les Papillons modifiés de cette manière, le phénomène de décomposition des radiations lumineuses joue, parfois, un certain role dans l’éclaircissement de leurs couleurs. En second lieu, la dimi- nution de la dose de pigment normal peut atteindre un tel degré que les écailles deviennent transparentes; elles paraissent alors comme blanches, avec des reflets métalliques. Or, lorsque l'aile est parsemée d’un certain nombre de ces écailles elle est nécessairement plus claire que normalement par le fait de l’introduction de ces éléments blancs dans les dessins. Comme exemple, nous signalerons, entre autres, les Vanessa urticæ chez lesquels les taches noires sont devenues grisâtres; cette teinte grise est due, parfois, à la combinaison d'écailles noires et d’écailles inco- lores, alors que chez les individus normaux il n'entre que des noires dans la consti- tution de ces taches. C’est ce mécanisme qui contribue à rendre roses les ailes rouges, jaunes les ailes fauves. etc. C’est lui, encore, qui produit l’éclaircissement de tout ou partie de l’aile, de certains dessins ou seulement de la couleur du fond, etc. La paleur acquise de cette façon est souvent telle, que les ailes paraissent presque blanches. On trouvera de nombreux exemples semblables dans ce mémoire. La rareté pigmentaire des écailles, sans réduction de leur taille, a été souvent constatée ; lorsque cette rareté devient générale à un groupe de plusieurs écailles, la partie de l’aile qui le supporte devient transparente, pourvu que la même modi- fication se produise immédiatement au-dessous, à la face inférieure: elle devient plus claire, si la même modification ne se présente pas au-dessous. Les écailles peuvent être absolument incolores; un groupe de ces écailles constitue un dessin qui MÉLANISME ET ALBINISME CIEZ LES LÉPIDOPTÈRES 261 parait blanc, pourvu que la partie de l'aile située immédiatement au-dessous ne soit pas trop foncée. 20 Le pigment n'est pas amassé en une moins grande quantité, mais ilest d'une coloration moins foncée que normalement. (Mêmes exemples que pour le mélanisme.) Ce cas est difficile à constater. 30 Lorsque deux couleurs sont en combinaison pour former un dessin, lune claire et l'autre foncée, les écailles claires augmentent en nombre. Ce mécanisme est facile à comprendre: e’est celui qui produit, entre autres. le blanchiment de la tache apicale et de la racine de laile des femelles de Pieris rapæ, de Leucophasia Sinapis, ete. La disparition des taches est due au fait que les écailles blanches sont presque les seules qui existent. Le rapport numérique entre les unes et les autres détermine la teinte de la tache. C’est aussi un mécanisme très répandu dans la production des formes albinisantes. 49 Diminution du nombre des écailles: le chevauchement moindre qui en résulte produit l’éclaircissement de l'aile, ou des régions seulement où les écailles sont moins nombreuses. D Diminution de la taille des écailles; chevauchement moindre d’où résulte encore l’éclaireissement. Ces deux derniers mécanismes, mais tout spécialement le cinquième, sont excessivement répandus parmi les Lépidoptères albinisants, et surtout parmi ceux qui proviennent d'expériences. Les écailles peuvent diminuer de taille à tel pont qu'au lieu de chevaucher les unes sur les autres c'est à peine si elles se touchent : elles laissent donc entre elles des espaces vides, qui ne contiennent aucune colora- tion et qui, en outre, laissent filtrer la lumière à travers la membrane alaire. Ces deux raisons expliquent suffisamment le mécanisme de l'albinisme qui provient de la diminution du nombre ou de la taille des écailles. Lorsque le nombre des écailles diminue dans de larges proportions, aux deux faces de l'aile, et elles peuvent, dans ce cas, devenir également plus petites. l'aile devient fransparente. Cette transparence peut se présenter dans certaines régions de l'aile, comme elle peut aussi s'étendre à l'aile entière. La transparence d'une des faces seulement lui donnera la coloration de l’autre face et sera un cas d’albi- nisme si cette autre face est pale. A la diminution de la taille et du nombre des écailles peut s'associer aussi l'insuffisance de la dose de pigment; chez certains individus transparents, tel que l’exemplaire de Vanessa urticæ figuré PI. 3, fig, 9, et d'autres, les écailles sont petites, rares et sans pigment. Une question se pose à ce propos: les ailes transparentes doivent-elles être considérées comme albinisantes ? Evidemment, puisqu'elles possèdent, en moins grande quantité, les éléments colorés, et que les écailles incolores apparaissent 2692 ARNOLD PICTET comme blanches. Cependant les quelques cas exceptionnels signalés chez les Lasio- campa quercus et les Fanessa urticæ, dont les ailes brunes et fauves sont devenues, sous l'influence de la température, transparentes avec des écailles noires, montre que cette transparence ne devrait être considérée comme un cas de commencement d'albinisme, qu'en tant que les écailles w'acquièrent pas une coloration plus foncée que normalement. D'autres Lasiocampa quercus et d'autres Vanessa urticæ, on s’en souviendra, se rattachent à la règle générale et sont nés de nos expériences avec des ailes transparentes, avec écailles peu où pas pigmentées. 6° La taille et le nombre des écailles ne diminuent pus, mais celles-ci se rabougris- sent, se replient en élevant leurs deux bords latéraux. De cette façon se produisent entre les écailles des espaces sans coloration qui jouent le même role qu'aux n° 4 et 5. La déformation des écailles, le plus souvent alliée à la réduction de leur taille, ne se fait pas selon des règles positives; en consultant les figures de la PI. 5, on pourra se rendre compte de la chose. Les dents disparaissent très souvent et cette dispa- rition peut être la seule modification appréciable; parfois les écailles, en diminuant de taille, affectent une forme régulière, lancéolée ou arrondie et d’autres fois elles deviennent absolument informes, ratatinées, rabougries, à contours irréguliers. T° Parmi les écailles modifiées, il S'en trouve un certain nombre qui sont vides. et ne donnent, à l'aile, aucune coloration. De cette facon l'aile se trouve parse- mée d'éléments blancs ou incolores, ce qui contribue à l'éclaircir considérablement lorsque le nombre des écailles vides est conséquent. Ce cas est également très fré- quent; nous l’avons signalé chez bon nombre d'individus albinisants. Su Les poils deviennent moins nombreux ; cela éclaircit la teinte de l'aile Si s'agit de poils foncés. TS sont, parfois, colorés par un pigment plus clair que le normal où possèdent moins de matière colorante. Nous devons revenir sur la question de la transparence des ailes, en ce qui concerne maintenant certaines espèces où cette transparence est normale (Aporia cralægi © et les diverses espèces du (renre Parnassius). Nous avons constaté que les écailles qui se trouvent dans les parties normalement transparentes, non seule- ment sont en petit nombre, mais qu'elles sont toujours d'une taille inférieure aux écailles des parties opaques. I est intéressant de voir qu'un état de choses normal (réduction de la taille des écailles) se retrouve chez les espèces opaques. dès que celles-ci deviennent transparentes sous l'influence de la température. 4 MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 926: Combinaison d'écailles optiques et dl'écailles piqgmentaires. Nos recherches ont montré que, parfois, certains dessins ont une couleur différente de celle de leurs pigments. Ainsi, les taches vertes du dessous d’Antocharis cardamines et de beaucoup d'autres Piérides ne contiennent pas d'écailles vertes; cette couleur est due à une combinaison d'écailles jaunes et de noires à reflets bleus provenant de la décomposition des radiations lumineuses. Les belles couleurs des ocelles de Vanessa io sont dues, de même, à une combinaison d'écailles optiques et de pigmentaires. Pour constituer les parties bleues de ces ocelles, ce sont des écailles à pigment blanc, mais assez peu pigmen- tées pour donner lieu au phénomène optique, qui sont disposées au-dessus d'écailles noires. Ces dernières forment un écran qui met en valeur les effets de la Inmiere, Pour former les parties violettes de ces ocelles, les écailles blanches à reflets bleus sont en combinaison avec des rouges. Enfin, de quelques-unes de nos expé- riences, nous avons obtenu des exemplaires de Vanessa io avec des ocelles verts. Cela provient du fait qu'une quantité d'écailles jaunes entrent en combinaison avec les blanches à reflets bleus. Des combinaisons de ce genre sont fréquentes : on conçoit la variété des cas qui peuvent se présenter. Quelques auteurs se sont occupés de lalbinisme et du mélanisme chez les Lépidoptères. H. FEDERLEY (190$, 36), après avoir étudié la première de ces deux modifications chez quelques aberrations trouvées à l’état naturel, arrive sensible- ment aux mémes conclusions que nous, en ce qui concerne la réduction du nombre et de la taille des écailles. Pour lui, de même que pour nous, la production de Falbi- nisme proviendrait encore d'une quantité insufhsante de pigment. Pour M. STANDEUSS (1896, 164), la quantité insuffisante de matière colorante ne doit être considérée que dans quelques cas spéciaux, où elle fait alors totalement défaut, tandis que c’est bien plutôt dans la gualité du pigment, lequel n’atteint pas le degré de coloration voulu, que lon doit rechercher l'erigine de l'albinisme,. En réalité, les deux mécanismes sont justes, ainsi que nous l'avons démontré, Dans quelques cas, la production de formes plus claires que normalement est due au fait que c'est la matière colorante elle-même qui, tout en se trouvant en quantité suflisante dans les écailles, #'« pas atteint le degré de coloration voulu. Cependant ce mécanisme ne semble pas être très fréquent, tandis que les cas, où l'albinisme est MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 264 ARNOLD PICTET dû à l’énsufjisante quantité du pigment de couleur normale, sont beaucoup plus répandus. J, W. Turr (1899, 170 à), qui est connu comme adepte fervent de la théorie de la sélection naturelle, donne de Palbinisme une explication toute darwinienne, De méme qu'il pense, avec raison, que le mélanisme des Lépidoptères, si répandu en Angleterre, est une conséquence de l'essor de l'industrie qui, dans le voisinage des grands centres, recouvre tous les objets d’une suie noire, en sorte que l’obs- curcissement du substratum concoure à l'élimination des formes qui ne sont pas foncées, il explique aussi l’albinisme par la théorie de la sélection naturelle, dans les pays calcaires par exemple, où la couleur blanche ou grise donne aux variétés ainsi colorées, dans leur lutte pour l'existence, un avantage sur les variétés foncées. D'autre part, le même auteur voit la cause de l’albinisme dans un processus physiologique de l'organisme, au moyen duquel l’hémolymphe ne développerait pas de pigment, en sorte que les écailles vides ne contiennent que de l'air; c’est cela qui leur prête cette couleur blanche. Nous avons démontré encore que ce mécanisme est assez fréquent, surtout dans les modifications albinisantes provenant d’expé- riences. P. DENSO nous à informé que l’albinisme partiel de certains Rhopalocères est dû à une modification spéciale qui se produit dans la forme des écailles : celles-ci, au lieu de rester planes, se courbent en élevant leurs bords latéraux. Mais les recherches intéressantes de cet auteur ne nous donnent cependant pas de notions sur la quantité ou la qualité du pigment qui colore ces écailles ainsi déformées. Toujours est-il que le mécanisme qui produit, dans ce cas, l’albinisme, et que nous avons du reste observé nous-même, peut se rattacher à un de ceux que nous avons mis en évidence. En effet, en ayant leurs bords surélevés, les écailles couvrent une moins grande superficie et ne se touchent plus les unes les autres; elles laissent par conséquent entre elles des espaces non colorés et par lesquels la lumière peut filtrer: cela aide encore à l'éclaircissement de l'aile. Du reste, les cas étudiés par DENSO ne sont pas Hancs, mais d’une teinte normale excessivement pâle. Les auteurs ont voulu voir une différence entre lalbinisme total, où Paile est entièrement frappée de pâleur et l'albinisme partiel, qui s'en distingue en ce qu'il n'apparait que sur certaines parties de l'aile. Nos recherches montrent suffisamment que le premier n’est qu'une généralisation du second et que, par conséquent, l’un et l’autre sont de même nature. Reste à savoir, maintenant, si les termes mélanisant et albinisant sont justifiés et s'ils indiquent d’une facon exacte les différents degrés de la variation des Papillons, ds là dr : MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 265 Nous avons vu que cette variation procède toujours par des degrés successifs de coloration et que chaque dessin peut, séparément, acquérir la teinte de colora- tion maximum (brun foncé ou noir) ou de décoloration maximum (blanc). Ainsi, considérons une espèce de Papillon dont les ailes sont ornées de trois couleurs : fauve, brun et noir. Nous savons, d’après les exemples qui ont été signalés, que, pour varier dans le sens du mélanisme, les dessins fauves de ces Insectes devien- dront bruns et les ailes ne possèderont plus, alors, que des dessins de deux couleurs : bruns et noirs. Or, les dessins bruns, par surcharge pigmentaire, peuvent à leur tour, dans certains cas, acquérir une coloration si foncée qu'elle nous parait noire et le Papillon en question, devenu totalement noir, sera alors frappé de mélanisme complet. C’est un cas analogue qui se rencontre chez les Melitieu, avec six couleurs où teintes différentes produites par un seul pigment; c'est encore le cas de lab. lugens, de Melanargia galathea, avec deux couleurs, et de tant d'autres espèces à ailes ornées de deux ou plusieurs couleurs et dont certains individus deviennent uniformément bruns ou noirs, par le fait de la surcharge pigmentaire de chacune des parties de l'aile. Or, c’est précisément à un stade intermédiaire entre le Papillon normal et sa variété frappée de mélanisme complet que s'arrête presque toujours la coloration des individus qui se modifient dans ce sens. Les cas où la surcharge pigmentaire devient suffisante pour transformer tous les dessins en noir sont, en effet, très rares. Des lors, il nous à paru logique de désigner ce stade intermé- diaire si répandu par le terme de mélanisant. Inversement, le défaut de coloration peut amener chaque partie de Faile à devenir blanche où d’une paleur telle qu'elle constituerait l’albinisme parfait, si toutes les parties étaient ainsi modifiées. Ce défaut de pigmentation n’est que tres rarement suffisant chez les Lépidoptères pour atteindre cet extréme; le plus sou- vent, quelques parties de l'aile sont suffisamment dépouvues de matière colorante pour paraitre blanches, les autres conservant leur couleur normale, quoique atténuée, Ce sont les individus qui constituent ces passages entre l'espèce et sa variété frappée d’albinisme complet (et ils sont excessivement répandus) pour lesquels le terme d’albinisant est indiqué. Dès lors, la variation des Papillons apparait comme des plus simples : Tel individu qui, au cours de son ontogénie, fabrique moins de pigment que ses congé- nères, devient albinisant. Inversement, il devient mélanisant, lorsqu'il fabrique davantage de pigment que normalement. Le degré de décoloration et de surcolora- tion des parties est calculé par le degré de production pigmentaire, bien plus que par des modifications chimiques apportées au pigment lui-même. A cette conception de l'origine de lalbinisme et du mélanisme plus ou moms complets, mais pouvant, parfaitement, dans les cas extrémes, devenir complets, 266 ARNOLD PICTET ainsi que nous en avons eu quelques exemples, viennent s'ajouter d'autres méca- nismes qui résident dans la taille et le nombre des écailles, dans la production de phénomènes d'optique et dans la transformation du pigment normal en un pigment d'une autre teinte. Mais, de tous ces mécanismes, c'est certainement celui de l'insufisance du pigment normal, où de la surcharge de ce même pigment, qui est le plus répandu. Ces recherches confirment, en une certaine mesure, un fait qui semble étre assez général parmi les animaux : à savoir que le mélanisme est un signe de viqueur et de santé et que l'albinisme, au contraire, dénote un affaiblissement de l'organisme. En effet, tous les caractères qui accompagnent le mélanisme chez les Lépidop- teres sont des caractères de santé et de vigueur : plus grande abondance de pigment, accroissement de la taille des écailles, parfois leur augmentation en nom- bre. Souvent les Papillons mélanisants, surtout parmi ceux obtenus d'expériences, sont bien constitués, d’une taille supérieure à la normale, quoique pas toujours; les femelles ont le plus souvent l'abdomen volumineux, avec abondance d'œufs. Très rarement les Papillons mélanisants naissent avortés. En outre, chez les Bombyciens, la pilosité augmente dans de larges proportions. Au contraire, les caractères qui accompagnent l'albinisme sont tous des saractères daffaiblissement : moins grande abondance de pigment, diminution du nombre et de ia taille des écailles qui, fréquemment, se déforment, se rabougrissent, se replient sur elles-mêmes, s’atrophient. Souvent les Papillons albinisants naissent eux-mêmes atrophiés, leurs ailes ne pouvant se développer complètement, faute de force suffisante ; leur taille est parfois inférieure à la normale et l'abdomen des femelles est, le plus souvent, gréle, avec peu où pas d'œufs. En outre, chez les Bombyciens, la pilosité diminue considérablement. STANDEUSS (1896, 164) admet pleinement l'hypothèse que l’albinisme dénote un affaiblissement incontestable d'énergie vitale. Ayant eu l’occasion d'élever des chenilles frappées d’albinisme, il trouva que leurs Papillons possédaient des carac- tères de paleur et il en conclut, avec raison, que l’origine de la décoloration des adultes doit être recherchée dans le développement physiologique de la chenille. C’est, en effet, ce qui s’est présenté dans nos expériences antérieures relatives à l'influence de lalimentation des chenilles sur la coloration des Papillons (1905, 126). Les chenilles qui furent insuffisamment nourries où qui eurent à consommer des feuilles qu’elles avaient de la peine à entamer, en sorte qu'elles ne pouvaient les ingérer en suffisante quantité, palirent dans la plupart des cas; leurs Papil- lons, en outre de la forte diminution de taille qu'ils présentent, sont tous frappés MÉLANISME ET ALBINISME CHEZ LES LÉPIDOPTÈRES 267 d'albinisme plus où moins complet, allant parfois jusqu'à la transparence de l'aile. Mais ce qui, surtout, semble montrer que lalbinisme est la résultante d’une sorte d'anémie de l'organisme, c’est le fait, observé principalement avec Ocneria dispar. que les modifications albinisantes et la réduction de la taille des sujets s'accentuent encore aux générations subséquentes, lorsque le régime restreint est continué. Mais, au bout de quatre générations, les chenilles finissent par s'habituer aux feuilles difficiles à ingérer ; elles ne souffrent plus de ce régime en sorte qu'elles reprennent leur vigueur, leur taille et leurs couleurs habituelles et que leurs Papillons sont à nouveau bien conformés, avec la teinte normale. Ces expériences d'alimentation confirment encore l'hypothèse de STANDEUSS, à savoir que l’albinisme des Lépidoptères prend son origine dans la chenille, puis- que la différence de régime n’a pu atteindre les chrysalides, celles-ci ne se nourris- sant pas. Nos expériences de température sur certaines chenilles, alors que leurs chrysalides sont restées dans le milieu normal, démontrent encore cette hypothese. Cependant, les modifications albinisantes et.mélanisantes des Papillons pren- nent aussi naissance dans la chrysalide seulement. C’est ce que montrent les expé- riences où la température, où d’autres facteurs, ont agi sur celle-ci, alors que les chenilles sont élevées dans les conditions normales, La théorie relative au degré de force et de vitalité, dont les modifications albines et mélaniennes seraient l'indication, étant établie, devons-nous nous étonner que, dans presque chacune de nos expériences, le même facteur produise les deux sortes de variation ? Ainsi, des chrysalides sœurs placées exactement dans les mêmes conditions expérimentales, réagissent de deux facons différentes, les unes pour produire des Papillons mélanisants et les autres des albinisants; en outre, certains sujets possèdent à la fois les deux sortes de caractères. Cette observation parait, en effet, devoir surprendre. Mais elle ne doit cepen- dant pas infirmer la théorie en question; car il est admissible que, parmi les mdi- vidus expérimentés, appartenant à une même espèce, il se trouve au moins frois variétés physiologiques dont lune à son développement facilité par la température, tandis que l’autre est, au contraire, génée par l'influence thermique. Entre ces deux, nous considérons un grand nombre d'individus indifférents et qui sont ceux qui ne se modifient pas. Quant aux aberrations à la fois mélanisantes et albini- santes, nous devons voir, en elles, les effets de processus physiologiques localisés. Un point resterait à traiter; est celui de savoir si la taille et la forme des écailles est due au fait de la pression sanguine, ainsi que plusieurs auteurs et, entre autres, H. FEDERLEY (1905, 35) l'ont montré. Il est naturel de penser, en effet, que le sang pénétrant dans l’écaille alors que celle-ci est encore molle, puisse 268 ARNOLD PICTET la distendre plus où moins, suivant que la pression est plus où moins forte. Nos recherches ne s'étant pas portées sur ce sujet qui. du reste, est secondaire dans la question qui nous occupe, nous ne pouvons nous faire une opinion. Dans quelques- uns des cas d'individus mélanisants, nous avons constaté l’augmentation de la taille des écailles, mais sans qu'il se soit produit de surcharge pigmentaire; d'autre part nous avons démontré que des écailles avec forte surcharge de matière colorante, n'ont pas, pour cela, augmenté de taille, et, dans un petit nombre d’exceptions, c’est la réduction de la taille des écailles qui concorde avec une surabondance de pigment. Il est vrai, par contre, que dans la plupart des aberrations albinisantes, la réduction de la taille des écailles correspond à la diminution de la dose de pigment, ou méme à l'absence complète de celui-ci. Nous ne savons S'il existe une corréla- tion entre la quantité de matiere colorante et la quantité de sang injecté qui contient celle-ci, en sorte que ce que nous venons de dire n'infirme pas, d'une manière absolue, la théorie de la pression sanguine. Une dernière conclusion qui découle de ces expériences concerne la phylogé- nie des Lépidoptères. Sous l'influence de la température, et aussi de la nourriture des chenilles, les caractères pigmentaires considérés comme distinctifs des espèces se modifient avec une étonnante facilité, pour arriver même à disparaitre complète- ment. Mais il est certains caractères que l'expérience n'arrive pas à amoindrir ou à modifier : ce sont ceux qui se retrouvent parmi plusieurs espèces d'un groupe ou d'un genre. Le pot discoïdal de Lasiocampa quercus et le V discoïdal d'Ocneria dispar Sont dans ce cas, et nous sommes en droit d'admettre que ces dessins sont plus anciens, puisque plus stables et communs à plusieurs espèces, que les autres caractères. Dans ce domaine, l’expérimentation peut apporter une précieuse contri- bution à la systématique, en montrant quels sont ceux des caractères qui résistent le mieux et qui sont, par conséquent, plus anciens et plus propres à différencier les espèces, que ceux qui s’effacent et se modifient facilement ; ces derniers différen- cieront les formes les plus nouvelles, c’est-à-dire les variétés. 19 _ 6. 10. . BenGe, FE, Atlas colorié des Papillons d'Europe (Traduction française par J. pe Joan). 14: 1. 15. 16. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE AGasstz, G. Etude sur la coloration des ailes des Papillons. Lausanne, 31 p., 1903. Acrme, E. À propos d'albinisme chez les Vertébrés. Feuille J. Natur., p. 17-18, 1906. Bacametsew, P. Erperimentelle entomologische Studien vom physikalischehemischen Stand- punkt aus. Vol. T, Leipzig, 1904. in. P, Ærperimentelle entomologische Studien vom physikalischehemisehen Standpunlit aus. Vol. 11, Leipzig, 1907. Ban, M. Weber Bau und Farben der Flügelschuppen bei Tagfalter. 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Beobachtungen von Compensationsvorgängen in die Farbenzeichnung. bezw unter den Schuppenfarben an durch thermische Etinwirkung entstandenen Aberrationen und Sub- species einiger Vanessa-Arten Erwüqungen darüber und über die phyletische Recapitula- tion der Farbenfelderung in der Ontogrnese. Zoo!. Anz., XIX, 163-17#, 177-185, 201- 206, 1896. 176. ww. Action du froid el de la chaleur sur les cocons de Vanessa. Arch. Sc. Phys. et Nat. IV, p. 486-487, AR97. 177. 10. Æxperimentelle Ergebnisse der Schnürung von nach weiche Pappen der Vanessa uricæ quer über die Elügelchen. Zool. Auz., XX, p. 487-501, 1897. 178. 10. Ævnige Bemerkungen über meine durch Schnürung noch wercher Vanessa urlicæ Puppen erhallenen Furbenveränderungen der Fallerschuppen. Soc. Ent., XII, p. 33-3%, 1898. 179. 10. Ergebnisse von Temperalur-Erperimenten an Vanessa 10. WI. Zeitsch. F. Entom., 1898. 180. 10. Méltheilungen über die diesjährigen aberratioen und chromutotarachaschen Versuchs- ergebnisse an einigen Species der Vanessa-Fuller. Fase. suppl. Revue. Suisse Zool., V. Bull. Soc. Zool. Suisse, 1898. IS1. 1. Sur quelques échantillons aberrants obtenus dernièrement soit de Vanessa urlicæ, soit de Vanessa io. C. R. trav. 81e Session Soc. Helv. Se. Nat., p. 88-89, 1898. 182. 10. Kennzeichung und krilische Bemerkungen über Terminologisches, Wärmeenergetisches und Farbenevolution meiner erziellen A berrationen von Vanessa io und urlicæ. Zool. Anz., NXII, p. 121-123, 1899. 183. Venus, C.-E. Ueber Vartelüten-Zucht. Corresp. BL. d. Entom. Vereins Iris, 1, p. 209-210, 1888. 184. Venuocer, C. Die Verbreitung des schiwarzen Pigment her Tracheaten. Ent. Nachr., XXI, p. 230-236, 1897. 185. Wacxer, N. Znfluence de l'électricité sur la formation des pigments el sur la forme des ailes des Papillons. C. R., LXE, p. 170. 1865. 186. WEISMANN, A. Studien zur Descendenz-Theorie : 1. Ucber den Suison-Dimorphismus der Schmetterlinge. Leipzig, 95 p., 2 pl., 1875. 187. 10. Séudien zur Descendenz-Theorie : LL. Ueber die letzten Ursachen der Transmulationen. Leipzig, 336 p., 5 pl., 1876. 188. in, Neue Versuche zum Suison-Dimorphismus der Schmetlerlinge. Zool. Jahrbücher, Abt. f. Syst., VII (tirage à part, 74 p.), 1895. TABLE DES MATIÈRES PREMIÈRE PARTIE : LE MÉCANISME ET L'ALRINISME DES LÉPIDOPTÈRES D'APRÈS LES RECHERCHES DES AUTEURS. Pages. Chapitre 1. — Coloralion des ailes des Papillons... . . . . . . . . . 111 DEXCONEUTS ONIQUESS EE ER : DE PAIN TT OT Se 113 PERTCOUIOUTS) IPN TITRES PE ET CR LUS: CU USE LU de 115 LEONE GO TE RENE, Le SO NO ET EC NE OO TC L (0 Chapitre 1. — De la variation par mélanisme et albinisme. à Fétat naturel. 117 Variation dealconteur s'énérale de l'ale "#0. Oo n. 117 VATIANON Te TENNIS LANCE NE RE NN TS NTI N, 118 Variation par mélanisme et albinisme des parties de l'aile . . . . . . . . . 120 La variation des Lépidoptéres en rapport avec leur distribution géographique . . . 122 Chapitre HE. — De la variation par mélanisme et albinisme des parties, d'après les erpe- DPRESTIEN NUIE UT ERREUR Pons CC PRE ER NT Em RTE (AT 22, 125 MPADIMONNTISNIESSISONTIEl EN CT PT TD PS ET D 125 B. Influence de l'humidité et de la sécheresse. , . . . . . . . . . . , 128 C. Influence de la température . . . SE 65 0 ST ACHETE SEP 130 DAintuenceideilatlumiere nr 25,000 CN 1, 0: ; EU VAUT UC 139 Eainitente/testasentsSiCHQUES EE EU, ANUS MM Ce à 140 Hoiniuenee delanourniiure AS PRE Sent 11 CAMIOenCerMerNÉlCCUICILES AE MES MR NT ON Ne Tente ue. 143 H. Influences mécaniques diverses... . . . , . ASUS 14 Conclusions relatives aux faits exposés dans ce ehapitre 3 PAS MIRE 146 DEUXIÈME PARTIE : LE MÉLANISME ET L'ALBINISME DES LÉPIDOPTERES D'APRÈS LES RECHERCHES PERSONNELLES. Chapitre Le — Recherches expérimentales sur la coloration des ailes des Papillons. . 149 Conclusions relatives aux faits exposés dans ce chapitre. . . . . . . . . 161 Chapitre 1. — Recherches erpérimentales sur la variation par mélanisme et albinisme des PUÉ ESS DES M es ce à os pans LG OR MENÉS Co a et te AURA SO RES EC PT RP 163 Ecrpériences de température élevée avec Pieris rapæ 0 0 2 171 BTOCRSI DT ABSIC OT A CC ARTE den à du : 3 euCLE 174 Expériences de température élevée avec Pieris brassicæ DU qu moe Lil OEIL CE 175 HOME) TON RENTE Ne A. OT 176 AAPEUTNON RE ACTES EIRE RE EN D à ee la + ue CNE 177 ÉEUÉDDTABIA AINADIS RO AE EN A M de + PTS US PR ANT EE 178 ét dun tn 5 1 Cote DER Det) 278 ARNOLD PICTET Pages Antocharis-cardamines Mer M Te LITE TOC En CO TE EL 0 ADOrIB: CALE MP EMA RENNES SAUCE CORNE EE RE Expériences de température élevée avec Aporia cralægi . . . . . . . . . . 182 P'ARNASSIOS POLICE SEC CEE PA PEN CN A Ta Et ce 183 Parnasstus (dellus- Le COR EPL M RETOUR De 185 ParDASSIUS MNENONNE CCE PR I NN CT CR CT 185 Melia italie 22e SE PORT A A EE DR PR RE CR REC TIRE 187 Melitæa/parihenie. NE ne er AL) MELIÉRATADENIA EC RAR RE Re fm TE een 01 à 190 Expériences de température élevée avec Melitæeu aurimia ee ee 2 191 Melia cinxia DORE Ne SE UT Ur De D MU: DUT Ate SRE We : 193 Expériences de température élevée avec Melitæu A DRE ns LA te 2 toc 19% Quelques especes (Pen re ENT RC ET 196 Arpynnisipaphiais MT Be + AU OU EE EEE A CEE RO Areynnis aglaja LINUDé MER NS RE ST RC RE ARS Taches nacrées du dessous de diverses espèces d'Argynnis 2 0 2 2 2 . : . 199 Papilio DOdAiTIUS AM EE RE OP NE RES, VER 5) Expériences de température élevée avec Papilio podalirius 2 2. 2 . . . 200 Vanessa urlioe : Mg en STAR, re de er es em CE EE EE A Expériences de température élevée avec Vanessa urlieæ 2 2 2 2 . . : 203 Quelques remarques au sujet du point critique où la chrysalide de Vanessa urticæ est susceptible d'être influencée par la température 2 2 0 2 2 2 2 2 : - 204 Détail des expériences avec les chrysalides de Vanessa urtieæ 0 2 2. 205 Conclusions relatives à l'énoncé de ces empériences 2. . . . . . . 218 MVANBSSANIONS Fra EN AP RS NE RENE UEe SRE INR Expériences de température élevée avec Vanessa 0 . . . . . . . . . : . . 222 Bombyximeusthiars UT COR NET ER NE Expériences de température élevée avec Bombe neustria 2 4 2 2 . + . 225 Sélenia tétralunariane 0e 2 GA. PATENT CLP EE PT NC OR ER RIZ Expériences de température élevée ave Selenia tetralunarin 2 ee 2 2 ee 2 230 PSHUPAMONACNA LES ME Me NE a Er EC : : 15239 Expériences de température élevée avec Psihura monaeha 2 2 4 2 2 233 Ocneria disparu AS 0 De TE le NES RE ER 50 Esrpériences de température avec Oeneria dispar 2 2 2 2 ec EU LUE 236 L'ASIOCAMPAIQUErCUS EE TE ON RE RC RC Dan lt) Expériences de température avec Lasioeampa quereus 2 2 2 4 2 2 . 2h CONCLUSIONS SEM ME NN ER MT MAR: ; : UP252 Les’mecanismes de vario ON ON NE ER RE OT CE TR RE 2 5 Production. duimélanisme "2, 74/4408 M ER DEN NN RER 255 Production de l’albinisme . CE RL et 4 ET) INDEX BIBHIOGRARMIQUE EC ROUEN ON OP EEE S 269 v- : 1 EXPLICATION DE LA PLANCHE 1 Expériences de température élevée avec les chrysalides de : sta 95-29 Bombye neustriu (p. 225-228). 1.2 © individus mélanisants. ILE CG » 5 . 6, 7.8, 9 © individus albinisants. . 10,16,188& » ; 3, 4101 Q n à la lois mélanisants et albinisants. 12, 14, 45, 170 >» » » Psilura monacha (p. 233-234). 19,20 © ab. nigra. individus non modiliés. . 21,22 © individus albinisants et transparents. . 23 © individu albinisant et transparent. Selenia tetralunaria (p. 230-230). Fig. 2% individu normal de la génération d'hiver. Pig: 25 » albinisant (forme de l'été). Pr MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. T. 37 (1912) Pr. ATAR.. sc M. MAILLART, PHOT. = = — ATAR S. A, GENEVE Arnold Pictet. Mélanisme et albinisme des Lipidoptères. (PI. 1) = & = 1 7 LE 2 LUE à L. 14 4 Fm El + (1 LE Li L | \ ; mn 18 10 Il 10 40 À Q, à, À +0 40 10 CR M babe. d'a. hihi EXPLICATION DE LA PLANCHE 2 Expériences de température avec les chrysalides de : Ocneria dispar (p. 236-239). ab. japonica, frappé d'albinisme et transparent : élévation de la température. ) » : élévation de la température. Tvpe, forme à la fois mélanisante et albinisante : élévation de la température. ab. juponica. » » ) » Type, forme mélanisante: abaissement de la température, Type, forme albinisante et transparente » » Melilæa conxia (p. 194-196). forme à la lois mélanisante et albinisante : élévation de la température. forme albinisante (en dessous) : élévation de la température. Vanessa urlicæ (p. 205-212). ab. ichnusoules, forme mélanisante: élévation de la température. ab. polaris, » ) » forme mélanisante:; élévation de la température. forme albinisante » » 13 et 16 formes à la fois mélanisantes et albinisantes : élévalion de la température, ab. japonica, forme à la fois mélanisante el albinisante : élévation de la température. » forme albinisante : élévation de la température, Type, forme mélanisante » » MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE. T. 37 (1912) PL. 2 — __— SES _ ATAR Sc M, MAILLART, PHOT. ATAR S. A, GENÈVE Arnold Pictet. Mélanisme et albinisme des Lipidoptères. (PI. 2 É Ve _ EXPLICATION DE LA PLANCHE 5 Expériences de température élevée avec Vanessa urlicæ (p. 205-212). 1,2, 3, 4, 5, 6, 9, 12 et 15 formes albinisantes, action de la chaleur sur les chrysalides. 10. 11, 16 et 17 formes mélanisantes n » » 13 et 18 l'ormes à la fois mélanisantes et albinisantes » n » . 8 forme albinisante : action de la chaleur sur les chenilles. 1% » mélanisante » » » 7 forme à la fois mélanisante et albinisante : action de la chaleur sur les chenilles. 37 (1912) PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. T. MÉM. SOC. GENÈVE ATAR S. A, M. MAILLART, PHOT Arnold Pictet. Mélanisme et albinisme des Lipidoptères. (PL. 3) L : i r à ° er | = L nul DEC cs h = : » Ê h , L UM 4 (nl . =, 0 , l : 2. : “ur! “] LL. : : ® LP 4 | (ons de e L À f [l | ' pu LI LUTTE | LAS On TE NEO TT DE CU NT PR TR TNT 0 2 PU LV IXPLICATION DE LA PLANCHE 4 Expériences de température avec les chenilles et les chrysalides de Lasiocampa quercus ab. sparlit (p. 242-247). 1 forme albinisante:; abaissement de la température. G forme à la fois albinisante et mélanisante : abaissement où élévalion de la température. 2, 5. 7,8 el 10 formes mélanisantes: abaissement de la température. 9 forme albinisante : élévation de la température. 5 12 forme mélanisante ù » 3 et 10 formes alhinisantes : abaissement de la température, & forme à la lois mélanisante el albinisante: abaissement de Ja température. ll et 13 » » élévation de la température. 37 (1912) PL4 MÉM. SOC, PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, T. GULA ATAR S. A, GENEV M, MAILLART, PHOT, Arnold Pictet. Mélanisme et albinisme des Lipidoptères. (PI 4) La » CM N “ Tr: d'HE TT Te ps 2 Fig. 1. A. Vanessa urlicæ, \vpes d’écailles : 4) taches noires; b) centre de l'aile; e) tache blanche ; d) lunules bleues. B. types d'écailles des mêmes parties chez un individu décoloré par l’action de la chaleur. Fig. 2. a) Pieris rapæ G', types d’écailles du centre de l'aile. b) » albinisant » » Fig. 3. a) Pieris brassicæ ©, types d'écailles de la tache apicale. b) » albinisant » » Fig. 4. a) Bombyx neustria, \ypes d'écailles de l'extrémité de l'aile supérieure. b) » albinisant » » » Fig. 5. a) Melitæa aurmnia, type d'écailles de la bande noire du centre de l'aile. b) ù albinisant » » » €) » mélanisant » » » Fig, 6. Lasiocampa quercus ©, types d’écailles. Fig.7 » » Gé » Fig. 8. » » , devenu transparent par abaissement de la température. Fig. 9. » » o ; » » » Fig. 10. » » ©. devenu transparent par élévation de la température. Fig. 11. » » c, devenu albinisant » » Fig. 12. » » cd. devenu mélanisant par abaissement de la température. Fig. 13. » » d'. devenu transparent par élévation de la température. Fig. 44. » » Q, devenu mélanisant par abaissement de la température. Fig. 15. » » Q. devenu albinisant » » Fig. 16. Parnassius apollo (en haut), types d’écailles du centre de l'aile EXPLICATION DE LA PLANCHE 5 (Gross. >< 100) (en bas), Lypes d’écailles de l'extrémité de Paile. MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. T. 91 (1912) M mm at y \W \ ARNOLD PICTET, DEL = à = Fic. ATAR 5. À, GENÈVE Arnold Pictet. Mélanisme et albinisme des Lipidoptères. (PI. 5) oi tr LR ONTE ARR Arr UE TA ; (LS DEP MAIN TMS >| L) D T1 . LR À PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE La Société peut disposer de deux collections complètes de ses Mémoires. (Tomes 1-36 et volume du centenaire.) Pour traiter, s'adresser au secrétaire des publications. (Adresse de la Société : M. le secrétaire des publications de la Soc. de physique, P. A.: au Museum d’hist. naturelle, Genève, Suisse.) Comptes rendus des séances de la Société (in-8°). Tomes I-XX VIII (1884-1911). Prix Fr. 25 Liste des publications des membres de la Société (1883) in-8° avec supplément (1896) PERS. RL Et OR AT CE RE RES EIr nel Imprimerie Albert Kündig, Genève. + We [| MÉMOIRES | SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE — — D — — Volume 37 FASCICULE #. — (JUILLET et DÉCEMBRE 1913) Raprorr pu pRésipeNT De LA Socigré pour 1912. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE ET PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE (H'-Savore, France). par MM. Etienne JOUKOWSKY et Jules FAVRE Avec une carte géolugique’en couleurs, 29 planches et 56 fig. dans le texte. GENÈVE | PARIS | GEORG & Cie G.LEISCHBACHER © BALE et LYON même maison, | 33, rue de Seine, er. TABLE DES MATIÈRES po FASCICULE 4. VOLUME 37 Pages Rapport du Président de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève L pour 1912, par M. Maurice Gaurrer, D' ès sciences. . . . 279 Monographie géologique et paléontologique du Salève (H'- Fe Fran par par MM. Enexxe Jouxowsxy et Juces FAvRE, avec une carte FE SR NS en couleurs et p6 figures dans létex te PEER ER PE RE 2 0b RAPPORT DU PRÉSIDENT DE LA SOCIÈTÉ DE PHYSIQUE Er D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE POUR L'ANNÉE 1912 PAR M. Maurice GAUTIER, Dr ès sciences MONSIEUR LE PRÉSIDENT, MESSIEURS ET CHERS COLLÈGUES. Les importants événements politiques qui se sont produits pendant l’année qui vient de s’écouler n'ont heureusement pas eu de contre-coup sur notre société; son activité n'a été troublée ni par la guerre d'Orient, ni par le récent conflit uni- versitaire. J'ai donc la satisfaction de constater, au début de mon rapport, que, comme par le passé, notre vénérable association a continué en 1912 à produire un travail utile et fécond. Avant de vous rappeler, suivant l'usage, quelle fut l'activité déployée à la Société de Physique et d'Histoire naturelle depuis l'exposé de mon prédécesseur, MÉM. SOC. PHYS. KT HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 35 280 RAPPORT DU PRÉSIDENT permettez-moi de mentionner tout d’abord quels sont les vides qui se sont pro- duits dans nos rangs. Nous avons perdu le professeur François Forel et M. Sa- muel Hubbard Scudder, membres honoraires, le professeur Henri Dor, membre émérite, et M. Aloïs Naville, membre associé libre. Nous reviendrons tout à l’heure sur la vie et les travaux de ces amis disparus. Voici maintenant les faits d'ordre administratif que j'ai à vous signaler : Dans la séance générale de janvier 1912 vous avez nommé à la Vice-Prési- dence M. le D' Aug.-E. Bonna, vous avez confirmé M. le Dr Arnold Pictet dans ses fonctions de trésorier, fonctions qu'il remplit depuis longtemps avec compétence et avec zèle, vous avez enfin désigné MM. E. Chaix et le D' Ch. Du Bois, pour compléter le comité de publication. La liste de nos membres ordinaires n’a pas subi de grandes modifications cette année; nous avons reçu M. le D' André Chaix, un jeune géographe appelé à suivre les traces de ses grand-père et père; mais, d'autre part, M. le D' Léon-W. Collet, actuellement directeur du bureau hydrographique fédéral et M. A. Dele- becque qui a quitté Genève, ont passé de la catégorie des membres ordinaires dans celle des membres émérites. — Deux des plus illustres représentants de la science chimique italienne, MM. les Prof. Ciamician et Paternd ont été inscrits parmi nos membres honoraires. Je dois encore vous rappeler la modification que nous avons apportée à notre règlement, modification d’après laquelle les premières séances des mois de janvier et d'avril ont été rendues facultatives; il leur sera appliqué dorénavant le régime déjà en vigueur pour les réunions d'août et de septembre; j'ajoute que l'essai fait depuis quelque temps de convoquer nos séances à huit heures et demie, semble avoir satisfait la plupart d’entre nous. Le dépôt de nos Mémoires n'avait jamais été assuré; le comité a chargé notre vice-président, M. Bonna, de suivre cette affaire, et nous avons contracté un engagement de 5 ans avec la Société Suisse pour l'assurance du mobilier. Nos collègues MM. L. Perrot et Weber, ont bien voulu faire, à cette occasion, le clas- sement de notre collection des Mémoires ; nous leur exprimons ici nos sincères re- merciements. Vous entendrez tout à l'heure le rapport de notre secrétaire correspondant ; nos publications pour 1912 se bornent à la brochure annuelle de Comptes-Rendus et au 3% fascicule du volume 38 de nos Mémoires; ce fascicule contient, avec quelques documents administratifs, un mémoire de M. Arnold Pictet « sur l’'Albi- nisme et le Mélanisme chez les Lépidoptères ». Nous avons aussi accepté l'échange de publications avec le Künigliches Zoologisches Museum de Berlin et la Société de Physique de Buenos-Ayres. POUR L'ANNÉE 1912 281 Quant à nos relations avec d’autres sociétés, elles ont été les suivantes : La Société Vaudoise des Sciences Naturelles nous à envoyé une invitation pour sa séance générale, mais celle-ci nous est malheureusement parvenue très tardivement et nous n'avons pu nous faire représenter que par une dépêche. C’est encore par un télégramme que nous nous sommes associés à la fête du cinquante- naire de doctorat de notre honoraire, M. le Prof, C. Græbe. M. Arnold Pictet a été notre délégué au congrès d'anthropologie et d’archéo- logie préhistorique qui a eu lieu à (renève au mois de septembre; à la même épo- que vos Président et Vice-Président représentaient la section de Genève à la réunion des délégués de la Société Helvétique des Sciences Naturelles à Altdorf. Nous avons aussi été invités à assister à l'inauguration de l'Ecole des sciences de l'Education, et à une séance organisée par la Société de Géographie en l’hon- neur de Pexplorateur Amundsen. Voici maintenant les invitations que nous ont adressé les Sociétés étrangères : Centenaire de l'Académie des Sciences de Philadelphie. . Inauguration de « The Rice Institute >» à Houston (Texas). Cinquantenaire du Naturwissenschaftlicher Verein für Steiermark, à Gratz. 5e Congrès International de Pathologie comparée (Paris). 6me Congrès International d'Electrologie et de Radiologie générales et médi- cales (Prague). Il me reste à remercier MM. Duparc et Monnier, F. Reverdin et H. Blanc, Prof. à Lausanne, qui nous ont fait don de livres et de cartes. 289 RAPPORT DU PRÉSIDENT NOTICES BIOGRAPHIQUES LE PROF. HENRI DOR Peu d’entre nous, sans doute, connaissaient le Prof. Henri Dor qui est décédé à Lyon le 28 octobre dernier; il avait pourtant fait partie de notre Société comme “membre ordinaire. Appelé à venir à Genève une fois par semaine pour exercer sa profession de médecin oculiste, à une époque où aucun spécialiste de ce genre ne résidait parmi nos concitoyens, Dor, qui joignait à un remarquable talent de pra- ticien, le caractère d'un savant, était entré à la Société de Physique en 1862. Pendant les quelque douze années qu’il fréquenta les réunions de notre Société, le Professeur Dor apporta régulièrement sa contribution au travail scientifique de notre association; il fit beaucoup de communications et de rapports, principalement sur des sujets d’ophtalmologie et de matière médicale. Après son départ pour Lyon, il fut inscrit dans la classe de nos membres émérites. Henri Dor, né à Vevey le 4 octobre 1835, était le fils du pasteur Louis Dor, directeur du collège de cette ville. Après avoir suivi les classes de l'établissement dont son père était le directeur, Dor fit ses études médicales à Zurich, puis à Vienne et à Edimbourg. La remarquable invention de l’ophtalmoscope, faite alors par Helmholtz, qui ouvrait des horizons nouveaux dans l'étude des maladies des yeux, et l'influence du Professeur de Graefe déterminèrent le jeune vaudois à se vouer à l’oculistique; il se méla à la phalange enthousiaste des étudiants qui entourèrent le jeune et génial maitre de Berlin, et, sur le conseil de ce dernier, il alla terminer ses études chez Donders à Utrecht et chez Virchow à Würzbourg; il fut encore l'élève des facultés de Lyon et de Paris. Je voudrais citer ici quelques lignes écrites par Dor dans la brochure de son jubilé et qui sont relatives à la fin de ses études. POUR L'ANNÉE 1912 9283 + J'étais à Utrecht depuis trois mois lorsque je fus rappelé à Berlin par une aimable lettre de de Graefe m'annonçant qu'il avait invité pour trois semaines ses anciens assistants, pour leur exposer les progrès de l’oculistique dans les dernières années. Il va sans dire que j'acceptai avec enthousiasme. Je trouvai à Berlin von Zehender, Liebreich, Schweigger, Mooren, Horner, Jakobson, Pagenstecher, von Welz, Saemisch, W. Hess, Michaelis, Bänziger, Leber, etc. Nous passions nos journées à la clinique de de Graefe, où nousdevions chacun examiner et présenter quelques malades, et les cours avaient lieu tous les soirs, toujours dans un endroit différent afin que de Graefe ne put être dérangé par les appels de sa clientèle. Nous recevions, par exemple, un billet « ce soir à 8 heures au Capkeller » un des restaurants souterrains de Berlin, où une chambre nous était réservée. Graefe choisissait un sujet, nous l’exposait, on discutait pendant une où deux heures. Le lendemain c'était à Charlottenbourg; il n'y avait ni che- min de fer, ni tramway, nous faisions le trajet en voiture. > Cette réunion d'anciens élèves se tint par la suite à Heidelberg et devint l’ori- gine de la Société d’ophtalmologie fondée en 1863. Chaque été, les oculistes qui ont conservé cette tradition, se donnent rendez-vous dans la ville universitaire badoise. Dor avait assisté 37 fois à la réunion d'Heidelberg. L'ancien assistant de Berlin s'établit à Vevey comme oculiste en 1860; son importante production scientifique ne tarda pas à le faire connaitre et il fut nommé en 1867 à la chaire d’ophtalmologie de l’université de Berne. Bientôt doyen de la faculté de médecine, puis Recteur de l’université, le Professeur Dor apporta tous ses soins au développement et à l'amélioration de ses cliniques; ses absor- bantes occupations ne lempêchèrent pas d'accepter la direction de la deuxième ambulance organisée à Berne pour porter des soins aux blessés de l’armée de Bourbaki. C’est en 1876 que le Dr Dor quitta Berne pour aller se fixer à Lyon, ville dans laquelle il établit promptement sa réputation et eut bientot une importante clinique particulière; son activité médicale lui permit cependant de pubier un grand nombre de mémoires pendant le long séjour qu'il fit dans cette ville. C’est à Lyon qu'il dirigea pendant trente et un ans la rédaction de la Revue générale d'ophtal- mologie, dont il fut le fondateur et qui est destinée à résumer les principaux tra- vaux d’ophtalmologie de tous les pays. Très connu dans le monde des oculistes le D° Dor avait aussi contribué à fonder la Société française d’ophtalmologie, en 1883. Au commencement de 1912 les amis et les admirateurs de ce remarquable médecin s'étaient groupés autour de lui pour fêter ses 76 ans et avaient organisé un jubilé en son honneur, une courte maladie l’a enlevé à l'affection des siens quelques mois après. 284 RAPPORT DU PRÉSIDENT F.-A. FOREL J'aurais voulu qu'une plume plus habile que la mienne traçat ici le portrait de notre regretté membre honoraire François-A. Forel, dont la figure était si fami- lière parmi nous. L'amitié qui l’unissait à beaucoup de membres de notre Société, le caractère essentiellement national de ses travaux et la proximité de sa demeure de l'Abbaye, l'avaient fait presque des nôtres. De longue date, il était l’hôte de nos réunions du jeudi; et, lorsqu'une de ses observations lui semblait de nature à intéresser ses amis de Genève, il ne manquait pas de venir leur en faire part. Sa présence à l’Athénée était presque toujours marquée par une intéressante communication. Forel excellait, du reste, à parler ainsi devant quelques amis, il savait intéresser chacun de ses auditeurs au sujet qu'il développait; ses intonations, ses gestes même étaient empreints d’une certaine bonhomie, d’un + je ne sais quoi » qui frappait. Qu'il parlat des glaciers, des sei- ches, des tremblements de terre, c'était toujours la même logique dans lexposé, la même clarté, le même entrain juvénile. Quoique ses visites fussent devenues moins fréquentes dans ces dernières années, nous l’avions encore entendu à la séance du 5 mars 1908; il nous avait parlé des relations que l’on peut observer entre les variations météorologiques et les varia- tions des glaciers; puis, le même jour, il nous avait montré les originaux de belles planches en couleurs, utilisées autrefois par Jurine. Poussé par son penchant pour l'histoire, Forel avait cherché à déterminer quel avait été l’auteur de ces dessins; il croyait pouvoir les attribuer à la fille du savant genevois. Le nom de Forel figure encore parmi ceux des assistants à la séance du 5 novembre de la même année: il est mentionné pour la dernière fois sur nos registres à la date du 20 avril 1911; ce soir-là, il avait apporté en don à notre observatoire, les cahiers d'observations météorologiques de Charles de Lubières. Permettez-moi, Messieurs, de vous rappeler brièvement quelles furent les principales étapes de la carrière de notre éminent compatriote. Elevé à Morges, où il était né le 2 février 1841, Forel fit ses études à (renève d’abord, puis à Montpellier. Après avoir passé sa licence ès sciences naturelles dans cette dernière ville, le jeune naturaliste se rendit à Würzbourg; c’est là qu'il POUR L'ANNÉE 1912 9285 fut reçu D' en médecine (1867), et qu'il occupa pendant plusieurs semestres la place d'assistant d'anatomie. Rentré à Morges en 1870, Forel ne cessa dès lors de résider dans cette petite ville à laquelle il était profondément attaché, et dont il fut, pendant plus de quarante ans, Pun des conseillers communaux. Ce fut, je crois, avec un court passage au Grand Conseil vaudois (1870-1874), le seul acte de sa carrière politique. L'Académie de Lausanne l'avait appelé en 1870 à occuper la chaire d'ana- tomie et de physiologie, il resta en fonctions jusqu'en 1895 et ne démissionna que pour pouvoir se consacrer entièrement à ses travaux personnels. Forel portait le plus vif intérêt à tout ce qui concerne le progrès des sciences en Suisse, il présida pendant de longues années la commission fédérale des exa- mens de maturité: son influence était grande au sein de la Société Vaudoise des Sciences naturelles; la Société Helvétique des Sciences naturelles a perdu, en lui, non seulement un ancien Président central, mais encore le plus assidu et le plus écouté de ses membres. L'auteur du « Léman > était aussi très attaché à la Société Vaudoise d'Histoire et d'Archéélogie dont il était membre fondateur. La liste des publications de Forel comprend environ 250 travaux. Il déploya durant toute sa vie une incroyable activité et la dépensa à résoudre des problèmes si divers, qu'il contribua à l'avancement de la plupart des sciences. Son immense savoir lui a permis de publier des notes de zoologie, de géographie, d'hydrogra- phie, de météorologie, de physique, d'archéologie même, sans que l’on puisse re- marquer le moindre défaut d'unité dans son œuvre si complexe. L'on peut aflirmer au contraire que les travaux de Forel aboutissent, dans leur ensemble, à son grand ouvrage sur + le Léman >», dont les 3 volumes parurent de 1892 à 1904. L'auteur a réuni dans ce livre, ou plutôt dans cette monographie magistrale, toutes les ob- servations qu'il avait faites sur le lac, qu'il admirait tant et qu'il connaissait mieux qu'aucun autre. A plusieurs reprises le savant de l'Abbaye fut appelé à mettre son expérience au service de ses compatriotes; c’est ainsi qu'il découvrit la cause du typhus qui décimait les perches du lac (1868), qu'il fut le premier à signaler le danger de l'invasion phylloxérique et à rechercher les moyens de la combattre (1875). Citons encore les services qu'il a rendus en collectionnant sans tréve les observations faites en Suisse sur les tremblements de terre, et en visitant chaque été un certain nombre de glaciers dont il mesurait avec soin les variations. Les travaux publiés par Forel sur la faune profonde du lac Léman (1869- 1874) sont devenus classiques; non moins connus sont ceux qu'il fit paraître sur le lac de Joux (1897) et l’entonnoir de Bon Port (1893-1894). Le naturaliste vaudois fut encore un novateur dans l'étude des seiches dont il était l'observateur atten- 286 RAPPORT DU PRÉSIDENT tif; on sait qu'il a publié sur ce sujet un grand nombre de mémoires (1874-1890) et qu'il a su discerner les différentes variétés de ce curieux phénomène. Considéré en Europe comme le fondateur de la science des lacs, comme le premier linmologiste, Forel faisait partie de Ja commission pour l'étude scientifi- que du lac de Constance; la Suisse l'avait aussi délégué à la commission interna- tionale de sismologie à Strasbourg. Quoique sa popularité fut grande dans le canton de Vaud, l’auteur du « Léman > était surtout connu du public par les notes qu'il rédigeait sur l'avancement de l’année et que reproduisaient presque tous les journaux. L'on rencontrait souvent Forel à Genève où il ne comptait que des amis, et où il venait participer à chaque congrès. L’éminent naturaliste devenait alors, pendant la promenade classique sur le lac, le mentor éclairé des congressistes étrangers; toujours prêt à obliger autrui et à mettre sa vaste érudition au service des autres, il présentait à nos hôtes la nappe bleue du lac et son cadre admirable, comme l'aurait fait un directeur de musée montrant les trésors de ses collections à des visiteurs de distinction. Le savant remarquable dont nous venons de retracer la physionomie, s’est éteint à l'Abbaye dans la nuit du 7 au 8 août 1912; sa mort à été une perte immense pour notre pays. Que la Société de physique envoie encore un hommage de reconnaissance à la mémoire de ce collègue, qui était son fidèle membre honoraire depuis 1874, et qui a rendu de si grands services à la Suisse et à notre vieille cité de Genève. SAMUEL HUBBARD SCUDDER La science américaine a fait une grande perte en la personne du naturaliste Samuel H. Scudder, décédé le 17 mai 1911. Ce savant modeste, qui ne fut jamais titulaire d’une chaire académique, a cependant grandement contribué à l'avancement de la science entomologique, soit par la valeur de ses travaux, soit aussi par le talent qu'il posséda de créer des organisations et des publications scientifiques. Il était né à Boston le 13 avril 1837, et appartenait à une famille dès long- temps fixée à Barnstable, sur la Cape Cod bay. Elève de l’école latine de Boston, puis du Williams Collège de sa ville natale, il suivit régulièment les classes de cette POUR L'ANNÉE 1912 287 institution jusqu'en 1857. C’est pendant les années de collège de Scudder que se manifestèrent, chez lui, les premiers indices de sa vocation de naturaliste. A côté des encouragements qu'il reçut alors de plusieurs de ses maitres, il fut poussé dans cette voie par son entrée dans la société du + Lyceum of Natural his- tory ». Ce groupement, dont Scudder fréquentait assidûment le musée et la biblio- thèque, avait comme but de réunir les élèves spécialement doués pour l’histoire naturelle et de mettre leurs jeunes travaux sous la direction de personnes compé- tentes; les séances du lyceum exercèrent une influence décisive sur le jeune collé- gien, et ce fut sous les auspices de cette Société que parut son premier travail. Les membres du Lyceum ayant en effet décidé de faire paraître un catalogue de la faune locale, Scudder fut chargé de dresser la liste des mollusques. Sorti à vingt ans du collège, le jeune entomologiste se rendit à Cambridge, et alla se mettre à bonne école dans le laboratoire de Louis Agassiz, alors à l'apogée de sa renommée comme savant et comme maitre. Promu « bachelor of Science from the Lawrence Scientific School of Harward » en 1862, Scudder devint ensuite l'assistant d’Agassiz et ne quitta ce dernier qu’en 1864 pour prendre les fonctions de < Custodian of the Boston Society of Natural history ». Resté sans position officielle de 1870 à 1879, il fut nommé à cette der- nière date + assistant librarian of Harward University », et conserva ce poste jus- qu’en 1882 ; enfin, il fut attaché de 1886 à 1892 au U. $S. Geological Survey comme paléontologiste chargé spécialement de l’étude des insectes fossiles. Dès lors il n’accepta plus aucune fonction publique et vécut au milieu des belles collections qu’il avait réunies et pour lesquelles il avait fait construire une maison spéciale attenante à la sienne. Habile organisateur, convaincu des avantages que présentent les groupements d'hommes lorsqu'ils travaillent à un même but, Scudder sut faire aboutir plu- sieurs œuvres collectives importantes; c’est ainsi qu'il fut non seulement l’âme du Cambridge entomological Club et du journal publié par cette association, mais encore qu'il prit une part prépondérante à l’organisation de l’Appalachian Mountain Club et à la fondation du Boston Naturalists Club. La personnalité de Scudder était intéressante et attirante à la fois, sa nature bienveillante le portait à prodiguer sans compter son temps et ses conseils pour les plus jeunes que lui, ou pour les débutants. Sa carrière fut malheureusement assombrie par de grands chagrins domestiques; resté veuf avec un seul enfant il eut la douleur de perdré ce fils unique alors sur le point de terminer des études médicales brillamment commencées. En 1896 survinrent les premiers symptômes du mal qui devait, peu à peu, avoir raison de sa santé; supportant avec sérénité le chagrin de devoir abandonner MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NA. DE GENÈVE, VOL. 87 (1912). 36 288 RAPPORT DU PRÉSIDENT ses chers travaux, Scudder fit don de ses collections et de ses livres à différents instituts et sociétés de Cambridge et de Boston, et attendit avec patience que la mort vint mettre un terme à ses souffrances. Scudder a publié un nombre considérable de travaux dans le domaine de l’en- tomologie. La lépidoptérologie lui doit un ouvrage magistral « The butterflies of eastern United States and Canada », paru en 1889, dans lequel il à résumé les observations faites pendant 30 ans sur les papillons de son pays. Citons encore : À Spread of a Butterfly in the new Region. — The life of a Butterfly (1893), courte monographie d’Anosia plexippus. Le jeune savant de Cambridge avait déjà rédigé en 1868 un catalogue des orthoptères de l'Amérique du Nord décrits avant 1867; il reprit de 1891 à 1901 l'étude de cet ordre d'insectes, sur lequel il a publié environ 70 mémoires; son activité des années 1880-1890 fut principalement absorbée par l'étude des insectes fossiles; elle est résumée dans un important ouvrage intitulé : The tertiary Insects of North America (1890). Si Sceudder à peu publié en dehors de ses travaux spéciaux, citons comme ayant un intérêt plus général : Catalogue of Scientific Serials (1879) et Nomenclator Zoologicus (1884). Entré en relations avec les naturalistes genevois, il fut surtout l’ami et le correspondant d'Henri de Saussure. Notre Société lui avait décerné le titre de membre honoraire en 1872. Avant de résumer les travaux qui ont été présentés à la Société de physique et d'histoire naturelle en 1912, qu’il me soit permis de rappeler ici la figure amie de notre membre associé Aloïs Naville. Il avait été appelé autrefois à diriger d'importantes exploitations agricoles et fut un des premiers à préconiser l'emploi de l'azote atmosphérique à la production des engrais artificiels. Cet ami des arts et des sciences était toujours prêt à encourager et à soutenir les entreprises utiles, sa mort à causé des regrets unanimes. POUR L'ANNÉE 1912 289 ACTIVITÉ SCIENTIFIQUE DE LA SOCIÉÈTÉ Dans les 14 séances que nous avons tenues en 1912 nous avons entendu les communications suivantes : Astronomie. Géographie physique. M. E. CHaIx a pu observer les durées et les intervalles d’explosions de deux petits geysers, lors d’une excursion qu'il a faite cet été au Pare de Yellowstone. Au premier abord, les deux geysers semblaient étrangers lun à l’autre, mais les observations ont montré l'existence d’une relation étroite entre leurs périodes. M. Chaix croit que l'administration du Pare de Yellowstone rendrait un grand ser- vice en faisant faire, par les gardiens, de petites séries synchroniques d’observa- tions chronométrées. M. Léon-W. COLLET nous a parlé en son nom et au nom de MM. R. Mellet et O. Lütschg de l'application de la méthode par titration de chlorure sodique au jaugeage du débit des turbines ; il nous a encore décrit les premiers essais Com- paratifs effectués à l'usine de lAckersand. Le service hydrographique fédéral a déjà fait jauger, par cette méthode, la Morge (Valais) et la Salanfe (Valais); il à aussi fait étudier les limites dans lesquelles ce procédé est applicable, M. le Prof. R. GAUTIER nous a présenté, au nom de M. Schaer, quelques pho- tographies d’un nouveau télescope Cassegrain d’un type relativement court, mais d’un mètre de diamètre. Cet instrument a pu être installé dans différentes localités de notre canton et a rendu des services dans les essais qui ont été faits en vue de fixer l'emplacement du futur observatoire. Le même nous a donné quelques renseignements sur les résultats obtenus à Genève lors de l'observation de léclipse solaire du 17 avril; il nous a expliqué, à cette occasion, les documents photographiques relevés à l’observatoire durant ce phénomène, 290 RAPPORT DU PRÉSIDENT Physique. Chimie. M. G. BAUME nous à décrit une première série de recherches qu'il a faites en collaboration avec M. Basadonnæ, sur la cémentation du fer par divers gaz et mé- langes de gaz carbonés. Les auteurs ont pu, par l’emploi de la métallographie, établir les courbes expérimentales de pénétration du carbone dans le fer, dans leurs expériences, courbes dont la forme peut être prévue théoriquement dans les divers cas étudiés. M. BRINER nous a parlé de la dissociation des molécules en atomes, qui per- met d'expliquer comment certains corps endothermiques deviennent exothermiques à température élevée. M. DURAND en son nom et au nom de M. Briner à communiqué les résultats d'un travail concernant les systèmes obtenus à partir des oxydes d’azote et de l’eau. Toutes les réactions dont ces systèmes sont le siège sont réversibles, et il y à lieu de leur appliquer les relations de la mécanique chimique. M. le Prof. CHODAT nous a montré un nouveau réactif des protéines qu'il dé- signe sous le nom de p-crésoltyrosinase et qui agit en présence des acides amidés. Ces derniers ne doivent pas être envisagés comme catalyseurs car ils participent réellement à l’action chimique ; une coloration rouge et un pigment bleu avec fort dichroïsme caractérisent cette réaction qui peut être obtenue avec de nombreux phénols. M. CARDOSO continuant ses recherches sur l'équation des fluides et la loi du diamètre, indique une méthode permettant de calculer les fonctions Len — 4% (t) et d, — 4 (t) à partir de l'équation de van der Waals. Il donne T ensuite une notion de la troisième phase permettant d'expliquer les phénomènes du retard et la courbure du diamètre au voisinage du point critique, M. le Prof. DupARG a expliqué à la Société un nouveau procédé qu'il utilise pour séparer le fer et le cuivre d'avec le palladium; il nous à parlé aussi de la titration du fer en présence d'acide phosphorique. Le même auteur a étudié avee M. Zrrkæwi1Z l'oxydation de la solution de chlorure stanneux par l'air. M. le Prof. C.-E. GUYE nous a rappelé les travaux de Pierre Prevost sur l'équilibre mobile de la température, et a fait ressortir l'influence que la théorie de ce savant genevois a exercé sur l'orientation de la physique moderne. POUR L'ANNÉE 1912 291 Le même nous a rendu compte d’un travail fait avec M. BERCHTEN sur le frot- tement intérieur du cuivre à haute température. Les auteurs ont prouvé que l’amor- tissement et peut-être la courbe de déformation sont indépendants de la durée de la période et qu'il y à quelque analogie entre les cycles dus au frottement intérieur et les cycles d’aimantation. Le même a exposé les résultats de ses recherches sur le frottement intérieur des solides aux basses températures et les phénomènes irréversibles dans le voisi- nage du zéro absolu. Le frottement intérieur des solides diminue beaucoup avec un abaissement de la température; il semble qu'au zéro absolu les phénomènes ther- miques irréversibles soient impossibles et que les forces moléculaires deviennent indépendantes des variations de température. M. F.-Louis PERROT nous a décrit la méthode qu'il a employée dans le but de vérifier le poids atomique du chlore; cette méthode repose sur la combinaison de l’acide chlorhydrique gazeux avec un poids connu d’ammoniaque liquide. (Tra- vail fait en collaboration avec M. le Dr BAUME). M. L. DE LA RIVE nous a présenté un travail sur l’équivalence de la force de Laplace due au mouvement de l’électron dans un champ magnétique uniforme, et la force centrifuge composée. On peut identifier ces deux forces dans un système d’axes à disposition directe, si le facteur constant e ‘ ‘Im est rendu égal à la vitesse angulaire 2 W. L'auteur à tiré de cette observation de nouveaux aperçus sur les conditions cinématiques de la molécule dues au courant et au magnétisme d’un pôle, Le même a démontré géométriquement que la trajectoire circulaire de Pélec- tron dans un champ magnétique devient une ellipse; cette démonstration peut être obtenue si l’on considère qu'un point lié à un cercle roulant dans l'intérieur d’un cercle de rayon double, devient une ellipse. M. SCHIDLOF nous a entretenus d'un travail qu'il a fait en collaboration avec Mie CHAMIÉ sur la mesure de l’hystérésis magnétique et de ses variations en fonc- tion de la fréquence. M. TOMMASINA nous à fait une communication sur le rôle de l’éther en phy- sique d’après les travaux de Walther Ritz. L'acceptation par ce dernier d’une théorie émanative de la lumière ne fait que confirmer l'existence de l’éther, car il est le produit constant et continu remplissant l’espace. Le même nous à parlé des travaux qu'il poursuit en collaboration avec M. Ed. SARASIN sur les modifications que subissent les courants d'ions selon le signe de leur charge, selon les écrans qu'ils traversent et selon les variations de tempéra- ture. Le même a établi un parallèle entre la théorie électrique de la gravitation définie par Walther Ritz et sa propre théorie électromagnétique. 299 RAPPORT DU PRÉSIDENT Le même nous a donné lecture d’une Note sur les conclusions de Ritz relatives à la théorie de la gravitation. Le même nous à présenté un mémoire sur la nature de la pesanteur et sur la mécanique des points matériels; dans ce travail l’auteur se base sur la considéra- tion que l'hypothèse mécanique des points matériels ne permet d'admettre aucune émanation autour d'eux. Le même nous a fait part d’un travail sur les notions boussinesquiennes d’exis- tence pleine et d'existence infiniment atténuée transportées du point matériel à l'électron. Le même nous a encore lu quelques pages traitant de la physique électronique et des trois modes d'existence de l’électron. La théorie électronique comprend, en réalité, trois théories différentes ayant chacune un champ spécial; à savoir : les radiations, l'électricité et la matière. Le même nous a exposé ses idées sur la conductibilité électrique des métaux ; la théorie actuelle du mouvement libre des centres électriques dans les métaux est basée sur un phénomène secondaire, tandis qu’elle devrait prendre comme point de départ le phénomène qui réside dans le milieu électromagnétique actif et moteur. Géologie. Minéralogie. Paléontologie. M. A. BRUN nous a parlé de la cristallisation des silicates aluminoalcalins et de la formation des Albites et Anorthoses; ces minéraux ont été obtenus synthé- tiquement. Le même auteur à démontré que la genèse de la Tridymite dans les laves ne demande pas d’autres conditions que celles prévues dans les volcans d’après sa théorie. M. A. BRUN a repris l'étude de la transformation du verre de silice fondue en cristaux. Un échauffement prolongé à 1600 degrés a conduit à un corps différent de la Cristobalite naturelle et à une variété minérale dont les caractères optiques sont voisins de ceux du Quartz. M. le Prof. DUPARC nous a fait une communication sur la géologie de la Sis- serskaya Datcha et les gisements de cuivre qu'il a visités dans cette région. Le méme nous à communiqué les résultats de ses recherches sur quelques minéraux rares provenant de Madagascar. M. François FAVRE nous à entretenus des observations qu'il a faites sur les différentes espèces d’Oppelia représentées dans le Jurassique moyen, et nous à montré les rapports philétiques de ces espèces entre elles. ÿ DE 7 ra te À POUR L'ANNÉE 1912 203 M. Jules FAVRE nous à décrit la tectonique de la partie orientale du Salève; les traits les plus caractéristiques de cette région sont les décrochements, la chaine ayant été rompue en sept tronçons par des déplacements horizontaux. Cette com- munication représente une partie de l'important travail de MM. Joukowsky et I. Favre sur le Salève, travail qui paraîtra prochainement dans nos Mémoires. Botanique. Zoologie. M. BERNARD nous a résumé les résultats de ses travaux sur les Phanéroga- mes Saprophytes de Java, végétaux caractérisés par les dimensions considérables qu'offrent leurs organes souterrains par rapport à celles de leurs organes aériens. M. John BRIQUET nous a donné l'explication des limites géobotaniques du Jura méridional et de la séparation de cette région en différents secteurs ayant chacun ses caractères particuliers. Il résulte d’autres observations faites par M. Briquet en Corse et en Savoie, que le Buis doit être rangé parmi les plantes dont les graines sont disséminées par les fourmis. Le même auteur nous a fait encore un exposé de ses recherches sur les Cap- paridacées à fruits vésiculeux. Les deux genres Isomeris (Californie) et Buhsea (Mésopotamie et Perse) qui possèdent des fruits de cette espèce, présentent certai- nes convergences remarquables, sans avoir entre eux d’affinités étroites. M. KARL nous a apporté quelques exemplaires d’un crustacé très rare, l'Apus cancriformis; ces animaux ont été trouvés sur territoire français à proximité im- médiate de la frontière suisse. Cette espèce apparaît lorsqu'une période humide succède à une saison sèche; elle n’a été signalée en Suisse qu'une seule fois. M. le Prof. E. YUNG nous à décrit l'œil des Gastéropodes terrestres et nous a fait connaître la cause probable qui produit son insensibilé à la lumiere. Cette cause réside dans une discontinuité entre les fibrilles du nerf optique et les préten- dues cellules rétiniennes. Le même nous à exposé un curieux cas de désagrégation ou plutôt d’explo- sion chez les Infusoires inanitiés. Il semble que ces derniers contiennent un tricho- plasme qui produit l'explosion de l'animal, quand il entre en contact avec l’eau. 294 RAPPORT DU PRÉSIDENT Physiologie. Psychologie. M. BATTELLI et Mile STERN ont étudié l’oxydation de la p-phénylènediamme par les tissus animaux. Ce sont les muscles rouges, le rein et le cerveau qui ont le pouvoir oxydant le plus fort. Le catalyseur oxydant de cette réaction est détruit par un traitement à l’alcool et fortement affaibli par l’action des ferments pancréa- tiques; il ne peut être assimilé aux polyphénoloxydases. M. le Prof. Ed. CLAPARÈDE nous a entretenus de l'application du calcul des corrélations à la psychologie. Il propose pour la mesure de divers processus psy- chiques une méthode dite « méthode d'ordonnance >, consistant à faire classer, par le sujet, une série d'objets susceptibles d’une classification sérielle objective connue de l’expérimentateur, et à mesurer, au moyen d'une formule, l'écart entre l’ordre véritable et l’ordre établi. Nous avons entendu M. le Prof. J.