Ze milieu de la crête interne de la griffe (d’après la fig. 2 d). 2 ergots dorsaux, non capités. Rétinacle : 4 + 4 dents et 1 soie au corpus. Dens subégale au manubrium, portant 5 soies (4 dorsales, 1 ventrale ?), courtes. Mucron bidenté séparé de la dens, court. Anus ventral, épines anales courbes et courtes. 32. T. Kendalli Ragnall 1939. Angleterre : Pentlands (Ecosse). Espèce décrite très rapidement par son auteur. L’appendice empodial est égal à 1/3 -1/2 de la crête interne de la griffe. Furca réduite. Pas de mucron. Mucrodens égal à 0,6 fois la longueur du manubrium. Celui-ci por¬ terait 2 soies dorsales, si j’en crois la rectification de Bagnai.i. en 1943. 33. T. lichnidis Bagnall 1949. Angleterre : Devon, Dartmoor near Princetown. 1947. Lichen sur branches de conifères. Chétotaxie et réticulations non étudiées. 8 + 8 yeux. Organe post- antennairc allongé. Griffes plus longues que les épines anales. Appendice empodial réduit. 2 ergots dorsaux et 1 à 2 ventraux. Manubrium portant quelques soies dorsales, égal à 2,3 fois la longueur des mucrodentes. Dens courte, mucron bidenté, plus ou moins soudé à la dens. (M/d/m : 30/11/2.) Dens portant 2 soies dorsales et 1 ventrale. Rétinacle pourvu de 2 + 2 dents et 1 soie au corpus. 34. T. brachyura Bagnall 1949. Angleterre : Ecosse, Angleterre du Nord (Cheviot, Tynedale, Weardale, Teesdale, Lake District), Snowdonia, Devon, Cornwall. Chétotaxie et réticulations non étudiées. 8 + 8 yeux (?). Appendice empodial réduit. 2 ergots dorsaux (?). Manubrium portant dorsalement 1 longue soie basale et 2 à 3 soies de chaque côté. Mucrodens court, mucron égal à 0,4 fois l’ensemble. Le mucrodens porte 3 soies (ou 3 soies dorsales et 1 ventrale, la diagnose est assez obscure sur ce point). Rétinacle à 3 + 3 dents et 1 soie au corpus. Peut-être proches de notre britannica, ces deux espèces sont trop briè¬ vement décrites pour que l’on puisse en tenir compte dans cette révision. Source : MNHN, Paris GENRE TETRACANTHELLA SCHOTT 245 TABLEAU DE DETERMINATION DES ESPECES DU GENRE TETRACANTHELLA 1. Il n’y a pas de macrochète dorsal différencié sur les segments abdominaux I à III (flg. 4 E) . (3) 2. Il y a un macrochète dorsal différencié au moins sur le 3' seg¬ ment abdominal (flg. 4 A à D) . (25) 3. Pas de trace de furca ; réticulations toujours très petites . (5) 4. Furca parfois réduite, mais toujours présente. Réticulations • variables . (7) 5. Ergot tibiotarsal égal à la crête externe de G III. a/b/c = 7/6/10 a) 8 + 8 cornéules . afurcata Handschin 1919 Alpes suisses et autrichiennes, Caucase. b) 6 + 6 cornéules . ssp. iberica Steiner 1958 Sierra Nevada (?), Autriche. 6. Ergot tibiotarsal égal à deux fois la crête externe de G III. a/b/c = 13/5/12 . reducta von Tôrne 1955 Autriche. 7. Sur Abd. III, dorsalement, entre l’axe du corps et la soie qui cor¬ respond au macrochète dorsal il y a deux soies banales sur la même ligne verticale (flg. 5D). Réticulations toujours petites.. (9) 8. Sur Abd. III, dorsalement il y a trois soies sur un même axe vertical peu régulier entre la soie qui correspond au macrochète dorsal et l’axe du corps (flg. 5 A). Chétotaxie abondante (type pilosa ). Réticulations toujours grandes, plus larges que la base des macrochètes . (11) 9. Dens portant 4 soies dorsales et 1 ventrale. Macrochètes posté¬ rieurs courts et très fortement capités . Ethelae Wray 1945 U.S.A. 10. Dens portant 3 soies dorsales et 1 ventrale. Macrochètes posté¬ rieurs fins à l’apex . Christianseni n.sp. U.S.A. 11. Furca réduite à deux moignons. Rétinacle absent. Appendice empodial absent . brevifurca Stach 1929 Pologne (Tatra, Sudètes). 