m fx MEMOIRES DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE NOUVELLE SÉRIE Série A, Zoologie TOME XXVIII FASCICULE 3 L. TSACAS RÉVISION DES ESPÈCES DU GENRE ACANTHOPLEURA ENGEL (Diptera-Asilidae ) PARIS ÉDITIONS DU MUSÉUM 38, rue Geoffroy-Saint-Hilaire (V e ) Source : MNHN, Paris LbU MÉMOIRES lll MH NATIONAL l> HISTOIRE YATIRELLK Série A, Zoologie. Tome XXVIII, Fascicule 3. — 1964 V RÉVISION DES ESPÈCES DU GENRE ACANTHOPLEURA ENGEL (Diptera : Asilidae ) par Léonidas TSACAS Le seul travail concernant l’ensemble du genre Acanthopleura est celui «le Engel (1927) qui, avec la définition succincte du genre, donne une clé de détermination des espèces par lui incluses dans ce genre et les descriptions sommaires de ces espèces. Hull (1962), par contre, donne seulement une description détaillée du genre. Ayant à déterminer quelques spécimens de ce genre, je me suis aperçu que la clé de Engel n'était pas au point et pouvait conduire à des erreurs, l'ar exemple, je ne pouvais pas déterminer le type de A. naxia Macquart (= longimnna Lw) que j’avais sous les yeux, à cause du caractère : « tarses «le pl plus longs que les tl », qui s’applique aussi à A. ravus Lw et A. goedli Lw, bien qu’ENGEL affirme le contraire. Dans le présent travail, je tente une révision des espèces du genre et donne des tableaux dichotomiques facilitant leur détermination. Je remercie M. le Professeur M. Beier, du Naturhistorisches Muséum «le Vienne, qui m’a communiqué les spécimens récoltés en Grèce par E. Werner, déterminés par E. O. Engel ; le Docteur H. Schumann, du Humboldt-Universitat de Berlin, qui m’a confié pour examen les types de Loew ; le Docteur Fr. Kühlhorn, du Zoologische Sammlung des Bayeris- chen Staales de Munich, qui m’a communiqué les spécimens de ce genre qu'ENGEL avait étudiés ; le Docteur I. Verbeke, de l’I.R.S.N. de Bruxelles, pour la communication d'un couple de syntypes de A. idiorrhythirica. Mes vifs remerciements vont également à M. H. Oldroyd pour m’avoir accueilli au British Muséum et m’avoir communiqué le très intéressant matériel de ce Musée. Genre ACANTHOPLEURA Engel 1927 Acanthopleura Engel 1927, in Lindner « Die Fliegen der palaarktischen Région », 24, Asilidae, p. 67 (Acanthopleura Hermann in tilt.) Mémoires du Muséum. Zoologie, t. XXVIII. 15 Source : MNHN, Paris Acanthopleura Hull, 19(52, Hohber flics of the World, Smiths. Inslit. Bull., 224. 2, ]>. 578. Génotype : Asilus brunnipes Fabricius, 1791, désignation originelle. Hull (19(52) donne une description détaillée du genre. On trouvera donc ci-dessous seulement les caractères essentiels des Acanthopleura: mouches grandes et fortes, d'une coloration générale du corps (due à la présence d’une pubescence, plus ou moins épaisse selon les espèces) d’un gris jaunâtre ou jaune (brunnipes) et à taches latérales et bande médiane du mésonotum effacées (brunnipes) ou relativement bien visibles (naxia). Face: les deux tiers inférieurs occupés par un renflement bien développé. Moustache dense, constituée de soies fortes, blanches, ou noires et blanches mélangées. La distance de la limite supérieure de la moustache à la hase des antennes est égale ou plus courte que la longueur du premier article antennaire. Chétotaxie du mésonotum réduite, les de dépassant à peine la suture trans¬ versale. De 2 à 5 paires de se. Le mésopleure porte une série de une à quatre fortes soies le long de son bord supérieur (caractère qui a suggéré le nom du genre). Sur le pléropleurc existent aussi une ou deux