fibrariT of % gluscirm COMPARATIVE ZOOLOGY, JounScli û» jnfViate suiscrfption, fn 1861 DR. L. de KONINCK’S LIBRARY, if æ fc - -, fi (< ; ^ajv A : . üjf- > >\à J * : ■ fi ci'Awr f\ ïy-rf, ¥v li yfi- x Z^M/â .J1’. : * A* nk '&} / A \ i F mJ^WWm KMJvwm: - - ï 9R %|i •- y “ H, iliili^ JMB9HWtf*i.- - MEMOIRE SUR DIFFERENTES PARTIES DES SCIENCES ET ARTS Par M. CuETTARD , de l’Académie Royale des Sciences. TOME PREMIER. A PARIS, Chez Laurent Prault , Libraire 9 au coin de la rue Git-le-Coeui , à la Source des Sciences, M D C CLX VIII. n (*f AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROI. A MONSEIGNEUR LE DUC D’ORLEANS, PREMIER PRINCE DU SANG. ONSEIGNEUR, Le Cabinet d’Hiftoire Naturelle que votre AlteJJe SéréniJJime a bien voulu confier à mes foins 9 m’a fourni le fond de la plupart des Mémoires , dont j'ai l'honneur de lui préfenter la Collection . A ce titre , MONSEIGNEUR , SC plus * encore par le droit que vos bienfaits yous donnent fur le fruit de mes études ? l'Ouvrage vous appartient . Daigne ç en accepter l'hommage comme le tribut de ma reconnoijfance . Je fuis avec le plus profond, refpecl , MONSEIGNEUR; Votre très-humble & très-obéij(îàn€ ferviteur, Guettard. PREFACE. Es Mémoires renfermés dans l’Ou¬ vrage que je préfènte au Public , étoient , pour la plupart , deftinés à entrer dans la colleéfion de ceux dont l’Académie des Sciences fait imprimer un volume toutes les années. Le nombre des Mémoires qui ont été lus par les Académiciens, s’étant beau¬ coup multiplié , l’Académie s’eft trouvée dans la nécefhté de propoler à ceux de fes membres, qui en avoient plufieurs pour chaque volume , de n’en faire imprimer qu’un dans chacun de ces volumes. Non-feulement j’ai acquiefcé très-volon¬ tiers a la propofition que l’Académie faifoit ; mais ayant trouvé un Libraire qui me propo- foit d’imprimer à part les miens , foit qu’ils euflènt été déjà lus à l’Académie , foit qu’ils ne l’eu fient pas été , ou qu’ils euflènt déjà été imprimés dans des Ouvrages Périodiques ou autrement , j'ai aij iv PRÉFACE. penfé que l’ Académie ne trouverait pas mauvais que je prilfo le parti qu’on me propofoit. En agiflànt ainli , j’entrois dans lès vues , & je faifois ,, fans doute, plailîr à plufieurs Académiciens qui, nouvellement entrés à l’Académie , ne pouvoient qu’être très -flattés de voir leurs Mémoires inférés parmi ceux de l’Académie. Ai- je ainfi confulté mon intérêt? non fans doute : dans tout Ouvrage, les bonnes choies qu’il renferme engage le Public à faire grâce à celles qui font médiocres. Ce n’étoit qu’à ce titre que j’elpérois que mes Mé¬ moires , imprimés avec ceux de 1 Academie , foraient bien reçus. Ceux que je mets au jour, font privés de cet avantage -, je léns que j ai tout à craindre pour leur lort. S’ils ont quelque mérite, c’efl; celui de regarder des matières qui font encore de modes. Il s’y agit dHiftoire naturelle & de. Phyfique. A ce titre , j’efpere: qu’on pourra avoir pour eux , quelque indul¬ gence. Si je ne fuis point trompé dans mon efpé- rance , je continuerai à donner fucceflivement plu- fîeurs volumes de femblables Mémoires fur des> objets de cette nature. J’ai même un traité prefo que prêt à paroître , & pour lequel les planches , au nombre de plus de loixante , font déjà gra¬ vées. Il s’agit, dans ce traité, d’une partie inté- reflfante de fofliles qui appartiennent à la clalfe des coreaux. Son fort fora décidé par celui qu’auront les Mémoires qui font 1 objet du vo¬ lume dont il s’agit aujourd’hui. PRÉFACE. v Il eft parlé dans le premier de ces Mémoires., d’os foililes , qui ont fait partie de fquélettes d’anir maux marins. Ces os font, des mâchoires, des côtes , des vertebres ou des omoplates. On ne peut trop difconvenir qu’ils ne foient des os de gros poiffons ^ mais il eft encore , à ce que je penfe, impoflible de déterminer quelles font ces efpeces de poiffons. L’anatomie comparée n’eft pas encore avancée fur-tout pour ce qui regarde les fqué¬ lettes , de façon à pouvoir porter dans cette ma¬ tière , tout le jour & toute la clarté quelle de¬ mande , & quelle eft fufceptible de recevoir. Je me fuis donc contenté de décrire le plus exacte¬ ment qu’il m’a été poftible , les os que j’ai eus en ma difpofition , d’indiquer les endroits ou. ils ont été découverts , les matières dans lefquelles ils étoient renfermés. Les uns font, des plâtrieres des environs de Paris, les autres des montagnes ou des plaines fàblonneufés peu éloignées d’Etampes j d’autres font de prés Provins , en Brie , ou de Dax , ert Gafcogne. Il s’agit dans le fécond Mémoire, d’une plante qui eft de la clafté des chiendents , ou de celle du bled, de l’avoine, ou autres grains fémblables. L’Ukraine eft. fon pays natal. Les Cofaques qui. habitent cette contrée, l’appellent du nom de Tirfa. Ils affûrent que leurs chevaux font friands de la graine de cette efpece de chiendent. On. foufcrit volontiers à cette aftèrtion , lorfqu’on. fçait que les chevaux aiment de préférence, les Vj P R É F A C E. chiendents. Si on les examine paître dans une prairie, on s’apperçoit bientôt qu’ils s’attachent principalement aux plantes graminées. Les tiges de ces plantes ont prefque toutes un goût fucré, fur-tout vers les nœuds dont les tiges font coupées dans leur longueur. Ce goût fucré eft apparem¬ ment un appas qui détermine les chevaux à donner la préférence à ces plantes; On fçait de plus , qu’en Amérique l’on nourrit en grande partie ces animaux avec les cannes a lucre qui ont palfé au moulin , & dont on a exprimé la liqueur avec laquelle on fait par la cuilfon & le raffinage le lucre dont nous nous lèrvons. Les chevaux ainft nourris de cannes à lucre , auxquelles il refte fans doute , lî bien prelfées quelles foient , quel¬ que portion du lue agréable , qu elles contiennent avant l’expreffion , prennent beaucoup d’embon¬ point. Il n’eft donc pas étonnant que le Tirfay qui , de même que la canne à lucre , eft de la clalfe des chiendents , foit recherché par les che¬ vaux Cofaques , qui en mangent le foin auffi-bien que la graine. Cette plante a beaucoup de rapport au premier coup d’œil , avec l’avoine commune : elle n’en eft cependant pas une, mais d’un genre nommé Arifiida , ou elle en doit former un nouveau. De quel genre, au refte, quelle foit, elle pourroic peut-être être très-utile , fi on la cultivoit comme on fait l’avoine. Il eft vrai que lès grains font beaucoup plus petits que ceux de 1 avoine j mais PRÉFACE . va¬ leur grand nombre compenfèroit peut-être leur petitefîè. Peut-être aulïi qu’ils prendroient de la groflèur s’ils étoient cultivés avec autant de foin que l’on cultive l’avoine. Le Tir fa a des grappes ou panicules qui font confîdérables par leur grandeur ôc la multiplicité de leurs grains. Ces grappes pourroient encore prendre de l’éten¬ due par la culture , & les grains, par conféquent , le multiplier. L’on pourroit, conféquemment, tirer de ce chiendent autant d’utilité , qu’on com¬ mence à s’en procurer de certains chiendents de nos forêts , qu’on s’eft imaginé depuis quelque tems de cultiver d’une maniéré réglée. On for- meroit du moins des prairies artificielles avec le Tirfa , qui feraient , fans doute , aufli utiles que celles qu’on fait avec le Ray-graf' ou Fromental, dont les graines ne font pas plus grofîés que celles du Tirfa. Les plantes de la claflè des graminées ou des chiendents, font de celles qui méritent le plus l’attention des Cultivateurs. Indépendamment de celles qu’on cultive de tout tems , & de celles qu’on s’eft appliqué à cultiver depuis quelques années , il y en a une infinité d’autres , qui , fi elles n’étoient pas aufli avantageules , pourroient être très-utiles , fi on les afîujettiftoit à une culture réglée. Tout le monde connoît la manne de Po¬ logne, & celle de Prufîè: la première n’eft que la graine d’un chiendent très-commun en France, & nommément aux environs de Paris. Il y eft Viij PRÉFACE. connu fous le nom de chiendent pied de poule commun. La. manne de Pruflè eft la. gi aine d’un autre chiendent , qui neft guere moins .commun , qui vient dans les ruiflèaux , & qui a le nom de chiendent flottant. Les Polonois & les Prufliens ramaflent les grains de ces deux chiendents avec des tamis qu ils pafïent fous leurs épis , en focouant ces épis. L un & 1 autre peuple fait avec ces grains, des efpeces de giuaux très délicats, & dont les loupes font agréables à man¬ ger. r . Si ces chiendents étoient cultives , ils leroient fans doute , d’une utilité plus grande & plus éten¬ due. Beaucoup d’autres chiendents dont les giains font plus gros , procureroient peut - être , pour le moins , autant d’avantages , fi on s attachoit à rechercher l’ufage qu’on en pourroit faire , quand ce ne foroit que pour les animaux. I eu de claflè de plantes renferme autant de genres, & peu de genres a autant d elpeces , que ceux de la clafle des chiendents. P eu de plantes font aulïi multipliées que celles-ci. Les forets en font ielTL plies ^ les prairies , &c les meilleures , en font prel- que formées ; les terres labourees, les chaumes, les jardins , en font fouvent trop fournis , & fou- vent même jufqu a nous incommoder. Il femble donc que la nature nous dit a chaque pas que nous faifons , que ces plantes font de celles que nous pourrions cultiver avec plus de fruit, quand ££ ne feroit que pour les beftiaux. Afin PRÉFACE . ^ ix Afin de réuflir à connoître les efpeces qui jnériteroient d’être préférées , il ne s’agiroit que d’étudier le goût de ces animaux, de faire re¬ cueillir à part de ces différens chiendents , & fur- tout de ceux qui , par leur grandeur & la quantité de leurs graines , femblent promettre plus d’avan¬ tages , de les donner à manger aux beftiaux qui s’en nourrilfent , & examiner ceux qu’ils mange- roient de préférence , & qui foutiendroient plus avantageulèment leur embonpoint. On parvien- droit probablement par ces expériences , à décou¬ vrir quelques efpeces de ces plantes qui mérite- roient les foins d’une bonne culture. Ce n’eft , fans doute , qu’à de fèmblables eftàis , ou à une attention heureufè de quelque Cultiva¬ teur doué d’un efprit d’obfèrvation , que les Fla¬ mands doivent les avantages qu’ils retirent d une plante très -commune en France. Les Flamands appellent cette plante du nom de Spsrguy. On la nomme en français, Efpar goutte , & Tes Bota- niftes lui ont donné le nom de A (fine Spergula dicta major. Cette plante qui n’a rien de bien frappant , qui eft baffe , qui fe couche prefque fur terre, eft maintenant cultivée avec foin par les peuples de la Flandre. Ils en font des pâturages, que les vaches brouttent fur les champs , a 1 ap¬ proche de l’arriéré - faifon. Les Flamands préten¬ dent que cette nourriture augmente confidera- blement le lait de leurs vaches , que le beurre , qui provient de ce lait , eft beaucoup meilleur que lq Tomel, b X PRÉFACE. beurre ordinaire , qu’il le conforve laie beaucoup plus long-tems , & qu’il eft plus propre à être tranfporté pour l’ulage des vaifïèaux , deftinés à faire des voyages de long cours. Un pareil exemple ne peut qu’engager les Amateurs de culture à faire des expériences en ce genre. On peut les multiplier à l’infini , le champ eft vafte : c’eft fur-tout à ceux qui habi¬ tent les campagnes , & qui , par leurs biens , font: à même d’en faire aifement, que ce que je dis s’adrefîè. Il foroit à fouhaiter, for-tout, que quel¬ qu’un examinât de quelle utilité le Tirfa pourroit être. Si ce chiendent devenoit utile, & qu’on le multipliât, j’aurois atteint le but que je me fois propofé en le faifànt connoître par le Mémoire que je donne à fon fujet. Celui qui foit ce Mémoire , ou le troifiéme, eft de pure curiofité. Il y eft parlé comme dans le premier , d’os fofoles : ces os ne font pas de poiffons , mais d’animaux terreftres. Le plus grand nombre eft de fquélettes d’animaux , qui appar¬ tiennent â la claflè des cerfs. Beaucoup de cornes trouvées avec ces os , ne laiffènt aucun doute à ce fojet. Quelques autres de ces os fomblent avoir fait partie de fquélettes d’animaux , également ruminans , mais d’un genre différent de celui ou l’on range les cerfè : ils pourraient être des os de moutons. Il ne peut pas y avoir grande difficul¬ té , par rapport à ces os • mais un autre os qu’on a trouvé mêlé avec eux , & qui eft d’une groflèur PRÉFACE. xj au-defïus de celle de chacun des os qui forment les iquélettes des animaux qui vivent a&uelle- ment dans nos bois , ou que 1 on nourrit dans nos pâturages , entraîne avec lui des difficultés , quil n’eft pas aile de lever. Il eft un de ceux qu’on rapporte aux Iquélettes de 1 hippopotame ou de l’éléphant. Mais comment des os de cerf ou de daims fe rencontrent-ils mêlés dans 1 inté¬ rieur d’une montagne avec un d hippopotame ou d’éléphant ? On a eu, pour lever cette difficul¬ té , recours à différens iyilêmes. On a prétendu qu’il y avoit eu autrefois de ces animaux dans no¬ tre continent , ou l’on a voulu que les Romains , en venant dans les Gaules , amenafïènt des élé¬ phants à la fuite de leurs armées. D’autres ont pré¬ tendu que la terre avoit , dans fa himation , foufiert quelque dérangement : toutes ces opinions ne font . pas fans de grandes difficultés. Pour moi, jeferois très-porté à croire que l’os en queftion pourroit avoir appartenu à quelque gros bœuf, commun autrefois dans les Gaules , qu on trouve mainte¬ nant en Lithuanie , une des provinces de la Polo¬ gne , & dont le bœuf ordinaire n’eft peut-être que la même efpece dégénérée , & que Ion ne trouve ainfi une multitude d’os de differens animaux , en- févelis pêle-mêle dans le même endroit , que parce que la religion des anciens peuples des Gaules leur ordonnoit de faire des chafiès générales de toutes fortes d’animaux , qu’on jettoit enfuite dans un trou ou grande fofle faite à ce fujet. Ils avoient Xij PRÉFACE . par là , intention de faire un iacrifîce à la terre , en embrafïànt ce fentiment que plulieurs Naturalif tes ont déjà propofé ; on évite beaucoup d’objec¬ tions , & tout s’explique avec la plus grande fa¬ cilité. Il eft queftion dans le quatrième Mémoire , d’un corps qui pourrait être un de ces animaux fi lmguliers & fi étonnans par la propriété qu’ils ont de le reproduire lorfqu’ils font coupés en plulieurs morceaux ; ce corps pourrait être un polype. Juf- qu’à préfcnt on ne connoît que des polypes d’eau douce & de mer. Le corps dont il s’agit , s’il eft un polype , en eft un qui appartient à la terre. Il s attache à une plante qui fe trouve communé¬ ment dans les bleds , & qu’on nomme elpergoutte ou elpargoute. Il en a été fait mention plus haut. Il faut armer l’œil d’une forte loupe pour le bien diftinguer. Il n’a guère qu’une ou deux lignes de longueur. Il jette plulieurs ramifications, qui fou- vent en ont aufîi quelques-unes. Dans la ftippolî- tion que ce corps eft un polype , ces différentes ra¬ mifications font probablement les petits , qui vien¬ nent au jour à la maniéré du polype ordinaire, & qui relient attachés les uns aux autres pendant ■quelque tems. On prendrait aifément cet affem- blage pour quelqu’efpece de moiliffure • mais les mouvemens que ce corps fe donne , & ces mouve- mensfont li variés, qu’on ne peut guère fe refufer h le mettre au nombre des animaux. Plulieurs for¬ tes de moiliflures ont, il eft vrai , des mouvemens préface . xnj allez femblables lorfqu’on les touche ou qu elles jettent leur poulliere fécondante ou leur graine -y niais aufli-tôt que ces ernanations font faites , les mouvemens cefïènt pour toujours , au lieu que ceux du corps en queftion s excitent toutes les fois qu’on le touche , & lors même qu’on ne le touche pas. Ses mouvemens dépendent de lui , & non du méchanifme de leur conftruétion. Les mouvemens des plantes font toujouis une foite de ce méchaniftne. Les feuilles de quantité de plantes le rapprochent les unes des autres a la nuit , & s’étendent au jour y mais cet effet n eft produit que par le plus ou le moins de gonflement & de tenfion qu’il y a dans les vailîèaux des pédicules des feuilles. Les fleurs de beaucoup d’autres plantes s’ouvrent des que la nuit paroit , comme peut etie la belle-de-nuit j ce n eft que 1 epanouilîement de ces fleurs qui fo deffèchent des le lendemain. Les étamines de grand nombre d autres plantes diffe¬ rentes de celles-ci s’approchent du piftile avec plus ou moins de vivacité , & répandent leur poufl- ftere fécondante avec des mouvemens diffeiens. Cela ne dépend que de la façon dont ces étami¬ nes font arrangées, & de 1 état plus ou moins com¬ primé où elles étoient. D autres plantes comme les hépatiques ou marchantia , & ce que quelques-uns prétendent les jungermanmayl anthoceros font fortir de leurs fleurs des efpeces de filets , d ou il fe répand une pluie de poufliere qui s élancé au loin , & qui ffeft ainfi jettée que parce que ces filets fe donnent xiv P RÉ F A C E. des mouvemens vifs en tout fens. Des capfules , en Couvrant , élancent également avec vivacité leurs fèmences , ce qu’on peut voir dans le Concombre fauvage, dans la Ballamme jaune, & dans beau¬ coup d’autres plantes. On peut , à ce iujet , conful- ter les Mémoires de MM. Tournefort, Marchant, Duhamel, les ouvrages de M. Linnæus, une dif- fèrtation donnée en Italie lur l’irritabilité ces plantes, & plufieurs autres ouvrages de Botani¬ que. Tous les Auteurs de ces ouvrages attribuent ces mouvemens au méchanifme ou à la façon dont les parties de ces plantes (ont arrangées. Aucun n’a penfé qu’on dut regarder ces mouvemens comme des mouvemens fpontanés, ou qui dépendirent de la volonté des plantes , fi on peut parler ainfi. Ce fèntiment fémble cependant vouloir s’établir. Feu M. Dehnars, Médecin de Boulogne-fur-Mer, eft le premier , à ce qu’il me paroît , qui ait voulu le faire embrafïèr. On lit dans le journal (Economi¬ que , une efpece de Difïèrtation lur le Conferva de Pline ou Lin Aquatique , où il dit que cette plante avoit des mouvemens qui le portoient à croire quelle étoit plutôt un animal qu’une plante , 8c qu’il la regarderoit volontiers comme une forte de polype. Pour moi , bien loin de penlér qu’on doive croire que les mouvemens qu’on oblerve dans ces plantes, font dépendans d’un fèntiment inté¬ rieur ; je crois, au contraire , quelorfqu’on les exa¬ minera fans préjugés, on trouvera aifement les failôns méchaniques de ces mouvemens. Ceft ce PRÉFACE. xv qui me fît regarder , il y a plus de vingt ans , comme un effet de l’a&ion de l’air plus ou moins fec, ou plus ou moins humide , le mouvement de dilatation & de contradion que j’avois obfervé dans une plante aquatique , nommée par Dille- nius , tremella ftuviatile gelatineufè , & en forme d’outre , & par Micheli-Linkia de Marais , gelati¬ neufè, qui naît fur les pierres, qui eft dun fauve obfcur , concave, & qui reffemble à une veffie. * fÉZl?les Cette plante forme, en quelque forte, une veffie ouverte. Vue au tranfparent , elle paroît compofée d’Etampes , de rayons qui partent d un centre , & qui fe termi- 47. paris , nent au bord de cette veffie. Lorfqu’on examine ^757^-iz. avec attention ce bord , on apperçoit un petit mouvement de dedans en dehors , & de dehors en-dedans que fe donne ce bord. Lorfque je fis cette obfervation , on s’occupoit beaucoup de polypes , tout le monde en cherchoit, tout le monde en vouloir voir, on examinoit tou¬ tes les petites plantes aquatiques. On cherchoit a s’affurer fi elles étoient réellement des plantes , ou fi elles n’appartenoient pas a la claflè des polypes. Je fus alors porté auff-tôt à regarder la tremella en queftion comme une efpece de poumon fluviatile. Je fus prêt, en faifant imprimer mes obfèrvations fur les plantes des environs d Etampes , de mettre au jour cette idée *, mais en réilechifïànt fur ce que j’avois vu, cette idée me parut fi ridicule, que je crus devoir la fupprimer. En effet, les tremella font, fans contredit , des plantes, & les mouvemens xvj P R. É F A C JE. qu’on peut y obfèrver ne dépendent que de 1 ar¬ rangement de leurs parties. Ceux que j ai vu dans l’efpece que j’ai examinée avec foin , ne font dus qu’à rallongement & au raccourciflèment que ces fibres fouffrent de l’aéHon de lair. Cette plante nage fur l’eau , lorfqu’elle a été detacliee des pierres fur lefquelles elle a pris naiffance. Cette plante qui eft gluante & gélatineufè , na¬ geant ainfi fur l’eau , doit être fufceptible des moindres cliangemens qui arrivent à lair. Un peu plus ou un peu moins de fècherefîè ou d hu¬ midité dans l’athmofphere , doivent agir fur fès fibres , & fur-tout fur l’extrémité de ces fibres qui le termine au bord de la veflie que cette plante forme -, delà cette extrémité doit fè rac¬ courcir & s’allonger alternativement , & pro¬ duire ces petits mouvemens que j’ai obfèrvés, fe manifefter fur le bord de cette veflie. Il me pa- roît que c’efi à quelque choie de fèmblable qu on doit rapporter les mouvemens qu’on peut recon- noître dans des plantes de cette efpece. Lorfqu’on met des brins de Conferva dans un poudrier ou bocal , ces brins vont s’attacher aux parois in¬ ternes de ce vaiflèau. Ils s’y étendent & gagnent fès bords. Ce mouvement ne vient que de ce que ces brins font en quelque forte attirés par la lu¬ mière. Il leur arrive ce qu’on obferve tous les jours fur des branches des plantes qu’on confèrve dans des ferres ou dans des caves. Ces branches fè tournent toujours vers les fençtres de ces fer¬ res P RÉ F A CE. xvij res , ou vers les foupiraux de ces caves. Il ne faut pas avoir recours à un mouvement ipontané, pour expliquer les uns & les autres. Il n’en eft pas de même de ceux que Ce donne le corps dont il s’agit dans le Mémoire que fana-' lyfe. Je ferois porté de le mettre au nombre des polypes. Ses mouvemens me parodient dépen¬ dre de lui : il s’en donne en tout iens , il les celle , il les reproduit de nouveau. Enfin, il me parait qu’on peut en conclure qu’il eft plutôt un animal, qu’une efpece de plante ; je ne prétends pas ce¬ pendant le décider. Lorfque j’obfervai ce corps, je n’étois muni que d’une loupe de quelques lignes de foyer. Il faudrait l’avoir examiné à un bon mi- crofcope , pour en bien déterminer toutes les par¬ ties , & le ftiivre long-tems dans fa façon de vivre, pour en donner une Hiftoire qui levât toute efpece de doutes. Si, depuis que je travaille à l’Hiftoire naturel¬ le , j’ai donné un Mémoire que j’aie penfé devoir être de quelque utilité au Public, c’eft fur-tout le cinquième de ce volume , qui a déjà ete imprime. Il y eft parlé d’une porcelaine femblable à celle de la Chine, faite avec des matières que j’ai décou¬ vertes en France, & qui, comparées avec celles qui avoient été envoyées de la Chine à feu M. le Duc d’Orléans , fe font trouvées entièrement pa¬ reilles à ces dernieres. J’ofois prefque efpérer que le Public. m’aur oit quelque obligation de cette de- couverte • mais j’ai fubi le fort de beaucoup de ceux TomeL Ç / i xviij PRÉFACE . qui ont ainfi trouvé quelque choie dune utilité, prochaine. On s’eft élevé contre moi , on a voulu me ravir le précieux avantage d’avoir été utile , ôc l’on m’a taxé par des écrits vifs & peu modérés d’en impofer , de ne connoître rien à la matière dont je parlois. Les uns un peu plus circonfpeéts ont voulu feulement s’attribuer la découverte du kao-lin , d’autres celle du pe-tun-tfe * des troisiè¬ mes, celle de l’un & de l’autre -, des quatrièmes , en m’accufànt de n’en connoître aucun des deux , & s’attribuant cette connoifTance comme étant les premiers qui l’euflent eue , ont foutenu quils étoient aufïi les premiers qui eufïènt fait en France de véritable porcelaine. Ce qu il y a éu de fingulier dans cette découverte , c eft que tous mes Antago- nifles parlent ainfi apres une quinzaine d’années que ma découverte a été faite, quelle avoit été confignée dans les regiftres de 1 Academie cies Sciences , dans les papiers publics , que des ouvra¬ ges particuliers en avoient parlé, & que les expé¬ riences qui avoient été faites, 1 avoient ete fous les yeux de feu M. le Duc d’Orléans , qui, pour être maître d’une grande quantité de kao-lin , avoit acheté un terrein qui en contient beaucoup , & qui, par-là, mettoit ce grand Prince dans le cas d’élever une manufaélure dans une de fes terres, comme il étoit fur le point de faire lorfqu’on l’a perdu. Si une découverte me paroiffoit bien établie, c’étoit certainement celle-ci j mais qu’eft-ce que PREFACE. xi x l’envie , l’amour-propre , la jaloulie & 1 interet , n’obfcurcilTent pas ? Il eft tombe fur moi une foule de traits de toute efpece. J’ai été occupé pendant un certain tems à les écarter. N aurois je pas mieux fait de les lailfer s’émoufïèr par le tems ? La vérité lé féroit montrée , & elle auroit dilïipe tous les pe¬ tits nuages formés par la multiplicité de ces traits : j’aurois probablement mieux fait } j aurois du imiter M. deFontenelle , qui difoit que fa vie n’avoit été aulfi paifible quelle a été, que parce qu’il n’avoit critiqué perfonne, & qu’il n’avoit répondu à aucune des critiques qu’on pouvoit avoir faites de les ou¬ vrages. Il n’eft donné qu’aux grands hommes, , tels que M. de Fontenelle, de penfer ainfi. Pour moi , je n’ai pu voir toutes ces vapeurs , fins fouf* fier deflus , & tâcher de les écarter. Je me luis amufe comme les enfans qui font avancer des boules de làvon , en les poufïant de leur fouille. On a écrit contre moi , en forme de lettres , en forme d’obfer- vations j d’autres ont pris le parti de concilia¬ tion , d’autres de défi. J’ai répondu à tous ces écrits. Comme ces écrits & mes réponfès font difper- fés dans différens Journaux , ou que ce font des brochures qui fé perdent , j ai penfe qu en faifimt réimprimer mon Mémoire , il ne féroit pas mal d’ajouter â la fuite tous ces morceaux , certaine¬ ment intéreffans. J’ai cru faire plaifir à ceux qui m’ont fi vigoureufément attaqué ^ ils ne peuvent , à ce que je crois, qu’approuver mon procédé, ils cij XX v PRÉFACE . auraient à coup fur , bien mauvaife grâce de le trouver mauvais. Je penfo trop bien deux, pour croire qu’ils ayent une pareille idée : ils ont proba¬ blement cru , en écrivant , qu’ils défendoient la vérité : ils ignoroient , (ans doute , ce qui avoit été annoncé depuis long tems dans différens écrits , ils font par là excufables , je les excufo volontiers, & j’attends de leur complaifonce , de m’excufor moi-même de ce que j’ai fait reparaître en Public leurs ouvrages. Je donnerai par ce moyen à la pof térité , un exemple frappant de la maniéré dont on dilputoit de nos jours par des écrits polémi¬ ques. Certains morceaux forant for-tout des exem¬ ples de la façon honnête & polie , avec laquelle ce s dilputes fo paflbient. Si jamais on fait une fuite à l’ouvrage qui a été écrit for les querelles des Sça- vants ,1a colleétion que je donne au Public , pourra être de quelque utilité au Continuateur de cet ou¬ vrage, pourvu qu’il croye la dilpute préfonte digne d’en faire partie. Dans le nombre des pièces qui ont été réim¬ primées, il s’en trouve une qui ne devrait pas y être. Il ne s’agit pas , ou peu de moi dans cette piece. C’eft l’extrait d’un ouvrage for l’émail & la porcelaine, par feu M. de Montamy. J’étois ab- font de Paris lorlqu’il a été imprimé. Comme il fo trouvoit dans le même Journal (Economique que celui de mon Mémoire for la porcelaine , l’Im¬ primeur a penfé qu’il étoit du nombre des pièces que j’avois notées pour être réimprimées , quoi- N PREFACE. xxj que je ne l’euflè pas amfi marquée. Au refte , M. de Montamy avoir, plus que tout autre , connoifTance de ma découverte. Il fuivoit avec moi fous les yeux de feu M. le Duc d’Orléans , les expériences qu’on faifoit à Bagnolet, Ôc depuis la mort de ce grand Prince , il s’en étoit toujours amufé chez lui. La force de la vérité a empêché , fans doute , M. de Montamy de s’attribuer cette découverte. Il a même dit , dans fon ouvrage, qu’on avoit trouvé en France des matières fèmblables a celles dont on fait à la Chine de la porcelaine. Je me flatte qu’il vouloir parla défigner celles que j’avois trouvées. Je le dois préfumer , & fi M. de Montamy eut dai¬ gné nommer celui qui les avoit découvertes , toute difpute auroit cefle , ou plutôt , il ne s en fe- roit formé aucune. Comme il avoit travaille avec celui de mes adverfaires , qui s’efl: élevé contre mol avec le plus de vivacité , M. de Montamy n’a peut- être pas voulu le déclarer par complaifance pour cet adverfaire , qu’à la vérité il ne connoiffoit pas pour tel , puifqu’il ne s’efl; manifefté qu’aprês la mort de M. de Montamy. Quoi qu’il en foit du motif de M. de Montamy , je n’avois pas penfé devoir faire réimprimer l’Extrait qu’on a donné de fon ouvrage dans le Journal (Economique , puifque M. de Montamy n’avoit rien dit qui put m’être contraire. Je ne voulois pas remuer fès cendres. Lorfque cette réimpreflion s’efl: faite , je voyageois dans les Vofl ges en vue de perfectionner de plus en plus moq xxij PRÉFACE. travail for la Minéralogie de la France. Voyant à mon retour ce qui avoit été fait, & n’y ayant point de remède , je n’ai pu qu’y fouicrire ; le Public n’y perdra pas , & l’ouvrage de M. de Montamy pourra peut-être même y gagner. Cet extrait le fera peut-être connoître de quelques perfonnes , à la connoiffance defquelles il auroit pu ne jamais parvenir. Quant aux critiques de mon Mémoire, je les al fait réimprimer foivant l’ordre des dates où elles ont paru , & j’ai mis à la fuite de chacune , la ré- ponle que j’ai cru devoir y faire. Il ne manque , pour perfectionner tout ce qui regarde cette affaire, qu’un mot lâché par un Auteur de Dictionnaire, qui dit qu’enfîn on verra éclore bientôt une vraie porcelaine fèmblable à celle de la Chine, & qu’on la devra à un de les bons amis. Je ne répondrai à cet Auteur, qu’un mot, â peu prés femblable à ce¬ lui que M. de Réaumur répondit au Journalifte de Trévoux, qui l’avoit critiqué. Je prie qu’on fe fou- vienne, fi jamais cet Auteur me critique encore, que je lui ai été contraire dans une affaire académi¬ que. Je ne répondrai que ce peu de mots à fon trait fàtyrique , &c me tiendrai dorénavant en filence , quand la bile de tous mes adverfaires fe remueroit de nouveau par tout ce que je viens de dire à leur fiijet. Il faut bien finir une fois dans ces fortes de difputes , comme dans toutes les autres, d’autant plus quelles ne font rien au fond de l’aé faire. f i PRÉFACE . xxiij Pour y venir , je vais tâcher de donner un extrait du Mémoire qui a été la fource de toute la difpute. Depuis long-tems l’on travaillait en France à découvrir une porcelaine qui égalât , pai Tes qualités , celle de la Chine & du Japon. Tous les efforts quon avoit faits ne nous avoient procure que des frittes ou comportions de terre , de fable , de fel & de métal, qui formoient des porcelaines plus ou moins dures. Les travaux de M. de R-éau- mur , fur cette matière, en donnant les vrais prin¬ cipes fur lefquels on devoir fè conduire pour parve¬ nir à le procurer ce qu on cherchoit avec tant d o~ piniâtreté , avoient mis fur la voie ; mais on ne fçut pas y entrer : une feule chofe pouvoir 1 ou¬ vrir , c’étoit de connoître les matières dont on fait la porcelaine à la Chine , telles qu elles font lorf- qu’on les tire de la terre. Ce fut, fans doute, cette réflexion qui engagea feu M. le Duc d Orléans a faire venir dépareilles matières de la Chine. Ayant vu ces fubflances , je les reconnus pour etrefèmbia- bles à celles que j’avois trouvées en France. On en fit des eflais en petit , ils réullirent. J allai chercher une grande quantité de ces matières. On fit des ef- fais en grand , qui eurent aufli de la reufhte , en conféquence, feu M. le Duc d Orléans prit les me- fures néceflaires pour élever dans un de fes domai¬ nes une manufacture , dans les vues feules , comme il le difoit , d’être utile â de pauvres payfans & au Public. La perte de ce grand Prince a fait évanouir ce projet. Pour que cette découverte ne fut pas per- xxiv PRÉFACE. due , & quelle fut même plus utile que par un établiffement particulier , M. le Duc d’Orléans , entrant dans les vues de feu S. A. S. m’a permis de la faire connoître au public par le Mémoire dont il s’agit. On y verra que la porcelaine de Bagnolet, de même que celle de la Chine, n’efl qu’un compofé d’une terre & d’une pierre mile en poudre. Cette terre qu’on appelle à la Chine du nom de Kao-lin , eft blanche , très-fine , mê¬ lée de paillettes talqueufés , & de petits graviers de quartz ou de cryflal. Une des pierres nom¬ mées Pe-tun-tfe par les Chinois , a beaucoup de rapport avec le grès ordinaire, à celui fiir-touc défigné fous le nom de cliquart , par les car¬ riers. Parties égales de ces deux matières , & mi- fos à un feu très-violent & continu , donnent une porcelaine dont les propriétés ne cedent point à celles de la porcelaine de la Chine. Il faut , avant d’employer la terre , la purger des paillettes talqueufés , & fur-tout du gravier. On parvient à la débarrafîér de ces parties par diffé- rens lavages. La pierre doit fe battre , fo broyer très-fin , & fo laver à différentes fois , pour n’avoir que la partie qui relie fefpendue dans l’eau , & qui ne fo dépofo qu’à la longue. Avec ces précautions, cette pierre fe trouve réduite en une pouffiere aulfi fine que la farine la plus légère. Ces deux fubflances ne font pas , fans doute , les foules qui peuvent donner une porcelaine femblable à celle de la Chine. Il n’y a pas même de doute que les Chinois PRÉFACE , xxv Chinois n’en employent quelques autres pour le même objet. On fçait qu’ils mettent en ufage une autre terre blanche & très-fine , quelle eft même préférée dans la compofition des porcelaines les plus fines. On avoir envoyé de la Chine, deux autres efpeces de pierres , comme étant aufli des pe-tun-tfè. J’ai défigné dans mon Mémoire , les pierres de la France qui peuvent y avoir rap¬ port. Mille autres pierres pourroient probablement être fobftituées à celles-ci, & au pe-tun tfé qu’on a employé à Bagnolet ; & , comme difoit M. de Réaumur , toute pierre vitrifïable , unie à une terre non calcaire, pourra faire de la porcelaine. Celle de Saxe eft compofée , à ce qu il paroît, d’un fpath fufible & d’une terre blanche. On dit que la plus belle porcelaine d’Angleterre fè fait avec la pierre à fuftl des marnes ou des craies , dont les côtes ma¬ ritimes de quelques provinces d’Angleterre font formées. Je fçais qu’en Italie on a fait de la por¬ celaine avec une terre , & différentes efpeces de cailloux roulés par les torrens ou les rivières. Ce n’eft donc pas faute de matières, fi l’on ne fait pas en France, comme ailleurs, de la porce¬ laine femblable à celle de la Chine. Ce font ces con- noiffances qui m’ont fait dire dans mon Mémoire qu’on devroit effayer plufieurs pierres que j’ai in¬ diquées. Un voyage que je viens de faire dans les montagnes des Vofges, que j’ai parcourues avec le plus grand foin , m’a fqit çonnoîcre quelques pier- Tomel. d xvj PRÉFACE. res & quelques terres de ces montagnes, dont il ne peut qu etre utile de parler ici. Les montagnes des "Y oiges font , dans beaucoup d endroits , formées d une pierre qu’on appelle molaJJ'e , mouillajje , piene de fable ou pierre de taille, dans différens cantons de ce s montagnes. Cette pierre eff une efpece de grès , remplie iouvent de cailloux roulés allez gros , de quartz blanc , ou de quelqu’ autre couleur : tres-communement , cette pierre eff d’un rouge üe-de-vin • communément aulîî , elle eff dun gris blanc plus ou moins clair, & Ton grain elt plus ou moins fin. Celle-ci le rapproche beau¬ coup du pe-tun-tfe d Alençon. Je n’en ai point vu cependant qui en approchât , autant que la va- liéte qu on trouve dans un endroit appelle le Trou du Diable , peu éloigné de Schirmech , dans la Pi incipaute de Salm. Cette molafïe fur tout pour- roit etie dun ufàge utile , & fî Ton ne s’atta- choit pas feulement a avoir dans la porcelaine u lie couleur blanche, la molafïe lie-de-vin ne fe- roit peut - etre pas à négliger. Une autre pierre préférable peut-être à celle-ci , eff celle qui fe trrte de là- tisfàire à l’envie qui doit m’animer d’édifier mon cabinet lur les fbndemens de mes recherches. Connoître les hommes dans l’elpace de deux mois, c eft bien difficile. A peine peut- on les conlîdérer. ' a PRÉFACE. Ivif Il feroit au-deffiis de mes forces de les bien voir fans l’heureux télefoope de mon camarade de voyage. Ses lèules lumières peuvent diHiper fit- defiùs mes ténèbres. Architeéiure, bâtimens, vil¬ les, jardins, tableaux, fculpture, termes d'archi¬ tecture , châteaux , Egliles , couvens , mations royales, fortifications, termes de cet art, places fortes , camps , lieux de bataille , ufages , habille- mens , langage , nourriture , maniéré de vivre dans les villes & dans les campagnes, fi les paylâns font polis ou féroces , laborieux ou fainéans , les vues des villes & autres lieux illulfres * les plan¬ tes , les pierres , les mines , les eaux minérales , la différence des climats , les pays de montagnes , &c. Il eft inutile d’en citer davantage , & de poufièr plus loin ce projet. Quelque difficile qu’il foit , je l’exécuterai. Je demande des confoils. ] M. Daubreuil l’a en effet exécuté. Bien éloi¬ gné de penfor comme ces hommes qui croyent que , pour apprendre à vivre avec leurs compa¬ triotes , ils doivent voir les peuples étrangers , avant leur patrie même, M. Daubreuil crut qu’il falloit , au contraire , commencer par la connoî- tre , tk. qu’à tous égards elle mérite d’être corn nue autant , & même plus , que tout autre pays. Où trouve-t-on en effet un peuple plus doux f plus poli , une police plus lage & plus conforme au génie de la nation ? Dans quel pays voyage- t-on avec plus de facilité ôc de commodité ? ^agriculture eft-elle, malgré tout ce qu’on dit con- TomeL h Iviij PRÉFACE. tre celle Je la France, plus feutenue , plus fere & plus brillante dans tout autre royaume ? Quel eft ce¬ lui ou les arts {oient plus variés , plus multipliés & plus encouragés $ où les feiences {oient plus cultivées qu’en France ? Quel royaume offre au voyageur plus de grandes & belles villes, plus de monumens , je ne dis pas antiques , dignes de la curiofité ? Les campagnes , les bois & les forêts même en renferment dans milles endroits. Y a-t-il un royaume qui ait plus de villes maritimes , &où les ports {oient plus multipliés , où les villes fortes {oient en plus grand nombre, & fortifiées avec plus de régularité & avec plus de feience ? J’ai un peu voyagé chez l’étranger -, mais je n’ai encore rien trouvé qui puifiè l’emporter dans l’elprit d’un homme {ans préjugé fer ce qu’on voit en France. Je n’en ai point vu où le peuple même foit plus poli : vérité qui me fut bien agréable, d’entendre fertir de la bouche d’un Turc qui revenoit d’An¬ gleterre par la Flandre françoife, & qui s’en re- tournoit dans fa patrie. Je n’ai point pafle par de pays mieux travaillé que la France : exprefeon énergique d’un prifonnier Indien qui venok auflî d Angleterre, avec lequel je m’entretenois en défi Cendant par eau la riviere de Seine. Ne difons pas, comme un Ecrivain de nos jours , qu’il faut voya¬ ger en Italie }pajjer en Allemagne , demeurer en Pruf Je , & penfer en Angleterre. Ce font là des mots que le cœur dément quand on réfléchit. Avouons, au contraire , notre bonheur d’être nés François, de PRÉFACE. lix vivre dans un royaume fi bien partage de la natu¬ re , fi bien cultivé par la nation, gouverné par un Prince qui aime ion peuple ,& qui eft chéri de ce peuple.Ne nous déprimons pas , ne donnons pas par nos difcours & nos écrits à des peuples jaloux de notre bonheur, un afcendant fur nous, quils veulent , par tous leurs efforts , acquérir . Sentons tout ce que nous valons, &. ht fupériorité nous res¬ tera. Ce n eft pas que je prétende ,: en parlant ainfî, diminuer 1 eftime qu on doit faire des autres peu¬ ples , & détourner daller chez eux étudier leurs mœurs , leur politique & leurs arts. Je penfe , au contraire , qu’on ne connaîtra comme il faut ces peuples qu’en les voyant dans leurs foyers j mais je voudrois qu’on ne le fit qu apres avoir vu &• étu¬ dié la France , & je foutiens qu’on reviendra tou¬ jours dans fa patrie pénetredu bonheur detre ne François. Ayant l’efprit meublé de ce que nous au¬ rons vu & obfervé en France , nous ferons plus en état d’apprécier ce que nous remarquerons chez l’étranger , & nous ne ferons pas comme ces Ecri¬ vains qui, ne connoifïant pas la France , prouvent par les parallèles qu ils en font avec ceux qu ils ont vus , qu ils connoiflènt ceux - ci beaucoup^ mieux que la France, & que 1 ignorance ou ils font des pratiques qui s’obfervent dans plufieurs provinces de ce royaume , leur fait faire des reproches aux gens de la campagne que ceux-ci nç méritent cer¬ tainement pas. M- Daubreuil penfanc comme moi, (ce que je hij k PRÉ F ACE. içais de lui-même ) parcourut plusieurs provinces de la France, avant de palier dans les pays étran¬ gers. Il vit la Touraine , la Bretagne , la Norman¬ die & la Lorraine. Ce fut dans ce dernier voyage quil fit, en palfant par la Picardie & la Champa- Ëne, qu’il fut plus exad à écrire les remarques ôc s réflexions. Il s’exprime ainfi au commencement de là relation. » Je me propofé dans ce voyage , de » mieux faire que l’année paffée ^ c’eft - à - dire , » d’écrire plus exadement, ( ce qui ne dépend que « de moi ) & de faire des remarques plus intéreffan- « tes ( ce qui demande beaucoup de fecours. ) Il les trouva , ces fecours , dans M. l’Abbé Guenée , qu’on engagea à accompagner M. Daubreuil dans fés différens voyages. M. Guenée, que fon état de Profefïéur en éloquence a rempli de tout ce que la belle littérature grecque, latine, françoifé & an- gloife ont de meilleur , qu’un goût naturel pour les arts , & fur-tout pour l’agriculture , & que fon amour pour la religion , ont engagé à traduire plufieurs ouvrages anglois fur les principes du ChrifHanifme , & fur l’agriculture , M. Guenée , dis-je , ne pouvoit réellement qu’être d’un grand fecours à M. Daubreuil ; auffi trouve-t-on dans les manufcrits de celui-ci, des obfervations fur les différentes branches des fciences. M. Daubreuil commence prefque dés les portes de Paris à faire des remarques fur la culture & le fol des terres , & il les continue dans tout fon voya¬ ge. Il ne paffe pas une ville fans dire quelque ciiofe PRÉFACE. lxj for fa fîtuation 6c for ce qu elle peut avoir de re¬ marquable touchant fon commerce. Les fortifica¬ tions des villes fortes font appréciées. Il eft , for- tout , entré dans un plus grand détail au fojet des mines 6c fouterreins de Metz en Lorraine. Les monumens publics , les églifos , les monaftères , font examinés , & quelquefois prefque décrits ; leur architecture difcutée. Il s eft étendu for les beautés de Nancy , 6c for les monumens qu’y a fait élever le Roi de Pologne , Prince qui , par fon amour pour le bonheur de la Lorraine, a laide en mourant dans les cœurs de fos fojets, une reconnoiflance éternelle. On lit dans les manuforits de M. Dau- breuil , des remarques for les forges à fer de Ro- croi , for les ardoifieres des environs de Mezieres , lur les bâtimens de graduation de la faline de Ro- fteres, for la manufacture de tabac du Havre, for celle des glaces qui eft à Saint - Gobin. Il entre dans un très - grand détail des manœuvres em¬ ployées dans cette derniere. Celles des draps de Sedan ne font pas oubliées. En un mot , M. Dau- breuil ne laiflè guère de faits intéreffans fans les noter , & faire deffos quelques obforvations utiles. Par ce travail , M. Daubreuil ne faifoit en quel¬ que forte que s’effayer , c etoit en Italie ou il devoir donner à fon efprit 6c à fon goût pour les belles chofès tout l’effor dont il étoit capable. Il partit pour ce pays, ft intéreflànt à tant d’égards, au mois d’ Avril i j6z. Il prit la route de Lyon , & alla s’embarquer à Gênes. Les provinces de la France lxij PRÉFACE. par lefquelles il paflà , étant de celles qu’il n avoîc pas encore vues , il fit, pour les endroits qu’il traver- foit, ce qu’il a^okfait-ponr ceux des autres provin.* ces.- c ' '"->v g , -mi in aiormoq >, Les villes principales par lefquelles l’on pafîè en allant de Paris à Lyoni, font Fontainebleau , Sens, Auxerre , Dijon. Ce que, cesi villes ont de curieux , eft examiné, difcuté.; apprécié. Les beautés de Re- gennes, maifonide plaifuice des Archevêques de Sens font détaillées. LHifloire naturelle n’eft pas oubliée. Le terrein , la nature des pierres font dé¬ terminées, & les grottes d’Arcy décrites. A Lyon il femble que le zélé de M, Daubreuil prend de nouvelles forces , & plus d’aéti vite. « J’ai vu, dit-il, tant, de chofés en fi peu de tems, qu’aucun inter- valle n’a laiffé un moment de repos à ma mémoi- •> re, remplie des plus grands objets. » Ainfï le tra¬ vail des manufactures de foie, le tirage & le pla¬ quage -de l’or font décrits. Si les antiquités, les égli- fes, les places publiques, les bâtimens modernes de conféquence, les morceaux d’architeélure, de peinture & de fculpture, ne le font pas tous, ils font du moins appréciés, & çe qui n’eft guère du goût de notre fiéele , quoique fouvent très-intéref fànt, les épitaphes , les fîngulieres fur-tout, font notées , & même copiées. M. Daubreuil a été aufft attentifà tout décrire, examiner & apprécier de¬ puis Lyon jufqu a Genes. Il n a omis prefqu’aucune curiofite naturelle , ou due a 1 art, qui peuvent être dans Grenoble ou fès environs , dans Valence. PRÉFACE . lxiij Montbéliard , Avignon , Carpentras , Orange , Nifmes , Aix , Hieres , Toulon , Antibes , Mar- feille , 8c plusieurs autres endroits moins confidéra- blés. Les antiquaires pourroient lire , avec plaifir , ce qui regarde Tare de Triomphe de Carpentras , le Cirque, l’arc de Triomphe, & le tombeau du Chat qui font à Orange, le Panthéon, la fontai¬ ne , les arenes , le temple du fils d’Augufte à Nif¬ mes : les Naturaliftes , ce que M. Daubreuil dit de la fontaine ardente des environs de Grenoble, de la fontaine de Vauclufe , 8c de plufieurs autres en¬ droits remarquables par quelques productions de la terre. Je ne citerai rien de ce que M. Daubreuil a re¬ marqué en Italie. Il faudroit rappeller tout ce qui eft beau & curieux dans ce pays où les foiences 8c les arts ont pris une nouvelle naiftànce, 8c d’ou ils fo font répandus dans toute l’Europe Içavante. II faudroit parler des antiquités en tout genre, des monumens modernes élevés de notre tems, ou dans celui du renouvellement des foiences 8c des arts. Enfin on trouve dans la relation manuforite du voyage de M. Daubreuil , tout ce qui peut in- térelfer la curiofité des Amateurs des beaux arts de ceux qui cultivent les arts utiles 8c de première néceflité , 8c celle des Naturaliftes. L’on ne peut: que regretter ce qui manque à ce manuforit par la perte qui a été faite d’une partie afïèz confidéra- ble , 8c qui a été perdue pour toujours. Elle eft de¬ venue la proie de corfaires Algériens , qui n’ont: lxiv PRÉFACE. pas , {ans doute , lenti le prix de ce qu’ils avoient gagné en prenant le vaiffèau où avoit été embar¬ quée la caidè qui renfermoit ce manulcrit, &: d’au¬ tres effets d’autant plus précieux , qu’ils regardoient les fciences & les arts, feuls mobiles des amulé- mens & des acquittions de M. Daubreuil. Semblable à ces anciens Philofophes qui ne voyageoient que pour acquérir des connoiÜances qui pudent éclairer leur efprit, & fortifier les fa¬ cultés de leur ame, M. Daubreuil alloit puifér dans la^onverfàtiondes hommes éclairés dans les fcien- ces & les arts , tout ce qui pouvoit l’inftruire. Sorti du cabinet du fçavant & de l’attelier de l’ Artilfe, les Ipeôtacles les plus feduifàns & les cercles les plus re¬ cherchés , devenoient pour lui des écoles non moins inftruéHves. Il cherchoit à connoître les hommes, il les étudioitdans tous les états. On n’a qu’une connoidànce lùperficielle d’une nation , iorfqu’on n’en a vu que les états extrêmes. On en connoît la grandeur , l’opulence, les lèntimens éle¬ vés & nobles , en fréquentant les grands , l’induff trie nefé manifefte que chez I’Artifte, les redour- ces du commerce, que chez le négociant, &c’eft en fè mêlant avec le peuple qu’on reconnoît le fond du caractère d’une nation que louvent l’inté¬ rêt didimule chez le dernieç,la vanité obfcurcie chez le fécond, & le fafte chez le premier. M. Daubreuil ayant donc vu , & ayant vu en Philofophe tout ce que l’Italie peut offrir d’intéref &tnt, &: ayant laidfé dans tous les endroits où il avoit pâlie, PRÉFACE. hv pafle , la réputation d’un jeune homme d’un ca¬ ractère aimable, d’un efprit rempli de connoiffan- ces utiles ôc agréables, d’une conduite réglée, ôc qui n’étoit pas allé en Italie pour fè livrer à des pallions que la délicatellè des lentimens rejette , que l’honneur dément , &: dont le galant-homme rou¬ git , M. Daubreuil , dis-je , palîà en Allemagne, ôc dirigea la route par le Tirol.il devoir voir l’Empire ôc le Royaume de Prude, ôc revenir enfùite goûter dans le fein de fa famille ôc de fa patrie , l’avantage inelHmabîe que procure une jeunelïè lage , occu¬ pée ôc paflee à- acquérir des lumières utiles à loi- même ôc à fonpays. Il prelfentit ce bonheur; mais il étoit écrit dans les décrets éternels , qu’il n’en jouiroit pas. Arrivé à peine à Leipfic, M. Dau- breuil fut attaqué d’une maladie à laquelle on ne voit que trop îouvent les têtes les plus précieulés fuccomber. Une petite vérole confluente , qui ne paroilïoit pas d’abord devoir être funefte , a enlevé M. Daubreuil après quelques jours de maladie, ôc dans un moment où un fommeil doux Ôc tranquille fembloit devoir donner les efpérances les plus flat- teufes. Il ne fortit de ce fommeil trompeur , que pour cellèr de vivre. Difons, en finilfant ce court éloge , que je n’al pu refulèr à l’amitié que M. Daubreuil avoit pour moi , ôc à la néceflité impofée à tout homme , de faire connoître la véritable vertu , difons , dis-je , que M. Daubreuil a été une preuve de ce que peuc faire une éducation bien conduite , Ôc qu’il a laiffé Tomel. i i «s , Ixvj PRÉFACE. aux perfonnes de Ton âge , un modeïe quil leur fera toujours avantageux de fuivre. Quil me (oit per¬ mis de le dire, dans un tems où la fauffe vertu n’eft fouvent que trop proclamée , & où il femble quon rougiflè d’avoir des moeurs pures , de faire Ion prin¬ cipal plaifir d’orner fou efprit de connoiflànces qui n’ont pas la frivolité pour objet. OBSERVATIONS DÉTACHÉES. LEs Obfervations qui appartiennent à quelques-unes des branches de la Phyfique , quand elles feroient ifolées , qu’elles ne feinbleroient pas meine fe lier avec les connoiiïances acquifes , ne font pas a négliger ; il eft } au contraire , très-important de les recueillir. Un fait de Phyfique dont on ne voit pas d abord la connexion avec ceux qu’on connoît , a été plus d une fois la caufe de découvertes importantes. Les premiers qui ont re¬ connu les vertus de Pambre & de 1 aimant , n ont pas pro¬ bablement fenti les conféquences direétes que 1 on pou- voit tirer des découvertes qu’ils avoient faites. Celui qui a annoncé le premier que les racines de la garance rougif- foient les os des animaux qui en mangeoient, s eft con¬ tenté d’annoncer ce fait. Cette découverte examinée 9 méditée , a conduit à nous dévoiler la compofition des os. Ce font probablement de femblables réflexions qui ont porté les premiers Académiciens de 1 Académie Royale des Sciences , à faire imprimer à la tête de chaque volume des Mémoires de cette Académie, les Obfervations déta¬ chées qu’elle reçoit tous les ans ; je ne pouvois fuivre un meilleur exemple. J’ai donc tiré du recueil que j ai pu faire de femblables Obfervations , un certain nombre de faits affez curieux en eux-mêmes , & dont peut- etre quel¬ ques-uns pourront être de quelque utilité. Ceux de Chy- mie ont été pris dans le regiftre du laboratoire de^ feu M. le Duc d’Orléans à Sainte -Géneviéve. j ai cru ne devoir pas les laiffer perdre. MM. les Chymiftes les appré¬ cieront, Je fouhaite qu’ils puiflent les engager a les exami* Ixviïj Observations détachées. ner , ôc à entreprendre quelque travail fuivi fur l’un ou l'autre de ces faits. Si je fuis affez heureux pour que le vo¬ lume que je donne aujourd'hui au Public , lui foit agréa¬ ble , ôc que par là je fois dans la néceflité de continuer mon travail , je ne manquerai pas de joindre à chaque vo¬ lume , les Obfervations que j’aurai pu ramalfer , ôc qui re¬ garderont quelques parties de la Phyfique. OBSERVATIONS DE PHYSIQUE GÉNÉRALE. L Sur le brifement des rayons folaires , a l’approche des corps. LA belle expérience de M. Newton , fur le brifement des rayons du foleil, à l’approche d’un couteau, doit, fans doute , fe faire fouvent par la nature , ôc c’elt faute probablement de ne fe pas trouver dans des circonltan- ces favorables, fi on ne l’obferve pas autant de fois qu elle fe fait. J’ai été affez heureux pour la voir une fois , ôc on peut dire quelle s’opéroit en grand, c’elt-à- dire , de la maniéré que la nature agit toujours. Une belle matinée d’été , m’étant trouvé entre quatre ôc cinq heures du matin à une portée de fufil ou environ du Château de Vincennes, fur le grand chemin , ôc du côté de Paris , je vis avec furprife que les rayons du foleil qui tomboient fur la face de ce Château qui regarde Paris, fe brifoient de façon que deux faifceaux confidérables de rayons fe tournoient de mon côté en fe divergeant , ôc formoient un angle dont ce fommet étoit fur le mur. Je me rappellai dans Imitant l’expérience de M. Newton. Je ne doutai point qu’il y eut une diltance entre le fommet de l’angle, formé par la réunion des faifceaux de rayons ÔÇ le mur du Château. Je vis en me plaçant au bout de ce mur , que cette diltance étoit confidérable , ôc quand Observations détachées* lxix Hîrois qu’il y avoit bien un pied, je ne dirois peut-être pas trop. J’ai crû devoir rapporter cette Obfervation curieufe , elle confirme celle de M. Newton , ou plutôt elle prouve que ce grand génie n’a fait que confirmer ce que la nature opéré peut-être tous les jours. Ce qui , au lieu de dimi¬ nuer fa gloire, eft une preuve de l’excellence de fon génie & de fes vues étendues. IL Sur la formation des nuées dans les hautes montagnes. EN paflant à quelque diftance des montagnes du Tirol, lorfque je me rendois en Pologne l’année 1760 , je vis avec plaifir une fuite allez confidérable de trompes , formées par des vapeurs humides qui s’élevoient des forêts qui couvrent ces montagnes. Ces trompes étoient à une certaine diftance les unes des autres: elles avoient d’abord une figure à peu près cylindrique : elles s’élargilfoient en- fuite par leur partie fupérieure, & prenoient ainfi la figure d’un cône renverfé. La bafe de ce cône s’étendoit peu à peu & infenfiblement chacune de ces bafes s’approchant les unes des autres , fe confondoient , & ne formoient plus qu’une feule ôc même malle de vapeurs qui , en fe groffif- fant , devenoient des nuées épaiffes , & qui tomboient en pluie , fe dilfipoient, ou étoient portées au loin. J’ai vu ce phénomène trois ou quatre fois à différens jours. Depuis mon voyage de Pologne , ne m’étant point trouvé à la proximité de hautes montagnes , & à mon re¬ tour en France, n’ayant rien obfervé de femblables en paf fant vis-à-vis des montagnes du Tirol , je n’avois pu m’af furer fi les vapeurs s’élevoient toujours fous cette forme; Ixx Observations détachées; dans les montagnes de cette efpece. L’été dernier étant allé parcourir les Vofges , j’ai eu plus d’une fois occafion d’examiner ce météore. Il ne s’eft prefque pas palfé de jour qu’il ne fe foit élevé des vapeurs de différens endroits de ces montagnes. Je n’y ai jamais remarqué des trompes aulfi bien formées que celles que j’avois vues forcir des forêts du Tirol. Ces vapeurs s’élèvent bien, & cela très* fouvent , en formant des efpeces de colonnes ; mais je ne les ai jamais vues prendre la forme d’un cône renverfé. Souvent aulfi ce font des malles irrégulières plus ou moins étendues , quelques figures que ces vapeurs prennent , elles fe forment toujours à des endroits allez éloignés les uns des autres. Toute la malfe d’une montagne ne jette pas de ces vapeurs. Elles ne fortent que de quelques endroits, & ces endroits ne font pas toujours les mêmes tous les jours. Il eft vrai que les habitans de certains cantons des Vof* ges prétendent que lorfqu’ils remarquent des vapeurs, ii légères qu’elles foient, s’élever d’endroits déterminés , il s’enfuivra de la pluie pour le jour même , ou pour le len¬ demain. Les habitans de Clermont en Auvergne , alfurent la même çhofe , lorfque le fommet du Pui de Dôme eft entouré d’un petit nuage, ce qu’ils appellent le bonnet du Pui de Dôme. Il faut qu’on ait remarqué que la pluie fucçédoit fouvent à de femblables vapeurs , pour que cette opinion foit répandue dans des pays aulfi éloignés les uns des autres. Je ne fçais cependant fi le fait eft tou-; jours vrai. Je puis même alfurer qu’étant à Buflang , vil¬ lage de Lorraine , célébré par fes eaux acidulés , je vis fortir des vapeurs de l’endroit , d’où l’on tire les préfages de la pluie , & que ces vapeurs fe dilliperent fans qu’il plut Je jour ni le lendemain. Quoi qu’il en foit de cette opi¬ nion ôt des prétendues prérogatives que certains endroits de ces montagnes ont de prédire la pluie , les vapeurs qui s’élèvent des montagnes , ne fortent pas toujours des mêmes endroits , quels que foient ces endroits , ils ne donnent point à çes vapeurs , une forme plutôt qu’unq Observations détachées. lxxj autre, & quelque forme que ces vapeurs ayent, on ne re¬ marque pas qu’elles fuivent des marches confiantes dans la façon dont elles s’élèvent & s’évaporent. Il efl vrai que les habitans des Vofges difent bien que lorfque les vapeurs élevées de différens endroits, fe font réunies , & ne forment plus qu’une ou plufieurs grofles malles de nuées , elles fuivent la direction des monta¬ gnes , fe dirigent vers quelques gorges , formées par le fommet de deux montagnes , palfent par ces gorges , & fe dilîîpant ou s’élevant au-deffus des fommets , font en fe réunifiant, des malles très-conlldérables qui retombent en pluie. Il y a du vrai dans ces obfervations ; mais tout ne l’efl pas. Il arrive allez fouvent , & on ne peut en difconve- nir, que différentes maffes de vapeurs s’étant élevées juf- qu’à une certaine hauteur , femblent chercher une gorge voifine , qu’elles fe dirigent vers cet endroit , & qu’elles y paflent réellement. On dirait même qu’elles prennent cette direction , plus elles s’approchent de ces montagnes , Ôt plus elles fe courbent vers elles , & que lorfqu’elles font peu éloignées de la gorge , elles s’étendent vers cet endroit , & y paflent promptement en accélérant leur mouvement ; mais ces effets n’arrivent pas toujours. Ces malles de vapeurs fe difïïpent auffi allez fouvent au-deflus de l’endroit où elles fe font accumulées, ou paflent par def- fus les montagnes , fans aller chercher les gorges formées par les fommets de ces montagnes. Ces variétés dans la marche des vapeurs, ne dépend , fans doute , que de la direction du vent qui régné ; &t félon qu’il fouffle de droite à gauche , de gauche à droite , ou de bas en haut , les vapeurs font dirigées vers tel ou tel en¬ droit. Ce qu’on remarque encore allez fréquemment , c’efl qu’une ou plufieurs mafles de vapeurs venant de loin ? & marchant promptement , s’arrête fubitement , & relie llationnaire & immobile à l’approche d’une mon¬ tagne, On dirait quelle en a été comme attirée. Elle bcxij Observations détachées; refte ainfi fixe quelquefois plus d’un quart - d’heure , ÔC même d’une demi -heure, ôc recommence enfuite à fe remettre à fuivre la même direction. J’en ai vu , fur- tout une fois , une qui , recevant en plein les rayons du loleil , étoit d’un brillant éblouiffant , ôc qu’on auroit pris pour un miroir frappé de ces mêmes rayons. Une autrefois c’étoit une malfe confidérable , ôc d’une très- grande étendue , qui çomprenoit un très-long 6c très- grand rideau des V ofges. Cette malfe étoit continue , 6c d’un noir allez foncé : elle n’étoit qu’à une certaine hauteur , 6c de façon qu’on voyoit par-delfus le fommet de ces mêmes montagnes. Une autre fois une malfe en¬ core beaucoup plus confidérable, qui s’étendoit fur une beaucoup plus grande longueur des Vofges , qui étoit très-élevée au-delfus de leurs pics , ou , comme on dit dans le pays , de leurs balons les plus hauts , qui étoit des plus variées par la figure de rochers que les diffé- rens grouppes de çette malfe avoient pris , 6c dont la plûpart étoient du brillant le plus vif, cette malfe , dis- je , relia plus d’une heure ou deux immobile au-delfus de Ces montagnes , ôc fe dilfipa peu à peu. Cette malfe de nuées grouppées de mille maniérés, effc un des beaux météores en ce genre que j’aie vu de ma vie. On ne pouvoit fe refufer à une efpece d’admira-r tion. En effet , des portions de cette malfe étoient au¬ tant de montagnes de neige ou de glace , formant de gros bouillons amoncelés 6c faillans plus ou moins les uns au-delfus des autres. On auroit dit que d’autres por¬ tions étoient des rochers déchirés ôc détruits de mille fa¬ çons. D’autres parties avoient des enfoncemens qui étoient autant de cayernes ou de grottes creufées au milieu des montagnes , où ce n’étoit que des rochers coupés en portion de cercle , au travers defquelles on voyoit des grouppes de rochers d’un argent le plus vif. On auroit comparé d’autre malfe au mont Athos , ou à ces monta¬ gnes de la Chine , fculptées en figure humaine. Des en¬ duits que lçs rayons du foleil éclairoient , ôc qui, en les réfléchiifant g Obser VAT IONS DÉTACHÉES. Ixxiij réfléchiffant , étoient d’un éclat éblouiffant , le deve- noient encore plus par le contrafte de longues bandes de nuages noirs qui les coupoient par leur milieu. En¬ fin , l’on peut dire que la maffe énorme de ces nuages avoit quelque chofe de grand ôc de majeftueux , ôc que fi les effets des aurores boréales ont pu donner aux Poètes l’idée de l’Olympe , comme M. de Mairan le prétend , la vue de femblables grouppes de nuages peut avoir fait imaginer des defcentes des Dieux du haut de lEmpi- rée. Quiconque aura vu le fpeêtacle que je viens de décri¬ re , m’excufera de m’être amufé à en donner quelques idées. Si quelqu’un , au contraire , penfoit autrement , ôc qu’il trouvât qu’il eft ridicule de décrire des nuages qui changent à chaque inftant , 6c qui font aulîi mobiles que le vent , ôc dont l’éclat ôc la beauté doivent varier aulîi promptement que la marche du foleil elt rapide: pour moi penfant que rien ne fe fait dans la nature fans caufe déterminante , je crois que les nuages fe forment » fe grouppent , ôc prennent les figures qu’on leur voit fuivant certaines loix ôc certaines réglés , ôc qu’un Phyfi- cien éclairé ôc Obfervateur attentif , placé à la proxi¬ mité de hautes montagnes , pourroit donner d’excellen¬ tes Obfervations fur ce météore, ôc trouver des réglés confiantes fur cet objet. Je dirai même qu’un traité bien fait fur cette matière foutenu de bonnes gravures qui re- préfenteroient bien les différentes figures que les nuages prennent , ne pourroit qu’être d’une grande utilité pour la peinture , où les nuages font ordinairement mal rendus.' Ou ceux d’été font femblables à ceux d’hyver ou ceux de l’approche d’une tempête , ne différé guère de ceux d’un tems ferein , mais nébuleux. Je dis qu’il faudroit que cet Obfervateur fut placé dans un pays hériffé de hautes montagnes , voici mes raifons. Dans les pays de plaines , de baffes montagnes , on ne voit guère les vapeurs humides s’élever de la terre peu à peu . monter dans l’air , ôc devenir des nuages épais. Ce$ Tffms /s fe ïxxiv Observations détachées. vapeurs paroiffent ordinairement fubitement , forment des brouillards plus ou moins épais, qui retombent peu après en une pluie douce , ou qui fe diflîpent dans i’athmof* phere , pour former quelques heures après , ou le lende¬ main , quelquefois une pluie allez forte. D’autres fois le long des vallées , ôt fur-tout des vallées où il coule un ru if* feau ou une riviere, il régné un brouillard épais & con¬ tinu , qui fe manifelle quelquefois tout-à-coup, ou qui s’eft formé pendant la nuit. C’efl: fur-tout en Automne où 1 on voit fouvent arriver cette elpece de météore. Les nuées qui répandent leurs eaux fur les plaines & les pays à baffes montagnes , viennent ordinairement de plus loin, & fi elles fe font formées des vapeurs qui fe font élevées de ces plaines ôc de ces baffes montagnes , ces vapeurs ont in&nfiblement monté dans l’athmofphere , & d’une façon imperceptible. Ce n’eft donc point dans defemblables pays qu’on peut faire des Obfervations bien multipliées , intéreffantes , & très-variées , fur la forma¬ tion & l’afcenfion des nuées dans l’athmofphere. Il n’en eft pas de même dans les pays de hautes montagnes. Il n y a fouvent pas de jours dans un mois qu’on ne voye prefque à chaque heure du jour des maffes de vapeurs ou petits nuages fe former fous fes yeux ou fes pas R on voyage dans ces montagnes. Dans le temps même d’une pluie affez forte , il arrive fouvent qu’à travers de cette pluie on apperçoit des trompes de vapeurs qui tra- verfent perpendiculairement cette pluie , & s’élèvent avec facilité malgré la réfiffance que cette pluie leur oppofe. Ce n’eft donc , à ce que je crois , que d’un Obfer- vateur qui habitera des pays de hautes montagnes, qu’on peut efpérer des lumières fûres touchant la formation des nuages. Si j’étois ainfi placé , je me propoferois d’obferver ÿ i°. Dans quelle faifon il s’élève le plus fouvent des va¬ peurs. 2Ç. S’il s’en éleve plus la nuit que le jour. 30. Si dans le four } c’eft plutôt avant ou après midi. ^ 0 , De O B S E ER V AT I O N S DÉTACHÉES. IxxŸ quelle efpece de terrein il s’en éleve le plus. j0. Si les montagnes couvertes de bois en fourniffent plus , & plus fouvent que les montagnes pêlées. 6°. Si dans les monta¬ gnes couvertes de bois il y a fur cela des différences , je veux dire , fi des bois de pins , fapins ou d autres arbres de cette claffe fourniffent moins de vapeurs , que ceux de chênes ou de quelque autre forte d’arbres. 7 °. Qu efl-ce qu’il arrive dans l’afcenfion des vapeurs, par rapport a leur mouvement. 8°. Si ce mouvement s’accélère lorf- que deux de ces maffes de vapeurs s’approchent l’une de l’autre , & quelle loix cette accélération fuit , fi réelle¬ ment il y en a une. bule, je placerois cette ouverture fous ce veftibule. Dans celles qui n’en ont point , mais qui ont une ou deux tours à côté du portail , je la mettrois dans 1 une ou l’autre de ces tours , fi le bas de ces tours eft du moins fait de façon , qu’il foit fermé d’une porte , & n ait de Communication avec l’Eglife , que par cette porte. Dans les Eglifes qui n’ont aucun de ces avantages, cette ou¬ verture feroit à une des portes des bas cotés ôc hors de l’Eglife. On objectera peut-être , car qu’eft-ce qu’on n objeête pas, que les cadavres feront expofés à être pris & ven¬ dus à ceux qui s’occupent de l’anatomie : mais ne feroit- il pas plus difficile alors à ceux qui font le vil métier d’enlever ces cadavres , qu’il ne l’eft. maintenant ? Ils fe- roient expofés à la crainte d’être vus par ceux qui pour- roient palier même pendant la nuit , au lieu que les cho- fes étant dans l’état où elles font , ils peuvent facilement, & fans rien craindre, enlever ces corps quand ils veulent. De plus , fi l’on embaumoit les cadavres comme je le de¬ mande , ces cadavres . ne pourraient plus être propres à l’anatomie; il n’y auroit par çonféquent plus rien à crain¬ dre de ce côté. On pourrait au relie entourer l’entrée de la cave d’une grille de fer , qu’on fermeroit exactement , ôt dont la clef feroit entre les mains d’une perfonne fùre. Indépendamment de ces précautions , je demanderois que dans les Eglifes actuellement çonftruites , on con¬ duisît à la cave des morts plufieurs tranchées ou boyaux: que ces tranchées fullent maçonnées , quelles euffent au moins deux pieds d’ouverture dans la cave , qu’elles al- laflent toujours en fe rétréçiffant , jufqu’à environ ua Tomel, ' i lxxxij _ Observations détachées. demi -pied, quelles s’étendiffent jufqu’aux murs exté¬ rieurs , que ces murs fuffent percés aux endroits où elles aboutiroient , & qu’à ce trou on y appliquât un tuyau de terre , de fer , ou même de cuivre ; que ce tuyau fût in- crufté dans le mur en dehors , ôt qu’il montât jufqu’au deffus des voûtes. Deux de ces ‘tranchées devraient être tirées de la cave au portail ou aux portes des bas côtés. Dans les Eglifes qui ont des tours , je ferois placer les tuyaux le long de ces tours , ôt les ferois aboutir fur leur platte-forme. A l’extrémité fupérieure d’un de ces tuyaux, Rappliquerais un ventilateur , au moyen duquel on pom¬ perait l’air du fond de la cave au moins une fois tous les huit jours , le famedi au foir fur-tout , ôt le foir de la veille des fêtes. Dans les temps où la mortalité feroit plus grande , on répéteroit plus fouvent cette opération. Dans les Eglifes qu’on pourra conftruire dans la fuite, je ne placerais pas la cave des morts dans la nef, mais dans les bas côtés : j’en ferois une à droite ôt l’autre à gauche : elles s'étendraient jufques dans le veftibule ou jufqu’au dehors de FEglife. Le long des murs extérieurs, je formerais plufieurs foupiraux coniques , qui monte¬ raient jufqu’au haut de l’Eglife : ils feraient formés par les pierres qui compoferoient les murs dans ces endroits : celles du bas ou de l’ouverture inférieure des foupiraux, feraient taillées en bifeau , ôt enfuite chaque pierre fe¬ rait percée d’un trou circulaire d’un plus petit diamètre a proportion que ces pierres feraient proche du haut du mur , ôt le trou de la derniere auroit plus ou moins d’un demi-pied de diamètre. On couvriroit ces trous d’un petit chapiteau mobile, ôt ouvert par les côtés, pour empêcher qu’il ne tombât rien dans les tuyaux. Il ne feroit peut- être pas néceffaire alors d’appliquer de ventilateur : il ne feroit pas cependant inutile qu’on en fît jouer un de temps en temps. J’ai pris l’idée de ces foupiraux, en voyant cette an¬ née, ce que faifoit l'Architecte qui bâtit le Monaftere de Moyen-Mouftier , Abbaye de Bénédictins , peu éloignée. Observations détachées, Ixxxiij de Senones, dans la Principauté de S 3. Un. Cet Architecte a imaginé, pour délivrer cette maifon de l’odeur qui. ex¬ hale des latrines , de les placer fur un des cotés de cette maifon : elles font formées par un fofTé qui s’étend tout le long de ce côté. Le foffé eft revêtu de murs : un ruif- feau doit paffer dedans , ôc entraînera les immondices. De plus, des foupiraux femblables à ceux que j ai décrits, feront placés de diftance en diftance , ôc feront conduits jufques fur le toit de la maifon. Ces précautions ne peu¬ vent que la mettre à 1 abri de 1 exhalaifon qui s éleve de ces lieux toujours infeêtans , quelque attention qu on y apporte d’ailleurs. Je ne doute pas que les Eglifes , dans la conftruction defquelles on auroit une attention fem- blable , ne fulfent délivrées de 1 odeur que lâchent les cadavres en fe pourriffant. Prévenons encore une obje£tion,car ellepourroit peut- être venir dans i’efprit de quelques-uns de ces hommes qui en ont toujours de toute prêtes, contre tous les pro¬ jets fi fimples ôc fi utiles qu’ils foient. Quelqu un diroit peut-être , qu’au moyen de ces foupiraux , lair fe trou- veroit continuellement infecté. On répondroit qu il ne' le feroit pas plus qu’il ne l’eft maintenant. L odeur qui s’élève des caves mortuaires , fort non-feulement par la tombe qui ferme la cave , mais par une ou deux fenêtres faites à ces caves , pour procurer de la circulation a 1 air. La vapeur qui fort par ces endroits , fe répand dans 1 air dès le bas de la rue , fe fait ainfi. fentir dans un efpaco confidérable , ôc ne fe manifefte plus, que lorfqu elle s eft élevée dans l’athmofphere , affez haut pour etre divifee à l’infini. Cette divifion n’arrive guère que lorfqu elle eft montée par delfus les maifons. Au moyen de ce qui vient d’être propofé, elle feroit d’abord portée jufqua cette élévation , ôc elle y feroit bien-tôt difïipée par les vents : mêlée aux autres vapeurs de la ville, à la fumée qui fort des cheminées , elle feroit bien-tôt changée de nature. Pour que celle qui pourroit s’évaporer par 1 ouverture fie la cave , placée hors de l’Eglife , fut aufli peu confidé- îxxxiv Observations détachées; rable qu’il eft poflible, je demanderois que cette ouver¬ ture ne fût pas feulement fermée d’une tombe mal join- te, comme elle l’eft'a&ueliement, mais qu’il y eut premiè¬ rement une trappe de fer, qui fut mue fur des rouleaux de cuivre placés de chaque côté dans une gouttière ou cou- lilfe également de cuivre; que cette trappe put , lorfqu’on voudrait ouvrir la cave, fe pouffer fous la tombe qui pré¬ céderait l’ouverture de la cave, & que, lorfqu’on vou¬ drait fermer cette cave, un bout de la trappe entrât un peu fous la tombe , qui fuit l’ouverture de la cavè , comme l’autre bout relierait enfermé fous la première. Cette trappe , au moyen des rouleaux , feroit facile à mouvoir; des anneaux placés au milieu, qu’on prendrait avec des crochets mis au bout d’un bâton , augmente¬ raient encore la force des hommes dellinés à enfevelir les morts: fecondement, par delfus cette trappe, on place¬ rait une tombe qui ne feroit pas immédiatement appli¬ quée delfus j mais qui en feroit éloignée de quelques li¬ gnes : elle auroit quatre trous, un à chaque angle; qua¬ tre pitons de fer, foudés avec du plomb chacun dans un dez de pierre, entreraient dans ces trous; deux barres de fer qui fe croiferoient en croix de faint André , & dont les extrémités entreroient dans le bout des pitons, ou¬ verts, à cet effet, d’une fente longitudinale, feraient mi- fes fur la tombe , & attachées par un cadenat qui palfe- rait dans un anneau fcellé à la tombe, & par un trou fait à une barre près de l’endroit où les barres fe croiferoient. Avec toutes ces précautions , on mettrait , à ce que je crois, les Eglifes à l’abri de l’odeur, dont on veut les purger , ôt dont tout le monde fe plaint. Observations détachées! Ixxxv. XMMXMXXMM XXKXXXXKM)eCKXXXX OBSERVATIONS D’HISTOIRE NATURELLE; I. Sur des Vers afcarides des Harengs. IL y a peu d’animaux dans le corps defquels on n’ob- ferve des vers. Les uns y font dépofés par des infe&es volants , comme les mouches du nez des moutons , cel¬ les des inteftins des chevaux ; les autres naififent dans le corps des animaux, fans qu’on fçache encore comment ils y parviennent. Eft-ce par la voye des alimens foli- des ? Eft-ce par celle des boiffons ? Eft-ce par l’air ? C’efi: fur quoi on n’a aucune lumière fûre. On a bien donné des conjedures , mais qui font plus incertaines les unes que les autres. Beaucoup de Naturaliftes penfent que le corps de chaque animal eft affigné à certains vers pour être leur demeure naturelle, & être en quelque forte la terre qui les doit nourrir , comme certaines régions de la terre ont été marquées à certaines plantes & à cer¬ tains animaux pour y vivre , y croître , & s’y multiplier naturellement & exclufivement à tous autres lieux où ils ne viennent qu’à regret , fi on les y tranfporte : ce fen- timent pourroit bien être le vrai. Quoi qu’il en foit de la façon dont les vers de l’intérieur du corps des ani¬ maux parviennent à s’y introduire , il eft confiant que beaucoup d’animaux en renferment. Les harengs font de ce nombre. Tous ceux qu’on mangea dans le Ca¬ rême de 1 765 à Paris, avoient la laite infeélée de vers afcarides , de la grofifeur & de la longueur d’une aiguille a coudre. Tous ceux que j’ai ouverts m’en ont fait voir de vivans. Cette Obfervation a été faite par une infi¬ nité de perfonnes à Paris , & beaucoup de perfonnes p’ofoient manger de ces harengs. On craignoit qu’il$ Jxxxvj Observations détachées. ne caufaffent quelques maladies vermineufes : cette peur étoit panique > car indépendamment de ce que l’on ne mange les harengs que cuits , ôc que les vers par con- fëquent font morts alors , des vers qui doivent vivre dans des corps de harengs , ôc qui par conféquent ne font propres qu’à foutenir une chaleur bien modérée , ne paroilfent pas trop capables de fouffrir la chaleur de l’eftomac humain , qui eft beaucoup plus conftdéra- ble que celle des poilfons qui ont , comme l’on dit , le fang froid. On ne me convaincroit pas davantage , quand on auroit recours aux molécules organiques de Burnet ôc de Leibnitz , pour faire reproduire ces vers dans le corps des animaux après la décompofition de ces vers , ôc faire revivre ainfi les naiffances équivo¬ ques ôc dues à la pourriture. C’ell là une vieille idée mille fois combattue ôc mille fois prouvée par des expéf riences être faulfe ôc ridicule. Il eft plus fage d’avouer que nous ne connoiftons pas encore comment naiffent les vers du corps des animaux dont les œufs ne font pas dépofés par des infeétes ailés. . ' ■ ; . , . . ........ . : ! Mi I '■ IL Sur la défenje du poiJJonScie. IEs Auteurs qui ont décrit le poiffon appellé la _^Scie , parlent de la variété qu’il y a dans le nombre de ces efpeces de dents qui fortent de part ôc d’autre de la défenfè que ce poiffon porte en avant au bout anté¬ rieur de fa tête , ôc qui lui a fait donner le nom qu’il porte communément : ôc il paroît qu’ils ont penfé , du moins quelques-uns , tel que peut être M. Ray , que le nombre de ces dents étoit proportionnel à l’âge de ce poiffon , c’eft-à-dire , que ce nombre étoit plus grand pans- ceux qui étoient plus vieux. Cettte derniere re- Observations détachées, Ixxxvij marque n’eft pas jufte ; car il y a des Scies qui ont au moins deux pieds , dont la fcie n’a que quatorze dents de chaque côté de cette fcie , tandis qu’une de fept pouces ôc demi de langueur en a vingt -huit de l’un & de l’autre côté. La première, celle qui n’en a que quatorze , fait partie du cabinet de M. Picard : elle eft la feule que j’aie vu en avoir un fi petit nombre. Elle eft très-large , épaiffe , plus bombée que les autres , ôc finit à fa partie poftérieure plus triangulairement que les autres, qui font plutôt arrondies de ce côté. Une auili grande différence annonceroit-elle qu’il y a plufieurs ef- peces de ce poiffon ? c’eft ce que je n’oferois affurer : il faudroit avoir vu le poiffon entier. Le nombre des dents de cette défenfe varie tant, qu’il pourroit très -bien fe faire qu’il y eut des individus de ce poiffon , dont la défenfe ne fût armée en tout que de vingt-huit dents , pendant que d’autres en auroient le double , ôc même plus. Je dis plus , car on en garde une dans le cabinet de M. le Duc d’Orléans , qui en a vingt- neuf d’un côté , quoiqu’elle ne foit en longueur que de fept pouces quatre à cinq lignes. Cette derniere remarque porte encore à penfer que le nombre des dents de la défenfe ne peut fervir à éta¬ blir le caractère fpécifîque de ce poiffon , puifque ce nombre n’eft pas égal de chaque côté dans le même indi¬ vidu. Voici les proportions ôc le nombre des dents qui arment les défenfes confervées dans le cabinet de S. A. S. 11, Défenfe à vingt-fix ôc vingt-fept dents , longue de fix pouces huit lignes, large de quatorze lignes , au pre¬ mier coupe de dents. 12. Défenfe a vingt-fix ôc vingt-huit dents , longue de fix pouces huit lignes , large de quatorze lignes au pre¬ mier coupe de dents. 3. Défenfe à vingt-huit ôc vingt-neuf dents , longue de fept pouces quatre à cinq lignes, large au premiei rang de dents de quatorze lignes. Ixxxvii; Observations détachées, 4. Défenfe à vingt -fept dents des deux côtés, longue de treize pouces du premier coupe de dents, ôc large, dans cet endroit , de quatorze lignes. Le poiiïon def- féché porte cette défenfe. Il eft d’un peu plus de deux pieds de longueur , fans compter la défenfe , en le me¬ surant depuis le premier coupe de dents, jufqu’au bout de la queue. $. Défenfe à vingt-cinq dents de. chaque côté, longue de deux pieds ôc demi depuis le premier coupe de dents , large , dans cet endroit, de quatre pouces ôc demi, 6. Défenfe à vingt-fept dents de chaque côté. La variété qui fe trouve entre le nombre de ces dents," foit dans différens individus, foit dans le même, fait, com¬ me on le penfe bien , varier les efpaces qui font entre ces dents. Dans la Scie du cabinet de M. Picard , ces elpaces font grands , doubles, ou prefque doubles de ceux des plus grandes Scies qui ont une fois autant de ces dents. Les efpaces des autres Scies qui ont un nombre inégal de dents font inégaux , feulement là où il y a des dents fur- numéraires , ôc ces dentà font que les autres, ou la plu¬ part des autres , ne font pas entièrement vis-à-vis l’une de l’autre. Je ferai encore remarquer que la Scie du cabinet de M. Picard a de particulier, outre fon petit nombre de dents , de n’en avoir que la moitié des autres. Cette perte eft plus remarquable que la Angularité de varier d’une feulement en plus ou en moins ; au refte ces dents font dans toutes les Scies , pointues, triangulaires, applaties plus épaiffes à leur bafe qu’à leur pointe , où elles ont une efpece de tranfparence , un peu courbes de deffus en deffous , longues plus ou moins d’un pouce ôc demi dans les plus grandes Scies, ôc de quatre à cinq lignes dans les plus petites. Il paraîtra peut-être encore afiez fingulier que cet anL mal armé d une défenfe qui eft garnie d’un fi bon nombre île pointes ou de dents ait la bouche privée entièrement de Observations détachées. Ixxxix de vraies dents , & qu il ne l’ait , en quelque forte , que pavée d’écaiiles femblables à celles de la peau , feulement plus dures & plus épaiffes. Il avoit apparemment plus à fe défendre de fes ennemis , qu’il n’ avoit à craindre de perdre fa proie lorfqu’il la tient , ou qu’il n’avoit befoin de la déchirer ou de la moudre avant de l’avaler. XXXXXXXXXXXXXXXXXXX XXXXXK OBSERVATIONS DE BOTANIQUE. I. Coupe longitudinale SC entière du tronc d'un oranger. U Ne difpute de partage élevée entre deux Demoifel- les héritières communes d’un bien , donna lieu à une expérience curieufe. Entr’autres effets de la fuccef- fîon , il y avoit un certain nombre d’orangers à parta¬ ger : un fur-tout , avoit excité l’envie des deux héritiè¬ res : toutes deux également amoureufes de cet arbre , ne vouloient point le céder l’une à l’autre ; toutes deux auroient volontiers donné tous les autres pour celui-ci. Etoit-ce la beauté de l’arbre ? Etoit-ce le caraêtère des deux contendantes , qui excitoit cette altercation ? c’eft ce que je n’appris point. Quoi qu’il en foit, le pro¬ cès fut porté par devant le jardinier ; cet homme , en nouveau Salomon , prononça , fi j’ofe le dire , avec la même fageffe j croyant fans doute que l’objet des vœux des prétendantes ne feroit pas facrifié ; il prononça qu’il falloit couper l’arbre en deux dans toute fa longueur. Le jugement fut approuvé par les deux compétiteurs. II n’y avoit pas un motif auffi puiffant que dans l’une des sdeux Juives pour la conferyation de l’objet difputé j ainli Tome h m xc Observations détachées. malgré les remontrances dn jardinier , qui fit faire atten¬ tion qu il en pourroit coûter la vie à l’oranger, on s’en tint a fon prononcé. L’arbre fut donc partagé , & cha¬ cune des deux héritières contentes d’avoir ce quelle avoit tant déliré , & plutôt peut-être de n’avoir pas cédé , apporta tous les foins néceffaires à la confervation de la portion qui lui étoit échue en partage. On couvrit donc de cire mole le côté de l’arbre qui étoit fans écorce. Les héritières furent , fans doute , charmées de voir pouffer des branches à leur arbre contre toute efpérance. On pourroit peut-être douter de cette hifioire, on pourroit peut-être même douter de la réufïite de l’expérience qui fut faite. J avoue que je doutai d’abord plutôt de la réuffite de 1 expérience , que de l’hiftoire même. Nous facrifions fouvent les chofes les plus précieufes, plutôt que de ceder une bagatelle. La nature plus fage que nous , n’agit point par caprice , elle fuit toujours les loix qui lui ont été impofées. Cette réflexion me fit prendre la réfolution, dès l’inftant que j’entendis racon¬ ter cette hifioire , d’examiner s’il étoit poflible qu’un ar¬ bre partagé en deux depuis fa tête jufques dans fes ra¬ cines , put continuer à vivre , par conféquent répa¬ rer une perte auflî confidérable que la moitié de lui- meme, 8c par quelle voie cette réparation fe faifoit. Il étoit affez curieux de fçavoir fi ce feroit feulement par une callofité due à un lue , qui fe feroit extravafé, & enfuite endurci, ou fi les membranes intérieures fe fe- roient allongées pour recouvrir la bleffure , prendre ainfi une forme régulière , & donner à l’arbre le contour qu’il a naturellement. Je n ai pas effeêtué la réfolution que j’avois prife; mille circonftances , & d’autres occupations m’en ont empê¬ ché. Je n ai rapporté ici cette hifioire que pour enga¬ ger quelqu’amateur du jardinage à la faire. J’imagine qu on pourroit la varier. Il faudroit , à ce que je penfe } d abord couper un oranger de la même façon qu’on dit Observations détachées., , xcj fluc celui-ci , dont il eft parle dans 1 hiftoire , 1 a été y ôc couvrir de cire la bleffure des deux moitiés. Il faudrait de plus y en couper un fécond , & ne couvrir cm cire quune moitié. Un troifiéme ne devrait être coupé que jufqu a la moitié de fa longueur. Un quatrième pourrait être ainfi coupé ; mais de façon que la tete êt les raci¬ nes ne fuffent pas divifées. On pourrait par là conftater le fait en queftion , ou le renverfèr. Ce que l’on voit tous les jours dans les bois y les fo- rêts , ôt le long des eaux , peut déjà faire efperer quel¬ que réuffite. Des coups de vents éclattent quelquefois des arbres de façon qu’ils font féparés dans une partie de leur longueur. Ces arbres fubfiftent long - terns fans périr : ils pouffent des feuilles & des fleurs , ôt fi on ne les coupoit pas, ôt qu’on en prit foin, ils pourraient probablement continuer à vivre. On trouve le long des eaux, très-fouvent des faules féparés en deux pairies, depuis la tête jufqu’ aux racines , foit que cette fepara- tion ait été occafionnée par une carie , foit qu elle, i ait été par quelqu’accident : ces arbres ainfi divifes vivent très-long-tems , pouffent de longues branches chargées de feuilles êc de fleurs : on les étête comme les autres , ôt ils fe rechargent de branches aufli promptement que ceux qui font les plus entiers. Il y a donc lieu de p en¬ fer qu’il en ferait de même des orangers ,, lors fur-tout qu’on apporteroit tout le foin néceffaire, a leur confer- vation ôt à la guérifon de la bleffure qu on leur auioit faite. Il eft vrai que les faules dont on vient de parler,' n’ont point été féparés de façon que leurs racines le fufi fent , qu’ils ont par conféquent toujours tiré de la nour¬ riture ; mais on pourrait couper un oranger de ma¬ niéré que les racines reftaffent toujours en terre , 6c 1 on ne dépoteroit les deux portions que lorfque les bleffu- res feraient guéries. Ce feroit encore la une façon de varier cette expérience curieufe , je ne dirai pas utile, quoiqu’elle put l’être cependant. Ce feroit peut-etre, la une façon de multiplier promptement ces arbres , & d en xcij Observations détachées.’ tirer plus davantage , dans les pays fur-tout où leurs fruits font objet de commerce. IL Sur une Trujiere abondante en T ru je s 3 qui n en produit plus. E nombre immenfe de plantes dont la terre a été \_>couverte, & qui en font un des beaux ornemens, a été tellement didribué , que tous les climats ne leur font pas également propres. Les unes faites pour habi¬ ter les pays les plus horriblement froids ne s'accommo¬ dent point des pays chauds , il leur faut au plus des cli¬ mats tempérés ; d’autres accoutumées à fouffrir les cha¬ leurs les plus brûlantes , ne peuvent fouffrir les moin¬ dres attaques des gelées. Elles font prefque fubitement furprifes d'une maladie gangreneufe qui les fait périr. Il y > en a auxquelles il femble que toutes les températures d air peuvent convenir. La Jacobée de Virginie fur- tout, femble être de celles-ci : depuis qu’elle a été tranf- portée de fon pays natal , toute l’Europe eft remplie de cette plante. Tous les terreins, outre cela, femble lui etre propres, quoiqu’il paroiffe néanmoins qu’elle s’ac¬ commode mieux des fables même les plus arides , on la trouve dans les meilleures terres. Les lieux élevés, comme les endroits les plus profonds , lui font convenables. On îapperçoit fur le haut des édifices, comme fur terre, fur les montagnes comme dans les vallées. D’autres plantes , du nombre defquelles font la linaire a. feuilles de cymbalaire , le (Iramoîüum ou pomme épi- neufe ordinaire , la bella dona , ne croiffent pas aufli in¬ différemment dans toutes fortes de terrein ; mais , quoi- qu’étrangeres aux climats froids & tempérés, elles n’ont pas laiffé que de s’y multiplier beaucoup. J’ai vu lur- fout la pomme épineufe dans des climats bien différent Observations détachées; xciij ïes uns des autres. Cette plante qui s’eft confidérable- ment multipliée en France , eft des plus communes dans les environs de V arfovie , en F ologne. Mais s'il y a des plantes qui peuvent, pour parler ainfi * acquérir l’indig^nat dans toute forte de pays , il y en a qui ne peuvent que s’accommoder de leur pays natal , & malgré tous les foins qu’on peut apporter pour leux rendre agréable un pays étranger au leur , on a beau¬ coup de peine à les conferver , & l’on a fouvent poux toute récompenfe de ces foins , que le déplaifir de les voir périr de langueur , ou n’être toujours que dans un état de dépérilfement. Il y a plus, des plantes qui femblent faites pour vi¬ vre dans des pays d’une femblable température , font des plus communes dans un canton , & très-rares dans un autre. La roquette vulgaire , par exemple , & qui l’eft tant aux environs de Paris , ne fe trouvoit point aux environs d’Etampes, qui n’eft qu’à douze lieues de Paris , avant que M. Defcurain , mon grand-pere , l’y eut femée , encore cette plante ne s’y eft-elle pas beau¬ coup multipliée au-delà des bornes de l’endroit où elle avoit d’abord été femée. Ce n’eft , fans doute , dans ce cas-ci que la différence de terrein qui peut être caufe de celle qui s’obferve dans l’abondance ou la rareté des plan¬ tes dans certains cantons. Ce qui doit paroître encore plus fingulier , c’eft que 'des parties de pays abondans dans des tems en une cer¬ taine efpece de plantes, s’en voyent entièrement privés dans d’autres. Que l’on faffe une coupe dans une forêt , cette coupe eft à peine faite , que l’on voit fortir de terre une quantité prodigieufe de plantes , dont on ne trouveroit peut-être pas deux ou trois pieds dans le refte de la forêt , fi ce n’eft dans les endroits qui feraient également dégarnis d’arbres. Ces plantes n’aiment pas , fans doute , les endroits fourés , elles veulent le grand air. Il y en a d’autres qui , après s’être accommodé très? xclv Observations détachées. bien d’un canton, ôc y avoir été très-communes, ne s’y rencontrent plus. Le terrein auroit - il été entièrement épuifé des lues nourriciers propres à ces plantes ? La trufe , par exemple , li commune autrefois dans le parc de Villetaneufe , près S. Denis , ne fe rencontre plus dans ce parc. Il falloit néanmoins que cette efpece de cham¬ pignon y fut tellement multipliée : il y a un peu moins a une centaine d années , qu’elle étoit au Seigneur de ce parc , un objet de revenu qu’il croyoit ne devoir pas méprifer ; c’eft ce qui conlte par un marché palfé entre ce Seigneur ôc un particulier , marché qui m’a paru allez curieux pour trouver place dans la collec¬ tion d Obfervations qui compofe l’ouvrage que je publie. Copie d’ un marche pajj'è entre le Seigneur de Villetaneufe & un particulier , pour fouiller des Trufes dans le parc de Villetaneufe. A tous ceux qui ces préfentes lettres verront , Achil- les de Harlay , Chevalier Confeiiler du Roi en tous fes Confeils , fon Procureur - Général en fa Cour du Parlement , ôc Garde de la Prévôté ôc Vicomté de Paris, le liège vacant : falut , fçavoir faifons , que par de¬ vant Jean Befnard, ôc Euftache Sillocque , Coni'eillers du Roi , Notaires au Châtelet de Paris, foullignés, fut préfent M. Antoine Girard, Chevalier Comte de Ville¬ taneufe , Seigneur d’Efpinay , Labriche , ôc autres lieux. Procureur - Général du Roi en fa Grand’Chambre des Comptes , demeurant rue de Richelieu , paroilfe de faint Roch , lequel a promis par ces préfentes au fieur Jean Gardin , marchand fruitier , demeurant à Paris , rue des Prefcheurs , paroilfe de faint Euftache , accepte , Ôc ac¬ ceptant , de fouiller & chercher des trufles dans les bois , allées , contre-allées , ôc au derrière des paMades qui font dans le parc dudit Seigneur Procureur-Général de fon Château dudit Villetaneufe, depuis le folfé ôc canal, jufques aux murailles qui ferment ledit parc du côté de Montmagne , ôc en toute fa largeur , pour ; par ledit Observations détachées'. xcv Gardin , appliquer à fon profit toutes les trufles qu’il trouvera par le moyen de ladite fouille , ôt la faire ôt difpofer comme il avifera bon être , ôt ce pendant le tems &: efpace de fix années , qui commenceront le pre¬ mier jour d’ Avril prochain venant , ôt moyennant le prix ôt fomme de deux cents cinquante livres par chacune defdites fix années que ledit fleur Gardin promet bail¬ ler Ôt payer audit Seigneur Procureur-Général en fon hôtel à Paris , ou au porteur des préfentes de trois mois en trois mois , dont les premiers trois mois de payement écheront au premier Juin prochain , ôt ainfi continuer pendant lefdites fix années , ôt à la charge de fournir audit Seigneur Procureur-Général en faifon, la quantité de dix livres pefant de trufles des plus bel¬ les , toutes ôt fois ôt quantes qu’il lui fera demander auifi par chacune defdites fix années : ne pourra , ledit Gardin , à raifon de ladite fouille , endommager en au¬ cune chofe ledit parc , ôt fera tenu au fur ôt à mefure d’icelle rétablir ôt aplanir les lieux ôt terres comme au¬ paravant j ôt de boucher tous les trous , de forte que l’on fe puifle aifément promener dans toutes les allées & contre-allées dudit parc, ôt à toute heure ôt à tout tems , fans pouvoir , par ledit Gardin , prétendre la fouille des terres dépendantes dudit parc , qui font en- femencées en avoine , bled ou bourgogne , non plus que dans l’étendue du potager , étant dans ledit parc ; car ainfi a été accordé entre les parties qui promettent ou¬ tre rendre ôt payer tous coûts , frais , mifes , dépens f dommages ôt intérêts , qui faits ôt encourus feroient faute d’exécuter le contenu en ces préfentes , fous l’obli¬ gation ôt hypotheque de tous leurs biens meubles ôt immeubles, préfens ôt avenir, qu’ils en ont refpeêlive- ment fournis à la juftice ôt jurifdiêlion de ladite Prévôté & Vicomté de Paris , renoncer en ce faifant à toutes chofes au contraires : en témoin de ce nous, à la rela¬ tion defdits Notaires fouiïignés , avons fait fceller ces préfentes qui furent faites ôt palfées à Paris en leurs étu- cxvj Observations détachées. des l’an 1674, le 23 d’Août, & ont figné la minute des préfentes demeurée audit Sillocque , Notaire. Besnard. Sillocque. Scellé le 21 Juillet 167 6. Jowancourt. Au dos étoit: 23 Août 1674. Bail à loyer des trufles de Villetaneu¬ fe, fait au fleur Jean Gardin , pour fix années , à com¬ mencer au 1 Avril 1675 , moyennant deux cents cin¬ quante liv. & dix livres de trufles , ladite fomme payable par quartier. Enregiftré fol. 1. On ne peut , d’après ce marché , ne pas convenir qu’il falloit que les trufes fuflent très-communes dans le parc de Villetaneufe, la fomme de deux cents cinquante livres d’argent , la quantité de dix livres de trufes , que le fleur Gardin étoit obligé de donner par an , l’obligation où il étoit de réparer le dégât qu’il ne pouvoit pas s’empêcher de faire en fouillant ces trufes, la reftri&ion des terres en- femençées de ce parc, qu’on mettoit à la fouille des tru¬ fes, toutes ces obligations, dis-je, prouvent qu’il falloit que les trufes fuflent alors très - communes dans ce parc. Les Seigneurs de Villetaneufe ayant ceffé de tirer au¬ cun profit de cette fouille, il eft notoire par là quelles ont ceffé de fe multiplier & de fe reproduire dans ce parc. Cette perte doit - elle être attribuée à la trop grande & trop fréquente recherche qu’on a faite ancien¬ nement ? ou dépend- elle de ce que le terrein a perdu la qualité qui eft propre à la multiplication de cette plante ? Le tems depuis lequel on n’eft plus en ufage d’en faire la recherche dans le parç de Villetaneufe , fembleroit être affez confidérable pour que le terrein eut repris ces fucs propres à nourrir ces champignons. Trois années de re¬ pos à des terres , même médiocres , fuffifent pour les re¬ mettre en état de produire de bon grain. Ce n’eft donc pas au défaut des fucs nourriciers qu’on doive, ce femble, attribuer le défaut des trufes dans le parc de Villetaneu¬ fe: comment croire aufli que toutes ces plantes ayent été tellement détruites par la fouille qu’on en faifoit ancien¬ nement , Observations détachées. xcvij nement , qu’il n’eu ait pas échappé aux recherches de la perfonne intéreffée à en trouver , pour qu il n en ait pas relié affez pour entretenir la multiplication de cette plan¬ te. Il y a donc eu quelque caufe deftru&ive qu’il n’eft pas aifé de trouver, ôt que je ne chercherai pas même à ima¬ giner. III. Variations dans les feuilles des plantes 3 SCc. LEs feuilles des Tulipes ordinaires fe trouvent fouvent di^V‘p£ or- unies à leurs bafes , & font par conféquent fourchues dinalr>- à leur extrémité fupérieure, IY. La grande Betoine de Dannemarc a quelquefois des Betoine de feuilles qui font comme anallomofées. Dannemarc. V. Les feuilles du Lilas à feuilles découpées , celles du ^Ias moins des tiges qui partent du tronc ou de la fouche , ne p^es, font point découpées l’année que ces tiges ont pouffé. VI. Les feuilles de la grande Joubarbe ordinaire font fu- jettes à changer de forme , & à devenir plus allongées naire, & plus aiguës à leur pointe. Alors leur couleur eft d un. verd très-pâle , tirant fur le jaune ; de forte qu’on pren-i droit au premier coup d’oeil cette plante pour une autre efpece de ce genre. Tome, /, XCV11J Observations détachées, VIL t Petite Jou- La petite Joubarbe âcre & vermiculée varie par le* &r'verrnicu- Ieui^es* On remarque des pieds où elles font plus petites, lée, ainfi que la tige 8c les fleurs. On trouve cette variété dans les environs de Paris, & nommément dans le parc de Met nilmontant. VIII. M orfot per- ^ Le Rapijlrum Monofperme à feuilles rondes, pouffe or¬ me, 2cc, dinairement deux feuilles feminales en forme de cœur ; quelquefois il en donne trois, & alors elles font plus peti¬ tes , mais elles confervent leur figure en cœur. IX. Amomum UAmomum de Pline porte affez fouvent plufieurs de Pline, fleurs, & enfuite plufieurs fruits fur un même pédicule; ce qui rend le caraêtère fpécifique que M. Linnæus a donné de cet arbriffeau un peu équivoque. X. Hellébore printanier , Sic. Le petit Hellebore à fleurs jaunes, & printanier, qui efl P aconit d’hiver à fleur-s jaunes, efl mal appellé imifolium ; car du même point fortent plufieurs feuilles , dont la prin¬ cipale porte la fleur. Les autres font fans fleurs , & plus découpées. XL Tulipe, Il arrive affez fouvent dans les Tulipes, que la fleur a une petale furnuméraire. Cette petale efl, pour l’ordinai¬ re, adhérente à la tige par une longue arrête , placée dans îe milieu de la petale : elle fie continue fur la tige , où elle s'élève un peu , & efl prominente. OBSERVATIONS DÉTACHÉES,1 XC1X XII. L’on fçait que les tiges de plufieurs plantes ou leurs branches , que les branches de beaucoup d’arbriffeaux s’applatiffent également ; mais je ne fçais fi on a obfervé que les nouvelles pouffes de la vigne fouffrent auffi quel¬ quefois un pareil applatiffement ? Lorfque cela leur arri¬ ve, ces jeunes pouffes fe divifent en deux parties , & fe fourchent. Sur l’Oignon de Seille% IL eft dit dans l’Hiftoire de l’Académie des Sciences, d’après une Obfervation due à M.Delifle, Apothicaire d Etampes , que des écailles d’un oignon de Scille, ayant été mifes dans une armoire prife dans un mur mitoyen avec le four d’un boulanger , avoient pouffé de petits oi¬ gnons. Ils étoient fur-tout placés vers l’onglet des écail¬ les , c’eft-à-dire, vers l’endroit où elles font attachées les unes aux autres par en bas. Afin de confirmer cette Ob¬ fervation qui peut être très-utile pour la multiplication des oignons de Scille, je dirai ici que M. Delifle a revu ce fait. Il paraît, par ces Obfervations répétées, que je fçais avoir été auffi faites depuis par quelques autres per- fonnes , qu’on ne peut pas douter qu’il efl facile defe pro* curer grand nombre d’oignons de Scille par ce moyen. Cet oignon efl: un de Ceux qui mériterait le plus de 1 etre. In¬ dépendamment de fa fleur qui a de la beauté , cet oignon efl d’un grand ufage en médecine. Il efl un puiffant diuré¬ tique , & un anti-fceptique. On en fait fur-tout un médin cament très-efficace contre les hydropifies, qui eft connu, comme tout le monde fçait > fous le nom cl oximei fciili-* que. 11 4 fi Observations détachées. Il feroit cuiieux de s’aflurer fi les écailles des autres oignons ont la même propriété. Ceux de la couronne im¬ périale coupés par rouelles , jettent à la circonférence de ces rouelles , plufieurs petits oignons femblables à celui qu’on a ainfi coupé ; mais je ne fçais fi ces écailles déta¬ chées en produifent comme celles de l’oignon deScille. Il .y auroit lieu de le croire , fi on pouvoit conclure avec juf- teffe de ce qui arrive à un corps à peu près femblable , pour un autre corps ; mais il n’y a que l’expérience qui peut confirmer ou détruire cette idée. Les conféquences générales font le plus fouvent , pour ne pas dire toujours, contraires à ce que l’expérience & l’obfervation nous ap¬ prennent. C’eft encore l’Obfervation qui nous a appris que les fleurs & les feuilles du lis commun étant paffées , le bas des tiges de cette plante fe chargent de petits oi¬ gnons qui , mis en terre , deviennent femblables aux oi¬ gnons primitifs de cette plante. La force reproductive paroît être des plus grandes dans la clafle des liliacées : non-feulement les oignons , ce que tout le monde fçait , jettent à leur bafe des cayeux ; mais on vient de voir que les tiges & les écailles de ces oignons en produifent aufli dans différens genres de plantes ; d’au¬ tres en portent même au milieu de la têce , formée par l’affemblage des fleurs ; c’eft ce qu’on a obfervé dans plu¬ fieurs efpeces d’aulx & d’oignons. On en a même vu fortir des feuilles de plantes d’autres genres. Il paroît par toutes ces Obfervations , que la plupart des plantes de la clafle des liliacées ne jettant pas ordinairement beaucoup de branches, au moyen defquelles on puilfe les provigner comme on provigne quantité de plantes & d’arbres , il leur a été accordé de poufler des oignons de plufieurs de leurs parties , & peut - être de toutes , ce qu’il feroit très-cu¬ rieux de conftater par l’expérience. Je peux déjà le confirmer par une Obfervation aflez ïinguliere. Les tulipes ordinaires fe multiplient , & per- fonne des cultivateurs ne l’ignore , par des cayeux qui font enveloppés par la pellicule qui entoure l’oignon j Observations détachées. cj mais il arrive très-fouvent que l’oignon jette une ou plu- fieurs fortes racines , qui reffemblent allez par fa figure à une petite rave , & qui devient un oignon. Ce qui eft , fans doute , caufe que lorfque les tulipes ont relié plu¬ sieurs années dans la même place , on trouve toujours les oignons de plus en plus enfouis en terre , profondeur qui va quelquefois à plus de huit à dix pouces , quoique ordi¬ nairement on ne les plante qu’à deux pouces au plus. Les tulipes fe multiplient encore d’une maniéré oppofée , je veux dire qu’entre le principal oignon & le bas de la tige, il fe forme des oignons ou cayeux placés pour l’ordinaire hors de terre. Si les amateurs des tulipes fe donnent tant de peines pour s’en procurer de belles , on peut dire que cette plante agréable répond , en quelque forte, à leurs foins, on fe reproduifant de bien des maniérés , ou plutôt par plufieurs de fes parties , peut-être ne faudroit-il que l’ai¬ der un peu pour voir fortir de celles où l’on en a vu, des oignons propres à multiplier celles des tulipes auxquelles on a attribué le plus de beauté & d’éclat. XI Y. Sur t action du froid fur les plantes. LEs Obfervations fuivantes ont été faites par feu M. Ramon , dans fon jardin, expofé principalement au levant & au midi , & prefqu’ entièrement à i abri du nord. En Janvier 17JP, deux branches du petit cierge , ap- Cierge , pellé communément Queue de fouris , plantées en terre ^ le long d’un mur expofé au midi , n’avoient fouffert au¬ cune atteinte des gelées qui pouvoient s’être fait fentir juf- qu alors ; il eft vrai qu elles n’avoient pas été jufqu à cq Items fort confidérables. Colutea d’E¬ thiopie. Afphodele à feuilles fif- tuleufes. Roquette de la Chine , &c. Avoine or¬ dinaire. Fèugere |»âle. cij Observations détachées.’ XV. Le Colutea d’Ethiopie avoit un peu fouffert la même année , planté fur une couche , fans abri , ôc recevant de tout côté les influences de l’air. Un autre pied de cette même plante pafla dans le milieu du jardin les hivers de 1 75 ôc 1 7 , fans fouffrir de la gelée, & a porté du fruit; plufieurs années de fuite. XVI. L’ Afphodele à feuilles fiftuleufes a paflè l’hiver de i-jf&p en pleine terre , le long d’un mur qui a le foleil du levant, du midi , ôc une partie du couchant. Il a donné des fleurs dès le mois d’ Avril de 17$?, XVII. La Roquette de la Chine ôc la Roquette à feuilles de paquette , expofées au midi, ont pafle l’hiver de 1758, ôc ont donné des fleurs ôc des fruits de très-bonne heure. XVIII. Un pied df Avoine ordinaire ayant donné en 17^8 des tuyaux chargés de graines , ne périt pas , mais pafla l’hi¬ ver , garda fes feuilles , ôc donna en 17 59 , dès le mois de Mai , une quantité de graines , qui augmenta enfuite, XIX. Les feuilles dés jeunes pieds de la Fougere mâle fùbfif- tent vertes tout l’hiver, au lieu que les pieds étant deve-, nus vieux , les feuilles périffent toutes les années. Le Lilas ordinaire ne s’eft point dépouillé de feuilles la première année qu’il efl levé de graines. Il a paffé l’hiver fans que ces premières feuilles ayent tombé , & elles ne fe font détachées que lorfque la fécondé pqjiffe a été faite. /®\ jfl\ /3\ OBSERVATIONS DE CH Y MIE. L Laine de fer. C\N appelle laine de fer des filamens d’un beau / blanc , qui , s’étant d’abord élevés en une efpece de fumée ou de fil lorfqu’on bat de certains fers après la fonte de la mine , retombent lorfqu’ils fe font condenfés dans l’air. Les mines de fer de France qui donnent de la laine de fer , font celles d’Auriac & de Cafcatel , en Langue¬ doc. Je ne connois du moins que ces mines pour avoir cette propriété. Cette laine n’appartient point certaine¬ ment au fer , mais à un autre fubftance minérale. La Chymie ne nous a pastencore appris la façon de faire éle¬ ver le fer en une efpece d’effîorefeence. L’antimoine & le cobolt font les minéraux auxquels on connoît cette pro¬ priété. On donne le nom de fleurs d’antimoine ou de co¬ bolt à ces efpeces de filamens. C efl, à ce que je crois, à l’un ou à l’autre de ces mi¬ néraux , qu’on doit attribuer la prétendue laine de fer ; ÔC peut-être plutôt à l’antimoine qu’au cobolt. Je me fonde fur ce qui efl rapporté par feu M. Hellot , dans fon état des mines du royaume , mis à la tête du premier tome de tw\v> Observations détachées; la fonte des mines par Schlutter. M. Hellot dit que « les » mines de pierre couvife ou pierre couverte d’Auriac, de Caf- » catel, dans le vallon nommé le Champ des mines , qui ont » été travaillées par les Romains, contiennent du cuivre, » du plomb , & de l’antimoine. » Ce dernier minéral fe trouvant dans le canton où. l’on tire aulli des mines de fer , il y a tout lieu de penfer que ce minéral s’eft mêlé avec les mines de fer , &: qu’il fe dégage du fer lorfqu’a-, près la fufion de la mine on vient à le forger. Ce qui en fort alors , n’ëft probablement que ce qui ne s’étoit pas élevé dans la fufion même de la mine. On doit probable¬ ment en trouver de fublimé au haut du fourneau. Ce n’ell peut-être que la matière la plus fixe , & qui a encore trouvé des entraves entre les parties du fer qui s’élève lorfqu’on bat ce fer , & qui avoit befoin d’une femblable opération pour fe dégager & s’élever en l’air. Peut-être aulli cette matière a:t-elle befoin d’une vapeur aqueufe pour fe çondenfer plus aifément. Cette vapeur aqueufe eft fournie par l’eau qu’on jette fur le fer lorfqu’on le bat pour le mettre en barre , en efiieu , ou fous telle autre forme qu’on veut lui donner. Je dois la laine de fer à Mademoifelle de la Gardie \ qui l’avoit reçue d’un de fes parens , à qui appartiennent des forges du canton où les mines en queftion fe trouvent. Il lui mandoit au fujet de cette laine , qu’on la voit bien diftindtement fortir du fer , qu elle efî incombuftible au moins jufqu’à un certain point , que fur une piece de fer rouge, elle ne brûle pas , & que préfentée à la flammq d’un flambeau , elle n’avoit pas brûlé, «les eCa f ivre, al fi es à mêle Observations détachées. cv IL Dendrite falme. fqiij' le qui )itpai babta en et encore s’élève îblabl: Ut-êtE queute queute Je bi , aune jardie, iennef nuveat lit bis buffle riecei fia» GRand nombre de fels ayant été diffous dans de l’eau , prennent , par l’évaporation de cette eau , des for¬ mes plus ou moins ramifiées , & plus ou moins régulie- res dans leurs ramifications. Le fel de Glauber , ainfi diffout , en jette des plus jolies* , fi on a verfé l’eau fur un vaiffeau plat , comme peut etre une affiette. Les fels volatils urineux , tirés des parties animales ou des plan¬ tes , fe ramifient fur les parois des récipjens , lorfqu on diftille ces corps , de la maniéré la plus jolie. Il paroit même que tous les fels diffous dans de 1 eau , qu on éva¬ pore lentement dans un vaiffeau élevé , ont une ten¬ dance à s’étendre fur les côtés de ce vaiffeau, & a mon¬ ter jufqu’au haut de ce vaiffeau. J ai vu plufieurs fois ce fait , & nommément dans une évaporation d un peu de fel gemme , blanc & tranfparent des mines de fel de Wi- cliska en Pologne. Quelque peu de ce fel expofé à l’air dans un poudrier de verre de cinq pouces de haut j ayant attiré environ un demi - pouce d eau qui tomba dans le fond du poudrier, chargé de fel , s’éleva fur les parois de ce poudrier , jufqu’à près de quatre pouces de haut. Il formoit une couche légère ôt mince , fans ra¬ mifications , mais parfemée de petits cryftaux cubiques. L’évaporation de l’eau s’étoit faite très - lentement , le poudrier étant placé fur la cheminée d’une chambre où l’on faifoit cependant habituellement du feu. Il paroît , par cette Obfervation , que s il y a beau¬ coup de fels qui fe ramifient par l’évaporation de 1 eau dans laquelle ils ont été diffous , il y en a qui ne^ pren-, Snent pas ainfi cette figure de petites plantes. D autres en prennent une qui eft des plus agréables & des plus Tome /. o cvj Observations détachées. variées , tel que peut être le fel de Seignette, comme il eft prouvé par l’Obfervation fuivante ; car je penfe que c’eft à ce fel qu’on doit attribuer les jolies ramifications que je vais décrire. Quelques gouttes d’une médecine compofée de deux gros de folicules de fené , deux onces de manne , trois gros de fel de feignette , & environ un gros de Quinqui¬ na , étant tombée fur une alfiette où l’on avoit pofé la talfe qui avoit contenu la médecine , ces gouttes en s’évaporant , lailferentfur cette alfiette , qui étoit d’étaim , des ramifications plates , c’eft-à-ûire , qui ne s’élevoient pas , mais couchées & femblables à celles qui fe forment fur les vitres dans des tems de gelée. Ces ramifications étoient différentes félon la grolfeur de la goutte , & félon l’endroit où cette goutte étoit tombée. La forme de l’alfiette contribua aulfi beaucoup, à ce que je penfe, à en former des plus belles. L’on fçait que ces alfiettes font plates dans le fond , de façon cependant que ce fond fe courbe en appro¬ chant des bords , de forte qu’on peut les divifer en trois parties, fcavoir le fond, la couronne, & les bords. Le fond elt plat , il fe courbe en approchant de la couron¬ ne : celle-ci eft d’abord plate , & fe courbe proche le bord. Ce bord eft diftingué de la couronne par une feuil¬ lure. Cela fuppofé connu , il eft facile d’expliquer d’où font venues les différentes figures de dendrites , lailfées fur l’alfiette par l’évaporation de l’eau. Il y en avoit qui étoient grolfes , épailfes , jaunâtres , & de peu d’éten¬ due. Les ramifications partoient d’un centre, & s’éten- doient en tous fens , de façon qu’elles auraient été les rayons d’une courbe plus ou moins allongée. Elles s’é- toient toutes étendues fur le fond de l’alfiette. On fent bien que ces ramifications n’avoient rien trouvé qui put les déterminer à fe rejetter d’un côté plutôt que d’un autre , ôt qu’ainfi elles avoient dû fe répandre en tout fens. Leur grolfeur venoit de celles des gouttes de la iil lue ous eux ;ois qui- l la en im, lent nent ions elon ; de e,à nd, pro- :rois .Le iron¬ ie le euil- font :s fut t qui éten- éten- :é les :s s £ , fent ti put d’un tout de la Observations détachées. cvij médecine. Leur couleur jaune dependpit , fans doute , des autres fubftances qui avoient entré dans la compo- fition de cette médecine. On en remarquoit , fur le fond de Paillette , d autres qui étoient cryftallines , blanches , ôc qui ne s étendoient que d’un côté , c’eft-à-dire , qu’elles fortoient d’un point , ôc fe répandoient à droite ou à gauche. D’autres étoient comme jointes par ce point, ôc lormoient affez ces brof- fes à tête , qui ont deux faifceaux oppofés. Ces différen¬ tes difpolitions ne venoient , à ce qu’il me paroît , que de ce que deux gouttes s’étant trouvées alfez proche l’une de l’autre , le fel qu’elles contenoient s étoit ra¬ mifié dans un fens oppofé , elles avoient formé ces pin¬ ceaux. Lorfque les gouttes étoient ifolées ? il n y avoit qu’un pinceau. Si les gouttes étoient tombées fur la courbure du fond f alors les ramifications s’étendoient vers le bas de cette courbure , ôc anticipoient quelquefois fur ce fond , pro- portionellement , fans doute , à la quantité de ^liqueur dont elles étoient formées. Les gouttes qui s étoient trouvées fur le plat de la couronne , fe tournoient vers les bords. Celles du haut de la couronne qui fe cours be, fe ramifioient dans un fens oppofé , de forte que j comme celles du fond de l’afliette, étoient oppofees au centre d’où elles partoient, elles l’étoient ici par le bout de leurs ramifications. Enfin les gouttes qui étoient fur la feillure ou fur le plus haut de la couronne , fe rami¬ fioient en montant fur ce bord , ôc étoient ainfi oppo- fées à celles de la courbure de la couronne, de meme que celles de la partie plate du fond de 1 affiette 1 étoient à celles de la courbure de ce même fond. Toutes ces ramifications étoient cryftallines, ôc affec- toient une certaine régularité. Elles partoient chacune d’un point comme d’un centre , jettoient un grand nom¬ bre de branches peu éloignées les unes des autres a leut origine, mais qui s’éloignoient infenfiblement , ôc s epa- nouiffoient en efpalier ou en éventail. Ces ramifications cviij Observations détachées. jettoient une quantité de petites branches plus ou moins grandes & greffes , qui fe fous - divifoient elles - mê¬ mes une ou deux fois en d’autres branches plus peti¬ tes. Ces ramifications & leurs divifions ne fe faifoient point d’un côté déterminé , elles fe jettoient à droite ou a gauche , en formant toujours un angle plus ou moins aigu. Dès le bas d’une branche , il partoit fouvent une groffe ramification, fouvent auffi une petite. Le plus fouvent la petite étoit vers le haut, d’autre fo:s il en fortoit de groffes à cet endroit ; il n’y avoit , par confé- quent , en ceci point de régularité. Les branches ou les ramifications étoient terminées ou en fourche ou en tri¬ dent , ou bien en faifceau ou pinceau. Il y avoit cependant , généralement parlant , une ré¬ gularité dans tous les différens arbuftes. La couleur cryffaliine venoit , à ce que je crois , de la finelfe de ces ramifications ; elles n’étoient pas allez chargées des matières colorantes de la médecine , pour que la cou¬ leur en fut fenfible , comme dans les groffes maffes rayon- nées en tous fens. Celles-ci mêmes étoient cryftallines au bout de leurs ramifications , & cela en proportion de leur groffeur. L enfemble de tout ces petits arbuftes ou dendrites, formoit un très-joli coup d’œil , prefque toute l’affiette en étoit couverte. Peu de pierres dendriferes préfen- tent un plus bel objet aux yeux. Je n’aurois pas man¬ qué de faire defïiner ces dendrites , fi je n’euffe pas alors été dans une campagne éloignée , deftitué de Deffina- teur. Je m’amufai de ce petit fpedacle pendant mon fé- jour dans cette campagne, qui y fur au moins d’un mois. Il auroit , fans doute, duré plus long-temps , & ne fe fe- roit peut-être détruit qu’à la longue , la fubftance dont il dépendoit ne s’effloriffant pas auffi promptement que le fel de Glauber , ou ne s’effloriffant peut-être point. Ce qui doit donner à ces dendrites une confiftance qu’elles îi auroient pas avec le fel de Glauber» Observations détachées; cix C’eft , fans doute , au fel de feignette que ces dendrites font dues, les autres fubftances, qui étoient entrées dans îa compofition de la médecine , n étant pas trop propres par elles - mêmes à prendre ainli la forme de petits ar- briffeaux, à moins qu’on ne voulut que les fels qui avoient pû être extraits par l’ébullition des follicules de fene & du quinquina y ayent pû contribuer. Si la manne y eft en¬ trée pour quelque chofe , ce n’eft , fans doute , que par fa combinaifon avec les fels : il en eft de ces dendrites , comme des dendrites ferrugineufes. Ces dernieres nont, à ce que je penfe , une nature de fer , que parce que le fer a été diffout par quelque fel diffout , & qui fe ra¬ mifie dans le temps de l’évaporation du fluide qui 1 avoit diffout lui-même ; de forte qu’on pourrait dire que ces dendrites ferrugineufes font plutôt falines que ferrugi¬ neufes , le fer y eft plutôt comme partie colorante , & qui donne de la conliftance, que comme celle qui a la propriété de s’étendre ainfl en ramifications. III. Sur le defféchement de la grande Confonde. IE defféchement des plantes a tant de proximité avec ^ leur tranfpiration journalière que , lorfque je faifois des expériences fur la derniere de ces opérations natu¬ relles des plantes , je me propofai de travailler fur la pre¬ mière. Il me fembloit entrevoir des faits intéreffans & curieux , & qu’il pouvoit fe faire que la nature eut éta¬ bli des loix générales par rapport à celle-ci, comme elle en a établi pour l’autre ; & je penfois qu’il devoit y avoir des plantes qui perdoient , par le defféchement , beau¬ coup plus que d’autres , & qu’une des loix générales pour¬ rait être, que la quantité qu’une plante perdrait en fe defféchant , feroit eç raifon inverfe de la quantité de £f ex Observations détachées; tranfpiration journalière , que plus elle tranfpireroit par jour , moins elle perdroit de fon poids par la deflica- tion & vice verfa. Je ne me fuis pas trouvé à portée de faire commodément les expériences néceffaires pour s’affurer de quelques vérités fur ce fujet depuis que je ne fuis plus à Sainte - Géneviéve , & je ne fçais fi je ferai jamais en fituation de les faire avec commodité : pour concourir avec ceux qui pourront fuivre ce tra¬ vail, je rapporterai ici une expérience que je trouve fur le Journal d’obfervations ôt d’expériences du laboratoire de feu S. A. S. Il y eft dit qu’on tira de terre le 3 Septembre 1748 , de la grande Confoude. L'on fépara les racines des feuil? les. Les feuilles pefoient trois livres & demie , les raci¬ nes une livre dix onces , le tout s’étant trouvé bien fé- ché au bout de cinq jours dans une étuve , les feuilles ne pefoient plus qu’une livre deux onces , les racines huit onces. Les feuilles , par conféquent , avoient perdu plus de la moitié de leur poid ; mais la perte des ra¬ cines étoient plus confidérable , elle fe montoit à plus des deux tiers. D’oà peut venir une aulïi grande dif¬ férence ? Eft - ce que les racines font compofées de moins de parties folides & pefantes que les feuilles ?, Elles font, en effet, plus fpongieufes. Les fluides qu’el¬ les contiennent étant évaporés, il doit, après cette éva¬ poration , ne relier qu’un corps veficulaire & très-léger. C’eft du moins là la caufe qu’on peut afligner de la diffé¬ rence qu’il y a entre le poids des racines ôc des fenil? les. Observation* détachées. cxj IV. Huile de graine de tabac. T Rois livres huit onces de graine de tabac battues & réduites en pâte , ayant été mifes en preffe entre deux plaques d’étaim échauffées , ont donné huit onces d’huile claire , & de couleur d’olive. Le marc ayant été bouilli dans une grande quantité d’eau , cette décoc¬ tion ayant été paffée à travers un linge , étoit fort co¬ lorée. Par une preflion femblable à la précédente, le marc a eu environ deux onces d’huile jaune , plus épaiffe & moins belle que la première. Par ces opérations , l’on a eu environ la cinquième partie du poids des grai¬ nes en huile. Cette quantité paroît affez confidérable pour mériter une attention particulière de la part de ceux qui cultivent cette plante. Les régies d’une bonne ceconomiê fembleroient exiger qu’on ne laiffât pas per-; dre une fi énorme quantité de graine de tabac qu’on laiffe perdre. Des expériences faites fur les ufages aux-, quels on pourroit employer cette huile dans les arts,’ ouvriroient probablement les yeux fur les avantages réel¬ les qu’il feroit peut-être poffible de retirer de cette huile, & s’ils étoient découverts , quel objet de commerce ne naîtroit-il pas de cette connoiffance ? Sur un mélange de L’huile de lin SC de l’huile de vitriol , DEux onces d’huile de lin, & autant d’huile de vi¬ triol mêlées enfemble , n’ont occafionné aucune eftêrvefcence. Ayant laiffé ce mélange repofer cinq ou dix jours , on lui a donné un feu très-doux. On l a aug¬ menté jufqffià produire une diftiilation lente. On l’a con¬ tinuée jufqu’à ce que la matière fe foit épaiffie. L on a eu , par cette diftiilation , deux onces , trois gros , fix grains d’une liqueur d abord claire , emuite laiteufe j dont l’odeur eft bitumineule, & tres-penétrante. La ma¬ tière reliante dans le fond de la cucurbite, étoit en con- lïftance de railine noire , ôc d une odeur plus aigr^ , & très-pénétrante. ._ Quelques gouttes de la liqueur diftillée, & mues dans un verre avec de 1 efprit-de-vin, fe font mêlées fur le champ , & fans aucune difficulté avec cet^ efprit-de- vin , & l’odeur s’eft abforbée ; il n’a relié qu’une odeur de bitume foible ôc douce. Celle de la maffe reliante a palfé en peu de minutes ; la matière n a pu fe détacher du verre , quelque attention qu on y ait apportée. De l’elprit-de-vin verfé deffus , & lailfé pendant la nuit , a un peu amolli la matière , 1 eau chaude 1 a durcie. La liqueur diftillée n étoit qu’un phlegme qui fe mêloit avec l’eau , & nullement avec l’huille graffe. Du fel de tar¬ tre jetté dedans , n’en a détaché aucune partie hui- leufe. , ... Serois-ce trop donner aux eonje&ures ; que de dire que cette expérience peut jetter quelque jour fur la for¬ mation de certains bitumes terreftres ? L’on fçait que 1 a- eide vitriolique eft infiniment répandu dans la nature. Cet Observations détachées. cxiij Cet acide , par conféquent , trouvant quelques parties grades dans la terre , & venant à s’unir à ces parties , y pourra aifément donner naiffance aux matières in¬ flammables connues fous le nom de bitumes minéraux. Des amas de plantes ou d’arbres n’auront eu qu’à être formés dans des endroits abondans en acide vitriolique , & laiffer , en fe pourriflant , une fubftance huileufe ; l’a¬ cide par fon union à cette fubftance , aura donné naif¬ fance à un bitume de la nature de celui qu’on a eu dans l’expérience précédente. La Chymie ne fait fouvent , ou plutôt toujours , qu’imiter la nature , ôt lorfqu’elle croit par les combinaifons & les mélanges qu’elle fait, pro¬ duire de nouvelles fubftances, elle ne fait que ce que la nature a produit dès la formation de la terre, ou que ce quelle produit tous les jours. Ce n’eft,au refte, que de cette imitation dont la Chymie tire ou doit tirer toute fa gloire. VL Pavot blanc . T Rois livres de têtes de pavot blanc du jardin que feu M. le Duc d’Orléans avoit à Sainte-Géneviéve trai¬ tées fùivant le Mémoire de la Faculté d’Edimbourg , ont produit quatre onces quatre gros d’extrait folide de la confiftance du laudanum , deux grains de cet extrait donnés à un malade d’un fort tempéramment , lui ont procuré un fommeil doux de fix heures. Cette épreuve fur un malade , prouve que le lauda¬ num fait en France n’a pas une efficacité auiïi grande que celui qui nous vient par la voie du commerce. Mal¬ gré cela, je ne voudrais pas employer le premier fans m’aflurer fi , à la dofe d’un grain , il ne pourroit pas procurer le fommeil d’une façon fatisfaifante. Ce médi- T omc I, p cxiv Observations détachées. cament demande que celui qui l’employe , apporte les attentions les plus fcrupuleufes lorfqu’on l’adminiltre aux malades. Il paroît cependant que , généralement par¬ lant , l’extrait qu’on retire des têtes de pavots cultivés dans nos climats , n’a pas une vertu fomnifere auffi puif- fante que celui des pays plus chauds que le nôtre : elle eft telle , fuivant Chardin , qu’elle affeêle même dan- gereufement ceux qui , dans ces pays , en font l’ex¬ trait. Il paroît encore que la graine de cette plante tient auffi de la vertu fomnifere dans les mêmes pays , & que dans les nôtres , fi elle en pofféde quelque chofe, cette vertu a bien peu de force. Suivant Chardin , les boulangers Perfans en fement la graine iur le pain, parce que , dit-il , elle provoque au fommeil , qu’on croit être bon en Perfe après le repas , & le même peuple mange encore cette graine après le repas. C’eft un ufage très - commun en Pologne , que de manger a tout propos & à toute heure de ces mêmes graines. Les enfans , les gens du peuple , de même que les perfonnes les plus diffinguées, s’amufent fouvent à avaler les graines de plufieurs têtes de pavot. On en fait auffi pour les malades , des elpeces d’émulfions ra- fraîchiffantes , & il ne paroit pas que les uns ou les autres en reffentent les moindres attaques de fommeil. Je tiens même du grand Maréchal de la Couronne de Pologne M. Bilinski , qu’étant à fe promener à Paris dans les Tuileries, il ne pût s’empêcher d’avaler ainii les grai¬ nes de plufieurs têtes du pavot cultivé dans les parter¬ res de ce jardin , ce que les perfonnes de la compagnie de ce Seigneur ne virent qu’avec furprife , & dont ils ne revinrent que fur l’affurance qu’il leur donna que ce s graines n’avoient pas la vertu que le laudanum avoit, quoiqu’il provint de la même plante. J’ai appris à Stras¬ bourg qu’on faifoit le même ufage de ces graines qu’en Pologne. Tout le monde fçait qu’on tire même dans cette ville , beaucoup d’huile des graines de pavot , & qu’on en Observations détachées. cxv fait ufage dans les alimens. Les pains qui relient après l’exprellion de cette huile , fervent à nourrir les roffignols. Ces mêmes graines ne font pas plus à craindre en Italie , les Italiens les mangent également, les Romains avoient le même ulàge , comme il le paroît par les vers de Vin- güe. Il manque apparemment aux graines de pavot , cette partie dans laquelle réfide la vertu de cette plante , oh elle y eft en fi petite quantité , quelle ne peut être d’aucun effet. Les plantes dont la vertu eft des plus ac¬ tives , ne poffédent cette aéiivité que dans une des fubftances qui entrent dans leurs compofitions , on en a un exemple des plus frappans dans les racines de cette efpece de ricin , dont on fait en Amérique cette forte de pain connue fous le nom de calfave. La racine de ce ricin étant mangée verte, eft un fort poifon. Lorfqu’elle a perdu par le defféchement l’humidité qu’elle peut na¬ turellement avoir , bien loin d’être mortelle , elle devient falutaire au point quelle fert de nourriture journalière aux Nègres qu’on tranfporte dans ce pays. On obferve à peu près la même chofe dans la manne qu’on a foumife à la diftillation. Cette manne perd le goût fade & difgracieux qu’elle donne aux médecines dans la compofition defquelles on la fait entrer ; mais cette manne devient moins purgative , une médecine ou on la met à la dofe de deux onces, en demande trois pour qu’elle puiffe procurer le même effet. Ce n’eft q-ue d’après ce qui a été obfervé fur une femblable manne diftillée dans le la¬ boratoire de feu M. le Duc d’Orléans, que je rapporte ce fait. Il paroît donc, par ces Obfervations, que la vertu de certaines plantes ne confiftent que dans une partie très-ai- fée à fe dégager de ces plantes , & que les opérations les plus faciles peuvent leur emporter. CXVJ Observations détachées. VIL Sur le blanc de craye. LE 2i Janvier iyyo , on a verfé à difcrétion fur deux onces de poudre de blanc de craie , une dilfolution forte de vitriol bleu, & fur deux autres onces de la même craie , mife également en poudre une difiolution de vi¬ triol verd. La dilfolution n’étoit pas moins forte, ôt on ne Ta pas plus épargnée. Il s’eft fait , dans le temps du mélange , une effervef- cence fans chaleur , mais prefque infenfble avec la dilfo- lution du vitriol bleu, ou de Chypre. Elle s’eft fait davan¬ tage fentir avec le vitriol verd. La matière a même bour- foufflé , jetté beaucoup d’air , qui s’eft manifefté par de grandes bulles , & par un lîfflement : il a été de peu de durée. On a trouvé le lendemain matin la malfe fur laquelle on avoit verfé la dilfolution de vitriol bleu très-gonflée & élevée jufqu’au bord du gobelet, de forte que la. liqueur s’étoit répandue en grande partie au-dehors de ce vafe qui étoit couvert de papier. Serois -ce l’air qui fortoit de ce mélange qui , par fa réaction , avoit fait élever la matière jufqu’à s’extravafer ? ou cet eiïet ne dépend-t-il que de ce qu’il faut du temps à la dilfolution du vitriol bleu , pour en pénétrer les parties , & les agiter de façon à occafion- ner une elfervefcence violente ? Il n’eft rien arrivé de fem- blable à la malle fur laquelle on avoit verfé de la dilfolu- tion de vitriol verd , quoique le gobelet fut aufli couvert. y ^ A~ deux ition lême e vi- n ne vef- iffo- van- 3ur- ; de i de eon :e& aeur qui e ce iere e ce >our on- ’em- alu* eit. Observations détachées. exvij OBSERVATION D’ANATOMIE. Defcription d’un poiffon jette a la cote près Saint- Pô* , au commencement de Mars 1761. IL échoue de temps en temps fur les côtes de France quelques-uns de ces gros poiffons de la dalle des céta¬ cés , dont on fait de l’huile. C’eft toujours en pure perte pour l’avancement de nos connoiffances dans î’anatomie des poiffons. L’avantage qu’on retire de la chair de ces animaux qui donne beaucoup d'huile , eft caufe de cette perte. Ces poiffons ne font pas échoués qu’on les dépece & qu’on en fait bouillir la chair pour avoir cette huile. Il n’en a pas heureufement été de celui-ci comme des au¬ tres ; on en fera redevable à M. Serard , Médecin de Ca¬ lais , inftruit en Anatomie, & qui voit bien, & à M. Blon¬ deau , alors Profeffeur d’Hydrographie de la même ville. L’anatomie intérieure de cet animal eft du premier, le refte eft du fécond. M. Blondeau fçachant mon goût pour l’Hiftoire naturelle, m’envoya cette defcription avec per- million d’en faire ce que je jugerois à propos. Je crois ne pouvoir mieux la placer que dans cet ouvrage. Ceux qui la liront, & qui la compareront avec ce qui eft dit de ce poiffon dans une feuille volante qu’on fit courir dans le Public peu de temps après que ce poiffon fut échoué, re- connoîtront aifément la différence qu’il y a entre des def¬ cription faites par des perfonnes éclairées , & celles qui font dues à des perfonnes peu accoutumées à voir exac¬ tement. * Cet endroit eft environ à deux lieues & demie au plus dans l’O. S. O. de Calais. II eft à peu près fur la côte. Il eft nommé Eftrovane dans la carte de M. Guillaume Delille , donnée en 1704. Ce lieu y eft , à ce qu’il paroît , placé une demi üeue trop loin. , Les autres pofitions dont il eft parlé dans la Defcription , font indiquées d’après la même carte. cxviij . Observations détachées; I_e poiffon en queftion a une tête en forme de muffle : c le elt tres-épaiffe au-deffus delà mâchoire fupérieure ; cette mâchoire eft immobile , 1 animal peut mouvoir 1 inferieure : 1 une & 1 autre font triangulaires. La bafe du triangle que chacune forme ,eft tournée du côté du corps j & le fo mm et, qui eh un peu tronqué, s’étend jufqu’à quel¬ ques pouces de l’extrémité du muffle. La mâchoire inférieure eft armée de deux rangs de dents, de ligure conique , elliptique , un peu courbée par -a pointe , 1 axe du cône étant perpendiculaire au plan de la mâchoire fur laquelle les dents repofent par leur bafe : la fubftance de ces dents paroît fembiable à celle de l’ivoh re : quelques-unes de ces dents font vers la bafe de la m⬠choire , faites a peu près comme nos dents molaires. La mâchoire fupérieure na point de dents, mais des trous deftines apparemment a recevoir les dents de la mâchoire inférieure , lorfque les deux mâchoires fe rapprochent. La langue étant extrêmement tuméfiée & ramaffée en Peloton vers le fond de la gueule , & s’oppofant ainfi au rapprochement des mâchoires, il n’a pas été poffible de s afiûrer de ce fait. Cet état de la langue eft peut-être en partie naturel. On a donné des figures d’animaux à peu pies fembiable a celui dont il s’agit, dont la langue eft re- prefentée dans la meme fituation que celle du poiffon en queftion. Ses nageoires font faites comme les nageoires des poiffons ordinaires , & ont la flexibilité des cartilages, ELes font fituees aux deux côtés du corps , de telle forte à peu près qu’une ligne droite que l’on mènerait de l’extré- mité du muffle aux yeux, & que l’on prolongerait enfuite jufqu a la queue , pafferoit par les nageoires. La queue eft çompofée de deux palettes découpées groflïerement comnm les nageoires , ôt qui forment une bifurcation au corps de 1 animai. Les yeux , ou du moins ce qu’on a pris pour ces parties , ne paroiffent être qu’une foiution de continuité faite dans un efpace circulaire , auquel la folu- tion fert prefque de diametre.Cet efpace n’eft diftingué du refte du corps , que par quelques plis dont il eft formé. / Observations détachées. exix: Si on fourre fa main dans la cavité auffi profondément qu’il eft poflible, elle y entre plus de moitié , & on n’y, trouve néanmoins rien. La verge eft de figure conique : la bafe du cône eft à fon origine ; elle étoit fort tortueufe lorfqu'on l’a obfervée: il ne paroilfoit point de tefticules; ils font apparement en-dedans, comme dans plulieurs ani¬ maux : cette verge a des corps caverneux : elle pefoit , quoique tronquée , quarante-cinq livres , poids de marc : la queue & les nageoires ont paru être de la même fub- fiance que le lard qui couvre le dos de ce poilfon. Il a fur le muffle, une ouverture : il paroît être privé des ouies. Cet animal eftfttrement un jeune cachalot, ou un ca¬ chalot de petite efpece. Ce qu’il y a de vrai, c’eft que la mâchoire inférieure dont il a été parlé , eft exactement femblable à celle que l’on voit à Paris dans le cabinet du Jardin du Roi, quoique plus petite. Il y avoit vingt-cinq dents à chaque côté de cette mâchoire. La couleur en étoit femblable à celle de vieille ivoire, excepté cepen¬ dant le bout fupérieur qui étoit d’un blanc d’émail un peu obfcur. Le cuir de l’animal eft noir , de l’épailfeur d’un écu de trois livres, coriace, fans être dur , & fe gerfant au foleil. L’épiderme eft très-mince , & également noire. Sur l’épine du dos , vers le milieu du corps , le lard a douze ou treize pouces d’épaiffeur, fous le ventre, huit à neuf pouces. A un tiers ou environ du milieu du corps, du côté de la tête & du côté de la queue, dans la direction de l’épine , le lard n’a que cinq à fix pouces. Proche la tête & proche la bifurcation de la queue , fon épaiffeur n’eft que de deux pouces. Si on frappe à toute force fur le cuir de l’animal avec une pointe d’acier très-trempé, ( celle dont on s’eft fervi , étoit à la vérité allez obtufe ) il eft impoflible d’enfoncer dans le lard , plus d’un demi-pouce. On trouve deffous le lard, une quantité énorme de nerfs qui paroilfent avoir tous leur origine à un tiers de la diftance qui eft entre la tête & le milieu du corps. Une grande partie de ces nerfs CXX O B S F. R VA TÎONS DÉTACHÉES,' s’étend dans la direction de l’épine , jufqu’à la queue. Les uns recouvrent réellement l’épine ; les autres lui font feu¬ lement parallèles. D’autres en égal nombre, plus larges ÔC plus épais, vont diàgonalement de l’extrémité antérieure du corps, à l’extrémité poltérieure à différens degrés d’o¬ bliquité avec les premiers. D’autres parodient partir de l’épine près de la queue, & fe rendre à la tête de même avec différens degrés d’obliquité. D’autres enfin, ôc ce font les plus forts, enveloppent l’animal circulairement ÔC parallèlement entr’eux, comme les cerceaux enveloppent une barique. Ces nerfs ne font point de lacis entr’eux , n’enjambent point les uns fur les autres , mais fe recouvrent flratum fu« per flratum. Chaque couche eft compofée de différentes branches ou paires de nerfs , ôt chaque branche jette plufieurs autres nerfs. Ceux qui font circulaires, font par- deffus tous les autres. Les longitudinaux de l’épine, plus ronds ôc plus grêles que les autres, ont depuis huit julqu’à dix lignes de largeur ou environ. Ils paroiffent être les plus denfes. Les diagonaux font des cylindres ovali- ques , plus applatis , ôc ont plus de volume. Leur plus grand axe eft de fix à dix lignes. Les circulaires forment des rubans compofés de fibres rondes , telles que feroient des gances rondes, les unes à côté des autres. Leur lar-* geur , qui eft la même dans toute leur étendue , eft de dix à quatorze lignes. Leur épaiffeur, qui eft aufll la même dans toute leur étendue , eft depuis une jufqu’à trois Li¬ gnes, Ces fibres nerveufes font recouverte par une mem? brane à laquelle elles adhèrent fortement , ôc par ce moyen ne forment qu’un tout pour chaque nerf; la chair de cet animal ne paroît être qu’une expanfion des houpes nerveufes , qui contient dans fon tiffu cellulaire , une fub- ftance partie huileufe Ôc partie aqueufe. Le tiffu cellulairç eft affez femblable à celui d’un veau foufflé. Il femble réfulter de la plus grande partie de la defcrip- tion donnée ci-deffus , que cet animal doit être beaucoup plus léger que fa maffe énorme ne femble le comporter , ôc Observations détachées. cxx} & qu’il doit fe mouvoir facilement dans le milieu ou il yit. Le fang de cet animal mort depuis plulieurs jours, étoît très-coulant , très-vermeil, & très-mifcible à l’eau. Une petite partie de ce fang pouvoit teindre une grande quan¬ tité d’eau. Ne pourroit-on pas dire que cela vient de ce qu il fe fait une fecrétion confidérable de parties huileu- fes ? le làng ne doit contenir prefque plus que la partie rouge , unie à beaucoup de fel , & étendue dans un peu d eau, ce qui rend ce fang bien plus capable de fe délayer , que ne feroit celui qui auroit abondamment dans fes prin¬ cipes, une fubltance huileufe, qui, toujours allez vifqueu- fe , & non mifcible avec l’eau , ferviroit d’entraves au fang. C’elt là, fans doute, ce qui fait que l’on fuit cet ani¬ mal fi loin à la pille de fon fang dans l’eau de la mer lorf qu’il a été bleffé. On pourroit peut-être dire , ce qui paroîtra fingulier g que ce poilfon elt privé de mufcles , auxquels fuppléent les nerfs par l’arrangement dont on a parlé. 5 II femble que l’ufage où font les pêcheurs de baleines d attaquer cet animal vers la tête, elt fondé fur la connoif* fance de fa llruêlure , au moins quant aux différentes épaif feurs de fon lard , & au lieu de l’origine de fes nerfs. Dans cet endroit, le- lard elt moins épais, & les nerfs y ont en partie leur origine ; on doit, par conféquent , pé¬ nétrer jufqu’aux nerfs dans cet endroit , plus aifément qu ailleurs. Lorfque quelques-uns d’eux fe trouvent bief- fés , il doit s’enfuivre une paralyfie dans une partie du prelte du corps. Proportions des parties de ce poijjon. Pieds. Pouç. Ligi De l’extrémité du muffle à la bifurcation de la queue en ligne direéte. 48 Longueur d’une des palettes de la queue; 6. De l’extrémité du muffle aux yeux. 1 8 pes yeux aux nageoires, 5; Tome It q o o 7 o o o o o sïtBfi'asri il ^lafliv el ab siilhom «I ^Ltds- & mm mm* -WgH^Wrœ omvnwïmmm içm- ï n ,3; ; bout de la verge étoit tronqué de quel- ques pouces t de la )£1£U4 ices* âûlç'dqoïiuii'L^n^ _ Vel‘ge* r ninav al . aaaqiv fil gb j « t longueur commune des dents hors de 1 al- 1 veor%ti lntr> Mnqhr d , Inodl . là îm Longueur commune, totale des dents. Groffeur par leur bafe. Plus grande circonférence dans 1 alvéolé. 8 .arcrpnr dp I arrns. O O 0 o * O Q O O 3 7 queue. Jsm sb arifil jnavuaq an 4 g uaib^b s xmm»-. Longueur des nageoires. 3t 7° Epaiffeur diamétrale de la verge à fa racine , fit OBSERVATION DE MÉDECINE. ..immo $wMm$ÆmÆmâJm»êsiK . slbcioK} il butfiauO .M îanimcxa moqXf X ia\«yïï^& ■\»\_ ivûottàlh. 9b euh ai juoi laildmi ab T ’Hidrophobie eft une maladie fi cruelle & fi funefte? j j qu’on ne peut trop effayter de remèdes , ni trop en pro- pofer à elfayer contre fes effets* Je ne fixais fi on a fait ufa- ge , dans cette maladie ^ des efprits volatils urineux , comme peut être l’eau de luce. Dans l’incertitude où je luis fi ces elfais ont été faits , je propoferois à ceux qui fe trouveront dans le cas de traiter cette maladie , d’em¬ ployer l’eau de luce ; comme elle a été heureufement em- ide, temps après la morfure voir fcarifiée. Il femble quune certaine analogie porte „ faire ces expériences. C’eft un venin animal dans les deux cas. Il eft vrai que dans l’hidropliobie , le venin vient d’un animal malade, au lieu qüfe dàfis la maladie occasion- , - U»' « t * . i • n 1> ..vi quelle paroît être d’abord , la vipere étant irritée lorf- qu elle mord. Au refte , ce ne font que des expériences que je propofe à faire fi elles n’ont pas été faites : elles né peu¬ vent , tout au plus , qu’être inutiles. La maladie ne peut en être augmentée , 6t dans les maladies jufquici incura¬ bles , on ne peut qu’être autorifé à faire des expériences qui , d’ailleurs , ne peuvent faire de mal. ‘ÎV EXTRAIT DES REGISTRES de l’Académie Royale des Sciences , du 2 7 Janvier 1768. MEfiieurs Duhamel & Fougerour, qui avoient été hommes pour examiner des Obfervations que M. Guettard fe propofe de publier fous le titre de Mémoires fur différentes parties des Sciences , des Arts , en ayant fait leur rapport 1 Academie a jugé cej: Ouvrage digne de l’imprefïion , en foi de quoi j’ai figue ie préfent certificat. A Paris, le 2.7 Janvier 1768. Grandjban dïF.ouchÿ* Secrétaire de l'Académie Royale des Sciences. *5585' $ a $ & ï t ’a M o a ü a - ..... — -n t o'I-Wc fcV'k âivi\ «o\ (IVXD »*HA .'UU& ^'VMV jm 3UM E 3 DES MATIERES. pag. il) 'Pin dédicmlrê^-ft ~ , />;,y;;.v , *<«#“ A? Y ? SiSlârï\$V ■AuûiwiRû V» ^ t">' ''*■ OBSERVATIONS DÉTACHÉES. yy ygjÿ. ÜOT\U0îi SSkQ SVJS v.>iy : ' 1 . JJS Obfervation fur h brifement des rayons folaires à l’appro- f che des corpi^W^f: txviij Obfervation fur la formation des nuées dans les hautes montagnes, lxix Obfervation fur le Tonnerre > Ixxvj Obfervation fur l’odeur des cadavres dans tes Eglifes, lxxviij Obfervation fur des Eers afcarides des Harengs , lxxxv Obfervation fuy' la dffènffdf ''ffflf m Scie^ lxxxvj Obfervation fur une coupe longitudinale & entière du tronc d’un Oranger , ■**& * » * : lxxxix Obfervation fur une Truficre abondante en T ru f es , qui n’ en produit plus , xcij Obfervations f ur des variations dans les feuilles des plan- -sA&S'A vrvdwin-j. A s S J r ... .• > A • .rrv- ,x V • 1 .n;* - XCV11 Obfervation fur l’oignon de Scille , xcix Obfervation fur l’ action du froid furies plantes y ci Obfervation fur la laine de fer , ciijj O bfervation fur une Dendr ite fatine , cv Obfervation fur le defféchement de la grande Confoude cix CX j Obfervation fur l’huile de graine de Tabac , _.v. Obfervation fur un mélange de l’huile de lin & de l’huile de vitriol , exi; O bf irvation fur le Pavot blanc s exiij Table des Matière*; txxÿ ^ j - — - j cxv; Jjefcnption fuit Poiffôfï jettéd la côte près Saint-Pô , au commencement de Mars?\ç6\ & rp cxvi] Obfervation fur un rcmede(q\[on pôurroiâtemer dans l’Hl - dro phobie ? MEMOIRES. — w j j x t,/ j u ucù s^vj ucjucô cic i u Krainç 9 rp Troifieme Mémoire } fur des os fofjiles d’ animaux terrejlres , ^ gMoiTAViïa^ac^ Quatrième JVLemoire } Jur un corps qui pourroit être un Po¬ lype terreflre , \ \ /U r,v 80 Cinquième Mémoire , qui renferme l’hifoire de la découverte publique de l’ Académie Royale des Sciences , le Mercredi il 3 Novembre 1765 , & difputes que ce-’ Mémoire a fuf- citées à l’Auteur, Annonce de l’ Avant-Coureur , du 25 Novembre 17 6 $ ,112. Annonce de l’ Avant-Coureur , du 2 c Novembre 17 6< , in Lettre, de M. Guettard a M. le Camus , de l’Académie des Sciences , v ^ Extrait du traité des couleurs , &c. de M. de Montamy ,\ij Extrait d’un Mémoire lii à l’Académie des Sciences.,., con¬ tenant la decouverte faite en France de matières fembla- S^eS a U^eS ^°nt la de la Chine ejl comtofèe<9 Lettre de M. T orcheiMÉ^c^Ù^^^^ Leme a M. Roux en réponfe à celle de M. Torchet de Saint - Annonce de PAvant-CohrelP^^d-lÂ^T^ de M- Guettard à la Lettre de M, i Torcha de Salntr EiÈor , Annonce de l Avant-Coureur , dd 24 février 1766 , 1 ^ Hijloire de la découverte faite en France de matières fan- blables à celles dont la Porcelaine de la Chine ejl compo - cxxvf Table des Matières» fée , tirée d’un Mémoire lu à l’Académie Royale des Sciences, & Journal fi, Agriculture , &c. i S % Obfervations fur le Mémoire de M. Guettard , concernant la Porcelaine , lues à l’ Académie des Sciences , int peut- Dans le n d’ani- as qu’on & qu’ils ion des vent et' s ou è ne font changé fe tiret: i très foi ; endroit e ces os, , Meniî- is Fonte- ont coït' ouve.fi» lien cote lue p® , eft « relie ce ment dé :11e a lf [iïty® des Sciences et Arts. 3 dans fa plus grande largeur. Les parties antérieures & poftérieures font mutilées : l’antérieure porte néanmoins encore une dent renfermée dans fon alvéolé. Cette dent eft conique, un peu courbée de dehors en dedans : elle peut avoir un pouce quatre ou cinq lignes de longueur ôc cinq ligues de diamètre , à en juger par une dent femblable féparée de la mâchoire Ôc renfermée dans un autre morceau de pierre à plâtre : ces deux dents ont con- lèrvé leur émail. Elles font irrégulièrement fillonnées fuivant leur longueur. Un peu au-defîus de la racine de celle qui eft féparée de la mâchoire, on remarque quel¬ ques filions circulaires , qui font entre deux rebords auflï circulaires, dont le fupérieur eft moins gros que l’infé¬ rieur. Celui-ci forme le commencement de la racine. Cette racine eft par les côtés creufée triangulairement.Au milieu de cette portion triangulaire eft une crete longitudi¬ nale qui ladivife en deux parties, dont l’antérieure eft plus creufe que la poftérieure. Celle-ci a un rebord élevé. Il la fépare d’un fillon plus creux formé par ce rebord & celui de la couche extérieure de la racine. Ce font ces dents qui peuvent donner quelque lumière fur l’efpece d’animal auquel la mâchoire a appartenu. La figure conique de ces dents les rapproche beaucoup de celles qu’on trouve attachées à leurs mâchoires entiè¬ res dans les environs de Dax en Gafcogne , comme je le dirai plus bas. Il paroît donc que la mâchoire dont il s’agit pourrait être de quelqu’animal femblable. Un autre os des platrieres 6c qui eft très - bien con- fervé , eft une vertebre dont les apophyfes tranfverfales a font de deuxpouces cinq lignes de longueur.L’épineufe b eft de trois pouces trois lignes dans la même dimenfion. Le corps de la vertebre cd’un pouce 6c demi-ligne en lon¬ gueur , 6c d’un pouce neuf lignes de largeur. Le trou de la moelle épiniereieft d’un pouce deux lignes de longueur fur deux pouces une ligne de largeur. Le troifiéme de ces os eft une efpece d’omoplate de fept pouces ôc demi de longueur fur trois pouces neuf Aij Planche II, Planche HT. Planche IV. 4 Mémoires sur différentes parties lignes de largeur dans la partie la plus large de la palette. Cette omoplate paroît n’avoir point de ces' éminences ou apophylès que les omoplates des quadrupèdes ont à leur furface externe. Le manche elt plus arrondi à fon bout. Il femble ne pas avoir la cavité glenoïde des omoplates de ces animaux. On pourroit donc en conclure quelle eft de quelqu’animal plutôt marin que terreflre. Un quatrième de ces os qui reffemble beaucoup à celui qu’on appelle l’ollelet dans les moutons , mais qui eft beaucoup plus gros, a deux pouces à fa baie dans le fens du grand diamètre , un dans le fens du petit à la par¬ tie antérieure de cette bafe , & environ onze lignes à la poftérieure. Cette bafe a fon milieu creufé circulairement. Ces dimenfions font à quelques lignes près celles de la furface oppofée. L’épaiffeur ou la hauteur de cet os eft d’un pouce & demi. Le milieu eft dans fon pourtour creufé de façon que cet enfoncement forme un étran¬ glement considérable , qui d’un côté eft interrompu par une cavité profonde. Cet os a tout l’air d’un os de qua¬ drupède. J’ai encore vu dans des pierres à plâtre des extrémités d’os longs ; des os longs aflez bien confervés & très- confidérables pour la grolfeur : un fur-tout qui peut avoir plus d’un pied de longueur, fur plus d’un demi-pied de largeur vers l’extrémité qui eft la plus grolfe & la mieux confervée , l’autre étant mutilée. D’autres osfruftes étoient des bouts de côtes d’animaux qui dévoient être petits, vu la petitelfe de ces os; d’autres paroilfent être des portions de côtes plus confidérables. Des côtes fur lefquelles l’on ne peut avoir de doute fe yoyent dans le cabinet de M. le Duc d’Orléans. Elles font arrangées dans la pierre qui les renferme dans l’or¬ dre où probablement elles étoient dans l’animal. Elles font au nombre de neuf. La plus longue a huit pouces de longueur, fur cinq lignes d’épailfeur. Les autres qui font à peu près de la même épaiffeur ont du être moins lon¬ gues : je dis , ont du être ? parce quelles ont toutes, même la des Sciences et Arts. y plus longue, fouffert dans quelque portion de leurs extré¬ mités. Il en faut excepter peut-être la première , qui a con- fervé fa tête ou apophyfe par laquelle elle étoit attachée à l’épine du dos. Cette tête eft groffe ôc ronde. Elle a un pouce fept lignes dans fon petit diamètre, 6c un pouce neuf lignes dans fon grand , elle a du moins formé dans la pierre une cavité qui a ces dimenlions. On peut imaginer cette cavité remplie par cette tête 6c l’on s’en repréfentera aifé- ment la figure. L’efpace qui eft entre chaque côte n’eft pas égal en largeur. La première eft éloignée de la fé¬ condé de deux pouces , ainfi que la fécondé de la troifié- me ; celle-ci l’eft de la quatrième de neuf lignes , la quatrième de la cinquième d’un demi-pouce, ainfi que la cinquième de la fixiéme , celle-ci l’eft de la feptiéme de huit lignes , la feptiéme de la huitième de la même quan¬ tité , ôc il ne s’en faut guère que d’une ligne quelle foit la même pour la diftance qu’il y a de la huitième à la neu¬ vième. Lorfqu’on a fendu en deux la pierre où font ren¬ fermées ces côtes , elles fe font coupées en deux portions. Je n’en ai fait repréfenter qu’une, l’autre étant fembla- ble , n’en différant qu’en ce que la première côte a fa tête ou apophyfe , mais je l’ai préférée , parce que la pierre avoit moins perdu dans fa partie inférieure, ôc que les côtes y étoient plus longues. On en voit quelques portions dif- jperfées dans la pierre. Elles ont fans doute appartenu a l’une ou l’autre de ces côtes. Les pierres à plâtre ne font pas les feules qui renfer¬ ment des os. On en trouve dans celles qui font calcaires. Il s’en découvre quelquefois dans les pierres des environs de Bordeaux. M. Duhamel de l’Académie des Sciences m’en a donné la portion d’un qui eft encore adhérent à ain morceau de ces pierres. Il n’eft pas trop aifé de bien Ipécifier de quel os cette portion a fait partie. J’en dirai autant de deux autres portions qui font en¬ clavées dans une pierre des environs de Provins. Cette pierre eft de la nature des cos de Paris , de Château-Roux ôc de plufieurs autres endroits de la France. Une de ces Planche V. Ibid. Fig. j. *• Ib.Fig. i.î. 6 Mémoires sur différentes parties portions d’Os paroît être une tête d’os affez greffe , l’autre une portion d’os long , à laquelle la tête a peut-, être appartenu. Entre les os qui font ifolés dans les terres qui compo- fent les montagnes , deux des plus conlidérables que j’aie vu font deux greffes vertebres qui m’ont été envoyées da Dax par M. lePréfident de Borda , qui les avoit découver¬ tes dans les montagnes des environs de cette ville. L’une de ces vertebres eft haute de quatre pouces fept lignes. Ses furfaces inférieure & fupérieure font de quatre pouces dans leur grand diamètre, & de trois pouces trois lignes dans leur petit.La partie poftérieurea deux apophyfes dont chacune eft divifée en deux par une grande finuofité. Les apophyfes tranfverfes ou des côtés font très-larges s’étendent prefque depuis le haut de la vertebre jufqu’en bas ; de forte qu’ elles ont trois pouces ôc environ huit lignes de longueur. Gomme elles font tronquées ôc muti¬ lées , on ne peut au jufte déterminer cette longueur. La furface antérieure du corps de la vertebre eft arrondie dans le milieu , les côtés font un peu creufés. La fécondé vertebre, qui eft un peu moins bien confer- vée , eft plus confidérable dans toutes fes dimenfions , la hauteur eft d’un demi-pied quatre lignes , fa largeur de quatre pouces fept lignes prife fur les furfaces fupérieure & inférieure ôc de devant en arriéré. Cette largeur eft de cinq pouces quatre lignes d’un côté à l’autre. Les apo¬ phyfes épineufes ont de hauteur environ quatre pouces : les tranfverfes étant trop détruites , ne peuvent être indurées. Entre les apophyfes épineufes , il y a plufieurs trous qui font probablement ceux qui ont donné paffage aux vaiffeaux. T ous les os dont il a été queftion julqu’ici , le diffolvent à l’eau-forte, leur donnent une affez belle cou¬ leur orangé Ôc dépolènt une matière qui ne fe diffout pas. Ceux que je vais décrire y fouffrent la même altération. Il ont ordinairement l’air de fîlex ou pierre à fufil. La plupart de ces os font des environs d’Etampes. Ils ont été trouvés dans des fouilles faites près le grand ou le des Sciences et à rts, 7 petit Jeurre fur les bords du grand chemin de Paris à Etampes , ou dans celle qui la été pour l’alignement de ce grand chemin à la porte Saint-Jacques de cette ville. J’en ai encore eu un femblable trouvé par M. Deparcieux de l’Académie dans la coupe que l’on a faite de la mon¬ tagne qui eft en arrivant à Lonjumeau du côté de Paris , & qui a été ainfi coupée pour adoucir le même chemin qui y palfe auffi. Ces os ne font pas entiers. La portion trou¬ vée près de Lonjumeau eft entourée d’une couche de conques anatiferes ou glands de mer entourés de fable jaunâtre. Un de ces os eft de deux pouces cinq lignes de Ion- planche vr. gueur, fur deux pouces fept à huit lignes dans fa plus Fig. 1. grande largeur , ôc d’un pouce neuf lignes dans fa plus pe¬ tite. Sa furface externe peut être féparée en deux por¬ tions. Elles font inclinées l’une à l’autre , de façon que le milieu de cette furface s’élève un peu ÔC forme une efpece de crête. La portion antérieure eft unie ôc platte. La pof- térieure a longitudinalement une femblable crête placée dans le milieu qui eft un peu creufé. Cet enfoncement dépend de ce que les rebords de cette portion font plus gros ôc plus élevés. La furface interne peut également fe divifer en deux parties. L’antérieure eft creufe ôc féparée 1^. Fig. 2. en deux portions par une crête longitudinale, ce qui eft le contraire de la même partie antérieure de la furface ex¬ terne. La partie poftérîeure de la furface interne eft auffi creufe ; mais elle n’eft féparée par aucune crête. Un autre os ou plutôt une portion d’un autre os eft ibid.Fig. 3, longue de deux pouces ftx lignes, ôc large d’un pouce une ligne dans fa partie la plus large. Elle eft dans cet endroit plus groffe que par-tout ailleurs , ôc forme une efpece de tête arrondie extérieurement. Cette tête s’alonge d’un côté en une efpece d’apophyfe qui eft intérieurement un ibid. Fig. 4; peu creufe fuivant fa longueur. L’extrémité d’une autre portion d’os eft divifée en Planche vu. deux parties qu’on peut regarder comme des apophy- fes. La plus petite eft mutilée , la plus grolfe paroît à peu Fig- s- PîancheVII. Fig. 4. Ibid. Fig. y. Planch.VIII. Fig. i,i, Ibid. Fig. 3. 8 ^Mémoires sur différentes parties près entière ôc un peu creufe a fa bafe. Ces deux apophy- fes font féparées par une linuofité longitudinale. La lar«. geur de ces deux apophyfos prifes enfomble eft. d un pouce lix lignes. La longueur totale de cette portion d os eft d’un pouce dix lignes. La longueur d’une autre eft dun pouce lept lignes for onze lignes de largeur. Elle eft un peu. courbe ou fes deux extrémités fe relevent un peu , ce qui fait que fou milieu eft concave. La forface poftérieure d’une autre eft applatie , 1 anté- rieure arrondie. Les extrémités font obliquement tron- quées. La longueur eft d’un pouce trois lignes ôc la lar- geur d’un pouce une ligne. Les autres portions de ces os que j ai eu font plus con- iidérables: elles affeâent ordinairement une certaine cour¬ bure à peu près comme les côtes. On en trouve de différen¬ tes grandeurs. Il y en a qui ont trois ou trois pouces ôc demi de longueur for deux pouces ôc demi de largeur. L inté¬ rieur de la courbure eft moins arrondi que 1 extérieur. La plûpart font tronquées par les deux extrémités. D au¬ tres fîniffent d’un côté en une pointe mouffe applatie. Celle de toutes qui eft la mieux confervée a de longueur un pied ôc un peu plus ou un peu moins de deux pouces de largeur. Celle-ci fombleroit indiquer que toutes les autres pourroient nôtre que des portions d un corps fem- blable. Si on caffoit celle-ci en differens endroits de la longueur , on en auroit qui feroient plus ou moins cour¬ bées, plus ou moins bombées ou applaties, foivant les en¬ droits où elle auroit été caffée. Tous ces os, comme je 1 ai dit plus haut, ont l’air d’être de la nature de la pierre a fufil ; mais on en trouve dans les environs d’Etampes qui font de celle de la craye. J’en ai découvert quelques morceaux dans les fables de la montagne qui eft avant la porte Saint- Jacques ôc qui a été coupée pour adoucir le chemin. Ces morceaux font blancs, tendres ôcfe caffent facilement au lieu que les autres font très-durs , jaunâtres a 1 extérieur ôc brun foncé en dedans , cependant calcaires. des Sciences et Arts. ÿ Deux pierres envoyées de Toul par M. le Comte de Treffant, & qu’il regardoit comme des vertebres , doi¬ vent trouver place ici. Ces deux pierres font calcaires , d’un jaune terreux. Leur figure porte à croire quelle dé¬ pend de celle de quelque corps régulier, & que ce corps en fe détruifant a laiffé en quelque forte un moule de fa figure ou plutôt que la matière qui l’a pénétré a confervé celle que ce corps avoir. J’adopterois très-volontiers cette idée. En effet , un de ces corps efb triangulaire. La bafe de ce triangle eft courbe ou concave , a huit pouces de longueur , fur près de deux pouces de largeur. Ses côtés s’allongeant beaucoup peuvent être regardés comme des apophyfes latérales , la portion arrondie & poftérieure , comme le corps de la vertebre. Ce corps a près de deux pouces de diamètre. Il eft percé d’un trou rond de fept lignes de largeur. Ce trou eft placé , non au centre ^ mais latéralement ôc près de la circonférence. Un autre trou femblable traverfe perpendiculairement la furface interne de l’apophyfe oppofée à celle du côté de laquelle l’autre trou eft placé. La pofition de ces trous eft très- favorable à l’idée que ce foffile eft une vertebre. L’on fçait que la moelle épiniere ne traverfe pas dans les poiffons le milieu du corps des vertebres ; mais que le trou qui lui donne ce paffage , eft pofé latéralement de même que celui par lequel les gros vaiffeaux paffent. Il paroît que les trous du foffde en queftion pourr oient être ceux qui ont fervi de conduit à ces différentes parties. L’autrè foffile a une figure moins régulière. On peut la divifer en faces fupérieure , inférieure & poftérieure. La fupérieure eft inclinée , l’inférieure eft platte & moins inclinée. La poftérieure également platte s’incline un peu fur les deux autres. Il y a à fa partie inférieure une grande finuofité. Cette finuofité fembleroit avoir fervi auï paffage de la moelle épiniere ou aux gros vaiffeaux. Se ce foffile a été une vertebre , cette vertebre pourroit avoir été celle à laquelle on donne communément le nom d’Atlas , parce que c’eft fur elle que porte la têtq Tome I, R Planche IX, Ibid, Fig .1. Ibid, Fig. ï* io Mémoires sur différentes parties Au refte , la face poftérieure de ce foffile a cinq pouces & demi de longueur, fur cinq de hauteur; la face fùpérieure cinq pouces trois lignes de longueur fur cinq pouces & demi de largeur ; l’inférieure fept pouces de longueur & fix pouces de largeur. C’eft avoir rempli la partie la moins intéreffante , que d’avoir décrit & fait connoître tous les os dont j’ai parlé dans ce Mémoire , la plus curieufe l'eroit de dé¬ terminer les animaux auxquels ils ont appartenus. Rien n’eft fi difficile à réfoudre que ce problème. L’anatomie des animaux eft encore fi imparfaite , celle fur-tout des poiffons & principalement celle des fquelettes des uns & des autres qu’il n’eft prefque pas poffible de dire au jufte auxquels de ces animaux les os foffiles peuvent appartenir. Ce qu’on peut dire avec un peu plus de certitude , c’eft que ces os ont fait partie de fquelettes de poiffons. On trouve fouvent ces os dans des lits de cailloux roulés, mêlés avec des coquilles de mer, fouvent même ces os portent des corps marins qui leur font at¬ tachés. J’ai fait mention plus haut d’un qui eft entouré de conques anatiferes; un autre femb labié trouvé dans les environs de Doué en Anjou, eft parfemé de plaques de Madrapores plats du genre de YEjchara & des manchet¬ tes de mer. D’autres font chargés d’huitres comme la Mém.del’À- vertebre dont j’ai parlé dans mon Mémoire fur les acci- cad. R. D. s. dents des coquilles. Ces faits indépendamment de la figure s 9- de ces os f portent à croire que ces corps ont dû appar- l'I. iz.Fig.4. tenir à des animaux qui ont vécu dans la mer, & dont les fquelettes ont du refter affez long-temps fous les eaux pour que les coquilles & les autres corps marins puffent s’y attacher & croître deffus comme ils ont fait. Il eft vrai qu’on pourroit objeêfer contre ce fentiment qu’il auroit pu fe faire , que dans les bouleverfemens qui font arrivés à la terre , occafionnés par les eaux de la mer, les animaux terreftres ont pu être engloutis par ces eaux, y être reftés long-temps , & avoir été enfuite des Sciences et Arts. xi enfouis fous les atterrilfemens faits par ces eaux. Les naufrages, pourroit-on encore dire, peuvent avoir été une des caufes qui ont fourni des os de quadrupèdes & même des hommes. Cela n’eft pas a la rigueur impofhble : il eft cependant fort rare de rencontrer dans la terre des os humains ou de quadrupèdes , qu on puifle regarder comme ayant été enfevelis fous les atterriffemens de mer. On parle de crapauds , de lézards & de crocodyles pétrifiés. Il n’y a guère que la pétrification du dernier de ces animaux fur laquelle l’on ne puiffe avoir de doutes lé¬ gitimes : le crocodyle eft un amphibie , dont les écailles font dures, & qui peuvent réfifter long - temps dans la terre. Il peut très-bien fe faire que des crocodyles ayent été engloutis par les eaux des mers fur les bords def- quelles iis vivoient , & qu’ils ayent enfuite été enfouis fous les dépôts de ces mers , & qu’ils s y foient pétrifiés. Quelque fentiment au refte que l’on embraffe au fujet des pétrifications des fquelettes humains ou des fquelet- tes d’animaux quadrupes, je ne penfe pas qu on puiffe regarder les os dont j’ai parlé dans ce Mémoire comme ayant appartenus aux uns ou aux autres. Il n y auroit , à ce qu’il me femble, que les vertebres & fur- tout celles qui font renfermées dans la pierre a plâtre, qui pourraient en impofer. C’eft ce qu’il eft bon de difcuter. M. de Treffant regarde les deux derniers foftiles dont il a été queftion, comme des vertebres qui ont appartenu au Narval. Je ne connois point d anatomie du Narval où l’on foit entré dans un détail affez grand pour nous développer exaâement les parties de cet animal , celles fur-tout du fquelette , pour que Ion puiffe faire une comparaifon exa&e des corps foffiles avec fes os. On ne peut pas par la même raifon rapprocher ces os de ceux dont le fquelette d’animaux de genre femblable peut etre compofé. Je penfe donc qu’on doit fufpendre fon fentiment fur l’efpece d’os auxquels ont pu appartenir les fblîiles en queftion. Il paroît bien que ce font des Vide Am- phyteatr. Zootomie. Mie. Ber¬ nard. Valen¬ tin, pag.ioo. Tab. 5 J. Fig. 2- Franco- furt.ad Mœ- num. 1710. ïn-fol. 12 Mémoires sur différentes parties os pétrifiés , celui fur-tout qui eft triangulaire & qut a deux trous, mais à quel animal l’os dont il eft la pé¬ trification doit-il être rapporté ? c’eft ce qu’on ne peut f à ce que je crois , encore décider. On ne peut pas même trop affirmativement affurer s’il eft réellement une ver¬ tèbre. On croiroit au premier coup d’œil qu’on jette fur la figure que Daniel Major a donnée de l’os Jîemum du veau marin , que cet os eft celui qui a formé le foffile dont il s’agit ; mais ce flernum n’ayant point de trous femblables à ceux qui percent le foffile , on ne peur fe rendre à cette idée. Il faut donc encore, je le répété, fufpendre fon jugement fur la nature de ce foffile & fur l’os qui a pu l’occafioner. Il y a au refte lieu de penfer que cet os , de même que celui qui a formé l’autre pétrification des environs de Toul , font plutôt des par¬ ties de poiffons que de quadrupèdes. La forme de ces corps a plus l’air de celle qu’ont des parties de poiffons qui peuvent y avoir rapport, que celles des quadrupèdes dont on pourroit les foupçonner avoir été les analo¬ gues. On ne peut non plus trop fe décider fur l’efpece d’os qui a donné naiffance à ces pétrifications de près Etam- pes, que j’ai comparé à des portions de vertebre ou de dents de vache marine. Il faut avouer que celui de ces foffiles qui eft le plus entier & le mieux confervé , a beaucoup de rapport avec les défences de cet animal: il en a la courbure , il eft aminci par fa pointe & applati comme ces défences; malgré cela je ne déciderois pas que le foffile eft venu de ces défences qui ont été pétri¬ fiées, & encore moins que les autres corps qui ont plus ou moins de courbure font des portions de ces défences. Elles pourroient auffi bien être des portions de côtes que des portions de défences. Ilferoit également téméraire de fe décider fur les au¬ tres os ou furies autres portions d’os qui fe trouvent avec les précédens : ont- ils appartenus à la même efpece d'a¬ nimal, ou à une efpece différente? c’eft ce qu’il eft im- des Sciences et Arts. 13 poffible de conftater les portions des figures 3 & 4 Tab. VII. ôc 2 ôc 3 Tab. VIII. paroiflent bien avoir fait partie des plus longs ; niais ces os étoient-ils des côtes ou des os différens ? c’eft , à ce que je crois, ce quon ne peut déterminer. * Il n’en efl pas de même des vertebes trouvées aux envi¬ rons de Dax, on ne peut les méconnoître pour des vertè¬ bres , ôc des vertebres de poiffons. Leurs apophyfes , leur figure ne laiffent aucun doute à ce fujet : mais quel eftle poifi fon dont ils ont fait partie ? On a trouvé dans les mêmes endroits où on les a découvertes , une mâchoire qui paroît avoir appartenu à un poiffon de la claffe des cétacées ; mais ces vertebres font-elles du même animal, ou d’un ani¬ mal femblable à celui à qui appartenoit la mâchoire ? Il y a quelque lieu de le penfer ; mais il faudroit pour plus de certitude , avoir des pièces de comparaifon , ôc l’anatomie des poiffons ne nous en fournit pas; ôc ce que l’on con- ferve de ces animaux dans les cabinets de l’Hiftoire natu¬ relle , n’eft pas affez varié ni affez multiplié pour qu’oit puiffe lever tous les doutes légitimes qu’on peut avoir à.ce fujet. Les difficultés augmenteront encore au lieu de dimi¬ nuer , en difcutant ce qui regarde les os qui fe rencon¬ trent dans les pierres des plâtrieres des environs de Paris.' Un de ces os qui a le plus de rapport aux os humains , eft la vertebre que j’ai décrite. Le rapport de cette vertébré avec celles du fquelette humain , pourroit paroître au pre¬ mier coup d’œil d’une perfonne peu attentive être des plus grands. Mais ce rapport devient un rapport fort éloi¬ gné, lorfqu’on fait attention à la longueur des apophyfes * M. de Borda a obfervé que ces corps font compofés de couches concentriques. On diftingue aifément ces couches , fi on en fait polir l'une ou l’autre extrémité. M. de Borda a encore obfervé que ceux de ces Fofliles qui fe trouvent aux environs de Dax, en Gafcogne , 8c qui ref- femblent entièrement à ceux des environs d’Etampes font effervefcence avec l’eau-forte , quoiqu’ils ayent l’air d’être devenus de la nature de la pierre à fufil. La dilfolution eft d’un jaune orangé ; couleur que l’eau-forte prend auffi en agiffant fur ceux des environs d’Etampes. Elle les diffout tua- lement & aufii promptement que les premiers» ' i4 Mémoires sur différentes parties tranfverfes & épineufes. Cette longueur eft beaucoup plus grande dans les apophyfes de la vertebre fo fille. De plus, l’apopliyfe épineufe eft très-droite, au lieu que les apophyfes épineufes de toutes les vertebres du fquelette humain font plus ou moins inclinées , & un peu creufes en-deffûus, derniere fingularité que je ne crois pas fe trou¬ ver dans l’apophyfe épineufe de la vertebre foflile. On pourroit encore la prendre pour une vertebre de cheval. Mais la longueur des apophyfes de cette vertebre empêche encore qu’on ne puiffe la rapprocher de celles qui entrent dans le fquelette de cet animal. L apophyfe épineufe d’une des plus grandes vertebres du fquelette du cheval n’a guères que deux pouces & demi , les tranf- verfes trois pouces ; au lieu que l’apophyfe epineufe de la vertebre en queftion a quatre pouces trois lignes , ôc cha¬ cune des tranfverfes fix pouces dix lignes. Il faudrait donc que le cheval, auquel cette vertebre eut appartenu, eut été d’une groffeur énorme , fi elle étoit réellement une vertebre de cheval : fur-tout fi les vertebres & leurs apophyfes croifTent en raifon doublée de la groffeur êt de la hauteur de l’animal ; queftion curieufe que les Ana- tomiftes n’ont pas, à ce que je crois , encore examinée dans les quadrupèdes , ou du moins autant qu‘ elle mérité de l’être. Si la vertebre dont il s’agit n’a pas appartenu au fque¬ lette d’un cheval, les côtes dont j’ai parlé doivent encore moins lui être attribuées , fi petit qu’eut été ce cheval, fes côtes auroient été plus confidérables. Je ne penfe pas non plus qu’on doive les regarder comme celles d’un fque- lette humain; l’apophyfe qu’une de ces côtes aconfervée,eft trop groffe pour être celle d’une côte dun fquelette femblablç, La> figure de l’omoplate que j’ai décrite n’eft pas celle d’un, quadrupède , non plus que la mâchoire. Les dents qui font vcftéest à- cette mâchoire font femb labié a celles de certaines cetacées , ce qui pourroit faire penfer que la vertebre, les côtes, L’omoplate & cette mâchoire de- des Sciences et Arts. . ry vroient être rapportées, finonau même animal marin, du moins à différens animaux qui auroient vécu dans la mer. J4 en pourroit être de même des os trouvés dans les envi¬ rons d’Etampes. L on rencontre fouvent dans les endroits qui renferment de ces os, une plus ou moins grande quan¬ tité de dents de Requien.Ces dents pourroient faire foup- çonner que les os en queftion auroient appartenu à quel¬ ques-uns de ces poiffons , mais ceft à l’anatomie à réfou¬ dre ces doutes : elle a, ce me femble, trop négligé d’en¬ trer dans une defeription détaillée du fquelette des qua-t ffrupedes, & fur-tout des poiffons. La connoiffance exaête du fquelette de ces derniers animaux feroit très-propre à éclairer le naturalifte , & à le mettre en état de reconnoi* tre à quel animal de mer doivent fe rapporter les os qu’il trouve enfouis dans la terre. C’eft là un vafte champ où 1 a- natomie comparée n’eft encore que très -peu entrée. J’entrevois qu’il y auroit les découvertes les plus curieu- fes à y faire , ôc ces découvertes ne pourroient qu’infini- ment éclairer le naturalifte dans les comparaifons qu’il eft fouvent obligé de faire des os foffiles avec les os des ani¬ maux qu’il peut fe procurer. Mais ces comparaifons feront toujours très-incomplettes jufqu’à ce que l’anatomie vienne à fon fecours. Ce ne fera qu’alors qu’il pourra déterminer au jufte de quels animaux ont été les os qu’il rencontre dans la terre , & fur lefquels il ne peut donner que des conjectures , laiffant , comme j’ai fait dans ce Mémoire , à ceux qui viendront par la fuite , & qui feront éclairés par l’anatomie comparée, à démontrer à quels animaux ont appartenus les os qu’il découvre dans la terre. EXPLICATION DES FIGURES. Planche Première, CEtte planche repréfente une pierre à plâtre des car¬ rières d’Argenteuil , qui renferme une mâchoire de poiffon. a , eft cette mâchoire, b > h dent qui eft reftée i6 Mémoires sur différentes parties dans fon alvéolé, c, la pierre où la mâchoire eft enq clavée. Ce morceau curieux eft du cabinet de M. Picard , ama-s teur d’Hiftoire naturelle & d’antiquités. Planche II. Cette planche offre une femblable pierre à plâtre; mais des carrières du parc de Charonne , près Paris. Elle contient une vertebre de poiffon. a, a, font les apophy- fes tranfverfes. b , l’apophyfe épineufe. c , le corps de la vertebre qui a la furface fupérieure gaudronée. d y le trou médullaire, e, e, e , la pierre à plâtre. Ce morceau également curieux, eft du cabinet du mêmq M, Picard, Planche III. On a gravé dans cette planche, un troifteme morceau de pierre à plâtre, où eft enclavée une omoplate de poiffon, & qui fe voit dans le même cabinet. Planche IV. Pierre à plâtre des carrières d’Argenteuil , & qui eft confervée dans le cabinet de M. le Duc d’Orléans, a, a, a, eft la pierre, b , b , b ,b , b , font les côtes, c, la cavité qui renfermoit la tête de la première vertebre. d , portions de vertebres , appartenantes probablement à quelques- unes des vertebres. Planche V. Figure I. Grande vertebre de poiffon, vûe de cotéf afin d’en faire remarquer les apophyfes épineufes. a, a, b, b9 font des trous qui ont donné paffage aux vaiffeaux qui fe répandoient dans la vertebre. Fig. 2. La même vertebre, vûe par l’autre côté, Fig. des Sciences et Arts. 17 Kg. 5. Vertebre femblable , mais moins grande , vue poftérieurement pour en diftinguer les apophyfes épineu-, fes. a, a, a, a. b , b, apophyfes tranfverfes. Fig. 4. La même vertebre , vue par le côté oppofé. Ces vertebres font des environs de Dax , en Gafcogne / où elles ont été trouvées par M. le Préfident de Borda , & d’où elles ont été envoyées pour le cabinet de M. le Duc d’Orléans , dans lequel elles font confervées. Planche VI. Fig. 1. Os, ou plutôt portion dos, dont il eft difficile de déterminer l’efpece. On l’a repréfenté dans cette pree miere figure , vu par fa furface fupérieure. Fig. 2. Le même os, vu par fa furface inférieure. Fig. 3. Portion d’os long, avec une apophyfe creuféej Fig. 4. La même portion d’os , vue par un autre côté. J’ai trouvé ces os entre le petit ôc le grand Jeurre , à une lieue d’Etampes , le long du grand chemin , dans un trou d’où l’on tire du fable. Ils font partie du cabinet de S. A. S. Planche VII. Fig. 1 . Os qui a l’air d’une omoplate de quelque poif- fon. Il a été envoyé de Saint-Domingue , par M. Mazure,' Greffier en Chef de Saint-Marc, même ifle , ôc qui l’avoit tiré d’une pierre blanche calcaire. On le garde dans le car binet de S. A. S. Fig. 2. Portion d’os long , vu par la face poftérieure.’ Fig. 3, La même portion d’os long , vu par la face an? térieure. Fig. 4. Portion d’os long un peu courbe , Ôc dont la fur-; face eft un peu rongée. Fig. y. Os ou portion d’os d’une figure quadrilatère^ Les os ou portions d’os des quatre figures précéden-* tes, font d’entre le grand ôc le petit Jeurre, près Etam- pes, 6c fe voyentdanc U cabinet de M. le Duc d’Orléans* Tome U ' . Q Fig. i. Portion de côtes, ou peut-être de dent de va- che marine, ou autre poiffon femblable , un peu rongée à fa furface extérieure. Fig. 2. Autre portion femblable , courbe. Fig. 3. Autre os femblable, qui reffemble davantage à une dent de vache marine. Celui-ci a été trouvé dans des fables remplis d’une infinité de différentes efpeces de co¬ quilles qu’on avoit tiré des fouilles qu’on a faites pour établir les fondemens des murs du parc du grand Jeurre , qui font du côté du grand chemin. J’en ai reçu un femblable de Dax, qui m’a été envoyé par M. le Préfident de Borda. Il m’avoit annoncé que ce corps étoit calcaire, quoiqu’il eut tout l’air d’une pierre à fufilj apparence qui m’avoit trompé par rapport à ceux des environs d’Etampes , que je croyois de la nature de la pierre à fufil , Ôt qui font également calcaires. r Planche IX. Figure 1. Foflile qui m’a été envoyé par M. le Comte de Trelfan , pour une vertebre de poiffon changée en pierrç calcaire , ôc trouvée dans les environs de T oui. Ce corps a en effet une figure qui approche de quel¬ que verteore. On pourroit regarder fes deux prolonge- mens a, a, comme deux apophyfes tranfverfes ; la partie b comme le corps de la vertebre ; les trous c , c , comme ceux qui donnoient paffage aux vaiffeaux fanguins & ner¬ veux. Fig. 2. Autre folïHe de la même nature, trouvé dans le même endroit,- envoyé aufli par M. de Treffân , pour une autre vertebre. Le prolongement a, feroit dans ce cas une appphyfe épineufe, & la partie b, le corps de la vertebre. On a cru devoir donner ici la figure de ces corps , dans 1 qfpérance que quelque jour l’anatomie comparée pourra^ faire connaître à quelle efpece de poiffon on devra les rapporter. . . _ vi _ • ' ' • •: - ' •• • a LLÜUI Paye j&.Pl . 7. 'Pont . 1 . Sur le Tirfa des Cofaques de l’Ukraine. DAns un temps où les amateurs d’agriculture ne s’ap¬ pliquent pas feulement à augmenter la multiplica¬ tion des grains cultivés de temps immémorial , mais à tirer parti des chiendents qui croiffent naturellement dans les bois & les prairies, on fera fans doute bien-aife de connoître un chiendent auquel il ne manque peut-être que d’être cultivé avec foin pour être plus utile qu’il ne l’eft dans fon pays natal. Ce chiendent fe trouve ert Ukraine. Les Cofaques le nomme tirfa. Les chevaux, au dire de ces peuples , font avides de la graine de cette plante. Cette graine eft petite , mais la plante qui la porte a deux panicules confidérables , chargées d’une grande quantité de ces graines. Leur nombre pourroit peut- être compenfer l’avantage qu’a l’avoine par la grolfeur de fes grains , fur une quantité d’autres chiendents , qui par cette raifon ont été jufqu’à préfent négligés, & fur quelques-uns defquels on a commencé à tourner les yeux d’une façon utile & avantageufe pour les animaux domef- tiques. Le tirfa feroit , à ce qu’il me paroît , un de ceux qui mériteroient une attention particulière de la part des agriculteurs : ce ne fera pas néanmoins fous ce point de vue que je le confidererai ici , ce ne fera que du côté de fon caractère générique. La découverte d’une plante qui peut fervir à conftater un genre , ou à le corriger , eft toujours intéreflante pour les Botaniftes , & il eft bon de la leur faire connoître. Le tirfa procurera , je crois , l’un ou 1 autre avantage. Sa graine m’a été, avec plufieurs au¬ tres graines , envoyées d’Ukraine par M. Dufay , Médecin de Montpellier, & qui étoit, lors de l’envoi , attaché à l’Hettman des Cofaques en qualité de Médecin'. Syflem. natur. pag. 878, nc.85. tom. 2. Hal. Magdebur. 1 7 do. in- 8°. Ibid.p. 87p. il0. 88. 20 Mémoires sur différentes parties Cette plante qui a très-bien levé ici , a tout l’air d’une avoine. Elle en approche beaucoup par fon port exté¬ rieur ; mais lorfqu’on cherche à s’affurer avec exactitude, fi elle en a le caraCtère , on ne peut s’empêcher de la rap¬ procher du genre auquel M. Linnæus a donné le nom d’ ai riflida. Monfieur Linnæus fait confifter le caraCtère de l’avoi¬ ne , en ce quelle a un calyce à deux balles qui renferme plufieurs fleurs , & en ce que l’arête eft attachée au dos de l'enveloppe des grains. U anfhda fe diftingue par fon calyce qui a deux balles par la corolle qui eft univalve & terminée par trois arêtes» Le tirfa , fuivant ces caractères, différé beaucoup plus de l’avoine que de 1 ’arijîida, comme on le verra par la def- cription que j’en donnerai plus bas. Il a même dans fa fleur, des différences qui le diftingue des ariftida , dont M. Lin¬ næus parle, ôc qu’il a caraCtérifées.La différence la pluscon- fidérable confifte en ce qu’il n’a qu’une arête très-longue fur le fommet de fa corolle , ou plutôt fur le haut de fa graine. Il fembleroit par conféquent néceffaire de faire une correction au caraCtère que M. Linnæus a donné de ce genre de plantes , ou fi l’on penfoit qu’il fut effentiel à ce genre d’avoir au haut de fa corolle, trois arêtes , d’en éta¬ blir un nouveau auquel on pourroit donner le nom de tirfa. La propriété que le tirfa a de n’avoir qu’une arête fur chaque corolle, pourroit peut-être faire penfer qu’on devroit le ranger fous le genre du (lipa. Les plantes de ce genre n’ont à chaque corolle qu’une arête; mais cette arête eft autrement placée que celle des corolles du tirfa. Le caraCtère du (lipa, félon M. Linnæus, eft d’avoir deux balles au calyce , une feule fleur renfermée dans chaque calyce , deux balles à la corolle , & une arête à la balle extérieure , qui eft terminée par cette arête , dont la bafè eft ardculée.L’articulation, lafituationdecette arête &le nombre des balles de la corolle mettent une différence effentielle entre le flipa & le tirfa. On ne peut donc réu- des Sciences et Arts; a i Ïiïr celui-ci aux efpeces de flipa , ôc il femble qu’on ne peut guère s’empêcher de ranger le tirfa aux arijlida, ou en faire un genre nouveau. Il feroit cependant, à ce qu’il me paraît, plus conforme à ce qu’on obferve dans d’autres genres de plantes de ne pas s’attacher au nombre des arêtes, mais plutôt à leur fituation, & d’établir le caractère de Y ariflida, principale¬ ment fur la propriété d’avoir une ou plufieurs arêtes im¬ plantées fur le haut de la corolle. Le tirfa a néanmoins en¬ core quelques petites différences dans la fleur dont je par¬ lerai ci-deffous , qui , à la rigueur , pourraient peut-être engager à en faire un genre ; mais un nouvel examen de la fleur des arijlida connues , pouvant concilier ces différen¬ ces , j’ai cru devoir laiffer à celui qui aura occafion de voir ces plantes , l’avantage de lever cette difficulté. En atten¬ dant je regarderai le tirfa comme une efpece $ arijlida , ÔC je la défignerai par la phrafe fuivante. Arijlida paniculis ramofis , fpicis fparjis , corolles arijlâ longijfimâ m f dente, foliis fubulatis. Arijlida à panicules rameufes , épis épars , corolle ter¬ minée par une arête très-longue, & à feuilles en alêne. On connoîtra , au moyen de la découverte du tirfa j trois efpeces de ce genre. M. Linnæus ne parle, du moins dans fon fyftême de la nature, que de deux efpeces qu’il dé- figne , l’une par fa panicule rameufe ôc les épis épars, l’au¬ tre par les rameaux très-fimples de la panicule, ôc par les épis qui font alternes. * Pour mettre tout Botanifle en état de juger fi j’ai eu raifon de ranger le tirj'a au nombre des arijlida , ôc fi j’ai bien faifi les parties qui en peuvent caraêtérifer l’ efpece, j’ai cru qu’il convenoit de donner ici une defeription dé¬ taillée de cette plante , ôc de joindre à cette defeription des figures qui fiffent connoître toutes les parties de la plante. * Ariflida panicula ramofa , fpicis fparfis Linn. fyflem. natur. pag. 879; Gen. 88. n". 1, Ariflida panicula xamis fimplicflflmis fpicis alternis. id» ibid, n°, j, 2.2 Mémoires sur différentes parties Cette plante pouffe de la touffe de fes racines, une grande quantité de feuilles d’un vert guai. Cette malle de feuilles eft compofée de plufieurs petites touffes, formées par plufieurs feuilles enguainées les unes dans les autres ; c’eft-à-dire que ces feuilles s’élargiffent par en bas en une efpece de guaine qui renferme la partie la plus confidé- râble de ces feuilles avant leur entier développement. La première de ces guaines , celle qui eft extérieure , enve¬ loppe toutes les feuilles dont la touffe eft compofée. Cha¬ que touffe a deux, trois ou quatre feuilles. La guaine peut avoir environ le quart de la longueur totale de la fueille dont elle fait partie. Elle eft d un vert plus clair que le refte de la feuille. Sa partie inférieure eft rouge⬠tre. Elle finit fupérieurement par une languette pointue , triangulaire , blanche, qui s’applique fur la feuille qui eft renfermée dans la guaine. La partie des feuilles qui commence là où finit la guai¬ ne, eft longue de douze à treize pouces , large d’une ligne dans fa plus grande largeur , d’un vert guai , prifmatique ou creufée en gouttière , canellée fuivant la longueur j hériffée de petites pointes roides fur les bords , & de petits poils blancs cylindriques fur la furface fupérieure. Du mi¬ lieu de la malle générale des feuilles s’élève une tige ronde d’un peu moins de deux pieds de hauteur , embraff fée dans fa longueur par les guaines de quatre feuilles fem- blables aux feuilles radicales , mais un peu plus larges ÔC plus en gouttières que celle-ci. Le haut de la tige porte deux panicules de fleurs. L’une de ces panicules fe déve¬ loppe du temps avant l’autre. Ces panicules ont environ huit pouces de hauteur. Il fort de la tige générale de ces panicules, des panicules fecondaires , compofées de deux^ trois , quatre , & jufqu’à douze fleurs. Les pédicules communs de ces panicules fecondaires , font d’environ deux pouces & demi de longueur: ceux des fleurs, depuis une jufqu’à deux ou trois lignes. Chaque fleur eft compofée i°. de deux glumes oblott* gués d’un vert rouffatre , qui finiffent chacune par une des Sciences et Arts. 23 arête blanchâtre de deux lignes ou environ de longueur. Ces glumes forment le calice: 20. d’une autre glume gar¬ nie de petits poils blancs cylindriques à fa partie inférieure, & de quelques-uns fur fes côtés. Supérieurement ou vers le tiers de fa longueur, elle eft échancrée d’un côté. Cette échancrure eft oblongue. On regarde cette glume ou baie comme la corolle. 30. Les étamines font trois en nombre. Le ftile de chacune eft court , l’anthere bifurquée fupé- rieurement ôc inférieurement. 40* Le piftille a deux ftils très-courts, qui porte chacun un ftigmate blanc en forme de plume. Ces ftigmates fe réunifient , l’un à droite , l’au¬ tre à gauche , de façon qu’ils entourent la fleur , ôc lui for¬ ment une efpece de courone. 5:0. Le péricarpe n’eft que la corolle qui enveloppe la graine. 6 o. La femence ou la graine eft oblongue de la longueur de la corolle dont elle fe détache. Elle porte fur fa partie fupérieure, une arête cylindrique, hériilée longitudinalement de très-petites pointes. Cette arête a quatre ou cinq pouces de longueur, elle fe courbe un peu à fa pointe lorfqu’elle eft nouvelle¬ ment développée , ôc s’étend en ligne droite lorfqu’elle eft plus avancée en maturité. ' Comme cette arête relie attachée fur le fommet de la graine lorfque cette graine eft dégagée de dedans la co¬ rolle, il lèmbleroit qu’elle appartiendroit plutôt à la graine qu’à la corolle , ôc qui demanderoit , fl les Botanif- tes fe déterminoient à adopter cette idée , que l’on fit quelque changement à ce fujet au caraêlère de Y ariflida . Ce que j’ai infinué plus haut. En comparant la defcription que je viens de faire de la fleur du tirfa , avec celles des fleurs de l’avoine, du rofeau & de Y ari flida qu’on lit dans l’ouvrage fur les genres des plantes donné par M. Linnæus , il feroit facile de s’apper- cevoir que le tirfa différé encore des ariflida de M. Lin¬ næus par fes anthères qui font doublement bifurquées, au lieu qu elles font Amplement oblongues dans les ariflida dontM. Linnæus parle. Le tirfa fe rapproche par confé- quent du rofeau par cette propriété encore plus que de 54 Mémoires sur différentes parties l’avoine, dont les anthères font bifurquées feulement d’urï côté , au lieu qu’ elles le font des deux côtés dans le rofeau. On s’appercevroit encore que les ftils du piftile du tir fa étant velues ou en plume, ôt recourbées, ce que M. Lin- næus ne dit pas des ftils des arijlida dont il parle, le tirfa le rapprocheroit par là davantage des deux autres genres de plantes , & fur-tout de celui du rofeau : mais comme le tirfa différé par beaucoup d’autres propriétés qui le rappro¬ chent du genre de Y arijlida, fur-tout par fa corolle qui eft univalve ôc terminée par une arête , j’ai mieux aimé placer cette plante fous le genre des arijlida, que fous celui de l’avoine , ou celui du rofeau. Peut-être feroit-il plus exaéf d’en faire un nouveau genre , ce que j’ai remarqué ci-def- fus, un nouvel examen de la fleur des arijlida connus pourra réfoudre ces difficultés. N’ayant point ces plantes, je n’ai pu les éclaircir, Ôt j’ai penfé que je devois plutôt placer le tirfa avec les arijlida , que d’en faire un genre particu¬ lier. On ne peut au refte douter qu’il ne foit une efpece de plante différente à plufieurs égards des arijlida dont parle M. Linnæus. Celle à laquelle elle reffemble le plus, eft l’ef- pece dont il eft fait mention dans Plukenet. La panicule de celle-ci fe répand comme les deux panicules du tirfa. Il feroit très-aifé de s’y méprendre , fi l’on ne fçavoit pas que les corolles de la plante gravée dans les ouvrages de Plukenet portent trois arêtes. Il peut cependant y avoir encore quelques différences entre les feuilles de l’une & de l’autre plante ; mais Plukenet n’ayant fait graver que la panicule garnie d’une feuille de la tige de celle qu’il a eue , il m’a été impoffible de rien décider à ce fujet, d’au¬ tant plus que cet Auteur n’a point donné de defeription de cette plante , & n’a point fait entrer dans le caractère fpécifiqije de cette plante quelques-unes des propriétés de fes feuilles. La fécondé efpece $ arijlida’, citée par M. Linnæus^ différé effentiellement du tirfa par fon port extérieur. Sa panicule ne fe répand point. Elle n eft, en quelque forte,’ qu’un des Sciences et Arts, 25: qu’un long épi , compofé de plufieurs autres petits épis , pofés alternativement le long de l’épi général. Outre cela les feuilles de cette plante font beaucoup plus larges que celles du tirfa , ôc que celles de l’autre efpece d ’ari/lida dont parle M. Linnæus, à en juger du moins par la feuille de la tige que porte la panicule gravée dans l’ouvrage de Plukenet. D’après ces obfervations , je crois qu’on peut regar¬ der le tirfa comme une plante dont les Botaniftes n’ont pas encore parlé , que les obfervations qu elle m a mis dans le cas de faire , peuvent fervir à conftater ou à corriger le genre d’ariflida , formé par M. Linnæus. Perfonne certai¬ nement ne peut mieux que ce grand Botanifte , fixer les idées à ce fujet. La fagacité qu’il met dans fes obferva¬ tions , l’ exactitude qu’il exige pour l’établiffement des genres , me font un fur garant qu’il verra avec plaifir les remarques que j’ai faites fur le tirfa. Quant on ne craint point, comme lui , de corriger' auffi fouvent qu il eft né- celfaire fes ouvrages , qu’on s’en fait même un devoir , ce qui eft le propre des hommes fupérieurs , on fe fert volon¬ tiers de ce que peuvent découvrir les autres. On tend a la perfection , fans s’embarraffer d où peuvent venir les lu¬ mières que l’on acquierre. Puiflai-je concourir à la per¬ fection de l’ouvrage que M. Linnæus a donné lùr les genres des plantes : ouvrage fi préférable a tous ceux qui ont paru jufqu’à préfent fur cette matière, 6c qui ne fera jamais critiqué qu’au détriment de celui qui entre¬ prendra cette critique. Je délirerais nie trouver fouvent dans le cas de faire quelques obfervations femblables a cel¬ les que je donne aujourd’hui. IUles nie feroient d autant plus agréables qu’elles parviendroient aux Botaniftes par la voie de l’Académie, Que ne puis-je , par le peu que j ai fait en Botanique , exciter ceux qui ont plus de connoif* fancesdans cette fcience que moi , qui ont une correfpon- dance avec les pays étrangers , plus étendue que la mien¬ ne , qui cultivent des jardins plus abondans en plantes j gue celui dont je peux jouir ; quenepuis-je^ dis -je, les exci- Tome /. D %<$ Mémoires sur différentes parties ter à faire part aux Botaniftes, des connoiffances nouvelles qu’ils augmentent tous les jours. Les Mémoires de l’Aca¬ démie font un moyen commode à cet effet. Ils ont été long-temps une fource dans laquelle les Botaniftes ont pu puifer abondamment des connoilfances utiles aux ouvra¬ ges qu’ils méditaient. Ces connoilfances étaient d autant plus précieulès 9 qu’elles émanoient de defcriptions détaillées des fleurs do oes plantes ? C’étoit entrer dans les vues de 1 Académie 9 que de donner ces defcriptions. C’étoit un des objets du travail quelle s’était , dès fon établilfement , propofé de remplir. Puilfecetufage fe continuer , du moins, pour les plantes nouvellement découvertes.La'*Botanique nepour- roit qu’y gagner y 6c les Mémoires de 1 Académie , en de¬ venir plus variés ôc plus utiles a differens genres de cu¬ rieux. . . . . Quelques luccès quayent les fouhaits que je fais ici pour la Botanique , je me ferai toujours un devoir de com¬ muniquer à l’Académie , ce que je pourrai connoitre de nouveau en ce genre , quand ce ne feroient que de nouvel¬ les efpeces de plantes, 6c que ces plantes ne feroient pas de nature à former de nouveaux genres, ou à en corriger quelques-uns. Je fuis perluadé qu elle agréeroit une lifte de plantes nouvelles avec autant de plailir que la fociété royale de Londres agrée celui des plantes les plus con¬ nues, ôc qu’elle inféré toutes les années dans le volume de fes Mémoires qu elle donne au public. Ces connoilfances feroient dues à l’Académie des Sciences , ôc les Botaniftes des Provinces de ce Royaume n auroient pas befoin d’a¬ voir fouvent recours à des ouvrages étrangers pour con- noître des plantes qui font fouvent connues depuis long¬ temps à Paris, 6c qui parviennent dans les Royaumes éloignés , même de la France , avant que les Provinces de ce Royaume en ayent connoilfance.. Si ces réflexions que le feul amour de la Botanique m a înfpirées ont leur effet, je me féliciterai de les avoir fai- , tes» Si elles deviennent inutiles pour les autres? elles me des Sciences et Arts; 27 ferviront du moins d’aiguillonpour travailler autant qu’il fera en moi, à effe&uer ce que je defire. Ce font même elles qui m’ont porté à donner les obfervations qui ont fait l’cbjet de cet écrit. EXPLICATION DES PLANCHES. Première Planche. Figure t. Tirfa repréfenté dans fon état naturel. Fig. 2. Calyce des fleurs, compofé de deux balle» qui finiffent chacune en une courte pointe ou arête. Elles font écartées l’une de l’autre, pour faire voir la fe- mence couverte de la corolle P & furmontée de l’arête qui la termine. Fig. 3. La graine groflie , chargée de la corolle qui eft hériffée de petites pointes vues à la loupe. Fig. 4. La graine dégagée de la corolle , ôc groflie pour faire voir les petits poils dont elle eft garnie à fa par¬ tie inférieure. L’arête y eft attachée , quoiqu’elle foit dé¬ pouillée de la corolle. Fig. 7. La graine groflie, enveloppée de la corolle,' dégarnie de poils pour qu’on en diftinguât plus aifément l’échancrure quelle a vers le haut , & qui facilite la for- tie de la graine. Deuxième-Planche, Figure 1. Panicule du tirfa , d’une grandeur plus ap¬ prochante de fa grandeur naturelle , que celle qui eft re- préfentée dans la première planche : on ne l’a ainfi repré- fentée, que pour qu’on diftinguât plus facilement la pofi- tion des fleurs a, <2, <2, a, a, a; la panicule b , qui n’eft pas développée , & l’efpece d’écaille c qui eft au haut des guaines des feuilles. T\ •* 28 Mémoires sur différentes parties Fig. 2. Panicules fecondaires, chargées de fleurs. Les trois Etamines font marquées en d : on voit aifément quelles fe bifurquent des deux côtés , au moyen de ce quelles font groflies. Ene, eft repréfenté une de ces éta¬ mines qui a perdu fon fommet , ôc qui eft contournée en une efpece de fpirale ; figure quelle prend en fe defle- chant. En f eft repréfenté l’efpece de petite couronne , formée par les deux ftigmates du piftille , lefquels embraf- fent la fleur en fe portant l’un à droite , Ôc l’autre à gau¬ che. On diftingue en g , ce même piftille , formant auflî la couronne , ôc accompagné d’une étamine contournée. L’arête de la femence eft marquée par les lettres h, h, h, h, k, on ne l’a repréfentée ici , que pour en faire remarquer la grandeur ? qui eft confldérable. des Sciences et Arts. 29 XXXXXXXX»XXXXXXXXXXXX XXX TROISIEME MEMOIRE Sur des os fojjile s d'animaux terrefires. IL y a une vingtaine d’années qu’on fît , aux environs d’Etampes , ville fituée à douze lieues de Paris , fur la grande route d’Orléans , la découverte d’une quantité confidérable d’os ôt de cornes foiïiles qui peuvent avoir rapport avec ceux que l’on a trouvé dans quelques en¬ droits de l’Allemagne. Ceux d’Etampes font , à ce que je crois , les premiers de cette forte que l’on ait découvert en France. Cette découverte fut faite par un carrier oc¬ cupé à brifer des roches de grais , pour en faire du pavé. Ayant commencé à rencontrer de ces fofliles entre, 6c même deffous quelques-unes des roches qu’il exploitoit , il continua plusieurs années à en trouver , de façon qu en¬ fin il en avoit fait un amas tel , que frappé de la vue de ces os , 6t s’imaginant continuellement être au milieu d un cimetiere , idée qui lui devenoit importune , il fe déter¬ mina à enfouir ces os, & à entafler delfus les recoupes des pavés qu’il faifoit. La découverte de ces os, qui pouvoît être intéreffante pour l’hilloire naturelle , devenoit par-là inutile , ôt elle auroit même été entièrement perdue fi , dans les fouilles que cet ouvrier étoit obligé de faire, il ne fe fut rencontré deux os qui, par leur groffeur ôt leur longueur , attirèrent l’attention de quelques perfonnes d’Etampes qui fe ren¬ contrèrent dans cet endroit , ôt qui en emportèrent un. L’autre fut lailfé dans la carrière , ôt enfuite brifé par des enfans qui s’en amuferent. Ce qui devoir le faire confer- ver, fut caufe de fa deftruêtion. Cet os étoit entier , à en juger par la portion de l’autre qu’on a confervé , 6c qui pa- roît être la moitié de cet os : l’un 6c l’autre pouvoient 30 Mémoires sur différentes parties avoir trois pieds de longueur , fur trois ou quatre pouces d’épaiffeur. M étant, quelque mois après qu’on eut dé¬ couvert ces deux os, trouvé a Etampes, on me parla de celui qui étoit confervé , & de la perfonne qui lepoffédoit. Cette perfonne voulut bien s’en défaifir a ma de¬ mande. Je reconnus aifément cet os pour être Foflile. Quand il n’auroit pas eu cette confiftance tendre ôc fragile que la plupart de ces os prennent à la longue dans la terre , de petites dendrites noires radiées qui forment les petites taches dont il eft parfemé, m’auroient prouvé que cet os avoit féjourné dans la terre. Je voulus cependant voir le lieu où l’on prétendoit qu’il avoit été trouvé, & faire enlùite fouiller pour tacher d’en découvrir de nouveaux. Des côtes ôc des vertebres que le carrier tira de terre de¬ vant moi , me perfùaderent qu’il n’y avoit aucun doute raifonnable à avoir fur l’endroit où 1 on affuroit que les gros os avoient été enfevelis , quoiqu il ne nous arriva pas d en découvrir de femblables. Le carrier m alfura meme n’en avoir jamais rencontré d’autres aulïi gros dans le grand nombre de ceux qu’il avoit trouvé. De retour à Paris , j’eus l’honneur de faire le rapport de ce que j’avois vu à feu M. le Duc d Orléans , ôc de lui préfenter ceux de ces os que j’avois apporté. Ce grand Prince que la protection qu il accordoit a mes recherches* m’obligera de nommer fouvent dans les Mémoires que je pourrai donner , fentit l’importance de cette découverte pour les conféquences qu’on en peut tirer. Il approuva l’idée où j’étois de faire rouvrir le trou où le carrier avoit enterré le tas qu’il avoit , à la longue , formé de ceux qu il avoit fucceflivement découvert. Cette fouille étoit d au¬ tant plus intérelfante , que le carrier affuroit avoir trouvé des têtes entières. L’on ne put lui perfuader de la faire ; il prétendoit qu’il y avoit à craindre une chûte fubite de quelques roches , l’état de la carrière étant alors autre qu’il n étoit lorfqu’il fît le trou où il avoit jetté tous ces os. On n’a pu l’engager qu’à être attentif à ramaffer ceux. des Sciences et Arts. ji qu’il trouvoit dans le cours de fon travail. Celt de ces os dont il s’agira dans ce Mémoire ; & quoiqu’il eut été à fouhaiter , pour jetter plus de jour & de certitude fur l’o¬ rigine de ces os , que l’on eut découvert des têtes, les dif- férens os , les cornes & quelques parties de mâchoires que l’on a eus , méritent cependant qu’on les falfe con- noitre : on pourra par ce moyen , avoir quelques idées des animaux auxquels ils ont pu appartenir. Je fis voir en 175 1 , à l’Académie , le plus gros de ces os , & quelques-uns des autres : l’Académie ne décida point la queftion qui regarde les efpeces d’animaux dont ils ont fait partie. Aulli ell - il dit , dans l’Hiftoire de l’Académie pour l’année 1761 , page 3 6, que j’y avois fait voir un gros os fojjile , trouvé aux environs d’Etampes. Je fus chargé, par l’Académie , d’examiner avec foin ces os , & d’éclaircir ce qui pourroit regarder leur Hif- toire. Je travaillois à remplir les vues de l’Académie , lors¬ que je lus avec furprife dans le Mercure du mois de Sep¬ tembre 1754, Pag* I44- & Vivantes, une lettre fur la dé¬ couverte de ces os. L’auteur de la lettre s’y exprimoit ainfi. «J’ai donc été vérifier vos conjectures fur cette » Renne, & voilà ce que j’ai remarqué : fon cadavre étoit » à mi-côte fous une roche, dans un lit de fable gris, d’en- » viron trois pieds. Ce lit eft recouvert d’un autre de » pareil épaiffeur , mais de terre rouge , furmonté lui- » même d’une couche de terre végétale , encore plus » épailfe que ces deux premiers lits. Toutes ces couches » n’ont fouffert aucun dérangement , comme il ferok » arrivé dans le cas que vous fuppofez;au contraire, les cou- » ches ont confervé très - diftinclement , dans leur épaif- » feur , les formes des filions qu’ont dû leur imprimer les » vagues : en outre qui a pu faire venir de la Laponie » cette renne, laififer fes os dans nos terres, & les confondre » avec quelques os d’hipopotame , qui ont été décidés tels » par Mrs. de l’Académie Royale des Sciences, & qui ont » été trouvés fous la même roche ? 52 Mémoires sur différentes parties Je fus très-furpris , je l’avoue , a la lecture de cette lettre , de ce qu’on faifoit dire a 1 Académie. Elle n a , comme je l’ai dit , rien décidé fur ce qui peut regarder l’Hiftoire de ces os , & il le paroît bien par ce qui a été rapporté dans fon Hiftoire fur ces folliles. Il eft vrai qu’il y fut parlé du rapport qu’il pouvoit y avoir entre legros os fofïile ôc ceux de cette groffeurdel hipopotamej de même que de la reffemblance qui pouvoit fe trouver entre les cornes foffiles ôc celles de la renne. Mais il ne fut rien établi de précis , ôc rien conftaté. Il falloit faire un examen plus recherché ôc plus approfondi de ces folll- les , pour déterminer ce qu’on pouvoit en penfer 5 ôc je fus , comme je viens de le dire , chargé de faire cet exa¬ men. L’auteur de la lettre , qui a fçu ce qui s étoit paffé a l’Académie, a pris les doutes de l’Académie pour des dé- cilions.Cette méprife n’eft pas ce qu’il y a deplusfingulier dans cette lettre. C’eft ce que 1 auteur dit de fa ^prétendue renne. Il femble, à la façon dont il s énonce, qu il a trouvé un fquelette de cet animal , tout entier , ôc bien confervé. Le carrier qui a fait cette découverte , m a alluré n avoir jamais rencontré que des os féparés les uns des autres . ôc ceux que j’ai moi-même tiré des fables 1 étoient aulfi. Ces os étoient entre les efpaces que les roches de grais lait foient entr’ elles , ôc l’amas trouvé fous une roche par le carrier , étoit compofé d’os mêlés les uns avec les autres. Je ne fçais donc ce qui a pu faire dire a 1 auteur de la lettre, que l’on a trouvé un cadavre de renne. Cette erreur s’eft multipliée. Elle a palfé dans quel¬ ques ouvrages fugitifs.Elle eft rapportée dans celui qui eft intitulé Mélanges d’Hiftoire naturelle, page 419 } du fé¬ cond volume. Elle a déjà été refutée fur ce que j ai dit a l’auteur des Mélanges intéreflans ÔC curieux , ou abrégé d’Hiftoire naturelle , ôcc. ou plutôt cet auteur a relevé la facilité avec laquelle on adopte certaines idées , lorfqu el¬ les font préfèntées avec un air de certitude , ôc avec un ton qui en impofe , ôc qui eft très-propre a faire palier les opinions les plus fauffes ôc les moins bien établies» C eft i f nous des Sciences et Arts. 33 peur détruire cette erreur que je me fuis enfin déterminé à donner les obfervations que j’ai faites fur les os foffiles en queftion , & remplir ainli la tâche que l’Académie m’a impofée. Les grefferies où fe font trouvés ces os, font placées fur une côte de montagnes qui dominent la vallée de Brieres les Scelés , & qui eft du côté de la maladrerie , appellée Saint - Lazare. Elles font peu éloignées de ce dernier endroit. Les montagnes qui forment cette côte, font compofées, en général, de la même façon que les autres montagnes des environs d’Etampes , & dont j’ai donné la defeription dans mon Mémoire fur les Pou- dingues; c’eft- à-dire, qu’ après la terre labourable , il y a du tuf qui eft fuivi d’une malfe de fable, où fe font for¬ mées des roches de grais. C’eft entre ces roches de grais que l’on rencontre les os en queftion. Ils y font féparés les uns des autres , ôc mêlés à un gravier ou petites pierres qui femblent avoir coulés des lits fupérieurs entre ces ro¬ ches. C’eft fous une de ces roches que le carrier m’a dit avoir trouvé la plus grande quantité de ces os. Ils y étoient amoncelés fans ordre , & pêle-mêle. Il prétendoit même avoir rencontré , dans l’intérieur d’une roche , une tête humaine. Ces os , comme on le verra par la defeription que j’en ai faite , font de différens animaux. Quelques-uns de ces os font peut-être des os humains ; mais le plus grand nombre ont appartenu à des efpeces de bêtes fauves du genre des cerfs , à des dains , des biches , ou à des cerfs même ; Ôc je ne crois pas qu’il faille avoir recours à la Laponie , comme a fait l’auteur de la lettre dont j’ai f>arlé , jpour avoir des animaux qui fournilfent des os ana- ogues a ceux qu’on a trouvé. En effet , la comparaifon que j’en ai faite avec les os d’une biche , m’en ont con¬ vaincu. J’ai trouvé ce fecours dans la bonté avec laquelle M. le Duc d’Orléans a daigné me continuer la proteêlion que feu S. A. S. m’avoit accordée. Il a fuffi de lui repré- fenter que j’avois befoin de quelqu’un des animaux de Tomel. E 34 Mémoires sur différentes parties cette forte , pour que j’aye eu auffi-tôt une biche à ma difpofition. Il m’a été facile , par l’ufage que nous faifons pour notre nourriture de plufieurs autres animaux, de me procurer d’autres os qui puffent m’éclairer fur l’efpece de quantité d’autres ; & il m’a paru que ceux-ci étoient des os de moutons , ou de quelque animal de ce genre. L’os fur lequel il eft plus difficile de fe décider , eft celui que l’auteur de la lettre dit avoir été déterminé un os d’hip¬ popotame. rlufieurs auteurs ont en effet foutenu que des os fem- blables , trouvés dans des cavernes , étoient d’hippopo¬ tame ; plufieurs autres ont regardé ces os comme ayant appartenus à des éléphans. Mais quelles difficultés ne trouve-t-on pas à réfoudre dans l’un & l’autre fentiment ? Comment expliquer dans le premier la réunion, dans le même endroit des os de cerfs , de dains ou de biches, & ceux d’hippopotame ; & dans le fécond celle de ces mê¬ mes os avec ceux d’éléphant. L’hippopotame eft un ani¬ mal qui vit fur les bords des grands fleuves , ou fur ceux de la mer. Comment eft-il arrivé que les os d’animaux qui vivent dans les forêts , & ceux d’un animal qui vit fur le bord des eaux , ont pu fe trouver réunis dans le même endroit ? Il feroit plus naturel de rapporter ces gros os, à ceux de l’éléphant : mais d’où font venus ces élé¬ phans ? le pays que nous habitons , a-t-il jamais eu de ces animaux ? Des auteurs ont eu , pour réfoudre ces difficul¬ tés , recours aux guerres que les Romains ont faites aux peuples qui habitoient les pays où l’on découvre mainte¬ nant de ces os. Mais les Romains ont-ils jamais amené à la fuite de leurs armées une affez grande quantité de ces animaux , pour qu’on en trouva ainfi des os dans différens endroits ? L’Hiftoire même nous apprend-elle qu’ils en amenaffent. L’on fçait,du moins on le conjeélure, que Céfar a paffé près d’Etampes ; mais elle ne nous dit point que ce foit à Etampes j & quand ce feroit à cette ville même qu’il eut paffé , quelle raifon auroit-il eu de faire en¬ terrer un éléphant dans l’endroit où l’on trouve mainte- des Sciences et Arts. ^ _ 3$ nant les os dont il s’agit ? Ce fentiment me paroit infou- tenable; auffi a-t-il été abandonné par plufieurs Naturalif- tes. D’autres Ecrivains ont remonté à des temps plus recu¬ lés , pour trouver l’explication de ce fait. Ils ont voulu que ces os ayent été enfevelis dans le temps que la terre a fouffert un changement confidérable dans fa compofi- tion,& ils ont prétendu que la terre avoit fouffert quelque changement dans fa pofition. Selon cette fuppofition , les pays du nord ont pu , avant ce changement , avoir des animaux qui ne vivent maintenant que dans les pays chaux. Par cette fuppofition , ils expliquent , non-feule¬ ment ce qui regarde les os fofliles dont il s’agit , mais les coquilles fofliles , & autres corps marins dont nous trou¬ vons déjà quelques analogues dans les mers des Indes. On explique bien dans ce fentiment ce qui regarde les os des poiffons mêlés avec les coquilles * ou difperfés dans les pierres , ôt l’on rendroit également raifon au dé¬ pôt des os des quadrupèdes , fi ces os fe trouvoient ainfi difperfés ou mêlés avec des coquilles. Mais ces os font toujours entaffés dans des cavernes. Pourquoi auroient-ils été ainfi dans un bouleverfement général, amoncelés dans de femb labiés cavités des montagnes , plutôt que les autres corps qui ont été enfevelis dans la terre ? Dira-t-on avec quelques auteurs , que les cavernes où l’on trouve ces os étoient des repaires où les animaux fe réfugioient , ôc où ils venoient mourir ? Mais dans la fuppofition du chan¬ gement de la pofition de la terre , les terres de notre con¬ tinent, qui font maintenant découvertes, étoient ca¬ chées fous les eaux , par conféquent les animaux terreftres ne pouvoient pas s’y trouver ; & fi l’on infifle , en difant que ces terres n’étoient pas toutes ainfi recouvertes des eaux , que ces amas d’os étoient faits lorfque la terre a changé de fituation, on répondra qu’il falloit que l’Italie, la France , l’Allemagne , la Pologne & la Sibérie fuffent alors entièrement ou prefqu’entierement découvertes , ôc dès-lors le changement arrivé à la terre, devient difficile à expliquer. 3 • • Fij Planche II. Fig. 11. Planche III. Fig. i,i, 3- 44 Mémoires sur différentes parties remarquer toutes ces petites différences, afin de paffer à la defcription des os de la poitrine. Les côtes. Les côtes qu’on a découvertes, varient beaucoup par Planche I. leurs dimenlions. Il y en a qui ont jufqu’à un pouce quatre 8 ’ lignes de largeur, fur une longueur que je n’ai pu déter¬ miner, aucune de ces côtes n’étant entières ; mais il y a des morceaux de plus d’un pied de long , d’autres n’ont que fix , fept, & huit lignes de largeur. Celles-ci font un peu moins épaiffes que les autres; elles font creufées dans leur milieu , ou dans la partie inférieure d’un fillon affez large , qui étoit , fans doute , l’elpeee de canal où les vaiffeaux étoient couchés. Toutes ces côtes font applaties , ou plu¬ tôt convexes en dehors , & concaves en dedans ; d’autres font demi-rondes. De celles-ci, les unes n’ont que cinq à fix lignes d’épaiffeur , d’autres fept à huit , & d’autres treize à quatorze. Ces côtes avoient inférieurement & intérieurement une rainure pour le paffage des vaiffeaux , rainure qui les empêchoit d’être rondes. Aucune de ces côtes, n’étant entière, la plupart manquoit des apophy- fes qui fervent à leur emboîtement avec les vertebres. Quelques-unes avoient ces apophyfes , dont une eft arron¬ die en tête, & l’autre applatie, ôt un peu cave en deffus. Elles font féparées l’une & l’autre par une finuofité. Dans des côtes, l’apophylè arrondie fe diftinguoit en deux faces prefque égale , par une finuofité qui la coupoit fuivant fa largeur. Une de ces faces , l’intérieure, eft un peu cave,& fait ainfi une cavité glenoide ; l’autre face , l’extérieure, eft arrondie. Dans d’autres côtes, l’on remarquoit bien en général les mêmes choies ; mais les apophyfes étoient moins de côté que dans les premières. La cavité de l’apo- phyfe applatie étoit encore plus fùperficielle,& plutôt une lùrface plate & circulaire: dans d’autres cette furface étoit bien platte , mais oblongue. L’apophyfe arrondie varioit aulli, ces faces étoient plus ou moins arrondies, ou plus ou moins caves : enfin ces variétés fe trouvoient fuivant ap¬ paremment que les côtes étoient d’une partie plus ou moins élevée de la poitrine , ôc que leur articulation avec des Sciences et Arts. les vertebres, demandoient l’une ou l’autre ftru&ure. Quelques-unes de ces vertebres font allez bien confer- vées. Une eft, en quelque forte , applatie en-deffus, & an¬ gulaire en-delTous. Elle finit en une longue apophyfè épineufe, comprimée latéralement, & un peu fupérieure- ment. A l’origine de cette apophyfè, & en-delïus, font placées obliquement de devant en arriéré, deux cavités circulaires très-fuperficielles ou glenoïdes. Ces deux ca¬ vités font féparées par une finuofité qui fuit leur obliqui¬ té. Le corps de la vertebre eft circulaire. Sur ces côtés ont dû être deux apophyfes en forme d’apophyfes tranfi- verfes ; mais il n’y en a que quelque refte. Elles font plates en-deffus , & un peu creufées en cavité glenoïde , un peu penchées dans le fens oppofé aux premières. Le corps de la vertebre eft percé d’un grand trou oblique qui a laiffé paffer la moele épiniere. Une autre vertebre eft conique : fa partie Supérieure, qui peut être regardée comme la bafe de ce cône , eft coupée obliquement , il s’élève au milieu de cette bafe , dans la même direêtion , une crête en forme d’apophyfe demi-circulaire. Poftérieurement le corps de la vertebre eft creufé longitudinalement de deux longues finuofités un peu circulaires , dont les bords externes forment une crête de chaque côté : les internes, en fè réunifiant, don¬ nent naiffance à une troifiéme plus épaiffe, plus élevée, & placée au milieu de la vertebre. Ce corps s’applatit un peu latéralement , & forme ainfi une efpece d’apophyfe épineufe qui doit être de peu de longueur , à en juger par ce qui refte. Les côtés de cette apophyfè font percés de quatre trous qui communiquent les uns dans les autres, & que l’on pourroit regarder comme un feul qui auroit plu- fieurs ouvertures. Deux de ces ouvertures font extérieu¬ res , l’une placée antérieurement, eft demi -circulaire , ôc la plus grande: l’autre, fituée poftérieurement, eft ovale, moins grande que la précédente. Les deux autres font in¬ ternes. Une qui eft circulaire , ôt moyenne en grandeur entre les deux premières , s’ouvre dans le grand trou mé- Les vertè¬ bres. Planche ÏV. Fig. io. Ibid. Fig. Planche IV. Fig. i. 8c i. Ibid. Fig. 8. L’omoplate. Planche I. Fig. Mém&ires sur différentes parties dullaire. La deuxieme eft aulïi circulaire , mais la plus pe¬ tite de toutes. Elle pénétre la fubftance de la vertebre , ôc plonge de haut en bas. Une troifiéme forte de vertebres eft armée d’apophyfes épineufes , tranfverfes ôc obliques : le corps de ces ver¬ tebres fe peut divifer en deux parties , en tête 6c bafe. La tête eft arrondie dans une fituation oblique 6c oppofée à l’apophyfe épineufe. La bafe eft large , concave , de ma¬ niéré qu’il y a trois cavités : la plus conftdérable eft au mi¬ lieu, ôc tient prefque toute la bafe. A côté de celle-la en font deux autres , chacune d’un tiers ou environ de diamètre de celui de la grande : elles font aulïi moins profondes ; ainli on peut regarder la première comme une cavité cotyloï- de , ôc les deux autres comme des cavités glenoïdes. La levre extérieure de la bafe eft antérieurement creufée de deux finuolités , dont les côtés font garnis de petits tuber¬ cules. Les apophyfes tranfverfes font courtes : elles pa- roilfent un peu échancrées dans leur milieu : il y en a une de chaque côté. Les apophyfes obliques font quatre en nombre , deux fupérieurement , 6c deux inférieurement : elles font applaties dans un fens oppofé , 6c de face , l’a- Ïiophyfe épineufe eft mince , triangulaire , applatie par es côtés 6c la plus longue de toutes , ayant bien un pouce ôc demi de long, fur un pouce de large à fon origi¬ ne , les autres n’étant que d’un demi-pouce ou un peu plus de longueur , fur une largeur moins conftdérable. Un os qu’on pourroit croire des vertebres, eft circulaire fans apophyfes ni trou médullaire : fon corps eft applati en-deflfus ôc en-deffous. Il eft extérieurement creufé dans Ùl circonférence , ôc cette cavité occafione un bord fupé- rieur ôc un inférieur, qui eft comme faillant. Cet os eft une poulie d 'humérus. Il a un pouce de haut , fur un demi-pouce de large. Il y eft inférieurement refté une pe¬ tite portion de l’humerus. L’ordre demande qu’après avoir décrit les os de la poi¬ trine, je parle de l’omoplate. Quoique l’on n’ait trouvé qu’une portion de cette partie , il eft cependant très- des Sciences et Arts. 47 aifé de la reconnoître. Sa courbure , la longue apophy fe qui la traverfe dans fa longueur , qu’on appelle l’Epine , les cavités fus & fous épineufes, le col & la cavité de ce col , enfin le total de cette portion démontrent qu’elle en eft une d’une omoplate. Elle n’a pas dû être d’un ani¬ mal confidérable , puifque la portion qu’on en a n’eft que de quatre pouces de long, & que la partie qui s’élargit commence déjà à le faire dans cette portion. La ca¬ vité du col n’a que quatorze lignes de diamètre. Au-def- lùs de ce col eft une apophyfe arrondie qui fe recourbe un peu en-dedans : elle eft féparée du col par une finuo- fité. Cette apophyfe eft peu confidérable par fa grolfeur ; elle eft féparée en deux par un fillon. Depuis ou environ la moitié du bord externe de la cavité , jufques vers la moitié de la partie inférieure , ou fous épineufe , s’étend une crête qui , avec le rebord ou la levre inférieure de l’omoplate , forment une finuofité qui eft coupée lon¬ gitudinalement par une autre crête moins grolfe , moins arrondie, aiguë même, qui divife en deux cette finuofité. Enfin , fi la furface extérieure de cette omoplate eft lî hériffée d’élévation , comme c’eft l’ordinaire, l’interne eft unie , lifle & un peu courbe. Après la defcription de l’omoplate , il eft naturel de palfer à celle des os de l’extrémité fupérieure , & de com¬ mencer par décrire celui qui s’articule avec cette partie. On n’a trouvé qu’une portion de cet os ou de l’ humérus : cette portion eft de cinq pouces de long. Sa partie moyenne a quelque rondeur , l’inférieure eft un peu appla- tie par fes cotés , fe contourne de dehors en-dedans-, & fe divife , en quelque forte , par devant en deux parties , qui , fe grolfi fiant infenfiblement par en bas , forment les tube- rofités externes & internes. Cette divifion occafione, en- devant, une grande & profonde cavité , qui a près d’un pouce & demi de long , fur environ neuf lignes dans fa plus grande profondeur. Le commencement de cette ca¬ vité s’étend fur le corps de l’os de dedans en dehors , & n’y forme qu’une finuofité feperficielle» L’Humerns; Planche V. Fig. J. Le cubitus ou l’os du coude. Planche V. Fig. 4* 4,8 Mémoires sur différentes parties La tête externe de la partie inférieure de l’os , eft la plus groffe : elle a un pouce & demi de large, l’autre eft d’environ quatorze lignes dans cette dimenfion. Ces deux têtes ont extérieurement & latéralement une petite cavité dans leur milieu. Elles font féparées l’une de l’autre par une crête qui, en fortant beaucoup , forme de part & d’autre, une efpece de poulie. Ces poulies finiffent anté¬ rieurement , l’une dans la cavité antérieure dont il a été parlé , l’autre à de légères finuofités ; poftérieurement la première fe termine dans une finuofité conlldérable , qui eft formée par le corps de la grande tubérofité, ou de la tête la plus groffe, & par le bas du corps de l’os : la fé¬ condé finit au haut de la petite tubérofité , & femble fe courber tranfverfalement, & fe confondre dans la grande cavité poftérieure , de forte que l’on peut dire , en géné¬ ral , que ces poulies tournent autour des tubérofités qu’el- les ceignent, & qu’ elles fe terminent de part & d’autre dans de grandes cavités. Intérieurement & à environ deux pou¬ ces & demi de l’extrémité inférieure de l’os, là où il com¬ mence à fe divifer , & au haut de la portion , qui forme la petite tubérofité , il y a un petit trou oblique , dont la finuofité regarde le haut de l’os. Le cubitus ou l’os du coude eft courbé de devant en arriéré, creux poftérieurement , applati par les côtés, ar¬ rondi en devant & dans fon milieu, comprimé à fes extré¬ mités , ôc fur-tout à l’extrémité fupérieure qui s’étend du côté externe. Cette prolongation reçoit le haut du radius. Les extrémités du cubitus font très-irrégulieres , leurs cir¬ conférences font hériffées de plufieurs tubérofités. L’ élé¬ vation de ces tubérofités fait que la furface horifontale des extrémités eft un peu concave , ôt qu’il y a entre elles- mêmes de petites finuofités. La plus confidérable de l’extrémité eft pofée poftérieurement au milieu & à la levre fupérieure d’une cavité fémilunaire , creufée tranf¬ verfalement fur la tête de l’os. Cette cavité reçoit une tubérofité du radius. La plus grande finuofité de l’extré¬ mité inférieure du cubitus , eft pofée poftérieurement , prefque des Sciences et Arts. 45 ■prefque dans le milieu de cette extrémité , ôc vis-à-vis de la finuofité ruperiicielle qui eft dans la longueur de l’os , & dans l’applatiffement qu’il fouffre de ce côté. Je n’ai point vu de trous pour les vaiffeaux. Je crois que celui qui, dans les os frais, fe trouve vers le tiers de la longueur de l’os , étoit aboli dans l’os foflile par l’union qui s’étoit faite du radius avec le cubitus. On voyoit feule¬ ment à la crête de la tête fupérieure , trois petits trous qui ne parodient pas pénétrer dans la fubftance de l’os. Ces trous s’obfervent aufïi dans l’os frais , & de même que dans le fec , il y en a deux plus apparens que le troi- fiérne. Le radius n’étoit pas entier dans l’os fec. Il n’y avoit Le radius: •qu’une portion du corps de cet os, & encore étoit-elle Planche IV. très-imparfaite. Elle formoit, au cubitus , une efpece de Fig. .4, a. .crête aiguë qui, avec le corps de l’os, occafionnoit exté¬ rieurement une rainure profonde dans prefque toute la longueur du corps du cubitus. Lorque le radius eft entier, il -finit à fon extrémité fupérieure en une tête ou tubéro- fité confidérable , applati par fes côtés. On a trouvé parmi les osfecs que je décrits, une femblable tubérolité, qui probablement n’étoit pas du radius dont je parle ; mais qui a , fans doute , appartenu à un os femblable. Cette tubérolité , ou plutôt cette extrémité fupérieure du radius eft courbée de dehors en - dedans , de façon qu’elle eft intérieurement un peu concave , ôc extérieure¬ ment convexe. L’applatiflement latéral de cette partie fait qu’on peut la divifer en furface externe ôc interne, & en côté antérieur ôc poftérieur. La furface externe porte fu- périeurement une tubérolité , l’interne eft unie. Le côté poftérieur eft fans éminence ni tubérolité. L’interne, qui peut fe fousdivifer en partie fupérieure ôc inférieure , en. fait voir trois dans, cette derniere partie. La première eft aiguë ôc baillante : la fécondé eft étendue, large & rentran¬ te, de forte que dans l’endroit où fe fait , en quelque fa¬ çon, le point de réunion, il y a une efpece d’avance ou de tubérolité , qui faille en dehors, ôc qui eft une de celles Tome J. ' G Le Tibia Planche HI. Fig. 9- 50 Mémoires sur différentes parties que j’ai alignées à la portion inférieure de ce côté. Le® deux autres font vers le milieu de fa longueur , & à peu près fur une même ligne horifontale. Celle qui eft à l'exté¬ rieur eft un peu plus grolfe ôt plus baffe que l’interne. Ces deux tubérofités font féparées l’une de l’autre par une. petite finuofité , au bas de laquelle il y a un enfoncement ou cavité fuperficielle. C’efl la tubérofité externe qui entre dans la finuofité de la tête fupérieure de l’humerus dont j’ai parlé en décri¬ vant cet os. L’autre porte , fur une partie fuperficielle- ment ôt latéralement creufée de cette même extrémité. Celle du radius , que je décris, avoit environ cinq pouce® de longueur , fur un & demi dans fa plus grande largeur. Ce font ces dimenfions qui m’ont fait dire plus haut que je ne penfois pas quelle eut appartenu au radius dont j’ai donné la defcription. Elle eft prefque des deux tiers de fa longueur , au lieu que dans les os frais cette partie n a guère qu’un tiers de la longueur total de cet os. Ainfi le radius , auquel cette extrémité a appartenu , devoit avoir quinze pouces de long ; au lieu que le radius que j’ai décrit ne pouvoit, tout au plus, n’en avoir que neuf, à en juger par la portion de cet os qui refte , ôt par la longueur du cubitus qui n’a guère lui - même que neuf pouces de longueur. Il ne me refte plus qu’à parler des os des extrémités in¬ férieures pour finir la defcription de ceux dont il s’agit dans ce Mémoire. Le plus intéreffant de tous eft , en quel¬ que forte , le gros os dont il a été parlé plus haut. Cet os eft un tibia, ou un os de la jambe. Il eft triangulaire : ces deux faces ont à peu près la même largeur. Elles ont , dans leur extrémité fupérieure, fept pouces ou environ de large : la face externe eft unie : l’interne eft divifée en deux portions par une crête longitudinale qui s’incline de dehors en-dedans. La face poftérieure , qui eft un peu creufe , n’eft pas fi unie que les deux autres. L’efpace qui eft entre la tête de cet os ôt la tubérofité oppofée à cette tête, eft enfoncé ôt plus creux que le refte. A un tiers des Sciences et Arts. y i de la longueur de cette face, on diftingue une crête légè¬ re , 6c de peu d’étendue. Un autre tibia , bien moins confidérable , a neuf pou¬ ces & demi de longueur. On peut le divifer en trois faces , comme le précédent ; mais ces trois faces font plutôt bom¬ bées que plattes. Elles s’élargiffent confidérablement par leurs parties fupérieures, la face externe fur-tout. Les deux autres s’applatiffent un peu , ou plutôt fe creufent vers le haut : celle-ci refte bombée. La furface de l’extré¬ mité fupérieure eft triangulaire, divifée en deux dans fon milieu par une petite rainure. Celle de l’extrémité infé¬ rieure eft comme étoilée : l’étoile eft formée par quatre tu- bérofités, dont deux font divifées en deux parties. L’épi- phyfe de cette extrémité s’enclavoit entre ces tubérofi- tés ; de même que celle de l’extrémité fupérieure s’encla¬ voit dans la rainure qui fépare fa furface en deux parties bgales, & dans des légères tubérofités difperfées fur cette furface. L’une ôc l’autre é piphyfe fe font détachées de ces fortes d’os. Le canon ou f os du pied que j’ai eu , a de longueur neuf pouces & demi. Il eft prefque cylindrique , applati cependant par fa furface externe , & un peu plus gros à fes extrémités que dans fon corps. De plus, l’extrémité infé¬ rieure eft également applatie , au lieu que l’extrémité fu¬ périeure conferve de la rondeur & eft plus groffe. La fur- face de l’extrémité fupérieure a tranfverfalement , ou de gauche à droite, un pouce dix à onze lignes de longueur, & à peu près autant de devant en arriéré ; de forte qu’elle eft circulaire , ou peu s’en faut. Elle eft creufée d’une finuofité fuperficielle , & large depuis fon milieu jufqu’au côté gauche , où elle eft plus étroite que vers le centre. Au côté droit eft une efpece de coulilfe ou échancrure, creufée dans le bord même de la furface. L’extrémité in¬ férieure eft terminée par une épiphyfe , en forme de dou¬ ble poulie , formée par une crête qui fépare en deux cette épiphyfe. Pour ne pas pouffer plus loin la defcription des os que j’ai pu avoir, je renvoyé à l’explication des figu- Planche V. Fig. i. Le canon ou l’os du pied. Planche V. Fig. 6- Bruckm Epijlol, iti- nerar. 37. cent. 1. Bruckm. BpiJtoL . iti- nerar. 34, 52 Mémoires sur différentes parties" res , ou j’en décrirai encore quelques-uns. Il fera plus inté- reliant de dire ici que la plus grande partie de ces os ont ap¬ partenus à des os de cerf, ou de quelques autres ani¬ maux de ce genre. Que quelques autres, comme peut être celui de la première figure de la quatrième planche , font d’un fquelette de mouton auxquels on pourroit joindre ceux des figures deux & trois de la même planche. Pour fe convaincre de cette vérité , il ne s’agit que de com¬ parer les defcriptions & les figures que j’ai données avec les os mêmes des uns ou des autres de ces ani¬ maux. Les découvertes d’os folliles femblablesà celle qui a été faite aux environs d’Etampes, font de ces curiofités naturel¬ les qui ont le plus exercé la fagacité des Naturaliftes. On n a pu voir des amas d’os entaffés pêle-mêle dans des caver¬ nes ou dans des antres dont l’ouverture elt bouchée depuis des fiécles immémorables , & qui font ouvertes de temps en temps , lorfque par hazard on vient à faire des fouilles ou des coupes dans les montagnes qui en recèlent dans leur fein ; on n’a pu , dis- je , voir de femblables amas, fans en chercher la caufe , 6t fans avoir produit plufieurs fyftêmes , qui font principalement dûs aux Naturaliftes de l’Alle¬ magne. En effet, lMllemagne qui femble avoir choifi entre toutes les parties de l’Hiftoire naturelle , préférablement a toutes autres , celle qui regarde les folliles , eft de tous les pays , celui qui nous a le plus fait connoître de ces fortes de morceaux finguliers , & qui conféquem- ment a le plus differté fur cette matière. C’eft par les Naturaliftes Allemands que nous avons connu la fameufe grotte de Bauman , qui eft peu éloi¬ gnée de Blackenbourg. L’on y trouve, félon Bruckman, des os connus fous le nom de licorne foffile,dont un grand nombre font enfevelis dans une matière de ftalac- tile , ou qui en font feulement incruftés. La grotte de Schartzfels , qui eft près de Cellerfeld ôc Nordhaufen , eft après celle de Bauman 2 une des principales , fuivant Je des Sciences et à’r h yy même auteur. Elle renferme de ces gros os que Ion cent.i&fup- a faulfement regardé comme des relies de fquelettes Pkm-P- *7- d’hommes monltrueux par leur grandeur , & qu’on pen- foit être de vrais géans. Quelque célébrés que ces grottes foient , à caufe de ce qu’elles renferment, elles ne méritent pas de l’être au¬ tant que les grottes des Dragons, près Marfleck, du Bmchn., Comté de Lypeze, petite province de la Hongrie: ces grottes prennent leur nom de ces os que l’on attribuoit à i. ' 7‘ des fquelettes de dragons. Suivant Bruckman , ces os font femblables a ceux que 1 on voit dans les antres de la forêt Hyrcinie , & que l’on regarde comme de la li¬ corne folfile. Ils font par tas dans les antres des dragons , & il y en a une fi grande quantité , qu’on pourroit ea charger des charrettes entières. Le Jefuite Gabriel Rzazynski parle auffi , d’après les R^. Hifi. Mémoires de Leipfic , de ces mêmes antres. Il dit qu’on tcr • natur • y trouvoit des fquelettes entiers, qu’on prenoit pour des j£. fquelettes de dragons. Ce même auteur raconte à peu près 2.46- Sundo- Ia même chofe d’une autre grotte qui porte le nom de mir ’ in'4°- grotte du Dragon, & qui ell du Comté de Schaphoufe,- IcL lbid' fur les confins de la Hongrie. Bruckman qui fait auffi ep£l£ mention de cette grotte fe tait fur ce qui regarde les os ner- 99- cmt. qu’on y voit. ' 1. L on ne peut difoonvenir que ces grottes , les derniè¬ res fur- tout , ne foient remarquables par le phéno¬ mène qu elles prefontent aux curieux ; mais aucunes meme celle des dragons , n ont rien d auffi particulier , & qui approche plus de ce qui a été trouvé aux environs d Etampes , que ce qu on a découvert près de Canftad , petite ville du Wirtemberg, à une lieue de Stoutgard.On y a rencontré des amas d os de toutes fortes de grandeur , de groffeur & de figure. L’écrit que M. Spleiff, Doreur- en philofophie & en médecine de Schaphoufe, nous a donné for cette matière, eff fi important pour ce qui re- garde le mien , que je n ai pu m’empêcher de rapporter Pa.^aSf J quoiqu un peu long, mais qui concerne a dénomination des os meme ; dénomination qui pourra David Splef- Jius œdipus ofteolitholo- g eus feuDif fert. Tïijtor. Phyf.de cor- nib. & ojfib. foffd. Canf tad, in- 40. Schaphus. 1700. Bourg. T raité des pétrificat. p. 942. tk fuiv. i/z-4d. Par. 174a. Î4 Mémoires sur différentes parties nous mettre en état de comparer ceux dont il s’agit ici avec ceux de Canftad. Je me fervirai de la traduction que M. Bourguet a faite de ce paffage,& qu’il a rapportée dans fa lettre fur un éléphant pétrifié , inférée dans fon traité des pétrifications. [Dans un lieu éloigné de mille pas de Canftad, le Séré- niffime Duc Everard Louis fit creufer dans une colline , depuis la fin du mois d’Octobre de l’année 1700 : l’on y trouva plus de foixante cornes ou des corps recourbés femblables à des cornes, depuis un pied jufqu’à dix pieds de long. On y rencontra encore un nombre prodigieux d’offemens fort grands , des mâchoires & des dents mo¬ laires , adhérentes aux mâchoires , & d’autres qui en étoient féparées, des os des épaules, des hanches , des cuiffes, du genou , des parties du crâne , des vertebres , le tout en¬ tièrement femblables aux os des éléphans. Outre cela le même endroit a fourni une quantité éton¬ nante d’oflemens médiocres de divers animaux domefti- ques , de fauvages , de rapaces & d’inconnus , des parties du crâne , des mâchoires , des dents machelieres , des mu- foires & des canines, des côtes , les os antérieurs & pofté- rieurs des vertebres , des os de tarfe , des pieds , des doigts , des ongles, ôt leurs noyaux. Tout cela étoit accompagné d’oflemens plus petits , pareils à ceux de différens animaux fauvages & domefti- ques, puis de très-petits, tels que le font ceux des rats & des fouris. Ils ont tous , non-feulement la figure de vrais os , ils en ont encore la ftrutiure organique , externe & interne.Leur fubftance n’eftplus offeufe fi vous n’exceptez plufieurs dents de pierres remplies & couvertes de mar¬ ne. Les autres os font prefque calcinés , & en partie pétri¬ fies; la plûpart caftes, épars, fans aucune adhérence entre eux. Du refte,il n’y en a point qu’on puifle comparer aux os d un homme , à moins qu’on ne voulut prendre les plus grands pour les os de géants. ] Quelques réflexions que M. Bourguet fait fur cette re¬ lation qu’il ne trouve pas aflez détaillée, font une des plus des Sciences et Arts. y ^ fortes raifons qui m’ont engagé à entrer dans le détail & la defcription circonflanciée qu’il defire. En effet , après avoir lu ce morceau curieux, on fe demande en¬ core fi il efl bien prouvé que ces os ayent réellement ap¬ partenu aux animaux dont on prétend qu’ils ont fait par¬ tie. Il falloit décrire ces os , afin que le curieux put aifé- ment les comparer avec ceux des animaux connus aux¬ quels SpleifT les attribue. Par là cet auteur auroit jetté un grand jour fur cette matière , & il auroit donné un écrit beaucoup plus intéreffant , quoiqu’il le foit déjà par lui- même. C’efl pour éviter ce reproche que j’ai entré dans un affez grand détail en décrivant ceux que je m’étoia propofé de faire connoître. Ce motif m’excufera, à ce que j’efpere , auprès de leéteurs qui n’aiment pas ces for¬ tes de defcriptions détaillées. Il feroit à fouhaiter que ceux qui nous ont parlé d’os foffiles en euffent toujours agi ainfi , quand ce n’auroit été que de quelques os trou¬ vés feuls ifolés ou enclavés dans des pierres. On n’auroit rien à défirer à ce fujet , par rapport à un os dont il efl parlé dans l’Hiftoire de l’Académie des Sciences , pour l’année 1743 , fi l’on eut pouffé un peu plus loin la def¬ cription qu’on en a donnée. Cet os a été trouvé à deux pieds de profondeur en terre dans une forêt qui efl entre Chalons & Tournus, en Bourgogne. Cet os, dit l’Hiflo- rien de l’Académie , « efl , félon toute apparence , un » grand fragment de l’omoplate d’un éléphant, ou de » quelqu’animal marin & cétacée ; mais le plus grand » nombre des connoiffeurs le juge être d’un éléphant. On feroit en état de lever le doute qui peut refier , fi la defcription qu’on lit enfuite eut été un peu plus étendue. Ce ne fera que par de femblables defcriptions qu’on pourra donner à ces découvertes le peu d’utilité qu’elles peuvent avoir, ôt qui ne confifle qu’à bien connoître les animaux auxquelles les os foffiles ont appartenu. Il efl parlé dans l’Hifloire de la même Académie, pour l’an¬ née 1738 , d’une portion d’os qu’on crut devoir regarder comme l’extrémité inférieure de l 'humérus de quelque Mem.del’À- cad. R. D.S. pag 49. de l’HiH ann. I745- Mém.derA~ cad.R.D. S. pag- 3d. de l’Hift. ann. 1738. Mémoires sur différentes parties grand animal différent de l’éléphant. Cette pièce d'os avoit été trouvés dans une caverne fur une montagne très-élevée, près de Bordeaux, appellée Sainte-Croix du Mont. Une defcription de cette pièce auroit rendu cette découverte plus intéreffante , Il fur-tout on l’eut accom¬ pagnée d’une figure de la portion de l’os. Ce défaut rend prefque inutile ce fait qui , félon l’Hiftorien de l’Acadé¬ mie, tireroit beaucoup à conféquence fi on pouvoit l’ap¬ profondir. Mém.del’A- Une autre obfervation rapportée aufii dans l’Hiftoire pag z'D'dê m^me Académie, a quelque rapport avec ce que l’HiiL ?ânn! j’ai dit au fujet des os trouvés dans les environs d’Etampes. 17ï9- w Dans la paroiffe de Haux, pays d’entre deux mers, à » demi-lieue du port de Langoiran, une pointe de ro- » cher, haute de onze pieds, fe détacha d’un coteau qui » avoit auparavant près de trente pieds de hauteur , & » par fa chute elle répandoit dans le vallon une grande » quantité d’offemens ou de fragmens d’offemens d’ani- » maux quelques-uns pétrifiés. Le plus grand nombre » font des dents , quelques-unes peut-être de boeufs ou de achevai; mais la plupart trop grandes ou trop groffes » pour en être , fans compter la différence de figure. Il y » a des os de cuiffes ou de jambes , & même un fragment a de bois de cerf ou d’élan ; le tout étoit enveloppé de a terre commune , & enfermé entre deux lits de roche. II a faut néceffairement concevoir que des cadavres d’ani- » maux , ayant été jettés dans une roche creufe , & leurs a chairs s’étant pourries, il s’eft formé par-deffus cet amas, a une roche de onze pieds de haut , ce qui a demandé une a longue fuite de fiécles. a S’il n’y avoit dans cet amas que des offemens d’ani- a maux marins, nous avons des inondations d’ailleurs bien a avérées , qui expli queroient aifément ce fait. S’il n’y a a que des offemens d’animaux terreftres , ce lieu aura été a peut-être quelque voirie. S’il y a un mélange d’offe- « mens marins & de terreftres , l’explication fera plus dif-< ficile. a des Sciences et Arts. yy Les vues que M. de Fontenelle propofe pour l’explica¬ tion de ce fait, doive faire fentir de quelle importance il eut été de décrire exactement ces offemens , & d’examiner- tous les autres foffiles qui peuvent s’être trouvés mê¬ lés avec eux. Ce fragment de cornes de cerf ou d’élan qu’on a reconnu , me porte à croire que les autres olfe- mens avoient appartenu à des animaux femblables, ou du moins à des animaux terreftres. On n’a pas encore décou¬ vert des os de poilfons & d’animaux terreftres réunis dans le même endroit, & mêlés confufément. Il me paraît que ceux qui en ont indiqué de femblables amas, n’ont pas été allez fcrupuleux dans l’examen qu’ils ont fait des uns ou des autres de ces os , & fur-tout de ceux qu’ils regar- doient comme ayant appartenus à des poilfons ou à des éléphans. Dans la fuppofition que tous les os découverts dans la paroilfe de Haux fulfent des os d’animaux terreftres, l’idée de M. de Fontenelle que l’endroit où ils étoient enfouis pourrait être une voirie, ne feroit pas fans vraifemblance , fi on n’y eut pas trouvé un fragment de corne de cerf ou d’élan. Si jamais on ouvre le terrein aux environs de Montfaucon , près Paris, on pourra y découvrir des amas d’olfemens différens, fur-tout de pieds de moutons : la ma¬ nufacture de colle , qui eft dans cet endroit , en fournit une très-grande quantité , que l’on jette dans les voiries qui font dans les environs de cette manufacture ; mais comme il eft inoui qu’on jette à la voirie des animaux du genre du cerf, il n’eft pas probable que l’endroit de la paroilfe de Haux , où l’on a trouvé des os , fut un lieu deftiné à rece¬ voir des animaux morts , & dont on vouloit fe défaire.1 J’aimerois beaucoup mieux rapporter ce fait à des céré¬ monies rellgieufes , comme je l’ai dit au fujet des os trou-* vés aux environs d’Etampes. En adoptant ce dernier fentiment, il fera plus naturel de penfer que l’on aura çreufé le coteau où les offe- mens de la paroilfe de Haux étoient renfermés, par le flanc jk. dans l’endroit où il étoit le plus facile à percer , que Tçme /, K Mém.del’A- cad. R.D. S. pag. zo p. ann, 1724. Mem.de l’A- cad- R.D.S. pag. joy. ami» 1717» 58 Mémoires sur différentes parties d’imaginer qu’il s’ eft formé par-deffus le lit de terre commune, un banc de roche de onze pieds de haut: peut' être auffi que cette roche n’étoit alors qu une fubftance tendre & facile à creufer , êc qu’on l’aura pénétrée juf- qu’au lit de terre pour mieux cacher ces os. L’on fçait que c’étoit une circonftance elfentielle dans les facrifices que l’on faifoit à la terre des différens animaux qu’on chaffbit pour ces facrifices. L’opinion que j’embraffe avec beau- coup d’autres Naturaliftes, eft exempte de toutes les diffi¬ cultés que les autres entraînent nécefîairement avec elles. G eft ce que j’aurai peut-être encore lieu de faire fentir un peu plus bas. Une découverte d’offemens fur la reflemblance def- quels il n’y a pas de difficulté à faire, & qui auroit du, a ce qu’il me paroît, faire revenir de l’idée où. l’on étoit,où l’on eft encore trop de nos jours, au ffijet des gros os foft files que l’on attribue à des fquelettes d éléphans , eft celle dont M. de Juflieu l’aîné nous a donné 1 Hiftoire dans^ les; Mémoires de l’Académie pour l’année 1724. Ce célébré Académicien avoit trouvé dans le territoire de Mont¬ pellier , au lieu qu’on y appelle la Moffon , parmi quan¬ tité de pierres figurées, des offemens de têtes ôc de pieds de gros animaux. M. de Juffieu ayant comparé ces offemens; avec ceux d’une tête 6c avec ceux des pieds d un hippo¬ potame qui lui avoient été envoyés du Sénégal, lont convaincu que les os foffiles avoient fait partie du fque- lette d’un pareil animal. Je fuis prefque convaincu que tous ces gros os qu’on découvre en terre , mêlés avec des corps marins , ne doivent être rapprochés que de ceux de l’hippopotame , de quelqu autre amphibie femblable , ou à quelqu’animal de la clafîe des cétacées , ôc que fi il y en a qui foient réellement d’animaux quadrupèdes , ôc pure¬ ment terreftres , ils ne fe trouvent jamais mêlés avec des; corps qui ont vécu dans la mer. Les dents d’éléphant , dont M. Sloane parle dans ion. Mémoire , font , à ce qu’il me paroît , dans ce cas-ci. Elles ont été trouvées dans. une carrière de gravier, au bout de des Sciences et Arts, y# Grayslnnlane , au nord-oueft de la ville de Londres. Le lilence que M. Sloane garde au fujet des autres fofliles qui fe trouvent ordinairement avec les atterriflemens de mer, me feroit penfer que le gravier où la dent d’élé¬ phant a été découverte , n’eft qu’un atterriflement de ri¬ vière, & peut-être de la Tarnife. On pourrait cependant également dire que M. Sloane n’a pas eu connoiflance de ces autres fofliles. Ce ne fut pas M. Sloane qui dé¬ couvrit cette dent : il y avoit quarante ans quelle avoit été trouvée lorfqu’elle fut donnée à M. Sloane ; de plus , la preuve que M. Sloane apporte pour établir que cette dent eft d’un éléphant, me paraît bien foible. Cette dent, ou plutôt cette portion de dent n’ avoit que cinq pouces ~ de long , & neuf pouces ~ de circonférence ; ce qui donne un peu plus de trois pouces de diamètre. On ne peut guère, avec une fi petite portion de dent, détermi¬ ner fi cette dent eft réellement d’éléphant , elle pourroit également être d’hippopotame ; & quoique M. Sloane apporte comme une preuve convaincante de la réalité defonfentiment que cette portion de dent avoit à fabafe une cavité conique , comme les défenfes de l’élephant, on n’eft pas plus convaincu que q’enfoit une, cette cavité fe trouvant également dans les grandes dents ou défenfes de l’hippopotame , & à celle du poiflon appellé Licorne. La compofition, par couches de cette portion de dent, ne prouve également pas davantage quelle foit d’élé¬ phant , puifque de l’aveu même de M. Sloane , la licorne où cette longue défenfe que le poiflon qui. porte le même nom , a au bout de fa tête , eft également compofée de couches concentriques , & que c’eft la compofition qui s’obferve dans les défenfes des autres animaux qui font ar¬ més de pareilles défenfes. La fécondé portion de dent dont il eft parlé dans le Mémoire de M. Sloane a été trouvée dans une argile îfleuâtre , dont le lit étoit précédé de plufieurs autres lits de terre , Ôc d’un de cailloux. L’endroit où cette décou¬ verte fe fit,fe nomme Bowdon-Parva, champ, dans le Traité des pétrificat. p. 137. in-40. Par, 1741. r6o Mémoires sur différentes parties Comté de Northampton. Le plus grand morceau de ces dents avoit un peu plus d’une aulne d’Angleterre, & le plus petit à peu près deux pieds ; d’où. M. Sloane , ou plu¬ tôt M. Morton , dont le premier tire ce qu’il rapporte au fujet de cette dent , conclut que fa longueur totale de- voit être de fix pieds. Les lits des terres gralfes ou argil- leufes qui compofent l’endroit où cette portion de dent a été trouvée , & le défaut de fofTiles marins me femble prouver que cet atterrilfement pourroit être dû à quelque riviere plutôt qu’à la mer, fi il eft vrai qu’on doive rappor¬ ter la portion de dent en queftion à une dent d’éléphant , puifqu'elle pourroit bien n’être qu’une portion de la dé- fenfe de la licorne , qui a , de l’aveu même de M. Sloane , un trou à fa bafe. Il femble qu’on ne puilfe pas jetter le moindre doute fur l’efpece d’animal qui fut trouvé en 1698 , dans une fablo- niere des environs de Tonna, en Thuringe , dont Tentze- lius a donné l’Hiftoire. Le fquelette qu’on y trouva fut re¬ connu par Tenzelius, pour celui d’un éléphant, & tous les Naturalises ont foufcrit à ce fentiment. Malgré cette unanimité , lorfqu’on lit avec attention ce qu’en a écrit Tenzelius, on ne peut empêcher qu’il ne s’élève quel- ques doutes dans l’efprit.M. Bourguet adéjafenti qu’il y avoit beaucoup à defirer dans la dilfertation de Tentzelius. En effet , on auroit pu demander à cet auteur comment il avoit pû déterminer le rapport qu’il y avoit des os trou¬ vés à Tonna avec ceux de l’éléphant , puifqu’il avoue que ces os étoient li fragiles, qu’ils fe brifôient lorfqu’on les touchoit , « & qu’on ne put en emporter aucun qui fut » parfaitement fain & entier , la pîûpart étant rompus , » ôt d’autres tout brifés. » Il en faut cependant excepter les dents machelieres. Quand on fçait la peine qu’on a lorfqu’on veut exami¬ ner avec foin les os fofTiles , & tâcher de les reconnoître pour ce qu’ils font, on ne peut fe diffimuler que l'exa¬ men fait de ceux de Tonna, paroît bien fuperficiel, ôc qu’il n’eft guère pofüble de déterminer ainfi au premier dss Sci en ces et Arts. <5T coup d’œil à quel animal des os femblables peuvent être rapportés. Il eft vrai que M. Sloane dit qu’on conferve de plus quelques dents molaires , &c que la Société Royale les trouva conformes à la defcription que Tentzelius en avoit donnée. Après une autorité fi refpeêlable , il n’y a plus, ce femble, qu’àfe foumettre à ce jugement ; on pourroit néan¬ moins faire obferver que , quoique la defcription des fof- files en queftion fut conforme à ces mêmes folfiles , & exaêlement faite, il pourroit arriver que ces folfiles n’ap- partinlfent pas à l’éléphant , fi l’auteur avoit porté un ju¬ gement trop précipité fur le rapport qu’ils avoient avec les os de cet animai. Je ferai encore remarquer en finif- fant ce qui regarde ces folfiles, que Tentzelius ne dit pas avoir trouvé des corps marins dans aucun des lits de fable ou de gravier qui compofoient le terrein où ils ont été découverts. U parle bien des lits d’ofteocole;mais comme ce folfile n’ell qu’un dépôt de matière calcaire formé fur des arbres ou des plantes , il pourroit bien fe faire que l’atterriffement où ces folfiles fe font trouvés ne fut pas dû à la mer , mais plutôt à des rivières, à des étangs, ou à des lacs femblables à ceux où l’on trouve les os d’élé- phans dont parle M. le Comte MarfilÜ, & qui furent rencontrés dans de femblables endroits de la Hongrie & de la Tranfilvanie. Ces derniers os font peut-être ceux fur la relfemblance defquels , avec ceux de l’éléphant, on peut avoir le moins de doute légitime, de même que fur ceux qu’on rencon¬ tre en Sibérie , fur les bords de 1 Oby , de la Keta , du Zenizea, du Trugan , de la Mangafea , de la Lena, aux environs de la ville de Jakutskoy, ôt jufqu’à la mer Gla¬ ciale , auxquels il faut joindre ceux qu’on trouve fur les bords du fleuve Mifliflipi. Mais ces os me paroiflfent n’avoir pas été enfevelis dans les endroits où on les rencontre dans des temps aufli recu¬ lés que ceux auxquels il faut remonter pour trouver l’époque où les autres corps folfiles l’ont été. Ces os 62 Mémoires sur différentes parties n’ont point l’air de ceux qu’on découvre dans l’intérieur des montagnes , leur fubflance n’eft point ou prefque point altérée : ce font des foffiles du moyen âge , fi on peut parler ainfi ; ils n’ont point ce coup d’œil antique qui fe fait fi bien diftinguer aux vrais connoiffeurs. Ils ne font point fragiles comme ceux qui font enfevelis fous les maf- fes énormes des montagnes , & n’ont point pris cette cou¬ leur blanche de craie qu’on remarque à ceux qui font ainfi renfermés dans les montagnes. Il ne faut peut-être pas re¬ monter plus haut qu’au temps des Romains pour trouver l’époque ou les os qu’on rencontre en Hongrie & en Tranfilvanie ont été enfevelis dans les endroits où on les découvre maintenant , ôc c’eft ce que penfe M. Marfdli : ceux de Sibérie font peut-être , même de nos jours , amenés d’endroits où il exifte actuellement des élé- phans. Il faut cependant avouer qu’on prétend que ces der¬ niers font arrachés des montagnes où ils font enclavés par les eaux des rivières & des fleuves fur les bords def> quels on les trouve dépofés ; mais les voyageurs qui nous ont rapporté ces faits , me paroiflent ne parler que d’après ce qu’ils ont appris des gens du pays , & non d après ce qu’ils ont vu eux-mêmes. Ils n’ont pas été dans les endroits d’où l’on prétend que ces os ont été arrachés des monta¬ gnes , ils ont bien été à ceux où on ramaffe ces os dépofés fur les bords des rivières & des fleuves ; mais il ne me pa- roît pas qu’ils ayent remonté jufqu’aux endroits même d’où l’on prétend que ces os font tirés. On en doit dire au¬ tant pour les os des bords du Mifliflipi. En admettant donc tous ces os pour être des os dûs à des éléphans , il ne faut peut-être pas leur donner l’antiquité qu’on eft forcé d’at¬ tribuer à ceux qu’on rencontre dans le fein des monta¬ gnes ,ôc ces derniers bien examinés fe trouveront peut- être appartenir à des animaux bien différens de ceux aux¬ quels on les attribue, ce que plufleurs auteurs ont déjà, prétendu. On devra peut-être alors rendre au genre de ces anU des Sciences et Arts. 6% maux les portions de dents molaires, de crâne attribuées à l’éléphant dans le Mémoire de M. Sloane, la portion d’o¬ moplate trouvée en Bourgogne , & dont il a été parlé plus haut, & les portions d’os ou les os entiers dont il me relie à parler. On ne peut guère douter que ce ne foit à quelques poif- fons ou animaux qu’ayent appartenus les dents & les os auxquels font dûs les turquoifes de France, & fur lelquelles M. de Reaumur a donné un Mémoire li intérelfant & Il curieux. C’eft le fentiment que M. de Reaumur embraffe. Mém de TA- On ne peut que foufcrire au fentiment de ce grand hom-> ™ ' n n me. Il a, en phylicien fage & retenu , fufpendu fon juge¬ ment fur l’efpece de paillon ou d’ animal auquel on pou- voit rapporter ce s os. J’attendrai comme lui de nouvelles obfervations fournies par l’anatomie comparée, pour pou¬ voir alfeoir un jugement certain, & qui ne laiffe aucun doute après lui. Je dirai feulement, d’après M. de Reaumur, que « les * mines du Royaume qui donnent des turquoifes , font » dans le bas Languedoc, proche la ville de Simore, & » aux environs, comme à Baillabatz , & à Laymont : il y en » a auffi à peu près dans le même pays , du côté d’Auch , » a Gimont , ôc à Callres. Borel , dans fon livre des anti- » quités ôc raretés des environs de Callres , prétend qu’on » en trouve à Venés. cad.R.D.S.. pag 174. ann. 171JV Je n’inlillerai pas davantage a examiner ce que diffé- rens auteurs peuvent avoir dit fur des os confidérables par leur grolfeur trouvés en terre : j’indiquerai feulement les ouvrages de ces Auteurs dans la lifte que j’en donne à la fuite de ce Mémoire , je ne m’arrêterai ici qu’à difcuter ce qu’on lit dans le tome fécond des Mélanges , ,^eîang'- d hilloire naturelle fur des olfemens d’éléphans trouvés par.M.A^ en Italie dans la vallée de l’Arno. pag. 337 &, Celle des obfervations qui ont été faîtes fur ces olfemens &fûiv.Par & qui eft due à M. Targioni Tozetti eft des plus curieufes. izds.ia-av Les os que M. Tozetti regarde comme ayant appartenu a des éléphans , font mêlés à quantité d’autres os de 64 Mémoires sur différentes parties chiens , de loups , de brebis , de chevaux , de boeufs & de> cerfs j dont les cornes font 11 bien confervées, quon di- roit qu’elles font fraiches.Ces osétoientenfevelisdans des lits horifontaux de fable & de craie qui forment les monta-; gnes de cette province. Ces os étoient épars ça &. la dans ces lits au milieu defquels on trouvoit aulïi des coquilles marines & des arbres fofliles.M.Tozetti alfurequeles bans qui forment ces montagnes n’avoient point été remués avant cette découverte. Il alfure encore qu on ne peut douter que les olfemens qu’il attribue a 1 éléphant n euf-j fent réellement appartenu à un animal de cette efpece. C’elt ce que penfe aulïi l’Auteur d une autre obferva- tion lur de femblables gros os trouvés dans un autre en¬ droit de la même vallée de l’Arno. Ces derniers os n é- toient point mêlés avec ceux d’autres animaux, 1 Auteur du moins ne dit pas qu’ils le fulfent ; mais il fait men¬ tion des différens fentimens qu’on a eus au fujet de ces olfemens. Les uns ont voulu qu’il y ait eu autrefois des éléphans en Tofcane, c’eft celui de M. Tozetti. D au¬ tres les attribuoient aux éléphans qu’Annibal avoit dans fon armée , quoique l’Hiltoire nous apprenne qu ils périrent tous dans des marais. D autres enfin préten- doient qu’ils étoient les relies des éléphans pris par les Romains à la défaite de Pirrhus. L’Auteur de 1 obferva- tion remonte beaucoup plus haut que les temps où ces grands hommes ont vécu. Il veut quils ayent été dé- pofés là où on les trouve dans le temps du déluge uni- verfel. Quel parti prendre dans une fi grande diverfité de fentimens ? c’ell ce qu’il n’ell pas aifé de faire. Si les plus gros os font réellement des osd’éléphans , il faut, comme je l’ai dit au commencement de ce Mémoire , que la terre ait fouffert des changemens dans fa pofition. Quelle autre caufe en eflfet pourroit - il y avoir du change- " ment de climat que M. Tozetti foupçonne devoir etre arrivé en Tofcane ? Si ces gros os étoient d’amphybies ou de poilfons du genre des cétacées , il ny auroit de difficulté ^ des Sciences et Arts; £ j difficulté à expliquer que celle qui naît de F expli¬ cation des coquilles foffiles qu’on découvre dans les monta¬ gnes, & qu’on fçaitêtre plutôt femblables à celles des mers des Indes , qu’à celles qui fe pêchent dans les mers du continent que nous habitons. Mais ce qui augmente les difficultés dans l’obfervation de M. Tozetti , c’eft la dé¬ couverte qu’on a faite d’offemens d’animaux terreftres & la plupart domeftiques qui vivent actuellement parmi nous. Ce qui rapproche l’obfervation de M. Tozetti, de celle qui a été faite dans les environs d’Etampes. Ne fau- droit-il pas , peut-être, pour expliquer la première , avoir recours à l’opinion de ceux qui nous ont fourni celle que nous avons embraffée ? ceux auxquels elle ne plairoit pas , y oppoferoient qu’on a rencontré des coquilles ma¬ rines mêlées avec les offemens, ce qu’on n’a pas trouvé aux environs d’Etampes. Cette difficulté , en effet , eft très- confidérable , & me laiffe dans l’incertitude fur ce qu’on doit penfer des offemens trouvés dans la vallée de l’Arno. Quoi qu’il en foit , au refte, l’obfervation de M. T ozetti eft très-intéreffante, ôt doit engager à continuer les recher¬ ches qu’on a faites dans ce pays fi digne de l’attention des Naturaliftes. Lifte des Auteurs qui ont parlé de gros os trouvés dans la terre. J’ai cru , en donnant cette lifte , faire plaifir aux Natu¬ raliftes , qui , voulant travailler fur la matière dont je me fuis occupé dans ce Mémoire, auroientbefoin de fça- voir ce qui avoit été fait fur ce même fujet, & connoître les obfervations qui étoient éparfes dans différens ou¬ vrages. Académie de Bordeaux. ( L’ ) Hift. de l’Acad. R. D. S. de Par. pag. 23. ann. 171p. Arngrim. ( Thork . ) Epijlol. de Rofmar. dent. & eben. fof- fil. IJland. in vol. IV. pag. 182. Ad, Med. & Philofophic. Hafniens.Hafn. 1677. in-q°. Tome 1. Gros os; ou corne de cerf, ôcc. Ebene fof- file. I 66 Mémoires sur différentes parties Dent extra- Auguftin. (S.) De civitat. Dei. lib. 13. c. p. Il parle groîleurf en d’une dent molaire d’un homme dont on auroit pu faire , au moins , une centaine de dent d’un homme ordinaire : c’étoit , fans doute , une dent de quelque gros poiffon s ou de quelqu’autre grand animal. Offemens Baker. ( H air. ) a letter concerning an extraordinary large d’éléphant, fojjll Tooth of an éléphant, in philofoph. tranfael. Angl . vol. 43. pag. 331. tab. 1 .fig. 7. Licorne fof- Bartholin. ( Thom .) de unïcorn. obfervat. nov. cap. xj. flle* Patav. 1645. in-8°. Amflelod. i678,in-8°. Ad. Med. & philofoph. Haffn. tom. x , obferv. 4 6. pag. 83. licorne fof Baufchius ( Johann . Laurent.) J chtdiaf ma curiofum de Éle. unicornu fojjili. Jenæ 1666. in-8°. cum figar. pojl J oh. Mich. Fehr. anchoram facram editam Weratif aviez 1 666 > in-8°. in. Mifc. cur. dec. 2. ann. 4 , 1685 , in append.p. 222, in Hiflor. htterar. H alentini. Squelettes Becanus. ( Joan. Goropius) origin. Antuerp. lib. 2 , quem d’ciéphans. Gigantomachiam appellavit , pag. 178. Il parle de deux fquelettes entiers d’éléphans trouvés en creufant le canal de Bruxelle à la Rupelle , & d’une dent du géant, défait parBrabo fils de Jules-Céfar. Yvoire fof- Feyfchlag ( Johann. Frideric. ) Di jf mat. de Ebor. fofjîl . file. Suevic. Maliens, fub preefidio Frideric. Hoffmann. Mal. Mag - deburg. 1734, in"40* Os d’élé Blair. [Patrie.) Ofleographia elephantina , or a full and pliant. exad defeription of ail the bones of an éléphant ,Whick Diednear Dundee April the 1 7 th. 1 yo6 , JVith their feveral dimenfons. in. philofoph. tranfael. Angl. vol. 27. n°. 32 6 & 327. cum. tab. IM. & vol. 30. n°. 3 J 8 , pag. 883. Sequelette Bocace. Généalogie des Dieux , lib. 4 , fur la fin. Il s’y de géant. agit du fquelette d’un géant trouvé près de Trepani, en Sicile, qu’on attribua à Erich, Ethel, à un Cyclope ,à Polvpheme. Dent d’é- Boeder, dans les notes fur la Cynofura Medica Paul , iéphanu Hermanni. pag. 133. part. 2. 172 6, in- 40. parle dune dent d’éléphant trouvée dans le Rhin, proche de Non- îieville. On rencontre } fuivant le même Boeder de lali- \ des Sciences et Arts. 67 Corne foffile , dans diverfes parties de l’Europe , dans la forêt d’Hyrcinie , en Moravie, en Saxe, ôc dans le Duché de Wirtemberg , proche de Canftad. Bourguet. ( Ludov. ) Lettre fur le fquelette d’un élé- t Squelette pfant pétrifié, pag. 13 3. Trait, des Pétrificat. Par. 1742. d’éléphant' i/z-40. Breynius (J ohan. Philipp.) A lutter to Jlrhans Sloane W'ith Gs ^ observations and a defcription oj fome Mammoths Boucs moût. dug up in Siberia proving thcm to hâve belonged to éléphants, in philofoph, tranfacL, Àngl. vol. 40. n°. 446. pag. 124. tabL Bruckmanni ( Francifc. Ernejl. ) Epijlol. de Gigantum Dents de dentib. tab. 1 . cent. 1 . ge'ant. Cari ( Jean Samuel) des os foffiles, z/z-8°. 1 704 , Franc- os foffiles. fort fur le Mein, en Latin. CaJJano ( Joann . ) De Montreuil, de Gigantib. eorumque Osdegéants. reliquiis , quæ ante annos aliquot nojlra cztate in G allia rcpertce funt , &c. Bajil. 1380, in-8°. Spirce. 1387, in-8°. Chyldrey. Hiftoire des fingularités naturel. d’Angle- ^ os terre, d’Ecofle, Ôc du pays de Galles. Par. 1667 , z/z-12 , d’elePhant' traduc. franc. Il y eft parlé à la pag. 1 73 , de dent «3c d’os d’éléphant. Cohaufen ( Johann . Ernefl. ) Commère, litterar. dijfertation. Cornes du Epijlolar. Jacob. Hermam. Crunningii& J ohan. Henric. Co- haufen de glojfopetris & lapidib. cordiformib. cornu Bifontis petrefaclo. &c.Francofurt. ad Moenum. 1 6^.6 , in-8°. Cordus ( V alerius. ) Recueil fur les os foffiles d’Alle- Os foffiles. magne , in-S°. 1 3 6 1 , en latin. Dargenville. L’Hiftoire naturelle , éclaircie dans une de Os de dif fes parties principales l’Orydologie , pag. 328 ôc fuiv. feïa“s ard' Par. 1733, zzz-40. Daubenton. Mémoire fur des os ôc des dents remar- Os & dents quables par leur grandeur. Mém. del’Académ. R. D. S. delePhant* 162. vit. Peirefk. lib. 4. Il ; trouvé près de Tunis , Iij r eft parlé d’un Squelette en Afrique, d’unséant pag. 200 , ann. 1 _ Gajfendi ( Petr. ) fquelette de géant Os d’élé¬ phant. Groffe dent. Os de ge'ans. Os d’élé¬ phant. Os d’élé¬ phant. Os de poif- fon„ Cornes. Squelette d’éléphant. Yvoire ou licorne fof- file. Corne de ■cerf. 68 Mémoires sur différentes parties Geoffroi (Claud. Jofeph. ) Hift. de l’Acad. R. D. S. ann. 1743 , pag. 4p. Gefner. (Conrard.) De omni rerum fojjilium genere. Tigur\ 1 $6$ , in-8°. Il parle à la page 137, d’une dent quatre fois plus grande que celle de l’hippopotame , ibid. 1. c. de dents & d’oflemens d’hommes &c d’animaux dune grandeur extraordinaire. Geyerus ( Johann . Daniel.') De variis ojjihus lapidefacl. animanti. & Gigant. in Mifc. Cur. dec. 2 , ann . 