w ^V JET *$*£ 4 '1 y t# .* » *7 •^1 S,8os, * ?>;■ ti Hi il MÉMOIRES m DE LA . r » SOCIETE IMPERIALE D EMULATION D'ABBEVILLE. 1852, 1853, 1854, 1855, 1856 et 1857. ÀBBEVILLE TYPOGRAPHIE DE P. BRIEZ. 1857 USA ? ,t£-S s<^>j^^ ^r . '" g """^-S*^?^ >\ *A ^o /a tsacteée tm/iepcafe d éimufiiâo-n a Sur le rapport de notre ministre des cultes ; » Notre conseil d'Etat entendu, » Nous avons de'erété et décrétons ce qui suit : » Art. 1er. Les statuts des sœurs hospitalières attachées à l'hospice des malades d'Abbeville , lesquels resteront annexés au présent décret, sont approuvés et reconnus, sauf l'article V qui est supprimé, et auquel est substitué le suivant: « Chaque sœur conserve la prop/iété entière de ses biens et revenus , et le droit de. les administrer et d'en disposer , conformé- ment au Code Napoléon et à l'article 10 du décret du 18 février 1809. » » Art. 2. Les membres de cette congrégation continueront de porter leur costume actuel, et jouiront de tous les privilèges par — 60 — Cinquante-trois ans après la promulgation de ces statuts , Guillaume de Màcon , évoque d'Amiens , re- connut la nécessité de modifier, par la charte suivante, non pas la règle de son prédécesseur Arnould , mais le régime de la maison. « A tous ceux qui ces présentes lettres verront , Guillaume , par la miséricorde divine , évèque d'A- miens , salut dans le Seigneur. — Dernièrement , en nous accordés aux congrégations hospitalières, en se conformant aux règlements généraux concernant les congrégations. » Art. 3. Le nombre des sœurs ne pourra être augmenté qu'en proportion du nombre des malades, et avec l'autorisation du préfet, sur l'avis de l'administration des hospices. » Art. 4. Le présent brevet d'institution publique et les statuts y annexés, seront insérés au Bulletin des Lois. » Statuts des sœurs hospitalières qui desservent l'hospice d'Abbeville. « Art. Ier. Les sœurs hospitalières d'Abbeville ont pour but de donner des soins aux malades pauvres de la ville et des environs. » Art. II. Elles sont gouvernées par une supérieure nommée par elles au scrutin. » Art. III. Le choix, pour les autres offices de la maison, appar- tient à la supérieure. » Art. IV. Le temps de probation pour les sujets à admettre est d'une année ; elles sont admises sur l'avis de la supérieure et des autres sœurs, pris au scrutin, après l'année d'épreuve. En tout temps, les sujets qui troubleraient l'ordre peuvent être renvoyés. » Art. V. Les sœurs conservent la propriété de'leurs biens et peuvent en disposer sous la direction de la supérieure. » Art. VI. Elles sont soumises en tout, pour le spirituel, à l'évéque diocésain, et pour le temporel, aux magistrats des lieux qu'elles habitent. » — CI — visitant, comme il convient à notre devoir épiscopal, la maison de Saint -Nicolas d'Abbeville , dans notre diocèse d'Amiens, nous l'avons trouvée tellement grevée de charges et de personnes, de frères, de sœurs, de domestiques; tellement importunée de mendiants que, si l'on ne s'empressait d'y porter remède, les pauvres et les infirmes qui y affluent ne pourraient être sus- tantés à cause des personnes susdites et de l'exiguité des revenus, et qu'il en résulterait un grand scandale pour la maison. Nous, voulant changer ce misérable état de choses , et y compatissant avec une affection toute paternelle, nous avons ordonné et nous ordon- nons , sans nous écarter des anciens statuts , qu'on recevra seulement dans la maison deux prêtres pour célébrer les offices divins , un clerc apte à recevoir les ordres, quatre convers laïques, six sœurs voilées, deux domestiques forts et propres à remplir toutes les fonctions nécessaires dans un hôpital : de la sorte, la communauté restera bornée à quinze personnes. Sept jours après leur convalescence, — c'est là le délai pen- dant lequel on peut rester dans la maison , — les malades seront tenus de s'en aller, car autrement le séjour de ces convalescents serait , par sa dépense , très-onéreux. Dans une intention de piété, nous vou- lons que douze personnes, tant hommes que femmes, et non plus , soient reçues au nombre des infirmes. Quant aux femmes employées comme domestiques , lorsqu'elles auront demeuré dans la maison , qu'elles s'y seront honorablement conduites et fidèlement ac- quittées des fonctions qui leur auront été imposées , nous voulons qu'elles soient traitées comme les frères et les sœurs, soumises aux mêmes pratiques, excepté — 62 — les vœux qu'elles ne prononceront pas avant d'avoir été voilées. Nous voulons que celle qui aura été reçue le plus anciennement reçoive le voile si elle le mérite, ou que celle qui sera jugée suffisante à cause de ses mérites et reconnue utile à la maison, soit admise au nombre des sœurs , lorsque l'une des sœurs viendra à mourir; qu'elle prenne alors le voile et le manteleV, qu'elle fasse vœu de chasteté et d"obéissance, et qu'on agisse ainsi pour la réception des frères , des sœurs et des domestiques, sans. qu'on puisse jamais excéder le nombre de quinze personnes. Si quelqu'une des do- mestiques refusait d'obéir au maître ou à celui qui en tiendrait lieu; si elle s'entêtait dans sa résistance, si elle commettait une faute grave et que de cette faute il naisse un scandale, on lui permettra de sortir librement, en lui refusant la nourriture et le vêtement de la maison, et elle n'y pourra rentrer qu'après avoir fait une sorte de noviciat pendant lequel elle justifiera de son repentir et de sa bonne volonté, et qui durera autant de temps que le service qu'elle aura précé- demment fait. Les frères et les sœurs qui sont à présent dans la maison et ceux et celles qui y en- treront plus tard , feront serment d'observer avec exactitude le présent statut. Par ce même statut , nous ne voulons en rien infirmer la très-excellente et très-précieuse règle donnée par Arnould , évèque d'Amiens, notre prédécesseur. Nous voulons, au con- traire, qu'elle soit inviolablement observée par tous ceux qui entreront dans cette maison. Cette charte de notre volonté et de notre institution sera fidèlement observée , en vertu des saintes lois de l'obéissance , sous peine de suspension et d'excommunication , et — 63 — sous peine de l'anathème qu'il nous appartient de prononcer en vertu de notre autorité épiscopale. " En témoignage de toutes ces choses, nous avons confirmé les présentes lettres par l'apposition de notre sceau. — Donné l'an mil deux cent quatre-vingt-seize, le dimanche avant la fête de saint Honoré, au mois de mai. » Le régime intérieur de notre Hôtel-Dieu, où toutes les infortunes jouissaient, sous le même toit, de l'hos- pitalité chrétienne , dut être encore différentes fois modifié plus tard , mais les documents se taisent à cet égard. On peut , du reste , conjecturer qu'il eut beaucoup à souffrir des malheurs des temps et de Pinconduite de ceux qui l'administraient; et, en effet, les institutions fondées par l'inspiration des sentiments les plus purs n'en sont pas moins sujettes à s'altérer. Les frères qui, depuis si longtemps, desservaient l'hô- pital, dégénérèrent au point que l'évêque d'Amiens, Geoffroy de la Martonie, se \it contraint de les sup- primer en 1017. Dès lors les religieuses seules furent chargées de régir la maison , sous la conduite d'un prêtre séculier qu'elles élisaient elles-mêmes après la célébration d'une messe du Saint-Esprit et après avoir communié. Ce prêtre, qui était ordinairement un cha- noine de Saint-Vulfran, prenait le litre de maitre ou de supérieur, prêtait serment sur l'Evangile d'admi- nistrer fidèlement la maison , et quand son élection avait été confirmée par l'évêque , il entrait dans l'église , au son de la cloche , accompagné des dé- légués du prélat , baisait l'autel , touchait les vases sacrés, les livres, les ornements sacerdotaux, s'ins- tallait dans le chœur à la place réservée aux maîtres, - 64 — et la supérieure, à la tète des religieuses, déclarait que l'élection et la prise de possession du nouveau maître, dont les fonctions étaient tout à la fois spiri- tuelles et temporelles, ne pourraient nuire en rien au droit que la communauté avait d'élire une autre per- sonne qu'un chanoine de Saint-Vulfran. Les religieuses allaient ensuite , l'une après l'autre , s'agenouiller devant lui, lui promettant obéissance, et le Te Deum était chanté; puis on lui présentait les clefs de l'hos- pice, et il allait visiter les dortoirs, les cellules, le cloitre, l'infirmerie et la salle des malades. La communauté des religieuses, on le voit, était, comme aujourd'hui , placée sous la direction d'une supérieure élue pour trois ans , au scrutin , par les religieuses elles-mêmes assemblées capitulairement , d'abord dans le chœur de leur église , ensuite dans le principal parloir , en présence du maître et d'un notaire qui dressait l'acte de nomination. Les supé- rieures pouvaient être réélues, mais à l'expiration de la sixième année, elles devaient rentrer dans le rang des simples religieuses. On élisait ensuite, à la plu- ralité des voix, celle qui, sous le nom d'assistante, devait aider et suppléer la supérieure, et la dèposi taire, c'est-à-dire celle qui devait garder l'argent, et le maître confirmait ces élections en vertu des pouvoirs qui lui avaient été délégués par l'évèque , sous la juridiction duquel l'hôpital était placé , et qui faisait examiner , par l'official d'Amiens , les comptes des recettes et des dépenses. En 1629, les religieuses commencèrent à garder la clôture, « ne voulant plus, avaient-elles dit, être dis- traites de leurs devoirs envers les pauvres et les — 65 — malades, et désirant les soigner de tout leur cœur. » L'évêque d'Amiens avait donné son consentement, mais il fallait avant tout que le Parlement demandât l'avis des magistrats municipaux d'Abbeville; il fallait aussi l'assentiment de Louis XIII, et ce ne fut qu'en 1042, au mois de décembre , que la sanction royale fut obtenue (1). Quatre ans après , le père Ignace écrivait : « Cet Hôtel-Dieu est l'un des mieux réglés de toute la France, tant pour le spirituel que pour le temporel. Le grand nombre de pauvres qui y sont nourris, le bel ordre de services que font les religieuses, le grand soin que les médecins et les chirurgiens y emploient pour la guérison des pauvres malades, donnent grande édification à tous ceux qui les considèrent Les damoiselles et filles des meilleures maisons de la ville y aspirent de tout leur cœur pour y être reçues, et à l'heure où j'écris ceci , il y a plus de quarante religieuses professes , toutes filles de vertu et d'o- raison (2). » (1) Il n'y avait en Picardie que les hôpitaux d'Abbeville, d'Amiens, de Beauvais et de Saint-Valéry, dont les religieuses étaient liées par des vœux et cloîtrées , à la, différence de la plupart des hôpitaux du royaume qui étaient gouvernés par des filles libres, ce qui donnait lieu souvent à de très-grands abus. (2) Histoire ecclésiastique d'Abbeville , p. 2ï2. — Un registre où sont inscrits les noms de toutes les religieuses, depuis 1654, mentionne au xvn8 siècle Marie Tillette , Isabelle Délegorgue , Marie Sanson, Florence de Buissy, Françoise Danzel, Catherine Cacheleu, Marie Lennel , Françoise Briet, Madeleine de Poilly, Charlotte Hecquet, Antoinette du Maisniel d'Applaincourt. Quel- ques-uns de ces noms reparaissent au xvmc siècle, avec ceux de 5 — GG - Ce témoignage de notre vieil historien est tellement vrai, qu'en JG46, l'évèque de Beauvais, Augustin Potier de Gesvres, appela trois de ces saintes femmes pour venir instituer la réforme dans l'Hôtel-Dieu de sa ville épiscopale (1). Ces religieuses qui , dans l'origine , portaient un vêtement de laine sans aucune teinture , adoptèrent plus tard une robe noire avec un rochet de toile blanche par-dessus , et une guimpe qui descendait seulement jusqu'au milieu de l'estomac Mais dans les premières années du dernier siècle , elles n'avaient plus de rochet , et leur guimpe , descendant jusqu'à la ceinture , se terminait en pointe , comme on peut le voir dans l'habillement d'une religieuse de l'Hôtel- Dieu de Beauvais , que le père Hélyot a fait graver dans son Histoire des Ordres monastiques, t. h, p. 302. Chaque sœur , en entrant dans la communauté , apportait une dot qui s'élevait, au xvir siècle, selon la fortune de ses parents , jusqu'à trois ou quatre mille francs , plus quelques meubles et une certaine quantité de linge. A la fin du xvme siècle , la dot varie de mille à quinze cents francs ; quelquefois , néanmoins, on n'exigeait que six ou sept cents francs, en considération du peu de fortune et des- bonnes qualités de la postulante. Après les années d'épreuves, lorsque la novice avait Françoise Dequevauvillers, Françoise Lefebure, Marie Danvin de Hardenthun, Henriette de Belleval, ete., et ceux de plusieurs autres familles notables, maintenant éteintes, qui figurent aussi dans le siècle précédent. (1) Hélyot, Hist. des Ordres monastiques, t. n, p. 304. — 67 — fait « apparoistre de saints mouvements de sa voca- tion, » les religieuses s'engageaient à l'admettre et, moyennant la dot convenue , à subvenir à tous ses besoins jusqu'à sa mort, et même à la faire enterrer, conformément « aux observances de la communauté. » La novice, à son tour, s'engageait à suivre exacte- ment la règle, à se dévouer sans réserve au service des pauvres malades, et les engagements pris de part et d'autre, en présence du père et de la mère de la novice, et de toutes les religieuses, acte en était dressé par un notaire. Les principaux bienfaiteurs de l'hôpital Saint Nicolas, à la fin du xnf' siècle et dans le cours du xme, sont les comtes de Pontbieu Jean et Guillaume 111, Théobald de Candas et sa femme Ade, Hugues de Foî\taines, Jean de Valines et sa femme Alix, Mathieu d'Acdeu, Jean de Saint-Marc, et l'opulente famille Ciiolet, qui compte parmi ses membres le cardinal de ce nom. En 1197, Hugues Ciiolet, échevin d'AbbcvilSe, donne une carnée de terre dans les Essarts. On entend par caruée (en latin carruca, carrucala) une étendue de terrain qui peut être cultivée dans une année avec une seule charrue (!)■ L'année suivante, njême do- nation de la part "de Hugues et de Pierre Cholet, au même lieu des Essarts. En 1199, Hugues de Fontaines donne aussi une (1) Aux xie et xiie siècles, on entendait en Normandie, par terre d'une charrue , un domaine de soixante acres , ce qui représente une étendue de quarante-neuf hectares. (Voir Etudes sur l'état de l'agriculture en Normandie au moyen-âge , par M. Léopold Delisle. Evreux, 1851, in-8°). - «s — caruée, plus sept journaux sur lesquels fut construite la ferme de Saint-Nicolas. En 1201, Hugues de Fontenelles donne une por- tion de la forêt de Gaden et une terre auprès de Valines, avec les dîmes qu'il avait dans le Yimeu; Gautier le Senior, deux brasseries; Adam Ciiolet, le domaine nommé la Grande Forêt, Grandis Silva. En 1202, Enguerand de Fontaines, cinq journaux de terre à Saucourt. En 'J207, Théobald de Candas , chevalier, et Ade sa femme , cent journaux situés entre Mondiaux et Frireules. 1210. Guillaume, comte de Ponthieu , divers cens sur plusieurs maisons situées dans la rue Neuve au- dessous d'Abbeville. 1212. Hugues Cholet, probablement le même que nous avons déjà nommé, donne la moitié du moulin de l'Isle , avec ses hôtes, ses jardins, ses aires ; plus une brasserie, quatre muids (1) de froment pour les chapelains des deux chapelles fondées par lui dans la maison, et une provende aussi de froment à prendre chaque semaine sur les moulins de Talance. De la mention du mot hôtes dans cet acte de do- nation , on pourrait croire que le servage existait (1) Le muid, en latin modius, modium, changeait de volume suivant les lieux et la nature des substances. Ainsi, le muid d'avoine en valait deux cle blé. Dans les mesures nouvelles, le muid vaut: pour les grains, dix-huit hectolitres; pour le sel, vingt-quatre; pour l'avoine , trente-six. 11 y a lieu de croire qu'il ne valait pas autant chez nous. — 69 — encore dans notre ville en 1212. Ce mot est syno- nyme de vassal et non de serf (1). 1215. Guillaume 111 , comte de Ponthieu , donne treize journaux de bois , le fonds de terre compris , vers le territoire d'Epagnette. 1228. Gérold de Cambron, dix journaux de terre à Franleu. 1229. RicniLD le Paumière, la moitié d'une maison de pierre (2). 1233. Godefroy Cholet, prêtre, proviseur (provisor) de l'IIôtel-Dieu , quarante sous parisis de cens pour régaler , chaque dimanche de Quasimodo , tous les pauvres , les chapelains , les frères , les sœurs qui demeurent tant dans la maison que dans les bâtiments ruraux (in grangiis); soixante sous de cens pour ré- galer , le premier et le second jour des calendes de chaque mois, les pauvres les plus infirmes et les plus souffrants , avec les mets qui pourront leur faire le plus plaisir , et à condition que les petits avan- tages dont ils jouissaient avant cette donation ne pourront être diminués en rien. « Si quelqu'un les fraude ou les prive de quelque chose, tous les cha- pelains de la maison se réuniront, revêtus d'étoles et tenant à la main des cierges allumés , en présence de tout le peuple, des clercs et des laïques, chaque année, à la fête de saint Nicolas d'hiver, et ils pro- (1) Voir Léopold Delisle, Loc. cit., p. 22 et 23. — Gue'rard, Cartulaire de Saint-Pere de Chartres, t. 1", p. xxxvn. (2) Excepte quelques hôtels, toutes les habitations étaient en bois. Ce n'est que dans le xv" siècle que l'on vit paraître en polit nombre des façades construites en pierres. — 70 — nonceront l'anathème contre celui qui aura commis la fraude. » 1230. Mathieu d'àcheu donne onze jounaux de terre à Franleu. -1238. Raoul Tiriaus, six muids de sel. 1239. Marie, comtesse de Ponthieu, vingt sous pa- risis de cens, à prendre sur la vicomte d'Abbeville, pour un obit en mémoire de Simon , comte de Pon- thieu, son mari. 1240. Pierre Manessier , prêtre de Saint-Vulfran- en-Chaussée , deux rentes en argent et en poules , à prendre sur deux tènements sis à Abbeville , dont l'un dans la rue du Doyen, vis-à-vis la dite église. 1247. Godard de Monchaux et Hersande sa femme, dix journaux de terre à Acheu. 1249. Aloud de Yalines et Hermangarde sa femme, quatre journaux à Saint-Marc. 1202. Jean de Valines, chevalier, et sa femme Alix, quinze autres journaux au terroir de ce village, pour renter la chapelle que l'Hôtel-Dieu y avait fait bâtir; plus deux setiers de blé par an. 1203. Jean de Saint -Marc lègue une maison et treize journaux. La même année, Guillaume Tyrel, chevalier, sire de Poix , permet aux frères de Saint-Nicolas d'ex- traire des tourbes dans leur marais de Valouvrech , et leur donne en aumône dix livres parisis sur le produit de ces tourbes dont la moitié lui appartient. 1272. Piobert de Saint-Clou et Marie sa femme, un immeuble situé à Abbeville, rue des Jardins-de-Damas. — Hobert Cloche d'Amour, prêtre, des terres et des dimes aux terroirs de Valines et de Zotcux. — 71 — 1299. Hugues Clabault, sa femme et leur fille Eve, cinq journaux et demi de terre à Mautort, en faveur de la réception de la sœur Eve Clabault à l'hôpital Saint-IVicolas. Dans le xive siècle, où nous allons entrer, nous ren- controns d'abord, en 130f>, Jean Toulète, chantre de Saint-Vulfran, qui donne un immeuble situé à Abbeville, rue de l'Isle. — Guillaume de Valines et Jacqueline sa femme, six journaux de terre à Valines. 1318. Alix de Monchaux , fille et nourrie de la maison Dieu Saint-Nicolas d'Abbeville, cinq journaux vingt-six verges au même terroir 1319. Isabelle Restée, Marie et Denise Restée, ses sœurs , Bernard Restée et Pierre Leprevost , donnent ensemble quarante- quatre journaux trente verges , situés à Saucourt et à Valines , et cent livres parisis. 134?.. Thomas de Saint-Riquier lègue vingt-quatre sous parisis pour acheter du vin qu'on donnera chaque année aux pauvres et aux femmes en couches. 11 donne en outre vingt sous aux pauvres des quatre portes d'Abbeville, et si sa fille meurt sans enfants, il veut que tous les biens qu'il lui laisse reviennent aux aumônes de la ville. 1347. Philippe de Valois, roi de France, confirme le don fait en 1249, par Mathieu de Montmorency, comte d^Ponthieu, et Marie sa femme, des copeaux et des branchages des arbres que les moines de Saint-Pierre abattent dans la forêt de Crécy. 1388. Charles VI, roi de France, concède le droit de couper dans cette forêt tout le bois dont l'hôpital aura besoin pour le chauffage des pauvres malades. — 72 — 1394. Fremine Chrystofle , femme de Pierre Tin- guery , donne six francs pour les pauvres du dit hôpital ; deux francs à la confrérie de Saint-Nicolas de cette maison -, aux malades des quatre portes, trois francs ; deux muids de blé en pain cuit aux pauvres, et à l'aumône de la ville, tous ses acquêts, après la mort de son mari. 1395. Clémence Senicarde , veuve de Mathieu au Costé, vingt francs pour réparer l'église et la maison; sept muids de sel à prendre chaque année sur les salines de Noyelles, et vingt sous de pain, de vin et de viande aux pauvres de l'Hôtel-Dieu , pendant un an, le lundi de chaque semaine. 1397. Mathieu Gallet , quatre journaux de terre à Àigneville , à charge d'une messe à haute voix dans l'église de ce village. 4 398. Pierre Clabault, une maison à plusieurs de- meures, rue Saint-Gilles, et tenant par-derrière à la Tannerie. 1399. Denis d'Aoust, une maison sise à Abbeville, rue du Castel, vis-à-vis l'église Saint-Vulfran-de-la- Chaussée. Parmi les bienfaiteurs, princes ou fidèles, des xvc et xvie siècles, nous mentionnerons Regnault de Hodenc, d'xVbbeville, qui donne, en 1409, vingt journaux et un quart de terre labourable à Franleu, dix-huit journaux à Frireules, cinq journaux vingt et une verges à Va- lines, à charge de deux messes par semaine pour lui et ses parents (1). (1) 11 donna en outre, à l'hôpital Saint-Jean d'Amiens, vingt- trois journaux à Valines, et d'autres terres encore en divers lieux. — 73 — 1410. Barthélémy de l'Abbaye, de Brucamps , et Marie sa femme , trois cents florins d'or , à charge de trois messes par semaine, leur vie durant, et de trois messes de Requiem après leur mort , et pour qu'on les admette dans la maison. 1426. Jean Leprevost, de Long, vingt et un jour- naux et demi de terre, en sept pièces, aux terroirs d'Ailly, Ailliel, Famechon et Bouchon. 1428. Guillaume le Maître, qui était venu du pays de Caux se réfugier à Abbeville, à cause des guerres, abandonne vingt sous de rente annuelle , en recon- naissance de ce que sa femme avait été nourrie et médicamentée à l'Hôtel-Dieu pendant quinze jours , qu'elle y avait communié et reçu la sépulture , et parce qu'il veut participer aux bonnes prières qu'on y récite chaque jour (1). 1433. Pierre Lesemne et Jeanne sa femme, de Mar- taigneville , six journaux cinquante-deux verges de terre à llerveloy , et deux setiers de blé , à charge de deux messes de Requiem. 1437. Jeanne Rougequiem , d'Abbeville , veuve de (1) En 1124, le même motif porte les magistrats municipaux d'Abbcville à contribuer aux réparations de la maison, comme l'atteste l'extrait suivant du registre des argentiers : « Aux maistre, frètes et sœurs de TOstel-Dieu et monsieur saint Nicolay, soixante-douze sols, qui paiez leur ont esté par don à eulx f.iit , par les maire et esche vins , des grâces et courtoisies de la ville , pour acater deux muis de caucli donnez en don d'aumosne pour emploier cette année es ou- vrages et réparations qui seroient nécessaires à faire en icelle maison et église, et pour demourer es prières et oroisous et bien fais d'iceulx maistre, frères et sœurs lxxij sols. » — 74 — Pierre Catine, assigne une rente de six livres parisis, à charge d'une messe chaque semaine, et à condition que les frères de Saint- Nicolas délivreront tous les ans pitanche aux pauvres, le jour de Saint-Gilles (1). 1438. Robert des Ostieux , seigneur des Ostieux (de Zotcux) et de Saint-Marc, vingt-cinq verges de bois à prendre chaque année dans ses bois, et de plus un setier d'avoine et une paire d'éperons de cens. 148.'?. Mathieu de Beauuain, ancien mayeur d'Àb- beville , et Jeanne Chambellan sa femme , donnent une maison rue du Rivage , quatre journaux et un quart de prés à Menchecourt, et vingt-deux journaux de terre labourable à Arly ('2). 149G. Jean Laudée, douze sous de rente, à charge d'un obit solennel chaque année. 11 donne en outre, aux pauvres de l'Hôtel-Dieu , seize sous pour leur faire récréation le jour de son enterrement— Guillain (t) Au xiii8 siècle, la pitance annuelle d'un de ces pauvres était estimée soixante sols parisis, environ cent vingt-cîhq francs de notre monnaie actuelle. (2) Un compte des argentiers de la ville, en date de 1180, contient ce qui suit : « A Engueran Malot, cambier (brasseur), la somme de huit livres cinq solz... pour xiiij fillettes (feuillettes) de briemart (sorte de bière) au pris de xv solz le lillette, et pour xiiij fillettes de bière au pris de sept solz six deniers ebascune, par lui livrées ebascune sepuiaiue, depuis le xx" jour d'avril derain passé jus- qu'au jour saint Bertremieu enssuivant, à TOstel-Dieu et Saint- Nicolay, que ordonné lui avoit esté faire pour la sustencion des poures estans au dit Ostel en grant nombre et en indigence pour la chierté du temps. » — Mêmes articles en 1483 et 1484, pour la même cause. — 75 — Bar, d'Abbeville, vingt sous de rente, treize journaux de terre en plusieurs pièces au terroir de Rambures, et avec Jeanne du Mares sa femme, une autre pièce de dix-sept journaux au même lieu. 4522. Antoinette de Baillell , une maison située à Abbeville, rue Saint-Eloi, et tous ses biens meubles et immeubles, lesquels ne sont pas désignés. j532. INicolas Lesueur, ancien mayeur d'Abbeville, un droit de dîme sur plusieurs maisons situées à Oisemont et sur un grand nombre de terres aux en- virons de ce bourg, à Boisville et autres lieux. 1537. Nicolas Postel, seigneur de Bellifontaine , diverses rentes pour la fondation d'une chapelle à simple tonsure en l'église de l'Hôtel Dieu et en l'hon- neur de saint Michel, à charge d'y célébrer, pour le repos de son âme et de celles de ses amis , six messes basses chaque année, de deux mois en deux mois. 1545. Jeanne de le Warde et Jean Guenelon, deux journaux de pré à Cambron, un surcens au dit lieu, avec le prix duquel on achètera du charbon pour chauffer les pauvres de l'hospice, et vingt-cinq livres de rente. J547. Guillaume Coppet , prêtre , diverses rentes à prendre sur des terres* à usage de vignes , situées au faubourg de Menchecourt, " en reconnaissance des bons traitements qui lui ont été faits par les maitre et sœurs de l'Hôtel-Dieu , auquel il s'est donné pour y user sa pauvre vie. » 1553. Henri 11, roi de France, autorise les maître et sœurs à faire couper dans la forêt de Crécy, pen- dant six ans consécutifs, deux arpents de bois taillis, — 76 — et renouvelle, en 4557, cette autorisation pendant six autres années. — En 1660 , François 11 fait la même concession, et Charles IX suit son exemple, « attendu Paffluence des pauvres, l'injure du temps, les guerres civiles et la pénurie des vivres dans tout le royaume. » — Henri 111 , Diane de France , Charles de Valois , duc d'Angoulème, Catherine de Joyeuse, duchesse de Guise, aïeule et tutrice de Joseph-Louis de Lorraine, comte de Ponthieu, accordent aussi le droit de prendre dans la forêt le bois nécessaire pour le chauffage des pauvres, et renouvellent différentes fois cette autori- sation, pour six et même dix ans. 1571. Nicolas du Candas , clerc de PHôtel-Dieu , donne six journaux de terre à Cambron. 4596. Antoinette Senault , femme de Pierre de Gorenflos, maître maréchal à Abbe ville, vingt-quatre journaux au terroir de Domvast, à charge de prières pour elle et ses amis. 1599. Jean Savary , doyen de Saint- Vulfran , une maison avec jardin, située rue de Plsle. 1602. Jean Laveunier , prêtre , diacre de Péglise Saint Jacques, veut que l'on distribue trois fois Pan, aux pauvres de l'Hôtel-Dieu, du pain, du vin et de la viande. 1614. Robert Glachant, maître charpentier à Abbe- ville, donne dix-huit journaux de terre à Gueschart, y compris un jardin de deux journaux, en faveur de la réception de sœur Marie Glachant. Quatre ans après, il ajoute à cette donation une maison bâtie sur quatre journaux, à Maison-Ponthieu. 1623. Alexandre de Ribeaucourt , maitre-admi- nistrateur , lègue une autre maison tenant à la — 77 — grand'porte de l'Hôtel - Dieu , et, vingt ans après, son calice , ses burettes d'argent , ses montres , ses ornements sacerdotaux , sa bibliothèque , tous ses meubles, et de plus une somme d'argent pour sub- venir aux frais de trois obits par an. 1630. Antoine Lenoir, chapelain de Saint-Vulfran, assigne une rente de quarante- deux livres dix sous et une somme de cent trente livres, à charge d'une messe des Cinq Plaies et d'un De profundis à perpétuité. 1634. Madeleine Dupuis, veuve de Pierre Bonnard, donne deux mille trois cents livres , à charge d'une messe tous les jours. 1637. Maximilien Hocquet fait de grandes aumônes que les titres ne désignent pas , à charge de deux obits à perpétuité. 1648. Charles Levasseur, sieur d'Ouville, donne, à titre de cens, douze journaux sur le territoire de ce village. Dans un acte daté de cette même année, Philippe le Prévost, de Saint-Riquier, s'exprime ainsi: " Suivant le conseil évangélique qui nous excite à employer notre argent en l'acquisition de bons amis qui nous assistent au besoin et nous conduisent après la mort aux tabernacles éternels ;) désirant faire mar- cher le flambeau devant moi et honorer Dieu, la sainte Vierge et les saints du peu de bien que sa divine bonté m'a donné, en l'esprit de la pauvre femme qui présenta à Dieu deux deniers dans son temple ; je donne aux religieuses et pauvres malades de l'Hôtel- Dieu d'Abbeville, deux cents livres pour être mis en constitution de rente , et le revenu être employé à faire chanter un service, chaque année, pour le salut — 78 — de mon âme et de mes plus proches parents , et le surplus être employé à acheter trois pots d'huile d'olive qui sera brûlée dans la lampe de l'église les jours de bonnes fêtes , que le très-Saint-Sacrement de l'autel sera exposé, et pour donner quelque petite collation aux pauvres malades à perpétuité. » 1655. François Lennel, d'Abbeville, donne quatre mille livres, en considération de ce que sa fille Marie a été reçue dans la maison pour s'y vouer au service des malades. 1656. Jacques Malende, docteur en théologie, de- meurant au collège des Cholets, à Paris, assigne une rente au principal de trois mille livres pour l'entre- tien, pendant cinq ans, de deux écoliers d'Abbeville, étudiant à Paris , soit en philosophie , soit en théo- logie , qui seront désignés par le chapitre de Saint- Vulfran, les maîtres-administrateurs de l'Hôtel-Dieu et le principal du collège. Les cinq ans accomplis , il leur sera substitué deux autres disciples, pour ainsi continuer de cinq ans en cinq ans Le clerc servant de l'Hôtel-Dieu sera préféré le premier, et les petits boursiers du collège des Cholets préférés ensuite à tous autres. 1662. La veuve Lasoune fait une aumône considé- rable, à charge d'un obit à perpétuité. 1671. Jean Gallet donne mille livres , à charge d'un service à chaque anniversaire de son décès. — Il lègue en outre, à l'Hôtel-Dieu de Paris, une somme de dix mille livres. 1675. Antoine Leyesque , maître administrateur , donne une maison rue Frettelangue, diverses rentes, tous les meubles de sa chambre et de son cabinet , — 79 — tout ce que renferme son coffre en or et en argent, et sa bibliothèque, à charge d'un service solennel et de cinq messes chaque semaine. Ce n'est pas tout : ce généreux prêtre lit distribuer à l'Hôtel-Dieu, depuis 1G59 jusqu'en 1684, plus de cinq cents setiers de blé et cent quatre-vingt-cinq setiers d'avoine environ , fruits de sa prébende, sans compter encore différentes sommes d'argent. 1678. M. de Maciiault, prieur de Saint-Pierre d'Ab- beville, donne cinq cent quarante livres quatorze sous de rente. 1GS3. André Roussel , commissaire général des vivres des camps et armées du roi, natif d'Amiens, une autre rente de seize cent quatre vingt-onze livres et plusieurs autres sommes qui lui étaient dues. 1687. Françoise de Roijgemas , veuve de Charles CnEVALiER, gentilhomme de la reine, une partie de ses biens meubles et immeubles aux Hôtels-Dieu d'Abbeville et de Vassy, qui partageront chacun par moitié, à charge, par ces deux maisons, d'un service chaque année. Les meubles et immeubles ne sont pas désignés. 1701. François Descaules, chanoine de Saint- Vul- fran, six mille livres pour la fondation d'un chapelain. 1709. François Brunet, docteur en théologie et curé de Saint-Martial de Paris , donne à la fabrique de l'église Saint-Jacques d'Abbeville une somme de cinq cents livres ; d'autres sommes à différentes personnes ou établissements de charité , et à l'Hôtel -Dieu le surplus de ses biens , qui ne sont pas désignés , à charge de prières et de faire placer dans l'église , « le plus près du chœur qu'il se pourra , une ins- — 80 — criplion de marbre qui contiendra le bref de la dite donation. » 4728. Charles Leïvnel, chanoine de Saint-Vulfran , maître-administrateur et docteur de sorbonne, donne, à Phôpital-général, qui venait d'être fondé, une rente de trois mille livres en principal; à l'Hôtel Dieu, une maison et dépendances , située au Pont Rémi , et le surplus de ses biens à ce dernier établissement, pour être employé au secours des pauvres qu'il institue ses légataires universels , à charge de deux obits à perpétuité ; et suivant les traces du bon chanoine Levesque, il avait distribué, depuis 1G95, à ce même établissement, sept cent trente-sept setiers de blé et cent vingt cinq setiers d'avoine. 1743. Nicolas Delegorgue, aussi chanoine de Saint- Vulfran et administrateur, lègue sa bibliothèque, ses ornements sacerdotaux et tout ce qui est échu de son canonicat , à condition qu'on dira tous les jours un service pour lui, après la messe de la communauté, et que tout ce qu'il lègue sera vendu au profit des pauvres de l'IIôtel-Dieu. Nous n'avons inséré dans cette notice que les do- nations principales, ainsi que celles qui se distinguent par un caractère particulier. La liste exacte des bien- faiteurs, dressée par nous sur les titres mêmes, est déposée dans les archives de l'Hôtel- Dieu. A partir des premières années du xive siècle , on a dû le remarquer, ce ne sont plus les grands pro- priétaires du sol qui se signalent par leurs aumônes, ce sont de simples bourgeois et même de pauvres artisans, et c'est pour cela que plus on s'éloigne des premiers temps , plus les donations en terres dimi- — SI — nuent. On en lègue bien encore quelques journaux , mais en petit nombre, sauf quelques exceptions. Aux xvne et xYine siècles, d'ailleurs, la plupart des legs sont répartis sur l'Hôpital des sœurs de Saint Joseph, sur la Consolation et l'Hôpital-général des pauvres , établissements nouvellement fondés. Les titres des propriétés que l'Hôtel-Dieu possède encore ont été heureusement conservés , les chartes de donation entr'autres. Ces chartes étaient souvent déposées, en signe d'investiture, sur l'autel de Saint- Nicolas, comme on le voit, pour ne citer qu'un seul exemple, dans une charte d'Eustache de Franleu, en date de 4230: « Nous avons offert, dit ce bienfai- teur, moi et mon (ils, sur l'autel de Saint-Nicolas d'Abbeville , les journaux de terre , tant ceux que nous avons vendus que ceux que nous avons donnés (1). Le donateur, en garantie de cet acte, jure solennel- lement, sur des reliques, de ne rien réclamer par la suite. 11 se réserve seulement une paire d'éperons de fer, de la valeur de douze deniers, qui lui sera servie chaque année à lui ou à ses héritiers , par l'église de Saint-Nicolas. » Le fils d'un bienfaiteur veut-il ajouter au don déjà fait par son père? c'est le jour même de l'anniver- saire de la mort de ce père qu'il vient déposer la charte de donatton sur l'autel de Saint-Nicolas. Quelques-uns des biens que possédait l'Hôpital avaient été acquis à prix d'argent. Ainsi, en 1201, Enguerand (1) « Jornalia ta/m vendita quam collata, tain ego quam dicti filii mei, super- sanclum altare beali Nicolai optulimus in cccle- sia ejusdem sancti apud Abbatisvillam. » 6 — 82 — de Nouvion lui vend cinquante journaux de terre tenant aux chemins du Plessiel et de Drucat, et cin- quante autres journaux situés près de la Tombelle , à l'entrée des Essarts, vers la fosse de Guidoll" et le bois dévasté (1). Nous ferons remarquer aussi que les vassaux , ou ceux qui tenaient des terres moyennant certaines redevances féodales, ne pouvaient vendre ou donner ces terres à PHôtel-Dieu sans l'autorisation du sei- gneur dont relevaient ces terres. C'est ce qui résulte, entr'autres, du consentement donné en 1243 par Gui, chevalier, seigneur de Ponches, à la vente faite par Jean de Vaudricourt, l'un de ses vassaux, aux frères de Saint-Nicolas, de neuf journaux de terre situés au terroir de Frireules , moyennant une paire de gants de la valeur de trois deniers, payable chaque année, au jour de la Pentecôte , à Abbeville , où , d'après les lois féodales, les vassaux des comtes de Ponthieu étaient tenus d'assister à leur cour solennelle. En 1231 , le doyen de chrétienté d'Abbeville fait savoir que Renault d'Ouville, son père et sa mère, ont ratifié la vente par eux laite précédemment aux frères de Saint-Nicolas, de quarante-trois journaux de terre au terroir d'Ouville. Les frères et parents du vendeur s'engagent, par le même acte, à ne réclamer (1) Les contrats étaient passés devant le maire et les échevins. En 1383 , nn bourgeois d'Abbeville. vend à l'Hôtel-Dieu une maison située rue de la Chavaterie ; le vendeur et les acheteurs jurent, devant les magistrats et sur des reliques, d'observer strictement les conditions de la vente. On trouve , dans les archives de l'Hôpital, plusieurs actes semblables. - 83 — à l'avenir, des frères de Saint-Nicolas, que dix sous et deux poules de cens chaque année , moyennant quoi la possession de la dite terre sera complètement garantie. Cette ratification était alors indispensable pour éviter l'effet du retrait lignager, disposition qui accordait aux proches parents du vendeur le droit de retirer le bien vendu des mains de l'acquéreur , en intentant l'action en retrait dans le délai prescrit. Clément d'Acheu , dans une charte de 122S , con- firmative d'un don de dix journaux de terre fait par son père aux frères de Saint Nicolas, s'engage à ga- rantir ce don, quand même il devrait, dans l'intérêt de cette garantie, risquer tout son fief. L'Hôpital, selon ses ressources et ses besoins, ache- tait, vendait ou donnait à cens des terres, des maisons ou d'autres biens. Ainsi, en 1287, Edouard Ier, roi d'Angleterre et comte de Ponthieu , achète , avec Eléonore sa femme , les deux moulins que l'Hôtel- Dieu possédait au Valouverech (Vallis Lupola) , près d'Abbeville, avec les pêcheries, des prés et des cens; moulins , -cens et pêcheries que les frères et sœurs de cette maison avaient acquis cinquante-trois ans au- paravant. En 1502, ils donnent à cens cinq journaux et demi de terre dans leui^bois de Saint-Nicolas (4), à la charge de défricher, d'enclore de haies vives ces cinq journaux, d'y planter des pommiers, des pruniers et autres arbres à fruits, d'y bâtir une maison et des étables, et, moyennant cent sous de redevance chaque année, le censitaire jouira de ce bien, lui et ses descendants. (1) Ce bois, voisin du grand et du petit bois d'Abbeville, s'étendait jusqu'à Epagnette; il existait encore en 1581. — 84 — Au nombre des anciennes propriétés de notre Ilùtel- Dieu, on remorque le moulin de Sotine et celui des Pois-Pilés, situé près du pont de l'isle, sur la rivière qui traverse la maison (1); le moulin de Riquebourg, au bout de la Pointe (2) , et le moulin de Saint- Nicolas, l'un des six qui barraient la Somme vis-à-vis la rue dite des Six-Moulins ; le moulin de Talance et un autre encore à Rouvroy, sur la rivière dite des Nonnains. Tous ces moulins avaient été donnés à cens; celui de Riquebourg, entr'autres, pour trente- deux setiers buit boisseaux de blé par an. On re- marque aussi des prés, des jardins et un grand nombre de maisons, parmi lesquelles le refuge des moines de l'abbaye de Saint-Valéry , rue de l'ilùtel-Dieu , que l'Hôpital possède encore , moins les bâtiments et le terrain sur lesquels s'élève aujourd'hui la maison de M. Delf. 11 percevait, en outre, des cens, des surcens, des dîmes et des droits de champart Le cens était une rente annuelle sur un immeuble, soit en argent, soit en denrées ; le surcens, une seconde rente de la même nature sur un immeuble déjà chargé de cens. Les maisons ou tènements sur lesquels l'hospice avait de ces rentes , étaient disséminés dans les paroisses d'Abbeville , dans les faubourgs et même dans les (1) Sur une autre rivière qui coulait aussi dans l'enclos de l'Hôpital, et qui fut coinble'e en 1793 pour assainir les lieux, se trouvait un autre moulin également construit près du pont de l'isle, appartenant aux moines de Saint-Valéry, et désigné dans les derniers temps sous le nom de moulin Vuidecoq. (i) Anciennement nommée quartier de Rikebourck , Dives Burgum. — 85 — campagnes. La dîme, on le sait, consistait commu- nément dans la dixième partie des fruits. Elle était cependant plus forte ou moindre en certains endroits, ce qui dépendait des titres et de la possession ou de l'usage des lieux. L'hospice affermait celles qu'il le- vait, notamment à Ouville et sur les territoires cir- convoisins , et à Oisemont , Boisville , Mondiaux , Ysengremer, Woincourt et Huchenneville. Le dimage d'Oisemont et de Boisville s'étendait sur neuf cents journaux , et celui d'Huchenneville sur trois cent quatre-vingt-dix suivant plusieurs titres, et sur deux cent trente- deux suivant d'autres. A Ochancourt, on levait une gerbe sur huit; à Ysengremer, une gerbe sur neuf. Au Montant, le dimage était d'un tiers sur trois cent quarante-six journaux. Le produit de toutes ces dîmes s'élevait, chaque année, à six ou sept mille livres; celui des cens, à cinq ou six mille; riche revenu que la révolution de 1789 a supprimé. L'Hôtel-Dieu avait encore le droit de prendre le tiers des dîmes du sel que le comte Jean de Ponthieu percevait dans les marais salants de Saigoeville. On voit, par une bulle du pape Célcstin 111, en date de 1392, que la maison charitable d'Abbeville jouissait aussi d'un droit à peu près semblable à Noyelles- sur-Mer (1), sans compter les sept muids que Clémence Senicarde lui avait légués, comme on l'a vu, en 1395. Les marais salants de la Somme avant été détruits lors de l'établissement de la gabelle (2), l'Hôtel Dieu (1) Il y avait aussi des salines à Rue et au Crotoy. (2) Jusqu'alors la fabrication et la vente du sel étaient abandonnées à l'industrie privée, ou plutôt à des monopoles — 8G — reçut des ofiiciers de cette administration, en aumône et à titre d'indemnité , ce qu'il lui fallait de cette denrée pour sa consommation. Ce dommage n'est pas le seul que l'établissement a subi : longtemps avant la révolution, des administrateurs négligents ou infidèles laissèrent tomber en d'autres mains ou usurpèrent les biens qui leur avaient été confiés, et tous les rois, depuis François 1er jusqu'à Louis XIV, s'efforcèrent de mettre un terme à ces abus, en réorganisant les hôpitaux. Charles IX, entre autres, dans une ordonnance du mois d'avril 1561 , s'exprime ainsi : « Les hôpitaux et autres lieux pi- toyables de notre royaume ont été si mal administrés, que plusieurs, à qui cette charge a été commise, appliquent à leur profit la meilleure partie d'iceulx, et ont quasi aboli le nom d'hôpital et d'hospitalité, défraudant les pauvres de leur nourriture et contre- venant aux saints commandements de Dieu et insti- tution des fondateurs (1). » Les mêmes abus régnaient ici, puisque Charles IX, par lettres patentes du 3 mars 1581, applique à Abbe- ville les mesures qu'il venait de prendre pour l'hôpital d'Orléans (2). privés, car les seigneurs vendaient le sel à leurs vassaux au prix qu'ils lixaient eux-mêmes. Nous devons faire remarquer, cependant , que l'Hôtel-Dieu de Deauvais et l'hôpital Saint- Charles d'Amiens devaient à la libéralité des comtes de Pon- thieu huit muids de sel chaque année. (1) Isanibert, Rec. des anc. lois françaises, t. xiv, p. 105. (2) Denisart, Colkc. de décisions nouvelles, au mot Hôpital. — Au xvi° siècle, le clergé, comme l'autorité civi'c, s'occupe de — S7 — Les droits de justice, de banalité, de champart dus aux seigneurs de Boubers, de Valines et de Caubert entr'autres, pour les terres de l'Hôpital qui relevaient de leurs fiefs, l'ont naître des procès qui sont encore une autre cause de ruine. Ainsi, en 1596, le maître supérieur oublie de présenter, le jour de saint Jean- Baptiste , au seigneur de Saint-Marc , le bouton de rose vermeille qu'il devait cbaquc année lui présenter ce jour- là, et ce défaut d'hommage, qui se renouvelle encore plus tard , suscite à l'Hôtel-Dieu des procès qui duraient encore en 1032. Les dîmes en soulèvent d'autres avec les moines et les curés. En 17S2, c'est le tour des chanoines de Longpré-les-Corps-Saints , qui réclament un droit de rentage sur soixante jour- naux de terre situés à Gadain-Selve, vis-à-vis la ferme de Saint-Nicolas, et l'JIôtel-Dieu se voit contraint de leur payer trente sous à la mort de chaque roi de France , non compris une rente annuelle de trente livres. Un droit honorifique, souvent mentionné dans les chartes, appartenait aussi à cet établissement. Ce droit la réformation des hôpitaux. Le concile de Cologne, en 1530, impose aux administrateurs l'obligation de rendre des comptes annuels. (Labbei. Concilia, t. xiv, p. 555). Le concile de Trente s'occupe des mêmes questions ; il veut que les administrateurs qui rempliront mal leurs emplois puissent, par censures ecclé- siastiques, en être privés. Le Parlement, à son tour, désigne, en 1553 , cinq de ses membres , entr'autres l'Hôpital , pour réformer tous les abus. Les Etats-Généraux de Blois signalent également le désordre et la nécessité du remède ; mais ces règlements, par leur multiplicité même, ne témoignent-ils pas de leur impuissance? — 88 — consistait à recevoir chaque année , de quelques-uns de ses tenanciers, une paire d'éperons de fer ou dorés. Mais, de son côté, il devait rendre le même devoir au sire d'Ouville entr'autres , pour les terres qu'il tenait de lui. Parmi les fondations foncières qui ont été faites, au moyen-âge, à l'asile hospitalier d'Ahbeville, quelques- unes des plus importantes , telles que les fermes de Saint-Nicolas-des-Essarts et de Mondiaux , sont par- venues jusqu'à nous. Ces fermes formaient des espèces de petites colonies qui se trouvaient placées, pour l'ad- ministration spirituelle, sous la juridiction de l'hospice d'Abbevitle. Quoique située à trois kilomètres de cette ville, la ferme de Saint-Nicolas faisait partie de la paroisse de l'Hôtel-Dieu. Les fermiers et les domes- tiques étaient mariés par ses chapelains. 11 y avait en outre, dans la ferme, une chapelle où l'on disait la messe et où l'on administrait les sacrements aux personnes qui étaient attachées à l'exploitation. Mais aux fêtes de Noël, de Pâques, de la Pentecôte et de la Toussaint , les fermiers , ainsi que leurs domes- tiques, venaient se confesser et recevoir la communion à l'Hôtel-Dieu, et c'était aussi là qu'on les enterrait (!}. Cette chapelle , dont la construction remontait à une époque très-reculée, fut détruite en 1612 par un' ou- (1) Il y a, clans les archives de l'Hôtel-Dieu , un registre où sont inscrits les noms des personnes de la ville et des fermiers de Saint -Nicolas qui ont été inhumés dans l'église et le cimetière, depuis 1 î7S jusqu'en 1522. Nous donnons ces chiffres, parce que le plus ancien registre de l'état civil d'Ah- beville ne remonte pas au-delà de 1567. Ce registre provient de la paroisse Saint-Gilles. — 89 — ragan. Dans les dernières années du xvme siècle, on amenait encore à l'Hôtel-Dieu, pour les baptiser, les enfants qui naissaient dans la ferme (1). (1) Valines, Zoteux, Saucourt, avaient ou ont encore des cha- pelles qui étaient afférentes à l'Hôtel-Dieu. La chapelle de Valines, de'diée à saint Denis et fondée par les frères de. Saint-Nicolas dans un enclos qui leur appartenait, reçut, en 12G2, comme on l'a vu plus haut, de Jean, seigneur de ce village, et d'Alix sa femme, une donation de quinze, journaux de terre. Le prêtre qui la desservait était nommé par l'Hôtel-Dieu. Ruinée par l'effet des guerres et des troubles civils, elle fut re- bâtie par les aumônes des fidèles, à qui le pape Innocent X avait accordé, en 1651, vingt jours d'indulgences, pour les récom- penser de cet acte de piété; mais elle n'existe plus. Nous ignorons l'époque à laquelle la chapelle de Zoteux fut fondée; mais un accord, passé en 1273 devant le maire et les éehevins d'Abbcville, nous apprend qu'à cette date ses revenus étaient assis sur dix journaux de terre, et que Robert, sire de Zoteux, voulait contraindre les frères et sœurs de. l'hôpital à y faire dire chaque, jour la messe. Il fut convenu qu'on n'y célé- brerait l'oflice divin que trois fois par semaine, et que l'hôpital fournirait les vases sacrés, les ornements sacerdotaux, enfin tout ce qui serait nécessaire. Dans les derniers temps, il payait an- nuellement, pour ces messes, cent vingt livres au curé d'Acheux. La chapelle de Zoteux est dédiée à saint Fiacre; on y dit encore l'oflice une fois l'an. La chapelle de Saucourt, fondée sur un terrain appartenant aux frères et sœurs de Saint-Nicolas, était tenue de l'abbaye de Saint-Valéry qui, en 1319, abandonna ses droits et donna saisine à l'Hôtel-Dieu. Elle, fut aussi ruinée par les guerres, et recons- truite en 1697. Jean de Cayeux, prêtre, chapelain de Saucourt, l'enrichit, en 1730, fie deux mille livres et du quint de ses im- meubles, à charge de prières pour lui et ses parents. Avant la révolution de 89, trois messes y étaient dites chaque semaine — 90 — En 4647, Louis XIV exempta cette ferme de loge- ments de guerre, « en considération, dit le roi, de la grande piété des religieuses de l'Hôtel-Dieu et des soins qu'elles prodiguent journellement à quantité de pauvres malades et même aux soldats de ses armées. » Le roi enjoint très-expressément à ses officiers géné- raux, chefs et conducteurs de gens de guerre, de ne déroger en rien à cet ordre, et défend, sous peine de mort , aux dits gens de guerre , de prendre la moindre chose dans cette ferme. Louis XIV renouvela cette exemption en 4658, et accorda la même faveur à la ferme de Mondiaux. Un acte de 1602 porte que la métairie de Saint- Nicolas a été ruinée lors des dernières guerres et des troubles qui ont agité le royaume. Rebâtie peu de temps après, elle fut de nouveau détruite en 1636 par les Espagnols, et en 1662 par la garnison d'IIesdin aux ordres de Baltazard de Fargues (1). par le curé de Nibas, auquel il était dû par au, pour ces trois messes , quatre-vingt-treize livres dix sous. — La chapelle de Saucourt, consacrée à saint Louis, est aujourd'hui dans un état de délabrement complet; on n'y dit plus l'office. Dans une autre chapelle sise à Herveloy, commune de Mar- tainneville, et qui n'existe plus, il fallait que l'Hôtel-Dieu fit également acquitter, nous ignorons pour quel motif, quatre messes qui coûtaient quarante sous chaque année. (1) Cet aventurier, qui avait des intelligences avec les Espa- gnols et le prince de Condé, s'était insurgé dans Hesdin, à la tète d'un régiment dont il était le major. Après avoir vendu cette place à Don Juan d'Autriche et en avoir touché le prix, il refusa de la lui livrer, leva des troupes et ravagea nos environs. Son crime avait été couvert par la paix des Pyrénées ; mais, sans — 91 — On peut tirer, des divers titres déposés aux ar- chives de l'ilôtel-Dieu , des indications intéressantes sur la topographie de notre ville , sur les anciennes familles établies dans nos environs au moyen -âge, et dans les anciens baux des fermes de Monchaux et de Saint-lNicolas-des-Essarts, des détails très-curieux sur l'agriculture. Le plus ancien bail à ferme que contiennent les archives est passé pour neuf ans, devant le maire et les échevins d'Abbeville, au mois de septembre 1262. C'est un acte relatif à la location, par deux bourgeois de cette ville, d'une grange à Saint-Nicolas-des-Essarts et d'une autre grange à Ouville , moyennant vingt muids , moitié blé , moitié avoine. Cette location de grange peut s'expliquer par ce fait que le comte Jean avait donné aux habitants d'Abbeville partie des dé- respect pour ce traité, Louvois le lit arrêter. Une des sœurs de l'Hôtel-Dieu, dans un petit journal tenu à cette époque, s'exprime ainsi : « Le 27 mars 1(>65, Baltazard de Fargucs, qui avait été prisonnier dans l'échevinage d'Abbeville, pendant deux mois, fut pendu eu plein marché, ce jour-là, Vendredi-Saint, contre la coutume de faire justice ce même jour, parce que M. l'intendant (de Machault) était pressé de s'en retourner à Amiens le len- demain. Fargucs mourut heureusement avec des marques d'une véritable conversion et regret de ses fautes. » — « 11 avait en- tendu la lecture de sa condamnation avec beaucoup de fermeté, dit Olivier d'Ormesson dans ses Mémoires; il avait baisé trois fois la terre, remerciant Dieu ; il avait aussi baisé trois fois sa potence, et il mourut avec courage et fort chrétiennement. » — Voir, sur Fargues, De l'Administration de Louis XIV d'après les Mémoires inédits d'Olivier d'Ormesson, par Chéruel, 1850, in-8°, p. 177, et VHistoire d'Abbeville, t. n, p. 126. — 92 — i'richcmcnts de la forêt de Gaden, et que ces granges leur servaient à mettre leurs récoltes. En 1449, la ferme de Saint-Nicolas est louée pour neuf ans, moyennant vingt-deux muids , moitié blé, moitié avoine, à la charge, par le fermier, de nourrir six pourceaux et de livrer six journaux d'éteules que l'hospice sera tenu de faire arracher. Les laboureurs étaient alors trop pauvres pour payer en argent. En 1553, la ferme, avec quatre cents journaux, est louée pour neuf ans encore, moyennant vingt livres en argent chaque année , onze muids de blé , onze muids d'avoine, trois setiers de pois, six pourceaux, un muid d'orge, et à la charge, par le fermier, d'a- mener de la forêt de Crécy seize mille gloës (1). Les fruits des arbres du jardin appartiendront à l'hospice; les pigeons du colombier seront partagés par moitié. Les terres tenues en bon état. En 4634 , nouveau bail de neuf ans , à condition de fournir annuellement deux cent dix setiers de blé et pareil nombre d'avoine, six moutons, sept porcs, dix pots de beurre, un setier de pois; deux agneaux à Pâques , deux cochons de lait , deux chapons , un cent de gerbes , deux paires de draps et deux dou- zaines de serviettes de chanvre blanc; un bœuf pour la première année de dépouille et un autre bœuf pour la dernière. En 1376, la ferme de Mondiaux est louée pour six ans, moyennant treize boisseaux douzères de blé pour chaque journal de blé, treize boisseaux douzères pour chaque journal de tramois (mélange de grains suivant (1) Petites bûches, peut-être ce que nous appelons rondins. — 93 — les uns, et blé de mars selon d'autres). Le fermier fournira des voitures et des sacs pour amener les grains à Abbeville. Il ensemencera à ses frais un jour- nal de navettes. Il ne pourra semer la dernière année sans appeler les frères et les sœurs, qui auront le droit de faire ensemencer comme il leur plaira. Il sera tenu de nourrir , chaque année , deux cochons pour l'hospice, qui aura la moitié des fruits du jardin. Une chambre à feu sera réservée pour une personne de cet hospice qu'il nourrira, chaque mois, pendant deux jours et deux nuits, sans lui fournir de vin, et dont le cheval sera nourri également à ses frais , stipulation qu'on retrouve encore dans d'autres baux. En 1431, la ferme, avec deux cent quarante jour- naux (I), est louée pour six ans, moyennant trois mines (2) de grains par journal , c'est à savoir en blé, tramois et avoine. 11 y aura quatre-vingts jour- naux de blé, quatre-vingts journaux de tramois et quatre-vingts journaux de jachères. Le fermier ne pourra changer l'assolement. 11 devra quatre setiers de pois blancs pour quatre setiers de blé. 11 nourrira quatre porcs et devra quarante paires de pennons. En 4611, pour un bail de la même durée, le fer- mier délivrera, chaque année, sept vingt-quatre setiers de blé froment et de blé de seconde qualité, six vingt (1) En 1238 , le journal de terre , à Mondiaux , contenait soixante-quinze verges à la grande verge. (2) Les poids et mesures étaient, au moyen-âge, si différents de province à province, de ville et même de bourg à bourg, qu'il est très-difficile d'en déterminer la valeur réelle. Nous savons seulement que la mine contenait la moitié d'un setier. — 94 — setiers d'avoine, vingt- six boisseaux de pois blancs, quatre pots de beurre , quatre porcs d'un an , deux agneaux, deux cochons, deux oisons, deux chapons, un cent de gerbes, et les fruits de quatre pommiers ou poiriers (1). Il devra , de plus , quatre corvées avec ses chariots et ses chevaux , et quarante-cinq livres une fois payées pour un cheval dont l'hospice a besoin. Les baux de 1376 et de 1431 exigent que le fermier couvre d'éleules et à ses Irais les bâtiments ruraux , et qu'il transporte d'Àbbeville au manoir de Mondiaux, les tuiles, les lattes, la chaux, le sable et autres ma- tériaux pour réparer les bâtiments d'habitation, pen- dant toute la durée du bail. En 1301, sur le territoire de Valincs, on récolte trois fois du blé en neuf ans -, on règle la composture, c'est-à-dire l'assolement, et l'on voit que le blé alterne avec des pois, des fèves, des vesces. 11 y a cependant, dans le même canton, des terres où l'on fait, en quatre ans, deux fois du blé et deux fois de l'avoine ('2). On peut juger , par les baux de l'IIôtel-Dieu , qui évidemment ont dû être faits dans les conditions or- dinaires, comment se percevaient les revenus des pro- priétés foncières. Nous avons insisté sur ces détails, parce que l'histoire de notre ancienne agriculture est très-peu connue et qu'elle n'a été étudiée jusqu'ici , pour la Normandie , que par M. Léopold Delisle. Le travail de cet infatigable érudit montre combien les (1) En 1438, il y avait aussi des pommiers dans le manoir du Mesnil-lès-Franleu. On y voyait également des pruniers. (2) On marnait, en 1 S 7G, sur le territoire de Valines. — 95 — recherches de ce genre sont intéressantes, surtout quand elles se généralisent. Les papes Alexandre III, Innocent III et Grégoire IX avaient placé sous leur protection les personnes et les biens de l'Hôpital Saint-Nicolas, et déclaré exempts de dîmage ses terres , ses maisons , ses jardins , ses bestiaux. En 1476, Louis XI, par lettres du mois de février, données à Falvy-sur-Somme, confirme à cet établisse- ment les privilèges, franchises et seigneuries qui lui avaient été accordés par les rois et les comtes de Ponthieu. Parmi les prérogatives qui lui ont été le plus anciennement attribuées, figure le droit d'asile, commun , du reste , à lous les hôpitaux. Mais une charte de l'official d'Amiens, en date de 4377, porte que si les salles des malades sont considérées comme lieux saints, il ne s'en suit pas que les malfaiteurs puissent s'y retirer pour y vivre aux dépens des pauvres, y faire entrer des filles perdues et s'y livrer à tous les désordres. En conséquence, il est accordé au maître la faculté d'en expulser les malfaiteurs qui viendraient s'y réfugier. Cette maison de charité pouvait, entr'autres privi- lèges, faire entrer dans la ville douze muids de vin sans payer aucun droit; elle pouvait vendre, sans acquitter ceux de la ferme de la viéserie , tous les vieux linges et tous les vieux habits de la défroque des malades; elle était franche du droit d'entrée que payaient les bouchers pour toutes les viandes qu'elle consommait, et franche aussi du droit de palette, c'est à-dire exempte de livrer au seigneur titulaire de la vicomte du roi , le tiers d'un boisseau de grains — 90 - sur chaque setier qu'elle faisait vendre dans le marché d'Abbeville, excepté les jours francs. Ses domestiques étaient dispensés de tirer à la milice et ne devaient point de corvées ; faibles compensations de longues querelles suscitées par des intérêts pécuniaires, par des prétentions mal fondées et peut-être aussi par de justes sujets de défiance. Ainsi, en 4 oSO , les admi- nistrateurs du Bureau des pauvres et les officiers municipaux d'Abbeville prétendent que la maison est mal gérée, qu'il s'y commet des dilapidations, et ils demandent, en conséquence, la vérification des comptes par eux-mêmes ou leurs délégués , et la libre entrée des salles, afin de savoir comment les malades sont traités. Mais, s'il fallait en croire l'avocat de l'Hôtel- Dieu, les maire et échevins d'Abbeville et les admi- nistrateurs du Bureau des pauvres ne voulaient manier les revenus de la maison que pour en faire leur profit et s'enrichir à ses dépens; et pour convaincre les juges de la fausseté des accusations portées contre ses clients, il demande hardiment que deux ecclésiastiques soient chargés de faire une enquête sur les lieux. L'enquête sans doute fut favorable, puisque l'hospice gagna sa cause. Les officiers royaux avaient aussi voulu , vers le même temps , prendre connaissance des comptes et des propriétés ; mais on repoussa leurs prétentions , comme celles des officiers municipaux, l'hôpital n'étant point de fondation royale et ses revenus provenant de deniers particuliers. En 1628 , on veut le con- traindre à recevoir les enfants trouvés ; mais le Par- lement se prononce en sa faveur, ce qui n'empêche pas, en 1711, ses adversaires de renouveler leurs — 97 — poursuites sans arriver à leurs fins. En 1759, nouvelle chicane de la part du maire et des échevins qui, par haine et par jalousie, lisons -nous dans une lettre adressée à l'évêque d'Amiens par M. ïraullé, maître- administrateur de l'hôpital , voulaient le régir en se fondant sur ce que la maladrerie du Val-aux-Lépreux, dont ils étaient autrefois les administrateurs, y avait été réunie, et cette fois encore le maire et les éche- vins perdent leur cause. L'établissement dont nous retraçons l'histoire eut encore à combattre d'autres prétentions , mais d'une nature moins grave. Ainsi, en 4703, il porte plainte à l'Echevinage contre les apothicaires qui voulaient empêcher les religieuses de composer et de vendre des médicaments. En 4719, la Cour des Aides vient à son tour réclamer un droit sur les bières brassées dans cette maison , droit qu'elle ne devait pas. Puis elle est inquiétée par les merciers, à cause des miels que les religieuses achetaient en gros dans les campagnes , ces merciers voulant les contraindre à n'en acheter que chez eux. On en appelle à l'Echevinage qui donne gain de cause aux reli- gieuses. C'était une des libertés de l'église gallicane que le pape ne pouvait conférer l'administration des hôpitaux ni les réunir, ces hôpitaux, sorte de république élec- tive, se gouvernant eux-mêmes; et, en effet, Pavocat- bailli des fiefs, seigneuries, justice, domaines et revenus de la maison, le médecin et le chirurgien, le sergent a garde des bois et chasses du Val , de la Halle, de la Motte et du bois de l'Equipée, étaient élus par la communauté. C'était , de temps immémorial , devant 7 — 98 — le bailli qu'on procédait aux adjudications et qu'on passait les baux. Ces actes, dans les derniers temps, étaient faits devant le maître, la supérieure, l'assis- tante et la dépositaire ; mais quand il s'agissait de délibérer sur les plus graves intérêts , on convoquait toutes les religieuses. Les comptes des recettes et des dépenses étaient rendus à l'évêque tous les deux ans. Les revenus , indépendamment de ceux que procuraient les terres, les prés, les bois, le moulin de PIIôtel-Dieu situé près du pont de l'Isle, les loyers des maisons, les censives, le cbampart ou terrage (1) , les dîmes , etc. , se com- posaient encore de plusieurs rentes sur l'hôtel-de-villc de Paris payées sur les revenus du roi, des dots des religieuses qui produisaient , année commune , mille francs, des quêtes de blé faites dans la ville pendant le carême , du produit de la vente des babits des pauvres et des soldats qui décédaient dans la maison, de celles des fruits et légumes du jardin, des blés et des avoines. Notre hôpital avait aussi, sur différents particuliers, des rentes, au nombre desquelles nous en remarquons une de dix livres, qui lui était servie chaque année, depuis 4713, pour veiller à ce qu'il y eût toujours un aumônier dans la maison de Monchy. En 4787, M. le comte des Essarts payait encore cette rente, à cause de Mrae de Monchy son épouse. (1) Droit prélevé sur une partie de la récolte, qui ne pou- vait être enlevée que lorsque le chainparteur avait pris sa part. C'est aux villages d'Oiiville et de Grébanlt que l'Hôtel-Dien jouissait de ce droit. 99 - i i { ca 8 « a I •a on sn s4 . •mi u ca j es ~ fi - * O ce O / ca » ( «J o » < c*l H / H U s ta ( es - " o — !" ca es £ « m ( *«* w H / ►< u o on C5 "S ca t* " 3 1 £ m o s S ZS2 00 ( *< H g K \ « 00 s u ] .— S O ce Cm r ca .1 - 2 1 S o 00 s oo cT -ë Cl a-. .2 g.S s 5 o c u -ti fi I I o oo m w W o •3 gf - -a .2 o o — — 100 — Dans ce tableau se trouve compris le revenu de la ferme du Val-aux-Lépreux, réunie à l'Ilôtel-Dieu par arrêt du conseil d'Etat du roi, en date du 25 juillet 1696. Nous parlerons plus amplement de cette réunion dans la notice que nous nous proposons d'écrire sur la maison du Val. Avec toutes les dépenses de l'administration et l'en- tretien des bâtiments, il y avait encore d'autres cbarges onéreuses. Le nombre des messes grandes et basses qu'il fallait acquitter , quoique réduit par décision épiscopale en 1672 et 1721 , s'élevait encore en 1723 à dix-huit cent vingt-cinq (1), et en 1790 à deux mille cent vingt-trois. A cette même date de 1723, le supérieur en acquittait trois cent soixante-cinq, et les cbapelains quatorze cent soixante ; mais comme il y en avait souvent d'arriérées, on faisait acquitter celles-ci par des religieux, des chanoines ou d'autres prêtres. Aux honoraires qu'on donnait à ces prêtres, il faut ajouter ceux qu'on donnait aux chapelains , institués depuis longtemps pour recevoir les offrandes et assister les malades. Il était dû au roi, pour son comté de Ponthieu, une censive annuelle de dix-neuf livres deux sous sept deniers, neuf boisseaux de blé et neuf boisseaux d'avoine ; et d'autres censives à divers abbayes, chapitres, communautés, fabriques, chapelles ; à différents seigneurs ou particuliers ; au titulaire des Grandes Ecoles d'Amiens , six setiers d'avoine par an; au chapitre de Saint-Vulfran , six setiers huit boisseaux de blé et six setiers huit bois- (1) Un service, au xvm" siècle, coûtait de trente-trois à quarante sous, et une messe basse dix sous. — 401 — seaux d'avoine; au curé de Laviers, vingt livres chaque année pour l'administration des sacrements à la ferme du Val-aux-Lépreux; au curé de Chepy, vingt-quatre livres pour le même motif à la ferme de Monchaux. En 1758 , le traitement du médecin n'était que de cinquante livres par an; mais on y ajoutait, lorsqu'il y avait un certain nombre de soldats malades , une gratification de dix livres par mois , et ce médecin était exempt de logement militaire. Ce traitement, en J7S7, était de cent francs ; celui du chirurgien , de soixante-douze francs; et à cette occasion nous ferons remarquer que les militaires étaient, depuis un temps immémorial , admis dans la maison. Le nombre de ceux que l'on y reçut depuis 1635 jusqu'en 1678, s'é- lève à vingt-sept mille huit cent soixante trois; ce qui épuisa tellement les ressources de l'hospice qu'il eut été fermé, comme on le proposait, si la supérieure, Marguerite Levèque de Saint-Joseph, à force de zèle et de dévouement, n'avait fait face à tous les besoins. Une autre sœur, Marie Lemire de l'Assomption, rendit aussi, à la même époque, de grands services aux malades, en exerçant, avec autant d'habileté que de courage et pen- dant quarante ans, les fonctions de chirurgienne (1). Les actes de l'administration étaient, au xvie siècle, scellés d'un sceau qui représentait saint Nicolas, recon- naissable au baquet placé à ses pieds et contenant les trois enfants qu'il ressuscita. Dans le xvme siècle, les lettres du maître portent un cachet sur lequel est une main tenant une crosse accostée de deux fleurs-de-lis. (1) Registre-journal des religieuses, commençant le i" juin 1651, in-f°. — 102 — Les portes de l'hôpital ne s'ouvraient pas seule- ment aux personnes domiciliées dans le pays , mais aux gens de la campagne , à trois ou quatre lieues à la ronde. C'était aussi la retraite des domestiques infirmes ou valétudinaires; mais, depuis longtemps, les femmes qui se présentaient pour faire leurs couches n'y étaient plus admises. Malgré la grande réformation des hôpitaux , pres- crite par l'édit du 24 août 1093 et par les règlements du 16 novembre 1098 , le régime intérieur de notre llôtel-Dieu , comme celui des autres hôpitaux , laissa longtemps à désirer. Les malades étaient placés sous des voûtes qui subsistent encore et qui se divisent en quatre compartiments. Rien ne devait être plus hideux que l'aspect de ces sortes de caves construites en 1530, dans lesquelles le jour pénétrait à peine, et que le père Ignace désigne sous le nom d'infirmeries; la première dédiée au Sauveur, la seconde à la sainte Vierge, la troisième à saint Joseph, la quatrième aux saints martyrs , parce que c'était celle des blessés. On y comptait à peine soixante lits perpétuellement occupés (1), et dans lesquels on plaçait souvent deux malades , ce qui en portait le nombre presque tou- jours à cent (2). 11 y avait , en outre , une grande salle également voûtée, que les titres désignent sous le nom de grande Salle des pauvres , dont le sol était au-dessous du niveau du cimetière, et tellement bas que l'eau de la Somme y pénétrait dans les marées (1) On en compte aujourd'hui cent quarante-neuf. (2) En 185-i, le nombre des malades reçus dans la maison est île huit cent cinq , non compris les militaires. — 103 — de vives eaux. Il y avait toujours plus de sœurs qu'il n'en fallait, puisqu'elles étaient ordinairement au nombre de quarante et quelquefois de cinquante (1). La construction de notre hôpital n'a pas été dans l'origine , on le voit , mieux étudiée que dans la plupart des autres villes. On l'établit sur trois ri- vières, dont l'une recevait toutes les immondices, et servait cependant pour la cuisine et pour la phar- macie. Cette rivière présentait encore alors un autre inconvénient qu'une sentence de l'Echevinage, en date de 1700 , fit disparaître en autorisant l'Hôtel - Dieu à faire placer une chaîne garnie de pointes de fer à l'entrée , pour en interdire le passage à des ba- teliers qui insultaient quelquefois les religieuses, et l'interdire également aux hommes et aux femmes qui venaient s'y baigner jusque dans l'intérieur du cou- vent, sous les yeux des sœurs. 11 fallait aussi la curer chaque année , ce qui coûtait trois cents livres et plus ; et comme on n'avait pas encore de pompe , quatre sœurs se partageaient la besogne pénible de tirer les deux cent cinquante seaux d'eau qu'il fallait par jour pour la consommation de l'hospice. Les bâtiments sont vastes , mais ces bâtiments , construits et ajoutés les uns aux autres en différents temps , ne présentent pas un ensemble régulier (2). Pour une meilleure disposition, l'espace ne manquait pas cependant, sans compter le jardin d'une si vaste (1) Elles ne sont plus que vingt maintenant. (2) Voy. Rapport sur une cheminée gothique située à l'hôpital d'Abbeville, par M. de Belleval. Mém. de la Société d'Emulation, 1834-1835, p. G7. — 104 — étendue et qu'on agrandit encore plus tard en y joi- gnant le marais qu'il y avait au bout, vers le rempart, et sur lequel on étendit de la terre pour le mettre en culture. Le cloître, où l'on enterrait les sœurs et où l'on voit encore leurs épitaphes , fut commencé en 1695 et béni le 14 mars 1090. La construction des deux ailes du dortoir fut entreprise en 1732. La première pierre en fut posée par M. de la Roche Fon- tcnille , grand -vicaire-général du diocèse et prieur commendataire de Saint- Pierre d'Abbeville. La salle des hommes a été reconstruite en 1819, au-dessus des voûtes dont nous avons parlé. La salle des femmes, élevée en 1794, a remplacé l'église. En 1818, on rendit la chapelle aux religieuses , à condition qu'elles se chargeraient de la décorer et de fournir tout ce qui serait nécessaire. Elles donnèrent cinq mille neuf cents francs pour les stalles, les boiseries, les ornements de drap d'or. En 1842, cette chapelle fut agrandie à l'aide d'une souscription , et la communauté se chargea de faire des prières à perpétuité pour les personnes qui souscriraient. En 1846, un mur de cent cinquante mètres de développement fut élevé dans le jardin, le long du Rivage, presque entièrement aux frais des religieuses qui voulaient se soustraire à la vue du monde. Aucun document ne donne la description de l'église. Nous savons seulement qu'on la reconstruisait en 1484, mais elle n'était pas encore terminée en 1492 (1). (1) « Aux maistre, frères et sœurs de. l'ospital Saint-Nicolay, la somme de quarante livres tournois à culx donnée en aumosne, par ïadvis et délibération des deux collèges de la ville, pour aidier à couvrir et parfair le comble de l'église de nouvel faite au dit ospital... xl livres. "—Comptes des Argent. d'Abbev., année 1192. — 105 — Les bâtiments qui longent le canal Marchand datent de la même époque (1484) (I). Le cimetière, situé sur une partie de la cour qu'on traverse en entrant , touchait à celui du chapitre de Saint-Vulfran, et fut longtemps le sujet de très-vifs débats. En 1572 , le jour des Morts, entr'autres, les chanoines vinrent chanter le De profundis devant la porte de l'Hôpital, au lieu de le chanter dans le cimetière , comme ils le devaient. Le maître les fit sommer de déclarer pourquoi ils en avaient agi ainsi. 11 voulait égale- ment connaître le motif qui les avait fait passer par la même porte au retour d'une autre procession , et traverser le cimetière pour entrer dans leur église. Les chanoines répondirent qu'ils n'étaient point tenus de s'expliquer à cet égard, mais que pour éviter tout nouveau différend, ils voulaient bien dire qu'ils avaient, en agissant ainsi, usé de leur droit de patrons et de seigneurs, et qu'ils étaient même libres de choisir dans la maison telle station qu'il leur plairait. 11 y eut bien d'autres conflits encore pour les enterremenis dans ce cimetière, pour les services qu'on célébrait dans l'Hô- pital , pour le partage des luminaires , etc -, mais il serait sans intérêt d'énumérer toutes ces contestations. En 17i)3, l'église, la chapelle, le chœur, l'infirmerie des religieuses, furent transformés en hôpital pour les soldats de l'armée du Nord, dont le nombre augmentait tous les jours (2). Mais en même temps que le bien- (1) Dom Grenier, XVIe paquet, n° 10, année 1184. (2) Trois mille trois cent quatre-vingt-dix-sept militaires y furent admis cette année. Cette aflluence de malades et de blessés obérait tellement la maison, que les administrateurs, se voyant à — J06 — être des malades devenait l'objet d'une attention plus éclairée, l'établissement, par l'effet du nouveau régime, éprouvait une perte de près de douze mille livres de rente provenant des dîmes , des cens , etc ; perte à laquelle il convient d'ajouter encore la dévastation des bois de la Halle et du Val par les habitants des villages voisins , qui y commirent tant de ravages qu'il fallut envoyer sur les lieux, au mois de janvier 1793 , un détachement de la garde nationale et des gendarmes que l'on chargea de les visiter souvent. « Pendant les années calamiteuses qui s'écoulèrent jusqu'au gouvernement consulaire , dit M. de Gé- rando (1), la situation des hôpitaux et des hospices fut très-critique. L'Etat se chargea de pourvoir à leurs besoins et s'empara de leur patrimoine (2) ; mais bientôt l'expérience fit reconnaître et réparer l'erreur commise (3). » En 1791), lorsque les commissaires de la municipa- lité se transportèrent à l'Hôtel-Dieu pour constater si les religieuses, alors au nombre de trente-sept, plus deux novices, entendaient rester ou sortir, ces dignes et excellentes femmes , qui s'étaient séparées de tout ce que le monde offre de séduisant et d'agréable la veille de ne pouvoir remplir leurs engagements, demandèrent à la commission des secours publics, à titre d'indemnité', une somme de soixante mille livres. Us n'en obtinrent que vingt-cinq mille. Mais leur zèle enfanta des ressources : le nombre des lits s'éleva bientôt jusqu'à cent, et, grâce à de nouvelles allocations, à cent cinquante, puis à deux cents peu de temps après. (t) De la Bienfaisance publique. Paris, 1839, t. iv, p. 805. (2) Loi du 25 messidor an n. (3) Lois des 16 vendémiaire, 8 brumaire et 0 pluviôse an v. — 107 — pour se consacrer au soulagement de l'humanité souf- frante (1), déclarèrent toutes « vouloir continuer la vie commune dans la maison, et y vivre et mourir dans l'observance de leurs vœux (2). » On les y laissa donc exercer leurs fonctions , les ordres reli- gieux chargés du soulagement des malades n'ayant pas encore été. supprimés. Au mois de novembre 1792, elles représentèrent au conseil d'administration que leur costume les exposait à des désagréments de la part des malades et des personnes qui venaient dans l'Hôpital 5 que ce n'était pas cependant par désobéis- sance au décret qui supprimait ce costume qu'elles l'avaient gardé jusqu'alors , mais parce qu'elles ne croyaient pas être obligées de le quitter, puisqu'elles ne sortaient pas. Le conseil d'administration , après les avoir entendues et conformément à la loi , leur lit donner d'autres vêtements (3). L'année suivante , dans le même mois de novembre , on les obligea de porter à leur bonnet une cocarde tricolore. On leur avait intimé l'ordre de prêter serinent à la constitution civile du clergé , serment rigoureux qui les exposait à des persécutions si elles refusaient de le prêter. Elles refusèrent obstinément , « bien décidées , lit-on dans le registre de la communauté, d'aller à la guil- lotine plutôt que de céder (h). » Dans les premiers (1) L'une d'elles avait pris cette devise que toutes semblent avoir adoptée : Travaille, mon corps; sauve-toi, mon âme! (2) Archives municipales d'Abbeville, liasse relative aux mo- nastères. (3) Séance du 5 novembre 1792. (i) Folio 62 bis. — 108 — jours de novembre 1794, " des satellites révolution- naires, la baïonnette au bout du fusil et sabres nus, lit-on encore dans ce même registre, vinrent les prendre et les mettre en arrestation dans une maison de la place Saint-Pierre. Vers la fin du même mois, on les conduisit, au nombre de vingt-sept, à Amiens, où on les enferma , les unes aux Grands-Chapeaux , les autres à la Providence. Elles y restèrent trois mois, sévèrement gardées , quelquefois manquant de pain , puis on les renvoya chez leurs parents- » Elles avaient été remplacées , lors de leur suppression , par deux économes, un infirmier major, dix infirmiers, deux infirmières, qui, d'après le registre aux délibérations de la commission administrative de l'Hospice , s'ac- quittèrent parfaitement de leur devoir. Au mois de mai 1802, quatorze anciennes religieuses demandèrent à y rentrer; mais la commission admi- nistrative rejeta leur demande, à cause du surcroit de dépenses qui devait en résulter, tant pour la nour- riture et l'entretien que pour le rétablissement des cellules; la commission estimait que ces dépenses en- traîneraient la suppression de la moitié des lits des indigents. « Avec moins de revenus, disait-elle, l'ad- ministration en entretient vingt de plus, et peut même encore donner des secours à l'Hospice des pauvres et aux enfants trouvés. Si l'autorité supérieure, ajoutait- elle, voulait remplacer les infirmiers par des femmes, il serait plus avantageux d'appeler huit ou dix sœurs de charité que vingt des anciennes sœurs 5 car il faut que celles qui seraient appelées ne se regardent pas comme exclusivement attachées à l'établissement. 11 faut qu'on puisse les changer et les envoyer d'un — 109 — lieu dans un autre, quand les circonstances l'exige- ront ; il faut enfin qu'elles ne puissent pas dire : » Nous sommes chez nous (1). » Mais on ne tint aucun compte de ces observations. Le 19 août de la même année , le sous-préfet, André Dumont, écrivit à la commission administrative pour demander le rappel des anciennes religieuses : « Le gouvernement veut, disait il, que les hospices soient exclusivement desservis par des hos- pitalières. » Vers la fin de 1802, quatre anciennes sœurs avaient été rappelées et, le 1er novembre 1803, elles étaient solennellement réinstallées dans la maison par le véné- rable M. Darras, curé de Saint-Yulfran, leur supérieur. « Elles y furent rappelées, disent-elles dans leur jour- nal, à cause des scandales et des désordres qui, pendant leur absence, s'y étaient introduits ; et elles la trou- vèrent, ajoutent-elles, sans linge, sans meubles, sans aucunes provisions , encombrée de soldats malades qu'on y évacuait du camp de Boulogne (2). » Dès le 12 janvier 1803, les administrateurs avaient demandé l'autorisation de faire dire une messe tous les dimanches, à côté de la salle des malades, et au com- mencement de l'année suivante, un prêtre fut attaché à la maison pour distribuer les soins spirituels et accom- pagner les morts jusqu'à leur sépulture. A cette occasion, nous ferons remarquer qu'on ne fournit des cercueils aux indigents que depuis 1S20; auparavant on enve- loppait les corps dans une serpillière. (1) Registre aux délibérations de la commission administrative, de 1800 à 1808. (2) 11 y en eut jusqu'à plus de trois cents à la fois. — 110 — Nous n'insisterons pas sur tout ce qui se rattache à l'administration moderne et ù la statistique. Le compte de l'exercice 1854, par M. Freville, secrétaire-économe des hospices, nous dispense de plus longs détails, et nous y renvoyons nos lecteurs. Ils y trouveront exposés, avec une lucidité parfaite, tous les renseignements dé- sirables, et ce travail, qui complète le nôtre, sera con- sulté avec un double intérêt, parce qu'on y trouvera, avec un modèle de statistique administrative, la preuve que les personnes chargées du soin de notre Hôpital apportent dans leurs fonctions un zèle égal à leur cha- rité, et qu'il est impossible de faire plus de bien avec des ressources relativement aussi faibles. Nous ne pouvons mieux terminer ce récit qu'en re- produisant la note inscrite sur un des registres de la maison par M. le général Changarnier, lors de sa visite, le 23 septembre \ 849 : « Je ne quitterai pas l'hospice d'Abbeville sans consi- gner l'expression de la satisfaction que m'a fait éprouver la visite de cet établissement, où messieurs les médecins et chirurgiens prodiguent aux malades civils et mili- taires des soins aussi bienveillants qu'éclairés. » Bien que les sœurs de Saint-Augustin attendent une autre récompense que les éloges du inonde, je les prie de ne pas refuser les miens. Changakmer. » L'honorable général a été, dans cette circonstance, l'interprète de tous les habitants de cette ville. F.-C. LOUANDRE, C'.»rrespond;mt du MinUtt-re de l'Instruction publique* JEAN DE LA CHAPELLE r r CHRONIOUE ABREGEE di: SAINT-RIQUIER. « Jean de la Chappelle, natif du village de llonneu, curé du mesnie lieu, et notaire apostolique, a com- posé la Chronique abrégée de l'abbaye de Saint- Iiiquier, l'an 1492 , par le commandement d'un abbé nommé Eustache Le Quieu (1). » Ces simples mots du père Ignace, l'historien d'Abbeville, nous apprennent à peu près tout ce qu'il est possible à présent de savoir sur l'auteur de la chronique abrégée de l'église et de l'abbaye de Saint -Riquier. Jean de la Chapelle fournit lui-même au carme historien cette seule indi- cation autobiographique dans le titre démesuré , et que notre traduction abrégera , de la chronique pu- bliée pour la première fois par nous : Chronique abrégée des gestes et faits des religieux et des saints abbés de ce sacré monastère et de la très- (t) Histoire ecclésiastique d'Abbeville, p. 521. Le P. Ignace écrit Le Quieu; Jean de la Chapelle écrit Le Quien. — 112 — sainte église de notre bienheureux patron saint Riquier... écrite et compilée, du consentement et sur la volonté ex- presse , le commandement et l'ordre de notre révérend père dans le Christ, Dom Eustache, par la divine per- mission abbé de celte église et de ce couvent , l'an du Seigneur 1492, au mois de mai, par moi, Jean de la Chapelle, prêtre très-humble, maître ès-arts, curé d'Hon- neu, chapelain de Saint-Benoît, notaire apostolique, natif du dit lieu d'Honneu , tirée de divers livres , codex , cartulaires , chroniques , actes publics , lettres , chartes et autres documents authentiques et bulles apostoliques , auxquels, à juste titre, foi entière est à ajouter, et comme on peut voir plus amplement par l'inspection des dites pièces dans la bibliothèque, la trésorerie et le répertoire de cette église, à la gloire de Dieu notre père tout-puissant, de Notre Seigneur Jésus-Christ et du Saint-Esprit , qui est un , pendant tous les siècles des siècles. Comme on le voit , les sources où , de son aveu , puisait Jean de la Chapelle, abondaient sous ses yeux dans l'abbaye même dont il écrivait l'histoire; et la compilation qu'il nous a laissée devient d'autant plus précieuse pour nous que beaucoup de ces sources ont été à jamais taries , pour les historiens futurs , par le feu allumé pendant la Révolution sur la place de Saint-Riquier. La chronique de Jean de la Chapelle commence un peu haut, — au massacre des Innocents et à la naissance de Jésus-Christ,— mais les faits qui suivent sont racontés rapidement, et la succession des empereurs romains, la prédication et l'établissement du christianisme, l'inva- sion franque, les rois mérovingiens n'occupent que deux ou trois pages du manuscrit; le reste, sauf quelques di- — 113 — pressions , regarde l'abbaye et Centule. Entre toutes les sources dont s'approcha Jean de la Chapelle, on peut reconnaître le Chronicon Cenlulense. Le curé d'Oneux parait avoir emprunté beaucoup à l'abbé d'Oldembourg pour la période comprise entre l'année G25 et l'année 1088. L'expiration de cette période sépare. le gouverne- ment des deux Gervin. Jean de la Chapelle , qui , à la date où finit la chronique d'Hariulfe, semble avoir tenté d'abord de donner de plus grands développements à la sienne, a écrit amplement la vie de saint Gervin. Cette vie, déjà publiée séparément dans le Recueil des BoUandistes (au 3 mai), remplit dans la chronique abrégée que nous publions les chapitres xxxi, xxxn, xxxiii, xxxiv et xxxv. Nous aurons ainsi donné toute l'œuvre de Jean de la Chapelle. On remarquera parmi les faits historiques consignés dans cette chronique, les édifices construits, les étangs creusés , les parcs enceints de murs par Egidius ou Gilles de Machemont, au temps de la plus grande splen- deur de l'abbaye; les famines affreuses de 1293 et 1437; la bataille de Crécy, dans laquelle, suivant le compte du chroniqueur, ne périrent que trois mille huit cents hommes de l'armée française, dont douze cents cheva- liers ; le passage de Jeanne d'Arc, prisonnière : « Elle coucha et dormit dans le château de Drugy , où la virent D. Nicolmis Bourdon, prévôt, et D. Johannes Ca- pellani, aumônier, et plusieurs autres religieux (1); » (1) Ou espérerait, à tort, reconnaître Jean de la Chapelle dans ce Jean (Capellain ou Le Chapellain probablement); il faudrait supposer que La Chapelle, aumônier de l'abbaye à vingt ans, eut écrit sa chronique à quatre-vingts. S — lia — et des événements importants de l'histoire générale, les troubles à Paris , la bataille du pont de Saint- Cloud , la bataille d'Azincourt, la trahison qui livre Paris au bailly d'Àuxois, la guerre qui expulse les Anglais, etc. La chronique de Jean de la Chapelle peut suppléer en quelques points, pour l'histoire de la ville même de Saint-Riquier, aux registres municipaux incendiés avec les titres de l'abbaye -, on ne saurait rencontrer ailleurs peut-être certains faits caractéristiques des différends de l'abbaye et de la ville , des moines et de l'échevinage, différends que la reine Blanche elle- même vint une fois juger , sinon terminer. Les que- relles pour la banlieue , les conflits pour la justice occupent quelques pages de cette chronique , et non des moins curieuses. Jean de la Chapelle , qui écri- vait sur l'invitation et les encouragements d'un abbé, s'arrête avec intérêt sur ces querelles importantes alors pour l'abbaye au point de vue de la puissance, importantes pour nous aujourd'hui au point de vue de l'histoire. Il ne fait d'ailleurs nulle part défaut à la cause des religieux, et enregistre comme en triomphe les défaites de l'échevinage. Les abbés les plus fermes dans la défense des droits de l'abbaye ou dans l'at- taque de ceux de la ville sont, pour lui, mieux que de vaillants administrateurs, des héros. " Ce l'ut, dit- il en parlant de l'abbé Egidius de Machemont , un grand père de famille. Il subjugua les mayeurs, les échevins, les jurés et la commune de Saint-Riquier, qui prétendaient avoir banlieue sur nos fermes et nos terres jusqu'à la distance d'une lieue, ce qui n'était pas vrai ; il souleva contre eux une infinité de ques- — 115 — tions et de procès, les battant et surmontant toujours par le moyen de la justice et des jugements (1); il fit, avec l'appui de la reine Blanche, déterminer et juger que les majeurs et jurés n'avaient point de banlieue sur nos fermes (2) de Drugy, Buigny, Onneu, Bussu, Senardmont, Bersacles, Otremencourt (autrement dit le Nœuf- Moulin), ni juridiction sur nos hommes liges au-delà des limites fixées et marquées par de grosses et grandes pierres encore maintenant existantes. >• Une partie non moins intéressante de la chronique de Jean de la Chapelle regarde les ravages des guerres bourguignonnes dans le Ponthieu et notam- ment à Saint-Biquier ; mais cette partie nous paraît empruntée à la chronique française de Pierre Leprètrc, abbé de Saint-Biquier et prédécesseur de cet abbé Eustache Le Quien, patron ou protecteur présurnable de notre compilateur latinisant. Bien que Jean de la Chapelle ne cite précisément nulle part , pas même parmi les documents invoqués dans son titre , la chronique de Pierre Leprêtre , la complaisance avec laquelle il raconte les faits et gestes et jusqu'aux maladies de l'abbé, suffirait pour mettre à néant tout soupçon de plagiat malhonnête et prémédité de sa part. Les faits étaient trop récents et la chronique de l'abbé Pierre trop présente aux religieux pour que , dans certains cas , Jean de la Chapelle ait eu besoin peut-être de la consulter , et que dans tous les autres il ait cru nécessaire de la citer. Bien plus , c'est à l'humble curé d'Oneux que nous pour- (1) Vincendo et superando medianle justicia et judicio. (2) Fermes ou villages, villis. — 416 — rons emprunter plus tard les éléments d'une notice sur le riche abbé, historien plus important pour une époque circonscrite de notre histoire. Jean de la Chapelle, d'ailleurs, commençant sa chro- nique par une précaution qui nous servira, en manière de conclusion, à juger de son caractère, soumet avec humilité son œuvre à l'interprétation bienveillante de ceux qui en feront ou en entendront la lecture: « Nous supplions très-humblement, dit-il dans une phrase un peu embarrassée , ceux qui verront cet abrégé , les lettrés et surtout les illettrés, de ne point tirer l'er- reur des choses détournées ou omises pour plus de brièveté, ou exposées en mots de la langue vulgaire- ment parlée, mais d'y apporter la correction par mi discret scrupule et de les interpréter bénignement. » Cette chronique est publiée d'après une copie faite et collationnée par les soins de M. Merlet, élève de l'école des chartes, sur le texte conservé dans les manuscrits de Dom Grenier, paquet iv, titre m. L'orthographe barbare, et même, en certains points, la ponctuation hé- sitante du texte, ont été religieusement respectées (1). Nous avons, pour la commodité des lecteurs et la facilité des recherches, rédigé des sommaires détaillés en tète des chapitres. E. PRAROND. (1) Le commencement du manuscrit dans la collection de D. Grenier est presque illisible , le temps ayant effacé l'encre. Un autre manuscrit de la chronique de Jean de la Chapelle était conserve « dans la bibliothèque de M. Colbert , entre les Mss de M. Duchesne. » CRONICA ABBREV1ATA SUPER GESTIS ET FACTIS Dotninorum et sanctorum abbatum hujus sacri cenobii ac sacratissimœ ecclesice beatissimi patroni noslri sancti Richarii, de sancto Richario Ambianensis diocesis , or- dinis sancti Benedicti , ad Romanam ecclesiam nullo medio spectantis seu pertinentis , édita , compilata et extrada ex consensu , voluntate deliberata , mandato et jussu reverendi in Christo palris ac domini domini (sic) Eustacii divina permissione ejusdem ecclesiœ et cenobii abbatis, anno Domini 1492, mense maio, per me Joan- nem de Cappella presbiterum humillimum , in artibus magistrum , curatum de Honneu , cappellanum sancti Benedicti, notariique apostolici, oriundi de dicto loco, et a diversis libris , codicibus , cartxdariis , cronicis , ins- trumentis publicis , litteris , cartis et aliis munimentis autenticis , bullis plomb eis , sericeis , apostolicis, quibus non immerito fides plenaria est adhibenda, et sicut lalius et plenius per inspectionem prœdiclorum in gazophilazio, thesauraria, aut reperiorio ejusdem ecclesiœ manifeste et aperte videri potest, ad laudem et prœconium Dei Patris omnipotentis , domini noslri Jesu Chrisli ejusdem jilii , almi Spirilus Sancti , qui est unus , per omnia sœculo- rum sœcula. Supplicamus humillime quatenus videntes, legentes ac potius illigentes hoc opusculum abbreviatum de- viata, obmissa causa brevitatis aut in verbis materais — US — exposita ne is illis generetur error , sed dicretioni emendetur, bonigna supportationc augeatur, minuatur aut convalescant. I Naissance de Jésus - Christ. — Les Rois Mages. — Héroile. — Massacre des Innocents. — Jésus dispute dans le temple.— Mort d'Octave César. — Tibère. — La passion de Jésus. — Claude. — Saint Pierre à Rome. — Saint Marc à Alexandrie. — Assomption de la Vierge. — Baptême de saint Denis. — Néron. — Martyre de saint Pierre et de saint Paul. — Vespasien. — Titus. Et, sicut venerabilis Beda inscripsit, dominus noster Jésus Christus natus est ex intemerata virgine Maria, et, ut breviter loquamur, a creatione mundi ortus est Christus 5199, in occisione Augusti Csesaris anno 42, anno autem ejus intemeratœ matris virginis Mariée 12. Preetermittendo causa brevitatis apparitiones trium regum tria munera deferentium, Jaspart fert mirrham, thus Melchior, Baltazard aurum. Eadem causa brevitatis post biennium rex Herodes interficere fecit innocentes masculos in Judœa a binatu et infra et apocrifice duos proprios fdios et in posterum cum parva distantia alios etiam proprios lilios. Anno duodecim suse œtatis dominus noster Jésus disputavit in templo cum Judœis, sicut scriptum est (Luca3, 20), 17o calendas maii, feria 4\ luna xv, in- dictione 4 et 14, Octaviannus imperator mortuus est, nepos tamen Julii Gassaris, regentis imperium quinque annis, Tiberius rexit iilius ejus 23 annis ejus successor. — 410 — Anno Tibcrii Cœsaris 18° , dominus noster Jcsus Christus passus est. Post Tiberium , regnavit Caius 4 annis et multas oppressiones fecit Judœis; ejecit idolum Jovis a templo sancto Jerosolimarum. Claudius suc- cessor cjus fuit, qui regnavit 14 annis; et illo tempore sa net us Petrus Ilornse superavit Simonem Magum ; sanctus Marcus eodem tempore prœdicavit in Alexan- dria; et beata virgo Maria assumpta est in cœlis anno 2'6° post passionem Domini. Sanctus Dionisius cum suis sociis fuit Àthenis baptisatus tempore Neronis qui regnavit 14 annis, et crucifixit beatum Petrum ever- sum , beato Paulo caput amputando. Vcspasinus fuit ejus successor qui rexit imperium decem annis; Titus famosus miles rexit duobus annis, destruxit Jérusalem et Judœos, et Donatianus (sic) fuit ejus frater; regnavit sexdecim annis, fuit 2us persecutor christianorum. 11 Le pape Clément envoie saint Denis à Paris. — Decius et Maximien. — Constantin. — La sainte, croix retrouvée. — Saint Hilaire. — Saint Antoine. — Donatus. — Saint Martin à Amiens, etc. — Pharamus , fils de. Marcove'e , premier roi de. Gaule. — Clodius son (ils, 2° roi. — Mirovcc , 3e roi. — Saint Arnaud. — Childe'ric. ■ — Ses vices. — Il est déposé. — Gilius. — Pré- diction de la reine Basine. — Clovis. — Diocléticn et Maximien. — Saint Firmin, martyr. Et eo tempore sanctus Clemens tertius papa misit Parisios sactum Dionisium. Anno Domini 245^ Decius et Maximianus regnaverunt. Constantinus regnavit 30 — 120 — annis et cepit regnare anno Domini 310. Helena ejus mater in monte Calvarii reperit sanctam crucem. Suo tempore regnaverunt sanetus Hilarius, sanctus Anto- nius et Donatus snmmus grammaticus. Julius Caesar regnabat anno Domini 374. Immédiate post, sanctus Martinus divisit clamidem cum paupere juxta portam Ambianensem. Suo tempore regnabant sanctus Hila- rius, sanctus Ambrosius, sanctus Severinus; et anno Domini 400 regnabant sanctus Hieronimus , sanctus Augustinus et sanctus Bericius. Anno Domini 420 , Pharamus filius Marcovei fuit primus dominus regni Galliae ; iste erat paganus et de progenie régis Priami : Gallici constituerunt eum primum suum regem et rexit 10 annis. Clodius fuit ejus filius et regnavit 18 annis; iste fuit 2,s rex Galliae et paganus ; babitavit Cateracum , augendo suum regnum usque ad Somonam anno Domini 431. Anno Domini 440, Miroveus 3ns rex paganus regna- vit et aliqui dixerunt quod non fuit filius Clodii sed ex ipsius consanguinitate. Et eo tempore S. Amandus erat episcopus Aurelianensis et rexit regnum 10 annis. Et tune incepit 1" generatio regum Francise , quae duravit usque ad Pipinum. Et anno Domini 450 , S. Nicbasius arebiepicopus Uemensis regnabat. Childericus paganus fuit ejus filius et cepit regnare anno Domini 4G0 ; et quia lubricus et libidinosus erat, vi rapiendo muliercs suorum militum et filias, ejectus est , et loco ejus constituerunt suum regem Gilium Uomanum , et quia crudeliter et avaritiose vivebat, post septem annos revocaverunt Gallici Cbil- dericum et in gradum pristinum posuerunt : iste Gbildcricus desponsavit L>asinam reginam Lorintbiœ - 121 — prudentissimam; quae ei demonstravit aperte quatuor generationes futuras in hoc regno regnaturas, et quo- modo illi de quarta debebant destruere se invicem. Iste rexit 26 annis, et ex ea genuit Clodoveum pri- mum regem christianum, sicut patebit inferius, sicut latius continet cronica. Tempore illo regnabant Dio- cletianus et Maximianus ; et Rixionarus praepositus erat Soviovubrii castri quod nunc dicitur Àmbianus quasi ambitus aquarium : et egressi sunt quam multi martires futuri a civitate romana regnum Galliae convertendo, sicut S. Quintinus, Lucianus, Crispianus, Yictoricus , Fussianus , Rufinus , Valerianus , Piatus , Eugenius, Regulus, Silvatensis, sancta Renedicta, S. Justus Belvacensis. Et eo tempore S. Firminus niartir a civitate Panpeliana de regno Hispanise. S. Honestus prœsbiter ejus erat magister : S. Firminus coniessor ejus filiolus. Immédiate post quae omnia expressa non frustra aut sine causa describuntur, sed potius et ut facilius descendamus et veniamus tractare sanctam , insignem et nobilem nativitatem patris sacratissimi nostri sancti Richarii. m Childérie IV. — Baptême de Clovis. — Saint Denis lui présente en songe un bouclier d'azur orné de trois fleurs-de-Iis d'or. — Son sacre. — Conspiration de ses frères. — Ils sont vaincus et mis à mort. — Alquaire. — Le duché de Ponthieu.— Centule édiliée par Ragavarius. — Les fils de Clovis. Childericus 4US rex Galbas et paganus et Basina Lorinthigiœ regina ejus uxor senuerunt très filios — 122 — videlicet Clodoveum primogemitum , Ragavarium et Richarium. Iste Clodoveus et f'uturus ebristianus post obitum sui patris cepit regnare anno Domini 48J» et duxit in uxorem Clotidem filiam Dagondebaudi régis Rurgondiœ in bello occisi, matris ejusdem submersœ in quodara fluvio. Iste Clodoveus fuit potentissimus et aptus ad prseba. îpse efïugavit a regno Galliœ ducem Siragriae filium Gilli romani prœdicti a civitate Surcenensi vi et violentia cum omni suo exercitu aut acie : et ipso in prœlio contra Tcuconicos (sic) seu Alemanos dubitante de Victoria et per semetipsum repletus Spiritu Sancto juravit et promisit baptisari in nomine Domini nostri Jesu et persidere monitio- nibus dictœ Clotidis suae uxoris reginaî Galbai et ebristianae : qua prece, victoriam obtinuit, et Rbemis ab (sic) beatum Remigium tune archiepiscopum per- venit , qui eum baptisavit , praesente sancto Yadasto episcopo Atrabatensi ; et in nocte sequenti beatus Dionisius in spiritu ei dédit scutum asureum liliis aureis adornatum tribus; quod expositum est seu in- terpretatum per fidem , scienciam et militiam , per dictas cronicas : et oinctus (sic) est oleo sancto per columbam albam e cœlo apportato ; quo in ccclesia sancto Remigii reges bujus christianissimi regni sa- crantur et [un] guntur. Ragavarius et Ricbarius pagani fratres Glodovei régis Galbai ebristiani ex fide mutata et aliis causis babuerunt admirari et conspiraverunt prelium injus- tum contra Clodoveum suum fratrem; invaserunt ac vi et armis detenuerunt civitates Cameracum, Torna- censem , Atrebatensem , Ambianensem cum omnibus castellis usque ad ripariam Remcnscm et Secanam ; — 123 — et ut fortificarentur dictus Ragavarius daxit in uxo- rem Maurianam filiam ducis Aquitaniœ, mediante qua augmentatus est in prelio in praejudicium dicti Clodo- vei ; suara scdem principalem in Cameraco constituit, et ordinavit dicendo Cameracum Camerani regiam; et, crescente malitia ipsorum , conspiraveruilt interficere et expellere a regno dictum Clodoveum suum fra- trem, et cu-rn magno exercitu et acie gentis armatae Belvacum perrexerant. Quibus inobviam supervenit dictus Clodoveus vim vi debellans, eos subjugando et sententiam lacrimando eos capitalem condemnando , diemque ibi claudere extremam sententiando. Et im- médiate dicta Mauriana praegnans et uxor dicti Ra- gavarii peperit filium suum unigenitum quem Parisiis fecit baptisare dictus Clodoveus , tenuit que super fontes et appellavit eum Alquarium, quem adoptavit et in uxorem dédit ei Damianam filiam ducis Bur- gondia3 ncptem Clotidis uxoris Clodovei régis; dédit ei ducatum Pontivi et partes circumjacentes à fluvio Regni usque ad fluvium Oziœ ; tenuitque palatium suum in hoc oppido Centulae quod asdificaverat Ra- gavarius ejus pater. Iste Clodoveus christianus de- bellavit et subjugavit Colianos nunc dictos Hispanos a Yonlazana ; et rexit regnum Galliœ 30 annis , et sepultus est in ecclesia beatae Genovefa3 Parisiensi quam fundaverat in nomine Pétri et Pauli apostolo- rum ; et licet fuerit la ecclesia Parisiensis civitatis , tamen la ecclesia hujus regni fuit ecclesia beatae Marias de Campis quam fundaverat in suburbanis Parisiensibus. Iste genuit quatuor filios, scilicet Theodiricum rcgem Francise in Lorinthingia, Clotarium regem Francise in — 124 — civitate Surcenensi qui debellavit regem llermcfridum Thoringise , Clodoveum regem Francise Aurelianis , Childebertum regem Francise Parisiis. IV Alquaire , duc de Ponthieu. — Il a pour fils Saint Riquier, 1" abbé de Centule.— Quatre biographes de saint Riquier: Albinus Alquinus , Paschasius ou Ratberthus sauctus, lu- gelrannus ; (le quatrième est inconnu, ayant écrit dans sa langue maternelle). — Vie de saint Riquier. Immédiate Alquarius dux Pontivensis in hoc sacra- tissimo loco cum Damiana ejus uxore nepte Clotidis uxoris saepedicti Clodovei genuit beatissimum Richa- rium llorentem sicut rosa ex spinis qui fuit 1™ abbas hujus cenobii Centulensis per ipsum fundati in nomine beatorum Pétri et Pauli apostolorum ; cujus vitam descripserunt quatuor excellentissimi doctores, quorum lus fuit magister Albinus Alquinus nationis anglicanse, doctor et instructor Charoli-magni , qui impetravit universitatem parisiensem ; iste Albinus fuit abbas Majoris monasterii prope Turonis. 