12. Furca bien développée. Mucron parfois absent. Rétinacle toujours présent. Appendice empodial présent . (13) 13. Dens portant deux soies dorsales. Corps du rétinacle sans soie. (15) 14. Dens portant 3 soies dorsales. Corps du rétinacle pourvu d’une soie . (17) Source : MNHN, Paris 246 P. CASSAGNAU 15. Mucron absent ou réduit à une pointe de forme variable. Réti- nacle à 2 + 2 dents . Strenzkei Gisin 1949 Allemagne, Angleterre, France. 16. Mucron bien individualisé, bidenté. Rétinaclc à 3 + 3 dents. Perezi Delamare 1943 (= reticulata Cassagnau 1953) France (Bretagne, Pyrénées). 17. Appendice empodial bien développé, égal aux 2/3 environ de la crête interne de la griffe . (19) 18. Appendice empodial très réduit, égal au 1/3 ou au 1/4 de la crête interne de la griffe . (23) 19. Mucrodens subégal au manubrium . (21) 20. Mucrodens à peine égal aux 2/3 du manubrium . pseudo- montana Cassagnau 1953 Pyrénées. 21. Anus terminal. Ergots dorsaux très développés ; ergots ventraux bien développés à P I et P II . acuminata n.sp. Turquie. 22. Anus ventral. Ergots peu développés. Les dorsaux à peine un peu plus longs que la griffe, les ventraux absents. proxima Steiner 1955 Espagne. 23. Furca longue, égale à plus de six fois la longueur des épines anales postérieures. Macrochètes postérieurs capités. Organe pos- tantennaire égal à 1,5 - 2 cornéules . pilosa Schôtt 1891 Europe. 24. Furca courte, égale à quatre fois la longueur des épines anales postérieures. Macrochètes fins à l’apex, ainsi que les ergots. Organe postantennaire égal à 2 à 3 cornéules. Delamarei Cassagnau 1953 Pyrénées. 25. Un macrocliète dorsal différencié sur tous les segments abdo¬ minaux (fig. 4 D). Il y a des soies disposées sur trois rangs entre les macrochètes dorsaux d’Abd. IV (fig. 7 B, D, C). Réticulations toujours petites . (45) 26. Il n’y a jamais de macrochète dorsal différencié sur le premier segment abdominal. Chétotaxie de type wahlgreni : entre les deux macrochètes dorsaux, deux soies antérieures + deux soies postérieures sur Abd. III, quatre soies antérieures + deux soies postérieures sur Abd. IV (fig. 5 H et 51). Réticulations toujours très petites autour de la base des soies. Des réticulations plus larges que la base des soies peuvent exister, mais dans ce cas elles ne sont jamais généralisées (fig. 3 A, B) . (27) 27. Mucron absent . (29) 28. Mucron présent, peu nettement séparé de la dens . (35) 29. Rétinacle pourvu de 2 dents et une soie au corpus . (31) 30. Rétinacle pourvu de 3 dents et une soie au corpus. (33) Source : MNHN, Paris GENRE TETRACANTHELLA SCHOTT 24' 31. Un raacrochète dorsal différencié sur Abd. II.Wahlgreni Linnaniemi 1907 Europe du Nord (Pays Scandinaves, Irlande, Grande-Bretagne). 32. Pas de macrochète dorsal différencié sur Abd. II .... arctica n.sp. a) forme typique à 8 + 8 cornéules : Régions arctiques (Spitz- berg, Groenland, Nord Canadien) et Europe Centrale. b) estaranhensis n.ssp. à 6 + 6 cornéules : Pyrénées. 33. Organe postantennaire égal à 3-4 diamètres de cornéules . . defi- ciens Steiner 1958 Espagne. 34. Organe postantennaire égal à 2 diamètres de cornéules . . elevata n.sp. Pyrénées centrales. 