6 , 1687 , pag. 17 6 , obf. 83. Gmelin (Joann.Georg.) Voyag. en Sibérie. Il y eft parle des os monftrueux qui le trouvent fur les bords de plu- lîeurs fleuves ou rivières. Grew ( Nekemi. ) Mufeum. focietat. Reg . Angli. Lond. 1 <58 1 & 1 6 85, in-fol. A la pag. 3 2 , il eft queftion de deux os de la jambe d’un éléphant. Guettard ( Jean. Etienn. ) Mém. de 1 Acad. R. D. S. pag. 205) , ann. 1750.. Il s’agit dans ce Mémoire dos de poifîbn qu’on avoit pria pour des os humains , & dun noyau de Nautile qu’on regardoit comme une tete d’homme. Halley ( Edmond ) de la Société Royale fur les cornes trouvées à Wapping. Tranfaél. philofophiq. de la Societ» Royale de Londr. ann. 1727. Happelius. Relat. curiof. tom. 4 , pag. 47 & 4^* ™ Y parlé d’un fquelette d’éléphant, trouvé au haut dune montagne , près d’une ville , aux environs de Krembs. Hartenfels ( Georg . Chryflophor. Petr. ab) elephantogr apk. curiof. feu éléphant, defcript. Erfurt. 1713, in-40. ibid. . & Lipf. 1723, in-40. Le chapitre huit de la troifiéme partie s regarde l’yvoire ou la licorne foflile. Hopkins. Extrait d’une lettre de M. Hopkins a M. Jean Senex de la Société Royale , touchant une corne extraor¬ dinairement longue , &; grofle d’une efpece de cerf tirée de la mer, fur les côtes de la Comté de Lancalïre. A. I73 2' n°. 422 , art. 7, des Tranfacl, philofophiq , de la Société Royale d’Angleterre . Squelette d’eléphant. Ofîemens d’eleplians. Os d’éle- phant. des Sciences et^Arts. 69 Hoyerus (Johann. Georg.) deebore foffili, feu Jcdeto eleph. in colle Jabulos. reperto. in Mifc. CurioJ. dec. 3 , ann. 7,8, 1 699 y i 700,7». 25)4, ohferv. 175'. Jacobceus ( Oligerus ) Muf Reg. feu catalog. rerum. tam natural. quam artificial. quce in B a plie a. Chrijlian. V. Hafnia affervantur. Hafni.edit. 7z0v.Il y eft queftion d’une dent mo¬ laire dun éléphant. Ibid. part, x , fech 1 , n°. 7 3 , os de la cuifie très-grand , qui pefe près de vingt livres danoifes , & qui a plus de trois pieds de longueur, ibid. Autre grand os long de quatre pieds, & pefant vingt-cinq livres , dé¬ terré à Bruges , en Flandre , où l’on avoit trouvé le fque- lette entier , long de fix aulnes de Brabant. Jacobs (M.) anaccount of fever al bones of an éléphant fount at Ley s dovm in the Ifland of fheppcy, philofoph. tranfacl. Angl. vol. 48 , pag. 626. Julîîeu (Antoine de) Obfervations fur quelques offe- Tête d'fop- mens d’une tête d’hippopotame. Mém. de l’Acad. R. D. S. popotame. ann. 1724, pag. 30 9. Kelly ( Jaques. ) Defcriptions des couches qui fe trou¬ vent dans les endroits dont ori tire la marne , & des cor¬ nes qu’on trouve en terre en Irlande, envoyée par M. Jac¬ ques Kelly, à M. Edouard Southwel, Ecuyer. Tranfacl. philofoph. dl Angleter. ann. 172 6 , n°. 3 5)4 , art. 7. Kircher ( Althanas. ) Mund. fubterran. lib. 8 ,fecl, 2. Il y parle du fquelette d’Aflerius , fils d’Anacle, haut de dix deSeans- coudées ; du fquelette d’Orefte qu’on tira de fon tombeau par ordre exprès de l’Oracle , & qui étoit haut de fept coudées ; géant dont on trouva les os fous un grand chê¬ ne, proche du Monaltère de Reyden , dans le Comté de Lucerne en Suiffe , & qui avoit de hauteur , neuf coudées. Lambecius Bibliotheq. Cœfar. H indobon. lib. 6 ,pag. 3 1 1. Dents, fe- Dent molaire d’un éléphant , ibid. lib. d, pag. 3 1 y Os de > tlbla la jambe & os de la cuiffe d’un éléphant , d’après Antoine phant de Pozzis. Ces os avoient été trouvés à Baden , à quatre milles de Vienne en Autriche , ibid. pag. 3 1 3. Dent d’un, éléphant, pefant vingt-trois onces , & découverte en 1644 , Cornes» Squelettes dis— Fémur , omoplate , ôcvertebres. Grands os. Crâne 8c autres os. Grands os. Squelette monitrueux. Os 8c dents d'e'le'phans. Os d’élé¬ phant. Dents très- groffes. Larges cor- 70 Mémoires sur différentes parties a Krembs , dans la baffe Autriche , ibid. lib. <5, pag. 642. Dent du géant Hog, trouvée dans une caverne aux envi-s rons de Jerufalem. Langelmantel ( Hierofme Ambroife ) Epkemerid. natur. curiofor. dtcur. 2 , ann. 7 ,f 1 <58 8 , obferv. 234, pag. 445. Os de la cuiffe , os de l’épaule , & cinq vertebres déterrés aux environs de Viterchiani,dans le Diocèfe de Viterbe, en 1 <587 , & reconnus pour être d’éléphant. Luffkin ( Johann. ) Extrait d’une lettre de M. Jean Luffkin , fur quelques os d’une grandeur extraordinaire trouvés depuis peu dans une fabliere, auprès de Glocefter. Tranjacd. philofophiq. de la Sodêt. Royal, de Londr. ann. 1701 , n°. 274. Magius ( Hierofme) Mifcellan. lib. 1 , cap. 2 , p. 16 , b. Crâne de onze empans de circonférence, & quelques au¬ tres grands os trouvés près de Tunis, en Afrique. Marins ( Joan. ) lib. de Galliar. illuflration. Calamceus commentai-. dcBiturigib.Fulgos. ann. Jean Cafjano de Monf træuil. Traité des géans , pag. 57 , & fuiv. grands os trou¬ vés dans la Baronnie deCruffol, près de Valence, en France. Majol ( Simon ) jours caniculaires , aifeours 2 , pag. 3 <5. Squelette de cinquante pieds de long , trouvé en Angle¬ terre l’an. 1 1 7 1 . Marfigli (Louis Ferdinand) Danub. vol. 2. Os & dents d’éléphans trouvés le long du Danube. Mélanges d’Hiftoir. natur. par M. A. D. Lyon. 1763 , in- 8°. pag. 400. Os d’éléphant, dans la vallée de l’Arno , en Tofcane. Molyneux ( Thomas ) Lettre écrite à M. l’Archevêque de Dublin , par M. Thomas Molyneux , Doêteur en Médecine , membre de la Société Royale , &: Médecin de l’Etat, en Irlande, contenant des remarques fur les dents dont il eft parlé dans la lettre de M. François Nevill. Tranfacl. philofophiq. de la Socièt. Roy. de Lon¬ dres , ann. 1715", n°. 346, artic. 5 . Idem. ibid. n°. 227 , articl. 2. ann, 1 697. Mémoire fur des Sciences et Arts. 71 les larges cornes qui fe trouvent fouvent dans la terre en Irlande , pour montrer que le grand cerf d’Améri¬ que, appellé Moofe, a été autrefois commun en Irlande* avec des remarques fur d’autres curiofités naturelles de ce pays. Neviil. ( François. ) Lettre de M. François Nevill , à M. Saint - George , Evêque de Clogher de la So¬ ciété Royale , touchant des dents d’une groffeur extra¬ ordinaire , déterrées au nord de 1 Irlande , communi¬ quée à la Société par ce Prélat. Tranfacl. philofophiq . de la Société Royale de Londres, ami. iyiy, n°. articl. y. Philoftrate parle , dans fes Heroïdes de fquelettes, de geans de douze , vingt , & trente coudées de hau¬ teur. Pline. Hifl. natur. lib. 7, cap. 16, parle d’un fquelette haut de quarante -lix coudées , trouvé dans la caverne d’une montagne de Crete, lorfqu’eile fut renverfée par un tremblement de terre. Plot {Robert) natur al. Hijlor. ofiStaffbrdfhire. Chap. 7 , f. 78 , pag. 78 , parle de la mâchoire inférieure d’un élé¬ phant , trouvée dans une marniere. R{aqynski {Gabriel.) Hijlor. natur. Regn. Polon. pap. 2. Dent d’yvoire d’un éléphant trouvée dans un champ , fur les bords de la Villule , à fix milles de Varfovie. Reaumur (René Antoine Ferchault de) Obfervat. fur les mines des turquoifes du royaume ( de France, ) fur la nature & la matière dont on lui donne la couleur. Mém. de l’Acad. Royal, des Sciences, ann. 1716, pag. 273 , hift. pag. 22. Il y eft parlé de grottes- dents qui, probable¬ ment , font de quelque poiffon. Scaramucci { J ohann. Baptijl. ) Meditationes fiâmiliares ad Antomum Magliobechium in Epijlolam ei confcriptam de feeleto elepkantino, ubi & tefiaceorum pétrifie ationes defendun- tur , & aliqua fubtermnea phœnomena examini Jubjiciuntu Urbini. 1697, in- 12. Augujl, JH indelic , &Ulmice 173 y , in-fol. Amflelodam. Dents d’une groffeur ex¬ traordinai¬ re. Sque’ettes: de géans. Squelette d’un géant. Mâchoire infér. d’un; ele'phant. Défenfe d’é¬ léphant. Groffes. dents de; poiffon. Squelette' d’éléphant,. Dents d’élé¬ phant. Cornes ex¬ traordinai¬ res. Dents & os deléphans. Os prodi¬ gieux. Cornes fof- fiîes. Squelettes énormes par la grandeur. Squelette d’un gros animal. Os d'élé¬ phant. 72 Mémoires sur différentes parties 1 73 y , in -fol. Il y eft parlé de dents d’éléphant pétrifiées.1 Sloane(Hans ) Description d’une paire de cornes d’une grandeur & d’une figure fort extraordinaires , trouvées à Wapping depuis quelques années, avec des conjetlures pour expliquer d’où viennent ces cornes ôt à quel ani¬ mal elles ont appartenu, par M. Hans Sloane , Pré- fident de la Société Royale Ôt du Collège des Méde¬ cins. Tranfacl. philofoph. de la Société Royale de Londres , ann. 1727. n°. 397. artic. y. Id ibid. Mémoire fur les dents ôt autres oflemens de l’élephant trouvés en terre, ann. 1728. n°. 403. article 1. Mémoire de l’Acad. Royale des Sciences. 1727. pag. yoy. id. ibid. Mémoire fur les dents & autres offemens de l’ élé¬ phant , trouvés en terre, ann. 1728. n°. 404. artic. 1. Mémoire de l’Acad. Royale des Sciences, ibid. Somnei (Jean) Defcription abrégée de quelques os prodigieux tirés de terre à Chafiam , dans la province de Cantorberi, fur la terre de M. Jean Sommer. Tranfacl. philofophiq.de la Société Royale de Londres , ann, 1701. n°. 272. artic. 3. Spleijf (David) cedivus ofleologicus ,feuDiffertado H Rio - rico - Phyficade cornibus& ojfLbusfofJiubus Canfadienfbus , in duas partesdivifa.Schafup.ee. 1701.111-4°. Strabon. Géograph. Lib. 17. Squelette de 60 coudées de hauteur trouvé aux environs de Tingis ou Tanger en Mauritanie, & qu’on prit pour le fquelette d’Antée. Squelette de Pallas , trouvé à Rome l’an iyoo, & qui étoit plus haut que les murailles de cette ville. Stukely ( Guillaum. ) Relation du fquelette prefqu’en- tier d’un gros animal empreint fur une pierre fort dure , qui a été trouvée dans la province de Nottinghamôt dont on a fait préfent à la Société Royale : par M. Guillaume Stukely , Doéteur en Médecine , & de la Société Royale. Tranfacl. Philofophiq. de la Société Royale de Londr. ann. 171p. n°. 360. art. 4. Biblioth. Angl.t. 6. 2. part . pag. 40 6. Surgi. (M. Rouflelot de) Mélanges intérelfans ôt cu¬ rieux* des Sciences et Arts. 7 3 rleux, ou abrégé d’Hiftoire naturelle^ morale civile &po- litiqu. tome 3 , pag. 73 , Par. 1764. ^ Tentzelius ( Guillaume Erneft). Lettre de Guillaume Squelette Erneft Tenzel , Pliftoriographe du Duc de Saxe , au cé- d éléphant. îébre Antoine Magliabechi , Confeiller & Bibliothécaire du grand Duc de Tofcane, fur un fquelette d’éléphant trouvé en terre depuis peu à Tonne. T ranfacl. philefo- phiq. de la Société Royale de Londr. ann. 1 6pq. n°. 234. art. 3. Tozzetti ( T argioni ) Lettre de M. Targioni Tozzetti , 0s d’éléph. célébré Médecin de Tofcane, à M. de B * * * , fur des of- femens d’éléphans. Mêlang. d’ Hifloir. naturel, par M. A.D. Pag • 3 31 , tom. 2 , Lyon , 1 763 , in-8°. id. voyag. en diver¬ ses parties de la Tofcane. Valentini ( Michaëlis Bernhardi. ) Hijlor. dater ari. Gif ce ^ecoœefof' Hajforum 1708 , in-40. auclus de unie omit fojjili Sauf- l£’ Vives ( Louis ) Comment, fur Saint Auguftin , cap. 1 Groffe den£ pag. 20. 5. ! moIalre- U rban. ( Sylvan .) Gentlemans Magazine and hiflorical chro- Os d’éléph» nicle Londin. in- 8°. major, vol. 27 pag. ip8 : fifluntur très epiflolæ de elephantis ojjibus eximice magnitudinis in Anglio effbffis quarum prima eft Franc. Biddulps ad D. Mannock Striçkland ; altéra D. Striçkland ad D . & tertia à Cle- rico quodam ad P, Collinfon qui & Juas obfervationes ad- jecit. JV edelius ( Geog. TV oljfgang .) Programm, de unicornu & Licorne fof- files Tome /, K 74 Mémoires sur différentes parties EXPLICATION DES PLANCHES. Première Planche. Figure i. Portion antérieure d’une mâchoire garnie de prefque toutes les dents molaires. Le trou manto- nier , a , y eft également bien confervé. Elle eft d’un ani¬ mal ruminant, & probablement d’un de la dalle des cerfs. Fig. 2. Portion poftérieure d’une mâchoire d’un ani¬ mal femblable. Fig. 3. Dent molaire femblable à celles de la portion de mâchoire , figure 1 . Fig. 4. La même dent, vue parfon autre face: dans l’une & l’autre figure , on diftingue aifément le petit cro¬ chet qui s’obferve fouvent à une des racines. Fig. y. Portion confidérable d’un omoplate, d’un qua¬ drupède ruminant. Fig. 6. Portion d’un os des anches. Fig. 7,8,2, 10. Portions de côtes plus ou moins con- fidérables avec leurs apophyfes ou fans apophyfes. Elles ont probablement appartenu à l’animal ou aux animaux dont les autres os, gravés dans cette planche, ont fait partie. Planche II. Cette planche renferme des morceaux de cornes de cerf ou de dain qui different les unes des autres par leurs branches ou ramifications , & par leur plus ou moins de rondeur ou d’applatiffement. Fig. 1. Ce morceau jette un petit cornichon tout près de fa bafe , s évafe enfuite beaucoup en jettant deux rami¬ fications très-confidérables ; le corps & les branches font arrondis. des Sciences et Arts. 73 Fig. 2. Ce morceau s’évafe beaucoup plus près de fa bafe , que le précédent : fon corps eft applati. Le corni¬ chon part autant d’une des ramifications , que du corps même. r Fig. 3. Le corps de ce troifiéme morceau eft plus long que celui des deux premiers : il n’a pas de cor¬ nichon : il eft arrondi , 6c les deux branches qu’il jette font fort éloignées l’une de l’autre. Fig. 4. L’applatiffement du corps de celui-ci eft con- ftdérable ; ce qui le rend très-large : il a un cornichon près de fa bafe , & il s’évafe beaucoup à fa bifurca¬ tion. Fig. $ La meule eft reliée à ce morceau ; c’eft cette partie fur laquelle porte immédiatement la corne : le corps ou merain eft demi arrondi. La première ra¬ mification devoit être confidérable. L’évalèment de la première bifurcation ne l’étoit pas tant que dans les mor¬ ceaux précédens. Fig. 6. Le corps ou merain de celui-ci eft cylindri¬ que } ne donne point de cornichon , 6c s’évafe beau¬ coup. Fig. 7. Un cornichon fort près de la bafe ou de la fraife de celui-ci. On appelle en terme de vennerie , la fraife cette partie inférieure de la corne , qui eft comme fillonnée ou à côtes. La bifurcation eft éloignée de cette fraife. Fig. 8. La fraife de ce morceau eft fortement mar¬ quée , les côtes font greffes : le merain s’applatit vers la bifurcation , 6c les andouillers , cors ou ramifications, dévoient être gros. Fig. p. Le merain de celui-ci eft applati -s la fraife ou pierrure eft bien exprimée : le cornichon n’en eft pas éloigné : l’évafement de la bifurcation eft des plus •grands. Fig. 1 o. Le cornichon manque à ce morceau ; il n’y en avoit pas plus qu’à plufieurs des précédens 6c des fuivans. Le merain eft arrondi , ôc les deux ramifications en par- Ki X 7 6 Mémoires sur différentes parties tent moins éloignées l’une de l’autre : l’angle qu’elles for¬ ment avec le merain eft moins obtus que dans plulieurs morceaux , fur-tout de la ligure 5>. Fig. 1 1 . Ce morceau eft lingulier par la façon dont il fe ramifie : il jette d’abord trois branches : on le croiroit au premier coup d’œil , être différent des cornes ; mais fa fubftance eft la même. Fig. 1 2. Le merain de celui-ci eft très-applatti, le cor¬ nichon très-près de la fraife ou pierrure , qui n’eft pres¬ que pas fenfible : l’évafement de la bifurcation eft très- obtus. Fig. 13. Le merain de celui-ci eft beaucoup plus long que dans le précédent : il n’a pas de cornichon : il eft cy¬ lindrique, & il fe bifurque en s’évafant alfez confidé- rablement. Fig. 14. La pierrure eft forte, & bien marquée dans celui-ci : le merain eft plus court que celui de la ligure 1 3 ; mais un peu plus long que celui de la figure 1 2 : il n’a pas de cornichon , il eft cylindrique , & tient le milieu pour l’é- vafement de fa bifurcation ; c’eft-à-dire , que les branches ou andouillers font moins inclinés , ou plus perpendicu¬ laires au merain que ceux de plufieurs autres morceaux. Fig. 1 5'. La fraife de celui-ci eft peu marquée. Le nie- rain eft fans cornichon & cylindrique. La bifurcation eft à peu près femblable à celle du morceau précédent pour l’évafement. Je ferai remarquer qu’en général les andouillers font cylindriques , que le plus fouvent le merain s’applatit îorfqu’il jette un cornichon : que ce cornichon forme un angle droit ou prefque droit avec le merain : que la bifur¬ cation eft ordinairement plus évafée lorfque le merain eft applati. Seroit-ce là des loix que la nature garderoit tou¬ jours dans les cornes de cerf? Il y a du moins lieu depen- fer que les cors ou andouillers s’approchent plus de la perpendiculaire , ou qu’ils font avec le merain un an¬ gle plus ou moins aigu , plus ils s’éloignent de la bafe de la corne. C’eft ce qu’il eft aifé de confirmer par la vue des Sciences et Arts.' 77 d’un bois de cerf qui eft entier. Cette réglé au refte fe remarque dans tous les autres corps animés. Les branches des arbres, les vaiffeaux ou fibres de leurs feuilles, les vaiffeaux du corps humain ou des animaux fe ramifient en gardant cette réglé. Planche III. Figure 1. Portion de corne dont les ramifications font très-éloignées les unes des autres , & qui parodient être plutôt cylindriques que coniques. Fig. 2. Portion de corne dont les deux premières ra¬ mifications font peu éloignées l’une de l’autre ôt à peu de diflance de la bafe de la corne. Fig. 3. Portion de corne qui febifurquoit aune certaine diflance de la bafe ôc d’une façon très-évafée, & ne jettoit des fécondés ramifications qu’éloignées de la bifurca¬ tion. Fig. 4. Portion de corne très - évafée à la bifurca¬ tion. Fig. 3. Portion de corne qui ne fe bifurquoit probable» ment pas , mais qui avoit un cornichon très-près de la bafe. Fig. 6. Portion de corne dont le cornichon eft fort éloi¬ gné de la bafe. Fig. 7. Cornichon ou portion fupérieure d’une ramifi¬ cation contournée. Fig. 8. Morceau de ramification femblable à celle de la figure 7 , mais moins contourné. Fig. 9. Portion confidérable d’un très -gros tibia de quadrupède parfemé de petites dendrites qui s’y font for¬ mées pendant fon féjour dans la terre. Fig. xo. Portion, à ce qu’il paroît, d’un os des îles de quelque quadrupède. Fig. 11, 12, 13, 14. Petits os de quadrupèdes qui ne dévoient pas être confidérables en grandeur ni grol- feur. 78 Mémoires sur différentes parties Planche IV. Figure i. Vertebre vue antérieurement pour en faire diftinguer la tubérofité & les apophyfes obliques ôc tram verfes. Fig. 2. Vertebre femblable , vue par le côté oppofé , pour qu’on en diflinguat l’apophyfe épineufe. Fig. 3. Vertebre connue fous le nom de atlas. Fig. 4. Os du pied qu’on appelle ordinairement le petit fabot, dans les quadrupèdes, dont les pieds font armés de fabot. Fig. y. Os qui a l’air d’un auquel on donne le nom d’olfelet , ou peut-être auffi une portion de quelque ver¬ tebre. Fig. 6. Apophyfe épineufe d’une vertebre femblable à celle de la figure 1 o , mais qui n’eft pas de la même elpece. Fig. 7. Olfelet. Fig. 8. Portion, d’un humtrus à laquelle on donne le nom de poulie. Fig. p. Apophyfe épineufe de vertebre. Fig. 10. Vertebre qui a une longue apophyfe épineu¬ fe , vue en-deffus pour qu’on en puifife diftinguer les tubérofités applaties fupérieurement , la forme platte du corps de cette vertebre ôt le trou de la moelle épi¬ nière. Planche V, Figure 1. Tibia, communément os de l’éclanche. Il ïeflfemble entièrement à l’os femblable du mouton , il en a toute les dimenfions. Ses extrémités ont perdu leur épi- phyfe, ce qui arrive plus facilement aux os des jeunes animaux , ces parties n’ayant, pour ainfi dire, qu’une adhé¬ rence fuperficielle avec l’os , au lieu que dans les animaux qui font âgés, ces épiphyfes font prefque devenues os elles-mêmes , & fe font confondues avec les extrémités de çes os. des Sciences et Arts. 7^ Fig. 2. Portion de fémur. Fig. 3 . P ortion de V humérus , communément appellé os de l’épaule. Il reflemble entièrement à l’os de l’é¬ paule de mouton. Fig. 4. Cubitus auquel eft relié une portion , a, du radius , ou du rayon. Fig. y. Os qui reflemble à un os de pied de mou¬ ton. Fig. 6. Os appellé le canon dans les quadrupèdes. Fig. 7. Portion de cubitus ou os du coude. Fig. 8.. Portion d’os trop incomplète pour qu’on puifle au julle déterminer duquel elle a fait partie. Fig. 9 ) 10> 11. P ortions de cubitus ou os du coude de différens animaux. 8o Mémoires sur différentes parties QUATRIEME MEMOIRE- Sur un corps qui pourroit être un Polype Terrejlre. IL y a vingt-deux ans qu’étant à l’Aigle , petite ville de Normandie , & m’occupant à faire des obfervations d’Hiftoire naturelle, je remarquai fur une efpece d’efpar- goutte un très-petit corps que je n’avois jamais vu fur ces fortes de plantes. Quiconque fçauroit que ces plantes font plus ou moins chargées de ces fortes de glandes aux¬ quelles j’ai donné lenom de glandes à cupule , prendroit au premier coup d’œil ces corps pour être des glandes femb la¬ biés. Ce n’a été que les mouvemens différens que je leur ai vu prendre, qui m’ont prouvé qu’ils n’en étoient pas. Bien perluadé que ces corps n’étoient pas des glan¬ des à cupule , je ne me refufois pas facilement à l’idée qu’ils pouvoient être de ces efpeces de moifilfure dont Michel! a fait graver plufieurs efpeces ; mais les mouve¬ ments variés que je diftinguois dans ces corps, & que je n’ai jamais obfervés dans les moififfures , me firent penfer qu’ils pouvoient bien être un très-petit polype terreftre. Cette idée me plut & peut-être me féduifit. Je ne pus réfifter à l’envie de décrire ce que j’avois obfervé , & d’en faire un Mémoire que j’envoyai à M. de Reau- mur , qui voulut bien le lire à l’Académie. La découverte des propriétés fingulieres du polype d’eau douce étoit recente. Non-feulement les Natura¬ lises s’en occupoient, mais les Philofophes & les Méta- phyficiens les plus profonds méditoient fur cet atonie devenu fi important par l’avantage qu’il a de fe repro¬ duire en quelque forte par boutures , comme les arbres.1 Un chacun cherchait à connaître cet animal fi avantagé 3e DES S C I E N C E S E T A R T S. 8 I de la nature. Il donnoit des regrets , mais on s’en amu- foit. Je crus donc quë j’apprendrais un fait qui piquerait la curiofité fi je faifois connoître un être qui me paroif- foit un polype terreftre : mon Mémoire parut mériter quelque attention ; mais on penfa que la petiteffe du corps que j’avois obfervé pouvoit bien m’avoir fait prendre une moififfure pour un polype. Lorfque ces pe¬ tites plantes jettent les poulfieres dont le petit globe qui termine chaque brin eft rempli , ils fe donnent quelques mouvemens. Cette remarque parut exiger de ma part que je cherchaffe à revoir ce que j’avois obfervé , ôt me fit fufpendre l’impreffion de mon Mémoire. Depuis ce temps j’ai examiné quantité d’Efpargout- tes , fans y trouver le corps en queftion. J’étois donc déterminé à fupprimer mon Mémoire; mais refléchilfant enfuite qu’une obfervation , quand elle ne feroit pas exacte dans toutes fes parties, peut quelquefois con¬ duire les autres Obfervateurs à de vraies découvertes , ôt l’occafion que j’ai trouvé de donner au public plu- fieurs Mémoires réunis dans un même volume , ces motifs m’ont engagé à y joindre celui que j’avois fait fur ce corps que j’avois regardé comme un polype ter-; relire. J’en parlerai même dans ce Mémoire comme en étant un , très-difpofé néanmoins à changer d’avis , fit de nouvelles obfervations me prouvoient le contraire , foit que j’eulfe fait ces obfervations ou qu’on les dut à quelques autres Obfervateurs. Je regarderois comme un vrai bonheur d’être défabufé, fi je fuis dans l’erreur, ôt je prie les Naturaliftes de ne regarder ce Mémoire que comme une invitation que je leur fais , de tâcher de trou¬ ver ce corps , & de l’obferver avec tout le foin ôt l’exac¬ titude poflibie. Il me femble qu’il mérite quelqu’attention de leur part; L’Hiltoire des polypes , qui à julle titre a été regardée comme un des morceaux les plus curieux qui ayent été donnés en hiftoire naturelle , ne nous a encore fait con¬ coure que des polypes qui vivent daqs l’eau douce $ T om& 4 li S 2 Mémoires sur différentes parties dans la mer , ou même dans la terre ; car , par rapport à ces derniers , fi on regardoit la faculté de fe reproduire , non dans toutes , mais dans quelques-unes feulement de fes parties , comme le caractère effentiel qui diftingua les polypes des autres animaux ; alors le ver de terre ôc les autres vers qui vivent dans la terre couverte d’eau, pour¬ raient être mis au nombre des polypes , ôc peut-être te¬ nir le premier rang dans le genre de ces animaux : mais on ne connoît pas jufqu’à préfent d’infecte qui vive hors de l’eau ou hors de terre , que l’on puilfe appeller po¬ lype. Je crois en avoir découvert un qui vit attaché à une plante , & qui me paroît être du même genre que le polype à bras d’eau douce. Je n’établis cependant ce rapport que fur une reffemb lance extérieure fur leur fa¬ çon d’agir & de pouffer leurs petits , n’ayant pu faire fur lui , à caufe de fa petiteffe immenfe, les expériences tou¬ chant la reprodudion des parties qui ont été faites avec îa réufïïte la plus heureufe fur le polype à bras d’eau douce. On entend ordinairement par polype , un infede dont le corps membraneux eft capable de prendre plufieurs formes, qui finit par plufieurs filets également capables de différentes figures qui lui fervent comme d’autant de bras ou de pattes ; c’eft fur cette définition que je regarde le petit infede dont il s’agit dans ces obfervations, comme un polype , & comme le premier polype terreftre qui ait été connu , le ver de terre devant être appellé fouterrein plu¬ tôt que terreftre , dans la fuppofition que l’on dût le ranger fous le genre des polypes. Le polype terreftre eft un infede d’un beau blanc, dont le corps eft un petit filet d’environ un quart de ligne ou d’une demi-ligne au plus, (vu à une forte loupe, ) & qui finit par plufieurs autres petits filets arrangés circulaire- ment autour de fon extrémité fupérieure. La fineffe de cet animal , qui a la vue fimpîe eft im¬ perceptible , & qui vu à la loupe ne furpaffe pas de beau¬ coup celle du cheveux le plus fin , ne permettroit pas de des Sciences et Arts. 8$ diftinguer fes parties , fi les mouvemens qu’il fe donne n’étoient auffi fréquens ôc auffi variés qu’ils le font. Par ce moyen on le voit dans différentes figures , & fous différens afpeêts ; ce qui fait reconnoître les parties dont il eft compofé. Il y a des momens où il ne paroit aucune patte ; alors fon extrémité eft arrondie plus brune que îe refte ; dans d’autres momens, ce bout paroit évafé, ôc alors on diftingue facilement les pattes qui paroiflent etre plus tranfparentes que le refte , & dans certaines pofitions, par rapport à la lumière, d’une couleur de nacre de perle. Il ne m’a pas été poflible de Ravoir au jufte le nombre de ces pattes , les inftrumens que j’avois ne forçant pas encore affez pour qu’elles me panifient dit tinéles les unes des autres : je crois cependant pouvoir avancer qu’il n’en a guère moins de huit à dix. Ce même défaut de force dans les inftrumens m’a empêché de m’affurer de la pofition de fa bouche ; mais le rapport qu’il a avec le polype à bras d’eau douce , ôc les mouvemens de les bras que je détaillerai dans la fuite , me font penfer quelle eft femblablement pofée dans le po¬ lype terreftre, que dans celui d’eau douce, c’eft-à-dire , au centre commun de toutes les pattes. Les différentes figures que cet animal fait prendre à fou corps, empêchent qu’on ne puiffe lui en afligner une plutôt que l’autre. Lorfqu’il fe contra&e il forme un pe¬ tit globe d’un diamètre plus ou moins grand. Lorfqu’il eft al-, longé il a allez ordinairement une figure conique , lur- tout lorfque fes pattes font étendues. Il les étend plus ou moins , c’eft-à-dire , que tantôt elles font tellement éloi¬ gnées les unes des autres , quelles deviennent comme rayons d’un cercle, ôc font par conféquent dans un même plan ; tantôt elles font plus rapprochées par leur bout ôc s’inclinant vers leur centre commun , elles forment un entonnoir , qui difparoît ôc prend préfque une forme glo¬ bulaire , fi les bouts rentrent beaucoup en dedans. Quel¬ quefois on voit une partie de ces pattes moins rentrée? 84 , Mémoires sur différentes parties que l’autre, ce qui fait une irrégularité dans ces fi¬ gures. Tous ces changemens de figures tendent fans doute à remplir quelques fondions néceffaires au bien être de cet infe&e, c’eft fans doute ou pour fe défendre contre, un ennemi , ( ils doivent en avoir comme les autres, qui mal¬ gré leur petiteffe leur font à craindre ) , ou pour attraper quelqu’autre infede defliné à leur fervir de nourriture , les autres mouvemens qu’il donne à tout fon corps fem- blent prouver ce fécond doute. En effet , il fe meut en tout fens ; à droite , à gauche & fur lui - même. Ces mouvemens font fouvent très-prompts , fouvent ils font allez tranquilles. Dans d’autres temps après s’être jetté avec vîteffe d’un côté , il fe rapporte fur le côté oppofé avec cette même vîteffe : d’autres fois il décrit fur lui- même une portion de cercle ; ou bien s’étant allongé plus qu’à l’ordinaire , il s’incline tranquillement en-de¬ vant ôt fe redreffe enfuite pour s’incliner en arriéré, en¬ fin il n’y a guère de mouvemens obfervés dans le polype à bras d’eau douce que l’on 11e remarque dans le terrefi- tre. Il n’y a que cet allongement fi confidérable des pat¬ tes du premier que je n’ai point vu dans le dernier. Les pattes paroiffent bien plus ou moins proches les unes des autres , ou formant un entonnoir plus ou moins évafé; mais je ne les ai jamais vu s’allonger auffi prodigieufe- ment quelles le font quelquefois dans le polype à bras, d’eau douce. Mais celui-ci ne retire pas avec plus de vîteffe fon corps fur lui-même & ne l’allonge pas plus preflement que le terreflre. On voit quelquefois ce der¬ nier fe donner plufieurs fois de fuite ce mouvement de .vibration avec la promptitude la plus grande. On peut voir le même polype fe donner pref que tous ces mouvemens ; mais quiconque fera accou¬ tumé à obferver à la loupe d’auffi petits objets, fendra bien qu’il n’efl guère poffible de fixer fon œil fur le même point un auffi long-temps que le demandent tous, ces mouvemens pour être obfervés exactement : ils dé- des Sciences et Arts; 8 ? pendent d’un être qui ne les produit qu autant qu’il en a befoin & qu’ils font néceffaires pour les cireonftances où il fe trouve; mais en fuîvant plufieurs de ces ani¬ maux , dont fouvent des feuilles entières font couvertes , il arrive plufieurs fois que les uns ou les autres fe ren¬ contrent dans une de ces cireonftances qui demandent l’un ou l’autre de ces mouvemens : ce qui met l’obfer- vateur en état de s’affurer allez aifément de leur exif- tence & de leur différence, C’eft fur ce que j’ai vu faire à plufieurs que j’ai détaillé ces mouvemens , quoi¬ que j’aye cependant remarqué plus d’un de ces mou- vemens dans un même. Chacun des polypes peut donc prendre toutes ces for¬ mes & fe donner tous ces mouvemens indépendamment des autres ; mais il en a d’autres qui appartiennent à plu¬ fieurs pris enfemble. Pour les bien entendre , il fera bon de faire connoître la plante fur laquelle ils s attachent , & de quelle façon ils s’y attachent. C’eft fur une efpece d’Efpergoutte que je les ai obfervés. Cette plante eft couverte de petits filets coniques qui s evalènt par le bout ; évafement que j’ai appelle cupule , a caufe de fa relfemblance avec la cupule d un gland de chene. C’eft à ces filets ou aux cupules que ces infeêles s’atta¬ chent, quelquefois chaque filet n’en porte qu’un feul, quelquefois il y en a deux, trois, quatre & même plus. Ils font fouvent pofés par rapport les uns aux autres af- fe;z irrégulièrement , fouvent ils font oppofés , c eft-a- dire, l’une d’un côté du filet, & l’autre de l’autre côté, & peu éloignés , au lieu que , & c’eft ce qui fe trouve encore le plus fouvent, les uns font plus hauts , les autres plus bas & alternativement pofés. Il y a des filets qui pa- roiffent n’en avoir que lur leurs bouts, & porter comme une petite boule; mais alors les polypes font très- pe¬ tits , ôt n’en ont point encore pouffé d’autres : mais lorC qu’ils en ont un ou deux attachés à leurs côtés , ils pa¬ rodient plus éloignés les uns des autres fur les filets ôc femblent former des branches à ces filets. Ce qui leux $6 Mémoires sur différentes parties donne une figure de plante qui pourrait en impofer d’a¬ bord & les faire prendre pour quelques-unes de ces moilif fures figurées dans Micheli. On fent d’avance, fans qu’il foit befoin, pour ainfi dire, de l’expliquer , les différentes figures qui doivent réful- ter du plus ou du moins de proximité des uns aux au¬ tres , que les mouvemens que fe donneront ces animaux doivent occafionner. Si lorfqu’il y en a plufieurs d’atta¬ chés à un filet ils s’approchent les uns des autres , alors ils doivent faire l’effet que l’on obferve dans de certaines plantes au lever ou au coucher du foleil. Elles rappro¬ chent leurs branches , & femblent les appliquer fur la tige. Il arrive donc quelque chofe d’à peu près femblable lorfque ces animaux qui étoient étendus , & qui alors for- moient des branches aux filets , viennent à fe rapprocher du filet auquel ils font attachés ; ils ne s’y appliquent pas cependant de façon qu’on ne puiffe bien les diftinguer les uns des autres. Ils prennent alors une certaine courbure qui laiffe appercevoir une réparation entr’eux , & qui donne au total la figure que prend l’umbelle de l’efpecc de carotte , appellée nid d’oifeau. Ils relient dans cet état quelquefois affez long-temps, d’autres fois on en voit quelques-uns qui s’éloignent,' s’étendent & fe donnent différens mouvemens. Lorfque ce font des petits qui attachés au haut du filet ou à la cu¬ pule forment un petit globe : on remarque de temps en temps un mouvement de tremouffement dans prefque tout le globe, fans cependant bien voir le mouvement d’un chacun. Tout ce qu’on diflingue quelquefois , c’eft une partie un peu plus claire & plus haute que le refie ,’ qui, à ce que je crois, en eft un , alors plus éclairé que les autres. J’ai jufqu’ici parlé comme ayant prouvé que les pe-, tits fortoient par le côté de ceux qui les mettent au jour.' C’efl cependant ce que je n'ai toujours que fuppofé, & ce qu’il s’agit de prouver maintenant. Lorfqu’un polype e incliné , foit en devant, foit en arriéré, il fait prendre des Sciences et Arts; Sj fouvent à fon corps une courbure fur laquelle on ap- perçoit un polype plus petit que lui , s’il fe tourne fur lui- même , il préfente quelquefois une efpece de croix for¬ mée par deux petits qui font attachés à chacun de fes «ôtés & par lui-même , qui eft plus élevé ôc dans le mi¬ lieu de ces deux petits. Il y en a où les petits diffe¬ rent beaucoup eu grandeur de celui du milieu , ôc dans d’autres ils font prefque auffi grands les uns que les autres. iV oilà tout ce que j’ai pu remarquer comme pouvant fervir de preuve de la façon dont les polypes terreftres pouffent leurs petits ; cette preuve pourra être regardée comme des plus incomplettes, il auroit fallu pouvoir faifir les momens où le petit fe détache du côté où il étoit at¬ taché , le voir fe pofer dans un endroit féparé & pouffer enfuite lui-même des petits; faits qui ont fervi dans l’HiC toire du Polype d’eau douce de preuve , avec un nombre d’autres , à cette façon finguliere de mettre fes petits au jour, & qui eft particulière à ce genre d’infetle. La peti- teffe du polype terreftre qui n’approche peut-être pas, lorfqu’il eft parvenu à fa perfection , de la groffeur du polype d’eau douce , lorfqu’il commence à pointer , cette petiteffe, dis-je, m’a empêché de m’affurer de ces faits comme on l’a fait fur l’autre. Je ne fçais cependant fi c’eft illufion , caufée par l’envie que j’avois d’avoir cette alfurance, ou Ci c’eft réalité ; mais j’ai cru voir une fois un polype comme fufpenduparune patte à un autre qui étoit attaché à un filet de la plante: il me fembloit voir même que celui qui étoit fufpendu fe donnoit des mouvemens de balancement comme pour tâcher de trouver un point où il put fe fixer ; il fembloit ne vouloir point quitter ce¬ lui auquel il étoit attaché dans l’incertitude de ce qu’il deviendroit. Si j’avois pu parvenir à voir la fuite de ces mouvemens & à quoi ils aboutiffoient, & les avoir vu fur plufîeurs , je croirois pouvoir regarder ce fait comme une preuve de la naifTance des petits par le côté. Enfin , fl on fe rappelle les autres rapports qui fe trouvent entre le polype a bras d’eau douce & le terreftre, on pourra , ce %8 Mémoire^ sur différentes parties femble , avancer que i analogie ne le doit point démen* tir dans la façon de mettre les petits au jour. Il lèroit inutile de décrire les mouvemens quefe don- lient ces petits , ôc les formes qu'ils prennent lors même qu’ils font encore attachés. On fent bien qu’ils doi- vent être les mêmes , ôc qu’ils fe font pour les mêmes lins. Une de ces fins ôc la principale doit fans doute être d’attraper quelqu’infeête qui voltige dans l’air ôc qui échappe à la vue. Car je ne penfe pas qu’une idée qui me vint en cherchant à connoître de quoi ils vivoient , foit la vraie , fçavoir que la liqueur qui fe filtre dans la glande qui porte les filets où font attachés les polypes ôc qui le ramafle dans la cupule, pouvoit être la nourriture de ces infettes. Ils le meuvent plus en s’éloignant du filet qu’en s’en approchant ôc femblent chercher quelque chofe dans l’air. Lorfqu’il l’ont apparemment attrapé , on les voit fe contracter ôc retirer en - dedans leurs pattes; c’eft fans doute pour le faire paffer dans leur bouche , qui pro¬ bablement doit être pofée comme celle du polype d’eau douce , au centre de toutes les pattes. Il paroît quelque¬ fois au milieu du corps de l’infeêfe un petit point rouge ou noir , ne feroit-ce pas les nourritures différentes qui fe diftingueroient au travers du corps ? Il y en a où ces points ne paroilfent point, ils font blancs, ne feroit-ce pas lorfqu’ils font à jeun, ou que lorfque la nourriture eft digé¬ rée , nourriture enfin qu’ils doivent trouver plutôt dans l’air que fur la plante où ils s’attachent, puisqu’on les voit fe donner tous ces mouvemens plufieurs jours après que la plante eft defféchée ? Je n’ai encore que des doutes à propofer fur la quef tion qu’on pourroit faire , fçavoir fi ils jettent des œufs ou non , ôc quel eft l’endroit où ils les poferoient dans ïa fuppofition qu’ils les jettalfent. J’ai vu deux ou trois fois un polype alfez long, polé précifément au bout du filet,' un autrç très-court qui fembloit fortir de la cupule, Je crus des Sciences et Arts. g$> crus d’abord que ce pouvoient être des polypes belos d’oeuf qui aurait été dépofés dans les cupules, d’autant plus que les cupules des filets voifins paroifïoient brunes, ce qui n ’ell pas ordinaire étant naturellement tranfparentes ôc cryftallines. Outre cela ces polypes n’avoient point de pe^ tits attachés a leurs cotés, ce qui fembleroit encore indi¬ quer une naiflance toute nouvelle. Mais l’efpergoutte eft annuelle, ainfi la difficulté revient pour ceux qui doivent palier 1 hiver , a moins qu on ne voulut dire que ces œufs dépofés dans les cupules fe confervalTent dans la terre lorfque la plante s’eft pourrie ; mais c’eft un fait qui ne peut guère être développé que fur un animal de ce genre plus confidérable , & qui donna plus de prife aux recherches & aux obfervations. L’efpergoutte fur laquelle je l’ai trouvée, eft celle dont la femence eft membraneufe, la fleur pourpre, & fur une petite efpece dont les feuilles font plus d’un côté que de 1 autre : c eft cependant fur la première qu’ils fe tiennent le plus communément. Je n’en ai jamais trouvé fur la grande efpece à fleurs blanches , quoiqu’elle foit toute couverte de glandes à cupule qui font rares fur la fécondé. Ces plantes vivent parmi les bleds , ou elles font allez com¬ munes, fur-tout la première & la troifiéme efpece. Je ne fçais point fi ce genre de plante eft affigné à ces infedes , plutôt qu’un autre genre. Je les ai cherché fur plufieurs autres plantes voifines de celles où ils étoient, fans en avoir pu découvrir. Il ne le feroit cependant pas , puifque à la vue Ample on peut s’en affluer. Ces animaux font af- fez communément en grand nombre, ils forment alors une efpece de duvet blanc qui fe fait fentir à l’œil , fans qu’il foit armé d’une loupe. Elle ne devient néceflaire que pour diftinguer chaque animal. Je n’ai rencontré de ces plantes qui en portoit, qu’à environ une lieue de l’Aigle, dans des campagnes le long du grand chemin de cette ville , a Tubœuf. Il n’eft pas cependant qu’on n’en puifle trouver aux environs de Paris, où les efpergouttes font communes, ôt je defire qu’ils s’y trouvent pour que ces TomtJt " M po Mémoires sur différentes parties obfervations puiffent fe conftater , & fe perfectionner. Je ne me fuis pas fié à mes yeux feuls , j’ai fait voir ces infec¬ tes à une Demoifelle d’efprit , que j’avois depuis quelque mois accoutumé avoir à la louppe ; elle a fort bien vu un grand nombre des faits que j’avois vus, & que j’ai rapportés, comme le mouvement , la différence des couleurs dans le corps de l’infeéte , la différence des petits avec ceux où ils étoient attachés : ce que je voyois avec plaifir confirmer les obfervations que j’avois faites , & que je ne propofe ce¬ pendant qu’avec toutes les reftridüons que la foibleife des loupes que j’ai en ma difpofition femble demander* des Sciences et Arts. CINQUIÈME MÉMOIRE- Qui renferme l’Hifloire de La découverte faite en France , de matières femblables a celles dont la Porcelaine de la Chine efl compofée 3 lue a L’Af femblée publique de l’Académie Royale des Sciences 3 le Mercredi 13 Novembre i/dy 3 SC difputes que ce Mémoire a fufcitées a l’Au¬ teur, IL ferait au moins fuperflu , pour ne pas dire inutile , de s’étendre ici en louanges fur la prééminence que la porcelaine de la Chine a encore au-deffus de toutes celles qui fortent des Manufactures de l’Europe : les efforts que l’on fait tous les jours pour imaginer des pâtes de Porce¬ laine qui puiffent approcher de celle de la Chine , le com¬ merce confidérable que l’on entretient entre la Chine & différens peuples de l’Europe , prouvent plus que tout ce que je pourrais dire ,1a fupériorité que nous reconnoiffons à la Porcelaine de la Chine, fur toutes celles que l’on fa¬ brique en Europe. Je n’entends cependant ; par cette fupériorité , que celle que lui donne la bonté des matières qui entrent dans fa compofition, & qui la rendent bien plus propre à réfifter au feu. L’adreffe ôc le goût des ouvriers que l’on emploie en Europe dans les manufactures de porcelaine , fur-tout dans celles de France , donnent aux pièces de porcelaine qui fortent de ces manufactures un dégré de perfection que l’on ne trouve pas dans celles de la Chine ; la variété des formes & des contours que nos ouvriers fçavent don¬ ner aux pièces qu’ils travaillent , la régularité ôc l’élégance des figures , des fleurs & des animaux qu’ils peignent fur 5)2 Mémoires sur différentes parties ces pièces , en font autant de tableaux en miniatures , qui les rendent précieufes aux yeux les moins connoiffeurs en peinture. Ces petits tableaux font fouvent tels qu il n y a prefque pas lieu de douter que les fragmens de ces pièces de porcelaine feront auffi recherchés que les delfeins & les eftampes des plus grands maîtres , & qu’on en formera par la fuite des collections femblables à celles que 1 on fait de nos jours, des delfeins & des eftampes qui font dûs au pinceau & au burin des plus habiles dellinateurs & gra¬ veurs. Plufieurs porcelaines de l’Europe, il faut l’avouer , font en cela beaucoup fupérieures à la porcelaine de la Chine ; li celle-ci le cede de ce coté à nos porcelaines , il faut auffi ne faire aucune difficulté de convenir que la porcelaine de la Chine l’emporte par la bonté de fa pâte fur les porcelaines de l’Europe. La bonté de cette pâte dépendant feulement des matiè¬ res dont elle eft compofée , l’on s’eft toujours propofé en Europe d’en trouver de femblables à celles qui s’emploient à la Chine dans les manufactures de porcelaines ; les efforts qu’on a faits n’ont cependant procuré que des compofi- tions plus propres à former des verres à demi-tranfparens* que de vraies porcelaines. On a un peu varié ces compo- fitions , mais toutes font des efpeces de frittes plus ou moins aifées à fe fondre (a) ; il faut cependant , à ce qu’il me paroît, en excepter la pâte dont on fait la porcelaine de Saxe ( b ). ( a ) Un anonyme envoya à feu M?r. le Duc d’Orléans , différentes corn- pofitions de Porcelaine , l’affurant qu’il étoit fur de la réalité de ces compo¬ sitions. Je ne certifie point le fait. La porcelaine de Saint-Cloud eft compofée de terre de Garches , de fable 6c de potaffe. Celle de Chantilly , de marne de Luzarches citronnée» de fable blanc de la butte d’Aumont , 8c de potaffe. Cehe de Villeroy , de fable de Fontainebleau , de tripoli 8c de potaffe. Celle de Vincennes , de marne d’Argenteuil , de fable , de potaffe , 8c d’un peu de calcine. Une autre perfonne donna encore à ce Prince, la compofition fui van te, pour être celle de la porcelaine des Petites-Maifons. Elle eft faite avec du fable blanc d’Etampes , du tartre blanc , du fel de foude d’Alicante 8c du minium. {b) Au nombre des terres 8c des minéraux de Saxe» achetés par feq des Sciences et Arts. 93 On ne poffédoit donc pas encore la vraie compofition de la porcelaine de la Chine; toutes celles quon faifoit n en avoient pas les qualités ; toutes fe fondoient dans des valès de celles de la Chine; elles étoient plus tendres , plus aifées a fe fondre, &foutenoient beaucoup moins bien fa- dion des liqueurs bouillantes; chaque Ârtifte fe flattoit d’avoir été plus heureux que ceux qui l’avoient précédé, quoiqu il n eut varié fouvent que dans les proportions qu’il adoptoit pour la combinaifon qu’il faifoit de la terre , du fable & du fel qu’il employoit : on fçavoit cependant qu’on ne fe fervoit à la Chine que de deuxfubf- tances tirées immédiatement de la terre ; cette connoif- fance devoit détourner du chemin qu’on fuivoit conO tamment. Les Phyficiens n’avoient pas encore tourné leurs vues de ce côté; ils lailfoient aux Artiftes le foin de per- fedionner leur Art , lorfqu enfin M. de Reaumur , fait pour éclaircir les matières qu’il traitoit , penfa qu’un Art aufïï utile que celui qui s’occupe de la porcelaine & pour lequel l’État s’intéreffoit d’une façon plus particulière , méritoit autant & plus que bien d’autres des recherches conduites par les réglés d’une faine phyfique. La voie la plus courte étoit d’avoir des notions plus étendues &: plus claires que celles qu’on avoit déjà fur la compofition de la porcelaine delà Chine , & de fe procu¬ rer fur-tout des matières dont on la compofoit ; M. de Reaumur eut les unes & les autres , mais elles ne furent pas complétés ; les travaux de cet habile Phyficien in-, firuifirent beaucoup , mais ils ne dilfiperent pas entière¬ ment les difficultés ; les Mémoires qu’il donna en 1727 & 1 729 , mirent fur la voie , mais ils ne conduifirent pas au but. Les recherches & les expériences de M. de Reaumur MB . le Duc d Orléans , il y a un Kao-lin femblable à celui de France ; peut- erre eft-ce celui qui efl employé pour la porcelaine de Saxe. Parmi les pier¬ res il y a un quartz oufpath-fluor d’un beau blanc, étiqueté comme étant la pierre qui entre dans la compolition de cette porcelaine» 94 Mémoires sur différentes parties lui firent pofer pour principe fondamental de la com- pofition de la porcelaine de la Chine , quelle étoit une combinaifon de deux fubflances, dont l’une nommée Pe- tun-tfe , étoit vitrifiable, ôc l’autre appellée Kao-lin , ne l’étoit pas. Ce principe étoit lumineux ; mais étoit-il entièrement jufte ? Il avoit porté M. de Reaumur à croire que non-feulement il avoit découvert en France de l’une & de l’autre matière, mais que la France en renfermoit qui pouvoient être regardées comme leur étant fupérieu- res : M. de Reaumur penfoit que le pe-tun-tfe étoit une efpece de caillou, & le kao-lin du talc ; les effais qu’il avoit faits avec différentes efpeces de nos cailloux ôc avec des talcs avoient eu du fuccès. M. de Reaumur néanmoins n’avoit qu’entrevu la vé¬ rité; elle ne s’étoit dévoilée qu’à moitié à fes yeux; il ne l’avoit vue qu’enveloppée d’un voile qui la couvroit encore trop pour qu’il la reconnut entièrement. Il avoit pu examiner le pe-tun-tfe ôcle kao-lin , mais le kao-lin fur- tout n’étoit pas totalement reconnoiffable ; il n’ étoit plus dans fon état naturel; on l’avoit envoyé de la Chine en petits pains formés d’une terre lavée Ôc préparée ; la grande blancheur de cette terre , fa fmeffe , de petites paillettes brillantes de talc dont elle étoit parfemée, la lui firent prendre pour de très-beau talc blanc qui avoit été broyé ôc mis en petits pains. Le pe-tun-tfe , dont fans doute M. de Reaumur n’eut que quelques fragmens peu confidérables , ne purent que lui paraître des morceaux de quelque caillou ; M. de Reaumur n’ayant apparemment pas dans fon cabinet des éclats de pierres qui fuffent femblables à ce pe-tun-tfe , il ne pouvoit que faifir à moitié la vérité ; mais il la vit autant ôc plus qu’il ne lui étoit en quelque forte permis de la voir; un trait de lumière plus développé ôc débar- ralfé du nuage tranfparent qui l’obfcurciffoit, dévoiloit à M. de Reaumur tout le myflère de la porcelaine de la Chine. Plus heureux ôc plus favorifé que M. de Reau¬ mur , j’ai vu les matières dont on fait cette porcelaine f des Sciences et Arts» & je les ai vues telles quelles fortent de la terre ; les recherches préliminaires que j’avois faites en France des terres & des pierres , même les plus communes, m’ont mis en état de reconnoître à la première infpeétion celles qui étoientdu kao-lin & du pe-tun-tfe. Voici com¬ ment j’ai eu occafion de faire cette comparaifon» Environ deux ans avant la perte que nous avons faite de feu Mgr. le Duc d’Orléans , ce grand Prince m’ayant fak l’honneur de me montrer les fubftances que l’on em¬ ploie à la Chine dans la compofition de la porcelaine, & qu’il en avoit fait venir , me demanda en même temps fi , dans mes recherches des foffiles de la France , j’avois trouvé des terres & des pierres femblables à celles qu’il avoit reçues ; au premier coup d’œil , je reconnus que j’a¬ vois été alfez heureux pour les découvrir» Charmé de trouver une^ occafion de faire ma cour à ce grand Prin¬ ce, auquel j avois l’honneur d’être attaché , & de lui té¬ moigner que fes amufemens m’étoient chers , je l’alfurai, & j’ofe dire avec un plaifir que mon cœur reflentoit, que j avois vu de ces foffiles en France : l’aveu fut fuivi de la démonflration ; les pièces furent confrontées & recon¬ nues à s’y méprendre , fur-tout les terres , pour être fem¬ blables à celles qui avoient été envoyées de la Chine ; les pierres qu’on en avoit reçues pour être du pe-tun-tfe étant un peu différentes les unes des autres , celles de la France que je prétendois être de même nature , deman¬ dèrent un peu plus d’examen ; enfin parmi celles que je foutenois leur relfembler , il fe trouva que cinq à fix perfonnes, préfentes à cette confrontation, conftaterent Être femblables à la première infpection. On n eut rien de plus prelfé que de faire des elfais de comparaifon avec les matières venues de la Chine & cel¬ les que j avois trouvées en France : je fus alfez hardi pour annoncer que ces elfais auroient le même fuccès & af- fez heureux pour qu’ils en eulfent. Les deux pièces , com¬ parées apres la cuilfon , qui furent cuites dans un four confiruit dans le laboratoire que ce Prince avoit à iàinte 5p£ Mémoires sur différentes parties Geneviève , ces deux pièces , dis - je , furent trouvées femblables, le grain en étoit le même , la dureté égale , la tranlparence pareille, le fon aufîi vif. Il n’y avoit alors autre chofe à faire que d’avoir une quantité conlidérable de matières pour entreprendre des elfais en grand : malgré la rigueur de la faifon, nous étions alors en hiver , je partis , accompagné d’un ou- vrier * en porcelaine, que M§r. le Duc d’Orléans me propofa de mener avec moi pour m’aider ; j’allai dans les endroits que j’avois parcourus quelques années aupara¬ vant, & où j’avois trouvé la terre & la pierre que je regardois , l’une comme du pc-tun-tfe , l’autre comme du kao-lin. De retour , lorfque les matières furent arrivées , & que le four que ce Prince fît conftruire à Bagnolet , celui du laboratoire étant trop petit , fut achevé , on procéda aux effais ; le premier fut avantageux , le fécond ne le fut pas tant : tout penfa manquer par ce défaut de réuflite. Je me mis alors par de petits effais à examiner la caufe de cette efpece de bizarrerie dans les expériences; je reconnus que le mauvais fuccès n’avoit dépendu que de la violence du feu , qui n’avoit pas apparemment été affez grande : j’employai une journée entière à faire cuire un très-petit & très-mince gobelet dans un fourneau de reverbere , rempli continuellement de charbon allumé , ôc dont la vivacité étoit augmentée par le vent de deux foufflets d’Orfévre qu’on faifoit continuellement jouer. Ce petit gobelet ayant cuit, Mêr. le Duc d’Orléans ordonna une nouvelle fournée, à la demande que je pris la liberté de lui en faire , & il eut la bonté de recommander cette fournée à l’ouvrier qui étoit chargé de la conduire , en lui faifant faire attention que la réuflite dépendrait de fes foins ; la fournée fut donc faite , & elle vint à bien : il manquoit cependant un peu de blancheur aux vaif- feaux. De nouvelles expériences m’éclairerent fur ce * Nommé Légué , qui travaille actuellement avec M. le Comte de Lauraguais. des Sciences et Arts. point intéreflant ; & dans le temps que j’efpérois que le public pourroit jouir de cette découverte , la mort enleva le grand Prince qui m’avoit mis à portée de la confir¬ mer. Aucune ne l’a peut-être été plus complètement. Si les petits effais ont réulli , les effais en grand ont été égale¬ ment heureux : on moula non-feulement des plats & des affiettes de plufieurs grandeurs & de plufieurs formes, mais on fît des gobelets , des taffes à café avec leurs fou- coupes , des pots de plus d’un pied en hauteur , & des vafes femblabies à ceux dont les jardins font ornés. Un de ces vafes, qui avoit un pied & demi & plus en hau¬ teur , &. dont la largeur étoit proportionnelle à fa hau¬ teur , étoit orné de moulures , de même que le pied par lequel il finiffoit ; fon intérieur contenoit un bouquet compofé de plufieurs efpeces de fleurs, dont la mafle rempliffoit toute la capacité du vafe , & faifoit corps avec lui par fa partie inférieure ou par le faifceau formé de la réunion de tous les pédicules des fleurs ; ces fleurs étoient des rofes, des œillets, des anémones, des renoncules, des fleurs de jafmin, portées chacune fur un pédicule parti¬ culier; les pédicules de ces différentes fleurs étoient même de porcelaine, Angularité qui ne s’efl jamais vue que dans les bouquets de porcelaine de la Chine : ce qui doit d’autant plus paroître fingulier, que ces pédicules font grêles , & qu’il fernble qu’ils devroient fe fondre ou s affaiffer pendant la cuiffon du vafe où le bouquet de fleurs étoit implanté , ce vafe étant , comme on le penfe bien , beaucoup plus épais. Les pédicules de ces fleurs ne fouffrirent pas plus de la violence du feu, que les bras , les draperies des figures que l’on fit aufii , quoique ces parties n’euffent point de fupport , mais qu’elles fuf- fent ifolées , avantage immenfe &c dont on ne jouit pas dans les manufactures de porcelaine ordinaire , où l’on efl obligé de foutenir par des fupports de matière de porce¬ laine , toutes les parties des figures & des autres pièces qui ont également des parties baillantes ; précautions né- Tomc /» N p8 Mémoires sur différentes parties ceffaires qui confument beaucoup de pâte de porcelaine, & cela en pure perte , dommage qui augmente beau¬ coup le prix de ces porcelaines , d’autant plus que mal¬ gré toutes les attentions qu’on peut apporter pour em¬ pêcher que les pièces ne fe déjettent, il arrive très-fou- vent qu’un grand nombre fe déforment , ou perdent quel¬ ques-unes de leurs parties. Les expériences en grand ne fe firent pas fans qu’on conftatât fi le feu qu’on étoit obligé d’employer pour faire cuire les pièces de porcelaine , feroit capable ou non de faire quelque impreffion fur des pièces de porcelaines communes. Toutes celles qu’on mit dans le four y fouf- frirent plus ou moins , excepté celles du Japon & de la Chine , qui y relièrent aulfi intactes que celles qu’on fai- foit cuire. * Tout concourant donc à prouver la bonté de la nou¬ velle porcelaine, Mgr- le Duc d’Orléans penfa qu’il falloit s’afiurer d’une partie du terrein où on trouvoit le kao-lin &le pe-tun-tfe^ il en fit donc l’acquifition. Comme cette acquifition ne pouvoit fe fairék, de même que les expérien¬ ces qu’on fe propofoitde continuer, fans que le public fut informé de l’une & de l’autre , ce Prince penfa qu’il con- venoit que je dépofalfe à l’Académie quelques petites piè¬ ces de la nouvelle porcelaine, & que par un papier ca¬ cheté où j’aurois décrit les matières qui entroient dans fa compofition , je mifle cette découverte à l’abri des préten¬ tions que d’autres perfonnes pourroient par la fuite croire avoir fur cette découverte. Pour prévenir encore plus ces prétentions, je fis impri¬ mer à la fuite du Mémoire que je donnai en 17J i , fur les granits de France , une note où je dis que « les matières » qui font propres à faire une porcelaine pareille à celle * La porcelaine du Japon & celle de la Chine ne fouflrirent en aucune façon. Celle de Saxe fe déjeta un peu. Celle de Saint-Cloud fe déforma beaucoup. Celle de Chantilly fe fondit , 8c devint une maffe informe. Celle de Vincennes fufa de façon qu’on n’en put trouver aucun veltige. des Sciences et Arts. » de la Chine fe rencontraient en France , que j’ai re- » connu que celles - ci étoient femblables à celles que » Mgr- le Duc d’Orléans avoit reçues de la Chine , & que » les expériences de comparaifon que j’avois fait exécuter » fous les yeux de ce grand Prince , ne m’ont laifle aucun « doute fur la bonté des matières que j’avois trouvées en » France ». Quelques papiers périodiques firent mention de cette découverte dès qu’on commença à en parler dans le pu¬ blic ; l’auteur de la Préface qui eft à la tête de la traduc¬ tion des leçons de chymie de Schaw , imprimée à Paris en 1 1 S 9 > dit , page 6 1 , que j’ai trouvé le kao-lin & le pe- tun-tfe en France, & que j’en ai fait des eflais. Les fuccès heureux que ces elfais ont eus auroient été fuivis d’un éta- blilfement folide , & dont le public jouirait depuis quel¬ que temps/i nous n’euflîons perdu le grand Prince qui fab ioit en partie fon amufement de cette efpece de travail utile. Cette perte me rendoit maître de faire ufage de la dé¬ couverte que j’avois faite ; mais des raifons qu’il eft inutile de déduire ici m’en ont toujours empêché ; ces raifons ne fubfiftant plus , ôt Mgr- le Duc d’Orléans qui a daigné ac¬ corder à mes recherches en Hiftoire naturelle la protec¬ tion que le feu Prince fon pere leur accordoit, ayant trouvé bon que je publiaffe ma découverte , je n’ai pu & n ai même pas dû la garder plus long-tems fous le fe- cret. Je dirai donc que le kao-lin de la Chine n’eft qu’une terre blanche très-fine , dégagée de toute matière étran¬ gère, & autant pure quelle peut naturellement l’être pa£ les différens lavages par lefquels on la fait palfer avant de 1 employer ; cette terre eft dans fa mine , mêlée avec des parties talqueufes argentées, & avec de petits grains de la nature du cryftal de roche ou de quartz , plus ou moins tranlparent ; les parties talqueufes ne peuvent apparem¬ ment pas être tellement enlevées par les lavages dont je ioo Mémoires sur différentes parties viens de parler , qu’il n’en relie quelques-unes mêlées a cette terre. Ce font ces pailletés qui ont fait penfer à M. de Reau- mur , que le kao-lin étoit du t?dc broyé & lavé ; mais ayant eu , comme je l’ai dit plus haut , du kao-lin de la Chine tel qu’il fort de la mine , je n’ai pu avoir de doute fur fa nature. L’endroit où je trouvai pour la première fois en France une terre femblabie à ce kao-lin , fe nomme Maupertuis, & eft fitué près d’Alençon; on le tranfporte de ce village dans cette ville pour en fabriquer de la poterie , avec d’au¬ tres terres & du fable qu’on y mêle. Dans le voyage que je fis pour aller chercher du kao-lin , lorfque feu Mêr- le Duc d’Orléans voulut eiïayer cette terre en grand : j’ap¬ pris que l’on en droit aufli à Chauvigni, & dans quelques autres endroits plus près d’Alençon que n’efl le village de Maupertuis ; c’ell même d’un de ces endroits qu’on en prit pour faire les eftais. Ce feroit répéter la defcrlption que je viens de donner du kao-lin de la Chine , que de décrire celui de France : cette derniere terre eft de la même fineffe , de la même blancheur ; elle eft parfemée de paillettes talqueufes fem- blahles , & de grains cryftallins ou quartzeux , pareils à ceux qui fe trouvent mêlés dans le kao-lin de la Chine avant qu’on l’ait lavé. Si la reflemblance qui fe trouve en¬ tre les endroits d’où l’on tire le kao-lin de la Chine & ceux que l’on fouille en France pour avoir de cette terre, pou- voit ajouter quelque degré de certitude qu’on doit avoir de la parité qui eft entre ces deux terres , je dirois que , de même qu’en Chine , le kao-lin eft dans fa mine précédé de terres rougeâtres ou jaunâtres, celui de France eft égale¬ ment pofé dans la fienne , au-deftfous de femblables terres , & que l’une ou l’autre de ces terres fe trouve quelquefois plus ou moins mêlée dans le lit du kao-lin , terre dont il faut le débarraffer avec autant de foin qu’en apportent les Chinois pour en nettoyer leur kao-lin y & qui peuvent être employées en France , comme à la Chine } à faire les caiR dès Sciences et Arts. ioi fons ou gazettes dans lefquelles on fait cuire les pièces de porcelaines ; elles y font d’autant meilleures , qu’on ne peut tellement les féparer du kao-lin qu’il ne relie toujours un peu de cette terre mêlée avec elles , déchet qu’on ne doit pas craindre, la beauté du kao-lin ôc la bonté des ga¬ zettes ne pouvant qu’y gagner. Les endroits que je viens de citer ne font pas les feuls où je connoilfe en France du kao-lin : feu Msr- le Duc d’Orléans me permettant toujours de faire venir de diffé- rens endroits de ce royaume les pierres ôc les terres qui pouvoient s’y trouver ; on envoya une ou deux fois du kao-lin : le premier envoi fut fait de Limoges , dans les en¬ virons duquel *il fe tire ôc où il efl employé à faire de la fayence qui palfe dans ce pays pour être très-bonne ; le kao-lin du fécond envoi étoit des biens de M. le Chevalier Herington , en baffe Bretagne, & qui font litués à peu de dillance de la Garaie. L’erreur dans laquelle un particulier de baffe Bretagne efl tombée à l’occafion d’une terre femblable qu’il avoit trouvée dans beaucoup d’endroits de cette province , ôc qu’il prenoit pour de la marne, m’a appris que la Breta¬ gne étoit très-riche en cette terre. J’ai été confultë par différentes perfonnes pour fçavoir fi elle étoit réellement marneufe; je l’ai reconnue pour du kao-lin, non-feule¬ ment par fes propriétés extérieures , mais encore par cel¬ les de ne fe pas réduire en chaux ôc de ne fe pas diffoudre aux acides ; je ne fçais fi on ne doit pas encore regarder comme du kao-lin la terre dont on fait à Sainte-Hermine en Poitou , ces pots immenfes connus fous le nom de jar- îes; j'ai vu les trous d’où l’on tire cette terre, ôc, autant que je puis me le rappeller , cette terre efl femblable au kao-lin. Le kao-lin , fi recherché depuis long-temps avec tant rde foin ôc fi inutilement, quoiqu’on le vît , qu’on le tou¬ chât, qu’on l’employât même tous les jours , étant con¬ nu , il me refie à parler du pe-tun-tfe : il n’étoit pas plus ca- phé. Depuis un temps immémorial cette pierre fervoit à io2 Mémoires sur différentes parties paver la grande route de Bretagne du côté d’Alençon ; cette ville en eil également pavée, & les montagnes de fes environs en renferment dans plufieurs endroits de leur étendue ; j’ai indiqué tous ces endroits dans le Mémoire que j’ai donné fur les avantages d’une carte minéralogie que pour les ponts ôc chauffées , Mémoire qui eft inféré dans un des premiers volumes du Journal œconomique : cette pierre y eft nommée quart ç en rocher ; je ne pouvois ôt ne devois même alors la faire connoître pour ce qu’elle étoit. J’en ai ufé de même dans les autres Mémoires que j’ai faits fur la Minéralogie de la France , ôc dans lefquels j’avois occafion de parler de cette pierre ; ces Mémoires font inférés parmi ceux de l’Académie. Le pe-tun-tje eft, comme celui de la Chine , de la na¬ ture des pierres vitrifiables : il donne du feu frappé avec le briquet ; deux morceaux frottés l’un contre l’autre jet¬ tent de la lumière ; il ne fe diffout pas aux acides ; fa cou¬ leur eft d’un gris clair; certains morceaux font parfemés de quelques petites taches rougeâtres ou verdâtres ; fon grain eft fin ôc ferré, ôc forme une pâte unie , compare ôc très-dure. Au premier coup d’œil, cette pierre paroît avoir du rapport avec le grès, elle en différé cependant à plufieurs égards ; fon grain eft infiniment plus fin , 6c , fi on peut parler ainfi, plus fondu ; fi on vouloit la rappro¬ cher de quelque forte de grès , il n’y en a pas de laquelle on put mieux le faire que celle à laquelle les Carriers don¬ nent le nom de cliquart : ce grès eft d’une dureté bien fu- {jérieure à celle du grès ordinaire ; elle eft même telle que e cliquart eft rejetté par les ouvriers qui taillent cette pierre , comme étant trop difficile à travailler. S’il pou- voit être fubftitué au pe*tun~tfe , ce feroit une façon de rendre cette pierre utile, liir-tout dans les endroits où elle feroit commune, ne l’étant pas ordinairement dans ceux qui font même remplis de rochers de grès ordinaires *, * Le grès & le fable même pourroîent être utilement employe's , puifque le fable entre dans les compofitions des porcelaines ordinaires , 8c que le grès u’eft probablement que du fable reuni, fans auçun ciment naturel, ni fus Va- des Sciences et Arts. 103 L epe-tun-tfe étant broyé fous la meule , & étant lavé dans plufieurs eaux, devient d’une très-grande blancheur & dune très-grande fineffe ; laiffé quelques jours dans l’eau, il contraffe une odeur défagréable, & brunit ; de même que celui de la Chine, il a , lorfqu’il eft réduit en une poudre blanche , un petit goût falin auquel M. de Reaumur le reconnut pour être réellement du pe-tun-tfe. Cette obfervation , que je dois à cet habile Phyficien, ne pouvoit, comme on le penfe bien , que m’être très-agréa¬ ble j elle étoit une nouvelle preuve de l’identité qui fe trouvoit entre le pe-tunt-tfe de la Chine & celui de la France ; ôt quand elle n auroit pas été prouvée par des expériences , le lentiment de M. de Reaumur auroit été pour moi , linon une preuve complété , du moins une préfomption des plus fortes : l’approbation qu’il donna suffi aux effais que je lui fis voir, ne me fit pas moins de plaifir ; il les reconnut pour être d’une porcelaine a laquelle il ne manquoit aucune des propriétés de celle de la Chine. Après le fuffrage d’un Phyficien suffi habile que M. de Reaumur , & qui s’étoit tant exercé fur la matière de la porcelaine; après les effais en grand que j’ai rapportés dans cet ouvrage , on ne peut , à ce que je crois , guère douter que nous ne connoiffions maintenant la vraie compofition de la porcelaine de la Chine, & que nous ne publions égaler les Chinois dans cette efpece de manu- faêlure ; étant de plus prouvé par tout ce qui a été dit, que la porcelaine de la Chine elt un compofé de deux fubftances vitrifiables , il n’y a pas lieu de douter que plu- fieurs fortes de terres &c de pierres ne puilfent être propres a faire différentes porcelaines. -rar exemple, il me paroît qu’une eipece de quartz grenu & rougeâtre des environs de Mouan , village peu éloigné de Caen, pourroit en procurer une eipece diffé- rente de la porcelaine ordinaire : ce quartz m’a paru avoir pierreux. Le fable ferait même pre'fe'rable en ce qu’on e'pargneroit en rem¬ ployant, les irais ou broiement qu’il faudrait faire du grès. io4 Mémoires sur différentes parties , beaucoup de rapport avec une forte de pe-tun-tfe quon envoya auffi à feu M§r- le Duc d’Orléans en même temps que celui dont j’ai parlé ; l’effai qu’on fit avec le quartz de Mouan eut de la réulfite; il donna une porcelaine qui différoit en couleur de la porcelaine ordinaire : celle-cï eft blanche, comme perfonne ne l’ignore , l’autre avoit une couleur de chair légèrement rouge. Cette expérience pourroit engager à fe fervir de pierres vitrifiables de diffé¬ rentes couleurs , elles donneroient peut-etre des variétés de porcelaines qui pourroient n être pas fans mérite. On s’ouvrira du moins, en faifant ces expériences , un champ vafle qui ne peut être que très-agréable a parcourir à quiconque aime cette forte de travail ; fi jamais il fe trouve quelqu’un qui s’en amufe, il pourra accomplir le projet que feu Mgr- le Duc d’Orléans s’étoit propofé de faire exécuter fous fes yeux dans fon laboratoire , & fur lequel j’avois déjà fait une fuite d’expériences, qu’il feroit trop long de rapporter ici , & que je me trouverois heu¬ reux de perfectionner autant que j’en fuis capable. Je connois grand nombre de pierres qui pourroient fervir de pe-tun-tje & de terres qu’on pourroit employer comme kao-lin. La Normandie renferme une belle terre blanche qu il ne pourroit qu’être très-utile de mettre en ufage : elle fe trouve dans tout le canton de cette province que j’ai ap- pellé le canton des fables gras , lorfque j’ai donné pour la France un plan général de Minéralogie , & qui eft inféré parmi les Mémoires de l’Académie Pour lann^e : je penfe que les terres connues fous le nom de terres fa - yonneufes , pourroient être très - avantageufement em¬ ployées. Entre les pierres, celles auxquelles on a donné les noms de ftéatite , de pierre ollaire , de* jade , de ferpentine , de fine dite ; en un mot toutes les pierres que plufieurs Natu- raliftes regardent comme des pierres argilleufes , me pa¬ rodient mériter une attention particulière; on ne devroit y»as même négliger les différentes variétés de fchites ô£ . * ' meme L des Sciences et Arts; 107 même d’ardoifes. On rencontre a fiez fouvent parmi les rochers des premiers, des veines de cette pierre, qui font verdâtres , qui ont quelque chofe de gras 6c d’onètueux , comme la craie de Briançon , qui me paroilfent avoir quel¬ que rapport avec une forte de pe-tun-tfe encore envoyé à feu Mgr- le Duc d’Orléans,. Je connois nombre de ces fchites qui fe trouvent dans plufieurs endroits de la Fran¬ ce , ôc que j’ai vus nommément danfs les rochers des en¬ virons de Bourbon-1’ Archambault. Le rapport qu’ils ont avec la craie de Briançon, devroit engager à ne pas lailfer cette pierre , fans en faire un examen particu¬ lier. * On ne peut certainement qu’avoir, par la combinaifon de ces pierres avec les terres , une grande variété de p⬠tes , dont il ne peut que réfulter une variété confidérable de porcelaines , ou au moins de poterie 6c de fayence , plus utiles les unes que les autres. Pour y parvenir , il faut néceffairement apporter à la préparation de ces pierres 6c de ces terres , autant de pré¬ caution qu’on en apporte pour la préparation de celles qu’on emploie dans les manufaètures de porcelaines , & dont on fait ufage à Bagnolet , lors des expériences en grand qu’on y a exécutées pour la nouvelle porcelaine. On commençoit par nettoyer le kao-hn du peu de terre rougeâtre ou jaunâtre dont il pouvoit être mêlé ; on le lavoit enfuite dans une eau très-pure 6c très-claire , on le débarralfoit par cette opération des graviers ôc de la plus grande partie des paillettes talqueufes (g-) ; puis on le fai- * Il eft inutile d’avertir que les cailloux de pierres àfufil, les diffe'rens quartz , le fpath-Jluor & les autres pierres de cette nature ne doivent pas être négligées ; le fpath-Jluor fur-tout , puifqu’on prétend , comme je 1 ai dit dans une note précédente , que des perfonnes penfoient que c’était cette pierre qui fervoit en Saxe de pe-iun-tfe. {g) Il ne faut pas craindre de laiffer de ces paillettes , elles ne peuvent pas faire grand tort à la porcelaine , lors fur-tout qu’elles font blanches ; elles fervent au contraires à faciliter la fufion du kao-lin. M. Pott du moins veut qu’elles aient cette propriété , lorfqu’elles font mêlées avec des terres. Tome, J. Q io6 Mémoires sur différentes parties foit pafïerpar dilférens lavages , pour avoir un dépôt d’une finelfe impalpable. Oe réduifoitle pe-tun-tfe dafis un pareil état, en le pi¬ lant d’abord dans un mortier de fonte , ce qu’on pourroit faire dans une manufacture bien établie , au moyen d’un bocard. Le pe-tun-tfe ainfi broyé & palfé même au tamis de foie, étoit porté fous des meules où. il étoit long-temps moulu, délayé dans de l’eau; on finiffoit fa préparation par dilférens lavages dont on ne prenoit que le dépôt le plus fin , & qui fétoit à un point que la farine la plus fine ne l’étoit pas davantage, que ce pe-tun-tfe ainfi pré¬ paré. L’on mêloit enfuîte à parties égales le kao-lin & le pe- tun-tfe , on les délayoit dans de l’eau , & au moyen d'un moulin femblable à celui dont les laveurs d’or fe fervent, & qu’on faifoit mouvoir un temps confidérable, on mê- langeoit ces deux fubftances , de façon qu’ elles n’en fai- foient en quelque forte plus qu’une. Cette pâte rnife en malle étoit enfin portée aux ou¬ vriers qui dévoient la tourner , la mouler , & la faire cuire: il ne faut pas moins de précautions dans cette partie de cet art ; il en faut autant apporter dans les autres , dans la conf- truCtion du four , dans l’endroit où il doit être bâti , dans la diredion du feu. Mais détailler toutes ces précautions , ce feroit décrire entièrement l’art de faire de la porcelai¬ ne ; ce que je ne me fuis pas propofé ici, n’ayant voulu donner qu’une connoilfance exaCte de la façon dont s’étoit faite en France la découverte du kao-lin & du pe-tun-tfe. On en trouvera fans doute par la luite dans beaucoup plus d endroits que je n’en ai nommés dans cet ouvrage. Pour mettre en état ceux qui defireroient avoir de ces deux fubftances , je dirai en finilfant, que dans les principes que je me fuis faits fur la pofition des minéraux dans la terre , il y a tout lieu de penfer que les terreins femblables à ceux que j ai fait entrer dans ma Carte générale & minéralogi¬ que de la France, & que j’ai défignés par le nom de bande fchiuufe ou métallique , pourront renfermer l’une ou l’autre des Sciences et Arts. 107 matière , & fouvent toutes les deux. Je fuis d autant plus porté à le croire, qu’il me paraît que le terrein de la Chi¬ ne , d’où ces matières fe tirent , efl: Emblable à celui de la France, où elles ont été découvertes; vérité qui m’a en quelque forte été démontrée, par le relevé * que j ai fait de ce que le P. du Halde nous a appris dans fon hilioire de la Chine, dé la Minéralogie de ce grand Empire. Enfin pour m acquitter entièrement du devoir de Citoyen & d Aca¬ démicien zélé pour l’avancement & la perfection des Arts , j ai cru devoir mettre fous les yeux de l’Académie & du public , les matières qui ont fervi à faire la nouvelle por¬ celaine , & répondre par-là aux intentions de feu Mgr- le Duc d’Orléans , & à celles du Prince fon fils , qui ne trouve cette découverte utile, qu’autant quelle peut in- térelfer le public. * Ce relevé a été imprimé dans le volume des Mélanges intéreflans 8c cu¬ rieux , ou Abrégé d’Hiitoire Naturelle , 8c c. où il s’agit de la Chine. Cet ou¬ vrage eli de M. de Surgi. J E crois devoir avertir des efforts que quelques particu¬ liers ont fait depuis l’annonce qui a été publiée de la dé¬ couverte du kao-lin & du pe-tun-tje , & prévenir contre plufieurs méprifes que ces perfonnes ont faites, & qu’ils ont imprimées. On n’eut pas appris dans Paris qu’on avoit trouvé en France le kao-lin & de pc-tun-Je , qu’on chercha à fçavoir d’où on les tiroit : il n’y a prefque pas lieu de douter qu’on ne le découvrit ; on apprit bientôt ou étoit placé le can¬ ton que feu Msr* le Duc d’Orléans avoit acheté : un Au¬ teur, celui de l’Oriâologie , crut même devoir l’annon¬ cer ; mais ce que cet Auteur dit du kao-lin & du pe-tun-tfe eft fi peu exaêt, qu’il y a tout lieu de penfer qu’il ne les a jamais vus , qu’il n’a écrit que de mémoire & que d’après ce qu’il avoit appris de quelqu’un, & dont il avoit mal re-! tenu la leçon. *68 Mémoires sur biffèrent es parties Suivant cet Auteur « le caillou, dit diamant d’ Alençon f »qui n’eft que du cryftal de roche , eft renfermé dans une » pierre pleine de brillans : cette pierre appellée artrée » eft marbrée ôc cryftallifée; elle fe trouve dans une fon- » taine du village du même nom , à une lieue de la ville » d’Alençon. Il paroît quelle s’ell formée d’une terre dur- *cie, blanche, tendre au toucher, pleine de parties mi- »cacées ôc de grains quartzeux : cette pierre reffemble » beaucoup au ■caholin de la Chine, ôc eft employée par » les Potiers de terre:» Il y a prefqu’autant de fautes dans ce paffage , qu’il y a de phrafes. La pierre d 'artréc , ou plutôt de Hertrcy , eft le granit dont on bâtit à Alençon’, & qui, bien loin de fe trouver dans une fontaine, compofe toutes ou prefque toutes les montagnes de ce canton. Comment cet Auteur peut-il dire que ce granit eft compofé d’une terre, puif- que ce n’eft qu’un amas de petits grains1 de quartz, mêlés- à des paillettes talqueufes, & que la terre qui peut s’y trou¬ ver eft la partie qui eft entrée le moins abondamment dans fa compofition ? La reftriâion que l’Auteur met à la reffemblance qui eft entre le kao-lin de la Chine 6c là terre des Potiers d’Alençon , me prouve qu’il n’a jamais fait la comparaifon de ces deux terres. Ce même Auteur n’eft pas plus exaêl dans un autre endroit de fon ouvrage. Il y dit que « la plupart des terres propres à faire de la » porcelaine, font des efpeces de marnes tendres ôc blan- » ches. Celles de la Chine fe nomment petun^è & kaolin. » Le petunil, efpece de pierre , étant broyée ôc réduite »en poudre, eft blanche, fine 6c douce au toucher ; le » kaolin, eft moins dur. ôc fe diffout aifément dans » l’eau». On ne comprend pas trop ce qui peut faire avancer à cet. Auteur , qu e, la plupart des terres à porcelaine font des- marnes ,.fi ce n’eft l’illufion que la blancheur de ces terres lui a faite ; ces. terres font argilleufes , & par conféquent bien différentes de la marne. Il eft fingulier qu’il dife que U p e-tun-tfe foit une pierre r venant de le mettre au nom-’ des Sciences et Arts. ï0>‘ bre des terres marneufes,- la prétendue diffolution dü kao-lin dans l’eau ne fe doit fans doute entendre que de la facilité avec laquelle cette terre fine & douce s’y dé¬ laye : elle n’eft pas un fel pour s’y diffoudre. L’Auteur du Didionnaire raifonné univerfel d’Hif- toire naturelle , raifonné un peu moins mal fur le kao-lin. Par l’analyfe qu’il dit avoir laite de celui de la Chine , il a reconnu que « la partie farineufe eft calcaire, les pail- » lettes brillantes font du mica, les parties graveleufes font » de petits cryftaux de quartz & la partie empâtante , qui » fert déciment, eft argilleufe; nous avons troüvé , contî- » nue-t-il, quantité de terre femblable fur les couches » de granit qui fe voient aux villages du grand & petit* » Hertrey , près d’Alençon; peut-être qué en kao-lin' » n’eft qu’un mauvais granit détruit ». Dans la fuppofition que l’analyfe que l’Auteur du Dic¬ tionnaire raifonné dit avoir faite du kao-lin de la Chine fbitexa&e, onpourroit lui demander ce qu’il veut dire' par fon ciment argilleux; on fèroit porté à croire qu’en voulant faire la defeription du kao-lin , il a fait celle du" granit ,- dans la compofition duquel je ne crois pas ce¬ pendant qu’il démontre plus de parties calcaires qüe dans le kao-lin de la Chine, à moins que ce kao-lin n’ait été al-* téré, comme il arrive fouvent aux ouvriers Chinois de le faire , en mêlant au kao-lin lavé des matières étrangères , dans la vue d’en augmenter la quantité , ou pour rendre les deux autres matierês plus aifées à entrer en fufton & épar¬ gner par-là dü temps & de la dépenfe, ce qui pourroit ex¬ pliquer la différence qu’on reconnoît être dans la por¬ celaine de la Chine qu’on y fait aduellement & celle qu’on y faifoit anciennement, & que l’on appelle V an¬ cien' Chine- àc Y ancien Japon. Les connoiffeurs font beau¬ coup plus de cas de celle-ci, êc la mettent à un plus haut prix ; mais j’examinerai ce point intéreffant dans un autre Mémoire.- Le même Auteur, qui avoit apparemment été moins bien inftruit lorfqu’il étoit à Alençon fur la nature du / jio Mémoires sur différentes parties tuti-tf& que fur celle du kao-lin, regarde cette pierre comme un fpath vitreux ôt fufible ; il dit qu’il ne fait pas feu avec le briquet ; on en trouve , félon lui , une quantité dans les roches de granit en Allemagne, & particulière¬ ment au Hertrey , près d’Alençon. Je ne doute prefque pas que le fpath vitreux & fufible ne puiffe fervir de pe-tun-tfe ; mais les ^ c-tun-tje de la Chine que j’ai vus font biens différens de cette pierre , & ils font certainement femblables à ceux de France que j’ai décrits : quand on veut parler de matières qu’on ne connoît pas exactement, qu’on veut fur-tout deviner ce que d’autres ont trouvé , & qu’on n’a pas la délicatelfe d’attendre qu’ils nous dévoilent ce qu’ils ont apparem¬ ment raifon de tenir fous le fecret , il eft allez ordinaire de porter l’obfcurité dont l’efprit eft offufqué dans les def criptions des objets dont on parle. Cet Auteur , qui a tant vu defpath fufible dans les gra¬ nits des environs d’Alençon , auroit peut-être avancé une vérité s’il eut dit que les granits qui renferment de ce fpath , & peut-être même tous les granits préparés comme le pe-tun-tfe, , pourroient fuppléer le pe-tun-tfe. dans les pays qui auraient au granitée qui manquerait de l’autre pierre ; ce feroit du moins des expériences à faire , & qui ne font pas à négliger. Il paraît , par ce que j’ai dit dans le corps de ce Mémoire, que les Chinois fe fervent, comme pe-tun-tfe , de plufieurs efpeces de pierres ; il faut même que ces pierres foient très - communes en Chine, vu la quantité qui y a été employée depuis plufieurs fiécles , & le bas prix de la porcelaine qu’on y fabrique : s’ils ne fe fervoient que de fpath-fluor, il faudrait que ce fpath fût bien autrement abondant dans cet Empire qu’il ne l’eft en Fran¬ ce , où nous ne le trouvons qu’en très petits morceaux , & répandus dans les granits , où il ne forme que des grains plus ou moins gros, & dont on ne pourrait le tirer qu’a¬ vec beaucoup de peine & de dépenfe , ce qui me feroit croire que fi on vouloit jamais faire ufage de ce fpath dans les manufactures de porcelaine ; il feroit plus fnnple d’em- DES SciËMCËS ET A R T S. jjj ployer les granits qui en font parfemés ; les granits font vitrifiables ; ils ont des parties talqueufes qui aident la fu~ lion ; il y auroit peut-être de l’avantage à fe fervir de ces pierres en guife de pe-tun-tfe : c’efl à l’expérience à nous inflruire fur ce point intéreffant.- Ce que je viens de dire fur le fpat'h fufible peut fervir de" réponfè à ce qui a été avancé nouvellement dans un ou¬ vrage fur l’émail ; l’Auteur qui a joint à cet ouvrage quel¬ ques remarques fur la fabrication de la porcelaine , pré¬ tend que le pe-tun-tfe de la Chine efl un femblable fpath. Je fuis étonné que cet Auteur, qui avoit vu les différen¬ tes pierres envoyées de la Chine pour être du pe-tun-tfe, , ait embraffé ce fentiment ; il n’auroitpas, à ce que je crois, dû reflreindre ainfi ce pe-tun-tfe à une feule efpecè de pier¬ re. Il fait mieux connoître le kao-lin, il la décrit d’après celui de la Chine : fa defcription efl exaêle. L’annonce quil fait de la découverte du pe-tun-tfe & du kao-lin en France , ne pouvoit être plus sûre que de fa part , puif- quil étoit préfent à la confrontation des matières en¬ voyées de la Chine, & de celles trouvées en France. On ne comprend pas trop bien ce qu’il veut dire par fes obfervations fur le grès , peut-être avoit-il fait des expér nences avec cette pierre. On ne peut malheureufement efpérer des éclairciffemens fur cet endroit de fon ouvra¬ ge , la mort nous l’ayant enlevé. Au relie , ce qu’il a écrit fur la porcelaine , peut être utile, & en cela on ne peut que lui avoir de la reconnoiffance pour ce qu’il nous a laiffé. Comme on ne peut faire connoître trop d’endroits qui fourniffent du pe-tun-tfe , je finirai ces notes par un paffage tiré du Mémoire fur le tripoli dePoligny en Bretagne,' par M. Gardeil *. « La colline qui renferme dans fes en- » trailles le bois foflîle & le tripoli , efl toute couverte de » grès , ce qui peut faire croire quelle doit fa formation » aux eaux , en obfervant d’ailleurs qu’il fe trouve dans ce * Vcye\ les Mémoires des Sçavans Etrangers -, tome 1IJ, page ii2 Mémoires sur différentes parties » grès de grandes couches de quartz . . . Il faut encore » remarquer que le grais de cette colline a une qualité qui » me paroît lui être bien particulière. Il eft par couches » inclinées , êt fe fépare ainfi que le fchite : on y voit s> comme des feuillets , ou plutôt des couches fucceffives s> de fon accroiflement, qui me parodient démontrer qu’il a> a été formé par dépôt. » Ce grès me femble être de l’efpece du pc-tun-tfe , avec laquelle les expériences ont été faites à Bagnolet. Je le croirois d’autant plus volontiers , qu’il fe trouve dans un canton de la bande métallique , que ces rochers font in¬ clinés à l’horizon , ce que j’ai aufli obfervé quelquefois dans ceux de cette pierre que j’ai vus, & parce que ceux dontM. Gardeil parle , ont des veines de quartz, ce que jje n’ai jamais remarqué dans les roches de grès propre¬ ment dit, quoique j’en aie beaucoup examiné. Annonce de l’ Avant coureur 3 du. 2 j Novembre 1766. Si les diverfes porcelaines qu’on fabrique en Europe ; êt particulièrement en France , font infiniment fupérieu- res à celles de la Chine pour la forme des vafes & la beauté des deffeins, elles leur font bien inférieures pour la qua¬ lité. Aucune ne peut réfifter à l’extrême chaleur que fouf- fre celle de la Chine. On a vainement cherché à la rendre meilleure par divers mélanges. Ce n’eft qu’en 1727 que M. de Reaumur propofa de fui- vre le procédé Chinois , en cherchant en France des ma¬ tières qui puffent remplacer le pe-tun-tfe & le kao-lin’, mais les échantillons qu’il avoit du premier étant imparfaits , & ceux du fécond ayant déjà reçu des préparations , il ne put les bien connoître, & fe trompa dans le choix qu’il fit de nos matières. M. Guettard, plus heureux, a eu par feu M. le Duc d’Orléans l’avantage de voir tirer de la Chine çes deux matières en allez grands abondance telles quelles fortoient; des Sciences et Arts! 113 fortoient de la mine. Il fe rappeLa auih-tot qu’il avoit fouvent vu des matières toutes femblables en parcou¬ rant les provinces de la France : S. A. S. l’envoya en faire récolte , & en fit faire à fainte Genevieve & a Ba- gnolet des elfais en petit ôt en grand, qui réuflirent par¬ faitement. Mais la mort de ce Prince ôt d’autres circonf- tances avoient tenu dans le fecret cette découverte. Le kao-lin François depuis long-temps s’employe dans les fa¬ briques de fayence. C’eft une terre fine blanche, mêlée de paillettes talqueufes ôt de grains de cryftal ; mais elle elt aufîl mélangée avec des parties de terre rouge dont il faut la féparer par les lavages. Il y en a dans les environs de Limoges ; mais il fe trouve en abondance près d’Alençon & dans la baffe Bretagne , où plufieurs l’ont pris mal-à- propos pour de la marne. Le pe-tun-tfe n’eft pas plus rare. Le grand chemin d’Alençon ôt une partie de la ville en eft pavée, c’eft une forte de grès qu’on nomme quartz. Il eft aulfi dur que le clicar ; mais le grain en eft plus fin. Il eft à croire qu’avant peu nos manufactures de porcelaine, en donnant la folidité à leurs ouvrages par le bon choix des matières , dédommageront de la cherté des chefs-d’œuvre qui s y fabriquent. M. Guettard en a plufieurs pièces qu’il a fait fabriquer , qui font de la même beauté , ôt réunif- fent tous les avantages de la porcelaine de la Chine. Annonce de l’ Avant-Coureur , 2$ Novembre M. Guettard lut un Mémoire intéreffant fur la matière de la porcelaine trouvée en France à Maupertuis, village près d’Alençon. FeuM. de Reaumur, après avoir donné l’hiftoire de la terre dont les Chinois font de la porcelai¬ ne, ôc qu’ils appellent pe-tun-tfe , avoit fait quelques expé¬ riences qui ont mis M. Guettard fur la voie ; mais celui-çi a pouffé la découverte au plus loin. Il y a déjà quelques an¬ nées qu’il en eft en poffeflion ; mais des circonftances pat- T 9m /. JP. 114 Mémoires sur différentes parties ticulieres ne lui avoient pas permis de la publier P^ut°t ’ ^ il ne le pouvoit même que de l’agrément de S. A. S. M. le Duc d'Orléans qui vient de le lui permettre. Lettre de HL. Guettcir d a HL. le Ccunus 3 de L Académie des Sciences. /f Onfîeur , vous me fîtes l’honneur de me dire , à k Y JL dernier e alfemblée de 1 Académie, que fi mon Mé¬ moire fur ta porcelaine paroiffoit en public, je n’avois qu a m’apprêter à le défendre , qu’il fer oit attaqué. 