è 4 a D al pr" x D Pa ILE ; NS p-< Fi à D) »\e 5 À PL p 2 + SU : 2 e PA ) QU ) | FROM TH LIBRARY OF | ‘3° || GNE ANINE CAVAGNA |! || SANGNTANT D! GVALDANA NT | LZE LADA?! BEREGVARDO : PURCHA SED 1921 ; Ca: RAR AD ASS CNE Qu % - SSI SES x ee QUES | à “a (À RP PA\ LA DOR PIS RS 808.8 MSI Rare Book & Specié! Collections Eibrary MÉMOIRES LITTÉRAIRES. 0 MEMOIRES LITTÉRAIRES; CONTENANT DES REFLEXIONS fur l'Origine des Nations, tirées de leur langage s: Plufieurs Differtations fur la Pierre Philofophale » Sur la Nature & les Propriétés des différentes: Eaux , @ Fontaines brélantes, &'c, Avec des Re- marques Critiques © Phyfiques fur lHifloire naturelle , fur la Médecine & la Géographie , &* des moyens de multiplier le Bled, &' d’amélierer des Terres. TRADUITS DE L'ANGLOIS A PARES; Chez Anpré Cairreau, Libraïréz. Rue S. Jacques, à S. André. MDCCE. Alyec Approbation & Privilège du Ro ; . \d "4 4 # Te Fe br Ÿ : APPROBATION. Ù ÿ “Ai là par ordre de Monfei- } «J gneur le Chancelier, Les Mé- - moires Littéraires [ur différens fujets | de Phyfique , de Mathématique ; de = Chymie , de Médecine , de Géogra- © phie, d'Agriculture , d'Hifloire natu- : turelle, &c. Traduits de lAnglois. Fait ce 13 Mars 1749. Signé, MA LOUIN; PRIVILEGE DU ROLL | de France & de Navarre : À nos amés. & feaux Confeillers , les Gens tenant nos: Cours de Parlement , Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel , Grand-Confeil, . Prévôt de Paris , Baillifs | Sénéchaux, Seurs Lieutenans Civile & autres nos Jufti- £iers, qu'il appartiendra: SazuT.. Notre’ amé ANDRE’ CaiLLEAU, Libraire à Paris, ancien Adjoint de fa Communauté , Nous a fait expofer qu'il defreroit faire impri- mer & donner au Public ,un Ouvrage qui: a pourtitre ,; Mémoires Littéraires fur diffé-: rents fujets de Phyfique, de Mathématique ;, de Chymie ; de Médecine , de Géographie ;. d'Agriculture , d'Hifloire naturelle | rc, (Traduits de PAnglois, S'il Nous plaifoit: lui accorder nos Lettres le permiffion pour ce néceflaires. À ces caAUSsES , voulant fa-- vorablement traiter l’'Expofant, Nous lui: avons permis & permettons par ces Pré- fentes ; de faire imprimer ledit Ouvrage: en un ou plufñeurs Volumes & autant de- fois que bon lui femblera , & de le vendre ;. faire: vendre & débiter par tout notre Royaume , pendant le temps de trois an-- nées confécutives , à compter du jour de: la: datte defdites Préfentes. Failons défen- fes à tous Libraires , Imprimeurs & autres: perfonnes de quelque qualité & condition: qu'elles foient, d’en introduire d'impref-- filon. étrangere éans aucun lieu de notre: w î OUIS, parla grace de Dieu, Roï bbdiffance; À la chargé, que ces Préfeñ* £es feront enrégiftrées tout au long fur le | Régiftre de la Communauté des Libraires: & Imprimeuts de Paris, dans troïs mois’ de la datte d'icelles'; que l'impreflion du- dit Ouvrage fera faite dans notre Royau— ‘ me & non ailleurs en bon Papier & beaux: caracteres , conformement à la Feuille imprimée , attachée pour modéle f6us le’ contre-fcel des Préfentes , que l’Impétrant fe conformera en tout aux Réglemens de’ la Librairie , & notamment à celui du 1®7 Avril 1725. Qu’avant de l’eXpofer en ven- te, le Manuferit qui aura fervi de Copie à Vimpreflion dudit Ouvrage , fera remis dans le même état où l’ Approbation y au- ga été doitnée ès=mains de notre tiès-cher & féal Chevalier le Sieur DAGUESSEAU , Chancelier de France , Commandeur de’ nos” Ofdres ; &'‘qu'il'en fera enfüite remis: ‘ deux Exemplaires dans notre Bibliothéque” publique ,: un dans celle de notre Chä- teau du Louvre , & un dans celle de no- tredit très-cher & féal Chevalier le Sieur” Dacuzsseau , Chancelier de France ; le: tout à peine de nullité defdites Préfentes, du contenu defquelles vous mandons &: enjoignons de faire jouir ledit Expofant & fes ayans caufes, pleinement & pail-: blement , fans fouffrir qu’il leur foit fait aucun trouble où empêchement. Voulons: . qu'à fa Copie des Préfentes , qui fera ime primée tout au long au commencement ,: outà la fin dudit Ouvrage, foi foit ajoû- tée comme à L'Original. Commandons au: premiemnotre Huiflier ou Sergent , fur ce: requis’, de.faire pour l'exécution d’icelles ;: \ tous Ales requis & néceffairés, fans des mander autre Permiffon ;' & nonobitant - Clameur de Haro , Chartre-Normande , & Lettres à ce contraire; Car tel eft notre _plaifir. Done’ à Paris, le quatorziéme jour du mois d'Avril, l’an de grace mik fept cent quarante-neuf, & de notre Regne le trente- quatrième. Par le Roi en fon, Confeil. Signé, SAINSON. Regifiré [ur le Regifire XII. de la Cham= bre Royale des Libraires © Imprimeurs de Paris , N°. 194. fol. 181. conformement aux _anciens Réglemens , confirmés par celui du 28. Février 1723. À Paris ; le 27. Jui 1749. Signé, G. CAVE LIER;, Syndic: PRÉFACE \E préfente au Pu= l blic la Traduction NZ de ce qu'il y a de plus curieux & de plus inté- teffant dans les Mémoires Littéraires publiez en dif- férens endroits de l’Alle- magne &c du Nord ; & mon entreprife eft fufhifamment juitifiée par la variété des matiéres qu'ils renferment ; la réputation qu'ils ont ac- quife chez les Savans , & Hignorance où font la plû- part des Eecteuis de [à | L + À LUI rÆ vi PRE PAGES Langue dans laquelle plu- fieurs ont été écrits. Cet Ouvrage renferme hon-feulement les Mémoi- res qui ont été publiez par Volumes, mais encore plu- fieurs Dillertations Acadé- miques qui n'ont paru que par feuilles détachées, & qui peut-être euflent été per- duës pourles Savans ; fi Fon n'avoit pris foin de les raf> {embler. Je dois quelques- uns de ces Mémoires , en= tr'autres les Diflertations {ur la Pierre Philofophale , le Camphre ; l'Ambre & les Sels Métalliques à plufieurs Perfonnes de diftinction , qui non contentes d'encou- rager mon travail , onten- PRÉFACE. vif core bien voulu me faire part des tréfors qu'elles pof- Hdoient. - Jenai anehe aucune des circonftances eflentiel- les à mon fujet , fi l’on en excepte les préambules, les Epîtres dédicatoires , les Complimens, &c. & je fuis afluré que leurs Auteurs en agiroient de même s'ils pu- blicient de nouveau leurs Ouvrages. J'avois d’abord réfolu de ranger mes matières par Claïles générales, mais jai eu des raifons pour ne point Ile faire. Cependant pour prévenir toute objection fur ce fujet, j'ai joint à ce Livre une Table particuliere dans vÿ PRE FACE" laquelle les matiéres font. difpofées par Clafles & ran- gées par ordre Alphabéti- que. Peut-être la méthode que j'ai fuivie fera-t'elle plus. du goût des Lecteurs qui ai, ment une variété fans Art. | Je citeles noms des Au- teurs tels qu’on les trouve ordinairement en Angleis,. Hip faut quant aux Faute IE les. aifler les .”, ë ; 4 noms tels Laifie en Latin, perfuadé que. qu'ils nt eftla meilleure maniere de: dans lalan- gue dupays [es faire connoître aux Sa= de ceux qui | | lesportent; Vans. | | ‘autrement on due Si le Public goûte ce pre- | leursnoms, Lier Volume , je donneraf comme cé- lui de Du- les autres inceflamment , & chefne par .» : ge Qurer jofe lui promettre qu'il ne nus,&G [as trouvera Ni MOINS Cu= sieux ni moins inftruétifs. | MEMOIRES: dr à PTT RATES TX LL 74 " SES S = MN © "NW . n sl er AE NS / MÉMOIRES nn LITTÉRAIRES SUR DIFFERENS SUJETS _ de Phyfique, de Mathématique, de Chymie , de Médecine , de Géographie, d'Agriculture , * d'Hifloire naturelle, &c. . NOUVELLES EXPERIENCES faites en Siléfie fur les moÿens d'aug- mener ou de multiplier le Bled. N ne s’eft jamais fi atta- L'Agri- 1 ché à exalter les facultés culture per- 2} A des Végétaux, que de fetionnée, ” puis quelques années, & _ les expériences qu'on a faites pour … améliorer, & furtout pour aug- menter leur produit font fi intéref- À os Premiere Expérien- ce. 2 MÉMOIRES. fantes, que j'ai cru rendre un fervice confidérable au Public de lui com- muniquer celle qu'on a faites à ce fujet en Siléfie, : | Recueillez l’eau noire & fale . s'écoule du fumier qu'on laiffe ex-. polé à l'air & à la pluye, dans les- Fermes, & confervez la dans des : folies creufées tout auprès. Cette. eau eft la fubftance la plus pure du fumier, & fournit aux Végé- taux une nourriture fupérieure à- tout ce qu’on peut imaginer, quoi- qu’on la laiffe ordinairement per- dre. 2°. Ramafñfez de l'urine hu- maine, & laiflez-là corrompre en la faifant auparavant évaporer fur le feu. 3°. Mêlez ces deux liqueurs enfemble , & mettez les en dige- tion fur le feu dans un vaiffeau de cuivre. 4°. Faites tremper le grain que vous voulez femer dans cette liqueur pendant quatre jours & quatre nuits & femez le enfuite : vous aurez une moiflon des plus abondantes, & vous ne ferez jamais obligés d'enfumer vos terres, PATRÉRAIRES 3 Si l'on met tremper un demi picotin de froment dans du fang de taureau pendant deux fois vingt- quatre heures,& qu'on le feme après lavoir laiflé fecher, on aura des or si A es e CPIS extremement nourris. … Le D. Hermans eft l'Auteur de l'Expérience fuivante. 1°. Prenez au tems de la femaille fur chaque boiffleau de froment, environ un demi picotin de bled mefure d'An- gleterre, & faites en une bonne leffive. 2°. Prenez un demi quar- teron de fente de brebis cuite avec … la leffive précédente, ou exprimée _ dedans. & 3°. Faites y difloudre | trois ou quatre livres de falpètre. 4°. Jettez dans cette liqueur un _boifleau de froment nouveau & bien mondé, &. $°. Laifez l'y tremper durant huit heures. 6°. Seconde Expérien- Ce. Troife- me Expé- r1 EnCEe Mettez le fécher dans un grenier _ aéré & à l'abri du Soleil. 70. Réi- tere7 une feconde fois cette Opé- ration , & femez votre grain, vous le verrez poufler au bout de trois jours. Plus le fol eft maigre & fa- À ij 4 MÉMOIRES bloneux,& mieux l'expérience réuf- fit; mais le grain doit être clair femé. Il n’eft pas befoin non phée de le fumer, ce qui rend cette mé thode extrêmement avantageufe dans les pays où le bétail eft rare; ajoutez à cela qu'il faut moitié moins de bled, vû que chaque grain donne fouvent jufqu'à dix ou douze épis & même plus. | Succès de Le fuccès de cette méthode fut san 1, tel en 171$, qu'un boifleau de froment femé dans un mauvais terrain me donna 8 +, ce qui et une- augmentation extraordinaire. Elle a cela d’avantageux encore qu’elle garantit le bled de la nielle, [: & de la moififlure. | iqueur propre à : Le Mort eft lAuteur de la jé faciliter la queur végétable fuivante. er an ” Prenez de la fleur de farine de me Expé- froment & de femence de lin dont rience ona exprimé l'huile, 10 livres, de raclure de corne de cheval, 20 livres, de la cendre de bois, 40 livres, de la chaux vive, ro.livres, d'excrement humain defieché, 80 BPTTÉRATAE S. livres, du marc d’huile de lin, 19 livres, & autant d'urine qu'il en faut pour réduire le tout en con- iftance de gruau. Mettez tous ces ingrédiens enfemble dans un ton- neau au mois d'O&tobre, & laiflez les repofer pendant l'Hyver en les remuant tous les jours avec un bâton jufqu'à ce qu'ils ceflent de fermenter. Mettez une partie de cette compolition fur 1 $ 0 d’eau de pluie , recueillie au mois de Mars, & mettez y tremper votre grain Cette Expérience eft fort avanta- geufe ; mais comme elle eft extrê- mement pénible, 1l faut mieux em- ployer la fuivante. Prenez 10 livres de fel gemme, & 5 livres de chaux vive, mettez les calciner dans un fourneau de terre glaife, & mêlez les enfuite avec du vieux fumier; laiflez les repofer à couvert durant un Hyver & un Eté, en les arrofant de tems en tems avec de l'urine humaine, Prenez enfuite 20 livres de cette matiere, & 10 livres de cendre À üj Cinquié- me Expé- riencee 6: M Eros à ofdiñaire, & mèêlez les enfemble ‘dans un fceau d’eau de pluye. Succèsde” Un boïffeau de froment qu'on Core avoit mis tremper | dans la liqueur ” précédenté, & qu'on avoit femé dans un terrain qui n'avoit point repofé de trois années, én a donné cinq; un boifleau & demi d'avoine en a donné dix. Les graines pota- geres ne réufliflent point en Siléfie, & ne réfiftent pas long-tems au froid lorfqu’on les fait tremper de là maniere qu’on vient de dire; if vaut donc mieux les arrofer avec cette liqueur dès qu'elles commen cent à poufler. On rend par-là les fruits plus beaux & plus fâvoureux, & les arbres infiniment plus ferti- les ; mais j'ai obfervé que lorfau'on: ceffe de les arrofer l’année fuivante, le fruit dégénere infailliblement. LE Un terrain maigre, fabloneux o1XIEME E- 0e . PE VERRE Expérien- À ftérile dans lequel on répandit ce. dela potafle en 1715, donna la premiere année 18 boifleaux d'or- ge pour un qu'on y avoit femé; on y PRE du froment l’année fui: | . fa. Darrémaide s ÿ “ante., & l’on eut une très-riche moiflon. Les terrains ainfi préparés confervent leur bonté durant plu- fieurs années, & l’on fe fert aujour- d’hui.avantageufement en Siléfie ‘descendres des favonnieres que l'on jettoit autrefois comme inutiles. _Rien.ne prouve mieux la vertu ex- traordinaire que pofedent les-par- ties putréfiées des animaux que la -fameufe liqueur de Fallemont , (a) qui eft faite avec des os, de la ra- -clure de peau, des cornes & des fa- bots putréfiés. Les Habitans de Breflaw. fe fervent encore aujour- .d’hui avec fuccès de la raclure de corne qu'on trouve chez les Fai- feurs de peignes. On peut voir dans les Mélanges des Curieux de la Na- ..jéure,, Cb) & dans une Diflertation ‘imprimée à Wittemberes en 169$, fous Je titre de Pane Lucrando la maniere c dont on peut faire Éroître a SC Curiof tez ide la Nature, pag. 157» fuiv. "(b) Dee, 1, Ann. 2, obfe 112, page 18%e À iv 8 MÉMOIRES les grains avec l’eau qui s'écoule de la fiante des chevaux toute pure , ou en les femant avec de la paille hachée, auffi-bien que Futi- lité dont l’eau de la mer, ou les cendres des plantes mêlées avec du fable de mer peuvent être en An- gleterre pour cet effet. On doit On doit avoir évard dans toutes arier ces ces Expériences aux différentes A qualités des terrains qu'on cultive; érence des les uns ayant befoin de principes errains falins, d'autre de principes fulphu- reux & d'autres enfin de repos. : eo — A — D. - : LiTTÉé Se ES 9 PEER MORON MEMERERORNE NOUVELLE METHODE De guerir la Goute par le Sieur Conrad Barthold Behrens. s ETTE méthode de guérir [a Remede _à Goute a eu tout le fuccès pof- Pour la fible pendant plufeurs années, & Le °°. fameux Zimmermann, Confeiller Privé de l'Empereur , qui s’en eft fervi le prémier, l’a rendue fi fa- meufe, que plufieurs autres Grands hommes fe font rendus à fon exem- ple, & l'ont employée avec le même fuccès, malgré l'ennui qui en eft inféparable. Elle confifte dans une décoction de Gayac , de Sarfe- Pareille, & de racine d’Efquine, à laquelle on ajoute une certaine quantité de Polypode & d'Hermoda- ete : & l’on fait bouillir le tout dans deux fois autant d'eau que de vin. On boit cette déco&ion à grands. traits, fçavoir vingt-quatre livres dans l’efpace de trois jours, & le AV Spécifi- t que dans cette maia- die, Maniere : 10 MÉMOrRESs malade ne manque jamais de rer couvrer la fanté. Cet effet qui eft toujours le même malgré la différence des témpéramens & des circonftances; m'a fait ranger * cette décottion: au rang des fpécifiques dont j'ai entrepris la défenfe contre les at- tentats de ceux qui révoquent leur efficacité en doute. Cette méthode n’eft cependant de le pren- point nouvelle, car il y a environ cre & effet qu'il pro- duits 200 ans que les Metbème de Ge nes recommanderent à PEmperéur Charles V. la racine d'Efquine com- me un remede efficace contre la Goute, & depuis ce tems-là l’on. s’eft fouvent fervi des décottions de ce bois dans cette maladie. Il faut cependant convenir que la maniere d'en ufer elt tout a fait nouvelle > car l’on prenoit autrefois la pre- miere dofe de ces décottions avant que de fe léver, pour provoquer la fueur, & la féconde à diner & À Selefla M dia LÉTTÉRAIRES If à fouper ; au lieu qu'après avoir fait levermon malade à fon ordinaire, je lui en donne un verte toutes les heures & même toutes les demi- heures ; fans en excepter les repas, ce qui lui caufe. une légere fueur pendant les trois premiers jours, & quelquefois un écoulement copieux d'urine , avec un cours de ventre. Le fuccès de cette cure dépend de la péfanteur de la déco&ion, qui jointe aux, vertus des remedes dont elle eft imprégnée , délaye & chaffe de la maffe du fang les poin- tes falines qu'il contient, & qui venant à s'amafler autour des join tures, bleffent le périofte, les li- gaïnens , les tendons & les nerfs ; elle eft même beaucoup plus prom- pte & beaucoup plus fure que par les teintures qu’on appelle commu-- nement antiarthriques, dont la dofe eft ordinamement trop petite, & mème que par lescathartiques oules applications éxternes. Car quoique les cathartiques puiflent quélquefois produire leurs effets, ainfi que l'a A vi Mariere dont il o- pÊree 4 12 MÉMOIRES éprouvé un Gentilhomme à qui j'a- vois prefcrit des pilules purgatives , ils ont cela de défavantageux, qu'ils ne font point propres à toutes . fortes de tempéramens, fans comp- ter qu'ils mettent le corps & le fang dans une trop grande agitation, & qu'ils irritent les efprits au point d’accroître la douleur, & de pro- longer le paroxyfme. Les topiques externes ne réufliflent pas toujours non plus , & je ne crois même pas cette méthode fort fure, foit que l'on employe les repercuflfs ; car ceux-ci empêchent la nature d’a- gir , & fixent la matiere faline dans les jointures ; ou les réfolutifs & les anodins, outre que leur effet eft le même ; car les Tufs ne vien- nent felon moi que de ce que la matiere faline n’a pu fe difloudre, de forte qu'il vaut mieux fe fervir des décoûtions des bois qui con- viennént à toutes fortes de tem- péramens & de conftitutions. On: objeéte à cette méthode. 1°. Que l'efftomac ne peut que fe trouver LITTÉRAIRES 13 affoibli d’une auffi grande quantité de décoëtion. 2°. Qu'il n'eft pas f£ aifé de remédier à la foibleffe de la partie afligée , qui dure quelque- fois plufieurs femaines. 3°. Qu'elle eft quelquefois fuivie d’une nou- velle rechûte. Les deux premieres. objetions font manifeftement dé- menties par l'expérience ; car je n'ai. connu qu'un feul malade qui ait perdu l'appétit durant quelques fe- maines après avoir ufé de cette dé- coétion ; mais ce dégoût provenoit d'une caufe qu’il feroit trop long de déduire ici ; & il a bientôt ceflé. au moyen des ffomachiques. A l’é- gard de l’afloibliflement dela par- tie affettée, il ne fçauroit être fort confidérable, fi les fels peuvent être diflous par la décoétion avant qu’ils ayent le tems de l’afloibhir par leur féjour, ce qui ne manque jamais d'arriver lorfqu'on a foin d’enufer dès le premier accès ; autrement il n’eft pas étonnant que là partie foit quelques femaines à reprendre {on ton. Au refte, je ne nie pas qu’il t4 ME moi r'RtEts_ he puifre furvenir une rechûte; maïs il ne s'agit dans ce cas que de réitérer la décottiorr, & elle ne manque jamais de produise fon éffet, ainfi que j'ai eu occafon de m'en convaincre l’année derniere 3 car un malade de cette Ville qu’une gouteé vague avoit obligé de gar- der le lit péndant quelques femai- nes dès le commencement du Prin tems, ayant enfin furmonté la ré- pügnance qu'il avoit pour mon re- mede, en ufa avec tout lé fuccès imaginable; mais un accès violent de coiïere lui ayant caufé quelques tems après une rechûte, avéc des douleurs aigues dans les jointures ; & des fueurs notuürnes copieufes ; il réitéra le mème remede & il lui dut fa guérifon. | Ce te. Voyons maintenant fi ce remede mede con- convient indiftin@tement à toutés era fortes de perfonnes : quant à moi rempéra- je fuis perfuadé qu’il ne demande nee pas moins de prudence que les au- tres, & qu'il eft du devoir du Mé- decind’enrégler l'ufage fur letem- LRPPÉRMIRE S Es péramént de fon malade, & les au tres circonftances où il fe trouve. 1 doit furtout avoir égard à la for- ce plus ou moins grande des vif- teres, & cette précaution une fois bbfertée , 11 peut le donner indiffé- ranrent à toutes fortes de malades, même à ceux qui paroiïflent fujets à la Comfomption, au Calcul, à Ja Cachéxie & au Scorbut, ainfi que je l'ai pratiqué moi-même avec faccès. Il n'y a même pas long- temis qu'un Gentilhomme fujet aux hémorhoiïides , & qui avoit la gou- te aux mains prit par MON avis un grand verre de cette déco&ion, dont il continue à fe fervir depuis deux années avec fuccès. J'en ufai ainfi pour chaffer la douleur avant qu'elle eut le tems de fe fixer dans la partie, ce qu'elle n’eut pas man- qué de faire fr j'euffe commencé par arrêter le flux hémorhoïidal au- quel il étoit fujet, vu même qu'il pouvoit arriver qu'il s'arrêta de lui- même. Je penfai d’ailleurs que quand même cette décotion de- 16 MÉMOIRES vroit provoquer cet écoulement ; il valoit beaucoup mieux en ufes pendant qu’il continuoit qu'après; & heureufement l’ufage de ce re- mede n’influa en rien fur les hé- morhoïdes, elles cefflerent même de fluer pendant un jôur, & la gou- te ayant difparu en moins detrois, je diflipai les hémorhoïdes avec un Elcétuaire compoté de drogues dé: Mécfins & rAfriagenten LITTÉRAIRES. 17 : % xx XX Xoxc XX XX SE SPECIFIQUE POUR a LA PLEURESIE, , Par le Sieur Pierre de Caffro. RENEZ des Citrouilles, fuf- Maniere _pendez les quelques tems dans depréparer un lieu clos & à couvert du Soleil, A fpécifi coupez les par morceaux, Ôtez en DE la pulpe, de maniere que l'écorce n'ait pas plus de l’épaifleur d'un écu. Prenez une livre de cette écor- ce , & trois livres d'huile d'olive de la plus vieille que vous pourrez trouver ; car, eut-elle cent ans elle n'en vaudroit que mieux. Faites bouillir votre écorce dans cette hui- le jufqu’à ce qu'elle ait perdu toute fon humidité; on connoîtra qu'elle eft fufhfament cuite en trempant une paille dedans & l’allumant à la chandelle : car elle s’allumera fans pétiller; ou bien en obfervant la couleur de é écorce, carelle doit #8 + #M-timrotiméeist paroître prefque brûlée & comme “réduite en charbon: retirez votre compofition du feu, exprimez en huile, & prenez un pot de fer qui ait deux orifices, ou du moins un dans le cou par lequel l’huile puiffe s'écouler ; faites le rougir ; verfez votre huile dedans par l'un des orifices & recevez la par l’autre dans un vaifleau , pour en oindre enfuite la partie rare _Eficaci- Le fieur Pierre de Caffro connu té de ce re- bar fes fuccès dans la Pratique dans mede, UN a la Bifcaye, & enfuite à Verone en Italie, aufi bien que par la qualité de premier Médecin du Duc de Mantouë , a guéri par ce moyen une infinité de Pleurétiques, dont le nombre efl extrèmement grand en Italie, tant à caufe du tempé- rament des Habitans, qu'à caufe de Ja nature de l'Air & du Climat, & _ les a tirés des bras de la mort. = Comment Ce Médecin étant mort il y à on en 4 eu environ neuf ans à Mantoué , ur 2e habitant de Ferrare qui Hein foit l'efficacité de ce reméde, jugez LUTTE RALRE S 19 non-feulement à propos de le pu- blier | mais même d’en envoyer des copies imprimées aux princi- paux Hôpitaux de l'Europe. On en imprima donc une à Ferrare en 1669 chez Alphonfe & Jean-Bap- aifle Marefli, & on l’envoya en 1670 à l'Hôpital de faint Mathias de Breflau d’où elle m'a été com- runiquée dans les props termes LR voici. x Ayant éprouvé la vertu extraor- aires d'une huile avec laquelle on vient à bout de guérir la Pieu- réfie au bout de quelques heures, & m'en étant fervi durant plufeurs années fans qu'elle ait jamais man- qué de produire fon effet , au grand étonnement des Médecins qui en ont été témoins ; j'ai crû qu'ilétoit de mon devoir & même de la charité de publier ce remé- de, auffi bien que la maniere de f° ap- pliquer & de le communiquer à tous les Hôpitaux de l'Italie & mè- me de l'Europe. : 2e : Prenez des Citrouilles d’ care) Autre ma- niere de préparer ce Spécifique, 20 MÉMOIRES groffeur raifonnable pour qu’elles ne foient ni trop dures ni d’une épaifleur à ne pouvoir point pren- dre l'huile ; ratiflez les comme on fait les Raves , en obfervant de ne point les peler comme les Pommes; mais feulement d'enlever cette pel- licule mince qui les couvre & qui les fait paroitre vertes ; coupezles enfuite par tranches de Fépaifleur d’un écu, ôtez en la pulpe ; pefez les & prenez la même quantité d'huile d'olive de la meilleure que vous pourrez trouver, Car elle pro= duira beaucoup plus d'effet. Met- tez votre huile & vos pelures dans un poëlon de terre tout neuf & fort épais, pour les raifons qu'on dira ci= après, & faites les bouillir fur un feu de bois ou de charbon, enpre- nant garde qu'il n’y ait point de flamme, jufqu'à ce que les rouelles deviennent tout-à-fait fechées & comme brülées : retirez les avec une cuilliere ou une écumoire , &: jettez les, car elles font tout-à-fait inutiles ; plongez dans votre huile N ÉORITR ES ROM TRE s 91 un morceau de fer rouge qui n'ait point encore fervi jufqu'à dix-fept ou dix-huit fois, en le faifant rou- gir à chaque fois. Voici de la ma- niere dont je m'y fuis pris. J'ai fait porter le poélon avec Fhuile qu’il contenoit chez un Forgeron , où après avoir fait rougir fix mor- ceaux de fer vierge un peu plus longs que la moitié de la paume de la main, je les ai éteints les uns après les autres dans Phuile , ce que j'ai répété trois fois , ce hotibré fufhfant pour donner à l'huile la perfettion requife. Je n'en ai jamais préparé moins de huit ou dix livres, mais on peut en faire autant ou fi peu qu'on veut; pourvû qu'on employe autant d’hui- le que d’écorce. Comme l'huile eft _ fujeiteà s’enflammer,àmefure qu’on plonge le fer dedans, on doit avoir un couvercle, pour pouvoir l’étein- dre ; & de peur que la flamme ainfi étouffée ne caffe le poëlon, il faut, ainfi que j'ai dit ci-deflus , le pren- dre très-épais , oy même avant que Maniere de fe fervir de cette huile, 22 Mémoirres ti’ d'y plonger le fer, le mettre dans un autre , pour ne point perdre l'huile au cas qu'il vienne à fe caf- fer. L'huile étant réfroidie on l’en- ferme dans une bouteille se s'éni? fervir au befoin. | _ Faite chauffer quelque peu de: cette huile fur unevaffiete au point que le malade puilfe la fouffrir , & oignez en la partie afligée. Prenez enfuite une vieille ferviette fale , pliez la en quatre , mettez-la par- deffus après l'avoir fait chauffer, & arrêtez -la pour empêcher que l'huile ne coule de deflus la partie malade ; & comme la douleur fe communique quelquefois à l’autre côté & change fouvent de place, il faut oindre pareillement toutes les parties où elle fe fera fentir & les couvrir après de la manierequ’on vient de dire. Que fi le malade con- tinue à ne point cracher, il faudra renouveller l’onétion au bout de cinq heures , mais il eft rare qu'on foit obligé d'en venir là, l'expé- gence ayant fait voir que l’abcès ‘LigaémuurrEes 23 créve au bout de quelques heures. … Cette recette a la même vertu que celle de Caffro quoiqu'elle ne Remar- foit pas exaétement la même ; & T° mérite d'avoir place dans les bou- tiques à caufe de fonefficacité ex-. traordinaire, Ex Mémoires PAPER NOUVELLE METHODE D’améliorer les Terres flériles, pier- reufes & fablonneufes. O1 6 Il L n’eit point de meilleur moyen de ferulifer les terresitériles , fa- Le 0 féti- blonneufes, pierreufesé les pelou- SRE us fes, qui ne portent ni foin ni aucune fänfoin. autre chofe pour l’ufage des hom- mes ou des animaux , que d'y fe- mér-du Sainfoin ; car par ce moyen elles fourniffent non-feulement une nourriture abondante & falutaire pour le bétail, mais elles devien- nent encore propres à porter du bled. Cette méthode eft devenue fort à la mode depuis les années 1676 & 1677 {ur-tout à Neufcha- tel, aufli mérite-t-elle d’être fuivie 3 car un gentilhomme dont la ferme fournifloit à peine de quoi entrete- nir une vache , vint à bout en y femant deux livres de Sainfoin , | de liore les A ARTE É RAR É « 2$ de pouvoir y en nourrir une ving- taine, & même d'en tirer un profit confidérable. Elle s’eft introduite depuis en Suifle, & l’on s’eneft fer- vi avec beaucoup de fuccès à Meuf- -chatel , dans les cantons de Berne & de Soleurre , dans le pays de Vaux , en Bourgogne & dans les contrées voilines , & enfin en Alle- magne,en Autriche, dans la Souabe, la Franconie , la Baviere , la Po- méranie , & dans plufieurs autres pays. On a publié depuis à Ratifbone: un Traité fur ce fujet dans lequel on ordonne de mêler le Sainfoin avec quelque peu d’avoine, & de le femer de la même maniere que le Chenevi, furtout dans les mois de Mars & d'Avril dans les terres en talu, bafles, fabloneufes, pier- reufes & couvertes de moufle : mais non point dans les terres hu- mides , argilleufes , les prairies , les jardins ni les champs qui ne font point propres à porter du foin, au moyen de quoi il fe leve une grande | B Maniere de ména- get le fain- foin, 26 .MÉmorreEs . quantité d’Avoine & de Sainfoin qui fans aucune culture augmente tous lesmois & tous les ans de façon, qu'on eft difpenfé pendant 15 à 20 ansde labourer & de femer.On mêle le Sainfoin avec de l’Avoine pour empècherqu'il ne tombe trop dru,. & qu’il ne croifle trop près à près. On fe contente de couper l'Avoine la premiere année ;, & l’on remet à la fuivante à couper le Sainfoin après que le grain eft mur,au moyen dequoi il devient fi épais , qu'on peut enfuite le faucher trois ou qua- _tre fois par an. Il eft beaucoup plus doux loriqu'on le coupe dans fa fleur ; mais lorfqu'on a deffein d'en: gärder la femence , il vaut mieux atrendre qu'il ait atteint fa matu- mité 5 ileft vrai qu il eft alors plus dur, mais il en vaut mieux pour le bétail , & c’eft alors le temps d'en tirer br femence. Lorfque le champ n'eft plus propre à porter du Sain- foin , on peut y femer du bled, & sl réufit d'autant mieux que le fol fe trouve engraifé par les racines que LITTÉRATRES 57 le premier a laiflées enterre.Le Sai. foin fournit une nourriture excel: lente, fur-tout pour les vaches , & augmente confidérablement leur ait : ; mais il eft dangéreux d'en trop donner aux chevaux, car ils deviennent trop gras, & ont peine à fe faire à leur nourriture ordi naire. ie . On voiépar ce qui précéde que la méthode dont of a parlé n’eft point fondée fur la fimple fpécu- lation, maïs fur les avantages réels qu’on en à déja tiré dans les Can- tons Suifles , & particulierement dans celui de Berne ; à quoi l’on peut ajoûter que Fofeph de Feldic, dans fon Oeconome Bohémien & Au- ‘trichien ( a } témoigne s’en être fer- vi avec fuccès dans la Marche & ‘dans plufeurs autres endroits, (a) Pe 154. B i; 28 -: MÉMOIRES Dico) doi jo, ide id see | OR VÉGÉTABLE. Par Phil. Jac. Sachs .a Lewenheimb. Divers AR M1 les curiofités de la Na- exemples hs de la végé- ture & de l'Art quon garde tation de dans le cabinet de l'Effbéereur , on Fo voit un efpéce d'Or végétable qui eft forti de terre en la forme de fil entortillé. Cet Or pur, appellé Aurum Obryzum , fut trouvé par un payfan dans la Riviere de Tartza, près du village du même nom à quatre mille de la ville d'Epperies dans la haute Hongrie ; il pefe de- mi once & deux gros, & eft long environ d'une aune. Il eft éton- nant que les métaux fe dépouillent de leur nature métallique , & for- tent quelquefois de terre fous la même forme que les autres végé- taux. Fortunius Licetus (a ) rap- Ca) Defpouran, vivenr, oflu, lib, 4, cap. 723 LiTTÉRAIRES 29 porte fur la foi d’Ariftote , * que l'or végéte quelquefois lorfqu'on lenfouit dans la terre , & après Fulgofius, qu'aux environs de Fir- mium dans la Pannonie, on a quel- quefois trouvé des jets d’or dont on a fabriqué des efpéces. Voici quelques autres exemplés Surtou qui ferviront à confirmer ceux que dans les vi: je viens de rapporter. Pierre le Mar- £"°" &yr ( b) rapporte que dans l’Ifle Hif- paniola dans l'Amérique , où les mines d’or font extréèmement abon- dantes, on trouve fur quelques mon- tagnes des arbres parfemés de veines d'or, &que par-tout où ce métal trouve pañage, il envoye depuis le bas de la montagne jufqu’au fom- met des branches qui continuent à croître jufqu’à ce qu'elles rencon- trent l'air, & qu’alors elles forment différens jets d’or. Pierre Mathieu (c) raconte aufli qu'on découvrit * L#. de admirandis. _ (4) In Reb. Occanicis Decad, 3. 1. 8. pa n 296. (c) Hift. de Françe, Tom. 2. L 5, nage “, p. în 209 B ii $0 MÉMOIRES. en France en 1602 dans un vigno- ble fitués auprès de S. Martin de la Plaine dans le territoire de Lyon, quelques mines d’or fort riches , dont on tira un Palmier d’or fi par- faitement imité , qu'on le jugea digne d’être préfenté à Henri 1V, & que ce prince fut extrèmement furpris de ce prodige. Alexander ab Alexandro (d), Gaudentius Me- rula (e) Anton. Mizald (F) & Jean Bapiifle Porta (g) aflurent qu'on trouve aux environs du Main & du Neckre des vignes dont les jets & les feuilles font entremèêlées d'or. La même chofe eft arrivée il y a quelques années aux environs de Drefde fur l'Elbe oùun vigneron ar- racha de terre un fion d’or de quel- ques aunes qu’on trouva être de fin or. Mathieu Held vit en 1631 dans le Château de Batak près de Tokay dans la Hongrie qui eft un pays 1 Jar (d) Lib. 4. Gen. dier. cAps-9 23 e) Cofmograph. lib. 10, cap. 27e « { f) Cenr. 2. memoral. $. 1. nr (g') Er lib 2, cap. 6% LurTÉRAAIRES 3F fortabondanten minéraux, des pe- pins de Raifins parfemés de parti- ticules d’or fort dur, & c’eft de lui que je tiens cette. particularité. Jean Zoachim Becher (h) a vû dans la Hongrie une vigne plantée au- deflus d’une veine d’or, dont le tronc étoit non-feulement parfemé de filets pnème métal, mais dont Jes pepin Contenoient encore quel- ques grains d'or pur. Le Sieur War- | tin-Henri de Franckenfein m'aracon- té qu'il avoit non - feulement en main quelques pépins de Raifin des environs de Tokay qui contenoient des grains d'or, mais qu'un Gen- tilhomme Hongrois appellé Wal- potaxy avoit un vigneron qui ayant vû fortir de terre une efpéce de ma- tiere jaune , & ayant voulu l’arra- cher, s’apperçut qu'elle étoit pro- fondement enracinée ; mais qu’à la fin après bien de la peine il en'tira un lingot d'or qu'un Orfévre à qui "al le montra lui dit ê être de trés-bon %) Mrtallurg. Pate Ze Ce Le p.22 B iv à PT 12 de à wotieare alloy. Il eut la même avanture quel- que temps après, fi bien qu'à la fin €e Gentilhomme fut obligé de lui intenter procès ; mais l'affaire étant venue à la connoiffance du Prince, 3l eut à plaider lui-même fur la pofleflion de ce vignoble. Francren- ffein aflure qu il n'eft point d’habi- affaire, & qu'iln y 4 foit ong-tems qu un payfan des environs d’ Eppe- ries avoit arraché de terre en labourant quelques aunes de fi d'or. Et dans La vigne n’eft pas la feule qui les autres donne de l'or, & Joan. Chryfoftom. Végétaux, M | ire agnenus(i) aflure qu'on enrencon: tre dans les arbres qui croiflent aux environs des mines de Monomota- pa. On trouva il n'y a pas long- temps en Siléfie fur les confins de la Moravie près d’Opparia un filet d oraflez pefant, dont la racine te- noit en terre; & on en a depuis, trouvé plufieurs autres dans le mê: (4) Democrir, Rediv, p. 295 LATTÉRAIRES 33 me endroit ; & j'en ai vû moi-même un entre les mains du Baron de Rei- Jewitz. ja er | Quelques Auteurs aflurent que l'argent végete aufli bien que l'or, & Ofwald Grembs (k) prétend que ce métal paroît fouvent en forme de filets dans les mines. On voit à Naples dans le cabinet de Ferdinand Imperati un arbriffleau d'argent na- turel tel qu’il eft forti de la mine. Les Auteurs ne s'accordent point fur la maniere dont fe fait cette vé- gétation. Quelques-uns prétendent que ces jets métalliques croiflent de la même façon que les cornes des bêtes fauves; que fi l'or s'attache aux arbres tels que la vigne , cela vient de fa dureté , & de fa fou- plefle , aufli bien que de fa molleffe naturelle & de la pétiteffle du lieu à travers duquel il pañle, & qui lo- blige à s’entortiller en fortant de la terre ; en un mot que les vignes & les autres arbres attirent par leurs (x) Arbor, homin, à ES À Fsf: s+ $, 38, B v L'argent Végétable, Maniere. dont fe fair cette Végé. tatione 84 : MÉMOIRES racines l'humeur métallique qui contient des partieules d’or; car les métaux s’engendrent d’une matie- re fluide & à laquelle ils font rede- vable de leur flexibilité. Kircher (1) prétend que les plantes prennent la nature des métaux qui fe trouvent dans les lieux où elles croiflent, & qu'elles attirent la nourriture qui _s’exhale de la vapeur métallique. Jean Faber Lincæus ( m) prétend qu'il y a des Zoophites, c’eft-à-dire, une efpéce intermédiaire entre les animaux & les plantes , & que le fameux Prince Cœfius a découvert de même une femblable efpéce en- tre les plantes & les minéraux dont 1l doit parler dans fon Traité de Merallophytis. “RS (1) De Magnet. k ‘2 ps CR si €) In Nor. ad Hiff. Mexican. f, 573s nr 4, * L J LiTrEéRAr Le si. OR CHIMIQUE Ou D frutarion, des Métaux Pn . parfaits en Or. Par Phil. Jac. Sachs à Leyenheimb. a Esr une queftion agitée de- Argumens puis long-temps fi lon peut Pt produire par Art de l'or tout-à-fait nrion femblable ou même fupérieur à tirésdes im celui qu’on trouve dans les entrail- ra les de la terre , ainf que: les oo oi mifles & les Adeptes le prétendent. len. Plufeurs perfonnes tiennent pour Ja négative , & cela pour différen- tes raïfons , dont la plüpart font fondées fur les impoftures de ceux qui fe vantent de pofléder ce fecret ; car lès uns après avoïr fait fondre de l’or & de l'argent y trempent des bâtons pour qu'ils s’impregnent dé ces métaux ; d’autres y mettent du charbon ptet ss ; d’autres com pofent une.encre d'or & d argent B 7. 86 MÉMOIRES avec laquelle ils marquent fur le papier la matiere qu'on doit ré- duire ; d’autres au lieu de fable fau- poudrent l'écriture qu'ils ont faite avec de la chaux d’or ou d'argent ; 3 d’autres fe fervent de fourneaux à deux fonds, & après avoir mis ces métaux dans celui d’en bas, ils le rompent dans le procédé pour fur- prendre par-là le fpectateur : les uns fe fervent de bâtons creux qu'ils rempliflent d’or ou d'argent ; les autres mêlent de l’or avec le char-. bon dont ils fe fervent , & en cou- vrent leurs creufets ; d’autres plus adroits profitent de l’inadvertence des fpettateurs pour y jetter de l’or & de l'argent; quelques-uns fe fer- vent d'un amalgame d'or au lieu de Mercure ordinaire ; fanscomp- ter une infinité d'autres méthodes que des impofteurs ont imaginées, & qu'on peut voir dans Crugne- rus (a ) Kircher( b) & Michel Maje= (a) Informator. Chymicus. pag. 532 €) Mund. Jubrer, lib, 2. ect, 2. f. 28»): NELHRTÉRATEZXS. 