2us descriptor vitse sancti Ricbarii fuit Paschasius solemnis doctor et in- terpres legis divinse , qui post fuit abbas Corbiensis et appellatus Ratbertus sanctus. Tertius qui vitam et gesta beati Richarii descripsit rite et ordinate tam in littera quam in cantu sapientissimus vir Ingel- rannus monachus hujus cenobii et de Contula oriendus et natus, sacrse paginas professor; iste fuit discipulus sancti Fulgentii Carurtensis episcopi eximii doctoris , — ilô — et in cantu et littera officium sancti Vulfrani de Abbativilla composuit et multa dictamina de sancto Laurentio : fuit cappellanus Roberti Régis Francorum; cum ipso peregrinus Romae , post modum est ordi- natus 22us abbas bujus cenobii ; vita comité coruscavit miraculis ; itaque, ut pie creditur, a sœculo migravit ad Christum. Nomen quarti describentis vitam et gesta sancti Richarii ignoratur quia descripsit cro- nicam in lingua materna. S. Richarius lus abbas et pastor ac i'ondator hujus monasterii Centulensis oriundus ex oppido Centulœ ex pâtre Alquario filio Ragavarii fratris Clodovei Francorum régis primi ebristiani et ex matre Damiana filia régis burgondiœ nepte sanctae Clotidis uxoris praedicti Clodovei, a juventute sua fuit simplex, be- nignus et clarus. Qua de causa ab Alquario pâtre suo amabatur : et iste Alquarius dux Pontivi ordi- natus est miles per Clotarium regem Francorum, et in preesentia ac ejus consilio aediHcavit ecclesiam sancti Marci Surcenensis anno Domini 514°, et tenuit monarchiam trium suorum fratrum prœdictorum et defunctorum absque hœrede masculino ; et introduci fecit beatum Ricbarium in litteris et septem artibus liberalibus ; et eo tempore per sanctum Caidocum et sanctum Adrianum quem Fricorium nominabant natos de Ybernia in partibus occidentalibus ad fidem catbolicam S. Richarius conversus et in ipsa instruc- tus est. Praedictus S. Richarius fuit peregrinus Romse tem- pore Joannis pappae a quo fuit baptisatus in fonte Lateranensi et per ipsum ad tonsuram seu sacra- mentum confirmationis promotus; deinde ad sanctum — hg — hercmitam existentcm seu habitantem juxta marc in fine fluminis Tibris missus, ex liinc per ipsum here- mitam ad quamdam ccclesiolam id est parvam eccle- siam existentem in quadam parva insula sibi vicina missus, in qu'a ecclesia beatus ipse Richarius meruit videre sanctum Petram apostolum et ab eo recipere communionem corporis Christi et osculum pacis et audire ista verba : » Ego sum Petrus apostolorum » primus quem Romse requisisti ; eamdem enim po- » testatem legandi atque solvendi quam recepi a Do- » mino nostro Jesu Christo tibi trado : vade in pace » et revertere ad fratres meos. » Quo facto, ipse S. Richarius reversus est ad pnppam Joannem secundum; jure canonico fuit confirmatus , nundum tamen pro- motus ad sacros ordines quia nondum attigerat annos ad hoc jure canonico requisitos, et ab ipso pappa bc- nedictionem et sacras reliquias recepit. Quo peracto, ipse S. Richarius ad patriam natalem regreditur, in itinere miracula perpetrando , et in domo paterna juste, sancte, parce ac laudabiliter vivendo. Suite de la vie de saint Riquier. — Sa mort. — Son épitaphe. — Translation île son corps. Post mortem parentum, ex consilio sanctorum vi- rorum pradictorum Caydoci et Adriani sacrum ordinis habitum recepit, et ex domo et palatio paterno monas- terium fundavit anno Domini ii:>4; in quo luit l"s abbas et pastor. Prœterea consilio episcoporum Francise per — 127 — archiepiscopum Rcmensem nomine Flaurium ad sa- cerdotium fuit promotus ; et anno sequenti videlicet anno 535 , iterato Roman rediit et ibi a Silverio pappa ipse bcatus Richarius ordinatus episcopus, lega- tus et patriarcha ad partes occidentales. Quo facto, ad patriam natalem revertitur ubi coruscavit miraculis; quin etiam per multas regiones et régna baptisavit , confirmavit, prœdicavit, ecclesias fundavit, pauperes captivos redemit; et talia peragendo Dagobertus boc nomine primus Francorum rex , insuper multi duces et baroncs Francise ipsum devotissime visitavit , et ab ipso sancto Ricbario petivit et obtinuit sibi be- nedictionem dari. Quapropter ipse S. Ricliarius tcdio affectus, respucns bumanos et regales honores, cupiens cœlestibus associari clam monasterium suum reliquit, Accialdo viro religiosissimo abbate et pastore primo sibi substituto, et beremum petiit in silva Crisiasensi in loco nondum ab aliquo habitato, ubi ecclesiam et monasterium in honore sanctse Maria? virginis primo fundavit, et locum Fore-monasterium appellavit; ubi solus, contentus uno socio nomine Sigobardo, per ali- qua tempora miraculis coruscando juste, sancte, pie ac laudabiliter vivendo senex et decrepitus moritur, et ibi, sacramentis divinis prius per ipsum acccptis, a Sigobardo commilitone suo cum magno fletu et hu- militate sepultus est : quo loco jacuit quinque men- sibus et quatuordecim diebus, videlicet a 25a aprilis usque ad 9am diem octobris proxime sequentis ; qua die fuit translatus a Fore-monasterio , et inbumatus integer, incorruptus, ut prima die mortis suœ fuerat, in monasterio suo Centulensi; quo loco jacuit mira- culis coruscando integer et incorruptus ab omni cor- — 428 — ruptionc natali per centum et sexaginta annos usque ad tempora Charoli-Magni qui ipsura bcatum Richarium nullomodo putrefactum a terra levari fecit, tempore sancti Angilberti abbatis, et in ferctruin aureum re- poni fecit, et in dicto feretro versus sequentes scribi et arari fecit : Aurea cœlestem thesaurum contegit urna (l), Cultorcm Domini nomine Richarium; Stemate praecelso quem Centnla protulit ista, Quique loci pastor floruit egregius. Posthabito mundi quo grandi fulsit honore, Amplas ilivitias sprevit amore Dei. Hic corpus proprium frangeus certamine diro Vir pius et magnus semper in ore fuit. Et vitain functis reparavit, lumina caecis, Leprosisque salus hoc refovente dédit (sic). Plenus apostolicis virtutibus atque loquellis Cœlestes tenuit semper in ore dapes. Huic Charolus princeps condignuin mente benigna Periiciens templum condidit et tumulum , Post sexagenos et centum circiter annos, Cuni Domini servus (sic) integer extat adliuc; Ipsius ut meritis capiat cœlestia régna, Regnaque Francorum pacc quietus agat. De distinctione et reparatione monasterii, de trans- latione corporis sanctissimi Richarii apud Monastero- lum et Sanctum-Audomarum, et de relatione ejusdem corporis in Centulam per Fulgericum abbatem et postmodum per Hugonem Cappct inferius clarius pa- tebit. (1) Imprimé dans d'Achery, Spicilège, t. n, p. 307. — 129 VI Dagobert. — Le fils de Clotaire II. — Forêt-Montiërs. — Louis I". — Occiald, 2" abbé de Saint-Riquier. — Ci.otinus , 3e abbé, disciple de saint Philibert et à la ibis abbé de Jumièges et de Saint-Riquier. — Saint Idevert, 4e abbé. — Alderic, 5e abbé. — Miracles au tombeau de saint Riquier. — Augmen- tation du monastère de Forèt-Montiers. Dagobertus rex fundavit ecclesiam S11 Dionisii et fecit argento lectum ecclesiœ, et filius Clotarii 2' regnabat anno Domini 632, qui utebatur consilio sancti Richarii tune viventis in lioc sseculo et in lioc eenobio quo secum multoties veniebat , et in prœsentia dicti Dagoberti regimen pastorale ejus eonsensu divisit(l), et vitam bereniiticam in loco dicto Foresti-monasterii duxit cum Cildebardo (sic) ejus discipulo, sicut dic- tum est. Ludovicus primus in boc nomine fuit ejus (ilius et iîlius et rexit duobus annis regnum Franciœ. Sta Val- tididis fuit ejus millier. Tempore Clotarii tertii ejus lilii et régis regentis , anno Domini 647 , Occialdus vir religiosissimus electus est abbas 2US bujus cenobii a beatissimo Ricbario ; qui tempore suo transtulit ejus sanctissimum corpus a Foresti-monasterio in boc eenobio: sanctissime vixit, administravit, docuit di- ligenter congregationem sibi commissam. Pauca de gestis ejus reperiuntur, nec ubi, nec quando, nec in quo loco sepelitur. (1) Ne serait-ce pas dimisit? — 180 — Clotinus 3119 abbas hujus cenobii fuit ejus suc- cessor. Isto fuit vir sactissimus et discipulus Sli Pbi- libcrti primi fundatoris abbatia) de Jumieges ex auxilio reginœ S,œ Baltbidis. Et iste Clotinus fuit abbas dictorum duorum cenobiorum simul , et semel electus et postulatus a religiosis Centulensibus , eo quod i'uerat discipulus Sli Pbilibcrti socii S'1 Ricbarii; et nullus erat vivens super terrain qui vidisset Su,m Richarium, excepto dicto Glotino; et inde fecit asso- ciationem dictarum ecclesiarum de Jumieges et bujus preesenti ceenobii. S. Idevertus vir religiosus , bonestus et nobilis progeniei fuit postulatus et electus hus abbas bujus loci ; rexit cenobium sanctissime. Gesta ejus repe- riuntur in ecclesia quadam canonicorum ejus Domine fundata in Normannise ducatu Rothomagensis diocesis in villa de Gournay ; et ibidem corpus ejus incapsa- tum est in feretro seu theca aurea et argentea au- tentica; in qua ecclesia vita et miracula declarantur latius. Aldeiucus fuit .')us abbas bujus cenobii et rexit laudabiliter sicut patet per cronicam, et tempore ejus Deus noster omnipotens ad sepulcbrum beati Ricbarii inlinita miracula super natalia demonstravit : itaque dictus Aldericus in scriptis propter aftluentiam non potuit nec redigere. Et expresse isti quatuor abbates ceperunt augmentarc monasterium Foresti-monasterii per S""" Ricbarium primo fundati , et in eodem pas- tores , rectores et abbates idoneos de dicto cenobio Centulensi transmittere : sed omnia alia gesta aut facta ignorantur , nec reperitur in quo loco sepid- tus est. 131 VII Simphorien, 0e abbé. — Son éloge. — Saint Mauguille. — Fon- dation de l'église de Saint-Vast en Artois. — Ebroin. — Charlemagne. — L'archevêque Turpin. — Saint Angilbert , 7° abbé, 754. — Ses qualités et dignités. — Il épouse Berte , la seconde lille de Cliarlemagne. — Ses lils. — II se fait reli- gieux à Saint-Riquier, et sa femme religieuse au même lieu. — 11 succède à Simphorien. — Richesse de l'abbaye de Centule. — Nombre des moines. — Laus perennis. — Exemption obtenue du pape Léon. — Angilbert assiste an couronnement de Cbarle- magne à Rome. — II est un des exécuteurs testamentaires de l'Empereur. — Sa mort. — Sa sépulture. — Miracles. Simphoiuamjs 6"s abbas bujus ecclesiae fuit, vir castus et bene famatus. Qua de causa beatus Magdelgesilus intravit congregationem fratrum hujus ecclesiœ 5 et ibidem multum bonoratus a religiosis. De cujus vita prolixa sancta in bo-c articulo non determinatur , causa brevitatis, quod facilius inveniri potest in cro- nica gallicanis verbis édita, folio 33°, 34°, et in legenda ipsius beatissimi sancti , ac de vita sancti Vulgammi , de inventionne beatorum Fussiani , Vic- torici et Gentiani per Lupianum praesbiterum facta. Ecclesia beati Vadasti Atrabatensis fuit fondata anno fiSO, tempore Ebroini majoris palatii regii Pa- risiensis , prius monacbi , Tberico rege Francorum régnante. Iste Ebroinus duxit ad martirium S""" Leo- degarum et Garinum ejus fratrem; et finaliter Ebroinus interfectus est per Hermenfridum militem. Charolus-magnus fuit filius Pipini régis et cepit regnare anno Domini 709 et regnavit 46 annis. Et tune temporis ïurpinus erat arebiepiscopus Remensis, — 132 — qui staturam et gesta dicti Charoli-magnî dcscripsit, sicut patet in cronica papirea, folio 32, prolixe 5 et ut facilius venire possimus ad factum. S. àngilbektus fuit sepUmus abbas hujus cenobii. Vigebat et serviebat in palatio regali anno incarna- tionis Domini 754 , tempore Pipini régis Francorum iilii Cbaroli Martelli, et ab omnibus, prœcipue a rege et nobilibus , amabatur. Qui quidem S. Angilbertus fuit generis nobilitate inclitus, et a juventute scientiis et litteris liberalibus instructus, et tempore Charoli- magni fuit principalis consiliarius et secretarius re- gius ; et in tantum a Charolo-magno dilectus ut Bertam secundam filiam suain ci conferret in uxorem et magnam partem Francise in ducatum daret. Ex qua Berta praedictus S. Angilbertus genuit duos filios Nithardum et Arnildum ; sed postea praedictus S. Angilbertus relinquens , ex consensu uxoris suae et Charoli-magai, factus est religiosus in cenobio Cen- tulensi , et Berta cjus uxor monialis et religiosa in eodem cenobio : et, abbate Simpboriano mortuo, prœ- dictus S. Angilbertus factus est pastor et 7US abbas bujus cenobii Centulensis. Qui quidem S. Angilbertus tempore suo potenter et bonoriiiee cum adjutorio dicti Charoli-magai preedictum cenobium Centulense decoravit magnis ediOciis , reliquiis , jocalibus (?) et quam pluribus aliis bonis , et dotavit magnis reddi- tibus et divitiis , et amplificavit in religiosis adeo quod tempore suo fuerunt in praedicto cenobio uno et eodem tempore plus centum monachi , prœsbiteri , et centum alii , videlicet quidam diaconi , et alii in scolis, servientibus aliis, in tantum quod continue et sine intermissione nocte ac die laus divina in predicto — 133 — cenobio celebrabatur , adeo quod prœdictum monas- terium a pluribus Laus perennis vocabatur. Insuper prœdictus S. Angilbertus impetravit exemptionem cenobii Centulensis a Leone pappa m0, eadem die qua Charolus-magnus coronatus est imperator per prœdictum Leonem pappam et nuncupatur Cœsar Augustum : et fuit hoc actum circa annum Domini $01 , in prœsentia dicti Sli Angilberti et Jesse tune temporis espiscopi Ambianensis. Quin etiam fuit prœ- dictus S. Agilbertus unus de executoribus testamenti seu ultimœ voluntatis Charoli-magni. Abiit autem prœdictus sanctus anno Domini 814, indictione 6", decimo 2° calendas mensis martii , et sepultus est ante portam majoris ecclesiœ dicti cenobii , ubi re- quievit octo annis , et usque ad tempora domini Ri- boldi, et alibi in prœdicto monasterio requievit quam pluribus annis usque ad tempora Gervini primi ab- batis. Iste sanctus in vita et post mortem quam plurimis miraculis coruscavit , quœ latius in cronicis Centulcnsibus declaranter ; et fecit dedicare hoc ce- nobium per duodecim archiepiscopos quorum nomina inferius scribentur. VIII Travaux accomplis par saint Angilliert. — L'épitaphe de saint Riquier. — Il découvre un pavé de porphyre merveilleux. — II construit des tours. — Edilic trois e'glises : celle de Saint- Riquier , celle de Sainte-Marie et celle de Saint-Benoît. — Douze évêques les consacrent. Et , ut narrât cronica , in primo cenobio fundato in nominc domini Salvatoris nostri et beati Richarii, — 134 — fundavit etiam duas turres a parte occidentis , et unam summam et altam excellentem ex parte orien- tis, stib qua erat supulcrum (sic) beati Richarii, et in distancia illarum stabat ecclesia cum choro, et subtus turrim orientalcm circa pedes beati llicharii erat altare Domine suo consecratum, et circa caput altare beati Pauli, et circa turres occidentales erat dedica- tum altare sancti Salvatoris, fecitque scribere circa sepulcrum Sli Kicharii versus sequentes : Oinnipotens Dominas qui cclsa vel ima gubernans (1), Miijestate potcns semper ubique. Deus, Respice de solio sanctorum gloriam summo, Auxiliuhique tuis, rex boue, da famulis. Principibus pacem subjcctis adde salutetn; Hostis pelle minas et fera bella prime. Hav, quoque constantcr fidgentia culmina templi Angilbcrtus ego sint tibi grata Deo. Augusto Charolo cujus virtute peregi Concède imperii gaudia magna tui. Quisquis et ad summas precibus pulsaverit auras, Effectum tribnas semper habere, Deus. Immédiate post, dictus S. Angilbcrtus inter illas turres orientis et occidentis, ex artilicio Virgilii Man- tuani summi poetae divini artificis , et rccuperavit pavimentum porphireum rubri et viridis coloris quod de prœsenti est in futura ecclesia ita prcctiosum quod in toto orbe tcrrarum non est visum simile et experientia docet; et de inventione ejus inferius tractabitur. Fecit scribi in tabula marmorea versus sequentes : (l) Imprimé dans d'Achery, Spicilège, t. n, p. 303. 135 Sep ti mus hoc pavimentum abbas componere feci (1) Angilbertus ego ductus amorc Dei, Ut niihi post obitum sanctatn donare quietem Dignetur Christus vita salusque mea. Et , sicut dictum est superius , ipse fecit edificare très ecclesias , videlicet ecclesiam S,! Richarii in oc- cidente, ecclesiam beatae Mariai in meridiano et mi- norem ecclesiam S,! Benedicti in oriente : et sic sane intelligendum est claustrum triangulare in honore Trinitatis sub uno et eodem tecto , et in medio fons seu fluvius Cardruum rigans et serviens fratribus cum uno molendino stante in loco fossatorum modernorum, et istœ très ecclesiœ dedicatœ sunt, sicut dictum est, per duodecim archiepiscopos , quorum nomina se- quuntur : Megnihardus Rotomagensis , Georgius , Ab- salon , Pleo, Ghildegardus , Theodoveus, Ydelinarus, Bcnedictus, Berleus, Joannes, et duodecimus ignoratur. IX Suite des travaux de saint Aiigilbcrt. — Chapelles fondées par lui. Sequntur cappellae quas fundavit prima ecclesia S'! Salvatoris et in ea habebatur de veste inconsutili Domini nostri , de cruce , de sepulcro, de filo béate Marie, de Innocentibus; Cappella Sli Richarii, in qua quiescebat totum ejus corpus cum aliquibus sanctuariis virginis Mariée; (1) Imprimé dans d'Achery, Spicilùgc, t. n, p. 303. — 136 — Cappella S" Joannis Baptistœ in qua erant ossa Zachariœ ejus patris; Cappella beati Pétri in qua erant ossa beatorum Pétri et Pauli et S" Clementis, et nunc dicitur capsa Stœ Primœ; Capella S,; Stephani in qua erant ossa Sli Simeonis phrophetae ; Cappella S11 Quintini in quo erant ossa S'°""" Cris- pini Crispiniani fratrum ; Cappella S'* Crucis et in ea de S,a Cruce ; Cappella S" Dionisii in qua erant reliquœ S" Busti et Eleusteri suorum sociorum -, Cappella S" Merecii in qua erant reliquiœ ipsius et suorum sociorum in agminc certaminis ; Cappella S" Laurentii in qua erant ossa Slor""' Se- bastiani et Valerii ; Cappella S" Martini in qua erant reliquiœ ejus , giorum Romigii , Vadasti, Valerici , Lupi , Sli Servasii, Germani ; Et hœc omnia primo calendas januarii. Item eadem die in ecclesia S" Benedicti consecratœ sunt cappellœ quee sequntur : Cappella S'! Benedicti ad majus altare in qua quies- cebant ossa ejus, S'; Antonii , Columbani ; Cappella S" llieronimi in qua quiescebant ejus ossa et de S'° Vulfrano; Cappella S,; Gregorii, in qua erant ossa S': Eusebii, lsidori , sexto idus septembris , videlicet die nativi- tatis beatœ Mariae dedicata est, et quœ sequuntur ad majus altare erant reliquiœ : Starum Feliciœ, Perpetuœ, — 137 — Agatae, Agnetis, Luciae, Ceciliae, Anastasiae, Getrudis et Petronillae ; Cappella Sli Pauli in qua quiescunt ejus reliquia; et de S'° Barnaba et Thimoteo; Cappella S,! Thomse, ejus reliquiae , S11 Ambrosii et Supplicii ; Cappella Sli Philippi , ejus reliquiœ , Silvestri et Leonis ; Cappella S1' Andrese, ejus rcliquiœ, Sexti et Apo- linaris; Cappella S'1 Joliannis evangelistœ , de suis vesti- mentis, Lini et Cleti 5 Cappella S'1 Bartholomeœ (sic) , ejus reliquiae , S" Ignati et Policarpi ; Cappella S'1 Simonis, ejus reliquiae, Cosraee et Da- miani 5 Cappella S,! Mathaei, ejus reliquiae, Marci et Lucae; Cappella S'1 Judae , ejus reliquia? , Nazarei et Vi- talis ; Cappella S'1 Jacobi Alphei , ejus reliquiaB , Gervasi et Arotasii ; Cappella S'1 Mathiee, ejus reliquiaB, Hilarii et Au- gustini ; Cappella S" Gabrielis fuit dedicata octavo calendas aprilis, die Annunciationis dominicae, versus porticum meridianum ; Cappella Sli Michaelis in porta occidentis 3° ca- lendas decembris; Cappella S'1 Rapbaelis consecrata 20 nonas septem- bris versus portam septentrionalem. Et istas cappcllas consecravit Jes'se episcopus Ambianensis. - 138 Translation du corps de saint Riquicr. — Reliques envoyées à l'église de Srint-Riquier par le pape Léon. — Angilbert fait faire treize châsses d'or et d'argent, etc. Charolus-magnus imperator et rex et dictus An- gilbertus abbas in propriis personis studuerunt trans- latere corpus S'1 Richarii , a tumulo ferre in feretro seu capsa aurea lapidibus praetiosis adornata ; et ipsum corpus incorruptum, quod jacuerat et quieverat centum et sexaginta annis in sepulcro, honorifice et cum magna devotione elevaverunt ex licentia Adriani tune pappae qui habuit Léonem pappam ejus succes- soral! , qui , precibus prœdictorum régis et abbatis , transmisit buic ecclesiae sanctissimse reliquias S'°"'œ et sanctarum in abundantia a Ilierosolimis, Constan- tinopoli , Italia , Germania , Aquitania , Burgondia , Francia et palatio regio cum instruments , cartis , documentis et approbationibus fide dignis, quorum et quarum declaratio sequitur : De cruce Domini ; de suis vestimentis ; de aqua iluvi Jordanis; de lapide super quem sedebat quando pavit quinque millia bominum; de templo Salomonis-, de candela succensa in ejus nativitate ; de monte Oliveti \ de monte Calvarii ; de monte Tabor ; de co- lumna , de funibus , de cordis quibus fuit alligatus ; de lapide super quo ascendit cœlos ; de clavis -, de spongia cum felle et aceto mixta 5 de lapide ornato suo sanguine ; et de ejus sepulcro ; de lapide super quo extraxit lac sacratissimum 5 des suis vestimentis; de palio quo texit caput ; de ejus capillis: de barba — J39 — beati Pétri ; des sandalibus ejus ; de sua mensa : de compede quo incarceratus est beatus Paulus; de cruce S'1 Andreœ ; de vestimentis S'1 Joannis Baptistae ; de S'° Stephano et lapidibus quibus passus est; de crate S" Laurentii , cum digito Apolinaris ; de spongia S" Simphoriani et de vestimentis ejus matris; de ossibus gtorum niartirum sequentium, Pancrasii, Pampbili, duo- rum gemellorum , S" Fabiani , Sli Yaleriani , Ypoliti , Christophori , Felicis, Mauricii et suorum sociorum , Benigni, Dionisii, Rustici et Eleuteri, Cornelii et Leo- degarii, Sixti, Firmini, Saturai, Quintini, Valentini, Macelli , Luciani , Crispini et Crispiniani -, de ossibus quadraginta martirum et 13 confessorum datis huic ecclesiae per pappam Paulinum successorem dicti Leo- nis. Postmodum incapsari lecerunt autentice ossa con- fessorum quorum declaratio sequitur in vasis aureis et argenteis, de S10 Ricbario, Hilario, Martino, Germano, Odoano, Eligio , Amando,Lupo, Bertino, Supplicio, Bemigio, Maureliano, Albino, Servasio , Hieronimo, lquito, Valeriano, Gregorio, Augustino, Leone, et de virginibus ossa Feliciae, Perpetuœ, Agatœ, Eugenia3, Cellae, Ceciliœ, Petronillœ, Eufemiœ, Eufrasise, Alde- gondis, Colombae, Feliculœ, Scolasticœ. Omnes istas reliquias incapsari fecit in tredecim capsis aureis et argenteis, gemmis pretiosis adornatis: imposuit prœ- dictas capsas super unum altare argenteum dedicatum in lionorc beatœ Mariœ virginis; et in qualibet trium prœdictarum ecclesiarum construxit unum pepitrium marmoreum deauratum et figuratum varietatibus : in prima ecclesia edificavit tria campanilia , et in quo- libet posuit quindecim campanas ; in T ecclesia unum campanile , et in 3" totidem : et quam plurima orna- — 140 — menta aerea, aurata, exprcssa et declarata in cronica, folio 40 : in quolibet choro ordinavit centum prœsbi- teros et 34 pueros. Itaquc percnniter et absque in- terruptione divina celebrabantur ofiicia cum himnis et orationibus, et in sepulcro patris nostri beati Ri- cbarii describere versus sequentes : Aurea cœleslcm thesaurum contegit unia , et caetera; quae continentur superius. Simul descripsit versus sequentes circa feretra bea- torum Caydoci atque Adriani requiescentium circa feretrum beati Adriani a dextris et a sinistris : Mole sub hac tegitur Caydocus jure sacerdos (1); Scotica quem genuit Gallica terra tegit. Hic domini Cliristi gaudens prsecepta secutus Contempsit proprios mente benignus ores. Unie sibi contrivit messem omnem copia fructus Et nietit œtherei praemia larga soli. Huic Angilbertus fretus pielate magistra Et tuniulo carnem contegit et tumulum. Circum circa feretrum Sl! Fricorii atque Adriani descripsit versus sequentes : Corpore terrenus qui cernitur atque sepultus (2) Gnudia pro meritis cœliea lœtus habet. lste fuit Caydoco Franco consociatus, Quem sibi concessuin Centula gaudet ovans. Hic virtute Valens despexit prospéra mundi, Et mundo vivens gloria magna patet; Quique Deo placuit cœlorum régna pelivit; Nunc Angilberti carminé fulget, amen. (t) Imprime' dans d'Achery, Spicilège, t. n, p. .'{07. (2) Id. id. id. p. :U)8. — m — XI Charlemagne à Gentille. — Alquin écrit la vie de saint Riquier, à la demande de l'Empfereur. — Saint Alard. — Raddebert , abbé de Corbie. — Sa mort. Et illo tempore in propria persona Charolus-magnus visitavit cenobium Centulense et secum adduxit ma- gistrum Albinum Alquinum magnum doctorem et maximum oratorem, quem requisivit instante tractare gesta, facta et acta, vitam et translationem beati Ri- charii-, qui sponte benignum prœbuit assensum, et in promptu rcligiosi ei demonstraverunt solum codicem continentem dicta , acta et facta atque miracula approbata dicti patris nostri ; et quibus completis et peractis , dictas Albinus per modum epistolse misit sua scripta dicto Charolo-magno signiflcando quod super illis habebat admirari nec sciebat ei secundum post apostolos Et usque in bodiernum diem dicta des- cripta, acta et facta per praefatum Albinum leguntur continue in ecclesia Dei et prœdicantur populo. Illo et eodem tempore erat abbas Corbiensis S. Alardus qui plantavit vineam propriis manibus, no- bilis progeniei et nobilior moribus , quod erat con- sanguineus régi Charolo-magno. lste S. Alardus habuit successorem Sll,m Raddebertum , et antequam intraret religionem appellabatur Paschasus. Iste fuit magnus author et dictavit et descripsit vitam et translationem S" Ricbarii, et versu et metra missis religiosis bujus cenobii et mémorise commendando in quadam prosa: Lingua mea non transibit Qua; Albinus inde scriijit, — 142 — Quœ Radbertus inde vidit Delignare fluminis. Et eadem die et hora quibus S. Richarius migravit ad Dominum dictus Raddebertus clausit extremam 6° calendas maii ; et eadem die in ecclesia Corbiensi annuatim celebratur solemnitas de transitu et depo- sitionc dictorum duorum coniessorum. Et immédiate dictus magister Albinus electus est abbas Majoris- monasterii prope Turonis ; et istc augmentavit uni- versitatem Parisiensem, et in quodam bimno : En struxisti ccnobium In loco prope Argnlnm, Et alind in Gentula, Ambo perenni mérita. XII Restauration du pape Léon par Charlemagne. — Le pape cou- ronne Charlcmagne empereur romain. — Privilèges obtenus par saint Angilbert le jour du couronnement. — Adjonction du monastère de Forctmontiers à celui de Saint-Riquier. — Mort de Charlemagne. — Son tombeau à Aix-la-Chapelle. — Mort d'Angilbert, 814. — Il est enterre devant la porte de la grande église. — Son épitaphe. In illo tempore , decessit pappa Adrianns et Léo fuit ejus successor et dictus Gliarolus-Magnus per prœdictum Angilbertum misit Romœ infinitas pecu- nias pro dei'fensione (idei catholiese , sed livore et invidia Romanorum dictus pappa Eco expulsus est et ejectus a sede apostolica et per Charolum-magnum, prsesente S'° Angilberto cui confidebat, restauratus — '143 — est in gradum pristinum ; et electus est a populo romano iraperator Romanorum et per dictum Leonem pappam coronatus est eadem die, et in dicta solem- nitatc dictus S. Angilbertus impetravit exemptionem et privilegium mifrse, sandalium et aliorum pontifi- calium, ex consensu Jesse tune episcopi Ambianensis. Eadem die dictus Charolus-magnus adjunxit huic ecclesiœ S'1 Richarii cenobium et monasterium Fo- resti-monasterii cum suis appenditiis universis , spe- cialiter quoad institutionem et electionem pastorum , abbatum , sicut latius patet per scripta apostolica super bis confecta , sana et intégra in tbesauraria liujus cenobii. Et anno Domini 814 , 5° calendas fe- bruarii , diem clausit extremam dictus Charolus- magnus , postquam regnaverat 72 annis, et sepultus est in ccclesia beatœ Marias de Ays in Allemania , in quadam cappella quam construxerat in bonorem beatœ Mariœ virginis , in quodam tumulo marmorco deaurato; in cujus superficie ejus imago vestita est vestibus imperatoris cum diademate aureato , tenens in manu dextra unum scutum cum blazone in quo erat pars lancese et crucis Salvatoris domini nostri cum sceptro regali , et in alia manu super pectus codicem sanctorum evangeliorum Domini nostri. Vigenti duobus diebus elapsis post mortem dicti Charoli-magni anno Domini 814, 12° calendas maii, S. Angilbertus migravit a seculo ; et , ut cronica , foliis 44 et 45 , prolixe narrât , illis 22 diebus du- rantibus die et nocte semper et continue existons in orationibus , de nece et morte domini sui plorans et jejunans, humiliter sacramenta ecclcsiastica et neces- saria requirens et suscipiens, omnibus suis fratribus — 444 — in signum humilitatis et paupertatis sepulturam ante portam magnas ecclesiae requisivit ut per omnes in- trantes pedibus conculcaretur; et ibidem requievit ejus sanctissimum corpus 28 annis; et super ejus tumulum ejus discipuli inscripserunt et in epitapbio composue- runt versus sequentes : Extulit egrcgic quem mundo gratia vita» Angilbertus in hoc membra locat tumulo. Ipse viam Domini tenuit quo tempore vixit, Et modo cœlesti spiritus arte nitet. Promeruit cœlum pielatis jura tenendo, Et patris sancti sacra novando loca. Quicquid amat Dominus cum toto corde relegit, Pauperibus largus, debilibus medicus. Contulit ecclesia3 multum famulando decorem, Et famulis Christi se dedit in famulum. Ecclesia; regimen cohiit virtutis amore, Pro quibus œternum lœtus habet braviuin. Martis bis senis successit morte calendis , Et Domino ilatum reddidit astra petens. Super caput : Rex regum Àngilberto da pater atque pius rex (1). In parte sinistra : Lcx legum vitam œternam illi da quia tu lex. Super pedes : Lux lucem semper concède illi quia lu lux. Circa dextram : Pax pacem illi perpétuant) tu ipse es quoniain pax. (1) Imprimé dans d'Acbery, Spicilèg?, t. n, p. 308. — 145 — X11I Henri, 8° abbé, 815.— Dénombrement des villages (ou fermes), possessions et sujets de l'abbaye, fourni sur Tordre de l'Em- pereur, 831. — Deux mille cinq cents maisons à Saint-Riquier. — Redevances de chacune de, ces maisons à l'abbaye. Multa alia et infinita reperiuntur acta et miracula quae in hoc libelle- non describuntur ne legentibus et audientibus generetur tœdium : et illis viginti et oeto annis elapsis, fratres et religiosi hujus cenobii, con- cilio habito a prudentibus viris et maxime a dicto Raddeberto abbate Corbiensi , deportatum est ejus sanctissimum corpus et sepultum in capsa plombca in hostio seu porta chori majoris ecclesiee ; qui Radde- bertus descripsit versus sequentes : Gaude, Corbeia, quoniam cum caetera luca (sic) Sanctos proprios emiserunt patronos, Sicut Atrebatum Vedastum et Centula sanctum Richarum, tu quoque emisisti Alardum tuum. Henricus fuit octavus abbas Centulensis et successor dicti S'1 Angilberti, et electus eodem anno quo obiit, non eadem indictione , quia secundum compotistas mutatur 24 die mensis septembris annuatirn. Pauca reperiuntur de vita et morte , excepto quod electus est tempore Ludovici 111, aliter Débonnaire régis et imperatoris, anno Doraini 815. Et illo tempore erant majores in palatio Parisiensi. Et iste divisit regnum tribus suis iiliis. Item bene scriptum est quod dictus 10 — d46 — •Henricus abbas commisit et ordinavit qucmdani suum vavassorem nomino lleuto ad regendam villam Lige- trudis vulgante Sorus , ordinatam et deputatam ad reperienda calceamenta fratrum ; qui maie rexit, sicut in cronica folio 46 ; et de fago sub qua quiescebat S. Ricbarius qui cum suis captivis et redemptis ab Anglia regrediebatur per ipsum absisa ; et de cruce reperta in ipsa fago ; de morte ejus subitanea. Item dictus Henricus fuit coactus a preedicto rege descri- bere villas , possessiones et munerum (sic) subjecto- rum hujus ecclesiae ; et boc anno Domini 831. Pro vero valore oppidi Centulensis quod nunc dicitus vulgariter villa Sli Ricbarii , descripsit ipse dominus abbas Henricus quod in ambitu erant 2500 domus saecularium, et unusquisque tenebatur reddere annua- tim huic ecclesiœ 12 denarios, 4 cappones aut pullos per squales portiones et triginta ova cum subjec- tione omni necessaria et famulatu fratribus in neces- sitate. In eadem villa erant molendina pro quibus reddebant annuatim 8 porcos et 12 aucas. Exactiones fori publici qualibet septimana valebant 40 libris et trulenca '20 libris. Item erant aliqui domestici propter plura necessaria, qui reddebant annuatim unusquisque 20 libras, 300 panes, 30 flannos seu tartas; et diversi mode tenebantur servire unusquisque in sua vacatione religiosis secundum diversas artes mechanicas suas. Item oblationes et dona facta ad sepulcrum et fere- trum beati Richarii existimabantur in qualibet et pro qualibet septimana per communem existimationem in summa ducentarum margaritarum quœ nunc essent 300 librarum monetee currcntis. — 147 XIV Dénombrement des lieux appartenant à l'abbaye. Et iste descripsit villas sequentes, per modum ad- vocationis huic ecclesia3 pertinentes in redditibus et proventibus : Stervast Tullin (2) Caours Villers Centula Abbativilla Dora m art Foresmontier Maiot Crestoy Nouvion Haultviller Reneaumont Le Triste (1) Valoir Drucat Verton Conchi Argoules Honcbes Misoultre. Gappennes Ailly Villers-soubs-Ailly Lestoille Bourdon Moriaucourt Boibergues Onltrebois Longueville Gissenecourt Frenneviller Vuavans Moncbi-le- Breton Han Nenni in comitatu Sli Pauli Framecourt ibidem Morles Pernes Bollencourt juxta Hisdinum Obbin Ancbi juxta Hisdinum Sorous Cressi Estrees Noiers (1) Le Titre. — (2) Tully. — 148 Bours Chignollo Villeroie Chinguigues Monstrelet Praiaulx Cruivrench Hanneu Cou réelles Bussu Authie Buigni-l'Àbbé Rollencourt Drugi Buires Bersacles Ponches Montigni Geruastres Millencourt Àuste Ilaimimont Sailli Nœufville Saint-Léger Senarmont Estarelle Mons Cataigni Monchiaux Campagne Cruaux (1) Viviers in Vimento Baiardes juxta Jurench Mouffliers Foucancourt Nuellemont Framerville Regnier-Escluse Holleville Hédicourt Vuauviller Ulcamp Cuchi La Cappelle Heoniller Arleux Chenincourt Bray Lannay Encre Houdincourt (2) Item in sua descr iptione continebantur centum et (1) Ne serait-ce pas le lieu appelé Crux dans Hariulfe et que Ton suppose La Croix-au-Bailly ? (2) Ces noms sont reproduits tels que nous les livre la copie de M. Merlet. — 149 — 17 villœ scu oppida non declarata aut nominatim specificata per totidem milites possessa per modum a dicta ecclesia , et unusquisque tenebatur servire do- mino abbati et conventui in armis et solemniter et maxime facere stagium propriis suis sumptibus in festis Nativitatis Domini, Paschse, Pentecostis et so- Iemnitatum patris nostri beati Richarii cum suis fa- miliaribus, et toties quoties erant rcquisiti, et quando necessarium erat , serviebant in curia ballivii more solito et consueto absque contradictione. XV Elizachar , 9e abbé. — Son éloge. — Il interdit aux femmes l'entrée du couvent. — Miracles au tombeau de saint Riquier. — Ribold , loc abbé. — Reliques données à l'abbaye par Louis-le-Pieux. — Ribold déplace le corps du bienheureux Augilbert. — Louis- le -Pieux répudie sa femme Judith. — Lothaire. — Louis-le-Chauve. — Epitapbe inscrite par Ribold sur le tombeau d'Angilbert. Elizachar fuit nonus abbas hujus cenobii Centu- Iensis-, fuit nobilis vir et inclitus, religiosus, et ipse fuit pastor et rector uno et eodem tempore monas- teriorum de Gemeuges et Centulencis propter aftini- tatem quas habebant tune temporis insimul praedicta duo monasteria. Qui quidem Elizacbar fuit tam sanctse vitœ et conversationis in religione quod prohibuit mu- lieres intrare metas et ambitum cenobii Centulensis ; et ita sancte vixit quod , ut pie creditur , in fine suorum dierum meruisset babere regnum cœlestc; et suo tempore fuerunt facta infmita miracula ad tumulum et sepulcrum S'1 Richarii de quibus cronica narrât aliqua specialia , foliis fi 9 et 50. Et iste Elizachar — 150 — regnabat anno Domini 815 (sic), régnante Ludovico Pio tilio Charoli-magni, rege et imperatore sicut prae- fatus Charolus-magnus. Riboldus (1) decimus abbas nobilis et splendens co- ram Deo et bominibus suo tempore, ita laudabiliter rexit monasterium Centulense quod inter cetera monasteria regni religione praefulgebat, adeo et in tantum quod Ludovicus pius rex et imperator successor Charoli- magni magnas et prœtiosas reliquias quas de Cons- tantinopolitana civitate secum apportaverat praedicto monasterio condonavit ; videlicet de calceamentis Do- mini nostri qua3 portavit in juventute , de snprema parte lancese perforantis corpus Domini nostri; decem lapides portantes rubiginem sanguinis sancti Stepbani et de sanguine ejus. Et iste Riboldus transtulit corpus sanctissimum beati Angilberto (sic) a loco ubi jacuerat 28 annis, scilicet ante portam majoris ecclesiœ, sicut scriptum est inferius , ad alium locum , scilicet in porta chori. Et tempore suo dictas Ludovicus rex et imperator dimisit Judith reginam suam sponsam , et ejectus a regno per annum , et inde revocatus in gradum pristinum, et vixit 26 annis. Et, ipso mor- tuo , regnavit Lotarius in Lombardia , et Charolus dictus le Chaus in Francia. Iste Riboldus super tu- mulum S'1 Angilberti fecit describere versus sequentes: Hoc recubat busto inemorabilis Angilbertus (2) ; Almilicans hujus spiritus astra colit. Mensis Martii obiit bissenis ipse calcndis ; (1) C'est cet abbé qu'Hariulfe, suivant le Spicilegc, appelle Ribbodo. (2) Imprimé dans d'Achery, Spicilège , t. n , p. 313 , avec — 154 — Construxit templum quod retinet tumulum. Et fuit Augusti Charoli sub tempore Magni, Dogmatibus clarus, principibus socius. Ante fores templi jussit qui se tumulari, Biboldo bue abbas traustulit ac posuit. Post nnnos obitus bis deuos ejus et octo, Corpore (sic) integer insolito est. XVI Louis, 11e abbé, 844. — Miracles dans l'église de Saint-Riquier. — Invasions des Danois. — Abandon du couvent par les re- ligieux qui emportent le corps de saint Riquier. — Nithard, 12e abbé, (ils de saint Angilbert. — 11 défend le Ponthieu en qualité de comte. — Sa mort. — Raoul, 13e abbé et comte de Ponthieu. — Helgaud, d'abord comte de Ponthieu et de Mon- ticuil, fonde Saint-Sauveur a Montrcuil. — Il est élu 14" abbé de Saint-Riquier. — Il donne le comté de Ponthieu et de Mon- trcuil à son lils unique Helvin. — Il aliène Rolleneourt. — L'abbaye perd le comté, de Ponthieu qui lui appartenait par droit paternel, à cause de son bienheureux patron. — Helgaud défend le Ponthieu et le Vimeu où étaient peu de châteaux et de vil- lages fortifiés. — Pourquoi l'abbaye nomme des abbés nobles. Ludovicus, undecimus abbas Centulensis, oriundus ex regali progenie, vir sanctae conversationis et vitœ laudabilis , fuit abbas anno Domini «S44 , tempore quelques différences ; ainsi pour les deux premiers vers on lit dans le Spicilège : Hoc recubat busto seœper meniorabilis abba Angilbertus, ovans snirilus astra colit. pour le cinquième vers : Et cluit Augusti Karoli sub tempore Magni. et pour le dixième et dernier vers de cette épitaphe : Corpore cutn nactus integer insolito est. — 152 — domini Sergii pappae , et 4° anno regni rcgis Charoli-Calvi. Et suo tempore fuerunt facta infinita miracula in ecclesia S" Richarii. Erat cognatus ger- raanus dicti Charoli-Calvi régis, et impetravit confir- mationem rerum temporalium luijus ccnobii. Tempore Ludovici abbatis invaserunt regnum qusedam gentes gallican nomine Danois et destruxerunt quam plu rima sacra super Sequanam ; et prœ timoré dictus Ludo- vicus et sui coreligiosi exierunt et dimiserunt ceno- bium, et secum asportaverunt corpus beati Uicharii et sanctuaria cum ornamentis: tribus scptimanis elapsis, regressi sunt preefatus abbas et religiosi in die re- surrectionis Domini processionabiliter et cum gaudio magno a populo vulgari et clero suscepti -, ibidem facta plurima miracula contenta et declarata folio... (sic). Mitardus (sic) fuit duodecimus abbas Centulensis et filius S'1 Angilberti et dominas Bertœ filiœ Charoli-magni. Iste erat cornes Pontivi et patriam istam habebat in cus- todiam ; et eundo contra paganos et Saracenos babuit Danos inobviam , cum quibus constituit prœlium , et ibidem recepit vulnus grave ex quo migravit à sœculo. Radulpiius vir nobilis et imper ialis , philosophia ornatus et devotus, frater Judith imperatricis uxoris régis Ludovici Pii successoris Charoli-magni, decimus tertius abbas Centulensis , et instructus prudentia et moribus , erat avunculus Charoli régis , et tempore suae juventutis religiosus in dicto cenobio. Ipse erat cornes Pontivi et suo nepoti régi nobis impetravit sex villas quarum nomina hic non describentur, et multa bona impetravit nobis ex auxilio parentum. Et, ipso defuncto , fratres descripserunt rotulum autenticum quod nunc est in arca conventus , ut omnes nobis — 153 — associati pro anima ejus orationum suffragia apud Dominum impetrarcnt; et hœc fuit prima descriptio rotuli hujus cenobii. Helgaudus primo cornes Pontivi et Mensteroli, aliter le comte Hergot, uxoratus et secularis princeps, repa- rator et pro magna parte fundator S,! Salvi in Mons- terolo, fuit abbas electus hujus cenobii J4,,s. Habebat unicum filium legitimum nominc Helvinum, et, uxore ejus mortua, statuit eum comitem Pontivi et Monste- roli, et per modum advocationis dédit cuidam militi villam nostram de Rollcncourt ; et ex illa hora per- didimus comitatum Pontivi jure paterno pertinentem beatissimo patrono nostro. Sste Helgaudus fuit def- fensor totius Pontivi et Vimenti, in quibus erant pauca castra et villœ munitœ ; et ideo necesse fuit nobis eligere abbates generosos et bene natos. XVII Gulfo , 15° abbé. — Son éloge. — 11 gouverne vers 864. — Miracles au tombeau de saint Riquier. — Gulfo est abbé de Sainte-Colombe , à Sens. — Acquisitions pour l'abbaye. — Il fait enchâsser la tète de saint Riquier dans un vase d'or et d'argent. — Miracle. — Reliques données par l'évèquc. d'Amiens. — Reliques données par l'abbaye de Fontenelles. — Ravages de la guerre à Chevincourt. — Reliques données par l'abbaye de Sainte-Colombe. — Reliques obtenues de Rome. — Privilège pour Arleux et Rray sur la Somme. — Luminaire perpétuel devant le chef de. saint Riquier. — Miracles. Gulfo (1) decimus quintus abbas ex nobili et regali génère procreatus , fidelis et devotus erga Dcum et (1) Hariulfe, suivant le Spicilege, l'appelle Guelfo. — 154 — homines, humilis et benignus suis subditis, dilectus a regibus caeterisque principibus, et regebat monas- terium circa annum Domini S04. Et suo tempore f'uerunt facta multa miracula circa tumulum S" Ri- charii. Qui quidem Gulfo sua prudentia et experta devotione et religione insimul rexit cenobium et ha- buit regimen et administrationem monasteriorum Cen- tulensis et S,œ Columbae Senonensis; et multa acquisivit huic ecclesia?. Et tune temporis regnabat Charolus Calvus. lste Gulfo , anno Domini 804 , 6° calendas novembris , extraxit a feretro seu capsa S" Ricliarii cum omni reverentia pariter et honore caput Sli Ri- cliarii , et incapsari fecit in una vase aureo et ar- genteo , lapidibus prœtiosis ornato ; et in eadem translatione quidam servus Imjus cenobii nomine Giraudus csecus non a natura , meritis et precibus Sli Ricliarii , palam et publiée recepit sanitatem. Et eodem tempore quidam religiosus nomine Oldelplius cantor et thesaurarius hujus cenobii qui anno Domini 805 requisivit dominum Hilmcrardum episcopum Am- bianensem ut sibi dare dignaretur partem et por- tionem sanctarum reliquiarum ecclesiœ Àmbianensis : qui petitioni viri per Samuelem ejus discipulum niisit partem ossium beati Honorati conlessoris, de genibus beatorum martirum Fussiani , Victorici et Gentiani , partem digiti S11 (sic) Item dictus cantor et the- sauriarus (sic) impetravit a religiosis cenobii de Fon- tenelles reliquias S,: Vuandrelli et S'1 Auberti , Sli Salvii martiris-, item ab episcopo Belvacensi de ossi- bus S" Luciani , Sli Justi : et omnia illa sanctuaria imposita sunt cum capite sacrosancti Ricliarii. Item ipse Guelfo impetravit privilegium a rege prœdicto — 155 — Ludovico suo cognato contra molestares et gentem bellicam devastantem et dissipantem bona hujus ce- nobii in villa et subditis nostris de Chenincourt anno Doraini S62. Item dictus thesauriarus et cantor impe- travit a dicto cenobio Sue Columbœ unum de ossibus suas scapulae ; item de ossibus S'1 Dionisii viri mar- tiris , de capite beati Mauricii , de camisia sanguine tersa beati Exuperii. Et eo tempore dictus rex Charolus dictus le Chauve misit Romain quemdam rdigiosum hujus cenobii dis- cretum nomine Ansseius , quem recepit honorilice pappa Nicolaus -, qui impetravit partem corporis S'1 Joannis martiris , et partem brachii beati Alexandri pappœ quinti post beatum Petrum, de sancta Eelicia matre septem-Fratrum, cum alia maxima multitudine sanctorum Dei. Item dictus Guelfe impetravit a prae- dicto rege Cliarolo suo cognato privilegium pro nostris subditis de Àrleux et Braio super Somonam , et or- dinavit tria luminaria cerea perpétua in ecclesia Sli Kicharii et ante ejus prœtiosum caput cum ceteris reliquiis ; illa luminaria persolvenda super redditibus et decimis prope Bersacles; et de prœsenti terroto- rium (sic) nominatur terrilorium Ihesaurariœ ecclesiœ Sli Richarii. Et eo tempore ante caput Sli Ricliarii fuerunt l'acta quinque miracula magna et manifesta contenta et declarata , folio 57 in cronica. XYI11 Carloman, fils de Ch;iiies-le-Chauve, 16e abbé. — Il obtient la restitution de Drucat à l'abbaye. — Défaite de quinze mille Danois par Charles-le-Cbauve. — Charles-le-Chauve empereur — 156 - des Romains. — 11 retrouve un clou et une épine du cru- cifiement. — Il institue le lendis à Saint-Denis, et l'église de Saint-Corneille à Compiègne. — Carloman perd la faveur de l'Empereur son père. — Son épitaphe. Carlo-magnus fait decimus sextus abbas bujus ce- nobii , et fuit filius legitimus Ludovici Calvi régis Francorum. Iste fuit bumilis et devotus et in ordine religionis splendens, et ipso existente in palatio regio, requisivit suo patri quod villa de Drucat alienata per Henricum 8"m abbatem nobis restitueretur : et quam villam de Drucat cum suis appenditiis quidam miles nobilis nomine Haugarius quoad vixerat in humanis obtinebat et obtinuit, et illo conciderato quod here- dem procreatum in matrimonio non diviserat, dictus rex nobis possessionem secundam concessit , addito quod ante quodlibet altare hujus ecclesiae cum tribus luminariis praediclis esset lampas cum oleo perpetuo ardens. Et immédiate dictus rex subjugavit quinque millia Dannorum aut Normannorum paganorum , et instituit juxta villam S'1 Dionisii inditum quod dicitur le lendis. Et inde factus fuit imperator Komanorum, et ab ecclesia beatœ Mariée de Àys in Aimai) ia re- cuperavit unum clavum quo conclavatus fuit Dominus noster super aram crucis et unam spinain suée co- ronœ; quee sanctuaria rex Charolus-magnus et impe- rator in Constantinopolitana civitate asportaverat; et per summum pontificem fecit ratifficare benedictioncm inditi id est du lendis, videlicet assistentibus et prœ- sentibus in dicta benedictione et vere penitentibus, tertiam partent et remissionem omnium suorum pec- catorum. Iste rex vixit imperator duobus annis et — 157 — praecipitatus per quemdam Judeeum suum medicum , et septum fuit ejus corpus in medio chori S,! Dionisii. Iste vixit in diebus suis 25 annis, et fundavit eccle- siani Sli Cornelii Compendiensis, et dictavit et scripsit responsorium apostolorum. Tamen prsefatus Charolus- magnus abbas perdidit gratiam sui patris régis et imperatoris : de qua perditione médium ignoratur ; sed super sepulcrum ejus J'ratres bujus cenobii scrip- serunt versus sequentes : Aurea sceptra tibi sors Charlo-magne probat (1), Ut morum gcnerisque simul probitatc cluenti : Omnia sed spernens nihilum , quandoque futura Gaudes seterni gestans insignia regni. Hœc sunt, Cbristo, tuis quai douas praemia sanctis, Ut te participant qui te super omnia quœrunt. XIX Hugues , abbé non compté dans la liste générale. — Gébert , 17e abbé. — Hébert, 18e abbé. — Ojîedeyald, 19e abbé. — Leur éloge.— Invasion des barbares. — Histoire d'Isembart. — Reliques enchâssées par peur. — La tombe d'Isembart au lieu dit Bore fontaine. — Mort de Louis-à-la-Barbe. — Ruine du comté de Ponthieu et de Monlreuil et du pays de Vimeu. — Arnould de Flandres prend Monlreuil , Centrale , le Pon- thieu et la ville de Saint-Valéry, etc. — Gébert, abbé séculier, avait été déposé par les religieux parce qu'il ne voulait pas (1) Imprimé dans d'Achery, Spicilège, t. n, p. 322, avec deux variantes. Pour le premier vers : Aurea sce^lra tibi sors Karlomanne narubal... Pour le dernier : Ut te percipïîuit, qui te super omnia quarunt. — 158 — prendre l'habit de religion, et on lui avait concédé* pour vivre en laïque, le village de Bussu. Hugo abbas Centulcnsis : liic in numéro non ponitur propter causas inl'erius dcclarandas. Gebertus septimus decimus abbas Centulcnsis, Hebertus (1) octavus decimus abbas Centulcnsis, Obedevaldus (2) nonus decimus abbas Centu- lensis ; Facta et gesta istorum quatuor abbatum ignoranlur, licct reperiantur quod ipsi fuerunt famosi viri et re- ligiosi ; et ratio hujus potest esse quod anno Domini 881 vel circiter, et tempore Ludovici-à-la-liarbc régis et Charoli-magni ejus fratris qui diviserunt hoc re- gnum , venerunt in Francia rex Garamondus et duo alii reges pagani infidèles cum magna inultitudine Saracenorum , per regimen et conductum Isembardi dicti le Signourc lîlii domini- de Firmitate juxta S""" Kicharum, cognati Helvini comitis Pontivi et Monste- roli et nepotis Helgaudi 141 abbatis hujus cenobii -, et ut narrât cronica, iste Isembardus erafr advocatus et nomine advocationis gallice avourie jure heredita- rio et paterno erat dominus de la Ferté et propter sua lbrefacta et nefanda exulatus , expulsus a regno (1) Cet abbé, ou le précédent, est appelé par Hariulfe, Herebertus. Spicilège, p. 322. (2) C'est celui qu'Hariulfe appelle Hedenoldus (Spicilège, p. 322), et le P. Ignace, Hedevold (Hist. ecclésiastique, p. 44 i). Du reste, Hariulfe et Jean de la Chapelle ne sont pas com- plètement d'accord sur ces quatre abbés. — 159 — isto et fugitivus , refugium accepit negando Jesum dominum cum prœdicto rege Garamondo recipiente eum honorifice cum magnis donis : et ut vindictam habere posset a rege Ludovico à -la-Barbe suo avun- culo secum adduxit praefatos reges cum magna acie et magno exercitu ; et transfretando mare intraverunt portus marinos Flandriae , Boloniae et S1' Yalarici et Crottoy , comburendo et corruendo omnia aedificia comitatus Pontivi. Super quibus habuerunt admirari fratres bujtis cenobii, et in tant lira quod quidam re- ligiosus et thesaurarius bujus ecclesiœ nomine Seuve nobilis generis , qui prae timoré incapsari fecit ma- jorera partem sanctuariorum ne périrent, scilicet ca- ligulam juventutis Domini altitudinis vel longitudinis unius cubitus, cuspidem lancese perforantis latus Do- mini, decem lapides tincti sanguine S'1 Stephani, cum quampluribus aliis, et secura in ecclesia S1* Columbee Senonensi asportavit ut illa sanctuaria praeservaret : et quod honorifice fuit receptus , placuit ei moram trahere in dicto cenobio S'* Columbee , et post suc- cessionis temporis electus est abbas dicti loci et in posterum archiepiscopus ; et sic ecclesia Sli Bicharii pro raajori parte sanctuariorum expoliata , exceptis quibusdam per processus et aliter recuperatis. Post- modum isti très reges et dictus lsembardus le Sei- gnoure destruxerunt comitatura Pontivi et Vimenti cura omnibus suis ecclesiis , intraverunt ecclesiam istam et cura magno ululatu fregerunt caput et membra crucilixi emittentis palam et publiée sanguinis effusionem, et igné grœco destruxerunt omnia edilicia hujus cenobii cum omnibus cartis et privilegiis. Quae cum audisset prœdicta, dictus rex Ludovicus-à-la-Barbe — 160 — in propria persona cum magno cxercitu gentis bellicœ inobviam vcnit prœdictis regibus, Isembardo Senoriato cum suis consodalibus; et in Vimento propria mano praei'ator regem Garamondum et Isembardum Ian- cea corpora perforavit, et ex illis vulneribus mortui sunt ut canes. Et sicut cronica narrât, dictus Gara- mondus sepultus est in villa de Vinacourt, quia ejus cadaver repertum est in quodam sepulcro ; et dictus Isembardus tuniulatus est in sterquilinio et terra pro- fana , subtus locum dictum Borefontaine juxta suum castellum de Firmitate aliter de la Ferté -, et iste Isembardus nominabatur rex de Bocbidant. Viscera et régis dicti boni régis et imperatoris Ludovici-à-la- Barbe fuerunt commota et perturbata adeo quod , tredecim diebus transanctis et elapsis , migravit ad Dominum et diem clausit extremam. Tempore illo , posteritas istorum trium infidelium regum vigebat et regnabat, ita ut comitatus Pontivi et Monsteroli et Vimentum corruebant , et in eis maxime vigebat ruina. Itaque cornes Arnoldus Flandriœ subjugavit Monsterolum, Centulam, Pontivum et villam Sl! Vua- larici super mare , et vi et violentia rapuit et alie- navit bona istarum ecclesiarum et per cautellam unius clerici nominc Hercbembaudus abbas ejusdem congregationis clericorum , laicorum existentium in ecclesia Su Vualarici, et consilio istius clerici abbatis corpora S",r"m Richarii et Vualarici transtulit in cas- tello Monsteroli. Et tune temporis Gibertus septimus decimus abbas bujus cenobii non religiosus , sed electus postulatus clericus secularis , a fratribus et religiosis fuit ejectus, non malo regimine suo aut de- meritis , sed quia noluit accipere babitum religionis; — 161 — et licet posse suo aliquo modo reparasset ecclesiam et officinas liujus ecclesiae super vetera fundamenta , non tanien placuit populo quod unus Iaicus haberet tantum regimen ; et a religiosis et a populo Centu- lensi ei fuit deputata villa de Bussu cum suis ap- penditiis ut viveret in humanis (1). XX Fulgéric, 20e abbé, élu parmi les religieux. — Son éloge. — Comment il recouvre les reliques de saint Riquier. — Le comte Arnould le poursuit. — Apparition de saint Riquier sur le Mont-des-Anges ou Nulemont. — Le comte Arnould reprend les reliques de saint Riquier et les porte dans l'église de Saint-Rertin à Saint-Omer. Fulgericus (2) vieesimus abbas Centulensis anno Domini 940 aut circiter fuit electus inter fratres et re- ligiosos, tempore Ludovici quinti (ilii Charoli Simplicis. Iste fuit magnae considerationis , semper desiderans recuperare corpus sanctissimum sui patroni : et de nocte intravit Monsterolum super equum griseum, et de nocte accessit ad quemdam custodem seu sacristain reliquiarum ecclesiae S" Salvii , eidem monstrando et declarando molestias et gravamina qua3 intulerat cornes Arnoldus rapiendo corpus sanctissimum pa- troni sui ; qui ei promisit restituere , et in ipso (1) 11 mourut à Bussu même, suivant Hariulfe. Spicilège, p. 324. — Et le 17° abbé de Saint-Riquier est appelé, à cette occasion, Gerbert, par l'auteur du Chronicon Cenlulense. (2) Hariulfe écrit Fulchericus. Spicilège, p. 324. M — 462 — sedente super equum corpus restauravit: et ea res- taurando equus iste propter reverentiam corporis sancti, genibus Uexis, humiliavit caput suum et oscu- latus est terram : quo corpore supposito gaudens et f'eslinus repatriavit dictus Fulgericus secum deportans super equuni dictum sacrum corpus. Et spatio inter- posito , dictus custos , ut ab omnibus excusaretur , emisit clamores et magnos tumultus , fingendo se ignorantem. Quo audito , omnes babitantes aut pro majori parte dicti loci cum suo comité Arnoldo se- cuti sunt festinantes , et in monte dicto Mons Ange- lorum , in quo stat cappella beatae Mariœ , distante a cenobio et villa Centulensi quasi tribus milliariis, attingere volebant dictum Fulgericum et recuperare corpus sanctissimum , quod non permisit dominus Jésus ; quod , quasi bora nona de mane et sole lu- cente , super preefatum Montem Angelorum , inter prœfatos comitem , suos consodales et preefatum Ful- gericum abbatem deportantem super album equum corpus S'1 Richarii, intervenit nnbes magna, inimicos offuscans et quasi cœcos non cognoscentes se invicem; et inde vocatur Mons nebulosus , vulgante Nulemont , usque in diem hodiernum. Sed tamquam obstinatus dictus cornes Arnoldus , quia sciebat Centulam dis- tinctam (sic) et muros ejus eversos a prœdicto rege Garamondo, anno Domini 952 iterum et pro secunda vice sustulit corpus prœfatum sanctissimi patris nos- tri ; et illud imposuit in ecclesia S" Bertini , in villa sua S,: Odomari , tempore Lotarii régis patris Ludo- vici sexti, quo tempore finivit tertia generatio regum Francias. Iste Lotarius rex régna vit 31 annis et se- pultus est in ecclesia beati Remigii Remensis. — 163 XXI Ingelrard, 21e abbé, d'abord moine de Corbie. — Il gouverne Saint-Riquier au temps de Louis, fils de Lothaire.— Hugues Capet. — Ses enfants.— Apparition de saint Valéry à Hugues Capet. — L'église de Saint-Riquier reconstruite. — Arnould rend le corps de saint Riquier. — Vers écrits dans la châsse du saint. Ingelrardus (1) vicesimus primus abbas Centulen- sis, generosus et nobilis, primo monachus Corbisensis, rexit monasterium temporibus Ludovici filii Lotarii , qui regnavit unico anno. Et , ipso mortuo , cepit regnare anno Domini 981 Hugo Cappet filins Hugonis Magni comitis de Poitiers. Et ipse Hugo habuit très tilios, videlicet Ottonem, Henricum et Hugonem Capet comitem palatii Parisiensis et ducem Aurelianensem. Iste Hugo Capet fuit rex non electus , sed rapuit regnura. Et , ipso dormiente , apparuit ei in spiritu S,us Yualaricus qui dixit : « Dominus mandat tibi ut " récupères corpora S'1 Richarii et Vualarici condi- » toris abbatiœ Foresti-monasterii , et restituas illa " in ecclesiis suis; et inde accipies mercedem, quod " tu et tua posteritas usque in septimam generatio- » nem possidebitis pacifiée regnum Francise ; quse » corpora Arnulpbus cornes Flandriee dum vivebat » furatus est et ea posuit in ecclesia beati Bertini in » Sto Odomaro. »> Et subito misit cartas filio dicti (1) Hariulfe l'appelle Ingelardus (Spicilège, p. 325), et Jean de la Chapelle lui donne plus loin le même nom. — 104 — comitis qui non fuit ausus resistcre et promisit res- tituere : quo audito, dicto Ingelardo juvenc et diacono licet abbate cepit reedifficare ecclesiam istam , non tanti ambitus quanti fuerat , sed restringendo eo modo quo est in quantitate de prœsenti : quee pla- cuit omnibus et maxime Ilugoni Capet régi ; cui misit legationem pacis dictus Arnoldus cornes (1) , dicendo quod in novis capsis argenteis remitteret corpora sancta. Et in capsa S'1 Richarii fecit scribere versus sequentes : Arnulphi comitis versus hos dicto sciatis (2), Qaos solidus Domino fecerat ipse pio. Istum Richario lectum qui condidit almo, Collocavit ei membra pudica sui ; et in feretro S" Yualarici scripsit versus sequentes : Interius sanctus requiem capit hic Valaricus , Arnulphi prœpotens prœtio cœlestia sumens. Quo audito , rex Hugo Cappet in propria persona cum magno exercitu expectavit relationcm dictorum sanctorum cum devotione et fletu laetitiœ, midis pe- dibus, regulari clero et vulgari, inobviam venit et jussit die secunda junii corpus Sl! Yualarici reddi in (1) C'est celui qu'on appelle Arnould II. (2) De ces quatre vers, que nous reproduisons suivant la copie de M. Merlet, conforme au manuscrit conservé dans la collection de Dom Grenier, les trois premiers diffèrent du texte de la même épigraphe citée aussi par Hariulfe, Spicilége, p. 325 : AltMLPHI comitis «JUmiiiuverMiir. facla àciatis ; Quo? sblitus domino tecerat ipse pio. Istud Richario leclum qui condidît almo... etc. — 16b — sua ecclesia, et non obstante quod mare fuisset turba tum extra modum communem, tamen Burgardus cornes Parisiensis et Oliardus vicecomes Vincenti (sic) (1) super humera sua corpus beati Vualarici imposue- runt, et immédiate mare quievit, et erat quasi im- mobile sine fluctibus. Relatio patroni nostri S" Ri- charii, tempore dicti lngelradi abbatis et in prœsentia locius sui cleri , militum , populi , fuit facta 3a die junii , eo modo sequente : sciiicet quod dictus rex Hugo Capet, nudis capite et pedibus, cum gratiarum actione et omnibus sic assistentibus, in propria per- sona cum canticis et laudibus corpus sanctissimum deportavit et super majus altare bujus ecclesiae repo- suit. Et licet, prae multitudine gentis bellicae et aciei exercitus , ab equis et popula (sic) blada et grana fuissent pedibus conculcata et devastata , adeo quod non erat spes messis nec merces laboris , tamen in- tercessionibus et precibus beati Richarii, messis au- gusti fuit pinguior , utilior in bac provincia super omnibus aliis annis exceddens et abundans in omni fructu : itaque non est visus similis annus. Et eo tempore, imjpetravit dictus abbas excommunicationem a Joanne pappa in propria persona super illis qui detinebant vi , violentia aut nomine pignoris injuste villas, possessiones buic ecclesiœ pertinentes : et suas litteras direxit episcopus Ambianensis , Moricensis , Tornacensis et Cameracensis , mediantibus quibus recuperavit plures possessiones. Et quia comitatus Pontivi et Vimenti clade bellica corruerant nec erant villae muratse aut castra , ipse rex dédit privilegium (1) Du Vinieu. — Vincenti probablement mal lu pour Vimenti. — 166 — fortificandi villas nostras, aedifficandi castella murata ; et nomine advocationis , et ad protegendum nos et nostros subditos ab inimicis nostris , dédit praedictus rex Hugo Capet cuidam militi nomine Hugoni de Abbatisvilla generoso et nobili, sub illo titulo villam Abbatisvilla et Foresti-monasterii , sub conditione tamen quod abbas in eodem loco, tempore necessario et opportuno, per abbatem Sli Richarii nominabatur, et in suo grege et grernio ecclesiœ istius eligebatur sicut patet per litteras apostolicas super his con- cessas. XXII lngelrard aliène plusieurs lieux et des revenus. — Conventions avec l'évêque de Liège. — Aliénation du château de Dotn- mart. — Permission de bâtir des châteaux et de fortifier des villes. — Translation du corps de saint Vigor. Iste Ingelardus, quo spiritu ductus nescitur, trans- tulit et alienavit nomine pignoris plures villas, redditus et (sic), et fecit plures pactiones, conventiones, obligationes cum episcopo Leodiensi gallice de Liège; videlicet de Hoir, de Saicaille, de Bourses, de Gle- delles , de Nurcimont. Et tune temporis à domino hujus ecclesiœ sublatum et alienatum est castellum de Dommart cum suis appenditiis, et villa de Cuire, ad requestam dicti Hugonis de Abbatisvilla generi seu pulcri filii dicti régis , ducentis in uxorem filiam dicti Hugonis Capet : et possessoribus est data licentia specialis fortificandi , murandi villas illas , et eediffi- — 167 — candi castra in eis , contra impetum adversariorum istius cenobii et regni. De translatione Sli Vigoris. — Temporibus istorum régis et abbatis corpus St: Vigoris episcopi Baiocae civitatis Baieulx in Normannia regnantis in humanis tempore Childeberti régis et sepulti in sua ecclesia de Baieulx. Tempore isto , Danni infidèles quorum dux erat Radulphus primus dux îSormanniœ adbuc perse- quebantur patriam INeustriae quai dicitur Normania, et quidam clericus nomine Anisuena (?) sacrista magnée ecclesise cathedralis timuit illam iniquam gentein Danorum, et ne pateretur detrimentum in humanis, confidens et spem habens in S'" Vigore nato de Atre- bato, conclusit solus et resolutus quod secum aspor- taret apud Atrebatum corpus S,: Vigoris: et in quodam panno lineo involvit ossa sancta dicti confessoris, et cum inclinaretur jam dies et caderent de montibus umbrae, iter cepit versus Centulam, et ingressus do- mum cujusdam sui cognati germanni nomine Bernardi commorantis juxta portam Haron , ut aliqui dicunt , et in custodiam dédit dicto Bcrnardo ; qui ut secure et recondite haberet et secrète servarentur ei data , in custodiam imposuit ea in quadam archa quam habebat in ecclesia S'1 Richarii pro loco securo in quodam angulo. Et ipso Bernardo negotiante et in- digente aliquo alio existente in dicta archa , aperuit eam clave , et vidit visionem magnam ignis lucentis et non comburentis; unde habuit admirari et ea reve- lavit suo hospiti et cognato qui ei decla ravit quod in dicta archa jacebant reliquiee sanctœ et praetiosae quas secum deferebat, et eas \olebat celare et non alicui revelare, quod promisit dictus Bernardus adimplere. — 168 — Quœdam millier thediata et fessa in corpore propter niagnam distantiam et longitudinem viae pervenit ad ecclesiam Sli Bicharii causa peregrinationis et devo- tionis, et ignorans, ut quiesceret a labore, se projecit super pectus suum super archam dicti Bernardi exis- tentem in quodam nigro angulo dictas ecclesiaî: cujus mulier, voluntate divina, vestes et vestimenta ceperunt igné concremari ; quae alta voce palam et publiée exclamavit voce magna narrando eventum rei. Ad qucm clamorem supervenit et accessit dictus lnge- lardus abbas cum suis fratribus , a quibus auditis inquisivit diligenter cujus csset archa prsedicta , et mandavit praefatum Bernardum qui sibi narravit qua? viderat prius , et quod inclusa pertinebant cuidam suo cognato nomine Aniciano (sic) et ea ignorabat. Et illis auditis , prœfatus abbas mandavit dictum Anicianum clericum qui precibus et promissionibus narravit omnia superius declarata , et quod in ea erant ossa sanctissimi Vigoris episcopi Baiocae civi- tatis oriundi de Atrebato, et quod ea in eodem loco causis praedictis intendebat deportare. Nihilominus dictus abbas a praedicto spontanea voluntate et non coacte impetravit et meruit divina voluntate possi- dere ; et imediate incapsari fecit honorifice in capsa aurea et argentea et suam sanctissimam vitam et regendam (1) perquirere , ut inde divina celebra- rentur officia; et usque in hodiernum diem ab eventu igneo et igné accidenti et impetuoso requiritur pa- tronus et coadjutor infallibilis cum devotione requi- rentibus. (1) Probablement legendam. — ]<>«.) XXlll Translation du corps de saint Mauguille. — Construction de la chapelle de Saint-Mauguille hors des murs. — Le corps du saint est rapporté à l'abbaye pendant un orage qui n'éteint ni les cierges ni les luminaires. — Mort de Hugues Capet. — Mort d'Ingelrard. — Son épitaphe. De relatione et translatione sancti Magdelgesilii sicut est notum et manifestum. — Heatus Magdelgesilius (1) fuit socius S'1 Fulsei , et ambo erant transmarini ; ipsoque Stu Fulseo defuncto, S. Magdelgesilius intravit congregationein fratrum, et immédiate post quœsivit et impetravit, obtinuit eremum in quodam loco secreto non habitato super Altiliam, quod dicitur Monasterio- lum gallice Monslrelet et duxit austeram vitam : ibi defunctus et corpus sepultum per distanciam temporis ibi jacens. Sed dictus Ingelardus abbas cum audisset et vidisset plura miracula lieri super tumulum S11 Magdelgesilii , eonsilio habito a fratribus , perrexit 3° calendas junii ad dictum locum et secum magna processione corpus praetiosum asportavit et detulit ; et cum fratres vidissent ipsum coruscare miraculis , invidebant dicentes quod talis vir cujus acta , gesta et vita ignorabantur non debebat prae cœteris hono- rari. Et ut pacifiée viveret, dictus Ingelardus, cons- tituit sibi lieri capellam extra ambitum villae in qua poneretur et a lidelibus veneraretur ; quod factum ita : et in qua extra modum in populo frequenta- batur , ita quod duo ligna vix deportare poterant (1) Hariull'e écrit plus simplement Madelgisilus. — 170 — oblationes cerae et imaginum capitum , brachiorum , manuum, pedum et semilium : et illis de causis sta- tuit corpus praedictum in isto cenobio reponi et res- titui , quod et factuni est ; sed omni anno die 3a calendas junii processionabiliter reportabatur. Accidit tamen quod in regressu corporis abbatis et fratrum et in eadem die 3 calendas junii, tempus perturbatum est et nebulosum, cum ventis et pluviis , regnantibus tonitruo et scintillationibus et vaporibus in inferna regione aeris, quod omnes dicebant bora décima de mane quod erat nox et non dies, tamen publiée duo juvenes religiosi ante corpus sanctissimum cum duobus candelabris argenteis secum deferebant duos cereos et duo luminaria quœ nunquam defecerunt , sed in eis semper fuit lumen usque regressum, et dum feretrum seu capsa reponeretur in suo loco prœordinato. Et isto tempore prœfatus rex Hugo Capet postquam rexit novem annis migravit a sœculo, et sepultus est in eclesia (sic) S'1 Dionisii ; quo defuncto dictus ln- gelardus abbas ingressus est viam carnis universee , et super tumulum ejus describuntur versus sequentes: Materiale tuuni repetens Iiœc abba quiescit Ingelarde tumba dudum cœlica fingis Quem muudo gcnuit heroum clara propago, Baptîsmus Christo per verbum fontis et undam. Qui monachus primo, monachorum rector abinde, Rieharii sacrum sanctis quique barbarus hostis Precibus implerat reparari funditus aedem , Fervidus ac cacumen volvebat (sic) orbem ; Et tibi communem mors intulit aspera sortem (1). (l) La copie de ces vers— sauf à l'égard de trois — n'est — 171 — XXIV Robert succède à Hugues Capet. — Il bat les Normands et le duc de Bourgogne. — Ses lils. — Eloge de ce roi. — Il compose des cantiques. — Comment sa femme Constance comprenait le latin. — II écrit à l'abbé Jngelrard. — Comment il appelle son oncle Otbon. Et dum adhuc vivebat dictus Ingelardus abbas in senio , regnabat rex Robertus tilius Hugonis Capet anno 997 ; et eo tempore immania Danorum nunc Normanorum subjugavit , ducatum Burgundiee , et duxit in uxorem Constantiam filiam comitis Dalle , et ex ea genuit 4 filios Hugonem episcopum Altis- siodorensem, Henricum regem Francorum, Robertum ducem Burgundiae et Odum juvenem, et unam filiam uxorem Reginaldi comitis de Nevers. Iste rex fuit magnus clericus et litteratus, et sœpe regebat chorum cum tribus aliis religiosis in festis solemnibus in ecclesia S,: Dionisii : erat magnus orator et summus musicus , et composuit litteram et cantum sequentia et prosam Pentbecostes et Sancti Spiritus , et res- ponsorium nativitatis 0 Juda et Hierusalem , respon- pas conforme au texte que d'Achery nous a conservé d'après Hariulfe, Spicilege, p. 330 : Materiale tuum repctens hic Àbba quiescis Ingelarde, luba revocet dura cœlica lunctos : Richarii sacram sancti, qiiam barbarus hoslis Vepribtis implerat, reparasti funditus .edera Fervidus, At quintmn volvebat jimius orhem, Dura tibi coimuunem mors intulit aspera sortein. — 172 — sorium martirum Concède nabis , et de S'° Petro Cornélius etc.; et quod manu propria in scriptis et dictamine quam cantu imposuit super altare beati Pétri in ecclesia romana. Et dum cantabat in eccle- siis , semper habebat in manu sceptrum regium , vestem regalem et coronam auream in capite. Et semel Constantia ejus uxor urbane ludens petiit ab eo sibi fieri quoddam carmen et cantilenam ; et in bonore beatorum Dionisii, sociorum suorum et alio- rum martirum descripsit et in cantu composuit res- ponsorium O constantia martirum : quod responsorium dicta Constantia non intelligens credebat de semel ipsa esse memoria, non intelligens vcrba latina de quibus scripsit dictus rex. Et omnia ista misit et descripsit pênes dictum lngelardum et istud caenobium ut inde nobis esset memoria, et plura alia dictamina propria manu dicti régis scripta ; et de quibus imperator Otbon ejus avunculus verba derisoria emisit , eum cantorem vocans , et dictus Uobertus appellavit eum asinum inutilem ; pro quibus contumelia inter eos , paucœ tamen durationis XXV Ingerran, 22e abbé, 11*5. à Saint-Riquier. — Songe de sa mère. — Eloge de cet abbé. — 11 va à Rome. — 11 est nommé abbé. — 11 écrit la vie de saint Riquier et de plusieurs autres saints. Ingerrainmjs fuit vicesimus 2"s abbas hujus eccle- siee. lpse fuit oriundus de oppido sancti Kicbarii , et in nocte qua fuit conceptus mater ejus in spiritu - 173 - vidit unum signum mirabile, videlicet quod ei vide- batur vidore cingulum seu zonam aut corrigiam cir- cumdantem totum ambitum murorum Sli Richarii sicut stabat in suo circuitu; quod pater et mater habuerunt gratum laudando Dominum cum actionibus gratiarum de tali proie futura. Iste Ingerranus fuit instructus in artibus liberalibus, summus grammaticus, logicus, orator et musicus a beato Fulgentio Carnotensi epis- copo gaudente de tali discipulo : et de suis coaetaneis non erat ei similis ; fuit magnus moralis et magnus tbeologus, ita quod, ipso existente juvene religioso, rex Robertus tune regnans eum duxit secum ad Ro- manam ecclesiam ; semper splendens et in operibus bonis lucens , et cœpit facere quee docebat semper , erudiens indoctos : de quibus rex babuit admirari , et eum voluit multotiens promovere ad abbatialem gradum in regno ; quo cognito , repatriavit ad pro- prium monasterium Centulae , et eo facto , decessit abbas prœdictus lngelardus , et dictus Ingelrannus a fratribus electus et postulatus ; qui refutavit et clam discessit , et in secreto loco latuit : quibus ad per- sonam régis Roberti provenientibus, in propria per- sona perrexit, et in hoc loco sacro monitione carita- tiva eum coegit accipere onus pastorale. Quo adepto, otiosus non fuit , vanus aut dissolutus , sed rite et ordinate vitas patrum sanctorum descripsit, et misit in litteram cantu gesta beati Richarii, sancti Valarici, SLi Vulfrani arebiepiscopi confessorum, S" Vincentii le- vitee, et S1* Austrebertœ virginis. Guidone Ambianensi episcopo ejus discipulo et sustinendo jura cœnobii Centulensis multas injurias passus est , et tribula- tiones , opprobria et verberationes , quœ patienter — (174 — portabat : largus et benignus semper erga pauperes et desolatos existens et egenis , corrector vitiorum , auctor virtutum ; itaque ab omnibus vulgaribus In- gelranus sapiens apellabatur : ipse saepissime in an- gustiis populi regressum habebat ad tumulum et feretrum S" Richarii et ejus sacris intercessionibus multa miracula inenarrabilia Dominus omnipotens faciebat in populo. XXVI Actes d'Ingerran. Specialiter renovavit cartam sui prœdecessoris In- gelardi abbatis super possessionibus existentibus in episcopatu Leodiensi ; et immédiate intravit partes Normaniœ seu Neustriee, et monuit Richardum ducem Normaniee ut ecclesiœ S" Richarii aliquid donaret ; qui quidem dux propria manu ei dédit quandam ca- sulam purpuream seu punicei coloris auro et serico contextam , et magnam decimam de Scabellinilla (1) juxta Honnefluctum, Honnesleu, ei describendo et si- gnando seu sigillando cartam et litteram authenticam continentem donum perpetuum in augmentationem unius religiosi et in remedium peccatorum prœdicti Richardi, ejus uxoris, sui patris et matris et suorum liberorum ; et lioc in preesentia Koberti Hothoma- gensis archiepiscopi , qui similiter ei dédit unum dorsale aureum 5 et in regressu intravit abbatiam et cenobium S11 Aubani in dicto ducatu , et inquisivit (1) Pour Scabcllivilla. — 175 — de vita et gestis , de morte Su Vigoris , religiosis declarando quod in monasterio S'1 Richarii totum ejus corpus quiescebat, et ipsis contradicentibus di- xerunt se babere inferiorem manibulam capitis dicti sancti, quod repertum est esse verum per prœlatum lngerrannum. Item prœi'ati religiosi ei declaraverunt quod migraverat a sœculo in festivitate omnium sanc- torum; et inde die sequenti, in die commemorationis sanctarum animarum instituit ejus transitum solem- nisare annuatim perpetuis temporibus , ejus gesta et facta dictavit et in cantu composuit et ornavit. Et in illo tempore a comité Pontivi recuperavit huic ecclesiœ et rejunxit villam de Conteville nobis su- blatam. Et eo tempore migravit a sœculo rex Ro- bertus , postquam rexerat 34. annis hoc regnum , et œdificaverat ecclesiam S" Avianni, ecclesiamque beatœ Mariae, eglesiam (sic) beati Clarii ante palatium Au- relianense, ecclesiam S11 Leodegarii in Mueline, eccle- siam Sli Marci in Vitry-le-Castel , S" Reguli in villa Silvanectensi , gallice Senlis , ecclesiam beatœ Mariœ in castello d'Estampes, S'1... (sic) in Rurgundia, eccle- siam beati Cassiani Parisiensis juxta palatium, eccle- siam Sli Nicholai, beatœ Yirginis in castello de Fussi. Et sepulti ipse et dicta Constantia in ecclesia Sli Dio- nisii; et immédiate Henricus ejus filius cœpit regnare anno 1031 , et cœpit Annam uxorem suam liliam Georgii in Sclavonia et Russianorum ; et ista fun- davit ecclesiam S'1 Vincentii Silvactansis (sic). Iste recuperavit villam de Noirvillers a quodam milite nominato Huberto familiari istius ecclesiœ qui exur- paverat cum cautella a nobis qui a suis prœdeces- soribus data fuerat et mutuata nomine pignoris. Et — 176 — anno I03ii rex Henricus sub ejus manu regebat prae- dictam villara et fine finali sententialiter et ipso sedente pro tribunali in propria persona jussit nobis reddi cum omnibus fructibus et redditibus, eo quod dictus Ilubertus contumelias et verberationes in per- sonam dicti lngerranni abbatis intulerat. XXVII Suite îles actes d'Ingerran. — II recouvre le moulin de Mi- randeul. — Ses aumônes. — Six miracles sont accomplis par ses prières auprès du tombeau de saint Riquier. — Vision du prieur Olgerar à son lit de mort. — L'abbé Ingerran écrit son épitapbc. — Eloge et mort de Guidon , abbé de Forét-Montiers. — Ingerran écrit son épitaphe. Item recuperavit nobis molendinum de Mirandeul juxta Montigni jamdiu alicnatum per suos preedeces- sores : et ut apparet, de ejus eleemosinis et miseri- cordia seminabat pecunias ante pedes pauperum , et fingebat invenisse pecuniam perditam ut baberet opportunitatem et colorem recolligendi et dandi pau- pcribus. Et ad requestam dicti S" Fulgentii episcopi Carnotensis sui doctoris egregii , dicti Guidonis Am- bianensis et Droconis Morinensis cpiscoporum suorum discipulorum , metris composuit acta , gesta , vitas gtorom Kicbarii, Valarici, Vulfiani confessons, Vincentii martiris, Austrebertaî virginis, et in cantu melodioso ex super abundanti reposuit et dictavit et descripsit. Et fuerunt i'acta illis diebus sex miracula ejus pre- cibus manifesta circa feretrum S11 Ricbarii , contenta et declarata i'oliis 79, 80, SI, in cronica papirea, in , _ 177 — lingua materna, cum quampluribus aliis non descriptis. lste Ingerannus habebat unum priorem religiosum bene famosum et devotum , discipulum Ingelardi sui preedecessoris nomine Oldegarum Cl), qui continuo stabat in ecclesia, et quoniam ei superveniebant im- pedimenta saecularia , ascendebat sub tectum ecclesiee ut secrète oraret ; et ita vixit et rexit. Qui in ejus obitu et dissolutione sui corporis , prœsente dicto Ingeranno ejus abbate, dixit palam et publiée : « Ecce » video cboros angelorum-, » deinde dixit: « Ecce vi- » deo choros propbetarum, choros apostorum (sic); » deinde : « Chorum martyrum, cborum confessorum; » et in fine : « Ecce video chorum virginum : » et emisit spiritum. lste Ingerannus sciens istum virum sanctum propriis manibus sepelivit ; et in capella St! Vincentii juxta ostium claustri , et descripsit super lapide versus sequentes : Justitice cultor fuit et bonitatis amator (2) Oldegerus in hoc qui recubat tumulo. Substraxit vitae quae lux februario (sic) noua, Speres et regno mittitur œthereo. lste Ingerrannus abbas instituerat Guidonem suum / (1) Hariulfe l'appelle Odelgerus (Spicilège, p. 336), et ce nom d'Odelgerus est aussi celui qu'il reproduit dans Pépitaphe com- posée par Ingerran. (2) II- y a encore de notables différences entre le texte fourni par Jean de la Chapelle et celui que nous laisse Hariulfe, suivant d'Achery. On lit dans le Spicilège, p. 336 : Jiisticîa? cuHor fuit et pîetatis amator Odelgerus, ïn Itoc qui recubat tumulo. Subtraxit vitae tjuein vix Februarîa noua, Ut spes est, regnu misit et aethereo. 12 — J78 — religiosum ubbatem Foresti-monasterii ; et quia bene rexerat fcatres et cenobium dicti loci, ipso dei'uncto, sepelivit eum cum dicto priore Oldegero in capella S'1 Yincentii marlyris juxta portam claustri. Iste (iuido fuit ut Thobias privatus à visu bumano , et inde precibus dicti Ingerranni restauratus miraculose. Et descripsit versus sequentes super ejus epitapbiuni : Mausoleum hic patrem reeolendum vita Guidonem (1) Cultus litteralis monstrat habere lapis. Extulit egregiœ quem mundo gratia vitœ , Sublimem mundus hune faciat precibus. XXVI11 Vieillesse d'Ingerran. — Effet de ses méditations sur l'enfer et et sur le ciel. — Foulques , iils du comte de Ponthieu, veut s'emparer du gouvernement (le l'abbaye. — II donne un grand repas dans le réfectoire. — Ingerran excommunie les convives. — Il meurt, et Foulques est nommé abbé, de Forèt-Montiers. — Gervin, 23e abbé, d'abord chanoine à Reims. — Grand ora- teur et lettré. — Moine à Verdun. — Sa famille. — Il va à Jérusalem. — Il est élu abbé de Saint-Riquier. • — Il se justifie en cour de. Rome de la licence qu'il prenait de prêcher sans autorisation apostolique, et reçoit l'autorisation de prêcher par toute la terre. — Il fait réédilier la chapelle de la Vierge dans la crypte, place dans l'église nombre de reliques rapportées par lui, orne l'autel de Saint-Riquier et fait la dédicace de plusieurs chapelles. Iste Ingerrannus senex et septuagenarius , decre- pitus , impotens et privatus ab omni vi naturali , (1) Soit par la faute de Jean de la Chapelle, suit par celle du premier copiste de sa chronique, les deux premiers vers — 179 — jacens super grabatum , aliquando flebat amare , et interrogantibus suis ministris et servitoribus decla- rabat et dicebat quod ejus fletus proveniebat ex meditatione et cogitatione peenarum et cruciatorum pro suis delictis et peccatis in inferno ; aliquando ridebat et laetus tamquam bilans facie apparebat, et interrogatus dicebat quod delectabatur super gaudiis praeparatis diligentibus Dominum. Àccidit autem quod. ipso existente paralitico , quidam ejus religiosus no- mine Folco , filio (sic) comitis Ingerranni Pontivi , litteras impetravit ab Henrico rege ut ipse intraret regimen pastoriale hujus ecclesiœ -, et ut melius com- placeret dominis temporalibus provinciae instituit fieri maximum convivium in refectorio bujus ecclesiae et invitavit eos ad convivium pretiosum. Quo audito a dicto Ingerranno abbate , se transferre et portare praecepit juxta hostium refectorii et excommunicavit omnes présentes , quia auctoritate apostolica omnis justitia ecclesiastica pertinet abbati bujus ecclesiee absque contradictione; et omnes timuerunt, et timoré et verecundia exierunt, et dictus Folco omnibus re- nuntiavit et ad dignitatem abbatialem ulterius non procedendo. Quœ omnia renuntiavit dictus Inger- rannus abbas régi Henrico et super currum erga ipsum se transferri jussit : quo mortuo, dictus Folco efectus est abbas Foresti-monasterii post decessum dicti Guidonis. Cujus Ingerranni Sapientis mors de- nuntiatur cuidam abbati nomine Ricbardi de Verdun, de cette épitaplie ne sont point ceux que nous donne Hariulfe, Spicilège, p. 337 : Mutisoleum liic patrern recolentlum rite GuiDONEIH Scluptus IiU-.'Ih], monslrat habere lapiï. — -180 — cujus capellanus nominabatur Goruinus de quo im- médiate tractabitur. Gervinus, vicesimus tertius abbas lnijus sacri cœ- nobii Centulensis et primus boc nomine, fuit oriundus ex patria Landunensi , gallice Lannoys. Primo fuit canonicus Remensis , magnus orator et bene litte- ratus. In juventute, dimisit canonicatum et fuit mo- naclius Verduni gallice Verdun, in Lorintbingia. Et antequam intraret religionem, possidebat omnem sub stantiam patris et matris defunctorum et babebat solam sororem nomine Roselinam, quam quidem miles nomine Hemondus duxit uxorem. Et eo tempore Ri- ehardus erat abbas Verduni, qui propter mores suos constituit eum suum capellanum et secum duxit pe- regrinantem in Jérusalem. Et in regressu electus est abbas 23"s hujus cenobii , tempore Guillermi régis Angliae et ducis Normaniae, et tempore Leonis papœ Decimi qui fecit eum citari et evocare personaliter ad curiam romanam , eo quod prœdicabat verbum Domini absque licentia et sine auctoritate apostolica; et , ipso comparente , fuit ab eodem Leone auctori- satus predicare verbum Domini ubilibet terrarum , quia al'finis et vicinus erat dicti papse nati de Lo- rintliingia : et in regressu reœdificavit capellam beatae Mariae in cripta . et secum reportavit infinitas reli- quias sanctorum et sanctarum Dei quorum et quarum nomina hic non describentur quia declaratur (sic) in cronica 8G et 87. In dicta cripta versus meridiem incapsari fecit viginti sanctuaria , et in prœdicta • cripta in parte septentrionali 28 sanctuaria, et sedifi- cavit in dicta cripta altare S'1 Richarii quod ornavit ex 1fl sanctuariis; et dedicare fecit dictam capellam — 181 — 14° calendas novembris. Item dedicare fecit capellam beati Laurentii juxta claustrum; item dedicare fecit capellam S,°",m Magdelgesilii, Caydoci et Adriani con- fessorum, et ex alio latere capellam beatœ Margaritae virginis et martyris. XXIX Gervin augmente la bibliothèque de l'abbaye. — Vers de Guidon, e'vèque d'Amiens, sur le tombeau d'Ingerran. — Contestations pour l'église de Seabivilla. Item iste Gervinus describere fecit unam librariam in qua composuit triginta sex volumina librorum sacrée tbeologiae et aliorum ; cum hoc renovavit omnes libros ecclesiae et legendas sanctorum et sanc- tarum Dei. Et suo tempore, Guido episcopus Ambia- nensis qui primus fuerat archidiaconus dictae ecclesiae et discipulus Ingerranni sui prœdecessoris descripsit super sepulchrum dicti abbatis versus sequentes : Quem tegit hic tumulus sanctissimus Ingerrannus (1) Hujus eaenobii pastor et abba fuit. Dux gregis ecclesiae monstrat spes inclyta vita;, (1) Imprimé dans d'Achery, Spicilege, t. n, p. 340, avec des différences importantes; nous notons ci-dessous les variantes: Quoi tegit liic tumulus lectissimus Angelirannus... Dux gregis ecctesi

frater Gervinus missam de caetero non celebrabit. » XXXV Mort de Gervin. — Son ensevelissement. — Son épitaphe. Et crescente dolore, die mercurii in capite jejunii, qui nunc dicitur dies cinerum, congregavit omnes fra- tres et dixit : " Nunc habeo licentiam a beata Maria » transi re ad Dominum -, » et sedendo super graba- tum: » Fratres, vobis recommendo spiritum meum; » et voluit confiteri particulariter; quo facto voluit con- literi generaliter, declarando se peccasse in octo ca- sibus, et declaravit illus palam et publiée, de quibus habuerunt admirari et dixerunt vivaciter : ■• Tu nun — 195 — " quam fuisti homicida nec adulter , et cetera. » Quibus benignum dédit responsum : « Fratres , si » acta non perpetravi, taraen voluntate peccavi ; fui » causa illorum peccatorum et non correxi ea , et » illis modis assero sic perpétrasse. » Et in prima septimana quadragesirruT, privatus est dono linguse et ab omni vi naturali destitutus ; et quotidie quidam religiosus coram illo psalterium decantabat, viderunt que ab eo signum requisitionis extremae unctionis : quo facto, aliquo modo convaluit et locutus est. Inter caetera quœsierunt ab eo in quo loco volebat sepeliri instanter , super quo dilatavit nec responsum dicere volebat, et quia fratres super isto passu continua- bant , dixit eis : « Vos non faceretis quœ nierui et » quœ cupio 5 » nec volebat dicere : et prœ taedio declaravit et dixit: « Post separationem anima?, ac- » cipite funem, seu cordam et pedibus cadaveris mei » alligate , et jugo equi imponite, et super sterqui- •• linia hujus ambitus et villa? ducatur cadaver mei » peccatoris quia non sum dignus rccipere sepultu- » ram aliam autenticam. » Ex quo omnes unanimiter planctus et ploratum emiserunt. Rcquisivit quod hora mortis corpus suum in facie ecclesiae portarent et crucem deponerent cum reliquiis sanctorum et sanc- tarum Dei : quod fecerunt, et adhuc ipsum viventem ante majus altare deportaverunt et litanias decantare cœperunt. Et ipsis cantantibus Suncla Maria ora pro co, quia non poterat loqui, extraxit manu m dextram et levavit in cœlum ; et quando punctus illc venit Sancte Richari ora pro eo, ipse altius levavit manum, et sedendo et flendo alta et intelligibili voce excla- mavit: » Sancte Richari ora pro me. » Quibus M- — 196 — taniis l'actis et peractis, fratres decantabant Suscipiat te Chrislum , et ille tune emisit spiritum. Et ipso ingresso viam carnis uni versée , iïatres acceperunt aquam in pelvi et expoliaverunt euni et lavaverunt. Nec repertum est ejus corpus ultra leprosum , sed puruni et mundum , odorans et suave , et specialiter ineinbrum virile, secretum et naturale, in quo appa- ruit omnis puritas et castitas : sed in genibus et cubitibus, et quœdam durities et coagulatio cutis et carnis durée ad modum lapidis, quia super iis seniper et conttinue orationibus vacabat. Et dum luit sepul- tus , erat praesens , in capella beatee Mariée quain construxerat dictus Gervinus in Cripta, Guido cornes Pontivi , qui repente quitavit nobis exactiones eccle- siee S" Richarii ; et inter quatuor pilaria marniorea et lapidea describere fecit versus sequentes : Inclitus istc pater, daemon per quem mit altus (1), Flos pius in populo dormit in hoc tumulo. Ardua rectarum scandens qui rite viarum (1) Imprimé dans d'Acliery, Spicilègc, t. n, p. 353. On re- marquera dans cette pièce comme dans celles qui suivent— cha- pitres xxxvi et xxxvii — (pie le mot faisant césure rime avec la syllabe finale du vers. D'Acliery et le P. Ignace nous offrent chacun une variante du premier vers ; d'Acliery nous donne : Inclytûs istc nnter, daemou per quem mit ater. Le P. Ignace écrit, Hist. ecclésiastique, p. 450 : Inclitus iste pator, similis eni vix fuit aher. Deux vers omis par Jean de la Chapelle et par le P. Ignace terminent la pièce dans le Spicilège : Tune sic ftorentem, studiose justa docentein, Mais tua lerti» In» ahstulir, itque reJm. — 197 — Corporis assiduus martyrisator erat. Régula virtutum, reetorum lux monachorum, Extitit a puero corpore virgineo. Et isto tempore, Guido episcopus Ambianensis affi- nis hujus ecclesiae , ex tempore quo dominus Jésus precibus beati Honorati episcopatus Ambianensis co- ruscavit miraculis, obdormivit et quievit in Christo. Et haec brevia de vita et morte S'1 Gervini sufficiant. XXXVI Gervin, 2" du nom, ou le Mauvais, 24° abbé, neveu de saint Gervin. — D'abord religieux de l'église de Saint-Remy, à Reims. — Ses défauts. — Gautier le Segniore, maître temporel de la Ferlé hors les murs de Saint-Riquier. — Décadence de l'abbaye. — Ecroulement de la tour de Saint-Sauveur. — Le corps de saint Riquier est porté dans les villes et bourgs voisins pour solliciter les aumônes. — Quelques-uns des pins vénérables et plus vieux religieux viennent rechercher le corps de saint Riquier à Abbeville. — Reconstruction de la tour. Gervinus, '2"s hoc nomine, et qui ab omnibus nomi- natus est Malus , fuit vicesimus quartus abbas hujus ecclesiae. Ipse fuit nepos S" Gervini et filins ejus sororis, filiolusque ejusdem abbatis, religiosus eccle- siae S11 Remigii lîemensis. Ipse fuit cautus , subtilis et plenus cautella , magnus orator, eloquens et litte- ratus ; et quae docuit non fecit , sed opéra ejus contraria omni bono, elatus et superbus, nec ornatus moribus ; vita ejus displicens bonis patribus et fra- tribus hujus loci , quia quidam erant temporanei abbatum Ingerranni et Sli Gervini, expectantibus ta- — i$8 — men correctionem ejus, orantibus pro eo et convcr- sione suo : ad requestam quorum licet invitas , aut invite vestivit , duos fecit prot'essos , in lioc loco oriundos ex. Pontivo , quorum primus vocabatur Ar- noldus solemnis clericus , vita et moribus ornatus , et qui ejus meritis postulatus et elcctus 3us abbas ecclesise beati Pétri de Oudenbourt juxta Bredenay in Flandria super mare, et de quo tractabitur int'erius; secundus appellatus est Ancberus Senioratc vulgante le Segniore , ex nobili progenic et filius domini Gal- teri le Segniore militis, domini temporalis de Firmitate extra muros Centulenses; qui quidem fuit successor dicti Mali Gervini , coacte vestientis et recipientis eum quod timebat quod quidam ncpos ejus appel- latus Cœsar ab eo Anchero impediretur, nec obtinere posset regimen pastorale post ejus obitum sicut ac- ceperat a S10 Gervino. Et tempore istius Mali Gervini istud cœnobium corruit in magnam ruinam , et ecclesia ista passa est quam plurima magna damna, quod magna turris appellata Turris Sli Salvatoris jam concremata per regem Garamondum et Isembardum le Segniore , aliter Margaris Infidèles , erepuit média et corruit dislapidata super terram cum aliis structuris. De cujus restauratione non erat spes absque fidelium elemosinis; et eonsilio babito a Guidone comité Pon- tivi et aliis probis , conclusum est deportare corpus pretiosum nostri patroni , et postularc et requirere a vicinis et villis circumjacentibus eleemosinas cum tletu et multo dolore, licet cum bonore et reverentia. Et in ejus exitu, et dum corpus luit motum, scripti sunt versus sequentes : — 199 — Maximus ille dolor monachorum pessimus horror (l) Vocibus extorsit vox laetitiaeque recessit. Constituit cantus, mox csepit surgere planctus : Conventiis monachi memorantur tempora dati. xVccidit tamen quod quidam venerabiles antiqui patres religiosi et alii incole habitantes ejus loci intra se dixerunt : « Vituperium (sic) et turpe est » tain sacrum corpus in quo jacet omnis spes nostra » exire suum locum ; » et unanimiter cum magna devotione honorifice apud Abbatisvillam perrexerunt, et ab eadem villa praedictum sacrum corpus retule- runt in locum suum, clero et omni populo venienti inobviam, laudes domino Jesu decantando, et quidam ramos de arboribus et berbas abscindendo, alii vestes inobviam struendo , et alii clamantes voce magna : « Benedictum corpus nobis relatum est in nomine » Domini : » et turrim reedilicaverunt absque questa seu extranea eleemosina. XXXVII Impiété et ambition de Gervin. — Vers contre, lui. — Le pape Urbain lui adresse des remontrances et lui retire l'abbaye de Saint-Riijuier. — Clameurs du peuple d'Abbeville contre (1) Ces vers sont les premiers d'une pièce beaucoup pins longue (vingt-cinq vers) conservée par le Chronicon Centu- lense, — Spicilege, p. 35 ï. — De ces quatre vers, trois ne sont pas plus conformes au texte de d'Achery que ceux que nous avons reproduits déjà sur le texte copié par M. Merlet ; ainsi on lit dans le Spicilège: Vocibus excessil vox la?titîaertue recessit. Contîcuit cantus, r.lor cœpit surgere planclus : Slermintur monac.hi, memorantur tempora Daci. — 200 — Gervin. — Manœuvres de Gervin. — Le peuple d'Amiens le chasse. — Sa mort. Ex omnibus istis habuit glorificari dictus Gervinus, et ei videbatur quod omnia facta erant suis meritis, nec dabat gloriam Deo nec sanctis; nec contentabatur tali provisione et quaerebat ordinari episcopus alicu- jus ecclesiae cathedralis et maxime Ambianensis : in cujus processu et diligentia magnas hujus ecclesiae exposuit pecunias, et de paupertate sui conventus, et • quod magnus clericus erat et apparens, sicut dictum est, scripsit plures epistolas ; et super quibus scripti sunt versus sequentes : Quid plus his referam, nisi jam rein dicere veram (1) Prœdata, permissa per cotidianum promissa. Ainbit eam sedem quain diciinus Ambianensein , (1) Imprimé dans d'Achery, Spicilège, t. n, p. 355, et dans V Histoire ecclésiastique du P. Ignace ; d'Achery nous donne pour les deux premiers vers : Quid plus liis referamus, nisi rem jam dicere veram Per data prjemissa per quotidiana promissa. Le P. Ignace : Quid plus iis referam? Per quutidiana promissa Ambit eam sedem, etc. Au sixième vers, d'Achery écrit : Se iterum exaltât, etc. Et, pour le même vers, le P. Ignace nous donne : Se mine exaltans monachorum de grego saitans. Le dixième vers du Spicilège est : Omnibus et hostis ceu plures umlique nostis. Enfin, le quatorzième vers, assez peu explicable, de Jean de la Chapelle, devient, dans d'Achery comme dans le P. Ignace : Pessimus atque sibi qui notlet velle mederi. — 201 — Se regnarc putans per pontiiicatus Iionorem , Ecelesiam sancti dire spoliando patroni. Se nunc exaltât, monachorum de grege saltat, Se faciens magnum fert fratribus undique damimm. Obvius est Christus ; prosternitur bine inimicus, Omnia quae caepit cum damno jure reliquit. Omnibus est hostis, sed pluribus undique notis Quos exaltavit, bos postea prœcipitavit ; Sancti Richarii res multas dilapidavit. Exosns monachis , cunctis exosus aniieis, Pessimus atque sibi qui nollet velle videri , Ad reprobum tandem certavit tendere linem. Et quia simul et semel tendebat pedum pastorale Ambianensis ecclesie et hujus cœnobii, nec se corri- gebat , sed obstinatus gravamina , damna quœrebat liiiic ecclesiae, consilio habito a Guidone comité Pon- tivi et nobilibus vavassoribus et hominibus ligiis hujus loci, et maxime ab archiepiscopo et canonicis Remensis ecclesiae, fuit determinatum nos omnia ista mala notificare papse Urbano tune tenenti consilium (sic) générale in Claromonte Alverniae. Qui citare et evocare fecit eum personaliter ; qui in persona in- crepavit ei mala sua et vocavit eum carnificem ovium Jesu Christi et dissipatorem bonorum Dei , sententialiter privando eum a regimine hujus eccle- siae , dicendo : « Sufficiat tibi possidere ecelesiam » Ambianensem , in qua intrasti cum difficultate et ut vulpes , in qua régnas ut leo : » deditque nobis potestatem eligendi novum abbatem anno Domini 1076°. Sed semper ambulans cum cautella, precibus, donis et alienationibus rerum hujus ecclesiœ , per annum completum omnia ista siluit et tacuit , et vix per relationem dicti archiepiscopi et cleri Remensis — 202 — ad notitiam hujus ecclesiœ pervcnit : et blandimentis credidit adhuc regnare , quod non potuit , et ad Ab batisvillam perrexit , clamantibus incolis hujus villœ post eum versus sequentes : Sic jam elatus fit postea dedecoratus (1) ; Quam tulerat pestcm sibi propinavit eandem ; Nobis moleslus sibimet (it valde molestus : Richarii precihus sic corruit hic Gervinus. Et quia verebatur super illa adjectione (sic) et privatione tanti beneficii hujus inclytœ ecclesiœ , et ut invictum se monstraret iniquo odio et diabolica fraude , perseverando obstinatus in sua malitia , vo- luit subjectam hanc lacère ccclesiam ecclesia3 Ambia- nensi , quam exemptam tenuerat 24 annis , sicut et sui prœdecessores, absquc exactione ; et quia sciebat episcopum Ambianensem Folcum familiarem cum abbate Ingerrano et cum Gervino suo avunculo, qui Gervinus in concilio generali Remensi conservavit dictum Folcum ab excommunicatione et privatione suœ episcopalis dignitatis per Leonem papam , et etiam sciebat Guidonem episcopum suum prœdeces- sorem esse affinem huic ecclesiœ , per asportationem et substractionem nostrarum litterarum et cartarum exemptionis quas furtim secum clam deportaverat , studuit hanc ecclesiam esse episcopatui Ambianensi subjectam , et continuando injuste multas oppressio- (1) Imprime dans dWchery, Spitilège, t. n, p. 355, avec de notables différences encore, et même des transpositions de vers : Sic pins elatus . . Nobis infestas sibimet 6t vuMe molestus Quam tulerat ennKlem. — 203 — siones , injurias , damna et justus nobis et sibi pro- curavit ; super quibus clerus Ambianensis et populus vulgaris contra eum elevatus est, et vi et violentia miserabiliter expulsit a civitate , et privavit a regi- mine pastorali , et pauper , mendicus , denudatus a bonis temporalibus , in ecclesiam Majoris-monasterii prope Turones refugium accepit , et ab abbate IM- gaudo dicti loci bumili et l)enigno bumiliter receptus est 5 confessus est ibidem peccata sua , pœnitentiam egit consilio dicti Helgaudi aliter Ilergot , et post brève tempus diem clausit extremam quarto idus januarii. XXXVIII Anscher le Seigneur, 25e abbé, élu en 1097. — 11 réparc les châsses de l'église. — Recouvre les privilèges et chartes de l'abbaye. — Les reliques de saint Mauguille, des saintes EIc- varie et Spensarie, vierges martyres, de saint Lupicius. — Anscher est appelé dans le conseil de Hugues-le-Grand , des comtes Robert de Flandres, Raymond de Toulouse, des ducs Raymond de Pouille , Godefroy de Bouillon , Pierre l'Her- mite, etc. AivscHEnus Seniokatus lilius domini Galteri le Se- niore domini de Firmitate juxta S""" Kicharium , vidgante la Ferle , militis et nobilis progeniei , fuit 25,,s abbas bujus ca.'nobii Centulensis, vestitus et re- ceptus per prœfatum 2ura Gervinum , cum xVrnolpho abbate de Ondembourt (J) 3° in Flandria, fuit electus (1) Ondembourt est écrit Oudenbourt dans le chapitre xxxvi. — 204 — in privatione dicti Gervini , anno Domini 1097, ré- gnante Ludovico Grosso rege l'rancorum, et Godefrido duce de Buillon rege Jérusalem , et Guidone comité Pontivi. Iste Anscherus, in anno 16° sui regiminis, renovavit omnes capsas et fcretra omnia sanctorum , et reliquias hic existentium ; recuperavit privilégia et cartas hujus ecclesiee. lpsc voluit viderc et scire valiter omnia quse continebantur in dictis capsis , et in una invenit unam cedullam sic scriptam : « Corpus » S,! Magdegesilii confessons hic positum 3° calendas » junii ; » et quod corpus reposuit in alio novo fe- retro 5° idus julii : et postmodum aperuit duas alias capsas corio cervi tectas , in quibus erat sedula sic scripta : « Ista sunt corpora S,ar"m virginum et » martyrum Elevariœ et Spensariee , qiue passas » sunt martyrium propter nomen domini nostri Jesu » Christi sub Rixionaro 4° nouas maii. » Et eodem die episcopus Ambianensis elevavit et posuit in fere- tro authentico corpus beati Lupicii presbiteri qui primo invenit corpora sanctorum Fusiani , Victorici, Gentiani martyrum. Iste xVnscherus abbas propter suam prudentiam fuit evocatus ad consilium Hugonis Magni fratris régis , Boberti comitis Flandriae , Re- mondi comitis de Tholouse, Raymondi ducis de Puille, Godefridi ducis de Buillon, Balduini sui fratris, Pétri Heremitae et plurium aliorum militum jurantium , voventium et promittentium conquirerc et subjugare gtam civitatem Jérusalem ; et quam subjugaverunt. Et dictus Godel'ridus de Buillon appellatus est primus rex et dictus Balduinus ejus frater , fîliorum ducis Idée (sic) 2M rex; et ibidem sepeliuntur. — 205 — XXXIX Saint Bernard fonde l'abbaye de Clervaux (1097) , et, sur le conseil d'Anscher, fonde l'ordre de Citeaux.— Anseher bhlme et reprend Louis-le-Gros de plusieurs actes de violence.— Miracles aux tombeaux de saint Riquier et de. saint Angilbert. Tempore dicti Ancberi et anno Domini 1097, S. Bernardus nobilis et natus de Burgundia , cum sex discipulis , aliqui dixerunt cum triginta discipulis , cum suo fratre fundavit domum et ecclesiam de Cle- revale; et 15 annis elapsis, ex consilio dicti Ancheri, instituit ordinem et ecclesiam de Csitiaux, quœ dicitur ordo Csistiensis , derivatus et procedens ex ordine beati Benedicti ; et plures cartas et epistolas ad se invicem mittebant , in augmentum iidei catholicai. Eodem tempore , Ludovicus Grossus rex fecit in- terficere Boucbardium praepositum de Bourges exis- tentem genibus flexis et orantem in ecclesia , et corpus ejus sepelire in cloaca et necessario seu ster- quilinio: et suspenderc fecit in patibulo duos nobiles quorum primus appellabatur Bertoval, secundus lsaac, et cum ipsis quendam monacbum et unum canem. Quod dictus Ancberus increpavit et vituperavit. Et tune temporis , facta sunt infinita miracula in hac ecclesia ad sepulchra sanctorum Bicbarii et An- gilberti defunctorum jam erant 297 anni. Quidam cœcus de Drucat fuit illuminatus die dominico 10 calendas martii. Quidam contractus et impotens ejus- dem villae fuit sanus et deambulans : un us dœmo- niaeus factus est liber et sanus : unus scutifer babens — 206 — pedes porosos et combustos rccepit sanitatem. Quae- dam mulier de Vimento lunatica , habens frenesim , ita quod ei ligabantur manus ne eradicaret oculos , nasum, aures , immédiate voluit conliteri et recipere corpus Domini : quo facto quievit et facta est sana. Quaedam juvenis puella perdiderat vim sui brachii , i'acta est sana. Quidam servitor hujus caenobii irrc- verenter accessit ante corpora sancta et verba deri- soria protulit, immédiate et subito se reperit in alio loco : quidam abus non in statu gratiœ accessit contra columnas sustinentes corpora , deportatus est extra ecclesiam, nesciens requiem (sic) ant quomodo. Quœdam mulier de civitate Belvacensi contracta pe- dibus et manibus recepit sanitatem. Una alia de villa Domni-Medardi, gallice Dommart, privata a visu re- cepit sanitatem. Quidam de Novionio ca;cus recepit visum. Quidam juvenis de Roya erat csecus a nativi- tate, recepk visum. Quatuor clerici juvenes de Nor- mania progredientes , unus illorum inquirebat de miraculis super iter, et non credebat, sed subridebat; subito possessus est a daemone ; alii très dévote vi et violentia illum adduxerunt , et liberatus est , et declaravit boc fuisse punitione divina. Unus carpen- tator de Vimento stans super altissimam arborem cum sua securi , cadendo deorsum reclamavit Slum Richarium et Sll,m Àngilbertum, et venit super terrain illœsus. Qua3dam puella de Normania de villa Lon- gœuil cacca a nativitate recepit sanitatem. Quidam mutus de Turonis recepit sanitatem ; accendendo unam candelam caspit loqui. Quidam nominatus Do- minicus de villa S" Severini quas nunc dicitur Auxy- les-JIoines juxta Ilisdinum , recepit sanitatem. Duae — 207 — mulieres du Mans veniebant in hune locum ; fuerunt expoliatee et compeditœ , in compede manibus et pe- dibus ligatœ; de nocte fuerunt solutœ. XL Suite dos miracles accomplis par la dévotion à saint Biquier et à saint Angilbert. Quidam pauper vir perdiderat vitulam suam quœ ei erat sublata et furata ; reclamando sanctum Dei , fuit ei immédiate restituta. Quidam de castello Mor- temur erat impotens ; fuit sanus. Quœdam ancilla de Rua fuit casu fortuito monocula , et ex veru ferreo perdiderat oculum ; sauctos reclamando fuit videns sicut prius. Quœdam mulier de Normania septem annis privata a visu recepit sanitatem. Quidam natus de Kaineville juxta Àmbianos incidit in latrones qui eum expoliavcrunt et ligaverunt , invocavitque S'u,n Ricbarium et S""" Angilbertum , et exiderunt lunes de manibus et pedibus -, ter aut quater rcligatus , semper solutus. Quidam alter de villa Cbempuys Belvacensis diocesis juxta Sommerai , cujus mater erat vidua , fuit captivus , et famé et siti peribat , ligatus, incarceratus ; precibus suœ matris orationem fundentis in hac ecclesia , in regressu invenit eum in domo propria. Quœdam mulier de Régnier l'Escluse peperit filium contractum et quasi monstrum , apud super majus altare recepit sanitatem et numbos ejus consolidata- Quœdam mulier de Nantes in Britannia babebat manus eversas , oratione fusa recepit sanitatem. Quœdam mulier Andegavensis, gal- bée Angers, fuit privata visu sexdecim annis, recepit — 208 — visum in nocte transitas S" Richarii mense aprilis. Quœdam mulier de Blangy juxta Vimentum paralitica recepit sanitatem. Quœdain mulier de Honnes ha- bebat manum siccam et eversam a nativitate , acci- piendo bursam ut daret oblationem pecunialem die transitas Sl! Richarii , recessit sana et illœsa ; unde plures laudaverunt S""" Richarium , reddendo gratia- rum actiones quia miraculum fuit maxime manifes- tum. Quaedam puella de Conde super Scalidum juxta Tornaeum idropica , quae non comedebat nec dor- miebat, sanata est. Godefridus Ambianensis cpiscopus nutriebat unam pauperrimam mulierem contractam de latere dextro, et babebat manum eversam, fuit sana. Quaedam mulier carens visu de villa Autbie recepit visum. Duo juvenes peregrini venerunt in hune locum dévote , unus fecit oblationem , secundus credens sic facere, cecidit retrorsum, super quo omnes admiraban- tur et murum rabant (1), née poterat appropinquare; ipse pœnitentia motus confessus est peccata sua , et inter caetera quod emerat clamydem quam portabat cuidam latroni , aniota clamyde , exaudit us est et dédit pacifiée munus suum. Quaedam juvencula de Britolio Belvacensis dioeœsis erat surda , recepit au- ditum. Unus gibosus et stumosus de Sains en Aminois factus est erectus et sanus. XL1 Anscher obtient de Louis-le-Gros une extension de droits dans la ville de Saint-Riquier. — Il lutte pour conserver ees pri- (1) Murmurabant? — 209 — viléges disputés , et l'emporte. — En quoi consistaient ces privile'ges. — Anscher fuit rebâtir les églises de Sainte-Marie hors les murs, de Saint-Benoît sur les murs et de Saint-Nicolas. — Procès contre l'évéque d'Amiens. — Anscher répare les murs de la ville et fait reconstruire plusieurs tours. — Incendie de la ville et de l'abbaye par Hugues Campdavaine. — Perte des Chartes. — Anscher raconte ces événements au concile de Reims tenu par Innocent. — Don de Simon , évêque de Tournai. — Anscher repousse le bénéfice de la condamnation qui oblige Campdavaine à reconstruire l'église de Saint- Riquier. — Campdavaine est condamné à fonder l'abbaye de Cercamps. — Anscher reconstruit l'abbaye de Saint-Riquier aux frais même de l'abbaye et de son propre père le seigneur de la Fer té. Iste Anclierus impetravit a Ludovico Grosso rege Francorum communitatem et majoratum in hac Villa S,! Richarii; et ipsis confidentibus in sua multitudine et in magno numéro conspiraverunt extorquere et an- nullare jura nostra, et voluerunt nos facere subjectos talliœ regiœ, et solvere pastum régi u m , adnihilare privilégia nostra , facere excubias , guetum et incu- bias, relevare fossata sua-, et ad omnia ista hommes nostros subjugaverunt ligios. Quibus consideratis , prœfatus Anseherus et suus conventus supplicaverunt régi Ludovico le Gros quod dicta facta corrigeret. Et ad requestam dicti Ancheri , in propria persona venit, et omnia ista annullavit, ordinando nos liberos et homines nostros , et quod nullus habens castrum nec aliquis princeps et maxime Guillermus cornes Pontivi et ceeteri non intrarent majoratum, nec pos- sent recipi in communitate : ordinavit etiam quod nostri vavassores servientes in armis et omnes edentes et viventes de pane Sli Richarii essent liberi et exempti 14 — 210 — ah ipsis majore et scabinis nec essent astricti suis statutis ; et si aliquis vavassor noster manens extra villam et baoleucam vellet et prsesumeret intrare communitatem , nobis dimitteret suam terrain , nisi esset ex consensu régis et abbatis. Item in prœsentia régis Ludovici fuit ordinatum quod nullus burgensis intraret nec intrare posset hanc ecelesiam nisi so- lummodo vacans orationi et bora competenti orationis. Iste Ludovicus regnabat anno Domini 1110. lste Ans- cherus fecit renovare et reedificare ecclesias S,ie Maria; extra muros, ecelesiam beati Benedicti super nniros, et de novo construxit ecelesiam sancti Nicolai : et super bis orta est lis et orti sunt magni processus contra episcopum Ambiancnsem , qui contradicebat , sicut latius continetur in cartis super bis confectis, et sicut repertorium de novo compositum continct prolixe. Item iste reparavit muros istius villae, et de novo construxit plures turres, in ambitu fortifieando ea (sic) , ita quod non erat in iis partibus similes in fortitudine. Anno Domini 1131°, o° calcndas sep- tembris, quidam domini nobiles et potentes concitati les Calletois, domini temporales de Biaurain et totius Caletariae, divites et magni possessores , pro securi loco in bunc locum pervenerunt et retugium acce- perunt in bac villa propter metum suorum inimico- rum, scilicet llugonis Campdavaine comitis S,: Pauli, domini d'Auxi, domini de Biauval, domini de Santy et plurimorum suorum inimicorum. Et bora décima de mane, januis tamen clausis, succenderunt et igné grœco totam villam concremaverunt et in cineribus posuerunt ; ita quod omnia œdiiieia corruerent , tali modo quod religiosus missam magnam celebrans — 211 — contra majus altare fuit combustus , et cum eo tara in ecclesia quam in villa duo millia 700 permiscui generis igné et flamma mortui sunt; et in illa des- tructione perdidimus omnes cartas et privilégia nos- tra , ornamenta et omnia bona mobilia combusta sunt ; nicliil penitus remansit exceptis sanctuariis et reliquiis omnibus projectis et salvatis in putres aquarum. Et isto anno papa Innocentius tenebat concilium générale in civitate Remensi ; cui in per- sona dictus Ancherus inccndium lacrimabile decla- ravit palam et publiée eoram ipso et omnibus prelatis ibidem existentibus qui planxerunt et vituperaverunt taie nefas et talem destructionem dicendo voce magna : « Ut quid perditio hœc? » Et illo tune Simon epis- copus Tornacensis requisivit quod in villa et ecclesia S,; Richarii de Bredene suse diocœsis, in qua ecclesia erant duo curati et duae portiones, quod unus amo- veretur et sua portio pro nobis reservaretur , quod obtinuit ; et bec fecit publicare Brugis in ecclesia S1' Donati ; et ex his habemus et babuimus posses- sionem usque in bodiernum diem. In dicto consilio conclusum est quod dictus Campdavaine et sui adhœ- rentes reedificarent banc ecclesiam. Quod recusavit dictus Ancherus , dicendo quod taies inimici non essent secundi fundatores tantœ nobilis ecclesiae , et quod , Altissimo favente , absque adjutorio ipsorum reedificaret et restauraret in gradum pristinum ex bonis et redditibus patroni nostri S" Richarii et non ex alienis. Et ibidem conclusum est quod dictus Campdavaine i'undaret unam ecclesiam Cisterciensis ordinis in honore beatœ Marias virginis, quse ibidem nominata est de Carocampo , et licet religiosi hujus — 212 — monasterii de Cherscamp, de Cervocampo hoc faciant ad eorum voluntatem , quia dolent dicere de Ca- rocampo. Et isto tempore regnabat adhuc dictus Ludovicus Grossus rex qui habebat filium nomina- tum etiam Ludovicum qucm sacravit dictus Inno- centius papa in ecclesia Remensi , ad requestam sui patris. Ipse Anchcrus reedificavit posse suo hanc ecclesiam , sumptibus et expensis hujus ecclesiœ et sui patris domini de Firmitate divitis et niagni pos- sessoris; et tegere fecit tectum plombo inelius quam potius : reedificavit claustrum , et cœpit œdificare multa magna aedificia lapidea quae consummarc non potuit, eo quod senuit et naturaliter vitam dignam fini- vit, quia multa mala et tœdia sustinuit in bumanis (1). XLll Jean , 20' abbé , d'abord moine de Suint-Pierre de. Corbic. — Il trouve encore une grande partie des édifices en ruines et les travaux de son prédécesseur inachevés. — II gouverne vers 1138. — Louis-le-Jeune , roi de France. — Guelduin , 27° abbé , d'abord abbé de Saint-Valéry. — Il gouverne à Saint-Riquier en 1113. — 11 traite avec l'abbé et le couvent de Valloires à propos de Mesoutre, avec l'abbé et le couvent de Saint-Josse. à propos du Quesnoy. — 11 va en pèlerinage à Jérusalem, et à son retour, élu évêque de Bellinaux? il dépose le gouvernement de cette église. Joamves primo monacbus ecclesiœ sancti Pétri Cor- beiensis fuit '2f)us abbas Centulensis. Ipse fuit vir lau- (1) Dans la Gallia Chrisliana, Ànscher est le 38e abbé; Jean, qui suit, le 39e; Guelduin, le 30e; Pierre 1, le 31e, et Guefroid, le 32°. — 213 — dabilis et bene famatus et successor domine Ancheri le Seigniore de Firmitate. lpse invenit ecclesiam cor- ruentem et in ruina , sicut prœdictum est , et multa œdificia inchoata imperfecta a suo prœdecessore ; et agebat tempore Ludovici dicti Juvenis filii Ludovici Grossi régis. De gestis suis seu de operibus pauca reperiuntur; sed regebat circa annum Domini 1438™. E'rat tamen affinis et notus dicti Ludovici régis Ju- nioris qui desponsavit Lieonor fïliam Guillermi co- mitis Pictaviensis , gallice Poictiers. Qua3 Leonarda dimisit et se separavit a rege eo quod erat ex suo sanguine et in aliquo gradu affinitatis ; et iste rex desponsavit Constantiam fïliam Alphoncii régis His- pania?. Iste Ludovicus fuit pacificus et tenuit suum regnura in pace, et transfretavit maria super infidèles cum imperatore Conrado : nihil tamen aut paucum lucrati sunt , quia magnus eleemosinarius fuit iste rex : ipse regnavit pacifiée 43 annis. Guelduinus fuit 27us abbas hujus cœnobii. Iste fuit primo abbas S" Vualarici-super-Mare, et regebat cœ- nobium istud anno Domini 1443 et tempore dicti Ludovici dicti le Pius. Iste composuit cum abbate et conventu de Balanciis , vulgante de Valloires super censsam de Montis ultra . gallice Mesoutre ; et super quam plurimis articulis -, item composuit cum abbate et conventi sancti Judoci in Nemore aliter de Dom- martin Prœmonstratensis ordinis , sicut latius patet in novo repertorio , censa sua du Quesnoy ; et per cartas suas et aliis suis gestis pauca reperiuntur , excepto quod fuit peregrinus in Jérusalem , et in regressu electus est episcopus de Bellinaux (?) et se deportavit a regimine pastorali hujus ecclesiee. Prius — 214 — composuit cum abbate et conventu de Bellanciis aliter Valloires de domo de Rosses in territorio de Trossencourt. XLUI Pierre, 28e abbé, d'abord moine à Saint-Denis, gouverne à Saint-Riquier en 1150. — Il traite avec l'abbé de Valloires et avec celui de Saint-Josse. — Guefroid , 29e abbé, traite avec Gautier le Segniore , maître temporel de la Ferté. — Philippe-Auguste. — Guerres. — Riquier, 30e abbé. — 11 en- voie à Rome faire renouveler des titres d'exemptions accordés lors du couronnement de Charlemagne et perdus dans l'in- cendie de l'abbaye, 1172. — 11 acquiert des biens, fait des constructions , et permet la construction de l'hôpital de Saint-Riquier sous quelques conditions. — 11 établit des règles pour la place des religieux au cimetière. — Son éloge. Petrus (1) 2SUS abbas hujus caenobii 1° monachus Sli Dionysii in Francia regebat circa annum Domini 1150; et composuit cum abbate de Balanches aliter de Valloires super 2"" acquisitionem et nostra juri- dictione , sicut patet per cartas et repertorium ; sed de suis regimine , actis et factis pauca reperiuntur. Et ctiam composuit cum abbate et conventu Sli Ju- doci in Nemore aliter de Dommartin, sicut patet per suas literas in capitulo facto et scripto super iis in repertorio. Guefridus (2) fuit 29l,s abbas S'1 Kicharii et composuit cum domino Galtero le Segniore dominus temporalis (t) C'est celui que la Gallia Christiana appelle Pierre 1er. (2) Wifridus, Guefridus et Gaufridus dans la Gallia Christiana. — 2J5 — de Firmitate juxta S'l,m Bicbarium pro i'eodo de Baiardes inter Tinnois et Vuinconch -, et in isto feodo est nobis magna perditio, sicut latius continet reper- torium et bene patet per suas litcras scriptas et sigillatas anno Domini HG6. Tempore istius regnabat rex Philippus Augustus qui fecit murare villas sui regni et œdificavit nemus et castellum de Vissennes juxta Parisius. Tempore Guelduini (sic) , orta sunt multa bella in istis partibus , quia rex debellavit imperatorem Otton et constituit prisionarium Fer- randum comitem Flandriae et Reginaldum comitem Bolonise. ipse subjugavit ducatum Normaniae , Viro- mandiae, Aquitaniae , Turoniœ, le Mains, Anjou et Cleremont in Avernia. Simon cornes Pontivi, ex parte Mariae comitissœ suse mulieris , erat frater dicti Be- ginaldi comitis Buloniae (1); et iste Guefridus rexit G annis. Iste acquisivit dominium aquae inter Bray et Cœppy a domino de Brayo et nemus de Tormont cum . dominio ejusdem nemoris: patct in capitulo de Brayo. Bicharius (2) fuit 30,,s abbas S'1 Bicharii, bonus rec- tor et bene famatus. Iste misit Bomse versus papam Alexandrum 3"m anno Domini U72, coppinm exemp- tionis nostrœ , et quam impetraverat S. Angilbertus die coronationis Caroli-Magni imperatoris Bomanorum (1) Très-fréquemment, ainsi qu'ici, Boloniœ , Buloniœ, et, comme on l'a pu voir plus haut, Balanciis, BeUanciis, le même nom se trouve, à peu de distance , écrit de façon différente ; nous respectons toujours ces contradictions du texte. (2) La Gallia Christiana l'appelle Riquier II et le donne pour 33° abbé. — 216 — et régis Francorum, et cujus perdideramus originalia in prima destructione hujus ecclesiœ per regem Gua- ramondum et Isembardum le Segniore infidèles : et super ipsam coppiam jussit nobis describere exemp- tionem quara de presenti habemus anno Domini 1172. Iste multa bona acquisivit , aedificavit et licentiam dédit magistro Adde de Arborea presbytero aedili- candi hospitalâriam S'1 Richarii ; tempore Godefridi Ambianensis episcopi anno Domini 1202 , sub con- ditione quod capellanus aut capellani nullum jus parrochiale exercere debent. Assignavit cimeterium religiosis propter ordinis reverentiam in atrio Su Ri- charii, et suis aegris defunctis in atrio beatœ Marias virginis; ita quod magistri semel in vita nobis te- nentur prsestare solemnc juramentum super majus altare tangendo sacra evangclia et observando jus nostrum patronatus ; et sic juraverunt Ira ter Joanncs Cambier qui rexit domum 28 annis, frater Nicolaus David qui rexit 27 annis, frater Nicolaus Donay qui rexit 14 annis , frater Joannes de Santers qui rexit 14 mensibus, frater Hugo de Bersacques qui rexit 9 annis, et frater Ludovicus de Vuyques nunc regens. Item fecit associationem et frater.nitatem inter nos et capitulum Atrabatense; et 3° nonas julii tenentur celebrare obitum solemne pro nostris defunctis et recipere pitantiam 20 librarum; et eundo et redeundo nos debemus habere pastum et distributioncs in choro, et ipsi etiam debent a nobis accipere portionem mo- nachalem. Tempore dicti Richarii , regnabat dictus Philippus Augustus rex ; et preefatus Richarius an- tiquus et senex resignavit suum regimen pastorale. Item dictus dominus Richarius erat summus gram- — 217 — maticus , socius in scholis magistri Alexandri de Bayeux , qui nunc dicitur de Villa-Dei in Neustria juxta Montem S'1 Michaelis , oriundi de dicta villa ; qui tempore isto composuit grammaticam positivam et puerilem quae vocatur Doctrinale. Dei , incipiente scribere clericulis (sic) , et anno millesimo ducente- simo minus uno. XLIV Laurent, 31e abbé , d'abord moine à Clmiy, commence à gouverner l'abbaye de Saint-Riquier en 1181. — Il traite avec l'abbé et le couvent de Saint-Josse, avec l'abbé et le couvent de Valloires. — Simon, comte de Ponthicu et prévôt de Saint- Riquier, conspire contre Philippe-Auguste. — 11 est exilé et perd le comté de Ponthieu. — \ quelles conditions, après sa mort, la comtesse sa femme rentre dans le comté de Pon- thieu. — Protestation des villes de Saint-Riquier, de Doullens et de Montreuil. • — Saint-Riquier près du Ponthieu et non en Ponthieu. Laurentius fuit ejus successor 3im abbas Sl! Ri- charii. Iste 1° fuit monachus Cluniacensis , et caepit regnare anno Domini 1181. Composuit cum abbate et conventu S" Judoci aliter Dommartin pro turre de Montigny super Altiliam , pro quo debent nobis an- nuatim 11 libras : adimplevit omnes conventio.nes inchoatas cum abbate et conventu Balanciarum aliter Valoires anno Domini 1177. Et suo tempore Simon cornes Pontivi ex parte Marias comitissse suœ mu- lieris, et frater Reginaldi comitis Buloniae quem cap- tivum tenebat Philippus Augustus rex , conspiravit bellum cum rege Angliœ contra regnum istud , et inde exulatus est et adjectus (sic), ita quod non au- — 2IS — débat intrare regnum Francise , sed refugium habuit cum rege Anglias et inde perdidit comitatum Pontivi; ita quod Maria comitissa moram traliens in Abba- tisvilla cum duobus suis filiis nibil recipiebat nec percipiebat de redditibus sui comitatus tandiu quan- diu dictus Simon vixit in humanis; et, ipso deiuncto, impetravit misericordiam cum rege , tali conditione quod perderet praeposituram S'1 Richarii , praepositu- ram Dullendii , et comitatum Monsteroli pertinentes dicto Simoni defuncto in Anglia ; et quas prœposi- turas et quem comitatum Monsteroli rex adjunxit balliaviatui Ambianensi. Et cui adjunctioni opposue- runt villa; S" Richarii , Dullendii et Monsteroli alle- gando privilegium salis; et quod villani et habitantes in aliis oppidis non sustinuerunt et se diviserunt ab ipsis tribus villis; perdiderunt privilegium salis; et nos sustinentes ultimo illo privilegio usque in ho- diernam diem quod est nobis utile; et nunc in cartis datura apud S""" Richarium juxta Pontivum et non in Pontivo. Iste Laurentius regebat temporc Ludovici dicti de Montpensier , quia obiit in quodam castello in Avernia sic nominato. Iste rex fuit pater S'1 Lu- dovici et regnabat anno 1224 : fuit vir bellicus , subjugavit Joannem regem Anglise; uxor ejus nomi- nabatur Rlancia filia régis Gastellae. Et tempore istius abbatis videlicet 1200°, 16° calendas januarii, tempore Richardi episcopi Ambianensis, quidam clericus dictae diaecesis nomine Walo caput beati Joannis Raptistse asportavit a civitate Constantinopoli , et erat (I). (1) Après Laurent figurent, dans la Gallia Christiana et dans Yllisloirc, ecclésiastique du P. Ignace, trois abbés omis par Jean — 219 — XLV Mathieu , 32" abbé , d'abord religieux de Saint-Corneillê. — 11 empêche les sépultures dans l'hôpital de Saint-Nicolas. — Dédicace d'une chapelle en cet hôpital. — Guifroid, 33" abbé. — Son éloge. — 11 traite pour le moulin de Tremencourt, dit du Pricl ou le Grand Moulin. Matheus 32"' abbas S" Richarii fuit successor prœ- dicti Laurentii. De factis , gestis et operibus suis pauca reperiuntur ; licet quod bene reperitur quod fuerat religiosus Sl! Cornelii Compendiensis, et quod impedivit ne aliquis inhumetur nec sepeliatur in ca- pella hospitalis sancti Aicolai de S"' Richario: tamen dédit religiosis licentiam dedieare faciendi dictam capellam sub illa conditione quod nemo sepeliatur sicut patet latius in repertorio novo, capitulo S11 Ri- charii in spiritualibus. Guifredus (1) 33"s abbas S'1 Richarii et successor dicti Matthœi, vir bonae indolis, largus, benignus et eleemosinarius, simplex et justus; nec de factis, gestis suis aliud inventum est; tamen ipse composuit pro molendino de Tremencourt quod nunc dicitur du de la Chapelle : Ursio seu Urso, Ursé, le 35" abbé de la Gallia; Riquier 111, le 36% et Giroldus, le 37e. Mathieu, l'abbé suivant, devient ainsi le 38°. (1) Le nom de cet abbé ne se trouve ni dans la Gallia Chris- tiana ni dans le P. Ignace ; et Mathieu, en dehors de Jean de la Chapelle, a pour successeur immédiat Hugues II de Chevincourt, 39e abbé suivant la liste de la Gallia Christiana, le 33e suivant le P. Ignace. — 220 — Priel vel Magnum-molendinum , ut patet per suas litteras in rcpertorio, capitulo de Drugy anno 1160°. XLYl Hugues de Chevincourt, 3ïe abbé, vers 1229. — Il fut ambi- tiator dans les villes d'Angers et de Toulouse. — Il fixe plusieurs arrangements, avec les hôtes de Chevincourt, sur le pâturage des animaux et les usages du bois du Fayel. — 11 obtient de l'évêque de Beauvais la permission de célébrer la messe dans la maison des religieux à Chevincourt, toutes les fois qu'il sera opportun , avec le droit d'établir une porte en l'église paroissiale du même lieu. — Il fait confir- mer le prieuré de Pagrave dans le pays de Galles, appartenant à l'abbaye. — Un religieux de l'abbaye est envoyé dans ce prieuré , mais une loi qui enjoint aux étrangers de quitter l'Angleterre le force -à revenir.' — Il assiste à l'assemblée dans laquelle saint Louis prend la croix. — Hugues de Chevincourt suit la croisade et visite les tombeaux de saint Pierre, de saint Paul et de saint Jean-Baptiste. — Gilles de Machemont , 34e abbé, né à Chevincourt, chapelain de N. S. P. le Pape, élu abbé en 1257, gouverne 35 ans. — Il fait dédier la chapelle de Saint-André, 1274. — Edifier de grands et somptueux édi- fices, entr'autres le château de Drugy. — Il fait creuser des étangs pour nourrir des poissons d'eau douce.