3 e my ^at¬ tends bien. Je n’ai prefque rien fait qui ne l’ait été. J ai donné des observations fur les glandes des plantes; on a dit que je rendrais aveugles les Botaniftes, & ils ont leurs yeux , du moins je n’en comtois point qui les ayent per¬ dus en examinant ce que j’avois obfervé avant eux. Un Naturalifte de la Suiffe, & M. Linnæus en ont parlé en bien. J’ai fait voir que la France avoit des granits aufii 'beaux que ceux d’Egypte. On a débité qu on fçavoit cela avant que je l’euffe dit , perfonne n en parloit cependant , & depuis , tout le monde fe fait honneur de découvrir tous lés jours des granits. J’ai donné une carte minéralogique de la France , par laquelle je fais voir qu’il y a un ordre & un arrangement régulier des minéraux dans la terra . on a ridicülifé d’abord ma carte, & je vois maintenant qu’on tra¬ vaille fur le plan fuivant lequel elle a été conftruite. J’ai fait paroître un Mémoire dans lequel je prouve que plu- fîeurs montagnes de la France avoient ete des volcans ; un Mindfalogifte nailfant m’a préfque perfuadé , & à toute 4’ Académie , ce que j’avois avancé. Il s’en faut peu que je né érOye avoir rêvé d être entre dans les carrières de JLar.tS de & Vol vie, & danslésbouches des montagnespar lefquel- les les feüx fe font autrefois élancés de ces montagnes. Ce¬ pendant ce Minéralogifte nailfant difoit, en même temps , que ces montagnes avoient brûlé anciennement. J ai fait im Mémoire fur-les paillettes -d’or que l’Arïiége -roule ; m des Sciences- et Arts, 115“ Académicien m’a entrepis à ce fu jet, je lui ai répondu , & j’attends; la réplique qu’il m’a promife. Je viens de lire un Mémoire fur la porcelaine ; on va l’attaquer , j’y con- fens. On débite déjà que je n’ai pas connu le pe-tun-tfe. Je ne crois pas m’être trompé. On a fait de la porcelaine avec les matières que j’ai trouvées en France , voilà ma réponfe, Si on veut une réponfe plus ample , qu’on life mon Mémoire , & tout fera dit. Sans doute que celui qui fe propofe d’infirmer ma dé¬ couverte a quelque intérêt à fe mefurer avec moi. Je lui abandonne tout le profit qu’il attend , fans doute , des grandes découvertes qu’il a probablement faites en ce genre. Je fouiiaite de tout mon cœur quelles lui foient profitables. Content de la médiocrité de mon fort , je ne ferois pas un pas pour en fortir , je n’ai voulu, en donnant mon Mémoire fur la porcelaine, que, faire çonnoitre un échantillon des grandes vues que feu Msr* le Duc d’Or¬ léans avoit pour l’utilité publique, même dans fes aniufe-i mens , & apprendre que j’avois été alfez heureux pour en¬ trer dans les vues de ce grand Prince, dont la mémoire me fera toujours précieufe , & dont les bienfaits exigent de moi une reconnoiffance éternelle. Mes fouhaits font rem¬ plis, J’abandonne le refie à l’envie, à la jaloufie & à la cupidité. Je ne demande rien à perfonne. J’ai mis , à ce que je crois , tout le monde en état de faire de la porcelaine aufli bonne que celle de la Chine. Je fouiiaite que nos compa¬ triotes en tirent le parti qu’ils pourront pour leur for* tune. Je m’en réjouis d’avance, fi la fortune leur rit. Elle s’eft montrée à moi; elle m’a fui aulfitot, j’en fuis confolé. Elle efi capricieufe; je n’aime pas les caprices, encore moins les tracalferies. On veut m’en faire , m’avez-vous dit , Moniteur ; afîurez , je vous en prie , ces tracalfiers qu’ils n effleureront pas feulement mon. ame : elle efi devenue de diamant , à force d’avoir fouffert de leurs femblables. Leurs peines feront perdues. Je leur confeille de faire de la por¬ celaine, d’en, élever s’ils peuvent, des manufa dures de; n6 Mémoires sur différentes parties faire multiplier au centuple leur talent , j’achetterai de leurs tafles à café , ôc en prenant du café, je leur fouhaiter rai une bonne fanté. Cela vaudra mieux que de perdre mon tems à batailler avec eux : je peux l’employer plus utilement. Je travaille à mettre en ordre un fécond Mémoire fur la porcelaine , & toutes mes obfervations fur la Minéralogie de la France. J’ai déjà un ouvrage prêt à être imprimé fur les carreaux fofliles , j’ai fait graver à mes frais foixante-fix planches pour cet ouvrage. Je ne puis trouver d’impri¬ meur qui veuille l’entreprendre ; c’eft une fuite de mon étoile. D’autres diront que c’eft la médiocrité , l’inutili¬ té , le mauvais goût de cet ouvrage , ils auront peut-être raifon ; mais j’en ris. Mes idées ne font plus confufes lur cette partie de la Minéralogie. Ma mémoire n’eft plus fur- chargée de ce poids. Je fuis à l’aife de ce côté , cela me fu£ fit. Les autres connoilfances que j’ai fur cette partie de l’Hiftoire naturelle de la France font encore dans ma tête en une efpece de cahos , je travaille à la débrouiller; quand tout fera en ordre, je ferai paifible ; & voilà le feul bon¬ heur que je defire. Je lailferai le monde à la difpute des au¬ tres. Je lirai leurs guerres comme on lit celle des géants. J’en rirai moi Pigmée. Il eft bon de l’être dans cette vie* on trouve où fe cacher. Ce n’eft pas un petit bien que de vivre avec foi-même, c’eft là du moins ma façon de penfer : tout au plus quelques amis , fur-tout fi ils font comme vous , Monfieur. Je fuis , &c. des Sciences et Arts; 117 Extrait du Traité des Couleurs pour la Peinture en Email 3 SC fur la Porcelaine 3 précédé de L’art de peindre fur l’Email 3 SG fuivi de plufieurs Mémoires fur différents fujets intéreffans 3 tels que le travail de la Porcelaine , l’art du Stucca- - teur 3 fa maniéré d’exécuter les carnées ÔC les au¬ tres pierres figurées , le moyen de perfectionner la composition du Ferre blanc 3 SC le travail des Glaces j ÔCc. MOnfieur d’Archais de Montamy , premier Maître d’Hôtel de Msr- le Duc d’Orléans , Auteur de cet ouvrage, s’étoit rendu recommandable fur les connoiffan- ces les plus exaétes &: les plus profondes danslaChymie ôc dans la Phyfique expérimentale. Il avoit confacré à ces fciences & par goût, & par envie de fe rendre utile à la fociété, tout le loifir que lui lailfoient fes emplois. Il fe plaifoit à confulter les Artiftes & à les aider réciproque¬ ment de fes lumières , fur-tout ceux qui exercent les arts les plus difficiles & les moins connus , tels que celui de la peinture en émail , fur lequel l’antiquité ne nous a rien lailfé , & dont les procédés feroient encore autant de fe- crets ignorés du public , & peu furs fans les travaux opi¬ niâtres de notre Auteur, & fans la publication du livre que nous annonçons. M. de Montamy étant mort le 8 Février dernier , avant qu’il ait pu le publier lui-meme , ceft un grand avantage pour l’art & pour les amateurs , que 1 édi¬ tion en a été confiée par l’Auteur à un écrivain aufli verfé que l’eft M. Diderot dans tous les genres de connoif* fance. On ne fçauroit refufer à cet Editeur la juftice que nousf Jui rendons ici , par rapport à l’objet de ce traité lorfqu on ii8 Mémoires sur différentes parties a lu l’article émail qu’il nous a donné dans l’Encyciopé- die. On y trouve un abrégé del’Hiftoire de l’art, avec le détail de fes principes & des matières qu’il met en œuvre. Le P. Kircher eft le premier qui ait parlé de la peinture en émail dans fon Mutidus fubterraneus. L’Hiftoire nous ap¬ prend que dès le tems de Porfenna , Roi des Tofcans, il y avoit des vafes émaillés, repréfentant diverfes ligures. On ne trouve plus rien qui ait trait à cet art jufqu’aux temps de Michel-Ange & de Raphaël, qui peignirent fur l’émail des porcelaines de Faënza, d’où elles ont été appellées fayences. Quoique ces ouvrages aujourd’hui fort rares foient recherchés pour la beauté & la perfeélion du delÏÏn , ils péchoient par le coloris ; car on n’y employoit que du blanc , du noir, & quelques teintes de carnation. Les piè¬ ces faites fous le régné de François I, ne font pas mieux coloriées. L’invention de la peinture en émail telle qu’on la pratique aujourd’hui avec des couleurs métalliques , jointe à un fondant , eft attribuée aux François. Nos bi¬ joutiers firent d’abord des fleurs fit des ouvrages de compartimens. En 1632 un orfèvre de Châteaudun , nommé Jean Toutin , parvint à trouver des couleurs qu’il appliquoit fur un fond émaillé où elles fe parfondoient au feu , & l’eflaya fur la figure & le portrait. Il eut Griba- lin pour difciple. Ces deux artiftes firent part à d’autres de leur fecret, L’ orfèvre Dubié fe diftingua en ce genre , & fut logé aux galeries du Louvre. Après lui parut Morliere , natif d’Orléans , qui émailla des bagues & des boëtes de montres. Robert Vuuques de Blois lui fuccéda , & fut remplacé par Pierre Chartier, fon compatriote, qui eut divers imitateurs. Outre les portraits & les petits ouvrages , on exécuta des médailles. L’art fâifoit auffi des progrès en Angleterre. Jean Peti¬ tot & Jacques Bordier en apportèrent des portraits fi bien coloriés , qu’ils excitèrent l’émulation de deux bons pein¬ tres en mignature , Louis Hançe & Louis de Guernier*. des Sciences et Arts. 119 Ce dernier découvrit plufieurs teintes pour les carnations; mais fes découvertes font perdues , de même que celles de Jean Petitot, l’un des plus grands maîtres dans l’art de peindre fur l’émail , né à Geneve en 1 607 , ôc décédé à V e* lay , au pays des Grifons en 1 69 x. Il peignoit les cheveux avec une vérité ôc une légèreté dont les dnftrumens ôc le» préparations -ordinaires ne paroiffoient nullement capa¬ bles. Il copia divers portraits des plus grands peintres, que l’on conferve précieufement. Louis 'XIV lui accorda une penfion & un logement aux galeries du Louvre , qu’il quitta lors de la révocation de l’Edit de Nantes , pour fe retirer dans fa patrie. Il avoir dans fon beau-frere Bordier , un émule ôt un affocié avec lequel il partagea fa fortune que l’on fait monter à près d’un million. L’un ôc l’autre ne fe bornèrent pas au portrait , ils oferent traiter l’iiif- toire. Le peintre en émail le plus célébré en Angleterre, étoit un Suédois appellé M. Zink, qui n’a point fait d-’éieve. Il eft parlé de lui dans l’ouvrage de Rouquet , fur 1-état des arts en Angleterre. Ce dernier excelle dans fes portraits en émail , de même que M. Liotard ôc M. Durand, peintre de Mgr- le Duc d’Orléans. M. de Montamy a été fort lié avec M. Durand; il s’eft fervide lui pour s’afiurer des qualités qu’il fe propofoit de donner à fes couleurs. C’elt fous les yeux de ce grand Artifte qu’a été dreffée l’expofition abrégée de l’art de peindre fur l’émail que M. Diderot a mife à la tête du traité des couleurs pour lui fervir d’introdu&ion. fOn y apprend que la plaque fur laquelle travaille le peintre en émail doit être préparée par 1 orfèvre. Elle eft compofée d’un or pur, à vingt-deux carats, avec un alliage moitié argent ôc moitié cuivre. Elle a un filet ou borde- ment qui doit fervir à retenir l’émail. Quelquefois par raifon d’œconomie on émaillé fur le cuivre rouge bien égal ôc bien nettoyé, formé d une feuille épailfe comme du parchemin. On emboutit cette piece3 i20 Mémoires sur différentes parties c eft - à - dire , on la rend convexe du côté à peindre ^ pour lui donner de la force , ôe l’empêcher de s’en¬ voiler. L’émail que l’on prépare pour la peinture ne doit être ni trop tendre ni trop dur ; fa couleur doit être le beau blanc de lait ; & fon grain , le plus fin qu’il eft poflible. Le bon émail vient de Venilè. On en donne ici la compofi- tion trouvée dans les papiers de M. de Montamy , mais écrite d’une autre main que la fienne. L’émail fortant du creufet où il a été fondu , elt en forme de pain que l’on doit cafter, réduire en poudre, pi¬ ler & broyer dans des mortiers , ôc avec des molettes d’A- fathe , en y verfant de l’eau bien pure. L’émail étant royé , on jette deffus de nouvelle eau qu’on laide dépo- fer pour la décanter enfuite par inclination. Ces lotions fe répètent plufieurs fois. Le dépôt qui s’y trouve eft propre alors à être employé. On le met fur une plaque repliée par les deux bouts, qu’on appelle chevalet. Les pieds du che¬ valet doivent être inégaux , & la furface de l’émail broyé & détrempé d’eau que l’on y a mis doit être inclinée , afin que cette eau puiffe s’égouter en partie du chevalet ; on tranfporte l’émail fur la piece à émailler avec une fpatule,’ çe qui s’appelle charger, Il s’agit enfuite de retirer l’eau qui peut relier dans la piece, & de la fécher. Pour la dépouil¬ ler de toute humidité , on la met fur une tôle percée de pe¬ tits trous que l’on place fur des cendres chaudes jufqu’à ce qu’elle ne fume plus. La piece paffe enfuite au fourneau de l’émailleur fous une moufle où elle eft mife une première fois en fufion : lorfqu’elle a été refroidie , on rebroie l’émail le plus fine¬ ment que l’on peut. On charge la piece une fécondé fois en y ajoutant un peu d’autre émail pour remplacer ce que le feu a ôté à la première charge , & ce qu’il ôtera à la fe-, conde. Deux feux fufïifent pour les plaques d’or ; les pla¬ ques de cuivre en demandent trois. On émaillé rarement les plaques d argent, parce que ce métal fe bourfouffle , ôç fait bourfouffier l’émail, Toute des Sciences et Arts, 121 Toute piece émaillée du côté où l’on veut peindre , doit être contr’émaillée de l’autre côté , à moitié moins d’émail fi elle eft convexe ; à égalité , fi elle eft plane : c’eft par le contr’émaillé que l’on commence. La piece ainfi préparée, on fe difpofe à la peindre avec les couleurs que M. de Montamy prefcrit dans fon traité qui fera analyfé ci-après. On y joint un fondant. Le plus parfait feroit celui qui rendroit égal le parfond de toutes ces couleurs dont l’Artifte doit connoître les qualités pour travailler finement. Dans cette vue il doit faire des effais fur de petites plaques d’émail que l’on nomme inventaires, & former d’après cela fa palette. Il y a cette différence en¬ tre fa peinture en émail , ôc les autres genres que dans ceux-ci , les teintes relient telles qu’on les applique, au lieu que dans la peinture en émail elles s’altèrent au feu. C’eft pourquoi l’émailleur doit avoir en peignant , la mémoire des effets que le feu produit fur fes couleurs. C’ell une pa¬ lette idéale. On peut juger par-là combien il eft difficile de mettre de l’accord dans un morceau un peu confidéra- ble de peinture en émail. Pour employer fes couleurs, l’Emailleur a befoin d’huile effentielle de lavande qu’on mêle avec elles pour les ren¬ dre fluides.Sa palette eft un verre ou cryftal pofé fur un pa¬ pier blanc qui fert à faire paroître à l’oeil les couleurs telles* quelles font. On trace d’abord fon deffin avec du rouge de Mars ^ couleur légère qui n’empêche point celles qu’on applique fur elle de produire l’effet qu’on en attend. A côté de l’Àr- tifte eft un poêle où il entretient un feu doux fous la cen¬ dre. Le deffin étant achevé , il le fait fécher fur une tôle percée pofée fur ce feu. Enfuite il le colore par des teintes légères ôt égales qu’il fait fécher à mefure qu’il les appli¬ que. Cette ébauche doit être par-tout extrêmement foible de couleur. En cet état on lui donne un premier feu. A l’inftant où la peinture fe parfond , la piece prend un poli , & c’eft alors qu’il faut la retirer. Cette manœuvre eft très- • délicate. Divers accidens , comme les mauvaifes qualités Tome /. Q i2â Mémoires sur différentes parties du charbon, du métal, des couleurs, de l’émail, les piquu- res , les fouffles , les fentes peuvent effacer la moitié de la peinture. Quelquefois la mauvaife température de l’air , l’haleine même des perfonnes qui ont approché de la pla¬ que peuvent avoir ae funeftes conféquences ; c’eft pour¬ quoi un Artifte vigilant doit écarter de fon laboratoire, les perfonnes qui ont mangé de l’ail , ou qui font dans les re¬ mèdes mercuriels. Deux précautions plus importantes en¬ core, font, i°. de délayer les couleurs dans une quantité d’huile très-modérée , parce que l’excès de cette huile , en s’évaporant , donneroit lieu à des œillets , à des croûtes ou à des taches ; aa. d’éviter des épaiffeurs ou de la même couleur ou de plu heurs couleurs différentes , parce qu’el- les auroient de la peine à fe parfondre également. Après le premier feu on repeint la piece entièrement , & on lui donne une couche de couleur plus forte & mieux prononcée que la première fois. On la met dans le four¬ neau , & on la retire lorfqu’elle reprend un poli un peu plus vif que dans la première cuiffon. Ces opérations peu¬ vent fe répéter jufqu’à cinq fois i mais le dernier feu, ré- fervé pour les couleurs les plus tendres , doit être le moins long. Telles font les principales manœuvres de la peinture en émail dont nous avons fupprimé pluheurs circonftances très-néceffaires dans l’exécution. Mais ce que nous en avons dit paroît fuffifant pour donner une idée générale de ce travail. Nous allons maintenant entamer le traité des couleurs qu’on emploie dans cette peinture d’après M. de Monta- my. Il obferve d’abord que le principal avantage de la pein¬ ture en émail c’eft d’ être inaltérable , & de réhfter à tous les ravages du temps. Si les fameux maîtres de l’antiquité avoient connu cette façon de peindre , ils nous auroient tranfmis quelques-uns de ces excellens modèles dont il ne nous refîe que de foibles idées. Lorfque cet art a paru , les jeunes Peintres , qui ont voulu s’y exercer , ont été arrêtés dans la carrière par le défaut des bonnes couleurs qui y font propres. Chacun des Sciences et Arts. 133 s’eft fait une méthode qui ne pouvoir manquer d’être dé- fectueufe par diverfes raifons dont on trouve ici le détail auquel nous renvoyons. Sur l’article des fondans qui fait la matière du Chapitre fécond , on montre que l’huile eflentielle de lavande qui réuffit mieux qu’aucune autre dans la peinture en émail pour fèrvir de véhicule aux couleurs , devant être évapo¬ rée avant que l’on porte l’ouvrage en fonte ; il faut une autre matière qui lie les couleurs à l’émail blanc, & les y faffe pénétrer dans le temps de la fufion. Cette matière ne peut être autre chofe qu’un verre : car quoique le verre ne puiffe pas par lui-même s’employer au pinceau , quelque fmefle qu’il ait acquife par la trituration ; cependant comme les couleurs avec lefquelles on le mêle ne font pas vitri¬ fiées , elles fervent de moyen d’union entre ce verre Ôc l’huile de lavande. Les Artiftes ont donné à ce verre le nom de fondant, parce qu’il prête de l’éclat aux couleurs , & leur donne de ïaliaifon. i°.Son ufage doit être général, c’eft- à-dire, qu’il doit entrer en fufion au même in fiant avec toutes les cou¬ leurs de quelque fub fiance quelles foient. 20. Son degré de fufibilité doit être proportionné à celui de l’émail du fond , ou être même un peu plus aifé à fondre , afin d’en¬ traîner la fufion du fond, y faire pénétrer les couleurs , & donner le poli à toute la piece. 30. Il doit être net , tranf- parent & inattaquable aux acides , fans quoi la peinture en émail feroit expofée à l'action de l’acide vitriolique ré¬ pandu dans l’air , qui l’altéreroit infenfiblement. 40. Il doit être dégagé de toutes les préparations où il entre du plomb , ou qui en font tirées , parce que ce métal mêlé avec du fable ôt des fels, fe revivifie aifément , & que cette revivification peut opérer la deftruêtion des couleurs. D’ailleurs les verres où il entre des préparations de plomb font expofés à l’a&ion des acides , ce qui eft , comme on l’a dit , un autre principe d’altération. Pour donner à ce verre les qualités dont on à prouvé la néceffité à l’égard de la peinture en émail ; après plufieurs Q ij i?4 Mémoires sur différentes parties expériences , M. de Montamy a choifi le verre de baromè¬ tre auquel il a joint le borax calciné, & le nitre purifié, qui le rendent plus fufible. On enfeigne ici la compofi- tion de ce fondant, ôc l’on prefcrit les dofes des ingré- diens. Si l’on n’eft pas à portée d’avoir des tuyaux de baromè¬ tres, il faudra faire du verre exprès avec les matières pre¬ mières. On en donne la manipulation après celle du fon¬ dant. Ce qui en fait la bafe efh le fable de Nevers calciné , auquel on ajoute du falpêtre bien purifié , du borax , ôt un peu d’arfenic. On trouve ici des remarques où l’on décide que félon la doctrine commune des Chymiftes , c’eft dans un fluide fub- til que réfide le principe des couleurs. Les uns l’appellent matière inflammable en le confondant avec le feu ; d’au¬ tres , foufre principe ; & Stalk lui a donné le nom de Phlo¬ giftique , qui a été adopté par ceux qui l’ont fuivi. On ajoute que le phlogiftique , n’ayant par lui-même aucune couleur, il n’occafionne les diverfes couleurs des corps qu’ autant qu’il s’unit à la bafe qu’il y rencontre en plus ou moins grande quantité. Mais la nature de cette bafe n’eft pas encore bien connue ; quelques Artilles l’appellent terre mercurielle , ou troifiéme terre de Becker. Selon M. Lehmann , elle fert de moyen d’union entre la terre vitrefcible & le phlogiftique. Ainfi lorfque le plogiftique eft légèrement combiné , il produit telle couleur ; lorfqu’il eft plus abondant , il en produit d’autres ÿ ce que l’on prouve par les chaux de plomb qui font diverfement colo¬ rées , fuivant les différens degrés de feu qu’ elles ont éprou¬ vés. En travaillant à feu ouvert , on peut chalfer le phlo¬ giftique d’un corps, ôt le difliper dans l’air comme il arrive dans la calcination des métaux ; mais à feu clos , on peut faire paffer le phlogiftique d’un corps dans, un autre ; on explique par-la la converfion du fer en acier. De plus il ar¬ rive fouvent que le phlogiftique , chafifé d’un corps , en¬ traîne avec lui quelque partie de la fubftance du corps qu’il abandonne ; ce qui fait que dans la réduction des mé- des Sciences et Arts. 127 taux une partie de la chaux métallique efb irréduêlible. En certains cas le contaèl immédiat du corps , qui fournit du phlogiftique , opéré les effets que l’on defire : c’eft ainfi que les mines prennent la forme métallique lorfqu’elles font touchées par des charbons enflammés ; ôt que l’on réufflt dans l’opération de l’efprit volatil de vitriol en em¬ ployant une cornue féléequi donne accès au phlogiftique du charbon. On conclut de-là que pour faire du verre coloré , il faut i°. une fubftance capable de mettre la matière vitrefcible en fufion ; 20. une fubftance qui en fe vitrifiant retienne le phlogiftique ; 30. une autre fubftance qui fourniffe un phlogiftique tellement fixe , qu’il ne puiffe être diffipé par le feu avant la fonte du verre. On applique enfuite ces principes aux phénomènes de la compofition des deux fondans dont on a parlé ci-deffus , ôt l’on en démontre la conformité. On a dit plus haut que le fondant dans la peinture en émail, lorfqu’il entre en fufion , fert de lien aux molécu¬ les de la couleur , l’attache à la furface de l’émail blanc, 6c la vitrifie avec lui. Il fuit de-là qu’on ne doit point em¬ ployer dans cette peinture des fubftances dont le feu dé- truiroit la couleur avant que le fondant fut entré en fu¬ fion , comme celles tirées des végétaux, ôte. Et comme il y a des fubftances qui fe vitrifient avec le fondant plus ou moins facilement, il fuit encore que chaque couleur exige une quantité de fondant qu’il lui fort proportionnée , ôc qu’il n’en faut employer que ce qui eft néceffaire pour la faire entrer dans une parfaite vitrification. On marque ici les inconvéniens que peuvent caufer l’excès ou le défaut en ce genre. Après ce prélude fur le fondant on traite de chaque couleur particulière à laquelle il doit être joint. On com¬ mence par le blanc qui fert à augmenter ou diminuer la force des teintes ou des nuances des autres cou¬ leurs. Il fernble d’abord que l’émail blanc devroit fuffixe pour. 125 Mémoires sur différentes parties re nplir les vues du Peintre ; mais deux obftacles s’y oppo¬ sent. io. L’émail eft un verre, ôt il eft impoffible de pein¬ dre feulement avec le verre. i°. L’émail formeroit une épaiffeur fur le fond , ôt la peinture feroit raboteufe. Dès lors les Artiftes ont été réduits à fe fervir du fond en l’é¬ pargnant pour former les blancs ôt les clairs dont ils ont befoin. On met ici dans tout leur jour la difficulté de cette pratique , ôt les inconvéniens auxquels elle eft fu jette. Il a donc fallu trouver la compofition d’un blanc que le Peintre en émail pût employer fur fa palette avec autant de facilité ôt de fuccès que le Peintre en huile. M. de Montamy en eft venu à bout en y employant la chaux de l’étain , faite par le fel marin. On enfeigne ici la maniéré de la préparer; fuivent des remarques fur les différens moyens employés par les Chymiftes pour mettre en chaux les métaux dont les Peintres en émail compofent leurs couleurs. La couleur rouge ôt plufieurs autres font tirées du fer qui peut être attaquée par tous les diffolvans dont il reçoit différentes teintes. Le rouge écarlate eft produit par le fa- fran de Mars. Cette couleur a le jaune pour bafe, ôt s’em¬ ploie dans les carnations. La calcination du vitriol de Mars , celle de la couperofe verte, ôte. donnent auffi un beau rouge ; mais les Peintres en émail n’ofoient s’en fer¬ vir par des raifons que l’on déduit ici, ôt ils employent le pourpre qui rend les chairs violettes. M. de Montamy a trouvé l’art de mettre les fafrans de Mars en ufage , tirés de la limaille de fer ou des doux d’épingles dont il donne la préparation. Il enfeigne à faire le brun maron avec le vi¬ triol de Mars ordinaire. Il y a une manipulation particu¬ lière pour obtenir un brun très-foncé avec la limaille de fer. Dans les remarques fur ce Chapitre on voit comment M. de Montamy eft parvenu à fixer les fafrans de Mars que le feu volatilifoit , à caufe d’une portion d’acide vitrioli- que qu’on n’avoit encore pu en dégager. Il s’eft fervi , pour cela, du fel marin dont la bafe s’unifiant avec l’acide vi- des Sciences et Arts. 127 trioîique , favorife F expulfion de celui-ci. Le fel fufible d’urine eft propre au même ufage que le fel marin dans les préparations dont il s’agit ; mais il eft difficile d’en avoir du bon. Toutes les précipitations d’or donnent différentes cou¬ leurs fur rémail qui tiennent plus ou moins de la couleur pourpre , telles que les gris de lin, les violets, les bruns. La diverfité de ces couleurs dépend de l’alliage qui fe trouve dans l’étain par la diffolution duquel on précipite l’or , ôc des différentes qualités des fubftances employées à diffoudre Fétain. Ces couleurs font très-fixes , & fe cou¬ chent aifément au pinceau , pourvu qu’on ne les ait pas fait reverberer à trop grand feu. On remarque ici que Fé¬ tain pur ôc fans alliage eft plus difficile à trouver que For pur ; mais on donne divers moyens de s’en procurer, ôc de faire les précipités d’or qui font l’objet de ce Chapitre. L’étain n’a pas le privilège exclufif d’opérer ces précipités. On les obtient auffi avec les diffolutions d’argent , de mer¬ cure, de zin, de bifmuth, ôte. employés avec le fondant fur l’émail , ceux-ci produifent des couleurs plus ou moins brunes ou violettes ; mais ces couleurs ont quelque chofe de faux ôc de terreux. Les couleurs bleues dont il eft queftion dans le Chapitre fixieme de ce traité , peuvent, félon quelques Auteurs , être tirées de l’argent ; mais il falloit que l’argent dont par¬ lent ces auteurs ne fut pas exemt de cuivre , car félon les expériences de M. de Montamy , l’argent pur ne donne qu’un jaune fale , ôc d’un ton faux. D’autres ont voulu qu’on employât l’outremer, couleur tirée du lapis lazuli ; mais cette couleur peut être aifément emportée par le feu , ou éteinte fi on la fixe par le vinaigre , elle ne pro¬ duit qu’une couleur verdâtre ôc terreufe. Le faffre ôc le frnalt donnent du bleu ; mais ils ont des défauts qui les rendent peu propres à la peinture en émail, parce que ce font des matières vitreufes qui ne coulent pas au pinceau, qui ne fe mêlent point avec l’huile , ôc qui font dures à fondre. Leur couleur bleue 120 Mémoires sur différentes parties vient du cobalt ou coboît , qui eft la bafe de leur compo¬ sition. Dans ces circonftances M. de Montamy a imaginé de tirer le bleu que fournit le cobalt avant que celui-ci foit vitrifié ; remarquez cependant que tous les cobalts ne four- nilfent pas du bleu. Cette propriété n’appartient qu’à une certaine efpece fur laquelle M. Hellot a fait un travail cu¬ rieux, rapporté dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, pour l’année 1737 , relativement au but qu’il fe propofoit de trouver une encre fympathique bleue. Nous obfervons en pafiant que M. Cadet, Apothicaire-Major de l’Hôtel Royal des Invalides , Artifte diftingué , a fait des recherches utiles fur l’encre fympathique de M. Hellot , ôt qu’il a montré que l’acide marin , employé par l’Acadé¬ micien dans la compofition de fon encre , comme étant le feul diflolvant du cobalt , n’a à cet égard aucune préfé¬ rence fur les autres acides minéraux , ni même fur l’acide végétal. Approfondilfant enfuite la nature du principe co¬ lorant du cobalt dans un Mémoire inféré parmi ceux des •fçavans étrangers, tom. 3 ,pag. 6 23 , M. Cadet fait voir que ce minéral eft un demi-métal , formé probablement par l’arfenic , uni à une terre métallique. L’application de cette remarque va trouver fa place après que nous aurons obfervé que le cobalt dont on tire le plus beau bleu , eft celui qui donne le plus beau rouge dans fa dififolution par l’efprit de nitre. Les autres difîolutions du cobalt, qui 13e fourniftent pas de rouge , font ineptes à produire du bleu. Voyez ici la maniéré de changer ce rouge en bleu, pour le fervice de la peinture en émail. Après avoir indiqué la méthode & les principes de M. de Montamy fur ce fujet, l’Editeur de fon traité dif- ferte fur la nature du cobalt. Sur quoi il rapporte deux fentimens des Chymiftes. Le premier de ceux qui , regar¬ dant le cobalt comme un demi-métal , fe fondent fur le régule qu’on en obtient. Le fécond de ceux qui regardent ce régule comme une combinaifon particulière du fer avec l’arfenic. Il ajoute que ces deux fentimens femblent confir¬ més des Sciences et Arts. i2p ïnés par les expériences de quelques Chymiftes très-habi¬ les , & il cite M. Rouelle pour exemple, en difant que ce célébré Artifte a tiré ce quon appelle le régule du co- bolt, du fmalt même, ou de cette matière vitrifiée ôc pulvérifée d’une couleur bleue qui nous vient de Saxe. M. le Baron d’Olbac, dans une note de fa traduction des (Euvres Minéralogiques de M. Lehmann , tom. I , page iqo, que M. Diderot avoit fans doute fous les yeux lorfqu il a écrit ce que nous venons de rapporter de lui , affirme pareillement que M. Rouelle a eu occafion de faire des expériences par lefquelles il a tiré un régule mé¬ tallique du bleu de faffre. Il paroît que ces deux écrivains ont ignoré le nom de b Artifte qui a avancé le premier que le cobolt eft une es¬ pece de demi-métal formé probablement par 1 arfenic uni a une terre métallique , & qui , par des travaux longs & difpendieux, eft parvenu à former un régule métallique avec le bleu de faffre. Cet Artifte eft le fieur Cadet. On ne doutera point du fait, fi l’on fait attention que les re¬ cherches & les expériences du fieur Cadet ont été confi- gnées dans le Mémoire cité plus haut, qui a été lu en 17 7 8 dans une affemblée de l’Académie des Sciences, à laquelle il préfenta en même temps fon nouveau régule tiré du bleu de l’azur ou du fmalt. On nous affure que ce Mémoire fut remis à M. Rouelle lui-même avant la féance de l’Académie ; qu’alors ce Chymifte, qui ne con- noiffoit point un pareil régule , fut fort étonné de la de- couverte du fieur Cadet. Auffi ne voit - on pas que M. Rouelle ait jamais publiquement tenté de s en attri¬ buer l’honneur. Il eft trop riche de fon propre fond pour vouloir fe parer des dépouilles d’autrui. Il eft bien vrai , comme le dit M. le Baron d Olbac dans la note citée que M. Braudt , Chymifte Suédois , ôc apres lui M. Gellert, ont parlé du cobolt comme d un demi-mé¬ tal qui a un régule particulier. Mais pour reconnoitre l’obligation que nous avons à M, Cadet , il faut fçavoir Tome J. R 150 Mémoires sur différentes parties que nous n avons point de vrai cobolt en France. Il eft dé¬ fendu fous les plus grieves peines de le tranfporter hors de Saxe, parce que cela feroit tomber dans ce pays-là le commerce de l’émail des quatre feux qui tire là couleur bleue de la partie métallique du cobolt. Or c’ell en trai¬ tant cet émail que le fieur Cadet a formé fon régule pur, & exempt de toute matière métallique étrangère. Voye,^ fon Mémoire cité , à la fin duquel vous trouverez la com- pofition d’une liqueur fumante très-finguliere, tirée de l’arfenic que fournit le cobolt par l’intermede de la terre foliée du tartre. Nous paffons au Chapitre VII du Traité de M. de Montamy , où il eft queftion de la couleur jaune à l’ufage des peintres en émail. On la tire de l’étaim fulminé fur le plomb, opération qui peut fe faire de trois maniérés qu’on indique ici. L’Editeur avertit que ce Chapitre n’eft point aufli détaillé que les précédens, & qu’on a été obligé de le former d’après quelques notes trouvées dans les papiers de M. Montamy. Il en eft à peu près de même des inftruélions de cet Au¬ teur fur la couleur verte que l’on peut aifément tirer du cuivre. Mais cette préparation eft fujette à tant d’inconvé- niens , que l’Editeur confeille aux Artiftes de la négliger & de tirer plutôt leur verd du mélange des jaunes & des bleus. Toutes les couleurs qui font à l’ufage de la peinture fur émail, peuvent être employées fur la porcelaine. Audi M. de Montamy n’a-t-il pas manqué d’étendre fes vues fur cet important objet. Il réduit dans fon Mémoire la porce¬ laine à deux efpeces générales , celle des Indes & celles d’Europe. L’une & l’autre font l’effet d’une demi-vitrification , avec cette différence que dans la porcelaine d’Europe cette demi-vitrification peut devenir complette en em¬ ployant un feu plus violent ; au lieu que la porcelaine des Indes , une fois parvenue à ce degré moyen , ne fçauroit al¬ ler plus loin. Elle réfifte au plus grand feu , le plus long- des Sciences et Arts. 131 temps continué , même à celui des miroirs ardens les plus forts. En Europe chaque manufacture de porcelaine a fa mé¬ thode „ dont elle fait un grand fecret. La bafe commune de la plupart eft une fritte , compofition pareille à celle qu’on emploie pour la fabrication du verre ôc du cryftal ; c’eft un mélange d’alkali fixe, & de pierres ou fables vitri- fîables. A la fritte on joint une terre calcaire que l’on rend vifqueufe ou gommeufe pour former la pâte , 6c re¬ tarder la vitrification. On croit que la porcelaine de Saxe eft compofée d’une terre graffe , 6c d’une quantité de fpath fufible calciné. Cette quantité de fpath fufible doit être tellement pro¬ portionnée , qu’elle ne vitrifie la terre graffe qu’à moitié. Comme il n’entre point de fels dans la compofition de la porcelaine de Saxe, elle eft moins dipofée à fe vitrifier en¬ tièrement. Il n’en eft pas de même de la porcelaine à frit¬ te ; c’eft pourquoi on peut faire fondre un gobelet de cette derniere dans un vafe de porcelaine de Saxe , fans que ce¬ lui-ci en foit endommagé. Si l’on expofe la porcelaine de Saxe à côté de celle de la Chine , au feu le plus violent , pendant quarante-huit heures , elles réfiftent l’une 6c l’autre à la fufion : mais la couverte de la porcelaine de la Chine coule en une efpece de verre verd , au lieu que celle de la porcelaine de Saxe devient feulement plus aride , fans rien perdre de fa blan¬ cheur. Il n’entre ni fels ni verre dans la compofition de la por¬ celaine des Indes ; mais feulement deux ou trois matières décrites par le P. d’Entrecolles , Jéfuite, dans le Pœcueil des Lettres Edifiantes.On croit qu’il ne feroit pas difficile de trouver en divers pays de notre Europe des fubftances femblables ou analogues , propres à donner une porcelaine qui ne feroit pas inférieure à celle des Indes *. * M. Guettard a lu un Mémoire fur ce fujet , à la féance publique de l’Académie des Sciences, après la faint Martin de 1765» dont nous donnons l’ Analyfe ci-après. R ij i$2 Mémoires sur différentes parties Les deux fubftances principales dont elle eft compofee portent le nom de petuntfe , & kaolin. Lepetuntfe eft une pierre qui paroît avoir de la reffemblance avec notregres; mais , qui, frapée avec l’acier, ne donne pas d’étincelles ; fon grain eft plus fin, plus lié que le grès, & ne peut être diffous par aucun acide. Il repréfente par conféquent une elpece d’argile fpathique pétrifiée. Le kao-lin eft une terre blanche & graiïe , parfemée de grains brillans & talqueux, formés par un fable vitrifiable qui s’y eft trouvé engagé. Les Chinois jettent cette terre dans des cuves pleines d’eau , ou elle dépofe fa partie fa- bleufe , & s’en fépare. La partie terreufe eft employée feule avec le petunfe. C’eft une efpece d argile dont on compofe la pâte des vafes de porcelaine les plus com¬ muns. Lorfque les Chinois veulent faire une porcelaine plus fine , ils fubftituent le hoaché au kao-lin. Le hoaché eft encore une terre blanche ou argille très-pure , qui paroît être de même' nature que la terre cimolée dont parlent Pline, Théophrafte, Mathiole, &c. ôt qui n’eft attaqua¬ ble par aucun acide. Elle contient peu de fable, excite dans l’eau un fifflement femblable à celui de la chaux qui fufe , s’attache à la langue lorfqu’elle eft feche , emporte les taches des étoffes. On la joint au petuntfe a parties égales. La pâte de la porcelaine ayant reçu la figure que l’on veut donner aux vafes, les Chinois la couvrent de fon émail avant qu’elle foit cuite , & ne la mettent qu’une fois au four. On donne ici les détails de cette manipulation. La couverte ou vernis fe fait avec le chécao , qu’on a pris mal-à~propos pour du borax ou de l’alun. La defcription qu’un Médecin Chinois , dont le manufcrit eft entre les mains de M. de Juiïieu , a fait de cette fubftance , montre que c’eft un fel blanc, brillant & friable , qui tient un peu du verre, & figuré en aiguilles ou en lames. On prétend que l’on trouve une matière parfaitement femblable aux environs de Touloufe, & qu’on a' reconnu que ce n’eft des Sciences et Arts. 133 qu’un beau gyps. Cette couverte des Chinois eft analogue à leur pâte , puifqu’on y fait entrer beaucoup de petuntfe. Il n’y a prefque de différence que dans la vitrification qu’elle fubit au moyen du fel de fougere que l’on y joint. Comme elle eft appliquée avant que la porcelaine foit cuite , elle pénétre un peu dans fa furface, & s’incorpore avec elle , mais faiblement ; ce qui s’apperçoit à la loupe , lorfqu’on examine la caffure d’un vafe de porcelaine de la Chine. Au contraire, dans les porcelaines d’Europe, où l’on emploie la fritte , les couvertes font formées d’une compo- fition déjà vitrifiée, qui fe confond intimement avec la pâte. A l’égard des peintures que l’on applique fur la porce¬ laine déjà faite , M. de Montamy ne penfe pas que l’on doive prendre les Chinois pour modèles. Leurs couleurs font médiocres , & en petit nombre. Ils y employent des préparations de plomb , qui , reprenant aifément fa forme métallique , noircit les couleurs , ôt élargit les traits du deffein. On doit fubftituer à ces couleurs Chinoifes , celles qu’on employé pour peindre en émail que la violence du feu ne fçauroit emporter. On remarque cependant que dans les chaux métalliques qui fervent à la peinture en émail, on emploie un fondant qui puiffe faire pénétrer les couleurs dans l’émail en fai- fant enforte que l’émail entre en fufton lorfque les cou¬ leurs y font déjà ; la même proportion , dans la facilité à fondre , doit fe trouver entre la couverte de la porcelaine fur laquelle on peint, & le fondant ajouté aux couleurs ; mais comme cette couverte entre plus difficilement en fufton que l’émail , le fondant fur la porcelaine doit être plus lent à fe mettre en fufton ; ce qui dépend d’employer une moindre quantité de falpêtre & de borax dans fa com- pofition. On peut connoître par des effais les différens de¬ grés de fuftbiîité des verres. Celui des tuyaux de baromè¬ tre fe fond le plus aifément, celui des glaces vient après , enfuite celui des cryftaux de Bohême , &.c, Ces préceptes i34 Mémoires sur. différentes parties font fuivis de quelques détails qui peuvent être fort uti* les à ceux qui préfident aux travaux des manufactures des porcelaines. Le Mémoire fur le duc n’eft pas moins curieux. On y apprend la compofition de ce marbre faCtice , qui a le pl⬠tre pour bafe , auquel il s’agit de donner de la dureté, des veines de différentes couleurs , & du poli. La dureté que le plâtre peut acquérir dépend du degré de fa calcination , qui eft lui-même relatif à la diverfité des plâtres des différens pays. A Paris on caffe le plâtre en morceaux gros comme un petit œuf. On les fait cuire dans un four dont on bouche l’ouverture. Après un certain temps on tire un de ces morceaux que l’on brife. Si l’on voit que la calcination a pénétré jufqu’au centre , de fa¬ çon qu’on y remarque encore quelques points brillans , c’eft une preuve que la calcination eft parfaite. Alors on le tire du four. Le plâtre , quoiqu’endurci par la calcination, eft fort poreux , fes grains peu liés fe détachent aifément , ce qui s’oppofe à ce qu’il puiffe prendre un beau poli. On remé¬ die à cet inconvénient en le détrempant dans de l’eau de colle. Lorfqu’il a été mis en place , & bien féché , on le polit avec la pierre à aiguifer , ou la pierre ponce , en verfant de l’eau , & nettoyant continuellement avec une éponge l’endroit qui vient d’être froté. Les frotemens fubféquens fe font avec des tampons de linge , de la craie , du tripoli , du charbon de faule, des morceaux de chapeaux, &c. Si l’on veut un fond de couleur , on délaye cette cou¬ leur avec l’eau de colle , en délayant le plâtre. Pour imi¬ ter les variétés du marbre , on a différens plâtres colorés que l’on place fur le fond aux endroits convenables. Nous renvoyons au Mémoire pour les détails de la manipula¬ tion. Nous ne pouvons qu’indiquer les autres Mémoires im¬ primés à la fuite de celui qui concerne le marbre faCtice. Ils contiennent des inftru étions nouvelles ôc curieufes fur des Sciences et Arts. 13 £ les pierres gravées fadices ; fur la maniéré doter les ta¬ bleaux de deflus leur vieille toile , de les remettre fur une toile neuve, ôc de raccommoder les endroits enleves ou gâtés ; fur la maniéré de retirer l’or employé fur les bois dorés à colle ; des remarques fur le verre blanc des glaces ou miroirs ; fur le jaune de Naples j fur la Manganefe ; une lettre adreffée à M. Roux , Auteur du J ournal de Méde¬ cine, fur une nouvelle maniéré de préparer le fafran de Mars ; ôc quelques additions qui donnent la façon d un vernis à appliquer fur les vafes, figures ôc autres ouvrages en plâtre ; la maniéré de faire une couleur d un jaune ci¬ tron avec l’argent , tirée des Mémoires de 1 Académie de Berlin, année 174^ ; une méthode pour obtenir le fel d’urine ; ôc une autre méthode d appliquer 1 or fur 1 émail ou fur la porcelaine. Extrait d’un Mémoire lu a l’Académie des Scien¬ ces , dans la féance publique du 1 3 Novem¬ bre 1 p dp y contenant l’HiJloire de la Decou¬ verte faite en France, de matières lemblables a celles dont la Porcelaine de la Chine eft compofée , par M. Guettard de la meme Aca¬ démie. EN donnant l’extrait du traité fur la peinture en émail, ôcles obfervations qui lefuivent; nous avons d’après M. de Montamy , indiqué les matières aveclefquel- les les Chinois compofent leur porcelaine , qui 1 emporte de beaucoup fur celles d’Europe. Nous ferons en état de n envier point a la Chine cette prééminence. M. Guettard , fi renomme par 1 etendue de fes connoiflances dans ce qui appartient a 1 Hiftoire Naturelle , nous apprend que nous avons fous nos pas , ce que l’on croyoit devoir chercher bien loin, ceft-a-dire, que l’on peut trouver abondamment en France du Ica o -lin 135 Mémoires sur différentes parties & du pe-tun-tfe, qui font la bafe de la porcelaine Chi- noife. Le célébré Réaumur avoit fait des recherches fur cet important objet. Elles font confignées dans les Mémoi¬ res de l’Académie des Sciences , des années 1727 & 172p. C’eftlui , qui le premier reconnut ce principe fon¬ damental , que la porcelaine de la Chine n eft compolee que des deux fubftances que l’on vient de nommer ; dont l’une , qui eft le pe-tun-tfe eft vitrifiable, & l’autre qui eft le kao-lin n’eft pas vitrifiable. Il s’étoit procuré de ces matières; mais en petite quantité 2t incomplettes. Le pe- tun-tfe, par exemple , n’étoit qu’en petits morceaux, qui lui parurent être des fragmens de quelque efpece de cail¬ lou ; à l’égard du kao-lin , il le reçut formé en petits pains blancs , parfemé de paillettes brillantes ; en conféquence il le prit pour du talc. Quoiqu’il n’eût entrevu qu’à moitié la vérité , il ne laifla pas de tenter quelques effais , avec des cailloux & des talcs pulvérifés , tels qu’on les trouve en France ; 2t ces elfais donnèrent de la porcelaine. Mais étoit-elle de même nature ôt qualité que celle de la Chi¬ ne? Non, on voit aifément que cela étoit impoftible , puifqueles fubftances employées parM.de Réaumur , n’é- toient en aucune maniéré analogues au pe-tun-tfe 2c au kao-lin de la Chine. Les connoiffances en ce genre , qui manquoient à M. de Réaumur, n’ont point manqué à M. Guettard. D’une part, feu M. le Duc d’Orléans , dont les amufemens même étoient dirigés au bien public, avoit fait venir de Chine du pe-tun-tfe 2c du kao-lin en affez grande quantité ôt non altérés ou tels qu’ils fortent de terre. D’un autre coté, M, Guettard avoit fait une étude fuivie des terres ôc des pierres , même les plus communes que la France renferme dans fon fein. A la première vue il reconnut que les fub¬ ftances que le Prince lui montroit , étoient femblables à quelques-unes des terres 2c des pierres qu’il avoit vues en France. La preuve en fut bientôt faite, par la confronta¬ tion des unes 2c des autres, L’eftai de* Sciences et Arts; 137 L’effai en petit, que l’on tenta fur les dernieres , réalifa les elpérances que l’infpeêtion avoit fait naître. On conf- truifit un fo.ur dans le laboratoire que le Prince avoit à Sainte Géneviéve. Une piece formée de matières Françoi- fes, foutint après la cuiffon , la comparaifon qu’on en fit avec une porcelaine de la Chine. « Dans toutes les deux «le grain fut trouvé de même, la dureté égale, latranfpa- » rence pareille , & le fon auffi vif. » On n’avoit point fous la main une quantité fuffifante de nos matières, pour répéter l’expérience en grand. Quoi¬ qu’on fut en hyver , M. Guettard confentit à partir incon¬ tinent pour en faire la recherche. Le zele du fçavant égale dans l’occafionle courage du militaire. Notre Naturalifte reconnut les mines qu’il avoit remarquées quelques années auparavant , & revint avec une abondante provifion de la pierre & de la terre qu’il avoit regardées , l’une comme du pe-tun-tfe, & l’autre comme du kao-lin. On jugea que le four du laboratoire de Sainte Géne¬ viéve étoit trop petit. Le Prince en fit conftruire un autre à Bagnolet,les effais en grand furent commencés. Le pre¬ mier réuflit très-bien, le fécond fut moins avantageux, parce que le feu ne fut pas affez violent. On corrigea ce défaut dans la troifiéme fournée i & les pièces qui en fortirent furent trouvées parfaites , excepté qu’elles étoient un peu moins blanches. M. Guettard vint à bout de ré¬ former cet inconvénient. Mais les travaux de la nouvelle manufacture furent interrompus par la mort du Prince , protecteur. On donne à la page neuvième du Mémoire , l’énumération des différentes fortes de vaiffeaux qui ont été fabriqués, & l’on décrit en particulier un pot de fleurs , imitant parfaitement le naturel , dont les pédicules féparés les uns des autres, ne forment qu’une feule piece. Ces pédicules avoient réfifté à la violence du feu , qui avoit été néceffaire à la cuiffon du vafe même beau¬ coup plus épais, & n avoient pas eu befoin de fupports , non plus que les bras & les draperies des figures cuites dans le même fourneau. C’eft là un avantage confidérable Torm I. S ij8 Mémoires sur différentes parties de notre porcelaine nouvelle , fur l’ancienne d’Europe ; dans celle-ci on confomme beaucoup de pâte à l’établif- fement de ces fupports , qui n empêchent pas les pièces de fe déjetter , de fe déformer & de fe brifer. La plus forte épreuve des porcelaines confifte à les expofer une fécondé fois à la vivacité d’un feu , capable d’opérer la cuilfon de celles d’Afie. Celles qui avoient été fabriquées à Bagnolet fubirent cette épreuve fans être endommagées , non plus que les vafes de la Chine ôc du Japon. On ajoute ici dans une note , que dans le fourneau la porcelaine de Saxe fe déjetta un peu , celle de Saint- Cloud fe déforma beaucoup , celle de Chantilly fondit en une maffe informe, ôc celle de Vincennes fufa de maniéré à ne lailfer aucun veftige. M. le Duc d’Orléans fut tellement perfuadé de l’excel¬ lence de la nouvelle porcelaine , qu’il fit l’acquifition du terrein où fe trouvoient le kao-lin & le pe-tun-tfe. On fut bientôt inftruit de ces faits, Ôc de crainte qu’on enlevât à M. Guettard l’honneur de cette découverte, on l’obligea d’en configner les preuves à l’Académie des Sciences. Il en fit lui-même la déclaration en public en 1751 , dans une note de fon Mémoire imprimé , fur les granités de France, déclaration qui a été remarquée ôc citée par l’Au¬ teur de la Préface de la traduction des leçons chymiques de Seaux en 1 7 yp , pag. 61. M. Guettard a eu des raifons de garder le fecret pendant quelques années, fur la prépa¬ ration des matières de fa nouvelle porcelaine. Mais comme elles ont ceffé, & que Aï. le Duc d’Orléans d’aujourd’hui accorde aux recherches de ce fçavant Naturalise la même protection dont le feu Prince fon pere l’a honoré, il n’en fait plus myftère. Il nous apprend que le kao-lin de Chine eft une terre blanche très-fine , homogène ôc pure autant quelle peut l’être naturellement; lorfqu’on l’a fait palier par diiférens lavages ; car elle conferve toujoursquelques-unes des par¬ ticules talqueufes ôc argentées , ôc quelques-uns des petits grains tranfparens de la nature du cryftal de roche ou du des Sciences et Arts. 13^ quartz qui l’accompagnent dans fa mine. Cette terre ne peut être réduite en chaux , ni diffoute par les acides. Le premier endroit où M. Guettard en a trouvé , s’appelle Maupertuis , proche d’Alençon. On en voit auffi à Chau- vigny & dans quelques autres lieux du même canton. La mine du kao-lin de France eft comme en Chine , précédée de terres jaunâtres ou rougeâtres dont on fait des caiffons ou gazettes , dans lefquelles on peut faire cuire les pièces de porcelaine. Cette reffemblanee eft démontrée par le relevé que M. Guettard a fait d’un endroit de l’hiftoire de la Chine du P. du Halde , imprimé dans un volume des mélanges intéreffans & curieux de M. de Surgi. On a encore tiré du kao-lin des environs de Limoges , où on l’emploie à faire de la bonne fayence , ôt d’une terre de Baffe - Bretagne , peu éloignée de la Garaye , appartenante à M. le Chevalier Herington. Cette Province abonde tellement en kao-lin , qu’un particulier du pays qui la prenoit pour de la marne , en a trouvé prefque par-tout. M. Guettard croit que la terre dont on fait ces grands pots , connus fous le nom de Jarre à Sainte-Hermine en Poitou, eft du vrai kao-lin. Le pe-tun-tfe, quoique également méconnu en France , n’étoit pas plus caché que le kao-lin. La grande route de Bretagne , du côté d’Alençon en eft toute pavée. Les mon¬ tagnes des environs en font remplies. M. Guettard les a indiquées dans un Mémoire, inféré dans l’un des premiers volumes du Journal (Economique, furies avantages d’une Carte Minéralogique pour les ponts & chauffées. Le pe- tun-tfe y eft défigné fous le nom de quartz en roches, de même que dans les autres Mémoires donnés à l’Académie, & imprimés dans fes recueils , fur la minéralogie de la France , parce qu’il n’étoit pas temps alors de nommer cette fubftance par fon propre nom. Cette pierre eft ici comme en Chine , une pierre vitri- fiable , dont les morceaux frappés l’un avec l’autre ou avec le fer , jettent de la lumière & des étincelles ; les aci¬ des ne l’attaquent point, fa couleur eft le gris clair, quel- S ij *40 Mémoires sur différentes parties quefois mêlé de taches rougeâtres ou verdâtres ; fon grain fin, ferré, eft propre à former une pâte unie, compacte & dure. On prendrait d’abord cette pierre pour du grès , dont elle différé néanmoins par la liaifon plus intime de fes parties ; elle reffemble plutôt au cliquart, pierre plus dure que le grès ordinaire. Peut-être , dit M. Guettard , pourroit-on fubftituer au pe-tun-tfe non-feulement le cli¬ quart ; mais encore le grès & même le fable. Le pe-tun-tfe , broyé fous la meule & lavé dans plu- fieurs eaux , devient très-fin Ôt très-blanc ; mais il brunit & prend de la mauvaife odeur lorfqu’il refte trop long¬ temps dans l’eau. Il a un petit goûtfalin-, auquel M. de Réaumur l’a reconnu & jugé tout femblable à celui de la Chine. Ce grand Naturalise trouva la même conformité entre la porcelaine Ghinoife, & celle fabriquée chez M. le Duc d’Orléans avec les matières de France. Un pareil fuffrage achevé de conftater la découverte de M. Guettard. Notre Académicien lui donne toute l’é¬ tendue dont elle eft fufceptible , en défignant d’autres ter¬ res & pierres vitrifiables communes en France, dont on pourrait fabriquer différentes porcelaines. Telle eft, félon lui, une efpece de quartz grainu & rougeâtre des environs de Mouan , village près de Caen. Telles font en¬ core d’autres fubftances, fur lefquellesila fait une longue fuite d’expériences. Il conjecture qu’on peut faire en ce genre un bon ufage de la terre blanche de Normandie , qui fe trouve dans un canton qu’il a appellé le canton des fables gras, dans fon plan de minéralogie, imprimé dans le Recueil de l’Académie des Sciences de 1745. Il penfe à peu près de même des terres favonneufes , des fteatites , des pierres ollaires, du jade, de la ferpentine , du fmeêtite , en un mot de toutes les pierres argilleufes , item des fchites , des ar- doifès , des cailloux de pierre à fufil , des différens quarts du fpath fluor , que l’on croit être employé en guife de pe-tun-tfe dans la porcelaine de Saxe. Il a vu diverfes ef- peces de fchites en France, nommément dans les rochers des Sciences et Arts. 141 qui environnent Bourbon -l’Archambault, avec lefquels il croit que la craie de Briançon a des rapports. Les expériences que l’on voudra tenter fur ces matiè¬ res, doivent être accompagnées des attentions qu’on a obfervées dans les effais de Bagnolet. On dégageoit le kao-lin de fa terre rougeâtre ou jaunâtre, on le lavoit dans de l’eau claire ; on le purgeoit enliiite de fes graviers , & d’une grande partie de fes paillettes talqueufes. On le fai- foit palfer par différens lavages pour fe procurer des dé¬ pôts d’une finelfe impalpable. Le pe-tun-tfe étoit fournis à de pareilles manipulations ; après qu’on l’avoit pilé dans un mortier de fonte, qu’on en avoit paffé la poudre au tamis de foie , qu’on l’avoit moulu & délayé plusieurs fois dans l’eau , il en fortoit aufli lin que la plus fine fa¬ rine. On mêloit enfuite ces deux poudres à parties égales , & après les avoir mouillées , on les palfoit dans un moulin femblable à celui dont fe fervent ceux qui lavent l’or pour rendre ce mélange plus intime. La pâte mife en maffe étoit portée aux ouvriers pour la figurer & la mettre au four , &c. Le Mémoire de M. Guettard eft fuivi d’une addition où il prévient le public contre les erreurs , où quelques Ecrivains font tombés depuis l’annonee de la découverte du kao-lin & du pe-tun-tfe en France, L’Auteur de l’Oriètologie dit que le diamant d’Alen¬ çon n eft que du cryftal de roche, renfermé dans une pierre pleine de brillants; que cette pierre appellée artrêe, eft marbrée & cryftallifée; quelle fe trouve dans une fontaine d’un village du même nom , à une lieue d’Alen¬ çon; qu’elle paroît formée d’une terre durcie, blanche , tendre au toucher, pleine de parties micacées & de grains quartzeux ; quelle reffemble beaucoup au kao-lin de la Chine, & qu elle eft employée par les Potiers de terre. Sur quoi M. Guettard obferve que la pierre mal nom- mée artrée & qui s’appelle de h&rtrey , eft le granit dont ï’42 Mémoires sur différentes parties on conftruit les bâtimens à Alençon ; qu’elle ne fe trouve point dans une fontaine , mais queprefque toutes les mon¬ tagnes du canton en font compofëes ; que ce granit ren¬ ferme peu de terre, puifqu’il eft entièrement formé de petits grains de quartz , mêlés des paillettes de talc ; qu en reftreignant la reffemblatice qui eft entre le kao-lin de la Chine & la terre des Potiers d’Alençon , l’Auteur de l’Ori&ologie montre qu’il n’a pas comparé 1 une de ces fubftances avec l’autre. Cet Auteur , dans un autre en¬ droit décrit peu exactement le kao-lin ôt le pe-tun-tfe. Il avance mal-à-propos que les terres propres a la porcelaine font des efpeces de marne, puifque ce font des terres argilleufes. Il fe contredit même en mettant le pe-tun-tfe au nombre des pierres , après l’avoir qualifié de marne. Lorfqu’il ajoute que le kao-lin fe diffout dans leau, il fe fert d’un terme fort impropre , puifque le kao - lin n eft point un fel , il auroit du dire qu’il fe délaye dans 1 eam Il y a au fil quelque chofe à reprendre dans la defcrip- tion du kao-lin, qui fe trouve dans le Dictionnaire rai- fonné univerfel d’Hiftoire Naturelle. L’Auteur qui dé¬ clare avoir fait l’analyfe du kao-lin de la Chine , pré¬ tend que la partie farineufe eft calcaire ; que la pâte qui lie les petits cryftaux quartzeux , eft argilleufe ; & que 1 on trouve beaucoup de femblable terre lur les couches du granit d’Alençon. Selon M. Guettard, cette analyfe du kao-lin de la Chine eft fautive. Il ne contient point de parties calcaires, à moins quil nait été altéré par les ouvriers, qui y mêlent fouvent des matières étrangères pour augmenter la maffe ou pour la rendre plus fufible. De-là vient peut-être la différence que l’on remarque entre l’ancienne & la nouvelle porcelaine de la Chine du Japon. Cette derniere eft beaucoup inférieure à l’autre. M. Guettard promet un Mémoire particulier fur ce point intéreffant. L’Auteur du Dictionnaire cité , paroît encore moins inftruit fur la nature du pe-tun-tfe , puifqu’il le regarde comme un ipath vicieux & fufible ; ôc qu il lui refufe la des Sciences et Arts. i ^ propriété de faire feu avec l’acier. Avant que de parler fur des matières qu’il ne connoifloit qu’imparfaitement, il au- roit dû attendre que les Auteurs de la découverte , qui fait l’objet de ce Mémoire , fe fuflent expliqués. M. Guettard ne nie pas que les granits ne puiflent fiip- pléer le pe-tun-tfe. C’eft une expérience à faire. Il paroit que les Chinois emploient diverfes fortes de pierres en guife de pe-tun-tfe. S’ils ne fe fervoient que de fpath fluor , il faudrait que leur pays en contînt une beaucoup plus grande quantité que le nôtre. Nous en trouvons quelques petits morceaux dans nos granits , d’où l’on ne pourroit les retirer qu’avec beaucoup de travail & de dépenfe. Dans l’extrait que nous avons donné (Koyei le Journal ©économique , pag. 3 9 6 ) du traité de la peinture en émail , & des obfervations fur la porcelaine qui y font jointes, on a pu remarquer que M. de Montamy regarde également le pe-tun-tfe de la Chine comme un fpath. M. Guettard s’é¬ tonne qu’il ait embraffé ce fentiment après avoir vu les différens pe-tun-tfe que M le Duc d’Orléans avoit fait ve¬ nir de la Chine. Au relie fa defcription du kao-lin elt exac¬ te , ôc l’annonce qu’il fait de la découverte qui nous oc¬ cupe , ne pouvoit être plus fûre d’aucune autre part que de la fienne , puifqu’il étoit préfent à la confrontation des pe-tun-tfes & kao-lins de la Chine à ceux de France. Mais il ne s eft pas aiïez expliqué dans les obfervations qu’il a données liir le grès. M. Guettard termine fon ouvrage par une remarque qu’il fait lùr un Mémoire de M. Gardeil, relatif au tripoli de Poligny en Bretagne ; [Voye^ le Tom. III des Mémoi¬ res des Sçavans Etrangers, préfentés à l’Académie des Sciences , pag. 2 3 , ) il y eft dit que la colline quirenfêrme le bois foflile & le tripoli , eft toute couverte de grès ; que dans ce grès on trouve de grandes couches de quartz ; que ces couches font inclinées , & fe féparent comme le fchite 3 en feuillets fucceflifs qui prouvent qu’ elles ont été for¬ mées par dépôts. L’avis de M. Guettard eft que ce grès reffemble à l’ef- 144 Mémoires sur différentes parties pece de pe-tun-tfe , fur lequel ont été faites les expérien-* ces de Bagnolet. Il a remarqué de pareilles inclinaisons des rochers dans un canton de la bande métallique; & dans les couches de grès; mais il n a jamais vu de veines de quartz dans ces dernieres , quoiqu’il en ait examiné un gïand nombre. Lettre de M. Torchet DE S. Fl CTO R , Ingé¬ nieur des mines 3 a M . Roux , Docteur en Mé¬ decine ; contenant quelques obfervations fur l’ef- pece de terre connue fous le nom de kaolin , SC fur une pierre défgnée par celui de pe-tun-tfe , Journal de Médecine, de Février 1 p 6 6 , tom. 24.. MOnfieur , je vous prie d’inférer dans votre prochain Journal quelques réflexions que j’ai eu occafion de faire d’après la leélure de l’Hifioire de la découverte faite en France de matières femblables à celles dont la porcelaine de la Chine ejl compofèej lue à l’ Ajf emblée publique de l’Académie Royale des Sciences ,• le Mercredi 13 Novembre 1765 , par M. Guettard , de la même Académie. M. Guettard commence par dire , page 3 , que la pâte de la porcelaine de la Chine eft fupérieure à celles qu’on fabrique en Europe , celle-ci étant plus propre à former des verres à demi-tranfparens, que de vraies porcelaine'S : ce ne font, dit-il, que des efpeces de frittes plus ou moins aifées à fondre, excepté la pâte dont on fait la porcelaine de Saxe. Notre Auteur auroit pû citer une nouvelle ef- pece de porcelaine qui ne lui eft pas inconnue , & qui l’em¬ porte fur celle de Saxe, puifque la pâte dont on la fait, contrebalance celle de la Chine. Cet Académicien dit , avec tout le monde , que la porcelaine de la Chine eft: compofée deux fubftances , l’une appellée pe-tun-tfe , des Sciences et Arts,^ '14 f tk l’autre kao-lin ; fubftances qu’il prétend avoir trouvées à Maupertuis , près d’Alençon. M. Guettard fait encore mention de divers détails & circonftances que je n’ai pas deffein de combattre ni d’at¬ taquer ; l’Académicien les ayant lus publiquement , a été jugé & applaudi. Palïons au fupplément de fon Mémoire. « Je crois devoir avertir des efforts que quelques parti- » culiers ont faits depuis l’annonce qui a été publiée de la » découverte du kao-lin & du pe-tun-tfe , & prévenir con- » tre plufieurs méprifes que ces perfonnes ont faites , & # qu’ils ont imprimées. » Je n’entreprendrai pas d’apprécier ce que M. Guettard dit de feu M. Dargenville dans ce pofl-fcriptum ; car, félon lui, il y a prefqu’autant de fautes qu’il y a de phrafes. Je pafferai de même fous filence fes obfervations fur l’ou¬ vrage de feu M. d’Arclais de Montamyjmais je me pro- pofe de juftifier un autre écrivain vivant & homme public , ( c’efl M. Valmont de Bomare) qu’il attaque de maniéré à perfuader que ce Naturalise a mal vu & a mal analyfé ce qu’il a décrit.Le Lecteur ne pourra que gagner à la difcuf- fîon de la queftion. M. Bomare, dans fon Dictionnaire raifonnè univerfel ÆHifloirc naturelle , ouvrage qui eft dans les mains de tout le monde , dit à l’art. Kao-lin , vol. II , p. 1 8 1 , « que la » partie farineufe en eft calcaire , les paillettes brillantes » font du mica, les parties graveleufes font de petits cryf- » taux de quartz , & la partie empâtante qui fert de ciment » eft argilleufe. » Telle eft effectivement la propriété de l’efpece de kao¬ lin de Chine que cet Auteur avoit reçu du pere d’In- carville ; telle eft aufli celle du kao-lin qu’il a rencontré & reconnu , tant en Allemagne qu’en Suiffe , & fur lef- quels M. Bomare a répété l’expérience en préfence de quarante à cinquante perfonnes , à qui il a fait voir en même temps que le kao-lin ne provenoit que de la difgré- gation des parties conftituantes de certaines efpeces de gra- Tomeï. T 14 6 Mémoires sur différentes parties nites. Ceux qui feront curieux de voir ces efpeces de kao¬ lin, peuvent fe tranfporter chez M. de Bomare , rue de la V errerie : accoutumé à la politeffe & à l’honnêteté que fe doivent les gens de lettres & les fçavans , il fe fera un vrai plaifir de les fatisfaire , comme auffi de faire voir d’autres granités à kao-lin, tant de la Chine què d’ Alençon , qui, fuivant que M. Guettard l’a très-bien dit à l’égard de ces kao-lins , ont une terre farineufe non-dilfoluble par les acides. M. Guettard demande à M. Bomare ce qu’il veut dire par fon ciment argilleux. Je me fouviens que , depuis plu¬ sieurs années , ce Démonftrateur enfeigne que cette terre blanche & empâtante à la maniéré des argilles, eft la fub- ftance qui convient à l’union des différentes parties du granité, & même du kao-lin, quand il n’eft pas abfolu- ment terrifié. Je fens bien que cette définition déplaira à M. Guettard, qui veut, pag. 14 de fon Mémoire, que le grès ne foit que du fable réuni fans aucun ciment naturel , ni fuc pierreux. Ainfi M. Guettard a démontré que la terre de la plus grande quantité des kao-lins ne faifbit point d effervef cence avec les acides ; mais il faut convenir auffi que M. Bomare en a fait connoître dont la terre farineufe étoit calcaire * , & quelle provenoit effeâivement de ces gra- * Je crois devoir confirmer cette obfervation de M. Bomare , par une expérience que j’ai eu occafion de faire il y a quelque temps.Parmi les terres à foulon dont la Société Royale d’ Agriculture m’a chargé défaire l’examen, j'ai trouvé un véritable kao-lin quiavoitété envoyé de Saint-Lô en Nor¬ mandie , 8c dont on m’a affiné que les foulonniers de ce pays fe fervoient pour dégraiffer leurs étoffes. Après en avoir féparé les graviers quartzeux 8c le mica par le lavage , j’en mis dans un petit bocal de verre une once fur la¬ quelle je verfai de bon efprit-de-nître : il fe fit auffi tôt une vive effervef- cence accompagnée d’un gonflement confidérable. Je lailfai le tout juf- qu’au lendemain que je décantai la liqueur claire ; je lavai la terre qui n’a- voit point été diffoute avec de l’eau bien pure , pour en féparer tout ce qui avoit pu y relier d’acide nitreux , ou de fel qui avoit dû réfulter de fa com- binaifon avec la terre calcaire ; je mêlai ces eaux avec la diffolution ; 8c ayant filtré le tout , j’y verfai de l’alkali réfout qui en précipita une terre blanche , laquelle ayant été bien édulcorée 8c féchée , prit une petite couleur rougeâtre , 8c fe trouva pefer cinquante-neuf grains. Voilà donc un kao-lin , ou du moins une terre qui a toutes les apparences extérieures du kao-lin de ces Sciences et Arts: >u7 lûtes peu durs, dont les parties le délùnilTent très-facile* ment. A l’égard des pe-tun-tfe que M. Bomare a reconnu dans les rochers du granité , en Allemagne & près d’Alençon , il les a décrits dans Ion Dictionnaire ; & il dit en avoir vu non-feulement de femblables au fpath fufible, mais qu’il croit auffi quil fe trouve en France une forte de pe-tun- tfe allez dur pour faire un peu de feu , frappé avec l’acier. Ce pe-tun-tfe eft , dit-il , un quart { irrégulier. Plus je lis les defcriptions du kao-lin & du pe-tun-tfe , faites par M. Bo¬ mare plus je les trouve conformes à celles de M. Guet- tard ; il en faut feulement excepter ce qu’il a dit du kao¬ lin a terre calcaire , & de l’un des efpeces de pe-tun-tfe ; fluor que 1 on fçait d’ailleurs entrer dans la compolition de la porcelaine de Saxe. . La critique de M. Guettard porte donc fur la définî- tion d une forte de terre qu’il n’a pas eu occalion de re- connoître, & qui7 aux yeux d’un vrai Naturalilte , vaut bien la decouverte de l’autre. Qu’on juge à préfent 11 M. Guettard doit dire « que quand on veut parler de ma- tieres qu on ne connoît pas exactement, qu’on veut fur- » tout deviner ce que d’autres ont trouvé , & qu’on n’a * pas la délicatelfe d attendre qu’ils nous dévoilent ce » qu ils ont apparemment raifon de tenir fous le fecret, » il eft alfez ordinaire de porter l’obfcurité dont l’ef- » prit efl offufqué dans les defcriptions des objets dont on » parle. » Voila bien des reproches , des réprimandes , des con- feils : comment M. Bomare n’a-t-il pas dû les prévoir f ou plutôt auroit-il dû les effuyer ? Pour moi qui ai voya¬ gé , obfervé & fait quelques notes , je n’oferai donc pas les communiquer au public , dans la crainte que quelqu’un la Chine , qui contient un peu plus d’un dixie'me de fon poids de terre folu- bie dans les acides. D’un autre côté , les kao-lins de la Chine , d’Alençon & e quelques autres lieux que j’ai eu occalion d’examiner , ne m’ont paru faire a jeune elreryelcence avec les acides qui n’en ont extrait aucune terre calcai¬ re. ( Mote de l Editeur. ) N, Tij Journ. de Médecine , Mars 1766, pag. z6o. 148 Mémoires sur différentes parties n ait également des raiforts pour les tenir fous le fecret. Je ne penfe pas que M. Guettard me fçache mauvais gré de ce que je viens d’écrire. M. Bomare s’eft expliqué, au milieu de fon auditoire, en termes pleins d’eftime pour les connoifîances & la perfonne de M. Guettard : il eft convenu des droits de priorité & de réclamation que M. Guettard devoit avoir fur le kao-lin d’Alençon; mais il n’a pu faire le défaveu de certains granités & kao-lins à terre calcaire qu’il a reconnus & décrits : en cela il doit avoir à fon tour un droit de priorité a&uelle & de récla¬ mation fans répliqué, il n’a pas de raifons pour les tenir fous le fecret. Quant à moi , en rendant hommage à la vé¬ rité, je fais l’apologie de mon Démonftrateur, fans/cefler d’être l’admirateur de M. Guettard. J’ai l’honneur d’être , &c. Lettre à M. Roux , en réponje a celle de M. Torchet de S aint-V iclor . MOnfieur , fuivânt vous, le kao-lin de la Chine, ce¬ lui d’Alençon & ceux de plufieurs autres lieux que vous avez eu occafion d’examiner , ne donnent aucun indice des parties folublespar les acides. Suivant M. Tor¬ chet , le plus grand nombre des kao-lins n’en font point voir : fuivant moi, tous ceux que j’ai examinés font dans le même cas. De ces expériences on peut conclure que les terres , regardées par M. Bomare comme des kao-lins , n’en font pas , ou quelles font altérées par les ouvriers ou par la nature. On en doit encore conclure que la défini¬ tion que M. Bomare donne du kao-lin, n’eft pas exaéte, pas allez générale ; que cet Auteur prend une exception pour une propriété elfentielle ; ce qui eft contre les ré¬ glés d’une faine logique. Quant au pe-tun-tfe , je n ai rien à dire de plus que ce que j’ai dit dans mon Mémoire. J’ai l’honneur d’être , &c. des Sciences et Arts: Annonce de l’Avant - Coureur jo Février i y 6 6. M. Bomare de Valmont , Profeffeur d’Hiftoire natu¬ relle , & qui nous a donné un Dictionnaire complet fur cette partie, a parmi les produirions différentes qui for¬ ment Ion cabinet , différentes efpeces de kao-lin , tant d’Allemagne que de Suiffe ; il en a de la Chine ainfi que de ceux découverts à Alençon par M. Guettard. Il prétend, contre le fentiment de cet Académicien, que le kao-lin à terre calcaire a une partie empâtante, argilleufe, qui fert de ciment à fes autres parties. Ce kao-lin , avec le fe-tun-tfe , efl la matière de la porcelaine. Nous invitons les Chymiftes à faire fur les différens kao-lins les diverfes expériences qui peuvent concourir à prouver quelle eft l’efpece propre à la fabrication de la meilleure porcelaine. Ces découvertes de M. Guettard , doivent faciliter à répé¬ ter des expériences qui ont déjà réuffi , & qu’on pour- roit encore pouffer à l’avantage des Arts & du Com¬ merce. Réponse de M. Guettard a la lettre que M. Torchet de Saint-Viétor , Ingénieur des Mines , a inférée dans le Journal de Médecine , contenant quelques obfervations fur Vefpece de terre connue fous le nom de kao-lin , SC fur une pierre défignée par celui de pe-tun-tfè. Journal de l Agriculture , tom. IF. première partie. Jan¬ vier i y 6 J. MOnfieur Bomare , dans fon Dictionnaire raifonné univerfel d’Hiftoire naturelle , ouvrage qui eft dans les mains de tout le monde , dit à l’article Kao-lin 9 i?o Mémoires sur différentes parties vol. i , pag. 1 8 1 , « que la partie farineufe en eft calcinée, » les paillettes brillantes font du mica, les parties grave- » leules font de petits cryftaux de quart q , & la partie em* * pâtante qui fert de ciment , eft argilleufe. » M. Torchet nous affure que telle eft la propriété du hao-lin que M. Bomare a reçu de la Chine , & de ceux qu’il a trouvés en Allemagne & en Suiffe : je l’en crois. Avant d’aller plus loin , examinons la defcription du kao - lin par M. Bomare. Que veut dire M. Bomare par fa par¬ tie farineufe calcaire, & par fon ciment argilleux ? A-t-on jamais dit d’une terre compofée de deux fubftances , que l’une de ces fubftances empâte l’autre ? Pourquoi dans le kao-lin de M. de Bomare eft-ce plutôt la partie argilleufe qui empâte la farineufe , que la farineufe , l’argilleufe ? M. Bomare entend apparemment par fa farine , la terre la plus fine. Une terre femblable me paroîtroit plus en état d’empâter l’autre terre, que celle-ci la farine. Une farine eft plus propre à s’infinuer entre toutes les parties des fubftances groftieres avec lefquelles on veut l’incor¬ porer , que celles-ci avec elles. Un petit cours de pâtifle* rie pourrait apprendre cela à MM. Bomare & Tor¬ chet. M. Bomare ne donne aucune preuve de fon empâte¬ ment , fi ce n’eft que M. Torchet nous afiure que M. Bo¬ mare dit depuis long-temps dans fes démonftrations , » que cette terre blanche & empâtante à la maniéré des » argilles, eft la fubftance qui convient à l’union des diffé- » rentes parties du granité , & même du kao-lin, quand il » n’eft pas abfolument terrifié. » Je veux bien que M. Bo¬ mare le dife ; mais le prouve-t-il ? C’eft ce que M. Torchet auroit dû nous apprendre , il aurait dû auffi nous dire ce que c’eft qu’une terre qui n’efl pas abfolument terrifiée. M. Torchet répondra, fans doute, que M. Bomare veut dire que les kao-lins étant , fuivant lui, un granité décom- pofé , le kao-lin eft terrifié lorque toutes les parties du gra¬ nité font féparées les unes des autres, & n’ont plusde lia— fon. Alors je demanderai à MM. Bomare & Torchet corn- des Sciences et Arts. ic-i ment ils Içavent que le kao-lin n eft formé que par la dé- compofition des granités ? Pourquoi les granités ne le- roient-ils pas plutôt compofés des parties quon trouve dans le kao-lin , qui auraient été liées entr’elles par une caufe quelconque ? C’eftce que je prie MM. Bomare & Torchet de nous éclaircir. Examinons maintenant quel¬ que chofe de plus effentiel. La partie farineufe,fe Ion que s exprime M; Bomare, eft, comme il nous en alfure, de nature calcaire ; fuivant M. Torchet , le plus grand nom¬ bre des kao-lins n a pas de cette même fubftance. Que ré- fulte-t-il donc de-la ? C eft que le kao-lin que M. Bomare a reçu de la Chine , étoit altéré ou par les ouvriers , ou par quelque circonftance qui y avoit mêlé , même dans la terre, des parties étrangères. Il s’enfuit encore que M. Bo- maie n a pas eu de vrai kao-lin , & que la defcription qu’il donne du kao-lm eft fautive, pas allez générale, quelle ne convient pas a tous les kao-lins. Il prend une exception pour la propriété effentielle : ce qui eft un défaut de Lo¬ gique. Quand on définit ou qu’on décrit un corps quel¬ conque , il ne faut faire entrer dans la définition ou la def- cription que ce qui convient à toutes les efpeces ; & fi une de ces efpeces a quelque propriété finguliere, il ne faut regarder cette propriété que comme un accident & une variété dans l’efpece , une exception à la réglé générale, & tacher de découvrir ce qui a pu caufer cette variété. Quand on agit autrement, on jette fes Leèteurs dans l’er¬ reur , & on rallentit le progrès des véritables connoiflan- ces. Ce défaut eft tres-a craindre dans un Auteur illuftre, dans un Démonftrateur , homme public , & dont les ou¬ vrages font entre les mains de tout le monde. Une telle perfonne devient l’oracle de tout le monde; on jure d’après elle ; on s’entête pour le maître, & dès là la fcience re¬ cule , au lieu d’avancer. Car, fuppofé que quelqu’un trouve un kao-lin pur , qu il l’examine au moyen des aci¬ des , & qu il n y découvre point de parties folubles à ces acides , cette perfonne qui poiïêdera un vrai kao-lin , le re¬ jettera comme n en étant pas un. Il aurait donc fallu que i<2 Mémoires sur différentes . parties M. Bomare eut fait fentir qu'il y a de la différence entre les kao-lins , puifqu’il en admettoit de différentes natures. Il auroit du dire , comme M. le Roux, dans la note qu il a ajoutée à la Lettre de M. Torchet, qu’il y a des kao-lins , ou du moins des terres qui ont toutes les apparences exté¬ rieures du kao-lm de la Chine, qui contiennent de la terre foluble dans les acides. Le plus grand nombre de kao-lins ne contenant pas de terre foluble aux acides de l’aveu de M. Torchet , de ce¬ lui de M. le Roux, qui dit encore que « les kao-lins de la » Chine, d’Alençon & de quelques autres lieux qu’il a eu » occafion d’examiner, ne lui ont point paru faire aucune „ effervefcence avec des acides qui n en ont extrait aucune » terre calcaire.» Ces kao-lins , que j ai moi-meme exami¬ né , ne m’ayant donne aucune indice d une femblable ter¬ re , il paroît confiant que pour qu une terre puiffe etre re¬ gardée comme un kao-lin , il faut qu elle foit fans parties calcaires ; autrement on pourroit donner a toute efpece de terre , pourvu qu elle fut blanche, qu elle^eut des par- ties argilleufes , le nom de kao-lin , quoiqu elle contint plus ou moins de terre calcaire. On jpourroit peut-etre même attribuer ce nom a la marne ou a la craie qui con¬ tiendrait de l’argile. Il faut donc , pour fixer les idées à ce fujet, comparer les terres qu on examine & qu on foup- conne être des kao-lins fur le plus grand nombre des kao¬ lins, c’eft-à-dire , fur ceux qui n’ont point de terres folu- bles aux acides , & regarder les autres comme ayant été altérées par les ouvriers ou par la nature. On conçoit aifé- ment comment cette altération peut fe faire par les pre¬ miers. Elle peut arriver naturellement de la façon fui- vante> Un 'endroit qui renferme du kao-lin pur, peut être dans le voifinage de montagnes compofées de fubftances cal¬ caires. Les eaux peuvent peu-à-peu entraîner de ces fub¬ ftances & les dépofer dans les cantons qui ont du kao-lin , & par conféquent l’altérer. C’eft à un vrai Naturalifte à foupconner de femblables effets , & fur-tout à ne pas faire des Sciences et Arts. i ^ une loi générale d’une exception. Jufques à quand ver¬ rons-nous des fçavans qui fe donnent pour de vrais Natu¬ ralises, ranger fous un même genre des fubftances qui font auffi différentes entr’ elles , que celles qui font cal- cinables ôc celles qui ne le font pas ! C’eft vouloir toujours embrouiller au lieu d’éclaircir. Les idées claires font ce¬ pendant préférables aux idées confufes. Penfer autrement, c’eft fe mettre dans le cas de porter l’ obfcurité dont l’efpritejl ojfufquédans les deferiptions des objets dont on parle. Venons maintenant à ce qui regarde le pe-tun-tfei M. Torehet renvoyé le Leêteur au Di&ionnaire de M. Bomare ; je l’y renvoyé auffi pour fçavoir ce qu’il en dit. Mais comme mon Mémoire fur la porcelaine n’eft pas de nature à être entre les mains de tout le monde, je di¬ rai ici , comme dans ce Mémoire , que fi M. Bomare eût connu les différentes pierres qui ont été envoyées de la Chine pour être du pe-tun-tfe , il n’auroit pas préférable¬ ment attribué ce nom au fpath-fluor des granités , il ne nous a pas appris qu’on lui en eut envoyé de fem- blable. Le ton modefle que M. Bomare prend au fujet du quartq , qu’il nomme quart ^ irrégulier , feroit foupçonner qu’il auroit appris quelque chofe au fujet de la pierre à la¬ quelle j’ai donné le nom de quartq en rocher. Il eft fingu- lier qu’ayant franchi le pas pour le kao-lin , il ait été arrêté par le pe-tun-tfe. Lui qui a tout vu dans fes voyages , qui a tout dit dans fon Di&ionnaire , devoit encore dire ce qu’il fçavoit du quattq en rocher. Cela auroit au moins été fincere , & il auroit eu la gloire complette d’avoir tout découvert , & cela précifément dans l’endroit où j’avois tout vu plufieurs années avant lui. Il y a des hommes fa- vorifés de la nature quelle conduit par la main, ôc qu’elle dirige précifément là où elle a caché fes tréfors. M. Bo¬ mare efl un de ces favoris : je l’en félicite , fans envier fon bonheur. Je me contente de ce qui m’a été départi , ôc j’admire les grands hommes. Je remercie M, Bomare des complimens qu’il m’a fait Tome 7. V 1J4 Mémoires sur différentes parties dans une de les leçons ; ce que m'apprend M. Torchet. Je les lui rends de tout mon cœur, encore plus publiquement, Jelereconnoispour être un grand, & s’il veut même, pour le premier Naturalifte , pour l’Auteur le plus clair & le plus exaêt qui ait écrit en Hiftoire naturelle. J’aime a rendre complimens pour complimens ; j’en fais même volontiers à ceux dont je pourrois avoir lieu de me plaindre. Si quelquefois je prends la liberté de leur donner quelques confeils , fi je leur fais quelques reproches & quelques réprimandes , ce n’eft que par amitié pour eux. Je ne fuis pas moins leur ami , comme j’efpere l’être toujours de M. Bomare , même de M. Torchet, s’il le veut, quoiqu’il dife de moi des chofes que je ne m’attribuerai certainement pas , n’é¬ tant pas digne de fon admiration. Annonce de l Avant-Coureur , du 24. Février 1766. M. Guettardne fe flatte pas d’avoir , comme M. Bomare de Vallemont , jamais rien fait, ni de jamais rien faire de complet , mais il eft le premier qui ait trouvé en France des fubftances femblables à celles dont on fait la porce¬ laine à la Chine , il félicite M. B. de V. d’avoir dans fon cabinet grand nombre de kao-lins. Il prétend contre le fentiment de ce profefleur avoué de l’Etat , que ce qu il appelle des kao-lins à terre calcaire ne font pas des kao¬ lins purs. Il demande à M. B. de V. comment il fçait que c eft fa partie empâtante , argilleufe , qui lie les autres par¬ ties des terres qu’il regarde comme du kao-lin , & non pas la partie calcaire qui lie fa prétendue terre empâtante . M. G. invite non-feulement les Chymiftes , mais encore les Artiftes qui fe mêlent de porcelaine , à faire des expé¬ riences qui puiflent perfectionner les découvertes qu’il a faites du kao-lin & du pe-tun-tfe ; l’art de faire de la por- des Sciences et Arts. tçy celaine y gagnera fans doute. C’eft la récompenfe la plus iîatteufe & la feule qu’il demande. \ H I ST O I RE de la découverte faite en France de matières femblables a celles dont la Porce¬ laine de la Chine efl compofée. Tirée d'un Mé¬ moire lu. a t Académie Royale des Sciences 3 par M. Güettard. Journal de l' Agriculture 3 tom. IF , troifiéme partie > Mars 17 66. IL y a deux fortes d’hommes qui jouiiïent par-deflùs tous les autres du bonheur de pouvoir être utile au genre humain ; ce font les Princes & les Sçavans qui étendent cette prérogative fi douce en la partageant en- tr’eux. Nous devons à la fagelfe des vues de feu Monfeigneur le Duc d’Orléans , à fa protection , & aux lumières de M. Güettard. , la découverte faite en France de matières femblables à celles dont les Chinois font leur porcelaine, & de l’art d’employer ces matières de façon à en former aufüi une porcelaine qui égale en qualité celle de la Chi¬ ne , & qui la furpaifera en beauté par la fupériorité de nos Artiftes fur les Artiftes Chinois ; & c’eft encore par les ordres de Mâr. le duc d’Orléans, qui a defiré que toute la nation profitât de cette découverte que M. Guet- tard a lû à la derniere affemblée publique de l’Académie Royale des Sciences le Mémoire dont nous nous empref- fons de rendre compte aujourd’hui. Il eft beau devoir deux grands Princes concourir avec un grand Naturalifte, pour nous apprendre une propriété de notre territoire qui avoit été jufqu’à préfent inconnue , & d’où réfultera pour notre pays & pour le genre humain une production nouvelle, confommable & commerçable, «a ) i <;6 Mémoires sur différentes parties & par conféquent une augmentation de richeffe. Il y a long-temps que nous cherchons en Europe à imi¬ ter les porcelaines de la Chine : nos Àrtiftes ont épuifé tous leurs talens ; mais excepté les Saxons qui paroiffent avoir trouvé des matières à peu près femblables à celles dont fe fervent les Chinois , aucun Européen n a réuffi quà faire de jolis tableaux en mignature fur des verres à demi-tranfparens ; & toutes nos porcelaines n’ont été que des efpeces de frittes compofées de différens mélanges de terre , de fable ôt de fel , & plus ou moins aiféesà fondre. On fçavoit cependant que les Chinois ne faifoient ufage que de deux matières folhles pour compofer leur porce¬ laine ; mais l’habitude & la facilité que l’on trouvoit à employer des ingrédiens connus , plutôt que de chercher ceux que l’on ne connoiffoit pas , faifoient fuivre unique¬ ment la routine , & répéter que l’on ne pouvoit efpérer d’imiter parfaitement les Chinois, parce que ceux-ci fe fervoient de matières qui ne fe trouvoient que chez eux. Après tant de routiniers, un Phyficien arriva, & fut au fait ; c’étoit de fe procurer des matières de la Chine pour les comparer avec nos folfiles de France. Le célébré Reaumur fît venir de la Chine quelques échantillons de deux matières dont on y compofe la porcelaine : il trouva que l’une appellée par les Chinois hao-lin , étoit une terre blanche très-pure & très-fine , mêlée des parties talqueu- fes & argentées, qui ne fe réduifoit point en chaux, ôt ne fe diffolvoit point aux acides. L’autre que l’on nomme pe - tun-t(i , eft une pierre de la claffe des vitrifiables qui donne du feu lorfqu’on la frappe avec un bri¬ quet; ôt de la lumière, quand on en frotte deux mor¬ ceaux l’un contre l’autre ; cette pierre ne fe diffout pas aux acides , fa couleur eft d’un gris clair , fon grain ferré