27 TUS (c ), qui dans fon examen des fi- louteries des Chymiftes, rapporte plus de vingt-neuf autres impoñtu- res femblables. A OR Ceux qui nient la poffibilité de Et des Ja tranfmutation dont nous parlons contrarié- fe fondent fur les contrariétés de qu'on rencontre dans les Chymiftes fur ce fujee au fujet de la matiere néceffaire me 2e | : imi- pour l’effeuer , les uns la cher-,, chant dans le Soufre ; les autres dans le Vitriol ; les autres dans le Mer- cure fixé dans une mañle d’Alun ; les autres dans un Mercure extraor- dinaire, tel que celui que le Soleil répand dans le mois de Mars, .& qu’on doit cueillir dans fa maturité au mois d'O&tobre, (d ) & d’autres enfin dans des matieres plus com- munes. De-là vient que Kircher (e) prenant un milieu entre les deux extrémités , na voulu ni nier la pofibilité de cette tranfmutation, k: “(c) Examen fucorunt pfeudo Chymicors de de Chymicus Philo[. p. 90. (e) Mund, fubrer, lib. 2. [, 2, 6,1. fe 250à 58 MÉMOIRES) ni aflurer qu’elle fe fafle dela ma- niere que les Chymiftes le préten- dent, de façon que l'or qui en ré- fulte foit plus noble & plus pur que l'or naturel; quoiqu'il rejette abfo- lument l’opération qui confifte dans la calcination , la féparation, l'u- nion,la putréfaction,la coagulation, la nutrition , la fublimation, la fer- mentation, la circulation,& enfin, la projettion des quatre Élémens. Ce fentiment de Kircher a été combattu avec beaucoup de chaleur par So- lomon de Blawenftein (f) & Valeria- nus Bonvicinus(g); mais Zwolffer (k) a montré beaucoup plus dé modé- ration. D’autres au contraire fou- tiennent la poflibilité de cette tranf- mutation, & ont même voulu en- feigner le moyen de leffectuer. Jean Dan. Mylius (i)a donné un Catalogue des Arabes , des Grecs ; des E/pagnols, des Italiens, des Fran- (f) 1e inrerpellatione brevi ad Philofor phos contra alchymiflicum. 1667. Dita. (g) In lance peripaterica. (Ch) Mantif. .°€2) Traëler, ii. Bail, chym. pref. L 13 LITTÉRAIRES 39 gois, des Anglois, & des Allemands , qui l'ont crue poffible ; & P, Borel- ” (&) celui de leurs écrits. Le Faits qui Je ne prétends point me porter fivorifent pour arbitre dans cette difpute , ni cette tranf. allépuer les témoignages des Sié- Mutation, cles paflés ; non plus que les exem- ples de Raymond-Lulle ; d’ Arnaud de Villeneuve , de Paracelfe , de Sendi- yogius , d Milo, Bragadinus Véni- tien, de Trevifanus , de Tursheiferus &' de plufeurs autres , qu’on dit avoir pofledé la Pierre Philofo- phale ; d'autant plus qu'on a fait dans notre Siécle des expériences qui l’emportent fur les raifons con- traires, & qui feront d'autant plus agréables au Lecteur , qu'elles font prifes dans des Auteurs dignes de foi. - Dan. Sennertus ( 1) prétend qu'on peut convertir les métaux impar- faits en or,ce qu'on ne fauroit révo- quer en doute après les expérien- ces qu’on en a faites de nos jours el Bibliothec. chymic. Parif. 1654. Edir,vae (7) Na. fcientie, 1, 5: cap. 1, 4o MÉémotearzs car perfonne n’ignore ce qu ? Ale: xandre Seaton Écoflois a fait à Co- logne, à Bâle, & ailleurs; furquoi l’on peut voir l’hiftoire de la tranf- mutation des Métaux d'Esvaldus de Hogelande & les écrits d' Andr. Li- bayius dans lefquels cet Auteur fou- tient la pofhbilité de la tranfmuta- tion. Vouloir démentir les témoigna- ges d’un fi grand nombre d’excel- lens Perfonnages, dit Cornelius Mar- zinus ( m) d'Anvers , qui aflurent fo- lemnellement dans leurs écrits,avoir vû de leurs propres yeux,& non feu- lement touché de leurs mains, mais encore effectué eux-mêmes la tranf- mutation d’un métal en un autre, ce feroit plutôt agir en imprudent qu'en Philofophe. Cet Auteur fou- tenant un jour dans une difpute publique l’impoffbilité de la Pierre Philofophale , un homme de la compagnie demanda qu’on lui ap=, porta du plomb & du feu; & jet« m) Analyf. Logic, cap. 8, LITTÉRAIRES AI tant en préfence de Murtinus & de plufieurs autres perfonnes une cer- taine teinture dans le métal qu'il venoit de fondre, il le convertit fur le champ en or, ce qui obligea Martinus à retracter fa premiere opinion (7). . Jean - Baptifte an - Helmont (o) prétend que la même chofe lui eft arrivé. » Je ne puis m'empêcher, » dit-il, de croire l’exiftence de la » Pierre Philofophale , après avoir » fait moi-même la projetion d’un » grain fur plufeurs milliers de » grains de Mercure chaud, au grand » étonnement de ceux qui étoient » préfens , lefquels reconnurent par » eux-même la vérité de ce que les » Auteurs promettent. La perfonne » qui me donna cet or, ( il m'en » donna environ un demi grain » avec lequel j'en transformai neuf » onces, = de Vif-argent ) en avoit » pour le moins autant qu'il lui en fn] Zuvolf. Manri. fpagyr. f.328, col, 23 Lo] Traëlat, arbor, vit. p. 793 uv 42 MÉMOIRES >» falloit pour en convertir 200, » 000! en or.» Il confirme la mé- me chofe dans fon Traité de vita aterné * vers la fin, & plus ample- ment encote dans celui qui a pour ! titre Demonjtratur thefis ( p ). Un Chymifte envoya en 1648 un grain de poudre à l'Empereur Ferdinand III. qui étoit pour lors à | Prague , avec lequel on convertit trois livres de Mercure en or (q). D'autres racontent l'hiftoire avec ! plus d'exaétitude. Le gentilhomme qui convertit du Mercure-en or avec un grain de poudre en pré- fence de l'Empereur s'appelloit Kichthaufen , & ce Prince lecréa Ba- ron de l’Empire avec le titre de : De Caos. L'Empereur fit même , . frapper avec cet or une médaille : avec des Enfcriptions particulieres de chaque côté. On voyoit fur l'un | un jeune homme nud avec un So- | . en pee de tête és s’appuyoit "ÉTAT Ep 3 $. 58. feq. P. m. 671. Edir. Amfiel; ve Haridorfer #n fpeculo hftor, hifl, 80. LIBDTÉRANRES 49 de la main droite fur une Lyre, & qui tenoit de l’autre un caducée avec cette dévife Divina metamor- phofi sexhibita Prage xy Jan. 1648, in praf. S. Cef. Maj. Ferdin. III ; _& fur le revers raris hæc ut homini- bus nota eff ars, ita rard in lucem pro- dir. Laudetur Deus in æternum, qui partem infinitæ [uæ [cientiæ abjectiff- mis fuis creaturis communicat. « «Cette Médaille ayant été trouvée dans l'Etudiole de l'Empereur, Leo- pold, fon fucceffeur la donna à Zwol- fer pour la faire battre en cuivre, comme celui-ci nous l’affure dans fa Mantiffa pharm. Spagyr. (r) où J'on en voit la figure , auffi bien que dansl’Oedipus Chymicus de Becher ([) AMonçonnys > (+) nous apprend la maniere dont De Caos avoit eu cette poudre ; & l’on doit ajoûter d'autant plus foi à fon récit, qu'il tenoit cette particularité de l'Évé- que de Mayence qui la lui raconte {r]1F. 329. {) P. 185, dit Tom, 2 | pag. 378 44 MÉéÉmMorres en 1664 à la Diete de Ratifbone. > Un Gentilhhomme de Prague, »qu'on croit être le Comte de » Schlick, avoit, dit-il, chez lui un » nomméla Bufardiere , lequel étant » tombé malade & fur le point de » mourir , écrivit à De Caos fon » ami de venir le joindre à Prague > le plutôt qu'il pourroit, 'affurant » qu'il avoit quelque chofe d'im-. >» portant à lui communiquer. De » Caos arriva quelques heures après » [a mort du malade & s'étant in- » formé s’il n’avoit rien laïfié , l’in- » tendant lui montra une certaine: > poudre dont il l’avoit chargé , » mais dont il ne put lui dire lufa- ge. De Caos fut affez adroit » pour s'en emparer, & ils en fer- » vit pour faire plufieurs projec- >» tione, & entr’autres celle dont on : »a parlé, & au fujet de laquelle > J'Empereur fit frapper une Mé- * daille fur la tête de laquelle étoit : » l'emblème de Mercure , & fur le * » revers l'an & le jour auquel elle # avoit été frappée. » Il n'eft pas LoOAMÉSATRESs 4 étonnant que Monconnys s'éloigne de Zwolffer dans la defcription qu'il donne de cette Médaille , carilne l’avoit point vûe , au lieu que celui- ei l'avoit eue entre les mains, auffi mérite-t-il plus « de ne De 5 l'autre: Le même Monconnys (u ) étant à Ratifbonne apprit du Comte de Par Chambellan du défunt Empereur, qu'un inconnu avoit préfenté à ce | Prince un peu de poudre au fond d'une boëte , laquelle ayant été mife dansune maffe fondue de Mer- cure & d'argent en parties égales, donna fans que la boëte fe brüla une teinture fi forte, que lorfqu'on vint à rompre cette mafle extraor- dinaire, on la trouva intérieuremenr | parfemée d'un grand nombre de | veines de couleur de fang , par où J'on jugea que la poudre étoit en- fcore trop forte. On refondit donc cette mafle après y avoir ajoûté la Hmême quantité de matiere , & le Lu] Ibid, p. 3714 46 Mémoirxrs 4 tout fe convertir en un or beau- | coup plus jaune que celui du titre ! de 24 carats. Cette perfonne tenoit | cette poudre d’une autre, & igno- | | roit abfolument le fecret de la pré- parer. LOS Ce Comte lui dit encore œ on! | vieillard préfenta dans un autre} | temps à l'Empereur quelques grains, d’une poudre dont il le pria de faire. | leflai, en l’aflurant qu’il la croyoit, de quelque utilité. Ce prince lui! | ordonna de revenir au bout dettois. } jours , & comme il eut fait effayer fa poudre, on trouva qu’elle avoit. converti huit once$ de Mercure en! } or. L'Empereur donna ordre d’ar+ “rêter cet homme , mais il s ’étoit. déja évadé & on ne l’a jamais de | | vu depuis (x). | Strobelberger Apoticaire à à Ratii fhone, raconta à Monconnys qu’un, Marchand de Eubeck qui poffedoit. le fécret de fixer & de convertir dl j plomb en or, avoit donné à Gu+f [x] Moncon. Voyag. Tom. 2.Pp° 3714 j LIDTÉRAIRES 47 flaie Adolphe Roi de Suede , une .mäñfle d’or du poids de cent livres, dont ce Prince fit frapper des du- cats qui portoient d'un côté fon efhigie , & fur le revers fes armoi- riès avec les caratteres chymiques du Soufre & du Mercure de chaque côté. Ce même Apoticaire fit pré- fent à Monconnys d’une de ces pié- ces ; & l’aflura que ce Marchand avoit laifléen mourant 17,000,000 d’écus (y) quoiqu'il eut abandon- mé le commerce depuis long-tems & qu'iln'y eut pas été fort heureux. Je tiens moi-même un de ces du- cats de Louis de Schonleben qui porte les caraéteres du Soufre & du Mer- cure, dont j'ai donné la figure, de même que de celui de l’Évêque de Mayence , non - feulement pour prouver la vérité de ce que j'ai avan cé,mais Encore pour que ceux entre les mains de qui ces efpéces pour- 4 roienttomber puiflent les diftinguer à fans peine. | à | [y ] Hd ibid. p. 381 43 MÉMOIRES. Georse-Frederic de Greiffenclau Ar- chevêque de Mayence fit frapper des Ducats de Mercure converti en or , lefquels font marqués du ca- ractere de ce Minéral , ainfi qu'on peut le voir dans la figure, laquelle | eft prife fur celui que j'ai dans mon | cabinet. | De Caos réitera la projeétion | qu'il avoit faite devant l'Empereur : en préfence de l’Archevêque de . Mayence & de fon Grand-Vicaire 5 5 & cela, comme l'Éleîteur le dit à . Monconnys ; avec toutes les précau- | tions que les Phylofophes ont coû- tume d'employer dans ces fortes ! d'opérations. Il prit une petite Pi- 4 lule en forme de lentille préparée . j avec cette poudre & de la gomme … Adragant pour lui donner plus de, folidité , il l'enveloppa de cire, & l'ayant mife dans le fond du creu-… et, il mit par-deflus quatre onces de Mercure ; & lui donna un feu « de fuppreffion qu'il entretint durant « demie heure dans toute fa force 5" après quoi ayant Ôté les charbons « _LamrTénRaAURE s 9 il trouva l'or fondu , mais avec des rais extrêmement rouges , par Où il jugea qu'il étoit trop généreux , c’eft pourquoi il fe réfolut de l’af- foiblir avec quelque peu d'argent. L'Éle&teur lui-même en jetta quel- ques petits morceaux dans le creu- fet ; & après que le tout fut fondu, on le verfa dans la Lingotiere , & l’on trouva une très-belle mañle d’or mais tant foit peuâcre, ce que De Caos attribua à l’odeur du bronze qui fe trouva dans la Lingotiere, affurant qu'il deviendroit plus doux “après qu'il auroit été fondu à la Monnoye, ce qui arriva effetive- ment. Le Garde aflura qu'il n’avoit jamais vû un or d'un fi haut titre, -&'qu'il étoit au-deffus de 24 carats, -& l'Éleéteur en promit un mor- ceau à Monconnys (y). Becher con- _ firme la même chofe dans fon Oedi- pus Chymicus (7). La perfonne, dit- al, qui donna la teinture en ques Ty] Jbid.p. 378; | | £z] Liv. 7.8, 6,p. 186. 50 MÉMOIRES ftion à l'Empereur Ferdinand IIT ; réitera il y a dix ans la même opé- ration à Mayence en préfence de Tl'Électeur & de plufeurs autres per- fonnes de diflinétion fur une plus ‘grande quantité de matiere, com- “me le Garde de la Monnoye qui fa- briqua des ducats de cetor, peuten rendre témoignage. Le même Électeur affura qu'il avoit vu tirer trois marcs d'or de ‘deux livres de Mercure à l’aide d’un ‘feul grain de poudre ; & que com- me on l’'avoit trouvé d’une couleur ‘trop haute au fortir du creufet , on y avoit ajoûté trois Où quatre gros d'argent qui s'étoient aufli conver- .tis en of. (a) Jean -Frederic Helyetius rapporte “dans un Traité intitulé pe itulus Au- -reus (b) qu’une perfonne inconnuë -& aflez mal habillée qui fe difoit native de la Nord-Hollande vint le “trouver à la Haye le 27 Décembre [a] Monconn. Voyage C2] Cap. 3. p. 26, feqs Ge ro) fo: 2 LARTERAURNE Er 1666 , & lui donna gros comme un grain de navette d’une poudre, laquelle ayant été enveloppée de cire & jettée dans fix gros de plomb fondu, les convertit entierementen or. Borelius Effayeur général des Monnoyes d'Hollande à qui il le donna , l’ayant examiné , trouva qu'il convertifloit toujours en or quelque portion de l'argent qu'il employoit pour l'effai. M. Murray, dans une Jettre à Monconnys (c) du 1 $ Août 16 64 aflure que le Prince Rupert avoit oui dire à l'Eleéteur de Mayence que la projetion avoit été faite avec fuccès en fa préfence ; & que ce même Prince avoit donné en 1662 au Roi Charles un gros morceau d’or qui avoit été fait à Infpruck par laperfonne de quil'Eletteur te- noit la poudre. M. Murray a conté cette hiftoire en préfence de Mon- connys , ajoutant qu'il en avoit fait lui-même l’efai par l’ordre du Roi. £c]Monconn, Voyag. Tom. 2.p. 70e OR 52 MEMmMoIRESs o CR: RAR CCS ENCRES DESCRIPTION D'une Fontaine brûlante & Médici- nale qu'on trouve en Pologne, par Conradus premier Médecin de la - Reine; avec l'explication de ce Phénoméne. par M. Denis. Font: E tous les phénoménes qu'ont ses brûlan- | découvre dans certaines fon- tes, taines , il n'en eft point de plus {ur- prenant que la flamme que quel- ques-unes jettent, & qu'on nomme _à caufe de cela Fontaines brûlantes, Telle eft celle de Jupiter Dodonéer en Epire dont Pline(a) & Lucrece (b) font mention ; & cette autre des environs de Grenoble en Dauphiné laquelle jette des flammes durant la nuit & dans les tems de brouil- lerds, & qu’on appelle à caufe de La] if. Nat. lib, 2 0. 3ù L: b] De Ver natur. Lib, Ey LiTTERAIRES $$ tela la Fontaine qui brûle. On en trouve une toute pareille près de Wigan dans la Province de Lan- caftre dont on peut voir la Def- ip tion dans les Tranfaëtions Phi- lofophiques N°. 172. | Ces fontaines ne font pas les Detcrip- feules de l'Europe. & l’on trouve Es d'un dans le Palatinat de Cracovie dans R la petite Pologne une montagne vedansune appellée la Merveilleufe laquelle eft de Pa je couverte de Plantes aromatiques, ne, de fleurs, de vieux chênes, de pins & fapins, & qui parmi une infi- nité de fources d'eau douce & fa- : lée, & un grand nombre de mé- teaux & de minéraux qu’elle con- tient, donne gu côté du Midi une fontaine dont l’eau eft extrêmement claire & remarquable par fon bruit & fon mouvement,qui augmente & diminue avec la Lune. On affure que le limon qu’elle dépofe eft ex- cellent pour la gale, la goute in- vétérée, la paralyfie & autre ma- ladies opiniâtres. Son eau eft ex- trèmement odorante & balfami- C ii 4 MEmorn®%es que, & a le gout du lait ; & outre la vertu qu’elle a de guérir les dif: férentes maladies des chevaux, elle pofiede aufli celle de purger le Corps humain , tantôt par les felles. & tantôt par les urines; & bien qu'elle ne produife pas toujours fon effet fur le champ , elle ne laiffe pas de procurer de la vigueur & de la gaiété à ceux qui en font ufage. Cette merveilleufe propriété influe fur les Peuples qui habitent aux en- virons, dont la plûpart fontexempts de maladies , & vivent jufqu'’à cent cinquante ans. On peut la tranf- porter dans les pays lointains 6e même la garder long-tems fans qu’elle perde rien de fes vertus; & elle donne par l évaporation une eéfpece de bitume noirâtre extrê: mement falutaire dans les ulceres recens & invétérés. Elle ne fe gele jamais dans fon lit quelque violent que foit le froid, & ce qu'il y a de furprenant c’eft qu’ellé s’enflamme de même que l’efprit de vin le plus fubuil, lorfqu'on en approche un LATMELAIRES * flambleau , & la flamme fe répand fur fa furfacé en forme de bulles, cé qui lui a fait donner le nom de feu follet ignis fatuus. Ce feu ne s'éteint jamais de lui-même, à "moins qu'on ne le diffipe en le fouétant avec du genet; & il y à environ 3$ ans que les Hab'tans ayant népligé de Péteindre, il ga- gna infenfiblement fousterre, s’at- tacha aux racines des, arbres, & ré duifit en cendres tous, les bois des environs, & ce ne fut qu au bout de trois ans qu’on vint à bout de l'éteindre ; aufli a-t-oneu foin de- puis ce tems. de prépofer des Gar- des pour prevenir ces fortes d’in- cendies. Cette eau perdune gran- de partie de fa force en bruiant, ne fut-ce que pour quelques heu- res, & 1l lui faut au moins qua- torze jours pour la recouvrer. Et quoiquecette flamme confume le bois en très-peu de tems, elle n’é- chauffe pas feulement l’eau tant elle eft fubtile, & on la trouve auf froide que celle dont parle C iv s6 MEMOIRES Lucrece ; ee ne s'allume plus lorf- qu’elle eft une fois hors de fa four- ce, & l’on peut l’enfermer dans des Vaifleaux fans que le feu y prenne. On ignoroit autrefois que cette fon- taine fut fujette à s’enflammer, mais le feu s’y étant mis par ha- zard dans un tems detonnerre, des Bucherons accoururent avec des branches d'arbres & l’éteignirent . fans peine en battant avec la fur- face de l'eau; on l’a quelquefois allumée depuis par curiofité avec un flambeau, & on l’a éteinte de la maniere don vient de dire. On ex- Voici la maniere dont M. Denis plique les explique les proprietés de cette roprietés ë : 1 : le Lee fontaine. Il prétend en premier lieu Fontaine. que fon cours périodique qui ré- pond au mouvement de la Lune, vient de fa communication avec l'Océan dont le flux & le reflux dépendent des différentes phafes de cet Aftre. Que le conduit fou- terrain par lequel elle communi- que avec la mer eft rempli en par- tie d'eau, & en partie d'air; au ! 4 LiITTERAIRES $7 moyen de quoi lorfque la mer vient à augmenter vers la pleine Lune, elle poufle néceffairement l'air & les vapeurs énfermées vers la fource dé cette fontaine, & la rend par- conféquent plus abondante ; & qu'aucontraire lorfqw'elle diminue dans le déclin de la Lure , elle en- traine en fe retirant l'air & les va- peurs qui peuvent fe condenfer , & fait qu'elle donne une FAR quantité d’eau. Îl attribue les vertus médicinales Caufe da de cette même fontaine à la grande Han quantité de foufre qu’elle contient, 1: "7 _& dont cette montagne eftpleines & dont les vapeurs étant beaucoup plus légeres que les particules ac- queufes ; caufent en s’échappant le bruit & le bouillonnement dont on _ a parlé,& lui donnent l’odeur qu’elle a; tandis que les particules les plus groffieres fe précipitent au fond err forme de fimon. Il prétend que le bitume qui refte après l'évapora- äon de cette eau, eft une efpece de baume de foufre naturel pro= Cv 68 ‘MEMoOrIREs. duit par le choc réciproque de l’eaw & du foufre. I attribue auffi la propriété qu’elle a de s’enflmmer aux vapeurs que le foufre envoye, aflurant que la raifon pour laquelle Ja flamme qui fote fur fa furface s'éteint lorfqu’on la bat avec des branches d'arbres, c’eft que par ce moyen ces efprits ou exhalaïfons fulphureufes s'envelopent de nou- veau dans les particules acqueufes dont elles tachoient de s’échaper. Au refte l’eau perd une grande partie de fes vertus après que ces particules ont été confumées: par la déflagration; & fi elle ne s'en- flamme point hors de fa fource , c’eft que le petit nombre de par- ticules fulphureufes qu'elle con- tient font enveloppées d'eau, & privées du mouvement & de Fim- pulfion qu’elles recevoient aupara- vant : que l’une & l’autre fubfiftant tandis qu’elle eft dans fa fource, elle réfifte à l'adivité du froid avec autant de force que l’efpritde vin le plus inflammable, LITTERAIRES $9 Es 5 kr nt Leg pas bn CD. 2 (€ 2) Sur l'Origine des Nations , tirées de leur langage. Par G. G. L. F Hifloire ne nous apprenant Origine …” rien de politif fur l’origine de & data la plûpart des Nations, nous n'a ee yons d'autre moyen de nous en inf- deleur lam- truire que celui de leur Langage 828c. dont il refte toujours des traces dans les noms des Villes, Rivieres & des Forêts, quoiqu'elles ayent chan- gé d'Habitans. Cependant quoi- qu'un grand nombre de Villes & de Villages portent le nom de leurs Fondateurs, fourtout en Allema- gne, qui a été habitée plütard que les autres contrées; il ne laifle pas d'y en avoir d’autres qui ont été. nommées de leur fituation,des den= rées qu'elles produifent ; & de plu-. fieurs autres qualités qui. rendent. l'étymologie des anciens noms. ex. C vj ( 6o MEMOIRES trémement difficile. Les anciens noms appellatifs d'hommes, donit la plupart fubfiftent encore dans la Frife, nous conduifent pour ainfi dire dans les recoinsles plus reculés du Langage qu'on parloit autrefois; car je pofe pour axiome que tous les noms que nous regardons aujour= #’hui comme propres ont été un tems ow autre appellatifs ; autrement il feroit tout à fait impoflble d’en rendre raifon ; d’où il fuit que toute les fois qu'on n'entend point le nom d’une Riviere , d’un Bois, d’une Nation, d’uneVille, d’un Village,&c. on doit tenir pour certain qu'on s’eft éloi- gné de Fancien Éangage , à pro- portion de la difheulté qu'on trou- veà l'entendre. Comment fçauroit- on que les noms des Peuples d’AI- lemagne, ‘par exemple , des Éranco- niens, des Allemands, des Saxons, des Gois, des F’andales, qui fe ter- rinent en ric, comme Theodorie ; Frederic, expriment de la valeur & de la force, fi F’enantius Fortunanus ; ue nous l'avoit appris par l’exem- © eo 2 dde | LRMUERAIDRE S ÉD ple de celui de Chilperic ? Il arrive cependant pour l'ordinaire que les fignifications anciennes & naturel- Jes s’alterent ous’obfcurciffent ; car les langues ne dépendent d’aucune anftitution humaine, ni d'aucune Joi , mais elles naiflent d’un'certain inftin&t naturel qui porte les hom- mes à régler leurs fons fur les affec- tons & les paflions qu'ils reflentent. J'en excepte les Langues artificiel- les comme eft celle de PEvèque Wilkins, que perfonne que. lui & Boyle n'a jamais apprife, ainfi que le dernier me l’a affuré : la Chinoi- fe que Golius juge compétent dans ces fortes de matieres, prétend être de ce nombre, & celle encore, fi jamais il y en a eu detelle, que Dieu a enfeignée lui-même aux hommes. Au contraire, dans les _ langues qui fe font formées fuccef- fivement, l’on s’eft reglé pour le Choix des mots fur le rapport qu’ils avoient avec l'affe@ion qui accom- pagnoit le fentiment de la chofe, & c'eff je crois de cette forte qu’ 4- 65 MEmorrREs dam impofa des noms à tous les £tres. | Me Traces Quoiqu'il foit aifé de concevoir EE par ce qui précede ; qu'il a du fe verfelle former par la fuite une infinité de dansleslan. mots particuliers chez les différen- ir mo- tes Nations, fur-tout dans le temps ernes, & | comment Où des hommes encore barbares & elle eft ve- guidés par l'inftin& , plutôt que par pi . la raifon, s’aviferent felon que l'oc- pre, cafion s’en offrit, de vouloir expri- mer leurs paflions par des fons ar- ticulés , qui varient fuivant .la na- ture de l’efprit & la conffitution des organes dé la parole , dont l’ufage n'eft pas également aifé à toutes les Nations; il eft cependant bon de remarquer que nos langues mo- dernes confervent encore les traces d'un certain langage , qui étoit au- trefois répandu fur une très-grande partie de notre Continent ; car il y aun grand nombre de mots dont l'ufage s'étend depuis l'Océan Bri- tannique jufqu’au Japon. Je ne ci-- terai point celui de Saccus dont on. LITTERAIRES 63 te que j'avance , à caufe que je ne l'ai point fufifamment examiné 3 3 mais jen rapporterai un autre qu étoit ufité chez les Anciens Celtes ,* . chez qui Marca défigne un Cheval ; "où Paufanias nous apprend qu'ils appelloient Trimarchia un nombre de Cavaliers rangés fur trois lignes. Le mot Mare ou More étoit en ufa- ge chez les anciens Teutons, chez qui Marefchallus défignoit un Cava- lier , & c’eft dans ce fens que les AI- ads lemployentencore aujour- d’hui. Les anciens Tartares qui con- quirent la Chine employent auffi le mot Mar dans ce ce fens; & celui de Kan, pour fignifier un Potentat, un homme élevé en dignité , un Roi ; au lieu que Chagan Can dé- figne un Prince chez les Sarmates , les Huns , les Perfans , les Turcs, les Tartares & les Chinois ; & en effet, * Les anciens appelloient ainf non-feu- Jement les Gaulois, mais encore les Ger- mains, les Cimbres , les Peuples des Ifles Britanniques » les Allobroges & beaucoup d'autres. 4 CP Memoire il faut une force plus qu ’ordinaïré pour prononcer [a lettre initiale K ; -& pouffer fon haleine avec Minis: Toutes les fois donc qu’on trouve Je même mot où un mot appro- chant chez les Bretons , les Alle- mans, les Latins, les Grecs, les Sar= mates , les Finlandois, lés Tartares, & Arabes, ce qui arrive affez fou- vent, on a lieu de le regarder com- me un refte d’une langue qui étoit autrefois commurie à ces Peuples. Il faut donc ou que fa meilleure partie de l'Europe & de l'Afie ait for- mé autrefois un grand empire qué n’avoit qu'une même langue, ou, ce qui eft plus conforme aux Livres facrés , que toutes les autres Nations nayent été que des Colonies d’une autre, ou des branches d’un même tronc , quoique ces traces d’affini- _té fe foient peu à peu effacées chez ‘les Colonies les plus anciennes : car il fe forme aifément des nou- elles langues du mélange & de la corruption des autres ; & j'ai au- trefois connu une Dame Angloife LITTERAIRES. és qui confondoit tellement le Fran- cois & l’Anglois qu'on eut dit qu'elle parloit une nouvelle langue : il ne faut qu’une centaine de perfonnes comme celle-là pour forger un lan- gage tout-à-fait nouveau pour la _poftérité , ainfi que cela eft arrivé aux Geifons , dont la langue n’eft qu'une corruption de lItalienne & de la Françoife, comme celles-ci le … font de la Latine ; & cette corrup- tion augmente à la fin à untel point, qu'eficroit quilnerefteabfolument aucune trace de la Langue origi- nelle. Il n’eft donc pas étonnant qu on ne trouve aucune afhnité eu- tre les langues des contrées inté- rieures de l'Afrique & de l’Améri- que & les nôtres. On peut aflez proprement divi- Deux der les langues dérivées de cet an- cp | cien langage univerfel dont on a 4 l'ancien parlé en deux , favoir la Japetique, Langage, fi je puis me léqu de cette expref- ion, & l’Araméenne. La premiere s’eft étendue dans le Nord , fous le- quel je comprens toute l'Europe, 66 MEMOIRES | & la feconde dans le Midy. Que f l'on afligne les régions du Nord à Japhet, celles du Midy tomberont naturellement en partage à la pof- terité de Shem & de Cam. Les My- thologiftes eux-mêmes ont placé Japhet & fon fils Promethée , auquel als attribuent la formation de l'hom- me, près du Mont Caucafe ; à l’'é- ! gard des Araméens ou Arimes , ils 4 ont été connus J'Homee fous le : nom de Syriens. | £tendue LaLangue Arabeeft Hole L de la lan- due de toutes les langues Méridio= gue Arabe, nales; car elle occupe la grande Benimiale comprife entre la Mer * rouge & le Golphe Perfique ; à quoi 1 l’on peut ajoûter que les Langues voifines , comme la Syriaque , la Chaldaïque & 'Hébraïque ont beau- coup de rapport avec elle. L’Heé- breu n’eft qu'un diale@te d'une lan- gue plus étendue , & ne s’eft con- ! fervé que dans un petit nombre de * monumens , ce qui ne doit point | nous furprendre, vu qu'elle n’occu- poit qu'une très-petite partie de la …_ Létrrnaites. 67 | Syrie. Cette langue s’eft cependant _ mieuxconfervée que les autres , & il n’eft point de nation dont l'hi- foire remonte aufli haut que celle des Hébreux. On ne fauroit douter que Carthage n'ait été bâtie par les Pheniciens ; & Reinefius & Bochart | ont parfaitement éclairei la langue Punique ( nous avons une fcene ens tiere de Plaute écrite en cette lan- | gue) à l’aide de l'Hébreu & des au- tres langues qui y ont rapport. On voit encore en examinant la Langue Abyffinienne , que des Colo- nies Arabes, après avoir traverfé la Mer rouge, ont occupé la plus gran- de partie de l’Éthiopie Orientale , & en effet la Langue Amharique ne _ differe de l’Érhiopique ordinaire que | par le dialete. Onaffure que la plû- | part des habitans de la Côte des In- des ont une langue fort approchan- te de lArabe , & que celle du Ma- labar s'étend jufques dans les Ifles ; furquoi l’on peut confulter Reland dont l'ouvrage contient une infinité de chofes curieufes. La Langue 63 MEMOIRES Egyptienne, aujourd’hui appellé Cop: tique , differe beaucoup de l’Arabe & des autres qui en approchent ; & il y a toute apparence que c'étoit celle des anciens Ethiopiens , avant que les Arabes pénétraffent dans leur pays. La Perfane, l’Armenienne & la Georgienne ne paroiflent être qu’un Mélange de celles des Seythes & des Arimes , car elles en approchent beaucoup; c’eft des anciens Scythes 4 dont je parle, & je doute que leur poiterité les entendit s'ils reve- w noient aujourd’hui au monde. Nous apprenons des Anciens que les Par- thes,qui i font des vrais Perfans,étoient originaires de la Scyrhie. Je ne trou- ve point autant de mots Allemands dans la langue Perfane qu *Elichma- nus a voulu le faire croire à Sau- maife ; car à l'exception du mot God , elle n'a pas plus de rapport avec F Allemand qu'avec leGrec & le Latin. Acoluthus, homme extré- mement verfé dans les Langues Orientales, prétend que la Langue 1 Arainienite a la même origine que LaTrEerR£IRES 69 PEgyptienne ; il m’expliqua à Berlin les raifons qu il avoit de le croire ainfi: mais j'avoue qu’elles ne m'ont | point fatisfait. Les Anciens ra ppor- | tent il eft vrai que Sefoffris laïffa une | Colonie d'Egyptiens à Colchos; mais je ne faurois dire fi cela eft vrai ou non. On doit principalement s'at- | tacher aux langues qui font pour ainfi dire entierement féparées des autres ; car c’eft-là l'unique moyen de :découvrir les origines que lon cherche. | On peut appeller tout ce qui fl Ce qui & | & Procope nous apprend: que ancêtres du: Roï des Herules de- neuroient dans la Scandivanie ; &: reftdelà que Jornandes fait venirles Goths. Cluvier., un des meilleurs Auteurs quenousayions pour Fan- ienne Géographie, place les Goths ur. le. Weifèl , &.cela pour des rai- ons qui ne font pas abfolument à éprifer 3 mais fon fentiment a été ombattu avec beaucoup plus de baleur, que de folidité, par Geor- e Sternielmius, favant Suédois , qui travaillé de concert avec Benoît . 96 MEmMoIRES Skyttius fur l'harmonie des Langues: Je ne méprife point entiérement l'autorité de Jornandes, malgré les . fautes qu'il commet quelquefois , : fur-tout en fait d'Antiquité, & les contrariétés dont il eft plein. Il a fuivi Ablabius , & Caffiodore dont. nous n’avons plus les écrits. Il fait donc venir les Goths de la Scandiva- nie, mais il les confond avec les Getes, qui ont habité les premiers les Côtes du Pont Euxin. Je com prend fous le nom de Suéde , non-. feulement la Gorhland Qsatale &. Occidentale, mais encore la Jue-1 land , les Gains fur le Weiffel ; a que Jés Romains ont autrefois con- nu, & l’Ifle de Gothland : il peut donc fe faire que le nom de Go-\| _thones ou de Guttones ait été com mun un temps aux Peuples qui. habitent les Côtes de la Mer Bal- sique 3. & que celle-ci ait été appel lée à caufe de cela Sinus Codanus ; | c'eft-à-dire Gothiens. Au refte M bien qu'il foit indubitable que less anciens Germains de delà Feau|, font! LS ee nee rene st 2 A ic Tr fe, ar à Re À dt 2 RU PERT RES D) 1 D « _ font defce n'empêche pas qu'un rombre de LT ERAITRESs. 97. ndus des nôtres ; cela: braves gens venus de la Scandivanie ne puiflent avoir fondé le Royaume des Goths en deçà de la Mer ; d’où il eft arrivé que les Hiftoriens ont confondu l’origine de leurs Princes _& de leurs Chefs avec celle de la Nation même, comme fi toute la Nation étoit fortie des mêmes can- tons, ou que la Scandiyanie qui fe- - Jon moi n'a jamais été fort peuplée, eut été la Pépiniere d’où tous ces Peuples font fortis. Cette opinion fe trouve conforme à celle de Jor- nandes (a ), qui fait venir les Gorhs ‘chez nous avec leur Roi Berig fur trois Vaifleaux feulement ; & effec- tivement il y a toute apparence que . dans les migrations des Gorhs, de ” même que dans celles des Cimbres, des Francs & des Saxons, le nom- bre des premiers venus s’accrut in- fenfiblement par l’arrivée de ceux ” qui fe joignirent à eux par la fuite (a) Cap. 14. à | 63 MEMOIRES. 7° de gré ou de force. Cluvier, en cela | d'accord avec Jornandes k coll que les Goths s'avancerent peu-à- peu vers le Pont Euxin, après avoir _ quitté les environs du PF. eiffel, mais il paroïît que les Baflarne & les au- tres Germains étoient établis en cet endroit depuis très - se = temps. Origine . La migration des Afintiqüe en des Danois Guide dont parlent les Mythologi- ftes modernes de cette Nation, me 1 paroît entierement fabuleufe, fur- 4 cout lorfque je confidere l’ éloine: ment des lieux & les difficultés d uit À pareil voyage; & je croirois volons tier que cette Hifloire a été imven- À tée dans le temps que les Scandiya- ñiens commencerent à ouir parler | de l’Afie. Il paroïît cepeñdant que w les Afæe, ou Heroës qui fuivirent a Odin ou Wodan font defcendus des. 4 Saxons qui habitoient la Cimbrie, & chez qui Wodan lui - même avoit M regné , du moins fi l’on en croit. les anciennes Annales des Angles 1 qui font de beaucoup antérieurs M LiITTÉRAIRES 99 aux Hiftoires que nous avons des . Peuples du Nord ; par où l’on voit que les Ms après avoir re- . çû dés Rois des mains de ces Peu- - ples, leur en ont donné à leur tour . dans un autre temps. Les Peuples du Nord ont changé Wodan qui étoit un nom étranger pour eux , en Oüin ; car ils ont coûtume de retran- cher l VW des mots Allemands. Jor- nandes fait venir les Danes ou Deni, comme les appellent les Peuples voïfins, des Cogeni ; & bien qu’il les died dans la Scanzia, on peut y comprendre les Jurz les plus avan- cés jufqu’au Cap de Scagen ; mais ayant par la fuite abandonné la Ri- viere de Dena , ils furent appellés Deni & la Contrée qu ils habiterent 1e Denemvarcx ; car la Riviere au- jourd’hui appellée Eïdora, d'Egsi- Madora , à ce que difent les Ahdens à ou Te Porte du Fort, fert de limites @2 la Jutland. Ce même Auteur rap- porte que les Herules ayant été chaffés de leur pays par les Danois, fe joignirent aux Savons, & fe mi- : E ij Origine des Francs. 100. MÉMOIRES. fifamment connues par l'Hliftoire ; 4 _ Marcomans dans la Baviere , dans. s'ils avoient habité la Pannoniel : Mais qui ne fçait que c’eft la cous rent à faire des courfes fur les Ro= mains ; & il y a tout lieu de croire qu’on a fouvent confondu ces deux Peuples enfemble. È 1 Je ne m'étendrai pas beaticottp 4 fur les migrations des Peuples d’AL lemagne dans les Provinces de 'Em- « pire Romain, vû qu’elles font fuf- | mais je ne puis m'empêcher d'ap- M prendre au Lecteur, quelques parti- \ cularités fur ce fujet , qu'il auroit peine à trouver ailleurs. Il eft cer- tain que ce petit nombre de Suéves qui ont confervé leur ancien nom, fe font mêlés avec les Allemands . & je fuis perfuadé que les Bo vin- rent de la Bohème & du pays des le temps que les Vinidæ étoient les: plus puiffans. Quelques Auteurs Modernes font venir les Francs des la Troade & des bords du Pont Eux xin, & leur aflignent une certain@ Ville nommée Sicambria , comme L'IMNTÉ RAMRIES. tof tûme des Peuples qui commencent à fe civilifer de forger des Hiftoires _ étranges & de s’attribuer une ori- pine toute extraordinaire ! C’eft delà que font venues,chez les Fran- çois, les Anglois, les Ecoffois, & les “Scandivaniens , toutes ces Hifloires prodigieufes que les Peuples du Nord appellent Sagas, c’eft-à-dire _ des contes à dormir de bout. Quel- ques Auteurs François font venir les Francs d’une Colonie de Gau- lois qu'ils fuppofent avoir autre- | fois paflé en Allemagne ; mais com- ment fçait-on que ces Peuples font venus de cette partie d'Allemagne dont les anciens Gaulois fe rendi- rent maîtres ? Pour moi je fuis per- fuadé que les Francs , les Vandales, Les Gorks & les Saxons font origi- naires de la Mer Baltique ; ; qu'ilsen fortirent d’abord.en petit nombre, & qu'ils s'accrurent par la fuite au point de former une Nation puif- _fante. On fçait en effet qu'a l’oc- cafion de la guerre des Marcomans qui s'éleva fous le régne de Marc= E 1 x02 *MÉé mornREs Antonin , la plûpart des Barbares | animés par l’efpoir de ravager l'Ita- 4 lie & de s'enrichir defes dépouilles, 4 abandonnérent leurs Pays, ce qui ! dépeupla les Contrées Septentrio- M] nales de l'Allemagne , & donna : L occafion aux Vinidi de s'en empa- * rer; & fi celles du Midi furent plus M} tranquiles , c’eft que l'union & la M force des Peuples qui s'y étoient | établis , les mettoit à couvert de toute invalon. Les Francs s'éta- 4 blirent peu de temps après parmi ! _les Hermunduri & les Cherufci ; d'où ! s'étant avancés vers le Rhin & dans M] le Pays des Sigambri , ils donnerent M leur nom à la Contrée fituée en- re le Main & les Botanes : ils met feflerent auffi les Cé Ôtes de la Gaule, & vinrent même à bout de la con-l querir par la fuite, & leur éxemple! fut bien - tôt fuivi par les Saxons, 4 uis’emparerent des lieux qu Ale ve- notient d'abandonner. : : -3 14 Origine Prolomée eft le premier qui aîts des Saxonse placé les Saxons à l'entrée de | ; Cherfonnefe Cimbrique. Tacite E place! | LÉBTÉRAIRE & 103 _ des Anglesà peu de diftance delà, _ Je nom de Saxon n'étant point con- _ au de fon temps , ou du moins _ n'ayant pas tant détendue qu'il en eut depuis, après que ces Peuples fe furent joints aux Chauci & aux Frifiüi. Ils fe firent connoitre dans Ja fuite par leurs Pyrateries, & firent | plufeursdefcentes dans les Gaules & l'Angleterre à deffein de Les pil- | der ;.