ts © = ns hs = 4 = _ En - _— oe x —. - 4 = — - - - 7. - - . _ a EU … ” — Fond. (942 HARVARD UNIVERSITY LIBRARY OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY J4A5 40 Fyckany | + TR D ah AS | à or PUBLIÉS sous LES auspices et Sa HAUTESSE HUSSEIN KAMEL SULTAN D'ÉGYPTE TOME VIIT SOMMAIRE. % Y. Anrin pacua. — Troisième souvenir. Le marchand de café du Caire (1850). er CP . G. Arvaniraxis. — Théorie de l'heure arabe. eae a R. Fourrau. — Contribution à l'étude des dépôts nilotiques (pl. I-III). i D' Geonctapis. — Les fraudes alimentaires en Égypte. A te : W. F. Hone. — The Nitrate Shales of Egypt (pl. IV-V). RNA G. Lecraix. — La maison d’'Ibrahim el Sennari (pl. VI-XIT). : LE D* Bay. — L’art ancien et Vart moderne au Caire. Aw bry Baucat. — 3) spe. Une étude archéologique fp XIII- A G. Danessr. — L’eau dans l'Égypte antique. J. B. Prot ey. — Travaux de médecine vétérinaire. LE CAIRE AU SIEGE DE L'INSTITUT ÉGYPTIEN. — RUE CHEIKH RIHAN a 1915 quia WY FLE 4 aK : Fy MÉMOIRES DE L'INSTITUT ÉGYPTIEN TOME VIII L 2. LR AR À MÉMOIRES PRÉSENTÉS A L'INSTITUT EGYPTIEN ET PUBLIES SOUS LES AUSPICES DE SA HAUTESSE HUSSEIN KAMEL SULTAN D’ÉGYPTE TOME VIII LE CAIRE AU SIÈGE DE L'INSTITUT EGYPTIEN. — RUE CHEIKH RIHAN EOL LE CAIRE, — IMPRIMERIE DE L'INSTITUT FRANCAIS D'ARCHÉOLOGIE ORIENTALE. x à SAR i (24) Et il INA ERA dudit) | LA sut Ha SA HAUTESSE HUSSEIN I” SULTAN D’EGYPTE CE LIVRE A ÉTÉ DEDIE PAR L'INSTITUT EGYPTIEN EN SOUVENIR ET À L'OCCASION DU PREMIER ANNIVERSAIRE DE SON AVENEMENT AU TRONE. BUREAU DE L'INSTITUT ÉGYPTIEN EN 1915. ÉLECTIONS DU 28 DÉCEMBRE 1914. Président : S. E. YACOUB ARTIN PACHA. Prior pry D’ per | Vice-présidents. Vaast, Trésorier-bbliothécarre. D' Bai, Secrétaire général. D' Grorcranès, Secrétaire adjoint. COMITÉ DES PUBLICATIONS (oUTRE LES MEMBRES DU BUREAU QUI EN FONT PARTIE DE DROIT). MM. V. Mosseni. R. Fourrau. G. Danessy. Aty sey Banear. LISTE DES MEMBRES RÉSIDANTS DE L'INSTITUT ÉGYPTIEN AU 31 DÉCEMBRE 1914. YACOUB ARTIN PACHA, 11 février 1881. (De Noypans.) PIOT BEY (J.-B.), 6 février 1885. (Rocens bey. ) IBRAHIM BEY MUSTAPHA, 2 mars 1888. (Pirona.) ISSA PACHA HAMDI (D°), 9 novembre 1888. (Rev. Davis.) WALTER INNES BEY (D°), 3 mai 1889. (Daninos pacua. ) SABER PACHA SABRY, 7 mars 1890. (Lerésure, Kapri pacua.) DEFLERS (A.), 5 décembre 1890. (Cuavsson, Baupry, Maruey.) UGO LUSENA BEY, 2 décembre 1892. (Amict Bey.) DARESSY (G.), 13 avril 1894. (Hérouis.) LEGRAIN (G.), 5 novembre 1897. ( Warennorsr pacna, SALEM PACHA. ) GAILLARDOT BEY (Cn.), 31 décembre 1897. (Ansate Bey, Neroutzos Bry.) FOURTAU (R.), 4 mars 1898. (Granp pacua.) BOGHOS PACHA NUBAR, 5 mai 1899. (Nusar pacua. ) ALY BEY BAHGAT, 12 janvier 1900. (Azy pacua Ipranin. ) BAY (D'), 12 janvier 1900. (Stone pacna, Moucet pry, Penrier Bry. ) WINGATE PACHA (Sir Reginald), 12 janvier 1900. (J. ne Morcan, Général Gren ext. ) HUSSEIN ROUCHDY PACHA, 3 mai 1901. (Gartiarvor sey, BoRELLI Bey. ) ARVANITAKIS (Prof. G.), 7 avril 1902. (Ismaïz paca et-Faxakxy. ) VAAST (J.), 6 avril 1903. (Marierte pacua, Maspero, Nicour Bey.) GEORGIADES (D'), 6 avril 1903. (Vassaur sey, ve Rocuemonrex, Testoup.) KEATINGE (D°), 6 avril 1903. (R. P. Jutuien, Gatrois Bey.) AIMED BEY KAMAL, 6 avril 1903. (Mousrapua sey Macpat. ) MOSSERI (V.), 1° février 1904. (Ary pacua Mouparex, Froyer. ) HUME (W.-F.), 3 décembre 1906. (Kamis Bey.) FERRANTE (Av.), 7 décembre 1908. (D* DacoroGna bey. ) PACHUNDAKI, 7 décembre 1908. (Cozuccr Bey, Sonsino, Franz paca.) LUCAS (AL), 7 décembre 1908. (Tivo Ficarr, D' Saxowiru.) see | ee WILSON (D'° W.-H.), 7 décembre 1908. (Cuarik sey Mansour, Gury, Cnaizzé Lone sey, com- mandant Léon Vinat.) BALL (D° J.), 6 décembre 1809. (Sarem pacua, Dutilh. Capt. Lyons. ) BALLS (W.-Lr.), 6 décembre 1909. (Binsensten, D° Cocxrarn, major Brown, D* Ezzior Smiru.) AHMED PACHA ZEKY, 6 décembre 1909. (Ara bey, Scorr Moncrier, Sir W. E. Ganstin.) MAGDI PACHA, 6 décembre 1909. (D* Osman Bey Guten. ) PELISSIE DU RAUSAS, 11 décembre 1911. (Gay-Lussac. ) SIRRY PACHA (TL), 11 décembre 1911. (Hussein Faxury pacua. ) CRAIG (J.-J.), 11 décembre 1911. (Rraz pacna.) LALOË (Prés., F.), 11 décembre 1911. (Pereyra, Gavizror J.-C.-A.) KITCHENER (S. S. le Feld-Maréchal Vicomte), 30 décembre 1912. (A.-M. Piérrr, PRUNIÈRES.) LIMONGELLI (D.), 30 décembre 1912. (Dox sey, Rossy sey, W. Grorr, A. Souter.) ISMAIL PACHA SIRRY (Boxoza Bey.) AUDEBEAU BEY (C.) LACAU (P.) PIOLA CASELLI. Les noms des prédécesseurs des derniers membres élus sont indiqués entre parenthèses. LISTE DES MEMBRES HONORAIRES ET CORRESPONDANTS. MM. AUNAY (Comte d’), 5 novembre 1886. BEAUCAIRE (Vicomte Horric de), 5 novembre 1886. KARABACEK, 3 décembre 1886. MASPERO (Gaston), 3 décembre 1886. MOUKHTAR PACHA GHAZI, 3 décembre 1886. SCHWEINFURTH (D'), 3 mai 1889. CARTAILLAC (E.), 3 mars 1893. AUBUSSON (Louis d’), 5 janvier 1894. GREBAUT, 10 janvier 1895. HAMILTON LANG, 5 novembre 1897. CHANTRE (E.), 4 février 1898. GRAND PACHA, 4 mars 1898. GRENFELL (Général), 11 janvier 1900. CHAILLE-LONG BEY (Colonel), 12 février 1900. LORET (Victor), 12 janvier 1900. PELTIER BEY, 12 janvier 1900. DEPÉRET (Ch.), 4 mai 1900. MORGAN (J. de), 9 novembre 1900. COGNIARD (D*), 1° février 1901. COSSMANN (Maurice), 1°° mars 1901. LEMM (D* O, von), 12 avril 1901. PRIEM (Fernand), 12 avril 1901. PALLARY (P.), 8 novembre 1901. CAPART (Jean), 8 novembre 1901. BRUNHES (Prof. Jean), 3 mars 1902. THEDENAT (Abbé A.), 7 avril 1902. CHOISY (Auguste), 26 décembre 1904. MAJOR BROWN, 6 mars 1905. ASCHERSON, 6 mars 1905. CLERMONT-GANNEAU, 6 mars 1905. MAX VAN BERCHEM, 6 mars 1905. H. PELLET, 6 mars 1905. GOLDZIHER, 6 mars 1905. Vi MM. ZOGHEB (Alex. Max de), 6 mars 1905. GAFFAREL, 6 mars 1905. AMELINEAU, 6 mars 1905. PERRIER (Ed.), 8 mai 1905. NAVILLE, 21 janvier 1907. LORD STRATHCONA AND MOUNT ROYAL, 21 janvier 1907. MARSHALL LANG, 21 janvier 1907. SANDWITH (D*), 13 janvier 1908. GRIFFITH (Prof. F.). ELOUI PACHA (S.E.), 18 janvier 1909. GARSTIN (Sir W.), 18 janvier 1909. SMITH (Prof. Elliot), 10 janvier 1910. NALLINO (Prof.), 10 janvier 1910. WILLCOCKS (Sir William, K.G. M.G.), 10 janvier 1910. GENERAL FREY, 9 janvier 1911. DUBOIN (Prof.), 9 janvier 1911. BAROIS (J.), 9 janvier 1911. D' OSMAN BEY GHALEB, 9 janvier 1911. GAY-LUSSAC, 9 janvier 1911. PERRONCITO (Prof.), 9 janvier 1911. DOUVILLÉ (Prof. H.), 8 janvier 1912. BLANCHARD (Prof.), 8 janvier 1912. RUFFER (D° A.), 13 janvier 1913. LABIB BEY BATANOUNI. H. T. FERRA. R. P. KALLIMAKOS. LAPLAGNE (G.), 13 janvier 1913. J. DEBANNI. TROISIÈME SOUVENIR”. LE MARCHAND DE CAFÉ DU CAIRE (1850) S. E. YACOUB ARTIN PACHA. Cette anecdote m’a été contée par feu Emyne Effendy Abu-Zéid, marchand au Khan- El-Khalily, en 1878 0). I Qui au Caire ne connaissait Moustafa El Kalyouny? Son café était situé dans les environs de Hassanéyne, sur la route la plus fréquentée, entre la Citadelle et Hassanié. Toute la journée allants et venants le saluaient, les plus pressés du geste, d’autres par son nom; beaucoup sarrétaient, et tout en buvant une excellente tasse de café, qui ne se fabriquait que chez Moustafa, le chargeaient de com- missions pour approvisionner leurs maisons. Moustafa n’oubliait personne, contentait tout le monde, les plus riches comme les plus pauvres, les plus généreux comme les plus avares de ses clients. Aussi tout le monde l’aimait et tout le monde venait chez lui. Vous me demanderez ce que Moustafa gagnait à être si aimable. Rien, vous dirai-je. Depuis vingt ans qu'il tenait son café, il n’était ni plus riche ni plus © Le premier souvenir que je vous ai lu rappelle la vie d’un Cairote, simple homme du peu- ple. — Le second souvenir est une anecdote de la vie d’une personne de la classe des gouvernants, un étranger à l'Egypte. — Ce troisième souvenir est conté par un bourgeois du Caire. Il a les allures d’un conte des Mille et une Nuits, le conteur lui-même ayant élé un lettré et bel esprit, ayant fréquenté dans sa jeunesse le café de Moustafa el-Kalyouny. Mémoires de l’Institut égyptien, t. VIII. 1 RAC ES pauvre; son café, toujours le même, était d’une propreté excessive, mais jamais aucune innovation ne venait changer ni l'intérieur ni l'extérieur. Toujours les mêmes chaises, en branches de dattier, toujours les mêmes tasses indiennes. I] amassait donc une fortune? Non; pas plus, car à sa mort (que Dieu lui fasse miséricorde) rien n’a été découvert chez lui en argent monnayé. Ne cherchez plus, 6 aimable lecteur, la raison de son empressement à être utile à ses semblables; je vais vous la dire. Moustafa El Kalyouny était lettré et bel esprit et il aimait la société des beaux esprits; il avait soif de nouvelles et de nouveautés intellectuelles. I] était aimable pour les pauvres qui ont souvent de l'esprit et pour les riches dont la fortune sert à entretenir la bonne humeur des pauvres. Un homme, quel qu'il fût donc, qu'on ne voyait pas de temps à autre dans la boutique de Moustafa, était un homme classé parmi ceux qui sont totale- ment dépourvus de tout intérêt intellectuel, et tous ceux qui la fréquentaient passaient aux yeux du monde comme ayant un diplôme d'esprit et de science. Pensez-vous que je veuille dire qu'à cette époque, la moitié de la ville fit habitée par des gens d'esprit? Mon Dieu non... non, car je mentirais! ... Le plus petit nombre avait droit à ce titre. Mais ce petit nombre était d’une pauvreté à faire pitié, et leurs besoins étaient grands. On peut même dire que la proportion entre leurs besoins et leur pauvreté était la même qu'entre un éléphant et une fourmi. Mais comme tout le monde a l'ambition de paraître homme d'esprit, vous pouvez concevoir le trafic qui se faisait de bel esprit dans ce café. Geux qui nen avaient pas achetaient à ceux qui en avaient à en revendre, et sen allaient satisfaits et intimement convaincus quils en étaient pleins; gonflés d’orgueil ils ne s’apercevaient pas, les malheureux, que plus ils se croyaient spirituels et savants, moins leur bourse avait de poids; ils ne se doutaient pas qu'ils lachaient ainsi la proie pour l'ombre : heureuse ignorance qui procurait à Moustafa le plaisir d'entretenir ses amis, gens d’esprit et pauvres en consé- quence, et d'être le point central où venaient se rencontrer toutes les nouvelles de l'Est et de l'Ouest. Ses passions dominantes ainsi assouvies, et sa vie modestement assurée, que pouvait désirer en plus un bon musulman tel que lui? Rien assurément. . . ET Voilà donc qui était Moustafa El Kalyouny. Un autre lui-même, et un de ses amis de cœur, qu'il aimait comme la prunelle de ses yeux, était Raby'à, pigeonnier du Prince; outre ce métier Raby’a aimait la conversation et cultivait les lettres, mais son service l’obligeait la plupart du temps à ne parler qu'avec ses pigeons; d’ailleurs il ne s’en plaignait pas! A qui auriez-vous voulu qu'il adressât la parole? Lorsque quelqu'un de la Cour lui parlait, tout ce qu'il avait de finesse et de grâce dans son esprit s’envolait, il ne trouvait rien à répondre en entendant estropier la langue arabe si indignement. Un gentil oiseau pouvait-il prendre ses gracieux ébats sous la patte d’un ours ou dans la gueule d'un lion? Un éléphant pouvait-il prétendre à imiter le chant d’un rossignol ? Il avait cependant une compensation; après avoir fermé pour la nuit sa volière et mis les gardes, il venait directement chez Moustafa et y passait une longue partie de la nuit entre quelques amis, tous parlant et pensant à l'unisson et en harmonie comme un orchestre du paradis. I Un soir qu'ils étaient ainsi réunis dans le café, un crieur public annonça qu'à dater du lendemain tous les calés et lieux de réunions publiques devaient être fermés à partir de trois heures après le coucher du soleil, «par l'ordre de celui qui a le droit de commander», ajoutait le crieur selon la formule consacrée. Cet ordre n’étonna pas les amis intimes de Moustafa. Ils savaient déjà depuis trois jours qu'on allait promulguer cette ordonnance et en connaissaient la cause. Mais maloré tout cela, cela n’a pas manqué de leur être profondément désagréable ; et vous le comprendrez sans peine lorsque vous saurez qu'aucun de ceux qui restaient si tard chez Moustafa n'avait chez lui deux tasses entières pour offrir du café à un visiteur, ni un tapis pour sy accroupir en compagnie. Cependant comme ces sortes de gens ne sembarrassent de rien et n’ont aucun souci, dès que la voix du crieur se fut éteinte dans l'éloignement, ils reprirent leurs discussions philosophiques et se perdirent dans les spéculations de la métaphysique; et cette nuit ils ne s’en allèrent chez eux que vers le matin. Le lendemain soir, trois heures après le coucher du soleil, la patrouille arrivait devant la porte. eas JR Pouvez-vous vous faire une idée de cette patrouille? Il y avait des lions, des ours, voire même des loups et des renards, mais pas un animal gentil, tous des dragons sur lesquels la parole glisse comme la balle sur la peau de lhippo- potame. «Olan Moustafa, pourquoi n’avez-vous pas fermé votre damnée bou- tique ? » C'était un Arnaoute à grandes moustaches, tout armé de pied en cap et parlant à réveiller un mort et tout prêt à le replonger dans le néant en dardant sur lui ses regards qui lançaient des éclairs comme la foudre; j'étais si effrayé que j'ai cru qu'il parlait correctement la langue; voyez comme la peur peut abuser les sens; j'avais bien entendu : «O'lan» qui est un mot bar- bare, mais le reste je l'avais deviné et je ne puis me rappeler les fautes gros- sières qu'il avait faites, sous prétexte de parler l'arabe. «Oui, Monseigneur tchaouiche, lui répondit Moustafa, plus mort que vif, mais Monseigneur, puis-je chasser de ma boutique des clients qui ne s’en vont pas de leur gré?» «Pas dobservation!»... (non, je n’écrirai jamais le mot qu'il a dit, d’ail- leurs je défie le meilleur grammairien de l'écrire tel qu'il l'a prononcé!). Puis s'adressant à ceux qui étaient dans le calé : «Vous autres sortez! et plus vite que je ne parle! ... Demain soir soyez exact, mon ami (son amil...) Moustafa, sans cela vous avalerez l'eau de votre lanterne jusqu'à la dernière goutte®)!... » Savez-vous ce qu'il voulait dire? Non. Eh bien! I voulait dire qu'après avoir bu cette eau épouvantable le devoir d’un marchand de café consistait à se coucher la face contre terre et à recevoir des coups de trique sur le bas du dos. Pauvre Moustafa! Ce n’est pas nous qui aurions voulu être cause d’un trai- tement si barbare, et nous nous promimes de ne plus veiller assez tard pour lui attirer une punition si exagérée. Mais on ne raisonne pas avec les passions. Le lendemain, versles trois heures ( Olan, abréviation du mot ture : oghlan — garçon, s'emploie dans le cas d’un supérieur adres- sant la parole à un inférieur; terme vulgaire. © À cette époque les lampes qui servaient à éclairer les boutiques étaient des espèces de veil- leuses à huile. TP a= après le coucher du soleil, il ne restait dans le café que Moustafa, Raby’a, moi et deux autres amis. L'enfant de service dormait sur le canapé. Qui pensait à l’ordre de « Gelui qui a le droit d’en donner»? Nous avions discuté bien souvent ce droit, mais nous n'étions pas encore arrivés à une solution satisfaisante. Or ce soir-la il faisait un temps délicieux; la lune éclairait l'intérieur de la boutique comme en plein jour; l'un de nous lisait dans un livre. La lampe était placée devant lui et nous étions tous autour du lecteur aussi près que possible pour ne pas perdre un mot de ce qu'il lisait. C'était un de ces livres qui dans peu de pages contiennent toute la science humaine, peu de mots mais une étendue de vue, de raisonnement et une profondeur de pensée qui embrassent tout l'Univers visible et invisible. Vous pouvez donc vous rendre compte de notre état actuel. Toute notre âme s'était concentrée dans nos oreilles pour entendre ces belles paroles, et nous avions oublié le reste du monde, ses soucis et notre propre existence. Patatras! Une crosse de fusil tombe sur les dalles, la lampe se renverse, l'enfant, réveillé en sursaut, crie et pleure, et chacun de nous se trouve être enlevé comme par une catapulte et lancé dans la rue comme de vulgaires projectiles. «Mon ami (son ami!) Moustafa, vous avez versé l'huile de la veilleuse pour ne pas la boire, mais je saurai bien vous faire lécher les dalles de votre damnée boutique. . . »,et, s'adressant à ses sbires, « Venez ici, vous autres! ...». C'était le tchaouiche et la patrouille que nous avions oubliés comme tout le reste. Dans cette extrémité nous sentions se réveiller notre courage pour défendre notre ami; Raby’a croyait que sa qualité de pigeonnier du Prince ferait bien disposer en sa faveur. Il s'approcha donc du tchaouiche. «O Monseigneur tchaouiche, dit-il, grâce pour cet homme, qui n’est pas un malfaiteur, ni un frondeur; et il n’est jamais venu a son esprit de vous offenser!. .. » « Moffenser, cria l’Arnaoute, qui oserait seulement oser le penser?» Nous étions tous dans la rue et ces cris faisaient croire à une querelle; les passants s’arrêtaient pour s'informer, d’autres sortaient des maisons environ- nantes, les uns pour voir la querelle, les autres pour voir battre les coupables, Fee d'autres pour rire un peu, des maris enchantés de prendre ce prétexte pour couper court à une querelle de ménage entamée depuis leur retour sous le toit conjugal et qui menacait de ne se terminer qu'à leur sortie de cet enfer avec le soleil du lendemain. En un mot, tous venaient pour une raison ou pour une autre, mais personne ne songeait à aider Moustafa à sortir sain et sauf des mains de ces barbares. Quant à nous, nous employions nos armes morales, mais nos meilleurs arguments ne parvenaient qu'à exciter et à irriter de plus en plus ces sau- vages préposés à la sécurité publique. On aurait dit du feu grégeois s'enflam- mant au contact de l’eau. Il Dieu ne permit pas cependant que Moustafa fit battu, ni abreuvé de l'huile qui couvrait les dalles dans l'intérieur de la boutique. Scheikh Mouhsyne, un savant de bon aloi, savant pratiquant selon sa science, doué par Dieu, dispensateur des biens, de présence d'esprit et qui s'était approprié toutes les branches de la science; toutes ces qualités faisaient que le Prince, fatigué de la complaisance de ses esclaves, chercha en Jui un ami véritable et dans sa société la paix du cœur et le délassement de l'esprit; il l'avait donc distingué et élevé au rang de son ami et de son intime. L’attachement du savant pour le Prince était sans arrière-pensée, ni espé- rance de s'enrichir, ni envie de nuire à son prochain, sans passions, ni obliga- tion vis-à-vis du Prince; il conservait ainsi sa liberté de parole et d'action, en forçant son estime et son respect. Mais si cette amitié d'un puissant d'ici-bas ne rapportait rien à Scheikh Mouhsyne des biens de la terre, elle lui valait beaucoup de fatigue et d’ennui. Le Prince pris d’insomnie l’envoyait chercher au milieu de la nuit; avait-il fait un rêve effrayant, il le faisait venir, fût-il à vingt ou trente milles, pour lui demander l'explication de ce rêve. Le Scheikh, cependant, ne se plaignait jamais, et était toujours à ses ordres, tant il lui portait de l'intérêt, et tant il se sentait de reconnaissance pour un Prince qui avait à son instigation fait quelques bonnes actions, et qui, surtout, s'était abstenu de faire beaucoup de mal. I] lui savait gré de ces actes négatifs, car il connaissait bien mieux que EST eee personne tout le mal qu'un Prince sans contrôle est capable de faire, le mal que ses passions lui font souvent apparaître comme un bien. Or donc ce soir-la, il passait précisément devant la boutique de Moustafa, au moment même où les agents de la police faisaient sortir mes amis et moi- même d’une manière si brusque de la boutique. Les torches") qu'on portait devant lui éclairaient la scène d’une manière fort pittoresque, la rue étroite et irrégulière paraissait comme en feu, la foule bigarrée se mouvant selon les caprices des cohues, les lanternes que chacun portait jetant des lumières blafardes et éteintes par l'apparition des torches et du clair de lune, les ombres de tout ce monde, projetées sur les murs, s’allon- geant et se raccourcissant, selon les mouvements des porte-torches, et la lune jetant sa lumière blanche, qui formait des ombres épaisses et accentuées et des éclairs éclatants sur toute la scène, en rendait encore l'effet plus lugubre et plus saisissant. Scheikh Mouhsyne arréta sa mule et sinforma de la cause de tout ce tumulte. Raby’a, qui l'avait reconnu, se précipita vers lui, et, tout en lui baisant la main, le mit au courant de ce qui se passait au milieu des vociférations de la foule. Le Scheikh ordonna aux gardes du palais qui l'accompagnaient de faire relâcher Moustafa, et il renvoya les kawas de la patrouille en leur assurant que tout irait bien et selon les ordonnances le lendemain. Les kawas saluérent trés bas, le Scheikh partit, Moustafa, quitte pour la peur, ferma sa boutique en toute hate, la foule se dispersa, tout rentra dans l'ordre et les Arnaoutes continuèrent leur ronde. IV « EL Sélamou alykoum!», dit le Prince, répondant au salut du Scheikh Mouhsyne, au moment où celui-ci entrait dans l'immense salon éclairé d'une seule bougie de cire dans un fanous® qui pouvait en contenir quatre et qui () Dès après le coucher du soleil, voitures et cavaliers devaient être précédés de porteurs de torches. Chaque individu devait s’éclairer par une lanterne à main ou qu’un esclave portait devant lui, faute de quoi le délinquant était arrêté par la police. ®) Fanal, grande lanterne en vitre, pour préserver les bougies de l’action des courants d'air. per msn était posé à terre au milieu du salon. « Quoi de neuf nous apporte notre maitre avec le bonheur et la joie que nous cause sa présence? » «Du nouveau! Vous me voyez, Monseigneur, sous impression d’une scène digne des temps barbares qui ont précédé le temps de nos bienheureux aieux, où les étrangers gouvernaient l'Égypte, en maîtres absolus et impitoyables. . . « Quel est cet homme? », demanda le Prince en interrompant le Scheikh. «Un marchand de café, inoffensif et estimable», dit le Scheikh, et il en fit l'éloge dû aux mérites de Moustafa. «Un savant spirituel et poli, rempli d'à-propos et chez qui se réunit la fleur des pois de la ville, pour raconter et entendre les nouvelles de l'Est et de l'Ouest. Tout nouvel arrivant lui est pré- senté, et tout partant se croit obligé de faire sa première étape dans le café de Moustafa pour emporter les dernières nouvelles; or votre police voulait le maltraiter sous prétexte qu'il n'avait pas fermé sa boutique à l'heure du couvre-feu; ordonnance qui était tombée en désuétude, et qui, parait-il, a été remise en vigueur. J'ai eu le bonheur en passant de délivrer un homme de bien du traitement que votre justice réserve aux méchants, et d'empècher que cette mauvaise action ne soit portée à votre débit au jour du Jugement dernier.» «Tu as bien fait, dit le Prince; sans doute, ajouta-t-il comme en se par- lant à lui-même, cette vilaine engeance de la police a remis cette ordonnance en vigueur pour mettre à contribution la bourse de mes sujets. . . Je me rap- pellerai cela...» Et comme il s'était tu : «Votre esclave Raby’a était aussi présent, dit le Scheikh, il est d’ailleurs un ami particulier de Moustafa. Vous pourrez savoir de lui tous les détails de l'affaire ». «Bien! bien!», dit le Prince, et il parla d’autres choses. V Le lendemain matin, le Prince alla voir ses pigeons. tRaby’a, dit-il, où étais-tu hier au soir?» = ray! f « Chez moi, Monseigneur.» a « Avant daller chez toi où étais-tu? » «Ici, Monseigneur. » « Entre-temps, en sortant d'ici et avant de rentrer chez toi?» « En route, Monseigneur. » Au même moment, il lui vint à l'esprit que Scheikh Mouhsyne avait parlé de l'incident de la nuit; il vit aussi que le Prince perdait patience; il résolut done de ne plus louvoyer. « T’es-tu arrété en route? », demanda le Prince. « Oui, Monseigneur, je me suis arrêté au café de Moustafa. » « Tu trouves donc le temps, misérable haschasche, d’aller te soûler avec du haschiche au lieu de t’occuper de mes pigeons?» «Grace, Monseigneur! s’écria Raby’a; quand est-il mort des pigeons par ma négligence, et quand m'avez-vous fait une observation sur la malpropreté du pigeonnier, ou quelque manque de service? Et si je vais au calé, Votre Hau- tesse sait bien que ce n’est pas pour prendre du haschiche; outre la respecta- bilité du café même qui m'est une garantie, j'y vais pour être agréable à Votre Hautesse. Non seulement le haschiche est prohibé dans ce café, mais c’est le seul endroit au Caire où l’on connait toutes les nouveautés. Un homme vient-il de Khéta et Khéten, de Tchine ou Matchine, de l'Arabie ou de Adjéme, des Indes ou du Maghrébe, portant avec lui quelques animaux ou oiseaux rares, je le sais le soir même et, avant que les courtiers ne s’en emparent, j'en suis instruit et je l’achète ou le refuse au nom de Votre Seigneurie, c’est ainsi que la voliére de Votre Hautesse et son pigeonnier sont devenus les plus complets et les plus beaux du monde entier!» «Quelle est la raison qui fait que tant de monde va chez ce Moustafa? », demanda le Prince. « C'est que Votre Seigneurie ne me croirait pas si je lui disais tout l'esprit, la politesse, la science et l’obligeante modestie que renferme ce marchand de café.» «Où demeure-t-il? » Raby’a lui indiqua l'emplacement du café, le Prince continua sa promenade et Raby’a pensa qu'il était heureux pour lui-même d’en être quitte à si bon marché. MOT VI Le même jour, à l'heure de l'audience, on annonça au Prince le préfet de police, Aly Bey, qui était dans l’antichambre. Le Prince ne dit rien, ce qui équivalait à un refus de le recevoir, ou même à une disgrace. Aly Bey était un homme de Lo à 50 ans, fort robuste, grand et gros, ram- pant devant le pouvoir, insolent devant la misère; orgueil incarné en place, il devenait souple comme un fil de soie lorsqu'il était hors d'emploi. Son attache- ment aveugle pour le Prince, son courage à toute épreuve et qui n'avait failli en aucune circonstance où il avait fallu sacrifier sa vie pour celle de ses maîtres ou tout simplement sur leur ordre, l'avaient désigné au Prince ombra- geux de ce temps-là pour remplir ce poste de confiance à la préfecture de police. Il était d’ailleurs totalement ignorant de ses devoirs, ne s’en reconnaissant aucun vis-à-vis de tous les habitants du Caire, tures et arabes, grands et petits. Le Caire était, selon lui, divisé en deux camps : les habitants et ses agents. Les premiers étaient considérés comme des ennemis nés de son Seigneur, et les autres comme le moyen par lequel il empèchait les premiers de mettre à exéculion leurs sinistres projets contre la vie et le bien-être de son Maitre. Aussi leur vie, leurs biens et le reste étaient-ils considérés par Aly Bey comme ne leur appartenant que tant que lui, Aly Bey, ne voyait ou même ne pres- sentait aucun mal à ce qu'ils en jouissent. Dès qu'il en jugeait autrement ils en étaient privés comme par enchantement, et selon son jugement irrévocable et sans appel. Autant son discernement et son jugement approchaient du néant, autant sa volonté était inébranlable, sa fidélité et son attachement au Maitre inal- térables. Vous comprendrez donc aisément que le refus du Prince de le recevoir lui ait donné à réfléchir. 1] monta à cheval et retourna à la Police. Ce jour-là tout le monde souffrit. Pas un innocent; les prisons regorgérent de coupables, la caisse se remplit de l'argent des amendes imposées à tous indistinctement, les instruments de supplice furent changés plusieurs fois, et A eee les servants fatigués à ne pouvoir continuer leur besogne. Le soir venu, sa colère n’était pas apaisée et la honte de sa disgrace, qu'il croyait certaine, serrait sa poitrine à l’étoufter. Tourmenté par des idées lugubres, il se retira à la nuit tombante dans une des chambres de sa maison; personne de ses femmes, de ses esclaves, ni de ses intimes n'auraient songé à troubler sa solitude. Vers minuit la porte de la rue fut ébranlée sous des coups redoublés. I entendit distinctement la voix bien connue de kowousche aghassy"), qui, entre autres fonctions, avait celle de bourreau du Prince. « Aly Bey, disait-il, prends garde de nuire à Moustafa El Kalyouny.» Ayant répété cette phrase par trois fois, il partit et on entendit résonner dans les rues étroites et sonores le galop de son cheval. Le sang d’Aly Bey se figea dans ses veines; qui est-ce qui lui valait cet aver- tissement et pourquoi son maître était-il mécontent de lui? Ses gens n'avaient pas osé ouvrir la porte, ayant tous reconnu la voix du terrible messager du courroux du Maitre. « Que veut dire tout ceci et qui est Moustafa El Kakyouny?>, se disait Aly Bey. Ne pouvant résister plus longtemps à limportunité de sa solitude et au doute qui le dévorait, il ordonna qu'on allumat les fanaux, fit seller son cheval et alla à la Préfecture. On était habitué à le voir ainsi arriver la nuit à toutes les heures pour sur- prendre ses subalternes, et malheur à qui n’était pas à son poste, malheur à celui qui dormait, quand ses ordres étaient qu'il veillat! Il trouva ce soir-là comme toujours tout en ordre mais ne fit attention à rien ni à personne, alla droit à son cabinet et fit appeler l'officier de service. « Às-tu quelqu'un du nom de Moustafa El Kalyouny?», lui demanda-t-il. Celui-ci regarda dans son carnet et répondit négativement. « Quelqu'un de ce nom est-il venu à la police depuis ce matin?» «Non» fut la réponse. « Sachez, reprit Aly Bey en colère, qu'il me faut cet homme et avant le lever du jour il faut qu'on me l’améne. Allez et qu'on ne me dérange pas sans avoir emmené l’homme que je vous ai nommé!» ™ Chef des huissiers ou des gardes. to at AO eee vit Moustafa avait l'habitude de faire sa prière de l’aurore dans la mosquée de Hassanéyne; c'est une habitude louable et qui attire les grâces et les bénédic- tions du Très-Haut. Or ce jour-là, après sa prière, il s'était, selon sa coutume, dirigé vers son café pour l'ouvrir et s’y installer en attendant les chalands, lorsqu'il fut abordé sur le pas de sa boutique par un homme à mauvaise mine; cet individu le salua, Moustafa répondit à son salut. «N’es-tu pas Moustafa El Kalyouny?», lui demanda cet homme. «Oui, pour te servir», répondit Moustafa. «En ce cas suis-moi a la préfecture de police sans esclandre ni scandale, car si tu fais mine de ne pas me suivre j'ai ordre de ty mener de force.» Et ce disant, 1l lui montra des cordes et des menottes. Je vous laisse a penser les craintes qui assaillirent mon pauvre ami, qui de sa vie n était entré à la police. Pauvre cher, il tremblait de tous ses membres, ses dents claquaient. C'est le fait de la culture de l'esprit et de l'imagination de développer la prévoyance chez les hommes, et partant la poltronnerie. Expliquez cela comme vous voudrez, pour être brave et de sang froid il ne faut pas avoir d'imagina- tion, ni voir dans une seconde les antécédents qui ont amené le danger présent et ses conséquences probables dans l'avenir. Le seul avantage de l’homme cultivé sur celui qui ne l'est pas est que le premier sait pourquoi il redoute telle chose qui lui fait peur et que l'autre ne se doute pas de ce qui peut lui être nuisible. Notre ami avait une imagination ardente et hors ligne; il était poltron, il suivait donc sans mot dire le détective qui le conduisait a la préfecture. On annonça son arrivée à Aly Bey. Il faisait à peine jour. Le préfet égre- nait de sa main gauche son chapelet de prière, qui ne lui avait jamais servi qu'à compter les coups qu'il ordonnait d’administrer aux malheureux délin- quants à ses ordres ou à ses caprices; de l'autre main il tourmentait sa superbe moustache qui prenait les formes les plus bizarres, tantôt s’allongeant comme le fer dune lance, tantôt se développant en éventail, mais en tout cas effrayant à voir. NO es «Quil entre!», ordonna-t-l et sa figure prit à l'instant un air de triomphe et de joie. Il était flatté de voir comme tout marchait bien sous sa volonté de fer, et joyeux de penser qu'il allait enfin savoir qui était ce Moustafa qui lui avait fait passer une si mauvaise nuit et duquel peut-être dépendait sa grâce ou sa disgrace. Moustafa, toujours sous l’impression de la crainte, entra dans le cabinet du préfet; il se faisait si petit et simaginait occuper si peu de place dans l’espace qu'il lui paraisssait être devenu presque invisible. « Qui es-tu?», demanda Aly Bey. « Moustafa El Kalyouny, marchand de café au Hassanéyne, prêt à vous servir et à vous obéir, Monseigneur», répondit Moustala égaré et embarrassé par l'impression qu'il ressentait en la présence du terrible Aly Bey. «Bien», dit celui-ci et en lui indiquant le divan; «assieds-toi», ajouta-tl. Moustafa aurait été moins étonné s'il avait entendu le préfet ordonner qu'on le battit, qu'on le mit en prison ou qu'on lenvoyat au Fleuve Blanc à Féyzoglou, et malgré qu'il se sentait innocent, il aurait été encore moins étonné sil avait entendu dire : « Qu'on lui coupe le nez et les oreilles! ou même «la tête». Il s'était attendu à tout cela, mais à être invité à s'asseoir sur le divan par le terrible préfet!..... Il Paurait pensé qu'il ne l'aurait pas avoué dans son for intérieur à lui-même... Cependant il fallait obéir; il alla donc s’as- seoir au bas bout du cabinet, fort empêché, fort gèné et faisant des efforts pour deviner ce que cela pouvait bien signifier, et ce que cela lui vaudrait dans un avenir très prochain. Aly Bey paraissait ne plus s'occuper de lui. Il causait avec le détective, sa figure prenait des expressions diverses, mais se détendait au fur et à mesure que le détective lui parlait et qu'il approchait de la fin de la biographie dé- taillée de Moustafa et de son aventure de l’avant-veille. Lorsqu'il eut fini : «Allez et appelez-moi l'officier de service, dit Aly Bey, celui d’avant-hier ». On courut chez lui; au bout dun certain temps celui-ci parut habillé de moitié, se frottant les yeux, réveillé en sursaut et ne sachant pourquoi on le demandait de si bonne heure; il entra plus inquiet que Moustafa lui-même lorsque le détective l'avait amené. LR ee Aly Bey lui demanda a brile-pourpoint comment se nommaient les gardes qui faisaient la patrouille du quartier de Hassanéyne l’avant-veille. Lorsqu'il sut leur nom il ordonna qu'on les amenat devant lui; quant à l'officier qui avait manqué de lui rendre compte de leur démélé avec Moustafa, il le fit mener incontinent en prison pour quinze jours. Les gardes, ayant conscience d’avoir rempli leur devoir strictement et ala lettre, se présentèrent fièrement. «(est toi Ahmed Agha qui commandais la patrouille et qui as arrêté et voulu battre cet homme que voici?», demanda Aly Bey en indiquant Moustafa. « Oui, Monseigneur!» « Parce que tu ne dois pas faire justice toi-méme, cing cents coups de baton pour ton zèle à vouloir me remplacer dans mes fonctions!» Avant qu'il n’ait eu le temps matériel pour ouvrir la bouche et protester, sur un signe du préfet, les exécuteurs l'avaient désarmé, déposé fort com- modément sur le parquet, et ils avaient commencé l'exécution; quant à Aly Bey, il égrenait fort tranquillement son chapelet. Quand ce fut fini, on releva le misérable, et ce fut au tour de l’autre à qui on administra le même nombre de coups. Maloré la haine qu'on éprouvait contre ces misérables pandores, on se sentait pris de pitié pour leurs souffrances. Moustafa essaya à plusieurs reprises différentes d'intercéder en leur faveur. Mais un regard d’Aly Bey le clouait à sa place. Quant a Aly Bey, il fumait et expédiait d’autres affaires, comme si de rien n'était, tout en comptant les coups avec son chapelet. On assure qu'il avait l'habitude de laisser échapper quelques grains de temps à autre, et que de cette façon il allégeait la peine sans paraître s’attendrir, c'était sa manière d'être charitable; d’ailleurs Dieu seul connaît le fond des cœurs et la vérité! . Les malheureux suppliciés étaient moulus, et cependant aucune plainte, aucun mot, aucun cri n'avait trahi leur douleur, mais les figures contractées exprimaient une haine sauvage. Lorsque le second Arnaoute se releva et qu'on lui rendit ses armes il fit un effort immense, s’approcha d’Aly Bey et d’une voix rauque et tremblante de colère : «Chien, fils de chien, dit-il, tu m'as sali le visage avec la boue de tes bottes, honte sur moi!»; ce disant il tira son pistolet : «que mon sang retombe sur {a téte!», dit-il en se brülant la cervelle et en tombant mort. aS ee « Enlevez ce chien», dit Aly Bey. Sa figure n’avait pas changé, mais par un mouvement rapide sa main avait lâché le chapelet et hérissé ses moustaches. fl avait ainsi l'air d’un tigre en arrêt. Quelques servants enlevèrent le cadavre, d’autres emmenèrent Ahmed Agha à l'hôpital et Aly Bey reprit ses affaires un moment interrompues par cet incident. Au bout d'un certain temps, se tournant vers Moustafa EI Kalyouny : « Allez en paix, lui dit-il, et laissez votre café ouvert aussi avant dans la nuit, mème jusqu’au matin si bon vous semble. Jai donné ordre pour qu'à l'avenir on ne vous contrarie pas. Et si l’on vous demande pourquoi cette grâce et cette exception, répondez que vous la tenez de l'amitié et de la protection d’Aly Bey.» Moustafa sortit plus vite qu'il n’était entré. Ce jour-là son café resta fermé. Vers la nuit un ordre du préfet vint le forcer à ouvrir son café; Aly Bey ne pouvait se douter que toutes ces émotions avaient impressionné l'imagination délicate de notre ami; on ne comprend les sentiments chez les autres, que tant qu’on éprouve soi-même ces sentiments. Moustafa, bon gré mal gré, dut ouvrir sa boutique et y rester jusqu'à minuit. Ses amis, quoique fort affectés eux-mêmes, restèrent pour lui tenir compagnie. Ce fut une bien triste soirée; la seule triste soirée à enregistrer dans l’histoire de l'existence de ce lieu de délices. VIII Aucune douleur morale ou physique n’a de durée, grâce au Dieu Éternel qui dans sa sagesse a décidé que rien ne serait éternel que sa bonté. Plus une douleur est aiguë, plus la réaction en est rapide; l'espérance et l'oubli se chargent d'effacer toutes les traces de nos misères. Le va-et-vient des étrangers et des habitués, les mêmes détails de la vie, les idées philosophiques même desquelles nous étions imbus, à savoir : que rien n'arrive sans la prescience divine et sans sa permission; que tout ce qui arrive est un résultat des événements du passé et prépare les événements a venir; que tout a son utilité, sa nécessité et sa place marquée dans l'harmonie générale; tout cela avait fait que dès le lendemain on parlait d’autres choses, et que personne ne paraissait se soucier de ce qui s'était passé la veille. La veille!...... 0e Qui se soucie d'Alexandre et de Darius? Entre l’époque où ils ont vécu et leurs exploits, et hier et ses événements, quel est celui qui peut oser affirmer que les uns ont plus d'importance que les autres? Le seul vivant est Dieu et l'importance réside en Lui. On avait oublié les grands conquérants, on oublia lArnaoute et son action, et dès le lendemain chacun reprit son genre de vie comme si de rien n’était. Un soir un étranger habillé de blanc, coiffé d’une coufieh qui lui couvrait presque tout le visage, entra dans le café sans dire un mot et alla s'asseoir dans le coin le plus obscur de la salle; Raby’a avait montré quelques signes d'inquiétude, mais l'étranger l'avait fixement regardé de ses yeux perçants, et tout s'était passé sans que personne ne remarquat el ne commentat ces mou- vements. ll y avait beaucoup de monde ce soir; on resta tard et la soirée fut fort intéressante. Le lendemain Scheikh Mouhsyne fut remercié par le Prince pour lui avoir indiqué un endroit dans sa ville du Caire, où l'esprit trouvait une pâture et un délassement en mème temps. «Je retournerai souvent dans ce café», avait-il daigné dire en terminant. Raby’a, au moment où Moustafa fermait les auvents de sa boutique, s'était approché de lui et lui avait dit à voix basse : « C'était Lui!» «Ah bah!», répondit le marchand de café terrifié. « Alors s’il lui prend fan- taisie de revenir, je vais lui témoigner par quelque attention ma soumission et ma reconnaissance. » « Garde-t'en bien! si tu as lair de le reconnaître je ne réponds plus de ta tête, tu ne vaudrais même plus le prix de ton enterrement. » Tous les soirs cet étranger venait fumer son narguilé et boire une tasse de café, il ne disait rien et écoutait tout ce qui se disait. En s’en allant cha- que soir il payait à Moustafa le prix de sa consommation par une petite pièce dor. Un soir que cet étranger mystérieux se trouvait dans la boutique, un de nos bons amis, officier à l'État-Major, fit bruyamment son entrée. Il avait été longtemps absent; en le voyant nous avions ressenti toute l’af- fection que nous lui portions; c'était un brave oflicier, très versé dans sa a CLIN — science, et fort honnête homme, poli, prévenant et aimable. Cependant ce soir-la il ne fil attention à aucune de nos avances et allant droit à Moustafa : «Moustafa, mon cher Moustafa!, s’écria-t-il, tire-moi d’embarras et viens à mon aide. Je viens d'une mission, el je trouve l'ordre de repartir demain pour le Soudan. Tout cela ne serait rien, mais voilà bientôt neuf mois qu'on ne nous paye plus; ma femme n’a done rien touché depuis mon départ, à pré- sent que je reviens, je la trouve mourante de faim et mes deux enfants sont déja morts! Que Dieu maudisse celui qui est cause de leur mort et de notre souf- france, et qu'il venge la mère éplorée en lui tuant ses enfants! Bourreau de tes esclaves! chien sans entrailles! puisses-tu être enlevé par les démons!. . Moustafa, pour couper court à ces imprécations, à cause de la présence de celui contre qui elles étaient lancées, le prit par la main : « Viens, mon frère, lui dit-il, si tu as faim, mangeons ensemble mon souper ». Comme on ne peut parler quand on mange, et surtout quand on a faim, l'officier se tut. Il mangeait, mangeait avec voracité, mais tout en mangeant, il avait mis un poulet et un pain dans un morceau de linge pour les porter à sa femme. L’étranger habillé de blanc se leva et sortit comme de coutume. Dès qu'il fut dehors : « Qu’as-tu fait, malheureux, dit Moustafa à Voflicier. C'était lui!» « Que ne m’as-tu dit cela plus tôt, répondit Ahmed Effendy, je l'eusse tué », et ce disant, il tomba comme mort sur le parquet, soit de colère, soit à cause de tout autre sentiment. Il venait d’avoir un coup de sang. Nous dûmes le transporter chez lui; Moustafa laissa le soin de fermer sa boutique à son garçon et nous accompagna. La femme, en voyant rentrer son mari presque mort, oublia qu'elle-même mourait de faim et le soigna toute la nuit; quant à nous, nous restämes en bas pour être prêts à lui rendre les services quelle aurait pu réclamer de notre amitié pour son mari. Le matin il allait mieux; sa femme, en nous l'annonçant par derrière la por- tière de la porte du harem, demanda à Moustafa s’il avait apporté le poulet et le pain que Ahmed Effendy avait mis de côté pour elle. Moustafa les avait dans sa main, il lui donna le paquet. Tout en remerciant Moustafa, elle mor- Je 22 Chacun de nous fut épouvanté de cette misère. Nous partimes, et avant le lever du soleil, nous revenions chargés de provi- sions de toutes sortes que nous déposâmes dans l'antichambre du harem. Nous pensions au plaisir que cette pauvre femme devait ressentir en trou- vant l’abondance au lieu de la famine, dans sa maison désolée, lorsque trois cavaliers turcs firent irruption dans la cour de la maison. L'un des cavaliers, tout en faisant des efforts pour calmer son cheval sur- excité par une longue course, demanda si c'était bien 1a la maison d'Ahmed Effendy; sur notre réponse affirmative, il répondit en nous tendant un pli pour le lui remettre au plus vite. C’est du moins ce que nous comprimes au milieu du bruit que faisaient les chevaux, des jurements et des cris de ces trois hommes qui à eux seuls faisaient plus de tapage qu'une armée entière. La femme de notre ami, ne comprenant rien à celle invasion et croyant qu'on voulait emmener son mari, accourut d’en haut, en s'arrachant les voiles et les cheveux; elle sortit comme une folle et alla se rouler sous les sabots des chevaux dans la poussière. «Fils de chien! disait-elle, écrasez-moi d'abord, et puis vous me séparerez de mon mari.» Les chevaux avaient tendu les oreilles et se tenaient sur trois pieds comme en arrêt; ils approchaient leurs museaux le plus près de cette malheureuse, en ouvrant autant qu'ils le pouvaient leurs grands yeux intelligents, comme pour comprendre ce quelle disait et ce qu’elle faisait 1a devant eux. A les voir on comprenait qu'ils se seraient écrasés contre le mur plutôt que de faire le moindre mal à cette femme. Tout cela s'était passé en moins d’une minute; les cavaliers tures ne savaient pas plus que leurs chevaux ce que leur voulait cette femme, et nous ne savions pas ce que voulaient ces Turcs. Tout à coup, Moustafa, qui avait déplié le pli pour le lire, cria, sautant, riant et chantant, sans articuler un mot compréhensible. Un instant nous crimes qu'il devenait fou. Quelqu'un lui arracha le papier de ses mains et lut à haute voix. Ordre était donné à Ahmed Effendy de porter le pli inclus au Ministère de la Guerre. NT Ce pli, qui était décacheté, contenait l'ordre de payer avant la fin du jour tous les arriérés à toute l’armée. Un autre ordre donnait un congé de six mois à Ahmed Effendy avec droit à ses appointements complets pendant son congé... Depuis cette soirée mémorable, nous n'avons plus revu l'étranger habillé de blanc venir occuper sa place dans le café de Moustafa ET Kalyouny. Beaucoup de monde soupçonne que c'était le Prince lui-même, Mais per- sonne nose demander pour en être certain, car personne n'oserait le certifier. Qui peut sonder tes desseins, 6 Allah de Univers! dont les pensées et les actions sont en dehors du cercle du contrôle de l’esprit humain et dont les voies sont des mystères pour notre faible raison. Caire, décembre 1878. Yacous ARTIN PACHA. CA “ut ne gh De AY ~ aan ilove L A ses oo ton ate f rae: DIR ia yh ee . ney LES ay 1 lits . is L lo 2 7 | . | ’ tha . Le ‘ " THÉORIE DE L'HEURE ARABE PAR M. LE PROF. G. ARVANITAKI. Plusieurs millions d'hommes emploient l'heure arabe. II est vrai que cette manière de compter le temps tend peu à peu à disparaître en ce qui concerne les relations publiques et la vie extérieure; mais il est à prévoir, par son carac- tère même religieux, qu'elle restera longtemps encore, comme cela arrive chez les chrétiens pour l’année lunaire, qui fixe la Pâque. Je me propose dans cette étude d'établir la théorie de l’heure arabe, et je donnerai l'exposé de quelques solutions pratiques que j'ai imaginées relatives à cette question si importante pour mes concitoyens musulmans. I. — PARTICULARITES DE L'HEURE ARABE. Les musulmans comptent douze heures lorsque le soleil se couche, ce qui fait que l'heure arabe de midi est mobile. On en comprend que les expres- sions a.m. et p. m. ou heure du matin et heure du soir ne sont plus appli- cables à la manière arabe. Il n’y a que des «heures de jour» et des «heures de nuit». On sait que chez les Européens il y a toujours un méridien, dont 180° d'un pôle à l’autre ont une heure donnée à un moment donné, et que l'heure de ses 180 autres degrés en diffère de 1 2 heures. Ges mêmes lieux ont la longueur du même jour différente, le soleil ne se couchant pas en même temps sur toute la longueur d’un même méridien. Il en résulte que : 1° Quoique ces heux de même long ie aient en même temps midi, ils n'ont pas la même heure arabe; MLD Top 2° Que l'heure arabe d'un point donné diffère de celle de tous les points qui sont ou sur le méme parallèle ou sur le même méridien. Nous en concluons qu'il n’y a pas deux lieux qui ont, pendant toute l'année, la même heure arabe. Car, prenons un point quelconque sur la surface de notre globe au moment où le soleil se couche à son horizon. Les points de même longitude, mais qui sont situés plus au nord, ont le jour plus court et ils ont eu déjà 12 heures; ceux qui sont plus au sud, pas encore. De même, ceux qui sont à l’est ont la même latitude que le point choisi, mais ils ont déjà vu le soleil se coucher, tandis que ceux qui se trouvent à l’ouest doivent atten- dre encore un peu. J] s'ensuit qu'il y a au NO et au SE des lieux ayant 12 heures en même temps que notre point. Comme à un moment donné tous les points dont les horizons passent par le centre solaire ont du coucher et leurs zéniths sont distants de son centre de 90°, il en résulte que leur lieu géométrique est un grand cercle ayant pour pôle le centre solaire. Soit À un des points de ce lieu géométrique. Après quelques jours Pampli- tude du soleil couchant sera différente; ce seront d’autres horizons qui auront leurs intersections entre eux et avec celui du point À au centre solaire; et comme le soleil a deux fois par an la même déclinaison, c'est-à-dire la même amplitude pour chaque horizon, il s'ensuit que c’est deux fois seulement par an que le même lieu géométrique a 12 heures en même temps. Puisque l'équateur coupe en deux tous les horizons, le lieu de même cou- cher sera aux équinoxes le méridien du point A; ce qui montre que le lieu géométrique dont nous avons parlé se meut autour du point A dans le sens NO-N, SE-S et N-NO, S-SE. ll. — RELATIONS DE L’HEURE ARABE D’UN LIEU AVEC CELLE D'UN AUTRE LIEU. De ce qui précède on voit que le problème + trouver le lieu géométrique des points ayant 12 heures en même temps qu'un lieu donné» se réduit à «trou- ver l'amplitude x du coucher pour un lieu donné (A et | donnés) et un jour © L'amplitude d’un astre est l’are de l'horizon compris entre le méridien et le parallèle de cet astre. On l’appelait aussi ortive. = eee donné (9 connu)», ou bien « déterminer les coordonnées équatoriales du pôle de ce lieu» (fig. 1). La formule = . + Prallele be IZ” donne l’amplitude, laquelle, comptée sur Pho- rizon entre le parallèle de l’astre et l'équateur, est de même signe que 0. ; En la discutant, on voit que 6, qui varie conti- nuellement, est le même pour les lieux ayant en même temps 12 heures et que cos À est toujours positif puisqu'il y a toujours 0° < +2< go°. Remarquons que pour chaque lieu de tels points, il y en a quatre qui ont même latitude et des signes contraires deux à deux et que +4 doit être consi- Fig. 1. déré négatif pour l'hémisphère austral. Donc, d’après la formule, des points A1, A» (fig. 2), les À sont de signes contraires; or, la durée du jour pour A1 est égale à la durée de la nuit du point A2, mais les nuits commencent en mème temps pour le jour donné (fig. 3). Pour A1, A3, qui sont sur le même méridien, le jour du premier a la même durée que la nuit du second, mais le coucher de l’un est le lever de l'autre. Ce n’est que pour les couples Te Af et A3, Ax que les jours sont égaux et se Fig. 2. succèdent de manière que le midi de A1 et A soit respectivement minuit de A3, A/. Il n’y a donc pas deux points sur la sur- À Rss | Li face du globe qui puissent avoir pendant —————————— Ais VER Ne ae te er a 0 | 5 ë = As 2h heures leurs montres d'accord si elles minut sont réglées sur le temps local arabe. Fig: 3. Exempte. — Quel est le lieu des points qui ont 12 heures en méme temps que le Caire le 20 août? NT pe On al) + 0 = 12° 39’, À = 30° 2’ 4” log sind = 1, 34043 — log cos = 1, 93738 log sinx — 1, 40305 x = 14° 38! 