35. Dens longue. Mucrodens subégal au manubrium .... hygrope- trica Cassagnau 1954 Pyrénées, Galice. 36. Dens courte. Mucrodens égal à la moitié ou aux 2/3 du manu¬ brium . (37) 37. Appendice empodial bien développé, égal à 1/2-1/3 de la crête interne de la griffe . (39) 38. Appendice empodial réduit, égal au 1/3-1/4 de la crête interne de la griffe . (43) 39. Pas de macrochète dorsal différencié sur Abd. II .tuber- culata Cassagnau 1954 a) forme typique à 8 + 8 cornéules : Espagne (Sierra de Gua- darrama), France (Pyrénées). b) orbaicetensis n.ssp. à 6 + 6 cornéules : Espagne (Navarre). 40. Un macrochète dorsal différencié sur Abd. II . (41) 41. Epines anales externes portées par des papilles dont l’apex pré¬ sente un angle chitinisé spiniforme ou cunéiforme .... bipartita n.sp. Pyrénées centrales. 42. Epines anales externes portées par des papilles normales .. ser- rana Steiner 1955 Espagne (Sierra de Guadarrama). 43. Un macrochète dorsal différencié sur Abd .II, 6 + 6 cor¬ néules . pyrenaïca Cassagnau 1953 Pyrénées centrales. 44. Pas de macrochète dorsal différencié sur Abd. II, 8 + 8 cornéules. britannica n.sp. Angleterre. 45. Chétotaxie réduite : 3 à 4 soies à la rangée postérieure d’Abd. III entre l’axe et Ml. 2 + 2 soies entre les Md d’Abd. I à III .... lon- giseta n.sp. Alpes suisses et autrichiennes. 46. Chétotaxie abondante : 8 à 9 soies à la rangée postérieure d’Abd. III entre l’axe et Ml . (47) 47. 2+2 soies entre les Md sur Abd. I à III . montana Stach 1947 Beskides. Carpathes. 48. 3 + 3 soies (ou plus) entre les Md sur Abd. I à III . ( 49 ) 248 P. CASSAGNAU 49. Réticulations très fines sur tout le corps, donnant à celui-ci un aspect pseudo-granuleux. Elles sont à peine égales à 1/6-1/10 de la base des macrochètes . (57) 50. Réticulations fines mais pouvant atteindre sur le disque des ter- gites une longueur égale à la moitié de la base des macrochètes, ou même plus . (51) 51. Dens courte, portant 2 soies dorsales et 1 ventrale . (53) 52. Dens plus longue, portant 3 soies dorsales et 1 ventrale . (55) 53. Un macrochète dorsal différencié sur les segments thoraciques II et III . hystrix n.sp. Hongrie. 54. Pas de macrochète dorsal différencié sur les segments thora¬ ciques II et III . Franzi n.sp. Alpes autrichiennes. 55. 3 + 3 soies entre les Md des segments d’Abd. I à III. Une soie rétinaculaire. Pas de macrochète surnuméraire entre Mi et Ml sur les segments abdominaux I à III . Stachi n.sp. Alpes autrichiennes. 56. 5 + 5 soies entre les Md sur Abd. I à III. Pas de soie rétinacu¬ laire. Un macrochète surnuméraire entre Mi et Ml sur Abd. I à III . Gisirti n.sp. Alpes suisses. 57. Dens longue, pourvue de 3 soies dorsales et 1 ventrale : a) 8 + 8 cornéules subégales. Forme typique .... alpina Cari 1901 Alpes suisses et autrichiennes. b) G et H sont très réduites.ssp. carpatica Stach 1947 Tatra. 58. Dens courte, pourvue de 2 soies dorsales et 1 ventrale .. tran- sylvanica n.sp. (= carpatica Stach 1947) Alpes de Transylvanie. Ne figurent pas dans ce tableau les espèces : — sylvatica Yosii 1939, dont nous n’avons pu étudier les types (1) ; — Kendalli Bagnall 1939, lichnidis Bagnall 1949, brachyura Bagnall 1949, dont les diagnoses sont rudimentaires et dont nous n’avons pu voir les types. (1) Le Professeur Yosii nous a envoyé tout récemment les types de T. syloatica. Malheureusement le manuscrit était déjà sous presse. Un rapide examen nous a