& delà vient que les Côtes de . ces deux Pays font appellées dans Ja Motitia Imperii, Saxoniques, Sa- | xonicum. Quelque temps avant que | de s'établir en Angleterre , ils chaf- ferent les Francs de la Hollande & | de la Wefiphalie ; & par la fuite les | Royaumes des Werini & des Thu- | ringi, qu'on nommoit autrefois Che- rufci & Hermunduri , furent conquis, partie par les Francs, & partie par les Saxons. Ceux - ci s'emparerent auffi du Pays des Werini, à l'excep- uon de la Frife, & de cette partie de la Thuringe, ( elle a été long- temps appellée dans le Diplome Nor- thuringia ) fituée entre l'Elbe & les | E 1v TO4 MEMOIRE S NO Montagnes de Hartz. Une partie È deces $axonss” étant joints aux Lom- | bards pénétra dans l'Italie ; enfin fous les Empereurs d Alaée une À grande partie du Pays des Wenidi @ entre l’Elbe & le Warta , & même 4 au-delà, fût foumife aux Shot l compofa la principale partie de la Haute Saxe, les Colonies Germa- ! niques & les naturels du Pays ayant pris nOS mœurs & notre langue. rats ; ÉBATÉ RARE S. 140$ | ROSE ONNEMERNEEE NOUVELLE MANIERE De deffaler l'Eau de la Mer , tirée de la Colleétion de Breflaw , Juillet An. 1715. Clafe V. Art. 2.p.94. L eft certain généralement par- Diféren: lant, qu'on doit moins agir dans tes Métho- des de def- ce Procédé par voye de corretion des LÉ y comme on le pratiqua en 1713 dela Mer. avec l’eau fomache de Tonningen, avec un mélange de Canelle, de Su- cre , &c, que par voye de fépara- tion. On peut voir dans les Tran- faétions Philofophiques (a ) & dans | les Actes de Leipfick (b) la maniere _ dont Hauton, fe & d’autres s’y | font pris pour Geffaler l’eau de la Mer ; fçavoir par la difillation & _ la filtration : mais Ç'a toùjours été fans fuccès, ces Méthodes étant trop de: (a YN°. 67..p. 2048 , 2050 & N°,155 P. 493. | | (5) Supplém. T. IV, Set. 8. p. 364, Fa JE 106 MÉMOIRES longues & trop difpendieufes, ainfi qu’on peut le voir dans une Lettre de M. Boyle fur ce fujet. V Pr à On peut mettre au nombre des Per, nouvelles Méthodes dont on s’eft fervi pour cet effet, celle de Mon- fieur Reyer Profeffeur en Droit à Kiel, qui confifte à faire congeler l’eau que l’on veut deffaler. II fit le 6 de Février 1697 un trou dans la glace qui avoit un pied d’épaifieur dans le Port de Kiel, & il l'a trouva tout- à-fait douce, & l’eau qui étoit im- médiatement au-deflous fans au- cun £goûtfomache, au lieuque celle qu'il fit tirer par le moyen d’uncha- : lumeau à un pied & demi au-deflous * de la glace Pétoit tant foit peu , mais cependant beaucoup moins qu’à cinq pied de profondeur, car « quatre livres de celle-ci donnerent par l'évaporation une once &trois fcrupules &% demie de fel extrème- 4 ment àcre. 1 Méthode Quoique la Méthode ane 4 de Mr. 1 “x Le ou ne foit d'aucune utilité dans les cli: M / LiITTÉBAIRES 107 _mmatschauds, on peut cependant en _ imaginer une capable de produire un froid aflez fort pour rendre l’eau dela Mer potable (c). L’on trou- ve dans les Tranfaëtions Philofo- phiques (d )la maniere de produire cette glace artificielle , & cette mé- thode , fi tant eft qu’elle foit poffi- ble, eftla plus aifée & la plus ex- péditive. M. Walxort la tentée, au moyen d’une certaine pompe qui étant plongée dans la Mer donne fur le champ l'eau doute ; & cette invention eft vraifemblablement | fondée fur l'expérience rapportée par M. Oldenburg dans les Trenfa- étions Philofophiques. Elle confifte à _ plonger un Vaifeau de cire creux | & bien fermé dans Ja Mer , l'eau s'adoucit en pañlant à travers & de- vient très-bonne à boire. Un Au- (a) Voyez les Remarques d’'Hambourp: Janus An. 1699. --- Pafchi IN VERT. NOUS “LAGR C. 2. P. 661, 662 (4 Ÿ N°. z5. page 255. A. Erud Suppl. FE. IV,$. 8, p. 363. 22 Evi ? 108 Mémo TRES " 1 teur Anonyme en a imaginé une autre par le moyen de laquelle der: 1 fel fe précipite en forme de Li- mon ; de maniere que l’eau refte 4 parfaitement deffalée ; mais il ! ajoûte qu'elle eft trop difpendieu- ! fe pour pouvoir être mife en u- fage. LE L ERDÉ MAIRE s. :109 ORNE QUELQUES INDICATIONS | DU DELUGE UNIVERSEL EN SUEDE. Par M. Emanuel S uedenborg. ] ‘L paroît clairement parles Pier- Preuves res figurées , & les différens corps du PIS _pétrifiés qu'on rencontre tous les Paie f _ jours que le Pays que nous habi- gurées,&cs | tons a été autrefois fubmergé par la Mer. On trouve près d'Uddevalla ime haute Montagne dont une bonne partie n'eft compofée que de co- quillages de différente efpéce. On obferve la même chofe dans une | autre qui eft auprès de Strom/ftad | laquelle eft beaucoup plus haute & | élevée de 70 verges au-deflus de a furface de la Mer, auffi bien que | dans les Ifles de Cornia & de Crouf- | thia , d’où l’on tire de la Chaux rio Mémorres, | vive excellente qe l'ufage du 1 Pays. 4 Des difé. On trouve js même en Sudde 1 rentes cou- différentes efpéces de couches tant M ches qu'on ; 5 | à ; trouve en 2U-deflus qu'au dedans desMines, 4 Suéde. & entr'autres dans une Mine, de Scanie à peu de diftance de Landf- # eron, aufli bien que dans les ruines: M de certaines Montagnes & lepen- chant de quelques autres, comme Kinnexuelle, Billinsen &c. si Del’ap- Lesmarques du Déluge font beau- oh coup plus apparentes dans les pays des Pays du Nord que dans éeux du Midi, Septentrio- On y trouve des cantons entiers me remplis & comme pavés de pierres d'un poids & d'une grofleur ex- traordinaire 3 & qui font d'autant plus grofles & plus nombreufes que le Pays eft plus éloigné dela Mer: 4 Que des pierres d’une péfanteurex- traordinaire puiflentêtre entrainées « & portées à une grande diflance, c’eft ce qui paroïît par les réflexions W Onexpli- hydroftatiques fuivantes.. 1°. La # si tr péfanteur d’une pierre comparée Fhydrofta- avec celle de l'eau, en fuppofant L'IRRE RARES IE les mañles égales , eft comme 2 tique a _&:à v, elle eft beaucoup moindre Free étant comparée avec l'eau falée. jiues es | 2°. Elle perd environ la moitié de plusgroffes fon poids dans l’eau , & n'en re- Dos dog ent qu'r & =. 3°. Delà vient que portées la péfanteur d’une pierre eft moins d'un Heu fenfible dans la Mer que dans l'air ; si sonne car la péfanteur de l'eau eft pref- qu'égale au refte de fon poids, c'eft- à-dire, que la péfanteur de la pierre dans l’eau elt à celle-ci comme 1 & = à 1, & dans l'air comme 2000 à 1 & même plus. 4°. Si donc les vagues agitent la Mer dans fon fond avec autant de force que les tem- pêtes agitent l’Atmofphére dans Fendroit où il touche la terre ; & qu'une colonne d'eau falée ait quel- ques cent verges de hauteur , le mouvement & la force des vagues au fond de la Mer ; augmente- ront en raïfon de la hauteur & des - bafes: D'où :il fuit qu'une vague continuée vers le fond de la Mer, aura plus de force à caufe de fa hau- teur , qu'elle n’en a vers fa furface, 112 MÉMOIRES s°- Et par conféquent la Mer peut avoir entrainé dans les premiers M Siécles des pierres d’une groffeur # énorme qui s'étoient détachées d’elles-mêmes des montagnes, en« avoir jonché la terre , & l'avoir « même bouleverfée jufque dans le fond de fes entrailles. 6°. De même « que l’Atmofphere emporte ordinai- M rement des écorces , des feuilles, ! des plumes & plufeurs autres corps | un millier de fois pluslégers , pour- M} vû que l'air foit agité par quelque « tempête, & cela d'autant plus haut « que ces corps font plus légers : & cette force vient en partie de la ! hauteur de l'Atmofphére , lequel « étant agité communique par la pé- # fanteur de fa colonne la même * force à la tempête , qu'une autre | puifflance en communique à de plus « grand corps mis en mouvement. 4 7°. C’eft ce qui paroït par les Di-« gues qui: font faites d’un double * rang de poutres & de monceaux de . pierres : car toutes les fois que l’eau! croit de trois ou quatre verges , ce « EL PORN K' ATRIE & #1s aui eft aflez fréquent en Hyver , on voit quelle a affez de force pour _bouleverfer ces Digues , & les en- traîner avec les pierres à trois ou quatre cent pieds, ce qui vient éga- lement de fa péfanteur. 80. Delà vient que dans les cantons de la Suéde, les plus éloignés de la Mer, | à Orebro, par exemple, qui eft fitué entre deux Mers , on trouve un plus grand nombre de fragmens que partout ailleurs ; ce qui vient de ce que les vagues ont püù arriver jufques-là & non pas plus haut à | caufe des montagnes qu'elles ont | rencontrées. ». Il fuit de ce qui précéde que l'iné- Caufe de | galité de la furface de la terre vient Ag ed de l'Océan, & toutes celles de fes face de la parties qui font compofées de li- Terres mon, de coquillages, de fable, de pierres & qui font inégales , à la fluétuation interne de la Mér : Delà 1°. Ce nombre infini de montagnes toutes différentes entr’elles ; 20.Ces différentes couches qui les compo: Xent ; 3°. Ces chaînes de monta- 114 !: MémermEeist ti Ah gnes compofées de fable , & del pierres de différente grofleur qui s'étendent jufqu'à 8 ou 10 mille; M} 4°.La figure fphérique de ces petites: pierres dont un grand nombre deMh montagnes font compofées , & qui M | paroiffent avoir été faites au tour, ce qui vient du frottement mutuel M qu'elles ont fouffert tandis que le #} Mer les entraînoit. $°. Ce qui con! frme encore plus cette opinion, 4 c’eft que les chaînes de montagnes dont on vient de parler, s'étendent 4 pour la plüpart du Nord-au Sud, : ce qui paroit avoir été sdifèunél par les vents d'Orient & d’ Occident qui regnent continuellement fur! TOcéan, & qui y régnoient felon ! toute apparence au temps du dé-. luge lorfque fesrivages étoient fub- | mergés. 4 Toutes ces chofes péutentié être. | arrivées dans un Déluge ; mais de * favoir fi c’eft dans celui de Noë, | c'eft ce qu'on peut révoquer en“ doute ; & je me fonde fur ce que dans pluficurs endroits les Côtes : L LATÉR AIRE S. HIS { & les autres différentes parties des | vaifleaux qu'on trouve aujourd'hui fontélevées de 40 à so verges au- _deflus de la furface de la Mer ; & que dans les montagnes même on trouve des Ancres, des cables & un grand nombre d’autres chofes qui prouvent qu'il y avoit autrefois des Ports dans cesendroits. Au re- fe, on fçait à n’en pouvoir douter que la Mer Baltique baifle infenfi- blement du côté du Nord; cette diminution va depuis 70 ans à 12 ou 15 pieds ; & l’on féme aujour- d'hui dans des endroits, où l’on na- vigeoit & pèchoit il ya centans. On voit dans la Bothnie Occidentale des Villes qui dans l’efpace d’un Siécle | fe fontéloignéescomme d’elles-mé- me de quelques centaines de mille de la Mer. On aflure que la même | chofe eft arrivée à Upfal ; ce qui prouve que tout ces changemens ne font point arrivés du temps du Déluge univerfel ; mais que les pays du Nord ont demeuré long-temps inondés après le Déluge, & ont été Fi Mémoires habités à mefure que l’eau fe reti- « roit. Au cas que ce que je viens de dire foit confirmé par les Expérien- 1 ces qu’on fait à Lubecx , nous ferons: en droit de (Suncdie 10, Que la L preffion horifontale de notre Con-4 tinent eft fujette à varier, cequi ne peut manquer d'arriver s’il eft vrai, M comme Ôn l’aflure que la Mer foit « plus bafle vers les Pôles que vers l'Équateur. 2°. Et conféquemment | Ë que les ar ou Latitudes va- rient. 3°. Que certains Continents ! peuvent avoir été divifés jadis en. différentes Ifles, & s'être réunis par 4 la faite à mefure que la Mer s “ft retirée. LME RATRES. FA RU A AURA UE CRU RUE ESSAI PHYSICO- fl MATHÉMATIQUE. Sur la maniere de trouver la hauteur de l Atmofphere:, par S.K. Ç I la denfité de l'air eft propor- Théorë: tonnée à la force qui le com- me: prime, & qu'on prenne les hauteurs en Progreflion arithmétique, les denfités feront en Progreflion géo- métrique, Soient les hauteurs AB, AC, Démon- AD, Æ, &c. en Prosrefion arith- rt | métique, au moyen de quoi les be diftances BC, CD), DE, &c. fe trou- vent égales ; foient menées les per- _ pendiculaires Bb, Cc, Dd, Ee, &c, que je fuppofe refpeétivement pro- | poruüonnelles aux denfités en B, C, D, E, &c;& les autres c£,d”,e®, &c fur celles-ci. Suppofons que la denfité en F continue fans changes 113 'MÉMOTRES . jufqu'en E, celle de E jufqu'à D,M celle de D jufqu'à C & ainfi de | fuite ; il s'enfuivra que la quantité,” _ & conféquemment le poids de Pairw _ compnis entre F & E, E & D, D! & C &c, fera exprimé parles ef paces FE 1, ED9S RTE où . par les droites FF, FE Dd, &c lef-” quelles font refpe&tivement pro-" portionnelles aux efpaces. Soit na 1 core le poids ou la quantité d'air qui pefe fur le point F exprimée | 1 par la quantité donnée P. 3 Comme la denfité de l'air eft pro- portionnée à la force qui le com-" prime , par l’hypothéfe, & par con- féquent au poids de l'air qui eft au-# deflus , il s'enfuit que Ff, Ee, Dd, Ce &c feront refpectivement pro= portionnelles à P, PH FF, P+FEN +Ee, P+Ff+Ee+Dd &c, &u les différences des premieres se, sd, : © &c auffi proportionnelles aux” différences des dernieres Ff, Ee, Dd.u Or comme les droites Ff, Ee, Dd &c font proportionnelles à leurs» différences se, da, rc &c, il s'enfuit LiITTÉRATRES 119 qu'elles doivent être en proportion continue. . Suppofons enfin que le nombre des lignes droites Bb, Cc, Dd, Ee, &c augmente, & qu'en même temps les diftances BC, CD, DE &c dimi- nuent à l'infini ; les droites Bb, Cc; Dd, Ee &c conferveront toûüjours , la mème proportion, au moyen de quoi les denfités feront par l'hypo- théfe proportionnelles à ces lignées droites. + Il fuit de cette Propofition que Coro> * la hauteur eft' proportionnelle au laire. Lopgarithme de la denfité; & par conféquent , que connoiflant les “denfités à deux hauteurs données, il {era facile de trouver la hauteur correfpondante à telle autre denfité qu'on voudra; par exemple, fi l’on prendune des denfités données pour l'unité , & qu'après avoir cherché tlle Logarithme de l’autre, on fafle le raifonnement fuivant : comme le Logarithme trouvé eft à la diffé- “rence des hauteurs données , de “même le Logarithme d’une troifié- Scholie. 120 -MÉmMoures. me denfité quelconque eft à la dif- À férence des hauteurs entre cette troi-" fiéme denfité & celle qu'on a prife 1 pour unité. | Suivant ces principes & l'expé- 1 rience faite le 24 Septembre1722 | avec un Baromètre {ur la Tour de la Cathédrale d'Upfal , on a trouvé” que la hauteur à laquelle la denfité : correfpond , (laquelle eft près de la terre comme 1 à 14,000) et dey 7 mille & 14567 aunes Suédoifes :« En fuppofant donc que cette den-* fité foit la moindre que l'air puile avoir, la hauteur trouvée fera à peur près celle de l’Atmofphere même. » DIS LiTT DRRPREX s. “RgE DISSERTATION Sur la Pierre Philofophale , par * Henfing. i de EsT detout temps qu'on a La Pierre écrit fur la Pierre Philofopha- Philo- le, comme il paroïît par les ouvra- “ri re "ges d'Olans Borrichius contre Ur/i- tous les tus, Kircher & Conringius, & cette temps rhanie a tellement prévalu qu on a publié depuis quelques années près de 8 à 10000 volumes fur ce fujet. Ceux qui ont la moindre connoif- fance de l'Hiftoire favent qu’il n'eft point d'homme , à prendre depuis le fceptre jufqu’è à la houlette , qui n'ait travaillé à la découvrir, & cette étude eft devenue’ fi à la mode, que le plus petit Chymifte fe mêle d'en raifonner. On trouve cepen- | dant des gens qui regardent la Pier- | ré Philofophale comme une vraie chimere , & qui non contents d'en 122. .MEMOorREs,) montrer limpoffibilité par des rai- {ons folides, vont jufqu’à traîter de fous ceux qui croyent fon exiftence. Le fameux Cardinal du Perron dit qu’il faut être fou pour chercher la Quadrature du Cercle , le Mouve- ment perpétuel & la Pierte Philo- fophale. | Il eft : cependant bon de remars | quer qu'un grand nombre de per- « fonnes qui ont honte de foutenir [a poffibilité de cette découverte, & | qui fe font une gloire de diffamer en public l’Alchymie, & ceux qui M s'en mêlent, ne laïffent pas de tra- valler cames RE 1 métaux en or : C'’eft ce dont le Chancelier Bacon nous fournit un exemple remarquable ; car ce grand | homme , qui témoigne tant de mé- pris pour la Chymie dans la plüpart de fes écrits, ne laifloit pas en fon particulier ‘A cultiver cet Art avec . tout le foin poffible. Il eft certain que Palme étoit autrefois défendue en France … fous des peines très-feveres , ces | LITTERAIRES 123 _ pendant M. le Régent a voulu que les Membres de l’Académie qui s’ap- pliquent à la Chymie, travaillaffent de tout leur pouvoir à découvrir la | Pierre Philofophale. Perfonne n'ig- | nore aufli que l'Églife Romaine dé- | fendoit cet Ârt fous des peines très- | feveres, & cependant on n'y a ja- mais plus travaillé que dans les Cloîtres. a ? | Ileftarrivé de-là queleshommes Deffein de ont donné dans les extrémités op- l'Auteur. _pofées , les uns jugeant trop favo- rablement de cet Art jufqu’à fe ren- | dre ridicules par leur fotte crédu- | hité, & les autres le méprifant fans à connoiffance de caufe, & fans s’ar- rêter aux raifons qui femblent le fa- vorifer. Comme ce procédé eft in- | digne d’un homme qui fait ufage de fa raifon, j'ai jugé à propos de | publier ce que je penfe fur ce fujet, pour que le Leëteur puifle s’en for- mer une jufte idée, & fe garantir | des malheurs où tant d’autrés font tombés par leur ignorance & leur | hs Après avoir défini . Fi Re 424 MreMOIRES ce que c'eft que là Pierre Philofo- phale , j'examinerai fi elle eft poffi- ble , & ce qu ’on doit penfer des vertus qu'on lui attribue. Je fappor- terai enfuite les faifons « qui ont em- pêché la plñpart de: ceux qui la cherchent de la découvrir. Jé par- ! courrai les différens procédés dont fe font fervis c Ceux qui S ‘adonhent à cetté recherche, pour éh montrer V'abfurdité & la folié, Enfin, j'exa« minerai s’il convient à tout le mon- de indifféremment de'cultiver cet M Art où tant d'autres ont fait nau= « frage, Définition Pour: ne point Lane cette Du matiere, comme des aveugles ens phale, fait de couleur, il eft d’abord né-" ceffaire de fe former une jufte idée de ce qu'on appelle 1 Pierre Philofo- phale, pour pouvoir enfuite juger de fa nature & de es ‘différentes! | propriétés. Je la définis, ur corps | artificiel compoé avec du Mercure ani- mé € parfaitement épuré & de l'or À l’un € l’autre tellement unis à l'aide d'un feu continu , qu'ils ne puif[ene PT EE DS PO O — En 2 ee CE LATTERAIRES 12$ jamais plus Je féparer ; lequel pénétre enun inffant les autres métaux , les fixe @ les purifie au point de les convertir en or. Pour mettre le LeGteur plus au fait de cette matiere, je vais ex= pliquer chaque membre. de cette définition à part. | Je dis en premier. lieu, que Îa Explica- Pierre Philofophale eft un corps tion. compofé par Art : Cet Art eft aujour- d'hui appellé Chrifopæia, mais par abus; car, dit Geber, » Nous ne | » faifons point l'or, & nous ne fai- | »fons que préparer les matériaux æ dont la nature a befoin pour don-. » ner à ce métal toute la pureté dont » il eft fufcepuble. » D'autres le nomment Alchymie , Mais impro- | prement auffi ; cet Artn’ayant d’au- tre objet que de réfoudre les corps | naturels pour les faire fervir enfuite à différens ufages. Au contraire, les principes ou regles fondamentales de notre Art font appellés à jufte ti- tre Philofophie Hermetique ; l'Art lui- mème Art Hermetique, & les Arti- Fu; 1726 + MÉ morrE si fans qui ont a@tuellementytrouvé la Pierre Philofophale , Philofophes “Adeptes , ou fimplement Philofophes æour les diflinguer des autres. Ces derniers ne travaillent à autrecho- -£e qu'à purifier -& unir ; &:n’ont . d'autre objet que le centre ou l'ame du Mercure & de l'or. La produ- tion qui en réfulte eft un corps w merveilleux, un féjour de lumiere, an corps fixe & inconfompiible ;: un \ {oufre extrémement fluide, enfin lafe- w mence de l'or ; le remede des Hommes M € des Métaux. Ceux quidifentavoir _vû cette Pierre , un défquels eft Fre- deric Gallus dans fon Voyage au défert de $. Michel, nous la dépei- « gnent extrêmement luifante pen- dant la nuit, & de jour tranfpa- \ rente & de couleur de fang, ou mème comme une poudre. D'au- tres aflurent qu’elle eft extrême- ment péfante, & elle doit être telle M en effet, vû les parties dont elle ft DHbOÉCS car on a vû ci-devant qu'elle eft faite d’un Mercure ani f À, LiTTERAIRES. 197 mé, parfaitement épuré ; & d’un or vivant; Ce Que Je Vais EXaMmINeEr un peu plus au long. Il eft d’abord fait mention de Mercure, fur quoi il eft bon d’ob- ferver que c’eft un ancien Prover- be, que le Mercure contient tout ce que le: Sage peut defirer. Lorfqu'on demande aux Philofophes quel eft le Mercure dont ils veulent parler, & l'endroit où l’on peut le trouver; «ls répondent d'une maniere fi ob- fcure & fi émbrouillée qu'on ne _fçait à quoi s'en temir. Ceux qui ont eu affez de patience pour con- cilier ces Philofophes enfemble , & pour fuivre la nature dans les différentes routes qu’elle tent, ont découvert les vérités fuivantes , que je réduirai pour éviter toute proli- xité aux axiômes fuivans. 1. L’unique but de ceux qui cher- chent la Pierre Philofophale , eft de faire de l'or, & de multiplier celui qu'ils ont déja. 2. Toute au- gmentation & génération d’une | efpéce fe fait par une efpéce fem- Fiv 128 : MEmOrrREs blable; un Lion engendre un Fr & non un Éléphant ; > un Homme … “un Homme & non Ur Os &c;. l'orge ne produit point du froment, ni celui-ci de la navette. 3" Toute chofe fufceptible d'äuÿmentation , 4 doit avoir fa propre femence ; & chaque femence une matrice qui lui foit propre , à moïns qu'on ne veuille qu ’elle perde fes propriétés |: & qu ‘iln’en réfulte une” produétion éntiérement contraire à fa nature. ; Sur ce principe , il n'eft point de : Laboureur affez ftupide } pour femer : du grain fur du marbre ; ou de « l'orge dans un “marais ; il com- « mence au contraire par préparer | fon champ , après quoi il y féme le « _ grain qu'il veut recueillir. Ne re- garderoit-on pas COMME fou celui | qui ayant femé de la graine de Pa< m vot, s tac oops à à recueillir du fro= . ment ? 4. Une femence ne fauroit « produire du fruit qu ‘elle ne foit « entiere & faine ; fes parties exter= nes & internes ont enfuite befoin M d'être relâchées à l’aide d'une hu M LITDTDERALRÉS. 129 _ midité,convenable & de devenir | fluides; il faut de plus une chaleur convenable pour mettre cette 10- _ lution en mouvement ; il faut auffi su Vair. en approche autant qu'il eft Rp pour empêcher que là chal eur nes'étouffe ,.&.que la fo- lion &.la circulation.des fluides ne foit interrompue. Delà vientque le. bled ne fauroitècroitre dans un terrain ec, ni l'orge fleurir pen dant, Hyver.; >: .on,.ne.doit point Ron... plus: “attendre du fruit fous terre ni dans la machine Pneuma= tique. $. L’humidité qui nourrit la femence ne lui donne aucune qua+ lité. particuliere , mais elle en re= çoit d'elle ; & cette humidité doit contenir en elle-même les princi- pes matériels dont la femence eft compofée , favoir une. fubitance: grafle & nitreufe : Delà vient que: Peau falée , -vitriolique où alumi-: neufe { fait mourir les plantes. 6. Les- femences des régnes animal & vé-- gétal, ne-donnent jamais les fruits: d'une autre ; l'Avoine, par exein=) Ta” 130 MEmMoimEs ple, ne produit jamais un Lapin; ni la femence d’un Renard un Pot- rier. Et comme ces deux régnes ont chacun leur femence , leur “! matrice , leur maniere de croître & de vivre particuliere, & qu'aucun ne peut être produit d’une efpéce différente de la fienne, de même le régne minéral eft-il tout-à-fait différent. Lors donc qu'en parlant | de ce dernier, on fait mention de | femence , de vie, de mort, de naif- fance, d’accroiflement, de matri- : ce, d'humidité, de chaleur , d’air | & d’autres chofes femblables ,. cela "| doit s'entendre relativement à l’ef- «: péce & à la nature des minéraux j dont il s’agit. 2 Cela fuppofé , les Philofophes | Hermétiques qui travaillent à mul- M üplier l'or, doivent avoir 1°. de « la femence d’or. 2°. Une liqueur M convenable ; 3°. une matrice com M mode ; & obferver les regles fui- vantes POUR découvrir toutes ces … chofes. 1°. L'or relativement à fes qualités eft la fubftance la plus fixe ,. : | LITTERAIRE. 137 la plus pure & la plus péfante qu’on _ trouve dans les trois régnes ; rela- tivement à fa fubftance , un corps formé d’un Mercure très - fixe & très-pur, de Soufre & de Sel ; d’où il fuit que ces principes à l’excep- tion du troifiéme , ne peuvent être féparés ni par art ni par nature. Comme fuivant l’ordre de la na- ture ; la femence , ainfi qu'on l’a déja dit, doit être de même fub- ftance que {on fruit; de même, fi l'on en croit les vrais Philofophes, on ne doit point chercher la fe- mence de For dans les fubftances confomptibles , volatiles , végéta- bles & animales’, non plus que dans les matieres fulphureufes & arfé- nicales &c, mais dans l'or même, 2°, Comme l’or meurt dès qiil eft fondu , c’eft-à-dire, devient inca- pable de croître , à caufe qu'il n’a qu “autant d’ hutnidité qu ‘ilconvient à fon effence, ainfi qu'on l’a déja dit du bled , 3°. Il eft néceffaire Mbtepéuvoir le convertir en une | fubftance animée ; de dévélopper E vi fon nids dédie vs de l'auz- | gmenter en lui en Lime d'autre: tout-à-fait femblable. : 49: Cette humidité effentielle n’eft autre que: le Mercure fixé par le moyen dw ! Soufre, & enveloppé dansides'cel: ! lules Fremefes) fuivant lapremiere | régle. $°. Le menftrue de l'orn'eft # autre que le Mercure. 6°; On doit « chercher ce Mercure dansle régne % minéral, à l’exclufon des: Végé= | taux & des ie jé & même ly : trouver AT hiuhie 4558) Comme on petits s'égarer dans L une pareille recherche , faute de guide , il eft bon date toûjours | devant les yeux Jes axiômes fuivans ! qe j'ai tirés des vrais Philofophess » 1°. Notre menfirue & notre eau j difentiils, eftune liqueur métallis \ | que ; or s luifante , & féche ; 17 ne mouille jamais dei mainse 2°, Notre eau a beaucoup d’ affinité | avec les métaux, delà vient qu'elle” fe mêle parfaitément avec eux , & ne s’en fépare qu'avec beaucoup de M peine. 3°. Notre eau, après qu’elle » 4 LammERALRES. 133 eft:préparée.;:s'évapore entiere- | mentau feu, comme un.efprit vo- Rmispoutbien 6 elle y demeure tout- à-faic fixe. 4% Notre eau étant mêlée en quantité convenable dr For &- Fargent. , les volatilife , refifle avec eux à la violence . feu; &.après avoir parcouru. toute la nature ; nous ne trouvons au- _cune liqueur qui poffede les qua- lités qu'on vient de dire à:un fi haut point que:le Mercure ou le vif-ar- gent ordinaire. Nous voici retom- bés dans la mème confufion qu'au- paravant , CARTOUE les Philofophes rejettent d'un commun accord le Mercure pdéture ; les uns voulant qu'on le cherche dans les corps , je veux dire, dans l'or & l'argent , &. les autres dans les élémens, ce qui eff caufe qu'une infinité de per- fonnes fe font égarées. Voici quel- ques axiômes qui nous empêche- ront de tomber dans le mêmemal- heur. 1°. Le célébre Auteur de l'Arcanum Philofophiæ Hermeticæ ; | confirme l'opinion de Geber en ces 134 “M'rimobmmiasts | . 2 termes : » Celui quiregardele Mers » cure ordinaire tel qu’il exifte dans « >» Ja nature & en fubftance, comme « > le vrai menftrue de l'or, fe trom- * » pe lui-même & jette les autres « » dans erreur : Mais celui qui re- « > jette abfolument le Mercure or-. » dinaire, agit contre la vérité. ». 29. Quiconque a aflez de capacité w pour tirer la fubftance la plus pure M du Mercure , & pour la guérir de * fa lépre & de fon hydropifie, n'eft à pas éloigné de trouver notre Mer- « cure. 3°. Celui qui peut augmen- ter autant qu’ il fautde Soufre in- térne & inné du Mercure, ne tarde " pas à trouver le moyen d'en fépa- : rer la vraye eau & le vrai menftrue, « ‘le Soufre & le Mercure de l’or des. enveloppes qui le couvrent, & de É le rendre a&tif & vivant. »] Telle eft cette liqueur eftimable « à laquelle les Philofophes ont don- « né tant de noms, à deflein de fur- prendre les perfonnes indifcrettes, w &que j'ai appellées dans ma défi- » nition , un Mercure animé & parfais # L'HRMERMIRE S. 173$ tement épuré. Le Leéteur doit me favoir d'autant plus gré de ma fran- chife ; que je lui fais part d’une dé- couverte qui ma coûté des peines & des travaux infinis, & que je n'ai acquife que par la leéture de plus de quatre cens Auteurs. Voyons maintenant, ce que les | Philofophes entendent par Or vi- yant. L'or commun , ainfi que je l'ai déja dit, eft entierement paflif & comme mort, outre qu’ileft mêlé avec beaucoup d’impuretés étran- geres , & avec différentes chofes que les Artiftes y ont ajoûtées en le travaillant, & qui en diminuent la beauté & la valeur. Delà vient que | les Philofophes rejettent l’or com- mun, & qu'ils cherchent à le pu-. rifier de tout alhage au moyen de lAntimoine, ou des folutions , des | précipitations , des cimentations, &c. qu'ils employent , après quoi ils le regardent comme la matiere immédiate dont on doit tirer.le Soufre Philofophique , avant que | de pouvoir trouver la Pierre ou la 136 Mr M OUTRE. si. vraye femence d'or. Pour cet. efer Sun is prennent un gros d” or-purifié ,-& 1 réduit en poudre, & le mêlant. avec trOIS gros. du Mercure Fbilofophi=, que dont'on vient. de-parler. v als en, a compofent une: Amalgame £xtrè- k mement mol, je veux dire; u 2 mafle qui fe laifle manier, comme du beurre. Ils mettent cette male. à dans une phiole de.verre: PFOPOr-à tionnée , appellée Oeuf Philofophi- que externe, lequel.fert dobives ment au même ufage quela.coqu (A d’un œuf véritable ; ils ferment en-. fuite la phiole de. façon que Tairny. puifle entrer; après quoi ils ‘en | ferment dansun faurese nt la chales: nécalle ins ;au isnéges) des. À quoi For & le Mercure fe volatili= F fent, & fe réduifent. ; COMME difent. : les Philofophes à tir premiere ma tiere. Les couleurs que ces fubftan- « ces prennent. durant ce temps-Iët font fi étonnantes ,& cette copula=s | tion du Mercure &. de l'oreft ac-.. compagnée de tant. de différentes | LÉITTERAIRES. 137 circonftances , que lés Philofophes eux-mêmes’ ne favent comment les décriré ÿ mais à la fin l'or prend le deffus &: s'unit avec le Mercure, de façon qu’on ne peüt plus l'en fépa- rer, C'eft-là la premiere révolution: faÿs il s'en faut de beaucoup que la Pierréfoit faite: Le Soufre Philo- fophique fe forme le premier ; mais il ne fert autre chofe qu’à animer l'or; & à lui procurer beaucoup de fañg & de femencé ; car ce Soufre étant’ mêlé avec l'or , c’'eft alors qiiliéeoitie Mercure Philofophi- que : on le fait cuire de nouveau pendant fept à neuf mois , au bout duqueltemps on obtient cette Pier- re Philofophale fi eftimée , ou la | vraye femence de l'or, laquelle fe multiplie à l'infini. Voici mainte- nant le terrain que démande cette femence. : Un terrain pour être propre aux | Végétaux, doit contenir une fufi- fante quantité d'eau & de terre | grafle , faline & poreufe, & cette | çau, ce fel & cette graifle, fe con- 1338 MrEmoirrEes vertiffent en bled là où lon féme du bled, en froment où l’on féme du froment , &c. Ces mêmes prin= cipes ont une odeur agréable dans | la Rofe, la Giroflée, PAfpic & le. Narciffe , & une odeur très - fétide dans la Jufquiame, lOpium & ? Af= Jfa-Fatida ; en un mot , l'eau & la terre prennent la nature & les qua- lités des femences qu'on jétte dans ‘fon fein. De même les Phylofo- : phes ont leurs fols particuliers pour leur femence d’or, dont la bonté eft aufli fujette à varier que celle des terrains ordinaires ; car tantôt | c’eft l’eau qui manque , tantôt la » graifle & le fel ; les uns font trop | fablonneux , les autres trop pier- » reux ,‘ ainfi du refte. Mais ils ont proprement fix fols qui ont chacun leur nature & leur mérite différent 5 favoir le Mercure, FArgent, PÉa \ tain, ie Plomb, HAntiéihél & ke. Fer, qui eft le pire de tous. Chacun de ces métaux con- tient une certaine quantité d'hu= midité minérale, c'eft-àa-dies |: LITTERAIRES. 139 | de Mercure, de graifle minérale , ou de Soufre métallique ; & ces fubftances font mêlées avec une plus ou moins grande quantité de | matiere inflammable , terreftre , ; pierreufe ou vitrée. Delà dépend » le mérite de chaque fol métallique ; & c'efl'ce qui fait que quelques- uns, comme l’Étain , le Plomb, le Cuivre & le Fer ont befoin d’être | préparés & purifiés, fi l’on veut que _ la femence d’or produife dans fon fps une moiffon abondante. Aurefte, comme dans ce qu'on | tra projeétion , un. grain de | Pierre Philofophale venant à fer- _ menter, à fe multiplier, tombe fur mille ou dix mille parties de métal fondu , de même le Mercure & le doute des Métaux nourrit & fait croître la femence , en mêmetemps que celle-ci ldbr But acquérir la na- ture de l'or : mais tout ceci arrive dans un inftant 1°. à caufe que cette femence métallique eft extrê- mement pure, active & pénétrante; 2°. à caufe qu'elle n'eft point o1- a de peu que fi peu de perfonnes ont décou- lie pour acquérir la FORRRAER un # 140 Mr motR Er 1h ganifée, mais compofée de parties homogénes ; 3°. à caufe que le. tout fe faitau feu, dont lation eft. 4 beaucoup plus prompte &plus vive. que celle de l'air & de l'eau. On peut même par ce moyen préparer \ une femence d'argent, qui conver-« tifle les corps fufdits en fà propre | nature. Enfin, on obfervera , quew la méthode dont on vient de Eatled À eft appellée par les Phylofophes : : Méthode Jéche ; ils en ont une hu mide, mais qu'ils tiennent fi fecrette, | ï) qu'on ne peut s'en inftruire par! W feurs écrits, aufli n’en dirai-je rien. \ Il me fuffit pour le préfent. d’avoir appris au Lecteur ce que c’eft que” la Pierre Philofophale , &de la-” voir mis à même de s’aflurerpar lui \ même de la poffibilité de fon exi- M flence & de la certitude de. fes effets. 1 _ Voyons maintenant d’où: vient vert la Pierre Philofophale.+Il faut Art ou d'une Science. 1°. Un mai « LITTERAPRES, fat tre expérimenté , & qui agifle de bonne foi. 2°. Une longueur de temps convenable. 3°. Une certai- ne difpofition de corps & d’efprit. 4°. Un travail prudent & affidu. | 5°. Des matériaux & des inftru- mens convenables. 6°. Un lieu | commode. Il fufft que lune ou Pautre de ces circonflances man- que, pour nous empêcher d’ex- | céller dans l’Art auquel nous nous | fommes adonnés. | Appliquons ce que je viens de | dire , au fujet dontil s’agit. Il n’eft | point d'Art qui demande plus de | connoïffance & d’habileté que l'Art Hermétique ; mais où trouver un maître affez five & aflez honnète homme pour nous aider dans nos recherches ? Nous avons il eft vrai | aflez de livres, mais de quel fecours peuvent-ils nous être { En premier lieu, ils font extrêmement obfcurs, & dests if eft rare qu’un Ar- : tifte fe fafle connoître par fes écrits. Mais la principale raifon qui em- pêche Lu On ait mes maitres pour 142 MEmoiIrEs VArt DATE , c'eft qu'on né. courir rifque de perdre fa liberté ge) 1 | fa vie. On ne peut lire le fort du}, fameux Philalethe , fans s'étonner" de la méchanceté dés hommes 3m bien plus, il fuffit qu’un homme fe 1 mêle de Chymie , pour s’attirer mille perfécutions les unes plus cruelles que les autres. Au défaut. de maîtres vivans, les amateurs de Y’'Artconfultent rés Mub ;maisfans aucun fuccès, vû qu’ils n’ont point M l'intelligence néceffaire. pour en profiter. Carun difeiple Hermétique M doit en premier lieu, être un bon Théologien , pour pouvoir fe con- duire envers Dieu & fon prochain, \ 1 d'une maniere à attirer fur lui la bénédition du Ciel. Il doit en “el & ne point fe livrer ete lll 1 à tous fes defirs. Il doit enfin être à bon Naturalifte, & pofféder à fond | toutes les différentes parties de la Le Dr LremitraannEs, 14% Phyfique , connoitre la compofi- tion , les efpéces, & les vertus de tous les corps, pour ne point en- treprendre ur travail infrutueux ; & ètre parfaitement verfé dans tout ce qui concerne la Chymie. On voit par ce caractére , qu'il n'eft pas donné à tout le monde de réuflir dans la Chymie, & qu'il s'en faut beaucoup que tous ceux qui s’en mélentayent les qualités néceffai- res pour fe diftinguer. |. On peut ajoûter à ce que je viens de dire ; que ceux qui s’adonnent à cet Art, n’y employent pas ordi- nâirement tout le temps qu'il fau- droit , la plûpart fe croyant fuff- | famment inftruits pour avoir par- “couru un ou deux Auteurs ; & com- me 1ls l'ont appris à la hâte, ilsen- treprennent le grand œuvre avec lamême précipitation , d’où naif- |fent une infinité d’abfurdités qui les Lexpofent au mépris'de tout le mon- ide. D'ailleurs ces fortes de perfon- nes ont fouvent affez bonne opi- niond'elles-mêmes, pour croire en= 44 MEMOIRES tendre les Auteurs qui en-ont écrit ; : malgré les contrariétés & les obfcu= | rités dont ils font pleins, quoiqu' on | ait fouvent bien de la peine à com-" prendre ceux qui pañlent pour être : les plus intelligibles. Je ne dirai, rien ici de l’ignorance où l’on ets tant à l'égard de la matiere qu ‘on doit employer , que du régime | qu’elle demande & du lieu où lon doit opérer. Lorfque je fais. atten<. tion à tout cela je croirois volon=" tiers qu'il y a un efprit de vertige | répandu parmi les chercheurs de fa. Pierre Philofophale ; qui les’ induit. | dans un temps à choifir l'Antimoi=æ. ne, dans unautre le Nitre; ou telle autre chofe femblable pour la ma=. tiere de cette Pierre; afin qu'ils l@ cherchent toûjours avec la même ardeur , & qu'après être parvenus, au plus haut comble de leurs efpé+ rances ; ils connoiïffent à la fin le néant de leur projet en les voyant renverfées fans reflource. C'eft-là. k troifiéme chofe que je me pro=. pofe d'examiner. Ceux qui euli= vent. L LB FE NEeMMRIE 5. 