— 11 construit le manage de Halvodio, et y joint un parc muré pour nourrir des animaux de bois. — -Il rachète plusieurs terres des mains des vavasseurs. — Il lutte et plaide heureusement, au nom de l'abbaye, contre le maieur et les échevins de Saint-Riquier. Hugo de Chevincourt 34"s abbas luijus caenobii Centuleasis , et regebat circa annum Doniini 1229 , régnante Ludovico iilio Ludovici de Montpensier et Blancise filiœ régis Castillœ; setatis 13 annorum ille — 221 — fuit. Et ejus consilio et cum multis episcopis et pree- latis, fuit ambitiator in civitatibus Andegavensi gallice Angers et Tboulousanae , et régi sancto obedientes absque sanguinis effusione fuerunt istee civitates. Iste Hugo 4229 paciticavit plures artieulos cum hospitibus de Chevincourt super pascuis animalium et usagiis nemorum du Faiol , cum Anorldo de Condon milite pro quodam nemore : et ipse impetravit ab episcopo Iîelvacensi licentiam celebrandi missam toties quoties fuerit- opportunum et licitum in domo propria nostra de Chevincourt , et ut facere possemus hostium seu portam super curiam nostram in ecclesia parrochiali dicti loci de Chevincourt : et ex nunc habemus ex bis possessionem realem. Item iste fecit conlirmare prioratum nostrum de Pagrave in regno Galliae per Williermum comitem de Warennes in terra de Mor- photh juxta villam de Àcie, et in dicto suo comitatu. Et super articulo est notandum quod quidam reli- giosus, cujus expresse fuit facta mentio in repertorio liujus ecclesiœ , transmissus est , sed ei supervenit impedimentum , videlicet quod publiée et palam in ejus accessu per regem Anglise fuit publicatum quod omnes alienigenee non nati in Anglia recédèrent infra brève tempus aut capite truncarentur ; quibus de causis noster religiosus reccssit et nostram intentio- nem ultra non potuit confirmare nec adimplere. Ista sunt latius scripta in repertorio hujus ecclesiœ de novo edito per dictum dominum Eustachium. Iste fuit presens et in consilio quando S. Ludovicus ju- venis vovit transfretare maria alta, recuperare sanc- tam civitatem Jérusalem et sepulcrum Domini : in quo itinere mansit per quinquiennium et subjugavit — 222 — portum marinum de Damiette et civilatem de la Maseure et magnam partem regni Syrias, et muravit ibidem civitates quas acquisierat ut portare possent insultas infidelium. Iste Hugo de Chevincourt visi- tavit feretrum quod dicimus S,a Primae , id est pri- mitivae fundationis ecclesiœ militantis, quia in eodem requiescunt quamplurima corpora sanctorum Pétri , Pauli , beati Johannis Baptistœ, aliorum coni'essorum et sanctarum virginum , nunc causa brevitatis non dcclarata aut declaratorum (1). ^Egidius de Machemont .34 "s abbas bujus caenobii Centulensis (2), oriundus de Chevincourt, fuit capella- nus domini nostri papae et electus abbas anno Domini 1257 , et rexit 35 annis laudabiliter. Fecit dedicare capellam S'1 Andrcœ per episcopum Atrabatensem anno Domini 1274 : fecit œdificare multa magna et sumptuosa œdificia , videlicet castellum de Drugiaco; in composuit (sic) quatuor magnas turres et octo parvas : iste componere fecit ibidem stagna ad nu- triendos pisces dulces : i-pse composuit managium de Ilalvodio , œdificavit ibidem aulas et unam magnam turrim , et murare decem jornalia nemoris contigui ad nutrienda animalia sylvestria; redemit et reacqui- sivit plures terras a vavassoribus nostris, sicut patet (1) Ici se trouvent placés, dans la Gallia Christiana et clans le P. Ignace, trois abbés dont les noms sont omis par Jean de la Cbapelle : Galterus ou Gautier Ier, 40e abbé dans la liste de la Gallia Christiana; Herveus ou Hervé, 41e abbé; Galterus 11 de Gnessart, -12e abbé. Gilles de Machcment, qui va suivre, devient ainsi le 43e abbé. (2) Hugues de Chevincourt a déjà été donné par Jean de la Chapelle comme :54e abbé. — 223 — in répertorie). Fuit raagnus pater familias. lpse sub- jugavit majorem , scabinos, juratos et communitatem bujus villae dicentes se babere baleucani in villis et territoriis nostris usque ad territorium unius leucœ , quod non erat verum ; et iniinitas quœstiones et pro- cessus contra illos promovit , in judicio eos semper vincendo et superando , mediante justitia et judicio. Et tempore isto regnabat rex S. Ludovicus et do- mina Blancia de Castille ejus niaier quœ regebat regnum , ipso rege absente et prœliante contra infi- dèles transmarinos : adjutorio cujus Blancia3, fuit de- terminatum et adjudicatum ipsos majorem et juratos non habere baleucam in villis nostris de Drugy , Buigny, Onneu, Bussu, Senardmont, Bersacles, Otre- mencourt aliter le Nœuf Molin ; nec jurisdictionem super hominibus nostris ligiis extra terminos limitatos et signatos grossis et magnis lapidibus adhuc de prae- senli lixis et existentibus. Et de quibus quœstionibus exempla patebunt in brevi inferius (1). XLVI1 La reine Blanche à Saint-Riquier. — Procès gagne en Parlement par les religieux, pour l'enlèvement et l'ensevelissement d'un homme tué dans les limites disputées de la commune. — Conflit pour un voleur arrêté et incarcéré clans le château de Drugy. — Autre pour le droit de juger et de condamner un homicide. — Autre à propos d'un voleur condamné par les officiers ecclé- (l) Voir, pour ces luttes de l'abbaye et de l'échevinage de Saint-Riquier, l'accord passé en 1318 entre l'abbé Baudoin de Gaissart et les maieurs , et pour les limites de la banlieue , M. Louandre, Histoire d'Abbeville, t. i, liv. n, chap. iv. — 224 — siastiqucs; les fourches patibulaires, arrachées par le maieur et les habitants , sont replacées par le maieur même et les habitants, ainsi que l'exige L'abbé, et le voleur y est pendu. — Autre à propos d'un homme tué dans le bois de Saint- Riquier. — L'abbé voyant sa justice fleurir , fait juger , par son bailly et par ses serviteurs , seize cas criminels. — Nouvelles discussions sur ht banlieue, devant le bailly d'A- miens. — Pendant l'enquête même , l'abbé exerce ses droits. — Un voleur,- saisi à Neufmoulin, a l'oreille arrachée dans le champ dit la Cousture, sans opposition de la part du maieur, 1257. — Un autre voleur est condamné par le bailly et par ses hommes , sans plus d'opposition. — Gilles de Macheinont obtient, en 1260, des lettres de l'église d'Amiens; puis, en justice, la confirmation de 3i articles soutenus par lui, qui donnent raison à l'église de Saint-Riquier contre le maieur et les jurés. Sequuntur casus in brevi, pro quibus regina Blancia mater S1! Ludovici absentis et debellantis contra infi- dèles pervenit personaliter in hoc loco ad requestam dicti domini yEgidii abbatis , et ad corrigenda fore- facta, mediante justitia, dictorum majoris, scabinoruni et communitatis. Quidam occisus et homicidatus in calcea Novi-Molendini , ut inhumarctur fuit levatus per ballivium et clientes : dicti major et scabini , cum tumultu et pulsu suai magnae campanae , oppo- suerunt dicentes esse in terminis suae banleucae ; per- diderunt processum in Parlamento. Item in villa de Drugy quidam latro comprehensus et incarceratus in castello dicti loci , dicti major et scabini opposuerunt et perdiderunt. Item dicti major et scabini, cum pulsu suœ campanae, violenter acces- serunt ad domum d'Offencourt ut comburerent et domum Andreae d'Offencourt dicentes homicidam ; — 225 — dictus abbas opposuit et contradixit , et devixit eos. Immédiate tamquam eorum subditum et subjectum exclamaverunt dictum Andream ; dictus Andréas i'eeit eos evocare coram dicta regina , quae inquisivit per dominum Matheum de Rêve et dominum Joannem de Villers ballivium Ambianensem , et per inquestam justicia loci ecclesiœ adjudicata es!. Item accidit quod latro aut firo (sic).comprehensus est per officiarios ecclesiœ , et sententialiter adjudi- catus poni super furcas de banleuca de Niquam : dicti major et communitas incontenti in propriis per- sonis apportaverunt ligna furcarum seu patibuli , et illa ligna imposuerunt in catbenis carcerum super forum derisorie. Dictus abbas fecit dicta ligna per ipsos majorent et communitatem reportari , et per ballivium et per homines ecclesiœ adjudicatus est dictus fur suspcndi in patibulo , et emendaverunt. Unus bomicidatus in nemore S'! Ricbarii in loco dicto le Faiel , fuit apprebensus per dictos majorent et scabinos et inbumatus in suo dominio : dictus abbas fecit per ipsos reportare et restitui et in dicto loco sepeliri. Et immédiate post , dictus abbas videns justitiam suam ilorere . et pacifice ecclesiœ adjudicatum fecit justificarc per suos ballivium et servitores 16 casus criminales , declaratos foliis 12! et 122, hic omissos causa brevitatis. Anno Domini 1257, dicti major et scabini et jurati impetraverunt in curia regia quasdam litteras regias continentes quod omnes scientes terminos banleucœ declararent ballivio Ambianensi , et cum cautella fe- cerunt dictam banleucam declarari et comprehendere 15 - 226 - ambitum unius leucœ : super quibus dictus .Egidius opposuit contradieens, et per inquestam fuit determi- natum in Parlamento non excedere limites seu ter- minos per nunc (sic) grossis Iapidibus signatos : et restau rata est ecclesia ab omni vi et violentia durante tempore inquestœ per ipsos majorem et seabinos facta. Iste /Egidius fecit et procuravit adhuc unam inques- tam super justitia de dominio unius apprehensi in i'urto in domo d'Otremencourt quœ est nunc le Nœuf- Moulin : per spiculatorem amota est vi auricula palam publiée in Cultura , gallice la Cousture anno 1257, nemine opponente. Insuper unus latro de Oviller fuit condemnatus per ballivium et homines suspendi in patibulo, nemine contradicente. Dictus /Egidius anno 1260 impetravit litteras in ecclesia Ambianensi super omnibus istis et consimi- libus; et deinde sustinuit 31 articulos super justitia contra dictos majorem et juratos, et in plena assisia obtinuit judicium et justitiam huic ecclesiae. XLV1II Première croisade de saint Louis , 1258. — Damiette. — La Massoure. — Monnaie de cuir. — Fondation des Quinze-Vingts. — Fondation de l'ordre des chartreux. — Seconde croisade, 1269.— Mort de saint Louis. — Résume des actes de Gilles de Machemont. — Sa mort, 1290. — Odon, 35e abbé, commence ;'i gouverner en 1293. — Destruction des Templiers remplacés par les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalcm. — Prodiges dans les églises et dans les chapelles des Templiers, après l'extinction de leur ordre. — Famine. Anno Domini 1258 , S. Ludovicus rex Francorum cum sua militia accepit crucem et transfretavit ma- — 227 — gnum mare, et circa regnum /Egypti intravit quandam niagnam civitatem nominatam Damiette in qua fun- davit plures ecclesias in regressu et redeundo. In quadam villa dicta la Massoure fuit ab Intidelibus constitutus prisionarius cum quampluribus christianis: quos omnes liberavit et pro ipsis remansit : et illis de causis posuit corpus Christi in cauxionem cum de pauperatione et denudatione hujus regni, unde et fabricare fecit monetam ex corio pro certo tempore. Fundavit hospitale triant centum ca3corum , gallice les Quinze-Vingts Aveugles Parisiis : fundavit ordinem Carturiensium in hoc regno ; et iterum transfretavit mare magnum anno Domini 1269 , et diem clausit extremam in quadam civitate dicta Thunes : in ejus regressu facta sunt infinita miracula, et sepultus est in ecclesia beati Dionysii. Et iste dominus iEgidius de Machemont, postquam construxit castellum de Drugiaco et managium de Cluodio (sic) , et postquam acquisitionem multorum possessionum , et triginta annis transactis anno Do- mini 1290 \° nonas augusti , et tempore Philippi régis et filii S'1 Ludovici ingressus est viam carnis universœ , et sepultus est in capella beati Laurentii circa introitum claustri et ante dormitorium in qua- dam capsa Iapidea , sicut latins declarabitur inferius in capitulo domini Eustacii nunc abbatis; et videntes et legentes ejus admirabilem inventionem habebunt admirari et gaudebunt. Odo fuit :i5"s abbas hujus caenobii (1) et cœpit regnare (1) La Gallia Christiana nomme Odon 44e abbé de Saint- Riquier, et lui donne pour successeur, avant Jean de Foucaucourt, — 328 — 1293. Et tcmpore istius abbatis destrueti universi Templurii , et loco istorum coostituti sunt in suis ecclesiis domini milites hospitalis sancti Joannis de Jérusalem. Fructus , possessiones et proventus Tem- plariorum deputata religioni suœ; et ut communis lama iamat, simul et semel in una et eadem nocte, propter quoddam scelus et peccatum occultum , perierunt ecclesiee et oratoria ipsorum miraculose divisionis labem in suis structuris sustinuerunt et fracturam ; ita quod a summa usque deorsum lapides separati sunt ab invicem , et bitumen divisit conjunctionem lapidum ; et illud est manil'estum usque in hodiernum diem. Tempore istius Odonis abbatis regnavit maxima lames , et viri et mulieres famé perierunt , et super itineribus moriebantur, et nullus vix poterat subve- nire et succurrere vicino aut amico, propter desertum segetum universalem. Et temporc istius, regnabat rex Philippus dictus le Bel qui aedificavit palatium regium Parisiis pro majori parte : et hic et tempore istius linivit 3" generatio regum in recta linea. XLIX Jean de Foucancourt , 36e abbé, vers 1313. — Philippe-le-Bel prend la croix. — Mauvaises intentions des Anglais sur le royaume de France. — Famine. — Mortalité. — Cérémonie religieuse à cette occasion, et indulgences aux pénitents. — Eustache 1" — Eustachius — qui gouvernait en l'an 1297. Le P. Ignace, qui semble avoir suivi Jean de la Chapelle ou s'être servi d'indications reçues de l'abbaye de Saint-Riquier et prises sur le manuscrit du curé d'Oneux, donne, comme lui, Odon pour 35e abbé, et Jean de Foucaucourt pour 36°. — 229 — Fin de la famine. — Retour de l'abondance. ■ — L'abbé porte en procession le corps du Christ. — Bauduin de Guessart, 37e abbé, 1318. — II gouverne 31 ans et 9 mois. — II compose avec le maieur et les jurés de Bray pour des fossés et pour la pèche. — II compose avec l'abbé et le. couvent de Dom- martin pour le grain qu'ils devaient. — II achète, en 1320, la censé et le lief de Senarmond. — Destruction de Cassel. — Incendie d'Auxy, 1332. Joaxnes de Foucancourt 36us abbas hujus sacri cae- nobii (l) suscepit curam abbatialem post istum Odonem circa annum 1303um (2). Et anno Domini 1313, Philippus dictus le Bel rex congregavit omnem niilitiam sui regni cum rege Anglise , et ipsi reges cum suis no- bilibus acceperunt crucem et voverunt recuperare terrain sanctam de Jérusalem cum tribus suis filiis , quod non fuit adimpletum , quia , instigante Diabolo, Anglici conspira ver unt in absentia régis Philippi in- vadere istud regnum, et ista traditio fuit manifesta. Et immédiate caepit regnare famés universalis super omnibus comestibilibus ; ita quod mensura boisseli salis venderetur 40 libris; viri et mulieres intlabantur super itinera et moriebantur, et nullus poterat suc- currere eis : et inde unus sapientissimus virorum nominatus .Egidius Eaugustin dédit consilium cele- brare festum Dei ; quod consilium placuit summo pontifici, et ecclesia militans ordinavit celebrare uni- versaliter feria 5" post festum T rinitatis : ordinavit (1) La Gallia Christiana le nomme Jean II de Foucaucourt, 46° abbé. (2) Sous Jean de Foucaucourt, à la date de 1312, intervient un accord entre l'abbé, le maire et les jurés de Saint-Riquier.— Olim du Parlement, D. Grenier, paquet S, art. 3. — 230 — indulgentias vere pœnitentibus. Et quo celebrato , cessavit famés universalisa et terra sterilis fuit mul- tum fertilis et maxime in abundantia bladi et vini et ex consequenti alterorum comestibilium : et iste primus abbas portavit cum processione corpus Christi multum solemniter, sicut liabet cronica. Balduinus de Guessart 37,,s abbas hujus cœnobii nobilis , suscepit regimen pastorale post dominum Joannem de Foucancourt nobilem anno Domini J 3 1 S et rexit laudabiliter ecclesiam istam 31 annis cum 9 mensibus (1). Iste composuit cum majore et juratis de (1) C'est en la première année de son administration qu'il faut placer l'accord mentionné plus haut entre l'abbé et les mayeurs. Par cet accord on voit que les maieurs , qui précédemment admettaient au droit de bourgeoisie dans leur ville des vassaux (hommes couchants et levants de l'abbaye de Saint-Biquier), s'in- terdisent à l'avenir ce droit. L'abbaye se réserve le droit de faire enlever les portes, les fenêtres, les margelles des puits et de les emporter dans l'abbaye, dans le cas on les individus qui tenaient féodalement des tène- ments (manoirs ou maisons) de la dite abbaye n'acquitteraient pas les cens dus à cette abbaye. L'abbaye se réserve également les jugements de tontes les ma- tières féodales dépendantes des fiefs qui relèvent de la dite abbaye. Elle se réserve également le droit d'avoir dans la ville deux sergents. Elle accorde que les maire et échevins auront toute juridiction sur les propriétés qu'elle pourra acquérir dans la ville : les maraudeurs qui seront pris, au moment des récoltes, volant dans la banlieue, seront jugés par le maire et les échevins. Ce n'est plus comme en 1126, du temps de l'abbé Anschcr, une question de liberté ou de prédominance politique qui se débat, mais seulement une question d'intérêt et de juridiction assez res- treinte.— Voiries Archives nationales, trésor des chartes, registre 01, p. 202. — 231 — Bravo super fossatis et piscaria : etiam composuit eu m abbate et conventu S'1 Judoci in Nemorc aliter Dommartin super domum du Quennoy super grano ab eis debito. Item émit anno Domini 1326 censam et feodum de Senarmond cum suis appendentiis. Tem- pore istius destructi sunt omnes leprosi istius regni propter peccatum occultum. Et eo tempore régna vit magna guerra super Flamigiis. Villa de Cassel des- tructa est et villa d'Auxy combusta anno Domini 1332. Et regnabat tune rex Philippus de Vallois pri- mus rex 4œ generationis , qui vovit transire maria orientalia et debellare Infidèles, quod non fecit, quia rex Anglorum decepisset regnum (1). Gautier de Guessart, 38e abbé. — 11 l'ait confirmer à nouveau, en cour de Rome, le privilège (le l'exemption de la mitre, de l'anneau et des sandales, et décède en 1357. — Guerre contre les Anglais. — Edouard III, battant en retraite sur la Somme, trouve les ponts coupés à Pont-Rcmy , brûle le palais des Templiers à Oisemont, et passe la Somme à Blanquetaque. — Philippe de Valois, qui le poursuit, trouve la mer gonflée par le flux et se voit forcé de se détourner par Abbeville.— Bataille, de Cressy, 1346. — Philippe perd 3,800 hommes, dont 1,200 chevaliers , et se réfugie de nuit à Doullens. — Bataille de Poitiers. — Le roi Jean et Philippe-lc-Hardy prisonniers. — — Siège et prise de Calais. Yalterds de Guessart nobilis 3Sus abbas imme- (1J Après Baudoin de Guaissart — Balduinus de Guaissart— la Gallia Christiana, omettant Gautier de Guessart, nomme comme 48e abbé Pierre II de Aloengiis, que nous retrouverons plus loin. Le P. Ignace nomme, comme Jean de la Chapelle, Gaultier de Guessart 38e abbé. — 232 — diatc accepit pedum et impetravit. Saltem confirmare fecit de novo privilegitim exemptionis mitrae, annuli et sandalium in curia Romana , et decessit ab hoc sœculo anno Domini 1357, in vigilia Assumptionis beatae Mariée. Et tempore istius, regnum passum est multa bella quia Edouardus rex Angliae descendit in Normania et posuit aciem et sedem ante villam Ca- doni , gallice Can (sic) , et subjugavit ; deinde venit Rothomagum et non dircpit ; deinde venit ad Fran- ciam super Secanam , et rex Philippus de Yallois accepit et limitavit diem belli : sed dictus Edouardus transivit Secanam in villa de Poissy et accepit fugam de nocte elongando; et sommavit Relvacum, quœ ci- vitas contradixit non obediendo -, et transeundo per Piseynon, Pois, destruxit villam ; et credens transire Somonam in ponte Remigii, misit nuncios et invenit pontes l'ractos , et destruxit palatium Templariorum de Ausomonte, gallice Oysemond, et ipse cum exercitu transivit Somonam a le Rlancquetacque. Rex tamen Philippus insequebatur eum, sed invenit mare infla- tum et fluens ; subjectus est transire per Abbatis- villam, et anno Domini 1340, in nocte S*1 Rartholomei isti reges debellaverunt se invicem in villa Cressiaci; et quia rex Philippus non expectavit gentem , fuit festinus, perdidit bellum, non tamen in persona; sed mortui sunt 3S00 hominum , inter quos erant 1200 milites. Rex Behanniae, dux Lorinthigiœ gallice Lor- raine , cornes d'AIensson, cornes Elandriae, cornes de Rlois, cornes de Harcourt, cornes d'Àuxoirre, cornes Sabaudiœ , gallice Savoie , mortui sunt. Et ipse rex Philippus accepit de nocte refugium in Dullendio. Et anno Domini 1356, Joannes filius Philippi de Vallois — 233 — cum Philippo dicto le Hardy fratre suo fuit prisio- narius in bello de Poictiers et conducti in Anglia per villam de Bordiaux. Ibidem steterunt tribus annis cum quatuor mensibus; et illo tempore dictus Edouar- dus stetit ante villam Calesise per annum cum dimidio, et quia nullus ei succurreret in victualibus, nec erat spes adjutorii et succursus , villa Calesise facta est Anglicana et in captivitatcm posita usque in hodier- num diem. Ll Pierre d'Alovinges, 39" abbé, mort en 1360. — Grand orateur et docteur en théologie. — D'abord religieux de Saint-Bertin de Saint-Omer, puis abbé de Saint-Bannon. — Il fait recons- truire, dans son abbaye de Saint-Riqùier, la chambre dite la basse salle, où il demeurait. — 11 fait peindre les armes de tous et de chacun des vavasseurs et boinmes liges de l'abbaye. — Il compose avec les seigneurs de Thorotte pour les hommes de l'abbaye à Cbevincourt. — Soutient deux grands procès contre l'abbé et le couvent de Dommartin, pour du grain dû sur la censé du Quennoy. — 11 compose avec le maître, les frères et les sœurs du Val d'Abbeville, pour les terres de l'abbaye à Ouviller. — Philippe, 40" abbé, natif de Bourgogne, gouverne en 1369. — Nommé abbé de Fescamp en Caux, il quitte bientôt Saint-Biquier. — Hugues de Roigny, 41* abbé, natif de Bour- gogne, d'abord abbé, de Saint-Segni en Bourgogne, gouverne à Saint-Riquier en 1379. — Sa mort, 1393. — Troubles à Paris et dans le royaume , pour L'impôt du vingtième denier. — Guerre en Flandres. — Bosebec. ■ — Taille. — Appauvrissement et mécontentement du pays. — Mort du roi. — Hugues de Boigny avait acheté le fonds d'Egidius de Saint-Biquier, près de Ber- sacles et sur Haymont Porte. Petrus d'Alovinges 39"s abbas obiit in cardinali — 234 — monacho (sic) Parisiis (1), et sepultus est in capella Sli Firmini martyres dicti loci, anno Domini 1360, tem- pore dicti Joannis de Yallois régis Francorum. Iste fuit magnus orator , et theologiœ et sacrée paginae doctor Parisiensis: 1° fuit religiosus ecclesise Sli Ber- tini de S" Odomaro et abbas S" Bannonis et juxta Gandavum ; et postmodum post dictum Walterum de Guaissart suscepit curam et regimen istius ecclesise. Iste construxit cameram de novo , quœ dicitur la basse salle, et in eadem morabatur. Ipse fecit de- pingere arma omnium et singulorum nostrorum va- vassorum et hominum ligiorum et feodalium. Iste composuit cum dominis de Thorotte pro hominibus nostris de Chevincourt ; et sustinuit duos processus magnos , in quibus obtinuit contra abbatem et con- ventum de Dommartin pro grano debito super censam du Quennoy. Item composuit cum magistro, fratribus et sororibus Vallis de Abbavilla super terris nostris Altivallaris gallice Ouviller ; et adhuc de presenti major et scabini Abbatisvillae tenent compositionem , nihil addito aut remoto. Pniuppus 40l,s abbas bujus loci fuit ejus successor immediatus. Erat nobis de Burgondia oriundus ; re- gebat anno Domini 1301) (2). Pauca de ejus actis repe- riuntur , quia fuit abbas Fiscanensis Botbomagensis (1) Cet abbé, le 39e de Jean de la Cbapelle et du P. Ignace, le 48' de la Gallia Christiana, mourut à Paris in collegio cardina- litio en 1360. (2) Suivant la Gallia Christiana, qui le nomme Philippe du Fossé, on le trouve abbé dès 1365 et 1308. C'est le 40° aussi du P. Ignace, le 49° de la Gallia. — 235 — diaecesis in Normania in Caleto gallice Caux : et est prœsupponendum quod rexit in regimine hujus ecclesia3 brevi tcmpore, quia suscepit aliud onus pastorale ; et erat generosus et%ex magna progenie procreatus. Hugo de Boigny 41"s abbas hujus sacri loci. Iste fuit successor dicti Philippi : ejus cognatus et nobilis de Burgondia oriundus; et fuit 1° abbas Sli Segni in Burgondia; et regnabat anno Domini 1379 (1), migravit ad Dominum anno Domini 1393, die ''i0 februarii , et sepultus est in ecclesia S'! Richarii. Populus Parisiensis et totius regni commotus est et conturbatus adversus regem propter institutionem impositionis vigesimi de- narii rerum venalium. Et 1° impositio fuit Ievata et coacte persoluta pro venditione nacturcii, et pro primo denario levato fuerunt plures Parisiis in Phalis interfecti et occisi gladio, anno Domini 1381, prima die martii, et plures rebelles fuerunt incarcerati. Tune temporis Philippus (sic) rex debellavit et subjugavit Flandriam , et in Bosebet fuerunt 20000 interfecti in bello; et in regressu imposuit unam magnam taliam et magnum subsidium, ita quod depauperavit omnes divites sui regni , et omnes adversus regem conce- perunt odium iniquum : et ex illis denariis levatis tam in impositione quam in talia dictus rex conspi- ravit magnum prœlium au Mans, in quo loco magna in infirmitate detentus, de qua convalere non potuit, et in detrimentum regni mortuus est. Dictus Hugo de Boygny émit et acquisivit feudum Egidii de S'° Bichario, cujus dominium et redditus pro majori parte (1) Suivant la Gallia Chrisliana, il paraît en 1379 et 1389, et meurt effectivement en 1393. On l'appelle Hugues 11. — 236 — servantur juxta Bersacles et super Haymont Porte , sicut patet latius in repertorio novo. lu Guichard des Salles , ï2e abbé , !u; au pays de Bourbon , d'abord moine et infirmier en l'abbaye de Cluny, et abbé de l'église de Saint-Pierre dessus Dive. — 11 acquiert beaucoup de biens à l'église de Saint-Riquier. — Sa mort, 1410. — Il avait fondé une messe des morts, acheté des revenus au cou- vent et soutenu heureusement deux procès contre Dommartin. — Il avait assisté en personne (1396) à un combat contre les infidèles livré en Hongrie, et où périrent le comte d'Eu qu'il accompagnait et le seigneur de Coussy. — Mariage de Richard d'Angleterre et d'Elisabeth de France. — Fête fie nuit à l'hôtel Saint-Paul à Paris. — Plusieurs seigneurs y sont consumés par le feu. — Meurtre du duc d'Orléans. — Peste, guerre, famine. — Défaite des Liégeois par le duc de Bourgog lie Guichardus des Salles 42i,s abbas hujus sacri loci (I) fuit successor dicti Hugonis; erat natus de Bourbonia et nobilis : fuit primo monachus et iniîr- marius cœnobii Cluniacensis et abbas ecclesiae beati Pétri dessus Dive in Normania. Iste rexit laudabiliter et acquisivit multa bona luiic eeclesiœ: vixit in hoc loco 42 annis , et morluus est anno Domini 1440 mense aprilis. Iste fundavit missam defunctorum l'eria secunda de mane (sic); et émit redditus conventui; et sustinuit duos processus contra Dommartin pro Quennoy et ob- tinuit, pro grano debito, sicut et sui prœdecessores. Et (1) Guischanlus de Salis, 51e abbé dans la Gallia Christiana; Guissard des Salles, le 12e dans le P. Ignace, — 237 — suo tempore, quasi anno 1396, ipse in persona erat in praelio contra Infidèles in regno Hungariae; in quo christiani passi sunt magna damna lste abbas erat cum comité Augy gallice Eu et domino de Coussy qui ibidem mortui sunt; dominus cornes de Nevers Joannes qui fuit dux Burgondiae fuerunt prisionnarii. Et eodem anno Elisabetli filia régis Francise nupta est cum Riehardo rege Angliae , quem interfecit et occidit dux de l'Enclatre (sic) anno Domini 1399: super morte cujus magna preelia orta sunt. Item tempore istius Guichardi abbatis , Parisius in domo regia S'! Pauli ordinatse sunt choreœ noctuales, et in nocte quadam cornes de Jongny bastardus de Fois et Hugo de Grieuse fuerunt igné subtili concremati et mortui sunt super locum; et factures (sic) crediderunt suffocare et comburerc regem ibidem praesentem, sed mulieres nobiles et duces ibidem existentes non cul- pabiles salvaverunt regem extinguendo ignem a ves- tibus suis et eum subito spoliaverunt, nec potuerunt salvare vestimenta sua. Et tempore istius abbatis, in vigilia sancti Laurentii anno Domini 1407, liora dé- cima de nocte, in loco dico de Porte-Baudes, Parisiis, quidam nominatus Ranlot d'Autonville interfecit Lu- dovicum ducem d'Orléans, quod nefas impositum est Joanni duci Burgondiae , in regressu Infidelium belli de Hongrie. Ex qua morte super evenerunt infinita mala huic regno, pestilentia, bellum et famés, et in parte perditio totius regni : nec oculus vidit nec auris audivit quae et quanta mala super ecclesiam militan- tem, super nobiles et super populares superevenerunt-, nec vulnus sanatur. In anno sequenti scilicet 1408 , dictus Joannes dux debellavit Leodenenses gallice — 238 — Liégeois, et interfecit gladio juxta Tongrcs 2'i000 ho- minum. Gapitaneus ipsorum nominabatiir dominas de Pernel , qui sententiam habuit capitalem : querela ipsorum erat super episcopo suo non sacerdote , co- gnato dicti Joannis ducis ex parte matris , nec se habebat boneste more prœlati, ut dicebant. LUI Jean de Bouquetot, 43° abbé, précédemment prieur du Pré on Normandie, ne gouverne que 30 mois l'abbaye de Saint-Riquier et reçoit celle de Saint-Vaudrille à Rouen. — Exécution de Montagu. — Pierre des Essars, prévôt de Paris. — Bataille du pont de Saint-Cloud. — Insurrection des bouchers de Paris. — Destruction de la tour de Nesle. — Hugues Cuillerel , 44e abbé, né en Bourgogne. — Après avoir pris l'habit dans l'ordre de Cluny, il avait été prieur en plusieurs lieux. — Il prend le gouvernement de l'abbaye de Saint-Riquier en 1412. — Exécu- tion de Pierre des Essars, 1413. — Guerre des Bourguignons. — Exécutions. — Désordres, pillages. Johannes de Bouquetot 43"s abbas bujus eeclesiae (1), fuit natus de Normania, doctor decretorum Parisiensis et erat 4° prior de Prato in Normania, et rexit liane ecclesiam 30 mensibus ; et postmodum fuit electus abbas Sli Vandregisili Rotbomagensis diœcesis. Pauca de suis factis reperiuntur propter brevitatem tem- poris : sed suo tempore quidam nominatus Montagu rector et magister domus regiae capitalem sententiam in Pbalis Parisiis passus est. Et tune temporis domi- (1) Johaunes III de Bouquetot, suivant la Gallia Christiana, qui le donne pour 52e abbé. — 239 — nus Petrus des Essars erat prœpositus Pariensis (sic). Et anno Domini 1411, mense novembris, fuit maxi- mum prœlium au pont S'-Clou juxta Parisius , ipso Joanne duce de Bourgongne , et comité de Nevers suo fratre , comité d'Arondel et magno numéro An- glicorum , prœsentibus victoriam obtinentibus ; et in praelio ex parte régis quasi mille interfectis et occisis; ibidem fuerunt captivi dominus Mausart du Bos, Ni- colaus de Puiseux et plures alii, decapitati in Phalis et in quartis partibus truncati. Et immédiate post in- surrexerunt in armis carnilices Parisienses nominati Lesgris et Caboches , cum magno numéro communi- tatis , et tenuerunt contra regem civitatem Parisien- sem , nec ullus audebat contradicere. Destruxerunt domum ducis de Berry vulgante Neelle super Pratum Clericorum et juxta Augustinos cum pluribus nobi- libus et sumptuosis œdificiis ; et tandem destruxerunt et dilapidaverunt castellum de Viscetre situm juxta Parisius distans duobus leucis. Hugo Cuillerel fuit 44i" abbas hujus sacri cœno- bii (1): ipse erat oriundus de Ponlegny en Arboys in comitatu Burgondiœ et nepos magistri Jacobi de Sesac magni rectoris domus Burgondiœ, qui fundavit eccle- siam collegialem S1 Ipoliti in dicto oppido de Ponlegny. Ipse fuit vestitus sub ordine Cluniacensi et prior de Mimars, et deinde prior de Lorris in Gatinois, deinde prior S(i Yigoris Magni in diœcesi de Bayeux , et eodem tempore prior Sli Dionysii de Cartere super Magnum pontem Parisiensein ; et deinde suscepit re- (1) Hugo IV de Cuillerel, 53° abbé dans la Gallia Christiana; Hugues Cuillerel, 44e abbé dans le P. Ignaee. — 240 — gimen pastorale hujus ecclesiœ anno Domini 1412 in Nativitate Domini. Suo tempore , inlinita acciderunt inala, et ipsorum non est numerus nisi apud humanos inlinitus. ï° anno, scilicet anno 1413, prima julii , dominus Petrus des Essars magister domus regiae fuit distractas nudus super calceya a palatio usque Castellum et in Phalis decolatus, non hora ordinaria quia fuisset factus tumultus in populo. In anno 1414, e contrario cornes d'Erminac nomine régis rexit Pa- risius cum Carolo de Labre tune locum tenente régis. Et exivit ipse rex cum suo exercitu ut recuperaret civitatem Surcenensem gallice Soissom, ut expoliaret ducem Burgondiae -, quod factum est, et capta est vi et violentia absque compositione; et in eadem lnger- rannus de Bournoville cum septem aliis capitaneis fuit decollatus, et communes homines suspensi in ar- boribus omnes , et communis perdiderunt sua bona , et mulieres nuptœ , virgines , religiosse violatae sunt in prœsentia superiorum suorum ; ecclesiœ spoliata; sunt , sacramenta denudata usque ad feretrum sanc- torum Crispini et Crispiniani cum gemmis et lapi- dibus pretiosis absque ordine et mesura. Eodem anno, rex posuit per septem septimanas sedem ante civi- tatem Atrabatensem, et nihil remansit in suburbanis; et tune ductissa de Hollande tractavit cum rege et exivit et elongavit dictam civitatem Atrabatensem. L1Y Descente du roi d'Angleterre en Normandie. — 11 vient à Eu, traverse le. Vinieu et s'avance jusqu'à la ville de Bo7ia(?) sur Amiens. — Il bal en retraite. — Bataille d'Azincourt, lilï.— — 241 — Sièges et prises de Beau vais, rie Beaumont, de Pontoise et de Meulant par le duc de Bourgogne. — Le duc ne peut entrer dans Paris et se retire à Corbeil. — Il emmène la reine à Troye en Champagne. — Le roi d'Angleterre descend en Normandie, assiège et prend la ville de Caen. — Ses rigueurs. — Ses succès. — Il assiège Bouen. — Maux et famine soufferts par les habi- tants de la ville. — Ils sont forcés de se rendre. — Paris livré par trahison au bailly d'Auxois. — Tanneguy du Chatel sauve le Dauphin. — Combat dans Paris. — Le Dauphin est emmené à Vienne. — Paris soulevé. — Massacres. — L'abbé Hugues Cuillère! témoin oculaire de ces abominations. Anno Domini 1415 , in nocte Assumptionis beatae Mariée virginis, rex Anglorum cum suo exercitu des- cendit in Normania in capite Caleti gallice Caux, et intravit villam de Harfleu quani ei reddidit dominus de Gaucourt in fine 40 dierura, et pervenit ad villam Augi gallice Eu, et per Vimentum transivit usque ad villam de Bona (1) super Ambianis, et cupiens repa- triare , et timens regem qui eum sequebatur cum sexagenta (sic) millibus bominum pervenit ad villam de Maisonchelles super Hisdinum in vigilia S'1 Cris- pini , juxta Azincourt et Roncbaville, et in crastina die sanctorum Crispini et Crispiniani veneris , de mane, Gallice (2), non in ordine sed confidentes in multitudine sua, cœperunt preeliare et debellare, ipsis maie ordinatis et divisis , habentibus lumen solis in oculis ; et contra ipsos perdiderunt bellum et subju- (1) Bova probablement. (2) A la manière des Français. Jean de la Chapelle glisserait-il dans ce mot quelque épigramme sur la fougue désordonnée des Français, ou n'entend-il parler que de la disposition des lignes de bataille? 16 — 242 — gati sunt : ibidem fuerunt apprehensi prisionarii duces d'Orléans et Bourbonio, comités de Yandosme, Augi, marescallus Boussicaut , et ducti in Anglia ; et in eodem loco duces d'Alcnsson, de Brabant, Carolus de Labret locum tenentes régis , cornes de Nevers et plures alii mortui sunt et interfecti super locum. In anno sequenti, videlicet in anno Domini 1416, dux Burgondiee congregavit magnam gentem et venit ante civitatem Belvacensem quam subjugavit; deinde ante Beaumont-sur-Oyse , ante Pontoisiam et Meulant , et subjugavit ; deinde super Montcm-Bubrum gallice le Monlrouge, credens intrare Parisius, quod non fecit; et videns quod frustra laborabat pervenit ad villam Corbeil \ deinde sciens reginam peregrinam in eccle- sia Majoris gallice Marmoutier juxta Tours accessit ad eam et secum duxit ad Trojam in Campania. Et eo tempore , rex Anglise descendit in Normania in quodam parvo portu nominato Iongne et assiegiavit Cadomum gallice Caen, et lucratus est vi et violen- tia , et csepit captivos viros , mulieres et pueros et ducere fecit ad Angliam ; et accipiendo villas, castella, pervenit anno Domini 14Î8, in festo beati Joannis Baptistœ an (sic) Botbomagum : ibidem steîit usque ad Nativitatem Domini ; et expectando succursum a rege Francorum et duce Burgondiae , sustinuerunt cives magna mala et famcm, qua mortui sunt 40000 bominum permiscui generis ; et ex licentia régis fide quitata, reddiderunt villam et civitatem régi Angliœ. Et durante isto tempore et mediantibus novem aut decem traditoribus frangentibus seris portée Su Ger- mani a Pratis, villa Parisiensis de mane derepta est et capta per ballivium d'Auxois, Vitulum de Bar et — 243 — dominum de Lalade, qui lente absque tumultu per- rexerunt usque palatium ; et licet numerus ipsorum non excedisset 600, fingebant se esse in maximo nu- méro , et fecerunt magnos clamores- Acceperunt re- gem , comitem d'Erminac cancellarium Franciœ et liemons de la Guerre et alios capitaneos, et posuerunt ipsos captivos in palatio, in Casteleto, in Parvo-ponte et in Templo. Et subito dominus de Tenqueguy du Castel praepositus Parisiensis accepit occulte Delphi- " num lilium régis et posuit secum , et refugiavit in bastilia S'! Anthonii, et tenuerunt contra adversarios, et die dominico de mane usque ad diem mercurii sequentem ; qua die dictus Taneguy habuit magnum succursum , et credentes recuperare villam Parisien- sem , cum magno exercitu intravit per portam S': Antonii praeliando usque ad locum dictum le Porte- Baudet ; et considerato quod iniinici dominabantur , recesserunt cursive , et secum in delphinatu Vienne transtulerunt dominum Delphinum filium régis ; et quasi omnes Parisienses , quorum tortor seu spicu- lator nomine Capuluche erat capitaneus , major et conductor, commoti sunt, et omnes prisionnarios in- terficiebant ; duces , comités , barones , episcopos , canonicos, abbates, doctores, magistros, mercatores, burgenses interiiciebant absque dilatione seu infor- matione , et comitem d'Erminac et Remondum de la Guerre super calceyam et in triviis et locis qua- drangularibus publicis super pavimentum , nudos et mortuos prosternaverunt; et pedibus movebant in abo- minatione humanitatibus corpora et cadavera octo diebus durantibus : et nullus erat ausus ipsos recondere aut sepelire-, et iste dominus Hugo erat praesens. — 244 — LV Prise de Pnntoise par les Anglais, 1417. — Le duc de Bourgogne tué à Montereau. — Le roi d'Angleterre épouse la sœur du dauphin, 1418. — 11 s'intitule régent «lu royaume. — Le duc, Philippe de Bourgogne assiège, avec le roi d'Angleterre, la ville de Melun <[iii se rend, li2o. — Le roi d'Angleterre conduit sa femme en Angleterre, et à son retour, l'année suivante, couche dans l'abbaye de Saint-Riquier. — Il entre dans le Vinieu par Ahheville et prend , dans ce pays , des villes et des châteaux. In anno sequenti , videlicet anno Domini Kil7 , octuoginta Angli de nocte furtive accesserunt cir- cumquaque villam de Ponthoise, in qua erat potostas totalis ducis Burgondiœ, et eam apprehenderunt et acceperunt vi et violentia, ut dicebatur, et fictive rege Francorum et duce Burgondiœ existentibus in villa Sli Dionysii : et qui rex et dux se refugiaverunt in villa de Laigny-sur-Marne. His visis et per Délphi- num consideratis , dictus Delplùnus, existons in villa de Montreau sur Yonne, misit legationes pacis et am- batiatores pênes dictum ducem Burgondiae , qui se humiliavit et accessit personaliter apud dictum locum de Montreau ; et ibidem fuit interfectus per dictum Tenqueguy du Castel, et omnes suos nobiles detinue- runt prisionnarios, unde lis et controversiae infinitae ortae sunt ; nec est spes de fine absque gratia Dei. Anno sequenti, videlicet anno Domini 1418, Phi- lippus dux Burgondiœ suus hœres babuit favorem et amorem eum rege Anglitc, et suo medio duxit in uxorem Catherinam filiam régis Francorum et soro- — 245 — rem dicti Delphini ; eo medio quod debebat succedere huic regno ; quod non erat possibile, quia succedunt mares huic regno non muUer.es. Non obstante quod, nominavit se Regentem Franciae. Et anno Domina 1420, dictus rex Angliae et dictus Philippus dux Bur- gondiee posuerunt aciem et exercitum suum guerrœ circa villam de Melun , in qua erat capitaneus pro rege Barbasan, qui reddidit villam, nimia necessitate oppressus , salva vita sua et suorum. Et eo facto, dictus rex Angliae duxit dictam Gatherinam suam uxorem in Anglia Et anno sequenti , juxta festum beati Joannis Baptistae, intravit Franciam et dormivit in hac ecclesia -, et intravit Vimentum per Abbatis- villam acquirendo villas et castella. LVI Des capitaines tenant pour le roi de France et nommés les Herminaulx, entrent dans Saint-Riquier avec 1500 hommes, 1421. — Le duc de Bourgogne assiège Saint-Riquier. — Dégâts, ravages, ruines autour de la ville. — Le duc se retire sur le Vinicu à l'approche d'un corps de 800 lances. — 11 gagne la bataille de Mons. — Destruction des châteaux de Drugy et de la Ferté. — Mort du roi d'Angleterre à Meaulx. ■ — Le Crotoy rendu aux Anglais par Jacques de Harcourt, 1423. — Mort de Jacques de Harcourt. ■ — Bataille de Veineux.- — Mort du roi Charles VI. — Le duc d'Alenç.on prisonnier au Crotoy. Anno Domini 4421 , quidam capitanei nominati les Herminaulx, tenentes votum régis Franciae, intraverunt banc villam S,! Bicharii, videlicet dominus d'Ot'femont, Poton de S"-Trelle, dominus de Vert-Duissant , do- minus Mangue, secum ducentes J 500 virorum bellico — 246 — sorum bene armatorum. Et in dicto anno, die ultima julii dictus Philippus dux Burgondiœ cum suo exer- citu et potestate magna posuit sedem et aciem ante villam S'1 Picharii , et pernoctavit in ecclesia beatse Mariae dicti loci in capelia sancti Jacobi : multa et iniinita damna intulit huic villae , et in suburbanis non remansit domus intégra ; arbores destructae sunt : et ibidem stetit usque ultimam diem augusti qua recessit , quia audivit de mane quod octo centum lanceae veniebant contra eum et in succursum gen- tium ibidem inclusarum 5 quod timuit et prœ timoré perterritus intravit Vimentum , et inobviam habuit suos inimicos in villa de Mons , quos subjugavit et prœliavit, adversus eos Iucratus est bellum et prisio- narios habuit dictos Poton , Mangue , Vert-Duissant , d'Offemont conductores prselii ; et ordinatus ibidem miles a militia. Et per dictos Herminaux destructa sunt castella de Drugy quod construxerat honorifice dominus /Egidius de Machemont abbas et de la Eerté et quam plurima managia lapidea et nemorea exis- tentia in suburbanis dictée villae S'1 llicharii. Et ut illos prisioniarios redderet sanos in corpore, villa ista data est in possessione ejus et villa Compendise gal- lice Compiègne. Eo tempore , ante villam de Meaulx mortuus est rex Angliae, et suum cadaver deportatum in Anglia(J). Dux de Bethefort ejus frater nominatus est Piegens Eranciae. Anno Domini 1423, villa du Crottoy reddita est manibus régis Angliae per dominum Jacobum de (1) Le corps du roi d'Angleterre fut, pendant le trajet, dépose en l'église de Saint-Vulfran d'Abbeville. — 247 — Harcourt , et dum recederet visitavit dominum de Partenay in suo castello suum cognatum , et dum videret se fortiorem voluit expellcre dictum dominum de Partenay et dominari in dicto castello-, sed qui- dam vir fortis servus dicti Partenay amplexus est eum et deorsum per fenestram in fossatis dicti loci processit (sic) : de qua inlirmitate non convaluit, sed merito et judicio Domini, ut pium est credere, morte canina mortuus est. Et immédiate constitum (sic) est prœlium de Verneux ou quod perdiderunt Gal- lici , et quasi omnino Scoti interfecti sunt. Et eo tempore rex Carolus decessit ab hoc saeculo, et dux d'Alensson prisioniarius est in castello du Crotoy. LV1I Siège d'Orléans par les Anglais. — Jeanne d'Arc. — Elle bat les Anglais, fait sacrer le roi, est prise devant Compiègne, couche dans le château de Drugy où Nicolas Bourdon , prévôt de l'abbaye, et plusieurs autres religieux vont la visiter. — Paix d'Arras, 1 ï.ï5. — Succès du roi de France et de ses lieutenants. — Mort à Rouen du régent de France au nom des Anglais. — L'IIle-Adam prend Pontoise. — Paris reconnaît le roi Charles VII. Mo et eodem anno (1), Anglici voluerunt subjugare civitatem d'Orlians; super quod accidit res mirabilis et (1) M. Jules Quicherat , dans le Supplément aux pièces et extraits concernant la Pucelle — Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc, t. v, p. 358, — cite textuellement toute la première partie de ce chapitre. « Très-inexact quant au reste des faits, dit M. Quicherat, puisqu'il place l'apparition de — 248 — vera. Quia dum rex Carolus juvenis et nuper ordina- tus rex, volens abjicere et dictos Anglicos repudiare, supervenit quaedam juvenis puella Domine Jehanne de Lorinlhigia oriunda, ut dicebatur, armata et cum magna potestate; quœ dixit dicto régi : « Ne tiineas. » Ego sum mulier bellicosa , puella a Deo tibi in » Mis partibus missa , et in adjutorium villœ tuœ " Aurelianis ut liberem eam a suis inimicis, et quos, » Altissimo favente , effugabo : te conducam Rhemis » ut ibidem sis unctus rex et in villa S" Dionysii » coronatus. Quod faciam , et de illis non dubites » quia a Domino missa sum. » Quod feeit, quia ipsa armata cum suo exercitu devixit Anglicos et suas bastilias ante villam Aurelianensem subjugavit, et fu- gam accoperunt. Constituit prisioniarium coraitem de Talebot et plures alios Anglicos. Veniendo Rhemis ut rex ibidem esset unctus , subjugavit et regno univit Auxerre , Sens , Troye , Chalons , Provins , Raims , Soissons, Laon, Noyon, Compiegne, Senlis, SvDenys, Beauvais et plures alias villas, civitates, castra, loca la Pucelle en 1428 (faute d'impression pour 1423) et qu'il suppose qu'elle fut décapitée avant d'être brûlée, Jean de la Chapelle n'a de valeur que pour la circonstance qui concerne sa localité, » le séjour à Drugy. — Le P. Ignace paraît s'être servi de la Chronique de Jean de la Chapelle pour ce qui regarde ce séjour. L'intérêt que, d'après lui. témoignaient à la prisonnière les dames, damoi- selles et hourgeoises d'Abbeville n'a rien de prouvé, mais rien d'invraisemblable. Malgré l'occupation du Ponthieu par les Anglais, le parti français conservait de nombreux adhérents à Ahbeville. — Voir, dans le 58 volume du Procès de Jeanne d'Arc, p. 142 , l'outrage public fait à la magistrature d'Abbeville à propos de la Pucelle, vers le 15 septembre 1429. — 2'i9 — murata existentia in obedicntia Anglorum. Tamen , omnibus peractis , ante villam de Compiegne dicta Joanna puella fuit captiva et detenta et tandem in manibus Anglorum deposita-, et ut ducerent eam ad civitatem Botbomagensem ut ibidem decolaretur et igné concremaretur , dormivit et pernoctavit in cas- tello de Drugy, et in eodem castello viderunt eam dominus Nicolaus Bourdon praepositus , dominus Jo- annes Capellani eleemosinarius et plures alii religiosi hujus ecclesise. Et de ea périt in posterum memoria, quia dicti Angli iniquo odio oderunt eam (•]). Et in anno 143S , fuit pax et concordia a Deo desursum in terra emissa inter regem et ducem Bur- gondiae, tractata in Atrebato per cardinalem S1* Crucis legatum domini pappse , secum habente cardinalem Ciprise, habentes potestatem et facultatem a consilio generali Basiliensi tractandi inter regem et ducem et regem Angliœ : et non obstantibus summationibus et monitionibus salutariis per prœfatos dictis Anglicis factis, noluerunt obcdire et concordare renuerunt. Et in instanti eodem anno , rex acquisivit totam Nor- maniam de Caleto gallice de Caux ; et unus capitaneus nomine Carnier lucratus est Dieppe, Fécamp, Mons- tierviller, Harfleu , Tancarville, Lillebonne , Longue- ville, Charlemaingnil, Aumarle et plures alias villas. Tune mort u us in lîothomago Begens Franciae nomine Anglorum. Et dominus de l'Ule-Adam subjugavit Pon- thosiam. Anno sequenti , Parisienses recognoverunt (1) Cette dernière phrase est tout-à-fait différente dans la publication de M. Quicherat: « Et de ea erit imposterum me- moria quia dicti Angli iniquo odio oderunt eam. » — 250 — suum dominum, et susceperunt gentem regiam absque difficultate ; et Anglici réfugia verunt se in bastilia S" Antonii, et episcopus Morinensis erat illorum can- cellarius. LV1I1 Siège de Calais par les Français. — Le roi de France prend Monteriau-Fanlt-Yonne. — Le sénéchal de Pontliicu détruit la ville du Crotoy et tue presque tons les Anglais qui l'occu- paient.— Disette effroyable. — L'abbé Hugues Cuillercl rachète l'hôtel de Saint-Riquier à Abbeville, et successivement tous les revenus et tènenients appartenant à l'abbaye et tenus héré- ditairement par l'hôpital du Saint-Esprit. — 11 fait des cons- tructions, acquiert en partie les revenus que l'abbaye possède à Fontaine-sur-Somme. Statim post , sedes et acies Francorum cum Fla- migis posita est ante Calesiam , et Francigense sub- jugaverunt Oce, Mère, Sangatte, Banclinquehan juxta Calais : sed Flamigi absque situ et licentia ducis Burgondiœ recesserunt; qua de causa dictus dux infi- nita bona et sua instrumenta bellicosa (1), et subito se refugiavit in villa de Lille : et dicti Angli destruxe- runt Baliœul, Propingre, et plura loca in Flandria. In anno Domini 1437, rex et omnis exercitus sub- jugavit Monteriau-Fault- Yonne (2) ; et Anglici du Crottoy quasi omnes , et villa destructa per senes- callum Pontivi (3). Eodem anno , fuit caristia et defectus generalis (t) Perdidit? (2) Montereau où Fant-Yonne. (3) Nous avons raconté, avec quelques détails, ce siège dans les Notices sur l'arrondissement d' Abbeville, t. u, p. 173. — 25 j — omnium bonorum terrenorum ; ita quod mense sep- tembri non reperiebatur bladum conveniens ad semi- nandum , et maxima famés generalis , ita quod cum difficultate burgenses , laboratoires et mercenarii co- medebant panem ordeacum, panem vesciae, avenae et leguminum ; non obstante quod subjecti et homines hujus ecclesiae quasi totaliter destruerentur (4;, et red- ditus, proventus annihilarentur. Deo gratias, nullus intraneus aut extraneus in bac villa periit famé, sed omnes provenientes sustentati sunt , et quamvis ses- tiarium bladi venderetur decem francis. Quse omnia passus est dictus Hugo abbas. Iste Hugo émit de novo managium nostrum de Abbatisvilla , et alternatim et successive omnes red- ditus et omnia tenamenta nobis pertinentia in Abba- tisvilla quee ab hospitali Sancti Spiritus tenentur hœreditarie acquisivit , et in parte domum nostram aedilicavit, sicut latius continetur in novo repertorio. Item redditus quos habemus in villa de Fontaine- sur-Somme in parte procuravit. L1X Vente, par Robinet de Lignes (2), natif de Ponthoille, des fonds de Portes, de Polehoys et Noyers, à Antoine de Wisoc. — Robinet remet la saisine et possession réelle de ces biens entre les mains du bailly de l'abbaye, au profit de Wisoc; mais les biens sont retenus par l'abbaye qui en rembourse , en temps de (t) Furent ruinés. (2) Jean de la Chapelle le nomme plus loin— chapitre lxi — Robinet de Lisques, et désigne Antoine Wisoc sous la qualité de seigneur ou sieur de Thaunay. — 252 — droit, le prix au dit Wisoc. — Ces biens appartiennent encore à l'abbaye, 1492. — Nicolas Bourdon, prévôt de l'abbaye.— Son éloge. — II compose la musique de plusieurs proses. — Sa mort. — Pierre le Prêtre lui succède dans les fonctions de prévôt. — Eloge de Pierre le Prêtre. — Il est nommé vicaire de l'abbé. Suo tempore, quidam miles nomine messire Robinet de Lignes natus de Pontoille vendidit jure bœredita- rio feudos de Portes et Polehoys et Noyers domino Antonio de Wisoc pro summa octo centum scutorum aureorum , et ex illis ipse et sua mulier se dessai- sierunt et saisinam et possessionem corporalem et realem in manibus nostri ballivii pro dominio lundi posuerunt ad opus et utilitatem dicti de Wisoc ; quae omnia retenta sunt in manibus ecclesiae, et licet ipse dominus Hugo non habens pecunias, in promplu ipse dédit jura dominalia domino Nicolao Bourdon prœ- posito et domino Boberto Errenault aliter d'Amiens priori de Bredenay : et illi cum diligentia magna infra tempus juris statutum et consuetum restitue- runt et restauraverunt dicto de Wisoc militi dictant summam octo centum scutorum aureorum de conçruo et fabrica domini nostri régis, et omnia cum diffi- cultate tantum procuraverunt prœfati abbas , prœpo- situs et prior quod pacifiée dictos très feodos cum suis pertinenciis universis usque in bodiernum diem possidemus , dominium , jura et émoluments perci- pimus , et , Deo favente , in posterum recipiemus , quod prosit ad salutem animarum suarum. Item iste dominus Nicolaus Bourdon erat oriundus de Bayeux in Normania; fuit 1° cantor, deindc prœpositus bujus ccclesiœ ipse inter cseteros erat lacundus et honestus, — 253 — ac scientificus, religiosus, musicus, vocem habens or- ganisatam in onini prolatione ; ita quod omnis fama laborabat in his partibus non erat tenorista aut con- tratenorista similis, nec ei secundus devotus et fre- quentans missam cotidianam beatae Marias virginis , in sua capella cantans in persona et docens musi- calia ad prseconium et laudem beatee Mariœ virginis, quotitie dictamina componens, et alios discipulos snos regens et dirigens; ita quod de nova propria scientia ordinavit musicalia prosaruni Ave gloriosior, mitis ad Virginem prosam , et aliarum quas nunc canunt re- ligiosi in dicta capella hora consueta et ante Primam ; quam plurima alia bona buic ecclesiae et conventui procuravit ; octuagenarius , venerandus senectute et canicie, migravit a sseculo ; et cujus anima in pace requiescat et vivat cum Cbristo, amen. Post ejus obitum et decessum immédiate, bonestus vir dominus Petrus le Presbtre, oriundus de quodam parvo opido nominato le Vacquerie le Bouc super Auxiacum juxta Fortel, presbyter et religiosus hujus sacri csenobii, ex dono et colatione dicti domini Hu- gonis Cuillerel abbatis , constitutus est prœpositus hujus ecclesiœ; non post multum vero temporis quia scientificus et magnus pater familias videbatur , mu- sicus, grammaticus et decretista , vir magnée quanti- tatis , gratus et ratus ab omnibus, licet eompetenter juvenis, magnus œdificator et optimus rector ab om- nibus appellabatur : inde ex illis atque aliis de causis et dédit regimen hujus ecclesiae, cum honore et onere eum ordinavit suum specialem et generalem in tem- poralibus et spiritualibus vicarium ad tempus determi- natum, reservando sibi et pênes se quandam parvam — 254 — quantitatem denariorum Parisius eidem abbati red- dendorum in loco suée habitationis , videlicet in hos- pitio et intersignio Balanciarum in vico llerbarum dicto de lu Huchelle ante palatium regium : quod Gdeliter adimplevit posse suo secundum ibrmam ins- trumenter um apostolicorum super bis confectorum et descriptorum. LX Pierre le Prêtre, 45° abbé, ne à Vaequerie-le-Bouc le 22 février 1118. — Ses parents. — Son enfance. — Son éducation. — Il reçoit la tonsure cléricale des mains de Jean de Harcourt , évèquc d'Amiens. — Le seigneur d'Àuxy le protège et renvoie aux écoles d'Àuxy , d'Hesdin et ailleurs. — Il reçoit l'habit religieux à Saint-Riquier, le 15 janvier 1438. — Sous-diacre, diacre, prêtre, il dit sa première messe le 15 juin 1442. — Receveur en 1445. — Il est protégé par Philippe, duc de Bour- gogne. — Il obtient ses grades à Paris. — 11 est nommé prévôt de l'abbaye en 1452, pendant son séjour à Paris. Petuus Presbyteui 4ous abbas S'1 Ricbarii, oriundus de quodam opido nominato le Vacquerie h Bouc super Auxiacum Ambianensis diaecesis prope Fortelium , in comitatu Artbesio natus est anno ab inearnatione Domini 1418, 22 die i'ebruarii , in cathedra S,! Pétri hora meridiana, et ibidem renatus et baptizatus: in cujus continio et parrochia pater ejus Joannes Pres- byteri vir admodum probus et pro nobili et generoso viro, sicuti erat, cum probatissinia conthorali domi- cella ejus generosissima matre liabitabat. Ipso itaque Petro Presbvteri nutrito et educato, honestis que mo- ribus et primis litteris imbuto a reverendissimo in Cbristo pâtre et domino meo domino Joanne de Har- — 255 — court Ambiannis episcopo anno M24, die post festum S" Joannis immédiate sequenti , clericalem tonsuram non immerito suscepit : postmodum dominus de Au- xiaco prœnominatum Petrum Praesbyteri , pâtre ejus defuncto , in scholis dicti Auxiaci , Hisdinii , et in quibusdam aliis gymnasiis in litteraria disciplina quam grammaticen vocamus ad erudiendum et do- cendum applicavit. Qui praenominatus Petrus , anno 1438 die S,; Mauri 15a januarii, a reverendo in Christo pâtre et domino Hugone Cuillerel bujus cœnobii S" Richarii abbate , in capitulo dicto monasterii , et in preesentia dicti doinini de Auxiaco pro eo postulantis cum Hugone de Winacourt de S'u Kichario et Joanne Warin de Drugiaco oriundis , vestitus et babituatus est religiosus. Insuper praenominatus Petrus, promotus subdiaconus atque etiam diaconus anno Domini 1441, officium cellarii cum quodam alio officio Caritudinis gallice Caritier , quinquennium integrum sui praelati autboritate exercuit -, promotusque in praesb) teratus ordinem primam missam anno Domini 1442 die 15" junii in praedicta ecclesia S" Richarii, multis suorum parentum et aliarum nobilium gentium assistentibus, devotissime celebravit. Qui prœterea dictum celarii officium derelinqucns anno Domini 1445 in vigilia Trium Regum cum dicto Caritudinis officio , dictae ecclesiœ Sli Richarii factus et constitutus est receptor; qui unico anno honestissime et fideliter exercuit. Domnus quidem Petrus Presbyteri , accurata et assi- dua potentissimi et altissimi principis domini mei domini Philippi ducis Burgondiae supplicatione , et praelati domini de Auxiaco praesidio , suique fratris magistri Joannis praefato domino de Auxiaco ser- — 250 — vientis consilio et judicio, qui eum constantcr requi- siverunt , a suo praelato eundi Parisius licentiam obtinuit quatinus melioribus litteris et scientiis in Parisiorum academia imbueretur, iisdemque decenter indulgeret : qui protinus dicti domini ducis Philippi auctoritate, cujus erat scholaris, in Parla mento et in Castello cum prœmio triginta duarum librarum pa- risiensium annuatim solvendarum, comitatus Pontivi electus et ordinatus est sollicitator : qui postquam quatuor annos Parisius studuit , anno 1451 , die 20 mensis maii , sub domino magistro Joanne de Cour- celle in decretis peritissimo doctore arcbidiacono Pa- risiensi et canonico et domino in parlamento , non sine laude in decretis bacalarius Parisiensis fé- liciter evasit. Praeterea prœnominatus dominus Petrus, auxilio et meorum prœdictorum videlicet domini ducis Philippi, domini de Auxiaco, et magistri Joannis ejus l'ratrisacquisitione, anno 1452 in festo Omnium Sancto- rum, ipso résidente Parisius et domni Nicolai Bourdon bujus dictse ecclesire prœpositi mortem ignorante, cons- titutus et ordinatus est hujus loci prœpositus. LX1 Nouvel éloge de Nicolas Bourdon , chanteur dans sa jeunesse dans les chapelles des princes et dans celle du pape. — Retour sur l'acquisition de Polehoys à Noyers on aux envi- rons. — Nicolas Bourdon enseigne la musique dans l'abbaye. — Sa mort. — Selon son désir, l'office de ses funérailles est célébré par Pierre, le Prêtre. Qui dictus Bourdon in Bassa-Normania circa mon- tem Sli Michaelis natus luit , bonus et bonestus et — 257 — notabilis religiosus ordinis S,: Benedicti , et prae cae- teris cxcellens musicus. Qui tempore suae juventutis, in cappellis principum et quodam tempore in cap- pella pappali cantor conversavit et conçinuit. Ipso itaque hujus dictas ecclesiae praeposito , multa bona atque bénéficia huic loco S,: Richarii elargiri studuit: nain feuda de Polehoy in opido Noiers vel eo circa sita , quse dominus Robinetus de Lisques miles do- mino de Thaunay vendiderat, acquisivit et octo cen- tum libris parisiensibus émit , quœ sexaginta libris ex redditibus mortificatis valere existimamus. Deinde sua exbortatione quatuor aut quinque juvenes quos in scientia musices instruxerat , monachos ac reli- giosos vestiri postulavit; de quorum numéro Petrus Presbyteri erat unus. Dominicis autem et festis totius anni diebus, dictus Bourdon missam nostree Dominas in ejusdem cappello (sic) et in discantu ejus altis vocibus tenore et contratenore solemniter celebrare procurabat : nam inelïabili et infinita devotione erga Virginem Mariam afliciebatur, qui assidue et continuo dictas missas bora septima celebrandae, ni causa légi- time ipsum impediret, conveniebat , et ipsemet voce tenoris cum ceeteris discantabat , quoniam casteris cantoribus musicis voce et arte prœstantior i'ulgebat et rutilabat: dictusque Bourdon primam dicti Hugonis abbatis missam didicit et erudivit. Qui preenominatus abbas prior de Mimars ordinis S'1 Benedicti, prior- que S,; Juliani Parisiensis et Bayocensis in Normania et S11 Yigoris extiterat , ac etiam abbas Imjus dietae ecclesia; , quem dictum Bourdon praepositum dicti prioratus S'1 Vigoris existentem rcligiosum in hoc prœfatum monasterium adduxit Prœdictus vero Bour- 17 — 258 — don domnuni Pétri Presbyteri tanto prosequebatur amore et dilectione quod suum officium post obitum sibi dictum accidere, prout evenit, desiderabat. Post ejus neeem , cui pareat Deus , praefatus abbas Hugo magnam pecuniœ aliorumque nobilium bonorum co- piam cum pluribus debitis sibi a pluribus solvendis invenit. LXI1 L'abbé Hugues Cuillère] commet, pour quatre ans, l'adminis- tration temporelle et spirituelle, de l'abbaye à Pierre le Prêtre, sous certaines conditions. — L'abbé Hugues, plein de confiance en Pierre , résigne le. monastère entre les mains du pape Calixte 111, alors à Avignon. — Maladie de Pierre le Prêtre. — Sa promotion au gouvernement de l'abbaye. — Il donne son office de prévôt à Jacques de Haudrecbies. Postea praefatus Hugo dieti nionasterii abbas qui 1ère totam juvenilem œtatem Parisius duxerat , illuc regressus et senectute oppressus œtatis septuaginta annorum existens, regnum et administrationem dicti nionasterii eidem Petro Presbyteri in temporalibus et spiritualibus quadriennio commisit ; conditionibus tamen sequentibus observandis , videlicet ut singulis mensibus ibidem domnus Petrus triginta scuta aurea cum caponibus duodecim Parisius impensis propriis ad eundem Hugonem déferre tenebitur , et insuper religiosos de victu et vestitu aliis que necessariis ministris officiariis et cseteris nionasterii servitoribus praevidere , juxta dicti nionasterii ritus et consuetu- dines, et si quod residui esset id ad ecclesiae fabricant conferret. Post biennium vero , videlicet anno 1457 — 259 — prima die octobris , idem Hugo abbas sentiens se non posse administrationi dicti monasterii ultra va- care, et de probitate , disciplina , scientia et moribus praenominati Pétri conlidens , Spiritu Sancto ductus constituit et solemniter ordinavit suos certos procu- ratores videlicet Balduinum Roussel virum nobilem , magistrum Joannem de S'° Richario in Parisiensi conservare (sic) procuratorem et magistrum Joannem Salmon ecclesiae collegiatae Abbatisvillae canonicum specialiter et expresse ad resignandum dictum suum monasterium in manibus sanctissimi domini nostri pappae Calixti tune tertii regnantis seu ejus legati Alani tituli S'* Praxedis cardinalis Avenione commo- rantis, reservata tamen pensione sexcentum scutorum auri , videlicet in principio cujuslibet mensis qua- draginta aurea per eundem Petrum assignanda et persolvenda eidem abbati quoad viveret. In statu permanentibus, ejusdem anni 47a die prœdicti mensis octobris , in nocte Sli Lucae , prœnominatus domnus Petrus , suis prœdictis procuratoribus nondum Ave- nione regressis, magna et quasi incurabili œgritudine et febre assidua très menses quindecim diebus con- tinuo laboravit, cujus l'ebri nullus poterat subvenire nec auxiliari medicus : qui in misericordia et gratia Dei sperans paulatim sanitatem consecutus est, bullis per prœdictos procuratores expeditos , die prima mensis octobris ejusdem anni adhuc ita debilis in- firmitate- existens , vix ad ecclesiam parrochialem nostrœ dominée S'! Ricbarii ductus, et benedictionem ab episcopo Ambianensi obtinuit-, sed inter missarum solemnia semimortuus visus est et eo modo infirmi- tate gravatus ut cum difficultate maxima ad monas- — 260 — terium reductus fuerit. Post ejus promotionem, suum praedictum prœpositi ofticium domino Jacobo de Han- drechies ejus religioso in decretis bacalaureo Joannis filio de Abbatisvilla oriundo et prseposituram de Sca- meauville in Normania circa llonileu et ad dictam ecclesiam pertinentem dédit et contribuit ; similiter suœ prœt'atœ ecclesiae rectorem et vice gerentem, suœ fraternitatis et dilectionis gratia quam erga ipsummet habebat, constituit ordinavitque. LXIII Rétablissement de la santé de l'abbé. — Conseil pour les ré- parations à apporter à l'abbaye. — Travaux entrepris. — Gouvernement. — Nomination de nouveaux officiers. — L'église pavée et restaurée. — Le château de Drugy réparé. — L'abbé Pierre se fait construire un tombeau orné de sculptures et de peintures dans la chapelle de Notre-Dame. In mense itidem martio immédiate sequenti , cum preenominatus Petrus novissimus abbas suam sani- tem (sic) paulisper restaurarat, magistrum Joannem eo duodecim annis seniorem et llugonem duobus annis antiquiorem suos fratres protinus mandavit , quem dictum llugonem ejus fratrem paulo ante bal- livium hujus dictœ ecclesise constituerai. Qui prœdicti fratres et preel'atus abbas Petrus cum suis religiosis cœterisque hujus ecclesiee consulibus simul in con- silio interfuerunt , et liane dictam ecclesiam quœ magna ruina exulcerabatur, maximo consilio, studio, labore et diligentia regere et comparnre contendere et procuraverunt quoniam prœfatus Hugo pensiona- rius parum aut nihil in suis diebus construxerat et — 261 — œdificaverat ; in quorum concilio statum concordiave- runt quatinus certiorcs fièrent de totius conventus gubernatione et alimonia et vestibus et indumentis aliisque necessitatibus, pariter et hujus prœnominati Pétri abbatis statu, et sexcentum scutorum auri an- nuatim erga dictum prisioniarium (sic) obligatione , cœterisque servitorum et ot'ficiariorum stupendiis cum aliis inhibitionibus et pactionibus prœdictam ecclesiam debitis, quatinus residuum totius dictas ecclesiœ pro- ventus et redditus reparationi applicarentur. Et quo- niam prœdicti pensionarii tempore qui 48 annis hujus dictœ ecclesiœ abbas extitit, nullum verificatum hujus loci reddituum reddebatur computatorium nec in con- ventu nec in alio loco , idcirco scilicet instituerait quod abbate et conventu cœterisque hujus loci com- missariis per abbatem commissis putibus, certil'ficatum hujus loci obventionum retribueretur computatorium: tum novos ol'ficiarios ordinaverunt et constituerunt , prœsertim dictum Hugonem Pétri abbatis fratrem , qui in talibus receptionibus prœ ceteris excellebat per abbatem et conventum cum ballivi oflicio hujus dictas ecclesiœ receptor ordinatus est. Prœterea prœ- nominatus abbas Petrus in dicto mense martii prœ- dicti anni totius dictse ecclesiœ reparationi et refectioni se dedivit et applicavit. Et in illo tempore totam ec- clesiam magnis hollandresibus pavimentis ornatissime pavimentare fecit ac regulis ac plombo in utilioribus hujus dictœ ecclesiœ locis cum aliis operationibus dietim provenientibus tegere et cooperire procuravit. Castellum vero de Drugiaco magno labore et dili- gentia catheniis et carpentationibus cum ambitibus , magna turri et aliis duabus pariter et octo turriculis — 262 — optinie instructif et contextis sumptuose reparare in- choavit , et omncs hujus castelli caméras et caetera quœ huic loco necessaria erant, divitiose ac excellen- tissime reparavit. Proinde prsenominatus abbas Petrus anno Domini K16O ab imaginariis statuariis et picto- ribus qiioddam sepulcrum in nostrae Dominée cappella existons effigiare et pingere constituit ; et ibidem quoddam oratorium , quibusdam nostrœ Dominée mi- raculis depictis honorifice construxit, sub quo oratorio jam propter novam dictae hujus ecclesiae reparationem demolito et emisso, suam erexit sepulturam; similitcr cathedras et dictae cappellae altaris tabulam eum multis aliis operationibus et constructis multis pecu- niis constantibus agere procuravit. LX1V Mort de l'abbé Hugues dans le château de Drugy , 1462. — Garde du château de Drugy. — Contingent de l'abbaye pour la garde de la ville de Saint-Riquier. — Levesque de Terra- monde, receveur du comté de Ponthieu, remplit les fonctions de capitaine dans la ville? — Il change le château de Drugy en arsenal, et force l'abbé et le couvent à y mettre garnison. — L'abbé Pierre se retire à Amiens. — 11 fait rapporter en Parlement le mandat de Levesque par un arrêt conservé dans le trésor de l'église. Item dominus Hugo hujus dictae ecclesiae pensiona- rius anno 1462 in dicto castello de Drugiaco suos dies finivit et exterminavit , et honorabiliter solem- niterque juxta magnum altare in medio ecclesiae a praedictis domino abbate Petro et toto conventu se- pultus ; qui quinquaginta annis vel citra tum abbas tum — 263 — hujus dictae ecclesiae pensionarius vixerat, cujus anima pcr misericordiam Dei requiescat in gaudium, amen. Anno itaque M65 pra3nominatis domino abbati et conventui guerra commota, magna supervenit invidia, quoniam armigeros suis propriis expensis in dicto castello habere cogebantur, et octo homines in villa S« Richarii dietim excubantes et vigilantes , quorum très de die portas hujus villae custodiebant, alii vero quinque noctu excubabant ; aut dicti domini erga dictae villae capitaneum quinque solidos Parisis dietim persolvere tenebantur : id enim hujus villae populus anno 1417 in Parlamento obtinuerat , quousque pro- cessus hujus dictae rei, qui nondum sententiatus est, in dicto Parlamento decideretur; verum etiam qua- tinus dicta ecclesia majori calamitate et bonorum direptionibus acerbius dissiparetur , quidam nomine Le Vesque de Terramunda comitatus Pontivi recep- tor, ad intrandum veluti capitaneus et dictum castel- Ium dictae ecclesiae propriis expensis i'ustibus et jaculis implendum regale mandantum obtinuit , quod praenominati abbas et conventus adimplere nequi- vissent. Qui dictus Le Vesque nullis exhortationibus, nec admonitionibus etiam quotidianis requisitionibus voluntati praevocatorum abbati et conventus acquies- cere voluit: quapropter decuit abbatem et conventum in dictum castellum imponere armigeros; qui deinceps de ipsius mandato appellaverunt in Parlamento , et eapropter tam magna erga se crevit l'erocitas quod dictus abbas fuit coactus progredi Ambianis cum magno armigerorum exercitu, quousque cornes Caro- lensium istius priorem possessionem recuperaret : quamobrem dictae ecclesiae intinita et inaestimabilis — 264 — fuit perditio atquc direptio. Postquam prœnominatus abbas Petrus quatuor menses continuo cum suo exer- citu Ambianis in hospitio magistri Martini Malingre ecclesise collegiatœ nostrae Domina? canonici perman- serat , progressus est anno Domini Hf>6 Parisius contra dictum Le Vesquc de cujus mandato antea appellaverat , et tanto labore et diligentia in Parla- mento processit quod prœdictum mandatum nullius valions fuisse per arrestum obtinuit -, illico dictum arrcstum fieri requisivit: hoc facto Parisius recessit et repatriavit, et in thesaurario dictœ ecclesiae in- terclusit. LXV L'abbé Pierre se retire eu 1170, avec M"'0 d'Auxy et Mmo des Querdes, à Saint-Omer, où il souffre violemment des genoux et des reins. — La paix conclue entre le roi de France et le duc de Bourgogne le ramène à Saint-Riquier. — Le maréchal îles Querdes reçoit l'hospitalité dans le refuge de Saint-Riquier à Abbeville, et Mmes d'Auxy et des Querdes dans le château de Drugy. — Les Anglais à Saint-Riquier, 1471. — Leurs dégâts dans les bois. — Ils brûlent plusieurs maisons de la ville. — Départ de l'abbé Pierre ; il se retire à Auxy, puis à Hesdin. — Des gens de guerre, envoyés par le duc de Bourgogne, commettent d'autres ravages en 1472. — Le maréchal de Gueldres s'installe à son tour dans l'abbaye et travaille pi- teusement les pauvres moines. — La peste se répand parmi ses hommes. Item preenominatus abbas anno 1470 , prima die februarii -, de Abbatisvilla cum domino Philippo de Crevever (sic), domina dicti Auxiaci , domina des Querdes dicti domini Philippi uxore, et cum magistro Joanne ejus fratre, Auxiacum repeditavit, et de cas- — 265 — tello dicti Auxiaci pro belli commotione evitanda ad S'"m Odomarum profecti sunt : et ibi dictus abbas magnum et impatibilem in suis genibus et renibus passus est œgritudinem. Tribus vero mensibus pe- ractis, illuc repatriaveruut quoniam tune rex Francise et dux Burgondise juxta Ambianis pacem concorda- verunt. Prseterea dominus des Querdes cum suo statu in hospitio S'1 Richarii in Abbatisvilla die Sacramenti immédiate sequenti bospitatus est, et illic quindecim mensibus mansit integris. Item praedictas dominas videlicet dominam de Anxiaco et dominam ejus uxo- rem in castellum de dicto Drugiaco venire et hos- pitari mandavit, quae quatuordecim mensibus mansere continuis. Anno 1471 , in mense octobris Anglici ad S""" Ricbarium bospitari venerunt ; quorum capi- taneus Georgius Grecus appellabatur ex quodam bellicoso viro nomine Calepin associatus : magna atque ineffabilia detrimenta in lignis prsecipue et ar- boribus , hyemali tempore durante , quod vehementi frigore opprimebatur , intulit et confecit , et plures bujus dictas villas domos igné cremavit et combussit. Prsenominatus igitur abbas sciens talia damna effici , 15° die aprilis anni prsedieti , suam abbatiam exire proposuit et domi sui fratris et in castello dicti Auxiaci usque 15am diem aprilis commoratus et bos- pitatus est , et Auxiaco llesdinium cum prœdictis duabus progressus est, et in hospitio cujusdam Joan- nis Gargant cum eisdem commansit. Anno autem seqXienti videlicet 1472, in mense augusti, dux Bur- gondiœ in Normania existens multos armigeros in Su,ra Ricbarium , videlicet dominum de Conty , do- minum Philippum le Prévost comitem et Bourleum — 266 — de Luxembourg misit, qui maximas et inenarrabiles huic villae perditioues et aliis oppidis circumcircaque existentibus conl'ecerunt. Non post multum vero tem- poris , marescallus de Gueldres cum suo exercitu in abbatiam intravit et ibi magnos labores et damna infinita monaebis intulit , et ab eo loco dehospitari nolebat. Hoc pendente, in suo exercitu festina pestis protinus abundavit, et eo morbo ejus nepos ex quo multum doluit et plures alii subito periere. Qua- propter punitio divina existere dicebatur ab omnibus; nihilominus tamen ab ecclesia decessit, sed magna et grandia detrimenta in messe augusti pauperi populo ineffabiliter egit et inbumaniter populum percutere et vexare non cessavit. LXVI Retour do l'abbé Pierre. — Ses aventures dans un voyage qu'il tente jusqu'au Crotoy. — Ses dispositions testamentaires.— Ses dons à l'église. — Il recouvre la santé. — 11 donne l'hos- pitalité à différentes personnes de marque dans le refuge, de l'abbaye. Ejusdem anni in nocte Omnium-sanctorum dictus Petrus Hisdinio recessit , in quo magna œgritudine laborans quatuor menses permansit : qui in villam Crottoy proficisci existimans in quodam curriculo se imposuit et conducere lecit ; et cundo juxta nemus de Cressy multis armigeris obvians , de Eu , de Sto Valarico, et de Rambures repeditantibus, valde obs- tupuit et ex eodem curriculo cum maxima pâma et labore suum sonipedem celeriter in nemus aequitavit et suum currum cum multis vasis argenteis et plu- — 267 — ribus aliis bonis in eo existentibus dereliquit : juxta quem plus quam centum hoinines pertransiverunt nihil que acceperunt; qua de re maxima Dei gratia in dicto abbate operabatur : biis itaque armigeris omnibus permeatis , prœnominatus abbas in suum curriculum imponere fecit et ad Abbatisvillam re- meavit ; et ibi prœdictum dominum de Oevecœur invenit , qui una in prœl'ato S" Ricbarii hospitio hospitati sunt. Eo tempore, in ultimo die decembris, aspera et incurabilis dicto Petro abbati crevit aegri- tudo : quamobrem concordia et sui totius conventus deliberavere suain extremam voluntatem , atque or- dinationem disposuit. Et illico unum annuale aut anniversarium missarum pro ipsius et suorum pa- rentum, amicorum et benefactorum animabus incipere et perficere constituit, videlicet unum in sua praedicta abbatia , unum in Carthuriensium monasterio juxta Abbavillam, et aliud in Cordigerorum Abbavillensium monasterio Item prœnominatus abbas consignavit et numeraliter tradidit in manu sui prions et totius conventus mille francos monetœ currentis ad acqui- rendos et redditus emendos hœreditates pro funda- tione unius missae hebdomadalis et perpétua?, diebus mercurii in dicta cappella nostrae Dominée , videlicet de S'° Spiritu eo vivente, et pro defunctis post ejus obitum , cum diacono et subdiacono in perpetuum celebranda?. Item iisdem die et anno, alios mille francos dictée monetœ dédit et tribuit , et in ornamentis ecclesias- ticis ad decorandam hujus loci ecclesiam exponendos esse ordinavit. Qoo facto, dominus Jacobus de Han- drechies hujus abbatia prior et dominus Matheus de — 268 - Gandano prior Carthuriensium ad dicta ornamenta emenda Burgis ivorunt : ipsis autem regrossis, dictus abbas quemdam operarium casurarium nomine Pe- trum Cautum , gallice Pierre Fin , de S'° Odomaro mandavit ; qui dictus casurarius panuos sumptuosos abscidit et M aut 15 ornamenta, veluti cappas, ca- sulas , tunicas et donaticas , et captera , fecit , cons- truxit et sumptuose sarcinavit ornamenta. Qui postea pramominatus abbas suam recuperavit et restauravit sanitatem. In quadragesima vero sequenti , dominus Jodocus de Labain , cum suo statu , domina de Be- zenque ejus uxore , domina de Belvaco ejus sorore , très menses propriis expensis et sumptibus dictac ecclesiee in preedicto hospitio dicti monasterii , ipso Petro abbate œgrotante , continuo hospitatus et mor- tuus est. LXVII L'abbé Pierre rentre dans son abbaye le 23 juin 1473. — Ses travaux de. réparation dans l'abbaye et dans l'hospice. — Misère, des religieux , de l'abbé et du couvent. — L'abbé Pierre achète, en 1475, une maison à Saint-Oiner. Anno Domini Ki73, 2'>a die junii, in nocte S,; Jo- annis, praenominatus Petrus de Abbatisvilla in suam abbatiam rediit, et illic portam bassae curiae et magnos muros versus portam S11 Joannis et muros grandium hortorum et parvuli claustri pauci valoris, existentes reparare et remurare procuravit ; quas operationes conducendas et solvendas prœfatus Andressies soliei- tabat. Item prœnominatus Petrus magnum, pulcbrum, sumptuosum et excellens liospitium abbati sulficiens et idoneum , contra magnos muros i'oro adbœrentes — 269 — reœdificare inchoavit , quod antea mille libris , ipso existente prœposito, sibi prœconstiterat. Pro ejus au- tem majoritate et excellentiori reparatione , mille et quingentis libris postmodum sibi constitit, sed causa belli in biis partibus existentis , ob quod praenomi- natus Petrus ad S,um Odomarum repeditare debuit , adimplere , perficere quoque nequivit. Quapropter dicti religiosi, abbas et conventus fructus et redditus suos quotidie perdebant , née denarium unum recu- perare valebant. Anno Domini 1475, prsenominatus Petrus videns et perscrutans bella et prœlia dietim superventura atque commovenda ; percipiens itaque secum impotentiam et debilitatem , consuluit magistrum Joannem ejus fratrem et alios amicos pro quadam domo in S'u Odo- maro emendam: et illic unam ad quendam burgen- sem nomine Egidium de Caucy pertinentem prope Magnum-forum sitam trecentis libris monetœ currentis émit, et pro ejus appropriatione et reparatione, tam in tabulis , lecticis , bannis , scabellis quam aliis su- perlectilibus trecentas libras dictœ monetœ cum quin- quaginta persolvit. Ejusdem anni 24 die maii, prœ- nominatus abbas majori et dictœ villœ S" Odomari scabinis centum et quinque francos ex redditu liœre- ditario huic dictœ ecclesiœ in vigesimo denario et cum omnibus redemptionibus persolvendo; pro quo quidem redditu dictis majori et scabinis mille et centum francos dictœ monetœ persolvens, pariter acquisivit ; quem in 23 die prœdicti mensis maii persolvere annuatim tenentur , ut apparet in litterarum tenore, magno luijus dicti S*1 Odomari sigillo sigillatarum , quas dictus abbas protinus eflicere procuravit. — 270 — LXVI11 La ville de Saint-Riquier se rend au sieur de Picquigny. — Elle est mise au pillage, ainsi que l'abbaye. ■ — Le maréchal des Qiierdes envoie Jean de Courteville avec vingt lances à Saint- Riquier, pour obliger les habitants à rendre foi au due, de Bourgogne. — Jean de Courteville et sa troupe allument de grands feux et font sonner les cloches. — Les Bourguignons, avertis de l'approche des Français, se retirent à Abbeville. — Les Français s'emparent de Saint-Riquier, forcent les habitants à sortir, pillent et brûlent la ville, fondent les cloches, ra- vagent l'abbaye. —Ils détruisent Drugy, la Fcrté et tous les villages jusqu'à Vacquerie-le-Bouc. Anno et mense praedictis videlicet Vi75 mense maii , dominus de Pinguegni cum magno et grosso armigerorum exercitu ad S,nm Richarium veniens , villa dicti S" Richarii (salvis tamen armigerorum in- tus existentium corporibus et bonis , et dictse villae hominibus cum suis bonis illic et in pace et salute tidem dando régi commorantibus ) immédiate sibi reddita et restituta est , postquam adversariis re- cessis cum suo csetu in dicta m villam introivit, hanc rapinis et prsedis totaliter expoliavit et denudavit. Ipso itaque bospitato in abbatia , omnia bona mo- bilia quœ inveniri poterant ab eo diripiebantur et Ambianis deportabantur , et decem diebus continuo sic diripiendo permansit in boc loco. Hoc pendente , dominus des Querdes misit de Abbatisvilla Joannem de Courteville virum gentilem, Jacobum de Courtbe- beuse , Guillermum Couvart et alios gentiles usque numerum viginti quinque lancearum , qui summaturi venerunt populum Centulensem ut duci burgondiœ — 271 — fidem redderet; quam protinus fecit, et ei contribuit: illico dictum de Courteville cum sua congregatione in villam intromisit , et suœ faite atque ecclesiœ campanas cum magnis ignibus et facibus illuminatis bona (sic) ac hilari vultu sonuerunt et pulsaverunt. Post spatium vero trium septimananim , dicti Bur- gondi de Francorum adventu certi fuerunt, qui cum magna et potenti gentium multitudine per pontem Remigii ad S"'m Ricbarium celeriter veniebant. Scien- tes igitur Burgondi ad Abbatisvillam reversi sunt et fugam maturaverunt et corripuerunt. Postmodum vero Francigeni Centulam appropinquantes , absque difti- cultate et oppositione , die dominica mane eam in- traverunt ; qui protinus omnibus praeceperunt et mandaverunt , sub pœna suspendi et strangulari , quod quilibet dictam villam crastina die hora sexta matutinali quantocyus exiret et extra portam Nostrse Dominas simul conveniret. Omnibus igitur prœ timoré perterritis et illuc simul congregatis, mori et interfici credentibus et arbitrantibus , et una leuca ab bac villa distantibus et elongatis , ad villam Ambianis progressuris, totis viribus et voluntate dictam villam Sli Richarii dicti Francigeni penitus expoliaverunt , diripuerunt et omnia bona dissipaverunt. Hanc igitur bonis suis denudatam die lunae omnino succenderunt et totaliter concremaverunt et in cineribus posuerunt, biis exceptis scilicet bospistali , domo Gripemont Francus et Sipelot. Item faltœ tectum combusserunt et omnes bonas sumptuosasque dictée villœ campanas perfuderunt et igné distillaverunt. Praeterea totam dictœ abbatial ecclesiam cum campanili et octo cam- panis procul dubio bonis necnon existentibus et cum 272 omnibus aliis œditiciis quœ dictus abbas antea eons- truxerat et aliis antiquis et veteribus ad nichilum reduxerunt. Deinde Drugiaci et Firmitatis castella et dictai villae S': Richarii suburbana cœteraque opida atque molendina ad banc abbatiam pertinentia to- tamque patriain circumquaque ambientem usqne Vaca- riam le Boucq penitus destruxerunt et annullaverunt; et plura alia infinita buic patria; detrimenta ob pro- lixam recitationem praetermissa intulerunt et confe- cerunt. LX1X L'abbé Pierre fait refondre quatre grosses cloches el trois petites, et réparer l'église. — 11 fait aussi refaire le clocher, 147fi. — Ensemble de ses travaux et de ses acquisitions pour l'église. Belle- cessante, praenoniinatus Petrus quatuor grossas campanas et très parvas refundere fecit , et suam dictam ecclesiam ut potuit destructam remurare tribus lathomis ac lapicidis mercatus est ; quorum unus in dicti campanilis remuratione cum uno suorum con- sortum interfectus est , et duo alii manu operararii miserabiliter lsesi. Anno autem 1476 , prœnominatus abbas cuidam carpentario dictum campanile tecto lignario cum pi- ramide quod nunquam extiterat , conslrui et effici mercatus est; pro cujus tegimine aut tectura prœno- minatus abbas 80600 ardosiarum 410 scutis émit ; et inde posse suo dictao eborum ecclesiai melius quam potuit reelevare procuravit; pro qua lapidea releva- tione praBdictis lathomis mercatus est , et illic unico anno operati sunt Consinnliter pro dictœ corporis et — 273 - ehori ecclesiœ et alarum dicti eampanilis tecta et pro cathedris construendis iisdem mercatus est , et quse ab cis (ni prselia subvenissent) successive con- tinuabantur. Item prœnominalus abbas banc ecelesiam per dicta prselia penitus demolitam , toto posse re- parare et reedificare contendens, multa dona et sump- tuosa mimera eidem contribnit , videlicet quatuor columnas aereas, duo brachia cuprea cereos sustinen- tia, liabentes quatuor angelos dictis columnis super- positos , et quoddam instrumentum tornatile gallice crosse ad recipiendum corpus Domini medio altaris suspendens et unum magnum et extensum candela- brum sex ramos cupreos continens coram magno altari consistens: pro quibus omnibus tribus millibus sexcentum et quadraginta libris ponderantibus cuidam mercatori burgensi septingentas libras vel eo circa monetae currentis persolvit. Item unam aquilam evan- geliariam 433 libris ponderantem ;io S libris fi denariis pro quacumque libra 2 libras 6 denarios persolvens dicto operario émit. Item pro uno horo- logio pro campanili dicta3 ecclesise J00O libris pon- dérante 40 dictée monetœ cuidam operario d'ippre tradidit et prœbuit pro quidem borologio. Très campanellas intonitas 557 libris pondérantes 69 12 libris G denariis cuidam campanario émit. Item pro magni altaris tabula 484 persolvit. Item pro quadam labellula in qua beatas Mariœ vir- ginis imago et praedicti abbatis reprœsentatio sump- tuose depinguntur 30 contribuit item 26 cappas, 4 casulas, 2 tunicas et 2 donaticas liliis et rosis sumptuose contextas in semiduplo et diebus dominicis deportandas buic ecclesia3 similiter 18 — 274 — eontribuit. Item pavimenla nigra Thornacensia toti ecclesiœ sufficientia pariter et alba a quodani mer- catore de Marquise enipta liuic dictas ecclesiae pro- niisit et alia plurima doua , quse , propter piolixam ei longani recitationeni et narra tionem, a nobis pra> termittuntur. LXX Le roi donne les fruits et les revenus de l'abbaye de Saint- Rilo — continebatur quod si migraret a sœculo, quod omnes redditus , proventiones , bona mobilia et immobilia ad diclam ecclesiam pertinentia et spectantia, duran- t4bus prœdictis divisionibus , in manu salva et sé- questre mitterentur, quatinus prœdicta bona fine finali prœdicta? ecclesiee restituerentur. LXXi Retraite de l'abbé Pierre dans la chambre dite des jardins en l'abbaye de Saint-Bertin à Saint-Omer. — Réparation de celle chambre. — Construction d'une autre. — Création d'un jardin clos de murs. — Elévation d'un portique avec les armes de l'église et celles de l'abbé. — Petite chaussée pavée de la ehambre des jardins à la chapelle de la Vierge. — Autres travaux. — Infirmités de l'abbé Pierre. Postmodum ille sœpedictus abbas apud se conside- rans quod inquiète vïvebat in dicta villa Sli Odomari, et etiam quod ipse vexabatur a pluribus ejusdem villa?, ipse abbas corde humili ac religioso requisivit domino abbati et conventui S'; Bertini quatinus ali- quam cameram in suo monasterio ad manendum illi concedere vellet ; cui requisitioni omnes consensum prœbuerunt , ac de i'acto cameram , qua? in dicto monasterio dicitur Camera-ortorum illi tradiderunt : quam cameram magno studio totisque viribus perop- time decorare, augmentare atque reparare fecit : ita quod construxit ibidem de novo cameram similem primœ , ortuium juxta dictam cameram et ecclesiœ atlrium , mûris in circuitu clausis , et ad introitum seu ostium prima? dicta? caméra? fecit porticum satis autenticum, ardosiis compertum ; et in superlicie ve- — '276 — xitlmn in quo arma ipsius ecclesiae et ipsius abbatis sont dcpictae. Et quod sœpedictus abbas propter suas inlirmitates, ut prius habetur, cum magno labore ac dolore gradiebatur seu ambulare valebat, fecil pavi- mentare viam a dicta caméra usque ad cappellam bcatae Virginis; et in média \ ia sive in ingressu dic- torum ortorum fccit triangulum ut eundo ad eccle- siam aut redeundo , si lassus fuisset , quiescere aut repausare posset, aut cum religiosis ejusdem domus qui dictis ortis ad tempus suas babent recreationes ad ludendum aut ambulandum aliquando cum ipsis conversare aut conloqui de religione ac rébus spiri tualibus posset, ut decet prœlatum. LXXI1 L'abbé Pierre consulte les religieux sur le choix de sou suc- cesseur.— Ceux-ci proposent Jacques de Haudrechies, prévôt de l'église. — Nomination d'Eustache Le Quien ;mx fonctions de vicaire de l'abbé, 1478. — Résignation de la dignité abba- tiale et du bénéfice par l'abbé Pierre à Eustache Le Quien. — Mort de l'abbé Pierre, 1180. — Il est enterré dans la chapelle de la Vierge. Tandem considérons ipse ac perfecte sciens de diu ob suas inlirmitates vivere non posse, consultât Ira- tribus suis carnalibus, videlicet magistro Joanne Pres- byteri et Ilugoni suisque religiosis de quo ad regimen suae ecclesiae provisurus csset ; qui religiosi onmes , nescio quo spiritu moti, nominaverunt et peliverunt, signaveruntque pro nomine domini Jacobi de Han- drechies liujus ecclesiae prœpositi. Postmodum Eusta- — 277 — chius le Quien (I), religiosus et elemosinarius hujus ecclesise , qui etiam eu m aliis signaverat , alicujus cousilio fultus , in propria apud Su,m Audomarum venit, qui tamen prima facie se praesentare prœfato domino abbati ausus non fuit , sed aliquantulum in villa S11 Audomari mansit , ipso domino abbate nes- ciente , aliqua persona interposita ipso abbati inti- mavit praefatum Eustachium in dicta villa esse et mox , ut talia verba ad aures suas pervenerunt , dixit : « Facite illum venire ad me. » Ecce ipse Eustachius multum timens venit et coram suo prae- lato comparuit : qui Eustachius , prius a suo abbate jam dicto increpatus ad quid venisset , et ob quid propter praedictum Jacobum Handrechies cum caeteris religiosis de idoneitate ipsius Handrechies signavisset, ipse se excusando omnia quae voluit respondit; atta- men praefatus abbas dixit i 11 ï : « Bene veneris, vide; » non a me discedas donec tibi ea quae sum fac- » turus manii'estavero. » Et post paucos dies , con- silio prius habito, sœpedictus Petrus abbas praedictum Eustachium in spiritualibus et temporalibus suum instituit* vicarium, atque omne regimen ecclesiae dédit illi , ad incipiendum 4"- die februarii anno Domini 1478 vel circiter : exinde post paucos dies suum re- signavit beneficium et abbatialem dignitatem dicto Eustachio , aliqua tamen penssione retenta ; et quod statutum est omnibus semel mori , ipse Petrus abbas sua infirmitate maxime gravatus, postquam a priore S'1 Bertini ecclesiasticis fuit munitus sacramentis suum diem ultimum in die transiit Cinerum anno Domini (1) Il est appelé Le Quieux dans la Gallia Chriatiana. — 27S — 1480 , sepultus que est in cappella sanctœ Virginis , ad latus dextrum , ut videri potest per suum sepul- chrum et epitaphium juxta piscinam positum et ho- norifice erectum. LXX1I1 Eustache le Quien, né à Fortel, près de Vacquerie-le-Bouc , 46° abbé. — Sa vie. — Vocation précoce. — Ses études à Paris. — Prêtre. — Aumônier de l'église de Saint-Biquier. — Sa cha- rité. — Jacques de Haudrechies lui dispute l'abbaye. — Le maréchal des Querdes, gouverneur de Picardie, concède l'ab- baye à Jacques. — Eustache est rétabli dans son autorité par des bulles apostoliques. — Jacques de Haudrechies, dépossédé de l'abbaye de Saint-Riquier, reçoit l'abbaye de Saint-Valery- sur-Mer. — Thibault de Baieïscout, 47e abbé et vivant encore en 1492, achève les travaux commencés dans l'église par son prédécesseur. Eustaciiius le Quie\ successor prœfati Pétri Praes- byteri abbatis oriundus fuit de Fortellio prope Vac- querie-le-Bouc oppidum, nationis dicti Praesbyteri , atque ex honestissimis parentibus progenitus. Ipse a suis juvenilibus annis monachus factus est ; exinde sebolis Parisiensibus in grammatica aliisque scientiis sufficienter peroptimeque instructus ; et postmodum ad sacros ordines et ad sacerdotalem proveetus est dignitatem , quam bonis operibus et moribus deco- ravit : deinde eleemosinarius hujus ecclesiaè factus est; quod oflicium honestissime rexit: pauperes enim, ut de S'° Richario legitur , satiabat , nudos quoque operiebat, infirmos suis eleemosinis visitabat, et cœ- tera misericordiae opéra adimplebat. Postmodum per resignationem dicti Pétri Presbyteri , 46 abbas Cen- tulcnsis monasterii fuit. Scd quia , antequam ipse — 279 — Eustacius suas bullas a sede apostolica habuisset , saepedictus Petrus abbas apud S,,im Bertinum manons, de medio sublatus est tempore divisionis , ob quam causam habuit compeditorem videlicet dominum Ja- cobum de Handrechies ; quia tune temporis dominus marescallus de Cœurdes (sic) gubernabat Picardiam sub nomine régis, babebatque auctoritatem a rege ad bénéficia conferenda dum vacabant: et ideo prœdictus de Handrecbies impetravit a dicto domino de Cœurdes donum luijus ecclesiœ et monasterii; ob quam causam plurimas molestias damnaque innumerabilia saepedicto intulit Eustacio. Sed quia non est prudentia neque consilium contra Deum, gratia ipsius, iste Eustacius recuperavit suas bullas apostolicas aliquo tempore alienatas , et sic sententiam obtinuit definitivam , et factus est abbas pacificus. Et ipse de Handrechies , post aliquod brève tempus, factus est abbas S'1 Wa- larici super mare, qui ibidem diu non vixit. Theobaldus de Baiemcourt fuit 47 et ultimus abbas hujus csenobii , successor dicti Eustacii ; qui ecclesiam a prœdecessore incaeptam perfecit multis que ornamentis illustravit -, campanas in campanili apposuit ; chorum pulcherrime tum cappis tu m ca- sulis ornavit ; sacratissima patroni nostri ossa in magniiieentissima capsa auro , argento , gemmisque adornata collocavit. Nec illud minime silentio prœte- reundum judicavi quod cum quadam die dominica infra octavam corporis Christi urbem totam Centu- lensem ignis infensus conllagraret, ipse cum religiosis fratribus sacratissimum Christi corpus gestans ad parrochiam extra muros ire instituit, ibi que sacro peracto, mox flamma cessavit. 280 — NOTES. CHAPITRE l". La grammaire barbare et la langue presque macaronique dé Jean de la Chapelle pourraient donner à penser qu'il fut simple- ment chargé par l'abbé Le Quien, ou Le Quieux, de recueillir des notes dans les titres et les chroniques de la bibliothèque abba- tiale} de rédiger un brouillon enfin pour quelque moine plus savant, qui aurait véritablement écrit cette Chronique abrégé de Saint- Riquier. CHAPITRE V. I. epitaplic de saint Riquier e'tait partagée en cinq inscriptions — quatre quatrains et un distique, — in fronte sèpulcri, in latere dextro , in culmine arcœ desuper , in latere sinistro , ad pedes. D'Àchery, Spicilege, t. n, p. 307, nous fournit quelques variantes. Dans le premier quatrain : conLigit in na Stemmate, etc. Dans le second : Vir mus et iiKignus srinp'-i in Olbfl cluit. Dans le troisième : Hic v!tam fil ne lis hoc relovcnte redit. Dans le quatrième : Unie Karolus, etc. CHAPITRE VI. Clotinus. — Coschinus aliter Clolinus dans la Gallia Christiana. — '281 — Le 4' abbé dans la Gallia Christiana, celui qui suit Coschinus ou Clotinus et qui précède Aklricus, est Guitinarus aliis quidem optime Witmarus. Le Spicilège est d'accord avec la Gallia. Saint Ydevert, le i" abbé de Jean de la Chapelle:, ne se trouve pas plus dans la Gallia Christiana que dans le Spicilège. Voir, sur les causes de l'erreur de .Jean de la Chapelle et du P. Ignace, les Vies des Saints de Baillet, au 2" may, p. 135. Le 5e abbé de la Gallia Christiana est Aklricus cujus nomen ignorassemus, inquit Ilariulfus, nisi hoc venerandi abbatis indus- tria Angelrdnni revelasset. Symphorianus, dans la Gallia Christiana comme dans Jean de la Chapelle, redevient, par la suppression d'Ydevert, le 6e abbé. CHAPITRE VIII. Le Spicilège, t. n, p. 303, nous fournit quelques variantes pour cette nouvelle épitaphe: Respice de solio sanctorum glorin sutmiio. . . et fera liella preme. Uxc quoque quae statuî fulgentia culmina teniplî . . Augusto et Karolo, cujus virtute peregi. . . Quisquîa et hic siimmas precibus pulftaverît aurcs, , . Et sur la découverte du porphyre merveilleux : Hoc pavimentum humilia .\bbas componere feci, CHAPITRE XII. Voyez, pour l'ouverture du tombeau de saint Angilbert, la lettre adressée au R. P. Guinart, note du chapitre xxxv. CHAPITRE XIII. Henricus. — Hericus dans la Gallii Christiana. CHAPITRE XIV. En regard des richesses de 831 , on pourrait présenter ce — 282 — résultat d'un état des revenus et des charges de la manse abbatiale de Saint-Riquier, dressé en 1707 : Revenus en argent 15,364 * en denrées , par évaluation 16,926 en bois, censives, droits seigneu- riaux, etc 4,100 Total des revenus 36,390 * Les charges montant alors à 10,872 * 15 s II restait net 25,514 * s* (Bibliothèque cCAbbevilU, papiers faisant partie du legs de ,11. Félix Cordier). CHAPITRE XV. Riboldus. — La Gallia Christiana le nomme Richboto ou Ribbodo. CHAPITRE XVI. Radulphus. — Hruodulfus dans la Gallia Christiana. Helgaudus. — Heligaudus ibid. CHAPITRE XVII. GuII'o. — Guelfo seu Welfo dans la Gallia Christiana. CHAPITRE XVIII. Carlo-Magnus. — Carolomannus dans la Gallia Christiana. CHAPITRE XIX. \ la place de Hugues, abbé non compté suivant Jean de la Chapelle, on trouve, dans h Gallia Christiana, Guelfo, qualifié Guelfo 11 , qui gouvernait en 877. Guelfo II mourut le 18 des calendes de décembre 881. Guelfo i! est le 17e abbé de la Gallia Christiana. Gebert, Hébert, Obedevald, — Vu lieu de ces abbés, on trouve, — 283 — dans la Gallia Chrisliana, Herebertus, 18" abbé; Hedenolfus, 19° abbé; Hugo I, 20e abbé; Girardus, 2L abbé, et Gerbertus, 22" abbé. Fulgeric, Fulchericus, le 20e abbé de Jean fie la Chapelle, devient ainsi le 23° de la Gallia Christiana. CHAPITRE XXV. Ingerranus.— Angelrannus dans la Gallia Chrisliana. Voyez, pour cet abbé, la lettre adressée au R. P. Guinart , jnote du chapitre xxxv. CHAPITRE XXVII. Voyez , pour les recherches tendant à retrouver le tombeau d'Olgerar ou Oldegerus, la lettre adressée au R. P. Guinart, noie du chapitre xxxv. CHAPITRE XXXV. Les Bénédictins, qui préparaient l'histoire de l'abbaye de Saint- Riquier, écrivirent un jour aux pauvres moines de l'abbaye que l'administration des abbés commandataires laissait misérable- ment déchoir et les questionnèrent sur les tombeaux d'Angelran, d'Oldegerus et de Gervin. Un des moines leur répondit: « Au Révérend Père Thierry Guinart, religieux bénédictin en l'abbaye de Sàint-Germain-des-Prés, à Paris. » Mon Révérend Père, » Je ne puis vous donner grand éclaircissement sur les sujets que. V. R. en souhaite; nous n'avons ici d'autres livres ni d'autres chartes que le. Ms d'ÂfiuIfus que D. Luc a fait imprimer. Il n'y a non plus aucun ancien monument pour Angelran ni pour Odel- gerus , le plan de l'ancien monastère a trop changé de fois et le terrain a été trop souvent bouleversé pour en pouvoir rencontrer; je l'ai fait remuer en plusieurs endroits pour découvrir les sépul- tures des illustres en question, mais en vain. L'on a seulement découvert, dans une chapelle souterraine, le tombeau de saint — 281 — Gervin, où sont encore lous ses ossements, excepté le chef; on 1rs y a laissés, parce qu'il ne se trouve authentique que ce soit lui. Ou le croit, parce qu'il est «lit qu'il l'ut inhumé in cripta interiori B. M. et qu'on ne trouve pas, dans aucun endroit, qu'on y ait enterré personne que lui. Nous en faisons la feste le 3 de mars. Nous n'avons rien trouvé dans le tombeau de saint Angilbert. » Pour ce qui est d'Angelran, nous n'en faisons rien, parce que je ne le trouve qualifié de saint que dans un seul endroit qu'on a joint dans le Ms d'Hariulfe d'un caratère différent, quoiqu'ancien ; je l'ai copié pour vous le faire voir; il com- mence par ces mots : Hic sunt , etc. Odelgerus n'y est pas , quoiqn'Hariulfe en parle fort honorablement. Voilà, mon Révé- rend l'ère, tout ce que je puis vous dire. Si ceux qui étaient ici lorsqu'on a pavé notre église eussent pensé à l'histoire de Saint- Riquier, ils auraient pu lui fournir de beaux endroits en faisant fouiller partout où il y avait des monuments d'antiquité qu'ils ont laissés ensevelis dans la terre, etc. » Frère Claude de Lan... » (Dom Grenier, p. 4, art. 3 ). CHAPITRE LXXUI. Avec Thibauld de Baiencourt, les splendeurs de l'abbaye s'é- vanouissent ; il fut le dernier des abbés réguliers. L'histoire des abbés commandataires, préparée pour le iv* volume des Notices (inédites) sur l'arrondissement d'Abbe ville, pourra être con- sidérée comme la continuation de la chronique de Jean de la Chapelle, en ce qui concerne l'administration de l'abbaye; un fragment de ce travail, Une Révolution dans l'abbaye de Saint- Riquier, a été publié dans le précédent volume de ces Mémoires. Fiô. r L / Fio. 2 ;,-=~Àfe*4,?;.