10” Nous traçons sur un globe terrestre et avec un compas sphérique un grand cercle avec pôle le Caire et nous marquons sur lui, à partir de l'équateur, un are égal à 14° 38' 10". Ensuite, avec ce point comme pôle, nous tracons un nouveau grand cercle, qui doit passer par le Caire et qui sera le lieu géomé- trique cherché. On peut encore procéder autrement : L'heure arabe de midi étant égale à l'heure européenne du coucher retran- chée de 12 heures, si on multiplie celle-ci à raison de 15° par unité d'heure, on a l'angle horaire du soleil couchant au jour donné. Celui-ci, augmenté al- eébriquement de la longitude du point donné (pour le Caire 1= 31° 15'96"E Greenwich), donne avec + 9 (dans l'exemple proposé ci-dessus + 1 2° 39) les coordonnées géographiques du pôle du lieu géométrique cherché. Remarquons que le méridien de ce pôle partage le lieu trouvé en deux Jemi-circonférences, dont celle qui contien d féren dont cell tient A 1 voit le coucher et l’autre le lever du soleil. file — DANGLE. 6: Comme l’origine de l'heure arabe est l’inter- section occidentale du parallèle du jour de l'astre avec l'horizon du point, il importe de chercher la valeur de l’are de ce parallèle situé au-dessous de l'horizon. C'est la partie du paral- lèle parcouru par le soleil pendant la nuit. Fig. 4. Nous désignons par o la moitié de cet are. I] peut être exprimé en fonction de d et A. En effet, dans la figure 4, où Shao () On trouve la déclinaison du soleil dans la Connaissance des Temps, V' Annuaire du Bureau des Longitudes pour chaque année. Dans les Tables Logarithmiques de Lalande on trouve la déclinaison pour une année moyenne entre deux bissextiles. hy); eee on a deux triangles rectangles, dont lun a pour hypoténuse 90 — d et pour côtés verticaux A et go —x, et l’autre x pour hypoténuse et 9, go —o pour côtés verticaux. Le premier donne le second cosx = COS sino. La première peut s écrire é sin” 6 2,, _ cos'A —sin à Ae sir COS ho ee cos” À cos” À ce qui, appliqué à la seconde, donne 2 ue : s’ A —sin 0 cos à sing = 4/208 Ain't cos” À QE cos? À — sin” à pt cos’ À — sin” a cos’ À — sin°à cos 0 SIN 0 = , sin o = = — 1 — sin’o = 1 — —______— cos” A cos” À cos” à cos” À cos” à : cos” À cos” à — cos” À + sin° à 9. COS” À (cos à — 1)+sin*à — cos” À sin’ à + sin’ à cos? o = - - , Cos”o — : : ee cos’ À cos” à cos” À cos” d cos” À cos” à sin*0(1—cos À) sin” sin” À 2 cos o = Sonja mientras des cos” À cos” à cos? à cos” À cosa = ted te A, Pour —4 les tables logarithmiques donneraient l'angle supplémentaire de o. IV. — QUELQUES PROBLÈMES. 1. Trouver l'heure arabe à midi vrai, pour un point donné, ainsi que l'heure du lever du soleil. On voit par la figure 5 qu'il suflit de re- trancher de 12 heures l'angle horaire H expri- mé en temps. Toutelois le résultat doit être diminué de 4" 23. Cette correction est due à ce que le 12 heure arabe marque l'instant où le disque solaire disparait totalement de l'horizon et non pas lorsque celui-ci passe par le centre solaire. Il faut done compter le temps nécessaire au demi-diamètre n 196 — solaire (32' 4" en moyenne) pour disparaître. De même la réfraction atmos- phérique, qui fait augmenter la hauteur des astres, prend son maximum à l'ho- rizon (33' 48" en moyenne). Le total de ces deux arcs (1° 5° 52" en moyenne) est parcouru par le mouvement diurne en 4" 235, L'heure du midi sera donc Tate (+ in 23") et celle du lever T lever = 12 — 2 (= on a SORT ). Exewrze. — Trouver l'heure à midi vrai et celle au lever du soleil au Caire le 20 aot. Ona d5=+ 12°39’, A=30°2'h" et on calcule o : log (g à =1, 35111 log tx = 1, 76204 log cosa = 1, 11315 ao = 82° 39’ 4" 180 — c= 97°27’ 56" LÉO IN ee ee M 29 592 12 —n=5"30"8' Correction = — 4" 93° Tm = 5" 25" 49" Tl =10°51™30° Pour —3 il ne faut pas retrancher de 180° la valeur de o donnée par les tables. Ainsi on trouverait pour heure du midi vrai au Caire : 4 57™ 31° pour le solstice d'été, et 6" 53™ 43° pour celui d'hiver. Trouver l'heure d'un point en temps local arabe, connaissant celle d'un autre point au méme instant. Soit (fig. 6) Z, Z' les zéniths des deux lieux, O, O' leurs horizons, E l'équa- teur, P le pôle nord, S le soleil au moment donné H. La différence (129—H) 15 donne l’are SM, chemin qui reste à parcourir au soleil jusqu'à son coucher à pts l'horizon O, tandis que NS est le même chemin pour l'horizon O’. Il s'agit donc d'exprimer MN en temps. Fig. 6. MN = FF’, F, I" étant les points où les cercles de déclinaison du soleil cou- chant successivement aux horizons mentionnés rencontrent l'équateur. Ona : RF = 90 —-o EF =ER+RF=180—-—6 E’F’ = 180 —o’ EK’ =/—I différence des deux longitudes. FR’ = El’ —EF=EF’ + E’F’ —-EF=/—-I' + 180—o'— 180 +o pee ee a! Connaissant à, A et 4’ nous calculons la différence & — 6". Ayant obtenu FI’ nous l’ajoutons à l'arc SM; l'heure demandée sera a SM + FF’ 15 ou Hein) 15 [ (Il) + (o—o)] 15 ou 15H—[(I-’) + (e—o')] 15 ILES Cette formule contenant o, o’ qui dépendent du 9, montre qu'il faut don- ner non seulement l'heure mais encore le jour de l'année; on en conclut que la déclinaison variant, pour H constant, heure correspondante du lieu Z’ varie aussi; ainsi à 9 heures au Caire le 1° janvier et le 1* mars il ne correspond pas la même heure arabe à Fez. S'il s'agissait de ’heure européenne la question serait plus simple, la diffé- rence de l'heure européenne de deux lieux étant égale à la différence algé- brique de leurs longitudes exprimées en temps. Kxemete. — Quelle heure est-1l a Fez à madi précis au Caire le 20 août? Le 20 août au Caire il est 5" 25/55 à midi vrai. On a : 1 = 31° 15’ 37” E(Greenwich) À = 30° 2’ 4” N = 5° 1'1g"W > N= 34° 6! 3" » l— I = 36° 46’ ho" o—o'= 1°15' 37" (l—I') + (a@—a') = 37° 32/23" 15 H = 83° 37/52" 15 H —[(I—I’) + (e—o’)] = 46° 5’ 29” ou en temps 3° 4" 29°. V. — HOROSCOPE UNIVERSEL. Soit O le centre du globe (fig. 7), P le pôle, EE’ l'équateur, et A,B, C trois parallèles de latitude A, À, 2’. Supposons le soleil dans la di- rection de OS passant au méri- dien EPE’ au jour du solstice d'été. Alors SOE’ sera égal à la valeur maximum et positive de à, soit à 23° 98’, et DFG le ter- minateur dont le plan est ver- tical au rayon vecteur OS. A la simple inspection de la figure on voit que la partie des paral- léles située à droite du termina- Fig. 7. teur représente la longueur du jour, et celle qui lui est à gauche représente celle de la nuit. Si la Terre DFA tourne d’après la flèche, les points M,M’,M" marquent les couchers et les points N,N’, N’ les levers du soleil, tandis que les points Q,Q’, Q’ marquent les midis vrais des points des parallèles A, B,C. On en comprend facilement que si les lieux M,M’,M" ont 12 heures arabe en mème temps, ils n'ont pas midi à la même heure arabe, puisqu'ils ne se trouvent pas sur le même méridien, et que l'heure de midi vrai pour chacun d'eux est d'autant plus avancée que l'arc éclairé de leur parallèle est plus petit, c'est-à-dire que sa lati- tude est plus petite. Projetons (fig. 8) parallèles et terminateur sur le plan de l’équa- teur. Les premiers seront projetés en cercles de rayon cosa et le se- cond en ellipses dont le grand axe sera le diamètre DG de l'équateur et le petit axe égal à cos (go — 5) ou à sind. Pour 4 — 0, c’est-à-dire aux équinoxes, cette ellipse se ré- duit au diamètre DG. C’est done le petit axe seulement qui varie avec d; et comme chaque valeur de à correspond à deux dates de l'année, Fig. 8. nous pouvons coter le petit axe de ces deux dates. Si la circonférence de rayon 1 qui est l'équateur est divisée en 24 heures de manière que le diamètre DG passe par les deux 12 heures, du coucher et du lever équatoriaux, celui du midi et du minuit passera par les 6 heu- res. Les points M,M', M" ont leurs projections en m, m’, m'. Si nous faisons tourner la circonférence équatoriale dans le sens de la fléche, de maniére que OD passe par m’, toutes les heures se déplaceront du même are et on aura pour le paralléle les heures du lever et du midi. Notre instrument (fig. 9) se compose d’un disque qui porte tracées lesdites projections des latitudes de 5 à 5° marqués convenablement, et celles du ter- minateur avec les doubles dates; un anneau qui encercle le disque peut tour- ner dans le même plan et porte les 24 heures en arabe. Le disque porte une aiguille qui doit être portée d'abord à marquer 12 heures arabe à gauche, tout rio en passant par l'intersection du parallèle du lieu et de l’ellipse de la date donnée. Ensuite on porte l'aiguille sur OE’ qui est la méridienne pour avoir l'heure arabe du midi vrai et enfin on amène l'aiguille à l’autre intersection des mêmes courbes pour obtenir l’heure arabe du lever. Un second anneau qui entoure le premier est divisé en 24 heures en carac- tères européens. En conservant l'heure XII sur le prolongement de la méri- dienne on a la correspondance des heures arabes et européennes pendant les 2h heures de ce jour et pour cetle latitude. Si on veut avoir l'heure européenne en temps moyen et légal, il faut déplacer XII heures d’après l'équation du temps augmentée de la correction légale. Notre horoscope résout aussi le problème de l'heure arabe de différentes villes au même instant. en eee VI. — SUR LES HEURES DES CINQ PRIÈRES DES MUSULMANS. Dans le Coran il est fait très souvent mention de la prière, mais nulle part il n’y est indiqué l'heure précise pour chacune des prières canoniques. Ge sont les premiers grands exégètes qui, basés sur l'exemple donné par le Prophète, ont considéré, très justement, sa pratique comme un éclaircissement officiel de la question, ou comme l'explication pratique des indications vagues du texte sacré. C’est ce qui constitue la «tradition». Ces prières, au nombre de cinq, sont : 1° La prière de l'Aube (el-Subh), qui commence au moment où, à l'horizon oriental, se dessine en ligne blanche et assez bien définie l'aurore qui com- mence. Peu à peu l'aube s’élargit, devient plus diffuse et gagne en hauteur. C'est l'aurore. Pendant ce temps le fidèle doit adresser sa première prière. Cet espace de temps expire un peu avant le lever du soleil, lorsque le bord supé- rieur de son disque va être tangent à l'hori- zon qui le cache. On admet généralement que l'aube, ap- pelée en arabe el-Fagr, a lieu lorsque le centre solaire se trouve à 19°, ou 20° selon d’autres, au-dessous de l'horizon. Le Survey Department accepte 19° 30’. Dans la détermination de Vheure d’el- Subh, comme d’ailleurs de celle d’el-Isha (voir plus bas), on commet généralement une erreur : on prend (fig. 10) l'arc de hau- teur (IS) au lieu de celui (LS) du parallèle du jour contenu entre le cercle vertical et Figs ao: l'horizon. Pour exprimer e en fonction de h nous considérons les triangles POL et PSZ. Le premier donne la formule déjà trouvée (chap. III, où o est le supplément de ¢) —cost=trAlpd....(1) le second — sinh = sin À sind + cosA cosd cos (1 + e) eer sinh + sin À sind OO a eae Both 2) où h 19° 30" pour el-Subh et 17°33’ pour el-Isha. On voit que e dépend de la latitude, or autant À augmente autant k diminue. Kxempte. — A quelle heure commence el-Subh à la Mecque le 10 juin? Ona1=2 15280 Neo 4 aoe. Or, midi est à 5517™ 99° et lever à 10° 34 AAs. Pour déterminer l'heure d’el-Subh la formule (>) donne log sin 19° 30/— 1,52350 sin » = 0,3338 log sin à = 1,99188 log sin À —1,56166 1,15354 = 0,1424 1= 0,4762 : Ig! 1.67779 log cosd =1,96403 log cos À =1,96905 log IT = 1,93308 log cos (t-+e)= 1,74471 Comme le cosinus est négatif, il correspond à 180 —(t+e), or t--e=190°h5'5" La formule (1) donne : log cost= 1,22047 Le cost étant négatif, on prend 180-7 et ona: t= 99° 33 48” dau at ae — aba h™ hd’. Or l'heure del-Subh est à 9! 9" 50°. Aux jours des équinoxes d= 0, les formules (1 ) et (2) deviennent récipro- quement sinh —cost=o d'où t=go° et sine=——. cos A CRE Dans l’exemple donné, e aux équinoxes serait 21° 0/29", soit 1" 9/4" 1°. Pour —d on prend encore pour valeur de te son supplément mais t est plus I f etit que ao°. Ainsi el-Subh, dans ’exemple donné, sera au solstice d'hiver : P 9 —sin19°30'= 0, 3338 +sinAsind= 0, 1424 ]=—o, 1914 logl= 1,28194 logll— 1,93308 tte =180—77°6' 47” = 102°53’ 13” = 80 26 12 e — 29°97" 1” Goa 4" 219" 59° X au solstice d’été à 1"50™31° Pour le Caire on aurait el-Subh | à l'équinoxe » 1 30 4a > avantlelever | au solstice d'hiver » 1 37 8 du soleil. 2° La prière du Midi (el-Zuhr) est le temps accordé au fidèle pour l’'accom- plissement de cette seconde prière. Il commence à partir de l'instant où le centre solaire passe au méridien, c’est-à-dire à midi vrai, et il expire un peu avant l’Asr, qui marque le commencement de la troisième prière. Midi vrai est marqué par l'ombre d’un indice vertical sur une surface horizontale lors- qu'il atteint sa longueur minimum dans la journée. 3° La troisième prière de Vaprés-midi (el-Asr) commence depuis l'instant où l'ombre d’une tige verticalement plantée est égale à celle du midi au même jour plus une fois, d’après LA / € Ast AWA Horizon el Ase lane § les Chaféites, ou deux fois, d’après les Hanafites, la hauteur de la tige. On en déduit que l'Asr des “à Hanafites suit celui des Chaféites. Le temps pen- dant lequel le musulman peut faire sa troisième prière expire un peu avant le coucher du soleil. On en distingue un premier (el-asr awal) et un second (el-asr tani) suivant que l'horizon est tangent au bord inférieur ou au bord supérieur du disque (fig. 1 i); ce qui marque la disparition complète de l’astre du jour. oT Ne L'ombre à midi (fig. 12) : AC = hetg[ go —(A—9)]=-htg(A—95) devient à l'heure de PAsr : AB—h{1 ou 2 + tg(A—0)]...... (a). Les hauteurs respectives de l’astre seront données par les formules 1 1 PAT Wa) ee Haies) : four? Fig. 12. Fig. 13. La différence des tt (fig. 13) des temps sera donnée par les formules sin v/— sin À sind sin U — sin À sind à cos t = — cos À cos à J gears) cost! = —_-———_.——_ cos À cos à Dans les formules (a) et (b) pour d—0, c'est-à-dire aux équinoxes, te (Ad) et le produit sind sind deviennent respectivement tg et o. Exempie. — Quelle est à la Mecque la différence des heures des deux Asrs d'a- près les deux rites, aux deux solstices et aux équinoxes? Nous avons A = 21° 29! 30’ d=93°97' 6" A—8=— a 4! 38" CALCUL DE U CALCUL DE U’ log tg (A—5)= 9,55997 ig (A—3) =—0,03625 — 0,03025 Se oe Dénom.= _0,96379 1,96375 lop 9 > | 4, 198397 0,29308 colog » = 0,01603 1,70692 v= h6°3' 30" v = 26°59! 13” re CALCUL DE { CALCUL DE t’ log sin vu = 1,85736 1,65685 sinv = 0,7201 0,4538 log sin À = 1,56166 log sind — 1,59987 log I — 1, 16153 Il = 0,1451 log cos} — 1,96905 log cosd = 1,96253 log IT —:1,92158 sinu— 0,7201 0,1538 SNL Es 0,1451 I—I[— 0,5750 0,3087 log » —1,75967 1,48954 — log IT — 1,92158 1,92158 log cost —1,83809 1,56796 1— 43° 39'5” V — 68° 17 18" U—t= 94 4543" — 1" 39" 3". Pour le solstice d'hiver la différence À -9 devient A+d = 4hehg'38", On trouve v= 26°38’, v' = 18°28'10" et l'—1— 928" 29°. Aux équinoxes où J—oonauv—30°h42'17",v—99°h1"35"etl—1— 57" 005. Pour déterminer l'heure de l’Asr pour un lieu il faut exprimer e( fie. 1/ P § uv. Re en fonction de v, À, à. Alors 12 — “sera l'heure cherchée. Le triangle LRN donne (fig. 14a) : cos (go —x) = cosé cos (e—4) d'où Si d est négatif, comme au triangle RL'N' (fig. 14 b) alors x)go° et on a 0e. Les triangles PZS pour +0, et PZS' pour —5 donnent : sinv + sin À sind More FER) n'etait (2). et les triangles POL, POL’ donnent : sin 4 — sin à A cos” À — sin? cos(go—6)—cosAcosx, cosx=+—., sin x — — cosr’ = cos” À qui, appliquée à (4 ), donne 7 "A — Sin 0 A (os gps ee Oe CA 3). Bone ) cos” À cos? à 6 Les équations (2) et (3) avec la formule 1gv — : donnent e. 1 ou2+te(A—8) L'heure de la troisième prière varie done pour un lieu donné avec les va- leurs de e pour 0 = + 23° 97'8". Exempte. — Trouver l'heure d'el-Asr pour le Caire aux deux solstices et aux équinoxes. L'application des formules (1), (2), (3) donne : POUR LE SOLSTICE D'ÉTÉ : A=380° a! 4" 2 log cos À =1,87476 8 = 23° 97’ cos” À = ]=0,7495 A—d8= 6°35'h" 2 log sind = 1, 19966 log tg (A—8) =1,06298 sin” à = te (A—8) = 0,1156 1 Il=0,1584 I—Il=0,5911 log (1—11)—1,77166 441560 2 log Il = 0,04751 2 log cos À = 1,87476 ‘ colg Il 1,95249 2 log cos} =1, 92512 —1,79988 u— hie5a! at” log UI = 2 log cos (e—4) =1,97178 log sinv =1, 824hh log cos (e —4) =1, 98589 I= sinv = 0,6675 e—O0= 14°31’ ho” POUR LE SOLSTICE D'ÉTÉ : log sin À = 1, 69942 log sind =1,59983 log Il=1, 29925 I= 0,6675 Il =—0,1992 I-Il= 0,4683 log (1—I1) =1,67052 log cos À = 1,93738 log cos = 1,96256 log IT =1, 89994 log (1—11) =1,67052 log III =1, 89994 log sind =1,77058 6 = 36° 7’ 50” POUR LE SOLSTICE D'HIVER : A=80° a! 4" 6 = 93° 97’ (A+38) = 53°99’ 4” logtg » —0,13055 ig » =1,3507 1 II = 2,3507 log » = 0,37109 colg » =1,62896 v—a3° 3! 110° log sinv =1,59282 sinv = 0,3916 Il =0,1992 I—II=0,5908 log »=1,7714h —log II =1,89973 log sind =1,87171 6 heri5 38" —(8—e)= 14° 31' ho" e—= 30° od 00" e — 9" 15" 16° 19—e= 9A5"hh correction —— 4"93° ENT, ee 9 = 36° 7'50" € = 50° 39' 30’ = 3129" 38" 12—e= 8"37"99 correclion — h™ 93° Asr pour le Caire au solstice d'été — 8" 32" 59° POUR LES ÉQUINOXES : pour 6=o log tg =1, 76204 tgA =0,57815 1 1,97819 log (1 +1gÀ)—0,19815 colog » —1,80185 u— 32° 91/40" log sinu =1,72857 log cos] = 1,93738 C=O = 30" 8 17" et — a*3a™e7° 12—e= 92733 correction — 4”°23° Asr pour le Caire aux équinoxes= 923" 10° 9° 41"21° Asr pour le Caire au solstice d'hiver. Lee Il doit y avoir quelque malentendu ou fausse interprétation. C'est à nos savants arabisants de nous en éclairer. Déterminer les heures de prière d’après la direction ou la longueur de l'ombre des objets, c'est parfaitement naturel surtout pour cette zone de la terre; mais donner comme mesure au peuple une unité si difficilement calculable, c’est impossible. L'ombre à midi est variable, la hauteur de l’objet est constante. Or il est plus logique de penser qu'on a donné comme unité de mesure un multiple de cette dernière. Aujourd'hui le Gouvernement égyptien publie un almanach, mode peu indiqué pour l'usage du peuple, qui s’effraie à l'aspect des nombres. Aux premiers siècles de lislamisme et en Arabie la circulation et l'usage des ouides imprimés ne devaient pas être en grande vogue. 4° La quatrième prière du soir (el-Maghrib) commence au deuxième coucher et finit quelques instants avant la disparition du crépuscule rouge. 5° La cinquième prière de nuit (el-Isha) est la dernière et commence à la disparition totale du crépuscule rouge jusqu'à l'aube. On accepte généra- lement et d’après l'expérience que le soleil se trouve alors à 17° 33' au-des- sous de l'horizon. Mais comme pour l'heure d’el-Subh il ne faut pas compter sur cet arc de hauteur négalive mais sur la partie correspondante du parallèle du jour. Pour calculer e on procède comme pour l'heure d’el-Subh. Ainsi on trouverait qu'aux équinoxes l'heure d’el-Isha commence à la Mecque à 1h15m90s, La différence entre les 19°33" et 17°33' des deux crépuscules du matin et du soir m'a été expliquée par Idris bey Ragheb par le fait que l'œil est plus sensible le matin après le repos de la nuit, que le soir après la fatigue de la lumiére du jour et surtout aux climats tropiques et avec la maniére de vivre des Orientaux. En général, le calcul des heures où commence chacune des cing prières cano- niques est facile; seulement il est à remarquer qu'une doctrine étant univer- selle, le rituel doit l'être aussi. Or les indications empruntées à la nature qui marquent les heures de prière deviennent impossibles sous certaines latitudes. Ainsi le soleil s’abaissant à Paris au solstice d'été moins de 17°, les musulmans parisiens ne sont pas à même d'estimer où finit el-Isha et où commence el-Subh. 730 =: La même chose pour l’Asr, qui présente encore d’autres particularités. Or il est évident que pour rester dans l'esprit du commandement il faut chercher com- ment se partage l'espace des 24 heures à la Mecque pour les heures des cinq prières canoniques et parlager sur cette base le jour et la nuit pour toute la surface du globe, puisque la doctrine islamique la enveloppé comme une atmosphère. Aux jours fériés il y a des prières exceptionnelles qui commencent dans la matinée lorsque le soleil s'est élevé au-dessus de 5° ou de 10° d’après les Ha- nafites. VII. — CADRANS SOLAIRES ARABES. CADRANS ÉQUATORIAUX. Soit (fig. 15) h= la demi-longueur de l'indice coincidant avec l'axe du monde. Par l'extrémité supérieure de cet indice passe le plan de l'équateur et celui de l'horizon, tandis que verticalement sur son milieu passe le plan du cadran. Il est évident que les parallèles de déclinaison positive se projetteront sur la face boréale du cadran et ceux dont la déclinaison est négative sur la face australe. Ces projections circulaires auront pour rayon : h ctod. L'intersection de l'horizon qui passe par l'extrémité de l'indice avec le plan du cadran sera une ligne droite et parallèle à la ligne équatoriale. La distance de cette ligne au pied de l'indice, qui est aussi le centre des circonférences, sera : htgA. L’intersection du plan du méridien avec celui du cadran sera une ligne droite passant par le pied de l'indice et verticale à la ligne équa- toriale. Comme les Arabes commencent le jour depuis l'instant où l'horizon occi- dental est tangent au bord supérieur du disque solaire, et par conséquent ils comptent 11 heures quand il reste encore 15° du parallèle au soleil à par- courir, il en résulte que l'extrémité de l'ombre au moment du coucher touche l'intersection du plan de l'horizon avec celui du cadran au point où elle ren- contre la trace du parallèle du jour, et qu'une heure avant, cette extrémité était au-dessous de l'horizon sur la circonférence de cette trace du parallèle, mais 15° plus bas qu'à 12 heures. ees HG Nous chercherons le lieu géométrique de l'extrémité de l'ombre pour une heure donnée. Soient (fig. 15 et 16) O=le pied de l'indice, OA — la partie de la méridienne Zz comprise entre le pied O et la ligne horaire de 12 heures BB’, et OE, OD, OB les ombres de lindice en longueur et en direction aux couchers du soleil aux jours des inclinaisons à, d’,d", qui sont en mème temps les rayons des circonférences correspondantes; o, a’ o'—les angles que forment ces rayons avec la méridienne, angles qui correspondent aux moitiés occidentales des rue ares des parallèles toujours sous l'horizon; enfin OF, OG, OH — les ombres à 11 heures. Les ares EF, OG, BH sont égaux. Prenons pour axes des coordonnées cartésiennes les lignes : projection de l'équatoriale (y) et méridienne (x). Les coordonnées du point F seront données par le système des équa- tions : (æ+hlg A} + y = hcte" à y=(e+htea) te (ote) dont la premiére donne la projection du parallèle de déclinaison d et l’autre Fig. 16. la ligne horaire OF, qui passe par le point O,(—-htgx,o) et fait avec l'axe des abscisses l'angle o+e. En tirant de ce système les valeurs des x, y, coordonnées du point F, nous avons y =h ctg?d — (x +htg2) (a + higA) =h? cte*s—7 2 y = te" (o+e) (æ+htg2) (a +thtga) = J _ tg'(o+e) 2 2 2 2 2 y 9 het à — (x + htgA)Ÿ =tg" (o +e)(x +htga) h? cg? à nr + y 2 25 2 2 2 28 __ 8 1 h* ctg?d = (a +htga)?|1 +tg(o+e)] h’ cte?d = y (eoeaa 3° 1) (rio A) h cte re) h ctgô cos(o +e)=x + ht æ = h [etg à cos (o + e) — tp] y=hctgèsin(o + e) La longueur AE est égale d’une part a hctgd sing et d'autre part ah ted tgo, relations qui existent aussi pour les autres longueurs AD, AB, ete. Nous pou- vons donc écrire la série des rapports suivants, constamment égaux à l'unité : hip Atgo higtgo’ hetgd sing 5 cto à sing’ cosa ey ! eto 5’ ——— elo. Vow go =~ clé evo Pour chercher maintenant le lieu géométrique des extrémités de l'ombre pour une heure donnée et pour toute l’année nous appliquerons la formule (y—y') (2 — 2") =(x@—2") (y'—y") qui montrera si les trois points F, G, H sont en ligne droite. Nous aurons suc- cessivement [k etg à sin (o + e)—h ected’ sin (o° + e)]} h[ctg 5’ cos (o’ + e)—tg A —]—h [ele 8” cos(o” + e)—tg al} = h [etg à cos (o + e) —tgA] —h [ctgS' cos (o’ + e) — tg]! [h cig’ sin (o’ + e) — h ctgd" sin (o’ + e)], etgdsin(o +e)—clgd’sin(o’ +e) [elgdcos(o + e) —tgA] —[ctgd’ cos(s’ + e) — ted] clgd sin(o’ + e)—clgd’sin(o” +e) [elgd cos(o’ + e)— tga] —|clgd’ cos (o" +e) —teA]’ cle à cos (o +e)—ctgd cos(c’ + e) cid’ cos(o’ + e) —clgd’ cos (o" +e)’ ” clgôsin(o+e)— ctgd' sin(o +e) ctgà sin(o'+e)—clgd sin(o” + e) clgô cos(o +e)—clgd cos(o’ +e) clgd cos(o’ + e) —clgd’ cos(o"+e)’ ct 6 (sine cose + cose sine) — ected’ (sino cose + cosa’ sine) ctg à (cosa cose — sing sine) — elgd (coso’ cose — sing’ sine) cle 6’ (sino’ cose +cosa’ sine) — cl à" (sino” cose + coso” sine) ~ eles’ (cosa’ cose — sina’ sine) — clgd’ (coso” cose — sino” sine) cosa cig 5 (sing cose + coso sine) -——, ct (sino’ cose + cosa’ sine) COS GR , ; cos cle à (coso cose — sino sine) — 6 3 cle à (cosa’ cose — sina’ sine) cos a s ; . cosa bent = ‘ cig 6’ (sino’ cose + coso’ sine) — ——,, ctg 4’ (sina” cose + coso” sine) cosa” <9 ctg 5’ (coso’ cose — sino’ sine) — — ctg 8’ (coso” cose — sino” sine) cose(sing —cosotgo') cose(sino' — cosa’ tga”) sine (cosolgo’ — sing) sine (coso’ tz" — sina’) qui est une identité. Ayant ainsi montré que les trois points F,G,H sont en ligne droite, nous cherchons l’équation de ce lieu géométrique, qui est pré- cisément la ligne horaire 12 h _<=. Nous prendrons ensuite de !’équation du lieu les segments des axes coupés par cette ligne horaire, ce qui indiquera le tracé pratique des lignes horaires en général. La formule que nous avons appliquée plus haut est l'équation de la ligne qui passe par deux points donnés. En reprenant la mème formule nous avons : y —hetgd sin(o + e) h etg 9 sin(o + e)—helgs' sin (o’ + e) x—h|clgdcos(o +e)—1gA] ik [et à cos (o + e) —tgA]—h[elgd cos (o’ +e) — ig A] PT): Ne et, d’après ce que nous venons de faire plus haut : y—hctgôsin(o+e) æ—h{cgècos(o +e)—1gÀ] os y=—x ge + hcge[cg cos(o +e)— tor] +hctgôsin(os +e) y=—xclge + h cles cose cose ctge — hetgd sing sine clge — h elge tg À + hetgs sino cose + h elg à cosa sine cose ’ y=—aelge + aa igo cose — cige + lgo cose + sine dans laquelle te = 1 et par conséquence h ctgd = seco. { ae RE + si t y=—a«cloe + —— + sine —clre J 5 sine & y sine = — x cose + cos’e + sin’ e — cose y sine + x cose = 1 — cose s Lee x ! et en lui donnant la forme générale = ao 1: z AE JR 27e 1 — cose 1 — cose cose sine . , 1 — cose . Or le lieu sépare sur l'axe des x le segment ——— et sur celui des y le — cose 1 segment —.—_— sine VIII. — CONSTRUCTION PRATIQUE DU CADRAN SOLAIRE ÉQUATORIAL ARABE. Il faut remarquer tout d’abord qu'il doit y avoir une différence dans le tracé des deux faces : 1° Pour la face boréale (fig. 17), sur laquelle se projettent les parallèles des déclinaisons posi- tives nous portons sur la méridienne du pied de l'indice vers le zénith une longueur égale à h ted. 2° À l'extrémité de cette longueur nous por- tons une ligne verticale qui sera l'intersection du plan de Vhorizon avec celui du cadran, en même temps que la ligne horaire du coucher. Fig. 17. 3° Nous calculons la quantité h ctgd pour d= 23°28’ et avec cette longueur comme rayon nous tracons une circonférence 6. a ea qui sera la projection du tropique du cancer (solstice d'été). Elle sera tangente à la ligne horaire de 12 heures si cted =tgA, c'est-à-dire si 0+ A=g0°, ce qui arrive aux cercles polaires. 4° Nous partageons la partie de cette circonférence, qui contient le pied de l'indice, en commençant par son intersection orientale avec la ligne horaire de 12 heures, en arcs de 15° pour les heures entières et de 7°30’ pour les demi-heures. eee ligne horaire du lever : SL ee = 5° Nous tragons une autre cir- eae LEE conférence de rayon plus grande ea ne 2 que nous partageons de la méme pao te manière. Ne à 6° La ligne horaire de 12 ee gu’ oe. i fionedu Midi vrai heures joignant déjà les origines des premiers ares des deux cir- conférences, nous en joignons les autres. Ces lignes seront les ho- raires cherchées. Pied de l'indice Note 1. Il est superflu de pro- =— 2 lignehovaine dulever longer les lignes horaires au de- Pe oe 2 à dans du cercle de rayon ctg by ae À À Ÿ 93° 28! Pr on = ; EB ite é VA | | x“ Note 2. Au lieu des opérations A yy NY h, 5, 6 nous pouvons calculer pour chaque heure les quantités Fig. 18. 1 — cose 1 — cose cose sine Note 3. Pour la face australe nous observons que la longueur h tgA doit être portée du pied de l'indice vers le nadir. La figure 18 représente les deux faces d'un cadran solaire équatorial arabe. Pour l'installer sur une base fixe, on trace d’abord la méridienne sur une base par une des méthodes données par l'Annuaire du bureau des longitudes (étoile polaire, boussole, angles correspondants, etc.). On fait ensuite coin- cider la méridienne tracée déjà sur la base du cadran avec celle de la base fixe. Terre IX. — CADRAN SOLAIRE ÉQUATORIAL PORTATIF. Nous sommes heureux de présenter au public islamique un cadran équa- torial portatif donnant l'heure arabe en même temps que l'heure européenne. Il répond, en effet, à une nécessité de la pratique religieuse. Comme la ligne horaire de 12 heures se rapproche ou s'éloigne du pied de l'indice suivant que la latitude diminue ou augmente, et comme il serait pra- tiquement difficile de donner à l'indice une longueur variable, quelquefois démesurée, pour que /tgA soit constant (pour que le tracé des horaires reste fixe) nous avons (fig. 19, 20 et 21) rendu la zone a du cadran, contenant les heures arabes, mobile autour du pied de l'indice, tout en conservant fixe le == (| cerele ¢ de rayon h ctg 23° 28’ sur lequel nous avons tracé en rouge les lignes donnant les heures européennes. Cette zone mobile a est portée par le bouton b jusqu'à ce que la ligne horaire de 12 heures arabe coincide au prolongement de celle des divi- sions tracées sur la partie supérieure du cer- cle fixe ¢ qui correspond à la latitude du lieu d'observation. Ces divisions correspondent, en effel, aux différentes valeurs de htgA pour À constant et À variant entre 10° et 42° de latitude nord, partie de la terre qui renferme les principaux pays musulmans. Pour la face australe ces divisions sont portées sur la partie infé- rieure du disque c. La lame e, soudée au disque fixe et au bord immobile d, empéche ¢ de tourner avec a. Le cadran peut tourner d’un are de go° autour de l'axe ff’ glissant à frottement doux sur le quart de cercle # donnant les latitudes. Deux niveaux d’eau h, h', disposés en T, permettent, au moyen des vis v, wv’, v', d'assurer Phorizontalité à l'instrument, de même que la boussole en assure l'orientation. (La déclinaison pour le Caire est actuellement de 9°33, » 0.) L'extré- mité de l'ombre marque l'heure arabe, sa direction don- nant l'heure européenne. A un changement de latitude la ligne horaire de 12 heures doit se déplacer paral- lèlement à elle-même et changer de longueur, ce qui n'arriverait pas si elle était tracée. Pour cela les lignes horaires sont en fil métallique très fin, le bord inté- rieur de la zone a est en saillie pereée de petits trous par lesquels passe librement l'extrémité du fil. Le bord extérieur de la même zone est également en saillie, mais il constitue une circonférence r indépendante pouvant tourner librement dans son plan à l'aide du bouton b. Elle est aussi percée, mais les extrémités 4 des fils y sont soudées et prolongées. Aussi, en nous déplaçant en latitude, NE — nous devons faire tourner la zone a et la circonférence » dans le sens des aiguilles d’une montre, si nous nous éloignons de léquateur et vice versa, jusqu'à ce que l'extrémité intérieure de 12 heures arrive à l'horizontale de la nouvelle latitude; en même temps nous faisons tourner r jusqu'à ce que l'horaire de 12 heures devienne horizontale (1), Comme aux environs des équinoxes la longueur de l'ombre de l'indice devient trop grande, nous pouvons ajouter autour du cadran, sur Farc infé- rieur de son bord déterminé par la trace équatoriale, une zone cylindrique pour recevoir la partie débordante de l'ombre. Les prolongements des lignes horaires sur sa surface intérieure seront des arcs elliptiques, section de cylin- dre avec les plans horaires. X. — CADRAN SOLAIRE ARABE HORIZONTAL. Le plan du cadran horizontal passera par le pied de Vindice du cadran équatorial. Leur intersection sera parallèle à la ligne équatoriale de la figure, et l'intersection du plan horizon- tal avec celui du méridien sera la méridienne mème de la figure (fig. 22). Dans le plan équatorial nous avons choisi pour axe des coor- données la méridienne et la pro- jection de I’équatoriale; dans ce- lui de lhorizon nous prendrons Fig. 22. l'intersection des deux plans com- me axe des y et la méridienne comme axe des x. Le premier est parallèle à l'axe des y dans le cadran équatorial et ligne commune aux deux plans. En remplaçant l’axe des y par l'intersection des deux plans, les ordonnées (tou- jours pour le plan équatorial) restent invariables, mais les abscisses doivent augmenter de hteA puisque l’ancienne origine des coordonnées a elle-même son abscisse dans le nouveau système éeale à +h ted. ( Le premier exemplaire d’un tel cadran vient d’être construit par M. Paratore et offert en hom- mage au fondateur de l'Université égyptienne, S. A. le prince Ahmed Fouad pacha. ENS Pour trouver les lignes horaires du cadran équatorial nous chercherons les segments que séparent sur les axes des coordonnées dans le plan de Vhori- zon les intersections de ce plan avec les plans déterminés par les lignes horaires correspon- dantes du cadran équatorial et l'extrémité supérieure de lin- dice. Soit (fig. 22 et 23) OD — l'indice h en longueur et en direction, —-xx—la méridienne de l’équatorial, -yy— la ligne horaire des 12 heures dans ce mème plan, OR=Atea,—yy= Fig. 23. l'intersection des deux cadrans, —x'x=— la méridienne dans le plan horizontal, AB = une ligne horaire du cadran équatorial, AB'= la ligne horaire correspondante dans le plan hori- zontal, intersection de ce cadran avec le plan horaire ADB. Nous avons vu que, en prenant OR = htgÀ = 1, nous trouvons BR — a 1 — cose . - D 1 —Cos£ ' ———— (qui dans la figure est négatif) et RP = 8———. Pour trouver & et cose sine @' en fonction de e nous procédons ainsi qu'il suit : les triangles AOB et RBP sont semblables et donnent par conséquent : mL + a d' 5 (4 1 ey = | sine D'autre part, dans les triangles DOB, OBB’ nous avons : p—À-—x. Le triangle BOD donne : a sin x 1 h sin (A —x) sina ctgx — cos À LES = *F : anis A El o = : = Mais le triangle rectangle BOD donne aussi : h—OBctgx, cigx— GR, o1 1 < cos À OB =—. d'où ctgx=—hcose et comme htgA=1 ouh=—,, la valeur de a’ cose ü sin À prend la forme 1 1 are cose)sinA 2sinAsin e 1 | Ayant ainsi a’ et 6’ nous pouvons toujours tracer le cadran horizontal arabe RC) es en déterminant les segments que les lignes horaires séparent sur les axes des coordonnées en fonction de e et de A, où e— 15°, 30°, 45°, etc. Il ne faut pas oublier pourtant que htgA a été pris pour unité et que, par conséquent, il \ 1 4 s faut donner à / la longueur ei: Nous pouvons accepter pour unité de lon- gueur n'importe quelle grandeur, mais alors 4 doit être égale à celte unité divisée par tga. On voit que A variant, 6’ en reste indépendant; or la ligne horaire corres- pondante à une valeur de e donnée, tourne autour du point de son inter- section avec l’axe des y. Cette observation fournit le moyen de construire un cadran solaire arabe horizontal portal. Dans le cadran équatorial l'extrémité de l'ombre trace aux solstices les plus petits des parallèles dont les projections sur chacune des fa- R ces du cadran ont pour rayon hetg. 23°28. C’est pour cela que nous avons dit qu'il est su- perflu de prolonger les lignes horaires dans l’intérieur de ces cercles. Dans le cadran hori- zontal ces cercles seront pro- jetés en hyperboles parce que le plan de l'horizon passant par le pied de l'indice coupe les cônes opposés qui ont pour sommet l'extrémité de l'indice el pour base les deux tropiques et leur projection sur le ca- dran équatorial, de manière Fig. 24. qu'il rencontre les deux sur- faces latérales obliquement. Pour tracer ces hyperboles sur le cadran hori- zontal il suflit de déterminer sur leur axe principal les deux sommets et les foyers. Soit (fig. 24) le triangle isocèle DZR où ZR — » hted et DO=h. Nous prolongeons RD et nous portons OB qui forme l'angle DOB - 1. En menant fl = #50" la bissectrice AK et en abaissant KE perpendiculaire à l'axe, nous obtenons A, B, sommets de l'hyperbole, et E, E (où BE= AË) foyers. Les lignes horaires ne doivent pas pénétrer dans les espaces enveloppées par chacune des branches. Pour faciliter le tracé du cadran horizontal arabe, qui est le plus facile pratiquement, nous donnons dans les tableaux suivants les valeurs de £'et du premier facteur de & qui est — : aot De ce dernier nous donnons le cologa- = rithme et en un troisième tableau celui de sind pour les valeurs de À entre 10° et Ab° VALEURS DE &!. CALCUL DE — a. me POUR € — col 2sin?- 2 POUR e == 180° 69897 CALCUL DE —a@. col sin À. ——— Bc 0 l 2 3 5 6 9 0,76043| 0,71970| 0,68212| 0,64591| 0,61632] 0,58700| 0,55966 : 5 | 0,48736 046595 042642] 0,40812] 0,39069| 0,37405| 0,35816| 0,34295| 0,32839| 0,31443 0,30103| 0,28816| 0,27579| 0,26389| 0,25244 sete Sea 0,22054| 0,21066| 0,20113 0,19193| 0,18306) 0,17h49| 0,16622| 0,15823| 0,15055 — 91 — ee La figure 25 représente un cadran solaire arabe horizontal pour le Caire. L'indice y est représenté rabattu sur le plan. La flèche coincide avec la méri- dienne et se dirige vers le nord astronomique. Pour tracer les lignes horaires européennes sur le cadran horizontal il suflit de déterminer la relation qui relie les angles @ et @, que forment avec la méridienne du cadran équatorial et avec celle de horizontal, la ligne horaire européenne dans l’un et celle qui lui correspond dans l’autre. Soit (fig. 26) OR la ligne horaire européenne 12 t+ qui forme dans Fig. 26. l'équatorial avec la méridienne OZ langle @, et OZ sa correspondante dans le cadran horizontal formant avec la méridienne OE langle @. On aura : CE=y, OE= x, RZ=y, OZ=x. Les triangles rectangles GEO, RZO donnent : y =2' tee t) y=ztge =e Nous portons ES parallèle à l'indice DO. Les triangles semblables DEC, DZR d’abord, ZOD, ZSE ensuite, donnent : yy Er DZ Ke ZO y SDE. SO d'où JOUET, ; y * sin À (2) puisque langle EOS — 90 -X. En remplaçant dans (2) les valeurs des y, y" données par (1), nous obtenons gg = le @ sind. On voit que l'heure européenne étant donnée par la direction et non pas par lextrémité de ’ombre de l'indice, la condition cherchée dépend de la lati- tude et non pas de la longueur de l'indice. Ce qui n'arrive pas pour les heures arabes. XI. — HORLOGES FRANCO-ARABES AVEG SONNERIE POUR LES HEURES DE PRIERE. Dans les grandes villes de l'islam on se sert en même temps de l'heure arabe et de l'heure européenne. Il importe donc d'avoir des horloges qui puissent donner les deux espèces d'heures en même temps. On voit dans les marchés d'Orient des essais de tels instruments, mais qui n'ont pas pu se faire adopter par le public, comme étant entachés du même inconvénient très grave : leur réglage est presque toujours impossible, car au moment où on règle l'heure européenne on ne connait pas exactement l'heure corres- pondante arabe. Nous croyons avoir obvié à cet inconvénient par la solution suivante : le verre ou lentille est plan, parfaitement concentrique avec le cadran de lhor- loge et peut tourner dans son cadre. Sur sa surface intérieure, pour éviter Ja réfraction due à son épaisseur, nous avons tracé en rouge les heures euro- péennes, tandis que le cadran porte les heures arabes sur une zone de rayon plus grande. Entre les deux sont tracées les minutes. Pour assurer la corres- pondance des deux espèces d'heures d’une manière pour ainsi dire automa- tique nous avons procédé comme il suit : ie Reprenons le tracé (chap. V, fig. 9) des projections sur le plan de l'équa- teur des cercles de latitudes et du terminateur déterminé par la position du soleil sur lécliptique. Il est bien facile d’y voir que le rayon de 12 heures arabe, séloignant de sa position aux jours des équinoxes, entraine celui de 6 heures à un déplacement égal et de même sens. On peut donc tracer les projections elliptiques du terminateur sur la méridienne comme grand axe et considérer comme se déplacant le rayon de 6 heures, ou que, celui-ci restant fixe, considérer que c’est la méridienne ou rayon de XII heures qui se déplace d'un angle égal mais de sens contraire. Dans ce cas il faut coter les ellipses de manière que les dates à droite de la méridienne soient les mêmes que les dates au-dessus du diamètre horizontal. C’est ce que nous avons adopté lors- que ce sont les heures européennes qui sont tracées sur le verre mobile. On a ainsi le vrai temps, tant arabe qu'européen. Mais comme les musulmans n'ont besoin du midi vrai exact que pour leur prière de midi, qui sera donnée par la sonnerie des heures, et comme, d'autre part, l'heure européenne est donnée partout en temps moyen, il faut que le rayon de XIT heures soit porté à coincider avec l'heure arabe à midi moyen. Nous calculons, à cet effet, les ellipses pas en fonction des déclinaisons du soleil vrai, mais en fonction de celles du soleil moyen. Pour l'Égypte il faut y apporter une dernière correction, celle du méridien légal qui est celui de 30°E Greenwich, soit une différence additive de 5" 9° sur l'heure du méridien du Caire. Exempte. — Quelle est l'heure arabe au Carre à midi moyen le 5 mars? À — 30 9h d= — 0° 13 Angle horaire du coucher astronomique : 5" 45" 33°. Heure arabe a midi vrai : 12" — (5" 45" 33° + 4" 23°) soit 6"10" 4’ Équation du temps le 5 mars + 11° 45° Heure arabe à midi moyen 6*21° 49° Correction légale du méridien a ea Heure arabe à midi moyen légal au Caire 6" 26" 51° Les minutes, qui sont communes pour les deux heures, sont comptées à partir du 1° heures arabe. L’aiguille des minutes est double, mise en mou- vement par le même axe, mais l’une peut être écartée de l’autre et chacune a5; au a la couleur des heures auxquelles elle se rapporte. L’aiguille arabe est en retard sur l'aiguille européenne autant de minutes que le 12 heures arabe surpasse de minutes l'heure européenne immédiatement précédente. Les deux aiguilles sont eflilées et sans aucun ornement ni contrepoids. Sonnerie. — Le principe de la sonnerie des heures de prière est le sui- vant : l'angle formé par le rayon de 19 heures arabe et européenne donne la demie — durée du jour entre le lever et le coucher. Notre horloge a sur le côté droit du cadran un arc dont la circonférence complète serait divisée en oh heures, et cet arc contient les heures extrêmes entre lesquelles oscille pendant l’année l'heure arabe de midi. II porte une aiguille, de même couleur que le fond du cadran, qui doit ètre portée par l'opérateur au moment du réglage à indiquer sur l'arc l'heure arabe marquée par le 12 heures euro- péenne de Vhorloge. Il est à noter pourtant que, quoique les traits des divi- sions de cet are portent la double date que les traits correspondants qui servent pour le règlement de la correspondance des heures, ils sont caleulés sur le midi vrai. Ce mouvement de l’aiguille arrange par un mécanisme spécial les ailes mobiles d’une roue dans le mécanisme de la sonnerie qui correspond aux différentes prières). Pour ne pas compliquer le mécanisme de la sonnerie on a adopté pour les heures d’el-Subh, d’el-Asr et d’el-Isha leur valeur moyenne. Il importe enfin de remarquer que le déplacement annuel de l'heure du midi vrai est d’une part la moitié exacte de celui du lever et, par conséquent, de celui de la valeur moyenne d’el-Subh et, d'autre part, le double presque exactement de celui d’el-Asr. G. ARvANITAKI. M. Christo Diacoyanni, Phabile horloger du Caire à qui j'ai confié l'exécution technique de ma pendule franco-arabe à sonnerie de prière, a inventé un système de sonnerie qui répond pleine- ment aux données du calcul. : ony UE Dee in ae kee ed Pie ; 4 wee . ia A | oh eine © , AU LL NN à 7 . 2 + CONTRIBUTION À VETUDE DES DEPOTS NILOTIQUES PAR R. FOURTAU. (Planches [-IIL.) INTRODUCTION. J'ai déjà à plusieurs reprises abordé cette question tout autant que mes observations personnelles et les documents que j'avais pu réunir me le per- mettaient). Aujourd’hui, j'ai la bonne fortune d’avoir en main de nouveaux éléments pour poursuivre cette élude qui intéresse au plus haut point tous ceux qui se préoccupent des progrès de l'agriculture et des sciences géolo- giques en Égypte. | Malheureusement, ces documents ne sont pas tous d’égale valeur. Les uns, les plus nombreux d’ailleurs, sont des témoins de forages exécutés au cours de ces vingt dernières années et conservés dans les collections du Musée géo- logique du Caire, d’autres ne sont que des croquis faits d'après les carnets de sondage et portent la marque de l'équation personnelle de l'opérateur qui a apprécié la nature des terrains traversés par ses appareils selon ses connais- sances, sans que nous puissions contrôler ces appréciations par l'examen des témoins qu'il a retirés de ses forages. Il y a là une difficulté assez grande pour bien comprendre le critérium qui a servi de base aux appréciations de chaque ( Cf. R. Fourrau, Le Nil et son action géologique, Bulletin de l'Institut Eoyplien, série 3, vol. V, p. 83 et vol. VI, p. 39; — Les puits artésiens et les puits forés en Égypte, thid., série 3. vol. VIT, p- 239, 1896; — Sur les dépôts nilotiques, Bulletin de la Société géologique de France, série 3, t. XXVI, p. 545, 1898. — 158 — opérateur et leur interprétation est souvent malaisée. I] n'est cependant pas possible de négliger ces documents qui contribuent toujours un peu à aug- menter la connaissance encore très imparfaite que nous avons du sous-sol de la vallée du Nil. Depuis la fin de l’année 1898, époque où j'essayai de résumer les connais- sances acquises alors sur les dépôts nilotiques, il a été exécuté, en Égypte, une quantité assez considérable de forages, soit pour utiliser la nappe souter- raine ascendante dans le but d'irriguer des terres peu fournies d’eau du Nil, soit pour essayer d'alimenter les villes, soit enfin pour établir les projets de fondation de grands ouvrages d'art. Nous avons donc, bien que la plupart de ces travaux n'aient pu ètre suivis d'une manière scientifique, un ensemble de documents qui, s'ils n’éclairent pas tous d'un jour très nouveau l'histoire de la formation de la vallée et du Delta du Nil, nous apportent cependant certains faits qui m'obligent à modifier en grande partie mes premières conclusions. Ces conclusions, qui ne faisaient que confirmer les données des premiers forages opérés en 1883-1884 par le corps des Royal Engineers, m’avaient amené à estimer à environ 30 mètres l'épaisseur des dépôts nilotiques dans le Delta et à les sérier de bas en haut ainsi qu'il suit : 1° une couche d'argile compacte, parfois même schisteuse, surmontant des sables et graviers pleisto- cènes; 2° une couche de sables fins caractérisés par la présence de paillettes de mica noir et de hornblende; 3° le limon actuel du Nil. Elles restent exactes dans leur ensemble, comme on le verra. L’estimation de 30 mètres de puissance pour ces dépôts n'était évidemment qu'une approximation, peut-être un peu forcée, mais en tout cas admissible. En réalité, cette épaisseur varie énormément suivant la région que l’on étudie, et l'alternance des couches est aussi parfois plus compliquée que ne le disaient mes conclusions de 1898. C'est celte mise au point que je vais tenter aujourd'hui, bien que certains détails, parfois très importants, ne puissent être encore fixés que d’une façon imprécise par suile de l'absence de documents et, parfois aussi, à cause de l'imprécision des documents que j'ai à ma disposition. Pour plus de clarté dans ce travail, je diviserai la vallée du Nil et le Delta en plusieurs sections, arbitraires évidemment, mais qui me paraissent ètre le — plus propres à exposer la manière dont se sont formés la vallée d'Egypte et le Delta. Ce sont, en allant du sud au nord : É IT. La haute vallée du Nil, d’Assouan à Béni-Souef; La basse vallée, de Béni-Souef au Caire; . Le Delta méridional, du Caire à Benha; . Le Della central, de Benha à Damanhour et Dessouk ; Le Delta septentrional, comprenant la région des lacs littoraux ; . Le cordon littoral. I — LA HAUTE VALLÉE DU NIL. Les sondages dont j'ai les documents à ma disposition sont assez rares dans cette région; cependant, j'ai pu étudier avec fruit un certain nombre d’entre eux dont les témoins sont conservés au Musée géologique du Caire. A Matääna, deux forages exécutés par I’« Artesian Boring and Prospecting Cy» ont donné les résultats suivants : o-3 m. 3 m.-8,5 8,5-11 11-199 13,5-16 16-21 21-27 27-32 32-35 L. Terre végétale () Argile nilotique Sables argileux Argile sableuse Gros sables Sables fins à Hornblende Gros sables Gravier Argile. 0-3 3-11,5 41,5-16 16-18 18-20 20-24,5 2h,5-29 29-31 31-34,2 34,2-35,7 30,7-.... IL. Terre végélale Argile nilotique Sables argileux Gravier Sables fins 4 Hornblende Gravier Sables fins Gravier Sables fins Gravier Argile. La comparaison de ces deux sondages nous fait entrevoir le remaniement intense subi par le sous-sol de la vallée au moment de l’arrivée des eaux du Nil; il y a dans les couches sous-jacentes une série tout à fait particulière d'in- tercalations lenticulaires de gros sables quartzeux et de graviers d'origine non © Je dois expliquer ici la terminologie que j'emploierai au cours de ce travail pour désigner les diverses espèces de terrains traversées par les forages. La terre végétale est simplement formée par la partie supérieure des alluvions du Nil ameublée par la culture et la végétation. L’argile nilotique est le dépôt de limon compact en profondeur. Quant aux sables, ils sont évidemment tous quartzeux, 8. oo nilotique et que nous retrouverons dans toute la haute vallée du Nil. Enfin, fait a noter, les sondages ont rencontré au-dessous de 35 métres une couche TARA SANRRE SE Fig. 1. — Coupe Fig. 2. — Coupe d'après les sondages de Matääna. d’après les sondages de Louqsor. N. B. Les signes conventionnels de représentation des terrains dans toutes les figures sont ceux des planches I et Il. d'argile. La figure 1 résume les indications de ces deux sondages, dont mal- heureusement nous ne connaissons pas la distance entre eux. Nous avons, un peu plus au nord de Matääna, deux sondages exécutés à Louqsor : l'un au Louqsor-Hotel, l'autre au Karnak-Hotel. Voici l'énumération des couches traversées d’après les témoins conservés au Musée géologique : Louosor-Horez. Karnak-Horet. o-4 Terre végétale ; o-4 Terre végétale 4-5 Argile sableuse 4-13 Argile nilotique 5-8 Argile nilotique 13-20 Sables fins 4 Hornblende 8-12 Argile sableuse 20-30 Gravier. 