permis de constater que cette espèce était proche des formes américaines ( Chris- tianseni et Ethelæ) par sa chétotaxie et ses réticulations. Une étude plus détaillée sera faite ultérieurement. Source : MNHN, Paris Deuxième Partie BIOGEOGRAPHIE ET ECOLOGIE Nous essaierons de donner ici une vue d’ensemble des conditions de répartition des espèces de Tetracanlhella, soit à petite échelle (biogéo¬ graphie), soit à une grande échelle (écologie), après avoir étudié la struc 1 ture phylétique du genre. Filiation des formes et biogéographie Stach (1947) donne un tableau du type « Rassenkreis » qui ne nous semble pas correspondre du tout à la réalité. Son schéma est axé essen¬ tiellement sur le caractère « régression de la furca ». Or c’est là un caractère secondaire apparu à l’intérieur de types chétotaxiques distincts. S’il est permis de faire dériver Slrenzkei de pilosa, ou elevata de pyre- naïca, par contre il nous semble quelque peu arbitraire de faire descendre brevifurca de Wahlgreni et afurcala de brevifurca. Stach ne tire d’ailleurs aucune conclusion du tableau qu’il donne, pas plus que de la carte biogéographique de la page 36, où il est assez difficile de saisir le sens de la répartition des espèces. A la lumière de l’étude chétotaxique que nous avons faite dans la pre¬ mière partie, nous avons pu établir une filiation logique, vraisemblable¬ ment proche de la réalité que nous résumerons dans le schéma ci-contre (flg. 17). I. Nous distinguerons tout d’abord un groupe primitif à furca encore bien développée, sans macrochète dorsal différencié sur Abd. I à III (groupe pilosa). — Une souche américaine, à petites réticulations, a donné Ethelae et Christianseni. Il est probable que lorsque les Tetracanlhella d’Amérique du Nord seront bien connues, de nombreuses espèces se placeront au voisinage des deux ci-dessus. — Un groupe largement européen est représenté par pilosa, Delamarei, pseudomontana, proxima, acuminala. 11 est caractérisé par les grandes réticulations. Par réduction de la furca et du rétinacle. ce groupe donne naissance à Perezi, Slrenzkei, brevifurca. — Afurcata et reducia forment un petit groupe isolé, à réticulations très fines, à furca nulle, dont nous ne voyons pas pour le moment l’origine. Source : MNHN, Paris 250 P. CASSAGNAU Fig. 17. — Filiation probable des espèces européennes du genre Tetracanthella : 1) réduction de la furca ; 2) réduction des réticulations; 3) réduction de la chétotaxie ; 4) différenciation des macrochètes. Source : MNHN, Paris GENRE TETRACANTHELLA SCHOTT 251 Il est fort peu probable que ces deux formes dérivent directement du groupe pilosa. II. Un deuxième ensemble groupe les formes à chétotaxie réduite (type Wahlgreni) et à macrochète dorsal différencié en général sur Abd. II et III ou sur Abd. III seulement. Il n’y a jamais que 2 soies dorsales sur la dens. Celle-ci est courte sauf chez hygropetrica qui, à bien des égards, possède des caractères de transition. Il y a toujours de petites réticula¬ tions. On y trouve pyrenaica, bipartila, britannica, tuberculala, serrana. Le mucron a disparu chez elevala, deficiens, arctica, Wahlgreni. III. Le dernier groupe à chétotaxie abondante et macrochètes bien dif¬ férenciés (Md est toujours présent sur l’Abdomen), possède de petites réti¬ culations et une furca bien développée chez monlana, Stachi, Longisela, alpina, Gisini, réduite chez Franzi, hystrix