fortes soies accom¬ pagnées de quelques poils. Les hypopleures et les métapleures portent chacun une rangée verticale de soies. Gains du métanotum avec des touffes de poils. Ailes sans caractères de nervation particuliers ; elles sont presque entièrement couvertes de microtriches qui laissent libre une zone étroite le long des nervures (lig. 5), sauf chez brunnipes dont les microtriches laissent libre le centre de l'aile. Pattes jaune-roux avec des bandes noires plus ou moins étendues sur les fémurs, les derniers articles des tarses noirs. Les tarses des pl sont plus longs que les tibias chez toutes les espèces sauf A. brun¬ nipes Mcig. Ces deux derniers caractères sont groupés dans le tableau suivant : A . untiochicnsis ; A. antiochlrnsts .». brunniprs A brunnipts v.. A. b. europaca J . A. b. europaea ?. A. chrysopliora S ■ A. chrysopliora \ - gorilli s /\. gotilli v. A . itllorrhylhmica t (■) A. hiiorrhylhmlca •. A. naxia S A. naxia î. A. Ihusia l . A. Ihusia 9. ( i ) Mesures prises (2) Mesure prise s /{apport bonites noires longueur îles fémurs ft f2 f3 72/80 65,72 79/70 80/84 58/58 67/56 58/54 69/73 88 100 52/57 95/108 64/76 88 l'Ni (M 74/85 68/79 40/45 63/56 68/58 62/58 81/77 104/96 58/55 106/103 78/70 102/89 89/81 70/64 53/83 69/106 85/135 _ ibles et courtes 36/88 42/90 43/84 65/112 57/102 — _ 75/132 — très variables, courtes . longue 50/76 42/7 55/98 45/83 80/101 63/86 57/78 74/125 56/101 103/122 89/113 79/102 87/119 102/141 125/164 le spécimen «lu Vardar (Macédoine). : lectolypc de A. longtmfina l.w. Source : MNHN, Paris ÉVISION DES CANTHOPLEURA 207 Abdomen cylindrique, long, tergites avec des soies marginales, premiers sternites avec de longs poils dressés. Hypopygium roux ou noir, simple, moins large que l’abdomen. Epandrium simple, sans ornements ou structures spéciales sur son extré¬ mité, court (brunnipes) ou relativement plus long (thasia), parfois en forme de lamelles (thasia, idiorrhythmica) en vue latérale, droit ou à tendance à se courber vers le bas ; sur son bord inférieur, il porte une série de soies longues a nombre et disposition variables selon les espèces, qui n’atteignent pas la base. Gonopodes relativement courts pouvant toutefois dépasser la moitié de la longueur de Pépandrium (goedli, idiorrhythmica), simple ou avec une constriclion en leur milieu (nesiotis). Cerques longs, cylindriques ou en forme de massue (raous). Ovipositeur long, noir luisant, comprimé latéralement, huitième segment presque aussi long que les 6 e et 7 e réunis, cerques libres presque aussi longs que le neuvième segment. Position systématique. Le genre Acanlhopleura est proche de Machimus Lw par le développement du renflement facial et une série d’autres caractères. L’épandrium de cer¬ taines espèces de ce dernier genre est proche de celui de Acanlhopleura (M. fibrialus, etc.). Certains Machimus présentent également de nombreux poils sur la partie supérieure du mésopleure ( fibriatus, cinguli/er, scutellaris, etc.), mais ces poils ne sont jamais si forts (soies) que chez Acanlhopleura. La réduction de la chétotaxie rapproche également Acanlhopleura du groupe Cerdistus, mais le renflement facial et la conformation de l’hypopy- gium très simple chez Acanthopleura, permettent leur séparation. La colo¬ ration des pattes, jaunes avec des bandes noires sur la face antérieure des fémurs est un caractère constant chez toutes les espèces du genre Acantho¬ pleura. Répartition géographique. Acanlhopleura est un genre circumméditerranéen (cartes 1 