reffemblant à du grès , mais infiniment plus fin ; broyé fous la meule, ôt lavé dans plufieurs eaux, il devient d’une grande blancheur & delà plus grande fineffe; il a, ïorfqu’i! eft réduit en poudre blanche, un petit goût falé: des Sciences et Arts. 157 ôc laiffé quelque jours dans l’eau , il brunit ôc contra&e une odeur défagréable. Ces échantillons mirent M. de Reaumur fur la voie , ôc par les Mémoires qu’il donna en 1727 & en 1725), il nous apprit que la porcelaine de la Chine ètoit une com- hinaifon de deux Jub(lances , dont l’une ètoit vitrifiable & l’au- tre ne l’ ètoit pas. Ce principe étoit lumineux , mais non pas fuffifant. M. de Reaumur toucha au moment de la découverte , ôc la manqua ; les échantillons de kao-lin qu’on lui avoit en¬ voyé de la Chine n’étoient plus dans leur état naturel , ils avoient fouffert tous les lavages ôc toutes les préparations néceflfaires pour être prêts à employer. A la grande blan¬ cheur , à la fineflfe de cette terre ôc aux petites paillettes brillantes de talc dont elle étoit parfemée , M. de Reau¬ mur l’a pris pour de très-beau talc blanc broyé. Le pe-tun- tji dont M. de Reaumur n’eut fans doute que quelques fragmens peu confidérables , ne lui parut que des mor¬ ceaux de quelque caillou. Apparemment que cet Aca¬ démicien n’avoit pas dans fon cabinet des éclats de pierre femblables au pe-tun-tji , de forte qu’il ne put découvrir que la moitié de la vérité. Il fe flatta que non-feulement il avoit trouvé en France de l’une ôc de l’autre matière , mais qu’il y en avoit encore de fupérieures. Il fit des ef- fais avec différentes efpeces de nos cailloux ôc de nos talcs qui eurent quelques fuccès , fans approcher cepen¬ dant de la porcelaine de la Chine. Pendant que M. de Reaumur examinoit du pe-tun-tji ôc du ka-o-lin Chinois , ôc faifoit de la porcelaine avec du talc ôc des cailloux , feu M§r. le duc d’Orléans , non moins dignement occupé , faifoit venir de la Chine de beaux morceaux de pe-tun-tji ôc du kao-lin fortant de la mine , véritablement propre à fervir de point de compa- raifon ; Ôc M. Guettard de fon côté parcourant le royaume enPhilofophe obfervateur , vifltoit nos montagnes ôc nos volcans ; étudioit l’Hiftoire naturelle de tous nos fofliles ; les rangeoit par claffes , par ordres , par familles ; décou- 1 5r 8 Mémoires sur différentes parties vroit nos granités que nous ne connoifïïons pas, notre pe~ tun-tfi & notre ka-o-lin quil devoit nous apprendre à con- noître , & dont il ignoroit encore, ainfi que nous, la pro¬ priété i dreffoit enfin fa carte minéralogique de la France. Ce grand & utile ouvrage affura à M. Guettard toute la protection de feu Msr. le duc d’Orléans. Et dans un de ces momens qu’il donnoità fon goût pour les Sciences, le Prince montra au Philofophe les matières qu’il avoit fait venir de la Chine , & lui demanda fi dans fes recherches fur les folfiles il en avoit trouvé en France de pareilles. M. Guettard avoit fait plus que d’en découvrir , il en avoit apporté ; la comparailon en fut faite fur le champ , & les matériaux de France furent trouvés parfaitement fembla- bles à ceux de la Chine , fur-tout quant aux terres qui avoient la même blancheur , le même grain , le même mélange des parties talqueufes & de petits grains de la na¬ ture du cryflal de roche ou de quart p plus ou moins tranfpa- rens ; car tel eft à la Chine comme en France le kao-lin fortant de la mine, & avant que par les lavages multipliés on en ait enlevé tous les petits grains de fable & la plus grande partie du talc , & réduit la terre au degré de fineffe où elle peut parvenir. On fe hâta de faire des efifais de comparaifon entre les matières venues de la Chine & celles que M. Guettard avoit trouvées en France ; le Phyficien prédit qu’elles au- roientle même fuccès, & prédit vrai. On fit dans le la¬ boratoire que feu Msr. le Duc d’Orléans avoit à fainte Géneviéve , deux vafes que l’on y cuifit dans le même four : à la comparaifon de ces deux vafes , on ne trouva aucune différence entre celui qui avoit été compofé des matières venues de la Chine , & celui où il n’étoit entré que des matières de France fournies par M .Guettard , le grain en êtoit le même , la dureté pareille , la tranfparençe égale , le f m aujji vif Cette expérience faite , M. Guettard fut à Maupertuîs 9 près d’Alençon , où. il avoit trouvé le kao-lin François ( des Sciences et Arts. pour en chercher une quantité qui put fuffire à de nom¬ breux effais en grand ; il en trouva dans plufieurs autres endroits aux environs d’Alençon, il en tira de Limoges, la Baffe Bretagne en fournit. Ce foffile fe rencontre tou¬ jours pofé dans la mine fous une couche de terres rouge⬠tres ou jaunâtes qui font quelquefois plus ou moins mêlées dans le lit du kao-lin. A Maupertuis on s’en fert depuis long-temps ; mais comme au lieu de le mêler avec du pe- tun-tfi, on le mêle avec d’autres terres & du fable, il n’en réfuite que de la poterie, & point de porcelaine. Le pe- tun-tfi n’eft pas plus rare ; M. Guettard a obfervé qu’il fe trouvoit fréquemment ,ainli que le kao-lin, dans les terres qu’il a défignées fur fa carte minéralogique fous le nom de bandes fchitteufes ou métalliques , & il l’a indiqué fous le nom de quart y en rocher dans un Mémoire fur les avan¬ tages d’une carte minéralogique pour les ponts & chauf¬ fées de France. Depuis un temps immémorial on en pave les rues d’Alençon & le grand chemin qui mene de cette ville en Bretagne. Il ne fut donc pas difficile à M. Guettard de faire à peu de frais une ample provifion de ces deux matières précieu- fes, pour lefquelles un grand Prince avoit été obligé d’employer fon crédit à l’autre bout du monde. Feu M§r. le Duc d’Orléans fit faire à Bagnolet un four fpacieux , deffiné à de très-grands effais ; ce fut alors qu’on apporta encore plus de foins à la maniéré de prépa¬ rer les deux matériaux. Voici la méthode de cette préparation. On commence par nétoyer le ka-o-lin de la terre rou-* geâtre ou jaunâtre dont il peut être mêlé , on le lave en- fuite dans une eau très-pure & très-claire ; on le débar- raffe des graviers & de la plus grande partie de paillettes talqueufes ; enfuite on le fait paffer par différens lavages pour avoir un dépôt d’une fineffe impalpable ; on réduit pareillement le pe-tun-tfi en poudre ; cette poudre paffée au tamis de foie eft portée fous des meules où. elle elt long-temps moulue ôc délayée dans de l’eau j on & \6o Mémoires sur différentes parties préparation par différens lavages dont on ne prend que le dépôt le plus fin, & qui doit l’être plus que la fleur de la plus fine farine. On mêle enfuite à parties égales le ka-o~ Lin Sx le pe-tun-tfi, en les délayant dans de l’eau , au moyen d’un moulin femblable à celui dont les laveurs d’orfe fer¬ vent, Sx l’on tourne ces deux matières dans le moulin pendant un temps confidérable , ôt jufqu’à ce quelles foient mélangées au point quelles n’en forment en quel¬ que façon plus qu’une. Alors cette pâte mife en malle eft portée aux ouvriers qui doivent la tourner , la mouler , Sx la faire cuire. Il ne faut pas moins de précaution pour cette der¬ nière partie de l’Art , que pour les précédentes ; faute d’en avoir allez pris , M. Guettard après avoir réufii dans deux expériences, a manqué la troifiéme. Il n’y avoit pas fait ufage d’un feu alfez violent ni allez long ; il a depuis employé une journée entière à faire cuire des vafes très- légers dans un fourneau de reverbere , rempli fans celfe de charbons allumés , dont l’ardeur étoit encore multi¬ pliée par deux foufflets d’Orfévre qu’on faifoit jouer con¬ tinuellement. Enfin par la conftru&ion de fourneaux pro¬ pres à entretenir une chaleur excelîive , il eft parvenu à faire réulïir avec fureté les ouvrages les plus difficiles qu’on ait jamais fait en porcelaine. On a expofé au même feu les différentes efpeces de porcelaines pour les comparer à celle faite avec le ka-o- Lin Sx le pe-tun-tjl François. Celles du Japon Sx de la Chine ne fouffrirent en au¬ cune façon. Celle de Saxe , dans laquelle on dit que le fpath-fluor tient la place du pe-tun-t[i , fe déjetta un peu. Celle de Saint-Cloud fe déforma beaucoup. Celle de Chantilly fe fondit , Sx devint une malfe in¬ forme. Celle de Vincennes fe fufa de façon qu’il n’en relia au¬ cun veftige. Cette immutabilité eft un des grands Sx principaux avantages des Sciences et Arts. i'6i avantages de la porcelaine de la Chine ôc de celle que M. Guettard a fait avec notre ka-o-lin ôc notre pe-tun-tfi ; elles ne fe déforment jamais, quelque légères 6c baillantes qu’en foient les parties. On peut pofer une figure , une branche , une fleur de la plus grande délicateffe dans l’é¬ tat où l’on veut qu’elle relie, 6c l’on n’a pas befoin d’y mettre des foutiens ; comme on elt obligé de le faire dans nos manufaélures de porcelaine ordinaire, où l’on con- fomme une quantité confidérable de pâte de porcelaine pour en faire des foutiens , qui , le plus fouvent, n’empê¬ chent pas les morceaux de fe déformer. Nous croyons que cet avantage de la porcelaine faite avec le ka-o-lin 6c le pe-tun-tfi fai nos porcelaines ordinai¬ res , où il entre des terres , du fable 6c du fel, vient de la légère dofe de fel qui elt propre au pe-tun-tfi , 6c qui lui fert vraifemblablement de lien avec le ka-o-lin , mais qui étant divifé également par la nature même dans toutes les partie du pe-tun-tfi , ne fait pas plus d effort dans un en¬ droit que dans l’autre. Au lieu que dans nos frittes appel- lées porcelaines , le fel que nous y introduifons ne pou¬ vant jamais être mêlé aufli imparfaitement dans toutes les parties des deux matières qu’il doit unir , fe trouve en plus grande quantité dans un endroit que dans un autre , d où fuit un effort inégal de ce fel qui caufe la déformation. Nous croyons encore que la plus grande fufibilité de nos porcelaines vient de ce que nous fommes obligés d’y met¬ tre une beaucoup plus forte dofe de fel que la nature n en a mis dans le pe-tun-tfi ; ce qui rend notre porcelaine plus fenfible à toutes les impreflions extérieures. Notre quart^ de roche n’eft pas le feul pe-tun-tfi que nos ouvriers de porcelaines peuvent mettre en oeuvre , M. Guettard étend cette propriété a un grand nombre de pierres de la claffe des vitrifîables ôc de celles des argilleu- fes; telles que le quartq de Mouant , près de Caen, qui donne une porcelaine couleur de chair ; telles encore que les fteaôfites , pierres ollaires , jades , ferpentines, 6cc. Les fchittes , les pierres à fufil , ôte, par le moyen de ces diffé- Tomel. ^ j (S 2 Mémoires sur différentes parties rentes pierres colorées , les porcelaines , dit M. Umettard pourraient fe multiplier & fe diversifier en efpece & en cou- leur. M. Guettard invite les Phyficiens à fe livrer aux expé¬ riences néceffaires pour conftater les propriétés de ces différentes efpeces de pe-tun-fi. Nous ne le fuivrons point dans la réfutation qu’il fait de divers Auteurs qui fe font trompés, en confondant le ka-o-lin avec la marne , & le pe-tun-fi avec le fpath fujible ; notre but n’eft que de parler ici1 de la découverte de M. Guettard. Il nous paroît que cette découverte qui honore & M. Guettard, ôt le Prince qui lui en a fourni l’occafion y doit augmenter la valeur des deux matériaux que nous n’a¬ vons employé jufqu’à préfent qu’à des ufages communs , & que cette augmentation de la valeur de notre fol , fera évidemment un accroiffement de richeffes : nous croyons d’ailleurs que les porcelaines que nous ferons chez nous avec notre ka-o-lin & notre pe-tun-fi , nous reviendront beaucoup à meilleur marché que celles que nous ache¬ tons à la Chine, & dont la valeur eft furchargée par les dangers & les frais de quatre grands voyages ; * d’où il fuit que nous aurons d’autant plus de revenu à employer à d’autres achats plus profitables , & dont la dépenfe fe jettera vraifemblablement au moins en partie fur la con- fommation des denrées du territoire ; ôc c’eft pourquoi * Pour avoir de la porcelaine de la Chine , il faut que nous la payions avec de l’argent. Cet argent ne nait point dans notre pays ; il vient d’Amé¬ rique , 8c nous ne pouvons nous en procurer que par l’échange de nos pro¬ duisions, Cet échange eft néceffairement chargé des frais du tranfport direéi ou indirect de nos productions en Amérique , car on n’y donne pas l’or ni: l’argent pour rien , 8c l’on ne peut les obtenir que par un échange , qui eft encore chargé du tranfport de l’argent en Europe. Quand enfuite nous repor¬ tons cet argent à la Chine pour avoir de la porcelaine , ce nouvel échange eft encore chargé des frais du tranfport de l’argent à la Chine , 8c du retour de la porcelaine en France. De forte que par cette fuite de commerce inter¬ médiaires 8c de long cours , l’échange de nos denrées avec les porcelaines; de la Chine fe trouve fait d’une maniéré qui rend la porcelaine beaucoup îrop chere pour nous , qui fommes obligés de payer tous ces frais en fus de la valeur des porcelaines : d’où réfülte que nous œconomiferons beaucoup- en le fabriquant chez nous avec les matières que notre fol produit» des Sciences et Arts. 165 nous regardons la découverte de M. Guettard comme étant de la plus grande utilité , & nous ne croyons pas pouvoir trop payer à cet illuftre Académicien le tribut de louanges qu’il mérite. Obfervations fur le Mémoire de M. Guett A RD > concernant la PORCELAINE , lues à l'Académie des Sciences. i « /''XN ne polTédoit pas encore, dit M. Guettard , V_/ » la vraie compofition de la porcelaine de la » Chine; toutes celles qu’on faifoit, n’en avoient pas les » qualités ; toutes fe fondoient dans des vafes de celle de » la Chine ; elles étoient plus tendres , plus aifées à fe fon- » dre , & foutenoient beaucoup moins bien des liqueurs a» bouillantes. Chaque Artifte fe flattoit d’avoir été plus a> heureux que ceux qui l’avoient précédé , quoiqu il n’eût » varié fouvent , que dans les proportions qu’il adoptoit » pour la combinaifon qu’il faifoit de la terre , du fable & » du fel qu’il employoit : On fçavoit cependant , qu'on ne fe » fervoit àlaChine , que de deux fubflances , tirées immédiate - » ment de la terre ; cette connoijfance devoit détourner du che :* » min qu'on fuivoit conjlamment. » i°. On n’emploie à la Chine pour faire la porcelaine , que deux matières, tirées immédiatement delà terre. â’. » Les Phyficiens n’avoient pas encore tourné leurs » vues de ce côté ; ils lailfoient aux Artiftes le foin de » perfectionner leur art, lorfqu’enfin M. de Réaumur , » fait pour éclaircir les lumières qu il traitoit , penfa qu un » art auffi utile que celui qui s’occupe de la porcelaine , » Ôt pour lequel l’Etat s’intérelïoit d’une façon plus parti- » culiere , méritoit autant ôt plus que bien d autres , des » recherches conduites par les réglés d’une faine phyfique. » La voie la plus courte étoit d’avoir des notions plus r X ij 164 Mémoires sur différentes parties » étendues & plus claires que celles qu’on avoit déjà, fur » la compofition de la porcelaine de la Chine , & de fe » procurer fur-tout, des matières dont on la compofoit. » M de Réaumur eut les unes & les autres ; mais elles ne » furent pas complettes. Les travaux de cet habile Phyli- » cien inftruifirent beaucoup , mais ils ne diffiperent pas » entièrement les difficultés. Les Mémoires qu’il donna » en 1727 & 172^ , mirent fur la voie, mais ils ne con- » duifoient pas au but. » 2°. M. de Réaumur, fait pour éclaircir les fujets qu’il traitoit, imagina que la voie la plus courte , d’avoir des notions fur les matières de la Chine , étoit de s’en procu¬ rer. Il eut les unes ôc les autres.. 5 °. k Les recherches & les expériences de M. de Réaumur , » lui firent pofer pour principe fondamental delà compofition » de la porcelaine de la Chine , qu’elle étoit une combinai fonde » deux fubjlances , dont l’une nommée pe-tun-tfé , étoit vitrifia - » ble * i l'autre appellée kao-lin, ne l’ étoit pas. Ce principe étoit y> lumineux, mais ètoit-il entièrement jujle? Il avoit porté M. de » Réaumur à croire que non-feulement il avoit découvert en France , de l'une & de L autre matière , mais que la France » en renfermoit qui pouvoient être regardées comme leur étant » fupérieures. M. de Réaumur penf oit que le pe-tun-tfe étoit une » efpecede caillou , & le kao-lin du talc. Les effais qu'il avoit » faits avec différentes efpeces de nos cailloux & avec des » talcs , av oient eu du fuccès. ». M. de Réaumur néanmoins n' avoit qu’entrevu la véri- s> té i elle ne s’étoit dévoilée qu’à moitié à fes yeux j il ne » l’avoit vue qu’enveloppée d’un voile qui la couvroit » encore trop pour qu’il la reconnut entièrement. Il avoit » pu examiner le pe-tun-tfe & le kao-lin i mais le ka-olin fur-tout » n' étoit pas totalement reconnoiffable i ilti'étoitplus dans fon » état naturel. On l’avoit envoyé de la Chine en petits » pains , formés d’une terre lavée & préparée. La grande * On dit qu’une pierre efl vitrifiable lorfque les fondans peuvent la vitri¬ fier. Les cailloux , les filex , le quartz , & toutes pierres infufibles par elleç- mêmes , font dans la dalle des pierres vitr&ables. des Sciences et Arts. i d'y *> blancheur de cette terre , fa fineffe , de petites paillettes » brillantes de talc dont elle étoit parfemée , la lui firent prendre pour de très-beau talc blanc qui avoit été broyé » & mis en petits pains. 4°. » Le pe-tun-tfe, dont fans doute M. de Rêaumur n’eut » que quelques fragmens peu confdérables , ne put que lui pa- » roître des morceaux de quelque caillou. M. de Réaumur » n’ayant apparemment pas dans fon cabinet des éclats de » pierres qui fuiïent femb labiés à ce pe-tun-tfe , il ne pouvoit » que faifir à moitié la vérité ; mais il la vit autant & plus » qu’il ne lui étoit en quelque forte permis de lavoir. Un » trait de lumière plus développé & débarralfé du nuage » tranfparent qui l’obfcurcifloit , dévoiloit à M. deRéau- » mur tout le myftere de la porcelaine de la Chine. Plus » heureux & plus favorifè que M. de Réaumur ,j’ai vu les » matières dont on fait cette porcelaine , & je les ai vues telles » qu’elles fortent de la terre ; les recherches préliminaires que » favois faites en France , des terres & des pierres même les » plus communes , m’ont mis en état de reconnoitre à la pre- » miere infpeclion , celles qui ètoient du kao-lin & du pe-tun- » tfe. Voici comment j’ai eu occafon de faire cette compar- » raifon. 3° &40. M. de Réaumur eut un principe lumineux, mais pas entièrement jufte. Ce principe le porta à croire qu’il avoit découvert en France du kao-lin ôc du pe-tun-tfe; & que le kao-lin étoit du talc ; & le pe-tun-tfe une efpece de caillou, une pierre vitrifiable. Il fit de la porcelaine avec du talc & du caillou. Néanmoins ce grand homme n’avoit qu’entrevu la vérité , cependant il avoit fait non- feulement de la porcelaine avec du pe-tun-tfe & du kao¬ lin ; mais fes expériences lui firent pofer pour principe fondamental de la compofition de la porcelaine de la Chine , quelle étoit une combinaifon de deux fubllances, dont l’une, nommée pe-tun-tfe, étoit vitrifiable , & l’au¬ tre kao-lin ne l’étoit pas. Ces luccès , avec le talc & le caillou , avoient confirmé que le pe-tun-tfe eft dans ce genre. Qoiqu’il ait pu examiner le pe-tun-tfe , il ne l’avoit 1 66 Mémoires sur différentes parties cependant pas vu ; puifque plus heureux & plus fortuné que lui , M. Guettard a vu les matières de la porce¬ laine. « Environs deux ans avant la perte que nous avons » faite de feu Mgr- le Duc d’Orléans , ce grand Prince » m’ayant fait l’honneur de me montrer les fubftances » que l’on emploie à la Chine dans la compofition de la » porcelaine , Ôc qu’il en avoit fait venir , me demanda en «même temps, fi dans mes recherches des foffiles de » la France , j’avois trouvé des terres & des pierres fem- » blables à celles qu’il avoit reçues. Au premier coup » d’oeil , je reconnus que j’avois été allez heureux pour les » découvrir. Charmé de trouver une occafion de faire ma » cour à ce grand Prince, auquel j’avois l’honneur d’être » attaché , & de lui témoigner que fes amufemens m’é- » toient chers, je l’affurai, &j’ofe le dire avec un plai- » fir que mon cœur reffentoit , que j’avois vu de ces foffi- » les en France. L’aveu fut fuivi de la dèmonjlration : les » pièces furent confrontées & reconnues à s’y méprendre , fur- » tout les terres , pour être femblables à celles qui avoient été » envoyées de la Chine s les pierres qu’on en avoit reçues pour » être du pe-tun-tfe étant un peu différentes les unes des autres , » celles de la France, que je prétendois être de même nature , » demandèrent un peu plus £ examen. Enfin parmi celles que » je foutenois leur reffembler , il fe trouva cinq à » fix perfonnes préfentes à cette confrontation qui confta- » terent être femblables à la première infpection. y°. Msr. le Duc d’Orléans demanda à M. Guettard s’il avoit trouvé en France une terre femblable au kao-lin , & une pierre femblable au pe-tun-tfe. Comme il eft charmé de faire fa cour à ce grand Prince , il reconnoît au premier coup d’œil, quilles a découvertes, ôtl’affure avec plaifir qu’il a vu ces foffiles en France. 6°. « On n’eut rien de plus preffé que de faire des effais » de comparaifon avec les matières venues de la Chine , & celles » que j’avois trouvées en France. Je fus affez hardi pour an- » noncer que ces eflais auroient le même fuccès, & affez des Sciences et Arts. 167 » heureux pour qu’ils en euffent. Les deux pièces compa- » rées après la cuïffon , qui furent cuites dans un four » conflruit dans le laboratoire que ce Prince avoit à Sainte Gé- » neviève : ces deux pièces , dis-je , furent trouvées fembla- » blés i le grain en ètoit le même , la dureté égale , la tranfpa - » rence pareille , le fon auffi vif 6°. M. Guettard eft affez hardi pour affurer qu’il fera la porcelaine avec le hao-lin & le pe-tun-tfe qu’ii a trou¬ vés en France. Il en choifit dans les fofliles de M. le Duc d’Orléans , il en fait la porcelaine égale à celle de la Chine en beauté & en bonté. 70. « Il n’y avoit alors autre chofe à faire que d’avoir une » quantité confdérable de matières pour entreprendre des effais » en grand. Malgré la rigueur de la faifon ; nous étions alors » en hiver i je partis accompagné d’un ouvrier en porcelaine* , » que M. le Duc d’Orléans me propofa de mener avec moi » pour m’aider. J’allai dans les- endroits que j’avois parcou¬ re rus quelques années auparavant , & où j’avois trouvé la terre » & la pierre que je regardois , l’une , comme du pe-tun-tfe , » l’autre comme du kao-lin. » De retour , lorfque les matières furent arrivées , & » que le four que ce Prince fit conftruire à Bagnolet , ce- » lui du laboratoire étant trop petit fut achevé , on pro- » céda aux effais. Le premier fut avantageux , le fécond ne » le fut pas tant : tout penfa manquer par ce défaut de » réufîite. Je me mis alors par de petits effais à exami- » ner la caufe de cette efpece de bizarrerie dans les expé- » riences. Je reconnus que le mauvais fuccès n’ avoit dé- » pendu que de la violence du feu, qui n avoit pas appa- » remment été affez grande. J’employai une journée en- » tiere à faire cuire un très-petit & très-mince gobelet » dans un fourneau de reverbere , rempli continuellement » de charbon allumé , & dont la vivacité étoit augmentée y> par le vent de deux foufflets d’Orfévres qu’on faifoit: * Nommé le Guai s qui travaille actuellement avec M. le Comte de Lau.- raguais, ï P°. « L’endroit où je trouvai pour La première fois en » France une terre femblable à ce kao-lin, fe nomme Mauper- » tuts3 & ejl fitué près d’Alençon; on le tranj porte de ce vil- » lage y dans cette ville pour en fabriquer de la poterie , avec » d’autres terres & du fable qu’on y mêle. » p°. C’eft àMaupertuis que fe trouve ce kao-lin , dont on fe fervoit pour la poterie. i o°. « Le kao-lin , recherché depuis fi long temps avec » tant de foin , & H inutilement, quoiqu’on le vît, qu’on » le touchât, qu’on l’employât même tous les jours , étant «connu , il me refte à parler du pe-tun-tfe. Il n’étoit pas » plus caché. Depuis un temps immémorial , cette pierre « fervoit à paver la grande route de Bretagne , du côté « d’Alençon ; cette ville en eft également pavée , & les » montagnes de fes environs en renferment dans plufieurs » endroits de leur étendue. J’ai indiqué tous ces endroits » dans le Mémoire que j’ai donné , fur les avantages » d’une carte minéralogique pour les ponts & chauffées i » Mémoire qui eft inféré dans un des premiers volumes » du Journal (Economique. Cette pierre y eft nommée » quartq en rocher. Je ne pouvois ôt ne devois même alors » la faire connoître pour ce quelle étoit. » i o°. Le pe-tun-tfe fert à paver la grande route de Bre¬ tagne , du côté d’Alençon. M. Guettard dit que ce fut ce pe-tun-tfe , dontil parla dans un mémoire fur les avantages d’une carte minéralogique ; il ne le défigna pas fous le nom de pe-tun-tfe , mais par fon nom minéralogique; c’eft du quartz en rocher. 1 1°. « Le pe-tun-tfe eft, comme celui de la Chine, de » la nature des pierres vitrifiables ; il donne du feu frappé » avec le briquet ; deux morceaux frottés l’un contre 1 au- »tre jettent de la lumière. Il ne diffout pas aux acides ; » fa couleur eft d’un gris clair. Certains morceaux font » parfemés de quelques petites taches rougeâtres ou ver- » dâtres ; fon grain eft fin & ferré , & forme une^ pâte » unie , compaête & très-dure. Au premier coup d’œil , » cette pierre paroît avoir du rapport avec le grès ; elle en Tome 1. X 170 Mémoires sur différentes parties » différé cependant à plufleurs égards ; fon grain eft infi- » niment plus fin , & , fi on peut parler ainfi , plus fondu. Si » on vouloit la rapprocher de quelque forte de grès , il n y » en a pas dans laquelle on pût mieux le faire, que de celle » à laquelle les Carriers donnent le nom de cliquart. Ce » grès eft d’une dureté bien fupérieure à celle du* grès or- » dinaire ; elle eft même telle , que le cliquart eft rejetté » par les ouvriers qui taillent cette pierre , comme étant » trop difficile à travailler. S’il pouvoit être fubftitué au » pe-tun-tfe , ce feroit une façon de rendre cette pierre » utile , fur-tout dans les endroits où elle feroit commune, » ne l’étant pas ordinairement dans ceux qui font même » remplis de rochers de grès ordinaires. » Par exemple (a), il meparoît qu’une efpece de quartz » grenu & rougeâtre des environs de Mouan , village peu » éloigné de Caen , pourroit en procurer une efpece » différente de la porcelaine ordinaire. Ce quartz m’a » paru avoir beaucoup de rapport avec une forte de pe¬ ts tun-tfe , qu’on envoya auffi à feu M§r. le Duc d’Or- »léans, en même temps que celui dont j’ai parlé. L’effai » qu’on fît avec le quartz de Mouan, eut de la réuiïîte; il » donna une porcelaine qui différait en couleur de la por¬ to celaine ordinaire. » Entre les pierres ( b ) , celles auxquelles on a » donné les noms de (liante , de pierre ollaire , de jade , de » ferpemine , de fméolite ; en un mot , toutes les pierres que » plufîeurs Naturaliftes regardent comme des pierres ar~ » gilleufes me paroiffent mériter une attention particulie- to re : on ne devroit pas même négliger les différentes variétés de » Jchites & même d’ ardoifes . Il y aurait peut-être de l’avan- »tage à fe fervir de ces pierres en guife de pe-tun-tfe. ( c) i ï°. Le pe-tun-tfe eft, comme celui de la Chine, de la nature des pierres vitrifîables. M. Guettard ne laifîe aucun doute fur la nature des pierres qu’il appelle vitri- ia) Page i f , du Mémoire de M. Guettard. (b) Pag. 1 6 , du Mémoire de M. Guettard. (c) Idem. pag. ai. des Sciences et Arts. 171 fiables , & fur le caraélere du pe-tun-tfe ; c’eft un quartz en rocher. Il le décrit précifément comme M. de Montamy { pag. 1 72 & 1 73 ) , quis’exprime ainfi ; Le pe-tun-tfe paroït d’abord reffembler au grès ; il en différé cependant beau¬ coup; & M. Guettard a fait non-feulement de la porce¬ laine avec du quartz , mais il foupçonne encore qu’on en pouvoit faire avec des fchites & des ardoifes. Il confeille de les effayer comme du pe-tun-tfe ( d) c’eft- à-dire , s’en fervir en guife de pe-tun-tfe. Les granitz ( pag. 22 ) , ont des parties talqueufes qui aident à la fufion. Il y aur oit peut-être de t avantage à fe fervir de ces pierres en guife de pe-tun-tfe. 120. « Le pe-tun-tfe étant broyé fous la meule & «étant lavé dans plufieurs eaux, devient d’une très- » grande blancheur ôc d’une très-grande fineffe ; laiffé » quelques jours dans l’eau, il contrade une odeur » défagréable , & brunit ; de même que celui de la » Chine , il a , lorfqu’il eft réduit en une poudre blanche , »un petit goût falin, auquel M. de Réaumur le reconnut » pour être réellement du pe-tun-tfe. Cette obfervation » que je dois à cet habile Phyficien , ne pouvoit , comme «on le penfe bien , que m’être très-agréable; elle étoit » une preuve de l’identité qui fe trouvoit entre le pe- » tun-tfe de la Chine & celui de la France ; & quand elle » n’auroit pas été prouvée par des expériences , le fenti- » ment deM. de Réaumur auroit été pour moi, finon une » preuve complette , du moins une préfomption des plus » fortes. L’approbation qu’il donna auffi aux effais que je » lui fis voir, ne me fit pasmoins de plaifir ; il les reconnût » pour être d’une porcelaine à laquelle il ne manquoit » aucune des propriétés de celle de la Chine. » i2°. Mais le vrai pe-tun-tfe étant broyé, a un petit goût falin. M. Guettard doit cette obfervation à M. de Réaumur , quoiqu’il eût vû fi mal le pe-tun-fe , qu’il avoir dû lui paroître du caillou. Il eft vrai que M. Guettard avoit dit auparavant que M. de Réaumur eut les ma¬ tières , & qu’après avoir conclu de l’examen que M. de ( d) Voyez § 12. Yij 172 Mémoires sur différentes parties Réaumur avoit fait du pe-tun-tfe , qui n’étoit pas mé- connoiflable comme le kao-lin, qu’il n’avoit pas vû. ces matières ; il aflùre qu’il n’en a pas moins fait de la por¬ celaine avec du talc ôc du caillou. Ces eiïais eurent du fuccès ; il s’applaudit enfin du bonheur qui lui étoit réfer- vé. M. Guettard, plus heureux & plus fortuné que M. de Réaumur y -vit le kao-lin & le pe-tun-tfe. 130. « L’Auteur du Dictionnaire raifonné qui a tant vu » de Ipaths fufibles dans les granits des environs d’Alen- » çon, auroit peut-être avancé une vérité , s’il eut dit que » les granits qui renferment de ce fpath , ôc peut-être »même tous les granits préparés comme le pe-tun-tfe, » pourroient fuppléer le pe-tun-tfe dans les pays qui au- » roientdu granit ôc qui manqueraient de l’autre pierre. Ce » ferait du moins des expériences à faire , 6c qui nefont pas » à négliger. Il paraît par ce que j’ai dit dans le corps de » ce Mémoire , que les Chinois fe fervent comme pe-tun- » tfe , de plufieurs efpeces de pierres ; il faut même que » ces pierres foient très-communes en Chine, vu la quan- » tité qui y a été employée depuis plufieurs lîécles , ôc le ». bas prix de la porcelaine qu’on y fabrique : s’ils ne fe » fervoient que de fpath fluor , il faudroit que ce fpath fut » bien autrement abondant dans cet Empire, qu’iî ne l’efl » en France , où nous ne le trouvons qu’en très-petits mor- » ceaux , ôc répandu dans les granits , où il ne forme que » des grains plus ou moins gros , ôc dont on ne pourroit le » trier qu’avec beaucoup de peine ôc de dépenfe : ce qui » me feroit croire que fl on vouloit jamais faire ufage de » ce fpath dans les manufactures de porcelaine , il feroit » plus Ample d’employer les granits qui en font parfemés j » les granits font vitrifiables ; ils ont des parties talqueufes » qui aident la fufion. Il y auroit peut-être de l’avantage » à fe fervir de ces pierres en guife de pe-tun-tfe. 1 4°. » Ce que je viens de dire fur le fpath fufîble , peut » fervir de réponfe à ce qui a été avancé nouvellement » dans un ouvrage fur l’émail ; l’Auteur, qui a joint à cet a» ouvrage quelques remarques fur la fabrication de la por- des Sciences et Arts. 173 » celaine , prétend que le pe-tun-tfe de la Chine eft un » femblable fpath. Je fuis étonné que cet Auteur qui avoit » vu les différentes pierres envoyées de la Chine pour être » du pe-tun-tfe, ait embraffé ce fentiment; il n’auroit pas, » à ce que je crois , dû reltreindre ainfi ce pe-tun-tfe à une » feule efpece de pierre. Il fait mieux connoître le kao-lin, » il l’a décrit d’après celui de la Chine ; fa defcription eft » exaûe. L’annonce qu'il fait de la découverte du pe-tun- »tfe & du kao-lin en France, ne pouvoit être piusfûre » que de fa part, puifqu’il étoit préfent à la confrontation » des matières envoyées de la Chine, & de celles trouvées » en France. » 130. & 140. Le fpath fufible ne fe trouve que rarement en France, & toujours en petits morceaux. Il faudroit qu’il fut auffi commun à la Chine qu’il eft rare en France , pour que le pe-tun-tfe fut un fpath fufible. Aufli M. Guettard eft-il fort étonné que M. de Montamy , Auteur de l’ou¬ vrage qu’il cite , & qui devoit connoître les découvertes de M. Guettard , ait dit que ce pe-tun-tfe étoit fufible. Ce que vient de dire M. Guettard fur le fpath fufible , peut fuffire pour le confondre. Voyons fi M. Guettard ne fera pas confondu de ce que je vais avoir l’honneur de lui dire. 1 °. V oyeç §. 3 & 4. Je nie le fait , & défie M. Guettard de faire feulement de la fayance avec du talc & un caillou quelconque. 20. Voye.7 §. 10. Je nie qu’il ait fait l’expérience dont il parle. Je le défie de faire une demi-vitrification quelcon¬ que, avec le kao-lin & un quartz. 30. Le pe-tun-tfe n’eft point dans la claffe des pierres vitrifiables ; il en eft même fi éloigné , que je défie M. Guettard de faire une porce¬ laine quelconque, une demi-vitrification avec ou kao¬ lin & fon quartz de Mouan , fi c’eft du quartz ; car M. Guettard n’en fçait peut-être rien , & nommément avec lesfchites 8t les ardoifes qu’il confeille de fubftituer au pé-tun-tfé , comme étant des pierres de même nature , c’eft-à-dire vitrifiables. 40. Voyzy§. 12. Je nie tout ce qu’il avance ; je nie que la pierre qu’il appelle pe-tun-tfe „ 174 Mémoires s-ur différentes parties celle qu’il décrit comme M. de Montamy , celle dont il prétend avoir fait de la porcelaine ayent un petit goût falin , étant broyées. Si le pé-tun-tfé qu’il a dépo- fé, a un petit goût falin, ce n’eft pas la même pierre, quoiqu’il la décrive de la même façon. Il fe fera fervi de la defcription de M. de Montamy , pour en impofer , parce qu’il chancelle perpétuellement. Voye^ §. 13 & 14. Mal heu r eu femen t M. Guettard fait un fi bon raifonne- ment fur le fpath fufible , quil eft tranchant fur cet arti¬ cle ; en effet , pour fe décider, il faut s’appuyer fur un rai- fonnement invincible, ou fur une expérience ; mais en matière de faits , il n’y a de certitude , que l’expérience : & quoique M. Guettard ait été plus fortuné , plus heureux que M. de Réaumur , il a eu cependant le malheur de ne pas dire en l’air que le fpath fufible pourroit être aufli commun à la Chine, qu’il eft rare en France. Il eft vrai que M. de Réaumur avoit découvert que le pé-tun-tfé étoit dans le genre des fchites & des ardoifes. Il valoit mieux fuivre cette autorité , que de fe livrer à une con- jeéture qui combattoit la feule autorité fur laquelle M. Guettard pût s’appuyer ; nous dirons à M. Guettard qu’il ne connoît pas le pé-tun-tfé , dont il a fait cepen¬ dant de la porcelaine : celui dont parle M, de Montamy , ôt que M. Guettard décrit comme lui ; nous lui appren¬ drons i°. que cette pierre n’eft pas non-feulement de la claffe des pierres vitrifiables , mais encore que c’eft un fpath fufible. 20. Qu’il eft dans l’erreur commune à tous les Minéralogiftes de l’Europe , de croire , d’après certains caraétères, que le fpath fufible eft très-rare. Nous lui ap¬ prendrons qu’il y a un grand nombre de pierres , d’ailleurs infiniment différentes , & qui font fufibles par elles - mê¬ mes , qui font donc des fpaths fufibles. D’où il s’enfuit que M. Guettard , non-feulement n’a pas une feule idée fur la porcelaine , mais encore qu’au lieu de l’avoir faite à Ba- gnolet avec le pé-tun-tfé qu’il décrit comme M. de Mon- tamy , il n’a pas même vu l’expérience qu’il fit fur cette pierre , & dont le réfultat fut df apprendre que , feule mife des Sciences et Arts. 175 au feu, elle prenoit un commencement de fulion, ainli que M. de Montamy le dit dans fon livre. Il faut qûQ M. Guettard convienne de ces trilles vérités ; à moins qu’il n’ajoute aux chofes curieufes qu’il a mifes dans fon Mémoire , que cette pierre n’ell point fufible, quoiqu’elle fonde fans fondant. Comme le relie de ce Mémoire efl étranger à l’Acadé¬ mie, j’ai féparé de l’ouvrage que j’ai fait deffus, ce qui pouvoit l’éclairer fur la permiffion quelle lui a donnée pour le faire imprimer. Lu par M. le Comte, de Lau ragu ai s , le 22 Janvier 1 7 6 6. Dé F ou ch y. Ce n’ell que fur la promelfe que M. Guettard avoit faite à l’Académie, de rendre public le dépôt qu’il avoit fait autrefois fur la porcelaine qu’elle a permis à M. Guet^ tard d’imprimer qu’il en avoit fait. PREMIERE SUITE. Premièrement, je demande à l’Académie comment elle a lailfé imprimer un Mémoire tiffu de chofes contradic¬ toires ? 1 °. Pag. S , (du Mémoire de M. Guettard. ) On fçavoit qu’on n’emploie que deux matières pour faire la porce¬ laine. 20. Pag. $. M. de Réaumur eut ces matières. 3°. Pag. 6. Les recherches & les expériences de M. de Réaumur lui firent poferpour principe fondamental de la com- poftion de la Chine , qu’elle étoit une combinaifon de deux fubfances , dont l’une nommée pé-tunt-fé , etoit vitrifiable i & l’autre appellée ka-o-lin, ne l’ étoit pas. Ce principe lumi¬ neux avoit porté M. de Réaumur , à croire qu’il y avoit en 17 6 Mémoires sur différentes parties France, des matières fupérieures à celles que les Chinois em¬ ploient pour faire de la porcelaine , & que le pè-tun-tfé ètoit une efpece de caillou , & le kao-lin , du talc. Cette idée efl confirmée par le fuccès des expériences qu'il fait avec du talc & du caillou. Pag. 6. M. de Rèaumur navoit néanmoins qu'entrevu la vérité. Il avoitpu examiner le pè-tun-tfé. Cependant il n’a pas même pu voir ce pe-tun-tfe. Ibid. Le pè-tun-tfé , dont fans doute M. de Rèaumur n'eut que quelques fragmens peu confidèrables , ne put que lui paroitre du caillou. Enfin, M. de Rèaumur ne vit point les matières , puif- que, plus heureux & plus fortuné que lui, M. Guettard les vit. Comment l’Académie n’a-t-elie pas demandé au moins à M. Guettard, parmi ces faits contradictoires, ceux qu’il vouloir qu’on crût ? Pag. 1 4. Quand M. Guettard dit que le pè-tun-tfé broyé a un petit goût falin , que c'ejl à M. de Rèaumur qu'il doit cette prècieufe obfervation , qui marquoit l' identité de fon pè-tun- tfé avec celui de la Chine , que c' efl à ce petit goût falin que M. de Rèaumur reconnut le pé-tun-tfé de M. Guettard, pour le véritable ,• faut-il croire M. Guettard , nous difant : i o. que M. de Rèaumur avoiteu les matières que fes expérien¬ ces lui avoient fait pofer non-feulement le principe fondamen¬ tal de la porcelaine de la Chine , mais encore que ce principe avoit été confrmè par le fuccès de ces expériences fur le talc & le caillou ? Enfin, lorfqu’il dit que M. de Rèaumur a fi bien vu , fi bien connu le pé-tun-tfé de la Chine , que c’eft à lui qu’il doit l’obfervation du petit goût falin qu’a le pé- tun-tfé broyé , ou faut-il croire qu’il n’a pas même vu les matières ? Secondement, je demande à l’Académie comment elle a laiffé paffer , fans contradiêfions , & laiffé imprimer un Mémoire rempli, 19. de faits annoncés d’une maniéré qui doit les rendre fufpe&s ? a9. De faits fans preuves, & par conféquent , de fimples allégations ? Monfeigneur des Sciences et Arts; 177 Mgf- le Duc d’Orléans demanda à M. Guettard s’il avoit ramaffé par hazard une terre & une pierre fembla- bles à celles qu’il lui montroit , c’ell-à-dire , le kao-lin ôc le pé-tun-tfé. M. Guettard , charmé de trouver une occasion de faire fa cour à ce grand Prince , l’affure, avec un plaifr que fon cœur rejfentoit , qu’il a vu ces foffiles en France. Cela lignifie que M. Guettard ayoit bien peu d’occafion de faire fa cour à Mgr- le Duc d’Orléans , puifqu’il croyoit avoir trouvé celle de la lui faire, & de fe rendre utile i & qu’il fentoit qu’une difpute étoit même pour lui , un avantage réel. Il avoit vu le kao-lin chez M. de Réau- mur ; on ne peut pas s’y tromper , il difpute fur le pé- tun-tfé. M. Guettard dit lui-même que la confrontation du pé-tun-tfé demanda de l’examen. Pag. J. Relie donc un fait en l’air que cinq ou fix perfonnes préfentes à cette confronta¬ tion , conflaterent que la pierre qu’il prètendoit être du pé-tun- tfé, étoit femblable à celles que Mër- le Duc d’Orléans avoit reçues de la Chine. Quels font les témoins ? Mais en les fup- pofant de bonne foi, je dis encore que le feul moyen d’af- furer l’identité d’une pierre avec celle qui fait , dit-on , de la porcelaine , eft d’en faire avec cette pierre. M. Guet¬ tard pourra donner des éclaircilfemens fur cette propofi- tion , en répondant aux queftions que je lui ferai en- fuite. M. Guettard dit ( pag. 7 , dernier §. ) qu’avec le ka-o-lm & le pé-tun-tfé qu’il avoit trouvés dans les foffiles de Mgr- le Duc d’Orléans , & ceux qui fervirent à la con¬ frontation, il fit deux pièces qui furent trouvées femblabUs à celles de la Chine , le grain en étoit le même , la dureté éga¬ le , la tranfparence pareille. M. Guettard en dépofa-til alors à l’Académie? Je con¬ viens que n’ayant que deux pièces , il pouvoit n’en être pas le maître. Mais, {pag. B.) M. Guettard dit pofitive- ment qu’ après le fuccès , il n’ étoit plus queftion que d a- voir beaucoup de matières pour avoir beaucoup de por¬ celaine ; qu’il fut donc dans les endroits où il avoit trouve autrefois le ka-o-lin & le pé-tun-tfé , qu’il venoit de recon- Tomel. ^ 17S -Mémoires “sur différentes parties noître pourlêtre les matières de la porcelaine de;la Chine. A f on retour „ il fait de l‘a porcelaine ‘avec ces matures à la¬ quelle II ne tnanquoit qu’un • peu de blancheur mais que de nouvelles expériences l’ éclairèrent fur cette blancheur. Il a donc refait , au moins une 'fécondé fois , de la porcelaine femblable à celle de la Chine , c’eft-à-diie , égale en beauté & en bonté; èh a-t-il dépofé à l’Académie-? Mais avec un Caraâèxe fi pdiltif,, que les échantillons ne comportaffent ntll doute , tel t^uelemom de Mgr* le Duc d’Orléans , ou le lien , imprimé dans la pâte. S’il n’a fait aucun dépôt , je demande à l’Académie comment elle permit à M. Guet- tard d’imprimer qu’il a lait de la porcelaine ; fur-tout après le dépôt que j’ai fait de plufieurs pâtes de porce¬ laines , fans aucune réclamation quelconque , & après le rapport des CommifTaires fur l’expérience qu’ils firent fur mes pâtes , ôc fur celles de la Chine & du Japon ? Je de¬ mande enfin à l’Académie comment elle a fouffert que M. Guettard lût dans Tes affemblées ces faits , non-feule¬ ment deflitués de preuves , mais n’ayant de titre de récla¬ mation -que célui qui doit le confondre. Que lignifie de dire, pag. 10 3 , pour prévenir encore plus les prétentions , je fis imprimer à ta fuite du Mémoire que je donnai en 1 73 1 , fur les granits de France , une note où je dis que « les matie- » res qui -font propres à faire une porcelaine pareille à » celle de la Chine, fe rencontroient en France , que j’ai » reconnu que celles-ci étoient femblables à celles que » ‘Mgr- le Duc d’Orléans avoit reçues de la Chine, & » que les expériences de comparaifbn que j’avois fait exé- » ciiter fous les yeux de ce grand Prince, ne m’ont laiffé » aucun doute fur la bonté des matières que j’avois trou- » vées en France ? » Qu’eft-ce que c ’eil que cesallégâtions ? quelles expérien¬ ces a-t-il faites ? Pourquoi ne pas dire alors ce qu’il dit aujourd’hui avoir fait dans ce temps ? Qui pouvoit l’em¬ pêcher d’imprimer qu’il avoit fait de la porcelaine auffi belle & auffi bonne qu’à la Chine? Pourquoi n’en pas dé- pofer alors à l’Académie , & direvquela preuve qu’il a fait des Sciences et Arts. 17$ de la porcelaine , eft qu’il en a dépofé ? Pourquoi ne faire aucune réclamation, contre moi dans le temps que j’en ai dépofé ? Mais M. Guettard avoue lui-même qu’il avoit fes raifons pour garder le filence jufqu’à ce jour. H l’a obfervé au dépens de fa gloire tant que M. de Montanrya vécu ; il eft vrai qu’il lui avoit impofé ce filence ; mais il! le rompt après fa mort avec une telle hardieffe , que M. de Montamy lui eût permis de parler s’il avoit cru que M. Guet- tard pût faire le Mémoire qu’il vient de faire impri¬ mer. ' r Je demande à l’Académie de conftater fi M. GUeteard a dépofé , avant 1 7 j 1 , de la porcelaine. Je conclurai de¬ là qu’il a non- feulement des matières propres à faire de la porcelaine , mais encore l’art d’en faire avec elles. Fut-il vrai que les Chinois en font avec le ka-o-lin & le pé-tun- tfé ; fut-il certain qu’on eut de ces matières de la Chine , & prouvé que M. Guettard en ait trouvéde femblables en France , je n’en conclurai rien , finon qu’il a un bloc de marbre , & que j’ignore II Ml Guettard eft Statuaire, avant de foupçonner qu’il eür bon, ou méchant Artifte. Mais comme j’ai nié qu’il ait fait les expériencesqulil rap¬ porte , comme les ayant faites, je demande que M. Guet- tard fàffe des expériences pofitives,& moi, des négatives pour faire conftater d’abord le point effentielde difcufiioa entre nou s , puifque tout le refte en dépend, M. Guettardi a. refufé , en préfence de l’Académie , de voir les pierres que j’apportois , ôt s’eft contenté de me dire que M. de Fouchy apporteroit, le dépôt qu’il avoit fait. 1 °. Je demande à M. Guettard fr, parmi les pierres que je: lui préfente , numérotées » , 2 , 3 , 4, fit reconnoît fon pé-tun-tfé ? 2°. Je lui dis que la pierre1 3 eft eellb que r» a donnée M. de Montamy , comme- étant le pérfunrtfé } que c’ eft celle que M. de Montamy décrit comme M. Guettard, & qu’elle fe trouve enfin» l’endatoit où M. Guettard dit qu’il a trouvé, le pétun-fé. Zij r8o Mémoires sur différentes parties 3 p. Je lui apprends que quoiqu’il allure que le pé-tun- tfé eft un quarts en rocher, &c que le pé-tun-tfé n’eft pas un lpath fufible, & qu’il a fait de la porcelaine avec ce pé- tun-tfé qui n’eft point un fpath fufible , qu’il n’a feulement pas connu la nature de cette pierre , parce que j’offre i de la faire fondre feule dans un creufet : 20. d’en faire une pâte à demi vitrifiée avec du kao-lin. Ce qui prou¬ vera à tout autre qu’à M. Guettard que c’eft un fpath fu¬ fible , & que cette pierre eft le pé-tun-tfé de M. de Mon- tamy , puifqu’elle fera une demi-vitrification qui ne fera pas abfolument fans tranfparence & fans blancheur. Lu à l'Académie , le 25 Janvier 1766 , par M. le Comte de Lauraguais . SECONDE SUITE. 1 °. Je demande la permillion à l’Académie de décla¬ rer formellement devant elle que s’il ne fe trouve pas dans le dépôt qu’a fait M. Guettard de la porcelaine qui porte des caraâères qui ne laiffent aucun doute que M. Guettard l’ait faite , il me fera impoflible de croire qu’il l’a faite. 20. Mais comme je ne m’en fuis pas tenu à demander à M, Guettard qu’il apportât de la porcelaine ayant fon nom pour croire qu’il en avoit fait , que j’ai cru trouver dans fon Mémoire, cent faits , qui me prouvoient qu’il n’avoit pas une feule idée fur la porcelaine ; qu’enfin une des raifons morales qui contribue à me faire penfer qu’il n’avoit point fait de la porcelaine égale en beauté Ôc en bonté à celle de la Chine comme il dit en avoir fait, p. 7 & 8 , eft que M. de Montamy , en m’engageant à travail¬ ler à la porcelaine, en me donnant les matières fur lef- .quelles il me. dit qu’on n’avoit fait que deux ou trois expé¬ riences à Bagnolet , me montra avec la bonne foi qui eft dans fon livre, les réfultats de ces expériences, qui, au des Sciences et Arts. i 8 i lieu de porcelaine femblable à celle que M. Guettard pré¬ tend avoir faite , n étoient que des pâtes très-grifes , ta¬ chées & cordées , & fur lesquelles enfin on ne pouvoit pas mettre une couverte ; ce qui conftitue la porcelaine. Je dois à la mémoire de M. de Montamy , & à l’eftime qu’avoit pour lui feu Msr- le Duc d’Orléans , de croire les faits fur lefquels un homme vrai ne peut ni fe tromper , ni tromper les autres. Son ouvrage exifte. On n’y trouve nulle part qu’on a fait à Bagnolet de la porcelaine fem¬ blable à celle, que M. Guettard y a faite , à ce qu’il pré¬ tend. Je déclare donc que je croirai M. Guettard , l’inven¬ teur , l’Artifte de celle qui fera femblable à celle de la Chine , quoiqu’on ait gravé dans la pâte ou fous la cou¬ verte le nom de Msr- le Duc d’Orléans , ou celui de M. de Montamy, parce que M. de Montamy m’a montré cent fois , ainfi qu’à cent perfonnes qu’il n’avoit point fait de porcelaine proprement dite , au lieu de s’attribuer l’honneür d’en avoir fait , comme M. Guettard va nous en montrer fans doute. Mais fi par hazard , il ne fe trouvoit pas dans le dépôt de M. Guettard , de laporcelaine dont la pâte & la couverte la rendilfent égale en beauté ôt en bonté à celle de la Chine , je déclare que les raifons qui me font croire que M. Guettard fera l’Artifte de la belle porcelaine , me feront croire auffi que c’eft M. de Mon¬ tamy , fous les yeux duquel on aura fait les elfais groffiers que M. Guettard aura dépofés. Mais pour prouver à M. Guettard que l’amour feul de la vérité m’a porté à contefter les allégations qu’il a mife dans fon Mémoire ; lorfqu’il les aura converties en preuves en montrant de la porcelaine , j’anéantirai abfolument tout ce qu’on pour- roit alléguer auffi pour attribuer la gloire de l’avoir faite à M. de Montamy , & fur-tout à M. le Guay , fur lequel M. Guettard dit des chofes dont je ne parlerai point ici , puifqu’elles font étrangères à l’Académie ; mais comme M. de Montamy me le fit connoître , & que je lui dois la juftice que je lui rends dans un ouvrage confidérable que je viens de finir fur la porcelaine & fur les raifons qui i82 Mémoires sur différentes parties m’empêchent d’établir cet Art , j’ai engagé M. Le Guay à prouver déjà par l’aveu qu’il m’avoit fait autrefois , ôc qu’il ligne aujourd’hui , qu’il mérite les éloges que je lui donne dans l’ouvrage dont je viens de parler. Signé DORTOUS DE M AIR AN. faifant pour M. de Fouchy , Secr. Je déclare avoir travaillé par ordre de M%r‘ le Duc J Or* léans , Jous les yeux de M. de Montamy , à des expériences fur la porcelaine. Je déclare que les trois expériences quon fit feulement , ne donnèrent point de porcelaine. Que n’ ayant vu, M* Guettard à aucune de ces opérations , M. de Montamy & moi , n’avons nulle part aux fuccès qui ont donné à M. Guet- tard de la porcelaine égale en bonté couverte, je ferai content, duffai-je fourrrir moi leuldu in^( ridicule, Avertijjement. Si l’on penfe que tout ce que je réponds aux offert Varions de M. le Comte de Lauraguais , eft tout ce que je pourrois relever dans ces obfervations, on fe trompera beaucoup. On fentira aifément les raifons de ma retenue ; j’ai à répondre à M. le Comte de Lauraguais. Si M. le Comte de Lauraguais fe fût contenté de me demander à voir des échantillons de la porcelaine qui a été faite à Bagnolet,je lui aurois répondu , comme je l’ai imprimé , que j’en avois dépofé à l’Académie , je n au-' rois pas été plus mal adroit que cela. Ces échantillons ne fe trouvent pas , ce n’eft pas ma faute. On n a pas porté fur le regiftre que j’ avois fait ce dépôt , ce n eft pas encore ma faute. Si on eût retrouvé les pièces dépofées , M, le Comté lÿO M É M O I R E S SUR DIFFÉRENTES PARTIES de Lauraguais auroit , à ce qu’il paroît , nié que cette porcelaine eût été faite avec le kao-lin & le pe-tun-tfe ae France ; il auroit toujours difcuté mon Mémoire. Qu’aurois-je, gagné à lui faire voir ces échantillons ? Si on me difoit que M. le Comte de Lauraguais fait entendre que je lui ai manqué ; je répondrois que je n’ai rien dit dont M. le Comte puilfe fe plaindre avec juf- tice. Si M. le Comte de Lauraguais dit avoir fait de la pou celaine égale à celle de la Chine , il n’y a rien d’étonnant à cela , tout le monde peut dire également en avoir fait ; mais M. le Comte de Lauraguais i’a-t-il prouvé ? c’eft ce qui eft en queftion. Si j’ai dit dans un Mémoire que j’avois fait de la por¬ celaine femblable à celle de la Chine en 1751 , c’eft que j’en ai fait dès ce temps-là. M. le Comte de Lau¬ raguais tire de mon affertion plufieurs conféquences ; je laifle à juger fi elles font juftes. Si M. le Comte de Lauraguais croit avoir prouvé, i0. que je ne lui ai rien appris, 20. que je n’ai pû rien lui apprendre; je répondrai par une diftinélion. Je ne lui ai rien appris immédiatement, mais beaucoup mé- diatement; il a travaillé avec l’ouvrier employé à Ba- gnolet. Si M. le Comte de Lauraguais m’accufe de n’avoir ja¬ mais fait de la porcelaine en queftion , cette accufation eft fans preuves. Si M. le Comte de Lauraguais infifte, en difant que je n’aipû en faire, ne connoilfant ni les procédés de cet art, ni les matières qu’on y emploie ; j’infifterai auffi en di¬ fant que j’ai pû faire de la porcelaine , puifque j’en ai fait avec des matières femblables à celles qui ont été en¬ voyées de la Chine. Si M. le Comte de Lauraguais penfe devoir me forcer au pied du mur , & me défier défaire de la porcelaine avec ce que fi appelle du pe-tun-tfe & du kao-lin , le défi de M. le Comte de Lauraguais eftbien gratuit , il n’a qu’à défier le Public à qui j’ai dit mon fecret. des Sciences et Arts. ipi Si M. le Comte de Lauraguais croit fon honneur intéreffé , parce que j’ai imprimé qu’en 17$ \ j’avois fait de la porcelaine pareille à celle de la Chine, il me permet¬ tra de lui dire que je ne vois pas cette conféquence. Il ne fo ngeoit pas à travailler de la porcelaine lorfquej’ai impri¬ mé cela pour la première fois ; il n étoitpas même alors de 1 Académie, & ne fongeoit pas probablement à en être: les fciences germoient en lui , on devoit s’appercevoir que ce germe produiroit de grands fruits ; mais rien n’étoit encore éclos. Pour moi, fi j’euffe prévu alors que M. le Comte de Lauraguais eût penfé en 176? que fon honneur feroit intéreffé par ce que j’imprimois en 1 7 5 1 j je puis l’aflurer que j’aurois mieux aimé facrifier celui qui peut me revenir d’avoir appris à la France qu’il ne tient qu’à elle de faire delà porcelaine aufli bonne & aufli belle que celle de la Chine ; j’aurois même mieux aimé ne jamais dire , Sic vos non vobis mcllificads opes. Réponfe aux Obfervations de Al. le Comte de Lauraguais 3 lue à l’Académie. LOrfque j’ai fait imprimer mon Mémoire fur la por¬ celaine, j’ai bien compté qu’il feroit critiqué. Je n’ai nullement douté que quelques-uns de ces hommes qui font continuellement à l’affût des découvertes que les autres peuvent faire , ne s’élevaffent contre ce mé¬ moire en fe cachant fous des noms empruntés , & en fe donnant pour des hommes qui auroient découvert quel¬ que chofe de bien plus parfait & de plus précieux que ce que j’avançois. J’ai même penfé qu’ils pourroient en- fuite paroître au grand jour , & s’appuyer des critiques qu’ils auroient faites eux-mêmes. Je m’attendois bien à avoir de femblables hommes à combattre , mais je n’ofois %$2 Mémoires sur différentes parties efpérer d’avoir un critique . d’un rang auffi élevé que M. le Comte de Lauraguais. Il ne peut etre que très- glorieux pour moi d’avoir un antagonifte également il- luftre , & par fa naiffance , & par fon efprit philofophique i fon amour pour les fciences & fon goût éclaire pour la faine çhymie. Les obfervations qu’il a faites fur mon Mémoire ne lui ont fans doute été diétées que par 1 envie de perfec¬ tionner la découverte que j avois faite, & de la rendre par- là plus utile au Public. Ces motifs font dignes de lui, & comme fçavant , ôt comme homme de naiffance. J aime à nie le repréfenter fous ce point de vue ^ & c eft le feu! fous lequel je me plais à le confidérer en répondant à fes obfervations fur mon Mémoire. Loin de moi la penfée d imaginer que M. le Comte de Lauraguais ait voulu le critiquer dans la feule vue de faire croire que j’en impofois au Public: je préfume trop bien de lui pour croire qu il ait eu cette idee d un Académicien , dont le devoir eft , en cultivant les fcien¬ ces, de travailler à découvrir la vérité & a la faire connoi- tre aux autres , avec cette ingénuité & cette fincérité qui doivent faire 1 effence du caraétere de ceux qui cul-, tivent les fciences. C’eft dans ce même efprit que je vais répondre aux obfervations de M. le Comte de Lau- raguais : je ne répondrai pas cependant a chacune en particulier. s M. le Comte de Lauraguais, m accufe,dansplufieurs de fes obfervations, de m’être contredit. Je le prierai feulement, pour toute réponfe à celles de ce genre, de daigner relire mon Mémoire , & de faire cette leaure dans un de ces momens où l’ame , exempte de toute paflion , voit les objets tels qu’ils font. Il appercevra fans doute alors,' qu’il eft de la derniere importance de mettre un long in¬ tervalle entre la leaure d’un ouvrage qu’on veut cri¬ tiquer, & la compofition de cette critique. Il reviendra fur lui-même , fera fâché d’avoir fait fes obfervations , jbien perfuadé qu’elles ne font pas juftes, s en voudra de des Sciences et Arts. , _ ip; les âvoïr faites & de les avoir lues a 1 Academie. ^ M. le Comte de Lauraguais me fait un crime de n’a¬ voir pas critiqué M. de Réaumur , lorfqu il a dit qu il avoit fait de la porcelaine femblable a celle de la Chine avec des cailloux & du talc. Le relpedt que je confèrverai tou- jours pour la mémoire de M. de Réaumur , a été le leul motif qui m’a empêché de le faire d une façon trop mar¬ quée. En lifant avec attention mon Mémoire , on fentira aifément que je penfois que M. de Réaumur pouvoit avoir eu quelque réullite dans fes expériences, mais qu il n’avoit pas fait une porcelaine femblable a celle de la Chine , puifque je dis dans un endroit que ce grand Phy- ficien avoit été trompé par les paillettes talqueufes qui relient dans le kao-lin lavé de la Chine. Une autre obfervation de M. le Comte de Lauraguais tombe fur le filence que j’ai gardé pendant une quinzaine d’années, au fujet des expériences qui avoient été laites à Bagnolet , fur ce que j’en avois gardé un profond ôc que je n’avois pas revendiqué ma découverte loriqu 1 a préfenté de la porcelaine à l’Académie. Je n aurois pas imaginé que ma conduite dans ces deux occafions eut pu jamais fervir contre moi. J’ai gardé , le filence pendant une quinzaine d’années , parce que j’ai cru qu il étoit de mon devoir d’agir ainfi , & je penfe que fi j eufie eu 1 hon¬ neur d’être attaché à la maifen de M. le Comte de Laura¬ guais , fi j’euffe eu; celui de travailler à la porcelaine avec M. le Duc fon pere , lui , M. le Comte de Laura¬ guais, trouveroit très-mauvais que je dévoilaffe fans la peir- miflion , une découverte qui auroit fait les amufemens de M. fon pere. Trouveroit-il bon, lui M. le Comte de Lauraguais, que ceux qui ont l’honneur de travail eravec lui , découvrirent au Public , fans qu’il le leur permit , le fecret qu’il garde ôc veut garder fur fon travai . non., ans doute. Eh pourquoi me fait-il donc un crime d avoir agi comme probablement il voudroit que ces perfonnes agi ent avec lui ? M. le Comte deLauraguais dira peut-être que je devois demander cette permiffion plutôt. J aurois pu en Tomt /. 13 b j_94 Mémoires sur différentes parties effet la demander ; mais étoit-il expédient pour moi de faire cette demande? J’ai craint qu’il ne le fût pas, peut- être ai-je eu tort. Plufieurs perfonnes qui me veulent du bien ont penfé que ma crainte étoit légitime: il eft inutile d’en dire davantage, ce que je pourrois ajouter ne fervi- roit à rien ici ; ii fuffit qu’on fçache que j’avois des rai- fons , de me taire , & que ces raifons étoient légitimes. Mais j’aurois du moins dû reclamer ma découverte lorfque M. le Comte de Lauraguais a préfenté de la porcelaine à l’Académie. Sans doute que j’avois ce droit : la date que j’avois depuis quinze ans, le dépôt que j’avois fait à l’Académie , le conftatoient. Qu’eft-ce qui m’a donc empêché de le faire valoir ? l’amour de la paix. Il auroit peut-être fallu dès lors batailler avec M. le Comte deLau- raguais , & je fentois que rien ne pouvoit m’être plus dis¬ gracieux. J’aurois été alors l’aggreffeur, & ce titre ne pour¬ voit que m’être très-defagréable : j’aime mieux me défen¬ dre que d attaquer, j’aurois même dépofé volontiers ce perfonnage vis-à-vis M. le Comte de Lauraguais, s’il ne m avoit forcé lui-même à le prendre, s’il ne m’avoit dit en pleine Académie, qu’il me regarderoit comme battu fi je ne répondois à fes obfervations. C’eft donc pour lui plaire autant qu’il eft en moi dans ce moment , que j’ai pris la plume , près à la quitter dès qu'il me fera fentir que cela lui fera agréable : je préférerai toujours le piaifir d’ê¬ tre du nombre de ceux qu’il confidére , à la trifte nécelfité d’être fon antagonifte. M. le Comte de Lauraguais m’accufe de ne pas com¬ porte le pe-tun-tfe ; il appuie cette allégation fur ce que je donne a cette pierre le nom de quartz en rocher, tan¬ dis que M. de Montamy l’appelle , dans fon traicé fur les émaux , du Ipath fulible. Quoique je ne donne pas à cette pierre le même nom que M. de Montamy lui adonné, s’enfuit-il de là que je ne la connoiffe pas ? M. deTourne- fort ne connoiffoit-il pas les plantes auxquelles il impofoit des noms différents de ceux que les autres JBotaniltes leur avoient donnés. Les fyftématiques en minéralogie qui des Sciences et Arts. ïjjy ■mettent l’albâtre au nombre des marbres , ne le connoif- fent-ils point parce qu’ils lui donnent le nom de marbre , quoique d’autres en faffent un genre particulier de pierres & lui laiffent le nom d’albâtre ? Ceux des Minéralogiftes qui nomment encore marbres les pierres calcaires ordinai¬ res , ne les connoiffent-ils point , parce qu’ils ne leur confer- vent pas le nom ordinaire ? M. Linnæus ne fçait-il pas ce que c’eft que le plâtre , parce qu’il le regarde comme un marbre ? Ceux qui appellent la platine un or blanc , ne la connoiffent-ils point, parce que d’autres Minéralogiftes ne la rangent pas avec les métaux ? Quiconque feroit l’un ou l’autre de ces reproches à ces Minéralogiftes , raifonneroit- il conféquemment ? j’en laiffe juge M. le Comte de Lau- raguais. Je connoîs trop fa fagacité pour douter de fa réponfe. Mais examinons la chofe en elle-même , voyons com¬ ment les Minéralogiftes caradérifent le fpath fluor ou vitreux. Suivant M. Wolfterfdorff, c’eft une pierre qui varie par la figure & la couleur , qui fe caffe en fragments rhomboïdaux ôc diaphanes , & qui furpaffe en dureté les autres genres de fpaths. Il y a , félon le même Auteur , un fpath vitreux informe , un qui eft cubique, un rhomboï- dal, un en lames qui laiffent fupérieurement quelques diftances entr’elles , enfin il y a un fpath prifmatique & grêle. Je pourrois maintenant demander à M. le Comte de Lau- raguais, à lui qui avoue avoir vu ce queM. de Montamy ap- pelloit du fpath vitreux , fi la pierre de M. de Montamy avoit les caraderes queWolftersdorff demande dans une pierre qu’on doit regarder comme un fpath vitreux. Cette pierre a-t-elle une figure régulière , ou les fragments en font-ils rhomboïdaux ? cette pierre a-t-elle de la tranfparen- ce ? Si c’eft celle qui a été envoyée de la Chine, certainement elle n’a aucune de ces propriétés, je l’ai examinée ; elle n’a furement de rapport qu’à celle que j’ai nommée du quartz en rocher. Si cela eft , comme je n’en doute pas , Il B b ij fp6 Mémoires sur différentes parties en réfultera que quoique M. de Montamy connût le pe- tun-tfe de la Chine , il lui a donné à tort le nom de fpath fufible. Les propriétés queM. Wolflerfdorff attribue au fpath vitreux, lui font-elles accordées par les autres Minéralo- giftes fyflématiquesTx’ell ce qui ne paroît pas confiant. Pour qu’une pierre foit un fpath vitreux, fuivantM. Wal- lerius , il faut quelle foit folide , plus ou moins tranfpa- rente, & qu’on ne puiffeen diftinguer les parties. Je de¬ mande à M. le Comte de Lauraguais , lui qui a vu le fpath vitreux de M. de Montamy , fi ce fpath étoit plus ou moins tranfparent. Non certainement, fi c’efl la pierre envoyée de la Chine pour être du pe-tun-tfe. Il n’y a pas même lieu de le penfer après ce que dit M. de Montamy, qui le com¬ pare au grès. M. Cartheufer définit ainfi le fpath vitreux : fpath infor¬ me, mol, diaphane , à lamelles très-minces. Une fembla- ble pierre peut-elle reffembler à du grès , auquel M. de Mon¬ tamy a comparé fon fpath fufible f ôc je demande à M. le Comte de Lauraguais , fi à la defcription du fpath vitreux donnée par Cartheufer il reconnoîtroit une pierre qui reffemblât au grès. M. Gronovius caraêlérife le fpath vitreux par la pro¬ priété d’être phofphorique, lorfqu’on l’échauffe en le met¬ tant dans le feu. Le fpath vitreux de M. de Montamy n’a certainement pas cette propriété ; deux morceaux frottés l’un contre l’autre jettent de la lumière, mais ils nefont pas phofphoriques lorfqu’ils ont paffé par le feu , du moins ils ne jettent pas une lumière bleue comme le fpath de M. Gronovius , & celui-ci eft bien différent du fpath vitreux de M. de Montamy : c’efl donc bien gratuitement que M. de Montamy lui a donné le nom de fpath vitreux. Sui¬ vant moi , il n’y a pas de pierre à laquelle on puiffe mieux le comparer qu’au quartz : c’efl ce qui m’avoit fait lui donner le nom de quartz en rocher. Quelque nom , au refie , que j’aie donné à cette pierre , quel que foit celui fous le¬ quel M. de Montamy l’a fait connoitre , il ne «en- des Sciences et Arts. i ^ fuit pas que je n aie point connu le pe-tun-tfe de la Chi¬ ne ; j’en lailfe juge M. le Comte de Lauraguais, je le répété. La derniere obfervation de M. le Comte de Lauraguais eft la plus importante de toutes : il y allure qu’on n’a ja¬ mais fait à Bagnolet de porcelaine femblable à celle de la Chine avec le pe-tun-tfe & le kao-lin de France , ôt il en a conclu de vive voix en pleine Académie, que je n’enten- dois rien à la porcelaine. Si M. le Comte de Lauraguais m’eût fait le premier reproche il y a quinze ans , je lui au- rois répondu, venez & voyez. Je fuis malheureufement aujourd’hui dans l’impoffibilité de lui faire cette invitation , & de lui procurer le plaifir qu’il auroit eu en voyant les chofes qu’on y faifoit. De plus, M. le Comte de Lauraguais m’accufe d’ignorance : cette accufation me touche peu , quoique je pulfe peut-être , fans qu’on me taxât de va¬ nité , ofer alfurer que j’en fçais fur cette matière autant que M. le Comte de Lauraguais. Les hommes, au relie, fçavent fi peu de chofes, que les accufer d’être ignorants, ce n’ell prefque pas les infulter. Au lieu de me choquer du reproche d’ignorance que M. le Comte de Lauraguais me fait, je l’en remercie. Il eft bon qu’on rappelle, même au plus fçavant des hommes , qu’il ignore beaucoup de cho¬ fes. Mais ce que je ne puis palfer fans marquer à M. le Comte de Lauraguais beaucoup de fenlibilité, c’elt la douleur vive qu’il m’a faite , en me taxant d’être un four¬ be qui en impofe au Public. Ma fincérité ell , à ce que je crois, trop connue pour qu’on puilfe penfer que j’aie ofé m’oublier au point d’imprimer une chofe contraire à ce que je penfois. J’affure donc M. le Comte de Laura¬ guais, que je fuis très-perfuadé qu’on a fait à Bagnolet de la porcelaine avec du kao-lin & du pe-tun-tfe de France. J’afîurerai même M. le Comte de Lauraguais, que je fuis prefque aulïi perfuadé que c’ell avec ces matières qu’il fait la fienne. C’ell ce que je vais , à ce que je crois, allez bien lui prouver. Lorfqu’il a longé à faire de la porcelaine , il s’elt lié ip8 Mémoires sur différentes parties d’amitié avec M. de Montamy : celui-ci lui a donné le fieur le Guay pour être à la tête du travail qu’il vouloir entreprendre. M. de Montamy, de l’aveu de M. le Comte de Lauraguais , lui a fait connoître les matières dont on fait de la porcelaine à la Chine. M. de Montamy lui a fans doute en même temps donné connoiflance des matiè¬ res femblables trouvées en France ; autrement M. de Lau¬ raguais , qui , à ce que je crois , ne fe flattoit pas alors d’ê¬ tre grand çonnoiflêur en terres & en pierres , n’auroit feu où prendre de ces matières , lui qui n’avoit jamais , à ce que je penfe , parcouru la France dans le delfein de connoî¬ tre la minéralogie de ce Royaume. Avec ces connoilfances, qu’il a pu auffi tenir du fieur le Guay , il a été en état de travailler. J’ai même fçu d’une perfonne à qui il avoit fait voir les matières qu’il employoit à la compofition de fa porcelaine , que ces matières étoient femblables à celles que j’ai décrites dans mon Mémoire : cette perfonne fe les eft facilement rap- pellées à la ledure de ce Mémoire. De plus , M.le Comte de Lauraguais ne me reproche pas d’avoir méconnu le kao-lin; il m’a même alfuré que celui que j’ai trouvé en France étoit femblable à celui de la Chine. Les diffi¬ cultés qu’il m’oppofe au fujet du pe-tun-tfe, pourroient indiredement prouver que le pe-tun-tfe de France ne dif¬ féré pas plus de celui de la Chine , que le kao-lin Fran¬ çois du kao-lin Chinois. Je rejetterois bien loin de moi la penfée , fi elle me venoit, que M. le Comte de Lauraguais voudrait perfuader qu’il a reconnu le premier le pe-tun- tfe , en cherchant à jetter quelque obfcurité fur la décou¬ verte que j’en ai faite , en me mettant en apparence en con- tradidion avec M. de Montamy. J’aime mieux penfer Am¬ plement qu’il tient cette connoiffance du fieur le Guay, qui lui a fait accroire que c’étoit lui qui l’avoit reconnu, Perfonne n’eil à l’abri de la fédudion. Comme plufieurs pierres vitrifiables peuvent, à ce que Ie penfe, être fubffituées au pe-tun-tfe dont on s’eltfervi à Bagnolet , il pourroit fe faire auffi que M. le Comte de des Sciences et Arts, ip$ Lauraguais eût fait choix d’une de ces pierres. Il pourroit même fe faire que pour faciliter la fufion des principales matières qu’il emploie, il y joignît quelquefois une cer¬ taine quantité de matière calcaire , & peut-être quel¬ que peu de matières falines. Je le penferois même vo¬ lontiers , car j’ai reconnu à l’infpeêtion de certains mor¬ ceaux de fa porcelaine qu’il a fait voir à l’Académie , que cette porcelaine avoit dans fes caffures un brillant vi¬ treux qu’on ne remarque pas dans les morceaux de porce¬ laine de la Chine. J’ai outre cela entendu dire que M. le Comte de Lauraguais alfuroit qu’il entroit un grand nombre de fubftances dans fa porcelaine. Si cela eft, elle rentre dans la clalfe des frittes , ôt dès-là ce n’eft pas une vraie porcelaine, ou du moins une porcelaine femblable à celle de la Chine. Tous les Auteurs qui ont écrit fur celle-ci, difent quelle n’eft compofée que du kao-lin & du pe-tun-tfe , celle du moins qu’on faifoit du temps que ces Auteurs écri- voient. Il faut donc, pour qu’il y ait identité entre les por¬ celaines qu’on fait & celle delà Chine, qu’il n’y entre que les deux mêmes matières , ou deux fubftances fembla- bles. Ainli, de deux chofes l’une ; la porcelaine de M. le Comte de Lauraguais ell une fritte , fi elle eft compo¬ fée de différentes matières, comme j’ai entendu dire qu il 1 avoue ( a) ; ou s’il n’y entre que deux matières, il eft plus que probable qu’il s’eft fervi des matières que j’ai trouvées en France , ou qu’en ayant eu connoif* fance , il y en a fubftitué deux autres analogues , ou feule¬ ment une pierre différente du pe-tun-tfe , en adoptant le kao-lin que j’ai trouvé (b). Si cela eft , j’aurai toujours eu i’avantage de procurer indirectement des connoiffan- ( a ) M. le Comte de Lauraguais me l’a dit depuis , & qu’il y entroit fept fubftances différentes , ce qu’il a confirmé de vive voix à l’Académie affern- blée. (h) Dans les obfervations imprimées , M. le Comte nie que j’aie connu le kao-lin. Cette négation eft finguliere, après l’affertion du contraire. Je dé¬ velopperai plus bas cette fingularité. 2.00 Mémoires sur différentes parties ces utiles à M. le Comte de Lauraguais , ce qui in au¬ rait dû mettre à l’abri des coups qu’il m’a portés. Au refte, pour faire celfer entre lui & moi toute con- teftation , M. le Comte de Lauraguais pourrait faire impri¬ mer ï ouvrage conjidérable qu’il a compofé fur la porcelaine , détailler tous les procédés qu’il a fuivis dans la compofi- tion de la fienne , bien faire connoître les matières qu’il emploie ; dire les endroits où elles fe trouvent. Si j’ofois me propofer pour exemple , je le fupplierois de faire ce que j’ai fait ; le Public fera alors en état de juger & de choifir. Cette façon d’agir eft digne de lui : il n’a fans doute tra¬ vaillé que pour le bien public ; il eft au-delfus , & par fa qualité , & par fa façon de penfer, de cet intérêt qui con¬ duit toujours ceux qui ne font pas animés dans leurs tra^ vaux par ce motif noble d’être , utile à la fociété. Cette maniéré d’agir ferait, autant que je peux le croire^ plus convenable que de me reprocher de n’entendre rien a la .porcelaine , d’en avoir impofé en difant qu’on avoit fait àBagnolet de la porcelaine avec des matières trouvées en France, & de s’appuyer dans cette accufation fur ce que je n’ai pas entre les mains les vaiffeaux qui y ont été faits. Je ne les ai point : que font-ils devenus ? je n’en fçais rien. Lorfque je demandai au fieur le Guay de me les remettre, il prit le ton, & me les refulk. S’il ne les a pas brifés , ils font entre fes mains. M. le Comte de Lau«. raguais peut , s’il veut, les lui demander ; il fera , je crois , alors fatisfait , fur-tout fi on lui montre le vafe du jardin , rempli de fleurs. M. le Comte de Lauraguais me permettra-t-il , en finif- fant, de lui repréfenter en ma faveur, qu’il eft bienfingu- lier que la découverte des matières de porcelaine , au lieu de me valoir dans l’efprit de ceux qui en font , quelque fou- venir favorable , m’ait attiré des tracafferies ; que bien loin que la fincérité avec laquelle j’ai tout dévoilé ait été louée , elle m’ait fait accufer de fourberie ? J’efpere cependant que le Public impartial ne penfera pas ainfi . & je fouhaite de tout mon coeur que M. le Comte des Sciences et Arts. 201 Comte de Lauraguais ne reffente jamais de ces traits mor- tifians. Je fuis meme fâché qu’il n’ait pas obtenu le privi¬ lège exclulif quil a follicité; il auroit été par-là en état de faire du bien à ceux qu’il protège. Né pour être pro- tedeur des fciences , il n’y travaillera jamais , fans doute , que pour venir au fecours de ceux qui les cultivent , & pour leur procurer ce que la fortune leur a refufé. Je fuis convaincu que ce font là les fentimens qui l’animent. Heureux ceux qui lui reffemblent ! c’eft un bonheur dont je fens toute la délicateffe , quoique dans la malheureufe néceffité de ne pouvoir en jouir réellement. Puiffai-je,par cette façon de penfer, lui faire changer celle qu’il a à moa égard ! ce fera là du moins un avantage que ma dé¬ couverte m’aura procuré, & le feul, fans doute , quelle me procurera. Signé DORTOUS DE MAIR AN, fai faut pour M. de Fouchy , Secr, P oft-fcriptum. M. le Comte de Lauraguais dit dans un endroit de fes obfervations , que j’ai été malheureux de me reffouvenir allez bien de ce qu’il avoit lû. contre moi , pour être en état d’y répondre avant que fes obfervations fuffent im¬ primées. J’avouerai volontiers que c’eft, dans ce cas, une efpece de malheur; mais comment l’éviter ? peut-on ou¬ blier promptement des reproches aufli durs & aulli vio¬ lents que ceux que me faitM. le Comte de Lauraguais? Il eft en tout homme une certaine élévation d’ame , qui , s’il veut l’écouter , lui fait fentir fortement ce qui choque la noblefle de fes fentimens. Voilà ce qui a favorifé ma moire. Je me reffouvenois auffi affez bien de ce que M. le Comte de Lauraguais avoit lû à l’Académie après ma ré- ponfe à fes premières obfervations , pour y répondre aufli- pôt ; mais M. le Comte de Lauraguais ayant , comme je 202 Mémoires sur différentes parties l’ai dit , promis qu’il changeroit ce qu’il avoit avancé de dur contre moi , j’ai cru devoir attendre pour répondre à ce qu’il avoit écrit de nouveau , qu’il eût imprimé le to¬ tal de fes obfervations. Je vais donc le fatisfaire fur ce point.Ce n’eft qu’avec peine que je reprends la plume : j’au¬ rais mieux aimé que M. le Comte de Lauraguais fe fût ref- fouvenu dé fa promeffe , & qu’il n’eût pas continué à écrire du même ftyle qu’il avoit adopté dans fes premières obfervations. Ne feroit-ilpas plus malheureux de n’avoir pas été bien fervi par fa mémoire , que je ne l’ai été d’en avoir eu une affez heureufe ? Ce n’eft fans doute encore qu’un défaut de mémoire qui lui a fait imprimer que je ne connoiffois pas le kao-lin , quoiqu’il eût dit en pleine Académie qu’il convenoit que j’en avois eu connoilfance , & que la terre de Maupertuis étoit réellement femblable au kao-lin de la Chine. M. le Comte de Lauraguais ne trouvera pas fans doute mauvais que je lui rappelle cette derniere affertion, & que je lui témoigne la lurprife où j’ai été lorfque j’en ai lu une toute contraire dans fes obfervations. J’en ai été d’autant plus étonné que M. le Roux, qui étoit affocié au travail de M. le Comte de Lauraguais j convient dans une note qu’il a mife à une lettre de M. Torchet , inférée dans un des vo¬ lumes du Journal de Médecine , que le kao-lin de la Chine & celui de France avoient les mêmes propriétés. M. le Roux connoîtfans doute le kao-lin dont M. le Comte de Lauraguais s’eft fervi , & celui de la Chine , & il eft plus que probable que c’eft celui de Maupertuis , ou de quel- qu’autre endroit des environs d’Alençon, que M. le Comte de Lauraguais a employé. Il eft par conféquent étonnant que Mi lé Comte de Lauraguais me reproche de n’avoir pas réellement connu le kao-lin. J’ai été long- temps à chercher la caufe de la différence qui fe trouve dans les idées deM. le Comte de Lauraguais : j’aime à le trouver conféquent avec lui-même. Après avoir beaucoup réfléchi , j’ai imaginé que M. le Comte de Lauraguais pourvoit bien avoir penfé que la terre de Saint des Sciences et Arts. 203 Nicolas d’Athé avoit plus de rapport avec le kao-lin Chi¬ nois , que n’en a la terre des environs d’Alençon , & qu’il auroit peut-être préféré la première de ces terres pour la compolîtion de fa porcelaine. Cette terre fe tire d'un en¬ droit qui eft renfermé dans le canton de la Normandie, que j’ai appellé le canton des fables gras, & dont j’ai parlé dans mon Mémoire fur la porcelaine. Si cela eft , il n’y a dans la diverfité des fentimens de M. le Comte de Laura- guais , qu’une erreur de fait. Il s’eft trompé dans l’examen qu’il a fait du kao-lin Chinois avec cette terre : elle n’a certainement pas tant de rapport avec ce kao-lin que la terre des environs d’Alençon, quoiqu’à la rigueur elle puiffe peut-être lui être fubftituée , ce que j’ai implicite¬ ment dit dans mon Mémoire. Je connois cette terre , elle eft très-belle , & je ne puis qu’inviter les Artiftes à s’en fer- vir , de même que de celle qui fe trouve dans le refte du canton des fables gras de la Normandie. Je fçais même quelle a été employée allez heureufement, M. le Comte de Lauraguais ayant, depuis ma réponfeà fes premières obfervations , lu à l’Académie une lettre du . heur le Guay , ayant exigé la leéture de celle que j’avois dépofée en 1751 à l’Académie , & ayant fait imprimer ce s deux lettres , il eft nécelfaire que je falfe quelques re¬ marques fur ces deux écrits. Il eft étrange que le lieur le Guay dife dans fa lettre, qu’il ne m’a vu à aucune des opérations qui ont été faites à Ba- gnolet , ôc que ces expériences ne donnèrent point de por¬ celaine. La plume me devroit tomber des mains. De telles allégations ne mériteroient pas de réponfe. Comment le fieur le Guay ? comment le fieur le Guay a été employé par feu Mgr. le Duc d’Orléans à Bagnolet , &c ce grand Prince qui ne s’étoit déterminé à acheter une partie du ter- rein qui renferme du kao-lin qu’après avoir vu réulflr les expériences qu’il faifoit faire par le fleurie Guay, n’a rien vu ? Comment lui qui avoit pris des mefures pour élever une manufacture dans les biens qu’il avoit en Normandie, îi avoit point vu à Bagnolet de porcelaine faite avec le G c ij 204 Mémoires sur différentes parties. kao-lin & le pe-tun-tfe de France ? qui pourra le croire ? Comment je n’y ai rien vu non plus , moi qui avois 1 hon¬ neur d’accompagner S. A. toutes les fois qu il alloit exa¬ miner ce qui s’y faifoit? De quels termes me fervir pour répondre à une telle hardieffe ? je ne le fçais , je n en con- nois point qui foient allez énergiques. Ce qui m’étonne, c’eft que le fieur le Guay ait le front d’ofer écrire de fem- blables fauffetés & les ligner au milieu de Paris , où il eft fous les yeux de toute la maifon d’Orléans , dont piufieurs perfonnes , qui vivent encore , ont vu le réfultat des expériences. Il eft des hommes qui ofent tout : quand j’en trouve de femblables , ils m’étonnent toujours. Rien ne peut égaler la furprife où je fus en entendant lire à l’Académie la let¬ tre du fieur le Guay : les bienfaits qu’il a reçus de la mai¬ fon d’Orléans , me revinrent dans l’efprit ; les follicita- tions que je fis au Prince pour qu’il ne le renvoyât pas lorfqu’il eut manqué une fournée, les prières qu’il me fit , lui le fieur le Guay , pour que je fouffriffe qu’il m’accom¬ pagnât à Alençon , l’ordre qu’il eut du Prince de me re¬ mettre par écrit le réfultat des expériences qu’on faifoit fur les pierres dans le temps qu’on cuifoit la porcelaine , réfultat que j’ai entre les mains, & qui eft écrit par lui- mème; tous ces faits fe préfenterent en foule à ma mémoire, & n’y Différent de place que pour me rappeller fi en ce genre je me fouve trois d’un femblable procédé. Je n en connois point de pareil. Je fçavois dès lors qu’il y a à craindre de fe fervir de certains ouvriers dans les opérations qu’on veut faire , on en eft prefque toujours la dupe; mais je n’aurois jamais imaginé qu’un homme comme le fieur le Guay , qui fe donne pour être fupérieur en talens & en fentimens auxr ouvriers ordinaires, ofât jamais tenir les difcours qu’il tient & qu’il laiffe imprimer. Amateurs des Arts, vous dont les connoiffances conduifent ces Arts à la per- fedion, faites tout par vous-mêmes, ne vous confiez à perfonne ; éloignez fur-tout de vos laboratoires ces hom¬ mes qui fe croient fçavans , & dont l’état eft de travaille! des Sciences et Arts, 2.0$ fur les mêmes objets que ceux qui vous occupent. Après ce qui m’arrive, vous avez tout à craindre. La lettre que j'ai dépofée à l’Académie , & qui eft im¬ primée dans les obfervations de M. le Comte de Laura- guais, vous le prouve inconteftablement. J’y dis, d’après le fleur le Guay , que les matières employées à Bagnolet fe travaillent à merveille , « & que l’on pourroit en faire » des vafes auffi minces que le papier , & auffi grands » qu’on les defireroit , fans craindre qu’ils fe caffaffent & » qu’ils fe déjettalfent au feu. » Celui qui a dit ces cho- fes, eft-il le même que celui qui dit aujourd’hui, qu’il n’y a point eu de porcelaine de faite à Bagnolet, telle que je l’ai annoncée dansmon Mémoire? Si je ne fçavois pas que c’eft le même homme , je ne pourrois le croire. Si je ne fçavois pas qu’il le difoit en public , qu’il le dit à M. Duhamel , que le Prince avoit mené à Bagnolet pour y voir le réfui- tat des expériences , & qui l’a atteflé en pleine Académie, je croirois rêver. Mais non, cette contradiction n’eft que trop réelle , & n’a rien de furprenant : les hommes par¬ lent fuivant leurs intérêts aêtuels. Ce qui m’étonne en quelque forte encore plus , c’eft que M. le Comte de Lauraguais ait fait imprimer ma lettre comme une piece qui lui étoit favorable. Il eft confiant par cette lettre, qu’en 17 5 1 on avoit fait à Bagnolet de la porcelaine avec des matières trouvées en France , & qui font femblables à celles de la Chine. Plufieurs années après, en 1765 , M. le Comte de Lauraguais vient nier ces faits , & il s’appuie du témoignage d’un homme qui a dit tout le contraire en 17 ji. M. le Comte de Lauraguais n’auroitdl pas dû fentir que le Public ne fe iaifferoit fans doute pas prendre à une femblable preuve ? Il ejl incroyable que M. le Comte de Lauraguais tire de malettreles conféquencesqu’il en a tirées. Il prétend que j’ai des porcelaines faites avec des frittes, qui font fupérieu- res en dureté à celles qui ont été faites avec le kao-lin & le pe-tun-tfe de France. Cela ejl incroyable , je le répété. Il tire cette fauffe conféquence apparemment de ce zo 6 Mémoires sur différentes parties que j’ai dit que la porcelaine faite avec les deux matières femblables à celles de la Chine, étoit d’une, dureté au - dejffus de plu fleurs porcelaines de comportions connues. M, le Comte de Lauraguais argumente fans doute d’après le mot plufleurs ; il auroit fallu apparemment que j’euffe mis celui de toutes. Si j’eulfe employé ce mot , il auroit dit , à n’en, pas douter , que je ne les connoilfois pas toutes , & il n’au- roit pas manqué de s’écrier : a-t-il examiné toutes les por¬ celaines de compofition ? cela efl incroyable. Je n’ai voulu parler que des porcelaines de compofition qui avoient été comparées à celle qu’on faifoit à Bagnolet : il efl incroya - ble que M. le Comte de Lauraguais n’ait pas ienti cela, fur-tout depuis l’impreffion de mon Mémoire, ou j’ai parlé de l’examen qui a été fait de certaines porcelaines de com¬ pofition. Je ne fçais pas ce que M. le Comte de Lauraguais en¬ tend par des corbeaux littéraires ; je fçais encore moins ce que ces corbeaux , quels qu’ils foient , pourront gagner aux autres çonféquences que M. le Comte de Lauraguais tire de ce que j’ai écrit fur la matière en queftion. J’ai dit que les papiers publics avoient annoncé la découverte que j’avois faite lorfque j’en eus parlé la première fois à l’Académie. Ces papiers en ont réellement parlé alors ; mais ce n’eft pas moi qui ai fait mettre dans ces papiers ce qui y a été dit : je le jure à M. le Comte de Lauraguais , & à l’Univers entier , s’il le faut. De plus , qu’eft-ce que ces papiers ont dit ? rien autre chofe , finon que j’avois trouvé France des matières femblables à celles dont on fait la porcelaine à la Chine. Eft-ce là dévoiler le fecret que J’avois confié à l’Académie ? Le croire , cela efl in¬ croyable. Il l’eft encore que M. le Comte de Lauraguais me re¬ proche de n’avoir parlé , dans ma lettre , que du kao-lin & du pe-tun-tfe envoyés à feu Mgr. le Duc d’Orléans, Il veut apparemment dire de n’avoir parlé que d’un pe-tun-tfe , puifqu’il me reproche d’avoir dit dans mon Mémoire qu’on en avoit envoyé plufieurs. Mais M. le Comte de des Sciences et Arts. 207 Lauraguais 11e fçait-il pas que le mot de pe-tun-tfe étant, dans le fens qu’on le prend, un mot générique, il com¬ prend toutes les pierres avec lefquelies on peut faire de la porcelaine ? En m’exprimant ainfi , j’ai dit plus que lui, & plus que je ne devois dire J’ai été plus fage dans mon Mé¬ moire, en me reflreignant à ne parler que des pierres qui avoient été envoyées à feu Mgr- le Duc d’Orléans. Je ne devine, rion , mais fi M.le Comte de Lauraguais connoît vingt matières propres pour faire de la porcelaine , je lui dirai , fans deviner, que j’en connois cent. Il feroit incroyable, fi on ne le lifoit dans l’écrit de M. le Comte de Lauraguais , que M.le Comte dife que j’en im~ pofe au Public, parce que j’ai mis dans mon Mémoire qu’on avoit envoyé plufîeurs pierres de la Chine. Comment fçait-il qu’on n’avoit pas fait cet envoi? eft-ce parce que je n’ai parlé dans ma lettre que d’une pierre ? mais je n’ai parlé alors que de celle qui avoit été principalement em¬ ployée. Ce que j’y dis d’une autre pierre , prouve au refie qu’on en avoit reçu plufîeurs. Je puis affurer le Public que cet envoi renfermoit plufîeurs pierres différentes les unes des autres à plufîeurs égards. Ce qui efl encore plus in¬ croyable , c efl que M. le Comte de Lauraguais affure d’un ton affirmatif, que ma lettre contient ce que tout le monde avoit répété fur le pe-tun-tfe d’après le pere d’En- treville ; il veut apparemment dire d’Entrecoiles. M. le Comte de Lauraguais nommeroit-il bien ceux qui ont fait ces expériences avant que j’euffe écrit ma lettre ? Cette connoiffance ferviroit à l’hifloire de la porcelaine. Je ne comprends rien à la quatrième conféquence que M. le Comte de Lauraguais tire de ma lettre , je l’avoue fincérement. J’y vois les mots d’impofer , de vendre , de voler , de honte , de ridicule. Je n’ai certainement point voulu en impofer , je n’ai voulu rie» vendre. On a ce¬ pendant voulu acheter mon fecret , mais j’ai toujours penfé qu’il étoit indigne d’une perfonne qui aime les Arts & les fciences , de vendre ce qu’il pouvoit avoir décou¬ vert. Je n’ai jamais cru qu’il eût exillé , ou qu’ii éxillât un 2o8 Mémoires sur différentes parties Amateur des Sciences qui fût capable de voler à un autre un fecret. Il ne doit relier à un homme qui en impofe, que la honte & le ridicule, cela eft fans contredit ; mais je ne prends pas cela pour moi. J e n’ai rien impofé. Je détefle les faujfetés utiles , & éga¬ lement celles qui font inutiles. Je ne fçais fi la fioiblejfie, d’ejput efi la jolie de beaucoup de gens qui pajfent pour fages i mais ce que je fçais , & ce dont je prie M. le Comte de Lauraguais d’être perfuadé , c’eft que j’aurai toujours pour lui le refpeét le plus profond , quoiqu’il ait fait en¬ tendre dans ce qu’il a écrit contre moi , que j’étois un irn- pofteur , un fourbe, un ignorant, & je reconnoitrai tou¬ jours qu’il a infiniment d’efprit, qu’il eft rempli d’une in¬ finité de connoiftances , qu’il eft attaché aux fciences & aux arts par goût ; & je le prie de fe rappeller que je n’ai répondu à fon écrit que parce qu’il y a confenti, & qu’il l’a même trouvé bon» Lettre aux Auteurs de V Av antcoureur , contenant des Obfervations phyfques fur la porcelaine SC fur Id émail. Meilleurs, fuivant l’article d’Hiftoire naturelle inféré dans votre feuille de Février 1766 , n° 8 , page 12 1 , il me paroît que MM. Guettard Ôt Bomare ne font pas bien d’accord fur celle des deux fubftances, l’une calcaire, métallique & vitrifiable , & l’autre grade , argilleufe, & réfraétaire dont le kao-lin ou marne à porcelaine eft compofé , & qui entrent dans la compofition de cette fine & précieufe poterie , en eft la partie empâtante , & en fait la liaifon & le ciment. M. Bomare tient que c’eft la partie argilleufe qui lie les autres, & M. Guettard lui de¬ mande comment il fçait que c’eft la partie argilleufe qui lie les autres parties des terres , & non pas la partie cal¬ caire qui lie fa prétendue terre empâtante. Sans prétendre m’ériger en juge dans cette difpute & entre ces deux célè- bresNaturaliftes, voici, pour concourir avec çuxaux vues d’utilité des Sciences et Arts; '209 d’utilité ôc de patriotifme qui les animent , quelques ob- fervations à ce fujet. i°. Tous les phénomènes de la nature & toutes les opérations chymiques nous apprennent que les corps na¬ turels font compofés de divers mélanges , affociations ôc combinaifons de deux ordres d’atomes, corpufcules ou élémens indeftruéUbles , les uns durs , inflexibles ôc non claftiques , qu’on appelle terre, eau, fel, fable Ôc métaux; qui font les parties propres , la maffe , la charpente , le ré- fidu ôc la tête morte de tous les corps ; ôc les autres fou- pies, impaflibles, compreflibles ôc élaftiques , qu’on nomme la lumière , le feu 6c l’air , qui , combinés ôc en¬ gagés entre les premiers , font l’huile , gluten ou phlogi- ftique élémentaire , qui en fait la liaifon , la confiftance ôc le reflort , félon celui des deux qui y domine , ou félon qu’ils y font en équilibre. a°. Le fluide univerfel de la lumière immédiatement aétilifé par le foleil plongé ôc projetté dans fon fein , a£ti- lifant fubordinément le feu ôc l’air , ôc par leur moyen les parties propres des corps entre lefquelles ils font engagés ôc engrainés , imprégné de fa fubftance claftique ôc fubti- le, elt l’agent général, l’ame du monde , ôc la grande roue de l’horloge planétaire; ôc le feu ôc l’air combinés ôc an¬ nexés aux globes terreftres en font les agens fecondaires ôc les roues fubalternes. 