^::;'/:i:v' 10 15 ) 1 1 I 1 1 1 • 1 Canons faussement attribués au Champ de Bataille de Crécy. Liti l Bon NOTICE DEUX ANCIENS CANONS FAUSSEMENT ATTRIBUES AU CHAMP DE BATAILLE DE CRÉCY. Vers la fin du mois de mars 1S55, le bruit s'étant ré- pandu que deux canons en fer, récemment découverts sur le champ de bataille de Crécy , avaient été dé- posés chez un serrurier d'Abbeville, plusieurs membres de la commission du musée s'empressèrent de les visiter; mais ils reconnurent au premier coup-d'œil que ces canons , quoique d'un même système de fa- brication, avaient été forgés à des époques différentes, et il résulta de renseignements ultérieurs qu'ils étaient depuis plus de cinquante ans dans le château de Dour- rier , appartenant alors à la famille de Lameth , où ils servaient de chenets de cuisine -, que Mme Dieppe, devenue propriétaire de ce domaine, avait eu le bon goût de les sauver de ce service de pot-au-feu; qu'elle les avait conservés longtemps sous un hangard, avec — 286 — l'intention de leur donner un jour une plus noble destination , et que désirant les placer aux abords d'un pont de construction nouvelle , elle les avait envoyés à Abbeville pour les faire monter sur des supports en 1er; enfin, que ces canuns passaient dans le pays pour avoir été trouvés sur le champ de ba- taille de Crécy. Quoi qu'il en soit, il nous semble difficile de leur assigner une origine aussi mémorable et que rien ne justifie; d'abord parce qu'étant, ainsi que nous l'avons dit plus haut, d'époques différentes, il est plus ra- tionnel de penser qu'ils ont été successivement fabri- qués pour la défense de l'antique château de Dourrier, qui existait déjà en 4380 et dont il reste encore au- jourd'hui quelques vestiges ; ensuite , parce qu'il ne parait pas suffisamment démontré que les Anglais aient fait usage de canons à la bataille de Crécy. En effet, Froissart, alors âgé de neuf ans, et qui plus tard a écrit la relation de cette fatale journée,^ ne dit pas un mot d'un fait aussi nouveau et qui n'aurait pas manqué de frapper sa jeune imagination d'autant plus vivement, que l'emploi de la poudre en Europe ne remonte qu'à 1338, c'est-à-dire huit ans seulement avant la bataille ; il se borne à décrire l'immense quantité de llèches qui y furent lancées, et il ajoute : Pays firent voler les sagelles de grand randon tant vivement que ce sembloil neige, en jetterent les Anglais trois canons. Les étymologistes pensent que les mots canon , canot , canal , viennent du mot latin canna , fait de l'hébreu kaneh qui signifie roseau, dont l'acception a été transportée aux xue, xiue et xive siècles à tous — 287 — les objets creusés en manière de tube ou de canne; et l'on sait que si cette signification n'a plus cours dans le vocabulaire moderne, elle n'en a pas moins conservé toute sa valeur parmi le peuple de Paris , qui appelle encore canon le vase contenant le liquide qu'il déguste sur le comptoir du marchand. Dans la pensée de Froissart et dans le langage usité de son temps , la phrase ne peut être interprétée qu'ainsi : Les Anglais jetèrent un si grand nombre de (lèches, qu'ils en usèrent trois boites, trois caisses, trois fourgons; de même que l'on dirait aujourd'hui: telle batterie a brûlé trois caissons. Jean Villain, écrivain fllorentin du xive siècle, est le premier qui ait parlé des canons d'Edouard; mais n'est -il pas à craindre que cet étranger n'ait pas rendu exactement la pensée de Froissart, et qu'il ait mal à propos décoré du nom de bombardes les canons qui n'étaient, en définitive, que des carquois de grandes dimensions? II est à remarquer , d'ailleurs , que les historiens s'accordent à dire que les premiers canons ont été inventés par Bertolde Schwartz, et qu'ils ont été em- ployés pour la première fois en Europe en 1380, dans la guerre des Vénitiens contre les Génois; que Larrey, dans son Histoire d'Angleterre (règne de Henri Y1I1), assure que les premiers canons de cuivre parurent en Angleterre en 1536 ; il ajoute , il est vrai , dans sa seconde partie, que l'on y connaissait auparavant l'usage de cette arme, seulement qu'elle y était moins perfectionnée , et qu'à la bataille de Crécy , livrée en 134G , il y avait cinq ou six canons dans l'année anglaise. — 28S — Mais de ces six canons, nous en connaîtrions cinq, savoir: les deux dont il s'agit ici, les deux qui se trouvent au inusée de Boulogne et un cinquième qui a été conservé à la Tour de Londres et auxquels on a donné aussi légèrement une semblable origine ; or, doit-on supposer que les Anglais, vainqueurs sur tous les points, aient abandonné sur le champ de bataille ces rares et puissants auxiliaires auxquels ils devaient le succès de la journée et dont ils pouvaient, le len- demain, avoir un pressant et nouveau besoin? Cependant et quoique les canons de Dourrier aient perdu à nos veux une partie de leur prestige, ils ne sont pas moins dignes de l'attention des antiquaires, puisqu'ils paraissent remonter à un temps fort reculé et probablement voisin de la création et du premier emploi de ces armes. Le plus gros de ces canons (fig. lre) pèse 67 k. 50; il a une longueur de 0,57 c. , et un calibre de 0,09 c, composé d'une feuille de fer battu de 0,02 c. d'épaisseur, soudée par approche, ce qui indique déjà un notable perfectionnement, puisque la tôle employée à la fabrication de ces premières armes était clouée et rivée à la manière d'un tuyau de poêle. Cette espèce de manchon ouvert par les deux bouts, ne pouvant, à raison de son peu d'épaisseur, résister à l'expansion de la poudre, a été recouvert de cercles en fer jointifs , grossièrement assemblés au marteau et qui donnent aux parois une épaisseur totale de 0,05 c. Quant à la gueule , elle se trouve renforcée au moyen de quatre cercles superposés , présentant en- semble une épaisseur de 0,09 c, en sorte que, cou- — 289 — trairement à ce qui se pratique de nos jours, cette partie est beaucoup plus épaisse que le reste de la pièce ; mais il est à croire que ce renflement , inutile contre les effets de la poudre, servait à em- pêcher le recul du canon qui se trouvait vraisem- blablement fixé sur une semelle en bois, ainsi que semble l'indiquer une espèce de crampon aujourd'hui brisé et dont on aperçoit encore la trace vers le milieu du fût. La culasse , qui a une épaisseur de 0,04 c. , est soudée sur les cercles d'entourage, et la lumière, qui se trouve à 0,09 c. de cette culasse , est percée au fond d'une gorge circulaire d'environ 0,03 c. de dia- mètre, destinée à recevoir une copieuse amorce. On prétend que ce canon était encore chargé de poudre mêlée de rouille et réduite à l'état compact, mais cette poudre avait perdu depuis longtemps son inflammabilité , circonstance heureuse pour le cuisi- nier de Mme la marquise de Lameth , qui aurait pu être exposé à voir sauter sa marmite. Un gallet bien choisi , naturellement sphérique et du poids de six hectogrammes, nous a été représenté comme servant de boulet ; son diamètre était d'un centimètre plus petit que celui du calibre, mais nous ne croyons pas plus à l'authenticité de ce projectile qu'à la présence de la poudre. Le second canon ( fig. 2 ) , également en fer , de dimensions plus petites et plus élégantes , a une longueur de 0,51 c. et pèse 'J3 k. 50, mais il est dépourvu de sa culasse. Cette pièce , de 0,08 c. de diamètre , est pareille- ment composée d'une feuille de fer battu de 0,007 m. 19 — 290 — d'épaisseur, revêtue dans toute sa longueur de cercles et d'anneaux en 1er alternativement soudés les uns aux autres -, mais il est à remarquer que le premier de ces cercles , du côté de la culasse, est plus épais que les autres , ce qui semble indiquer que l'usage avait démontré la nécessité de donner plus de résis- tance au fond de l'âme de la pièce. Ces diverses parties sont traitées assez délicatement et dénotent plus d'habileté dans la main-d'œuvre. La lumière, placée à 0,15 c. de l'extrémité, paraît indiquer que la culasse avait aussi une plus grande épaisseur que celle de l'autre canon. On pourra, du reste, se rendre compte et comparer les différentes dispositions de ces instruments en con- sultant les dessins ci-joints. E. PANNIER. CATALOGUE RAISONNÉ DE L'ŒUVRE DU CLAUDE MELLAN DABBEVILLE M. Anatole DE MOWTAIGIOW, Ancien élève de l'Ecole des Chartes, Membre résidant de la Société impériale des Antiquaires de France, Membre correspondant de la Société impériale d'Emulation d'Abbeville, PRÉCÉDÉ D'UNE NOTICE SUR LA VIE ET LES OUVRAGES DE MELLAN PAR P. J. MARIETTE. Il n'est pas rare de voir une ville offrir, dans un même genre, une suite d'hommes remarquables. Telle est surtout célèbre par ses jurisconsultes, telle par ses médecins, telle par ses soldats. En général, cela vient de ce qu'un de ses enfants, devenu fameux dans une profession, l'a par là même mise en relief, et l'ému- lation de son exemple entraine à sa suite des jeunes gens qui prennent cette même carrière, devenue à leurs yeux plus honorable et qu'ils touchent de plus près. C'est ce qui est arrivé à Abbeville. Au commencement du xvne siècle, un de ses enfants se rend célèbre dans — 292 — la gravure-, il s'y distingue au point de devenir l'un des premiers graveurs de son temps , et dès lors et sans interruption , on voit continuer à Abbeville une suc- cession de graveurs , dont plusieurs sont tout-à-fait considérables. Cette perpétuité est même si constante qu'il est à l'honneur de Mellan, qui a donné le mou- vement , de la rappeler en tète de sa vie , et d'en présenter un tableau très-succinct, mais suffisant pour justifier cette affirmation. De son temps même, on connaît un autre graveur abbevillois : c'est Paul Maupain (1), qui grave à Rome une suite de plus de cent camaïeux en bois , d'après les dessins du Lyonnais Stella. La taille, dont la sim- plicité va même quelquefois jusqu'à la rudesse , ne manque pas de caractère et d'énergie (2). Mais Maupain est comme en dehors de notre série, surtout par la façon dont il ne parait avoir travaillé qu'à l'étranger, et encore pendant peu de temps, puisque les seules dates inscrites sur ses bois sont 1624 et 1025 (3). De Mellan, i! n'y a rien à dire ici. Mais aussitôt après lui, nous devons nommer un autre Abbevillois, Jean (1) Félibien sur Stella. 11 y a un Simon Maupain, architecte, qui a travaillé au Louvre avec Lcvau : était-il de sa famille? (2) C'est aux camaïeux de Maupain que se rapportent ces vers de l'abbé de, Marolles : Jacques Stella comprit une belle manière De faire, comme il fil, des figures en bois D'un dessein tout nouveau, les colorant deux fois. (Le Livre des Peintres et Graveurs, édition de M. G. Duplessis. Paris, Bibliothèque Elzeviriennc, 1853, p. 2C). (3) Dussieux, Artistes français à l'étranger, 185G, p. 323. — 293 — Lenfant, fils d'un maître brodeur et né en 1615 (1), qui fut l'élève de Mellan même. Parmi ses sujets de sain- teté, l'admirable Sainte Julienne en prière devant un autel, traitée comme gravure dans le plus pur goût de Mellan et du plus beau sentiment janséniste, est tout- à-lait une exception; mais ses portraits ont un mérite et une importance tout particuliers -, bien que souvent bizarres, ils ont une personnalité, une vie et une variété singulières (2). il mourut le 8 mars 4674. C'est le seul élève qu'Abbeville ait donné à Mellan; car, si l'auteur de V Histoire du comté de Ponthieu (3) fait naître Daret dans cette ville , Florent Le Comte , et Mariette qui était à même d'en être bien informé, lui donnent Paris pour patrie (4), et la question reste encore pendante. Ce fut pourtant de Daret que furent élèves ces autres Abbevillois : Gilbert Lefilleul, né en 164A, sur- tout connu pour nous avoir conservé les traits du sculpteur amiénois Blasset (5), et le fameux François de Poilly, fils d'un orfèvre, né en 1623 et mort à Paris en 1693 (6). François fut à son tour le maître de son frère Nicolas, né à Abbeville en 1626 et mort en 1696, (1) Pour les noms et les dates qui vont suivre , nous en sommes redevable au Dictionnaire des graveurs de Basan , et surtout à la Biographie d'AbbevUle de M. Louandre. (2) Renouvier, Types et manières des maîtres graveurs. Mont- pellier, in-i", partie 3, p. 138. (3) Tome il, 1755, p. 363. (4) Abecedario de P. J. Mariette, t. h, p. 58. (5) Son (ils Pierre gravait à Paris au milieu du xvni0 siècle. (6) L'abbé Goujet a écrit son éloge à la tête du catalogue de son œuvre par Robert Hecquct, Paris, 1752, in-12. — 294 — qui fut le maître naturel de ses trois fils; Jean-Baptiste, reçu à l'Académie le 26 juillet 1714 et mort à cinquante- neuf ans le 29 avril 1728 (1), François, mort en 1723, et Nicolas-Baptiste qui a peu gravé. L'œuvre de cette famille est fort intéressant par la façon dont ils ont gravé nombre de sujets d'après les peintres de leur temps. Le burin de François de Poilly, de toutes ma- nières le chef de cette dynastie (2), est simple, quel- quefois dur, d'une taille souvent trop large, mais ferme et brillante. Dans ses portraits, il a des qualités de pastel par ses effets de couleur; ses tètes sont variées, ses bouches sans monotonie , ses yeux fins , clairs , spirituels. Après Nanteuil , Masson et Ldelinck , c'est un portraitiste de valeur. Pour en finir avec le xvne siècle , je rappellerai Robert et Louis Cordier, graveurs de lettres et de cartes , et parmi leurs œuvres , les atlas qu'ils firent pour le fameux géographe Sanson qui était d'Abbeville, et leurs livres d'écritures d'après Petré , Barbedor et (1) Archives de VArt français, Documents, t. i, p. 378. Ijeville. (2) François rt Nicolas Poilly sont d'Àbbf Thibaut Poisfan en est, L'Enfant, Robert Cordier, Chacun d'eux en son genre honorant son métier; Mais Faine' des Poillis entre tous est habile. (Le Livre des Peintres, p. 34). Je n'ai pas besoin de dire que Poissan, né non pas à Abbeville, mais à Estrées, près de Cre'ey en Ponthieu, e'tait un sculpteur. On peut voir sur lui les lettres du Poussin , et la notice de Guillet de Saint-Georges, publiée dans les Mémoires inédits des Académiciens, Paris, Dumoulin, 1854, t. i, p. 313-29. — Ailleurs (p. 60), Marolles parle de Crurin d'Abbeville, Compagnon de Poiasan, qui suivit Sarrazin. — 295 — Jacques de His qui était d'Abbeville comme Sanson (l). À partir du xvme siècle, on peut dire que la gravure abbevilloise perd de sa valeur. Les artistes ne gravent plus dans le sens artiste du mot, et leur burin n'em- prunte plus rien à la pointe ; ils coupent le cuivre, et la manœuvre de l'outil, les ficelles du métier étouffent toute originalité. Ce ne sont plus que des burinistes habiles, qui, à force d'habileté, font descendre leur qualité d'artistes jusqu'à n'être plus que des ouvriers. C'est , du reste , tout le caractère de la gravure au xvme siècle, et par là il ne faut pas s'étonner si les hommes dont j'ai à citer les noms ont suivi le courant commun. Jean-Charles Flipart , qui a gravé dans le recueil de Crozat, était né vers la fin du xvne siècle -, Robert Hecquet, qui revint mourir à Abbevillc en 1775, y était né en 1693; Jean Daullé , né en juin 1706, reçu à l'Académie le 30 juin 1742 et mort le 23 avril 1763 , est autrement remarquable que les deux qui précèdent. 11 avait reçu les premières leçons de son art de son compatriote Dom Robart, religieux de l'ordre de Cluny au prieuré de Saint-Pierre d'Abbeville (2), et passa en suite entre les mains de Hecquet. Sa manière est sérieuse et solide, mais froide et sans accent, ce qui n'empêche (1) Marollcs cite les trois dans son Catalogue de 1606, p. 114, et le dernier seulement dans son Lime, des Peintres (p. 62) : En beaux arts Abhcville est sans doute féconde; En écrivains eneor elle eut Jacques de His, Avec Robert Cordier honorant son païs, Qui de sa belle lettre agrée à tout le monde. (2) Il est cité dans la note mise en tête de la publication de l'œuvre de Daullé, faite par sa veuve. — Marolles a parlé d'un — 296 — son œuvre d'être encore important. 11 a eu parmi ses élèves François Dequevauviller, né en 1745. Jacques Aliamet, né le 30 novembre 1720, est élève de Le Bas; il fut agréé à l'Académie en 1763, et mourut le 29 mai 1788 (1). Il n'a peut-être pas gravé d'aussi grandes planches que Daullé ; il a moins de brillant et de flic-flac que Beauvarlet, aussi est-il moins connu; mais je lui trouve bien plus d'intelligence des maîtres qu'il grave ; la traduction qu'il en a fait a de la fidélité, de la souplesse, et, si l'on continuait ce Peintre- graveur abbevillois, dont. je donne aujourd'hui le premier vo- lume, ce serait le dernier qu'il y faudrait comprendre. Lenfant, les Poilly, Daullé et Aliamet seraient, après Mellan, seuls dignes de cet honneur. Comme élèves Abbevillois, ce dernier a formé Charles-François-Adrien Macret, né le 2 mai 1750, mort à Paris en 1783, et Guillaume Michault, né en 1752, qui gravèrent surtout pour des recueils. Jacques-Firmin Beauvarlet, né en 1733, mourut en autre religieux abbevillois, sur lequel on peut voir De Vérité, t. H, p. 354-56 : De son livre achevé le Feuillant d'Abbeville De Sainte Magdelaine eut loisir d'y songer, Et, sans mentir, il est si bon borologer Qu'on en voit l'importance en sa matière utile. (Livre des Peintres, p. 58). Pour réunir ici tout ce que ce volume biscornu renferme sur les Abbevillois, j'ajouterai ces deux passages; dans Fun il cite parmi les ingénieurs (p. 63) : Goudebout d'Abbeville, et parmi les orfèvres (p. 62) : Un Guillaume de Belle, arrive d'Abbeville, Vil Josias de Belle à Paris estimé. (1) Archives de l'Art français, Documents, t. i, p. 398. — 297 — 1797. Avant d'être élève de Dupuis et de Cars, il reçut de l'Abbevillois Philippe-Augustin Lefebvre, mé- diocre artiste , mais bon maître , dont lurent aussi élèves Fauvel, Danzel (1) et Dequevauviller, les pre- mières leçons de dessin et de gravure. Beauvarlet les mena plus loin qu'aucun d'eux , et arriva même à l'Académie où il fut reçu le 25 mai 1770 (2). Son succès et son influence furent énormes et nous pa- raissent aujourd'hui fort peu mérités. Autant sa taille est régulière et brillante, autant est-elle molle et mo- notone; c'est l'uniformité de l'éclat; il n'y a là que de l'outil. Quand il traduit de vrais maîtres, il semble que toute intelligence l'abandonne, et c'est seulement vis-à-vis de peintres contemporains à la mode, de Vanloo, de Drouais surtout, que ses gravures ont un mérite, celui de donner le goût du temps. C'était un artiste très-habile , mais qui , n'ayant pas assez de valeur pour réagir contre ce qui l'entourait , s'y est abandonné et en a même exagéré les défauts, au grand applaudissement des contemporains. Un de ses élèves, Jacques-Charles Levasseur, né à Abbeville le 21 octobre 1734, avait été reçu à l'Académie cinq ans avant son maître, le 26 janvier '1773; il mourut à Paris le 29 novembre 1816 (3). Nicolas-Joseph Voyez, (1) Eustache est mort à Paris vers 1775; Jacques-Claude, né le 5 mai 1737, est mort dans sa ville natale le 24 décembre 1809. (2) Archives de l'Art français, Documents, t. i, p. 394. (3) Cf. Ch.-F. Bidon, Discours sur la tombe de Levasseur, Paris, Didot jeune, 1816, in-8° de 12 pages. — Pclissier, Notice, etc., dans le Mémorial universel, journal du Cercle des Arts, 73" livraison. — Moniteur du 29 décembre 1816, p. 1155. — 298 — né en 4742, et son frère François, né en 1746, furent aussi élèves de Beauvarlet, et ce ne furent pas les seuls, car on doit citer encore François Hubert, né le 2 février 1744 et mort le 44 février 4S09 (1), et Louis- Charlemagne Thomas, tué aux avant-postes d'Aix-la- Chapelle le 1er mars 4793; ils étaient en même temps ses élèves et ses parents. Biaise Flluin et Louis Dennel, né en 4741 et qui vivait encore en 1828, avaient aussi passé par son école. En dehors de tous ces graveurs restés en France, il y a eu au xvme siècle un petit groupe d'Abbevillois qui passèrent en Angleterre , ainsi François-Germain Aliamet, né en 1734 et frère de Jacques, travailla pour le recueil de Boydell, — Jean-Marie Delàtre , né le 25 septembre 4732, — Victor-Marie Picot, né en 4744 et mort à Abbeville le 7 janvier 1802,— Thomas Gaugain, né à Abbeville en 4748 , qui fut élève d'Houston et grava complètement dans le goût du pointillé anglais de ce temps, — et Pierre-Charles-Nicolas Dufour, élève d' Aliamet, mort vieux à Abbeville le 7 février 4848. 11 s'en faut que tous ces noms soient illustres. Le plus grand nombre de ces graveurs, surtout dans les derniers cités, sont de ceux dont on ne reconnaît les ouvrages que quand ils sont signés; mais le fait de cette perpétuité constante de graveurs dans une même ville était à noter, et, si maintenant la tradition est rompue par le changement complet du goût, Abbeville a encore un graveur dont elle se doit honorer , M. François- Augustin Bridoux, élève de MM. David et Forster (2), (1) C'était l'oncle de Millevoye. (2) Moniteur de 1834, n° 250, p. 1796. — 299 — grand prix de gravure en 1834, et auquel on doit la belle estampe de la Vierge aux Candélabres. Quant à mon propre travail, j'ai peu de chose à en dire. La pensée m'en est venue quand en préparant, avec mon ami M. de Chennevières, la publication des notes de Mariette sur les arts et les artistes, j'ai trouvé parmi ces papiers une notice sur Mellan, dont la forme définitive est pour lui tout-à-fait exceptionnelle. En la voyant ainsi achevée et préparée pour l'impression, j'ai pensé tout naturellement à l'offrir à la ville même où Mellan est né. J'ai ajouté quelques notes au travail de Mariette, et un appendice de testimonia sur Mellan ; mais , ce qui était plus important , je la fais suivre d'un catalogue complet et raisonné de l'œuvre gravé de Mellan. Les papiers de Mariette en contiennent un dressé par son père , mais tout sec et sans détails. Nous lui avons emprunté quelques remarques pré- cieuses (1) qui y avaient été ajoutées par le fils , auteur de la notice que nous publions; mais la des- cription méthodique que nous avons rédigée sur les originaux est , dans son développement , une œuvre toute nouvelle. Comme il convient, elle est faite sur le modèle des excellents catalogues de M. Robert- Du- mesnil dans son Peintre- Graveur français (2), auquel on ne saurait jamais rendre trop de justice. Et son exemple a porté fruit ; car, en attendant que le maître nous donne enfin son volume si attendu sur l'école de Fontainebleau et sur Etienne de Laune , d'autres, dans le moment même , travaillent à continuer et à (1) Nous en indiquons toujours l'origine. (2) Nous ajouterons une table chronologique des pièces. — 300 — compléter son œuvre par des monographies séparées. M. Meaume fait paraître dans le moment , à Nancy , un catalogue de l'œuvre de Callot, qui sera tout un livre; M. Faucheux en imprime un sur l'œuvre de Silvestre , qui paraîtra de même à Nancy; M. Du- plessis termine, pour la ville de Tours, le catalogue d'Abraham Bosse ; enfin le catalogue de l'œuvre si important de Michel Lasne, l'émule de notre Mellan, fait par MM. Thomas Arnauldet et Georges Duplessis, va bientôt paraître à Caen (1). Comme on le voit, tous ces travaux sont publiés dans les villes où sont nés ces différents artistes. 11 y a là quelque chose de plus que l'utilité historique, et moi même, après m'être occupé de Mellan comme de l'un de nos grands gra- veurs français , je suis heureux que mon travail paraisse dans la ville même dont s'est honoré l'ar- tiste avant qu'elle ne s'honorât de lui , et reçoive de la Société qui l'a accueilli un caractère d'hommage et de souvenir pieux, qu'il ne pouvait avoir que dans ses Mémoires. A. DE M. Paris, Novembre 1S56. (1) M. Arnauldet prépare aussi celui de Thomas de Leu. NOTICE SUR CLAUDE MELLAN PAU PIERRE-JEAN MARIETTE. Les nouvelles découvertes sont , pour l'ordinaire , languissantes et presque toujours assez informes dans leur commencement-, elles doivent passer par différentes mains avant que d'arriver à leur perfection, et elles n'y parviennent qu'avec le temps et beaucoup de travail. La nature n'est pas cependant, sur ce point, tellement constante dans ses principes qu'elle ne s'en écarte quelquefois. De temps en temps elle met dans le monde de ces génies créateurs qui , s'étant emparés d'une nouveauté dont ils sont les pères et lui ayant donné presque sur-le-champ son entier arrondissement , ne laissent rien à désirer ni à faire à ceux qui leur succèdent et qui auroient voulu s'y exercer. Mellan fut un de ces hommes rares et uniques. Inventeur d'une manière de graver nouvelle, qu'il a porté jus- qu'où elle pouvoit aller , il a étonné par la rapidité de sa course , et n'a laissé à ses foibles imitateurs que le désespoir d'avoir inutilement marché sur ses traces et d'en être demeuré aux premiers pas. _ 302 — 11 nacquit à Abbeville , capitale du royaume de Ponthieu , au mois de may 4598 (1), et, le 23 du même mois, il reçut au baptême le nom de Claude, qui étoit celui de son père. Celui-ci exerçoit un métier qui, par des voyes indirectes, conduisoit assez naturel- lement son lils à la gravure. 11 étoit chaudronnier et planoit des cuivres. Des affaires de commerce l'appel- (1) Plusieurs auteurs ont parlé de Mellan, et tous diffèrent sur l'année de sa naissance. Perrault, dans ses Eloges des Hommes illustres du siècle de Louis XIV, la met en 1591; Le Comte, dans son Cabinet d'Architecture et de Peinture, en 1601; Brice, auteur d'une Description de raris, la place en 1604. J'ai lu, sur un billet d'enterrement de Mellan, qu'au jour de son décès, arrivé le 9 septembre 1688 , ce graveur avoit quatre-vingt-cinq ans , sept mois et onze jours, et, suivant ce calcul, il devoit être né le 29 janvier 1603. Il étoit, de plus, marqué que cette datte avoit été donnée par le neveu même de Mellan. Qui n'y auroit ajouté foi? Cependant elle est aussi fausse que toutes les autres. J'ai, pour certitude de celle que je donne, les registres de Saint-Vulfran-de- la-Chaussée à Abbeville, où Mellan a été baptisté, et son extrait de baptême que j'ay fait lever et dont voici la teneur : Le vingt- trois jour de may mil cinq cent quatre-vingt-dix-huit fut baptisé Claude Melan, pis de Claude. Les parrins, Nicolas Maillard et Claude Marchant, la marrinne A. Maillard.— Je soussigné, prêtre, curé de la paroisse de St-Vulfran-dc-la-Chaussée à Abbeville, certifie le présent extrait conforme à l'original, en foi de quoy j'ay signé, ce 3e jour de septembre 1735: S. -M. Mauchembert (Note de Mariette). — Dans le premier volume des Archives de l'Art français, Docu- ments, tom. i, livraison du 15 juillet 1851 , p. 261-61, j'ai publié, grâce à la communication qui m'en avait été faite par M. Hauréau, cet extrait de baptême, accompagné d'une lettre du curé de Saint- Vulfran au graveur abbevillois Robert Hecquet, qui le lui avait demandé; mais je ne savais pas alors que cette demande avait été faite par lui dans l'intérêt de Mariette. (A. de M.) — 303 — loient quelquefois à Paris (1); il y conduisit ce fils qui avoit déjà reçu une éducation honneste , et dont l'esprit vif et pénétrant promettoit beaucoup. 11 lia connoissanee avec des graveurs , et , avant que de retourner dans sa ville , le jeune Mellan étoit déjà placé et mis en apprentissage. On ignore quel fut son premier maître, si ce fut Thomas de Leu ou Léonard Gaultier, les seuls qui, tout médiocres qu'ils étoient, pouvoient porter le nom de graveurs dans une ville où cet art étoit encore dans toute son enfance. La première planche de Mellan portant une datte, c'est- à-dire cette thèse de théologie qui fut soutenue par des religieux Mathurins en 1619, pourroit faire croire que Léonard Gaultier lui auroit mis le burin à la main ; elle tient beaucoup de la manière de ce gra- veur. Et en vaut-elle mieux? Non, sans doute; Mellan étoit pour lors dans cette fausse opinion que le mé- rite de la gravure consistoit uniquement à couper le cuivre avec netteté , en un travail léché et en un arrangement de traits fins et le plus approchés qu'il étoit possible les uns des autres. 11 se fondoit sur ce qu'il vovoit pratiquer par Thomas de Leu, par Mal- lery, par Wierx et par d'autres semblables graveurs dont les insipides ouvrages n'étoient, pour le malheur (1) Mellan avoit un frère e'tabli à Paris et qui étoit chaudron- nier comme son père, ce qui fait suffisamment connoistrc que Florent Le Comte , qui lui donne pour père le receveur des domaines d'Abbeville, étoit aussi mal informé sur ce point que sur tout ce qu'il a débité au sujet de notre graveur, dans son Cabinet d'Architecture, tom. 3, pag. 193 (éd. de Paris, 2e partie du tome 3). Le peu qu'il en dit est un tissu d'erreurs plus grossières les unes que les autres. (Mar.) - 304 - du siècle , que trop en vogue. Il en contracta une manière aussi mesquine et aussi aride que l'étoit son goût de dessein, ce qui n'empêcha pas que, tout jeune qu'il étoit, il ne prétendit à la qualité de peintre, il faisoit déjà les desseins de presque tout ce qu'il gravoit, et l'on m'a voulu assurer que, dès ce tems là , il avoit essayé de manier le pinceau sous un peintre de son pays nommé Joly (1). 11 aimoit éperduement sa profession, et bruloit du désir de s'y distinguer. On ne devoit donc pas déses- pérer de lui voir faire des progrès ; mais , si sa position ne les rendoit pas tout-à-fait incertains, elle les ralentissoit considérablement. Environné d'artistes aussi médiocres que lui, rien ne s'offroit à son génie qui le mît en état de s'étendre et de se développer. Continuellement il éprouvoit des sujets de découra- gement. Se présentoit-il quelqu'ouvrage qui demandoit à être partagé? Mellan avoit le chagrin de s'y voir associé avec le jeune Lasne qui, dans la même car- rière, n'étoit pas plus avancé et qui avoit le même (1) Sur ce peintre d'Abbeville, M. Louandre nous signale dans les papiers de D. Grenier (paq. 4, art. 4, tome 28, p. 120 et 126), cette note curieuse : « Il se trouve dans la chapelle de la Vierge, qui est dans le rond-point de l'église de l'abbaye de St-Valcry-sur- Mer derrière le chœur, deux beaux et grands tableaux de prix. Du côté de l'Evangile, le Martyre de saint Pierre; du côté de I'Epître, le Martyre de saint Paul. On lit au bas de celui de saint Pierre : Nicolaus Joly pinxit 1650. Ce peintre mériteroit bien d'être connu. » Tout en citant ici ce passage curieux, je n'af- firmerais pas qu'il s'agisse du même individu. Joly, qui avait donné des leçons à Mellan vers 1615, aurait été bien vieux en 1650 pour peindre encore ces deux tableaux. (A. de M.) — 305 — besoin de secours; avec Gaultier, dont la main pe- sante s'étoit encore allourdie par le poids des années et ne connaissoit plus que la peirme; avec un Picquet, graveur ignorant et destiné à un éternel oubli. Il n'avoit pas moins à se plaindre des ouvrages qui lui étoient distribués. 11 n'en étoit aucun qui fût inté- ressant ; tous étoient plus propres à provoquer le dégoût qu'à faire naître et à entretenir une vertueuse émulation. Mellan, touché de sa situation et voulant en sortir , fit alors sur lui-même les plus grands efforts ; il entreprit de réformer sa manière de gra- ver. Il commençoit à en prendre une plu., libre et plus nourrie ; mais , pour abréger et pour opérer plus sûrement , il se détermina au voyage d'Italie , d'où venoient à Paris tant de belles estampes, et où il voyoit passer tous les jeunes artistes françois qui, désireux de gloire , y alloient en foule perfectionner leurs talens naissans. 11 arriva à Rome en 1624, et il y trouva Villamène qu'il cberchoit. C'étoit le graveur le plus accrédité qu'il y eut pour lors en Italie. Une longue expérience lui avoit fait acquérir une grande connoissance de son art , et personne ne pouvoit mieux que lui en donner des leçons. Flatté de voir un étranger quitter son pays -pour venir le consulter, encore plus satis- fait de la docilité de Mellan, il lui accorda sa con- fiance et son amitié ; il lui déploya ses différens ouvrages , ils en conférèrent ensemble ; il n'y eut aucune difficulté de l'art qu'il ne lui dévoilât. Heu- reux s'il en fut demeuré là , el qu'il n'eut point songé à lui faire un présent qui pouvoit avoir des suites funestes. 20 — 300 — Il crut le servir en lui procurant la connoissance du Pomérange (1), peintre lourd et maniéré, et qui, avec ces défauts, ne laissoit pas de jouir d'une réputation, même au milieu de peintres inliniment plus habiles. On s'adressoit volontiers à lui pour des desseins de thèses, de titres de livres et d'autres morceaux qu'on vouloit faire graver; Mellan en reçut quelques-uns de sa main, et ce fut en les exécutant qu'il se fit con- noitre dans Rome. La reconnoissance exigeoit sans doute de la préférence; mais celle-ci devoit être me- surée et réfléchie. Le jeune artiste se livra trop in- considérément à un conducteur peu sûr, et il courut une seconde fois le risque de se perdre. 11 n'avoit plus qu'un pas à faire, et il contractoit pour toujours une manière grossière, insipide et de mauvais goût, aussi vicieuse, pour le moins, que celle dont il vou- loit se défaire. 11 lui auroit été d'autant moins aisé de s'en garantir , que le nom du Pomérange lui en imposoit et qu'il n'en sçavoit pas assez pour démêler dans le faire de Villamène ce qu'il en falloit rejetter et ce qu'il en étoit bon d'adopter. 11 élargissoit sa taille et lui donnoit plus de corps ; mais il ne s'ap- percevoit pas qu'un burin trop quarré l'empèchoit de mettre de l'esprit dans sa touche et l'entrainoit dans la roideur et dans une pesanteur insupportable. La mort de Villamène, qui survint, le tira de ce précipice. Obligé de mandier d'autres secours, l'école de Vouet s'ouvrit à un François qui , par le désir (t) Crislofano Roncalli, dalle Vomerancie in Toscana, et dit le chevalier Pomerancio. 11 mourut le 14 niai 1G20. Le Baglione a écrit sa vie. Ed. de 1651, p. 288-92. (A. de M.) — 307 — sincère qu'il avoit d'apprendre , méritoit d'y être admis. Cet excellent peintre , fait pour développer les talents dans tous les sujets qui en renfermoient le germe , se prêta de bon cœur à l'instruction de Mcllan. Il ne lui dcffendit point d'étudier la manière de graver de Villamène , de coupper le cuivre avec fermeté, et, à son exemple, de former sa main dans la conduite de tailles hardies, pures et bien suivies ; mais il lui recommanda avant tout de dessiner et de soumettre à cette étude toutes les autres, persuadé, et avec raison, que cette partie, qui est le fondement de la peinture , le doit être aussi de la gravure , et que , toutes les fois qu'on se l'est rendue familière , le reste n'est plus qu'un jeu et n'est, à proprement parler, qu'une opération purement manuelle. Mellan écouta avec soubmission des conseils salu- taires , et , pour montrer qu'il étoit résolu de les pratiquer , il se dévoua entièrement à celui qui les lui donnoit. Ce qui restoit à courir de l'année 1624 et toute la suivante furent employés , sans mélange d'aucune autre occupation , à graver nombre de ta- bleaux que Vouet lui fournissoit avec la satisfaction que cause le plaisir de faire du bien aux gens qui en profitent. En peu de teins , le burin de Mellan prit une couleur plus douce et plus harmonieuse. 11 décrivoit des tailles plus flexibles, et qui embrassoient mieux le contour de chaque objet-, il se transformoit différemment, suivant que le cas l'exigeoit, et qu'il étoit besoin, pour le bien de l'ouvrage, d'un travail particulier. On commence à s'appercevoir de cette amélioration de son burin dans cette pièce , où le beau génie de Vouet, empruntant le langage de l'em- — 308 — blême et dans un style digne du Guide , a exprimé l'accord des trois facultés de l'âme , de l'Intelligence , de la Mémoire et de la Volonté , dans cette autre pièce représentant sainte Catherine, martyre, et dans celle où Lucrèce est prête à se poignarder. Une sorte de peluche , qui entre dans l'habillement de cette dernière figure , est une singularité. Elle est d'une fabrique qui a quelque chose de neuf et de fort ex- pressif, et qu'on ne voit point dans aucune des gra- vures qui ont précédé celle-ci. Youet fut pleinement satisfait de l'exécution de ces différentes planches. Quoiqu'il en eût fait les frais et qu'il en fût le pos- sesseur, il consentit que Mellan s'en fit honneur, et qu'il les présentât en son propre nom à des prélats distingués , dont la protection pouvoit lui devenir utile. Les tableaux que Mellan gravoit étoient des mor- ceaux faits , et ses planches ne pouvoient guères manquer d'offrir le même terminé. 11 ne s'agissoit que d'imiter et de rendre ce qu'il avoit sous les yeux. Mais est-il question de graver des desseins de Vouet? Ce peintre, plein de feu, ne présentoit à son graveur que de simples croquis, très difficiles à tra- duire en gravure , et qui demandoient pour les dé- brouiller un homme presque aussi foncé que l'auteur même du dessein. Quel travail ne dût pas coûter à Mellan la sortie d'un labyrinthe aussi embrouillé , toutes les fois qu'il s'y trouva engagé? j'ai eu entre les mains (il étoit dans la collection de M. Crozat) le dessein de Vouet pour la thèse dédiée à la maison de Savoie, qu'a gravé notre artiste ; je l'ai comparé avec l'estampe, et l'examen que j'ai fait de l'un et — 309 — de l'autre m'a occasionné une surprise dont je ne reviens point. En voyant la gravure , qui est tout esprit , mais où il n'y a rien qui ne soit arrêté , s'imagineroit-on que le dessein, d'après lequel elle a été faite , n'est proprement qu'une ébauche , qu'une première et légère pensée qui laisse tout à deviner et qui ne donne rien de formé? Un graveur capable d'une pareille entreprise et qui la fait réussir, est bien prêt de toucher au but. Ce qui va paroître plus étonnant , un travail de trois années au plus a suffi à Mellan pour parvenir à ce degré d'habileté. 11 est vrai que ce travail fut forcé, qu'il fut excessif et presque sans exemple ; aussi pensa- 1- il le payer du prix de sa vie. Une trop grande et pénible contention d'esprit lui ravit le sommeil; son sang, déjà trop bouillant, s'échauffe et se brûle ; il tombe dangereusement malade, et ne re- couvre la santé qu'après avoir causé de vives allarmes à ses amis. Un médecin françois , nommé Joseph Truillier, qui exerçoit son art à Rome avec distinc- tion, fut celui qui l'arracha des portes de la mort, et Mellan, pénétré d'une juste reconnoissance, ne se vit pas plus tôt en état de reprendre le burin que son premier soin fut de conserver à la postérité le portrait de son libérateur. Plus il avançoit, plus il étoit aisé de s'appercevoir que celui de tous les graveurs dont il faisoit alors sa principale étude étoit Gilles Sadeler ( Sandrart , Acad. Pict. erud., p. 374) (1). Touché de la pureté (1) Nous ne pouvons pas mettre mieux qu'ici le petit ar- ticle que Sandrart consacre à notre artiste ( Partis secundœ — 310 — du burin de cet homme rare , il s'attache plus que jamais à simplifier son travail et à le rendre, par ce moyen , plus agréable et plus spirituel. Comme lui . il se piqua de dessiner d'après nature les portraits qu'on lui donnoit à graver , et , comme lui , il fut toujours heureux à saisir la ressemblance. Mais, ce dont il fut plus jaloux , ce fut de les animer de ce feu et de cette vie qui distinguoient de ceux que faisoient les autres dessinateurs ceux qui sortoient d'entre les mains de Vouet. 11 le fit avec tant de succès que les beaux portraits de Raphaël Menicucci, bouffon du pape Urbain VIII, de Jérôme Frescobaldi, musicien célèbre, qui, après avoir touché l'orgue de Saint-Pierre et s'y être distingué , passa au service du Grand-Duc, et quelques autres encore qui lurent gravés dans le même tems d'après ses propres des- libro m , cap. xxvii , Sedecim nationis Gallice chalcographi ) : « Claudius Melanius Parisiensis eodem tempore (Sandrart vient » de parler de Callot) tara picturœ quam chalcographies studebat; » cumque naturâ suâ ad cœlaturas acriùs ferretur, /Egidii Sa- » deleri methodo potissimum insistebat , quam etiam Romœ per » multos continuabat annos. Unde non icônes tantùm virorum » summorum plurimas , interque cas effigiem Urbani ponlificis » maximi, Bentivoglii cardinalis, Crequii mareschalli , Borgesii » cardinalis cum similibus, sed et statuas Justinianeas plurimas, r, mea manu prius delineatas , thesesque et titulos librorum in » magnâ elaborabat copia, quibus omnibus ubique locorum ma- » gnam assecutus est nominis celebritatem. Jarnque Parisiis » adhuc in vivis esse fertur (Sandrart écrivait son livre en 1675 » et la traduction latine n'est d'ailleurs que de 1683), et nuper » demum opus iterum edidisse statuarum antiquarum simplici » decussatione exaratarum, summâ cum cleganliâ , quod existi- » mationi ejus haud parvum adjiciet augmentam. » (A. de M.) — 311 — seins, ne diffèrent point, pour la méthode, du por- trait du poëte Marcel Giovanetti , qu'il avoit gravé sur le dessein de Vouet. Mellan ne tarda point à éprouver qu'on n'étoit point injuste envers lui, et que, si on ne lui érigeoit point de statue, comme on l'eut fait dans l'ancienne Grèce , on le jugeoit au moins digne d'avoir son portrait en médaille. Et quel étoit celui qui pensoit à lui décerner cet honneur? Ce fut Vouet, qu'on taxoit, peut-être assez mal à propos, de jalousie. Ce fut lui qui imagina une médaille, et qui en fit, en 1G2G, le dessein , que je conserve religieusement , sans avoir pourtant d'autre certitude sur l'existence d'un monu- ment, qui, s'il a eu lieu, fait autant d'honneur à celui qui l'a élevé qu'à la personne qui en a fourni le sujet. Quoy qu'il en soit , Mellan n'en fut pas moins prompt à en témoigner sa sensibilité à son ami. Il rechercha ce qui pouvoit lui plaire davantage, et lui présenta le portrait d'une maîtresse chérie , au mo- ment même que cet ami , après en avoir fait une élève digne de lui, se disposoit à lui donner la main. Ce joli portrait de Virginie da Vezzo , gravé d'un burin extrêmement léger, fut le dernier des ouvrages que Mellan fit à Rome en présence de Vouet; car celui-ci, ayant été appelle par le Roi et étant repassé en France dans les premiers mois de 1627, ne put être témoin des applaudissemens que méritèrent à notre illustre graveur les belles estampes qu'il publia dans le cours de la même année. A mesure que Vouet s'éloignoit , on eût dit que Mellan redoubloit ses efforts , comme s'il eût craint — 312 — que , ce peintre lui manquant , on pût douter de la fécondité de son génie, et qu'il fût bien aise de l'aire voir qu'un guide ne lui étoit plus nécessaire. La première planche qu'il mit dans le public, après avoir pris ces sentiments, ne remplit pas cependant, à beau- coup près , de si hautes veiïes. Dans cette planche , qu'il dédia à l'illustre de Peiresc, et qui représente la mort de sainte Madelaine, on ne dut rien trouver que d'assez ordinaire. Elle pêche du côté de l'intelligence, et elle rentre trop, selon moi, dans la manière de graver qui l'ait le moins d'honneur àVillamène; c'est- à-dire qu'il y a trop de roideur dans la conduite des tailles , et que toutes les touches sont égales. Cette pièce ne lui en a pas moins coûté ; il y est revenu plusieurs fois. Après l'avoir fait paroitre, il l'a retra- vaillée et y a fait des changemens assez considérables, qui ne l'ont point bonifiée, et n'ont servi qu'à rendre rares et singulières les premières épreuves : travail infructueux et qui met en évidence une maxime suffi- samment connue, qu'on ne fait bien qu'autant qu'on est en verve. Mellan l'expérimenta bientôt. 11 grava , avec tout le succès possible , une petite planche représentant saint François de Paule en prières. Si l'on n'appre- noit pas, de l'inscription qui est au bas, qu'il en est l'inventeur et le graveur , elle passeroit , sans diffi- culté, pour une production du Guerchin, tant elle a de rapport, et pour le caractère de tête, et pour la distribution des ombres et des lumières, avec ce qu'on connoit de plus beau de ce grand peintre. Ne diroit- 011 pas aussi, en considérant les premières épreuves de cette planche, que Mellan étoit, lorsqu'il l'enfantoit, — 313 — dans un de ces accès d'enthousiasme qui quelquefois saisissent les grands artistes? Abysmé en luy-mesme, il oublie en quelque faron le sujet qu'il traitte : au lieu d'un saint qui s'anime à la veuë de Jésus Christ crucifié , et qui en met plus de ferveur dans sa prière , il ne fait voir qu'un vieux moine accablé sous le faix des années et qui , involontairement , s'est endormi en priant. Cette action, il faut l'avouer, ne pouvoit être ni mieux saisie , ni mieux rendue. Mais la bienscéance n'en étoit pas moins blessée ; le défaut étoit sans excuse: on le lui fit appercevoir ; il en convint, et, revenant sur lui-même, il se cor- rigea , fit une nouvelle tête , et y mit tant d'ame et tant d'onction, qu'autant la première étoit voisine du ridicule, autant celle-ci parut-elle édifiante. Cette excellente petite pièce étoit comme l'avant- coureur d'un autre morceau bien autrement impor- tant et qui doit être regardé comme le chef-d'œuvre de Mellan , en même temps qu'il mérite d'occuper une place dans le petit nombre de ceux qu'a produit jusqu'à présent l'art de la gravure. La composition tient du grand maître. A certains égards , elle est dans !e style de Vouet. 11 étoit bien difficile que Mellan abbandonna si tost la manière d'un maître , à laquelle il étoit redevable de tout ce qu'il sçavoit, et, si je le puis dire, elle se soutient entre ses mains et ne perd rien de sa grandeur et de son excellence. L'on croit , en certains endroits , reconnoître encore ici l'esprit de Guerchin et l'une de ses meilleures idées. Saint Pierre iNolasque , fondateur de l'ordre de Notre-Dame-de-la-Merci , fait le sujet de cette incomparable pièce. Le saint est entre les bras de — 314 — deux anges qui le portent à l'église , où son corps , atténué par les jeûnes et par les années, ne lui per- mettoit pas de se rendre pour assister à l'office , et il résulta de l'assemblage de ces trois figures le grouppe le mieux cadencé, et qui, varié dans toutes ses parties , ne montre rien que de naturel et de possible. Les deux anges sont dans une attitude tout- à-fait animée, ils volent plustost qu'ils ne marchent; mais celle du saint, qui leur sert de contraste, me semble, dans sa simplicité, supérieure encore. On le voit immobile, il est absorbé dans la prière, il semble qu'il ne prenne aucune part au miracle qui s'opéra en sa faveur. N'est-ce point aller trop loin que de mettre cette ordonnance en parallèle avec celle du meilleur tableau qu'ait peint le Guerchin , et de n'oser prononcer laquelle des deux mérite la préfé- rence? Je ne crois pas me tromper-, je soupçonne que Mellan , lorsqu'il en faisoit l'arrangement , avoit dans la pensée quelques-unes des compositions de l'habile peintre que je viens de nommer, et j'imagine aussi que, pour l'exécution de la gravure, il se mo- deloit sur celle de Gilles Sadeler , la réveillant par des touches sçavantes qu'il puisoit dans les estampes d'Augustin Carrache. L'ouvrage de Mellan laisse peut-être à souhaiter des proportions plus sveltes dans les ligures, et plus de légèreté dans les tètes et les autres extrémités : mais , à cela près , le morceau est accompli , et fa critique la plus sévère trouveroit difficilement à y mordre. Les suffrages ne furent point non plus par- tagés -, ils se réunirent tous en sa faveur, et, ce qui rendit complet le triomphe de Mellan, ce fut d'avoir — 315 — vu Charles Vénitien , peintre de grande réputation , traitter le même sujet, répéter à peu près la même composition et se retirer, le laissant maître du champ de bataille (1). Le père Louis Apparitius, procureur- général de la Merci en cour de Rome, qui lit graver cette planche à Mellan, voulut y être représenté — c'est le premier en rang parmi les religieux qui en oc- cupent le fond — et il ne se borna pas à cette seule planche. Trouvant notre artiste traittable , il lui de- manda encore une des saintes de son ordre, sainte Marie de Socos ou du Secours, de qui les matelots invoquent l'assistance dans la tempête et qui , par cette raison, est représentée dans l'estampe de Mellan marchant sur une mer dont les flots agités commencent à se calmer. Cette planche , faite un peu à la hâte , se ressent de la médiocrité du prix qu'en eut le graveur; mais la touche n'en est ni moins spirituelle, ni moins facile , et , comme le cuivre fut envoyé à Barcelone au monastère chef d'ordre de la Merci, où fut pareillement portée la planche du saint Pierre iNolasque, les bonnes épreuves en sont devenues très- (1) Le tableau de Charles Vénitien est à Rome, dans l'église de Saint-Adrien à Campo Vaccino, desservie par les religieux de Notre-Dame-de-la-Merci. (Note de Mariette.) — Voici ce qu'en dit l'abbé Filippo Titi (Descrizione délie pitture, sculture, e archi- tetture esposte al publico in Roma, éd. de 1763, p. 201) : « Sur l'autel voisin de la porte de la sacristie , se voit un tableau peint à l'huile d'un saint de l'ordre de la Merci (del riscatto, du rachat) porté par les anges. Les uns le disent de la main de Gucrcino de Cento , les autres de Carlo de Venise ; il y en a qui le croient du Savonanzio de Bologne, et c'est un ouvrage fort estimé. » (A. de M.) — 316 — rares, et plus rares encore que celles du saint Pierre Nolasque, par la raison qu'ayant paru moins impor- tante, il en fut imprimé un moindre nombre avant que de faire l'envoy de la planche. 11 est encore arrivé que , par négligence et par l'abandon dans lequel on a laissé ces deux planches, elles ont tellement souffert que, rayées et mangées de vert - de-gris , il n'est presque plus possible aujourd'huy d'en faire usage. Le même désastre est arrivé à un grand morceau composé de quatre planches, que Mellan grava pour le même procureur-général de la Merci, et dans lequel il a représenté les saints martyrs de l'ordre, en quatre- vingt-dix-huit petits quarrés, qui, mis à la suite l'un de l'autre , forment en largeur huit rangées , inter- rompues seulement par trois cartouches , dont un renferme l'image de saint Pierre Nolasque, un autre celle de saint Raymond de Nonat, et le troisième, au pied duquel sont deux ligures d'hommes assis , les armes de la Merci, et une épitre en forme d'envoy adressée au général de l'ordre. Ce morceau a cela de particulier que c'est presque le seul où Mellan se soit servi de l'eau forte, et que, plus il est fait avec célérité, plus les coups de maître s'y font ressentir. On y voit des têtes dont la touche ferme et résolue approche de celle des Carraches et ne seroit certainement pas désavouée par ces grands maîtres. Aussi est-ce un ouvrage de fougue et qui , fait sans avoir été très-médité et sans beaucoup de préparation, paroit avoir fort peu coûté à son auteur. Si l'on excepte les deux tètes du saint fondateur et de saint Raymond de Nonat, qui, étant de plus grande forme que les autres , sont gravées entièrement au — 317 — burin et terminées avec assez de soin , tout le reste est fait , comme on dit , à la prime et au bout de l'outil. 11 n'est pas même permis de soupçonner le graveur d'avoir fait un premier dessein et de l'avoir calqué sur son cuivre pour y en arrêter le trait , ainsi qu'il est d'usage. Seulement l'on apperçoit que, dans quelques endroits , il a fortifié ses touches par des traits de burin, donnés avec la même résolution que les traits déjà prononcés avec la pointe. On re- marque aussi qu'il a pris occasion de ces têtes de saints pour faire les portraits de quelques-uns des principaux religi°ux du couvent pour lequel il tra- vaillent. On reconnoit visiblement le père Louis Appa- ritius sous l'image du B. H. Jean Claricatus, et, dans la rangée suivante , je retrouve la tète d'un autre religieux de la Merci, dont j'ai, parmi mes desseins, un excellent portrait dessiné par Mellan , suivant sa coutume, au crayon noir et à la sanguine (1). (1) Mariette, dans son exemplaire de l'Abecedario du P. Orlandi, avait mis cette note bonne à rappeler ici: « Claude Mellan ex- celloit à dessiner à la sanguine, mêlée de crayon noir, de petits portraits, dont la touche est précieuse et pétille d'esprit. 11 étoit, en cela, l'imitateur de Vouet qui en faisoit dans ce genre et avec le même succès. Entre plusieurs de ces portraits de Mellan, qui nie sont passés par les mains, j'en distinguerai deux que Boulle avoit eu des héritiers de Mellan. L'un est celui d'un religieux de la Mercy que je possède (dans le catalogue de la vente de Mariette, il figure sous le numéro 1288), et l'autre, que j'avois fait avoir à M. le marquis de Livry et dont j'ignore le sort, étoit celui d'un orfèvre nommé Vincent Petit, qui, du tems de Mellan, habitoit les galleries du Louvre. » Abecedario de P.-J. Mariette et autres notes inédites de cet amateur sur les arts et les artistes, ouvrage — 318 — Si la rareté ajoute quelque chose à l'excellence d'un ouvrage , on ne sçauroit trop priser celui-ci , dont il est peu d'estampes aussi rares. On n'en a connu pendant longtemps qu'une ou deux épreuves que Mellan avoit apportées en France. Les autres , qu'il fit imprimer en petite quantité , se sont dis- persées et dissipées dans les différens monastères de cet ordre , répandus principalement en Espagne , et les planches, portées à Barcelonne, y sont demeurées renfermées et couvertes de poussière. 11 n'y a pas cinquante ans qu'elles furent tirées du lieu où elles étoient reléguées, à la sollicitation de M. le marquis de Beringhen, premier écuyer du roi, qui, désirant rendre complet son œuvre de Mellan, pria qu'on lui en fit imprimer quelques épreuves. On les lui en- voya, et l'on vit alors que ces planches étoient dans le plus grand délabrement, et qu'il ne falloit les re- garder désormais que comme des cuivres inutiles ; de façon que les curieux, qui en possèdent des pre- mières et bonnes épreuves , peuvent être assurés de n'avoir rien de plus précieux dans leur collection , ni qui mérite davantage leur attention et leurs soins. C'est le sort de toutes les estampes qui , n'ayant qu'un objet particulier , n'intéressent pas , lorsqu'on les publie , un assez grand nombre de personnes. public? d'après les manuscrits autographes conservés au cabinet des estampes île la Bibliothèque Impériale, et annoté par MM. Ph. de Cbennevières et A. de Montaiglon. Paris, Dumoulin, tom. m, p. 321. Il sera plusieurs fois question, dans cette vie de Mellan, du cabinet de Boulle; on peut voir, sur sa vie et sa collection, les Archives de VArt français, Documents, t. iv, p. 327-19. (A. de M.) — 319 — Elles sont oubliées presque dans l'instant qu'elles voyent le jour, et, par là, d'autant plus difficiles à recouvrer quand on en a besoin dans la suite. Plu- sieurs pièces de l'œuvre de Mellan sont dans ce cas là. Je n'en ferai pas ici l'énumération, me réservant d'en donner la notice dans le catalogue des pièces qui composent l'œuvre de ce graveur , que je me propose de joindre à sa vie. J'en choisirai seulement trois , sur lesquelles on voudra bien me permettre de dire un mot en faveur de leur rareté. Ce sont trois titres de livre. Le pre- mier se trouve à la tète d'une vie de saint Emidius, évêque d'Ascoli, écrite en italien par Marcel Giova- netti , et l'on y voit deux fleuves , le Tibre et le Tronto , assis et appuyés contre un rocher où ils prennent leur source. 11 est du même faire que les saints de l'ordre de la Merci, c'est-à-dire, gravé à l'eau forte avec beaucoup d'art et retouché au burin encore plus artistement, et le goût du peintre, car le dessein est du Lanfranc , y est si bien rendu qu'on voudroit voir gravés ainsi tous les desseins de cet ha- bile maître. Non qu'une telle gravure puisse espérer de plaire à toutes sortes de personnes; le plus grand nombre ne la regardera que comme une gravure im- parfaite ; mais les meilleurs connoisseurs en seront autant touchés qu'ils le seroient à la veuë du plus piquant dessein. Je crains fort que le second de ces titres de livre, fait pour un discours accadémique prononcé dans le collège Romain , ne produise pas sur ces derniers la même sensation. Il a pourtant été gravé sur un dessein du fameux Dominiquain, et, je crois, dans l'année 4626. — 320 — Mais, soit dégoût pour une manière dont la pureté et la simplicité condamnoicnt des licences que le graveur se permettait dans la sienne, soit épuisement d'esprit qui , lui tenant les yeux fermés , l'empêchoit de lire un dessein peu arrêté, mais précieux, la gra- vure de cette pièce me paroit avoir le défaut d'être trop négligée , et , ce qui est pire , je la trouve presqu'entièrement dépourvue de touches. Je ne dirai qu'un mot du troisième titre de livre qui précède un éloge de Catherine , princesse de Toscane et duchesse de Mantoue , imprimé à Sienne en 1G30 , et je n'en parlerai même que parce que c'est une des pièces de l'œuvre de Mellan qui se trouve le moins fréquemment. La seule chose qui mérite d'y être considérée , est un petit portrait de la duchesse, fort bien touché; le reste est de l'in- vention d'un peintre médiocre (1), et l'exécution fait juger que Mellan cherchoit à se débarrasser prompte- ment d'un ouvrage qui lui déplaisoit. 11 en agissoit bien différemment lorsqu'il avoit la liberté de graver ses propres desseins , ou qu'on lui en fournissoit qui étoient analogues à sa façon de penser. Témoin le frontispice des poésies latines du pape Urbain V1I1 , représentant David, lequel, étant encore berger, étouffe un lyon qui désoloit son trou- peau. 11 fut exécuté en 1G31 sur un dessein du Cavalier Bernin , où tout autre que Mellan auroit certainement échoué; car ce dessein, qui fait partie de ceux de la collection du Roi , est si légèrement touché à la sanguine que ce n'est , pour me servir (l) Antonio Gregory. — 321 — des termes de l'art, qu'une fumée; on n'y apperçoit presque que des masses générales ; des contours in- certains sont capables de mettre continuellement en défaut le graveur obligé de les débrouiller et de les lixer. Mellan comprit la difficulté de l'exécution , que , s'il mettoit plus de correction dans les contours et qu'il les arrêtât davantage, il affoibliroit un ouvrage qui , par une conduite différente , s'élevoit jusqu'au sublime du Corrége, et que, s'il chargeoit sa gravure de trop de travail, il n'arriveroit point à cette vaguezze, en quoi consistoit tout le feu du dessein. 11 lui fallut donc chercher dans le maniement de son burin des équivalens à ce qu'un heureux crayon avoit opéré entre les mains du Bernin; et, se réduisant presqu'à une seule taille qui lui fournissoit les tons suaves dont il avoit besoin , il conduisit cette taille avec tant d'habileté que , non seulement elle lui servit à donner du relief à sa figure , mais qu'en venant mourir sans affectation et comme d'elle-même, sur les extrémités, elle en dessine les contours sans trait et sans aigreur. Et encore , afin que le travail du Bernin parût plus pur et plus brillant, il lui mit en opposition des tailles moins égales , et qui , croisées en quelques endroits , exprimoient merveilleusement bien la rudesse du poil du lyon faisant grouppe avec son David. Il voulut aussi que sa gravure produisit l'effet trompeur d'une feuille de papier volante, sur laquelle sa planche gravée paroitroit avoir été im- primée et qui seroit supposée attachée sur quelque superficie plate. Gela lui sembla avoir quelque chose de pittoresque et de neuf, et peut-être l'idée lui i'ut- 21 — 322 — elle suggérée par le Bernin même, qui n'aimoit point à marcher dans les sentiers ordinaires. De quelque part qu'elle vînt, tout lui réussit; sa planche sortit d'entre ses mains un morceau à ravir et de toute beauté. Il en fit un autre pour le même livre , qui ne montra pas moins de génie et qui mérita les mômes éloges. Ce fut le portrait du pape Urbain VIII, tou- jours sur le dessein du Bernin. Dans cette planche, où l'illusion d'une feuille de papier détachée est la même que dans la précédente , et où il mit encore le moins d'ouvrage qu'il étoit possible, il s'essaya de substituer des points aux tailles qui lui avoient servi jusqu'alors pour exprimer, dans les chairs, les ombres et les demi-teintes , manière funeste pour beaucoup de graveurs qui en abusèrent par la suite. Mellan lui-même ne l'employa pas toujours avec autant de succès ; mais , pour cette fois , il dut être applaudi , et son ouvrage , que la singularité a rendu fameux et a fait rechercher, a retenu le nom de Portrait du pape au pointillé. Ce n'étoit cependant pas la première fois que Mellan, par une grande sobriété de travail , avoit trouvé le secret de faire passer dans ses ouvrages ce caractère d'originalité qui est le propre des grands maîtres. Deux ans auparavant, en 1029, il avoit donné un Loth avec ses filles, fait pour simmétriser avec une Dalila coupant les cheveux de Samson, gravée précé- demment, et dans cette estampe, richement composée, il se distingua par une intelligence et par une finesse de touche qu'on ne sauroit trop admirer. 11 étoit dit que toutes les productions de Mellan offriroient quelque singularité. On voit dans celle-ci un verre à moitié — 323 — rempli de vin, dont il n'est guères possible de mieux faire sentir la transparence. Le Saint Jean-Baptiste, gravé dans la même année que le Loth, est encore une pièce aussi neuve qu'elle est supérieurement exécutée. On ne m'en montrera point où il règne plus d'harmonie ni plus d'intelli- gence, comme je n'imagine pas qu'on les puisse donner à moins de frais. La figure du saint paroît extrême- ment brillante, et elle est tout à fait de chair, quoy qu'elle soit presque entièrement dans la demi-teinte, et qu'elle soit seulement éclairée par éclats sur quel- ques-unes de ses extrémités. Et voici en quoi consiste cette magie : c'est que le graveur, en homme habile, a sacrifié l'accessoire au principal , qu'il a tenu son fond très-sourd, et que, pour en mieux détacher la figure , il y a employé un travail grossier , qu'il l'a ce qu'on appelle charpenté , qu'il a croisé ses ha- chures tel qu'il convenoit à des roches inégales et raboteuses, et qu'il a réservé pour le nud de sa figure une taille pure et moelleuse, et dont la flexibilité lui répondoit que la finesse de la chair seroit exprimée avec cette grâce que le pinceau seul peut donner. Si je ne me trompe, c'est la première planche où Mellan ait fait l'expérience du bon parti qu'on pou- voit tirer d'une seule taille dans la représentation des objets qui demandent une grande délicatesse de travail. 11 se confirma de plus en plus dans cette opinion , lorsque le marquis Vincent Justinien , qui avoit résolu de faire graver toutes ses statues , eut jette les yeux sur lui pour en graver quelques-unes. Joachim Sandrart , peintre allemand (Acad. pict. erud., p. 364, et in vita autoris, ad calcem ejus operis, — 324 — p. G) (]), voudroit nous faire entendre qu'il eut l'en- tière direction de ce grand ouvrage et que des gra- veurs habiles , dont il avoit fait choix et dans le nombre desquels il fait entrer Mellan , exécutèrent toutes les planches sur ses desseins , ou du moins sur ceux que préparoit Pierre Testa , jeune dessina- teur, qui, pressé par le besoin, travailloit sous lui en esclave. Je ne sçais sur quoi pouvoit être fondée une prétention si chimérique et si injuste; car il est hors de doute (et les noms du Lanfranc, de Périer, de J. Thysidio Guidi , de Josse de Pape et de tant d'autres , qui se lisent sur les planches au pied de chaque figure , en fournissent une preuve sans ré- plique), il est, dis-je , hors de doute que Sandrart eut plus d'un compagnon de son travail. 11 n'est pas (1) On a vu le premier passage dans la citation de la note (p. 309) ; Sandrart y dit que Mellan grava « Statuas Justinia- » neas rneà manu priés delineatas. ■> Voici le second : « Interea " Juslinianus marchio statuas technophijlacii sui, quarum aliquot » erant centuriœ , in publicum emissurus sub titulo Porticus • Justmianeœ, delineationes illarum a Sandrartio nostro confieri » oolebat, cumque opus hoc, vivente adhuc patrono qui septua- » gesimum jàm septimum agebat œtatis annum, edendum esset, » artifex noster chalcographos propterea conquirebat celeberrimos » Claudium Mellanium, Auderanum, Grcuterum, et e Belgis, Iilo- ' martum Ullrajectanum, Theodorum Matthamium Harlemensem, ■> Rapliaelem Persinium et Michaelem Natalem Leodienscm, qui » simul omnes atque semel operi huic insistebant , diagraphica ■> Sandrartiana œri incidentes, cum ipse Sandrartius, unico sallem » Petro Testa, juvene paupere, sed ingenii prompti diligentiœqua » exquisitœ pro quodam delineandi subsidio, uteretur, quem pro- » prio etiam salaria detinebat, istiusque laboris bénéficia magnam » in arte diagraphica perfeclionem provehebat. • (A. de M.) — 325 — moins positif que , de toutes les statues qui furent gravées par Mellan , il n'y en eut aucune dont ce graveur n'eût fait lui-même le dessein. Prévoyoit-il que quelque jour on lui en voudroit ravir la gloire? Car il eut soin d'en avertir au bas de chacune de ses planches, ce que n'eurent garde de faire les autres graveurs, qui, ne pouvant, comme lui, se prévaloir du double avantage de manier le crayon et le burin, ne pouvoient prétendre qu'à la qualité de simples imitateurs des desseins qui leur étoient distribués. Non- seulement Mellan sçut s'affranchir de cet assu- jettissement , mais il fit voir qu'il en avoit le droit par la supériorité de sa gravure , qui , entrant da- vantage dans l'esprit de la chose , rendoit , dans un plus grand degré de vérité, le lisse et la blancheur du marbre. Il eut aussi cet avantage sur les autres dessinateurs que ses desseins montrent moins de ma- nière, et si, dans le nombre des statues qui composent la suite, il en est quelqu'une qui demande une dis- tinction particulière, on n'aura pas de peine à m'ac- corder qu'il faut la choisir parmi celles de Mellan , que c'est celle du Mercure d'après François Flamand, et qu'elle conserve sur le papier les mêmes grâces qu'on voit répandues sur le marbre. Que diray-je du portrait du marquis Justinien qui paroît avec tant d'avantage à la tête de cette ample collection d'antiques? Ne semble -t -il pas que cette première place ne lui a été assignée que pour avoir occasion d'encourager les artistes modernes et leur insinuer qu'ils peuvent le disputer aux anciens et par- tager la réputation dont ceux-ci se sont mis en pos- session? L'art ne peut pas aller plus loin. Ce portrait — 326 — est gravé avec un esprit infini , et il ne pouvoit être dessiné avec plus de précision. Je pense , que si Van Dyck eût sçu manier le burin et qu'aidé de cet instrument il eût voulu graver un portrait, comme il en a fait quelques-uns avec la pointe , il ne l'eût pas exécuté autrement que celui-ci. Et comment cette gravure de Mellan n'auroit-elle pas été dans les prin- cipes de Van Dyck , puisque le dessein , qui avoit été l'ait sur le naturel pour y parvenir , étoit lui- même si ressemblant , par rapport à la manœuvre , à ceux qu'on connoit de ce grand peintre, qu'on eût dit qu'il sortoit de ses mains? 11 est à la pierre noire, légèrement fait ; des touches savantes et fières y mettent tout le relief et toute Pâme que peut rece- voir un dessein. Je l'ai considéré et étudié plus d'une fois, car ce beau dessein a appartenu à mon père (1); il le céda au prince Eugène de Savoye , et il doit se retrouver à Vienne dans la bibliothèque impériale. Ce rare portrait vallut à Mellan l'estime du marquis Justinien, qui honnoroit de sa protection les artistes (1) On vient de voir dans le texte de Mariette : « Ce beau des- sein a appartenu à mon père, » et dans le catalogue de l'œuvre de Mellan, on trouve cette note : « J'en ay eu le dessein à la pierre noire, merveilleusement beau. » Ces deux affirmations seraient contradictoires si nous n'avions été amenés , M. de Chcnnevières et moi, à la conviction que la plus grande partie des catalogues d'oeuvres de peintres et de graveurs qui forment au Cabinet des Estampes 10 volumes in-folio, a été rédigée par le père de Mariette et conservée par celui-ci qui les a annotés pendant toute sa vie. Ce n'est pas ici le lieu de démontrer cette distinction, mais la note que nous venons de transcrire nous commandait de l'indiquer. (A. de M.) — 327 — distingués , et qui se crut d'autant plus intéressé a soutenir la gloire de celui-ci que la sienne , comme on vient de le voir, y étoit en quelque manière atta- chée. Ses caresses, ses bienfaits captivèrent Mellan et le lièrent plus étroitement que jamais à son illustre maison. 11 offrit à Luc Justinien, capitaine de galères, au service de la République de Gennes, son agréable estampe d'xVndromède exposée au monstre marin, et au marquis Vincent Justinien un Crucifix au pied duquel est la sainte Vierge, saint Jean et sainte Madelaine. 11 paroît qu'il affectionnoit beaucoup ce dernier mor- ceau; c'est du moins l'idée que présente l'inscription, en forme de dédicace, qu'on y lit (1). Mais que les hommes se connoissent mal , et qu'ils sont sujets à se tromper dans les jugemens qu'ils portent d'eux- mêmes et de leurs ouvrages ! Cette pièce, dont Mellan se vante d'avoir fait lui seul le dessein , le tableau et la gravure, et d'y avoir apporté des soins peu or- dinaires, est, à mon avis, une des plus foibles planches qu'il ait mis au jour pendant son séjour à Rome. Elle est, dans plusieurs parties, d'une indécision qu'on ne sçauroit pardonner à un artiste aussi consommé que lui dans l'art de la touche. Comment , avec autant d'intelligence qu'on lui en connoît, a-t-il pu graver si grossièrement son fond , et le tenir si peu d'accord avec les ligures qu'il ne les soutient point et qu'il perce avec elles? Lui , qui traittoit si bien les che- (1) Tibi Vincenti Justiniani, Bassani marchio, imaginein hanc Redemptoris nostri mea nuper iïsdustria ita deuneatam , sculptamque et pictam grati animi in te mei ergo D. D. D. Claudius Mellan Gallus. — 328 — veux, comment a-t-il pu bazarder ceux qu'il a donné à sa Madelaine? 11 a cru représenter une tète écher- velée et que les pleurs ont mis en désordre , et il n'en a fait que la charge. Le peu de succès de cette estampe vient sans doute de ce que Mellan l'a fait sans consulter assez la nature. Elle prouve la nécessité, absolue pour lui, ainsi que pour tout autre, d'avoir continuellement sous les yeux ce guide sûr et de ne s'en éloigner jamais. Car , Mellan y revient-il , il reprend ce qu'il avoit perdu ; il redevient ce qu'il étoit et reparoît le même habile artiste. Qu'on en juge par les deux excellens portraits qu'il a gravé d'après nature en 1633 , celui du ma- réchal de Créqui , que Louis Xlll avoit envoyé au Saint Père avec la qualité de son ambassadeur ex- traordinaire, et celui du maréchal de Toiras, que la crainte du cardinal de Richelieu, dont il étoit haï, retenoit alors à Rome , où il s'étoit retiré après la paix de Querasque (1). Tous deux montrent un sçavoir, une aisance et un feu qu'on ne peut assez louer et que je ne crois pas imitables. Le portrait du cardinal Gui Rentivoglio, gravé dans la même année, fut terminé avec tout le soin qu'un artiste, jaloux de sa réputation, met dans les ouvrages qu'il sçait devoir passer à l'examen d'un connoisseur éclairé et d'un homme de premier rang, qui porte la confiance et la complaisance jusqu'à se laisser dessiner par son graveur , et qui , pour cela , veut bien s'as- (1) Le trnité de Querasque se signa le 19 juin 1631. Voyez la Vie du maréchal de Toiras, par Michel Baudier, 1644, in-f°, p. 222. {A. de M.) — 329 — seoir encore en sa présence , tandis que , pour s'en épargner la fatigue et l'ennuy, il pouvoit le renvoyer au plus beau portrait que Van Dyck eût jamais peint (1), et qui, sous le burin de Mellan , auroit l'ait une estampe admirable. Celui de notre graveur, quoyque d'un travail plus froid qu'à l'ordinaire, fut jugé très-ressemblant , et mis à la tète de VHistoire des Guerres de Flandres , que le cardinal avoit com- posée et qu'il faisoit imprimer. La récompense fut digne et de celui qui donnoit et de celui qui recevoit. Mellan aimoit les belles choses; Son Eminence lui fit présent de l'excellent dessein des Amours d'Alexandre et de Roxane par Raphaël (2), celui où ce grand peintre, (1) Ce tableau de Van Dyck, où le cardinal Bentivoglio est représenté assis , se trouve dans la galerie du grand-duc à Florence. Il y en a une estampe, gravée par le Picchianti, et une autre de la tête seule par Morin. (Note de Mariette). (2) A la sanguine. C'est le même que M. Crozat a fait graver. Il le tenoit du sieur Boulle, fameux ébéniste, qui l'avoit achetté des héritiers de Mellan. (Note de Mariette). — Mariette en parle encore ailleurs; après avoir cité le dessin drapé qui se trouve maintenant au Louvre et qui n'est que de l'école de Raphaël, il ajoute: « Je fais inliniment plus de cas de l'autre dessein du même sujet que M. Crozat a eu de M. Boulle et où les figures sont nues sans aucunes draperies ; j'y reconnois tout le faire de Raphaël; les expressions en sont bien plus fines et le détail en est excellent. Raphaël le dut faire pour lui servir d'étude et de préparation au dessein drapé. Ce dessein est à la sanguine. M. Boulle l'avoit eu de M. Friquet de Vaurose qui le tenoit de Mellan , à qui le cardinal Bentivoglio en avoit fait présent. » Abecedario de P.-J. Mariette, article Beatricius, t. i, p. 90. Nous avons entendu dire que ce dessin se trouvait à Vienne, dans le cabinet de l'archiduc Charles. (A. de M.) — 330 — pour se rapprocher davantage du goût grec, n'a cou- vert d'aucunes drapperies les figures qui entrent dans sa composition , et Mellan , sensible à cette marque de bonté, et encore plus à la délicatesse du sentiment, conserva avec grand soin ce don précieux pendant toute sa vie. S'il falloit prendre à la lettre la formule d'inscrip- tion qui se trouve au bas de plusieurs portraits de Mellan , il faudroit supposer qu'avant de les porter sur son cuivre, il en avoit fait des tableaux. Ce qui précédoit sa gravure n'étoit cependant le plus ordi- nairement qu'un dessein. J'en ay vu beaucoup, entre autres ceux qui ont servi à graver les portraits du maréchal de Toiras et de Pierre Camus, évèque de Belley, et il se peut que, comme ils sont dessinés à la sanguine mêlée avec la pierre noire, et qu'il ré- sulte de cet assemblage de crayons un travail qui fait paroître ces tètes coloriées, Mellan en prit l'oc- casion de dire qu'il les avoit peints. Je doute en effet que la couleur y eût mis plus de vie. Il avoit emprunté de Vouet cette agréable façon de dessiner, et je ne sçais si, dans ce qu'il a exécuté en ce genre, il n'a pas quelquefois surpassé son maître. Je n'ou- blierai jamais le portrait de Petit , bijoutier du roi , dont j'ai admiré autrefois le dessein chez le sieur Boulle. 11 ne me souvient pas d'avoir rien vu en ce genre de plus accompli (1). (1) Voir plus haut la note p. 317. L'abbé de Marolles nomme parmi les orfèvres : Vincent Petit, aussi partout si renommé. (Livre des Peintres et des Graveurs, publié par M. Georges Du- — 331 — Ce n'est pas que notre graveur ne peignît aussi. Quoy qu'il ne fut pas né pour tenir , dans cet art si difficile , le même rang qu'il occupoit dans celui de la gravure , il n'en étoit pas moins possédé de l'ambition de passer pour peintre, aimant mieux être confondu dans la foule des peintres de la seconde classe que de jouir tranquillement de sa primauté parmi les graveurs. Cette manie , car je ne puis lui donner d'autre nom, s'empara tellement de son esprit que, pendant quelque temps, il en abbandonna presque la gravure. Les plancbes qu'il publia pendant les trois dernières années qu'il vécut à Rome , se réduisent à un très-petit nombre, et, dans son portrait, qui est de l'année 1G35, le titre de peintre y marche le pre- mier, et celui de graveur lui est subordonné. Je n'ai pas eu occasion d'examiner encore aucun de ses tableaux. 11 ne s'en trouve point dans nos cabinets. La présomption est fâcheuse et peu favo- rable à Mellan. Si j'en puis juger sur une assez grande quantité de ses desseins , qui me sont passés par les mains , je dois en inférer que la touche de son pinceau étoit aussi molle que l'étoit son crayon dans les accadémies qu'il dessinoit d'après le modèle et qu'il préparoit pour ses tableaux. On n'y remarque presqu'aucun détail de muscles ; les contours y sont à peinne prononcés , et les emmanchemens le sont plessis dans la Bibliothèque Elzéviricnne, Paris, P. Jannet, 1855, p. 62 et 88). Vincent Petit est mort clans le courant de 1679, puisque son logement du Louvre fut donné à Boulle par un brevet du 29 octobre, qui a été' publié par M. de Chennevières dans les Archives de l'Art français, Documents, t. 1, p. 223-4. (A. de M.) — 332 — avec encore plus de négligence, défauts qui ont leur origine dans une première éducation vicieuse, et qui viennent encore de ce que Mellan , s'étant appliqué trop tard à la peinture , se forma sous d'habiles maîtres , mais un peu trop praticiens. Content de distribuer avec intelligence ses masses d'ombres et de clairs, de viser à l'effet et de faire prendre à ses figures un tour flexible, il négligeoit la précision du dessein, à laquelle il ne pouvoit atteindre; et je suis persuadé que sa couleur , puisée dans les mêmes sources , n'étoit pas plus dans le vrai et qu'elle ne devoit avoir rien de fort attrayant. S'il dessinoit les portraits avec plus de certitude, et si éminemment qu'il n'étoit guères possible de faire davantage, c'est qu'étant renfermé dans un cercle plus étroit, il .a voit moins à penser, et que sa main, prompte à obéir à la vivacité de son imagination , le servoit alors plus sûrement. Peut-on regretter assez le tems précieux que Mellan consuma ainsi, j'ose dire en pure perte? Ses amis l'en avertirent inutilement. Un plus fort penchant l'entrainoit malgré lui, et il eut avec cela le chagrin de se voir traversé par des peintres jaloux, qui, dans la crainte qu'il ne leur enleva les ouvrages, ou qu'il n'en soutint pas assez le prix , employèrent toutes sortes de moyens pour lui rendre odieux le séjour de Rome et l'en éloigner. Mellan abbandonna cette ville au commencement de 1636 , et vint droit à Gennes. La famille Justinienne lui avoit ménagé des connois- sances et des amis puissans dans cette ville. On voulut l'y arrêter. On lui proposa de peindre une gallerie ; mais , en homme sage et prudent , il ne voulut point y entendre, ni courir le hazard d'essuyer — 333 — de nouvelles persécutions, et, sans plus différer, il s'embarqua et repassa en France. Comme il traversoit la ville d'Aix, il y fut retenu par le célèbre Fabri de Peiresc, en qui l'amour des beaux arts égaloit celui qu'il portoit aux lettres , et qui, toutes les ibis qu'il voyoit arriver quelqu'artiste de mérite, se plaisoit à le bien recevoir. Mellan, qui en étoit déjà connu , en fit la douce expérience ; il reprit sa première tranquillité dans le sein de ce res- pectable magistrat, et, en attendant qu'il sçut à quoi s'en tenir par rapport à des propositions qu'on lui avoit fait du côté de l'Angleterre , dès le tems qu'il dcmeuroit à Rome, il dessina et grava le portrait du fameux philosophe Gassendi et celui de Peiresc (1). (1) Quoy que ce dernier portrait porte la date 1G37, il est pourtant certain qu'il fut gravé en 1630, et qu'au plus tard, dans les premiers jours du mois de janvier 1C37, il y en avoit des épreuves dans Paris. J'ai entre les mains une lettre écrite par Mellan à Langlois dit Ciatres, son ami, où il lui dit : « Je suis arrêté à Aix pour quelques jours en la maison de M. du Peiresc, dont je vous envoie le portrait, que je lui ai fait. » Cette lettre esta la vérité sans datte; mais elle est rappelléc dans une se- conde lettre de Mellan, que je rapporterai bientôt, et, dans cette dernière lettre, on voit que, suivant la supputation qu'il fait, sa première lettre et l'épreuve du portrait de Peiresc, qu'elle accompagnoit, dévoient être arrivés à Paris avant le 27 janvier 1037. (Note de Mariette). — L'original même de la lettre est au- jourd'hui entre les mains de M. Jules Boilly, qui l'a publiée dans les Archives de l'Art français, Documents, t. h, p. 235, d'après lesquelles nous la reproduisons: Monsieur, — Monsieur Chartre dit l'Anglois. « Monsieur, celle icy n'est si non pour vous faire sçavoir de mes nouvelles et de vous ofrir mon très humble service. Je suis arrêté à Aix pour quelque jour en la maison — 334 — Un artiste que la gloire anime, et qui, de retour dans sa patrie, est autant curieux qu'il a besoin d'y soutenir une réputation commencée ailleurs, pouvoit- il mieux débuter? 11 donne les portraits de deux hommes également recommandables dans la répu- blique des lettres , et que tout le monde aspire d'avoir. 11 en fait deux chef-d'œuvres de l'art. Tout y est traitté si spirituellement, les touches s'y viennent ranger si naturellement à leur place que c'est plus l'ouvrage de l'esprit que celui de la main. Veut-on sçavoir comment l'on doit graver les cheveux et la barbe , et leur conserver cette légèreté qui en est l'essence et le caractère? Ces deux pièces, et surtout le portrait de Peiresc, en fournissent le plus parfait modèle (1). de Monsr du Peiresc, dont je vous envoie son portrait que je luy ay faict. Je diligente tant que je poeus, aflin de me donner l'honneur de vous aller voir et me réjouir avec tous nos amis lequel il vous plaira faire mes très humbles recommandations. C'est, Monsieur, votre plus humble et très affectionné servi- teur, C. Mellan. Vous donnerez, s'il vous plaist, la lettre à Monsr Vouè't et à mon frère. » (A. demM.) (1) La peinture d'après laquelle Mellan a gravé le portrait de Peiresc est , comme l'a remarqué M. Soulié dans son ex- cellent livret du Musée de Versailles, celle qu'on voit au second étage dans la salle n°"l65. (Livret, 2e partie, 1855, in-8°, p. 609, n° 4,102). La peinture est anonyme. Serait-elle de Mellan? Nous ne le croyons pas. La franchise de la couleur, la violence de la brosse, l'énergie de l'effet, qui en font une belle œuvre, paraissent incompatibles avec la manière qu'on peut supposer à un élève de Vouet. Elles se rapprocheraient bien plus des écoles génoise ou provençale, et M. de Chennevières ne serait pas éloigné d'y voir la main de Finsonius. (^4. de M.) — 335 — Ce travail fit place à un autre , moins important et moins savant, si on ne l'envisage que du côté de l'art , mais qui , ayant pour objet l'avancement des sciences et étant demandé avec empressement par les deux illustres avec lesquels Mellan vivoit , fit que, fermant l'oreille à ceux qui auroient voulu l'en dissuader, il y donna toute son attention. 11 s'y affec- tionna même au delà de ce qu'on auroit osé l'espérer d'un homme peu patient et nullement fait pour la contrainte. Ce furent des représentations exactes des phases de la lune , dans son premier quartier, dans son plein et dans son déclin. Ces figures manquoient à l'astronomie, et depuis longtems Gassendi desiroit de rencontrer quelque peintre dont l'adresse et la fidélité lui répondissent de la juste position et de la véritable figure des taches qu'on voit répandues sur cet astre. Avant que Mellan eût paru, dès les années 1634 et 1635 , Claude Sauvé , jeune peintre , natif d'Auvergne , s'y étoit déjà exercé , sous la direction de Gassendi et à la prière de Peiresc {Gassendi , in vit. Peires. tit. 5, p. 188, édit. 1041 , 4°) (1); mais, (1) Desiderium norat , quo pridem flagraram, habendi phaseis lunœ varias, varietatesque in singulis per telescopium apparenteis, viois suis coloribus proportionibusque et situ servato depictas. Hoc sine fine exceptaram , ac tandem obtinueram ah eximio Galileo unum quoddam prolixitate perfectioneque prœcellens; expectebam- que solurn industrium et fatientem satis pictorem. Ille itaque mei caussâ ut magnâ parte superioris anni, sic maximà hujus (1635) detinuit redeuntem Româ egregium pictorem Claudium Salvatum Alvematem, qui, me operam dirigente, id muneris exsequeretur. Detinuit vero etiam sequente (1636) per complureis menseis Clau- dium Mellanum Abbavillœum, artificetn inter pictores ccelatoresque — 336 — comme il est naturel qu'un premier essai soit défec- tueux en quelque partie, Gassendi entreprit de nou- velles observations , en conformité desquelles Mellan fit de nouveaux desseins et les grava. Et voilà ce ce qui l'occupoit au commencement de 1037 , ainsi qu'on l'apprend d'une lettre qu'il écrivoit à son ami Langlois, dit Chartres, le jour du carnaval de cette année. Cette lettre contient plusieurs particularités et la preuve de la pluspart des faits que je viens d'avan- cer, je la transcrirai donc ici, sans y rien changer (1) : « A Monsieur Chartre, dict Langlois (2), marchand » libraire demeurant à Paris. » Monsieur, jay reçeu la vôstre du 27 janvier, par eximium, ipsum quoque Româ redeuntem, tum ut novas phaseis exquisito suo artificio depingeret, tum ut easdem, aut quasdam certe, ingeniosâ manu incideret œri. Pervidit nempè vir optimus posse exinde quandam speciem selenographiœ institut, insignemque fore ejus usum tum in physicâ, tum in astronomiâ. ■> (1) Dans les Archives de l'Art français, dirigées par notre ami, M. de Chennevières, nous avons déjà (livraison de juillet 1850, p. 264-6) publié cette lettre de Mellan, dont l'original, qui existe aux manuscrits de la Bibliothèque Nationale, nous avait été com- muniqué par la complaisance de M. Barthélémy Hauréau. Mariette n'y a, en effet, rien changé comme sens, et sa copie a cela de précieux qu'elle conlirme les restitutions (pie nous avions tentées sur quelques endroits entièrement détruits par l'humidité; mais il a beaucoup changé comme orthographe, et, comme nous avons l'original sous les yeux, c'est celui-ci que nous suivons. (A. de M.) (2) Il falloit mettre Langlois dit Chartre, ainsi que Mellan l'avoit écrit sur d'autres lettres. Ce libraire se faisoit surnommer Chartre, du nom de la ville qui lui avoit donné la naissance. (M). — Cf aussi YAbecedario de Mariette, t. i, p. 370, et t. h, p. 204. — 337 — laquelle vous nie marquez m'avoir escrit plusieurs fois ; mais vous me donnez subjet de croire le contraire , sachant bien que vous avez reçeu de mes lettres par M. de Yallavez (!) et un portrait de M. du Peiresc . sans m'en avoir donné aucune nouvelle , ni de mon frère , non plus que de la lettre , que je vous avoië prié de luy donner. Je ne vous parle point des lettres que je vous ay écrites , il y a longtemps , touchant le plus belle assortiment quy étoit en Italie. Je pouvois vous y servir de beaucoup et avoië désir de vous avancer l'argent, ou répondre pour vous, d'autant qu'il n'y avoit rien à perdre, ny pour l'un, ny pour l'autre, à cause que je vous ay toujours cognu gallant homme, et, quand il vous plaira me commander, je vous serviray de cœur et d'affection. Je vous suis obligé de la peinne que vous avez prise pour l'amour de moy , quand vous m'avez écrit ce que l'on vous a dict de mon affaire en Angleterre. J'en ay entendu parler, il y a quelque temps, mais je n'ay poinct heu d'assurance ; c'est pourquoy il vous plaira en écrire un peu, puisque l'on c'est adressez à vous. Ce sera pour vous y servir aussi bien qu'à Paris. Pour les bons advis que vous me donnez de la peinture , ceux qui vous les ont dites ne sont pas bien informez-, car c'est tout au contraire. Lorsque i'estois à Rome , je donnois les occasions (1) M. de Vallavez était le beau-père de Peiresc. Dans le Recueil des Lettres inédites de Rubens , publié par M. Gachet (Bruxelles, 1840, in-8°), on en trouve dix qui lui sont adres- sées. (A. de M.) 22 — 338 — » aux. aultres ; je crois que vous en sçavez quelque » chose. La gallerie de Gennes , je ne l'ay poinct » voulu faire; je vous parle de Gennes, parce que » vous m'en parlez ; pour tant d'aultres occasions , » il y auroit trop à dire et à raconter. J'ay perdu » l'amitié, pour ne point prendre d'argent de certine » personne ; basta chacun scay ses affaires. Je vous » diray, quand je seray à Paris, d'où vient cette in- » vention. Je me suis arrêtez pour graver une chose » fort nouvelle , que vous en serez bien ayse, parce » que vous en pourrez avoir du profit. Vous pouvez » juger par là , si je m'amuse à chose que je ne » doibs; je ne lesse poinct de vous sçavoir bon gré. » Je suis , » Monsieur, » Votre plus affectionné serviteur, » C. Mellan. » A Aix le jour du Charnaval 1637. » Si vous voiez M. Vignon, faites-lui, je vous prie, » un humble baise-main de ma part, car je suis bien .» son serviteur, et à M. David, graveur; je luy ay » escript à Gennes. Je vous supplie de demander à » mon frère si mon père et ma mère se porte bien, .. et de m'en donner advis; vous me ferez un grand » plaisir. Je seray à Paris au nouveau temps , et » plus tost, comme je crois. Je bois à vostre santé » et à tous nos amis. » On ne sçait point quel étoit l'ouvrage, pour lequel Mellan étoit appelle en Angleterre. Un auteur, accou- tumé à entasser fautes sur fautes (Cab. d'Archii. de — 339 — FI. Le Comte, tom. 3, pag. 193) , veut que les pro- positions ayent été faites au nom du roi , et incon- sidérément il nomme Charles second , au lieu de Charles premier. Mais pour moi , qui n'ignore pas que Langlois étoit le commissionnaire affidé du comte d'Arundel , qui vois rouler toute cette intrigue sur ce libraire, marchand d'estampes, qui sçais de plus que ce curieux Anglois , par qui il étoit employé , avoit déjà chez lui des graveurs, W. llollar, Henri Van der Borcht , Luc Vosterman , etc. , occupés à graver les tableaux et les desseins de sa collection, je suis tenté de croire que c'étoit ce seigneur , et non le roi, qui vouloit attirer Mellan en Angleterre. Peut-être avoit-il en veue de lui faire graver ses an- tiques et d'en faire un recueil, semblable à celui de la gallerie Justinienne. Mellan n'eut point été fâché que cette affaire eût réussi. Aux premières paroles qui lui en furent portées, il écrivit à Langlois, qui étoit à Londres (la lettre, que j'ai entre les mains, est dattée de Rome le 20 juin J635), et, après lui avoir offert ses services à Rome pour si peu qu'il y a à y demeurer, il ne peut lui cacher son empressement de se voir bientôt en Angleterre. 11 y a toute apparence qu'il porta trop haut ses prétentions. La négociation échoua , et , M. de Peiresc étant venu à mourir sur ces entrefaites (le 20 juin 1637), Mellan revint à Paris et s'y fixa pour toujours. A peinne y fut-il arrivé que ses premiers pas le conduisirent à la porte de Vouet, son maître et son ancien ami. L'estime réciproque n'avoit encore souf- fert aucune altération. Mellan accepta sans difficulté l'offre qu'il lui fit de lui donner à graver un de ses — 340 — tableaux, représentant la Sainte Vierge qui montre une rose à son divin Fils, et, craignant sans doute que la nouvelle manière de graver à une seule taille, dont il avoit résolu de se servir désormais, ne fût pas en- tièrement du goût de Vouet, il ne l'employa que dans quelques parties, et mit des secondes tailles aux en- droits qui demandoient des forces plus vigoureuses. Il eut peut-être aussi bien fait de ne point sortir de cette manière, qui étoit excellente; mais, sans entrer si tost dans cette discussion , je remarquerai qu'il s'en tint à cette unique pièce et qu'il ne grava plus rien pour Vouet, soit que celui-ci, étant dans la plus haute faveur, voulût lui faire achetter trop cher sa protection , et que cela eût produit quelque refroi- dissement dans leur commerce , soit que Mellan fut déterminé à ne plus graver que d'après des desseins de sa propre invention. En effet , si l'on excepte la belle estampe de la rencontre de Jacob et de Rachel, qu'il exécuta, peu de temps après son arrivée à Paris, pour M. Lumagne , d'après le tableau du Tintoret , appartenant à ce curieux , et que le seul besoin de se faire connoitre lui lit entreprendre, si l'on met à part quelques titres de livre , dont je parlerai dans la suite , l'on ne voit plus rien de Mellan , soit por- traits, soit compositions, dont il n'ait été l'inventeur. Pour y accoutumer le public et le rendre de plus en plus favorable, il lui présenta, dans cette môme année 1038, un saint François priant, pendant la nuit, dans l'intérieur d'une grotte. On ne peut qu'être frappé de l'heureuse disposition de la figure , de l'expression de la tête, de la touche précieuse des mains, dignes des Carraches, et peut-être le fut-on encore plus de — 341 — l'art avec lequel , sans beaucoup de traits et avec des hachures fort nourries dans les ombres et ré- duites à une manière de grénetis sur les jours , il étoit parvenu à si bien exprimer la grossièreté de l'étoffe, qui habilloit le saint. 11 offrit cette belle pièce au cardinal de La Hochc- foucauld, et, peu de temps après, il fit paroître sous les auspices du cardinal archevêque de Lyon , frère du cardinal de Richelieu, dont il avoit gravé le por- trait , étant à Rome , un Saint Bruno , retiré dans l'affreuse solitude de la Chartreuse, et s'y occupant pareillement de la prière au milieu de ses disciples. Ici un jour lumineux vient frapper vivement sur la prin- cipale ligure et l'éclairé-, le saint est vêtu d'une étoffe line et blanche, et Mellan, qui sçait que chaque objet doit être traitté différemment et relativement à son caractère propre et particulier , prend en habile homme le contrepied de ce qui l'a si bien servi dans le Saint François. 11 élague le travail de son burin, si je puis employer cette métaphore; il y met plus de netteté et de délicatesse, et, cette estampe ayant été goûtée au delà même de ses espérances , il bannit pour toujours les secondes tailles de sa gravure et se réduisit à une seule. Cette taille, sou- lagée ou élargie suivant le besoin des ombres ou des demies-teintes, conduitte dans tous les sens qu'indique la perspective des corps, produit un effet semblable à celui que donnent les doubles tailles , employées par les autres graveurs, avec cet avantage, qu'étant bien ménagée , le travail du burin en devient plus léger et et plus animé de ce feu, qui se rallentit si aisément lorsqu'on demeure trop longtemps sur un — 342 — même ouvrage. Mais, avant que de quitter l'estampe de Saint Bruno, j'y dois l'aire observer une particu- larité. La tête du saint, qui est pleine d'expression, est un portrait ; c'est celui de Christophe Dupuy , chartreux , frère aine de Mrs Dupuy , gardes de la Bibliothèque du Boi , lequel est mort prieur de la Chartreuse à Borne (1). — Vigneul de Marville , dans ses Mélanges, édit. de 1715, tom. 1, p. 255 (2). Avec un mérite aussi distingué, Mellan ne pouvoit manquer de trouver accès auprès des personnes en place , qui aimoient et qui favorisoient les arts. 11 eut le bonheur d'approcher du chancellier Seguier , et de dessiner et graver le portrait de ce grand ma- gistrat. Gassendi l'introduisit dans la maison d'Habert de Montmort, maître des requestes , regardée alors comme le séjour des muses, et il n'en sortit qu'après avoir mis deux portraits de toute beauté : celui de cet ami des arts et des sciences et celui de son épouse. Dans l'un , l'on trouve un homme entre deux âges , dont le visage, quoyque plein, commence à se charger de quelques rides : une belle chevelure orne son front. Dans celui de la femme, une autre conduite de tailles exprime une peau unie , fine et délicate , que des grâces naissantes embellissent, et qui a toute la fraî- (1) « Où apparemment Mellan l'avoit connu. » (Note du Cata- logue de Mariette). (2) « Christophe Dupuy étoit l'aîné de Messieurs Dupuy. C'est » lui qui a donné au public le Perroniana dont il avoit une » copie 11 mourut assez âgé, prieur de la Chartreuse à Rome, » à qui il avoit donné tous les embellissements dont ce lieu étoit » capable. Le Saint Bruno gravé par Melan est le véritable por- » trait de Christophe Dupuy. » — 343 — cheur de la jeunesse. 11 ne faut point se faire dire qu'une étoffe blanche, brodée sur les coutures, fait son corps de robe, ni que celle de son mari est un satin noir et luisant; la gravure de Mellan les rend l'une et l'autre très-reconnoissables. Un travail pur et léger met , dans ces deux portraits , quelque chose de lumineux et de vivant, et leur excellence me les a fait décrire plus au long peut-être qu'il ne conve- noit. J'abbrégerai ce qui me reste à dire sur les ouvrages de notre habile graveur. Son crédit augmentant chaque jour, il eut la prin- cipale part aux travaux qui se firent sous les ordres de M. Desnoyers, secrétaire d'Etat, pour l'embellisse- ment des magnifiques éditions de livres qui s'impri- mèrent à l'imprimerie royale du Louvre. En 4640 et 4641, il grava, toujours à une seule taille, et sur des desseins de Jacques Stella, le frontispice du texte latin de V Imitation de Jésus-Christ, celui des OEuvres de saint Bernard, et un troisième pour l'introduction à la Vie dévote de saint François de Salles. Y étoit-il entraîné par les desseins? Mais il me semble que, dans ces trois morceaux et principalement dans celui qui représente saint Bernard aux pieds de la Sainte Vierge , les tailles sont plus serrées et moins moel- leuses que dans les autres gravures de Mellan , de façon que, si l'on n'étoit pas assuré du contraire, on seroit tenté de croire que, dans la dernière, Charles Audran, graveur un peu sec, y auroit mis la main. Du reste, le peintre eut tout lieu d'être satisfait de son graveur; il étoit entré dans sa manière, et ne l'avoit nullement altérée. Quant à Mellan, il se peut qu'il ait porté un jugement différent de son ouvrage — 344 — et que, son amour-propre se trouvant blessé, il n'ait regardé qu'avec indifférence les morceaux où il avoit été contraint de s'assujettir à l'imitation de desseins étran- gers; il fut toujours constant à mettre son nom à tout ce qu'il gravoit, jusqu'aux plus petits morceaux, et il le supprima à ces trois pièces, ainsi que celui du peintre. 11 ne mit point non plus son nom , ni celui du Poussin , au fontispice qu'il grava en 1641 sur le dessein de ce grand homme, pour paroître à la tète des OEuvres de Virgile, de l'édition du Louvre. 11 faut croire que le peintre s'en plaignit, et qu'il le regarda comme une nouvelle insulte, qui aggravoit toutes les mortifications , qu'on ne cessoit de lui faire essuyer dans la veuë de le dégoûter et l'éloigner de la cour; car , dans le frontispice pour les OEuvres d'Horace et dans celui de la Bible, qui furent gravés en 1642, et dont le Poussin avoit pareillement fourni les des- seins, cette obmission est réparée. Quelque fut la façon de penser de Mellan , et quelque couleur qu'on veuille donner à son procédé, il n'eut point à se repentir d'avoir associé ses tra- vaux à ceux d'un si grand peintre. Ces trois fron- tispices enlevèrent tous les suffrages , et le ministre n'en entra que plus hardiment dans les veuès de notre artiste, en le chargeant des desseins et de la gravure de deux nouveaux frontispices, l'un pour une édition du Nouveau Testament en grec , l'autre pour un ouvrage de controverse du cardinal de Richelieu, imprimés au Louvre en 4642. On lui donna pareille- ment à graver la plus grande partie des vignettes , des culs-de-lampe et des lettres, grises ou fleuronnées, qui dévoient faire l'ornement de toutes ces éditions, — 345 — et comme presque tous les travaux roulèrent sur lui, il l'ut aussi celui qui en recueillit la récompense. Le roi lui accorda un logement dans les galeries du Louvre, grâce distinguée et qui eut cela de flatteur, que notre artiste la dût à son seul mérite (1). Dans cette demeure honorable, il continua d'enrichir de ses estampes les cabinets des curieux , et bientôt le nombre s'en accrut considérablement. Chaque jour, il trouvoit moyen de simplifier sa manière de graver, et il en rendit la pratique si expéditive qu'à peinne avoit-il entrepris une planche qu'elle étoit finie. II lui fallut moins de six semaines pour préparer les desseins et achever la gravure de l'une de ces deux grandes thèses , qui furent dédiées au cardinal Ma- zarin. Et, le soupçonneroit-on, cette extrême promp- (1) Dans son Paris, écrit ou du moins publié en 1677, l'abbé de Marolles cite Mellan dans les deux quatrains qu'il appelle les Peintres dans les Galeries: Simon Vouet, Nocrer, Bourgeois, Erard, Boursone, Atellan, Binibis, Gesse, Dorigni, des Murtins: Du Pré, le bon sculpteur, et les deux Sarrasins, L'Asne, avec Séjourné, pour décorer le trosne. Ce logement échut après Mellan à Louis de Châtillon le gra- veur, celui même dont Mariette tenait l'amusante histoire qu'on trouvera plus loin. Notre ami, M. de Chennevières, a, clans les Archives de l'Art français, t. i, p. 237-8, public le brevet même: « Aujourdvy dix-septiesme septembre 1688 , le Roy , estant à » Marly, bien informé de l'expérience que le nomé Chastillon, » graveur, s'est acquise dans son art, luy a fait don du logement » sous la grande galerie du Louvre qui estoit occupé par le nomé » Meslan , etc. » Châtillon s'y prenait de bonne heure pour obtenir le brevet; mais il peut ne pas s'en être servi de suite, car le visa du surintendant des bâtiments n'est que du 24 février 1692. (Ed.) — 346 — titude fit la matière d'un procès, que lui intenta la personne , pour laquelle il gravoit cette thèse. On voulut le chicanner sur le prix : il ne paroissoit pas raisonnable à quelqu'un, qui n'avoit d'autre idée des arts que celle qu'il est permis d'avoir des simples métiers , de payer seize cents livres , somme qu'on trouvoit exhorbitante, pour un travail qui coutoit si peu à son auteur. On prétendoit qu'il n'étoit pas possible qu'en un si court espace de tems cet ou- vrage eût acquis son entière perfection. Mais, comme il fallut convenir que le prix étoit fait, qu'on ne put reprocher à Mellan de s'être négligé , et qu'au con- traire les experts , qui furent appelles , décidèrent qu'il n'y avoit rien à désirer à ce qu'il présentoit , il n'eut point de peinne à sortir victorieux de cette affaire , et , bien loin que le public se refroidit , il le vit accourir avec plus d'empressement que jamais. Soutenoit-on quelque thèse de distinction? A voit-on besoin de quelque titre de livre, pour en parer une édition faite avec soin? Désiroit-on avoir un portrait, dont la publication se fit avec éclat? On ne s'adres- soit point à d'autre qu'à Mellan , sans égard à ce qu'il en coutoit ; car il ne se donnoit point à bon marché. Si l'on avoit à lui reprocher quelque défaut, c'étoit celui de se montrer trop intéressé et trop ami de l'argent. Aucun graveur contemporain ne porta ses ouvrages à un si haut prix. Ce qui n'auroit point dû arriver, mais ce dont on n'a que trop d'exemples, ses planches augmentoient en valeur à mesure qu'elles diminuoient en bonté, et telle est la force du pré- jugé que la réputation décide de tout et qu'on n'écoute qu'elle. Le plus grand nombre des hommes, — 347 — entraîné par le torrent de la multitude, ne pense et n'agit point en conséquence de ce qu'il sent , mais seulement relativement à ce qu'il entend dire ou qu'il voit faire aux autres. Séduit par la nouveauté , autant que par la sin- gularité , le gros du public ne revenoit point de sa surprise de voir qu'avec une seule taille , appliquée à une infinité d'objets différents , notre graveur pût parvenir à les exprimer tous, dans un degré de vé- rité à peu près égal. Lui seul ne paroit pas pleine- ment satisfait d'une manœuvre , qui , aux yeux des autres, étoit si admirable et si remplie de difficultés. 11 se propose de donner quelque chose de plus sin- gulier que tout ce qu'il a fait, et qui ait, outre cela, le mérite de n'avoir encore été tenté par personne. 11 remue son imagination , et elle lui fait entendre qu'avec le secours d'un seul et unique trait , il peut représenter une tête de Christ ou Sainte Face , telle qu'on doit supposer qu'elle étoit imprimée sur le linge appelle la Véronique. Ce sujet étant déterminé, Mellan pose la pointe de son burin au centre de sa planche, et, partant de là, il lui fait décrire une ligne spirale , qui circule et continue sans interruption ses révolutions parallèles, jusqu'à ce qu'elle ait entièrement couvert la surface du cuivre. Quand il le faut , il fait doucement ser- penter ce trait circulaire , et lui fait prendre des ondulations insensibles ; il le nourrit et le fortifie, il le diminue d'épaisseur et l'affoiblit, selon que l'exige la rencontre des ombres, des demi-teintes et des clairs, et, par cette ingénieuse marche, il parvient à lui faire dessiner, avec beaucoup d'expression et de précision, — 346 — toutes les parties du visage de son Christ , et géné- ralement tout ce qu'il veut mettre dans son estampe. Le nés , les yeux , la bouche , les cheveux , la cou- ronne d'épines , le linge même sur lequel la Sainte Face est imprimée , tout cela naît et part du même trait. Ce trait exprime jusqu'au nom du graveur et jusqu'à cette inscription : Formatur unions unâ , non aller (1), qui, en exposant le sujet, semble défier tout graveur d'en faire autant , et prédire que l'ouvrage n'aura point d'imitateurs. Ce l'ut l'abbé de Yilleloin (Mém. de Marolles, éd. in-4°, p. 2G6), grand curieux d'estampes et ami particulier de Mellan, qui lui admi- nistra cette inscription , et l'événement a vérifié la prédiction. Car les graveurs (Thourneysen, Thiboùt et quelques autres), qui furent assez téméraires pour en- treprendre d'en faire autant, y échouèrent tous. Mellan lui-même en demeura à ce premier essai , persuadé qu'une pareille opération ne pouvoit guères se répéter, et qu'hors du sujet qu'il avoit choisi, et où l'indécision des contours convenoit, elle ne réussiroit point. Elle l'ait voir aussi avec quelle circonspection il faut user des moyens singuliers, lors même qu'ils ont pris le plus de faveur. C'est un abus de croire que ce qui a été applaudi, parce qu'il aura été employé ha- bilement dans un sujet où il étoit bien placé, puisse avoir le même succès dans une autre occasion , qui ne sera pas aussi heureuse. Les répétitions sont in- supportables, et il y a tout à craindre qu'une singula- rité, qui aura charmé dans sa nouveauté, ne dégénère (1) CVst-à-dirc : Celui qui est unique est formé par un trait unique, et l'opération ne se répétera plus. (Note de Mariette). — 349 — et ne s'avilisse , si on la présente trop souvent. Une première sève venant à lui manquer, elle n'offre plus rien qui pique ni qui rappelle le goût. 11 ne faut pas non plus se laisser séduire par la louange, qui, dans ces rencontres , ne manque guères de se faire en- tendre ; elle est trompeuse et nuisible. Mellan, pour y avoir peut-être trop prêté l'oreille, et pour avoir appliqué, sans assez de réserve, sa nouvelle manière de graver à une trop grande diversité d'objets, pour l'avoir trop prodiguée, vit cette manière s'affoiblir en ses mains et perdre beaucoup de sa première splen- deur. D'animée qu'elle étoit, elle devint froide, fade et languissante, et ne produisit plus d'effets piquants. Quelle différence entre son saint Bernard et son beau saint Bruno , entre la sainte Glaire gravée en 1667 et le saint François publié trente ans auparavant. La nature et la qualité des objets sont cependant les mêmes, et c'est le même genre de travail. On me dira qu'il n'y a pas la même disparité entre les statues de la galerie Justinienne, gravées à Borne , et celles que Mellan a gravé , sur la fin de sa vie , pour Louis XIV, que ces dernières semblent même avoir quelqu'avantage sur celles qui les ont précédées. En voici la raison : c'est que la blancheur du marbre , ses reflets et ses ombres transparentes ne semblent point vouloir s'accommoder d'une autre gravure que de celle de Mellan, et c'est encore parce qu'il est vrai que, dans les statues du Boi, ce gra- veur a mis moins de travail et que , par là , il a mieux rendu ce qu'il imitoit. Je n'examine point si c'étoit le fruit de ses réflexions; mais il est constant que, plus la gravure paroissoit perdre en se simpli- — 350 — fiant trop, plus elle étoit propre à bien faire sentir les effets de la sculpture. Ce qui étoit un mal par rappport aux autres ouvrages de Mellan, qu'une seule taille trop unie refroidissoit à l'excès , devenoit un bien pour la représentation de statues, où il n'étoit aucunement besoin de touches ressenties , et qui au contraire ne pouvoient jamais être traitées avec assez de légèreté. 11 faut lui rendre cette justice que, de de tous les graveurs , il est celui qui a le mieux saisi le caractère de cette sorte d'objets. C'est le té- moignage que j'en ai souvent entendu rendre à un de nos meilleurs sculpteurs, M. Bouchardon, dont je respecte le jugement et les connoissances. Si Mellan eut été bien conseillé, il auroit dû pres- crire lui-même des bornes à son genre de travail , le contenir dans des limites, et surtout se garder de l'étendre, comme il a fait, jusqu'à la représentation de têtes de grandeur naturelle. Ce n'est pas ici le lieu de discuter si la gravure à plusieurs tailles peut y être appliquée; il me suffit d'observer que la sienne n'y convenoit en aucune manière. Ce qu'il a fait pa- roître en ce genre est au-dessous du médiocre, et j'ai honte d'en parler. 11 est un tems de jeunesse , où la force du tem- pérament influe jusques sur les ouvrages. Toutes les études dans ces heureux momens se tournent à bien; sont ils passés, et approche-ton de la vieillesse, les soins qu'on se donne deviennent infructueux ; l'on ne commet plus que des fautes. C'est un malheur attaché à l'humanité ; mais, en quelqu'àge que ce soit, il est beau de voir un artiste laborieux, dont l'activité est une leçon continuelle pour les autres , qui , comme — 351 — Mellan, ne se rebute point, aime son art, y fait céder ses autres occupations, et y sacrifie ses plaisirs même. Le trait suivant fera connoitre jusqu'où notre graveur portoit cet amour. (Cette particularité m'a été contée par M. de Chatillon, graveur et peintre en émail, qui avoit fort connu Mellan). 