et 2). A. brunnipes présente la répartition la plus large puisqu’il a été trouvé dans tous les pays autour de la Méditerranée ; en Europe, il monte même jusqu’en Autriche. Toutes les autres espèces ne sont connues actuellement que des pays de la Méditerranée orientale. Le littoral et les îles de la mer Egée sont les régions où le genre s’épanouit, tout au moins d’après nos connaissances actuelles qui ne doivent pas être loin de la réalité puisqu’il s’agit d'une région assez bien connue. A. rauus, connu seulement d’Izmir, n’a pas été retrouvé depuis sa description en 1871 ; il doit être considéré comme très rare, ou comme exigeant des conditions particulières pour son développement, conditions qu’il ne trouve que dans un certain biotope peu ou pas prospecté par les entomologistes qui ont chassé dans la région. Source : MNHN, Paris Répartition géographique du genre Acanlhopleura. i Répartition géographique des espèces du genre Acanthopleura, à l’exclusion de A. brunnipes. 210 L. TSACAS Biologie. Nous n’avons aucun renseignement sur les stades préimaginaux des Acanthopleura. En ce qui concerne les proies de ces Asilides, seuls les renseignements donnés par Poulton (Proc. Ent. Soc., London, 1913, p. xlix, et 1914, pp. ii-v), qui relatent des observations du Docteur A. Seitz, en Algérie (Batna) sur A. brunnipes F., nous sont connus. Tout le matériel que nous avons pu examiner ne contenait pas de proies. Poulton note les insectes suivants capturés par cet Asilide : Pyrameis cardui L., Metangria galalhea f. g .lucasi, Pieris rapae, Papilio podalirius, P. machaon, Argynnis pandora. Colias edusa, P. daplidice, Anthocharis eupheno, Thalpochares albida, Anisoplia sp., Eristalis lenax L., Anthrax sp., Pararge megacra L., Sarcophaga sp., Sterrha sacraria L., Cicadidae divers et presque tous les Satyridae qui volaient dans cet endroit. Cette liste montre l'absence de toute préférence chez le prédateur vis-à-vis de ses proies. Seitz note, toutefois, qu'il n’a jamais vu les A. brunnipes F. attaquer un Zygaenide qui, pourtant, volait parmi eux. La période de vol de cette même espèce en Afrique du Nord, d’après le matériel que nous avons pu examiner, s’étend de la lin mai au mois d’août, ce qui confirme les observations de A. Seitz. Clé des espèces du genre Acanthopleura Engel 1. Moustache entièrement blanche ; soies postoculaires et soies de la couronne du prolhorax blanches. 2 — Moustache noire et blanche, au moins quelques soies noires en haut et sur les côtés, soies postoculaires et soies de la couronne du pro¬ thorax entièrement noires ou noires et blanches mélangées. 5 2. Antennes : les deux articles basaux clairs, roux ou jaunes. .2. brunnipes Fabr. — Antennes entièrement noires. 3 3. Pas de bandes noires sur les f3, ou si elles existent elles sont courtes et étroites. 4 — Bandes noires des f3 longues et larges, cocupant au moins les 2/3 de leur longueur ; soies des fémurs et des tibias mélangées noires et blanches ; sc apicales croisées. 9. ravus Lw. 4. Espèce élancée, jaune, pas de taches sur les tergites ; f2 et 3 sans bandes, parfois une trace sur les f2 . .3. brunnipes europaea n. subsp. — Espèce forte plutôt grise, f2 toujours avec des bandes, f3 parfois avec une étroite bande.5. goedli Loew. 5. Bandes noires des f courtes, 1/2 à 3/5 de leur longueur (chez goedli elles sont également courtes mais seulement sur les f3). g — Bandes noires des f plus longues, 2/3 à 3/4 de leur longueur. 