248 | vent l’Art Hermétique fur des prin- cipes oppofés à ceux des vrais Phi- lofophes, étoient autrefois appel- | lés Sophiftes, mais on les défigne ape hui. pes leo d Aiehymi- | eh lobyesiftes ayant Ob- Subfta- | Lervé quetle. Mercure n’eft point ces dans | unfluiderordinaire ,; & qu'il con- fvelles on a cher- | tient quelque: principe caché; “Ont he 13 Pier. cherché à le fixer & à le convertir re Philo- | furle champ.en or & en argent. fphale. | Mais qu'ils ontété furpris lorfqu'ils | ont vû celMinéral fe mocquer de | leurs vains efforts, brifer les vaif- feaux dans lefquelsils Favoïent en- | fermé, & fe difliper entiérement en fumée. Ileft-vrai que lorfqu’on le | taite plus: doucement ; il perd fa fluidité , & fe convertit en poudre ; | mais il reprend bien-tôt fa fofiné ordinaire : y & redevient Mercure comme auparavant. |: D'autres perfuadés avec les Phi- | Jofophes que le Mercure n’eft bon à rientant qu'il conferve fes impus G 546 ME m onrx< retés & fa crudité, ont voulu Îe:- purifier avec du Sel, du Vinaigre, de la Lie, & autres chofes fembla- bles ; ils l'ont aufli mêlé avec du sel, du Nitre , du: Sel Ammoniac . & du Soufre ; & l’ont fublimé jufr. M qu à dix ou vingt foispourlemoins: ! sais lorfqu’ils ont voulu lereflufci- | ter , 1ls lonttrouvé couvert dune. | lépre qui a rendu tous. leurs foins . infructueux. | xt D'autres plus éclairés, s'étant | apperçus que les Sels font incapa- bles de pénétrer les fubitances mé- talliques , & par conféquent de pu-\ | sifier radicalement le Mercure, ni encore moins d'y ajoûter le Sou- fre dontila befoin; fe font jettés ur les métaux , & les ont mêlés, amalgamés , diftillés , fublimés ; cuits & calcinés avec le Mercure , mais fans venir à bout de leur def-. fein. Après avoir ainfi tourmenté le Mercure fans fuccès, & fans pous= . voir venir à bout de le fixer , ils” Ont eu recours aux métaux, & Onf LITTERAIRES 147 æffayé de tirer une fubftance mer- curielle & un Mercure fluide de l'or, de Argent, du Plomb , de l’Étain & du Fer, mais leur entreprife n’a pas eu une meilleure réuffite. Ils ont crû enfuite qu'ils y réuffi= roient mieux par le moyen de l'ame ou du foufre d’or qui fe trouve dans les autres métaux , & là-deflus ils les ont cimentés , ob & dif- fous avec l’eau forte ; l’eau Ré- gale, & l'huile de Vitriol ; ils ont aufli cherché à les volaties avec des efprits acides & urineux, & d’en tirer des extraits avec les ect ra dicata & autres chofes femblables. Ils fe font aufli rompu la tête au | fujet du Manteau d'écarlate de Bafile | Valentin ; comme ils l’appellent , | mais tous leurs projets fe font éva- nouis en fumée, & de plufieurs mil- liers de Chymiftes qui s’en font mê- lés, il n’y ena pas un qui y ait réufi. Eft-il poffible en effet, que l'or & l'argent fe dépouillent de leur ef- fence , & que les autresmétaux don: Gi | 148 MEMmMOIRESs de nent ce qu'ils n’ont pas? Cette folle idée a fait naïtre ces procédés par- ticuliers qui ont ff fouvent ruiné ceux qui s'en font mêlés. | Au refte, nos Sophiftes ayant oui | dire aux Philofophes que leur or | & leur argent font animés , qu'ils d confervent leur efprit, & qu'’ilsn’ont jamais été en fufon ; ils font def- cendus dans les mines pour en tirer leur miniere , & fe font fervis de | mille différentes fortes de filets | pour attrapper l’oifeau d’Hermes à « ils ont même employé plufieurs pro: : cédés très-dangereux dont ils n’ont : retiré qu'un arfenic fublimé, une | eau fulphureufe , ou même une | poudre faline ; & lorfqu'ils ont crû être au bout de leur projet, ils ont : vû à leur grand chagrin qu’il étoit | entierement évanoui. S'étant ap- perçus enfuite que les métaux font étroitement enveloppés dans leurs \ minés , ils ont eu recours aux Sels ! & aux Minéraux , s'imaginant qu'ils | ÿ trouveroient le Soufre & le Mer= LITTERAIRES. 149 cure d’or : moins ils ont vû avec étonnement que l’Arfenic , l’An- timoine & le Mercure affeoient leurs opérateurs, & leur donnoient des maladies au lieu d’or. Comme le Sel ordinaire fait l'office d’un ex- cellent baume de vie dans le Corps humain, ils l'ont crû propre pour la Pierre Philofophale ; & comme le Nitre a une force extraordinaire dans les mélanges fulphureux, fur- tout dans la pôüdre à Canon, ils fe font imaginés qu'il leur ouvri- roit la porte de la Nature. Ils fe font encore fervis du Vitriol, dans l’ef- pérance d'y trouver ce Soufre & ce Mercure d'or qu'ils cherchoient avec tant d’ardeur , ne pouvant comprendre qu'un minéral aufli propre pour teindre leur fût inutile pour cet effet. | Je ne doute point que le Lecteur ne fort furpris des folies que je viens de rapporter , Mais en voici d'au- | tres bien pires. L'homme , difent- | ils, eft un petit monde en luicinée | G ü) L 3360 MEMorïRESs. D. me, & compofé comme le grand |, de quatre élémens ; &là-deflusils | ont efperé trouver en lui un tréfor: … mais ne fçachant où ils devoient le … chercher, ils fe font attachés à fon fang, fon poil , fon urine, fes ex- | crémens, {es os, fa moëlle, &c. ; Helwigha crà& voulufairecroire . aux autres qu'il Favoit trouvé dans | l’effence de la falive, & il la dé- | figné fous le nom de vifaliena teflæ, || l'Anagrame de l'effentiafalivæ. Quel- « ques-uns aflurent que la terre eft la | matrice qui reçoit les influences du \ Ciel , & par conféquent qu'on y” trouve l’efprit univerfel, ou l'ame * du monde, l’Archœus en forme de « coagulum. Ils ont donctiré des bols. des terres glaifles des champs qui n'avoient jamais été défrichés , &. les ont expofées plufieurs mois aux! rayons du Soleil, de la Eune & des Étoiles ; ils les ont enfuite leffivées… ou diftillées, & en ont tiré leur Ni- tre ou Salpêtre d'Hollande. \ D’autres ont cherché ces tréfors. À no Le RS LE LU Larrenmateyes, tçi ‘dans l'air , & fe font fervis de Sels calcinés pour tirer de la rofée , de a grêle, de la neige, de la pluye “de Mars & des rayons du Soleil, cet efprit du Monde fi vanté : mais tout cela n’a fervi à rien. Les Ar- tiftes en ont tiré des huiles, du fe, de l’eau & de la terre, fans pouvoir “en fairé aucun ufage. Ce font-là les grandes folies, & je pourrois en citer une infinité d’au- tres moins confidérables , mais il eft temps de finir. 1 Tlrme refte maintenant à répon- Onrépond dre aux trois queltions fuivantes. * dt On demande 1°. S'il convient à * tout le monde de fe mêler de l'Art Hermétique ? 2°. Quelles font les qualités que doivent avoir ceux qui 1y veulent réuflir ? 3°. À quoi l’on peut reconnoître ceux qui préten- «dent y exceller, ou qui veulent le montrer ? Quant à la premiere que- ftion ; je tiens abfolument pour la négative ; car bien qu'on foit aflu- . “é que les vrais principes de la Giv ‘252. MEmorres. j Pierre Philofophale réfident dans ! de Mercure & l'or ; iline laiffe pas -d'y avoir encore plufieurs dificul-M tés à furmonter: Du moins , les” Philofophes nous aflurent que per-« ment le vraye préparation du Mer-: cure ; & qui plus eft , qu'onne peut « Hair ares fans encourir le cour-. zoux du Ciel; & que fuppofé qu'on À vienne à la détail ce ne peut | être que par infpiration ou par le ! fecours d’un Adepte fous le fceau « d’un fecret inviolable. Ibne fufftw même pas- d'obtenir ce Mercure Philofophique , il faut encore favoir quel fourneau employer ;, le poids de l'or fixe & volatile ;: & furmon- | ter plufieurs autres difficultés! capa-\ bles de dégoñiter la plûpart de ceux, qui s'appliquent à cette recherche, à moins d'avoir la patience de Pon-« anus, ou de fe promettre une aufliw longue vie que le Trévifan. 4 J'ai répondu ei-deflus à la fe conde queftion ; & à l'égard de la LiTTÉRAIRES. 153 _troifiéme, favoir, à quoi l’on peut connoître celui qui poflede ce fe- cret, On pourra ss faire Les que- ftions fuivantes ; 1 °. S'il prépare fon Magiftere avec du Mercure feul , ou bien avec du Vif-argent & de l'or ? S'il en faut plus d’une drach- me, ou demi-once au plus ? 2°, S'il peut avec un fourneau & une cu- curbite calciner ; fublimer , préci- piter, difloudré & coaguler , fans être obligé de les ouvrir ni de les changer dé place ? Sila matiere qui eft danse vaïfleau eft noire ou blan- che © Et ce que fignifie cette ma- xime qu'il faut favoir faire de l’ar- gent avant de pouvoir faire de l'or, Que s'il répond pertinemment à toutes ces chofes, on peut l'en croi- re fur fa parole , autrement c’eft un impofteur. Mais comme il peut ‘avoir appris toutes ces chofes par | les Livres, il ne refte plus qu'à fa- | voir s'il eft pauvre ou riche, car | s'ileft dans le befoin, on doit être | affuré qu'il n'eft point Adepte ; & | Gv 154 ME morrErsg { il fera fes Expériences à vos dé- ” pens, ou il vous dupera avant que M vous ayiez eu le temps de vous en # appercevoir. Îleft par conféquent w de la prudence de si tenir vie ee] J gardes, | re LiITTÉRAIRES 1$S MÉMOIRE Sur Les Sirenes . les Tritons & autres …. Monfires Marins , par Thomas arcanes Barrholin. I L parut dans PÉté de 1669 près Sireéne vüe _L du Port de Copenhague, une Si- . _ rene, laquelle fut vûe d’un grand Choses nombre de perfonnes , qui rap- guee porterent fidélement ce dontelles avoient été témoin ; fans s’accor« der cependant fur léicquicurae fes . chéveux , querles unes dirent être . rouges & les autres noirs. Elles affurerent toutes qu'elle avoit un vifage humain fans barbe ,; & une _ queuë fourchuë , en cela différente: de celle dont j'ai donné la diffe- tion *; & dont je garde encore : quelques os : car la queué de celle: # Hilhrée rarioresz G vj 156 MÉMOIRES. ci n’étoit qu'une mafle de die ini forme, ainfi que je l'ai repréfen tée (a), ce qui vient peut-être de. | la différence de l’äge ou du fexe 5 w elle tenoit d’ailleurs du Veau-Ma- ; rin. La différence apparente de leurs chevenx , dépend vraifemblable: M ment de la différente fituation de “ _ leur corps, &dela différente inci- M dence des rayons folaires. À Les Ani- Comme la Mer à infiniment | 4 re plus d’étendue que la Terre, aufli « irès-nom- renferme-t'elle un plus grand nom breux & bre d’habitans de différente.efpéce w és ro que celle-ci , d'où il fuit que les | riés, animaux aquatiques doivent être w infiniment plus variés, & reflem- « bler fouvent à desichofes tout-à- « fait différentes ; aufli en voit-on qui reflemblent aux corps céleftes, # & qu'on.appelle à caufe de cela des | Lunes ou des Étoiles. és) … On rencontre vers l'Équateur des Poiflons volans qui s'élancent dans M Fair & viennent retomber dans les D 3 fa) Cent, 2. Hif..1re LH RAUNRIE S. 257 Vaifleaux : on trouve aufli dans la Mer des F ançons & des Hirondel- brifleaux qui firent leurs noms des Plantes dont elles imitent la figure, comme des Orties, & des Paflena- ques. : d’autres tn het à certai- nes chofes artificielles, par exemple à desroues, à des épées, à des fcies, à des aiguilles, &c. La Mer pro- duit encore des animaux analogues aux Lions, aux Vaches, aux Che- vaux, aux Chiens, aux Rhinoce- ros , aux Loups, aux Bœufs & aux Veaux: pourquoi donc n'en pro- duiroit-elle point de femblables à l’homme ? Ne voit-on pas fur terre des Animaux. qui nous refflemblent par leur figure & leurs geltes, com- me des Singes & des Sauvages, & uneinfinité d’autres dont il eft par- lé dans les Relations, des Voya- geurs ? Ceux qui ont oui parler de l'Ourang ou tang qu'on envoya d’'Angola à Fréderic-Henri Prince d’ Orange, dont Tulpius(b) a don- | (6) Liv. 3. obf, 56, pag. 27% #58 M EM OR ES _né la figure & la defcription ; de cette femme fauvage dont pr le. Bontius ( c); Mu I fe es es le Fes 4 4 | adions ira ja nat ‘ | da parole , ne feront point furpris que l'Océan fi fertile en prodigesis produife la Pia Me bep n : la Claffe de Vds Mae À ki On prou- : Les Anciens appelloient Jes Poït . ve l'exif- nee Dana fons qui ont la figure humäine-des Poifons Tritons. (d) Alexarider ab Alexanël qui ont [a dro (e ) aflure qu'on en a vû un en gure hu- Efpagne & en Epire ; & Schottus (: rs | maine & "| qu'on :p- en Cite un grand némbre d’autresÿ pelle Tii- dontil eft parlé dans différens Au ne teurs. (g ) Gen ner (h) nous a donné | c) Lib. s. hifor, Inor. ar) cape 32 À (d ) Pline.l. 7. Paufan. Liv. Se "4 GE) ibs Gén DS CAPNBIT UE TN UE Phyfica Curiofa.lib.:3: cap. 3: . jen { £ 3 Majol. dier. canic. collog. 9. p. 34 . Nierenberg lib. $+ hifl, nat. cap. 14. Sca n big. Exerc. 326:S.1v. An | Çh) Hiff, animal? marin, orde 13, de cel 4 Êe 174 a) | NO Lnemér x nes. 159 là defcription d’un Triton, qu’il ap- pelle un Moine marin, à caufe qu’il en avoit la reflemblance, auffi bien cordent point dans la defcription qu'ils en donnent, les uns leur don- nant une queue de Poiffon, & les autres des pieds humains. Tel étoit celui que les Confeillers de Danne- marc rencontrerent en 1619 enre- venant de Norvege à Copenhague. El reffembloit parfaitement à un omme, il avoit des pieds & une longue barbe , & portoit une botte d'herbe fous le bras ; mais comme on l'eut pris à l’aide d’un morceau de jambon attaché à une ligne , il menaça l'équipage, à ce que rap- porte Jean-Philippe Abelinus (4), |de couler Le vaiffeau à fond, fi on ne Ile lächoit , ce qui fut caufe qu'on lui permit de fe replonger dans la Mer. La parole dont ce Monftre |étoit doué , & les prédiétions qu’il ( i) Théatr, Europ. Tom, 1. fm. 321 | | | hp 160 MÉMOIRES. fit à l'équipage , donnent lieu de croire que c’étoit plutôt un ES qu'un véritable Triton. j Poifons On appelle les Poiffons qui tien= qui reflem- blent à 14 nent de la femme des Sirenes, & on: femme ap- ne doit pas croire que ce qu'on en, pellez 7 dit foit tout-à-fait fabuleux, quoi= renes ane que ce qu on rapporte de leurchant | 1 de leurexi- ne mérite aucune croyance. Ale Rence. &omder ab Alexandro (x) & Schottus (1) parlent d’une Sirene qui fut vûe par Theodore Gaza fur les Côtes du: Peloponnefe ; le fecond diftingue les Mereïdes HeslS irenes , & ne met au rang des premieres que celles qui ont des pieds humains, comme celle dont Johnfion (m) nous a donné la defcription. On prit en 1403 dans un Lac d'Hollande une Sirene que la Mer y avoit jettée ; elle fe laiffa habiller , elle mangea du Pain & but du Lait & apprit & filer, mais on ne put ever: vent CR) Lib. 3. Gen. D. cap 8. (1):B. A: C4 6.406 ‘(m) Thaumatograph. claff, 10, cap, #4 | $- 9. L EBTÉRAIMRIE S. 161 | about de la faire parler: celle qu’on prit en Dannemarc , & qui fuivant . Bartholin, (n.) filoit, parloit & pré- - difoit l'avenir , étoit vraifembla- * blement un Démon. On trouve des -Sirenes dont l'extrémité inférieure ft terminée par une queue, & qui reflemblent par le haut en tout ou en partie à une femme. Telle étoit celle que le Capitaine Smith apper- çut en 1614 dans la nouvelle An- . gleterre, & dont J. Louis Godofre- dus (o) & George Stengelius, nous ont donné l'Hiftoire ( p). Ce Ca- pitaine fe promenant à une lon- gueur de pique de la Mer apper- Sutune fort belle Sirene qui venoit à lui en nageant : elle avoitles yeux, Je nez , les oreilles , les joues, la Douche. le cou, le front, en un mot tout l'air d’une jeune femme extré- mement belle ; des cheveux d’un : Cm) Cene 2. hift. rar. 11. p.185. # 0) Hif. antipodum. part, 1, f. 12r° 19 ‘ p] Trait, de noirs Cap, 29 So 6e DM 58 162 MÉMOIRES | | bleu d’azur lui flotoient fur les ép A } les, mais du nombril" en bas elle, ‘ Quelques poseéts nous dépeibnient} | cependant les Sirenes d’une ma=, } niere un peu différente , & ne less font pas aufli SaRérreRE ARE . bles aux femmes par le haut. Bar=. tholin (q) rapporte fur la foi de. Bernardin Gennarus (r) que daris. la Riviere de Cuama près du Cap. de Bonne Efpérance , on trouve des Sirenes qui du milieu du corps! -en haut ont une figure humaine ; la tête ronde & immédiatement at-\ tachée à la poitrine, fans cou , &« exattement femblables aux femmes” par leurs oreilles, leurs yeux, leurs levres & leurs dents , & que lorf= qu'on prefle leurs mamelles il en fort du Lait. Kircher (f°) rapporte, qu'en certains temps de l'année onk (q) L. À. p. 189. (r) Lib. 1. cap. 9. ? (JS) Ars magnet, Lib, 3. Part, 6. cap. si $.6. Edie, Rom. LinDERAIRES. 167 Poiffons qui ont la figure humaine ; 4 & fi l’on en croit Didacus Bobadilla, on en-prend aufli aux Vaflayas & # aux environs des Philippines, que. les Efpagnols appellent Pêche Mu- ger, & les habitans Duyon. Il les dépeint avec une tête ronde & con- tigue au tronc, avec un nez diffé- rent du nôtre, entierement fembla- bles aux fffimes , quant aux autres parties, la poitrine couverte d'une peau extrèmement blanche, avec des mamelles fermes comme celles des; jeunes femmes, & des bras pro- pres à nager, mais fans avant-bras, ni mains, ni jointures. Le Triton dont Monconnys (t) Peau d'un dit avoir vû la peau à Torre, Ville Tritoncon: fituée fur la Côte de la Mer rouge , sal . eit exatement conforme aux def- criptions précédentes ; voici com- me il en parle. « Ces Tritons font > de la groffeur d’un Chameau, & » on les prend dans la Mer rouge. » Ils ont la tête d’un Bœuf, la queue C2] Voyag. d'Egypt. Tom. I. p.152, Autre Peau dans le même gndroit, æ d’un Poiflon, & la partie fupéi} > la poitrine, lesbras & les main la peau d’une Sirene avec les tétons: 164 MÉmorres > rieure du corps comme celle d’uni#| » homme ou plûtôt d’une femmeÿf » car ils ont les deux fexes. Ils o: 1e » comme un homme , à la réel » que leurs doigts font faits comme » une patte d'Oye, ou l'aile d'unéw | » Chauvefouris ; à ce que difent} » CEUX qui én Ont vû ; mais j'ai vÜM} » moi-même une de ces mains donts » les doigts étoient féparés les uns » des autres,» Ce même Auteur dit avoir vû dans le même endroit uné* peau de Sirene de dix pieds des long , beaucoup plus épaiffe que les cuir d’un bufle, & plus dure que dus bois, dont on fait des boucliers à) : Fepreive du moufquet & des fe melles de “os qui durent trois ans. Chriftophle Furerus de Heimendorf (u)vitenr$6$ dansla même Villew [& ] Hiner. Terr. Sanlia. pag: 322. LiITRÉRAIRES. 16$ & le nombril, mais fans bras ni ête, & terminée par une queue de Poiffon ; à quoi eft conforme la rene difléquée par Pierre Paw, Profeffleur à Leyde , & dont on trouve la defcription dans Bartho- in. (w ) On voit dans le tréfor de "Empereur à Prague , une main de Sirene, & une autre à Rome dans e Cabinet de’Corvini. Kircher nie la vérité, que ce Poiffon ait un avant-bras & des mains ; mais Mon- nnys (x) & Bartholin lui don- ent un rayon & un coude extrè- mement courts pour pouvoir na- er plus aifément , car ils ont à peine quatre travers de doigt de long, & des épaules fort étroites. Petrus Petrejus de Elefunda (y) pré- tend qu'on trouve auffi des Sirenes ans les Rivieres ; & qu’au-delà e la Province de Lucomoria , qui ft fur les confins de la Mofco- n 1 w ) Cent. 2. hift. rar. 11. … (x) Voyag. p. 189. AL y) Hife, Mofcowit. pag. 88. SU | 166 | nr soie vie, on pêche dans la Riviere de 3] ; Pac des Poiflons tout - à - fait femblables aux hommes , à la rés ferve de la parole & de la Duc 1 & qui font très-bons à nr 4 ” LiurTÉRAIRES 167 : ie < X<: Ke EM O YEN $ rene la Parole & l'Ouie aux 1 | Muets €’ aux Sourds. par Pierre . de Cafiro. Avec des Obfervations fur ce fujet . par Philip. Jac. Sachs de Levenheinb N avûen és un grand Muets aux: nombre de perfonnes de très- “ME su hanne maifon, qui étant devenues fage de la muettes dès leur enfance, foit par parole, in défaut naturel ou par AE y comme par le bruit des Carrofles, ou celui de l’Artillerie , ( car ces caufes peuvent rendre un enfant nuet , ) n'ont pas laïffé dans la fuite de prononcer leurs paroles diftin- &ement ; & qui fans être guéries de leur fédie. ont été affez heureu- fes pour recouvrer l'ufage de la arole. De ce nombre ont été le fils Fa Duc de Savoye, le Marquis de Hd & celui del Frefno , frere du Moyen d'effeûtuer Cette Cure. fant de Vergana dans la Bifcaye, quil 163 MÉMorres Connétable de Caftille , qui étant nez muets , ne laiffent pas de par=! ler aujourd’hui facilement fans hé fiter , à la réferve que leur furdité continue toûjours. Je pourrois ci= ter plufieurs autres perfonnes qui ont été guéries de ce défaut par Emanuel Ramire de Carione , dontil j'ai appris le fecret , parue dans les: entretiens que j'ai eus avec lui, & partie par l'étude & la méditation; À & dont je me fuis toûjours parfai-\ tement bien trouvé (4) Cette cu re, qu'il a toüjours eu très- -gran foin de tenir fecrette , démandé beaucoup d’ application, de dexté: rité & de patience ; & de F2 nous aflure avoir rendu par € moyen. l’ouie & la parole à un en= étoit fourd & muet de naiffance 3 cela au bout de deux mois. 4 On doit d’abord purger le ma* lade felon fon tempérament, & lu ur pb 18. L'EPTÉRATRES. 169 donner enfuite un Cathartique par- … ticulier compofé avec de l'Ellébore noir, ou bien lui en donner l'ex- trait en forme de Pilules , ou bien prendre un gros de la racine, & lui en faire boire la décottion. L’Au- teur prend trois onces de cette dé- vottion , & y met infufer durant une nuit deux gros d’Agaric, ajoû- tant à la colature deux onces de Syr. de Epithym. La tête ayant été purgée une ou deux fois par ce re- mede , felon l'exigence ‘des cas, on la rafera de la largeur de la main à l'endroit de la future coro- _nale, & on l'oindra plufieurs fois avec le liniment fuivant. #&. d'Eau- de-vie, trois onces, de Salpêtre, ou de Nitre purifié , deux dragmes ; d'huile d'Amande amere, une on- ce. Faites bouilhr le tout enfemble jufqu'à ce que les efprits du Vin foient diffipés, ajoûtez-y une once d’eau. de Nénuphar , mêlez avec une fpatule & faites-en un liniment frdont vous oindrez la tête du ma- lade une fois par jour, fur-tout lorf: 70 . Mémoires qu'iks’ira coucher; & le matin après lui avoir nettoyé tous les conduits | du cerveau, comme les oreilles, le nez & le palais, & lui avoir fait mä- M cher un grain de Maftic , ou un » morceau de Réglifle , ou ce qui : “vaut mieux, une paftille de Jus de : Régliffe, de Maftic, d'Ambre & de. Mufc, & lavoir peigné plufeurs # fois avec un peigne d'yvoire , & lui « avoir bien lavé le vifage, on lui» parlera à l'endroit du crâne qu'on « a rafé; & on fera furpris de voir. que les muets & les fourds enten-\ dent la voix diftinétement , bien que leurs oreilles foient abfolument | î bouchées. Au cas qu'il ne fçache || point lire, on le fera commencer. par l'Alphaber, & on Jui en répé- | tera les lettres jufqu’à cequ'il puifle les prononcer de lui-même; cequ'on» réiterera pendant plufieurs j Jours s. jufqu’à ce qu’il foit en état de pai fer aux mots; on aura foin fur-tout. de lui montrer les différentes cho fes qui fervent au ménage , & del lui en apprendre le nom en même ” LiITTÉRATRES. ŸJr temps, pour qu ‘ils lui reftent dans la mémoire. Il faut encore lui par- ler très- fouvent , pour l’accoûtu- mer à lier fes mots enfemble. Les quinze premiers jours ne Jui fervent qu'à retenir les noms : mais la chofe lui devient infenfibléement plus ai- fée, & l’on ne peut voir fans éton- nement le defir qu'il a de proférer de nouveaux mots. Onreft-généralement perfuadé Obferva- | que les pérfonnes muettes de naïf- pr ares | fance font aufi privéés de l’ouie 3 1" | cependant Dominique Panarolle (b) a vû un enfant de douze ans qui | bien que muét de naïfance , ne | Haïfloit pas d'entendre parfaitèment à le bruit qu'on faifoit ; & qui toutes | les fois qu'on Fappelloit par der- M siere, ne manquoit jamais de tour= | ner la tête. | % ‘ Panarolle attribue cette indifpo- 4 ftior à la léfiôn des nerfs qui fer-’ | | vent à la parole auffi- bien #4 à leur té (BY Pereéeoft, 4.-Obf 17. : Pre tel Hi ke 1792 :MEMOHIRES empêchoit le nerf audiuf de sin … {erer ailleurs que dans l’oreille; ce qui joint à fon étourderie, le met- toit hors d'état de pouvoir rien ap= À prendre. On remarque cependant | que la plüpart des perfonnes muet- ". tes font ordinairement fourdes, ce 1 que les Médecins attribuent. 1 est an ia réunion des branches du he de la cinquiéme paire , dont lagroffe s'infere ordinairement dans | l'oreille, & la petite dans la Lan< - gue.& is Larynx (e).. sl 2°. D'autres buse ce défaut | à un, petit conduit cartilagineux “1 qui aboutit du tympan à la bouche » & au palais, & par le moyen dü= quel air pañe & repañle librement. de la bouche à l'oreille, & de cel. _ le-ci à la bouche, fur-tout fi ce con-« duit eft naturellement grand (4) C'eft vraifemblablement. à cette. conformation que l'on doit artrie buer ce que Beubefius a raconté à Ÿ CT ) Camerar... Cent. 8. Memorabil. Med Us 2e TE > 2e. . 4 ) Vefling. Sytagm. Anat, e.16, L'IPFÉDÉNONLR(E s. 173 Paul Marcuardus Schlegelius, favoir qu'il connoiffoit une femme four: de , qui toutes les fois qu’on vouloit lui parler , méttoit lé petit bout d'un cornet dans fa bouche , & prioit céux avec qui elle avoit af- faire de Jui parler par l'autre, au moyen de quoi elle entendoit tout ce qu’on lui difoit. J’ai trouvé ce cas rapporté dans les Manufcrits de | Schlegelius , & fon explication dans | Jerôme Welfelius (e3. C’eft , dit-il, par le moyen de ce canal que le fon | d'un inftrument à corde qu ontient entre les dents , & qu’on touche | avec les doigts , fe communique à | Forcille { f); & Laz Riviere ( g) aflure qu’à l’aide du même conduit, encore que les deux oreilles foiént | bouchées, fi l’on tient des inftru- | mens de Mufique entre les dents, | & qu’ on les touche avec les doicts, on les entend beaucoup plus dirt | tement qu’à l'ordinaire. De même Ce] nue Obf. 24. p.16. sue [ f]1 Camerar. cent. 2. mêm. $. 714 [g]-L. 3.prax.c,r1. p.187. FH ii 12794 Mémoires fi l'on eff fur un grand chemin, & qu'on veuille ouir marcher ceux qui viennent , il ne faut que ficher une | épée enterre, & la tenir par la gare à de avecles ent 3°. D'autres enfin , sénat) 1 que les muets & les fourds! de naif- fance ne font tels qu’à caufe qu'ils ne peuvent Ouir ce que les autres || difent, ni par conféquent conce- w voir ni exprimer les mots dont ils fe fervent ; car les enfans n’appren- w _pent à parler que par le commerce \ qu'ils ont avec leurs femblables 3; ce qui eft une opinion pour Loue Franc. Mer. Helmont (h ) incline beaucoup. Les perfonnes muettes . ne font pour la plûpart que four des, car elles ont lufage de la voix, de la langue & des machoires, 8 fcelles ne parlent point, ce n'efls qu à caufe que les organes de l’ouies étant viciés , elles ne peuvent oui ce que les autres difent , mi former. par confé. uent les fons dont on fe. [ k ] In Aphaber, Natural, _ CARTES AIRES #76 fert pour s'exprimer. En effet ;-Pier- re Pontius, Moine Bénédi&in n’em- ployoit d'autre méthode pour faire parler les muets que celle-ci ; il leur _ apprenoit d’abord à écrire les noms des différens objets qui s’offroient à leur vûe, après quoi il leur mon- troit les chofes que défignoient les caraétéres dont ils s’étoient fervis; & François Vallois (i) aflure que cette méthode avoit tout le fuccès _poffble. | … Fran. Mercur. Helmont (x)nous Principes a découvert là méthode dont on fur lefauets 3" _ , cette mé- eut fe fervir , pour procurer l’u< ;:hode- ef fage de la parole aux muets & aux fondée. fourds, malgré le foin qu’on avoit eu de la ténir fecrette, & elle eft fondée fur les principes fuivans. 1°. La plüpart des perfonnes four dés ont l’efpzit extrêmement péné- trant;de forte qu'on ne fauroit parler devarit eux des affaires qui les re: gardent, qu'ils n'entendent fur lé In Philof. facra. é. 3. p.57. L. À, colloq. 1, Hiv 176 : MÉMOPRES. champ ce dontil' s'agit, de même que s’ils lifoient les paroles dont on _ Te fert, & cela en obfervant Le mou- | vement des lévres de ceux qui par- " lent , ainfi qu'on le verra as les! er fuivantes. ? + 29, On leur ‘apprend à lite de même qu'aux autres hommes , fa: . voir , en employant d’abord de. gros carattéres, & paflant enfuite . aux plus petits & même aux abré- » viations , qu ‘hs conçoivent aifé= ment, quoique certaines chofes ne» fe trouvent expliquées qu’à la fin. De même les perfonnes fourdes ob- fervent exaétement ceux qui de-, mandent quelque chofe, & acqué-" _rant une connoiffance plus particu-" liere de leurs langues , de leurs lé-M vres, de leurs joues, de leurs men- tons, de leurs gorges, &c. aufli- bien que des différens mouveémenss & changemens qui yarrivent,ils s’en: fervent en guile de gros cara@térés® pour deviner la penfée de ceux quim parlent, & après s’y être bien habi-m tués , ils femblent s'attacher à leurs LiITTERAIRES 177 mouvemens les plus ordinaires , fi bien qu’ils parviennent à pénétrer leurs penfées par les premiers com- mencemens de ces fortes de mou- vemens, encore qu ils n'ayent point encore achevé de s'expliquer, fur- tout lorfqu'ils s’en font une fois fait une habitude. On voit donc que les fourds entendent ce qu’on leur dit à l’aide des différens mou- vemens de la langue de ceux avec lefquels ils ont à faire, & qu'ilss’en fervent comme ils feroient des ca- | raétéres pour comprendre leurs di | ee Hhgniicanan .. Helmont prétend que dès qu ls ont une fois compris les mots qu'on employe pour s'exprimer , ils ne tardent pas à favoir lire, fur- tout lorfque les lettres ont la même figure que celle qu’ils y ont remar- quée lorfque la langue les formoit, & qu'on peut même les accoûtu- mer à parler, en leur montrant de- _vant un miroir à imiter ces mêmes mouvemens avec leur bouche , & * Hv 173 MrmorREes | à les animer à l’aide de leur ha= | leine. r 4°, Ce même Act sééténd (FF que cette méthode réuflit beaucoup « mieux dans les Langues Orienta- M les, parce que les Peuples qui s’en M fee ayant beaucoup plus de few que les autres , ils parlent avec læ . bouche plus ouverte , au moyen: dequoïil eft plus aifé d’obferver les- différens mouvemens de leur Ean- gue; au lieu que les Angloïs & les autres Peuples du Nord ouvrent tès-peu la bouche, & ne remuent prefque pas les lévres: M Exemples Helmont (m) dit avoir mis um se À * Mufcien au bout de trois fémraines, 4 méthode, enétat de répondre aux demandes’ qu'il lui faifoit, en lui parlant len- tement & avec la bouche ouver- | te, de maniere qu’il apprit peu de temps après l'Hébreu de Ini-même. M Ce qu'Helmont avoit fait © à égard À ñ à fi # ITA. p3. L | LiITTERAIRES 179 de l'Hébreu , le Do&teur Wallis: | d'Oxford vient de l’effeétuer depuis quelques années à l'égard de PAn- glois, ayant rendu la parole à des pérfonnes fourdes & muettes,ginfi que le rapporte Olaus Borrichius dans üne Lettre écrite de Londres à Bar- tholin, & datée du ro Août 1663. (n) « J'ai vû, dit-il, chez le Do- 5 teur Wallis un jeune Gentilhom+ + me quiétant devenu fourd à l’âge: >» de Cinq ans, & muëét environ fix » mois après, avoit pañlé jufqu'à | »l'äge de vingt ans fans pouvoir: ‘» dire un feul mot. Le Docteur » Wallis s'eft chargé de lui rendre + la parole ; & pour cet effet ;ik s écrit fur un papier les Lettres & sles Syllabes, & les répétant lui- » mème , 1l fait imiter au jeune s homme tous les différens mouve-- » mens qu'il fait lui-même. Ses foins: » n'ont pas été infruétueux , Car 1Ë s a mis fon difciple en état de pro-- #noncer certaines chofes très-dif- [#1 Cent. IV. Epifl, oz. p: 527. "Hvj 480: -MEMOIRES: = tindtement , . quoique fa fardié: À ( sfr rapporte encore , que s'étant. trouvé à Oxford au- mois de Juin de l’apnée 1663 , il vitchez le Do-. | éteur Wallis un jeune Gentilhomme fourd & muet , à qui ce Docteur. avoit appris à lire tout comme les autres, avec cette différence quil # ne prononçoit qu'une Syllabe à la M} fois ; & que c’étoit le fecond à qui M} ee Doéteur avoit rendu ce fervice.. Le Do&teur Holder vient de publier « une Differtation fur les Lettres . dans laquelle il fait voir comment on peut apprendre à parler aux “| muets & aux fourds. Onlatrouve dans les Tranfattions Philofophi- ques delà Société Royale de Lon- Les fourds dres ( p }: On a vû des perfonnes Done | & les muets faire par inftinét ce que ceux dont. appren- nent à par- ler en ob- le fecours d’un maître , & qui fans M fervant le mouve- ment des lévres de on vient de parler ont fait avec Co} Voyag. d’Angl. Tom. II. p. 50: Ep] P. Num. 47.p. 958. M OLrpménanrnxs. 187 Être guéries de leur furdité ont ap- ceux qu'ils pris àparler en obfervant les mou- TE | vemens des lévres de ceux qu'ils _fréquentoient. Borellus ( q )rapporte qu'un Marelot qui ‘étoit devenu Tourd dès l’âge de cinq ans à l’oc- _cafion d’une violente maladie, & qui avoit de la peine à parler, ne laifloit pas d'entendre tout ce que les autres difoient , quoiqu'ils ne _fiflent que marmoter, & répondoit fort jufte à toutes les queftions qu’on lui faifoit. Nicolas Tulpius (r) fait _ aufli mention d’un nommé Simeon Dietericus Hollandois, lequel étant devenu fourd pour être tombé. de la Tour de Purmerndan , ne laifloit pas d'entendre ce qu'on difoit au _ fimple mouvement des lévres de ceux qui parloient , & cela à pro- portion de la facilité avec laquelle ils remuoient leurs lévres. Un No- taire de Saltzborn en Silefie étant de- . yenu fourd enfuite de la petite Vé- ] [a 1Cent.IV.Ob. 33: à ] Liv. 4. c. 18. 18» .MérmorREes.: rolé , fuivit le penchant qu’il avoit \ |! pour lés Mathématiques , & apprit \ | de lui-même à peindre & à mêler ! fes couleurs. Hentendoit beaucoup " mieux ceux qui chuchetoïent que: * ceux qui parloient à haute voix , &. cela en examinant le mouvement : de la langue & des lévres des per: # fonnes avec lefquelles il s’entrete- M noit , & répondoit pertinemment Lai LV queftions qu on lui faifoit. Tnitrument On a imaginé un excellent it eu RTE flrument pour la commodité de w furdité, CEUX qui ne font point tout-à-fait | 4 fourds; & lon rapporte -que Jean M Baptifle Lallius Nurfinus Jurifcon- | à fulte & Poëte, ayant commencé à devenir fourd à lPâge de 40 ansi M il remédia efficacement à ce défaut au moyen d’un petit tuyau d'argent qu'il appliquoit à fon oreille, & & w travers duquel on lui parlôit ([) M Les Efpagnols en ont imaginé üm M pareil qu’ils appellent PRRANE [LT Néci Péniéohèc, pars. L En 735. P. m, 181, Edit, Colon. » LrITTÉRATRES 183 & qu'ils portent avec eux dans le befoin comme les autres font les Junettes. On prétend qu'il eft fait en forme d’un entonnoir, dont ils mettent le bout dans leur oreille ; de maniere que la plus grande ou- verture eft tournée du côté de celui “og parle. Le hazard à auffi fait découvrir Inftru- un inftrument très-commode pour PO bee) ceux qui bégayent; & l’art l’a per- pégayems. fecttionné à l’occafon d’un homme, Qui ayant eu une partie de la lan- gue coupée , avoit de la peine à parler diftinétement. Voicila mr cription qu’en donne Paré (+) : confifte dans un morceau de 9 arrondi qu'on place entre les inci- feurs , de maniere qu'il ne déborde point les lévres ; & dont on applis que la partie inférieure & la plus: mince fur le ligament membraneux, qui eft fitué au-deffous de la lan- gue. Il eft quelque peu cavé en dedans, & il fufft de le bien pla- Lt] Chérurg. Lib. 22, cap. $.f. 489. 184 MÉmorrexes cer dans la bouche pour parler dis ftinétement & d'une maniere à être _entendu de tout le monde. Je con- nois un fort fçavant homme, qui apprit à un jeune Gchaihiem © de la Maifon de Falckenhain en Silefie, à parler diftinétement au bout de quelques mois ; car ayant obfervé la nature des Langues Orientales, _& combien la diverfité dés lettres quiles compofent, & dont les unes font gutturales , d'autres labiales, d’autres dentales, & d’autres. lin- guales , eft propre à varier les mou- vemens des organes de la parole, non-feulement il apprit à fon dif ciple à exécuter ces différens mou- vemens , mais 11 l'y habitua lui. même en dirigeant fa langue & fes. lévres, jufqu'à ce qu'il fçut expri- mer parfaitement fes mots. Un ha- _bitant de Saumur en France , ayant. perdu la langue par la petite Vé-. role, ne laifla pas de parler avec. beaucoup de facilité ; il eft vrai, qu'il avoit peine à prononcer quel- ! E LaméRAGRES. 185 ques lettres, mais pour celles qua - n'ont pas befoin du mouvement 1 de la langue, &-qu'on prononce 1“ de la gorge, comme l'A, ou avec M les lévres comme le B,, il y avoit 1 peu de perfonnes qui les pronon- … çât mieux que lui (uw). Jacques Ro- » land Chirurgien à Saumur publia …_ à ce fujet un Ouvrage intitulé … Agloffoftomographia , ou la bouche qui parle fanslangue; dans lequel al rapporte un cas extraordinaire _ arrivé dans le Bas Poitou , où un … homme ayant perdu toute la lan- gue à l'âge de cinq ans par la petite Vérole ; ne laiffoit pas de parler ; de cracher , de goûter, de mâcher & d’avaler au grand ‘étonnement de tout le monde. On voit des perfonnes qui fe Des Ga- difent muettes , -& qui reparent une ce défaut en parlant du ventre > impoñures, ce qui leur a fait donner le nom Tu] Thom. Bartholin, cent. 2. hift, fat. 22e 186 ME x orme: À de Gaffriloques ou de Ventriloques. W Voici comment le Chevalier Dighy en parle (w). « Les Ventriloques » perfuadent aux ignorans qu'ils ne parlent du ventre que pat » l’entremife du Démon 3; mais ils » ont le fecret de retenir leur ha= > leine , de façon que leurs paroles »ne femblent point venir d'eux, » mais de quelque chofe qui eft. + au-dedars d'eux, de forte; que # ceux qui n'y prennent pas garde, >» s’imaginent qu’elles viennent de > fort loin. » Jean Walæus autre- fois Profefleur à Leyde dit avoir vû un de ces Gafiriloques en France … Lx]. Franc. Mercurius Helmont [ y ] prétend que cela fe fait par le. moyen de l'Epiglotte , qui eft fi- tuée à l'entrée de la Trachée - Ar- tere en guife de foupape , en w- | E w } De Nar. Corp. Tr. 1. c. 58. p. [x]. Alb. Kyperus , ## Infiitur. Phy- fic. Lib. 10. cap 2. 1h. 12. 6. 2. [ y 1 Alph. Hubraicum, cap. 3.P, 22. D LrrmendrnRés. 