11 étoit demeuré garçon et se trouvoit dans un âge assez avancé , car il avoit au moins cinquante-six ans, lorsqu'un homme, qui gouvernoit ses affaires et qui les connoissoit mieux que lui-môme , qui par conséquent sçavoit qu'il étoit riche , vint à bout de lui persuader de se marier-, il lui fit entendre qu'on lui épargneroit tous les embarras de cette cérémonie, et, ce qui ne le flattoit guères moins, qu'on lui épar- gneroit sa bourse ; il eut par ce moyen l'adresse de faire tomber le choix sur sa propre fille. L'affaire arrêtée et conclue, on signe le contrat, on va à l'é- glise , on en revient , tout cela sans bruit et sans éclat. Mellan rentre tranquillement dans son cabinet et reprend son travail. Un dessein , dans la compo- sition duquel il entroit quelques figures de femmes , étoit alors sur son bureau. Il fait appeller celle qu'il venoit d'épouser ; il la fait prier de se rendre près de lui. La pauvre fille, tremblante et toute en pleurs, n'osoit y aller. Quitter la compagnie un jour de noces , pour se renfermer seule avec un mari , lui paroissoit quelque chose de si terrible que, sans les discours persuasifs de sa mère, elle n'eut point obéi. Après plusieurs messages elle se laisse enfin entraîner où elle étoit appellée. Mellan la met dans une situa- tion, qui convenoit à son dessein ; il lui fait ôter son mouchoir , découvre une partie de sa gorge , prend — 352 — le crayon, trace quelques traits; puis, revenant vers sa femme, lui faisant changer d'attitude et ne trou- vant pas ce qu'il cherche: « Habillez -vous, lui dit— " il, vous pouvez aller retrouver votre monde-, je ne » suis point content. » Plein de son ouvrage, c'étoit à lui personnellement qu'il adressoit ces dernières paroles. Son épouse , frappée de ce qu'elle vient de voir et d'entendre, descend; ses pleurs, qui conti- nuent de couler, excitent la curiosité de ses parents. Ils ne peuvent , au récit de cette aventure , revenir de leur étonnement. Ils vont chercher Mellan , qui n'étoit point encore sorti de son cabinet, lui portent des plaintes arnères, et celui ci, ne pouvant pénétrer sur quoi elles peuvent être fondées, témoigne la même surprise, entre en explication, et donne la véritable interprétation des paroles qui lui sont échappées. On lui persuade avec peine de quitter l'ouvrage et de se montrer dans la compagnie, pour y remettre le calme et rassurer les esprits. 11 s'y présente, prend part à la joye , et tout se passe dans l'ordre. La femme tranquillisée, étudie le caractère de son mari , et se rend bientôt la maîtresse, tandis que Mellan, débar- rassé de toute sollicitude, se livre sans réserve à de nouveaux travaux. 11 les continua jusqu'au dernier instant d'une vie, qui fut longue, et exempte de toutes les infirmités, compagnes inséparables de la vieillesse , et , ce qui n'est pas ordinaire , non seulement ii conserva toute sa tête, mais la main ne lui refusa jamais le service. Dans ses dernières années qu'il s'occupoit plus vo- lontiers à préparer des desseins , que gravoient ses disciples , il étoit encore en état de donner à ces — 353 — planches des coups de burin, ce qu'il faisoit avec tant de certitude que le travail du vieillard et celui du jeune homme se confondent et qu'on a peinne à les démêler. C'est ainsi que furent exécutées les planches, qui parurent dans les huit ou dix dernières années de sa vie , et qui sont si médiocres et si peu dignes du nom qu'elles portent, qu'il eut mieux vallu pour la gloire de Mcllan qu'elles n'eussent jamais vu le jour. 11 eut avec cela le malheur de n'avoir vu sortir de son école que d'assez minces sujets. Ladame, Pa- tigny, Brissart sont à peine connus. Jean Lenfant et Nicolas Bazin se distinguèrent davantage ; mais ils ne sçurent mettre que de la propreté dans leur gra- vure, sans même avoir presque jamais osé graver à une seule taille , comme leur maître , depuis qu'ils l'eurent quitté. Le dernier étoit encore auprès de Mellan, lorsqu'une chute sur son escalier, toujours fu- neste aux vieillards, fit périr cet habile artiste et le conduisit au tombeau, le 9 septembre 168S. 11 passoit quatre-vingt-dix ans , et il reçut la sépulture dans l'église de Saint-Germain-PAuxerrois, sa paroisse (1). (1) Nous devons l'acte de décès de Claude Mellan à la com- plaisance de M. de la Morinerie, qui l'a copié pour nous aux Archives de l'Hôtel-de-Ville de Paris, d'après le « Registre des enterrements qui se feront pendant l'année mil six cent quatre- vingt-huit en l'église et paroisse de St-Germain de l'Auxerrois. Du vendredy dixiesme (sept. 1688) Claude Mellan, peintre et graveur ordinaire du Roy, fut inhumé en cette église âgé de quatre-vingt-dix ans ou environ, décédé hier à neuf heures du matin aux galleries du Louvre, en présence du sieur Nicolas Mellan, peintre, neveu dud. deffunct, de Mre Charles Duval , prestre chapelain de cette église, exécuteur du testament dud. — 354 — C'étoit un petit homme , vif et de beaucoup d'es- prit. Ses yeux tout pétillans de feu , son visage , ouvert et riant, lui composoient une phisionomie fine et tout à fait prévenante. 11 fut sage et réglé dans sa conduite et dans ses mœurs , et cela est peint dans ses ouvrages; ils ne présentent rien que d'hon- nête. On aimoit à l'entendre discourir sur son art ; il en parloit bien et avoit , pour appuyer ses senti- mens, de beaux desseins et de belles estampes, qu'il avoit apportées d'Italie, et dont il faisoit son amuse- ment et ses délices. Mais il ne fut pas toujours d'un accès facile. 11 se plaisoit dans la solitude et , avec l'âge, il se séquestra de toute société, ce qui le rendit particulier et même un peu trop sauvage. Sans cela, il n'est point douteux qu'il auroit eu l'avantage d'être admis dans l'Académie royale de peinture et de sculp- ture, lorsqu'on y reçut des graveurs (1). Cette place lui convenoit et lui appartenoit à toutes sortes de titres. Il ne pouvoit manquer de l'honorer, et elle l'auroit elle- même illustré. defFunct, du Sr Jean Leclerc, bourgeois de Paris, et d'autres qui ont signé : — Nicolas Mellan — Leclert -- Duval — Duval. » Quel est ce sieur Jean Leclerc? Serait-ce un parent de la femme de Mellan? Ne sachant pas le nom de celle-ci, nous n'avons pas pu réussir à trouver encore l'acte de leur mariage qui a dû avoir lieu vers 1654, puisque Mariette nous dit que Mellan avait alors environ cinquante-six ans. {A. de M.) (t) Les premiers qu'on y admit — Michel Dorigny et François Tortebat, reçus antérieurement, l'avaient été comme peintres — furent Gilles Rousselet et François Chauveau, reçus ensemble le 14 avril 16C3. Cf. Archives de l'Art français, Documents, t. i, p. 362. (A. de M.) APPENDICE. La partie de l'invention demande un génie bien plus supérieur que la simple imitation de ce que l'on a veu pratiquer à d'autres, et, s'il est ordinaire de rencontrer des sujets qui perfectionnent ce que les autres ont imaginé de nouveau , il n'est pas moins rare d'en trouver qui fassent des découvertes et qui, ne s'assujettissant point à ce qu'ils ont devant les yeux ou à ce qui leur a été enseigné, s'écartent des routes ordinaires pour en suivre d'autres qui n'ont point encore été pratiquées. C'est en quoy Mellan paroist fort au-dessus de la pluspart de ceux de sa profession. Le mérite d'être peintre et habile dessi- nateur, celuy d'estre un des plus excellens graveurs de France , n'égalent certainement point l'avantage qu'il reçoit d'être l'inventeur de sa manière de graver, et cet avantage est d'autant plus grand, qu'étant l'au- teur de sa manière il l'a poussée par ses études au plus haut degré de la perfection. L'on peut dire que ce fut par la seule force de son génie ; car , étant fort jeune, lorsqu'il commença à s'appliquer à la gra- veure , quelques fussent ses maîtres , il n'y en avoit pour lors en France que de très-médiocres, et plus capables de nuire que d'être de quelque secours à un jeune élève. De là vint que , la mauvaise éducation prévalant sur ses heureuses dispositions, tout ce qu'il — 356 — lit dans sa première jeunesse fut d'une manière mes- quine et d'un petit goût , jusqu'à ce qu'étant passé depuis en Italie, l'occasion d'étudier d'après de meil- leurs modèles, l'habileté des maîtres qu'il y trouva, le désir de s'y distinguer produisirent sur luy un tel effect , qu'abandonnant tout-à-coup sa première ma- nière , il en prit une beaucoup plus noble et plus grande , et , ce qui fait seul l'éloge de Mellan , une manière qui étoit directement opposée à sa première. Tel est le fruit des bons exemples. Les ouvrages de Gilles Sadeler et de François Villamène servirent plus qu'aucun autre à le former, et il n'est pas hors de vraysemblance que la liberté et l'extrême fermeté, avec laquelle ces deux artistes ont manié le burin , luy firent concevoir l'idée de cette nouvelle manière de graver, qui lui devint particulière. Elle consiste à exprimer les ombres et les demie-teintes, qui l'ont paroître les objets de relief, par le moyen d'une seule taille , sans qu'il en soit besoin de plusieurs qui se croisent les unes les autres , pour former plus ou moins de noir , suivant qu'il avoit été pratiqué et qu'il l'est encore par tous les graveurs. Cette seule taille , soulagée à propos en de certains endroits , élargie en d'autres , suivant que la disposition des ombre et des lumières le demande , produit un tra- vail léger et plein de ce feu si sujet à se rallentir lorsque l'on reste trop longtemps sur un même ou- vrage. Tout ce que Mellan fit dans cette manière, tant à Rome que depuis son retour en France, parut admi- rable et fut fort applaudy : mais, n'étant pas luy-même satisfait de ses premières idées, il pensa à imaginer en graveure quelque chose et de plus singulier et de — 357 — plus nouveau , et il le fit si heureusement que l'on ne sçauroit assez estimer l'ouvrage sur lequel il s'es- saya. C'est une teste de Christ , une sainte Face , formée par un seul et unique trait en ligne spirale, fortifié et soulagé à propos, qui, prenant sa naissance au bout du nés et continuant ses révolutions toujours en tournant , exprime exactement toutes les parties du visage, le nés, les yeux, la bouche, les cheveux, la couronne d'épines, les gouttes de sang, le linge même sur lequel la sainte Face paroit imprimée , et jusques à l'inscription, qui est au bas de la planche, où Mellan n'a pu s'empescher de tirer vanité de la singularité de son travail. 11 étoit logé dans le Louvre, lorsqu'il grava cet admirable morceau; le logement, qu'il occupoit, lui avoit été donné par le roy Louis XIII, comme une récompense de son mérite, et il fut sou- vent employé dans les ouvrages de graveure, qui se firent par ordre du Prince, pendant le ministère du sieur Desnoyers, qui avoit fort à cœur le progrès des beaux-arts dans le royaume. Depuis Mellan fut choisy par le roy Louis XIV pour graver les statues antiques et les bustes du palais des Thuilleries, comme il avoit fait étant à Rome une partie de celles de la gallerie du marquis Giustiniani. Sa manière de graver étoit plus propre qu'aucune, pour représenter ces objets, qui, étant de marbre blanc, sont susceptibles de beau- coup de reflets et d'ombres légères et transparentes, et il y a parfaitement bien réussy. Les portraits, qu'il a gravé, ne luy font pas moins d'honneur 5 il en a fait quantité des personnes illustres de son siècle, presque tous d'après ses desseins. 11 avoit le talent de les faire très-ressemblants et de leur donner un air animé et — 358 — plein de vie; celuy du marquis Giustiniani est un chef- d'œuvre. A l'égard de toutes les autres pièces, tant de sujets de piété que de sujets profanes, que Mellan a gravé, si l'on en excepte quelques-unes, qui sont d'après Vouet, il n'y en a presqu'aucune qui ne soit de son dessein et de son invention ; car il étoit fort jaloux de ne point travailler d'après d'autres que luy, et il avoit même tant d'inclination à dessiner et à produire que, sur la fin de sa vie , où le grand âge l'empèchoit de manier le burin , il continuoit encore à faire des des- seins, qu'il faisoit graver sous ses yeux par ses élèves. (Notice de Pierre Mariette le père en tête de son catalogue ms. de l'œuvre de Mellan). CLAUDE MELÀN, GRAVEUR EN TAILLE-DOUCE. Celuy dont je vais parler avoit deux grands avan- tages sur la plupart de ceux de sa profession , quoy que très-habiles. Le premier , c'est qu'il n'avoit pas seulement le don de graver avec beaucoup de grâce et d'élégance les plus beaux tableaux des plus excellents maistres, mais qu'il estoit aussi l'auteur et l'ouvrier de la plupart des desseins qu'il gravoit : de sorte qu'on le doit regarder comme un habile graveur, et comme un grand dessinateur tout ensemble; on pourroit ajouter, et comme peintre encore, car il a peint plusieurs ta- bleaux d'un très-bon goust, et d'une très-belle ordon- nance. Le second avantage, plus grand encore que le premier , c'est qu'il a inventé luy-mesme la manière admirable de graver, dont il s'est servi dans la plupart — 359 — de ses ouvrages. Les graveurs ordinaires ont presque autant de tailles différentes qu'ils ont de différons objets à représenter. Autre est celle dont ils se servent pour la chair, soit du visage, soit des mains, ou des autres parties du corps ; autre celle qu'ils employent pour les vestemens, autre celle dont ils représentent la terre, l'eau, l'air et le feu ; et mesme dans chacun de ces objets ils varient leur taille et le maniement de leur burin en plusieurs façons différentes. Melan imitoit toutes choses avec de simples traits mis les uns auprès des autres, sans jamais les croiser en quelque manière que ce soit, se contentant de les faire ou plus forts ou plus foibles , selon que le demandoient les parties , les couleurs , les jours et les ombres de ce qu'il représentoit. 11 a porté cette gravure à une telle perfection qu'il n'est pas possible d'y rien ajouter, et pas un de ceux qui l'ont suivi n'a entrepris d'aller plus loin dans cette sorte de travail. Ce n'est pas qu'ils ne sceust prati- quer à la manière ordinaire des autres graveurs. 11 a fait beaucoup d'estampes à double taille qui sont très- belles et très-estimées , mais il s'est plus adonné à celle qui est simple , et c'est par celle-là qu'il s'est plus distingué. Parmi ses ouvrages dont le nombre est très-grand , il y en a un qui me semble mériter plus encore d'être admiré que tous les autres. C'est une tête de Christ dessinée et ombrée avec sa couronne d'épines, et le sang qui ruisselle de tous costez , d'un seul et unique trait, qui commençant par le bout du nez, et allant toujours tournant, forme très-exactement tout ce qui est représenté dans cette estampe, par la seule différente épaisseur de ce trait, qui, selon qu'il est plus — 360 — ou moins gros, fait des yeux, un nez, une bouche, des joués, des cheveux, du sang et des épines ; le tout si bien représenté, et avec une telle marque de douleur et d'affliction, que rien n'est plus touchant. Son œuvre, ou le recueil de ses ouvrages, contient une infinité de pièces très-curieuses. 11 fut choisi pour représenter les figures antiques et les bustes du cabinet de Sa Majesté. Son burin réussit parfaitement dans ces sortes d'ou- vrages, qui étant tout d'une couleur, s'accommodent bien de l'uniformité de sa graveure, laquelle n'estant point croisée, conserve une blancheur très-convenable au marbre qu'elle représente. 11 avoit encore cecy de particulier, que les choses qu'il avoit gravées avoient plus de feu, plus de vie et de liberté, que le dessein même qu'il imitoit, contre ce qui arrive à tous les autres graveurs , dont les ouvrages sont toujours moins vifs et moins animez que le dessein ou le tableau qu'ils copient; ce qui ne peut venir que du goust qu'il prenoit à son travail , et de l'extrême facilité qu'il avoit de conduire son burin en la manière qu'il luy plaisoit. 11 avoit son logement aux galleries du Louvre , que son mérite seul luy avoit fait donner. 11 y est mort le 9. jour de septembre de l'année 1688, âgé de 94 ans. 11 est enterré dans l'église de Saint- Germain-1' Auxerrois. (Les Hommes illustres qui ont paru pendant ce siècle, avec leurs portraits au naturel, par Mr Perrault, de l'Académie françoise, t. n. A Paris, chez Antoine Dezallier, rue Saint-Jacques, à la Couronne d'Or ; 1700, in-f", p. 97-98). — 361 — Claude Mellan, peintre et graveur au burin, naquit à Abbeville en 1601. Son père, pour lors receveur du domaine en cette ville, eut un fort grand soin de son éducation , et le voyant naturellement porté au dessein , il le mit sous Monsieur Vouët , qui lui en- seigna les éléments de cet art, dans lequel ce jeune homme se plaisoit assez ; mais s'étant adonné à graver au burin , il y réussit beaucoup mieux et se fit une manière toute particulière , et l'on remarque que ce genre d'ouvrage lui étoit plus naturel que la peinture, dont il étoit entêté ; il alla à Rome en 1617, où il a gravé quantité d'ouvrages, et entr'autres une partie de la gallerie Justienne et le portrait de Justinien, qui est bien recherché, aussi bien que celui de Clément VIII. Le succez de ses ouvrages lui attira l'estime de Charles II, roi d'Angleterre, qui lui fit proposer des appointemens fort favorables , au cas qu'il voulut passer dans ses Etats ; mais l'amour de la patrie se montrant supérieur à tous les avantages qu'on lui oi'froit , suspendit en peu de tems ses desseins ; de manière qu'étant revenu en France, il prit femme à Paris en 1654, où il fit son établissement, et sa science venant à se développer avec plus d'éclat qu'aupara- vant, Sa Majesté, informée de son mérite, lui donna un logement dans les galleries du Louvre en qualité d'un de ses peintres et graveurs ; c'est là qu'il con- tinua ses ouvrages , dont le goût particulier consiste dans la facilité des expressions au burin; j'en ay donné un catalogue exact dans le second volume , c'est pourquoi je vous diray seulement qu'il a fait , entr'autres choses, une sainte Face réputée inimitable dans son caractère et dans ses parties. Elle est d'un — 362 — seul trait en rond, commençant par le bout du nez, et continuant de cette manière à marquer tous les traits du visage , dont l'inscription latine fait assez voir par son allusion que cette pièce est unique dans sa manière; c'est ce qui l'a obligé de mettre encore au-dessous ces paroles: et non aller. Enfin, après avoir passé sa vie dans les honneurs, dans la fortune , dans le continuel désir d'une per- fection toujours nouvelle, jouissant d'une santé par- faite toujours exempte des infirmitez ordinaires que l'âge amène quant et quant soy, il lui fallut, pour terminer son sort, quelque accident imprévu, qui mit fin à sa vie en 1668, étant alors âgé de 88 ans. Ses planches gravées sont passées par succession à sa femme, et de sa femme à ses neveux. (Florent Le Comte, édit. de Bruxelles, t. in, p. 393-5). CATALOGUE RAISONNÉ L'ŒUVRE GRAVE CLAUDE MELLAN. PORTRAITS DE MELLAN. Portrait de Mellan en buste-, il est tourné à gauche et la tète presque de face, les moustaches relevées en l'air et une épaisse royale. 11 a un col de point et à jour. Au bas sur une tablette : clavdivs mellan natione — gallvs pictor et incisor — Romœ superiorum pm. 1. 6. 3. 5. A doubles tailles. H. 0,219, L. 0,152. La planche a été réduite pour la suite d'Odieuvre (H. 0,432, L. 0,111). Au bas: 5e ipsum pinxit — et sculpsit — clavde mellan — Peintre et graveur — Mort à Paris, le 9 septembre 16SS. Agé de 44 ans (sic). — A Paris, chez Odieuvre.... (1). Les autres portraits de Mellan ne sont tous que des copies ou (1) « M. Chalquois, secrétaire de M. le prince de Salm, rue » d'Enfer , possède beaucoup de planches de Leclerc et toutes » les planches de la suite des portraits de M. Odieuvre, avec un » nombre de suites complètes des premières épreuves de ces » portraits. » Joubert, Catalogue de Le Clerc, i, 142 à la note, Paris, 1774. — 364 — des imitations plus ou moins infidèles du portrait gravé par lui-même. En voici l'indication : 1° Portrait de Mellan dans un cadre de pierre ovale avec son chiffre et au bas sur un appui : Claude Melan — Graueur ordinaire du Roy. Sur la planche même : Edelinck Sculp. CPR. tourné à droite. — Pour les Hommes illustres du siècle de Louis XIV, par Perrault, tom. n, p. 90, édit. in-folio. — N" 272 du catalogue d'Edelinck, dans le tome vu du Peintre-Graveur français de M. Robert Dumesnil (1). H. 0,247, L. 0,182. 2" Copié plus petit et en contre-partie, c'est-à-dire avec la tête tournée à droite, par Elisabeth Marlié Lepicié. 11 est dans un ovale, et au bas : C. Mellan Pinx. — El. Marlié Lepicié sculp. Et au bas, dans un appui : Clavde Mellan — Peintre et graveur — Né à Abbeville, mort à Paris le 9 septembre 1688. Agé de 94 ans (sic). ■ — A Paris, chez Odieuvre.... H. 0,138, L. 0,097. 3° Portrait de Mellan tourné à droite. Au bas : Claude Melan — Konigl. Franzbsisches Kupfferstecher — und der Acad. Di- rector. Pour une suite allemande. 11 n'est pas besoin de dire que le titre de directeur de l'Académie est une pure méprise. H. 0,128, L. 0,108. 4° Dirigé à gauche dans un ovale. On lit sur la bordure : Claudius Mellan nalione Gallus pictor et incisor. in-8. (1) Un dessin à la mine de plomb exécuté par Claude Da- gommer en 17.. d'après le portrait gravé par Edelinck, in-4% cité dans le catalogue de feu M. de *** (Pan) de Genève, 1840, in-80, n" 1335, a ligure depuis à la vente d'estampes de M. Vanden Zande, n° 2,955 du catalogue rédigé par Guichardot, 1855, in-8°. — 365 — SUJETS DE L'ANCIEN TESTAMENT. t. Le Père Eternel, debout sur un nuage, bénit Eve agenouillée à côté d'Adam endormi. Fonds de paysage : ^M. — 5e Gouion ex. Au bas : le croy en Dieu le père tout puissant Créateur — du ciel et de la terre. Très- mauvais 5 tout à-fait des premières manières. H. 0,435, L. 0,091. 2. Lotb entre ses deux filles ; à demi-corps. 11 tient une coupe en verre, et pendant qu'une de ses filles le tient embrassé, la seconde, qu'on voit par-derrière, met son doigt sur sa lèvre. En buste; Lotb est tourné vers la gauebe. En partie à double taille. Au bas: Quid flammas fugisse iuuat; si sœvior ignis Incesta accendit pectora casla face? Cl. Mellan Gallus pinx. et sculp. Romœ. sup. pm. 1029. La planche de Mellan chez H. L. Basan (1802), n° 948 de son catalogue; 10 sous. H. 0,147, L. 0,112. Copie en contre-partie par Goyrand. Au-dessous des deux vers on lit: Cl. Mellan Gallus pinx. Romœ — lo. valet exucl. — Cl. Goyrand fecit. — 163i. H. 0,145, L. 0,108. J'en ai vu des épreuves où le nom de l'éditeur et de Goyran est effacé et remplacé par Contât ex. Autre copie également en contre- partie , signée: Vienot f. H. 0,145, L. 0,109. S. Rebeca, assise sur la mardelle de la citerne où un serviteur d'Abraham va puiser avec un seau, tient le licol d'un de ses chameaux. Une compagne de lie- becca va se laver le pied dans une auge où boivent des — 366 — agneaux qu'un berger y pousse avec un bâton. Cum priuilegio ~ Iacobus — Tinctoretus — pinxit — Cl. Mellan Gall. — sculp. Au-dessous du trait carré: Connubiis auspex prœlucet flamma profanis, Castior hic unda conciliatur himen. Gènes. XXIX. Nobilissimo ac per Illust. Dno D. Marco -Anthonio Lu- magne (1), Liberalium artium cultori hanc tabellam de- uouet D. etc. Claud. Mellan. Quelques doubles tailles dans les ombres des accessoires. « Si elle a été gravée en France, c'est un des pre- miers ouvrages qu'il y ait fait. » (Mar.J H. 0,377, L. 0,426. 4. Dieu apparaissant dans le buisson ardent h Moïse respectueusement agenouillé. Qlellan jn. et f. — 1.6.6.3. — cum p. R. H. 0,240, L. 0,335. Il y a des épreuves où le cum p. R. est remplacé par à Paris, chez Bligny. (1) « Les Lumagnes sont de longtemps en possession de gé- nérosité et de courtoisie envers les hommes de valeur et de mérite, dont les exemples m'ont esté cognus, etj'ay veu sou- vent pratiquer ces bonnes qualités aux sieurs Jean André Marcantonio, Bartolomeo et Carlo, personnes recommandables de cette maison là , lesquels , manians le plus noble de tous les commerces comme le plus précieulx de tous les métaux, le font par toute l'Europe avec probité et courtoisie. » Vie du maréchal de Toiras , par Michel Baudier, 16i4, in-f°, p. 231. — Cf. sur Lumagne quelques pages très-curieuses de Grosley dans l'article sur la famille Colbert de ses Troyens célèbres, Œuvres inédites, 1812, t. i, p. 2G3-6. — Lasne a gravé son portrait. — 367 — 5. Les Israélites dans le désert, ramassant la manne que Dieu fait tomber dans leur camp; vignette. Sur une banderole au bas à la gauche : Angelorum esca nutriuisti populum tuum, et au-dessous : Qîellan in. En haut, des caractères hébraïques dans une gloire. H. 0,081, L. 0,112. 6. Dalila coupant les cheveux de Samson endormi sur ses genoux; sujet à mi-corps. Au bas: Si non amplexus gustasset Sanson amoris Dalila non vires abripuisset ei. C. Mellan G. pinx. et s. — Romœ sup. pm. « Gravé dans la manière du portrait de Tlmillier et paroist du même temps. » (Mar.) Cette pièce, la suivante, l'Hérodiade portant la tête de saint Jean, et la Charité Romaine, ont été faites en même temps et comme suite. La planche chez H. L. Basan (1802) N° 947 du catalogue. 5 sous. H. 0,152, L. 0,142. 7. Judith s'appuyant sur la tète d'Holopherne et tenant de l'autre main une épée ; sujet à mi-corps. Au bas : Pudica vincit impudicum dextera, Pia impium necat, ebriosum sobria. Virginia de Vezzo pinx. — Cl. Mellan Gall' . s. f. Romœ. La planche chez H. L. Basan (1802) N° 947 du catalogue. 5 sous. H. 0,148, L. 0,108. — 368 — SUJETS DU NOUVEAU TESTAMENT. 8. L'Annonciation. La Vierge est assise sur ses talons au milieu de l'es- tampe; l'Ange, agenouillé à gauche sur les nuages et tenant un lys, semble remonter au ciel. Au-dessus de la tête de Vierge, le Saint-Esprit et le Père Eternel. A droite on aperçoit par la porte un paysage. A gauche: Wellan in. et se. — 1666 — cum pr. R. Sur un papier: Ecce — virgo — concipiet — et pariet — filium et — voca- bitur — nomen eius — Emanurt — Isaiœ 6. 7. Au bas de la droite, une pierre, sur laquelle les armes de la maison de La Tour d'Auvergne, écartelées aux \ et 4 semé de France à la tour d'argent, au 2 d'or à trois besans de gueules, au 3 de gueules à trois bandes d'or; sur le tout parti au 1 d'or à un gonfanon, au 2 de gueules, à la fasce d'argent; comme cimier, la mitre et la crosse. 2" état. Les armes y sont tout-à-fait effacées et la date à peine visible. H. 0,356, L. 0,474. 0. L'Adoration des Bergers. La Vierge, à genoux, montre l'Enfant Jésus, rayonnant et adoré par des anges, à un berger, les genoux et les mains en terre. A droite, un autre berger debout. A gauche, dans le fonds, est saint Joseph auréolé et tenant son chapeau à la main. En bas: Peperit filium Luc. 2. — Mellan seul. Pour le bréviaire de Meturas. H. 0,153, L. 0,096. 10. La Vierge assise tenant l'Enfant Jésus entre ses bras et lui montrant une rose, d'après Vouet. Sujet à — 369 — mi-corps. Au bas : Sicut Rosa inlcr spinas ; sic arnica mea inter fdias — Simon Vouet P. pinx. — cum priuilegio — Cl. Mellan G. sculp. 1.6. 3. S. 1er état. Avant toute lettre. H. 0,200, L. 0,160. « J'en ay vcu deux planches, une qui estoit certainement de » Mellan, et une autre si parfaitement copiée que, si on ne le » regardoit avec la plus grande attention, il seroit très-facile » de s'y méprendre. Je crois au reste cette copie de Daret. » L'écriture qui est au bas est son caractère. » (Mar.) 12. La Vierge, assise sur une pierre à côté de pié- destaux ruinés , tient sur ses genoux l'Enfant Jésus. Fonds de paysage à gauche avec un pont. Au bas de la droite : diîellan inuen. et se — 16o9— C. P. R. H. 0,317, L. 0,372. ï2. La Vierge assise au pied d'un arbre brisé: elle tient l'Enfant Jésus sur ses genoux ; elle a les mains jointes et la tête baissée. A droite, sur une pierre, des armes, écartelées au 1 et 4 de à un arbre accom- pagné de trois roses deux et une, au 2 et 3 d'azur., à un lévrier courant en chef, à une coquille entre deux étoiles de cinq rais rangées en fasce et à trois losanges rangés en pointe. — A côté des armes : Ç. Mellan G. inuen. et sculp. — cum privilegio. 1" état. Celui décrit. 2" état. Les armes effacées et remplacées par des tailles figu- rant des accidents de la pierre. L'épreuve avant les armes qu'indique Paignon-Dijonval n'est peut-être que de cet état. 11 y a des épreuves de la (in du dernier siècle avec l'adresse : à Paris — chez IHignij — Cour du Manège — aux Thuilleries. H. 0,243, L. 0,350. 24 — 370 — 13. Sainte Famille ; la Vierge assise tient debout l'Enfant Jésus auquel saint Joseph agenouillé offre un lange. On aperçoit à gauche l'âne mangeant dans l'é- curie. Sur une pierre plate placée à gauche, les armes suivantes: au 1 et 4 de onze billettes posées quatre, trois et quatre qui sont Beaumanoir-Lavardin; au 2 et 3 contrécartelé, au S et 4 d'un lion rampant, au 2 et 3 de deux i'asces, avec sur le tout un écu de deux ours passant. Au-dessous : carolo de beaumaivoir — episc. CENOMANEN. REGIS — A SUPREMIS CO.\SILIIS etc. — CL. MKLLAN OBSERVANTE — MOS111ENÏUM D.D.D. Au bas : Romœ sup. pm — 1035. — Claude Mellan Galï . et pinx. et sculp. i" état. Sans les armes. 2" état. Celui décrit. 3° état. Cum privilegio Régis ajouté après le nom. 4° état. Les armes effacées, et des tailles sur la pierre. C'est cette pièce qui a été copiée en 1645 par Nanteuil pour sa thèse de philosophie. Cf. Robert-Dumesnil, tome iv, p. 50). H. 0,218, L. 0,300. 14. Sainte Famille; la Vierge tient l'Enfant Jésus entre ses genoux ; à terre , une croix et des épines éparses. Dans le fond on aperçoit par une porte Joseph sciant une pièce de bois , et plus loin un laboureur. Dans une bordure octogone avec des sujets dans les coins : à gauche , Aaron en grand prêtre , la croix élevée par Moise avec le serpent d'airain , Salomon sur son trône ; à droite, un homme nu assis regardant un arbre, sans doute Adam, la croix dressée, et un homme marchant les mains jointes et les yeux au ciel. jEtern/E rationis parenti virtvtis exemplo — 371 — DiviHARVM nERVM consokti. — Qlellan in et f. — cum p. R. (<]). 1" état. Avant l'inscription et le cum privilegio ; avant aussi, dans les petits sujets, le serpent et la croix dressée, et, dans le fond du grand sujet, les figures de saint Joseph et du laboureur. H. 0,24 J, L. 0,346. 15. Sainte Famille. La Vierge est assise sur une pierre et tient l'Enfant Jésus debout entre ses genoux. Sur cette pierre: C. Mellan G. in. et s. Saint Joseph est debout, appuyé derrière une autre pierre, sur laquelle des armes, de à trois nèfles (?) posées deux et une, sous un chef chargé de trois étoiles. L'écu est surmonté du casque de gentillhomme. 1er état. Celui décrit. 2° état. Les armes effacées et remplacées par des tailles. L'état avant les armes de Paignon-Dijonval est peut-être celui-ci. Le musée des dessins du Louvre en possède une copie à la plume par Overlaet. H. 0/215, L. 0,298. 16. L'Enfant Jésus couché sur un lit de paille et entouré de chérubins dans des nuages. 11 considère une croix, et le sol de la chambre est semé de petites croix. QîelUm in. et s. — 1062 — cum p. R. Et plus loin : A PARIS Aux Galleries du Louvre. 1er état. Avant l'adresse et avant toute espèce de croix. Paignon- Dijonval en avait quatre épreuves avec différences. H. 0,440, L. 0,287. (1) La Vierge et l'Enfant Jésus ont été tirés de cette estampe et copiés en buste et avec quelques modifications^ dans un ovale avec un fond à tailles croisées, par Blootelingh. En bas, sur un cartel, on lit: Mellaen in. — A. Blootelingh excu: (H. 0,197, L. 0,133). - 372 — 17. Le buste de la Vierge tournée ù droite, dans un ovale entouré de rayons. Au-dessous sur un papier : MATER REGIS ANGELORVM MATRIS REGIS GALLIARVM COMSOLATRIX IXCLITA C. Mellan G. pinx. sculp. et addictissimus — subditus piœ utrique malri dicat. — cum pi'ivilegio Régis. H. 0,446, L. 0,289. 18. Buste de Jésus enfant tourné à gauche , dans le môme ovale entouré de rayons. Au-dessous sur un papier : PVER 1ESV REX COELORVM PVERVM REGEM GALLORVM LVDOVICVM PROTEGE. Summo ulrique puero ac Régi — Itsu et Ludouico C. Mellan G. P. et seul. D. — C. P. R. H. 0,437, L. 0,288. 19. Buste de saint Joseph dans un ovale. Au bas sur un papier : IOSEPn CHRISTI NVTRITIE PROLEM FOECVNDAM IMPETRA MARGARET*: LOTHARINGIE Serenissœ. Aurelianorum Duci — D. D. C Mellan. H. 0,440, L. 0,290. 20. Buste de grandeur naturelle de Jésus-Christ homme, et donnant la bénédiction. Au bas : C. Mellan — pinx. et F. — adorate domi\vih omnes sancti eivs. Ps. 96. — Cum Pr. «.— 1652. H. 0,422, L. 0,316. — 373 — 2 8. Buste de la Vierge de grandeur naturelle, et les mains croisées sur sa poitrine. On lit au bas : Cl. Mellan G. — pinx. et seul. — salvtate maki a m qvje MVLTVM LABORAVIT IN VOBIS. Paul ad R. — 16. — CW71 priuil. R. — 1650. H. 0,420, L. 0,318. 22. Le Christ au Jardin des Oliviers. Au-dessous de l'épée de saint Pierre, endormi sur le premier plan, on lit la dédicace : Illustriss. D. Gaspardo de Daillon — du Lude Episc. Albicnsi (1) in obsequij — monumenlum V. D. D. Claud. Mellan. Sur le tronc d'un arbre: cum priuilegio Cl. Mellan Gall' . inuen. — et sculp. 1er état. Avant la dédicace (Paignon-Dijonval). H. 0,438, L. 0,286. 23. La Vierge dans la douleur, debout devant un gros pilier carré. A droite dans le fond , on voit le Christ présenté au peuple. De l'autre côté, mais plus en avant, saint Jean, joignant les mains, s'éloigne de ce spectacle : cum p. R. — QféUan inu. et f. — 1085. H. 0,435, L. 0,291. 24. Le Christ, nu et couronné d'épines, est traîné par les soldats. Des anges le suivent en recueillant à terre le sang tombé de ses plaies; dans les rayons qui entourent sa tète , on lit , en lettres blanches : PATER IGNOSCE ILLIS NON ENIItt SCIVNT QVOD FACIVNT. Qlellan j pinx. et sculp. — 1659 — Parisijs — cum (1) « Gaspard de Daillou du Lude, evèque d'Alby, mort en 167G. » (Mar.) — 374 — pr. R. La dédicace au surintendant Foucquct est gravée sur une planche séparée; des deux côtés de ses armes, un écureuil rampant, l'inscription : illvst1"0 viro d. n. fovcqvet — Régis in supremo senalu procuratori Gcnerali et summo regij cerarij prcefecio — obscqucntiss. seruus Qlcllan D. D. C. 1". état. Avant la dédicace. H. 0,i30 , L. 0,300. Paignon- Dijonval en avait trois épreuves avec différences. — La planche chez H. L. Basan (1802), n" 953 de son catalogue; 20 sons. — Je connais des épreuves de l'armoirie du milieu de la planche de la dédicace; elle en avait été coupée pour l'aire une armoirie séparée ; on en reconnaît très-bien l'identité, parce qu'on voit encore de chaque coté le commencement et la lin des deux der- nières lignes, mais effacées. Dans cet état: H. 0,038, L. 0,127. 23. La sainte Face de Jésus-Christ imprimée sur le linge de la Véronique. La tète est couronnée d'épines; les yeux sont ouverts ; les moustaches et la barbe di- visée en deux sont courtes; les cheveux tombent des deux côtés. Au bas du linge on lit en grandes lettres : formatvr vivievs vna ; et au-dessous du linge dont le coin inférieur gauche se relève un peu: ^Iellan g. p. et f. — 4640 — in iEDiBvs reg. Enfin, au-dessous et en lettres plus fortes que ces dernières : noa alter. H. 0,428, L. 0,315. N° 628 de la 3* partie du ca- talogue de Mme veuve Jean. C'est l'abbé de Marolles qui a trouvé celte heureuse inscrip- tion, et nous transcrirons ici un passage de ses Mémoires. Il parle des inscriptions de son invention qu'il rappelait dans une con- versation avec un certain Monsieur Clément, conseiller d'Etat et intendant de la maison du duc de Nemours : « Mais en voici encore une autre, qui ne lui déplut pas, pour une admirable tète de Christ, gravée d'un seul trait par Claude Mellan, For- — 375 — maturque unicus una, faisant .illusion à la beauté du Fils unique du Père Eternel né d'une Vierge, et à la seule. ligne spirale, dont le peintre artiste a si bien dessiné le portrait, avec cet autre mot écrit encore au-dessous : Non alter, parce qu'il n'y a per- sonne qui ressemble à ce premier des prédestinés , et que le graveur de cette image en a tellement fait un chef-d'oeuvre qu'un autre auroit de la peine à l'imiter pour en faire autant. » Ed. in-12, Amsterdam, 1755, tome , p. 105. Nous connaissons trois copies de cette sainte Face. L'une est italienne; à la place des inscriptions de celle de Mellan, on y lit cette dédicace en deux lignes : all' illmo et eccmo sigre il SIGR PRENCIPE — HERCOLE THEODORO TRIVULTIO CtC A gauche on lit: mellan inve; à droite, la signature de l'artiste; mais l'épreuve que j'ai eue sous les yeux (H. 0,352, L. 0243) était telle- ment fatiguée que je n'ai pu la lire. J'y ai cru voir esaie..., mais je n'en suis pas même sûr. — L'autre est signée mellan in. — dvdesert. scvlp. — 1735. Elle n'est pas sans mérite. — Enfin, la dernière (H. 0,423, L. 0,315) a été faite en Angleterre. On lit au bas de la droite : « Printed for Rob1 Sayer, n° 53, Fleet street » en caractères semblables à ceux d'imprimerie. Je remarquerai qu'en copiant le mot in jedibvs reg, le graveur, lisant mal, a plutôt mis neg que reg. — J'ajouterai que l'on connaît avec l'excudit de M. Kusel un buste de Jésus-Christ couronné d'épines (H. 0,375, L. 0,252), traité avec une taille circulaire inspirée par la sainte Face de Mellan. 2@. Le Christ en croix. Au bas, sur la planche même: C. Mellan G. pinx. et se. — 1647 — Cum priu. Reg. Au-dessous de la planche : dédié av roy très CHRESTIEN DE FRANCE ET DE NAVARRE LOVIS XIIII. — Par son très humble et très fidelle subiet C. Mellan. — Aux Gulleries du Louvre. 11 y a des épreuves avec différences dans, la tête du Christ. IL de la planche 0,825, L. 0,553. — 376 — 27. Adam et Èvc , nus et couchés au pied de la croix , dont le bois est entouré de nuages. Qlellan inuen. et sceul. cum. pr. R. Sur une banderole : ipse EXIM EST PAX IVOSTUA QVI FECIT VTUAQVE VNVH. Eph. cap. 2, et, sur une sorte de pierre tombale arrondie par le haut et appuyée contre le bas de la croix ; audi — israel — Diligcs Dominum — Deum luum — ex toto corde tuo — et in tota anima tua et — in Iota mente tua. A gauche du pied de la croix se voit le serpent, et, à droite, la Mort, sous la forme d'un squelette, qui se sent vaincue et s'éloigne. Adam et Eve tiennent chacun une pomme. — Quoique la pièce précédente ait au bas un trait carré et une légende, celle-ci n'en a pas moins été faite, sans doute après coup, pour l'ac- compagner et ne faire qu'un avec elle. H. 0,36o, L. 0,§72. 28. Le Christ expiré sur la croix, qui est en forme de T. Sur l'écriteau, les trois inscriptions. Au pied de la croix, on voit: à droite, la Vierge et saint Jean debout , et à gauche , la Magdeleine agenouillée. Au fond, à gauche, deux personnages et une muraille ruinée au haut de laquelle des gens regardent. Au bas de la gauche : Tibi — Vincenti Justiniane Bassani Marchio — imaginem hanc Redemptoris nostri mea nuper — industriel ita delineatam scalptamq. et pictam grali animi — in te mei ergo D. D. D. Claudius Mellan GaW . — cum priuilegio Régis. — Romœ sup. pm. Quelques ombres à double taille. H. 0,394, L. 0,280. Le Christ de cette composition, recoiniaissahlc à ce qu'il a les jambes plus ployces qu'aucun autre gravé par Mellan, à ce — 377 — qu'il est couvert de gouttes de sang et à ce qu'il a pour fond un rempart, a été copié maladroitement et en plus petit, avec les inscriptions : C. melan in. — Vallet rue St. Jacques au — Buste de Louis 14 — /Paris auec priuil. (H. 0,260, L. 0,190). 29. Le Christ sur une croix en forme de ï, la tête penchée sur son épaule droite 5 sur l'écriteau : Iesus Nazare — Rex — Judeorum. Au bas , la Magdeleine à genoux serre la croix dans ses bras ; à gauche , un tronc d'arbre ; fond de montagnes avec un château. Dans le bas : C. Mellan G. inu. et f. — cuin priuilegio. V état. Avant les armes. 2e état. Avec les armes, parties : à dextre, d'argent à un pal de gueules accompagné, au canton dextre du chef, d'une tierce- feuille ; à senestre d'azur à un roc d'argent posé en chef. 3° état. On a gravé au bas ce quatrain : 0 du plus rare amour sacrifice éclatant ! De Satan foudroie quels sont donc les prestiges 1 Admirons à la fois et pleurons deux prodiges : Un Dieu mort sur la croix et l'homme impénitent. Piron. /Paris chez Odieuvre Md d'Estampes Quay de l'Ecole vis-à-vis le coté delà la samaritaine à la belle image. La planche chez H. L. Basan (1802, N° 916; 10 sous). II. 0,179, L. 0,127. 30. Le Christ en croix. La croix est en forme de T; il a la tête penchée sur son épaule gauche, et l'écriteau porte les lettres inri. Au bas : C. Mellan in. et se. — 1665 — cum p. R. Fonds de nuages. Le Cabinet des Estampes en possède une magnifique épreuve d'essai. Les bras de la croix ne sont pas terminés ; le fonds et — 378 — l'écriteau sont blancs; les mains, les pieds, tout le flanc, la partie de la draperie qui flotte, ne sont qu'indiqués. II. 0,160, L. 0,102. 31. Jésus-Christ conduit au tombeau. Sur le second plan, les disciples le portent sur une civière; tout au fond, le Calvaire; sur le devant, deux tombes qui s'ouvrent et des morts qui se réveillent. C. Mellàn inu. et se. — 1678. Sur le couvercle du tombeau ou- vert: Terra mola est et pelrœ scissœ sunt et monumenta — aperta sunt et multa corpora sanctorum, qui — dor- mierant, surrexerunt. Mat. XXVII cap. — cwn pr. R. H. 0,445, L. 0,200. J'ai vu, à la Bibliothèque de Versailles, cette même compo- sition ayant seulement de hauteur 0,295 et de largeur 0,214. Elle était sans nom ; mais bien qu'on y lise écrit à la main : \Mellan F. et excud., je. ne voudrais pas affirmer que ce ne soit pas seulement une copie réduite, faite sous sa direction. 32. Le corps du Christ mort étendu sur son tom- beau, derrière lequel la Vierge debout. Dans le fonds, groupe de disciples et de saintes femmes dans la dou- leur-, sur le tombeau: factvs obediens vsqve ad mor- tem. A droite : ctim pr. R. Sur une pierre : C. Mellan Galï inuenl. et seul. — 1683. Le Christ est très-beau, mais la Vierge est toute de pratique et de procédé. IL 0,432, L. 0,322. 33. Jésus-Christ ressuscitant; il est à moitié assis sur le bord de son sépulcre et se débarrasse de son linceul ; sur le tombeau : per se resvrgens. Sur une pierre : (Mellan G. jnuen. et seul. — 1683. — cum — 379 — pr. R. Dans le fonds, quelques figures qui paraissent sortir aussi de leurs tombeaux. IL 0,447, L. 0,288. 34. La Résurrection du Christ. Le Christ s'élève au milieu de nuages lumineux. Deux soldats s'enfuient avec terreur; un troisième est renversé à terre. Dans le fond, les saintes femmes viennent au sépulcre. Au bas : Surréxit Dôminus de scpùlcro. Prœ timoré aulem eius — extérrili sunt custodes. — Mellan , sculp. — Se Gouion. ex. Pour le bréviaire de Meturas. H. 0,154, L. 0,095. 35. Le Christ dans un nuage, apparaissant après sa résurrection à la Vierge agenouillée à son prie-Dieu : ^M. — Au bas : Desiderium cordis eius tribuisti ei. Psal. W. Pour le bréviaire de Meturas. H. 0,135, L. 0,094. 36. Le Christ avec sa croix et le Père Eternel avec la boule du monde, sont assis sur les nuages et tiennent une pyramide triangulaire. Le Saint-Esprit voltige au- dessus. Ovale dans un carré dont les coins sont occupés par des fleurs. Sur le sujet: S. Gouyon ex. Et sur la bordure blanche de l'ovale: C. Mellan. Inue. et Sculp. Pour le bréviaire de Meturas. Il y a deux autres sujets: l'Ascension (H. 0,140, L. 0,088) et la Pentecôte (H. 0,li0, L. 0,090), qui sont de cette suite, qui ont l'excudit de Gouion, mais sans le nom ni la marque de Mellan. IL 0,440, L. 0,087. — 380 — SAINTS. 37-44. Huit pièces de la première manière de Mellan pour une suite d'apôtres in- 12. 1. Le Christ, debout dans une vesica piscis de nuages, tenant la boule du monde et bénissant, salvator mvndi. — 1 — Patei' noster qui es in ccelis, Sanctificetur nomen tuum, etc. — C. Mellan f. — /. Messager ex. 2. s. petrus — 2 — Credo in Dcum omnipotentem — creatorem cœli et lerrœ. — I. Messager ex. Sur la gravure: Qlellan. f. Le Credo, qui commence au bas de S. Pierre, se continue sous les onze autres apôtres, et le fonds de chaque pièce offre le martyre de chacun. A toutes, sauf aux nos 7 et 10, se trouve l'excudit de Messager. Le n° 3, saint André, n'est pas signé. 4. s. iacobvs maior — Qui conceptus , etc. — 4 — C. Mellan fec. 5. s. ioannes — 5 — Passus, etc. — C. M. 6. s. tuomas — Descendit ad inferos , etc. — 6 — Mellan f. 7. s. bartolom,evs — 7 — Ascendit ad cœlos, etc. — Qf. Les nos S et 9 , saint Philippe et saint Jacques le Mineur, sont de Picquet. 10. s. math.evs — 10 — Sanctam Ecclesiam, etc. — C. Mellan. fecit. 11. s. Simon — 11 — Remissioncm peccalorum, etc. — C. Mellan. fecit. Les nos 12, 13 et 14, saint Jude , saint Mathieu, et saint Paul, qui a pour légende une paraphrase de ses épitres , sont de Picquet. « Nous en avons les planches. » (Mar.) H. 0,102, L. 0,064. — 381 — 45 -4§. Suite de douze apôtres représentés à peu près à mi-corps dans des ovales. Les coins du carré qui enferme cet ovale sont occupés par des fleurs. Huit sur les douze ont Pexcudit de Gouion ; quatre seulement sont signés de Mellan. Ce sont, saint Paul : Mellan f. — Gouion ex ; saint Jude avec une équerre : Mellan s. — S. Gouion ex.; saint Philippe avec sa croix et son livre : C. Mellan Fecit. — 5e. Gouion exe. ; et saint Simon avec la scie, instrument de son supplice: C. M. — Gouion ex. H. 0,080, L. 0,060. 49. Saint Alexis couché et mort au pied des degrés de l'escalier de son père. Un jeune homme le regarde du haut d'un perron de cinq marches ; deux hommes qui sont au bas le regardent aussi avec attention. Dans le fond on aperçoit , par une porte , des moines qui arrivent, croix en tête. Au bas : s. alexivs romanvs — C. Mellan G. jn. et f. — 1649. 2e état. Avec les mots cum p. R. au bas de la droite. La planche chez H. L. Basan (1802), N° 957 du catalogue; 20 sous. H. 0,432, L. 0,314. J'en ai vu, au British Muséum, une copie en contre-partie où la tête du saint est à droite et les pieds à gauche. Elle est moins haute et presque aussi large, ayant H. 0,407 et L. 0,312, dimensions qui sont celles du cuivre. La tète du jeune homme sur l'escalier touche presque le haut de la planche. 50. Saint Ambroise refusant l'entrée de l'église à l'empereur Théodose. Le saint , en habits épiscopaux et debout sur le seuil de l'église , arrête de la main Théodose qui a — 382 — déjà le pied sur la première marche; l'empereur est suivi de quelques personnages, et le saint de deux acolytes. Au fonds de la gauche , une sorte de place avec des maisons. Au has sur un papier : apostolici vigoris exemplau , et au-dessous : cum pr. R. — C. Mellan Galï . inve. et seul. — 1681. H. 0,431, L. 0,296. 51. Saint Augustin et saint Victor. Sur le devant est agenouillé un chanoine de S. Victor en robe, tenant un bonnet dans ses mains, ayant sur le dos un manteau de fourrure en pointe, la tète nue et tonsurée. Un peu plus loin, à droite, un petit Enfant Jésus nu , assis par terre , semble montrer à saint Augustin, auprès duquel il se trouve, un trou fait dans la terre (1). Ce saint, qui a à ses pieds une mitre, est vêtu en évèque ou en cardinal-, il tient à la main un cœur surmonté d'un triangle lumineux. Saint Victor, qui est à côté, est représenté en guerrier, avec la cuirasse et le manteau, la tète ceinte d'une couronne de perles, appuyé d'une main sur un bouclier et tenant de l'autre une lance garnie d'un étendard chargé d'un rais d'escarboucle de huit rayons fleurdelisés. Signé /. le Grain Poil, inu. — C. Mel. A double taille et de sa première manière. (1) Allusion au récit légendaire de. saint Augustin se raillant d'un enfant qui, sur le bord du rivage, avait creusé un trou pour y faire entrer l'eau de la mer. C'était l'Enfant Jésus qui voulait donner Su saint une leçon d'humilité sur sa prétention de com- prendre le mystère de la Trinité. Les Espagnols ont souvent traité ce sujet , et Murillo en a fait l'un de ses plus beaux tableaux. — 383 — « Tête de livre in-12, de la règle des chanoines liers de saint Victor. » H. 0,094, L. 0,057. réguliers de saint Victor. » Mar. 52. Saint Augustin dans le jardin d'Àlippe. '1600. Il est tourné à droite, agenouillé sur une pierre, et joint les mains en élevant la tète vers le ciel; c'est le moment où il se convertit. A côté de lui un tronc d'arbre, et à la gauche un pasteur avec un homme appuyé contre une balustrade. Au bas, sur un papier à gauche: dolores amm.e salvtem — partviuentis , et sur un papier à droite : Deus vila mea et lumen cordis mei, — qui fugientem le persecutus es, et oblitum — tuj non es oblitus. Confess. L. 13. Au-dessus, sur une pierre : 4660 — mellan inu. et s. — cum pr. R. II. 0,433, L. 0,287. Petite copie en contre-partie où le saint est tourné à gauche; le graveur, qui pourrait être Bazin, a mis seulement Cl. Mellan jnuentor. Au-dessous, mais d'une autre gravure : Malbouré ex. La banderole a été reproduite, mais sans l'inscription Dolores... H. 0,219, L. 0,160. 11 y en a des épreuves avant le nom de Malbouré. 53. Saint Benoît, vôtu de la robe noire, à genoux sur les nuages et les yeux tournés vers un globe lu- mineux et rayonnant. Au bas de la gauche , sur un papier : Eminentissimo Principi Julio Mazarini. — S. P. E. Card. in obsequij monumenlum D. I). — Cum priuilegio. C. Mellan G. inuen. et se. T état. Les deux lignes de la dédicace à Mazarin sont rem- placées par ces deux autres : cognitus est in vercis suis FIDEUS — QUIA VID1T DEUM LUCIS. Ecclj. 40-18. 3e état. 11 ne reste plus que le privilège et le nom du graveur. — 384 — H. 0,44"2, L. 0,288. II y en a une copie un peu réduite et saus aucune inscrip- tion. Elle est en contre-partie , le globe y étant en haut de la droite. (H. 0,343, L. 0,285). 54. Saint Bernard. 11 est à genoux et tourné à droite, vers un crucifix assez grand et planté en terre, les mains écartées et son capuchon renversé derrière sa tète nue. A gauche, un massif de pierre, sur lequel un encrier dans lequel une plume; fonds d'arbres et de paysage, au milieu duquel une église. Au pied de la croix, un livre ou- vert avec ces lignes, dont les deux premières ne sont pas terminées à cause du bord de la gravure: Hœc st*j _ familiar — apparet. — Hœc mea sublimior — Philo- sophiez scire — Jesum et hune — crucifixum — in C — canticoru — serin. 43. Au bas, à droite, sur une pierre : IU"10 Ecclesiœ Principi Francisco de Servien — Bajocen- sium Episcopo optime de se merito grati — animi mo- nimentum D. D. — Qlellan inuen. et f. Et sur une autre pierre : cum p. R. H. 0,434, L. 0,286. 1" état. Avant la lettre (Paignon-Dijonval). 2° état. Avec la lettre (Paignon-Dijonval). 3e état. Avec la dédicace; c'est celui décrit. 4e état. A la place de la dédicace : volvptates ammje — SALVTEM SITIENTIS. 55-58. Saint Bernard (Suite de quatre pièces en largeur sur l'bistoire de). 55. Saint Bernard prêt à passer l'habit à un jeune religieux agenouillé devant lui , et accompagné d'un autre novice aussi à genoux. La crosse de saint Ber- — 385 — nard est derrière lui et appuyée contre un mur percé d'une fenêtre grillée. A droite , fonds de paysage dans lequel une croix surmontée de cinq étoiles; ce détail est expliqué par l'inscription d'une banderole placée près de la tète de saint Bernard : Multiplicabo semen tuum sicut stellas. Gen. 22. Au bas : *Mellan in. et s. II. 0,230, L. 0,347. 56. Saint Bernard prenant par le bras un religieux qui semble s'éloigner d'une assemblée que l'on voit à gauche , et à laquelle il parait vouloir le ramener. Çkellan inu. et s. Mariette l'appelle Abailard conduit au concile de Soissons par saint Bernard. H. 0,232, L. 0,331. 57. Saint Bernard donnant sa règle à des religieux qui la reçoivent à genoux ; il en tend le livre à un religieux agenouillé à droite, qui doit être le supé- rieur, et lui montre d'autres religieux à gauche. Sa crosse est à terre auprès de lui. Qlellan in. et f. H. 0,235, L, 0,337. 58. Saint Bernard tenant une hostie et prêt à la donner à un homme qui accourt vers lui à toutes jambes, poursuivi qu'il est par des soldats. Derrière saint Bernard, un jeune acolyte tenant un cierge et un saint personnage les mains jointes. Qlellan in. et s. Mariette l'appelle : Saint Guillaume, duc d'Aquitaine, converti par ledit saint Bernard. H. 0,243, L. 0,337. 25 — 3SG — 59. Saint Bruno. 11 est agenouillé dans une grotte, à côté d'un autel de pierre sur lequel un crucifix et un livre ouvert. Une lumière céleste l'illumine; à ses pieds, sa mitre et sa croix. A droite, par l'ouverture de la grotte, on aperçoit le comte Beranger chassant le cerf. Au bas: S. BRVNO SACIU ET INVIOLATI ORDINIS CARTVSIENSIS — patriarcha — Vencrandis et anliqua pietate celeberrimis Palribus Religiosis Cartusiœ — Parisiensis dedicabal Cl. Mellan inuentor et sculptor anno 1620. H. 0,188, L. 0,141. 60. Saint Bruno à genoux dans une grotte et ayant auprès de lui un chien. Dans le fonds, plusieurs Char- treux. Sur une pierre, la dédicace : emin»!0 et rm0 card. LVGDVNENSI ALPIIONSO LVD0 — PLESSIACO DE RICIIELIEV ARCHIEP. COMITI EVGDVN. — PR1MATI. AC MAGIVO GALL. eleemosynario. — Claud. Mellan G. inuen. et sculp. 1). D. D. — Cum priuilegio régis. 2° état. Au-dessus de la dédicace , on a ajouté les armes bien connues de Richelieu, trois chevrons de gueules. 3e état. La dédicace effacée. J'ai vu des épreuves avec les armes et la dédicace, mais sans le cum privilegio régis; elles m'ont paru tout-à-fait modernes, et je ne serais pas éloigné de croire que l'inscription aura été regravée. « Vigneul Marville, dans ses Mélanges d'histoire et de litté- rature, édit. de Paris, 1715, t. i, p. 255, dit que la tête de ce saint Bruno gravé par Mellan est le portrait de Christophe Du Puy, chartreux, frère aîné de M. Du Puy, et qui est mort prieur de la Chartreuse de Rome, où aparemment Mellan l'avoit connu. » Mariette. H. 0,445, L. 0,293. — 387 — 61. Saint Caietan, fondateur des Théatins. Il est à genoux , tourné à gauche et tenant dans ses bras l'Enfant Jésus que vient de lui remettre la Vierge; celle ci est à gauche et debout sur des nuages qui entourent une partie de ses jambes. Au bas, sur un papier : b. caietanvs Thienœus vincent. Fund. Cler. Reg. vulgo Thealinorum. — C. Mellan in. et s. — C. P. R. 2e état. Avec une autre ligne (récriture, après la précédente et avant le nom : Quoniam tu Domine singulanter in spe, con- stituisti me. P. 4. H. 0,445, L. 0,285. 62. Saint Charles Borromée. Il est debout, vu de face et un peu tourné à droite, la mitre en tète et en costume d'officiant, ayant la crosse à la main et bénissant de la main droite. Dans le fond, un autel. Signé Qlellan. Et au bas: s. cauolvs BORROM. PALLIO ARCIliEP. ORNATVS. H. 0,162, L. 0,100. La pièce indiquée par Paignon-Dijonval : saint Stapin, debout, revêtu d'habits sacerdotaux et donnant la bénédiction , nous paraît devoir être la même que celle-ci. 63. Saint Charles Borromée, debout, vu à mi-corps, de profil et tourné à droite, les mains jointes, devant un crucifix posé sur une table et ayant à ses pieds un livre et le bonnet du saint. Sur la pierre qui parait porter le crucifix: Qlellan, et sur la table: C. P. R. La planche chez H. L. Basan (1802) N° 955 de son catalogue ; 10 sous. « Je ne le crois que de son dessein et gravé sous sa con- duite. » Mariette. H. 0,170, L. 0,130. - 38S - C4. Saint Claude. 11 est à genoux et tourné à gauche, les bras posés sur un livre ouvert sur une pierre carrée portant une croix devant laquelle il prie. Sur cette pierre: vnica sollicitvdo AHM/E — c/elum ambientis. Derrière cette pierre, le piédestal d'une colonne brisée, à côté de laquelle une tète de mort. A droite , un rocher avec des arbres et une petite chute d'eau. Au bas de la droite : clavdivs episcopatvm — diuinitus acceptum diuinitus fugit, et plus bas: cum p. R. — Qïellan jn. et F. 1664. H. 0,445, L. 0,280. Copie nrrangée et détestable, au bas de laquelle on lit: S",s Claudius Episcopus in Solitudine — MecHtans. — Claudius Mellan Pinxit — 131. De la fin du xvne siècle. H. 0,227, L. 0,183. ©5. Saint Denis l'aréopagite. Le portrait du saint en buste, avec la légende cir- culaire X VERA X SANCTI X DIOWSII X AREOPAGIT.E X EFFiGiEs-f-11 est encadré d'une large bordure de fleurs; deux petits anges, au-dessus desquels l'IHS dans un nuage, tiennent une couronne de feuilles au-dessus de cette bordure. Aux deux bouts de l'hémicycle fleurdelisé en avant duquel est posé le médaillon, et, par suite, des deux côtés de celui-ci, se voient à gauche saint Michel avec l'inscription : tvtelaris — gall^e , et à droite saint Louis avec l'inscription: patronvs — galli^e. Au bas de l'estampe , au-dessous du médaillon de saint Denis: apostolvs galli^e (1). La planche du médaillon (1) C'est une erreur de confondre saint Denis, l'apôtre de Paris, avec saint Denis l'aréopagite. Sur cette question souvent — 389 — est distincte de la composition de Mellan faite pour l'encadrer, et l'on aperçoit très-bien les bords de la planche. Elle est encore bien plus sèche de faire et n'est certainement pas de Mellan. 11 a signé aux pieds de saint Michel: Cl. Mellan fecit. H. 0,230, L. 0,278. 66. Saint Dominique et sainte Catherine de Sienne aux pieds de la Vierge. Ils sont tous deux agenouillés des deux côtés de l'estampe ; ils tiennent un lis , et le saint a auprès de lui un chien tenant une plume. La Vierge, assise sur des nuages , tend un rosaire à saint Dominique. Un petit ange couronne la Vierge et un autre l'Enfant Jésus- Fonds de paysage. C. Mellan f. — Se. Gouion ex. Des premières manières. H. 0,126, L. 0,1o7. 67. Saint Dominique. 11 est représenté de face et marchant; il tient d'une main un livre qu'il lit, et de l'autre un lis. Derrière lui, un petit chien assis tient une petite torche dans sa gueule. Fonds de paysage. Sur un tronc d'arbre coupé : C. Mellan fe. x\u bas : Prœco novus, et cœlicus missus in fine sœculi, pauper fulcit Dominicus — forma prœvisus catuli (]). — Michel v lochem ex. Ces derniers mots d'une gravure postérieure. A double taille. débattue, et pour citer un auteur contemporain de Mellan, je renverrai aux Mémoires de l'abbé de Marolles, dans sa seconde partie contenant ses entretiens avec quelques-uns des plus sa- vants hommes de son temps; éd. in-12, tom. n, p. 50-58. (I) Ce sont quatre vers d'une prose en l'honneur du saint. — 390 — Paignon-Dijonval en avait une épreuve avec l'excudit de S. Gouion, qui doit être antérieure à celles au nom de Locheni. H. 0,264, L. 0,182. 68. Saint Dominique. Le saint, à genoux et accompagné de deux de ses religieux , reçoit une bulle des mains du pape Ho- norius 111 assis sous un dais et accompagné de trois cardinaux et d'un jeune homme. C. Mellan f. Et au bas : Ordo prœdicatorum ab honorio tertio summo — Ponlifice confirmatur. 1210. — ex. À double taille et des premières manières de Mellan ; sans doute pour quelque livre. H. 0,154, L. 0,095. « Ces planches (celle-là, la Résurrection, l'Apparition à la Vierge, l'Ascension, la Descente du St-Esprit sur les Apôtres (1) sont imprimées dans un Bréviaire ou Heures en rouge et noir. C'est un Bréviaire à l'usage des Domiuiquains. » Mariette. 69. Saint Eloy (Buste de). Le Buste de saint Eioi est placé dans une niche ovale surmontée d'une coquille et d'un fronton, et ac- compagnée de chaque côté de demi-figures de femmes sans bras qui s'agencent dans les ornements. Sur le haut de l'ovale sont mis toutes sortes d'instruments relatifs au travail de l'orfèvrerie, et deux enfants ap- puyés sur le fronton tiennent suspendus à des rubans une balance et un objet qui parait être la suspension d'une lampe. Sur une bordure qui entoure la niche OI1 lit ". EFFIGIE DELLA TESTA d'aKG70 P. LA RELIQVIA (1) Cf. l'observation du numéro 36. — 391 — DI. S. ELIGIO TRATTA DAL VNI,a DELLI OREFÎci DI ROMA. 1.6.2.9. -f- Et au bas: Cl. Mellan Galï. in. et sculp. Rorrice. Au bas de la niche se voit un écu rond à une fasce de sinople accompagnée en chef d'un lambel de même ; ces armoiries sont entourées des cordons de saint Michel et du Saint-Esprit. A double taille. H. 0,168, L. 0,124. 70. Saint François (Sujets relatifs à la vie et à la règle de). La partie principale représente des sujets de la vie de saint François et de frère Elie son compagnon , accompagnés de leurs noms gravés. Au-dessus , dans un cartouche, se lit: tipvs secvnd/e régula sl! fran- CISCI QVAM FRATRIBV' SERVAND TRADIDIT — ClarissimO Nobilissimoq. viro D. Domino Franc de Montholon in consilio — Secreiio" Consiliario Dignissimo &c Fratres Minores Capucini Provinciœ — Franciœ dedicaverunt . Cette inscription est coupée par ses armes, d'azur à un mouton passant tourné à dextre, surmonté de trois roses en chef. De chaque côté du sujet principal est une colonne de six sujets mettant en action les princi- paux points de la règle de saint François. Au-dessous du sujet principal est une bande avec cinq sujets carrés , quatre avec des anges tenant des tables de pierre avec le Beati... du 6e chapitre de saint Luc, et, au milieu, saint François agenouillé devant le pape, sujet auquel se rapporte l'inscription : iivclinatvr sedis APOSTOLICE CVLMEN — REGVLAH HVMILI FRAIVCISCO CON- FIRMANT. Des deux côtés du cartouche, un moine assis tient une table de pierre avec une inscription. Enfin, tout au bas, un long cartouche offre une inscription de — wz — quatre lignes: Regulam minorum, etc. C'est dans ces ornements que se trouve la signature Cl. Mellan f. Très-mauvaise pièce de sa première manière. H. 0,411, L. 0,300. 71. Saint François. H est à genoux, en robe de bure avec le cordon et le capuchon , les mains jointes , tourné à gauche et les yeux fixés sur un crucifix posé à terre. Derrière lui des rochers, et à droite un religieux plus éloigné qui s'éloigne en le regardant. Au bas: cum priuilegio — Cl. Mellan Galï. inuen. et se. Au bas : emixextis- SIMO S. R. E. CARD. DE LA ROCHEFOVCAVLD TIT. S. CALIXTI BANC S. FRANCISCI — EFFIGIEM PATRONI S. E. IX OBSEQVII MOXVMEXTVM OFFERT. D. D. CLAVD. MELLAN. — 1.6.3.8. La planche chez H. L. Basan (1802), N° 936 de son catalogue; 10 sous. H. 0,420, L. 0,288. Copie en contre-partie et sans le religieux; le ciel est brillant d'étoiles. A double taille. (H. 0,178, L. 0,123). 7 2. Saint François. Le saint, agenouillé, baise les pieds du petit Enfant Jésus qui le bénit et qui est tenu sur les genoux de sa mère assise sur des nuages, dans lesquels on voit à droite une tète de chérubin; deux autres têtes volent à gauche. Derrière la Vierge, des rayons ve- nant du ciel, et à gauche, un fonds de paysage. Sur un papier, on voit des armes, écartelées au 1 cl 4 d'un chevron chargé d'un croissant et de deux étoiles, au 2 et 3 d'une croix engrèlée en sautoir , accom- pagnée en chef et en pointe d'un tour, et aux lianes — 393 — dextrc et senestre de lions rampants et affrontés. Pour cimier, le casque de gentilhomme. Signé : Qlellan G. in. et s. 1er état. Avec le papier, niais avant les armes. H. 0,237, L. 0,360. 73. Saint François de Paule. 11 est vu de face , à mi-corps , les mains croisées sur sa poitrine, la tête levée vers le ciel, en avant d'un fonds de nuages. Au bas : 5. P. Francisée de paula (sic) ora pro nobis. — Ioan. francis. pinx. — Cl. Mellan G ail' . f. Quelques doubles tailles. Par ce Jean François, il est probable qu'on a voulu le Guerchin, dont c'étaient les prénoms. H. 0, 101, L. 0,i)73. 11 y en a une copie en contre-partie, où le saint est tourné à gauche au lieu de l'être à droite. On lit sur la planche même, des deux côtés du saint : S. Vouet — pinx. Et au-dessous : S. P. Francisée de paula ora pro nobis. Le copiste a ajouté au saint une auréole. (H. 0,096, L. 0,072). 7-3. Saint François de Paule. 11 est tourné à gauche et agenouillé devant une sorte d'autel sur lequel il a posé ses mains , et re- garde un crucifix posé sur cet autel et dans lequel le corps du Christ est entouré de rayons lumineux. Sur le côté qu'on voit de cet autel est une sorte d'é- cusson avec le mot : cha - ri - tas. Au fonds, un mur avec un pilastre. Au bas : s. fjiaxciscvs de pavla. — Memoria memor ero ; et tabescet in me anima mca. — Cl. Mellan GaW intien, et sculp. Romœ. 1627. A double taille. 1er état. Avant la date de 1627 (Paignon-Dijonval). — 394 — 2' état. Celui décrit. 3e état. Après 1627, on a écrit sup. pm. et l'on a changé la tète du saint. Auparavant elle était penchée en arrière, les yeux presque fermés et tout-à-fait dans le caractère de celle du saint Pierre Nolasque. Dans celui-ci, la tétc effacée a été remplacée par une qui est droite et dont les yeux regardent, sans se fer- mer, la lumière du crucifix ; les boucles des côtés de la tête ont seules été conservées. H. 0,149, L. 0,109. 11 en existe une copie dans le même sens et avec les mêmes inscriptions, excepté qu'il y a seulement : Cl. Mellan inuen. Romœ. (H. 0,149, L. 0,108). 75. Saint François de Paule. i 11 est couché dans sa bière , son capuchon relevé , les bras croisés, et tenant contre sa poitrine un cru- cifix ; on lui a passé une étole. On le voit de biais et seulement à mi-corps. Au-delà de la bière, une chandelle allumée , une tête de mort et un livre ou- vert sont posés sur un appui. C. Mellan G. dcl. et F. A double taille. La planche chez H. L. Basan (1802), N° 950 de son catalogue; 10 sous. H. 0,164, L. 0,170. 76. Saint François de Paule. Le saint , agenouillé sur les nuages et les mains ouvertes, regarde dans le ciel; deux grands et jeunes anges, agenouillés de chaque côté sur un nuage et gra- vés tout-à fait dans le goût des figures de l'Intelligence, lui montrent deux petits anges qui tiennent une sorte de gloire rayonnant autour du mot cha - ni - tas. Au- dessous du saint un paysage, et, sur les terrains, ces — 395 — inscriptions: Sim. Vouet — Paris. — inu. (ce dernier mot d'un plus gros caractère ) Romœ — Cl. Mcllan Gall' f. Au-dessous du trait carré ces huit vers en deux colonnes : Quo feror insolita raptus dulcedine mentis? Aut quo sublimem cœlica turba rapit? lmtno rapit diuinus amor sub imagine solis, Àrdenti que nisi lumine monstrat iter : Sponte sequar quocumque ferat, mihi suscitet ignés Pectoraque in cineres a?stus amoris agat. Ventilet immo faces : tantis cinefacta favillis (Ut felix viuam) sic mihi vita périt. A double taille. H. 0,391, L. 0,277. 11 en existe une copie en contre-partie; le bas étant coupé, on ne sait si elle était signée. (H. 0,385, L. 0,280). 11. Saint Grégoire, assis et occupé à écrire. 11 est assis dans un grand fauteuil, devant une table sur laquelle il écrit; il est tourné à gauche; son pu- pitre retient une feuille de papier qui tombe devant le tapis de la table et sur laquelle on lit ; gregorivs EPISCOPVS SERVVS — SERVORVM DEI — CHILDEBERTO REGI frâcorvm — Quanlo ceteros hommes Regia dignilas — antecedit, tanto ceterarum gentium — Régna regni vestri profeclô culmen — excellil. &c Epist. VI. Sa mitre de pape est à droite, dans un réduit du mur, couvert à gauche par un rideau. Sur un livre posé sur un coussin à terre ; Qui autem fecerit — et docuerit , hic magnus rocabitur — in regno cœlorum. — Malth. 5. 12. Au bas: C. Mellan G', in. et scidp. — 1GS1. — cum pr. R. H. 0,430, L. 0,291. — 396 — 78. La Vierge sur des nuages, au-dessus d'un temple de forme ronde, dans l'intérieur duquel on voit saint Ignace de Loyola et saint François Xavier, tenant un cœur enflammé et surmonté de rayons au milieu des- quels le signe 11IS. En avant du temple les quatre figures des parties du monde, et des deux côtés deux obélisques^ en pyramide couronnés par deux anges; on lit au pied de l'un : fv.ndatoki soc — iesv et de l'autre : iimdiarvm — apostolo. Fonds de paysage. Au bas, à droite: Mcllan f. A double taille. H. 0,292, L. 0,S48. 79. Saint Ignace en extase; il est agenouillé et vu de face, son coude gauche appuyé sur un bas-relief et le bras droit étendu. Devant le bas-relief, à terre, son chapeau et son bâton de pèlerin. Fonds de paysage, dans lequel on voit à gauche deux pèlerins. Au bas de la gauche, une banderole déroulée sur laquelle C. Mellan G. in. et s. Sur le côté du bas-relief: C. Pr. Reg. 2° état. Sur la banderole, avant le nom conservé, la dédicace : Illustriss0. Dno. Henrico de Guenegaud du Plessis, Vicecomiti — de Semoine, Baroni a S'° Iusto de Iulhj, la Garnache &c. Régi — à Consilijs et Mandatis Offert D. D. C. Mellan G. in. et se. 3e état. A la place de la dédicace: solmcitvdines patris pro bono FAiftiLiiE — vigilanîis. — C. Mellan in. et se. D'une autre gravure qu'à l'état précédent. La planche chez H. L. Basan (1802), IN" 955 de son catalogue; 10 sous. H. 0,432, L. 0,287. 80. Saint Jean-Baptiste dans le désert. 11 est représenté jeune, presque nu, les cuisses seu- lement entourées d'une peau de bête, et assis sur un — 397 — quartier de rocher; il a la jambe droite repliée sur la gauche, et son bras droit, appuyé du coude sur sa jambe, soutient sa tète; il regarde une croix de jonc posée sur son genou. Le fonds est entièrement occupé par des rochers d'où sort une fontaine, dont le bassin occupe à droite le bas de l'estampe. Un mouton broute auprès de lui. C. Mellan — GaW. in. et sculp. A.u bas: emi- NENTm.° ET Rm.° PRINCIPI FRAINCESCO. S. R. E. CAUDINALI barberino — Claudius. Mellan. D. D. 2e état. La date 1.0.2.9 ajoutée au-dessus de la signature. « M. Boulle a l'académie par Mellan , et qui lui a servi d'étude pour cette ligure ; elle est assez bien. » Mariette. La planche chez H. L. Basan (1802), N° 954 de son catalogue; 10 sous. IL 0,367, L. 0,270. 11 y en a une copie anonyme, assez belle et en contre-partie, c'est-à-dire que le saint est à droite et tourné à gauche. Au bas de la droite: Cl. Mellan. Gallus.— .pinxit. (H. 0,355, L. 0,273). SB. Saint Jean-Baptiste (Hérodiade tenant sur un plat la tête de ). Sujet à mi corps. Au bas : Promissio maiora dédit, mihi prœmia, Herodes : Maius nam toto est, hœc caput imperio. Si. Voùet Pari. pinx. — Cl. Mellan GaW . sculp. Romœ. La planche chez H. L. Basan (1802), N° 949 de son catalogue; 10 sous. IL 0,144, L. 0,108. 82. Saint Jérôme, presque nu et à genoux dans une cellule. Il a la main droite appuyée sur une pierre, et prie devant un crucifix posé contre un livre ouvert, sur la feuille gauche duquel : se deliciis — omni auxilio — destilulus ad — Jesu iacebam — pedes — Ep. 22 ad — 398 — Eustoch. Et sur la feuille droite : cum pr. Ji. Sur un papier, au milieu du bas: pr.etemta et fvtvra — meditantis effigies. La signature : 1665. — Qfettan jn. et se. se trouve sur un vêtement jeté à terre. Derrière saint Jérôme se voient sa couchette , une tète de mort dans un réduit du mur , une planche avec des livres et un flambeau ; à droite , la tète brisée d'une divinité païenne , et dans un paysage lointain , un lion et une croix. La planche chez H. L. Basan (1802), N° 95G de son catalogue; 10 sous. H. 0,432, L. 0,295. 83. Saint Jude tourné à gauche et assis devant une table couverte d'un tapis , sur laquelle un sablier et un encrier ; il vient de cesser d'écrire et montre de la main gauche le livre auquel il travaillait. Une hache, instrument de son supplice , est suspendue au mur derrière lui. A côté de sa tète , une banderole sur laquelle on lit : s. ivde. En haut de la gauche , par une ouverture, on aperçoit dans la campagne le mar- tyre du saint, renversé par ses trois bourreaux. Au bas : /. Messager, ex. — C. Mellan inu. et seul. En tête de l'épître catholique de saint Jude, dans la Bible en franç.ois de Pierre Frizon, Paris, Jean Richer et Pierre Chevalier, 1621, in-folio, second tome, p. 794 (1).— H y a un état postérieur où l'on voit un A au pied du saint, un B sur sa hache et un C auprès de la représentation de son martyre. (1) C'est à cette édition que Boulle avait fait l'honneur de la choisir pour en illustrer de gravures et de dessins un exemplaire, qui périt dans l'incendie de son atelier. Archives, Documents, toin. iv, p. 340. — 399 - « Se trouve et a été faite pour la Bible de Pierre Frizon , chez Richer, à Paris, IG22, f°. Il y a encore au moins .une planche de Mellan dans cette Bible; les autres, qui s'y trouvent, sont de Gaultier, ce qui achèveroit de me faire croire que Mellan est disciple de Gaultier, aussi bien que Lasne. » {Mariette). Nous n'avons pu trouver la seconde pièce de Mellan indiquée par Mariette. On y trouve des pièces de Léonard Gaultier, tome h, aux pages 1, 75, 180, 235, 302, 310, 398, 402, 400, 411, 414, 419, 424, 425, 428, 431, 774 et au titre des moyens de discerner les Bibles catholiques des huguenotes; de Michel Lasne, le fron- tispice, et, dans le tome n, aux pages G17, 685, 779, 787, 796; quatre sont signées: M. T. fe., p. 9; Michel Faulte, p. 176; M. V. Lochom, t. H, p. 553; Tavernier, t. h, p. 448. Toutes les autres sont anonymes, et à cette époque il est impossible d'at- tribuer avec certitude à Mellan une pièce non signée. H. 0,124, L. 0,123. S-S. Saint Laurent. 11 est debout, tourné à gauche, en costume de diacre, et tient son gril, la palme et un livre. C. Mellan. Au- dessous du trait: Stus Laurentius. De la petite suite, avec le saint Sébastien, où les saintes sont plus nombreuses. H. 0,091, L. 0,060. 85. Saint Luc, assis à un chevalet et peignant le portrait de la Vierge; derrière le chevalet, le bœuf couché à terre. Le saint est tourné à droite. Quelques tailles croisées dans le vêtement et dans l'ombre portée. Au bas : s. lvcas evang* pictor). patuoiws. — Sim, Voïïet. in. — Cl. Mellan f. 1.625. H. 0,095, L. 0,069. HG. Un mourant étendu sur un lit ; un ange lui montre le ciel. Derrière le lit, on aperçoit Saint Ni- — 400 — colas, les mains jointes, et un petit ange tenant un panier de pains. Dans le ciel, on lit sur une bande- role : Nicolas ta prière est exaucée. Au bas de la droite : Ql. —in. s. A une seule taille. H. 0,100, L. 0,065. 87. Autre pièce sur le même sujet, dans la manière de dessiner et de graver de Mellnn , et à une seule taille dans le ciel et les figures nues. La présence de quelques doubles tailles la ferait croire antérieure à la précédente. L'agonisant est assis sur la terre et ap- puyé sur le genou d'un ange qui lui montre le ciel. A gauche, saint Nicolas à genoux; dans le ciel, deux anges tenant une banderole avec la même inscription en capitales. — On trouve cette planche tirée à côté d'une autre offrant les Prières pour les Agonisants. Pour une confrérie de saint Nicolas de Tolentin, en l'église des PP. Augustins du faubourg Saint-Germain. H. 0,135, L. 0,089. 88. Saint Paul, ravi dans le ciel, est assis sur un nuage porté par des chérubins. De sa bouche s'é- chappent ces paroles écrites sur le fonds : sive in CORPORE , SIVE EXTRA CORPVS, NESCIO. 2. CoT. — CUm P. R. — 1.6.7.4. — Cl. Mellan G. Inuen. et seul. 1" état. Avant le nom (Paignon-Dijonval). H. 0 535, L. 0,400. 89. Saint Pierre à genoux devant un rocher et se repentant de sa faute. On voit à gauche , dans le fond, la Vierge, saint Jean et les saintes femmes au — 401 — pied de la croix. C. Mellan G', pinx. et seul. — 1.6.8.7 — cum pr. R. Paignon-Dijonval en avait une épreuve non terminée. H. 0,447, L. 0,301. 90. Saint Pierre Nolasque. Le saint, âgé, à longue barbe, la tête nue et sur- montée de l'auréole, est porté à l'office sur les bras de deux anges jeunes et robustes, et qui n'ont que de courtes ailes. Le saint continue de lire dans un livre qu'il tient de la main droite , et laisse pendre son bras gauche qu'il a appuyé sur l'épaule d'un des deux anges. Des religieux assez éloignés sont rangés le long du mur de la salle qu'il traverse, et un seul d'entre eux, ayant les yeux levés, s'aperçoit du mi- racle et ouvre les mains d'admiration. Au fond, sur le mur, un écusson en losange de.... à quatre pals, surmonté d'une couronne à bonnet avec une petite croix. Sur les dalles, un papier jeté sur lequel : CL Mellan — GaW inuen. — et f. Romœ. On lit au bas : s. petrvs nolascvs en lettres blanches, et l'inscrip- tion suivante coupée par les armes de l'ordre (1): Qui fuit Fundator, et prinï. Mag. Gêner. Regalis ac Mili- taris Ordin. Redemptorum. B. Mariœ de Mercede, natione GaW . ex nobili familia. Ab infâtia pietati impensus; vir factus in redimendis captiuis sua consumebat. Ex speciali (1) Les armes de Tordre étaient de gueules aux trois pals d'or, qui est Arragon, reliés ensemble dans le haut par une fasec d'or accompagnée en chef d'une croix d'argent. Le P. Hélyot, Histoire des Ordres monastiques, tome ni, 1721, p. 271 et 281. Mellan s'est trompé en indiquant comme d'or le champ au-dessous de la fasce. 20 — 402 — B. Virginie Mariœ revelatione, — ad munus redimendi prœ fatum fundavit ordinem. Virginitale perpétua , Pro- pheliœque dono claruit, illud omnino mirandum. — Quod cum iam, œtate, et continuis macerationil' confectus, non posset in Chorum ad ofjlcium venire Angelorum manibus Mue vectabatur. Obijt clarissimus Barchinon. Anno. D. 1.2.5.6. cum prius se ab officio abdicasset. — R"w. P. N. Fr. Joanni Cebrian in sacra Thcologia M . totius prœfati Ordinis Mag. Generali dignissimo : ac. S. Pétri Nolasci. officio, Religione et zelo, legitimo — successori. Mag. Fr. Ludovicus Apparitius suus in Italia Vicarius , et in Ro- mana Curia Procurator Generalis, grato animo B. et C. — Cum pm. Sup. Anno. 1.0.2. 7. 93. Saint Pierre Nolasque et saint Raimond Nonat. Composée de quatre planches qui se réunissent. En haut: CENTVRIA SANCTOUVM MARÏYRVM ET CONFESSOItVM REGALIS ORDINIS REDEMPTORYM S. MARIE DE MERCEDE. Au milieu de chacune des deux planches supérieures, un portrait plus terminé (H. 0,133, L. 0,095); à gauche : s. petrvs nolasc' fvndator suivi, sur la bordure ovale, d'une inscription pieuse, et accompagné d'ornements au bas desquels une autre inscription ; et à droite : s. raimvnd' nonat. card. Tous les autres saints sont en buste dans un carré de 64 millimètres de hauteur sur 53 de largeur, accompagné au-dessous d'une in- scription indiquant leur nom, la nature de leur mar- tyre et de leurs vertus , et presque toujours l'année de leur mort. Au milieu du bas, deux hommes nus, assis et appuyés contre des guirlandes de fruits, sont au-dessus d'un cartel ovale en largeur qui contient la dédicace suivante : R"'°. P. N. M. F. Joanni Cebrian — 403 — Regalis ac militaris ordinis Redemtorum S. — Mariœ de Mercede M0 Generali Pastori ac Duci meritissimo. M. F. Ludovicus Appa — ritius, suus in Italie Vicarius et ad Rom. Caria Proc. Gêner. D. E. C. — Cognosce bone pastor oves tuas, ipsœ enim te cognoscunt et quœ ad causas Dni in loco pascuœ constitute cubant — in meridie ad hœc loca déserta , inuia , et inaquosa non confunduntur te pastoré sequi Candidatus hic MartyrU — ac Confess: exercitus , qui ante actœ militiœ exubiis triumphans potitur ad arenam descendit ilerum , non ut manu, cum hoste cons.... jam inde donatus , sed ut nos qui eodem vexillo adlmc in studio cûrimus eorum imitalione lacessiti , bravium — œternœ remunerationis comprehendere, sat agamus. Numerosutn agmen centuriam voco, quoniam centum cartœ cassulis , qua — si tentorijs centum continelur Ne voco cartœ prolixitas inspectores offeîideret , ex veteranis meis sanclis militibus — huius cenluriœ delectum feci: mox alteram ac tertiam legionem nedum centuriam productur\ In — terim Dux, ac pastor vigilantissime , meum tibi addictissimum animum parvo hoc munusculo accepto grataretur. — excipe. — Cl. Mellan Galï delin. Romœ. Au-dessus de ce cartel se trouvent les armes de l'ordre. Toute la planche, sauf les deux grands portraits du haut, est à l'eau forte pure, très- libre et avec peu de travail ; les types sont en général très-bas. H. 0,710, L. 0,942. 92. Saint Sébastien. 11 est vu de face, nu, attaché par les bras à un arbre et un genou sur une souche \ il a la cuisse, le côté, le bras et la tète traversés de flèches. C. Mellan. Au- — 404 — dessous du trait : Stus Sebastianus. (Voyez l'observation du saint Laurent, n° 84). II. 0,093, L. 0,060. 93. Apparition de la Vierge à saint Thomas d'Aquin. Le saint est agenouillé contre le coin d'une table et tient son livre ouvert. Saint Pierre derrière la table, et saint Paul, tous deux debout, lui parlent et l'ap- prouvent. Dans le coin supérieur de gauche, la Vierge apparaît dans les nuages. Au bas : CI. Mellan fe , et les deux vers : Petrus, Paulus favent obsequio , Dei mater mulcet alloquio. A double taille. H. 0,270, L. 0,1S4. 9-1. Un jeune saint, debout, tourné à gauche, joi- gnant les mains et regardant au ciel. Il a les cheveux courts , mais sans tonsure , un camail avec un gland sur le dos, et une corde autour du corps. Dans les rayons , l'inscription : Ecce video cœlos apertos. Au bas de la gauche : Çilellan in. et s. II. 0,458, L. 0,107. SAINTES. 05. Sainte Anne entourée d'autres saints. Réunion de cinq personnages saints sur des nuages; au centre, sainte Anne, mère de la Vierge ; à gauche, saint Joseph avec son bâton, et saint Joachim; à droite, saint Bernard avec un livre et saint Jean l'évangéliste — 405 — avec son aigle. Leur réunion est expliquée par la légende : ss'l BTœ v. parentes et sponsvs cvm dvobvs qvos vt filios dilexit. — 1648. La signature: Qlclla?i G. in. et se. est sur la gravure même. H. 0,410, L. 0,310. 06. Le martyre de sainte Catherine. La sainte, à demi-nue et autour du corps de laquelle tombe un riche manteau doublé d'hermine, est age- nouillée auprès de sa roue sous laquelle s'élèvent des flammes. Un ange , sur des nuages , descend du ciel avec l'épée et la palme du martyre. Simon Voilet Parisien — Pinxit — Cl. Mellan sculp. Romœ superio- rum permissu — 1625. — Et au bas, sur un cartouche: ill?0 principi ac domino meo — D. Ludovico de Valetta Card. ampliss"1? TU. S*? Adriani — Cl. Mellan GaW . humilim" ac deuotissm' seruus D. D. Au milieu, les armes du cardinal, écartelées: au 1 et 4 partis à dextre de.... à un arbre, à senestre de pourpre à une croix pom- metée , sous un chef de gueules à une croix potencée ; au 2 et 3 écartelés, au 1 et 4 de.... à trois pals de si- nople, au 2 et 3 de.... à deux bœufs passants de sinople. H. 0,450, L. 0,286. 97. Sainte Geneviève, jeune, assise au pied d'un arbre, lisant un livre posé sur ses genoux, et ayant autour d'elle des moutons paissant (1). pascityr et (1) C'est à tort que Mellan a représenté sainte Geneviève en bergère, ce qu'elle n'était pas; elle ne se trouve aux églises du moyen-âge que portant un cierge à la main et ayant sous ses pieds un démon enchaîné; mais du temps de Mellan, la tradition — 400 — pascit. 5. Aug. -—mellan G', inuen. et sculp. 1.6.8.0 — cum pr. Reg. Fonds de paysage. H. 0,404, L. 0,285. Il y ni a une copie plus petite et en contre-partie; sans nom. 98. La Magdeleine couchée sur une natte dans une grotte. Elle tient la croix et a près d'elle une tête de mort. Les chairs sont gravées au pointillé. Au coin inférieur à gauche : Cl. Mellan GalV inu. — pinx. et sculp. Romœ. Mellan a ajouté des travaux dans la marge du bas, et à droite: Guillielmo Barclaio loannis fdio. Claud. Mellan d. d. H. 0,185, L. 0,222. Le premier état n'avait de hauteur que 0,107. « Ce Guillaume Barclay est le fils de celui qui a compose' rArgenis. » Mar. 99. La Magdeleine , assise à terre au pied d'un arbre , tenant entre ses genoux une tète de mort. Pas de fonds 5 les cheveux très-détachés comme dans le saint Pierre Nolasque. Sur une pierre à côté d'elle, et sur laquelle est appuyée sa croix de bois, on voit des armes d'évêque ou d'abbé : d'azur à un chevron accompagné en chef de deux étoiles, et en pointe d'un mouton passant. Sur une pierre au-dessous: C. Mellan GalV. inuen. et se — cum priuilegio Régis. 2° état. Les armes sont effacées, et remplacement est raccordé était déjà pervertie. Au xvin" siècle, le fameux tableau de Van Loo , gravé par Balechou, a définitivement consacré l'erreur. Cf. sur cette question les Bollandistes, 1er volume de Janvier, pag. 137-53, et, dans l'édition de YHistoria SS. imaginum de Mokinus, Louvain, 1771, in-4°, la note de Paquot, p. 237-38. — 407 — avec des lignes pour occuper remplacement. Il y a des épreuves de cet état avec, au bas de la droite, les mots: à Paris — chez Dlùjny. H. 0,438, L. 0,348. 100. La Magdeleine mourante est assistée par deux anges. Fonds de rochers. Dans le ciel , l'âme de la sainte est enlevée au ciel. Signée sur la planche : 1G27 — Cl. Mellan Gall\ inuen. et F. Romœ. Au bas: AMPLISSIMO ET ILLM0 VIRO NICOLAO FABRITIO A PEIRESC dno de callas , BAROM in rians Aquislriœ Abb. ac Dno in suprema Prouinciœ curia Consiliario Regio. Claud. Mellan obseruantia alq obsequij monumelû DD. — A double taille. Au milieu de l'incription, l'écusson des armes de Peiresc, de à un lion rampant et tourné à dextre. H. 0,385, L. 0,285. 1er état. Avant la date 1627. « Peiresc étoit pour lors à Rome à ce que je crois; c'est ce qu'il faudra vérifier, et consulter pour cela la vie de ce sa- vant. » Mar. — En se reportant à vie de Peiresc par Gassendi, on voit que pendant l'année 1627 Peiresc n'a pas quitté la Provence. Parisiis, 1641, in-4°. p. 212-18. "30 B. Sainte Marie de Socos. La sainte, en habit de religieuse et marchant sur la mer, se dirige vers la droite. Sur la mer un vaisseau, et dans le fonds, à gauche, une ville sur le rivage. Au bas: 5. Maria de Socos, Regalis Ordinis; Redemptorum, B. Mariœ de Mercede Monialis. Virgo nobilis Barchinonen — ex fa- milia Ceruellonum , Viuens ad hue quim et posl obitum naufragantibus (calcalis ac sedatis fluctibus) — succur- rebat: unde cognomenlo dicta est de Socos, obiit Bar- chinone. Anno d"2S0. M. F. Ludouicus Apparilius — — 408 — Procurator General, deuotionis crgo fieri curauit. Clau- dius Mellan GalV inuent. et sculp. Romœ. Quelques doubles tailles. Travail commun, antérieur au saint Pierre Nolasque. Cette inscription est coupée par les armes de l'ordre, d'or à cinq pals d'argent, surmontés en chef d'une croix de même pattée et alésée (cf. n° 90). II. 0,244, L. 0,180. « Il y en a une copie faite par Matheus. » Mar. 102. Notre-Dame de la Mercy , sous la protection de laquelle des papes , empereurs et autres person- nages de toutes conditions se rangent. Des premières manières. Chez Messager. « Nous avons cette planche. » Mar. 103. Sainte Scholastique. La sainte , en robe de bure , avec le cordon , la guimpe blanche et le voile noir, est tournée à gauche et agenouillée, les mains jointes, devant un autel sur lequel est posé un ostensoir, le même presque que celui qui est gravé séparément (cf. n° 112); il s'en échappe des rayons qui viennent frapper la sainte. Après l'autel, un rideau, et au fond, un mur avec un pilastre. Au bas : Qlellan in et se — 1.6.0.7. — cum pr. R. La tète, les mains et les pieds sont exécutés au pointillé. H. 0,440, L. 0,285. Nous remarquerons que la sainte Scholastique au pied d'un autel, gravée en 16i7 par Nicolas Lenfant, a été mise au xviir siècle sous le nom de Mellan. Nous en connaissons des épreuves où, en conservant la date de 1647, on a effacé la signature N. Lenfant del. et seul., dont un examen attentif fait encore re- trouver les traces, et l'on a ajouté au-dessous du trait carré cette indication: Mellan jnuenit. et Sculp. — Gallays ex. Il faut d'au- — 409 — tant plus faire cette remarque que la planche est très-remar- quable et digne en tout point de Mellan, de la plus belle manière duquel elle est une évidente et très-heureuse imitation. 104. Sainte Thérèse. La sainte est renversée sur des nuages; un ange lui ouvre son vêtement et va lui percer le cœur avec une flèche. On lit au bas : Eques Berninus Romœ fingebat ex marmore — Qlellan seul. (1). II. 0,123, L. 0,105. 2° état. On a ajouté en haut : De excelso misit iyncm in ossibus meis, et erudiuit me. (1) Le groupe fut fait pour l'église de Santa Maria délia Vittoria à Rome. Voici ce qu'en dit l'abbé Titi (Descrizione di Roma, éd. de 1763, p. 295) : « De l'autre côté de la croisée de l'église est la somptueuse chapelle dédiée à sainte Thérèse, bâtie à grands frais par le cardinal Frédéric Cornaro ; elle est ornée des statues de six autres cardinaux de cette noble famille, et entièrement décorée de marbres très-bien travaillés. L'archi- tecture en est du cavalier Bcrnin , qui y sculpta de plus l'ex- cellent groupe en marbre de la sainte et d'un ange qui lui perce le cœur. » Baldinucci n'a pas manqué d'en parler dans sa Vie du Bernin (Notizie dei professori del disegno, éd. de Florence, tome xx, 1774, in-4°, p. 59-60), où il raconte que le Bernin la tenait pour la plus belle œuvre qui fût sortie de ses mains, et où il rapporte cette épigramme écrite par Pierre-Philippe Bernin, le propre fds du sculpteur : Une si douce blessure Méritait d'être immortelle ; Mais, comme la douleur ne monte pas Devant les yeux rie Dieu , Le Bernin l'a éternisée dans ce mature. Chez nous, le peintre Santerre a fait pour la chapelle de Ver- sailles , et de son pinceau le plus gracieux , cette scène toute païenne et voluptueuse. — 410 — 105. Sainte Thérèse. Elle est tournée à gauche, à genoux et joignant les mains devant un crucifix posé sur un autel. Sur le mur du fond, un tableau de la fuite en Egypte , l'inscription : misericordias domim in — jEternvm cantabo, et un bénitier. A droite, un réduit avec une chaise de bois , une table et une planche chargée de livres. Au bas , l'inscription : s. THERESÀ CARMELI CHRISTIAM REGIN — THERESE REGINE sv.e christianisme — CL. MELLAN GALU. D.D. Cette inscription est coupée en deux par le chiffre amt en monogramme. D'un côté : cum pr. Reg. De l'autre: (kellan pin. et s. 1601. II. 0,441, L. 0,288. H. L. Basan avait dans son catalogue (1802, n° 958) une sainte Thérèse de Mellan qu'il a cotée 20 sous; nous croyons que c'est cette grande planche, parce que cette mention vient après celle du saint Alexis, qu'il a cotée au même prix. 106. Sainte Thérèse tenant un livre ; elle est tour- née à gauche et à genoux devant un autel ; elle semble offrir un livre à un crucifix qu'on ne voit pas en entier. Au fond, à droite, on voit une autre chambre avec une table. Au bas, à droite: Qlellanjn. et se. 1616. H. 0,056, L. 0,116. 107-110. Suite d'estampes représentant des saints et des saintes, petites pièces en hauteur pour un livre. H. 0,095, L. 0,060. Sta Agnes. Agenouillée devant l'apparition d'un crucifix à huit ailes. Elle tient un lys à la main. Anonyme. S"1 Apolonia. Debout, tournée à gauche et couronnée de roses ; elle tient une pince avec une dent ; signée : Mellan. — 4M — S'a Barbara. Debout, vue de face, avec l'épée et la palme; fonds d'édifice. Plus eau-forte que les autres. Anonyme. S'a Catarina. Debout, vue de face, avec l'épée et un fragment de sa roue. Anonyme. Ste Hélène. Debout, tenant un calice surmonté de l'hostie, et une petite croix. Pièce anonyme et sans lettre. S'a Lucia. Debout, tournée à droite et la tète retour- née, avec la palme et une coupe contenant ses yeux: C. Mellan f. S'a Margareta. Debout, tournée à gauche, couronnée de roses; elle élève une croix et conduit un monstre avec une chaîne. Anonyme. Ste Potentienne. Debout , tournée à gauche , la tête un peu baissée vers la terre; elle exprime dans un plat le linge im- prégné du sang des martyrs. Anonyme. 5'" Susana. Debout, vue de face, avec l'épée et la palme; la seule sans auréole rayonnante: C. Mellan. S"1 Ursula. Debout, tournée à droite, avec la palme et une flècbe -, au fonds , la mer et des vaisseaux : C. Mellan. Les quatre saintes signées de Mellan sont de faire très-différent, de sorte qu'on ne peut affirmer que les anonymes ne soient pas de Mellan ; il y cherchait sans doute à essayer des procédés divers. La sainte Potentienne, à petits traits fins et doux inspirés de Gaultier, est cependant la plus agréable; la plupart n'ont que peu de valeur; les fonds sont blancs; à double taille; dans toutes on sent que Mellan s'essaie à la simplification de la ma- nière qu'il a suivie jusqu'alors. (Voir, aux saints, deux autres pièces de cette suite: saint Laurent, n° 84, et saint Sébastien, n° 92). « M. Picart en a les planches. » Mar. 412 SUJETS PIEUX. 111. Un Concile. Le livre des Evangiles est ouvert sur une table posée au centre de la composition ; à côté, un clerc debout lit un papier, et au-dessus plane le Saint-Esprit; des deux côtés sont rangés des évêques et des personnages assis ou debout-, au centre du pre- mier plan, un bomme, à genoux à droite, offre un livre à un évoque assis à gauche. Sur la feuille gauche du livre ouvert on lit: Evangelia; au bas: ^Mellan in. et seul.— 1G65. et au milieu, sur une banderolle : Ego Evangelio non credercm , nisi me Catholicœ — Ecclesiœ commoveret authoritas. S. Aug. C. Ep. f. C. 5. H. 0,287, L. 0,43S. 1" état. Non terminé; avec le mot Evangelia et le nom de Mellan, mais sans la date de 1665 et sans la banderole et son inscription. Dans les deux arcades du fond, il n'y a de fait que les personnages dans l'ombre ; ceux éclairés et tout le travail du fonds n'y existent pas encore. II en existe une copie en contre-partie, très-faible et à double taille par parties, tandis que l'original n'en a qu'une portant la même inscription sur une banderole , et seulement *Mellan inue. Les arcades ont leurs cintres terminés et ont encore du mur au-dessus. H. 0,315, L. 0,430. 112. Un ostensoir entouré de nuages; les rayons, qui forment la partie supérieure et qui entourent un agneau couché sur une croix au milieu des flammes, portent les noms de quatorze vertus. Le Père Eternel et le Saint-Esprit planent au-dessus. A droite et à gauche, dans les nuées, les têtes de saint Jean, de la Vierge et de chérubins. Sur le pied de l'ostensoir on lit: Indul: — gence plenière — octroyée par le — Pape Paul cin — quiesme , et un peu plus bas, au-dessous de la — 443 — guirlande : lové soit — le très sainct — sacrement de l'autel. Sur les deux parties les plus éloignées de l'ostensoir : d'un côté , C. Mellan G. in. et f. , et de l'autre, cum priuil. Au bas, ces trois strophes: Recognoisses en ces rayons Les Stes occupations De Jésus Christ dans ce mistere Qui veult viure en ce Sacrement Comme lunique suplement De nos devoirs envers son père. Vnisses vous à Jésus Christ Et donnes vous a cest Esprit Qui le consomme dans ces fiâmes Et le rend tout relligieux De Dieu son père dans les deux Sur nos autelz et dans nos âmes. Ainsi vous rendres en ce lieu Tout ce quon peut offrir a Dieu D'amour d'honneur et de louanges Entrant par la dans limité Des Vœux qu'a toute éternité Luy rendront les Sainclz et les Anges. H. 0,445, L. 0,289. Nous connaissons plusieurs états de cette pièce. 1er e'tat. Avant toute lettre, même avant les noms des vertus écrits sur les rayons. 2° état. Avec les noms des vertus et le nom de Mellan sur le pied de l'ostensoir à la place où sera plus tard : lové soit etc. La tête de la Vierge est indiquée à l'eau forte; celle de saint Jean apparaît à peine en traits légers et confus. 3e état. Avec les trois strophes et cum priuil au-dessus du nom de Mellan. La tête de saint Jean est portée au même point que celle de la Vierge. i° état. Celui décrit. 5" état. Le catalogue Paignon-Dijonval en indique un dernier où on lit au bas : 0 Charitas. Mariette exe. — 414 — 113. Une femme assise sur un quartier de rocher, les bras croisés dans l'attitude de la prière et les yeux levés au ciel; au fond, des rayons qui descendent du ciel. C'est sans doute une figure de la Vierge. Au bas de la droite : Ql in. « Je ne la crois que de son dessein. » Mar. II. 0,113, L. 0,071. 114. Deux figures de femmes, dont l'une tient une croix et l'autre une église et un encensoir , ont sur un autel leur autre main, dans laquelle elles tiennent l'une une rose, l'autre un lys; la figure de la religion a sous ses pieds un roi couronné qui tient une torche, l'autre un monstre à trois têtes de chiens. L'autel a deux cierges allumés et entre les deux un ostensoir porté par un ange; au dessus, trois petits anges de chaque côté soutiennent un rideau attaché à un dais posé au-dessus de l'autel et sur lequel on lit : omjve ge\u flectatur. A gauche, du côté de la figure de la reli- gion, est agenouillé un homme qui semble avoir autour de ses bras un serpent et qui a à ses pieds une équerre, et, du côté de l'autre figure, une femme agenouillée avec un livre à ses pieds, sur lequel est posé un globe. A gauche, la signature: Cl. Mellan F. 1623. A double taille. H. 0,276, L. 0,410. 115. La Vierge sur des nuages et de la tète de laquelle partent des rayons qui occupent tout le fonds, montre l'Enfant Jésus à une sainte qui l'adore. On voit à terre, près d'elle, une balance, un serpent, un livre, un globe et une clef. C'est sans doute l'Eglise romaine. C. Mellan G. in et s. II. 0,086, L. 0,119. — 415 — lis. Statue ou statuette d'ange ailé, vêtu d'une longue robe, les bras et les pieds nus, soutenant de ses bras élevés un linge au-dessus de sa tète; il est posé sur une base triangulaire et concave , dont on ne voit qu'un côté; sur les deux montants visibles, qui sont terminés par des pattes de lion posant à terre, sont assis deux enfants nus qui se font pen- dant et tiennent des épis de blé. Entre les deux en- fants, un ovale encore blanc. Ce sujet n'est pas au milieu de la planche, mais est un peu porté vers la droite. L'ange , l'enfant de droite et une partie du piédestal de ce côté sont seuls avancés. Dans tout le reste , on ne voit que des traits légers qui ne per- mettent pas de supposer ce que Mellan avait l'intention de graver. Cette planche n'a jamais été terminée; nous en avons vu quelques épreuves dans cet état, et, au Cabinet des Estampes, une autre moins avancée encore. L'enfant de gauche s'y distingue à peine, et les ailes et les bras de l'ange sont tout à fait incomplets (1). H. 0,289, L. 0,233. 11 f. Un ange jeune, ailé et presque nu, montre à un jeune homme a genoux et les mains jointes une croix élevée à gauche et que l'ange touche presque. Derrière le jeune homme, trois têtes de gens agenouillés, et der- rière la croix, des rayons. Ql in. au bas de la gauche. H. 0,111, L. 0,072. (1) Paignon-Dijonval indique, après cette planche, cette autre: « Trois anges tenant une banderole. Cette planche n'est pas terminée. » Nous ne l'avons pas rencontrée. — 41 G — SUJETS DE LA FABLE ET DE L'HISTOIRE ANCIENNE. ll§. Diane sur son char, dont Hespérus guide les chevaux , commence sa course nocture. Zéphyre lui présente une corbeille de fleurs cueillies et Flore des bulbes de plantes , pour demander à la déesse un temps favorable aux fleurs. Un enfant prend des pa- vots à la couronne de la Nuit, enveloppée d'un voile, qui vole au-dessous du char, et un autre verse des pavots sur le globe de la terre qu'on voit au bas : Petr. Berrettin. Cor ton. inuen. — Claud. Mellan G. F. Romœ. Cette planche a été faite pour un livre du Père Ferrari : Jo. Bapt. Ferrarii Scnensis e societate Jesu de florum cultura, hbri IV. Romœ. Excudebat Stephanus Paulinus MDCXXXIII, in-4°. Elle s'y trouve après la page 230 , à la lin du second livre (1). Les pages 227-230, qui le terminent, sont un élégant commentaire de cette planche. II. 0,203, L. 0,146. Copié en contre-partie , c'est-à-dire avec le char tourné à gauche. Au bas : Petr. Berretin. Corton. Inuen. — Guerineau excu. (H. 0,199, L. 0,145). Dans l'édition donnée à Amsterdam, en 1646, par Bernhard Rottendorff, chez Jean Janson, on n'a copié que les planches de fleurs ; mais dans une troisième édition , qui réimprime page pour page l'édition de Rome, et qui a été donnée par le (1) Les autres sujets du volume sont gravés par Frédéric Greutter: quatre d'après le Cortonc , un d'après Guido Roui, et un autre d'après Sarchi. Enlin , page 421 , on trouve un vase plein de fleurs gravé par Anna Maria Vaiani, dont nous verrons Mellan graver le portrait. — 417 — même éditeur, chez le même libraire, en 166i , on a copié aussi les sujets. La copie de la planche de Mellan est dans le sens de l'original, et rcconnaissable à ce qu'on lit, dans le coin supérieur à droite, le chiffre de page 231, et, dans le coin in- férieur du même côté, la signature P4. 119. La mort d'Adonis. Adonis est étendu au pied de deux troncs d'arbres. Vénus, la partie inférieure de son corps entourée d'une draperie, marche vers lui. Fonds de paysage dans le- quel des amours poursuivent le fatal sanglier. Au bas ; Cl. Mellan GalV inuen. et se. Et à droite, sur une autre pierre : cum priuilegio. 2° état. Avec la dédicace suivante au-dessus du nom de Mellan : Dicatum domino Hesselino régi — à consilijs prœfeclo régis Cel- larii neenon — domestici régis rerarii magislro (1). 3° état. La dédicace est effacée , mais encore visible. 4e état. Elle est tout-à-fait supprimée. H. 0,217, L. 0,307. 120. Psyché, à moitié nue, debout et le genou sur le matelas d'un grand lit, à colonnes sculptées et à rideaux, qu'on voit par le pied à la droite de l'es- tampe , tenant d'une main une lampe élevée et de l'autre son poignard , considère l'Amour encore en- fant, qui est couché et endormi. A gauche, sur une table couverte d'un tapis , se voient l'arc et le car- quois de l'Amour. Au bas se lisent, sur deux lignes, les six vers suivants : (1) Sur Hesselin , un des riches partisans du xvne siècle et grand protecteur des artistes, voyez une note des Archives de l'Art français, Documents, tome iv, p. 339 et 401. 27 — 448 — Cœde soporatum, blâdo nec parce sopori Psiche, o quoi insidias contegit Me sopor. Cœde soporatum; ne dum cunctaris Amoretn Perdere te vigili vulnere perdat Amor. Quid suspensa limes? miseros ulciscere Amantes Pendet ab hoc uno vulnere tota salus. Et au-dessous: Simon Vouet Paris, pinx. — Claud. Mellan GalV sculp. Romœ cum pm. sup. A double taille. H. 0,160, L. 0,219. 121. Persée délivrant Andromède. A gauche, sur le devant, Andromède assise et atta- chée sur le rocher. Le monstre arrive tout-à-fait dans le fonds. Dans le fonds , en l'air , Persée , monté sur Pégase, se dirige du côté du monstre. A droite, fonds de rocher avec six personnages, et un fleuve appuyé sur son urne. Au bas de la gauche, sur une pierre : Cl. Mellan — GalV in. pinx. — et sculp. Romœ. Au-dessous 011 lit : ILLVSTRISSIMO LVC/E IUST1NIAIMO TRinEMIVM Smœ reip. genven. trierarcho. — Cl. Mellan DD. H. 0,169, L. 0,226. 1er état. Avant la dédicace (Paignon-Dijonval). 2e état. Celui décrit. 3e état. Retouché dans les eaux de la mer (Paignon-Dijonval). 11 en existe, de plus, une copie en contre-partie. L'Andromède est par conséquent à droite, et sur la pierre on lit seulement: Cl. Mellan in. pinx. Rom. 122. Lucrèce, presque nue, se levant de son lit et prête à se poignarder. Elle lève la tête vers le ciel. Au bas : Hoc lalus indigno cinxit violenlia nexu? Hœc sunt externo pectora tacta manu? — 419 — Proh pudor, à facinus. tu, non impune prophanum, Ultra pudicitiam, dextcra scinde latus. Dixerat, et casto traiecit viscera ferro, Se, non admisso crimine, fassa ream. Vulnere magn.mo sic vulnera sanat amoris, Tergit et imputas sanguinis amne notas. Sim. Voùet paris, pinx. — Cl. Mellan GalV sculp. Romœ superiorum pmissu. H. 0,394, L. 0,278. 123. Une femme nue, assise sur un lit, vue de face, tournée à gauche et ayant ses mains sur le lit. Elle tient de la droite une couronne près de laquelle une trompette, et, de l'autre, un fil où sont attachées deux colombes. Des roses sont éparses sous ses pieds , et une lyre est appuyée sur le bord du lit. Au bas de la droite: C. Mellan G. in. et f. Quelques tailles croisées. EL 0,110, L. 0,064. Il en existe une copie en contre-partie. Cl. Mellan in. Romœ — Cl. Goyran se. 1634 — Ganiere ex. (H. 0,107, L. 0,064). 124. Une femme nue, assise sur une roche, vêtue à l'antique et couronnée de lauriers, tient un bas-relief en hauteur représentant Hercule traînant Cerbère en- chaîné et semblant frapper d'un bâton la tète d'une reine couronnée et dans les nuages, qui semble vouloir arrêter ses pas et qui doit être Proserpine. A droite, une branche d'arbre sur laquelle un oiseau , et , à gauche, une plante à larges feuilles. Au bas: C. Mellan G. in et f. — Est-ce une allusion à la guerre civile de la minorité? H. 0,150, L. 0,150. — 420 — 125. La Charité romaine, sujet à mi-corps. Au bas : Ilinc pater, hinc nalus, Charitas me impellit utrinq : Sed prius hune seruo, gignere quem nequeo. Si. Voûet Pari. pinx. — Cl. Mellan GalV sculp. Romœ. La planche chez H. L. Basan (1802), N° 947 de son catalogue; 10 sous. H. 0,144, L. 0,108. « Il y en a une copie trompeuse par Charles David : C. D. Se. Romœ. » Mar. SUJETS ANTIQUES. 126-145. Vingt planches pour le premier volume de l'ouvrage : Galleuia. Giustiniana. del. marche se. VlNCENZO. GlUSTINIANI. Le portrait de Vincenzo Justiniani (voir n" 159) est en tête de ce volume (1). Dans le second volume, composé de hustes et de bas-reliefs, il n1y a aucune planche de Mellan. 126. Hercule, tenant de la main droite sa massue et, de l'autre, une pomme et sa peau de lion, appuie son bras gauche sur un tronc d'arbre. Cl. Mellan GalV. del et sculp. (41). Les premiers états de ces planches sont avant les numéros gravés, dans les seconds états, dans le coin à droite de l'estampe. Sur la plinthe de toutes les statues , les armes de Justiniani : un château sommé de trois tours et accompagné en chef d'un demi -aigle couronné et les ailes éployées. La dimension moyenne des planches est de 0,410 de hauteur sur 0,237 de largeur. (1) Les autres graveurs sont F. Matham, R. Pcrsyn, P. de Balliu, C. Bloemaeit, Natalis, J. Comin, Valesio, C. Audran, F. Greuter. — 421 — 127 . Hercule, tenant encore sa massue de la main droite, mais ayant dans la main gauche deux pommes. Sa peau de lion lui couvre la tête et vient se nouer sur sa poitrine. C. Mellan G. del. et sculp. (12). 128. Hercule, vu presque de profil, tourné vers la droite de l'estampe, s'appuie sur sa massue couverte de la peau de lion ; il tient de la main gauche une boule. Cl. Mellan GaW del. et sculp. (13). 129. Une vestale ayant le bras droit appuyé sur sa hanche et le bras gauche élevé. C. Mellan GaW. del. et s. (17). 130. Une femme portant la main droite à son vi- sage 5 elle est complètement drapée. C. Mellan G. del. et sculp. (31). 131. Cérès vue de profil. Elle tient dans la main droite des épis et , dans la gauche , des pavots. C. Mellan G. del. et sculp. (32). 132. Autre Cérès vue de trois quarts et tournée à droite , les bras nus jusqu'aux coudes. Par l'effet de son vêtement, il est évident que dans l'original il était en marbre de couleur et probablement en marbre noir. Cl. Mellan G. del. et sculp. (35). 133. Une Vénus, nue jusqu'à la ceinture et rete- nant ses vêtements avec la main gauche , s'arrange les cheveux de sa main droite relevée. C. Mellan G. del. et se. (37). 134. Vénus nue jusqu'à la ceinture; elle a la main droite sur son sein, et de la main gauche elle tient la boule. C. Mellan G. del. et s. (39). 135. Apollon debout, complètement nu, tenant de la main gauche un arc. C. Mellan G. del. et s. (51). — 422 — 136. Apollon debout et nu ; il a son bras droit appuyé sur sa lyre posée sur un tronc d'arbre. C. Mellan G. del. et f. (53). 137. Diane marchant. Figure en pied et drapée. Elle tire une flèche de son carquois. Derrière elle, on aperçoit un chien assis à terre. C. M. G. d. et f. (61). 138. Figure de femme drapée et diadémée. Elle a le bras droit croisé sur sa poitrine et regarde à gauche. Cl. Mellan GaW del et sculp (?#). i:?9. Mercure, tenant de la main droite son caducée, s'appuie en arrière sur un tronc d'arbre. Un Amour, assis à terre, lui attache les ailes aux pieds. C. M. G. inc. — Fran."s du Quesnoy Brux.u sculpter fecit. (84). l-£0. Homme complètement nu. A sa droite, il y a un dauphin. C. Mellan G. del. et sculp. (101). i-âi. Philosophe assis sur un siège 5 il tient de la main droite un rouleau. C. Mellan G. del. et sculp. (113). f 4«. Un jeune enfant nu, avec la nébride attachée autour de la poitrine; il s'appuie, à droite, sur un tronc d'arbre. C. Mellan G. del. et f. (129). 143. Muse assise sur un rocher; elle a la main droite appuyée sur le genou, et l'autre main est sous son' menton. C. Mellan G. del et s. (139). 144. Femme vue de profil et drapée; elle est en train de marcher. C. Mellan G. del et s. (143). 345. Amazone vêtue d'une courte robe 5 elle tient d'une main un bouclier, et, de l'autre, un fragment de son arc. C. M. G. d. et s. (145). 146. Un enfant nu , debout sur un dauphin. C. Mellan G. del et sculp. (151). — 423 — 147-164. Dix-huit planches pour l'ouvrage suivant: Statues et Bustes antiques des Maisons Royales, première partie. A Paris , de ï Imprimerie Royale, m.dc.lxxix. Avec six pages de texte par Félibien. Les pièces ne sont pas numérotées; nous leur avons donné les numéros de la description de Félibien. Les cuivres sans traits carrés ont de 39 à 40 centimètres de hauteur sur 28 à 29 de largeur. Us sont tous conservés à la Chalcographie du Louvre. Etienne. Baudet fut chargé de graver, dans le même goût, une suite qui est conservée dans le même dépôt. La dernière date qu'on trouve sur les planches de Mellan est 1675, et les dates des planches de Baudet vont de 1677 à 1682. 147. (I). statue antique de marbre de Diane qu'on croit estre celle qui a rendu — des oracles à Ephese haulte de 6. p- au palais des Thuilleries (1). — Dianœ quce Ephesi oracula edidisse creditur statua mar. antiqua — pedes alla. 6. in œdibus Regijs vulgo dictis les Thuil- leries. Signé sur la plinthe: Qlellan del et se. 1669. Chalcographie du Louvre , n° 926. — C'est la belle ligure connue sous le nom de Diane à la Biche (Cf. le livret du Musée des Antiques de M. de Clarac, n° 178, édit. de 1830, p. 81-3). 11 est presque inutile de dire que son identification avec celle du temple d'Ephèse est une puérilité. — Les numéros de la chalcographie indiqués se rapportent au livret des planches gravées conservées au Louvre, publié en 1851, in-folio de 151 pages et un second supplément de 8 pages. Les épreuves des statues s'y vendent 1 fr. 25; celles des bustes 75 c. 14§. (II). statue antique de marbre de Bacchus haute — de 6. P. | au palais des Thuilleries. — Bacchi statua (1) Sauvai a parlé en détail du Magasin des Antiques des Tuileries, .l'y renverrai le lecteur. Histoire et recherches des Antiquités de la ville de Paris, 1733, in-f\ tome n, p. 55-58. — 424 — tnarmorea anliqua pedes alla. 6. | — in œdibus Regijs vulgo dictis les Thuilleries. Signé : Qlellan del. et se. — Jf>69. Chalcographie du Louvre, n° 921. — La ligure est au Musée du Louvre; c'est le n° 148 du livret du Musée des Antiques par M. de Clarac, éd. de 1830, p. 70. fl£9. (111). statue antique de Marbre d'une Venus haute — de 4. pieds G. pou. au Palais des Tuilier ies. — Veneris Statua marmorea antiqua alla p. 4. p. 6. — In œdibus Regijs vulgo dictis les Tuilleries. Signé sur la plinthe : C. Mellan del. et sculp. — 1675. Chalcographie du Louvre, n° 948, qui dit la figure au Musée des Antiques. 15®. (IV). statue antique d'une Jeune chasseresse — haulte de 3 pieds 7 po. au palais des Thuilleries. — Venatricis Puellœ statua tnarmorea antiqua alla 3 pedes 7 po. — In œdibus regijs vulgo dictis les Thuilleries. Signé sur la plinthe : wlellan del. et sculp. 1671. Chalcographie du Louvre, n° 925. — Elle est maintenant dans la galerie du palais de Trianon. Dans le récent livret qu'a pu- lilié M. Eudore Soulié, des objets d'art qui ornent cette rési- dence, elle est cataloguée sous le n° 24. (Versailles, 1852, in-12, page 5). 15 3. (V). statue antique de marbre d'un jeune homme haulte — de 4. piedz 10. p. au palais des Thuilleries. — Iuuenis statua marmorea antiqua alta ped\ 4. poil. 10. — in œdibus regijs vulgo dictis les Thuilleries. Signé : 1070— C. Mellan del et sculp. Chalcographie du Louvre, n° 937. 152. (VI). statue antique de marbre d'un Gladiateur — haulte de 3 piedz 4 p. au palais des Thuilleries. — Gladialoris statua antiqua marmorea alta 3 pedes 4 p. — 42S — — in œdibus regijs vulgo dictis les Thuilleries. Signé : d Mellan del. et sculp. Chalcographie du Louvre, n° 935. 153. (Vil), statue antique de marbre de Mercure haulle — de 4. P. { au palais des Thuilleries. — Mer- curij statua marmorea antiqua alla. 4P. | — in œdibus Regijs vulgo dictis les Thuilleries. Signé : Wellan del. et sculp. -16(59. Chalcographie du Louvre, u° 939, qui dit l'original au Musée des Antiques. 