12-16 Sables argileux 16-19 Sables fins à Hornblende 19-25 Gros sable 25-28 Gravier 28-30,5 Sables argileux et si J'essaie une distinction sous le vocable de sables à Hornblende, c'est pour distinguer les sables d'origine pleistocène de ceux d’origine nilotique qui sont caractérisés par l'abondance de fines pail- lettes de mica noir et blanc et de hornblende et que, dans mes notes antérieures, j'ai toujours dési- gnés sous le nom de sables à Hornblende. TUE Il semble au premier abord que le prélèvement des échantillons ait un peu été négligé au cours du forage exécuté au Karnak-Hotel, bien que l’on puisse admettre une grande simplicité dans le dépôt au bord du fleuve, dépôt de sable nilotique d’abord, puis, une digue naturelle s'étant formée, dépôt con- tinu de limon par suite des eaux calmes et sans courant. À Kéneh un sondage a donné les témoins suivants : o-2 Terre végétale 2-6 Argile nilotique 6-18 Sables fins 4 Hornblende 18-23 Gros sables 23-24 Argile 24-29 Sable quartzeux 29-30 Gros sables quartzeux. Ce sondage indique une régularité que nous retrouverons dans le Delta en ce qui concerne la succession des dépots du Nil; bien que son emplacement exact ne soit pas connu, il est très probable qu'il a été fait dans l'ile qui sépare Ja ville du grand bras du Nil. Plus au nord, j'ai déjà donné la coupe du Nil au pont de Nag-Hamadi", et je ny reviendrai pas; mais, un peu en aval, à El-Hegz, district de Baliana, l’« Artesian Boring and Prospecting Gy» a exécuté un sondage dont voici les résultats d'après les témoins conservés au Musée géologique : 0-3,50 Terre végétale et argile nilolique 3,50-3,70 Sables argileux 3,70-14,25 Gros sables quartzeux 14,25-22 Sables à Hornblende 22-93,4 Gros sables quartzeux 23,40-27 Gravier 27-28 Gros sables quartzeux 28-34 Sables à Hornblende eo ocone Gros sables quartzeux. Les alternances successives de gros sables quartzeux, de gravier et de sables R. Fourrau, in Bull. Soc. géol. Fr., 1898, p. 546, fig. 1. Le (69 2 = à Hornblende indiquent de grandes variations dans les vitesses du fleuve. Len- le d’abord au moment où son lit atteignait la profondeur de 34 mètres, puis croissant à 28 mètres, très vive de 27 à 23,40, ralentissant un peu de 23,4 à 99, normale de 2° 414,95, et recroissant au-dessus de 14,25, je ne dirai pas jusqu'à 3,70, mais ily a eu là, qu'il s'agisse du fleuve ou d'un courant créé artificiellement par l'homme, un remaniement évident de dépôts de sables quartzeux assez voisins et dont l’origine ne peut nous être révélée que par des sondages plus nombreux dans cette région. A Sohag, M. Karl Abel a exécuté pour le Tanzim un sondage qui a été pu- O? blié par les soins des Services Sanitaires 0) et que je transcris ici : 0-10 Argile nilotique 10-14 Sables argileux 14-17 Argile plastique 17-20 Sables fins 20-22 Gravier 22-2h Sables fins. La succession est normale, si nous prenons comme type les dépôts du Delta. A Tahta, M. Karl Abel a exécuté deux forages pour le Tanzim et un troi- sième y a été exéculé par I’ Artesian Boring and Prospecting Cy ». Les témoins de ces sondages sont conservés au Musée géologique; en outre, M. Karl Abel a publié un d’eux en même temps que celui de Sohag ©). Nous appellerons ce sondage sondage n° 1. Voici leurs résultats : Artesian Borne. Karu Apex n° I. I. o-2,50 Terre végétale o-2,50 Terre végétale o-2,50 Terre végélale 2,50-13 Argile nilolique 2,50-6 Argile nilotique 2,50-8 Argile nilotique 13-18,20 Sables argileux 6-7 Argile sableuse 8-17 Sables 4 Hornblende 18,20-21 Argile sableuse 7-13 Sables argileux 17-19,5 Gros sables Q1-..... Gravier. 13-22 Gros sables 19,50-26 Sables fins quartzeux 22-23 Argile sableuse 26-36,50 Gravier 23-29 Gravier. 36,50-39 Sables à Hornblende 39-43 Gros sable. ™ Notes on Borings in Upper and Lower Egypt, pl. HIT (Sanitary Department, 1899, Caire). ® Notes, ele., pl. IV. a = En reliant ces trois sondages en une seule coupe lon voit très bien, comme à El-Matääna, les dépôts du Nil et le re- . Pee, Be GEM Nal maniement des couches meubles antérieu- 75% A SEIS S22 res par suite d’une accélération de courants, remaniement qui se traduit par une forte lentille de sables quartzeux venant recou- vrir un premier dépôt d'argile sableuse et recouverte elle-même par des sables nilo- tiques plus où moins argileux que cou- ronne une forte épaisseur de limon. A Assiout, la Compagnie des Eaux a fait fate 5 r les bore il | we operer sao ords du Ni i dans la D de Fig. 3.— Coupe d’après les sondages de Tahta. l'usine qui alimente la ville, un forage dont voici la coupe, toujours d'après les témoins que possède le Musée géologique : 0-7 Terre végétale et argile nilotique 7-10 Argile sableuse 10-12,50 Sables argileux 12,50-19,50 Sables a Hornblende 19,50-20,75 Gros sables quartzeux 20,75-2/ Gravier 24-30 Sables à Hornblende 30-39 Gravier 35-35,50 Argile avec gravier 35,50-46 Sables à Hornblende NG re. Gravier. Cette succession de dépôts est encore un exemple frappant du remanie- ment par le Nil des couches antérieures à son entrée dans la vallée d'Égypte et, tout comme à El-Hegz, nous voyons les sables quartzeux et les graviers pleistocènes venir recouvrir les dépôts proprement dits du Nil. La pénétration de la mince couche d'argile de la cote 35-35,50 par les cailloutis qui lui sont superposés indique la continuité du dépôt, l'argile étant encore à l'état de boue ou de vase du fond du fleuve, lorsque celui-ci érodant ses rives, et en amont d’Assiout il fait un coude brusque qui le rejette de l'est à l'ouest, a pré- cipité sur les dépôts de son lit les cailloutis des berges voisines. Les dépôts de cailloutis et de gros sables quartzeux sont d’ailleurs très proches du fleuve vers l'ouest et ils forment, au nord d’Assiout, au pied de la falaise libyque, une A \ nee vaste plaine encore inculte vers le village de Mangabad. En cet endroit, ils forment d’ailleurs presque jusqu'au fleuve le substratum de la plaine cultivée. Leur surface n'est pas d’une horizontalité parfaite, il y a des cuvettes et des See pe RTS sons asi SiS ra Fig. 4. — Coupe géologique d'après les sondages de l’Administration des Chemins de fer au pont du canal Ibrahimieh, près d’Assiout. renflements au-dessus desquels se sont déposées les dernières couches nilo- tiques. À ce sujet, la coupe géologique relevée lors de la construction du nou- veau pont du chemin de fer sur le canal Ibrahimieh et qui nous a été commu- niquée par M. J. Raimondi, ingénieur en chef adjoint et chef du service des ponts aux Chemins de fer de l'État, est singulièrement instructive. Le canal Ibrahimieh, en cet endroit, a son plafond formé par une butte de sables quartzeux entremélés de bancs et de lentilles de gravier, dont le sommet a été arasé lors du creusement du canal et, sur les flancs de laquelle sont venus se déposer, comme l'indiquent les sondages pratiqués aux emplacements des culées du pont, les apports du fleuve dans la série normale de ses dépôts superficiels : sables argileux, argile sableuse et limon compact. D’Assiout à Minieh nous ne possédons aucun document. A Minieh, deux forages faits par M. Karl Abel ont donné les témoins sui- vants : I. IL. 0-2,50 Terre végélale 0-2,90 Terre végétale 2,50-10,90 Argile nilotique 2,50-5 Argile nilotique 10,20-18 Sables fins 5-8 Argile sableuse 18-28 Sables quartzeux 8-16 Sables fins 28-30 Gravier. 16-17,50 Sables argileux 317,9-26 Gros sables quartzeux 26-28 Gravier 28-38,5 Gros sables quartzeux 38,5-44 Gravier. = (OS) — Ici, les remaniements ont pris fin. Le Nil a déposé ses troubles sur un ter- rain trop dense pour étre entamé par sa faible vitesse et nous commençons à entrer dans ce que jappellerai BRR TA AN = 7 la période des dépôts deltaiques. La vitesse du fleuve est amortie pour des raisons qui nous échappent encore à peu près entièrement, ainsi que je l’expliquerai dans mes conclusions; car l’ancienne théorie est à refaire presque en entier sur des bases nouvelles. II — LA BASSE VALLÉE DU NIL. De Béni-Souef au Caire, nous n’avons que peu d'in- Et : 1 RS à Fig. 5.— Coupe d’après les dications nouvelles; cependant celles que j'ai à ma dispo- sondages de Minieh. sition ne sont pas sans intérêt. Tout d’abord, à Béni-Souef même, on a exécuté un sondage profond de 204 mètres, ce qui est rare en Égypte, et ce sondage a été commenté d'une façon qui me paraît peu exacte. A 33 mètres, en effet, la sonde a atteint le rocher et ne l’a plus quitté jusqu'à 204 mètres. Ce sondage a traversé tout d'abord les couches suivantes : 0-2,50 Terre végétale 2,50-6,50 Argile nilotique 6,50-7,50 Argile sableuse 7,50-11,60 Sables nilotiques 11,60-33 Sables quartzeux entremélés de couches de gravier 33-72,35 Calcaire blanc 72,35-72,90 Calcaire siliceux bleuâtre 72,90-06,70 Calcaire brun 96,70-108,50 Calcaire blanc. Il est, je crois, inutile Waller plus loin, ces calcaires n’intéressant que fort peu la formation de la vallée du Nil et les dépôts nilotiques. M. Ferrar s’est cru autorisé par ce sondage à établir une coupe idéale de la vallée du Nil à la hauteur de Béni-Souef, coupe qui montre un substratum 9 AGREE rocheux éocène à une profondeur moyenne de 35 mètres au-dessous de la sur- face de la vallée M. Or, rien n’autorisait M. Ferrar à établir cette coupe. Car, en effet, aucun autre sondage n'a atteint le rocher dans cette région et Sir William Willcocks s’est prudemment abstenu de l'indiquer autre part que dans la chaîne libyque dans la coupe qu'il donne pour son canal du Wadi Rayan ©. Il est, d’ailleurs, plus que probable que nous nous trouvons ici en présence d'un accident tectonique de très faible amplitude, comparable à celui qui a donné naissance aux collines du Vieux-Caire, si ce n’est pas, simplement, une apophyse rocheuse de la falaise arabique. Supposons, en effet, que les dépôts du Nil aient atteint au Caire la cote 60 ou 70, rien n’empécherait le fleuve de couler dans la dépression de I’Imam Chafei entre le Vieux-Caire et le Moqattam, et un sondage sur sa rive gauche eût rencontré les calcaires de Batour et d’Atar el-Nebi aussi naturellement qu'aujourd'hui à Béni-Souef, alors que plus à l’ouest vers Ghizeh et les Pyramides on aurait foncé en vain pour rencontrer le rocher à de faibles profondeurs. Les sondages exécutés à l’ouest de Béni-Souef sous la direction de Sir Wil- liam Willcocks, lors de ses études pour la construction de réservoirs en Égypte, nous sont connus depuis longtemps et j’en ai moi-même donné un schéma en 1898 ©), Ces sondages nous montrent les dépôts nilotiques superficiels d’une épaisseur de 12 m. 5o cent. en moyenne reposant sur des sables qu'ils n'ont pas tra- versés entièrement et que Sir William Willcocks n'hésite pas à rattacher aux sables désertiques qui recouvrent le plateau rocheux situé entre la vallée du Nil et le Wadi Rayan au sud du Fayoum. Le sondage que je viens de citer pour Béni-Souef semble autoriser cette manière de voir, mais un doute subsis- tera toujours tant que des sondages plus profonds n'auront pas été exécutés dans ces parages, sondages qui seuls peuvent démontrer la continuité des dépôts. On peut aussi bien, en effet, voir dans les sables sous-jacents aux dépôts argileux un apport du Nil remaniant les sables pliocènes et pleisto- cènes. OH. T. Ferrar, The Movements of the subsoil Water in Upper Egypt (Survey Department, paper n° 13. Cairo, 19114, pl. Il). ® Sir Wituiam Wirzcocs, Egyptian Irrigation, 5° édition, vol. II, p. 6go, pl. LXIX. OR. Fourrau, in Bull. S.G. F., p. 553, fig. 6. = PRE De Béni-Souef jusqu'au Caire, les documents nous font défaut. Les son- dages faits par l'Administration des Chemins de fer de l'État à l'emplace- ment du pont de Kom Abou-Radi sur la ligne de Wasta au Fayoum n'ont pas été poussés assez profondément pour nous donner des renseignements utiles. Nous avons enfin à Hélouan deux forages qui, comme à Béni-Souef, ont atteint le rocher, mais ici la chose est naturelle car, en cet endroit, le Nil coule au pied de l’éperon de la chaine arabique sur lequel est bâtie la ville de Hé- louan. Voici le tableau de ces deux sondages, qui ont été faits Fun à l'usine des eaux de Hélouan et l'autre sur la berge même du fleuve, à proximité de cette usine : Usine. Berce. 0-1 Sol végétal (1) 0-1 Sol 1-5 Sables jaunes 1-7,00 Argile nilotique 5-9,40 Sables jaunes avec cailloutis 7,50-18,50 Argile g,40-9,70 Argile brune 18,50-19,70 Argile sableuse 9,70-14,20 Sables calcaires argileux avec débris 19,70-20,40 Gros sable et débris de calcaire 14,20-14,40 1,40-20,10 20,00-21,50 21,50-22,55 22,50-25,50 25,50-26,30 26,30-26,60 26,60-26,85 26,85-28,30 28,30-28,60 28,60-29,15 29,19-29,90 29,90-30,70 30,70-30,90 30,90-31,93 DT Dre ete de calcaire Argile jaune Sable et cailloutis Argile sableuse et gravier Gravier Sable fin Sable gros Conglomérat sable calcaire et débris de calcaire Sable fin et cailloux Sable fin et débris de calcaire Conglomérat Sable fin et cailloux Conglomérat Gravier Argile blanchätre Sable et gravier Rocher. 20,40-20,80 20,80-21,30 21,30-22,55 22,00-29,70 22,70-32,20 32,20-32,35 32,35-34,60 34,60-43,20 9:20... .. Argile calcaire Conglomérat calcaire Sable et gravier Argile Sable el gravier Gros sable Gravier Sable fin avec lentilles d’argile Rocher. Ces forages, bien que leur représentation graphique soit rendue difficile 0) Je traduis simplement le carnet de sondage. 100 — par les détails minutieux donnés par le carnet des travaux, ce qui n’est mal- heureusement pas le cas pour bien des sondages exé- cutés en Égypte, sont intéressants à plus d’un titre, car ils nous montrent la lutte entre les dépôts niloti- ques et les apports des ouadis à la lisière du désert. Tantôt le torrent descendant du plateau a apporté de grandes masses de détritus calcaires qui se sont mélés aux dépôts sableux du Nil, tantôt le fleuve a trans- eressé ces dépôts el déposé des couches d'argile qui séparent les cailloutis. Ill. — LE DELTA MERIDIONAL. NES eos Te Nous arrivons maintenant au Caire. lei, les docu- sondages de Hélonan. ments semblent plus nombreux; mais, en réalité, ils sont encore bien insuflisants pour nous donner une idée du sous-sol de notre capitale'). Les forages de la Compagnie des Eaux à Rod el-Farag s'alignent le long du fleuve du sud au nord et nous n'avons rien entre le Nil et le Moqattam. Les grands ponts sur le Nil nous permettent de connaitre le premier lit du fleuve, et nous n'avons que des sondages assez rares et, en tout cas, fort espacés, entre la rive gauche et la lisière du désert libyque. Il est impossible de coordonner ces renseignements en un profil longitudinal de la vallée du Nil. Je ne puis done que donner les plus importants de ces forages. Nous ne possédons, en effet, dans la ville du Caire, que deux sondages profonds assez voisins l’un de l’autre. Le premier a été fait à l'usine des Eaux ™ Depuis la rédaction de ce travail, M.E. Bowden-Smith a publié dans le Cairo Scientific Journal (vol. VIII, n° 97-98, p. 239, 1915) une étude très consciencieuse du sous-sol immédiat du Caire, d’après les sondages d’études exécutés par le service d'assainissement qui, malheureusement pour nous, ne dépassent guère 15 mètres au-dessous du sol. De cette étude on peut conclure à l'exis- tence d’un ancien lit du Nil entre Boulag et le Caire, existence que nous confirment d’ailleurs les écrivains arabes et la tradition populaire qui a conservé le nom de Bab el-Bahr au point situé entre le commencement de la rue Clot bey et celui de Ja rue Faggala. Cette constatation explique fort clairement l'absence de Ja nappe supérieure de limon du Nil au-dessus des sables nilotiques entre == 69) == de la rue de Boulaq, l'autre à quelques centaines de mètres plus à l’ouest dans le terrain où s'élèvent aujourd’hui les bureaux de la Compagnie du Gaz. Je ne connais du premier qu'un dessin fait d’après le carnet de sondage; en revanche j'ai pu étudier les témoins prélevés lors du forage du second. Voici ces deux sondages : Compagnie pes Eaux. CompaGniE pu Gaz. 0-5 Terrain rapporté (1) 0-3,50 Terre végélale 5-11 Argile 3,50-8,60 Sables nilotiques 11-18 Sables fins 8,60-18,90 Sables argileux 18-24 Sables gros 18,90-23,08 Sables fins 2h-29,80 Sables et cailloux 23,08-27,90 Gravier 29,80-56,4 Sables fins 27,90-28,55 Sables et pelits gravats 56,4-63,2 Gros sable 28,55-32,50 Argile 63,2-63,3 Argile 32,50-48,50 Sables quarizeux 63,3-67,8 Sable blanc 48,50-48,95 Argile 67,8-69,4 Argile 48,95-49,85 Sables argileux 69,4-77 Sables fins. h9,85-50,95 Argile sableuse 5o,95-51,19 51,15-65,15 65,15-65,55 Sables argileux Sables quartzeux Sables fins 65,55-81,5 Sables quartzeux. L'absence de la cote du terrain au départ des forages ne nous permet pas une comparaison bien étroite entre ces deux forages. Les bandes d'argile que l'on y a rencontrées semblent cependant (sauf celle de la cote 28,55 dans le forage de la Compagnie du Gaz) se correspondre, bien qu'à des niveaux diffé- rents qui s'expliquent facilement par une ondulation locale de terrain, comme nous en trouverons beaucoup au cours des divers sondages que nous étudie- rons dans tout le Delta, et dont j'ai déjà donné un exemple à propos du canal Ibrahimieh à Assiout, bien qu’en ce cas il se soit agi d’une ondulation positive ou d'un tertre, et non, comme dans le cas présent, d’une ondulation négative ou d’une cuvette. l’ancienne ville du Caire et le faubourg de Choubra. En ce qui concerne les sables eux-mêmes, il est à regretter que M. E. Bowden-Smith ait confondu, dans Jes coupes qu’il donne, les sables nilo- tiques et les sables quartzeux pleistocènes apportés par les torrents du désert de J Abbassieh et du Mokattam dans le sous-sol de la partie est du Gaire (Note ajoutée pendant l'impressicn). (2) Je rapporte ici les termes du carnet de sondage. Ce terme est, d’ailleurs, exact, car le sol de la ville du Caire est le plus souvent du terrain rapporté pour remblayer les nouveaux quartiers établis sur des terrains de culture en contre-bas de l'ancienne ville. LUE À Au nord du Caire, dans le faubourg de Choubra, un forage exécuté près de la route de Choubra, à la hauteur de Rod el-Farag, a donné les témoins suivants : 0-6 6-8 8-9 g-12 12-19,00 19,90-21,90 21,50-23 23-26 26-31,50 Terre végétale Argile nilotique Sables argileux Sables nilotiques Sables quartzeux Sables fins et layons d'argile Sables fins Sables quartzeux 31,50-36,50 Sables fins 36-50-38,50 Gravier 38,50-42 Sables quartzeux Sables fins. En ce qui concerne les forages de Rod el-Farag exécutés par la Compagnie des Eaux du Caire le long de la rive droite du Nil entre le pont d'Embabeh et la tête du canal Ismailia en amont du village de Choubra el-Khema, ils peuvent tous être résumés par deux d’entre eux que je traduis ainsi d'après les témoins des puits n° à et n° 15 : 9 Purrs N° 9. o-3 ‘Terre végétale 3-6 Sables argileux 6-29 Sables nilotiques 29-47 Sables fins h7-75 Sables quartzeux. Puits n° 15. 0-92,7 Terre végétale 2,7-8,7 Sables nilotiques 8,7-19,20 Sables plus ou moins argileux en layons 19,2-29 Sables quartzeux 29-39,7 Sables argileux 39,7-66,7 Sables quartzeux. (Les sables quartzeux à gros grains renferment des bancs de gravier qui n'ont pas été séparés dans les témoins.) La comparaison de ces deux sondages, qui représentent très exactement la composition des «sahels» ou rives du Nil avec le forage de CGhoubra distant d'environ 1 kilomètre, est assez facile. On remarquera à Choubra l'apparition de l'argile à la cote 21,50 dans un bane de sable qui nest que la continuation des sables nilotiques trouvés au puits n° 9 entre 6 et 29 mètres et entre 8,7 et 19,20 au puits n° 15. A = Sur la rive gauche du Nil, à Ghizeh, le sondage exécuté dans les terrains de l’École d'Agriculture mérite que l’on s'y arréle. Voici, d’après les témoins, les résultats de ce sondage : 0-7,9 Argile nilotique 7,9-9 Argile sableuse g-12 Sables argileux 12-12,9 Sables nilotiques 12,5-13 Argile nilotique 13-20 Sables argileux 20-27 Sables fins 27-31 Sables argileux 31-33 Argile un peu sableuse 33-38 Sables quartzeux. J'aurai, tout à l'heure, l'occasion d’en reparler. Les ponts qui ont été construits sur le Nil au cours de ces dix dernières années, ainsi que ceux qui sont encore en construction aux environs du Caire, nous ont fourni leur contingent de documents. En général, les piles des nou- veaux ponts-routes n'ont cependant pas été foncées suflisamment pour aug- menter nos connaissances au sujet du substratum des dépôts du fleuve; mais les ponts des chemins de fer nous ont, en revanche, apporté de bonnes infor- mations. Les forages d'étude du nouveau pont des chemins de fer d'Embabeh nous ont donné une coupe (voir pl. I, fig. 1) qui nous représente le lit du Nil un peu en amont de l’ancien pont dont j'ai donné une coupe en 1898 0). Cette coupe, un peu plus complexe et plus détaillée que la première, n'en diffère pas sensiblement. Les autres sondages exécutés aux environs du Caire, et qui nous intéressent, sont ceux exécutés par I’« Artesian Boring and Prospecting Cy» dans des ter- rains limitrophes du désert : à Kerdasa, à la lisière du désert libyque et à 6 kilomètres au nord des Pyramides; à Mataria et à el-Qalag sur la lisière du désert arabique entre le Caire et Khanka. © R. Fourrau , in Bull. S. G. F., 1898, p. 547, fig. 3. 2) To Re Voici un tableau de ces sondages : Kerpasa. 0-8,73 Sables quartzeux 8,73-12,50 Sables et layons d'argile 12,50-19 Sables argileux 19-19,10 Argile sableuse 19,10-20 Sables fins 20-20,25 Argile sableuse 20,25-21 Sables fins 21-21,15 Argile 21,15-23,50 Gravier 23,50-25,60 Sables quartzeux 25,60-30,50 Argile 30,50-50 Alternances de sa- bles quartzeux gros et fins. Mararia. 0-12,5 Argile nilotique 12,5-15,5 Arpile sableuse 15,5-20 Sables nilotiques 20-26,4 Sables quartzeux 26,4-26,5 Argile 26,5-28 Gravier 28-30 Sables quarlzeux 30-31,5 Sables argileux 31,5-35,10 Sables fins 35,10-40,5 Allernances de gra- vier et de sables quartzeux. EL-QALAG. 0-0,5 Terrain végétal 0,5-1,5 1,5-14 Sables nilotiques 14-14,5 Argile sableuse 14,5-16,5 Sables argileux Sables quartzeux Sables argileux Argile sableuse 16,5-921 21-99 22-29,75 Argile 22,75-28 Sables quartzeux 28-29 Gravier 29-33 Sables quartzeux 33-35 Sables argileux 35-37,5 Gravier 37,5-.... Sables argileux. Ces sondages nous montrent clairement la lutte à la lisière du désert entre les dépôts nilotiques et les apports de l'érosion éolienne ou pluviale des pla- teaux et des dunes qui encadrent le Delta. Les alternances d'argile et de sables Desert "> Embabeh Fig. 7. — Coupe d’après les sondages de Kerdasa. au-dessous de la cote 14 au-dessous du sol en sont la preuve évidente et il est certain que des sondages plus nombreux et poussés de chaque côté vers le Nil nous montreraient ces alternances venant se relier à une couche d'argile unique en un mode qui peut être représenté par le schéma ci-dessus. Je relie dans ce schéma les argiles sableuses et l'argile, car il est bien évident, A et l'examen des témoins le montre, que ces argiles sableuses ne doivent leur sable qu’à des apports éoliens tels que ceux qui se font sentir encore de nos jours à la lisière du désert. Nous y voyons, en outre, le grand envahissement récent par les sables de la lisière du Delta nilotique que, depuis les temps historiques, le Nil ne pouvait plus combler de ses limons, ses eaux étant arrè- tées par les digues qui protégeaient Memphis d’abord et qui, ensuite, restrei- onirent la superficie des bassins d'inondation, ne laissant au dernier, jusqu'à nos jours, que des eaux déjà décantées par leur passage dans des bassins situés en amont, de telle sorte qu'à Kerdasa les faibles layons situés entre les cotes 8,75 et 12,50 au-dessous du sol, en cet endroit, ne peuvent correspondre qua des ruptures de digues, alors qu'à Ghizeh les dépôts nilotiques superficiels, terre végétale et argile compacte, atteignent 13 mètres d'épaisseur. Les sondages de Mataria et d’el-Qalag aboutissent à la même conclusion, qui a d’ailleurs été indiquée très sommairement par Blanckenhorn() en une hypothèse sur les apports des ouadis descendant du désert arabique dans la vallée du Nil, et confirment ce que je viens de dire plus haut à propos des forages de Hélouan. Plus au nord, en nous dirigeant vers le parallèle de Benha, dans ce que jappellerai la partie méridionale du Delta, nous avons à noter un sondage à Abou Ghaleb, sur la lisière du désert, une coupe du lit du Nil dans la branche de Damiette en aval du Barrage (voir pl. I, fig. 2), un forage à Benha même et un forage à Bordein vers la lisière du désert arabique. Le forage exécuté à Abou Ghaleb par l’«Artesian Boring and Prospecting Cy» a donné les résultats suivants : o-g Sable quartzeux g-11 Argile nilotique 11-29 Sables nilotiques 29-35 Sables quartzeux 35-45 Sables argileux 45-48 Sables quartzeux 48-59 Sables argileux 59-62 Sables quartzeux 62-.. Sables argileux. Il est curieux de voir dans ce sondage, les sables argileux à d'aussi grandes profondeurs. ™ Brancxennorn, Neues aus Geologie und Palæontologie Ægyptens, p. 458. — Ph — La coupe du lit du Nil dans la branche de Damiette est faite d'après les fo- rages d'étude et les fonçages des piles du pont construit en aval du Barrage par l'Administration des Chemins de fer de l'État. Cette coupe indique un grand remaniement de dépôts sableux préexistants et un comblement méthodique du lit du fleuve par suite des ouvrages d'art établis en amont et qui ont régularisé le courant de telle sorte que la vitesse du fleuve est presque nulle sauf durant un mois ou deux de l’année. Le forage exécuté à Benha par l«Artesian Boring and Prospecting Cy» a donné les résultats suivants : 0-16 16-17,80 17,80-19 19-20,4 20,40-24,6 24,6-34,7 34,7-35,3 35,3-36 36-43 43-46 h6-47,5 h7,5-48 48-58 58-62.... Ce sondage ne fait que confirmer la coupe du lit du Nil au pont de Benha, coupe que j'ai donnée en 1898"). Poussé plus profond que les fonçages des piles du pont, il nous révèle dans le sous-sol des bancs d'argile insoupconnés qui tendent à démontrer dans la formation du sous-sol du Delta une com- plexité dont on était loin de se douter Le forage exécuté à Bordein par l'Administration des Services Sanitaires a donné les résultats suivants : Argile nilotique Argile sableuse Sables argileux Sables nilotiques Argile Sables fins Sables argileux Argile Sables argileux Sables fins Sables quartzeux Argile Sables quartzeux Sables fins. 0-5 Limon du Nil 5-7 Sables nilotiques 7-20 Argile 20-27 Sable fin 27-27,80 Gravier 27,80-29 Sable et pelit gravier 29-30,30 Gravier. OR. Fourrau, in Bull. S. G. F., 1898, p. 548, fig. 4. ne J'aurai à revenir sur ces sondages à propos des sondages exécutés dans la région suivante. IV. — LE DELTA CENTRAL. Je désigne sous ce nom la partie du Delta comprise entre le parallèle de Benha et celui de Damanhour. (est la partie qui nous donne le plus de ren- seignements nouveaux. La majorité d'entre eux peut être groupée en deux ré- gions distinctes, le sud de la Garbiah entre Tantah et Zifta, et la région de Lagazig. Les sondages en Menoufieh sont rares et cela se comprend, cette province étant la plus favorisée de l'Égypte au point de vue des irrigations. Nous n’avons d'elle que des forages d’études pour l'alimentation d’eau des villes de Menouf et Chibin el-Kom, exécutés par les Services Sanitaires, et une coupe du lit du Canal Bagouria au pont d’el-Hamoul sur la ligne de Chibin à Menouf. A Menouf, deux forages dans la direction nord-sud, à 600 mètres l'un de l’autre, ont donné à M. Karl Abel les résultats suivants : Nos: Nev? 0-5 Terre végétale et argile nilotique 0-5 Terre végétale et argile nilotique 5-7 Argile compacte 5-8,50 Argile compacte 7-11,50 Sables fins 8,50-18 Sables fins jaunes gris à Hornblende 11,50-13 Argile 18-26 Sables fins jaunes 13-28 Sables fins 4 Hornblende 26-29 Sables quartzeux 28-29,50 Gros sables quarlzeux 29-30 Sables quarlzeux et gravals 29,50-37,50 Sables fins à Hornblende 35-46 Sables quartzeux et gravier 37,50-42,50 Sables quartzeux et graviers 46-49 Gros sables quarlzeux. 4a,50-44,50 Sables fins et petits gravats hh,50-49 Sables quartzeux et graviers. J'ai reproduit dans ce tableau les indications, assez confuses au point de vue géologique, de l’auteur de ces sondages. L'absence d'une seconde couche d'argile au n° 2 est facilement explicable par la proximité du grand ilot de sables pleistocènes dont le point culminant émerge encore à Qouesna et autour duquel sont situés les forages dont je parle. Il est évident que les sables jaunes gris qui vont de 8,50 à 18,00 dans le puits n° 2 ne sont autre chose que la partie supérieure des sables de Qouesna mêlés aux sables gris à Hornblende 10. EUR du Nil, et cela est démontré amplement par les cotes respectives de la pre- miére apparition des sables quartzeux avec gra- Cana! B eh. :; , anal Bagourie viers et par conséquent plus stables dans les deux puits. Je donne ici, à titre documentaire, la coupe re- levée par le Service des ponts de l'Administration des Chemins de fer de l'État lors de la reconstruc- tion du pont d’el-Hamoul sur le canal Bagouria (ligne de Tantah à Achmoun). Fig. 8. — Coupe géologique sous le L'on remarquera qu'à el-Hamoul comme à canal Bagouria au pont d’el-Hamoul. a A Menouf le voisinage des sables de Qouesna s'est traduit par une couche d'argile plus ou moins sableuse comme premier dépôt nilotique. Le sondage de Chibin el-Kom exécuté par les Services Sanitaires ne m'est connu que par la planche VI de la note publiée en 1899 par cette adminis- tration. Ce schéma brille surtout par sa concision. Le voici : 0-15,00 Limon du Nil 15-39 Sable blanc propre 32-30 Sable et gravier 36-37 Sable gros et gravier. C'est done aussi titre documentaire que je reproduis ces indications. Nous arrivons maintenant à la région la plus intéressante du Delta, le sud de la province de Garbiah, où de nombreux forages ont été exécutés depuis 1898 par l'Administration des Domaines de l'État, par la Compagnie des Eaux de Tantah et par l'Administration des Chemins de fer de l'État. J'ai reproduit en 1896 les sondages exécutés en 1884 à Tantah et à Kafr Neeuid sur la rive gauche du Nil à Kafr Zayat par les Royal Engineers, et j'ai donné, à cette même époque, les détails du puits que je venais de forer à Mehallet Roh"). Je n'en parlerai donc aujourd'hui que pour mémoire. À Tantah, la Compagnie des Eaux de cette ville a fait exécuter en 1895 et 1896 par M. Karl Abel quatre forages en direction est-ouest et à des distances ™ KR. Fourrau, in Bull. Inst. épyptien, 1896, p. 251, pls. VIII et IX. AT; EE différentes les uns des autres. Voici ces sondages d’après les dessins de leur auteur : 0-1,60 1,60-2,80 2,80-5 5-6,80 6,80-12,50 Sables 12,50-16 16-17 17-28,21 Nate, N°9; Terre végétale 0-1,50 Terre végétale Argile sableuse 1,50-2,90 Argile sableuse Argile nilolique 2,90-7,19 Argile nilotique Sables argileux 7:19-8,39 Sables argileux Sables Argile 8,39-12,55 12,55-15,18 15,18-16,98 16,98-30,00 Argile Sables argileux Sables et gravier. Sables‘ argileux Sables et gravier. 0-1,80 1,80-2,80 2,80-9,80 9,80-10,20 Sables argileux 10,20-16,20 Argile 16,20-18,40 Sables argileux 18,40-40,60 Sables et gravier 23,89-34,50 N°2 N°5: Terre végétale 0-2,60 Terre végétale Argile sableuse 2,60-7,75 Argile nilotique Sables argileux Sables Argile 779-9579 9,79-21,14 Argile nilotique 21,14-23,10 23,19-23,89 Sables argileux Sables et gravier. 40,60-45,66 Sables fins. En réunissant ces quatre sondages au sondage des Royal Engineers qui est situé à peu près dans la même direction, on obtient une figure dont les hau- teurs sont exagérées par rapport aux longueurs, mais qui semble étre presque la répétition de celle que j'ai donnée pour le canal Ibrahimieh à Assiout. Fig. 9. — Coupe d'après les sondages de Tantah. Les témoins des puits forés par l'Administration des Domaines de l'État ne nous ont pas été tous conservés, mais je dois à l'obligeance de mon excellent collègue à l'Institut, M. Ch. Audebeau bey, d’avoir pu consulter, en outre des témoins de quelques-uns d’entre eux, les relevés des carnets de sondage de == 178) ee certains autres. Ges forages sont ceux de Esbet Toukh, Toukh Mazid, Qorashia, Chandalat, Gemmeiza et Chenrak. En voici les résultats 0) : Esser Touku*. Touxu Mazin*. Qorasuia. 0-8 Alluvions o-6,20 Alluvions 0-2,50 Terre végétale 8,20-8,50 Argile sableuse 6,20-10 Sable et gravier 2,50-8,10 Argile nilotique 8,50-14 Sable fin 10-14 Sable fin 8,10-15 Sables à Hornblende 14-15 Sable gros 1h-17 Argile et sable 15-16,10 Sables argileux 15-19 Sable fin argileux 17-30 Argile et sable gros 16,10-17 Argile 19-21 Sable fin et aggloméré 30-31 Sable très fin 17-U2,25 Sables quartzeux. argileux @) 31-34 Gros sable 21-40 Sable fin 34-he Sable et gravier ho-43 Sable gros et gravier. CHANDALAT. GeMMEIZA. Cnenrak*. o-3 Terre végétale 0-3 Terre végélale o-6,00 Alluvions 3-8 Argile nilotique 3-12 Argile nilotique 6-9,00 Argile sableuse 8-12 Argile sableuse 12-19,80 Argile sableuse g-13 Sables argileux 12-23 Sables argileux 12,80-14,70 Sables argileux 13-16 Sables fins 23-25,5 Argile 14,70-17,20 Argile 16-23 Argile avec coquillages! 25,5-34 Sables fins 17,20 -18 Sables argileux 23-28 Argile sableuse et sables 34-36 Gravier 18-34,5 Sables quartzeux argileux 36-42 Sables quarlzeux 28-34 Sables quartzeux 34-41 Gravier. La coupe figurée sub n° 2 dans la planche IT représente le Jit du Nil au pont de Zifta sur la branche de Damiette d'après les témoins recueillis par l'Administration des Chemins de fer de l'État. Une des particularités les plus dignes d'intérêt de cette coupe est la présence, dans les argiles situées entre les cotes -7 et -12, de coquilles d’eau douce ap- partenant aux genres Linnea et Planorbis, genres éminemment lacustres, et de débris de végétaux à moitié carbonisés dénotant un commencement de tour- bière, Il y avait done à cet endroit un marais ou un lac d'eau douce et l'on ne peut attribuer ces dépôts tourbeux au Nil apissant directement). Or si nous “ Dans ce tableau les sondages marqués d’un * ne sont connus que par les carnets de sondage et j'ai copié textuellement leurs désignations. ® Je ne puis m'expliquer ce fait que par des layons ou lentilles d'argile dans les sables argileux, fait qu’expliquerait la proximité du grand massif sableux de Qouesna. ® Ceci peut être, évidemment, contredit par le fait de l'existence de Limnées et de Planorbes dans le Nil actuel, mais il est à noter que ces espèces se rencontrent plutôt dans les canaux et les marais alimentés par le fleuve que dans le fleuve lui-même. D'ailleurs, il est difficile de se faire l'idée de PS 7 ene remarquons que le carnet de sondage de Chenrak indique à la cote -8,80 une argile compacte avec coquillages, il nous est permis de supposer, tout en regreltant très vivement la perte des témoins du sondage, qu'il s'agit encore la de Limnées et de Planorbes : d'où il résulterait que le marais aurait eu une extension d'au moins 15 kilomètres en direction N 1/4 N-O à partir de Zifta. J'ai établi un profil qui joint les sondages de Zifta, Chenrak, Toukh et Me- hallet Roh. Ce profil (voir pl. II, fig. >) nous montre cette couche d'argile se prolongeant vers le nord avec régularité et toujours presque au même niveau. Un profil à peu près perpendiculaire passant par Qorashia, Toukh Mazid, Esbet Toukh et Tantah nous la montre encore au même niveau (voir pl. II, fig. 4). Enfin un profil suivant Chandalat, Gemmeiza et Qorashia confirme ces résultats (voir pl. II, fig. 3). La régularité des couches de sables quartzeux et de gravier sur lesquels repose cette argile semble exclure toute idée de remaniements ultérieurs à leur premier dépôt. Zagazig est un autre centre important de sondages; j'ai reproduit en 1898 le sondage des Royal Engineers et celui que je venais d’y exécuter M). Depuis, en 1905, M. Karl Abel y exécuta quatre autres forages que je reproduis ici, d'après ses indications : Net, N°2 No: N° 4. 0-8 Argile nilotique 0-5 Argile nilolique 0-7 Argile nilotique o-6 Argile nilotique 8-16 Sable fin 5-411 Sable gros 7-9 Argile 6-10,6 Sable à Hornblende 16-25 Sable quartzeux et gra- 11-23 Sable fin à Horn- g- 11,5 Sable gros 10,6-11,5 Argile vier blende 11,5-15 Sable à Horn- 11,5-13 Sable fin 25-28 Argile 23-33,20 Sable fin quartzeux blende 13-15,50 Sable a Hornblende 28-41 Sable et gravier. 33,20-35 Sable un peu plus 15-17,50 Sable argileux 15,5-24 Gros sable fin 17,5-23,5 Sable et gravier 94-255 Sable et gravier 35-38,20 Sable gros 23,5-31 Argile 25,50-27 Argile 38,20-39,5 Sable fin a Horn- 31-35 Sable à Horn- 27-30 Sable à Hornblende blende blende 30-3/ Sable fin quartzeux 39,5-44,5 Sable et gravier 35-39,40 Gros sable 34-39 Sables gros hh,5-49 Sable, gravier et 39,40-49,40 Sable et gravier. 39-44 Gravier. lentilles d’argile. celte station dans le lit du fleuve lui-même, alors que nous ne trouvons aucune trace de ces coquilles dans les autres sondages d'Égypte. OR. Fourrau, in Bull. S. G. F., 1898, pp. 550 et 551. = OÙ Comparés aux données du sondage profond des Royal Engineers et de mon propre sondage, ces sondages nous montrent, tout comme ceux d'el-Qalag el de Mataria, une lutte entre les apports de l’érosion des grandes masses de sables pleistocènes qui émergent entre Zagazig et Ismailia et les dépôts du Nil. En les rapportant sur un seul axe on obtient le schéma suivant qui est assez instructif : Higno Coupe d’après les forages de Zagazig. Plus à l’est de Zagazig, un forage exécuté à Abou el-Akhdar par les Services Sanitaires a donné les témoins suivants : 2 ‘Terre végétale -8 Argile nilotique 9 Argile sableuse -1 Sables argileux 4 Hornblende 14-17 Sables quartzeux 17-24 Gravier 24-25 Sables argileux 20-32 Argile 32-33 Argile sableuse 33-37 Sables quartzeux. lei encore nous voyons une répression des dépôts d'eau douce et très pre- bablement nilotiques devant les sables du désert. Ah Au nord du bloc de Tantah-Zifta dont j'ai parlé plus haut, nous possédons aussi de cette région une série de sondages exécutés par M. Karl Abel à Me- halla el-Kobra et que je résumerai dans la figure ci-dessous : > LES td + = Sek SRL SY eS Es See 274 Fig. 11. — Coupe d’après les sondages de Mehalla el-Kobra. Enfin Mansoura a donné d'après les Services Sanitaires “ la succession sui- vante : 0-10 Argile nilolique 10-19 Sable fin 19-23 Sable fin et gravier 23-38 Argile 38-43 Sable 43-46 Sable et terre (sables argileux? argile sableuse?) 46-50 Gros sable 50-55 Sable fin. Avec les sondages du pont de Dessouk, de Rahmanieh et du pont de Talkha, que j'ai cités en 1898, c’est tout ce que nous possédons pour le Delta central. V. — DELTA SEPTENTRIONAL. Sauf en un point où nous avons {rois sondages assez rapprochés dans le district de Kafr el-Cheikh, nous ne possédons pour cette région que des forages isolés. ™ Notes on the Borings, 1899, pl. V. © R. Fourrau, in Bull. S. G. F., 1898, p. 549, fig. 5; p. 550; p. 548, fig. 4 25 Ce La région de Kafr el-Cheikh nous donne trois sondages assez rapprochés : ceux de Chamarka, d’Amiout et d’el-Hamra. Les deux premiers ont été exécutés par les ingénieurs des Domaines de l'État et le troisième par moi-même U), Je donne ici le résultat des deux premiers : CHAMARKA. AmrouT’. 0-3 Terre végélale 0-5 Alluvions 3-5 Argile nilotique 5-25 Sables à Hornblende 5-6 Argiles sableuses 25-35 Argile 6-17 Sables argileux 35-48 Sable fin 17-21 Sables à Hornblende 48-56 Sable et gravier. 21-29 Sables quartzeux 22-28 Argile 28-29 Sables argileux 29-30,5 Argile sableuse 30,5-38,20 Argile 38,2-4o Argile sableuse ho-he Sables quartzeux LID Ye eo Argile. Il y a lieu de remarquer la concordance entre le sondage de Chamarka que EH je rapporte ci-dessus et celui d’el-Hamra que amra j'ai rapporté en 1898; en réunissant ces deux sondages nous avons un schéma qui se rap- proche de celui de Mehalla el-Kobra mais qui est beaucoup plus régulier. Amiout, au sud de Kafr el-Cheikh, est bien la continuation du type Zifta-Mehalla el-Kobra. Les autres sondages de cette région sont ceux de Kafr el-Dawar, Defichou, Rosette”, Kasha", Masraf Omoum n° L*, Bessendilah, Cherbin, Damiette*, Menzaleh*, Mataria* et Port-Said. Fig. 12. — Coupe reliant les sondages Le sondage de Rosette entrepris par M. Cor- d’el-Hamra et de Chamarka. nish, directeur de la Compagnie des Eaux d’Alexandrie, ne nous est connu que par un profil d’aprés le carnet de son- dage; il en est de mème des sondages de Kasha et du Masraf Omoum n° 4, OR. Fourrau, in Bull. S. G. F., p. 552. — 83 — exécutés sous la direction de M. Ch. Audebeau bey et publiés par lui"), ainsi que des sondages de la région Menzaleh-Mataria dus à M. E. Nasra. Quant à celui de Damiette, il ne nous est connu que par un profil communiqué par le Ministère des Travaux publics. Ces sondages nous apportent cependant un nouvel élément d'appréciation fort important, l'apparition du Cardiwm edule, qui fourmille littéralement dans certaines couches, quand ce nest pas dans toutes, et indique un facies sau- mâtre lorsqu'il est seul, et marin lorsqu'il est accompagné de certaines coquilles qui appartiennent à des genres vivant dans l'eau franchement salée tels que Corbulomya. Un sondage, celui de Damiette, bien que voisin de la mer, n'indique pas la présence de coquilles marines dans les couches traversées, mais il nous est impossible de dire si cette omission est l'expression de la réalité ou si elle n'est due qu'à l'indifférence du sondeur à cet égard. Les forages exécutés au moment des études du nouveau pont des Chemins de fer de l'État sur le Bahr Chibin à Bessendilah sont les plus en avant dans les terres et ils peuvent se résumer dans la coupe suivante : 0-1 Terre végétale 1-5,30 Argile nilotique avec Corbicula consobrina 5,30-6,30 Sables argileux 6,30-8,30 Argile 8,30-10,30 Sables argileux 10,30-12,30 Argile 12,30-13,30 Argile sableuse 13,30-21,80 Argile avec Cardium edule, Ostrea edulis, Corbulomya mediterranea , Modiola sp. , - Aptyzxis syracusanus , Nassa alexandrina , Natica Josephinia var alba 21,8-22,80 Sables argileux 22,80-26 Argile. Ce sondage est parti d’une cote de terrain + 2,30 au-dessus de la Méditer- ranée et s'est terminé a la cote -23,70. Nous sommes, à partir de la cote — A, c'est-à-dire à 6 m. 30 cent. de pro- fondeur, en présence d’un véritable facies littoral, les troubles du fleuve se déversant directement dans la mer. © Aupeseau Bey, Rapport présenté à la Commission des Domaines de l'État sur les observations faites en 1911 dans le centre et le nord du Delta (Le Gaire, 1912, pp. 17-27, pls. 4 et 5). 11. = AN des Le sondage de Port-Said au pont du chemin de fer de Rassoua nous montre entre les cotes +1,20 et -20,00 une alternance à peu près semblable, mais il y a lieu de noter que les sables argileux y sont beaucoup plus puissants que les argiles. Les coquilles de ces sables sont les mêmes. VI. LE CORDON, LITTORAL. Des sondages dans la région du cordon littoral actuel ont été exécutés à Alexandrie. Ils ne nous intéressent pas directement. Mais, les sondages de Marar dans le lac Mariout, de Kafr el-Dawar et de Défichou nous montrent les cal- caires du Mex et le tuffeau coquillier) qui forment le cordon littoral actuel, surmonté par des dépôts nilotiques et par des dépôts saumatres; il y a done lieu de les ranger plutôt dans cette section que dans la précédente. Les sondages de Kafr el-Dawar nous montrent en effet à 7,00 autdessous du sol un premier banc de calcaire et d'argile calcaire intercalé dans les dépôts d’eau saumâtre bourrés de Cardium edule et de Pirenella comca, puis de 21 à 26 mètres la sonde n'a pas quitté le calcaire. A Défichou le calcaire apparaît à 20 mètres au-dessous du sol sur 1 mètre d'épaisseur, puis il réapparaît encore six fois dans le sondage poussé à 122 mètres en bancs de 1 à 2 mètres d’é- paisseur. Dans Tile de Marar au sud du lac Mariout deux bancs de ce même calcaire ont été rencontrés sur 0,70 et 2,20 d'épaisseur à 22,00 et 24,30 au- dessous du sol. Ces alternances de tuf calcaire et de sables plus ou moins argileux à faune saumâtre ou marine sont la caractéristique du cordon littoral, à l'abri duquel les dépôts éminemment saumâtres du lac Mariout se sont déposés sous la forme d'argile noire nilotique bourrée de Cardium edule lorsque le Nil prévalait comme à Kafr el-Dawar, sous la forme de sables argileux où les Pirenella et les Cerithrum abondent lorsque l'estuaire était un peu plus éloigné, comme aux environs de Kom el-Hanach au fond de la cuvette qui forme le sud du lac Mariout et s'étend assez profondément dans les terres à l'ouest de la province de Behera. OR. Fourrau et D. Pacnunpaxr, Constitution géologique des environs d'Alexandrie in Comptes rendus Acad. Sciences Paris. ay VII. — LES DEPOTS NILOTIQUES ACTUELS. Il m'a semblé utile d'ajouter quelques lignes au sujet des dépôts nilotiques actuels. Ge sujet a été traité avec sa compétence indiscutable par Sir William Willcocks en ce qui concerne les apports du fleuve dans son propre lit ou dans les terrains cultivés). Je ne saurais rien ajouter aux constatations de cet émi- nent ingénieur-hydrographe. Je me bornerai donc à quelques observations sur la facon dont se compor- tent les dépôts nilotiques sur le littoral. Cette question a été traitée par moi jadis assez sommairement”), et je tiens aujourd'hui à ajouter quelques pré- cisions à ce que j'avançais alors, car elles ne seront point inutiles pour com- prendre l’action géologique du fleuve qui a créé la terre d'Égypte. Nous pouvons distinguer deux cas dans le mode de ces dépôts, en eau calme et en eau courante. En ce qui concerne le premier cas, je ne crois pas pouvoir trouver un meilleur exemple que celui du port d'Alexandrie. Le port d'Alexandrie recoit en effet une quantité d’eau du Nil assez consi- dérable, durant la crue principalement, par l'intermédiaire du canal Mah- moudieh, lequel débouche au fond du port intérieur entre le grand môle des charbons et l'ancien quai des Echelles. Les eaux de crue arrivent à la mer après avoir déposé les sables qu'elles tenaient en suspension le long des 76 kilomètres que mesure le canal depuis Atfé jusqu'à Alexandrie, mais leur vi- tesse, quoique bien inférieure à 0,60, leur permet de transporter encore les fines particules d'argile qui forment en se déposant dans les bassins d'irrigation le limon compact du Nil. La densité de ces eaux rouges, inférieure à celles de la mer, fait qu'elles se tiennent surtout en surface dans le port, et comme la précipitation des troubles n'est pas instantanée, elles colorent les eaux du port en rouge sur une étendue qui varie suivant la direction du vent. J'ai eu l’occasion en 1895 d'observer 7 © Sir Wicciam Wittcocks, Egyptian Irrigation, 3° édition. 2 volumes (Londres 1913). OR. Fourrau, in Bull. S. G. F., 1898, pp. 556-559. — 80 — Coupe CETTE d'apres le erage, pase unit | UN \ Fig. 13. — Plan du port d'Alexandrie indiquant la répartition des eaux rouges du Nil suivant la direction des vents en 1895. AR la répartition de ces eaux rouges dans le port d'Alexandrie et de constater que cette répartition correspond très exactement au degré d'envasement du port. En effet, si l'on se reporte au plan ci-joint l'on peut constater que l'aréa la plus envahie peut être limitée par une ligne allant de la pointe du môle aux charbons au bassin de l'arsenal. Les sondages montraient à cette époque une différence de 9 m. bo cent. à 3 mètres de dépôts entre le côté est et le côté ouest du môle, preuve évidente de l'action du Mahmoudieh depuis 1870, date de la construction du port. Le sondage que j'ai fait exécuter au quai des Messageries maritimes en 1895 nous montre que le plafond du port est formé en cet endroit par une argile verte devenant de plus en plus compacte en profondeur, reposant sur une mince couche d'argile sableuse laquelle est supportée par une couche de 2,00 d'épaisseur formée d’une argile rougeñtre excessivement dure et analogue aux limons des plateaux du Mariout. Au-dessous de ce complexe vient le rocher, sorte de tuffeau coquillier dans lequel Ehrenberg a signalé d'innombrables foraminifères. La couche supérieure d'argile, par son épaisseur et sa continuité, nous montre avec évidence que nous devons l’attribuer tout entière aux apports du Nil, depuis le canal d'Alexandrie qui apportait à la capitale des Ptolémées l’eau douce du Nil jusqu'au Mahmoudieh actuel. Le tassement progressif des minces particules d'argile colloïdale que tiennent en suspension les eaux de crue du fleuve a fini avec le temps par donner en eau calme ce dépôt de 8 mètres d'épaisseur. Le travail du Nil à ses embouchures de Damiette et de Rosette mériterait une série d'observations suivies qui n'ont pas encore été faites. Mais nous avons, ainsi que je le disais en 1898, un bel exemple du travail du Nil sur la côte à Port-Said. Les dépôts du Nil à ses embouchures ne représentent qu'une faible partie des troubles qu'il charrie à la mer chaque année et que Sir William Willcocks évalue à 36.600.000 mètres cubes. Jai démontré que la majorité de ces troubles étaient balayés par un courant marin pouvant atteindre 13 kilomètres à l'heure mais ne dépassant pas en moyenne 3 kilomètres à l'heure. Ce cou- rant, qui longe la côte, se dirige vers le golfe @el-Ariche, centre d'évaporation == OR ee intense que ne vient compenser aucun apport d'eau douce dans cette partie de la Méditerranée, et entraine avec lui les apports du Nil à la mer. Depuis 1866, une partie de ces troubles vient heurter à la hauteur de Port-Said la grande jetée qui protège l'entrée du canal de Suez et, arrêtée dans sa course, se dépose le long du rivage, aussi la laisse de haute mer a-t-elle rétrogradé Fig. 14. — Plan de la côte Afrique à Port-Said indiquant l'accroissement du cordon littoral d'après les plans successifs de la Compagnie du Canal de Suez. de plus de 600 mètres sur cette partie de la côte égyptienne ainsi que le montre le plan de Port-Said que je donne ici et qui montre, d'après les relevés de Voisin bey en 1866 et le dernier plan de la ville en 1907, l'accroissement considérable du rivage à l’ouest de la grande jetée. Tels sont les faits acquis à la connaissance des dépôts nilotiques que j'ai cru devoir mettre en évidence. Voyons maintenant quelles sont les conclusions que nous pouvons en tirer. Sy) eus VIII. — CONCLUSIONS. L'examen de toute cette série de sondages nous amène à une conception du mode de la formation de la vallée du Nil et du Delta un peu différente de celle qui avait été admise jusqu'à nos jours. Pour les dernières couches, il n’y a rien à changer aux idées admises depuis Hérodote : elles sont bien un présent du Nil; 1a où la divergence commence, c'est lorsque nous arrivons aux sables et graviers de la haute vallée du Nil et à la seconde couche d'argile de la basse vallée et du Delta. Les graviers et les sables quartzeux sans mélange de Hornblende que nous trouvons de Matäâna à Béni-Souef sont-ils en place depuis l'entrée du Nil dans sa vallée ou bien ont-ils été remaniés par le fleuve aux premières époques de son régime torrentiel? Et, dans ce dernier cas, quelle a été la portée du remaniement ? Posées ainsi, ces questions risquent fort de rester sans réponse en l'état actuel des choses. Prenons en effet les sondages de la Haute-Égypte. Nous trouvons à Matääna et à Louqsor à plus de 30 mètres de profondeur une argile très peu sableuse qu'aucune caractéristique ne permet de distinguer à première vue des argiles nilotiques qui couronnent ces dépôts. Nous devons donc admettre a priori aussi bien qu'a posteriori pour les graviers qui surmontent cette argile un remanie- ment des couches de graviers d'origine incontestablement plus ancienne qui bordent encore de nos jours la vallée du Nil. Par contre, à Assiout, beaucoup plus au nord il est vrai, nous paraissons autorisés par la coupe du lit du canal Ibrahimieh à affirmer que ces remaniements sont des phénomènes locaux et qu'en d’autres points, le Nil s’est contenté de recouvrir les dépôts pleistocènes existants. La vérité doit être certainement dans une moyenne entre ces deux affirmations, et il est à regretter que les sondages que nous possédons ne soient pas plus nombreux et que ceux que nous avons à notre disposition n'aient point été poussés davantage en profondeur. L'unique leçon que je me crois autorisé à tirer de tous les sondages que nous connaissons d’Assouan à Béni-Souef pour ne pas dire au Caire, est que nous possédons encore trop peu de documents pour pouvoir nous prononcer 12 ME oe en toute sécurité. Il ne suflit pas, en effet, qu'une explication soit vraisem- blable pour qu'elle soit vraie; l'exemple du Delta est 1a pour nous prouver irréfutablement — c'est au moins mon humble avis — que c'est surtout en- vers les explications vraisemblables que lon doit s'imposer la plus grande pru- dence, car elles ont peut-être plus de chances d'être fausses que celles qui, au premier abord, nous paraissent inacceptables. Je viens de parler de l'exemple du Delta. En est-il un de plus frappant à l'appui de ce que javance? L'on s'était depuis longtemps habitué à cette facile explication du comble- ment par le Nil d’un golfe pleistocène, et les premiers sondages exécutés sem- blaient donner raison à cette théorie. Le manque de coquilles subfossiles dans toute l’épaisseur des strates surmontant les cailloutis d'origine pleistocène sexpliquait facilement parce que nous le constatons dans les dépôts de vases nilotiques du port d'Alexandrie et ce comblement plus au moins lent d'un erand espace par le cône de déjection du plus grand fleuve de l'Afrique et du monde ne soulevait aucune objection. Mais voici qu'aujourd'hui nous voyons que, justement du côté où l'antique Nil des Pharaons déversait ses eaux par cing de ses sept branches, du côté le plus profond par conséquent, nous sommes à même de constater : 1° que des dépôts lacustres, et par conséquent ne pouvant exister sous les flots de la mer, se révèlent à la cote -7 au-dessous de la Méditerranée actuelle et n’ont qu'une épaisseur moyenne de 2 mètres au-dessus des graviers que nous nous étions accoutumés à regarder comme pleistocènes, alors qu'à moins de 1 00 kilomètres plus au nord les dépôts du Nil dans la Méditerranée pleistocène s’aflirment par des argiles contenant à la fois des coquilles de mollusques d’eau saumatre et des coquilles ayant appartenu à des formes franchement marines; 2° qu'au- cune trace de cordon littoral, de quelque formation soit-il, ne s'est révélée entre ces deux dépôts argileux qui semblent tout au contraire être la continuité l'un de l'autre. Du bassin lacustre et des tourbières de Zifta aux formations saumatres et marines de Bessendilah, il semble y avoir une continuité absolue dans le bane d'argile et il est difficile sinon impossible d'admettre une tourbiére dans le lit d’un fleuve. Devons-nous avoir recours à la théorie de l’affaissement continu du sol de ET 1e l'Égypte? Cette théorie a des partisans et j'avoue quelle est fort séduisante, car elle explique facilement bien des choses, trop de choses mème et cela excite d'autant plus ma méfiance que certains faits que l'on a cherché à expliquer avec cette théorie, sont, lorsqu'on les examine sans parti pris, en contradiction avec elle. D’un autre côté, la théorie de Green mise à part pour le moment, il nous est impossible d'expliquer comment les dépôts d'eau saumätre ne se sont pas avancés plus loin que Kafr el-Dawar dans toute la moitié occidentale du Delta, alors que depuis les temps historiques les plus reculés elle n’a eu à sa dispo- sition pour opérer son comblement qu'une seule branche du Nil, la Canopi- que dichotomisée avec la Bolbitine à son quart inférieur 0). La constatation de formations lacustres à Zifta et très probablement aussi jusqu’à Chenrak et celle de formations d’eau saumatre à Bessendilah détruit donc nos premières conceptions sur la formation du Delta. Et ces constatations sont par trop récentes pour que j'essaie même lesquisse d’une autre théorie; pour le moment je me contenterai de suivre exemple de Pline l'Ancien et de dire à mes interlocuteurs : « Querere tu causas, mihi abunde est si expressi quod effcitur ». Mais si j'estime prématuré pour le moment tout essai de théorie sur la for- mation du Delta, il m'importe de bien établir les faits qui devront servir de base à celles que l’on pourra émettre. Les sondages que j'ai étudiés jusqu'à ce jour me permettent d'affirmer que : 1° Nous retrouvons partout, sous les dépôts nilotiques et sous ceux plus profonds dont on peut attribuer le remaniement à l’action de ce fleuve, des sables quartzeux gros ou fins entremélés de bancs de gravier et de cailloutis parfaitement identiques à ceux que nous retrouvons des deux côtés de la vallée actuelle du Nil et de son Delta, et qui ne sont que la continuation de cette grande nappe de cailloutis et autres détritus d’érosion que l’on a cru dater de l'Oligocène, mais que, d'accord avec M. Couyat-Barthoux, je ne puis attribuer qu'à la fin du Pliocène et au Pleistocène. ™ JI ne serait pas cependant léméraire d'admettre une fausse branche du Nil, prolongation peut- être du Bahr Youssef, et venant déboucher au fond du lac Mariout; le cours capricieux du canal el-Haggar et certains vestiges entre Kom el-Akhdar et Tell el-Barnoughi viennent à l'appui de cette opinion. = igo Loin de former une cuvette dans le Delta, ces dépôts offrent des différences considérables de niveaux et pointent encore çà et là au milieu des terres. Leurs principaux pointements sont situés à Qouesna et à Nawa. Signalés depuis long- temps par Figari bey"), ils ont été désignés par Sir Samuel Backer sous le nom de «turtle backs»), Les sondages que je viens d'étudier dans le Delta cen- tral nous permettent d'établir que la région de ces dômes peut être limitée par une ligne passant au nord de Menouf, par el-Hamoul, Chibin el-Kom, Tantah, Esbet Toukh, se repliant 14 vers le sud-est jusqu'en dessous de Chandalat puis remontant vers Chenrak, Zifta et rejoignant la ligne du désert en direction de Salhieh en passant au-dessus de Simbellawin. Au sud de Menouf les documents nous manquent pour connaître sa limite vers l’ouest et le sud. Les sondages de Benha nous montrent qu'il devait y avoir là une forte ondulation séparant le dôme de Qouesna du dôme de Nawa; cette ondulation n’a pu être poursuivie en direction de Zagazig et de l'Ouady Toumilat. Dans le Nord du Delta nous voyons ces dépôts s’enfoncer pro- oressivement en pente douce mais avec quelques ondulations assez marquées, vers la Méditerranée actuelle. Il semble qu'ils se sont maintenus à une cer- taine cote au nord de Tantah pour s'incliner ensuite brusquement vers la mer. Leur apparition dans le sondage de Rosette à la cote -43 du sondage est, comme le dit le professeur Judd, une preuve de ce que j'avance. Mais on a aussi constaté leur présence 4-21 à Défichou, bien qu’en cet endroit il doive s'agir d'un dépôt remanié. Ces ondulations et ces remaniements sont surtout visibles au forage du Masraf Omoum n° 4, où les graviers alternent avec l’ar- eile sur 16 mètres d'épaisseur. Enfin, sous l'argile, les couches supérieures de ces dépôts portent en beaucoup d’endroits des traces incontestables de re- maniement W). 