187 rant fon haleine en dedans & fer- mant la bouche , de maniere que : Ja voix ne puifle fe manifefter au . dehors. C’eft ce qu’il dit avoir ap- pris de quelques-uns de ces im- pofteurs qui fe mëlent de prophé- “ufer. i 188 Mémoires a NOUVELLE BSPÉCEI DE LAMPE, Par Jean - Chrifophlé Sturmius. lanche 2. C ETTE nouvelle LS de. | 194 Je 2e À, done Be B ie à recevoir ll û mèche, & d’un petit. vaifleau C, qui “For de l'huile à la Lampe, 1 & lui fert en même temps de cou- vercle. Ce: vaifleau eft fermé par- & deflus & percé au bas de plufieurs ! petits trous ; on foude dans le mi- M lieu un tuyau E, DF aui ne s’éleve dans le vaiffeau que jufau’au point E, & dont la partie inférieure F, pénètre | environ de trois jen £ lequel eft percé de Mabtns gran ds 4 trous. L’orifice du tuyau doit être exattement paralélle au couver- | D demande que des Re es »ätrouver & tels que la terre les: = produit ; mais Pavarice en a fait: | + imaginer une infinité d’autres qui: _»ne tirent leur métite que de Fim _>poñlure de ceux qui en font les £c Y Error. in Medic: E E. 4 C' 75: : ÉdhE. 24 Col L.21,C, 24 Lv 202 MEMOIRES >» Auteurs, de maniere que l’ontra- » fique duo hui de la vie des » hommes comme l’on feroit d’une x marchandife. » Le fameux Bartholin avoit écrit fur le même fujet , un Livre intitulé Medicina Danica inquilinis Remediis proprios morbos fanans ; maismalheu- reufement pour le Public, ce Livre a péri dans l'incendie de 1670. Voici comme il en parle dans fon Traité de incend. Bibilioth, p. 69. » Je me propofois d’être utile au. » Peuple plûtôt qu'aux Savans, » quoique je n’ignorafle point que » les Apoticaires m’en fçauroient » mauvais gré. Dieu à créé pour. chaque maladie des Remédes + dont ileft au pouvoir d’un cha- + cun de fe fervir , fans qu'il foit » befoin de recourir aux Apoti- » caires où aux Médecins , ni de >» faire de grandes dépenfes. J'a » guéri moi-même une Paralyfien » du côté gauche, avec de l'efprit: + de Malt dans lequel j'avois. fait, » bouillir des Rofes de Provins 3. LHTTERAIRES 203 >» des Pleuréfies épidémiques avec >» une fimple décoétion d'orge; des » Scorbuts avec une décoétion de » Creflon d'eau dans dela vieille » Biere , & dés Hydropifies avec » les feuilles les plus tendres du » Sureau, » X vj 204 MÉMOIRES Di, > did) CP OP ee Set | OBSERVATIONS Et Expériences Chymiques, par Olaus Porrichius. La vraye R TEN d'a été plus commun Teinture pendaht un très-long - temps. d’ ‘Argent n'eft”point QUE la teinture d'argent , cependant bleue.Obf. fi l’on examine la chofe avecatten- dr tion, on ne trouvera rien de plus. incertain ; car cette couleur bleue qui plait fi fort à l'oeil n’eft point naturelle, & ne vient que des fub- ftances qu'on a mêlées avec ce mé- tal , car l'argent ie plus pur ne don- ne rien de tel. Cette erreur provient de ce qu’on a crà jufqu'’ici que l’ar- gent après la fulmination, comme on l'appelle , ou après qu'il a reçû fon éclat dans la coupelle, ne con- tient plus rien d’impur ni d'hétéro- géne, en quoi l'on fe trompe ; car 1l conferve toûjours quelques lége- res féculences , dont il a peine à fe LAAMERAIRES 20 - dépouiller après plufeurs fufons réïterées ; mais lorfqu’il en eft une fois débarraflé, il ne teint jamais ni en bleu ni en verd l’efprit de Ni- “tre, le fel Ammonmiac , l'urine di- füllée , ni les liqueurs acides ni fa- M lées ; & lorfqu'il leur communique M quelqu’une-dé ces couleurs ; c’ef£ une preuve qu'il n’eft pas bien épu- . ré, caril fuffit qu'il contienne quel- ques grains de Cuivre pour teindre . plufieurs onces de liqueur, & trom- . per par-l les perfonnes qui igno- |. rent cette circonftance. J'ai chez moi de l'argent purifié par la fulmi- _ nation qui ne teint jamais les ef- | prits acides & falins en bleu ; onne | doit même pas regarder comme. une vraye teinture d'argent celle | qui eft préparée avec des lames d'argent & des fleurs de Soufre ;. vû qu 1l refte fouvent quelques par- ticules de Cuivre dans ces lames, | & dans ces fleurs. Zwelfer (a) n’a | pas ignoré cette particularité, car: (a) Mantif, Spagyr. Fondre le Régule d'Antimoi- ne fans feu. 06 MÉémotrres | il confeille , au cas que la teinture d'argent perde fa couleur bleue , d’ajoûter à l’effence qui refte quel- que peu de Sel animal volatil , afin: de la lui rendre. Mais ce fel ne fau- roit jamais communiquer une pa- reille couleur lorfque l'argent eft parfaitement épuré, comme il pa- roit par celui que j'ai en main, & qui a tous les cara@éres de l'argent le plus parfait. La teinture même. du Lapis Lazuli, ne vient que des. particules de Cuivre enfermées dans fa mafle, amfi que les Chy-. mifles le favent fort bien ; & j'ai. connu plufieurs perfonnes qui pour avoir pris une trop forte dofe de ces: teintures ont été faifies de vomifle- mens très-violens , ce qui ne pa-\ roîtra point furprenant à ceux qui favent que ces fortes de teinturesw font produites par le Cuivre & 1e Vitriol qu'il contient. Prenez quatre onces de Réguleh d’'Antimoine, réduifez-les dans un mortier de verre ou de Marbre er Obf. 70. poudre impalpable,car c'eft delà que D") BOOPRRNE RARE s. 207 - dépend le fuccès de l'expérience ; “ ‘ mettez cette poudre à part dans un papier bien net ; nettoyez votre mortier pour y piler douze onces de fublimé; mêlez ces deux pou- . dres en gros fur un papier avec un » baton de bois de Chène ou de Hé- “tre, & mettez les dans une petite . phiole quarrée qui ait Le col étroit, . & continuez de les prefler forte- * ment avec le bout le plus gros de . votre baton, jufqu’à ce que leur fur- face refte parfaitement unie. Cette poudre fe maintient froide quoi- qu'on la prefle pendant un quart | d'heure; mais fi l'on continue la . preffion un quart d'heure de plus, la mafle cede tout-à-coup , & le aton s'enfonce jufqu’au fond du lvaiffeau. Il s'éleve fur le champ des fumées épaiffes , la phiole s’échauf- fe , la matiere s’enfle , écume, . fermente, fort du vaifleau, & ré- L une odeur extrêmement dé- agréable ; il faut promptement la porter fur une fenêtre, pour pou- 508 MEMOIRES veir obferver avec plus de fureté l'iflue de cette expérience. Faire que Prenez quatre onces d’efprit de‘ deux ef- prits froids au toucherinent tiré , mais réfroidi 3 mettez s’enflam- [e dans une groffe phiole,\& verfez ent Ki PS defus fix onces de bonne eau forte; mélés en- agitez le vaifleau , & mettez le à! femble. Pure 5 com au. bout d’un Ob£ 77, " "quart d'heure , l'efprit de Térében-, tine excité par les particules acides: | [ Térébenthine de Venife nouvelle-. de l’eau forte commencera à fer- menter, jettera de gros tourbillons. de fumée & une flamme vive qué brûleroit fi on ne s’en garantifloit.… Il eft bon d’obferverque cette ex- périence réuflit beaucoup mieux en: Été qu’en Hyver, & qu'il eft inutile de la tenter à moins que les efprits: ne. foient. récents, es: qui prouvé" que toutes les liqueurs récemment diftillées contiennent des particules: ignées, qu'il eft bon.de laiffer étein-w dre en les gardant quelque temps avant de les faire fervir aux ufagcs® de la Médecine, {ur-tout.en qualité DU LIDTERAIRES. 209. “dc réfrigérans.Je ne doute même pas “que la fubftance la plus fubtile du “feu, ou des particules oléagineufes “& falines extrêmement agitées qui “{ortent du bois & du charbon ne “pénétrent dans la plûpart des vaif- {eaux chimiques, quelque bien fer- | més qu’ils foient, & ne faffent quel- “que impreflion fur les matieres qu'ils contiennent. Après avoir mêlé 6 gros de fleurs Faire que de Soufre , avec une once de Nitre 1? De des Indes, j’ai mis ce mêlange dans le une retorte de verre dont lecolétoit res d'un extrêmement long , & jy ai adopté ape à un récipient, fans le trop prefler de 1e cafer, peur qu'elle ne caffa. Je l'ai mife Ob£ 72. pendant fix heures au bain de fable, en pouffant le feu fucceflivement | jufqu'au plus haut dégré, & lorfque le fable a été fortement échauffé, j'ai apperçu dans la retorte une pe- tite flamme bleue , laquelle a été immédiatement fuivie d’une autre qui a rempli, toute la capacité du vaifleau & qui eft fortie dehors d’el- * le-même. J'ai vifité le vaiffeau après me. er 210 MEMGIRES | qu’elle a été éteinte pour voir s'il n'étoit point caflé , & n'y ai trouvé! aucune felure , mais 1l contencit! encore beaucoup de Soufre fublimé & inflammable , parce que la fam- me qui fortoit avec impétuofité par une petite ouverture qui avoit refté! à l’extrémité du bec de la cucurbite: $'étoit éteinte avant que d’avoir pül tonfumer le tout. Cette expérien=. ce ne manque jamais de réuflir , &: je crois qu'elle peut fervir à expli=: quer la nature du verre & du feu. Pan) > - À NT TN EU TS D Ze Ep it See ah > LITTERATRES. 211 ! | | o o e 9 o 0 AN DE LA SITUATION 1" Dela Scythie du temps d' Hérodote, # par T. S. Bayerus. () NomuacrrTus&@Efchylefont Tempeaw n les premiers de tous les Grecs, ue y Ldont les Ouvrages nous reftent , eu connoif.’ M qui ayent parlé des Scythes après fance des L l'arrivée d'Anacharfis en Gréce. Seythes: Anacharfis , filon en croit Héro- dote, étoit fils de Gnurus, & frere de Saulius Roi des Scythes: Gnurus étoit fils de Lycus , & celui-ci de Spargapithis ; quoique Lucien, dans le Livre intitulé le Scyrhe ou l'Étran- ger appelle fon pere Daucetus & non Gnurus, & cela fur je ne fçai quel fondement. Diogene Laërce ap- _ pelle fon frere Caduides. Il vint à Athenes , fuivant Soficrates de Rho- des, & l'oxyex®n OavurTiæd uw y la pr emie- re année de la quarante - huitiéme Olympiade , Eucrates étant pour 212 : MÉMOIRES | lors Archonte. Dix-fept ans après les Scyihes perdirent leur fouverai- neté en Afie & eurent à foutenit chez eux la Guerre Servile , & delà vient je crois que de toutes les af- faires des Scythes dont les Auteurs: Grecs ont parlé, il n’y en a point! de plus fameufe que celle de leur! derniere guerre civile dont ils; avoient oui parler à Anacharfis. La mere de ce Philofophe étoit Grec que, ou , fuivant Diogene Laerce , il parloit Grec lui-même, en quoi cer-\ tes il mérite bien plus de croyances, que Lucien & les Epitres qu'on at- tribue à ÆAnacharfis , qui veulent! qu'il n'ait {çu d'autre Langue que celle de fon Pays. Il paroît cepen=\ dant qu’on a ignoré jufqu'ici las viaye fituation de la Scythie ; & ilu peut très- bien fe faire qu'Anaxi-u mandre de Milet , qui avoit alors environ 20 ans , eut connu Ana-M charfi is à Athénes, ou dans quel-# : qu'autre Ville de Grece. Il eft lew premier, fuivant Agathemarus ( a hs. (a) P, x, Ed. Hudfon, ML ITTÉRAIREXS 213 qui ait dreflé des Cartes Géogra- phiques, & il y a toute apparence que c'eft de lui qu'Onomacritus em- prunta fon Hiftoire , lorfqu’il pu- blia en la LXV. Olympiade fon Voyage des Orgonautes à Athénes fous le nom d'Orphée. Pindare dit- il eft vrai, qu'Abaris , que quel- -ques-uns difent être Scythe, & d’au- “tres Hyperboréen, vint à Athénes vers Me temps de Cræfus ; mais il paroît avoir eu Anacharfis en vûe, & effe- ftivément celui-ci vint à Athenes Ænviron dans ce temps-là. Je ne doute même pas qu'Eufebe & Saint | Jerôme nè fe foient fondés là-deflus, Morfqu’ils avancent qu’ÆAbaris vint de Scythie en Grece la deuxiéme année de la cinquante - quatriéme | Olympiade & au commencement | du régne de Créfus. Hippotrate pré- | tend qu'il vint en Grece en la troi- | fiéme Olympiade : d’autres cités par Harpocration veulent qu'il n’y | doit venu qu'en la vingt-uniéme ; | mais Firmicus Maternus , de la ma- | niere dont Jofeph Scaliger & Mauf- 214 MEMOITRES facus l'ont corrigé, le fait vivre du temps de la Guerre de Troye : mais les Scythes n'ont pè être connus dans: cetemps-là ; & j'aime mieux croire: avec Hérodote |, Harpocration & le Scholiafte fur les Chevaliers d’Ariz ffophane, que c’eft d’Abaris F'Hyper= boréen , dont il eft parlé, & le faire defcendre des Colonies Grecques qui s’étoient établies dans le Pont ;; en effet , je fuis perfuadé que les: Hd hbstas envoyoient facrifier à Delos & à Athènes, ainfi que je le prouverai dans une autre Diflerta = tion, à Moins qu’ on n'aime mieux) s’en rapporter à Hérodote (b),, qui regarde ce qu'on dit d’Abaris comme une fable. Au refte, il ne paroit pas qu'aucun Scyrhe ait pû accompagner Anarcharfis en Gréce; puifqu'on rapporte que fon frere indigné du zéle qu’il témoignoit. pour les Religions étrangéres , le! perça d’une fléche tandis qu'il af fifoit à un facrifice grec. Je ni (8) Melpomene, | DAME BARS 21€ gnore pas cependant que d’autres Auteurs le font vivre jufqu'à cent ans. On trouve dans Onomacritus plufieurs contes ridicules au fujet des pays & des Nations dont il par- le , qu'il peut avoir puifé dans Ana- #imandre ou dans quelqu'autre Au- teur, quoiqu'il y en ait d’autres fur lefquels on peut faire plus de fond, comme plus conformes au récit d'Hérodote ; par exemple, ce qu'il dit raconte du Voyage de fes héros dans les Contrées Méridionales du Pont , eft conforme à la vérité, & on n'a pas de peine à reconnoître les noms des lieux dont il parle 5 mais loriqu” il les fait voyager à l'O- rient & à l'Occident de cette Con- trée , on ne fçait plus où placer les Amazones ni les Tauri. Il prétend que le Thermodon , le Phafis & le anais tirent leur fource de l’Ara- ves, & on peut lui pardonner cette éprife en faveur de l'éloignement es temps & des lieux ; mais onne fauroit avoir la même indulgence Mpour lui dans ce qu'il dit du Nord, 216 MEMOIRES car il confond toutes chofes & pla: ce à l'aventure les Peuples dont i pouvoit avoir oui parler. Mais il ne s’eft jamais mépris plus lourdemeni que dans l’endroit où il joint le Pa lus Maæotide avec l'Océan Septens trional par l’entremife d’un canal contigu. C’eft-là qu'il place les Pa: &i, les Arétei, les Lælii & les S cp} thes 3 il fait voyager les Argonauter à travers le Pays des Tauri, des Hy, y perboréens, des Nomades, es Cafpii; des Riphæï, jufqu’à l'Océan Hyper: boréen, jufque chez les Macrobii & les Cimmeriens qui vivent continuel!l lement dans les ténébres entre: ler Monts Riphéens & Cafpiens, & en: luite en Irlande & jufqu'aux coloma: nes d'Hercule , & cela dans l’eff pace de quelques jours, comme s'il avoit pris à tâche de rendre fon hi ftoire ridicule. Cette maniere grof fiere dont Onomacritus compofe fon Hifoire , prouve fon ignorancef & fait voir qu'il ne connoïfloit aus tre chofe que le nom de Scyrhess & de quelques Nations voifines; he. | RE DO LiPTERATRES. 217 «On doit donc bien fe garder de citercet Auteur comme un guide È exa@ dans ces Contrées , comme … quelques Savans Pont déja fait, à “ moins qu'on ne veuille Tire M le Lecteur de contes ridicules , & “lui donner pour des vérités des - chofes qu'il a entierement igno- …"rées. Ceux qui ont écrit après lui fur » le même fujet, ont fait voyager les \ Argonautes chez des Nations qui “exiftoient de leur temps dans les Der dont ils parlent , quoiqu'elles n'y euñent point été autrefois ; & c'eft à quoi l’on doit faire d’autant En d'attention , que les Savans dont j'ai parlé pour avoir voulu concilier les contrariétés qu'ils ont © “apperçües dans Onomacritus , & les U autres Hiftoriens des Arvonautes, ® font tombés dans une confufion - dont il eft impoflible de fe tirer. Ÿ Efchyle (a) , en cela d’accord Ê avec Onomacritus, place les Scythes Pair. ü “(a és Promethée lié, MER _ Opiniog fchyle au fuiet de la fituation des Scy- thes, 218 MYrmMOIRES. | au-delà du Palus Moœotide & dans des déferts affreux qu'il fait confi- ner avec l'Océan oùile premier fe jette : il a auffi connutles Chalÿbes, les Amazones & les embouchures du Palus Moœotide. Tems au- Cétte ignorance où l'onétoit de quellaSey-Ja “ftuation +de la! Seythie fubfifla Fe a com- nencé à Jufqu’au temps de! l'Expédition de tre con- Darius ; Car l'on apprit alors par ae léntremife des loniens & des autres Gtecs qui étoient dans fon armée des chofes dont on n’avoit jamais oui parler jufqu'alors. Darius en-. voya entr'autres un nommé Scylax Caryadenfis pour reconnoître l4C6- te, & nous avons encore aujour- d fini fon Periple. 1] décrit la Côte. du Pont-Euxin & quelques autres endroits de cette Contrée , beau-! coup plus exatement qu ‘Onoma-, critus & Herodote. Ce dermier a fçû que Scylax avoit été envoyé: par Darius Hyftafpes pour reconnoître les Côtes de l’Afie, maisila igno-{ ré qu'il avoit auf parcouru celles” | 1 LITTÉRAIRE S 219 … de l'Europe & de la Scythie. Denis … d'Halicarnaffe ( b ) rapporte que 4 _ Seylax dédia fon Periple de l'Eu- rope & de la Scythie à Darius , du … moinsàce que dit l’Auteur incon- …. nu de l'éloge de Scylax, qu'Hoef- ». chelius a publié. Au refte, foit qu'il “ ait parcouruces Côtes par l’ordre pie Dis: ou de fon propre chef, … geurs, (car Caryanda fa patrie étoit | | contigue à la Curie dont les Habi- “ tans étoient célébres par leurs L . Voyages (c),rien n'eft plus cer- tain que fon Periple a été fait dans | ce temps-là. Je n'ignore point que … M. Dodwell | que je refpe&e infi- is ‘niment , Hiccé Scylax beaucoup | moinsancien qu'Herodote;mais il pa- pis roît s'être entierement oublié dans cette difpute; car, dit-il, 1l y a certaines chofes dans Scylax qui re- | gardent des temps moins éloignez : | è à BY) Lib. t. de Alexandria. (c) Lib. 1. Cap. 171. 220 : M'EMOTRES | j'avoue que cela eft vrai , mais | M. Dodywell prétend lui-même que quelques - unes de ces chofes ont rapport à la 111° Olympiade , d’autres à la 116°, & d’autresen- finàlar3$s, ce qui fait un inter- vale de 96 années. Mais on trouve dans Scylax des marques d’une anti- quité beaucoup plus reculée , & c'eft ce que M. Dodwell a reconnu luismême dans plufieurs cas, & entr'autres dans celui où Scylax ap- pelle 7yr une Ifle, au lieu qu'elle : devint une Péninfule après l'Expé- dition d'Alexandre en Perfe ; d’où. il fuit qu'il eft beaucoup antérieur. à cette guerre: [l paroît d’ailleurs. que Scylax a écrit dans un temps ou. les Côtes d'Afrique; d’Afie étoient | beaucoup plus connues que celles" d'Italie, de la Gaule & d'Efpagne;, & delà vient qu’il ne parle que des Volfques , des Campaniens , & des Samnites, fans dire un feul mot den Rome, ce qui prouve que les Grecs. n'avoient point encore OUI ee | de cette Ville. Je fuis donc per. x N 4 44 Thot, it en je 4. di Ÿ | = 2 oc £ A l ‘ Lt EWATÉRANMRIE S. 221 Maé que tout ce qu'on trouve dans cet Auteur qui a rapport à | d’autres temps, y a été ajoûté par les Copiftes, & a pañlé enfuite dans le texte, ce quieft pareillement ar- . sivé à d’autres Auteurs de la même à Clafe. Les Atheniens furent fi cu- rieux par la fuite de connoitre ces Contrées , que leurs Philofophes s'enrretenoient des jours entiers | dans la place avec ceux qui ve- » noient du Phafe ou du Borifthene | pour en apprendre des nouvel- bles (d); &c’eft delà que font ve- * nues toutes ces Hiftoires étranges au fujet des Scythes , au nombre def- Du Mauffacus met avec aflez de . raifon celle del’ Abaris d'Heraclides. Herodote , en cela bién différent Maniere de Abe que je viens de citer , dont Héro- _ a recueilli prefque toutes les fables _ fuañon qu “elles renferment fouvent ; Ote A re- cueilli les à . répandues chez les Olbite & les au- matériaux . tres habitans du Pont, dans la per- de fon Hi- oîre , & étendue des vérités; mais on peut dire en qu'il donne . même temps à fa louange qu’il n’a Li Scy- ie, :(d ) Ariftote dans Athenée. K üj 923 ICE MOoPRRET 0), 0 rien négligé pour Rp 1 ve 3 cits qu'on lui a fait: Je vais don! tächer de découvrir par fon moyen qu elle étoit la fituation de la Scy- | thie du temps de l'Expédition de … Darius, car ces Peuples habitoient | tout le Pays compris entre le Bo ryfihene & le Tanais. Ils avoiént ce dernier fleuve au Midi , mais on ne trouvoit aucun $cythe fur lé ri= | vage Oppolé, à l'exception des re- belles ou de ceux qui avoient été bannis de leur Pays, ou chañez des | bords du Tanais vers l'Orient. He-\ rodote nous apprend qu'il y a dix journées de marche depüis le Da- nube jufqu’au Boriflhene, & autant, : depuis celui-ci jufqu’ au Palus Moeo- | tide. I en met 20 depuis l'Orient jufqu’à l'Occident de la Scyrhie, 8° autant depuis le Pont- jufqu’ aux Melanchlæni qui confinent , à lai Scythie du côté du Nord. II fait la. journée de 200 Stades , & c’eftn _en'cela que confifte la plus grande. difficulté , vû qu’on ignore la Vraye D'ÉRDRRALRES. 222 …. valeur du Srade : Mais voici , je “ crois un moyen d'approcher le plus “ près qu'il eit pofible de la vérité. « Eratoffhene, au rapport de Strabon , “ afligne 700 Stades à chaque dégré D de l'Équateur 5. mais. Prolomée: fé … borne à 00, en quoiil a été fuivi - de la plüpart des Anciens. Le Stade . d'Herodote eft le même que celui “ de Prolomée, ainfi qu'il eft aifé de “ s'en convaincre en comparant les. « mefures d'Hérodote avec les Tables > de M. de Lile , dont je me fuis fervi - pour déterminer l'étendue des Pays dont il parle. Étendue du Pont -Euxin dans Mefires . J'endroitle plus large. 3200 Stades ji Hero- . Embouchure du Pont É ou du Bofphore, 4 . Depuis l'embouchure . duPontjufqu'à la Pro- è | FR 120 argeur de la Propon- tide. s00: Longueur. 40010 = 224 MEmoOrRrESs Pour me conformer maintenant aux mefures précédentes d'Hero- dote, je donnerai à chaque dégré de Longitude 347 Stades de 600 pied chacune, ou 208200 pieds. Voici fur ces principes l'étendue | de la Scythie. | Jours, Stades, Degr. Pieds Du Danube au Bory- ftene. 10, 2000, $,159000 Du Bory- | ftene au Palus | | Moeotide. 10,2000, $,1$9000 De lO- ï TEE ot l'Occident ste RUN | de la Scy- | fi rs thie. 20, 4000, 11, 109800. Du Pont ‘ F aux Melan- h chloni., ou : auNord. 20,4000, 11, 109800k A MOLITAERARRES … Les deux premieres Mefures d’'He- “ rodote ne font pas fort éloignées de » la vérité, fil’on voyage depuis le . Danube jufqu'au Boryffhene en fui- “ vant la Côte; & delà vient que le » Palus Meotide eft aufli également ? éloigné du Boryflene ; car la route … eft interrompue des deux côtés par … la Côte; au lieu que dans la Scyrhie, 1 qui eft un Pays de plaine où iln’ya … ni bois ni chaînes de Montagnes, » la route eft plus droite. H fe pré … fente ici une difficulté, & elle con- fifte en ce qu todos: dis qu'il ya vingt jours de marche de l'Orient … à l'Occident de la Scyrhie. Mais : Herodote explique fort bien fa pen-. … fc lorfauil renferme la Scythie en- 0 Agathyrf, les AVeuri, “ An ï Rue & les Melanchiæni: & c’eit . ce qu'on doit toûjours avoir en * vûe pour accorder ces chofes en- : femble. Ceux qui ont examiné avec _ foin ce que je viens de dire s’ap- … percevront j'efpere, que c'efElà la q vraye fituation de la Scthie, ou du moins conviendront-ils que je ne Kv ) 226 MEmorres m'éloigne pas beaucoup de la vé- TITÉ ; malgré l'incertitude d’une pa- reille matiere. La Seythie eft donc fituée à peu près entre le 45° & le s7° dégrés de Longitude , & le 47° & $s de Latitude ; & quel- ques-unés de fes Cofonies après avoir traverfé le Boryfthene , S'em- parerent d’une certaine étendue de Pays jufqu’à Tiras. ‘Onfixele L'ordre des Rivieres dont il eft fituation parlé dans Hérodote (e) eft tel qu'il re He fuit. [] fort cinq Rivieres de cette | —hie,&c. Contrée qui fe jettent dans le Da- dont 3 eft nube ; fçavoir , le Porata, ou Po- parlé dans | : is LT bre . Hérodote, 7014 fuivant Ammien Marcellin, qui. eft une grande Riviere qui vient de l'Orient, & qui retient encore au- jourd'hui fon ancien nom Prur elle reçoit le Colazinus , le Cofma= nus , le Zuzur, le Zur, le Baffenus, la Caroccia, la Caminea , la Calda-… ruffa , la Zizia, la Valemare, la Wa lebratuleni , la Mofna, la Nirrouz "| la Cabmaquia , la Sapufna ; la Srrime À j" ! A 9 (e) Léb.4 C 47: 482 4 A _ D Lrmran«TRés ‘22 ba , la Serara qui coule de FER vers l'Oueft, la Cigieza, la Large, & l’Hlana, comme le Prince Cante- mir lés appelle dans fon Hiftoire “ manufcrite de Moldavie. Les Grecs, » au rapport d’ Herodote, changerent “ le nom Porata en celui de myre-, & delà vient que Con/ffantin Porphy- “ rogenete ( f) le nomme Brer© , & … les Modernes Pru. Le Tiarantus … d’Herodote eft l'Alaut ; car, fuivant cet Auteur, il y a trois grandes Ri- “ vieres entre le Tiarantus & le Po- À rata, & On en trouve aujourd'hui | cout autantentre celle-ci & l Alaw- … tax Prolomée place de même fon i Alauta ; mais l'Ordiffus qui eft une destrois retient encore fon premier _ mom, car elle eft appellée Argif> . cha, & parles Grecs après Herodote _ Adäm®, comme il paroît par le 1 Scholiafle d'Hefiode. Le Naparis » d'Herodote (g) eft la Laloniza : ( L’ Aratus > le Hierafius de Prolomée 4: f ) De adminiflr. imperio 6 108. Ed, pond. (z) P.261, Ed. Heinfi. GT RU ‘4 DNQRr | 228 MEMOIRES { le Prince Cantemir prétend que | c'eft l’ancien nom du Prur, ) le Xter@ de Conftantin Pobnhÿro genete, eft aujourd’hui appellé par corruption Siretus, & par quelques- uns Moldova ; car Ceft une Riviere de la Moldavie qui prend fon cours Vers la Pologne & qui, fuivant le Prince Cantemir, {e décharge par | deux ROUES dans le Danu- be ; elle eft environnée des deux Côtes de Montagnes & de bois. Vient le Maris, qui conferve de- puis fa fource juiqu'a Sigeth fon ancien nom Marofch où Merifch > il le perd en fuite, fe mêlant avec le Tibifcus ou Teiff, & fe décharge . avec lui dans le Danube : Herodote. fépare le Maris des Rivieres de Scythie , & j'eufle moi-même fuivi. {on exemple, s’il n'avoit placé les Agatyrfi fur fes bords. On rencon-. tre enfuite le Tiras, appellé par les _ Turcs Turla, de és ancien nom . & par Conthasos Porphyrogenete | & les Auteurs Grecs Danufiris , d'où. Jui eft venu celui de Dnifler. Il tire» DS ES RER tu 4 Fe ‘4 L'EMMERUANRES. 229 fa fource d’un Lac qui fépare les … Seyches des Meuri, je dis un Lac fur 1 Jautorité d’ Herodote qu’elle que DR puife être fa fource. Abnès le Tiras - vient l'Hypanis, aujourd” huile Bog, . que Rudbeckius prétend être le Pri- pelius ; mais je me fuis expliqué là- k . defus dans un autre endroit (h). A L'Hypanis fort d’un Lac appellé par Herodote Myryp Yaavi® ; il eft | fitué à l'Occident de la Scythie & ; .Fon trouve tout auprès des Che- vaux fauvages tout blancs. Dior Cane fiome (i) décrit fon embou- chure de la maniere fuivante. » Il » » forme un grand Lac près de la à » Mer, qui eft limoneux & calme _ » dans le beau temps; le fleuve.eft profond & rapide, fes bords font _»marécageux & couvert d'arbres = & de rofeaux, qui s'élevent du mi- * x lieu du Lac comme des mâts de à » Vaifleau, & on y trouve même M une grande quantité de Sel. » _(h) De Numo Rhodio D. 9 (5) F437. 230 MEMoIïrRESs L’Hypanis reçoit fuivant Herodote, une petite Riviere falée appellée Amaxampes par les Scythes, (ce. qui fignifie chez les Grecs l'soys Oe ) & qui les fépare des Alazones & des! Scythæ Aratores ; elle eft éloignée! de 800 Stades de la Mer ; 5 & Font prétend qu elle communique fon. amertume à PHypanis jufqu'à la Mer pendant quatre jours de marche Herodote (k) place dans un autre endroit la contrée Eteuru@ entre le Boryfténe & l'Hypanis; & dit que c’eft delà que fort l'Exampes, qu'il. a auparavant appellé Amaxampes , . _ fur ce que cette Riviere eft prefque également éloignée de l'Hypanis & du Tiras; celui-ci fait un cireie un peu au -deflous de la Riviere amere , l'Hypanis prend aufi un ‘ détour, felon Herodote, & c’eft far | ces caractéres que je me fuis dé terminé à placer l'Amaxampes dans à l’endroit où eft aujourd'hui la pe-” tite Rivicre de Sinauda. Après l'Hy- L'ART Fire F7 | à | 4 LITDPRÉRAHRES 231: panis vient le Boryfthene, lequel eft. appelée Danapris, par un Auteur ‘anonyme du Periplus Ponti-Euxini, 1& aujourd'hui Dhniper, d’un ancien mot Scythe. Quelques Auteurs qui fe font mêlés de parler de chofes dont ils n’avoient aucune connoif- “fance , font fortir le Boryffhéne des Monts Alauniciens , comme on les | appelle ; mais il n’eft pas étonnant “que les anciens Géographes ayent placé les fources des Rivieres dans des Lacs, des Marais, ou des Mon- tagnes, vû qu'ils vouloient paroi- te n'ignorer aucune chofe. En effet , Matthias Miechoyius ; Cha- .noine de Cracovie, a remarqué que le Boryfthene sskgé fa fource dans une plaine du Palatinat de Sando- mir, & non point dans des Mon- tagnes, car il n’y en a aucune dans _ toute cette contrée. Le Poryfihére ; _ fi l’on en croit Herodote , ne le cé- de qu'au Mil : fon eau eft extré- _ mementgpure, {es bords font en- vironnés de campagnes extrême- ment fertiles, & il fournit a fo 232 MEMOIRES embouchure une graride quantité de Poiflons falés dont les habitans. fe nourriflent après les avoir fait! cuire fur le rit. Les Grecs ont con-, nu ce fleuve depuis la contrée Ger-| rhus, qui eft éloignée de 14 jour. nées de la Mer. À dix journées de- là l’on rencontre les Scytæ Arato=. res qui habitent fur le Boryfthène , | & ce fleuve fe joignant avec l'Hy- panys , ils forment enfemble un. grand Lac avant que de fe déchar-. ger dans la Mer. La largeur de. leur embouchure eff égale , & le Lac a 200 Stades déni Le. _ Promontoire fitué entre les deux. Rivieres étoit appellé Hippoleon ,. & fameux par le Temple de Ce- rès. On voyoit du temps de Dion. Chryfoffome dans ce même Pro | #nontoire, vis-à-vis duquel les Ri-d vieres fe déchargent du Lac dans i la Mer, le Fort Aleétoros, ainfi ap= pellé de la femme d'un Roi des Sarmaies. Le Panticaps tire fa four- ce d’un certain Lac fituéà l'Orient . & coulant vers le Nord, il vient ss mn DU LITTERATRES. 233 fe jetter dans le Boryfhéne après “avoir traverfé le territoire d’Hilæa. Je le place dans l'endroit où e# ‘aujourd’ hui le Samara , ou un peu plus bas ; car les Sythe Agricole j | qui étoient alliés à ceux du même | nom, qui habitoient le bord Oc- ‘cidental du Boryfthene , étoient é- [Moignés de 11 jours de marche du “Panticape &s’érendoient jufqu'àGer- Drhus ; d'où il fuit que le Panticape “n’étoit pas fort éloigné de la Mer. Cependant Denis Periepetes & quel- ques autres Auteurs placent fes em- bouchures à peu de diftance du . Pont ; d’où il eft arrivé que quel- ‘ques-uns venant à comparer les Panticape avec l’'Hypanis , ont avan- cé qu’au-deflous d'Olbia ou la Ville Boryfthéne , il fe mêle avec la Ri- viere du même nom (1). L’Hypa- cris, qu'on rencontre après le Bory- ffhéne,fort d’un lac pour traverfer le pays des Scythes Nomades , & laiffant les Hylei à droite, il vient fe jetter L] : (1) Plin Lib. 4.c, 12. 234 Wim orRESs dans le Pont à l’endroit où eft bâtie Cercinitis : au lieu que le Gerrhis même au fortir de fa fource ra fant le territoire de ce nom, pal entre les Seyrhes Nomades & les Scy+ thes Royaux , pour venir fe jetten dans l’Hypacris, On ne trouve que: confufion dans Prolomée ; il place: l'Hypanis quelques dégrés plus près: de l'Orient que le Borifihéne, ce qui: donneroit lieu de croire qu'il a vou. lu parler de l’'Hypacris. La Riviere: Cercinitis dans Prolomée eft différenz. te de celle qui fe décharge dans le: Sinus Cercinitis & le Pont, ainft qu’Herodote le dit du Gerrhus & dé! J'Hypacris. Prolomée place le Ger=! rhus plus a l'Orient , comme s’il fe jetroit dans le Palus Miotide + mais on ne fera point furpris de ces con=! trariétés lorfqu’on fçaura que 4 nombre des dégrés eft corrompu. dans Ptolomee ; car fi l’on prend la. peine de l’examiner avec foin, a | verra qu'il place Hypacris à à lOc=+ cident du Borifthéne , d’où il fuitu que le Cercinitis de Piolomée eft gi à ; LITDPERALRENS. 236 même que l'Hypacris d'Herodote. ! Mais comment peut-il fe faire que AProlomée fafle jetter le Gerrhus dans Je Palus Maotide#, 1orfqu’ Herodote Je fait mêler avec l'Hypacris & le {Pont ? Voici un pañlage de Pline(m), qui tout corrompu qu il eft,fera ai- pie évanouir cette difficulté. | » La Baye , dir-il, eft appellée Car- Ms cinitis, & la Riviere Paeyris ; le | É Lac Buges qui eft au-delà fe jette > dans la Mer par un canal artifi- » ciel , & Buges même éft féparé » de Eat Baye du Palus Mao- tide, par une chaîne de Rochers ; = il reçoit le Gerrhus & l'Hypanis »qui viennent de différens en- > droit ; car le Gerrhus fépare les 3 Ni Bafilides des Nomades : l'Hypanis “traverfe par un canal artificiel le : ie des Nomades & des Hylæi, » & vient fe jetter dans Buges , &. _» par un canal naturel dans le Co- x retus. » Sur quoi le P. Hardouir obferve que le Pacyris eft l'Hypa- (nm) Lib, 4,6. 12 236 ME mortes | cris d’Herodote ; & il avoit donné 4 entendre auparavant que le Bugesl eft le Bmx Amen, le Byces de F7 a lerius Flaccus, & %e Buces de Mel Mais il refte toûüjours une difhcul- té, & elle confifte en ce qu'il net s’eft pas aperçu qu’ondoit lire Cer cinitis au lieu de Coretus, & cela fui= vant Herodote même, que Pline a fuivi dans cet endroit ; car com ment peut-il fe faire que le Ger- rhus fe décharge à l'Orient dans le! Lac Byces , & l'Hypacris à l'Occi= dent dans le Coretus ou au-delà de Byces ; lorfque Mela nous dit. que ces deux Rivieres n’ont qu'une) même embouchure bien qu'elles, . viennent de différentes routes ; 8. qu’elles fe jettent dans le a | ainfi que Pline le donne à enten< dre. Cette contrariété vient de ce: que l’Hypacris & le Gerrhus fe dé- chargent par la même embouchu- re dans le Cercinitis & le Pont ; &eu fe rendent par un canal artificiel à! Byces & dans le Palus Moœortide ,X d'où il fort par un autre canal arti-w MAT AN, : Li “ LITTERAIRES. 237 fc: c’eft ce fameux canal qu’Fe- “rodote dit avoir été fait par des Ef- claves Scythes. Conffantin Porphy- “rogenete (n) rapporte que de fon temps ce canal étoit rempli deterre A & d'arbres. Le Tanais , qui eft le dernier hic de Scythie , aujourd’hui con- nu fous le nom de Tan & de Don, Mort, fuivant Herodote , d’un grand kc abc hui appellé Juan , & ke; jette dans le Palus Moœotide. Mais on ne fçait de quelles Rivieres cet Auteur veut parler ou il dit que Je Lycus, l'Oarus & le Syrgis tom- bent dans le Palus Maœotide. Prolo- meée place le Lycus à l'Occident trois dégrés plus près que le Tanais: il peut donc fe faire que cette Ri- viere foit le Silk, qui a confervé quelque -chofe de fon ancien nom, à moins qu'il n'ait eu d’abord ce- lui-ci, & que les Grecs fuivant leur coûtôme ne l’ayent changé pour celui de Lycus , dont le fon leur à t (n)L cf. 173" 238 MEmorrEes | paru moîns barbare : Quant à lOa rus, fuppofé que ce foit l'Agan de Ptolomée , la defcription d’Herc dote fe trouve faufñle , car on do: le placer à l'Occident du Lycus | mais on ne fçait encore à quoi s’e: tenir là-deffus ; quoique cet Au teur le place entre le Tea & 1! Tanais. Le Syrois , qu'Herodote (0) ap pelle dans un autre endroit Yrys fe jette dans le Tanais ; il faut don que ce foit le petit Tanais ou Il Sevierfxy , du moins fi l’on en jugi par la conformité des noms. Hera ‘dote (p) dit que ces Rivieres vien nent des Thyffagetæ, non point del! contrée des Thyffagetæ, mais d’un: contrée voifine ; car il place ui peu après lOarus dans un défet ditué au-deflous ou au Midi de Thyfagetæ : la Riviere reftante el l’Araxes ou le Volga , ainfi que j J'ai prouvé dans un autre endroits RASE Ka ds (o) Lib. 6. 0. 123. ) Did. * At. Germ. Differtation fur: origin Ps. jé Vase DU ÉLumrTEmanmnREs 239 On connoit trop bien le Pont-Eu- win & la Mer Cafpienne pour quil Moit befoin de m'y arrêter. Arifleas Proconefius appelle le Pont la Mer Meridionale eu égard aux Scythes, fômais Herodote lui donne le nom de Mer Septentrionale relativement à Wa Grece. Rien ne prouve mieux Le fidelité & l'exactitude d'Hero- fdote que la longueur qu'il donne à la 1 : car il l'a Fast beau- “nr les ne. lui donnent. | une e figure quarrée. Il place le Cau- loge à à POcvident de Ja: Mer Caf- pienne , & à l'Orient une plaine | éxtrèmement fpacieufe dont les Mafagetes poifedent la plus grande partie , & qui eft connue des Au- teurs Arabes & Perfans fous le nom de Kaphjak & de Dafchr, qui figni- fie une Plaine. Il décritenfin , mais À ins les nommer , les Montagnes qui font à l'Orient ; car les rivages & la fituation des anciens Scythes. Vol. L. pe 163. & fuiv. Année 1742, On fixe Après avoir fixé la fituation des . de Mers, des Rivieres , des Montag: Es eu- ples de la Scythie, -une plaine dont Les bords font très: fon premier Livre des Scyshes, raps 240 MÉMoîfreEzs du Wolga font extrêmement élevés du côté de l'Occident ; & delà vient que cette contrée eft aujourd’hui appellée Nagorna , c’eft-à-dire Montaigneufe. Onn’y trouve cepen: dant point de Montagnes , mais élevés ; celle du côté de l'Orient cit beaucoup plus fpacieufe, ce qui a fait appeller cette contrée Lu- gavoia ou campagne, d'où il fuit que les Montagnes dont parle Herodote ne font autres que celles qu'on ap: pelle aujourd’hui - Vergaturu , & qu’on nommoit autrefois Riphæi. | nes & des Plaines que la longueur du temps ni les révolutions arr vées dans le monde, n’ont pû al: térer ; je men pi pour fixer celle des Peuples qui ont autrefois habité la Seythie. Timonax ( q) dans 1 [ g ] p. Schol, Apollonii Rhodit , Lib. # Ÿ°e 35 à Ï e porte LiITTÉRAIRES 247 * porte que la Scychie a été habitée … ‘par so Nations différentes : mais …_ comme on ignore en quel temps … il aécrit, ni s’il parle des Peuples . de fon temps, ou de ceux qui ont . exifté autrefois, on ne fauroit faire “aucun fond fur fon témoignage ; * ‘je fuivrai donc pour ainfi dire l’or- dre de la Nature, & après avoir dé- ‘terminé la pofition des Nations fur le récit d'Herodote , j'appuyerai .:mon fentiment des preuves les plus propresà le faire valoir.On rencon- re fur la Côte du Pont à commen- ‘cer du Danube & près l'embouchure du Tiras , les Tiritæ ; c’eft-là où font vaujourd’hui Belgorod & lesButziacxs. Les Scythæ Aratores habitoient la contrée Méditerranée depuis le Tia- “rantus jufqu’au Tiras, qu’'Herodote a -mis à caufe de cela au nombre des : Rivieres de Scythie : ils poffedoient -donc la Walachie , la Moldavie & dune petite partie de la Tran/ylyanie. TES Agathyrfæ ; Peuples originaires * dé la Scythie, habitoient à l'Occi- dent au-delà du fleuve Maris, je * f" 242 : ME MOIR ES: veux dire dans la Tranfylvanie Oc= icientale. Au-delà du Tyras & fur la Côte étoient les Callipidæ , & au-deflus les Alazones , tous deux entre le Tyras & l’Hypanis. On con- noit beaucoup mieux la fituation des Alazones que celle des Callipi-. de ; car fuivant Herodote ; la fource: del H'ypanis fépare les Mindonks des Scythes. À l'Orient font les fronuie-. xes des Alazones, & vis-à-vis les: Hamaxampes;le refte du pays jufqu'àt a Mer eft doncihabité parles Calli-- pide , que Denis d’Halicarnaf]e mett au voifinage des: Olhitæ.: Ceux: ci) “habitent au-delà de l'Hypanis, & les: Alazones fur le fleuve même, tous “deux à l'Occidentde la Ville d’OI- “bia ; mais les Alazones font plus “près du Nord'que les Callipidævs il s'enfuit donc que‘les Alazones ha: “bitoient au Midi du Palatinat: le Podolie, & dansle territoire de Br lau, entre le Box &de MWiefler 5:84 les Callipidæ à YOrient de Be’tlhu - & dans le territoiré d’'Ozacow. En: te l'Hypanis & le Boryfthéne étoient LiTTÉRAIRES. 