151. (VIII). statue antique de marbre d'Âgrippine sortant du bain — haulte de 4. Pieds au palais des Tuil- leries. — Agrippinœ balneo exeuntis statua marmorea antiqua — pedes. k. alla in œdibus regijs vulgo dictis les Tuilleries. Signé : ^Mellan del. et se. Chalcographie du Louvre, n° 920. — Cette figure était placée autrefois dans les jardins de Marly : « La fontaine d'Agrippine a pris ce nom d'Agrippine qui paroît sortir du bain, et qui est assise sur un linge posé dans une cuve de fonte. Cette ligure est antique et a été gravée par Mellan. » (Piganiol, Nouvelle des- cription des châteaux et parcs de Versailles et de Marly, 8e édi- tion, in-12, 1751, tome h, p. 286). — Elle est maintenant sur le palier supérieur de l'escalier des Tuileries. Comme sujet, il est probable qu'elle représente plutôt une muse et vraisemblable- ment Mnémosyne. 155. (IX). statue antique de Marbre d'une Ceres haute de 6. pieds — au Palais des Tuilleries. — Cereris statua marmorea Antiqua alta 6. p. In OEdibus — Regijs vulgo dictis les Tuilleries. Signé sur la plinthe: C. Mellan del. et seul. — 4675. Chalcographie du Louvre, n° 924, qui dit l'original au Louvre. 156. (X). statue antique de marbre de la muse Thalie — 426 — — haute de. 4. P. au palais des Tuilleries. — Thaliœ Musœ statua marmorea antiqua alta — 4. P. in œdibus Iiegijs vulgo dictis les Tuilleries. Signé sur la plinthe : Qlellan del. et seul. — 1669. Chalcographie du Louvre, u° 947, qui dit l'original au Musée du Louvre. 157. (XI). statue Antique de marbre de flore haulte — de 4 piedz 4 p. au palais des Thuilleries. — florœ statua marmorea antiqua alta 4 pedes 4 p. — in œdibus regijs vulgo dictis les Thuilleries. Signé sur la plinthe: (Mellan d. et S. — 1670. Chalcographie du Louvre, n° 934. Cette ligure est conservée dans les magasins du Palais de Versailles ; elle est antique , niais elle a été très-restaurée, et la draperie en est maintenant en marbre de couleur. La Pallas, gravée par Baudet (n° 942 de la Chalcographie) , est également conservée clans les magasins du Palais de Versailles. 158. (XII). figure antique de marbre haulte de. 6. piedz — au palais des Thuilleries. — statua marmorea antiqua alta. 6. pedes — in œdibus Iiegijs vulgo dictis les Thuilleries. Signé: 1669 — Qlellan del. et seul. Figure de femme. Chalcographie du Louvre, n° 932. 159. (XIII). statue antique de marbre , de Porcie femme de Bruius — haulte d'un pied. 9. p. au palais des Thuilleries. — Porciœ Conjugis Bruti statua mar- morea Antiqua alla — ped. 1. pol. 9. in œdibus regijs vulgo dictis les Thuilleries. Signé: 1670 — (Mellan del. et seul. Chalcographie du Louvre, n° 943. — Cette petite ligure a été retrouvée par M. Eudore Soulié dans les magasins de Versailles, mais mutilée; la tète manque, ainsi que le trépied. Elle est — 427 — reproduite dans le curieux livre de Monieart, Versailles im- mortalisé, tome i, page 133. J'ajouterai qu'elle n'est nullement antique; c'est un ouvrage italien ou français de l'extrême fin du xvi* siècle. 160. (XIV). statue antique de marbre d'vn faune haulte de 4. piedz 2. p. au Palais des Thuilleries. — fauni statua marmorea antiqua alla 4. p. 2. p. — In œdibus Regijs vulgo diclis les Thuilleries. Signé: 3671 — Wcllan del. et s. Faune dansant. Chalcographie du Louvre, n° 928, qui dit l'original au Muse'e des Antiques. 161. (XV). statue antique de marbre d'vn faune haulte de — 4 piedz 2 po. au palais des Thuilleries. — fauni statua marmorea antiqua alla h. p. 2 p. — In œdibus Regijs vulgo diclis les Thuilleries. Signé: 3671 — Wellan del. et se. Chalcographie du Louvre, n" 927. Ce faune tient une flûte. 162. (XVi). Buste de marbre antique d'vn sénateur — Romain au palais des Thuilleries. — senatoris Romani Thorax marmoreus antiquus — in œdibus regijs vulgo diclis les Thuilleries. Signé: $/. d. et se. 1670. Chalcographie du Louvre, n" 978. 163. (XVII). Buste d'vne daine Romaine de marbre antique — Au Palais des Thuilleries. — Matronœ Romanœ thorax marmoreus antiquus — In œdibus Regiis , uufgô dictis les Thuilleries. De trois quarts et tournée à droite. Signé: $/. d. et s. — 1672. Chalcographie du Louvre, n° 959. Il y en a des épreuves avec le nom de, Mellan, mais avant l'inscription. 161. (XVIII). Buste antique de marbre, d'vne Impé- ratrice.— Au Palais des Thuilleries. — Augustœ Romanœ Thorax marmoreus antiquus — In œdibus regijs vulgo — 428 — dictis les Thuilleries. De profil et tournée à gauche. Signé: 9/. d. s. Chalcographie du Louvre, n° 969. Il y eu a des épreuves avec la signature, mais sans l'inscription. J'ai vu trois autres gravures de statues antiques avec le nom de Mellan, mais elles sont tellement mauvaises que, si je crois les devoir signaler, je n'ose vraiment les comprendre dans son œuvre en leur donnant un numéro. L'une représente un satyre assis sur un rocher et apprenant à un jeune homme, nu et assis comme lui, à jouer de la flûte à sept tuyaux. On lit au bas de la droite : C Melan fecit Romœ. Les jambes du satyre sont effroyables de lourdeur et du plus mauvais dessin ; la barbe est également horrible, et l'on remarquera que le nom de Mellan n'a qu'un l au lieu de deux, et que son C, au lieu de se joindre au milieu de YM, en est séparé et comme au-dessus. (H. 0,304, L. 0,213). — L'autre est un Apollon du Belvédère, avec des divisions de mesures, yrlelan fecit Romœ; sans trait carré bien marqué. (H. 0,305, L. 0,207). — La troisième est le gladiateur mourant, qui porte seulement \Melanc In Romœ; pour être moins mauvaise que le satyre , elle n'en est pas moins de la même main. Toutes trois sont, par endroits, à doubles tailles. Par la façon dont le nom de Mellan est gravé, on peut déjà affirmer qu'il n'a pas été gravé par lui; d'ailleurs, il y a un état antérieur à celui que nous avons vu, puisque les trois planches portent , d'une gravure encore plus moderne que le nom de Mellan , l'adresse : Chez N. Bonnart rué S'. laques, à l'Aigle. Le nom de Mellan est-il une imposture de marchand? Ces planches seraient- elles des essais faits par Mellan pour se faire la main pour les planches de la galerie Justinienne, essais non avoués de lui, et plus tard signés de son nom? C'est ce qu'il nous paraît imprudent de décider. Mais nous devions tout au moins signaler ces pièces aux curieux pour appeler sur elles l'attention de leur critique. — 429 — PORTRAITS (1). § I. PORTRAITS D'HOMMES. Bailleul (Nicolas de). Voir les Thèses. Bâillon (Guillaume) échevin. Voir n° 205. 165. BALZAC (Louis de). Tourné à gauche, mais la tête de trois-quarts. En haut: ioan. lvdovicvs gvezivs balzacivs. Au-dessous: Facunda nullus ora Gallicœ Pylhûs Potis est referre piclor, et color nullus ; Imago ut extet vera, quem vides, ipse Sibi sit Apelles vnus, vnicœ Suadœ. *M. N. BOnB. Le fonds est blanc. — N. Borb. doit se traduire par Nie. Borbonius. II. 0,153, L. 0,116. (1) « Mellnn ne vouloit point graver de portraits que de » personnes illustres et distinguées, soit par leur rang, ou » par leur mérite, et disoit que l'on ne devoit point en graver » d'autres. » Menagiana, tome i, p. 98.' — Dans les catalogues d'œuvres de graveurs , il n'est pas d'usage de blasonner les écussons; j'ai cru devoir faire autrement, et ce soin me semble nécessaire. En effet , qu'on ait affaire à un portrait qui n'a jamais eu d'inscription ou à un portrait avant la lettre , les armes deviennent tout-à-fait utiles. A un autre point de vue, elles sont utiles encore; les armes de beaucoup de ceux qui faisaient graver leurs portraits et qui n'étaient pas toujours de bien bonne noblesse, ne se trouvent pas dans les recueils héraldiques ; les donner c'est peut-être donner le nom de por- traits gravés par d'autres artistes. — 430 — 2° état. Avec différence dans l'inscription latine (Paignon- Dijonval). 3e état. Le nom effacé dans le haut. Au bas : C'est ce diuin parleur, dont le fameux mérite A trouuè chés les Roys plus d'honneur que d'appuy ; Bien que dépuis vint ans tout le monde l'imite, Il n'est point de mortel qui parle comme luy. MAINARD. Le monogramme de Mellan n'existe plus au bas de la gauche. « Un des premiers ouvrages de Mellan, en arrivant à Paris ; » il doit être de 1637. » Mar. 166. BARCLAY (Guillaume), le vieux, Ecossais, né à Aberdeen, non en 1543, dit le père Lelong, mais, d'après le portrait, en 1547, professeur de droit à l'Université de Pont-à-Mousson en 1579, conseiller d'Etat du duc de Lorraine, épousa une demoiselle de la maison de Malville, dont il eut Jean, dont Mellan a gravé le por- trait. Guillaume eut la première chaire de professeur royal à l'Université d'Angers, et y mourut vers 1605. Nu-tête, vu de trois-quarts et tourné à droite, longues moustaches tournées au bout , et barbe en pointe. Dans un ovale; au-dessus sur un ruban: do- minvs protector vit*; me*:. Au-dessous sur une ta- blette : gvil. barclaivs — /. c. Afino JEtalis. LU!. incarn. Dom. M. B.C. Plus bas sur un cartouche: Stemmata quid faciuntP faciunt le Sanguine clarum At magis ingenij nobililale micas. Des deux côtés, les écussons de ses huit quartiers de noblesse ; à gauche, en commençant du haut : Barclay de — Gairthe, Arbuthnat (pour Arbuthnot), Leslie de — Balquhan, Durham de — Grange ; à droite : Innés de — — 431 — Eunemarke , Gordonne de — Pethlurgue , Ogilbie de — Findlater, Pettindrcich. Au-dessous à gauche: C. Mel- lan f. A double taille. — Mellan, né en 1598, l'a gravé d'après un portrait ou un dessin antérieur. H. 0,165, L. 0,110. 167. BARCLAY (Jean). Tête nue , en fraise unie -, son pourpoint est orné de petits crevés et de broderies. Vu de trois -quarts et tourné à droite. A double taille. En haut, sur le fonds : io. barclaivs — Natus. 28. Ianuarij — 1582 — Obiit. 12. Augustj. — 1621. Au bas: Génie Caledonius Gallus natalibus hic est Romam Romano qui docet ore loquj. H. Grotius. D. du Monsticr pinxit. C. Mellan sculp. H. 0,128, L. 0,093. Se trouve dans l'édition latine de VArgenis, Parisiis, sump- tibus Nicolai Buon M. DC. XXIII , et dans l'édition française publiée par le même éditeur l'année suivante. 1er état. Avant les dates de naissance et de mort. 2e état. Celui décrit. « Les premières épreuves sans les dates de la naissance et de la mort de Barclay, qui se lit aux épreuves postérieures. Cette pièce se trouve de trois façons différentes avec des dif- férences dans l'habit. » Mar. J'en ai vu une épreuve sans trait carré, haute seulement de 0,124, où l'habit n'a ni broderies, ni dessin, et où le bord du col est droit au lieu d'être dentelé ; sans les dates de naissance et de mort. J'en ai vu aussi , au British Muséum , une copie, sans le nom de Mellan ni de Dumonstier, où il y a Jo au lieu de Io, Ianuary au lieu de Ianuarij, et 12 Âprilis au lieu de 12 Augusti. — 432 — 168. BARCLAY (Jean). Tourné à droite et la tête de trois-quarts. Pour- point foncé , semé de points en broderie , avec de longs crevés blancs. La fraise est en guipure. A gauche , dans le haut : 10. barclaivs — Natus 28 ïanuarij 1582 — Obiit 12 Augusti 1621. A droite, une colonne ronde avec un rideau soulevé. A double taille. Au bas : Génie Caledonius Gallus natalibus hic est Romam Romano qui docet ore loqui. Cl. Mellan GaW. — delin. et sculp. Rornœ sup pm. H. 0,143, L. 0,111. « Il y en a de deux qualités d'épreuves; les premières où le fond de l'étoffe qui paroist à travers les découpures est blanc, et aux dernières il est ombré. » Mar. 169. BENTIVOGLIO (le Cardinal). En buste, de trois-quarts et tourné à droite, re- gardant de face , front dégarni et cheveux courts , barbe taillée en pointe , en camail de moire avec un col blanc renversé. Dans un ovale. Au-dessous, dans un cartel : gvido s. r. e. cardiivalis — beimtivolvs. Ânno œtatis suœ 54. Au-dessous du cartel: Claud. Mellan GaW. del. et sculp. A double taille dans les ombres. IL 0,217, L. 0,148. Il y en a , pour une autre édition de son ouvrage sur les guerres de Flandres, une copie sans nom de graveur, recon- naissable à ce que l'inscription, du reste semblable, au lieu d'être en bas sur le cartel, est sur la bordure ovale qui entoure la tète. Cette copie est faite et tirée sur la même planche que la copie du titre de ce même ouvrage d'après Mellan. « Le cardinal Bentivoglio, né en 1579, avoit 5i ans en 1(133 ; — 433 — ainsi le portrait a dcu estre grave en 1033. Le cardinal Benti- voglio protégeoit Mellan et il lui en donna un témoignage bien éclatant lorsqu'il lui lit présent du beau dessein des amours de Roxane par Raphaël à la sanguine , les figures nues , que M. Crozat possède présentement. 11 ne pouvoit pas lui témoigner mieux son estime. » Mar. — Voyez , sur ce dessin , la notice de Mariette, p. 329 et la note 2. 170. BERRIER (Louis). Dans un ovale posé sur un fonds rayé; sur la bor- dure : LVDOVICVS BERRIER REGI AR VTIUSQVE CONSILIIS et secretis &c Au bas de l'ovale, les armes de Berner, de.... à un chevron accompagné en chef de deux roses et en pointe d'un aigle éployé ; elles sont entourées d'un collier de Saint -Michel. 11 a été Secrétaire du Conseil et Directeur des Finances. Qjellan del. cl s. — 1667. H. 0,192, L. 0,132. La planche a été diminuée pour la suite d'Odieuvre, où elle n'a plus que 0,153 de hauteur et 0,114 de largeur. « Il étoit , je crois, fameux partisan. C'est à son occasion » que fut faite cette épigramine : » Lorsque Berner, l'homme de Dieu, etc. » Voir pour la date de 1007, l'histoire de la chancellerie de » Tessereau. » Mar. — Louis Berrier , déjà conseiller du roy en ses conseils, fut nommé conseiller secrétaire du roy, mai- son et couronne de France, le 20 octobre 1072 ; il fut nommé procureur syndic de sa compagnie le 26 avril 1072 , et con- tinué dans cette charge le 6 mai 1075. (Abraham Tessereau , Histoire chronologique de la grande chancellerie de France, Paris, Pierre le Petit, 1070, in-f°, p. 480, 622, 075). — Voir aussi sur Berrier : Catéchisme des courtisans, dans Fournier, Variétés histo- risques et littéraires, t. v, p. 89 — La Bruyère, éd. Walckenaé'r, p. 682, 686, 701 (éd. in-8° de 1845) — Mme de Sévigné, éd. de M. de Montmerqué, t. v, 1818, p. 16 et la table générale. 28 — 'i3'i — 17 1. R1NAKD (Pierre). Tête nue, en buste, vu de face et légèrement tourné à droite. Sur le fonds: Anno .Etat. — 48. — 1621. A double taille. Au bas : Jay bien sceu, mon Binard, faire la pourtraiture De Ion corps que voicy, et non pas de L'esprit; Riais qui le ttoudra noir, qu'il face la lecture, Auec attention de ce tiolume esc rit. ARTIBVS PRVDENS. C. Mellan deline. et f. « Ce portrait se trouve dans un livre composé par cet auteur, je crois de poésie françoise; à en juger par le quatrain qui est au lias de son portrait et par le sonnet qui est imprimé au dos et qui est aussy de sa composition, c'était un poëte bien médiocre. — 11 est auteur d'un Recueil de cent Noels ou cantiques nouveaux qui turent achevés d'imprimer par Fleury Bouriquant le U. Xbrc 1624. Il y a une étoile dans le fonds du portrait, sans doute par allusion à l'étoile d'Orient qui apparut aux Mages. » Mariette. 172. 1ÎLACVODEUS (Henricus). En buste, tête nue, de trois-quarts et tourné à droite; dans un ovale autour duquel : henuicvs blacvod^vs IIENUICI FILIVS PARISIENSIS DOCTOK MEDICVS ET PROFES- sor regivs. +. Dans un cartel au-dessous de l'ovale: Qui génère, et proauis, rerum prudentiâ, et usu, Eloquio, et medica nobilis aste cluet, Hic lilacuodœus spectatur : ni tamen umbra Hccc tanlum et fallax oris imago foret. Sam Blacuodœus pingi si posset, et amplœ Cerni, quas animo diuile condit, opes: Pallada, Mercurium, Charités, Phœbwn, et Panacœam, Subiectos oculis una tabella durel I. Trullier Reg. Clir.mi et fam. Pontif. Médiats. — 435 — Au-dessous du cartel : Cl. Mellan GalV. ciel, et seul. Postérieur au portrait de Trullier et presque partout à un seul trait. II. 0,105, L. 0,100. 1er état. Avant les vers (Paignon-Dijonval). « Henri Blacvod, Ecossois d'origine et médecin de la faculté de Paris, étoit un esprit vaste, niais inconstant, peu propre à l'application et aimant l'intrigue. Après avoir professe pendant quinze mois au collège Royal , il alla à Rome vers l'an 1617 et fut vu avec plaisir du pape Urbain VIII. Mais l'envie des autres médecins de Rome l'obligea à quitter cette ville et même l'Italie. 11 revint en France et mourut à Rome en 1634. » Mar. Boucot (Nicolas), échevin. Voir n° 205. 173. BOUILLON (le Cardinal de). Jeune, coiffé seulement de la calotte, avec le camail de fourrure et la croix du Saint-Esprit. Buste sur un piédouche , avec ses armes posées sur un manteau d'hermines, surmontées du chapeau de cardinal : écar- telé au 1 et 4 (d'azur) semé de fleurs- de-lis (d'or) ù la tour (d'argent, maçonnée de sable, brochante), qui est La Tour d'Auvergne , au 2 de trois besants de gueules, posés deux et un, au 3 de gueules à cinq bandes: sur le tout parti à dextre (d'or) à un gon- fanon (de gueules) qui est Auvergne , à senestre de gueules à la fasce (d'argent) qui est Bouillon. Signé : C. Mellan del. et sculp. 1673. Tourné à droite et la tête de trois-quarts. Sans trait carré. Hauteur du buste, 0,263 ; largeur, 0,166. 174. BOUQUES (Charles de). En fraise et en robe. En haut, à gauche, un écusson dans lequel une chèvre se dressant contre un arbre. - 436 - Au-dessus de sa tète: Anno Mtat. 31. Au bas, dans un cartel : carolvs de bovqves. — Anag. cvbvs deo ELOQVAR. Iura docere tuum est, sic te formavil Apoîlo Iuribus ornatum dotibus ingenij, Egrcgid ut cvbvs tu mente, deo eloqvar alto FœUci genio dicere duce queas. E. Iollyuet. CL Mellan deline. et sculp. A double taille. H. 0,204, L. 0,175. Pour le traité des Successions , comme le portrait de Des- peisses, n° 182. Voir aux titres de livres. 175. BOUÏHILL1ER (Victor le), évoque de Bou- logne en 1020, archevêque de Tours en 1041, pre- mier aumônier de M. le duc d'Orléans, mort à Tours le 12 septembre 1070, à 74 ans. En buste et tourné à droite, la tète de trois-quarts et coiffée d'une calotte. En camail, avec une croix sus- pendue à un ruban. Derrière lui, un rideau à gauche et des cimes d'arbres éloignées à droite. Dans une grosse bordure octogone de feuilles de chêne, sur la- quelle est appuyée au milieu du bas une feuille de papier avec ses armes, qui sont d'azur à trois fusées d'or accolées en fasce, surmontées du chapeau et de la croix archiépiscopale. Au bas, sur un appui : victori LE BOVTniLlER — TVRONENSIVM ARCHIÉPISCOPO. — WleUaïl del. et /\— 1058. H. 0,340, L. 0,240. 1" état. Avec les armes, le nom de Mellan et la date, mais sans le nom de l'archevêque. La planche a été coupée pour la suite d'Odieuvre. 176. CAMUS (Pierre), né à Paris le 3 novembre 15S2, évêque en 1007 de Belley qu'il quitta en 102'.), — 437 — nommé à l'évêché d'Arras peu de jours avant sa mort arrivée le 26 avril 1652 à l'hôpital des Incurables de Paris. En buste, coiffé de la calotte. Longue barbe; croix suspendue à un ruban sur son camail de moire ; de trois-quarts , tourné à gauche et regardant en face. Sur un appui : i. pierre camvs evesqve — de belley — (Mellan pinx et sculp. Absolument contemporain du Peiresc et du Gassendi. II. 0,212, L. 0,147. Le même dans la suite d'Odieuvre. « 11 l'a gravé sur son propre dessein. Je l'ay veu chez M. Boulle. Il est merveilleusement beau. M. Boulle en a encore beau- coup d'autres et qui presque tous ont été gravés par Mellan, d'où l'on doit conjecturer qu'il n'a presque jamais gravé de portraits que sur les desseins qu'il en faisoit d'après nature. » Mar. 17 7. CÉSENA (Etienne de). En buste et tourné à gauche, la tête de trois-quarts; longue barbe; il tient une lettre de la main gauche; la droite est passée sous son capuchon. Au bas: Eff. R.mi P. Steph.ni à Cœsena Capucin.'"'1 Gnalis. Proam — Parisiensem Visitantis. œt. suce 6.9. — wlellan del. et sculp. — 1674. H. 0,163, L. 0,145. Le même, coupé pour la suite d'Odieuvre: H. 0,142, L. 0,115. Toute l'inscription est changée ; on lit au bas de la gauche : Qlellan del. et sculp. 1674 , et ensuite : le révérend père coesanne, — General dés Capucins, âgé de 69 ans. — A Paris chez Odieuvre, etc. -B78. COEFFEÏEAU (Nicolas), né à Saint- Calais dans le Maine en 1574, dominicain en 1588, adminis- trateur de l'évêché de Metz et sufïragant sous le titre — 438 — d'évèque de Dardanie, nommé en 1622 à l'évêché de Marseille dont il ne prit pas possession, mort à Paris le 21 avril 1623. En buste, de trois-quarts, tourné à droite et regar- dant de face ; en rochet et coiffé d'un bonnet carré ; barbe entière, longue et taillée en pointe. A gauche et au-dessus de son épaule, on lit sur une carte te- nant au bord: Du Monstier — pinxit— Cl. Mellan scu. A double taille. II. 0,287, L. 0,202. « A, je crois, servy pour la première édition de son histoire romaine. » Mar. — La première édition est de 1621, et le portrait se trouve encore à la troisième. Se'b. Cramoisy, 1625, in-f". Michel Lasne l'a aussi gravé d'après Dumonstier. 17». CONDREN (Charles de). Demi-corps, en surplis et en étole, la barbe courte et une calotte sur la tête ; il a les bras croisés et tient un livre à la main droite. Vu de trois-quarts et tourné à droite. Au bas: R. P. Carolvs de Coadren — 2' Prœpositus Generalis Congre g aiionis Oratorij Dni iesu Obiit 7 Ianuar. — anno sut. 1641 œlal. 53 Prce- pos.rœ — Qfellan del. et s. II. 0,1 65, L. 0,122. 18©. CONTI {Armand de Bourbon, prince de), né le 21 février 1629, mort à Pezenas le 21 février 1666. Presque enfant, tourné à droite et la tète de trois- quarts; tète nue, cheveux bruns, longs et épais en boucles; en soutane de soie et en petit manteau, avec la croix au cou. Dans une bordure ovale sans inscrip- tion. Au-dessous, dans un cartel ovale en largeur, les armes de Conti, de France, au bâton péri en bande, surmontées d'une couronne à cinq lleurs-de-lvs ; des — 439 — deux côtés en monogramme le chiffre ADii. Au bas: C. Melian. — G. de!, et s. H. 0,352, L. 0,240. Cramoisy (Sébastien), échevin. Voir n° 250. 181. D'ELBÈNE (Alphonse), évèque d'Orléans. Tourné à gauche et la tête de trois-quarts; en ca- mail , coiffé d'une calotte , cheveux blancs et mous- tache brune , celle-ci toute retournée en l'air. Dans une bordure ovale sans inscription. Au-dessous, dans un cartel, ses armes, (d'azur) à deux bâtons tiges par le pied de trois racines et fleurdelisés par le haut , posés en sautoir, le tout d'argent. Ce portrait a été tiré en tête d'une thèse ; j'en ai vu une épreuve coupée où on ne lisait plus que la première ligne : Illustrissimo ac deliciossimo ecclesiœ principi II. 0,310, L. 0,240. B 82. DESPE1SSES (Antoine). En buste et presque de face, seulement la tète très légèrement tournée à droite. Porte la fraise et la robe. En haut , à gauche , un écusson avec un tournesol et un soleil et la devise coelvm non solvm. Au-dessus de sa tête: Anno œtat. 29. Au bas, dans un cartel: ANTONIVS DESPEISSIVS — Anag . IUS TOSSIDE NATE SINV. Jura doces mérita, nam te nalura creando Dixit, tolum ivs posside nate sinv. E. Jollyuet. Cl. Melian delin. et sculp. A double taille. H. 0,265, L. 0,175. Pour le traité des Successions; voyez n° 174 et les titres de livres. 188. DREUX D'AUBRAY, lieutenant civil. De trois-quarts et tourné à droite-, nu-tète, mous- — 440 — tache relevée et royale; en robe; dans une bordure ovale. Au bas, une tablette avec les armes, de à trois trèfles accompagnés en cœur d'un croissant. C. Mellon — del. et se. H. 0,337, L. 0,252. 184. DU BOIS (Jean) surnommé Olivier, abbé de Beaulieu, prédicateur du Roi et conseiller d'Etat (1). En buste; coiffé du bonnet; grande barbe blanche; tourné à droite. Au bas : ioannes a bosco olivarivs — Paris, e religioso Cœlestinorû ordine abbas Belli — loci, Christ.'"0 Régi a consiliis et sacris concionibus. — Obiit Romœ 28 Aug. 1626 sepul ad Diui Bernardi in Therm. JJioclet. — Cl. Mcllan GalV delin. et sculp. cum pm. sup. (1) Le père Lclong attribue à Mellan un portrait de Jean Allais de Beaulieu, écrivain. Il se pourrait bien faire que sa mémoire lui eut fait faire confusion avec celui de Jean Dubois, abbé de Beaulieu. En voici, du reste, la description: en buste et de face , la tête nue , avec un collet , un pourpoint et les manches ouvertes. Sur la bordure ovale: ian allais de beavliev jetatis svje 40. avctor hvivs operis. Au - dessous du trait carré, les deux vers : En attendant un autre ouvrage Recoy ce mien portrait en gage. A tailles croisées. (H. 0,130; L. 0,090). Sans signature. J'ai cherché vainement ce portrait dans : Exemplaires du sieur de Beaulieu où sont montrées fidèlement toutes sortes de lettres et caractères. Livre premier. Taillé par Mathieu Greuter Alleman. à Montpellier, chez ï 'auteur, 1025, 4°. (Quelques exemples sont gravés en 1599 et l'auteur était procureur des comptes à Mont- pellier). J'aurais peut-être été plus heureux si j'avais pu ren- contrer le Divertissement poétique d' Allais de Beaulieu, lf>;}4, 4°. J'ajouterai que l'on signale deux portraits d'un J.-B. Allais de Beaulieu, comme gravés par Senault en 1081 et en 1688. — 444 — « On en trouve quelques premières épreuves, où il y a une faute dans l'inscription qui a été depuis reformée. On y lit Joannes à Basco au lieu de Joannes à Bosco. Les mots cum pm sup. ne s'y trouvent pas encore gravés. A cela près il ne pa- roist aucune différence dans le portrait. Il faut mettre que ces changements y ayent esté faits bien dans la nouveauté, car à peinne la différence est-elle sensible de ces premières épreuves d'avec celles qui leur ont succédé. — Autant que je puis m'en souvenir, ce fut un intriguant, dont il est parlé dans les lettres du Cardinal d'Ossat, ce qu'il faudra examiner (1). Il mourut à Rome en 1626. » Mar. H. 0,132, L. 0,097. Copié en contre-partie, c'est-à-dire tourné à gauche, pour la suite de Moncornet. L'inscription est copiée en trois lignes seulement; au lieu du nom de Mellan , on lit: B. Moncornet excud. Gravure ovale. H. 0,138, L. 0,107. 185. EST1ENNE (N. d'J, président des trésoriers généraux à Aix. Phil. Mellan, dans une thèse. Nous copions l'article du père Lelong, sans savoir s'il con- tient ou non une erreur ; sans la désignation de profession , nous aurions cru que c'était le portrait de l'évêque d'Orléans D'Elbène. L'ïV est là pour signifier l'ignorance du prénom. 1S6. FAVRE [Charles], né en 1594 et mort en 1644. En buste dans une bordure ovale, nu-tête, en sur- plis, tourné à gauche et la tète presque de face. Au bas, sur un cartel : r. p. carolvs favre canonicorvm (1) La table des Lettres du Cardinal d'Ossat, édition d'Amelot de la Houssaye , Amsterdam, Humbert, 1732, n'inscrit Jean Dubois que pour deux passages où ce cardinal , écrivant à la reine douairière de France , Louise de Lorraine , le cite deux fois sous le nom d'abbé de Beaulieu et avec le titre de son premier aumônier; t. i, p. 158, 163. — M2 — REG1' ORD. — S. AVGVST. CONGs GALLICANE INSTAVRATOR — AC I. PR/EP. GENER. ET S. GENOVEF.E PARIS. ABBAS — Qlellan f. H. 0,220, L. 0,150. 1er état. Celui décrit. 2e état. Avec les mots : obiit anno œtatis 49 à gauche au- dessous, après la légende. Nanteuil en a fait une copie réduite et en contre- partie , c'est-à-dire tournée à droite ; tout le personnage est gravé au pointillé, et, quelque finesse qu'en ait le travail, l'effet est bien inférieur à celui de la planche de Mellan. L'inscription est copiée fidèlement, mais elle est écrite entièrement en italiques ; les u ont partout remplacé les v , et il a mis obijt anno œtat. 50. H. 0,119, L. 0,082. (M. Robert Dumcsnil, n° 9i, t. iv, p. 100). 187. FOUQUET (Nicolas), surintendant des finances en 4653, mort à Pignerol le 23 mars 4GS0, à 65 ans. De trois-quarts et tourné à droite. Dans un ovale, au bas duquel ses armes, un écureuil passant, entre deux cornes d'abondance. Sur la bordure ovale: n. FOVCQVET P. G. SVMMVS .ERARIO PR.ŒFECTVS. REGNI admimster. Au bas, à gauche : Qlellan del. et f. Les chairs sont au pointillé. 1er état. Avec le nom de Mellan , mais sans l'inscription de la bordure. 2e état. Avec cette inscription. 3e état. Avec, de plus, la date 1.6.6.0. au bas de la droite. 4e état. Encore avec le nom de Mellan et la date 1660; mais l'inscription de la bordure a été effacée, sans doute, au moment de la disgrâce du ministre. H. 0,329, L. 0,231. 188. FRESCOBALM (Hieronimo). En buste, tète nue, cheveux courts, moustache et — 443 — petite royale. De trois quarts et tourné à gauche. Dans une bordure ovale , sur laquelle : hieroninus fresco- BALDVS FERRARIENSIS ORGAMSTA BASILICS S. PETRI IN vrbe roma yEtatis svje 36. +• Au bas : Cl. Mellan GalC. — delin. et sculp. Encore quelques doubles tailles dans les ombres. H. 0,123, L. 0,100. « 11 est fait mention de luy dans la description de la l'esté faite à Florence pour la canonisation de S1 André Corsini en 1(529 à la page 65 : Girolamo Frescobaldi musico celeberrimo del Sermo Gran Duca. » Mar. BS9. GASSENDI (Pierre), né à Chantersier (diocèse de Digne) le 22 janvier 1592, mort à Paris le 24 oc- tobre 1655, inhumé à Saint-Nicolas-des-Champs dans la chapelle de MM. de Montmor. En buste et tourné à droite , la figure de trois- quarts et souriant , la barbe entière et coupée avec soin, une petite calotte sur la tète, entouré d'une large robe fourrée sur laquelle est rabattu un col blanc. Le fonds est couvert de tailles parallèles. Au bas , dans un cartel : petrvs gasseivdvs prepositvs — ca- thédrale ecclesfe diniensis. — C. Mellan Gall\ del. et sculp. Pendant du Peiresc. H. 0,210, L. 0,135. « J'ay veu le dessein de Mellan sur lequel il a gravé cette planche, de niesme que celui de Peiresc; ils étoient l'un et l'autre très beaux. » Mar. 190. GlOVANETTl (Marcello). En buste, de trois-quarts et tourné à gauche; dans une bordure ovale sur laquelle: marcellus -f- iova- nettus ascvlanvs. Au bas , à gauche : Sitn. — Vouet — 444 — — par. pwt , et à droite : Cl. — Mellon — GaW f. — Romœ. Dans un cartouche : Ad Pictorem Pinxisti siue fronde comas ? sine lumine solem Pingcre tu poteras, vel sine sole diem. Augustinus Mascardus S. D. N. Vrbani viii cubicularius — ad honorent. Les ombres encore à double taille. H. 0,125, L. 0,072. « Voyez, pour cet auteur, dans le livre Le glorie degli Aca- demici Incogniti et dans le Cresciinbeni. Ce poé'te meurt à Rome âgé de 34 ans seulement. 11 étoit habile légiste (1). » Mar. 191. GOND1 (Jean-François-Paul de), coadjuteur de Paris, ensuite cardinal de lîetz, né en '1613, mort à Paris le 24 août 1679. Jeune, en buste, tourné à gauche et la tète de trois- quarts; une calotte sur le haut de la tète, les cheveux séparés par le milieu et tournés en arrière ; petite moustache; en camail , avec la petite croix au cou. Dans une bordure ovale sans inscription. Au-dessous, dans un cartel, ses armes, (d'or) à deux masses d'armes en sautoir (de sable) liées (de gueules) sur- montées de la couronne de duc, de la croix archié- piscopale et du chapeau de cardinal. Signé : (Mellan ciel et s. 19*1. GR1LLET (Nicolas), évêque de Bazas en '1631, d'Uzès en 1633, mort à Uzès le 12 février 1660. En buste et tourné à droite, la tète de trois-quarts, (i) L'œuvre du Cabinet des Estampes a une sanguine de la tète, plus grande que la gravure et bien inférieure; on lit au bas : Donné par M. le C. de Caylus le. 10 7»m 1753. — 445 — coiffé d'une calotte, et les cheveux courts et frisants ; en camail , avec la croix au cou. Dans une bordure ovale sans inscription. Au bas, dans un cartel, ses armes, de.... à une fasce accompagnée en chef d'un grillon et en pointe d'une étoile. Signé: C. Mellan G. — del et s. II. 0,354, L. 0,236. *93. HABERT DE MOJN'TMOR (Jean). Dans un médaillon ; de trois- quarts et tourné à gauche ; nu-téte , moustaches et barbe pointue , avec col rabattu. Le médaillon est sur un mur; au-dessus, sur une tablette : ob. an. jet. lxix. Des deux côtés, sur des draperies suspendues, à gauche ses armes, de à un chevron accompagné de trois anilles, et de l'autre côté un chêne renversé , avec la devise : infracta qviescit. Sur un soubassement : illvst. v. IOANN. HABERTI. EQ. T. D. DE MONTMOR. DV — MENU, ETC. MARCII. DE MARIGNI COM. DE HAVTEVILLE — REGI. CnRIST. A SANCTIOR. CONSIL. ET. QVONDAM. /ER. — BELLICI. PR.EF. EFFIGIEM HENR1C0 LVDOVICO. HABERTO — D. DE MONTMOR ETC. PATRIS OPT. FILIO PIENTISS. SVI obs. — monvme\t. d. d. clavd. (lav en monogramme) mellan gallvs. an. mdcxl. Sur ce soubassement et des deux côtés du médaillon, deux génies assis ; l'un des deux est appuyé sur une urne avec l'inscription : IOAN. LVD. — HABERTVS — OB. AN. .ET. I. H. 0,314, L. 0,232. 1941. HABERT DE MONTMOR (Henri- Louis), con- seiller d'Etat et doyen des maîtres des requêtes, mort en 1679. Dans une bordure ovale; nu -tête, moustaches et - 446 — royale; en robe de soie, avec collet rabattu. De trois- quarts, tourné à gaucbe et regardant en face. En bas, sur une tablette : henricvs iiabert — de montmok ioan. fil. — Claud. Mellan Galï\ del. et sculp. Au- dessous: 1040. Chef-d'œuvre; la pièce précédente, qui est de la même année, est d'un faire bien plus ancien. II. 0,347, L. 0,234. « Fils de Jean ; il estoit maitre des requestes , grand pro- tecteur des lettres et des arts; il portoit une affection toute particulière à Mellan. » Mar. J'en ai vu des épreuves épouvantables avec l'adresse ajoutée: A Paris chez Vanheck. 195. HOWEL (Jacques], écrivain anglais, né en ]o94, mort en 1666. 11 est debout, vêtu d'un manteau dans lequel il est enveloppé, et appuyé contre un arbre sur lequel on lit: Robur Britanicum. On lit au bas sur un rouleau: Heic tutus obumbror. — Symb. Auth. Fonds de forêt , et, dans l'éloignement, un serviteur l'épée à la main, tenant un cheval par la bride. Tout le paysage et le costume sont de Bosse ; la tête, le collet et le chapeau paraissent seuls être uniquement de Mellan. Signé : C. Melan cl Bosse sculp. Frontispice de son ouvrage allégorico-historique, intitulé: Ben- drolotjie ou la forest de Bodone, à Paris, aux despens de l'autheur qui les fait vendre chez la veuve Jean Camusat. 1641, in-4". II. 0,207, L. 0,147. 1er état. La planche complète, moins la tète, le collet et le chapeau , qui sont à peine indiqués à l'eau forte. 11 n'y a ni inscription ni signatures. 3e état. Avec les armes de Jacques Howcll mises au milieu de la planche, à côté des jambes du personnage et a la place du serviteur et fin cheval. — 447 — 19S. JOSEPH (François le Clerc du Tremblay , dit le Père) , capucin , employé par le cardinal de Richelieu. En buste , dans sa robe de capucin avec son ca- puchon sur sa tête ; il a les mains jointes devant un crucifix posé à droite. Au bas : Vraye effigie du R. P. Joseph de Paris prédicateur — Capucin Prouincial de Touraine supérieur des missions — estrangères et de Poi- tou, fondateur des religieuses de — Caluaire. A rendu l'esprit entre les mains de ses supérieurs te iS décembre 1038. Sur le pied du crucifix : Qf. H. 0,110, L. 0,074. Il y en a une copie trompeuse , mais reconnaissable à des changements dans l'inscription; ainsi on y lit Proumeial pour Provincial; la seconde ligne se termine par supérieur des et la troisième par des religieuses, tandis que dans l'original elles sont terminées par les mots missions et de. (H. 0,108, L. 0,074). Cette copie ne se trouve pas dans la suite de l'Europe illustre d'Odieuvre , mais dans la nouvelle e'ditiou faite par Nyon en 1781 (tome iv, p. 1). Copie en plus grand et dans le même sens dans la suite de Moncornct, seulement avec un fonds de ciel et les bâtiments d'un couvent; avec la même inscription en quatre lignes; sans le nom de Moncornet. Gravure ovale. (H. 0,138, L. 0,100). U97. JUSÏ1N1ANI (Vincenzo). De trois- quarts , tourné à droite et regardant de l'ace ; cheveux courts, moustaches et royale blanches ; dans une bordure ovale. Au-dessous, dans un cartel : VlNCENTIVS — IVSTIMANVS — IOSEPIII. F. — Claud. Mellaïl GaW. de!, et Scufp. Romœ. 1.6.3.1. sup. pm. Du plus beau faire de l'artiste. Pour la galerie Justinienne. Voyez n° 126. V état, \vant la lettre (Pnignon-Dijoiwnl). — /i/is — H. 0,288, L. 0,201. « J'en ay eu le dessein à la pierre noire, merveilleusement beau. » Mar. Lemaire (Mar.), greffier de l'Hôtel-de-Ville de Paris. Voir n° 205. 198. LE VAYER (François de la Mothe), né en 1588, mort à Paris en 1672. De trois quarts et tourné à gauche -, dans une bor- dure octogone. Au dessous, dans un cartel: franc, de LA MOTHE— LE VAYER. FOELICIS F. — Mellail G. det. et se. 1648. H. 0,157, L. 0,124. Dans le goût du Michel de Marolles. 19®. LESDIGU1ÈRES (Charles, sire de Crèqui et de Canaptes , duc de) et prince de Poix, tué en 1638 en voulant secourir la ville de Crème dans le Milanais. Tête nue, légèrement tourné à droite ; en cuirasse et avec une large collerette ouvrée à jour ; moustache toute relevée en l'air et cicatrice à la joue gauche. Dans une bordure ovale, sur laquelle : carolvs. cre- QVIVS. LESDIGVERIARVM. DVX. POESSII. PRINCEPS. FBAN- CI.E. PAR. AC. MARESCALLVS -)- ÀU-deSSOUS, SUT U110 banderole : Hic ille est, quem Gallus amat, meluendus ab hoste; Spes miser û, armorum gloria, pacis honor. CL Mettait G. pinx et s. — Romœ 1.6.3.3. — sup pm. Très belle et vive comme une eau -forte, sans rien de l'effet du burin. H. 0,230, L. 0,180. « M. de, Créquy étoit pour lors ambassadeur d'obédience auprès du pape Urbain VIII. » Mar. — 449 — 200. LEVl (Anne de) , duc de Ventadoiir , gouver- neur du Limousin, archevêque de Bourges en 1649, mort dans cette ville le 17 mars 1662 , à l'âge de 57 ans. En buste, tourné à gauche et la tête de trois-quarts; coiffé d'une calotte, la moustache toute relevée en l'air et les cheveux tournés en arrière; en camail de soie. Représenté comme une estampe posée sur un fonds figuré par des tailles. Sur le bas du papier ses armes, écartelées au 1 (d'or) à trois chevrons d'azur (ils de- vraient être de sable) qui est Levi, au 2 de.... à trois bandes d'azur, au 3 de.... à trois étoiles posées deux et une, au 4 de (gueules) au lion rampant (d'or), et sur le tout échiqueté (d'or et de gueules) qui est Ven- tadour , avec la couronne à cinq fleurons , la croix et le chapeau archiépiscopal. Tout au bas à gauche : Qlellan. H. 0,319, L. 0,260. « Mauvais portrait que je crois des disciples de Mellan sons sa conduite et sur la lin de sa vie ; aussy n'y lit-on au bas que ce seul mot Stïlellan; cet habile homme avoit du scrupule de s'en avouer l'auteur. » Mar. 201. L1NGENDES (le père Claude de), né à Moulins, mort le 12 avril 1660. En soutane et portant un gros livre ; vu de trois- quarts et tourné à gauche. Au bas: r. p. cl." deuiv- gendes soc iesv — .«t. Aiv. 52 — an 1642 del et an 1661 seul Qlellan. H. 0,202, L. 0,148. « Ce portrait est rare; mais il ne faut pas que la planche soit rayée. » Mar. 29 — 450 — •IQ'2. LONGUE1L (René de), marquis de Maisons, président, mort en 1677. Vu de face et tourné à gauche; nu-tête et en man- teau fourré; dans une bordure ovale. Au-dessous ses armes, (d'azur) à trois roses (d'argent) au chef (d'or) chargé de trois roses (de gueules). C. Mellon G. del. cl scu'. « N'a -t- il pas été surintendant des finances .' J'en ay veu une épreuve avec la date 1647, U1SS. Mur. IL 0,338, !.. 0,233. La planche a été coupée pour la suite d'Odieuvrc. 'îdî. LORRAINE ( Louis- Joseph de), duc de Guise, fils de Louis duc de Joyeuse et de Françoise-Marie de Valois 5 mort le 30 juillet 1671. Tout jeune, tourné à gauche, la tète de trois-quarts, cheveux blonds séparés par le milieu, cravatte nouée avec un ruban, les manches du pourpoint tendues et laissant passer la chemise. Au-dessus de la tête , à droite , un bout de rideau soulevé. Dans un cadre ovale, orné d'un double feston de chêne. En bas, ses armes, écartelées — au premier et quatrième parti de 3 traits coupés d'un, ce qui forme 8 quartiers; au 1 fascé (d'argent et de gueules de huit pièces) qui est Hongrie, au 2 (d'azur) semé de fleurs-de-lis d'or au lambel (de gueules) qui est d'Anjou-Sicile, au 3 d'ar- gent à la croix potencée (d'or) cantonnée de quatre croisettes (de même) qui est Jérusalem ; au 4 (d'or) à quatre pals (de gueules) qui est d'Aragon; au ■> semé de France à la bordure (de gueules) qui est Anjou ; au 0 d'azur au lion (contourné d'or armé, lampassé el couronné de gueules) qui est de Gueldres ; au 7 — 451 — (d'or) au lion (de sable armé et lampassé de gueules) qui est de Juliers; au S (d'azur) semé de croix re- croisettées au pied liché (d'or) et deux bars adossés (de même), brochant sur le tout; sur le tout (d'or) à la bande (de gueules) chargée de trois aliénons (d'argent) qui est de Lorraine; — au 2 et 3 contréear- telé de Joyeuse, qui est paie (d'or et d'azur) au chef (de gueules) chargé de trois hydres (d'or), et de Saint- Didier qui est (d'azur) au lion (d'argent) à la bordure (de gueules) chargée de huit fleurs-de-lis (d'or) (1). Signé: Qlellan del. et se. 1059. H. 0,330, L. 0,239. Louis XIII, jeune. Voir aux titres de livres, celui des Sylvœ Regiœ de Ralthasar de Vias. 204. Le triomphe de la Religion conduit par LOUIS XIII. La Foi, couronnée de lauriers et tenant la croix, la boule du monde, le calice et la palme, est debout sur un char, ayant à ses pieds la Charité avec des en- fants, l'Espérance avec son ancre, et, sur le siège du char, la Foi nue, avec un soleil sur la poitrine, et sur ses genoux un livre ouvert avec la clef et une palme. Les quatre roues du char sont poussées par la Vérité avec son miroir, la Justice avec sa ba- lance et son épée, la Douceur avec un vase, et une quatrième vertu sans attributs ; il est traîné par les (1) Nous avons blasonné cette armoirie exactement; mais nous ferons remarquer que Mellan a pose le ïambe] à la fuis sur Naples et sur Jérusalem, ce qui est une erreur, qu'il a changé les hydres en oiseaux et toutes les Qeurs-de-lis en losanges. — fi.n — trois animaux et l'ange, symboles de^ quatre évan- gélistes, et suivi par les quatre docteurs, les quatre fondateurs des grands ordres religieux et d'autres saints personnages, et passe sur le corps de l'Hérésie renversée. À la tète du char se trouve le roi Louis Xlll en manteau royal, avec un cœur, la balance et l'épée flamboyante, avant à ses pieds l'hydre de la ré- bellion abattue. Une renommée, portant un écu avec les armes de France et de Navarre , vole au-dessus de lui; derrière elle sont les inscriptions suivantes, la première sur une banderole : sacer. fidei catholic k in gallia trivmphvs; et au-dessous ces quatre vers: Ccst. ici que triomphe la foy. En nostre heureuse France; Catholiques, loues en le Roy, // est vostre espérance. Au bas: C. — Mellan /". — Cum priui'cgio Régis. — /. h Clerc ex. Le roi semble parler à une ligure de la Pa- pauté élevée sur sur trois marches couvertes d'in- scriptions et en haut desquelles est un autel. Au bas: V. P. F. F. d'Orléans Minorita Theo!og\ adin. II. 0,100, L. 0,394. -Î05. LOUIS XIV. Le jeune Louis XIV, en manteau fleurdelisé , avec les colliers de ses ordres et un petit chapeau à plumes, est assis à droite avec sa mère, Anne d'Autriche, sous un dais qui porte les armes de la reine-mère, celles de France et celles de la ville de Paris. 11 reçoit un livre de la main du prévôt des marchands agenouillé comme les sept autres magistrats qui figurent dans cette scène. Au bas, leurs armes, qu'on pourra voir dans Y Armoriai . H. 0,235, L. 0,185. 1er état. INous en avons vu une épreuve avant toute, lettre chez M. Robert - Dûmes nil. Elle avait cette particularité qu'on trouvait l'inscription d'une écriture du temps, peut-être par Ma roi les pour le graveur. 210. MAUOLLES (Michel de), abbé de Villeloin. De trois-quarts et tourné à droite; dans une bor- dure octogone. Pendant du La Mothe Le Vayer. Au bas, dans un cartel : michael de marolles — abb. de villeloin An M. 4.8. — 0/. del. et s. — Les armoiries de.... à une épée en pal, la poignée vers le chef, accostée de deux plumes. — 1648. H. 0,160, L. 0,124. Inséré dans la suite d'Odieuvre. 211. MAZARIN f Jules J, né à Piscina dans les Abruzzes le 14 juillet 1602, cardinal et premier mi- nistre, mort à Vincennes le 9 mars 1661. De trois-quarts, tourné à gauche et regardant de face; en camail et en calotte; moustaches relevées et royale. Dans une bordure ovale. Au bas ses armes , (d'azur) à la hache d'armes (d'argent) dans un fais- ceau d'armes (d'or lié d'argent); brochant sur le tout une fasce (de gueules) chargée de trois étoiles (d'ar- gent), et des deux côtés: C. Mellmi G.—pinx. et se. IL 0,346, L. 0,237. La même planche coupée pour la suite d'Odieuvre. — 457 — 212. 31AZAR1N. Dans un médaillon ovale, supendu à un ruban tenu par deux mains royales qui sortent de nuages; sur le ruban, la devise acceptvs vtriqve qui signifie sans doute la Reine mère et le jeune Roi. Au bas de la bordure de feuilles de chêne du médaillon, le mono- gramme *M. Mazarin est de trois-quarts et tourné à droite. H. 0,117, L. 0,184. Odieuvre a fait ajouter un fonds de pierre derrière le mé- daillon, et a ajouté au bas une petite planche pour les armes et pour le nom. 233. MENICUCI (Raphaël). En buste, vu de trois-quarts et tourné à gauche; cheveux courts, moustaches et royale; déjà un peu âgé. x\u bas: Raphaël memcvcivs — Celeberrimus in vtroq. orbe terrarum — Romœ sup. pm. — Cl. Mellan GalV del. et sculp. Quelques tailles croisées dans les ombres. H. 0,128, L. 0,100. « Musicien, ou plutôt bouffon du pape Urbain VIII. » Mar. La planche a été employée par Odieuvre. 2 34. MESMES (Henri de), mort en 1650. En buste, tourné à gauche, la tête nue et de trois- quarts ; moustache toute relevée en l'air et large royale ; vêtu d'une robe de fourrure. Dans une bor- dure ovale , sur laquelle on lit : messire henry de MESMES CHEV.BR SEIG.VR DE ROISSV MARQ.,S DE MONGNE- VILLE ET d'eVEULY CON.er DU ROY EN SES CONS.LZ presidt en sa covr de parlemeimt. (Sa nomination de président est de 1027). Au-dessous, dans un cartel ovale en largeur, ses armes, écartelées au 1 (d'or) au — 458 - croissant (de sable), aux 2 et 3 (d'or) à deux léopards qui est de Bigorre , au 4 (d'or) à l'étoile (de sable) , au chef de...., à la pointe ondée (d'azur) qui sont de Lassuis. Au bas à gauche : C. MelUm G. del. et s. 11. 0,350, L. 0,244. t" (;t;it. Avant l'inscription sur la bordure. La planche a été coupée pour la suite d'Odieuvre. 215. MOLE f Mathieu), né en 1584, premier pré- sident en 1040 , garde-des-sceaux en 1651 , mort à Paris le 3 janvier 1656. Vu de face et un peu tourné à droite, avec calotte et en manteau fourré 5 moustaches, et barbe carrée. Dans un cadre ovale. Au bas, dans un ovale en lar- geur, les armes de Mole écartelées ; aux 1 et 4 (de gueules) au chevron (d'or) accompagné en chef de deux étoiles (de même) et d'un croissant (d'argent) en pointe; aux 2 et 3 (d'argent) au lion (de sable) couronné et lampassé (d'or) qui est de Mesgrigny. Au bas de la gauche: C. Mellan G. del. et /'. H. 0,325, L. 0,246. 2e état. Avec une devise aux quatre angles (Paignon-Dijonval). 3« état. Avec bordure de chêne et de laurier; un ruban , attaché à une patère aux deux angles supérieurs, supporte à gauche une guirlande de feuilles de chêne à laquelle sont su- spendus une épée et un faisceau , à droite des branches de vignes auxquelles sont suspendues une palme et une balance, dont un des plateaux est chargé de pierreries. Les armes, où le fonds du 1 et i est indiqué d'azur, ont un cimier et des lions pour support. Toutes ces additions sont lourdes et ne sont pas de Mellan, dont le nom a disparu. La dimension en largeur a été augmenté, cet état ayant de largeur 0,281 au lieu de 0,246. 48 ou 3e état. Les armes changées (Paignon-Dijonval). — 450 — Monhers 'Jacques', échevin. Voir n° 205. «216. MONTMORENCY (Henri, duc de), deuxième du nom, né à Chantilly le 30 avril 1595, décapité à Toulouse le 30 octobre 1632. En buste, tourné à droite et la tète de trois-quarts; épais cheveux Irisés, moustache toute relevée en l'air; en cuirasse, avec l'écharpe et la croix du Saint-Esprit. Il louche très-fortement. Dans une bordure ovale. Au bas, dans un cartel: henry, dvc de montmorency, ET d'AMVILLE , — PAIR ET MARECIIAL DE FRANCE , GOV- VERNEVR, ET — LIEVTENANT GENERAL POVR LE UOY, EN langvedoc. — Qîellan F. II. 0,184, L. 0,127. « A été gravé pour être mis dans la vie de ee maréchal qui a été imprimée. » Mar. — Ce doit être l'Histoire de la vie de Henry, dernier duc de Montmorency, contenant tout ce qu'il a fait de plus remarquable depuis. 217. NARNI (Jérôme de), prédicateur italien. Moine, vu de face et un peu tourné à droite ; large tonsure et longue barbe. 11 a le corps entouré d'une corde et tient de la main gauche, sur un appui de pierre, un livre qu'il montre de la main droite. Au- dessous , dans un cartouche : /?""". P. F. Hieronimus Narniensis Ordinis Capucinoru. V."s Generalis Sacri pa- latii — Concionator Aposto'icus eximiœ Ce'ebritatis Obiil Anno sal. 1642 id. septembris — Em.mo et Reu.mo Card. Fran." Barberino ViccCancell.0 Dicatû — Cl. Mellan Galï. F. Encore quelques tailles croisées dans les ombres. H. 0,212, L. 0,148. « Vicaire général des Capucins et laineux prédicateur italien, mort à Rome en septembre 1632, dans la même année que se lit l'édition de ses sermons. — 11 s'appelloit Jérôme Mantini de — 460 — ."Sanii. Ses sermons prêches devant le pape ont été imprimés à Rome en 1632 in folio dans l'imprimerie du Vatican , el je pense que c'est pour ce livre que le portrait a été gravé. » Mar. 218. NAUDÉ (Gabriel), né à Paris le 2 février 1660, mort à Abbeville, en revenant de Suède, le 7 juillet 1653. En buste, tête nue, en petit manteau; tourné à gauche. Dans une bordure octogone. Au bas : uabk. !\AVD.EVS PARIS. E. GARD. — MAZAHIM BIBLIOTH. E- A. xlix. — Mellan G. del. et sculp. Pendant du Marolles et de La Mothe Le Vayer. II. 0,199, L. 0,123. « J'en ay veu une épreuve avec la datte Mss. 1648. » Mar. 219. NESMOND {François-Théodore de), président au parlement de Paris , succéda à Chrétien de La- moignon, son beau-père, le 20 décembre 1636. De trois-quarts et tourné à droite ; en calotte et en manteau fourré; moustaches et royale. Comme dans une gravure dont les bords se relèvent. Au bas ses armes, (d'or) à trois huchets ou cornets (de sinople, liés de gueules) posés deux et un. Au bas de la gauche : *Mellan del. et s. Le père Lelong , d'après un état différent , indique la date de 1661 ; Paignon-Dijonval donne celle de 1664. II. 0,317, L. 0,250. 220. ORLÉANS (Louis d'). En buste et en manteau ouvert; une petite calotte sur la tète; barbe et cheveux blancs et courts. Dans un ovale, avec la devise: solido stat. Au bas, dans un cartel : lvdovicvs d'orleans — Ànno Mtatis 79 — /. le Grain Po'o. pinx. — 1622 — Cl. Mellan sculp. A double taille. — 461 — H. 0,293, L. 0,210. 1" et T état. « Il y en a de deux façons ; aux premières épreuves il n'y a que deux tailles dans les ombres de l'habit et ces épreuves là sont rares ; aux dernières épreuves il y a une troisième taille d'ajoutée. » Mar. 3e état. A Paris chez la veuve de rue S1 Jaques à la porte des Matlmrins. 4e état. Cette inscription presque effacée ; c'est de celle-là que j'ai conclu l'état précédent, mais sans pouvoir déchiffrer le nom. Pour le Tacite dont on verra le titre parmi les frontispices. Orléans (Philippe de France, duc d'1, frère de Louis XIV. Voir n° 206. 221. PÉRÉFIXE (Hardouin de) de Beaumont, né à Poitiers, évèque de Rodez en 1648, d'Agde en 1661, archevêque de Paris en 1662, mort le 1er janvier 107-1 à 65 ans. En buste, tourné à gauche et la tète de trois-quarts; cheveux, moustaches et royale blancs; le Saint Esprit sur son camail. Au fonds, à gauche, un angle de mur, et à droite un rideau. Dans un gros cadre octogone de feuilles de chêne. Au-dessous, ses armes: neuf étoiles posées trois, trois, deux et une, avec le cha- peau et la croix archiépiscopale, et les deux colliers de Saint-Michel et du Saint-Esprit. En bas: vkellan de!, et seul. — 1667. H. 0,340, L. 0,241. 1" état. Avant le nom de Mellan et la date. 222. PERRAULT (Jean), président à la chambre des comptes. Nu-tête, de trois-quarts et tourné à droite; en robe, moustaches et royale. Dans une bordure ovale. Au bas. — 462 — une tablette avec ses armes, parties au 1 (d'azur) à la croix de Lorraine (d'or) élevée sur trois annelets (de même), au 2 (d'azur) à trois bandes d'or. Au-dessous : Qfellan del. et s. 1652. II. 0,33<), L. 0,23?. » Celui qui a fait faire la magnifique chapelle de Coudé aux grands Jésuites. II devoit sa fortune à celle maison de Condé. » Mar. — On peut voir, sur ee monument, Piganiol , édit. de 1705, t. v, p. 11-12 et 11, et les Mémoires des Acadé- miciens, t. i, p. 124-5. 223. PEYRESC {Fabri de). Coiffé d'une calotte, tourné à droite, la tète de trois- quarts; barbe entière, mais assez courte (1). Au-des- sous , sur un cartel : nicolavs clavdivs eabricivs — de peiresc seivator AQUE!\sis, et au-dessous du cartel: Cl. Mellan G. del. et sculp. — 1.6.3.7. Le fonds est couvert de tailles parallèles. Pendant du Gassendi. H. 0,210, L. 0,136. La planche a été coupée pour la suite d'Odieuvre. « Il mourut au mois de juin 1037. Son portrait fut gravé au commencement de cette année par Mellan qui étoit pour lors à Aix. » Mar. — Mellan lui avait dédié, à Rome, en 1627, une sainte Madeleine mourante, soutenue par deux anges (n° 100), et Mariette ajoute en la cataloguant: « Dédié par Mellan à Peiresc. qui étoit pour lors à Rome, à ce que je crois ; c'est ce qu"il faudra vérifier dans la vie de ce savant. » 224. PHILARAS (Léonard). Tourné à gauche et la tête de trois -quarts. Dans une bordure sexagone, autour de laquelle un fonds de tailles parallèles. Au bas, dans un cartel : A.EONAPA02 (1) Voir la note page :v.\4. — 463 — «MAAPA2 UI02 — IQANNOU A©HNAI02 — Clmul. Melïan G. del. sculp. H. 0,230, L. 0,184. « Il étoit. ce me semble, ministre d'an prince d'Italie à la cour de France. — J'ai trouvé quelque part iju'il rétoit du duc de Parme. » Mar. Piettre (G.), procureur de la ville. Voir n° '206. *2'£5. UEBÉ (Claude de), archevêque de Narbonne en 4628, commandeur de l'ordre du Saint-Esprit en 1633, mort le 16 mars 1659. En buste, vu de trois-quarts et légèrement tourné à droite ; moustaches et royale ; le cordon du Saint- Ksprit sur le camail. Au bas, sur un appui: clavdivs DE REBE ARCH1EPISC. — ET PRIMAS NARRONEXSIS. All- dessous du cartel : Cl. Melïan G. del. et sculp. H. 0,304, L. 0,220. 1er état. Avant la lettre (Paignon-Dijonval). 226. RICIIELET (Nicolas). En buste, de trois-quarts et tourné à droite. Dans un ovale, au bas duquel: \io. riciielet — Paris. Au- dessous : Lauri habeat parlera, cuius solertia toto Uonsardi Gettium supplet ah ingénia Seb. Rolliardus Scelodun. Cl. Melïan delin. et sculp. A double taille. 11. 0,130, L. 0,090. Le Riciielet du Ronsard in-folio, Paris, Nicolas Ruon, 1623, est de François Picquet. 22?. RICHELIEU (le cardinal de). Vu de trois- quarts et tourné à gauche. Dans une bordure ovale restée blanche. Au - dessous , sur un — m — manteau, les armes du cardinal, (d'argent) à trois che- vrons (de gueules, et non d'azur comme l'a indiqué Mellan), surmontées du chapeau, entourées du cordon du Saint-Esprit et posées sur deux ancres en sautoir. A double taille et la tète au pointillé. Au bas: ex offl- cina — C. Mellani. H. 0,278, L. 0,204. « Il n'est point des premières manières, mais je ne le crois pas entièrement (le la main de Mellan. La teste paroist bien tout à fait de luy. Il m'est passé par les mains une épreuve de ce portrait, où M. Pinsson qui scavoit bien des anecdotes avoit écrit: Le Cardinal de Richelieu en 1641 par M. de la Feuillade. » Mar. Pour deux autres portraits de Richelieu, voyez aux titres de livres, le Traité pour convertir les infidèles et la Perfection du Chrétien (lfiifi). 228. RICHELIEU (Alphonse du Plessis) , frère du ministre, cardinal et archevêque de Lyon. En buste et représenté comme assis ; de trois-quarts et tourné à gauche; coiffé du bonnet carré; la croix du Saint-Esprit posée sur son camail. Au dessous, dans un cartel: alpuonsvs cardinalis — archiepvs. lvgdvn. — C. Mellan Gai? del. et /'. Romœ sup. pm. — 1.6.3.6. A double taille dans les ombres des fonds. H. 0,220, L. 0,145. « J'en ai eu une épreuve, sans lettres et avec quelques dif- férences. » Mar. 229. RONSARD et sa maîtresse. Ils sont vus en buste, de plein prolil, placés dans deux cartouches ovales et se regardant ; lui est à droite, vêtu à l'antique, avec une couronne de lau- rier . l'inscription Ml. 27. au-dessus de sa tête . et — 465 — l'inscription Q2 iDON 02 ÈMÀNHN sur la bordure qui l'entoure ; elle est à gauche, les seins nus et les cheveux curieusement arrangés , avec l'inscription : caupitqve et caupitvr vna. Au-dessous de Ronsard, on lit les quatre vers : Tel fut Ronsard, autheur de cest ouvrage, Tel fut son œil, sa bouche et son visage, Portraict au vif de deux crayons diuers: Icy le Corps, et l'Esprit en ses vers. et ces quatre autres, qui sont de Malherbe, au-dessous de sa maîtresse : L'Art la Nature exprimant En ce pourtraict me fait belle Mais si ne. sui-ie poinct telle Qu'aux escrits de ma amant. La signature 67. Mellan f. est au-dessous du quatrain sur Ronsard. H. 0,155, L. 0,195. Pour le Ronsard in-folio. Paris, Nicolas Buon, 1023. 1er état. Celui décrit. 2e état. Avec l'adresse de Mariette (Paignon-Dijonval). Saint-Martin (L'abbé Fr. de). Voyez aux Armoiries, article Navarre (Collège de), n° 274. 230. SAVOIE (Henri de), duc de Nemours. Presque enfant; en buste, mais comme debout; tourné à droite et la tète de trois-quarts; cheveux d'un blond très-clair et séparés sur le milieu de la tète; en sou- tane de soie. Dans une bordure ovale sans inscription. Au-dessous, dans un cartel ovale en largeur, le chiffre 1IDS en monogramme, surmonté de la couronne ducale à cinq fleurons. Signé: C. Mellan G. — del. et s. H. 0,352, L. 0,230. Voir aussi les Thèses, n° 28 {. 30 — /iGG — 28t. SÉGU1ER (Pierre), né à Paris le 28 mai 1588, mort à Saint-Germain le 28 janvier 1072. Presque demi-corps, assis, tourné à gauche et la tête presque de face ; en grande robe, cheveux noirs frisés, coiffé de la calotte, moustaches toutes relevées en l'air, et large royale. Le fonds est un pan de mur uni, couvert d'une étoffe fleurdelisée. Au bas sur un appui, en grandes lettres blanches: petrvs segvier franci.e — caxcellarivs — 67. Melhin GalV. del. et sculp. - 1639. H. 0,310, L. 0,230. 2e état. Avec l'addition : anno jetât, svje. 51. La planche a été beaucoup diminuée pour la suite d'Odieuvre. 232. SERVIEN (Abel de). Vu de trois- quarts perdus et tourné à gauche; nu- tête, avec un col rabattu et le cordon du Saint-Esprit en sautoir-, moustache relevée et royale. Représenté comme une gravure dont les bords se relèvent. Au bas : lllustrissimus Dommus Abel de Seruicn Marchio de Sablé Sec. Ilegiœ S." Spiritus Militiœ Eques et Can- cellarius. In Sanctioribus Consilijs , — Secretioribusque Begni negolijs Administer, et summus Mrarij Prœfectus. Au-dessous à gauche : mellan s. V état. Avec le nom de Mellan, mais sans l'inscription. H. 0,235, L. 0,188. Il en a été tiré des épreuves avec un cache sur l'inscrip- tion, de manière a simuler le premier état. « M. Servien étoit borgne, et Mellan a affecté de le repré- senter de profil. » Mar. •*33. TALON (Orner), avocat-général, mort en 1652. De trois quarts et tourné à droite; en calotte et en robe-, moustaches et royale. Dans une bordure ovale. — 467 — Au bas, un carré avec ses armes, (d'azur) à un chevron de accompagné de trois épis, sortant chacun d'un croissant, (le tout d'or), et des deux côtés l'inscription: Audoardus (il faudrait Audomarus) Talon Régi a sanc- lioribus — Consilijs nec non in supremo — Galliarum senatu Palronus Regius. Au coin inférieur de gauche: C. Mellon G. del. et s. V état. Avant le nom du graveur, avant les deux traits qui divisent en deux parties d'inégale largeur la bordure ovale, et avant les armes. 2e état. Avec les armes, le nom du graveur, et sans l'in- scription. 3e e'tat. Celui décrit. H. 0,273, L. 0,201. 234. TH1BAUD (Philippe), « principal auteur de la réforme des Carmes. » En buste; la tète de trois-quarts, tournée à gauche et recouverte d'un capuchon. Dans un ovale posé sur un fonds de tailles parallèles. Au-dessus de l'ovale un cartel, dans lequel: R. ad™ P. Philippus Theobaldus, — vere aller Elias , eodem accensus — zelo , laboribus vix impar. Dans le cartel au-dessous : Quod in Syriâ Me instituit : in Gallia — hic restiluit Eliœ solo exitu (un s est mal effacé entre l't et le t) dissimilis ; ~ nam is uiuit mortalis Philippus im — mortalis obi Ann. 1038. œtat. 03. Au-dessous du cartel: $/. H. 0,lo4, L. 0,102, t" état. Le fonds de l'ovale est tout blanc; l'ovale n'a que deux traits concentriques, et l'ombre en est bien moins forte; les lettres de l'inscription du bas sont bien plus légères , et l'on y voit quelques différences; on y lit exista pour exitu, et ab pour obi. La robe sous le manteau n'est pas encore chargée d'une double taille. 2e état. Celui décrit. — /iOS — 235. T1IOIRAS (Jean de Saint Bonnet de), né te 1er mars 15S5 , maréchal de France en 1030, passa au service du duc de Savoie et fut tué au siège de la forteresse de Montanctte dans le Milanais, le 14 juin 1630. De face, nu-tète et les cheveux frisés, moustaches relevées et large royale ; en cuirasse , fraise de gui- pure et écharpe. Dans un cadre octogone, et comme sur une feuille de papier dont les bords se relèvent. Au-dessous de l'octogone, sur une tablette: io. de SAINCT BONNET — D. A TOIRAS — FRANCI.E MARESCALLVS. Au-dessous de la tablette : Cl. Mellan GalV. pinx. et sculp. — Romœ sup. pm. 1er état. Celui décrit. 2e état. Avec des retouches (Paiguon-Dijouval). II. 0,235, L. 0,1S6. Il en existe une copie par Daret, sur laquelle on lit: Cl. Mellan GaW pinx. — Romœ sup. pm. — Daret. ex. Après avoir cru que c'était un état antérieur de la pièce, Mariette est re- venu sur son opinion : « La planche où on lit le nom de Daret est une copie de celle de Mellan , faite à tromper par Daret , que quelqu'un me dit avoir été disciple de Mellan. » Tronchot (Rémi), échevin. Voir n° 205. 236. TRULLIER (Joseph). Tête nue , cheveux coupés courts et droits , mou- stache retroussée et barbe en pointe ; tourné à droite et la tète de trois-quarts. Dans une bordure ovale sur laquelle : iosepii trvllieii gallvs régis christ1:1' et FAM30 PONTIFœ MEDICVS CIVTS ROMANVS jETAT. 30 Salllt. 1020 +• En haut, à gauche, un écu, d'azur à un ser- pent entortillé autour d'un bâton , et à droite , un autre écu, d'azur à un chevron accompagné en chef — 469 — de deux étoiles et en pointe d'un croissant abaissé sous un trèfle. On lit au bas, dans un cartouche : Quôd temperatis arte medica pharmacis, Vitam caducis redderet mortalibus, louis œmuli manu JEsculapius périt : Ast ego minorem haud numine hoc Trulleriû, Cuius ope vitam bis mî adesse contigit, Hoc œre cusum œternitati consecro. Cl. Mellan GalV. dclin. sculp. et D. D. Au-dessous du trait carré: Romœ cum — pm sup. Les ombres sont encore à double taille. H. 0,153, L. 0,100. 237. URBAIN VIII. En buste, en camail, avec le bonnet; vu de trois- quarts et tourné à droite. Au bas, en grandes lettres blanches : vrbanvs viii — barberinvs — pomifex — maximvs — Anno œtatis — suœ. 56. Au milieu de l'inscription les armes de Barberini, — trois abeilles posées deux et une, — surmontées de la tiare et des deux clefs. Au-dessous du trait carré: SV (en mono- gramme) Pi. — Cl. Mellan GaW sculp. — Romœ — superiorum permissu. 1624. A double taille. II. 0,252, L. 0,172. « Il y eu a des premières e'preuves où cette marque de Vouet n'est pas encore gravée, non plus que le mot Gallus à la suite du nom de Mellan ; mais on en trouve peu ; elle y fut mise aussitôt que la planche parut. » Mar. 238. URBAIN VIII. Il est en camail et en bonnet, vu de trois-quarts et tourné à droite. A double taille par parties et la tète au pointillé. Représenté comme une estampe dont — 470 — les bords se relèvent. En haut : vrbanvs viii. barbe- rinvs pont. max. Au bas ; Eqs lo. Lauren. Bernini. del. — Cl. Mellan GalV. F. 1031. H. 0,222, L. 0,155. Pour les poésies du pnpe Urbain VIII. Voyez aux Titres de livres. 1er état. Avant les noms des artistes. '239. VALOIS (Louis- Emmanuel de), duc d'Angou- lême et comte d'Alais , né à Clermont en Auvergne en 1596, colonel de la cavalerie légère, gouverneur de Provence, mort à Paris le 13 novembre 1653; fils du fils naturel de Charles IX. En buste, légèrement tourné à droite; tête nue, avec une cuirasse, une écharpe et la croix du Saint-Esprit. Dans un ovale, au-dessous duquel un cartel avec cette inscription: lovis de valois comte d'alais — colonel DE LA CAVALEUIE LEGERE DE — FRANCE , GOWERNEVR , ET LIEVTENANT- GENERAL POVR LE ROY EN PROVENCE. Sans le nom de Mellan. H. 0,105, L. 0,130. '2-iO. VALOIS (Louis de), comte d'Alais. La Religion assise à gauche, et la Renommée de- bout à droite , demi-nue , avec une trompette et les ailes parsemées d'yeux, soutiennent un médaillon sur lequel le portrait de Louis de Valois. A côté de la Religion est assise la Pudeur avec un chien et tenant une sorte de cadre porté sur un pied; dans ce cadre est une devise, une boussole tournée vers une fleur- de-lis qu'on voit au ciel entre cinq étoiles et une fleur-de-lis, avec la légende Respicil unam. A droite, l'Envie à terre et se mordant le bras ; à côté d'elle , — 471 — sur un rouleau : ïnuidia superata. Fonds de rochers. yllellan G. inuen. et F. H. 0,235, L. 0,260. 2e état. Le catalogue Paignon-Dijonval, qui décrit par erreur cette pièce (n° 6237) comme étant le porfrait du duc d'Angou- lême, en indique un second état avec le portrait supprimé. Cet état doit être postérieur à la suite d'Odieuvre, dans laquelle on trouve le portrait indignement mal coupé et de format iu-18. « Il y en a des épreuves sans fond de paysage et où, à la place du portrait du comte d'Alais, est celuy d'un Evèque de Mende; ces épreuves sont fort rares. » Mar. (Voyez Marcillac). 241. VERDUN {Le président de). Vu de face , en toque , les mains jointes , et assis derrière un appui sur lequel trois mortiers, sur les- quels on lit : Près, du P. de Paris — Premier P. de Tholosc — Premier P. à Paris. Sur le fonds: Anno œtatis 57. Et au bas : Ce grave de Verdyn que ce pourtraict vous mdtre Est Prince du Sénat le premier des François : Sous ses Couronnes d'or et son Pourpre on rencontre La Force, la Vertu, la Sagesse des Rois. Corbin. Tout au bas : C. Mellan f. A double taille. H. 0,147, L. 0,095. Les vers de Corbin se retrouvent sur ce même portrait gravé par Michel Lasne d'une façon semblable, avec les trois mortiers et la mention du même âge. Lasne en a fait encore un autre avec des vers latins au bas. 21*2. VERDUN {Le président de). Le même portrait plus grand. En buste et assis derrière un appui sur lequel les mêmes trois mor- tiers : Près, du P. de Paris. — Premi. P. de Tholose. — 472 — — Premier P. à Paris. Il a sa main droite sur l'appui, derrière le premier mortier à gauche. A gauche de la tète : Anno œlatis 57, et sur l'appui : Icy le peintre, à fait plus qu'il ne pense, Car en faisant, de Verdun le portrait, Sans y penser, il a dun mesme trait, Peint les vertus et toute la science. Sans signature ; à double taille. H. 0,200, L. 0,137. Vias (Balthazar de), gentilhomme de Marseille et poète latin, né en 1587, mort à Marseille en 1G57. Voir aux Titres de livres. 248. VILLEMONTÉE (François de), seigneur de Montaiguillon, conseiller d'Etat, intendant de Poitou, évêque de Saint-Malo en 1657. En buste, tourné à gauche et la tète de trois-quarts, regardant de face; coiffé d'une calotte; cheveux, mou- staches et royale blancs -, en camail. Dans une bor- dure ovale sans inscription. Au bas, dans un cartel, ses armes : d'azur au chef endenté d'or chargé d'un lion léopardé de sable , surmontées d'une couronne et du chapeau. Signé: Wellan dcl. et s. — 4664. H. 0,330, L. 0,237. «44. YVES (le père), mort en 1678. Moine , tète nue , chauve , avec une longue barbe blanche; tourné à gauche, la tète de trois-quarts et regardant le spectateur. 11 tient à la main un livre ouvert qu'il montre de la main gauche. Au-dessous : Ii. P. Iuo, Parisin'. Capucin'. Gardian\ &c. cet suœ 87 — C. Mellan G\ dcl. et sculp. — 1677. II. 0,202, L. 0,176. — 473 — Réduit, pour la suite d'Odieuvre , à H. 0,130, L. 0,113. Au bas : Cl. Mcllan del. et se. cet. Suce 87. — le père yves — Gardien des Capucins. — Né à Paris, Mort en 1678. Il y en a des épreuves tirées dans un passe-partout représentant un cadre dans le goût de Meyssonnier, avec cartouches. § II. PORTRAITS DE FEMMES. 245. ANNE D'AUTRICHE, Reine de France (voir n° 206). Buste dans un ovale 5 en costume de veuve. Au- dessous , les lettres AV en monogramme sous une couronne fermée. C. Mellan. — G. del et s. H. 0,336, L. 0,249. 246. ANNE D'AUTRICHE. La France, reconnaissable à sa tunique lleurdelisée, tient un médaillon avec le portrait d'Anne d'Autriche et la légende povr consoler. Derrière elle un sarco- phage chargé d'L et de fleurs-de-lis, et supporté par un soubassement avec un bas- relief. Au fonds, trois cyprès de chaque côté. Sur le tombeau : C. P. R. et au bas de la droite: Mellan G. in. et s. — Evidem- ment de 1656, année de la mort d'Anne d'Autriche. H. 0,243, L. 0,352. Bertellier (la mère Françoise de Sainte- Marie de), religieuse de la Conception de N.-D. du tiers-ordre de Saint- François, morte le 1er septembre 1645, à 72 ans. Cette pièce, indiquée comme de. Mellan par Florent, le père Lelong et le catalogue Paignon - Dijonval , est signée du monogramme de Michel Lasne , qui l'a faite à l'imitation de Mellan , ce qui rend l'erreur compréhensible en face d'une épreuve avant le nom du graveur. — 474 — 247. BUADE-FRONTENAC (Henriette-Marie de). Tête nue, les cheveux en boucles dénouées; un col- lier de perles; le bord de la robe garni de guipures; un nœud de ruban sur la poitrine, et les coutures de la robe brodées. Dans un ovale. Au-dessous, dans un cartel: henric*:a maria de bvade — frontenac — Tibi Henrico Ludouico Haberto de Montmor uxoris amantiss. — efligiem D.D. Qlellan 1041. — Voyez n" 194. H. 0,340, L. 0,232. 1" état. Avant la dédicace et la date. 2° état. Avec la dédicace et la date. 3e état. Avec l'adresse A Paris chez.... ■i° état. Le nom du marchand a été effacé et remplacé par celui de Vanhcck. Dans les épreuves de cet état, le chef-d'œuvre est devenu informe. « M. Boulle en a le dessein qui est extrêmement beau. » Mar. Catherine, princesse de Toscane et duchesse de Mantoue. Voir aux titres de livres, celui de l'ouvrage de Mon- seigneur Fulgentio Gemma, intitulé : Ritralto di Ma- dama, etc. 248. CHANTAL (M™ de). Les mains jointes, un crucifix dans la main et priant à genoux. Au bas, les âmes du Purgatoire. Dans le fonds, qui est blanc, on voit à gauche le triangle lu- mineux. Sans nom et sans lettre. Postérieur à sa mort arrivée en 1641. H. de la planche 0,145, L. 0,094. 249. CHAT1LLON (Agathe de), femme de Claude de Marolles (voir n° 209). Vue de face ; cheveux retroussés et le chignon re- tenu par des rubans. Au cou , un collier de grosses — 475 — perles à double rang. Au bas, sur une bande de pa- pier : Agatha Castillionea uxor Clandii Domini de Ma- rollcs et — Parens Michaelis de Marolles Alibatis de Villeloin ann. 59 — Nata. moritur 3° Id. Aug. ann. Dni 1630. — $/. Sans trait carré. H. du portrait 0,140, L. 0,134. II. de la planche 0,103, L. 0,135. Pour l'édition in-4°, 1656, des Mémoires de l'abbé de Marolles. La planche a été coupée par Odieuvrc ; dans cet état, les deux bouts du papier sont abattus. (H. de la planche 0,157, L. 0,124). 250. CORV1NA (Maddalena). En buste et tête nue, avec une perle aux oreilles, un collier de perles , et des boutons de perles à sa robe. Sur la bordure ovale : madalena corvina pi- TRICE ET MINIATRICE ROMANA. Au bas : C. Mellan del. et s. — Romœ 1.6.3.6. H. 0,097, L. 0,082. « Maddalena Corvina *vivoit à Rome dans le temps que Mellan y faisoit son séjour. Elle peignoit en miniature et même à l'huile. L'inscription qu'on lit autour de son portrait, gravé par Mellan en 1636, le dit, et c'est tout ce qu'on sait d'elle. Je la crois fille de Henri Corvinus , qui jouissoit dans Rome de la réputation d'un excellent botaniste, et qui, étant âgé de 82 ans, a eu son portrait gravé à Rome par Jean Valdor, celui qui a publié les Triomphes de Louis-le- Juste, d'après le tableau peint, sans doute en miniature, par ladite Madeleine Corvina. » Abecedario de P.-J. Mariette, t. n, Paris, 1853-1854, p. 17. 251. ÉTAMPES (Marguerite d'). Vue de trois-quarts et tournée à gauche; tête nue, cheveux courts et frisés ; une grosse perle à l'oreille et un collier de perles ; un nœud de ruban à la poi- trine. Sur la bordure ovale: margverite d'estampes. — 476 — Au bas: D. Dumonstier pinx. Anno 4625— C. Mellan G. sculp. Anno 1038. H. 0,202, L. 0,150. Ie' état. Avant toute lettre, et même avant la bordure ovale et les traits droits qui l'encadrent. 252. GONZAGUE (Louise-Marie de), mariée en 1645 à Uladislas IV, roi de Pologne, puis à Jean-Casimir, son frère, en 1649; morte en 1677. Buste dans un ovale. En cbeveux, avec un collier de perles au cou. Vue de trois-quarts et un peu tournée à gaucbe. Sur la bordure ovale : lvdovica maria GONZAGA REGINA POLONI.E SVETI.E &C. All-deSSOUS , le chiffre LMDG en monogramme , avec la devise non aliter placitvra. Au bas : C. Mellan G. — del. et s. H. 0,355, L. 0,243. 1" état. Celui décrit. 2e état. Avec la date 1

. H. 0,340, L. 0,443. — 493 — Les états suivants sont des remaniements de la planche de Mellan faits par d'autres mains. 2" état. On a ajouté sur la cuirasse du jeune homme un mé- daillon avec le combat d'un lion et d'un ours; on a supprimé à la ligure de reine qui est sous ses pieds le sceptre, la couronne qui reste toujours visible, et ajouté deux autres têtes, toutes deux d'hommes, l'une surmontée de cornes, à la figure qui est sous ses pieds; ce ne sont plus les armes de Médicis qu'on montre au groupe de soldats, mais Mutins Sccvola se mettant la main dans les flammes. Sur le devant , à la place des trois hommes , un piédestal faisant pendant à la ligure de gauche; sur celui-ci est assise une femme armée et tenant une lance et une statue de victoire. Sur le piédestal est un écusson supporté par deux léopards, de à une comète d'or. Les armes de Gondy (cf. n" 191) ont remplacé celles de Médicis et ont même été mises sur deux des boucliers des soldats. L'armoiric du piédestal n'a conservé que ses supports de léopards , mais on y trouve maintenant en chef un vol arraché surmonté d'une étoile, et en pointe trois épis liés par le bas. Le nom de Pomeranee existe encore; celui de Mellan a disparu. :v état. Le même que le précédent , sauf la disparition des armes de Gondy. Celles de l'écusson sont un arbre dont le tronc est entouré d'une vigne ; dans celles du piédestal les léopards ont disparu, et elles sont maintenant parties: à dextre un lion rampant plantant en terre une fourche ou trident à trois pointes devant un château surmonté d'une étoile , et à senestre, en chef trois étoiles posées une et deux, et en pointe une salamandre dans les flammes. V état. Les changements de cet état sont les suivants : le jeune homme n'a plus sur sa cuirasse le médaillon avec le combat du lion et de l'ours, mais une croix de Malte; dans les trois tètes de la ligure terrassée , l'une des deux têtes d'hommes a perdu ses cornes, et la tète qui était jusqu'alors restée celle d'une femme a reçu des moustaches. Le chapeau de cardinal a disparu au-dessus de l'écu de la reine de gauche, pour être remplacé par une couronne à pointes recourbées, avec — m — la fleur-de-lis de Florence au milieu du devant. Les tourteaux de Me'dieis reparaissent sur cet écu; et celui du piédestal est maintenant de.... à une fasce , accompagnée en chef de deux feuilles, et d'une en pointe. Navarre (Collège de). '274. Minerve, debout entre deux piédestaux chargés celui de droite de drapeaux, de faisceaux, de trom- pettes, celui de gauche de livres et de palmes, d'une croix et d'une trompette, soutient de ses deux bras deux écussons dont le bas est posé sur ces deux pié- destaux qui portent cette inscription: regales servat mvsas — rojhana secvris; ce qui est une allusion aux armes du cardinal Mazarin (cf. n° 211) qui sont sur l'écusson de droite. L'écusson de gauche est écartelé des armes de France anciennes , c'est-à-dire semées de fleurs-de-lis sans nombre, de la mérelle de Navarre, et des deux cotices , potencées et contre-potencécs, de Champagne. « Ce sont les armes du collège de Na- varre dont M. le Carda] Mazarin a peut-être été pro- tecteur, ou, s'il ne l'a pas été, c'est que la thèse qui luy aura été dédiée étoit soutenue dans ce collège. » Mar. H. 0,32a, L. 0,220. La ressemblance de. cette pièce avec cette description de Florent Le Comte : « Grande pièce où l'on voit une Pallas tenant d'une main le portrait de François de S'-Martin, abbé de Soissons, et de l'autre ses armes avec, des trophe'es der- rière, » m'avait toujours fait penser que ce devait être un premier état de la pièce du collège de Navarre; mais je n'en avais pas la preuve. Je l'ai enfin trouvée, car le Cabinet des Estampes possédait en dehors de l'œuvre ce premier état que je supposais. 11 n'est pas même signé; les vêtements de. Pallas ne sont pas terminés. Au lieu de tenir des écussons, elle tient — 49o — deux tables de pierre ; sur celle de droite, une armoirie, éear- tele'e au 1 et 4 d'or, au 2 et 3 losange d'argent et d'or, et sur- montée de la mitre, de la crosse et du chapeau ; sur la table de gauche, le portrait en médaillon d'un homme encore jeune, délicieux chef-d'œuvre qui, malgré plus de simplicité dans la taille, arrive à cette douceur et à cette harmonie d'effet qui caractérisent Nanteuil. Sur cette épreuve d'un prix inestimable, car je ne sais si l'on pourrait en citer d'autre , on lit cette inscription : Fr. de S' Martin abbé de S. Jean de Soissons. A cette description j'ajouterai celle du P. Lelong dans son catalogue de portraits: « François d'Aglié de S. Martin, abbé de Pignerol, prieur de S1 Jean des Vignes de Soissons en 1640, et de Notre-Dame de Staffarde dans le Marquisat de Saluées , ambassadeur du duc de Savoie en France en l'année 1654, (ils de Jules César d'Aglié, Marquis de S1 Germain, et d'Octavie Udalrique Justiniani, mort au mois de mai 1678. Melan, in folio oblong, pour la thèse du sieur Guérin , Avocat du Roi au Présidial de Soissons. Médaillon tenu par Pallas. » Cette note, excellente de tous points, est surtout curieuse en ce qu'elle nous montre François d'Aglié comme étant le (ils d'une Justiniani. Le portrait du vieux Justiniani était un chef-d'œuvre; l'on dirait que, travaillant de nouveau pour un membre de cette famille, Mellan a tenu à faire un nouveau chef-d'œuvre dans un genre tout différent, et il est bien malheureux que ce soit dans cet état la pièce la plus rare de son œuvre. Richelieu. 275. La France, assise sur des canons et recon- naissable aux trois fleurs-de-lis de sa tunique, a une main sur une corne d'abondance et l'autre sur une tablette de pierre portant les armes de Richelieu (cf. n° 227) accompagnées du chapeau à neuf glands, du cordon et d'une ancre. Elle considère le soleil dans les rayons duquel on lit: Solem guis dicere fal- — 496 — sum audeat. \ droite, l'Envie qui s'enfuit et des cava- liers dans des nuages de poussière. Fonds de paysage. Cl. Mellan GalV inuen. et sculp. H. 0,290, L. 0,445. ltr état. Celui décrit. 2e c'tat. Les armes de Richelieu sont remplacées par celles du duc de Beaufort, de France, surmonté d'un Iambel de trois pendants, et chargé en cœur d'un bâton péri en bande (lors- qu'il devrait être péri en barre). Derrière l'écu , deux ancres en sautoir. Les mots Solem , etc., sont mal eifacés et rem- placés à côté par ceux-ci : Splendorem ducit ab ipso , com- plétés par ceux écrits sur le bouclier au-dessous des armes : que f/estis fovit et auxit. Il y en a une copie dans le même sens et très-misérable. La France s'appuie sur un portrait en médaillon au bas duquel deux ancres , un cœur et les initiales I. M. On lit dans les rayons du soleil : te lucente non fœdabor. Au bas : mens in te fiiîmissima et la signature lagree f. A gauche, une pierre avec un écusson, écartelé au 1 et :i de à une tour percée d'une porte et de deux fenêtres et crénelée de trois pièces ; au 2 et :î d'azur à.... besans, à un lévrier rampant brochant sur le tout, et à un Iambel de :i pendants en chef. Sur le dos de l'épreuve que j'en ai vue, on lisait: Jérôme de la Mothe Hou- dancourt, évétpie de S' Flour, mort le 2i Mai I(i9:i, âgé de 7 fi ans. Richelieu. 2ï€. Un jeune homme, en tunique et dont la tète parait un portrait , est à genoux aux pieds de la Religion représentée sous la ligure d'une femme et assise sur deux cubes; dans le fond, à gauche, elle montre à ce jeune homme un religieux faisant l'au- mône à des pauvres. Sur le siège de la Religion, les armes du cardinal de Richelieu , avec le chapeau à — 497 — six glands, la croix épiscopale et le cordon du Saint- Esprit. A gauche : cum priuilegio. A droite : cl. mellan GALL' — INVEN. ET SCVLP. Hauteur de la planche 0,29!), L. 0,440. Paignon-Dijonval en avait une épreuve qui n'offrait pas les armes de Richelieu et qui n'était peut-être qu'une de ces épreuves où les armes sont effacées, mais où le chapeau, les glands et la croix du Saint-Esprit sont encore très-visibles. Savoie. 271. Allégorie à l'honneur de la maison de Savoie. Au centre de la composition s'élève un piédestal sur lequel on voit une statue d'Apollon auréolé , tenant son arc, et portant de sa main droite une boule sur- montée d'un chapeau de cardinal , sur laquelle les armes de Savoie, écartelées au 1 et 3 parti, à dextre de.... à un cheval contourné qui est Westphalie , à senestre fascé (au lieu d'argent et de gueules, il fau- drait d'or et de sable) à un crancelin (de sinople) qui est Saxe ; au 2 d'hermines à un lion rampant ; au 4 de.... à un lion rampant; sur le tout d'azur (il faudrait de gueules) à une croix. Sur le piédestal on lit : sabavdic.e — religionis — siMVLACRviu. De chaque côté, six piédestaux ronds sur lesquels des statues de princes de la maison de Savoie ; sur chaque piédestal une inscription. Sim. Voilet paris, in. — Cl. Mellan GalV. f. — superiorum pmissu. H. 0,386, L. 0,547. <• Apollon sur un piédestal tenant d'une main son arc et de l'autre un globe, sur lequel sont les armes de Savoye, accom- pagné des principaux princes de cette maison chacun sur un piédestal avec les attributs qui leur conviennent, d'après Simon 32 — 498 — Vouet. Gravé à Rome. Le dessein original étoit chez M. Crozat; il étoit à la sanguine et très légèrement fait ; il l'alloit en sçavoir autant que Mellan pour pouvoir graver d'après ce dessein, et voilà ce que c'est à un graveur de savoir luv inesiiie dessiner. » Mar. AUM0I1UES INCONNUES. 278. Une femme assise , tenant d'une main une couronne de laurier avec l'inscription : Laurea digna meis, et de l'autre une boule surmontée d'une croix. Le cube de pierre sur lequel elle est assise porte l'inscription: contixet — h.kc mvndvm — nec mvndo — clavditvr ipso; il est posé sur des marches placées entre quatre colonnes, dont les soubassements offrent des emblèmes et des devises ; sur l'une un dauphin : Sic régis ut mediis régnât delphirf in undis ; sur l'autre un soleil: Dissipât ut Titan radianti lumine nubes; sur la troisième un aigle: Tractus cœlumq. Mreos superat volatu; la quatrième un lion : Ut leo magnanimos in- vadit pectoris usus. C'est sur ce piédestal que se trouve la signature : C. Mellan GalV inu. Le haut est formé par deux draperies qui se rattachent aux deux co- lonnes des bords et entre lesquelles se voit un écus- son , de.... à une tour surmontée d'une boule avec la croix. A une seule taille; pièce faite en Italie. II. 0,231, L. 0,2SG. •879. Minerve assise à terre et tournée à gauche-, elle est appuyée sur son égide et tient sa lance; elle est entourée de livres et d'attributs des beaux-arts épars à terre. On lit à gauche sur une palette: Wellan pinx. et s. et à droite sur un livre : C. ;;. /{. — 499 — Dans un second état, l'égide est remplacée sur le bouclier par une main appauraée accostée (7W(;-aToç xaTaAMteïv. (Choisis de laisser une image qui soit un monument de la vertu plus que du corps). Ilpoç TT,V Tt[wav [J-O'J [J.YjTc'pa. Kupà^ou Sa ftoS' €6>.£(Tcv or/.oju va. yupiffw Eîç rnv Trarptoa, va r>è eîàw jtai va \ — «MAOSOKÎ'N, PABislis occvpatvs, "TON nOAITIkiiN, PVEB1TIAM — IN (1RECIA CVM CARIS PARENTIBVS , rVVENTVTEM — 535 — IN ITALIA — LITEKARVM STVDIIS INCVMBENS , VIRIL1S JETATIS PARTEM IN — GALLIA PVBLICIS REBYS OPERAIM NAVANS EXE6IT. NOBILI PATRIE — UBERTATIS DESIDERIO ACCENSVS, PLVRES ANNOS INTER — CHRISTIAN^ MILITIJE MILITES, APVD CAROLVM NIVERNEN- SIVM — DVCEM TRADVX1T, MISSVSOUE AB EO MAGNIS DE REBVS AD — GREGORIUM XV ET VRISANVM VIII ROMANOS PONTIFICES, — PLVBIMVM EAIHDEM IHILITIAM SVIS OFFICIIS 1VVIT. — NVNC PRO SERENISS1MO DVCE PARMENS1 IN AV1.A RES1DENS ORATOR , ■ — I.VDOVICO IVSTO APPRIME NOTVS , CARDINAL1 RICHELIO , — CETE- RISOVE REGNI PROCERIBVS OB EXIIMAS VIRTVTES CARISSIMVS — HONORATE VITAM DEGIT. VIR VERE IIXVSTBIS , ET AD PRISCAM ILLAHI SVORVM GLORIAM ADSPIRANS. 3U état. La planche tirée seule. 345. Tête de page. Tète d'enfant ailé, tenant dans . ses lèvres le haut d'une sorte de pavillon d'étoffe, dont les bouts sont portés aux extrémités par des enfants terminés en rinceaux. H. de la partie gravée 0,035, L. 0,135. 346. Tête de page. Deux enfants nus et portant l'un une palme, l'autre une branche de laurier, sup- portent la couronne fermée au-dessus des armes de France et de Navarre. Sur un ruban, dont les bouts sont portés à droite et à gauche par un oiseau : (m inu. H. de la partie gravée 0,035, L. 0,145. 347. Trois enfants volant en l'air; deux portent le chapeau de cardinal , et le troisième tient une banderole avec les mots : rovn le grand armand. Plus loin : C. M. in. H. 0,056, L. 0,120. 34S. Tète de page. Une tète de femme , les yeux baissés et les cheveux épars; il en sort des rinceaux — 536 — sur l'extrémité desquels se trouve de chaque côté un perroquet. H. de la partie gravée 0,085, L. 0,145. 8.29. Tète de page. Une tète de bélier supporte une draperie qui va de chaque côté se suspendre à une patère. Anonyme. (Voir aux additions). 11. de la partie gravée 0,045, L. 0,150. 550. Cul-de-lampe. Tête de femme avec des perles aux oreilles et portant une corbeille pleine de fleurs et de fruits. Deux dauphins qui s'entrelacent viennent lui mordre les deux seins. Signé: Ql. H. 0,078, L. 0,087. 551. Deux ligures de femmes ailées et le corps terminé en rinceaux, supportent un cartel de pierre sur lequel on voit sculptée une renommée sonnant de la trompette et portant un bouclier aux armes de France. Sur le cordon d'une croix du Saint-Esprit que ces deux femmes portent aussi : Mellan in. II. 0,093, L. 0,120. Sans doute pour le même livre que le n° 329. 353-371. Un alphabet de grandes lettres histo- riées, destiné aux impressions du Louvre, comme les vignettes nos 345-350; il y manque les lettres U, X, Y, Z. On verra que pour chacune Mellan a choisi un sujet dont chaque lettre commence le nom. Toutes sont sans nom et ont de 0,50 à 0,55, en carré. Peu importantes. 352. A. Une ancre. Anchora. 353. B. Un bœuf tourné à gauche. Bos. 854. B. Un petit Bacchus assis sur un tonneau. Bacchus. — 537 — 355. C. Un caducée. Caduceus. 356. D. Deux dauphins. Delphini. 357. E. Un serpent qui se mord la queue. Eternitas. •">5S. F. Une bannière de France ancienne. Francia. 359. G. Trois lis sur leur tige. Soit Gallia, soit plutôt Gloria liliorum. 360. H. Un agneau pascal couché sur un autel. Hostia. 361. 1. Florent Le Comte se trompe en indiquant pour cette lettre une Renommée. C'est un Icare vo- lant en l'air. Icarus. 362. L. N'a pas d'encadrement. Une Victoire. Peut- être Laus ; plutôt Laurigera. 363. M. La mer calme. Mare. 364. N. Une Gybèle. Nalura. 365. 0. Un œil. Oculus. 366. P. Pèlerin assis, tenant un bâton et une écuelle. Peregrinus. 367. Q. Une rose tournante. 368. Q. Un perroquet ; n'a pas d'encadrement. Je ne trouve rien pour ces deux lettres; peut-être Mellan a-t-il été embarrassé et s'est-il , pour elles , départi de son projet de faire concorder la lettre et le sujet. 369. S. Un soleil rayonnant. Sol. 370. T. Table à trois pieds. Tripes. 37 L V. Un trophée d'armes. Peut-être Vicloriœ signum- PIÈCES DIVERSES. 3ï2. L'Intelligence, la Mémoire, et la Volonté. L'Intelligence est assise à gauche; elle est repré- sentée par un jeune homme à cheveux abondants et surmontés d'une flamme ; il a une draperie autour — 338 — des cuisses et soutient sur ses genoux une tablette de pierre. Au milieu, la Volonté, également assise; elle a des ailes et une couronne à pointes ; elle n'a éga- lement qu'une draperie sur les cuisses. A sa droite, un génie, celui des bonnes inspirations, les lui souffle à l'oreille à travers une trompette droite; à gauche, celui des mauvaises les lui inspire à travers une corne de bouc, à laquelle il est reconnaissable ainsi qu'à ses ailes. A droite, la Mémoire, drapée, est assise contre un piédestal sur lequel elle s'appuie. Sa tète a deux visages, l'un de femme par -devant, l'autre de vieillard qui regarde le passé. Derrière le groupe , des arbres et une colonne encore debout mais brisée, et un pan de mur en ruines. Au bas de la droite, sur une pierre : Simon Vouet— Parisien, pinxit. et plus bas: Cl. Mellan Gallus sculp. Romœ 1025. Au bas, sur un rideau , les armes de Sacchetti , d'azur à quatre bandes , et la dédicace : Illm." D. D. Marcello — sao chettio. s. d. iv. VRBANi , vin — Thesaurario secrelo D110 suo ColT — Claud. Mellan. Des deux côtés , les huit vers suivants: Intelkclus et Memoria Ingeniù ccu (lamina salit, ceu flamma corusc.nl Iccirco innocuo circuit igné comas. Tertia preteritos animœ vis respicit annos Lapsaq. metitur sœcula, visa binceps (pour biceps). Voluntas. Cura anceps agitai mentern, suspensa voluntas Herel, et in vario tramite nescit iter. (Juo tendat cursum? pariter torquetw utrinq. Nescia consilij, pectore facta bicors. Cum permissu superiorum. 11. 0,494, L. 0,308. — 539 — 373. Une femme absolument nue est étendue sut- un lit, le bras droit le long de son corps et le gauche relevé au-dessus de sa tête; elle a les jambes très- écartées, et entre elles un jeune enfant, couché sur le ventre, qui parait s'avancer vers elle 5 un autre enfant nègre , non plus couché , mais accroupi et le corps droit, a posé sur sa propre épaule droite et soutient avec son bras la jambe gauche de la femme qu'il contribue à écarter. 11 retourne la tète et semble regarder un troisième enfant, blanc et les cheveux frisés , à demi-monté sur le coin du matelas recou- vert de draperies, et qui lui montre une grappe de raisins. Au pied du matelas . c'est-à-dire à la droite de l'estampe , se trouve une petite glace carrée à cadre d'ébène ; elle est à chevalet et placée en face de la femme. Le haut de l'estampe est occupé par un rideau en partie en avant d'un mur. Au pied du lit, mais derrière, une femme, tout entourée de dra- peries et qui parait aussi de couleur noire, s'éloigne furtivement avec un doigt sur ses lèvres 5 elle tient de la main droite un masque noir qu'elle a ôté de sa ligure. De ce côté, on aperçoit plus loin que l'ar- tiste avait l'intention d'y mettre une statue, et plus loin encore un satyre enlevant une femme. A gauche, sur le devant, s'élève un piédestal vu en angle; sur la moitié visible de sa face on reconnaît, aux pre- miers traits tracés par l'artiste, qu'il s'y devait trou- ver la moitié de ce qui parait avoir été destiné à devenir une armoirie, quoique dans le premier état, où cette partie est plus visible , l'ornement laisse- rait bien peu de place pour l'écu ; cependant on voit en haut use première grande couronne héraldique à — 840 — perles, sur elle une plus petite à pointes, et au coin une petite figure d'enfant le doigt sur ses lèvres, et à côté une crosse d'abbé ou d'évèque. Sur ce pié- destal est posée une souricière amorcée et ouverte. Au fond, de ce côté, par une ouverture du mur, on aperçoit deux figures traitées uniquement à l'eau-forte et très-spirituellement. L'une est une femme nue , à genoux , les bras au ciel et désespérée en voyant le Temps, reconnaissable à ses ailes et au sablier qu'il a sur la tête, emporter un enfant. Par la présence des armes d'un ecclésiastique* il est évident que la pièce n'avait aucune intention libre et qu'elle devait être seulement allégorique. Peut-être était-elle destinée pour une thèse, et le sujet en avait-il été expliqué par le propo- sant à Mellan ; mais, l'exécution ayant tourné d'une, façon pé- rilleuse, la planche aura été laissée là. Cette planche très-rare n'a jamais été achevée et n'a jamais eu de signature. Les seules parties à peu près terminées sont la femme couchée, les trois enfants, la femme au masque, et le rideau. Dans un second état, on a ajouté une feuille de vigne. H. 0,225, k 0,310. 874. Une femme drapée, les pieds et la tête nus, assise, les jambes croisées. Elle est tournée à droite et sa tête est de face. Elle a la main gauche posée sur son genou, et le coude droit appuyé sur un grand dé de pierre. Elle est assise en avant d'un mur qui monte jusqu'en haut de l'estampe. A droite, un fonds de paysage avec un ruisseau, un pont d'une arche et une maison. Non signée. H. 0,107, L. 0,070. 375. Un jeune paysan, les jambes nues et debout à gauche , secoue un van rempli de blé. A droite , — 541 — une vache, debout derrière une auge posée à terre, lèche son veau couché. Dans le fonds, une barrière peu élevée; un van, sur lequel est couché un chat, est accroché à cette barrière , sur un des pieux de laquelle s'est posé un coq qui chante. Sur une pierre: C. Mellan G. F. Encore quelques doubles tailles. H. 0,137, L. 0,193. Une copie en contre-partie : l'homme est à droite et la vache à gauche. Caucé fe. (H. 0,130, L. 0,197). Au bas : Quant je voy cette cache en ce bel exercice, Qui prent tant de plaisir léchant son petit veau, Je dis en me riant, cela n'est pas nouveau , Car envers moi) la nuit ma femme en fait l'office. 376. Représentation de la Lune dans son plein. Au bas: Phasium Lunœ Icônes, quos Anno Salutis 1034 et 1035. ping ébat , ac sculp. Aquis Sextijs — Claucl. Mellan GalV . prœsentibus ac flagitantib\ IUustrib\ viris Gassendo, et Peyreschio. H. 0,208, L. 0,233. 87 7. Représentation de la Lune croissante. C. Mellan G\ pin. et se. H. 0,224, L. 0,131. 378. Représentation de la Lune décroissante. Cl. Mellan Gai. ping, et sculp. — Phasis Aquis sextijs An. 1035. Octob. 7. a claro adliuc crepusculo in occasû usq. IL 0,223, L. 0,1GS. PIECES D'APRES MELLAN. Saint Benoît. Le saint tourne à droite et assis à une table sur laquelle il écrit; un corbeau court sur le plancher, sur lequel — &42 — on voit le tamis brisé que le saint rejoignit à la prière de sa nourrice (1). Toute cette ligure du saint et les détails de la salle et de la chambre sont imites des compositions d'Albert Durer. Au fond à gauche, par une porte, saint Benoît sur un trône et entoure de religieux et de seigneurs à genoux. Au bas : s. benedicte, et six vers en deux colonnes : Plurima virtutum pandens miracula cunctis Prophetis nomen par Benedictus habet : Doctrines si queeris opes (lucc) régula prodit Quas cœlis hauriens condidit ipse manu, Hune reges, îhroes, hanc pontifices supremi, Hanc ( ) assequitur virgineumque decus. C. Mellan in. H. 0,242, L. 0,180. Le bienheureux Jean de la Croix, à genoux devant un autel et tourné à gauche. Le Christ, couronné d'épines et portant sa croix, lui apparaît dans un nuage et lui dit : loannes quid vis pro laboribus, et le saint répond : Domine pati et contemni pro te. Sur l'autel : C. Mellan Gall'. inu. Au bas : B. loannes a Crucc Carmelitarum discalceatorum post. S. Theresiam — primus parens , mysticœ theologiœ sublimis doctor et scriptor, — diui- norum patiens ; miraculis Clarus obdormivit in Domino 14. — Dec. 1591. œtat. 51. Segoviœ honoriftee depositus. Mariette, qui a catalogué cette pièce, la donne comme étant de Bachelier et signée de lui , puisqu'il indique la signature : Bachelier fecit. H. 0,135, L. 0,100. Madame Anne Michelin, veuve de Gilles Goiiault , — Coner et ancien eschevin de Troyes, decedèe le 5" Janvier 1680, — âgée de (15 ans. — CL Mellan del. Duflos se. H. 0,245, L. 0,180. (1) J'ai parlé des fausses interprétations données quelquefois à ce sujet dans un travail sur le Musée de Bruxelles. Paris, Dumoulin, 1850, in-8°, p. 16-19. — 543 — ADDITIONS. N° 7. Grossière copie de la Judith dans la Judith de MUe de Calages; Tolose, 1660, in-4°. N° 53. Mariette, dans son catalogue du Pitau , in- dique la copie anonyme du saint Benoit comme étant de Jacques Pitau. N° 98. C. Galle a fait une détestable imitation de la Madeleine couchée sur sa natte. N° 412. Langot, un graveur melunois, peu connu, dont M. Eug. Grésy doit cataloguer l'œuvre . a fait une copie de l'allégorie au Saint-Sacrement. N° 26S. « La Renommée portant un tableau dans lequel est représenté la fable de Dédale et d'Icare, gr. au burin par Jean boulanger d'après Claude Mellan. » Mar. N° 304. Mariette indique une copie de la Pieligion signée C. Hulot. N° 306. Titre de la Bible copié en petit par N. Au- roux, pour une Bible in-8°. Lyon, J. et C. Carteron, 1682, in-80.— En 1691, la planche d'Auroux est copiée par L. Spirinx , pour une autre édition publiée par Cl. Carteron. N° 31S. Copié par Grignon pour une Bible in-12. Paris, Er. Coustelier, 1664. Sur la banderole: Vêtus testamentum. N° 349. Après ce numéro , ces quatre tètes de page. On en a attribué souvent à Mellan qui ne — 544 — sont certainement pas de lui , mais il peut avoir donné le dessin d'un certain nombre qui ne portent pas son nom. 4° Au milieu, un panier de fruits; des rinceaux, sur lesquels il est supporté , vont rejoindre des li- gures de femmes terminées en rinceaux , et devant lesquelles est suspendue une boule. Sur un ruban : C. M. in. (II. 0,057, L. 0,466). 2° Deux enfants , qui s'éloignent l'un de l'autre , supportent une guirlande de fruits qui porte au mi- lieu sur un masque de femme: (M. in. c. (II. 0,055, L. 0,168). 3° Deux figures de femmes ailées , sans bras et terminées en rinceaux, sont assises des deux côtés d'un médaillon , avec les lettres A.C.G.P. en mono- gramme. Signé: Titre des Silvie Regiœ 291. HOME. 1624. Titre du De Bello Cyprio. 292. Titre de l'oraison funèbre de Virginio Cesarini. 203. Urbain VIII d'après Vouet. 237. 1625. Le martyre de S" Catherine. 96. L'Intelligence, la Mémoire et la Volonté. 372. Fran. Mar. Machiavelli. Dou- teux. Après 208. S' Luc. 85. 1626. Joseph Trullier. 236. Virginie de Vezzo. 257. 1626? Anna Maria Vaiani. 256. Jean Dubois. 184. 1627. Titre des poésies de M. Giova- netti. 204. S1 François de Paule. 74. La Madeleine mourante. 100. S1 Pierre Nolasque. 90. 1620. Buste de S1 Eloi. 69. Loth et ses tilles. 2. S1 Jean-Baptiste. 80. 1630. Titre du Portrait de la duchessç Je Manloue. 295. — 547 1631. Urbain VIII d'après le Bernin. 238. David combattant le li' Fr.) 80,217,292. Barcelone. 90, 101. Barclay (Guillaume). 98, 166. Barclay (Jean). 98, 167, 168,331. Bassac. 202. Bassano. 28. Baudet (Etienne). H7, 157. Baudier (Michel). 3. Bayeux. 54. Bazas. 192. Bazin. 52. Beaufort (duc de). 275. Beaulieu. 184. Beauinanoir (Charles de). 13. Beaumont, voyez Péréfixc. Belley. 170. Benard, voy. Paignon-Dijonval. Bentivoglio (le G1')- 169, 297. Bereriger (Radegonde). 257. Berettini (Pietro). 118, 201. Bernin (le cavalier), 104, 238, 290. Bemini (Pierre-Philippe). 101. Berrier (Louis). 170. Bertellier (Françoise de Sainte- Marie de). 216 bis. Bigarre. 214. Blacwood (Henri). 172. Biaise (Thomas). 280, 288. Bligny. 4, 12, 99. Bloemaert (Cor.) 126. Blootelingh (A.) 14. Bollandistes. 97. Bonnart (N.) 10 5. Borghèse (famille). 201. Bosse (Abraham). 195, 307. Boucot (Nie.) 205. Bouillon (le Cardal de). 173. Boulanger (.1.) 208 (Add.) Boulle. 80, 83, 170, 2 47, 257. Bouques (Ch. de). 174, 290. Bourbon (Nicolas de). 165. Bourges. 200. Bourgogne. 265. Bourgoin (Jean). 28K. Bourguignon (le). 256. Bouriquant (Fleury). 171. Boutheitiie (Daniel). 257. Brabant. 205. Brentêl (Frédéric). 340. Brulart (Pierre). 290. Bruxelles (Musée de). 378 bis. Buade-Frontenac (H.-M. de). 247 Buon (Nie.) 107, 220, 229, 291, 331. Bus (le P. César de). (Add.) Calages (M"e de). 7 (Additions). Callas. 99. Calvaire (Religieuses du). 196. Camus (Pierre). 170. 552 — Camusat (Jean). 298, 321, 322. Camusat (la veuve). 195, 322. Canaples. 199. Capucins (ordre des). 70, 177, 196, 217, 25 î. Carmes (ordre des). 234, 378ter. Carteron. 306 (Additions). Cassandre. 229. Castille. 205. Caucé. 375. Caylus (le Clede). 190. Cebrian (le. P. Jean). 90, 91. Célestins. 184. Ceriziers (le P.) 322. Cervellone (Maria). 101. Cesarini (Virginio). 293. Césena (Etienne de). 177. Châlons. 265. *Chalquois (M). Chancellerie (grande). 170. Chantai (Mrac de). 248. Ohantersier. 189. Chantilly. 216. Charenton (Ministres de). 30 S. Charles IX. 239. Chatillon (Agathe de). 249. Chatonnières. 297. Chenneviéres (Ph. de). 257. Chevalier (Pierre). 83. Chevillard. 205. Chigi (Mario). 313. Clair vaux. 300. Clarac (M. de). 117, 1 i,s. Clément (Mr). 2.'.. Clermont. 268. Coeffeteau (Nicolas). 1 r.s. Colhert. 3. Cologne. 297. Coinin (J.) 126. Conception (ReKg*« de la) 246 bis Couches. 283. Coude. 222. Condren (Charles de). 178. Contât. 2. Conti. 262. Conti (Armand de Bourbon, prince de). 180. Corbelletti (Fran.) 320. Corbin. 241, 288. Cornaro (Card»1 Frédéric). 104. Corvina (Maddalena). 250. Corvinus (Henri). 250. Cotlon (le P.) ->,s')• 53, 211, 212, 218, 268, 271, 27 i, 283, 285. Médicis. 273, 295. Médicis (Marie de). 286. Médicis (Cardinal de). 295. Mémoires des Académiciens. 222. Menagiana. 165. Menicucci (Raphaël). 213. Mende. 208 ter. Merci (Religieux de la). 98, 91, loi. Mesmes (Henri de). 214, 269. Mcsnel. 268. Messager (J.) 37, 38, 83, l<>2. Metezeau. 257. — 5o6 Mesuras. 9,84,35,36,286,330. Metz. 178. Michelin (Anne). 378 quater. Mineurs (ordre des frères). 204. Molanus. 97. Mole (Mathieu). 215. Moocornet. 181, 196. Mongneville. 214 Monhers (Jacques de). 205. Monicart. 159. Monsieur, frère de Louis XIV. 206, 254. Montaiguillon. 243. Montanette. 235. Montholon (François de). 70. Montmerqué (M. de). 170. Montmorency (Henri de). 216. Montpellier. 184, 290. Moreau. 308. Moulins. 201. Munster. 313. Nanteuil. 13, 186. Narbonne. 225. y ami. 217. Natalis. 126. Naudé (Gabriel). 218. Nemours (duc de). 25, 230. Nesmond (Théodore de). 219. Netz (Nicolas de). 26K. Nevers (Charles duc de). Mi. Nyon. 196. 'Odieuvre. 29, 170, 175, 177, 196, 210, 211, 212,213, 215, 231, 240, 244,219, 251. Oratoriens. 179. Orléans (Gaston . duc u"). 19. 175, 288. Orléans (le Père il). 204. Orléans (Louis d1). 220, 287. Orléans. 181, 268. Ossat (leCanH d'). 181. Overlaet. 15. Paignon-Dijonval (catalogue). 12, 15, 16, 22, 21, 63, 112, 116, 121, 125, 172, 197, 215, 219, 225, 229, 240, 246, 261, 267. 276, 291, 298, 309, 318, 321, 322, 328. *Pan, de Genève. Paquot. 97. Taris. 198, 217,221,231,270, 286, 344 (voyez passim les titres de livres). — Augustins du faubourg St- Germain. 87. — Augustins déchaussés. 208 ter — Bastille. 289. — Cabinet des Estampes. 36 , 116, 190, 268, 274 , 283, 299, 323. —Chambre des Comptes. 222. — Chartreux. 59. — Clermont (collège de). 281. — Collège royal. 172. — Communauté des notaires. 267. — Grands Jésuites. 222. — HGtel-de- Ville. 205. — Incurables. 176. — Louvre (Galeries du). 16, 25, 26, 257, 266. — Louvre (Imprimerie royale du). 117, 300-307, 313, 345-371. 557 — — Louvre ( Musée des dessins du). 15. — Louvre (Chalcographie du). 147-164. — Louvre (Musée des Antiques du). 147, 148, 149, 153, 155, 156, 160. — Mathurins. 281. —Navarre (Collège de). 274, 282, 283, 285. —Parlement. 214, 215, 219, 231,233, 241,242, 288. —Prévôté de l'Hôtel. 257. — St-NicoIas-des-Champs. 189. — St-Victor (abbaye de). 51. — Ste-Geneviève (abbaye de). 186. — Sorbonne. 285. —Tuileries. 12, M7-16Î, 148. Panne (duc de). 224, 3ii. Paslé (Jean). 297. Paul V. 112. Paulinus (Stephanus). 118. IVrélixe (Hardouin de). 221. •Perrault (Claude). Perrault (Jean). 222. Persyn (Rich.) 126. Petit (Louis). 281. Peyresc (Fabri de). 10», 189, 223, 376. Pezenas. 179. Philaras (Jean). 224. Philaras (Léonard). 22 i, 344. Pie de la Mirandole. 293. Pieart. 110. Picart (Jacques). 328. Pieart (N.) 268. Picquet. 37-44, 226. Piettre (Ger.) 205. Piganiol. 222. Pignerol. 187. Pinsson (Mr). 227. Piron. 29. Piscina. 211. Pitau (Jacques). 53 (Add.) Pitau (Nicolas). 304 (Add.) Poitou. 196, 243. Poix. 199. Pologne. 51, 220, 252, 287. Pomerance (Ant.) 273, 292, 293. Pont-à-Mousson. 166. Portraits inédits d'artistes fran- çais. 257. Portugal. 265. Potier de Gesvres. 270. Poussin (N.) 300, 303, 305, 306. Quercy. 208 ter. Quinet (Toussaint). 297. P.abel. 262. Raphaël. 169. Rebé (Claude de). 225. Reni (Guido). 118. Retz, voyez Gondi. Rians. 100. Richelet (Nicolas). 226. Richelieu (Cal de). 196, 227, 259, 275, 276, 304, 311, 320, 344. Richelieu ( Alphonse-Louis du Plessis de ) , archevêque de Lyon. 60, 228. Richer (Jean). 83. — 558 'Robert Dumesnil. 13, 186, 209. Roeolet. 205. Rodez. 221. Rolian (duchesse do). 297. Ruissy. 214. Rome. •->, G, 7, 69, 74, 70, 81, 1)8, 101, 118, 120, 121, 122, 123, 125 , 172 , 190, 199, 208 bis, 213, 217, 223, 230, 237,238,250, 256, 257, 261, 263, 344. —(Chartreuse de). 60. — Confrérie des Orfèvres. 69. —N.-D. du Capitole. 29;;. — St-Adrien. 95. — St-Calixte. 71. — Sla Maria délia Vittoria. 104. — Séminaire. 208 bis. — Thermes deDioelétien. 184. — Vatican (Imprimerie du). 217, 296. Ronsard. 226, 229. Roltendorff (Bernhard). 118. Rouillard (Séb.) 22. Sablé. 232. Sacchetti (Marcello). 372. Sacchi (A.) 118. St-Calais. 178. St-Didiur. 203. St-Esprit (ordre du). 173, 221, 225, 227, 228, 232, 329, 351. St-Fluur. 275. St-Germain. 231. St-Juste-de-Julltj. 79. St-Malo. 243. St-Martin (abbé île), voy. Aglié, St-Miehel (ordre de). 170, 221. 'Salm (prince de). San Sepulcro. 292. San terre. 104. Sarcander (Jean). '..'87. Sauvai. 157. Savoie. 277, 284. Savoie (Henri de). 230, 284. Saxe. 277, 284. Sayer (Robert). 25. Scarron. 328. Secoure. 255. Ségovie. 378 ter. Séguier (Pierre). 231. Semoine. 79. Senault. lsi. Servien (Abel). 232. Servien (François de). 54. Sévigné (Mrac de). 170. Sienne. 295, 313. Soissons. 274. Sommaville (Ant. de). 297. Soulié (Eudore). 150, 159. Stabre (Laurent) et sa tille. 257. Stella (François). 300, 302. Strasbourg. 340. Sublet de Romilly. 282. Sublet-Dcsnoycrs. 268. Suède. 218. Tacite. 220-287. Talon (Antoine). 285. Talon (Nicolas). 310. Talon (Orner). 233. Tavernier (M.) 83. Tesscreau (Abr.) 170. Théatins (ordre des). 61. Thibaud (Philippe). 234. Thiboust (Samuel). 290. Tintoret. :J.. Titi (l'abbé). 104. Toiras (Maréchal de). 3, 235. Tortebat (F.) 237. Toulouse. 210, 238. Touraine. 190. Touraine (Charles). 282. Tours. 175, 209. Tremblay, voyez Père Joseph. Trésor de glyptique. 257. Trêves. 313. Trianon (palais de). 150. Tristan. 327. Tiïvulce(IePceHer£.Théod.)25. Tronchot (Rémi). 205. Troyes. 378 quater. Trullier. fi, 172, 230. Tijrol. 2C5. Uladislas IV, 252. Urbain VIII. 172, 190, 199, 213, 237, 238, 292, 290, 341., 344, 372. Uzès. 192. Vaiani, peintre. 250. Vaiani (Anna-Maria). 118, 250. Valdor (Jean). 250. Valesio. 120. Valet (Jean). 2, 28. Valois (François-Marie de). 203. Valois (Louis de), due d'Angou- léme et comte d'Alais). 208 ter, 239, 240. — 559 — "Vanden Zande. Vanheck. 194, 247. Van Loo. 97. Velletri. 257. Vcntadour. 200. Verdun (le président de). 241, 2i2, 288. Versailles (chapelle de). 104. Versailles (magasins du palais de). 157, 159. Versailles (bibliothèque de). 31 . Vezzo (Virginia de), 7, 257. Vias (Bailli, de). 291, 314. Vignerot. 259. Vigneul-Marville. 60. Villeloin. 209, 210, 249. Villemontée (Fr. de). 243. Vincennes. 211. Vitré (Ant.) 311. Voiture. 327. Vouet (Simon). 10, 73, 70, 81, 85, 120, 122, 125, 190, 237, 277, 29 i, 326, 372. Vouet (Jeanne-Angélique). 257. Vouet (Françoise). 257. Vouet (Laurent et Louis-René). 257. Walekenaër. 170. Westphalie. 277, 284. Wolfgang (Abraham). 328. Yves (le P.) 244. Zampieri (Domenico). 317. Zanetti (Alessandro). 292, 293. Ziarnko (J.) 51, 220, 287. \OTIO\S GÉNÉRALES DEPARTEMENT DE LA SOMME. les connaissances géologiques commencent à se répandre. Elles inspirent un intérêt qui ne saurait qu'augmenter, non-seulement à raison de leur utilité pour l'agriculture et les arts , mais aussi sous le rapport purement scientifique. C'est ce qui m'engage à présenter un résumé de la géologie du département de la Somme (1). On ne trouve dans cette contrée ni terrains ignés, soit plutoniques, soit volcaniques; ni terrains paléo- zoiques ; ni terrains métamorphiques ; ni les plus anciens terrains secondaires. Les plus anciens que Ion connaisse appartiennent probablement à l'étage oolitique des terrains jurassiques. C'est par eux que je commencerai. (t) Voyez F Esquisse géologique du département de la Somme, '2" édition, et le, supplément pour la description détaillée des terrains et la liste des roches et des fossiles. 30 — 562 — TERRAIN JURASSIQUE. Il y a peu de chose à en dire Des sondages faits, il y a peu d'années, pour la recherche de la houille, auprès de Bouquemaison, ont seulement fait rencontrer du calcaire ooli.thique gris jaunâtre et un conglomérat argilo-calcaire. TERRAIN CRÉTACÉ. Des argiles marneuses, qui paraissent être les mêmes que celles appelées dièves dans les départements du Pas-de-Calais et du Nord, ont été rencontrées dans les puits artésiens à Doullens et à Blangy, dans l'an- cien sondage à Bouquemaison et dans ceux récemment faits au Hem et à Lucheux. Au-dessus vient la craie jaune, grise, tantôt un peu marneuse , tantôt pure , et ensuite la craie blanche , parfois dure, marmorescente et composée de carbonate de chaux presque pur, parfois jaunâtre, d'un grain inégal et offrant une disposition noduleuse et bré- choïde Sur le haut de la côte de Beauval , vers Amiens , on trouve un lambeau de craie formée de carbonate et de phosphate de chaux. Elle contient plus d'un dixième d'acide phosphorique. La craie grise et jaune forme des bancs , en gé- néral, plus épais que la craie blanche. Elie est assez dure, et la pierre extraite de quelques bancs résiste à la gelée. La craie blanche , dont la partie supé- rieure est fragmentée , se présente sous la forme de petits cubes ; d'autres fois , elle a une disposition bréchoide. On voit souvent, sur les faces de ces dif- férentes variétés de craie , de petits points noirs de — 563 — manganèse ou de strontiane qui parfois offrent des dendrites. La craie inarniorescente se trouve presque toujours sur le bord supérieur des coteaux. La disposition horizontale des strates de la craie annonce qu'elle a été déposée dans une mer tran- quille L'inégalité de sa partie supérieure est due à des masses puissantes d'eau qui l'ont bosselée, ravinée, ont commencé le creusement des vallées, ont formé des puits naturels de plusieurs mètres de profondeur ou des cônes dont la pointe est dirigée vers le bas. La craie s'étend dans tout le département ; son épaisseur varie. Près de la Vallée de la Bresle, vers Aumale, elle parait à 37 mètres au-dessus du niveau de la mer et a une épaisseur de loi mètres. A peu de distance de là , à Neuville près de Beaucamp-le- Vieux , son altitude au-dessus du niveau de la mer est de 210 mètres. A Neuilly-l'Hôpital, elle n'est que de 28 mètres , mais on la traverse encore à 1SG mètres 30 centimètres au-dessous du niveau de la mer. On n'a pas été plus loin. Dans la partie supérieure de la craie, on voit des lits horizontaux et d'autres plus ou moins inclinés, de silex pyromaques noirs. Les silex des premiers sont en rognons ou en plaquettes-, ceux des lits incli- nés, toujours en plaquettes. A mesure que l'on descend, les silex deviennent plus rares et sont disséminés. La craie contient des pyrites de fer sulfuré. Les principaux fossiles sont: catillus cuvieri Brong.), plagiostoma spinosa (Brong.), terebratula carnea (Sow.), ananchytes ovata (Lam.), spalangus corang uinum (Lam.), ainsi que des spongiaires silicifiés , parmi lesquels il s'en trouve de fort singuliers que j'ai fait connaître. — 564 — On rencontre plus rarement: ostrea vesicularis (Lam.), trochus rhodani (Brong.), pecten quinquecoslatus (Lam.), dianchora s tria ta (Sow.), terebratula ovata (Vils.), t. sub- globosa (Sow.), t. plicalilis (Sow ), t. octoplicata (Sow.), /. (hfranici (Brong.), belemniles mucronatus (Schlot.), b. quadratus (Schlot.), spatangus cor testitudinarium (Lam), des palais de diodon et des dents de squales, oreaster boysii (Dixon;, goniaster smilhii (Dixon), cidaris pseudo diadema (Lam.), (ragos pisiforme (Goldf.), etc. La craie phosphatée de Beauval contient en abon- dance des dents de plusieurs espèces de squales et Y ostrea semiplana (Sow.)