3°. Le feu ôc l’air combinés, qui a l’analyfe ôc décom-2 pofition des corps ôc dans toutes les opérations chymiques fe dégagent ôc s’exhalent d’entre leurs parties propres , ôc vont s’incorporer dans l’air ambiant qui en efl le réfer- voir général, font l’huile , gluten, phlogiftique ou terre bécherienne élémentaire qui , engagée ôc engrainée en- tr’elles , en fait la liaifon , le ciment , la confiftançe ôc le reflort, ôc en détermine les principales propriétés ; cette huile unie ôc affociée à quelques parties propres des corps volatilifées en fait les huiles eflentielles , comme le fel élémentaire uni ôc affocié à quelques parties volatiles des corps en fait les fels effçntiçls. Tome J w ÏH aïo Mémoires sur différentes parties Ces principes ineonteftables de ma nouvelle phyfique cdlefte ôc terreftre pofés, il n’efl pas douteux , iü. que les marnes à porcelaine ou kao lins, la partie greffe & argil- leufe, où- l’huile, gluthen ou phlogiftique élémentaire ôc effentiel domine , eft la partie empâtante , ôc le ciment qui en lie ôc affoeie avec elle la partie calcaire , mécaili- que ôc vitrifiabie; a°, que dans la première préparation delà pâte, amalgamation ou premier empâtement, le même gluten argilleux dominant , développé , diffous , étendu ôc diftribué également dans le mélange par l’eau qu’on y emploie ôc celui qu’elle y fournit ôc y ajoute , fait le ciment qui en lie ôc affoeie les deux efpeces ou parties enfemble. 3 °. Qu’en féchant à l’air les vafes formés au¬ tour ou tout autrement de cette première amalgamation , l’eau qui en eft la partie la plus évaporable s'en exhale dans l’air ambiant, ôc qu’en s y defféchant ils gardent leurs formes ôc leurs proportions, parce qu’ils fe defféchent 6c fe refferrent également en tous fens ôc en même temps. 4°. Qu’en mettant les vafes ainfi defféchés ôc confoli- dés au feu , le feu qui y pénétre intérieurement , déve¬ loppe, diffout, volatilife ôc fait exhaler & évaporer le gluten argilleux ôc aqueux qui en fait la liaifon ôc le ci¬ ment, 6c il réduiroit le tout en cendre ôc en pouffiere , fi ce même degré de feu, mettant en même temps la par¬ tie calcaire ôc métallique en fufion vitrifiante dans fon gluten ou phlogiftique élémentaire propre , qui en lioit les molécules conft-i tuantes, ne la fubftituoit au gluten ar¬ gilleux ôc aqueux évaporé, pour en lier, confolider ôc fbutenir à fon tour tout l’édifice. C’eft donc la partie graffe , argilleufe ôc dans une efpece d’imparfaite liquidité dans fon gluten ou phlogiftique élé¬ mentaire propre , qui fait la partie empâtante , le ciment de la marne à porcelaine ou kao-lin ôede l’amalgame dont on compofe cette précieufe poterie ; ôc c’eft la partie cal¬ caire ôc métallique en fufion vitrifiante dans fon gluten ou phlogiftique élémentaire propre , qui fait à fon tour la partie eippâtante , la liaifon ôc le ciment des deux ef- des Sciences et Arts. an peces de fubftances dont les vafes de porcelaine paffés au four font compofés. Ce n’eft le gluten de l’une ni de l’au¬ tre qui eft le ciment commun à la pâte dont on fait les vafes , ôc aux vafes paffés au four ; mais le gluten de l’une qui eft le ciment de la pâte ôc premier empâtement, ôc le gluten de 1 autre qui à fon tour eft celui des vafes & du fécond empâtement qui fe fait au feu ; c’eft ce mélange des parties calcinées ôc vitrifiées, dont les parties vitri¬ fiées en fufion font la liaifon ôc le ciment dont réfulte le mélange de tranfparence 6c d’opacité qui cara&érife la porcelaine. Les peintures, les vernis ôc les dorures dont on décore 6c enrichit cette précieufe poterie que Pline défigne par K a fa mirrhina , en rempliffant les pores encore ouverts, s’y incruftent ôc incorporent au feu , s’y mettent à cou¬ vert des atteintes de tous les diffolvans; elles y gardent comme les vafes eux-mêmes, toutes leurs proportions originaires, parce qu’ils fe confolident , fe condenfent ôc fe refferrent également en tous fens ôc en même-temps. Elles y augmentent l’éclat ; parce que leurs pores propres Ôc ceux des vafes dans lefquels elles font engagées y étant refferrés , ôc les parties propres du tout rapprochées , il s’y perd à proportion moins , ôc s’y réfléchit à propor¬ tion davantage de rayons qui tombent fur leur furface. S uite de la Lettre aux Auteurs de l’ A vantcoureur , contenant des Obfervations phyjiques fur la porcelaine SC fur l'Email. Comme le verre , les glaces , le cryftal ôc toutes les vi¬ trifications , du nombre defquelles eft la porcelaine , trop fubitement refroidis ôc n’ayant pas par ce moyen toute la liaifon, l’huile ou phlogiftique élémentaire requis,1 font roides , brufques ôc fragiles , ôc que la lenteur des re¬ cuites ne les rend fouples, onéhxeux ôc moins fragiles qu’en y introduifant de l’air , huile ou phlogiftique élé¬ mentaire de plus , à mefure ôc tant que la chaleur en tient les pores affez dilatés pour cela , ôc qu’il s’en retire du 2.12 Mémoires sur différentes parties feu ; il s’enfuit qu’il n’y a que fondu ofité ou quantité ckt gluten de la partie calcaire ôt métallique vitrifiée ôt la lenteur du refroidilfement qui piaffent rendre la porce¬ laine fouple ôt propre à fouffrir les liqueurs bouillantes ôt le feu , comme celles du Japon ôt des Indes, & que peut-être un peu plus de chaux, d’étain & d’autres matiè¬ res ondueufes calcinées , ajouté à la lenteur du refroidit- lement ôt aux recuites , feroit cet effet ôt procureroit cet avantage. Un premier degré de feu réduit les corps en fufion ou liquidité , en défunilfant les parties du troifiéme ordre de molécules dont ils font compofés , ôt en les mettant en équilibre & à flot dans le gluten ou phlogifiique et- fentiel qui les tenoit aiïociées ôt unies ; un fécond degré de feu faifant exhaler le gluten , les réduit en cendre , en poufliere ôt à leurs fécondés molécules feules : un troi¬ fiéme degré de feu les réduit à la fécondé fufion vitrifian¬ te , en défunilfant les parties du fécond ordre de molécu¬ les , Ôt en les mettant en équilibre ôt à flot dans le glu¬ ten élémentaire ôt effentiel qui les alfocioit , ôt le feu qui y a opéré cet effet , en augmentant la force expanfive in¬ térieure, ôt la mettant en équilibre avec la preflion ambiante , ce même feu s’en retirant , la preflion am¬ biante en condenfe ôt confolide la maffe. Les uns de ces corps étant compofés du troifiéme or¬ dre de molécules , les autres du fécond ôt les autres du premier , le même degré de feu qui fond les uns calcine les autres , ôt celui qui calcine les uns vitrifie les au¬ tres. Le degré de feu requis pour fondre le cuivre, calcinant l’étain, ces deux corps fe mêlent enfemble, l’un dans les interflices de l’autre , à la fufion du cuivre, & le gluten elfentiel du cuivre devient le ciment commun du mélange des deux corps, l’un fondu ôt l’autre calci¬ né. Le degré de feu qui fond ôt vitrifie la partie cal¬ caire métallique friable Ôt déjà calcinée de la marne à porcelaine ou kao-lin , calcinant Ôt réduifant en chaux la jpartie graffe, argilleufe ôt réfractaire qui y eft unie? lç dès Sciences et Arts. 213 gluten de celle-ci y étant évaporé, celui de la partie calcaire ôc métallique mife dans la fécondé fufion vitri¬ fiante , devient le gluten commun des deux fubftances , l’une calcinée ôc lautre dans fa fufion vitrifiante. Le gluten ou phlogiftique élémentaire ôc effentiel qui domine dans la fubftance farineufe ôc onêlueufe des grains de froment , que la circulation de la fève y a charroyé & dépofé , ôc que l’eau en s’en exhalant y a laiffé ôc accumulé , ce gluten , dis-je , développé , dif- fous ôc diftribué par l’eau chaude qu’on y verfe , la réduit dans une efpece de pâte molle ôc d’amalgamation, qui fe durcit au jour, en raifon des degrés de chaleur, de feu ôc de cuifîbn qu’on y donne. Une partie d’or en chaux ôc deux parties de mercure dans fa liquidité ou fufion natu¬ relle, mêlées dans un creufet fur un grand feu ôc jettées enfemble dans l’eau froide, s’y réduifent en une pâte ou amalgamation blanche &: molle , dont on fe fert pour les dorures qu’on appelle d’or moulu ; l’or ainfi calciné , ab- forbé ôc incorporé dans le fein du gluten mercuriel, donne au mercure la confiftance d’une pâte dont le gluten mercuriel Ôc celui de l’eau qui s’y joint , font la partie empâtante , le gluten ôc le ciment commun aux deux fubftances , l’une calcinée ôc l’autre en fufion , dont elle eft compofée ; comme le gluten de la partie calcaire ôc métallique en fufion qui abforbe ôc s’approprie la par¬ tie argilleufe calcinée ôc le gluten commun des deux fubftances , l’une calcinée ôc l’autre en fufion vitrifiante , dont les vafes de porcelaine paffés au feu font compofés. La matière fondamentale de l’émail , qui n’eft qu’une efpece de verre coloré , eft de l’étain ôc du plomb en / parties égales, calcinées au feu du réverbere , à quoi l’on ajoute féparément les divers ingrédiens colorans pour en faire de diverfes couleurs. Le plomb vitrifié ôc en fufion vitrifiante, avant la chaux d’étain, abforbe ôc s’approprie la chaux d’étain , ôc devient la partie empâtante , le glu¬ ten , phlogiftique ou ciment qui lie ôc affocie les deux fubftances ? ôc fait un émail de la blancheur la plus exquh 214 Mémoires sùr différentes parties fe ; & c’eft la chaux d’étain encore en nature de chaux dif- tribu de-, abforbée ôt incorporée dans la chaux de plomb , mile avant elle en fufion vitrifiante , qui eq fait la blan¬ cheur. C eft évidemment de même l’argile réduite en chaux, diftribuée, abforbée & incorporée dans la partie calcaire & métallique , mife en fulion vitrifiante avant elle , qui fait la blancheur & la partie fondamentale des vafes de porcelaines palfés au feu. La lampe de l’émailleur ne remettant en fulion vitri¬ fiante que la partie empâtante qui y avoit déjà été mife à la première opération & préparation de l’émail , elle en remet lemêlange en pâte ou fulion , fans en altérer la na¬ ture ni la couleur , & elle en facilite les alfortimens & i’emploi : ce font des couleurs folides, toutes broyées & préparées , ôc qui , liquéfiées par le feu de la lampe de l’é- mailleur , deviennent la matière fondamentale de tous les ouvrages en émail , que la flamme de la lampe amollit & liquéfié. L’émail elt donc une efpece de porcelaine, & la por¬ celaine une efpece d’émail , puifque l’un & l’autre font compofés de deux fubftances , l’une calcinée & l’autre qui mife en fulion vitrifiante dans l’opération en fait la par¬ tie empâtante , le gluten & le ciment. Si les deux fubf- tances y étoient ou demeuroient calcinées & en pouflïere toutes les deux , elles ne s’y alfocieroient & confolide- roient pas ; fi toutes les deux y entroient en fufion vi¬ trifiante, elles ne formeroient qu’une malle de verre, & une vitrification complette & tranfparente : il faut donc de toute nécellité que dans l’émail l’une des deux parties métalliques calcinées , la plus difficile à venir en fufion , demeurant calcinée & en poulfiere, l’autre plutôt mife en fufion vitrifiante dans fon gluten propre , y foit la par¬ tie empâtante , le gluten & le ciment commun qui lie & affocie les deux fubftances enfemble ; ôi que dans la porcelaine palfée au feu, la partie argilleufe & réfrac¬ taire, la plus difficile à venir en fufion , demeurant calci¬ née , dépouillée d* fon premier gluten ôc en poulfiere , la des Sciences et Arts. zi $ partie calcaire ôc métallique plutôt mife en fufion vitri¬ fiante dans fon gluten propre, y foit la partie emp⬠tante , le gluten ôc le ciment commun qui lie ôc aflocie les deux fubftances enfemble. Si donc M. Bomare entend que la partie argilleufe de la marne à porcelaine ou kao-lin eft la partie empâtante , le gluten ou ciment de la fécondé pâte ôc du fécond emp⬠tement qui s’opère au feu ; ôc fi. M. Guettard penfe que la partie calcaire ôc métallique eft la partie empâtante, le gluten ou ciment de la première pâte ou amalgamation, ôc du premier empâtement, dont on forme les vafes avant de les mettre au feu , ces deux célébrés Naturaliftes fe trom¬ pent. Si au contraire, ils entendent que la partie argil¬ leufe détrempée eft le gluten du premier empâtement , ÔC la partie calcaire ôc métallique en fufion vitrifiante, celui du fécond empâtement qui fe fait au feu , ils ont raifon tous les deux ; c’eft à eux à s’expliquer pour remplir ôc juftifier les vues d'utilité qui les animent. Voilà en atten¬ dant les obfervations que je leur propofe d’examiner , ÔC que les mêmes vues me dirent. J’ai l’honneur d’ être , &c. Messieurs, Votre très-humble Ôc Paris , ce $ Mars très-obéiffant ferviteur , DE EA PERRIERE DE RoiFFÉ, Remarque fur la Lettre de M. de la Perriere de Roiffé. LA phyfique de M. de la Perriere de Roiffé eft fi abftraite ôc fi fublime , quelle eft au-deflus de ma portée, ôc que je ne peux en entendre toute la fineffe. J’ai fait réimprimer la Lettre curieufe de M. de la Perriere 2x6 Mémoires sur. différentes parties pour completter la fuite des écrits que mon Mémoire iur la porcelaine a occafionné : quand il n’auroit été que la caufe occafionnelle d’une produélion femblable ôt remplie de cette fagacité qui fait les grands hommes, je me félici- terois de l’avoir donné à l’impreflion. Heureux eft M. de la Perriere , de connoître fi bien les caufes des cho- fes. Félix qui potuitrerum cognofcere caufas. Lettre fur le kao-lin SC le pé-tun-tfé , en réponf a celles de M. GlJETTARD , de /’ Académie des Sciences y inférées dans le Journal de Médecine du mois de Mars , SC dans le Journal du Com¬ merce , de t Agriculture SC des Finances , tome IF , Mars 1766 , adrefée par M. T OR - ch et de S. Victor , Ingénieur des mines y a M, Roux, Auteur du Journal de Médecine . Journal de Médecine , de Juin 1766. J’Eus l’honneur , Monfieur, de vous adreffer, dans le mois de Janvier , une Lettre que vous avez bien voulu inférer dans votre Journal de médecine du mois fuivant.’ Je m’étois propofé d’y juftifîer la defcription que M. Bo- mare avoit donnée du kao-lin , pag. 1 8 1 du fécond vo¬ lume du Dictionnaire d’ hifloire naturelle , où il dit que la partie farineufe du kao-lin ejl calcaire ,• que fes paillettes brillantes font du mica; que fes parties graveleufes font de petits cryjlaux de quart £ , SC que fa partie empâtante , qui fert de ciment efl argilleufe. Je dis de juftifiei cette defcrip¬ tion faite fur des kao-lins ramaffés en Allemagne & en Suilfe, qui ont cette propriété, parce que M. Guettard, qui n’a eu occaiion a’examiner que les kao-lins d’Alen¬ çon, nie, dans un Mémoire lu à l’Académie royale des fciences en , que les kao-lins contiennent aucune piatiere calcaire, Mps preuves étoient fondées fur des obfervations des Sciences et Arts. 217 obfervations que vous avez confirmées par votre expé¬ rience fur le kao-lin de Saint-Lo ; M. Guettard a cru pou¬ voir en éluder la force , en difant , dans fa Lettre que vous avez inférée dans votre Journal du mois de Mars , que, puifqu’un grand nombre de kao-lins ne lailfent point appercevoir de terre calcaire dans leur mélange, on en peut conclure que les terres regardées par M. Bomare , comme des kao-lins , n'en font pas , ou quelles font altérées par les ouvriers ou par la nature . J’avoue , Monfieur , que je n’entends pas ce que M. Guettard veut dire par fes kao-lins altérés par la nature; & je doute qu’il fe foit en¬ tendu lui-même. Les kao-lins , de l’aveu de M. Guet¬ tard même , font des terres formées par le mélange con¬ fus de trois fubfîances différentes : l’addition, que la na¬ ture peut faire d’une quatrième fubftance dans certains lieux , en change-t-elle le genre au point qu’on ne doive plus les défigner par le même nom ? Je ne fçais fi M. Guettard le prétend; mais je crois pouvoir préfumer qu’il le prétendroit tout feul. On ne feroit fondé à rejetter les kao-lins calcaires du nombre des kao-lins, que dans le cas où , après avoir examiné toutes les terres de cette efpece , qui couvrent la furface de notre globe , on fe feroit con¬ vaincu qu’il n’y en a qu’une très-petite partie qui foit in¬ fectée de ce mélange, & que toutes, ou prefque toutes les autres, en font exemptes. Ce ne feroit pas la première fois qu’il feroit arrivé à M. Guettard d’avoir fait une ré¬ glé générale d’une obfervation ifolée. Cet Académicien ne s’efl pas contenté de cette défen- fe ; & , dans fa Lettre inférée dans le volume cité du Journal du commerce, il a la politeffe de nous propofer a M. Bomare & à moi un petit cours de pâtifferie , pour ap¬ prendre que la farine calcaire empâte l’argille j n’a-t-il pas craint de prouver qu’il étoit plus verfé en cuifine , comme parle votre ancien confrère, maître François Rabelais , que dans la connoiffance des arts , & que nous ne fuflïons tentés de l’exhorter à faire un cours de poterie, pour y apprendre que c’efl à la partie argilleufe Tomel. Ee 2*8 Mémoires sur différentes parties des terres à potier ou à porcelaine, qu’eft due la pro¬ priété qu’eljesont de fe laiffer travailler fur le tour, & de conferver la liaifon néceffaire pour retenir les formes qu on leur a données ? C’eft une connoiffance qui eût ce¬ pendant été néceffaire pour étayer les prétentions , non- feulement fur la découverte des matériaux propres à faire de la porcelaine, mais encore fur l’invention de l’art de la porcelaine. Voyez les Observations de M. le Comte de Lauraguais , lues à l Académie des fciences , fur le Mémoire de M. Guettard concernant la porcelaine , & fur-tout les cer¬ tificats de M. de Fouchy & du fieur Leguay. } Je finis. Moniteur , en prévenant M. Guettard, que c eft pour la derniere fois que j’aurai l’honneur de lui ré¬ pondre à ce fujet. J’ai l’honneur d’être , &c. Réponfè a la Lettre précédente. MOnfieur, vous finiffez votre Lettre en me préve¬ nant que c eft la derniere fois que vous me répon¬ drez. au fujet de ce dont il s’agit entre nous : je commen¬ cerai la mienne en vous affurant que vous auriez très- fagement fait de ne jamais écrire fur cette matière. Je vous en. excule cependant très-volontiers , M. en faveur du motif qui vous a animé. Il eft beau de défendre fon maître, per f as & nef as. Il y a tant d’écoliers qui les méconnoiffent, lorfqu ils n’ont plus befoin d’eux, qu’il eft bon pour les droits de 1 humanité qu’il y ait de temps en temps des écoliers aufli reconnoiffants que vous. Je vous loue donc de votre beau zele , qui n’eft pas cependant fé¬ lon la fcience. A •^'n efiêt , il eft étonnant , M. Torchet , que vous qui etes Ingénieur des mines , ignoriez comment la nature altéré certaines fubftances. Vous avez donc, quoiqu’Ingé- nieur , peu examine les différentes matières que vous fai¬ tes tirer des fouilles auxquelles vous devez fans doute des Sciences et ârts> 21 £ préfider ? Ne dit-on pas tous les jours , qu’une mine d or , d’argent , de cuivre, de plomb , de fer , ôte. qu’une mar¬ ne , une glaife efl mélangée ou altérée , ce qui eft la même chofe : car le mot d’alterer dans la force du terme , indique l’union de deux chofes contre ce qui devroit être ? Si vous ne fçaviez pas cela, Monfieur , ce n’eft pas ma faute; ce n’eft peut-être pas aulfi la vôtre : fi cela eft , je vous plains. Vous avez cependant, M. Torchet , le bon¬ heur de prendre des leçons d’un Maître illuftre , non-feu¬ lement par fes connoiflances vaftes ôc profondes, mais encore par la maniéré claire, précife ôc lumineufe , avec laquelle il communique fes idées à ceux qui font allez heureux pour l’écouter : or M. Torchet , la nature altéré quelquefois certaines fubftances, c’eft- à-dire, quelles font mélangées de matières qui ne fe trouvent pas dans leur compofition lorfqu’elles font purement compofées de leurs parties conftituantes ôc effentielles. Je m’entend a ce que je crois , M. Torchet ; mais vous entendez-vous , M. lorfque vous me reprochez de ne me pas enten¬ dre ? Si vous ne vous entendez pas , Moniteur , foyez du moins de bonne foi. Votre Maître a dit dans fon Dictionnaire , que le kao-lin d’Alençon étoit calcaire ; je lui ai répondu qu’il ne l’ étoit pas, & que fi le kao-lin quil avoit ra- malfé aux environs de cette ville , ôc les autres qu’il pou- voit avoir , contenoient des parties calcaires, ils étoient altérés : ôc vous, M. Torchet , vous répliquez à cela que M. de Bomare n’entend parler que des kao-lins d’Alle¬ magne. Cela n’eft pas bien, M. Torchet, la vérité eft encore au-deffus de la reconnoilfance. On doit aimer fon cher Maître ; mais la vérité eft encore plus aimable qu un Maître li aimable qu’il foit. Vous voudriez, M.Torchet , pour quonfçut ce que c eft que du kao-lin , que l’on examinât toutes les terres qu on pourroit regarder comme du kao-lin, ôc qui recouvrent la furface de notre globe. Vous donnez là une furieufe tâche, M. Torchet; mais ce qui eft heureux, ceft que Eeij 220 Mémoires sur différentes parties cela n’eft pas néceffaire : il fuffit de prendre pour terme de comparaifon le kao-lin de la Chine; il eft compofé de plufieurs fubftances , mais il ne contient point de par¬ ties calcaires : donc, pour qu’une fubftance foit du kao¬ lin, elle ne doit pas en renfermer, ou elle n’eft pas pure. Cela eft clair, & j’efpere, M. Torchet, que vous m’en¬ tendrez , & que vous me ferez la grâce de croire que je m’entends. Je vous ai renvoyé à la pâtifferie, vous me renvoyez à la poterie; cela eft plus fage.il faut avoir quelquefois de la raifon. C’eft un bonheur quand cela arrive : elle échappe fi fouvent & fi vite cette raifon ; on en a des exemples fi fréquents , que cela eft pitié. N’en donneriez-vous pas un aulfitôt, M. Torchet? Vous voudriez que j’apprilfe dans une poterie , que c’eft à l’argille que les terres de poterie doivent leur liaifon! Eh bien, où eft-ce que j’ai dit le contraire ? Quand j’aurois quelque part modifié cette loi , ce que je ne me rappelle pas, n’aurois-je pas eu raifon ? & pourquoi vous , M. Torchet, qui n’aimez pas les géné¬ ralités , faites-vous ici une loix fi générale ? Arriveroit-il par un malheureux hazard que vous ne fçuffiez pas que , fi les terres à potier ou à porcelaine doivent , géné¬ ralement parlant , leur liaifon à l’argille qu’elles ren¬ ferment , ce n’eft pas précifément de l’argille feule que la liaifon néceffaire aux terres à poterie & à porcelai¬ ne dépend : celle qu’elles doivent avoir peut être facile¬ ment travaillée ; mais à une combinaifon jufte de leurs parties conftituantes & de celles qu’on eft pour l’ordi¬ naire obligé d’y joindre. Une argille trop pure n’eft pas fouvent trop propre à ces fortes d’ouvrages. Les vaiffeaux en fe féchant fe fendent , ou demandent trop d’attention pour empêcher que cet inconvénient leur arrive, lorf- qu’on en fait avec de l’argille qui eft fans mélange natu¬ rel ou artificiel. Je vous invite aufîi,M.Torchet, à revoir les atteliers des potiers. L’étude que vous y ferez vous fera plus utile, que ne me feroit l’ouvrage où vous m’invitez de chercher bës Sciences et Arts. 221 des lumières. Voyez travailler l’ouvrier dont il eft parlé dans cet ouvrage , vous verrez ce que je vous dis , li ce t ouvrier n’a pas bien fait la combinaifon de la pâte qu’il travaillera. Mais lui arriveroit - il de la manquer cette combinaifon ? Il eft un grand homme , il eft un génie en fon genre , comme Defcartes , Newton , Mallebranche le font dans le leur. Ces hommes divins font-ils des fau¬ tes ? Jevous invite donc , M. Torchet , à vifiter un autre attelier , un de ceux où. il y a de ces routiniers , de ces hommes machines , qui ne travaillent jamais de tête , qui ne fuivent que les caprices du hazard , & qui ne fça- vent pas à la moindre différence de leurs terres , abandon¬ ner les proportions que celles qu’ils travailloient exi- goient , & qui ne font pas propres pour les nouvelles qu’ils peuvent avoir à manier. Cette réponfe fera fans doute la derniere que je fe¬ rai dans l’obligation de vous faire, M. Vous avez dit que vous vous tairiez dorénavant •. je le crois. Vous êtes fans doute homme de parole : je le fouhaite. Cette pe¬ tite guerre littéraire fait perdre du temps & n’avance rien. Faites fouiller des mines , M. Torchet , & que moi je faffe des recherches en hiftoire naturelle , nous ferons l’un &c l’autre de meilleure befogne , les fcien- ces y gagneront plus. Cet objet feul doit nous animer , ce n’eft pas en écrivant des inutilités qu’on les fert. Faites- nous connoître,Monfieur, ce quevous obfervez fans doute dans les grands laboratoires de la nature , cela fera plus utile au Public , & laiffez - moi , je vous en conjure , M. Torchet, lui dire paifiblement à ce Public ce que je fçais. Dites mieux que moi : ft cela arrive , je vous en re¬ mercierai intérieurement, & réformerai mes idées, je vous prie d’en être convaincu. Perfonne ne peut mieux que vous , Monfieur , nous apprendre d’excellentes chofes en minéralogie. Vous êtes par état obligé de fuivre la nature dans les opérations quelle a faites ou qu’elle fait tous les jours. Vous êtes en quelque forte admis à fon confeilfe- eret. Jevous envie cette faveur. Si j étois ainfi un de fes 2.22 Mémoires sur différentes parties favoris , je répandrois ces faveurs fur le Public , je lui communiquerois ce quelle nfauroit appris, ôc ne m’a- muferois pas à batailler pour une choie qui ne me regar- deroit pas , ou qui ne me toucheroit qu’indireétement. Cela foit dit fans vouloir rien diminuer de votre re- connoiffance pour votre cher & illuftre Maître. Obfervations fur le Mémoire de M. Guettard , concernant la porcelaine , lu a l Académie des Sciences , par M. le Comte de Lauraguais. IL eft inutile de rappeller ici les travaux que M. le Comte de Lauraguais a entrepris pour parvenir à pouvoir fa¬ briquer en France de la porcelaine égale à celle de la Chi¬ ne. L’Auteur du Dictionnaire de Chymie en a dit alfez fur les recherches & les fuccès de cet Académicien. Mais fi une pareille découverte a dû flatter celui à qui on la doit, il eh également naturel que l’inventeur foit fenfible aux reproches qu’on pourroit lui faire de s’attribuer à tort un fecret , ou ce qui eft pis encore , d’en impofer en fe com¬ portant de la forte. C’eft ce reproche que l’Auteur de ces obfervations a cru voir dans le Mémoire de M. Guettard fur la porcelaine. En conféquence il avance i<>. Que ce Mémoire ne lui a rien appris ; 20. Qu’il n’avoit pu lui rien apprendre ; 30. Que M. Guettard n’avoit jamais' fait de la porcelaine en queftion ; 4P. Qu’il n’avoit pu en faire, ne connoiffant ni les procédés de cet art , ni les matières qu’on emploie. M. de Lauraguais fait plus , pour forcer fon adverfaire au pied du mur, il défie de faire de la por¬ celaine avec ce que M. Guettard appelle du pe-tunt-zé & du kao-lin , & va même jufqu’à nier que la première de ces matières foit un véritable pe-tun-tzé. On nous difpenfera fans doute après un pareil appel , de détailler les raifong fur lefquelles font fondées ces obfervations : il étoit per- des Sciences et Arts. 223 mis à M. de Lauraguais de mettre de la chaleur dans la dé- fenfe de fa caufe , mais on nous blâmeroit peut-être de rappeller ici des raifons qui , quoique vraifemblables , pourraient peut-être indifpofer les efprits. Cependant nous ne lçaurions nous empêcher de remarquer que tout ce que M. le Comte de Lauraguais a avancé dansfonaver- tiffement , femble affez prouvé par la fuite de fes obferva- tions, lues en préfence de l’Académie, & revêtues des dif¬ férentes atteftations qui en en affurant l’authenticité , leur donnent une nouvelle force. D’un autre côté, les con- noiffances de M. Guettard , fur-tout fa probité , font trop bien établies pour qu’on ait iieu d’attendre de ce fçavant une réponfe au défi de M. de Lauraguais. M. Guettard nous donnera fans doute cette belle porcelaine qui fut le réfultat de fes féconds elfais ; à laquelle il eft vrai , il man¬ quait un peu de blancheur ; mais que les nouvelles expériences qui l’ éclairèrent du depuis fur ce point intèrejfant , lui feront porter au dernier degré de perfeâion, cela ne privera point M. de Lauraguais de l’avantage d’avoir découvert l’art de faire la meilleure porcelaine, puifqu’il eft vrai qu’il en a préfenté différentes pièces à l’ Académie, & que plufieurs autres font répandues dans le public. M. Guettard confir¬ mera fon travail &: fes fuccès par de femblables preuves de fait. Ces deux Académiciens auront chacun le mérite de l’invention , & le Public profitera de la difpute qui fépare ces deux Sçavans. Réponfe. MOnfîeur, en louant ma probité, à l’article de votre Journal de Décembre 17 66, navez-vous, pas fait comme ces ennemis cachés qui careffent ceux qu iis veu¬ lent perdre, & n’avez-vous pas fait un tour de fuperche- rie pour ajouter encore à votre procédé ? Je fuisCenfeur de votre Journal , & par un trait dont leMiniftre qui a le dé¬ partement de la Librairie auroit pu être mécontent fi je 224 Mémoires sur différentes parties me fulfe plaint, vous ne m’avez pas envoyé votre petit trait de fatire pour que je le lulTe. Si j’euffe jamais eu dans ma vie un femblable procédé avec le plus animé de mes ennemis , je ne me le pardonnerois jamais. Quelle fatis- fa&ion pour vous maintenant d’avoir ainfi méchamment infirmé mon travail que vous aviez loué dans un autre Journal !Le métier que vous faites vous oblige-t-il donc de fouffler le chaud ôt le froid? Si votre vie en dépend , vous êtes prefque excufable ; mais il eft trille de l’être à ce prix. Vous me direz que vous vous devez aux uns & aux au¬ tres ; que l’impartialité eft la devife des Journaliftes : mais l’êtes-vous impartial dans l’endroit où il s’agit ? Comment vous croyez que M. de Lauraguais a découvert les matiè¬ res dont on fait la porcelaine de la Chine , & qu’il a trouvé lui-même ces matières en France ? Il faut que vous joigniez à un efprit caultique , beaucoup de bonhomie, ce qui me furprena fort. Dix à douze ans après que j’ai fait la découverte de ces matières , M. de Lauraguais s’imagine de travailler à la porcelaine , il s’affocie pour ce travail une perfonne morte actuellement qui avoit vu faire à Ba- gnolet tout ce qui s’y eft fabriqué en ce genre ; il em¬ ployé l’ouvrier dont on s’étoit fend à Bagnolet , M. de Lauraguais ne connoilfant point la minéralogie , ne s’y étant jamais appliqué , n’ayant jamais fait de colle&ion en ce genre , trouve tout auffitôt ces matières , & il ne les a pas connues par le moyen des deux perfonnes avec le£ quelles il a travaillé ? cela tient du prodige; & vous, vous croyez tout cela bonnement ? en vérité vous avez bien delà bonhommie de refte. Vous dites qu’il étoit permis à M. de Lauraguais de mettre de la chaleur dans fa dèfenfe : eh dites-moi je vous prie, Monfieur, de quoi ai-je accuféM. le Comte de Lauraguais? Je n’en dis pas un mot dans mon Mémoire , j’ai rnis en note que l’ouvrier dont je jaarlois dans mon Mémoire , travailloit avec lui : eft-ce la atta¬ quer M. de Lauraguais ? eft-ce là dire qu’il n’a pas décou¬ vert la porcelaine ? Serois-ce par mon Mémoire même que des Sciences et Arts. 22; que j’aurois attaqué M. de Lauraguais ? mais ne m’étoit-ii pas permis d’en donner un fur une matière pour la décou¬ verte de laquelle j’avois pris date à l’Académie , il y avoit plufieurs années, & cela par ordre de feu Mgr- le Duc d’Or¬ léans ? Quand M. de Lauraguais fit voir de fa porcelaine comme ayant découvert le premier la façon d’en faire de femblable à celle de la Chine, n’avois-je pas le droit de re¬ vendiquer ma découverte? Je ne l’ai pas fait, parce que ma date étoit confignée dans les regiftres de l’Académie , que par-là mon droit étoit établi , & que je ne croyois pas qu’on ne put jamais le contredire. Vous dites , Monfieur , que M. de Lauraguais me force au pied du mur en niant que je puilfe faire de la porcelaine avec les matières que je dis être propres à en faire , & vous dites tout bonnement que fans doute je répondrai au défi de M. de Lauraguais. Cela vous eft bien-aifé à dire , M. le Journaiifte. Deux liards vous fuffifent pour noircir la ré¬ putation d’un homme qui ne vous a jamais rien fait , & vous croyez qu’on fait de la porcelaine à fi bon marché : n’en croyez rien , M. le Journaiifte. Vous croyez que je vais lever un atelier de manufacture de porcelaine pour ré¬ pondre au défi de M. de Lauraguais : fi je l’égalois en ri- chelfe, à la bonheur ; mais vous & moi ne fommes pas en état de faire un femblable établiffement. Si vous êtes fça- vant dans l’art d’entamer la réputation d’un homme , vous ne l’êtes guère , à ce qu’il me paroît, dans celui de faire de la porcelaine. On a fait de la porcelaine à Bagnolet , j’en ai fait voir à l’Académie , j’en ai répandu dans Paris : à la mort de feu Mgr- le Duc d’Orléans , ce qui auroit du m’être remis , a été diftrait : des hommes qui fe propofoient fans doute de s’approprier cette découverte , ont enlevé les vafes ôç les autres uftenfiles qui y avoient été fabriqués. N’ayant rien entre les mains , vous voulez que j’établilfe une manu¬ facture pour prouver ce que toute la maifon d’Orléans , qui le dit à qui veut l’entendre , a vu de fes propres yeux. Auriez-vous avancé du temps de feu M§r- le Duc d Or- Tomel. Ff Mémoires sur différentes parties léans, ce que vous avancez maintenant? Vous êtes au moins bien téméraire de vous élever ai.nfi contre une perfonne qui, de l’aveu de Mor- le Duc d’Orléans , fait imprimer un Mémoire fur une matière qui a fait les amu- femens de fon pere , &c qui a vu tout ce dont je parle dans mon Mémoire. Il aurait fallu , M. le Journaliste , vous in¬ former de la vérité avant de parler fi indifcretement, après avoir fur-tout antécédemment loué mon Mémoire , puif quil s’agit de déii , & de mettre au pied du mur , je de¬ mande à M. le Comte de Lauraguais de dire & faire impri¬ mer ce qu’il employé pour faire fa porcelaine, autrement je croirai toujours que c’eft avec les matières que j’ai dé¬ couvertes. Tout le monde peut s’affurer fi j’ai eu raifon ou tort. On ne peut répéter les expériences de M. de Lauraguais , puifqu’il fait fecret de ce dont il fe fert pour fa porcelaine ? N’auriez-vous pas dû , M. le Journalifte, fentir la différence de ces deux procédés ? Et vous, M. qui dites fi bien quune pareille découverte a dû flatter celui à qui en la doit, il ejl également naturel que l’inventeur fait fenjwle aux reproches qu’on pourroit lui faire de s’attribuer à tort un fecret, ou ce qui ejl pis encore, d’en impofer en fe comportant de la forte ;n auriez- vous pas dû fentir que je n’ai pas voulu en impofer au Public , ôc qu’un homme que vous dites avoir de la probité, méritoit d’être ménagé autrement que vous n’avez fait ? Mais en bon Journalifte, vous jettez la pomme de difeorde , vous faites comme ce Chirurgien qui jettoit des bâtons au milieu de ceux qui fe battoient , pour fe procurer de l’ouvrage. Si un tel procédé eft utile , eft-il dans l’exade probité ? Je vous en laiffe juge, & vous renvoyé à votre confciente , qui me jugera mieux que je ne vous jugerais. des Sciences et Arts. 227 ' nmiii mi Recherches fur Us matières qui peuvent fervir et faire du papier ; par A4. Guettard , de l Aca¬ démie Royale des Sciences , Médecin de S. A. S. Mgr. le Duc d’Orléans. LE papier doit fon origine à la néceflité où les hom¬ mes ont toujours été de fe communiquer leurs pen- fées lors même qu’ils étoient éloignés les uns des autres, & à l’envie de tranfmettre à leurs defeendans ce qu ils avoient penfé. Flattés de fe procurer par-là une efpece d’immortalité qui put les dédommager de celle que la nature leur refufoit , iis imaginèrent d abord de graver ou de peindre fur des morceaux d’écorce d arbres ou fur les feùilles de ces arbres, les cara&eres dont ilsfe fèrvoient. Les Naturels de l’Amérique employent encore ces mêmes moyens, & on peut les regarder comme une preuve vivante de ce que l’on rapporte des premiers hom¬ mes de l’ancien monde. On fent de quelle incommodité dévoient être dès livres compofés de petits morceaux d’é¬ corce enfilés dans des feuilles torfes , ou qui n’étoient qu’une écorce ou des feuilles roulées. Aulîi chercha-t-on à fe procurer une màtiere qui pût les remplacer. Les Egyptiens, qui fentirent des premiers le bonheur d’un Etat policé , furent les premiers qui travaillèrent à fe procurer cet avantage; ce ne fut cependant félon Pline, que du temps des victoires d’Alexandre le Grand qu’ils firent cette découverte. Ils fçurent tirer d’une efpece de chiendent une matière qui devint bien-tôt pour eux l’ob¬ jet d’un commerce des plus confidérables & des plus lu¬ cratifs , & ce que l’on en fabriqua fut la première chofe qui mérita le nom de papier. Rome fe fournit de ce papier autant qu’il lui fut poflir ble,êç toutes les fois que les Gaules en purent avoir, eh Ffij *28 Mémoires sur différentes parties les lui donnèrent la préférence fur l’écorce de bouleau. Mais la difficulté d’en faire venir d’un pays auffi éloigné que l’Egypte, compenfant trop exactement les rares avantages qu’ils avoient de prendre telle forme que l’on defiroit, ôt de pouvoir être affemblés par feuilles, les Gau¬ lois & les autres peuples cherchèrent pareillement chez eux les moyens de le remplacer. On trouva le moyen d’en faire avec le coton. Ce fut , félon le P. Montfaucon ( dans fon Mémoire fur le papier d’Egypte , inféré parmi ceux de l’Académie des Belles-Lettres ) à la fin du neu¬ vième fiécle , ou au commencement du dixiéme. Il fit tomber le papier d’Egypte dans tout l’Orient ; ôc cette découverte conduifit à celle que l’on fit en Occident de notre papier fait de chiffons. Le P. Montfaucon , dans le Mémoire déjà cité, en fixe l’époque au douzième fié¬ cle. Les Chinois , félon le P. du Halde , en fabriquoient long-temps auparavant avec le chiffon de coton. Cet Auteur rapporte à l’article du papier chinois, que ce fut en l’année $ $ de l’Ere Chrétienne qu’un mandarin du Pa¬ lais mit en œuvre l’écorce de différens arbres & de vieux morceaux de pièces de foie ôt de chanvre déjà ufé. Quoi qu’il en foit de cette découverte chinoife , dès que le pa¬ pier fait de chiffons parut , il fit tomber en Occident le papier d’Egypte comme le papier de coton l’avoit fait tomber en Orient. Il faut avouer cependant que les avantages du papier fabriqué avec les chiffons ne dé¬ voient pas porter ce coup à celui d’Egypte , mais au con¬ traire engager à le perfectionner. Tout y conduifoit. On avoit toujours tiré des plantes les différens papiers. Quoi¬ que l’écorce de bouleau & les feuilles préparées n’en fuf- fent pas à proprement parler une efpece ; cependant cette facilité à fè plier , à fe rouler , montroit une flexibi¬ lité dans les fibres, capable de l’apprêt qu’ils donnoient au chiffon. On pouvoit remarquer que ce même chiffon n’étoit que les fibres d’une plante qui avoient fouffert une efpece de décompofition que n’avoient pas celles dont ils fe fervoient. Il étoit donc naturel de penfer que des Sciences et Arts. 229 fi on les faifoit palier par cet état, on parviendroit à avoir un papier femblable , ou du moins à en appro¬ cher. Ne cherchons point à faire le procès aux Anciens. Le befoin qu'ils avoient du papier n’étoit pas probablement aufli grand que celui que nous en avons maintenant ; puifque malgré la quantité de chiffons que l’on ramaffe, il monte quelquefois à un prix qui fait defxrer aux ouvriers une autre matière propre à être employée , ou les oblige à avoir recours à des moyens qui leur font défendus par les réglemens des Papeteries, & qu’ils fçavent toujours cacher à la vigilance des Infpe&eurs. Lorfque le chiffon propre à faire du papier blanc eft devenu rare, ils em- ployent celui dont ils fe fervent dans d’autres temps pour le gros papier , & ils préparent ce chiffon en le faifant paffer par l’eau de chaux. Par cette préparation, ils con- fomment , ils détruifent à la vérité les corps étrangers qui fe trouvent dans ces matières groflieres ; mais en même temps ils décompofent les fibres de ces chiffons , & il ne peut pas qu’il n’en arrive un grand déchet. Quand on ne trouveroit donc que le moyen de fubvenir à ce déchet, & à procurer cette matière que les ouvriers défirent alors , ne feroit-ce pas toujours un grand avantage pour les Papeteries ? On y pourroit employer ces moyens qui leur font défendus , & permettre qu’on les employât. On fe ferviroitpour le gros papier de cette nouvelle matière, ôt on feroit entrer l’autre dans la compofition du papier blanc , &par une fuite de conféquence le beau chiffon de- vroit bailler de prix , ou ne point monter à un prix fi haut. Il femble donc qu’011 devoit depuis long-temps être engagé à remédier à ces temps de difette , & preffentir les conféquences fi naturelles à tirer de la façon dont nous fabriquons notre papier. Ce ne feront pas des ou¬ vriers qui tireront de telles conféquences. Il eft rare que celui-là même qui fait quelque découverte en fente toutes les fuites : ce que nous trouvons de nouveau nous aveu- f 230 Mémoires sur différentes parties gie fouvent fur ce qui eft découvert ; & au lieu de nous engager à le perfectionner, il nous le fait méprifer. Il faut donc des hommes qui joignent à un efprit confé- quent un amour de perfectionner les arts , & de met¬ tre les autres en état d’en jouir à peu de frais. M. de Réaumur , dans un Mémoire qu’il a donné en 1715) fur les Guepes, fentit ces conféquences. Les guepes fe conftruifent des demeures dont les dehors ne lemblent être que du papier ou du fort carton. L’apprêt qu’elles donnent aux morceaux de bois qui le pourrilient, lui fait prendre une confiftance femblable. M. de Reau- mur laiiit l’ufage qu’on pouvoit faire de cette obferva- tion pour la perfection des Papeteries. Il donna donc dans ce Mémoire fes idées fur cette matière, & fouhaita que ceux qui feroient à portée de les fuivre, examinaient fi elles le trouveraient telles qu’il les avoit imaginées ; ce qu'il a renouvelié dans le fixiéme volume de Ion Hiltoire des infeCtes. Seba, dans le premier volume qu’il a donné fur l’Hif- toire Naturelle , a aulfi invité les curieux à travailler à ce projet. Voici fes termes : « Il me femble ( dit-il) que » ces pays ne manquent pas d'arbres convenables pour faire » du papier fi l’on vouloit s’en donner le foin & en faire «ladépenfe. L’algue marine, par exemple, qui eft com- »pofée de filamens longs, forts , vifqueux, ne ferait-elle » pas propre à ce deflein , de même que les mattes de Mof* » covie , fi on vouloit les préparer comme les Japonois » font leur arbre ? Les curieux pourront du moins l’ef- »fayer, » Soit qu’il n’y ait pas eu de ces hommes que de¬ mande Seba à portée de fuivre ce travail , foit envie de ne travailler que fur fes idées propres , je ne connois au¬ cun Auteur qui ait donné quelque chofe fur cette ma-» tiere. Le P. du Halde , dans le premier volume de fon HiL toire delà Chine , prétend que les Chinois font du papier avec la fécondé écorce du bambou , avec l’écorce de dif¬ férais arbres, avec celles des mûriers, avec la paille dé des Sciences et Arts* z^t bled ou de ris , avec du chanvre. Kaempfer , dans fou voyage du Japon, & après lui Seba dans ie livre déjà cité, rapportent qu’on y fait le papier avec la fécondé écorce d’une cfpecs de mûrier. M. de la Loubaire dit que les Sia¬ mois le font avec de vieux linges de coton , ou avec l’é¬ corce d’un arbre , nommé dans le pays Toncoë. Flacourt décrit la façon dont les habitans de Madagafcar fabriquent le leur avec une efpece de mauve , qu’ils appellent Avo. Enfin tous les voyageurs, tant dans les Indes que dans l’Amérique, racontent avec emphafe les avantages que l’on retire des palmiers pour les étoffes , dont fans doute il feroit aifé de faire du papier lorfqu’elles font ufées. La facilité que les moulins à papier des environs de la ville d’Etampes, ma patrie, fembloient me fournir pour remplir les fouhaits des uns , & vérifier ce qu’ont dit les autres fur nos arbres ôc nos plantes analogues à celles dont les différens Auteurs rapportés ci-deffus , ont parlé , m’a fait ramaffer plufieurs de ces plantes. Après avoir fur- monté toutes les difficultés , que l’on trouve toujours dans les ouvriers lorfqu’il s’agit de les engager à faire quelque chofe de nouveau qui a rapport à leur métier, je fuis enfin parvenu à avoir quelques expériences , & à me flatter de pouvoir continuer celles que j’ai en vue. Jufqu’ici je n’ai parlé que comme fi on n’avoit fait du p apier qu’avec des matières végétales , & qu’on n’en eût point tiré du régné animal. On elt cependant en doute fi a la Chine on ne fait pas du papier avec de la foie. Le P. du Halde dit que ces peuples ramaffent les coques qui font de rebut lorsqu’on les dévidé dans les manufactures de foie , & qu’on en fait du papier ; cependant , quoi qu’en dife cet Auteur, ce fait a toujours été regardé comme problématique. Je rapporterai une expérience qui pourra aider à éclaircir cette queftion. Avant que de décrire ce qui m’a réuffi , j’ai crû devoir faire mieux; connoître les différentes plantes dont j’ai parlé plus haut, & les préfenter dans un ordre méthodique. On aura par-là 2.^2 Mémoires sur différentes parties une hiftoire botanique de la Papeterie , Ôc on verra le plan d’ouvrage que je me fuis propofé. On peut donc divifer les matières à papier en deux claffes générales ; en matières végétales , ôc en celles qui tiennent de l’animal. Dans le grand nombre , j’oferois même dire dans cette efpece de confufion des plantes dont on s’eft fervi pour faire du papier , ou avec lefquelles on a foupçonné pou¬ voir en faire , il s’eft trouvé un ordre régulier. Les hom¬ mes de différens pays ont été conduits par une efpece d’a¬ nalogie naturelle. Ils n’ont point été cherchera employer des plantes qui fuffent trop éloignées de celles qui étoient déjà en ufage. Ils en ont bien pris de différentes claffes, dans différens genres, mais toujours dans quel¬ ques-uns de ceux où on en avoit déjà pris, quoique pro¬ bablement ils rignoraffent. En effet , la plupart de ces plantes ne femblent compofées que de longues fibres lon¬ gitudinales, plus ou moins ferrées , ôc recouvertes d’une fubftance qui en remplit les intervalles : telles font les Palmiferes, les Graminées , les Liliacées. La clalfe des Palmiferes eft une de celles qui ont le plus fourni aux Indiens , aux Afiatiques , aux Américains pour leurs habillemens ôc pour les cordages, les voiles des navires ôc autres uftenfiles ; prefque toutes les parties de ces arbres y ont fervi , quoique l’on n’ait pas pris indif¬ féremment toutes les parties du même arbre. Ces peuples ont choifi dans le palmier qu’ils trouvoient chez eux , ce qu’il y avoit de plus fufceptible de travail. Dans les uns on a choifi la fpathe qui enveloppe le régime des fruits avant leur maturité, ou celle qui foutient tes jeunes feuil¬ les ; dans d’autres on a employé la boure qui entoure le fruit. Les feuilles jeunes 6c tendres ont été préférées à cette bourre , qui n’étoit pas confidérable dans d’autres efpeces; 6c lorfque toutes celles-ci ne pouvoient être comparées à l’écorce pour la bonté ou la quantité , on s’eft fervi de l’écorce. La bourre du fruit du cocotier , la fpathe , les feuilles } l’écorce ont été mis en ufage , comme le des Sciences et Arts. 255 le rapportent plufieurs voyageurs. Rumphius, dans fon Hiftoire des plantes d’Amboine , en dit autant du Calapa le Pinanga , le Lontarus fauvage, le Tetum, XHahum , le W znga , toutes efpeces de palmiers fourniffent par leurs feuilles un fil plus ou moins fin , dont ces peuples font des étoffes. Ils ont même préparé les feuilles de 1 ’Hakum , du Soribi , & s5en font fervis au lieu de papier. Les avantages que les Indiens tirent des palmiers étant déjà allez grands , probablement on ne me fçaura pas mau¬ vais gré de n’avoir pas mis au nombre de ces avantages ce que dit Rai, d’après quelques Auteurs : il rapporte, Tome II, page 1358 de l’Hiftoire des plantes, que le cocotier renferme , à la place de la moelle , une main de papier de cinquante ou foixante feuilles fur lefquelles on peut écrire. Il en eft de ce livre du cocotier comme de celui que l’on trouve dans le milieu d’un fruit du Pé¬ rou , dont parle M. Fraizier, auteur du Voyage delà mer du Sud. Tout ce merveilleux , réduit à fa jufte valeur, veut dire , à ce que je crois , que la moelle du palmier & la pulpe de ce fruit peuvent aifément fe mettre en feuillets , de même que celle du fureau de la Chine , dont on fait ces belles fleurs artificielles que l’on apporte de ce pays, ainfî que ces livres faits des racines d’une efpece de mauve qui ne demandent pour tout travail que d’être féchées avec art & être détachées par feuillets. Le Mufa ou Bananier a été employé à des ufages qui font les mêmes ou peu dif- férens. La claffe des Liliacées renferme fous elle les Aloes , V Yucca. On a tiré des aloes le fil de Pitte connu par l’em¬ ploi que l’on en fait. Le P. du Tertre, dans fon Hiftoire naturelle des Antilles , décrit la façon dont on tire ce fil. Hans-floane , dans le Catalogue des plantes de la Jamaï¬ que , parle aufli de ces aloes. Dans le nombre des fyno- nymes qu’il rapporte , il s’en trouve qui font tirés de l’ufage que l’on fait de ces plantes, & que je ne puis m’empêcher pour cette raifon de rapporter ici. La fé¬ condé efpece de cet Auteur eft appellée par Gafpar Bau- Tomel. G g MÉMOIRES: sur DIFFÉRENTES parties ÎÙU clans fon Fim% , p. 20, onzième. efpm de Papyrus qui eft employée pour U papier,. Ciulius , dans fon Traité fur les Plantes Exotique» , page 6 , parle d’une pelotte de fil fait d’une écorce d ad>re, qui, félon Sloane, eft cet aloes- Jean Bauhin, Tour. I. p, 384-, copie Ciulius, & dit que ce fil eft très-fin & très -blanc, La t roi lié me efpece d’a- loes de Sloane, qui eft cependant une vraie efpece d ’ Yucca , eft connue dans Laet, page 64 fo fous le nom d’excellente efpece de chanvre ou de lin , & qui eft telle qu’elle approche beaucoup de la foie, Seba , dans le premier volume de fou ouvrage , a donné la. figure de deux feuilles d’une plante , qu’il nomme Jonc aquatique, de Surinam , compojé detils innombrables . Ge jonc mériter oit d’être examiné par rapport à l’utilité qu’on en pourroit retirer , dit cet tuteur. Ç’eft de là claffe des Graminées que Fon a tiré , comine je l’ai dit , la matière du premier papier qui mérite ce nom. Micheli, dans fon nouveau genre des plantes,, a mis au nombre des fouchets la plante appell.ée par Gafpar Bauhin dans fon Pinax, p. ip, & dans fon Théâtre des plantes , p. 333 , Papier de Syrie ou de Sicile. Eft-ce là F ef¬ pece autrefois employée en Egypte ? La figure que Prof- per Alpin a donnée, & la defeription qu’il en fait, ce qu’en difent Veflingius & les Anciens, laiffe douter il cette tlemiere plante eft un fouchet ou une maffe d’eau, Profper Alpin l’appelle papier nommé Berd par les Egyp¬ tiens, MM. de Juffieu , chez qui l’on trouve toujours; des lumières dans les doutes que Fon peut avoir fur ces matières, & qui le font un plaiftr d’éclairer les autres, m’ont fait voir la plante d’Egypte , qui patoît être un vrai fouchet , & qui comparé avec celui de Micheli, femble n’en point différer. Dodon a regardé la maffe d’eau comme une plante propre au papier par le nom de Papyrus qu’il lui a donné. J’ai dit plus haut , que Je Pere du Halde rapportoit que les Chinois faifoient du papier avec la paille de bled ou de ris, Le Bambou eft auffi employé dans le même pays des Sciences et Arts. 233 commeune efpsce de papier; félonie même auteur, cette plante eft le rofeau en arbre de Gafpard Bauhin dans fou Pinax , page 1 8. Le bouleau , qui eft de la claffe des fleurs à cha¬ tons , a été un des premiers arbres fur l’écorce deL quels on a écrit. Le mot d’écorce pourra être équivoque ici : il eft donc bon d’en fixer la fignification. Doit-on entendre par ce mot d’écorce cette partie dans les arbres qui entoure ex¬ térieurement le tronc & les branches ? ou bien n eft-ce que cette couche intérieure qui doit devenir ligneufe, de quon appelle le Livre ou Liber? On ne doute point que ce ne foit cette couche intérieure qu’on doive en-endre par l’écorce du bouleau ; il paroît aufli que c’efl dans ce fens qu’on doit prendre ce mot dans les auteurs qui nous ont parlé des papiers des différens peuples. La plupart de ces Ecrivains difent que c’eft la fécondé écorce qui eft mile en ufage. D’autres ont feulement dit qu’on fe fervoit de l’écorce; mais les préparations qu’ils décrivent font connoître que c’eft cette même féconde partie qui eft em¬ ployée. Ce feroit trop m’écarter du but que je me fuis propofé dans ce Mémoire , que de parler ici de ces pré¬ parations. Rumphius décrit deux arbres à chatons qu’il appelle,’ l’un Gnemon dom&flique, & l’autre Gnemon champêtre. Les habitans d’Amboine , félon cet Auteur , tirent un fil de l’écorce des rameaux qu’ils battent un peu , êc ce fil eft propre à faire des ïêts qu’ils font bouillir dans une cer¬ taine infufion pour les rendre meilleurs , ôt moins fujets à fe pourrir dans l’eau : ce qui mériteroit d’autant plus d’ê¬ tre examiné, que les connoiiïances que l’on en pourrait tirer ferviroient à perfectionner les cordages des navires ÔC ce que font les pêcheurs pour leurs rêts. C’eft ici où l’on doit fe rappelle* l’idée que M. de Reaumur a produite fur les bois qui fe pourriflent, idée d’autant plus heureufe qu’elle en fournit d’autres fur beaucoup de matières faciles à avoir j les forêts n’en pré- Ggi 1 236 Mémoires sur différentes parties Tentent quelquefois que trop. Les boutiques de nos ou¬ vriers en bois donnent des coupeaux qui par leur peu d é- paiffeur font en état de fouffrir en peu de temps le degré, de pourriture néceffaire ; car il y aura en ceci , comme en toute autre chofe , un degré à faifir. Lorfque le bois eft trop pourri , Tes fibres font trop divifées , elles ont perdu ce lien qui en uniffoit les parties , elles deviennent trop terreufes, & il ferait , je crois, alors bien difficile, pour ne pas dire impoffible , de les lier : auffi les guêpes ne prennent-elles pas indifféremment toute forte de bois pour¬ ris , elles fçavent connoitre celui qui eft propre à être tra¬ vaillé. On range l’ortie, le mûrier, le chanvre fous une claffe que l’on a appellée Incomplette , parce qu’il man¬ que à la fleur de ces plantes , ou le calice ou les petales , ou ces deux parties. Kæmpfer, dans le catalogue des plantes du Japon, parle d’une plante , qui félon la force du mot japonois s’appelle chanvre blanc , & que l’Auteur a nommée grande Ortie commune , qui porte de vraies fleurs , & qui donne des fils forts & propres à faire des toiles & autres ouvrages. Ce même Auteur appelle le mûrier qui s’emploie pour le papier , Papyrus dont le fruit efl femblable à celui du mûrier , les feuilles à celles de l’ortie , & dont l’écorce efi propre au papier. Seba lui a donné le nom de Mûrier qui donne du papier , & qui efl cultivé au Japon. LePere du Halde dit , tom. n, p. i 1 2 , qu’avant de deftiner au feu les branches du mûrier , des feuilles duquel les Chinois nour- riffent leurs vers à foie, quelques-uns dépouillent ces branches de leur peau, & qu’ils en font un papier qui eft affez fort pour couvrir les parafols ordinaires, fur-tout quand il eft huilé & coloré. Je ne joins ici l’autre plante que les Japonois employent , que parce que Kæmpfer laiffe dans l’incertitude fous quelle claffe elle doit être rangée. Il l'appelle Papyrus qui fe couche fur terre , qui donne du lait , qui a fies feuilles en lame & l’écorce bonne pour le papier. Je place encore ici pour la même raifon un des Sciences et Arts. 237 arbre que Sloane appelle arbre à feuilles larges , longues , tronquées , lijfes , luij antes , qui refj'emblent à celles du lau¬ rier, & dont l’écorce intérieure fe peut étendre en toile fine , comme de la moujfeline à manchette : cet arbre fe nomme communément Lagetto. tom. II. tab. 168, 1 6p. Les peu¬ ples chez qui cet arbre fe trouve en font des habille- mens. c Il eft inutile de parler de l’ufage du chanvre par rapport au papier; tout le monde fçait celui que nous en fai- fons; mais jufqu ici on n’a point fait de papïér avec ce chanvre à moins qu’il n’eût palfé par l’état de chiffon. Le Pere du Halde rapporte cependant qu’à Nangha on fait le papier avec du chanvre battu ôc mêlé dans de l’eau de chaux, t. IV, p. 575 , ce qui me confirma dans l’i¬ dée où j’étois, que les chenevottes , c’efl-à-dire, ce qui tombe fur la braye ou banfelle lorfqu’on prépare le chan¬ vre & le lin , pourroient fervir à ce même ufage. J’en parlerai plus bas. Les Malvacées le difputent à toutes les autres claffes pour l’emploi que l’on en a fait , tous les mahot ont donné une filaffe propre aux cordages. Sloane parle de deux mauves, qu’il nomme, Mauve en arbre des bords de la mer , à feuilles arrondies , petites, aigues , blanches en- dejfous , qui a la fleur jaune & une écorce qui peut fe mettre en filaffe. Catalogue des plantes de la Jamaïque , p. 9 j : c’eft un mahot du Pere du Tertre. L’autre eft indiquée fous le nom de Mauve en arbre à feuilles rondes , à très-grande fleur de couleur de carmin , femblable à celle du lys , & à écorce qui donne du fil , ibid. Autre mahot du Pere du Tertre. Il feroit inutile de rapporter les différentes efpeces de co¬ ton qui ont fervià faire du papier. J’ai dit plus haut que le papier de coton avoit été inventé en Orient , 6c qu’à la Chine on y fabriquoit du papier avec le chiffon de co¬ ton ; dans nos manufactures même on ne néglige pas ce chiffon. Quoique j’aie avancé que l’on n’avoit pas cherché des plantes dans des claffes éloignées de celles où on en avoit 238 Mémoires sur différentes parties déjà pris , il femble feulement que le lin , le tiheui Ôt les chardons demandent une exception. Le chiffon de lin entre ôt a entré dans la compofition' du papier. Les ouvriers , dans le triage qu’ils font des chif¬ fons , ne rejettent que ceux qui viennent des étoffes de laine ôt de poils'd’animaux; ils prétendent que ces étof¬ fes ne fe peuvent pas battre ; mais ne feroit-ce pas feule¬ ment parce quelles fe battroient plus difficilement que celles quilÿnt faites de fibres de plantes, dont les parties font plus aifées à fe divifer? on ne rejette pas même les chiffons d’étoffes dans les Papeteries où on fait le plus gros papier gris; il ne s’agit pas alors d’avoir Une pâte bien fine, ainfi les poils peuvent être affex battus pour faire corps avec les fibres des autres chiffons , quoiqu’ils ne foient pas auffi broyés. Veflingius , dans le petit Traité qu’il a donné fur lu-* tilité de la culture des plantes , prétend qu’on s’eft fervi de la boure de certains chardons pour faire des étoffes, ex acaruïi l'anugine dcmptis fpinis vc'lts effecenmt , dit cet Au¬ teur. Il faut entendre par le mot acantium une efpece de chardon. Les Anciens employ oient fouvent ce mot pour en fignifier quelque efpece. Le tilleul fervoit ôt fert en¬ core à faire des cordes, ce qui marque une flexibilité dans les fibres de cet arbre capable de fouffrir l’apprêt nécef-, faire pour faire du papier. Ce que Veflingius , dont je viens de parler, a écrit a f occafion du Luffa Araburn , qu’il regarde comme une efpece de concombre , pourroit faire examiner plufieurs plantes. H dit que l’intérieur du fruit de celle-ci, lorfqua l’on a ôté les femences , n’eft qu’un refeau que l’on diroit être fait de lin, d’où il conjecture qu’on en pourroit tirer une fîlaffe comme faifoient les Æthiopiens ôtles Indiens^ félon Theophrafte, des pommes cotonacées, ôt les Ara¬ bes, félon Pline, des courges. Je ne connois que Seba qui ait foupqonné qu’on poif- voit faire du papier avec les plantes de mer, avec l’algue marine, Lorfque je lûs cet endroit 7 je me rappeüai que j’a-? des Sciences et Arts., 2 3 $ vois été frappé de la blancheur quelle y prend, lavée fans doute par les arrofemens de l’eau de la mer , par les pluies & les rofées, & perdant ainfi cette glye dont toutes, les plantes marines font couvertes. Les Fucus fervent fur les bords de la mer à fumer les vignes & les terres des envi¬ rons : j’ai remarqué que ces Fucus tranfportés dans les terres , y acquièrent auffi un certain degré de blancheur , & que de même que l’algue, ils çgnfervent leur figure & une confiftance auffi forte ; rien n’eft fi commun fur les bords de la mer que ces Fucus. Les côtes en font cou¬ vertes dans certains endroits, & rien n’eft plus facile à ramaffer. Une autre plante, qui fe .trouve auffi fur les.hprds.de la nier, mais beaucoup plus communément dans les ma¬ res, les étangs, les baffins des jardins, eft le Conferva.de Pline ; il porte dans quelques Auteurs un nom qui femble promettre des ufages confidérables. Xmperatus l’appelle Lin maritime. Loefel , dans fon Catalogue des plantes de la Pruffe , lui a donné le nom de Moujfc aquatique, , com- pofée de filamens foyeux & très-fins. Je ne doute . prefque pas que plufteurs perfonnes n’ayent tenté de filer cette plante. Lorfqu’elle eft mouillée elle a une flexibilité qui en impofe, & la grande quantité que l’on en trouve dans^ les endroits qui font favorables à fa multiplication , & qui fait que ces fibres s'entrelacent de façon qu’il en ré-* fuite une efpece d’étoffe de gros Louracan, a dû enga¬ ger plus d’une fois à chercher le moyen de rendre cette plante utile dans les arts. Je fçais qu’une grande Pr inceffe , frappée de la quantité de cette plante & de fafineffe , avait: voulu la filer ; mais cette plante devenant trop caftante lo îfqu’elle a été un certain temps hors de l’eau , elle n’eft pas fufceptihle de cet apprêt. Je rapporterai ci-après le fuccès que j’ai eu en la. traitant dans des vues de Pape¬ terie. J’ai crû devoir entrer dans le détail drconftancié des plantes qui ont fèrvi à lacompofition du. papier , ou dont on pourroit en faire , pour donner , comme je l’ai dit 240 Mémoires sur différentes parties une hiftoire botanique de la Papeterie , & pour faire connoître le plan d’ouvrage que je me fuis propofé. On voit en effet , par les différentes claffes que j’ai rappor¬ tées, les plantes de nos pays qui y ont rapport. Il faut ce¬ pendant avouer que quelques-unes de ces claffes ne font pas lî riches ici que chez les étrangers. La claffe des paknife- res eft pour nous toute étrangère : en récompenfe les gra¬ minées font des plus abondantes ; le cours de certaines ri¬ vières eft ralenti par une efpece de forêt de rofeaux , de fouchets , de maffe d’eau ; rien n’eft fi commun dans quel¬ ques endroits que les mauves & les guimauves ; il n’eft guère de perfonne qui ne fe foit fâchée quelquefois con¬ tre la quantité des chardons & des orties. Le coton n’eft qu’une efpece de bourre qui entoure la graine de cette plante. J’ai donc fait entrer dans mon projet la bourre des différentes plantes , comme celle des l'aules, celle du linagroflis. Les lieux plantés de faules à la chûte des chatons de ces arbres en font jonchés ; cer¬ tains prez , fur-tout les prez maigres , font remplis de li~ nagrojtis. Les chenevottes de chanvre & de lin font compofées de deux parties de la plante , de la partie filamenteufe & de celle qui tient de la nature de la moelle. Il n’eft guère pof fible de douter que la première ne puiffe être utile, c’eft celle qui compofe notre papier. On rejette cependant cette filaffe comme inutile. Ce feroit donc un grand avan¬ tage que de rendre cette partie utile quand même l’autre ne pourroit jamais l’être. Quelle prodigieufe quantité de matière acquereroit-on par-là? on fçait combien il fe tire de chanvre du Berry & de la Champagne. Dans les corderies, & fur-tout dans celles des Arfenaux des Ports de mer, on trouveroit les grandes reffources; on n’y fçait que faire des étoupes , dont la quantité monte fou vent au point qu’on eft obligé de les jetter ou de s’en fèrvir au lieu de fumier pour les couches des jardins ; dans tout le bas Poitou , il n’y a guère de payfan qui ne réferve quelque mprceau de terre pour les femences de lin. des Sciences et Arts. 241 Ce n’eft donc pas faute de matériaux, fi l’on ne travaille pas à fe procurer un papier qui puilfe le difputer en beauté à notre papier blanc , ou qui puiffe du moins nous fournir un papier propre aux enveloppes & aux paquets. Peut-être même croira-t-on que je trouve des plantes faf- ceptibles de ce travail , & que je femble vouloir trans¬ former tout en papier. Quoique ce que j’ai rapporté des plantes étrangères foit un préjugé alfez fort pour l’utilité que l’on peut retirer de nos plantes, je fçais cependant que l’analogie, toujours féduifante, peut en impofer. Au refte , les expériences que j’ai faites , quoique bien éloignées de la perfection où il feroit à fouhaiter de parvenir , donnent lieu d’efpérer qu’on pourra acquérir un certain degré de cette perfection. Je crus devoir examiner d’abord les chenevottes de chanvre, comme les plus communes, & celles dont oh doit efpérer quelque réulfite. On les mit tremper dans l’eau pendant un certain temps, afin de leur donner , par cette préparation , un degré de pourriture qui pût en fa¬ ciliter la trituration. Lorlqu’on les crut alfez pourries , on les fit battre : mais par une méprife dans laquelle j avois cependant tâché qu’on ne tombât pas , on battit ces che¬ nevottes avec des mauves & des orties que j’avois fait amalfer & pourrir à part. Ces différentes matières prirent corps , elles fe lièrent. Il faut avouer cependant que çette liaifon n’étoit pas bien forte ; ce n’étoit qu’un tilfu très- imparfait; & quoique je regarde cet elfai comme ne mé¬ ritant prefque pas d’être compté , il fait cependant déjà connoître que les feuilles des plantes , ainfi que la filalfe , peuvent s’unir , faire corps , & que , fi ces différentes par¬ ties euffent été battues féparément,& qu’on eut feu pren¬ dre le degré de trituration propre à chacune pour former une pâte capable de fe bien lier, on auroit pu avoir quelque chofe de mieux. J’ofe même dire qu’on n’en doit pas douter lorfqu’on a vu ce qui fe paffe dans les étangs & les marrais. La nature plus tranquille dans fes opérations que l’art, forme fouvent un papier très-fin avec les plan- Tome I. Hh 242 Mémoires sur différentes parties tes qui fe pourriffent dans ces endroits aquatiques. J’ai trouvé dans quelques-uns des amas d’eau de la forêt de Dourdan , lorfqu’ils viennent à fe deffécher entièrement , des malfes d’une matière totalement femblable à du papier : elles étoient compofées de plulîeurs lames ou feuilles qu’il étoit facile de féparer les unes des autres : elles fe dé- Vovez fo. c^ir°ient comme le papier ; & quoique je ne. puffe pas ferv. fur les alors déterminer 11 elles n’étoient formées que de feuilles plant, des en- pourries , ou fi elles étoient feulement dues à une ef- virons d h- 1 \ 1 rr »•! • j J tampes, vol. Pece de byjjus , il me parut que s il entroit de- cette der- j. pag. s- Sc niere plante dans fa compofiticn , les feuilles des arbres & des autres plantes y étoient aulïi pour beaucoup. Je n’ai point rempli les vues que cette obfervation nia pû faire naître ; détourné par différentes autres occupa¬ tions , je n’ai pû apporter à ce travail tout le temps qu’il de¬ mande pour être fuivi avec toute l’attention & la précifion nécelfaires. Il m’étoit plus facile de faire répéter l’expé¬ rience fur le chanvre feul. Je fis donc pourrir de la filaffe allez belle & bien nettoyée de la partie parenchyma- teufe ou de moelle qui tombe fous les inftrumens lorf- qu’on prépare le chanvre pour en faire de la filaffe. Le pa¬ pier qui en réfulta fut très-fort, ôc il me convainquit qu’il étoit très-aifé d’en faire avec la partie du chanvre que l’on rejette dans les corderies ou les autres atteliers dans les¬ quels fe prépare ou s’emploie le chanvre. La conviêtion où cette expérience me mettoit par rap¬ port au chanvre, inlîuoit néceffairement fur le coton: ce duvet beaucoup plus doux, plus flexible que le chanvre , devoit plus aifément fouffrir l’apprêt néceffaire à la forma¬ tion du papier. Je devois prefque regarder comme fuper- flueune expérience faite fur le coton après celle que j’a¬ vais fur le chanvre : cependant lés auteurs , ceux du moins que j’ai lus, ne difant point que le papier de coton eût été fait immédiatement avec le coton avant qu’il eut paffé par l’état de linge ou de toile , le pere Duhalde rap¬ portant même que les Chinois font le leur avec le chif¬ fon de coton , j’ai cru devoir éclaircir entièrement ce dou¬ te, H « fur ce ces pat ment 1( du liu de trou auffi ail d’un t notre, le avait chiffi quife auque feule! qu’il mati enf nai: peu end con rem féqi du 0\ îi t 1 r 1 des Sciences et Arts. 243 te. Il me paroiffoit effentielle de n’avoir aucun fcrupuie fur ce fait. La réuflite me paroiffoit influer fur toutes ces parties des plantes auxquelles on donne communé¬ ment le nom de duvet. Il y en a plufieurs , comme ceux du linagrojlis , des chatons de faule, des apocins, du bois de trompettes, des chardons qui 11e pourroient pas fe filer auflî aifément que le coton , mais qui me paroiiïoient pro¬ pres à prendre la confiftence néceffaire à la pâte dont on peut fabriquer du papier. On battit donc du coton , & lorfqu’il le fut affez , on en fit un papier uni , blanq , d’un tiffu fort, & qui promet tous les avantages du nôtre. Je ne prétendrais pas cependant propofer comme un avantage de faire fabriquer du papier avec du coton. Le chiffon de chanvre eft une matière que nous poffédons , & qui feroit inutile fi nous n’avions pas fçu en faire l’ufage auquel nous l’employons ; mais quand on n’apprendrait feulement par cette expérience, comme par les autres, qu’il eft polfible de faire du papier avec ces différentes matières fans qu’elles euffentpaffé par un état moyen , on en fournit une à ceux qui manqueraient de chiffons ordi¬ naires , qui ne font pas aufli communs qu’on pourrait le penfer dans les pays éloignés des grandes villes. Il y a des endroits de nos ifles de l’Amérique ou le coton eft plus commun que le chiffon de chanvre , on pourroit par-là rendre ce commerce plus lucratif, & de plus grande con- féquence ; mais c’eft peut-être vouloir donner des vues d’utilité que bien d’autres raifons peuvent rendre inutiles : outre que , pour fçavoir s’il nous feroit avantageux d’en faire ufage , il faudroit avoir des expériences plus délica¬ tes , & d’une recherche plus fine fur le prix auquel ce pa¬ pier reviendroit & fur le gain que l’on fait dans le com¬ merce ordinaire du coton. Je n’ai point fait ce calcul ni les expériences qu’il exigeoit , je ne cherchois que la pof- fibilité de la chofe, & non fes avantages ou défavan-r tages. Je continuai donc à effayer les autres duvets : je n’ai eus H h i; Ü44 Mémoires sur différentes parties core pu examiner que celui de l’apocin appellé ouate ; ÔC des deux duvets que l’on tire des chardons, je n’ai pu trai¬ ter que celui dont les femences de plufieurs efpeces font couronnées , & non pas celui que les anciens tiroient des feuilles dont il a été lait mention plus haut. L’expérience que j ai faite n a pas eu un fuccès aulîi heureux que celle du coton. Le corps de la pâte du duvet de ces plantes n’étoit pas d’une confiftence aulîi bonne & aulîi liée que celui de la pâte que l’on avoit eue avec le coton. On forma cependant , en y apportant des foins & quelques précautions , des feuilles d’un papier allez fort pour pou¬ voir être étendu fur des cordes à fécher , mais qui fe déchi- roit facilement : les parties n’étant pas alfez adhérentes , allez entrelacées & accrochées les unes aux autres , pro¬ priété que le papier demande pour être d’une bonne qua¬ lité. Une aulîi grande différence entre ces deux duvets pourra peut-être paroître finguliere. Cette difficulté s’é¬ claircira par l’obfervation fuivante. Le duvet de la ouate & des chardons n’en eft pas un, à proprement parler. Il e,ft formé par des efpeces de poils qui font portés fur les fe¬ mences de ces plantes. Ces poils font communément ap- pellés par les Botaniftes aigrettes , plumes , parce qu’ils for¬ ment aux femences des efpeces d’aigrettes , & qu’il y en a plufieurs qui jettent fur leurs côtés des branches qui les font ainfi reffembler à de vraies plumes. Le coton con¬ traire eft une bourre qui entoure la graine fans ordre ni ré¬ gularité , qui lui eft fort adhérente , & qui n’a pas de figure confiante. Lorfqu’on l’a détaché , & que la fe- mence en eft bien nette, on s’apperçoit facilement qu’il fort de petits points qui parodient autant de trous. Si l’on fait cette opération lorfque le fruit eft encore jeune , l’on trouve que les fils font plus mois , moins fecs que dans un temps plus avancé , & il eft difficile de fe refufer à l’idée , quoique particulière, que le coton n’eft qu’une matière qui tranfpire des femences. Lorfqu’on fçait ce qui forme la bourre de certains chardons dont j’ai parlé au commen¬ cement de ce Mémoire, la fingularité de cette idée dif- A _ DE.S Sciences et Arts. jpâroit. Les feuilles fit les tiges des chardons font hériffées d’une quantité de poils qui font autant de tuyaux qui don¬ nent ilfue à une liqueur claire & limpide , un peu vif- queufe & gluante qui fe delféche à l air , & prend un état de confidence entièrement femblable à celle du co¬ ton, & qui l’eft au point que lorfqu’on ramalfe de cette bourre il eft facile d’en former dans Imitant un fil entre fes doigts. Une telle obfervation paroîtra peut-être bien délicate à faire , & dès là très-douteufe & bien hafardée. Elle ne demande pas cependant autant d’attention qu’oft pourroit le croire. Il fuffit de s’armer d’une loupe de quelques pou.ces de foyer, pour reconnoître d’abord les fils & 1 efpece de filiere où ils fe forment ; & dès que l’on diftinguera bien l’un & l’autre, on pourra enfuite à la Am¬ ple vue s’appercevoir de tout ce qui fe palTe dans cette opération de la nature. Pour le voir encore plus aifément, on pourra choifir le chardon-benit des Pariliens , ou celui qui a la tête ronde & chargée de bourre. Ces plantes, plus que bien d’autres de leur claffe m’ont paru propres à prou¬ ver cette obfervation. L’intérieur des écailles dont leur tête eft formée , eft garni d’un nombre infini de glandes qui filtrent une liqueur femblable à celle dont je viens de parler. Cette liqueur fe change à l’air en des fils qui forment la bourre dont la tête de ces chardons eft entourée. On ne peut en douter un moment , puifqu’on voit former ce fil fous fes yeux , & qu’il n’y a pour cela qu’à éloigner peu à peu, & avec précaution les écailles les unes des autres, 1 on a le plaifir de voir cette matière s’allonger, s’étendre comme une gomme , une refîne ou une cire que l’on file- roit , & qui fe change dans le moment en des fils blancs & pareils à ceux des feuilles. L on fent maintenant la fimilitude qu’il y a entre le co¬ ton ôt la bourre des chardons, ôt la différence de l’une & de 1 autre avec le prétendu duvet de ces derniers, & de la ouate. Le coton fort des femences qu’il entoure comme la bourre des têtes des chardons. Et l’une & l’autre fuinte de certaines parties que l’on peut regarder comme des ef* 24^ Mémoires sur différentes parties peces de glandes. Ce que l’on a penfé au contraire être du duvet dans les chardons , font des parties qui ont une cer¬ taine roideur , une certaine féchereffe qui les rendent caf- fantes, aifées à fe mettre' en petites parties Mes, qui ne font point compofées d’une quantité de petites fibres qui , en fe détachant en partie les unes des autres , forment dans le coton & la bourre des chardons cette molleffe & cette flexibilité qui fait, ce que l’on appelle communément dans ces matières , le cotonneux , qualité qui les rend pro¬ pres à fe mêler enfemble , lorfqu’on les bat ou qu’on les tri¬ ture pour en former une pâte dont on puiffe fabriquer du papier. Faudra-t-il donc rejetter entièrement ces duvets ? Non fans doute. Il ne faut peut-être, comme l’on dit,’ qu’un tour de main pour les rendre utiles. Je fçais qu’il peut être difficile à trouver , & que c’eft cette adreffe qui coûte fouvent le plus dans les arts : mais je tâcherai à la fin de ce Mémoire, de donner quelques vues fur ce point. Il feroit avantageux de trouver le moyen d’employer un duvet qui eft fi abondant , & qui ne coûte qu’à ramaffer. Je pafle à une autre expérience qui , quûiqu’infruétueufe , doit cependant être rapportée. C’eft celle que j’ai faite fur l’algue marine que Seba de*, firoit que l’on examinât. On comprend fous le nom d’al¬ gue , non-feulement cette efpece qui fert à emballer les verreries, & dont on entoure ordinairement les bouteilles de liqueur qui viennent de Montpellier, êt qui, à caufe de cet emploi , eft appellée algue des Vitriers , cette ef¬ pece , dis-je , eft non-feulement regardée comme une al¬ gue ; mais encore les fucus ou varecs qui en méritent à plus jufte titre le nom, puifque l’algue des Vitriers n’en eft pas une efpece , mais d’un genre qui eft de la claffe des chiendents. J’en ai cependant toujours parlé comme s’il eut été une algue, étant connu fous ce nom plus que fous celui defouchet. Cette plante, traitée comme les autres dont j’ai parlé , n’a pas formé de pâte qui put fe lier en aucune façon. Ses feuilles ont peu de fibres. Elles ne font en quelque forte , compofées que de parties parenchyme DES OCIfc.NCt.!