-L. PREVOST parler d’un travail fait sous sa direction par M. le D' MAUNOIR et relatif aux mouvements du pylore. Le pylore, isolé de l'estomac, présente un rythme régulier qui n’est modifié ni par le jeûne, ni par l'alimentation. Ce mouvement que certaines substances telles que la pilocar- pine, par exemple, rendent plus sensible, est inhibé au contraire par le chloral et par l’atropine. :M. Isaac REVERDIN à observé en collaboration avec M. le Prof. PREVOST les effets des brûlures produites par les courants électriques industriels. Les auteurs admettent que les brülures peuvent, dans certaines conditions, protéger l’organisme contre les effets mortels du courant électrique, en augmentant la résistance du point où elles se forment. Ils distinguent deux sortes de brülures et les désignent sous les noms de brülures par étincelles et brülures par échauffement direct; celles de la première forme constituent, pour l'animal vivant, une protection efficace. MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE VOLUME 37, FASCICULE 4, MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE ET PALEONTOLOGIQUE DU SALÈVE (Haute-Savoie, France) PAR ETIENNE JOUKOWSKY et JULES FAVRE Assistants au Muséum d'Histoire naturelle de Genève Avec une carte géologique en couleurs, 29 planches et 56 fiqures dans le texte. AVANT-PKOPOS Ce travail, commencé en mars 1908, à été achevé en août 1913. M. le profes- seur SCHARDT, qui avait lui-même étudié le Salève durant son séjour à (Genève, nous poussait à faire une étude détaillée de cette chaine, ayant reconnu que les études antérieures étaient incomplètes. D'autre part, depuis longtemps, M. BEDOT, directeur du Muséum d'histoire naturelle de Genève, nous engageait à publier une description géologique des montagnes des environs de Genève. Ces suggestions nous ont décidés à entreprendre une étude détaillée du Salève et des Pitons, en limitant nos recherches au territoire figuré sur la carte de PERRON. La découverte d’une erreur de date ancienne, concernant la limite des systèmes jurassique et crétacé, nous à conduits à pousser aussi loin que possible l’étude stratisraphique, qui est particulièrement favorisée par la disposition des couches dans la montagne qui nous occupe. On y peut voir, en effet, sur une épaisseur de 600 mètres, une série horizontale de couches échelonnées de la base dû Kimeridgien au Barrémien inférieur, dans des afleurements où les moindres couches sont visibles, ce qui permet de prendre des mesures exactes de leur puissance. MÉM, SOC, PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 37 (1913). 37 2906 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE La tectonique, pour simple qu’elle soit, n’en présente pas moins une série de faits intéressants où l’on peut voir ses rapports étroits avec la topographie. Nous avons largement usé de la photographie. Les contours géologiques ont été tracés, pour la plupart, sur des agrandissements qui, exagérant beaucoup l'échelle, permet- taient d'autant plus de précision. Nous tenons à exprimer ici nos remerciements à M. BEDOT et à M. SCHARDT qui nous ont aidés de leurs bons conseils, ainsi qu'à M. F. BOISSONNAS qui a obli- geamment exécuté pour nous d'excellentes photographies, dont plusieurs figurent dans nos planches. Nous devons aussi des remerciements à MM. GYSIN, PERRIER, PErRoT et WEBER, étudiants de l’Université de Genève, qui nous ont indiqué des gisements de fossiles ou nous ont aidés à relever des coupes et à recueillir des échantillons. Enfin, notre reconnaissance est tout particulièrement acquise au Comité de publication de la Société de Physique et d'Histoire Naturelle, qui, sur la proposition de M. le professeur CHAIX, nous à largement ouvert les crédits nécessaires à une riche illustration de notre mémoire. Nous donnons à la fin de cette étude une liste chronologique des ouvrages trai- tant du Salève. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 207 CHAPITRE PREMIER LEVÉS DES CARTES TOPOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE Pour le tracé des contours géologiques, parmi les documents existants, nous avions à choisir entre les cartes officielles au 1 : 80.000 et au 1 : 50.000 et la carte du Salève au 1 : 25.000 de Ch. PERRON. Les deux premières se sont trouvées inu- tilisables, la partie montagneuse y étant traitée d’une façon tout à fait sommaire, La carte de PERRON, où les parties rapprochées de (renève sont figurées avée plus de soin, a de grosses erreurs dans la région des Pitons et sur tout le versant sud de la chaîne, et nous avons été dans l'impossibilité de nous en servir pour exprimer la structure géologique. Ces considérations nous ont amenés à faire nous-mêmes les correetions néces- saires. Celles-ci ont été si nombreuses qu'il a fallu refaire la carte entièrement en utilisant seulement certaines données de la carte de PERRON pour la plaine autour du Salève. Notre carte à été établie au moyen de levés photogrammétriques et de croquis pris sur place, Pour le versant NW., trois panoramas de 3 plaques 18 >< 24 chacun ont été pris des points suivants : 1° D'une maison de Chêne-Bourg qui figure sur la carte Siegfried ; 2° D'un point coté 486 à Landecy, sur la même carte; 3° D'un point situé au voisinage de Fort Ste-Catherine, Pour le versant SE., le nombre des points de vue utilisés a été de 6 : Beau- regard, le Verne, Grange-Gros, le point 844 sur La Muraz, le Vernay et Men- thonnex-en-Bornes. Les photographies ont été prises avec un objectif double de 338 où 590mm de longueur focale, selon l'éloignement du point de vue, sur des plaques 18 >< 24. Le nombre total des clichés utilisés est de 28. La direction de la ligne axiale des photographies a été mesurée au moyen d’une boussole donnant le degré. Cette orientation, qui n'était pas d’une précision suffisante, à été corrigée par tâtonnements au moyen des repères trigonométriques du Petit Salève et de la Tour des Pitons. Le nombre des points photogrammétriques déterminés a été de 700 environ. Au "2 298 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE En outre, pour le figuré du relief, en particulier pour le versant abrupt qui regarde Genève, nous nous sommes servis de photographies stéréoscopiques à relief exagéré. Les contours géologiques ont été tracés sur les photographies elles-mêmes, ce qui permettait une grande précision pour les pentes fortes, grâce à la grandeur de l'échelle (1 : 6.000 à 1 : 20.000, en gros, pour la partie centrale des clichés). Ce procédé a l'avantage de permettre une détermination précise des contours géolo- giques, qui peuvent être ensuite repérés photogrammétriquement sur la carte. Ces données ont été complétées par des cotes assez nombreuses que nous avons prises au baromètre altimétrique compensé de GOULIER. Chaque jour, au départ, l'instrument était réglé sur un baromètre à mercure, ramené à zéro, et comparé lui- même avec le baromètre étalon de l'Observatoire de Genève. Chaque cote relevée était accompagnée de l’indication exacte de l'heure à laquelle la lecture avait été faite. Au retour, l'instrument était comparé à nouveau avec le baromètre à mercure. La variation était en général trop faible pour qu’on püût en tenir compte. Ensuite, le barographe de l'Observatoire nous indiquait la pression à Genève à l'instant où une lecture avait été faite sur le terrain. On avait ainsi une différence de pression absolue. Les causes d'erreur dues à la variation barométrique diurne étaient ainsi for- tement atténuées. Elles n'étaient pas supprimées, parce qu'il faudrait pour cela que les variations barométriques fussent parallèles dans toute la région. Or nous avons constaté que ce parallélisme existait en effet, lorsque les variations barométriques étaient régulières, mais par contre, quand il se produisait des sautes rapides, il est arrivé que la variation füt inverse à Genève et au Salève, dans le même laps de temps. Il n’a pas été tenu compte de cotes qui accusaient de pareilles erreurs. Une seconde cause d'erreur provenait des défauts de l’appareil. Nous l’avons comparé avec un baromètre à mercure sous la machine pneumatique, et, sur une série d'expériences, les divergences se sont produites d’une façon si irrégulière, tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre, qu'il n’a pas été possible d'établir une table de corrections. Toutes les mesures qui paraissaient entachées d'erreur ont été supprimées. La plupart des points ont été cotés plusieurs fois, et l'altitude adoptée est une moyenne. Pour la mise au net du dessin, nous avons procédé de la manière suivante. Après avoir déterminé au 1 : 25.000, tous les points photogrammétriques et in- diqué les routes, les cours d’eau et les villages ainsi que les divers signes convention- nels (plongements, dépôts de scories), et les principales parois qui donnent les traits caractéristiques de la montagne, nous avons fait faire un cliché, qui a été agrandi MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 299 de façon à ramener l’échelle au 1 : 25.000, sur papier au bromure. Sur cette épreuve, tout ce qui était nécessaire a été repassé à l'encre de Chine. Tout le reste (lignes de construction, numéros des points photogrammétriques) a été laissé tel quel. Ensuite, l'épreuve à été traitée à l'hyposulfite et au ferricyanure. Toutes les choses inutiles ont disparu, ainsi que les taches, qui étaient nombreuses, et, sur le fond blanc parfait que donne le papier au bromure, les hachures ont été tracées et le dessin complété. Le résultat obtenu représente, nous semble-t-il, un progrès très sensible sur les cartes préexistantes. Sans prétendre, d’ailleurs, qu'une carte levée comme il est dit plus haut puisse en aucune façon remplacer un document topographique exact, nous croyons néanmoins apporter une preuve de la possibilité de faire des levés géologiques à une échelle relativement grande, et de dessiner une carte qui donne une expression satisfaisante des rapports intimes qui unissent la géologie et la topographie. Nous croyons qu'il n’est pas nécessaire, pour entreprendre une étude géologique détaillée et à grande échelle, d'attendre que les services officiels aient exécuté de nouvelles cartes à une échelle plus grande que celles dont on dispose aujourd’hui. CHAPITRE II STRATIGRAPHIE Les terrains du Salève se prêtent admirablement à une étude stratigraphique détaillée. La face sud-ouest de cette montagne, très abrupte, est formée dans sa partie moyenne et supérieure de couches horizontales qui n’ont pas 6té dérangées. Grâce aux ravins escarpés et dénudés taillés dans cette paroi, tous les banes, même les lits marneux minces, sont assez facilement accessibles. Il nous à done été possible de faire des relevés détaillés exacts dans les endroits suivants : A la Grande Varappe (pl. 10, fig. 3) pour le Portlandien supérieur, le Pur- beckien, l’Infravalanginien et la partie inférieure de l'Hauterivien ; A la Petite Gorge pour la partie supérieure de l'Hauterivien et le Barrémien inférieur ; 300 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE Dans la région des Etiollets, des Etournelles et du Sphinx pour le Kimerid- gien, le Portlandien et le Purbeckien. Nous avons encore relevé soigneusement des coupes à la carrière d’Aiguebelle au Petit Salève, pour le Purbeckien, et au gisement classique de l’Infravalanginien des carrières de Monnetier. Nous ne nous sommes pas contentés d'examiner les roches sur place, mais chaque fois qu'un banc différait un peu de celui qui le précédait nous en avons pris un échantillon qui a été poli et étudié à la loupe, et si cela était nécessaire, mis en coupe mince et examiné au microscope. Il a été formé ainsi une collec- tion de plus de 700 échantillons de roches dont 300 environ ont été mis en coupe mince. Cette collection est déposée au Muséum d'histoire naturelle de Genève. La mesure de la puissance du Valanginien, de l’Infravalanginien, du Purbec- kien et du Portlandien a pu être faite avec beaucoup de précision dans les couches horizontales de la Grande Varappe, où il était possible de suspendre un cordeau divisé au sommet des parois et de lire ainsi directement les épaisseurs. Un contrôle au baromètre a du reste aussi été fait. La puissance de l'Hauterivien et du Kimeridgien n’a pu être estimée de cette façon. Pour le premier de ces étages nous avons employé le baromètre. Pour le Kimeridgien, nous avons mesuré exactement au cordeau la hauteur de la paroi supérieure des Etiollets qui forme la partie la plus élevée de l’étage, puis, sur une photographie de l’escarpement prise à une grande distance (du Beulet), cette mesure nous à servi de base pour évaluer la puissance totale. Pour désigner certaines structures que les noms anciens ne suffisaient pas à caractériser, nous avons adopté le terme de microbrèche en nous basant sur l’exa- men microscopique. L'étude d’un grand nombre de coupes nous a montré, en effet, que des calcaires qu’on serait tenté, après les avoir examinés à l’œil nu ou à la loupe, de désigner de façons diverses (calcaires oolitiques fins, calcaires sublithographiques) se résolvaient nettement au microscope en une structure bréchoïde, leur masse étant formée de très petits cailloux calcaires, cimentés par une vase calcaire fine. Ces cailloux ont souvent conservé des formes anguleuses, avec des angles peu usés. On a alors une véritable microbrèche. Si les cailloux sont fortement arrondis, la roche tend vers la structure oolitique, et est désignée sous le nom de microbrèche ooliti- que. Il importe de remarquer qu’on n’y trouve pas d’oolites à structure concen- trique, ce qui justifie une distinction entre ces roches et les véritables calcaires oolitiques. Dans les microbrèches les cailloux sont souvent remplacés par des débris d'organismes, et sont alors désignées sous le nom de mmicrobrèches z00- gènes. sf MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 301 JURASSIQUE KIMERIDGIEN Les caractères de cet étage sont donnés d’une façon sommaire dans la coupe fig. 1, mais nous pensons qu'il est utile d'étudier avec plus de détails les complexes de couches dont est formé ce terrain. Calcaire récifal blane, non stratifié. Microbrèches calcaires zoogènes, gris brun, grises ou blanches, parfois un peu spathiques. Calcaire dolomitique gris, grenu. Microbrèche zoogène gris clair à Zeilleria hameralis. Calcaire gris à rognons de silex. Calcaire dolomitique tendre, gris à taches ocreuses, Calcaire gris à rognons de silex. c) Calcaire récifal gris clair à Cidaris glandifera, Thiolliericrinus heberti. b) Brèche à galets anguleux coralligènes et à ciment rouge brique ou jaune rouge. a) Calcaire gris brun ou gris clair, finement grenu à Zeilleria hume- ralis, Terebratula bauhini, Rhynchonella pinguis. Fig. 1. — Coupe du Kimeridgien aux Etiollets, Echelle 1 : 2.000. 302 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE Complexe n° 1. «) Calcaires gris clair à gris brun, finement grenus, à pâte calcaire englobant de très petits cristaux rhomboédriques de calcite. Le plus souvent ces calcaires ne présentent aucune trace d'organismes ; parfois cependant, ils passent à une microbrèche zoogène à débris d'organismes variés et à rares Foraminifères. Les Brachiopodes sont assez abondants à la partie supérieure de cette assise, mais ils sont mal conservés. Ce sont : Terebratula bauhini Et. T. insignis Schübl., forme tres voisine de 7! tichaviensis Suess. T'. intermédiaire entre T!. formosa Suess et T. cotteaui H. Douv. Zeilleria humeralis (Rœm.). Rhynchonella pinguis Rœm. b) Les calcaires précédents passent à une brèche à ciment jaune rouge, deve- nant rouge brique lorsqu'il est mouillé. Les galets de cette brèche sont blanes, irré- guliers, non arrondis, constitués par une microbrèche calcaire zoogène à débris plus ou moins roulés de Coraux, Bryozoaires, Mollusques, etc. Le ciment se résout au microscope en une pâte microcristalline ou vaseuse englobant de nombreux petits rhomboëdres de calcite à zones alternativement pures et imprégnées de limo- nite, Cette brèche n’a pas une épaisseur constante et elle n’est pas nettement déli- mitée ni à sa base, ni à son sommet. c) Calcaire récifal gris clair, un peu crayeux, dont les Coraux et autres débris d'organismes sont fortement roulés. Les Foraminifères y sont assez abondants. Les cristaux rhomboédriques de calcite sont disséminés dans toute cette assise. Nous avons recueilli à ce niveau : Thiolliericrinus heberti (de Lor.). Cidaris glandifera Münst. Pachymytilus aff. obtusus n. sp. Matheronia sp. en mauvais état. Complexe n° 2. Calcaires gris, finement grenus ou presque compacts, cons- titués par une microbrèche zoogène parfois très fine. Les Foraminifères qui font défaut dans certaines couches sont assez abondants dans d’autres. Des rognons de silex de forme irrégulière sont disséminés dans tout ce complexe sans être abon- dants. Leur taille est très variable, le plus grand que nous ayons observé avait près d’un demi-mètre de diamètre maximum. Complexe n° 3. Calcaire dolomitique finement grenu, tendre, gris, à taches ocreuses. Au microscope il est formé d'une pâte microcristalline où abondent les petits rhomboèdres de calcite. Il n'y a aucune trace d'organismes dans ce com- plexe qui forme un retrait accusé dans la paroi de rochers des Etiollets. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 303 Complexe n° 4. Calcaires à rognons de silex identiques à ceux du com- plexe n° 2; les silex sont cependant plus rares. Complexe n° 5. Microbrèche zoogène calcaire, gris clair à Zeilleria hume- ralis Rœm. abondant mais en mauvais état. Complexe n° 6. Calcaires dolomitiques grenus. Complexe n° 7. Bancs de microbrèche zoogène brune ou gris brun à la base, devenant blanche au sommet, parfois un peu spathique. Les Foraminifères y sont assez peu abondants. Le ciment de cette microbrèche est soit compact, vaseux, soit formé de grandes plages de calcite. Complexe n° 8. L'assise précédente passe insensiblement à un calcaire récifal blanc, non ou très mal stratifié, où les Coraux, parfois en gros buissons abondent et donnent souvent à la roche un aspect saccharoïde. Les autres orga- nismes contenus dans ce calcaire ne peuvent s’extraire facilement; nous avons reconnu des Diceras, Spondylopecten globosus Quenst. emend. Phil., Rhynchonella astieriana d'Orb. La partie inférieure du Kimeridgien (n° 1 à 7 de la coupe) n’a été mise à jour qu'aux Etiollets pres du Coin, grace au décrochement transversal de la chaîne à cet endroit. L'épais massif de calcaires récifaux qui forme la partie supérieure de l'étage est, au contraire, visible ailleurs ; il forme les grands escarpements situés entre les rochers du Coin et la Varappe, ceux qui dominent Pomier et une partie de ceux qui avoisinent le Pas de l’Echelle. Les limites supérieure et inférieure du Kimeridgien du Salève n’ont pu être déterminées directement, la faune que nous avons pu recueillir étant peu abondante et peu significative. Heureusement, les travaux de BOURGEAT, DE RIAZ, REÉVIL, ont montré que, dans tout le Jura méridional depuis la Faucille jusqu’au delà de Cham- béry, un niveau de calcaires à silex se trouve avec une remarquable constance à la base ou près de la base du Ptérocérien. Il n’est pas douteux que ce soient ces mêmes calcaires qui se retrouvent au Salève. Il reste encore à déterminer si les couches situées au-dessous de ces calcaires à silex (n° 1 de notre coupe) doivent encore être classées dans le Ptérocérien. En général, dans le Jura méridional, il se trouve une assise assez épaisse de calcaires entre les couches à silex et les derniers bancs à Perisphinctes polyplocus (Rein.) du Séquanien supérieur, de sorte que notre complexe n° 1 doit peut-être encore faire partie du Kimeridgien. C’est d'autant plus pro- bable que, parmi les fossiles recueillis à ce niveau, Thiolliericrinus heberti de (Lor.), Cidaris glandifera Münst., Pachymytilus cfr. obtusus n. sp, Matheronia sp. ne MÉM. 80C. PHYS. ET HIST. NA. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 38 304 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE sont connus que des étages plus récents que le Séquanien. La limite supérieure du Kimeridgien de même ne peut pas être déterminée directement, mais nous avons montré, dans la partie paléontologique’de ce travail, que les couches qui se placent immédiatement au-dessus du grand massif coralligène, que nous attribuons au Kiméridgien supérieur, appartiennent au Tithonique inférieur. Il se pourrait, il est vrai, que ce grand massif coralligène appartint en partie encore au Tithonique inférieur, mais, en l'absence de toute preuve, nous préférons placer notre limite là où un léger changement de facies s’est produit, Comparaison avec les régions voisines. BOURGEAT, dans plusieurs de ses travaux, et surtout dans ses Recherches sur les formations coralligènes du Jura méridional, a montré que le facies coralligène occupe des niveaux de plus en plus élevés dans le Ptérocérien lorsque, de la partie occidentale des départements du Jura et de lAïn, on se dirige vers le Sud-Est. On voit ainsi, suivant cette direction, les marnes à Pleroceras oceuni Brongn., Ceromya excentrica Rœm., Pho- ladomya protei Brongn., du Ptérocérien, puis les calcaires compacts ou dolomitiques du Virgulien atteints graduellement par le facies coralligène, si bien que, dans la dernière chaîne orientale de cette partie du Jura, les marnes à Ostreavirgula Goldf. ont même parfois fait place aux formations coralliennes. Cet envahissement des niveaux supérieurs du Malm se continuait au Salève, puisque toute la partie supé- rieure du Kimeridgien y forme un puissant massif récifal des mieux caractérisés. Les marnes à Ærogyra virgula font ici complètement défaut et nous verrons plus loin que même tout le Portlandien inférieur possède aussi un facies coralligène typique. Dans plusieurs points du Jura méridional, BOURGEAT (loc. cit.) a aussi observé que là où les niveaux coralliens se sont élevés au sommet de l'étage, les assises infé- rieures n'ont pas, en général, conservé un facies récifal, mais un facies à calcaire compact où grenu où même à calcaire dolomitique. La même constatation peut être faite au Salève, où, dans toute la partie inférieure du Kimeridgien, on n’observe qu'une très faible enclave coralligène à la partie supérieure du complexe n° 1 de notre coupe. Dans les parties du Jura savoisien les plus proches du Salève, le Kimeridgien présente une succession d'assises ayant la plus grande analogie avec celle de notre chaine. RÉVIL (206, p. 446-455) donne une coupe du Mont du Chat que nous résu- mons de la façon suivante. Au-dessus des marno-calcaires à Oppelia tenuilobata et à Perisphinctes polyplocus on observe : a) 60 mètres de calcaires foncés, à rognons de silex apparaissant à partir de 25 mètres de la base. * CNP NS, hat à F MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 305 b) 15 mètres de dolomie grenue. c) 6 mètres de calcaire grisätre, saccharoïde en gros bancs. d) 3 mètres de calcaire légèrement dolomitique. e) 2 mètres de calcaire blond suberayeux à Polypiers. {) 68 mètres de calcaires coralligènes variés à Dicératidés et Nérinéidés. 9) T mètres d’un complexe formé de calcaires marneux, calcaires dolomitiques, calcaires grisâtres et calcaires blonds spathiques. L’analogie est donc fort grande, sauf en ce qui concerne la dernière assise, 9, qui n'a pas été envahie par le facies coralligène: L'épaisseur du Kimeridgien du Salève, tel que nous l'avons défini, atteint 253", épaisseur très considérable, comparée surtout à celle qui a été mesurée dans les départements de l’Aïn et du Jura et qui ne dépasse pas 130 mètres. La coupe du Jura savoisien, que nous résumons plus haut, à une puissance déjà plus grande, soit 161 mètres. Nous sommes cependant certains de n'avoir pas commis d'erreur sensible dans nos mesures. Il nous reste encore à ajouter que les dépôts kiméridgiens de la chaine du Salève se sont effectués dans un bassin à sédimentation extrêmement tranquille, les apports détritiques littoraux étant à peu près nuls. Dans le nombre assez grand de coupes minces des différentes couches de l’étage, que nous avons étudiées au microscope, nous n'avons pas observé un seul de ces petits grains de quartz qui sont si abondamment représentés dans la plupart des roches sédimentaires. De plus, l'argile, dans les couches qui paraissaient en contenir le plus ne dépasse pas le 1 °/,. Le « Calcaire corallien >» de A. FAVRE [104, $ 217, p. 255|, partie inférieure, correspond au massif coralligène du Kiméridgien supérieur. PORTLANDIEN La coupe que nous donnons de cet étage (fig. 2) a été relevée au haut des Etiollets pour la partie inférieure et sur l’Eperon de la Varappe pour la partie su- périeure. Au Salève, le Portlandien est divisé en deux parties de composition assez diffé- rente par un banc de calcaire très particulier que nous décrirons plus loin et que nous avons appelé calcaire moucheté. Portlandien inférieur (n° 1 de la coupe). On peut y distinguer de bas en haut : a) Brèche coralligène blanche, parfois oolitique, à faune riche, exploitable loca- lement quand la roche devient un peu crayeuse. C’est ce niveau que nous ayons 306 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE appelé couche à Matheronia salevensis dans la partie paléontologique de cette étude, car ce fossile y est particulièrement abondant et caractéristique. Voici la liste des espèces qui ont été recueillies dans cette couche : Calcaire oolitique gris clair à oolites parfois très grosses. Calcaire compact gris clair. Calcaire oolitique, compact par places. Calcaire compact en plaquettes, gris clair. Calcaire oolitique gris clair, moucheté à la base. Calcaire moucheté, accompagné par places de calcaires dolomiti- , pagne par } ques et de calc. compacts. c) Brèche zoogène oolitique blanche, fine, à lentilles de brèche ooli- tique à très gros éléments (Grosse oolite) contenant Nerinea hoheneggeri, N. binodosa, Ptygmatis pseudobruntrutana, Di- tretus nodoso-striatus, ete. b) Calcaire récifal blanc. a) Brèche corallienne blanche, à riche faune : Ptygmatis pseudo- bruntrutana, P. meneghini, Phaneroptyxis rugifera, Neri- nea jeanjeani, N. hoheneggeri, Oonia amygdaloides, Valletia antiqua, Matheronia salevensis, Diceras speciosum, etc. Fig. 2.— Coupe du Portlandien aux Etournelles et à la Grande Varappe. Echelle 1 : 400. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 307 T'hiolliericrinus heberti (de Lor.). Cidaris carinifera Ag. Pedina salevensis n. Sp. Pedina sublaevis Ag. Hemicidaris stramonium Ag. Pseudocidaris suberenularis Gauth. Acropeltis aequituberculata Ag. Codiopsis lorini Cott. Echinobrissus salevensis de Lor. Pyrina icaunensis (Cott.). Pseudodesorella orbignyana (Cott.). Rhynchonella astieriana d'Orb. Zeilleria lugubris (Suess). Zeilleria mayasiformis (Zeuschn.). Zeilleria humeralis (Ræm.). Megerlea pectuneuloides (Schloth.). Megerlea petersi Hohenegg. Megerlea aff. loryi Pict. Terebratula moravica Glock. Terebratula formosa Suess. Terebratula insignis Schübl. Terebratulina substriata (Schloth.). Alectryonia hastellata (Schloth.). Pecten aff. nebrodensis G. Gemim.et di Blasi. ; Pecten subspinosus (Schloth.). Pecten (Spondylopecten) globosus Quenst. emend. Phil. Spondylus pictetianus (de Lor.). Lima (Plagiostoma) thisbe de Lor. Lima (Plagiostoma) erctensis @. Gemm. Lima (Limatula) salevensis de Lor. Mytilus subornatus Et. Pachymytilus obtusus n. Sp. Arca (Barbatia) gracilicostatu n. sp. Isoarca cfr. eminens Quenst. Corbis valfinensis de Lor. Diceras speciosum Münst. Matheronia salevensis n. Sp. Valletia antiqua n. sp. Cardium (Pterocardia corallinum Leym. var. ralfinense Rollier. Isocardia bernardina (4'Orb.). Astarte studeri (de Lor). Pleurotomaria multiformis Zitt. Ditremaria salevensis n. Sp. Ditremaria carinata Zitt. var. elegans. n. var. Trochotoma mastoidea (Et.) Trochus (Discotectus) massalongoi G. Gemm. Turbo (Senectus) salevensis n. Sp. Pileolus minutus Pitt. Seurriopsis salevensis de Lor. Patella modesta n. sp. Natica( Amauropsis) fourneti Guir. et Og. Eunaticina quirandi de Lor. Eunaticina heterostriata n. sp. Narica mortilleti (de Lor:.). Pseudomelania flexicostata Zitt. Oonia amygdaloides (Zitt.) Purpuroidea tschani Ooster. Petersia salevensis n.sp. Petersia corallina n. sp. Brachytrema filigrana n. sp. Ditretus nodoso-striatus (Peters.). Ditretus salevensis (de Lor.). Zittelia oppeli (Et.). Zittelia picteti G. Gemm. Nerinea robusta n. sp. Nerinea jeanjeani Roman. Nerinea hoheneggeri Peters. Nerinea grata n. sp. Nerinea paucicostata n. Sp. Nerinea? dilatata d'Orb. Phaneroptyæis moreana (4'Orb.). Phaneroptyxis rugifera (Zitt.). Phaneroptyæis staszycii (Zeuschn.) var. proboscidea Cossm. et helvetica(Zitt.). Phaneroptyxis nogreti (Guir. et Og.). Phaneroptyæis multicoronata (Zitt.). Phaneroptyæis renevieri (de Lor.). Itieria cabanetiana (Math.) var. globosa n. var. Ptygmatis meneghini G. Gemm. Ptygmatis quinqueplicata G. Gemm. Cryptoplocus depressus (Voltz.). Cryptoplocus succedens Zitt. Cryptoplocus excavatus n. Sp. Aptyviella rustica n. sp. Pseudonerinea clio (d'Orb.). Belemnites (Hibolites) diceratinus Et. Nous démontrerons, dans la partie paléontologique de cette étude, que cette faune peut être attribuée au Tithonique inférieur. Les principaux gisements fossi- 308 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE lifères que nous avons exploités dans cette assise se trouvent au haut de la paroi des Etiollets et au sommet de celle qui domine le sentier de Chavardon (voir pl. 9). b) L’assise précédente passe insensiblement à un calcaire récifal blanc, sou- vent un peu crayeux, contenant encore comme la couche précédente Diceras spe- ciosum et quelques Nérinéidés. Il est très mal stratifié et très souvent couvert de végétation. c) Ces calcaires passent graduellement à une brèche calcaire zoogène ooliti- que dont les débris parfaitement roulés atteignent en général la grosseur d’un grain de chanvre. Cette brèche oolitique est très délitable et se débite sous l'influence des intempéries en plaques et en prismes, de sorte que l’assise présente des exca- vations parfois assez profondes au pied de la paroi verticale du Portlandien supé- rieur, Ce phénomène est surtout caractérisé dans la région du cirque de Chavardon et de la gorge de la Mule, Ces couches montrent, en outre, irrégulièrement dissé- minées dans leur masse, des lentilles d’une brèche coralligène à gros éléments for- més de débris de Coraux, de Diceras, de Nérinées et autres Mollusques des récifs. En général, tous ces restes d'organismes sont roulés, de sorte que la roche prend l'aspect d’une grosse oolite dont les éléments atteignent la dimension d’une noi- sette où d’une noix. Localement, ces lentilles contiennent des fossiles fort bien conservés dont voici la liste : Corbis valfinensis de Lor. Nerineu hoheneggeri Peters. Cardium (Pterocardia) corallinum Leym. Nerinea thurmanni Et. var. valfinense Rollier. Nerinea? sphinæi n. sp. Nerita (Lissochilus) tithonica n. Sp. Phaneroptyxris staszycii (Zitt.) Gymnocerithium ? involvens (Zitt.). var. typica (Zitt.). Ditretus nodoso-striatus (Peters). Ptygmatis pseudobruntrutana G. Gemm. Ditretus consobrinus n. sp. Aptyxiella rustica n. sp. Nerinea binodosa Et. Pseudonerinea clio (d'Orb.). Nerinea robusta n. sp. Belemnites (Hibolites) diceratinus Et. Nerinea salevensis de Lor. Ces lentilles de grosse brèche oolitique peuvent s’observer le mieux au pied du Sphinx, dans la Gorge de la Mule, entre l’'Evorse et le Saut Gonet et sur les deux rives de la Grande Gorge. Toutefois, tous ces gisements ne sont pas très faci- lement accessibles. Dans la partie paléontologique de ce travail nous avons souvent appelé cette brèche oolitique grossière Grosse oolite. Calcaire moucheté. Le Portlandien inférieur est séparé du Portlandien supérieur par un banc de microbrèche zoogène gris jaunâtre, à petites taches gris bleu foncé d’un aspect très caractéristique et que nous avons appelé calcaire mou- . Ü [4 MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 309 cheté. Les taches qu'il présente sont dues à une pigmentation de très petits grains de pyrite en voie de transformation en limonite. Ce banc, qui sépare deux complexes oolitiques fort semblables quand ils sont comprimés, ne dépasse pas 30° parfois, mais il est très constant dans toute l'étendue du Grand Salève et nous a été d’une grande utilité, grace à son aspect tout parti- culier, Sans sa présence, il aurait été presque impossible de déterminer avec pré- eision les dislocations qui affectent le genou du pli du Grand Salève. Parfois, comme au Sentier des Bûcherons inférieur, au lieu dit « le Canapé >» et le long du sentier de la Corniche, entre l'Evorse et le Saut Gonet, ce banc de calcaire moucheté est accompagné de quelques bancs de calcaire compact, souvent plaqueté et de banes dolomitiques pouvant être marneux. Ainsi, nous avons relevé la coupe suivante au Canapé : n) Calcaire oolitique blanc du Portlandien supérieur. m) Calcaire gris jaunätre compact 0,90. l) Banc de calcaire dolomitique grenu 1". k) Marne dolomitique gris foncé 0,20. j) Calcaire compact dolomitique 1%, h) Banc de brèche calcaire zoogène, un peu moucheté, devenant compact à la base 0%,60. g) Calcaire compact gris clair 0,70. f) Banc de calcaire, moucheté à la partie supérieure et compact à la base 1m. e) Calcaire compact gris clair, moucheté à la base 1%, d) Calcaire gris compact 1,80. c) Calcaire dolomitique un peu saccharoïde gris jaunâtre 0,60. b) Banc de calcaire moucheté typique 0,80. a) Brèches zoogènes calcaires oolitiques du Portlandien inférieur. Le calcaire moucheté peut être vu avec le plus de facilité sur le sentier même de la Grande Gorge, au point le plus oriental de son grand lacet. En cet endroit, les bancs ont la même inclinaison que la pente de la montagne. Portlandien supérieur. Il est formé de calcaires oolitiques bien lités, durs, les oolites étant de grosseur fort variable suivant les bancs. Il s’intercale dans ce complexe, à plusieurs reprises, des bancs de calcaire compact gris clair ou jaune clair. Souvent aussi, à l’intérieur d’un même banc, on voit des alternances de parties compactes et de parties oolitiques. Le Portlandien supérieur présente quelques particularités locales. Aïnsi, il arrive parfois que des lentilles de brèche zoogène à gros débris roulés, tout à fait analogue à celle que nous avons signalée dans le Portlandien inférieur, se retrouvent 310 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE à ce niveau. C’est le cas, par exemple, au bord du Sentier des Bûcherons inférieur, dans le voisinage du Petit Détroit. Aïlleurs, en plusieurs endroits, un calcaire récifal à gros buissons de Coraux réapparaît une dernière fois dans le jurassique. Aux Etournelles, près de la grotte de la Table, un banc est pétri de Nérinées qu’on ne peut pas extraire. Enfin, à la base de la paroi d’Archamps, où la partie tout à fait supérieure de létage est seule visible, il existe un banc formant un retrait où abonde une Actæonina très voisine de À. acuta d'Orb., mais de taille plus petite. Au point de vue topographique, les deux parties du Portlandien se comportent tout à fait différemment. Le Portlandien inférieur, formé d’un calcaire récifal assez tendre, souvent un peu crayeux, et de brèche oolitique facilement délitable, forme toujours une pente assez douce recouverte en général de végétation. Le Portlandien supérieur, au contraire, grâce à ses calcaires oolitiques durs, forme presque toujours une paroi très abrupte qu’on peut observer sur toute la face NW. du Grand Salève. Comparaison avec les régions voisines. Dans tout le Jura central et méri- dional, le Portlandien est formé de marno-calcaires à Cyrena rugosa (Sow.) et Cyprina brongniarti Rœm., de calcaires à Pachyceras gigas (Ziet.), à Nerinea trinodosa Volz, de calcaires compacts et de calcaires dolomitiques; il ne montre qu'exceptionnellement des enclaves oolitiques ou coralligènes. Dans la chaine du Salève, au contraire, le facies récifal a franchement envahi tout le Portlandien inférieur et le facies oolitique règne dans la partie supérieure de l'étage ; il n'existe que localement un faible épisode dolomitique qui rappelle ceux du Jura, C’est jusqu'à l'Echaillon qu'il faut aller pour retrouver un Portlandien exclusivement coralligène, plus même qu'au Salève. Une fois de plus, la théorie de CHOFFAT et de BOURGEAT du déplacement vers le sud des récifs à travers les étages du Jurassique supérieur est vérifiée. PÜRBECKIEN Le Purbeckien montre un fort beau développement au Salève, et les affleure- ments qu'il présente, au milieu des couches horizontales formant l’escarpement de cette montagne, sont probablement les plus beaux et les plus étendus de tous ceux de la région jurassienne. Il nous à donc été possible de relever des coupes très détaillées où les moindres lits de marne ont pu être examinés. Nous donnons les relevés de deux de ces coupes : l’une (fig. 3 et 4) prise aux Etournelles, au-dessus du Coin, et l’autre (fig. 5), au-dessus du passage à niveau, près d’Aiguebelle, au Petit Salève. Ces deux coupes ont l’avantage de faire connaître le Purbeckien aux MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 311 13. Calcaire oolitiqueà Foraminifères et à brèche à cailloux multicolores à la base. Calcaires lithographiques gris à cailloux multicolores disséminés. 12. Calcaires oolitiques à Foraminifères et brèche à cailloux multicolores. 11. Grande brèche à cailloux multicolores, à ciment à Foraminifères et à organisme B. . 10. Fine oolite calcaire sans organismes. 9. Marne plaquetée à fissuration prismatique de dessiecation. 8. Calcaires lithographiques ou sublithographiques gris sans organismes, sauf des Foraminifères à la base. . Calcaires oolitiques fins à Foraminifères. A la base, brèche à petits cailloux multicolores et à organisme B. 6. Calcaires oolitiques fins à Foraminifères, brèche à cailloux multicolo- res à la base. 5. Calcaires oolitiques à Foraminifères, parfois lithographiques. 4, Marne à chloropale et à cailloux calcaires. 3. Fine oolite grise à Foraminifères. 2. Marne à petits cailloux calcaires. 1. Calcaire oolitique gris et conglomérat calcaire à petits éléments, Fig. 3. — Coupe du Purbeckien, partie inférieure, relevée aux Etournelles. Echelle 1 : 125. © © MÉM, SOC. PHYS, ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). JOUKOWSKY ET J. FAVRE . Marne grise, à rognons de calcaire compact à Chara; calcaire compact à Chara, Cypris, passant à la base à une brèche à petits cailloux mul- ticolores. 26. Calcaire grumeleux, compact, à cavités remplies de marne grise à Pla- RES ER ES TS CUT CIN I CT ET ET) TT ET ET norbis loryi, Natica sp., moules internes de Lamellibranches ma- rins. . Calcaires en plaquettes, compacts, sans traces d'organismes autres que de très rares Cypris. Minces bancs de marne au sommet et à l’inté- rieur de ce complexe. . Calcaire lithographique à Cypris. . Calcaire lithographique grumeleux à Cypris. Calcaires lithographiques à Cypris, en bancs minces, parfois versicolo- res, séparés par de minces couches marneuses. . Calcaire plaqueté sublithographique versicolore à Chara. Calcaire sublithographique à Chara, Cypris. . Calcaires sublithographiques sans organismes, devenant plaquetés et marneux à la base. . Marne grise, à petits cailloux à Chara. Marno-calcaires, calcaires sublithographiques et marne. Brèche à petits cailloux multicolores à plusieurs niveaux. Valvata helicoides, Chara, Pycnodus. . Calcaire oolitique à Foraminiféres. . Calcaires lithographiques ou sublithographiques à Chara, plaquetés et à délits marneux dans le milieu du complexe. . Marne à cailloux multicolores et à Chara. 5. Calcaire lithographique à Chara à la partie supérieure. . Calcaire blanc oolitique à organismes A et B, compact, sublithogra- phique à la partie inférienre et montrant à sa base une brèche à cail- loux multicolores. Fig. 4. — Coupe du Purbeckien, partie supérieure, relevée aux Etournelles. Echelle 1 : 125. EE RS RE TPE EU (PE [42 51m [vaut] m MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 313 Fig. 5. — Coupe du . Fine oolite gris . Marno-calcaire et calcaire sublithographique à Foraminifères. . Marnes grises à cailloux multicolores et calcaires sublithographiques. . Marne gris foncé à rognons calcaires et à Aphanoptyxis variabilis, Nerinea minima, Exelissa septemplicata, Natica hemispherica, Corbula forbesi, ete. . Calcaire sublithographique gris, tacheté de noir, à Foraminifères et à organisme À. 26. Calcaire sublithographique gris à Chara. 25, Marne gris foncé à cailloux multicolores, à Foraminifères, Peris- phinctes lorioli et organisme A. . Calcaire sublithographique gris à très nombreux organismes A. 3. Calcaire sublithographique à Chara. Marne grise à cailloux calcaires versicolores, à Chara, Valvata helicoi- des, Planorbis loryi, Cypris, et un banc intercalé de calcaire à Chara. . Calcaire sublithographique gris à Foraminifères. . Brèche calcaire à cailloux multicolores et à Chara. . Calcaire lithographique gris à Chara et à organisme A. . Calcaire marneux, schisteux, sans organismes, . Calcaire lithographique gris jaunâtre sans organismes, i. Calcaire marneux gris et calcaire lithographique gris à Chara. . Calcaires lithographiques gris, marneux par places, dépourvus d’orga- nismes. . Marno calcaire à cailloux multicolores et à Ghara, 3. Calcaire lithographique gris à Chara. . Calcaire lithographique sans organismes. . Calcaire lithographique gris à Chara. Calcaire lithographique gris sans organismes. . Calcaire lithographique gris clair à innombrables Cypris, à Chara, à organisme B et à Foraminifères. A la base, brèche calcaire à cuil- loux multicolores, à Foraminifères et à organisme A. air à Foraminifères et à organisme A. A la base, marne gris foncé à petits cailloux. . Calcaires sublithographiques gris à Foraminifères i. Partie supérieure : brèche à cailloux multicolores et à ciment concré- tionné à Charaet Cypris ; partie moyenne: microbrèche à Forami- nifères ; partie inférieure: brèche à ciment marneux et à cailloux multicolores. . Calcaires lithographiques gris à PForaminifères à la base. . Calcaire oolitique fin ; les oolites sont formées par l'organisme B. . Calcaire lithographique gris à Foraminifères et à organisme A. . Grande brèche à cailloux multicolores et à ciment à Foraminifères. . Très fine oolite sans organismes. Purbeckien aux carrières d'Aiguebelle. Echelle 1 : 125. 314 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE deux extrémités de la chaîne du Grand Salève. La seconde, cependant, n’atteint pas la base de l'étage. Une troisième, très détaillée également, a été établie dans la Gorge de la Grande Varappe; nous ne la publierons pas ici, car elle est à peu près identique à celle des Etournelles. Les premières couches que nous plaçons dans le Purbeckien ne différent pas pour une grande part de celles du Portlandien supérieur. Ce sont des calcaires 0oli- tiques bien lités, gris jaunâtre, où les Foraminiferes sont assez abondants. Parfois aussi, des calcaires compacts lithographiques se rencontrent parmi les autres. Si nous séparons du Portlandien ces couches qui sont exciusivement marines, c’est qu'il s’y intercale à plusieurs reprises des brèches à cailloux multicolores que nous étudierons plus loin et qui se retrouvent jusqu'au sommet même du Purbeckien. Ces formations curieuses sont fort probablement liées aux phénomènes qui ont amené l’émersion d’une grande partie du Jura à cette époque. La plus belle de ces brèches à cailloux multicolores, que nous avons appelée grande brèche (n° 11 de la coupe fig. 3 et n° 2 de celle fig. 5), se poursuit avec les mêmes caractères sur une assez grande étendue, du Petit Salève à la paroi d'Archamps; elle nous servira de point de repère, car la coupe d'Aiguebelle n’atteint pas le Portlandien. Cette grande brèche est située à 16 mètres au-dessus de la base de l'étage; les premières couches d’eau douce apparaissent à 7,50 au-dessus d'elle, dans la coupe des Etournelles (n° 15) et à 3 mètres déjà à Aiguebelle (n° 6). À partir de ces niveaux, le facies d’eau douce ne règne pas sans conteste. Aïnsi, dans la région des Etournelles, les premiers caleaires lithographiques à Chara, qui sont en parfaite concordance avec les couches marines inférieures, sont interrompus par un banc de calcaire oolitique à Foraminifères de 1,20 d'épaisseur (n° 18) nettement déli- mité et en concordance tant avec le banc sous-jacent qu'avec celui qui lui est superposé. Dès ce moment, le facies d’eau douce n’est plus interrompu jusqu'à la partie tout à fait supérieure de l'étage où existe un banc (n° 26) à mélange de faunes marine et d’eau douce. À Aiguebelle, à un épisode d’eau douce très court, indiqué par la couche n° 6, succède un complexe marin à Foraminifères (n° 7 et 8), puis le facies d’eau douce s'établit pour une durée assez longue, mais déjà à partir de 6,50 au-dessous du sommet de l'étage (n° 21) des incursions marines se font sentir à plusieurs reprises et finissent par prévaloir au sommet. Nous ne reprendrons pas en détail les différentes couches qui constituent le Purbeckien, mais nous étudierons en bloc : a) Les couches marines de la partie inférieure de l'étage. b) Les couches d’eau douce qui en constituent la partie moyenne et supérieure. c) Les formations mixtes qui couronnent l'étage. nie MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 31) d) Enfin nous nous arrêterons quelque peu à décrire les brèches à cailloux multicolores qui peuvent se trouver soit dans les couches marines, soit dans celles d’eau douce. a) Couches marines de la partie inférieure du Purbeckien. Comme nous l’avons déjà dit, les formations marines de la base’ du Purbeckien sont consti- tuées par des calcaires oolitiques, plus rarement lithographiques, gris jaunâtre, à Foraminiferes, continuant le facies portlandien, interrompus à plusieurs reprises par les brèches à cailloux multicolores. Ces calcaires marins contiennent cependant deux espèces d'organismes ou fragments d'organismes que nous n'avons pas ren- contrés dans les formations jurassiques plus anciennes. L'un d’eux (fig. 2, pl. 14 et fig. 6, texte) que nous appelons organisme À se présente sous l'aspect de chaines 20 Je Ia Se Fig. 6. — Différents aspects de l’organisme A du Purbeckien. Gross. X 10. plus ou moins arquées, formées de cellules ajoutées bout à bout. Ces cellules, au nom- bre maximal de 12, s’accroissent à partir du centre de la chaine vers les deux extré- mités et les terminales, parfois très allongées, sont ouvertes. Ces organismes rappel- lent un peu les sections de fragments de tiges de Chara, mais, même lorsqu'ils abon- dent dans une coupe mince, on ne les voit pas en compagnie de véritabies tiges de cette Algue. L'autre, appelé B (pl. 14, fig. 1), que nous croyons appartenir à des fragments du test d’un animal que nous n'avons pas su reconnaitre, est formé de petites masses cylindriques peu allongées, à section ovalaire, présentant de nombreux canaux parallèles, rectilignes, suivant le grand axe du cylindre. En section trans- versale, ces canaux montrent une disposition régulière suivant une courbe fermée ressemblant au contour d’un fer à cheval. Ces deux organismes, qui sont parfois très abondants au point de constituer presque à eux seuls toute la roche, ne sont pas seulement localisés dans les couches marines inférieures du Purbeckien, on les retrouve dans les bancs à Foraminiferes qui sont isolés au milieu des bancs d’eau douce. 316 E. JOUKOWSKY ET J, FAVRE Il faut encore mentionner, au milieu des couches marines, la marne représentée dans la coupe des Etournelles par le n° 9. Elle se retrouve dans la Gorge de la Grande Varappe et dans la paroi d’Archamps; en ces divers endroits, elle est séparée de la grande brèche par un banc d’une oolite très fine et très régulière. Cette marne est plaquetée et montre à la surface des délits un réseau polygonal paraissant résulter d’un retrait produit par la dessiccation, les prismes produits ayant été soudés à nouveau par un dépôt marneux interstitiel. Les plaquettes polygo- nales déterminées par le réseau des fissures sont concaves vers le haut, ce qui semble aussi permettre de conclure en faveur d’une émersion et d’une dessiccation de la couche. b) Les couches d’eau douce. Elles sont essentiellement formées de cal- caires durs, lithographiques ou sublithographiques, parfois un peu fétides, bien lités, parfois plaquetés. Ils contiennent principalement des graines et des fragments de tiges de Chara appartenant probablement au ©. jaccardi Heer. Ces graines et ces tiges ne peuvent être dégagées de la roche; ce n’est qu'en section qu'on peut les étudier (pl. 13, fig. 1 à 6). Parfois elles sont en quantité prodigieuse (pl 13, fig. 1). Les valves de Cypris sont en général peu abondantes, sauf cependant dans la couche n° 9 de la coupe d’'Aiguebelle où elles pullulent. Les Mollusques sont rares dans les calcaires et, à cause de la dureté de la roche, ils se cassent avec elle et n'apparaissent qu’en section à test mince et noir. Ce n’est qu'au bord du sentier des Bücherons supérieur, un peu au SW. du passage de l'Arc, près d’un filon de grès sidérolitique qui traverse les couches purbeckiennes, qu'on voit, tout près du sommet de l'étage, un calcaire assez tendre où Planorbis loryi Coq., Physa weal- diensis Coq., Lioplax inflata Sandb., sont abondants et peuvent être dégagés. Les marnes et marno-calcaires d’eau douce sont peu abondants au Salève. Les marnes forment, en général, de minces lits entre les bancs de calcaire compact ou de marno-caleaire; elles sont du reste très peu fossilifères et contiennent souvent des cailloux multicolores. c) Formations mixtes couronnant l'étage. Les derniers bancs de marne et de marno-calcaires qui terminent l’étage sont intéressants car ils contiennent un mélange de faune marine et de faune d’eau douce. Dans la région des Etour- nelles et de la Varappe (n° 26 de la coupe fig. 4), les organismes d’eau douce prédo- minent; nous avons recueilli les espèces suivantes : Valvata helicoides Forbes. Lioplax inflata Sandb. Planorbis loryi Coq. Chara sp. Physa wealdiensis Coq. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 317 Les fossiles marins ne sont représentés aux Etournelles que par des moules internes de Natica et de Lamellibranches, à la Varappe s'ajoute Perisphinctes lorioli Zitt. En se dirigeant vers l'Est, au Sentier des Bücherons supérieur, Apha- noptyxwis variabilis n. sp. apparait, et enfin au Petit Salève, au-dessus d’Aigue- belle (n° 28 de la coupe fig. 9), la faune est complètement marine ou saumâtre. Toutes les espèces cependant sont atteintes de nanisme, ce qui semble indiquer que les conditions normales de salure ne sont pas encore réalisées. Voici cette faune : Corbula forbesi de Lor. Pseudomelania nana n. sp. Oopis sp. Exelissa septemplicata (Ræœm.). Pileolus sp. Nerinea minima n. Sp. Nerita Sp. Nerinea concinna n. Sp. Natica florae de Lor. Aphanoptyæis variabilis n. sp. Natiea burottei de Lor. Cylindrites (Volvocylindrites) sp. Natica (Ampullina) hemisphaerica Rœm. Perisphinctes lorioli Zitt. Comme nous le verrons dans la partie paléontologique de cette étude, toutes ces espèces, sauf Perisphinctes lorioli, sont communes ou ont des affinités avec des espèces du Jurassique supérieur du nord de la France et du Hanovre. Le régime marin qui les à amenées n’a pas mis fin d'une façon brusque au facies d’eau douce, mais on voit, au contraire, dans la coupe d’Aiguebelle (n° 21 et 25), qu'il a été annoncé à deux reprises par de faibles incursions ayant laissé des dépôts à Fora- minifères. d) Les brèches à cailloux multicolores. Ces brèches, signalées dans tout le Jura au niveau du Purbeckien, prennent au Salève un développement mconnu ailleurs. Dans notre coupe des Etournelles, c’est à douze reprises qu’on les voit appa- raître. Ils est vrai qu’elles sont surtout abondantes et typiques dans la partie infé- rieure de l’étage où les organismes d’eau douce n’ont pas encore apparu. Chacune des brèches repose toujours en concordance sur les bancs sous-jacents qui ne sont que tout à fait exceptionnellement un peu érodés (fig. 7), mais sans que discordance s’ensuive. Nous avons surtout étudié la plus belle de toutes ces brèches, que nous avons appelée la grande brèche (fig. 3, n° 11 et fig. 5, n° 2); elle a une extension horizon- tale assez considérable et nous l’avons observée du Petit Salève jusqu'au-dessus de Pomier. Elle est superposée à un banc d’oolite dont la finesse et la régu- larité est plus grande que chez toutes les autres de l’étage, et est, de ce fait, facile- ment reconnaissable, Elle atteint une épaisseur de 0,40 environ et est formée d'un ciment calcaire sublithographique dur à Foraminifères rares dans lequel les LT 4 ee ES Es a 03 5 var nl Le De La 913 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE cailloux sont si bien encastrés qu'ils se cassent avec la roche; à la base de la couche, cependant, le ciment devient parfois marneux et les cailloux peuvent être dégagés. Ces galets possèdent toutes les teintes entre le gris clair et le bleu noir, toutes les grandeurs jusqu’à un diamètre de 0",30 environ. Ils ne sont pas disposés sans ordre; les plus gros sont à la base de la couche. Leur forme n’est presque jamais arrondie, mais au contraire très irrégulière; parfois leurs angles sont vifs, parfois arrondis ; très souvent leurs faces présentent des cavités irrégulières ou arrondies, des perfo- rations, comme s'ils avaient subi les effets de la corrosion. Ils ne se touchent pas en général, surtout à la partie supérieure du bane où ils sont de petite taille et disséminés dans le ciment. D’après leurs caractères pétrographiques, on peut dis- tinguer des calcaires lithographiques, des calcaires oolitiques identiques au cal- caire formant le banc sous-jacent et des calcaires sublithographiques très caracté- ristiques à petites taches plus claires arrondies, à tests de Grastéropodes très minces et noirs; ces derniers calcaires ont l'apparence de calcaires d’eau douce, nous n'y avons cependant pas constaté de débris de Chara. La description précédente, qui concerne la grande brèche, peut s'appliquer en erande partie aux autres, moins épaisses et atteignant même parfois seulement quelques centimètres. Leur ciment ne devient pas marneux, en général, et leurs cailloux n’atteignent pas une aussi grande taille; nous avons observé des brèches (n° 6 de la coupe d’Aiguebelle) formées d’une accumulation de petits cailloux angu- leux ne dépassant pas en moyenne un demi-centimètre de diamètre. Le ciment des brèches est le plus souvent une formation marine à Foraminifèrés, cependant, parfois, les galets sont agglomérés par un calcaire à Chara (n° 6 d’Aïguebelle). Notons encore que les premiers bancs de brèches qui apparaissent (n° 1 et 2 de la coupe de la Mule) sont formés de petits galets anguleux gris jaunâtre, mais non multico- lores. Enfin, souvent les marnes contiennent des galets de teintes variées, montrant parfois des restes de Chara. Origine des cailloux. La couleur bleu noir des galets avait amené autre- fois quelques géologues à admettre une origine alpine, mais cette opinion est aujourd’hui complètement abandonnée. Pour CHOFFAT, MAILLARD et GIRARDOT !, les cailloux noirs se sont formés au sein de la vase, par agglomération ou par voie d'attraction moléculaire. Pour le dernier de ces auteurs, les autres galets des brèches offrent la texture de certains calcaires du Jurassique supérieur, ou pourraient même provenir de bancs sous-jacents. Nous pensons que non seulement une partie des galets peut provenir des 1 Marzcarn, Inverlébrés du Purbeckien du Jura, p. 150, Mém. Soc. pal. suisse, vol. 11, 1884 et Grrarpor, Le Purbeckien de Pont-la-Chaux, Bull. Soc. géol. France, (3), vol. 13, 1883-55, p. 755, MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 319 bancs sous-jacents du voisinage, mais que fous ont une origine locale. Nous avons déjà fait remarquer plus haut l'identité complète existant entre les cailloux ooli- tiques de la grande brèche et du banc sous-jacent. Il y a plus. On peut voir en quel- ques endroits, par exemple dans la partie supérieure de la gorge de la Mule (où a été pris le croquis fig. 7), que le banc de fine oolite qui supporte la brèche est 1 CRTC , Sinye e ns ie Arr . .. 1 2 7e a x »., 1 » o LI ER GE e DL EPS C à! 9 s RAT . . Ces PET mLAENe e — , ° . DO A7 ENT Gen A RC ON SEE < 5 ° CS ° ae 0 0 + -----0 Fig. 7. -— Aspect de la grande brèche à cailloux multicolores du Purbeckien, dans la partie supérieure de la gorge de la Mule, rive gauche. À. Banc oolitique érodé donnant naissance à des cailloux se mé- £ ; £ q langeant aux autres et formant la brèche fissuré et érodé à sa partie supérieure, et que des galets sont en voie de se détacher et de se répandre. Les calcaires lithographiques et sublithographiques qui forment les autres galets sont d'un type qui se retouve dans tout le Purbeckien: il n'y à pas de raison qui empêche de les considérer comme provenant de bancs du voisinage. La couleur des galets nous paraït être un caractère négligeable pour la déter- mination de l’origine des éléments des brèches. Nous avons, en effet, observé parmi les cailloux de calcaire sublithographique, si caractérisés par leurs taches arrondies plus claires et leurs tests noirs de Mollusques. toutes les teintes entre le gris clair et le bleu noirâtre. Il n’est cependant pas douteux pour nous que tous ces galets subli- thographiques si particuliers proviennent du même banc. La même variété de colo- ration se voit aussi dans les galets oolitiques dont l’origine doit certainement être recherchée dans le banc sous-jacent. Pour nous, la teinte bleue plus ou moins foncée des galets est la couleur primitive due à la pyrite pigmentaire disséminée dans la masse des roches de l'étage. Ces roches ont dans la suite jauni par l'oxydation, tandis que les galets, protégés par le ciment dans lequel ils étaient plongés, n’ont pas été modifiés. Il n’est pas rare, du reste, de trouver dans le Purbeckien des bancs de calcaire, que nous ayons appelé dans nos coupes « versicolore >», présentant à leur MÉM. SOC. PHYS, ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913) 40 320 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE intérieur des taches bleu foncé se fondant avec le jaune ou le gris de la partie exté- rieure oxydée. Mode de formation des brèches. Nous croyons avoir démontré que ces brèches contiennent des éléments d’origine toute locale, et n’ayant pas subi l'effet prolongé des vagues, puisqu'ils sont de forme tout à fait irrégulière. En outre, nous avons toujours constaté une concordance entre les nombreuses brèches que nous avons eu l’occasion d'examiner et les bancs qui les supportent, bien que ceux-ci soient parfois érodés à leur surface. Nous ne doutons pas, cependant, qu’il y ait eu quelque part des discordances, puisque les brèches contiennent des éléments autres que ceux de la couche immédiatement sous-jacente. D’autre part, comme ces élé- ments sont très peu variés (3 espèces dans la grande brèche), ils doivent provenir d’un très petit nombre de banes et cela permet de conclure que les couches s’étaient bien peu éloignées de leur horizontalité. Il est difficile de trouver une explication qui satisfasse à ces différentes condi- tions. MAILLARD ! considérait les brèches comme des levées de galets; ces deux formations nous paraissent, au contraire, offrir bien peu d’analogie, les secondes étant formées principalement d'éléments roulés. Voici la seule explication que nous avons su trouver; nous ne la donnons que comme une simple hypothèse. Dans la région qui nous occupe, le fond de la mer à subi une série d’oscilla- tions positives et négatives. Lors des soulèvements, ce fond, parallèle dans son ensemble à la surface de la mer, mais très légèrement ondulé, a donné naissance à des îles temporaires à relief à peine sensible où les sédiments fraichement déposés avaient le temps de se consolider et probablement aussi de se fissurer par la des- siccation. Les vagues et les marées, faibles, attaquaient ces terres nouvelles et répandaient sous l’eau dans le voisinage, les galets qu’elles y avaient arrachés, mais leur action n’a pas été cependant suffisamment intense pour pouvoir les arron- dir. Du reste, un affaissement n’a pas tardé à interrompre pour quelque temps l’action destructrice de la mer et la sédimentation marine a continué à aceumuler des dépôts sur les régions récemment émergées. Distribution du Purbeckien au Salève. Nous renvoyons à la carte et aux dessins géologiques pour la répartition de ce terrain. L’étage présente son épaisseur normale dans les couches horizontales de l’escarpement. Comme ses cou- ches supérieures sont soit des marnes, soit des calcaires en bancs minces où même ! Invertébrés du Purbeckien du Jura, p. 148. sé MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 321 plaquetés, il forme toujours un retrait qui est surplombé par la masse calcaire des couches à Æeterodiceras luci. Cette disposition a permis aux varappeurs de tracer des sentiers très pittoresques à la limite du Jurassique et du Crétacé, sentiers qui en même temps sont d'une grande utilité pour le géologue. Tels sont le sentier des Voñtes inférieures du Petit Salève, puis au Grand Salève celui des Bûcherons supé- rieur, celui de la Corniche entre la Grande Gorge et l'Evorse, et enfin celui qui conduit de la Grotte d’Orjobet aux Etournelles. Les plus beaux afleurements de Purbeckien se trouvent à la Grande Varappe et dans la région des Etournelles et de la partie supérieure de la gorge de la Mule, mais ils sont peu accessibles, surtout le premier, pour celui qui n’a pas l'expérience de la montagne. L'afeurement du Sentier des Voûtes inférieures du Petit Salève, par contre, peut être atteint par tout le monde. Nous avons aussi constaté la présence du Purbeckien dans les couches verti- cales du flanc NW. de l’anticlinal (pl. 11, fig. 1, p. ex.), mais quoique très recon- naissable, il est souvent très écrasé ; ainsi, au bas de la Grande Gorge, au pied NW. du rocher appelé + la Poupée », il n’a plus que 2 à 3 mètres d'épaisseur. Cet étage se retrouve, avec les mêmes caractères qu'au Grand Salève, dans la paroi d’Archamps et au-dessus de Pomier; mais il est difhcilement accessible dans le premier de ces endroits et assez fortement recouvert par la végétation dans le second. En dehors de notre carte, à l'extrémité SW. de la chaine du Salève, à la Balme de Sillingy près d'Annecy, nous avons constaté l’existence du Purbeckien avec un facies analogue à celui du Grand Salève. Le sentier qui part de la Petite Balme, après s'être élevé sur les premières pentes, s'engage dans la paroi de rochers grâce au retrait taillé dans les couches supérieures un peu marneuses du Purbeckien. Comme au Grand Salève, les calcaires de l’Infravalanginien forment un surplomb très accusé. Nous avons recueilli, à cet endroit, quelques échantillons de roches qui nous ont paru les plus intéressants et nous les avons étudiés en coupe mince ou au microscope binoculaire. A partir de la limite du Jurassique-Crétacé vers le bas, nous avons constaté, nos mesures étant faites au baromètre : À 2 mètres un calcaire sublithographique gris où les Chara abondent. A 13 mètres, dans le petit escarpement qui domine un petit champ d'Iris, un calcaire analogue au précédent à nombreuses graines de Chara. A 18 mètres une brèche à cailloux multicolores. Au-dessous apparait un complexe de calcaires compacts où oolitiques gris clairs, puis à 30 mètres une marne et un calcaire gris brun foncé où les Chara pul- lulent. Au-dessous, on observe, jusqu'au point où les éboulis recouvrent la pente, des 329 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE calcaires blancs oolitiques. Nous ne pensons pas qu'ils appartiennent déjà au Portlandien supérieur, car un peu plus au nord, dans des carrières en exploitation, on voit dans des couches paraissant plus profondes que les précédentes, des brèches à cailloux multicolores. L'épaisseur du Purbeckien atteint, au Grand Salève, 40 mètres à la Varappe et 43 mètres à la Gorge de la Mule ; les premières couches d’eau douce -appa- raissent à 17 mètres au-dessous de la limite supérieure de l’étage dans le premier de ces endroits, à 19 mètres au second et à 21 mètres à Aiguebelle. Dans la direc- tion de l’ouest, cette épaisseur augmente puisque nous avons observé à la Balme de Sillingy des bancs à Chara à 30 mètres sous le sommet de l’étage et que très pro- bablement des brèches à cailloux noirs existent beaucoup plus bas. Nous verrons tout à l'heure que, plus à l’ouest, au Vuache, l'épaisseur augmente encore d’une façon considérable. L'apport détritique littoral gréseux et argileux est à peu près nul dans les couches purbeckiennes du Salève. De nombreuses coupes minces de ses différentes assises, étudiées au microscope, ne nous ont pas montré un seul petit grain de quartz, sauf dans la couche marine d’origine septentrionale qui couronne l'étage. Les marnes, peu abondantes d’ailleurs, ont une faible teneur en argile. Comparaison avec les régions voisines. Le Purbeckien du Salève dif- fère notablement de celui du Jura central. MAILLARD ! a, en effet, montré qu’au nord d’une ligne passant de Foncine (Jura) à Vallorbes, le facies d’eau douce a été préparé par un facies lagunaire caractérisé par des dépôts de calcaire et de cor- gnieule dolomitiques, de gypse, de marnes lourdes, très argileuses, grises ou noires contenant souvent des cristaux de quartz bipyramidés, de bancs ou de rognons de grès (que nous ne considérons pas comme détritiques, car ils sont formés d’un agglo- mérat de petits cristaux et non de grains clastiques). Au Salève, on n’observe rien de tout cela. Le facies d’eau douce caractérisé par des calcaires à Chara et à Cypris succède directement au facies marin pur oolitique et à Foraminifères sans que celui-ci soit toutefois supplanté définitive- ment, puisqu'on le voit former des enclaves à la base de celui-là. Le Purbeckien du Jura central est toujours moins épais que celui du Salève. La puissance du premier n’atteint jamais plus de 20 à 25 mètres, tandis que celle du second dépasse toujours 40 mètres. Dans tout le Jura méridional, au contraire, le Purbeckien a un facies analogue à celui de notre chaine. Ainsi, au Vuache, nous avons constaté son existence à 1 Invertébrés purbeckiens du Jura, p. 21. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE J20 l'extrémité méridionale près de Chaumont, comme à l extrémité septentrionale au- dessus d'Arcine, En ce dernier endroit, nous ayons observé, grâce à une étude sommaire, les couches suivantes dont les épaisseurs ont été déterminées au baro- mètre et évaluées à partir de la limite du Crétacé et du Jurassique, Himite caracté- risée comme au Grand Salève par le surplomb des calcaires infravalanginiens : A 2 mètres de cette limite un banc de calcaire grissublithographique à Chara et Foraminiféres ; A 5 mètres, une brèche à petits cailloux multicolores; A 67 mètres, un banc de calcaire compact jaunâtre, clair, à graines de Chara très abondantes : A 72 mètres, une brèche à cailloux multicolores. Ce Purbeckien possède done une épaisseur beaucoup plus considérable qu'au Salève, Il est à remarquer que, entre les différents bancs d’eau douce que nous venons de signaler, des couches oolitiques à Foraminifères sont très abondantes. Le facies marin parait être prépondérant, les couches d’eau douce n’y forment que quelques intercalations. Les travaux de HOLLANDE, MAILLARD, RÉVIL! ont montré que dans toute l'extrémité méridionale du Jura, jusqu'aux confins du département de l'Isère, le Purbeckien est formé de calcaires compacts lithographiques gris, de calcaires gris fragmentés mêlés de marnes, de calcaires marneux, de marnes à cailloux, de brè- ches à cailloux multicolores. Ces couches sont d’eau douce à la partie moyenne et saumâtres à la partie supérieure. L'analogie est done très grande avec les dépôts du Salève. Mode de formation du Purbeckien dans le Jura méridional. L'absence dans toute la région du facies des marnes argileuses à gypse et des corgnieules do- lomitiques ne permet pas d'admettre que les formations d’eau douce aient pris nais- sance dans des lagunes qui se seraient transformées ensuite en lacs par des apports d’eau douce. Le caractère le plus étonnant des dépôts purbeckiens du Salève, du Vuache et des régions limitrophes, est l’absence de discordance sensible entre les dépôts marins et les dépôts d’eau douce. Le passage du Portlandien au Purbeckien est indiqué par l'apparition à plusieurs niveaux de brèches à cailloux multicolores, d’origine tout à fait locale, devant résulter de mouvements d’oscillation du fond de la mer. Nous avons cependant toujours vu ces singuliers dépôts en concordance sur les bancs plus anciens qui tout au plus sont partiellement érodés. Enfin, les mterca- 1 Voir pour cette question J. Révir, Géologie des chaines jurassiennes et subalpines de la Savoie. Mém. Acad. Sc. Belles Lettres et Arts de Savoie, (9), vol. 1, p. 460, 1911. 