0 Ficarr Bey, Studii scientifici sull'Egitlo e sue adjacenze. (1 Sim Sauer Backer, lettre écrite en 1886 au «Delta Committee» de la Société Royale de Lon- dres (fide Pror. Joux W. Jupp in Second Report on a Series of Specimens of the Deposits of the Nile Delta, Proceedings Royal Society. Londres, 4 mars 1897). ® Tl est aussi à noter que dans ces graviers on trouve des lentilles d'une argile jaune (Pont d’Embabeh et forages de Zeitoun et d’Abou-Zabal dont les témoins sont arrivés au Musée Géologi- que postérieurement à la rédaction de cette note). Cette argile, toute différente des argiles niloti- ques, prouve surabondamment que ces dépôts de graviers sont antérieurs à l'entrée du Nil dans le Delta. (Note ajoutée pendant l'impression.) = Gay 2° Au-dessus de ce complexe de sables et de graviers, nous observons dans le Delta un banc d'argile dont la partie supérieure dépasse rarement la cote -7 du nivellement actuel de l'Égypte et qui semble s'être déposé sur toutes les ondulations du substratum. Gette couche argileuse est en général dans les parties méridionales et centrales du Delta dépourvue de restes organisés, sauf à Zifta et à Chenrak où l'on a trouvé des coquilles appartenant à des formes lacustres Limnæa et Planorbis ainsi que des traces de lignite ou de tourbe, ce qui indique à cet endroit l'existence d’un marais tourbeux ayant au moins 15 kilomètres dans une de ses dimensions"), Cette couche argileuse parait se continuer vers le nord sans solution de continuité, mais alors nous constatons des alternances avec des couches sableuses et apparition dans tout ce com- plexe de coquilles d’eau saumatre telles que les Cardium edule Lanxé, Pirenella conica Buainvitte, Donax trunculus Linné, ou de coquilles franchement marines _ telles que Corbulomya mediterranea Costa (Bessendilah) et Nassa reticulata Viscuer (Cherbin), indiquant un contact direct avec les eaux de la mer, avec les varia- tions de faune qu'implique l’afllux dans cette mer d’une masse plus ou moins erande d’eau douce. 3° Au-dessus de cette couche, l'on trouve en général une couche de sables fins avec de nombreuses paillettes de hornblende et de mica blanc ou noir qui indiquent son origine absolument nilotique. Cependant en plusieurs en- droits ces sables sont précédés de graviers ou de sables quartzeux remaniés; on trouve aussi parfois ces sables et ces graviers au-dessus des sables a horn- blende. Entre la couche franchement sableuse et très souvent légèrement argileuse, preuve nouvelle de son origine nilotique, et l’argile sous-jacente, s'intercalent des bancs d’argile sableuse et de sables argileux provenant des infiltrations des sables à travers le dépôt d'argile encore fluide. he Couronnant le tout, une couche de Limon du Nil, argile compacte en cer- tains endroits, légèrement sableuse en d’autres, dont les deux ou trois derniers mètres superficiels ameublis par la culture ont souvent des caractères physiques autres que la partie inférieure. En se déposant, ce limon a pénétré plus ou moins les sables sous-jacents, d’où rencontre à sa base d'argile sableuse et de sables ( Le professeur Judd (loc. cit.) dit qu’on a noté des traces de lignite impure dans une couche d'argile du sondage de Rosette à 45 de profondeur, mais il déclare n'avoir pas vu les témoins. = AO es argileux. D'un autre côté, la vitesse du Nil variant selon les crues et selon les obstacles créés par la main de l’homme, on trouve parfois, intercalés dans les 10 mètres d'épaisseur moyenne de cette couche, des layons de sables plus ou moins arpileux. 5° L'épaisseur de 25-30 mètres en moyenne que j'ai indiquée en 1898 pour les dépôts nilotiques me parait être susceptible de variations considé- rables surtout si l'on considère les premiers dépôts de sables quartzeux et de graviers comme ayant pu être remaniés par le fleuve, ce qui est vrai en bien des cas. 6° Il y a vers l'ouest du Delta des indices d’un cordon littoral ou, en tout cas, des couches calcaires analogues à celles du cordon littoral actuel jusque sous le parallèle de Kafr el-Dawar. Ges couches, comme dans la Marmarique, sont surmontées par des formations saumatres à Cardium edule. Kn ce qui concerne la Haute-Keypte, j'estime que les sondages que nous connaissons sont insuflisants pour nous permettre d'apprécier la profondeur des couches de gravier et de sables remaniés par le fleuve. La conclusion générale que je tire de tout ce qui précède est que, malgré les progrès de nos connaissances en ce qui concerne le sous-sol de la vallée du Nil et du Delta, nous sommes encore beaucoup trop pauvrement documentés pour pouvoir essayer un aperçu d'ensemble sur son mode de formation. R. Fourrau. LES FRAUDES ALIMENTAIRES EN EGYPTE PAR M. LE D® GEORGIADES LICENCIÉ ÈS SCIENCES. La question des fraudes alimentaires a provoqué jusqu’aujourd hui en q que jusqu au] Eeypte bon nombre de travaux émanant des services publics ou des chimistes SYP particuliers. La Municipalité d'Alexandrie, le Laboratoire du Ministère des Travaux P publics sous la sagace direction de M. Lucas, et tout dernièrement l'Institut d'Hygiène ont envisagé ce problème. La première en ce qui concerne le lait, le beurre, les huiles, le vinaigre, les farines; les deux autres pour le lait et e beurre seulement et ils ont ouvert la discussion sur des points spéciaux que le | ] t et il t tlad des points sy I chacun a considérés. n 1907, M. Parodi®) fit paraître quelques remarques sur les beurres En 1907, M. Parodi® fit juelq I égyptiens anormaux. M. le Dr Eddé, en collaboration avec le regretté D* H. Off, étudia avec une grande compétence le lait du Caire au point de vue de l'alimentation des nourrissons “), L'auteur de ce travail s’est aussi adonné depuis plus de dix ans à la question ardue des fraudes alimentaires. Il a signalé les dangers que court le public, © Rapports annuels des Services Sanitaires municipaux, années 1907-1914. ® Lucas, Some of the difficulties in connexion with the question of analytical standards for milk, butler and butterfat in Egypt (1911). Parrez and Hocan, The composition of the milk of egyptian animals (1914). Treen, Egyptian butter and samna (1913). ©) H. Paronr, Indices anormaux des beurres d'Épypte , in Revue Internationale des Falsifications, janvier 1907, Paris. “ D'N. Epps (du Caire), Hygiène de la grossesse, de l'accouchement et de l'enfance de o à 2 ans, 1908, Paris. CLR He et ila mis en lumière le peu de moyens dont dispose à l'heure actuelle le Gouvernement égyptien pour refréner les fraudes. Enfin, il a plus d’une fois insisté pour donner à cette question si importante l'attention qu'elle mérite. Hatons-nous de déclarer que, pour qu'une pareille entreprise puisse être menée à bonne fin, il faudra non point des personnes de bonne volonté tra- vaillant chacune séparément, mais un travail unique, coordonné et complet où la question serait envisagée et étudiée sous toutes ses faces, au point de vue hygiénique, alimentaire, commercial, agricole, au point de vue chimi- que quant aux normes à établir et aux méthodes d'analyse à employer et, enfin, au point de vue légal quant aux sanctions à appliquer. Avec ces moyens on arriverait peut-être à préserver efficacement le public contre le flot toujours envahissant de la falsification. Nous avons entrepris de réunir tous les travaux personnels et autres faits jusqu'à ce jour en adjoignant au lait et au beurre les huiles. Nous donnerons la définition de chacune de ces substances, les éléments que le chimiste est surtout appelé à rechercher et à doser et les principales falsifications. Nous rappellerons brièvement les règlements que le Gouvernement applique dans le service de ses hôpitaux et nous relaterons toutes les lois ou règlements qui régissent à l'heure actuelle les substances alimentaires. Si le présent travail peut contribuer à une réglementation eflicace de ces produits, ce sera notre seule récompense. Serge [ LAIT. Dérivirion : Le lait est le produit intépral de la traite totale et ininterrompue d'une femelle lavnère bien portante, bien nourrie et non surmence. Il doit être cueillh proprement et ne pas contenir du colostrum. La dénomination de LAIT tout court ne s'applique qu'au lait de vache. Cette définition a été adoptée après une série de discussions animées entre les représentants ofliciels des différents États d'Europe et d'Amérique au pre- mier Congrès International des Fraudes alimentaires et pharmaceutiques, organisé sous les auspices de la Croix Blanche de Genève. À Nous proposons qu'elle soit appliquée dans son intégralité au lait égyptien; mais, alors qu'en Europe on désigne par LAIT tout court le lait de vache, ici on doit comprendre le lait de vache et celui de bufflesse (gamousse ). On utilise, en effet, en Égypte pour l'alimentation le lait de vache et surtout le lait de bufflesse. Moins souvent, dans les villes, on emploie le lait de chèvre 1) ou de brebis, et rarement le lait d’ânesse ou de chamelle. Les principaux constituants du lait sont : les matières grasses, le lactose, les matières protéiques et les sels. Les trois derniers sont compris dans l’éva- luation de l'extrait total moins la graisse. La composition centésimale du lait n'est pas la même au début de la traite, au milieu ou à la fin. Au début de la traite le lait est plus riche en eau et plus pauvre en matières grasses. Le lait vendu par les marchands ambulants, qui promènent leurs ani- maux de porte en porte, est par conséquent très variable comme composition”. De mème, si on analyse le lait d’une même femelle d'animal recueilli le matin ou le soir, celui du matin est moins riche en créme. La composition du lait varie encore suivant l’époque de Ja lactation, sui- vant l’alimentation de l’animal, suivant la race et suivant la saison de l’année. ™ L'usage du lait de chèvre est très répandu à Port-Said et l'Institut d'Hygiène étudie à l'heure actuelle les normes de ce lait pour l'Égypte, normes très variables d’ailleurs. ® L'habitude de traire les vaches devant Ja porte du client, autrefois tres répandue, tend de plus en plus à disparaître au Caire. Ce système aurait pu être recommandé si les marchands ambulants ne surmenaient pas leurs bêtes, ne leur faisaient pas avaler du sel el boire de l’eau pour augmenter leur rendement, si, enfin, ils les nourrissaient suflisamment, 13 Tableau n° Il), TABLEAU DES ANALYSES-TYPES DE LAIT DE BUFFLESSE, EXÉCUTÉES PENDANT 1908. PROVENANCE DE L'ÉCHANTILLON. = S époouEe | Ace | TRAIT Sos du de ae D Ss a = aes VELAGE. LA BETE. = z E See okes P), 45 1 mois 5 ans.| matin| 4A AG |1" quinzane| 7 » » 5 30 6 » soir at 38 | s | » ” K+ 12 | 1 mois. d À ; 3 100) | 9 » » 3 31 | 4 » » 2 17 | 6 » ” i 29 7 | 8 » » h 39 a mois À 9 : 3 A0 | A » 3 22 RER be 33 | | 3 » ) 3+ 34 | 3 » D) 3 hs 3 mois 5 » |matin| 4 43 | (ie) soir | 2 Lh 0 » ” 9 52 | | 3 » |matin| 3 19 6 » » A 10 7 2 soir | 3 21 10 » ” 3 9 10 » ” 3 a ) 4 à 6 mois je : 2; 50 5 » ” li 7 7 ) 2! 23 8 » 1 17 ay 3 15 6 » ” 2+ 12 9 » ) 3 6 | 10 » ) Qt 8 10 » ) 2 11 10 » . 22 13 : a est) » 2 16 )7à9 mois PA 3 19 10 ” pl Q: 16 19 » » 2 18 12 » » 2 51 10 à 19 mois| 54> |matin| 4 DENSITE 15°. 3h. Sie 29. © © © mm . . . cr Or to I 1 c w BEURRE 0/0. on QI & eS or Cc Nw I 1 on © co RÉSULTATS DE L'ANALYSE. EXTRAIT 0/0. SELON DIRECT. FORMULE 14.9 | 15.2 15.8 | 16.9 16-0250 17.0 | 16.8 16:1,|"16% 10-8 | doo 22.0 | 20. 16.2 "161 17.3 | 17-4 15.7 | 15.8 10-0176 20.2 | 20.3 22.4 | 21.8 18.6 | 17.8 11260524 17.201M1079 VER EU EL) 19.0 | 17.2 16.3 | 16.3 17.1 | 17.1 18.6 | 18.6 21.2 | 21.1 17.0 | 17.4 Moe by | ey )ol! 18.3 | 18.0 Wa) | Oye! 17.5 | 17-0 22.4 | 21.9 18.9 | 18.4 20.0 | 20.5 Upper Pes eve Go) 1846421810 19.3 | 19.6 19.0 | 18.6 20.4 | 20.5 18. 18.3 20.3 | 20.95 19.5 | 19.5 NON GRAISSE SELON FORMULE. D ©] © © © ow © © © a i © oo () Travail exécuté dans le Laboratoire de la Municipalité d'Alexandrie, — () L’oke équivaut à 1250 grammes. © © .o 6 © © 6.1 OO Oo 650776: 49 CENDRES 0/0. 1 cr Ctr © «© O0 © to = I ALBUMINOIDES ofS ow or oo D QT D ores cor © © w = LACTOSE| A CIDITÉ en NaOH IV ALLIHN. ! o/o selon cc Tableau n° II"), TABLEAU DES ANALYSES-TYPES DE LAIT DE VACHE EXÉCUTÉES PENDANT 1908. PROVENANCE DE L'ÉCHANTILLON. RÉSULTATS DE L’ANALYSE. ee Zz ro} ne a eee : TRAITE. 2 ; | EXTRAIT 0/0 ed s | 8 ACTOSE|ACIDITE 5 EPOQUE AGE S S À 5 > A LACTOSE ns ge oe Sl Fe oo] TS = = Le] 2 o/o a § du de ae = = eS. en a a |" NaOH ae E | 30.0 | 3.9 | 12.4 | 19.4 5 78 | 2.8 = 8.5 > 9 mois ( Gi» ” 2, | 01.8 | 4.8 | 14.0 | 13.9 | 9.2 62 | 3.3 — 19.1 | ae » ” 3 Beas |) Wigs 12.9 | 12.6 8.7 72 | 2.6 — 0 | | | | 3 » » 3 PA ON RON |) st) Sine 2415018 Qs) |) Walsai |) ore — 11.2 3 mois { 8 » ” M0 00-21 | 14.0 | 85.9) 0.71 | 3.4 - 8.5 | 8 » » 2 28.7 | 5.9 TASER 8.6 65 2.8 == 10.4 | | A | 6 » » 2 32.6 8.0 18-1018" 0nITO0. 11. 15 — ha 10.8 6 mois UE ” i. || oa.0 | 8.9) | O04 || 15)..9 | 10.5) | 0.9 5.0 4.6 8.5 | | k » ” 2 S429 DOr | 0.4) |) 25.7 | 0:07) 0.90 — k.h 5.7 7 à 9 mois 5 » » 1 30.1 h.o 12.7 = 8.5 — a — — 5 > » 1 29.5 | 3.8 yall Mo ibe 8.6 | 0.80 — 3.7 8.5 | | 1 3 {roa 12 mois} 1 | | Tableau n° III!) ÉCHANTILLONS DE LAIT DE BUFFLESSE CONSIDÉRÉS BONS. n = BEURRE. DENSITÉ. NON GRAISSE. EE = % Se ee MOIS. aS Sie = © | moyenne. | maxima. | minima. | moyenne. | maxima. | minima. | moyenne. | maxima. | nixina. | oO ‘a 1908 DATIVTEN scie D6 6.7 Sos ee 30.7 34.6 25.6 9.3 10.1 8.0 Héron Re: 98 7.3 g.4 5.2 Ba 33.8 26.5 9." 10.7 8.3 Lo eee ER 191 7.7 14.3 5.8 31.1 35.2 24.2 9.6 10.6 8.3 | ANT RN a cesie ss 89 7.5 12.0 5.5 34.5 34.0 24.0 9.6 10.4 8.6 i ROMANE Go 7.1 11.0 bia 29.9 33.9 25.6 9.2 10.1 8.1 IGN 72 mat 9-9 55 20.7 32.8 27.1 Ort 100) | (Ono Wallebe.2 bot kak. 38 6.6 9.5 5.4 28.4 31.7 24.5 8.8 Goes Hotte EE Rte 37 6.7 9-1 Bien 28.9 39.0 26.5 8.7 9-7 8.0 Seplembre......... 34 6.9 9-9 Ded 28.8 35.8 £6.5 8.8 11.2 8.3 Metobrets sctein sities ei 39 6.5 9.5 5.4 29.9 Biel 26.8 9-1 10.4 8.a | INovermbres.c so. sa 39 6.4 8.2 550 30.2 34.0 26.6 0.2 10.4 Seoul Décembre.......... 57 6.7 th.o 5.2 SU 35.4 35.9 9.3 ina |) 849 ( Travail exécuté dans le Laboratoire de la Municipalité. — 100 — Tableau n° IV. ANALYSES EFFECTUÉES DANS NOTRE LABORATOIRE. F EXTRAIT MATIERES EXTRAIT DENSITE. CONCLUSIONS, GRASSES. SANS BEURRE, NUMEROS. COMPOSITION DU LAIT DE BUFFLESSE. mouillé. 1 normal. © D OI DJ lO CUO ais : r - En | = ont] J Co GG Oo Œ © © © © © mouillé. 10299 suspect. ST) mouillé. ~ Le 1028 .07 normal. En Le] 1020 ~ 20.89 1024 83 mouillé, .20 2.6 mouillé. 5.00 9. normal. h.30 ‘ mouillé. .30 9-8: normal. 1235 M. G. Hogan, le distingué chimiste du Laboratoire de l'Institut d'Hygiène, dans son travail précité, donne les maxima et minima ainsi que les moyennes obtenus sur soixante échantillons de lait de traite totale, provenant pour chaque analyse d’un mélange du lait de six animaux. I] part du principe, qu'individuellement, le lait de chaque femelle d'animal — 101 — peut présenter des écarts appréciables quant à sa composition, mais que celle- ci est moins sujette à des variations, si lon opère sur un lait constitué par un mélange de traites d'au moins six animaux, ce qui, d’après lui, serait la règle pour la plupart des marchands de lait en Égypte. Tableau n° V. ANALYSE DU LAIT DE BUFFLESSE (Hogan). MINIMUM. MAXIMUM, MOYENNE, DEnsté nee cet RSR out 1,029/ 1,0343 1,032h to ache da se oats 15,81 19,75 17,91 STE OOS AO ae RENEET 6,05 9,79 7,96 Eixitatl SANS Ordisse'.. cs. 2 0 vce ees 9,42 10.40 9:92 Haclose +. © al Hé DIE RAA ES h,65 5,19 4,86 BOITES Mee er NS tien da. de 3,97 4,80 h,16 CON RE EE ONE TEE 0,70 0,84 0,78 Alealinite destcendres. . ...7........,, 7,20 9,20 8,20 Core RSR EE ARE 0,04 0,10 0,08 Nous n'avons pas des chiffres pour la composition du lait suivant la race de l’animal ou le genre d'alimentation. Il serait de méme intéressant de savoir quelle est la composition du lait de vache ou de bufflesse suivant le travail fourni. Les bêtes laitières dans les erandes villes sont exclusivement destinées à la production du lait. Mais dans les faubourgs ou à la campagne on voit souvent des animaux qui fournissent du travail (sakieh, charrue) et qui en même temps sont utilisés pour leur lait. Il n'est pas à notre connaissance qu’une étude détaillée et suivie des sels minéraux contenus dans le lait de vache ou de bufllesse ait été entreprise en Égypte en tenant compte de tous les facteurs qui font varier la composition du lait. Le pourcentage des cendres à [extrait total sans graisse donnera peut-être un chiffre dont la constance peut devenir un élément d'appréciation de la pureté du lait. Il se peut aussi qu'on y trouve des éléments pouvant servir pour la détermination du degré d’adultération du lait ou du mélange de lait de vache et de lait de bufflesse. A l'heure qu'il est et avec les chiffres des tableaux ci-dessus, il est très difficile d'établir une composition moyenne exacte des laits de vache ou de — 102 — gamousse consommés en Égypte et les moyennes admises par les divers chi- mistes du Gouvernement sont très variables. Nous voyons, en effet, dans le lait de buflesse la densité osciller de 1025 à 1035 et le pourcentage des graisses passer de 5 o/o à 10 o/o et même à 12 0/0. De même pour le lait de vache la densité varie de 1025 à 1035 et la matière grasse de 4 o/o à 8 ojo. Tableau n° VI DONNANT LES DENSITÉS, LES POURCENTAGES DU BEURRE ET DE L’EXTRAIT SANS BEURRE CLASSÉS D'APRÈS LEUR FRÉQUENCE. LAIT DE BUFFLESSE. Sur 38 échantillons analysés on a trouvé : DENSITÉ. au-dessous de au-dessus de 1025 de1025à1027 de1o27à10o3o de1o30a1033 de1033à1035 1037 0 0 6 15 16 1 BEURRE. au-dessous de 5 o/o de 5 a 6 o/o de 6 à 7 o/o de 7 à 100/0 au-dessus de 10 o/o 0 D D 23 D RÉSIDU TOTAL MOINS BEURRE. de 8à 8,2 de 8,2 à 8,5 de8,5àg degà 9,5 deg5a10 de1oà10, de 10,9 à 11 0 0 0 6 1" 15 3 LAIT DE VACHE. Sur 14 échantillons analysés on a trouvé: DENSITE. au-dessous de au-dessus de 1025 de1025a1027 de1027a1030 de103041033 de1033a1035 1039 0 0 li 9 1 0 BEURRE. au-dessous de 4 o/o de 4 à 5 o/o de 5 à 6 o/o au-dessus de 6 0/0 2 li ! fl RÉSIDU TOTAL MOINS BEURRE. \ de 8a 8,2 de8,2àa8,5 de8,5àg9 degag,d de9g,5à1o de1ioà10,5 de 10,5 à 11 0 0 8 3 1 9 0 — 103 — La Municipalité d'Alexandrie a fait une série de recherches, très impor- tantes, très détaillées et très utiles, sur les laits de vache et de bufllesse. Elle a étudié leur composition respective en se basant sur des échantillons authen- tiques, et ce, pendant les différentes époques du vélage. 1" quinzaine, 1° mois, 2° mois, 3° mois, du 4° au 6° mois, du 7° au 9° mois, du 10° au 19° mois, el en indiquant si le prélèvement a eu lieu le matin ou le soir. { Voir tableau n° I.) Cependant la Municipalité d'Alexandrie, soit par manque de ressources financières, soit par manque de personnel, soit pour tout autre motif, n'a pas jugé opportun de pousser ses recherches préliminaires jusqu'au bout avant de commencer à édicter des lois. I eût été très utile d'étudier encore le lait suivant l'alimentation de l'animal, suivant les traites entières, biquotidiennes ou partielles, suivant la race des animaux, etc. Malgré ces quelques observations, nous n’exagérons pas en proposant aux pouvoirs publics de prendre modèle sur ce qui a été fait par la Municipalité d'Alexandrie, en l'étendant sur une plus vaste échelle, par l'étude méthodique du lait dans toutes les provinces de l'Égypte. Plus tard, les moyens de commu- nication et de transport se perfectionnant, il est à présumer que les provinces sefforceront de fournir les grands centres en lait et autres produits alimen- taires. Ainsi que nous l'avons toujours déclaré, c’est un travail de très longue haleine, que seules les ressources dont dispose un gouvernement peuvent mener à bonne fin par des prélèvements nombreux faits sur des laits d'ori- eine connue, de vache et de bufllesse, en tenant compte de tous les facteurs qui font varier la composition du lait et que nous avons mentionnés plus haut. Et if faudra qu'un jour il l’entreprenne, s’il veut suivre le progrès el imiter ce qui se fait dans les autres pays. Les chiffres des tableaux I, II, IE et 1V montrent pour des laits naturels des écarts trop considérables pour pouvoir admettre comme laits non fraudés ceux qui sont compris entre les maxima et les minima. En 1908 Ja Municipalité d'Alexandrie crut avoir résolu la difficulté par l'introduction dans les résultats d'analyse d’un nouveau facteur : L'exrrair sans GRAISSE. Voici comment s'exprime le directeur des Services Sanitaires municipaux : «Nous venons de remédier a cet inconvénient en introduisant dans le procédé — 104 — «d'examen une autre méthode beaucoup plus sensible et qui permet de déceler «toute falsification du lait où plus de 10 o/o d’eau ont été ajoutés. C’est la «détermination du non graisse, c'est-à-dire de la différence dans l'extrait total «moins le beurre. Tandis que la densité ainsi que tous les autres constituants «du lait égyptien varient énormément, le non graisse est un élément relati- «vement constant et ne varie que dans des limites étroites (entre 8,5 o/o et «11 0/0). Get élément présente donc une base beaucoup plus sûre pour recon- «naître même les falsifications habiles lesquelles pourraient échapper à un «simple contrôle basé uniquement sur la détermination de la graisse et «de la densité. On comprend donc la nécessité d'une étude approfondie de «cet élément dans de nombreux échantillons-types de lait égyptien, et d’une «méthode simple, rapide et sire pour sa détermination en pratique"). » Partant de ce principe on a établi des moyennes, extrait sans beurre, offrant plus de précision et moins de variations. RÉSULTATS OBTENUS SUR 6h ÉCHANTILLONS DE LAIT DE BUFFLESSE ET ll ÉCHANTILLONS DE LAIT DE VACHE. Sur 64 échantillons de lait de bufflesse la Municipalité d'Alexandrie a trouvé que l'extrait variait de : 8 à 8,2 8,2 à 8,5 8549 949,5 9.bà10 10 à 10,9 11 cas 0 9 3 15 30 10 ! Sur 44 analyses de lait de vache l'extrait variait de : 8 à 8,2 6,2 à,6,8,-:18:5 à 9:29 à19 590 à do 10 à 10,5 10,5 à 11 cas 0) % 9 23 9 1 0 A la suite de ces recherches elle a admis comme limite pour l'extrait sans graisse d:5 4 11. Sur 61 échantillons de lait de bufflesse examinés, M. Pappel et Hogan ont trouvé?) : MINIMUM. MAXIMUM. MOYENNE. Extrait and fraise sso 6s cn nine caen nmetee 9,42 10,40 9,99 GTA NN AE LS Sadie NOUS RS abe: ie 6,05 9,79 7,99 " Rapport de la Municipalité d'Alexandrie, 3 janvier 1908. ©) Papper et Hoaan, loc. cit. == “(sy == Et ils admettent comme limite minimum à la suite de leurs analyses pour l'extrait sans graisse 9,4 o/o et pour la graisse 6 o/o. Le pourcentage moyen est pour M. Hogan : 10 o/o pour l'extrait total sans graisse. 8 o/o pour la graisse. D'accord en cela avec M. Lucas, nous considérons ces chiffres comme trop élevés. En effet, dans une série d'analyses exécutées par nous sur du lait de bufllesse avéré nous avons trouvé : MAXIMA. MINIMA. MOYENNE. Matières prasses 07? : 00). tue. 0. 9, o/o 5,1 o/o 7,3 o/o ELRAINARS PUAISSO pels . e- wie = ors a 10,5 o/o 8,3 o/o 9,4 ofo On voit, d’autre part, que dans les chiffres moyens de la Municipalité d'Alexandrie, 8,5-11, il y aun grand écart permettant facilement à un ha- bile fraudeur d'introduire au moins un 20 o/o d’eau pour un lait naturel ayant donné le chiffre 11 à l'analyse pour l'extrait sans beurre sans que ce lait tombe au-dessous de 8,5 après cette addition. Dans les Laboratoires du Gouvernement où l'on s'occupe d'analyses de lait il y a au moins trois moyennes en usage avec un caractère pour ainsi dire of- ficiel U), NORMES. ESPÈCE. DENSITÉ, GRAISSE. EXTRAIT SANS GRAISSE. MINIMUM. MINIMUM. MINIMUM. à Baessel ne ua 1027 5 o/o 8 o/o | VOS CAR oer nena 1027 3,0 0/0 8 o/o B LE AO a chee os oe ok eae 1030 6 o/o | NACRE ten Pitre ee à 1028 5 o/o Cima Buttlessen ru siete aula MURS 6,5 o/o Le minimum 3,5 o/o pour le lait de vache est trop bas, celui de 5 o/o est trop fort. M. Lucas propose 4 ou 4,5 o/o. 8 o/o pour l'extrait sans graisse est trop bas, 8,5 o/o ou g o/o serait plus approprié. Le 15 novembre 1913 le Ministère de l'Intérieur envoya une lettre au Département de l'Hygiène publique, pour demander quelles sont les normes () Lucas, loc. cit., p. 302. — 106 — qu'on doit admettre actuellement dans une analyse de lait, afin de pouvoir poursuivre les marchands coupables de fraude. Le Département de l'Hygiène publique, après avoir demandé l'avis de la Municipalité d'Alexandrie, laquelle s'était tout spécialement occupée de ces questions, envoya la réponse suivante : 29 Mars 1919. Monsieur le Sous-Secrétaire d'État, Me référant à la lettre arabe du Ministère de l'Intérieur du 15 novembre 1913 n° 608 (Permis) sur le système à adopter pour l'examen du lait, j'ai l'honneur de vous exposer que l'Institut d'Hygiène attaché à cette Adminis- tration, après une étude minutieuse de cette question, a adopté les chiffres suivants comme caractérisant le type du lait normal non-adultéré (en Égypte) : 1° Lait de gamousse : POURCENTAGE. Grasse. sac Ne ne nine ale ee I PE EEE 5 Matières solides non-prasses en C0 PR ER EN eo ete nie ER S25 2° Lait de vache : OTE: Cue anon na ea Mra epee Rh pk oA An Ok a Ane tee Oe LOS cus li Matières solides non-grassese. te Ten RER ge el CR 8.5 En conséquence, tout lait qui présenterait un pourcentage inférieur aux chiffres ci-dessus indiqués peut être considéré comme adultéré. Il y a lieu toutefois d'ajouter que lorsque la différence de pourcentage est trop minime, i conviendrait de ne pas engager des poursuites. Veuillez agréer, Monsieur le Sous-Secrétaire d'État, l'assurance de ma haute considération. Le Directeur général, Signé : D.S. Nous émettons l'avis que, pour pouvoir être mis en vente, le lait pur destiné à la consommation doit avoir une composition élémentaire moyenne et une teneur en principes utiles comparable à la composition moyenne fixée par l'État suivant la saison et les races laitières. — 107 — I faut aussi se préoccuper du lait destiné à l'alimentation des enfants et des convalescents. Ge lait devrait avoir une composition moyenne connue et autant que possible invariable. Une étiquette appliquée sur la bouteille indi- querait la richesse en matières grasses et en extrait sans graisse afin que les médecins puissent recommander en connaissance de cause tel lait de compo- sition donnée pour les enfants selon l’âge et pour les malades suivant le régime lacté exigé. Souvent un régime lacté où les matières grasses figurent dans la proportion de 4 o/o convient parfaitement à tel estomac ou à tel malade, alors que ce mème estomac et ce même malade ne toléreraient pas un lait renfermant 8, 10 et même 12 o/o de matières grasses. Pareil travail exécuté consciencieusement dans les laiteries ou fermes lai- tières modernes, et soumis à un contrôle gouvernemental efficace, rendrait de erands services aux enfants, aux malades et aux convalescents, et permettrait d’avoir à chaque instant sous la main un aliment toujours constant. Le lait égyptien est tellement chargé en matières grasses comparé à celui des climats tempérés ou froids que ces manipulations faites honnêtement n’en- léveraient rien de la valeur nutritive du lait; tous les estomacs les toléreraient et elles seraient une source de bénéfices pour les personnes qui les pratique- ralent avec conscience. La quantité moyenne de lait fourni quotidiennement par une vache ou une bufllesse en Égypte varie dans Jes limites suivantes : MINIMUM. MAXIMUM. MOYENNE. NAGER Are le ch case 1 Oke 3 Okes 2 Okes BHESSeR OR RAR PRO ous 1 Oke 5 Okes 3 Okes () Ces chiffres sont trop faibles comparés à la quantité de lait fourni par les vaches dans les pays du Nord et même par certaines races de vaches d'Mpérie. Comment expliquer cette différence sensible dans la quantité de matières grasses entre les deux laits? On a voulu lattribuer à l’'évaporation intense des pays chauds qui concentrerait le lait. Cependant les bêtes laitières en Égypte ) Rapport des Services Sanitaires municipaux, et A. Lucas, loc. cit. — 108 — se nourrissent une grande partie de l'année avec des fourrages frais, ce qui compenserait jusqu'à une certaine mesure l’évaporation cutanée. Est-ce plutôt l’action de la température élevée sur l'organisme ou sur les glandes mam- maires? Est-ce le propre des races égyptiennes? Autant de problèmes qu'il serait intéressant d'aborder. Il PRINCIPALES FALSIFICATIONS DU LAIT ÉGYPTIEN. Les fraudes les plus usuelles du lait égyptien sont le mouillage, I’écrémage, les deux opérations réunies, la mise en vente de laits non frais mélangés avec de laits de traite récente et par conséquent sujets à des altérations rapides, et, rarement, l'addition d’amidon. Mentionnons pour mémoire, sans y ajouter foi, les rumeurs qui circulent de temps en temps sur l'addition de carbonate de chaux ou de la cervelle émulsionnée afin de faciliter l'addition d’eau. La première est par trop gros- sière, le carbonate de chaux précipitant très rapidement au fond des récipients où il est reconnaissable par sa consistance et par sa saveur terreuse. Quant à la seconde, outre que le prix de la cervelle est assez élevé, je ne crois pas que des chimistes en Égypte aient constaté sa présence dans le lait d’une facon indiscutable. Enfin, sans employer le mot fraude puisque réellement elle n'en est pas une, on vend assez souvent du lait constitué par un mélange de lait de vache et de lait de bufllesse. Le mouillage et l'écrémage pratiqués simultanément ou séparément présen- tent un double inconvénient : un alimentaire, relatif à la valeur nutritive d'un pareil lait, et un pécuniaire, puisque les marchands font payer l'eau au prix du lait. Au point de vue analytique, dans le mouillage la densité diminue; elle s'élève dans l’écrémage. Mais, si l'on pratique scientifiquement et modé- rément les deux opérations, on peut obtenir un équilibre dans la densité et échapper au contrôle du chimiste. Le plus répréhensible est encore le mouillage parce qu'il abaisse la valeur — 109 — nutritive du lait au point de vue des sels minéraux, du lactose, des matières protéiniques ; et aussi, parce que les marchands ambulants de lait en ville ou à la campagne utilisent, pour cette pratique, une eau malpropre, souvent con- laminée, laquelle, ajoutée dans un milieu de culture tel que le lait, favorise la prolifération des germes pathogènes préexistant dans cette eau (dysenterie des nourrissons, fièvre typhoide, infections intestinales, etc. ). L'écrémage modérément pratiqué, surtout avec des laits très riches en ma- tiéres grasses comme le sont les laits de bufflesse, ne constitue pas à propre- ment parler un danger au point de vue de la valeur nutritive, mais les marchands qui s'y livrent (et je ne suis pas loin de la vérité en déclarant que cela se pratique sur une vaste échelle dans les laiteries ou chez les marchands de lait avisés) devraient, par une législation bien comprise, spécifier que le lait est écrémé et ne pas le vendre au mème prix que du lait intégral. Pareil procédé ne constituerait pas une fraude. Nous n'avons aucune donnée qui permette de déclarer de mauvaise qualité un lait constitué par un mélange de lait de vache et de lait de bufllesse. A notre avis, il y a seulement tromperie si l’on déclare débiter du lait de vache pur, ce dernier élant généralement d'un prix plus élevé. Il est d'opinion courante que le lait de vache est plus facilement digéré que le lait de bufflesse, et on l'explique par la différence dans la proportion des matières grasses. Il faudrait établir physiologiquement si un pareil mélange est également supporté par tous les estomacs et dans quelles limites ce mé- lange doit être autorisé. Au point de vue légal, il nous semble que les mar- chands devraient déclarer de pareils mélanges. I] est parvenu à notre connaissance que le Laboratoire de l'Institut d'Hygiène poursuit des recherches pour déceler par une méthode biologique pareil mé- lange. Ce sera un travail très utile pour les chimistes et pour le publie, mais encore faut-il que ce procédé soit facilement applicable et pratique. La vente du lait mouillé ou écrémé était la règle jusqu'à ces derniers temps. Grâce aux efforts déployés par le Laboratoire Municipal d'Alexandrie et aux mesures prises par le Département de lHygiène publique qui a édicté des sanctions sévères contre les contrevenants, le mal diminue de plus en plus. Cest très encourageant et tout à l'honneur des autorités qui ont entrepris avec beaucoup d'énergie de refréner les fraudes. —- 110 — En 1900, la Municipalité d'Alexandrie trouve parmi les laits vendus 44 o/o de laits falsifiés). En 1907) 17 o/o falsifiés et 6 o/o sales En 1908) 27 o/o falsifiés et 8 o/o suspects En 1909") 21,3 0/o falsifiés et 17,5 o/o suspects En 1910") 9,5 o/o falsifiés et 10 0/o suspects En 1911) 15 o/o falsifiés et 17 0/o suspects Eu 1912") 11 o/o falsifiés et 11,5 0/0 suspects En 1913) 8 o/o falsifiés et 8 o/o suspects. Mais ces chiffres sont trop faibles. Dans le pourcentage des laits falsifiés on ne tient pas comple des laits suspects ou altérés, soit parce qu'on n'ose pas se prononcer, soit parce que l'altération du lait a empèché son analyse. Avec les années, le chiffre des laits suspects augmente et ceci peut servir en faveur de la thèse que nous soutenons, à savoir que les moyens analytiques dont nous disposons en Égypte à l'heure actuelle ne sont pas suflisants pour déceler toutes les fraudes et plus de la moitié passent inapercus et profitent d'un non-lieu. Exemple : Sur un total de 426 laits examinés, 274 sont trouvés bons, 81 (19 o/o) suspects et 76 (17,8 0/0) falsifiés. La quantité d'eau ajoutée en moyenne dans les laits, toujours d'après les chiffres du Laboratoire Municipal d'Alexandrie, serait de 20 o/o en 1913, 29 o/o en 1911, 25 o/o en 1910, et 30 o/o en 1909. Est-ce à cette difficulté qu'éprouve le Laboratoire Municipal pour déceler une addition d’eau inférieure à 20 o/o que réside le fait que le pourcentage d’eau trouvée reste constant, et que le chiffre des laits suspects augmente ? Personnellement nous avons analysé 105 échantillons de lait soit achetés par nous-mêmes en ville soit apportés par des clients. Sur ce chiffre nous avons pu identifier l'origine de 85 échantillons : 34 étaient du lait de vache, =~ Y Rapport de la Municipalité d’ Alexandrie, année 1910, p. 16. CY Toid., 1907. ps 22. “ Ibid., 1908, p. 33. ) Ibid., 1909, p. 68. (*) [bid., 1910, p. 81. ETES 1924, Pils. () [bid., 1912, p. 70. (Ibid. 19143, p. 78. — 111 — h3 étaient du lait de bufllesse, et enfin 8 furent reconnus comme constitués par un mélange de lait de vache et de lait de bufflesse. RÉSULTATS OBTENUS. LAIT DE VACHE. Normal. .... 20 Fraudé. .... 12 (35 o/o) Suspect..." 2 LAIT DE BUFFLESSE. Normal. .... 27 Fraudé..... 14 (33 ojo) Suspect..... 2 Des 1 2 laits de vache fraudés, 10 étaient mouillés, 1 écrémé, 1 était mouillé et écrémé. Des 14 laits de bufflesse fraudés, 9 étaient mouillés, 4 écrémés, 1 mouillé et écrémé. Un seul échantillon parmi les mélanges de lait de vache et de lait de buf- flesse a été trouvé écrémé. Remarquons en passant que l’écrémage se pratique sur une plus grande échelle avec le lait de bufflesse parce que, par sa richesse en beurre, il se préte mieux a cette opération. Nous ne parlerons pas des méthodes d’analyses, elles sont nombreuses et varient d'un laboratoire à l’autre ou entre deux chimistes. Nous étendrions à l'infini le cadre de ce travail. Toutes les méthodes ne sont pas irréprochables. Il y aurait par conséquent grand intérêt, pour pouvoir comparer les résultats donnés par divers chimistes, d'adopter en Égypte des méthodes d'analyses pour ainsi dire officielles où l’on décrira par le menu les procédés à employer, procédés qu'une longue expérience et les conditions locales ont fait connaître comme donnant les meilleurs résultats. Tout en ne négligeant pas l'exactitude dans la méthode, il faudra donner la préférence à celles qui se distinguent par leur simplicité et leur rapidité, pourvu que les résultats obtenus soient exacts, et éliminer les manipulations longues, fastidieuses ou sujettes a des erreurs. Les divers Etats d'Europe ont adopté, chacun en ce qui le concerne, des méthodes dites oflicielles d'analyses des denrées alimentaires; nous devrions les imiter. — 112 — BEURRE. Dérinirion : Le beurre est le mélange de matières grasses exclusivement obtenu par le baraltage avant ou après Vacidification par voie biologique du lait, de la crème issue du lait ou d'un mélange de l'une et de l'autre substance, et suffisamment débar-- rassé d'eau et de petit lait. En Égypte, on fait souvent une confusion entre le mot beurre et la matière grasse du lait. Le beurre c’est de la substance grasse renfermant encore une petite quantité de sérum du lait et de la caséine, c’est la zabda des Arabes, alors que, si l'on fait fondre le beurre de façon à séparer la caséine, l’eau et les sels, on obtient la matière grasse du lait, le samna. Le beurre, appelé plus spécialement en Égypte beurre frais, est rare. Des fermes locales en préparent en petite quantité, la majeure partie est importée d'Europe ou d'Australie. Pour la cuisine, on utilise surtout en Égypte le beurre fondu, c’est-à-dire débarrassé de la petite quantité de petit lait et de matières protéiques qui existaient dans la zibda. Comme il y a deux laits couramment employés, le beurre égyptien provient de ces mêmes animaux, mais plus spécialement du lait de gamousse. Il y a aussi deux autres beurres consommés dans le pays, le beurre de brebis et celui de chèvre. Ges deux derniers font l'objet d’un très grand commerce d'impor- tation avec la Syrie™). On trouve rarement sur le marché du beurre de brebis ou de chèvre pré- paré localement, bien que ces animaux soient nombreux dans le pays. On utilise surtout leur lait pour fabriquer du fromage. Nous avons vu que le problème du lait pur n'était pas encore résolu à l'heure actuelle. Il en est de même pour le beurre, et, aux difficultés inhérentes à la nature des laits employés à leur fabrication, il faut ajouter la nature com- plexe des acides gras du beurre et les adultérants qu'on ajoute en proportions ® 1.073.694 kilogrammes en 1910; 676.051 kilogrammes en 1911 (Trieman, Egyptian butter and samna : loc. cit.). — 113 — convenables, facteurs qui augmentent les diflicultés pour les conclusions à tirer d’une analyse. La matière grasse a, en effet, une composition variable pour chaque espèce animale. Il s'ensuit que le beurre de vache, de bufllesse, de brebis ou de chè- vre, bien que voisins et tous ulilisés dans l'alimentation, diffèrent au point de vue analytique par leurs caractères et leurs constantes. Aussi est-il très diffi- cile d'établir des normes, et leurs écarts sont suflisants pour permettre aux sofisticateurs d’en tirer profit et rendre les chimistes perplexes. a. L'espèce de l'animal influe sur la composition du beurre. Pour une même espèce, il n’est pas rare de constater de grands écarts, surtout en ce qui concerne les acides volatils, en examinant individuellement le beurre prove- nant d’une seule bête. b. La période de lactation: au début il y a grande quantité d'acides volatils et diminution anormale vers la fin. c. La nature de l'alimentation : sèche ou sèche avec des aliments pauvres (paille) elle abaisse le taux des acides volatils, et elle l'élève lorsque l'animal est soumis à une alimentation verte. En d’autres termes, une alimentation in- suffisante réduit le taux des acides volatils. d. Enfin ily a les conditions climatériques, lesquelles, dans les pays chauds, modifient notablement la proportion des acides volatils. Les éléments qui intéressent dans une analyse de beurre sont : l’eau, les acides gras volatils solubles et insolubles, les acides gras fixes, le sel ajouté. C’est surtout dans l'étude des acides gras du beurre naturels et ceux ajoutés frauduleusement que toutes les recherches des chimistes ont été dirigées. Aussi ce que l’on recherche dans une analyse c’est : L’acidité, Le Reichert-Messl, Le Polenske, La saponification , Le Valenta, Le Halphen, La réfraction au Zeiss à Ao°. Comme pour le lait, nous passerons sous silence la technique opératoire; elle se trouve dans les traités spéciaux d'analyse des matières grasses. — Ali Tableau n° VII". ÉCHANTILLONS SPÉCIAUX AUTHENTIQUES. INDICE INDICE INDICE INDICE de de de de réfractions NATURE. REICHERT-MESSL. POLENSKE. SAPONIFICATION. | AU ZEISS À 40°, Re 2 © TT | À TT | TT | ET Min. | Max. | Min. | Max. | Min. | Max. | Min. | Max. EXAMINES. 4 D'ÉCHANTILLONS Beurre) égyptien de vache spéciale- ment préparé Beurre égyptien de vache préparé au Laboratoire Beurre égyptien de bufflesse préparé spé- cialement Beurre égyptien de bufflesse préparé au Laboratoire Cle .6 .6 |228.41228.4 Beurre égyptien de bufflesse contenant peut-être accidentellement un peu de beurre de vache .0 | 34. : .8 |225.41233. Beurre égyptien de chèvre préparé au Laboratoire 3 =i6 : 5.5 |224.5|23a. Beurre égyptien de brebis préparé au Laboratoire DE 26.5] 2. 