243 es Olbitæ, originaires de Grece, là où font aujourd'hui le Dzixe Pole, les plaines défertes, & une par- tie du territoire d'Ozacow. Les Scy- the Aratores qui étoient alliés aux Scythes que j'ai placés ci-deflus dans la Walachie &la Moldavie, tant par le fang que par la conformité des mœurs , pofedoient le refte du pays. L'union des deux corps des Aratores étoit comme rompue au Nord à la fource du Tiras par les -Neuri & les Alazones Ÿ par l’'Hypa- -nis même jufqu’aux Hamaxampes. . Le Gerrhus, contrée fituée à l'O- rient du Boriffhene , eft éloignée de 14 journées de la Mer ; depuis cette contrée jufqu'aux Obbire on- mar che pendant dix jours fur les ter- res des Scythæ Aoricolæ : ils habi- -toient donc le Palatinat de Braclau, & tout le pays compris depuis la - fource du Boz jufqu’àa Kiow, entre le Boryfthéne & PHypanis ; au con- fluent defquels habitoient les Olbi- 1æ. Les Neuri poflédoient le pays qui.eft au-deflus des Scythæ Arato- Lij 244. MÉéÉmorres …, ‘à tores depuis la fource du Tiras juf- à qu’au Boryfthéne, à l'Orient du Pa- M Jatinat de Lamberg, Belezo & Volhy- 4 _nia; & c'eft d'eux que cette con- | trée a été appellée Meuris. Les Ge- à loni & les Budini habitoient vers FOccident (r ) là où eft le Palati- M nat de Chelm & Briefcia. Les Neuri À habitoient autrefois à l'Orient du | Boryfthene au-deflus des Scytæ Agri- k colæ , & étoient appellés Nswpa ou | Néer par les Auteurs Grecs (f): | mais une génération avant l’expé- | dition de Darius (1 ) ils furent chaf- {ez de leur pays par une multitude _de Serpens qui y vinrent des déferts. du Nord, & ils virent s'établir dans le voifinage des Budini qui les y -haifferent vivre tranquillement. L'an. 4199 de la période Julienne, Da rius ayant recouvré Babylone , dé-! clara la Guerre aux Scyrhes, ainft que le dit Herodote au commence- -ment de fa Melpomene. Cet Au- Cr) Herodote. Lib. 4. c. $1. Cf] Ibid. c. 105. * (+) Euflathius ad Dyonifis. v. 310. LITTERATRES. 24$ teur (w) donne 23, 24 & 30 ans à chaque génération ; d'où il fuit | que les Meuri pañlerent le Borifthéne vers l’an 4176, ou 416$ de la pé- riode Julienne : Herodote ne dit ce- pendant rien qui puifle fervir à fixer la demeure des Neuri avant ce temps-là, non plus que celle des - Geloni & des Budini. Je vais donc rapporter les raifons quim'ont obli- gé à leur affigner la contrée dont j'ai . parlé ci-deflus. Les Budini étoient originaires de Scythie & formoient un Peuple extrèmement nombreux, mais ayant été chaflez du corps de leur Nation, 1ls fe retirerent à l'Oc- cident du Borifthéne ; & c’elt delà - queft venue l’Hiftoire des deux … freres Gelonus & Agathyrfus rappor- _tée par Herodote. Les Agathyrfi s'é- tant retiré vers l'Occident, les Bu- dini fuivirent leur exemple ; mais les Geloni qu'Herodote prétend être NP Cu ]Car, Lib. 1. €. 7. il compte 505$ ans pour:22 générations non complettes : & Lib. 3. c. 42. 1] dit que 3 générations va= lent 100 ans, | Li 246 MEMOIRES | originaires de Grece , s'étant mê- | lés avec les Budini, ils adopterent quelques-unes des coûtumes des Scythes ; & delà vient que les Bu- dini furent aufli appellez Geloni. Hérodote prétend que cette Hiftoire eft fabuleufe ; queles Geloniavoient | une origine & des mœurs différen- tes, & parloient partie Grec, par- tie Scyche , au lieu que les Budini n'avoiént d'autre langue que la Seythe ; que les premiers s’adonnoient à l'Acriculture & au Jardinage ; &' | vivoient dans les Villes, au lieu que les derniers n’avoient d'autre occu- pation que celle de garder leurs Troupeaux. Cette confufion a été caufe qu’ona regardé Gelonus com-. me le pere des Scythes , quoiqu'il eut auffi peu de relation avec ceux- ci qu'avec les Budini. C'’eft de te | {Ville de Gelonus fituée dans le Pays ; des Budini, que ces Geloni ont tiré leur nom & leur origine; elle‘étoit. fermée d’une muraille dont chaque | face avoit 30 Stades ; leurs mai-\ fons étoient e bâties de briques , & LiIDTERAURES. T4 11 adoroient les mêmes Divinités 4 que les Grecs, avec ceite différence “ que leurs. flatues étoient de bois. « Etienne de, Bizance met cette Ville “ dans le Pays des Sarmates. Cette ù migration des Budini & des Neuri eft une époque mémorable dans l'Hiftoire du Nord , comme de _ l'apprennent les Mythologiftes , & . c'eft dans'ce temps-là qu'Odin L | » premier & les Fénni , où les Meurë & les Budini vinrent s'établir dans | le Golfe de Bothnie & dansla Scan . divanie même. Il s'enfuit dencque les Neuri habitoient auparavant fus | la Defna , mais qu'ils s’établirent %. dans la fuite dans la baffle Lithua: À nie & dans un certain canton de a V’olhynie, & les Budim & les Ge- lLoni fur les frontieres de Breffici. Herodote met un défert au Nord des . Neuri & des Budini, mais avec cette: reftriétion ; autant que j'ai pi l'ap- prendre ; car , comme dit Plutarque dans la vie de Thefée. , lorfque”les: anciens Géographes avoient à dé- erire des Pays | LITERRAMRES 291% d’ajoûter foi à ce conte, & d’appe-: “ler ce Pays Prerophoron ; à caufe ,. dit Pline (y) de l& chûte conti: - nulle d’une neige qui reffemble à, des plumes. Herodote appelle la con-- - trée fituée fur le Palus: Muoride “ & qui efttraverfée par le: Lycus &e . VOarus Maotis. Au-delà du Tanais: au fond de la Baye du Palus Mao- L side habitent les Ask où plütôt: … les Audi Sauromatæ : Cette Baye: - eft fituée dans l'endroit oùle Palus: Maotide s'avance dans les Côtes de l'Afie, pour recevoir le Tanais: Ces: ! Lazü Sauromatæ font à 1$ jour- | nées versle Nord. Ea raifon pour: laquelle je ne puis rapporter ces: _ jours aux Stades , c’eft que: tout ce Pays eft extrêmement montag- - neux, & qu'on ne fauroit par con | Méquent affigner unnombre de Sta: des fixes à chaque dégré:, comme - lorfqu'Herodote: dit qu'il y a trente: jours de marche depuis le Palus: Maotide jufqu’au Phafis; ce qui fait: Cy ) Lib 4 €: 25: 2er M x MORREE *. une diflance de quatre dégrés à caufe des montagnes & des dé-! tours ; au lieu que dans les Pays de plaines 30 jours, fuivant Hero. dote font équivalens à 12 dégrés. J'ai donc placé les Lazii dans les, endroits où ils habitoient long- temps après Herodote. Cet Auteur: (3 ) a eu tort de croire queles Asäer. ont été ainfi appellez de Aus, un choix par lots ; car, faifant allu- fion à cette étymologie , il dit que, les Budini eurent le fecond lot, & habiterent au-deffus des Lazü vers le Nord. Il rappoite encore que les . Amazones defcendotent desSarmates qui habtoient près du Danube & le long de la Côte du Pont & du Palus Maotide en tirant versie Nord, qu'- elles firent une defcente chez les | Gremni, & ravagerent le Pays fitué | entre ceux-ci & l'embouchure du. Tanais, qu’elles s’établirent dansle Nord, & que s'étant mêlées avec, les Scythes , elles prirent la réfolu- (z) L. 4. C: 270 RE - pt La 3 # 3 LITEÉRANRES 2ç3 tion de pañer ce fleuve. (a) Elles s'érablirent entre les Lazii & les Budini au Midi des deux; elles par- loient la même langue que les Sar- . mates ; & elles apprirent celle des Scythes avec beaucoup depeine par … l'entremife des Budini dont elles re- . cherchoïent le commerce, ce qui futcaufe, dit Herodote, qu’elles par- loient un très- mauvais langage, Au-deflus des Budini en tirant vers - Je Nord , eft un défert de fept jours de marche qui s'étend depuis le fleuve Syrgis jufqu'aux fources: du Licus & de l'Ourus. Un peu plus haut habitent les Th)flagere , ‘ou Thyrfagetæ fuivant Walerius Flac-- _ cus, Peuple nombreux qui tire fon origine d’un autre Pays que la Sci- _ thie, & avec eux en tirant vers le Sud-Eft les Iyrce. Les Scythe Kebel- les ou Exules ayant été bannis par les Seythæ Reoii , s'établirent plus - avant vers l'Orient: leur Pays n’eft qu'une plaine continue; mais il de- ‘ (a) L 4 Cs 110j 254 MEMOrRES vient infenfiblement plus rabe=+ teux , & fe termine à la fin par des: hautes montagnes. On ne trouve: | point d’autres montagnes dans ces: contrées que les Riphæi au-delà dur Volga, aujourd’hui appellées Per-. gaturii; & nous nous en fervirons: pour fixer la fituation de ces Peu-1 ples. En effet, le bord Occidental: du Polga eft appellé Magorna où: Montagneux ; mais CEUX qui ont. navigé fur cette Riviere n’ont ap-. perçu aucune montagne, mais feu lement que fes bords font plus éle-. vés , ceux du côté de l'Orient: étant. marécageux & fuivis: d’une! vafte plaine. Il n’y a.donc point. d’autres montagnes que les Riphæñ au pied defquels Herodote place les Argippai, qu’ on appelle aufli Sacr | & Cahi, à caufe qu'ils naiffent. | tous chauves. Ces Calvi, qu'He-, rodote nous dépeint avec le nez. plat & une longue barbe’, étoient \ extrêmement juites & équitables," ils vivoient fans armes & fe fai-u foient refpecter de leurs voifins.par « DU LITTERAITRES 2% » Jeur bonne foi ; les Scythes & les: … Marchands Grecs qui étoient éta- ; blis aux environs du Borifthéne &: j! dans toutes les contrées du Pont ,. 4 commérçoient avéc''eux, les | Scythes rapportent qu’ils entrete- - noient correfpondance par lemoïen: . de feptinterprêtes qui parloientcha-. eun une langue différente. Il peut. * donc fe faire, qu'il y ait eu autre- fois parmi eux plufeurs autres Na-. . tions, dont on a perdu connoiffan-- . ce, à caufe qu’elles étoient moins confidérables. Perfonne n’a jamais pénétré plus loin que les Arvippæi ,. à caufe des montagnes au pied def- . quelles ils habitoient ; mais on a {çû de ces Peuples que les Agipodes, . yavoient fixé leur féjour, & qu'on . trouvoit au -delà des Peuples qui _ dormoient pendant fix mois de l'an. née , ce qui prouve qu'ils devoient . être: aux extrémités du Nord. À: l'Orient des Arsippri font les Ari-. mafpes, & au Nord de ceux-ci les: … Agipodes & les Gryphes, auxquels on: 2$6 MEmotrREzs, a confié la garde de l'or. On place | les Hyperboréens diretement fous le Pôle , fans connoître précifément | leur Pays; & toutes ces Nations au-delà des Aroippæi & des'Ifedo- nes Ont été inconnues ou aux Scy-. thes où aux Marchands Grecs. Les Argippæi & les Ifedones étoient les | feuls qui en euflent connoiflance. Les Maffagetes poflédoient à l'O- rient & au-delà de l'Araxe plu- fieurs contrées fort vaftes fur la Mer Cafpienne vis-à-vis des Ifedones : mais ceux-ci avoient les Arsippæi à l'Occident , les Arimafpes au Nord, les Mafagetes au Midi , & vraifem- blablement encore à l'Orient , &! confinoient à la Mer Cafpienne. Voilà quelle eft la fituation de. ces Peuples, autant que j'ai pà la | secueillir d'Herodote , de la nature | des lieux , & des circonftances les | plus probables. On va voir main-! tenant combien Olius Rudbecxius M s’eft éloigné de mon fentiment, & avec quelle confufon 1l place ces > NLITTÉRAIRES. 2$7 D: dans toute l'étendue du Nord. » Les Callipide , dit-il, ha- {5 bitent le Boriflhéne ; les Halizones , » là où eft aujourd'hui Halizum ;: | Ê les Scythæ Aratores, la Pologne & > la Livonie : les Neuri, le bord oc- > cidental du Jeiffel ufqu® à Narya ; enfin , les Seythæ Agricole , qui » étoient à l'orient du Borifthéne 1 » le Territoire de Mofcow. Les Sey- >» thæ KRegii font les mêmes que les. » Tartares de Crimée : les Melan- >» chlæni, ceux de Mofcow jufqu’au = Ladoga & l'Onesa. Les Budinifont > fur la Mer Baltique , les Thyffage- “tæ dans la Carelie & la Savolaxie : > les Iyrcæ dans la Ruffie à Jyrgo- » witz : les Scithæ Calyi font les >» Lapons : les Sacri, les Uplandois : »les Arosippæi, les Suedois, ainfi > appellés du mot Suedois Arkip- >» par qui fignifie combattre avec des » daräs , avec lefquels les Scithes _ »entretenoient correfpondance par le moyen de fept langues , fa- » voir , la Polonnoife , la Ruffienne, 8 MÉnMOTRES:, » Ja Lithuanienne , VEfthonienne , fa > Finlandoife & la Lapponoife: En-: » fin, il place les Ifedones dans la! » Province d’'Effhen. » Je ne per- drai point mon temps à réfuter ces’ chiméres, vû qu'il eft aifé de voir par ce que j'ai dit, qu'il acouruun peu trop légerement depuis le Bo+ rifthéne jufqu’en Scandivanie , fans avoir égard à la fituation des Ri- vieres, des Montagnes , ni des Ma rais, & qu'il a difperfé à l'avan- ture les Scithes d’Herodote. Nicolas Witfen dans la premiere- Édition de fa Tartarie Septentrio= nale & Occidentale (b) , a trai té dans la premiere Partie des an ciens Habitans de ces contrées, & cité Herodote , (c) maïs fans l'ex. pliquer ; mais il a entierement re! tranché cette premiere Partie de:. la feconde Édition. Jai expliqué, | dans ma Differtation de Numo Pr | (2 )F.107. Am, 16923. :EcT Am, 1705. Des nE J 4 LiTTÉRAIRES 259 Co, les raifons qui m'ont obligé à | placer l’'Eridanus d'Hérodote & les . Venedi dans ces Contrées ; & je 4 traiterai ce même fujet dans un au- “tre endroit, lorfque j'aurai eu la commodité d’éclaircir plufieurs au- res chofes que j'ai omifes dans - celle-ci. ERARNENNE LAON A3 A ACT NC D E L'ELAN, & d'ou vient qu'il eff [ujet au mal Caduc. ee eft un animal fort coms 4 mun dans la Prufe, la Cur- ‘lande, la Livonie, la Norwege , 4 & les autres païs du Nord. Il eft de la hauteur d’un Cheval, il a le 8 corps figuré comme celui d’une Renne , jamäis plus gros & plus long, les jambes fort longues, les pieds larges & fourchus, les cor- nes longues ; larges & inégales gomme la Chevre fauvage, mais 260 MÉMOIRES | garnies d’un moindre nombre de. Cornichons que celles du Cerf. Sa chair eft bonne à manger, & on la fert fur les meilleures Ta= ! bles. L’Elan éft extrêmement fujet au mal Caduc , & c’eft ce qui en fa-| cilite la bles qui fans cela feroit, très-diffcile. En ayant difféqué un, je trouvai dans fa tête plufieurs. srofles Mouches qui lui avoient, prefque entiérement mangé le cer- veau. On a obfervé depuis long: tems que ce pauvre animal eft at-. taqué dans les Forêts du Nord ,, fur-tout vers le commencement de! l'Hyver, par de grofles Mouches,, qui cherchent à s infinuer dans fes: oreilles & à fe loger dans fa tête.! 11 n’eft donc pas étonnant que le: bourdonnement de ces infectes }, joint aux douleurs qu'ils lui caufent: en lui rongeant le cerveau, le renx- dent fujet à cette cdot able mas. ladie. Hellving Miniftre à Augers bourg en Prufe, dit avoir vû for-! tir plufieurs fois des Efains der Lil b Li : 17 e] f È LiTTÉRAIRES OT Mouches des nafeaux de l’Elan ; . & qu il lui a trouvé la tête entié- rement farcie de ces [Infettes. La plüpart demeurent fous la forme de Vers, & on les apperçoit plus oumoins diftintement, felon qu'ils font plus ou moins avant dans la … tête. [ls fe logent aufli dans la peau de PElan , fur-tout , aux en- virons de épine , & ils la percent après qu'ils ont atteint leur pex- feion. M j 262 à AL 2 Monte s) SAISON SEEN | MANIERE D'enleyer & de renouveler l'Ecorcé | des Arbres. Par J. L. Frifch. | _ E Lord Carpzon,aquiles Arte s & les Sciences ont des obligas tions infinies , m'a communiqué cette méthode de renouveller l'E- corce des Arbres Fruitiers , dont | il a un très- grand nombre dans {on Verger à Carpzon. S'il ap- perçoit un Pommier , un Poirier, ou un Cerifier dont l'Ecorce foit. défigurée par des nœuds , des) excroiflances ou telle autre dé- feuofité capable de nuire à fa! fécondité , ou d'en diminuer la! beauté ; il ne fe contente point comme les autres de l’unir , d’en enlever les nœuds & la réfine mais il dépouille l’Arbre de fon, Ecorce jufqu’à la racine , laiffant à le bois à nud fans [a moindre fi l | LiTTÉRAIRES 263 bte de fon enveloppe. La premie- re fois que ce Seigneur me fit part de fon fecret, je ne pus mempè- cher de lui témoigner mes douites fur une méthode qui me fembloit contraire à l'expérience journa- liere, malgré tour ce qu'il m'avoit … dit de fon innocence & de fon efficacité pour la guérifon des ma- » ladies des Arbres ; car perfonne » nignore qu'un Arbre meurt pour peu qu'on le dépouille de fon Ecorce, lors fur - tout que la di- .vifion ef circulaire & pratiquée tout autour du tronc. Mais je n'ai plus douté. du fuccès de cette ex- _pénience, depuis que ce Seigneur “m'a fait voir plufieurs Atbres fur lefquels il l’a pratiquée , & dont 1l a renouvellé l'Ecorce, & je me fuis convaincu moi-même de la réuflite d’une méthode dont per- fonne n'avoit connoiflance , où n’avoit peut-être ofé mettre en ufa- ge avant lui. J’ai donc cru rendre férvice aux Médecins & aux Bo- taniftes, de les inftruire des pré- M ü e 264 MÉMOIRES: cautions que cette opération éxige.. 1°. On choilira le Solftice d'E- té, qui eft le tems où la Séve eft la LE fluide & la plus abondan- | te, fansnégligerl’expoñition duJar« | din ou du Verger ; car il eft conf- tant qu'elle {e porte plus prompte- ment dans les Arbres expoiés au midi , que dans ceux qui regardent le Nord. | 20. On dépouillera entiérement | le tront de Arbre de fonEcorce, | afin qu'il puiffe en reprendre une | nouvelle, & que rien ne foit ca- pable de le défigurer , comme il ; arriveroit fi on laifloit quelque por- | tion de la premiere. | 30. On étendra légérement & également avec une plume la Séve , qui fuinte à travers du tronc , en M la dirigeant vers les endroits où elle. | a de la peine à fe porter. ; 4°. Pour empêcher que la cha= + leur du Soleil ne diflipe la Séve ; 5. on aura foin de couvrir l'Arbre ; fur-tout du côté du Midi, par où | on le garantira encore de la pouf a Eu | 1 LirrérAiREs ‘265 É fiere que le Vent pourroit y jetter. “ On.aura foin enfin de garantir à la nouvelle Ecorce de tout ce qui | peut lui nuire , le moindre frot- tement étant capable de l’offen- “ fer dans l’état où elle fe trouve. _ Outre l'utilité dont cette décou- È verte peut être dans le commer- ce, elle ne fçauroit. manquer de … procurer un Avantage confidérable | à ceux qui ont.des Arbres; &: qui - trafiquent de leur Bois. À OAAOAARAPN NP EXPERIENCE. Sur LA CONGÉLATION. Par le D’. S. Reïfel, tirée des M£é- langes Curieux de la Nature. An. 2. Obf. 177. S44c Heræus, Apothicaire de l'Ele&téur d'Hannovre , célébre *par fon fçavoir dans la Chimie, dif- . tillaen 1669 parl’Alambic, le fang id’ une perfonne qui avoit eu la têté M iv 266 MÉMOIRES tranchée, & mit l’eau qu'il en tif dans deux Phioles de quatre onces chacune. Ilexpofa cesPhioles à l'air après les avoir bouchées, & l’eau ne fe gela jamais , quoique le froid füt des plus violens. Surpris de ce | phénoméne , il en prit une dans fa main vers le milieu de Janvier 1670, & l'ayant expofée à l'air, après lavoir échauffée pendans quelque tems, l'eau fe gela aufi- tôt , à la réferve des endroits où al n'avoit point touché. Il laifle aux curieux le foin de découvrir la caufe de ce phénoméne, & à recher-. cher s’il provient de l'intervention antérieure de la chaleur , ou de l’âgitation des différens atomes dont l’eau eff compofée. | LITTÉRAIRES. 26- C. en L QUESTION Dr: laquelle on examine s’il eff pof- fible de reJüfciter une Plante de fes Sels, Exiraite d'Olaus Borrichius, » Par Th. Bartholin. A&. de Copen- “ hague, p. 78,79. | Lavs Borrichius s'étant trou- G vé à une promotion publique “de Bacheliers , le premier Candi- dat lui propofa les trois queflions uivantes. 1°. Si les Anciens ont connu les Sels des Plantes ? 2°. Si Rôus: les Selé'ont la même cfi- “cacité ? 30. Si l’on peut reflufciter les Plantes de leurs Sels? Olaus Borrichius répondit à ces queftions d’une maniere qui fatuisfit pleine- ment fés Auditeurs. Il prouva que les Anciens ont connu les Sels, par plufieurs pañages urés de leurs Ecrits. Il nia qu’ils poffedent tous les mêmes vertus; & il démontra M y “+ es e 2683 MÉmoires _par des autorités inconteftables que l’ôn peut reufciter les Plantes de leurs Sels. Voici, autant que je puis m'en fouvenir , les exemples qu'il: allégua pour appuyer fon fentis | ment. Querceran a obfervé dans une Leflive congelée d’Orties , plu- fieurs figures de la même Plante * dont les racines, les feuilles & les tiges étoient aufli exaétement def- . finées qu’un Peintre l'eût pû faire. |! Hannibal Barlet , fameux Chi- | mifte Parifien, a montré à Borellus . & à plufeurs autres, une Plante. qu'il avoit reflufcitée du Tartre de | Vitriol ; on peut voir ce que celui- | ci en dE dans fon HER des Re. medes. | Le Fevre, sutrcfois premier Mé-\ TRAME. Angleterre, ayant fait digerer du Sel Lixiviel de Tar-w tre , d’abord avec de FEfprit deb Vinaigre, & enfuite, avec de l’AI-4 cohol, pendant (Éabnneis plus, ! & Qu fublimé dans une eu- curbite de Verre, il s’éleva fous {a Û __ LiTTÉRAIRES 26e … forme exacte d'une Vigne , à l’ex= D ecption de la couleur $. Sachfius , . dans fon Ampelographie, ou Defcrip- « tion de la Vigne , dit avoir vu » dans le Laboraroire de Holftein | une Vigne qui avoit été reflufcitée du Sel de Tartre. Daniel Horflius a vu de même - feflufciter l'Abfinthe de fon Sel. … Pierre Servius, Médecin à Rome, - aaufli vüreflufciterun Rofier de fes * cendres dans l'efpace de vingt- quatre heures, mais elles avoient été préparées avec beaucoup de _ Join & de fagacité. Borrichius lui-même ayant réduit ! | en cendre des jets de Cyprès , en | mit le Sel dans un vaifleau de Ver- se, & y ajouta au bout de quel- ques mois un peu de phlegme de Vitriol , pour voir la forme que- prendroit ce Sel ainfi mêlé avec un acide. Ayant examiné attenti- * vement le vaiffeau à la fin du mois, il découvrit fur fes parois plufieurs figures de Cyprés, & dans le mi- - Leu du vaiffeau un petit Arbre , de M vj 3 cames 270 MEeMOIRES la hauteur du petit doigt , qui à l'exception de la bfancheur, étoit autant femblable à l’Arbre qui don- ne le Santal. Il étoit extrêmement maniable, & il n’y a point de Cu- : rieux à Paris qui ne l'ait vü. + PERS ON N'ES QUI ONT MANGÉ DES ÂRAIGNÉES SANS EN ESTRE INCOMMODÉES. Ce fait ef? rapporté dans les Mélanges des Curieux de la Nature, Ann. 2% Obf. ix. Par Sim. Scholzius. Ar connu un jeune Ecoflois à Leyde , qui mangeait continuel= lement des Araignées , fans en « être incommodé. Il furetoit tous. les coins du logis pour en trouver, & je lui ai oùi dire, qu'il ne con- M noifloit point de nourriture plus # délicate: IL avoit la mine pâle, & les yeux meurtris , maïs il jouifloit d’ailleurs d’une fanté parfaite. Le En Sr RTE | < es 0 ls ent. LITTÉRAIRES 27t Borelli (a) dit avoir connu un Idiot à Padoue qui manñgeoïit des | Araignées & des Scorpions , fans en recevoir aucun mal. Offredus ( b}) dit avoit vû un | Mandiant à Orléans, qui man- geoit des Âraignées & d’autres ) vilains Animaux fans en être in- commodé. RO RODENONONAONE IDIOSYNCRASES EXTRAORDINAIRES. Par Sim. Scholzius. Mélange des Curieux de la Nature. An. 2. Obf. xt. Li jeune Allemand avec qui j'étudiois à Leyde, mangeoit … des Œufs & des Pommes cuites & cruës , fans la moindre répu- gnance ; il les touchoit & les » voyoit fervir à Table fans la moin- . (a) Cent. 3. Ob. 19 (&) Joh. khod. CE, 3 Obf. 19 272 Mémoires: dre peine, mais il ne pouvoit les Voir toucher à d’autres , fans tom- ber en défaillance. J'ai pour ga-: tants de ce fait, le fameux D. Wir. te de Riga en Livonie, mon com- patriote Scholzius, mon Hôteñe , fon fils & plufeurs autres perfon+ nes ; qui toutes ont été témoins de’ ce que je viens de rapporter. J'ai eu de même un Ami à Elbing,. qui ne pouvoit voir rôtir un Co- | chon farci avec la tête & les pieds, nien manger fans s'ÉVanOUIr ; Mais il en mangeoit fans répugnance ; dès qu'on en avoit Ôté ces pars fes, LITTÉRAIRES 273. CARE RA AA |CURIOSITÉS NATURELLES 4 RÉ | | DES IsLESs DE FEROE, Por Th. Bartholin. A&. de Copetà hague, vol. 1. p.86. 20 r Jacog ete ref . pettable par fon fçavoir que: . par la place qu'il occupe, a donné’ ” unc defcription extrêmement cu- - ricufe des Ifles de Ferde, dont je n vais extraire ce qui a rapport à la Médecine & à la Phyfique. … Les Habitans de ces Ifles font: garantis de la pefte & des fiévres à’ laide des vents qui purifient l'air. n Les fiévres, qui cédent avec peine aux remédes dans les autres pays, . n'éxercent aucun empire ces ce . climat. La petite verole n'eft point en démique dans ces Ifles ; elle y fut apportée en 1651, quel Auteur y 274 MÉmMotres arriva, par la négligence d’un jeu ne Dis, qui l’avoit lui-même, . & qui donna fa chemife à laver à | une blanchiffeufe. Cette malheu- reufc prit cette maladie & la donna à d’autres, & il périt une fi grande quantité d'Habitans, que la plü- part demeurérent fans fépulture, & que la mortalité fe répandit dans plufieur$ Ifles desenvirons. . La froideur de l’airrend les Ha= bitans fujets à des fluxions qui les tourmentent d’une manieretrès-vior lente. Elles fe jettent fur le nez & la poitrine , accompagnées de toux . & d'expeétoration, de maux de té- te, & de foiblefe des jointures , de» maniere que la pläparten meurent, ou demeurent long-tems au lit. Ce même froid, joint à l’humidité de Vair, produit encore une, maladie aigué, épidémique, appellée Land- faerfoet, peu différente de la fiévre d'Horgrie. Elle confifte dans une fiévre ardente, accompagnée de # mal de têre & de délire, & quel-° quéfois de la diarrhée, qui ne fut L d LIMTDÉRAIRES 7% rdinairement que par la confom- _ ption & le Marafme ; plufieurs per- | h fonnes en échapent chhchtlane: f Le fcorbut, leur troifiéme ma- “ladie endémique , eft due aux mé- É mes caufes , aufli-bien qu'au voili- Ê Vnage de la mer ; il attaque fur-tout À les perfonnes phlegmatiques , & qua . menent une vie fédentaire, & dé- - génére fouventen lépre. … Le Pays abondeen pâturages, & - les bœufs y donnent fouvent jufqu'’à - cent livres de fuif. Les Habitans * appellent ces pâturages Tiedelands 3 - &cequ'ilyade furprenanteft qu'ils - font expofés au Nord. Leur fécon- dité vient, à ce qu on croit, du ni- - tre, dont la neige abonde , & Îa Vfertilité du pays,des fels dont la ter- re eft impregnée ; & de-là vient qu'on en fume les terres avec de l’algue. On trouve les mêmes pà- _turäges fur les montagnes les plus élevées où le Soleil donne. . Outre les herbes porageres , comme la laitue, le creflon, la {a- _ ete, &c. on Kouve cnçore dans 276 Mémoires | . ce pays un grand nombre de planai tes médicinales, & entr'autres qua! tre qui font extrêmement efficaces contre le Scorbut, fçavoir, le cref- fon , le cotléa re le raifort fau<. vage, & l’ofeille. | La Tormentille y eft auffi fort fréquente, & on l'employe faute! d’écorce pour tanner les cuirs. Les: naturels du pays mangent ia tige de: | l'angélique fauvage, après en avoir | Ôté la moëlle, ils font même du pain de fa racine dans les tems de difette. Le bois de Rhode y eft auffi « fort commun, & l'on en tire parla | diftilation une eau qui tient beau- coup de l'odeur de la rofe; 1lcroîe: ordinairement au pied des monta-. gnes, près des torrens qui fe jettent dans la mer. : Ces Iles nourriffent plufieurs. troupeaux de moutons fauvages , W qui demeurent cachés fous la neï-: à ge, & qu'on ne découvre qu'à l’ai-- | DD Can de de leur haleine; ilf demeurent fouvent tapis fous la neige des mois entiers, & ne vivent que des raci--, 1 LivPÉRATRES SP nes & des plantes qu ‘ils déterrent, ou de la laine qu'ils s’arraghent à uns aux autres, & fupportent eaucoup mieux le froid que le lchaud, & ils meurent fouvent au Aprintems, à l'approche du Soleil, d'une efpéce de léthargie. Les Ber- gers les chaflent avec des chiens. Àls font ordinairement blancs vers le Nord, & noirs vers le Midi; ce ‘qu'on attribué aux vapeurs qui s'é- dévent dé la mer , ces contrées étant lus voifines de l'Océan que les autres. Ces mêmes moutons per- dent leur blancheur & deviennent noirs, lorfqu'on les tranfporte dans l'Ile appellée PIfle Dimen, qui eft prefque toujours couverte des brouillards de la mer. _ La Corneille eft un des oifeaux de proie qui caufent le plus de dom- mage aux troupeaux de ce pays; ‘auf: oblige-t-on chaque batelier à . apporter tous les ans la tête d’une Corneille au Juge de la Province, faute de quoi on le condamne à une taxe appellée Kafnefold , ou ta- o78 MÉMOIRES. | _xe de la Corneille, qui n’eft autre qu’une peau de brebis , où fa valeut} enargent. Les Corot blanches y font aufli communes qu’en lflande, Elles apprennent à parler fort aifé- ment, lorfqu’on a foin de leur fen=t dre la langue dans leur jeunefñe.W L’Auteur de qui je tiens cette re! lation, rapporte qu'ayant ufé de! cette précaution-à .l’'ésard d’une} jeune Corneille blanche , elle ap+ prit d'elle-même à appeller fon la-\ quais par fon nom, de manieré! qu’elle l’éveilloit fouvent de grand matin;fon Maître s'étant apperçu de la facilité qu’elle avoit à apprendre, n; cultiva avec foin fes difpofitions, & l’oifeau prenoitun fi grand cn | fir à l'entendre qu'il pañloit tous les » jours deux heures à fes pieds à l’é- couter , répétant le lendemain ce 1 qu’il avoit appris la veille, & af-u femblant les fyllabes & tés mots “ comme un enfant pourroit le faire. M Ce malheureux oifeau qui avoit tant # de paffion pour apprendre, périt par M les mains des domefliques à à l'infçu | de fon Maitre. D LifTÉRAIRES 278 La Corneille a pourennemiun Pau appellé Kielder par les na- lurels du pays, qui n'eft autre que la Pic marine de Norwege. Elle ft dela groffeur du Geai, avecun ong bec jaune & émouflé, contre lequel la Corneille n’a d’autre dé enfe que la fuite. On trouve encore dans ce pays in Canard, appellé Eïder, dont les olumes font aufli douces que le du- et. Le mâle & la femelle font de couleur brune en naiflant, mais celle-ci devient blanche au bout d'un an. L'oifeau appellé Imbrine he quitte jamais l’eau. Les Habi- ‘ans le regardent coînme un efpé- ze d'Halcyon, quoiqu'il y ait beau- coup de différence entre ces deux Difeaux , le premier étant plus gros qu'une Ovye, ayant le bec & le cou ong, le dos de couleur d'or, la poitrine tachetée de blanc, le cou doré, mais blanc vers la poitrine, & entouré d’un cercle blane. La aifon pour laquelle ils regardent l'Imbrine comme une efpécçe d’Hal- #30 Mémoirré cyon eft qu’il pond fes œufs dr | l'eau comme celui-ci , mais # ne quitte jamais l’eau, fes pieds qui font placés fort près de 1} queue , étant trop foibles pour 1 pañer , & fes aîles trop courtes pot qu'1l puiffe voler ; il à fous chaqu aile une cavité capable de conte nir un œuf; on croit que c’eft | que fes petits éclofent, cet oifea n'en ayant jamais plus de deux à Il fois. Ces oïifeaux s’approchent d rivage à la veille des tempêtes, €} fe découvrent par leur cri. On at üure les jeunes à la portée du fuf au moyen d’un linge qu'on deploi “fur le haut dès rochers, mais le vieux ne fe laiffent point attraper! aifément , & ne font point la dupp: de ce ftratagëme. | L'été améne un oiïfeau aquati que, appellé Liomen, qui eft à per près de la grofleur de l’Imbrine, 6 a le même cri que lui ; il a les pied placés près de la queue, ce qui l'em pêche de marcher aifément, & le: aîles fi petites, 7 il peut à peiné 4 LiITTÉRAIRER 284 évolers il fe tapit dès qu’il voitun Homme , à moins qu'il n'apper- » goive le rivage, car dans ce cas il S DePPIre de le gagner, fur - fon, Bon nid vers la fource des an & (lccla- -fi:près de l’eau, qu'il peut “boire fansenfortir. La Die a beau les groflir , il n’abandonne jamais fes œufs que fes petits ne foient ; éclos. x On trouve encore dans ce pays Lun oïifeau très - curieux, appellé Garfurel, quoiqu'il habite rarement parmi les rochers ; il a les aîles ex- À trèmement petites, mais il ne vole “point ; 1] marche la tête levée com- » me un homme, il eft d’un noir lui- lfant, il a le bec long, crochu, mais fort étroit, avec une tache “blanche & ronde, de la largeur . d’une derni - rixdale au - deffus de “chaque œil; 1l reflemble à tous “égards au Pençuin. L'Auteur en a fouvent Privé, mais 1l ne vit he long-tems à terre. Ces Ifles font fréquentées en été PE. #82. Mémorrrs | par d’autres oifeaux de proie, & entr'autres par le Suarbag , le Truer & le Skuen. Le premier éft. de la .grofieur du Milan, & n’a .rien de remarquable. Le Truen ou voleur: enléve la proie des autres oifeaux ,, & ne les quitte qu'après qu'ils la lui) ont cédée, après quoi il s'enfuit! avec une vitefle étonnante ; il n’a! point d'autre voie pour fubfifter ,, car il ne fçait point pêcher, &il n’a pas plutôt volé un oïfeau, qu'il! cherche à en faire autant à un au« tre. Le Skuen eft de la même ef- péce; mais beaucoup plus gros, étant de la groffeur d’une Corneil-. le, il défend fes œufs & fes petits! avec beaucoup de courage ; de” forte que les voyageurs ne fçau-" roient trop prendre de précautions pour s'en garantir, car sil peut, une fois leur gagner la tête, il nes manque pas de leur mettre le vifas« geen fang : à coups d'ailes. Les Ha } bitans qui connoïfient fon cara-h &ére, ont foin de mettre un cou teau fur leur tête , la pointe en haut, TE ss n7 LivrérAIREs 983 “haut, dans lequel il s’enferre & fe . tue fouvent lui-même. » Le pays fournit encore un grand … nombre d’oifeaux aquatiques, tous … bons à manger, & trois fortes + d'Oies Sauvages outre le Skraben; » le Lunden , le Lomvifven ou Hupe, Sc les Choucas. Ces oifeaux ne pon- 4 À dent qu'un œuf par an, & cepert- & dant il yen aune fi neue quan- “rité que les Habitans en mangent “plüs de cent mille par an; ils for- - rent des rochers en fi grand nom- … bre qu ils cachent le Soleil, & que | les étrangers prennent É bruit . qu'ils font en volant pour celui du tonnerre. ph _ Ces oifeaux conftruifent Fun M nids d’une façon toute particulie- mre. Le Skraben pofe le fien en terre; De le creufe avec fon bec & fes orif- “fes jufqu'à la profondeur de qua- - tre ou cinq aunes, & choïifit les «pierrés ; comme l'endroit le plus fur. Il ne donne qu'un petit par an, | ainf qu'on l'a dit ci-deffus, il ro- - de tout le ; jour, & ne revient dans ‘4 N + 284 MéÉmorres fon nid qu’à l'entrée de la nuit : que s’il oublie de fortir le matinil refte chez lui toute la journée : il va chercher à manger la nuit fuivan- | te, & revient donner à manger à fon petit-le lendemain. Quoiqu'il - ne mange qu'une feule fois par | jour, il eft beaucoup plus orasqu- une Oie; de forte qu'on ne peut le. manger que fallé. On emploie fa graifle dans les lampes. Le petit de, cet oifeau eft appellé Lieren. On. laifle ordinairement sgh Les la mére. Le Lunden eft un oifeau un peu plus gros qu’un pigeon, il a le bec! - fort & crochu; il eft ennemi de la! Corneille, qui cherche à lui enle-, ver fes petits. Leur combat a quel-# que chofe de fort divertiffant ; il attend que la Corneille arrive, ill la faifit avec fon bec par. le cou, & l’aflujetit avec fes griffes de fa+. çon,qu'ellene peut l’offenfer ; aprèss quoi il s’envole fans la quitter, (=: va fe plonger dans la mer, où il law noie. Il fait fon nid dans Les creux LL _ : = N a NT EE F À “ SERRE CR = LiITTÉRAIRES, 285 des rochers qui font fous terre, & n'y fait fes petits qu'après les avoir nettoyés, & y avoir apporté du nou veau gazon. On lache des chiens dans les cavernes pour faire fortir les petits, & on les fait donner en fortant dans des filets qu'on a tendus à l'entrée. La Hupe pond fes œufs fur Le haut des rochers, & l’on en trou- ve quelquefois plus de cent dans fon nid. Sa femelle les couve pen- dant quatre femaines confécurives, _& laifle au mâlele foin d’aller cher- cher de quoi vivre fur les rochers ui font couverts de ces fortes. d’oifeaux. Elle les nourrit durant trois femaines, après quoi elle les porte fur fon dos fur le bord de la mer. Elle leur donne à mangeren repliant fa tête par-déflous fes at: les. La mer, dont ces Mes font en- vironnées, abonde en petits poif- _fons aufli -bien qu'en baleines & “veaux marins; je ne dirai rien des _ premiers. Les veaux marins font de N ij 30 1Mrmorrmeé |! la groffeur d'un bœuf , ils habitent dans les creux: des rochers, & y mettent bas leurs petits. Les. Pê. _cheurs profitent des pañlages qu'ils | trouvent pour y aborder & pour les détruire. Les vieux évitent fou- vent les coups de maflue qu’on leur porte , & l’arrachent même des mains de leurs agrefleurs ; mais ils fuccombent à ceux qu'om leur don- ne fur la tête, & l’on en tue {ou- vent jufqu'à so dans: un jour de cette maniere. On: fast des-fouliers . deleur cuir ;: on mange leur chair, _&'on° fe ferr de leur lard dans lés _fritures ; ou bien on le mange après Pavoir fallé. Ceux qui vont à la ! chafle de ces fortes d’animaux:doi- vent fe munir detbâtons, :de chan- \ delles &:de mañflues. Les chändel- | les font de la grofleur du bras , & les Chafleurs les attachent à leurs têtes, de peur qu’elles ne viennent à s'éceindre. dans l'obfcririté. Les. ÿ jeunes veaux ne connoifant point le danger, fe laflent tuer fans, peine. | LL EC LiTTÉRAIRES 287 La baleine la plus commune dans ves mers eft celle qu'on appelle Grindcyal. Elle eftpetite , mais ex- trèmemént grafle ; elle a la tète plate, les yeux petits, la peau noi- “ se, & le ventre traverfé d'une ligne … blanche, la tête chargée de graifle … & fort péfante. Onfait bouillir fon … huile jufqu'à confiftance de lard; … on la falle avec du fel noir, & on Hsen fert en guife de cod On … tire ce fel de l'algue {échée & ré- À | duite en cendre , on fale' le. lard [avec & on le garde dans un lieu … ec. Ce lard eft noir corine le jam- * bon fumé; mais il eft aufli blanc que du latd de cochon en dedagks . de forte qu’il faut le connoître pour . pouvoir le diftinguer de ce dernier, « Quelques-uns s’en fervent en gui- fe de beurre. Les naturels du Pays « mangent Ja chair de cetre efpéce . de baleine après l'avoir fait cuire, &elle ne différe en rien du bœuf; ls coupent ce quils ne peuvent “manger par morceaux, & le font fécher à l'air pour s'en fervir au Ni: 11] 288 MÉMOIRES. befoin. Les étrangers la gardent dans du vinaïgre,"ce qui lui donne un goût approchant de celui du pied de veau mariné ; &de-là vient que les Habitans appellent cette ef- péce de baleine Socques ou Wache marine. Pierre Claude rapporte dans | fon Hifloire de la Norwége que cette baleine eft chaflée vers la