324 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE lations marines dans les complexes d’eau douce, comme les bancs de calcaire d’eau douce dans les complexes marins, ne montrent aucune discordance. Dans ces condi- tions, l'explication de la formation du Purbeckien dans le Jura méridional nous parait extrêmement difficile; nous n’en avons pas trouvé qui nous satisfasse com- plètement, nous voulons cependant faire part de la suivante : La grande plateforme continentale qui bordait au sud le continent formé à la fin du Jurassique dans le nord de l’Europe centrale a subi une série d’oscillations. Lors de ses mouvements positifs, sa surface était soulevée dans une position paral- lèle à celle du niveau de la mer tout en présentant de très légères ondulations. Il s’est formé, de cette façon, des iles basses, à relief à peine perceptible où les sédi- ments, desséchés et solidifiés, servaient d'aliments aux vagues peu actives qui les répandirent dans le voisinage où la sédimentation marine se poursuivait d’une façon ininterrompue. Ces émersions, de durée fort courte, se succédaient en de nom- breux endroits, alternant avec des mouvements négatifs du sol, jusqu'au moment où une oscillation positive plus forte, qui ne se fit probablement pas sentir au même moment dans toute la région, souleva la plateforme et la transforma en une plage immense à pente imperceptible. Cette plage ne tarda pas à subir un léger mouvement de bascule de facon à ce que sa partie la plus rapprochée du continent serve de bassin. de réception aux eaux douces dues aux précipitations, tandis que sa partie côtière, à peine exondée et soumise à des mouvements d’oscillation, servait de barre. C’est au milieu de l’époque purbeckienne que cette barre eut le plus de stabilité, mais au commencement et à la fin, ses mouvements négatifs, probablement peu perceptibles, permirent aux invasions marines de se faire sentir dans la nappe d'eau douce jusqu'au moment où la grande transgression crétacée mit fin au régime lacustre. Histoire de la découverte du Purbeckien au Salève. Alphonse FAVRE (401, $ 219, p. 259] a signalé en 1863, sur le sentier de la Grande Gorge, l’'exis- tence « d’un calcaire bréchiforme à cailloux noirs qui ressemble d’une manière frappante aux couches du Purbeck des environs de Neuchâtel. » Faute d’autres preuves, le célèbre géologue ne peut être plus afhrmif. La brèche en question appar- tient bien au Purbeckien et on peut constater, en effet, sur le sentier de la Grande Gorge, un peu avant d'atteindre la paroi dans laquelle à été fixée la « barrière de fer >, que toute la partie inférieure et moyenne de cet étage est bien visible, tandis que la partie supérieure, la plus caractéristique, a été enlevée, grâce à la termi- naison à cet endroit, de la faille de la Petite Gorge. Aux carrières de Monnetier, ce même auteur constate que le Purbeckien man- que, puisque les couches à Diceras luci sont en contact avec celles à Natica RP EDR EN LRO ENS ON ART ÿi 4 y (y j= MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 92) leviathan. La conclusion de A. FAVRE est très compréhensible, car les couches à ÆHeterodiceras luci étaient considérées à l’époque comme caractéristiques du Jurassique supérieur, tandis qu’elles doivent en réalité être rattachées à l’Infrava- langinien. Plus tard, en 1883 et en 1889, MaiLLaARD [160, p. 33 et 465, p. 51] découvre dans une carrière, à Veyrier, un complexe de calcaire compact, de brèche à cailloux noirs et de marne à Physa wealdiensis, qui est sans nul doute d’âge purbec- kien, mais qui appartient à de grandes masses éboulées. En effet, les couches pur- beckiennes décrites par cet auteur se trouvent sur le plateau d’éboulement sup- porté par la terrasse fluvioglaciaire supérieure dominant Veyrier. Cet endroit est bien en dehors du flanc vertical du Salève et, pour retrouver en place les couches de È cet étage, il faut, de la carrière étudiée par MAILLARD, gravir les pentes d’éboulis, atteindre les nouvelles carrières de Veyrier ouvertes dans les couches verticales de l’Infravalanginien et suivre le sentier conduisant à Pierre Longue, rocher derrière lequel le Purbeckien forme un couloir très étroit et très rapide. A Monnetier, et pour les mêmes raisons que A. FAVRE, MAILLARD cherche le Purbeckien entre les couches à Heterodiceras luci (infravalanginiennes comme nous l’avons dit) et celles à Natica leviathan, il observe un passage graduel des unes aux autres sans intercalations de bancs d’eau douce et il conclut que la rive du lac purbeckien devait se trouver entre Veyrier et Monnetier. Il peut paraitre étonnant que le Purbeckien n'ait pas été découvert plus tôt en situation normale au Salève où il est pourtant bien développé. Cependant, les seules voies d'accès conduisant à cette montagne et traversant les formations jurassiques dont pouvaient disposer les géologues de l’époque de A. FAVRE et de MAILLARD étaient le Pas de l’Echelle-chemin des Treize Arbres et le sentier de la Grande Gorge. Le premier de ces deux chemins passe par une région disloquée grâce à la faille de la Petite Gorge, de sorte que le Purbeckien, difficilement visible du reste, ne se trouve pas en situation normale. Nous avons vu également que, sur le sentier de la Grande Gorge, la série purbeckienne est incomplète. Un autre obstacle à la découverte de cet étage a été que les couches à Hete- rodiceras luci étaient considérées comme caractéristiques du Jurassique supérieur. Dès lors, il est tout naturel que les géologues n'aient pu trouver cette assise d’eau douce au-dessus de ces couches qui sont en réalité infravalanginiennes. Il est curieux, cependant, que personne n'ait fait mention des couches purbeckiennes qui se voient fort bien au Chäteau de Monnetier et le long du sentier des Voûtes infé- rieures du Petit Salève, que tous les géologues qui se sont occupés du Salève ont visitées. C'était autrefois le seul afHleurement bien caractérisé qui fût très facile- ment accessible. Aujourd’hui, les varappeurs ont établi de nombreux sentiers et d RP PAS PO A TT MER CS VO] j : ANGLET 326 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE passages, parfois d’une grande hardiesse, dans les parois très escarpées du Grand Salève. Si nous avons pu apporter plus de précision dans la stratigraphie de cette montagne, c’est pour une part à eux que nous le devons, car nous pouvons bien dire que jamais nous n’aurions tenté d'étudier la superbe coupe de terrains qu’on trouve à la gorge de la Varappe, si les passages n'avaient été étudiés avec soin par les amateurs d’alpinisme. CRÉTACÉ Les premières couches infravalanginiennes reposent, au Salève, en concordance sur les dépôts jurassiques. Si la grande transgression crétacée n’est pas indiquée ici par une discordance, elle est toutefois très manifeste. En effet, nous avons vu précédemment que, durant tout le Jurassique supérieur, la sédimentation, très tran- quille, ne fut pas troublée par l’apport d'éléments détritiques littoraux. Les petits grains de quartz font toujours défaut pendant cette période, sauf dans la couche marine d’origine septentrionale qui couronne le Purbeckien où ils se montrent en très petite quantité. [ls apparaissent dès les premières assises crétacées et il est bien peu de couches de l’Infraÿalanginien, du Valanginien et de l'Hauterivien qui n’en contiennent. Parfois, surtout dans l'Hauterivien, ces grains, dans les marnes et les calcaires gréseux, forment une proportion atteignant le 40 0/,. Il arrive aussi surtout dans l’Infravalanginien, que d’autres minéraux en petits grains, comme la tourma- line, la glauconie et le zircon (?) accompagnent le quartz, mais en quantité minime. Tandis que les dernières couches purbeckiennes à faunule naine sont l’indice d’un régime marin hésitant, venant du Nord, les premières couches crétacées attes- tent une invasion marine tout à fait franche et vigoureuse d’origine méridionale. Elles sont constituées, en effet, par des calcaires zoogènes contenant d’abord le genre Toxaster inconnu jusqu'alors dans la région puis, plus tard, le genre Æeterodiceras. Le contraste si tranché entre les deux terrains qui sont à la limite des périodes jurassique et crétacée est encore rehaussé par le fait que la surface du dernier banc purbeckien est perforée par les Mollusques lithophages. L’Eocrétacé seal est représenté au Salève. Les premiers étages du Mésocrétacé, qui existaient très probablement dans la région, ont été complètement enlevés par les grandes érosions de la fin de la période et de celles du commencement de l’époque tertiaire. MONOGRAPHIE. GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 927 INFRAVALANGINIEN Cet étage se divise au Salève en deux parties : a) Assise à /leterodiceras luci à la base. b) Assise à Natica leviathan à la partie supérieure. «) Assise à Heterodiceras luci. Cette assise, qui atteint 22 mètres, forme un massif de composition assez homo- gène déterminant, en général, dans l’escarpement du Grand et du Petit Salève, une paroi abrupte dominant les pentes relativement douces dues au Purbeckien. La coupe fig. 8 a été levée dans la gorge de la Grande Varappe (voir pl. 10, fig. 3). Les complexes 1 à 3 y représentent l’assise à /leterodiceras luci. Le complexe n° 1 est formé de microbrèches zoogènes où les fossiles entiers sont rares. Un Toxaster y est disséminé; identique par sa forme à 7. granosus d'Orb., il ne peut être déterminé exactement, la surface de son test étant toujours encroûtée. On y trouve encore ARhynchonella corallina Leym. var. neocomiensis Jacob et Fallot et Pleuromya aff. vollzi Ag. Entre les complexes 1 et 2 s’intercale, dès la gorge de l’Evorse vers l’ouest, un banc de calcaire marneux où les Brachiopodes sont assez abondants, Nous y avons recueilli : Pecten rochati de Lor. Rlmynehonella corallina Leym. var. neocomiensis Jacob et Fallot. Terebratula carteroni d'Orb. Zeilleria aff. hoheneggeri Suess. Toxaster cfr. granosus d'Orb. Nous n'avons rien à ajouter au sujet du complexe n° 2, formé de calcaires oolitiques gris blanchâtre à Foraminifères, sinon qu'on y rencontre rarement aussi Rhynchonella corallina Leym. var. neocomiensis Jacob et Fallot. Le complexe n° 3 est formé, à la gorge de la Varappe, de brèches zoogènes oolitiques dont les éléments roulés peuvent atteindre la dimension d’un pois. Sporadiquement, ce niveau devient fossilifère et contient alors la faune typique des récifs. Tel est le cas dans la paroi d’Archamps et sur le sentier de la Traversière conduisant du Beulet aux Pitons, où l’on peut observer Æeterodiceras luci (Detr.). Mais c'est surtout près de Monnetier que cette couche est fossilifère ; c’est là que DE LUC a recueilli il y a plus d’un siècle les superbes échantillons de l ÆZeterodiceras MÉM, SOC. PHYS. EL HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 41 CREER PTE EE LP a 328 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE qui porte son nom et qui ont été figurés pour la première fois en 1779 par H. B. DE SAUSSURE dans son Voyage dans les Alpes. Malheureusement, ce célèbre gisement n'est plus visible aujourd’hui, il se trouve dans une ancienne carrière entièrement comblée par les déblais des carrières qui sont actuellement en exploitation. La photographie pl. 10, fig. 1 permet toutefois de se rendre compte de sa situation, car on aperçoit de part et d'autre de l’ancien chemin qui conduit de Monnetier au Salève (ac de la figure) les déblais qui en proviennent, déblais dans lesquels, en effet, nous avons trouvé deux valves d’Aeterodiceras luci. La roche qui contient cette faune coralligène, appelée Oolite corallienne par A. FAVRE, est une brèche zoogène oolitique un peu crayeuse, gris jaunâtre, dont les éléments, roulés, fins en général, peuvent atteindre parfois toutes les dimensions jusqu'à celle d’une noix. Elle se distingue toujours facilement des roches similaires du Kimeridgien et du Portlandien de la région qui sont d’un blanc beaucoup plus pur. DE LorroL [100] a confondu la faune coralligène de Monnetier avec celle du Kimeridgien des autres parties du Salève. Nous avons repris tout le matériel ayant servi à ce paléontolo- giste et nous avons séparé ce qui appartient au Jurassique de ce qui est crétacé. On trouvera, dans la partie paléontologique de cette étude, de plus amples rensei- gnements sur ce sujet. Ici, nous nous contenterons d’énumérer les espèces recueillies dans cette couche. Pyrina icaunensis? Cott. Heterodiceras luci (Defr.). Rhynchonella corallina Leym. var. #e0c0- Cardium (Pterocardia) corallinum Leym. miensis Jacob et Fallot. var. «latun de Luc. Pecten rochati de Lor. Natica depanira? d'Orb. Lima monetieri n. Sp. Nerinea dilatata ? d'Orb. Pinnigena saussuri Desh. Phaneroptyxis renevieri? de Lor. Lithodomus luci de Lor. Cryptoplocus depressus ? Voltz. Corbis salevensis de Lor. Pseudonerinea clio (d'Orb.). Diceras escheri de Lor. Prosopon oxythyreiforme G. Gemm. Les Coraux sont abondants, mais encroûtés et peu déterminables. Kopy [155] y à cependant reconnu les espèces suivantes : Pleurosmilia genevensis Koby. Latimacandra gresslyi Koby. vhipidogyra minima Koby. Leptophyllia fromenteli Kt. Chorisastrea glomerata Koby. Thamnastrea genevensis Defr. Latimaeandra variabilis Et. T'hamnastrea coquandi Et. Latimaeandra valfinensis Koby. Thamnastrea bourgeati Koby. Latimaeandra bonanomii Koby. Thamnastrea loryi E. et H. Il nous reste encore à démontrer que cette assise à //eterodiceras luci est bien crétacée et non jurassique comme on l'avait cru jusqu’à présent. Pour le faire 12 QE É Ne Ts LL E-obe 7 6 auto él né CON) Eat ARERT x de ? ; ; MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 329 plus aisément, nous y reviendrons à la fin de ce chapitre, quand l'Infravalanginien tout entier aura été décrit. b) Assise à Natica leviathan. Les deux coupes fig. S et fig. 9 ont été levées l’une à la Grande Varappe (voir pl. 10, fig. 3), Pautre près de Monnetier, dans les carrières du versant du Grand Salève (pl. 10, fig. 1). La première est facile à étudier, car toutes les couches y sont visibles avec une grande netteté, Il n’en est pas de même à Monnetier, où les banes situés entre les différentes carrières ne peuvent pas très aisément être rac- cordés avec les autres. Si nous avons donné ici cette seconde coupe, très semblable à la précédente, c'est que la Gorge de la Varappe est difficilement accessible et que le gisement classique de lInfravalanginien du Salève est Monnetier. Nos coupes sont suffisamment détaillées pour que nous n’ayons pas besoin d'insister sur leur description. Nous dirons seulement quelques mots des couches qui sont les plus caractéristiques ou de celles qui peuvent servir de points de repère. La couche à Toxaster granosus (n° 4, fig. S), directement superposée aux cou- ches à /eterodiceras luci, se voit surtout entre les gorges du Sarrot et de la Varappe. Elle n’affleure pas à Monnetier où elle est enfouie sous d'anciens déblais ; nous y avons recueilli : Toxaster granosus d'Orb., assez abondant. Natica pidanceti Coq. Acrosalenia patella (Ag.). Modiola montmollini (P. et C.). Les couches gréseuses à empreintes charbonneuses (n° 7) se trouvent à la partie supérieure de la carrière inférieure de Monnetier, un peu au-dessus des calcaires clairs farineux. A. FAVRE [101, I, $ 2191 a déjà fait remarquer que les empreintes charbonneuses sont toujours verticales; elles appartiennent peut-être à des Algues. Les bancs à Natica leviathan et le banc de fer dont parle A. FAVRE [101, I, S 219]forment la base de la carrière moyenne de Monnetier. Le fossile dont il est question ici n’est pas localisé à ce niveau, mais il S'y trouve en beaucoup plus grande abondance qu'ailleurs. La couche marneuse à Terebratula valdensis et à Spirocyclina erratica (n° 11) evialhan Lucit Assise à elterodiceras E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 14. 11. 10. 9 1 G. Calcaires oolitiques gris clair ou bancs de microbrèche z00- gène de même couleur, à Foraminifères parfois très abon- dants. Un banc de Rudistes. Pas de grains de quartz dé- tritiques. 13 a. Marno-calcaire grumeleux un peu gréseux à Rhyncho- nella corallina var. neocomiensis. . Microbrèches zoogènes gris clair ou rousses et calcaire ooli- tique gris blanchâtre, un peu gréseux. Marno-calcaire gréseux, roux, à Natica leviathan, et mi- crobrèches zoogènes un peu gréseuses Marne gréseuse grise à Terebratula valdensis. Microbrèche zoogène grumeleuse, rousse, gréseuse, et calcaire lithographique de même couleur, un peu gréseux. . Alternances de calcaires gréseux, grumeleux, bruns ou ver- sicolores, à Natica leviathan, de microbrèches zoogènes un peu gréseuses,et de marnes gréseuses. . Microbrèches calcaires zoogènes grises, un peu gréseuses, à Foraminiféres. . Alternances de grès marneux gris, de marnes gréseuses à £ empreintes charbonneuses de végétaux (c), avec des mi- crobrèches zoogènes gréseuses, grises et des calcaires sub- lithographiques gréseux, gris. Microbrèches zoogènes oolitiques et calcaires oolitiques de couleur claire, parfois à apparence farineuse. Quelques banes de calcaire lithographique. Foraminifères parfois assez abondants, pas ou peu de grains de quartz. Microbrèche zoogène un peu marneuse. . Calcaire un peu marneux, grumeleux,à Toxaster granosus. . Microbrèches zoogènes parfois oolitiques à Foraminifères. Grains de quartz en petite quantité. A Monnetier, faune coralligène à Heterodiceras luci. . Calcaires oolitiques gris ou blanchâtres, à Foraminifères. . Microbrèches zoogènes grises où brun clair, parfois subli- thographiques. Foraminifères assez abondants. Toxaster aff, granosus. Grains de quartz détritique en petite quan- tité. Fig. 8. — Coupe de l’Infravalanginien à la Grande Varappe. Echelle 1 : 500. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 391 arrière sunérieure +-Carrière moyenne----à 14. qe 10. 9 Calcaires oolitiques clairs, à ciment cristallin. Microbrèches zoogènes souvent oolitiques, de même couleur; rarement cal- caires sublithographiques gris clair. Les Foraminifères exis- tent toujours, parfois très abondants. Pas de grains de quartz détritiques. . Microbrèche gréseuse grise, grumeleuse à la base. Foramini- fères alondants. . Bancs de microbrèche marno-calcaire, grumeleuse, grise ou ver- sicolore, un peu gréseuse, et de calcaire oolitique roux ou bleu, très riche en Foraminifères et sans grains de quartz. Min- ces lits marneux, gréseux entre ces bancs. Marne grise gréseuse à Terebratula valdensis et à Spirocy- clina erratica. Microbrèches zoogènes rousses ou bleues, pyriteuses, sans grains de quartz, Foraminifères peu abondants. Calcaire noduleux, un peu gréseux, gris ou bariolé de verdà- tre, sublithographique, à Natica leviathan; microbrèches zoogènes grises, plus où moins gréseuses, parfois marno- grumeleuses. Microbrèches calcaires zoogènes et calcaires oolitiques gris roux ou bleus, à ciment cristallin, un peu gréseux à la base et au sommet du complexe. Foraminifères peu abondants. . Alternances de calcaire gréseux ou de grès marneux gris à empreintes charbonneuses de végétaux (c) et de minces lits marneux, avec des microbrèches zoogènes grises, bleues ou versicolores, à Foraminifères plus on moins abondants. . Microbrèches zoogènes calcaires, gris clair, parfois à apparence farineuse et calcaires compacts gris clair. Foraminifères plus ou moins abondants. Pas où presque pas de grains de quartz détritiques. Fig. 9. — Coupe de l'Infravalanginien aux carrières de Monnetier. Echelle 1 : 500, est facilement reconnaissable partout au Grand Salève. À Monnetier, elle se trouve à mi-hauteur de la carrière moyenne, sur le versant du Grand Salève. On y trouve: Alectryonia tuberculifera (Koch et Dunker). Vallon de Monnetier, versant du y) Grand Salève, Terebratula valdensis de Lor. ; partout. Phyllobrissus neocomiensis Salève. (Ag.). Vallon de Monnetier, versant du Grand Spirocyclina erratica n. sp. Vallon de Monnetier, assez abondante sur le versant du Petit Salève, très rare sur l’autre. 392 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE La couche à Rynchonella corallina vax. neocomiensis (n° 13 a) a une extension horizontale très restreinte; nous ne l’avons constatée que dans la région des gorges de la Varappe et de l’Evorse. Elle contient de nombreux Spongiaires et Rhyncho- nella corallina Lieym., var. neocomiensis Jacob et Fallot, de très petite taille. Faune de l’assise à Natica leviathan. Elle n’est pas très riche. De LORIOL [401] à décrit un certain nombre d'espèces de ce terrain, et nous-mêmes en avons signalé quelques-unes qui n'étaient pas connues jusqu'ici au Salève. Ce sont : Pycnodus couloni? Ag., complexe n° 10, Monnetier. Nerinea favrina P. et C., à plusieurs niveaux. Nerinea marcousana d'Orb., à plusieurs niveaux. Nerinea funifera P.et C., à plusieurs niveaux. Cerithium ? brotianum de Lor., complexe n° 9. Harpagodes desori (P. et C.), complexe n° 9. Aporrhais saussureanus de Lor., complexe n° 9. Aporrhais valangiensis P. et C., niveau indéterminé. Natica pidanceti Coq., Couche à Toxaster (n° 4), au Sarrot. Natica leviathan P. et C., à plusieurs niveaux, mais surtout à la partie supé- rieure du complexe n° 9. Pholadomya elongata Münst. var. scaphoidea P. et C., complexe n° 9, à la Varappe. Modiola montmollini (P. et C.), couche à Toxaster (n° 4), Sarrot. Alectryonia tuberculifera (Koch. et Dunk.), couche à Terebratula valdensis (n° 11). Carrière moyenne de Monnetier. Rhynchonella corallina Leym. var. neocomiensis Jacob et Fallot, complexe n° 13 «. Varappe. Terebratula valdensis de Lor., complexe n° 11, partout au Grand Salève. Toxaster granosus d'Orb., complexe n° 4. Sarrot, Varappe. Phyllobrissus neocomiensis (Ag.), couche à Terebratula valdensis (n° 11), Monnetier. Pygurus rostratus Ag., niveau indéterminé, très probablement n° 12 ou 15, Monnetier. (Communiqué par M. GYSIN). Acrosalenia patella (Ag.), couche à Toxaster granosus (n° 4), Sarrot. Spirocyclina erratica n. sp., couche à Terebratula valdensis (n° 11), Mon- netier. Détermination de l’âge des couches à Heterodiceras luci. Le fossile MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 339 donnant le nom à ces couches a été considéré jusqu'ici comme caractéristique du facies tithonique coralligène. Nous avons déjà dit plus haut, sans le démontrer, que ces couches devaient être placées à la base de l’Infravalanginien. Maintenant que nous avons étudié les assises qui leur sont superposées et infraposées, nous sommes en mesure de déterminer exactement leur âge. Il est nécessaire, avant tout, de situer exactement le point où DE LUC a recueilli ses Hleterodiceras qu'on ne peut plus trouver en place aujourd'hui. Dans les Foya- ges dans les Alpes de H.-B. DE SAUSSURE, chap. VII, $ 244, DE Luc dit: « Ces coquilles | Æeterodiceras luci] se trouvent dans une carrière de pierre à chaux, située dans la gorge de Monnetier, à peu près au tiers de la hauteur de la mon- tagne.» Dans des notes manuscrites accompagnant ses Æeterodiceras et ses Coraux, le même auteur dit encore : + Toutes les pierres de ce tiroir sont de la carrière de Salève qui est sur le chemin de Moneti [Monnetier| à l’angle de la face [NW. du Saleve]. D'autres notes nous apprennent encore que la carrière en question était située à main gauche du chemin dont nous venons de parler et à dix minutes de Monnetier. En outre, nous avons recueilli des valves d’Æeterodiceras luci dans des déblais (ac, pl. 10, fig. 1) d’une carrière aujourd’hui entièrement comblée, dont la position correspond tout à fait à celle indiquée par DE Luc. C’est donc bien là le gisement exact du célèbre fossile dont l’âge peut être maintenant déterminé facilement. En effet, cette ancienne carrière est située à quelques mètres au-dessous de la carrière inférieure actuelle (pl. 10, fig. 1, ci), c’est-à-dire un peu au-dessous de notre complexe n° 9 de l’Infravalanginien. Or, la coupe de la Varappe (fig. 8) permet de voir qu'entre ce complexe n° 9 et le Purbeckien, il y a 27 mètres de couches. L’assise à /Æeterodiceras se place donc forcément parmi elles, donc dans l’Infra- valanginien. De plus, la preuve directe peut aussi être donnée. Si l’on monte au Grand Salève par le petit sentier qu'on voit serpenter à la gauche de la fig. 1, planche 10, on peut observer, au point que nous avons désigné par les lettres br, une belle brèche à cailloux versicolores caractéristique du Purbeckien inférieur. Comme à partir de ce point vers la gauche, les couches sont horizontales et n’ont subi aucun dérangement, nous pouvons conclure avec la plus grande certitude que les couches à Æeterodiceras sont au-dessus de ce Purbeckien. Nous avons, du reste, retrouvé ce Rudiste, assez mal conservé il est vrai, dans la paroi d’Archamps et sur le sentier de la Traversière, au-dessus des couches d’eau douce du Jurassique supérieur. Le facies coralligène à Rudistes du Salève, attribué autrefois tout entier au Jurassique, se trouve donc à deux niveaux très difjérents, l'un Infravalanginien, caractérisé par Heterodiceras luci, l'autre Portlandien inférieur avec Diceras spe- 33/ E. ciosum, Matheronia salevensis et Valletia antiqua, tous deux étant séparés par JOUKOWSKY ET J. FAVRE S0 mètres de couches appartenant au Purbeckien et au Portlandien supérieur. Observations sur les divisions de l’'Infravalanginien établies par A. Favre. Il nous a semblé utile d'établir la correspondance entre les divisions établies par A. FAvRE [401, I, $ 219-221] et les nôtres : La partie supérieure de l'Oolithe co- rallienne formée de calcaires blan- châtres et farineux. L' Assise du Banc de fer dans laquelle A. FAVRE cite la couche à Natica le- viathan et un calcaire marneux bleuà- tre et brunâtre traversé par de nom- breuses veines charbonneuses verti- cales. L’'assise du calcaire à Nerinea fa- vrina et N. marcousana, qui se trouve immédiatement au-dessous du Grand banc et qui est formée de marnes et de calcaires marneux. L’'assise du Grand banc, constituée par des calcaires jaunâtres, blanchà- tres, très blanes à la partie supérieure, située immédiatement sous le Calcaire l'oux. Correspond à notre complexe n° 6. Ne peut se rapporter qu'à nos com- plexes 7 à 9. Les couches charbon- neuses ne sont pas au-dessus du Banc de fer et de la couche à Natica levia- than, mais au-dessous. Le banc que les ouvriers appellent Banc de fer se trouve au sommet de notre complexe 9. Correspond à nos complexes n°% 10 A 13, Correspond à notre complexe n° 14. Comparaison de l'Infravalanginien du Salève avec celui des régions voisines. Abstraction faite de lassise à Aeterodiceras luci qui n'a jamais été signalée dans le Jura, linfravalanginien du Salève ne diffère pas sensiblement de celui du Jura central. D’après BAUMBERGER [195!", p. 52], dans cette dernière région, Sa partie inférieure est formée d’alternances de calcaires oolitiques, de marno-calcaires et de marnes, tandis que les calcaires oolitiques et les calcaires compacts jouent un rôle essentiel dans sa partie supérieure. Ces caractères sont done ceux qu'on retrouve dans notre chaine, quoique la partie inférieure, plus ou moins marneuse, soit ici notablement plus épaisse. | s'il shit nus L'OFFRE, Sn MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 33) Le caractère détritique littoral de toute la partie moyenne de l’étage n’a pas encore été signalé dans le Jura. Il est probable que cela provient du fait que dans les formations zréseuses, les grains de quartz sont fort petits et ne se reconnaissent pas facilement à première vue. L’épaisseur de l'étage augmente du nord vers le sud, dans le Jura central, d’après les constatations de BAUMBERGER |195°5, p. 52] qui donne les épaisseurs suivantes : Villers-le-Lae : 15-22: Lac de Neuchâtel : 42-45" ; Plateau de Nozeroy : 33-50. Au Vuache, d'après ScHaRDT [171, pl. 10], il atteint 67"! et nous lui avons trouvé 7 mesure 23). D" au Salève (sans compter l’assise à Aeterodiceras luci qui en Dans le Jura savoisien, si les calcaires marneux à Brachiopodes désignés par le n° 2 dans les coupes de R£ÉvIL [206, p. 523] sont bien l'équivalent de la Marne d'Arzier, l'Infravalanginien, quoique formé de calcaires blancs ou blanc jaunatre, en gros banes à Nérinées et à Natices, est fort différent du nôtre par son épaisseur beaucoup plus faible (40 mètres à la Cluse de Chailles). L'Infravalanginien schisteux des régions alpines du voisinage du Salève n’a aucune analogie avec celui que nous venons de décrire. VALANGINIEN (Calcaire roux et Calcaire à Alectryonia rectangularis). Le Valanginien du Salève a déjà été étudié par À. FAvRE[104,$ 222 et $ 223] de sorte que nous aurons peu de chose à dire à son sujet. La coupe que nous don- nons (fig. 10) a été levée dans la gorge de la Grande Varappe. Le Calcaire roux y est représenté par les n®1à7, le Calcaire à Alectryonia rectangularis par le n°8. Nous attirons l'attention sur le complexe n° 3 formé de galets oolitiques bleus ou roux, roulés et aplatis, parfois perforés par des Mollusques lithophages. Ces galets sont empâtés dans une microbrèche zoogène tendre où les débris d'Echinodermes et de Bryozoaires sont abondants. Cette couche curieuse, dont le caractère rappelle celui d'une plage de galets, indique done une émersion au milieu de l’étage, fait inté- ressant et non signalé encore. 1 Nous ne comprenons pas, dans cette épaisseur, les 18 mètres de calcaires et de lits marneux de la base de la coupe (assise n° 1) qui appartiennent au Purbeckien. MÉM, SOC, PHYS. ET HIST, NAT, DE GENÈVE, VOL, 87 (1913). 42 330 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE Les limites de l'étage, qui atteint 44 mètres d'épaisseur, sont bien tranchées. Tandis que les calcaires blancs zoogènes à nombreux Foraminifères et à Rudistes des . Calcaires spathiques roux ou bleus à Alectryonia rectangularis. Glauconie et grains de quartz détritiques en petite quantité. . Microbrèche calcaire zoogène gris bleu à pyrite. Glauconie et grains de quartz détritiques en petite quantité, . Microbrèches calcaires zoogènes à pyrite et à grains de quartz al- ternant avec des banes silicifiés. . Microbrèche zoogène rousse, à limouite pigmentaire. Grains de CA ; quartz détritiques assez abondants. . Calcaire oolitique roux à ciment cristallin, peu de quartz détritique. . Calcaire-brèche zoogène à galets de plage. . Microbrèche zoogène rousse ou gris bleu, un peu marneuse dans sa partie moyenne, pyriteuse, à ciment de calcite impure, quartz détritique en petite quantité. . Calcaires oolitiques et microbrèche zoogène gris bleu, pyriteux, roux dans les parties oxydées. Grains de quartz détritiques en petite quantité. Fig. 10, — Coupe du Valanginien, à la Grande Varappe. Echelle 1 : 500. dernières couches de l’Infravalanginien témoignent d’une grande tranquillité dans la sédimentation, les premiers bancs du Valanginien indiquent un changement de régime par l'apparition de grains de quartz détritiques et de la pyrite qui colore les roches en bleu foncé ou en roux après oxydation. Ces deux éléments se retrouvent à travers tout l'étage, et la glauconie, qui jouera un grand rôle dans i Hauterivien, apparait dans les bancs à Alectryonia rectangularis. La limite supérieure est aussi nettement indiquée, car l’Hauterivien commence par des alternances de marnes grises gréseuses et de microbrèches zoogènes qui différent sensiblement des calcaires spathiques à Alectryonia rectangularis. Les fossiles sont rares dans le Valanginien. A. FAVRE [/oc. cit.] a signalé dans le Calcaire roux Cidaris pretiosa Desor. à la Grande Gorge, DE LoRIOL [88, p. 7| a rencontré dans le calcaire à Alectryonia rectangularis : Pleurotomaria neocomiensis d'Orb. Pleurotomaria bourgueti Ag. Pecten archiacianus &'Orb. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 397 Alectryonia rectangularis Rœm. Ostrea leymerii d'Orb. Terebratula praelonga Sow. Toxaster retusus (Lm.). Pyrina pygæa Desor. A. FAVRE a placé les calcaires à A/ectryonia rectangularis dans l'Hauterivien. Aujourd'hui encore, l'accord n’est pas fait entre les géologues, mais il semble cependant qu'il faille plutôt classer cette assise dans le Valanginien. Au Salève, rien ne permet de trancher la question, les fossiles étant rares et insignifiants. Mais, comme le Calcaire roux passe par une transition ménagée au Calcaire à Alectryonia rectangularis et que ces deux assises forment un tout bien défini, nous les réunissons dans le même étage. Comparaison avec les régions voisines. Le Valanginien revêt, au Salève, un facies plus uniforme que dans les régions avoisinantes. En effet, on ne trouve pas trace ici des Marnes d’Arzier, du facies à limonite pisolitique, des Marnes à Bryozoaires et des Marnes à Astieria, qui se trouvent fréquemment dans le Jura. BAUMBERGER [195"%, p. 52] à montré que le Valanginien augmente d'épaisseur vers le Sud. Cet étage, qui a 4-5" aux Villers, 13 à Neuchâtel, 24 à Stt-Croix, 39 au Vuache (d’après SCHARDT), mesure en effet 44" au Salève. HAUTERIVIEN La coupe que nous donnons de cet étage (fig. 11) a été levée, pour la partie inférieure (jusqu'au n° 10), dans la gorge de la Varappe, et pour la partie supé- rieure, dans la paroi de la rive gauche de la Petite Gorge. Elle est suffisamment détaillée pour que nous n’ayons pas besoin de passer en revue tous les complexes qui la composent. Nous nous bornerons à donner quelques considérations générales sur l’étage et à dire quelques mots sur les couches qui présentent un intérêt parti- culier. L'Hauterivien du Salève, qui atteint 94, est divisé, comme dans le Jura, en ? parties à facies très différent : la partie inférieure à facies marneux atteint 59%, la partie supérieure à facies calcaire en mesure 35. Partie inférieure (équivalent des Marnes d’'Hauterive). Les couches mar- neuses et marno-calcaires, bleues, grises ou rousses quand la pyrite qu’elles con- tiennent a été oxydée, y prédominent. Elles sont toujours plus ou moins gréseuses, parfois même très fortement, A la base de l’assise, ces roches contiennent peu de JOUKOWSKY ET J. FAVRE 17. Microbrèche calcaire, jaune roux, zoogène, oolitique, sans glauconie, à débris de fossiles silicifiés. 16. Microbrèche marno-calcaire, jaune roux, zoogène, pauvre en giau- conie et eu grains de quartz, parfois à fossiles silicifiés. 15. Microbrèche calcaire oolitique, zoogène, pauvre en glauconie, riche en quartz. Toxaster retusus. 14. Calcaires spathiques roux et brèches oolitiques, zoogènes, rousses, très glauconieuses, mais pauvres en grains de quartz. Débris de fossiles silicifiés très abondants. 13. Microbrèche zoogène rousse, riche en quartz, en glauconie et en limonite pigmnentaire. 12. Calcaires spathiques roux et brèches zoogènes oolitiques rousses à glauconie et à grains de quartz. Débris de fossiles silicifiés très abondants. 11. Microbrèches zoogènes marno-calcaires, rousses, gréseuses, riches en glauconie, en limonite et pyrite pigmentaire; débris de fos- siles silicifiés; Foraminifères. 10. Marnes et marno-calcaires gréseux, gris bleu; Toxaster retusus. 9, Marno-calcaires et marnes, très gréseux, gris bleu, à grains de py- rite, très riches en glauconie. 8. Marnes et marno-calcaires, très gréseux, gris bleu, à grains de py- rite, riches en glauconie. 7. Alternances de microbrèches zoogènes gris bleu foncé à pyrite et à glauconie et de marnes gréseuses grises, glauconieuses. 6. Calcaires gris clairs ou roussâtres, extrémement gréseux, durs, à glauconie rare, parfois silicifiés, parfois un peu marneux. 5. Marnes grises gréseuses et calcaires marneux gréseux, à glauconie rare. 4. Marnes argileuses panachées de bleu et de jaune et marne verte. Très riche faune. 3. Microbrèche zoogène calcaire, bleue ou rousse, parfois spathique, pas ou peu de quartz, glauconie assez abondante, bancs à débris de fossiles silicifiés. Foraminifères parfois assez abondants. 2. Microbrèches zoogènes calcaires, grises, un peu gréseuses et glau- conieuses, à débris de fossiles silicifiés, et marnes grises. 1. Microbrèches calcaires zoogènes rousses, faiblement gréseuses, à débris de fossiles silicifiés et marnes gréseuses grises; une partie de la coupe est recouverte. Fig. 11. — Coupe de l'Hauterivien à la Grande Varappe et à la Petite Gorge. Echelle 1 : 500. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 399 glauconie, mais au sommet, ce silicate est en forte proportion, surtout dans le com- plexe n° 9 ainsi que le montre la figure 6, planche 14. Cette glauconie apparait sous la forme de grains arrondis, d’un vert très foncé, sensiblement plus gros que ceux de quartz. Les calcaires du complexe n° 6, durs, sont à pâte fine, leur teneur en grains de quartz est extrêmement grande (jusqu'à 42 °/;), ce sont presque des grès. La glau- conie, par contre, y est peu abondante. Parfois, ces calcaires ont encore subi un commencement de silicification. Toutes les couches dont nous venons de parler sont essentiellement détritiques, les débris d'organismes y jouent un rôle insignifiant. Les résidus de Pattaque par l'acide chlorhydrique de quelques échantillons de ces roches sont les suivants : Complexe n° 4: 41°/, surtout argileux. Complexe n° 6:42°/, presque exclusivement siliceux. Complexe n° 9 : 581/, glauconieux, quartzeux et argileux. Complexe n° 11 : 25 °/, quartz, glauconie, argile et limonite. A plusieurs reprises, par contre, des calcaires essentiellement zoogènes (n° 1, 2, 3, T) s'intercalent dans les formations précédentes. Ce sont des microbrèches parfois oolitiques, parfois spathiques, à débris d'organismes très variés, mais où les Foraminiferes jouent un rôle très peu important. Elles sont très semblables à celles que nous avons décrites dans le Valanginien et à celles de la partie supérieure de l'Hauterivien. Elles sont en général bleu foncé, grace à la pyrite qui s’y rencontre, parfois rousses, lorsque ce sulfure à été transformé en limonite. Souvent, elles con- tiennent des éléments d’origine détritique constitués principalement par de petits grains de quartz, surtout dans le complexe n° 7, mais la partie argileuse ny est pas considérable. La glauconie existe aussi presque toujours dans ces formations zoogènes et c'est dans les couches les plus élevées (n° 7) qu’elle est en plus grande quantité. Au point de vue paléontologique, ce sont les couches du complexe n° 4 qui sont de beaucoup les plus importantes. C’est là que DE LORIOL à fait des fouilles dans la gorge de la Varappe et a recueilli une riche faune, essentiellement néritique, consti- tuant la plus grande partie des especes étudiées dans sa Description des animaux invertébrés du Mont Salère. Ces couches fossilifères sont des marnes argileuses tendres, panachées de bleu et de jaune, ou des marnes vertes à concrétions cal- caires et à petits silex noirs. Nous ne mentionnerons de cette faune que les espèces les plus importantes en renvoyant à l'ouvrage cité pour plus de détails : 310 E, Céphalopodes : Belemnites (Hibolites) pistliformis Blainv. Belemnites : Duvalia) dilatatus Blainv. Mortoniceras eultrata (d'Orb.). Hoplites (Leopoldia) leopoldinus (d'Orb.). Hoplites (Leopoldia) castellanensis(d'Orb.). Holcodiseus intermedius (d'Orb.). — Am. vandeckii de Lor. Holcostephanus astierianus (d'Orb.). Crioceras Duvali Lév. JOUKOWSKY Gastéropodes : Peu abondants. Pleurotomaria neocomiensis d'Orb. Lamellibranches : Très nombreux. Pleuromya neocomiensis (Leym.). Trigonia caudata Ag. Cardium subhillanrum Leym. Pecten goldfussi Desh. Pecten carteronianus d'Orb. Janira neocomiensis d'Orb. ET J. FAVRE Janira atava (Rœm.). Exogyra couloni (Defr:.). ete. Brachiopodes : Rhynchonella multiformis Rœm. Terebratula acuta Qu. Zeilleria pseudojurensis (Leym.). Eudesia semistriata (Defr.), etc. Bryozoaires : Très abondants,. Echinodermes : Toxaster retusus (Lm.). Holaster intermedius (Münst.). Echinobrissus olfersi (Ag.). Phyllobrissus alpinus (Ag.). Collyrites ovulum (Desor.). Holectypus macropyqus (Ag.). Pseudodiadema rotulare (Ag..). Pseudodiadema bourqueti {Ag.). Cidaris punctatissima (Ag.), ete. Spongiaires : Nombreux. Dans les couches représentées par les complexes 6, 8, 9, 10, ce sont les grands Céphalopodes qui prédominent. Nous extrayons de l'ouvrage de bE LORIOL les espèces les plus importantes de ces assises : Nautilus pseudoelegans d'Orb. Nautilus neocomiensis d'Orb. Lissoceras grasi (d'Orb.). Puzozia ligata (d'Orh.). Holcostephanus astierianus (d'Orb.). Hoplites salevensis Kil — Am. cryptoceras de Lor. Hoplites (Acanthodiscus) radiatus Brug. Hoplites (Saynella) clypeiformis d'Orb, Toxaster retusus (Lin.). Holaster intermedius (Münst.). Pygurus montmollini (Ag.). Collyrites ovulum (Desor..). Pseudodiadema rotulare (Ag.). Pseudodiadema bourqueti (Ag.). Enfin, Toæaster retusus (Lm.), Exogyra couloni (Defr.), et quelques autres espèces se trouvent à tous les niveaux de l'Hauterivien inférieur. Partie supérieure (Equivalent de la Pierre jaune de Neuchâtel) (n° 12 à 17, fig. 11). Elle est composée uniquement de roches zoogènes grises ou rousses. Ce sont soit des microbrèches souvent oolitiques, soit de beaux calcaires spa- MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 341 thiques échinodermiques. Le quartz détritique s’y rencontre toujours, parfois même en forte proportion. Vers la limite supérieure de létage, il disparait cependant presque complètement. La glauconie disparaît aussi dans les derniers bancs hau- teriviens, mais elle est parfois tiès abondante plus bas. Les calcaires de l'Hauterivien supérieur qui contiennent la plus grande pro- portion de matières détritiques (quartz surtout puis argile) et de glauconie ont donné 21 °/, comme résidu de dissolution avec l'acide chlorhydrique. Ils proviennent de bancs du complexe n° 14. Remarquons encore que, très souvent, une partie des débris d'organismes variés qui forment les microbrèches sont silicifiés, forment des trainées mises en saillie par l’érosion et montrent alors souvent une stratification entrecroisée. Parfois, ce phénomène en s’accentuant donne naissance à de véritables rognons ou même à des bancs siliceux. Les fossiles entiers sont très rares dans cette partie de l’Hauterivien. Toxaster retusus (Lan.) y existe cependant jusque dans les derniers bancs. Répartition de l'Hauterivien. La partie inférieure de cet étage, grace à son facies marneux, forme entre autres les grandes pentes herbeuses de la chaine des Pitons qui s'étendent entre la Croisette, la Thuile et St-Blaise, puis aussi les pâturages du sommet du Grand Salève. Il est très rare que des coupes naturelles de ce terrain soient visibles, et, en dehors des endroits où nous avons levé la coupe fig. 11, c’est seulement dans la cluse de la Caille qu'on peut en voir une à peu près complètement. En cet endroit ce terrain a du reste les mêmes caractères et la même épaisseur qu'au Grand Salève. Seuls, les bancs de calcaire fortement gréseux (n° 6 de la coupe fig. 11) affleu- rent souvent sur les pentes gazonnées hauteriviennes, comme c’est le cas, par exem- ple, au Petit Salève et en plusieurs endroits entre la Croisette, la Thuile et Saint- Blaise. Ce sont ces mêmes bancs gréseux qui sont bien à découvert à la Grande Gorge, au bord du chemin horizontal venant de la Corraterie, au point où jaillit une petite source. La paroi méridionale du couloir appelé Echelle de Jacob, à la Petite Gorge, est formée également de ces calcaires gréseux gris bleu ou roux. La partie supérieure de l'Hauterivien, toute calcaire, forme, avec la partie inférieure du Barrémien, les petits escarpements qui couronnent le Petit Salève, la chaine des Pitons et les bords orientaux de la Grande et de la Petite Gorge. Divisions de l’'Hauterivien du Salève établies par A. Favre. Dans ses Recherches, I, $ 223, p. 263, A. FAVRE a distingué les divisions suivantes : RS RE ne bal à fr 349 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 6. Calcaire jaune. 5. Calcaire marneux à rognons et à grands Céphalopodes. 4. Marnes argileuses panachées fossilifères. 3. Marnes vertes à rognons calcaires et à petits silex noirs, très fossiliferes. 2, Marnes argileuses panachiées, fossiliferes. 1. Calcaire jaune à Ostrea rectangularis. Nous avons réuni le n° 1 au Valanginien. Les n° 2, 3, 4, correspondent à notre complexe n° 4 (fig. 11). Nous avons trouvé dans la collection de A. FAVRE, au Muséum de Genève, un échantillon de calcaire très gréseux, bleuâtre, à géode de cristaux de quartz qui appartient sûrement au n° 5 de la coupe de ce géologue; il correspond certai- nement aux calcaires gréseux de notre complexe n° 6. Il est probable qu'il faut encore rattacher au n° 5 de la coupe de À. FAVRE, les marno-calcaires et les mar- nes bleues glauconieuses de nos complexes 8, 9, 10 qui contiennent aussi de grands Céphalopodes. La division n° 6, établie par A. FAVRE, correspond à toute la partie supérieure calcaire de l'Hauterivien (c.-à-d. à nos complexes 12 à 17) et, ainsi quenousle verrons, au Barrémien inférieur. Comparaison avec les régions voisines. L'Hauterivien que nous venons de décrire ne diffère pas beaucoup de celui des gisements classiques du Jura cen- tral. Les deux mêmes facies s’y retrouvent, mais, tandis que le facies marneux, dans cette dernière région, à une épaisseur sensiblement plus faible que celle du facies calcaire (35% pour 50% à Cressier d'après BAUMBERGER [1955 part. 2, p. 10] et 28 pour 66 au Vuache d’après ScHARDT [174, pl. 10}), au Salève, les marnes et marno-Calcaires sont beaucoup plus développés (59% pour 35). Ici, l'Hauterivien a donc un facies intermédiaire entre celui du Jura et celui des chaînes alpines du Genevois les plus rapprochées. D’après HauG!, en effet, dans cette dernière région, l'étage est formé de calcaires marneux et de schistes noirs en alternances multiples où le facies calcaire spathique jurassien n'apparait que d'une façon très réduite au sommet. La faune du Salève quoique très proche parente de celle du Jura par ses nombreux Lamellibranches et ses Grastéropodes néritiques, possède cependant un certain nombre de Céphalopodes n'ayant pas atteint le Jura, mais qui sont bien connus dans le facies vaseux du géosynelinal dauphinois. Ce sont : ! Hauo, Ætudes sur la tectonique des hautes chaînes calcaires de Savoie, Bull. des Services, Carte géol. France, n° 47, p. 20, 1895. £ An Fret MONOGRAPIIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 343 Duvalia dilatata (Blainv.). Mortoniceras cultrata (ŒOrb.). Hoplites salevensis Kilian. Lissoceras grasi (d'Orb.). Puzozia ligata (ŒOrb.). Holcodiscus intermedius (d'Orb.). Enfin, l'Hauterivien du Salève, ainsi que nous l'avons montré, à un caractère détritique très prononcé, grâce surtout à ses formations gréseuses qui n’ont pas été signalées dans le Jura et dans les régions alpines les plus rapprochées. BARRÉMIEN Barrémien inférieur. La limite entre l'Hauterivien et le Barrémien n’est pas tranchée. Nous avons vu que les derniers bancs que nous avons class dans l’Hauterivien étaient des microbrèches zoogènes rousses où les grains de quartz et la glauconie avaient presque disparu. Dans les couches que nous plaçons dans le Barrémien inférieur, les calcaires oolitiques jaune roux se mélangent aux micro- brèches, la roche devient même parfois un peu marneuse, de sorte que certains bancs de marno-calcaires oolitiques grumeleux et rognonneux forment des retraits dans les parois constituées par l’Hauterivien supérieur et le Barrémien. Le quartz a disparu, et la glauconie même ne tarde pas à faire totalement défaut. Des rognons siliceux persistent beaucoup plus longtemps. Ces calcaires grumeleux oolitiques jaune roux, qui sont identiques à ceux du Barrémien inférieur du Jura (couches de la Russille), sont très peu fossiliferes, à part des Spongiaires, très abondants, mais peu déterminables. Nous avons recueilli : Janira atava (Rœm.), au Petit Salève. Nucleopyqus roberti (Ag.), au Petit Salève et à la Petite (Gorge. Echinobrissus aff. placentula (Desor), entre les Pitons et la Thuile. Pyrina pygaea (Ag.), entre les Pitons et la Thuile. Le Barrémien inférieur passe insensiblement, par des calcaires oolitiques et des microbrèches de plus en plus claires, aux calcaires oolitiques blancs, encore nettement stratifiés, puis au massif calcaire récifal blanc à Rudistes du Barrémien supérieur à facies urgonien. Comme on le voit, les couches que nous venons de décrire et qui atteignent une MÉM. SOC, PHYS, ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 43 344 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE dizaine de mètres d'épaisseur n'ont pas de limite tranchée, ni à leur base, ni à leur sommet. Leur faune, si pauvre, comprend cependant deux espèces d’Echinoder- mes qui se rencontrent en général dans le Barrémien. Leur facies oolitique gru- meleux, si caractéristique, est parfaitement semblable à celui des Couches de la Russille, dont la faune est nettement barrémienne, de sorte que nous n'hésitons pas à paralléliser ces deux formations. Barrémien supérieur. Nous n'avons rien de spécial à dire du massif de calcaires blancs zoogènes du Barrémien supérieur contenant tres souvent des Rudistes en grande quantité, surtout aux environs de Cruseilles et du chàteau des Avinières. Il ne diffère pas de celui des régions voisines et atteint au moins 100 mètres d'épaisseur, mais est presque toujours incomplet, grace aux érosions du Crétacé supérieur et du commencement du Tertiaire. Rappelons cependant que, au- dessus du village d’Essert, il a fourni une faune assez abondante, décrite par DE LorioL [100], et comprenant surtout des espèces non encore signalées ailleurs. Parmi les autres espèces pouvant servir de terme de comparaison, nous citerons : Trigonia ornata d'Orb. Terebratula russillensis de Lor. Arca cornueliana d'Orb. Nucleopygqus roberti (A. Gras.). Arca dupiniana d'Orb. Goniopyqus peltatus Ag. Arca marullensis d'Orb. Cidaris cornifera Ag. Lima orbignyana Math. A. FAVRE [101, I, $ 227 et 228] n’a distingué que le Barrémien supérieur. Il plaçait les marno-calcaires oolitiques du Barrémien inférieur dans l’Hauterivien. APTIEN Les érosions n’ont épargné au Salève que deux lambeaux insignifiants de cet étage qui est formé d'un calcaire jaunàtre grumeleux. Le premier de ces lambeaux, qui se trouve tout près du village du Sappey, a déjà été signalé par A. FAVRE[1401, I, $ 230]. M. le Professeur SCHARDT nous à communiqué, de ce gisement, ÆHar- pagodes pelagi (Brongn.), Ostrea tuberculifera Koch et Dunk., et Ænallaster oblongus Brongn. Le second gisement, un peu plus étendu, se voit au hameau de Clarnant ; nous y avons recueilli /larpagodes pelagi Brongen. En dehors des limites de notre carte, dans la partie SW. de la chaîne du Salève, l’Aptien est mieux représenté. Ainsi, sur le versant NW. du Crêt à la Dame, au bord de la route, entre le débouché de la cluse d'Allonzier et Rossy, on 1" PPS MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 949 peut observer des couches de brèche calcaire à cailloux anguleux et de marn6- calcaire grumeleux, peu épaisses, qui surmontent des calcaires et des calcaires mar- neux à Rudistes. Les marno-calcaires grumeleux nous ont fourni : Nerinea cfr. essertensis P. et C. Harpagodes pelagi Bronen. Rhynchonella parvirostris Sow. Pygaulus desmoulinsi Ag. Nucleopyqus roberti (A. Gras), abondant. Dans les calcaires à Rudistes nous avons recueilli : Requienia pellati Paquier. Matheronia aptiensis (Math.). Plus au SW. encore, sur le versant SE. de Ja Montagne de la Balme, près de Chez Fumet, MAILLARD [165, p. 50] à étudié un autre afeurement plus étendu que le précédent, mais qui présente les mêmes caractères. Nous l'avons retrouvé et nous y avons recueilli les fossiles suivants. Dans les calcaires marneux bleuatres (n° 1 à 3 de la coupe MAILLARD) : Requienia pellati Paquier. Matheronia aptiensis (Math.). Dans les marno-calcaires gris et les calcaires grumeleux (n° 4 et 5 de la coupe MAILLARD) : Nerinea cfr. essertensis P. et C. Pseudodiadema carthusianorum À. Gras. Harpagodes pelagi Brongn. Pygaulus desmoulinsi Ag. T'ylostoma rochatianum P. et C. Nucleolites soberti À. Gras. Rhynchonella parvirostris Sow. Enallaster oblongus (de Luc). ALBIEN Nous n'avons constaté ce terrain nulle part au Salève, mais DOUXAMI (183, p. 25] le signale, sans le décrire, dans une galerie creusée aux environs de Cruscilles, 3406 E. JOUKOWSKY ET J, FAVRE TERTIAIRE SIDÉROLITIQUE Le Sidérolitique du Salève a déjà été étudié par plusieurs géologues et surtout par À. FAVRE, MAILLARD et Douxami !, de sorte que nous n'avons que fort peu de choses à ajouter à ce que l’on en sait. Il se compose essentiellement de matériaux grésenx et présente des compo- sitions variables selon les points où on l’examine. Au Petit Salève, presque jusqu'à son sommet, sur le versant de Mornex et jusqu’à ce dernier village, le Sidérolitique est formé de poudingues bien stratifiés. Les cailloux de ce poudingue sont de grosseur très variable et atteignent parfois 0,50 de plus grand diamètre ; ils ne sont presque jamais complètement roulés, mais leurs angles sont toujours émoussés. On y trouve surtout des calcaires barrémiens et rarement des calcaires glauconieux de l’'Hauterivien. Par contre on y voit en grande abondance des silex gris de dimensions variables atteignant 0,10 et plus, et dont l’origine doit être cherchée en dehors du Salève, à moins qu'ils ne proviennent de terrains méso ou néocrétacés que l'érosion aurait complètement fait disparaître avant et pendant la formation du terrain sidérolitique, ou encore, des couches hauteriviennes et barrémiennes infé- rieures fréquemment silicifiées. Le ciment qui empâte ces gros éléments est un grès très riche en quartz, cimenté lui-même par de la calcite en proportion variable, mais toujours faible par rapport au quartz. = Les poudingues de Mornex sont en stratification concordante, mais en discor- dance d’érosion avec le Barrémien. On ne les voit pas en contact avec la Molasse dont l’afeurement le plus proche est au Mont Gosse. Nous n'avons pas trouvé trace de fossiles dans cette formation, mais A. FAVRE (401, I, $ 232) signale un grès à Cerithium, Natica, Melanopsis, Bivalves, piquant d'Oursin indéterminables, qui parait être lié à elle. On voit une belle coupe du poudingue sidérolitique en contact avec le Barré- mien, au pont, sous la station de Bas-Mornex. Ce terrain débute par des couches 1 A. Favre, 404, L, $ 231 et 232. — Maicrarn, 465, p. 2; 169, pp. 3 à 8. — Douxamr, 183, pp. 25-26, 93, 101 ; 490, p. 10. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 347 marno-calcaires lie de vin, reposant sur le Barrémien et supportant les poudin- gues en parfaite concordance. Au Grand Salève, en un seul point, près du hameau de la Joie, on retrouve les poudingues formant, comme au Petit Salève, des placages sur le Barrémien. En outre, à l'extrémité SW. de l’anticlinal du Salève, en dehors des limites de notre carte, on retrouve des poudingues identiques à la montagne de la Balme, près de Chez Roux et au coteau de Lovagny, où ils ont été signalés par MAILLARD. Partout ailleurs, le Sidérolitique revêt l'aspect de grès plus ou moins riches en oxyde de fer, assez riches parfois pour avoir alimenté les fonderies dont on trouve les nombreux vestiges sur toute la chaine du Grand Salève et des Pitons. Un gise- ment classique, connu depuis longtemps, se trouve aux rochers de Faverge. On y voit un pittoresque amoncellement de blocs de grès dû au phénomène bien connu de la désagrégation en boules. Ces blocs sont d'un blanc éclatant par places, ailleurs plus on moins fortement teinté par de la limonite. Les grès sont à peu près exclu- sivement formés de quartz. Sur le plateau supérieur du Salève et des Pitons, c'est généralement le type des grès ocreux qui domine. Très fréquemment, les afleure- ments de grès se trouvent dans des entonnoirs et des dépressions du Barrémien où se conserve, assez tard dans la saison d'été, une mare stagnante. Près de la vallée des Tourches et surtout dans la région de Praz Penaz, on rencontre le Sidérolitique sous la forme de minerai de fer pisolitique. Aux environs de Cruseilles, on retrouve des grès blancs, quelquefois assez friables pour avoir donné lieu à des exploitations pour la verrerie. Près du bourg même, sur la route du Mont-de-Sion, on voit des fissures remplies de grès siliceux teintés de vert par une proportion notable de glauconie. Il n’est pas impossible qu'il faille attribuer cette glauconie à un terrain sous-jacent actuellement complètement disparu. Nous devons faire une mention spéciale de certains gisements de grès et de brèches filoniennes à ciment gréseux. Tout d’abord dans la faille de la Petite Gorge, qui va du vallon de Monnetier à la Grande Gorge, où nous trouvons une brèche formée de fragments des roches calcaires immédiatement adjacentes, empatés, dans une masse ocreuse ou lie de vin, gréseuse, et présentant tous les caractères du Sidé- rolitique du Salève, Au sentier des Bûcherons supérieur, dans la région de l'Arc, à l'endroit même où se trouve un gisement de fossiles d’eau douce, dans une couche marneuse du Purbeckien, on voit une grosse lentille de grès sidérolitique, allongée parallèle- ment aux couches. Il faut citer, ici également, un afeurement de gres ferrugineux dans le vallon de la Joie, dans le lit même du ruisseau, là où son cours est tracé dans les couches marneuses de l'Hauterivien, 348 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE Sous la grande paroi du Saut Gonet, la grande faille longitudinale est égale- ment remplie d'un grès blanc avec de rares points de glauconie. Entre la Petite et la Grande Gorge, la faille est jalonnée par une brèche à ciment quartzeux, ocreux, qui fait saillie au bas d’un petit ravin, grâce à sa dureté, Cette brèche est recoupée par une cassure transversale avec léger rejet hori- zontal. L'étude de ces divers gisements fait penser que des cassures, et plus particu- lièrement des cassures longitudinales, ont préexisté au dépôt du terrain sidéroliti- que, de telle sorte qu'en certains endroits (Sentier des Bücherons, faille sous le Saut Gronet, ete.) les grès ont pénétré en profondeur, remplissant les vides laissés par les cassures parfois modelées par des corrosions. Dans la Grande Gorge Inté- rieure, nous avons constaté un de ces filons sidérolitiques dans le Portlandien inférieur, indiquant que la pénétration des grès s’est fait sentir jusqu'à 400" au- dessous de la surface du sol. Un fait important à noter, c’est que sur le plateau même du Salève et des Pitons, le Sidérolitique occupe presque toujours des dépressions irrégulières creu- sées dans le Barrémien. C’est le cas à Faverge, aux environs de Chenex, sur le plateau du Grillet, à Praz Penaz et en d’autres localités encore. Parfois, comme au-dessus de la Croisette et à Praz Foraz, ces dépressions ont atteint l'Hauterivien. Dans quelques cas, le Sidérolitique de ces sillons irréguliers est friable et peut- être faut-il le considérer alors comme un terrain remanié. Aux environs de Cru- seilles et de PAbergement, la surface irrégulièrement érodée du Barrémien est pres- que complètement ennoyée par les grès, de sorte qu’on ne voit que de distance en distance émerger de petites éminences de calcaire. Le phénomène a certaines analogies avec celui qui à donné naissance aux dolines. Il est bien probable que, pen- dant la formation des dépôts sidérolitiques, il y à eu une terre émergée, formée de roches urgoniennes érodées par les eaux météoriques et superficielles et dont les creux ont été comblés par les résidus de la destruction de couches superposées au Barrémien. Un fait à souligner dans la composition minéralogique des grès sidérolitiques est l'absence complète d'éléments feldspathiques et micacés, tandis que ces miné- raux abondent dans la Molasse. L'origine des matériaux est donc tout autre pour ces deux terrains et les poudingues du sidérolitique ne peuvent pas être considérés comme conglomérats de base de la formation molassique. L'âge des dépots sidérolitiques du Salève ne peut être déterminé directement, les grès n'ayant fourni aucun organisme et la faune accompagnant le poudingue de Mornex étant indéterminable. Douxamt [1838, p. 25; 190, pp. 190-191, par comparaison avec des dépôts analogues des régions voisines de la Savoie et du 14 MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 349 Jura méridional, attribue les grès à l'Eocène inférieur et moyen, tandis qu'il consi- dère les poudingues comme étant tongriens. Ces deux formations sont en connexion si intime qu'il ne nous parait pas possible de leur donner des âges différents. MOLASSE Nous avons marqué tous les afleurements de Molasse qui se trouvent sur le territoire de notre carte géologique, mais sans faire d'étude stratigraphique détaillée de ce terrain, qui d’ailleurs est d’une grande monotonie et ne nous a nulle part fourni de fossiles, sauf quelques traces de Végétaux sur la nouvelle route du vallon de la Joie, près de Chez Blondin. Le plus bel afeurement se trouve au-dessus de Ronzier, où l’on peut observer une série verticale et renversée de grès plus ou moins marneux, gris, atteignant une épaisseur de 800% au moins. Des descriptions de la Molasse de la région ont été données par divers auteurs!, auxquels nous ren- voyons le lecteur. Une particularité qui mérite d'être signalée est la légère discordance qu'on observe parfois entre la Molasse et le Barrémien, en particulier au Chêne près de Vovray-en-Bornes. Il faut dire d’ailleurs que souvent on n’aperçoit pas de discor- dance sensible, et il n’est pas douteux que le relief du Salève ait été recouvert d’une épaisseur considérable de Molasse. Signalons comme élément constituant de ce terrain, aux environs d’Essert, des plagioclases assez abondants et du microcline accompagnant le quartz. Le ciment est calcaréo-argileux. Toute la Molasse entourant le Salève, formée de grès plus ou moins marneux, bleuatres ou gris, de marnes grises ou bariolées, est d'age aquitanien d'après les recherches de DOUXAMI. QUATERNAIRE TERRAINS GLACIAIRES Les terrains glaciaires du Salève et des régions qui l’avoisinent ont été l'objet de nombreux travaux qu'il serait trop long de passer en revue. Nous nous conten- ? Necker (39, I, pp. 394-403). — A. Favre (401, I, $ 199, 235, 236). — MarccarD (165, pp. 41 et suiv.; 469, p. 6). — Douxamr (183, pp. 194, 196 ; 195, pp. 144, 145). 390 E. JOUKOWSKŸ ET J. FAVRE tons de donner, ici, une liste des principales études concernant ces terrains qua- ternaires !. Pari les dépôts glaciaires, très abondants sur le territoire de notre carte, nous avons pu distinguer les éléments suivants : moraine alpine, fluvio-glaciaire alpin, moraine de fond salévienne et groise. Moraine alpine. Ce groupe comprend les moraines de fond et les moraines superficielles à blocs anguleux. Les moraines de fond sont formées d’argile avec blocs et cailloux anguleux ou à angles émoussés, souvent striés. Les cailloux qui la composent sont des roches cristallines et des calcaires de la zone helvétique. Nous avons marqué d’un signe spécial les blocs erratiques qui sont très nombreux et très significatifs dans notre région. La moraine alpine, qui souvent voisine avec des dépôts fluvio-glaciaires de méme âge, n’est pas toujours facile à distinguer de ces derniers lorsqu'on ne peut pas examiner les terrains sur une coupe et qu’on est limité aux indices un peu vagues que l’on peut recueillir dans les champs labourés. Cependant, bien souvent la présence simultanée de cailloux alpins anguleux et de cailloux striés dans un sol argileux permet une détermination sûre. Pour l'extension de ce terrain, comme pour ceux qui suivent, nous renvoyons à la carte géologique. Fluvio-glaciaire alpin. Le fluvio-glaciaire alpin a les caractères habituels de ce dépot. Il est formé de cailloux d’origine alpine, cristallins ou calcaires, souvent associés, sur le pourtour du Salève, à des calçaires des divers étages formant cette montagne, et noyés dans une masse de sable. La détermination de ce terrain est facilitée par les exploitations de sable et de gravier qu’on y trouve fréquemment. Souvent, ces graviers sont assez solidement agglomérés pour devenir de véri- tables poudingues. C’est ainsi, par exemple, qu’au plateau de Saint-Blaise, au Mont-de-Sion, et en diverses localités dans la vallée des Usses, on trouve des pou- dingues où le ciment est formé en majeure partie de calcite où il n’est pas rare de pouvoir reconnaitre les formes cristallines de ce minéral à l'œil nu. Moraine de fond Salévienne. Nous désignons ainsi des formations qui ont déjà été signalées par A. FAVRE [101, I, $ 241] et MAILLARD [169, p. 4|, qui ! Saussure [A, t. 1, chap. 4. 5 et chap. 6,$ 227-230]. — pe Luc [20; 25 ; 29 : 44; 48 bis; 51]. — Goperrroy [37]. — Necker |38, t. I, pp. 3350-46]. — A. Favre [45, pp. 116-143 ; 401, t. I, chap. 2 à 10 et chap. 12, $ 257-241 ; 458, t. I, chap. 4, 5, 6, 10, t. II. 459]. — Guvor [47, 59]. Braxcuer [49]. — Mar- TINS [60]. — FaLsax [458]. — Marccaro [465, pp. 4 à 5 et 46 à 50; 169, p. 6]. — Pexcx et BRUCKNER [192, vol. 2], — Douxami [490, pp. 16-22; 495, pp. 145-146]. — Kicran [208]. — Kizrax, Réviz Leroux [241]. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 391 doivent être rapprochées des moraines de fond et qui sont limitées aux parties hautes du Salève (environs des Treize-Arbres, de l'Abergement). Ces moraines sont formées à peu près exclusivement de cailloux à angles émoussés, parfois polis et striés, empruntés au Salève même, et qui sont principalement des calcaires barré- miens, du sidérolitique, avec quelques rares blocs alpins provenant d’une glaciation antérieure. Le tout est empâté dans une masse sableuse ou argileuse plus où moins fortement teintée de rouge ou de jaune par la forte proportion de limonite que contient le Sidérolitique de la région. Ces moraines occupent presque toujours des dépressions et reposent sur le Sidérolitique, sur le Barrémien ou sur l'Hauterivien, et en certains points (La Croix, au-dessus de Monnetier), sur le Calcaire roux. Il est aisé de reconnaitre de petites moraines terminales en relations avec les précédentes, à l’Abergement, au bas de la Grande Gorge et au débouché du ravin situé sous la Croisette. Groise. Nous avons cru bon d'adopter ce terme, couramment usité dans le Jura neuchàtelois, pour désigner ce que les géologues allemands appellent Gries. Le mot Groise correspond exactement à l'expression « moraines d'éboulis >» qu'emploie SCHAUDEL !. Il ne nous paraît pas douteux que ces deux termes Gries et Groise ont une origine commune. Tous deux désignent des dépôts superficiels occupant le pied des pentes, sur lesquels repose directement la terre arable, et sont formés d’une accumulation de cailloux calcaires à angles vifs empruntés aux différentes couches des montagnes adjacentes. Ces dépôts ont un rapport direct avec les formations gla- ciaires et peuvent être considérés comme des moraines locales superficielles trans- portées à une petite distance de la montagne pendant l’époque où les glaciers alpins se retiraient et où des névés et peut-être même de petits glaciers locaux ont servi d'agents de transport. La Groise recouvre les contreforts molassiques nord occidentaux en pente douce du Grand Salève et des Pitons. À Archamps, on la ren- contre encore à plus de deux kilomètres du pied de la montagne. Les régions cou- vertes par cette formation présentent un aspect tout à fait particulier ; elles forment un paysage couvert de monticules dont le grand axe est généralement parallèle à la chaine, C’est au pied du Grand Salève, entre la ferme de l'Hôpital et le Coin, que ce paysage est le plus typique. 1 L. Somauper, Les Alpes françaises à l’époque glaciaire. Extrait de « Die Alpen im Eiszeitalter » de MM. Pexox et BruckNer ; in Trav. Lab. géol. Fac. Se. Univ. Grenoble, t. 8, fase. 1, p. 113. MÉM. 80C. PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 44 352 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE AGE DES FORMATIONS GLACIAIRES DU SALÈVE. Région du Mont-de-Sion et de Cruseilles. Les géologues ne sont pas d'accord sur les époques auxquelles il faut attribuer les dépôts glaciaires de la région. Sans avoir acquis une certitude absolue, il nous semble que les déductions de BRUCKNER [192] et KiLrAN [208], tirées des observations faites sur les cein- tures morainiques et les complexes fluvio-glaciaires les plus externes, reposent sur une base solide. Nous prendrons done comme point de départ de notre analyse, sans les discuter, les conclusions de ces derniers auteurs, et en particulier, nous considérerons le complexe fluvio-glaciaire du Mont-de-Sion comme représentant le deuxième stationnement wurmien. I] y a lieu de faire une légère correction à l’al- titude (821) indiquée par KiLtaN. C’est en effet à 862" que se trouvent les poudingues les plus élevés de la colline à l’W. du col de Mont-de-Sion, et le point culminant des poudingues du plateau de Saint-Blaise, entre le col du Mont- de-Sion et les Pitons, atteint 905". Au sujet de ce complexe, KILIAN dit [208, p. 59]: « À ce moment, le gla- cier de l'Arve poussait ses moraines et ses alluvions fluvio-glaciaires vers Culoz par la région des Usses. » Sauf erreur, il admet que le complexe fluvio-glaciaire du Mont-de-Sion dépendait du glacier de l’Arve. Or, si l’on examine ce complexe dans la région s'étendant entre Présilly, Charly et Cernex, on constate que sur le ver- sant rhodanien les blocs erratiques abondent et ceux du Valais y sont communs. A côté de nos observations personnelles, il est utile de citer les observations faites il y a près de cent ans par J. A. DE LUC, à une époque ou les blocs erratiques étaient beaucoup plus nombreux qu'aujourd'hui. Cet auteur constate qu'au Mont-de-Sion les accumulations sont sur les pentes qui regardent le Jura et qu’en certains points plus éloignés du col du Mont-de-Sion, ces blocs proviennent du Valais. Sur ce même versant, la moraine de fond est aussi visible presque partout, tandis que les alluvions sont rares et revêtent l’aspect de « Schottermoräne », comme cela peut s’observer dans la gravière de Présilly. Sur le versant des Usses du Mont-de-Sion, au contraire, en descendant du point 821 vers le village de Cernex, on peut constater, grâce à plusieurs gravières, des alternances d’alluvions soit meubles, soit très fortement cimentées par de la calcite en assez gros cristaux, avec de la moraine de fond. Des gravières très considéra- bles existent encore sur le flanc W. de la colline de St-Blaise, au-dessus de Jussy. Le Mont-de-Sion porte donc, très nettement, les caractères d’un cône de transition donnant naissance vers le SW. à des champs d’alluvions. D'autre part, si l’on admet l’opinion de KILIAN, le glacier de l’Arve, pour MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 393 former le complexe du Mont-de-Sion devait buter contre le massif des Pitons (1300) et le contourner par sa rive droite. On ne s'explique pas, dès lors, que l’on ne trouve pas des blocs erratiques sur le versant sud des Pitons (versant des Usses), tandis qu'au contraire, dans le bassin du Viaison, d'innombrables blocs de protogine forment une longue trainée qui va du vallon de la Joie au Petit Salève, s’échelonnant à des altitudes variant de 650 à plus de 900%, associés, au plateau des Molliets, à des formations fluvio-glaciaires (927), Pour ces raisons, nous croyons plus plausible d'admettre, avec BRUCKNER, que le complexe fluvio-glaciaire du Mont-de-Sion dépend du glacier du Rhone. A Troinex, près de Cruseiïlles, il existe une nappe d’alluvions légèrement incli- née vers le NW., dont la surface est à 760" environ. Les graviers qui la forment sont meubles ou très fortement cimentés, comme on peut le voir près de la ferme, dans les gravières, et sur le bord du plateau qui domine Ronzier. Le plateau de Féchy, également incliné vers le NW... dont l'attitude est à 630m environ, est formé d’un complexe fluvio-glaciaire typique, qu'on peut étudier dans la vallée des Usses, en aval de la cluse. Ces deux champs d’alluvions, qui ne sont pas tout à fait du même àge, puisque le dernier est sensiblement plus bas que le premier, doivent cependant dater de la même glaciation que celui du Mont-de-Sion, soit du second stationnement wur- mien. Ils ne contiennent aucun élément du Valais, ni gneiss d’Arolla, ni prasinite, ni gabbro à saussurite ; les éléments cristallins y sont rares. Nous pensons que le champ de Troinex provient du glacier de l’Arve, mais il est possible que celui de Féchy soit dû au glacier de la vallée d'Annecy. Il a donc existé, dans la région de Cruseilles, trois nappes d’alluvions qui con- vergeaient. Elles ont subi, pendant la période interglaciaire qui a suivi leur dépot, les effets intenses de l’érosion des Usses et de ses affluents, de sorte qu'on n’en retrouve que des lambeaux perchés sur les socles molassiques de Cernex, Andilly et Ronzier. Le fond de la grande dépression ainsi formée fut comblé par un dépôt considérable de moraine de fond dont la surface forme le plateau très caractérisé des Ertes et de Châtillon et dont l’altitude est à 560% environ. Les Usses et ses affluents ont aussi entamé ce plateau. Cela se voit surtout dans le vallon des Emollières, où l’on observe de superbes affleurements très étendus d'argile à cailloux et à blocs striés dans lesquels les matériaux du Valais sont absents, et les éléments cristallins rares. Cette masse morainique, emboîtée dans l’ancienne vallée des Usses, doit être néo-wurmienne si l’on admet les données de KILIAN. Ce n’est certainement pas le glacier de lArve qui a pu atteindre cette région lors de la dernière glaciation. L'arrivée d’une langue du glacier d'Annecy par la cluse de Sillingy est déjà plus admissible. 