3.1 |216.6|223. () Par manque d'espace nous employons le mot beurre au lieu de «Matières grasses du lait». Tableau n° VIII. TABLEAU MONTRANT LES VARIATIONS DANS LA COMPOSITION DU BEURRE ÉGYPTIEN SUIVANT LES SAISONS (2), INDICE REICHERT- POLENSKE, de MESSL. SAPONIFICATION. D'ÉCHANTILLONS. (AGIDE AcÉTIQUE DB DENSITÉ 1,060) Septembre Octobre arcane ee Novembre Décembre Janvier Février C0 Trimen, loc. cit. — © Trimen, loc. cit. — 115 — Tableau n° IX"), TABLEAU MONTRANT DES VARIATIONS DANS LA COMPOSITION DU MÊME BEURRE AVEC LE VIEILLISSEMENT. , REICHERT- ÉCHANTILLON. POLENSKE. MESSL. VALENTA (ACIDE AGÉTIQUE SAPONIFICATION. DE DENSITÉ 1,060). Les caractéristiques de la matière grasse du lait de bufllesse sont : Un chiffre élevé de l'indice Reichert-Messl, 39-35 et même 38 ainsi qu'on le voit dans le tableau ci-dessus. La réfraction au Zeiss va de 41 à 43. Le chiffre Polenske varie de 1,3 à 3,7; et le chiffre de saponification de 217 à 235. Ainsi donc, outre que toutes les constantes actuelles du beurre varient dans des limites assez grandes de manière qu'une adultération méthodique et par- tielle sera toujours possible sans pouvoir la déceler analytiquement, le mélange de matières grasses provenant du lait de différentes espèces d’animaux rend aussi l’analyse très difficile. Nous n'avons aucune donnée sur les moyennes adoptées par la Municipalité d'Alexandrie pour déclarer les beurres analysés anormaux, suspects ou falsi- fiés. Elle n’a pas publié des moyennes sur des échantillons d’origine connue ainsi qu'elle a fait pour le lait. Elle n’a donné dans ses tableaux que la pro- portion d'échantillons de beurre trouvés falsifiés ou suspects. Peut-être pourrait-on mettre quelque frein en exigeant des marchands de beurre de déclarer de quelle espèce d'animal ce beurre provient. On restrein- drait ainsi les limites des normes pour chaque espèce de beurre. ®) Lucas, loc. cit. — 116 — Mais il serait très hasardé de proposer à l'heure actuelle avec les travaux exécutés, des normes d’après lesquelles on jugerait de la pureté de la matière grasse des beurres. Jusqu'à ce que le travail soit complet, il faudra laisser à l'appréciation du chimiste le soin de déclarer si un beurre est fraudé ou non. Grâce à toutes ces difficultés le beurre consommé en Égypte est falsifié sur une très grande échelle. Les substances principalement employées sont : la cocose, la margarine, le mélange des deux, l'huile de coton ou d’arachide, des graisses animales consistantes, surtout la graisse de mouton. On a souvent apporté à notre Laboratoire des échantillons de graisse de mouton dans lesquels on nous demandait de déterminer le degré de fusion des acides gras, et le négociant nous avouait qu'ils étaient destinés à la fabri- cation du beurre. Il les mêlait, nous a-t-il déclaré, avec une petite quantité de beurre de gamousse, du lait frais, et des acides volatils concentrés! Voici un petit tableau tiré des divers rapports municipaux d'Alexandrie et montrant le pourcentage de beurres falsifiés pour la ville d'Alexandrie. En 1908, 44 o/o des échantillons examinés. En 1909, 31 o/o —- a En 1910, 34,7 o/o === om En 1911, 33 o/o = — En 1912, 26 oJo — — En 1913, 18 o/o — == Passant ensuite aux différents ingrédients utilisés pour la fraude, nous avons le tableau suivant : ÉCHANTILLONS TROUVÉS EL" FALSIFIÉS. AVEC DE LA AVEC DE LA AVEC — MARGARINE. COCOSE. MARGARINE ET COCOSE. HO AISRES RER 75 31 ah 16%) EN RSR EN x ears 6o 29 16 22 QE IE A PCT ee See 5o 7 3 ho Ainsi que nous l'avons dit, les fraudeurs se trouvent aidés dans leur ceuvre par la difficulté qu'éprouvent les chimistes dans les cas de mélanges de beur- res provenant de divers animaux. “ JI n'y a dans Je rapport aucune explication sur ce qu'ont bien pu devenir les quatre échantil- lons de beurre frelaté qui ne sont pas classifiés. — 117 — Un mélange de beurre de gamousse et de beurre de brebis ou de chèvre peut abaisser les indices de Reichter et de Polenske rendant difficile et souvent im- possible la différenciation d'avec un mélange de beurre de gamousse et de coco. En 1911, 11 est passé par les Douanes d'Égypte sous la rubrique de beurre de coco le chiffre respectable de 1.397.139 kilogrammes!!! Nous n'avons pas un chiffre officiel de la production du beurre en Égypte ni même un chiffre approximatif. Le nom de margarine est réservé à toutes les graisses comestibles qui se rapprochent du beurre par leur couleur, leur consistance, leur odeur ou leur saveur, mais dont la graisse ne provient pas du lait ou n'en provient pas ex- clusivement. Et, par cocose, on entend la matière grasse végétale non artificiellement colorée extraite de l'amande du fruit du cocotier 0). Les proportions de 10 et 15 o/o de cocose ajoutée au beurre d'Égypte ne sont pas décelables. Heureusement pour le public, Vinsatiabilité des trafiquants utilise des mélanges plus riches en cocose et de cette façon on arrive encore assez facilement à dépister la fraude. La bande violette que donne le beurre de coco au réfractomètre d'après M. Sarcoli, chimiste au Laboratoire de l'Institut d'Hygiène, est-elle suflisante pour déceler sa présence et jusqu'à quel pourcentage ? Le travail de ce chimiste nest pas encore terminé. Ainsi donc, pour résumer : à l’heure actuelle il n'existe pas de normes offi- cielles imposées, mais des moyennes admises par les différents chimistes officiels. Les constantes qu’on détermine actuellement ne sont pas suflisantes (et ce de l'avis même des chimistes) pour déceler d’une façon certaine l'addition de matières étrangères dans le beurre vendu au public. Le taux élevé des acides gras volatils dans le beurre de bufllesse facilite l'ad- dition d’une quantité modérée de matières grasses étrangères, beurre de coco, eras de mouton, sans que l'analyse puisse les découvrir. Enfin, des fraudeurs habiles peuvent dépister tous les efforts des chimistes en composant des mélanges pour lesquels les constantes sus-énoncées seraient comprises dans les limites très élastiques déjà admises. © Premier Congrès International des Fraudes alimentaires, Genève. — 118 — Ly HUILES. La seule huile dont nous nous sommes occupés dans le présent travail est l'huile d'olive. On la définit : c’est l'huile extraite du fruit de l'olivier. Cette définition n’englobe pas les manipulations d'extraction, de purifica- tion ou de raflinage qu'on lui fait subir pour la rendre commercialement de qualité supérieure et satisfaire aux exigences du public. Les olives destinées à la production de l'huile se récoltent juste avant la maturité et l'huile obtenue des fruits à peine murs (olives vertes ou violettes) est bien supérieure comme qualité à huile obtenue des fruits complètement murs (olives noires) ou trop mürs. Les méthodes d'extraction et les manipulations que lon fait subir préala- blement aux olives influent notablement sur la qualité de l'huile. Les huiles les plus fines s’extraient des fruits cueillis à la main, par une première pression exercée sans écraser les noyaux. On prépare des qualités exceptionnellement fines en pelant les olives cueillies à la main et pressant modérément la pulpe obtenue après élimination des noyaux. L'huile qui s'é- coule en exprimant à la presse la pâte résultant de la trituration des olives se classe parmi les meilleures huiles de table; elle est connue sous le nom d'huile vierge, huile surfine. En arrosant d’eau froide le mare sortant de la presse et le soumettant ensuite à une nouvelle pression on obtient une huile vendue en- core pour l’alimentation soit seule, soit mélangée à l'huile de première pres- sion, au détriment de la qualité de cette dernière; elle constitue l'huile fine, l'huile de table ordinaire). En Orient, dans les îles de Archipel, en Asie Mineure, en Syrie, en Pales- tine, en Crète, dans le Nord de la Grèce, d’où nous vient la majeure partie de l'huile consommée en Égypte, l'extraction et le raflinage de l'huile d'olive n'ont pas encore acquis ce degré de perfectionnement qui distingue les fabri- ques d'huile d'olive du Midi de la France, de l'Italie et d’ailleurs. La récolte est UT. Lewrowirsen, Huiles, graisses el cires. — 119 — d’abord défectueuse. Ge n’est pas toujours une cueillette que l’on pratique mais un abatage. On fait tomber les olives à coups de verges sur le sol, rarement sur des draps disposés au pied des arbres. IT s'ensuit que les olives sont meurtries, et leur contact avec le sol permet leur envahissement par des vers ou des moisissures qui altèrent leur qualité. Amenées dans les huileries elles sont tassées pendant quelques jours, fermentent et produisent des acides qui com- muniquent à l'huile un goût de rance, une odeur forte, une saveur forte et désagréable. De pareilles huiles peuvent être dépréciées comme qualité, mais elles ne rentrent pas cependant dans la catégorie des huiles falsifiées, seule leur valeur marchande est très réduite et les consommateurs leur pré- fèrent des huiles d'autre provenance bien raflinées et presque sans saveur et sans odeur, huiles que les marchands leur débitent pour de lhuile extra- fine. Cette préparation défectueuse a plus d’une fois créé des ennuis aux impor- tateurs. Le directeur des Services Sanitaires municipaux d'Alexandrie écrit dans son rapport sur Pexercice 1913 : «En Europe, le degré d'acidité (cal- «culée en c. c. d’une solution au 1/4 Normale de KOH requise pour la neutra- «lisation de 100 €. c. d'huile) doit être inférieur à 8 ou au maximum à 12° «pour que lhuile puisse être admise pour la consommation; nous avons «trouvé ici que dans environ la moitié des cas l'acidité dépassait le chiffre ede 25 et venait atteindre quelquefois des chiffres jusqu'à 75° et au delà. «Ceci s'explique parce que les huiles importées à Alexandrie proviennent «pour la plus grande partie de Candie et des autres iles de l’Égée où, parait-1l, cles opérations de raflinage sont encore peu connues, et où, en vue d'obtenir «un rendement plus grand, on laisse fermenter les olives longtemps avant «den séparer l'huile. A la suite des récriminations des importateurs intéres- «sés contre les poursuites intentées de la part du Service d'Hygiène, un «comité spécial composé de plusieurs conseillers municipaux fut nommé pour «discuter la question ensemble avec les représentants du commerce d’un côté, cet avec l'inspecteur sanitaire et le chef chimiste de l’autre côté. L'arrange- «ment suivant fut adopté permettant aux importateurs et à leurs fournisseurs «de se mettre en règle pour obtenir une huile répondant au standard”) Standard : terme anglais pour signifier : norme admise, normale admise. — 120 — «requis. La limite maximum de l'acidité fut fixée provisoirement à partir du cit janvier 1914 à 25° sauf à être réduite chaque année de 2 degrés, et «lorsqu'elle aura atteint en 1919 la limite de 15°, la question sera soumise “à un nouvel examen. cll est à espérer que cette nouvelle disposition portera bientôt ses fruits «dans ce sens que la qualité d'huile d'olives vendue à Alexandrie sera consi- + dérablement améliorée, et que les plaintes de la part des consommateurs «viendront à cesser.» A notre avis, il est injuste de rejeter comme falsifiées des huiles d'olives véritables mais qui ne correspondent pas aux chiffres d’acidité admis. On de- vrait les tolérer avec une étiquette mentionnant qu'elles ne sont pas raffinées et le commerce ferait vite de les déprécier comme prix. De cette façon les importateurs égyptiens exigeraient de leurs expéditeurs d'Orient des huiles mieux préparées, alléchés qu'ils seraient par des prix plus rémunérateurs. Les vraies falsifications de l'huile d'olive devront être recherchées dans leur mélange avec des huiles étrangères, notamment lhuile de coton, de sésame, d’arachide ou d’un mélange de ces huiles, et c’est de dépister ces adul- térations que l'analyse devrait surtout se préoccuper. Sur ce rapport, à l’en- contre du lait et du beurre, le chimiste se trouve suflisamment armé par des réactions spécifiques colorées et autres lui permettant de déceler les mélanges avec une certitude suflisante. Vu le profit pécuniaire que les marchands retirent de ces fraudes et la difficulté de les reconnaitre par simple dégustation, les mélanges d'huile d'olive avec des huiles étrangères se débitent sur une très vaste échelle en Égypte. Voici les statistiques du Laboratoire Municipal d'Alexandrie, les seules of- ficielles qui aient été publiées à notre connaissance : En 1911, 37 o/o des échantillons analysés sont trouvés falsifiés. En 1912, 37 0/0 des échantillons analysés sont trouvés falsifiés. En 1913, 38 0/0 des échantillons analysés sont trouvés falsifiés. et, comme je l'ai mentionné quelque part plus haut, ces chiffres sont bien au-dessous de la réalité puisqu'ils n’englobent pas les échantillons suspects et ceux qui sont arrivés altérés au laboratoire. = 194 — Voici, d'autre part, un tableau montrant le pourcentage d’addition d'huiles étrangères : En 1911, sur 43 échantillons reconnus falsifiés, ho renfermaient de l'huile de coton, 1 renfermait de l'huile de coton et de sésame. En 1912, sur 95 échantillons reconnus falsifiés, 58 renfermaient de l'huile de coton, 5 renfermaient de l'huile de sésame, 3 renfermaient de l'huile minérale 0), En 1913, sur 103 échantillons reconnus falsifiés, 99 renfermaient de l'huile de coton, 2 renfermaient de l'huile d’arachide, 1 renfermait de l'huile de coton et de sésame, 1 renfermait de l'huile de sésame. Il y a deux ans, nous avons reçu un échantillon d'huile déclarée huile d’o- live et où l’on nous demandait de rechercher les huiles étrangères. Il faisait l'objet dune soumission pour fourniture d'huile d'olive aux écoles du Gou- vernement. Les réactions des huiles étrangères ont été négatives, mais nous avons été surpris par sa fluidité spéciale, et Pabsence de toute réaction acide. L'huile était, de plus, insaponifiable. Nous avons alors surchauffé une partie et nous avons constaté l'odeur spéciale de huile de vaseline; nous avons aussi isolé sa couleur verdatre par un traitement de cette huile à l'alcool, qui a enlevé toute la couleur et a laissé l'huile incolore. Examinée, cette couleur était du groupe des couleurs azoïques. D: N. Groraranès. Le rapport n’explique pas à quelle catégorie appartiennent les 29 échantillons restants. a WDD) = Y LÉGISLATION. Dans cette partie de notre travail nous mentionnerons les lois qui régissent à l'heure actuelle les produits alimentaires, tous les règlements élaborés par les Services Sanitaires ou la Municipalité d'Alexandrie pour refréner les fraudes, ainsi que les projets de lois actuellement à l'étude. ARTICLES DU CODE PÉNAL INDIGÈNE RELATIFS À LA RÉPRESSION DES FRAUDES. Arr. 229. — Seront punis d’un emprisonnement ne dépassant pas deux ans et d’une amende n’excédant pas 100 Livres Égyptiennes!, ou de l’une de ces deux peines seulement : a) Geux qui falsifient au moyen de mixtions nuisibles à la santé, des bois- sons, des substances ou denrées alimentaires ou médicamenteuses destinées à être vendues; b) Ceux qui débiteront, vendront ou mettront en vente des boissons, des substances ou denrées alimentaires ou médicamenteuses qu'ils sauront être falsifiées au moyen de mixtions nuisibles à la santé, mème si la falsification nuisible est connue de l'acheteur ou du consommateur. Ann 900. — Quiconque aura trompé l'acheteur sur le titre des matières d'or et d'argent, sur la qualité d’une pierre fausse vendue pour fine, sur la nature de toute marchandise; quiconque aura falsifié autrement que par les moyens visés dans l'article 229, des boissons, des substances ou denrées alimentaires ou mé- dicamenteuses destinées à élre vendues; quiconque aura dans les mêmes conditions, débité, vendu ou mis en vente des boissons, substances ou denrées alimentaires ou mé- dicamenteuses qu'il savait être falsifiées ow corrompues ; quiconque aura trompé ou tenté de tromper sur la quantité des choses livrées à la personne à laquelle il vend ou achète, soit par Pusage de faux poids ou de fausses mesures ou d'ins- truments inexacts servant au pesage ou au mesurage, soit par des manceuvres “ La Livre Keyptienne, monnaie en or, vaut 26 francs. — 123 — ou procédés tendant à fausser l'opération du pesage ou mesurage, ou à aug- menter frauduleusement le poids ou le volume de la marchandise, même avant cette opération, soit enfin par des indications frauduleuses tendant à faire croire à un pesage ou mesurage antérieur et exact, sera puni d'un empri- sonnement ne dépassant pas un an et d'une amende ne dépassant pas 50 Livres Égyp- liennes, ou l'une de ces deux peines seulement. CONTRAVENTIONS. Arr. 336. — Ceux qui seront trouvés détenteurs dans leurs magasins, boutiques, maisons de commerce, ou dans les halles, foires ou marchés, de fruits, boissons, substances ou denrées alimentaires ow médicamenteuses, gâtés ou corrompus, seront punis d'une amende n'excédant pas une Livre Egyptienne, ou dun emprisonnement ne dépassant pas une semaine. Les fruits, boissons, substances ou denrées gatés ou corrompus seront saisis et confisqués. Ces trois articles ne s'appliquent qu'aux seuls indigènes. De par les Gapi- tulations les Européens, en matière pénale, relèvent des lois de leurs pays respectifs, et ils sont déférés pour être jugés devant les Consulats auxquels ils ressortissent. Or, en fait de réglementation des fraudes alimentaires il est de notoriété publique que, pour un même cas, les peines édictées diffèrent considérablement avec les divers États. Le contrôle des substances alimentaires est dévolu au Département de l'Hy- oiène publique : celui-ci se fait assister par la Police". Ainsi les prélèvements se font tantôt par des ofliciers de police, tantôt par les agents du Département de l'Hygiène publique. Si a l'analyse le produit ne correspond pas aux exigences de la loi, les vendeurs sont poursuivis par-devant les Tribunaux indigénes, et condamnés d'habitude à la confiscation de leur marchandise, à une amende variant de 5 à 100 piastres tarif, et à la publication du jugement par le Journal officiel. Depuis 1914 il s'est produit un mieux considérable dans les peines édic- tées par les Tribunaux à lencontre de ceux convaincus d’avoir vendu du lait 0) L'analyse des boissons est par contre confiée au Laboratoire du Ministère des Travaux publics, depuis la déclaration de la guerre actuelle. 16. — 124 — frelaté. Elles oscillent entre 20 et 300 piastres tarif ou d’un emprisonnement de 10,15, et même 30 jours, accompagné quelquefois de travail forcé. Ces condamnations s'appuient sur les articles 229 et 302 du Code pénal indigène. «Ce n’est pas à la suite de simples dénonciations que ces peines ont été in- «fligées, mais elles sont la conséquence du service de contrôle sur la vente edu lait que l'Administration de Hygiène publique a organisé depuis le mois «d'août 1914. «De nombreux échantillons sont prélevés chaque jour par des agents «spéciaux, dans les différents quartiers de la ville, chez les vendeurs de lait, cet soumis à l’analyse. Les délinquants sont déférés aux Tribunaux compé- «tents (), » ORDRE DEPARTEMENTAL DU 27 MAI 19062. ANALYSE DU LAIT. Se procurer chez le marchand un demi-litre de lait. Aprés avoir bien agité le tout, en remplir deux bouteilles où l’on aurait préalablement placé 1 o/o de formaline. Les flacons bien bouchés seront soigneusement agités pour as- surer un mélange intime de la formaline et du lait. Sceller les deux flacons avec le cachet du marchand et les envoyer tout de suite à l'Hôpital du Gou- vernement pour les analyser. Quand vous enverrez le lait à l'Hôpital, il faudra spécifier s'il s’agit de lait de vache ou de lait de bufflesse, et remplir l'étiquette. Si l'analyse démontre que le lait a été adultéré, vous dresserez procès-ver- bal de contravention contre le vendeur de ce lait, et vous enverrez le résultat de l'analyse avec le procès-verbal au Tribunal. Vous aurez sur un registre spécial la liste des différents vendeurs de lait de votre ville, et le résultat de toute contravention sera noté en face du nom du délinquant. Note envoyée au Bureau de la Presse par le Directeur général des Services Sanitaires le 9 fé- vrier 1919. ® Ordre Départemental : circulaire émanant de l'Administration (Département) de l'Hygiène Pu- blique. Elle est envoyée à tous les médecins sanitaires des villes el des provinces ainsi qu'aux divers hôpitaux, et par laquelle on transmet officiellement les instructions du Bureau central d'Hygiène. — 125 — Au cas où l’analyse démontrerait que le lait a été faiblement adultéré, vous réprimanderez le vendeur fautif pour cette première fois, et vous ne dresse- rez pas de procès-verbal. Si l'analyse montre une adultération profonde, ou dans le cas d’une récidive, vous dresserez immédiatement procès-verbal contre le vendeur, conformément à l'article 302 du Code pénal. Des flacons étiquetés, et de la formaline à employer pour la prise d’échan- tillon du lait, vous seront remis sur votre demande par l'Hôpital du Gouver- nement. INSTRUCTIONS À SUIVRE PAR LES MÉDECINS DES HÔPITAUX DANS L’ANALYSE DU LAIT. L'analyse du lait sera faite dans les Hôpitaux, sur la demande du Moudir (Gouverneur), ou des Inspecteurs du Gouverneur, par le Pharmacien, ou par le Médecin au cas où l'Hôpital ne possède pas de Pharmacien. On prendra pour bases les chiffres suivants : a) Lait de vache : ME rei me pute nes tes sos oeune pas moins de 5 o/o Dale à BR No PORN EC ee 1020 AL TD b) Lait de bufflesse CONTE ot ot MO EP ER are ea a pas moins de 6 o/o ER Re ena neon ed eee 1.090 a -— 15° L'Inspecteur de la Province ou du Gouvernorat pourra obtenir de PHôpi- tal, sur demande, des flacons propres et secs, étiquetés, d’une contenance de 250 grammes, munis d’un bouchon et destinés à contenir les échantillons de lait. Après l'addition de 1 ofo de formaline au lait, Inspecteur enverra les deux flacons contenant le lait et munis du cachet du marchand sur les bouchons, à l'Hôpital, aux fins d’analyse. Le Pharmacien analysera de suite le lait de l’un des flacons, le second de- vant rester intact dans l'Hôpital, pour une analyse ultérieure. ORDRE DEPARTEMENTAL DU 12 FEVRIER 1910. Fraudes du lait. — Les Inspecteurs des Provinces ou des Gouvernorats infor- meront invariablement l'Administration Centrale de tout jugement rendu dans des cas de «délits» en rapport avec la vente de lait frelaté dans leurs pro- vinces ou leurs villes. — 126 — ORDRE ADMINISTRATIF N° 51 DRESSÉ LE 27 MAI 1906 CONCERNANT L'ANALYSE DU LAIT AVEC LES MODIFICATIONS ANNEXÉES. \ RENSEIGNEMENTS A SUIVRE PAR LES INSPECTEURS DES MOUDIRIEHS ET DES GOUVERNORATS À L'EFFET DE L’ANALYSE DU LAIT. Pour faire une confiscation, on prélévera un échantillon moyen d’un demi- litre qu'on payera et après l'avoir bien agité on le met en bouteilles, la moitié dans une bouteille contenant de la formaline et l’autre dans celle ne conte- nant pas de ce produit. On ferme hermétiquement en agitant bien le liquide afin que la formaline se mêle bien avec le lait. Ensuite les deux flacons seront bouchés et cachetés au moyen du sceau du vendeur et si le vendeur n'a pas de cachet c’est l'officier de police qui doit cacheter les échantillons, lesquels seront expédiés immédiatement à l'Hôpital du Gouvernement pour que le pharmacien ou le docteur procèdent à lanalyse. Sur l'étiquette de ces flacons doit être inscrite la qualité du lait, si c'est du lait de vache ou de gamousse, en ajoutant les détails nécessaires qui seront inscrits sur l'étiquette des flacons; et si on relève d’après l'analyse que le lait est falsifié, un procès-verbal sera dressé contre le vendeur et sera expédié au Parquet avec le résultat de l'analyse. Les noms des vendeurs de lait qui se trouvent dans la Moudirieh ou le Gouvernorat seront inscrits dans le registre n° 46 S.S. qui doit être conservé au bureau Sanitaire; dans le mème registre seront inscrits les résultats des contraventions qui seront dressées contre les susdits vendeurs et cela devant leur propre nom. Si l’on constate par la première fois d'après l'analyse que le lait est faible- ment falsifié, il suffit d’avertir le vendeur de ne pas commettre une sembla- ble fraude une deuxième fois; mais si le lait est falsifié dans de fortes propor- tions, ou si de faibles falsifications se répètent par le même vendeur, après que celui-ci a été averti, dans ce cas le vendeur sera attaqué en justice en demandant sa punition d'après l’article 302 du Code pénal. — 127 — On peut se procurer dans tous les hôpitaux du Gouvernement la forma- line et les flacons étiquetés qui servent pour ce but. RENSEIGNEMENTS AUX MÉDECINS DES HÔPITAUX DU GOUVERNEMENT SUR LA MANIÈRE À SUIVRE DANS L’ANALYSE DU LAIT. Dans les hôpitaux du Gouvernement l'analyse du lait sera faite d’après la demande de MM. les Inspecteurs des Moudiriehs ou Gouvernorats par le phar- macien; dans les hôpitaux qui n'ont pas de pharmacien elle sera faite par le médecin. Les chiffres suivants seront considérés comme base de l'analyse : Le lait de gamousse doit contenir au moins 6 o/o de crème et avoir une densité de 1.030 à la température de 15 degrés. Le lait de vache doit contenir au moins 5 o/o de crème et avoir une den- sité de 1.028 à la température de 15 degrés. Les inspecteurs délivreront aux Inspecteurs des Moudiriehs et des Gouver- norats, sur leur demande, des flacons propres et secs, étiquetés, d’une capacité de 250 grammes avec leurs bouchons, pour prendre des échantillons du lait et après avoir ajouté 1 0/o de formaline (comme nous venons de le dire à l’ordre 51). Les Inspecteurs des Moudiriehs ou des Gouvernorats doivent en- voyer les deux flacons contenant l'échantillon du lait à l'hôpital munis du cachet du vendeur sur les bouchons. Ensuite le pharmacien exécutera l'analyse du lait contenu dans la bou- teille ne contenant pas de formaline et le second flacon sera conservé dans l'hôpital. Si l’on constate par l'analyse que le lait est falsifié, il faut immédiatement informer l'inspecteur de la Moudirieh ou du Gouvernorat. Les hôpitaux doivent avoir à la disposition de MM. les Inspecteurs des Mou- diriehs et des Gouvernorats des flacons étiquetés, des aréomètres, de la forma- line, en outre les instructions nécessaires sur le mode d'usage de la formaline. A prendre en considération que le lait doit être d’un bon goût, trait ré- cemment et sans précipité. Il ne doit pas contenir de l’amidon (on peut dé- couvrir l’amidon dans le lait au moyen de la teinture diode qui rend la couleur du lait bleue). — 128 — Si l’on constate avec quelques marchands que le lait de vache ne contient que 4 1/2 o/o de crème et le lait de gamousse 5 1/2 o/o de crème, il ne faut pas le considérer comme falsifié; mais il faut reanalyser le lait dans d’autres circonstances. Le résultat de chaque analyse sera inscrit dans le registre n° 46 S.S. avec le nom du vendeur, son domicile, la densité du lait, la quantité de crème qui existe pour 100 grammes de lait, et d’autres déclarations nécessaires. INSTRUCTIONS POUR LA FOURNITURE ET L’ANALYSE DU LAIT AUX HÔPITAUX. Selon les termes du contrat, la densité doit être comprise entre 1030 et 1033 415°. Son goût doit être doux et frais. Il ne doit pas contenir des saletés, des particules coagulées, ou former quelque dépôt par le repos. I ne doit pas être additionné d’eau ni contenir des substances adulté- rantes. La richesse en matière grasse ne doit pas être inférieure à 5 o/o. L’extrait sec sera au moins égal à 9,20 oo et sa détermination sera faite au Labora- toire Khédivial toutes les fois qu'il sera nécessaire (1). Mérnope p’anatyse. — Le lait doit être goûté et examiné quant à sa pro- preté. Pour la détermination de la densité le lait devra être remué et mélangé soigneusement; on en remplira avec attention une éprouvette à pied appro- priée, et éviter la formation de bulles d'air à la surface. Après quelques instants on introduit doucement un lactomètre propre et sec, quand l'instrument reste immobile on lit la densité et la température. Les chiffres de la densité sont corrigés à l'aide de la table ci-dessous si la tem- pérature est supérieure ou inférieure à 15°. Sur cette table la densité fournie par le lactomètre figure sur la première colonne. Afin de trouver la densité corrrigée pour toute température au- dessus ou au-dessous de 15° on se reportera à la colonne correspondant à la “) Depuis la publication de cet Ordre Départemental le Laboratoire Khédivial a été supprimé et ses services ont été transportés à la section de Chimie du Laboratoire de l'Institut d'Hygiène. — 129 — température du moment de l'opération. Les chiffres corrigés se trouvent sur la même ligne horizontale. TABLE DE CORRECTION. DEGRÉS CORRECTION. CORRECTION. CORRECTION. CORRECTION. DU LACTOMÈTRE. == — = SES 4100 à 20° | à 25° a) 30° 1,020 1,0193 1,0209 1,0219 1,0230 1,022 1,0213 1,0230 1,0241 1,029 1,024 1,0233 1,0250 1,0261 1,0273 1,026 1,0252 1,0271 1,0289 1,029) 1,028 1,0271 1,0292 1,0304 1,0317 1,030 1,0290 1,0312 1,032) 1,339 1,002 1,0310 1,0330 1,0347 1,0302 1,034 1,0329 1,0353 1,0368 1,0384 1,035 1,0390 1,0303 1,0378 1,039D Par exemple la densité constatée à + 20° étant 1,082, la densité corrigée sera 1,0333 et ainsi de suite. La détermination des matières grasses exige deux butyromètres, un centri- fugeur, trois pipettes respectivemeut de 10 ¢.c., de 11 ¢.c. et de 1 e.c. La première pipette est destinée à l'acide sulfurique, la deuxième pour le lait et la troisième pour l'alcool amylique. Deux analyses devront être faites chaque fois pour contrôler les résultats. Le butyromètre devra être propre et sec et son bouchon en caoutchouc dans de bonnes conditions. Placer dans le butyrométre 10 c.c. d'SO'IP (dilué de 1 partie d’eau pour g parties d'SO'H?), ajouter 11 c.c. de lait et enfin 1 c.c. d'alcool amylique; le tout mesuré avec soin. Fermer avec le bouchon en caoutchouc en imprimant au bouchon un mou- vement tournant, el agiter doucement afin de mêler les trois liquides et avoir une solution exempte de particules solides. Le liquide et le butyromètre s’échauffent; introduire de suite les deux bu- tyromètres dans les tubes du centrifugeur et les centrifuger pendant cinq mi- nutes assez vite jusqu'à ce qu'un liquide clair se sépare du liquide brun. Re- tirer les butyromètres du centrifugeur et faire avancer ou reculer les bouchons en caoutchouc jusqu'à ce qu'on amène le ménisque de la partie inférieure 17 / — 130 — du liquide clair au o du butyrométre, ce dernier maintenu vertical. Lire la eraduation occupée par Je liquide clair. Celle-ci représente le quantum pour 1000 des matiéres grasses dans le lait. Comparer les résultats des deux butyromètres, lesquels doivent concorder. Les butyromètres, les pipettes et l’éprouvette à pied doivent être lavés aus- sitôt avec une solution alcaline; graisser le centrilugeur de temps en temps. Inscrire sur un registre spécial la densité et la teneur en matiéres grasses. Il faut faire ces deux déterminations à la fois parce que l’une d'elles ne suffit pas séparément pour juger de la qualité d’un lait. Juillet 19110. RÈGLEMENT SUR LE COMMERCE DU LAIT À ALEXANDRIE ”. Le Président de la Commission municipale, Vu l’article 15 du Décret du 5 janvier 1890; Vu la délibération de la Commission municipale en date du 26 février 1913, et l'approbation de S.E. le Ministre de l'Intérieur; ARRETE : TITRE PREMIER. VENTE ET TRANSPORT DU LAIT. Arr. 1%. — Toute personne qui désire se livrer dans le périmètre de la ville d'Alexandrie au transport ou à la vente ambulante du lait est tenue d'en faire la déclaration à la Municipalité aux fins d'enregistrement annuel de son nom. Arr. 2. — Les personnes enregistrées comme exerçant le commerce du lait dans le périmètre municipal devront porter un brassard spécial, qui sera ® Cette réglementation ne s'applique, bien entendu, qu'aux hôpitaux du Gouvernement mais pas au public. 7 Règlement publié aux Journaux officiels du 13 mars 1913. — 131 — fourni par l'administration, et sur lequel sera gravé un numéro correspondant à celui sur lequel figure dans le registre le nom de la personne enregistrée. Arr. 3. — Les récipients servant au transport du lait devront être confor- mes à un modèle indiqué à cet effet par la Municipalité. Ils devront à cet effet être approuvés et plombés par cette Administration. Ces récipients devront être revétus d’un couvercle; il est interdit de se servir pour la fermeture de matériaux quelconques tels que : linges, chiflons, verdure, etc. (), Ces récipients devront être constamment tenus en parfait état de propreté et de réparation, faute de quoi, le juge pourra en ordonner la confiscation. Arr. 4. — Le lait qui serait transporté par des personnes non munies de brassards ainsi qu'il est prévu à l'article 2 du présent règlement, ou qui se trouverait dans un récipient qui ne porterait pas l’estampille de lAdministra- lion, ou qui ne répondrait plus aux prescriptions de l'article 3 sera porté par les surveillants municipaux ou les Agents de Police au Laboratoire municipal d'Hygiène aux fins d’analyse. Si le lait est reconnu falsifié, mouillé, ou adultéré, il sera confisqué et procès-verbal sera dressé de ces opérations. Dans le cas contraire il sera rendu à son propriétaire. Arr. 5. — Il est interdit de vendre, d'exposer ou de mettre en vente du lait écrémé sans que cette circonstance soit distinctement indiquée par une marque spéciale sur le récipient. Le lait ne portant pas cette marque sera considéré comme étant du lait complet. Par lait complet on entend le lait auquel rien n’a été ajouté ni enlevé, qui n'a subi aucune opération frauduleuse, avant, pendant ou après la traite. Le lait écrémé est celui auquel on a enlevé la crème sans y rien ajouter. Arr. 6. — Il est interdit de vendre, d'exposer ou de mettre en vente du lait dont la couleur est altérée, qui est visiblement sale ou entré en décom- position. Arr. 7. — Il est interdit à toute personne atteinte de maladie contagieuse ou de maladie de peau aux mains, de se livrer au commerce du lait sous ™ Le Règlement prévoit ces cas parce que très souvent les marchands bouchent leurs récipients avec un chiffon ou un linge plus ou moins sale, ou avee un paquet d'herbes vertes ou sèches. 17 7: — 132 — quelque forme que ce soit (laiterie, dépôt, transport ou étable) jusqu'à com- plète guérison. Le tenancier est tenu de notifier à l'autorité sanitaire tout cas de maladie infectieuse qui se manifesterait soit parmi les membres de sa famille soit parmi son personnel; l'autorité sanitaire pourra exclure les personnes atteintes pen- dant le temps qu'elle jugera nécessaire. Le tenancier tiendra à cet effet une liste de ses employés qu'il doit pro- duire à toute réquisition. TITRE II. INSPECTION VÉTÉRINAIRE DES BETES LAITIÈRES. Arr. 8. — Les Vétérinaires de la Municipalité auront le droit d'inspecter à tout moment les étables et les bêtes laitières en vue de s'assurer de l’état de santé de ces dernières. Ant. 9. — Toute vache, bufllesse ou autre béte laitière trouvée atteinte de maladie contagieuse pour l'homme ou pour les animaux sera ou bien isolée à Pétable même, ou, si les vétérinaires le jugent nécessaire, conduite aux étables du Service vétérinaire municipal. Anr. 10. — Le Vétérinaire municipal prescrira la désinfection de l'étable et édictera toutes autres mesures d'hygiène qu'il estimera nécessaires. Arr. 11. — Le Vétérinaire pourra même ordonner labatage immédiat des bêtes laitières reconnues atteintes de maladies contagieuses particulièrement dangereuses ou très avancées. Dans ce cas le propriétaire de la bête aura droit à une indemnité égale aux trois quarts de la valeur qu'avait l'animal avant la maladie sans que toutefois cette indemnité puisse dépasser en aucun cas la somme de L.E. 15 par ani- mal abattu et aux conditions suivantes : 1° D’étre de bonne foi; 2° D’avoir prévenu spontanément et en temps utile le Service vétérinaire municipal ; Un registre à souche sera tenu en permanence à cet effet au Service Cen- tral Sanitaire de la Municipalité où la déclaration sera reçue gratuitement. 3° De s'être conformé strictement à toutes les prescriptions qui lui auront été édictées par le vétérinaire municipal. — 133 — Art. 12. — Si le tenancier de l'établissement est étranger, avis préalable du jour et de l'heure de la visite sera donné par écrit à l'autorité consulaire dont il dépend, qui aura la faculté d'envoyer un délégué pour y assister. TITRE III. DISPOSITIONS GENERALES. Arr. 13. — Toute infraction aux dispositions du présent règlement sera punie d’une amende ne dépassant pas L.E. 1 (une) et d’un emprisonnement ne dépassant pas une semaine ou l’une de ces peines seulement, sans préjudice de l'application des lois et règlement sur les établissements insalubres, in- commodes et dangereux. En cas de récidive le juge pourra ordonner la radiation du nom du réci- diviste sur le registre prévu à l’article 1% du présent règlement. Arr. 14. — Le présent règlement entrera en vigueur trente Jours après sa publication aux Journaux ofliciels. Fait à Alexandrie, le 4 mars 1914. Pour le Président de la Commission municipale, (Signature) Kuanm Rap. «En ce qui concerne le transport du lait, il ne reste rien à ajouter au rap- port présenté le 3 janvier 1908, sauf que depuis cette date deux surveillants ont été nommés et s'occupent actuellement d’une vérification plus étroite des conditions dans lesquelles se pratique ce transport, travail distinct de Vins- pection des laiteries et étables, en vue de l'application du règlement projeté sur le transport du lait. «Qn pourrait mentionner ici qu'à la suite des poursuites entamées contre les étables défavorables, le service a réussi à pousser les propriétaires à cons- truire des nouvelles étables dont un bloc près de Nouzha et 14 à Ghet el-Enab à l’autre côté du Canal. Ceci comporte la suppression d’un certain nombre d'étables parmi les plus mauvaises de la ville et le transport d'un grand nombre d'animaux dans un endroit infiniment plus adapté et dans des locaux bien mieux aménagés (). » Rapport sur les Services Sanitaires municipaux, 1907, p. 22-23. — Lo — TEXTES DE LOI SUR LE BEURRE LESQUELS FORT PROBABLEMENT N’ONT PAS ÉTÉ ABROGES, AUCUNE NOUVELLE LOI OU QUELQUE RÈGLEMENT N'AYANT ÉTÉ PUBLIÉS À NOTRE CONNAISSANCE. Le Décret Khédivial du 10 Saffar 1290 dit” : 1° Tout marchand de beurre doit donner une déclaration comme quoi il ne se livrera plus au trafic du beurre falsifié. 2° En cas de contravention le marchand sera poursuivi et jugé. Le beurre sera confisqué et détruit. 3° Le Gouvernement et le délégué sanitaire seront chargés de la surveil- lance de la vente du beurre. LA he Le beurre provenant de l’étranger devra, avant d'être consigné au propriétaire, être vérifié et analysé à la Douane en présence d'un déléoué de la Police et un délégué sanitaire. Un décret du 30 janvier 1863, abrogé par celui du 12 mai 1900, inter- disait absolument l'exportation du beurre égyptien. * * * Une décision du Conseil privé du g avril 1873 dit que le beurre sera examiné par l’Intendance Générale, que la Douane n’en permettra l'introduc- tion qu'après avis du délégué sanitaire, et qu'on mélangera de soufre et vendra comme graisse à chameau tout beurre falsifié. x Enfin un arrêté du Ministre de l'Intérieur du 5 Hildjedi 1296 ordonne a l’Intendance Générale de mettre sur les certificats si le beurre est ou n’est pas falsifié, en indiquant la qualité des matières grasses étrangères 0 Paronr, Les beurres égyptiens anormaux. — 135 — RÉGLEMENT SUR LA VENTE DU BEURRE ARTIFICIEL À ALEXANDRIE. Le Président de la Commission municipale d'Alexandrie, Vu l'article 15 du Décret du 5 janvier 1890 instituant la Municipalité d'Alexandrie; Vu les délibérations de la Commission municipale des 14 mai et 18 juin 1913, approuvées par S.E. le Ministre de l'Intérieur; ARRETE : Arr. 1%. — Indépendamment des dispositions du Décret du 28 août 1904, sur les établissements incommodes, insalubres et dangereux, les personnes qui s'occupent de la fabrication ou de la vente du beurre artificiel doivent se conformer aux prescriptions suivantes : Le beurre artificiel ne sera vendu ni mis en vente que sous dénomination spéciale de Beurre artificiel. Arr. 2. — Tout magasin dans lequel le beurre artificiel est mis en vente soit exclusivement soit avec d’autres articles, doit avoir sur sa façade une en- seigne portant en arabe et en langue européenne, cette dernière en carac- tères latins, la mention Beurre artificiel. Ces caractères tant arabes qu'européens devront avoir une hauteur de 10 centimètres au moins. L'enseigne doit être placée de façon à ce quelle soit bien visible. Art. 3. — Le beurre artificiel ne peut être exposé ou mis en vente que dans des récipients qui portent sur les côtés et le couvercle et d’une facon durable la mention Beurre artificiel en langue arabe et dans une langue eu- ropéenne; cette dernière, en caractères latins. Ces caractères, tant arabes qu'européens, devront avoir une hauteur de / centimètres au moins. Il ne peut être livré aux clients que dans des paquets — 136 — portant la même mention en caractères d’une hauteur d'au moins un centi- mètre. Arr. 4, — Les Agents de la Municipalité pourront toujours pénétrer dans les locaux où le beurre, de quelque nature que ce soit, est fabriqué ou mis en vente et y prélever des échantillons; procès-verbal sera toujours fait de l'opération. Arr. 5. — Les dispositions du présent Règlement seront appliquées sans préjudice de toute autre poursuite pénale à laquelle pourront donner lieu les faits constatés. Arr. 6. — Toute contravention aux dispositions du présent Règlement sera punie d’un emprisonnement ne dépassant pas une semaine et d’une amende n'excédant pas P.T. 100 ou de l’une de ces deux peines seulement. Dans le cas d’une seconde contravention dans le délai d’une année à partir de la date où la première condamnation est devenue définitive, le juge pourra ordonner la fermeture de l'établissement pendant un mois ou sa fermeture définitive. Arr. 7. — Au cas où les copropriétaires de l'établissement seraient les uns étrangers, les autres indigènes, la contravention sera poursuivie devant la juridiction mixte. Arr. 8. — Le présent Règlement entrera en vigueur trente jours après sa publication aux Journaux officiels. Fait à Alexandrie, le 13 août 1913. Le Président de la Commission municipale, Signé : A. Ziwer. Depuis bientôt près d’un an, le Département de l'Hygiène publique déploie une très grande activité sur le chapitre des fraudes alimentaires, mais il res- treint surtout son action sur le lait. Des personnes compétentes de l'Institut d'Hygiène ont mème élaboré un projet de réglementation pour la vente du lait et des propositions pour l'inspection et le contrôle du lait dans les villes de province (1). Au Caire la presse quotidienne a réclamé à grands cris l'intervention des ® Nous donnons ces deux textes plus loin. — 137 — pouvoirs publics. Le Docteur Abd el-Hamid Orabi a saisi en février 1914 VAs- semblée législative de la question, et il a présenté un mémoire contenant les principales réformes à introduire dans la législation pour la surveillance des étables et du lait. L'Institut d'Hygiène veut acquérir une certaine expérience sur la question, avant que les Services Sanitaires ne proposent à l’Assemblée législative et à la Cour d'Appel mixte un texte définitif de loi. Les districts de Ghizeh et d'Embabeh, grands producteurs de lait, sont ajoutés à la juridiction de la ville du Caire, ces deux faubourgs constituant des centres de production de lait très importants et qui alimentent la ville du Caire. Le Médecin Sanitaire de la ville du Caire ne voit pas d’objection à ce que les vaches soient traites devant le domicile des clients (lettre du 20 octobre 19 14) : il n'est pas d'avis que les marchands de lait soient munis d'un brassard avec un numéro se rapportant à l'établissement laitier d'où provient le lait, et n’ad- met pas qu'il soit juste d'interdire la vente de lait écrémé, pourvu qu'un règlement s’en occupe et fixe les conditions. Le Laboratoire de l'Institut d'Hygiène réclame au Parquet P.T. 100 pour chaque analyse de lait au cas où l’analyse donne lieu à un procès-verbal de contravention, et il insiste pour que le Parquet fasse payer cette somme par le délinquant condamné. De même pour faciliter la tâche des juges et éviter la grande échelle de variations dans les condamnations (P.T. 30 à 300, et de 3 à 15 jours de prison), le Médecin Sanitaire de la ville du Caire propose d'ajouter sur les feuilles d'analyse si le lait est fortement adultéré, faiblement adultéré, ou encore sil y a possibilité de considérer le lait analysé comme étant pur mais naturellement peu riche dans ses constituants et que le vendeur en cas de lait faible puisse faire la preuve de «l'appel à la vache» ainsi que cela se pratique en Angleterre, c’est-à-dire qu'il sera obligé de prouver que le lait trait de ses bêtes a réellement cette composition. Aujourd'hui que le spectre ou le prétexte des Capitulations n'existe plus, la réglementation des matières alimentaires sera plus facile; le législateur ne se heurtera pas aux intérêts spéciaux des sujets étrangers établis dans le pays, et aux tergiversations consécutives de la Cour d'Appel mixte. — 138 — PROJET DE RÈGLEMENT POUR LA VENTE DU LAIT. Toute personne entretenant une étable en vue de la production du lait des- tiné à la vente devra en faire la déclaration à l'Administration de l'Hygiène publique et demander une autorisation. Les établissements ainsi déclarés seront placés sous une surveillance spé- ciale. Une inspection vétérinaire devra constater que les étables présentent les conditions nécessaires à une bonne hygiène des animaux, et s'assurer de la bonne santé des animaux et vérifier le bon fonctionnement des mamelles. Cette visite sera renouvelée chaque fois qu'il en sera besoin, et au moins une fois par semestre. Le sol des étables sera rendu imperméable et les urines devront s’écouler au dehors par une rigole ayant une pente suflisante. La hauteur sous plafond sera de 3 mètres au moins et les étables devront être bien aérées et éclairées. Les parois intérieures seront blanchies à la chaux au moins tous les six mois. Lorsqu'un animal en état de lactation sera atteint d’une maladie pouvant entrainer l’altération du lait, il devra être isolé aussitôt, et son lait ne pourra être vendu. Il en sera de même pour toute maladie ou lésion des mamelles quelle qu’en soit la nature. Toute personne autorisée à tenir une étable pour la production et la vente du lait recevra un numéro distinctif. Toutes les personnes chargées du transport et de la vente du lait devront porter un brassard portant ce même numéro distinctif, de sorte que par ce numéro distinctif on pourra toujours savoir de quelle étable provient le lait. Tout échantillon prélevé aux fins d'analyse devra avoir l'indication de ce nu- méro distinctif indiquant de quelle étable il provient, de sorte que si l'ana- lyse du lait indique quelque chose de douteux ou fasse présumer que l'animal nest pas sain, il pourrait être fait de suite une inspection de l'étable et un prélèvement de lait à l’étable dont l'analyse renseignerait exactement. ) Je le donne dans sa forme originale sans rien retoucher au texte. — 139 — Par le mot lait tout court on entend le lait provenant des bufllesses (ga- mousses). Les vendeurs d'un lait provenant d’un autre animal devront avoir un brassard spécial qui fasse reconnaître que le lait qu'ils vendent n’est pas du lait de bufflesse. Un mème vendeur n’a pas le droit de vendre simultanément du lait de ga- mousse et du lait d’un autre animal. Le liquide mis en vente sous le nom de lait doit être le produit intégral de la traite totale et ininterrompue d’une femelle laitière bien portante, bien nourrie et non surmenée. Il est interdit de mettre en vente du lait provenant d'animaux ayant vélé il y a moins de huit jours. Il est interdit de mettre en vente du lait qui serait un mélange de laits provenant de différents genres d'animaux. Il est interdit de vendre du lait obtenu par traites successives; on ne doit donc pas promener les animaux par les rues pour les traire chaque fois que se présente un acheteur. Les vases destinés à contenir le lait doivent être étamés à l’étain fin. Si l'on emploie des vases émaillés, l'émail devra être en bon état, de couleur blanche et ne pas céder le plomb ou métaux toxiques à de l'acide acétique à 10 o/o restant en contact pendant 2h heures. Les vases destinés à contenir le lait devront avoir des couvercles métalliques avec rebord dépassant le bord des vases. Il est interdit d'employer pour le bouchage des linges ou autres objets. L'usage des vases en bois est interdit. Si le bouchage comporte du caout- chouc, il devra être exempt de plomb. Les mesures pour le lait seront soumises aux mêmes prescriptions; elles devront être pourvues d’une anse. Il est interdit d'ajouter ou de retrancher du lait quelque substance que ce soit. Il est interdit de mettre en vente du lait altéré par des micro-organismes ou des produits infectieux soit à raison d’un état anormal ou d’une alimenta- tion défectueuse du bétail, soit par suite d’une tenue défectueuse de l'étable ou de la laiterie. La manipulation du lait ne doit pas étre faite par des personnes malades (tuberculose, furoncles, plaies aux mains, ophtalmie purulente ). La mulsion devra toujours être pratiquée avec la plus grande propreté, 18. — 140 — après lavage de la mamelle, des trayons et des mains du trayeur lequel devra ètre sain, en bonne santé et propre. Le fait d'ajouter de l’eau ou d’écrémer le lait sera considéré comme une tromperie sur la qualité de la marchandise vendue. Le fait d'ajouter une substance quelconque au lait (carbonate, acide sali- cylique, farine, etc.) sera considéré comme une falsification nuisible à la santé. Si l'analyse démontre que le lait n’est pas pur (mouillé, écrémé, pas sain, additionné d’une substance, altéré), le contrevenant, en plus des frais et de l'amende, aura à payer P.T. 100 pour frais d'analyse. Si le contrevenant réclame une analyse contradictoire de contrôle, faite sur le lait prélevé à l’étable par un fonctionnaire, et si cette analyse lui donne tort, il devra payer P.T. 200 pour cette analyse spéciale. Pour les contraventions il faudrait que, si un marchand est puni pour la seconde fois en moins de 12 mois, le tribunal appliquat le maximum de l'amende. S'il est puni pour la troisième fois en moins de 12 mois, la peine devra comporter de la prison. DRAFT LAW FOR MILK CONTROL. TITRE PREMIER. Arr. 1. — The provisions of this Law shall be applicable to every dealer in milk — whether «lait complet» or «lait écrémé » — and whether the dea- ler be cow-keeper, purveyor of milk, or occupier of milk store, milk shop or other place from which milk is supplied or in which milk is kept for the purposes of sale within the district to which the arrété is made applicable and this irrespective of any rukhsa he may possess under the Etablissement insa- lubre or other decree. Arr. 2. — Every dealer in milk — whether «complet» or «écrémé» — shall be registered as such at the Local Health Office. A delay of 6 months after the application of the arrété to any district will be given to existing dealers in which to comply with this provision. Dealers who commence busi- ness after that period must register before they begin business. — 141 — À receipt will be given that the declaration has taken place. Art. 3. — Every dealer in milk — whether «complet» or «écrémé» — must furnish the local sanitary authority on demand with a complete liste of all farms, dairies or places from which his supply of milk is derived or has been derived during the last 6 weeks. A reasonable time will be fixed by the local authority in which to provide this list. TITRE II. LAIT ET LAIT ECREME. Ant. 4. — Il est interdit d’annoncer, d'exposer, de détenir ou de transpor- ter en vue de la vente, de mettre en vente ou de vendre, dimporter ou d'exporter sous le nom de «lait» un produit autre que «lait complet», c’est- à-dire le lait auquel rien n’a été ajouté ni enlevé et qui n'a subi aucune opé- ration frauduleuse, avant, pendant ou après la traite. Arr. 5. — Le lait écrémé est celui auquel on a enlevé la crème sans y rien ajouter. Le lait écrémé ne pourra être détenu en vue de la vente, mis en vente ou vendu pour la consommation humaine, que sil contient au moins . .. gram- mes de beurre par litre. Il est interdit de vendre, d'exposer ou de mettre en vente du lait écrémé, sans que cette circonstance soit distinctement indiquée par une marque spé- ciale sur le récipient. Le lait ne portant pas cette marque sera considéré comme étant «lait complet». Le lait écrémé ne pourra être tenu en dépôt, mis en vente ou vendu dans des magasins ou dépôts spéciaux portant une enseigne indiquant en caractères apparents d'au moins trente centimètres (30 centimètres) de hauteur les mots : « Dépôt ou débit de lait écrémé ». Toute personne voulant tenir un de ces dépôts ou débits sera tenue d'en faire la déclaration préalable au Bureau Sanitaire de la ville. Le transport du lait écrémé au domicile de l'acheteur devra être effectué dans des bidons spéciaux portant d’une façon très apparente les mots + lait écrémé ». — 142 — Arr. 6. — Il est interdit de vendre, d'exposer ou de mettre en vente du lait dont la couleur est altérée, qui est visiblement sale ou entré en décom- position. Arr. 7. — Il est interdit à toute personne atteinte de maladie contagieuse ou de maladie de peau aux mains de se livrer au commerce du lait sous quel- que forme que ce soit (laiterie, dépôt, transport ou étable) jusqu'à complète guérison. Le tenancier est tenu de notifier à l'autorité sanitaire tout cas de maladie infectieuse qui se manifesterait soit parmi les membres de sa famille soit parmi son personnel; l’autorité sanitaire pourra exclure les personnes atteintes pendant le temps qu'elle jugera nécessaire. Le tenancier tiendra à cet effet une liste de ses employés qu'il doit pro- duire à toute réquisition. TITRE ILI. VENDEUR AMBULANT. Arr. 8. — Toute personne qui désire se livrer dans le périmètre de la ville au transport et à la vente ambulante du lait est tenue d’en faire la déclaration au Bureau Sanitaire de la ville, aux fins d'enregistrement annuel de son nom et le genre du lait qu'elle veut vendre. Arr. 9.