cô- te par une efpéce de chien marin, appellé Hoalhunde , & qu'après une pêche confidérable de baleines qui fut faite en 1664 , dansla Baie de Sfaaleford , on apperçut un mon- ftre entre les baleines & le rivage qui nagéoit à eux, & qui rellem-. bloit entierement à un chien parles, parties qui étoient hors de l’eau; il. étoit de couleur jaune, velu, avec! les oreilles pendantes comme les” matins d'Angleterre. On pêche dans la Baie de Quale | boe, dans l’Ifle de Suderfe une autre. efpéce de baleine , appellée Doglin-s ge. On en prend fix tout au pluss toutes les années en Automne, maiss ce nombre double lorfqu'on pales P US LirréraiRts 289 “ une année fans y aller. Elles ont jufqu'à 16 aunes de long , fur qua- ÿ tre de diamétre. II faut une adrefle pes pour les attrapper. Auf- . fi-tôt que les Pêcheurs apperçoi- - vent cette baleine près de la Baie, ÿ ils aflemblent leurs bateaux, & fe ” muniflent de cordes néceflaires, … & au cas que le tems les empèche « d'en approcher, ils la pouffent peu | à peu vers les terres. Ce poiffon fe . laifle approcher dans les tems cal- mes, prenant vraifemblablement » les bateaux qu'elle voit pour des animaux de fon efpéce : on la frap- pe dans la graifle, & pour l'ordi- _ naire au - deflus des fourcils, après avoir attaché une corde au har- pon. Le coup ne lui caufe , felon toute apparence aucune douleur , il y a même lieu de croire qu’elle produit en elle une efpéce de cha- touillement, puifqu’elle Les fuit vers _ le rivage fans la moindre répugnan- ce. Les Pêcheurs y étant arrivés, attachent la ligne au rivage , & “percent l'animal à coups de pieux N iv 290 Mémorres pd jufqu’à ce qu'il ait perdu tout fon . fang. La oraifle & la chair de. cette baleine ne font point bonnes . à manger; & s’il arrive à quelqu'un | d'en faire ufage , elles s’exhalent | par les pores de la peau, teignent « les hardes de couleur jaune, & leur donnent une odeur rance. La fubti- ! lité de fa graiffe eft telle qu’elle s’é- | chappe à travers les tonneaux dans | lefquels on l’enferme. Cette efpé-\ ce de baleine ne paroît qu'une fois M l'année en Automne , dans Suderfe, “ flraut dais la ie de Qualboe, & ileft rare qu'on [a rencontre ail- leurs; la raifon que les Flabitans en « donnent tient plus de la fuperfti-# tion aue du bon fens, & n'adau-w tre fondement qu'unetradition PS À rile & extravagante. | On trouve aux environs de ces Ifles d’autres baleines beaucoup plus groffes,appellées Roeren & Trol-Ms dwald , que les Habitans n’attaquent qu'avec crainte. Le Roeren eft d’u- k ne groffeur monftrueufe, le Tral-M dwald eit Es dangereux $ Î | ,, LiTTÉRAIRES 9091 f Ve joue des Vailleaux jufqu'à leg kÈ | {oulever avec fon dos, c ce qui les énine trouvé le fecret de OR. … {er ce monftre , en attachant du «“ Caftoreum à la poupe du Navire « pour pouvoir s'en fervir au befoin. … La baleine n’approché pas plutôt du Navire,oùeftattaché le Caftor, k & l’on na pas plutôtlancé defflus (4 une poutre où l’on en a'attaché un » morceau, quelle fe précipite aw “ tefle qu'une pierre. Ce poiflon à nr odorat fi exquis, qu'il ne peut fup- « porter l'odeur de cette drogue ; 3 on afiure que le bois de géniévre » produit le même effet fur lui. Des: “perfonnes dignes de foi tiennent cesexpériences pour certaines, 6 “notre Auteur attribue la même ef- “ficacité à ces deux fubflances, fe - fondant fur la propriété qu'elles ont: hide hâter l'accouchement. Les Habitans de ces Îfles font mextrémement fobres dans le boire "& le manger , n'ayant d'autre nous 4 N v \ … fond de la mer, avec la même vi- ” 292 MÉMOIRES riture que la viande , le lait, le poif- fon & les lécumes, & n'ufant ja- : mais de pain, de bierre, ni de fel. : Ils font fécher leur viande & leur poiflon à l'air, ils l'aiment gäté, tant à caufe de fa graifle, qu'à def- fein de rehaufler le goût de leur. bouillon. Ils fe fervent pour cet! effet de la graifle d’autres animaux qu'ils préparent de la maniere fui-. vante. Ils roulent la chair des ani- maux qu'ils viennent de tuer, juf- qu'a ce qu'elle fe gate ; 1lsla cou- “pent par petits morceaux, & en font des mafles de 36. livres pefant, qu'ils enfouiffent dans un endroit humide , à deffein de la mieux con-" ferver. Carte viande fent le vieux. fromage lorfqu'on la coupe. Plus les Habitans font riches, & plus ils" font provifion de cette efpéce d'a" liment. Les pauvres gens qui n’ont pas le moyen d’avoir de la graifle. de brebis , préparent leur foupen a vec celle de baleine , qu'ils fonts f{ écher au feu dans le ventricule den ce poiflon, jufquà ce que la cha: LITTÉRAIRES 293 leur l'ait fondue & pourrie; il eft rare qu'ils mangent le poifion frais, ils le font pourir & fécher , & fe régalent des têtes de brebis & de poiflon qu'ils ont pendues au- tour-de leurs maifons, jufqu'à ce Qu'elles ayent pris le haut goût. Ils s'abftiennent de tous les alimens capables d’altérer ; car peu de per- fonnes ont de la bierre , & la plû- - partne boivent que de l’eau & du petit lait. Quelques - uns font fujets à l'hydropifie, à caufe de la mauvai- {e nourriture dont ils ufent , mais la plûpart jouiflent d’une fanté par- faite. Ils ont quelques connoiffan- ces de l’Aftronomie, & fe reglent pour les heures & Le tems de la pêche fur la conftellation de l’our- fe, dont ils obferventle lever avec foin. Ils déterminent les phafes de la Lune plütôt parles marées que par fon cours. La maniere fimple &frugale dont ils vivent les conduit à une extrême vieillefle , & l’on trouve aflez com- munément chez eux des perfonnes N vj 204 MÉMOIRES qui vivent jufqu’à cent ans. I[ môu rut 1] n'ya pas long -tems dans ce | pays un Habitant de Haralafund , appellé Erafme Masni, qui ayant perdu fa femme à l'âgedeoo ans, | {e maria en feconde nôces & eut cinq enfanhs; il yêcut jufqu’à l’âge” 4 de cent dix ans, & eut un enfant à cent trois, fans qu’on pût foup- çonner fa femme de lui avoir man- qué de fidélité. Son aîné vit enco- re dans la maifon paternelle, & furpañle tous fes Concitoyens par la force & la flature de fon corps. La nourriture dont les Habitans ufént , les rend extrêmement fujets à | Eléphantiais, is, & cette maladie eft accompagnée des fymptômes fui- vans : Tout le corps fe couvre de tumeurs de couleur plombée, qui dégénérent en des ulcéres fordides & dégoütans. Ceux qui en font at- taqués ont la voix rauque, & par lent du nez. Cette maladie fait pé- ri un grand nombre de perfonnes, : mais malgré fes progrès rapides, il fe trouve des gens qui en échap-: D L'@ h RES CRT | à, LiTTÉRAIRES 396 pent ; elle ne pañle point des peres aux enfans, ni des maris aux fem _ mes, &c ft ce dont on a un grand | nombre d'exemples. | On trouve des fources d’eau dou- ce fur les montagnes les plus éle- ‘vées, ce que j attribue à la gravi- tation de l'Océan quipoufe l’eau dans lés cavités & les finuofités de … la terre; car l'Univers étant d’une . figure fphérique , la fphéricité de: la mer doit excéder de beaucouÿ « les plus hautes montagnes. L'eau . de là mer perd fon amertume en: . pañant par les entrailles de la terre. qui attiresfes fels, & leur eft rede- vable de fa Féuilité. Voiciunexem-- ple qui prouve la communicatiôn ” de la mer avec les fontaines. On trouve fur le penchant d’une mon- tagne , près du Village de Fancoen, dans l'Ifle de Suderfe.un petit vivier: d’eau doûce, dontle flux & lereflux: répondent exaétement à celui de la mer ; ce qui vient fans doute … de fa communication avec celle-ci OBSERVATION PRATIQUE Sur une inflammation de l'Oeil, ac- compagnée de la carie de lOrbite ; par M. Cou. Holtzendorf. Tirée des Mélanges de Berlin. Vol. 2, p.65. U N jeune homme de 24. ans; d’une haute taille, extrême- ment robufte, d’un tempérament | colérique, fanguin, & fort adonné à fes plaifirs, fut attaqué au prin- tems d’une douleur violente & fou daîne, dans la partie antérieure de la tête, particuliérement au - tour des finus frontaux ; le gonflement des vaiffeaux fanguins indiquoit la faignée, & j'y eus recours, ce qui : calma la douleur , mais about de : trois jours le globe de l'œil s’en- flamma tout à coup & devint auffi gros qu'une œuf de pigeon. La : conjonéive paroifloit détachée des | LITTÉRAIRES 207 membranes fousjacentes, & d’une couleur rougeûtre, ce qui eft une maladie que les Oculiftes appellent .Chemofe. Les fcarifications , fi re- commandées par Hyppocrate, de même que l’ufage interne & exter- ne des réfolutifs continué pendant trois jours, ne procurerent aucun foulagement au malade; ilfe for- ma au contraire dans le grand an- gle de l'œil, au-deflous de la jon- étion des paupieres , une tumeur molle, de la groffleur d’un pois, qui rendit lorfqu'on vint à l’ou- vrir une grande quantité de ma- tiere parfaitement digérée. La plaie ayant été panfée à l'ordinaire,la fup- puration continua & augmenta mê- me jufqu'au vingt -uniéme jour, après quoi 1l furvint un écoule- ment de fanie, qui indiquoit la cor- ruption des os contigus ; & effe- étivement , je trouvai l'os unguis entierement carié ; je me propofois de le percer comme dans la fiftule lacrymale, lorfque je m’apperçus que la partie de los coronal, con- S 298 MÉMOIRES tigu à l'os unguis, l'os ethmoide; & l'apophyfe circulaire de la ma= choire fupérieure, qui forme le fi- nus maxillaire & la partie inférieure de l'orbite étoient tout à fait ca-" triés. Je compris en pefant ces cir- conftances que je ne gagnerois rien à percer l'os unguis, comme je l’a- vois d’abord projetté, vû que la partie laterale, interne & inférieu- re de l'orbite étoit affe&ée de la carie ; de forte que je pris le parti de m'en rapporter à fa nature, me contentant de feconder fon opé- ration parun régime convenable. Je découvris au bout de quelque jour le fiése de [a maladie, je veux dire l'os carié, & ayant fait une in- cifion dans le bord de l'orbite, j'en enlevai trois morceaux larges com- me une grofle lentille. Cette fépa- ration n'eût pas plutôt été faite ; que l’ulcére rendit un pus louable, lequel prit non-feulement fon cours par lincifion, mais parle conduit nafal du même côté. J’employai des injeions vulnéraires & déterfives.; M L'ITTÉRAIRES 299 1& au bout de quelques femaines, “le malade guérit , fans que fon Moeil reçut la moindre altération. . Jaifi peu de part à cette cure que je ne crains pas qu'on me foupçon- ne de vanité en la communiquant aux Sçavans. Mon unique deflein et de porter les jeunes praticiens “à fe méfier de leur fçavoir dans les Mcas de cette nature, & à ne point ‘en entréprendre la guérifon à la hâ= “te ; mais à réfléchir murement fur “les bornes de leur Art , fur le pou- «voir infini de la nature, & refpe- D “er des loix qui tendent d’une ma- niere fi admirable à la confervation ë de nôtre corps. | 300 MÉMOIRES céettseéetees NOUVEAU REMEDE ANTIÉPILEPTIQUE ET SEDATIF, | Tiré de la Colleétion de Breflaié, Ân. 1713:p.26608 UrpPo sé que les effets du Spé- cifique fuivant foienttels qu'on « l’aflure , on doit fans contredit le regarder comme une des plus 4 importantes découverres qui ayent * été faites en Médecine , puifqu'kn _guérit efficacement les convulfions & les obftru&ions les plus opiniâ=« tres, & rétablit les mouvemens na- M turels dans leur premiere régula- rité, fans troubler en aucune ma- niere l’œconomie animale. ÿ Voici ce que M. Deppellios , qui en eft l'inventeur, en dit dans un … Traité, intitulé Thé Dicaffes and « eure of the Animal fenfual life. Cap. 4 2: Pi 0e Je me crois obligé, dit-il, de H l, LITTÉRAIRES 301 Wfecommander au Public Jufage D d’un Reméde dont j'ai moi-même | . éprouvé l'efficacité dans plufieurs Moccafons , & qui guérit du pre- “mier coup toutes les maladies épi- - leptiquestfans caufer aucufBincom- - modité à ceux qui en ufent ; 1ipro- cure au contraire au malade un fom- . meil de quinze heures , au bout du- “ quel il fe trouve foulagé & exempt - d’une maladie, dont les fuites font » extrêmement funeftes. } J'ai faitle premiereflaideceRe- … méde fur un malheureux, que de … fréquens accès d’épilepfie avoient L entiérement privé de l’ufage de fes » fens ; il en prit une dofe qui lui procura un fommeil de trente heu- … res, & durant lequel il recouvra | Ja parole &le fentiment ; au grand étonnementdes Médecins & de tous ceux qui l'avoient connu. Ce. Reméde n'’eft autre chofe * qu'une huile difüllée de quelque - partie d'un animal dans une retorte, ju fqu'a ce qu’elle ne laiffe aucun fé- ciment , ce qu'on n'obtient qu'a= oz MÉMOIRES près avoir reïtéré & procédé juf- qu'a quinze fois. On donne trente: gouttes de cette huile au malade: avant le paroxyfme, ce qui lui pro=. cure un fommeil de plufieurs heu, res, & 1@ délivre de cette facheufe maladie. | Comme l’Inventeur dés Res méde s’étoit déja rendu fameux pat la découverte de plufieurs autres fe=. crets, le D.J. Junkerus, Médecin de. l'Hôpital des Orphelins à Hall, & le D, Elie Carmerus , réfolurent d'en faire l’effai, & ils furent aflez Es reux pour obtenir cette huile m dicinale au bout de feize femaie nes. | à Is prirent pour cet: effet du fang\ de Cerf, qu'ils firent fécher & qu fs | diftillérent en fuite dans une retor-" te, & dont ils tirérent un phleg- me, un cfprit , & un fel volatih ” qu'ils mirent à part; ils diftilléreng le réfidu vingt foisde fuite, chan-ù geant de vaifleau à chaque opé- . ration, & à la vingtiéme ilnerefta:4 aucun fédiment au fond de la res. LirTTÉRATRES 303% Horte.. La premiere huile étoit * épaïfle, d'un goût & d’une odeur défagréables, mais elle perdit fa -mauvaife odeur à chaque difliila- Wrion, & pritun goût agréable & bal- famique, de forte qu’elle fut entie- Mrement parfaite à la derniere; il ne Wreftoit-plus qu'à faire l’effai de ce “Reméde, mais on fe méfoit de fa vertu foporifique. On choifit pour cet effet un Soldat âxé de 40 ans; qui depuis fix années confécutives Itomboit trois jours avant la nou- velle-& la pleine Lune dans des ac Vcès d’épilepfe, qui l’avoient réduit Là l'extrémité, & prefque entiere- M ment privé de la raifon. On lui don- "na trente’ pouttes de cette huile; J | er tems avant le fecond pa- dun ifotaéréil nb pendant le- | Bquet il éternua iplufieurs fois, s'é- bcrianten fe tournant dans fon lit, 2:0 l'excellent © l'admirable' Remé- bide ! Iis’éveilla au bout-de 26 heu- res le vifage ferein, l'efpric tran- prie & avec un appetit extraot- L2 304 MÉMorrrs | dinaire ; au lieu qu'auparavant ill avoit le tein pâle, la chair molle: _ & flafque, l'efprit péfant & mélan- colique, & un dégoût exceflif; il! jouit depuis ce tems d’une fanté par=. faite, & fes forces ont augmenté à un point qui caufe de l’admiration: à tous ceux qui le connoiffent. Voi-: là l'effet que produifit une fimple dofe de ce Reméde lors du premier effai qu'on en fit. Litige | La feconde perfonne fur laquelle: on l’éprouva fut une fille de dix+: fept ans , à qui une fuppreffion d'or-: dinaires avoit caufé des fymptômes: hyftériques,qui dégénérerent à la fini en une épilepfie journaliere. Les re=: médes dont on s’étoit fervi n'ayant: produit aucun effet, on lui donna, enfin 25 gouttes de cette huile un: peu avant le paroxyfme ; ce qui lai plongea dans un fommeil,durant le-- quel elle éternua plufieurs fois, &;, dont elle ne revint qu’au bout de: vingt-quatre heures. Elle fut exem- pte pendant fix mois de cette ma= ladie, mais ayant négligé les res! LiTTÉRATRES 30% lmédes capables de procurer l'écou- Jement de fes ordinaires ; elle en à fut de nouveau attaqué vers l'équi- ‘ noxe d'Eté, mais on l'en délivra * une feconde fois avec vingt-cinq … gouttes de la même huile. Le dé- » faut de régime lui caufa une fecon- … de rechûte fix mois après ) Mais “elle dut fa guérifon au même re- “ méde. Onéprouva cettehuile pour la - dans des accès fpafmodiques & épi- … leptiques, & enfuite d’une fup- - preffion d’ordinaires; on luiendon- “ na trente gouttes, qui lui caufé- L rent un fommeil, accompagné d’é- “ rernuemens, d'une fueur, & d’un “ . écoulement d'urine qui luirendirent … Ja fanté, & rétablirent le cours de { fes disais Le quatriéme fujet de cé remé- de fut une fille de quarante ans , qui étoit fujette tous les mois, dote 15 ans,à des accès d’épilepfie : la h. premiere dofede trente gouttes ne la 7 ‘14806 + MémorREs. | fit point dormir, & elle eutune nou=: xelle attaque d'épileplie dans lecou- rant du même mois;mais la feconde: la plongea dans un fommeil de qua tre heures auquel elle dut fa 25 ae rifon. | Un jeune homme de 24 afss, fujet à une épilepfie idiopathique, dut fa. “guérifon au même reméde. On mit d'abord en ufage les purgatifs: & la faignée, après quoi on lui en donna trente gouttes, qui lui pro- curérent un fommeil de quatorze: heures, & lui rendirent la fanté. Un jeune homme de vingt ans fut guéri après huit heures de fom- meil d’un délire mélancolique au-. _quelil étoit fujet depuislong-tems;, en prenanttrente souttes de la mê- me huile. Plufieurs autres perfonnes: -ont employé ce reméde avec faces dans les mêmes cas. | Il arrive fouvent à la honte dé la Médecine, qu'un reméde qui a produit des effets admirables dans une occafion, devient tout à fait! doutile dans un autre, & c'eft cé quil LiTTÉRATRES 207 qui eft arrivé au nôtre qui n'a pu | guérir un homme de 46 ans d’une “ imanie & d'une épilephe à à laquelle … 1létoit fujet quoiqu’on enaïitréitéré - la dofe jufqu’à deux fois. … . Ce reméde ayant été donné à un enfant de quatorze ans, qui tom= boit du mal caduc, & que l'or — croyoit fujetaux vers, ilne produi= . fit fon effet qu'au bout d’un mois. On l’éprouva encore fur un jeu- ne homme de 28 ans, qui étoit fu- jet à l’épilepfe depuis fa feptiéme année ; 1l ufa de cette huile pen- dant dix jours confécutifs fans pou … voir dormir, mais il fut exempt du« … ranttout ce tems-là de cette mala- - die. Ayant négligé de prendre les _dofes reftantes le onziéme jour, & étant allé à la campagne pour va -quer à fes affaires, les accès le re- 1 . prirent, &iltomba dans le feu, ce *- qui obligea fon pere à lui faire aban< . donner les remédes. : Onn’a point éprouvé jufqu'icr . ce reméde dans la goutte; maison a découvert fon inutilité dans les O 508 ‘© MÉMOIRES fiévres intermittentes.On remarque= ra que toutes les fois que M. Deppe- | lius a mis de la femence d’anis dans la retorte pour corriger la mauvaife odeur de cette huile, les malades | qui en ont ufé ont perdu la vûe pen- | dant deux heures. | Les mêmes motifs d'humanité qui ont engagé les Auteurs de la. Colleëtion de Breflaw à communi- quer ce reméde à leurs compatriu-: tes, nous ont pareillement déter-. ‘miné à le donner en Anglois, pour: que les curieux puiflent examiner: “plus commodément les vertus d’un ‘reméde auf fimple & auflieffcace,, du moins à en juger par le récit des Médecins auxquels nous le de- “vons. Ce reméde ne produit au- “cun mauvais effet, mais cela n’em- “pèche pas qu'on re doive l'admi- niftrer avec toute la prudence re- ‘quife. On doit examiner en premiet lieu fr l’épilepfie eft idiopathique, ou fymptomatique, cette huile étant moins efficace dans la feconde que dans la premiere ; on doit enfuite: ne tale: ie + Essen LITTERAIRES ‘309 détruire la caufe matérielle de la maladie , & obferver avec foin l’o= pération du remede , fi l’on veut former .un pronoftic afluré fur fa guérifon. Suppolé que ce remede ne produife: pas tout l'effet:qu’on en attendoit , on doit avant de le rejetter , détruire la caufe qui re- tarde fon opération > & au cas qu’il réuffiffe , le communiquer au public avec la même générofité que M. Deppelius & les'autres Médecins dont On a parlé nous en ont fait part. On doit obferver enfin, que ce remede ne caufe aucun des fymptomes dont on! a parlé à ceux qui fe portent - bien, & qu'il n’eft jamais fuivi d'aucune circonftance facheufe, Oï 8160 : MÉémorres. sp at DISSERTATION Sur la nature &’ les propriétés des différentes Eaux. E tous ceux qui fe font ap- | pliqués avec quelque foin à l'étude de la Médecine:, il n’en eft | aucun, je penfe , quipuifleignorer avec quelle ardeur:on à fouhaité & recherché en tout tems & en tout lieu, un reméde qui pût guérit gé- néralement toutes les maladies. On . ne fçauroit aflurémént trop témoi- gner fa joie. & fa reconnoiffance ; s'il fe rencontroit quelque Méde- cin aflez ingénieux , & en même tems aflez heureux pour trouver cette panacée fi falutaire. Mais coms me nous ne Connoiflons. encore , par expérience, pas même un feuk reméde , dont le fuccès foit tou- jours infaillible pour venir à bout. d’une fcule efpéce de, maladie , C2 | LE | N # (4 Ë . LiITTERAIRES 947 plus forte raifon doit on défefpé- rer de pouvoir jamais en trouvér un fuffifant pour les guérir toutes. En effet , fi nous confidérons la variété qui fe rencontré dans les tempéramens des perfonnes , ce « grand nombre , & fouvent cétte œontrariété des caufés des mala- dies , de même que le changement qui fe fait fi fouvent de la vertu : _ des remédes dans différens fujets, … par rapport à leurs divers tempéra- mens ; fi, dis-je, nous confidérons - tout cela, nous ceflerons de nous . fatiguer à la recherche d’un reme- ” de univerfel. Cependant s’il s’en . trouve quelqu'un dans toute la na- ture qui mérite Ce titre, certaine- . mens il n’y en a point d’autre, fe- Jon moi que l’eau commune ; puif- que fans elle nous ne fçaurions jouit de la fanté, ni même de la vie. C’eft _ elle, en effet, qui éloigne de no- tre Corps toutes fortes de maladies, _& qui le conferve fain & exempt: de toute corruption , laquelle eft æès-ennemie de la vie. Outre cela , Ou ] 312 Mémorres:. | l'ufage de l’eau fatisfait à toutes les indications du Médecin dans la _ pratique, de forté que fans fon fe- cOUrs on ne {çauroit venir à bout d'aucune maladie, foit aiguë, foit chronique. Mon deffein n’eft pas de rapporter iCi, pour confirmer ce que j'avance, les effets falutai- res des Eaux Minérales tant chau- | des que froides, & de prouver leur | efficacité pour la guérifon des diffé- rentesmaladies qui afigent le corps: humain : je me contenterai feu- lement de parler de l’eau commu | ne ( j'entends de celle qui eft pure & qui a les qualités requifes ) c’efb . de celle là, dis-je , dont j'entre= prens de faire l'éloge , & de re= - commander l’ufage-univerfel. : © :M'étant donc propofé de trai= ter ici de lufage univerfel de l'eau commune ;, pour prévenir & guérit les maladies , & voulant prouvef: cette vérité d’une maniere évidens: te, je penfe qu'il ne fera pas hors» de mon fujet de dire auparavantt quelque chofe fur la néceflité naz: LITTÉRAUMES S19 - turelle où notre corps eft de mou- rir, afin qu'on puifle enfuite juger plus clairement , quelles font les maladies guériffables , & quelles font les incurables. À l'égard du premier point, c'eft-à-dire, de la néceflité naturelle de la mort, tout le monde fçait que la durée de no- tre corps, aufli-bien que ce qui le _ garantit de la corruption, à laquelle il a beaucoup de penchant de’lui- même, dépend uniquement d’une circulation perpétuelle & non: 1in- “ térrompue du fang & des humeurs. “ En effer, tant que cette circulation eft entiere & bien réglée , nous - jouiflons de la vie ; mais lorfqu’elle vient à manquer, nous fommes fort près de la mort. C’eft donc ce mouvement qui préferve feul notre corps de la corruption, parce qu’il eft aufli le feul qui empêche le re- pos du liquide hétérogene , de la » nature duquel font en général les _ parues des animaux ; car le repos cit la caufe & le fondement de tou- te putréfaction. RER ST | 7, mate O iv 814 Mémoires -,. left sûr que notre corps dure= roit à perpétuité; fi nous pouvions faire enforte que la circulation du : fang fe maintint toujours fans ir+ terruption ni altération. Mais com- me la foibleffe humaine , & la mi- férable condition où nous fommes ne nous permet pas de compter fur cet avantage, il eft bon de re- chercher quelles peuvent être les caufes de ce manquement ; ce font, à mon avis les fuivantes. Cette cir- cülation des humeurs, qui nous fait vivre, eft dirigée & s'accomplit par le moyen de certains organes & des routes que tiennent les flui-* des : ces organes font compolfés de fibres mufculaires élaftiques qui ont un mouvement fucceflif & récipro- que de dilatation & de contra&ion. Ces routes font des vaifléaux , les uns de plus grande , & les autres de moindre capacité ; lors donc. que l’élafticité & l’impulfon des fibres vient à diminuer de telle {or- te, qu'elle ne répond plus à la pro- portion des humeurs néceffaire poux LiITTÉRAIRES. 31$ le mouvement,& qu'ainficesmêmes humeurs ne peuvent plus circuler à leur aife & promptement dans les petits vaifleaux ; il faut alors abfo- lument que ces fluides croupiflent dans les vaifleaux capillaires ; d’où s'enfuit la corruption , fource fé- conde des maladies & de la mort. Or comme l’élafticité & les forces mouvantes des corps s’affoibliffent à la longue dans toutes les machi- nes, à caufe du changement qui fe fait dans la matiere dont elles font compofées ; le même inconvénient arrive auffi à notre corps, dont les fibres , qui font les feules caufes efficientes du mouvement , devien- nent plus épaïfles, plus dures, plus folides & plus feches , à mefure que nous avançons en âge. C’eft pourquoi non - feulement elles ont plus de difhculté à fe mouvoir ; mais outre cela, les pores & les capacités des vaifleaux fe rétrécif- ant peu à peu, empêchent que les humeurs ny puiflent circuler d’un cours libre & égal, Cette vérité fe O y _ga16 M ÉMOIRES prouve: très-clairement par l’exem- ple des chairs des vieux'animaux, lefquelles, à caufe de leur dureté & de leur folidité , demandent pour s’amollir , beaucoup plus de chaleur & de cuiflon que celles des jeunes animaux, [ln'eft donc pas douteux que fi l’on pouvoit toujours con- ferver le même état & la même mobilité dans les fibres & dans les vaifleaux , & enfin, la même ou- verture dans les pores ; qu'alors, dis-je, la vie de notre corps ne finiroit jamais , à moins qu'il ne lui arrivât quelque accident de la part d’une caufe externe. Mais que nous puiflions parvenir à ce point, foit par l’ufage d’un reméde parti- culier , foit en obfervant un cer- tain régime de vivre ; c’eft afluré- ment ce qu'on ne ‘{çauroit conce-. voir , lorfque l’on connoiït jufqu'où | peuvent s'étendre les forces des chofes naturelles. Cependant , ce qu'il ya non-feulement de vraifem- blable , mais encore de bien sûr; c'eft que beaucoup de gens ne par- LiTTÉRAIRES 317 _ viennent point au terme de la vie, que leur promet la conftru@tion de leur corps & le tempérament qu'ils ont reçu de la nature ; & cela, parce qu'ils ignorent ou bien qu'ils mé- prifent & négligent les regles par le moyen defquelles ils pourroient atteindre ce terme naturel de la vie. C’eft pourquoi la plûpart des hom- mes rendent indubitablement leur vie plus courte qu'elle ne le feroit, & dérangent leur fanté, tant par leur déreglement dans les paffions & dans le régime de vivre , qu'en négligeant la différence doien doit faire des chofes faines , ou mal faines. Après avoir donné une idée fuf- fifante de la caufe & de l’origine interne & naturelle de notre mort 3 je crois qu'il ne fera pas hors de propos d'expliquer en peu de mots, pourquoi 1l fe rencontre des mala- dies incurables , & dont on ne fçau- roit venir à bout-par aucun fecours ni par aucun reméde. En effet , non- feulement la droite raifon , mais Ov 318 :. MÉMOIRES encore les loix même du mouve | ment nous font aflez connoître, qu’il doit y avoir de la proportion entre le principe a&if & le pañlif, & que dans,toutes chofes, les effets fup- pofent une caufe proportionnée. Ainf donc, s’il arrive des obftruc- tions très-fortes & très-rebelles dans les vaifleaux, fi les vaifleaux s’en- durciflent , s'il fe fait de grands épanchemens d’humeurs dans les cavités, & qu'il en réfulte des cor- ruptions , qui pourra trouver ur reméde aflez efficace pour vaincre | tous ces maux ? Qui eft-ce encore qui pourroit arrêter par le moyen _ d’un reméde convenable, lesinflam- mations profondes & internes des parties nobles, & le fphacele qui Jeur fuccede ? Enfin, qui eft-ce qui {urmonteroit & bréndétt les mou- vemens convulfifs du genre ner- veux, lorfqu'’ils font très-violens & invérérés ? Affurément, s’il fe trou- voit quelqu'un affez habile pour en venir à bout ; je ne l’appellerois pas feulement un Efculape , mais je di- = Secma ——.… LA 4 / hi ty. vA ' 14 (Nt- at Ne LiTTÉRAIRES. 319 rois encore qu'il eft né pour le bon- beur du genre humain , très - pêt- fuadé que je ferois, que perfonne ne mourroit entre fes mains d’au- cune maladie aiguë. Au refte, il nous faut auffi exa- miner s’il fe troùve dans la nature un reméde particulier & propre à guérir une certaine efpéce de ma- ladie. Perfonne n’ignore que l’on recommande encore aujourd'hui pour de certains maux, des remédes particuliers à qui l’on a donné le nom de fpécifiques : c’eft ainfi qu’on regarde le Quinquina comme un fébrifuge facré ; qu'on donne tant de louanges au Mercure pour la guérifon de la Vérole ; qu'on dit de l'Opium que c’eft le reméde le plus certain qu'on ait encore trou- vé pour appaifer toutes fortes de douleurs; qu’on appelle le Mars le foulagement des Hypocondriaquess que le foufre eft regardé comme un excellent peétoral ; le Caftoreum corme très-ami du genre nerveux 5 que les Amers font réputés d’excel- Va, 320 MÉMOIRES lens remédes pour la Cachexie & É Hydropifie , , & qu on eftime le Ni- tre très-propre à éteindre le feu de la Fievre. Mais quoique tous ces remédes fi vantés ayent en effet beaucoup de vertus , & méritent des louanges, cependant un Méde- cin un peu verfé dans la pratique de fon art, jugeræ facilement que ces fortes de fecours ne font point fufffans pour venir à bout de tous ces maux. Car qui eft-ce qui peut ignorer que prefque toutes les ma- ladies font entretenues par des cau- fes non-feuiement différentes, mais encore fouvent contraires ? Qui ne Â{çait que les maladies font accom- pagnées de divers fymptomes, & qu'elles font ainfi plus ou moins dangereufes ? Eft-il enfin quelqu'un quine foit perfuadé, que nos corps font de différens tempéramens, fur lefquels lestemédes agiflenttout dif | féremment ? C’eft pourquoi il faut abfolument que d’un feul & même reméde qu'on aura donné , 1l en réfulte des effets non-feulement dif- Se hero: Fa eLITTÉRAIRES. 3921 férens; mais encore fouvent, con- traires, & cela fuivant la diverfité du. tempérament des fujets.. Et * en effet , chofe à laquelle il faut bien faire attention , les remédes n’agiflent pas feulement felon leur propre activité, mais aufli fuivant la maniere dont ils font reçus ; c'eft-à-dire, que leur vertu dépend de la maniere mécanique dont nos corps & les médicamens-agiflent mutuellement & réciproquement les uns fur les autres. D'où l’on com- prend aifément quelle n'eft pas l'audace & la criminelle témérité de ceux qui entreprennent la gué- rifon des maladies, lorfque fans avoir aucun égard à la différence des fujets & des caufes morbifiques ou d’autres circonftances, ils fe fer- vent toujours indifféremment d’un même reméde & d’une même mé- thode dans la même maladie ; & c'eft ce que font communément les Médecins ignorans, qui ne fçavent .de quelle manieres’y prendre ; auf ne faut il pas s'étonner qu'ils en- 332 MÉMOIRES. voyent de cette façon, tant de gens en l’autre monde : je parle des Mé- decins ignorans ; Car ceux qui au- tont aflez d'étude, dé génie & d’ex- périence pour diftinguer comme il faut tous ces cäs , fe garderont bieni, de fe fervir danÿ'une mémetnalas die , d'un même reméde indiffé- saute dt toute forte de per- fonne. ° Il me refte maintenant à expli- quer en quel fens on peut donner à l’eau le titre de reméde univer- fel. Je foutiens donc en premier lieu, que l’éau convient parfaite- ment à toute forte de conffitutions & à toutes fortes d'age & de tems. En fecond lieu, qu'il n'y a pas de meilleur préfervatif contre les ma- ladies. Troifiémement, que le fe- cours & le foulagement qu'on en üre eft infaillible tant dans les ma- ladies aiguës que dans les chroni- ques ; & enfin, que l’ufage de Peau fatisfait à toutes lés indications, tant pour la confervation de la fanté, que pour la guérifon des LITTÉRAIRES. 27 maladies. Mais comme les eaux en général différent beaucoup en- treelles , il eft très - important d'examiner quelles font les eaux propres à ces deux indications gé- nérales de la Médecine ; car on ne fçauroit nier que les eaux ne diffé- rent extrêmement de l’une à l’autre en nature & en vertus, comme les buveurs d’eau peuvent le remarquer aifément au feul goût. La meilleure : méthode pour connoître la diffé- rente qualité des eaux, c’eft d'en faire divers examens Étyiniques: fçavoir, de les pefer & d’y mêler différentes matieres. [l ne faut pas croire, en effet, que l’eau foit une liqueur aufli homogéne qu'elle le paroït d'abord; plufieurs expérien- ces prouvent qu’elle eft mélée de quantité de parties hétérogenes. Car premierement, il n’eft aucune forte d'eau qui ne renferme en elle-même un fluide compofé d’air & de ma- ticre éthérée, avec lequel elle s’unit étroitement. I]! femble aufli que c’eft uniquement par là qu’on doit exphi- 324 MÉmornes quer la caufe de la force élaftique de l'eau. Car perfonne n’ignore que toutes fortes d’eaux peuvent fe raré- fier, & augmentant ainfi de volu- me , OCCuper un plus grand efpace , qu'auparavant ; & qu'au contraire, elles peuvent aufli diminuer de vo- lume , & être renfermées dans un moindre efpace,& cela fuivant qu’il s'infinue entre les pores de l'eau. plus ou moins d’air ou de matiere éthérée ; ou qu il en fort plus ou moins des mêmes pores. Cela fe voit très-clairement dansles Ther- mometres , où le liquide qu’on y a enfermé, occupe tantôt un grand _efpace & tantôt un moindre , fui- vant les divers degrés de chaleur & de froid. Car telle eft la nature de toutes les liqueurs, qu’elles ad- mettent ordinairement à l’appro- che de la chaleur ,une plus grande quantité de matiere éthérée , & qu’elles là quittent enfuite lorfque le froid furvient , comme nous l’a- vons éprouvée il y a quelques an- nées pendant un Hyver très-rude, LITTÉRAIRES 32% Pour ce qui eft de la quantité d'air … & de matiere éthérée répandue dans + l’eau, on ne fçauroit mieux la re- . connoître que par lemoyen de la Machine Pneumatique: car les'eaux qui font les plus légeres &les plus . fubtiles donnent dans le vuide une - grande quantité de petites bulles ; _ & même, fi elles ont été tant foit peu échauffées , on les voit s'élever au-deflus de l’orifice du vaifleau de verre qui les contient : au contrai- re, plus les eaux font groflieres À chargées & péfantes, moins il s'en éleve de bulles. Outre cela, l'eau paroît être com- pofée de parties fubtiles, & d’autres un peu plus péfantes : les premie- res, comme plus propres au mou- rar , montent plus aifément _& s'élevent en haut à l'approche de la chaleur , par le moyen de la diffilation & de l'évaporation : mais celles qui font plus péfantes & d’un plus gros volume ; demandent un plus grand dégré de chaleur. C’elt pourquoi nous remarquons qu'en #26 » Mémotrrs faifant bouillir de l’eau ; les partiéf les plus fubtiles s’én exhalent, &: que les plus groff eres & les moins: utiles demeurent. C’eftauflicequ’é- | prouvent manifeftement ceux qui boivent dû Café ; car lorfqu'ils le mettent dans.une eau qui a Houilli | trop long-tems , ils trouvent qu'il en a moins bon goût. On obferve encore que dans la diflillation il eft de certaines eaux qüi.moñtent | fort vite & très-facilement au haut de l’alembic, & d’autres plus tard & plus difficilement. Enfin, les eaux difiérént beaucoup entr'elles par rapport à leur poids, puifque fi on les péfe , on trouve les unes pe- fantes & les autres légeres ; car celles qui font chargées de plufieurs fortes de parties terreftres & falines , fur- paflent de beaucoup én pefanteur celles qui font pures. Quant aux eaux de pluie ,;:comme elles font les plus fubtiles & les plus pures, elles font aufi les plus légeres. : On ne fçauroit , au refte , mieux reconnoître la pureté des eaux , & LiTrÉRAIRES 39% # diftinguer ces parties hétéroge- nes qu'elles contiennent , que par le moyen de la diftilation , qui décou- vre à nos fens, non-feulement la quantité , mais encore la nature & la qualité de ce qu'elles contien- nent. C’eft quelque chofe de {ur- prenant en effet , de voir combien « il refte de matiere terreftre & pier- - reufe après la diftilation de certai- - nes eaux. J'ai fait autrefois une ex- périence de cette nature. J’ai diftilé dans une cuçurbite de verre de l'eau de Fontaine jufau’à ficcité, y en ayant mis deux mefures , & réitérant la diftilation dans le même _vaifleau jufqu'à dix fois ; j'ai retiré par cette opération du fond de la . cucurbite une grande croûte pier- -reufe, compade , dure , & égale en épaiffeur au dos de la lame d’un .Coûteau. I] faut encore remarquer qu'il y a plufieurs eaux dont les -dnes contiennent une terre de la nature de la Chaux, d’autres une matiere pierreufe ;-celles qui par- ticipent du Mars fe reconnoiflent” 328 MÉMOIRES | à leur goût aftringent, & à un fédii ment d’ocre qu’elles dépofent d’a:. bord en fortant au tour de leut fource. Plufeurs aufli, & entre au- | tres nos Eaux de Hall én Saxe, con: | tiennent un Sel Marin , comme on. en peut juger par le goût de ce qui refte au fond après qu'on les a fait. bouillir. Au refte , les mélanges des parties hétérogenes avec l'eau, & par conféquent fon impureté fe dé | couvre encore mieux par lemoyen de quelques expériences’ chymi- ques. Ilyen a deux, fur-tout dont je me fers ordinairement , & que. je recommande beaucoup pour bien reconnoître la pureté ou l'impureté ‘des eaux. La premiere; c’eft d'y ver-. {er de Huile de Tartre par défail- Jance ; & la feconde , d’y mêler de: da diffolution d'argent faite avec. ‘J'Eau Forte. Si les eaux font pures, telles que font celles de: pluie, ou ‘bien les diftilées , ou même quel. ‘ques Eaux de: Fontaine, il ne s’y fait “aucun changenient lorfqu’on y mé- ‘le lune de ces deux liqueurs : mais) EC LITTÉRAIRES 329 . fielles ne font pas pures & qu'elles foient au contraires groflieres & pefantes , l'Huile