394 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE Il existe encore, à 30" environ au-dessus du niveau des Usses, une ter- rasse d’alluvions à éléments alpins dont on peut voir des lambeaux dans la cluse même de la Caille, près des bains, et à son débouché, au Moulin Dunant. Elle date probablement du stade de Buhl. Extrémité nord-orientale du Salève. Moraines du second stationnement wurmien. En jetant un coup d’œil sur la carte, on est frappé de la richesse des blocs erratiques sur le coteau d'Esery, sur le versant sud du Grand et du Petit Salève et dans le vallon de Monnetier. Il y a là les traces manifestes d’un stationne- ment. Malgré une exploitation active des blocs de granite, il en reste une telle quantité, que l'œil le moins exercé y reconnaitrait un dépôt morainique. Au Grand Salève, les aceumulations de blocs reposent sur un soubassement molassique, et leur altitude va en décroissant à partir des environs du vallon de la Joie, où elles dépassent un peu 900%, vers le Petit Salève et le Mont Gosse, où elles s’arrêtent à 800m, Elles vont, d'autre part, en diminuant d'importance vers le petit plateau qui sépare la source des Usses de celle du Viaison, plateau qui détermine la ligne de faite des Bornes. On n’en trouve plus sur la rive droite du cours supérieur des Usses. Nous croyons pouvoir en conclure que ce stationnement était caractérisé par le fait que le glacier de l’Arve était déjà individualisé dans le bassin actuel de cette rivière. On peut donner plus de précision et trouver une preuve qu’il s’agit bien d’une moraine frontale d’un glacier venant buter contre le versant sud du Salève. En effet, dans le vallon de Monnetier, on voit, de part et d’autre du village, les restes indubitables d’une moraine frontale. Le lambeau morainique du Petit Salève est le plus important et le mieux conservé. Lorsqu'on le regarde de la pente NE. du Grand Salève, avec un éclairage convenable, le matin, on reconnait encore la crête morainique incurvée, jalonnée par un gros bloc de Barrémien haut-alpin. En exa- minant les roches qui composent cette moraine, on y reconnait, outre les calcaires locaux, de gros blocs de protogine, tous plus ou moins arrondis, et, en grand nombre, des schistes cristallins X et £? provenant des Aiguilles Rouges, ainsi que des calcaires noirs du Malm et du Barrémien de la zone helvétique. Nous n’y avons pas trouvé un seul caillou de Molasse, ce qui constitue une différence très tranchée avec le Jambeau morainique NW. sur la pente NE. du Grand Salève. Dans ce dernier, en effet, les blocs de Molasse abondent, tandis que les schistes £? des Aïguilles Rouges font totalement défaut. On y voit également, dans une petite tranchée, des cailloux striés. Des blocs erratiques disséminés réunissent, de part et d'autre du vallon de Monnetier, ces deux lambeaux aux dépôts morainiques du versant sud des deux Salèves. Il s’agit donc bien d’un stationnement, où une protubérance du glacier MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 399 pénétrait dans le vallon de Monnetier sans le traverser. La présence d’un grand nombre de blocs de Molasse sur la rive gauche de la protubérance glaciaire de Monnetier indique que le glacier de lArve était flanqué sur sa rive gauche de saillies molassiques dans le massif des Bornes et qu'il était individualisé dans le bassin actuel de cette rivière. C’est à ce même stationnement qu'il faut sans doute attribuer les dépôts de moraine de fond qui comblent l’ancienne vallée du Viaison et qui forment le plateau d’Essert, qu'un cycle d’érosion récent a entaillé à partir du Pont du Loup vers laval, ainsi qu'on peut le voir très clairement sur la carte. Au Mont-de-Sion l'altitude de la moraine terminale du glacier du Rhône, lors du deuxième stationnement wurmien, dépassait un peu 900%. Il est assez naturel de considérer comme appartenant à la même ceinture morainique ou à des dépôts de retrait du glacier, les blocs que DE Luc [14, 20] cite à la ferme de la Mikerne près de l'Abbaye de Pomier, sous la Croisette, et au-dessous de Crevin. A l’époque de ce stationnement, il est bien probable qu'il faut admettre l’exis- tence du glacier de l'Arve limité par les moraines à blocs de la vallée du Viaison, avec une protubérance dans le vallon de Monnetier, et communiquant avec le gla- cier du Rhône par la région de Monthoux. Moraines ‘du maximum wurmien et de Riss. Au-dessus des champs de blocs de la vallée du Viaison, dont nous avons parlé plus haut, il existe, un peu partout sur la chaîne du Salève, des blocs disséminés ou réunis en petits groupes. Il est intéressant de signaler que la moraine bordière du maximum wurmien, si carac- térisée dans le Jura central, manque au Salève, fait qui n’est pas très éton- nant, puisqu'on le constate également dans le Jura méridional. C’est pourquoi nous n'avons pas pu établir la limite entre la moraine rissienne et la moraine wur- mienne. Il n'est pas douteux, cependant, que les blocs épars sur tout le sommet du Grand Salève (1200-1300), ceux qui sont groupés près du Chalet de la Pile (1230), au Sud de la Pointe du Plan (1236), etc., appartiennent à la glaciation de Riss. Les dépôts erratiques rissiens les plus élevés du Salève ont atteint l'altitude de 1300 d’après A. Favre. Nous n'avons pas, en effet, constaté de ro- ches alpines sur le plateau de Grillet qui dépasse cette altitude, et c’est à 1312" de hauteur, à l’ouest de la Pointe du Plan, que nous avons observé le bloc alpin le plus élevé. Le Grand Salève a donc dû être complètement recouvert par le glacier, tandis que les régions des Pitons et de la Pointe du Plan formaient un seul nunatak fort peu élevé. Les alluvions fluvio-glaciaires de la région avoisinant l'extrémité orientale du Salève ont été décrites avec détail par A. FAVRE [101, t. I, chap. 3 ; 158, $ 158 à 187], aussi n’en parlerons-nous que brièvement. Toutes proviennent de la vallée de l’Arve. Les plus élevées, qui ne forment plus 396 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE que des dépôts peu importants, se trouvent à Mornex (600), à Bas-Mornex, 540"; elles pourraient bien être en relation avec la terrasse de Crevin (508%) et être rapportées à l’époque du recul du glacier de l’Arve après le 2% stationnement wurmien. La belle terrasse de Pont Notre Dame (491) doit correspondre à la terrasse supérieure de Veyrier dont l'altitude est de 470" environ. A la terrasse de Gaillard (430% environ), qui domine l’Arve de 30%, correspondent la terrasse inférieure de Veyrier sur laquelle est construit le village, et celle du Château d’Etrembières. Enfin, une terrasse un peu plus basse (10% au-dessus de l’Arve) existe près d’Etrembières et de Sierne. : Pour KILIAN, la terrasse de Pont Notre Dame est néo-wurmienne, les autres dépendent du stade de Buhl. Le gisement magdalénien de Veyrier se trouve sur la terrasse supérieure de cet endroit. Nous avons vu que cette terrasse correspond à celle de Pont Notre Dame. La célèbre station préhistorique serait donc postérieure à l’époque néo- wurmienne. DÉPOTS POST-GLACIAIRES ET ACTUELS Nous ne dirons que quelques mots au sujet de ces formations. Les tufs d’Aique- belle, connus dans le public genevois sous le nom de greube, ont été étudiés par BRONGNIART [18, p. 310], px MorriLLer [63, 64] et A. FAvRE [101, t. I, $ 242. Des dépôts de craie lacustre et de tourbe ont été signalés par A. FAVRE [153, I K 215, II, $ 32]. Nous avons observé des dépôts analogues dans une tranchée, au- dessus de Crevin, à l'altitude de 532", Nous avons relevé la coupe suivante : Dépôt d’éboulis et de ruissellement : ie Tourbe pure On, 50 Tourbe terreuse à Mollusques d’eau douce On, 20 Marne lacustre à Mollusques d’eau douce On, 40 Les éboulis de la région du Salève ne présentent rien de particulier ; ils ne mon- trent pas de limite tranchée avec les dépôts glaciaires locaux que nous avons décrits sous le nom de Groise. De petits éboulements sont visibles au-dessus de Veyrier- Crevin et des Sources ; ceux qu'on peut observer au-dessus de Jussy, près de Po- mier, sont beaucoup plus considérables. Des formations éluviennes assez importantes recouvrent les pentes hauterivien- nes, surtout dans la région comprise entre la Croisette, la Thuile et St-Blaise. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 97 CHAPITRE II TECTONIQUE APERÇU TOPOGRAPHIQUE La chaîne du Salève s'étend du village d’Etrembières, sur l'Arve, jusqu'à la cluse du Fier, à l’ouest d'Annecy. Sa direction générale est N. 27° E.; mais ses dif- férentes parties -ont une orientation pouvant en différer sensiblement. Sa longueur est de 36%" et sa largeur mesure au maximum 3k%, Son point culminant, le Grand Piton, atteint 1380%, Son versant NW. est plus abrupt que son versant SE. et il descend plus bas. Cette montagne s'élève dans le large bassin molassique qui s'étend entre les Alpes du Genevois et le Jura méridional, déterminant avec ces massifs montagneux, deux régions au relief peu accusé. Au nord-ouest, c’est la plaine de Genève, prolongement du Plateau suisse, dont la largeur atteint à peu près 24km et dont l’altitude se maintient généralement entre 400 et 500, Au sud-est, c’est le plateau des Bornes, s’élevant à 900% environ et dont la largeur moyenne est de 17*"; c’est dans sa partie sud occidentale qu'est creusée la dé- pression d'Annecy, dont le fond est à l'altitude de 450" environ. Un certain nombre de dépressions transversales divisent la chaîne en plusieurs parties qui sont, à partir du NE a) Le Petit Salève, situé entre l’Arve (400) et le vallon 5 Monnetier (710), Sa longueur est de 2k,900 et son sommet à une altitude de 900, b) Le Grand Salève, dont l'altitude maximale est de 1308" et la longueur 5km 400. Il est délimité par le vallon de Monnetier et le col de la Croisette (1179). c) Les Pitons. Partie culminante de la chaine dont l’altitude atteint 1380" et dont la longueur est de 11*", Elle est comprise entre le col de la Croisette et Cruseilles 789%, d) Région située entre Cruseilles et la cluse des Usses. La chaine s’abaisse con- sidérablement et se distingue fort peu de la partie voisine du plateau des Bornes. Son point culminant est à 861" et sa longueur mesure 2km,200. e) La montagne de la Caille dont l'altitude est 842», Elle est fort courte, 338 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE n’atteint que 1*",200 de longueur, et s'étend entre la cluse des Usses et le vallon d’Allonzier (700m), f) Le Crét à la Dame. Son sommet atteint 889" et sa longueur ne dépasse pas 1Km,200. Il est compris entre le vallon d’Allonzier et le col de Mandalaz (676m). g) La montagne de la Balme forme une croupe de 6x" de long dont le faite mesure 936, Elle est délimitée par le col de Mandalaz et la cluse de Sillingy (470), : h) Le coteau de Lovagny, colline allongée, à pentes douces, d’une altitude de 674% et d’une longueur de 6,300, s'étendant de la cluse de Sillingy à la cluse du Fier (3801). ÉTUDE TECTONIQUE Au point de vue géologique, la chaine du Salève est un anticlinal très allongé, surgissant à peu près au milieu du grand synelinal molassique séparant les Alpes du Jura. Cet anticlinal est déjeté, parfois déversé et faillé dans sa partie sep- tentrionale, son flanc SE. étant à pente douce et son flanc NW. fortement redressé ou même renversé. Il a été fort peu démantelé par les actions érosives, puisque presque partout son jambage SE. est formé jusqu'au faite d’une carapace de Bar- rémien; son jambage NW., vertical, plus disloqué et étiré, a cependant été dénudé jusqu'au Kimeridgien dans la partie NE. du pli. Le trait caractéristique de l’anticlinal du Salève est qu'il a été rompu en plu- sieurs tronçons par des décrochements, les tronçons orientaux ayant toujours été poussés vers le nord-ouest par rapport aux autres. Cette structure typique a été mise en lumière par MaïLLARD [169, p. 9] et par ScxarpTr [171, p. 153 et pl. 6] qui avaient déjà constaté trois décrochements. Nous en avons reconnu sept qui ont déterminé huit tronçons (fig. 12). La division orographique de la chaine du Salève, que nous avons donnée plus haut, ne correspond pas toujours à la division tectonique, parce que certains décro- chements, comme celui de Pomier, ne se font guère sentir dans la topographie, ou parce que d’autres, comme ceux de l’Abergement et de Cruseilles, sont trop rap- prochés pour pouvoir déterminer entre eux un relief nettement individualisé, Il arrive aussi que certains accidents topographiques sont dus uniquement à des phé- nomènes d’érosion (vallons de Monnetier et d'Allonzier). C’est pourquoi, dans ce chapitre, nous suivrons la division tectonique de la chaîne qui est la suivante (voir fig. 12) : MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 399 1. Petit et Grand Salèves qui doivent leur individualisation au décrochement du Coin. 2. Partie nord orientale des Pitons située entre le décrochement précédent et celui de Pomier. 3. Partie sud occidentale des Pitons, comprise entre le décrochement précédent et celui de l’Abergement. 4. Région de l’Abergement, limitée à l’est par le décrochement du même nom et à l’ouest par celui de Cruseilles. : 5. Région de Cruseilles, entre le décrochement précédent et celui de la Caille. 6. La montagne de la Caille et le Crêt à la Dame, déterminés par les décro- chements de la Caille et de Mandalaz. T. La montagne de la Balme, comprise entre les décrochements de Mandalaz et de Sillingy. 8. Le coteau de Lovagny, formant l’extrémité sud occidentale de la chaîne à partir du décrochement de Sillingy. Nous ne nous occuperons en détail que de la partie nord-orientale de la chaine, c’est-à-dire celle contenue dans la carte que nous avons levée, et comprenant les divisions 1 à 5. Nous n'aurons que peu d'observations à ajouter à ce que l’on con- nait de l'extrémité sud-occidentale du pli. 4. PETIT SALÈVE, GRAND SALÉVE ET DÉCROCHEMENT DU COIN (PI. 12, fig. 1 à 10.) Dans cette partie de la chaine, l’anticlinal possède un flanc sud-est à pente douce, sauf au nord de la Mure, vers Chez Cocu, où les couches du Barrémien attei- gnent presque la verticale et où celles de la Molasse sont même renversées (pl. 12, fig. 5). La partie culminante de l’anticlinal est fort aplatie et les couches y sont parfois horizontales sur une assez grande étendue. Le flanc nord-ouest, vertical ou presque, forme des pentes très escarpées. Il est en général laminé et montre des accidents de natures diverses. Le Petit et le Grand Salève, qui sont très nettement distincts au point de vue topographique, forment une seule unité au point de vue géologique, car le vallon de Monnetier qui les sépare est le résultat d'actions purement érosives. Les dislocations qui affectent le tronçon dont nous nous occupons sont soit longitudinales, soit transversales. Les premières sont principalement des failles: on peut y observer cependant un pli-faille et une faille-flexure. Les secondes sont soit des fissures, soit des failles : elles sont du reste peu importantes. MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 37 (1913). 45 Etrembières J'E de la Caëll Alonaies RE Fig. 12. — Carte structurale de Pan- ticlinal du Salève. — 1, Jurassi- que. 2, Infravalanginien et Valan- ginien. 3, Hauterivien. 4, Barré- mien et Aptien. 5, Tertiaire. 6, Dé- crochements et failles. Echelle 1 : 160.000. er —. = MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 3061 DISLOCATIONS LONGITUDINALES. Failles. 1. Faille longitudinale de la paroi du Petit Salève (pl. 12, fig. 2). Cette faille, peu visible, a cependant donné naissance, suivant son plan, à un petit ravin aboutissant dans un petit cirque qu'on observe à l'extrémité NE. de la paroi de rochers inférieure du Petit Salève, au-dessus du passage à niveau d’Aiguebelle, Elle est visible sur 500% de longueur, mais elle doit se continuer vers le NE, sous les éboulis. Sa direction est N 43° E.: sa lèvre sud-est est affaissée, Nous n'avons pas observé de retroussement notable des couches à l'approche du plan de faille, Au point de l'effort maximum, la partie supérieure du Purbeckien est en contact avec la partie moyenne de l’Infravalanginien, ce qui donne un rejet de 35 à 40m, Dans l’ancienne carrière située au-dessus du passage à niveau d'Aiguebelle, on peut observer dans le plan de la dislocation, une brèche dont le ciment jaune rouge est fortement gréseux. 2. Faille de la Petite Gorge (pl. 12, fig. 3-6 £, pl. 10, fig. 1, 2). Elle s'étend du Château de Monnetier jusqu'à la Grande Gorge. Sa longueur atteint 3 km., sa direction est N 32° E. Son tracé, qui longe à une faible distance la grande paroi de rochers du Grand Salève, n’est pas tout à fait rectiligne, mais légèrement en forme d’S. La lèvre sud-est, affaissée, montre un très fort retroussement des cou- ches à la Petite Gorge et dans la région des Treize Arbres, tandis qu’il est beaucoup plus faible sur le versant SW. du vallon de Monnetier. Le rejet atteint son maxi- mum entre l'hôtel des Treize Arbres et la Petite Gorge, au tiers sud-ouest de son tracé, où l’on peut voir le Barrémien inférieur en contact avec le Valanginien, ce qui donne une centaine de mètres de dénivellation. De ce point d'effort maximum, la faille s’est éteinte beaucoup plus rapidement vers le SW. que vers le NE ; c’est peut-être la raison pour laquelle elle se résout à son extrémité sud-occidentale en un réseau de plusieurs cassures. Au NE, les premières traces de la faille apparaissent au-dessous du Chateau de Monnetier, où le plan de la dislocation vient se confondre avec la grande paroi de rochers du Petit Salève. Entre le Château et le talweg du vallon de Monnetier, le plan de faille est jalonné par une brèche de friction à ciment jaune rouge, et les calcaires oolitiques du Portlandien horizontal viennent buter contre le massif coral- ligène mal stratifié du Kimeridgien, Sur le versant SW. du vallon de Monnetier, 3062 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE cette dislocation apparait clairement. La figure 1 de la planche 10, en donne une idée suffisante, de sorte qu’il n’est pas nécessaire d’en faire une description dé- taillée. Le rejet atteint à cetendroit 50% environ. Au-dessus de la Croix, la faille n’est guère visible, grâce à l'épaisseur des broussailles, mais, en arrivant sur le bord du plateau dominé par les Treize Arbres, un abrupt d'Hauterivien supérieur faisant partie de la lèvre affaissée en indique la trace (pl. 12, fig. 4). Plus au SW., aux environs de l'hôtel des Treize Arbres, le Barrémien, relevé de 45° vers le plan de faille, bute contre la partie supérieure du Calcaire roux. Mais c’est surtout sur les deux rives de la Petite Gorge que cette dislocation se montre avec une mer- veilleuse clarté (pl. 10, fig. 2; pl. 12, fig. 5). De ce point, elle se dirige vers la Grande Gorge, où elle s'éteint en se résolvant en plusieurs cassures que nous avons indiquées schématiquement dans la fig. 6 de la planche 12. En nombre de points, nous avons observé dans le plan de la faille des brèches de dislocation. Sur le versant SW. du vallon de Monnetier, elles possèdent un ciment jaune rouge ou rouge, calcaréo-argileux, contenant une forte proportion de petits grains de quartz. A la Petite (rorge, on trouve soit un grès quartzeux fai- blement calcaire, glauconieux et identique au grès sidérolitique non oxydé, soit une brèche à ciment calcaréo-argileux, un peu gréseux, qui forme une grande lentille de plusieurs mètres d'épaisseur (pl. 10, fig. 2, Br.). Entre la Petite et la Grande Gorge, dans un petit ravin qui coupe la faille, tous les galets de la brèche sont recouverts d’un enduit de limonite. L La topographie ne trahit guère l'existence de la faille de la Petite Gorge; la lèvre affaissée forme en quelques endroits un léger abrupt, mais cela tient simple- ment à la proximité de l’escarpement du Grand Salève. Cette faille, toutefois, a contribué, comme nous le verrons plus tard, à la formation de la Grande et de la Petite Gorge. En résumé, dans la forme actuelle du Sulève, grâce à la faille de la Petite Gorge, il existe une mince plaque de terrains horizontaux atteignant une longueur, de 3 km. qui est soulevée par rapport au reste de la chaîne et qui en forme la façade. Cette situation nous semble imstable, et il est bien possible que si l'érosion avait sapé un peu plus avant la base de la montagne, l’escarpement se serait produit sui- vant cette dislocation. La paroi abrupte de l'extrémité NE. du Grand Salève est peut-être bien due à un phénomène analogue à celui que nous venons de supposer. On observe, en effet, en parcourant le sentier des Büûcherons inférieur, dans la région située au-dessus des carrières de Veyrier et dans la région appelée le Petit Détroit, des fissures parallèles à la paroi, comblées par une brèche à ciment rouge, calcaréo-argilo-gréseux en tous points identique à celle des failles longitudinales du Salève, et dont les éléments montrent des stries de glissement. Parfois, ces cassures MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 3063 sont accompagnées d’une petite dénivellation des couches. Ces brèches paraissent indiquer la trace presque disparue d’une faille parallèle à celle de la Petite Gorge, qui, par éboulement de sa lèvre NW., aurait donné naissance à l’escarpement actuel du Grand Salève (pl. 12, fig. 3 et 4). La faille de la Petite Gorge est connue depuis longtemps. C. Lory [81] puis A. FAVRE [101, t. I, $ 244-245] l'ont étudiée. Il restait à en préciser le tracé et le rejet. 3. Faille longitudinale d'Orjobet (pl. 12, fig. 10, 5 et pl. 9). Faille de peu d'importance, dont la direction est N. 85° W. Elle se voit facilement sur la face NE. du décrochement du Coin (pl. 9). C’est suivant son plan que s’est formée la grotte d’où elle tire son nom et dans laquelle on voit la brèche à cailloux multicolores du Purbeckien buter contre l’oolite portlandienne. Ici, le rejet atteint 15%, Ja lèvre nord étant affaissée. Cette faille est caractérisée par des brè- ches de dislocation à ciment rouge que l’on peut voir à l'entrée inférieure de la grotte. Les traces de cette dislocation peuvent encore être constatées au haut de l’escarpement, à la limite du Caleaire roux et de l’Infravalanginien. En ce point, un paquet de couches du Valanginien est pincé dans le plan de la faille et soudé aux deux lèvres par un grès jaune identique à ceux qu'on constate dans le plan des autres failles longitudinales du Salève. Une dizaine de fissures dans lInfravalan- ginien accompagnent le plan de dislocation. Elles sont comblées par des grès rouges ou jaunes et des dépôts calcaréo-argileux de même couleur. 4. Faille longitudinale de Grange Passey (voir carte et pl. 12, fig. 3, à). Dislocation faible, qui s'étend de Grange Passey à l'extrémité du vallon de Monnetier, où elle a déterminé un ravin assez accusé dans l'Hauterivien. Comme pour la faille de la Petite Gorge qui lui est presque parallèle, c’est la lèvre SW. qui est affaissée, mais d’une vingtaine de mètres seulement. Pli-faille du Grand Salève. (PL. 7, pl. 11, pl. 12, fig. 4 à 8, £.) Un pli-faille affecte la partie NE, du Grand Salève. A l’est, on en constate les premières traces au-dessus des carrieres de Veyrier. Les fig. 1, pl. 11 et 4ùs, &, pl. 12, indiquent plus clairement sa structure qu'une description. Son rejet atteint ici une cinquantaine de mètres. 500" plus au SW., dans la région de la Tour aux Milans, il présente une disposition tout à fait analogue. Par contre, dans la région de la Petite Gorge (pl. 11, fig. 2) son rejet augmente considérable- 364 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE ment, de telle sorte que l’oolite portlandienne est en contact avec la partie infé- rieure de l’Hauterivien, ce qui représente un rejet de 200 mètres environ. Entre la Grande et la Petite Gorge, le Portlandien qui forme une pente assez forte est en contact avec l'Hauterivien plus ou moins marneux déterminant un palier assez accusé couvert de grands buissons touffus. A la Grande Gorge, le plan du pli-faille s’est considérablement abaissé et disparait sous les éboulis. On peut admettre qu'il se prolonge assez loin vers le SW., car, au point où on en voit les dernières traces, au bas de la Grande Gorge, rive droite, les calcaires infravalanginiens à Hetero- diceras luci sont en chevauchement sur l’'Hauterivien, ce qui indique encore un rejet de plus de 150", En résumé le pli-faille du Grand Salève est visible sur une longueur de 2 km., mais il doit se prolonger assez loin vers le SW. sous les éboulis. Sa surface de che- vauchement est irrégulièrement courbe, avec convexité dirigée vers le haut, et avec un plongement de 30 à 40° vers le SE. Tandis que la partie du jambage rompu de l’anticlinal, située au-dessous du plan du pli-faille, ne présente pas de retrous- sement appréciable (fig. 1, pl. 11) et peu de compression, la partie située au-dessus de ce plan montre un rebroussement considérable vers l'intérieur et une lamination très forte. Ainsi, au bas de la Grande Gorge, au pied du rocher appelé la Poupée, le Purbeckien mesure 3" seulement, et la zone à Heterodiceras luci, 4%, alors qu’en épaisseur normale, ces deux terrains atteignent ensemble 65". Nous n'avons jamais vu dans le plan du pli-faille les brèches rouges et les grès que nous avons signalés dans toutes les failles longitudinales ; nous n’y avons observé qu'un remplissage peu important de calcite, et parfois de l'argile. Faille-flexure du Saut Gonet. (PI. 7, pl. 9, pl. 12, fig. 7-10, n ). Cette faille-flexure naît sur la rive gauche de la Grande Gorge et s'éteint brus- quement au-dessus du Coin, au point où elle rencontre le décrochement passant par cet endroit. La grande paroi de rochers de la partie occidentale du Grand Salève, qui atteint sa plus grande hauteur au Saut Gonetest due à sa présence. Son orien- tation générale est N. 127° W., mais son tracé est courbe, légèrement convexe vers le NNW. Son plan est sensiblement vertical. Sa longueur est de 152,400. Elle est située presque exactement sur le prolongement de la faille de la Petite Gorge, mais elle en est complètement indépendante, car elle a un rejet de sens inverse. Cette dislocation du Saut Gonet est une flexure à flanc médian rompu. Elle est caracté- risée par le fait que sa lèvre surélevée, à couches horizontales, ne présente pas de MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 30) rebroussement vers le plan de la rupture, tandis que sa partie affaissée, présente un flanc médian vertical très étiré, réduit parfois au tiers de son épaisseur normale et appliqué contre la tranche de la partie soulevée. Il est assez inattendu de trouver une dislocation de ce genre dans un pli de type jurassien où l’on observe en général le pli-faille. Cette disposition exceptionnelle pourrait bien être due à une faille datant de l’Eocène, qui aurait été rajeunie et accusée lors du grand plissement miocène. En effet, dans le plan de la faille, en plusieurs endroits, on trouve soit une brèche à ciment rouge, argilo-gréseux, comme dans la région du Feuillet et de la Cheminée Margot, soit, comme au pied de l’Aiguille de la Scie, un grès siliceux à glauco- nie, identique au Sidérolitique. Ce grès à été fissuré, disloqué et ressoudé par un dépôt de calcite. DISLOCATIONS TRANSVERSALES. Les dislocations transversales du Petit et du Grand Salève sont de deux natures. Les unes sont des failles, les autres de simples fissures béantes, sans déni- vellation, et remplies d’un dépôt de calcite dont les cristaux atteignent parfois une très grande taille. Failles transversales. Faille transversale de la Grande Gorge. C’est à une petite faille trans- versale que la Grande Gorge doit en partie sa formation. Cette dislocation est très facilement visible. Si on observe la Grande Gorge de face (pl. 7), on voit, sur la rive gauche, lescarpement produit par l’Infravalanginien s'arrêter brusquement à la rencontre du talweg, et ne se poursuivre que 45% plus bas sur la rive droite. Cette faille est visible sur une longueur de 800% environ. Sur le sommet de la chaine, elle met en contact les calcaires blancs barrémiens avec les prairies qui recou- vrent les couches plus marneuses de l'Hauterivien. Faille de la Gorge de la Mule (pl. 7 et pl. 9). Le ravin de la Mule est de méme dû à une faille à lèvre sud-ouest affaissée. La dénivellation atteint 35" dans la région du Sphinx, où elle peut être mesurée avec la plus grande facilité, grace à la grande brèche à cailloux versicolores du Purbeckien, si aisément recon- naissable de part et d'autre du plan de dislocation. La lèvre NE. est assez forte- ment retroussée vers le bas, comme cela est clairement visible, soit dans la région du Portail du Sphinx, soit entre ce point et le Trou de la Tine. En ce second lieu, la 366 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE dénivellation est déjà moins forte, pour devenir à peu près nulle près du Trou de la Tine, ce qui fait penser qu’elle atteint sa valeur maximum à sa rencontre avec la faille-fexure du Saut Gonet. Dans le plan de cette dislocation, on n’observe pas de grès ni de brèche rouge, par contre, un dépôt de calcite y est visible en plusieurs endroits, et dans la région du Portail du Sphinx, ce remplissage atteint 1",50 d'épaisseur. Ce dépôt de calcite montre à son intérieur des plans de glissement dont les stries plongent de 15 à 30° vers le SSW. Cela indique que la faille a été formée en deux temps : 1° Un mouvement vertical que prouve le retroussement des couches, suivi d’une période d'arrêt pendant laquelle les vides produits dans le plan de dislocation ont été comblés par de la calcite. 20 Un mouvement de décrochement un peu oblique, attesté par les plans de glissement qui coupent la calcite. Fissures transversales. Elles ne présentent pas trace de dénivellation, mais sont remplies d’un dépôt de calcite en gros cristaux. Nous n’y avons jamais constaté de grès et de brèches à ciment rouge comme il en existe dans les failles longitudinales. Si nous signalons ces accidents de fort peu d'importance par eux-mêmes, c’est qu'ils sont la cause de la formation des ravins des Sarrots, de la Grande Varappe et du Palavet. Tous les talwegs de ces ravins montrent, en effet, des fissures plus ou moins larges contenant les dépôts de calcite que nous venons de décrire. Il nous reste encore à mentionner une de ces fissures qui a déterminé la for- mation d’un petit couloir de la rive gauche de la Grande Gorge, que franchit le sentier de la Grande Gorge Intérieure, avant d'arriver dans la région du Trou du Chat. On la retrouve ensuite plus haut, au bord du sentier de la Corniche. Le filon de calcite qui la remplit atteint ici 3,50 d'épaisseur, il est coupé par des plans de glissement dont les stries, plongeant de 3 à 10° vers le SE., indiquent un mouve- ment de décrochement presque horizontal. Ce petit accident, dont il n’est pas possible d’estimer le rejet horizontal, doit donc sa formation à deux phases de mou- vement séparées par une période de repos. LE DÉCROCHEMENT DU COIN. (PI. 7, 8, 9 et 12, fig. 10-11.) Ce décrochement, qui peut compter parmi les plus beaux qu’on puisse voir, a eu pour effet de pousser de 6 à 700% vers le NW. le tronçon du Grand et du Petit T4 MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 307 Salève par rapport à celui des Pitons. La dénivellation verticale atteint 80m environ, la lèvre SW. étant affaissée. Le mouvement n’a donc pas été tout à fait horizontal, ce que prouvent du reste les stries de glissement que nous avons observées à plusieurs endroits dans le plan de cette dislocation, et qui sont inclinées de 3 à 15° vers le sud. La rupture de la chaine ne s’est pas produite pérpendicu- lairement à sa direction, mais suivant une ligne dont l'orientation est N. 32 W. et qui forme un angle de 66° avec l’axe de l’anticlinal. Dans la topographie, cet acci- dent apparaît avec la plus grande clarté. Le grand escarpement des Etiollets-Cha- vardon, dominant le hameau du Coin, est un profil idéal de l’anticlinal suivant le plan même du décrochement ; il forme, avec le ane NW. du tronçon des Pitons resté en arrière, un angle rentrant des plus caractérisés. Au pied même de cette orande paroi dont la base est kimeridgienne, on observe le terrain molassique, puis, à sa partie méridionale, en montant le sentier d'Orjobet, toute la série des terrains crétacés et le Purbeckien du tronçon en retrait de la chaine, Il est moins aisé de suivre la trace du décrochement sur le sommet du Salève, bien qu'il soit indiqué cependant par la topographie. La combe hauterivienne, au sud du Crêt, vient s'arrêter brusquement contre la voûte de Calcaire roux du tronçon en retrait des Pitons. La dépression produite à ce point de rencontre a donné naissance à une petite mare. Sur le versant sud-est de la chaine, au bord du chemin qui conduit de la Croisette au hameau du Feu, on voit le Barrémien blanc à quelques mètres du Calcaire roux ; la ligne de contact anormal est jalonnée par plusieurs filons de calcite et par un lambeau d'Hauterivien inférieur pincé entre ces deux ter- rains. Une des particularités les plus intéressantes de ce décrochement est que le plan de rupture est rempli par un énorme dépôt de calcite en très gros cristaux. Ce dépôt forme des placages très étendus en plusieurs points de la paroi de rochers des Etiollets et de Chavardon. Il est le plus facilement visible sur le sentier d'Orjobet qui le traverse à 60% sous la grotte. À 200 ou 300% au sud de lou- verture supérieure de cette méme grotte, cette bande de calcite, qui atteint 8" d'épaisseur, forme un rocher assez considérable. Nous n'avons, par contre, jamais constaté de grès, ni de brèche rouge dans le plan de cette dislocation. Comme le montrent les figures 10 et 11 de la planche 12, construits de part et d'autre du plan de décrochement, le plissement est sensiblement différent dans les deux tronçons de l’anticlinal. La faille-flexure du Saut Gonet en parti- culier, est brusquement arrétée, et on n’en trouve plus trace dans le tronçon des Pitons. La dislocation est done antérieure au plissement ou en est contempo- raine. MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 37 (1913). 46 308 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE 2. PARTIE NORD ORIENTALE DES PITONS ET DÉCROCHEMENT DE POMIER (PI. 12, fig. 11 à 18.) Ce tronçon, compris entre les décrochements du Coin et de Pomier, possède une allure générale toute semblable à celle du Grand et du Petit Salève. Son flanc N W., vertical, a été cependant beaucoup moins maltraité. Les accidents, tant longi- tudinaux que transversaux, ne font toutefois pas défaut dans cette partie de la chaîne. DISLOCATIONS LONGITUDINALES. Petit anticlinal adventif au NW. de la Croisette. (PI 15, fig. 11, 12, 13.) Au NW. de la Croisette, entre la paroi d’Archamps et le décrochement du Coin, l’anticlinal du Salève se dédouble momentanément. Le petit vallon de la Bouillette n’est pas autre chose, en effet, qu'un synclinal hauterivien bordé au NW. par un petit anticlinal faillé à son sommet (fig. 12 et 13 à, pl. 12). En montant le sentier de la Croisette, après avoir quitté la Molasse, on traverse le Barrémien renversé (60° SE.) puis l'Hauterivien à même pendage, qui ne tarde pas à reprendre un plongement normal et à former une petite voûte à sommet plissoté. Un peu plus haut, sur cette voûte, subitement, le Calcaire roux plongeant de 60° vers le SE. apparait; c’est le flanc sud-est chevauchant de l’anticlinal adventif. Le sentier longe un certain temps le Valanginien, puis pénètre dans l’Hauterivien vertical qui forme le synclinal très aigu de la Bouillette. On atteint ensuite, près du coude le plus oriental du sentier, le Calcaire roux très incliné, puis l’Infravalanginien, qui forment le flanc NW. de l’anticlinal du Salève. Failles longitudinales du Châble de Genevard. (PI. 12, fig. 11, 1, et fig. texle 13 et 14). Le petit anticlinal adventif que nous venons de décrire est encore affecté de deux petites dislocations ayant déterminé la formation du ravin du Châble de (renevard. Ce sont deux petites failles longitudinales à peu près parallèles, rapprochées, qui ne tardent pas à se confondre vers le SW. Toutes deux ont leur lèvre SE. affaissée. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 369 La plus méridionale seule est visible sur la rive droite du ravin (pl. 11, fig. 12 et fig, texte 13), où elle atteint un rejet de 40 à 50%, les grès hauteriviens arrivant en contact avec la partie moyenne du Valanginien. Sur la rive gauche de ce même ravin, la seconde faille apparait (fig. 14), tandis que l'amplitude de la première diminue, et que le rejet dû aux deux failles ensemble n’est plus que de 40 envi- ron. m /210 Fig. 13. — Profil passant par la rive droite du Chäble de Genevard. H; Hauterivien. V, Valanginien. IV, Infravalanginien. Echelle 1 : 200. Ces deux dislocations sont caractérisées par un dépôt abondant de grès qui remplit leur plan de rupture. Ces grès, siliceux, un peu calcaires parfois, sont rouge 3£ NW. Fig. 14, — Profil passant par la rive gauche du Châble de Genevard Même légende que dans la fig. 13. Echelle 1 : 200. 370 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE brique ou jaune rouge, et présentent la plus grande analogie avec le Sidérolitique de la région. Ils ont même parfois été disloqués et montrent des plans de glisse- ment dans leur intérieur, où une fissuration dont les joints sont ressoudés par un dépôt de calcite. Petit anticlinal adventif au nord de la Thuile. (PI. 12, fig. 16 et pl. 8.) Un petit anticlinal adventif, fort court, identique à celui de la région de la Croisette que nous venons de décrire, se détache de celui du Salève. Le chemin qui conduit de Beaumont à la ferme de la Thuile, gravit la pente dans un ravin qui n’est pas autre chose que le petit synclinal de Calcaire roux séparant cette voûte adventive du pli principal. Comme à la Croisette, le flanc NW. de ce petit anticlinal est faillé, ainsi que le montre la pl. 12, fig. 16 4 et la pl. 8. Le plan de cette dislocation peut être observé assez facilement dans la paroi de rocher dominant le hameau de Jussy près de Beaumont. Il s’abaisse vers l’ouest, et au point où il disparait sous les éboulis, on voit en contact l’Infralanginien et la partie supérieure de l’'Hauterivien. DISLOCATIONS TRANSVERSALES. Failles transversales de la Pointe du Plan. (Voir carte, fig. texte 15 et pl. 8.) La Pointe du Plan est due à une aire triangulaire soulevée entre deux failles convergeant vers le NW. Cette sommité est constituée à son sommet par l’Haute- rivien supérieur, très glauconieux, horizontal, tandis qu'à sa base, tant du côté NE. que vers le SW. on peut observer le Barrémien, aussi horizontal. I’existence de failles de part et d'autre de ce sommet ne peut donc être mise en doute. De plus, de la Pointe du Plan, ces deux dislocations sont faciles à observer. Deux sillons, très nettement marqués dans la topographie et jalonnés même par quelques empo- sieux, suivent la trace même des failles ; on les voit converger vers le NW., puis former, dans la paroi NW. du Salève, le ravin profond et escarpé des Petites Croix. Ces deux dislocations ont leur rejet maximum sur le faite même de l’anticlinal du Salève et elles s’éteignent fort rapidement sur son flanc sud. La fig. 15 représente un profil construit suivant l’axe de l’anticlinal. Les failles « et à sont celles que nous venons de décrire, les dislocations c et d sont dues au décrochement de Po- dd MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 371 mier et à une petite faille qui l'accompagne. Dans l’ensemble, la Pointe du Plan apparaît donc comme un horst délimité à l’est par une seule faille d'un rejet de 50%, et à l'ouest par un système de 3 failles en gradins ayant produit une dénivel- lation totale de 150% environ. LE DÉCROCHEMENT DE POMIER. (PL. 12, fig. 18 et 19 et pl. 9.) Ce décrochement est, en tous points, semblable à celui du Coin, comme le montre la planche 9. Sa direction est perpendiculaire au pli. L’érosion l’a fort peu attaqué, de sorte que la paroi de rocher qui domine Pomier, et dont l'orientation est perpendiculaire à la chaine, nous montre une fort belle section du tronçon oriental de l’anticlinal qui a été poussé de 500 vers le NW. et soulevé en méme temps de 100%, Le mouvement à donc été un peu oblique, mais non pas horizontal. Le plan de dislocation, dont l'orientation est N 58° W., est comblé par un énorme dépôt de calcite en gros cristaux qui atteint plusieurs mêtres d'épaisseur. Cela peut s'observer sur le sentier qui conduit de Pomier au chalet de Convers. La trace de ce décrochement est difficile à suivre sur le faite de la NE Pointe du Plan SW 1349 \ 1321 Fig. 15. — Vrofil longitudinal de l’anticlinal du Salève dans la région de la Pointe du Plan. H, Hauterivien. Vs, Valanginien. Vi, {nfravalanginien. Po, Portlandien. Echelle 1 : 12 500, chaine, à cause de la rareté des aflleurements et surtout parce que la topo- graphie ne l'indique point. Deux petits afleurements de Barrémien, situés au milieu de la pente hauterivienne s'étendant entre la Pointe du Plan et la Brandaz, la jalonnent. Sur le versant SE. de l’anticlinal, elle est indiquée par un ravin assez profond. Comme le montrent les figures 18 et 19 de la planche 12, il y a une assez forte 372 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE dyssymétrie de part et d'autre du plan de dislocation. Le plissement n’est done pas antérieur au décrochement. 3 et 4. PARTIE SUD OCCIDENTALE DES PITONS ET DÉCROCHEMENT DE L'ABERGEMENT. RÉGION DE L'ABERGEMENT ET DÉCROCHEMENT DE CRUSEILLES PARTIE SUD OCCIDENTALE DES PITONS. (PI. 12, fig. 19 et 20.) Elle est comprise entre les décrochements de Pomier et de l'Abergement et ne présente pas de particularités bien saillantes. L’anticlinal atteint ici sa largeur maximale, soit 2km, 800, Il revêt la forme d’une voûte très large, à flanc NW. ver- tical, et dont le sommet très aplati présente même une légère inflexion. Les dis- locations font défaut dans ce tronçon qui est encore recouvert, presque complète- ment, d’une carapace de Barrémien, sauf dans son jambage NW.,où la dénudation n’a pas fait afleurer de terrain plus ancien que l’Infravalanginien. DÉCROCHEMENTS DE L'ABERGEMENT ET DE CRUSEILLES. (Pl. 12, fig. 20, 21, 22.) La chaîne du Salève, jusqu'au point où nous l’avons décrite, s'élève toujours au-dessus de 1000%, Aïnsi, au Château des Avinières, le Barrémien, qui forme la clef de voûte atteint 1059, A partir de ce point, l’anticlinal s’abaisse considérablement, disparait même sous la Molasse, et ne domine plus la région tertiaire avoisinante. Au Chateau de Cruseilles, à 3" au sud de celui des Avi- nières, le Barrémien n’atteint déjà plus que laltitude de 822" et à la cluse des Usses, à 2kn plus au sud encore, 655" seulement. Cet affaissement brusque de 400% de l’anticlinal est en connexion avec les deux décrochements de l’Aberge- ment et de Cruseilles, qui sont convergents et à peine éloignés l’un de l’autre de lim, Ces deux dislocations sont fort importantes, mais elles apparaissent beaucoup moins clairement que celles, de même nature, qui ont été étudiées plus haut. MAïLLARD [169, p. 9] et Scarp' [171, p. 153 et pl. 6], ayant constaté un brusque déplacement de Paxe anticlinal à Cruseilles, avaient déjà admis l'existence d’un décrochement dont ils n'avaient pas précisé la situation. Nous allons voir qu'il y à lieu d'admettre deux de ces accidents. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 373 Décrochement de l’Abergement. (Voir carte et pl. 12, fig. 20-21). Sa trace est perpendiculaire à l'axe de l’anticlinal; elle est indiquée par une dépres- sion transversale passant par le hameau de l'Abergement. On peut observer cette dislocation le plus facilement dans la région de Saint-Blaise. Au hameau de Leclerc, à S64%, on voit très clairement, dans les carrières, la charnière de l’anticlinal se fermer dans l'Infravalanginien, et vers l’ouest, près de Jussy à 120% plus bas, dans le prolongement de l'axe de l’anticlinal, on peut observer la Molasse horizontale. Il ne peut donc y avoir de doute; le pli est brusquement inter- rompu. Sur le versant SE. de la chaine, le décrochement n’est pas difficile à recon- naître. Si l'on circule dans la région de l'Abergement et de Voiry, on voit qu'au- dessus de ce dernier endroit, le flanc sud-est du pli du Salève, constitué par du Barrémien plongeant de 30°, cesse brusquement à l’ouest, pour faire place, jusqu’à près de 1% plus au sud, à une région peu accidentée d’où émerge une série de petites éminences buissonneuses de Barrémien horizontal ou à peu près. Cette région, plus ou moins tabulaire, n’est pas autre chose que le sommet très aplati du tronçon SW. de l’anticlinal, repoussé d’un kilomètre environ vers le SE, Il est difcile de déterminer exactement le rejet vertical du décrochement, car il y a pendage des couches du tronçon NE. soulevé vers le tronçon SW. affaissé. Cepen- dant, dans la région des Avinières, et sur le plateau situé entre l'Abergement et Cruseilles, deux endroits situés de part et d'autre du décrochement et qui en sont suffisamment éloignés pour n'être plus influencés par lui, le Barrémien est respec- tivement à 1059 et à 860, indiquant ainsi un rejet vertical approximatif de 200", Décrochement de Cruseilles. (Voir carte et pl. 12, fig. 21-22). Il n'est pas facile d'en préciser les caractères, L'anticlinal s'enfonce sous les dépôts ter- tiaires fort tendres, souvent recouverts encore d'une couverture morainique épaisse, de sorte que les affleurements des terrains structuraux deviennent fort rares. On peut voir, cependant, entre Troinex et Ronzier, une puissante série molassique verticale ou même renversée, dont les couches sont dirigées à peu près vers le NNE,. Dans la vallée des Usses, un peu en aval de la cluse de la Caille, entre Féchy et Chez Jouvenet, cette même Molasse renversée est aussi visible. Elle représente le flanc NW. vertical ou même renversé de l’anticlinal du Salève, mo- mentanément affaissé et recouvert de Tertiaire, Si l’on prolonge ces couches ver- ticales vers le NE., on voit qu'elles doivent venir buter dans la région de Pont des Petits-Bois contre les couches à peu près horizontales du Barrémien formant la voûte aplatie du tronçon de l’anticlinal situé au delà du plan de décrochement. 374 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE La valeur du rejet horizontal de cette dislocation ne peut être estimée exacte- ment; elle doit atteindre environ 1 kilomètre. C’est aux environs de Cruseilles que la trace de cet accident peut être observée avec le plus de clarté. La colline qui supporte les ruines du Château, située au NW. du village, est constituée par le Barrémien dont les bancs plongent de 10° vers l’ouest. I’altitude de ce terrain est de 822, Au pied de l’escarpe- ment qu'il forme, dans le Nant de Saint-Martin, la Molasse, plongeant de 10° vers le NW. se trouve à l'altitude de 727%, soit 100% plus bas environ. Le rejet vertical, assez faible, est difficile à évaluer. Au Noiret, sur le sommet du tronçon de l’anticlinal compris entre Cruseilles et les Usses, le Barrémien, au point où il disparait sous la Molasse, atteint l’altitude de 732%. Aux environs de Cruseilles, de l’autre côté du plan de décrochement, nous trouvons la surface de ce même terrain entre 820 et 840" ce qui donne une dénivellation d’une centaine de mètres. TRONÇON DE L'ABERGEMENT COMPRIS ENTRE LES DEUX DÉCROCHEMENTS DE L'ABERGEMENT ET DE CRUSEILLES. (PI. 13, fig. 21) Ce tronçon n’a pas un grand intérêt au point de vue tectonique. Dans cette région étroite et triangulaire, le Barrémien horizontal, ou presque, est à peine dépouillé de son revêtement de Sidérolitique. Il représente le sommet très aplati du pli du Salève qui émerge à peine au-dessus de la Molasse. 5. RÉGION DE CRUSEILLES ET DÉCROCHEMENT DE LA CAILLE (PI. 12, fig. 22-23.) Cette partie de l’anticlinal, affaissée et recouverte presque complètement par la Molasse, ne présente pas tout à fait la forme d’une voûte simple comme l’admet- tait MAILLARD [169, p.3]. Cet auteur se basait sur ce qu'on peut voir dans la cluse des Usses ; mais l'érosion n’a pas atteint de couches assez profondes pour montrer que le flanc NW. de cette partie de l’anticlinal est vertical aussi bien que dans celles que nous venons d'étudier, La puissante série molassique verticale et renversée de Ronzier et de Chez Jouvenet en fait foi. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 97) DÉCROCHEMENT DE LA CAILLE. A partir de la cluse des Usses, l'anticlinal, qui jusqu'ici était affaissé et recou- vert même de Molasse, surgit de nouveau brusquement pour former la montagne de la Caille. Un changement aussi rapide dans l'altitude de l'axe du pli ne peut être dû qu’à une dislocation transversale, Nous avons, en eftet, constaté l'existence d’un décrochement qui n’est, à vrai dire, pas très aisément reconnaissable. Toute- fois, si du Pont de la Caille, on remonte la rive gauche des Usses jusqu'en amont de la cluse, on trouve les bancs du Barrémien qui s’enfoncent vers le SE, sous la Molasse à l'altitude de 750, Sur le méme versant de la rivière, presque sur la même verticale, au bord de la route, à mi-distance entre le Pont de la Caille et Allonzier, le Barrémien, avec le même plongement SE., peut être constaté à 660 c'est-à-dire presque 100% plus haut. Cela indique que la partie SE, du pli, située à l’ouest des Usses, a été considérablement rejetée vers le SE. Sur le versant NW. de la chaine, le décrochement est également tres sensible. Le Roc de Néplier est formé de bancs barrémiens plongeant vers le NW. Ils constituent le jambage NW. du tronçon Cruseilles-Caille de l’anticlinal du Salève. Plus au SW., ces bancs sont brusquement interrompus, et on ne retrouve les mêmes couches inclinées de 30° vers le NW. et constituant le flanc NW. de la montagne de la Caille et du Crêt à la Dame, que 500% plus au SE. Contrairement à ce que l’on constate pour tous les autres décrochements du Salève, celui-ci présente sa lèvre SW. forte- ment soulevée, de 180“ environ. Les Usses n’ont pas choisi le plan même du décrochement pour entailler l'anti- clinal ; la cluse que ce cours d'eau à creusée est, en effet, parallèle à la dislocation, mais à une très petite distance d'elle, La rivière a cependant profité du fait qu'en cet endroit l’affaissement du pli atteint son maximum. Une faille perpendiculaire an décrochement que nous décrivons ci-dessus, et qui vient buter contre lui, peut être observée sur le versant gauche de la clause des Usses. Sa lèvre NW. dislocation peut être constaté au bord du chemin conduisant aux Bains de la Caille, et c’est de la route nationale, à mi-distance entre le Noiret et le Pont de la Caille restée en place, forme le Roc de Néplier. Le plan de cette que cet accident apparaît dans son ensemble avec beaucoup de clarté. Nous arrivons à la limite de notre carte et c’est ici que s'arrête également notre description tectonique détaillée de la chaine du Salève. Nous renvoyons aux auteurs qui se sont occupés de la partie méridionale de cet anticlinal [ MAILLARD, 465 et 169. — Scnarptr, 474], et nous nous bornons à présenter ici quelques 0b- MÉM, SOC, PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL, 87 (1915). 47 3706 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE servations nouvelles (voir la carte géologique au 1 : 80.000, feuille d'Annecy, et notre fig. 12). 6. LA MONTAGNE DE LA CAILLE ET LE CRÊT A LA DAME. DÉCROCHEMENT DE MANDALAZ Ces deux petites montagnes, de 842 et 889, sont séparées par la vallée d'Allonzier dont le talweg a une altitude maximale de 700%. Pour MAILLARD, 1165, p. 2] la formation de cette vallée est due à une faille. Un profil longitu- dinal du tronçon de l’anticlinal que nous étudions présenterait la disposition indi- quée par la figure 16 A que nous donnons d'après ce géologue. Il n’en est cepen- F £ N a N e N mn À v Montagne Jela $ À Crétala Dame u < $ Caille 8427 Ÿ È 8897 u = À LR Co Fig. 16. — Profil longitudinal de l’anticlinal du Salève dans la région de la montagne de la Caille et du Crêt à la Dame. A, D’après Marzzarp; B, d'äprès nos observations. Po, Portlandien. Pb, Purbeckien. IV, Infravalanginien. V. Valanginien. H, Hauterivien. B, Barrémien. d, décrochement de la Caille. Echelle 1 : 25.000. dant pas ainsi, car le versant méridional de la vallée d’Allonzier n’est pas formé par un dos de Barrémien; mais, comme on peut très facilement l’observer, par la tranche des couches du Valanginien, de l'Hauterivien et du Barrémien. Le profil longitudinal véritable de cette partie de l’anticlinal, est celui que nous repré- MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 217 sentons dans la figure 16 B; la vallée d’Allonzier n’a point une origine tecto- nique, c’est une vallée surimposée. MaizLaRD |[165, p. ?, pl. I, fig. 3] signale encore que le Crêt à la Dame pré- sente un renversement de son jambage SE. Nos observations n’ont pas confirmé cette manière de voir. Nous avons, au contraire, constaté la présence d’une faille longitudinale bordant le pied SE. de l’antielinal et ayant déterminé un abrupt assez important, montrant la tranche des couches très peu inclinées du Barrémien. Au pied de l’escarpement, on trouve un bel affleurement de Sidérolitique dans une carrière. LE DÉCROCHEMENT DE MANDALAZ. Sa direction est oblique à l’axe de l’anticlinal. Son rejet horizontal est de 600 à 700, Il n'y a pas de rejet vertical, les deux lèvres de la dislocation s’abaissant graduellement l’une vers l’autre. 7. LA MONTAGNE DE LA BALME ET LE DÉCROCHEMENT DE SILLINGY La Montagne de la Balme, presque entièrement revêtue de Barrémien, est caractérisée, comme MAILLARD l’a montré [465, pl. I, fig. 1-2], par le redressement brusque de son axe à son extrémité SW. à l'approche du décrochement de Sillingy, ce qui permet au Purbeckien d’afleurer. LE DÉCROCHEMENT DE SILLINGY. C’est le plus important de tous ceux du Salève, puisque la montagne de la Balme a été poussée de 2 km. et demi vers le NW, par rapport au coteau de Lova- gny. Son rejet vertical est très considérable. La lèvre NE. du décrochement est constituée par la haute muraille dominant Sillingy, dont le Barrémien de la crête est à 900%, Ce même terrain, de l’autre côté du plan de dislocation, à l'extrémité NE. du coteau de Lovagny, se trouve à l'altitude de 300%, L’affaissement subi par l'extrémité SW. de la chaine atteint donc 400, 8. LE COTEAU DE LOVAGNY Nous n'avons rien à ajouter à ce qui à été dit au sujet de cette voûte barré- mienne dont le point culminant est à 674% et qui s'enfonce sous la Molasse au delà de la cluse du Fier. 378 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE AGE DES DISLOCATIONS DU SALÈVE Nous avons vu plus haut que toutes les failles longitudinales que nous avons observées contiennent dans leur plan des brèches à ciment gréseux rouge ou jaune d’ocre, où même un grès quartzeux identique aux dépôts sidérolitiques de la région. Il est très remarquable que ces dépôts fassent complètement défaut dans les dislocations transversales qui sont parfois toutes voisines des précédentes. Ces faits nous semblent suffisants pour pouvoir admettre que les dislocations du Salève se sont produites à deux époques différentes. Les cassures longitudinales nous paraissent devoir étre contemporaines du Sidérolitique ou un peu antérieures, la sédimentation des grès s'étant opérée directement dans les fissures nouvellement formées. Cette hypothèse parait confirmée par le fait que, souvent, ces dépots de grès présentent dans leur masse, soit des plans de glissement, soit une fissuration qu'une cristallisation de calcite a comblée postérieurement. Cet état de dislocation des grès des plans de faille nous parait être un effet des grands plissements de la fin de l’ère tertiaire. On peut se figurer d’une façon approximative l’aspect que présentait la terre sidérolitique de la région; elle devait être fort peu ondulée, puisque partout, sur le bord du Jura central et méridional et au Mormont, les grès reposent sur le Barré- mien et plus rarement sur l'Hauterivien. Il n’est dès lors pas étonnant d'y trouver des cassures ou des failles verticales qui sont si abondantes dans les régions tabu- laires. Il est fort possible que, lors des plissements de la fin de l’ère tertiaire, ces cassures et ces failles aient été rajeunies, au moins en partie. Cela parait étre le cas pour la faille-flexure du Saut Gonet, puisque les couches de l’une des lèvres ont été redressées contre l’autre lèvre, le genou du Salève s'étant formé suivant le plan mème de cette dislocation. Le pli-faille du Grand Salève, les décrochements et les failles transversales, doi- vent par contre dater de l'époque des grands plissements alpins de la fin de l'ère tertiaire. Ces dernières dislocations même ne se sont pas toutes produites d’une facon continue. Nous avons vu, en effet, que la faille de la Mule avait nécessité deux temps de formation séparés par une période de repos, courte probablement, mais suffisamment longue toutefois pour permettre le dépôt assez considérable de calcite en gros cristaux qu'on observe dans le plan de rupture. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 379 HYPOTHÈSE EXPLIQUANT LA STRUCTURE EN DÉCROCHEMENTS DE LA CHAINE DU SALÈVE MaiLLaRD et SCHaRDT [169, p. 9 ; 471, p. 153] ont déjà insisté sur l’impor- tance que présentent les décrochements pour le pli du Salève. Nos recherches dans la partie nord orientale de cette chaine ont permis de montrer que sa structure en décrochements en escalier était encore plus accusée qu'on ne l’avait supposé jusqu'ici. Il suffit, en effet, de jeter un coup d'œil sur la figure 12 pour être immé- diatement frappé par le tronçonnement plusieurs fois répété de lanticlinal que nous avons étudié. Une disposition aussi régulière ne peut être que le résultat d'une seule et même cause, et la seule qui nous paraisse satisfaisante est l’arrivée des nappes de recouvrement dans la région sud orientale du Salève. Si l’on observe la répartition actuelle des lambeaux des nappes préalpines situées au SE. et à l’est du Salève (Voirons, Môle, klippes des Annes et de Sulens), on voit que leur bordure forme une ligne dirigée approximativement du nord au sud. Les nappes ayant la tendance à s’épancher dans les cuvettes, on peut admettre méme que, dans la région du Moôle, elles devaient s’avancer plus vers l’ouest qu'actuellement et former un feston pénétrant dans la région de la Roche et de Pers-Jussy. La partie nord orientale du Salève était donc beaucoup plus rappro- chée de la bordure des nappes préalpines que la partie sud occidentale. On peut aisément comprendre que le refoulement produit par l’arrivée de l’énorme masse charriée ait agi inégalement sur les différentes parties du pli que nous étudions et que l'effet produit ait été d'autant plus fort que les différentes parties de Panti- clinal étaient situées plus à l'est. Le pli, très allongé, soumis ainsi à des pressions inégales n’a pu que se rompre en tronçons, jusqu'à ce que l'équilibre ait été rétabli. Les plissements indépendants que l’on observe de part et d'autre de la grande faille d’Annecy-Sillingy-Vuache nous paraissent étre dus aux mêmes causes, c’est- à-dire au refoulement beaucoup plus fort que les nappes ont fait subir à la région située à l’est de cette grande cassure. La pression opérée par les masses préalpines est encore manifestée par le fait que les axes anticlinaux des montagnes de la Balme et de Veyrier montrent un redressement brusque à l'approche de la dislocation. 380 E, JOUKOWSKY ET J. FAVRE CHAPITRE IV MORPHOLOGIE RELATIONS ENTRE LES FORMES TOPOGRAPHIQUES ACTUELLES ET LA TECTONIQUE Si l’on excepte les vallons de Monnetier et d’Allonzier et quelques autres dépressions peu importantes qui sont, comme nous le verrons plus loin, des forma- tions épigéniques, les accidents topographiques du Salève sont sous la dépendance complète de la tectonique. Tous les cols qui traversent la chaine, tels que ceux de la Croisette, de Man- dalaz, la grande dépression transversale de Cruseilles et la Cluse de Sillingy, sont dus aux décrochements. Les parois de rochers doivent leur origine à des failles, par décollement et enlèvement des terrains d’une des lèvres. Nous avons vu que tel était probable- ment le cas pour la partie orientale de l’escarpement du Grand Salève, les indices d’une faille ayant été découverts à son pied. La grande muraille du Saut Gonet à pris naissance suivant le plan de la faille-flexure de ce nom, celles des Etiollets, de Pomier, de la Balme de Sillingy sont dues à des décrochements. Il existe, sur la face du Grand Salève, une série de ravins ou de gorges dont l'origine est intéressante. Topographiquement, on en distingue deux groupes: celles qui ont la forme d'un simple sillon, comme le Grand et le Petit Sarrot, la Varappe, le Palavet et la gorge de la Mule et celles qui affectent la forme d'un cirque à fond en entonnoir, comme la Grande Gorge, la Petite Gorge et le Châble de Genevard. Les premières sont dues soit à une fissure sans dénivellation, indiquée par un remplissage de calcite en gros cristaux (Sarrots, Varappe, Palavet), soit à une véri- table faille, comme cela est le cas pour la gorge de la Mule. Dans cette catégorie, l'érosion a fait son œuvre en suivant simplement la dislocation, d’où la forme linéaire des gorges. Les secondes ont pour cause déterminante l'intersection de fissures ou de failles transversales avec des failles longitudinales. Pour la Petite Gorge, c’est la grande faille de ce nom qui est coupée par une petite faille transversale dont le rejet n’atteint que quelques mètres, mais qui fut suffisant pour permettre à une MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 391 forte érosion de se produire. La Grande Gorge se trouve au point de convergence d’une faille transversale de 45" de rejet, de la terminaison ramifiée de la faille de la Petite Gorge et de l'extrémité de la faille-flexure du Saut Gonet, Le Chäble de Genevard, enfin, à pris naissance grâce à l'intersection de deux failles longi- tudinales presque parallèles et très rapprochées et d’une fissure transversale fort peu marquée. FORMES DU RELIEF DONT L'ORIGINE N’EST PAS DUE A DES CAUSES TECTONIQUES Il nous reste à parler de quelques vallons entamant l’anticlinal du Salève et se trouvant dans des régions où nous n'avons pu reconnaitre aucun accident tectonique. Il s’agit ici en général de formations épigéniques. Le vallon de Monnetier depuis H. B. DE SAUSSURE et G. A. DE LUC a été l’objet de nombreuses discussions !. Nous ne les résumerons pas, et renvoyons aux auteurs qui en ont parlé. Il n’existe dans ce vallon aucun dérangement des couches qui permette de lui attribuer une cause tectonique. Les bancs de son versant oriental se continuent régulièrement sur son versant occidental. On est bien obligé d'admettre, ainsi que LUGEON l’a fait, qu'il s’agit d’une vallée épi- génique. Mais, tandis que ce dernier auteur la considère comme une vallée antécédente, c’est-à-dire plus ancienne que le pli qu’elle a scié au fur et à mesure qu'il se formait, nous pensons plutôt qu’elle doit être due simplement à un phéno- mène de surimposition. On sait que l’anticlinal du Salève à été recouvert par une épaisse couche de dépôts molassiques. Il ne nous parait pas douteux, également, que ces dépôts se soient élevés au moins à 300 ou 400" plus haut que la surface de l’ancienne pénéplaine dont le plateau des Bornes constitue l’un des vestiges. Le décapage des terrains mous qui recouvraient l’anticlinal du Salève a certainement été rapide. Pendant ce temps, la région située entre ce pli et les Alpes se nivelait à une altitude beaucoup plus grande que le plateau actuel des Bornes; un réseau hydrographique établi à sa surface conduisait les eaux vers la dépression helvé- tique plus élevée que de nos jours. Il n’est pas étonnant qu'un cours d’eau, très probablement l’Arve, coulant au pied de l'extrémité orientale du Salève, endigué ! H.-B. pe Saussure [1, t. I, $ 225, 226]. — L. Berrranp [7, pp. 86-100]. -—- G.-A. Decuc [9, p. 2795]. — J.-A. pe Luc (A3, t. 4, p.143; 14]. — A. Favre [45, p. 68 ; 401, t. I, $ 212]. — Warrmanx [53]. — C. Voer [77, p. 113]. — Rusxin [98]. — Esray (146, pp. 568 et 575 ; 147]. — LuGron [191, p. 316]. 382 E. JOUKOWSKY ET J, FAVRE dans son lit de Molasse, ait été obligé d’entailler le pli, au point où il s’enfonçait sous les dépôts tertiaires, grâce à l’abaissement graduel du réseau fluvial de toute la région. Ce n'est que beaucoup plus tard, grace à la forte plongée du pli dans la direction des Voirons et à l’approfondissement rapide des vallées que la cluse de Monnetier a été abandonnée par voie de capture ainsi que l’a montré LUGEON. Les Gorges du Fier, à l’autre extrémité de la chaine du Salève, nous offrent du reste, une image parfaite de ce que dut être le vallon de Monnetier à l’origine, et si nous supposons un abaissement de 200" de la plaine avoisinante par dénu- dation, le défilé du Fier, qui se sera alors beaucoup élargi puisqu'il aura atteint les couches tendres de l'Hauterivien, nous offrira la plus grande analogie avec le vallon qui nous occupe au moment où il n'avait pas encore perdu son cours d’eau. Le vallon d’Allonzier, situé entre la montagne de la Caille (842) et le Crêt à la Dame (889%) à son talweg à 700% d'altitude. MAILLARD [165, p. 2, pl. 1, fig. 2] attribuait sa formation à une faille; nous avons vu plus haut qu'il n'en est rien et que les couches du versant Est de ce vallon passent sans dérange- ment jusqu’à son versant Ouest. La coupure d’Allonzier est donc une vallée épigé- nique, et c’est un des plus beaux exemples de surimposition qu’on puisse voir, puisque les deux montagnes du Crêt à la Dame et de la Caille formaient un véri- table dôme qui a été entamé à son sommet par l'érosion fluviale (fig. 16 B). La cluse des Usses ou de la Caiïlle, coupure profonde et étroite due au travail de l’eau courante, n’est point tout à fait indépendante des actions tecto- niques, puisqu'elle s’est formée au point d’affaissement maximum de la partie cen- trale de l’anticlinal du Salève. Ravins de la Joie et de la Crotte. Il nous reste à parler des deux ravins assez importants de la Joie et de la Crotte qui ont attaqué la carapace barrémienne du versant Sud-Est du pli du Salève. Leur origine est obscure, nous n’avons pu découvrir, pour la première, aucun fait tectonique qui puisse expliquer sa forma- tion. Il semble plutôt qu’elle se soit établie sur un ancien sillon d’érosion sidéroli- tique, car on trouve un dépôt assez important de grès dans son talweg. Le ravin de la Crotte est peut-être dû en partie à une cause tectonique, et en partie à d’an- ciennes érosions. On y voit, en effet, aboutir dans sa partie supérieure et occiden- tale une des failles de la Pointe du Plan. Sa partie supérieure orientale, au con- traire, est sur le prolongement d’un important sillon d’érosion datant du Sidéroli- tique, et ayant atteint l'Hauterivien. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 383 PHÉNOMÈNES DE CAPTURE Vallon de Monnetier et vallée d’Allonzier. Nous avons vu précédemment comment LUGEON explique la capture de l’ancien cours d’eau qui occupait le vallon de Monnetier. Nous essayerons, en peu de mots, de reconstituer l'histoire de la vallée surimposée d’Allonzier! aujourd'hui morte et suspendue méme, puisque son talweg est à l'altitude de 700%, tandis que, en amont, à l'entrée de la cluse, la route nationale n’est qu'à 650" de hauteur. Cette vallée servait à l'écoulement des eaux du cours supérieur de la Filière et de ses aflluents, notamment le cours supérieur actuel des Usses, eaux qui suivaient la direc- tion du cours inférieur des Usses. Le surcreusement du bassin d'Annecy sur- vint; les affluents se rendant dans cette dépression furent doués d’une force d’af- fouillement nouvelle et l’un d’eux, par érosion régressive, vint capter le cours supérieur de la Filière dans la région du Plot. Il persiste, en effet, une série de hauteurs molassiques à Cuvat (757%), Charvonnex (760%), les Ollières (S11 et $36 1), restes de l’ancienne ligne de faite séparant les réseaux de la Filière et du Fier, tandis qu’on observe un col bas (696%), trace de l’ancienne dépression, entre le cours supérieur de la Filière et la vallée des Usses. C’est à ce moment que la vallée d’Allonzier fut abandonnée et que le tronçon inférieur des Usses fut raccordé à son tronçon supérieur actuel, tout d'abord par une petite vallée aujourd'hui morte située entre le roc Néplier (712%) et la montagne de la Caille (842), puis plus récemment par la profonde cluse de la Caille. Le Nant de St-Martin. Dans la région méridionale de notre carte, on peut observer un petit phénomène de capture, très instructif. Le Nant de St-Martin, afluent des Usses, beaucoup plus long autrefois, passait par Cruseilles, et son cours supérieur était constitué par le ruisseau appelé le Marmeton. Un autre afluent des Usses, le Tolay, situé beaucoup plus en amont, dériva par érosion régressive les eaux du Marmeton de sorte que la partie de l’ancien Nant de S'-Martin, située entre Cruseilles et Biolay, présente l'aspect d’une petite vallée morte, des plus typiques, dont le fond est occupé par le marécage de Voiry. Enfin, KiLIAN, REvIL et LEROUX [211] ont montré récemment que la Cluse de Sillingy, qui servait de déversoir aux eaux de la dépression d'Annecy, fut elle- même asséchée grace au Fier qui, par une érosion régressive, put se tailler une _ gorge à travers l’anticlinal barrémien de Lovagny etdétourna ainsi les eaux du lac d'Annecy. ! Voir la carte géologique au 1 : 80.000, feuille Annecy. MÉM. SOC. PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL, 87 (1913), 48 394 JULES FAVRE CHAPITRE V PALÉONTOLOGIE PAR Jules FAVRE, Un assez grand nombre de paléontologistes se sont occupés indirectement de la faune fossile du Salève, ainsi qu’on peut s’en rendre compte en consultant la liste bibliographique que nous donnons à la fin de notre ouvrage. Il n'existe, par contre, qu'un petit nombre de travaux se rapportant exclusivement à cette mon- tagne., En 1779, G.-A. DE Luc [2] parle de deux espèces de fossiles qui, dans la suite, seront appelés Diceras luci Defr. et Pinnigena saussuri (Desh). Beaucoup plus tard, en 1845, A. FAVRE [46] donnne une étude approfondie sur l’une de ces espèces. Mais la première monographie, comprenant une faune entière, fut publiée en 1861 par DE LORIOL [88] qui décrivit pres de 200 espèces de fossiles de l’'Hau- terivien. En 1866, le célèbre paléontologiste genevois [400] s'occupe encore des faunes du Barrémien, du Valanginien et du Jurassique supérieur. Nous n'avons pas recueilli de matériaux qui permettent de compléter ce qui a été dit au sujet du Barrémien et de l’Hauterivien. En revanche, nous avons décou- vert des gisements de fossiles assez riches dans le Jurassique supérieur. En outre, comme nous sommes arrivé à des vues nouvelles concernant la stratigraphie des étages voisins de la limite du Jurassique et du Crétacé, il était nécessaire de reprendre l’étude paléontologique du Portlandien, du Purbeckien et de l’Infrava- langinien. On trouvera à la fin de cette monographie une liste des ouvrages cités d’une façon abrégée au cours de cette étude paléontologique. Les dessins de sections axiales de Gastéropodes que nous donnons plus loim ont été faits de la façon suivante. Les sections des fossiles, une fois polies, ont été agrandies à la chambre noire, le verre dépoli étant remplacé par un verre ordi- naire recouvert d'un papier transparent sur lequel l’image apparaissait. Le dessin, qui a été fait directement sur cette image, présente donc toute l'exactitude dési- rable. MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 38) FAUNE DU TITHONIQUE INFÉRIEUR La faune du Jurassique coralligène du Salève a déjà été étudiée par DE LORIOL, en 1866, dans sa + Description des fossiles de l'Oolithe corallienne, de l'étage valan- ginien et de l'étage urgonien du Mont Salève ». Nous avons déjà montré dans la partie stratigraphique de notre monographie (p. 332) qu'on avait confondu jusqu'ici deux faunes coralligènes tout à fait distinctes: l’une provenant du « Calcaire coral- lien », de À. FAVRE, faisant partie du Jurassique supérieur et ne pouvant être plus récente que le portlandien inférieur, l’autre, recueillie dans « l'Oolithe corallienne » du même géologue et qui doit se placer à la base de l’Infravalanginien. Nous avons vu que les deux niveaux fossilifères en question sont séparés : a) par un complexe de calcaires oolitiques, parfois compacts, atteignant 30 mètres environ, qu'on peut rapporter au Portlandien supérieur. b) par le Purbeckien, à facies d'eau douce et marin, mesurant 45 mètres d'épaisseur. Il y a donc lieu de reprendre les espèces décrites par DE LoRIoL et de cher- cher à déterminer pour chacune d’elles son niveau réel. Dans la plupart des cas nous avons réussi, Car, le gisement fréquemment indiqué dans la Description des fossiles de l'Oolithe corallienne < Carrière de Monnetier » ne peut se rapporter qu'à l'Infravalanginien; celui du « bas de la Grande Gorge >», souvent cité aussi, est certainement jurassique supérieur, linfravalanginien faisant défaut à cet endroit tandis qus le Portlandien inférieur y est assez fossilifère. En outre, la roche de l’Infravalanginien, une brèche calcaire zoogène oolitique un peu crayeuse, gris jau- nâtre, se distingue toujours facilement des calcaires du Portlandien ou du Kimerid- gien supérieur qui sont d’un blane beaucoup plus pur. Nous avons pu reconnaître que parmi les espèces signalées au Salève par DE LORIOL (loc. cit.) les suivantes proviennent de l’Infravalangien : Pyqurus blumenbachi (Koch et Dunk.). Cardium corallinum Leym. Desorella icaunensis (Cott.) Natica dejanira d'Orb. Pecten rochati de Lor. Cerithium monetierense de Lor. Lima comatula Buy. C. nodosostriatum Peters. Pinnigena saussuri (Desh.). Pseudomelania clio (d'Orb.). Laithodomus luci de Lor. Itieria renevieri de Lor. Corbis salevensis de Lor. Nerinea defrancei Desh. Diceras escheri de Lor. N. depressa Voltz. Diceras luci Defr, 3806 JULES FAVRE Les suivantes proviennent du Jurassique supérieur : Cidaris carinifera Ag. Cardita studeriana de Lor. Rhynchonella astieriana d'Orb. Patella salevensis de Lor. Terebratula insignis Schübl. Neritopsis mortilleti de Lor. T!. formosa Sues. Cerithium salevense de Lor. T. bieskidensis Zeuschn. Pseudomelania calypso d'Orb. T', moravica Glocker Nerinea salevensis de Lor. Placunopsis pictetianus de Lor. N. moreana d'Orb. Pecten globosus Quenst. N. dilatata d'Orb. P. subspinosus Schloth. Itieria renevieri de Lor. Lima salevenis de Lor. Nous ne pouvons nous prononcer au sujet de Æhynchonella lacunosa (Schoth.) dont nous n'avons pas retrouvé le type. Toutes ces espèces seront reprises au cours de notre étude, car il est souvent nécessaire de vérifier leur détermination et de modifier leurs désignations généri- ques. Comme nous avons retrouvé, dans nos gisements fossiliféres, un certain nom- bre des espèces décrites par DE LORIOL, nous pourrons aussi parfois compléter ce qui a été dit à leur sujet. Quand au contraire, nous n’avons aucune observation nou- velle à faire au sujet d’autres espèces déjà signalées au Salève, nous ne les décri- vons pas à nouveau et nous n'établissons pas leur synonymie afin de ne pas allon- ger notre étude; nous nous sommes alors contenté de préciser l'étage d’où elles proviennent. Tous les types des espèces que nous décrivons, et qui proviennent de nos recherches, sont déposés au Muséum d'histoire naturelle de Genève où se trouvent déjà en grande majorité ceux de DE LORIOL. Quelques-uns de ces der- niers, cependant, appartiennent à la collection Renevier du Musée de Lausanne. ÉCHINODERMES THIOLLIERICRINUS HEBERTI (de Lor.). (P1. 