-, on y trouve aussi quelques belemnites roulées. TERRAIX TERTIAIRE. Au-dessus de la craie blanche on observe souvent, surtout dans la partie Est du département, une bande très-mince d'argile ochreuse jaune ou d'un rouge-brun. Viennent ensuite, dans quelques lieux, des bancs ou amas de silex à croûte rugueuse et vcrdàtre , enve- loppés dans des sables verdàtres ou glauconieux. Ces sables sont souvent purs ou renferment très-peu de silex. Comme parmi les silex il y a des galets , il s'en suit que les amas de silex ont été couverts par les sables verdàtres après la formation des galets Ailleurs, ce sont des sables blancs ou gris dont l'ag- glomération a formé çà et là des grès presque toujours mamelonnés sur une ou deux faces. Us empâtent par- fois des silex et forment alors un poudingue bréchoide. Les grès ont quelquefois une grosseur énorme. Dans quelques lieux, les sables sont rouges. Les sables renferment, dans plusieurs lieux, des lits — -jGo — horizontaux très-minces de petits galets. On trouve dans le bas des sables et quelquefois dans les grès situés au même niveau, des tests de cvthérées et des moules intérieurs de cerithes , de lucines , de cypri- cardes, de turritellcs , de natices, de calyptrées, de pholades , de bucardes , etc. 11 y a aussi de rares empreintes de feuilles de dycotyledonnées et de mo- nocotyledonnées. M. Cordier, membre de l'Institut, possède une empreinte de feuille de palmier trouvée dans un grès fendu par des paveurs à Abbeville. On voit une empreinte de feuille de dycotyledonnée sur un grès au musée de cette ville, et une au muséum de Paris qui provient aussi du département. Après les sables, les grès et les silex glauconieux, vient l'argile plastique pure, qui est rare et atteint seulement une épaisseur de 2 ou 3 mètres. Au-dessus elle enveloppe de petits galets de silex et alterne avec les lignites. Sa stratification , ainsi que celle des li- gnites , est horizontale. Cependant , à Chaulnes et à Lihons , les galets qui se trouvent dans l'argile pla- stique présentent une disposition ondulée. Dans ces deux localités, l'argile plastique renferme des nodules cylindroides d'argile marneuse durcie. Près de Til- loy, l'argile est smectique dans quelques endroits. Au mont Soufflard , à Rollot, les lignites ont une grande épaisseur. A Chaulnes, à Esmery-Hallon , et aux Loges , commune de Beuvraignes , il n'y en a que des traces. Dans L'argile plastique qui accompagne les lignites, on trouve en abondance : ostrea belloracina, cerithium rariobile, melania inquinata, et en petite quantité des cyrena cuneiformis. Les lignites contiennent des pyrites — 566 — de fer sulfuré , du sulfate de chaux aciculaire , du bois de dycotyledonnées et de monocotvledonnées pétrifié en silex , des dents et des coprolithes de crocodiles, des carapaces de tortues, etc. Je dois prévenir que par argile plastique j'entends seulement les fausses glaises qui sont propres à la fa- brication des poteries communes, car il n'y a pas dans le département de véritable argile plastique, c'est-à-dire au-dessous des sables qui recouvrent la craie. Elle est, je crois, représentée seulement par le lit mince d'argile ochreusc que j'ai citée plus haut. Les végétaux qui croissent sur les terrains ter- tiaires diffèrent en partie de ceux des terrains qui les entourent. Sur l'argile plastique on trouve des plantes aquatiques , et sur les sables des bruyères , des chênes sessiles qu'on ne rencontre que très-rare- ment ailleurs, etc. Les terrains tertiaires que je viens de mentionner appartiennent à la partie inférieure de Péocène. Ils n'existent que par lambeaux. Les plus nombreux sont entre Amiens et Doullens, ensuite dans l'est du département. Le plus étendu a environ 4 kilomètres de longueur; Chaulnes et Lilions en occupent une grande partie La couche d'argile plastique qui s'y trouve, s'opposant à la liltration des eaux pluviales, donne lieu, à Linons, à des amas d'eaux stagnantes qui alimentent les puits. C'est probablement la cause des épidémies qui régnent assez souvent dans ce bourg. 11 suffirait, pour qu'elle n'existât plus, de faire écouler les eaux dans les sables subordonnés à l'argile pla- stique et de percer des puits à travers ces sables et la craie jusqu'à la première nappe d'eau qu'on ren- — 567 — contrerait dans cette dernière roche. Mais la dépense empêche les habitants de prendre ce parti. On doit regarder comme éocènes les argiles jau- nâtres reposant immédiatement sur la craie et ren- fermant de gros silex non roulés, entourés encore de leur gangue blanchâtre. Je crois devoir rapporter au miocène un calcaire d'eau douce qui se trouve sur un coteau à Arrest, près de St- Valéry. Ses fossiles consistent surtout en hélices. Toutes les espèces sont nouvelles, selon M. Deshayes. MM. Dufrenoy et Elie de Beaumont rangent dans le miocène le bief ou argile rougeâtre dure, compacte, qui repose sur la craie ou n'en est séparé que par un terrain de la même époque et consistant en un mélange en proportion et en épaisseur variables de sable, d'argile, de paquets de craie, de silex non rou- lés ou brisés, sans stratification horizontale régulière, mais couvrant la craie et suivant ses ondulations. Dans quelques parties des plaines du Vimeu , il existe sous le limon et intercallés dans un mélange de sable, d'argile, de marne et de silex, des lignites qui atteignent quelquefois 33 centimètres d'épaisseur. Ils proviennent très-probablement des lignites détruits et entraînés par les eaux qui les ont ensuite déposés avec les terrains de nos plaines. Suivant M. J. Desnoyers, l'argile sableuse contenant en très-grand nombre des silex de la craie non roulés qui , des environs de Chartres , s'étend vers Rouen et se lie avec les terrains caillouteux de nos plaines, est antérieure aux falhuns de la Loire qui contien- nent des coquilles et des ossements de mammifères qu'on ne trouve pas dans les terrains plus au nord. — 568 — MM. Dufrenoj et Elie de lieaumont considèrent comme pliocène le limon jaune propre à la fabrica- tion des briques et qui constitue le sous-sol de la terre la plus propre à la culture du froment, il couvre la plupart de nos plaines, ainsi que beaucoup de coteaux au sud des vallées, et, dans ce dernier cas, il y a ceci de remarquable que la craie du côté opposé est toujours dénudée. Le limon est aussi su- perposé à quelques lambeaux de terrain éocène. Dans le Santerre, le limon renferme dans le bas ou plutôt recouvre des silex brisés ou roulés, parmi lesquels il y en a de verdàtres avec du sable argileux jaune, puis quelques petits silex , de petits morceaux de craie roulée et quelquefois des nodules cylindroides d'argile marneuse durcie. 11 devient ensuite pur, et une sorte de bief ou argile rougeàtre assez dure , d'environ 50 centimètres d'épaisseur, contenant par- fois des silex, constitue souvent sa partie supérieure comme dans le Vimeu. La disposition horizontale, quoique peu apparente, du limon , annonce un dépôt tranquille , et les fos- siles terrestres et fluviatiles qu'on y rencontre, un dépôt d'eau douce. Dans l'est du département , on trouve souvent, au milieu de ce terrain, des traînées de sable glauconieux et des silex de la même cou- leur mêlés à ceux qui sont à la base. TERRAIN ERRATIQUE SUPÉRIEUR. Au terrain tertiaire succède le terrain erratique supérieur. Les couches qui le composent sont strati- fiées , mais irrégulièrement, d'une manière un peu onduleuse , en suivant l'horizontalité ou la déclivité — 509 — du terrain subordonné. Cette disposition indique un dépôt produit par des eaux rapides. Des débris des terrains antérieurs, en proportions diverses, c'est a-dire un mélange d'argile, de sable, de craie et de silex dont les aspérités sont émous- sées, ainsi que des roches disséminées provenant des départements situés au sud- est, telles que calcaire d'eau douce tubercule, argile marneuse durcie, grès calcaire à nummulithes, poudingue, etc., constituent le terrain erratique supérieur. Les terrains miocène et pliocène en ont fourni les principaux matériaux. On y trouve dans quelques anfractuosités des collines, au bas des vallées, des ossements d'éléphant (elephas primigenius, Blum.), de rhinocéros (rhinocéros tickori- nus, Cuv.), d'ours des cavernes (ursus spelœus, Blum.), d'hyène des cavernes (hyœna spelœa, Cuv.'), de renne d'étampe (cervus tarandus priscus , Cuv.), d'aurochs (bos primigenius, Boj ), de cerf de grande taille (cervus somonensis, Cuv.), de cheval (equus adamaticus, Schlot.), d'un grand carnassier approchant du tigre , etc. À 3Ienchecourt, près d'Abbeville, les ossements de ces animaux sont dans des couches de sable recouvertes par les terrains caillouteux et de limon pur par place, qui se succèdent assez irrégulièrement et suivant la déclivité du coteau. Le terrain erratique supérieur présente aussi des amas terreux; des amas de limon, parfois assez étendus sur la partie supérieure du bord de quelques vallées, contenant de rares silex et parfois de petits mor- ceaux de craie roulée dont la disposition annonce un dépôt provenant d'un remaniement ; des matières terreuses avec des silex composant la plupart des — 570 — rideaux; des silex dont la croûte est, même sur les fractures, de différentes couleurs, tantôt réunis en amas, tantôt disséminés-, des fragments de grès fer- rugineux 5 une couche de silex dont les aspérités sont émoussées , parfois fort épaisse , au fond des principales vallées ; des tourbes bocageuses formées d'arbres et de branches. A Querrieux , à Saigneville , le terrain erratique supérieur recouvre le limon en quelques endroits. 11 en est de même de quelques petits amas de limon déposés dans les dépressions du sol, à Boves près du chemin de fer, au bois de Gentelles contre la route d'Amiens h Roye, etc. A Yseux , on a trouvé dans la tourbe bocageuse un chêne de 4 mètres 50 centimètres de diamètre , et en creusant le canal de Saint- Valéry, un if d'une grosseur considérable. Les terrains de Saint- Acheul près d'Amiens , ainsi que ceux du Champ-de-Mars et de Menchecourt à Abbeville , où l'on a trouvé des silex travaillés, me paraissent évidemment appartenir au terrain erra- tique supérieur, parce qu'on y trouve des ossements d'éléphant, de rhinocéros, etc., et que le limon qui recouvre ce terrain a été remanié , car il n'est pas toujours pur et provient, sans doute, des plaines voisines où il a dû être déposé d'abord et où il n'existe plus, fait que l'on observe aussi entre Bray et Albert et entre Sourdon et Ailly-sur-Noye. Cepen- dant, comme dans les plaines, il y avait à Saint- Acheul et à Saint- Uoch, une couche de I mètre 50 centimètres environ d'argile rougeâtre , qu'on mêlait au limon qu'elle recouvrait pour la fabrication des — 61\ — briques La position de cette argile pourrait s'expli- quer par la plus grande pesanteur du limon lorsque les différentes matières entraînées par les eaux se sont déposées. Les silex travaillés de Saint-Acheul ont fait le sujet du dernier mémoire du savant M. Rigollot, et M. Boucher de Perthes le premier avait, plusieurs années auparavant, dans son important ouvrage sur les Antiquités celtiques et antédiluviennes, attiré l'attention sur ces produits de l'industrie des hommes primitifs, en décrivant, avec le plus grand détail, ceux trouvés près d'Abbeville par les carriers et par lui-même. Les terrains meubles avec silex et le limon qui couvrent presque partout la craie , sont considérés , contrairement à l'opinion de MM. Dui'renoy et Elie de Heaumont. par d'autres géologues, comme appar- tenant au terrain erratique. Mais quelle que soit l'opi- nion qu'on adopte, il y a toujours lieu de distinguer dans nos terrains meubles, outre l'éocène, trois ter- rains antérieurs aux alluvions modernes, savoir: le miocène, le pliocène et le terrain erratique supérieur, ou un seul terrain sous le nom d'alluvions anciennes, de diluvium ou de terrain quaternaire, lequel aurait été formé par trois dépôts successifs et distincts dûs, tantôt à des courants violents , tantôt à des eaux tranquilles, pendant la même période- Le terrain erratique supérieur n'est pas un terrain marin, car il ne contient pas d'autres fossiles marins que ceux des terrains antérieurs , sauf près de l'em- bouchure de la Somme , au fond et près des bords inférieurs de la vallée. il est assez probable que la mer tertiaire s'était écoulée dans la partie de la Manche qui existait alors. — 572 - Elle entraîna une grande partie des terrains tertiaires, n'en laissant que des lambeaux plus rares à mesure qu'on approche du littoral, et creusa les vallées à peu près telles qu'elles sont. Lors de la grande alluvion qui déposa le terrain erratique , par suite , soit du soulèvement des Alpes principales, soit lors de l'appari- tion des volcans, comme M. Elie de Beaumont parait le penser, l'étendue et le nombre de ces lambeaux furent sans doute encore diminués, et le creusement des vallées augmenté. Suivant M. Hébert, Pémersion du nord-ouest de la France suivit le dépôt des sables de Fontainebleau. Le sol occupé actuellement par la Manche formait alors, entre la France et l'Angleterre, une grande vallée fermée vers le Pas-de Calais. Quant à la formation de ce détroit, M. d'Archiac pense qu'elle eut lieu après le dépôt caillouteux et avant celui du limon qui le recouvre généralement. Les éléphants, les rhinocéros, etc., vivaient à l'é- poque du dépôt erratique qui les détruisit. " La forme générale des vallées et des collines, dit M. de la Cèche (Manuel de Géologie, traduction française, page J99), était peu différente de la forme actuelle. » Avant de parler du terrain alluvien moderne , je dois dire un mot des silex qui ont été modifiés dans leur forme et leur couleur extérieures. La craie avant été bosselée, ravinée par des eaux puissantes après son 'dépôt, une partie des silex qui s'en trouvèrent séparés restèrent entiers ; les autres furent brisés en s'entrcchoquant, car alors ils étaient tendres , comme ils le sont encore quand nous les extrayons des carrières. La croûte des silex est souvent restée blanche dans — §73 — ceux enveloppés d'argile glaiseuse; elle est devenue grisâtre dans ceux des autres dépôts caillouteux. Cependant elle a pris une couleur verdâtre lorsque les silex ont été enveloppés par les sables glauco- nieux de l'éocène, et alors au-dessous de la croûte on voit une zone jaunâtre. Ces silex sont parfois blancs sur les fractures, ce qui est dû à l'air auquel ils ont, sans doute, été longtemps exposés avant que les sables glauconieux ne les eussent entourés. Dans le fond et sur les bords des principaux cours d'eau, on trouve toujours et presqu'exclusivement des silex à croûte jaunâtre , même sur les fractures , et dont les aspérités sont émoussées. Dans quelques localités comprenant , en général , plusieurs communes , la plupart des silex ont une croûte blanchâtre, même sur les fractures. Ces couleurs jaunâtres et blanchâtres sont , sans doute , dues aux influences atmosphériques et peut- être, pour les premières, aux éléments qui entraient dans la composition des eaux, où ils ont été roulés. A.u bord de l'ancien rivage de la mer, on trouve des silex dont les aspérités ont seulement été émous- sées , puis des silex ovoïdes ou des galets dont les alluvions actuelles forment encore des dépôts. Mais on en rencontre aussi dans les sables gris -blancs éocènes. Ceux-ci, toujours amygdaloides, doivent leur forme au frottement auquel furent soumis des silex par les eaux marines qui les prenaient dans les amas formés lors du bosselage de la craie. Ils ont été, ainsi que les sables qui provenaient de leurs aspérités , déposés ensemble et occupent la partie inférieure de l'éocène. Plus tard , dans quelques endroits , ils ont — 574 — été mêlés avec d'autres silex dans les sables glaueo- nieux ou intercallés dans l'argile des lignites , puis enfin ils ont été remaniés encore, ainsi qu'une partie de ceux qui étaient dans les sables gris- blancs, et ont été dispersés en quelques lieux dans les terrains su- périeurs à l'éocène. TERRAIN ALLUVIEN MODERNE. Le terrain alluvien moderne est formé de sable et de galets amoncelés par la mer sur le littoral et à l'embouchure de la Somme; dans les vallées, par les tourbes et les couches qui y sont intercallées, soit de sable dans la basse Somme , soit de craie terreuse amenée par les avalanches dans la partie supérieure des vallées de la Somme, de l'Avre, de la Noyé, etc., soit par les tufs et concrétions calcaires, soit par la vase et le gravier des rivières 5 enfin par les éboulis des escarpements, par l'humus des bois et des prairies. Les eaux , à raison des obstacles qui s'opposaient à leur écoulement, étaient, autrefois, plus hautes que maintenant, de plusieurs mètres, dans les vallées. Outre les restes des animaux existants, on trouve encore dans le terrain moderne des vallées, des os- sements d'ours (ursus arctos , Lin)., de castor (castor fiber, Lin.), d'unis (bos priscus, Boj.), qui ont disparu depuis les temps historiques. A Estrebeuf, près de Saint-Valéry, on a trouvé, au fond de la tourbe , une pirogue faite avec un seul arbre. Elle est déposée au musée d'Abbeville. BUTEUX. LA TOPOGRAPHIE PONTHIEU LES ANCIENNES CARTES. L'étude des anciennes cartes de la Picardie et les indications textuelles des chroniqueurs, jettent peu de jour sur la topographie de l'ancien comté de Pon- thieu. Ces cartes, dressées en dehors de toutes règles trigonométriques , sont , en général , inexactes et in- correctes; le gisement des côtes et le cours des ri- vières y sont irrégulièrement tracés, les distances n'y sont point observées et les noms des localités y sont singulièrement dénatwrés. En montant du Sud au Nord et commençant par la Bresle, on voit Tresport, et Eu écrit Heu par Mercator, nommé la ville d'OEuf dans le rapport de Leroux d'Smfreville. Sur plusieurs cartes Eu est remplacé, sur la rive de Picardie, par une grande ville désignée en majuscules sous le nom de S'-Esperit. C'est sans doute le lieu où, d'après Dom Grenier, saint Valéry — 676 — s'arrêta un jour que des paysans y étaient assemblés et se livraient à des pratiques idolâtres devant l'image de leur dieu. Valéry entra en fureur et , par l'effet seul de sa volonté, l'idole tomba en poussière; mais cet excès de zèle faillit devenir funeste au saint homme : les paysans se ruèrent sur lui et l'eussent assommé , si sa parole ne les eût subitement calmés et disposés à recevoir le baptême. Ault est écrit Austy dans Ortelius, Auscy dans Mer- cator, Au sur les cartes de d'imfreville, Bourg d'eau par l'ingénieur Cocquart de Saint-Valéry. D'autres écrivent Aoust, par cette erreur que ce lieu aurait été bâti en l'honneur de l'empereur Auguste. Ne viendrait- il pas plutôt d'Altus, à cause de la position de ce bourg sur une l'alaise escarpée? Leroux d'imfreville cite les grandes pescheries à'Au « où, dit-il, il y a cinquante « bateaux qui se guindent sur l'estran au moyen de « cabestans. » Boyer, qui écrit Augst dans sa Descrip- tion hydrographique des côtes de la France, dit que c'est une anse avec une rade assez bonne. En 1735, époque où Cocquart dressait son projet de port à Saint-Va- lery, la plage du Bourg d'eau, nommée le Perroir, était très-dégradée par les attaques de la mer, et les cabestans étaient en partie enlevés par les vagues. Près d'Ault est Onival, où Dom Grenier indique un ruisseau qui se déchargeait à la mer : il s'agissait probablement d'une des branches du Hàble. L'ingé- nieur Girard, auteur d'une Observation sur l'histoire physique de la vallée de Somme , dit qu'Onival était ville en 1382 (I). (1) Journal des Mines, tome n. — 577 — Audebu, qui s'écrit et se prononce aujourd'hui Hau- tebut, figure sur toutes les cartes plutôt que d'autres localités plus importantes: c'est un misérable hameau situé sur le versant du coteau qui fait l'ace à la mer; mais il ne serait point étonnant qu'il y eût eu un refuge dans le vallon qu'il abrite. Brutelles et Brutelette sont écrits Broutelles, Brou- telettes; Dom Grenier écrit indifféremment Broutelle et Broustelle. Dans une carte de 1615, sans nom d'auteur, il y a Lencher pour Lanchères; Cocquart écrit L'anchères. Pende est écrit Sendi. 11 est indiqué par Dom Gre- nier comme l'un des endroits les plus agréables de la Picardie: « Ce village, dit-il, mériterait, par sa « beauté et ses agréments, d'être dans le voisinage de « la capitale. » Dans quelques cartes , le Hâble d'Àult , qui n'est actuellement qu'un étang du rivage , entre Hautebut et Cayeux, est ouvert avec un chenal communiquant à la mer. 11 est désigné sous le nom de port du Hâble. Leroux d'Imfreville l'appelle le havre de Cayeulx , où se retirent quelques bateaux de pèche , et sa carte fait figurer un phare à la pointe gauche de cette crique nommée encore aujourd'hui têle du Hùble. Cocquart cite le Hâble d'eau comme un refuge excellent « pour " les pêcheurs du Bourg d'eau et de Cayeu qui leur » est très-avantageux dans les coups de vent et les « tempêtes imprévues ; l'entrée , dit-il , en est très- « facile , et la mer monte au dedans près de vingt « pieds dans les équinoxes et reste à sec à basse " mer. S. A. Msr le duc d'Orléans et M. le comte de « Cayeu prétendent chacun que cette seigneurie est 37 — 578 — « dans leur mouvance, mais la contestation n'est pas <• encore décidée. » (1). D'après toutes les cartes , on remarque facilement que le Hàble est une ancienne embouchure qui com- muniquait autrefois avec la Somme par le Cap-Cornu, et qui en a été séparée par l'envahissement des allu- vions. « Ces terres furent pendant longtemps des « salines, dit Cocquart, mais après la suppression de « la fabrique des sels , les habitants construisirent « des digues pour les soustraire à la mer, et elles « produisirent alors des grains en abondance sans « aucun amendement ni engrais. » Cayeux est écrit Cayeu, Cayu , Cayen. Dans Dom Grenier nous lisons : pays et roc de Cayeu. C'est évidemment un ancien banc de sable, base de l'allu- vion qui repoussa le lit de la Somme vers les dunes de Saint-Quentin. La carte de Guillaume de l'isle représente la pointe du Hourdel comme un monticule élevé sur lequel on lit les Melears ; sans doute les Molières , ferme qui existe dans ces parages. La pointe du Hourdel , que la carte de N. de Fer désigne sous le nom de Tète du Hourdel, occupe, selon les géographes, différentes positions. Sur celle de Van Lochom , elle s'avance très au nord, barrant la partie inférieure de la baie de Somme et laissant une anse profonde entre elle et Saint- Valéry. Sur quelques cartes , cette anse est appelée le Vieux Port; Cocquart l'appelle Anse de la mal assise. C'est sans doute le lieu où, d'après Dom (1) Mémoire sur rétablissement d'un port à Saint-Valery- sur-Somme. (Manus. Bibliot. imp. 17 supplément.) — 579 — Grenier, Guillaume-le-Bâtard assembla sa flotte, puis- qu'il dit que ce port était au Ilonrdel : il semble plus vraisemblable que ce devait être à l'abri du Cap Cornu A l'époque de cette célèbre expédition, la pointe du Hourdel devait occuper une position bien moins avancée vers le nord. Si le plan de Cocquart est exact, elle était, en 1735, vers la batterie Napo- léon, et beaucoup plus arrondie que celle d'aujour- d'hui. L'anse de la Mal Assise est encore indiquée près de la ferme de ce nom. La carte d'Henri Friex, et quelques autres qui l'ont copiée, indiquent un îlot au nord de cette pointe. Le Cap-Cornu, sur presque toutes les cartes, même celle de Cassini, est écrit Cacornu; celles de Van Lochom et de Jollain disent Calrorin; aucune ne porte Cap Hornu. Ortélius appelle Saint-Yalery Saiht-Valoit; beaucoup de cartes portent Saint- V aller ij, Sainl-Walleri et Saint- Valëri. Cocquart dit que l'enceinte de Saint-Valéry se composait » d'une bonne muraille et forme un plan « irrégulier fortifié d'un rempart avec un fossé sec, « le tout flanqué de grosses tours pour en défendre « l'approche. Elle a un château fortifié qui la com- « mande et qui voit dans l'enclos de l'abbaye. 11 « occupe , du côté du sud , une partie du corps de « la place dont il est séparé par un fossé sec sur « lequel il y a un pont de communication défendu « par un fort donjon flanqué de grosses tours qui « commandent la ville et qui enfilent aussi les prin- « ci pales avenues. A côté de son pont de secours on " voit une très -belle tour et d'une grande hauteur - qui pouvait commander autrefois le mont Rôti et « la tour de l'abbaye qui est carrée et de laquelle — oSO — <• on aurait pu voir dans la place et incommoder « son château. » Cocquart parle aussi de la tour à roc , forteresse sur le bord de la grève , avec une batterie à fleur d'eau , pour la défense du port. On en a fait la tour Harold , sous le prétexte que le prince anglais de ce nom y aurait été enfermé après avoir fait naufrage au llourdel. Harold ne prit point terre au llourdel, mais vers les rives de l'Authie, et il fut emprisonné à Belrem (Beaurain) sur la Canche, ainsi que le témoigne positivement l'inscription d'un monument décrit par M. Lancelot dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres Ce- pendant on a pris l'habitude d'écrire tour Harold. Et voilà comment on fait de l'histoire! La Ferlé est écrit La Frette par Jaillot et Jollain. Cocquart en appelle les habitants les Fretelois. Le che- valier de Clerville, en parlant de la navigation de la Somme, dit : « Les navires demeuraient ci-devant « en seureté en trois endroits de l'embouchure de la « rivière de Somme, sçavoir soubs la pointe du Hour- « del , soubs le ehasteau du Crotoi et au quay de « l'Afferlé qui est une espèce de faubourg , scituée « au-dessous de Saint-Valéry et qui contient une bien « plus grande quantité de maisons que non pas la « ville. C'est là, ajoute-t-il, que mouillent les navires «des négociants de Saint-Valéry ; ceux d'Abbeville » mouillent au Crotoi sans vouloir jamais avoir au- « cune communication les uns avec les autres quelque « nécessité qu'il y en pûst avoir. » (1) (1) Rapport du chevalier de Clerville sur les ports de Pi- cardie. (Collection de Colbert. Manus. 122.) — 581 — La rivière qui contourne la butte de Saint-Valéry dans la vallée de Neuville, est nommée Damerise. Les cartes de Sanson lui conservent ce nom et placent la rivière d'Amboise à Uoismont. Saigneville est écrit Sainte Ville, Seigneville- sur- Mer . On lit dans les notes de Dom Grenier « qu'un accord « eut lieu entre l'abbaye de Saint-Valéry et Lancelot « de Longvilliers, seigneur de Seigneville, au sujet » des caucbies du dit Seigneville devers la mer, pour « raison de la réparation du noc dit Pont de Sinet » qui avait été emporté par la mer. » L'embouchure de la Somme, sur toutes ces cartes, ligure un triangle très-allongé, dont le sommet serait Abbeville que d'imfreville écrit Albeuille. Malbranq écrit Ableville. « Les uns l'appellent Hàbleville , dit « Henri Hondius , parce qu'il y a un havre sur la « Somme qu'on appelle aussi en France hâble. » Le peuple prononce encore Ableville. Lamblardie et Gi- rard en concluent qu'il faut écrire Hable-ville , parce que cette ville aurait dû son origine à un vaste port et parce que, disent-ils, il est toujours sûr de s'en rapporter aux usages et aux expressions populaires que les siècles et les changements de gouvernement peuvent bien modifier, mais sans jamais les détruire (1). « Du côté de la mer, à la main droite, dit encore « Hondius, se voit le coteau de Toflais (aujourd'hui « Tollet) qui est au plus bel air du monde. » Le gué de Blanquetaque est indiqué par une tache blanche, espèce d'ilot dans le lit du fleuve. Sur la même rive , vers l'endroit où se trouvent (1) Journal des Mines, tome v. — oS«2 — les tombelles et la butte Saint-Ouen , figure un lieu nommé Eame; Pâmes dans Mercator. Sans doute que le graveur, ayant eu le mot St-Ouen mal écrit, aura lu et gravé Eame. Ces tombelles sont des mon- ticules de terre plus ou moins coniques , plus ou moins affaissés par le laps des siècles, comme on en trouve dans certaines contrées sous les noms de butte, tertre , motte , mondrain , etc. Dans les lies Britan- niques , elles ont conservé les noms de barrows , du mot saxon birig , couvrir, enterrer. On croit que ce sont des monuments druidiques. Noyelles, ce village dont Cocquart admire les places, les carrefours , les rues droites et le beau pont de pierre, est écrit Noielle , Noëlle. Mercator le place à l'est de Saint - Riquier , vers Donqueur. On voit en avant de ce lieu, les Brûlots, fermes que la Somme, dans ses capricieux détours, a enlevées depuis près d'un siècle Cassini indique en amont de Noyelles , sur la ri- vière du Pont Dien , une tour qu'il appelle tour de Ponthieu. Henri Friex porte, par altération sans doute, Tode Perdieû. Cet endroit, où se trouve aussi Pon- thoile (Ponleculi, mer intérieure), ne serait-il point l'origine du mot Ponthieu? M. Morel de Campennelle l'a pensé , et il a été plus loin , en présumant que Ponthieu ou Ponthiu pourrait dériver de Port itiu, le r et le n étant fréquemment et indifféremment em- ployés l'un pour l'autre chez les anciens. En feuille- tant Ménage et Bullet, on trouve que Mus peut venir du Celte it, port, et <ïiu, ruisseau, port du ruisseau, dénomination qui, par rapport à la rivière de Somme, pouvait s'appliquer au ruisseau du Pont-Dien. Pour — 583 — les partisans de cette supposition, le port du ruis- seau serait iliu, nommé par César Portas itius , qui serait devenu plus tard Porthiu ou Ponthiu, Ponlhieu, Ponthien. Sur quelques cartes, il existe une anse très-enfoncée à l'est du Crotoy. Sur d'autres , la rive droite est figurée par une ligne directe tirée depuis Àbbeville jusqu'à la pointe de Saint-Quentin. Le -Crotoy est au milieu d'une chaîne de dunes qui borde la côte de- puis Noyelles jusqu'à la Maye. Sur les plus anciennes cartes, le Crotoy se trouve à l'extrémité d'une pointe, entre les embouchures de la Somme et de la Maye, mais plutôt sur la Maye que sur la Somme. La carte de Malbranq porte Créta, aussi à la pointe de la Maye, mais derrière une île ou delta qu'il nomme quartensis locus. Sur une carte de Jaillot, de 1681, on indique, entre le Crotoy et Hue, le pont Sanguin, endroit com- plètement ignoré. D'Imfreville porte sur sa carte Crotoy, mais, dans son rapport, il écrit le Croltoir. Cocquart dit: « Un gros mur, un rempart et un fossé que la « mer remplissait de ses eaux, forment l'enceinte du « Crotoy dont le plan irrégulier renferme un cavalier " fort élevé du côté de la Somme sur lequel on voit « un moulin à vent. Cette enceinte qui parait avoir " été percée de quatre portes, est actuellement ruinée « ainsi que les tours qui la flanquaient pour la dé- « fense du passage de la Somme. Cette place et son « port étaient commandés par une puissante forte- " resse qui voyait Saint-Valéry et croisait aussi ses « feux sur la Somme ; elle était séparée de la ville « par un fossé et une forte muraille flanquée du cinq « bastions dont le plan est un pentagone assez rég.u- — 584 — « lier. Un donjon élevé sur des ouvrages souterrains «• en occupait le centre. Elle a passé autrefois pour <• une citadelle considérable, mais elle a été rasée par « ordre de la cour. » Les souterrains dont parle Coc- quart paraissent s'étendre sous le Ootoy. En 1836 , on y découvrit une crypte en contre-bas du sol. Ce mot, suivant la coutume de la primitive église, servait à désigner les chapelles souterraines dans lesquelles on plaçait les corps des saints et des martyrs, et dont on voit l'usage longtemps continué dans la plupart des grands édifices du moyen-âge. On trouve, en effet, dans la basse latinité, les expressions de crola, crotla, crotum, croterium, crotonus, croate, etc., pour désigner des cavités du sol , intérieures et superficielles. Les trouvères français des xne et xme siècles s'en sont servi dans leurs poésies; c'est ainsi qu'on lit dans le roman de Gavin : « Ne treuve crotes que faille remplir. » et dans le roman d'Attris: « Dehors les murs d'antiquité « Trouva une crouste soubs terre. » Ce passage du Dictionnaire universel de J. Desnoyers est livré à l'appréciation des archéologues pour l'éty- mologie du Crotoy. Pierre Boyer, dans sa description hydrographique des côtes de la France, appelle la terre située entre les embouchures de la Somme et de la Maye, Terre à quiens, et il reproduit cette désignation sur sa carte. A-t-il voulu parler de Quend que les gens du pays prononcent Quienl — o8d - Saint-Firmin est écrit indistinctement St-Fremin et St-Ferain. L'embouchure de la Maye est très-grande et s'é- largit, dans l'intérieur des terres, jusque vers Genville et Forètmontier. Je crois que cette embouchure occu- pait, il y a deux siècles encore, tout le marais de la Bassée, situé derrière le barre-mer, où M. Ravin a indiqué la Voie du Pilote : c'est pour cette raison , sans doute, que le Crotoy figure souvent à l'embou- chure de la Maye. Cette largeur est indiquée sur la carte de Cocquart qui porte le premier pont à Rue; on voit, sur la droite, une digue qui reliait Rue au barre-mer, dans la direction actuelle de Saint-Firmin. Cette digue fut sans doute élevée pour empêcher la mer de s'épancher vers le Crotoy , qui auparavant était, ainsi que le barre-mer, enveloppé, à mer haute, par les eaux des marées. M. d'imfreville , dans son rapport de 1639 , dit qu'il passa le vau de Rue au gué, en se rendant du château de la Motte au Crotoy. Ce gué devait être vers la Haye-Penée où, longtemps après, on construisit une digue et une écluse. M. d'im- freville écrit aussi St-Fremin, et dit avoir aperçu de là le cap de St-Quentin. Sur plusieurs cartes, l'embouchure de la Maye tra- verse les dunes de Saint-Quentin; aucune, même les plus récentes , ne donne le véritable cours de cette rivière dans les grèves: celle même du Dépôt de la Guerre la porte vers la pointe de Saint-Quentin , où elle débouchait autrefois; mais, depuis cinquante ans, elle se décharge dans la Somme, entre le Crotoy et le Ilourdel. Sur la rive droite de la Maye, les digues de l'an- — 580 — cienne baie apparaissent encore au village de Saint- Quentin. Des dunes de sable, sur l'une et sur l'autre rive, resserrèrent l'embouchure, les alluvions s'y dé- posèrent, et les riverains obtinrent l'autorisation d'y faire des enclôtures qui se voient encore aux environs de cette rivière. Les cartes de la fin du xvie siècle indiquent près de la Maye un endroit nommé Rony. Rue en est assez éloigné au nord. « Rue 5 dit Pierre Royer, est situé " au pays de Ponthieu, entre Abbeville et St-Valery, » près la rivière de Somme, ainsi appellée d'autant » qu'anciennement ce n'estoit qu'un bourg assez long « qui n'avait que deux rangées de maisons, mais de- « puis huit cents ans, sa situation commode fut cause « que ce bourg s'accrût en édiflices et changé en ville « assez considérable et d'une bonne dcsfence, comme « ayant été fortifiée au temps des Anglais. » (1) Au- jourd'hui, comme une nouvelle Sion , Rue pleure ses remparts détruits , ses tours abattues , sa citadelle rasée-, port sous la race mérovingienne, ville impor- tante du moven-àge, elle cherche vainement la trace du chenal maritime que le dictionnaire de marine de Grandpré lui attribue encore: il ne lui reste de sa grandeur passée que la grosse tour dite la prison et sa jolie chapelle du Saint-Esprit. Dourien, dans Ortelius, est sur la Maye, au-dessous de Rue; Rerck est à son embouchure, à la place de Saint-Quentin qui est écrit St-Quintin. Aucune carte n'indique le port qu'on dit avoir existé sur ce point (1) Description hydrographique des côtes de l'Océan. Boyer, manus. de la Bibliotli. imp. 35. — 587 — et que je crois avoir reconnu au grand gouffre. Cette excavation, aujourd'hui comblée, est dans les dunes, à l'endroit de la carte de Malbranq où est indiqué un port. 11 y a peu d'années qu'on y voyait encore d'énormes pieux équarris, enfoncés dans l'eau comme pour retenir la poussée des quais. La plaine voisine, enclavée dans les dunes, est nommée d'une brûlée par les gens du pays. Cassini y indique une église ruinée. La tradition porte , en effet , sur ce point , l'ancien village de Saint-Quentin, mais je n'y ai rien vu. On m'a donné une tète de moine en terre cuite prove- nant de là, ainsi qu'un fragment de médaille en étain représentant une barque montée de deux hommes. Aucun géographe ne mentionne VIchi-port dont parle l'abbé Mann dans ses recherches sur le Port itius. Sur beaucoup de cartes on remarque, entre Rue et Quend , un endroit nommé Chau de Malles. Je crois qu'on a voulu écrire chau de la Motte, château étant mis en abrégé. Le château de la Motte n'est plus qu'une ruine dont les débris ont servi à construire une ferme Le chevalier d'imfreville dit, dans un de ses mémoires, qu'il y coucha en se rendant d'Etaples ;i Saint-Yalery, et qu'il faillit rester embourbé dans les marais. Quend est écrit Quen, Can, Caen. La carte de Van Lochom le supprime et y place un endroit nommé Mallos (peut-être encore la Motte). On ne voit nulle part Marck que Dom Grenier indique pour capitale au Marquenterre; mais d'imfreville porte sur ses cartes le village et la pointe de Marquenterre. Cette pointe du Marquenterre est indiquée ailleurs Romville, Rouau- ville , Reuville, Roqueville , aujourd'hui Kouthiauville. — 388 — Quend se divise aujourd'hui en deux parties, Quend viu ou Quend le vieux, nom latinisé en !228 en ceiui de Quentum relus , et Quend le jonne (Sanson). Des débris d'antiquités romaines et franques se retrouvent dans les remaniements du sol : en les recueillant , on ne peut s'empêcher de penser à l'étonnant rapproche- ment que présentent ces noms de Quend viu et Quen- tum vêtus avec le Quentovic qui , d'après l'histoire , existait dans ces parages et qui , comme le Portus itius, est pour les savants un objet de recherches et de controverses. Le cours de l'Authie n'est point tracé plus régu- lièrement que celui de la Somme ; c'est une ligne presque droite se dirigeant de l'est à l'ouest On voit au-dessous de Collines-L>eaumont , un endroit nommé Fréminet que je ne puis rapporter qu'au Muret. Les cartes de Surhon et de Mercator indiquent, vers l'em- bouchure, une ville considérable nommée Pont Asselane, qui ne peut être que le Pont-à-Collines ou le Pont-à- Cailloux , endroits qui n'ont jamais été villes. Je ne sais pourquoi Gobct, dans ses Recherches physiques sur l'isthme britannique, appelle la chaîne des collines qui traversait le détroit, les monts à"Àuthie, nom, dit-il, qui est aussi donné à des rivières, à des paroisses et à des sommets, depuis la Normandie jusqu'au Calaisis. La géographie physique de L'Encyclopédie méthodique désigne aussi sous ce nom à'Authie le sommet d'une longue colline dont l'enceinte se trouverait déterminée enire les villages d'Andresis, de Carrière et de Chan- teloup. Le Pas d'Authie est reculé au loin de la rivière vers Berck; on trouve ensuite Groselicrs, puis Grofliers qui — 5S9 — devrait être à l'embouchure. Grofliers avait autrefois un assez bon port de pêche, dit M. d'Harbaville. Waben, ce port que les anciens auteurs désignaient comme la plus importante des villes du Ponthieu après Abbeville, est écrit Wabain, Vaban, Warin. Dans les mêmes parages, d'un côté et de l'autre de la rivière, Neurpont et Nampont. Un ruisseau descend d'Airon et se décharge au cou- chant à la mer: c'est le ruisseau de Pont de l'Arche qui, depuis, a été détourné dans l'Authie par l'écluse de Grofliers. D'îmfreville en parle; il vint à Berck où il y avait alors une baie avec une pointe de chaque côté: « ïl court "en la dite baie, dit-il, un ruisseau « qui descend des marais de Verton. La dite baie étant « de grande queste et de peu de fond. » Le banc de Belhoye barre le chenal à son embouchure. Sur cette petite rivière, quelques géographes placent Morine, localité aujourd'hui inconnue. Au lieu de Berck, qu'on place sur la Mave, on lit Olreqz. Sorrus est dit Soiru, Sociu, Sorrute. Dom Grenier écrit Sigetrudis, Sidruclis, Soirru. 11 rapporte qu'il y avait près du village de Sidrudis, une forêt dans laquelle était un hêtre énorme. Saint Riquier y enchâssa des reliques, sans doute pour convertir au culte religieux le culte profane que les habitants du lieu rendaient à cet arbre: Sacratum fusion. Le seigneur du lieu le fit abattre , ce qui produisit un miracle , suivant le moine Hariulf. Montreuil est souvent écrit Monslreuil. Un monastère y existait au \ne siècle. En SoO, Helgaud, comte de Boulogne , conçut le dessein de fortifier ce lieu qui dominait l'entrée de la Canche. 11 entoura la mon- - 690 — tagne, au sud est du château, d'une forte enceinte de murailles munie de tours , et rétablit l'église et le monastère qui avaient été détruits par les Normands. Pierre Boyer dit que Montreuil « est ainsi appellée d'au- « cuns, mais avec peu de vérité, à cause d'un monstre " prodigieux qui y nasquit et que quantités de peuples « de tout le pays allaient voir, et d'autant qu'il y lit « sa demeure. Le lieu l'ut appelle Monstreuil ou bourg « du monstre. Mais d'autres , avec plus d'apparence , •' tirent le nom de Monstreuil comme qui dirait mont « royal, pour ce, disent-ils, que sur cette éminencc « estoit basti un château par un roi des Gaules, et •' du depuis, sous le règne du roi et empereur Louis- « Ie-Débonnaire, fut bastie la ville telle qu'elle se void « à présent, et d'un nom corrompu se nomma Mon- « streuil. « M. d'Iîarbaville dit que la légende de ce monstre vient d'un phare qui, jadis, était élevé sur le promontoire de Montreuil. La lumière qu'il projetait au loin aurait donné lieu à la supposition que lorsque les flots de la mer venaient battre le pied du pro- montoire, le cyclope se réveillait et dardait au loin son œil de feu. On disait monstrat oculum , dont on aurait fait Montreuil. Campigneul est écrit Campigneue ; on voit Brique à l'endroit où doit être Trépié \ en place de Saint- Josse , on trouve un endroit inconnu nommé Uton , sans doute le mot Airon défiguré. Leroux d'imfreville désigne les deux pointes de la Canche sous les noms de cap de Lornecq du côté d'amont et cap de Lornccq du côté d'aval. Wastelain et Malbranq placent Quen- tovic à Etaples. Gobet dit qu'il n'y a point eu de Quentovic ville, mais un pays nommé Quentwico. 11 — 591 — cite en témoignage le cartulaire autographe de Fol- quin où on lit : In Terruana Goibertus contradidit mansum in Quentwico similiter (I). Ces cartes sont toutes très-irrégulières : les rivières ne sont que des lignes droites tirées sans attention dans la direction supposée du cours d'eau. La posi- tion des lieux n'est pas mieux calculée, les distances ne sont point observées : Berck est sur la Maye en face du Crotoy, Tréport se trouve dans les garennes du Marquenterre. Le géographe l'ait souvent double emploi , il confond la Maye avec FAuthie , l'Authie avec la Canche ; Tréport est écrit pour Trépied , Berck pour Brique. Dans l'une des cartes d'Ortelius, le Crotoy écrit Croly , se trouve en môme temps et sur l'Authie et sur la Somme; on trouve, ù la pointe gauche de la Canche, un endroit nommé Ponliu. Ce même Ortelius, dans une autre carte des mêmes parages, ne donne plus les mêmes gisements : la Pi- cardie ne forme qu'une ligne droite avec la Nor- mandie, ou bien elle occupe le fond d'un golfe qui a pour extrémité d'un côté le Havre placé au lieu d'Etretat, et de l'autre le cap Blakness figuré comme une grande ville. Tréport est à la pointe du Hourdel; à la place d'Ault est une ville nommée Beys. Viellart est une ville sur la Liane, plus près de la mer que Boulogne. Douvres et l'Angleterre apparaissent au nord de Calais. Ces erreurs n'existaient pas sur les cartes seulement: Boyer les reproduit dans l'itinéraire de sa description topographique : « Monstreuil, dit-il, ville située sur la (1) Journal de physique, tome xxxv, pages 147 et 319. — 592 — « Canehe, puis Monceuy, Villiers et Trespié situé sur « icelle même rivière , puis le cap ou pointe des " dunes , Coig , Merlimont , Otreqz et Moraine situé « sur un petit ruisseau , puis suit Grosseliers silué » sur la rivière d'Authie , après ce sont Rouaille , « Chasteau de Malles , puis suit la ville de Rue et « rivière de Maye sur laquelle elle est située , puis « St-Firmin , la terre des quiens , puis le Crotoy et « rivière de Somme qui se décharge là en la mer « et qui a de l'austre costé opposé au Crotoy la « ville de St-Valery en laquelle finit la jurisdiction » d'Abbeville. La jurisdiction de St-Valery comprend « la ville de St-Valery, la Ferté, Calrorin, le lïourdel » et puis Cayeu. La ville de St-Valery est située sur « la dite rivière de Somme à l'opposite du Crotoy et » auroit un assez bon port n'estoit un banc de sable « qui est dedans icelui. » Boyer avait probablement copié les cartes de son temps pour dresser son itinéraire. Nicolas Sanson redressa une partie de ces irrégularités , mais il n'observe guère mieux les distances et il reproduit encore quelques erreurs de noms : il écrit St-Fremin, Qucnd le jonne, Berg sur mer, Camie!. Les dessins ne sont pas plus exacts. Une vue de Saint-Valéry, par Chastillon (1641), représente au premier plan la ville dans son épaisse ceinture de murailles, avec la flèche pointue de son église, son château à mâchicoulis; une butte élevée, surmontée d'un moulin, occupe le centre de la place. On voit, sur l'autre rive de la Somme, une ville fortifiée, avec un château, des navires dans le port: c'est le Crotoy, mais le dessinateur a eu le soin d'écrire au-dessus le — 593 — Tréport. Cayeux occupe une place sur la gauche, et la mer pénètre très-avant entre St-Valery et la pointe du Hourdel qui parait être très-peu éloignée de Cayeux. Ces indications ne sauraient donner une idée bien précise de la topographie du comté de Ponthieu. On peut juger, d'après ces erreurs, provenant sans doute de mauvaises prononciations, si les noms des villes de l'antiquité ont pu parvenir jusqu'à nous sans alté- ration. Jules -César a pu écrire Portus - Itius ; mais comment les gens de la contrée prononçaient -ils ce nom rendu en langage romain? Disaient-ils WissantP ou bien, comme l'a dit Malbrancq, Itius serait-il de- venu Sithiu , aujourd'hui Saint-Omer? Ose-t-on rien affirmer lorsque les siècles ont passé sans laisser de traces matérielles, et pouvons-nous nous en rapporter à l'étymologie , si nous ne sommes pas sûrs que le nom primitif a pu nous être conservé? C'est à Cassini que nous devons les premières cartes faites avec quelque exactitude; les rivages de la mer, le cours des rivières y sont régulièrement tracés, et l'orthographe des noms y est rétablie d'après les titres les plus authentiques. Mais ces cartes, à cause de leur exactitude même, ne nous donnent point le tracé de la côte au moyen-âge: c'est sur le sol, derrière les attérissements et peut-être même au sein des ondes, qu'il faut aller chercher ces anciens rivages. C'est une recherche dont je m'occupe avec soin et persévérance, et que j'espère livrer quelque jour à la publicité. Florentin LEFILS. 38 SYSTEME INTERNATIONAL DES POIDS, MESURES ET MONNAIES. La liberté de plus en plus large donnée aux rela- tions commerciales, les chemins de fer. la navigation à vapeur, la télégraphie électrique et les expositions universelles ayant fait revivre, en Angleterre, la grande idée d'un système uniforme et international des poids, mesures et monnaies, la Commission Royale d'Angle- terre instituée à cet effet , crut devoir adresser la lettre suivante à toutes les Associations , Académies et Sociétés savantes d'Europe et d'Amérique : « Londres, le S0ime Août 1855. M « La décimalisation des monnaies, poids et mesures dans les royaumes de Sa Majesté Britannique a oc- cupé l'attention sérieuse du gouvernement et de la nation entière, et une Commission Royale a été formée pour obtenir des renseignements sur ce sujet. « Comme il serait très-important, dans les intérêts de la science, du commerce et de l'humanité en gé- néral , d'introduire dans tous les pays un système international et uniforme de monnaies, poids et me- — ;>9<> — s, nous vous fiions de bien vouloir communiquer vos idées sur les moyens que vous jugeriez les plus efficaces pour arriver à ce but. « Veuillez donc avoir l'obligeance de nous donner votre opinion sur les propositions ci-jointes, et d'a- dresser votre réponse au professeur Leone Levi , VI The collège Doctors Commons, ou à M. James Yates, Higbgate, London. « Agréez, M., les sentiments de notre haute con- sidération. « Signé: Ebrington, M. P.— Rien. Cobden, M. P. J. B. Smith, M. P.— James Bell, M. P. W. Edwart, M. P. -John Bricht, M. P. John Edward Gray. — Charles Babbage. James Yates , M. A. II. S. — Thomas Hodgkin,M I).— John Mac Gregor,M. P. Leone Levi, F. S. A. — Théodore W. Bathboive , Allerton Priori , near Li- verpool. QUESTIONS : « 1° Quel est le système de monnaies, poids et me- sures adopté dans votre pays? Veuillez nous indiquer le principe sur lequel il est basé et sa relation avec la méthode anglaise. « 2° Quels seraient, à votre avis, les meilleurs moyens pour obtenir un système international uniforme pour tous les pays? .. 3° Croyez -vous qu'il y ait des difficultés insur- montables pour atteindre ce but? Vous nous obligeriez infiniment de nous les indiquer, si, dans votre opinion, il en existe. » — 597 — La Société impériale d'Emulation d'Abbevillc ayant chargé un de ses membres de répondre aux questions ci-dessus posées, M. E. Pannier, Vice-Président de la Société, a donné lecture du rapport ci-après dans la séance du 22 novembre 38.35 (J): SYSTÈME INTERNATIONAL DUS POIDS, MESURES ET MONNAIES. RÉPONSE AUX QUESTIONS DE LA COMMISSION ROYALE D'ANGLETERRE. Le décret qui imposa à la France l'uniformité des mesures fut un bienfait de la révolution de 1789, et s'il fallait en donner la preuve , il suffirait de rap- peler en peu de mots ce qui se passait antérieurement à cette époque. Non-seulement alors chaque province, mais chaque ville, chaque bourg et presque chaque village se ser- vait , pour supputer l'étendue , la pesanteur et la capacité, de modes particuliers et variables à l'infini, parce qu'ils ne reposaient pour la plupart sur d'autre base que la fantaisie du seigneur du lieu qui impo- sait à ses vassaux , soit la longueur de sa canne (1) Ce rapport, traduit et imprimé en janvier 1850 , dans un compte-rendu de la Commission Royale d'Angleterre, a été reproduit par les journaux anglais qui s'attachent à démontrer la nécessité et l'opportunité d'un système uniforme pour tous les pays. — 598 — comme mesure d'étendue, soit l'ampleur de son verre comme mesure de capacité. C'est ainsi que 42 mesures agraires se disputaient et se partageaient la surface du département de la Somme. Ces 42 mesures, toutes connues sous le nom de journal , variaient entr'elles non-seulement par la quantité de verges ou de perches qui les composaient, mais la verge ou la perche différait elle-même d'é- tendue suivant les localités. Les mesures de solidité y étaient au nombre de 4 8. Celles de pesanteur au nombre de 7. Celles de capacité pour les grains au nombre de 40. Et quant à celles en usage pour les liquides, elles présentaient également de nombreuses variétés connues sous les noms de pot de vin, de pot de bière, de lot, de potée, de pinte, de verrée, de broc, de chopine, etc., etc. Or, comme il en était de même pour tous les autres départements, on comprend combien un pareil état de choses rendait difficiles les transactions d'une province à l'autre, et l'on conçoit que ces divergences n'ont subsisté si longtemps que parce qu'il était de l'essence féodale d'isoler chaque mouvance et de maintenir entr'elles des démarcations par la diver- sité des usages. Aussi aux approches des Etats-Généraux. , c'est-à- dire au réveil de l'esprit public, le vœu d'une réforme complète fut vivement exprimé par les bailliages , et l'Assemblée constituante conçut un vaste projet dont la réalisation parait réservée à notre siècle. Mue par l'une de ces idées qui finissent toujours par triompher, elle ne s'attacha pas seulement à faire disparaître en France la discordance des mesures et — 599 — la bizarrerie de leurs subdivisions, elle rendit, le 8 mai 1790, un décret d'après lequel le roi de France devait engager le roi d'Angleterre à réunir aux aca- démiciens français un pareil nombre de membres de la Société Royale de Londres, afin de déterminer en commun un système international de poids et mesures, que ces deux nations éclairées et puissantes s'effor- ceraient de propager parmi tous les peuples civilisés. Mais l'état de guerre n'ayant pas permis à l'Angle- terre de répondre à l'invitation de la France, celle-ci s'adressa à toutes les nations amies , pour qu'elles voulussent adjoindre des députés à la commission française, alors composée de Borda, Brisson , Cou- lomb, Delambre, Haiiy, Lagrange, Lefebvre-Gineau, Mécbin et Prouy. Cet appel fut entendu , et les députés qui prirent part aux délibérations furent /Eneo et Van Swinden pour les Etats Bataves, Balbo pour la Savoie, Bugge pour le Danemarck , Ciscar et Pedrayès pour l'Es- pagne, Fabbrioni pour la Toscane, Francini pour la République Romaine, Mescberoni pour la République Cisalpine, Multedo pour la République Ligurienne, et Trallès pour la République Helvétique. Le 22 juin 1799, la Commission générale présenta le résumé de ses opérations, de ses calculs et de ses travaux au Corps Législatif, qui décréta que la dix- millionième partie de la distance de l'Equateur au Pôle , mesurée à la surface de l'Océan , serait prise pour unité de longueur sous le nom de mètre; que la contenance d'un cube construit sur la dixième partie du mètre serait prise pour unité de capacité sous le nom de litre ; que la pesanteur du volume — 000 — d'eau distillée contenue dans un cube construit sur la centième partie du mètre serait prise pour unité de poids sous le nom de gramme; enfin que les multiples et sous multiples de ces unités seraient accompagnés des mots déçu, hecto, myria pour la série ascendante, et déci, centi, milli pour la série décroissante. Telle fut l'origine du système décimal définitivement complété par la loi du 7 germinal an xi, qui établit sur le même principe les divisions , le poids et le titre des monnaies. En cherchant dans la nature ces unités fondamen- tales et en leur donnant des dénominations puisées ailleurs que dans aucune langue vivante, la Commis- sion eut pour but de respecter la susceptibilité des nations et de faciliter ainsi la propagation d'une innovation si largement conçue. Cependant deux systèmes se trouvèrent en présence, et le calcul duo-décimal eut aussi ses partisans. Mais pour que cette méthode fut acceptable et complète, il eut fallu l'adjonction de deux caractères aux chiffres usités, et en supposant que la nouvelle série eut été 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, a, 6 et 0, a représentant dix et ê représentant onze devenus tous deux nombres simples, douze se serait écrit 10, treize se serait écrit 11, 20 aurait représenté 24 ou 2 fois 12, et 100 aurait représenté 144 ou 12 fois 12, c'est-à-dire la première série multipliée par elle-même; en sorte qu'un siècle n'eut plus été 100 ans, mais 144 ans exprimés d'une manière différente. On conçoit , dès-lors, les diflicultés et les perturbations qui eussent été la suite d'une semblable théorie. Le calcul décimal obtint donc la préférence, et seize — 601 — nations l'ont adopté aujourd'hui comme le plus simple, le plus complet et le plus rationnel-, le plus simple, parce qu'il ne change rien à la série des nombres ; le plus complet, parce qu'il se prête aux opérations les plus usuelles comme aux calculs les plus transcen- dants; le plus rationnel, parce qu'il remonte au temps où l'homme apprit à compter sur ses dix doigts. il y a peu d'années encore, les savants se servaient de la langue latine pour transmettre aux peuples civi- lisés le fruit de leurs travaux et de leurs recherches; mais si l'étude plus généralement répandue des langues rend actuellement ce soin superflu , il n'en reste pas moins encore une traduction aussi regrettable qu'im- portante pour la parfaite intelligence des traités com- merciaux, économiques ou scientifiques, dans lesquels les quantités numériques sont diversement représentées. Un système universel de poids, mesures et monnaies rendrait donc un service signalé au commerce , aux sciences et aux arts, et il est vivement à désirer que l'Angleterre , dont la production est immense et les relations illimitées, consentit, par son exemple, à en- traîner les nations retardataires vers l'adoption d'un principe que le savant Delaplace proclamait une des choses les plus utiles à l'humanité. il ne faut pas se dissimuler, toutefois, que les peuples éprouvent quelques répugnances à changer des habi- tudes profondément enracinées, mais ces répugnances ne sont ni invincibles ni de longue durée, ainsi que l'a démontré l'expérience de la France et des nations qui l'ont imitée. Nous ne sommes pas d'ailleurs en- tièrement exclusifs , et il nous semble que le yard anglais, allongé d'une petite quantité, pourrait servir — 602 — de type aux mesures anglaises, comme le mètre a servi de type aux mesures françaises; et quant aux mon- naies , nous ne pensons pas qu'il y ait nécessité ab- solue à ce qu'elles soient frappées suivant des modules universellement identiques. Leur valeur réelle étant celle de l'or et de l'argent qu'elles renferment, il suffirait , à notre avis , de décimaliser leur titre et d'uniformiser leur poids. Ainsi, en prenant pour base la loi de germinal an xi (2S mars 1803), qui fixe le titre légal des monnaies françaises à 900/1 U00es de fin et 100/1000es d'alliage, la guinêe anglaise, qui repré- sente aujourd'hui 25 fr. 35 c, pourrait, quelque peu allégée de poids et de titre, rester monnaie courante d'une valeur exacte de 25 fr. Mais il n'en est pas moins évident que si cette mesure était adaptée aux monnaies de tous les pays, ces monnaies cesseraient bientôt d'être marchandise à spéculation , et le com- merce général se trouverait dès-lors affranchi de la lourde taxe que lui imposent en pure perte les dif- férences de change, d'agio et de commission. Du reste , le principe une fois admis , c'est aux gouvernements qu'il appartient de prendre telles me- sures qu'ils croiront les plus efficaces pour parvenir à la prompte réalisation d'un système que rendent indispensable et le rapprochement plus rapide et la civilisation plus avancée des peuples. Signé: E. PANNIER. 22 Novembre 1856. DÉBUT POEME DE L'HOMME DE PONGERVILLE (de l'académie française). Le temps nous a déçus-, nous arrivons trop tard: La prairie est fauchée, et chacun a sa part. Heureux qui, dans l'élan de la pensée humaine, Des arts a le premier défriché le domaine! Suivi d'admirateurs et de peu de rivaux, La gloire souriait à ses brillants travaux; 11 se désaltérait à ces sources fécondes Dont nul n'avait troublé la pureté des ondes. Libre, il errait sans frein ; et le sol, vierge encor, Se livrait largement à son sublime essor. Aujourd'hui tout résiste à la main la plus ferme; Dans un champ fatigué languit le plus beau germe. L'habile laboureur se tourmente incertain, 11 retourne le soir le sillon du matin. Eh bien! résignons-nous à notre sort modeste, Tardifs, de la moisson glanons gaiment le reste. Loin donc les grands projets et les sublimes chants! Humbles sont nos accords, qu'ils soient du moins touchants. 11 nous faut peindre l'homme: en nos jours de tourmente — 004 — Une fièvre d'erreurs dans ses veines fermente. Abandonné sans guide, il flotte, combattu, Entre le faux, le vrai, le vice et la vertu. Tout entier il se montre: essayons son image, Mais ne lui jetons pas le miroir au visage, Et que se retrouvant ici dans chaque trait, Son orgueil s'accoutume à subir son portrait. En roi de l'univers lui-même il se couronne : Sa patrie est, dit-il, ce ciel qui l'environne. Pourtant, triste fardeau des flancs qui l'ont porté, Dans les champs de la vie, aveugle, il est jeté. Comme le matelot repoussé par l'orage, 11 rampe nu, souffrant, sur un sombre rivage, 11 gémit. Pressent-il dans ce monde de pleurs Le chemin qu'il va suivre à travers les douleurs? Si son destin est triste, il est du moins rapide; D'en dévorer le cours lui-même semble avide. Le présent ie fatigue, attendre est son tourment; Vers l'avenir obscur il s'élance ardemment ; Incertain dans ses vœux, sans jouir il s'agite; Nul plaisir ne le flatte, et la peine l'irrite; 11 porte, impatient, le fardeau de l'ennui, Et vise au lendemain qui ne naît pas pour lui. C'est le ilôt vagabond que l'orage nous verse; 11 court, gronde, et déjà dans le champ qu'il traverse Il se perd: plus de flot, plus d'homme, plus de bruit. Mais des biens qu'il rêva nul regret ne le suit; Sans craindre l'avenir, sans trompeuse espérance, Affranchi de désirs, de besoins, de souffrance, Dans l'ombre imperturbable à jamais abrité, Il ne sent pas sur lui peser l'éternité. — 005 — 11 semble qu'en un jour tout entier il s'efface, Kt qu'au banquet du monde il n'eut jamais de place. Les feuillages riants dont les bois sont parés Chaque hiver sur le sol tombent décolorés; Ainsi la foule humaine en débris s'amoncèle Sous les pas dédaigneux de la race nouvelle. Pourtant rien ne périt dans la lutte des ans, Car la nature embrasse et l'espace et le temps. Le corps qui se dissout se recompose en elle, Et livre à d'autres lois son essence éternelle. Dispensant tour à tour les biens, les maux divers, Deux immortelles sœurs régissent l'univers : C'est la vie et la mort. L'une est belle, imposante, L'autre sombre, hideuse, et pourtant bienfaisante. Tels le jour et la nuit se partagent les cieux. La vie active enfante en tous temps, en tous lieux; Non moins prompte, la mort pas à pas la remplace Les hôtes de la terre au gouffre où tout s'efface Sont en foule entassés par sa terrible main : A des hôtes nouveaux elle fraie un chemin, Leur fait place au banquet où le sort les convie, Et sauve l'univers du trop plein de la vie. De l'ensemble infini l'artisan souverain Même aux excès du bien veut imposer un frein. Aussi la tendre aurore, aussi la nuit profonde Entendront chaque jour, en abordant le monde, Se mêler l'aigre cri de l'enfant faible et nu, Aux portes de la vie à son tour parvenu, Et les amers sanglots, les lugubres murmures, Cortège de la mort aux noires sépultures. Oui, Dieu borna nos jours, mais adorons sa loi; Le bonheur de la vie est tout dans son emploi. — 606 — A la peur du trépas si le faible se livre, Qu'importe son approche au sage qui sait vivre? L'existence est l'épreuve offerte à sa vertu : Sans crainte, sans orgueil, dès qu'il a combattu, 11 courbe avec respect sa volonté soumise, Et, sans s'inquiéter de la palme promise, Parvenu doucement au jour du grand sommeil, Quel que soit l'avenir, il est prêt au réveil. DE PONGERV1LLE. NÉCROLOGIES. LE GÉNÉRAL PICOT. Le général Joseph-Alexandre-Edouard Picot, mort à Paris vers la fin de 4S55 , naquit à Abbeville le 8 octobre 1788. Alexandre Picot commença ses études au collège des Quatre-Nations qu'il quitta vers l'âge de quinze ans pour entrer à Sainte-Barbe , où il se distingua parmi ses condisciples, ainsi qu'en font foi les lettres de M. Delanneau, directeur de cette maison, au père du futur officier du génie. La pédagogie , en J804 , avait déjà ce ton magnifique qu'on lui connaît encore : « J'espère qu'aux examens qui vont s'ouvrir, M. Picot se montrera digne des éloges que je me plais à donner à son caractère, à sa bonne conduite et à ses progrès; il a d'ailleurs été envoyé au concours général... il est capable de signaler honorablement le collège de Sainte- Barbe et propre à se présenter dans la société, fort d'excellents principes d'instruction, de morale et de conduite. » Alexandre Picot devait dépasser les espérances de son père et de ses maîtres. Admis à l'école Polytechnique le 1er janvier 1800, il en sortit le premier pour le génie en 1808 ; — M. Oauchy sortait, à la même date, le premier pour — 608 — les pont-et-chaussées. Abbeville pouvait inscrire d'a- vance deux noms nouveaux parmi ceux qu'elle honore. Picot passa alors, en qualité de sous-lieutenant-élève du génie, à l'Ecole d'Application de Metz, où il resta onze mois. Le 1er septembre 1801) , et en sortant de l'école d'Application, il fut envoyé en Hollande, où agissait l'armée du Nord;- il y reçut le brevet de lieutenant en second le 1er janvier 1810. Lieutenant en premier au premier bataillon de mi- neurs le 12 janvier 1810, désigné pour l'île de Wal- cheren le 16 février suivant, il passa à l'état-major du génie le 6 juillet, puis à la direction de Gro ningue le 26 décembre de la même année. En 1811, il lit la reconnaissance à main armée des îles au nord de la Hollande. C'est à cette occasion qu'il écrivait le 22 juillet : " ... !1 ne faut pas que j'oublie, non plus, de te faire part de ce qui m'arrive d'agréable. Ces deux courses que j'ai faites et d'où est résultée ma lièvre, avaient pour objet la reconnaissance de deux iles. J'ai fait à ce sujet des dessins, des mémoires ou relations que l'Empereur a approuvés; il a adopté mes idées. Le ministre de la guerre, qui a été aussi content de mon travail, m'a fait écrire des éloges. Tout n'est donc pas peine à Groningue. » L'Empereur avait, en effet, remarqué les observations du jeune officier Picot, et écrit de sa main au bas du mémoire : A revoir. Plus tard , Picot écrivait de Groningue encore , le 14 septembre: « J'ai vu le fameux Texel qui contient actuellement six vaisseaux de ligne et d'autres bâti- ments moins forts , et j'ai eu le temps d'examiner — 609 — les grands travaux de fortifications au Helder et dans l'île Texel. Un fait te fera juger comme je suis heu- reux. Chargé de reconnaître lile Ter Schelting en particulier et trouvant une bonne occasion de passer, mais sans avoir le temps d'emmener quelques soldats, je me hasarde d'y entrer seul. J'y arrive de nuit et vais coucher dans la meilleure auberge. 11 n'y avait pas deux heures que j'étais endormi, que les Anglais descendent dans l'île, viennent dans ma maison où ils laissent quelques Allemands ou Hollandais qui avaient voulu quitter l'Angleterre. Je demandai à ces gens , en hollandais, s'ils ne venaient pas d'Harlinge sur le continent. Un d'eux, Américain, me répondit en an- glais qu'il venait de Londres et qu'en tout ils étaient dix huit. Si j'étais arrivé de jour dans l'île , c'était fait de moi -, car étant connu dans le village, j'aurais été trahi par quelques Hollandais. — Comme je sais que MM. les Anglais viennent rarement dans cette île, j'y couchai la nuit suivante et ne repartis que le surlendemain de mon arrivée. Je n'ai dû mon salut, en cette circonstance, qu'à la présence d'esprit d'une servante qui vint m'éveiller et me prévenir de la présence des Anglais dans l'île. En ce moment , les Anglais parvenaient , sur certains points , à ex- pulser les Français de la Hollande. » Ces travaux , ces reconnaissances périlleuses , ces observations et ces mémoires, passant sous les yeux de l'Empereur, eussent pu dès-lors mériter à Picot la décoration de la Légion-d'Honneur. On le lui dit plus tard en famille : « C'est ma faute, répondit- il ; mon colonel voulait demander la croix pour moi ; je m'y suis absolument opposé. — C'est une faute. — Bien — 610 — certainement, et j'ai eu lieu plus d'une fois de m'en repentir; mais alors nous avions presque tous le même préjugé, nous pensions que l'on ne pouvait mériter la croix que par une action d'éclat. » Picot , chevalier de la Légion-d'Honneur à Groningue, eut certainement été nommé officier à Lutzen. De Groningue, Picot revint passer quelque temps à Paris. Capitaine en second au premier bataillon de sapeurs le 7 janvier 1812, passé à l'état-major du génie de la grande armée le 27, il quitte Paris le 19 février, suit le mouvement des troupes sur Mayence et au-delà; la grande campagne est ouverte. A lnsterbourg, il a à lutter contre le désordre des soldats et protège contre leurs excès une honorable famille. 11 est lui-même l'historien de cet épisode de sa vie dans une lettre écrite de Vilna, 1er juillet 1812: « ... Ensuite deux jours de délices passés dans une petite ville de Prusse appelée lnsterbourg. C'était chez un juge criminel qui avait, comme tu t'y attends, une demoiselle que j'ai trouvée la plus charmante et la plus aimable que l'on puisse voir... Le soir, arrivent soixante mille hommes dans cette petite ville où il y en avait déjà dix mille de la garde impériale. On les fait bivouaquer, et, comme il leur faut du bois, ils enlèvent les clôtures j il en résulte du désordre et un peu de pillage. Je sauve, par un peu de fermeté, la maison et les jardins de cette honnête famille. Grande reconnaissance, comme tu l'imagines! Le jour suivant, ordre de partir à cinq heures du matin. Le colonel n'avait pas encore rejoint , et je pouvais l'attendre. Ecoute l'effort sublime d'autant plus méritoire que , — 611 — sachant où l'on allait, je pouvais m'arranger de ma- nière à y arriver au moment où le quartier-général quitterait ce nouvel endroit, pour continuer la marche avec lui. Eh bien! dans la crainte que le colonel n'eut besoin de moi , et aussi en raison de l'exacti- tude dans le service, j'eus le courage de ne pas me rendre aux sollicitations laites pour me retenir un jour de plus , et je partis avec le quartier-général à cinq heures précises. — Cependant j'eus quelque regret quand je vis que le quartier-général se reposait un jour de plus dans la ville suivante. 11 est vrai que le doux souvenir d'avoir sauvé ces braves gens du pillage et de la mort est une assez belle récompense. Rien n'est plus terrible qu'une révolte armée; j'ai failli être mas sacré par ces soldats en fureur. Dieu seul m'a sauvé. » La fortune changeante de la guerre devait ramener Picot à Insterbourg. L'armée, en attendant, marchait toujours; Picot, passé au deuxième bataillon de mi- neurs le 21 août, prit part aux principales actions de la dure campagne de Russie; il assistait aux batailles d'Ostrowno, de Smolensk, de la Moscowa, de Malo- jaroslawetz, de Rrasnoï, enfin au désastreux passage de la Rérézina. Dans la rivière glacée furent engloutis ses effets , ses chevaux et son domestique auquel il était fort attaché. Cet homme avait appartenu au colonel Liedot, ami de Picot et son supérieur direct dans cette cam- pagne. Le colonel était resté dans une reconnaissance près de Smolensk où le capitaine n'avait pu l'accom- pagner, ayant été lui-même assez grièvement blessé au pied. Picot avait adopté le domestique comme un héritage du maître. — fi 12 - 11 revit alors — 3 janvier 1813 — cette ville d'In- sterbourg , dont le souvenir était marqué dans sa mémoire par la reconnaissance de l'hospitalité et la satisfaction du dévouement. La première personne qu'il rencontra fut le maître de la maison sauvée par lui. L'honnête homme lui sauta au cou, lui offrit ses services, s'entremit pour lui procurer un traîneau et l'invita à venir saluer sa femme et sa fille en attendant les apprêts du départ. « Mais nous étions pressés, écrit Picot lui-même; il fallait rejoindre le colonel en avant, et enfin je ne me jugeais pas dans un costume assez élégant pour être présenté, n'ayant alors qu'une énorme houpelande de kalmouck par- dessus mon uniforme et un bonnet de zibeline à moitié grillé et usé. Ajoute à cela des joues pâles et creuses couvertes de poils et de crasse d'un mois de date et puis ce qui s'en suit; en sorte que je ne pus me décider à acepter l'invitation. » Capitaine de seconde classe à l'état-major du génie le 1er janvier 1813, il fit la campagne de Saxe, com- battit à Lutzen, Bautzen, Dresde, Leipzig et Hanau. A Wurtschen , il était dans le groupe environnant l'Empereur quand le maréchal Du roc et le général du génie Rirgener furent tués par un des derniers coups de canon tirés. Sa conduite remarquable à la bataille de Lutzen le fit nommer chevalier de la Légion -d'Honneur le 20 mars 1813. En 18 'Ki, il concourut à la défense de Mayence. Employé à Hesdin le K'1' juin -1814, il fut incor- poré au premier régiment du génie le 9 novembre. Employé l'année suivante, -- le 36 mai 481a, — à Saint-Quentin, il prit part à la défense de cette place et à celles de Saint- Denis et de Yalenciennes. — 613 — Passé à Paris en mission spéciale le 7 mai 1810 , il fut nommé capitaine en premier au deuxième ré- giment du génie le 2U septembre suivant. 11 fut employé à Bergues le 1er octobre J S 1 7 , et, à compter de cette date , il resta environ dix-sept ans dans le nord, dans l'ouest ou l'est de la France, en différentes places. Ainsi il passa à Gravelines le 1er janvier 18 18; il fit des travaux importants dans cette place négligée depuis longtemps, et y reçut la croix de Saint-Louis le 20 août 1824. Chef de bataillon le 1er juin 1828, Alexandre Picot fut appelé le 11 du même mois au commandement de l'école régimentaire du génie à Metz Le 11 juin 1831 , il reçut la croix d'officier de la Légion-d'Honneur. Employé à l'armée du Nord le 10 novembre 1S32, il fit la campagne de cette année au siège d'Anvers. Cité deux fois à l'ordre de l'armée, il fut, en récom- pense , nommé au grade de lieutenant-colonel le 14 janvier 1S33. Après la campagne, Picot fut employé à Dunkerque — '10 mars 1833. — Les autres places qu'il avait par- courues pendant son séjour dans le nord et où ses fonctions l'avaient momentanément appelé, sont Cam- brai , Douai , Saint-Omer. A partir de 1834 , Picot quitte le nord pour l'est et le midi. Le 1er juin 1834 on l'emploie à Brest, et le 17 septembre 1835 il prend par intérim les fonctions de directeur des fortifications de cette place. Colonel le 12 décembre 1838, directeur des fortifi- cations en Corse le 7 janvier 1839, il passa successi- — 614 — vement à Toulon le 26 octobre 1840, à Embrun le 5 mars 1842, et retourna à Toulon le 2 juillet suivant. A Toulon, il prépara des travaux importants pour l'agrandissement de la ville ; mais ses projets à cet égard dormirent longtemps dans les cartons; ils ne furent rendus à la lumière et n'obtinrent justice qu'en 1852. (Général alors, Picot reçut du maire de Toulon les remerciments dus au colonel: « Mairie de Toulon (Var). •< A M. LE GÉNÉRAL PlCOT , A PARIS. « Toulon, le. 15 Octobre 1852. « Général, « La ville de Toulon a recueilli , le 28 septembre dernier, les fruits des travaux auxquels votre bien- veillance pour tout ce qui pouvait augmenter son bien-être vous avait fait consacrer vos veilles lorsque vous y étiez colonel directeur des fortifications. « Mûri par vous, objet de vos soins constants pour sa réussite, alors même que d'autres fonctions vous avaient appelé loin de nous, votre projet d'agrandis- sement de Toulon vient de recevoir la haute sanction d'un décret signé par S. À. 1. le Prince-Président à Toulon même. « Ainsi se trouve (sic) unis, dans une même page de nos archives nationales, le séjour de S. A. 1. dans nos murs et sa sollicitude pour nos intérêts, et le souvenir de l'homme qui, colonel du génie militaire à Toulon et plus tard général, prépara les éléments d'une solution longtemps désirée , mais toujours dif- férée , et qui assure à notre ville une ère nouvelle de grandeur et de prospérité. — (jlo — •' Organe de notre Conseil Municipal et de tous nos concitoyens, je viens, Monsieur le Général, vous prier d'agréer l'expression de leur gratitude et de la mienne. « Je suis avec respect, Général, votre très-humble et très-dévoué serviteur. « Le Maire de la ville de Toulon. » Les projets du colonel Picot sont aujourd'hui en voie d'exécution et, pour la plupart même, exécutés. Le colonel Picot revint en IS^ de Toulon à Paris; il fut alors nommé — 9 décembre 1847 — général de brigade ou maréchal-de-camp. La lettre d'un sous -officier du génie (1) nous mon- trera quel attachement et quelle confiance le général avait su inspirer à ses inférieurs de tous grades: « A M. Picot, maréchal-de-camp du génie, a Paris. « Dreux, le 20 Décembre 1847. « Mon général, - Veuillez pardonner la liberté que je prends de vous écrire, mais je ne puis résister au désir de vous manifester la joie que j'ai éprouvée quand j'ai appris que vous étiez nommé maréchal-de camp. Tous ceux qui, comme moi, ont eu le bonheur de servir sous vos ordres, doivent la partager, et vous pouvez compter parmi ceux-là tous les sous-officiers du deuxième ré- giment du génie desquels je faisais partie et tous les gardes qui ont été dans vos différentes directions. Ce jour est pour moi et ma famille, à qui je transmets cette bonne nouvelle, un jour de fête qui fera époque (1) Communiquée par MIU Picot. — 616 — dans notre vie. — Veuillez accepter l'expression de ma joie et mes sentiments de gratitude. « Je suis avec un profond respect , mon général , votre très-humble et très-obéissant serviteur. « Grosjean » Ce simple langage vaut bien le style administratif du maire de Toulon. Nommé membre du comité des fortifications le 29 du môme mois de décembre 1847, le général Picot inspecta successivement , en 1S4S et en JS49 , les deuxième et cinquième arrondissements du génie. Vers ce temps , le général Picot publia divers ar- ticles dans le Spectateur militaire et dans le Mémorial de l'officier du génie. En JS50 parut la première édition de ses Etudes sur la défense des places. Le Spectateur militaire rendit compte de cet ouvrage dans le numéro du \'6 août de la même année. Admis d'oflice à la retraite le 28 octobre 18o0 et retraité définitivement le 4 novembre, Picot reçut la croix de commandeur de la Légion -d'Honneur le 2 décembre suivant. Il avait soixante-deux ans. Ce fut alors, dans les loisirs involontaires et préma- turés qui lui étaient faits, qu'il prépara pour l'admini- stration du Zinc ('!) différents projets, dont quelques-uns furent mis à exécution. Ces nouvelles études l'ame- nèrent à publier, en 1854, une brochure intitulée: De l'emploi du zinc à divers besoins de la guerre , mars 1850. — Des balles-comètes , par A. Picot , général de (1) Grand établissement industriel. — 617 — brigade en retraite. Cette brochure est formée de la réunion de deux articles extraits du Spectateur mili- taire et publiés séparément en 1851. L'administration du Zinc l'avait chargé d'aller exa- miner les procédés en usage dans les usines du nord, lorsqu'une dépèche télégraphique, expédiée après lui par M. Lacrosse , le rappela. 11 était nommé — 30 octobre 1851 — chef de la division des bâtiments ci- vils au ministère des travaux publics, alors dirigés par M. Magne. Dans cette nouvelle position, déjà âgé de soixante- trois ans, Picot fit remarquer ses aptitudes et sut se faire aimer comme il l'avait été à la tête de sa com- pagnie ou de son régiment. Relevé de la retraite et admis dans la section de réserve par décret impérial du 20 décembre 1852, le général Picot fut appelé aux fonctions de commandant militaire du Palais-Royal. Dans les loisirs que lui créèrent ces fonctions plus paisibles que le titre , le général revit son travail sur la défense active des places, le compléta par un autre sur l'attaque , sur l'emploi des mines , par un chapitre sur l'approvisionnement des vivres, et donna ces travaux réunis en 1854, sous ce titre: Etudes sur la guerre de siège , comprenant la défense , V attaque et les mines (1). Après avoir raconté les actions du militaire , les travaux de l'officier du génie , ce serait ici le lieu d'examiner l'œuvre de M. Picot écrivain. Nous em- (1) In-8" de 512 pages. Paris, 185 ï, chez Lechalat, e'diteur, éditeur, grande rue, n° 120, à Vaugirard. — 618 — pruntons au Spectateur militaire du 15 juillet 1S54 , un bref compte-rendu de l'ouvrage : « ... Le but principal de l'auteur a été de plaider, de relever la cause de la défense, qui, depuis les grands progrès que l'attaque fit dans le xvne siècle, est restée si inférieure à ce qu'elle était autrefois, bien que la guerre offre encore de nos jours des exemples de défense de places prolongée au-delà des limites ordinaires. L'auteur a fait des additions à son travail et l'a complété par un chapitre sur les ap- provisionnements de vivres. La première question qu'il traite dans ce chapitre est la conservation des grains , pour laquelle il propose l'établissement de silos revêtus de zinc. Il regarde les feuilles de ce métal comme propres à garantir les grains de l'hu- midité des terres de nos climats. Il ne nous dit point si l'épreuve en a été faite. On sait qu'après avoir été très en vogue, les silos sont tombés en discrédit en France, parce qu'il parait avoir été reconnu qu'ils ne conservaient point les grains à l'abri de toute l'humidité. Nous disons il parait, car cette opinion a ses contradicteurs. Un autre mode de conservation des grains est en ce moment expérimenté en vertu des ordres de M. le ministre de la guerre. « Dans ses études sur l'attaque des places, l'auteur se propose d'examiner en particulier quelles sont les modifications de détail à apporter dans la marche des attaques par suite des moyens de défense propo- sés dans les études sur la défense active des places, et de faire ressortir par la discussion les chances diverses de succès des défenseurs ou des assiégeants. Les modifications de détail que l'auteur indique lui — 619 — ont été suggérées par une lecture attentive des jour- naux d'attaque , par sa propre expérience , par les simulacres de siège, par la démolition de Bapaume. Le renversement des contrescarpes par la mine, pour éviter le travail toujours très -long d'une descente souterraine, est l'objet de recherches intéressantes de la part du général Picot. Les études sur l'attaque sont terminées par une note sur le siège de Berg-op-Zoom, en 1747, dans laquelle l'auteur a pour but de mon- trer à quoi peuvent s'élever la consommation en ma- tériaux de sape, et le développement des sapes dans le siège d'une grande place. « Les études sur les mines forment quatre chapitres qui ont pour titres: 1° cheminements souterrains; 2° établissement et jeux des fourneaux; 3° mines de projection ; 4° guerre souterraine. C'est peut-être celle des parties de l'ouvrage qui mérite le plus l'attention des hommes de l'art, parce qu'elle repose sur les faits les mieux constatés. La nature toute spéciale des ma- tières qui y sont traitées ne permet pas d'entrer dans des détails dans ce recueil. Nous ajouterons seulement qu'elle atteste les études consciencieuses que l'auteur a faites de son sujet. » Le général Picot mourut dans ses fonctions de gou- verneur militaire du Palais-Royal; ses obsèques furent célébrées à Paris, avec tous les honneurs dus à son rang. Un article nécrologique, rédigé sur les états de ser- vice du général Picot, a été publié dans le n° 10 du Moniteur de l'armée de 1856 (16 février). E. PRAROND. BAILLON (LOUIS ANTOINE-FRANÇOIS). ! M. Bâillon, mort à Abbeville le 3 décembre 485], n'était pas notre concitoyen par la naissance, mais par l'adoption réciproque de la ville par l'homme et de l'homme par la cité. 11 honorait par ses travaux le titre qu'il avait reçu de la Société d'Emulation, le seul qu'il rechercha jamais après ceux qui l'eussent pu rapprocher du Jardin-des-Plantes, où son ambition dé- vouée à la science l'emportait toujours. Ses fonctions de juge et de conseiller de la ville avaient l'ait ap- précier de tous la droiture de ses intentions et la fermeté de ses sentiments, poussée parfois au-delà des bornes de l'extrême. 11 nous appartient de sauver humblement sa mémoire parmi nous ; d'autres , plus plus savants dans les champs de la nature qu'il a explorés, lui feront peut-être une réputation, non plus durable, mais plus large et plus lointainement ré- pandue. Louis-Antoine-François Bâillon était né à Montreuil- sur-Mer en février 1778 5 son père, avocat en cette ville et bailli de Waben, consacrait déjà à cette date les jours de loisir que ses fonctions lui laissaient à l'étude de l'histoire naturelle. Le jeune Bâillon fit ses premiers pas dans la science, les plus déterminants — 6*21 — à coup sûr, à l'école de son père. Il serait diflicile, dans l'étude que nous entreprenons à cette première période des années, entre l'enfance et la jeunesse, de séparer l'élève curieux et questionneur de l'initiateur de chaque jour et de toute minute ; le futur corres- pondant de Bonelli , de Geoffroy et du prince de Neuwied, du correspondant déjà en renom de Buffon et de Daubenton ; l'avidité de savoir, de la science déjà riche; le fils, dont la mémoire retenait tout, du père qu'un incontestable génie d'observation mettait en position, sinon de répondre à tout, au moins d'éclairer toutes les voies où la recherche voulait pénétrer. Il On comprend de quelle ardeur devait être saisi l'esprit d'un jeune homme attiré vers une étude par- ticulière et admirablement doué par le courage et par la mémoire, dans un intérieur où les sollicitations au travail étaient respirées dans l'air , dans les conver- sations entendues , dans les correspondances élo- gieuses; où les facilités de l'étude se présentaient en tous lieux, dans le jardin domestique plein d'animaux vivants , sous les vitrines et sur les murs que des collections diverses changeaient en immense table de la nature. La réputation du père avait précédé la naissance du fils ; du cercle d'élite des savants où elle s'était formée , le comte de Buffon l'avait jetée dans le public européen. Le jeune Bâillon pouvait re- trouver son nom , héritage déjà illustré , en mainte page du résumé encyclopédique de l'histoire naturelle au xvme siècle; il pouvait, dans les lettres de Dau- — 622 — benton et de Buffon adressées à son père, reconnaître des marques non moins certaines d'une participation glorieuse aux ouvrages de ce dernier. Tout ce qui a trait, dans Buffon, aux oiseaux et surtout aux oiseaux aquatiques , revient en bien des points à M. Bâillon père ; l'avocat inconnu envoyait au savant illustre les pièces à étudier vivantes ou mortes, avec des notes sur l'organisation et sur les habitudes des différentes espèces, et le seigneur de Montbard ajustait propre- ment ses manchettes de dentelles pour jeter les grains dorés de son style sur les notes un peu incultes du savant de province et pour décrire, avec des phrases empennées comme les ailes du perroquet, les oiseaux sauvages des marécages du nord. Le jeune Bâillon eut pu se faire l'annotateur des œuvres de Buffon rien qu'avec les lettres du comte ou de son secrétaire oflicieux Daubenton. Tantôt ce sont des oiseaux dont la réception est accusée , tantôt des renseignements sollicités avec une honorable franchise ou une recon- naissance exprimée sans détour : « Si vous voulez , Alonsieur, faire très-grand plaisir à M. le comte de Buffon, écrit Daubenton le 14 août 1778, c'est de lui envoyer quelques notes historiques que vous pouvez scavoir sur chacun des oiseaux que vous envoyez, en y mettant son nom attaché à son pied , alin que je puisse rapporter exactement les notes que vous me donnerez. » Et le 15 janvier 1779 : « J'ai lu avec grand plaisir vos notes sur les oiseaux que vous m'avez adressées, et M. de Buffon en est aussi très- satisfait; il y a de très bonnes observations... » Ou encore le 8 juillet de la même année : « ... M. le comte de Buffon était à Montbard quand il a reçu — 623 — votre lettre d'avis; il attend que je lui tasse part de ce qu'elle contient; je vais lui écrire par ce même ordinaire. Quant aux notes dont vous me parlez , Monsieur, je ne les ai pas encore vues; elles lui fe- ront sûrement grand plaisir, car il y a peu de faits historiques connus sur les oiseaux. » (1) Mais le grand savant lui-même, l'Homère, l'Héro- dote et le Pline français des animaux, prend la pa- role à son tour et vient consacrer, par son magistral témoignage , celui du plus modeste et terre à terre Daubenton. Avec quel respect un rabbin ne contem- plerait-il pas la signature authentique de Moise , un poète celle de Virgile au bas d'un billet à Horace ! Le jeune Bâillon devait regarder comme sortie d'une main royale et consacrant pour l'avenir le nom de sa famille dans la science, cette illustre signature: Le comte de Bujfon. L'impression des éloges décernés de si haut à son père demeurait dans son esprit comme un encouragement à entrer plus résolument dans une voie où le mérite paternel reconnu lui abattait les premières barrières ; il relisait ces lettres où le comte de Buffon, plus familier, semblait dicter en robe de chambre , en attendant son valet , ses dentelles et sa plume d'académicien : «... Je ne puis vous exprimer toute ma reconnais- (1) Il y a ainsi huit lettres de Daubenton dans la part qui a été faite à M. Delf dans les papiers de M. Bâillon , et ces papiers ont été partagés par moitié égale entre M"" Delf et M*8 Bernard, Mlles du savant qu'Abbeville regrette. La corres- pondance de Daubenton ne regarde que les oiseaux, mais elle ne tarit pas eu questions sur les mœurs des individus de ce genre. — 634 — sance des bonnes observations que vous m'avez données sur un grand nombre d'oiseauv d'eau; je les ai em- ployées avec confiance et toujours en vous citant , comme vous pouvez le voir, Monsieur, dans les der- niers volumes qui viennent de paroitre... Je travaille actuellement au neuvième , qui sera dernier et qui terminera l'ouvrage; ce neuvième volume contiendra le cygne , les oies , toutes les espèces de canards , sarcelles, etc., les guillemots , macareux, pinguins, pétrels, albatrosses, maneliot, etc. Je suis persuadé, Monsieur, que vous pouvez me donner encore des instructions au sujet de ces oiseaux , et je vous en serois infiniment obligé. — Le 0e de Buffon (17 jan- vier 1781). » Ou encore : «... Comme je compte donner à l'impression (dans le mois de septembre prochain) les cignes, les oies, les canards et autres oiseaux d'eau qui composent le neu- vième et dernier volume de mon ouvrage sur les oiseaux, je vous serpis très-obligé, Monsieur, de m'envoyer avant ce temps vos bonnes et excellentes observations, dont vous verrez dans le huitième volume que j'ai l'ait grand usage. — Le O de Bcffon (11 juillet 1781). » Et sans date : « J'ai reçu dans le temps, Monsieur, l'oiseau cra- vant et les deux tadornes vivants que vous avez eu la bonté de m'envoyer, et je n'ai tardé à vous en faire mes remerciements que parce que j'étois incom- modé; ils se portent à merveille et je pourrai en faire la description à mon aise... —Buffon. » (1) (1) Il y :i ainsi, dans la part attribuée à M"" Delf , cinq — 625 — Et puis cette première lettre du comte de Lacépéde dont nous verrons reparaître le nom plus républicai- nement à une autre époque : « ... On ne peut que vous remercier et que vous louer du zèle avec lequel vous cherchez à communi- quer vos lumières et à procurer l'avancement de la science , mais les circonstances ne permettent pas à M- de Buffon de profiter dans ce moment de vos ex- cellentes vues. Veuillez bien suspendre vos recherches relativement aux oiseaux vivants... et ne nous en- voyer que les animaux que nous vous demandons.... « Le O de Lacépéde. » (Sans date). Grâce à ses travaux, à sa science, à sa correspon- lettres de Buffon , ce qui en suppose au moins dix , sans compter celles qui ont pu être perdues. Georges Cuvier témoigne lui-même des services qu'Emma- nuel Bâillon rendit à Buffon : « Vers la fin de son travail, Buffon eut encore un excellent collaborateur en M. Bâillon , d'Abbeville , grand amateur de chasse, qui, dans cette vallée de la Somme, au bord de la mer , avait eu des occasions innnies d'observer les oiseaux d'eau. Cette partie de l'histoire de Buffon est plus originale pour les faits relatifs aux mœurs de ces animaux, que tout le reste de l'ouvrage. Ces derniers volumes sont tout-à-fait arrivés à ce qu'on pourrait appeler la perfection , s'il n'avait pas été impossible d'y parvenir sur un petit nombre de points sans de très-longues observations... C'est en partie par les observations de Bâillon et des naturalistes allemands , qui ont donné une très-grande attention aux mutations de plumage , que nous sommes arrivés dans le xix" siècle à avoir une histoire exacte des oiseaux de l'Europe. » — Histoire des sciences naturelles , par Georges Cuvier , tome cinquième complémentaire ; Paris , 1845, in-8°, page 238. 40 — 626 — dance active avec Buffon, le nom de l'avocat Bâillon était devenu de notoriété dans le monde des savants, et lorsque le jeune François Bâillon fut en âge de comprendre et d'ambitionner une carrière, son père, premier correspondant du Muséum d'histoire naturelle, se montrait le plus actif fournisseur des galeries de cet établissement. Ainsi à Montreuil, connu au dehors, mal apprécié sans doute par ses concitoyens, vivait, dans une obcurité à demi-ouverte, un des fondateurs de nos collections zoologiques par les nombreux en- vois qu'il faisait au jardin d'histoire naturelle, un des restaurateurs de la science par les notes qu'il joignait aux objets expédiés (4). Chaque jour, les chasseurs et les pêcheurs, entre- tenus par le savant au moyen de primes variables selon les oiseaux ou les poissons demandés, venaient vider , devant les yeux avides de l'enfant , les lilets d'où sortaient les animaux morts ou vivants destinés aux galeries, aux gazons, aux bassins du jardin royal ou national. L'enfant aidait a mettre en cage ou à emballer les bètes; avant qu'elles partissent, il avait noté dans sa mémoire les différences des races , les caractères distinctifs des espèces ; et puis il n'était pas sans lire les remerciements que ces envois mul- tipliés méritaient à son père Jean-François-Emmanuel Bâillon. La Bévolution, aux environs de laquelle Emmanuel (1) J.-F.-E. Bâillon avait toujours envoyé au Jardin-des- Plantes , mais sa position vis-à-vis de cet établissement fut régularisée en l'an iv par le titre de premier correspondant du Muséum . — 627 — Bâillon vint s'établir à Abbeville, ne ralentissait pas ses envois, et le 23 nivôse an v, le professeur De- launay écrivait au citoyen Bâillon à Abbeville: « J'ai l'intention , en instruisant le public, par un écriteau, du nom des différents animaux, d'ajouter à celui des oiseaux qu'ils ont été donnés par le citoyen Bâillon , d'Abbeville , premier correspondant du Mu- séum. Ainsi M. de Buffon aura instruit la postérité que M. Bâillon était un excellent observateur , un écrivain éclairé; nous, nous apprendrons au public qu'il joint à ces qualités une générosité sans borne. » Les lettres en la possession de M. Dell' montrent avec quelle activité de bon exemple pour le lils, déjà secrètement héritier de la science paternelle, le citoyen Bâillon répétait ses envois. C'est d'abord cette lettre de Bernardin de St-Pierre, non publiée dans l'édition de M. Aimé Martin (1) et que, pour cette raison, nous prendrons la liberté de produire tout entière : « Monsieur, « Je suis très-sensible à tout ce que vous me dites d'obligeant par rapport à mes ouvrages , mais je le suis encore plus à votre zèle pour l'établissement dont vous êtes correspondant et pour le progrès des sciences naturelles. » Les oiseaux de marine que vous aviez envoyés n'existent plus-, si vous en avez qui puissent trouver leur vie dans un jardin ou dans des eaux douces , vous nous obligerez de nous en faire parvenir. Je n'ai point reçu, au reste, d'autres offres à ce sujet, de (1) Quatre vol. in-8°, 1826. — 62S — votre part, que celles que vous me faites maintenant. Si votre lettre ne m'a pas été adressée sous le titre d'intendant du jardin national, elle ne m'aura pas été remise, parce que je ne reçois pas les lettres qui me viennent sous l'adresse de membre de la Convention dont je n'ai pu accepter l'emploi, ne pouvant, par ma santé, en remplir les fonctions. « Quant aux plantes marines, M. Thouin, qui vous estime beaucoup , m'a dit que celles qui croissoient sur vos côtes étoient communes. Je pense cependant qu'à cet égard vous pouviez nous donner du nouveau ; ce seroit de faire ramasser sur vos rivages les végé- taux étrangers et les semences ou fruits que les marées doivent y apporter dans certaines saisons. Cette col- lection pourroit nous donner des lumières sur la di- rection des courants dans la mer Atlantique. —Voici encore un moyen de nous éclairer sur un objet aussi important à la navigation; ce seroit d'engager les gens de mer de votre connaissance qui vont en Amérique ou même les pêcbeurs qui s'éloignent des côtes et vont vers le nord de l'Angleterre , de jeter à la mer des bouteilles vides bien bouchées, dans lesquelles on ren- fermerait un billet contenant cette note : Cette bouteille a été jetée à la mer le... du mois de... par le... degré de latitude et le... de longitude, sur le vaisseau le... capitaine... afin de servir à connaître la direction et la vitesse des courants. Ceux qui la trouveront sont priés de prendre la date du jour, ainsi que la latitude et la longitude du lieu où ils l'auront rencontrée, et d'en faire insérer la note dans les papiers publics au lieu de leur débarquement. Dieu leur donne une heu- reuse arrivée. — On peut employer à ces expériences — 629 — d'autres sortes de projectiles, tels que des planches, des cocos vides, mais les bouteilles sont communes sur tous les vaisseaux. " Vous pouvez être très-utile, Monsieur, à ma théorie des marées par ces expériences. Les observations d'un savant tel que vous y ajouteront le dernier degré de certitude. Vous sentez l'utilité qu'il en peut résulter pour la navigation, les pèches et l'histoire naturelle. Puissiez-vous trouver sur vos rivages le repos et la paix si nécessaires à l'étude de la nature. « De Saint-Pierre. « A Paris, ce 15 Janvier 1793, l'an 2' de la République. » Bernardin de Saint Pierre était alors intendant du Jardin-des Plantes; il avait déjà publié son Voyage à \ 'lie de-France , ses Eludes de la nature, et on savait qu'il préparait son livre des Harmonies. En ce temps et pour des savants en histoire naturelle, le titre offi- ciel de Bernardin, la notoriété de son talent devaient donner à ses éloges une importance assez grande. Bien donc que le jeune Bâillon n'ait jamais eu , nous le supposons, un goût bien vif pour les lettres proprement dites, il ne pouvait rester insensible ce- pendant à ce nom de Bernardin de Saint-Pierre que les pleurs de Paul avaient l'ait aimer et retenir; et tous ces noms illustres, qui venaient visiter son père, l'invitaient déjà à correspondre avec ceux qui les por- taient ou qui travaillaient à s'en créer d'égaux. Mais les envois , encouragés , sollicités , succédaient aux envois ; les correspondances s'élargissaient ; un homme de génie va paraître. C'est Emmanuel Bâillon lui-même, le père de Louis - Antoine , — nous n'en — (530 — sommes pas encore aux travaux du fils , — qui nous présente devant ce large front portant déjà la loi de la corrélation des formes; nous le voyons, le 3 plu- viôse an v de la République, répondre familièrement à un inconnu de ce temps , qui plus tard restituera un monde au monde, à Georges Cuvier : « Je dois vous gronder de ce que vous me faites des compliments; ils me sont insupportables. Croyez bien sérieusement que personne ne sauroit aimer plus sincèrement que moi le cabinet; il me semble qu'il m'appartient. J'ai du plaisir à l'orner, comme un amant à parer sa maîtresse. Mes vœux seroient comblés si j'avois la certitude de le voir un jour complet; ayons du courage et de la patience, nous pourrons en ap- procher. » Et le 30 floréal an vi , le grand Cuvier lui-même constate ainsi les obligations que doit au correspondant d'Abbeville le Muséum d'histoire naturelle, comme on disait encore dans le langage à toge de ce temps: « Mon cher confrère... Ces trois poissons (un poisson de Saint-Pierre, une vive, un loup marin) figurent à merveille dans notre collection de squelettes, dont ils font l'un des principaux ornements. Nous avons con- servé leurs viscères dans l'esprit de vin Ceux de l'esturgeon n'y ont été mis qu'après avoir été injectés et ils sont de la plus grande beauté... Vous voyez que nous faisons un bon usage de vos présents; le nom du donateur sera attaché à tous, en signe perpétuel de la reconnaissance que l'anatomie vous devra. « Notre ami Geoffroy vient de m'écrire de Toulon. Sa santé est parfaite; le général Buonaparte a promis à ceux des soldats qu'il a embarqués qu'il ne les ra- — 631 — mènerait que lorsqu'ils auraient tous de quoi s'acheter six arpens de terre. Cela prouve qu'il y a autre chose que des coups à gagner dans l'endroit où on va. Geoffroy m'a chargé spécialement de vous faire mille amitiés de sa part. « Georges Cuviek. « Au Muséum, le 30 floréal an 6. » Tous les témoignages, depuis ceux des employés inférieurs du Jardin-des- Plantes jusqu'à ceux des di- recteurs, s'accordent en effet sur le zèle des expédi- teurs de Montreuil : « Nous voilà , grâce à votre patience , montés en oiseaux aquatiques vivants, » écrit le 27 floréal an vu le préparateur Dufresne. Et le 18 germinal an vm , Fourcroy , conseiller d'Etat, directeur du Muséum : « En vous écrivant souvent comme directeur , j'ai de fréquentes occasions de louer votre zèle et de vous remercier de l'utile et grand empressement que vous portez à servir notre science et à enrichir nos col- lections.— Eourcroy. » (']) Enfin, en l'an ix, Emmanuel Bâillon était officielle- ment invité , par les administrateurs du Muséum , à rechercher et à leur envoyer tous les animaux, oiseaux, poissons, reptiles, insectes, mollusques, radiaires , toutes les plantes et tous les objets intéressant l'histoire naturelle qu'il pourrait trouver dans le département de la Somme et aux environs ; les administrateurs s'en rapportaient à lui, d'ailleurs, pour le choix des ani- (1) Fourcroy, trois lettres en la possession de M. Dell', toutes trois datées de l'an vm. — 632 — maux et des plantes propres à l'ornement ou au com- plément des collections (1). Une indemnité de 1200 francs (2) l'ut accordée vers ce temps à Emmanuel Bâillon, ainsi qu'on le voit par une lettre du ministre de l'intérieur Chaptal, en date du 2'i prairial an ix, adressée au directeur du Musée. — Papiers en la possession de M. Delf. La vocation du jeune Bâillon ne se développait pas seulement en jouant dans le cabinet de son père, de- vant des collections mortes ou des cages aussitôt ex- pédiées que reçues; il trouvait un aliment plus vif peut-être et plus attrayant dans l'étude des oiseaux vivants que son père s'attacha longtemps à apprivoiser et à faire entrer dans la domesticité. Si les efforts du correspondant de Buffon furent vains sur ce point, ils durent être utiles au fils comme au père pour l'étude des mœurs de ces oiseaux rebelles. Le jeune François, qui profitait si bien des leçons paternelles ou qui y suppléait par sa pénétration, devait certainement se- conder son père dans ces tentatives persévérantes , dont rendent témoignage deux lettres parties du Jardin- des-Plantes à quelques années d'intervalle. La première est du citoyen Delaunay: « 21 floréal an IV. " C'est avec peine que l'on voit perdues les peines que s'est données un homme tel que vous pour priver (1) Mémoire des professeurs administrateurs du Muséum d'hi- stoire naturelle au Ministre de l'intérieur , 20 floréal an IX , tendant à demander une indemnité annuelle de 1200 francs pour M. Bâillon. (2) Voyez la note ci-dessus. — 633 — et réduire en domesticité des espèces précieuses. Vos expériences ne pouvaient manquer de réussir et je voudrais, concurremment avec vous, les répéter. L'es- pèce de l'eider me parait surtout intéressante, car je ne crois pas que nous soyions encore assez républi- cains pour renoncer à la mollesse , à la chaleur de ses duvets. » (Suit une liste des oiseaux que Delaunay juge domesticables pour le profit ou l 'agrément. La seconde est du citoyen Dufresne : « Au citoyen Bâillon, officier municipal, 1797 (1). «... Les personnes chargées du soin de la ména- gerie ont été frappées d'étonnement quand je leur ai dit avec quel soin , quelle exactitude vous procédiez pour nourrir et pour accoutumer les oiseaux sauvages à l'état de domesticité. M. Daubenton, notre directeur, qui a une haute et juste idée de vos connaissances en histoire naturelle, m'a bien dit qu'il fallait recom- mander avec soin aux garçons de la ménagerie ce que j'avais observé chez vous relativement à la nour- riture des animaux d'eau. — Dufresne. » Mais quelle ne devait pas être l'instruction quoti- dienne donnée à un jeune homme amoureux de la science par un homme qui, de lait, après avoir été jusqu'à la Révolution le collaborateur de Bufi'on et de Daubenton, devint, après 1793, le collaborateur de Lacépède , de Geoffroy, de Cuvier et de la Treille? Et pourquoi chercher ailleurs le secret de cette science (1) Le 2 janvier 1798 , le titre d'ofHeier municipal est rem- place sur les lettres adressées à Emmanuel Bâillon par celui de correspondant du Muséum d'histoire naturelle. — 634 — héréditaire qui devait encore éclairer les diverses bran- ches de l'histoire naturelle jusqu'au jour où François Bâillon rendit le dernier soupir parmi nous? C'était François Bâillon qui, peut-être, ouvrait en l'an m les lettres de l'ex-comte de Lacépède que nous avons déjà vu écrire au nom de Buffon et qui écrivait alors en son propre nom. Lacépède, dans la nouvelle organisation du Jardin-des-Plantes, était invité à faire un cours de zoologie; il publiait ses poissons et pré- parait les cétacés; ces circonstances faisaient de MM. Bâillon ses collaborateurs: » Je serai très-flatté, citoyen, que tu veuilles bien accorder au continuateur de Buffon tous les avantages de l'agréable et très-instructive correspondance que le démonstrateur avoit obtenue de toi; je recevrai tes nou- veaux bienfaits littéraires avec une vive reconnaissance, et comme l'histoire des cétacées et celle des poissons sont maintenant les deux premières que je publierai, c'est relativement à ces animaux que je désirerois le plus te devoir des observations et des renseignements, afin de pouvoir t'exprimer publiquement mon estime et ma gratitude. Je félicite tous ceux qui cultivent l'histoire naturelle du dessein que tu as formé de te consacrer plus que jamais à l'avancement d'une science aussi utile et de fonder une collection précieuse dans l'importante commune que tu habites. — Salut et fra- ternité. « Bernard-Germain-Etienne Laville. « A LeuviUe, par Linas, près de Paris. (17 vendémiaire an 3). (1) (1) Les suivantes sont signées B. G. E. L. Lacépkde. M. Dell possède quatre lettres de Lacépède à Emmanuel Bâillon. — 635 — Peut-être le jeune naturaliste s'arrêtait-il aussi sur cette lettre de Geoffroy Saint Hilaire : « ... Jamais je ne me suis tant occupé de vos utiles travaux, ni n'en ai si souvent occupé le public. J'ai fait cette année, pour la première fois, un cours d'or- nithologie.... J'ai aussi été dans le cas d'entretenir nombre de fois le public de vos précieuses recherches. Vous êtes presque le seul qui nous ayez communiqué des observations comparées sur un très-grand nombre d'oiseaux; je lisois vos écrits à cet égard et, fort de vos observations, j'étois hardi à parler des habitudes des oiseaux ; je n'ai servi que d'intermédiaire pour propager vos travaux; je me suis donc, en vous asso- ciant ainsi à mon cours, souvent trouvé avec vous... » (Sans date). (1) François Haillon devait, à coup sûr, dévorer la cor- respondance de Cuvier : « Au Jardin-des-Plantes, 15 ventôse an VI. •> Soyez bien persuadé, mon cher confrère, qu'il n'y a point de rancune qui pût tenir contre votre amabi- lité; à plus forte raison ceux-là ne peuvent-ils vous en vouloir à qui vous n'avez donné que des sujets de se louer de vous; mais je vous avoue qu'une paresse invincible pour écrire des lettres me fait souvent manquer à des devoirs en ce genre, et je ne sais si je pourrais entretenir un commerce régulier, même avec ma maîtresse. Ainsi c'est vous que je dois prier de ne pas garder de rancune , car je suis le seul coupable.