et Iransylvanica, mais il y a toujours un mucron net. On a voulu voir pendant quelque temps dans les Telracanlhella un genre boréo-alpin (ou alpin) caractéristique, et ceci malgré certaines répar¬ titions peu explicables (celle de pilosa par exemple). L’erreur vient saAs doute du fait que l’on n’avait pas assez séparé les séries phylétiques dis¬ tinctes qui ont une origine et une destinée bien différentes. La biogéo¬ graphie des Tetracanthella doit être considérée au stade espèce ou groupe d’espèces, et non plus au stade genre. L’homogénéité apparente de la « forme » Tetracanthella incitait les auteurs à ne pas dissocier les diverses espèces. Mais une systématique précise et détaillée (l’étude de la chétotaxie nous a été ici d’un grand secours, même si elle s’avère peu efficace dans d’autres groupes), nous a permis de faire ressortir en Europe quelques types de répartition qui sautent aux yeux dès que l’on considère les espèces lignées par lignées (fig. 18) : 1. Répartition largement européenne, de l’Asie Mineure à la Scandi¬ navie. Espèces peuplant en général des milieux extrêmes à des altitudes variées IPerezi, Strenzkei, acuminata, pilosa ont été trouvées au niveau de la mer). Ce groupe comprend des espèces de type I : pilosa, Delamarei, pseudomontana, proxima, acuminata, Perezi, Slrenzkei, brevifurca. 2. Espèces à répartition boréo-alpine typique : groupe Wahlgreni-arctica. Vivent en altitude en Europe centrale et Pyrénées, à basse altitude en Europe du Nord et Pays arctiques. 3. Groupe occidental. Il correspond en gros au groupe chétotaxique II. Ces espèces peuplent l’Angleterre (britannica), les Pyrénées (hygropetrica, tuberculala, pyrenaica, biparlita, elevala) et la Péninsule Ibérique (serrana, tuberculata, deficiens). Elles sont toujours liées à des massifs montagneux comme d’ailleurs celles du groupe suivant. Mais ceci semble être dû davan¬ tage aux exigences écologiques (conditions de vie, climat), qu’à des facteurs biogéographiques précis. 4. Groupe oriental. On trouve ici d’une part afurcata-reducta et les espèces du type chétotaxique III (montana, Slachi, alpina, Franzi...). Ces formes se sont différenciées dans les chaînes alpines d’Europe centrale et Source : MNHN, Paris Source : MNHN, Paris •o GENRE TETRACANTHELLA SCHOTT 253 orientale : Alpes, Carpathes, Beskides, Tatra, Alpes de Transylvanie, Cau¬ case. La présence de T. afurcata iberica en Espagne semble indiquer que afurcata ne peut guère entrer dans cette catégorie. Mais nous savons encore fort peu de choses sur cette présence. T. iberica a été décrite par Steiner sur un seul individu récolté en Sierra Nevada par le Docteur Janetschek. Or, le Docteur von Tôrne, de Jena, nous a envoyé un très abondant maté¬ riel de T. afurcata récolté en Autriche par le même Docteur Janetschek. Tous les individus correspondaient à la forme iberica ! La possibilité d’une erreur d’étiquette ou de mise en tube n’est pas à écarter. Nous croyons qu’il est indispensable de montrer la plus grande prudence, et si afurcata existe réellement en Espagne, M. Steiner ne manquera pas d’en récolter de nombreux individus, ce qui serait d’un grand intérêt pour la connaissance de cette espèce. Il est bien évident que, dans la mesure où ces aires de répartition se chevauchent, des espèces de types chétotaxiques différents vont vivre côte à côte (sans toutefois cohabiter, V P B). Seules les espèces des