15, fig. 1à6) Pour la synonymie de cette espèce, voir ne Lorror, Pal. française, terr. jurassiques, vol. 11, part. 2, p. 545, pl. 298, fig. 1-11 et pl. 229, fig. 1. Il y a lieu d'ajouter : 1897. T'hiolliericrinus heberti. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 331. 1905. Thiolliericrinus heberti. Remes, Nachträge zur Fuuna von Stramberg; 6, Crènoidenreste, p. 60, pl. 7, fig. 2 et 3. Le Thiolliericrinus heberti est assez abondant au Salève, mais comme dans les autres gisements qui l’ont fourni, ses calices et les articles de sa tige sont assez MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 387 fortement roulés. Nous n'avons rien à ajouter à ce que DE LORIOL a dit de cette espèce, si ce m'est que le nombre des articles de la tige devait être très petit. Nous avons recueilli au hasard les calices et les articles de la tige. Les premiers sont au nombre de 31, les seconds au nombre de 43. Dans la collection DE LORIOL nous avons constaté une proportion semblable. Gisement. Couche à Matheronia salevensis et Valletia antiqua, Portlandien inférieur, au haut des Etiollets, à Chavardon, au bas de la Grande Gorge, où il est assez abondant. Dans la brèche coralligène rouge du Kimeridgien inférieur, aux Etiollets où il est rare. Nombre d'exemplaires : T4. CIDARIS CARINIFERA Ag. Voir pe Lorior, Deser. des foss. de l'Ool. cor., p. 45, pl. F, fig. 11 et Desor et ne Lorior, Echi- nologie helvétique, part. 1, Echinides de la période jurassique, p. 58, pl. 8, fig. 15, et p. 391, pl. 60, fig. 11-12. Le type de DE LorioL, pl. F, fig. 11, appartient à peu près certainement au Portlandien inférieur puisqu'il provient du bas de la Grande Gorge. Le type de la collection DE Luc, figuré par DESOR, à une gangue qui permet de le placer dans le Jurassique supérieur (Portlandien ou Kimeridgien supérieur). Nous n'avons pas retrouvé cette espèce au cours de nos recherches. CIDARIS (PLEGIOCIDARIS) GLANDIFERA Münst. (PA. 15, fig. 7.) Pour la synonymie de cette espèce, voir Correau, 1875-80, Pal. française, vol. 10, part. 1, ÆEchi- nides réguliers, p. 191, puis, Correau, 1884, Les Echinides des couches de Stramberg, p. 12 et ajouter : 1885. Cidaris glandifera. À. Bœum et Lomé, Die Fauna des kelheimer Diceraskalkes, Abth. 3, Echi- noïdeen, p. 198. 1887. Cidaris glandifera. NœrianG, Der Jura am Hermon, p. 45. pl. 6, fig. 11-12. 1890. = — DE Lorior, Deser. des Echinodermes jurassiques du Portugal, TX, p. 27, pl. 5. fig. 1-2. 1897. Cidaris glandifera. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 330, pl. 8, fig. 8 à 10. 1901. Cidaris glandifera. pe Lorior, Notes pour servir à l’élude des Echinodermes, fase. 9, p. 6, pl. 1, fig. 2-5. 1902. Cidaris (Plegiocidaris) glandifera. SaviN, Cat. raisonné des Échinides foss. de la Savoie, p. 160. 1902. — glandifera. ne Lorior, Notes pour servir à l'étude des Echinodermes, sér. 2, fase. 1, p. 39. 1905. — (Plegiocidaris) glandifera. SAviN, Revision des Echinides fossiles du département de ? Isère, p. 156. Nous avons recueilli une radiole que nous ne pouvons rapporter qu'au Cidaris glandifera ; les granulations des côtes sont effacées et ne descendent pas aussi bas que d'ordinaire, ce qui est probablement dû à l'usure. Gisement. Brèche coralligène rouge du Kimeridgien inférieur, aux Etiollets. € 388 JULES FAVRE PEDINA SALEVENSIS n. Sp. (PI. 15, fig. 8, a, b. c.) Diamètre du plus grandindiidu "CN CR EN OT 97mm, Hauteur par rapport au diamètre. . . . . . . . . . . . . . . 0,050. Espèce de grande taille, à face inférieure presque plane et à face supérieure en dôme surbaissé, Zones porifères droites, superficielles, trisociées, échelonnées par triples paires obliques ne se multipliant pas à l'approche du péristome. Aires ambulacraires étroites, munies d’une double rangée de tubercules principaux d’assez petite taille, perforés, non crénelés, assez inégaux entre eux dans chaque rangée et alternativement forts et faibles, sauf à l’approche du péristome, où ils sont sensi- blement égaux. Ces deux rangées occupent presque tout l’espace laissé entre les zones porifères, de sorte qu’il reste fort peu de place pour les tubercules secondaires et les granules qui sont peu nombreux. Aires interambulacraires trois et demi fois plus larges que les aires ambulacraires, munies de deux rangées de tubercules principaux sensiblement plus gros que ceux des ambulacres. Les tubercules secon- daires sont nombreux, plus petits que les tubercules principaux ; ceux qui sont situés entre les rangées de tubercules principaux et les ambulacres sont disposés sans ordre; parmi ceux qui sont situés entre les rangées de tubercules principaux, les plus grands sont disposés en rangées horizontales assez régulières, cela surtout dans la région marginale où l’on voit sur chaque plaque coronale une rangée horizontale de trois ou quatre tubereules secondaires. Les granules intermédiaires sont mégaux et se confondent avec les plus petits des tubercules secondaires. Le test n'étant pas conservé sur la face apicale, le nombre des plaques coro- nales interambulacraires ne peut être donné. Toutefois, du péristome jusqu’à l’am- bitus on en compte 12 ou 13. Les plaques ambulacraires sont beaucoup plus petites et plus nombreuses. Le péristome est petit, et atteint les deux dixièmes du dia- mètre, ses entailles sont assez peu pénétrantes. L’apex est inconnu. Rapports et différences : Cette grande espèce est voisine de Pedina charmassei Cott. Elle en diffère par sa forme beaucoup moins élevée, puis surtout, par ses aires ambulacraires où les tubercules principaux sont plus gros et forment deux rangées contiguës qui ne laissent pas entre elles, comme dans l’espèce rauracienne, un large espace couvert de tubercules secondaires et de granules. Gisement. Couche à Matheronia salevensis et à Valletia antiqua, Portlandien inférieur, haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : deux ayant perdu leur test à la face apicale, et un fragment de test de la région voisine de l’apex d’un troisième. MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 389 PEDINA SUBLAEVIS Ag. (PL 15, fig. 9, a, b, c.) Pour la bibliographie, voir Correau, Pal. française, Terr. jurassiques, vol. 10, part. 2, p. 646 et ajouter : 1884. Pedina subluevis. Covreau, Les Echinides des couches de Stramberg, p. 35, pl. 5, fig. 15, 16. 1905. . — _— SaviN, Revision des Echinides foss. du dép. de l'Isère, p. 113. 1907. — — VaLerre, Revision des Echinides foss. de l Yonne, pp. 62 et 89, Nous avons recueilli un bon échantillon de Pedina sublaevis Ag., qui diffère un peu des types décrits par COTTEAU dans la Paléontologie française, mais qui, par contre, se rapporte tout à fait à ceux du Tithonique supérieur de Stramberg étudiés par le même savant. Comme les échantillons de ce dernier endroit, notre individu se distingue parce qu'il est plus épais, plus renflé, ses tubercules, tant principaux que secondaires, sont plus volumineux que d'ordinaire sur la face inférieure, tandis que dans le voisinage de l’apex, ils sont plus faibles. Il semble donc que dans les couches tithoniques Pedina sublaevis prend une forme assez différente de celle des individus des couches plus anciennes. Il serait peut-être bon de créer une variété nouvelle, cependant les données actuelles sont encore trop peu nombreuses pour le faire. Grisement. Couche à Matheronia salevensis et à Valletia antiqua, Portlandien inférieur, au haut des Etiollets. HEMICIDARIS STRAMONIUM Ag. Pour la bibliographie, voir Correau, Pal. française, vol. 10, part. 2, pp. 131, 858, 907. Le Muséum de Genève possède un individu d’Æemicidaris stramonium déter- miné par DE LORIOL. Nous ne pouvons faire mieux que de transcrire l’étiquette accompagnant ce fossile : « Cette espèce n'avait pas encore été rencontrée au Salève. L’exemplaire, quoique incomplet est bien reconnaissable. Les gros semi-tubercules sont alignés un peu plus régulièrement que d'habitude, mais ce caractère varie sur un même individu et j'ai vu, sur un exemplaire du Jura bernois, un alignement tout aussi régulier. » Gisement. Ce fossile peut provenir, d’après sa gangue, soit du Portlandien in- férieur, soit du Kimeridgien supérieur. PSEUDOCIDARIS (?) SUBCRENULARIS (rauthier. (PL. 15, fig. 11, 12). 1873. Pseudocidaris (2) subcrenularis. Gaurater, dans: PeroN et Gavrmier, Echinides fossiles de l'Algérie, p. 24, pl. 20, fig. 34-87. 1880. Pseudocidaris (?) subcrenularis. Correau, Paléontologie française, Kchinides réguliers, vol. 11, part, 2, p. 30, pl. 269. Nous possédons une radiole (pl. 15, fig. 12) incomplète qui se rapporte assez Le 390 JULES FAVRE exactement aux figures données par GAUTHIER. Sa longueur est de 17%, sa lar- geur de 12"; elle est extrêmement large à sa partie distale et s’amincit très rapidement dans la direction de la collerette, ce qui lui donne une forme conoïde. Elle est ornée de granules verruqueux disposés en séries parallèles à son axe, les- quels sont surtout développés sur l’une de ses faces. Un peu avant l'extrémité dis- tale de la radiole, il existe une couronne circulaire de tubercules. L'intérieur de cette couronne est convexe et couvert de verrucosités. La partie proximale de la radiole est usée, néanmoins, il semble que le bord de la face articulaire et l’an- neau sont erénelés. Le bouton est très peu développé. Une seconde radiole représentée planche 15, figure 11, est un peu usée, et s'éloigne un peu plus du type. Ses dimensions sont: longueur 20%, largeur 14m. Elle a la même forme générale que la radiole précédente, elle est ornée, sur l’une de ses faces seulement, de côtes larges, mais peu accusées, vaguement tuberculées. La couronne de l'extrémité distale a été usée, et il en reste de vagues traces; l’espace qu'elle circonscrit est occupé par des côtes larges, basses, un peu onduleuses, rayonnant du centre. Cette seconde radiole ne répond pas tout à fait à la diagnose et aux figures de GAUTHIER, nous croyons cependant qu’elle appartient au Pseudoci- daris subcrenularis ; en tout cas nous ne connaissons aucune autre espèce à laquelle elle puisse être rapportée. Gisement. Les deux radioles proviennent du Portlandien inférieur, couche à Matheronia salevensis et à Valletia antiqua; la première a été recueillie à Chavar- don, la seconde au bas de la Grande Gorge. DIPLOPODIA AROVIENSIS de Lor. (non. Thurm.). De Lorior, dans ses Notes pour servir à l'étude des Echinodermes, 1905, sér. 2, fase. 3, p. 27, décrit sous le nom de Diplopodia aroviensis un Echino- derme de la collection DE LuC portant comme indication de gisement : Pas de l'Echelle. Le sentier qui porte ce nom est taillé exclusivement dans Jes calcaires blancs coralligènes du Portlandien ou du Kimeridgien. La gangue de l'Echinoderme dont il est question est constituée au contraire par une marne grise donnant un très fort résidu d'argile, de grains de quartz et de glauconie. Comme il n’y a au Salève que l'Hauterivien inférieur qui soit constitué par de telles marnes, nous avons supposé que l'échantillon avait été recueilli par DE Luc non dans la roche en place, mais dans les éboulis provenant de l'Hauterivien du Grand Salève. Comme le test de cet échantillon est siliceux, e’était une raison de plus de penser qu'il appartenait à l'Hauterivien, seul terrain du Salève, avec le Calcaire roux, où les fossiles aient subi une silicification. MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 391 En effet, en revisant la détermination de DE LORIOL, nous avons constaté que l’Oursin en question n’est pas Diplopodia aroviensis (Thurm.), mais Phymosoma peroni (Cott.). Ces deux espèces, bien qu'appartenant à deux genres différents, ont il est vrai une assez grande analogie, et comme le caractère essentiel qui les sépare, la faible perforation des tubercules, peut disparaitre facilement si le fossile est quelque peu usé, il était facile de faire cette confusion. L'arrangement des tuber- cules est le même dans les deux espèces, mais l’échantillon du Salève compte au moins 16 tubercules dans les rangées de plaques ambulacraires et au moins 14 dans les rangées interambulacraires. Pseudodiadema aroviense n’en compte jamais autant. Les dimensions du fossile du Salève sont bien celles du Phymosoma peroni : diamètre 47%, hauteur 20%, soit, par rapport au diamètre, 0,43. Le Pseudodia- dema aroviense n'atteint pas une taille aussi grande et sa hauteur est toujours plus faible. Il ressort des considérations précédentes que le Diplopodia aroviensis (Thurm.) doit être supprimé de la faune jurassique du Salève, par contre Phymosoma peroni (Cott.) est une espèce nouvelle pour la faune hauterivienne de cette montagne. ACROPELTIS AEQUITUBERCULATA Ag. Voir pour la bibliographie Corteau, Paléontologie française. 1883, terr. jurassiques, vol. 10, part. 2, p. 562, puis ve Lorior, 1890-91, Description de la faune jurassique du Portugal. Echinodermes, p. 93, pl. 16, fig. 4, et ajouter : 1903. Acropeltis œquituberculata, SAviN, Catal. raisonné des Echinides fossiles du dép. de la Savoie, p. 106 x 1905. Acropeltis æquituberculata. Savin, Révision des Echinides fossiles du dép. de l'Isère, p. 96. 1907. Acropeltis æquituberculata. Vaxerre, Révision des Échinides fossiles de l Yonne, p. 156. Nous avons recueilli un exemplaire d’Acropeltis incomplet, mais qu'on peut rapporter sûrement à l’A. æquituberculata. Son mode de fossilisation ne permet guère d’en donner une reproduction photographique nette, mais sa détermination ne parait cependant pas douteuse. Gisement. Couche à Matheronia salevensis et à Valletia antiqua, Portlandien inférieur, au haut des Etiollets. CODIOPSIS LORINI Cotteau. (PI, 15, fig. 10 a, b, c.) Voir la bibliographie de l’espèce dans Savin, 1905, Révision des Echinides fossiles du dép. de l'Isère, p. 89, en faisant abstraction du C. alpina À. Gras. Ajouter : 1903. Codiopsis lorini. Lameerr, Note sur un Codiopsis nouveau de la Craie de Touraine. Bull. Soc. géol. France. (4), vol. 3, p. 89. 1906. Codiopsis lorini. Vauerre, Etude sur la formule porifère d’un certain nombre d'Echinides réqu- liers, p. 20. MÉM, SOC. PHYS. ET HIST. NAT DE GENÈVE, VOL. 87 (1913), 49 399 JULES FAVRE Nous possédons un exemplaire de Codiopsis qui a tous les caractères du C. lorini Cott. Il est assez bien conservé, mais a cependant perdu ses granules cadues. La seule différence qu’il nous ait été possible de découvrir en comparant l’exemplaire du Salève à des échantillons de l'Hauterivien de l'Yonne, réside dans le fait que ces derniers sont moins déprimés, ce qui ne saurait être suffisant pour créer une espèce. Il est très curieux de constater, dans le Portlandien inférieur du Salève, la présence de cette espèce crétacée qui persiste jusque dans l’Aptien. Les Codiopsis jurassiques connus jusqu'à ce jour sont très rares et ne peuvent étre confondus avec le Codiopsis lorini. Le ©. pilleti Cott, du Tithonique supérieur, est de taille et de proportions toutes différentes; le ©. hoheneggeri de Lor., du même terrain, est plus élevé et possède une granulation moins fine et moins serrée, Gisement. Nous avons recueilli cette espèce dans la couche à Matheronia salevensis et à Valletia antiqua du Portlandien inférieur, au haut des Etiollets. STOMECHINUS PERLATUS (Desm.). Un échantillon de cette espèce, provenant du Salève, a été étudié par DE Lo- RIOL dans ses Notes pour servir à l'étude des Echinodermes, 1905, seconde série, fase. 3, p. 28. Ce Stomechinus, étiqueté par DE Luc « Pas de l’Echelle >, possède une gangue formée d’un calcaire zoogène gris brun. Les roches qui forment la région où passe le sentier du Pas de l’Echelle sont exclusivement formées par les calcaires blancs zoogènes du Portlandien ou du Kimeridgien, tout différents de la gange du Stomechinus recueilli par DE Luc. Nous ne connaissons pas au Salève de roche analogue à celle qui constitue le fossile en question, de sorte que sa pro- venance est tout à fait incertaine. ECHINOBRISSUS SALEVENSIS de Loriol. VoirpeLorior, Notes pour servir à l'étude des Echinodermes, sér. 2, fasc. 3, p. 29 et pl. 2, fig. 4. Nous n'avons rien à ajouter à ce qu'a dit DE LORIOL au sujet de cette espèce dont nous n'avons pas retrouvé de nouveaux exemplaires. La gangue de l'unique échantillon connu permet d'attribuer ce fossile soit au Portlandien inférieur, soit au Kimeridgien. PYRINA ICAUNENSIS (Cott.). (PL. 15, fig. 13, 14 et pl. 16, fig. 1, 2.) Pour la bibliographie, voir Correau, 1867-74, Paléontologie française, Terrains jurassiques, Echi- nides irréguliers, vol. 9, p. 396 et ajouter : EL À , « ce MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 393 1884. Pyrina icaunensis. Corrkau, Echinides des couches de Stramberg, p. 9, pl. 11, fig. 1-6. 1888. » » pe Lorior, Etudes sur les Mollusques des couches coralligènes de Valfin, p. 355- 1891. » , pe Lorior, Deser. de la faune jurassique du Portugal, Échinodermes, p. 117, pl. 24, fig. 1. 1907. Pyrina icaunensis. Vazerre, Révision des Echinides fossiles de l Yonne, p. 66. Cette espèce est assez abondante au Salève et présente nettement les carac- tères typiques. On y observe toutefois quelques variations; certains individus sont plus allongés, d’autres plus larges que le type, d’autres prennent une forme sub- pentagonale (pl. 16, fig. 1). Certains grands individus qui atteignent 4‘ de long ont la face inférieure plus pulvinée, leurs sillons ambulacraires sont plus enfoncés. DE LORIOL cite déjà cette espèce au Salève (Descr. des fossiles de l'Ool. coral- lienne, p. 42, pl. F, fig. 14). Le seul exemplaire que ce savant à eu à sa disposition provient des carrières de Monnetier, c’est-à-dire de l’Infravalanginien à ÆHeterodi- ceras luci. Comme cet Echinide est dépourvu de son test, il n’est pas très sûr qu'il soit bien identique à P. icaunensis, son age étant plus récent. C’est pourquoi il nous à paru bon de figurer des exemplaires jurassiques. Gisement. Couche à Matheronia salevensis et à Valletia antiqua, Portlandien inférieur, au haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : 28. PSEUDODESORELLA ORBIGNYANA (Cott.) (PL. 16, fig. #, 4.) Pour la bibliographie, nous renvoyons à Correau, 1884, Echinides des couches de Strambergq, p. 5. Ajouter : 1888. Pseudodesorella orbignyana. ve Lorror, Etudes sur les Mollusques des couches coralligènes de Val- fin, p. 355. 1907. Pseudodesorella orbignyana. Varerre, Révision des Echinides fossiles de l'Yonne, p. 67. Nous ne reviendrons pas sur la description de cette espèce bien connue, et par- faitement étudiée par COTTEAU. Les exemplaires du Saleve ne différent pas sensi- blement de ceux trouvés en d’autres endroits. Leur forme varie un peu, le rapport entre la largeur et la longueur est un peu variable, le bord antérieur peut être légèrement convexe (pl. 16, fig. 4), ou présente, au milieu, un faible infléchisse- ment (pl. 16, fig. 3). Gisement. Couche à Matheronia salevensis et à Valletia antiqua, Portlandien inférieur, au haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : T. 394 JULES FAVRE BRACHIOPODES RHYNCHONELLA ASTIERIANA d'Orb. Voir pe Lorior, Description des fossiles de V'Ool. corallienne, p. 388, pl. EF, fig. 1 à 2. Les exemplaires figurés par DE LORIOL ne sont pas typiques ; ce sont probable- ment de jeunes individus qui pourraient tout aussi bien être rapportés à À. pinguis Rœm, Les grands échantillons, parfaitement caractéristiques, à commissure fron- tale asymétrique, sont assez abondants au Salève. Nous les possédons de la couche à Matheronia salevensis, Portlandien inférieur, du bas de la Grande Gorge, de Chavardon, du haut des Etiollets, des rochers de la Balme au-dessus de Pomier. Ils se trouvent aussi dans le massif coralligène du Kimeridgien au haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : 32. RHYNCHONELLA LACUNOSA ? (Schloth.). Voir pe Lorior, description des fossiles de l’Ool. corallienne, p. 40, pl. F, fig. 6. N'ayant pas retrouvé le type, nous ne pouvons préciser de quel étage il pro- vient, les indications de gisement données par DE LORIOL étant très vagues. Nous avons en outre quelques doutes au sujet de la détermination de cette espèce. ZEILLERIA LUGUBRIS (Suess) (PL. 16, fig. 5, 6.) 1859. Waldheimia lugubris. Suess, Die Brachiopoden der stramberger Schichten, p.40 (26), pl. 4, fig. 11-12. 1871. » » G. GEMMELLARO, Stud) pal. cale. Terebr. Janitor, part. 3, p. 22. 1897. Zeilleria magadiformis. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 324, pl. 7, fig. 7. L’exemplaire que nous figurons pl. 16, fig. 5, a, b' c, est tout à fait typique et ne diffère en aucune façon des dessins de Suess. L’individu représenté fig. 6, «, b, c, est très adulte, par conséquent très épais, la valve inférieure possède une assez forte dépression en son milieu, déterminant un bord frontal excavé. Gisement. Couche à Matheronia salevensis, Portlandien inférieur, aux rochers de la Balme au-dessus de Pomier, et au bas de la Grande Gorge. Nombre d'exemplaires : 3. de: "21e MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 399 ZEILLERIA MAGASIFORMIS (Zeuschn.). (PI. 16, fig. 7, 15, 16.) 1856. Terebratula magasiformis. Zessner, Geologia do Eathwego projecia zastésowana, p. 233. 1856. Terebratula czapskiana. ZEssNeR, id., p. 235. 1857. Terebratula magasiformis. Zeuscuver, Pal. Beitr. zur Kenntniss des weissen Jurakalkes von Inwald, p. 16, pl. 4, fig. le à 4e. 1857. Terebratule czapskiana. Zeusouxer, id., p. 17, pl. 4, fig. 1 f à 4 f. 1859. Waldheimia magadiformis. Suxss, Die Brachiopoden der Stramberger Schichten, p. 40 (26), pl. 4, fig. 13-17. 1563. Terebratula magadiformis. Oosrer, Pétrifications remarquables des Alpes suisses, Brachiopodes, p. 31, pl. 11, fig. 11 à 14. 1869. Waldheimia magadiformis. G. GEMMELLARO, Studj pal. cale. Terebr. Janitor, part. 3, p. 21, pl. 4, fig. 5-6. 1885. Zeilleria magadiformis. H. Douvizié, Sur quelques Brachiopodes du terrain jurassique, p.96, pl. 4, fig. 13. 1897. Zeilleria lugubris. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 324, pl. 8, fig. 4. Nous figurons pl. 16, fig. 7 à, b, c, une Zeilleria différant un peu de la forme typique de Z. magasiformis; elle est un peu plus allongée que les individus figurés par ZEUSCHNER et SUESS dont elle possède tous les autres caractères et particuliè- rement la petite valve aplatie. La figure 15, a, b, c, par contre, représente un petit exemplaire parfaitement identique à ceux dessinés par SUESS, fig. 13 et 15. Un troisième individu (fig. 16 &, b), moins allongé que le premier, se rapproche davan- tage de la forme typique, mais sa valve supérieure légèrement bombée rappelle un peu Zeilleria lugubris Suess. Gisement. Portlandien inférieur de Chavardon, du bas de la Grande Gorge et du Pas de l’'Echelle. Nombre d'exemplaires : 3. ZEILLERIA HUMERALIS (Roem.). (PL. 16, fig. 8 et 9.) Pour la bibliographie de lespèce, nous renvoyons à l'ouvrage de H. Douviccé, Sur quelques Bra- chiopodes du terrain jurassique, p. 93. Ajouter : 1905. Waldheimia humeralis. Dacqué, Beiträge zur Geol. Somalilandes, 2er Teil, Oberer Jura, p. 130. Nous n’avons rien à ajouter pour ce qui concerne cette espèce assez variable. Elle existe au Salève dans le Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis) du bas de la Grande Gorge. Elle se retrouve plus abondante, mais en mauvais état de conservation à la base du Kimeridgien, aux Etiollets près du Coin. 396 JULES FAVRE MEGERLEA PECTUNCULOIDES (Schloth.). (PI. 16, fig. 10 et 11.) Pour la bibliographie de l'espèce, nous renvoyons à l'ouvrage de ScaLosser, Die Brachiopoden des kelheimer Diceras-Kalkes, p. 206 (132). Ajouter : 1893. Terebratella pectunculoides. Ed. Grerpin, Etude sur les Mollusques des couches coralligènes des environs d’'Oberbuchsitten, p. 97, pl. 7, fig. 15, 17, 18. 1910. Megerlea pectuneuloides. Simioxescu, Studii yeologice si paleontologice din Dobrogea. 2, Lameli- branchiatele, p. 64, pl. 7, fig. 12 et 19. _ Cette espèce, bien étudiée, est rare au Salève; nous n’en connaissons que deux exemplaires, bien caractérisés, il est vrai, et provenant de la couche à Matheronia salevensis, Portlandien inférieur, au haut des Etiollets. MEGERLEA PETERSI Hohenegger. (PI. 16, fig. 12.) 1858. Megertea petersi. Suess, Die Brachiopoden der stramberger Schichten, p. 48, pl. 5, fig. 10-13. 1897. Megerlea petersi. Romax, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 327, pl. 8, fig. 6. Cette espèce est très rare au Salève; nous n’en connaissons qu'un exemplaire faisant partie des collections du Muséum d'histoire naturelle de Genève. Il est de petite taille, mais correspond parfaitement à la diagnose de Suess et à la figure 11 que donne cet auteur. Ce fossile possède 10 côtes à la petite valve et 11 à la grande; on ne voit pas les côtes secondaires dont parle SUESS, cela tient à la petite taille de notre échantillon. Du reste, comme le montrent les figures données par ce paléontologiste, le caractère des côtes adventives n’est pas constant. G'isement. Au-dessus du Coin; indication assez vague, mais il est presque certain que cette espèce provient du Portlandien inférieur (Couche à Matheronia salevensis), le gisement le plus riche de cet étage se trouvant au-dessus des éboulis du Coin. MEGERLEA aff LORYI Pict. CPL 16, fig. 13.) 1868. Megerlea loryi. Picrer, Etude provisoire des fossiles de la Porte-de-France, d’Aizy et de Lémenc, p. 271, pl. 41, fig. 12. Nous avons sous les yeux une Megerlea aussi large que longue, à contour subpentagonal, à crochet assez développé et à la ligne cardinale courbe. Elle est munie de 5 côtes principales à la petite valve et de 6 à la grande, les deux externes MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 397 étant très faibles. Le pli médian de la petite valve, comme aussi la dépression médiane de la grande, sont pourvus chacun de 2 petites côtes adventives. On voit encore une côte adventive sur chacun des plis adjacents au pli médian et dans les sillons qui leur correspondent à la petite valve. Les stries d’accroissement sont fortement marquées. Cette Megerlea correspond assez bien à la figure que donne PICTET pour sa M. loryi. La différence la plus grande réside dans le fait que le pli médian est moins fortement marqué dans l'échantillon de Lémenc. Gisement. M. GYSIN, qui nous à communiqué cette espèce, l’a trouvée non loin de la grotte du Seillon sous l’Evorse, dans le Portlandien inférieur, grosse oolite. TEREBRATULA MORAVICA (dlocker. Voir pe Lorior, Description des fossiles de l’Ool. corallienne, p. 34. Nous n'avons que peu de chose à ajouter à ce que DE LORIOL a dit de cette espèce. Terebratula moravica est assez commune dans la couche à Matheronia sale- vensis (Portlandien inférieur) ; nous la connaissons du bas de la Grande Gorge, du haut des Etiollets, de Chavardon, du Pas de l'Echelle, des rochers de la Balme au- dessus de Pomier. Nombre d'exemplaires : 25. TEREBRATULA FORMOSA Suess. Voir pe Lorror, Description des fossiles de l'Ool. corallienne, p. 36. Assez commune dans la couche à Matheronia salevensis (Portlandien inférieur). Nous l’avons recueillie au pied de la Petite Gorge, au bas de la Grande Gorge, au- dessous de la Varappe, entre le Saut (ronet et la gorge de la Mule, à Chavardon, au haut des Etiollets, aux rochers de la Balme au-dessus de Pomier. Trois exem- plaires du Musée de Genève proviennent du Pas de l’Echelle, Nombre d'exemplaires : 16. TEREBRATULA INSIGNIS Schübl. Voir ne Lorior, Description des fossiles de l’Ool. corallienne, p. 37. Cette espèce se trouve dans la couche à Matheronia salevensis (Portlandien inférieur) au bas de la Grande Gorge, à Chavardon, aux rochers de la Balmeau- dessus de Pomier. Nombre d'exemplaires :S8. 398 JULES FAVRE TEREBRATULA BIESKIDENSIS Zeuschn. Voir ne Lorior, Description des fossiles de l’Ool. corallienne, p. 35, pl. E, fig. 17. Il existe au Muséum de Genève trois échantillons étiquetés par DE LORIOL Terebratula bieskidensis et parmi eux le type figuré. Il ne nous semble pas que ces trois exemplaires appartiennent à cette espèce; nous les considérons comme des Zeilleria appartenant à la forme de Z. humeralis que nous donnons pl. 16, fig. 8-9. Ces fossiles proviennent du bas de la Grande Gorge, c’est-à-dire du Portlandien infé- rieur très probablement, ou peut-être aussi du Kimeridgien supérieur. TEREBRATULINA SUBSTRIATA (Schoth.). (PL. 16, fig. 14.) Pour la bibliographie nous renvoyons aux ouvrages de pe Lortor, 1878, Monographie paléontologique des couches de la zone à Ammonites lenuilobatus de Baden, p. 181 et SoxLosskr, Die Brachiopoden des kelheimer Diceras-Kalkes, p. 205. Il y a lieu d’ajouter : 1893. Terebratulina substriata. En. Greprin, Etudes sur les Mollusques des couches coralligènes d’Ober- buchsitten, p. 96, pl. 7, fig. 13, 14, 16, 19, 20. 1599. Terebratulina substriata. Remes, Beitr. zur Kennt. der Brachiopoden des stramberger Tithon, p. 227. 1905. Terebratulina substriata. Krumeecx, Die Brachiopoden u. Molluskenfauna des Glandarienkalks, p. 8N [24], pl 9 [2]. fig. 12-14. 1910. Terebratulina substriata. Simionescu, Studii yeologice si paleontologice din Dobrogea, 2, Lameli- branchiatele, ete, p. 62, pl. 3, fig. 9-11, pl. 7, fig. 15. Il existe quelque incertitude au sujet de cette espèce qui a été comprise diffé- remment par les auteurs. DE LORIOL (loc. cit.) voit dans la T. substriata des auteurs deux espèces, l’une à côtes fines à laquelle il propose de conserver le nom de T. substriata, et l’autre à côtes fortes et écartées qui doit recevoir un nom nouveau. C’est à cette dernière forme qu'appartiennent les deux petits exemplaires du Salève. Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis) des rochers de la Balme au-dessus de Pomier et Grand Salève au-dessus du Coin. MOLLUSQUES LAMELLIBRANCHES ALECTRYONIA HASTELLATA (Schloth.). (PI. 17, fig. 1-2.) Pour la synonymie embrouillée de cette espèce et pour sa discussion, nous renvoyons aux ouvrages suivants : 1881. pe Lorior, Monographie paléontologique des couches à Ammonites tenuilobatus d’ Oberbuchsitten, p. 97. MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 399 1892. pe Lortor, Etudes sur les Mollusques des couches coralligènes inférieures du Jura bernois, p. 346. 1905. Krumeeck, Die Brachiopoden- und Molluskenfauna des Glandarienkalkes, p. 107 [43]. 1905. Peron, Etudes paléontologiques sur les terrains du département de l Yonne. Les Pélécypodes rau- raciens el Séquaniens, p. 215. Ajouter : 1903. Ostrea (Alectryonia) efr. hastellata. Reues, Nachträge zur Fauna der stramberger Schichten, 4, Ueber Bivalven der stramberger Schichten, p. 218. 1910. Ostrea (Alectryonia) hastellata. Simionescu, Studii geologice si paleontogice din Dobrogea, 2, Lamelibranchiatele, p. 5, pl. 1, fig. 7. Cette espèce, très variable, qui a persisté si longtemps, existe bien caractérisée au Salève, quoique peu abondante. Gisement. Portlandien inférieur et Kimeridgien supérieur, au haut des Etiol- lets et au Pas de l'Echelle. Nombre d'exemplaires : 9, dont 4 au Musée d'histoire naturelle (Coll. ROCHAT) et 2 à M. GYSIN, étudiant. PECTEN aff. NEBRODENSIS G. Gemm et Di Blasi. (CP. 17, fig. 7.) 1371. Pecten nebrodensis. G. GemmeLLaro, Studj. pal. cale. Terebr. Janitor, 3me partie, p. 62, pl. 9, fig. 1-3. 1874. Pecten nebrodensis. G. GemmerLaro et Dr Brast, Pettini del Titonio inferiore, p. 3, pl. 1, fig. 1-3. 1881. Pecten brancoi. G. Bogum, Bivalven von Kelheim, Zeitschr. deutsch. Geol Gesellschaft, p. 72. 1881. Pecten aff. nebrodensis. G. Boenm, Die Fauna des kelheimer Diceras-Kalkes, Abt. 2, Bivalven, p. 184, pl. 40 [24], fig. 6. 1883. Pecten aff. nebrodensis. G. Bogam, Die Bivalven der stramberger Schichten, p. 608, pl. 67, fig. 30. 1897. Pecten nebrodensis. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 315, pl. 5, fig. 8. 1903. Pecten aff. nebrodensis. Remes, Nachträge zur Fauna von Stramberg ; 4, Ueber die Bivalven der stramberger. Schichten, p. 201 [17], pl. 19 [2], fig. 4. 1901. Pecten aff. nebrodensis. Simionescu, Studii geologice si paleontologice din Dobrogea. 2, Lameli- branchiatele, p. 16, pl. 2, fig. 5. Les échantillons du Salève se rapportent assez exactement à la description de G. GEMMELLARO et Di BLASI, mais comme nos individus sont de grande taille, on voit, à partir d’une certaine grandeur, le nombre de côtes augmenter sur les plis (jus- qu’à 5). La différence essentielle que nous trouvons avec les exemplaires de Sicile est que, dans les sillons, il se trouve plus de 2 côtes, jusqu'à 6, très fines dans le voisinage du sommet, mais égalant presque celles des plis dans le voisinage du bord palléal. Les stries concentriques sont assez visibles et assez régulières. Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, au haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : Deux, dont l’un au Muséum d'Histoire naturelle de Genève (Coll. A. FAVRE). MÉM,. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 50 400 JULES FAVRE PECTEN (SPONDYLOPECTEN) GLOBOSUS Quenst. emend. Philippi. (PI. 17, fig. 3-6.) 1852. Pecten globosus. Quexsrenr, Handbuch 4. Pelref., éd. 1. pl. 40, fig. 45 (non fig. 46), p. 507. 1858. — Quexsrenr, Der Jura, pl. 78, fig. 2, p. 627. 1866. - - pe Lorior, Deser. des foss. de l’Ool. cor, p. 30. pl. E. fig. 4. 1867. — Quexsrepr, Handbuch d. Petref., éd. 2, pl. 51, fig. 45 (non 46), p. 605. 1869 — — Oosrer, Le Corallien de Wimmis, p. 39, pl. 22, fig. 9. — arotoplicus. G. GEMMELLARO, Studj. pal. calc. Terebr. Janitor, part. 3, p. 62, pl. 10, fig. 6-10. — — G. GeumezLaro et Dr BLasr, Pettini del Titonio inf., p.10, pl. 2, fig. 6-10. — — G. Bœum, Die Bivalven der stramberger Schichten, p.609 et 645, pl. 67, fig. 34-35. — globosus. Quexsreor, Handbuch d. Petref., 6d., 3, pp. 772, pl. 59, fig. 35. — cfr. arotoplicus. Neumayr und UnuG, Jura fossilien des Kaukasus, p. 26. — globosus. Roma, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 316, pl. 5, fig. 12. — (Spondylopecten) globosus. Paicrppr, Zeitschr. deutsch. geol. Gesell. Bd 50, p. 620 et 621, fig. 6-7. 1899. Pecten arotoplicus. Nezxx, I fossili titonici del monte Judica, p. 55, pl. 2 (1), fig. 14-15. 1903. — — Rewes, Nachträge zur Fauna von Stramberg ; 4; Ueber Bivalven der stramber- ger Schichten, p.202 [18] 1903. Pecten rochati. Rewes, idem, p. 202 [13], pl. 19 [2], fig. 5 &, c. 1903. -—- {Spondylopecten) globosus. Rees, idem, p. 205 [18]. Coquille de taille moyenne, triangulaire-circulaire, très renflée dans le jeune âge, puis, plus tard, à flancs beaucoup moins bombés, équivalve, équilatérale, ornée d’un nombre de côtes variant entre 34 et 39, 34 et 35 étant les nombres normaux. Ces côtes sont lisses, car toujours la couche externe du test fait défaut, elles sont séparées par des sillons aussi larges ou un peu plus larges qu’elles, dont le fond est arrondi. Dans la partie supérieure des valves, de chaque côté du crochet, il existe une région excavée, sans côtes, mais à fines stries d'accroissement, plus longue du côté anal, mais plus profonde du côté antérieur. Les oreillettes sont inégales. Les buccales sont beaucoup plus grandes que les anales, elles montrent quelques côtes rayonnantes partant du crochet; la droite présente une forte échancrure byssale ; la gauche que nous connaissons imparfaitement, si elle n’est pas entière, est en tout cas moins échancrée que la gauche, elle montre sur son bord cardinal une très fine denticulation qui n’est visible que sur de très bons échantillons. Les oreillettes anales sont petites, obtuses. Il existe un area ligamentaire très distinct, bien qu'assez étroit ; il est limité à sa partie inférieure par une rangée de petits tuber- cules ovales. Il ne nous à pas été possible de nous rendre compte s’il existait des dents de partet d'autre de la fossette ligamentaire. Ainsi que G. Bœnm l’a démontré (Die Bivalven der stramberger Schichten, p. 645), QUENSTEDT avait compris deux espèces sous le nom de Pecten globosus. L'une, la plus globuleuse, à côtes plus nombreuses, a été appelée 2°. (Spondylopecten) G. Bœhmi par Parzrepr et l’autre est, pour G. BŒHM, tout à fait identique pour la MONOGRAPIIIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE AO forme extérieure à ?. arotoplicus G. Gemm. et Di Blasi. I est très probable qu'il y a de même identité pour les caractères internes de ces deux espèces, mais jusqu'à présent, la charnière et l'aire ligamentaire n’ont pas encore été observées chez les exemplaires de Sicile. Or, le Pecten globosus du Salève, qui ne diffère pas de celui de Nattheim et qui ne présente avec le ?. arotoplicus G&. Gemm de Sicile que des diffé- rences extrémement minimes, possède aussi une aire ligamentaire nette qui se trou- vera de même selon toute probabilité chez l'espèce sicilienne. Les différences que nous constatons entre les individus du Salève et la description et les figures données par le paléontologiste italien, proviennent en général du fait que nos échantillons ne possèdent pas la partie externe du test. L'absence des faibles canaliculations sur les côtes et des fines stries des dépressions concaves latérales, n’est due qu'à une incomplète conservation des fossiles. Les côtes des individus du Salève sont en un peu plus grand nombre que ne l’indiquent GEMMELLARO et Dr BLASI, mais d'autre part, les figures qu'ils donnent en montrent un nombre égal à celui de nos échan- tillons. Dans ces conditions, il nous semble bien qu’on puisse, comme le supposait déjà BŒœnHM, réunir les espèces de QUENSTEDT et de GEMMELLARO. Les Pecten décrits et figurés par REMES (loc. cit.), pl. 19 [2] fig. 5 «, €, p. 202, sous le nom de ?. rochati ne peuvent appartenir à cette espèce dont le caractère est de posséder des côtes irrégulièrement plissées et barbelées, ainsi que le montre notre fig. 4, pl. 34 Le caractère du nombre de côtes, invoqué par ce paléontologiste est insuffisant, car il est très variable. Pour nous, le Pecten en question n’est autre chose que le Spondylopecten globosus Quenst. emend. Philippi. Gisement. Cette espèce est abondante au Salève, soit dans le Portlandien inférieur, soit dans le Kimeridgien supérieur, au haut des Etiollets, au Pas de l'Echelle, au bas de la Grande Gorge. Nombre d'exemplaires : 45. PECTEN SUBSPINOSUS (Schloth.). Voir pe Lorior, Descr. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 28. Le gisement et la gangue de cette espèce indiquent qu'elle peut provenir soit du Portlandien inférieur, soit, mais moins certainement, du Kimeridgien supérieur. SPONDYLUS PICTETIANUS (de Lor.). (PI. 17, fig. 17-18.) 1866. Placunopsis pictetianus. pk Lorior, Deser. des foss. de l'Ool. corallienne, p. 32, pl. E, fig. 10-11. 1583. Spondylus tithonius. G. Bœum, Die Bivalven der stramberger Schichten, p. 646, pl. 70, fig. 6-8. 1883. Hinnites ? G. Bœum, idem, p. 620, pl. 68, fig. 12-14. 402 JULES FAVRE 1903. Spondylus tithonius. Rewes, Nachträge zur Fauna von Stramberg; 4, Ueber die Bivalven der stramberger Schichten, p. 212 [28], pl. 20 [21, fig. 5 a, « Les exemplaires figurés par G. Bœum et REMES sous le nom de Spondylus tithonius ne différent en aucune façon du Spondylus pictetianus (de Lor.), et doivent lui être réunis. Pour appuyer notre manière de voir, nous donnons une figure de deux individus que nous avons recueillis. Les types de DE LORIOL proviennent du bas de la Grande Gorge, ils appar- tiennent done à peu près sûrement au Portlandien inférieur. Nos exemplaires, au nombre de 5, ont été trouvés au haut des Etiollets, dans la couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur. LIMA (PLAGIOSTOMA) THISBE de Lor. (PI, 17, fig. 9-10.) 1888. Lima thisbe. ne Lorior, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin, p. 322, pl. 36, fig. 1-4. 1893. — — Eï Greppin, Etude sur les Moll. des couches corall. d’Oberbuchsitten, p.75, pl. 5, fig. 9. Nous rapportons à cette espèce deux individus dont la forme générale corres- pond tout à fait aux figures données par DE LORIOL. Ils ont en grande partie perdu la partie extérieure de leur test, mais là où elle est conservée on observe les fines côtes rayonnantes caractéristiques de l’espèce. Gisement : Haut des Etiollets, dans la couche à Matheronia salevensis, Port- landien inférieur. LIMA (PLAGIOSTOMA) ERCTENSIS (Gr. Gemm. (PI. 17, fig. 8.) 1871. Lima baylei. G. GEmMELLARO, Studj. pal. cale. Terebr. Janitor, part. 3, p. 55, pl. 8, fig. 7. 1871. — erctensis. G. GEMMELLARO, ?d., p. 92. Nous possédons 4 individus dont les caractères répondent à la description de GEMMELLARO. Leurs stries rayonnantes ne sont développées que dans les régions anales et buccales, leur forme générale est la même que chez les types, toutefois ils n'atteignent pas une taille aussi considérable qu’en Sicile. Gisement. Couche à Matheronia salevensis, Portlandien inférieur; au haut des Etiollets et à Chavardon. LIMA (LIMATULA) SALEVENSIS de Lor. Voir pe Lorior, Descr. des foss. de l'Ool. corallienne, p. 28, pl. D, fig. 10-11. La provenance des deux seuls individus connus, comme aussi l'examen de MONOGRAPIIHE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 103 leur gangue, permettent de rapporter cette espèce au Portlandien inférieur ou, mais cela est beaucoup moins probable, au Kimeridgien supérieur. MYTILUS SUBORNATUS Et. (PI. 17, fig. 11-14.) 1859. Mytilus subornatus. ErALLon, Etudes pal. sur le Haut-Jura; Corallien, 2, p. 111. 1883. Mytilus moravicus. G. Bœum, Die Bivalven der stramberger Schichten, p. 589, pl. 65, fig. 25-27. 1885. Mytilus subornatus. DE Lorior, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin, p. 305, pl. 34, fig. 6-8. Une dizaine de Mytilus du Salève correspondent bien à la diagnose d'ETALLON et surtout à celle de DE LOoRrIoL. Nous n'avons qu'une chose à ajouter, c’est que la variabilité est plus grande au Salève, ainsi que le montrent les figures que nous donnons des formes extrêmes. Nous pensons qu'il faut rattacher A. moravicus G. Bœhm à M. subornatus ; il ne nous à pas été possible de trouver une différence sensible entre ces deux espèces. Gisement. Couche à Matheronia salevensis, Portlandien inférieur, au haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : 10. PACHYMYTILUS OBTUSUS n. Sp. (P1. 17, fig. 15-16 et pl. 18, fig. 1-3.) Longueur du plus grand individu . ses ne Done des ton LODMINT, Hauteur » » 0 Ts RQ NE Pere LIBTUn: Epaisseur » » » AD ES Dj MOT ENCRES Jmm, Coquille de grande taille, triangulaire, équivalve, assez méquilatérale. Cro- chets peu développés, recourbés. Région antérieure tronquée, délimitée par une carène partant des crochets et aboutissant à l'extrémité antérieure de la coquille. Cette aire antérieure, elliptique (pl. 18, fig. 2), est plus ou moins concave. Dans son intérieur, sous les crochets, on y observe une profonde dépression byssale, ovale, qui présente, sur chaque valve, un sillon courbe partant de son fond et aboutis- sant aux crochets. La coquille est un peu échancrée à chaque valve, dans le fond de cette dépression, pour laisser passer le byssus. Le bord cardinal est droit, plus court que les bords antérieur et inférieur; il se relie à ce dernier par un bord posté- rieur arrondi, Le plan de la face antérieure tronquée forme toujours un angle obtus avec la ligne cardinale. L’épaisseur de ce Mollusque atteint son maximum dans le voisinage des extrémités du petit diamètre de cette aire antérieure elliptique ; 104 JULES FAVRE elle décroit graduellement jusqu’à l'extrémité postérieure, en déterminant des flancs légèrement convexes. Toute la surface du test est couverte de côtes rayonnantes fines et serrées, comme chez ?. petasus (d'Orb.). Il existe en outre des stries d’accroissement nombreuses, irrégulières. Nous avons pu préparer deux charnières; l’une, droite (pl. 18, fig. 1), montre une saillie antérieure qui est peut-être une dent cardinale, suivie d’une très faible dépression; l’autre, gauche (pl. 17, fig. 16), ne présente point de dents, ce qui est peut-être attribuable à l’usure. Le sillon liga- mentaire est large, pas très profond, rectiligne, une nymphe ligamentaire peu sail- lante le borde. Nous avons recueilli un moule interne de cette espèce. La face antérieure tronquée, loin d’être plane ou concave comme chez la coquille, montre au contraire, en son milieu, une forte convexité qui se voit fort bien dans la figure 3 &, pl. 18; elle prouve donc que le test est extrêmement épaissi sous les carènes antérieures. Entre cette convexité et les crochets, se trouve une dépression ovale très accusée correspondant à la dépression byssale de la coquille (fig. 3 b, pl. 18). La partie postérieure du moule est brusquement amincie par suite d’un épaississement consi- dérable du test. Grâce à cette disposition, les crochets sont assez accusés sur le moule. à Pachymytilus obtusus est voisine de P. triqueter (Buv.) = P. petasus (d'Orb.), et bien que cette dernière espèce soit extrémement variable, nous ne pensons pas qu’on puisse encore lui rattacher l'espèce du Salève. Pachymytilus obtusus, en eftet, se distingue entre autres par sa taille beaucoup plus considérable, par son diamètre antéro-postérieur beaucoup plus grand par rapport à la hauteur que chez P. trique- ter ; l'angle formé par le plan de la face antérieure tronquée et le bord cardinal est toujours très obtus dans l'espèce du Salève, presque toujours aigu et rarement droit dans l'espèce rauracienne. Les fossiles incomplets et roulés, figurés par OoSTER, Corallien de Wimmis, pl. 20, fig. 1-3 (non 4-6) sous le nom de 7richites mytiliformis, appartiennent à une espèce de Pachymytilus voisine de la nôtre; ils sont du reste trop incomplets pour être déterminés exactement. (isement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, au haut des Etioilets et à Chavardon. Nombre d'exemplaires : T. ARCA (BARBATIA) GRACILICOSTATA D. Sp. (PL. 18, fig. 4-6.) Longueur du plus grand individu connu . . . . . . . . 4O0mm, Hauteur par rapport à la longueur ANS CNP 00 08100 Epaisseur » » Ur Te Re UD EAN DE MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 405 Coquille allongée, ovale, très inéquilatérale. Région postérieure et région antérieure arrondie. Bord inférieur droit ou présentant une légère inflexion vers le milieu de sa longueur. Le bord cardinal est légèrement arqué, se raccordant par des courbes aux bords voisins. Les crochets sont larges, peu saillants, très peu contournés. Les flancs sont pourvus d’un méplat ou d’une large dépression très peu profonde partant des crochets et aboutissant au milieu du bord inférieur. Toute la surface est ornée de petites côtes rayonnantes extrémement fines, égales, coupées par des stries concentriques aussi fines, déterminant ainsi un treil- lissage très régulier et très ténu. Près du bord inférieur, les côtes rayonnantes sont encore divisées longitudinalement en 2 parties par une très fine strie, On observe enfin, de distance en distance, des stries d’accroissement assez irrégulières. La charnière est formée de dents s’accroissant de part et d'autre du centre du plateau cardinal et devenant obliques à ses extrémités. Les 5 à 6 dernières dents postérieures sont épaisses, les 3 antérieures sont au contraire étroites. L’aire ligamentaire est très étroite, linéaire. Rapports et différences. Arca gracilicostata a une forme identique à À. censo- riensis Cott., mais son ornementation radiale est beaucoup plus fine; elle possède en outre une ornementation concentrique qui manque chez la seconde espèce. 4. subteres de Lor, au contraire, montre une ornementation identique à celle de notre espèce, mais son épaisseur est plus faible, ses crochets sont moins larges, moins saillants et moins obtus. Les autres espèces qui possèdent quelque analogie avec la nôtre sont: À. #hligi G. Bœhm, mais sa longueur est plus grande, ses côtes radiales sont fortes et elle n’a pas de côtes concentriques:; À. ferebrans Buv., À. texana Quenst. montrent des côtes radiales beaucoup plus grossières. Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, au haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : 12. ISOARCA cfr. EMINENS Quenst. ‘(PL 19, fi. 1-6.) Pour la bibliographie de lespèce, voir pe Lorior, Ætudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin p. 297. Longueur du plus grand individu, . . . . . . . . . . b6mm Hauteur par rapport à la longueur . . . . . PC UD TL IUI67 Epaisseur » , , » : PP 0/0 AAI0/ EN Coquille allongée, renflée, très inéquilatérale. Les crochets atteignent ou sur- plombent un peu le bord antérieur qui est arrondi chez certains individus, suban- guleux chez d’autres au point de jonction avec le bord cardinal. Bord postérieur 406 JULES FAVRE arrondi, bord inférieur légèrement convexe et présentant parfois une très légère inflexion en son milieu. Bord cardinal un peu arqué, parallèle ou parfois assez obli- que au bord inférieur. Area ligamentaire extrêmement étroite, linéaire. Les dents sont courtes au centre de la charnière; elles deviennent progressivement lamel- leuses et serrées en atteignant les extrémités du plateau cardinal: les postérieures sont obliques par rapport à ce plateau, les antérieures au contraire lui sont per- pendiculaires et s'arrêtent avant d'atteindre l'extrémité des crochets. Ces der- niers se touchent, ou presque; ils sont épais, renflés, assez peu enroulés ; ils attei- gnent ou dépassent un peu le bord antérieur. Les flancs sont très renflés et très convexes et présentent en général un méplat s'étendant des crochets jusqu’au bord inférieur. L’ornementation est constituée par des stries fines, rayonnantes et concentriques, de même intensité, déterminant un treillis régulier. Les stries d’accroissement, irrégulières, peu accusées dans la région des crochets devien- nent plus fortes vers le bord palléal. Les individus de Zsoarca efr. eminens du Salève sont assez variables. Certains d’entre eux ont une forme subeylindrique, d’autres, au contraire, ont la partie anté- rieure beaucoup plus haute que la postérieure, ce qui provient surtout de leurs cro- chets plus ou moins gros et plus ou moins élevés. Le rapport entre leur longueur et leur largeur est loin d’être constant. Tous, par contre, sont caractérisés par l'extrème inéquilatéralité des valves, les crochets dépassant ou tout au moins atteignant le bord antérieur. Il est actuellement impossible d'identifier avec une complète sécurité nos Zso- arca du Salève avec Z. eminens de Nattheim, dont le type est imparfaitement connu. En outre, nos individus diffèrent de ce type en ce qu'ils sont toujours un peu moins allongés, et que souvent, les crochets sont plus saillants en hauteur. Il ne faudrait toutefois pas attacher une trop grande importance à ces différences, car nous ne connaissons rien de la variabilité des individus de Nattheim. Certains de nos échantillons aux crochets élevés offrent une certaine analogie avec les for- mes allongées d’Z. inflata Et. G'isement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : 15. CoRBIS VALFINENSIS de Lor. (PI. 19, fig. 7-9.) 1588. Corbis valfinensis. De Lorioz, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin, p. 248, pl. 26, fig. 7-9. MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 407 1891. Corbis valfinensis. De LorioL, Etudes sur les Moll. des couches corall. inf. du Jura bernois, p. 196 pl. 20, fig. 6-8. 1895, Corbis valfinensis. De Lorror, idem, 1er supplément, p. 32, pl. 5, fig. 3. Longueur maximale . ; : 1 36mm 3 Hauteur par rapport à la longueur. 0,57 Epaisseur , , . : 0,62 à 0,68 Nous possédons quelques individus du Salève qui s'accordent presque par- faitement avec la diagnose de pE LorioL. Les seules différences que nous consta- tons sont l’absence de stries rayonnantes dans la partie anale de la coquille, mais cela peut provenir de l'usure. L’épaisseur de nos échantillons, par rapport à la lon- eueur est de 0,63 à 0,68 alors que DE LORIOL donne 0,71-0,75; toutefois cette dimension prise sur les figures 7 b et 8 b de la planche 26, donne 0,58 et 0,70, c’est-à-dire des valeurs entre lesquelles nos mesures sont comprises. Gisement. Portlandien inférieur : Couche à Matheronia salevensis, à Chavar- don. Grosse oolite de la partie supérieure de la gorge de la Mule. Nombre d'échantillons : 5 valves. DICERAS SPECIOSUM Munst. (PL 19, fig. 10-12, pl. 20, fig. 1-3, pl. 21, fig. 1-5, pl. 22, fig. 1-4. pl. 28, fig. 1-8.) 1839. Chama (Diceras) speciosa. Münsrer, Beiträge zur Petrefacktenkunde, 1, p. 107. 1540. Chama speciosa. GoLpreuss, Petrefacta germaniae, p. 205, pl. 139, fig. 1 à, b, c. 1882, Diceras speciosum var. aequivalvis. G. Boeum, Die Fauna des kelheimer Diceras-Kalkes, p. 83, pl. 27 [11], fig. 1, 2, pl. 29 [13], fig. 1-2. 1882. Diceras speciosum var. inaequivalvis. G. Bogam, idem, p. 84, pl. 28 [12] 1910. » Û LS Û SEMIONESOU, Studii geologice si paleontologice din Dobrogea. 2, Lamellibranchiatele, p. 27 Le Diceras speciosum est très polymorphe. BœHM a déjà montré sa grande variabilité dans le développement des crochets. Nous verrons plus loin que, tant par la forme extérieure que par certains de ses caractères internes, cette espèce ne possède aucune fixité. Les Diceras sont fréquents au Salève dans la couche à Matheronia salevensis. Au premier abord, ils paraissent appartenir à plusieurs espèces bien distinctes, mais, grace à un matériel abondant, nous avons pu constater qu'il s’agit de plu- sieurs formes reliées entre elles par des intermédiaires et qu'on peut toutes rap- porter à Diceras speciosum. La forme typique de cette espèce, telle que l’a décrite BŒHM, existe au Salève (PI. 19, fig. 10, 11, 12, pl. 20, fig. 1, pl. 21, fig. 1-2); elle est équivalve ou pres- que, les crochets sont médiocrement développés, l'ouverture des valves est presque circulaire, cependant un peu plus haute que large. MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 51 108 JULES FAVRE La valve droite possède une charnière bien développée. La dent 3 D est très grande, arquée, s’élevant d'abord perpendiculairement au plan de commissure des valves, puis se courbant un peu vers le bord supéro-postérieur ; à sa partie basale inférieure, elle présente un petit bourrelet saïllant qui borde la fossette A Il'. Cette fossette est profonde, très variable: peu arquée en général, elle l’est parfois très fortement (fig. 7 a, pl. 23). La dent A I est assez développée, très variable dans sa forme, plus ou moins allongée dans le sens antéro-postérieur. La lame myophore postérieure est très forte et assez éloignée du plateau cardinal sous lequel elle s’en- fonce. L'arête myophore antérieure est saillante et s'enfonce dans la cavité umbo- nale. L'impression musculaire antérieure est allongée, subquadrangulaire, elle présente des stries parallèles entre elles et dirigées parallèlement à l’arête myo- phore. L’impression musculaire postérieure, au contraire, est ovale et montre des stries concentriques (voir surtout fig. 5, pl. 23). La valve gauche est plus caractéristique. La dent A IT est forte, peu arquée, présentant à sa face inférieure une large dépression très peu profonde en général, la fossette AI’. La fossette 3 D! est très grande, profonde, arquée. À la limite de cette fossette et de la dent AIT, existe un léger bourrelet visible surtout dans la région postérieure. On observe dans toutes les valves gauches un rudiment de dent latérale PIT (voir surtout fig. 12, pl. 19). L’arête myophore antérieure est assez Fig.17. — Section horizontale antéro-postérieure d’une valve gauche de Diceras Speciosum, passant par le milieu de l'impression musculaire antérieure et la dent latérale postérieure rudimentaire PII. p, plateau cardinal; la, arête myophore antérieure; /p, arête myophore postérieure; 30”, fossette cardinale postérieure. Gross. x< 1. saillante, elle ne présente rien de particulier. Par contre, le caractère fondamental de Diceras speciosum est donné par la lame myophore postérieure, qui s’est rap- prochée du plancher cardinal jusqu’à se souder à lui. Le bord distal de cette lame MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 109 reste cependant visible; il forme une arête faisant saillie sous le plateau cardinal (fig. 17, texte ; pl 19, fie. 12, pl. 20, fig. 12; pl. 23, fig. 6). L'impression musculaire postérieure est donc sur le prolongement du plancher cardinal. En dehors de la forme typique, il existe des variations dans plusieurs sens. Variété A. L'ouverture de la valve devient plus ovale; l'appareil cardinal se raccourcit dans le sens antéro-postérieur. En même temps, les crochets s'accu- sent, s’enroulent, et on arrive à un type qui, tout en restant équivalve, a des cro- chets fortement développés (pl. 20, fig. 3 a, 3 b; pl. 21, fig. 3). Variété B. Inverse de la précédente. La forme de l'ouverture devient cireu- laire, puis plus large que haute, l'appareil cardinal s’étire dans le sens antéro-pos- térieur, la coquille devient plus mince, les crochets sont très peu développés, peu saillants, obtus, la cavité umbonale devient très spacieuse (pl. 21, fig. 4-5; pl. 22, fig. 1 à 4). Si l’on compare les formes extrêmes des séries A et B, (p. ex. les fig. 3, pl. 20 et 3, pl. 21, avec les fig. 4, pl. 21 et 2, 4, pl. 22), on peut se rendre compte de l'étendue de la variation de cette espèce. Des matériaux insuffisants auraient pu conduire à la création de deux espèces en apparence très distinctes. Variété C. C’est la plus intéressante, car elle affecte les caractères internes. La lame myophore postérieure de la valve droite se rapproche du plancher cardinal, puis se soude avec lui, son bord distal restant cependant individualisé et formant une arête courant sous le plateau cardinal dans la cavité umbonale, C’est un phéno- mène tout à fait semblable à celui qui s'était produit pour la lame myophore posté- rieure de la valve gauche. On voit ce processus s'opérer progressivement (pl. 23, fig. 1 à 4) et atteindre son maximum chez les individus représentés pl. 23, fig. 5, 7 et 8. Par ses caractères extérieurs, cette variété est très variable, ses crochets sont peu développés, l'ouverture des valves est circulaire parfois, mais en général plus haute que large. Au point de vue phylogénique, cette variété est intéressante. L'espèce type, par son impression myophore gauche arrivant au niveau du plancher cardinal, montre déjà un acheminement vers Aeterodiceras. La variété C se rapproche extrêmement de ce genre, puisque l'impression musculaire postérieure droite vient aussi se relier au plancher cardinal. Le stade Aeterodiceras est ainsi presque réalisé, l'impression musculaire antérieure droite, seule, n’a pas encore atteint ke plateau cardinal. Rapports et difjérences. Par les caractères tout particuliers de sa lame myo- phore postérieure gauche, Diceras speciosum ne peut être rapproché que du D. beyrichi G. Bœhm, qui présente une disposition un peu analogue. Dans cette der- nière espèce, l'impression musculaire postérieure gauche, qui est aussi sur le pro- AAO JULES FAVRE longement du. plateau cardinal, est située sur la coquille même et non sur une lame myophore. Cette impression musculaire est toutefois bordée, à sa partie antérieure, par une arête myophore qui est l’homologue de la lame du D. speciosum. GEMMELLARO a rapporté à Diceras escheri de Lor., une espèce du Tithonique de Sicile qui appartient plutôt à la variété B du D. speciosum, car elle possède les mêmes particularités de la lame myophore postérieure gauche, tandis que les caractères internes du Diceras escheri sont encore inconnus. G. BœM a déjà attiré l'attention sur la nécessité qu’il y a de posséder un matériel abondant pour la détermination des Diceras. En effet, la forme extérieure est souvent d’un secours presque nul. Les deux valves aussi sont tout à fait néces- saires; ainsi, plusieurs de nos valves droites ne peuvent pas être distinguées de celles des D. cotteaui Bayle, D. sinistrum Desh., D. beyrichi G. Boehm. Grisement. Cette espèce est abondante dans la couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, au haut des Etiollets, au bas de la Grande Gorge. On la trouve aussi, mais plus disséminée, dans la Grosse oolite à la gorge de la Mule et à l'Est de la Petite Gorge. Nombre d'exemplaires : 10 individus bivalves dont 5 ont été cassés pour con- naître les rapports existant entre les deux valves. 26 valves droites préparées et 9 valves gauches préparées. Un certain nombre de valves isolées non préparées. MATHERONIA SALEVENSIS n. sp. (PI. 24, fig. 1-14.) Matheronia de taille moyenne, atteignant une dimension maximale de 6 cen- timètres. Test présentant les deux couches caractéristiques reconnues dans ce genre, Valves très inégales. La gauche, fixée, a un crochet saillant enroulé en hélice, pouvant atteindre trois tours et demi (fig. 6, pl. 24), mais n’en comptant en moyenne que deux et demi à trois. Elle est carénée chez le jeune seulement, et un peu comprimée ; la face du crochet est aplatie et parfois même un peu concave (p. ex., pl. 24, fig. 2), la face opposée est arrondie. La carène des pre- miers tours parait être due en grande partie à la fixation. L’ornementation est constituée par les lamelles transversales d’accroissement, assez peu marquées, et, sur la face du crochet, par des côtes longitudinales irrégulières, peu. accusées ‘ (fig. 7, pl. 24). L’enroulement est un peu variable, les formes à plus grand nom- bre de tours s’accroissant en diamètre moins rapidement que les autres (compa- rer les figures 1 et 6, pl. 24). _itè NAS L' 12 VS v MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE AN La valve droite (libre) est operculiforme, légèrement spiralée, à crochet non saillant, à carène nulle ou à peine indiquée et côtoyant le bord postérieur. Curactères internes : Valve gauche (fixée), (fig. 8-9, pl. 24 et fig. 18 texte). Fig. 15, — Valve gauche, fixée, de Matheronia Fig. 19. — Valve droite, libre, de Matheronia salevensis, gross. X 1. Al’ et AII, éléments salevensis, gross. X 1. AI et AIT’, éléments latéraux antérieurs; 3 b’ fossette cardinale; PZI, latéraux antérieurs; #b, dent cardinale; PI" dent latérale postérieure; L, ligament; ma, im- fossette latérale postérieure; pour les autres pression musculaire antérieure; #p, impression lettres voir fig. 18. musculaire postérieure. Cavité umbonale très spacieuse, Dent médiane A II forte, conique, droite, contiguë au bord antérieur de la valve. La fossette A L' est creusée dans la partie inféro- postérieure de la dent A IT: elle est assez profonde. La fossette 3 b' est très déve- loppée et occupe la plus grande partie du plancher cardinal. La dent latérale posté- rieure P IT est rudimentaire, elle est représentée par un bourrelet allongé, postérieur au ligament. Ce dernier est situé dans une dépression longeant le bord supérieur de la commissure des valves. Impression musculaire antérieure oblongue, superfi- cielle, n'ayant pas déterminé d’épaississement du test. Impression musculaire posté- rieure allongée, plus grande, délimitée chez l’adulte seulement, par une arête très obtuse s’enfonçant dans la cavité umbonale, rudiment de lame myophore, qui ne s'étend guère au delà de la moitié du dernier tour. Valve droite (libre), (fig. 10-14, pl. 24 et fig. 19 texte). Appareil cardinal plus puissant que chez toutes les espèces de Matheronia connues; la hauteur du plancher cardinal atteint ou dépasse même le tiers du plus grand diamètre de l’ou- verture., La dent 3 à est très grande, triangulaire, dirigée obliquement en avant, déversée en dehors et courbée de façon à devenir parallèle au plan de commissure des valves et à dépasser de beaucoup le bord supérieur; elle présente un méplat s'étendant de son sommet jusqu'à la partie postérieure de sa base et elle forme en ce point une apophyse peu marquée dominant l'impression musculaire postérieure. La dent A I est conique, assez peu développée, mais toutefois plus saillante que dans les autres espèces de Matheronia. Entre les deux dents et à la partie anté- rieure de leur base est creusée la fossette médiane A Il, conique et assez profonde. 419 JULES FAVRE En arrière de la dent 3 b, il existe une dépression allongée, très peu profonde, P Il”, faisant suite au ligament qui est très court et logé dans un sillon étroit situé à la partie externe de la base de cette dent 3 b. Cavité umbonale relativement profonde, étant donné la forme operculaire de la valve (fig. 20 à). 5 Impression musculaire antérieure allongée (voir surtout fig. 13, pl. 24), s’éten- Fig. 20.— Sections verticale-(a) et horizontale (b) de la valve droite de Matheronia salevensis, gross. x 1. dant jusqu’à la base de la dent A I; elle est supportée par un épaississement consi- dérable du test et est délimitée par une crête mousse de la cavité umbonale (fig. 20 b). Impression musculaire postérieure plus petite, ovale, arrivant jusqu’à la base de la dent 3 b; elle est supportée par une lame, prolongement du plancher cardinal, qui surplombe la cavité umbonale (fig. 20 b). Sauf dans la région ligamentaire, une gouttière servant à loger le bord libre du manteau s'étend sur tout le pourtour de la va:ve (voir surtout fig. 12 à, pl. 24). Rapports et différences. Matheronia salevensis par le développement considé- rable de son appareil cardinal ne peut être confondue avec aucune des espèces cré- tacées connues. C’est avec M. romani Paq. qu’elle a le plus d’affinités. Elle s’en distingue par sa taille plus petite, par sa valve inférieure à crochet beaucoup plus enroulé et à tours plus détachés, par le manque de carène dans les derniers tours, par la présence d’une dent P IT rudimentaire et d’une faible arête myophore. La valve supérieure se distingue de celle de A. romani principalement par sa carène qui est rudimentaire ou nulle, par son enroulement en spirale, et par sa dent 3h qui est plus longue, déversée. Il faut encore noter que la hauteur du plateau car- dinal, qui atteint ou dépasse même le tiers du plus grand diamètre de l’ouverture chez l'espèce du Salève, ne mesure que le quart ou le cinquième de ce diamètre chez I. romani. Matheronia strambergensis (Blaschke), du Tithonique de Stramberg, est très incomplètement connue. Elle paraît néanmoins se différencier de l'espèce du Salève par sa valve inférieure à crochet moins développé et à tours moins nombreux, par RS dos MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE A3 sa valve supérieure moins operculaire et carénée. En outre, les lamelles de la couche externe du test sont beaucoup plus fortes. Le sous-genre Monnieria créé par PAQUIER!, ne nous parait motivé que par des caractères secondaires qui pour la plupart existent dans les Matheronia typi- ques du crétacé. Ainsi, la valve droite non spiralée se retrouve chez plusieurs espèces crétacées, la carène de la valve inférieure existe par exemple chez A7. vir- giniæ À. Gras, et M. aptiensis Math. D'autre part, l'espèce du Salève, plus an- cienne pourtant que AZ. romani et fort voisine d'elle par la puissance de son appa- reil cardinal, possède contrairement à cette dernière espèce, une valve supérieure à carène nulle ou presque et une dent 3 D très longue, déversée. Il ne subsiste done, pour caractériser Monnieria, que l'appareil cardinal plus robuste que chez les Ma- theronia typiques du Barrémien, caractère qui ne nous parait pas suffisant pour créer un sous-genre. Gisement. Matheronia salevensis est abondant au Salève, mais localisé dans une seule couche appartenant au Portlandien inférieur. Le plus souvent, cette espèce est très difhicile à dégager de la roche, ce n’est qu'à de rares endroits, comme au haut des Etiollets, à Chavardon, où la roche devient un peu crayeuse, qu'il est pos- sible d'en obtenir de bons exemplaires. Nombre d'exemplaires : 25 individus complets, 25 valves inférieures dont deux préparées et 20 valves supérieures préparées. Phylogénie du genre Matheronix. L'espèce de ce genre qui se rencontre au Salève présente un assemblage de carac- tères assez singulier, qui la rapproche à la fois des Matheronia typiques et du genre Hypelasma Paquier. Nous avons même pensé à la classer dans ce dernier genre à cause de la présence à sa valve gauche, chez l’adulte, d'un rudiment de lame myo- phore. D'autre part, plusieurs caractères l'en éloignent, comme par exemple, sa valve supérieure non déjetée vers le bord postérieur, sa fossette A 1! qui est bien développée. Par contre, notre espèce, par son port général, par l’ensemble des ‘aractères de sa charnière, vient se rattacher franchement au genre Matheronia et particulièrement à A7. romani Paq. du Tithonique supérieur du Gard. Grâce à l’ensemble des caractères que nous avons passés en revue plus haut, Matheronia salevensis, qui est du reste l’espèce la plus ancienne actuellement connue du genre, doit être la souche : ! Bull. Soc. géol. France (3), vol. 25, p. 843. 414 JULES FAVRE 1° des Matheronia du Tithonique supérieur et du Crétacé qui montrent une réduction progressive de l’appareiïl cardinal. 2° du genre Æypelasma par le développement progressif de la lame myophore postérieure de la valve inférieure. L'hypothèse émise par PAQUIER, suivant laquelle Toucasia et Apricardia ne dériveraient pas, comme il peut sembler au premier abord, de Diceras, mais de for- mes comme Âlypelasma, ayant acquis progressivement leurs lames myophores, est confirmée par la découverte de Matheronia salevensis chez laquelle cet organe est encore fort peu développé. Nous pensons donc pouvoir établir la filiation suivante : Matheronia salevensis — Hypelasma — Toucasia — Apricardia. Il reste maintenant à établir l’origine du genre Matheronia. En effet, l'espèce du Salève possède déjà les caractères très nets du genre et se trouve dans le Port- landien inférieur, où le genre Æeterodiceras est seulement en voie de se détacher du genre Diceras. En outre, DE LORIOL a figuré! sous le nom de Diceras bourgeati, une valve inférieure de Rudiste qui, par sa forme extérieure, appar- tient à n’en pas douter au genre que nous étudions. Il n’est donc pas possible de chercher l’origine de Matheronia dans le genre /eterodiceras, ainsi que l'ont fait H. DOUVILLÉ et PAQUIER. Plesiodiceras, par contre, possède les plus grandes affinités avec Matheronia salevensis. Le premier de ces genres possède déjà la grande inégalité des valves que l’on observe chez le second, la valve inférieure étant très développée et assez for- tement enroulée, la valve supérieure, faiblement spiralée, à crochets non saillants, et tendant à devenir operculiforme. La dent 3 d de Plesiodiceras (pl. 24, fig. 15-17), parallèle au plan de la commissure des valves et même déversée vers l'extérieur, triangulaire, à sommet dirigé en avant, présente les mêmes caractères, mais accusés dans Matheronia salevensis. Heterodiceras, par contre, ne montre rien de sembla- ble, sa dent 3 b étant auriculiforme, arrondie, dirigée obliquement en arrière. La plus grande différence qui existe entre Matheronia et Plesiodiceras (comme aussi du reste entre /eterodiceras et le premier de ces genres), consiste dans le fait que l'impression musculaire postérieure de la valve gauche se trouve sur le prolonge- ment du plancher cardinal dans le second de ces genres et sur le test même dans le premier. Plesiodiceras montre cependant des caractères transitoires permettant de passer à Matheronia. En effet, un certain nombre d'exemplaires de Plesiodiceras munstleri, de Valfin, possèdent une lame myophore peu accusée s’enfonçant dans la cavité umbonale?. Chez ces individus, le muscle postérieur s’insérait en partie ! Etudes sur les Mollusques des couches coralligènes de Valfin, pl. 29, fig. 2 (non 1). ? C'est cette particularité qui à déterminé G. Boum (Die Fauna des kelheimer Diceras-Kalkes p. 160) à créer la nouvelle espèce P. valfinense ; mais, à Valfin, on trouve ensemble des individus qui ont re) y TA TS MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE MAS sur le prolongement du plateau cardinal, en partie sur le test même. Il nous semble donc que rien ne s'oppose à la conclusion que Matheronia dérive de Plesiodiceras. Nous donnons (pl. 24.) des figures montrant la grande analogie des valves droites de ces deux genres. Les figures 17 et 16 représentent des échantillons de P. munsteri du Kimeridgien d’Ambléon (Aïn), aimablement communiqués par M. l'abbé RICHARD, de Bellay; la fig. 15 représente la même espèce, du Kimeridgien de Silan, près Nantua (Ain); enfin les figures 12, 11, 10 représentent Matheronia salevensis. VALLETIA ANTIQUA D. Sp. (PI. 25, fig. 1-12.) Coquille inéquivalve, à valve droite (fixée) plus enroulée et plus développée que la gauche. Les deux valves sont fortement carénées, surtout dans le jeune âge, La carène détermine deux faces, l’antérieure concave, la postérieure fortement convexe. Il n'y à pas d'autre ornementation du test que les stries transversales d’accroissement, d’ailleurs assez peu marquées. Caractères internes. Valve gauche (libre) (Fig. 4-8, pl. 25 et fig. 21 texte). Cavité umbonale assez spacieuse. Il n'existe pas trace de la fossette AT’. La dent AIT est très saillante, et s'élève perpendiculairement au plan de commissure des Fig. 21.