— Votre magnifique esturgeon nous a occupés (1) Geoffroy Saint-Hilaire , huit lettres en la possession de M. Delf. — 636 — toute une semaine, mais nous nous sommes bien gardés de l'empailler ni de le manger. Nous l'avons injecté et disséqué dans tous les sens, et ses divers viscères, mis dans l'esprit de vin , donneront de grandes lu- mières sur l'économie animale dans les poissons. Con- tinuez à seconder ainsi les amis de la science par vos bienfaits; surtout n'oubliez pas les roussettes pleines que vous nous avez promises, et comptez qu'écrivant ou non, je vous aimerai toujours et que j'aurai tou- jours pour vous la plus vive reconnaissance. « G. Guvier. » (1) Et François Bâillon , peut-être , répondait sous la dictée de son père aux demandes de ces savants hommes ; peut-être était-ce lui qui recopiait sur les observations de son père et envoyait à La Treille (de l'Institut national) les notes sur l'entomologie sollici- tées par cet académicien, car, nous l'avons déjà dit, la science d'Emmanuel Bâillon s'étendait sur toutes les branches de l'histoire des êtres articulés (2). A la mort de son père, arrivée avant l'an x ou au commencement de l'an x , François Bâillon demeura donc dépositaire d'une immense science dont son père n'avait guères l'ait usage qu'au profit des autres (3); il (1) Trois lettres de Cuvier en la possession de M. Dell'. (2) « Si je parviens un jour à me l'aire un nom en entomo- logie, écrivait à M. Bâillon l'académicien La Treille le 12 floréal an vu, le vôtre ne figurera pas moins dans mes ouvrages sur cette partie que dans ceux qui nous ont fait connaître les moeurs des oiseaux. » — La Treille, deux lettres en la posses- sion de M. Delf. (3) On ne connaît de, M. Bâillon père qu'un Essai sur les bois, publié avant le 9 brumaire an vi , et un mémoire manuscrit — 637 — ne devait guères, hélas! en faire usage que de la même façon, mais aussi avec la même générosité. Rendons- lui, si nous pouvons, pour tous ceux à qui il a donné; et après avoir montré quelle put être sur lui l'influence heureuse exercée par la science, par l'éducation, par les relations paternelles, expliquons comment il se lit et se compléta lui-même. 111 Nous trouvons , en l'an vu , François Bâillon déjà très-positivement occupé d'histoire naturelle-, il laisse encore peut-être la grande ornithologie à son père , mais il se crée un petit domaine à part dans l'étude des insectes. Le préparateur Dufresne écrit à son père le 27 floréal an vu : « Je me suis occupé, depuis la lettre de votre fils, sur l'histoire naturelle et l'agriculture, envoyé en l'an m au comité d'agriculture d'alors. A propos du premier de ces ouvrages, on lit dans une lettre de Geoffroy Saint-Hilaire du 23 prairial an iv : « ... J'ai reçu , citoyen , votre paquet contenant un mémoire précieux sur les bois et une lettre pour la Société Philomatique qui a l'honneur de vous compter au nombre de ses correspon- dants. » 11 est à croire, cependant, que ce mémoire sous le titre de Causes du dépérissement des bois et moyens d'y remédier, était plus ancien , puisqu'un travail ainsi désigné remporta le prix proposé par la commune de Paris sur l'invitation de l'Assemblée constituante et fut publié in-4° en 1791. (Voir M. Louandre, Biographie d' Abbeville). — Un fragment du second mémoire manuscrit, sur l'histoire naturelle et sur l'agriculture, a été publié cependant sous ce titre: Des sables mouvants qui couvrent les côtes du département du Pas-de-Calais et des moyens de s'opposer à leur invasion. (M. Louandre, ibid). — M. Louandre cite encore une description de la liernache. — (>38 — à lui former une petite collection des gros insectes étrangers. Je lui enverrai tout préparés en tableaux... il pourra monter ceux du pays de même. » En l'an vm, l'histoire naturelle exempte le jeune Haillon des hasards de la conscription militaire; peu entraîné par une imagination nativemeat calme vers la glorieuse profession qui faisait alors sortir de toutes les villes et de tous les bourgs de France des géné- raux en giberne et des princes en sabots , François Bâillon s'était réfugié au jardin d'histoire naturelle avec le titre d'aide-naturaliste. 11 travaillait alors, en cette qualité , à dépouiller et à monter des oiseaux sous la direction du sieur Dufresne, et beaucoup des objets alors préparés par lui sont encore dans les musées de province: « Votre fils, écrit le sieur Du- fresne à M. Bâillon père le 18 frimaire an ix, est occupé à faire des collections pour les départements. » Ses travaux pour le jardin national étaient assez actifs d'ailleurs pour lui mériter 3,000 francs de gages. Si la guerre avait eu peu d'attraits pour François Bâillon , les dangers d'une existence aventureuse ne l'épouvantaient en rien ; les mers et les terres loin- taines, riches d'animaux mal connus ou mal décrits, l'attiraient. La pénétration de l'inconnu est, à divers degrés, la passion de tous les hommes. Dans les pays berceaux du monde, François n'eut pas cherché, sous le soleil de la Babylonie ou de l'Inde, à reconstruire l'histoire de l'humanité , à retrouver dans les souve- nirs bibliques les traces des premiers peuples; il eut, avec ténacité et persévérance, catalogué les animaux contemporains de la création première , les commen- saux de l'homme dans l'Eden ; ce fut son heure de — 639 — poésie. Un voyage du capitaine Baudin l'occupait fort; il voulait partir avec lui et ne revenir que les caisses pleines d'oiseaux , les cartons pleins d'insectes. Son père qui l'avait , trop prudemment peut-être , sauvé des grades de l'armée , eut beaucoup de peine à le sauver des hasards de ce nouveau goût qui eut pu définitivement illustrer un nom déjà si bien présenté au monde par les révélations de Buffon. Les invita- tions, les remontrances, rien ne faisait; M. Delaunav, sollicité à cet effet par les lettres du père , M. de Jussieu lui-même, s'entremettaient pour appuyer les froids raisonnements de la sagesse paternelle. L'ardeur voyageuse du jeune naturaliste résistait avec cette ob- stination qui, plus tard, fut en toute occasion un des traits de son caractère. Aux observations de M. De- launay qui lui faisait entrevoir dans l'avenir plusieurs carrières honorables, il répondait résolument qu'il ne savait autre chose que distinguer et empailler des oiseaux, qu'il avait oublié ce qu'il avait pu apprendre au collège , etc. , etc. ; et , Le 12 prairial an vin , M. Delaunay, à bout d'efforts, en était réduit à ré- pondre au père avec découragement ou peut-être avec quelque satisfaction de savant: « Nous cherchons à lui prouver que, malgré la très-grande utilité dont il peut être pour augmenter les collections du Muséum, ce- pendant cet établissement lui doit de le détourner d'un voyage pendant lequel il n'acquerra rien pour lui et après lequel il ne pourra plus se mettre à rien d'a- vantageux pour sa gloire et pour sa fortune. 11 per- siste cependant et ne se laisse ébranler que par l'idée qu'il vous laisse seul, car il n'aperçoit aucun danger pour lui... Je ne puis vous promettre que des efforts auprès de lui, mais je n'ose garantir les succès. » — &m — François Haillon ne partit pas cependant , retenu peut-être par la seule considération qui eut prise sur lui dans les raisonnements de MM. Delaunay et de Jussieu ; mais son ambition , détournée des voyages , se rattacha au Jardin des-Plantes; il voulait s'y faire une place, et continua d'y travailler jusqu'à la mort de son père avec d'autant plus de courage que l'es- poir d'obtenir un jour un titre et un emploi régulier le soutenait. La mort de son père — en 1802 — l'ayant rappelé à Abbeville, il conserva longtemps encore le désir du retour, l'espoir d'un poste au Jardin même Cette ambition caressée secrètement par lui, ainsi qu'on le devine par les lettres de ses correspondants , se trouvait d'ailleurs entretenue et encouragée par les amis qu'il s'était faits dans la science pendant son sé- jour à Paris-, ses amis le rappelaient, lui montraient la récompense plus facile au milieu d'eux, condam- naient son exil volontaire qui éloignait les chances de cette récompense : " Je suis bien fâché , lui écrivait M. Delaunay le 8 frimaire an xi, de vous voir can- tonné à Abbeville où vous perdez votre temps et où votre absence peut faire perdre à notre administration le souvenir de vous et de vos droits à lui être attache. J'ai parlé souvent à des professeurs de votre intention de tenir à l'établissement par un titre quelconque, et tous me répondent que c'est à vous -de choisir. » François Bâillon ne retourna pas à Paris cependant; d'autres liens de famille, depuis la mort de son père, lui rendaient difficile peut-être déjà la poursuite de rémunérations douteuses; il ne tentait pas tout ce qu'il eut pu dans les chances aléatoires de la réputation et des places. On voit cependant qu'il ne se résignait pas — 641 — entièrement à l'abnégation de l'avenir, et qu'en l'an xii il sollicitait encore quelque fonction au Jardin des- Plantes: « La place de M. Desmoulins, lui répondait Geoffroy Saint-llilaire le 12 pluviôse, n'a été donnée à personne, mais a servi à augmenter les emplois de trois personnes attachées au laboratoire et dont les talents n'étaient pas payés selon leur mérite. Sans cette disposition, j'aurais, Monsieur, pensé à vous qui avez des titres évidents et déjà anciens. » M. Bâillon, réduit au titre modeste, mais très-hono- rablement justifié , de correspondant du Jardin-des- Plantes (1), oublia enfin l'ambition et se réfugia tout entier et sans amertume dans la science désintéressée; ses journées entières étaient consacrées aux recherches d'animaux ou aux travaux nécessaires pour leur con servation. Vigilant observateur des obligations que lui imposait son titre envers le Jardin -des-Plantes, il envoyait à cet établissement tous ceux de ces animaux vivants ou morts qui lui étaient demandés ou qui lui paraissaient mériter l'attention ou l'étude. Le nombre des lettres reçues par lui , depuis le 4 messidor an vu jusqu'au 24 avril 1819, prouve avec quelle activité il faisait ses envois. Celles du prépa- rateur Dufresne ne tarissent pas (2) ; les premières montrent que déjà— en l'an vu — il expédiait, au nom de son père sans doute , au Muséum d'histoire natu- relle, des objets empaillés par lui-même. Les lettres de Frédéric Cuvier , frère du grand Cuvier (3) , ne (1) Il toucha jusqu'à sa mort 300 francs du Jardin, en raison de ce titre. (2) Quarante-deux lettres dans la part de M. Delf seulement. (3) Dix-huit dans la part de M. Delf, de 1806 à 1828 au moins. 41 — (ÎV2 — fournissent pas un témoignage moins important qu'ap- puieraient encore, si cela était nécessaire, celles de MM. Geoffroy Saint-Hilaire et Yalenciennes: «Je vous prie de penser un peu à nous , lui avait écrit Fré- déric Guvier le 30 janvier 1807 , car sans les soins d'un correspondant un peu zélé , notre ménagerie d'oiseaux restera toujours au-dessous de ce que la science et de ce que les autres parties de cet éta- blissement exigent qu'elle soit Et, dès le 6 vendé- miaire an xi , dans la correspondance tronquée que nous avons sous les yeux, nous voyons paraître toute une suite de remerciements justifiant d'un zèle qu'il n'était pas nécessaire de solliciter : « Du 6 vendémiaire an onze. « J'informerai lundi mes collègues de votre em- pressement à enrichir le Muséum et de la manière dont vous l'avez fait... Je suis, Monsieur, très-fàclié que vous preniez tant de peines pour remplir le vœu de mes collègues-, vous êtes du nombre de ces hommes ardents qu'il faut plutôt retenir qu'exciter. « Geofuoy St-IIilaire. » Ailleurs et plus tard : « Je vous remercie de la série d'envois que vous avez l'obligeance de nous faire ; on ne peut trouver un correspondant aussi vigilant ; il n'y a que le fils de M. Bâillon qui pouvoit le remplacer.— Geoffroy. » « 11 Février 1828. « J'ai reçu les divers oiseaux que vous avez bien voulu adresser à la ménagerie; nous en sommes très- riches à présent et presque plus que nous ne vou- drions , car notre petit nombre de bassins fait que — 643 — nos pauvres oiseaux d'eau sont entassés les uns sur les autres et se nuisent réciproquement.— F. Cuvier. » C'étaient des oiseaux et des poissons qu'envoyait surtout M. Bâillon 5 il recevait les premiers, soit des pêcheurs de la côte qui s'appliquent aussi, avec leurs filets dits flairons, à la prise des oiseaux de passage, soit des braconniers du hàble d'Àult et de quelques amateurs éclairés ; les autres lui étaient moins ap- portés qu'il ne les découvrait lui-même; il allait tous les jours à la vente aux criées du poisson à Àbbe- ville, et si nous ne l'avions vu nous- même au milieu des marchandes, inventoriant leurs éventaires, appelé par celles qui croyaient avoir quelque pièce remar- quable , lui-même nous apprendrait , dans ce mot à M. Valenciennes, avec quelle régularité il procédait à ses recherches : « Abbeville, 19 Avril 1826. « Malgré mon long silence, je pense tous les jours à vous et je vais régulièrement chaque jour au marché aux poissons 5 dites bien à M. Cuvier que je fais tout ce que je peux pour lui être agréable, et que si je n'envoie pas davantage, cela tient au pays que j'ha- bite. Bâillon. » Ces habitudes d'exploration au marché , déjà an- ciennes en 1826, ils les conserva jusque dans les mois qui précédèrent sa mort. Les envois multipliés et généreux de M. Bâillon ne l'empêchaient pas de s'occuper pour lui même d'une magnifique collection particulière; il en avait reçu les premiers éléments de son père ; il passa sa vie à l'augmenter et à la compléter en quelques branches. Elle était surtout unique pour les oiseaux et les — 6'i4 — poissons du pays, empaillés presque tous par lui- même. Un brouillon de sa main , retrouvé dans ses papiers , montrera avec quelle persévérance il pour- suivait le complément de ses cadres; il est adressé, sans date , à M. Valenciennes : « Je continue d'aller au marché presque tous les jours, et depuis sept ou huit mois je n'y ai vu qu'une seule espèce que je n'y avais pas encore rencontrée (suit la détermination d'une espèce de trigle)... Je re- grette bien d'habiter un pays aussi pauvre en espèces; jusqu'aujourd'hui j'en ai observé cent cinquante-huit qui, avec une cinquantaine d'espèces étrangères, for- ment toute ma collection. » Cette collection , où les oiseaux et les poissons du pays étaient ainsi rapprochés presque sans exception, s'était enrichie des espèces étrangères par échange. 11 avait d'ailleurs reçu, à plusieurs reprises, différents objets du Jardin-des-Plantes, choisis parmi les exem- plaires doubles des collections; ainsi à l'occasion d'un aigle royal demandé un jour par lui , M. Geoffroy Saint-llilaire s'empressait de répondre le 16 octobre 1809: « Veuillez seulement dire par quelle occasion vous voulez qu'on vous l'envoie; il ne convient pas de laisser vieillir une demande d'un homme aussi serviable que vous l'êtes. » Enfin , le musée de M. Bâillon était devenu assez important, dès 1814, pour qu'un très-riche collection- neur allemand , le baron de Braunsberg , que nous aurons occasion de nommer encore, s'arrêtât pour le visiter en traversant la France, et écrivit le 0 juillet de la même année, d'Allemagne à Abbevillc : « Enfin, je suis de retour chez moi, après ce voyage — 645 — remarquable , après tant de fatigues et de dangers , après avoir fait votre connaissance précieuse et après avoir vu votre belle collection... Chez vous, Monsieur, j'ai vu tant de belles choses de la France, le pinson que vous aviez la bonté de me montrer, les oiseaux de Provence, les fauvettes, la moustache, la rousse- rolle , le parus ater , le parus pendulinus , le proyer femelle, l'ortolan mâle et femelle, etc., dont avec le temps je vous prie de m'envoyer quelques-uns. . J'é- crirai dans ces jours à M. Bonelli; je lui dirai que j'ai vu chez vous de très-belles choses qu'il vous a envoyées. » Les savants, les amateurs ou les gens de pratique qui , dès-lors ou plus tard , enrichirent la collection de M. Bâillon, étaient le prince de Neuwicd, l'amiral de Massieu, le général Dejean, Dufresne, préparateur au Jardin-des-Plantes, avec qui M. Bâillon faisait de fréquents échanges, etc. La réputation de M. Bâillon s'était répandue à l'é- tranger; les relations et les correspondances venaient au-devant de lui; le savant Bonelli, alors professeur et depuis directeur du musée de Turin, l'appréciait, le questionnait et citait son nom dans ses cours. Le 23 janvier 1812, le baron de Braunsberg, déjà nommé plus haut, depuis prince de Neuwied, lui écrivait avec la déférence d'un élève pour son maître : « Monsieur, « Comme je suis correspondant de M. le professeur Bonelli à Turin , celui-ci eut la bonté de me faire connaître la passion avec laquelle vous vous occupez de l'histoire naturelle. Animé de ce même goût, j'ose, — 646 — Monsieur, vous offrir ma correspondance, et je me flatte que peut-être je serai en état de vous être utile. » Le baron de Braunsberg lui offrait des oiseaux, des mammifères, des reptiles, des poissons de l'Allemagne, de la Suisse et du nord , en échange de quelques oi- seaux marins, mouettes, pélicans, goélands, procellaria, frégates , cormorans ; et ce commerce , amicalement continué jusqu'à la mort de M. Bâillon , ne contribua pas peu sans doute à considérablement multiplier les objets de comparaison dans son musée. Les connaissances de M. Bâillon s'étendaient, comme s'étaient étendues celles de son père , sur toutes les branches de l'histoire naturelle, et, s'il s'appliquait surtout à quelques-unes, il n'en retranchait absolument aucune de ses recherches. Les savants le consultaient chacun dans sa spécialité ; ainsi il communiquait à Georges Cuvier des notes sur les ossements fossiles trouvés à Menchecourt et faisant partie de la collection de M. Traullé; sa correspondance avec le préparateur Dufresne et Frédéric Cuvier a plus particulièrement trait à l'ornithologie ; celle avec M. Valenciennes à l'ichthyologie; celle avec M. Geoffroy Saint-Hilaire, un peu plus générale (1), concerne les oiseaux et les qua- (1) Seize lettres de M. Valenciennes, professeur au Muséum d'histoire naturelle ; quinze lettres de Geoffroy Saint-Hilaire ; quarante-trois lettres de, M. Delaunay, auteur du Bon Jardinier et bibliothécaire du Muséum d'histoire naturelle ; de Jussieu et de Mmo de Jussieu trois lettres ; un grand nombre de Frédéric Cuvier, un grand nombre du préparateur Dufresne, un grand nombre du prince de Neuwied , etc., dans la part de M. Dell, ce qui représente le double dans la collection des lettres re- trouvées chez M. Bâillon après sa mort. — 647 — drupèdes; celle avec M. Pauquy la flore du département. Ses relations avec Geoffroy Saint-Hilaire remontaient au temps de la conscription et des projets de voyage sur le vaisseau du capitaine Baudin , c'est-à-dire au temps où le correspondant de Buffon vivait encore et où le jeune "aide-naturaliste au Jardin- des-Plantes n'a- vait pas encore succédé au titre officiel de son père: « A M. Bâillon, aide-naturaliste au Muséum d'histoire naturelle. « Puisque vous avez, Monsieur, la bonté de m'offrir aussi gracieusement vos soins , je les accepte autant dans l'intention d'être utile aux sciences que dans celle de me lier avec le fils d'un de mes meilleurs amis. — Geoffroy St-IIilaire. » La correspondance, on peut en juger par quelques lettres de Geoffroy, devint active et non sans utilité grande pour ce dernier : « Je viens d'écrire une mo- nographie sur les musaraignes; je vous dois plusieurs de mes matériaux , entr'autres une nouvelle espèce que vous m'avez adressée comme étant la musaraigne d'eau.— Geoffroy St-IIilaire. » (Sans date]. Geoffroy, le 22 frimaire an xiv, consulte M. Bâillon à propos des singes d'une ménagerie ambulante alors à Abbeville : « J'ai cru, dit-il, mon cher correspondant, devoir vous prier de fixer mes idées sur ces singes ; je vous serais très-reconnaissant de les examiner et de m'en écrire... Je me réglerai sur votre réponse. » Et ailleurs , à propos d'autres questions : « Votre complaisance vous attire mes importunités. » (1) (1) La correspondance s'établit sur un tel pied d'intimité, que — 648 - Georges Cuvier ne doit pas moins, peut-être, à M. Bâillon , que Geoffroy. M. Valenciennes écrivait a son correspondant d'Abboville, le 29 mai 1826: « M. Cuvier va publier prochainement une seconde édition de son règne animal ; vous seriez bien aimable de lui faire une suite de remarques dont il profite- rait. Yous savez bien que ce sera sous votre nom , cela va sans dire ; vous en avez d'ailleurs la preuve par nos poissons; ainsi vous savez beaucoup sur les deux buses , sur le buzard et la harpaie , et en gé- néral sur les oiseaux d'Europe que vous connaissez mieux que nous tous. » Quant à M. Valenciennes, il consulte fréquemment M. Bâillon sur les espèces de poissons qu'on peut pêcher à Cayeux et au Crotoy. Enfin , M. Bâillon fut , par des notes largement fournies, le collaborateur de M. Pauquy pour la Flore du département de la Somme. M. Pauquy reconnaît lui- même les services qu'il doit à M. Bâillon dans une lettre du 4 juillet 1S31 : « Un naturaliste aussi dis- tingué que vous, Monsieur, ne pouvait manquer de connaître toutes les plantes des environs d'Abbeville. Mais les notes très-étendues que vous avez bien voulu Geoffroy Saint-Hilahe envoie même à M. Bâillon des anecdotes: « Le 23 Décembre 1814. « II nous est revenu d'émigration un ornithologiste lié au- trefois de correspondance avec M. votre père : c'est l'abbé Manesse; il apporte avec lui les matériaux d'un ouvrage sur les œufs et les nids des oiseaux ; c'est eu poursuivant les ni- ellées d'oiseaux qui se retirent en Hollande pour y faire leurs petits qu'il s'est trouvé avoir émigré. « Geoffkoy St-I1ilaihe. » — 649 — m'envoyer sont tout à la fois une preuve de votre savoir et de votre bienveillance; aussi m'en feraient- elles désirer d'autres, si je ne craignais d'abuser de votre complaisance. » M. Bâillon n'a malheureusement rien publié, sauf les premières pages d'un Catalogue des mammifères , oiseaux, reptiles, poissons et mollusques testacés marins, observés dans V arrondissement d'Abbeville. Ces pages , insérées dans les Mémoires de la Société d'Emulation de 1833 (1), n'ont pas même été poursuivies, et le catalogue est resté incomplet. En dehors de cette publication , nous ne connaissons de notre regretté collègue qu'un Relevé (manuscrit) des os fossiles de Menchccourt conservés dans la collection de M. Traullé. Ce relevé fut envoyé par M. Bâillon, le 5 novembre 1829, à M. Valenciennes, qui avait précédemment vi- sité la collection de M. Traullé. « Si cette collection avait été plus considérable, dit en terminant M. Bâil- lon, j'aurais proposé à M. Alexandre Traullé de me la vendre pour le Muséum, mais probablement je n'au- rais pas réussi, car il y tient beaucoup. Au reste, je crois que si quelques-uns de ces os plaisent à M. Cuvier, il n'a qu'à écrire à M. Traullé qui, j'en suis persuadé, se fera un plaisir de les lui envoyer. » (1) En réponse à une demande de renseignements statistiques, M. Bâillon envoya à l'Académie d'Amiens, en 1833, un Cata- logue des mammifères, poissons, amphibies et coquilles de l'ar- rondissement d'Abbeville. (Registre des procès -verbaux de la Société d'Emulation, séance du 20 avril 1833) C'est probablement ce catalogue que la Société imprima; mais comme le volume était déjà sous-presse depuis longtemps, peut-être le mémoire envoyé à Amiens est-il plus complet que celui que nous possédons. — 650 — Sauf donc les pages d'un catalogue ébauché , sauf une lettre à M. Valenciennes, nous ne possédons rien de M. Bâillon ; son livre, c'était le cabinet qu'il avait créé et qu'il augmentait infatigablement; ses obser- vations, il ne les consignait que sur quelques fds de fer avec un peu d'arsenic , dans des bocaux avec un peu d'alcool; aussi des points particuliers notés dans sa mémoire, des remarques faites par lui et dont sa complaisance n'a pu faire profiter d'autres savants , tout a été perdu , et presque rien ne reste de son immense science morte avec lui. Ce n'est donc que par un effort d'induction sur quelques fragments de lettres, sur quelques notes éparses, qu'on peut arriver à découvrir la direction de ses travaux , les points qui l'ont arrêté, les parties de la science qu'il a plus particulièrement étudiées , les découvertes qu'il a pu faire. Ainsi un fragment de brouillon nous donne à croire qu'il s'occupa assez particulièrement des pois- sons du hable d'Ault; il est certain qu'il découvrit une variété de chauve- souris ; Geoffroy Saint- Hilaire lui écrivait le 9 novembre 18..: « J'ai eu, dans le der- nier cahier des Annales, occasion de publier la nou- velle espèce de chauve-souris que vous nous avez fait connaître. » Mais que sont ces faibles souvenirs à grand'peine tirés d'un inéluctable oubli, ces plumes d'oiseau dans le naufrage de tant de science? Il y a ainsi des hommes qu'une incurable difficulté à se produire en dehors arrête en eux-mêmes; M. Bâillon était de ces hommes; le caractère pouvait ne pas lui faire défaut , la volonlé lui manquait. 11 eut laissé perdre avec sa science le renom même qui lui — 651 — est dû parmi les savants -, nous ne pouvions sauver ses travaux dispersés déjà avec ses collections ; il nous appartenait, à nous ses collègues et ses concitoyens d'adoption, de sauver sa mémoire. M. Bâillon est désormais sacré une des honorabilités scientifiques de notre ville. Son buste , modelé par M. Pierre Sauvage, est au musée (1); c'est un buste aussi que nous avons pétri quand la figure n'était plus là pour poser devant nous, quand les éléments manquaient déjà à notre appréciation. M. Bâillon est maintenant presque tout entier dans le buste de M. Sauvage et dans notre notice. E. PBABOND. (1) Voir, sur ce buste, les procès-verbaux de la Société dans le présent volume. MOREL DE CAMPENNELLE (mAUIE-MATIIIEU). M. Morel de Campennelle, membre de la Société d'E- mulation d'Abbeville et de la Société des Antiquaires de Picardie, naquit à Abbeville le 28 avril 1768. 11 faut faire deux parts dans sa vie, celle de l'ad- ministrateur civil, celle du pbilosopbe homme de lettres. Mettons-nous vite en règle avec l'administrateur qui nous intéresse moins que l'amateur passionné de l'an- tiquité. Marie -Mathieu Morel de Campennelle fut premier adjoint au maire d'Abbeville depuis le 20 avril 4799 jusqu'au 1er août 1830 ; il fut successivement, pendant ce temps ou plus tard, membre de la chambre con- sultative des manufactures, du jury d'instruction pu- blique , du bureau d'administration du collège , du conseil de surveillance des prisons. Quelques faits qui touchent à l'histoire d'Abbeville sont à noter dans cette partie de la vie de M. de Campennelle. Le 26 avril 1814, orateur d'une députation, il ha- rangue, au nom de la ville, Louis XVI11 à Boulogne- sur-Mer; et le 14 juin de la même année il fait partie d'une seconde députation chargée de complimenter le roi. Le 21 mars de l'année suivante, lorsque le roi fu- gitif voyait sa cour resserrée dans les appartements — 653 — de l'ancienne abbaye de Saint-Pierre devenue la sous- préfecture d'Abbeville et le dernier palais de la royauté, M. de Campennelle obtenait, avec les autres membres de l'administration municipale, une audience particu- lière dans laquelle Louis XVIII refusait sa démission ainsi que celle de ses collègues. Le même jour, le roi le nommait cbevalier de la Légion-d'Honneur. M. de Campennelle resta donc à son poste d'adjoint pendant les Cent Jours. Quelques jours après la bataille de Waterloo, il eut à Roye une entrevue secrète avec Louis XVIII , et s'entretint avec le roi de l'état moral de l'arrondis- sement d'Abbeville. Le 25 juin il prit, par intérim, la direction de la sous-préfecture. En août 4815 et en septembre iSÏG , il fut élu candidat pour la ebambre des députés; il fut, le H mars 3818, élu conseiller d'arrondissement, et le 23 juin 1820 conseiller général. On lui destinait encore des voix aux élections de 1820 pour la chambre; il pria les électeurs de reporter les suffrages dont on l'honorait sur le président du collège électoral. M. de Campennelle , qui avait traversé comme ad- ministrateur la fin de la République , l'Empire , les deux Restaurations et les Cent Jours , donna sa dé- mission aussitôt après la révolution de Juillet 3830. Le goût de M. Morel de Campennelle l'emportait plutôt cependant aux lettres paisibles qu'aux soucis de l'administration ; il s'était voué jeune à l'étude de l'antiquité et son amour des lettres ne franchit jamais, on peut le dire, le seuil de ce siècle; il était de ceux — 654 — que les révolutions intellectuelles de la Restauration et les explosions de 1830 refoulaient dans le lexique des langues mortes. II se complaisait dans le monde des anciens et respirait mal dans l'air de la poésie moderne ; ses aspirations remontaient le cours des temps , au lieu de suivre la pente des âges et de l'humanité. Il n'entrait dans l'esprit contemporain que par quelques études scientifiques : ainsi , en 1794 , il composait une épitre à Delille — un ancien de la décadence élégante qui ne devait guères non plus franchir le seuil de ce siècle ouvert à des tentatives nouvelles — et il faisait un cours public et gratuit de sciences physiques ; quelque temps après, il traduisait le poème des Jardins de Columelle et lisait à la So- ciété d'Emulation un mémoire sur une maladie plé- thorique des ormes , préparé en collaboration avec MM. Boucher et Gatte (1). Mais de la physique ou des ormes , qui touchaient encore un peu au de Re rusticâ, il retournait bien vite à Columelle, à Martial, à Ciceron , à Pline le jeune , à Pétrone , à Cornélius Severus. Il a traduit ainsi pour lui, rarement pour le public, des fragments de tous ces écrivains. S'il des- cendait parfois jusqu'à Théodore de Bèze , c'est que de Bèze, quoique de la vivante école de la Renaissance, écrivait en latin exhumé des meilleurs tombeaux de Rome. Il était fier, notre administrateur poète, et à (1) La Société s'occupait alors beaucoup des sciences natu- relles; l'arboriculture appelait les observations de ses membres; quelques jours avant ou après la lecture du mémoire de MM. Morel, Bouclier et Gatte, M. Cb. -Etienne Cocbet, inspecteur de la généralité d'Amiens , un des fondateurs de la Société, écri- vait et lisait aussi des Observations sur une maladie des ormes. — 655 — juste titre, de cette langue latine qu'il avait apprise presque tout seul, qu'il aimait, qu'il maniait lui-même avec cette élégance des poètes gaulois et espagnols qui étaient devenus les plus spirituels des Romains dans les premiers siècles de l'Empire; aussi ne peut -il — c'est la pointe de l'oreille — cacher son dédain pour ces gens « qui méprisent ce qu'ils ne pourraient ce- pendant comprendre aisément dans une langue qu'un vice d'éducation leur rend ou peu familière ou même tout-à-fait étrangère. » (1) Une des premières traductions en vers de M. de Campennelle fut presque, par des rapports d'époques, une œuvre d'à-propos politique ; elle s'efforçait de reproduire le poème de Pétrone sur la guerre civile. Cette traduction était précédée , lors de la lecture à la Société d'Emulation, — an vu, — d'une épître à un ami, échantillon curieux des querelles académiques de ce temps. Des savants, qui oubliaient bien par-ci par-là l'orthographe, partaient avec le général Bona- parte pour conquérir scientifiquement l'Egypte ; des lettrés, qui écrivaient quelquefois des vers de savants, boudaient en France les privilégiés de l'algèbre et du niveau. Les sociétés mi-partie littéraires, mi-partie savantes , devenaient l'arène où les coups de bec heurtaient les coups de plume. L'épître de M. de Campennelle est pleine de plaintes sur l'oubli et sur l'avilissement des lettres que dédaignent les savants orgueilleux, — les demi-savants, reprend malicieuse- ment le secrétaire de la classe des lettres ; — on devine que les deux classes de la Société d'Emu- (1) Préface de la traduction de Columelle. — 656 — lation d'Abbeville — la classe des lettres et la classe des sciences — étaient alors en jalousie accusée et en délicatesse armée ; les lettres et les sciences , qui sont sœurs , s'écriaient ces maîtres obscurs de M. Viennet , devraient se prêter un mutuel appui , mais elles se disputent un plat de lentilles. Les sa- vants ne paraissent si savants que parce qu'ils parlent une langue inintelligible. L'auteur de Pépitre et le secrétaire de la classe des lettres se souviennent du médecin de la comédie: vous n'entendez pas le latin? Capricias , arci Ihuram , catalamus , singulariter, etc. ; et de Biaise Paschal : mieux vaut l'ignorance savante qui se connaît, que la science qui ne doute de rien. Il fallait que les hostilités fussent vives entre les deux classes ; on en trouve des traces , la même année , jusques dans un ingénieux effort de réconciliation du secrétaire de la classe des sciences et arts, J.-A.-G. Boucher , Révolution au Parnasse : lorsque les dieux habitaient encore la terre , il y eut une grande dis- pute au Parnasse — le tapis de la Société d'Emula- tion? — les Muses cessèrent tout-à-coup d'être unies. La Discorde avait semé le bruit qu'elles n'étaient pas toutes filles de Jupiter et de Mnémosyne, etc. M. Morel nous semble avoir été , dans son épitre dédicatoire , le champion passionné de la classe des lettres; il se réconcilia avec les sciences qu'il pratiquait aussi. Qu'est devenue cette traduction de la Guerre civile? L'auteur peut-être , rendu difficile par l'âge envers lui-même, en a-t-il fait un sacrifice aux dieux sévères de son culte, le goût et l'exactitude. Le citoyen Lecat, secrétaire de la classe des lettres , nous a conservé quelques passages de cette traduction dans un rapport — 657 — de l'an vu. Quelques vers nous ont paru frappés sur une enclume assez sonore : Chacun avec ses dieux déserte la cité ; Plusieurs contre César invoquent le tonnerre, L'enfant craintif s'attache à la main de sa mère; L'épouse, suspendue à son époux chéri, Marche et mêle ses pleurs aux pleurs de son mari. Cette traduction était complétée par des notes où les passages à difficultés étaient éclaircis , quelques remarques du président Bouhier réfutées, etc. « Sou- vent, disait M. Lecat, le traducteur cherche dans les auteurs anciens les mœurs des contemporains de Pé- trone, leurs usages, leurs opinions:' il approfondit des points d'histoire relatifs à son sujet: il jette une clarté nouvelle sur des endroits obscurs Quant à sa tra- duction, ajoutait-il, sans être servile, elle est beaucoup plus exacte qu'une imitation libre : elle rend en plu- sieurs endroits, autant que le génie de notre langue le permet , la concision , la force expressive et les beautés de l'original. » Une autre traduction importante abordée par M. Morel de Gampennelle est celle, déjà mentionnée, du dixième livre de Columelle, le poème des Jardins. La préface de cette traduction ouvre le premier volume des Mémoires de la Société d'Emulation (année 1833); l'auteur examine , dans ce discours préliminaire , à quel degré de perfection la culture des champs et celle des jardins étaient arrivées chez les Romains , et à quelle cause on doit rapporter le dédain des agronomes modernes pour les écrits des anciens sur l'économie rurale. Ce discours, on le voit, ressemble moins à la préface d'un poème qu'à un bon article 42 — 05S — de comice agricole. Si nous étions iils de cette fro- menteuse et verte Normandie dont les habitants de- mandent de l'agriculture à tout bout de champ et à tout le monde , de l'agriculture aux artistes , de l'agriculture aux archéologues , de l'agriculture aux musiciens, de l'agriculture aux savants, aux gens de lettres , aux critiques , on pourrait voir dans cette préface une adresse lointaine et déguisée aux sym- pathies et aux idées fixes des électeurs. Mais il fallait dans ce temps, aux Mémoires de la Société d'Emula- tion, une section de l'agriculture ; l'apparence de l'utile tuera toujours l'esprit des arts. Quant aux préjugés lit- téraires, aux sytèmes de traduction de l'auteur, on en aura trop justement idée dans cette excuse: « D'autres, dit-il, exalteraient l'embarras du poète en voyant la fierté dédaigneuse des muses françaises pour les la- boureurs: fierté telle qu'elles permettent à peine qu'on prononce , en leur présence , les noms de quelques instruments aratoires. » M. Morel de Campennelle a traduit encore un frag- ment sur la mort de Ciceron par Cornélius Severus, fragment qu'il accompagna d'une notice sur la vie et les ouvrages de ce poète; enfin, quelques lettres de Pline le jeune. Le traducteur de tant de fragments était moins un lettré qu'un antiquaire de la littérature, mais il tour- nait les vers latins avec une concision à concetli pleine de science et d'agrément; c'est lui qui composa pour la porte Marcadé, lors du passage de Napoléon et de Marie-Louise, cette inscription qu'on a retenue : Qwb quondam Henrici fueras decorata tropheis Sortent ne doleas, inclita porta, tuam! — 659 — Nunc majus tibi dant aller Mars, altéra Pallas, Noster Napoleo, nostra Maria, decus. Depuis les savants maïeurs et échevins du xvie et du xviie siècles, les Beauvarlet et autres, jamais un administrateur de la ville n'avait su plier ainsi la langue des inscriptions lapidaires et des décorations de toile; les administrateurs plus nouveaux ont eu la précaution, louable sous plusieurs rapports, d'aban- donner la langue latine. On connut de M. Morel, outre de l'épître à Delille mentionnée plus baut, une autre épître en vers inti- tulée : Consolations à un ami , et une ode , le Sage <■< imitée d'Horace. » L'auteur a voulu imprimer à cette dernière œuvre , publiée dans les Mémoires de la Société d'Emulation (années 'IS34-483o), un mouve- ment lyrique qui jure un peu avec la langue qu'il emploie; on en pourrait détacber cependant quelques beaux vers : L'homme pâlit (levant la mort. D'un pied sûr, d'une âme tranquille Le sage l'attend immobile ; Il reçoit le coup et s'endort. 11 est question, dans cette pièce, de Jupiter et de Minerve, des syrènes et d'Ulysse, mais on y voudrait voir poindre une croyance supérieure; Job aussi était un sage , mais avec la clairvoyance des peuples de l'Orient il élevait sa pensée à Dieu. Si nous sortons de la littérature pure, nous voyons M. Morel de Campennelle composer un mémoire sur YEtat moral et industriel de l' arrondissement d'Abbeville, puis des Recherches sur le Portus Itius de Jules César — Mémoires de la Société d'Emulation, années 1834- — 600 — 1835, — puis une Notice sur un groupe de deux lutteurs en bronze, trouvés l'un à Cocquerel et l'autre à Long. — Mémoires de la Soc. d'Emul., 1831-1835. — Dans ses Recherches sur le Portas Itius , M. Morel de Campen- nelle, revenant, après tant d'autres, sur une question qui ne sera jamais vidée , s'efforce d'établir que ce port ne pouvait être qu'à l'embouchure de l'Authie; dans la notice sur le groupe en bronze, il démontre que les deux lutteurs représentent Hercule et Antée combattant. M. de Campennelle avait été, à une certaine date , secrétaire et, à une autre, président de la Société d'Emulation. Adjoint au maire d'Abbeville , il avait proposé de faire exécuter un buste de Millevoye et d'en orner la bibliothèque communale à laquelle il s'intéressait déjà et qu'il devait enrichir lui-même. 11 fit, en effet, ses adieux à la ville par un legs généreux : « Désirant, écrivit-il, que mon exemplaire relié des œuvres de Jean Daullé, d'Abbeville, graveur, et tous mes livres grecs, latins, italiens et anglais, avec ou sans traduction en regard du texte , ainsi que les grammaires de ces quatre langues , fussent - elles françaises, passent comme don de ma part à la bibliothèque établie à la mairie, je prie M. le maire d'Abbeville de remplir les formalités légales pour l'exécution de ce legs et le paiement des droits. Puissent mes chers concitoyens l'accueillir comme un témoignage du constant intérêt que leur porte au- delà de la tombe un ancien administrateur qu'ils ont daigné honorer de leur estime et de leur bienveil- lance à toutes les époques si diverses de sa longue carrière administrative! » (20 février 1848). — 601 - L'œuvre de Daullé et les livres de M. de Campen- nelle sont aujourd'hui à la bibliothèque d'Abbeville. M. Morel avait une figure remarquablement pleine de dignité ; il paraissait le savoir un peu, et on eut pu croire qu'il avait complaisamment posé lui-même de- vant une glace pour le portrait de son sage; il n'était pas fâché enfin de paraître un peu olympien : De son front calme aucun nuage N'altère la sérénité : Ses traits, de son Ame l'image, Sont ceux de la divinité. Une vertu certaine de M. Morel était la bienfai- sance. 11 mourut à Abbeville , officier de la Légion- d'Honneur, le 46 décembre 1856. E. PRAROND. LISTE DES OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'ÉMULATION D'ABBEIILLE , PENDANT LES ANNÉES 1853, 1854, 1855, 185G ET 1857. Epigraphie de la Seine-Inférieure, par M. l'abbé Cochet. Paris et Caen, 1855. Notre-Dame de Laeken , par M. l'abbé Meynders, correspon- dant de la Société. Bruxelles, 1 volume, 1854. L'Eglise de Fauquemberg, arrondissement de Saint-Omer, par M. Henri de Laplane, ancien député. Saint-Omer, 1854. De la Liturgie des cloches, par l'abbé Jules Corblet, vicaire de Saint-Germain. Amiens, 1855. Première et seconde lettres à M. le duc de Luynes, membre de l'Institut, sur quelques types de l'art chrétien dessinés par ses soins dans le département de la Somme. Amiens et Abbe- ville, 1853. Compte-rendu de Fessai sur l'art chrétien de M. l'abbé Sa- gette, par M. Charles Desmoulins. Péngueux, 1853. Description de cinq monnaies franques inédites trouvées dans le cimetière mérovingien d'Envermeu , par M. l'abbé Cochet. Dieppe, 185 ï. Note sur cinq monnaies d'or trouvées dans le cimetière méro- vingien de Lucy, près Neufchàtel, en 1851, par M. l'abbé Cochet. — 664 — Rapport sur la visite de quelques monuments de Toulouse. , par M. Charles Desinoulins. Toulouse, 1853. Discours sur la confrérie de Notre-Dame-du-Puy d'Amiens , lu par le docteur Rigollot, président de la Société des Anti- quaires de Picardie, à la séance publique du 10 juillet 1853. Amiens, 1853. Revue rétrospective rouennaise , coup-d'œil sur les usages , les habitudes et les mœurs de nos pères , par M. E. de la Querrière. Rouen, 1853. Tombeaux de la vallée d'Eaulne , par M. l'abbé Decorde , membre correspondant de la Société. Neufchâtel, 1855. Tombeaux de la vallée d'Eaulne , par le même. Neufchâtel, 1855. Petites remarques sur un grand ouvrage intitulé : Histoire de V église métropolitaine de Rouen, par L. Fallue, par l'abbé De- corde. Neufchâtel, 1855. Publication des manuscrits de Pages , bourgeois d'Amiens , déposés à la bibliothèque communale de cette ville ; prospectus- spécimen. Amiens, 1855. Projet d'une biographie, diocésaine, — discours d'installation prononcé à la séance du 8 janvier 1856, par M. l'abbé Jules Corblet , président de la Société des Antiquaires de Picardie. Amiens, 1856. Des progrès de l'archéologie religieuse en France et à l'é- tranger depuis 1848, etc., par M. l'abbé J. Corblet. Amiens, 1855. La croix ou le dernier jour du Christ, etc., par M. l'abbé J. E. Decorde, curé de Rures. Paris et Rouen, 185î. Quelques découvertes dans l'ancienne chapelle des bénélicicrs de la collégiale de Saint-Jean à Liège. Liège, 1856. Notice sur le culte de saint Médard , par M. l'abbé J. Cor- blet. Amiens, 1856. Calendrier du canton de Poix, par M. G. Pouillet, curé de Moycncourt. Amiens, 1856. Zoroastre, par M. Joachim Menant. Paris, 1844. Organisation de la famille d'après les lois de Manon, par le même. Paris, 1846. — 665 — Du droit de vie et de mort, par le même. Paris, 1848. Une page d'histoire, 1789-1793, par M. l'abbé Decordc. Histoire des rois de France, par Cbarles Malo. Paris, 1851. Peuple et roi, par L. D. Moland, e'tude historique. Paris, 1851. Etretat, son passé, son présent, son avenir, par M. l'abbé Cochet. 2° édition. Paris, 1853. Dictionnaire du patois du pays de Bray, par M. l'abbé J. E. Decorde. Paris et Rouen, 1852. Essai historique et archéologique sur le canton de Forges- les-Eaux, par le même. Paris et Rouen, 1856. Notices historiques , topographiques et archéologiques sur l'arrondissement d'Abbeville, par M. Ernest Prarond. Tome 1er. Abbeville, 185 î. Cahier sur le canal de la Somme, — extrait d'un ouvrage sur divers sujets ayant rapport à l'art d'ingénieur, par M. Cambuzat, ancien ingénieur des ponts-et-chaussées à Abbeville. 1852. La vérité sur la baie de Somme, par M. FI. Letils. Paris, 1853. Les côtes françaises de la Manche, par le même. Paris, 1854. Notice historique sur la milice amiénoise, par M. Aug. Janvier, officier de la garde nationale d'Amiens. Amiens, 1851. Notice sur les anciennes corporations d'archers , d'arbalé- triers, etc., des villes de la Picardie, par le même. Amiens, 1855. Le château de Ham et ses prisonniers, par M. Charles Gomart. Paris, 1853. Notice historique sur la foire de la Saint-Jean à Amiens, par M. l'abbé J. Corblet. Amiens, 1856. Extraits originaux d'un manuscrit de Quentin de la Fons , intitulé: Histoire particulière de la ville de Saint-Quentin, pu- bliée pour la première fois par M. Charles Gomart. Saint- Quentin, 1856. Etudes Saint- Quentinoises , par M. Charles Gomart. Saint- Quentin, 1851. Esquisses de l'hôtel-de-ville de Saint-Quentin , par le même. Saint-Quentin, 185G. Voyage à Constantinoplc par l'Italie , la Sicile et la Grèce , par M. Boucher de Perthes. Paris, 1855, 2 vol. — 6fi6 — Pierre l'Ermite ou les croisades, par M. Vion, membre cor- respondant de la Société. Amiens, 1853. Vie de Pierre l'Ermite , par M. E. d'Ault du Mesnil. Abbe- ville, 1854. Dissertation sur la vie de Pierre l'Ermite , par M. Léon Paulet. Namur, 1854. Vie de Nicolas Langevin de Pontaumont , de Carentan , par M. A. Regnault, bibliothécaire du conseil d'Etat. Paris, 1854. Notice sur M. Masquelier, ancien professeur de dessin à Ab- beville. Rouen, 1852. Notice biographique sur M. Nell de Bréauté , par M. l'abbé Cochet. Dieppe, 1855. Notice biographique du général Soudain de Niederwerth, par le colonel Guillaume. Bruxelles, 1856. Recherches sur Pierre l'Ermite et la croisade , par M. Léon Paulet. Paris et Bruxelles, 1856. Notice biographique sur Antoine de Caulincourt , officiai de Corbic (1521-1540), par M. J. Garnier, conservateur de la biblio- thèque d'Amiens. Amiens, 1856. François Couplet et Henri Delloye, journalistes à Reims, par M. Ul. Capitaine. 1857. Biographie de M. Jean Simon , géomètre en chef du dépar- tement du Calvados, par M. Julien Travers. Caen, 1856. Rapport fait à la Société d'Emulation d'Abbeville, par M. E. de Marsy, sur l'ouvrage de M. Boucher de Perthes ayant pour titre : Des Monuments celtiques et antédiluviens ou de l'industrie primitive. Abbeville, 1855. De quelques écrivains nouveaux , par M. Ernest Prarond. Paris, 1852. Les impressions et pensées d'Albert, par le même. Paris, 1854. Poésies de M. Léon Paulet. Ham, 1853. Rapport sur un recueil de fables, contes et poésies diverses de M. d'Erbigny. Arras, 1854. La Cineïdc ou la vache reconquise , poème national héroï- comique en vingt-quatre chants , par l'abbé Ch. Duvivier de Streel. Bruxelles, 185L — 667 — Poésies diverses de Mme Fanny Denoix. La musique, poème lyrique par M. J. Lesguillou. Les roses, par Karl. Neufchâtel, 1855. L'eau de mort ou les funestes effets de l'ivrognerie , par M. L.-A. Labourt, membre correspondant de la Société. Paris, 1853. Education populaire, par M. Benjamin Véret. Paris, 1856. Société de secours mutuels et de retraite V Alliance, fondée à Rouen le 1er janvier 1850. — Extrait du procès-verbal d'in- stallation de son président. Rouen, 1854. Société de secours mutuels d'Abbeville, dite OEuvre de saint François -Xavier. — Statuts autorisés par M. le préfet de la Somme. Abbeville, 1855. Des logements insalubres, par M. E. de la Quérière. Rouen, 1857. Des dangers que présente l'emploi des papiers coloriés avec des substances toxiques , par A. Cbevalier et E.-A. Duchesne. Paris, 1855. Libre monétisation de la propriété, etc., par M. Charles Bou- tard. Paris, 1854. Rapport fait à la Société d'Agriculture d'Indre-et-Loire sur cet écrit, par M. Boussard. Tours, 1855. Notice sur la télégraphie électrique, par M. Edouard Cherest. Epinal, 1853. Documents relatifs à l'application de l'hélice à la navigation à vapeur, par M. Frédéric Sauvage. Abbeville, 1855. Exposition universelle de 1855. — Département de la Somme. — Application de l'exposition aux intérêts départementaux. Ab- beville, 1857. Almanachs- Annuaires de l'arrondissement [d'Abbeville pour 1853 et 1854. Almanachs du pays de Bray pour les années 1852 , 1853 , 1854 et 1855. Neufchâtel, 1852 à 1855. Divers catalogues de livres. Notice sur les irrigations , par M. G. de Monthières. Abbe- ville, mai 1853. — 668 — Des moyens de développer la culture du lin en France, par M. Ch. Gomart, secrétaire-général du Comice de Saint-Quentin (Aisne). Saint-Quentin, 1852. De la cherté des grains et des préjugés populaires qui dé- terminent des violences dans les temps de disettes , par M. Victor Modeste. 2e édition. Paris, 1854. La maladie, de la pomme de terre comparée à celle de la betterave, du ver à soie, du poirier et de la vigne. Boulogne- sur-Mer, mai 1852. Notice sur la maladie de la vigne et les altérations de di- vers végétaux. 1855. Lettre à M. le docteur C.fcMontagne, en réponse à son mémoire intitulé : Coup-d'ixil rapide sur l'état actuel de la question relative à la maladie de la vigne, par M. Charles Desinoulins. Bordeaux, 1854. Notes sur l'élevage du bétail des espèces bovine , ovine et porcine de l'empire d'Autriche. Paris, 1856. Observations sur quelques animaux réputés nuisibles , par M. Jules Ray. Troyes , 1856. — Etudes sur les anodontes de l'Aube, par M. Henri Drouet. (Extraits de la Revue et Magasin de zoologie, années 1852, 1853 et 1854). Mémoire sur l'opium indigène, par M. Descharmes, profes- seur de sciences physiques et naturelles au lycée d'Amieus. Amiens, 1855. Un mot sur la vaccine et les revaccinations, par le docteur Debourge. Montdidier, 1851. Archives de physiologie, de thérapeutique et d'hygiène, sous la direction de M. Bouchardat, professeur d'hygiène à la fa- culté de médecine de Paris; n° 1, janvier 1854; n° 2 du même. Esquisse de l'histoire de la thérapeutique et de la matière médicale au xix" siècle, etc., par le docteur Rigollot, d'Amiens. Amiens, 1853. Traité théorique et pratique sur l'épuisement pur et simple de l'économie humaine, etc., par le docteur Sailcnave, de Bor- deaux. Bordeaux, 1855. Réponse du docteur Sallenave (de Bordeaux) à M. Saurel (de - 669 — Montpellier), relativement à la critique de ce médecin-journa- liste, sur le traité des maladies chroniques dues à l'épuisement. Mémoires sur divers points de médecine et de chirurgie, par M. Jules Dubois, docteur en médecine, membre de la Société. Abbeville, 1855. Premier fascicule. Tomes lxxvi, lxxvii, lxxviii, lxxix, lxxx, lxxxi, lxxxii, lxxxiii , lxxxiv des brevets d'invention, de perfectionnement dont la durée est expirée ou dont la déchéance a été pro- noncée. Donnés par l'Etat. Paris, 1852 à 1855. Description des machines et procédés pour lesquels des bre- vets d'invention ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1844, publiée par les ordres du ministre de l'intérieur, de l'agriculture et du commerce et par ceux du ministre du commerce , de l'agriculture et des travaux publics. Tomes ix à xxii. Paris , 1852 à 1855. Imprimerie impériale. Donnés par l'Etat. Catalogue des brevets d'invention pris du 1er janvier au 31 décembre 1852 , du 1er janvier au 31 décembre 1853 , du 1" janvier au 31 décembre 1854. Paris, 1853, 1854 et 1855, 3 vo- lumes. Donnés par l'Etat. Réponse au rapport de M. le docteur Dehous , etc. , sur un point de médecine. Valenciennes, 1857. Journal de la Société de la morale chrétienne, numéros des années 1852 à 1857. Congrès scientifique de France, sessions de 1852, 1853, 1854, 1855 et 1856. Annuaires de l'Institut des provinces de France et des con- grès scientifiques, pour les années 1854, 1855 et 1856. Bulletin bibliographique des sociétés savantes, etc. 6 numéros de 1853. Revue des sociétés savantes de la France et de l'étranger , depuis le 1er numéro. Revue de l'art chrétien. 1857. Première année. Mémoires de la Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts. 1853. — 670 — Exposition dunkerquoise, etc. Dunkerque, 1853. Rapport du secrétaire de l'exposition dunkerquoise. Dun- kerque, 1853. Bulletin de la commission historique du département du Nord, tome iv. Lille, 1853. Mémoires de la Société impériale des sciences , de l'agricul- ture et des arts de Lille ; années 1852, 1853 et 1855. Mémoires de la Société impériale d'agriculture , des sciences et arts de Douai, année 1854-1855. Douai, 1856. Mémoires de la Société d'émulation de Cambrai ; tome xxiv, 1853. Revue agricole, industrielle et littéraire du nord de la France, etc., années 1855, 1856 et 1857. Valencicnnes, 1853 à 1857. Bulletins historiques de la Société des antiquaires de la Mo- rinie, années 1852 à 1856. Saint-Omer, 1852 à 1857. Bulletins de la Société d'agriculture de Saint-Omer, 1855-1856. Saint-Omer, 1855 et 1856. Bulletins de la Société d'agriculture, sciences et arts de Bou- logne, 1852 à 1854. Boulogne, 1852, 1853 et 1854. Mémoires de l'Académie d'Arras, tomes xxvi, xxvn, xxvm et xxix, années 1853 à 1857. Mémoires de l'Académie d'Amiens, premier semestre de 1851. Amiens, 1851. — Idem années 1852-1853, premier semestre. Amiens, 1853. — Idem années 1854-1855, première livraison. Amiens, 1855 — Idem années 1855-1856, deuxième livraison. Amiens, 1856. Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, deuxième série; tome n, 1853; tome m, 1854; tome iv, 1856. Bulletins de la Société des antiquaires de Picardie , pour les années 1852 à 1857. Introduction à l'histoire générale de la province de Picardie par Dom Grenier, etc. Amiens, 1856. Notice historique sur le congrès d'Amiens , par M. Ch. Du- four. Amiens, 1853. Société médicale d'Amiens. — Séance du 12 février 1856. — Discours de M. le docteur Andricu, son président. Amiens, 1856. — 671 — Fête de l'industrie à Amiens, le 23 décembre 1855. Amiens, 1856. La Picardie, revue littéraire et scientilique. Amiens, 1855, 1856 et 1857. Bulletins du Comice agricole d'Abbeville, de 1852 à 1857. Sigillographie du Ponthieu, par M. de Marsy. Abbeville, 1855. Mémoires de la Société linnéenne de Normandie , neuvième volume de 1849 à 1853. Bulletin de la Société linnéenne de Normandie, année 1855 à 1856. Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, tomes xix, xx et xxi. Bulletins de la Société d'horticulture de Rouen, divers cahiers de 1852 à 1856. Bulletin des travaux de la Société libre d'émulation de Rouen, années 1851-1852 à 1855-1856, 4 volumes. Société libre d'émulation , de commerce et d'industrie de Rouen. Rapport de la commission des médailles sur l'exposition départementale tenue à Rouen en 1856.— Même Société. Rapport sur l'exposition universelle de 1855. Rouen, 1856. Précis analytique des travaux de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Rouen, pendant les années 1851-1852 à 1855- 1856, 4 volumes. Bulletin des travaux de la Société libre des pharmaciens de Rouen, années 1851 et 1852. Recueil des publications de la Société havraise d'études di- verses, pour les années 1850 à 1852, 1852 à 1854. Extrait des séances de la Société d'agriculture et de com- merce de Caen , pour l'année 1852 et le commencement de 1853. Mémoires de la Société d'agriculture et de commerce de Caen, tomes v et VI. Caen, 1852, 1853 et 1855. Mémoires de. l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Caen, années 1852 et 1855. Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, année 1852. — 672 — Recueil des travaux de la Société libre d'agriculture, sciences et arts du département de l'Eure , tomes i , h et ni. Evreux , 1853, 1854 et 1850. Bulletins de l'Athénée du Beauvaisis , années 1852 et 1853 , premier semestre de 1854. Mémoires de la Société archéologique du département de l'Oise, années 1852 à 1855. Bulletins de la Société académique de Laon, tomes i, m, iv, V et VI. Laon, 1852, 1854, 1855, 1856 et 1857. Bulletins de la Société archéologique , historique et scienti- iique de Soissons , tomes vi, vin et ix. Soissons, 1852, 1854 et 1855. Société académique de Saint-Quentin , tomes ix , x et xi. Saint-Quentin, 1852, 1853 et 1855. Bulletin du Comice agricole de, Saint-Quentin, tomes i à v. Saint-Quentin, 1852 à 185G. Mémoires de la Société des sciences morales , des lettres et des arts de Seine-et-Oise, tomes i, n, iv et v. Versailles, 1847, 1849, 1853 et 1857. Société d'agriculture, sciences et arts de Meaux, publications de juin 1850 à juin 1851. Meaux, 1852. Même Société. Comices de Chelles et de Dammartin. 1853 et 1856. Meaux, 1853 et 1856. Société d'agriculture, sciences et arts de Meaux, publications de juin 1851 à juin 1854. Meaux, 1854. Même Société. Rapport de la commission du voyage agrono- mique en Angleterre et en Ecosse. Meaux, 1853. Séance publique de la Société d'agriculture, sciences et arts du département de la Marne, tenue à Chàlons le 27 septembre 1852. Chàlons, 1852. Séance publique de cette même Société , tenue à Chàlons le 19 novembre 1853. Chàlons, 1854. Même Société. Séance publique tenue à Chàlons le 24 avril 1854. Chàlons, 1854. Séance, publique de la Société d'agriculture de la Marne, tenue à Chàlons le 29 août 1855. Chàlons, 1856. — 673 — Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts du dé- partement de la Marne, année académique 1855-1856. Chûlons, 1857. Travaux de l'Académie impériale de Reims, 1853-1854, tome XX, n° 2. Reims, 1854. Mémoires de la Société d'agriculture , des sciences , arts et belles-lettres du département de l'Aube, tomes xvi, xvn, xvm, xix et xx de la collection. Mémoires de l'Académie impériale de Metz , années 1852 à 1856; xxxine, xxxiv", xxxve, xxxvie et xxxvii6 années. Mémoires de l'Académie de Stanislas à Nancy, années 1852, 1853 et 1854. Annales de la Société académique de Nantes et du départe- ment de la Loire-Inférieure, années 1852 à 1855. Travaux des Conseils d'hygiène publique et de salubrité du département de la Somme, tome i, année 1856. Amiens, 1857. Bulletins de la Société industrielle d'Angers et du départe- ment de Maine-et-Loire, années 1852 à 1856. Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts d'An- gers, années 1852 à 1856. Bulletins de la Société royale du Mans, de 1806 à 1844. Bulletins de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sartbe, de 1846 à 1857. Bulletins de la Société d'agriculture, sciences et arts d'Indre- et-Loire, de 1852 à 1856. Bulletins de la Société d'agriculture du département du Cher, de 1852 à 1856. Commission historique du département du Cher, années 1852, 1854 et 1856. Bulletins de la Société d'agriculture, des sciences et des arts de la Haute-Vienne, 1856. Bulletin de la Société d'agriculture et d'horticulture de Vau- cluse, 1856. Mémoires de la Société impériale d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres d'Orléans, années 1852 à 1857. Considérations générales appliquées à l'hygiène publique et 43 - 074 — privée pendant le cours d'une épidémie de choléra asiatique, par le docteur Bourgogne père, de Condé (Nord). Bruxelles, 1856- Cornptes-rendus des travaux de l'Académie du Gard, années 1852, 1853, 1851 et 1 850. Mémoires de l'Académie iln Gard, années 1852, 1853 et 1854- 1S55. Du travail scientifique. — Discours prononcé à la Société lin- néenne de Bordeaux le 5 novembre 1856, par M. Ch. Desmoulins, président. Séance publique de cette même Société, 5 novembre 1855. — Discours (l'ouverture (école forestière de M. Ivoy au Pian), par M. Ch. Desmoulins, président. Maladie des pommes. — Maladie de la vigne. Bsnandes et Beaumont du Périgord. Analyse comparative de deux églises fortifiées du xive siècle, par M. Cit. Desmoulins. Paris ei Caen, 1857. Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Toulouse, années 1852, 1853, 1854, 1855 et 1856. Bulletins de la Société vaudoise des sciences naturelles, nu- méros 31 à 38. Lausanne, 1853 à 1850. Bulletins de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, années 1852 à 1856. Bépertoire et travaux de la Société de. statistique de Marseille, années 1852 à 1856. Description des machines et, procédés consignés dans les bre- vets d'invention, de perfectionnement et d'importation dont la durée est expirée et dans ceux dont la déchéance a été pro- noncée. Divers volumes de 1852 à 1855. Umanach der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften. — Fiinïter jahrgang 1855. Wien, 1855. Almanach der kœniglich hayerisehen Akademie der Wisscns- chaften fiir das juin- 1855. Mûnchen, 1855. Strung's berichte der kaiserlichen akademie der v issensehaf- t( h. — Mathematiseh nalur wissenchaftliche classe. Wien, jahr- gang 1852 1855. toutes rem m auslriaearum-iesterreiehisf lie geschichts'quellen — 675 — — zweite abtheilung. Diplomataria et acta. v. band. codex wan- gianus. Wien, 1852. Archiv fur kunde œsterreichischer geschichts — quellen, etc., achter band h. Ausgegeben am 9 octobcr 1852. Strung's berichte der kaiserlichen akademie der wissenschaften — philosophisch-historische classe. Jahrgang 1852-1855. Wien. Beitrag zur natur — und Literœr — Geschichte der Agavecn. Miinchen, 1855. Dr Lorenz Hiibner's, Biographische charakteristik, etc. Miin- chen, 1855. Pfalzgraf Rupert der Cavalier. — Ein Lebensbild ans dem xvn. Jahrhnndert. Miinchen, 1854. Gelchrte Anzeigen. Herausgegeben von Mitgliedern der k. bayer. Akademie der Wissenschaften. Januar bis juni 1853. Miin- chen, 1854. Numéro 38. Idem. Juli bis december 1854. Numéro 39. Gelehrte Anzeigen. Januar bis juni 1855. Philosophisch — philologisch — classe. Miinchen. Numéro 40. Idem. Juli bis december 1855. Miinchen. Numéro 41. Idem. Januar bis juli 1856. Miinchen. Numéro 42. Abhandlungen der plhlosoph.-philologischen classe der koe- niglich bayerischen — akademie der Wissenschaften. Miinchen, 1854. Idem. Miinchen, 1855. Idem. Miinchen, 1856. Abhandlungen der mathemath.-physikal. classe der koeniglich bayerischen Akademie der Wissenschaften. Miinchen, 1853. Bulletin der koenigl. Akademie der Wissenschaften. Quatre cahiers des années 1852 et 1853. Annales de la Société d'agriculture de la Rochelle , années 1851 à 1856. Société d'agriculture , sciences et belles-lettres de Rochefort, années 1851-1852, 1854 et 1855. Annales de la Société d'agriculture ,' sciences , arts et com- merce du Puy, année 1854. Fricdr. Wilh. Joseph von Schelling, etc. Miinchen, 1855. — 676 — Rede in der kœmglichen Akademie (1er Wissenschaften, etc. Miinchen, 1855. Rede in der œffentlichen Sitzung der kœnigl. Akademie der Wissenschaften am 28 marz 1855, etc. Miinchen, 1855. Archaeologia seliana or niiscellaneous tractes, etc., volume iv, partie in. Newcastle upon Tyne, 1854. Proceedings of the antiquaries of scotland, volume i, partie n. Edinburgh, mdcccliv. Historié Society of Lancashire and Chcshire — Session v, 1852- 1853.— Session VI, 1853-1851. Liverpool, 1853-1854. Idem. Volume vu. Session 1854-1855. London, 1855. The numismatic chronicle and journal of the numismatic so- ciety. Divers numéros de 1852 à 1856. London, 1852-185G. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'ÉMULATION D'ABBEVILLE, PENDANT LES ANNÉES 1853, 1854, 1855, 1856 et 1857. Séance du 13 Janvier 1853. Vérification et approbation des comptes du Trésorier pour l'année 1852. Renouvellement du bureau : M. Bouclier de Perthes est réélu Président; M. Hccquet d'Orval, père, est réélu Vice-Président ; M. E. Pannier est réélu Secrétaire; M. Briuiet est réélu Trésorier; M. Lcfebvre est réélu Archiviste. Séance du 31 Mars 1853. M. de Perthes rend compte des études géologiques qu'il a faites sur plusieurs terrains du département. La Société vote des remercîments au célèbre archéologue anglais Charles Roacli Smith , pour divers envois de livres qu'il a bien voulu lui faire. — 678 — Séance du 14 Juillet 1853. La Société vote une somme de 100 francs destinée à l'ac- quisition de livres , d'instruments de travail , de modèles de dessin et de morceaux de musique, qui seront donnés à titre d'encouragement aux élèves des écoles primaires dont le tra- vail , l'application et les progrès auront mérité l'intérêt de la Société. Séance du 5 Janvier 1854. M. Tillettc de Mautort lit les premières pages d'un mémoire sur l'origine et la formation de la tourbe. Séance du 9 Mars 1854. Vérification et approbation des comptes du Trésorier. Séance du 23 Mars 1854. Renouvellement du bureau : M. Boucher de Perthes est réélu Président ; M. Hecquet d'Orval, père, est réélu Vice-Président; M. E. Pannier est réélu Secrétaire; M. Lefebvre est réélu Archiviste ; M. Brunet est réélu Trésorier. Séance du 7 Décembre 1854. M. Boucher de Perthes communique une lettre de M. le doc- teur Rigollot, membre correspondant de la Société d'Emulation d'Abbeville, qui lui annonce qu'il a découvert dans les bancs tertiaux de Saint-Acheul-lès-Amiens des silex taillés de main d'homme , analogues à ceux recueillis dans le diluvium des environs d'Abbeville : « Amiens, ce 29 Novembre 1854. A M. Boucher de Perthes, Président de la Société d'Emulation à Abbeville. « Monsieur et honoré collègue, « J'ai tardé à vous remercier de l'envoi que vous avez bien voulu me faire de la suite de votre ouvrage sur la Création — (>79 — et de votre Alphabet des Hommes et des Choses. Je vous en suis reconnaissant, ainsi que des silex taillés trouvés dans le lit de la Somme et que vous avez bien voulu y joindre. Le caillou retiré du diluviuni a la même forme que la plupart de ceux qui viennent de pareil terrain à Saint-Acheul. « Je viens de composer, un peu à la hâte, un mémoire sur les découvertes de haches laites à Saint-Acheul. Dans ce tra- vail, je ne fais guère que suivie vos traces, et ma seule Iiition est de prouver que vous avez eu raison en annonçant le premier que notre, pays avait été habité par des hommes avant le cataclysme qui a détruit les éléphants et les ihino céros qui y vivaient. Ce que vous avez dit avec tous les développements nécessaires pour convaincre , je le redis plus brièvement et sans doute moins bien. Mais j'étais pressé de tirer parti des trouvailles dont j'étais le témoin. Je vais faire imprimer immédiatement mon mémoire et je m'empresserai de vous en faire hommage. « Agréez, etc. rigollot. >> Séance du 11 Janvier 1855. Renouvellement du bureau : M. Boucher de Fertiles est réélu Président: M. E. Pannier est nommé Vice-Président; M. Prarond est nommé Secrétaire : MM. Brunet et Lefebvre sont maintenus- dans leurs fonctions, le premier de Trésorier et le second d'Archiviste. Séance du 8 Février 1855. M. Brunet donne lecture d'un compte-rendu du mémoire de M. Andrieu, professeur à l'école de médecine d'Amiens, intitulé : Hygiène publique: — lait. M. Brunet s'exprime ainsi: « Le travail dont nous avons a rendre compte, a pour objet d'indiquer les moyens de reconnaître la falsification du lait et d'armer l'autorité contre un délit difficile à atteindre, à cause de l'insuffisance des procédés employés jusqu'ici pour le dé couvrir. — 680 — « M. Andrieu signale les fraudes par la gélatine, par la gomme, par la fécule et d'autres substances encore, mais sans indiquer les réactifs à. l'aide desquels la présence de ces corps étrangers sera démontrée. « Le lait pur est composé de beurre, de caséum , de sub- stances salines et autres , les unes en solution , les autres en suspension dans l'eau qui leur sert de véhicule. « La composition du lait peut donc varier quant à la pro- portion de chacun de ces principes, mais point quant à leur nature. « Si l'eau entre ainsi dans la composition naturelle du lait, on conçoit combien il est difficile d'établir , avec certitude , l'altération par l'addition de cette substance. C'est pourquoi cette fraude, qui est la plus facile à commettre, est en même temps la plus difficile à prouver , et c'est à quoi s'attache M. Andrieu dans ses intéressantes recherches. « Tout le monde connaît l'emploi du galactomètre pour me- surer la densité du lait, laquelle doit correspondre à sa quotité. Mais si le lait pur pèse plus que l'eau et ses mélanges, il pèse moins que lait écrémé; la fraude avec celui-ci échappera donc au galactomètre. On a recherché la quantité de crème contenue dans le lait pour déterminer sa qualité; mais la crème ne se sépare pas du sérum toujours également , suivant les variations de la température et de l'atmosphère ; ainsi le çrémomètre isolément appliqué sera encore insuffisant. « Maintenant voici un procédé plus sûr , et avec lui la moindre infidélité n'est pas possible : si l'on agite , dans un tube gradué, partie égale en volume de. lait et d'éther sull'u- rique et qu'ensuite on ajoute un volume d'alcool, le beurre, dissous d'abord par l'éther , en sera séparé par l'alcool et viendra surnager à la partie supérieure du tube, sur les di- visions duquel on pourra lire la quantité relative au lait soumis à l'expérience. « M. Andrieu conseille d'employer ces trois procédés qui — 681 — s'interprètent et se vérifient l'un par l'autre pour traiter un lait suspect. Sur vingt-sept vaches dont le lait a été examiné par lui-même, les oscillations du galactomètre, du crémomètre et du butyromètre ont peu varié; il en a établi la moyenne représentée par la formule suivante : Température ordinaire, galactomètre, minimum de densité 1° 1/2. 10° à 14°, crémomètre, 10 millim. ponr 90 millim. 43° à 46°, butyromètre, 3 millim. 1/4. Tout lait qui se trouvera en dessous de ces limites devra être considéré comme étant de mauvaise qualité ou altéré par la fraude. « Voilà donc la science et l'autorité armées pour reconnaître et atteindre la sophistication d'un aliment précieux. « M. Andrieu termine son mémoire en engageant l'autorité municipale, à laquelle appartient la surveillance des substances alimentaires dans l'intérêt public , à faire l'application de sa méthode. Quant à nous, bien qu'elle nous paraisse insuffisante dans quelques cas, nous pensons qu'elle a fait faire un pas à la science et qu'il y aura avantage à l'adopter. « En terminant, nous vous proposerons, Messieurs, des re- mercîments à l'auteur pour la communication de son intéres- sant travail, et le renvoi à la commission des Mémoires de la Société. » Séance du 12 Avril 1855. M. Marcotte présente à la Société une reproduction qu'il a obtenue par la galvanoplastie , d'un médaillon en plâtre. Cet échantillon , parfaitement réussi , fixe l'attention des membres présents, et M. Marcotte, sur l'invitation qui lui en est faite, lit une notice sur l'emploi, la marche et les effets de la pile galvanique. M. Pannier donne lecture d'une notice, accompagnée de des- sins, sur deux canons en fer déposés au château de Dourrier, et que l'on prétend provenir du champ de bataille de Crécy. — 682 — Séance du 24 Mai 1855. M. Louandre donne lecture de la première partie d'une no- tice sur la fondation , rétablissement et la règle de l'hospice des malades d'Abbeville. Séance du 7 Juin 1855. M. Prarond lit les premières pages de la Vie de Mcllan par Mariette, envoye'e par M. de Montaiglon. Séance du 19 Juillet 1855. La Société , sur la proposition de M. Boucher de Perthes , vote une somme de 100 francs pour être distribuée en prix, ainsi que les années précédentes. Séance du 15 Novembre 1855. M. de Marcy adresse un rapport sur l'ouvrage de M. Bouclier de Perthes ayant pour titre: Des Monuments celtiques et anté- diluviens. M. le Président donne lecture d'une lettre dans laquelle M. James Yates pose quelques questions sur les avantages d'un système international de poids et mesures. La Société charge M. Pannier de répondre à ces questions. Un membre rappelle que c'est M. Boucher de Perthes, alors comme aujourd'hui Président de. la Société, qui , le premier, a eu l'idée d'une exposition universelle, et qui, dans une allo- cution adressée aux ouvriers en 1833 , imprimée la même année, a demandé que cette exposition, où les produits de toutes les nations seraient admis , eut lieu à Paris , sur la place de la Concorde (voir les Mémoires de la Société d'Emu- lation, année 1833, pages 491 à 518); que M. Boucher de Perthes a renouvelé en 1834 et 1835 sa proposition et envoyé son plan au gouvernement; enlin que les Anglais ont reconnu officiellement que l'idée première d'une exposition universelle venait de France et que M. Boucher de Perthes eu était l'auteur. — 683 — M. Marcotte présente à la Société' l'épreuve photographique d'une gravure de Mellan , obtenue d'après un plâtre exécuté par le sieur Nadeau, élève de sculpture patronné par la ville. Les membres présents félicitent M. Marcotte de ses études persévérantes et du relief de ses épreuves. Séance du 22 Novembre 1855. M. E. Pannier soumet à l'appréciation de la Société les di- verses réponses qu'il a été chargé de rédiger relativement aux questions posées par M. James Yates , membre de la Société Royale de Londres, sur l'opportunité d'un système international de poids , mesures et valeurs monétaires. La Société décide que ce travail sera adressé à M. James Yates. Séance du 20 Décembre 1855. M. Marcotte , après avoir fait passer sous les yeux de la Société plusieurs épreuves stéréoscopiques , lit une notice sur l'invention première et les perfectionnements de l'instrument appelé stéréoscope. Séance du 25 Janvier 1856. La Société procède au renouvellement du bureau : M. Boucher de Perthes, Président ; M. Pannier, Vice-Président; M. E. Prarond, Secrétaire; M. J. Lefebvre, Archiviste; M. Brunet, Trésorier. Séance du 2i Février 1856. M. Dubois lit un rapport détaillé sur les brochures de M. Bruno Danvin, médecin à St-Pol et membre de la Société. Séance du 24 Avril 1856. Un membre communique à la Société un article du journal anglais The Glasgow Herald (n° du 14 avril 1856) et donne la traduction de cet article où se trouve un extrait du travail de — 084 — M. Pannier sur l'avantage de L'uniformité des poids, mesures et monnaies, travail demandé il y a quelques mois au nom d'une Société internationale par M. James Yates, et que M. Pannier a déjà soumis à la Société d'Emulation d'Abbeville. M. Pannier communique à la Société un projet de biblio- thèque et de musée qui lui semble réunir des conditions con- venables de commodité et d'espace : « Cette bibliothèque serait circulaire et concentrique à un musée dont les parois intérieures présenteraient un développement superlicicl de plus de mille, mètres carrés. » La Société écoute avec intérêt cette commu- nication et s'associe au vœu exprimé déjà par le conseil d'ad- ministration du musée pour l'adoption d'un projet qui tirerait la bibliothèque et le musée d'Abbeville des locaux indignes de l'importance de l'un et de l'autre de ces établissements. Séance du 29 Mai 1856. M. de Perthes lit un discours intitulé : Du Vrai dans les mœurs et les caractères. — Les masques. Séance du 10 Juillet 1856. La Société vote une somme de 100 francs pour acquisition de prix à distribuer , au nom de la Société , aux élèves du collège, des écoles de géométrie et de musique, et des diffé- rentes écoles communales. Séance du 23 Octobre 1856. La Société impériale d'Emulation admet au nombre de ses inemmbres correspondants : M. Kéon (Miles-Gerald) , littérateur et publiciste , n° 18, Oxford Tenace Hyde Park Londres ; M. Jarocki na Jaroczynie, directeur des musées impériaux, à Varsovie (Pologne) ; M. Reuter, docteur en médecine, directeur du musée des antiquités, à Wiesbaden (duché de Nassau). — 685 — Séance du 8 Janvier 1857. On procède au renouvellement partiel du bureau pour l'année 1857 : M. Boucher de Perthes est réélu Président ; M. Pannier, Vice-Président ; M. Prarond, Secrétaire. Séance du 5 Février 1857. M. Prarond annonce que M. Pierre Sauvage a exécuté de mémoire le buste de M. Bâillon , correspondant du Muséum d'histoire naturelle et membre de la Société d'Emulation. Ce buste , d'une ressemblance très-satisfaisante , est remarquable surtout , suivant M. Prarond , par le caractère et la vigueur de la physionomie; la ressemblance morale a été atteinte mieux peut-être encore que la ressemblance physique. M. Prarond propose de demander un exemplaire de ce buste à M. Sauvage, pour la bibliothèque communale ou pour la salle des séances de la Société; il émet à cette occasion le vœu que les bustes des Abbevillois de quelque célébrité entrent d'une façon régu- lière dans la décoration intérieure du musée et de la biblio- thèque projetés ; des socles élevés entre les fenêtres du nouvel édilice pourraient recevoir les bustes nouveaux et ceux qui déjà sont déposés dans la bibliothèque de la ville. La Société accueille avec faveur ces propositions et ces vœux et s'y associe. Séance du 20 Février 1857. M. le Président fait connaître à la Société que M. Mettez- Michaut, demeurant à Abbeville et représentant le commerce pour les liquides, a inventé une boisson de ménage composée de substances saines, et qui réunit à un goût agréable la sim- plicité et la rapidité dans la confection. Il annonce qu'un échantillon de ce liquide sera présenté à la prochaine séance, et que cette boisson pourra être appelée cidre Mettez. M. Marcotte offre à la Société , au nom du sieur Caron , — 686 — chaufournier, demeurant à Abbeville dans la rue de la Bou- cherie, un pastel exécuté d'après un portrait du P. Ignace; il présente également deux copies à l'huile de ce même auteur, en faisant observer que le sieur Caron, aujourd'hui âgé de 35 ans, n'avait manié jusqu'à présent que son marteau d'extrac- teur de pierres à chaux. La Société , après examen , exprime le regret que le sieur Caron, qui paraît avoir des dispositions natives pour la peinture , n'ait pu , dans sa jeunesse , suivre le cours gratuit de dessin ouvert dans la ville; elle accepte avec empressement le portrait au pastel du P. Ignace, et vote une somme de 20 francs qui sera remise de sa part au sieur Caron pour l'acquisition d'une boîte de peinture. M. Marcotte, conservateur du musée, fait connaître ensuite que le même Caron lui a remis plusieurs corps organisés fossiles du groupe crétacé , trouvés par lui dans la carrière de Menchecourt, et qui consistent en deux astéries oreaster boysii et goniaster smithii (Dixon) , espèces nouvelles pour le bassin de la Somme; trois fragments de craie avec vestiges de queues de poissons indéterminables; un fragment de craie avec écailles de poissons aussi indéterminables. M. Marcotte annonce, en outre, qu'il a acheté quelques an- tiquités mérovingiennes trouvées à Miannay , à savoir : rieur vases en terre noirâtre, ornés de dessins en creux, repro- duisant la plupart des motifs des monuments saxons et carlovingicns ; un vase en terre rouge paraissant de fabrication romaine ; deux vases en terre grise , dont l'un orné dans le genre des neuf premiers; un vase en terre blanche, sans dessin ; un sabre à deux tranchants ; un fer de flèche ; un couteau en fer; une bague en bronze; un forceps ou cisaille à ressort ; une boucle de ceinturon ; un umbo ; un fragment d'armature de bouclier; trois framées; une plaque de cein- turon; un anneau en bronze; un angon; un scramasaxe (cou- teau de combat). Ces divers objets ayant été extraits de la terre à Miannay, dans un enclos appartenant au sieur Bataille, cultivateur, qui a l'intention de continuer ses recherches , la Société charge MM. Marcotte, Boullon de Martel, Pannier et — 687 — Mennechet de visiter les lieux et d'assister, si cela est pos- sible, aux fouilles qui seront ultérieurement faites. Séance du 26 Mars 1857. M. de Perthes soumet à la Société une bouteille de la nou- velle boisson inventée par M. Mettez. La Société est d'avis que cette liqueur, en raison de la modicité du prix de fabrication, peut rendre des services aux classes peu aisées et mérite en conséquence des encouragements. M. Le'.ils lit des Observations sur les anciennes cartes de la Somme. M. Marcotte donne lecture d'une lettre de M. l'abbé Cochet adressée à M. Louandre et renfermant des questions sur le cimetière mérovingien de Miannay. La Société émet le vœu que les fouilles soient continuées dans le cimetière mérovingien de Miannay, et, sur la proposi- tion d'un membre, décide que, d'accord avec l'administration du musée , une demande sera adressée au conseil municipal de la ville pour obtenir une allocation qui puisse aider à con- tinuer ces fouilles. Séance du '28 Mai 1857. M. Wignier soumet à la Société plusieurs séries d'épreuves photographiques. Les premières sont des vues d'Abbeville et des environs ; les autres des reproductions de quelques œuvres des graveurs Beauvarlet, Danzcl et Aliamet; des essais d'après les bustes conservés dans le musée d'Abbeville , etc. La So- ciété, frappée de l'exécution artistique et vigoureuse de ces photographies, félicite M. Wignier et l'exhorte à compléter dans ses travaux futurs les différentes séries qui intéressent les aspects et les monuments de notre ville , ou les hommes de mérite nés parmi nous. Elle l'engage en outre à déposer, pour la conservation de la collection qu'il entreprend , un exemplaire complet des photographies obtenues par lui à la bibliothèque d'Abbeville. M. Prarond rappelle qu'un certain — fiSS — nombre de portraits des anciens maicurs existent encore et pourraient être retrouves dans les familles; le musée d'Abbe- ville en possède un ; un autre, dont le nom est malheureuse- ment ignore', appartient à M. l'abbé Dairaines; quelques autres sont chez M. Douville. Ne serait-il pas de quelque intérêt de reproduire ces portraits par la photographie et de les réunir en collection qu'on pourrait également déposer à la biblio- thèque d'Abbeville? M. Wignier annonce qu'il essaiera d'entre- prendre ce travail. Séance du 25 Juin 1857. M. de Mautort annonce à la Société qu'il s'occupe d'un tra- vail sur la mise en valeur des propriétés communales de la vallée de Somme. Le même membre annonce, en outre, qu'il vient de remettre un rapport sur l'assèchement des marais communaux compris entre Hangest-sur-Somine et Pont-Remy. M. Lefils annonce à la Société qu'une nouvelle rue va être percée au Crotoy, près de l'ancien château, sous l'administra- tion et avec l'initiative de M. Desgardin , maire de cette an- cienne ville. La Société, sur la proposition de son président, émet le vœu que cette nouvelle rue reçoive le nom de Jeanne d'Arc. M. Prarond rappelle à cette occasion qu'il a proposé, il y a quelques années déjà, d'élever au Crotoy un monument à Jeanne d'Arc sur l'emplacement de l'ancien château ; ce monument pourrait consister en une simple pierre portant la mention de la captivité de Jeanne d'Arc au château , avec la date de cette captivité. Dans ces conditions , les frais de ce monument seraient facilement couverts par quelques souscrip- tions. La Société s'associe également au vœu émis pour un monument commémoratif du séjour de Jeanne d'Arc au Crotoy. M. de Perthes rappelle qu'il a proposé , l'année dernière , la création d'un jardin botanique à Abbeville; il pense que les terrains qui se trouvent entre le canal de transit et les fossés de défense de la ville et qui longent le chemin de 1er, à pro- ximité du débarcadère nouveau, entre la rue St-Jean-des-Prés — 689 — et la porte d'Hocquet , seraient très-convenables pour réta- blissement de ce jardin. La discussion s'étant engage'e sur cette question, un membre rappelle que depuis la proposition de M. de Perthes, on a pensé au Rivage et au jardin du sieur Tagault, voisin du Rivage et du rempart du Pont-des-Prés , pour ce jardin botanique. La Société accueille de ses vœux la proposition de M. de Perthes. Séance du 9 Juillet 1857. La Société vote une subvention de 100 francs pour être employée en prix aux élèves des écoles de la ville. M. Pannier annonce que M. Leroux , employé à la filature de Pont-Remy, a invente un niveau à aiguilles pour lequel il se propose de demander un brevet d'invention. La Société accueille avec plaisir cette communication. Certifié conforme au registre. Abbeville, le V Août 1857. Le Président, Signé: J. BOUCHER DE PERTHES. Le Secrétaire, Signé: E. PRAROND. 44 — 090 — Membres du Bureau. 1853. MM. Boucher de Perthes, président. Hecquet d'Orval, Vice-Pre'sident. E. Pannier, Secrétaire. Lefebvre, Archiviste. Brunet, Trésorier. 1854. Même Bureau qu'en 1853. 1855. MM. Boucher de Perthes, Président. E. Pannier, Vice-Président. E. Prarond, Secrétaire. Lefebvre, Archiviste. Brunet, Trésorier. 1856. Même Bureau qu'en 1855. 1857. Même Bureau qu'en 1850. LISTE DES MEMBRES RÉSIDANTS, ASSOCIÉS ET CORRESPONDANTS DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'ÉMULATION D'ARREVILLE EN 1857 (1). MM. Allotte (Aristide) & , officier de cavalerie. Ambert (Joachim) 0>& , ancien représentant, colonel du 2° dragons. Andrieux, docteur médecin de la Faculté de Paris, professeur à l'école de médecine à Amiens. Arnault, de l'Académie française. Audin-Rouvicre, médecin à Paris. Barbier (J.-B.-G.)#, docteur en médecine, directeur de l'école de médecine d'Amiens , des Académies d'Amiens , Bruxelles , Arras, Evreux, Louvain, etc. (I) Parmi ceux de ses membres que la mort a frappés, la Sociélé doit surtout regretter MM. Xavier Bichal, Corvisart, Moreau, Millin, Cambry, Lhéritier, Bâillon, Noël de la Morinière, Devérilé, Roussel, Pinkerlon , Dnmont de Courset , Levasseur , Lévrier, Saint-Ange, Desmoustier, Anson, Framery, Millevoye, Vigée, Legouvé, Nicolson, Poirée, de Senermont, Deu , Waton , Darras, Clioquet, Traullé, de Tournon , Defrance-d'Hésecque, Lapostolle, Boinvilliers, Cuvier, de Bray, de Vielcaslel , Laya , Andrieux, Deleuse , Alibert , Fanvel , Llierminier, Lcsueur, baron de Morogues, Gaillon, Hurlrel-d'Arboval, Le Ver de Gonseville, l'abbé Macquet, de Sellon, Silveslre de Sacy, Sidney Smilh, Spencer Smith, de Candolle, Casimir Picard, Hibon de Mervoy, Perrier, Charles Nodier, Boucher de Crèvecœur (J. A. G .'., Baillet de Bellois, Charles Labitte, Théodore Burette, Ravin, Dutens, Poultier, Jourdain, Jullien de Paris, le baron Feistamel, André de Poilly, Bâillon (Louis-François), Rigel, de Vicq, Sauvage (Frédéric), de Mautort (Alfred), de Hammer-Purgstall, Delegorgue-Cordier, Morel de Campennelle, Rigollot, etc. — 692 — Bard (le chevalier Joseph) , inspecteur des monuments histo- riques de France, membre de diverses Académies, à Beaune. Blouet (René-Jacques-Marie), ancien officier d'artillerie, profes- seur d'hydrographie à Dieppe. Bocquet, peintre à Londres. Bottée de Toulmont, bibliothécaire du Conservatoire, à Paris. Bottin (Sébastien)^, membre de la Société centrale d'agriculture de Paris. Bouclier de Crèvecœur (Etienne) #, membre de la Société de Géographie, directeur des douanes à Saint-Malo. Boucher de Crèvecœur de Perthes (Jacques)$fc, membre de plusieurs sociétés savantes françaises et étrangères, proprié- taire à Abbeville. Boullon de Martel (Paul-Maximilien), propriétaire à Abbeville. Bourlet (l'abbé), naturaliste à Albert (Somme). Boyer , secrétaire de. la Commission historique du Cher , à Bourges. Bridoux (François-Augustin), premier grand prix de Rome, graveur à Paris. Brion, officier de l'Université. Brossard (Noël-Mathurin) , docteur en droit , juge a Châions- sur-Saône. Brunet, propriétaire à Abbeville. Bnteux (Charles-Joseph) , ancien membre du conseil général de la Somme, à Paris. Cadet (Leprevost), professeur à Paris. Calluaud#, ancien sous-préfet, ancien membre du conseil général de la Somme. Cécaldi 0.#, médecin principal à Alger. Chabaille (Pierre), adjoint au Comité historique, près le Mi- nistère de l'Instruction publique. Chaillan (Fortuné), secrétaire de la Société statistique de Mar- seille, à Marseille. Chalmer (Patrick) , membre de plusieurs sociétés savantes , ù Atilabar Brecchin (Angleterre). Charma (A.), professeur de philosophie à la Faculté des Lettres, à Caen. — 693 — Chaussicr (Dominique), ancien professeur de physique et de mathématiques, supérieur du petit séminaire de Metz, membre de la Société d'histoire naturelle de Metz, etc. Cherest, ancien principal du collège, à Abbeville. Cherest (Edouard), professeur de mathématiques, ;Y Mulhouse. Clarkson Neale (Th.), secrétaire de la Société philosophique de Chelesford, membre de la Société archéologique d'Angleterre et d'autres Académies, à Springïicld Essex (Angleterre). Cochet (l'abbé) #, membre de la Commission des antiquités de la Seine-Inférieure et de la Société des Antiquaires de Nor- mandie, à Dieppe. Coquereau (Félix) O. >&, ancien aumônier de la Belle-Voulu, cha- noine de Saint-Denis, aumônier en chef de la flotte française. Corblet (l'abbé), président de la Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens. Cordier O. ■&, ancien conseiller d'Etat, ancien pair de France, membre de l'Académie des sciences , directeur annuel du Muséum d'histoire naturelle à Paris. Cortambert (Eugène), géographe à Paris. Cotilliot-Touy (Jules), ingénieur civil à Abbeville. Dandolo (le comte Tullio), à Varèse (Lombardie). D'Ault du Mesnil, ancien oflicier d'état-Major, à Paris. Dauvin (Bruno), docteur en médecine à St-Pol (Pas-de-Calais). Dawson-Turner, membre de la Société royale et de la Société linnéenne de Londres , de. celle de Dublin , de l'Académie royale de Stockolm, etc. De Belleval (Louis), propriétaire, membre de diverses sociétés savantes, à Paris. Debourge, docteur en médecine à Rollot, membre de plusieurs sociétés savantes. De Caïeu (Charles-Auguste), avocat à Abbeville. De Caumont (Arcisse) #, secrétaire général de la Société des Antiquaires de Normandie, membre de l'Institut, etc., à Caen. De Cayrol #, ancien député, membre de l'Académie d'Amiens et de plusieurs autres sociétés savantes, propriétaire à Compiègnc. Decharmes , licencié ès-ciences , professeur de physique et de mathématiques au lycée impérial d'Amiens. — 694 - De Chennevières-Pointel *fc (le marquis Pli.) , inspecteur des expositions d'art, à Paris. Dccorde (l'abbé J.-E.), curé de Bure, canton de Blangy. De Foueauld, conservateur des forêts, à Paris. De Givenchy (Louis), secrétaire perpétuel de la Société des Antiquaires de la Morinie, à Saint-Omer. De Givenchy (Romain), propriétaire à Saint-Omer. De Grateloup, docteur en médecine, président de l'Académie des sciences et arts de Bordeaux. De Kerckove (le vicomte), président de l'Académie archéologique de Belgique, commandeur et chevalier de plusieurs ordres. De Kergorlay (le comte), membre de plusieurs sociétés savantes. De Kermellec, ancien sous-préfet, à Paris. De La Fons (Al.), baron de Mélicocq, au château de Douvrin (Nord). Delahante (Adrien) *fij, receveur général des linances à Lyon. De Lajonkaire (Louis), membre de diverses sociétés savantes. De Lalibarde (Aladaue), docteur en médecine, membre de la Société géologique de France, à Paris. Delaplane, ancien magistrat, membre de la Société des Anti- quaires de la Morinie, à Saint-Omer. Delaquerière, membre de la Société des Antiquaires de France, de l'Académie de Rouen, à Rouen. De Le Bidard de Thumaïde (le chevalier), secrétaire général de la Société libre d'Emulation de Liège , commandeur et chevalier de plusieurs ordres, membre de diverses sociétés savantes, etc., à Liège (Belgique). Delmas (l'abbé), bibliothécaire et professeur de physique et de. mathématiques au grand séminaire d'Amiens. De Mailly (le comte), ancien officier supérieur, ancien pair de France, membre de plusieurs sociétés savantes. De Marsy (Eugène), procureur impérial à Vervins, membre de la Société des Antiquaires de Picardie et de l'Académie de Laon. De Montaiglon (Anatole), membre de la Société des Antiquaires de France, à Paris. Déraine (l'abbé Dominique - Isidore ) , aumônier de l'hôpital d'Abbeville. — 695 — De Rairmeville, vice-président du Comice agricole, propriétaire à Allonville. Dergny (l'abbé Jean-François), vicaire de St-Gilles, à Abbeville. De Raniburcs (Adalbert), propriétaire et maire à Vaudricourt, membre du conseil général de la Somme. De Reume (Auguste), capitaine d'artillerie, à Rruxelles. Deroussen de Florival, procureur impérial à Abbeville. De Saint-Gresse (Charles), avocat à Condom. De Santarein (le vicomte), ancien ministre de Portugal, membre de l'Académie de Lisbonne, etc., à Paris. Desmazières, de la Société des sciences, agriculture et arts de Lille, à Lille. Desmoulin (Charles), président de la Société linnéenne de Ror- deaux, à Rordeaux. De Villepoix, ancien professeur à Roville, pharmacien à Abbeville, Devérité (Henri), propriétaire à Abbeville. D'Hinnisdal (le comte), membre du conseil général de la Somme, propriétaire à Rcgnières-Ecluse. Di-Pietro (François-Emile), ancien directeur des douanes de l'Algérie, à Paris. Dovergne, pharmacien, maire adjoint à Hesdin. Dubois de Forestel, membre de l'Académie d'Arras, etc. Dubois (Jules), docteur en médecine à Abbeville, membre de la Société anatomique de Paris , des Sociétés médicales de Rouen et d'Amiens, de l'Académie archéologique de Belgique. Dufour (Charles), avocat, administrateur du musée d'Amiens, vice-président de la Société des Antiquaires de Picardie. Du Liège ( Ludovic ) , membre de la Société des Antiquaires de Picardie, propriétaire à Condé-Folie. Duinéril ^i, membre de l'Institut, à Paris. Dunkin (Alfred-John), auteur de plusieurs mémoires sur l'his- toire d'Angleterre, à Dartford, comté de Kent (Angleterre). Dusevel (Hyacinthe) , inspecteur des monuments historiques , membre de la Société des Antiquaires de France, etc., etc., à Amiens. Dutens 0. #, ancien député, ancien sous-préfet, propriétaire à Abbeville. — 096 — Dulertre (Jules), géologue à Boulogne-sur-Mer. Duthoit, sculpteur à Amiens. Du Vivier de Streel, cure' de Saint-Jean, à Liège. Edan (Victor), licencié es-lettres, à Roye. Eloy de Vicq (Léon-Bonaventure), propriétaire aux Alleux. Estancelin (Louis) #, ancien député, à Eu. Faivre, docteur en médecine, à Paris. Féret, bibliothécaire-archiste, à Dieppe. Flobert, professeur d'histoire au collège de Beau vais. Forceville (Gédéon), sculpteur, membre de plusieurs sociétés savantes, propriétaire à Amiens. Fossati (Jean), docteur en médecine, professeur de céphalalogie, etc., à Paris. Frère (l'abbé), chanoine, professeur en Sorbonne, à Paris. Galoppe d'Onquaire, ancien secrétaire général des musées im- périaux, à Paris. Garnier, secrétaire perpétuel de la Société des Antiquaires de Picardie, conservateur de la bibliothèque d'Amiens, etc. Gérard, avocat et bibliothécaire à Boulogne-sur-Mer. Gilbert (A. P. M.), conservateur de l'église métropolitaine de Paris, membre de la Société des Antiquaires de France, de l'Académie de Rouen, etc. Godde de Liancourt (le comte), secrétaire général de la Société des Naufrages. Gomart (Charles), membre de diverses sociétés savantes, pro- priétaire à Saint-Quentin (Aisne). Goze (A.) , docteur en médecine , correspondant du Comité historique des arts et monuments. Guillaume (Gustave), colonel, directeur du personnel du dépar- tement de la guerre, officier de l'ordre de Léopold, etc., à Bruxelles. Guillory, président de la Société industrielle d'Angers. Ilardouin (Henri), avocat près la cour de cassation, docteur en droit, membre de la Société des Antiquaires de Picardie, etc- Haumont, membre de plusieurs sociétés savantes, à Paris. Hecquet de Roquemont (Albert-Clément-Charles), docteur en droit, conseiller à la cour impériale d'Amiens. — C97 — Hecquet d'Orval, propriétaire à Abbeville. Hecquet d'Orval (Emile), propriétaire à Abbeville. Henneguier (Charles), propriétaire à Montreuil. Henocque (l'abbé Jules), supérieur du séminaire de Saint- Riquier (Somme). Héricart de Thury (le vicomte), ancien conseiller d'Etat, membre de l'Académie des sciences, à Paris. Hocdé (Léon), officier de l'Université, inspecteur des écoles primaires, à Tours. Holliwel (James-Orchard), esqr, of Jésus collège, à Cambridge. Hinde (Henri), propriétaire ù Abbeville. Huart, recteur de l'Académie de la Corse. Janin (Jules) #, à Paris. Jarocki na Jaroczynie , directeur des cabinets scientifiques de la Pologne, à Varsovie. Jauffret, maître des requêtes, à Paris. Jouaneoux (Remi-Jean-Baptiste), professeur, homme de lettres, à Amiens. Kéon (Miles-Gerald), esq', littérateur, à Londres. Labourt (Auguste), ancien magistrat, membre de la Société des Antiquaires de Picardie, à Doullens. Leath Mussenden (Henry), esq', propriétaire, membre de plu- sieurs sociétés savantes, à Torpe-Norwich (Angleterre). Le Bachelier de la Rivière (Frédéric), propriétaire à Villers (Somme). Le Beuf (Désiré) , auteur de l'Histoire de la ville d'Eu , pro- priétaire à Eu. Lecomte (Octave), docteur médecin, maire d'Eu. Ledru (Léopold), docteur en médecine à Arras. Lefebvre, curé d'ArgouIes (Somme). Lefebvre de Cerisy, 0.#, ancien ingénieur de la marine fran- çaise, ancien amiral de la flotte du pacha d'Egypte. Lefebvre de. Villers, président du Comice agricole, propriétaire à Villers (Somme). Lefebvre (Jules), propriétaire à Abbeville. Lelils (Florentin), homme de lettres, à Abbeville. Lefranc, professeur au collège de Dijon. — 698 — Lelong (Georges-Emmanuel), ancien chef de division des do- maines, à Paris. Lennel (Jules), propriétaire à Abbeville. Le Prévost (Auguste) , membre de l'Académie de Rouen , de la Société des Antiquaires de France, de celle d'Ecosse, de celle de Londres, à Rouen. Leroy (Chrysostùme), curé de Canchy (Somme). Leroy de Méricourt (Alfred), chirurgien de première classe de la marine, professeur de médecine à Rrest. Letellier , peintre d'histoire , membre de la Société des Anti- quaires de Picardie, à Amiens. Le Vavasseur (Gustave), membre de plusieurs sociétés savantes, propriétaire à Argentan. Lherminier, professeur d'économie politique au collège de France. Louandre père , conservateur de la bibliothèque communale d'Abbeville. Louandre (Charles) #, homme de lettres, à Paris. Lourmand, directeur de l'école orthomatique, à Paris. Lysen (Florent), secrétaire général de l'Académie belge, membre de l'Institut historique, de l'Académie des arcades de Rome, de l'Académie des sciences et lettres de Londres, à Anvers. Malo (Charles), membre des Académies d'Amiens, Rrest, Bor- deaux, etc., à Paris. Mâlot (Louis-Joseph) # , avocat, ancien membre du conseil général de la Somme, à Amiens. Manessier (Henri) #, sous-préfet de l'arrondissement d'Abbeville. Marchand (Louis - Auguste) , professeur de physique à l'école centrale du commerce, à Bruxelles. Marcotte (Félix), bibliothécaire adjoint, à Abbeville. Mareuse (Victor), avocat à Amiens. Martin, homme de lettres à Paris. Martin (Joseph), curé de Courcelles (Somme). Mauge du Bois-des-Entes, conseiller à la Cour d'Orléans. Mayer (Joseph) , Esqr. F. S. A. , membre de diverses sociétés savantes, lord-lieutenant à Liverpool (Angleterre). Mennechet, juge au tribunal civil d'Abbeville. Merlet (Lucien), ancien élève de l'école des chartes, à Paris. - 699 — Meynders (l'abbé Jean-Népomucènc), à Bruxelles. Millevoye (Alfred), procureur-général à Nancy. Moland (Louis), membre de diverses sociétés savantes, à Paris. Mondelot (Stanislas), docteur ès-lettres, officier de l'Université, ancien censeur des études, à Paris. Mongez, administrateur des monnaies, à Paris. Montenuis-Brontta, professeur à Marquise, près Boulogne-sur-Mer. Normand (Alfred), curé de Sainte-Segréc (Somme), membre de la Société des Antiquaires de Picardie. Ortolan (EIzear), professeur à l'école de droit, à Paris. Pannier (Edmond), ancien maire d'Abbeville. Paulet (Léon), membre de diverses sociétés savantes, proprié- taire à Mons (Belgique). Pauquy , médecin , professeur de chimie et de botanique , à Amiens. Poiret, ancien professeur d'histoire naturelle, à Paris. Pongerville (Sanson de), 0.#, de l'Académie française, à Paris. Poupart de Hauteville (le baron), percepteur à Abbeville. Prarond (Ernest) , membre de la Société des Antiquaires de. Picardie , de l'Académie Belge d'Histoire et de Philologie , propriétaire à Abbeville. Prévost de Long-Périer, ancien conservateur des hypothèques, à Paris. Randoing (Jean), 0. #, député au Corps législatif, membre du Conseil général de la Somme et du Conseil général des manufactures, à Abbeville. Raye (Jules), naturaliste à Troyes. Renouard (Augustin-Charles), O. ■#, conseiller près la Cour de cassation. Reuter, docteur en médecine, directeur du musée à Wisebaden. Riencourt (le comte Adrien de) # , chevalier de Saint-Louis, ancien élève de l'école polytecbnique , oflicier supérieur d'état-major (Bellevue, par Ferney). Rifaud (Jean-Charles), naturaliste, membre de plusieurs sociétés savantes françaises et étrangères, à Paris. Roach-Smith (Charles), sqr., secrétaire de la Société d'archéologie d'Angleterre, de la Société numismatique de Londres, etc., etc. — 700 — Rougier de la Bergerie (le baron), ancien preTet, membre cor- respondant de l'Institut de France, à Chàlons-snr-Marne. Roze, curé doyen au Tilloy, près Conty. Sauvage (Pierre), sculpteur, propriétaire à Abbeville. Silvestre (le baron de) , membre de l'Académie des sciences , secrétaire perpétuel de la Société d'agriculture de Paris. Sueur-Merlin, ancien chef du bureau de la topographie et de la statistique «les douanes , membre de la Commission cen- trale, de la Société de géographie, de la Société académique des sciences de Paris, etc., à Abbeville. Tailliarljfc, conseiller à la cour impériale, à Douai. Tillette, comte de Clermont-Tonnerre (Prosper) # , député au Corps législatif, ancien maire d'Abbcville. Travers (Julien), secrétaire de l'Académie des sciences de Caen. Tronnet (Henri), ancien sous-inspecteur des Douanes, à Abbe- ville. Vayson (Jacques-Maximilien) 3fc, ancien inaire d'Abbcville, an- cien député, membre du conseil général de la Somme, du conseil général des manufactures. Vésignié^*, membre du conseil d'arrondissement, chirurgien de l'Hôtel-Dieu, à Abbeville. Viellard ( Jean-Baptiste-Fcrdinand) , directeur des domaines, à Lille. Villermé^, de l'Académie de médecine, de la Société pour l'amélioration des prisons, à Paris. Vion, officier de l'Université, chef d'institution à Amiens. Certifié conforme aux registres. Abbeville, le V Août 1857. Le Président, Signé: J. BOUCHER DE PERTHES. Le Secrétaire, Signé: E. PRAROND. SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES FRANÇAISES. Académie des Sciences, Belles-Lettr es et Arts, Amiens. Id. id. Besancon. Id. id. Bordeaux. Id. id. Dijon. Id. id. Lyon. Id. id. Marseille. Id. id. Metz. Id. id. Reims. Id. id. Rouen. Id. id. Caen. Id. des Jeux Floraux, Toulouse. Id. des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres , id. Id. des Sciences, du Gard, Nismes. Id. id. Metz. Id. de Médecine, Paris. Id. id. Cherbourg. Société Académique, Laon. Commission Historique du Nord, Lille. Société d'Agriculture de la Haute- -Garonne, Toulouse. ld. des Amis des Sciences, Aix. Id. d'Agriculture, Ajaccio. Id. des Antiquaires de Picardi e, Amiens. Id. des Amis des Arts, id. Id. d'Agriculture et des Arts, Angouléme. Id. Industrielle. Angers. Id. des Sciences et des Arts, Arras. Id. d'Agriculture Avesnes. Id. id. Avignon. Id. id. Auxerre. Id. d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles- Lettres, Bayeux. — 702 Société d'Agriculture et des Arts, Bar-le-Duc. Id. Athénée du Beauvoisis, Beauvais. id. Besançon. Archéologique, Béziers. d'Agriculture et d'Economie rurale, Blois. d'Agriculture, du Commerce et des Arts, Boulogne-s-M. d'Emulation, Bourg. d'Agriculture du département du Cher, Bourges. Commission Historique du Cher, Bourges. Société Linnéenne de Normandie, Caen. Id. des Antiquaires de Normandie, Caen. d'Agriculture et du Commerce, Caen. id. id. Calais. d'Emulation, Cambrai. d'Agriculture, Sciences et Arts du dépar- tement de la Marne, Chàlons. d'Agriculture et d'Horticulture, Chàl.-s.-Saftnc. d'Agriculture du départ. d'Eurc-et-Loire, Chartres. id. de l'Indre, Chateauroux. d'Horticulture de l'Auvergne, Clermont-Fer. d'Agriculture de l'arrondissement de Clermont. d'Emulation, Colmar. d'Agriculture de l'arrondissement de Compiègne. Archéologique, Dieppe. d'Agriculture, Dijon, des Amis des Arts, Douai. d'Agriculture, Sciences et Arts, Douai. id. id. Evreux. libre du département de l'Eure, Evreux. Académique, Agricole, Industrielle et de l'Instruction de l'arrondissement de Falaise. d'Agriculture, Grenoble. Hàvraise d'études diverses, Havre. d'Agriculture, Laon. id. La Bochclle. d'Agriculture , d'Industrie et du Com- merce, Laval. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. — 703 — Société d'Agriculture , Sciences, Arts et Com- merce, - Le Puy. Id. des Sciences, d'Agriculture et Arts, Lille, ld. d'Horticulture, Lille. Id. des Sciences de la Haute-Vienne, Limoges. Id. d'Agriculture et Arts utiles, Lyon. Id. Linnéenne de Lyon. Id. des Sciences, Arts et Belles-Lettres, Mâcon. Id. libre des Arts, Mans. Id. d'Agriculture, Mans. Id. d'Agriculture, Sciences et Arts, Meaux. Id. de Statistique, Marseille. Id. d'Agriculture, Melun. Id. id. Metz. Id. d'Agriculture, des Arts et Commerce, Mézières. Id. des Sciences, Agriculture et Belles-Lettres, Montauban. Id. Economique, d'Agriculture, Commerce, Arts et Manufactures (Ut département Id. Id. Id. Id. kl. Id. Id. Id. Id. Id. des Landes, d'Agriculture, Industrielle, Mont-de-Marsan. Montreuil-s.-M. Mulhouse. d'Agriculture . des Sciences , Lettres et Arts , Nancy. Académique des Sciences et Arts, Nantes, libre d'Agriculture, Niort, des Sciences physiques et d'Agriculture, Orléans. Bibliophile Historique, Paris, de la Morale Chrétienne, Pans. Linnéenne, Paris. d'Encouragement pour l'Industrie na- tionale , Paris. Id. d'Agriculture, Paris. Id. pour l'Instruction élémentaire, Paris. Id. Philomatique, Paris, kl. Athénée des Arts, Paris. L'Institut Historique, Paris. Société d'Agriculture et des Arts, Périgueux. 704 Société d'Encouragement pour l'Agriculture et les Arts, Perpignan. Id. d'Agriculture, du Commerce et des Arts, Poitiers. Id. de Littérature, des Sciences et Arts, Rochefort. Id. d'Agriculture, Rhodez. Id. id. Rouen. Id. libre d'Emulation, Rouen. Id. d'Agriculture, St-Brieuc. Id. d'Agriculture et du Commerce, St-Etienne. Id. d'Agriculture, St-Omer. Id. des Antiquaires de la Morinie, * St-Omer. Id. Académique, St-Quentin. Id. des Sciences, Arts et Belles-Lettres, St-Quentin. Id. d'Agriculture, Sciences et Arts, Strasbourg. Id. des Sciences, Belles-Lettres et Arts, Soissons. Id. d'Agriculture et des Arts, Tarbes. Id. d'Agriculture, Tonnerre. Id. de Médecine, Toulouse. Id. Historique et Littéraire, Tournai. Id. d'Agriculture, Sciences et Arts, Tours. Id. id. Troyes. Id. d'Agriculture, Trévoux. Id . départementale d'Agriculture de la Drôme, Valence. Id. des Sciences et du Commerce, Valenciennes. Id. d'Agriculture, Vannes. Id. d'Agriculture et des Arts de Seine-et-Oise, Versailles. Id. d'Agriculture, des Sciences et du Com- merce, Vesoul. Id. d'Emulation du Jura. Id. d'Agriculture de la Marne. Id. Vétérinaire du Finistère. Id. d'Agriculture et Industrielle de l'Ariége. Institut des provinces. Le Comice Agricole d'Abbeville. Le Comice Agricole d'Amiens. SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES ÉTRANGÈRES. Académie d'Archéologie de Belgique, Anvers. Académie impériale de Vienne (Autriche). Académie royale, Bruxelles. ld. id. des Sciences de Bavière, Munich. Société d'Agriculture, Amsterdam. ld. impériale Géologique de Vienne (Autriche). Id. d'Agriculture, Bruges. Id. royale de Flore, Bruxelles. Id. des Antiquaires du Nord, Copenhague. Id. royale des Sciences, Edimbourg. Id. des Georgolili, Florence. Id. royale des Sciences, Gand. Id. royale des Beaux- Arts, Gand. Id. vaudoise des Sciences naturelles, Genève. Id. de Minéralogie, léna. Id. des Sciences et Arts, Liège. Id. libre d'Emulation de Liège. Id. Asiatique, Londres. Id. de Botanique, Londres. Id. Numismatique d'Angleterre, Londres. Id. des Antiquaires de Londres, Londres. Id. Archéologique d'Angleterre, Londres. Id. id. Liverpool. Institut Archéologique de la Grande-Bretagne et d'Irlande, Londres. Muséum de Norwich (Angleterre). Société d'Agriculture, Mons. Id. des Amis des Arts et Lettres de Hainaut, Mons. Id. Philosophique américaine pour le progi •es des connaissances usuelles, Philadelphie 45 — 706 — Archœologia aeliana Society, Newcastle (Angleterre). Chelmsford Philosophical Society id. Kilkenny Archaeological Society id. Historié Society of Lancashire et Cheshire, Liverpoel id. ERRATA. Page 568, ligne 11; brisés ou roule's , lisez: entiers ou brisés. Pages 570 et 571, au lieu de: Les terrains de St-Acheul près d'Amiens... se sont déposées. Les silex travaillés... lisez: les ter- rains de St-Acheul près d'Amiens ainsi que ceux de Menchecourt et du Champ-de-Mars près d'Abbeville où l'on a trouvé des silex travaillés, me paraissent appartenir au terrain erratique supé- rieur, parce qu'on y rencontre des ossements d'éléphants, de rhi- nocéros, etc., et que le limon qui recouvre ce terrain dans les deux premières de ces localités a, sans doute, été remanié, car il n'est pas toujours pur et provient probablement des plateaux voisins où il a d'abord été déposé et où il n'existe plus que par lambeaux, fait que l'on observe aussi entre Bray et Albert et entre Sourdon et Ailly-sur-Noye. Cependant, comme dans les plaines, il y avait à St-Acheul une couche de 50 centimètres d'ar- gile rougeâtre qu'on mêlait au limon qu'elle recouvrait pour la fabrication des briques. La position de cette argile pourrait s'ex- pliquer par la plus grande pesanteur du limon lorsque les diffé- rentes matières entraînées par les eaux se sont déposées; sinon, si le limon était en place à St-Acheul, car à Menchecourt cela n'est certainement pas, il faudrait ajouter au terrain erratique un étage, de plus qui serait formé par le terrain caillouteux qui est parfois superposé au limon pur et par le limon remanié; mais dans ce cas ne serait-il pas difficile déconsidérer comme pliocène le limon pur superposé au terrain à ossements d'éléphants, etc? Les silex travaillés de St-Achcul ont fait le sujet... TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. Pages Du vrai dans les mœurs et les caractères. Les Masques. Discours prononcé par M. Boucher de Perthes, Président de la Société impériale d'Emulation, dans la séance du 29 mai 1856 1 L'Hôtel-Dieu d'Abbeville— 1155-1855. Notice historique par M. F.-C. Louandre, correspondant du ministère de l'in- struction publique 43 Jean de la Chapelle et la chronique abrégée de St.-Riquier, annotée par M. E. Prarond 111 Notice sur deux anciens canons faussement attribués au champ de bataille de Crécy, par M. E. Pannier, Vice- Président de la Société impériale d'Emulation 285 Catalogue raisonné de l'œuvre de Claude Mellan d'Abbe- ville , par M. Anatole de Montaiglon , ancien élève de l'Ecole des Chartes, membre résidant de la Société impé- riale des Antiquaires de France, membre correspondant de la Société impériale d'Emulation; précédé d'une notice sur la vie et les ouvrages de Mellan par P.-J. Mariette. 291 Notions générales sur la géologie du département de la Somme , par M. Buteux 5G1 La Topographie du Ponthieu d'après les anciennes cartes , par M. Florentin Lefils 575 Système international des poids, mesures et monnaies. Ré- ponse aux questions de la Commission Royale d'Angle- terre, par M. E. Pannier, Vice-Président de la Société. . 595 — 708 — Pages Début du poè'me de l'homme, par M. de Pongerville (de l'Académie française) 603 Notice sur le général Picot, par M. E. Prarond 607 Notice sur M. Bâillon (Louis-Antoine-François), correspon- dant du Muséum d'histoire naturelle, par M. E. Prarond. . 620 Notice sur M. Morel de Campennelle, par M. E. Prarond. . 652 Liste des ouvrages ouvrages offerts à la Société impériale d'Emulation pendant les années 1853, 1854, 1855, 1856, 1857 663 Extrait des procès-verbaux des séances de la Société im- périale d'Emulation pendant les années 1853, 1854, 1855, 1856, 1857 677 Liste des Membres résidants, associés et correspondants de la Société impériale d'Emulation en 1857. 691 Sociétés correspondantes françaises 701 Sociétés correspondantes étrangères 705 FIN. a AUCMS87 ABBEVILLE.— TYPOGRAPHIE P. BRIEZ. * 4". **m *3 *<■ ~ï, > •S* % v. ■ « .A