groupes 3 et 4, bien localisés dans l’espace ne pourront interférer. C’est ainsi que dans les Pyrénées vivent à des altitudes variées Delà- marei, pseudomontana (1), arctica ssp. estaranhensis (2), pyrenaïca, elevata par exemple (3) ; dans les Carpathes brevifurca (1), arctica (2), mon- tana (4) ; en Angleterre Strenzkei (1), Wahlgreni (2), britannica (3). Ce problème de l’interférence des espèces nous amènera d’ailleurs à aborder un peu plus loin un point particulièrement intéressant de l’écologie des Tetracanthella. On voit donc, en résumé, se dégager deux grands foyers de différen¬ ciation d’espèces : Pyrénées et Péninsule Ibérique d’une part, Chaînes d’Europe centrale d’autre part, ayant chacun leur type chétotaxique précis. Parallèlement une troisième série phylétique (vraisemblablement primi¬ tive), présente une diversification aussi poussée, mais n’est plus ici loca¬ lisée géographiquement. Les liens sont évidemment très difficiles à retrouver entre ces divers foyers et l’examen des formes actuelles dites primitives ne nous aide guère. Il ne faut pas perdre de vue en effet l’ancienneté de la plupart des genres de Collemboles, de même que l’état très fragmentaire de nos connaissances systématiques. Ecologie des Tetracanthella dans les Pyrénées Au cours de cinq années de recherches sur l’écologie des Collemboles du sol dans la chaîne pyrénéenne, un fait a particulièrement retenu notre attention : le peu d’affinité de certaines espèces entre elles, allant jusqu’à l’incompatibilité absolue. Les espèces du genre Tetracanthella en sont un remarquable exemple. Neuf espèces vivent dans les Pyrénées. On les trouve à des altitudes diverses, dans des milieux parfois très proches. Je n’ai jamais observé lç moindre cas de cohabitation, Source : MNHN, Paris 254 P. CASSAGNAU Nous étudierons plus précisément ici le comportement écologique de six espèces récoltées en abondance dans la vallée d’Aurc et le Massif du Néouvieille (Hautes-Pyrénées) sur un territoire restreint, couvrant un rec¬ tangle de 10 km de long sur 7 km de large. Auparavant il me semble nécessaire de définir quelques termes. L’utilisation du terne de « vicariance » varie considérablement suivant les auteurs. Pour la plupart des botanistes et de nombreux coléoptérolo- gistes, deux espèces sont dites vicariantes si, très proches systématique¬ ment, elles se « remplacent » dans des milieux comparables de régions géographiques différentes. Il y a donc ici deux notions fondamentales qui interviennent : la parenté systématique des espèces et l’opposition de deux régions géographiques. Pour d’autres, au contraire, deux espèces sont vicariantes si elles ont une affinité cénotique nulle, si leurs limites vitales ne se superposent jamais, ceci quel que soit leur lien de parenté à l’intérieur de l’Ordre et dans la mesure où elles sont étudiées dans un même secteur géogra¬ phique. « Vicariant » est ici synonyme de « substitutif ». Nous tenons à faire la distinction suivante. Dans le premier cas nous parlerons de « vicariance géographique » ou « équivalence », terme qui nous paraît préférable et qui ne peut prêter à confusion. Dans le deuxième cas nous parlerons d’espèces « différentielles ou substitutives » quand les deux espèces considérées ne seront parentes à aucun degré à l’intérieur de l’ordre, et de < vicariance écologique » ou « vicariance s.str. » quand les deux espèces appartiendront