— Valve gauche, libre, de Valketia an- Fig. 22. — Valve droite, fixée, de Valletia anti- tiqua, gross. X 1,5. Pour l'explication des let- qua, gross. >< 1,5. Pour l’explication des lettres tres, voir les fig. 18 et 19. voir les fig. 18 et 19. valves; elle est pointue et présente, sur sa face supérieure, une large rainure héli- coïdale. Fossette 3 D’ très vaste et profonde, arquée. Dent PIT assez peu déve- loppée, affectant la forme d’un bouton ovale ou arrondi, placée très en avant grâce au raccourcissement du ligament. Le sillon ligamentaire naît à la partie antérieure cette lame myophore, d’autres qui ne l’ont pas et des formes intermédiaires. Il paraît done douteux que l'espèce de Boexm puisse être conservée. MÉM. SO0, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 52 116 JULES FAVRE de PII et côtoie de très près le bord commissural des valves; il se continue jus- qu’au sommet du crochet. Muscle adducteur antérieur s’insérant sur une surface horizontale au niveau du plancher cardinal et produite par un épaississement du test. L’impression mus- culaire est allongée et s'étend presque jusqu’à l’angle du bord inférieur de la valve. Impression musculaire postérieure un peu moins allongée que la précédente, de surface à peu près égale, placée sur le plancher cardinal, s’avançant près du bord supérieur de la valve, entre la fossette 3 D! et le bord postérieur. Valve droite (fixée) (fig. 9 à 12, pl. 25 et fig. 22 texte). Cavité umbonale assez spacieuse. La dent AT fait complètement défaut. Fossette AIT profonde, arquée, à concavité dirigée vers le bord supérieur de la valve; elle est séparée de la cavité umbonale par une mince cloison. La dent 3 D est grande, arquée; elle s’élève normalement au plan de commissure des valves. Fossette PII' peu développée, circulaire ou ovale. Impression musculaire antérieure déclive, très allongée, s'étendant presque jusqu'à l'angle du bord inférieur de la valve. Impression musculaire postérieure horizontale, située sur le plancher cardinal, pénétrant entre la dent 3 b et le bord postérieur et limitée dans la région supérieure par la fossette PI". Elle est allongée, sa surface égale ou dépasse un peu celle de l'impression musculaire antérieure. Rapports et différences. 1 n’est pas possible de confondre Valletia antiqua avec les V. tombecki Mun. Chalm., V. pileti Mun. Chalm., V. germamni P. et C., V. lorioli P. et C., qui n’ont pas de carène et dont les caractères internes, pour autant qu'ils sont connus, diffèrent beaucoup. V. antiqua a beaucoup plus d’affinité avec V. michaillensis P. et C. du Barrémien, espèce très polymorphe. On distinguera toujours l'espèce du Salève par ses crochets plus volumineux, par la carène des valves plus accusée (qui n'existe pas toujours chez W. michaillensis), par sa valve inférieure ne présentant pas de tendance au déroulement. Par les caractères internes, ces deux espèces se distinguent aussi aisément. La dent 3 b, chez Val- letia michaillensis, n'a pas l'aspect auriculiforme de celle de V. antiqua; elle est plus longue et plus pointue, les deux dents AIT et PII sont plus égales que dans l'espèce du Salève. Par ce dernier caractère, V. michaillensis est intermédiaire entre les genres Valletia et Monopleura. Gisement. Cette espèce est localisée dans la couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur; nous l'avons recueillie au haut des Etiollets, à Chavar- don, au bas de la Grande Gorge, aux rochers de la Balme au-dessus de Pomier. Nombre d'exemplaires : 5 individus bivalves, 7 valves droites préparées et 15 valves gauches préparées. MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 417 Phylogénie de Valletia. La découverte d’une Valletia très typique dans le Portlandien inférieur, où les Heterodiceras ne sont pas encore connus, ne permet plus de faire dériver le pre- mier de ces genres du second, ainsi que l'avait établi H. DOUvILLÉ!. Parmi les Rudistes antérieurs au Portlandien, c’est incontestablement Plesiodiceras, connu déjà dans le Séquanien supérieur (?. sanctæ verenæ (Thurm.)), qui possède le plus d’afhinités avec Valletia. La dent AT de Plesiodiceras, assez peu développée, dispa- rait dans Valletia. La dent latérale postérieure PIT apparait rudimentaire chez un certain nombre de 2. munsteri que nous avons préparés; elle existe toujours chez Valletia, quoique peu développée. Enfin, dans les deux genres, les impressions musculaires émigrent entre la dent 3 b ou la fossette 3 b' et le bord postérieur. Ce dernier caractère, déjà indiqué par MUNIER CHALMAS, parait très important, car il se retrouve chez toutes les formes primitives de la série dite inverse (Gyropleu- rinés et Monopleurinés), tandis que Plesiodiceras est le seul Dicératiné qui le pré- sente. Il existe certainement d’assez notables différences entre Valletia et Plesiodi- ceras. Aïnsi, la valve droite de ce dernier genre, qui est libre, tend à devenir operculiforme, est très développée et fixée chez le premier. Toutefois, quand on voit des phénomènes analogues se produire au sein d’un même genre (Chama), il ne semble pas qu'il faille leur accorder une trop grande importance. Les considérations qui précèdent permettent, ce nous semble, d'admettre que les Rudistes de la série dite improprement inverse, dont Valletia est le premier représentant, dérivent de la série normale, non pas de /eterodiceras, mais de Plesiodiceras, et cela suivant les deux processus suivants, indiqués déjà, le premier par H. DouviLLé et le second par MUNIER CHALMAS : 1° Régression et disparition de la dent cardinale AT et de la fossette corres- pondante Al"; développement progressif de la dent latérale postérieure PTIT. 20 Emigration des impressions musculaires postérieures entre les dents ou fossettes cardinales et le bord postérieur de la valve. Phylogénie des Rudistes jurassiques. L'origine du genre Diceras est encore très obseure. Il est peu probable qu'il dérive, ainsi que le pense G. BœHM*, du genre ?rotodiceras Bœhm, des calcaires ! Bull. Soc, géol. France. (3), vol. 15, p. 756, 1886-1887. ? Berichte der Naturforsch. Gesell, Freiburg in Brisgau, vol. 6, part. 2, p. 53, 1891. AAS JULES FAVRE gris hasiques de Vénétie. Les deux genres ont, il est vrai, une charnière analogue, mais il existe un hiatus si grand entre eux qu'il faudrait, tout au moins, trouver quelques formes intermédiaires dans le Dogger pour être certain de cette filiation. Il peut y avoir, entre ces deux genres, une analogie due seulement à une adapta- tion à des conditions semblables, sans qu'il y ait de parenté réelle, d'autant plus que, parmi les premières espèces de Diceras connues, certaines d’entre elles comme D. kobyi de Lor., sont beaucoup moins spécialisées que Protodiceras. La forme la plus primitive, actuellement connue, est certainement Diceras Kobyi de Lor., du Rauracien du Jura bernois, car elle a des crochets très peu déve- loppés, un test relativement très mince, une charnière peu robuste à dent 3 D beau- coup moins développée que chez tous les autres Diceras. Enfin, les impressions musculaires ne sont pas portées par de véritables lames myophores, mais elles sont seulement limitées, du côté interne, par de simples arêtes obtuses et très peu saillantes. Dès l'apparition du genre, dans le Rauracien, on constate déjà des espèces nombreuses. Les unes sont fixées par la valve gauche (groupe du D. sinistrum) et paraissent les plus primitives, puisque c’est parmi elles qu’on trouve les formes les moins spécialisées (D. kobyi). Les autres sont fixées par la valve droite (groupe du D. arietinum). Tandis que les espèces du premier groupe persistent jusqu'au Crétacé inférieur (D. escheri), c'est-à-dire aussi longtemps que le genre lui- même, et atteignent leur développement maximal dans le Portlandien, les autres disparaissent déjà dans le Kimeridgien, après avoir eu leur plus grand épanouisse- ment peu après leur apparition, dans le Rauracien. Le premier rameau qui se détache de la souche Diceras a pour tête de ligne Piesiodiceras, genre à valve droite presque operculiforme, aux impressions muscu- laires sur le prolongement du plateau cardinal et à dent 3 b déversée. Ce genre, déjà individualisé dans le Séquanien supérieur (P. sanctæ verenæ), persistera jusque dans le Portlandien moyen. La filiation de Plesiodiceras se fait vraisembla- blement par l'intermédiaire de formes rauraciennes telles que Diceras moreaui Bayle, à valves très inégales, dont l'une tend à devenir operculiforme, à charnière présentant déjà des affinités avec Plesiodiceras, comme par exemple sa dent 3 à qui prend la forme triangulaire et qui se déverse. Les lames myophores de cette espèce s'enfoncent toutefois encore dans la cavité umbonale. Le D. buvignieri Bayle, du même étage, paraît également former une transition, sa forme extérieure rappe- lant Plesiodiceras, ses impressions musculaires postérieures, comme dans ce der- nier genre, étant situées sur le prolongement du plateau cardinal; ses impressions musculaires antérieures, par contre, sont encore celles de Diceras. Ce premier rameau sera le plus développé; il donnera naissance à la presque MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 119 totalité des Rudistes. De Pesiodiceras, il est facile, comme nous l'avons vu, de passer au genre Matheronia, connu depuis le Ptérocérien, par l'exagération de l'inégalité des valves, par la réduction progressive de la dent AT et de la fossette A T' et par le grand développement de 3 D qui s’allonge et se déverse. La principale différence apparaît dans le fait que Matheronia a les muscles adducteurs de la valve gauche non insérés sur le prolongement du plateau cardinal, mais directement sur la coquille et sans l’aide de lames myophores. Il est possible de trouver des formes de passage dans certains individus de Plesiodiceras munsteri, de Valfin, qui possèdent une arête myophore postérieure gauche et dont l'impression musculaire postérieure gauche est située à moitié sur le prolongement du plateau cardinal et à moitié sur le test ; chez Matheronia salevensis, cette impression musculaire à abandonné le plateau cardinal, mais l’arête existe à l’état rudimentaire pour disparaitre complètement dans les autres espèces de Matheronia. C’est de ce dernier genre que doivent descendre les Requienia, formes très voisines, qui ne diffèrent guère par l’organi- sation générale de leur charnière et leur mode d’insertion des muscles adducteurs. PAQUIER a déjà émis l'hypothèse que Toucasia, caractérisé par ses lames myophores postérieures, pourrait ne pas dériver de Diceras, malgré l’analogie qu'on peut observer entre ces deux genres. Les lames myophores, pour cet auteur, sont un caractère récemment acquis et l’ancêtre probable de ce genre est Æypelasma, du Tithonique, qui possède seulement une arête myophore postérieure gauche. La découverte de Matheronia salevensis vient à l'appui de l'hypothèse de PAQUIER, car cette espèce possède à la valve gauche, chez l’adulte seulement, un rudiment d’arête myophore postérieure. Il semble donc qu'on puisse admettre la filiation sui- vante : Plesiodiceras — Matheronia salevensis ou forme voisine — Hypelasma — Toucasia. C'est encore de Plesiodiceras que doit descendre la série des Rudistes improprement nommée inverse, qui sera si richement représentée dans le Crétacé. Cette série diffère du groupe des Dicératinés, ainsi que l’a montré DOUVILLÉ par le développement de la dent latérale postérieure et la disparition de la dent cardinale A I. Le premier genre de cette série est Valletia, connu actuellement depuisle Port- landien inférieur. La transition entre Plesiodiceras et le genre précédent est facile à saisir. Les impressions musculaires ont la même disposition caractéristique dans les deux genres, où on voit que les postérieures ont émigré entre la dent 3h ou sa fossette 3 b' et le bord postérieur. La dent AT, déjà peu développée chez Plesio- diceras, disparait chez Valletia, tandis que la dent latérale postérieure P IT, rudi- mentaire chez certains individus du premier genre, se développe dans le second, sans toutefois atteindre la force de la dent cardinale A IT. Ce n’est que dans les genres crétacés, Monopleura et Gyropleura, que l'égalité de taille des dents de la valve gauche est acquise. 420 JULES FAVRE L'ancienne souche Diceras donne encore naissance, mais beaucoup plus tar- divement, au genre Heterodiceras. Pendant le Kimeridgien supérieur et le Portlan- dien inférieur, on voit, chez plusieurs espèces du premier de ces deux genres, les lames myophores arriver au niveau du plancher cardinal et souvent se souder à lui. Chez D. speciosum Munst., D. beyrichi G. Bœhm, ce processus se produit pour la lame myophore postérieure gauche ; chez D. sinuatum G. Gemm., D. affine G. Gemm., pour la lame myophore postérieure droite et enfin chez D. speciosum variété C du Salève, les deux impressions musculaires postérieures sont sur le pro- longement du plateau cardinal, réalisant ainsi la disposition que l’on rencontre chez Heterodiceras. Cependant, toutes les espèces de Diceras ont encore l’arête myo- phore antérieure droite qui s'enfonce dans la cavité umbonale, caractère qui dispa- raitra chez Heterodiceras. Il est à remarquer, toutefois, que si par le processus étudié plus haut, le genre Barrémien Reyuienia Loucasia Aauterivien Valanginien Go pu onopleura | Porllandien y RCE Meterodic. Volletia Aeterodiceras Malheronia KAimeridgien L £ Plesiodiceras 5 éguanien Rauracien Diceras Fig. 23. — Tableau généalogique des Rudistes jurassiques, MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 121 Diceras, a pu engendrer Æeterodiceras, il est possible également que Plesiodiceras ait donné naissance à certaines espèces du genre en question. En effet, ces deux gen- res sont très voisins. Leurs muscles adducteurs sont insérés sur le plateau cardinal et les éléments de la charnière sont à peu près les mêmes; la dent 3 b cependant est triangulaire, pointue et franchement dirigée en avant chez Plesiodiceras, tandis qu'elle est auriculiforme et arrondie chez Æeterodiceras. Hs diffèrent encore par leur forme extérieure, l’un étant presque équivalve, l’autre possédant la valve droite operculaire, et par leurs impressions musculaires postérieures qui chez Plesiodi- ceras émigrent entre les dents cardinales et le bord postérieur. Il est donc très possible que Æeterodiceras ait une double origine, mais les matériaux que nous possédons actuellement sont encore trop insufhisants pour trancher la question. Le tableau généalogique, fig. 23, résume tout ce qui vient d’être dit dans les pages précédentes. CARDIUM (PTEROCARDIA) CORALLINUM Leym. (PI. 25, fig. 21 et pl. 34, fig. 1.) Pour la bibliographie de l’espèce, voir ve Lorror, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Val- . fin, p. 234. Il y a lieu d'ajouter : 1891. Cardium (Pterocardia) corallinum. ve Lorroz, Etudes sur les Mol. des couches corall. inf. du Jura bernois, 3me part.. p. 155, pl. 20, fig. 1-8. 1897. Cardium corallinum. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 808. 1903. » , Rewes, Nachträge zur Fauna von Stramberg ; 4, Ueber Bivalven der stram- berger Schichten, p. 189. 1905. Cardium corallinum. Krumskck, Die Brachiopoden und Molluskenfauna des Glandarienkalkes, p. 119 [55], pl. 12 [5], fig. 8. 1906. Cardium corallinum. PÉRON, Les Pélécypodes rauraciens et séquaniens, p. 65 [33]. 1910. , » SrMtoNESsOU, Studii geologice si paleontologice din Dobrogea, 2, Lamelibran- chiatele, ete., p. 28, pl. 1, fig. 2. 1912. Cardium (Pterocardium) valfinense. Rouzrer, Fossiles nouveaux ou peu connus des terrains secondaires du Jura, p. 139. 1912. Cardium (Pterocardium) buvignier:. RozLrer, id. p. 138. 1912. , , wimmisense. RoLLIER, id. p. 140. 1912. » , cochleatum. » » p. 140. 1912. , , alatum. » » p. 140. - L'étude de cette espèce si discutée a été reprise récemment par ROLLIER (loc. cit.), qui établit 5 espèces au dépens de celle de LEYMERIE. C. buvignieri Desh., pour la forme du Rauracien de la Meuse, de l’Aube, de l'Yonne et du Jura bernois. C. valfinense Rollier, pour la forme du Ptérocérien de Valfin. C. wimmisense Rollier, pour celle du Tithonique de Wimmis. C. cochleatum Quenst., pour celle du Tithonique de Kelheïm et de Stramberg. PE OURS Po) L'ON ET ER PENTIER ST ENTRER 429 JULES FAVRE C. alatum de Luc, pour celle de l’Infranvalanginien à Æeterodiceras luci du Salève. Il est incontestable, en effet, que le Cardium corallinum des auteurs à subi des variations depuis le moment où il apparaît dans le Rauracien, Jusqu'à celui de sa disparition dans l’Infravalanginien. Si l’on suit cette espèce d'étage en étage, on peut se rendre compte que son évolution se fait approximativement de la façon suivante : a) La taille augmente; b) Le test augmente d'épaisseur ; c) L'appareil cardinal se renforce ; d) Le nombre des côtes se réduit; e) L’aile devient plus ample et ensuite reste stationnaire. Mais ces modifications ont lieu si graduellement qu'il ne nous parait guère possible de pratiquer des coupures spécifiques dans le C. corallinum tel qu'il a été compris par les auteurs. Aussi pensons-nous qu'il est bien préférable de considérer comme variétés les espèces peu caractérisées que ROLLIER propose. La variété buvignieri Desh., rauracienne, mérite d’être conservée. Elle se distingue par sa petite taille, la faible épaisseur du test, par ses nombreuses côtes (les échantillons du Musée de Genève en possèdent 52 à 53) et par son aile peu développée. La variété valfinense Roilier diffère de la précédente par son aile généralement plus ample, par sa charnière plus forte, à dent latérale antérieure droite très sail- lante et surplombant l'impression musculaire et enfin par son test plus épais. Le caractère tiré du nombre de côtes par ROLLIER ne paraît pas avoir de valeur, les exemplaires de C. corallinum de Valfin que possède le Musée de Genève nous ont donné 52 à 57 côtes, nombre égal ou supérieur même à celui de la variété buvignieri. Les exemplaires portlandiens du C. corallinum du Salève, au nombre de 6, appartiennent à la variété valfinense ; ils sont en général en mauvais état, roulés; le petit exemplaire que nous figurons pl. 25, fig. 21, compte 55 côtes; un autre exemplaire que nous a communiqué M. le Professeur SCHARDT en compte 52. Nous avons recueilli cette espèce dans le Portlandien inférieur, tant dans la couche à Matheronia salevensis que dans la Grosse oolite. Nous n’avons rien de particulier à dire au sujet de la variété cochleatum Quenst., sinon qu’elle est encore fort mal définie. La nouvelle variété wimmisense Rollier, incomplètement connue, est probablement identique à la variété de QUENSTEDT, dont BŒHM a donné quelques caractères qui peuvent tout aussi bien MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 123 se rapporter à la variété de Wimmis. En tout cas, le caractère du faible dévelop- pement de l'aile, indiqué par ROLLIER pour sa variété, ne peut être invoqué, car les exemplaires de Wimmis que possède le Musée de Genève ont cet organe beau- coup plus saillant que chez les individus figurés par OOSTER (Corallien de Wimmis), et même aussi saillant que dans la var. valfinense. Nous pouvons donner quelques renseignements au sujet de la variété alatum de Luc, que ROLLIER a rétablie. C’est la forme la plus récente, elle provient de l'Infravalanginien à Aeterodiceras luci de Monnetier. Le Musée de (Genève en possède 4 exemplaires, dont 3 proviennent de la collection DE Luc. C’est de toutes les variétés celle dont le nombre de côtes est le plus faible; ce nombre varie entre 34 et 37 dans les 4 exemplaires connus; il est de 50 environ pour les variétés buvi- gnieri et valfinense, tandis que nous avons compté 43 côtes sur les échantillons de Wimmis du Musée de Genève. La forme de la variété alatum est variable: l'individu que nous figurons pl. 34, fig. 1, est le plus étroit; le rapport entre sa hauteur et sa largeur est de 0,7, tandis que dans l'individu le plus large il atteint 0,81. Le bord, palléal dans sa partie inférieure, chez cette variété, est arrondi et non tronqué comme c’est le cas dans les individus de Valfin et de Wimmis. Nous n'avons pas pu préparer la charnière. Le test parait épais. ISOCARDIA BERNARDINA (d’Orb.). (PI. 25, fig. 13.) Pour la bibliographie, voir ne Lortor, Etude sur les Moll. des couches corall. de Valfin, p. 232. Deux exemplaires répondent parfaitement à la diagnose et aux figures de DE LORIOL. Gisement. Portlandien inférieur, couche à Matheronia salevensis, au haut des Etiollets. ASTARTE STUDERI (de Lor.). Voir pe Lorror, Deser. des foss. de l’'Ool. cor., p. 22, pl. C, fig. 4. Le type a été trouvé au bas de la Grande Gorge, il doit donc selon toute pro- babilité appartenir au Portlandien inférieur. L'examen de la gangue de 3 échan- tillons que possède le Musée de Genève conduit à la même opinion. MÉÊM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 53 42/4 JULES FAVRE MOLLUSQUES GASTÉROPODES PLEUROTOMARIA MULTIFORMIS Zitt. (PI. 25, fig. 14.) 1873. Pleurotomaria multiformis. Z1rrer, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 450, pl. 49, fig. 1-7. 1897, Pleurotomaria multiformis. Roman, Jiecherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 305, pl. 4, fig. 13 Un exemplaire du Salève répond fort bien à la description de ZITTEL; il appartient à la forme normale de cette espèce, quoique ses tubercules, sur le dernier tour, soient un peu plus développés que de coutume; il peut être considéré comme intermédiaire entre les figures 1 et 2 de ZITTEL. Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, au haut des Etiollets. DITREMARIA SALEVENSIS n. Sp. (P1. 25, fig. 15-17.) Hauteur du plus grand individu. , . . . . . . . . . 12,5nm Diamètre par rapport à la hauteur. . . . + : . . . : 110à 1,18 Anple Dir AL EEE NEC TN TE er CP ET ei JU MENYLTONIE Coquille subglobuleuse, turbinée, un peu plus large que haute. Les tours sont convexes et ne sont séparés que par un faible sillon. Ornementation constituée par des cordons spiraux, au nombre de 14 environ; le premier à partir de la suture est plus large et perlé, les autres, sont lisses en général, ou coupés par de très fines stries axiales obliques, à peine visibles à l’œil nu. Tous ces cordons diminuent gra- duellement de largeur jusqu'à la base du tour. La fissure est située entre le 2% et le 3%e cordon spiral; la bandelette du sinus est très étroite. L'ouverture est étroite,un peu contractée. La callosité de la base est très étendue, mais rétrécie considérablement dans le voisinage du bord columellaire; elle montre, à partir du faux ombilic, quelques sillons irréguliers et vaguement marqués. La protu- bérance centrale est reliée à la protubérance columellaire par un pont; la protu- bérance du labre est peu développée. Rapports et différences. Cette espèce est très voisine de D. hermitei de Lor., mais l’espèce du Salève est un peu plus petite, moins globuleuse, elle ne possède qu'un seul cordon perlé au lieu de trois; l’ornernentation axiale des autres cordons MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 425 spiraux est nulle ou presque. La dépression pseudo-ombilicale est plus profonde et plus grande chez D. hermitei, et les protubérances centrale et columellaire y sont plus nettement séparées. D, salevensis parait être intermédiaire entre D. hermitei et D. striata Zitt. Dans cette dernière espèce, de forme semblable aux deux autres quoique plus haute, toute ornementation axiale à disparu. Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut des Etiollets et à Chavardon. Nombre d'exemplaires : 8. DITREMARIA CARINATA Zitt. Var. ELEGANS n. var. (PI. 25, fig. 18-20.) 1873. Ditremaria carinata. Zxrrer, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 459, pl. 50, fig 9. Hauteur du plus grand individu. , . . . . . . . . . 21mm Diamètre par rapport à la hauteur . . . . . . . . . . 1,07 à 1,12 ADDICT I ERNEST NE (NE . . environ 80°, Coquille un peu plus large que haute, à 6 tours étagés, carénés. La carène, située à la partie postérieure des tours, porte la fissure et la bandelette du sinus qui est peu visible ; elle est séparée de la suture par une rampe oblique recou- verte de deux ou trois cordons spiraux perlés. Le dernier tour est orné, à partir de la carène vers l'avant, de onze à douze cordons spiraux diminuant progressivement de grandeur en approchant de la callosité basale. Les deux ou trois premiers sont ornés de stries axiales obliques, assez fortes, qui leur donnent une apparence perlée. La callosité basale est assez étendue et présente, à partir de la dépression pseudo- ombilicale, quelques sillons rayonnants, inégaux et irréguliers qui s’effacent à sa périphérie, La protubérance columellaire est assez développée, la protubérance du labre est peu saillante. Rapports et différences. Cette variété diffère de l'espèce tvpe par sa taille plus petite, par sa forme un peu plus élevée, par les deux ou trois cordons spiraux anté- rieurs à la carène qui sont ornés de stries axiales obliques, et par les sillons rayon- nants de la callosité basale qui sont peu nombreux au lieu d’être serrés et fins. Enfin, dans la variété, les protubérances columellaire et du labre sont plus marquées. Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut des Etiollets et à Chavardon. Nombre d'exemplaires : 4, 426 JULES FAVRE TROCHOTOMA MASTOIDEA (Et.). (PL. 26, fig. 1.) Pour la bibliographie de l'espèce, voir pe Lorior, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin, p. 214. Nous possédons 7 échantillons de Trochotoma du Salève que nous avons trouvé être identiques aux échantillons de Valfin que possède le Musée de Genève. La description de DE LORIOL s'accorde en tous points avec nos exemplaires. Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut des Etiollets et au bas de la Grande Gorge. GENRE TROCHUS DISCOTECTUS n. subgen. (PL. 26, fig. 2-8.) Coquille conique ou un peu conoïde, parfois un peu extraconique dans les derniers tours qui sont plans, ou presque, et anguleux à la périphérie. Sutures peu marquées. Base plane, non ombiliquée, ouverture beaucoup plus large que haute. La columelle est très courte, munie d’un grand pli spiral soudé sur sa plus grande étendue avec le labre et ne présentant son bord distal libre que vers l’ouverture. Ce pli fait saillie hors de l’ouverture, sous forme d’un hémidisque épais dont le dia- mètre dépasse la moitié de la largeur de l'ouverture (fig. 5-7, pl. 26 et fig. 24 du texte). Grâce à cette disposition, sur une vue de la base du dernier tour, l’ouverture parait présenter une échancrure profonde vers la périphérie. Il n’y a pas de pli au labre, ni sur le bord columellaire. Fig. 24. — Trochus (Discotectus) massalongoi. Section axiale. Gross. X 2. Nous réunissons dans ce nouveau sous-genre quelques petites espèces parais- sant être liées aux formations coralligènes du Jurassique et du Crétacé. Discotectus se rapproche le plus de Zectus, mais en diffère par le pli columellaire beaucoup plus MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 427 grand et soudé sur presque toute son étendue au labre. Trochus massalongoi G. Gemm, du Tithonique de Sicile, T. crassiplicatus Et. du Ptérocérien de Valfin et du Tithozique de Stramberg, T. strambergensis Zitt. du Tithonique, rentrent dans ce sous-genre. Il en est de même pour 7! dædalus d'Orb. du Rauracien-Ptérocérien, T. frumentum P. et C du Barrémien, et 7. plicato-granulosus Münster de l'Ems- chérien, dont l'ouverture complète n’a jamais été figurée; des exemplaires de ces espèces appartenant au Muséum de Genève, ont, en effet, l'ouverture si caractéris- tique de notre nouveau sous-genre. Il est probable que nombre de Trochus, comme T. luciensis d'Orb., T. zenobius d'Orb. du Bathonien, 7! beyrichi Zitt. du Titho- nique, dont l’ouverture est mal connue, doivent aussi se classer dans ce nouveau sous-genre. TROCHUS (DISCOTECTUS) MASSALONGOI G. Gemm.. (PI. 26, fig. 2-8.) 1869. Trochus massalongoi. G. GEMMELLARO, Studÿ pal. cale. Terebr. Janitor, 2me partie, p. 81, pl. 14, fig. 13. Coquille à galbe conoïde, un peu plus haute que large, à angle spiral variant entre 40 et 48° chez l'adulte. Spire composée de 9 à 10 tours plans ou légèrement convexes, anguleux à la périphérie, séparés par des sutures peu distinctes, ornés de 3 fines stries spirales divisant la surface des tours en 4 bandes à peu près égales. Cette ornementation ne persiste pas chez l'adulte dont la coquille est lisse. On voit alors disparaitre en premier lieu la strie du milieu du tour. Des stries d’accroisse- ment, extrêmement fines et très obliques, s’observent chez les individus très bien conservés. La base du dernier tour est presque plane, concave vers le centre, non ombiliquée, lisse. L'ouverture est très étroite, à cause du pli columellaire qui la rétrécit. Le pli columellaire est soudé sur sa plus grande partie au labre, il fait saillie hors de l'ouverture en prenant la forme d’un hémidisque marginé dont le diamètre dépasse le tiers de la base du dernier tour. Le profil de l’ouverture, vu sui- vant l’axe d’enroulement de la coquille, présente de ce fait une profonde sinuosité vers la périphérie du tour (fig. 5-7, pl. 26). A la partie postérieure du péristome, près du point de jonction du labre et du bord columellaire, il existe une petite dent obsolète (fig. 6, pl. 26). L'espèce du Salève appartient à n’en pas douter au 7. massalongoi G. Gemm., seulement le célèbre paléontologiste sicilien n'avait à sa disposition que des exem- plaires jeunes; les mesures qu'il donne s'appliquent en eftet exactement à nos jeunes échantillons. Les individus étudiés par GEMMELLARO ne présentent qu'une seule 428 JULES FAVRE strie spirale ; c’est également la seule qui s’observe sur des individus un peu usés du Salève. Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut des Etiollets et à Chavardon. Nombre d'exemplaires : 67. TURBO (SENECTUS) SALEVENSIS n. Sp. (PI. 26, fig. 10-11.) Hauteur du plus grand individu 24mm, Diamètre par rapport à la hauteur. . . . . HP SUN A .. (0,96 à 1,02 Anple BPral AE TT M NENINME TRE Ee-NERU 00: Coquille turbinée, à peu près aussi large que longue, à ombilic étroit et profond. Spire composée de 5 à 6 tours convexes, présentant une rampe plane ou même déprimée près de la suture. Cette rampe montre, en son milieu, deux filets spiraux très fins et très rapprochés. Le dernier tour est orné, en avant de la rampe, de 4 côtes spirales, fortes, lamelleuses, séparées par des sillons aussi larges qu'elles, puis, à la suite, sur la base du dernier tour, de 5 côtes spirales plus petites, plus serrées, séparées par des sillons plus étroits. Enfin, deux fortes côtes spirales, séparées par un sillon profond et large, bordent l’ombilic, dans lequel on aperçoit encore trois faibles cordons. De très fines stries d’accroissement sont visibles sur les exemplaires très bien conservés. L'ouverture est à peu près circulaire, un peu anguleuse cependant en arrière. Le péristome est presque continu. Le labre est assez mince, le bord columellaire recouvre en partie l’ombilic. Le T! salevensis est voisin du T. eryæ d'Orb. Il s’en distingue par sa taille trois fois plus grande, par ses côtes spirales postérieures plus saillantes et même lamelleuses, et par ses deux fortes côtes bordant l’ombilic. Le 7. paschasius Guir. et Og. se distingue facilement de notre espèce par sa taille plus petite et par ses ornements spiraux qui s’atténuent considérablement chez l'adulte. . (risement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), du haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : 2. OPERCULE INDÉTERMINÉE. (PI. 26, fig. 9.) Nous avons recueilli un opercule multispiré de 14"" de diamètre et de 2m d'épaisseur, que nous n'avons pu rapporter à aucun opercule des genres actuels MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 129 que nous avons étudiés. C’est sans doute un opercule appartenant au même genre que REMES à figuré dans ses Nachträge zur EFauna von Stramberg, S, Ueber Grastropoden der stramberger Schichten, p. 191 [15], pl. 9 [2|, fig. 20. Gisement. Portlandien inférieur, couche à Matheronia salevensis, au haut des Etiollets. NERITA (LISSOCHILUS) TITHONICA n. Sp. (PI. 26, fig. 12.) 1869. Nerita sulcatina. G. GEMMELLARO, Studj pal. cale. Terebr, Janitor, part. 2, p. 61, pl. 11, fig. 8-9. Coquille à spire très courte, très peu saillante, tours à accroissement extré- mement rapide, le dernier étant très grand et déprimé. La surface est ornée de 15 à 16 côtes spirales, peu saillantes, s’effaçant presque complètement à la partie antérieure et à la partie postérieure du tour. L'une d'elles, située au deuxième tiers postérieur du tour, est beaucoup plus saillante que les autres. Le péristome est très grand, son contour externe est à peu près circulaire. L’ouverture est semi-lunaire. La callosité columellaire est très large et lisse, son bord interne est rectiligne, non denté. Le labre est épaissi en bourrelet. G. GEMMELLARO à rapporté à tort cette espèce à la N. sulcatina Buv. En effet, les côtes spirales de l'espèce de BUVIGNIER sont presque deux fois plus nombreuses, la largeur de la coquille égale sa hauteur, tandis que dans l’espèce du Salève la hauteur est beaucoup plus faible. Gisement. Portlandien inférieur (Grosse oolite) de la partie supérieure de Ja gorge de la Mule. PILEOLUS MINUTUS Zitt. (PI. 26, fig. 13-15.) 1873. Pileolus minutus. Zrrrer, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 427, pl. AT, fig. 22-25. Hauteur du plus grand individu. + . . . . . . . . . . 5nm Grand diamètre du plus grand individu . . . . . . . . . 6,5 Hauteur par rapport au grand diamètre de la base. . . 1 07àÀ 08; Coquille de petite taille, patelliforme, à base ovale. Le sommet, assez pointu dans les individus bien conservés, est rejeté en arrière, en déterminant un côté anté- rieur convexe et un côté postérieur concave. La surface est couverte de 23-26 côtes, pas très égales, assez saillantes, un peu noduleuses. Les dépressions intercos- tales sont arrondies, lisses ou rarement occupées par une côte secondaire qui dis- parait à une grande distance du sommet. La base est légèrement concave, ovale; 430 JULES FAVRE elle présente une dépression marginale laissant au centre une région circulaire. L'ouverture est étroite, semi-lunaire. Le bord columellaire est rectiligne ou légère- ment convexe, muni de 6 ou 7 dents. Parmi les Pileolus fossiles, c'est du P. minutus que nos individus du Salève se rapprochent le plus. Ils en diffèrent par une taille un peu plus grande et par l'apparition de rares côtes secondaires. Ce ne sont pas là des caractères permettant de créer une nouvelle espèce. ZITTEL semble avoir commis une erreur dans les mesures qu'il donne pour son espèce : diamètre 2%, hauteur 2", car le dessin de la planche indique au contraire pour le rapport des deux dimensions 0,74, ce qui correspond parfaitement à la moyenne donnée par nos échantillons. Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, à Cha- vardon, au haut des Etiollets et au bas de la Grande Gorge. Nombre d'exemplaires : 8. SCURRIOPSIS SALEVENSIS (de Lor.) Voir pe Lorror. Deser. des fossiles de V’Ool. corallienne, p. 20, pl. B, fig. 17. Cette espèce, dont nous n'avons pas retrouvé de nouveaux exemplaires, ayant été recueillie au bas de la Grande Gorge, appartient presque certainement au Port- landien inférieur, couche à Matheronia salevensis. Il se pourrait toutefois qu’elle provienne du Kimeridgien supérieur. PATELLA MODESTA n. Sp. (PI. 26, fig. 16.) Grand diamètre de la bases... 10mm 2 Petit diamètre de la base par rapport au grand. . . . . . . . 0,73 Hauteur de la coquille par rapport au grand diamètre . . . . . 0,36. Coquille conique, à base subquadrangulaire-ovale, à sommet assez surbaissé, assez excentrique, droit. Face postérieure, par conséquent, passablement plus longue que l’antérieure et légèrement concave. La surface est munie de nombreuses côtes concentriques, fines, très faibles, assez irrégulières et de côtes rayonnantes nombreuses, peu saillantes, assez irrégulièrement espacées et un peu noduleuses; elles atteignent toutes le voisinage du sommet. Cette espèce ne peut être comparée qu'à P. haueri Zitt. du Tithonique de Stramberg et à P. elegans Buv. du Rauracien de St-Mihiel. Le P. haueri diffère de l'espèce du Salève par sa base plus arrondie et non subquadrangulaire, par ses côtes rayonnantes dont les principales seules atteignent le sommet, et par l'absence MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 431 de côtes concentriques. P. elegans est très voisine de ?. modesta, mais sa base n’est pas subquadrangulaire, ses côtes rayonnantes sont plus régulières et interrom- pues au passage des côtes concentriques ; en outre, la coquille n’est pas extraco- nique, mais conoïde. Gisement. Portlandien inférieur, couche à Matheronia salevensis, au-dessus du Coin. Musée de Genève (Collection ROCHAT). Nombre d'exemplaires : 1. NATICA (AMAUROPSIS) FOURNETI Guir. et Og. (PI. 26, fig. 17.) Voir pour la bibliographie de l’espèce, DE Lorior, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin, p. 155. Nous rapportons à N. fourneti un exemplaire de Natica du Salève. La des- cription qu'en donne DE LORIOL s’y rapporte assez exactement, comme aussi la fig. 10, pl. 16, quoique notre exemplaire ait la spire un peu plus aiguë et un peu extraconique. Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), à Cha- vardon. EUNATICINA GUIRANDI de Lor. (PI. 26, fig. 18-21.) 1887. Eunaticina quirandi. ve Lorior, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin, p. 156, pl. 16, fig. 13. Les individus de cette espèce recueillis au Salève correspondent fort bien à la description et aux figures de DE LORIOL. Nous pouvons ajouter que la variation de l'espèce se fait sentir dans la forme de la coquille, mais non dans l’ornementation. L’individu figuré par DE LORIOL se rapporte aux individus les plus globuleux qui existent au Salève, où on trouve des formes beaucoup plus élancées, l’angle spiral variant entre 65 et 85°. Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : 11. MÉM. SOC. PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 54 432 JULES FAVRE EUNATICINA HETEROSTRIATA n. Sp. (PI. 26, fig. 22-25.) Longueur du plus grand individu. . . . : . . . . . . 34mm, Largeur » DANS a RCE TO Ce PEU Angle spiral variant entre EN UE CT ET TURC OSES AnpleSRTALPTTONEN TEEN ME TR NC CDS UE 2e an TES Coquille ovale, à spire conique ou un peu conoïde, assez saillante, composée de 6 tours légèrement convexes, séparés par une suture peu marquée au début, mais qui s’enfonce dans un sillon assez profond au dernier tour, chez les grands individus. Les tours sont ornés de fins filets spiraux anguleux, assez forts et inégaux près de la suture et devenant de plus en plus fins lorsqu'ils s’éloignent d'elle (fig. 25 b, pl. 26). Les stries d’accroissement, très fines, mais saillantes, forment un treillissage avec les ornements spiraux. Le dernier tour est grand, glo- buleux et dépasse de beaucoup la longueur du reste de la spire. L'ouverture est à peu près deux fois aussi haute que large, arrondie en avant, anguleuse en ar- rière. Le labre est tranchant, le bord columellaire est un peu épaissi en avant, très mince en arrière. Il n'y a pas de fente ombilicale. Eunaticina heterostriata ne diffère guère par la forme de Æ. quirandi; elle a cependant une spire généralement plus aiguë. L’ornementation, par contre, est bien différente. Dans l'espèce de GUIRAND et OGÉRIEN, les filets spiraux sont égaux sur toutes les parties du tour, les stries spirales qui les séparent sont ponctuées, les stries d’accroissement sont nulles. Dans notre espèce, les filets spiraux, plus forts, anguleux et inégaux vers la suture, deviennent de plus en plus fins en s’éloignant d'elle. Les stries d’accroissement, quoique fines, sont très apparentes. Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : 16. NARICA MORTILLETI (de Lor.). (PI. 26, fig. 26.) Voir ne Lorror, Descer. des foss. de l’Ool. cor, p. 18, pl. B, fig. 9. Nous avons retrouvé un exemplaire de Narica mortilleti (de Lor.) à peu près identique au type, mais de taille un peu plus grande et à filets spiraux un peu plus inégaux. Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis) au haut des Etiollets. Le type de DE LORIOL provient certainement du même niveau car MONOGRAPIIIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 133 il a été trouvé au bas de la Grande Gorge, endroit où la couche à Matheronia est fossilifère. PSEUDOMELANIA FLEXICOSTATA (Zitt.). (PI. 27, fig. 1-3.) 1873. Chemnitzia flexicostata. Zrrrer, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p.405, pl. 45, fig. 20. Les échantillons du Salève correspondent bien à la description et à la figure de ZATTEL. Par sa forme générale, cette espèce est bien voisine de ?. castor Zïtt. quoi- que moins allongée et à tours plus bas, P. pollux d'Orb. s’en rapproche aussi beau- coup, mais l'espèce du Salève a les tours plus étagés aux sutures. La forte costu- lation axiale de ?. fleæicostala permet de distinguer tres facilement cette espèce des deux autres. Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : 4. PSEUDOMELANIA CALYPSO de Lor. (non d'Orb.) Voir ve Lorior, Descr, des foss. de l’Ool. cor, p. 14. Nous avons retrouvé au Muséum d'histoire naturelle de Genève, l'échantillon étudié par DE LORIOL. Il est en mauvais état et se rapporte à l'Oonia amygdaloides (Zitt.) que nous allons décrire. Pseudomelania calypso (4'Orb.) doit done être sup- primé de la faune du Salève. OONIA AMYGDALOIDES (Zitt). (PI. 27, fig. 4-10.) 1873. Actaeonina amygdaloides. Zxrrer, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p.479, pl. 52, fig. 21. 1896. Nov. gen. amygdaloides. Cossmanx, Etudes sur les Gastr. des terr, jur., Opistobranchiata, p. 56. 1897. Actaconina picteti. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 287, pl. 2, fig. 1, (non 2). 1897. Actaeonina cfr. amygdaloïdes. Roman, 14. p. 287, pl. 2, fig. 3. Coquille ovoïde-conique à diamètre atteignant les 30 à 36 centièmes de la longueur, Spire courte à 7 ou S tours un peu convexes, d'abord extraconique ou conique puis ensuite conoïde. Sutures peu marquées. Dernier tour très élevé attei- gnant les T4 à S0 centièmes de la longueur totale, muni de stries d'accroissement 131 JULES FAVRE assez bien marquées et courbées en forme d’'S. L'ouverture atteint les 55 à 66 cen- tièmes de la longueur totale ; elle est assez étroite, arrondie en avant, très rétrécie en arrière, Le labre est tranchant, taillé en biseau. Le bord columellaire est appliqué étroitement sur la base de la coquille; il est un peu calleux en avant, ce qui détermine une petite dépression entre son bord externe et la base de la coquille. La columelle est assez mince, surtout si on la compare aux parois des tours qui sont très épaisses (fig. 25). Fig. 25.— Oonia amygdaloides. Section axiale. Gross. X 1. Cette espèce est très variable, ainsi que l’indiquent nos mesures et nos figures. Le type de ZITTEL correspond à nos individus les plus étroits et à spire courte. ZITTEL avait rangé cette espèce dans le genre Acéæonina d'Orb., mais elle n’en possède pas la forme élancée, ni la spire à gradins, ni surtout les stries d’accrois- sement droites. Pour nous, l'espèce possède les caractères des Pseudomelanidés, par- ticulièrement la sinuosité du labre, et doit être placée dans le genre Oonia. CossMANN rapproche cette espèce d'Eulima amphora d'Orb., à cause de sa spire extraconique au début et pense même qu’il faut créer pour elle un genre nou- veau dont la position systématique est incertaine. Les nombreux échantillons que nous possédons montrent qu'il ne faut pas attribuer, dans le cas particulier, une grande importance au caractère invoqué par COSSMANN, car, si en général la spire de l'espèce en question est extraconique, souvent elle est aussi parfaitement conique. ROMAN a figuré dans ses-ARecherches pl. ?, fig .1, sous le nom Acfaeonina pic- teti, un fossile que nous croyons être l'Oonia amygdaloides, car la grande hauteur de son dernier tour, sa grande taille et sa forme générale, l’éloignent de l'espèce de GEMMELLARO. Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut des Etiollets et à Chavardon. Nombre d'exemplaires : 5 eo { ” TOME MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 439 PURPUROIDEA TSCHANI Ooster. (PI. 27, fig. 11-12.) 1869. Purpuroidea. tschani. Oosrer, Le Corallien de Wimmis, p. 25, pl. 10, fig. 1-2. 1897. , , Romax, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 288. 1906. » , Cossmanx, Essais de paléoconchologie comparée, 7me livr., p. 25. 1909, » sp. Remes, Nachträge zur Fauna von Sramberger, 8, Ueber Gastropoden der stramberger Schichten, p.181 [5], pL8 [1] fig. 9. Coquille de grande taille, assez élancée, dont l'angle spiral mesure 50 à 55°. Spire à 5 tours ornés de 9 tubercules tantôt très développés, tantôt peu saillants, déterminant, entre eux et la suture, une rampe inclinée pourvue de stries spirales bien marquées. Ces stries s’affaiblissent beaucoup dans la région occupée par les tubercules, pour redevenir très visibles sur le dernier tour jusqu'au cou. Le dernier tour atteint environ les ‘/,, de la longueur totale. I/ouverture n’est pas entière- ment conservée; elle est arrondie en avant, rétrécie en arrière et atteint la moitié de la longueur totale. Nos Purpuroidea du Salève possèdent tout à fait les mêmes proportions que P. tschani ; la seule différence que nous ayons constatée est que nos exemplaires ont 9 tubercules au lieu de 8. Malgré cette légère différence, nous n’hésitons pas à identifier l’espèce du Salève avec celle de Wimmis. Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, au haut des Etiollets et au bas du Sarrot. ; Nombre d'exemplaires : 7. GYMNOCERITHIUM (?) INVOLVENS (Zitt.). (PI. 28, fig. 1.) 73. Cerithium involvens. Zxrrxr, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 385, pl. 44, fig. 14-16. 7 » , Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 293, pl. 4, fig. 1. Nous possédons un exemplaire correspondant parfaitement à l'espèce de ZATTEL. Il n’est pas possible de déterminer exactement le genre auquel cette espèce appartient, son ouverture étant inconnue. Par la forme des tours et l’ornementa- tion, c’est de Gymnocerithium Cossm., qu’elle se rapproche le plus. Gisement. Portlandien inférieur (Grosse oolite), rive droite du bas de la Grande Gorge. 436 JULES FAVRE PETERSIA SALEVENSIS n. Sp. (PI. 28, fig. 2-4.) Coquille turbinée, trapue, à galbe conique, à angle spiral variant entre 65 et 77°, à S à 9 tours convexes séparés par une dépression suturale assez marquée. Des cordons spiraux noduleux ornent les tours; les trois premiers, à partir de la suture, sont les plus forts et ne sont pas recouverts par les tours suivants; dans les dépressions qu'ils laissent entre eux se trouve un filet spiral plus fin. Des côtes axiales assez serrées existent entre le 2% et le 3% cordon spiral, déterminant entre eux des espaces quadrangulaires divisés eux-mémes en deux rectangles par le fin filet spiral intermédiaire. Ces côtes axiales peuvent se prolonger jusqu'au 4" cordon spiral. Sur la base des tours, les cordons spiraux sont d’abord alternative- ment fins et épais, puis égaux vers le cou. a b Fig. 26. — Pelersia salevensis. Section axiale. Gross. X 1. L'ouverture n'est pas conservée dans nos exemplaires, ce qui fait que l'on peut observer les deux plis de la columelle. L’antérieur existe tout au plus dans les deux derniers tours, le postérieur, au contraire, se remarque dans les 3 derniers (fig. 26). Chez presque tous nos individus, à une distance de trois quarts de tour de l'extrémité du bord columellaire (la partie labiale de l'ouverture ayant été détruite), le bord labial présente deux fortes saillies dentiformes, l’antérieure étant plus accusée que la postérieure. Vis-à-vis d'elles, sur le plafond du tour, se trouve un bourrelet pariétal à 3 côtes spirales. Rapports et différences. Nos exemplaires sont fort peu variables, leur angle spiral seul n’est pas constant. L'espèce la plus voisine de notre espèce est le P. buc- cinoideum Buv. dont les différentes figures connues ne se ressemblent guère; mais sa taille est beaucoup plus faible. En outre, les figures données par BUVIGNIER ! montrent des filets spiraux plus nombreux et plus égaux; d’autres figures du même ] 37. Statistique géol. Meuse, pl. 27, fig. 33- MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 437 auteur ! indiquent une coquille beaucoup moins trapue. La phototypie donnée par COSSMANN? diffère ainsi de P. salevensis par sa taille plus petite, par ses cordons spiraux plus grossiers et moins nombreux; les exemplaires du Jura ber- nois sont également plus petits et beaucoup plus élancés. Gisement. Portlandien inférieur, couche à Matheronia salevensis, au haut des Etiollets et à Chavardon. Nombre d'exemplaires : 18. PETERSIA CORALLINA n. Sp. (PI. 28, fig. 5.) Espèce de grande taille, à coquille trapue, conique, à angle spiral de 60 à 65°. Tours anguleux, séparés par des sutures assez marquées, ornés de S à 10 gros tubercules saillants, et d’une douzaine de cordons spiraux. Parmi ces derniers, les plus saillants qui sont en même temps les plus serrés, sont situés sur la périphérie du tour, où se trouvent les tubercules. Sur la base du tour, ils sont plus espacés, moins saillants et variqueux, et s'étendent jusqu’au cou. Ouverture à péristome épais. Labre muni d’une gouttière postérieure très accusée et d'une gouttière latérale moins profonde qui sont séparées par une cal- losité arrondie. Le bord columeilaire, étendu, se relève dans la région du cou et forme une lame assez saillante ; il vient se joindre à la partie antérieure du labre en déterminant un canal peu large, mais profond, et un bec court. La columelle est munie de deux plis qui n'existent que sur une partie du dernier tour (fig. 27); l'antérieur est très saillant, le postérieur est peu marqué, arrondi. Fig. 27. — Petersia corallina. Section axiale, Gross. x 1, Rapports et différences. Cette espèce, par ses plis columellaires peu développés, se rapproche du genre Brachytrema. Nous ne connaissons pas d'espèces qui puissent 1 Mém. Soc. philomatique Verdun, vol. 2, pl. 6, fig, 13-15. ? Essais de Paléoconchologie comparée, livr. 7, pl. 5, fig. 15-17. 138 JULES FAVRE être confondues avec elle. Deux individus de petite taille se rapportent assez exac- tement aux grands qui nous ont servi pour la description; l’un d’eux, toutefois, ne possède point de cordons spiraux sur la base du dernier tour. Nous les consi- dérons comme étant des jeunes. Gisement. Portlandien inférieur, couche à Matheronia salevensis, au haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : 4. BRACHYTREMA FILIGRANA n. Sp. (PI. 28, fig. 6.) Espèce de taille moyenne, trapue, conique, à angle spiral de 60°, à 6 tours visibles, arrondis, pourvus de tubercules verruqueux, au nombre de 9-10 par tour, très irréguliers, ne croissant pas régulièrement avec les tours, mais tantôt grands, tantôt petits. De nombreux filets spiraux, irréguliers, variqueux, ornent les tours de la suture jusqu'au cou. Ils sont sensiblement égaux sur toutes les régions des tours. L'ouverture, imparfaitement conservée, est dilatée; la gouttière postérieure est assez bien marquée, tandis que la latérale est presque nulle. Le bec antérieur, court, est creusé d’une sinuosité très accusée. Le labre est dilaté, calleux; le bord columellaire ne présente rien de particulier. Rapports et différences. B. filigrana est voisine de B. superba Zitt. et pourrait être prise pour un jeune de cette dernière espèce. Elle s’en distingue par la grande irrégularité des tubercules qui ne se correspondent aucunement d’un tour à l’autre et par les filets spiraux qui sont également plus irréguliers. B. strambergense Remes est aussi fort voisin de notre espèce ; son angle spiral est cependant beaucoup plus fort, ses tubercules beaucoup plus développés, plus nombreux et plus réguliers et ils forment, par leur disposition en lignes perpendi- culaires aux stries spirales, des sortes de varices qui ne se retrouvent pas dans l'espèce du Salève. Gisement. Portlandien inférieur, couche à Matheronia salevensis, au haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : 1. DITRETUS NODOSOSTRIATUS (Peters). (PI. 28, fig. 7-11.) 1855. Cerithium nodosostriatum. Perers, Nerineen des ob. Jura, p. 364 [31], pl. 4, fig. 6-7. 4873. — (Eustoma) nodosostriatum. Zarrez, die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 392, pl. 45, fig. 1-3. MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 439 1897. Cerithium (Eustoma) nodosostriatum. Romax, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 290, pl. 2, fig. 9, 10, 11. 1906. Diatinostoma (Ditretus) nodosostriatum. Cossmanx, Essais de Paléoconchologie comparée, Te livr., p. 14. Coquille turriculée, conique, étagée aux sutures, angle spiral variant entre 27 et 34°, Tours bas, plans, ornés immédiatement en avant de la suture d’une série de gros tubercules, au nombre de 13 à 16 par tour. En avant de cette rangée de tubereules, il existe deux cordons spiraux qui manquent parfois. La base du dernier tour est également ornée de fins cordons spiraux, quelquefois très apparents. Ouverture ovale, à péristome épais et dilaté, non réfléchi, étalé sur le dernier tour, mais n'atteignant pas l’avant-dernier, Le péristome est pourvu, en avant, d’une échancrure très profonde et étroite, refermée au bord, donnant ainsi naissance à un canal très étroit. Le labre n'est ni bordé, ni réfléchi, il est muni d'une gouttière latérale courte, qui est séparée de la paroi du dernier tour par une forte callosité. Bord columellaire évasé et étalé sur la base du dernier tour en formant une aile courte. Grisement. Cette espèce se trouve dans le Portlandien inférieur, soit dans la Grosse oolite (bas de la Grande Gorge), soit dans la couche à Matheronia sale- vensis (au haut des Etiollets, entre le Saut Gonet et la gorge de la Mule). Nombre d'exemplaires : 13. DITRETUS CONSOBRINUS n, Sp. (PI. 25, fig. 12.) Espèce voisine de la précédente, même port général; angle spiral plus faible, variant entre 24 et 28°. Les tubercules sont plus petits et plus nombreux (20 à 22), formant une rangée beaucoup plus nettement délimitée en avant et en arrière, car elle est supportée par un socle assez haut. Filets spiraux nombreux sur la base du dernier tour. . Ouverture inconnue, mais l’ornementation, si voisine de celle de l'espèce précé- dente, permet de supposer que nous avons bien affaire à une espèce du genre Ditretus. Gisement. Portlandien inférieur, Grosse oolite, à la Gorge de la Mule, au pied du Sphinx, au bas de la Grande Gorge, rive droite. Nombre d'exemplaires : 5. MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT, DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 55 440 JULES FAVRE DITRETUS SALEVENSIS (de Lor.). Voir pe Lorro, Description des foss. de l’Ool. corallienne, p. 16, pl. B, fig. 3. Ajouter à la bibliographie : 1909. Cerithium (Eustoma) salevense. Rewes, Nachträge zur Fauna der stramberger Schichten, 8. Ucber Gastropoden der stramberger Schichten, p. 184 [8], pl. 9 [2], fig. 6. Nous n'avons pas retrouvé cette espèce; mais la gangue du type permet de l’'attribuer au Portlandien inférieur. Comme l'ouverture de ce Gastéropode n’est pas connue, c’est avec quelque doute que nous le rapportons au genre Ditretus. ZITTELIA OPPEL (Et.). (PL. 28, fig. 13-14.) Pour la bibliographie de l’espèce voir pe Lorior, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin, p. 62. Ajouter : 1904. Columbellina (Zittelia) oppeli. CossmanN, Essais de Paléoconchologie comparée, 6me livr., p. 112, pl. 7. fig. 7. à Nous avons comparé nos exemplaires avec de nombreux individus provenant de Valfin et nous avons constaté qu’il y a identité parfaite. Gisement. Portlandien inférieur, couche à Matheronia salevensis, au haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : 4. ZATTELIA PICTETI G. Cremm. (PI. 28, fig. 15-18.) 1869. Zittelia picteti. G. GemmeLLaro, Studj pal. calc. Terebr. Janitor, part. 2, p. 87, pl. 15, fig: 4-6. 1873. Ziltelia gemmellaroi. Zwrrez, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 326, pl. 40, fig. 10. 1897. Zittelia picteti. Roman, Recherches statigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 287, pl. II, fig. 4. 1904. Columbellina (Zitlelia) picteti. Cossmanx, Essais de paléoconchologie comparée, 6me livr., p. 113. 1909. Zattelia globosa. BRôsAMLEN, Beitrag zur Kenntniss der Gastropoden des schwäbischen Jura, p.317, pl:22; fis39; Coquille globuleuse chez l'adulte, plus élancée chez le jeune. Spire un peu extraconique, à 5-6 tours qui s’accroissent rapidement, sont anguleux en arrière près de la suture, renflés dans la partie médiane, et ornés sur l’angle de 12 à 14 tubercules par tour. Dernier tour très grand, très renflé, couvert de 14 à 16 cordons spiraux perlés, séparés par des dépressions arrondies de même largeur. Ouverture très étroite, linéaire, presque droite chez les adultes, légèrement courbée en 5 chez les jeunes, terminée en avant par une gouttière profonde et étroite mais très courte, et en arrière par une gouttière analogue, profonde et oblique, surtout Man ne 6 MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 441 chez les jeunes. Labre très épais, surtout vers le milieu, et formant une callosité lisse ; il n’est pas dilaté, ni réfléchi, sauf à la partie postérieure; son bord interne n’est pas crénelé. Bord columellaire largement étalé, assez mince, nettement déli- mité chez les jeunes, confondu avec le dernier tour chez les adultes, un peu déta- ché en avant et beaucoup plus en arrière, dans la région des gouttières. Il n’est pas denté vers l’intérieur de l'ouverture, mais porte à sa partie antérieure la petite échancrure caractéristique des Zäittelia. Rapports et différences. Cette espèce ne paraît pas varier beaucoup. Les jeunes ont une forme beaucoup plus élancée que les adultes, car les derniers tours deviennent de plus en plus globuleux, leur ouverture est plus sinueuse et leur bord columellaire est détaché sur une plus grande longueur. Nous pensons que c’est pour cette espèce jeune que ZITTEL a créé Z. gemellaroi. Z. globosa Brës. ne diffère en rien de certains de nos individus un peu usés, dont les perles des cordons ont disparu. Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), haut des Etiollets et Chavardon. Nombre d'exemplaires : 25. NERINEA BINODOSA Et. (PI. 28, fig. 21.) Pour la bibliographie de l'espèce, voir Cossmann, Contribution à la pal. française des terr. jur. Nérinées, p. 48. Nous avons recueilli un exemplaire parfaitement conservé que nous rapportons à NV. binodosa. Nous l'avons, en effet, comparé aux exemplaires de cette espèce, de Valfin, qui appartiennent au Musée de Genève et nous n'avons pas constaté de différences. Gisement. Portlandien inférieur (Grosse oolite), au haut de la gorge de la Mule. NERINEA ROBUSTA D. Sp. (PI. 28, fig. 19-20.) AMPLES ITA LNEAP Tarerdn ca en lo: LE0. Diamètre du plus grand individu . . . . . . .. . . , . 43mm, DOUSUEUTIDTODHDI TN SE IR Ni ete: lT0mm: Coquille de grande taille, conique. Tours profondément évidés, dont la hauteur ne dépasse pas la moitié de la largeur, prise dans l’évidement ; ils sont séparés par un très gros bourrelet tuberculeux divisé par la suture en deux parties inégales. La 449 JULES FAVRE partie antérieure est très large et atteint presque la moitié de la hauteur du tour ; elle est munie de gros tubercules peu saillants. La partie postérieure du bourrelet est plus étroite, garnie de tubercules plus petits mais plus distincts et plus nom- breux. La saillie de la partie postérieure du bourrelet est beaucoup plus accusée que celle de la partie antérieure. La partie évidée des tours est pourvue de 3 à 4 cordonnets spiraux perlés, très peu accusés. La base du dernier tour est munie de deux côtes spirales peu marquées divisant le rayon de cette base en 3 parties à peu près égales. à) Fig. 28. — Nerinea robusta. Section axiale, Gross. x 1. Ouverture inconnue. La columelle est très épaisse et atteint presque le tiers de la largeur du tour (prise dans l’évidement). Le pli du labre est très robuste, le pli columellaire est moins fort, le pli pariétal est mince, recourbé vers l’exté- rieur et situé très en arrière (fig. 28). Rapports et différences. Cette espèce est assurément voisine de AN. binodosa Et., mais ses tours sont beaucoup plus évidés et le bourrelet sutural est beaucoup plus puissant. Gisement. Surtout abondante dans la Grosse oolite du Portlandien inférieur; au haut de la gorge de la Mule; au pied du Sphinx; au bas de la Grande Gorge, rive droite ; au bas de l’Evorse. Plus rare dans la couche à Matheronia salevensis ; au haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : 16. MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 443 NERINEA JEANJEANI Roman. (PI. 28, fig. 22, 23.) 1897. Nerinea jeanjeani. Romax, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 299, pl. 3, fig. 7, et pl. 5, fig. 1-2. 1898. Nerinea jeanjeani. Cossmaxx, Contrib. à la pal. française des terr. jur., Nérinées, p. 53, pl. 15, fig. 10 et 17. Nérinée de grande taille, allongée, turriculée, à angle spiral de 11 à 13°. Tours assez fortement excavés, surtout vers la base ; leur hauteur atteint environ les 7/,, de la largeur. L’ornementation comprend à partir de la suture vers l'arrière : 1° un bourrelet assez accusé, à 12-18 tubereules arrondis ; 2° 5 à 6 cordons spiraux, à peine tuberculeux, parfois le 3% est un peu plus saillant que les autres; 3° un bourrelet postérieur, moins saillant que l’antérieur, mais plus épais, très indistinc- tement tuberculé. Base du dernier tour ornée d’une dizaine de filets spiraux non tuberculés, ne s'étendant pas sur le bec. D fs Fig. 29. — Nerinea jeanjeani. Section axiale, Gross. X 1. Ouverture subrhomboïdale, à bec assez développé. Parmi les 3 plis, celui du labre est le mieux développé; le pli pariétal, au contraire, est de plus petite taille mais plus aigu (fig. 29). Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, au bas de la Grande Gorge et à Chavardon. Nombre d'exemplaires : 7. NERINEA SALEVENSIS de Lor. Voir pe Lorror, Descr. des foss. de l’Ool. corallienne, p.12, pl. A, fig. 15. Ajouter à la synonymie : 1869. Nerinea salevensis. Oosrer, Le coralhien de Wimmis, p. 11, pl. 5, fig. 14. Cette espèce que nous n’avons pas retrouvée provient de la Grande Gorge, de la Grosse oolite du Portlandien inférieur. 444 JULES FAVRE NERINEA HOHENEGGERI Peters. (PL. 29. fig. 1-5.) Longueur probable du plus grand individu. . . . . . . . . . 20cm Angle spiral : 7-9°, pouvant atteindre 12° chez les jeunes. 1855. Nerinea hoheneggeri. Perers, Nerineen des oberen Jura, p. 24, pl. 3, fig. 1-2. 1869. — — G. GEMMELLARO, Stud) pal. cale. Terebr. Janitor, part. 2, p. 30, pl. 5, fig. 6-7. 1869. Nerinea hoheneggeri. Oosrer, Le Corallien de Wimmis, p. 15, pl. 5, fig. 7-8. 1873. — — Zarrer, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 251, pl. 42, fig. 8-10. 1901. — — Geicer, Die Nerineen des schwäbischen Jura, p. 288. 1909. — — Rewes, Nachträge zur Fauna von Stramberg; 8, Ueber Gastropoden der stramberger Schichten, p. 182 [6]. 1911. Nerinea hoheneggeri. Brascake, Zur Tithonfauna von Stramberg, p. 164. Espèce de grande taille, étroite, aciculée, conique. Tours non ou à peine étagés, dont la hauteur atteint les 7/,, ou les #/, de la hauteur ; ils sont légèrement con- vexes au milieu, très peu excavés en avant et en arrière du bourrelet sutural. On observe les ornements suivants à partir de la suture en arrière : 1° un bourrelet assez peu saillant muni de tubercules hémisphériques; 2° six cordons spiraux plus ou moins perlés, le 4% plus fort et plus tuberculé que les autres; 3° un bourrelet lisse bordant la suture ; il est assez large et accusé et présente au sommet de sa convexité une ligne spirale très fine délimitant, avec la suture, la bande sinusale. Dernier tour muni sur sa région basale d’une dizaine de filets spiraux non tuber- culés. Ouverture rhomboïdale, terminée par un bec moyen et oblique. Pl du labre très robuste, épais, pli columellaire moyennement développé, pli pariétal, mince, saillant, dirigé en dehors (fig. 30). Fig. 30. — Nerinea hoheneggeri. Section axiale. Gross. < 1.— a, couche à Matheronia salevensis, bas de la Grande Gorge; b, Grosse oolite, gorge de la Mule. Observations. I] existe deux formes de N, hoheneggeri au Salève : a) L'une qui se trouve dans la couche à Matheronia salevensis (pl. 29, fig. 1), VE TU MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE Uu») a ses cordons spiraux plus étroits, séparés par des dépressions larges et à fond arrondi ; b) L'autre (pl. 29, fig. 2-5), abondante dans la Grosse oolite du Portlandien inférieur, à ses cordons spiraux Contigus ou presque, de sorte que les dépressions qui les séparent sont plus étroites et ont un fond plus aigu. Nos échantillons répondent assez bien à la diagnose donnée par PETERS et complétée par ZITTEL. Cependant, ces deux auteurs donnent un angle spiral de 13 à 15°. Nous n'avons constaté, chez nos exemplaires adultes, que 8 à 9°, chez un très grand exemplaire, seulement 7°. Chez les jeunes, cet angle atteint 12°. Les chiffres donnés par ZITTEL et PETERS ne correspondent du reste pas du tout aux angles des figures qu'ils donnent. Les figures de PETERS accusent un angle de 9°, celles de ZITTEL aussi, sauf la fig. 10, représentant un jeune individu, où cet angle mesure 12°. Nous ne pensons donc pas que la différence entre nos individus et ceux de Stramberg soit réelle; l'angle spiral indiqué dans les diagnoses a probable- ment été mesuré sur des exemplaires jeunes. Les individus de Sicile, par contre, sont tout à fait identiques à ceux du Salève. Gisement. Portlandien inférieur ; forme a), dans la couche Matheronia sale- vensis au bas de la Grande Gorge; forme b), dans la Grosse oolite, au haut de la gorge de la Mule, près du Saut (onet, bas de la Grande Gorge. Nombre d'exemplaires : 25 de la forme «), 40 de la forme b). NERINEA GRATA n,. Sp. (PI. 29, fig. 6.) API BEA ee Des re DER UE DO NAN DE, ; Longueur approximative du plus grand individu . . . . . . . , ÿOcm, 9° Coquille de taille moyenne, de forme turriculée, étroite, conique. Tours peu étagés, un peu évidés à leur partie antérieure ; leur hauteur égale les 7/,, de leur largeur; ils sont séparés par une suture linéaire. L’ornementation comprend à par- tir de la suture vers l'arrière : 1° un bourrelet tuberculé antérieur peu saillant. 29° cinq cordons spiraux ; le premier, adjacent au bourrelet antérieur, est assez for- tement perlé; le second, très faible, non ou presque pas perlé, se trouve au fond de l’évidement antérieur des tours; le troisième est le plus saillant, perlé, situé au milieu des tours ; les deux derniers sont perlés, mais peu accusés. 3° un bourrelet postérieur peu accusé, lisse ou à peine tuberculé. Le pli du labre est fort, épais, le pli columellaire obtus, le pli pariétal aigu, recourbé en dehors. Cette espèce est voisine de N. hoheneggeri dont elle possède à peu près le 446 JULES FAVRE mode d’ornementation ; elle a cependant des tours plus nettement étagés, et son ornementation, qui est beaucoup plus atténuée, lui donne un aspect tout différent. Il ne s’agit pas ici d’un effet de l’usure, l’échantillon que nous figurons est d’une parfaite conservation. Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, à Cha- vardon et au bas de la Grande Gorge. Nombre d'exemplaires : 3. NERINEA PAUCICOSTATA n. Sp. (PI. 29, fig. 7-8.) LANDE RDirALES EN MENT UE De Ne ICE PE AIO Longueur approximative du plus grand individu. . . . . . . . . em, Espèce de taille moyenne, très étroite, conique. Tours non étagés, un peu évidés à leur partie antérieure, dont la hauteur atteint les #/, de la largeur, séparés h Fig. 31.— Nerinea paucicostata. Section axiale du type figuré pl. 29, fig. 8. Gross. x 2: par des sutures linéaires. L’ornementation consiste, à partir de la suture vers l'arrière, en un bourrelet tuberculé peu saillant, un filet spiral légèrement perlé, situé au fond de l’évidement de la partie antérieure du tour, un cordon perlé faisant saillie au milieu du tour, un filet spiral non ou à peine perlé et enfin le bourrelet postérieur, lisse, peu saillant. Columelle assez mince, pli du labre fort, pli columel- laire situé très en avant, plus faible, pli pariétal aigu, courbé vers l’extérieur. Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, au bas de la Grande Gorge. Nombre d'exemplaires : 2. dc gl ot MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 447 NERINEA THURMANNI Et. (PI. 29, fig. 9.) . Pour la bibliographie, voir Cossmaxx, Contribution à la pal. française des terr. jur., Nérinées, p. 42. Nous ne répéterons pas les descriptions de DE LORIOL et COSSMANx. Nous pouvons cependant les compléter un peu à l’aide de 3 individus du Salève dont la section montre que le pli du labre fait défaut ou n’est représenté que par un faible épaississement du test. Il s'ensuit que l’individu rapporté à N. thurmanni par GEIGER (Die Nerineen des schwäbischen Jura, p. 287) n’a pas de rapport avec l'espèce d'ETALLON. Gisement. Portlandien inférieur (Grosse oolite). Nombre d'exemplaires : 1, appartenant au Muséum de Genève, recueilli au- dessus du Coin ; 2 du Musée de Lausanne (Coll. RENEVIER), provenant du pied de la Varappe. NERINEA (?) DILATATA d’Orb. (PI. 30, fig. 19-21.) 1850. Nerinea dilatata. »'Ormiénx, Pal. fr. T'err. jur., vol. 2, p. 146, pl. 275, fig. 1-3. 1859. _ — Erazron, Etudes pal. sur le Haut Jura, Corallien, t.2, p. 29. 1873. — — Zavrur, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 366. 1888 — DE Lorior, Etudes sur les Mollusques des couches corall, de Valfin, p. 87. 1898, Plygmatis costulata. (p. p.), Cossmanx, Contribution à la pal. française des terr. jur., Gastro- podes : Nérinées, p. 82, pl. 7, fig. 6 et 8 (non 7). Coquaille conique ou faiblement extraconique, à ombilic assez large. Angle spiral très variable, atteignant, suivant les individus, 18 à 26°. La hauteur des tours à Ale Pà ST Fig. 32, — Nerinea ? dilatata. Section axiale. Gross, x 1 /2. est également variable: elle atteint, dans les exemplaires à petit angle spiral, les */, 9 / de la largeur et les ?/; seulement dans ceux à angle très ouvert. Les tours sont fortement excavés, carénés en avant; chez les jeunes, le bourrelet antérieur est MÉM, SOC, PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 56 148 JULES FAVRE muni de 7 à 8 tubercules se continuant par des côtes axiales jusqu'au bourrelet postérieur. Ces côtes, déterminent 7 ou 8 dépressions par tour, très nettement indi- quées. En outre 4 filets spiraux non perlés ornent la surface des tours; ils sont un peu plus marqués et ils s’élargissent en passant sur les côtes axiales. Chez les adultes, l’ornementation spirale et les tubercules disparaissent complètement et les tours sont lisses. L'ouverture est inconnue. Le pli du labre est très peu accusé, le pli columellaire est très saillant, le pli pariétal est moins développé que le précédent (fig. 32). Observations. Cette espèce est intéressante; elle fait partie, avec quelques espèces jurassiques comme Nerinea wrosinskiana Zeuschn. et quelques espèces crétacées comme N. marcousana d'Orb. et N. valdensis P. et C., d’un groupe de Nérinéidés ayant une plication identique à celle de Nerinea s. str. mais un ombilic très développé et une ornementation soit très particulière, soit nulle, qui l’éloigne de ce dernier genre. CossMANN (loc cit.) a réuni à tort N. dilatata d'Orb. et Ptygmatis costulata (Et.). Ces deux espèces sont fondamentalement différentes et appartiennent à deux genres différents. N. dilatata, comme nous l’avons vu, ne possède que les 3 plis caractéristiques du genre Nerinea, tandis que l’espèce d'ETALLON en a 5. La forme générale et l'ornementation de ces deux espèces sont en outre toutes différentes. La figure de D'ORBIGNY (loc. cit.) est exacte pour la forme générale et pour la section. Le célèbre paléontologiste, par contre, n’a pas signalé l’ornementation particulière des premiers tours. Il avait probablement à sa disposition de grands individus dont le commencement de la spire était usé. Les exemplaires du gise- ment d'Oyonnax qui à fourni le type, tant celui figuré par COSSMANN, pl. 7, fig. 8, que celui que nous avons examiné au Musée de Genève, montrent l’ornementation caractéristique que nous avons signalée. Gisement. Couche à Matheronia salevensis, du Portlandien inférieur, haut des Etiollets et Chavardon. Nombre d'exemplaires : 7. NERINEA (?) SPHINXI n. Sp. (PI. 32, fig. 6-7.) Espèce de petite taille, pupoïde, non ombiliquée, composée de 10 tours lisses, fortement excavés, surtout dans la partie moyenne de la coquille qui est la plus large. La ligne de suture est ondulée; elle est supportée par un bourrelet sutural très saillant, ondulé, qui a de ce fait une apparence tuberculée. Le rapport entre la MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 149 hauteur et la largeur des tours est variable chez le même imdividu ; il est de 0,33 vers le milieu de la spire, tandis que dans les 2 derniers tours il atteint 0,42 à 0,44. Ouverture inconnue. Columelle atteignant le tiers ou presque du diamètre de la coquille. Il existe un très grand pli pariétal, très saillant, mince, dirigé en dehors et un petit pli columellaire placé très en avant. Pas de pli au labre (fig. 33 « et b). Fig. 33. — Nerinea(?) sphinæi. a) section axiale d’un jeune individu. b) section de l'individu figuré pl. 32, fig. 7. Gross. X 2 lp. Observations. Nous sommes un peu embarrassé pour placer cette espèce dans un des genres connus de Nérinéidés. Par l'absence d'ombilie, elle pourrait se rap- procher de Nerinea, mais par sa plication et par sa forme pupoïde, elle en diffère sensiblement. La plication de notre nouvelle espèce rappelle celle de Cryptoplocus ; en effet, la disposition du pli pariétal est la même que dans ce dernier genre, mais l’analogie cesse pour les caractères tirés de l’ombilic et de la forme générale. I] serait peut-être bon de créer une nouvelle coupure générique pour cette espèce et quelques autres voisines comme N. conoïdea Peters et N. crispa Zeuschn. Gisement. Portlandien inférieur (Grosse oolite), au haut de la gorge de la Mule et au pied du Sphinx. Nombre d'exemplaires : 6. PHANEROPTYXIS MOREANA (d'Orb.). (PL. 29, fig. 10.) Pour la bibliographie de lespèce, voir Cossmanx, Contribution à la pal. française des terr. jur., 8 pèce, » 1 £ J Nérinées, p. 14. Il faut retrancher la citation de Roman qui se rapporte à 2. rugifera. et ajouter : 1866. Nerinea moreana. ve Lorioz, Descr. des foss. de l'Ool. cor., p. 11. 