8 6. Abdomen couvert d’une pruinosité dorée, poils et soies jaunes ; J, Ç : Source : MNHN, Paris RÉVISION DES ACANTHOPLEURA 211 f 3 sans bandes noires.4. chrysophora n. sp — Abdomen couvert d'une pruinosité jaune ou gris-jaune moins épaisse ; Ç : 13 avec ou sans bandes noires, 3 : avec des bandes noires. 7 7. Abdomen d’un gris-jaune ; bandes noires des f très courtes, 1/2 à 3/5 ; $ : toujours avec des bandes noires sur les f3 (chez goedli Lw, elles sont parfois courtes mais seulement sur les f3). . 6. idiorrhylhmica Jans. — Abdomen jaune ; bandes noires des f plus longues, 3/5 à 2/3 ; $ : f3 sans bandes.1. antiochiensis n. sp. 8. Bandes noires des f3 très larges, empiétant sur les côtés dorsal et ventral, tibias avec parfois sur le côté antérieur une légère et étroite bande sombre. ® — Bandes noires des f3 étroites, n'empiétant pas sur les côtés dorsal et ventral, tibias sans bande sombre .•• ••• *0 9. Petite espèce (18 mm), ailes courtes ne dépassant pas le huitième segment abdominal.8. nesiolis n. sp. — Grande espèce (plus de 20 mm), ailes dépassant le huitième segment ; soies des tergites noires.7. naxia Macq 10. Couleur générale plus sombre ; bandes noires des f plus larges 3 : hypopygium noir, $ : ovipositeur long et étroit. Il- lhasia n. sp. — Couleur générale plus claire, jaunâtre; bandes noires des f plus étroites surtout celles des f3, souvent entièrement absentes, 3 : hypo- gium roux, 5 : ovipositeur plus court et plus large.2. goedli Lw. Tableau dichotomique des 3 S 1. Hypopygium, roux. ® — Hypopygium, noir, au moins l’épandrium . 2 2. Gonopodes noirs. * — Gonopodes roux. ** 3. Extrémité des forceps arrondie ... .3. brunnipes europaea n. subsp. — Extrémité des forceps non arrondie.2. brunnipes Fabr. 4. Forceps, vus de côté, allongés, droits, gonopodes n atteignant pas le milieu de la longueur des forceps, avec des reflets roux sur la moitié apicale .1- antiochiensis n. sp. — Forceps vus de côté plus larges et plus courts, gonopodes plus longs atteignant toujours le milieu de la longueur des forceps . 5 5. Forceps vus de côté plus de deux fois plus longs que larges, bord postérieur « dentelé » et « effilé ».H. thasia n. sp. — Forceps vus de côté moins de deux fois plus longs que larges, bord postérieur des forceps droit, tronqué.6. idiorrhythmica Janss. 6. Forceps vus de profil longs, élargis à l’extrémité, à tendance à se courber vers le haut, gonopodes ne dépassant pas le milieu des forceps .9. ravus Loew — Forceps plus courts droits, à tendance à se courber vers le bas, gono¬ podes plus longs .• • .. ^ 7. Forceps à apex nettement courbé vers le bas. nesiotis n. sp. Source : MNHN, Paris 212 L. TSACA.S — Forceps à apex droit ou légèrement courbé vers le bas. 8 8 . Bord supérieur des forceps presque droit ainsi que l’apex. 9 — Bord supérieur des forceps courbé, apex à tendance à se courber vers le bas.5. goedli Loew 9. Forceps à légère tendance à se courber vers le bas, longs, étroits, roux, une touffe de soies sur le dernier sternite.7. naxia Macq. — Forceps, droits, plus courts, larges, d’un roux foncé, pas de touffe de soies sur le dernier sternite .4. chnjsophora n. sp. 1. — Acanthopleura antiochiensis n. sp. (Figure 1) Espèce proche de naxia (Macq.) par la forme de son hypopygium, mais qui est ici entièrement noir; la pruinosité dorée-olivâtre par laquelle elle est recouverte, lui donne l’aspect d’un brunnipes de petite taille. Fio. 1. — A. antiochiensis n. sp., type et allotype : 1. Hypopygium. 2. Antenne. 3. Ovipositeur. Source : MNHN, Paris RÉVISION DES ACANTHOPLEURA 213