de Tartre les fait blanchir.comme du Lait, particu- liérement fi elles font chargées d’une terre de la nature de Ja Chaux ; :& fi l'on y verfe de la diflolution d'argent , elles fe trou- blent, prenant une couleur cendrée qui tire prefque fur le rouge ; ce qui eft la marque d’une matiere _ ferrugineufe cachée dans ces eaux. D'un autre côté , les différens effets que produifent les eaux, nous découvrent clairement leur nature, ‘leur fubrilité , leur légéreté & leur ‘péfanteur. C’eft ainfi qu'on fe fert -des eaux légéres & fubules pour faire cuire les chaïirs des animaux les plus dures , & les légumes , aufli- ‘bien que pour ramollir les os , les dents, & les Poiflons de Mer. Ceux -qui ont accoutumé de laver le lin- ge, ou de le blanchir au Soleil, -reconnoiffent aifément ka différen- - - ce remarquable qu'il y a d’une eau à l’autre , en ce que celle qui eff | | Mo eMEnétemer 1 fubule,, molle & légere , nettoyé | bien plus vite & plus facilement les ordures vifqueufes & grafles, | que ne fait l’eau péfante, laquelle ne donne aucune écume, & fe mêle difficilement avec Île Savon. Les Chymiftes remarquent aufli dans leurs opérations une grande diffé- rence par rapport aux eaux dont als fe fervent ; car celles de Fontai= ne & les autres, qui font pefantes, {e trouvent moins propres à l’édul- coration des Chaux & des Magifte- res, comme de la Chaux d’or, de l'Or fulminant, de la terre douce de Vitriol , &t. en ce que ces fortes d'eaux laiflent quantité de petites “parties dans les pores; c'eft pour- -quoi ils employent les eaux de pluie | - & les autres qui font fubtiles, avec beaucoup plus de fuccès dans cette occafion. Les Boulangers fçavent auffi par expérience , que les eaux . fubtiles, légeres & molles font plü- -tôt fermenter & lever la pâte, que : celles qui font groflieres & péfan- tes ; car ces dernieres rendent le. | pain LITTÉRAIRES 338 . pain moins léger & plus compate. , Les Jardiniers n’ignorent pas non . plus que les Plantes & les Herbes | qu'ils arrofent avec une eau lége- . re, fubuile & fpiritueufe, croiffent beaucoup mieux & profitent davan- » tagé, que s'ils les arrofoient d’une eau Auée & pefante , telle qu'eft » celle de Fontaine, ou quelqu’autre … de même qualité. - Les Braffeurs apperçoivent auffi … une grande différence dans les eaux - quils employent pour faire leur Pierre : car l'eau dure & pefante fait une Bierre de meilleure garde; & l’eau molle & légere lui com- munique un goût bien plus agréa- “ ble, maiselle la fait auf aigrir plus aifément. Les Maçons encore qui font le Mortier, & ceux qui pré- parent le Plätre, fçavent aflez que les eaux de pluie & celles qui font fubriles , font moins propres à ce travail, n’y donnant point la con- fiftance & la liaifon requife , ce qui leur réuflit beaucoup mieux avec des eaux dures & pefantes, comme P 332 MÉMOIRES celles de Fontaine. Enfin, lexpé rience nous apprend tous he jours que les infufions d’herbes, comme de Thé, de Véronique, de Sauge , &c. tirent beaucoup plus de teintu- re, quand on les fait avec de l’eau de pluie, que lorfqu’on fe fert d’eau de Fontaine. Quant aux eaux de oi j'te font affurément les plus fubtiles de : toutes , puifquelles font effective- ment diftilées par la nature même ; car les vapeurs de l’eau étant éle- vées de Ja terre par la chaleur du Soleil, font fubtilifées par le mouve- | ment & la chaleur , & deviennent ainft très-propres à fervir aux diflo- lutions, aux lotions, à la nourriture & à ra à des Plantes, aux infufions , au blanchiffage , & enfin aux ufages intérieurs de la | Médecine. Mais comme il s’y mêle quantité d'exhalaifons différentes | & fujettes à fe corrompre, qui vien- nent tant des Végétaux que des Animaux ; il arrive de là , que. fi BYTTERAIRES ‘353 _pofées à l'air, ou qu'on les garde trop long-tems dans des vaifleaux de bois, elles fe corrompenttrès-fa- cilement ; ainfi celles qui tombent au mois de Mars durent le plus long-tems , parce qu’elles n'ont point été infetées d’une fi grande quantité de différentes exhalaifons. Pour avoir donc de bonne eau de pluie , dont on puifle fe {ervir uti- lement en Médecine, il eft à pro- pos de la garder dans des vaiffeaux de terre bien bouchés, afin de la garantir de lair extérieur. Outre cela , il ne faut pas prendre l’eau qui tombe des goutieres , mais re- cueillir dans des vafes celle qui tombe en pleine Campagne : : C'eft de cette façon qu’on peut la con- - ferver plufieurs années fans qu’elle fe gâte. Après les eaux de pluie, viennent celles de Riviere, dont il y en a quelques-unes qui ne le ce- dent guere aux premieres en bonté L& en pureté. Tout le monde eft convaincu que les fleuves croiflent * par le moyen des pluies, & qu'ils Li 33 MÉMOIRES — décroiffent lorfque les pluies vien- nent à manquer: mais comme ils tirent leur origine des Fontaines qui ont leur fource dans des lieux éle- vÉs & montagneux & qu'enfuite les pluies font croître les Rivieres, qui en parcourant une grande éten à due de pays, prennent & entrai- nent avec elles différentes fortes de matieres , qu'elles tirent des terres | par où cils pañfent ; cela ef caufe ordinairement , que les Rivieres font d'autant plus troubles & im- pures, qu'elles ont traverfé plus de pays dans lèur cours ; fans Compter qu'ellés tirent aufli du fond de leur Et plufeurs parties hétérogenes ; ainfi l’on voit par là qu'ily a une dif- férence aflez confidérable entre l'eau de pluie & celle de Riviere : on doit encore ajouter que les fleu- ves étant toujours expolés à l'air & à l’attion du Soleil , leurs parties les plus fubtiles s "cthalenit en Va-: peurs , qui forment cine les nuées & les pluies. A l'égard des Hide ; il pas BITTÉRALRES, 346 roit qu'elles différént confidérablez ment de l’une à l’autre, quant à leur nature ; car celles dont le cours eft très-rapide , & qui fortant de la éime des Montagnes, où elles ont leur fource , fe précipitent dans des lieux bas, différent beaucoup _ de celles dont le cours’ eft lent & tranquille , qui ont ordinairement leur fource dans des lieux moins … élévés. En effet, celles qui roulent + avec uné grande rapidité , ont, pour la plûüpart, une eau légere & fubtile moins facile à fe corrom- … pie , mais aufll dun aütre côté …. moins propre à la multiplication : & à la nourriture des Poifflons ; parce que leur coufsrapide ne per- M _ met pas aux œufs des Poiflons de s'arrêter fur la rive , & d’y éclore par le moyen de la chaleur du So- Jeil : mais quoique ces fortes de … Kivieres n’abondent guere en Poif- | fons; cependant ceux qu’on y trou- . ve font d’un très-bon goût & fort fains. On voit donc la raifon pour quoi le Rhin & le Rhône , qui pren- P ii 336 MÉMOIRES | nent leur fource dans les hautes Montagnes des Grifons, ont leurs eaux beaucoup plus légeres que les autres Fleuves ; aufi efl-il à re- marquer , que les Barques defcen- dant le Mein , pour entrer dans le Rhin, ne beaucoup plus dans ce dernier Fleuve, dès qu’elles y font entrées , ce qui vient de la lé- gereté de fes eaux ; & fi l’on pefe l'eau du Rhin & celle du Rhône, on trouvera que ces deux eaux approchent beaucoup de l’eau de pluie en légéreté. D'ailleurs, com- me ces Fleuves ont un cours des plus rapides , il arrive que leurs eaux fe confervent affez long-tems fans fe gâter. C’eft pourquoi, quant à l’u- fage intérieur en Médecine, on doit donner fans difficulté la préféren- ce à l’eau du Rhin & du Rhône fur celle des autres Rivieres. M. Spon, célébre Médecin de Lyon ; a donné des Obfervations fur l'eau du Rhône, qui ont été inférées dans les Journaux des Sçavans d’Alle- | magne , Ann. 1680. pag. S19,où: lon dit ce qui fuit. » Si vous pre- Î L LIDPÉRANRES 407 # nez de l'eau du Rhône, que ) » vous la mettiez à la cave enfer- »mée dans de grandes Cruches » de terre, & que vous l'y laiflicz » avant de là boire pendant quel- » ques femaines ou quelques mois , + afin qu'elle ait le tems d’y dépofer >» toutes fes feces, vous aurez une “ + eau excellente & très- pure , qui » fe confervera fans fe gâter, non- “ »feulement plulieurs mois , mais » encore plufieurs années, & même » un fiécle entier. » Il n’en eft pas de même des Ri- vieres dont le cours eîft lent & tardif : celles - ci font très - propres à la produétion & à la nourriture d'une fort grande quantité de Poif- … {ons ; telles font , par exemple , … les Rivieres de la Marche de Brandebourg , comme la Sprée , le Havel & lOder , particulierement aux endroits où ce dernier Fleuve fait plufieurs contours , & de mèé- me la Teifle dans la Hongrie; car ces Rivieres donnent une fi grande quantité de Poiflons, qu'on n’en P iv 338 Mémorres trouve guere dans toute l'Europe | de plus poiffonneufes : en voici la. raifon,à ce que je penfe:ces Rivieres | n'ont pas feulement un cours très- lent, mais coulent encore à travers | de lieux & des terres grafles & vif- | queufes pour la plûpart, d’où. elles entraînent affez d’alimens pour | nourrir quantité de Poiflons ; c’eft “pourquoi l’on n’obferve point dans leurs eaux cette limpidité & cette. | tranfparence cryftalline qu'on re- marque dans d’autres. comme dans | celles du Rhin & de l’Elbe. D’un autre côté , comme l’eau de ces | derniers Fleuves eft molle & légere, elle eft aufli très - propre à net- toyer le linge, pour peu qu'on ÿ mêle du Savon : il faut cependant obferver que le linge qu’on y lave n’acquiert pas cette blancheur que lui communiquent les Rivieres dont | Veau eft blanche , comme la Saale & la Mulde. C’eft aufli un faitaflez | fingulier , que la chair des Poifs ons qu’on prend dans l’Elbe, eft . beaucoup plus blanche que celle. de ceux qu’on trouve dans la Sprée ou dans le Hayel ; parce queles Poif- LISTÉRAINES 329 fons de ces dernieres Rivieres n’ont pas de l'eau aufhi claire & auffi limpide que ceux de la premiere. On peut donc conclurre facilement de ce que je viens de dire , que toutes les eaux de Riviere ne font pas d'une même qualité, & que par conféquent , elles ne font pas également propres à l’ufage qu’on en doit faire en Médecine. On efti- me cependant & l’on doit regar- der comme les meilleures , celles qui font claires , légeres, qui ne fe corrompent pas aifément , & où l’on n’apperçoit aucun chan- gement lorfqu'on y mêle de l'huile de Tartre par défaillance , ou de la diflolution de quelque métal. En- fin , il faut fe fouvenir en général, que les eaux des Rivieres, dont le cours eft impétueux & rapide, font toujours plus faines que celles qui coulent lentement. Venons à préfent à l'examen des eaux de Fontaine, où l’on remarque fouvent une nature & des proprié- y 340 | MÉMOIRES tés différentes ; car quoiqu'ellesti- rent leur origine des eaux de pluie, cependant felon la différence des lieux où elles ont leur fource , & fuivant les diverfes qualités des ter- res où elles coulent, elles acquie- rent aufli une nature & des vertus différentes ; ce qui fait qu'il eft rare de trouver deseaux de fource clai-. res , pures & & légeres. La plüpart de ces eaux, fi on les fait évaporer ou diftiler, déborent une quantité Cobalt de concrétion terref- tre, & il en eft peu qui ne fe trou- blent , fi On y verfe de la difiolu- tion d’un métal ou d’un fel Alcali. + Quelques - unes contienent du fel Marin, comme celles de Hall, & d’autres une fubftance vitriolique fubtile, comme quelques-unes de Zerveft. La liqueur du Sel de Tar- tre mêlée dans les premieres eaux , 5 manifefte la préfence du Sel Ma- fin ; & fi l’on verfe dans les fecon- des Le l’infufion de Fleurs de Gre- nade , on y découvre du Vitriol. Il y a auffi des fources qui parti- cipent du Mars, parce qu'elles for- LurTÉRAIRÉS 941 tent de lieux où il fe rencontre des Mines de Fer : leur eau a un goût un peu aftringent, & elle dépofe un fédiment d’ochre. Il eft donc à propos de fçavoir connoiître & diftinguer parmi un fi grand nombre de fources que la nature nous fournit, celles dont les eaux font faines; & c’elt de quoi Ton doit s’afflurer par leur légereté, leur limpidité , leur pureté & leur durée. Outre cela , il eft bon de “remarquer cette différence dans les ‘eaux de Fontaine, qui eft, que les ünes font plus molles, plus douces & plus légeres, & les,autres plus dures & plus pefantes. Les premie- ses font ordinairement celles qui for- tent de leur fource par les côtés, & qui coulent fur du fable ou de la terre glaife ; & les dernieres font celles qui fortent d’endroits qui vont en penchant & roulent fur des rochers & des pierres ferrugineu- fes. Il eft à remarquer à l'égard des premieres,qu'elles ne fe gardent pas fi long-tems, & fe gelent avec plus $ se V] 342 MÉMOIRES de facilité ; & quant aux dernieres ; qu'elles re confervent davantage & ont beaucoup de peine à fe ge- ler. Les unes & les autres font re- commandables pour leurs bons ef- fets, lorfqu'un Médecin f{çait s'en fervir à propos & avec prudence, fuivant la différence des maladies | & du tempérament des perfonnes. Après avoir examiné toutes cesef- péces d'eaux différentes,& avoir éta- bli qu’elles font les plus faines & les plus propres aux ufages de la Méde- cine,il ne me refte plus que d’en venir à mon but, qui eft de faire voir l'ex- cellence &.mèême l’ufage univerfel _ de l’eau commune, tant pour préve- nir que pour guérir les maladies. Je dis donc en premier lieu , que l'eau pure & légere convient à toutes fortes de tempéramens, quelque différens qu'ils foient les uns des autres. En effet , G la circulation des fluides bien réglée à travers toutes les efpéces de petits varfleaux de notre corps , eft l'unique fon- dement qui le conferve & le ga- gantt de KR corrupuon, il s'enfuit POSE RE TTC œ = à , ASIN] LITTÉRAIRES 349 delà ; que ce qui entretient la flui- dité de fans , doit être la chofe la plus convenable & la plus néceffai- re à la vie. Or , les fucs de notre corps qui fervent à la nutrition & à toutes les fon@ions, & dont les parties folides font auflicompofées, contiennent des foïides & des flui- des. Le deffechement du fang dé- montre qu'il contient des parties {olides ; & d’ailleurs fon inflamma- uon, fa diftilation & plufieurs au- tres expériences chymiques, nous convainquent clairement , & par le moyen de nos fens , que ces parties folides font de différente nature ; fçavoir , falines, fulphureufes , ter- reftres, vifqueufes, &c. En un mot, 1 y a dans le fang des parties hété- rogenes qui fe corrompent très-ai- fément , S'il y furvient un certain décoré de chaleur, de repos, d’hu- DE é; car ces trois accidens font les caufes de toutes fortes de cor- rupuons. De peur donc que ces parties ne fe corrompent & n’infec- tent celles qui font faines, il eft 2 $AA MÉMOIRES _néceffaire qu'elles ne s’arrêtent ja+ mais long-tems, & ne s’attachent point les unes aux autres ; autre- ment il ne fe peut faire que la cor- ruption n’y furvienne bien-tôt. II faut donc que ces parties folides, fubtiles, ful phureufes, terreftres, &c. ne foient pas feulement dans un mouvement inteftin continuel, mais encore qu'elles circulent toujours d'un mouvement progrefhfà travers tout ce grand nombre de tuyaux & de canaux qui font d’une petiteffé infinie ; car il arrive par le moyen de ce mouvement, que les parties _-folides du fang fe divifent en très- petits globules, moyennantun frot- tement continuel des unes avec les autres , & avec les parties fibreufes. C’eft pourquoi, il efttrès-néceffaire qu'il entre dans notre fang une gran- de quantité de fluide élaftique com- pofée d'air & de matiere éthérée, & outre cela beaucoup de liquide ‘aqueux. En effet, fi nousexaminons la proportion du folide & du fluide ‘dans le fang qu’on aura tiré par la L RE En PR LiTTÉRAIRES 345 faignée d’une perfonne faine, nous y trouverons deux fois , pour le MOINS , plus de liquide que de fo- lide : car j'ai obfervé très-fouvent , que fur douze onces de Sang , 1 ÿ en avoit ordinairement huit de matiere liquide , & quatre de fo- Hide. Outre cela, il paroît mani- feftement que le fang contient une grande quantité d'air fubtil & de matiere éthérée , en ce qu'il boût d'une telle façon dans le vuide , qu’il monte juiqu' au haut du vaif- feau de verre, où 1l eft contenu, & dont il n’occupoit auparavant que la moitié de la capacité. Il n'y à donc rien de fi falutaire , rien de plus propre à la vie, ni de plus né- ceffaire à fa confervation , que l'eau commune;car c’eft la chofe du mon- de la plus convenable à la nature humaine, & c’eft d'elle que dépend la vie & la durée de notre corps. D'ailleurs, on ne fçauroit trou- ver de meilleur reméde que l’eau pour conferver la fanté & préve- “nir les maladies. En effet, l’état de 346 MÉMoIRES la fanté confifte dans un exércicé libre & bien réglé de toutes les fon&ions du corps ; & fi nous con- fiderons quelle eft la caufe de cet heureux état, nous n’en voyons point d’autre qu'une circulation li- bre & égale du fang & des humeurs à travers tous les vaifleaux, & même les plus petits qui font aux émonc- toires : car il arrive de cette ma- niere, que ce qui eft utile & pro- pre à la nutrition, demeure & for- me les fécrétions qui fe font aux pores, tandis que l’inutile fe fépare & fort du corps, comme étant fu- jet à la corruption & ennemt de la nature. Les excrétions, en effet (choie qui mérite une attention toute particuliere ) ne font pas tant _ néceffaires, felon mot, dire&tement, fimplement & abfolument pour la vie, qu'elles le font indireétement pour la fanté & pour un exercice bien réglé de toutes les fonctions ; de forte que la fanté & la vie même “peuvent être en péril, fans qu'il y. ‘ait cependant aucune caufe ni dé- LiITTÉRAIRES 347 faut dans les excrétions qui le puiffe occafionner Car, eft-il quelqu'un qui ne foit convaincu, que les fonc- tions naturelles peuvent être extrè- mement troublées & en grand dan- ger par quelque pañlion forte & violente de l'ame , par une douleur aiguë, très-vive , comme feroit l’é- rofion & l’inflammation de l’efto- mac caufée par un poifon COrrO- fif qu'on auroit pris ? Et mème dans les maladies confidérables les plus chroniques , il ne faut pas tant avoir égard aux excrétions qu'aux obf- trudions des glandes , aux endur- ciflemens des vifceres, aux corrup- tions , aux gangrenes & aux CXtra- vafations des humeurs ; de même que dans les maladies aiguës, on doit donner une attention toute particuliere aux ftagnations inflam- matoires du fang. Ainfi donc , le mouvement libre & égal du fang & des humeurs, eft ce qui conferve la fanté, qui produit les excrétions des chofes inutiles, qui prouve un aliment convenable aux parties {o« 348 Mémoires - lides, & qui fournit aux nerfs fenfi “üfs & aux fibres ce fluide infinie ment fubtil qui leur donne le fen- timent & le mouvement. Maïs fi ce mouvement libre & égal vient à manquer ( ce qui peut arriver non feulement par la furabondance, vif- cofité ou impulfion des humeurs , mais encore par l'affoiblifflement de l’élafticité autour des fibres mo- trices ) alors, dis - je, la carriere eft des plus ouvertes aux maladies, & particulierement à celles qui font de longue durée. Car de ces mê- mes fources naïffent les flagnations des humeurs dans les grands vaif- feaux , la fufpenfon totale de leur cours dans les parties , les obftruc- tions dans les émon&oires , les skirrhes dans les glandes; & tous ces accidens font bien-tôt accom- pagnés de très-grandes impuretés , qui font les caufes des douleurs & des convulfions , aufli - bien que des putréfattions , qui font les en- nemis jurés de la fanté & de la vie. Voilà l’origine des çaufes qué LITTÉRAIRES 349 entretiennent les. maladies. Je fuis donc perfuadé qu'il n’y a perfonne à préfent qui ne compren- ne fort clairement, qu'une fluidité” exacte du fang & des humeurs eft abfolument néceffaire pour lui don- ner un cours libre & égal. Car de cette maniere les vaifieaux demeu- rent ouverts , les obftruétions ne fçauroient fe former, & les excré- tions font bien réglées. Enfin, c’eft par là que font empêchées les fta- gnations & interruptions du cours des humeurs, de même que leurs impuretés & corruptions, qui font les caufes de toutes les maladies. Je laiffe maintenant à juger aux plus habiles Médecins s’il y a dans la nature quelque remede plus propre & plus excellent que l’eau pure pour donner au fans cette fluidité fi néceflaire. En effet , l’eau pure & fubtile , divife & attenue parfai- tement bien les parties folides & rluantes des humeurs , les empé- chant ainfi de fe coller les unes aux autres. C’eft encore l’eau qui 350 MÉMOIRE 1 diffout tout ce qu'il se d'inutile & de vifqueux, & qui imbibe plu-. fieurs fortes de particules terreftres, falines , fulphureufes, & les entrai- ne Au du corps par les couloirs convenables. Î1 paroît de là que le défaut d'humidité & de mouve- ment , eft la fource d’une infinité de maladies. Cela confidéré, il eft aifé de voir la raifon pourquoi les buveurs d’eau (bien entendu que ce foit de celle qui a les qualités requifes ) fe por- tent beaucoup mieux & vivent plus long-tems que ceux qui boivent de la bierre & du vin. C’eft même l'eau qui leur donne ordinairement meilleur appetit & plus d'embon- point que n’en ont les autres, com- me l’a remarqué Foufeca , dans fon Traité de la Confervation de la Santé, page s 1. En effet l’eau ef une Fédeue très - propre pour la diflolution des alimens, pour l’ex- traction des parties chyleufes , & pour faire entrer & conduire le fuc nourricier dans les pores intérieurs “ | LIiTTÉRAIRES 3$f 38 des parties. Enfin l’eau d’éterge fort H bien & promptement la mucofité vifqueufe & ténace qui enduit les parois glanduleufes de l’eflomac & du Duodenum , donnant ainfi de la facilité aux fucs diflolvans ( qui fuin- tent dans ces parties & qui font les” « fources de l'appetit & de la digef- “ tion ) à pouvoir fe mêler en Blus “ grandeabondance aux alimens pour « Jes réduire en bon chyle. Il ne faut … pas croire, au refte, fuivant l'opi- « nion commune , que l'eau qu'on 4 boit en mangeant des fiuits qui fer- mentent dans l’eftomac, faffe du mal en cette occafion : car nous voyons que la plus grande partie des Portugais , des Efpagnols des François boivent de l’eau pour leur boiffon ordinaire , & cepen- dant ils mangent une très-srande quantité de ces fruits pendant l'été, fans en refflentir la moindre incom- moôdité.Outre cela.les buveurs d’eau ont. les dents beaucoup plus fer- mes & plus blanches, la pourriture . & Jaçarie des dents étant une fuite s52 MÉMOIRES qu'elle purge le fang des impure- tés qui s'y rencontrent , & les fait fortir facilement par les couloirs qui leur font appropriés. D'ailleurs, les ‘buveurs d’eau font beaucoup plus difpos dans toutes les fon&ions, | tant du corps que de l'efprit, que ceux qui boivent de la bierre ; car il. eft un grand nombre de biertes qui | engendrent des fucs grofliers, pe fans, épais & vifqueux , qui ont bien de la peine à pañler par les. petits tuyaux du cerveau & des D nerfs ; & c’eft ce qui occafionne la” Léon du corps & fait qu'on ne {ent point dans fes membres cette. difpofition & cette vigueur pour le fentiment & le mouvement. Plus donc la boiffon de l'eau pure & fimple fe trouve convenable à la. fanté & à la vie, plus, dis-je, eft-il. étonnant que les habitans des pays & -du Nord, comme de l'Allemagne, “des Pays-Bas, &c. aient une fi gran-, -de averfion pour cette boiffon fas, La | 1 101 | | du fcorbut , dont la boiffon de l'eau | pure LS la naïflance, parce. A ns eloe a BAT-TÉRATRES ‘Dos lutaire, que les autres Nations ché- riflent tant. Il eft sûr cependant que les bierres , & particulierement celles qui font trop épaifles & trop nourriffantes, donnent accès à plu- fieurs maladies très-confidérables, fur-tout fi l'on joint ordinairement à cette boiflon celle d’une _ grande quantité d’eau - de - vie ; il feroit beaucoup plus à propos de s’ac- coutumer à boire de l’eau & de la bierre pure , ou mêlée avec du vin, fuivant les divers tempéramens. Après avoir montré que l’eau eft un excellent préfervatif contre tou- tes les infirmités qui peuvent nous menacer , il me reffe maintenant à examiner quelle eft l'étendue de fon pouvoir & de fa vertu pour la gué- rifon des maladies. Je remarque en premier lieu que les Médecins .divifent toutes les maladies en ai- guës & en chroniques. Parmi les aiguës les principales font les fie- vres, qui ne font autre chofe que des augmentations de mouvemens, tant en véhémence qu'en viteile, ss4 MÉMOIRES dans les parties folides ou fibres, de même que dans les fluides; & ces augmentations fe terminent de différentes manieres ; fçavoir , ou en furmontant la caufe morbifique, & c’eft alors que la fanté revient , ou en détruifant notre corps, d’où la mort s’enfuit,ou bienen dérangeant & en corrompant fes parties; & c’eft de là que naît une difpoñtion à d’autres infirmités. En effet la n:- ture, dont le deffein eft de nous guérir , & qui en vient à bout le plus fouvent , ne fçait cependant quelquefois comment s’y prendre + & produit les maladies & même la mort. On ne doit, au refte, nulle- ment confondre avec l'ame raifon- nable ce que j'appelle ici la nature, par laquelle j'entens ce mécanifme très-fage que Dieu a établi dans no- tre corps, & qui agit par des puif- fances & des forces mécaniques & néceflaires qui lui font naturel- Jes ; ainfi donc pendant le tems que ces augmentations de mouvemens | font leur cours ordinaire & limité, ; & ET ES ÉITTYÉRAÏTRES 266 -& que l’art ne fçauroit les arrêter ; … pendant ce tems, dis-je, le Méde- ‘cin ne peut faire autre chofe que de : fournir à ces mouvemens une ma- - _.tiere qui leur foit convenable. Car cette augmentation eff jointe en mé- ‘me tems à une grande chaleur, qui diffipe extrêmement le fluide fi né- ceffaire & fi ami de la vie, c’eft pourquoi il faut le remplacer. En effet, ce mouvement qui fe trouve augmenté dans les fievres, ne fçau- roit, fans le fecours d’une fuMfan- te quantité de liquide , lever les -obftrutions , réfoudre & difcuter les ftagnations inflammatoires des humeurs, ni chafler ce qui eft nui- fible. Il paroît donc de là qu’il n’y a rien de plus convenable dans ces fievres, que de boire de l’eau & mé- me en quantité ; car c'eft l’unique foulagement des fébricitans , & le meilleur reméde qu'on puifle leur donner. C’eft pourquoi Hippocrate & les autres Auteurs louent fi fort J'ufage de la tifane dans le traite- -ment de ces maladies : & c’eft fou- Q 356 MÉMOIRES vent avec ce feul fecours , en y joi< : gnant le repos & une chaleur mo- dérée, que des fiévres très-confi- dérables fe guériflent fans Méde- cins & fans aucun autre reméde. En effet, le Médecin ne peut gué- re faire autre chofe dans cette oc- cafion, fi ce n’eft qu'il doit auffi- tôt & dans le commencement de la maladie , faire faigner fon ma- lade s’il a trop de fang, ou bien Jui donner un vomitif , fi le fiége du mal eft dans l’eftomac; ou lui faire prendre un fudorifique , pour chaffer tout d’un coup le venin fub- üil répandu dans Ja mafle du fang. Pendant le refte du cours de la fié- vre , il ne faut donner au malade que des remédes qui temperent Le fans , des humectans & des médi- camens qui entretiennent la tranf- piration infenfible. Il faut cepen- dant avoir attention que la boiflon ne foit pas trop froide, fur - tout vers le tems des crifes & lorfqu'on craint l’inflammation dans les pre- micres voies, nOn-plus que duranf LiITTÉRAIRES 3v7 Îe friflon , quand les parties exter- nes font Aonbes: mais 1l fautate tendre le tems qu’on s’apperçoive d’une difpofition à la diaphorefe ; & c’eft alors qu'il faut toujours donner beaucoup à boire au malade, À l'égard des maladies chroni« ques , elles viennent le plus fou- vent de l'obftruction des glandes & des vifceres, de l’abondance & de l'impureté des humeurs & de leur ftagnation dans les gros vaifleaux : la raifon & l'expérience nous en- feisnent donc, qu'il faut ôter tous ces obfbacles pour venir à bout de ces maladies : or on ne fçauroit ima- giner de reméde plus propre pour y téuflir que l'eau commune. Tout _ le monde convient, & l'expérience prouve très - clairement , que les eaux minérales, tant chaudes que froides, font des merveilles dans la cure des maladies chroniques : cependant les bons effets de ces eaux font dus particulierement à la quantité de l’eau fimple, & à la flui- dité qu'elle procure aux humeurs : Qi 3538 MÉmoirrs car ce feroit en vain qu’on donne roit dans cette occafion, l’efprit mi- néral volatil & le fel alcali que les eaux minérales contiennent ,. fi l’on n'y joignoit en même tems une fuff- fante quantité d’eau. En effet, les eaux de fource , pourvû qu'elles foient pures & légeres , quelque pri- vées qu'elles foient d’ailleurs des ingrédiens des eaux minérales, ne laïflent pas d’avoir beaucoup de vertus pour la guérifon des mala- dies chroniques : & l’on voit en plufieurs endroits , quantité de fon- taines qui font très - recommanda- bles par leurs effets falutaires, dont la caufe, tout bien confideré, doit être uniquement attribuée à la bon- té de l’eau feule ; ce qui n'étant point compris par de certains Mé- decins peu éclairés , ils attribuent à ces fources je ne fçai quels in: grédiens qu'ils tirent de la terre ou de l'air. On doit mettre particulie- rement de ce nombre les fontaines de Schleufing , dans la Principauté ge Henneberg , quin'ontautre cho: LITTÉRAIRES 359. fe que de l’eau pure & fubftile , rem plie d’une grande quantité d'air & de matiere étherée ; ces eaux con- viennent à la plüpart des maladies chroniques, & font du bien prin- cipalement à ceux qui font incom- modés de la gravelle, de la goute, du rhumatifme , du fcorbut & de langueur de membres ; outre cela, comme elles rendent la fluidité aux humeurs, elles rétabliflent auffi le cours des régles & des hémorrhoïdes. Il me refte encore à montrer que l’eau commune eft le reméde univerfel, qui ne convient pas feu- lement à toutes fortes de conftitu- tion; mais outre cela qui remplit toutes les indications dans les ma- fadies. Je dis donc en premier lieu, que l’eau eft bonne pour tous les tempéramens ; car dans les per- fonnes fanguines, chez qui la ca- pacité des vaifleaux prête & s’a- grandit facilement, & qui d’ailleurs en ont quantité de très-petits, l'eau facilite & accélere la circulation du fang , qui fans cela, circuleroit plus Qu) 360 MÉMOIRES lentement & avec plus d'embarras; & formeroit ainfi des ftagnations dans les vifceres. Quant aux per- fonnes bilieufes, chez qui les hu- meurs font en grand mouvement, l’eau tempere leur trop grande cha- leur, en ce que, rendant la tranf- piration plus libre , elle fait fortir les particules fulphureufes & chau- des par les conduits excrétoires de Ja peau , qui font alors très-ouverts. D'un autre côté, elle fait un bien infini aux mélancoliques & aux phlegmatiques , en délayant le fang épais , & diflolvant la vifcofité des humeurs. Outre cela, l’eau convient à toutes fortes d’äges. En effet, comme les enfans à la mamelle tombent fouvent dans des maladies très-fächeufes, caufées par la vif cofité & l’acrimonie du lait, nous voyons par expérience , qu'outre les abforbans , les délayans aqueux pris chaudement, font d’un très-grand fecours dans tous ces cas. Pendant la jeunefle , à caufe de l'abondance du fuc nourricier & de l'épaiflifie- LiTTÉRAIRES 36 ent des humeurs, il arrive quan- tité de différens maux, tels que font les catarrhes & les maladies de la peau : & l’on fçait par expérience que les délayans pris en infufion, font excellens pour toutes ces in- commodités. Il en eft de même des infirmités qui attaquent l’âge viril , & même la vieilleffe , dans toutes lefquelles la boiffion de l’eau eft très-convenable. Car l’âge viril eft fort fujet aux inflammations & aux fiévres , & la vicilleffe eft attaquée de ces incommodités qui provien- nent des obftructions : or je ne vois pas aflurément , qu'il y ait de meil- leur reméde dans toutes ces mala- dies, que de l’eau , foit qu'on la boive chaude ou froide. La prati- que nous apprend encore, combien de fächeux accidens la fuppreflion des hémorrhoïdes & des regles,, at- ure tous les jours aux hommes & aux femmes, & je fçai certaine- ment & par expérience , que les dé- layans entretiennent dans un bon ordre ces fortes de flux , qui font Q iv 263 MÉMOIRES ordinaires & falutaires au corps: * Tout le monde eft convaincw que la pléthore, ou la trop grande abondance de fang , eff une fource féconde de plufieurs maladies; mais il n'y a rien de meilleur pour la prévenir que de boire de l’eau chau- de , ou des infufions d'herbes : car: l'eau, en diffolvant la vifcofité des humeurs, empèche qu'il ne fe puifle engendrer & amaffer une trop gran- de abondance de fang.La boiffon de l'eau,en quantité,n'’eft pas moins uti- le pour corriger & détruire la caco- chymie des humeurs ; car elle en- traîne & fait fortir très-prompte- ment par tous les émonétoires con- venables , les parties impures & fa- lines, qui font des excrémens du fang. Outre cela , cette boiflor tient ouverts tous les endroits par où le corps s’évacue, & fait fortir comme il faut les chofes inutiles & les ordures : elle tient le ventre li- bre, & rend les excrémens liqui- des : elle débarraffe les conduits de l'urine , en les lavant & nettoyant, \ EE RS + CE. ES LiTTÉRAIRES 363 elle empêche la concrétion & la for- mation de la pierre ; elle aide d’ail- leurs parfaitement bien la tranfpi- ration infenfble , qui eft la plus fa- Jutaire de toutes les évacuations : & fi l’eftomac elt plein d’un amas de mauvaifes humeurs , une quan- tité confidérable d’eau chaude ava- lée , l’évacue le plus fouvent trés- promptement. Enfin , l’eau eft le véhicule le plus convenable pour tous les médicamens. Les remédes antifcorbutiques , & ceux qui font deftinés à enlever les impuretés du fang , s'ils font du nombre des vé- gétaux, ne produiront pas grand effet pour corriger les humeurs vi- cieufes , à moins qu'avec le fecours de l’eau , leur vertu répandue dans des infufions ou des décottions, ne pénétre dans le fang , & jufqu’aux derniers recoins des vaifleaux. En un mot, par tout & dans toutes les maladies où il faut fe {ervir de re- médes .altérans ou évacuans, ou apéritifs , ou réfolutifs ; dans tou- tes ces .occafons, dis-je , l'eau eft 564 Mémorres toujours & en tout tems d’un trèss grand & très-prompt fecours. Bien plus , la nutrition de notre corps ne {çauroit fe faire comme il faut fans Le fecours de l’eau; car elle eft le véhicule le plus propre pour le fuc nourricier ; qu'elle tranfporte juf- qu'aux derniers & plus petits pores des parties. Enfin, ileft à propos d’avertir ici, que ceux qui ne fçauroient avoir de l'eau bonne & pure , doivent avoir foin de recueillir celle de pluie, où {e fervir à fa place de celle de rivie- re, & s'ils ne peuvent avoir de lune ni de l’autre, ils faut qu’ils diftilent leurs eaux impures pour les rendre meilleures, ou qu'ilsles corrigenten les faifant bouillir avec de la corne de cerf brülée. C’eft affurément un très-grand don de la nature dansune Ville, ou dans une Province lorf- qu'on y trouve de bonnes Fontai- nes, qui valent mieux que le plus précieux de tousles remédes. F IN. DES MÉMOIRES Contenus dans cet Ouvrage. MEMOIRE TI. l N Ovrrzrzes Expériences faites en Siléfie » fur les moyens d'augmenter ou de multiplier le Bled. Page r I I. Nouvelle Méthode de guérir la Goute ; par le Sieur Conrad-Barthol Behrens. 9 INouvelle Méthode d'améliorer les Terres … Jiériles , pierreufes & fablonneufes. 24 56 TABLE: Fo ps Or Wégétable , par Phil. Jac. Sachs à Le- wenheimb. Page 23 { ® Or Chimique . ou Tranfmutation des Me- taux imparfaits en Or , par Phil. Jac. Sachs a Lewenheimb. | 35 VI Defcription d'une Fontaine brülante € … Médicinale de Pologne , par Conrad. premier ÎMedecin de la Reine, ave l'Explication du Phénomène , par M. Denys. APS à VER . Réflexions fur l'origine des Nations ; tirées de leur Langage, par G.G.L. 59 VIIL Nouvelle maniere de deffaler l'Eau de la ÎVer ; tirée de la Colleëtion de Bref- law , Juillet, An. 1715. 10$. TX. | Quelques Indications du Déluge Univer- | T A B L E. 367 © felen Suéde ; par Emanuel Sueden- bors. | Page 109 X: Elf Phyfico-Mathémathique [ur la ma : niere de trouver la hauteur de L'At- mo/phére. ‘1 A7 X:L..: Différtation fur la Pierre Philofophale: par Henfing. 125 XII. Wémoire fur les Sirenes ; les Tritons & autres Monfires Marins ; par Thomas — Bartholin. 155 XIIL Moyen de rendre la parole & l'ouye aux Muets & aux Sourds , par Pierre de Caffro , avec des Obfervations ; par Philip. Jac. Sachs à Lewenheimb. 167 X I V. » {Nouvelle efpéce de Lampe > par Jean- 56 TABLE Chriflophle Sturnius. Page 188 vu su Reméde pour L Atrophie de l'Œil. avec des Objervations : par Joach. Georg. Elf- nerus | 192 XVI ( De la fituation de la Scythie du tems d'Herodote , par T. S. Bayerus. 214) | |". 0 NAPPES De l'Elan ; & d'ou vient qu'il ef? Jujeé au mal Caduc. 259 Wanicre d'enlever &> de renouveller E- corce des Arbres. Par J. L. Frifchs 202 X 16 Da. Expérience [ur la Congélation , par le D. S. Keïfel ; tirée des Mélanges Curieux de la Nature. An. 2. Obf. 277. 1) 265$ À Xe Queflion dans laquelle on examine s'ilefé RE. La = OPA TIIE RE. TABLE 369 poffible de reffufciter une Plante de fes A , Extraite d'Olaus Borrichius. Par Th. Bartholin, A6, de Copenhague , p» 78:79. Page 267 fe ‘4 Ge Perfonnes qui ont mangé des Araignées fans en être incommodées. Ce fait eff rapporté dans les Mélanges des Cu- rieux de la Nature , Ann. 2. Obf. xx. Par Sim. Scholzius. 270 LOGE Idiofyncrafes extraordinaires. Par Sim: Scholziuse Mélange des Curieux de la Nature. An. 2. Obf, xi. 271) LS. ETE €uriofités naturelles des Ifles de Feréé ; Par Th. Bartholin. 4&. de Copen- hague , vol. 1. p. 86. Gt. 273 X XIV. Obfervation pratique [ur une inflamma- tion de l'Oeil , accompagnée de la ca- rie de POrbite, par M. Cou, Holizen: 370 TABLE. * dorf. Tirée des Mélanges de Berlin: Vol. 2, p. 65. 296 X X V. Nouveau remede-antiépiletique € fedatif ; tiré de la Collection de Breflaw, An. 1713.p. SI. 308 XXVI. Differtation fur la nature & les prôprietés des différentes Eaux. 31Q Fin de la Table: UNIVERSITY OF ILLINOIS-URBANA 3 0112 102173181