1907. Itieria moreana. DeninGer, Die mesozoischen Formationen auf Sardinien, p. 465, pl. 15, fig. 4, a, b. 450 JULES FAVRE Cette espèce est représentée au Salève par des individus à test un peu plus épais et à tubercules un peu plus grossiers que chez les formes rauraciennes et séquaniennes, mais ces différences sont bien peu sensibles. fi Fig. 34. — Phaneroptyxis mo- Fig. 35. — Phaneroptyxis mo- reana, section axiale, gross. reana, section axiale, gross. X 1. Portlandien inférieur X 1. Rauracien de Merry sur du Salève, Yonne, La section des tours de nos exemplaires du Salève (fig. 34), comme aussi de ceux de Sicile et de Kelheim, diffère notablement de celle donnée par D’ORBIGNY (pl. 257, fig. 2) dans laquelle, entre autres, le pli columellaire postérieur n'est pas indiqué. Nous étions donc tenté de créer une nouvelle espèce pour les formes port- landiennes, mais, ayant fait une section de P. moreana du Rauracien de Merry sur Yonne, nous avons constaté que c’est la section dessinée par D'ORBIGNY qui ne correspond pas à la réalité et que les premiers représentants de cette espèce ont une plication identique à celle des individus portlandiens. Nous pensons bien faire en donnant le dessin exact que nous avons fait de cette section (fig. 35), d'autant plus que c’est un P. moreana de ce gisement de Merry sur Yonne qui à servi à COSSMANN pour établir la diagnose de son nouveau genre Phaneroptyis. Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis et Grosse oolite), au bas de la Grande Gorge, au pied du Sphinx, au-dessus de Bossey. Nombre d'exemplaires : T dont 4 appartiennent au Muséum de Genève. PHANEROPTYXIS RUGIFERA (Zitt.). (PI. 30, fig. 1.) ? 1863. Jtieria ovalis. G. GEmmeLLaro, Monografia del genere Itieria, p. 7. pl. 1, fig. 1. 1569. Nerinea moreana. Oosrer, Le Corallien de Wimmis, p. 6, pl. 10, fig. 3. MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 451 1873. Itieria rugifera. Zwrrer, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 340, pl. 41, fig. 1-8. 1897. — n. sp. Romax, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p. 293, pl. 8, fig. 5. 1902. — rugifera. Bronx, Ueber die Fauna der Orbitolinen führenden Schichten der untersten Kreide in der Krim. p. 609, pl. 1, fig. 4. Espèce de grande taille, ovale-allongée. Spire à allongement variable, courte, conoïde. Tours fortement embrassants, peu convexes, dont la largeur atteint la moitié de la hauteur. Suture assez accusée. La partie postérieure des tours est munie de 7 à 8 renflements très obsolètes. Dernier tour subeylindrique, très grand et très haut, atteignant dans nos échantillons les */, de la longueur totale. Ouver- ture très étroite, canaliculée en arrière, non conservée en avant. La coquille n’est pas ombiliquée. Pli labial très peu accusé, un pli columellaire peu saïllant et un pli pariétal un peu plus épais et plus long que le précédent (fig. 36). Fig. 36. — Phaneroptyxis rugifera, section axiale, Gross. x 1. Observations. Cette curieuse forme qui, par l’ensemble de ses caracteres, appartient au genre Phaneroptyris Cossm., s’en distingue par l'absence d'ombilic. Il est probable que cette espèce devra changer de nom. G. GEMMELLARO (loc. cit.), à décrit avant ZITTEL un lhaneroptyxis (P. ovalis) qui, pour nous, est iden- tique à 2. rugifera. Mais le paléontologiste sicilien dit, dans sa diagnose, que la coquille est ombiliquée. Nous sommes convaincu qu'il s'agit la d’une erreur d’obser- vation. Comme nous n'avons pas eu le type de G. GEMMELLARO entre les mains, nous laissons provisoirement à l'espèce le nom que ZITTEL lui à donné. Le Phaneroptyris que ROMAN à figuré dans ses Recherches (pl. 3, fig. 5) n’est autre que le 2. rugifera ; 1 en possède la plication si typique et il n’a pas d’ombilic. Il est difhcile, par le seul caractere de l'allongement de la spire, de créer des especes dans le genre de Phaneroptyris. De nombreux exemples montrent combien est grande, dans le cas particulier, la variabilité de ce caractere. Grisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salerensis). au haut des Etiollets et à Chavardon. Nombre d'exemplaires : 2 152 JULES FAVRE PHANEROPTYXIS STASZYCI (Zeuschn.) var. TYPICA (Zitt.). (PI. 80, fig. 15-16.) 1849. Acteon slaszyètr. Zeuscaner, Geogn. Beschreibung des Nerincenkalkes von Inwald und Roc- zyny, p. 7, pl. 17, fig. 16-19. 1873. Itieria slaszycii, var. typica. Zxrrec, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 342, pl. 40, fig. 19-23. Fig. 37. — Phaneroptyxis staszycii var. proboscidea. Section axiale, 8e tour. Gross. x 3. Trois Phaneroptyxis du Salève se rapportent assez exactement à l’exemplaire figuré par ZITTEL; l'angle spiral, les proportions relatives sont les mêmes. La sec- tion des tours (fig. 37) présente une grande analogie avec les exemplaires de Stramberg. ; Gisement. Portlandien inférieur (Grosse oolite), au haut de la gorge de la Mule. PHANEROPTYXIS STASZYCOI (Zeuschn.) var. HELVETICA (Zitt.) et var. PROBOSCIDEA Cossm. (PI. 30, fig. 2 à 13.) 1873. Itieria staszycir var. helvetica. Zrrrez, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 343, pl. 40, fig. 25,26, 27. 1898. Phaneroptyæis proboscidea. Cossmanx, Contribution à la pal. française des terr. jurassiques ; Nérinées, p. 21, pl. 1, fig. 21-22. Les Phaneroptyxis, grace à leur extrême variabilité, sont parfois fort embar- rassants. Nous avons recueilli une série d'individus de ce genre appartenant sans doute à la même espèce, dont nous figurons quelques exemplaires. Les deux formes extrêmes, reliées par des intermédiaires, sont très différentes. L’une représentée par les figures 12, 13,8, 7, se rapporte exactement à P. staszycii var helvetica , elle passe insensiblement à l’autre (fig. 2, 3, 4), qui rappelle tout à fait P. proboscidea. Ces formes ont les caractères généraux suivants: dernier tour subglobuleux, un a MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 153 peu moins où un peu plus large que haut. Spire généralement extraconique, par- fois conique ou faiblement conoïde, à angle extrémement variable (40-65°). En général, les tours sont lisses, cependant quelques individus portent près de la suture une rangée d'une douzaine de renfleménts vaguement indiqués. La section des tours, faite au S-9% tour, montre (fig. 38-39): 2 plis au labre, simples, minces; 2 plis à la columelle, lantérieur très saillant, étranglé à sa base, en forme de T, le posté- rieur mince, mais presque aussi saillant; un pli pariétal épais terminé en arrière par une apophyse aiguë. LS Fig. 38. — Phaneroplyxis stas- Fig. 39. — Phaneroptyxis stas- zycii var. proboscidea. Section zycii var. helvetica. Section axiale, 8e tour. Gross. x 3. axiale, 9e tour. Gross. X 2 !/2. Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis et Grosse oolite), à Chavardon, au haut des Etiollets, à la partie supérieure de la gorge de la Mule. Nombre d'exemplaires : 37. PHANEROPTYXIS NOGRETI Guir. et Og. (PI. 29, fig. 18.) Pour la bibliographie de l’espèce, voir Cossmanx, Contribution à la pal. française des terr. jur. P E , ç » Nérinées, p. 23. Nous rapportons au P. nogreti un petit exemplaire de Phaneroptyxis de forme ovoïde-conique, à spire moyennement allongée, à tours étagés possédant à leur partie postérieure une carène assez développée. Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), à Chavardon. PHANEROPTYXIS MULTICORONATA (Zitt.). (PI. 29, fig. 19-20.) 1873. ltieria multicoronata. Zrvver, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 346, pl. 40, fig. 29, 30. Nous rapportons au ?. multicoronata 2 exemplaires du Salève dont l'un (pl. 29, fig. 20) est intermédiaire entre les deux types figurés par ZITTEL. Les plis 454 JULES FAVRE du labre et de la columelle sont un peu plus robustes chez les échantillons de Stram- berg (fig. 40). Fig. 40. — Phaneroptyxis mullicoronata. Section axiale, 11e tour. Gross. x 3 Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), au haut des Etiollets et à Chavardon. PHANEROPTYXIS RENEVIERI de Lor. (PI. 29, fig. 11-17.) 1866. Ifieria renevieri. ve Lorior, Descr. des fossiles de l’Ool. corallienne, p. 13, pl. A. fig. 11-12. 1873. — — Zarrer, Die (astropoden der stramberger Schichten, p. 343, pl. 40, fig. 98. Espèce de petite taille à longueur maximale de 29m, Forme très trapue, spire courte ou très courte, extraconique. Onze tours au moins, très embrassants, munis à leur partie postérieure d’une carène très tranchante et très développée, recour- bée vers l'extérieur, ce qui fait que la suture est au fond d’un canal profond. L’enroulement est irrégulier et surtout très variable. Tantôt les tours se recouvrent très fortement, l'angle spiral atteint alors 120°, tantôt, au contraire, ils sont beaucoup plus apparents, l'angle spiral peut alors s’abaisser jusqu'à 65°. La hauteur du dernier tour est, par conséquent, très variable ; elle atteint, chez les individus à spire très surbaissée, jusqu'aux “/, de la longueur totale, et les ?/, seule- ment chez les formes à spire longue. Ce dernier tour, cylindrique dans sa partie moyenne, s’arrondit à la partie antérieure, tandis qu'il s’évase en arriere pour for- mer la carène postérieure. Il est creusé d’un ombilic assez large. L'ouverture n’est jamais complètement conservée; elle devait être anguleuse en arrière, comme aussi en avant, l’angle antérieur correspondant à la carène qui borde l’ombilic. Sur la section des tours (fig. 41-42), on remarque deux plis peu accusés au labre. Le pli columellaire antérieur est épais, anguleux, étranglé à sa base; le pli columellaire postérieur est beaucoup plus faible. Le pli pariétal est un peu plus volumineux que le précédent. Observations. Les deux échantillons qui ont servi à DE LORIOL pour établir MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 455 son espèce sont très usés ; c’est pourquoi nous ayons jugé bon de reprendre la des- cription de ce Phaneroptyxis à l’aide d'échantillons bien conservés que nous avons recueillis. Parmi ces deux types, l'un (pl. A, fig. 11, &, b, c), appartient au Port- landien inférieur, l’autre (pl. A, fig. 12) à l'Infravalanginien à //eterodiceras luci. Fig. 41. — Phaneroptyxis re- Fig. 42. -- Phaneroptyxis re- nevieri. Section axiale. Gross. nevieri. Section axiale, 8e tour. Dale: Gross. 3 !/2. Ce dernier est si mal conservé qu'il n’est pas possible de savoir exactement s’il appartient à la même espèce que le premier. Dans ces circonstances, il est néces- saire de ne reconnaitre, comme type du ?. Renevieri, que l'individu représenté par la figure 11 @. b. e., lequel correspond sûrement à ceux que nous avons décrits ci- dessus à nouveau. Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), haut des Etiollets, bas de la Grande Gorge, Chavardon. Nombre d'exemplaires : 30. ÎTIERIA CABANETIANA (d’Orb.) var. GLOBOSA n. var. (PI. 29, fig. 21; pl. 30, fig. 17-18.) Pour la bibliographie de l'espèce, voir Cossmaxn, Contribution à la pal. française des terr. jur., Nérinées, p. 12. Il faut retrancher la citation de Herricn, 1886 et ajouter : 1863. Itieria nebrodensis. G. GEemMELLAR0, Monografia del genere Itieria, p. 8, pl. 1, fig. 2. 1874. Itieria cabanetiana. ve Trirorer, Notes sur les Nérinées, p. 166. 1907. - —- DexwGer, Die mesosoischen Formationen auf Sardinien, p. 466. 1909. — — Renes, Nachträge zur Fauna von Stramberg ; 8, Ueber Gastropoden der stram- berger Schichten, p. 182 [6], pl. 9 [2], fig. 1-2. COSSMANN a décrit si complètement la forme extérieure d’Z. cabanetiana à tous les àges qu'il est inutile d'y revenir ici. Nous ne sommes cependant pas d'accord avec l’éminent paléontologiste quant aux plis intraombilicaux signalés par MATHE- MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DK GENÈVE, VOL. 37 (1913). 57 456 JULES FAVRE RON. Trois sections d'individus du Salève (fig. 43) présentent les plis en question d'une manière très accentuée, de sorte que la figure de D’ORBIGNY est d’une exac- titude parfaite. Pensant que peut-être les individus rauraciens différaient de ceux des étages plus récents par le manque de ces plis intraombilicaux, nous avons fait une section d’un individu du Muséum de Genève et provenant du Raura- cien de Merry-sur-Yonne. Cette section ne diffère pas de celle de D'ORBIGNY. Fig. 43. — Itieria cabanetiana var. globosa. Section axiale, Gross. X 1. Tous les individus que nous avons recueillis au Salève, au nombre de 20, sont à taille égale, plus globuleux que ceux du Ptérocérien et du Rauracien (comparer, par exemple, notre fig. 17, pl. 30, avec la fig. 3, pl. 256 de D'ORBIGNY) ; de plus, ils atteignent une taille plus considérable. Nous donnons le nom de globosa à cette variété du Salève. Gisement. Couche à Matheronia salevensis du Portlandien inférieur, au haut des Etiollets, à Chavardon, au pied de l’escarpement du Saleve sous le Sarrot. Nombre d'exemplaires : 20. Pr ne MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 457 PTYGMATIS MENEGHINI (Gr. Gemm.). (PL 31, fig. 4-13.) 1865. Nerinea meneghini. G. GemmerLaro, Nerinee della ciaca dei dintorni di Palerme, p. 7, pl 1, fig. 8-12. 1569. Nerinea meneghini. G. GemmeLLARO, Studj pal. cale. Terebr. Janitor, part. 2, p. 18. 1873. — _ Zavre, Die Gastropoden der stramberger Schichten, p. 350 et 354. 1878, Plygmatis — Pinona, Sulla fauna fossile giurese del Monte Cavallo. p. 22, pl. 4, fig. 1 1886. — — Hergiou, Palacontologische Studien über die Kalkklippen des Siebenbur- gischen Erzgebirges, p. 40, pl. 3, fig. 12-13, 16-17, pl. 5, fig. 1-5. Espèce de grande taille: le plus grand individu que nous connaissons devait atteindre 15°% de longueur. Spire polymorphe, d’abord styloïde dans les premiers tours (fig. 9-10, pl. 31), puis conoïde, et enfin plus ou moins extraconique dans les derniers tours. Angle spiral de la dernière partie (extraconique) variant entre 13 et 15°, quelques individus à derniers tours fortement extraconiques (fig. 11, pl. 31) atteignent jusqu'à 18°. Tours plans ou parfois très lécèrement excavés, où même, dans les derniers tours, chez des individus adultes, très légèrement convexes. En arrière de la suture, ils présentent un faible bourrelet nettement délimité du côté postérieur par une très faible dépression (fig. 6 et 8, pl. 31); ils sont lisses ou munis de fines stries d’accroissement, leur hauteur atteint 35 à 40 centièmes de leur largeur, Chez les individus parfaitement conservés, la bande suturale, fort étroite, est visible (fig. 6 et 8, pl. 31). Dernier tour anguleux à la périphérie de la Fig. 44. — Piygmalis meneghini. Fig. 45. — Ptygmatis meneghini. Section axiale. Gross. X 1. Cou- Section axiale, Gross. X< 1. Grosse che à Matheronia salerensis. oolite, 158 JULES FAVRE base qui est lisse et en général pourvue d’une faible dépression circaombilicale. Ombilic très étroit chez les jeunes, mais s’évasant chez les adultes. Plication com- pliquée, analogue à celle de P. pseudobruntrutana. Nous la figurons plutôt que de la décrire (fig. 44 et 45). Rapports et différences. Cette espèce est très voisine du P. bruntrutanaThurm.. mais il est facile de la reconnaitre au polymorphisme de sa spire. Tandis que tous les auteurs qui ont parlé de P. bruntrutana ont reconnu à cette espèce une spire régulièrement conique ou conoïde dans les derniers tours, nos individus, au nombre d'une quarantaine, sont tous plus ou moins extraconiques. Le sommet styloïde puis conoïde de la coquille est aussi très typique. G. GEMMELLARO, qui a créé l'espèce, n'avait à sa disposition que des individus roulés. C’est ce qui lui a fait dire que le dernier tour était arrondi à la périphérie de o à Fig. 46. — Ptygmatis pseudobrun- Fig. 47. — Ptygmatis pseudobrun- trutana. Section axiale. Gross. trutana. Section axiale. Gross. x 1. Grand exemplaire à ombilic Sens F très large. sa base. Dans la couche du Portlandien inférieur, que nous avons appelée Grosse oolite, où les fossiles sont en général roulés, nous avons trouvé des Péyymatis se rapportant exactement aux figures de GEMMELLARO (fig. 12 et 13, pl. 31), mais, grâce à la bonne conservation de cette espèce dans la couche à Matheronia sale- vensis, nous avons pu compléter la diagnose du paléontologiste sicilien, MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 159 Gisement. Portlandien inférieur, soit dans la Grosse oolite (Saut Gronet, gorge de la Mule, bas de l’Evorse), soit dans la couche à Matheronia salevensis (haut des Etiollets, Chavardon, bas de la Grande Gorge). Nombre d'exemplaires : 45. PTYGMATIS PSEUDOBRUNTRUTANA (Gr. Gemm.). (PI. 31, fig. 14-16.) Pour la bibliographie de l'espèce, voir Cossmanx, Contribution à la pal. française des terr. jur. Nérinées, p. 75. Nous possédons un certain nombre de Pfygmatis qui correspondent parfaitement à la diagnose de GEMMELLARO. D’autres ont un angle spiral plus grand, atteignant jusqu’à 18°; d’autres encore ne sont pupoïdes que jusqu’à une certaine taille puis deviennent coniques et même un peu extraconiques. Malgré ces différences, nous n’hésitons pas à les attribuer tous à l’espèce de GEMMELLARO. Nous avons encore constaté que, chez les individus très adultes, l’ombilic s’évase considérablement, jusqu’à atteindre le !/, de la largeur du tour. La plication est très compliquée et un peu variable dans les détails (fig. 46 et 47). Gisement. Portlandien inférieur (Grosse oolite), partie supérieure de la gorge de la Mule, Saut Gonet, bas de l’Evorse. Nombre d'exemplaires : 25. PTYGMATIS QUINQUEPLICATA (G. Gremm.). (PI. 31, fig. 1-8.) LL 1865. Nerinea quinqueplicata. G. GEMMELLARO, Nerinee della ciaca dei dintorni di Palermo, p. 23, pl. 3, fig. 13-14. 1869, Nerinea quinqueplicata. G. GEMMELLARO, Stud pal. cale. Terebr. Janitor, part. 2, p. 13, pl. 2 bis, fig. 8-10. 1878. Phygmatis quinqueplicata. PironA, Sulla fauna fossile giurese del Monte Cavallo, p. 24, pl. 5, fig. 15-17. 1898. Ptygmatis quinqueplicata. Cossmanx, Contrib. à la pal. française des lerr. jur., Nérinées, p. 173. 1907. Nerinea quinqueplicata. DENINGER, Die mesozoischen Formationen auf Sardinien, p. 465. Longueur du plus grand individu . . . . . MARÉES ER is 24cm, Diamètre maximal du plus grand individu . . . . Te ; 4om, Angle spiral chez les jeunes . . . . . . Le ; 16°. Augle spiral chez les adultes diminuant jusqu'à. . : x 20: Angle sutural des grands exemplaires . 5 ares ; s 802. Angle sutural des petits exemplaires . . . . RE D ICE ECTS Coquille non ombiliquée, de grande taille, à angle spiral variable avec l'age. Chez les jeunes ayant jusqu'à 6-8" de long, cet angle atteint 13 à 16°, puis 460 JULES FAVRE diminue pour mesurer, chez les individus adultes, de 6 à 2°. Tours plans ou très peu évidés chez les jeunes et très faiblement bombés chez les adultes, nettement étagés chez les jeunes. La hauteur des tours par rapport à leur largeur est de 5 à 6 dixièmes chez les jeunes, de 60 à 65 centièmes chez les adultes. Il existe une striation spirale très fine sur la surface des tours, elle n’est visible que sur les individus parfaitement conservés, Dernier tour un peu contracté dans le voisinage de l’ouverture chez les individus très adultes, un peu anguleux à la périphérie de la base, surtout chez les jeunes. La base est ornée de très fines stries spirales; elle est bombée. Ouverture rhomboïdale, terminée par un bec canaliculé assez court. Les plis (fig. 48, 49) Fig. 48. — Ptygmatis quinquepli- Fig. 49. — Ptygmatis quinquepli- cata. Section axiale. Gross. x 1!/2. cata. Section axiale d’un grand individu. Gross. x 1. n'atteignent pas l'ouverture, ils sont au nombre de 5, deux columellaires, un pariétal, deux labiaux, tous compliqués, sauf le labial postérieur. Chez les adultes, les plis se simplifient légèrement et tendent à perdre leurs appendices lamellaires. Columelle dépassant un peu le !/, du diamètre chez les jeunes; elle s’épaissit chez les adultes et atteint presque la moitié de ce diamètre. Comme conséquence de cette particularité, les adultes ont la section du vide interne des tours plus allongée, Rapports et différences. Nos exemplaires permettent de compléter la diagnose MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 461 donnée par (EMMELLARO grâce à leur grande taille et à la bonne conservation de quelques-uns d’entre eux. Le P. quinqueplicata est voisin du P. clio. (d'Orb). Il s’en distingue cependant par sa taille plus grande, son angle spiral très variable avec l'âge, ses tours moins excavés, nettement étagés chez le jeune. La base du dernier tour, chez P. quinqueplicata, est toujours convexe, au lieu qu'elle est concave chez P. clio. La plication est très voisine chez les deux espèces et ne diffère que dans le détail de la structure des plis. La columelle est un peu plus large chez l’espèce du Salève, surtout chez l'adulte. Gisement. Portlandien inférieur (couche à Matheronia salevensis), haut des Etiollets, Chavardon. Nombre d'exemplaires : 35. CRYPTOPLOCUS DEPRESSUS (Voltz.). (PI. 32, fig. 1.) Pour la bibliographie de l'espèce, voir Cossmanx, Contribution à la pal. française des terr, jur., p. 158. Nous possédons quelques Cryptoplocus dont l'angle spiral est de 18 à 19°; leur spire est régulièrement conique. Les tours sont un peu convexes, surtout en avant; leur hauteur atteint les 36 à 37 centièmes de leur largeur. L’ombilic est assez étroit. Ces échantillons ont le même angle spiral et la même hauteur des tours que <) À à 6 Fig. 50, — Cryptoplocus depressus. Section axiale, Gross. X 1. alé - T » AE SE TR — - 162 s JULES FAVRE C. succedens Zitt., mais ils en diffèrent par leur profil, par leur bande suturale beaucoup plus mince et par leurs tours non étagés. Ils se rapprochent davantage de C. depressus (Volz.), mais d’après les indications de ZITTEL!, qui a eu l'original de VoLTz entre les mains, les tours de nos individus sont trop élevés (36 à 37 cen- tièmes au lieu de 31). Toutefois comme le célèbre paléontologiste dit que des exem- plaires de Valfin correspondent parfaitement au type et que COSSMANN ? figure des échantillons du même gisement qui, au contraire, correspondent à nos échantillons, nous pensons que l’espèce varie sensiblement et nous y rattachons nos échantillons du Salève. Gisement. Couche à Matheronia salevensis, Portlandien inférieur, au haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : 3. CRYPTOPLOCUS SUCCEDENS Zitt. (PI. 32, fig. 2.) Pour la bibliographie, voir Cossmanx, Contrib. à la pal. française des terr. jur., Nérinées, p. 160. Ajouter : % 1901. Cryploplocus succedens. Gerer, Die Nerineen des schwäbischen Jura, p. 299. Trois exemplaires du Salève se rapportent exactement à la description de ZxrTeL. Leur angle spiral est de 18-19°, leurs tours sont tout à fait plans, faible- Fig, 51. — Cryptoplocus succedens. Section axiale de individu figuré pl. 32, fig 2. Gross. X 1. ment étagés, en tout cas dans les derniers tours. La largeur des tours atteint les 33 centièmes de la hauteur. Nous ne possédons pas d’échantillon suffisamment bien ! Die Grastropoden der stramberger Schichten, p. 377. © Contrib. à la pal. fr. des terr. jur., pl. 12, fig. 4 et 11. MONOGRAPIHE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 4163 conservé pour montrer le caractère de la bande suturale que ZITTEL indique. La section axiale ne présente rien de particulier (fig. 51). Gisement. Couche à Matheronia salevensis, Portlandien inférieur, au haut des Etiollets. Nombre d'exemplaires : 3. CRYPTOPLOCUS EXCAVATUS n. Sp. (PL. 32, fig. 3.) $ Espèce de petite taille, à spire régulièrement conique. Angle spiral mesurant 21°. Tours lisses, très excavés. Sutures situées par conséquent sur un bourrelet assez saillant, La hauteur des tours atteint les 29 centièmes de la largeur, mesure prise dans l’évidement, Ombilie assez étroit. Pli pariétal mince, très saillant, dirigé vers l'extérieur. Il existe, à une certaine distance de l'ouverture, un léger renflement sur la columelle, au point où se trouve le pli columellaire chez les Nérinéinés (fig. 52). 48 aie) ©) Fig. 52. — Cryptoplocus excavatus. Section axiale de l'individu figuré pl. 32, fig. 3. Gross. X 1 ‘2. Bien que nous ne possédions qu’un seul échantillon de cette forme, nous n’hé- sitons pas à en faire une nouvelle espèce, car l’excavation des tours est plus forte que dans toutes les espèces connues. Nous ne connaissons pas d'espèce ayant un pli pariétal aussi mince et aussi saillant. Grisement. Couche à Matheronia salevensis, Portlandien inférieur, au bas de la Grande Gorge. APTYXIELLA (?) RUSTICA n. Sp. (PI. 32, fig. 4-6.) Espèce de petite taille, étroite, à galbe légèrement conoïdal vers le sommet. Angle spiral mesurant 6°. Tours nombreux, ornés de deux fins filets spiraux peu visibles, anguleux à la périphérie de leur base et munis en arrière d'un bourrelet MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 58 AG4 JULES FAVRE très saillant surplombant la suture. La hauteur des tonrs atteint les 40 à 46 cen- tièmes de leur largeur. La section axiale de la coquille montre que le contour interne des tours est subquadrangulaire, sauf au sommet de la coquille, où il est circulaire, La plupart des individus ne présentent pas trace de plis; quelques-uns, dans leur jeune âge, montrent un pli columellaire rudimentaire (fig. 53 4). La coquille n’est pas ombiliquée. La columelle est très épaisse et atteint au moins le !/, du diamètre du tour (fig. 53). Same es 100000000000 Vec2000 Fig. 53, — Aptyriella rustica. Sections axiales. Gross. X 2. Rapports et différences. Aptyæiella(£) rustica est voisine de Nerinella (2) cochlea G. Gemm., mais elle s’en distingue principalement par l’absence de plication chez l'adulte et par sa columelle beaucoup plus épaisse. Observations. Cette espèce fait partie du groupe comprenant Nerinella(?) cochlea G. Gemm., N. (2) cochleoides Zitt., N.(?) retrogressa Et.! caractérisé par la pré- sence d’un seul pli, rudimentaire en général et situé sur la columelle. Tandis que chez ces trois dernières espèces, ce pli columellaire est persistant, il n'existe que dans le jeune âge et à l’état rudimentaire chez notre espèce qui devrait donc se ranger dans le genre Aptyxiella Fisch. Il en résulte que, dans la coupure générique établie par FISCHER, rentrent des formes d'origines diverses, puisque COSSMANN à observé que certains Aptyæiella (comme À. sexcostata (Q'Orb.)) ne présentent aucune trace de pli columellaire, mais par contre un rudiment de pli du labre. Il sera proba- blement nécessaire de modifier la classification de ces formes sans plis quand elles seront mieux connues. G'isement. Portlandien inférieur, soit dans la Grosse oolite, (orge de la Mule, 1 Nous avons fait des sections de cette espèce provenant de Saint-Joseph près Valfin et appartenant au Muséum de Genève, et nous avons constaté un pli peu développé à la columelle. MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 16) pied du Sphinx, soit dans la couche à Matheronia salevensis, à Chayardon et au bas de la Grande Gorge. Nombre d'exemplaires : S. PSEUDONERINEA CLIO (d'Orb.). Pour la bibliographie de lespèce, voir Cossmanx, Contribution à la pal. française des terr. jur., Nérinées, p. 10. Ajouter : LL 1911. Pseudomelania aff. clio. BLasouke, Zur Tithonfauna von Stramberg, p. 166, pl. 4, fig. 6. Nous avons recueilli cette espèce dans le Portlandien inférieur (Grosse oolite) du bas de l’Evorse. Il s’en trouve aussi un exemplaire au Muséum de Genève, pro- venant des éboulis du Coin et qu’on peut également attribuer au Portlandien par les caractères de sa gangue. MOLLUSQUES CÉPHALOPODES BELEMNITES (HIBOLITES) DICERATINUS Et. (PI. 32, fig. 8-9.) Pour la bibliographie de l'espèce, voir pe Lorior, Etudes sur les Moll. des couches corall. de Valfin, p. 37. Ajouter : 1868. Belemnites cfr. semisulcatus. G. GEMMELLARO, Studj pal. cale. Terebr. Janitor, part. 1, p. 21, pl. 3. fig. 2-3. 7. Belemnites (Hibolites) cfr. semisulcatus. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Lanque- doc, p. 280, pl. 1, fig. 3-4. 1991. Belemnites (Hibolites) semisulcatus ? Kizran et P. Lory, Notices géol. sur divers points des Alpes françaises, p. 582. 1905. Belemnites diceratinus. Verrers, Die Fauna der Juraklippen awischen Donau und Thaya, p. 244 [22]. 18 DE LORIOL a réuni, avec raison, croyons-nous, sous le nom de Belemnites dice- ratinus Et., toutes les Bélemnites du Jurassique supérieur coralligène désignées par les auteurs sous le nom de B. cfr. semisulcatus. Cette B. diceratinus est très voisine il est vrai, de B. semisulcatus Münster qui en diffère par la pointe de son rostre beaucoup plus efhlée. Nous possédons quelques fragments de Belemnites du Salève que nous rappro- chons de B. diceratinus. Ns en montrent tous les caractères, sauf peut-etre que certains d’entre eux ont le rostre plus ventru. Gisement. Portlandien inférieur, soit dans la Grosse oolite (gorge de la Male), soit dans la couche à Matheronia salevensis (haut des Etiollets). Nombre d'exemplaires : T. CONCLUSIONS La faune coralligène du Jurassique supérieur du Salève comprend actuellement 92 espèces réparties en deux niveaux séparés par une brèche zoogène récifale attei- gnant 25" d'épaisseur environ. Nous avons appelé le niveau inférieur couche à Matheronia salevensis, du nom du fossile qui y est le plus abondant et le plus caractéristique. Le niveau supérieur, d'aspect très caractéristique, a été appelé Grosse oolite ; il est constitué par uné brèche zoogène oolitique dont les éléments, roulés, atteignent en moyenne la grosseur d’un pois ou d’une noisette. Ce niveau supérieur ne contient du reste que les 17 espèces suivantes : Corbis valfinense de Lor. Cardium (Pterocardia) corallinum Leym. var valfinense Rollier. Nerita (Lissochilus) tithonica n.sp. Gymnocerithium (2?) involvens (Zitt.). Ditretus nodosostriatus (Peters). Ditretus consobrinus n. sp. Nerinea binodosa Et. N. robusta n.sp. N. salevensis de Lor. Nerinea hoheneggeri Peters. N. thurmanni Et. Nerinea(?) sphinæi n. sp. Phaneroptyxis staszycii(Zeuschn.) var. ty- pica (Zitt.). Ptygmatis pseudobruntrutana G. Gemm. Aptyxiella rustica n. Sp. Pseudonerinea clio (d'Orb.). Belemnites (Hibolites) diceratinus Et. dont 7 se retrouvent dans le niveau inférieur à Matheronia salevensis : Corbis valfinensis de Lor. Nerineu robusta n. sp. Cardium (Pterocardia) corallinum Leym., var. valfinense Rollier. Ditretus nodosostriatus (Peters). N. hoheneggeri Peters. Aptyxiella (?) rustica n. sp. Belemnites (Hibolites) diceratinus Et. Parmi les 92 espèces de la faune coralligène du Salève, il en est 22 (25 °/;) qui n’ont pas été retrouvées ailleurs, ée sont : MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 167 Pedina salevensis n. sp. Lima (Limatula) salevensis de Lor. Pachymytilus obtusus n. Sp. Arca (Barbatia) gracilicostata n. sp. Matheronia salevensis n. sp. Valletia antiqua n. sp. Ditremaria salevensis n. Sp. Turbo (Senectus) salevensis n. sp. Scurriopsis salevensis (de Lor). Patella modesta n. sp. Eunaticina heterostriata n. Sp. Narica mortilleti (de Lor.). Petersia salevensis n. Sp. Petersia corallina n. Sp. Brachytrema filigrana n. Sp. Ditretus consobrinus n. Sp. Nerinea robusta n. Sp. — _ grata n. Sp. — paucicostata n. Sp. Nerinea (2?) sphinæi n. sp. Cryptoplocus excavatus n. Sp. Aptyviella (?) rustica n. sp. Il en est de même pour les deux variétés suivantes : Ditremaria carinata Zitt. var. elegans n. var. Itieria cabanetiana d'Orb. var. globosa n var. Les 7 espèces suivantes traversent tout le Malm et n’ont par conséquent pas grande valeur pour la détermination stratigraphique : Pedina sublaevis Ag. Aoropeltis aequituberculata Ag. Terebratula insignis Schübl. Alectryonia hastellata (Schloth.). Pyrina icaunensis (Cott.). Phaneroptyxis moreana (4'Orb.). Pseudodesorella orbignyana (Cott.\. ; Il reste 61 espèces qui peuvent être comparées avec celles des divers gisements coralliens du Jurassique supérieur. Nous ne prendrons ici, comme terme de compa- raison, que les faunes coralligènes dont le niveau est bien déterminé, sans toutefois nous occuper de celles qui sont antérieures au Ptérocérien, la faune du Saleve n'étant certainement pas si ancienne, Les couches de Stramberg sont certainement tithoniques supérieures, comme l'indique leur faune de Céphalopodes : Æoplites (Beriasella) callisto (d'Orb.) Æ. (Be- riasella) privasensis Pict., Holcostephanus (Spiticeras) pronus Opp., Perisphinctes transitorius Opp., etc. Celles du Languedoc sont en partie tithoniques supérieures (Bois de Monnier) avec Belemnites (Duvalia) ensifer Opp., B. (Duvalia) tithonius Opp., Perisphinctes transitorius Opp., Hoplites periptychus Neum. et Uhlig, Hoplites microcanthus Opp., et en partie tithoniques inférieures (Murles) avec Perisphinctes contiquus (Catullo), P. richteri Opp., Lissoceras elimatum (Opp.). Les gisements de Sicile sont tithoniques inférieurs grace à la présence de Aspidoceras longispinum (Sow.), À. cyclotum Opp., Oppelia lithographica (Opp.), Perisphinctes eudichotonus (Zitt.), Perisphinctes geron (Zitt.). 468 JULES FAVRE La faune de Kelheiïm est aussi considérée généralement comme portlandienne inférieure, bien qu'en dehors des Céphalopodes portlandiens Pachyceras gravesia- nus (dOrb.) et P. portlandicus (de Lor.), il se rencontre aussi des espèces kimerid- giennes comme Aspidoceras longispinum Sow. et Perisphinctes diceratinus Schloss. Les riches gisements de Valfin sont nettement ptérocériens puisqu'ils sont situés entre les calcaires séquaniens à Perisphinctes polyplocus Rein. et les couches à Exogyra virqula. La tabelle de la page 470 indique quelles sont les espèces communes entre les faunes coralligènes du Salève et les gisements précédents. Il résulte de la com- paraison que parmi les espèces du Salève 18 sont communes avec la faune de Valfin qui compte 229 sp. ; 15 » » avec la faune de Kelheiïm qui compte 163 sp. ; 19 » avec la faune de Sicile qui compte 224 sp. ; 2 1RR avec la faune tithonique inf. du Languedoc qui compte 64sp.; 10 » avec la faune tithonique sup. du Languedoc qui compte 50 sp.; 36 » » avec la faune de Stramberg qui compte 600 sp. La faune coralligène du Salève a donc la plus grande affinité avec la faune de Stramberg et surtout avec celle du Tithonique inférieur du Languedoc. Les affinités sont beaucoup plus faibles avec les gisements du Tithonique inférieur de Sicile, du Portlandien de Kelheïm et du Ptérocérien de Valfin. Il en résulte que les niveaux coralligènes du Salève peuvent étre considérés comme étant d'âge tithonique, Surtout si nous ajoutons que parmi les 60 espèces de sa faune qui se retrouvent dans d’autres régions, 32 (qui sont marquées d’un asté- risque dans la tabelle), soit plus du 50 ?/,, n'ont pas été constatées dans les niveaux inférieurs du Portlandien. Les renseignements fournis par un certain nombre d’espèces ou de genres à affinités crétacées viennent encore appuyer cette manière de voir. Le genre Codiopsis, essentiellement crétacé, fort rare dans le Jurassique, est représenté dans la faune du Salève par C. lorini Cott., espèce qui n’était connue jusqu ici que dans le Crétacé inférieur. Le genre Matheronia, surtout crétacé, qui apparait dans le Ptérocérien tout en y étant fort rare, prend un développement important dans le Tithonique supérieur du Languedoc, de l'Echaillon, de Stramberg. Il est également abondant au Salève. Valletiu, autre genre de Rudiste, n’était connu jusqu'ici que du Valan- ginien. La faune coralligène du Salève est donc incontestablement tithonique. Nous avons vu, en outre, dans la partie stratigraphique de cette étude et au commence- ment de ce chapitre, que des calcaires oolitiques atteignant 30 mêtres d'épaisseur et un Purbeckien bien développé représentant le Tithonique supérieur sont super- : MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 469 posés à nos niveaux fossilifères coralligènes. On peut donc certainement attribuer à ces derniers un âge tithonique inférieur, ce que l’on pouvait déjà admettre d’après certains de leurs caractères, par exemple, la très grande affinité des faunes du Salève et du Tithonique inférieur du Languedoc (Murles, etc.), l'absence au Salève comme aussi dans le Tithonique inférieur de Murles, de Sicile, de Kelheim, etc., de véri- tables /eterodiceras qui existent partout dans le Tithonique supérieur. La pré- sence du genre Matheronia semble au premier abord en opposition avec les carac- tères précédents, car les gisements du même àâge que ceux du Salève (Sicile, Kelheim) n’ont pas fourni ce genre jusqu'à présent. Mais Matheronia salevensis montre un degré d'évolution intermédiaire entre le genre Plesiodiceras dont il dérive et Matheronia romani Paq. et Hypelasma colloti Paq., du Tithonique supé- rieur du Languedoc et de l’Echaillon. Il semble que ce dernier genre de Rudiste ait pris naissance et se soit développé dans un espace limité comprenant le Jura méri- dional et les régions avoisinantes avant d'avoir une aire de dispersion considérable, C’est ce qui expliquerait que, très rare dans le Ptérocérien du Jura méridional, ce genre, abondant au Salève dans le Tithonique inférieur, fait défaut à la même époque dans les autres gisements connus, tandis qu’on le retrouve sur un espace beaucoup plus considérable au Tithonique supérieur (M. romani Paq. à l'Echail- lon et dans le Languedoc, AZ. strambergensis Blaschke à Stramberg). Salève . à Matheronia salevensis Grosse oolite C Tithooi- inférieur Kelheim que Sicile Languedoc Languedoc Titho- Ë 2 ES & supé- re & = = Stramberg. Echinodermes. Thiolliericrinus heberti (de Lor.). *Cidaris carinifera Ag. * Pedina salevensis n. Sp. Pedinu sublaevis Ag. Hemicidaris stramonium Ag. Pseudocidaris subcrenularis Gauth. Acropeltis aequituberculata Ag. *Codiopsis loréni Cott. * Echinobrissus salevensis de Lor. Pyrina icaunensis (Cott.). Pseudodesorella orbignyana (Cott.). Brachiopodes. Rhynchonella astieriana d'Orb. # Zeilleria lugubris (Suess). l *7Z. magasiformis (Zeuschn.). Z. humeralis (Rœm.). Megerlea pectunculoides (Schloth.). * M. Petersi Hohenegger. * M. aff. loryi Pict. * Terebratula moravica Glock. * T! formosa Suess. T'. insignis Schübl. Terebratulina substriata (Schloth.). Lamellibranches. Alectryonia hastellata (Schloth.). * Pecten aff. nebrodensis Gemm. et di BI. * P, (Spondylopecten) globosus Quenst. emend. Philippi. P. subspinosus (Schloth.). * Spondylus pictetianus (de Lor.). Lima (Plagiostoma) thisbe de Lor. * L, (Plagiostomu) erctensis G. Gemm. * L. (Limatula) salevensis de Lor. Mytilus subornatus Et. * Pachymytilus obtusus n. Sp. * Arca (Burbatia) gracilicostata n. Sp. Isoarca cfr. eminens Quenst. Corbis valfinensis de Lor. Diceras speciosum Münst. * Matheronia salevensis n. Sp. * Valletia antiqua n. Sp. Cardium (Pterocardia) corallinum Leym. var. valfinense Rollier. Isocardia bernardina (d'Orb.). * Astarte studeri de Lor. Gastéropodes. * Pleurotomaria multiformis Zitt. * Ditremaria salevensis n. Sp. * D). carinata Pitt. var. elegans n. var. Trochotoma mastoidea Et. + HR OO HE HER OURS UE LEE — _. ++ + + +++ ++ ++ + + +F+ ++ ++ HE + ++ + EE 1 Les espèces marquées d’un * ne sont connues que du Tithonique ou de terrains plus récents. + ++ + + ee 3 | Tithoni- | Titho- Salève ci pre a 5 inférieur ne =ol° = |2i=l|2lo2l.a 55 251818181818 231$ A EEE * Trochus (Discotectus) massalongoi G. Gemm. SUN | + * Turbo (Senectus) salevensis n. sp. + | | * Nerita (Lissochilus) tithonica n. sp. + + * Pileolus minutus Zitt. 12 ai | *Seurriopsis salevensis (de Lor.). + * Patella modesta n. sp. J + | Natica (Amawropsis) PURE Guir. et Og. 3 + Eunaticina qguirandi de Lor. + +| | * Eunaticina heterostriata n. sp. | + | * Narica mortilleti (de Lor.). [RS | | * Pseudomelania flexicostata (Zitt.). ie 3 *Oonia amygdaloides (Zitt.). ie ONE * Purpuroidea tschani Ooster. 2 +|+|+ | * Gymmocerithium involvens (Zitt.). + +|+ * Petersia salevensis n. Sp. di * P. corallina n. sp. CE * Brachytrema filigrana n. sp. Je Ditretus nodosostriatus (Peters). IE ERIC + * D. consobrinus n. sp. | * D, salevensis (de Lor.). e + Zittelia oppeli (Et). ae Je *Z. Picteti G. Gemm. ab ++) |+ Nerinea binodosa Et. ee jar *N. robusta n. Sp. Lol * Nerinea jeanjeani Roman. + EH] * N. salevensis de Lor. 4 *N. hoheneggeri Peters. 3 ÊE + +++ + *N. grata n. sp. ie *N. paucicostata n. sp. il N. thurmanni Et. 5e N.(?) dilatata d'Orb. ie 3 *N.(?) sphinæi n. sp. ; + Phaneroptyæis moreana (d'Orb.). de +|+ * P, rugifera (Zitt.). de Hein * P. staszycii (Zeuschn.) var. fypica (Zitt.). ie 3e 3e * P, staszycii (Zeuschn.) var. proboscidea Cosmm. ee * P, staszycii (Zeuschn.) var. helvetica Zitt. À de P. nogreti (Guir. et Og.). | [++ * P, multicoronata (Zitt.). + 3e * P. renevieri de Lor. + + Itieria cabanetiana (4'Orb.) var, globosa n. var. + * Plygmatis meneghini G. Gemm. + EE P. pseudobruntrutana G. Gemm. + ++) [+ *P, quinqueplicata G. Gemm. + + Cryptoplocus depressus (Voltz). + + +++ *C. succedens (Zitt.). 2e acc) fon *C. excavatus n. Sp. He *Aptyæiella (?) rustica n. sp. + |+ Pseudonerinea clio (d'Orb.). + + Céphalopodes. Belemnites (Hibolites) diceratinus Et. + HI MÉM. SOC. PHYS, ET HIST., NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 59 479 JULES FAVRE FAUNE DU PURBECKIEN FAUNULE MARINE DE LA PARTIE SUPÉRIEURE DU PURBECKIEN CORBULA FORBESI de Lor. Deux exemplaires provenant des carrières d’Aiguebelle (Petit Salève). CORBULA INFLEXA Rœm. Un exemplaire trouvé entre le Pas de l’Echelle et la Croix. NATICA (AMAUROPSIS) FLORAE de Lor. (PL 32, fig. 10.) 1868. Natica florae. de Lorioz, Monographie pal. et géol. de l'étage Portl. du dépt de l Yonne, p. 37, pl. 3, fig. 8-10. Nous avons recueilli un exemplaire de Natica identique à celui de la figure 10 de DE LORIOL (loc. cit.). Il provient de la partie tout à fait supérieure du Purbeckien des carrières d’Aiguebelle (Petit Salève). NATICA BAROTTEI de Lor. Cette espèce, qui n’est connue qu’à l’état de moule interne, est abondante au Salève dans la dernière couche purbeckienne, au contact de l’Infravalanginien. Nous l'avons recueillie aux carrières d’Aiguebelle (Petit Salève), aux Voütes, au Sentier des Büûcherons, à la Varappe, aux Etournelles. NATICA (AMPULLINA) HEMISPHERICA Rœm. Un moule interne, bien reconnaissable cependant, grâce à la forme toute parti- culière de cette espèce. Couche supérieure du Purbeckien de la carrière d'Aigue- belle (Petit Salève). MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 173 PSEUDOMELANIA NANA n. Sp. (PL. 32, fig. 17-18.) Longueur du plus grand individu . . . . . . . . . . . . 14m, Diamètre , , » Has AS selle. .. 4m. ACTA EE) CUPOOMAM MOMENT Sr Fu Ur - 07 10-187 Coquille de petite taille, allongée. Spire conique, sauf à l'extrémité postérieure où elle est légerement conoïde, composée de 9 à 10 tours très légèrement bombés dont la hauteur atteint les 62 à 69 centièmes de la largeur. Ces tours sont lisses, ou munis de stries d’accroissement très peu marquées, non sinueuses ou à peine, et parallèles à l'axe de la coquille. Sutures peu marquées. Dernier tour très élevé, atteignant les 52 à 59 centièmes de la longueur totale. Ouverture allongée, arrondie en avant, graduellement rétrécie en arrière. Cette espèce est voisine de P. corallina d'Orb. du Rauracien. Elle s'en distingue par sa taille plus petite, par son angle spiral un peu plus faible, par ses tours plus aplatis et dont le dernier est beaucoup plus élevé. Les stries d’accroisse- ment, assez sinueuses chez P. corallina, sont droites chez notre espèce. P. lævis Alth., du calcaire de Nizniow en Galicie est aussi voisine de l'espèce du Salève, mais son dernier tour est beaucoup moins élevé. Gisement. Purbeckien supérieur, carrière d’Aiguebelle (Petit Saleve). Nombre d'exemplaires : 6, dont 2 communiqués par M. PERRIER. EXELISSA SEPTEMPLICATA (Rœm.). (PI. 32, fig. 19-27.) Pour la bibliographie concernant cette espèce, nous renvoyons à l'ouvrage de De LorioL et COPTEAU, Monographie pal. et géol. de l'étage Portlandien du dép. de l Yonne, p. 23, en faisant toutefois remar- quer que nous ne pensons pas que Æ. supracostata (Buv.) puisse être identifié à Æ. septemplicata (Rœm) Ajouter : 1874. Cerithium septemplicatum. Brauxs, Der obere Jura, p. 194. 1882. Cerithium seplemplicatum. von Azrx, Die Versteinerungen des Nizniowerkalksteines, p. 256 [54]. pl. 22 [5], fig. 15. 1906. Exelissa septemplicata. Cossmanx, Essais de paléoconchologie comparée, 7me livr., p. 43. Coquille plus ou moins pupoïde, à angle spiral assez variable suivant les indi- vidus. Les tours, au nombre de 8 au minimun, sont ornés de 6 à 10 côtes axiales fortes, se correspondant en général d’un tour à l’autre. Ces côtes sont coupées par 10 à 13 cordons spiraux très accentués dans la région antérieure des tours et s’effa- A74 JULES FAVRE çant dans la région postérieure. Ces cordons, dans la partie moyenne et postérieure des tours, sont eux-mêmes très finement striés longitudinalement. L'ouverture n’est pas conservée. Observations. Nous possédons une cinquantaine d'exemplaires de cette espèce, qui montrent une assez grande variabilité. Les côtes axiales sont en nombre variant entre 6 à 10 par tour; elles ne se correspondent pas toujours d’un tour à l’autre, surtout quand elles sont nombreuses. Les individus qui comptent le plus de côtes axiales ont, en outre, un angle spiral plus grand, une forme pupoïde plus accusée, et leurs ornements spiraux sont plus fins. Les individus à petit nombre de côtes axiales sont très peu pupoïdes, leur angle spiral peut descendre jusqu’à 15°, leurs côtes sont fortes, tres régulièrement disposées en séries de façon à donner à la coquille l'aspect d'un solide polygonal. Nous n'avons pu nous résoudre à faire plusieurs espèces parmi ces formes, en apparence différentes, mais qui se relient les unes aux autres. Gisement. Couche supérieure du Purbeckien aux carrières d’Aiguebelle (Petit Salève). NERINEA MINIMA D. Sp. (PI. 32, fig. 32-86 et PI. 33, fig. 1-6.) Longueur probable du plus grand individu . , . . . . . . . 3bmm Diametre duplusera0dOndiVITU EN EN RC REIN AMmple Spa l PSE RP RP RCE EE D UE ARR ART TA 280 Coquille de petite taille, régulièrement conique, non ombiliquée. Tours, au nombre de 10 au moins, dont la hauteur atteint la moitié environ de la largeur; ils sont plus où moins excavés suivant les individus, mais jamais complètement plans, limités en arrière par un bourrelet tuberculeux de force très variable et à la partie antérieure par un bourrelet caréné un peu ondulé, recouvert par le bourrelet postérieur du tour suivant. La surface est ornée d’un cordon spiral perlé qui dis- parait parfois et qui est situé un peu plus en avant du milieu du tour. La base du dernier tour est carénée à sa périphérie, munie d’un cordon spiral non ou très fai- blement perlé. L'ouverture, imcomplètement conservée, est rhomboïdale, terminée par un bec assez long, aigu. Il existe deux plis columellaires à peu près égaux, un pli pariétal recourbé en crochet vers l'extérieur et un pli au labre situé au tiers antérieur du tour. Observations. Cette espèce est très variable, ses tours sont parfois très exca- vés, parfois presque plans: le bourrelet tuberculé de la partie postérieure des tours, peu développé chez certains individus, est au contraire très saillant et muni de gros Li 5e nié ER MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 179 tubercules chez d’autres. Nous donnons une série de figures montrant les princi- pales variations. Rapports et différences. Cette espèce, par sa forme générale, son ornementa- tion et sa plication, est voisine de Péygmatis nodosa (Volz.) du Rauracien et de P. ferruginea Cossm. de lOxfordien, mais elle s’en distingue aisément, ces deux dernières espèces étant ombiliquées, d'après COSSMAN. Gisement. Couche supérieure du Purbeckien aux carrières d'Aiguebelle (Petit Salève). Nombre d'exemplaires : S5, dont plusieurs communiqués par M. PERRIER. NERINEA CONCINNA n. Sp. (PI. 32, fig. 28 à #1.) Longueur probable du plus grand individu . . . . nt Cl D En Diamètre maximum du plus grand individu. Hart . 4nm,7 AOC EE OO os LE RO TD Duo MUR PE US Coquille de petite taille, conique, non ombiliquée. Tours au nombre de 11 au moins, dont la hauteur atteint les t/,, de la largeur, peu excavés, limités en arrière par un fort bourrelet très saillant portant 11 à 12 tubercules, et en avant par une carène assez peu accusée et recouverte par le bourrelet postérieur du tour suivant. La surface des tours est ornée d’un cordon spiral perlé, situé à peu près au milieu de l’évidement. La base du dernier tour est convexe, faiblement carénée à sa péri- phérie ; elle est munie de 2 cordons spiraux granulés, concentriques, placés à pen près à chaque tiers du rayon de la base. L'ouverture, incomplètement connue, est rhomboïdale, terminée par un bec assez long. Il existe deux plis columellaires courts et un pli pariétal droit, dirigé obliquement vers l'extérieur. Pas de pli au labre. Gisement. Couche supérieure du Purbeckien aux carrières d’'Aiguebelle (Petit Salève). Nombre d'exemplaires : 6. APHANOPTYXIS VARIABILIS n. Sp. (PI. 35, fig. 7 à 28.) Longueur du plus grand individu . RSR NE le 24mm DAME RE ER RS TRE US Le Sr A Er LT Angle spiral variant de . . . . . . Sue à Le LO "A2 Coquille de petite taille, conique. Tours au nombre de 10 au moins, à étage- ment très variable. Is ont une hauteur atteignant les 45 à 58 centièmes de leur lar- geur et portent à leur bord postérieur un bourrelet plus où moins saillant, müni de 476 JULES FAVRE 12 à 15 tubercules plus ou moins gros. Leur bord antérieur porte aussi un bourrelet, mais il est beaucoup plus faible et ses tubercules sont de taille beaucoup plus petite. Ce bourrelet antérieur est du reste recouvert, dans la plupart des cas, par le bourrelet postérieur du tour suivant. La surface des tours, peu évidée, présente en général un cordon spiral perlé, placé à peu près au tiers antérieur du tour, rare- ment à peu près au milieu. Il peut être suivi de un ou deux cordons beaucoup plus fins. Parfois, il existe 3 cordons spiraux égaux; rarement c’est le second qui est le plus fort. Le dernier tour est muni à sa périphérie d'un bourrelet peu saillant à tubercules faiblement développés. Sa base est ornée de 1 à 5 cordonnets spiraux concentriques, égaux ou inégaux, qui en occupent la partie périphérique, de sorte que son centre et le cou de la coquille sont lisses. La suture est en général peu visible, le bourrelet postérieur recouvrant le bourrelet antérieur du tour précédent. Dans certains cas, comme par l'effet d’un étirement, suivant l'axe d’enroulement, les deux bourrelets sont séparés et la suture apparaît au fond d’un sillon qui peut être assez accusé. À ces formes correspond toujours un angle spiral petit et un faible étagement des tours (fig. 23, 24, 26, pl. 33). L'ouverture est rhomboïdale, pourvue à sa partie antérieure d’un bec assez long et étroit. Pas d’ombilic, pas de plis, même dans les premiers tours. La rétro- currence des stries vers la suture étant nettement visible, chez plusieurs individus, cette espèce appartient donc bien au genre Aphanoptyxis Cossm. Observation. Cet Aphanoptyxis est extrémement variable. Bien que nous ayons examiné un très grand nombre d'individus, nous n’en avons pour ainsi dire pas trouvé deux qui soient tout à fait semblables. Nous avons déjà indiqué les prinei- pales variations dans la diagnose, nous n’y reviendrons pas, préférant donner des figures d’un certain nombre de formes. Rapports et différences. Cette espèce est voisine de À. pseudoexcavatum (de Lor.) du Portlandien supérieur du Boulonnais, elle s’en distingue par son angle spiral toujours plus fort et par ses tours qui sont sensiblement plus bas. L° A. sirius (d'Orb.) (Turritella excavata Sow. non Brongn.) a les mêmes proportions que l'espèce du Salève, mais elle est lisse à en juger par les descriptions et les figures de SOWERBY et de DE LORIOL, C’est l'A. nodosus (Rœm.) non Voltz., du Kimeridgien du Hanovre, qui a le plus d’affinité avec notre espèce. On distinguera cependant toujours facile- ment À. nodosus de la plupart de nos individus qui sont beaucoup plus trapus et qui ont un bourrelet tuberculé postérieur beaucoup plus fort. Mais c’est surtout les formes élancées du Salève, dont la suture est située au fond d’un sillon (fig. 23, 24, 26), qui sont voisines de l’À. nodosus ; leur angle spiral est cependant toujours de quelques degrés plus fort que chez les individus provenant d’Ahlem que le Musée de Lausanne nous à obligeamment prêtés. _ dé d MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 477 Gisement. Partie supérieure du Purbeckien, au Petit Salève, au-dessus du passage à niveau d'Aiguebelle, et sporadiquement en plusieurs points du Grand Salève, Nombre d'exemplaires. Plus de 2000 qui nous ont été donnés par M. PERRIER. PERISPHINCTES LORIOLI Zitt. Nous devons la détermination de cette espèce à l’amabilité de M. le pro- fesseur KILIAN. P. lorioli se rencontre dans la couche supérieure du Purbeckien aux carrières d'Aiguebelle (M. PERRIER), aux Voûtes du Petit Salève (M. le profes- seur SCHARDT) et au Sentier des Bücherons (Grand Salève). a] Nombre d'exemplaires : 3. La faunule marine de la couche supérieure du Purbeckien contient encore les espèces suivantes, qui sont nouvelles, mais insuffisamment conservées pour être décrites : Opis sp., moule interne, carrières d’Aiguebelle (Petit Salève). Pileolus sp., carrières d’Aiguebelle. Nerita sp., carrières d’Aiguebelle. Cylindrites (Volvocylindrites) sp., carrières d’Aïguebelle. FAUNE D'EAU DOUCE DU PURBECKIEN VALVATA HELICOIDES Forbes, (PI. 32, fig. 15-16.) Purbeckien supérieur à la Grande Varappe et aux Etournelles (Grand Salève), 39 exemplaires. LIOPLAX INFLATA Sandb. (PI. 32, fig. 11-14.) Exemplaires assez mal conservés, ayant généralement perdu leur test, mais identiques à l'échantillon figuré par SANDBERGER! quoique atteignant une taille un ! Lund- und Süsswasser-Conchylien der Vorwelt, pl. 2, fig. 17. A7S AULES FAVRE peu plus grande. I’un de nos individus, ayant une partie de son test, montre les fines stries spirales signalées par MAILLARD'!. Nous avons recueilli cette espèce dans la partie supérieure du Purbeckien, au Sentier des Bûcherons près du pas- sage de l’Are, et à la Grande Varappe. Nombre d'exemplaires : 22. PHYSA WEALDIENSIS Coq. (PI. 33, fig. 31 à 34.) Cette espèce, dont le test est toujours détruit, se trouve dans la partie supé- rieure du Purbeckien, au Sentier de Bücherons dans le voismage du passage de l'Arc, à la Grande Varappe et dans les couches verticales de Pierre Longue. Nombre d'exemplaires : 28. PLANORBIS LORYI Coq. (PI. 33, fig. 29-30.) Cette espèce bien connue est répandue dans la partie supérieure du Pur- beckien. Nous l'avons trouvée à la Grande Varappe, à la gorge de la Mule, aux Etournelles, au Sentier des Bûcherons et aux carrières d’Aiguebelle. LIMNEA sp. (PI. 33, fig 85.) Nous avons recueilli au Sentier des Bûcherons, près du passage de l’Are, une Limnée n'ayant aucune ressemblance avec les espèces de ce genre connues jusqu'ici dans le Purbeckien et le Wealdien. Comme nous ne possédons qu'un seul exem- plaire médiocrement conservé, nous nous contentons de le figurer. | Mém. Soc. paléontol. suisse, vol. 11, p. 62. MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 479 CONCLUSIONS La faune d'eau douce du Purbeckien ne présente pas d'intérêt particulier. Les espèces qui la forment se retrouvent partout dans le Jura, exception faite toutefois de la Limnée que nous avons figurée et qui paraît nouvelle. Ce sont : Valvata helicoides Forbes. Planorbis loryi Coq. Lioplazæ inflata Sandb. Limnea Sp. Physa wealdiensis Coq. Cypris Sp. La faune marine ou saumatre compte les 15 espèces suivantes : Corbula forbesi de Lor. Pseudomelania nana n. sp. C. inflexza Rœm. Exelissa septemplicata (Rœæm.). Opis Sp. Nerinea minima n. sp. Pileolus sp. Nerinea concinna n. sp. Natica (Amauropsis) florae de Lor. Aphanoptyæis variabilis n.sp. Natica barottei de Lor. Cylindrites (Volvocylindrites) Sp. N. (Ampullina) hemisphaerica Rœm. Perisphinctes lorioli Zitt. Nerita, Sp. Cette faunule marine présente un certain intérêt, car la plupart des espèces qui la forment sont atteintes de nanisme, ce qui semble indiquer que les conditions normales de la vie des organismes marins devaient être modifiées, La salure avait sans doute diminué, car cette faune, purement marine au Petit Salève (Aiguebelle), se mélange à des animaux ou à des Algues d’eau douce au Grand Salève, ainsi que nous l'avons montré dans la partie stratigraphique de ce travail (p. 316). L’extrème variabilité que nous avons observée chez toutes les espèces dont nous avons pu recueillir un nombre suffisant d'individus (Exelissa septemplicata (Rœm.), Nerinea minima n. sp, Aphanoptyæis variabilis n. sp.) est peut-être aussi un autre indice des conditions anormales que présentait la mer. Mais l'intérêt principal de cette faunule réside surtout dans le fait qu'elle à de grandes affinités avec certaines faunes du Kimeridgien et du Portlandien du nord de l'Europe centrale. Aïnsi : Corbula forbesi de Lor. est abondant dans le Portlandien et le Purbeckien du Hanovre. Corbula inflexa Rœm. est connu du Kimeridgien supérieur, du Portlandien, du Purbeckien du Hanovre et du Portlandien de la Haute-Marne, Natica floræ de Lor. a été signalée dans le Portlandien de la Haute-Marne et de l'Yonne. Natica barottei de Lor. n’est connue que du Kimeridgien de la Haute-Marne. MÉM. SOC. PHYS. ET HIST, NAT, DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). 60 AS0 JULES FAVRE Natica hemisphærica Rœm. existe dans le Kimeridgien supérieur du Hanovre et dans le Portlandien de la Haute-Marne et de l'Yonne. Exelissa septemplicata (Ræœm.) est répandue dans le Kimeridgien du Hanovre et de Nizniow (Galicie) et dans le Portlandien du Boulonnais et de l'Yonne. Enfin Aphanoptyxis variabilis n. sp., a des espèces affines (A. nodosa (Rœm.) et À. pseudoexcavata (de Lor.)) dans le Kimeridgien du Hanovre et dans le Port- landien du Boulonnais. Tandis que, pendant tout le Portlandien, les dépôts marins du Salève ont un facies à Rudistes, franchement méridional, une influence nettement septentrionale se fait sentir dans les sédiments qui couronnent le Jurassique. L’invasion marine qui laissa ces dépôts d’origine septentrionale fut, du reste, extrémement courte, car nous verrons réapparaître le facies méditerranéen à Rudistes avec la grande transgression crétacée. FAUNE DE L’INFRAVALANGINIEN 1. ASSISE A HETERODICERAS LUCI Nous avons vu, au sujet de la faune tithonique du Salève, que DE LORIOL, dans sa Description des fossiles de l'Oolite corallienne, de l'étage valanginien et de l'étage urgonien, avait confondu deux faunes coralligènes d'âge différent. Nous nous sommes occupé déjà de celle dont l’âge est tithonique. L'autre, qui a été recueillie prineipa- lement par DE LUC dans une ancienne carrière de Monnetier aujourd’hui comblée, appartient certainement à l’Infravalanginien, puisqu'elle est superposée au Purbec- kien. Nous allons rapidement passer en revue les quelques organismes qui la com- posent. Pendant nos recherches, nous n'avons trouvé aucune espèce à ajouter à cette faune. En effet, les couches qui la contiennent ne présentent des fossiles suffisamment conservés que dans la carrière, comblée actuellement, dont nous avons parlé. Nous avons toutefois pu recueillir quelques valves d’Æeterodiceras luci dans les anciens déblais encore visibles de cette carrière. PYGURUS BLUMENBACHI (Kock et Dunk.). Voir pe Lorior, Descr. des foss. de l’'Ool. corallienne, p. 41, et Desor et pe Lorior, Æchinologie helvétique, 1e part, Échinides de la période jurassique, p. 341. L'échantillon dont parle DE LoRIOL est fort incomplet et mal conservé. Il nous parait peu susceptible d’être déterminé exactement. La gangue de ce fossile rap- pelle tout à fait les calcaires de l'Infravalanginien à Natica leviathan. 1’indication MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 181 du gisement « chemin des Treize Arbres » permet d’exclure le Jurassique mais peut très bien se rapporter aux calcaires à AN. leviathan. 1 serait bien singulier que P. blumenbachi se rencontrat à un niveau si élevé. Dans ces conditions, il nous parait prudent de supprimer cette espèce de la faune du Salève. PYRINA ICAUNENSIS (Cott.). Voir pe Lorior, Descr. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 42, pl. F, fig. 14 Le fossile étudié par DE LORIOL, provenant des carrières de Monnetier, appar- tient certainement à l’Infravalanginien à Aeterodiceras luci. Ce serait donc au Salève que P. icaunensis atteindrait le niveau le plus élevé. Il y a cependant quelques réserves à faire. Le type unique de DE LORIOL, que nous n'avons du reste pas retrouvé, correspond bien, par sa forme générale et par la disposition des ambu- lacres, au P. icaunensis du Jurassique, mais il ne possède pas son test, de sorte que son attribution à l'espèce de COTTEAU sera toujours un peu douteuse. RHYNCHONELLA CORALLINA Leym. var. NEOCOMIENSIS Jacob et Fallot. Quelques exemplaires de cette variété, provenant des anciennes carrières de Monnetier, se trouvent au Muséum de Genève (Collection RocHaT). Deux d’entre eux ont été figurés par JACOB et FALLOT! dans leur + Etude sur les Rhynchonelles portlandiennes, néocomiennes et mésocrétacées du Sud-Est de la France >», page 50, planche 6, figures 9 à 11. PECTEN ROCHATI de Lor. : (PI. 34, fig. 4.) Voir pe Lorior, Descr. des foss. de l'Ool. corallienne, pl. E, fig. 5-6. Cette espèce n’est connue jusqu'à présent que du Salève. Tous les auteurs qui l'ont citée comme provenant d’autres régions l'ont confondue avec d’autres espèces comme ?. globosus Quenst. Le caractère principal de ?. rochati est donné par ses côtes irrégulièrement barbelées et plissées. Nous faisons ressortir ce caractère le mieux qu'il est possible dans la fig. 4, pl. 34, qui représente un agrandissement d’une partie du test du type figuré par DE LORIOL (loc. cit.), pl E, fig. 5. L'autre type, loc. cit., pl. E, fig. 6, appartient au Musée de Lausanne et doit ètre rejeté. C’est un moule interne qui, par sa gangue, peut être sûrement rapporté au Jurassique supérieur et qui n'est pas autre chose que Pecten (Spondylopecten) globosus Quenst. emend. Philippi. Nous avons retrouvé un exemplaire du véritable P. rochati de Lor. dans l’assise à Æeterodiceras luci, à Chavardon. ! Mém. Soc. paléontol. suisse, vol. 39 (1913). US Ie, NTOINT ST 4892 JULES FAVRE LIMA (PLAGIOSTOMA) MONETIERI n. Sp. (PI. 34, fig. 2-8.) 1866. Lima comatula. vx Lorioz (non Buv.), Deser. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 27, pl. E, fig. 2-5. De Loriol a décrit sous le nom de Lima comatula une espèce du Salève qui nous paraît être nouvelle. Voici ses caractères : Longueur du plus grand individu. . AE AT CIS e LD SN SU Largeur du même individu. . . . . . Bree. Nes Om Largeur des individus par rapport à leur longueur . . . . . 0,74 à 0.77. Epaisseur par rapport à la longueur. . . . . . . . . . 0,51 à 0,55. Nous reproduisons la diagnose de DE LORIOL : Coquille presque aussi longue que large, fortement tronquée et presque droite du côté buccal, très arrondie du côté anal. Valves assez renflées, surtout dans la région des crochets, excavées du côté buccal, ornées sur toute leur surface de stries rayonnantes, très nombreuses, très fines, régulièrement et finement ponc- tuées jusqu’à une faible distance du bord palléal, onduleuses ou même anguleuses à leur rencontre avec les sillons d’accroissement; les exemplaires bien frais mon- trent en outre de très fines stries concentriques. Les intervalles, beaucoup plus larges, sont aplatis et un peu écailleux près du bord palléal; en approchant des extrémités et surtout sur le côté buccal, ils deviennent saillants, presque imbriqués, et on ne remarque’plus de ponctuations. Oreillettes courtes, un peu lamelleuses. » Quelques points de cette diagnose demandent à être revus. La coquille n’est pas presque aussi longue que large, mais, comme le montrent nos figures et nos mesures, obliquement ovale. Le type figuré par DE LORIOL que nous reprodui- sons du reste pl. 34, fig. 2 @, parait en effet très court, parce que sa partie posté- rieure est cassée. Les côtes et les stries rayonnantes s’affaiblissent considéra- blement dans la partie médiane des valves, sans toutefois disparaître complètement. Cette espèce est voisme de Z. comatula Buv., son ornementation est toute pareille. La forme dela coquille, par contre, est bien différente. L'espèce de Buvi- GNIER est subeirculaire, sa troncature antérieure est concave tandis que l'espèce du Salève est allongée, son bord antérieur tronqué est rectiligne où même un peu convexe et proportionnellement plus allongé. Enfin le crochet est plus déjeté vers le bord postérieur dans notre espèce. Gisement. Les quatre individus que possède le Muséum de (Genève provien- nent des anciennes carrières de Monnetier. protégé: il Ch Cr ct NER GE De MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 1S3 PINNIGENA SAUSSURI (Desh.). Voir pe Lorior, Descr. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 26. Nous ne savons pas ce que sont devenus les types de DE Luc figurés dans DE SAUSSURE, Voyages dans les Alpes, t. 1, p. 192, pl. 2, fig. 5-6. On sait toutefois - qu'ils provenaient des anciennes carrières de Monnetier, c'est-à-dire de l’Infrava- langinien à ÆHeterodiceras luci. H se trouve cependant au Muséum de Genève un exemplaire en mauvais état de cette espece; il à été recueilli par DE Luc et sa gangue montre bien la roche caractéristique de l’assise à Æeterodiceras luci. LITHODOMUS LUCI de Lor. Voir ne Lorror, Descr. des foss. de l'Ool. corallienne, p. 23, pl. D, fig. 9. Le type, provenant de la collection pe LUC, se trouve au Muséum de (renève. Sa ganoue permet d'attribuer certainement cette espèce à l’assise à Æeterodiceras luci de l'Infravalanginien. CORBIS SALEVENSIS de Lor. Voir ve Lorto1, Descr. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 22, pl. C, fig. 6. Nous ne savons pas ce qu'est devenu le type de cette espèce. La gangue d'un second individu appartenant au Muséum d'histoire naturelle de Genève, permet d'affirmer que l'espèce appartient à l’assise à /eterodiceras luci de lInfravalan- ginien. DICERAS ESCHERI de Lor. Voir pe Lorior, Descr. des foss. de l'Ool. corallienne, p. 24, pl D. fig. 1, 2, 3, 4, pl E, fig. 1 Le Diceras escheri provient des anciennes carrières de Monnetier ; il appar- tient done à l'Infravalanginien (assise à Aeterodiceras luci). La nature de la gangue des types permet de confirmer cette manière de voir. Cette espèce est fort mal définie; ses caractères internes sont encore pour la plupart inconnus. Le type de pe LoRiOL, pl. D, fig. 2, seul préparé est introuvable et nous n'avons pas réussi à préparer d’autres valves. ASA JULES FAVRE HETERODICERAS LUCI (Defr.). 1779. G. A. pe Luc, dans : H. B. pe Saussure, Voyages dans les Alpes, T. 1, p. 192, pl. 2, fig. 1-4. 1819. Diceras luci. Derraxce, Dictionnaire des sciences naturelles, T. 13, p. 177. 1843, Diceras luci. A. Favre, Observations sur les Diceras, p. 163. pl. 1, fig. 1-2, pl. 2, fig. 1-4, pl. 5, fig. 1-3, pl. 4, fig. 1-4, pl. 5, fig. 1. 1845. Diceras luci. À. Favre, dans: Crenu, Tllustrations conchyliologiques, genre Diceras, p. 2, pl. 1, fie. 1-8, pl. 3, fie. 1-6 (non pl. 2, fig. 1-3 nec pl. 4, fig. 1-3). 1845. Diceras luci. Picrer, Traité de paléontologie, vol. 3, p. 354. pl. 12, fig. 2. 1855. Diceras luci. Piorer, Trailé de paléontologie, 2e 6d., vol. 3, p. 591, pl. 81, fig. 19. 866. Diceras luci. ve Lorior, Descr. des foss. de l'Ool. corallienne, p. 24. 39. Diceras (Heterodiceras) luci. Muxier Cuazmas, dans : Heserr, Examen de quelques points de lu géologie de la France méridionale. Diceras luci. Bayre, Observations sur quelques espèces de Dicerus, p. 141. pl 19, fig. 6. Diceras luci. BAYAN, Observations sur les études faites dans les collections de lécole des mines. . Helerodiceras luci. Muxier CHaLmas, Etudes critiques sur les Rudistes, p. 477. 2. Diceras luci. G. Bœn, Ueber die Bezichungen von Pachyrisma, Megalodon, Diceras und Caprina. p. 615. 1883. Diceras luci. G. Bœam, Die Bivalven der stramberger Schichten, p. 520, 523, 525 (non Diceras luci var. communis, var, ovalis, var. mirabilis G. Bæœhm.). 1902. Diceras luci. Bicor et Marre, Catalogue critique de la Collection Defrance, p. 161. 1909. Heterodiceras luci. Jouxowskx et J. Favre, Sur la position stratigraphique des couches à Hetero- diceras luct au Salère, C. R. Acad. Se, 11 octobre 1909. 1910. Helerodiceras luci. H. Douvirré, Palacontologia umiversalis. fiche 173, fig. 1-4, fiche 173 a, fig. 1,2, Het P, fiche 173 b. Cette espèce, ayant été décrite à plusieurs reprises, il est inutile que nous reprenions l'étude de ses caractères. Nous renvoyons principalement aux travaux cités de H. DOUvILLÉ, 1910 et A. FAVRE, 1843, en faisant remarquer que la fig. 1, pl. 5 de ce dernier auteur est incomplète. Le type qu'elle représente possède une impression musculaire antérieure située sur la coquille même et limitée par une arête myophore peu accusée qui s'enfonce dans la cavité umbonale. Heterodiceras luci n'est connu jusqu'à présent que de l’Infravalanginien du Salève, Tous les Æeterodiceras cités souvent sous le nom de 7 luci dans le Titho- nique tant des Carpathes que de Wimmis ou du SE. de la France, diffèrent de l'espèce de DEFRANCE. I’espèce de ce genre, la plus voisine de celle du Salève, est celle que G. BœHM a désignée sous le nom de Diceras luci avec ses trois variétés communs, ovalis, mirabihis. L'espèce du Salève différe cependant par une série de caractères de celle de Stramberg de sorte que nous proposons de l'en séparer complètement. Nous ne sommes pas suffisamment documenté pour établir s'il faut réunir ces 3 variétés sous un seul nouveau nom ou si chacune d'elles doit être érigée en espèce. ’ar sa forme extérieure déjà, l'espèce du Salève peut être facilement distin- guée de toutes les autres. Elle est toujours plus carénée que l'espèce de Stramberg. MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 189 Les deux flancs des valves, déterminés par la carène, forment toujours un angle aigu mesurant en moyenne 60-70° (fig. 54 du texte et pl. 34, fig. 5, 6). À Stramberg, les Heterodiceras possèdent une carène dont les pans sont exceptionneilement à angle droit, mais forment en général un angle obtus; parfois même les valves ne sont pas carénées du tout. La valve supérieure, dans l'espèce du Salève, est fortement déjetée vers le bord postérieur chez les jeunes, et même déversée chez les adultes, comme cela se voit chez Toucasia transversa Paq., de sorte que la carène sur- plombe la commissure des valves (fig. 54 du texte et pl. 34, fig. 6). Nous n'avons jamais observé ce caractère chez d'autres Æeterodiceras. Fig. 54. — Helerodiceras lucr. Section horizontale des valves passant par la région cardinale Gross. >< !