— Les personnes enregistrées comme exerçant le commerce du lait dans le périmètre de la ville devront porter un brassard (The brassard will be an enamelled iron plaque, blue for «lait complet» and red for «lait écrémé») spécial qui sera fourni par le Service Sanitaire de la ville du Caire et sur lequel sera gravé un numéro correspondant à celui sur lequel figure dans le registre le nom de la personne enregistrée et le genre de lait qu'elle vend. La personne enregistrée sera responsable de son brassard, qui est stricte- ment personnel. Arr. 10. — An itinerant vendor of milk may sell «lait complet» or «lait écrémé» but he may not sell both. The colour and inscription on his brassard indicates the kind he is entitled to sell. Ant. 11. — Les récipients servant au transport du lait devront être con- formes à un modèle indiqué à cet effet par le Service Sanitaire de la ville. Ils devront à cet effet être approuvés et plombés par le Service. — 143 — Ces récipients devront être revêtus d’un couvercle; il est interdit de se ser- vir, pour la fermeture, des matériaux quelconques tels que : linges, chiffons, verdure, etc. Ces récipients devront être constamment tenus en parfait état de pro- preté et de réparation, faute de quoi le juge pourra en ordonner la con- fiscation. Vessels used for measuring milk must satisfy the same conditions and be provided with a handle. Arr. 12. — Le lait qui serait transporté par des personnes non munies de brassards ainsi qu'il est prévu à l'article 9 du présent règlement ou qui se trouverait dans un récipient qui ne porterait pas l'estampille de l'Administra- tion ou qui ne répondrait plus aux prescriptions de l'article 11 sera porté par les agents sanitaires ou les agents de police au Laboratoire Sultanien d'Hy- giéne aux fins d'analyse. Si le lait est reconnu falsifié, mouillé ou adultéré, il sera confisqué et procès-verbal sera dressé de ces opérations. Dans le cas contraire, il sera rendu à son propriétaire. TITRE IV. INSPECTION VETERINAIRE DES BETES LAITIERES. Art. 13. — Toute personne entretenant une étable en vue de la produc- tion du lait destiné à la vente devra en faire la déclaration à |’ Administration de l'Hygiène publique. Arr. 14. — Les Vétérinaires du Ministère de l’Agriculture et de l'Hygiène publique auront le droit d'inspecter à tout moment les étables et les bêtes laitières en vue de s'assurer de l’état de santé de ces dernières. Arr. 15. — Toute vache, bufflesse ou autre bête laitière trouvée atteinte de maladies contagieuses pour l’homme ou pour les animaux sera ou bien isolée à l’étable même, ou, si les vétérinaires le jugent nécessaire, conduite aux étables du Service vétérinaire. Arr. 16. — Le vétérinaire prescrira la désinfection de l’étable et édictera toutes autres mesures d'hygiène qu'il estimera nécessaires. — 144 — Anr. 17. — Le vétérinaire pourra même ordonner l’abatage immédiat des bêtes laitières reconnues atteintes de maladies contagieuses particulièrement dangereuses ou très avancées. À Dans ce cas le propriétaire de la bête aura droit à une indemnité égale aux trois quarts de la valeur qu'avait l'animal avant la maladie sans que tou- tefois cette indemnité puisse dépasser en aucun cas la somme de L. E. 15 par animal abattu et ce aux conditions suivantes : 1° D’étre de bonne foi; 2° D’avoir prévenu spontanément et en temps utile le Service vétérinaire ; Un registre 4 souche sera tenu en permanence a cet effet au Service Cen- tral Sanitaire de la ville où la déclaration sera reçue gratuitement; 3° De s'être conformé strictement à toutes les prescriptions qui lui auront été édictées par le vétérinaire. Arr. 18. — Si le tenancier de l'établissement est étranger, avis préalable du jour et de l'heure de la visite sera donné par écrit à l'autorité consulaire dont il dépend, qui aura la faculté d'envoyer un délégué pour y assister. TITRE V. DISPOSITIONS GÉNÉRALES. Arr. 19. — Toute infraction aux dispositions du présent règlement sera punie d’une amende ne dépassant pas L. E. 1 (une) et d’un emprisonnement ne dépassant pas une semaine ou l’une de ces peines seulement, sans préju- dice de l'application des lois et règlements sur les établissements insalubres, incommodes et dangereux. En cas de récidive le juge pourra ordonner la radiation du nom du réeidi- viste sur le registre prévu à l'article 1° du présent règlement. Arr. 20. — Le présent règlement entrera en vigueur trente jours après sa publication aux Journaux officiels. THE NITRATE SHALES OF EGYPT BY W. F. HUME, D. Sc., A. R.S. M.,F.G.S. DIRECTOR GEOLOGICAL SURVEY OF EGYPT VICE-PRESIDENT OF THE EGYPTIAN INSTITUTE. (Plates IV-V.) The following remarks are a summary of the work undertaken in connexion with the Nitrate Shales of Egypt, the results hitherto obtained being largely distributed in pamphlets or official records difficult of access. The.subject will be considered under the following heads : I. Studies made on Percentages and Average Content of Nitrates in the Shales. IJ. Experiments in Methods of Enrichment in Nitrates. Ill. Distribution of Nitrate Shales in Egypt. IV. Theories as to Nitrate Formation. I STUDIES MADE ON PERCENTAGES AND AVERAGE CONTENT OF NITRATES IN THE SHALES. The Nitrate-bearing beds of Upper Egypt were first described from the point of view of their agricultural importance in January, 1894, when Mr. E. A. Floyer read a paper before the « Institut Égyptien » on the 5" January entitled Note sur l'emploi d'une argile comme matière fertilisante dans la Haute- Egypte. He there called attention to the wide employment of the «Tafla» or Nitrate shale by cultivators between Edfu and Girga as a manure for their crops. He had also taken samples from the heaps of « Tafla» which had been brought down to the banks of the Nile, these being analysed by Dr. Mack- enzie at the Agricultural College. The results of six analyses showed a maximum Sodium Nitrate content of 18.53 o/o, minimum 9.56 o/o, and mean 10.26 0/0. (See Analyses, Table n° 1, p. 168.) a — 146 — It should be noticed, however, that these are analyses of samples selected in the first instance as containing sufficient Sodium Nitrate to make them worth transport, and not average samples of the clay beds. On 28" May, 1894, Mr. Floyer, in conjunction with Professor Sickenberger, presented a report to H. E. Nubar Pasha, President of the Council of Minis- ters, on the same subject. In this report, it is stated by Professor Sicken- berger that the «Marog» or Nitrate-bearing shale is a horizontal bed of blue or grey stratified marls 30 to 50 metres thick, certainly extending from Edfu to Kawi, north of Armant, and possibly having its northern limit between Luxor and Qena. To the east, it extends to the Oasis of Farafra through Dakhla and Kharga, and also to the Dungul and Kurkur oases (these conclusions being based on the observations of Zittel, Schweinfurth, Willcocks and Sickenberger himself), and in all cases is covered by the hard limestones of the Lower Londinian (Lower Eocene). With regard to age, Sickenberger differs from Zittel, regarding it as Upper Suessonian, and not upper Cretaceous. (For discussion of this question, see later.) The natives depend on the taste of the shales in determining their nitrate- yielding value, and have found by experiment that while some spots furnish shale worth transporting, that of other parts is useless or even harmful. They also believe that unproductive spots may in time become nitrate-bearing, though up to the present this important point lacks confirmation by precise dala. Capt. Lyons visited Mualla in 1895, and collected samples from three points in the cliff, 50 kilos. of shale were taken from approximately one quarter, one half, three quarters down the cliff face, and at the base of the cliff. Copy of the analyses as submitted are given in Table n° 3, p. 168. The 5o kilo samples were pounded up and well mixed, after which a 3 kilo sample was taken for analysis. The results were : Minima SMART sobre ee et 1.8 o/o Sodium Nitrate. Mitr mm am ARC a re ee rat Ray atc PE ee o-40/0 — — Mean Re Re Re ee ceremeeserten 0.85 o/o — — Capt. Lyons concluded that for Mualla cliff this mean must be taken as a fair approximation of what would be obtained from working the cliff in bulk. ©) Official Journal, N° 71, 30 June, 1894. — 147 — In 1896, the subject was discussed by Dr. Mackenzie and Professor Foaden in their « Manures in Egypt and Soil exhaustion)», this being the first serious attempt to obtain an idea as to the average value of the shales. They remark (p. 36) : «It is said that some analyses of Upper Egypt beds show Lo o/o of «Sodium Nitrate, but as the result of a great number of determinations made «by one of us at the Agricultural College we find the average to be only 5 0/0, «although one had as much as 2h ojo. The results of nine analyses of samples from Gebel el Tafl, a well-known locality three hours east of Luxor, are given in Table n° 1, p. 168, these having been obtained by Dr. Mackenzie, who also collected the specimens, selecting them from the lower, middle and upper thirds of the section respectively. As will be seen, there is no regularity in the distribution, the maximum being 9.29 0/0, minimum 0.28 o/o, and average 3.95 o/o of Sodium Nitrate. The relation of these «mineral manures» to cultivation in Upper Egypt was the subject of the report by Mr. J. B. Fuller) presented to the Ministry of Finance. He remarks that «in the absence of a survey, it is impossible to state «with precision the area which requires manure for its cultivation», and adds further «that the question of manure affects the existence of more than a «third of the cultivation and is a serious consideration in any scheme for «extending perennial irrigation ». Numerous analyses are mentioned, seven samples collected by Mr. Wil- liamson Wallace from the original beds at Qena and Luxor giving a maximum of 4.9 o/o and a minimum of 0.32 0/o of Sodium Nitrate. Three of them taken from places in the hills at some distance from the Nile gave the following results : RP OUR erie han nilie de dant me seen de h.92 o/o OR ORDER pei chats, dre cuieee ao os» ee oo 5.32 o/o RER DR OR ee dass ao cesse s à 3.03 0/0 The others were very poor. Fifteen samples of small size were also forwarded by Mr. Floyer to Dr. Mack- enzie, the analyses showing maximum 17.36 o/o, minimum 1.05 o/o, and average 5.9 o/o of Sodium Nitrate. 0 Ministry of Public Instruction, Cairo, 1896. Report on the Manure question in Upper Egypt. 19. — 148 — Further, Mr. Hooker had 5 tons washed, the yield of nitrate being only 2.8 o/o, while an examination of six samples collected by Mr. J. B. Fuller representing qualities in actual use at different places gave percentages of Sodium Nitrate ranging from less than 1 o/o to over 24 o/o. He found the poorest stuff in shallow beds in the open desert"). The subject of Nitrates in Egypt was reconsidered by Mr. Frank Hughes, now chemist to the Ministry of Agriculture, in an article on « The Occurrence of Sodium Salts in Egypt with special reference to Nitrate of Soda», Year- Book of the Khedivial Agricultural Society, Gairo, 1905, p. 145-170. Attention is directed to the abundance of salts of sodium in the Kom Ombo plain lacustrine deposits, and the following table shows the variable nature of their distribution both laterally and vertically. Analyses were made of the salts obtained at varying depths in three loca- lities, numbered 1, 2, and 3 respectively. In the table the percentage of total salts and those of the sodium chloride, sulphate, and nitrate, are indicated. SODIUM SODIUM SODIUM CHLORIDE, SULPHATE, NITRATE. NUMBERS. o/o o/o -46 14. .39 aie It is evident that the total salts are in greatest abundance in the upper 25 centimetres of the soil, and «in no case was there any large amount of salt ® When not otherwise stated, all percentages refer to Sodium Nitrate. ® «Nile Cultivation and Nitrates», Journ. Royal Agricultural Society of England, vol. VII, p. 617-637. — 149 — at a depth greater than 50 centimetres. At a depth of 5 metres, there were only traces of salt ». The following table (taken from Hucnes, loc. cit., p. 1 49) indicates that in the upper layers of the soil there is, generally speaking, an excess of sodium sulphate, while at a depth of 25 centimetres, there is a much larger proportion of sodium chloride. In addition, Sodium Nitrate, calculated on the same basis, is more abundant in the 15-25 em. layer than in the o-15 cm. one. TOP 15 cm. NEXT 10 cm. TS ___ OO — —— EEE SODIUM SODIUM SODIUM SODIUM SODIUM SODIUM CHLORIDE. NITRATE. SULPHATE, CHLORIDE. NITRATE. SULPHATE. 3. 0. 0. 0. 0. 0. 0. 0. Tortars.... 17. Mans .... ‘Ve 0.9h Sodium Chloride eas Sodium Sulphate The source of the salts is in the hills surrounding the plain. An interesting example of enrichment near the surface was obtained by Mr. Coxon") from the deposits east of Sibaia. He took samples from successive depths of seven inches each, which were analysed for Sodium Nitrate and Chloride by Mr. Mc Dowall with the following results : DEPTH. SODIUM NITRATE. SODIUM CHLORIDE. o/o 0/0 1- 7 inches 10.7 10.3 7-14 — 3.7 k.9 14-21 — 2.9 5.8 Coxon, Inspection Report on Sebaia Nitrate Area, 15" March, 1908. In Mines Dept. Archives. Mr. Hughes (loc. cit., p. 156) analysed 27 samples of the shales actually used for manures, the average content of Nitrate of Soda in the samples being 6.7 ofo, or if six were excluded as not representing the bulk of the material now used, 8.4 o/o. (See Table n° 1, p. 169.) A further set of analyses were made by the Imperial Institute, London, for the Egyptian Ministry of Agriculture. The nitrate shales selected were from the Qena district, and the report by Professor Dunstan is given in The Agri- cultural Journal of Egypt, vol. IE, Part Il, 1912, p. 89 et seq. The percentages in tabular form of the principal salts present are given in Table n° 2, p. 169. SUMMARY. Taking the averages of all typical analyses recorded, a mean content of between 5 o/o and 6 o/o nitrate in the shales is obtained. I EXPERIMENTS IN METHODS OF ENRICHMENT IN NITRATES. The following are the most interesting efforts in this direction carried out up to the present. Four tons of shale were washed at Mex by Mr. A. H. Hooker, then Controller of the Government Salt Department, and yielded 2.2 o/o of total salts, of which 67.3 o/o (1. e. 1.68 oo of the whole) was Sodium Nitrate. Mr. Floyer also made experiments and found «that by one extraction with «cold water he was able to obtain a solution of salts which on evaporation “gave a mixed residue of nitrate, chloride and sulphate, containing some ehh ofo of Sodium Nitrate» (Hucuns, loc. cit., p. 157). Subsequently Mr. Floyer carried out a series of experiments at Mualla (23 kilometres above Armant, on the right bank). These were completed early in 1895, and were the subject of a report presented to the Ministry of Public Works, a copy of which was appended to a paper by the same author read — 151 — before the «Institut Égyptien » on 3 May, 1895, wherein he discussed the probable cost of extracting Sodium Nitrate from the shale : L.E. MILL. Gast of transport to works per ton of shale...:......:,....,.,...... 0.500 Pp aap Den Ie. cass feua ker ce Hie ee ae eer eee ces 0.050 Torre. 0.550 DOCS PAROS OL SNUCN wieder eee à dote ee nu on 0 à von mas 3.850 Separation of Sodium Nitrate from other salts, per ton of Nitrate......... 0.400 His experiments were made on 60 tons of shale, which furnished 18 tons of total salts, of which 45 o/o was Sodium Nitrate, equivalent to about 13.6 o/o of the original shale. [t should, however, be remarked that in the hills near Mualla there appear to be three grades costing respectively 7, 15 and 38 piastres per cubic metre. The material obtained by Mr. Floyer was of the best kind, being purchased as containing 50 0/0 of soluble salts at 5o piastres per ton"). The three washings gave the following percentages of salt : FROM GOOD FROM INFERIOR FROM MEDIUM TAFLA, TAFLA. TAFLA. o/o olo o/o Sodium Sulphale. ........... 12.5 16.0 18.9 Sodium Ghioride.: :.:,....... 34.8 38.1 29.8 Sodium) Nilrate. 1... 0 h6.1 h1.0 45.5 Mr. Hughes carried this study further, and by systematic lixiviation in the cold, obtained a salt solution which on evaporation yielded a mixture of salts with 54 0/0 of Sodium Nitrate. He gives the proportions of injurious salts in the Tafla and crude salts per 100 of Nitrate obtained by the above method as follows : AVERAGE OF TAFLAS. CRUDE SALTS. Steines) IG Rv Cit le ee 150 79 OMIM OND NAUCs ee cs eee see ce 76 5 Tora. injurious Salts. . .... 226 84 Mr. Hughes further by evaporating a solution at a temperature of 100° C. obtained a mixture of salts containing as much as 88 o/o of Nitrate of Soda. Professor Dunstan (loc. cit., p. 90) also examined the question from the point of view of amount of water required to secure the maximum amount of nitrate from the shales. It was found that by percolating water through a © Judging from the context, the actual amount obtained seems to have been 35 o/o. — 152 — carefully prepared layer of ground shale, seven to eight inches deep, 80 oo of the total nitrate present could be obtained by employing eighty parts of water to one hundred parts of nitrate. The final product on evaporating the liquor to dryness contained : o/o Sodium Nitraterastvegetss oc RE PR A a ies en istics ae ea ae 50.6 Sodium, Ghloride tae Ja... Mn net onan eter ia ee a nee 38.6 Sodigim*Sulphater sc). cis AE ae vase arta PTE AE eters 10.8 It is thus obvious that methods are available for obtaining salts rich in nitrate even from poor materials. It may be of interest to compare the above results with those recorded by Professor B. Diaz-Ossa in a note on L’Industrie du Nitrate de Soude au Chih. The well-known «Caliche» of the Chilian Nitrate region is variable in composition, the analyses quoted give : I Il ojo ofo GoditimelNiftiate Re csréra sante De a D DE 36 35 Sodum:Chlondes 22e NM ER RP PP ER 32 6 Sodium ‘Sulphate. .:..:1#jn 42.041002 MERE Re CREME ee ea To obtain a product with 95 to 96 o/o of Sodium Nitrate, 2 o/o moisture, 1 Lo 3 oo Sodium Chloride, and 0.5 to1 oo of Sodium Sulphate and other salts, the water required varies between 80 and 150 litres per 100 kilogrammes of nitrate produced. The average consumption of coal is 25 kilogrammes for every 100 kilogrammes of nitrate and under the conditions in these desert re- sions no work can be undertaken on caliche containing less than 18 o/o of nitrate. A table is also given, showing the relative amounts of salts present in the saturated liquids at various temperatures : GRAMS PER LITRE. TEMPERATURE en fg | SODIUM SODIUM SODIUM NITRATE. CHLORIDE. SULPHATE. CENTIGRADE. 390 Loo 594 700 825 1000 — 153 — It is evident that if the Nitrate Shales in Egypt possessed even low per- centages of nitrate, it would be possible to enrich the salt content by lixiviating with water at a high temperature. Unfortunately, the main difficulty is not the low percentage, but the irregular distribution. I DISTRIBUTION OF NITRATE SHALES IN UPPER EGYPT. The most important work in this connection has been done by Messrs. Barron and Beadnell, of the Geological Survey of Egypt. The following remarks as regards details are largerly based on their report, with additions from personal experience. The Nitrate or Tafla beds consist of thin laminated shales, usually of grey or green colour, often purple near the base, and containing numerous minute veins of calcareous material crossing each other at all angles. Nodules of oxide of iron occur throughout, and in some places thin beds of a sandy ironstone are present, while thin glistening deposits of Sodium Nitrate, Sodium Chloride, etc. follow the bedding and joint-planes of the shales. The amount of nitrate is certainly very variable, many places not being considered worth working by the natives. These strata occur at the base of the great mass of limestone of Lower Eocene age which forms the high cliff bordering the Nile Valley on the west, while on the eastern side they are displayed in the lower foothills between Qena and Mahamid, and also at the base of the higher hills near Armant, Schagab, ete. The full geological succession as determined by the present writer) on the east bank of the Nile opposite Esna is as follows, beginning from above (see fig. 1 )} EOCENE STRATA. 1. Biscuit-coloured Lower Eocene Limestone with Operculina libyca, Scuwacer, in abundance. Also numerous sea-urchins (Conoclypeus Delanouei, pe Lonor, Rhabdocidaris libyca, Grecory, and Linthia cavernosa, ve Lonion). Hume, W. F., Secular Oscillation in Egypt during the Cretaceous and Eocene Periods. Q.J.G.S., vol. XVII, 1911, p. 126-197. — 154 — ‘CRETACEOUS STRATA. 2. Esna Shales with nitrates. The few fossils found are mainly corals, similar to those noted in n° 4 below. 3. White Limestone or Chalk with Ostrea vesicularis Lam., Echinocorys Fakhryi, Fourrau, and sponges (Ventri- Thickness None " culites and Schizorhabdus). 19 TS 4. Shales underlying the Limestone and equivalent to the Ash-Grey Paper = Shales of the Oases. These yielded a rich 11 j HAN ll 111 N ll hy i! TES Ra Shaies fauna of small shells and corals at Kela- 2e : bia, near Esna (Hume, loc. cit., p. 197 }: o. Pecten Limestones, marly lime- a oe Pai ne stones with Pecten Mayer-Eymari, Newton + (P. farafrensis, ivre). ne _——— 6. Cephalopod Bed with Scaphites ane YI“ allied to Se. Kambysis, Zirte. 7. Oyster Beds and Phosphatic Series. Oysters of typically Campanian age ( Ostrea Forgemolh, Cog. and 0. Viller, Cog:) and fish-teeth (Otodus biauriculatus, Livres). 8. Shales above the Nubian Sandstone Series. The upper Cretaceous age of the beds from n° 3 to 8 is now fully establish- ed, and the present writer also includes n° 2 here on the ground of the re- semblance of its fossils to those in n° 4. Mr. Beadnell, as a result of his studies Fig. 1. — Section showing geological succession on east bank of Nile opposite Esna. in the Oases, regards them as transitional to the Eocene. THE EXTENSION OF NITRATE SHALES ON THE RIGHT BANK OF THE NILE“. The shales (alternating with sandstones) which are developed between Mahamid and Sibaia are worked to a slight extent. Between Sibaia and Kelabia the lower division of the Nitrate Shales is principally exploited, while the (As itis now some years since the detailed examination was undertaken, some of the statements here made may require minor modification, but in the main they probably hold good for the present time. — 155 — upper portion is relatively poor. There are, however, a few localities where the upper strata are preferred. It is certain that there is no one bed throughout the area which is at the same time rich in Sodium Nitrate, and of any wide extent, but that the nitrate occurs unevenly distributed both horizontally and vertically throughout the series. In 1905 the present writer visited the expo- sures 15 kilometres east of Sibaia, where the Upper or Esna Shales were being worked, the lower ones having been exhausted by the fellahin. Up to that date, the company then operating had extracted 4000 cubic metres of nitrate. The shale average recorded was 8 ofo of useful salts. Shales just recently opened yielded 93 o/o of all salts, occurring in bands four metres thick. They contained on an average 5 to 9 o/o of Sodium Chloride, combined with nitrates and sulphate of lime. The shales are extensively worked in the low hills of the Sharawna neigh- bourhood, and are again well developed further north at the foot of the high limestone scarp trending northward and eastward from Shaghab. The late Mr. Barron reported Gebel Rahamia, 25 kilometres north-east of Esna, as being especially worthy of mention, the fellahin even coming from Luxor to obtain shale at this spot. Opposite Gebelain, the deposits are hidden under later limestone gravels, but again appear to the south of Luxor at the foot of the cliff. Hidden by the later formation for a time, they reappear again as an inlier along a ridge fh or 5 miles from the cultivation, where they are capped in places by igneous oravels. Along the cliff edge from Gebel Rahamia to Mualla, the lower part of the upper shales is worked. These attain a thickness of 85 metres, and the best material is obtained from 35 to 65 metres below the summit of the shales. As regards thickness, the Nitrate Shales which extend northward to a point opposite Gebelain and overlie the white limestone, attain a thickness of 110 metres, but accurate measurements are difficult to obtain, since their base and summit are rarely seen in the same section. Nine to ten kilometres east of the village of Khizam, is a bed of reddish clay 1 to 1.25 metres thick, which contains a fair amount of Sodium Nitrate (see Analyses 17 to 19, Table n° 9, p.168) but is much covered with down- wash and consequently difficult to find. — 156 — The beds east of Qus undergo change to an argillaceous sandstone with impure limestones and sandstones above, only a few metres of true shales remaining. THE EXTENSION OF NITRATE SHALES ON THE LEFT BANK OF THE NILE. On the left bank of the Nile these shales first appear south-west of Esna at the base of the limestone cliffs bounding the desert plateau, further south being concealed under the Pleistocene sands, clays and gravels. North and south of Esna the distance from the cultivation to their outcrop is from 8 to 15 kilometres, but in spite of this every available point is worked by the fel- lahin and «Marog» is carried by camels down to the cultivated land. The deposits extend 16 kilometres northward of Esna, and then disappear under oravels. At Gebelain, the shales are again brought into view, while between Erment and Qus they seem to be only represented by thin beds of marly limestone containing a small amount of Nitrate of Soda. Nevertheless the green shales are fairly obvious at the base of the Deir-el-Bahari cliff and in the low foothills round Qurna, ete. North of Qus and as far as Qena, the shales again appear of their usual thickness at the base of the cliff, and also in one or more bands on the plain, where their presence (as also at Gebelain) was considered by Messrs. Barron and Beadnell to be due to step-faults. In this part the area exposed on both sides of the river is very restricted, owing to the covering of débris from the cliffs. It is also much overlain by superficial deposits, and there has been considerable erosion. WIDE EXTENSION OF NITRATE SHALES IN WESTERN DESERTS OF EGYPT. These nitrate-bearing strata are, in fact, but parts of widely-extended for- mations, which have been traced from the Oases to the Red Sea, and always in the same geological position. To the west of the Nile, they probably occupy the low ground at the foot of the Eocene scarp from Esna to Kharga Oasis. — 157 — Here they re-appear on the eastern scarp of the oasis, attaining a thickness of some 80 metres where the roads to Sohag and Girga ascend the cliff). They can be followed round the north end of the excavation, but on bending west- ward pass into stratified marls with difficulty distinguishable from the Eocene strata above, containing Lucina thebaica. Their nitrate content has been but little studied hitherto. The two analyses made by the Survey Department Laboratory give as results : / 0/0 o/o Sector NE PE PP OT EE 11.20 and 1.97 URI PAIE ee dou cou eue cms 5.00 — 10.85 Sahin (Clallopats ES Said sears tNoio le mme de oc na esse se 21.00 — 39.10 but the record of locality as regards the best analysis was only vaguely given by the sender of the sample. The Esna Shales are absent in Dakhla Oasis, and the Ash-Grey Shales ap- parently not very easily accessible, so that the nitrate possibilities there do not seem very encouraging”). The main strata of this nature probably pass to the northward of the oasis scarp, for they reappear finely developed in the hills to east and west of the Farafra depression, where they attain a thickness of 150 metres (). EXTENSION OF NITRATE SHALES IN THE EASTERN DESERT. We have seen that both in the Oases and in the Nile Valley the nitrate- bearing beds fall into three divisions, consisting of two shale series with a white limestone between them, the whole underlying typical Eocene marly limestones with Lucina thebaica. They reappear with the same characters near the Kom Ombo Plain, where these strata have been let down against much older beds by an extensive east-west fault. This accounts for the presence of the salts recorded in the previous pages as studied by Mr. Hughes. The Esna Shales have been traced throughout the Eastern Desert between Batt, J., Kharga Oasis. See list of thicknesses on p. 94. ®) Beapnewt, H. J. L., Dakhla Oasis, p. 81. Beapnewt, H. J. L., Farafra Oasis, Pl. Ill and VIII, p. 20, etc. — 158 — Qena and the Red Sea coast from Safaga to Qosseir. They are of great thick- ness at the base of Gebels Abu Had (at least 105 metres) and Serrai, outlying hills easily visible from Qena. They also reappear in the faulted regions near Qosseir and Safaga (Gebel Duwi, Wadi Barud, Mohammed Rabah, etc.). These strata have not been systematically examined for nitrates, but from experience in the valley must be regarded as worthy of closer study for these salts. Dr. Ball also informs me that he has noted the same strata with similar characters in Western Sinai, an interesting point being the existence of nitrates in them. No nitrates have hitherto been proved to my knowledge in the Eastern Desert of Egypt east of the Red Sea watershed; a sample of shale brought by Mr. Murray from Gebel Beida, near Qosseir, and analysed in the Survey Department Laboratory yielded 3.28 ojo of Sodium Sulphate and 0.91 o/o of Sodium Chloride, but no nitrate. SUMMARY REGARDING NITRATES IN EGYPT. The following facts must be borne in mind in framing any theory as to the origin of Nitrates in Egypt : 1. The Nitrate Shales of Egypt occupy a very definite geological position , being at the summit of the Cretaceous beds, and immediately below strata of definite Lower Kocene age. 2. They are well developed between lat. 24° and 27° N. from Farafra Oasis on the west, to the Phosphate mining regions on the borders of the Red Sea near Qosseir and Safaga. 3. The evidence available points to these strata having been formed under deep-water conditions. Thus they are spread over wide areas without material change in character, are connected with white limestone containing fossil sea- urchins and sponges, the nearest relations of which at the present time live in deep seas. The fauna found in them also consists of small corals, univalves and bivalves quite different from those of shallow-water strata, and there is in general an absence of coarser sandy material. 4. The wide distribution of the Nitrates in the shales suggest that they are (ere) of original formation in them, rather than brought in at a later date. — 159 — IV THEORIES AS TO NITRATE FORMATION. It is obvious from the above remarks that no theory of a local character is acceptable. M. Pluvinage in his «Industrie et Commerce des Engrais», p. 18", has mentioned the suggestions already made as to the origin of the nitrates in Chili. 1. The views of Ochsenius and Thierceling as to their origin from guano are entirely inapplicable to the Egyptian deposits. 2. An electrical theory has been put forward, according to which the nitrogen of the air under electric discharge forms nitrate of ammonia, which then reacts with common salt to form nitrate of soda. This also finds no support from the facts. 3. The theory of origin from sea-weed, as propounded by Noellners and Sieveking also affords little help, as traces of vegetable matter are not common and iodine has not been noted. On the other hand, as already stated, in parts there is some evidence of abundant animal life. 4. Dr. Newton (Society of Chemical Industry, 1g00) quoted by Mr. Hughes (loc. cit, p. 166) held that the nitrate of Chili might be the concentrated fer- tility of the thousands of square miles of land between the watershed of the Cordillera and the coast line of hills. It is along the line at the foot of these hills that the nitrate grounds are situated. Their situation, always on the land- ward side, is an indication that the «caliche» is derived from the land. In Chili the nitrate deposits form definite beds overlying others of varied nature, in Egypt they appear to be restricted to shale of definite geological age, so that comparison as regards origin seems excluded. 5. Messrs. Barron and Beadnell have connected the existence of the nitrates with the abundance of fossil remains, without discussing the nature of the chemical changes to which their origin might be due. Miintz and Plagemann have submitted the view that organic nitrogenous materials, transformed by “ Tam indebted to M. Mosseri, who called my attention to this work. — 160 — nitrification into nitrate of calcium, would by reaction with the salts contained in the sea, produce nitrate of soda accompanied by iodine, etc. Mr. Hughes challenged the view that these salts are of marine origin. He points out that from the analyses of sea-water salts made by Forchammer and others (Hugues, loc. cit., p. 160) the ratio of chlorine to sulphuric acid is prac- tically the same in water collected from the open sea in all parts of the world, viz. 100:11.9. The ratio in the Tafla on the other hand, varies greatly. The mean of the 27 analyses from the Society’s Laboratory gives 100:46.7; Mackenzie's analyses 100:12.5; the Survey Department's 100:33. Further Mr. Hughes finds no iodine or bromine. On the other hand, he strongly supports the organic origin of the salts, noting that in the aqueous solution of the tafla there are found (1) nitroge- nous organic matter, (2) ammonia salts, (3) nitrites, (A) nitrates. It is further stated that in the Nile and other rivers there is generally a much larger proportion of sulphates than in sea-water, and consequently the salt may more probably be derived from fluviatile or lacustrine sources. The discussion raised is one of great interest, and the point has been consi- dered by Mr. Lucas (Natural Soda Deposits in Egypt, p. 20). He admits for the sake of argument that the sulphates may be in higher ratio to the chlorine than in sea-water, though in general few samples have been examined. In the special case of the Wadi Natrun, Mr. Lucas submits the possibility that the region was never completely cut off from the sea, but only partly shut off in such a manner that concentration of the water with deposition of the more insoluble salt could take place, the more soluble salts meanwhile remaining in solution, and that eventually this concentrated mother-liquor escaped back” into the sea or was replaced by a fresh influx of sea-water. In this way, calcium sulphate could be deposited in a ratio to sodium chloride greater than that in which it exists in sea-water. He further indicates the importance of past rain- falls in disturbing the proportions as between chlorides and sulphates, the more soluble sodium chloride, for instance, being removed, and the more inso- luble calcium sulphate being left behind. The present writer must confess that the geological facts had strongly biassed him in favour of an origin for the salts under conditions where muds were being laid down in deep sea-water. This might be very differently composed = Gh from water near the surface. In this connection, it is interesting to note that the once famous Bathybius, a flocullent material brought up from more than 1000 metres in depth in the Atlantic, was proved by Buchanan (Proc. Royal Society, XXIV) to be amorphous sulphate of lime precipitated by the alcohol employed. The subject is undoubtedly a very complex one, and the following facts from the chemical and geological side have to be kept in mind in framing a reply. 1. As already stated, the Egyptian Nitrates extend over a wide area, and are connected with a definite geological horizon. 2. They occur in clays which by their relations to the rocks underlying and overlying them are obviously the finest materials derived from land under- going depression. They form, in fact, a transition series between a great mass of Limestones (built up of organisms) above, and an equally important series of Sandstone below. 3. If the Nitrates were due to geological conditions in the past, we should have to seek for specially favourable circumstances for their accumulation in deep-sea deposits. On the other hand, we should have to assume that these compounds (usually highly soluble) or materials capable of conversion into nitrates had been retained in the clays through long periods of time, as the strata are, on the evidence, of great geological age. On the Chemical side we have to remember 4. That Nitrates are mainly produced in soils (so far as at a present known) by the action of Nitrofying Bacteria or connected with Decomposing Organic Matter. 5. As regards Nitrifying Bacteria, curcumstances favourable to their activity are Moisture, Darkness, Free aeration, and a base to neutralize the acids pro- duced. The best temperature is 37° C. and they are inactive below two-thirds of a metre in the sub-soil (Hall) or from one to two metres below the surface ( Wiley). 6. Unfavourable to their activity are Dessication, Temperatures below 5° and above 55°, and strong light. We are at once face to face with the following difficulties demanding research : a. No Nitrifying bacteria have been proved to exist in these shales, but, on the other hand, they have never been sought for, so far as | am aware. 21 = hg b. If nitrates are forming at present, as dessication and strong light are unfavourable, and rainfall small, we must postulate the existence of dew to afford the necessary moisture. This means a second line of study as yet largely untouched. c. If the dew supply be not sufficient or organisms absent, we have to fall back on the assumption of a higher rainfall in the past, for which there is evidence from many sources. d. If it were argued that the shales have come under the influence of the Nile (or streams connected with it) when it was flowing at higher levels than at present, we have to face the fact that nitrates have been recorded both in Kharga Oasis and West Sinai, indicating that the full explanation is not in that direction. If, on the other hand, we search for light from the chemistry of deep-sea waters and deep-sea deposits, we are faced by serious gaps and contradictions in our enquiry. It must suflice to mention a few facts of deep interest and possible significance for our study. e. Existence or Nitrates ix Sea Water. — Messrs. Purvis and Coleman (Journ. Roy. Sanitary Inst., vol. XXVII, n° 8, 1906, p. 4330) were led to the conclusion that nitrates do not exist in sea water, but this view was sub- sequently disputed by Messrs. Copeland and Soper (Eight International Congress of Applied Chemistry, vol. XXVI, p. 211-213). The amount of nitrogen found as nitrates was shown to be present in land, harbour, and sea-water in the following proportions : Land Water 2e ee acie NS eee 0.004 to 0.366 parts per million. lleva hare WEIN co eh es God aseneooceu™ 0.499410 02900 — = Sea Wales CRU ARR LE RER 0.100 00.960 — — The quantities are undoubtedly minute, but no details are given regarding depth. f. Important work on Nitrification and Denitrification has been carried out in another direction by W. Mair (On the Role of Bacteria in the Biological Methods of Sewage Purification, with special reference to the Process of Denitrification, © Full references not available. — 163 — Journal of Hygiene, Nov. 1908, p. 609-645)". Attention is called to the role of the nitrifying bacteria, the mtrite bacteria converting ammonia into nitrite, and the nitrate bacteria carrying the oxidation a stage further with formation of nitrate. When these organisms are grown on ordinary laboratory media, minute quantities of organic material inhibit their growth (especially the nitrite forms), while ammonia, present in appreciable quantity, inhibits the nitrate bacteria. Winogradsy, following Omeliansky, has, however, shown that in nature the growth and activity of the nitrite-forming bacteria are not inter- fered with by the presence of organic material. As regards difficulty of for- mation of nitrate in presence of ammonia, experiments by Boullanger and Massol ®) indicate that ammonia has a much greater power of inhibiting the erowth of the nitrate-forming bacteria than of interfering with their activity when growth has been once established. g. All these results deal with surface conditions, and give us no idea of the reactions taking place in deep-sea deposits, where organisms are constantly perishing and being buried beneath accumulations of detrital or organic origin. In this connection an article by the late George Harold Drew in Publication n° 182 of the Carnegie Institution of Washington, 1914, p. 1-78, is worthy of careful consideration. The following points were raised : 1. In the seas of the American tropics, bacteria exist which actively preci- pitate calcium carbonate from the calcium salts present in solution in sea- water. 2. The destruction of nitrates by bacterial action in the seas of the Ame- rican tropics is far in excess of that occurring in temperate climes. 3. Attention is directed to the fact that no accurate method of determining the nitrate contents of sea-water at present exist. 4. The existence of nitrifying bacteria, which are capable of absorbing and combining with the free nitrogen of the air, eventually giving rise to nitrates, has been shown by Kepinc, Wiss. Meeresunters, vol. IX, Kiel, 1906, and by Kenter, Wiss. Meeresunters, vol. VIII, Kiel, but these have so far only been 0 | am particularly indebted to Mr. A. Lucas, Director of the Government Analytical Labo- ratory, for much valuable help in regard to literature, etc. concerning these questions. ©) Ann. Inst. Pasteur, XVII, p. 4g2, and XVIII, p. 181. — 164 — found on the bottom close to shore, or apparently living in symbiosis with algae or plant on organisms. Thomsen (Wiss. Meeresunters, vol. XI, Kiel, 1910) has also found bacteria on the bottom of inshore waters which can convert nitrites into nitrates, and Drew suggested that similar bacteria having a nitri- fying action remain to be discovered in the open sea. 5. The most interesting portions of the study are connected with the total number of bacteria noted in relation to depth, the observations being made off the east coast of Andros Island, S. E. of Florida. In the first experi- ment, it was found after growth on cultures for 48 hours, that the bacterial colonies varied as follows : DEPTH. N° OF COLONIES DEVELOPING FROM 1 CC. OF SAMPLE. Surface to 100 fathoms Colonies uncountable owing to overcrowding. at 200 — 1500 and 1760. Very much overcrowded. hoo-600 — 14 to 17. 822 — _ (bottom) o lo 3. The second experiment was made at a point 14 miles out to sea due east of Golding Cay (Andros Island). The results gave : N° OF BACTERIAL COLONIES DEPTH. DEVELOPING FROM 1 CC. OF SAMPLE. o-200 fathoms 13,100-16,200 300 — 14 hoo — 19 The third station was 10 miles E. N. E. 1/2 E. of Golding Cay. N° OF BACTERIAL COLONIES Bera DEVELOPING FROM 1 CC. OF SAMPLE. 0-250 fathoms 13,300-15,500 350 — 16 Thus it seemed obvious alike by experiment and by the theoretical considera- lions that bacteria do not exist below a given depth, in this case 200 to 250 fathoms, and any denitrifying action due to them is brought to an end. With regard to the possibility of nitrogen-containing compounds being — 165 — formed in the deep-sea muds, little information appears to be available. | have not had the opportunity of studying the Challenger and many other memoirs on deep-sea investigation, but the Report of the «Pola» Expedition and notably Dr. K. Natterer’s account of his chemical researches in the Red Sea were avai- lable. He obtained a comparative determination of the organic substances dissolved in or distributed as fine particles in the sea-water. Leaving aside the Suez Canal and the Halaib coral-reef region, it was found that in the water filtered from the sea-bottom muds of 25 localities in the northern Red Sea. the mean of the oxygen taken up by one litre of this water was 7.49 cc. From the Eastern Mediterranean, the mean of 60 results was 5.80 cc. In the sea- water itself, the corresponding figures were 1.28 cc. to 1.58 cc. Experiments were also made on the amount of Ammonia driven off as gas by boiling with magnesia. It was found that the average differed little in water taken just above the bottom (0.077 ce. per litre) and that of the 100 metres depth below surface (0.074 cc.). Owing to greater development of organisms, among which may be nitrogen-assimilating micro-organisms, the surface waters often show higher figures, 0.20 cc. being noted at the northern ter- mination of the Gulf of Suez as against 0.13 cc. at the southern end, and 0.20 cc. on the outer borders of the coral-reef near Jedda. Experiments were also carried out to determine the amount of Ammonia which was yielded by the oxidation through heating with alkaline solution of permanganate of potash, Dr. Natterer specially noting how much more was obtained in this way than the amount present free in the original sample. In the 25 mud-waters examined, 10 yielded twice as much ammonia on oxi- dation, none of these being in the Gulf of Suez, but widely distributed in the main Red Sea and Gulf of Akaba. 6. Disrrigurion or NiTROGEN-cONTAINING acips “), — From the observations in the Mediterranean and Sea of Marmara it was found that nitrogen-containing acids due to oxidation of organic acids can only be collected in quantity in the dark sea-depths as salts, where the intermixture of the water-layers is slight. In the sea-water exposed to sunlight they disappear, their nitrogen being used The test employed was treatment with sulphuric acid, zinc iodide, and starch, and noting the colouration which took place at the end of two hours. The colour scale adopted was a purely empi- rical one. — 166 — to build up new organic substances or ammonia. Consequently they do not appear in the Red Sea. Out of 38 samples examined, 18 showed no coloura- tion and 3 very slight indications. In the Gulf of Akaba, on the other hand, the indications were more marked at the 100 metre level, the colour in seven cases attaining a very faint blue (n° 6 on Dr. Natterer’s colour scale). In the main Red Sea, of 36 analyses, sixteen gave no result, twelve the value 1 on scale (marked trace of violet), six the value 2 (very faint violet), and two the value 5 (trace of blue). These latter were in the northern part of the oulf, but the higher results may be due to the samples having been collected in winter. SUMMARY OF FACTORS FAVOURABLE TO COLLECTION OF NITROGEN-CONTAINING SALTS IN SEA-WATER. From the above discussion we are led to conclude that the following factors are favourable : The presence of still water, free of currents, not exposed to sunlight, with absence of denitrifying bacteria; and it has also been seen that experiments up to the present only suggest such conditions being realized at depths of over 200 to 250 fathoms. Further, as clay is an excellent absorber, the very fine material of this nature settling down on the bottom of a still sea might fairly be assumed to take up part of the nitrogen-containing salts, and the question arises whether they would remain connected with the clays during long geological periods until exposed by earth-movements. This question can only be determined by testing shale taken at some depth below the surface for nitrogen compounds. Mr. Hughes, to whom I submitted these notes, has pointed out that these nitrate shales may stand in intimate relation to the phosphate beds which they overlie. The Nitrates must have been abundantly present when the fish remains forming the phosphates were being deposited. The more soluble nitrates might have been absorbed by the clayey materials carried out seaward by streams from the land, and been preserved until denudation exposed them. Then rainfall and subsequent ascension by capillarity during evaporation would bring them to the surface layers. It is only possible at present to — 167 — point out the complexity of the problem, and the many factors involved with- out presenting a solution. It may, however, be useful alike to agriculturalist, chemist and geologist to know what results have been already attained, serv- ing as a basis for new lines of study. Possibly the best of these would be an accurate topographical survey of a selected area, accompanied by systematic collection and chemical examination of samples of the shales. GENERAL SUMMARY. 1. The Nitrate Shales in the Nile Valley have as a rule yielded an average of 5 o/o or less of Sodium Nitrate on analysis. 2. They are capable of enrichment, the difficulty in their commercial deve- lopment being their variability in distribution, not their low nitrate content. 3. The Nitrates are present at a definite horizon in the geological series, forming part of the uppermost Cretaceous strata (Esna Shales and Ash-grey Clays). They have been traced from Farafra Oasis to West Sinai, and nitrates have been recorded in them both from the latter locality and from Kharga Oasis. 4. Their wide distribution at the same horizon suggests that the nitrates represent compounds formed or absorbed at the time of deposition of the shales, but the character of which require further study. 5. On the other hand, the presence of Sodium Nitrates being only marked near the surface suggests that they are either formed by some means now acting, such as nitrifying organisms working under moist conditions of the soil, or have been drawn to the surface by capillarity. W. F. Home. — 168 — ‘ojo ‘WEZIUY ‘eTWEUY] PEN ‘euMeseyg aeou OI pozoa][09 sojdueg ‘laoqeaoqery jerarp UM 24 JO JO ‘H ‘aq Aq opew soskjeuy -ydidq Jo yuoujsedog Aaaang oY} JO sorryoay oy} UT s[rejep UO paseg — “¢ ANY Z SAIAVI, ig sl ca *soseo [je UI JU9S014 “oqeyding 8E°01 [80 0108 6 18 011926 |GE°6 |9 ‘8 |o8'or {01 s [Stl [79° Jae't ‘2p140[47) 070 1090 |09°0 |08°0 109°0 |07°Fr |08°0 |oS°r |08°r |07°0 |09°0 |c9'0 ‘*0J84)IN UMIPOS 0/0 o/o o/o o/o o/o o/o o/o | o/o —— ae | ee eee “NOLLOD “ŒUIHXL “dNO04S ““addoa GLoN | TON ON | GON | 8oN | LN | QN|] GN | VON | GON | GN | ToN "GOQr NI VrIvayy aan) noux S'y} “SNOT 1) *H NIVIAV") A4 GH1941109 SATANVS JO SASAIVNY ['€ oN eq] *saseo [2 Ut JUoSoIq “ejeqdyns 96 0£ [GG 6 |£T LE | 9G 88 |87 91] 09° €€ [ST GI | 19" LG |€6 8G |G9 € |LS'I 8G & |80°9 |£G O0 | €9°S ET 9 | WHILE [OF 9 J TI” |S6°7 |g7'e |GS'I n o/ 0 0/0 o/o 68° T |77 € |LG'€ |yS'e |Sa°L | GZ" 90 91 |GL'GE | LE IE | SOL ; ‘2pHofyr) £T'C |€7 G | WOE |SS' I |GL'6 £9 GI |LG'7 |Gy'G ILL “* 2J84JIN UWNIPOG o/o 0/0 o/o o/o o/o “APAUNG 1Y2190104r) GHL AT AH1941709 XY1") ONTAVAT-ALV ALI A] 10 SATdNVYS AO SUSAIYNY Lez oN oder | ‘Le ‘A ‘o6gr ‘uouy -SNDYXT jog pun ydhog ur saumunpy ‘Naavo pue aizNayovyy 008 ‘GE 07 4 ..N sosipeuy 4104 ‘gg ‘d “g6gr ‘uoysnvyxa prog puv 1d ST ur saumuvyy 69°0 |60°GT | GGG 86°0 |66°6 |IG'I SNAGYO PUB AIZNAMDVIY pue ‘On -d ‘n6gr / o/o o/o o/o ‘uayndhsa jsut yng ‘uaxoTy *V ‘A ‘ayy Aq ajou vas ‘9 07 T ,,N SesÂjeuy 407 "y STAY © ee LEO _ JO ŒUIHL UHddn ŒUIHEL HIGGIN | AUIHL YAMOT GToN |YToN | STON|CToN | TION} OTN] 60N g.N | Lon QoN | GoN | VoN | GON | GoN | ToN he ee ee eee “loxn'y WOJJ sinoy € *JeL-[? jeqay — — — gral — “OTIN 947 JO SAUEQ a42 UO «eyjeL » jo sdeay mOuj paja]joo ata 9 0} F ,N Pen ee aie esl? ln el | *sased JE UT JUOSOLT ‘ayeyding = — 94°T |00 € J€9° Lb Jeel [cs 7 |¢e°s {17°01 |68 9 | I7°0t]c8"0% |67°St | 80°38 “Opriojqy) — L6°G |59°9 |¥EG |61°G |69°8 {GIS |ES°Sliel'9 |6s'er |so'er j9g°s Îce vx | : * 9JEXJIN UINIPOS ! 0/o o/o o/o o/o o/o o/o o/o o/o 0/0 o/o o/o o/o *SaTYHS “sS1VHS 40 “SH1VHS 40 “AIZNTMOY IN * A! 