au même genre ou au même groupe de genres. La vicariance n’est qu’un cas particulier de la substitution. Nous pouvons, à la lumière de ce que nous avons vu plus haut, consi¬ dérer les deux groupes d’espèces de Tetracanthella, oriental et occidental, comme deux groupes « équivalents » et Wahlgreni-arctica comme un couple d’espèces équivalentes. Dans le Massif du Néouvieille, les six espèces récoltées (bipartita, pyre- naica, elevata, arctica ssp. estaranhensis, Perezi, pseudomontana) se sont avérées toutes vicariantes entre elles. Nous avons rencontré le genre Tetracanthella dans 114 prélèvements effectués de 1.500 à 3.100 m (soit environ 23 % du nombre total). T. bipartita n’a été rencontrée qu’une seule fois dans des mousses d’un cirque très froid, très redressé, vers 2.600 m d’altitude. T. pyrenaïca a été rencontrée dans 52 prélèvements de 1.500 à 2.500 m. Elle est surtout abondante dans la forêt sapin-pin à crochets, à la limite supérieure du sapin où elle peuple les mousses sur le sol et les humus des versants d’ombrée, plus rarement dans la soulane à Pinus sylvestris. Elle atteint très rarement l’étage des prairies alpines. Elle est associée sur la rive sud du Lac d’Orédon à Protachorutes pyrenaeus et Triacanthella proxima dans les mousses de la Rhodo-Pineraie. T. pseudomontana était présente dans 16 prélèvements entre 1.600 et 1.900 m. Elle ne pénètre pas dans l’étage du Pin à crochet. Les colonies sont disséminées, çà et là, et peuplent le plus souvent des mousses rases sur rochers, en sous-bois. T. Perezi a été rencontré dans 7 prélèvements, de 1.800 à 2.650 m. On Source : MNHN, Paris GENRE TETRACANTHELLA SCHOTT 255 sait qu’elle vit en Bretagne, au niveau de la mer. On la rencontre çà et là, dans des mousses rases, assez sèches, en sous-bois ou en découvert. Les colonies ne sont pas très riches en individus. Que ce soit en Bretagne ou dans les Pyrénées, cette espèce montre une nette prédilection pour les milieux extrêmes. T. elevata peuplait 12 prélèvements entre 2.100 et 2.800 m. Elle se ren¬ contre dans des mousses et des humus en sous-bois de Pinus uncinata (vallon d’Estibère), ou çà et là, dans des mousses froides de l’étage alpin, sur le sol. (Cirque de l’Estaranhe, Lac Tourrat). T. arctica ssp. eslaranhensis est localisée dans les cirques froids et humides de l’étage alpin, entre 2.300 et 3.100 m (26 prélèvements). Elle vit dans les mousses, sur le sol ou sur les rochers, dans les humus de Salix herbacea, Salix reliculata, dans les coussins de Silene acaulis, Cherleria sedoides. On l’y rencontre fréquemment en compagnie de Schaefferia emucronata et Hypogastrura irernalis. Il est remarquable de constater la similitude des divers biotopes peuplés par ces six espèces et le caractère absolu de leur vicariance. Nous avons récolté au total plusieurs milliers d’individus et nous n’avons jamais ren¬ contré ensemble deux individus d’espèces différentes. Il serait particu¬ lièrement intéressant de suivre à cet égard les formes d’Europe centrale. Mais on peut dès à présent affirmer que les Telracanlhella sont d’excellents indicateurs écologiques. Nous reviendrons là-dessus dans un travail ulté¬ rieur. (Laboratoire biologique d’Orédon, Laboratoire de Zoologie, Faculté des Sciences, Toulouse.) Source : MNHN, Paris BIBLIOGRAPHIE Agrell (I.), 1941. — Zur Oekologic der Collembolen. 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