/e. En corrélation avec le caractère de la carène, la forme de l'ouverture est plus allongée et plus anguleuse, plus même que dans la variété ovalis de Bœnm. La coquille des formes de Stramberg est beaucoup plus massive et épaisse que chez /1. luci. La hauteur du plateau cardinal (comptée entre le ligament et le bord umbonal du plateau) mesure la moitié environ du plus grand diamètre de l'ouverture dans les échantillons figurés par G. BŒHM, tandis que dans les échan- tillons du Salève, elle ne dépasse pas le tiers de ce diamètre, La variété ovalis de Bœxm fait seule exception, mais, d'autre part, elle possède une carène obtuse ou nulle. Grace au grand développement du plateau cardinal, la forme de la cavité umbonale est arrondie dans l'espèce de BŒHM, tandis qu’elle est toujours ovale allongée dns celle de DEFRANCE. Les éléments de la charnière, très massifs dans la première de ces espèces, sont beaucoup plus minces et plus distincts chez la seconde. La dent 3b de 71 luci est plus lamellaire, plus ample et plus auriculiforme que dans les Æeterodiceras de Stramberg et la fossette A IT" est plus profonde, mieux dessinée et en forme de fer à cheval. Les autres Æeterodiceras du Tithonique, tels que ceux figurés par OOSTER, NUITS PER ARE MIE SI ee 486 JULES FAVRE (loc cit., pl. 17, fig. 12, pl. 18, fig. 1-6), par HERBICH (loc cit., pl. 19, fig. 1-2) et que MüoNiER CHALMAS a appelés 71. oosteri et enfin #1. zitteli ne peuvent être confondus avec 1. luci Defr. Gisement. C’est dans les anciennes carrières de Monnetier, aujourd'hui comblées par les déblais des nouvelles carrières ouvertes dans l’assise à Natica leviathan, que cette espèce à été recueillie par DE Luc. Elle est donc certainement infravalanginienne ; nous avons, du reste, encore trouvé quelques exemplaires de l'espèce dans les déblais de ces anciennes carrières. /1. luci se rencontre par nids, disséminés çà et là; c’est ainsi que nous l'avons observé dans les parois au-dessus d’Archamps, au sentier de la Traversière et au-dessus de Pomier, mais si fortement empaté dans la roche qu'il n’est pas possible de le préparer. Nombre d'exemplaires. Il existe au Muséum de Genève 5 valves droites préparées, 2 valves gauches préparées, 11 valves isolées non préparées tant droites que gauches, et 10 individus bivalves. Il se trouve aussi quelques valves de cette espèce au Musée de Lausanne, dont une valve gauche préparée. JARDIUM (PTEROCARDIA) CORALLINUM Leym. var. ALATUM de Luc. (PI. 34, fig. 1.) Voir px Lorior, Deser. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 21. Nous avons parlé de cette variété au chapitre concernant le Jurassique supé- rieur, nous y renvoyons le lecteur. NATICA DEJANIRA? d'Orb. Voir pe Lorior, Descr. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 18. L’échantillon que DE LORIOL a eu entre les mains est un moule interne, de sorte que sa détermination restera toujours un peu douteuse. Ce moule, d’après sa gangue, provient de la couche à Æeterodiceras luci. DITRETUS NODOSOSTRIATUS (Peters.). Voir pe Lomior, Deser. des foss. de lOol. corallienne, p. 15, pl. B, fig. 5. L’échantillon figuré par DE LORIOL est extrémement fruste. Il n’a conservé de son test que 4 des tubercules qui bordent la suture. Il n’est donc pas possible de le déterminer exactement puisqu'on connait aujourd'hui plusieurs espèces de min “at + de Re ad er à 2 MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 487 Ditretus comme D. nodosostriatus Zitt., D. migrans Zitt., ete., qui ne peuvent être distingués que par ces tubercules. Il faut donc supprimer de la faune infravalan- ginienne le Ditretus nodosostriatus. CERITHIUM MONETIERENSE de Lor. Voir pe Loror, Deser. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 17, pl. B, fig. 4. Le type de cette espèce montre très nettement la rétrocurrence des stries d’accroissement vers la suture, et la bande du sinus. Il appartient done au genre Pseudonerinea de Lor. et non au groupe des Cérithidés. La forme générale de ce type est identique à celle de Pseudonerinea clio (d'Orb.) qu'on trouve dans le même gisement à Monnetier (comparer la fig. 1 de la pl. B de l’ouvrage cité avec la fig. 3 de la même planche). Le canal dessiné dans la figure 3 est exagéré et il provient du fait qu'une partie du dernier tour est cassé. C. monetierense est pour nous syno- nyme de Pseudonerinea clio. NERINEA DEFRANCEI Desh. Voir pe Lortor, Descr, des foss. de l’Ool. corallienne, p. 9. Nous avons sous les yeux deux échantillons du Muséum de Genève provenant des collections A. FAVRE et ROCHAT qui ont été nommés N. defrancei par DE LORIOL. L'un d'eux n’est pas déterminable, son test étant trop usé. L'autre, mal conservé, n'est en tout cas pas N. defrancei, il se rapproche plutôt de N. fhur- manni Et. Nous ne savons ce qu'est devenu le 3% exemplaire cité par DE LORIOL, il appartenait à la collection px Luc et était, parait-il, bien conservé, il est peu pro- bable que ce soit N. defrancei, nous pensons plutôt que c’est N. posthuma Zitt. NERINEA DILATATA ? d'Orb. (PI. 34, fig. 7.) Voir DE Lorior, Descr. des foss. de l’Ool. corallienne, p. 10, pl. A, fig. 13-14. DE LORIOL à figuré deux exemplaires sous le nom de N. dilatata. Nous avons examiné le type de la fig. 14 et nous avons constaté qu'il n’est pas ombiliqué et qu'il ne peut par conséquent pas se rapporter à N. dilatata d'Orb. Le type de la fig. 13 n'a pas été retrouvé; s’il a été exactement dessiné, il ne peut être rapporté MÉM. SOC, PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 37 (1913) 61 Mn ei nt 10 -2 Cs d - PU US. ait 188 JULES FAVRE qu'avec beaucoup de doute à AN. dilatata dont l'angle spiral est beaucoup plus grand et dont la base est plus aplatie. Nous avons, par contre, retrouvé au Muséum de Genève, dans la collection ROGHAT, 2 exemplaires assez mal conservés provenant des anciennes carrières de Fig, 55. — Nerinea dilatata. Section axiale. Gross. X 1. Monnetier qui peuvent avec plus de certitude être attribués à N. dilatata. Ts ne sont cependant pas en assez bon état pour que nous puissions être tout à fait sûr de cette détermination (PI. 34, fig. 7 et fig. texte 55). PHANEROPTYXIS RENEVIERI ? (de Lor.) Nous renvoyons le lecteur à la page 454 où nous avons parlé de cette espèce. L'individu figuré par DE LorioL, pl. A, fig. 12, provient bien de l’Infravalanginien à Heterodiceras luci, mais il est très douteux qu'il se rapporte au véritable P. renevieri. CRYPTOPLOCUS DEPRESSUS ? (Volz.). Voir ne Lorror, Deser. des foss. de l'Ool. corallienne, p. 8. Tous les échantillons que DE LORIOL à étudiés sont des moules internes qui ne permettent plus une détermination exacte puisqu'on connait maintenant plusieurs espèces fort voisines qui ne peuvent être différenciées que par les caractères exté- rieurs de la coquille. C’est un de ces moules internes que DE LUC a décrit et figuré sous le nom de Vis pétrifiée dans le « Journal de Physique », ©. 55, brumaire an 11, p. 397, pl. fig. 3. Gisement. Anciennes carrières de Monnetier. Ces moules sont donc Infra- valanginiens (assise à Heterodiceras luci.). MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 189 PSEUDONERINEA CLIO (d’Orb.). Voir pe Lorior, Descr. des foss. de V'Ool. corallienne, p. 14, pl. B, fig. 1. Les exemplaires que DE LORIOL a eus entre les mains et ceux de la collection DE LUC proviennent des anciennes carrières de Monnetier, de l’assise à Æeterodi- ceras luci de lInfravalangien. Ils différent un peu de la forme typique jurassique en ce sens que leurs tours sont très légèrement bombés. PROSOPON OXYTHYREIFORME G. (Gremm. (PI. 34, fig. 8.) 1868. Prosopon oxythyreiforme. G. GEmm., Studj pal. cale. Terebr. Janitor, part. 1, p. 15, pl. 2, fig. 58 et pl. 3, fig. 1. 1897. Prosopon aff. oxythyreiforme. Roman, Recherches stratigr. et pal. dans le Bas-Languedoc, p.277, pl. 8, fig. 12. 1897. Prosopon oxythyreiforme. Mômoke, Die Crustaceen der stramberger Schichten, p. 57, pl. 6, fig. 10. Il existe dans la collection RocHAT, au Muséum de Genève, deux céphalotho- rax de Prosopon identiques à celui que GEMMELLARO a figuré loc. cit., pl. 5, fig. 1. La seule différence que nous puissions constater est la présence de deux petits sil- lons naissant à une petite distance du bord interne des cavités orbitaires et se diri- geant en arrière. Grisement. Ancienne carrière de Monnetier. CONCLUSIONS La faune de l’assise à Heterodiceras luci comprend donc les 16 espèces sui- vantes : Pyrina icaunensis ? (Cott.). Heterodiceras luci (Defr.). Rhynchonella corallina Leym. var. neoco- Cardium (Pterocardia) corallinum Leym. miensis Jacob et Fallot. var, alatum de Luc. Pecten rochati de Lor. Natica dejanira? d'Orb. Lima (Plagiostoma) monetieri n. sp. Nerinea dilatata ? d'Orb. Pinnigena saussuri Desh. À Phaneroptyxis renevieri? de Lor. Lithodomus luci de Lor. Cryptoplocus depressus ? (Voltz.). Corbis salevensis de Lor. Pseudonerinea clio (d'Orb.). Diceras escheri de Lor. Prosopon oxythyreiforme G. Gemm. 490 JULES FAVRE Parmi elles, les suivantes sont si mal conservées que leur détermination est douteuse : Pyrina icaunensis ? (Cott.). Natiea dejanira ? d'Orb. Nerinea dilatata? d'Orb. Phaneroptyxis renevieri ? de Lor. Cryptoplocus depressus ? (Voltz.). Six autres ne sont pas connues ailleurs : Pecten rochati de Lor. Lima (Plagiostoma) monetiert n. sp. Lithodomus luci de Lor. Corbis salevensis de Lor. Enfin parmi les autres espèces : Pinnigena saussuri Desh. Pseudonerinea clio (4’Orb.) Heterodiceras luci (Defr.). Cardium (Pterocardia) corallinum Leym. var, alatum de Luc. se retrouvent fréquemment dans les étages supérieurs du Malm. Prosopon oxythyreiforme G. Gemm est connu du Tithonique de Sicile et de Stramberg et Rhynchonella corallina Lieym. var. neocomiensis Jacob et Fallot est signalée dans le Crétacé inférieur du SE. de la France. 2. ASSISE A NATICA LEVIATHAN Au Salève, l’assise à Natica leviathan possède une faune qui ne différe pas dans son ensemble de celle du Jura. Nous nous bornerons donc à donner la liste des espèces qui ont été recueillies sur cette montagne jusqu’à ce jour et à étudier plus longuement celles qui présentent un intérêt particulier. DE LoORIOL, dans sa Description des fossiles de l'Oolite corallienne, de l'étage valanginien et de l'étage urgonien, à décrit les huit espèces suivantes : Nerinea favrina P. et C. N. marcousana d'Orb. N\. funifera P. et C. Cerithium ? brotianum de Lor. Nous avons en outre recueilli : Natica pidanceti Coq. Alectryonia tubereulifera (Koch. et Dunk). Modiola montmollhini (P. et C.). Terebratula valdensis de Lor. Natica leviathan P. et C. Harpagodes desori P. et C. Aporrhais saussureanus de Lor. A. valangiensis P. et C. T'oxaster granosus d'Orb. Plhyllobrissus neocomiensis (Ag.). Spirocyclina erratica n. sp. enfin LA UR e va MONOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE DU SALÈVE 491 Enfin, M. R. JACCARD, médecin dentiste à Genève, a fait don au Muséum de Genève d'une voûte palatine de Pyenodus couloni? Ag. et M. GYSIN, étudiant, nous a communiqué un échantillon de Pygurus rostratus Ag. Pour les gisements précis de toutes ces espèces, nous renvoyons à la partie stratigraphique de notre mono- graphie (p. 332). Les deux espèces suivantes, lune nouvelle, l'autre peu connue, méritent d'être étudiées. SPIROCYCLINA ERRATICA n. Sp. (PI. 34, fig. 10-13.) Diamètre du plus grand individu . . . SR NP Re le de L OUI Epaisseur , » » : Re LA PE CPE CENT LLC US Dans le jeune âge et jusqu'à un diamètre de Omn,7 à Omm S environ, cette espèce possède un plasmostracum discoïde formé de 6 à S loges disposées en spirale. À partir de ce moment, le mode de croissance change complètement; la dernière loge du jeune plasmostracum spiralé est recouverte à sa périphérie par des loges toujours plus embrassantes qui finissent par se rejoindre à leurs extrémités et à entourer complètement la partie centrale spiralée (fig. texte 36 et pl. 34 fig. 13). À partir de ce moment, les loges deviennent annulaires, le plasmostracum prend alors la forme d’un disque très aplati, rarement plan, mais en général légèrement Fig. 56. — Disposition des loges chez Sprrocyclina erralica. Gross. X 10. gauche ou ondulé et présentant des côtes concentriques correspondant aux loges annulaires. Ces dernières sont au nombre de 16 à 17 pour un individu de 8m de diamètre. Le test de cette espèce est arénacé calcaire. Les parois des loges sont plus épaisses que le vide qu’elles laissent entre elles, surtout vers la périphérie. Les loges ne présentent pas de cloisons proprement dites à leur intérieur, mais comme le test est arénacé et muni par conséquent d’aspérités, elles montrent des rétré- PRIOR CE" ST RDANENT D 192 JULES FAVRE cissements irréguliers. Nous n'avons pu observer le réseau polygonal constaté chez S. choffati Mun. Chalmas, ni les ouvertures de la périphérie du disque. Nous n'avons constaté qu'une seule forme chez cette espèce. Rapports et différences. Spirocyclina erratica se distingue très aisément de S. chofjati Mun. Chalmas. Il est inutile d’insister sur les différences qui séparent ces deux espèces. Signalons seulement le caractère qui permet de les distinguer à l'œil nu. Les loges annulaires de la seconde espece sont beaucoup plus nombreuses et étroites. Ainsi, à un diamètre de 8" l'espèce du Salève compte 16 à 17 loges, celle du Portugal une quarantaine. Gisement. Cette espèce se rencontre dans une couche marneuse de l’assise à Natica leviathan (n° 9 de la coupe fig. 11), en compagnie de Terebratulu valdensis de Lor., dans les carrières de Monnetier, sur le versant du Petit Salève où elle est assez abondante et sur le versant du Grand Salève où elle est très rare. Nombre d'exemplaires : environ 200. PYCNODUS COULONI? Ag. (PI. 34, fig. 9.) Nous figurons ce fragment de palais de Pycnodus afin de le signaler aux spécialistes. Il provient de la carrière moyenne de Monnetier. LISTE DES PUBLICATIONS GÉOLOGIQUES CONCERNANT LA CHAINE DU SALÈVE Nous avions l’intention de donner un aperçu historique concernant la géologie du Salève; mais comme le nombre des auteurs qui ont parlé de cette montagne est considérable, cette étude rétrospective aurait pris des proportions qui ne seraient peut-être pas en rapport avec son utilité. C’est pourquoi nous nous sommes bornés à donner une simple liste chronologique des ouvrages traitant du Salève. = . 1779. Saussure (DE), H.-B. Voyage dans les Alpes, vol. 1, chap. 7. Neuchâtel. 2. 1779. Luc (ne), G.-A. Description de deux coquilles bivalves singulières du Mont Salève près de Genève. Dans : De Saussure, Voyage dans les Alpes, vol. 1, p. 192. 3. 1787. SeneBier. Lettre de M. Senebier aux rédacteurs de ce journal sur les préjugés qu'on a contre l'usage du charbon de terre. Journ. Genève, p. 70. 4. 1794. Anonyme, {ndication de quelques-unes des principales tourbières exploitées ou reconnues en France. Journ. Mines, brumaire an 3, vol. 1, n° 2, p. 60. Paris. 5. 1794. Hassenrrarz. Dans : Mémoire concernant la description minéralogique du dépar- tement du Mont-Blanc. Journ. Mines, pluviôse an 3, vol. 1, n° 5, pp. 14 et 17. Paris. 6.1799. Deruc, G.-A. Mémoire sur une vis pétrifiée du Mont Salève. Journ. Phys. vol. 49, p. 317. Paris, an 8. 7. 1800. Berrranp, L. Renouvellement périodique des continents terrestres, pp. 86 et 201. Paris, an 8. 8. 1800. Dezuc, G.-A. Lettre à P. Bertrand. 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Zxrrez, K. A. Die Gastropoden der stramberger Schichten. Palaeontographica, Suppl. I. Abt. 3. Cassel, 1873. MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 509 INDEX ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS BAUMBERGER, E. 334, 335, 337, 342. BLasi (1), A. 399. Boum, G. 400, 402, #10, hA4, 417. 429, 484. BounGear (Abbé). 303, 304, 310. BRoNGNIART, A. 356. BRuckNER, E. 352. Cuorkar, P. 310, 318. CossMaANN, M. 43%, 437, 448, 450, 455, 462, 464, A7S. CoTTEAU, G. 389. Docvicsé, H. 414, 417, #19 Douxam, H. 345, 346, 348. Fazcor, E. 481. FAVRE, A. 305, 324, 395, 328, 329, 334 à 337, 341, 34, 346, 350, 355, 356, 363, 385, 484. GAUTHIER, E. F. 390. GEIGER, P. 447. GEMMELLARO, G. 399, 410, 127, 4929, 451, 458. GirARDoT, A. 318. HauG, E. 342. HoLLandEe, D. 323. Jacos, Ch. 481. KiLtaN, W. 352, 9393, 356, 383, 477. Kogy, F. 328. Leroux, M. 383. LorioL (be), P. 328, 332, 336, 339, 340, 344, 384 à 394, 398, 402, 407, 431, 432, 154, 480 à 483, 487, 488. Lory, C. 363. Luc (DE), G. A: 327, 333, 381, 392, 480, 483, 486, 488. Luc (be), J. A. 355. LuGeoN, M. 381 à 383. MaizLarD, G. 318 à 325, 345 à 347, 350, 358, 372, 374 à 379, 382. MATHERON, P. 455. MonriLLer (DE), G. 356. Munier CHaLmas. 417, 486. Ooster, W. A. 404, 4923. ORBIGNY (D°), A. 448,450,456. PaouiEr, V. 413, 414, 419. PERRON, C. 295, 297. Peters, K. F. 445. PicTeT, F. J. 397. QuexsrenT, F. A. 400. ReMEs, M. 401, 402, 429. REvIL, J. 303, 304, 323, 335, 383. RiaZ (DE), A. 303. Rozuier, L. 421 à 493. Romax, F. 434, 451. SANDBERGER. F. 477. SAUSSURE (DE), H. B. 328, 333, 483. ScHaRDT, H. 335, 337, 349, 344, 358, 372, 379, 379. SCHAUDEL, L. 351. Suess, E. 395, 396. Vorrz, P. L:.462. ZeuscaxER, L. 395. ZiTTEL (VON), K. A. 430, 434, h4A, 445, 451, 462. 10 E. INDEX Abergement (l). 348, 351, 358, 359, 372 à 374. Ahlem. 476. Aiguebelle. 310, 313 à 318, 322, 356, 472 à 478. Aiguilles Rouges. 354. Ain (département de l). 304, 305. Allonzier. 344, 3358, DD 022983. Ambléon. 415. Andilly. É Annecy. 333, 379, 383. Arc (passage de l). 316, 347, 478. Archamps. 351. Archamps (paroi d'). 310,314, 316,921, 227, 333. Arcine. 323. Arolla. 353. Arve. 352, 381. Arzier. 335, 337. Avinières. 344, 372, 373. Balme (montagne de la). 345, 347, 358, 399, 377, 870. Balme (Petite). 324. Balme (rochers de la). 394, 397, 398, 416. Balme de Sillingy. 321, 322. Beaumont. 370. Beauregard. 297. Beulet (le) 300. Bornes (les). 354 à 357, 381. Bossey. 450. Bouillette (la). 368. Boulonnais. 480. Brandaz. 371. Bücherons (sentier des). 410, 362. 375, inférieur JOUKOWSKY ET J. Bücherons (sentier supérieur des). 316, 317, 347, 348, 472, 478. Biolay. 383. Caille. 374, 375, 382. Caille (cluse de la). 341, 3524, 373, 383. Caille (montagne de la). 359, 376, 383. Caille (pont de la), 275. Canapé. 309. Carpathes. 484 Cernex. 352. Châble de Genevard. 369, 380, 381. Chailles (Cluse de). 335. Charly. 3952, Charvonnex. 383. Chatillon. 353. Chaumont. 323. Chavardon, 308, 367, 390, 394 à 397, 402, 404, 407, LA3, 416, 425, 4928, 431, L3h, 437, 441, 443, LG, LES, 451, 453 à 456, 459, 461, 465, 481. Cheminée Margot. 365. Chêne (le). 349. Chêne-Bourg. 297. Chenex. 348. Chez Blondin. 349. Chez Cocu. 359. Chez Fumel. 345. Chez Jouvenet. 373, 374. Chez Roux. 347. Clarnant. 344. Coin (le). 303, 351, 359, 363, 364, 368, 396, 398, 431, LAT, 465. 357, 368, FAVRE ALPHABÉTIQUE DES LOCALITÉS Convers. 371. Corniche (sentier de la). 309, 321, 366. Corraterie. 341. Cressier. 342. Crêt à la Dame. 344, 358, 359, 375, 377, 382. Crevin. 355, 356. Croisette. 348, 351, 355, 356, 367, 368, 380. Croix (la). 351, 362, Crotte (la). 382. ? Cruseilles. 344 à 348, 352, 357 1, 359,1 3724374, 380, 383. Cuvat. 383. Détroit (Petit). 310. Echaillon. 310, 468, 469. Echelle de Jacob. 341. Emollières. 353. Eperon (de la Varappe). 305. Ertes (les). 353. Esery. 354. Essert. 344, 349, 355. Etiollets. 300 à 303, 367, 395. Etiollets (Hautdes). 305, 308, 387 à 406, 410, 413, 416, L23 à 4492, 448, 451, 453 à 456, 459, 461 à 465. Etournelles. 306, 310 à 317, 72, 477, 478. Etrembières. 356, 357. Evorse. 308, 309, 321, 327, 332, 442, 459, 465, Faverge. 348. Féchy. 353, 373. Feu (le). 367. Feuillet. 365. Fier. 357,398, 377, 382, 383. Mol hs 4 it slt MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE 511 Filière (la). 383. Foncine. 322. Fort Ste-Catherine. 297. Gaillard. 356. Genève (plaine de). 357. Genevois. 342. Grande Gorge. 308, 309, 321, 324, 325, 336, 341, 348, 351, 361 à 366, 380, 381. Grande Gorge (bas de la). 385, 387, 390, 394 à 398, 401, 402, 410, 416, 493, 4926, 430, 433, 435, 439, 443 à 446, 450, 455, 459, 463, 465. Ç Grange Gros. 297. Grange Passey. 363. Grillet (plateau du). 348. Hanovre. 479, 480. Haute-Marne. 479, 480. Hauterive. 337. Hôpital (ferme de l'). 351. Isère (département de l’). 323. Joie (la). 347, 349, 253, 354, 382. Jura. 342. 343. Jura (département du). 30%, 305. Jura central. 322, 334, 349, 355, 378. Jura méridional. 303, 304, 322, 323, 349, 355, 378, #69. Jura neuchâtelois. 351. Jura savoisien. 304, 305, 335. Jussy (près Mont de Sion). 3952, 373. Jussy (près Pomier). 356, 370. Kelheim. 468 à 471. Landecy. 297. Languedoc. 467 à 471. Leclerc. 373. Loup (pont du). 355. Lovagny (coteau de). 347, 358, 359, 377, 383. Mandalaz. 359, 376, 380. Menthonnex-en-Bornes. 297. Merry-sur-Yonne. 450. Mikerne, 355. Molliets (les), 353. Moneti. 333. Monnetier. 325, 354, 355, 358, 361 à 363, 380 à 383. Monnetier (carrières de). 32%, 327 à 329, 331 à 333, 383. 393, 423, 480, 482, 483, K87 à 189, 492. Monnetier (château de). 325, 361. Monnier (Bois de). 467. Mont de Sion. 347, 350, 352, 393, 399. Mont du Chat. 304. Mont Gosse. 346, 354. Monthoux. 355. Mormont. 378. Mornex. 346, 348, 356. Mornex (Bas). 346, 356. Moulin Dunant. 354. Mule (gorge de la). 308, 318 à 322, 365, 378, 380, 397, L07, 410, 429, 439 à 449, K45, 449, 452, 453, 459, 164, 465, 478. Muraz (la). 297, 359. Mure (la), voir la Muraz. Murles. 467. 469. Néplier (Roc de). 375, 383. Neuchâtel. 324, 337, 340. Neuchâtel (lac de). 335. Nizniow. 480. Noiret (le). 374. Nozeroy (Plateau de). 335. Ollières (les). 383. Orjobet. 363, 367. Orjobet (grotte d’). 321. Oyonnax. 448. Palavet. 366, 380. Pas-de-l'Echelle. 303, 325, 390, 392, 395, 397, 399, 401. Petite Balme. 321. Petite Gorge. 337, 338, 348, 361, 364, 380, 397, 410. Petites Croix. 370. Pierre Longue, 325. Pile (la). 355. Piton (Grand). 357. Pitons (les). 353, 357, 359, 367, 368, 372. MÉM. SOC. PHYS. ET HIST, NAT. DE GENÈVE, VOL. 87 (1913). Plan (Pointe du). 355, 370, 371, 382. Plateau suisse. 357. Plot (le). 383. Point 814. 297. Pomier. 303, 317, 321, 355, 358, 372, 380. Pont des Petits Bois. 373. Pont-Notre-Dame. 356. Poupée (la). 321, 364. Praz Foraz. 348. Praz Penaz. 348. Présillv. 352. Ronzier. 349, 333, 373, 374. Rossy. 344. Russille (la). 343, 34%. Saint-Blaise. 350, 352, 356, 373. ; Saint-Martin (nant de). 374, 383. Sainte-Croix. 337. Salève (Grand). 327, 441, 351, 354 à 363, 366, 378, 380, 477, 479. Salève (Petit). 297, 314, 327, 31, 346, 353, 354, 357, 359, 361, 366, 479. Sappev. 344. Sarrot. 332, 366, 380, 435, 156. Saut-Gonel. 308, 309, 348, 364 à 367, 378 à 381, 397, 439, 445, 459. Savoie. 348. Scie (Aiguille de la). 365. Sicile. 467 à 471, 490. Sierne. 356. Silan. 415. Sillingy, 321, 322, 353, 358, 359, 377 à 380, 383. Sources (les). 356. Sphinx. 308, 439, 442, 449, 450, 465. Sphinx (Portail du), 365, 366. Stramberg. 467 à 471, 484, 490. Table (grotte de la). 310. Thuile (la). 356, 370. Tolav. 383. Tour aux Milans. 363, 64 512 Tour des Pitons. 297. Tourches (les). 347. Traversière (sentier de la). 327, 333. Treize-Arbres, 351, 361, 362. Treize-Arbres (chemin des). 325, 480. Troinex. 353, 373. Trou de la Tine. 365, 366. Trou du Chat. 366. Usses (les). 350, 353, 354, 357, 374 à 476, 382, 383. Valais. 352, 353. ( JOUKOWSKY ET J. Vallin. 414, 162, 464, 468, k70, 471. Varappe. 300, 303, 306, 314 à 317, 321, 322, 326 à 339, 366, 380, 397, 447, 472, 477, 478. Varappe (Grande). Voir Va- rappe. Vernay (le). 297. Verne (le). 297. Vevrier. 325, 356, 362, 363. Veyrier (montagne de). 379. Viaison. 353 à 395. FAVRE Villers-le-Lac. 335, 337. Voiry. 373, 383. Voûtes du Petit-Salève, Voir Voütes inférieures. Voûtes inférieures (sentier des). 321, 325, 472, 477. Vovray-en-Bornes. 349. Vuache (le). 322, 323, 335, 337, 342, 379. Wimmis. 423, 484. Yonne. 392, 479, 480. sil MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE )13 INDEX ALPHABÉTIQUE DES FOSSILES ! Acanthodiseus radiatus (Brug.). 340. Acrosalenia patella (Ag.). 329, 332. Aclaeon slaszycii Zeuschner. 452. Acropellis aequituberculata Ag. 307, 394, 467, 470. Aclaeonina fr. acula d’Orb. 310. Actaeonina amyqdaloides Zi. 433. Aclueonina picteli Roman. 433. Alectryonia hastellata (Sch- loth.). 307, 398, 467, 470. Alectryonia rrectangularis (Rœm.). 335 à 337. A lectryonia tuberculifera (Koch et Dunker). 331, 332, 490. Amauropsis florae (de Lor.). 472, 479. Amauropsis fourneli (Guir. et Og.). 307, 434, 471. Ammoniles cryploceras de Lor. 340. Ammoniles vandeckii de Lor. 340. À mpullina hemispherica(Rwm.). 317, 472, 479. Aphanoptyris Cossm. 476. Aphanoptyxis nodosa (Rœæm.). 476, 480. Aphanoplyxis pseudoexcavata (de Lor.). 476, 480. Aphanoplyxis sirius (d'Orb.). 476. Aphanoplyxis variabilis n. Sp. 013,317 475 "279; 480. Aporrhais saussureanus de Lor. 332, 490. Aporrhais valangiensis P. el C. 332, 490. Apricardia Guér. 41%. Aplyæiella Fischer. 46%. Aptyxiella rustica n. sp. 307, 308, 463, 166, 467, 471. A plyxiella sexcostata (d'Orb.). 164. Arca censoriensis Cott. 405. Arca cornueliana d'Orb. 344. Arca dupiniana d'Orb. 344. Area gracihicoslata n. sp. 307, 404, 167, 470. Arca marullensis d'Orb. 344. Arca subleres de Lor. 405. Arca lerebrans Buv. 405. Arca lerana Quenst. 405. Arca uhligi G. Bæœbm. 405. Aspidoceras cyclotum (Opp.). 467. Aspidoceras longispinum (Sow.). k67, 468. Astarte studeri (de Lor.). 307, 423, 470. Aslieria Pavlow. 337. Barbatia gracilicostata n. sp. 307, 404, 467. Belemnites diceralinus Et. 307, 308, 465, 466, 471. Belemnites dilatatus Blainv. 340. Belemniles ensifer Opp. 467. Belemnites_ pistilliformis Blainv. 340. Belemniles semisulcatus Münst. 165. Belemnites cfr. semisulcatus Münst. 465. Belemniles Lithonius Opp. 467. Berriasella callisto (d'Orb.). 467. Berriase!la privasensis (Pict.). 467. Brachytrema Morr. et Lye. 437. Brachytrema filigranumn.sp. 307, 438, 467, 471. Brachytrema strambergense Remes. 438. Brachytrema superbum Zi. 138. Cardita studeriana de Lor. 386. Cardium corallinum Leym. 385, 421. Cardium corallinum Leym. var. alatum de Luc. 328, 421, 186, 489, 490. Cardium corallinum Leym. var. buvignieri Desh. 421. Cardium corallinum Levm. var, cochleatum Quenst.421. ! Les chiffres en caractères gras indiquent les espèces décrites ou dont il est fait une mention spéciale, o14 Cardium corallinum Leym. var. valfinense (Rollier). 307, 308, 421, 466, 470. Cardium corallinum Leym. var. #wimmisense (Rollier). 21. Cardium subhillanum Leym. 340. Cerithium sp. 346. Cerilhium ? brotianuwm de Lor. 332, 490. Cerithium involvens Zitt. 435. Cerilhium monetierense de Lor. 385, 487. Cerithium nodosostriatum Pe- ters. 385, 438. Cerithium salevense de Lor. 386, 440. Cerithium septemplicatum Rœm. 473. Ceromya excentrica (Rœm.). 304. Chama L. &A7. Chama speciosa Münst. 407. Chara jaccardi Heer. 316. Chara sp. 312 à 316, 318, 321 à 3923. Chemnitzia flexicostuta Zitt. 433, Chorisasbrea glomerata Koby. 328. Cidaris carinifera Ag. 307, 386, 387, 470. Cidaris cornifera Ag. 344. Cidaris glandifera Münst. 301, 302, 303, 387. Cidaris pretiosa Desor. 336. Cidaris punctalissima Ag. 340. Codiopsis Ag. 468. Codiopsis hoheneggeri de Lor. 392. Codiopsis lorini Cott. 307, 394, 468, 470. Codiopsis pilleti Cott. 392. Collyrites ovulum (Desor). 340. Columbellina oppeli(Et.). 440. Columbellina picteti (&. Gemm). 440, JOUKOWSKY ET J. FAVRE Corbis salevensis de Lor. 328, 385, 483, 189, 490. Corbis valfinensis de Lor. | 307, 308, 406, 466, 470. Corbula forbesi de Lor. 313, | 317, 479, 479. Corbula inflexa Rœm. 472, k79. Crioceras duvali Lév. 340. Cryploplocus P. et C. 449. Cryploplocus depressus(Noltz). 307, 328, 464, 471, 488 à 490. Cryploplocus excavatus n. sp. 307, 463, 467, 471. Cryptoplocus succedens Zitt. 307, 462, 471. Cylindrites sp. 347, 477, 479. Cyprina brongniarti Rœm. 310. Cypris sp. 312, 313, 316, 322, 479. Cyrena rugosa (Sow.). 310. Desorella icaunensis (Cott.). 385. Diatinostoma nodosostriata (Peters). 439. Diceras Lm. 414, 417 à 491. Diceras affine G. Gemm. 420. Diceras arietinum Lm. 418. Diceras beyrichi G. Bæhm. 109, 410, 420. Diceras bourgeati de Lor. 414. Diceras buvignieri Bayle.418. Diceras cotteaui Bayle. 410. Diceras escheri de Lor. 328, 385, 410, 418, 483, 489. Diceras kobyi de Lor. 418. Diceras luci Defr. 324, 385, 184. Diceras luci G. Bœhm., var. communis G. Bœhm. 484. Diceras luci G. Bœhm. var. mirabilis G. Bœhm. 484. Diceras luci G. Bœhm. var. ovalis G. Bæhm. 484, 485. Diceras moreaui Bayle. 418. Diceras sinistrum Desh. #10. Diceras sinuatum G. Gemm. 420. Diceras speciosum Münst. 306 à 308, 333, 407, 470. Diceras speciosum Münst. var. aequivalvis G. Bæhm. 407. Diceras speciosum Münst var. inaequivalvisG.Bæhm. 407, 420. Diplopodia aroviensis de Lor. 390. Discotectus n. subgen. 426. Discotectus massalongoi (G. Gemm.). 307, 426, 427, 474. Dilremaria carinata Zit. var. elegans n. var. 307, 425, 267, 470. Dilremaria hermillei de Lor. 424. Ditremaria salevensis n. sp. 307, 424, 167, 470. Ditremaria striata Zitt. 425. Ditretus consobrinus n. sp. 308, 439, 466, 467, 471. Ditretus migrans (Zitt.). 487. Ditretus nodosostriatus (Pe- ters). 306 à 308, 438,166, 171, 486. Ditretus salevensis (de Lor.). 307, 440, 471. Duvalia dilatata 340, 343. Duvalia ensifer (Opp.). 467. Duvalia tithonia (Opp.).467. Echinobrissus olfersii (Ag.). 340. Echinobrissus aff. placentula (Desor.). 343. Echinobrissus salevensis Lor. 307, 392, 470. Enallaster oblonqus (Brongn.). 344, 345. Eudesia semistriala (Defr.). 340. Eulima amphora d'Orb. 434. Eunaticina quirandi de Lor. 307, 434, 432, 467, 471. Eunaticina helerostriala n. sp. 307, 432, 471. Eustoma nodosostriata ters). 438, (Blainv.). de (Pe- MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU Eustoma salevense (de Lor.). #40. Exelissa septemplicata (Rwm.). 313, 317, 473, 479, 480. Errelissa supracostala (Buv.). 473. Exogyra couloni (Defr.). 340. Exogyra virqula (Goldf.).30#, 168. S Goniopyqus pellatus Ag. 34%. Gymnocerithium (?) inrolvens (Zitt.). 308, 435, 466, K71. Gyropleura H.Douv.#19,420. Harpagodes desori (P. et C.). 332, 490. Harpagodes prlagi (Brongn.). 344, 345. Hemicidaris stramonium Ag. 307, 389, 470. Heterodiceras Mun. Uhalm, 326, 409, 414, 417, 420, 69. Heterodiceras luci (Defr.). 325, 327 à 335, 480, 484, 489, 490. Heterodiceras Chalm. 486. Heterodiceras Chalm. 486. Hiboliter diceratinus (Et). 307, 308, 465, 466, 471. Hibolites pistilliformis (Blair). 340. Hinnites (?). 404. Holaster intermedius(Münst.). 340. Holcodiseus intermedius (d'0rb.) 340, 343. Holcostephanus astierianus (d'Orb.). 340. Holcostephanus pronus (Opp.). 167. Holectypus macropyqus (Ag). 340. Hoplites callisto W'Orb.). 167. Hoplites castellanensis (d'Orb.\. 340. Hopliles clypeiformis (d'Orb.). 340, oosleri Mun. zillelhi Mun. Hoplites leopoldinus (d'Orb.). 340. Hoplites microcanthus (Opp.). 467. Hoplites pexiplychus Neum. et Ublig. 467. Hoplites privasensis (Pict.). 467. Hoplites 340. Hoplites salevensis Kil. 340, 343. Hypelasma Paq. 414, 419, 420. Hypelasma colloti Paq. 469. Isoarca cfr. eminens Quenst. 307, 405, 470. Isocardia bernardina (d’'Orb.). 307, 425, 470. Isocardia inflata Et. 406. Itieria calaneliana (d’Orb.) var. globosa n. var. 307, 455, 467, 471. Itieria moreana (d'Orb.). 449. Itieria multicoronala Zik. 153. Llieria nebrodensis G. Gemm. radiatus (Brug.). 455. Itivria ovalis G. Gemm. 450. Itieria renevieri de Lor. 385, 386, 454. Itieria rugifera Zit. 451. Lierin slaszycii (Zeuschn.) var. helvetica Zilt. 452. Ilieria staszycii (Zeuschn.) var. lypica Zit. 452. Janira atava (Rœm.). 340, 343. Janira 340. Latimaeandra bonanomii Koby. 328. Latimacandra gresslyr Koby. 328. Latimaeandra valfinensis Koby. 328. Lalimaeandra variabilis Et. 328. Leopoldia castellanensis(d'Orh.). 340, neocomiensis d'Orb. SALÈVE 519 Leopoldia leopoldi (d'Orb.). 340. Leplophyllia fromenteli Et. 328. Lima baylei G. Gemm. 402, Lima comatula Buv. 385, 182. Lima comatula de Lor. 482. Lima erclensis G. Gemm. 307, 402, 470. Lima monetieri n. sp. 328, 482, 189, 490. Lima orbignyana Math. 344. Lima salevensis de Lor. 307, 386, 402, 467, 470. Lima thisbe de Lor. 307, 402, 470. Limatula salevensis (de Lor.). 307, 402, 467, 470. Limnea sp. 478, 479. Lioplax inflatau Sandb. 316, 4717, 479. Lissoceras elimalum (Opp.). 467. Lissoceras grasi(d’Orb.). 340, 343. Lissochilus tithonicus n. sp. 308, 429, 466, 471. Lithodomus luci de Lor. 328, 385, 483, 189, 490. Matheronia Mun. Chalm. #13, 415, 419, 420, 468, 469. Matheronia aptiensis (Math.). 345, 113. Matheronia romani Paq. 12, 469. Matheronia salevensis n. sp. 306, 307, 334, 410, #13, LA9, 467 à 470. Matheronia sp. 302, 303. Matheronia shrambergensis (Blaschke). 412, 469. Matheronta virginiue (A. Gras.). 113. Megerlea af. loryi Pict. 307, 396, 470. Megerlea pectunculoides (Sch- loth.). 307, 396, 470. Megerlea pelersi Mohenegg. 307, 396, 470. 516 E. Melanopsis sp. 346. Modiola montmollini(P.etC.). 399, 339, 490. Monnieria Paq. 413. Monopleura Math. 416, 419. Mortoniceras culbratum d'Orb.) 340, 343. Mytilus moravicus G. Bæbm. 103. Mytilus subornalus Et. 307, 403, 470. Narica mortilleti (de Lor.). 307, 432, 67, 471. Natica barottei de Lor. 347, 472, 479. Natica dejanira d'Orb. 328, 385, 486, :89, 490. Natica florae de Lor. 317, 472, 479. Natica fourneli Guir. et Og. 307, 431, 471. Natica hemispherica Rœm. 313, 317, 472, 479, 480. Natica leviathan P. et C. 324, 327 à 332, 334, 400. Natica pidanceti Coq. 3929. 332, 490. Natica sp. 312, 346. Nautilus neocomiensis d'Orb. 340. Nautilus pseudoelegans d'Orb. 340. Nerinea Defr. 448, 449. Nerinea binodosa Et. 306, 308, 44, 442, 466, 471. Nerinea concinna n. sp. 317, 475, 479. Nerinea conoidea 449. Nerinea crispa Zeuschn. Nerinea defrancei Desh. 487. Nerinea depressa Noltz. 385. Nerinea dilatata d'Orb. 307, 328, 386, 447, 471, 487, 4:09, 490. Nerinea cfr. essertensis P. et C. 345. Nerinea favrina P. et C. 332, 334, 490. Peters. 149. 385, JOUKOWSKY ET J. Nerinea funifera -P. et C. 332, 490. Nerinea yrata n. sp. 445, 467, 471. Nerinea hoheneggeri Peters. 307, 306 à 308, 444 à 446, 471. Nerinea Jeangeani Roman. 306, 307, 443, 471. Nerimea marcousana d'Orb. 332, 334, 448, 490. Nerinea meneghini G. Gemm. 457. Nerinea minima n. sp. 313, 347, 474, 479. Nerinea moreana d'Orb. 386, 449. Nerinea moreana Ooster. 450. Nerinea paucicostata n. sp. 307, 446, 467, 471. Nerinea posthuma Zitt. 487. Nerinea quinqueplicata G. Gemm. 459. Nerinea robusla n. sp. 307, 308, 444, 466, 467, 471. Nerinea salrvensis de Lor. 308, 386, 443, 466, 471. Nerinea Sphinxi n. sp. 308, 448, 166, 467, 471. Nerinea urmanni EL. 308. 447, 166, 471, 487. Nerinea b'inodosa Voltz. 310. Nevinea valdensis P. et C. 448. Nerinea wrosinskiana Zeu- schner 448. Nerinella cochlea G. Gemm. 464. Nerinella cochleoïdes (Zitt.). 164. Nerinella retrogressa 4164. Nerila sp. 317, 477, 479. Nerila sulcatina Buv. 499. Nerita sulcatina G. Gemm. 429. Nerita tithonica n. sp. 308, 429, 166, 471. Nerilopsis mortilleli de Lor. 386. (EL.). FAVRE Nucleolites roberti A. 345. Nucleopyqus roberti Ag. 343 à 345. Vonia amygdaloides (Zitt.). 306, 307, 433, 471. Opercule indéterminé. 428. Opis sp. 317, 477, 479. Oppelin lithographica (Opp.). 467. Oppelia 304. Organisme A. 312, 313, 315. Organisme B. 311 à 313, 315. Gras. tenuilobata (Opp.). Ostrea hastellata Schloth. 399. Ostrea leymerii d'Orb. 437. Ostrea 342. Ostrea lubereulifera Koch et Dunker. 344. Ostea virqula Goldf. 304. Pachyceras gigas (Ziet.). 310. Pachyceras gravesianum (d’Orb.). 468. Pachyceras portlandicum (de Lor.). 468. Pachymytilus obtusus n. sp. 307, 403, 467, 470. Pachymytilus aff. oblusus n. sp. 302, 303. Pachymytilus petasus(d'Orh.). 404. Pachymytilus triqueter (Buv.). 104. Patella vlegans Buy. 430. Paltella haueri Zitt. #30. Patella modesta n. sp. 307, 430, 167. rectangularis Rœm. Patella salevensis de Lor. 386. Pecten archiacianus d’Orb. 336. Pecten arotoplicus G. Gemm. 400. Pecten 399. Pecten carteronianus d'Orb. 340. Pecten G. BæhmiPhilippi.400, brancoi G. Bœhm. ner hi 2e | MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE Pecten globosus Quenst. 307, 387, 400, 470, 481. Pecten goldfussi Desh. 340. Pecten af. Gemm, et di Blasi. 307, 399, 470. Pecten rochati de Lor. 327, 328, 385, 484, 489, 490. Pecten rochati Remes. 400. Pecten subspinosus (Schloth.). 307, 386, 404, 470. Pedina charmassei Cott. 388. Pedina salevensis n. sp. 307, 388, 167, 470. Pedina sublavvis Ag. 307, 389, 467, 470. Perisphinctes contiquus Ca- tullo. 467. Perisphinctes diceratinus Sch- loss. 468. Perisphincetes eudichotomus (Zitt.). 467. Perisphinctes geron 467. Perisphinctes lorioli (Zitt.). 313, 317, 471. Perisphinetes polyplocus (Rein). 303, 304, 468. Perisphinctes richteri (Opp.). 467. Perisphincles transilorius (Opp.). 467. Petersia buccinoïdeum Buy. 436. Petersia corallina n. sp. 307, 437, 467, 471. Petersia salevensis n. sp. 307, 436, 467, 471. Phaneroptyæis Cossm. 451. Phaneroptyæis moreana (d'Or ). 449, 467, 471. Phaneroptyxis mullicoronata (Zitt.). 307, 453, 471. Phaneroplyxis nogreti (Guir. et Og.). 307, 453, 471. Phaneroptyxis renevieri (de Lor.). 307, 328, 454, 471, 488, 189, 190. Phaneroptyæis rugifera (Zitt.). 306, 307, 450, 471. nebrodensis G. (Zitt.). Phaneroptyxis staszycii (Zeu- schn.) var. helvetica (Zitt.). 307, 452, 471. Phaneroptyris staszycii (Zeu- schner) var. proboscidea Cossm. 307, 452, 471. Phaneroptyis staszycii (Zitt.) var. lypica (Zitt.). 308, 452, 466, 471. Pholadomya elongala Münst. var. scaphoidea P. et C. 332. Pholadomya protei (Brongn.). 304. Phyllobrissus alpinus (Ag.). 340, Phyllobrissus neocomiensis (Ag.). 331, 332, 490. Phymosoma peroni (Cott.). 391. Physa wealdiensis Coq. 316, 325, 478, 479. Pileolus minutus Zitt. 307, 429,471. Pileolus sp. 317, 477, 479. Pinnigena suussurt Desh. 328, 385, 483, 489, 490. Placunopsis pictetianus de Lor. 386, 401. Plagiostomaerctensis (G.6emm.). 307, 402, 470. Plagiostoma monetieri n. sp. 482, 489, 490. Plagiostoma thisbe (de Lor.). 307, 402, 470. Planorbis loryi (Coq.). 312, 313, 316, 478, 479. Plegiocidaris glandifera (Münst.). 387. Plesiodiceras Mun. Chalm. 414 à 421, 469. Plesiodiceras munsteri (Goldi.). KA1%4 à 419. Plesiodiceras sanclae verenae (Thurm.). 417, 418. Plesiodiceras valfinense (G. Bœhm.). 414. Pleuromya neocomiensis (Leym.). 340. Pleuromya aff. voltzi Ag. 327. 517 Pleurosmilia genevensis Koby. 328. Pleurotomaria bourqueti Ag. 336. Pleurotomaria mulliformis Zitt. 307, 424, 470. Pleurotomaria neocomiensis d'Orb. 336, 340. Prosopon oæythyreiforme G. Gemm. 328, 489, 490. Protodiceras Bwhm. 417, 418. Pseudocidaris subcrenularis Gauth. 307, 389, 470. Pseudodesorella orbignyana (Cott.). 307, 393, 467, 470. Pseudodiadema bourqueti (Ag.). 340. Pseudodiadema carthusiano- r'um À. Gras. 345. Pseudodiadema rotulare (Ag.). 340. Pseudomelania calypsode Lor. 433. Pseudomelania calypso (d'Orb.). 386, 433. Pseudomelania 433. Pseudomelania clio (d'Orb.). 385. Pseudomelania corallina ('0rb.) 473. Pseudomelania flexicostata Zitt. 307, 433, 471. Pseudomelania lævis 473. Pseudomelania nana n. sp. 317, 473, 479. Pseudomelania pollux (d'Orb.). 433. Pseudonerinea de Lor. 487. Pseudonerinea clio (d’Orb.). 307, 308, 328, 465, 466, K71, 487, 489, 490. Plerocardia corallina (Leym.) var. alala (de Luc). 328, 421, 486, 490. Pterocardia corallina (Leym.) var. buvignieri (Desh.). 421. castor Zitt. Alth. 518 Pterocardia corallina(Leym.) var. cothleala (Quenst.). 4921. Plerocardia corallina (Leym.) var. valfinensis Rollier. 307, 308, 424, 466. Pterocardia corallina (Leym.). var. wimmisensis Rollier. 421. Pteroceras oceant (Brongn.). 304. Plygmatis clio (d'Orb.). 461. Ptygmalis costulata. Cossm. 448. Ptygmatis ferruginea Cossm. k75. PlygmatismeneghiniG.Gemm. 306, 307, 457, 471. Ptygmatis nodosa (Voltz).475. Ptygmatis pseudobruntrutana G. Gemm. 306, 308, 458, 459, 466, 471. Ptygmatis quinqueplicata G. Gemm. 307, 459, 471. Purpuroidea tschani Ooster. 307, 435, 471. Puzosia ligata (d'Orb.). 340, 343. Pycnodus couloni ? Ag. 332, 191, 492. Pycnodus sp. 312. Pyqaulusdesmoulinsi Ag. 345. Pyqurus blumenbachr (Koch et Dunk.). 385, 480. Pyqurus montmollini (Ag.). 340. Pygurus rostratus Ag. 332, 491. Pyrina icaunensis (Cott.).307, .328, 392, 467, 470, 484, 489, 490. Pyrina pyqaea (Ag.) Desor. 337, 343. Requienia Math. 419, 420. Requienia pellati Paquier. 345. Rhipidogyra minima Koby. 328. Rhynchonella lacunosa (Sch- loth.). 386, 394. Rhynchonella corallina Leym. E. JOUKOWSKY ET J. var. neocomiensis Jacob et Fallot. 327, 328, 330,332, 481, 189. Rynchonella astieriana d'Orb. 303, 307. 386, 394. 470. Rhynchonella mulliformis Rœm. 340. Rhynchonella parviroshrisKow. 345. Rlhynchonella pinquis Ræœm. 301. 302, 39%. Saynella clypeiformis (d’Orb.). 340. Scurriopsis salevensis (de Lor.). 307, 430, 467, 471. Senectus salevensis n.sp.307, 428, 467. Spirocyclina Chalm. 492. Spirocyclina erralica n. sp. 329, 331, 332, 490, 494. Spiliceras pronum (Opp.).467. Spondylopecten G. Bæhmi Phi- lippi. 400. Spondylopecten globosus (Quenst.). 303, 307, 400, 470, 481. Spondylus pictetianus (de Lor.). 307, 401, 470. Spondylus tithonius G. Bæhm. 401. Stomechinus perlatus Desm. 392. Tectus Montf. 426. Terebratula acuta 340. Terebratula bauhini Et 301, 302. Terebratula bieskidensis Zeu- schn. 386, 398. Terebratula carteroni d'Orb. 327. Terebratula cotteuui H. Douv. 302. Terebratula czapskiana Zeu- schn. 395. Terebratula formosa Suess,. 302, 307, 386, 397, 470. Terebratula insignis Schübl. 302, 307, 386, 397, 467, 470. choffali Mun. Quenst. FAVRE TU CO Terebratulamagasiformis Zeu- schn. 395. Terebratula moravica Glock. 307, 386, 397, 470. Terebratella pectunculoides (Schloth.). 396 Terebratula praelonga Sow. 337. Terebratula Lor. 344. Terebratulatichaviensis Suess. 302. Terebratula valdensis de Lor. 329 à 332, 490. Terebratulina substriata (Sch- loth.). 307, 398, 470. Thamnastrea bourgeati Koby 328. Thamnastrea 328. Thamnastrea genevensis Defr. 328. Thaïnnastrea loryi E. et H. 328. Thiolliericrinus heberti (de Lor.). 301 à 303, 307, 386, 470. Toxaster. 326. Toxaster granosus d'Orb. 327, 329, 330, 332, 490. Toxaster efr. granosus d'Orb. 327. Toxaster retusus (Lm.). 337, 338, 340, 341. Toæaster sp. 327. Toucasia Mun. Chalm. 419, 420. Toucasia transversa Paq. 485. Trichites mytiliformis Ooster. 40%. Lrigonia caudata Ag. 340. Trigonia ornata d'Orb. 344. Trochotoma mastoidea (Et.). 307, 426, 470. Trochus L. 426. Trochus beyrichi Zitt. 427. Trochuscrassiplicatus EL. #27. Trochus dædalus d'Orb. 427. Trochus frumentum P. et C 427. russillensis de coquandi Et. AUR MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU Trochus luciensis d'Orb. 427. Trochus massalongoiG.Gemm. 307, 426, 427, 471. Trochus plicatogranulesus Münst. 427. Trochus strambergensis Zitt. 427. Trochus zenohius d'Orb. 427. Turbo eryx d'Orb. 428. Turbo paschasius Guir. et Og. 1928. Turbo salevensis n. sp. 307, 428, 467, 471. T'urritella excavata SoW. 476. Tylostoma rochatianum P. et GHZ Valletia Mun. Chalm. #16 à 420, 468. Valletiaantiquan.sp. 306, 307, 334, 415, M6, 467, 470. Valletia german (P. et C.). 416. Valletix lorioli (P. et C.). 416. Valletiamichaillensis (P.etC.). 416. Valletia pilleti Mun. Chalm. K16. Valletia tombeckiMun. Chalm. K16. Valvata helicoides Forbes.312, 313, 316, 477, 479. Volvocylindrites sp. SAT, #77, 479. Waldheimia humeralis Rœm. 395. Waldheimia luqubris Suess. 39%. Waldheimia magadiformis (Zeuschn.). 395. ERRATUM | SALÈVE 19 Zeilleria af. hoheneggeri(Suess). 327. Zeilleria humeralis (Rœm.) 301, 302, 307, 395, 470. Zeilleria Roman. 399. Zeilleria lugubris 307, 394, 470. Zeilleria magasiformis (Zeu- schn.). 307, 395, 470. Zeilleria pseudojurensis (Leym.). 340. Ziltelia gemmellaroi Zit #40. Zittelia globosa Brüsamlen. 440. Ziltelia oppeli (Et.). 307, 440, 471. Ziltelia picteti G.Gemm. 307, 440, 471. lugqubris (Suess). Dans le volume 37, les planches VI à XXXIV auraient dû être numérotées 6 à 34, conformément à la numérotation arabe en usage dans ces Mémoires. Cette dernière numé- rotation a été employée dans le texte du mémoire de MM. E. Joukowsky et J. Favre sur le Salève, MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE. VOL. 87 (1913) MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE J21 TABLE DES MATIÈRES Pages AVANT PROPOS CA PR Re AT ds denses AND Series die, to 4 AUD CHAPITRE PREMIER LEVÉS DES CARTES TOPOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE. . . . 297 CHAPITRE II STRATIGRAPHIE GÉNETALECE RE TP an M ons tr cr 209 DULTASSI TUE RER TU ES ra Peu ee RU LE LAU Tee ee 7 SÛI KIMERIDGIEN DÉSORIE ONE Me UE ee np ARR Las te Me "90 Comparaison avec les régions voisines . . . . . . . . . . . . . . 304 PORTLANDIEN. POCTAN LENTILLE Pr ea Nu: rat ele UD (ICT ENTIOUC EE EE ee MR RS M MRC R ATA CRE PARE TUAOS PONT ONENENLDCLIOU TN A EE PT UC D NM 300 Comparaison avec les régions voisines. . . . . . . . . . . . . . 310 PURBECKIEN. DEÉSÉANONN EE ie LS RMS IPC PRE REC | (0) Couches marines de la partie inférieure du Purbeckien. — Les couches d’eau douce. — Formations mixtes couronnant l'étage. — Les brèches à cailloux multi- colores. — Origine des cailloux. — Mode de formation des brèches Distribution du Purbeckien au Salève : + : . … : . . . ....… . :1 320 Comparaison avec les régions voisines. . . . . . . . . . . . . . 322 Mode de formation du Purbeckien dans le Jura méridional . . . . . . 523 Histoire de la découverte du Purbeckien au Salève . . . . . . . . . 324 CLÉTACE RER TE ME RL PRE nt de As Mn A NT 826 INFRAVALANGINIEN. ASSING AAA BTE TO ICET OS LUC ER DE DEN CC NT AIRE NE rte 1921) Assise à Natica leviathan ME “ie 329 Détermination de l’âge des couches à ete ne us Me ART SSL) 66 Observations sur les divisions de l'Infravalanginien établies par A. Dan ol Comparaison de l'Infravalanginien du Salève avec celui des régions voisines 354 D922 E. JOUKOWSKY ET J. FAVRE VALANGINIEN, Description Re Comparaison avec les régions voisines . HAUTERIVIEN. Partie inférieure Partie supérieure Répartition de | nt RTE Divisions de l'Hauterivien établies par # Favre Comparaison avec les régions voisines . BARRÉMIEN. Barrémien inférieur Barrémien supérieur . APTIEN ALBIEN Tertiaire. SIDÉROLITIQUE . MoLasse . Quaternaire. TERRAINS GLACIAIRES FREE DANS NNEE Moraine alpine. — Flugio-glaciaire alpin, — Moraine de fond salévienne. — Groise. Age des formations glaciaires du Salève . . . . . PNR ERUT Région du Mont-de-Sion et de Cruseilles. — KExtrémité nord-orientale du Salève. Dérors POST-GLACIAIRES ET ACTUELS . ,. . . . . . .… . CHAPITRE I TECTONIQUE Aperçu topographique L : ae Etude tectonique . . . . 5 CMIEURS Petit Salève, Grand Sabre et dévrot Pedent a Coin. : Dislocations longitudinales. — Dislocations transversales. — Le décrochement du Coin. Partie nord-orientale des Pitons et décrochement de Pomier . : Dislocations longitudinales. — Dislocations transversales. — Le décrochement de Pomier. Partie sud-occidentale et décrochement de l'Abergement. Région de l’Aber- gement et décrochement de Cruseilles Région de Cruseilles et décrochement de la Caille. o La montagne de la Caille et le Crèt à la Dame, Décrochement de Man dnl La montagne de la Balme et le décrochement de Sillingy Le coteau de Lovagny Ace pes DisLocArIoNs bu SALÈVE. HYPOTHÈSE EXPLIQUANT LA SLRUCTURE EN DÉCROCHEMENIS DE LA CHAINE DU SALÈVE Pages 339 337 308 MONOGRAPHIE GÉOLOGIQUE DU SALÈVE CHAPITRE IV MORPHOLOGIE Relations entre les formes topographiques actuelles et la tectonique. Formes du relief dont l'origine n'est pas due à des causes tectoniques Phénomènes de capture . CHAPITRE V PALÉONTOLOGIE Faune pu TITHONIQUE INFÉRIEUR. Etudes antérieures Echinodermes Brachiopodes . . . . Mollusques lamellibranches Mollusques gastéropodes Mollusques céphalopodes Conclusions . FAUNE Du PURBECKIEN. Faunule marine de la partie supérieure du Purbeckien. Faune d’eau douce du Purbeckien Conclusions FAUNE DE L'INFRAVALANGINIEN. Assise à Æeterodiceras luci . Assise à Vatica leviathan LisTE DES PUBLICATIONS GÉOLOGIQUES CONCERNANT LA CHAINE DU SALÈVE BIBLIOGRAPHIE PALÉONTOLOGIQUE . INDEX ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS INDEX ALPHABÉTIQUE DES LOCALITÉS. INDEX ALPHABÉTIQUE DES FOSSILES ErRaruM 323 Pages 380 381 339 385 386 394 398 424 465 466 472 477 479 450 490 493 504 509 510 513 219 APE Mi ë i : - \ tn} { 4 e F M: Fe é “ra 2 ten: À LCR MTIME ge de Ÿ | 4 te Cu US 1} n'a _ F 1 \ JA " | de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, vol. 37 TTETRE ES s.| e UN Cl EXPLICATION DE LA PLANCHE VI Cette carte, qui est le tirage en noir de la carte géologique, a pour but de faciliter la lecture des noms, et permet de se rendre compte des détails topographiques qui disparaissent sous les teintes représentant les terrains. Pour tous les signes conventionnels, voir Ja légende de la carte en couleurs. | SH] > géologique Physique et d'Histoire naturelle de Genève, vol. 37 pl. VI ne , ; us ee Prof. 23 Gartolel UF, ten \ {il (EE. OR TRE L AXE RASENS Lu DATI TANEEELE LD K 110. RRINN AL BA Le AL | qu ul \ AS ou, all ait Fe | \ WLM ji | AE AL EN At LUI nt ant [al {L Ni AI KE Dép is AE : 1 1 AA ! 2 ie (MT Hit | SA EE \l VU 4 TONY den rtEUS PTIT GT ZA ) » x Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, vol. 37 pl. VII Feuillet Palavet | Saut Gonet | | Trou de la Tine | Gorge de la Mule l | | ( | | | pu D | EX È | Châble de Genevard Crolsette KP ft 1 2 Das Oh D LITH KÜMMERLY 8 FREY, BERNE AE." ma: Moraine alpine Groise Eboulis Fossiles Failles Sentier fa: Fluvio-glaciaire alpin (Formations gla- -ciaires locales) £ RES E Nm C le A w / ras AG AS, Le Grand Salève vue prise de Grange Collomb Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, vol. 37 pl. VII Sentier des Bücherons supérieur Bücherons Inférieu | ] | | | | l Les Voëies | D En CO) C2 -% ———— Porllandien au) Purbockien Kimoridgion JS Porilandien inf. es ae. 'urbeckiel ] | ss ll Î Sentier y Valanginien Hauterivien Barëmien Sidérolitique Molasse ms Moraine mt Eboulis Fossiles Fallles valangini aclé urgonlen: fa: Fluvio- glaclaire alpin —caras Loell Catalan = Rd ( Henta do Plan | Les Pitons vue prise de Fort S“-Catherine Mémoires de la Société de Physique el d'Histoire naturelle de Genève, vol. 37 pl. VIII = cn rent, re ee Sa, i Pialeau du Grille Cirque du Baule j Ravin des Petites Croix Pointe du Pisn [l î Beaumont La Thuile | i | Convers Parei d'Archamps Beuiet { Croisetie SAN Ment de Sian mere, ie - EE —— eb | x / Rte. [_ EI *- Eboulls Fossiles Failles Sentior En Le Kimoridglen Porllandion inf. Porllandion sy Purbeckien P' infravalanginien Valanginien Hauterivion Couches À Here Coucher à Natiea CCaleaire rou) =dlesres Luel Laviathan Groise (Formations glaclaires locales) Sidérolitique CFaclén urgonien) êl fa: Fluvio= glaciaire alpin soissoi solos viinogs CET enbilospis En eu uoBpuouit} UI0) np JU2WU20199(] 1apnag np asud anA 2AQ[ES pueir) JaIL04 2P J2 U107 np SJU2LaU20199(] >Sj0IH IS 2P SuOJAUS Sap sud anA SuUO]JId 12 2Aa[PS pueln) XL'1S LE ‘l0'oaquen op “jeu 91H 1e 8AUd *20S ‘WOW N :Ÿ ARC: = & Ps 7 À + EXPLICATION DE LA PLANCHE X Fig. 1. Versant SW. du vallon de Monnetier montrant le gisement classique de lInfravalanginien du Salève. cs, Carrière supérieure. cm, Carrière moyenne. ci, Carrière inférieure. ue, Déblais de l'ancienne carrière où pe Lue a recueilli ses Helerodicerus luci. f. Failles. Celle de gauche est la faille de la Petite Gorge. Po, Portlandien. P, Purbeckien (hr, grande brèche à cailloux multicolores). io, Assise à Helerodiceras luci. iv,, Assise à Naltica leviathan. v, Valan- ginien (Calcaire roux). L, Hauterivien. Fig. 2. Versant NE. de la Petite Gorge. Faille de la Petite Gorge. ie,, Assise à Natica leviathan. v, Valanginien (Calcaire roux). L, Hauterivien. u, Barrémien (facies urgonien). f. Faille. Br, Brèche de friction dans la faille. Fig. 3. Versant NE. de la gorge de la Varappe, montrant la série continue des couches, du Pur- =. beckien au Valanginien, où ont été relevées les coupes, figures 8 et 9 du texte. P, Purbeckien. 0,, Assise à Heterodiceras luci. tr, Assise à Natica leviathan. v, Valanginien (Calcaire roux). MEM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENEVE. VOL. 37 (1913) 3 1 Fig. 1 E. Jourowsry et J. Favre. Monographie géologique et paléontologique du Salève. EXPLICATION DE LA PLANCHE XI Fig. 1. Vue prise de la Tour aux Milans vers le NE. montrant le pli-faille du Grand Salève au- dessus des carrières de Veyrier (le point de vue est indiqué sur la planche VID). Fig. 2. Vue prise de la Tour aux Milans vers le SW. montrant le pli-faille du Grand Salève près de la Petite Gorge. © Poi, Portlandien inférieur. Pos, Portlandien supérieur. P, Purbeckien. iv, assise à Aelerodiceras luci. in, assise à Natica leviathan. v, Nalan- ginien (Calcaire roux). k, Hauterivien. f, pli-faille, MÉM. SOC. PHYS. ET HIST. NAT. DE GENÈVE, VOL. 37 (1913). Pc. XI E. Jourowsky et J. Favre. Monographie géologique et paléontologique du Salève. EXPLICATION DE LA PLANCHE XII Les profils de cette planche ont été tracés en conservant leur position relative dans le sens transversal à l'axe du pli. Le rejet des décrochements est à l'échelle de la figure. Les traces des profils sont indiquées avec leurs numéros sur la carte géologique. Les profils n°$ 11 et 12 sont coudés. 61 | Fig. Fig. Fig. md Par Et J',ODIRPRY RENVE NO Ca | EXPLICATION DE LA PLANCHE XII . Purbeckien. Coupe mince de calcaire à Chara. N° 22 de la coupe figure 5 du texte. Gross. >< 20. . Purbeckien. Graine et tiges de Chara. N° 22 de la coupe figure 5 du texte. Gross. >< 70. . Purbeckien. Tige de Chara, N° 22 de la coupe figure 5 du texte. Gross. >< 70. . Purbeckien. Graine de Chara. N° 16 de la coupe figure 5 du texte. Gross. >< 70. . Purbeckien. Graine de Chara. N° 22 de la coupe figure 4 du texte. Gross. x 70. . Purbeckien. Graine de Char. N° 16 de la coupe figure 5 du texte. Gross. >< 70. Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XIII " Fig. Fig. L. EXPLICATION DE LA PLANCHE XIV . Purbeckien. Organisme B constituant à lui seul les oolites du calcaire oolitique n° 4 de la coupe figure 5 du texte. Gross. >x< 20. Purbeckien. Organisme A. Couche n° 14 de la coupe figure 4 du texte. Gross. X< 20, Infravalanginien. Calcaire oolitique à Foraminiferes. Partie inférieure de la couche n° 12 de la coupe figure 9 du texte. Gross. >< 20. Valanginien. Microbrèche zoogène. Partie supérieure de la couche n° 2 de la coupe figure 10 du texte. Gross. x 20. d, Débris d'organismes. q; Quartz. . Hauterivien. Mierobrèche zoogène avec Quartz et Glauconie. Couche n° 11 de la coupe figure 11 du texte. Gross. >< 20. ce, Calcite. d, Débris d'organisme avec taches de Glauconie. | q;, Quartz. ÿ. Hauterivien. Marno-calcaire gréseux très riche en Glauconie. Couche n° 9 de la coupe figure 11 du texte. Gross. >< 20. y, Glauconie. q; Quartz. XIV CF Vol. 37 (1913). Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. EXPLICATION DE LA PLANCHE XV Fig. 1.-6. Thiolliericrinus heberti (de Lor.). 1, Calice, face supérieure. 2, Autre calice, face arti- culaire. 3 à 5, Articles de la tige. 6, Article de la tige dont les facettes articulaires ont la même orientation. Portlandien inférieur, haut des Etiollets. Fig. 7. Cidaris (Plegiocidaris) glandifera Münst., radiole, Kimeridgien inférieur. Etiollets. Fig. 8. Pedina salevensis n. sp., 8a, b, gr. nat.; 8e, fragment du test de la face inférieure du même individu, gross. x 2. Portlandien inférieur, haut des Etiollets. Fig. 9, a, b, c. Pedina sublaevis Ag., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. Fig. 10, «, b, c. Codiopsis lorini Cott., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. Fig. 11,12. Pseudocidaris (?) subcrenularis Gauth., radioles, gr. nat., Portlandien inférieur, Cha- vardon et bas de la Grande Gorge. Fig. 13 et 14. Pyrina icaunensis (Cott.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XV k L À 4e { v . l > l fl [4 L'u L Le [EX L Fi 0 { à h | 2 ! L ' 0 r \ = ï ; ï ‘ nr , Li 1 1 ! Î vi j 4 ” "A 4 fl ; ue À “12 ï 4 ï * ; Ô 4 : j ï { n EXPLICATION DE LA PLANCHE XVI Fig. 1-2. Pyrina icaunensis (Cott.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. Fig. 3-4. Pseudodesorella orbignyana (Cott.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. Fig. 5-6. Zeilleria luqubris (Suess), gr. nat., Portlandien inférieur ; fig. 5, des rochers de la Balme au-dessus de Pomier : fig. 6. du bas de la Grande Gorge. Fig. 7. Zeilleria magasiformis (Zeuschn.), gr. nat., Portlandien inférieur, bas de la Grande Gorge. Fig. 8-9. Zeilleria humeralis (Rœm.), gr. nat, Portlandien inférieur, bas de la Grande Gorge. Fig. 10-11. Megerlea pectunculoides (Schloth.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. Fig. 12. Megerlea pelersi Suess, gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. Fig. 13. Megerlea aff. loryi ? Pict.. gr. nat., Portlandien inférieur. Fig. 14. Terebratulina substriata (Sehloth.), gross. >< 2 !},, Portlandien inférieur, rochers de là Balme au-dessus de Pomier. Fig. 15-16. Zeilleria magasiformis (Zeuschn.), Portlandien inférieur ; fig. 15, gross. >< 1 !/,, haut des Etiollets ; fig. 16, gr. nat., Pas de l'Echelle. Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PL XVI en h { L Le s . = = + 4 : à Le i > ji es ‘ « 1! ï . e n re . : ns a d LU de © L » “1 Le 21; te Li) Fig Fig. agit di At Qu dE CROP TT TARN PE hs fat» he qe “HET = EXPLICATION DE LA PLANCHE XVII 1-2. Alectryonia hastellata (Schloth.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 3-6. Pecten (Spondylopecten) globosus Quenst. emend. Philippi, gr. nat., Portlandien inférieur, baut des Etiollets. . 7. Pecten aff. nebrodensis G. Gemm. et di Blasi, gross. x 1 ‘/,. Portlandien inférieur, haut des Etiollets. . ig. 8. Lima (Plagiostoma) erctensis G. Gemm., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. . 9-10. Lima (Plagiostomu) thishe de Lor., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. . 11-44. Mytilus subornatus Et, gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. . 15-46. Pachymytilus oblusus n. sp., gr. nat , Portlandien inférieur, haut des Etiollets; fig. 15, valve gauche d’un individu de taille normale; fig. 16, valve gauche d’un jeune individu. . 17-18. Spondylus pictelianus (de Lor.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets ; fig. 17, valve droite ; fig. 18, valve gauche. Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XVII EXLPICATION DE LA PLANCHE XVII Fig. 1-3. Pachymytilus obtusus n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets; fig. 1. valve droite; fig. 2, vue antérieure d’un autre individu; fig. 3 a, moule interne, empreinte de la valve gauche; fig. 3 b, même moule interne, partie supérieure. Fig. 4-6. Arca (Barbatia) gracilicostata n. sp., Portlandien inférieur, haut des Etiollets : fig. ë, a, 5b, 6, gr. nat.; fig. 5e, portion du test de l'individu fig. 5, gross. >< 4. Lit . Hs L£ PI. XVIII Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). ALL nr [M . 04 ; s PEN CT L1 1 nrr À # L M F “ À — Ut EXPLICATION DE LA PLANCHE XIX Fig. 1-6. /soarca aff. eminens Quenst., Portlandien inférieur, haut des Etiollets; fig. 1, 2, 34, b, 4, 5, 6, gr. nat.: fig. 3 c portion du test de l'individu fig. 3, gross. x 4. Fig. 7-9. Corbis valfinensis de Lor., gr. nat., Portlandien inférieur; fig. 7 et 9, partie supérieure de la gorge de la Mule: fig. 8, Chavardon. Fig. 10-19. Diceras speciosum Münst., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets, forme typique. Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XIX EXPLICATION DE LA PLANCHE XX Fig. 1-2. Diceras speciosum Münst., forme typique, gr. nat., Porllandien inférieur, haut des Etiollets. Vus Fig 3. Diceras speciosum Münst., variété À. Portlandien inférieur, à 300" au NE. de la Petite Gorge; © 3a, gr. nat.: 30, gross. x !/,. ù Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI: XX i At , “4 Era, Le: 4 EXPLICATION DE LA PLANCHE XXI Fig. 1-2. Diceras Sspeciosum Münst., forme typique, gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. y À ; Fig. 3. Diceras speciosum Münst., variété A, gr. nat., Portlandien inférieur, bas de la Grande af Gorge. Fig. 4-5. Diceras speciosum Münst., variété B, gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. 1 \ < pre e $ D L x é «| b ”. \È Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXI EXPLICATION DE LA PLANCHE XXII Î " 2 Fig. 1-4. Diceras speciosum Münst., variété B, gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. ; k Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXII LA \- É es. EXPLICATION DE LA PLANCHE XXIII Fig. 1-8. Diceras speciosum Münst., variété C, gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. eo SUR É È 140 | 4 : ; {à s E Es L ” Fr Az L te & ? x A : à + 4 , £ » PI. XXII Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). «1 = aa 0 ” Pr ne EXPLICATION DE LA PLANCHE XXIV Fig. 1-14. Matheronin salevensis n. sp., gr. nat. Portlandien inférieur, haut des Etiollets et Chavardon. Fig. 3, 5, 6, individus bivalves. Fig. 1, 2, 4, 7, 8, 9, valves gauches (fixées). Fig. 10-14, valves droites (libres). Fig. 15-17. Plesiodiceras munsteri (Goldf.), gr. nat., Ptérocérien, l'individu représenté fig. 45 provient de Silan près Nantua (Ain), les autres (fig. 16 et 17) d’Ambléon (Ain). Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXIV K* EXPLICATION DE LA PLANCHE XXV 7 L 14 Fig, 1-12. Valletia antiqua n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets et Chavardon. { Fig. 1-3, individus bivalves. j ù Fig. 4-8, valves gauches (libres). | ; Fig. 9-12, valves droites (fixées). ) “À 4 Fig. 13. /socardia bernardina (d'Orb.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. Fig. 14. Pleurotomaria mulliformis Zitt., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. “e Fig. 13-17. Ditremaria salevensis n. sp., gross. x 2, Portlandien inférieur; l'individu représenté 4 | “% fig. 45 provient de Chavardon, ceux représentés fig. 16 et 17 du haut des Etiollets. “AC PE ! F à L è Fig. 18-20. Ditremaria carinala Zitt. var. elegans n. var., gr. nat., Portlandien inférieur; l'indi- . vidu représenté fig. 20 provient de Chavardon, celui représenté fig. 18 et 19 du haut EU e'- l des Etiollets. \9 Fig. 21. Cardiun (Pterocardia) corallinum Leym. var. valfinense Rollier, gr. nat., Portlandien : inférieur, Chavardon. A! Enr: Ë % ‘à 2 ne : AL nt. Le L2 jé ne le L 4 Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXV e . Fig Fig. EXPLICATION DE LA PLANCHE XXVI . 1. Trochotoma mastoidea (Et.), Portlandien inférieur, haut des Etiollets ; fig. { 4, gross, >< 2; fig. 1 b, gross. x 1 !/,. . 2-8. Trochus (Discotectus) massalongoi G. Gemm., Portlandien inférieur; fig. 2-4, gr. nat.; fig 5-7, gross. >< 2; fig. 8, gross. x 4. . 9. Opercule indéterminé, gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. . 10-11. Turbo (Senectus) salevensis n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. . 12. Nerita (Lissochilus) tithonica n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, partie supérieure de la gorge de la Mule. . 13-15. Pileolus minutus Zitt., gross. << 4, Portlandien inférieur, Chavardon. . 16. Patella modesta n. sp., gross. x 3, Portlandien inférieur, haut des Etiollets. . 17. Natica (Amauropsis) fourneti de Lor., gr. nat., Portlandien inférieur, Chavardon. . 48-21. Eunaticina quirandi de Lor., Portlandien inférieur, haut des Etiollets; fig. 18-20, individus de gr. nat.; fig. 21, partie du test d’un autre individu grossi 4 fois. . 22-25. Eunalicina heterostriala n. sp., Portlandien inférieur, haut des Etiollets; tig. 22, 23, 24 et 25 a, gr. nat. ; fig. 25 b, fragment du test de l'individu 25 4, grossi 4 fois. 26. Narica mortilleti (de Lor.), Portlandien inférieur, haut des Etiollets: fig. 26 a, individu de grandeur naturelle ; fig. 26 b. même individu grossi 4 fois. PI. XXVI Vol. 37 (1913). Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. 4 4 , d ‘1 ÿ re f à J To Æ À ‘ ÿ EU k 3 ‘ | u A » k à L EXPLICATION DE LA PLANCHE XXVII 1 Y : £ | AA 11 Fig. 1-3. Pseudomelania flexicostata (Zitt.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. Fig. 4-10. Oonia amygdaloides (Zitt.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. Fig. 11-12. Purpuroïdea tschani Ooster, gr. nat. Portlandien inférieur ; fig. 44, haut des Etiollets; A | j fig. 12, bas de la Grande Gorge. | 1 | 4 Li af ‘ | Gi! “ 15 2 | Ù * 1 : if : À - ; 4 QE E EE Ce Te 1 3 $ è \ - 3] ne | * A Ex a Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXVII d > " Fig Fig EXPLICATION DE LA PLANCHE XXVII . 1. Gymnocerithium(?) involvens (Zi), gr. nat. Portlandien inférieur, bas de la Grande Gorge. . 2-4. Pelersia salevensis n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, baut des Etiollets. . 5. Pelersia corallina n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. Fig. 6. Brachytrema filigrana n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. . 7-11. Ditretus nodosostriatus (Peters). gr. nat., Portlandien inférieur: fig. 7, 8, 44, haut des Etiollets; fig. 1°, entre le Saut Gonet et la gorge de la Mule; fig. 9, bas de la Grande Gorge. La figure 11 ne porte point de numéro sur la planche, elle se trouve entre les figures 12 et 18a. . 12. Dilretus consobrinus n. sp., gr. nal., Portlandien inférieur, partie supcrieure de la gorge de la Mule. . 13-41%. Zillelia oppeli (EL). gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. . 15-18. Zütllelin picteti G. Gemm., gr. nat., Portlandien inférieur, baut des Etiollets et Cha- vardon. . 49-20. Nerinea robusta n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur; fig. 19, pied du Sphinx; lig. 20, partie supérieure de la gorge de la Mule. g. 21. Nerinea binodosa Et., gr. nat., Portlandien inférieur, partie supérieure de la gorge de la Mule. - 22-23. Nerinea jeanjeani Roman, gr. nat., Porllandien inférieur, bas de la Grande Gorge. DE Soc Phys ct EN nat Genève. Vol. 37 (1919), PI. XXVIII EXPLICATION DE LA PLANCHE XXIX g. 1-5. Nerinea hoheneggeri Peters, gr. nat., Portlandien inférieur; fig. 4, bas de la Grande Gorge: fig. 2-5, partie supérieure de la gorge de la Mule. ig. 6. Nerinea grala n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, Chavardon. . 7-8. Nerinea paucicostata n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, bas de la Grande Gorge. . 9. Nerinea thurmanni EL., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. . 10. Phaneroptyxis moreana (d'Orb.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. . 11-17. Phaneroptyxis renevieri (de Lor.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets, Chavardon et bas de la Grande Gorge. CAR . 18. Phaneroptyris nogreti (Guir. et Og.), gr. nal., Portlandien inférieur. . 19-20. Phaneroptyxis multicoronata (Zit.), gr. nat., Portlandien inférieur ; fig. 19, Chavardon: fig. 20, haut des Etiollets. . 21. Ilieria cabanetiana (4'Orb.), var. ylobosa n. var., gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Eliollets. Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXIX 17b ARE A à ir JS £ EXPLICATION DE LA PLANCHE XXX 6 4 ; , Fig. 1. Phaneroptyris rugifera (Zitt.). gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. Le) %e Fig. 2-13. Phaneroptyxis staszycit (Zeuschn.), var. prohoscidea Cossm. et var. helvetica (Zitt.), gr. nat., Portlandien inférieur: fig. 2, 3, 4, 7, 43, GHvacIone fig. 5, 6, 8, 9, 10, 11, 12, haut des Etiollets. Fig. 14. Phaneroptyxis sp.. gr. nat., Portlandien inférieur, bas de la Grande Gorge. Æ i 74 2 Fig. 15-16. Phaneroptyris staszycit (Zeuscbn.), var. typica (Zitt.). gr. nat., Portlardien inférieur; #) fig. 15, haut des Etiollets; fig. 16, partie supérieure de la gorge de la Mule. 4 . Fig. 17-18. Jtieria cabanetiana (d’Orb.) var. globosa n. var., gr. nat., Portlandien inférieur, haut Ne des Etiollets. . , F4 Fig. 19-21. Nerinea dilatata d'Orb., Portlandien inférieur: fig. 19, gross. x 2, Corus : fig. 20-21, gr. nat., haut des Etiollets. à : PI. XXX Vol. 37 (1913). Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXI Fig. 1-3. Plygmalis quinqueplicata (G. Gemm.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. L Fig. 4-13. Piygmatis meneghini (G. Gemm.), gr. nat., Portlandien inférieur ; fig. 4 à 9, haut des Etiollets ; fig. 10, Chavardon:; fig. 11, bas de la Grande Gorge: lig. 12, partie Es rieure de la gorge de la Mule ; fig. 13, bas de l’Evorse. Fig. 44.16. Ptygmatis pseudobruntrutana (G. Gemm.), gr. nat Portlandien on parie HA rieure de la gorge de la Mule. Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXXI (LUN ‘» : LA Q ' 0) m Le 1 { 4 ï r . Len : à p 0 dr ' ‘ 1e ? 4 46 » L ; 'o s LÀ EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXII ig. 1. Cryploplocus depressus (Noltz.), gr. nat., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. ig. 2. Cryploplocus succedens Zit., gr. nal., Portlandien inférieur, haut des Etiollets. . 3. Cryploplocus excavatus n. sp., gr. nat., Portlandien inférieur, bas de la Grande Gorge. ig. 4-5. Aplyriella rustica n. sp, gr. nat., Porllandien inférieur ; fig. 4, partie supérieure de la gorge de la Mule; fig. à, bas de la Grande Gorge. . 6-7. Nerinea(?) sphinxt n. sp., gr. nat, Portlandien inférieur, partie supérieure de la gorge de la Mule. ig. 8-0. Belemnites (Hibolites) diceratinus Et, gr. nat., Portlandien inférieur; fig. 8, partie supérieure de la gorge de la Mule; fig. 9, haut des Etiollets. ig. 10. Natica floræ de Lor., gr. nat., Purbeckien, carrière d’Aiguebelle, Petit Salève. ig. 11-14. Lioplax inflata Sandb., gr. nat., Purbeckien, sentier des Bûcherons supérieur, Grand Salève. . 15-16. Valvala helicoïdes Forbes., gross. >< 5, Purbeckien, Varappe. ig. 17-18. Pseudomelania nana n. sp., gross. X 2!/,, Purbeckien, carrière d’Aiguebelle, Petit Salève. ig. 19-27. Exrelissa septemplicata (Ræm.), gross. >< 2'/,, Purbeckien, carrière d’Aiguebelle, Petit Salève. - 28-31. Nerinea concinna n. sp., gross. >< 2!/,, Purbeckien, carrière d’Aiguebelle, Petit Salève. ig. 32-36. Nerinea minima n. sp., gross. x 21/,, Purbeckien, carrière d'Aiguebelle, Petit Salève. | Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXXII EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXII Fig. 1-6. Nerinea minima n. sp., gross. x 2 !/,, Purbeckien, carrière d’Aiguebelle, Petit Salève. Fig. 7-28. Aphanoplyxis variabilis n. sp., gross. X 2!/,, Purbeckien, carrière d'Aiguebelle, : Petit Salève. LE Le Fig. 29-30. Planorbis loryi Coq., gross. >< 2 !/,, Purbeckien, Varappe. Fig. 31-34. Physa wealdiensis Coq., gr. nat., Purbeckien, sentier des Bücherons supérieur, Grand d | Salève. Fig. 35. Limnea, sp., gr. nat., Purbeckien, sentier des Bûcherons supérieur, Grand Salève. Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXXIII 29 a 29b 29e 31a 31b 32 33 a 33b | | | : 6 6 = 30 c \ ne F3 30 a 30b [e | È RER __ Ha 34b __ 35b 35b a ae re TE 2 à ler i L EU ou UE je me mme ont = Fig. à Fig. Fig. Fig. Fig EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXIV 4. Cardium (Plerocardia corallinum Leym. var, alatum de Luc., gr. nat., assise à Hetero- diceras luci, Infravalanginien, ancienne carrière de Monnetier. £ + 2-3. Lima (Plagiostoma) monelieri n. sp., 24, 3, gr. nat. : 2h, partie du test de 24 grossi 4 fois; assise à Heterodiceras luci, Infravalanginien, ancienne carrière de Monnetier. . 4. Pecten rochati de Lor., fragment du test du type de de Loriol, pl. E, fig. [D grossi 4 fois ; Ê ; assise à Heterodiceras luci. Infravalanginien, ancienne carrière de LNLLOE . 5-6. Heterodiceras luci Defr., gross. >< !/, fig. 5, type figuré par A. Dee 843, 5 ut fig. 1-2), vu par le côté ventral pour montrer les carènes des valves; fig. 6, autre individu ; Infravalanginien, ancienne carrière de Monnetier. . 7. Nerinea dilalata ? d'Orb., gr. nat. ; assise à Heterodiceras luci. Infravalanginien, ancienne carrière de Monnetier. + 8. Prosopon oxythyreiforme G. Gemm., gr. nat., assise à Heterodiceras luci, agen ancienne Carrière de Monnetier. 9. Pycnodus couloni ? Ag., gr. nat., assise à Natica leviathan, Infravalanginien, nouvelles carrières de Monnetier. à . 10-13. Spérocyclina erratica n. sp. : fig. 40 4, M a, 19, gr. nat. ; fig. 10 4, 11 D, gross. X5:; fig. 13, gross. >< 20; assise à Natica leviathan, Infravalanginien, carrière du ver- sant SW. du Petit Salève, vallon de Monnetier. i Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. Genève. Vol. 37 (1913). PI. XXXIV PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE ET D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE La Société peut disposer de collections complètes de ses Mémoires. (Tomes 1-37 et volume du centenaire.) Pour traiter, s'adresser au secrétaire des publications. (Adresse de la Société : M. le secrétaire des publications de la Soc. de physique, P. A.: au Muséum d’hist. naturelle, Genève, Suisse.) Comptes rendus des séances de la Société (in-5’). Tomes I-XXIX (1884-1912). Prix Fr. 30 Liste des publications des membres de la Société (1883) in-8° avec supplément (1896) UMR I NE ER RIRE RES TR RCE ARE SC te, 4 Imprimerie Albert Kundig, Genève. ON … tycctethetes LUNA 4 ail RAA RAA ee 4 ÿ Ne U PNR RARES ENS ANA \ , #0 OR mt