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GEORGES LEGRAIN. (Planches VI-XII.) Le cheikh Abd el Rahman el Djabarti rapporte que, vers 1780, un Barba- rin à la peau noire, natif de Dongola, quitta son pays d'origine et vint à Mansourah exercer les fonctions de boab (portier) sous le nom d'Ibrahim el Sennari el Asoued. Comme la plupart des Barbarins d'aujourd'hui, Ibrahim apprit bientôt à lire et, se procurant quelques traités de sciences occultes, il ne tarda pas à se créer une certaine réputation en prédisant l'avenir et en écrivant des talismans. El Chabouri et quelques autres mamelouks prirent en amitié ce beau noir aux vêtements dune blancheur éclatante et l'emmenèrent avec eux dans la Haute-Égypte. Là, il se mêla aux suivants de Moustapha bey el Kébir, le circonvint et sut se rendre indispensable à cet émir car il avait appris la langue turque et, pour cela, Moustapha bey l’employait dans ses correspondances et ses affaires. Intrigant, ambitieux, Ibrahim el Sennari, par ses mensonges, suscita bien- tôt des discordes entre les émirs tant et si bien que Mourad bey voulut le faire mettre a mort. Ibrahim s'enfuit auprès de Hussein bey qu'il servit pendant quelque temps, mais il ne cessait de négocier avec Mourad bey à la fortune duquel il voulait s'attacher. Il réussit dans ce projet. Mourad laccepta, le fréquenta, l’aima et en fit son favori. Ibrahim ne quittait plus son maitre auprès duquel il avait accès à toute heure. Il l'accompagnait dans ses expéditions et ses voyages. Grâce aux prodigalités de Mourad bey, Ibrahim el Sennari eut bientôt des fermages, des revenus et se bâtit dans le quartier d'EI Nasrich, non loin de la 22. — 172 — mosquée Saidah Zeinab, une maison pour laquelle il dépensa des sommes con- sidérables. I] acquit aussi des mamelouks et de belles esclaves blanches ou abyssines. La réputation d'Ibrahim grandissait chaque jour : il s’immisça dans les pro- cés et les affaires importantes, expédiant celles-ci sans méme consulter les émirs et faisant ce que les grands auraient jugé impossible d’accomplir. Cependant Mourad bey, son maitre, se fortifiait à Ghizeh, y créait un arse- nal et une flotte et, pendant six ans, s'isolait dans son palais, loin des affaires et de ses officiers. Ce fut Ibrahim el Sennari qu'il prit comme fondé de pouvoirs, lieutenant- ambassadeur, auprès des autorités. Ibrahim, devenu ainsi Ibrahim Katkhoda, recevait les ordres de Mourad bey et les exécutait selon son désir en même temps qu'il n’était pas rare de le voir annuler de son propre chef des décisions prises dans le conseil d'Ibrahim bey ou de tout autre émir, rival de Mourad. Ibrahim Katkhoda el Sennari el Asoued avait une cour, des suivants et des domestiques qui lui prétaient leur concours et se faisaient les intermédiaires du public auprès de lui. Geux-là aussi, grâce aux nombreux et importants bakhchichs qu'ils réclamaient, devinrent riches et avantageusement connus. Et, ajoute naivement Djabarti, «ils étaient vus d'un très bon œil». Ainsi, grace à sa duplicité, ses mensonges et sa rare fortune, l'ancien boab de Mansourah était devenu, sinon lun des plus riches, tout au moins l'un des plus puissants parmi ces mamelouks qui, après s'être affranchis du joug du Grand Seigneur de Constantinople, ranconnaient sans pitié l'Égypte encore fertile. Dans le quartier de Nasrieh, quelques autres favoris de Mourad bey avaient bâti leurs palais proches de celui d'Ibrahim el Sennari. A l'entrée de l'étroite rue qui y menait, à droite, c'était celui de Qacim bey Abou Seif, grand ama- teur de jardins; à gauche, Hassan Kachef le Circassien achevait de faire bâtir le sien, fruit de ses exorbitantes rapines. Au printemps de 1798 il semblait aux mamelouks qu'ils n'avaient plus qu'à jouir paisiblement de leurs richesses, quittes, cependant, à s’assassiner de temps en temps entre partisans de Mourad bey et d'Ibrahim bey qui, rivaux acharnés, se partageaient l'Égypte. Cependant, dès les premiers jours de mai, un bruit étrange parvint à — 173 — Alexandrie. On disait que les Français armaient une flotte formidable et se proposaient d’envahir l'Égypte; puis, fin juin, les vaisseaux de Nelson avaient fait leur apparition devant Alexandrie et des parlementaires s'étaient approchés du rivage, demandant où se trouvaient Bonaparte et la flotte annoncée. Qo- raim, le gouverneur de la ville, craignant quelque ruse de guerre, les renvoya, refusant même de leur laisser faire laiguade. Nelson était à peine parti, qué- rant sa proie future, qu'une frégate, la Junon, apparaissait devant le port et emmenait le consul Magallon, puis, dès le lendemain, 1° juillet 1798, l'armée française débarquait au Marabout, Alexandrie était prise et les émissaires du conquérant de Ftalie allaient de village en village porter les exemplaires imprimés de cette fameuse proclamation dans laquelle Bonaparte, paraphra- sant la formule révolutionnaire «Guerre aux châteaux, paix aux chaumiéres>, se déclarait l'ennemi des Mamelouks. « Depuis trop longtemps, s'écriait-1l, ce ramassis d'esclaves achetés dans le Caucase et dans la Géorgie tyrannise la plus belle partie du monde; mais Dieu, de qui tout dépend, a ordonné que leur empire finit. « Peuples de l'Égypte, on vous dira que je viens pour détruire votre religion, ne le croyez pas; répondez que je viens vous restituer vos droits, punir les usurpateurs et que je respecte, plus que les Mamelouks, Dieu, son Prophète et le Koran.» Ibrahim et Mourad beys sentirent le danger qui, soudain, les menacait, l'hôte formidable, lOgre de Corse qui venait troubler leur orgie, mais, croyant que le nouveau venu anéantirait Fun au profit de l’autre, les deux beys rivaux ne surent pas faire taire leur inimitié et s'unir ensemble contre l'ennemi commun. Ibrahim, qui était au Caire, résolut de combattre l'ennemi sur la rive droite en se tenant sur la défensive, tandis que Mourad, plus hardi, faisait partir de Ghizeh sa flotte créée et commandée par le Grec Nicolas Papazoglou et, sui- vant la rive gauche, s'avancait, lui et ses fidèles Mamelouks, à la rencontre de Bonaparte et de ses demi-brigades fameuses. Le premier choc eut lieu a Chobrakit (14 juillet 1798). Le 22, la bataille recommençait à Embabeh et, le soir même, Mourad bey et ceux de ses mame- louks qui avaient survécu à la défaite s’enfuyaient vers la Haute-Égypte. Quelques jours après, Ibrahim bey et ses fidèles se réfugiaient en Syrie. — 174 — Sans cesse poursuivis, souvent vaincus, Mourad bey et ses Mamelouks ne devaient revoir le Caire qu'au moment de la bataille d’Héliopolis et la révolte du Caire qui suivit. Les trois voisins du quartier Nassarieh, c'est-à-dire Hassan Kachef, Qacim bey Abou Seif et Ibrahim el Sennari furent du nombre de ceux des Mame- louks qui tinrent la campagne avec Mourad bey et partagèrent sa fortune. Après la bataille d'Embabeh ou des Pyramides, Bonaparte, poursuivant le plan conçu par lui, avait, dès le of juillet, arrêté que les citoyens Monge, Berthollet et Magallon formeraient une commission chargée de faire mettre scellé sur tous les biens des Mamelouks, de prendre les mesures nécessaires pour le recouvrement de toutes les contributions directes ou indirectes, de prendre toutes les mesures tendant à conserver les propriétés et les magasins nationaux. Ne pouvant rester à Ghizeh dans le palais abandonné par Mourad bey, Bona- parte donna à d’autres personnes une mission tout aussi urgente : il les chargea de trouver au Caire des palais et des maisons où il voulait loger, lui, son état-major, ses généraux et aussi ses savants et ses soldats d'élite. Les locaux abandonnés par les Mamelouks étaient tout désignés pour cet usage. Dès le 22, Bonaparte envoie l’adjudant-général Beauvais au Caire pour y marquer son logement et celui du quartier général. Beauvais chargera un Français habitué au pays de rester dans la maison et de prendre plusieurs esclaves pour l’accommoder et c’est le palais que Moham- med bey el Elfy vient de terminer en y dépensant des sommes considérables, ce palais splendide qu'il habita vingt jours seulement, qui devient le logis de Bonaparte, puis de Kléber et de Menou. Le général Dupuy, nommé gouverneur du Caire, sinstalle dans le palais d'Ibrahim bey au Birket el Fil et, tout heureux de son avancement et de sa bonne fortune, écrit à ses parents : «J’habite le plus beau sérail du Caire». Bonaparte, après avoir parcouru la capitale d’alors aux mille rues étroites et tortueuses dans lesquelles Dupuy confesse qu'il ne peut arriver à se recon- naitre, juge, en stratégiste qu'il est, que tous les services de l’armée doivent être concentrés autour de l'Ezbéquieh où il habite dans le palais d'Elfy bey et, dès le 1% août, il trouve un instant de répit dans le labeur formidable de l'organisation de sa conquête pour songer aux savants qu'il a emmenés avec — 175 — lui et qui, depuis Toulon, n'ont été ni utilisés régulièrement ni, aussi, payés. Il demande à Caffarelli de lui envoyer l'état de ce qui est dû aux savants et artistes qui sont venus avec l’armée en divisant cet état par mois, puis, le len- demain, Berthollet, Monge et Caffarelli sont désignés pour choisir une maison dans laquelle on pourra établir une imprimerie française et arabe, un labo- ratoire de chimie, un cabinet de physique, et, sil est possible, un observa- toire. Il y aura une salle pour l'Institut. Et Bonaparte ajoute : «Je désirerais que cette maison fut située place de l’Ezbéquieh ou Île plus près possible». Le désir du général en chef, qui tenait à grouper les établissements francais les uns auprès des autres, ne fut pas entièrement satisfait : seule l'imprimerie fut réellement installée place de !’Ezbéquieh, puis dans le quartier Rouei. L’Ins- litut et ses logis s’'établirent loin du quartier général, à près de deux kilo- mètres de là; ce fut une faute dont on devait s’apercevoir plus tard, lors des insurrections du Caire et dans mainte autre circonstance. Monge, Berthollet et Caffarelli découvrirent, non loin de la Mosquée de Saidah Zeinab, les demeures de Hassan Kachef, de Qacim bey Abou Seif, d'Ibra- him el Sennari, d’Ali Youssef, en tout trois palais magnifiques, deux maisons et de splendides jardins. Les commissaires les mirent en réquisition pour y loger les membres de la Commission des Sciences et des Arts et l'Institut d'Égypte. Cette étude étant consacrée à la seule maison d'Ibrahim el Sennari, nous n'entrerons pas dans la description du palais de l'Institut ou de Hassan Kachef, m de celui de Qacim bey et de son jardin fameux dont les Français conser- vèrent longtemps un souvenir attendri. Pour la maison du Sennari nous pos- sédons des documents d'origines diverses. C’est tout d’abord un passage de Djabarti : «Les peintres étaient installés dans la maison d'Ibrahim bey Kat- khoda el Sennari. Parmi eux, il y avait Arago qui faisait des portraits; 1l était si habile qu’en voyant ses portraits on eut dit qu'ils étaient en relief et tout prêts à parler. Il avait fait le portrait de chacun des cheikhs et d’autres notables, ces tableaux étaient placés dans les salons du général en chef et ailleurs.» Cet Arago dont nous parle Djabarti n’est autre que Rigo, un peintre célèbre alors et qui mourut en 1814. Nous trouvons des traces nombreuses de son séjour en Égypte. Cest Rigo qui est chargé, avec Malus et Lancret, de décorer la place de l'Ezhbéquieh pour la fête du 1% vendémiaire an vu. On construisit © — 176 — alors un vaste cirque où, au milieu de colonnes et d’arcs de triomphe, on éleva un obélisque de bois revêtu de papier collé sur la toile où se trouvaient inscrits les noms de tous ceux qui étaient morts depuis le débarquement. Le Courrier de l'Égypte ajoute que l’une des entrées du cirque fut décorée par un are de triomphe sur lequel était représentée la bataille des Pyramides, chef-d'œuvre éphémère de Rigo. C'est encore de Rigo qu'il s'agit dans une lettre de Bonaparte au citoyen Poussielgue en date du 28 fructidor an vi (14 septembre 1798). «Je désirerais avoir des dessins des différents costumes du pays. Le citoyen Rigo, en dessinant les costumes peut en même temps dessiner les principaux personnages du pays. Ainsi, pour dessiner un Osmanli, il dessinera l’émir el Hadji; pour dessiner un copte, il dessinera l'intendant général (Girghis el Gouhary); pour dessiner un cheikh, il pourra dessiner le cheikh El Bekhry; ainsi de suite. J'en ai parlé déjà à lémir el Hadji, parlez-en au cheikh el Bekhry et à l’intendant général. » Plus tard, à Sainte-Hélène, Napoléon se souviendra de l'artiste et dictera à Gourgaud : « Les dessinateurs Dutertre et Rigo dessinaient tout ce qui pouvait donner une idée des coutumes et des monuments de l'antiquité. Ils firent les portraits de tous les hommes du pays qui s'étaient dévoués au général en chef : cette distinction les flattait beaucoup. » Cependant, parfois, certaines personnes seffaraient de lhabileté de Rigo si nous en croyons Galland, l’auteur du Tableau de [ Egypte, qui rapporte l’anec- dote suivante : cll était arrivé au Caire une caravane de Nubie qui, outre les esclaves dont elle fait commerce, apporte habituellement des plumes d’autruche, des dents d'éléphant, du tamarin et de la poudre d’or. Le citoyen Rigo résolut de pein- dre le chef, dont le caractère nubien était fortement prononcé sur sa figure. Il employa tous les moyens possibles pour lattirer chez lui, et il y réussit enfin. Le Nubien parut d’abord content de l’esquisse au crayon : il montrait avec son doigt les parties correspondantes de son visage en s'écriant : Tayeb! bien. Mais quand le peintre y eut mis les couleurs, à peine cet homme eut-il fixé la peinture, qu'il se jeta en arrière, en poussant des hurlements effroyables. Il fut impossible de le calmer et il s'enfuit à toutes jambes, disant — 177 — partout qu'il venait d’une maison où l’on avait pris sa tête et la moitié de son corps. cll a fallu employer l'autorité pour peindre une esclave du même pays, appartenant à un Français. À mesure que le peintre achevait de faire la tête, le bras, etc., elle s'écriait : Pourquoi prends-tu ma téte? pourquor dles-tu mon ras? Ces gens sont persuadés que toutes les parties du corps dont l’imave es bras? Ces ¢ t d toutes | ties d ps dont | pe est présentée sur la toile vont se dessécher et ceux d’entre eux qui ont vu les ate- iers du citoyen Rigo ont répandu le bruit qu'ils avaient trouvé chez un Fran- | du citoyen Rig t lu le bruit çais des têtes el des membres coupés. Ces choses-là ont concouru à faire croire aux Égyptiens que les membres de l’Institut sont les sorciers de Bona- parte, et qu'ils ont contribué de beaucoup au succès de ses armes : les membres de l’Institut sont trop modestes pour le penser. » Rigo, qui fut membre de I'Institut d'Egypte, était assurément parmi ces modestes, car je n'ai pas encore pu retrouver sa trace en France. J’y arriverat peut-être un Jour. Il nous reste cependant de lui dans les planches du Voyage dans la Basse et dans la Haute-Egypte de Vivant Denon une belle vue de l'entrée e la pyramide de Ch e jolis dessins représentant différents costumes de | py de de Chéops et de jolis dessin ntant dif t { du pays qui nous révèlent un artiste charmant aujourd'hui trop oublié. e Musée de Versailles conserve quelques toiles d’un Rieo qui parait être Le M de V Il nserve quelques toiles d’un Rigo qui | t ét ils de celui qui, jadis, fut un des hôtes de la maison d'Ibrahim el Sennari. fils d | jui, | dis, fut un des | Djabarti mentionne encore deux de ses habitants en ces termes : « Un autre artiste était occupé a dessiner les animaux et les insectes, un autre dessinait les poissons. Quand un animal ou un poisson inconnu en France était décou- vert, on le mettait dans un liquide qui le conservait indéfiniment sans aucune altération. » uv être que les assistants d'Etienne Geoffroy Ces deux personnes ne peuvent \ aint-Hilai éléoués comr ut du Muséum d'Histoire naturelle de Paris : Saint-Hilaire dél omme lui du M d Hist turelle de P Savigny et Redouté. Marie Jules César de Lorgne de Savigny, né à Provins le 5 avril 1777. n'avait que 21 ans quand il partit pour l'Egypte. Quoique jeune il s'était déjà fait connaître par un voyage en Extrême Orient, d'où il avait rapporté une Historre naturelle des Dorades de la Chine publiée in- folio à Paris en 1798. Pendant la campagne d'Égypte il soccupa principale- ment de l’étude des animaux invertébrés. Ses recherches furent d'un intérét 2 20 — 178 — considérable : elles forment une des bases principales de l'entomologie. Sa- vigny présenta à l’Institut d'Égypte dont il fut membre, une description de la Nymphéa Gerulea publiée dans la Décade évyphenne, 1799, puis dans la Des- cription de l'Epypte dont il fut un des principaux rédacteurs. On lui doit, dans cette admirable Description, les planches des animaux invertébrés et des mol- lusques ainsi qu'une Histoire de [Ibis (1805). Membre de l'Académie des sciences, il mourut en 1851 a Gally prés Versailles. Ainsi que Geoffroy Saint- Hilaire il devint aveugle de bonne heure à la suite d’ophtalmies contractées en Egypte. Savigny mériterait une notice plus étendue que celle que nous lui consa- crons dans cette étude. Son compagnon Henri Joseph Redouté, dit Redouté le Jeune, fut, lui aussi, membre de l'Institut égyptien. C'était le frère cadet du célèbre peintre de fleurs. Né à Saint-Hubert, près Liége, le 25 mai 1766, attaché comme ar- tiste à l'expédition d'Égypte, il est l’auteur d’un grand nombre de planches d'animaux et de poissons dans la représentation desquels il excellait. Rentré en France, il devint plus tard peintre d'histoire naturelle au Muséum de Paris. Redouté, Savigny et Rigo n'étaient pas les seuls habitants de la maison du Sennari. Édouard de Villiers du Terrage y logea aussi ainsi que son ami insé- parable Prosper Jollois. Tous deux sortis de Polytechnique, devaient jouer un rôle considérable dans la création de la science archéologique égyptienne. Ge fut à eux que l'antique Égypte se révéla dans sa majesté millénaire : tous deux, émerveillés, inaugurèrent, créèrent au milieu de nombreuses épreuves, la méthode suivie encore de nos jours pour la copie intégrale des monuments antiques. Le temps leur manqua pour parfaire l'œuvre gigantesque dont ils posèrent les bases. C’est à leurs successeurs qu'ils réservèrent le soin de la continuer plus paisiblement qu'eux qui, entre deux combats, allaient vail- lamment demander leurs secrets aux monuments pharaoniques. Dans les dernières années de sa vie, Édouard de Villiers du Terrage, à soixante-dix ans, parlageait ses loisirs entre les travaux de la Société des An- tiquaires de France et les cours de langue hiéroglyphique que M. de Rougé professait au Collège de France. Il aurait pu, à bon droit, se comparer à Moïse menant les Hébreux jusqu'à la Terre promise puis mourant avant que d'y entrer, lui, de Villiers, qui, avec Jollois et Jomard, avait, le premier, copié — 179 — fidèlement un monument égyptien et recueilli les matériaux grâce auxquels Champollion, quelques années plus tard, allait retrouver le secret des hiéro- olyphes égyptiens. Jollois et Fevre (un autre ingénieur qui habitait aussi la maison du Sen- nari) ne Ja quittèrent pas sans en emporter un souvenir durable. Ils en firent le plan, dessinérent la facade avec la belle moucharabieh du Selamlik et plu- sieurs détails de la maison qu'ils habitèrent jadis. Ils publièrent ces documents dans la Description de l'Égypte où ils se retrou- vent dans l'État moderne, planche 57, n° 2,3, 4,5, 6, et planches 58 et 59. Or, en 1911, quand je rassemblais les matériaux avec lesquels j'ai ébau- ché l’histoire de la Commission d'Égypte (1, et me trouvant à Karnak, j'écrivis à M. Hippolyte Ducros pour lui demander de rechercher dans le quartier Nasrieh si quelques maisons où habitèrent jadis les savants de Bonaparte ne subsistaient pas encore. M. Ducros, qui, comme tant d'autres de nous, s'intéresse particulièrement à cette période de notre histoire, réussit au delà de mes désirs; car, quelques jours après, le 17 mai, il m'écrivait qu'il avait retrouvé, non pas la maison de Hassan Kachef où siégea l'Institut d'Égypte et sur l'emplacement de laquelle est bâtie l'École Nasrieh, ni celle de Qacim bey où se trouve un bureau de poste, mais, grâce aux planches de la Description de l'Égypte, tout au fond de la ruelle Hassan Kachef, la maison d'Ibrahim el Sennari. Des photographies qui accompagnaient cette lettre montraient que l'identification de M. Ducros était exacte et irréfutable. Il existait donc encore au Caire une maison où avaient habité, non pas Bonaparte qui résida toujours dans le palais d'Elfy bey, place de l'Ezbéquieh et non ailleurs, mais des membres de l'Institut d'Égypte et de la Commission des Sciences et des Arts. Cest à ce titre que la maison du Sennari mérite d'être signalée à l'attention et à la bienveillance du Gouvernement et de l'institut égyptien, soucieux de garder les reliques de nos grands ancêtres scientifiques, de ceux qui ouvrirent la route que nous suivons aujourd'hui. Dans cette maison, quelques-uns d'entre eux vécurent, travaillèrent à révéler à l'Europe une Égypte formidable et magnifique quelle ignorait encore. Tous tant qu'ils furent se livrérent à cette étude avec passion, ne comptant La La Commission d'Égypte , dans Aux pays de Bonaparte : | Épypte, par Jean pe Merz et Grorces Lecrain, Rey éditeur, Grenoble. ose — 180 — pour rien les dangers et mème la mort et laissèrent après eux une des rares couronnes qui nous restent de l'épopée fabuleuse : La Description de l'Égypte. Ne serait-il pas juste et bon qu'en témoignage de respect pour nos grands devanciers, on gardât pieusement de la ruine ou de la destruction la jolie maison où jadis, pleins de jeunesse, de foi et d’espoir ceux qui furent les sol- dats lettrés de Bonaparte, ceux qui découvrirent Flsis antique dont personne n'avait encore soulevé le voile passèrent quelques années de leur vie pour la gloire de leur Patrie et pour le plus grand bien de la Science et de l'Égypte moderne ? Cette étude ne serait pas complète si nous ne reportions nos recherches vers le propriétaire de la maison du quartier de l'Institut où logeaient Rigo, Devilliers et leurs amis, c’est-à-dire vers Ibrahim bey el Sennari, lui-même, que nous avons vu gagner le Said à la suite de Mourad bey vaincu. Les rap- ports de Desaix et de ses officiers le signalent assez souvent parmi les Mame- louks qui harcelaient sans relâche la marche de l’armée. Il prend part, avec Elfy bey, à quelques pourparlers engagés en vue d’une paix improbable et comme Elfy bey, propriétaire de la maison où loge Bonaparte, il demande que tous ses biens et ses immeubles du Caire lui soient rendus. Puis les évé- nements se succèdent rapidement, Kléber remplace Bonaparte, les Turcs approchent jusqu'à Héliopolis où, en quelques heures, les Français recon- quièrent l'Égypte tandis que le Caire se révolte derrière eux. On sait que, pendant que Kléber s'apprêtait à repousser le grand vizir, Mourad bey s'était rapproché peu à peu du Caire, attendant le résultat de la bataille pour se joindre ensuite au vainqueur. Ses mamelouks furent moins patients que lui. Au bruit du canon d'Hélio- polis, les habitants du Caire s'agitèrent et quelques Francais furent massacrés. Les Turcs et les Moghrabins du Khan el Khalili sortirent de la ville et allérent occuper divers monticules devant Bab el Nasr. Une grande partie de la popu- lation les y suivit, attendant le résultat de la bataille et interrogeant vaine- ment quelques blessés échappés à la tuerie. Dans l'après-midi, précédé par la foule, Ibrahim bey rentra dans le Caire, puis ce fut Sélim Aga, puis Othman Aga Katkhoda, puis enfin Nassouh pacha avec une partie considérable de l'armée turque, et une foule de beys accom- pagnés de leurs mamelouks et de leur suite. — 181 — Ibrahim el Sennari était du nombre de ces beys qui entrèrent par Bab el Nasr et Bab el Fetouh et s'avancèrent par le quartier Gamalieh, proclamant à haute voix la déroute des Francais et l’anéantissement de leur armée. I] n'entre pas dans le cadre de cette étude de rapporter la reprise du Caire, la belle conduite du colonel Duranteau qui, avec une poignée d'hommes, résista de longs jours dans la maison d’Elfy bey, ni, non plus, la loyauté de ce der- nier, qui, à son corps défendant, sauva la vie d’otages que la foule voulait massacrer. Elfy bey est un beau soldat devant lequel Ibrahim el Sennari s’el- face, plus préoccupé de sa fortune que des horions a recevoir et des lauriers à cueillir. Il retourne au quartier de Saidah Zeinab, s'engage dans la petite ruelle quil connait si bien, et, tandis qu’on se tue dehors, il rentre dans sa chère maison où il retrouve toutes choses en place, grâce à ses locataires. Ibrahim bey el Sennari ne connut là que quelques jours de repos, car les Français revenant, il rejoignit Mourad bey à Deir el Tin. Ni Djabarti, ni les documents français ne parlent plus de notre Barbarin jusqu'en 1801, époque où il périt de façon malheureuse. La mort de Mourad bey avait privé les Mamelouks d'un de leurs plus grands chefs. Elfy bey pouvait et devait lui succéder, mais il lui fallait encore le temps d'imposer son autorilé à ses rivaux. Les Mamelouks, voyant Belliard signer la Convention du Caire et Menou capituler dans Alexandrie, pouvaient croire que, les Français partis, l'Égypte redeviendrait leur proie comme avant l'arrivée de Bonaparte et de ses soldats. Un adversaire sur lequel ils ne comptaient pas surgit soudain. Un maitre dont depuis longtemps ils méconnaissaient la puissance souveraine, le Grand Sei- eneur de Constantinople, entendait rattacher l'Égypte à son empire par des liens plus étroits, rétablir ses droits suzerains et détruire la puissance des ma- melouks. Ainsi le plan conçu par Bonaparte se trouvait repris et continué par le Sultan au nom duquel il s'était présenté en débarquant en Égypte. Là encore il faut relire Djabarti, le Froissart de cette nouvelle guerre qui mit aux prises Turcs et Mamelouks sous les yeux des Anglais qui, après avoir éloigné les Français de l'Égypte, occupaient une partie du pays en attendant que le calme y fut rétabli. La répression turque n’épargna personne et les plus illustres des mame- louks n'échappèrent qu'à grand’peine au dernier supplice. Le vizir fit arrêter — 182 — Ibrahim bey el Kébir ainsi que les autres émirs et sandjaks et les emprisonna; en même temps qu'il envoyait un détachement de soldats albanais pour ar- réter Mohammed el Elfy, un autre sen fut à Rodah chez Sélim Abou Diab, mais les deux mamelouks s'étaient enfuis, craignant le sort qui leur était ré- servé. Soldats et arnautes arrétaient les mamelouks partout où ils les pouvaient rencontrer, car ils avaient été déclarés hors la loi. Cependant, à Alexandrie, se trouvait rassemblée la majeure partie des en- nemis du Sultan et Hussein, le capitan-pacha de la flotte turque, ne cessait de leur tendre des pièges et d’user de ruse avec eux, mais, ajoute Djabarti que nous copierons désormais, «ceux-ci, craignant quelque surprise, étaient sur leurs gardes et n’allaient chez le capitan que bien armés et après s'être entou- rés d’une foule de précautions. Le capitan-pacha les recevait avec un visage souriant et leur faisait un accueil bienveillant. Au jour qui avait été fixé, il les invita sur le grand bateau nommé Azga- Anbarlt. Quand ils furent montés à bord du bateau, ils ne trouvèrent pas le capitan. Ils pressentirent alors le danger. Cependant on a soutenu que le capitan les avait reçus et qu'il leur tenait compagnie, lorsqu'un messager étant venu le prévenir que trois courriers venaient d'arriver et avaient une lettre à lui remettre. Il serait sorti pour recevoir sa correspondance. C'est alors qu'un officier alla trouver les émirs et les informa qu’un firman les in- vitait à se rendre sur-le-champ auprès de Sa Majesté le Sultan. Puis il leur ordonna de rendre leurs armes. Ils refusèrent. Mohammed bey el Manfoukh se leva, tira son sabre, en frappa loflicier et le tua. Les autres émirs limi- tèrent. Ils engagèrent une lutte avec les soldats du bateau et voulurent prendre la fuite. Dans ce combat périrent Othman bey el Mourady el Kébir, Othman bey el Achkar, Mourad bey el Saghir, Aly bey el Ayoubi, Mohammed bey el Husseiny et [brahim Katkhoda el Sennary. La plupart des autres émirs furent arrétés et mis en sûreté sur les vaisseaux. D’autres, blessés, s’enfuirent et al- lèrent trouver les Anglais qui s'intéressaient à eux et sur lesquels ils comp- taient. Les Anglais furent indignés. Ils entrèrent dans Alexandrie et en chas- sèrent les Ottomans. Ils fermèrent les portes des fortifications, une partie considérable de leurs troupes avec une batterie de canons arriva et cerna le capitan-pacha par mer et par terre. Les soldats du pacha se préparèrent à — 183 — attaquer les Anglais, mais le pacha les en empêcha. Les Anglais lui offrirent le combat. Il répondit qu'entre lui et les Anglais il n’y avait point d'hostilités et il continua à rester dans sa tente. « Le commandant en chef des Anglais se rendit alors chez lui et eut avec lui un long entretien, il insista pour obtenir la liberté des émirs emprisonnés. Ils lui furent remis; on lui livra même les cadavres de ceux qui avaient été tués. cl fit transférer le camp des émirs près d'Alexandrie. II fit faire à ceux qui étaient morts des obsèques où les soldats anglais rendirent les honneurs mi- litaires comme s'il s'était agi de hauts dignitaires anglais). » Ainsi périt et fut enterré, au mois de Djamad el Thani de lan mil deux cent seize de l'Hégire qui correspond au mois d'octobre 1801, [brahim Kat- khoda el Sennari el Asoued, qui connut des fortunes diverses et parvint du rang de boab à celui d’émir. Son historien ne nous a caché ni ses défauts ni ses qualités qui étaient moindres que ses défauts. Sa figure moricaude n’ap- paraît qu'au second plan, bien loin derrière celles de Mourad bey et d'Elfy bey, et Ibrahim el Sennari serait inconnu aujourd’hui si la jolie maison qu'il bâtit à Saidah Zeinab du fruit de ses rapines n'avait reçu des hôtes pour les- quels elle n’avait pas été bâtie. La Destinée, qui semble s'être amusée du Sen- nari, voulut que des artistes et des savants de Bonaparte lui payassent leur loyer en sauvant et son nom de l'oubli et sa maison de la ruine qui les atten- daient l’un et l’autre. GEORGES LEGRAIN. Karnak, 2 mars 1910. © Je me suis constamment servi de la traduction de Chefik Mansour bey, Abdul Aziz Kahil bey, Gabriel Nicolas Kahil bey, et Iskender Ammoun effendi publiée au Caire en 1894 sous les auspices du Ministère de I’Instruction publique. ALP OR dau ia. 4 LCA RTL L'ART ANCIEN ET L'ART MODERNE AU CAIRE PAR M. LE DOCTEUR BAY SECRÉTAIRE GENERAL DE L°INSTITUT ÉGYPTIEN. Ecrire sur cette question est chose malaisée, surtout lorsqu'il est nécessaire de faire ressortir certaines vérités, et la sagesse ne nous a-t-elle pas appris que la vérité n’est jamais bonne a dire. Cependant, n'est-ce pas un devoir pour tout homme qui pense et qui sait voir, de signaler certains maux trop long- temps endurés, ne serait-ce que pour y apporter un remède, si cela est en- core possible ? On disait autrefois : «Dans Venise la Rouge, chantez-y, mais n’y parlez pas». Comme il serait bien difficile de mettre en chanson ce que j'ai à dire, et que pour ce faire, il faudrait me servir d’un mode mineur par trop triste cependant le seul applicable en la circonstance, je me contenterai d'écrire très brièvement et de signaler certaines impressions, les unes qui me sont personnelles, mais dont la plupart ne sont que le reflet de l’opinion générale et du sentiment de la majorité des artistes et des gens de goût qui fréquentent l'Égypte et tout par- ticulièrement le Caire. Je ne veux être que le faible écho de leurs doléances, sans engager en rien l'Institut égyptien, qui d’ailleurs, d’après nos statuts, n'est pas responsable des opinions émises par l'un de ses membres. Ce qu'était Le Caire, il y a 25 ans, à peine, beaucoup de ceux qui m'écou- tent et tous ceux qui l'ont vu à cette époque peuvent seuls le dire. Visiter Le Caire était pour le voyageur un véritable enchantement qui commençait dès l’arrivée, pour se prolonger durant tout son séjour dans notre capitale. Pour s’en convaincre, il n'y a qu'à relire ce qu'ont écrit à ce sujet Maxime Du Camp, Melchior de Vogüé, pour ne citer que les plus illustres. La descrip- tion qu'ils firent du Caire et le sentiment qui s'en dégage, est tout autre que celui qu'on peut éprouver aujourd'hui à la vue des mêmes objets. Pourquoi le charme est-il rompu ? — 186 — C'est ce que je vais essayer de démontrer. Depuis que le monde entier a été pris de la maladie de la pierre et du béton armé, et que le style «Babel» néo-germanique fleurit sur la majeure partie du monde civilisé; depuis que le bon goût a complètement disparu de l’archi- tecture pour laisser la place au style moderne qui s'étale dans toute sa lai- deur, l'Égypte n'a pas pu échapper à la folie générale. Si l’on a beaucoup bâti dans ces dernières années, les pierres neuves ne peuvent nous consoler de la disparition des anciennes. On ne peut parcourir la ville sans éprouver ce sen- timent de lassitude qui vient du heurt perpétuel et de la violence imposée à notre vue et à notre esprit par le mauvais goût qui règne partout en maitre. C'est en vain que l’on cherche ce cachet oriental si spécial qui faisait la carac- téristique de notre ville. Les quelques monuments qui lui donnaient cet aspect si particulier ont été défigurés à tel point qu'un ancien qui reviendrait dans le pays ne pourrait les connaître. Je ne citerai qu'un exemple. C’est un monu- ment sans grande importance, je l'avoue, mais dont je parle parce qu'il est le premier que l’on aperçoit en arrivant au Caire. I s’agit du « Sébyl » édifié par les soins pieux de la Mère du petit Mohamed Aly, qui actuellement abrite dans une de ses parties un salon de coiffure extra-moderne, installé à la « franque», comme disent les indigènes. Nous avons protesté longtemps contre cette vio- lation d’un souvenir. Sommes-nous arrivés à un résultat quelconque malgré les promesses qui nous ont été faites solennellement? Je sais que cet édifice na qu'une valeur architecturale et artistique très médiocre; mais enfin c'est un souvenir, et le premier spécimen du style turco-arabe que l’on rencontre en arrivant. Il fallait done le respecter. Puisque nous sommes dans cette rue Bab-el-Hadid, ne la quittons pas sans jeter un regard sur une mosquée moderne située en face du Sébyl et qui offre un caractère de laideur tout particulier. Aimez-vous les minarets à colonnes ? On en a mis partout. Dans ce genre de minaret dont vous voyez ici un exem- ple, on s’est inspiré vaguement d’un modèle ancien dont le style et l’ordon- nance ont été corrompus, et l’on est arrivé à cette création architecturale ultra- moderne, qui semble devoir être le minaret type adopté à tout jamais. Ne per- dez pas votre temps à le regarder attentivement, car vous aurez l'occasion de le revoir partout où le hasard guidera vos pas. C'est le minaret universel, le minaret interchangeable qui s'applique à tous les cas. Ce qui m'étonne, c'est — 187 — qu'on n'ait pas encore créé un syndicat chargé de faire la commande de ce mo- dèle à l'Austro-Germanie, qui se serait vraisemblablement chargée de lexpé- dier tout fabriqué en béton armé, à pièces démontables et prêt à être mis en place. C’etit été une opération des plus remunératrices étant donnée la quantité de spécimens de ce modèle, qui depuis quelques années ont été érigés au Caire, ou qui sont en projet de l'être. Ne le voyons-nous pas trônant un peu par- tout, sur un grand nombre de mosquées anciennes nouvellement réparées, et pour n’en citer qu'une, celle du Sultan Barkouk? Dans ce cas, cela est impar- donnable, car les documents ne manquaient pas pour faire la reconstitution du monument tel qu'il était à son origine. Permettez-moi de vous montrer une estampe faite vers l’année 1830 par un Français qui l'a consciencieusement dessiné tel qu'il l'a vu à cette époque. On y voit que le minaret est terminé par un ove. Ce qui autrefois faisait la caractéristique des minarets du Caire, c'était précisément la diversité de leur forme spéciale, chacune adaptée au style du monument qu'elle devait couronner. C'est cette variété de forme qui opérait le charme et c’est elle qui caractérise ces admirables monuments qu'une res- tauration maladroite n’a pas encore atteint. Et puisque je parle des monuments arabes, laissez-moi faire ici une recti- fication de mots et une observation qui s'impose. On parle toujours de «l'art arabe». Écoutez ce que dit à ce sujet un artiste consommé qui écrit dans la Revue de l'Art, cette publication si documentée et la plus importante de toutes celles qui paraissent à notre époque. M. Ray- mond Keechlin, dans un article sur Art Musulman où il passe en revue tous les monuments du Caire, dit : «Le nom d’Art musulman a été adopté depuis quelques années pour dési- cgner l’ensemble des divers arts qui sont pratiqués en Égypte, en Perse, en «Syrie, en Asie Mineure, dans l'Afrique du Nord, et en Espagne, à partir de «la conquête arabe. Le nom dart arabe, choisi d’abord, était inexact, car on «ne voit pas que les Arabes aient apporté à l'art aucun élément nouveau; «celui d'art musulman semble au contraire assez large et assez précis à la fois, «car, sans donner à aucune région le pas sur les autres, il marque bien l'unité «du mouvement qui se produisit dans les divers pays où s'installait l'sla- «misme, unité très relative en vérité, mais sensible pourtant, et qui se dégage 24. — 188 — «parfaitement des beaux livres de MM. Saladin et Migeon.» (Manuel d’Art musulman, t. I", L'architecture, par H. Saladin; Les Arts plastiques et industriels, par G. Migeon, Paris, Picard, in-8°). Donc, il est logique de ne pas employer le mot dart arabe et de le rem- placer par celui d'art musulman. Cet art est noblement représenté au Caire. Qui n’a pas tressailli à la vue de la Mosquée du Sultan Hassan, ce colosse architectural aux lignes si gran- dioses et en mème temps si harmonieuses, où la puissance s’unit si intime- ment à la grâce et à la beauté, en dépit des restaurations maladroites qui y ont été faites? Mais pourquoi faut-il que le monument d’en face vienne, par une note discordante, gater une si heureuse impression? La Mosquée de Rifai, qui fait face à celle du Sultan Hassan, avait primitivement été conçue dans des proportions qui s'accordaient avec celles de sa voisine. Pourquoi la sobriété superbe de Sullan Hassan a-t-elle été remplacée par ces motifs architecturaux dont la banalité n’a d'égale que le mauvais goût? Et cependant le bon modèle n'était pas loin. Où a-t-on jamais vu dans un monument de l’art musulman, des colonnes à fits supportés par une base? Cela existe dans le style roman, byzantin, grec ou autre, mais jamais dans le style musulman pur. La conception arabe des monuments anciens, c'est la forêt dont les arbres sortis du sol poussent une frondaison à sommet s’épanouissant en forme de voûte. Nous retrouvons éga- lement cette même conception dans un grand nombre de nos cathédrales gothi- ques, mais ici la règle n’est pas absolue. Or, on n’a jamais vu une forêt à troncs d'arbres supportés par un socle formant base. La colonne à fut, sans base, est done une caractéristique du style musulman, et le cas contraire n’est que la corruption de ce style et une exception le plus souvent malheureuse. Cette erreur architecturale se trouve partout multipliée dans la Mosquée de Rifai. La décoration de cet édifice rappelle à s’y méprendre le style clinquant des tavernes, style si cher aux habitants des bords de la Sprée. C'est le mauvais colt criard qui s'étale grossièrement et semble un défi porté au bon sens. C’est la surcharge décorative, le manque absolu d'équilibre et de pondération, l'abus de la couleur, et de ce que les peintres, en termes d'atelier, appellent «le chichi». C'est bien là le style néo-germanique qui a la prétention singu- liére de vouloir s'imposer au monde entier. — 189 — Tous les artistes et les architectes qui passsent par le Caire sont unanimes à proclamer que ce monument est bien l'expression de l'impuissance de l'art moderne appliqué à la construction. Parler des erreurs commises dans la restauration des monuments anciens du Caire et dans l'édification des nouveaux exigerait un développement qui dépasserait de beaucoup les limites que je dois donner à cette note. Je ne puis cependant passer sous silence deux monuments : le Musée égyptien et le Musée arabe. MUSÉE ÉGYPTIEN. A tout seigneur, tout honneur. Lors de l'inauguration du monument, on a parlé de style composite grec, dorique, corinthien, du style de la Renaissance française, italienne, espa- enole, du style roman. Que sais-je? On fut tiré d’embarras par une définition spirituellement proposée par M. le Rédacteur en chef du Journal du Caire : «le style gréco-cafre». C'est celle qui parait, depuis lors, avoir rallié tous les suffrages. Cet édifice est destiné à abriter des monuments extraits du sol de l'Égypte et accumulés par les soins des savants qui se sont succédé au Service des Antiquités. On a voulu donner aux merveilles de l’art égyptien un palais digne de les contenir, et à cet effet, on a construit cet édifice qui, au dire de tous, ne répond nullement au but que lon se proposait d'atteindre. C'est en effet le palais des métamorphoses, le palais « Caméléon ». Mais à l'inverse de ce gentil petit animal, ce n’est pas l'extérieur qui se modifie selon les circons- tances, c'est la distribution intérieure qui, mal appropriée, mal ordonnée, ne se prête nullement à l'établissement stable des monuments et des col- lections. Cet édifice, qui rappelle à s'y méprendre certaines gares de chemins de fer, est caractérisé par un grand hall que les savants de la maison ont instinctivement baptisé du nom de «piscine». Cet espace se trouve en contre- bas et l’on y accède par un escalier monumental, exactement comme dans les piscines antiques. C'est là que nagent les statues colossales de personnages qui paraissent fort désappointés de se trouver dans ce milieu après avoir res- plendi au beau soleil d'Égypte, ou dans les temples qui les abritèrent si long- temps. — 190 — Une colonnade prétentieuse entoure ce hall et supporte une immense cor- niche qui indique le niveau de l'étage supérieur et forme une saillie énorme, à profil disgracieux, et sur lequel s’accumule la poussière, ce qui donne au monument un aspect malpropre. Dans tout l'édifice pénètre une lumière crue et blafarde, nullement prépa- rée à éclairer les œuvres d'art et les objets de collection, qui, pour être mis en valeur, demandent un jour discret et bien orienté. La nécessité de modi- fier cet éclairage s'est fait sentir dès le début et a été l'objet des préoccupa- tions et de la sollicitude des savants qui ont étudié la question. Ils sont par- venus à atténuer ce dispositif vicieux sans toutelois arriver à un résultat plei- nement satisfaisant. D'ailleurs, quelle modification sérieuse apporter à un édifice nullement approprié à l'usage auquel il est destiné, et dont l'agence- ment intérieur ne peut rien avoir de stable, voué qu'il est à des métamor- phose incessantes? C'est le monument «Protée» dans lequel s'est réalisé le rêve suprème des entrepreneurs : avoir toujours quelques travaux à exécuter. Et cela dure depuis toujours et menace de durer longtemps encore, sinon tou- jours. Aussi, ceux qui aiment l’art sincèrement regrettent-ils le Musée de Boulac, où Mariette, artiste consommé, avait su grouper d'une façon si saisis- sante toutes ces merveilles du temps passé. L'art égyptien s'épanouissait à Boulac, où la pensée et le recueillement intimes n'étaient nullement troublés par un voisinage de mauvais aloi. Et cela fait ressortir une fois de plus une vérité qui a été bien sentie de ceux qui ont construit de nouveaux musées : c'est que l'édifice doit passer inaperçu et ne doit en rien troubler la vue des objets d'art qu'il est destiné à abriter. En un mot, on ne vas pas au Musée pour voir un édifice, mais on ne demande qu'à pouvoir admirer le contenu mis en va- leur, sans être un instant distrait par le mauvais goût du contenant. C'est là une vérité qui a échappé aux constructeurs du Musée égyptien, et c'est cette mauvaise conception de l'édifice par rapport à sa destination, qui a rendu et rend encore la tâche si difficile aux savants qui sont chargés de sa direction et de sa conservation. Ils font des efforts louables pour bien faire, mais leur science et leur bonne volonté se heurtent à un état de choses qui ne leur est pas imputable, car ils n'ont jamais été appelés à donner leur avis sur la construction de l'édifice et son aménagement intérieur. C'est un Musée à refaire en utilisant le monument pour le rendre à sa destination primitive — 191 — qui, dans la pensée de son auteur, devait être, comme je l'ait dit, une gare de chemin de fer. MUSÉE ARABE. Je ne parlerai pas du monument. Il n’y a rien ou trop à dire à ce sujet. Ce musée abrite de précieuses collections de l’art musulman, et, entre autres, des lampes de mosquées qui font l’admiration du monde entier. Ces lampes sont des spécimens uniques d’un art très imparfait au point de vue de la technique des colorations et des émaux sur verre, mais qui possèdent ce charme péné- trant des œuvres des anciens artisans qui n'avaient à leur disposition que des moyens très restreints, mais dont ils usaient en maitres. Tous ces verres, sauf quelques exceptions, ont reçu comme décoration des émaux opaques, à l'inverse des verrières de nos antiques cathédrales qui sont chargées d’émaux translucides destinés à être vus par transparence. L’opacité ou la translucidité des matières employées dans les objets en verre déter- mine le mode d'exposition qui doit leur être donné pour les mettre en valeur sous le jour qui leur est le plus favorable. En général, dans les musées, les verrières sont placées aux fenêtres pour être vues à contre-jour, la coloration de leurs émaux ne prenant sa réelle valeur que par cet artifice. Peut-il en être de mème pour des verres coloriés avec des émaux opaques, qui, vus à contre-jour, ne donnent que la silhouette du dessin, sans laisser soupçonner les colorations. Pour bien voir une lampe de mosquée, il faut la placer sous un éclairage direct, et non de façon à être vue par transparence, puisque les émaux qui la recouvrent sont opaques. Pourquoi, dans le dispositif adopté au Musée arabe, n’a-t-on pas tenu compte de ce principe? Les lampes qui, autre- fois exposées dans de simples vitrines, nous paraissaient admirables, laissent aujourd'hui le visiteur complètement désappointé. Je ne parlerai pas de ces cages à poulets en acajou verni qui leur servent de support. Trop de bois visible et colorié pour contenir des objets légers, élégants et fluides, si je puis m'exprimer ainsi. Il faut entendre les exclamations poussées par les artistes visiteurs, lorsque, amenés pour la première fois en présence de ces objets d'art dont la réputation est mondiale, ils les voient exposés d’une façon si déplorable. Mais cette fâcheuse impression est bien vite dissipée lorsqu'on pénètre dans — 192 — la salle qui contient les fragments de poteries anciennes et les spécimens d'œuvres céramiques trouvés dans les koms du Vieux-Caire. Je ne crois pas qu'il existe en Europe un musée qui puisse donner une idée aussi parfaite de ce que fut la céramique byzantine et celle des anciens musulmans, au temps où cet art fleurissait en Egypte. Toutes ces piéces et fragments sont groupés par séries de même famille et présentés de la façon la plus heureuse pour la vue et l'étude. Pour ceux qui s'intéressent à la céramique, c’est une collection uni- que dont on ne trouve pas légale dans les musées d'Europe. Outre la valeur artistique, elle offre un intérét particulier au point de vue de l'étude des arts du feu, et je ne doute pas quelle ne devienne un centre de groupement qui attirera en Égypte les artistes nombreux que cette question intéresse, et qu'elle ne serve également à former le goût des jeunes générations égyptiennes qui pourront puiser à cette source une heureuse inspiration. Elle sera le plus puis- sant facteur de la Renaissance des arts céramiques en Égypte, qui pourront refleurir si l’on sait diriger les aptitudes exceptionnelles des Égyptiens vers ce but déterminé. À qui devra-t-on cet heureux résultat? Ici, je dois porter atteinte à la mo- destie de notre savant collègue Aly bey Bahgat, conservateur du Musée, car c'est bien à lui qu'on le doit. Il a commencé son œuvre des fouilles des koms du Vieux-Caire dans des conditions très difficiles, tous les terrains de Fostat susceptibles de renfermer des monuments ayant été concédés antérieurement à des Sociétés pour des usages industriels. Il ne lui est resté que le rebut, mais en utilisant scientifiquement ce reliquat, et en entreprenant des fouilles systématiquement dirigées, il est arrivé à créer un Service qui, non seule- ment vit de ses propres ressources, ne coûte rien au Gouvernement, mais au contraire est pour lui une source de revenus. Cette heureuse innovation est en train de doter la science et l'art de monuments d’un intérêt archéologique de premier ordre, et en cela, Aly bey Bahgat a bien mérité de la science et de son pays. LES ARTS MINEURS. De louables efforts ont été tentés au Caire pour doter le pays d'écoles pro- fessionnelles destinées à former des artisans et leur apprendre un métier. Malheureusement, ce but n’a pas été alteint, car la plupart des élèves qui — 193 — sortent des écoles n'étant pas assez perfectionnés dans le métier qui leur a été enseigné, ne peuvent se tirer d'affaire en utilisant des moyens simples, et sont voués à la stérilité. IT leur manque l'instruction technique faite par des praticiens de métiers qui seuls connaissent les tours à main et les pro- cédés usuels subordonnés aux moyens dont dispose le pays. Dans ces écoles on enseigne un métier en se servant de l'outillage européen que l'élève n'aura jamais à sa portée, lorsque rentré dans son village, il voudra exécuter un travail quelconque en utilisant les seules ressources du milieu. Je ne citerai qu'un exemple. Pour former un tourneur, on se sert, à l'École des Arts et Métiers, de tours mus par une force motrice, et on ignore le tour au pied. Qu’arrive-t-il, lorsque l'élève sorti de l’école retourne chez lui? Il ne trouve jamais à sa disposition le même outillage perfectionné, et il reste absolument désarmé lorsqu'il a à entreprendre un ouvrage quelconque. Son métier ne pouvant le faire vivre, il devient postulant pour une place d'écrivain dans une administration de l'État. C’est le sort réservé à la plupart des élèves des écoles professionnelles. L'Égypte a eu le bonheur de pouvoir conserver ses corpora- lions, ses jurandes et ses maitrises, semblables à celles que l'on est en train de restaurer dans certains pays d'Europe sous forme de syndicats ouvriers. Ces corporations ont précieusement gardé les vieilles traditions, et possèdent la technique des anciens métiers. Pourquoi ne les utilise-t-on pas? Malheureusement, sous l'influence du machinisme moderne importé d’Eu- rope, ces traditions sont sérieusement menacées et semblent devoir dispa- raître. Certains métiers, autrefois assez lucratifs pour faire vivre un grand nom- bre d'artisans, ne peuvent plus lutter aujourd'hui contre la contrefaçon et l'envahissement progressif de la «camelotte allemande» qui livre les mêmes objets mal fabriqués, à des prix très inférieurs, ce qui enlève au pays de précieuses ressources. Il est temps qu’on réagisse contre ce mal, en formant dans les écoles des ouvriers placés sous la direction de praticiens et de maîtres connaissant la technique des métiers du pays. C’est une renaissance écono- mique qui s'impose si lon ne veut pas voir disparaitre à tout jamais ces pe- tites industries locales si intéressantes et qui ont un cachet artistique si parti- culier. Je dois dire quelques mots de l'École des Beaux-Arts du Caire, due à la gé- nérosité d'un prince qui l’a créée et la subventionne royalement. Mr de On croit en général que les Égyptiens n'ont pas d'aptitude spéciale pour les arts. C'est une erreur qui tombe d'elle-même lorsqu'on examine les résultats obtenus en quelques années par lenseignement donné dans cette école. Elle forme des architectes, des décorateurs, des peintres et des sculpteurs. Un des élèves de la classe de sculpture envoyé pour se perfectionner à l'École des Beaux-Arts de Paris, y obtient actuellement de réels succès et promet de deve- nir un grand artiste et un futur professeur. Pourquoi faut-il que la marche et le développement de cette Institution soient entravés par des règlements élaborés par des personnes sans compétence spéciale? C’est la tracasserie ad- ministrative employée systématiquement, qui paralyse les efforts des artistes et des professeurs auxquels l’enseignement a été confié. Dans cette note, je n'ai pu queflleurer un sujet qui demanderait un grand développement. Je me suis borné à signaler certaines erreurs, pensant qu'il était toujours utile d'éveiller l'attention des personnes qui prennent un souci de la beauté, et pensent que le respect et la culture des arts sont aussi néces- saires au développement d’un pays que toutes les autres manifestations de l’activité humaine. J'ai voulu protester contre l'ignorance, la routine et le mauvais goût. Puisse ma voix tre entendue de ceux qui peuvent apporter un remède à un mal si longtemps toléré! D« Bay. UNE ÉTUDE ARCHÉOLOGIQUE PAR M. ALY BEY BAHGAT. (Planches XII[- XV.) Laits Lys lélbois yaya} dal Re) UI js & Gas Cade 1477 Raw JEM! à & Kul IN sia avail eus Lag . Kath nis leg cay) dd dul T à gud os el, aile, Jats BAS [I sg Repth} ld) at que Lod lgrssef Gide Bud! ob : MS (pe colles Yar als a SU BOG Jos claw Ulakuli cole (je She cnslyae 9S (ls des jus or ol Mt a Le ale Gisire (sill) Era es (gel) JU SU Ia slash pet) od oye GE slt Ge Jed! 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Cependant, si le pays diffère peu en apparence de ce qu'il était il y a des milliers d'années, il ne s'ensuit pas qu'il n’ait pas subi de modifications; au contraire, entre les frontières im- muables de la vallée, au delà desquelles s'étend le désert, le sol s'est renouvelé sans cesse : les eaux de linondation annuelle, chargées des matières qu'elles ont arrachées aux montagnes de lAbyssinie, laissent déposer le limon fertile qu'elles tenaient en suspension et, petit à petit, le niveau de la plaine s’est ex- haussé insensiblement. Certaines observations ont amené à évaluer à un milli- mètre le dépôt annuel, ce qui fait un décimètre par siècle et environ 3 mètres depuis le temps de Ramsès : ceci fait comprendre pourquoi les monuments antiques voisins du fleuve sont tous à un niveau inférieur à celui de la plaine et sont maintenant envahis par les eaux pendant la crue. Dans le Delta un phénomène géologique vient contre-balancer l’exhaussement di au dépôt du limon et explique pourquoi l'Égypte n'a pas gagné du terrain sur la mer : il se produit dans cette région un affaissement progressif du sol, analogue à celui constaté en divers pays, comme l'extrémité sud de la Suède, la cote occidentale du Groenland, etc. C'est à cause de cela que les anciennes constructions ptolémaiques voisines du port d'Alexandrie sont actuellement sub- mergées"), Les parties septentrionales du Delta occupées maintenant par des “ Certains géologues admettent que l’affaissement du sol n’est pas continu et qu'il y eut des abaissements brusques. 26 lacs d’eau salée : Mariout, Edkou, Boroullos, Menzaleh semblent avoir été dans l'antiquité des régions basses, marécageuses mais non lacustres. A Kom el Gizeh, près de Kafr el Dawar, on a découvert en 1897 un nilomètre que j'ai transporté au Musée du Caire”. La base de la colonne, qui est d'époque byzan- tine, était à 1 m. 055 mill. au-dessous du niveau de la mer : sil était permis d’aflirmer que cette base avait été établie au niveau de la Méditerranée, on aurait ainsi la valeur de l’affaissement qu’a subi le sol en cet endroit dans l’es- pace d’une quinzaine de siècles. Nous avons, du reste, un témoignage de la modification subie par le sol du nord de l'Égypte par l'historien arabe Maqrizi rapportant que ce qui est actuellement le lac Menzaleh fut envahi par la mer vers l'an 25 1 après Dioclétien ou 554 de l'ère chrétienne. Ainsi donc les efforts patients qu'on tente actuellement pour conquérir des terrains dans les bararis ne feront que restituer au pays des régions jadis couvertes de gras pâturages où l'on faisait en grand l'élevage des troupeaux. On notera comme changement notable à l'intérieur du pays la modification d'existence du Fayoum. Primitivement c'était un vaste lac rempli par l’eau qu'y déversait le Bahr Youssef. À certaines époques, sous la XII dynastie et sous les Romains, des barrages établis dans le ravin d'Iahoun permettaient de re- tenir pendant un certain temps l’eau qui y avait pénétré pendant la crue et de ne la laisser écouler que peu à peu, de façon à prolonger l'irrigation des terrains situés dans la région de Memphis; ce réservoir était ce qu'on appelait le lac Meeris. Après les Romains on préféra renoncer à ce complément de l'inon- dation et supprimer le lac. En réduisant la quantité d'eau admise dans la tran- chée d’Illahoun on assécha peu à peu le pays, et le fond du réservoir, formé par l’épaisse couche de limon qui s'était déposée 14 pendant des siècles, devint la riche province du Fayoum. Actuellement les eaux n’occupent plus que la por- tion la plus basse de la cuvette, à un niveau inférieur de 44 mètres à celui de la mer, tandis que dans l'antiquité elles s'élevaient à plus de 22 mètres au- dessus de la Méditerranée. Les villes romaines qui étaient baignées par le lac Meeris sont maintenant en plein désert. La vallée, partout où elle pouvait être irriguée, produisait d’abondantes récoltes, les principales étant les céréales nécessaires pour l'alimentation : le ( Cf. Annales du Service des Antiquités, t. 1, p. 91. — 203 — blé, l'orge et la dourah; mais alors on ne cultivait pas le coton : à sa place on devait trouver de grands champs de lin, matière première de toutes les étof- fes retrouvées dans les tombes antiques et dont on faisait des toiles d'une mer- veilleuse finesse. Suivant Pline on distinguait quatre espèces de lin : celui de Tanis, de Péluse et de Bouto poussait dans des sols humides, celui de Tentyris aimait la sécheresse et la chaleur. Les instruments aratoires dont se servent les fellahs étaient déjà connus et leur forme n’a pas changé : la grande charrue en bois qu’on voit représentée dans les tombes de l'Ancien Empire est iden- tique au mehrat actuel; le fass semble toutefois n'avoir été répandu qu'à partir de l’époque romaine et dans l'antiquité on lui préférait une houe dont le manche et la palette, tout en bois, étaient réunis par une corde. Pour la récolte du blé on coupait d'abord l’épi seul au moyen de faucilles en métal ou bien en bois armées de dents en éclats de silex; le chaume était ensuite arra- ché à la main avec sa racine et la paille hachée avec un appareil semblable au norag, monté sur des disques en silex à bords tranchants"). Les marais étaient peut-être plus nombreux que de nos jours, s'étendant au pied de la montagne et de la lisière du désert. Le palmier-dattier, l'acacia, le jujubier, le figuier, le sycomore croissaient partout comme maintenant; dans la Haute-Égypte poussaient le palmier doum et les balanites; les vignes étaient nombreuses, le grenadier et le pommier avaient été importés de Syrie. Mais alors comme actuellement les longs bois manquaient : c'est de Phénicie ou d'Asie Mineure qu'on devait faire venir les mats, les poutres et les grandes planches de cèdre ou dif dont les menuisiers et charpentiers avaient besoin. Pour tout cela il fallait avoir de l’eau en abondance et comme la pluie est très rare, tout au moins dans la Haute-Éoypte, c'est le Nil qui la fournissait presque uniquement pour toute la vallée. Le mot d'Hérodote «l'Égypte est un présent du Nil » est rigoureusement vrai. Aussi les habitants ont-ils toujours eu la plus grande vénération pour leur fleuve; ils en avaient fait un dieu, père des dieux, qu'ils figuraient sous les traits d'un homme gras, à seins gonflés, couronné de plantes aquatiques. Nous avonsles textes de plusieurs hymnes en son honneur, où l’on exalte ses bienfaits, les uns transcrits sur papyrus comme devoirs d’é- coliers, les autres gravés par ordre des rois sur des rochers du Gebel Silsileh, © Voir au Musée du Caire, salle V, armoire M. 26. = 9 en cet endroit où, les montagnes s’avancant jusqu’à border le fleuve, l'Égypte n'existe pour ainsi dire plus. Ces chants d’allégresse se sont perpétués sous des formes peu différentes : on trouve leur analogue dans les acclamations que poussent les fellahs lorsque linondation arrive sur leurs domaines et surtout dans les récitatifs des crieurs qui parcourent les villes en donnant des nouvelles de la crue"). J'ai signalé que des vestiges de cette adoration subsistent encore parmi les populations de la Haute-Égypte et qu'à l'occasion de la guérison d'une maladie on faisait vœu au Roi du Nil de lui apporter des offrandes sur les berges du fleuve). Dès l’âge pharaonique la vallée avait été partagée en bassins par des digues courant du fleuve à la montagne et permettant de retenir l'eau pendant un certain temps après la crue; des canaux conduisaient l’eau jusqu'aux districts éloignés qui auraient été difficilement inondables sans cela. Il est nécessaire en effet que le sol, composé d’une argile que le soleil du Saïd durcit et fait cre- vasser à une grande profondeur, soit entièrement imbibé d’eau pour s’amollir et être prèt à recevoir la semence; la manière dont l'eau devait être distribuée était réglementée, mais la crainte de Dieu étant parfois plus forte que celle des décrets officiels, les prêtres avaient introduit le respect du droit à l'eau parmi les préceptes religieux; au chapitre cxxv du Livre des Morts, au nombre des péchés que le défunt déclare ne pas avoir commis il est mentionné qu'il n'a pas coupé un bras d’eau sur son passage. L'inondation naturelle une fois terminée, il faut entretenir artificiellement l'humidité des couches supérieures du sol. Les anciens possédaient déjà les deux instruments d'arrosage les plus usités actuellement : le chadouf et la sagieh. On voit dans les tombeaux thébains de la XVIII dynastie plusieurs représentations de cultivateurs manœuvrant des chadoufs installés comme ceux d'à présents, avec deux montants supportant une vergue mobile à l'extré- mité de laquelle est suspendu au bout d’une longue tige un récipient conique en peau. Je ne connais pas de dessins antiques de la saqieh ou roue à pots, mais je suis persuadé qu'elle était connue. En vidant une tombe a Deir el Ba- hari, jai remarqué parmi les débris qui y étaient jetés une longue poutre avec “) Tout ceci disparait maintenant que le régime des eaux est réglé administrativement, que la crue est produite artificiellement dans une certaine mesure, et que le Caire n’a plus même son Khalig. 2) Ç PRE ) Cf. Revue égyptienne, 1912, p. 364. un trou en son milieu, toute semblable à la traverse qui maintient en haut l'axe de la roue horizontale des saqiehs; d'autre part le signe +x, shend, qui entre dans la composition du nom d’une partie de la propriété foncière d’un seigneur contemporain de la IVe dynastie, est la parfaite image de l'assemblage d'une branche fourchue et d’une barre mobile qui sert à l'attelage des animaux à la saqieh(). Les bœufs devaient être alors seuls attelés à ce manège, car le buflle ne se trouvait pas encore en Égypte, non plus quele cheval qui, introduit plus tard de Syrie, ne fut utilisé qu'aux usages militaires, ou le chameau dont les Bédouins se servaient uniquement au désert. Les seuls animaux domesti- qués dès les premiers âges dans ce pays outre le bœuf étaient Pane, le mouton, la chèvre et certaines espèces de gazelles. Pour porter l’eau dans les jardins on se servait de vases suspendus par des cordes ou des bretelles de cuir à des traverses en bois posées sur l'épaule, ou bien d’outres (gherbes) en peau qu'on allait remplir dans des bassins qui or- naient ces jardins. Des peintures nous montrent aussi de ces outres pendues à des arbres et auxquelles des moissonneurs vont se désaltérer. Le Nil était aussi capricieux envers ses adorateurs que maintenant et ses crues aussi irrégulières; les années bonnes étaient entremélées avec d'autres où une crue trop faible causait la disette, quand ce n’était pas une inondation trop forte qui emportait les habitations, ravageait les plantations et ravinait le sol. La hauteur convenable pour une bonne irrigation variait suivant les pro- vinces : elle était connue et inscrite parmi les indications gravées sur des cou- dées étalons dont on a trouvé des spécimens dans différentes localités. A Éléphantine une bonne crue correspondait à une élévation de 28 coudées, à Edfou il fallait 24 coudées et 3 palmes 1/4; plus on descendait vers le nord, moins grand était l’exhaussement attendu : à Mendès et à Xois (Sakha) on se contentait de 6 coudées. A Memphis, vers l'époque gréco-romaine, on pensait que 16 coudées étaient la hauteur désirable : c’est pourquoi la fameuse statue du Nil, qui est au Musée du Vatican à Rome et représente le dieu étendu te- nant des épis et une corne d’abondance, est entourée de 16 enfants, tous de la hauteur d'une coudée. Si linondation n’atteignait pas 12 coudées elle était © Tombe de Ra-hotep à Meidoum, publiée par Mariette et par F. Petrie. Shend vient de la racine shen «tourner», d'où le sens manège, sagieh». — 206 — désastreuse, tout comme lorsqu'elle dépassait 18 coudées. Les Égyptiens nous ont conservé, gravés sur la pierre, les niveaux atteints par certaines crues. On en voit une liste sur les rochers de Semneh, près de la seconde cataracte, tracés par ordre d’Amen-m-hat III, de la XII* dynastie, le roi qui fit aménager en réservoir le Fayoum ou lac Meeris : les indications qu'on relevait là devaient être transmises rapidement en Égypte et servir à régler la distribution de l'eau dans les bassins; Semneh remplissait donc alors le mème rôle d’observatoire que les nilomètres installés maintenant à Khartoum et sur le haut Nil. Une autre série de marques, datées de la XXIe à la XXVI° dynastie, se trouve sur le quai-embarcadère placé en avant du grand temple d’Amon à Karnak. Sur un rocher de l’île de Sehel est gravée une inscription nous donnant des détails sur les conséquences d'une longue série d'inondations insuffisantes. « L’an XVIII du roi Zeser fut adressé au gouverneur d’Assouan, Madari, un rescrit pour information : «Je suis accablé de tristesse pour le trône et les habitants du palais, mon cœur est rempli d’une affliction immense, car le Nil n’a pas été plein de mon temps pendant l'espace de sept ans. Les grains manquent, les fourrages sont desséchés, il y a disette de toutes les choses mangeables; si quelqu'un appelle à son aide, on se détourne pour ne pas venir. Les enfants pleurent, les jeunes gens dépérissent, les hommes ont le cœur défaillant, les jambes fléchissantes; accroupis à terre ils tendent les mains vers notre palais.» La description des calamités continue sur ce ton; le roi implore le dieu Khnoum de faire cesser le fléau et une bonne crue amène le retour de l’aisance. En re- connaissance le roi donna au temple de Khnoum les districts qui en sont voi- sins, dans un rayon de 20 milles; les cultivateurs et vignerons, pécheurs et chasseurs durent verser le diziéme de leurs revenus aux prétres, les carriéres ne purent étre exploitées sans leur autorisation et seulement moyennant re- devance, les matières précieuses, pierres et bois, importées par là en Égypte durent acquitter un droit de péage en faveur du sanctuaire. Un fait piquant est qu'il n’est pas certain que ce document apparemment officiel soit authen- tique, et que, loin de dater de la III dynastie, il a pu être forgé à l'époque ptolémaique par les prêtres de Khnoum pour revendiquer des biens au sujet desquels ils étaient en contestation. Le souvenir d’une crue néfaste par excès qui se produisit en l'an III d'O- sorkon III de la XXII dynastie est gardé par un texte gravé dans le temple — 207 — de Louxor); on y dit que «la vallée entière était alors comme une mer, les temples étaient envahis par les flots, les habitants étaient semblables à des oiseaux aquatiques ou à des nageurs dans un torrent», si bien que la grande fête du dieu Amon ne put être célébrée. A l’époque perse et ptolémaique chaque temple important eut comme an- nexe un nilomètre : c'était un escalier descendant jusqu'au-dessous de l’étiage ayant une échelle gravée soit sur les marches mêmes, soit sur les parois. De ces nilomètres quelques-uns étaient en communication directe avec le Nil : le plus connu d’entre eux est celui de Vile d'Éléphantine ; d’autres situés loin du fleuve ne devaient recevoir que l’eau d'infiltration, comme par exemple à Médinet- Habou, à Dendérah, à Edfou, et par suite les indications fournies ne devaient pas être rigoureusement exactes. À partir du Bas-Empire, au lieu de donner aux nilométres la forme d'un escalier on se contenta d'établir une colonne graduée au milieu d’un puits; ainsi était le nilomètre de Kom el Gizeh et se voit celui établi à la pointe de l’île de Rodah qui sert encore à relever la cote officielle des eaux pour la région du Caire ©). Indépendamment de son rôle immense dans l'agriculture, le Nil plus qu’au- cun autre fleuve, «ces voies qui marchent», servait aux communications d’un bout à l’autre de l'Égypte et était sillonné d’embarcations de tous genres, munies de grandes voiles rectangulaires, car la voile triangulaire dite latine, seule en usage actuellement, n’a été importée que par les peuples européens. Aussi son lit était soigneusement entretenu et approfondi au besoin. Près de la pre- mière cataracte, le long de l’île de Sehel, existait un chenal que Senusert III de la XIIe dynastie voulut utiliser pour faire passer ses bateaux de guerre en Nubie lors d’une expédition contre les Éthiopiens. Comme ce chenal n’était pas sûr, il le fit creuser à 20 coudées de largeur (10 m. 5o cent.) et 15 coudées de profondeur (7 m.90 cent.) sur une longueur de 150 coudées. Pour le même motif sous Thotmès III de la XVIII: dynastie on recreusa le même canal qui s'était trouvé obstrué par des rochers F). Les services que le Nil rend au pays ne peuvent être portés au maximum qu’à condition que des règlements sages pris en haut lieu soient observés rigoureusement; c’est pourquoi on doit toujours (Cf. Bulletin de l’Institut égyptien, décembre 1895. ® Ce nilomètre n’a été établi qu’en 715 de notre ère. ® Wicsour, Canalizing the Cataract, Caire, 1890. — 208 — rappeler cette page dictée par Napoléon, qui est parfaitement vraie : « Dans aucun pays l'administration n’a autant d'influence sur la prospérité publique. Si l'administration est bonne, les canaux sont bien creusés, bien entretenus, les règlements pour l'irrigation sont exécutés avec justice, l'inondation est plus étendue. Si l'administration est mauvaise, vicieuse ou faible, les canaux sont obstrués de vase, les digues mal entretenues, les règlements de l'irriga- tion transgressés, les principes du système d'inondation contrariés par la sédi- tion et les intérêts particuliers des individus et des localités. Le gouvernement n'a aucune influence sur la pluie ou la neige qui tombe dans la Beauce ou dans la Brie, mais en Égypte, le gouvernement à une influence immédiate sur l’é- tendue de linondation qui en tient lieu. C'est ce qui fait la différence de VÉ- oypte administrée sous les Ptolémées, de l'Égypte déjà en décadence sous les Romains et ruinée par les Turcs.» À côté du grand fleuve la part qui revient aux autres réserves du liquide vivificateur est bien modeste; néanmoins on n'avait garde de négliger les quel- ques sources qui sortent du sol en différents points de la vallée. Un document curieux à ce point de vue est celui que nous a conservé en partie un tombeau de Saqqarah ( sur les murs duquel un certain Mès, propriétaire du tombeau, avait fait oraver le récit d’un procès qui avait divisé sa famille pendant plu- sieurs générations. Son aieul éloigné Nesha était chef de la flotte au temps d’Amosis vers 1550 ans avant notre ère, et avait reçu du roi à titre de don, probablement en récompense de services rendus pendant la guerre d'expulsion des Pasteurs, un terrain qu’on appela «oasis de Nesha» et qui renfermait une source qu'on désigna également «la source de Nesha». Ce terrain était situé à la hauteur de Memphis mais sur la rive est, et comme il n'y a guère d’autres sources dans celte région que celle d'Hélouan, il est probable que nous avons dans ce texte la plus ancienne mention de cette localité bien connue des Cai- rotes. Au temps du roi Hor-m-heb, soit deux cents ans plus tard, le domaine fut partagé entre les membres de la famille; mais, soit erreur involontaire, soit effet d’une machination coupable, sur l'un des actes dressés alors on ne men- tionna que les enfants d’une des branches de la famille. Deux générations plus tard, sous Ramsès IT, les descendants qu'on voulait évincer intentèrent un procès ™ V. Lorer, La grande inscription de Mes à Sagqarah, dans Zeitschrift für agyptische Sprache, vol. XXXIX, 1901. — 209 — en revendication. Les usurpateurs présentèrent l'acte falsifié et obtinrent d’abord gain de cause, mais sur appel devant les magistrats des tribunaux de Memphis et d'Héliopolis on fit des recherches dans les registres officiels conservés aux archives des administrations des finances et de l’agriculture, on retrouva l'acte original de partage et notre Mes fut remis en possession de la part dont on avait voulu le dépouiller, 15 aroures, soit près de 9 feddans. Sortons maintenant de la vallée du Nil; dans le désert libyque, s'étendent du nord au sud sur une longueur de 160 kilomètres, de la latitude de Louxor à celle d’Assouan, une série de dépressions renfermant des terrains cultivables, connues sous le nom général d’oasis de Khargeh. Encore plus à l’ouest et per- pendiculairement au sommet de cette cuvette s'en trouve une autre située juste à la limite entre les terrains crétacés et le grès nubien, qui constitue l'oasis de Dakhleh, peuplée actuellement par 18000 habitants. Le village de Mout, qui est la résidence des autorités administratives de cette région, est à vol d'oiseau à 340 kilomètres d'Erment. La fertilité dans cette oasis n’est entretenue que par l'eau sortant de puits creusés à une profondeur moyenne d’une cinquan- taine de mètres, ce sont de véritables puits artésiens qui fournissent aux besoins de l’homme : de très nombreux forages traversent la couche d'argile rougeatre de la surface, et senfoncent dans un banc sous-jacent de grès blanc qui est imbibé d'eau, alors qu’au-dessous s'étend une autre couche imperméa- ble d'argile noire. Depuis l'antiquité les habitants de cette région sont renom- més pour leur habileté à creuser les puits; ils en garnissent les parois de bois d’acacia ou bien forment des tuyaux en superposant des troncs évidés du même arbre : l’eau monte dans cette canalisation et dépassant même le niveau du sol se répand sur les terres adjacentes. Beaucoup de puits de l’oasis remontent à l'antiquité et le bois d’acacia résiste si bien à l'humidité qu'il y a là des canali- sations encore en service dont l'installation n’a pas été changée depuis peut-être deux mille ans"). Le forage de ces puits est un travail long et délicat et l’on comprend que le propriétaire d’une de ces sources ne s'en laisse pas facilement déposséder. Je crois qu'il sera intéressant de montrer comment une revendication en pareille ™ Tous les détails sur cette région sont extraits du livre de M. Hucn Beaonezr, Dakhla Oases, publié par le Geological Survey. to =] — 210 — matière pouvait se soutenir il y a environ 2900 ans, en donnant la traduction d’une stèle découverte près de Mout et qui est maintenant à Oxford). «Lan V, le 16 pharmouti sous le roi, le Pharaon Chéchanq, aimé d’Amon. Ce jour arriva le fils du commandant des Mas), chef de district, prophète d'Hathor maîtresse de Diospolis, prophète d'Horus du Sud seigneur de Pa-zez (Abou Choucha), prophète de Soutekh seigneur de l’oasis, chef des irrigations, surveillant des plantations, le gouverneur Oiuhesat dans les deux parties de l'oa- sis, aux deux villes de loasis(), après que le Pharaon leut envoyé pour réorga- niser la région de l’oasis, attendu qu'il l'avait trouvée aux mains des ennemis et dévastée. Le jour où il alla inspecter les puits et les réservoirs, qui sont au tournant (?) de l’oasis, un réservoir maçonné et un réservoir naturel qui étaient en achèvement, voici que le puits du réservoir fonctionna. Sur ce, le prophète de Soutekh Nes-su-bast, fils de Pa-hà, se présenta devant lui en disant : « Voici une source jaillissante qui est restée enregistrée «Source de l'éclat du Soleil» et qui alimente (?) le «réservoir de la demeure de Ra». Ce que tu as enregis- tré comme étant réservoir communal était propriété de Taiu-hent, dont la mère était Hent-nuteru, ma mère». Le prophète, gouverneur Oiuhesat lui dit : « Présente-toi devant Soutekh en ce jour où le prophète fait sortir ce dieu au- euste Soutekh, le très puissant, fils de Nout, le dieu grand». «L'an V, le 25 phaménot, lors de sa belle fête des observations astronomi- ques, le gouverneur Oiuhesat se présenta pour dire à Soutekh : « 0 dieu grand! fais justice à Nes-su-bast fils de Pa-hàt. Si la source qui est au nord-ouest du puits du réservoir « Éclat du Soleil» et ce réservoir [demeure] de Ra», qui se trouvent au tournant de l’oasis, appartenaient à Taiu-hent sa mère, confirme-le- lui ce jour». Le dieu grand dit : « N’existe-t-il pas deux puits appelés + Éclat du Soleil» et «réservoirs de la demeure de Ra» qui soient au tournant de Poasis ?» On contrôla qu'il n'y avait qu'un puits, qu'on trouva sur le registre d'inscription des réservoirs el plantations de la demeure de Ra, selon les déclarations du contrôleur Ankh-f-Set-nakhtou, lors du cadastre sous le Pharaon Pa-seb-khd-n- nut, le dieu grand, en l'an XIX. Soutekh le dieu grand dit : Puisque tous les () Recueil de travaux, t. XXI. “) Troupes auxiliaires libyennes. ® L'oasis forme un angle et se divise ainsi en deux : la partie sud, dirigée de l'est à l'ouest, a Mout pour capitale; la partie qui remonte vers le nord a pour ville principale Qasr el Dakhel. — 211 — puits qui sont dans... ces deux endroits... à l’ouest du tournant de oasis sont des héritages dévolus, que les puits... et le réservoir sont occupés par des particuliers au mépris du Pharaon, que ce qui appartient aux particuliers soit mis dehors ce jour». Le dieu dit: « Quand les puits auront été consignés à Nes-su-bast fils de Pa-hà, et qu'en ce qui les concerne il aura expulsé ceux qui y sont, le terrain et le puits de Taiu-hent, sa mère, qu'il en soit confirmé en possession, qu'ils soient confirmés au fils de son fils, à l'héritier de ses descen- dants, à sa femme et à ses enfants, sans qu'aucun autre particulier puisse en avoir une part, étant cela la propriété de Taïu-hent». «Transmis à Nes-su-bast fils de Pa-hd ainsi qu'a décrété Soutekh, le dieu erand, en présence de nombreux témoins dont voici la liste : tle prophète de Soutekh maitre de l’oasis. .... le gouverneur Oiuhesat, «le cheikh Pa-urdu, “le cheikh Oiukasahel, «le cheikh Ten. . .ta, «le cheikh Keiuhe..., «le chef huissier Pa-du-Ap-uat, «le surveillant Ankh-fnaif-nebu-nakhtu, «le divin père, scribe chancelier Pa-du fils de Kana, «le divin père, scribe du temple Tel-Soutekh fils de. .., «le divin père, scribe des plantations. . ..... fils de Pa-du, cle divin père Ta... cle divin père Keri-Soutekh, fils de Ankh-f, tle prophète de la demeure d’Amon Pen-Amen, fils de Pa-du, cle portier Pa-ankh, fils de Pen... , cle portier Pa-unchu. » Un nom est détruit, celui du seizième témoin requis pour la constatation des actes judiciaires. Il est probable que le dieu Soutekh pris comme arbitre était représenté par un juge ou un prêtre; avant de rendre sa sentence ce der- nier fit consulter le cadastre officiel : il faut espérer que les archives de l'Oasis étaient mieux tenues que celles de Memphis dont il a été question plus haut et que les prétentions élevées par notre personnage étaient légitimes. Le gouverneur de oasis et au moins deux des cheikhs témoins portent des o= 27: — 212 — noms qui ne sont pas égyptiens : il est probable que c’étaient des Libyens. Les oasis éloignées élaient en effet peuplées en partie par des individus qui n'étaient pas d’origine nilotique; encore de nos jours les habitants de Syouah parlent une langue spéciale qui est un dialecte berbère, idiome dont la zone d’exten- sion va des oasis à l'océan Atlantique, et auquel se rattachent les parlers des Kabyles d'Algérie et du Maroc, des Touareg du Sahara et des Guanches qui habitent les îles Canaries. J'ai passé en revue les emplois agricoles de l'eau dans l'antiquité, inutile d'insister sur son rôle comme boisson, encore que les anciens qui n'avaient pas les mêmes motifs religieux d’abstinence que les Egyptiens modernes aient fait usage, parfois même trop abondamment, du vin et de la bière. Le paysan était aussi peu difficile que le fellah actuel et buvait sans préparation l'eau puisée dans le fleuve, les canaux ou les puits et transportée dans des outres. Le cita- din, plus rafliné, conservait l'eau dans de grandes jarres semblables au zir moderne et laissait déposer les impuretés qu'elle contient. Comme de nos jours, c'était la coutume d'aller chercher la provision d’eau au fleuve au coucher du soleil. Un des emplois mineurs du liquide était pour la fabrication des clepsydres et horloges à eau. Dès la XVIII dynastie, et probablement depuis une date bien antérieure, des appareils comprenant un réservoir à débit constant lais- sant couler de leau dans un vase gradué servaient à mesurer les heures, surtout pendant la nuit pour suppléer le cadran solaire (1). Dans la vallée on se procurait assez facilement la quantité d'eau nécessaire pour les usages courants, mais lorsque pour un motif quelconque il fallait s’en- foncer dans la montagne les difficultés devenaient grandes et parfois insur- montables. Les routes commerciales reliant Coptos à la mer Rouge, Koseir, Myos Hormos et Bérénice n'étaient praticables que lorsque des souverains pré- voyants avaient fait creuser ou réparer des réservoirs emmagasinant l'eau pro- venant soit des rares sources de la région, soit de la pluie ou plutôt des orages qui sabattent parfois avec violence sur le désert. Lorsque la quantité requise du précieux liquide devait être plus considérable, de manière à pouvoir satis- faire aux besoins de nombreuses personnes, par exemple d'ouvriers travaillant 0 Deux clepsydres antiques, dans le Bulletin de l'Institut égyptien, année 1915, p. 5. — 213 — à des carrières, on construisait dans une situation favorable un barrage qui transformait le fond de la vallée en réservoir. C'est ainsi qu'à 11 kilomètres d'Hélouan le ouady Gerraoui a été coupé par un barrage de 10 mètres de hau- teur, 80 mètres de longueur et 45 mètres d'épaisseur devant retenir l'eau nécessaire pour les ouvriers qui, dès Ancien Empire, extrayaient des environs l'albâtre dont on avait l'emploi à Memphis. Je rappellerai encore un texte gravé sur une stèle trouvée à Kouban en Nu- bie"), nous faisant connaître par un récit emphatique la manière dont Ramsès II fit réparer les puits à l'usage des mineurs qui se rendaient par le ouady Allaqi à une centaine de kilomètres de 14, aux mines d'or d'Oumm Garayat, mines qui ont été remises en exploitation dans ces derniers temps. « L'an IT... voici que Sa Majesté était à Memphis à faire les louanges de Ses pères les dieux. Un jour, Sa Majesté était assise sur Son trône doré et étu- diait les régions d’où on apporte de l'or et cherchait les moyens de creuser des réservoirs sur les routes manquant d’eau, après qu Elle avait entendu dire qu'il y a beaucoup d'or dans la région d'Akiat, mais que la route était dépourvue d’eau. Si quelques convois de laveurs d'or s’en allaient la, la moitié seulement y parvenait, car ils mouraient de soif sur la route ainsi que les ânes qu'ils me- naient devant eux; ils ne trouvaient pas l’eau nécessaire pour se désaltérer en allant ou revenant, sauf l’eau des outres, aussi l'apport d'or de cette région était nul. Sa Majesté dit au chancelier royal qui était à Ses côtés : « Appelez les princes ici; Sa Majesté veut conférer avec eux au sujet de cette région afin de faire le nécessaire». On les introduisit de suite devant le dieu bon..., qui leur parla de la condition de cette région et conféra avec eux sur les moyens de creuser un réservoir sur la route. Ils dirent à Sa Majesté : «Tu es comme le soleil dans tout ce que Tu fais; ce que Ton cœur désire s'accomplit, si Tu souhaites quelque chose dans la nuit, c'est promptement exécuté au matin... Si Tu dis à l'eau : « Viens sur la montagne! » le liquide jaillira rapidement après Ta parole... Tous les princes de la vallée d’Akait ont déclaré ceci la concer- nant, pour que le gouverneur royal de Ethiopie le dise devant Sa Majesté : « Elle est dans une situation de pénurie d’eau depuis le temps des dieux, on y meurt de soif. Tous les rois précédents ont eu l'intention d'y creuser un (9) Cuasas, Les Inscriptions des mines d'or. — 214 — réservoir, mais ils ne réussirent pas; le roi Séti I“ a fait de même, il a fait creuser une citerne de 120 coudées de profondeur et a laissé le travail incom- plet, car l'eau n’y arrivait pas. Mais si Tu disais Toi-même à Ton père le Nil, père des dieux : «Que l'eau sorte sur la montagne» il ferait selon tout ce que Tu dirais... ». Sa Majesté dit à ces princes : « C'est bien vrai tout ce que vous avez dit, qu'il n'y eut pas de creusement donnant de l'eau sur la montagne depuis le temps des dieux; comme vous le dites, Moi, Je creuserai là un réservoir qui donnera de l'eau chaque jour comme le Nil sur l'ordre de Mon père Amon-Ra, seigneur de Thèbes»... «Sa Majesté dit au scribe royal d'envoyer l'ordre de creuser ce réservoir sur la route d'Akait en grand hâte. Le scribe royal transmit au gouverneur de Ethiopie ce qui lui avait été ordonné; ce dernier rassembla des gens pour creuser le réservoir. Geux-ci disaient : «Que veut faire le gouverneur? est-ce qu'il y a de eau qui sortira de la montagne d’Akait? Jamais cela ne s'est produit sous les règnes antérieurs». La fin du texte est mutilée, cependant on peut reconnaitre dans les débris qui subsistent que l’œuvre entreprise aboutit. Le gouverneur d'Éthiopie écrivit au souverain que le réservoir ayant été creusé à la profondeur de 1 2 coudées, on arrivait à avoir une couche d'eau de 4 coudées d'épaisseur et demanda l'autorisation de donner à cette citerne le nom de «réservoir de Ramsès vain- queur». J'arrète ici les citations de textes : celles que j'ai données suffisent, je pense, pour prouver le soin avec lequel les Égyptiens soccupaient de l'eau pour tout ce qui pouvait servir à la prospérité individuelle ou nationale; aussi leur pays était considéré dans l'antiquité comme le plus riche du monde et qualifié «le grenier de Rome» au temps des Césars. I n’y a pas de motifs pour que l'Égypte cesse de compter parmi les contrées les plus favorisées, car le vieux Nil est toujours là, prêt à combler de ses dons ceux qui lui accorderont toutes leurs attentions. G. Daressy. TRAVAUX DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE PAR M. J. B. PIOT BEY VICE-PRÉSIDENT DE L'INSTITUT ÉGYPTIEN. En acceptant la tâche de résumer sommairement les travaux de Fnstitut égyptien, pendant ce dernier trentenaire, sur les diverses branches de la mé- decine vétérinaire, il se trouve que cette brève analyse se limitera, faute de plus et de mieux, à mes propres contributions. Pesre sovine. —— C’est en 1884 que j'apportais à l’Institut mes essais de vaccination préventive contre la peste bovine, d’après la méthode de M. le professeur Ghauveau. Ces recherches, précédées d’une étude clinique de la maladie, ne purent amener de conclusions définitives par suite de la dispa- rition spontanée de l’épizootie au début de l'année 188/. Une nouvelle épizoolie, survenue en 1903 et qui sévit encore à l'heure actuelle, m’a conduit, comme mesure défensive, à préconiser tout d'abord l'isolement individuel des contaminés, avec un succès qu'aflirment les statis- tiques des Domaines de V'État, puis l'emploi de la méthode dimmunisation active par l'injection simultanée de sérum et de sang virulent. Cette dernière méthode, étendue ensuite à une notable partie du bétail des provinces, s'est montrée absolument eflicace entre mes mains, avec une perte inférieure a 2 ofo. Des expériences en cours, et qui seront continuées ultérieurement, dé- montrent que limmunité contre la peste bovine est ainsi assurée au bétail vacciné pour une période d’au moins deux ans et demi. C'est 1a un résultat tout nouveau et des plus remarquables qui prouve que nous ne sommes plus désarmés contre le redoutable fléau qui menace périodiquement, environ tous les 20 ans, l'existence du cheptel vivant national. — 216 — MALADIES PARASITAIRES NON MICROBIENNES. — La pratique de nombreuses au- topsies sur le bétail des Domaines et des particuliers m'a fait reconnaître l'extrème fréquence des maladies parasitaires non microbiennes, telles que la bronchite vermineuse du bœuf, du buflle et du chameau, la cysticercose du bœuf, du chameau, du mouton et du pore, la distomatose des ruminants, la bil- harziose, la dracunuculose du chien, sans compter la foule des trématodes et des nématodes de l'estomac, de l'intestin, du sang et de la peau. Tout en donnant une description rapide des symptômes que présentent ces diverses affections, je me suis attaché, dans les quelques mémoires rédigés à ce sujet, à décrire les moyens préventifs et curatifs qui doivent être opposés à ces maladies. Race. — La question de la rage du chien a fait l'objet de plusieurs commu- nications et de très vives controverses au sein de l’Institut. L’existence de cette terrible maladie était méme contestée en Égypte: mais à la suite des nom- breux accidents dûment constatés sur le chien, sur le chat et sur l'homme, j'ai préconisé la création d’un Institut antirabique qui, grâce à la généreuse initiative de la Société de Bienfaisance italienne, ne tarda pas à être constitué sous la direction éclairée de M. le Dt Tonin. En présence du succès obtenu par cet établissement, le Gouvernement égyptien en assuma bientôt l'entretien et la direction; à l'heure actuelle, le nombre considérable de personnes mor- dues qui viennent subir le traitement préventif, démontre éloquemment com- bien était urgente la création d’un Institut antirabique au Caire. [xsriTUT VAGGINOGÈNE. — J'ai également plaidé devant notre Société la cause d'un établissement de préparation du vaccin de génisse en Égypte. Le pays était tributaire de l'Europe pour tout le vaccin nécessaire à son importante population, souvent atteinte de variole. Les avantages de la préparation sur place du vaccin de génisse ou bufflonne n'a pas échappé au Gouvernement, qui s'est empressé d'organiser cet Institut. Son fonctionnement ne laisse rien à désirer, et l'établissement a même fourni, à diverses reprises, de grandes quantités de vaccin à l'étranger. En l'absence de tout document sur MONOGRAPHIE DE DIFFÉRENTES MALADIES. les maladies du bétail communément observées en Egypte, je me suis astreint — 217 — à établir, pour nos Archives, la monographie d’un certain nombre d’affections contagieuses, infectieuses ou sporadiques, dont quelques-unes n'avaient pas encore été observées en médecine vétérinaire. C’est ainsi que la fièvre dengue, apparue sous forme épizootique en 1895 et 1909"), et constatée depuis, dans l'Afrique du Sud, en 1906 et 1907, m'a fourni l’objet de deux mémoires qui ont définitivement fait entrer cette ma- ladie dans le cadre nosologique vétérinaire. Une autre affection, blue tongue, spéciale aux ovidés caprins de l'Égypte et du Sud de lAfrique, s’est montrée en 1908 sur plusieurs troupeaux de la province de Gharbieh. Le barbone (gs) du buflle et du bœuf sévit enzootiquement dans la vallée du Nil, de même que dans les latifundia italiens. J'ai démontré que cette forme de septicémie hémorragique, de pasteurellose est liée aux conditions hydrolo- piques de l'Égypte et que l'unique moyen préventif à opposer à cette maladie est la fourniture exclusive de l’eau de puits comme boisson, car l’eau du fleuve et des canaux est le véhicule incontestable des germes de la maladie. Presque toutes nos espèces domestiques sont sujettes à une maladie, sorte de malaria, causée par la présence dans le sang, au sein des globules, de cor- puscules vivants appelés piroplasmes qui sont introduits dans la circulation par la piqüre d'insectes appartenant, pour la plupart, à la tribu des Ixodes. Sur le bœuf, en dehors des cas qui se produisent spontanément, la maladie s'est montrée fréquemment comme complication des injections préventives contre la peste bovine. Dès l'année 1900, j'ai décrit les symptômes, l'évolution, le traitement préventif et curatif de cette maladie, et depuis, j'ai signalé, dans deux notes à l’Institut, les excellents effets thérapeutiques des injections hypodermiques d’arrhénal, que j'ai expérimentées à l'instigation de M. le professeur Arm. Gautier, de l'Institut de France. Sur le cheval, la piroplasmose revêt deux formes sous notre climat; l’une, extrémement aiguë, presque toujours mortelle, plus spécialement localisée au foie, dont le tissu propre est profondément désorganisé; l’autre, chronique, à caractère bénin, qui guérit souvent sans traitement médical. Bien avant que l’on ne soupconnat le rôle pathogénique des trypanosomes, (Une nouvelle épizootie s’est produite cette année en Égypte (1915). 28 — 218 — j'ai apporté une contribution à l'étude de la maladie de la mouche (el debab), sur le chameau. En moins de 20 ans, les recherches scientifiques ont démon- tré que la répartition géographique des affections causées par diverses formes de ce parasite s'étend à l'univers entier et à toutes les espèces animales, l'homme compris, sur lequel le trypanosome provoque la maladie du sommeil. En Égypte, le cheval se montre quelquefois envahi par le trypanosome du surra; mais le chameau est atteint beaucoup plus souvent. Avec la collabora- tion de M. le professeur Mason, j'ai présenté récemment à l'Institut une étude sur ce sujet, ainsi que sur la filariose du chameau, avec le traitement médical à opposer à ces deux affections qui peuvent exister conjointement ou isolé- ment sur le chameau égyptien. La tuberculose, Vactinomycose, la coccidiose du bœuf, mais spécialement la pre- mière de ces entités morbides, m'ont fourni le sujet d'observations intéressantes. J'ai rendu compte à l'Institut du Congrès international de la tuberculose a Washington où, en présidant la VIT: Section de ce Congrès, j'ai donné lecture d'une note sur la survie économique des bovidés qui ont réagi à la tuberculine. A propos de la tuberculine et de la malléine, j'ai exposé les règles de l'emploi de ces deux admirables réactifs qui sont devenus de précieux adjuvants pour le diagnostic précoce de la tuberculose et de la morve. EMPOISONNEMENTS PAR L'ARSENIC. — Les nombreux cas d'empoisonnement du bétail par vengeance au moyen de larsenic, observés au cours de ma carrière en Égypte, m'ont amené à étaler devant l'Institut cette nouvelle plaie d'É- eypte, aussi hideuse au point de vue moral qu'au point de vue économique. Puissent à l'avenir les mesures que j'ai suggérées contre ce fléau en provoquer promptement l'entière disparition! Monrauiré pan LE rrow. — Jusqu'ici, que je sache, le froid, en Égypte, n'avait pas été une cause directe de mortalité sur l’homme et les animaux. Et cependant les observations très concluantes que j'ai recueillies, en parti- culier de S.H. le Sultan Hussein Kamel, prouvent que des millers de mou- tons ont succombé au froid et à la pluie pendant les journées des 25, 26 et 27 janvier 1908, en même temps que deux habitants de la Gharbieh, surpris par l'orage dans la nuit du 27 janvier. — 219 — ALIMENTATION pu BÉTAIL. — L'alimentation du bétail en Égypte, si simpliste dans ses éléments, mais quelquefois très mal appropriée aux règles de l'hygiène et de la zootechnie, m'a conduit, par l'expérience, à formuler des principes plus scientifiques en ce qui concerne surtout la transition du régime sec au régime vert, de manière à éviter les pertes souvent considérables qu’entrainait la mise au bersim du nombreux bétail domanial. Les résultats obtenus dans cette voie ont pleinement justifié mon intervention. Tourreau DE corox. — D'autre part, le prix élevé atteint au cours de cer- taines années par les fèves, qui constituent la base de la nourriture du bétail pendant l'été, en Égypte, m'a sugoéré l’idée d'entreprendre des essais d’ali- mentation au moyen du tourteau de coton qu'on trouve facilement à portée de la main. Ces expériences, répétées deux années de suite sur des centaines d'animaux, ont démontré que la substitution pouvait se faire, par moitié au moins, sans aucun danger pour le bétail, et que, selon le cours des prix du tourteau, l’économie qui en résultait pouvait aller jusqu'à 50 o/o, cette pro- portion variant naturellement selon la valeur marchande respective de lun ou de l'autre de ces produits. CASTRATION DES TAUREAUX ET DES BUFFLES PAR LA LIGATURE ÉLASTIQUE. — La seule contribution d'ordre chirurgical que j'aie apportée à l'Institut est une brochure sur la castration des taureaux et des buffles par la ligature élas- tique. Ce procédé, que j'ai importé en Égypte, sy est rapidement développé, et en ce moment, c'est presque le seul qui soit couramment employé dans le pays. AnÉvrismes. — Au cours des milliers d’autopsies que j'ai pratiquées en Égypte, jai pu recueillir un grand nombre d'observations sur la rupture d’ané- vrismes chez le bœuf, affectant principalement l'aorte postérieure, quelque- fois l'artère thoracique interne et même les coronaires. Des spécimens de ces lésions, d'ordre purement scientifique, ont été conservées dans les musées de France et d'Égypte. Travaux DE VULGARISATION. — Dans plusieurs séances de notre Société J'ai 28. — 220 — pris la parole pour exposer les travaux de nos savants, notamment l’œuvre de M. Pasteur, dont je m'honore grandement d’avoir été l'élève; j'ai entrepris en outre le compte rendu de la première exposition du bétail en Égypte, Pana- lyse des rapports sur les opérations de l’abattoir d’Alexandrie. Enfin, au point de vue archéologique, j'ai pu recueillir et présenter à l'Ins- titut l'extrémité digitée fossile d’une espèce d’antilope, trouvée dans les car- rières d’Assiout, et j'eus l'honneur de représenter l'Institut au Congrès inter- national d’Anthropologie et d'Archéologie préhistorique de Genève, en 1912, où jal communiqué une étude sur l’atrophie de l'apophyse coracoïde du che- val au cours de la période historique, d'après des pièces osseuses trouvées dans les fouilles de Kom el Chougafa, à Alexandrie. J. B. Prot sey. TABLE DES MATIÈRES. Pages Yacous Artin pacna. — Troisième souvenir. Le marchand de café du Caire (1850).... 1- 19 ermax —— Théorie de l'heure arabe .…......................,...,.... 21- 55 R. Fourrau. — Contribution à l'étude des dépôts nilotiques (pl. I-IIl)............ 57- 94 D' Grorcranès. — Les fraudes alimentaires en Égyple................ ........ 95-144 W. F. Home. — The Nitrate Shales of Egypt (pl. IV-V)........................ 145-169 G. Lecrain. — La maison d’Ibrahim el Sennari (pl. VI-XIT).................... 171-183 D Bay. L'art ancien el l'art moderne au Gaire. ....,..4.,....4,..,..,...,.,. 185-194 Au bey Bancat. — ç5,5f cave. Une étude archéologique (pl. XHI-XV)............ 192-200 G. Daressy. — L’eau dans l'Égypte ANIQUEN ES Dee asso AOC OR 201-214 J; B: Pior sex. — Travaux de médecine vélérinaire.. . . ........,...,....,....... 215-220 Prancue I. Pranone Il. Praneue III. Prancne IV. Prancue V. Prancue VI Prancne VIT. Prancue VIII. Prancue IX. Prancuz X. Prancue XI. Pranone XII. Pranone XIII. Prancue XIV. Prancne XV. TABLE DES PLANCHES. Les dépôts nilotiques : Fig. I. Coupe du lit du Nil au nouveau pont d’Embabeh. Fig. Il. Coupe de la branche de Damiette au pont de la ligne du Barrage. Les dépôts nilotiques : Fig. I. Coupe du sous-sol de Ja Garbia entre Zifta et Mehallet-Roh. Fig. II. Coupe du lit du Nil au pont de Zifla. Fig. Il]. Coupe entre Gimmeiza et Qorachieh. Fig. IV. Coupe entre Tantah et Qorachieh. Les dépôts nilotiques. — Carte de la répartition des facies dans le Delta. The Nitrate Shales of Egypt. — Geological map illustrating distribution of Ni- trate Shales in Upper Egypt. The Nitrate Shales of Egypt. — Distribution of the Nitrate Shales in Egypt. Élévation de la maison d’lbrahim bey el Sennari par Jollois et Fèvre. Vue de la facade de la maison d’Ibrahim bey el Sennari. Vue du haut de la façade dela maison d’lbrahim bey el Sennari. La grande fenêtre de la maison d’Ibrahim bey el Sennari. La grande salle du premier élage de la maison d’Ibrahim bey el Sennari. Partie sud. Plafond de la grande salle du premier étage de la maison d’Ibrahim bey el Sen- nari. Angle sud-est de la grande salle du premier étage de Ja maison d’Ibrahim bey el Sennari. oe Bets CB ecb) Kyi) AN di al cape Wel dar hd (je ob Kez} BY. ds 5S SY ol) oy elpor. SN olJ elpae D > Pl, I. Tome VIT] MEMOIRES INSTITUT EGYPTIEN Embabeh LE CAIRE I, Végétale -Coupe du lit du Nil au nouveau pont d'Embabeh Terre Argile esa hornblende Sabl Sables Argileux Argile Sableuse Gros Sables G Graviers I Coupe de la branche de Damiette au pont de la ligne du Barrage . ow DIE DE à, Sables fins quarizeux Gros Sables quartzeux 3N3901S1314 Graviers R. FOURTAU - Les dépôts Nilotiques. MEMOIRES INSTITUT EGYPTIEN Tome VIII, PL IL 1. - Coupe du sous-sol de ia Garbia entre Zifta et Mehallet-Roh. IM. — Coupe entre Gimmeiza et Qorachieh Mehallet Roh Toukh Mazid Chenrak Zifta Gimmelza Chandalat Qorachieh PASSE EERE i NTS CD Et oS iI. = Coupe du lit du Nil au pont de Zifta : IV. — Coupe entre Tantah et Qorachieh, Zifta : - Mit Gamr Tanta Esbet Toukh Toukh Mazid Qorachieh ss sa R. FOURTAU - Les dépôts Nilotiques 1 . S ein > { J i pe : ; = ‘ " + 2 + ” al i y, ; h " ’ J L (ll J | ‘ 11 1 i 2 ' i) - Jah à i < à CE LL L y . i dl Doubs J = i, 7 Y . 7 a ï : 1 & , 1 +E 1 a & , 1 1 4 i . i h - i) . 7 ' i L ' i} ge 2 e "i ‘ | * be ' ' ‘i ‘ . - si i it rf wea! ' | at 4 à « MEMOIRES INSTITUT EGYPTIEN Tome VUI. Pl. III 30° | | 4 Z CHERBI Ny ù > - MATARIA - (4 ET 7 MANSOURA . à At PAMANHOUR a Me a pete . KOBRA ?}. “= ZIFTA Ae ’ Aer i PS aad LT À s¥ EN ‘ la : À g MEH, ROH}! © onto | aA PÈRE Pal ae ee 4 7 / | Fe “À (| rae SALHIEH De i A à dir. | ! ! _—"—- eae ot ZAGAZIG ee a lee Te Fes Ut a! CARTE DE LA REPARTITION DES FACIES DANS LE DELTA \ Ù Y I ALAG \ = > , EL 9 : ee ee , |; Limite du faciès cordon littoral *****eeeee SEEN ER ‘ ei as. ae fi Lei XN Y : S D Ne ee + ‘fe ess T TZ — dépôts marins \ yy) | J j'maranien - EMBABEH ¥ / : F : yA oN Se — Cordon des îles ates, soe lôts de sables visibles (turtle-backs) ee Ab ae KERDASA R. FOURTAU - Les dépots Nilotiques - T ; Pity: MEMOIRES INSTITUT EGYPTIEN ‘ome VIII GEOLOGICAL MAP ILLUSTRATING DISTRIBUTION NITRATE SHALES UPPER EGYPT + Scale 1:250.000 Scale 1.100.000 Eocene-timestone = Nitrate Shales Conglomerates and Valley Downwash Gravels Based on sketch map prepared by Messrs. Barron J ite oeposits and Beadnell (Geological Survey of Egypt) UN ME ty L hig on ei (4 tale ETS MEMOIRES INSTITUT EGYPTIEN Tome VIII. DISTRIBUTION On Ais NITRATE SHALES IN EGYPT. Scale 1: 2,000,000 A ! 4) Muallé dit À 4 ) W. F. HUME. — The Nitrates Shales in Egypt (Planche II.) MÉMOIRES DE L'INSTITUT ÉGYPTIEN. fhtiititiliité} 9 RAR RATS EEE au M NE 4 HE — e+e oe + + + + CERTES Elévation de la maison d’Ibrahim Bey el-Sennari par Jollois et Fèvre. (Description de l Egypte, Etat moderne, Planche 57). Le VIIL. FEY Re hip me ‘ VIII. PL. VII ake IN SIN. YPTII J EC LINSTITUT 4 4 MÉMOIRES DI graphie Reboul. Photo Vue de la facade de la maison d’Ibrahim Bey el-Sennari. Vi EE. VIT AN NPATEN J C J MOIRESMDENL INSTITUT ri ME Photographie Reboul. >; Vue du haut de la facade de la maison d’Ibrahim Bey el-Sennari. MÉMOIRES DE L'INSTITUT ÉGYPTIEN. T. VII. PL. IX La grande fenêtre de la maison d’Ibrahim Bey el-Sennari. MÉMOIRES DE L'INSTITUT ÉGYPTIEN. T° VIIL EL x La grande salle du premier étage de la maison d’Ibrahim Bey el-Sennari. Partie sud. N. GYPTIE E PUN Saw Ll DE « 4 MEMOIRI DEL ee FPL ST RF Re Plafond de la grande salle du premier étage de la maison d’Ibrahim Bey el-Sennari. MÉMOIRES DE L'INSTITUT EGYPTIEN. ee VEU SPL aa td a 5 4 tage de la maison d’Ibrahim Bey el-Sennari. rt (= salle du premier D Angle sud-est de la grande Imp. Berthaud, Paris MSc HAL Y 1 Rad Cee (PIS re pre ire ra oi eg’ ery EE SPR RON SPOS CN “NHILdADY LOLILSNI.T 44 SAHIONAN mn oD (HST (pe SC ef NE MEN GE FANS Rx BA S883 \\et ys N Vers 4 AIX “Id “ILA L ‘NEILdADA LOLILSNITA Ad SAHIONAN Aber AUTRES QU EGYPTIEN. T MÉMOIRES DE L’INSTITU st see GE —_ LSS? et, 1 (x mae 7 SA ~ D be) S oy + LCR Te af 4 CAN UE | DL ¥ YA A fio ‘ i to “el rh P : " \ à ord 4 ; +4 | ‘F Cf , : , ‘ H Li À 4 I An tie MCZ ERNST mi DLL 8 635 671 3 2044 11