> ET a R T S. 247 teufes , que l'on peut regarder comme un amas de petites veflîcules dont la fphéricité eft un obftacle à l’union que doivent avoir les parties qui compofent le papier. Deux Ipheres ne peuvent fe toucher qu’en un point , c’eft une vérité démontrée en Géométrie, comme il l’eft, que des furfaces planes le peuvent dans toute leur furface : pro¬ priété qui facilite l’entrelacement des parties du coton & du chanvre dans la compofition du papier, comme l’autre y eft un obftacle. Je lui ai du moins encore attribué le peu de fuccès que Y ai eu dans l’expérience que j’ai faite des coralloïdes, genre des plantes de la clalfe des algues , qui eft très-abon¬ dant dans tous nos bois , ôt dont des efpeces couvrent quelquefois prefqu’entierement les arbres ôt les rochers. Ces plantes fe font , en quelque forte , diiïoutes par la tri¬ turation ; ôt lorfqu’elles ont été étendues dans de l’eau , comme on le pratique pour faire les feuilles de papier , elles n’ont pu fe réunir fur la forme. C’eft ce qui eft auiïi arrivé au Conferva de Pline, qui eft encore de cette clalfe. On peut regarder comme une perte pour la Papeterie,' que l’on ne puilfe pas donner quelque corps à ces plantes lorfqu’elles font triturées. La blancheur qu’elles prennent en fe féchant, leur prodigieufe quantité les fera toujours regretter, fur-tout fi l’on ne peut les employer avec fuc¬ cès à aucune forte de manufactures ; ôt je fens quelle im- preffion le rapport des Commilfaires de l’Académie a dû faire fur l’efprit de ceux qui l’avoient confultée fur l’a¬ vantage que l’on pourroit tirer d’une matière cotonneufe qu’ils avoient ramalfée dans VE rang de Pet ^ à une lieue ôc demie de Metz , ôt qui ne fe trouva être que du Conferva delféché, qui ne méritoit pas l’attention qu’on lui avoit donnée , ôt qui avoit été telle qu’on fondoit déjà de gran¬ des efpérances fur cette découverte pour le commerce du pays. Une matière qui ferait peut-être plus lucrative font les coques des chenilles communes qui font dans certaines 248 Mémoires sur différentes parties années fi multipliées , que les arbres en paroiffent cou¬ verts. Ces coques peu propres à être filées , pourraient en¬ trer dans la compofition du papier. L’effai qui en a été fait donne tout lieu de 1’ efpérer. En effet, ces coques né- toyées des feuilles qu’elles pouvoient avoir ayant été bat¬ tues, ont été réduites aifément en une efpece de bouillie,' qui, étendue dans l’eau, s’eft ramaffée fans aucune diffi¬ culté fur la forme , & on a eu des feuilles d’un papier au¬ quel on peut donner un degré de perfection qu’il faut avouer qu’il n’avoit pas : cependant quoique ce papier doive plutôt être mis au nombre des papiers gris ôc bul-; les qu’avec le papier blanc & choifi, il donne lieu de croire qu’il peut acquérir une certaine blancheur. Il y a des feuilles qui font plus blanches que d’autres , une même feuille F eft quelquefois plus dans un endroit que dans un autre. Il ne s’agiroit que de trouver la façon de remédier à cet inconvénient. Une des meilleures, par exemple, que je n’avois pu employer, eft fans contredit de piler les coques dans les mortiers ordinaires des mou¬ lins , ou de les broyer fous le cylindre. La quantité de co¬ ques que l’on m’avoit amafîêes ne fuffifant pas pour em-j plir le mortier d’un moulin , le Papetier fe fervit d’un mor¬ tier ordinaire. Il eft arrivé de-là deux défauts. La matière n’a pas été battue affez uniformément, ôtles corps étran¬ gers n’ont point été emportés. Au moyen du moulin on remédie à tout. Les pilons font toujours mus également,; ou du moins plus également qu’un ouvrier qui bat la ma¬ tière dans un mortier ordinaire , ne peut mouvoir le fien ; ainfi cette matière doit être mieux triturée par le moulin. De plus, les mortiers de cette machine font ouverts pat un de leurs côtés , ôt proche du fond. Ce trou eft fermé par une toile de crin dont les mailles font affez grandes pour laiffer paffer l’eau chargée , finon de toutes les ma¬ tières étrangères , de celles au moins qui font affez tritu¬ rées, ou affez fines par elles-mêmes pour n’être point arrê¬ tées par la toile. La pâte devient ainfi plus blanche , avan¬ tage que le mortier ordinaire ne neut fournir ? & que lq des Sciences et Arts. aq-p papier de foie que j’ai fait faire ne peut avoir. Aufli certaines feuilles font-elles parfemées de plufieurs pe- tics points noirs dus aux excrémens des chenilles qui etoient entrelacés dans les brins de foie des coques. L’eau qui ne fait que palfer dans le rnortier du moulin aurait emporté ces excrémens. Peut-être même que la foie perd une partie qui ne peut que rendre le papier plus gris lorfqu’elle relie mêlée avec la pâte. Cette partie elt plus aifément diffoute & dégagée de la pâte ” par l’eau qui coule continuellement par les mortiers. Le peu de feuilles des arbres qui aura échappé au triage , fe bat aufli plus difficilement dans un mortier ordinaire, & le papier en eft gâté, comme cela elt ar¬ rivé à quelques feuilles de celui que l’on en fit. On ne tomberait pas dans ce défaut en mettant les coques dans les mortiers du moulin , ou du moins les feuilles feraient battues plus exactement, & elles peuvent l’être allez facilement dans l’état où elles font dans les coques. Les chenilles les ont débarraffées delà partie parenchyma- teufe, dont elles font leur nourriture. Il ne relie plus que les fibres qui foutenoient par le refeau qu’elles forment, le parenchyme qui en rempliffoit les mailles. Si ces fibres font femblables à celles de l’arbre , elles font cependant plus tenues , plus fines , & elles ont déjà acquis par le tra¬ vail des chenilles une élaboration, qu’il ne s’agit que d’ai¬ der un peu. Un commencement de pourriture pourroit fuffire. La préparation que l’on donne au chiffon avant que de le mettre fous le pilon eft un des moyens qui peuvent être des plus utiles. Lorfqu’on a trié les chiffons , qu’on les a coupés en morceaux plus petits qu’ils ne font, on les met en tas pour les laiffer s échauffer, ôt procurer par-là une efpece de fermentation que leur donne un degré de pourriture qui les rend plus propres à être triturées. Cette prépara¬ tion eft , fuivant les ouvriers , fi indifpenfable , que fi les chiffons étoient propres, ôt qu’ils ne fe trouvaffent pas chargés d’une graiffe qui leur eft néceffaire alors , on fe- Tome I. I i 2$o Mémoires sur différentes parties roit obligé d’y fuppléer. Que l’on mette ainfi les coques garnies de feuilles, ces feuilles aidées d’un peu d’humidité s’échaufferont & fe pourriront à un degré qu’il ne s’agira que de fçavoir faifir pour quelles puiffent fe battre auffi aifément que la foie. Il feroit à fouhaiter que ces feuilles ne fe trouvalfent pas ainfi mêlées avec la foie ; au contraire les coques en font pour le plus grand nombre en partie compofées. Il • y en a cependant qui ne font que de pure foie. Elles fe trouvent ordinairement dans l’angle qui eft formé par la réunion de deux branches. Ces coques ne font que des brins de foie qui font tendus d’une branche à l’autre en différens fens. Les autres dans la compofition desquelles il entre des feuilles , font placées au milieu de ces feuilles. Les chenilles après avoir rongé en partie celles - ci , délient & les réunifient enfemble, & forment ainfi des paquets plus ou moins gros au bout des petites bran¬ ches. Il n’y a guère lieu de douter que la foie des autres che¬ nilles ne puiffe être employée. Ainfi les coques qui font de pure foie , & celles même dans la formation defquel¬ les les chenilles font entrer les poils dont elles font cou¬ vertes , font également propres à ce papier. Ainfi les co¬ ques des chenilles du pin , des proceffionnaires , des paons , &c. ne feroient pas à rejetter. On doit être fur maintenant qu’il eft poftible de faire du papier avec de la foie : mais en fait-on à la Chine? Quoiqu’il dût nous paroître affez inutile de réfoudre cette queftion, cependant j’examinerai les raifons que l’on ap¬ porte pour prouver que l’on n’y en fabrique pas.On dit or¬ dinairement que fi le papier Chinois que l’on prétend être de foie, étoit réellement fait avec cette matière, qu’il de- vroit en brûlant fe contourner en tout fens, fe recoquevil- ler de même que le parchemin qui eft fait de peau de mouton préparée , & que ce papier brûle cependant auffi uniformément que le papier de chiffons venus de toiles de chanvre ou de lin. On ne peut difconvenir de ces des Sciences et Arts. 25:1 faits; mais le papier de foie que j’ai fait faire brûle comme le papier ordinaire. Les coques qui en font la matière première fe recoquevillent cependant en brûlant de la même façon que le parchemin. Quelle eft donc la caufe de ces différences? Je crois qu’il en faut chercher l’expli¬ cation dans le tilfu qui devient bien différent dans le pa¬ pier de ce qu’il étoit dans la coque. Les fils y font longs, difpofés en différentes maniérés , un feul même y forme fouvent plufieurs plans. Les fibres du papier font très- courtes , & fi elles y font différemment arrangées & liées enfemble , ce lien n’eft pas fi ferré. Ce n’eft plus un même fil ou plufieurs fils d’une longueur confidérable. Il arrive donc que lorfque l’on brûle des coques, leurs fils font ti¬ rés en différens fens. Celles d’un plan tirent celles d’un autre plan , & elles doivent ainfi fe contourner tantôt d’un côté , tantôt de l’autre. Les fibres du papier étant auffi courtes quelles le font , & n’étant liées enfemble que par juxta-pojltion , elles ne doivent point agir ou bien peu les unes fus les autres, & par conféquent elles doivent brûler uniformément. Une preuve de la jufteffe de cette explication eft que, s’il fe trouve dans le papier quelqu’endroit dont la foie n’ait pas été bien battue , & foit encore trop entrelacée , cet endroit fe recoqueville en brûlant. Cette explication fuffit , à ce que je crois, pour éclaircir la queftion que l’on fait fur le papier de foie ; & quoi qu’il en foit du papier Chinois, je penfe que l’on doit être perfuadé qu’il eft poiïible d’en faire avec de la foie. On ne doit encore avoir aucun doute fur l’ufage que Ton peut faire des chenevottes de chanvre & de lin , ôt je crois que l’on peut efpérer que l’on rendra utile les diffé¬ rens duvets, non -feulement de coton fur lequel il eft peut-être fingulier d’avoir eu quelque foupçon , mais en¬ core ceux des chardons , du bois de trompette , de la ouate , qui mériterait plus que tout autre une réuffite heureufe, fon papier ayant un éclat & un brillant argenté qui pourrait être de quelque ufage dans bien des cas. Il 2 5" .2 Mémoires sur différentes parties ne s’agit au refte pour remplir notre efpérance fur ce duvet comme fur les autres , que de trouver quelque moyen peut-être très -facile & très-fimple, peut-être auffi par-là d’autant plus difficile à imaginer. Si par exem¬ ple, lorfque ces matières feroient prêtes d’être allez bat¬ tues , on fubftituoit à l’eau (impie une eau gommée ou mucilagineufe , comme celle dans laquelle on auroit fait bouillir des rognures de gant , des racines de guimauve , de grande cqnfoude ou autre matière femblable , on enduiroit par - là les parties de la pâte d’une glu qui pourroit être un intermede , au moyen duquel les par¬ ties fe colleroient plus fortement : peut-être qu’il fuffi- roit que l’eau de la cuve où l’on délaye la pâte lorf- qu’elle fort de delfous le pilon , fut aiiffi préparée. Si , malgré cet apprêt, la pâte n’avoit pas encore affez de corps , peut-être qu’en fubftituant la compreffion à l’im- merlîon , qui eft la façon ordinaire de former les feuilles de papier , on viendrait à bout de rendre les parties de la pâte adhérente les unes aux autres : ôt j’imagine que cette manœuvre ferait peut-être celle qu’il fau¬ drait fuivre pour cette matière cotonneufe qui doit fon origine au Conferva de Pline. Les amas formés par la réu¬ nion des différens pieds de cette plante font déjà d’une certaine épaifteurêt difficiles à déchirer; ainfi en éten¬ dant la pâte faite de cette plante , on pourroit donner à chaque feuille l’épaiffeur que l’on voudrait , & la com¬ preffion feroit enfuite le refte. Il pourroit arriver qu’il ne fut pas poffible de faire des feuilles auffi minces que celles du papier ordinaire : mais quand on ne parvien¬ drait qu’à faire du carton , ce feroit toujours une utilité qui ne feroit pas à négliger , & qui mérite d’être fuivie. Cet examen a toujours été un de mes defirs depuis que j’ai penfé à faire des expériences fur le papier. Il ne m’a pas été poffible jufqu’à préfent de remplir mon projet; mais j’ai lieu maintenant d’efpérer de le voir un jour rempli. J’ai l’avantage d’être attaché à S. A. S. Msr • le Duc d’Orléans , à qui j’ai eu l’honneur de détailler mes des Sciences et Arts. 253 idées , & qui m’a permis de fuivre fous fes yeux les expériences que j’ai projettées, penfant qu’ elles peuvent être de quelque utilité pour le Public , utilité qui fait l’objet principal de ce grand Prince , même dans fes amufemens. I Mémoires sur différentes parties SEPTIEME MEMOIRE. Qui renferme des Expériences faites fur plufeurs fortes de glaifes , de fables & de pierres. LEs expériences qui font la matière de ce Mémoire ; font ie réfultat d’une partie de celles que feu S. A. S, Mgr- le Duc d’Orléans s’étoit propofé de faire exé¬ cuter fous fes yeux, dans fon laboratoire à fainte Géne¬ viève ôc à Bagnolet. Les glaifes qui ont fervi à ces expé¬ riences , font toutes de la France : elles faifoient partie d une coüeélion de minéralogie que j’avois formée moi- même dans différens voyages. M. le Duc d’Orléans , qui , apres avoir vu cette colletlion , la trouva propre à en¬ trer dans le nombre des corps qu’il vouloit faire analyfer, m ordonna de la tranfporter de l’endroit où je demeurois alors, dans fon laboratoire de fainte Géneviéve, pour y être , comme il difoit , analyfée & brûlée. Rien ne pou- voit m être plus agréable. Je concourois par là aux amu- femens d’un grand Prince, dont toutes les vues fe tour¬ noient, lors même qu’il fe délaffoit de travaux férieux, vers 1 utilité publique. S, A. S. voulant procéder avec ordre dans l’examen des différentes fubflances de ma collec¬ tion , qui devenoit la fienne par l’adoption qu’il dai¬ gnât en faire , elle voulut quon commençât par l’examen des terres , & qu’on cherchât à s’affurer de celles qui pouvoient contenir quelques matières métalliques : îes glaifes étant celles dont on pouvoit plutôt en efpérer, ce fut par 1 examen de ces terres qu’on commença, & on traita d abord celles des environs de Paris. On penfa devoir en premier lieu déterminer celles qui contenoient du fer : à çet effet on les traita avec l’huile de lin. des Sciences et Arts. 2 y y La première de ces glaifes, qui ait été ainfl traitée, elt celle dont les Sculpteurs de Paris fe fervent pour faire leurs modèles. On en prit douze onces préparées comme ces Artiffces la préparent : on les fécha & on les réduifit en poudre. On les amalgama enfuite avec de l’huile de lin , en une quantité fuffifante pour qu’on les put mettre en pâte. On fit de cette pâte des boules, dont on mit quatre onces dans une cornue de terre. On les pouffa au feu le plus violent : il paffa dans le récipient quelques goûtes de liqueurs : la matière retirée de la cornue étoit très- noire. On emporta une partie de la terre par les lavages réitérés. Au moyen d’un aimant artificiel, qu’on prome¬ noir dans cette terre , on recueillit environ trois grains pefant de parties attirables par l’aimant. Le relie des boules , c’ell-à-dire , onze onces julles fu¬ rent mifes dans un creufet. On le fit rougir , & on l’entre¬ tint dans cet état pendant une heure. Il s’en éleva d’abord une fumée occafionnée par l’huile de lin , qui s’enflam¬ ma à plufieurs reprifes. La matière reliante dans le creu¬ fet , pefoit fept onces & un peu plus de cinq gros. On en tira après les lotions onze à douze grains de parties ferrugineufes : on remit enfuite la même matière au feu avec de nouvelle huile de lin. Le feu fut pouffé un peu plus long-temps que la première fois. La matière devint d’un gris blanchâtre. On remarqua qu’il y avoit de ces parties blanchâtres qui venoient à l’aimant. Le 17 No¬ vembre 1748 , quatre onces de glaife bleuâtre des envi¬ rons de Paris , mife à l’action d’un feu de roue , pendant trois heures , ont diminué de deux onces moins un gros , & font devenues d’un blanc cendré. Le reliant lavé a plufieurs fois , ôt defféché enfuite à une chaleur douce , a donné par l’approche de l’aimant quelques grains de parties ferrugineufes , les uns d’un gris-blanc , les autres de couleur de fer. Deux onces d’ocre jaune très-feche, mifes dans un creufet , & pouffées pendant une heure à un feu de roue, a diminué d’un gros vingt-cinq grains, Cette ocre deye- Glaife des environs de Paris. Glaife bleuâtre des environs de Paris. Ocre jaune» Glaife vio¬ lette des ocneres. 2 56 Mémoires sur différentes parties nue rouge , fut mile dans un creufet : l’on verfa deffus deux onces d’huile de lin ; après l’opération, la matière reliante répondoit à la pierre aimantée , & ne fe dif- folvoit pas à l’efprit de nitre. Une glaife violette d’un banc des ocrieres, fut amalga¬ mée avec de l’huile de lin. Sept onces de cet amalgame ayant été mifes dans une cornue de grès de Normandie , ce qui relia après l’opération dans la cornue , étoit noir , verni en-delfus d’un brillant argenté , qui ne venoit que de l’huile brûlée. Le dedans étoit d’un noir de fuie , & fe mettoit en poulfiere fine , comme d’un noir de fumée. On a mis dans un creufet le relie de l'amalgame, qui pefoit quatre onces fix gros. Le creufet étant retire du feu , on a trouvé à la furface de la matière une partie couleur gris de lin , beaucoup moins vif qu’il n’étoit avant l’opération. Plus bas , une autre partie d’un jaune d’ocre de rue , & dans le fond une qui étoit noire. La première, celle qui étoit couleur de gris de lin, répon¬ doit entièrement à la barre aimantée. La jaunâtre un peu , ôt la noire très-peu, fi elle y répondoit, ce qui a obligé de remettre ces deux parties au feu, après en avoir fé- paré de celle qui étoit gris de lin tout ce qu’on put. Cette rartie pefoit deux gros trente - deux grains. On a pouffé es deux autres à un feu violent , excité par un foufflet de forge, pendant une heure. On a enfuite lailfé le feu s’éteindre de lui-même. La matière étoit alors en par¬ tie d’un jaune d’ocre de rue , l’autre grisâtre. La pre¬ mière venoit bien à la barre aimantée , l’autre y répon¬ doit très-peu. Le jaune pefoit deux gros & demi. Il a relié après le lavage de la matière qui étoit reliée dans la cornue deux onces deux gros. On a partagé le total en trois parties. On en a poulfé une pendant une demi-heure à un feu excité par le foufflet. On n’a com¬ mencé à le faire jouer, que lorfque le creufet a été rouge. Ce creufet n’étoit pas couvert. On l’a retiré du feu lorf qu’il a été froid. La matière pefoit cinq gros vingt-quatre grains 1 pelant reille au pré pendai étoit r l’aman Ces île lin onces quant très-n a aug; brûla des Sciences et Arts. 25-7 grains. Elle étoit d’un jaune d’ocre de rue , ôc attirable à la barre aimantée: elle avoit perdu quarante-huit grains, pefant avant l’aôtion du feu fix gros jufte. Une autre pa¬ reille quantité de lix gros , poulfée à un feu femblable au précédent, dans un creufet également ouvert, mais pendant une heure , à compter du temps oh le creufet étoit rouge , ne pefoit que cinq gros 6c demi , étoit de¬ venue couleur d’ocre de rue , ôc entièrement attirable à l’aimant. Ces différens feux n’ayant point produit la couleur gris de lin qu’on avoit eue la première fois. On a repris deux onces de la même glaife , qu’on a délayée avec une quantité d’huile de lin, de forte quelle formoit une pâte très-molle ; on afoumis cette matière à un feu violent , on a augmenté par le foufflet , lorfque l’huile a commencé à brûler: lorfqu’elle a eu celfé de jetter de la flamme , on a couvert le creufet de charbon, 6c on a entretenu le feu pendant une heure. Le delfus de la matière s’ell mis en mâche-fer , ôc ne ré- pondoit pas à l’aimant , le deflous étoit jaune d’ocre de rue , ôc y répondoit ; ce qui étoit dans le fond avoit une couleur noire, ôc y répondoit peu. On avoit retiré du feu le creufet tout rouge, 6c on l’ avoit laiffé refroidir peu à peu auprès du fourneau. On en a mis en expérience un autre , dans lequel il y avoit autant de matière. On a procédé à peu près de même que dans l’expérience précédente , 6c pendant un temps égal, on a feulement eu la précaution de ne pas couvrir le creufet de tant de charbon, 6c on a laiffé ce creufet refroidir dans le fourneau. On a eu deux gros de matière couleur d’ocre de rue , attirable par l’aimant. On a reprit le reliant des deux expériences précéden¬ tes : il pefoit trois onces deux gros 6c demi. On l’a mis dans un petit creufet qui en étoit entièrement plein ; on l’a enterré dans le charbon , ôc pendant une heure on a fait jouer le foufflet ; ce qui a relié pefoit trois onces ôc demi- gros. Elle étoit devenue noire & en mâche-fer fur le def- T o me I, E k Ghife b!euâ- ti e des ocrie- res. Gîaife gris de lin des ocrieres. Gîaife rouge- brun d’entre V Aigle _ ôc Gorneville. Gîaife blan¬ che de la po¬ terie de S- Evroult. 258 Mémoires sur différentes parties fus, rien n’étoit attirable par l’aimant , le deffus parce que probablement il étoit trop pouffé de feu , le deffous peut- être parce qu’il ne l’étoit pas affez. Deux onces de gîaife bleuâtre des ocrieres mifes en poudre & délayées avec de l’huile de lin , ayant été foumifes à un feu de foufflet pendant une heure , à compter du temps que le creufet entouré ôt recouvert de beau¬ coup de charbon étoit devenu rouge , devinrent blan- ches-cendrées : elles n’étoient point attirables à l’aimant : il s’étoit fublimé au haut du creufet une matière blanche qui fentoit un peu le foufre. Cette matière mêlée avec du fel de tartre , & délayée dans de l’eau , a perdu cette odeur de foufre, n’a pas fait del ’h&par , & n’a pas donné la moindre couleur jaune à l’eau. Une portion de la matière cendrée de la gîaife gris de lin des ocrieres Gratifiée dans un creufet avec un compofé d’un tiers de charbon & de deux tiers de blanc d’Efpa- gne , ôc le creufet étant fermé d’un couvercle exaèlement luté , ce mélange s’eft réduit en une pouffiere grife , dont il n’y avoit que quelques grains attirables à l’aimant. On avoit entretenu un feu de foufflet pendant une heure 9 après que le creufet fut devenu rouge. Deux onces d’une gîaife rouge - brun , trouvée entre l’Aigle & Corneville , en Normandie , délayées avec de l’huile delin,pouffées pendant une demi-heure à un feu excité par le foufflet après la déflagration de l’huile , font devenues de trois couleurs. Celle de deffus étoit couleur d’ocre de rue , plus pâle que celle qu’avoit prife la gîaife gris de lin ; le milieu étoit cendré , & le fond avoit pris une couleur noire. Cette portion noire répondoit fort bien à la barre aimantée , & beaucoup mieux que la por¬ tion couleur d’ocre de rue , êt que la grife. Deux onces d’une gîaife blanche dont on fait de la po¬ terie à Saint-Evroult en Normandie , traitées de la même façon que la précédente, & pouffée au feu pendant un temps égal, ces mêmes précautions devinrent en deffus très-blanches , au milieu gris cendré , ôt au fond noires , ne des Sciences et Arts. 259 pefoient plus qu’une once lix gros, & ne venoient nul¬ lement à l’aimant. Deux autres onces d’une glaife marbrée de rouge , de Glaife mar- jaunâtreôcde bleuâtre, apportées de Saint-Evroult, ayant S' été traitées comme les précédentes , étoient devenues grifes en deffus 6c noires dans le relie. Elles étoient en général affez bien attirées par la barre aimantée. Elles avoient perdu deux gros ôc demi. Deux onces d’une glaife bleu-noirâtre qui fert à pein- glaife d'un dre les maifons aux environs de l’Aigle en Normandie , tre dont 0“ traitées comme les précédentes , font devenues d’un brun peintlesmai cendré en-delfus, ôc noires en delfous. La première partie jj°”s à 1 Al venoit à la barre aimantée , ôc pefoit cinq gros : la fé¬ condé pefoit neuf gros, 6c fe portoit à la barre aimantée plus facilement que la cendrée. Trois onces neuf gros de glaife rouge-brun d’entre Corneville 6c l’Aigle ayant été mifes en boulettes avec de l’huile de lin, enfuite delfechées 6c introduites dans w une cornue de grès de Mortain, puis poulfées à un feu de nevile’ reverbere ôc de foufflet pendant quatre heures 6c demie , 6c trois de feu lent , ont relié noires fans fe déformer , ôc étoient entièrement attirables à l’aimant mifes en pou¬ dre, ôc y venoient avec une très-grande vivacité : il étoit forti par la dillillation environ deux gros ôc demi d’eau ôc deux gros d’huile. _ Une once d’une glaife verdâtre mêlée d’un peu de jaune d«trg e^j;_ ôc de violet employée à la poterie de Saint-Evroult , brée de S. mêlée avec un gros de charbon , ôc poulfée au feu de Evroult. forge excité par le foufflet pendant un quart-ddieure , a perdu un gros ôc demi, eft devenu en-delfus unmache-fer, le delfous ell relié en poudre. La partie réduite en mâche¬ fer pulvérifée venoit à l’aimant très-promptement, mê¬ me en morceaux d’une certaine grolfeur , ce que 1 on 11’avoit pas encore obfervé dans les expériences précéden¬ tes ; beaucoup de petits morceaux de la poufliere qui étoit au-delfous du mâche-fer , fautoient a 1 aimant , de Kkij Glaife rou¬ ge - brun d’entre l’Ai¬ gle ôc Cor- Glaife noi¬ râtre dont on peint les maifons à l’Aigle. Même glai¬ fe. 260 Mémoires sur différentes parties façon quil n’y a peut-être que la cendre de charbon qui n’y vienne pas. Quatre onces un gros ôc demi de la glaife noirâtre dont on peint les maifons à l’Aigle , ôc dont on a parlé déjà plus haut, amalgamées avec dix gros d’huile de lin ôc poulfées au feu de réverbéré excité par le foufflet pen¬ dant trois heures , outre quatre autres heures pendant lefquelles on avoit peu à peu augmenté le feu fans fouffîer, ont donné par la diftillation d’abord une eau claire ôc limpide , enfuite l’huile ôc puis des vapeurs blanches, qui en fortant remplilfoient tout le récipient, fe condenfoient enfuite, ôc fe mêloient enfin avec les autres matières. La tête morte pefoit trois onces fix gros, & venoient entièrement à l’aimant : elle étoit noire ôc avoit gardé la forme de boulettes. L’huile retirée par la diftillation , ôc féparée par le filtre , fe montoit à deux gros ôc demi ôc quinze grains , fans compter ce qui s’en perd fur le filtre. Une once de cette matière attirable à l’aimant , pouffée au feu de forge excité par le foufflet pendant un quart d’heure , à compter du temps où le creufet étoit devenu rouge, a perdu en pefanteur fix grains, ôc n’ étoit plus attirable à l’aimant. Trois onces de la glaife précédente mifes en petit mor¬ ceaux ôc fans huile de lin dans une cornue de grès de Normandie ou de Mortain , Ôc pouffées au feu de rever- bere , excité par le foufflet pendant trois heures , fans compter le temps employé à faire rougir le creufet , font devenues blanches dans quelques endroits , ôc d’un gris- noirâtre dans la plus grande partie ; fe font durcies en une maffe pierreufe très-dure, ôc ne pefoient plus que deux on¬ ces cinq gros. Il ne s’étoit rien volatilifé au col de la cor¬ nue. L’eau qui avoit pafifé dans la cornue avoit un goût falé, un peu vitriolique. Elle rougilfoit le papier bleu, verdiffoit le fyrop violât en remuant ôc mêlant bien les deux liqueurs : verfée fur une diffolution d’argent , elle excite une effervefcence très-prompte ôc très-vive , de des Sciences et Arts. z6 i façon que les jets quelle occafionne femblent partir du fond du vafe en formant des courbes comme une gerbe de fufée. Peu à peu ces jets cellent , ôc on ne voit plus que fortir du milieu du verre des efpeces de jets droits, ou des bulles , qui s’élèvent en lignes droites. L’effervef- cence étant finie , il fe fait un précipité jaunâtre tirant un peu fur le roux, ôc les liqueurs font reliées claires ôc limpides. Le mélange d’une dilfolution de vif argent a fait effer- vefcence auffi promptement que celui de l’argent avec l’eau de la diftillation , mais il s’elt feulement élevé de grolfes veffies, ôc s’elt fait un coagulum blanc, qui s’ell attaché au parois du verre : un mélange d’efprit de nitre Ôc de cette eau elt devenu verd dans l’inftant. Le mé¬ lange avec l’efprit de fel fumant elt relié fans couleur ôc elt devenu feulement plus limpide : l’elfervefcence a duré un peu plus que celle des mélanges précédens. Les bulles s’élevoient comme dans la dilfolution du fucre par l’eau commune. La liqueur verte du mélange de l’efprit de ni¬ tre fumant dont on a parlé plus haut , s’elt détruite ôc elt devenue d’une couleur de citron. Elle n’a fait aucune effervefcence avec le fel de tartre. L’eau du puits qui a fervi à rincer le verre , elt devenue d’un blanc de lait. La même terre calcinée fans addition a fait peu d’ef- fervefcence avec les acides : elle en fait plus avec l’efi prit de fel qu’avec Fefprit de nitre : elle décolore le pre¬ mier dilfoute dans le vinaigre de Scille, ôc jette des bulles pendant plus d’un jour. Une once de glaife gris de lin des ocrieres, mife en pou¬ dre poulfée , pendant un quart-d’heure à un feu excité par le foufflet au foyer de la forge , a perdu un demi-gros de fon poids , ôc a confervé fa couleur. Il réfulte de ces expériences, i°. qu’il faut un feu vio¬ lent ôc d’une certaine durée pour que des glaifes changent de couleur. 20. Qu’il y a une grande variété dans les glai¬ fes par rapport à la quantité de parties attirables a 1 ai¬ mant qu’ elles peuvent fournir , étant traitées avec 1 huile Même glai¬ fe. Glaife gris de lin des ocrieres. 2.62 Mémoires sur différentes parties de l'in. 3.0. Que cette propriété n’eft pas beaucoup ad¬ hérente à ces parties , puifqu’étant remifes au feu elles la perdent. 40. Que la couleur que ces glaifes peuvent pren¬ dre au feu ne les empêche pas d’acquérir cette propriété , puifqu’on en a eu de blanchâtres , de gris de lin , de jau¬ nes & de noires qui ont été attirables. y0. Qu’il y a des mâche-fers formés par ces glaifes qui ne font pas attirables à l’aimant , tandis que d’autres le font beaucoup & pref- qu’entierement. 6°. Qu’il y a des glaifes qui le devien¬ nent également en entier ou prefqu’en entier , tandis que d’autres ne le deviennent point du tout, ou prefque point , comme celle qui étoit blanche. j°. Qu’une même glaife prend différentes couleurs dans le même creufet , ce qui ne dépend fans doute que de la différence de chaleur quelles fouffrent dans la' même opération. 8°. Que l’eau qui fort des glaifes , ou du moins de certaines glaifes , par la diftillation efl vitriolique. p°. Qu’il paroît que , pour que les glaifes acquièrent la propriété d’être attirées par l’ai¬ mant , il faut qu’elles fouffrent un feu très-violent , & qu’il y en a probablement qui en exigent un d’une violence plus grande ou d’un temps plus long que ceux que d’au¬ tres exigent. Ces expériences peuvent jetter quelque jour fur ces fortes de cendres attirables à la pierre aimantée que les volcans jettent dans leurs éruptions. Les montagnes qui vomiffent des flammes , contiennent des matières bitumi- neufes ou grolfes, qu elles recèlent dans leur fein de tout temps , ou qui leur font fournies habituellement par des fources de ces matières inflammables qui fe dégorgent dans ces montagnes par des canaux qui peuvent venir de loin; ou enfin par l’eau de la mer qui y charrie de fembla- blés matières , ou des corps qui en fe pourriffant en pro- duifent une grande quantité, & qui par la fermentation qu'elles fouffrent par la putréfaêtion s’enflamment d’elles - mêmes, allument le volcan lorfqu’il eft éteint, & occafion- nent ces éruptions d’autant plus violentes , que la matière enflammée eft plus abondante. C’eft ce qui arrive , à ce des Sciences et Arts. qu’il paroît , dans ces volcans placés fur les bords de la mer ou qui en font peu éloignés, tels que peuvent être le Vefuve , l’Etna, l’Ecla, le Pic deTeneriffe, ceux des Cordelieres ôc mille autres , qui jettent des flammes 6c des laves prefque continuellement, ou qui après avoir ceffé d’en jetter pendant du temps , fe renflamment avec violence, ôc occafionnent les défàftresles plus fâcheux: ce qui n’arrive pas aux montagnes qui font dans l’intérieur des terres ôc qui ont vomi des flammes. Ces montagnes n’avoient probablement qu’une certaine quantité de ma¬ tières inflammables qui étant épuifées , ces montagnes ref tent éteintes ôc femblent ne devoir pas faire craindre de nouvelles éruptions ; à moins qu’elles n’ayent des communications avec des fources peu abondantes de bi¬ tume , auxquelles il faut des fiécles entiers pour en ac¬ cumuler une certaine quantité dans les cavités de ces vo|cans éteints ôc des accidents particuliers pour que ces matières puiffent s’enflammer. On apprend encore par les expériences que j’ai rappor¬ tées, qu’il n’eftpas néceffaire qu’il y ait dans les montagnes qui font des volcans , des mines de fer proprement dites, pour qu’une partie des cendres vomies par ces volcans foient attirables par l’aimant, ôc qu’il en foit de même de plufieurs des fcories ôc des laves qui en fortent. Il fufiit pour cela que ces montagnes renferment des glaifes, qui pénétrées par les matières bitumineufes avant ou dans le temps de la conflagration, acquièrent cette vertu magné¬ tique. Ces expériences peuvent de plus fervir à expliquer les couleurs qu’on remarque aux différentes matières rejettées par les volcans. Nous avons vu qu’une même glaife prend dans le même creufet des couleurs qui différent beaucoup les unes des autres ; ce qui dépend probablement de ce qu’ elles ne reçoivent pas des degrés de feux femblables ÔC également vifs. Il eft probable qu’il en doit être fouvent de même dans les inflammations des volcans , ôc qu’une pierre ou une lave d’un rouge ferrugineux, qu’une qui eft 2(5"4 Mémoires sur différentes parties grife , noirâtre ou noire, peuvent bien être dues à une même terre ou à une même pierre qui a reçu des coups de feu plus ou moins violens, ôc qu’on n’a que faire, d’avoir toujours recours, comme bien des Auteurs ont fait à dif¬ férentes matières métalliques , pour expliquer la variété de couleur dans ces matières de volcan, Jelailfe les autres conféquences qu’on pourroit encore tirer des expériences en queftion. Je pafle à celles qu’on a faites fur plufieurs fortes de fables , foit dans le labora¬ toire , foit dans le four à porcelaine que feu S. A. S. avoit à Bagnolet. On les plaçoit fous la voûte de ce four, ôc chacun dans un creufet numéroté. Les dix premiers y fu¬ rent d’abord vingt-deux heures : on les y remit une fé¬ condé fois , & y relièrent vingt-trois heures. A la première fois ils ne formèrent point de culot; à la fécondé, tous, excepté les graveleux & les cryllaux, en firent un plus ou moins compad & ferré. Celui qui étoit le plus dur, étoit dû au fable du lîxiéme numéro: il avoit formé un mâche¬ fer. Les bords de cette malle faifoient voir des goûtes ar¬ rondies. Ce fable n’eft , en quelque forte , qu’une mine de fer en fable: il eft femblable à un qui fait le fond d’une lande très-étendue en longueur & en largeur , du coté de Séez. Plufieurs autres fables ont donné plus ou moins de marque d’attraêlion avec la barre aimantée, & ont, à la fécondé opération du feu , fouffert un changement de couleur plus ou moins différent de celui qu’ils avoient fubipar la première, comme on peut le voir à la table ci- après. Le fable du numéro huit , jetté dans de l’eau forte & dans de l’elprit de fel , ne leur donne aucune couleur , & n’y excite point d’effervefcence ; mais fi on régalife l’ef- prit de nître , cet efprit prend une belle CQnleur rouge. On pourra aifément tirer plufieurs autres conféquences des expériences faites fur ces fub fiances , en examinant avec attention les tables jointes à ce Mémoire, PREMIERE des Sciences et Arts. PREMIERE TABLE 26$ Des expériences faites fur dijférens fables. Defcription. Couleur, Lieux où ils fe trouvent. Premier ré- fultat. Second réful- tat. Effet de l’ai - manrfur ces fa¬ bles. ï. Sable. Jaune. De la fablonie¬ re de la porteS. Marcel ou des Gobelins , du deuxieme ban. Il eft devenu gris terreux. j Il eft devenu 1 d’un gris moins , fonce' , tirant fur le gris capu- | cin. Il venoit ! quelquesgrains] à la barre ai- mante'e. Sable. Blanchâtre. De la même fabloniere , ht qui coupe le troifie'me ban. D’un blanc jaunâtre- Gris de perle. Quelques grains. ?• Sable. Jaunâtre. De la piême fabloniere , & du troifiéme ban. D’un jaune encore moins fonce'. Comme le premier. Comme le premier. 4- Sable gra¬ veleux , parfe- mé de cailloux de differentes grofleurs, dont on l’a fe'paré. Rougeâtre. . De la même fabloniere , "& du premier ban. D’un gris ter¬ reux. Gris tirant un peu fur le violet. 1 I e'toit attiré confidérable- ment , 6c for¬ tement. 1- Sable tal- queux. Jaunâtre. De Souligny en Norman¬ die. D’un jaune encore moins vif. Le talc a garde' fa cou¬ leur. Couleur de chocolat. Très-attirable. 6. Sable. Verdâtre. De Moulins , près la Trappe au Perche. Dun gris ter¬ reux. Couleur de fer fondu, Sc mis en mâche¬ fer. T rès-attirable. 7. Sable grave¬ leux. Des envi¬ rons de l’O¬ rient , en Baffe- Bretagne. Il n’a pas fouffert de changement. D’un beau blanc , fur-tout dans certains grains. 1 orne /. - - jjï - Tome /. L 1 266 Mémoires sur différentes parties Defcription. Couleur. Lieux ou ils fe trouvent. Premier ré fui ta t. Second ré fui- tat. Effet de l’ai¬ mant fur ces fa¬ bles. 8. Sable tal- queux. Le talc eft d’un brun dore'. De la mon¬ tagne de Cauc- caleri , près Etrechi, route d’Orléans. Il n’a pas fouffert de changement. Gris-blanc. 9' Sable ou terre fableufe.On en peint les mai- fons. Rougeâtre. D’entre Séez 8c Gaudichon, en Norman¬ die. Il eft devenu d’un jaune de brique qu de tuile. D’un jaune obfcur. Allez attira- ble. IO. Cryftaux. Des envi¬ rons de l’O¬ rient, en BaiTe- Bretagne. Ils ont perdu deleurtranfpa- rence , 8c font devenus d’un beaublanc d’al¬ bâtre. Blanc d’al¬ bâtre. DES Sciences et Arts. SECONDE TABLE Des Expériences faites Jur différçns fables , a un feu de trente-fept heures. Defcription. Couleur. Lieux où ils fe trouvent. Premier reful- tat. Second reful- tat. E fret de l'ai¬ mant fur ces fa¬ bles. I. Sable. Jaune obfcur, femblable à ce¬ lui dont on fe fert pour mon¬ ter les marmi¬ tes. _ De près Ba- ville. Couleur capu¬ cin. Il ne s’eft pas lie'. Très-peu atti- rable.On en ra- malle cepen¬ dant quelques grains. 2. Sable qui fe trouve en ter¬ re , employé' pour les bâti- mens , moins bon que celui de riviere ap¬ pelle' fable rou¬ ge- Gris mêle'. Gris blanc. Il a fait malle , 6c fufe un peu. Les parties grifes viennent très-bien à l’ai- mant.Lesbian- ches auxquel¬ les elles font unies , les fui- vent. ?• Sable appelle' fable de riviè¬ re, 6c qui cft le meilleur pour bâtir. Gris. De la Mofelle. •Gris blanc. Il fufe un peu , 6c a fait malle. Comme celui du n°. 2. 4- Sable qui com¬ mence à fe lier. Gris-blanc- Des environs de Grmoi , près Etampes. Jaune - pâle. II n’a pas fait malfe. Point.outrès peu attirable. Sable qui fert àfairedes mou¬ les de marmi¬ tes. Maron. De Breteuil enNormandie. Caffe. Une partie s’eft fondue en lar¬ mes ferrugi- neufes, l’autre a relié en fable. La première partie très-atti- rable. La deu¬ xieme l’eft af- fez. 6. Sable un peu talqueux. Couleur de grès. De S. Evroult enNormandie, où l’on tire la terre à pot. Couleur de grès n’a pas fait malfe. Nullement at¬ tirable. Lij Mémoires sur différentes parties 2*8 Defcr'ption. Couleur. Lieux où ils fe trouvent. Premier ré- fultat. Second réful- tat. Effet de l’ai¬ mant fur ces fa¬ it le s. 7- Sable. Blanc. D’Etampes. Blanc bleuâtre, n’a pas fait malle. Nullement at- tirable. 8. Sable ferrugi¬ neux & tal- queux. Maron. DeS.Ouein de laRoyrie,Evê- che' de Rennes, haute Bretagne Gris de fer , fait maife. Quelques grains fondus , | & d’un jaune [ rougeâtre. On en ramaf- feroit quelques grains avec la barre aiman¬ tée. 9- Sable. Jaune pâle. Des premières couches des carrières des pierres à polir d’Echaufour , enNormandie. Couleur de grès fale a fait malle. Non attirable. 10. Sable. Tabac d’Efpa- gne. Des grès de Tubœuf, près de l’Aigle. Tabac d’Ef- pagne , n’a pas fait maife. Un peu attira¬ ble. 1 1. Sable. Gris-blanc. Des environs de Logny au Perche. Gris-terreux un peu pelotté. Peu ou point du tout attira¬ ble. des Sciences et Arts, 2.6 ÿ TROISIEME TABLE Des expériences faites fur differens fables. Defcriptioti. - Couleur. Lieux où ils fe trouvent. 9 Réfultat. Effet de l’ai¬ mant fur ces fa¬ bles. i. Sable, ou plu¬ tôt pierre rouf- fier, rouille de fer ôc talqueux mis en poudre. Rouille de fer. Des environs de la Trappe au Perche. Le delfus cou¬ leur de poudre à canon , le deflous un peu moins foncè.Il a pelotté. Le delfus très- attirable , le deflous point attirable. 2. Sable des grès de Tubœuf. Jaune obfcur. De Tubœuf. Cendre'. Très-peu. î- Sable un peu talqueux. Couleur de grès. De S. Evroult. Gris-blanc. N’eft pas atti¬ rable. 4- Sable blanc , dont on polit les glaces à Pa¬ ris. Blanc. Des environs de Dieppe , en Normandie. Gris- clair. Point attirable. f- Terre rouge. Rouge. D’une terriere des environs de Donzy , en Nivernois. | 11 y avoit des Couleur de ! grains allez " café' en delfus , 1 gros , d’un gris en deflous ta- ferrugineux at- bac d’Efpagne. j tirables. Une j partie des petits l’e'toit aufli. <5. Sable. Couleur de poudre à ca¬ non. Tire' d’une fontaine près Echaufour , en Normandie. Gris-blanc , a pelctte'. Une partie e'toit de¬ venue rouge⬠tre. Il nVft point attirable. 270 Mémoires sur différentes parties Dcfcription. Couleur. Lieux oùilsfe trouvent. Réfultat. Effet de l’ai¬ mant fur ces fa¬ bles. 7- Terre. Couleur de brique cuite. De Mineret , employé à l’E¬ minence , près de Donzy. Comme le no. y. Comme le no. y. 8. Sable grave¬ leux. Jaune rouge⬠tre. Trouvée après la terre, dans le haut du grand jardin de M. le Duc d’Orléans, à Sainte Gene¬ viève. En partie gris de fer. Quelques grains d’un gris ferrugineux af- fez gros , font attirés , ou feu¬ lement mis en poudre. 9- Sable. ! Verdâtre. Trouvé au-def- fous de la terre glaife du puits du jardin de M. le Duc d’Or¬ léans, à Sainte Géneviéve. Gris-de-fer, a pelotte' un peu. Pointattirable. 10. Sable propre à faire des moules de mar- mittes. Jaune. Il fe trouve avant & après la mine de fer. Il eit mêlé de pierres blan¬ ches. Cendre & gris-capucin. 11 y a des grains gris ferrugi¬ neux attirables. La plupart des autres le font aulfi. Ii. Sable. Tiré delà ter¬ re de Plom¬ bier. A fait cuîot , ôz s’elt vitrifié à moitié. des Sciences et Arts; 271 QUATRIEME TABLE Des Expériences faites fur difjérens fables. Defcriptioti, Couleur. Lieux où ils fe trouvent. Refait at. Effet de l’a¬ mant fur ces fa¬ bles. I. Sable. D’un jaunâtre un peu terreux. De S. Hier. Gris-capucin clair , a un peu pelotte'. Très-attirable à l’aimant. 2. Sable ou terre fableufe. Blanc ter¬ reux. De Provins. Blanc -ver¬ dâtre. N’eft point at- tirable. 3- Sable ou terre fableufe. Blanc - ter¬ reux. De Provins. Caffe au lait. N’eft point attirable. 4- , Sable. Blanchâtre , tirant un peu fur le jaune. Gris de lin. N’eft point at¬ tirable. Sable. Verdâtre. D’entre Séez & le Mellerau , en Norman¬ die. A fufé en grains brillans, 8c a fait culot de couleur de fonte de fer. Très-attirable à l’aimant. 6. Sable. Verd. De près Mou¬ lin en allant à la Trappe. Mafle noire , homogène 8c femblable à une matière : fondue. Très-attirable à l’aimant. 272 Mémoires sur différentes parties Defcript'wn, Couleur. Lieux où ils fe trouvent. Effet de l’ai- Résultat. mant fur ces fa¬ bles. T- Sable grave¬ leux. Jaunâtre. On s’en fert pour bâtir à Mortagne , au Perche. Les grains gra¬ veleux font de¬ venus blancs. Non attirabîe. 8. Sable. . Noir. Du bas de la montagne du Melle fur Sar- te. Comme le n». 6. Comme le n». 6. 9* Terre. Couleur de tabac d’Efpa- gne- D’entre Séez & Gaudichon, en Norman¬ die , on en peint les mai- îbns. Gris capucin avec des grains un peu plus fer¬ rugineux , a fait un culot peu lie'. Peu attirabîe. 10. Sable. Verd. Des monta¬ gnes deVillers- Coterell. Couleur d’o- cre cuite. CINQUIEME des Sciences et Arts. 273 CINQUIEME TABLE Des Expériences faites fur différentes terres. Defcription. Couleur. Lieux d’où on les t re. Réfultat. I0 Terre à bâtir. Jaune-pâle. Des terrieres d’ou l’on tire les terres à four & à brique des envi¬ rons d’Etampes. Eft devenue un peu moins jaune. z. Terre. Cendre'e. Du bord de la mer. Jaune- olive. î- Terre. Couleur maron clair. Du troifiéme & fixiéme lit du Mi- neret de Bre- teuil , en Nor¬ mandie. Maron foncé. 4- Terre. Capucin. Des carrières de marbre rouge de Sable' au Maine. Couleur de cho¬ colat. Terre. Jaune pâle. Des marbrières du marbre noir de Sablé. Maron foncé. 6. Glaife, Soude d’Alican te. Des verreries de Nevers. Jaune olive. Tome /, Mm ^74 Mémoires sur différentes parties Dcfcription. Couleur. Lieux d’oà on les t re. Réfultat. 7-, Terre glaifeufe. Blanche, un peu mêlée de rou¬ ge- | Frilè un peu plus ! bas que la terre i marbrée qui fe trouve entre les bans des marbriè¬ res de Caen. Blanc clair. 8. Terre dont on fait de la toile étant mêlée d’un peu d’argille. Blanche , mêlée d’un peu de rou¬ ge- De Saint-Mi¬ chel , près Tu- bœuf, peu éloi¬ gné de l’Aigle , en Normandie. Jaune mêlé d’un peu de blanc. 9. Terre. Marbrée, fond blanc , mêlé de rouge. 1 Trouvéd avec la rouge qui fe tire aux environs [ de l’Aigle. Devenue jaune mêlée d’un peu de blanc. IO. Argille. Brun clair. Dépofée par la Seine dans une grande inonda¬ tion dans le jar¬ din de feu M. d’Ons-en-Bray. Jaune d’ocre clair. n. Terre favon- neufe. - Blanche tirant un peu fur le yerd. Tirée de la nou¬ velle fontaine des bains de Plom¬ bières. Gris clair. 12- Glaife- Blanche , avec quelques petites parties jaunes. Des environs de Limoges. Jaune avec un peu de blanc. Terre bourbeufe. Grife. De Dieppe. Jaune de fou- fre. des Sciences et Arts. 27; PREMIERE TABLE Des Expériences faites fur différentes efpeces de pierres fous la voûte du four a porcelaine de Bagnolet. Defcription. Couleur. Lieux où elles fe trouvent. Re'fultat. I. Pierre grainue. Tabac d’Efpa- gne. Des landes de Mouan. Maron foncé de rouge. 2. Pierre grainue. Jaune-pâle. Des landes de Mouan. Gris de lin. Les bords fe font vi¬ trifiés , & font de¬ venus d’un allez beau blanc. 3- Pierre. ! Couleur de pier¬ re écaille de mer. Des environs d’Orléans. Blanche. . 4- Pierre. Couleur de café brûlé. On en bâtit à Laval au Maine. Café brû'é , un peu plus clair ; elle a un peufufé. .S- Pierre. Couleur de cail- [ lou ordinaire , mêlée de parties cryftallines. De la coude de la quatrième ter¬ re favonneufe de Plombières. Blanc-fale. M m ij 276 Mémoires sur différentes parties Defcription. Couleur. Lieux d’où elles font tirées. Réfultat. 6. Caillou. Rouge de corail. De Vendôme. Blanc cendré en- dedans, plus blanc en dehors. 7 Caillou. Noir. D’entre un lit de pierres marneu- fes. Café au lait. 8. Pierre. Jaunâtre, De Ver-eft, près Tours. Couleur d’agathe en partie noire. 9- Pierre. Couleur agathe. Des premières couches des mar¬ bres de Laval. Blanc fale & fria¬ ble. TO. Pierre. Rouille de fer. De Toul. Eft devenue m⬠che-fer; elle pour¬ rait être attirable à l’aimant. 1 1; Pierre» Jaune. A bâtir , de Nor¬ mandie. Noire , fpon- gieufe , mêlée de quelques parties couleur de fang, 8c d’autres deve¬ nues jaunes. ix- Caillou. Rouge mêlé de blanc. D’Orbec en Nor¬ mandie. Fond blanc vei¬ né de rouge pour¬ pre , foncé de noir. des Sciences et Arts, 277 Defcription. Couleur. » Lieu d' ou elles font tirées. Réfultat. i?- Caillou. Noir. Il fe trouve par¬ mi les pierres de Caumont. D’un très-beau blanc. 14. Pierre à fufil. Laiteufe 8c jau¬ ne. Du balfin de M. le Duc d’Or¬ léans à Sainte-Gé- neviéve. Couleur agathe mêlée de rouge foncé 8c d’un rouge plus clair. 1 1- Caillou de quartz. Blanc un peu jaune. De l’ille Notre- Dame à une lieue 8c demie de l’O¬ rient , en baffe Bretagne. D’un grand blanc. 1 5. Caillou de quartz. Marbre' rouge 8c blanc. De l’ille d’Aran à une lieue du port Louis , 8c à deux lieues de l’Orient. EU devenu blanc , le rouge s’elt fali. }7- Caillou de quartz. Noir. De Caragant , à deux lieues 8c demie de l’O¬ rient. EU devenu plus brun que noir, Sc a fufé promp¬ tement. 18. Caillou de quartz. Blanc un peu rouge pourpre. De Pille d’A¬ ran. D’un très-beau blanc , que rien n’égale ; non fria¬ ble. ip. Caiilou de quartz. Blanc, De Pille d’A¬ ran. D’un blanc un peu moins beau. 578 Mémoires sur différentes parties Defcrlption. Couleur. Lieux d’où elles font tire'es. » Réfultat . 20. Caillou de quartz. Cendré. De Pille d’Aran. Blanc fale ; il eft pelant. 21. Quatre cailloux de quartz. Blancs. De l’ifle d’Aran. Blancs comme celui du n^. 18, un peu friables. ! 22. Six cailloux. Quatre rouge d’ocre, deux mar¬ brés de blanc , fond brun. De Toul. Cailloux marbrés reliés avec leurs couleurs , un peu vitrifiés. Les rou¬ ges devenus cou¬ leur de chocolat. des Sciences et Arts, SE CON DE TABLE 279 Des Expériences faites fur différentes pierres fous La voûte a Porcelaine de B agnelet. Defcrivtion. _ , ! Lieux d’ou elles Couleur. \fûn[ Réfultat. I* Pierre. Couleur gris -ca¬ pucin. Du Mans. Gris-blanc; elle s’eit un peu vi¬ trifiée. 2. Pierre. Gris-blanc , mê¬ lée de petits points agathe. De Beaugency , près la riviere. Eft devenue fria¬ ble. 3- Pierre. Gris-clair. De Séez 8c le Mellereault. î A gardé fa cou¬ leur. 4* Pierre. Un peu verdâtre. De la mine de Mercure de Saint- Lô , en Norman¬ die. Blanche. f. Pierre. Gris-clair. De Beaugency. Blanche ; elle s’eft un peu vitrifiée. 6. Granité à gros grains 6c à pail¬ lettes talqueufes argentées. Gris 8c jaune. De Pont-Percé , près Pré-en-pail. Blanc par parties. Les parties blan¬ ches fe font beau- j coup vitrifiées. y- Pierre. Grife. De Mouan. Blanc-fale- \ aSo Mémoires sur différentes parties Defcription. Couleur. Lieux d’où elles font tirée s. Réfultat. 2. Pierre- Gris-clair blanc. Dans la voûte d’argent à Falai- fe. Gris-fale. 9- Pierre. Noire. De 1 i£[e je Bour¬ bon. A garde' fa cou¬ leur , 6c a un peu fufé. 10. Pierre de taille. Couleur de grès. De Loguenant , dans la rivière de Châteaulin , à quatre lieues de Breit. Verdâtre un peu gris. 1 1. Pierre cryftalline. Blanc-brun. D’Alençon. Plus brune, 8c fe détache par mor¬ ceaux. h. Pierre. . Noire. D’Alençon. Blanche, friable comme de la chaux. HUITIEME DES Sciences et Arts. 281, Mois & jours. Thermomètre. Variations de Voir. Mars 1761. Baromètre , S Jeudi Matin 6 7 1 Couvert , vent. 27 JL z Apr. m. 3 P,1 Couvert , bruine. 25 1 if Soir 12 4 Beau. 27 S Vend. Matin 6 21- Prefque couvert , vent. 27 1 Apr. m. 3 4y Preique couvert , vent. 27 3r Soir 12 3 Couvert. 27 y 7 Sam. Matin 6 0 Vaporeux. 27 Apr. m. 3 $ | Couvert. 27 M Soir 12 2 y Couvert. 27 5 8 Dim. Matin 6 3 Couvert. 27 5 Apr. m. 3 81 Couvert. 27 r 41 Soir 12 4 Prefque couvert. 27 r 0 — p Lundi Matin 6 3j Brouillard , nébuleux. 27 47 Apr. m. 3 6 Couvert , nébuleux. 27 3r Soir 1 2 3^ Nébuleux. 27 2 1 0 Mardi Matin 6 2 Couvert. 27 2 Apr. m. 3 7 Couvert , pluie à reprifes. 27 r 3 Soir 1 2 3 Prefque couvert. 27 r T 1 1 Merc. Matin 6 1 Brouillard. 27 2 Apr. m. 3 p~ Peu de nuages. 27 II r Soir x 2 5 Beau. 27 3 12 Jeudi Matin 6 3 Couvert. 27 4f Apr. m. 3 Si Vaporeux. 27 ’4~ Soir 1 2 2 Nébuleux , vent. 27 3 13 Vend. Matin 6 i| Couvert, vent. 27 Apr. m. 3 8 Vaporeux, vent en tourbillon. 27 4 Soir 1 2 3 1 Beau. 27 4r 1 4 Sam. Matin 6 i| Vaporeux à l’horizon. 27 y Apr. m. 3 1 1 Très-beau. 27 4 Soir 1 2 3 î Très-beau. 27 4 47 1 y Dim. Matin 6 1 Vaporeux à l’horizoni 27 Apr. m. 3 1 0 Très-beau. 27 4r Soir 1 2 3 Très-beau. 27 4r x 6 Lundi Matin 6 C Vaporeux à l’horizon; 27 y Apr. m. 3 pi Beau. 27 y Soir 1 2 3i Beau. 27 4r ï 7 Mardi Matin 6 f Un peu de brouillard. 27 yè Apr, m. 3 1 0 Beau, 2 7 y T omc I. O 0 2% 2 Mémoires sur Mois & jours. Thermomètre . Mars iy6i. 1 7 Mardi Soir 1 2 18 Merc. Matin 6 Apr. m. 3 Soir 12 1 p Jeudi Matin 6 Apr. m. 3 Soir 12 20 Vend. Matin 6 Apr. m. 3 Soir 12 2 1 Sam. Matin 6 Apr. m. 3 Soir 1 2 22 Dim, Matin 6 Apr. m, 3 DIFFÉRENTES PARTIES Variations de l’air. Baromètre. 3 2 1 1 4 2 1 1 4 2 12 4 3 12 3 3 P Apr. m, 3 Soir 1 2 26 Jeudi Matin 6 Apr, m. 3 Soir 1 2 27 Vend. Matin 6 Apr. m. 3 Soir i*2 2 8 Sam. Matin <3 Apr. m. 310 Soir 12 ^ Soir 12 4. I 2 3 Lundi Matin 6 2 \ Apr. m. 3 J | Soir 12 o a 24 Mardi Matin <3 o ji Apr. m. 3 3 1 Soir 12 1 a 2 5 Merc. Matin (S- o o ii o 2 3 ° 1 o 7 1 1 * £ 4 Beau. 27 Vaporeux à l’horizon. 27 Beau. 27 Beau. 27 V aporeux à l’horizon, 2 7 Beau. 27 Beau. 27 Vaporeux à l’horizon. 27 Beau, vaporeux à l’horizon. 27 Nébuleux. 27 Couvert. 27 Vaporofo -nébuleux. 27 Nébuleux. 27 Couvert & brouillard. 27 Vaporofo -nébuleux , quel¬ ques grains de neige ou pe¬ tite grêle. 27 Couvert. 27 Nébul. un peu de petite grêle.2 7 Couvert, 27 Beau. 27 Vaporeux à l’horizon , un peu de neige. 27 Nébuleux, un peu de neige. 27 Couvert. 27 Prefque couvert, un peu de neige. 27 Beau. 27 Beau. 27 V aporeux à l’horizon. 2 7 Nébuleux, 27 Beau. 27 Vaporeux. 27 Vaporeux. 27 Beau. 27 Vaporofo-nébuleux. 27 Vaporofo-nébuleux, 27 Beau» 2 7. 31 <31 5 3l 31 31 3f 31 4 31 41 a 2. 8 8 3 7 PI 10! Pl Si 2. *1 IOI 1 "T 1 1 71 7 Pl 8 <3f 7 ?! 8 des Sciences et Arts. 28? Mois & jours. Thermomètre. Mars 1761. 2p Dim. Matin 6 i Apr. m. 3 9 Soir 12 1 30 Lundi Matin 6 0 Apr. m. 3 8 Soir 12 4 3 1 Mardi Matin 6 Apr. m. 3 1 1 Soir 12 6 Avril. Matin 6 S 1 Merc. Apr. m. 3 6 Soir 12 0 2 Jeudi Matin 6 0 Apr. m. 3 S Soir 12 1 3 Vend. Matin 6 1 Apr. m. 3 3 Soir 12 2 4 Sam. Matin 6 2 Apr. m. 3 4 Soir 12 1 5 Dim. Matin 6 Apr. m. 3 7 Soir 12 2 6 Lundi Matin 6 Apr. m. 3 9 Soir 12 2 7 Mardi Matin 6 i Apr. m. 3 12 Soir 12 J 8 Merc. Matin 6 3 Apr. m. 3 12 Soir 12 <5 p Jeudi Matin 6 4 Apr. m. 3 12 Soir 12 7 10 Vend. Matin 6 5 Apr. m, 3 17 V ztiations de L’air , Baromètre, r Vaporeux. 27 p f Vaporofo-nébuleux. 27 8p 7 Beau. 27 pi Vaporeux. 27 pl Couvert, vaporeux. 27 7| î Couvert. 27 8 v Nébulofo- vaporeux. 27 8 Couvert, vaporeux. 27 i Couvert. 27 Petite pluie. 27 51 Couvert. 27 yi Beau. 27 61 Beau. 27 p | Nébuleux, vent fort. 27 7^ Beau , vent. 27 71 Couvert, vent allez fort. 27 yi î Pluie, vent violent. 27 1 f Pluvieux, vent violent, 26 11 { Couvert. 27 i Nébuleux. 27 2 Beau. 27 7 Couvert. 27 71 i Nébuleux, 27 (fi Beau. 27 81 7 Beau. 27 p Beau , vent. 27 6} Beau. 27 7 Vaporeux. 27 5 Beau, vent.' 27 4 Beau. 27 4 | Vaporeux. 27 4 Nébulofo-vaporeux; 27 2 Nébuleux. 27 i| i Brouillard, nébuleux. 27 1 Couvert, vent par intervalle. 27 1 Pluie. 27 - Nébuleux. 27 7 7 Nébuleux. 27 | O o i; 284 Mémoires SUR DIFFÉRENTES PARTIES Mois & jours, . Thermomètre. Variations de l’air . Baromètre. Avr. 1761. 10 Vend. Soir 1 2 12 Nébuleux. 27 I X 1 1 Sam. Matin 6 7 Pluie fine. 26 I04 Apr. m. 3 S Pluie , grand vent. 27 Soir 1 2 3 Nébuleux, vent. 27 2? 12 Dim. Matin 6 4 Nébuleux , vent fort. 27 I 3r Apr. m. 3 8 Nébuleux. 27 4T Soir 12 3 Nébuleux. 27 S 1 3 Lundi Matin 6 2 Couvert. 27 Si Apr. m. 3 12 Nébuleux. 27 Si Soir 1 2 6 Beau. 27 si 14 Mardi Matin 6 S Vaporeux. 27 6 Apr. m. 3 1S Vaporeux. 27 Si Soir 1 2 7 Beau. 27 6 1 < Merc. Matin 6 7 Nébuleux. 27 S{ s Apr. m. 3 10 Nébuleux. 27 61 A. Soir 12 S Beau. 27 S{ 16 Jeudi Matin . Beau. Nébuleux, grand vent. 2 6 10! 26 io| 26 10! * Le lever du Soleil n’a pu être vû à caufe du rideau de nuages _ qui œuvrait l’horizon. Le Soleil a été découvert à environ 4 heures 8 minutes; Vénus étoit déjà avancée fur le Soleil : le Soleil a été caché par le brouillard à p heures 40 minu¬ tes : ce brouillard eft devenu fubitement très-épais. Le Thermomètre étoit alors_ a ni, le Baromètre à a 6 u|. Le Soleil a reparu à 6 heures , il y a eu enfuite beaucoup de nuages. 7 Dimanche des Sciences et Arts. 289 Mois & jours. Thermomètre. Variations de l’air. Baromètre. Juin 1761. ^ Beau. 26 T 7 Dim. Soir 12 1 2 IOt 8 Lundi Matin 6 12 Beau. 2 6 I I Apr. m. 3 19 5 Nébuleux. 2 6 I I Soir 12 13 { Couvert , vent. 26 IOT 9 Mardi Matin 5 12 f Nébuleux & très-grand vent.2<3 10 10 IO 1 Apr. m. 5 13 Nébuleux , grand vent, 27 14- Soir 12 7 ■t Beau , vent. 27 3 loMerc. Matin 6 7 i Beau. 27 Apr. m. 3 13 1 Nébuleux, vent. 27 4 Soir 12 1 1 Beau. 27 4 1 1 Jeudi Matin <3 10 Beau. 27 3, Apr. m. 3 Quelques nuages» 27 „ 3 5 4 Soir 12 12 Beau. 27 3r i2 Vend. Matin <3 13 f Nébuleux. 27 3 r Apr. m. 3 20 Couvert. 27 2 Soir 12 13 t Couvert. 27 13 Sam. Matin <3 13 f Nébuleux. 27 3r Apr. m. 3 23 | Nébuleux. 27 1 Soir 12 M | Beau. 27 Q 14 Dim. Matin 6 14 Beau. 27 M Apr. m. 3 22 Quelques nuages , vent. 27 1 Soir 12 17 ~ Nébuleux. 27 1 13 Lundi Matin 6 17 Beau. 27 I Apr. m. 3 24 i Nébuleux, vent. 27 Z Soir 12 18 Beau. 27 3 4 ,ï <3 Mardi Matin 6 17 Beau , pluie fur les 7h, ton nerre à 1 1 jufqu’à 1 j h. par intervalles. 27 I Apr. m. 3 20 Pluie peu confidérable. 27 5 4 Soir 12 1 <3 Couvert. 27 3 4 17 Merc. Matin <3 1 <3 \ Beau. 27 Apr. m. 3 2 3 \ Beau. 2(3 I I Soir 12 19 \ Quelques nuages. 2(3 IOI X 1 8 Jeudi Matin 6 18 \ Beau. 26 I 1 12 2(3 £ Apr, m, • 3 23 1 Pluie dorage , ouragan < 5c tonnerre , petite pluie }. P P. Toitk 1, spo Mémoires sur Mois & jours. Thermomètre. Juin i 761. 1 8 Jeudi Apr. m. Soir ip Vend, Matin Apr. m. Soir 20 Sam. Matin Apr. m. Soir Soir DIFFERENTES PARTIES Kanations de L’air. Baromètre., Soir Soir 24 Merc. Matin Apr. m Soir 25* Jeudi Matin Apr. m. 3 ip t Soir i2 14 4 26 Vend. Matin $ 12 Apr. m. 322 Soir 12 14 27 Sam. Matin 6 13 Apr. m. 3 22 Soir 12 14 4 28 Dim. Matin J 13 3 M \ vent inconftant. 26 12 1 6 f Nuages à l’horizon. 26 6 17 Beau. 26 3 2S 4 Vent & orage fur les 4 h. 26 12 17 5 Beau , éclairs & nuages \ a Phorizon. 26 6 16 1 Couvert. 27 3 21 | Orage qui a commencé \ a midi ôt demi. •27 12 24 1 Beau. 27 5 l9 Nébuleux. 27 3 24 i Nébuleux. 26 12 18 Nébuleux. 26 Nébuleux. 27 3 20 Nébuleux. 27 12 16 Nébuleux. 27 6 16 Nébuleux. 27 3 21 Nébuleux. 27 12 14 5 Prefque couvert. 27 6 12 ï Quelques nuages, nébuleux enfuite. 27 3 ip 3 Nébuleux. 27 12 13 Un peu nébuleux. 27 6 12 ï Vaporeux à l’horizon, nébu- leux enfuite. 2 27 Nébuleux. 26 1 1 Apr. m. Soir 3 22 | 12 16 Quelques petits nuag. à l’hor.27 Vaporeux à l’horizon, un peu nébuleux enfuite. 27 Nébuleux. 27 Beau. 27 V aporeux à l’horizon. 2 7 Nébuleux. 27 Beau. 27 Vaporeux à l’horizon , un peu nébuleux enfuite. 27 Nébuleux. 27 Beau. 27 «JM'-* "M*-** fr»|M H|M yjjn 4».Jm *■»!*■* t* | «£ |m h !' JÆois & jours. Juin 1/6 1. 29 Lundi des Sciences et Arts. Thermomètre. Variations de L’air. 2Ç) I Baromètre. 30 Mardi Juillet. 1 Merc, Matin 3 1 3 Apr. m. 321 Soir 12 1 6 Matin 3 1 q. Apr. m, 321 Soir 12 17 Matin 6 1 6 Apr. m. J 21 Soir 12 17 2 Jeudi Matin S 1 S Apr. m. 3 2 6 Soir 12 iB 3 Vend. Matin 6 \6 Apr. m. 3 2J Soir 12 19 q, Sam. Matin 6 17 Apr. m. 3 Soir 12 12 $ Dim. Matin <3 I I Apr. m. 3 17 Soir 12 I I 6 Lundi Matin 5 9 Apr. m. 3 18 Soir H Vaporeux à l’horizon , nébu¬ leux enfuite. Tonnerre avec pluie à 2 re prifes. Beau. Vaporeux à l’horizon , nébu buleux enfuite. Couvert. Quelques nuages. ques nuages , tonnerre , que fans pluie. nébuleux nébuleux enfuite. Beau. Vaporeux à l’horizor leux enfuite. Nébuleux. Beau. Vaporeux. Vaporeux, nébuleux de tonnerre. Nébuleux. leux enfuite. Nébuleux , quelques coups de tonnerre fans pluie & avec vent du fud-oueft, pe¬ tite pluie enfuite à pluf. rep.2 6 Couvert. 26 Prefque coxivert. 2 6 Nébuleux. 27 Quelques nuages. 27 Vaporofo- nébuleux. 27 Prefque couvert, enfuite très- nébuleux. 27 Prefque couvert. 27 Ppij 27 I*T 2. 27 27 I 27 i 4 27 27 9 >s - 27 9 26 I I 26 1 I 26 I I 26 9 4 26 ioi 26 >S i°r 26 8Î 2 6 81 i- 2 6 81 2ç>2 Mémoires sur différentes parties Mois & jours. Thermomètre. Variations de l'air. Baromètre, J U! II. I761. 7 Mardi Matin 5 13 Très-nébuleux. 27 II Apr. m. 3 22 7 Très-nébuleux, coups de ton nerre, petite pluie. 27 Soir 12 i5 J Nébuleux. 26 II? 8 Merc. Matin 5 M Très-nébuleux, coups de ton nerre, enfuite petite pluie.2 5 ni Apr. m. 3 21 4 Nébuleux, pluie, vent. 26 9k Soir 1 2 12 f Couvert. 26 1 1 $ Jeudi Matin y 1 1 Prefque couvert , pluie. 2 5 nf Apr. m. 3 i5 Nébuleux. 27 r 2, Soir 12 8 Quelques petits nuages. 27 ii 4. 10 Vend. Matin y 8 Très-nébuleux. 27 2 Apr. m. 3 17 f Nébuleux. 27 2i Soir 1 2 12 Quelques nuages. 27 3 1 1 Sam. Matin 5 13 Très-nébuleux , pluie , ton¬ nerre avec averfe. 27 O i. Apr. m. 3 16 Très-nébuleux , pluie. 27 if Soir 12 12 Couvert. 27 2 12 Dim. Matin 5 12 4 Couvert. 27 if Apr. m. 3 !7 i Nébuleux , tonnerre , avec grande pluie. 27 1 Soir 1 2 14 Nébuleux, 27 if 15 Lundi Matin 5 13 { Beau. 27 Apr. m. 3 2 1 f Nébuleux. 2tr I °f Soir 1 2 17 Couvert. 26 I I 1 4. Mardi Matin 5 i5 Nébuleux. 26 Ilf Apr. m. 3 f Très-grand vent, petite pluie a y heures. 26 I I Soir 12 14. f Nébuleux. 26 Ilf 1 y Merc. Matin 5 I4 | Prefque couvert. 2 5 I I Apr. m. 3 22 Nébuleux , grande pluie a 1 5 heures. 25 10 Soir 1 2 *4 a Petite pluie. 25 1 of 1 5 Jeudi 17 Vend. Matin Apr. m. <5 3 12 1 1 Soir 12 10 Matin 5 o Très-grand vent, nébuleux. 26 11 Grand vent & tonnerre à 1 heure & demie. 27 Pluie. 26 a Pluie prefque toute la matin, 27 des Sciences et Arts. Mois & jours. Thermomètre. Variations de L'air. Baromètre Juill. 1761. ' [17 Vend. Apr. ni. 3 13 Pluie , vent nébuleux, pluie à plusieurs reprifes , & quel- quefois en averfe. 27 Soir 12 12 7 Nébuleux, vent. 27 f ii 8 Sam. Matin 6 13 Prefque couvert. 26 4 I ï| Apr. m. 3 18 7 Nébuleux, vent, pluie à re prifes & forte. 26 I Or Soir 12 14 Petite pluie. 26 3 IO4 ;ip Dim, Matin <5 1 1 7 Prefque couvert , vent. 26 .oi Apr. m. 3 13 \ Nébuleux , vent. 2 6 ..f Soir 12 9 i Quelques petits nuages. 27 20 Lundi Matin 6 10 f Nébuleux, vent. 27 _r 3 Apr. m. 3 *3 1 Nébuleux , vent. 27 1 2. Soir 12 12 Prefque couvert, vent. 27 r z 21 Mardi Matin 6 10 Prefque couvert, vent, pluie .27 j_ Apr. m. 3 14 | Nébuleux, vent , petite pluie.2 7 I Soir 12 1 1 Nébuleux, vent. 27 U 22 Merc. Matin 6 1 1 Couvert, vent, bruine à re s prife, puis pluie forte. 27 1 Apr. m. 3 13 7 Nébuleux. 27 1 Soir 12 1 1 Un peu nébuleux. 27 2 23 Jeudi. Matin 6 12 Couvert. 27 2 Apr. m. 3 20 7 Nébuleux. 27 2 Soir 1 2 13 Nébuleux, prefque couvert. 27 4 24 Vend. Matin 3ï I4 7 Pluie à reprifes. 26 1 1 Apr. m. 3 14 i Prefque couvert. 26 9{ Soir 12 10 Nébuleux. 26 10 23 Sam. Matin 10 Prefque couvert. 26 1 1 Apr. m. 3 16 7 Nébuleux, petite pluie. 26 1 ii. Soir 12 13 Couvert, petite pluie. 27 7m I 2 6 Dim. Matin 6 12 Vaporeux à fhorizon, nébu- 7m leux enfuite , petite pluie.2 7 Z* Apr. m. 3 17 l Prefque couvert. 26 1 1ï Soir 12 1 1 Un peu nébuleux. 2J 27 Lundi Matin 10 Nébuleux, vent. 27 t Apr. m. 3 14 Nébuleux, averfe à plufieurs reprifes, 27 2 Soir 12 8 | Beau. 27 31 soi Mémoires SUR DIFFÉRENTES PARTIES Moij & jours. Thermonu rire. Variations de L’air. Baroi Juill. iy66. 2 8 Mardi Matin $ 9 r Couvert , bruine très - ■ fine toute la matinée. 27 Apr. m. 3 14 ? Couvert. 27 Soir 1 2 12 7 Un peu nébuleux. 27 2jj Merc. Matin 6 10 ~ Nébuleux. 27 Apr. m. 3 18 Nébuleux. 27 Soir 12 12 Beau. 27 30 Jeudi Matin 6 12 Vaporeux à l’horizon. 27 Apr. m. 3 20 7 Vaporeux, petite pluie. 27 Soir 1 2 1 6 Pluie en averfe. 27 3 1 Vend. Matin 6 14 Quelques nuages. 27 Apr. m. 3 17 7 Nébuleux. 27 Soir 1 2 20 7 Beau. 27 Matin d 9 | Vaporeux à l'horizon. 27 1 Sam. Apr. m. 3 19 | Nébuleux. 27 Soir 1 2 12 i Vaporeux. 27 2 Dim. Matin 6 1 1 Prefque couvert , tonnerre ôc pluie. 27 Apr. m. 3 16 f Prefque couvert , tonnerre , pluie à reprife. 27 Soir 1 2 1 1 Couvert. 27 3 Lundi Matin 6 1 1 t Pluie la nuit , prefque cou- vert , nébuleux. 27 Apr. m. 3 1 6 7 Nébuleux. 27 Soir 1 2 12 Couvert , vent nord-oueft. 27 4 Mardi Matin 6 13 Couvert , nébuleux. 27 Apr. m. 3 19 a Nébuleux, pluie. 27 Soir 12 14 Pluie. 27 5 Merc. Matin 6- 14 Pluie forte la nuit, nébuleux.27 Apr. m. 3 M | Couvert , pluie forte. 27 Soir 12 !* Quelques nuages. 27 6 Jeudi. Matin j 13 Prefque couvert. 27 Apr. m. 3 20 Nébuleux. 27 Soir 12 1 J Couvert. 27 7 V end. Matin 6 14 7 Couvert, nébuleûx. 27 Apr. m. 3 l8 ■| Nébuleux. 2 Merc. Matin 6 1 3 1 Vaporeux à Phorizon; 27 4- Apr. m. 3 23 Beau, un peu de vent. 27 1 Soir 12 17 Beau. 27 2L xo Jeudi Matin 6 14 \ Vaporeux à l’horizon. 27 i 21 Apr. m. 323 i Serein, vent Eft-Sud. 27 5 Soir 12 17 i Beau. 27 I .11 Vend. Matin 6 14 x Vaporeux à l’horizon.’ 27 1 I Aï Apr. m, 3 23 \ Vaporeux à l’horizon. 26 9 Soir 12 17 f Beau. 26 xot Tome /, Qq 2p8 Mémoires sur différentes parties Mois & jours. Thermomètre. Variations de l’air. Sept. ij6i. Baromètre. 12 Sam. Matin 6 14 1 Vaporeux à l’horizon. 2 6 ni Apr. m. 3 2$ Beau , vent. 25 P Soir 12 1 6 i Beau , un peu de vent. 2 6 Pi 1 3 Dim. Matin 6 13 | Petite pluie la nuit , beau le matin , couvert enfuite , Apr. m. 3 iy vent Nord. 27 £ f Prefque couvert. 27 X 21 Soir 1 2 p t Beau. 27 % 3 14 Lundi Matin 6 7 T Vaporeux à l’horizon. 27 3r Apr. m. 315 \ Beau. 27 2i Soir 12 p Beau. 27 3 15 Mardi Matin 6 7 i Beau. 27 3 Apr. m. 315 y Un peu nébuleux. 27 IT Soir 1 2 12 î Couvert. 27 x 6 Merc. Matin 6\ 1 1 Apr. m. 3 12 Couvert , petite pluie r reprifes. 327 Soir 12 Pluie. 27 17 Jeudi Matin 6 7 \ Vaporeux à l’horizon. 27 1 Apr. m. 3 14 Prefque couvert. 27 2 Soir 12 p i Quelques nuages. t Quelques petits nuages. 27 3 18 Vend. Matin 6 7 27 3ï Apr. m. 3 ip Nébuleux. 27 i£ Soir 12 11 ~ Beau. 27 2? ip Sam. Matin 6 p Nébuleux. 27 2 Apr. m. 3 ip \ Quelques petits nuages. 27 I* Soir 12 12 Serein. 27 2| 20 Dim. Matin 6 8 i Vaporeux à l’horizon. 27 I Apr. m. 3 ip } Quelques nuages. 27 Soir 12 13 Prefque couvert. 27 If 2 1 Lundi Matin 6 1 0 ï Prefque couvert. 27 l| Apr. m. 314 \ Prefque couvert. 27 l| Soir 12 10 £ Beau. 27 ï? 22 Mardi Matin 6 8 Prefque couvert. 27 I Apr. m. 317 1 Prefque couvert. 27 1 X Soir 12 13 Vaporeux. 27 I 23 Merc. Matin 6 1 0 4 Couvert. 27 I Apr. m. 3 1 6 7 Couvert. 27 2 Soir 12 13 f Couvert, 27 3 des Sciences et Arts. Mois & jours. Thermomètre. Variations de l'air. Sept. 1761. *99 Baromètre . 24 Jeudi Matin 6\ 12 Apr. m. 320 Soir 12 13 2 y Vend. Matin 6 1 1 Apr. m. 318 Soir 12 14, 26 Sam. Matin 6 12 Apr. m. 313 Soir 12 p 27 Dim. Matin 6 6 Apr. m. 3 n Soir 12 10 28 Lundi Matin 6 6 Apr. m. 3 10 Soir 12 3 23» Mardi. Matin 6 3 Apr. m. 3 Soir 1 2 3 30 Merc. Matin 6 2 Apr. m. 3 4 Soir 12 * Octobre. Matin 7 o 1 Jeudi Apr. m. 3 3 Soir \2{ 1 2 Vend. Matin 6 o Apr. m. 3 3 Soir 12 1 3 Sam. Matin 6 1 Apr. m. 3 1 Soir 12 1 4 Dim. Matin 6 o Apr. m. 3 6 Soir 12 * 1 Prefque couvert. 27 T Quelques nuages. 27 k Beau. 27 Brouillard. 27 r Couvert, tonnerre à 2 h. 27 Couvert { heure. 27 Quelques nuages. 27 Prefque couvert. 27 { Couvert. 27 i Nébuleux. 27 i Nébuleux. 27 Couvert. 27 Prefque couvert, averfe à heures. 27 Nébuleux, petite pluie à p h. du foir. 27 k Nébuleux, 27 k Beau. 27 - Couvert. 27 i Beau. 27 | Prefque couvert. 27 Beau. 27 i{ Nébuleux. 27 - Très-nébuleux. 27 Couvert. 27 1 Couvert , un peu de neige fondante, bruine à reprif.27 1 Couvert. 27 Couvert. 27 Neige la nuit , & dans la ma¬ tinée à reprifes : elle eft grainue. Neige grainue, fondante. Couvert. Couvert. Nébuleux. Couvert. -» — 2 1 Sr 3ï 3 6 6k 6\ 6 7 6 S 6k 6 6 Qqü 27 3 *7 4ï 27 4 27 3? 27 3r 27 3oo Mémoires sur différentes parties Mois & jours. Thermomètre. Variations de l’air. Earomêtre. Oïï. 1761. 5 Lundi Matin 5 2 Couvert ôc brouillard. 27 51 Apr. m. 3 6 1 Couvert. 27 4f Soir 1 2 5 î Bruine. 27 4? 5 Mardi Matin 5 4 } Couvert. 27 51 Apr. m. 3 5 Couvert. 27 5 Soir 1 2 4 Couvert. 27 4ï 7 Merc. Matin 5 3 { Couvert, bruine. 27 5; Apr, m. 3 4 ~ Pluie forte , 6c moins forte enfuite. 27 4 Soir 1 2 3 1 Couvert. 27 4 8 Jeudi Matin 6 1 \ Quelques nuages à l’horizon ? brouillard peu après. 27 4ï Apr. m. 3 * { Quelques nuages. 27 4 Soir 1 2 3 Couvert. 27 4 p Vend. Matin 5 2 1 Prefque couvert. 27 4r Apr. m. 3 7 Quelques nuages. 27 4 Soir 12 2 i Très-peu de nuages. 27 3? 1 0 Sam. Matin 7 3 1 Couvert. 27 4 Apr. m. 3 8 1 Couvert, petite pluie. 27 2 Soir 1 2 5 1 Bruine. 27 3 1 1 Dim. Matin 5 6 4 Bruine la nuit, couvert. 27 3 Apr. m. 3 7 1 Prefque couvert. 27 3 Soir 12 S | Couvert. 27 i 2 Lundi Matin 5 6 Couvert. 2? Apr. m. 3 12 Prefque couvert. 25 10! Soir 12 9 Couvert. 25 10 1 3 Mardi Matin 5 8 1 Petite pluie la nuit , couvert peu après pluie. 25 10 Apr.m. 3 9 1 Pluie. 2 5 10 Soir 1 2 8 i Couvert. 25 n 1 4 Merc. Matin 5 8 i. Pluie la nuit, couvert, pluie peu après. 25 1 1 Apr. m. 3 9 1 Beaucoup de nuages. 27 Soir 12 7 1 Couvert. 25 1 1 1 5 Jeudi Matin 5 7 1 Pluie la nuit & le matin. 25 Apr. m. 3 Prefque couvert. 25~ 1 1 Soir 1 2 5 Nébuleux. 25 1 5 Vend. Matin 5 6 i Couvert. 2 5 1 des Scie Mois & jours* Thermomètre. Oci. 1761. \\6 Vend. Apr. m. 3 10 Soir 12 10 17 Sam. Matin 6 11 Apr. m. 3 ij \ Soir 12 11 1 8 Dim. Matin 6 1 1 Apr. m. 3 13 \ Soir 12 10 s. 9 Lundi Matin 6 8 Apr. m. 3 1 2 \ nces et Arts. Variations de l’air. 301 Baromètre, Soir 12 10 20 Mardi Matin 6 p Apr. m. 3 Soir 12 21 Merc. Matin 6 Apr. m. 3 Soir 12 22 Jeudi Matin 6 Apr. m. 3 Soir 1 2 23 Vend. Matin 6 Apr. m. 3 Soir 1 2 24 Sam. Matin 7 Apr. m. 3 Soir 1 2 25 Dim. Matin 6 Apr. m. 3 Soir 1 2 2 6 Lundi Matin 6 Apr. m. 311 Soir 12 8 27 Mardi Matin 7 Apr. m. 3 Soir 1 2 28 Merc. Matin 6 Apr. m, 310 9 6 6 7 3 3 4 i 1 5 2 3 6 3 4 9 7 5 7 9 7 6 Couvert. 2 6 10 Couvert. 2 6 P Nébuleux. 26 8 Nébuleux. 26 Pi- Pluie forte.' 26 5 1 0 Couvert , pluie peu après. 2 6 Sï Prefque couvert. 27 Nébuleux. 27 Couvert & brouillard. 26 1 ii Nébuleux, pluie le foir à plu 4 lieurs reprifes , & forte. 27 Couvert. 2 6 P Quelques nuages; 26 P Prefque couvert. 26 10 Petite pluie. 26 i°r Couvert. 27 & Prefque couvert. 27 4 Nébuleux. 27 * Nébuleux. 27 <>i Quelques nuages. 27 7 27 Pf Couvert. 27 I°| Nébuleux. 27 10 Couvert. 27 loi Couvert. 27 Pi Couvert , bruine fur le foir. 27 7 Pluie a fiez forte. 27 ff Pluie la nuit ôc le matin. 27 3£ Quelques nuages-. 27 II 2. Prefque couvert. 27 I Prefque couvert. 27 II Couvert, pluie le foir. 27 r T Pluie. 27 1 Couvert. 27 if Prefque couvert, bruine. 27 if Prefque couvert. 27 3 Brouillard. 27 4 Nébul, petite pluie le foir, 27 2 302 Mémoires SUR DIFFÉRENTES PARTIES Mois & jours. Thermomètre. Variations de l’air. OSl. 1761. Baromètre. 28 Merc. Soir 12 6 \ Couvert. 27 3{- 29 Jeudi Matin 7 6 1 Couvert. 27 5 Apr. m. 3 7 - Pluvieux. 27 Soir 12 7 Couvert. 27 S joVend. Matin 7 6 Couvert. 27 3r Apr. m. 3 6 ! Nébul. bruine l’après midi. 27 4P Soir 12 3 Couvert. 27 3 3 1 Sam. Matin 7 4 a Couvert. 27 ; 3ï Apr. m. 3 3 1 Couvert, bruine. 27 Soir 1 2 3 Couvert. 27 Novemb. Matin 7 3 Couvert. 27 1 Dim. Apr. m. 3 p { Couvert, bruine. 27 * Soir 1 2 5 a Couvert. 27 7 2 Lundi Matin 7 6 Couvert , bruine. 27 7t Apr. m. 3 6 Couvert. 27 (J Soir 1 2 3 Couvert. 27 3 Mardi Matin 6 4 1 Couvert. Apr. m. 3 3 a Couvert , bruine à repri- Soir 1 2 4 Tes. 27 2 Couvert. 27 4 Merc. Matin 7 1 a Couvert. 27 Apr. m. 3 3 a Vaporeux. 27 4 Soir 1 2 1 1 Couvert. 27 4r 5 Jeudi Matin 7 1 1 Couvert. 27 3l Apr. m, 3 6 4 Vaporeux. 27 2A Soir 1 2 4 i Couvert. 26" Ir IA '6 Vend. Matin 7 3 1 Couvert. 27 4 2 Apr. m. 3 6 1 Bruine. 27 I Soir 1 2 6 Couvert. 27 7 Sam. Matin 7 6 a Couvert. 27 i| Apr. m. 3 7 Couvert. 27 1 Soir 1 2 4 1. Couvert, vent Nord-Eft. 27 2 8 Dim. Matin 7 3 Couvert, pluie. 27 2r Apr. m. 3 3 a Couvert. 27 il Soir 12 3 a Couvert. 27 1^ 9 Lundi Matin 7 Pluie la nuit , pluie. 27 I Apr. m, 3 3 a Couvert , pluie. 27 jr Soir 12 3 Couvert? vent Sud-Oueft. 27 2 •Ukà OUENCES ET ARTS. Mois & jours. Thermomètre. Variations de l’air. 303 baromètre. Nov. 1761. 10 Mardi Matin 7 3 Pluie la nuit & vent , COU- Apr. m. 3 3 vert. 27 5! 1 Couvert. 27 Soir 12 3 ï Couvert. 27 2 [i 1 Merc. Matin 7 2 2 Nébuleux. 27 U Apr. m, 3 6 5 Nébuleux. 27 + U Soir 12 4 | Petite pluie. 27 4 2 12 Jeudi Matin 7 3 Pluie la nuit, prefque COU- Apr. m. 3 6 vert. 27 I { Prefque couvert. 27 £ Soir 12 3 Très-nébuleux. 27 2. 2 '13 Vend. Matin 7 3 Nébuleux. 27 3 Apr. m. 3 7 - Quelques nuages. 27 il Soir 12 3 Prefque couvert. 27 2I 14 Sam. Matin 7 3 Couvert. 27 4* I Apr. m. 3 i Pluie à reprifes. 26 IO Soir 12 7 t Pluie. 26 10 13 Dim. Matin 7 7 Vaporofo-nébuleux. 26 8| Apr. m. 3 1 0 1 Prefque couvert. 27 7r Soir 12 p k Couvert. 2 6 7| il 5 Lundi Matin 7 7 i Pluie la nuit, couvert. 2 6 7 Apr. m. 3 7 * Couvert. 26 8 Soir 12 7 - Nébuleux. 26 7 17 Mardi Matin 7 3 Brouillard. 26 8i Apr. m. 3 3 Couvert. 2 6 & 8 Soir 12 3 , ï Couvert. 26 iü il 8 Merc, Matin 7 2 Vaporofo-nébuleux. 27 » 2 Apr. m. 3 t Nébuleux. 27 1 Soir 12 4, Prefque couvert. 27 21 iip Jeudi Matin 7 1 | Couvert. 27 2. * Apr. m. 3 3 j Nébuleux. 27 5"f Soir 12 1 \ Couvert. 27 £ 20 Vend. Matin 7 1 1 Couvert. 27 10i Apr. m. 3 2 1 Nébuleux. 1 Couvert. 27 8 Soir 1 2 27 7f 2 1 Sam. Matin 6 3 Petite pluie.1 27 £ Apr. m. 3 6 \ Couvert. 27 Soir 12 3 Prefque couvert. 27 4ï 304 Mémoires sur différentes parties Mois & jours. Thermomètre . Variations de L’air. Baromètre . Nov. 1761. 22 Dim. Matin <5 3 i Nébuleux. 27 3 Apr. m. 3 7 i Vaporofo-nébuleux. 27 i. X Soir 124 Beau. 27 £ T 23 Lundi Matin 7 3 i Couvert. 27 £ l Apr. m. 3 6 i Couvert, pluie l’après midi. 2 5 II Soir 12 4 Couvert. 27 2 24 Mardi Matin 7 3 i Couvert. 27 2Ï Apr. m. 3 7 i Nébuleux; 27 I Soir 12 4 Couvert. 27 I 23 Merc. Matin 7 3 z Prefque couvert. 26 i 1 1 Apr. m. 3 3 i Couvert , pluie l’après midi. 26 8 Soir 12 3 | Couvert. 26 9 2 5 Jeudi. Matin 7 3 Pluie. 26 pi Apr. m, 3 1 i Petite pluie avec neige grai- nue , fondante. 26 10 Soir 120 Si Beau. 27 r 4+ 27 Vend. Matin 7 0 2 Prefque couvert. 27 îi Apr. m. 3 1 Quelques nuages rares. 27 2 Soir 12 0 S\ Vaporofo-nébuleux. 27 3 a B Sam. Matin 7 0 sk Couvert , neige grainue & a étoiles. 27 2Î Apr. m. 3 0 ij Neige étoilée. 27 r i Soir 120 4} Quelques nuages rares. 27 I apDim. Matin 7 0 4 Couvert. 27 LaVijtuie Apr. m. 3 0 1 Vaporofo-nébuleux, 25 eharioitleauc. Soir 12 O 4 Vaporeux. 25 1 1 30 Lundi Matin 7 0 3 Couvert. 25 nf \ Apr. m. 3 0 i\ Quelques nuages, neige; 25 10 Soir 12 0 2 Couvert. 2 5 p Décembre. Matin 7 p Si Couvert, neige grainue & 1 Mardi avec petites étoiles fimples.2 5 I04 Apr. m. 3 0 2- Nébuleux. 25 loi IO O 4f Soir 12 o si Couvert. 2 5 io~ .a Merc. Matin 70 2j Couvert , neige grainue & à étoiles fimples & grainues.25 1 1 ~ Apr, m. 301 Nébuleux. 26 10 Soir 12 o 2 y Vaporeux, 27 f 3 Jeudi des Sciences et Arts. 303 Mois & jours. Thermomètre. Variations de L'air. Baromètre. Nw. 1761. î 1 4 3 Jeudi Matin 7 0 ii Couvert. 27 On paffe far la gl. dans des endroits de La Vijlttle. Apr. m. 3 0 Soir 12 0 \ Couvert. 2 Neige fine grainue. 27 27 4 Vend. Matin 7 0 54 Couv. neige gr. étoiles gr. en plumes , & d’imparfaites. 27 jr_ z. Apr. m. 3 0 2\ Couvert. 27 Soir 120 Beau. 27 $ Sam. Matin 7 0 4 Couvert. 27 8 Apr. m. 3 0 3 Couvert. 3j Un peu de neige grainue 27 <*ï Soir 120 ) vent Sud-Oueft. 27 S 6 Dim. Matin 7 0 3ï Neige toute la nuit 6c le matin. 27 6 Apr. m. 3 0 Neige. 27 5 Soir 120 iÿ Couvert. 27 4r 7 Lundi Matin 7 0 4 Couvert. 2 f Vaporeux à l’horizon. 27 Apr. m. 3 0 27 4t Soir 12 0 5 Nébuleux. 2? 4> § Mardi Matin 7 0 Vaporofo-nébuleux, 27 4i Apr. m. 3 0 2\ Vaporeux. 27 3î Soir 120 4j Quelques nuages rares. 27 4 9 Merc. Matin 7 0 Couvert. 27 S Apr. m. 3 0 4! Couvert } un peu de neige grainue ôc étoilée. 27 4 Soir 120 8j Prefque couvert. 27 <5ï 10 Jeudi Matin 7 0 ni Couvert. 27 Apr. m. 3 0 10Î Couvert, 27 P Soir 120 1 2 Couvert. 27 9\ [11 Vend. Matin 7 0 1 3 Couvert. 27 9\ Apr. m. 3 0 1 1| Beau. 27 10 Soir 120 1 5 Beau. 27 ioi 12 Sam, Matin 7 0 1 Vaporeux à l’horizon.1 27 1 r Apr. m. 3 0 iof Nébuleuxàl’horizon.unpeu de neige la foirée. 27 Pr Soir 120 11 Nébuleux. 27 7? 1 3 Dim. Matin 7 0 iif Vaporeux. 27 8 Apr. m. 3 0 7f Vaporofo-nébuleux. 27 Soir 120 1 C Beau. 27 Tome I, Rr 306 Mémoires sur différentes parties Mois & jours. Thermomètre. Variations de T air. Baromètre. ÿtiVjo De'c. 1761. 1 4 Lundi Matin 7 0 12 Vaporeux à l’horizon. 27 6\ Par. 170 2|Jeui Apr. m. 3 0 Prefque couvert. 27 4 Vei Soir 120 4 4 Nébuleux. 27 4 1 5 Mardi Matin 7 0 2s Couvert, petite bruine. 27 4 Apr. m. 3 1 ï Un peu nébuleux. 27 3 Soir 1 2 i Couvert. 27 2* 2$ Sam itfMerc. Matin 7 \ Couvert. 27 3 Apr. m. . 3 2 \ Couvert. 27 *T Soir 12 1 Couvert. 27 3 27 Dir 117 Jeudi Matin 7 | Couvert. 27 3 Apr. m. 3 ï ~ Couvert. 27 2 Soir 12 1 i Couvert. 27 1 28 b U 8 y end. Matin 7 1 1 Couvert. 27 2i Apr. m. 3 1 1 Brouillard. 27 2^ Soir 12 1 Couvert. 27 T 2 20 Mi \ï§ Sam. Matin 7 1 Apr. m. 3 1 Brouillard, un peu de neige grainue. 27 j Couvert. 27 2 30 M Soir 12 0 i Couvert. 27 3 20 Dim. Matin 7 0 ii Couvert. 27 41 4 Apr. m. 3 0 11 Couvert. 27 31 J Soir 120 21. Couvert. 4 Couvert. 27 4 21 Lundi Matin 7 0 27 Apr. m. 3 0 2\ Couvert. 2? 5* / 1 Soir 120 3 F Couvert. 27 s 22 Mardi Matin 7 0 3 f Couvert. 27 s Apr. m. 3 0 4 Couvert. 27 s 1 Soir 1 2 0 3 Beau. 27 ï 4 23 Merc. Matin 7 0 61 Nébul. à l’horizon , un peu d< neige en étoil. ramifiées. 27 4 S Apr. m. 3 0 3 Couvert. 27 2 Soir 120 3 j Couvert. 27 5 '2 4 Jeudi * Matin 7 0 3 j Neige la nuit, couvert. 27 3 * On délogea ce 24 pour aller demeurer dans une maifon près de celle qu’on habitoit , te à peu près fur le même plan. J y fus loge' au rez-de-chauflëe , au lieu que je l’e'tois au fécond dans la première. Avant de quitter celle-ci , j’obfervaî le Baromètre dans le jar¬ din : il monta à 3 heures du foir à 17 d. y m. | , n’e'tant un inftant auparavant dans la chambre qu’à 17 d. 2 m. ce qui fait de différence 2 lignes St j’obfervai à 1 1 heures du foir dans la nouvelle maifon , pour la première fois. des Sciences et Arts. 307 Mois & jours. Thermomètre. Variations de L'air. Baromètre. Déc. 1761. 24 Jeudi Apr. m .30 2 Couvert. 27 si Soir 1 1 0 4 Beau. 27 fi 2; Vend. Matin 7 0 7 Beau. 27 61 Apr. m. 3 0 21 Vaporeux à l’horizon. 27 7 Soir 12 0 ; Beau. 27 8 2.6 Sam. Matin 7 0 s Couvert , un peu de neige. 27 Apr. m. 3 0 1 Couvert. 27 8 Soir 120 47 Beau. 27 81 27 Dim. Matin 7 0 4i Couvert. 27 81 Apr. m. 3 0 2i Couvert. 27 84 Soir 120 S Couvert. 27 9 28 Lundi Matin 7 0 S Couvert , givre. 27 9 Apr. m. 3 0 4i Couvert, brouillard. 27 9 Soir 120 J Couvert. 27 9 2_9 Mardi Matin 7 0 S Couvert , brouillard. 27 9 Apr. m. 3 0 4i Couvert. 27 9t Soir 12 0 T Couvert. 2? 9Z 30 Merc. Matin 7 0 y Couvert. 27 8 Apr. m. 3 0 Couvert. 27 couvert. 27 Apr. m. 3 4. i Prefque couvert , un peu de neige en giboulée. 27 2f Soir 12 0 Un peu nébuleux. 27 2 30 Mardi Matin 6 0 2 Brouillard. 27 IA Apr. m. 3 $ a Vaporofo - nébuleux , une v bruine le foir. 26” I OA Soir 1 2 4 A Couvert, vent. 2 6 4 8 a 3 ï Merc. Matin 6 3 Vaporofo-nébuleux. 26 5>!- Apr. m. 3 1 1 Nébuleux, vent. 2 6 6 Soir 12 6 1 Prefque couvert, vent. 26 7\ Avril. Matin 6 6 Nébuleux, vent, petite pluie 1 Jeudi. fine. 26 6l Apr. m. 3 8 1 Couvert, un peu de pluie. 26 i I O Soir 1 2 1 ' Clair. 27 2 Vend. Matin 5 \ Nébuleux. 27 2t Apr. m. 3 9 Nébuleux. 27 1 Soir 12 2 f Clair. 27 4 3 Sam. Matin 6 1 1 Nébuleux, giboulée de neige & de pluie. 27 4 Apr. m, 3 3 a Prefque couvert, giboulée de neige. 27 Si Soir 1 2 0 Quelques petits nuages. 27 6k 4 Dim. Matin 5 7 Couvert, petite grêle. 27 H Apr. m. 3 5 a Nébuleux, pluie, neige. 27 Si Soir 12 f Neige. 27 6k 5 Lundi Matin 6 a Neige le matin , couvert. 27 Apr. m. 3 4 a Couvert, un peu de neige. 27 6 Soir 1 2 f Couvert, 27 6 6 Mardi Matin 6 0 1 Couvert, 27 7 Apr. m. 3 7 a Couvert, 27 6k Soir i2 3 1 Clair. 27 8J 7 Merc. Matin <5“ 2 a Clair. 27 «ï Apr. m, 3 8 a Nébuleux. 27 6{ Soir x 2 4 Vaporeux légèrement. . 27 Sfij 3i6 Mémoires sur différentes parties Mois & jours. Thermomètre. Variations de L’air, Baromètre . Avril 1762. 8 Jeudi Matin 6 4 Clair. 27 Pï Apr. m. 3 12 Nébuleux. 2J 7Ï Soir 12 4 | Quelques petits nuages. 27 Pb 5> Vend. Matin 6 4 Nébuleux. 27 P? Apr. m. 3 Nébuleux. 27 7 Soir 1 2 S Nébuleux. 27 P i o Sara. Matin 6 4 Prefque couvert. 27 P Apr. m. 3 1 1 1 Couvert. 27 Soir 1 2 4 1 Un peu nébuleux. 27 7b 1 1 Dim. Matin 6 3 Vaporeux. 27 7? Apr. m. 3 13 i Vaporeux. 27 4? Soir 12 7 1 Clair. 27 2. T 2 Lundi Matin 6 7 Clair. 27 7 Apr. m. 3 14 \ Un peu vaporeux. 27 4! Soir 1 2 7 Clair. 27 7\ 13 Mardi Matin 3 4 i Quelques petits nuages , & vaporeux à l’horizon. 27 7\ Apr. m. 3 16 1 Vaporeux. 27 5b Soir 1 2 7 Clair. 27 <5 1 4 Merc. Matin 5 4 Vaporeux. 27 5 Apr. m. 3 14 Vaporeux. 27 4 Soir 1 2 2 Clair. 27 7 15 Jeudi Matin 6 2 Clair. 27 Apr. m. 3 7 1 Clair. 27 7 Soir 1 2 1 * Clair. 27 8 1 6 Vend. Matin 6 0 Cl ait*. 27 8b Apr. m. 3 10 Nébuleux. 27 P? Soir 1 2 2 Clair. 27 *b 17 Sara. Matin 5 0 Clair. 27 Apr. m. 3 14 Vaporeux à l’horizon. 27 2b Soir 1 2 <3 1 Clair. 27 4 h 8 Dim. Matin 6 5 Couvert. 27 3b Apr. m. 3 16 \ Couvert. 27 1 Soir 1 2 8 p Clair. 27 4 j p Lundi Matin 6 8 Quelques petits nuages, pref¬ que couvert , peu après pluie à reprifes. 27 P Apr, m, 3 \6 1 Quelques nuag. petite pluie.27 4 DES S C I ences et Arts. 517 Mois & jours . Thermomètre. Variations de L’air, Baromètre. Avril 1761. i p Lundi Soir 12 6 1 Couvert. 27 5 20 Mardi. Matin y 6 Nébuleux. 27 Apr. m. 3 13 } Quelques nuag. petite pluie. 27 y Soir 12 3 j Clair. 27 8 21 Merc. Matin $ 4 Pluie la nuit , couvert. 27 81 Apr. m. 3 1 1 | Nébuleux. 27 8f Soir 1 2 4 i Clair. 4 27 81 22 Jeudi Matin y 2 i Quelques petits nuages. 27 H Apr. m. 3 14 1 Vaporeux. 27 H Soir 1 2 (5 1 Clair. 27 Q: 23 Vend. Matin 5 5 Vaporeux à l'horizon. 27 7? Apr. m. 3 1 6 1 Quelques petits nuages. 27 4| Soir 1 2 8 | Clair. 27 7? 24 Sam. Matin $ 8 Vaporeux à l’horizon. 27 81 Apr. m. g 1 S f Séréno-vaporeux. 27 y Soir 12 9 Clair. 27 Cr 2 y Dim. Matin 5 S Vaporeux à l’horizon , petite bruine. 27 7 Apr. m. 3 14 Petite bruine , pluie. 27 y Soir 1 2 i_ Matin 4 l6 Apr. m. 3 17 1 2 Soir 12 r-' H } 4 Nébuleux, tonnerre; pluie, fur le midi , en averfe ; l’a¬ près-midi, pluie àplufieurs reprifes. ♦ Couvert , bruine à plufieurs reprifes. V aporeux : j’appelle un temps vaporeux , lorfqu’il fait beau foleil , & que l’hori¬ zon eft rempli d’une vapeur épaiffe , qui s’étend de plu- fieurs degrés au-deffus de 1 horizon. Il y a aulli alors quelques nuages épais dans le ciel. Nébuleux la matinée & l’a¬ près-midi. Vaporeux. Un peu nébuleux. Vaporeux. Vapor. tonnerre fur les io!l,& pluie en averfe. Nébuleux l’après midi. Un peu nébuleux le foir. 326 Mémoires sur Mois & jours. Thermomètre. Juillet 1 760. DIFFÉRENTES PARTIES Variations de l’air. Baromètre « 6 Dim. Matin $ 1 4 Apr. m. 3 24 Soir 12 ip 7 Lundi Matin si 1 7 Apr. m, 3 23 Vaporeux. Vaporeux. Vaporeux. | Vaporeux. Nébuleux, coups de tonnerre fans pluie fur les 7 heures du foir , un peu nébuleux enfuite. Soir 1 2 1 6 g Mardi Matin 5 1 6 Apr. m. 317 Soir 12 15 p Merc. Matin 5 14 Apr. m. 315 Soir 1210 ï 0 Jeudi Matin $ 9 Apr. m. 3 14 Soir 12 p * 1 Vend. Matin 5* p Apr. m. 3 1 6 Soir 12 11 F2 Sam. Matin 5 11 Apr. m. 3 ip Soir 1212 *3 Dim. Matin . j n Apr. m, 321 Soir 12 16 1 4 \ Prefque couvert , tonnerre à 7Î & à 10 heures du ma¬ tin , avec averfe ; petites pluies enfuite à plufieurs reprifes ; l’après - midi né¬ buleux , ôc le foir. Nébuleux , pluie fur les 10 heures ; nébuleux , puis bruine ; nébuleux enfuite & grand vent. t Nébuleux , grand vent , petite pluie à reprifes j nébuleux , bruine. Nébuleux.' Nébuleux, i Nébuleux. Clair. Beau foleil ^ puis nébu¬ leux. Nébuleux. | Très-peu nébuleux, i Nébuleux. 4 Nébuleux. Un peu nébuleux. 14 Lundi des Scie Mois & jours. Thermomètre . juin. 1760. !i 4 Lundi Matin 13 Apr. m. 321 Soir 12 4 ï \i$ Mardi Matin 6 14 Apr. m. 3 24 i \i 6 Mer c. [17 Jeudi ii 8 Vend. îï5> Sam, £0 Dîm, 2 1 Lundi £2 Mardi Soir Matin Apr. m. Soir Matin Apr. m. Soir Matin Apr. m. Soir Matin Apr. m. Soir Matin Apr. m. Soir Matin Apr. m. Soir Matin 12 17 6 1? 3 22 12 1 6 6 3 1; 17 12 1$ 4 *4 3 20 12 13 6 13 4 24 12 17 6 1 5“ 23 18 *5 3 20 12 13 6 1 1 4 12 S\ Apr. m. Soir ï>3 Merc, Matin Apr. m. Soir 24 Jeudi Matin Apr. m. Soir 2 y Vend. Matin Apr. m. Soir Tome /, 16 1 1 9 1 6 10 1 1 13 9 10 14 4 12 4r 3 12 6 3 12 3 3 12 19 n ce s et Arts, 321 Variations de L’air, Baromètre , Peu nébuleux. Nébuleux , bruine^ Nébuleux. Vaporeux. Nébuleux , bruine fur les 4 heures. Nébuleux, Vaporeux. Vaporeux. Vaporeux. Nébuleux , bruine; Couvert , pluie à reprifes. Nébuleux. Nébuleux. Nébuleux. Nébuleux. Vaporeux. Nébuleux.' Vaporeux. Vaporeux, 8c puis nébuleux»- Nébuleux, Nébuleux. Pluie la nuit , nébuleux. Nébuleux. Nébuleux. Couvert , petite pluie 5 ïS? prifes. , Nébuleux, vent , petite pluia» Nébuleux. Nébuleux, D Nébuleux, > grand vent. Nébuleux, 3 Nébuleux. Nébuleux & vent. Nébuleux, Nébuleux , pluie , vent. Nébuleux. Nébuleux. _ Tt 322 Mémoires sur Mois & jours. Thermomètre. Juill. 1760. 2 6 Sam. Mâtin 6 9 7 Apr. m. 315: Soir 12 10 j 27 Dim. Matin 6 9 Apr. m. 3 ij 7 Soir 1 2 1 1 28 Lundi Matin jî 9 \ Apr. m. 3 ij Soir 1 2 1 1 ~ 2_9 Mardi Matin 6 12 Apr. m. 3 19 Soir 12 13 \ 3 o Merc. Matin j 12 Apr. m. 3 1 j i Soir 12 12 31 Jeudi Matin 6 12 Apr. m. 3 1 6 7 Soir 12 13 Août. Matin 6 12 7 1 Vend. Apr. m. 3 17 \ Soir 12 14 | 2 Sam. Matin j 13 | r. m. 3 17 i Soir 12 13 3 Dim. Matin 6 12 Apr. m. 3 ip 1 Soir 1213 7 DIFFERENTES PARTIES Variations de l’air. Baromètre, Nébuleux , petite pluie à re-; prifes. Nébuleux. Nébuleux, Nébuleux , petite pluie à re*i prifes. Nébuleux. Pommelé. Pommelé, nébuleux; Nébuleux , petite pluie à re-» prifes , le loir pluie forte. Couvert. Pluie toute la nuit & forte j & enfuite nébuleux. Nébuleux. Pommelé. Pommelé. Prefque couvert, petite pluie à reprifés. Pommelé. Pluie la nuit , le matin pref¬ que couvert. Nébuleux , & enfuite pluie à reprifes , & affez forte. Pluie femblable , & gr. vent. Pluie la nuit , & le matin juf- qu’à 10 ou 11 heures, ôc plus ou moins forte. Nébuleux. Pommelé. Tonnerre éloigné la nuit, né* buleux le matin , tonnerre enfuite avec pluie. Nébuleux, & vent. Très-peu de petits nuages» Prefque couvert. Nébuleux, bruine.' Beaucoup pommelé. 'Mois & jours'. Août 1760. 4 Lundi ÿ_ Mardi $ Mer c. 7 Jeudi ,â Vend. '$> Sam, 31 0 Dim. 1 1 Lundi 12 Mardi 1 3 Merc. 13. J eudi j 5 Vend, des Sciences Thermomètre, et Arts. Variations de l’air.. 323 Baromètre « Matin Apr. m. Soir Matin Apr. m. Soir Matin Apr. m? Soir Matin Apr. m. Soir Matin Apr. m. Soir 6 13 3 18 12 12 6 12 3 21 12 17 * H 3r 21 12 15 5Î If 3 18 12 13 y 12 4 23 12 itf Apr. m. 3 Soir 1 2 Matin y Apr. m. 4 Soir 12 10 Matin 6 0 Matin 6 r $ Apr.m, 3 20 Soir 12 13 Matin 6 13 Apr. m, 318 Soir 12 12 Matin 410 Apr. m, 3 1 6 Soir 10 13 Matin 511 Apr. m. 318 Soir 12 13 Matin 614 1 6 9 9 if Nébuleux , petite pluie.’ Nébuleux, petite pluie* Un peu de nuages. Vaporeux, nébuleux. Nébuleux. Très-beau. Nébuleux. Prefque couvert, petite pluie; Couvert. Prefque couvert. Nébuleux, petite pluie* Très-beau. Vaporeux, nébuleux. Vaporeux, nébuleux. Eclairs, avec pluie affez forte, & tonnerre foible. Nébuleux. Nébuleux , bruine , pluie forte ôc longue. Eclairs , pluie. Nébuleux , bruine. Nébuleux. Très-peu de nuages.’ V aporofo-nébuleux. Grain de pluie à Jerdonovice* nébuleux. Un peu nébuleux. Nébuleux, petite pluie; Nébuleux. Nébuleux. Prefque couvert, grand vent a- grain de pluie violent. Nébuleux. Beau. Nébuleux. Nébuleux. Pluie. Nébuleux. Ttij 324 Mémoires sur Mois & jours. Thermomètre, Août 1760. ijVend. Apr. ni. 3 1 J Soir 12 p \ j 6 Sam, Matin 6 10 Apr. m. 3 1 J î Soir 12 p a 7 Dim. Matin 6 p Apr. m, 3 1 2 t Soir 12 1 8 Lundi Matin 6 Apr. m. 317 Soir 12 13 \ ip Mardi Matin 6 12 Apr. m. 3 17 9 I 8 l Soir n 11 20 Merc. Matin S 9 { Apr. m, 3 17 { Soir 12 12 i 21 Jeudi Matin 6 14 Apr. m, 3 20 i Soir 12 ij 22 Vend. Matin J 10 j- Apr. m. 3 ip 1 Soir 12 13 23 Sam, Matin 6 13 Apr. m. 322 Soir 12 ij j 24 Dim. Matin 6 13 | Apr. m. 323 Soir 12 1 6 2 J Lundi Matin 6 14 Apr. m. j 23 2 6 Mardi Matin 6 14 Apr. m. 3 23 f Soir 12 17 '27 Merc. Matin 6 14 i Apr. m. Soir 3 17 12 13 DIFFERENTES PARTIES Variations de L’air. Baromètre ; Nébuleux, pluie en orage; Très-peu nébuleux. Prefque couvert. Nébuleux, bruine, vent; Beau. Nébuleux, petite pluie* Nébuleux. Prefque entièrement couvert. Nébuleux. Nébuleux. Petite pluie. Prefque couvert; Nébuleux. Nébuleux. Vaporofo-nébuleux, Nébuleux. Couvert. Nébuleux. Nébul. tonnerre fans pluie. Nébuleux. Nébuleux. Nébuleux. Très-beau. Vaporeux. Un peu nébuleux; Beau. Vaporeux,; Beau. Beau. Vaporeux, Beau. Beau. Un peu iiébuleux. Vaporofo-nébuleux. Nébuleux, enfuite prefque couvert , bruine. Prefque couvert. Prefque couvert. des Sciences et Arts. 325* 'Mois & jours. Thermomètre . Variations de L’air. Baromètre, Août 1 j 60. > % B Jeudi Matin 6 11 Prefque couvert , pluie» Apr. m. 3 ï Nébuleux, Soir 12 12 7 Nébuleux, fep Vend. Matin 3ï 10 ï Nébuleux. Apr. m. « 3 1 7 Soir 12 12 Beau. 50 Sam. Matin 5 10 Vaporofo-nébuleux.1 Apr. m. 5 17 x Nébuleux. Soir 1212 Un peu nébuleux. 3 i Dim, Matin 1 1 Nébuleux. Apr. m. 3 17 7 Nébuleux. Soir 12 11 7 Beau. Septembre. Matin 5 9 Nébuleux. 1 Lundi Apr. m. 313 { Prefque couvert. Soir 12 9 \ Pluie à reprife & vent fort; 2 Mardi Matin 3 7 Vaporofo-nébuleux, vent; Apr. m. 3 13 Nébuleux, pluie. Soir 12 7 Très-peu de nuages. 3 Merc. Matin 57 7 Couvert, allez grand vent.1 Apr. m. 310 i Nébuleux , vent. Soir 12 6 | Beau , vent. <£ Jeudi Matin 6 6 \ Nébul. averfe , petite pluie* Apr. m. 310 Petite pluie. Soir. 12 6 \ Quelques nuages. 5 Vend. Matin 6 6 Nébuleux. Apr. m. 3 12 Nébuleux, petite pluie. Soir 12 p Vaporeux. ,<3 Sam, Matin 5 9 Prefque couvert. Apr. m. 313 | Averfe. Soir 12 9 l Beau. 7 Dim. Matin 57 7 1 Brouillard. Apr. m. 316 1 Nébuleux. Soir 12 10 1 Très-peu nébuleux, g Lundi Matin 3 10 1 Vaporeux, Soir 12 13 Couvert. 9 Mardi Matin 7 1 3 Nébuleux, Apr. m. 3 14 Tonnerre, averfe à reprifes* Soir 12 10 ~ Prefque couvert. ^25“ Mémoires sur Mois & jours. Thermomètre, Sept. 1 760. il o Mer c. Matin 6 9 Apr. m. 3 17 Soir 12 10 1 1 Jeudi Matin 6 8 Apr. m. 3 1 6 Soir 12 11 M Vend. Matin 5 Merc. Matin 6 Apr. m. 3 Soir 1 2 il 6 Jeudi Matin 6 Apr. m. 3 Soir 12 li 7 Vend. Matin <5 Apr. m. 3 9 7 9 10 6 6 î 1 S 5 1 6 3 3 2 4 7 ; 4 8 3 6 6 7 Nébuleux. Beau. Vaporeux. Un peu nébuleux.' V aporofo-nébuleux,; Pluie. Pluie. V aporofo-nébuleux. Nébuleux, Pluie. Couvert , très-grand vent.’ Très-grand vent, la nuit nér buleux, très-grand vent. Nébuleux. Couvert. Pluie la nuit. Couvert, très-grand vent. Quelques nuages. Prefque couvert. Nébuleux. Prefque couvert,’ Couvert. Petite pluie , nébuleux. Pluie. Couvert, Pluie. Pluie. Pluie la nuit & le matin. Pluie. Nébuleux. Couvert. Nébuleux. Nébuleux, vent. Nébuleux, pluie» Pluie. Pluie & vent. Couvert. i Pluie , ventj 1 7 Vendredi D E Mois & jours. OEl. ij6o. 17 Vend. Soir 1 8 Sam. Matin Apr. m. Soir 19 Dim. Matin Àpr. m. Soir 20 Lundi Matin Apr. m. Soir 2 1 Mardi Matin Apr. m. Soir 22 Merc. Matin Apr. m. Soir 23 Jeudi Matin Apr. m. Soir 2 Vend. Matin Apr. m. Soir 23 Sam. Matin Apr. m. Soir 2 6 Dim. Matin Apr. m. Soir 27 Lundi Matin Apr. m. Soir 28 Mardi Matin Apr. m. Soir 2 p Merc. Matin Apr, m. Soir Tome /, s Sciences et Arts. Thermomètre. Variations de L’air. 32 $ Baromètre. I I 6 3 12 6 7 8 9 6 3 4 12 * S 3 12 11 8 7 3 12 7 3 1 1 7 3 12 6 6 3 12 7 4 7 4 2 5 2 1 9 5 6 3 10 12 10 7 n 3 10 12 6 6 6 3 10 12 3 4 6 3 4 3 14 12 p 3 8 12 3 ~ Pluie, grand vent, i Pluie , grand vent, averfe. | Vent très-grand, nébuleux. Grand vent , nébuleux. 1 Couvert, grand vent, pluie en averfe & grêle. i Pluie. \ Nébuleux. - Couvert. Nébuleux, vent. Nébuleux, vent. Vapor. vent, nébul. grêle, i Nébuleux. Nébuleux , vent. ~ Couvert, vent. | Nébuleux, Beau. î Nébuleux; Nébuleux, j- Nébuleux. Nébuleux , pluie. Pluie. Nébuleux. Nébuleux, vent. Nébuleux. Nébuleux. Pluie. Couvert , pluie, i Nébuleux, vent. î Nébuleux, vent, f Nébuleux. Un peu nébuleux. Nébuleux. Nébuleux. Nébuleux. Couvert , pluie. 1 Pluie , nébuleux, i Nébuleux. Vu 3jo Mémoires sur ■Mois ù jours. Thermomètre, C£l. 1760. 30 Jeudi Matin 6 4 Apr. m. 3 8 Soir 11 5 3 1 Vend. Matin 6 5 Apr. m. 3 4 Soir 1 2 3 Novemb. Matin 6 1 1 Sam. Apr. m. 3 1 Soir 2 Dim. Matin Apr. m. Soir 3 Lundi Matin Apr. m. Soir 4 Mardi Matin 5 Merc. 6 Jeudi 7 Vend. S Sam. 5> Dim. [1 o Lundi Apr. m. Soir Matin Apr. m. Soir Matin Apr. m. Soir Matin Apr. m. Soir Matin Apr. m. Soir Matin Apr. m. Soir Matin Apr. m. Soir 3 1 1 6 3 12 6 3 12 6 3 12 6 3 12 6 3 12 DIFFÉRENTES PARTIES Variations de l'air , Baromètre, ; Nébuleux. : Nébuleux. Couvert. Couvert. r Petite pluie, couvert. Couvert. Couvert. 12 2 Couvert. 6 2 Couvert , la neige fond. Couvert. 1 1 2 Un peu nébuleux. 6 4 Pluie & vent la nuit, couvert ôc vent le matin. 3 8 | Nébuleux. 12 4 Vent & beau. 6 4 Couvert , vent , grêle à re~ prifes. 3 6 t Nébuleux. 12 2 r Nébuleux & vent. 6 2 1 Nébuleux. 3 3 2 4 2 1 4 4 2 7 2 ï 8 3 2 9 6 l Nébuleux. Couvert , vent. \ Couvert , vent, petite pluie. Couvert. Un peu nébuleux. Couvert. Nébuleux. Un peu nébuleux. Nébuleux. I Nébuleux. Quelques nuages; Nébuleux. Nébuleux. Quelques nuages.1 Nébulofo-vaporeux; Nébuleux. j Beau, , i Mois & jours. Nov. 1760. 1 1 Mardi des Sciences et Arts. 33 1 Thermomètre. Variations de l’air. Baromètre. Matin 5 $ Apr. m. 3 13 Soir 10 8 1 2 Merc. Matin 5 7 Apr. m. 3 1 2 Soir 12 10 1 3 Jeudi Matin 5 8 Apr. m. 3 10 Soir 12 5 Nébuleux. Très-beau foleil. Un peu de nuages.' Très-peu de nuages; Un peu nébuleux. Un peu nébuleux. Nébuleux. Nébul. petite pluie à reprifes. Nébuleux. 1 4 V end. Matin 5 4 Grand Brouillard. Apr. m. 3 7 { Pluie. Soir 1 2 5 r Couvert. 15 Sam. Matin 5 4 i Couvert. Apr. m. 3 3 Petite pluie. Soir 1 2 2 { Couvert. 1 5 Dim. Matin 5 2 { Nébuleux, petite pluie, vent.27 5 Apr. m. 3 3 i Nébuleux. 27 4 Soir 1 2 2 { Nébuleux , grand vent. 27 r 17 Lundi Matin 5 2 a Couvert , grand vent. 27 Apr. m. 3 2 r N ébuleux. 27 1 Soir 12 1 Nébuleux. 27 3 1 8 Mardi Matin 5 1 \ Couvert, vent. 27 2 Apr. m. 3 j ^ Prefque Couvert, petite pluie ? enfuite averfe avec grele. 27 Soir 12 3 Nébuleux, vent. 27 2 ip Merc. Matin 5 3 Prefque couvert , vent. 27 1 Apr. m. 3 3 Nébuleux. 27 1 Soir 12 2 i Nébuleux. 27 4 20 Jeudi Matin 5 2 i Couvert , vent , pluie; 27 i, Apr. m. 3 2 i Nébuleux. 27 Soir 1 2 3 Nébuleux , grand vent. 27 21 Vend. Matin 5 2 i Couvert. 27 G Apr. m. 3 3 Pluie , grand vent. 26 1 1 à midi. Soir 1 2 5 Nébuleux , ouragan. 26 9 à 3 heur. 25 8 à 5 heur. 25 à minuit. 22 Sam. Matin <5 2 - Couvert , très-grand vent ou ouragan, grêle. 25 81 2. Vuij 4î2- Mémoires SUR DIFFÉRENTES PARTIES Mois & jours. Thermomètre. Variations de l’air . Baromètre . Nov. 1760. 22 Sam. Apr. m. 3 3 Nébuleux , vent. 26 00 Soir 1 2 2 Bruine , nébuleux. 2 6 IOï 23 Dim. Matin 6 1 Neige la nuit , nébuleux f neige fine. 27 Apr. m. 3 i Couvert , neige. 27 1 Soir 12 0 i Couvert. 27 2 24 Lundi Matin 6 0 7 Neige la nuit , prefque cou- vert le matin. 27 2 Apr. m. 3 0 i Couvert. 27 3 Soir 1 2 0 1 Couvert. 27 J 2 3 Mardi Matin 6 0 ii Prefque couvert. 27 7 Apr. m. 3 1 X Un peu nébuleux. 27 7 Soir 1 2 0 3.1 Clair. 27 5a 1 26 Merc. Matin 6 0 3 Vaporeux, couvert } neige. 27 3 Apr. m. 3 O 1 Neige. 27 3 Soir 1 2 O Couvert. 27 2 27 Jeudi Matin 6 O Couvert. \ 1 27 3 Apr. m. 3 O Couvert. < La Vidule ? com- > _ J mence a charrier . 1 27 4 Soir 1 2 O Couvert, ( j 27 5i 28 Vend. Matin 6 0 Neige la nuit & la matinée. 27 6 Apr. m. 1 1 1 Couvert. 27 S 3 0 4 Soir 12 0 4 Couvert, un peu de neige. 27 6 2 c> Sam. Matin <3 0 7 Couvert. 27 9 lever du Soleil. 0 8 Apr. m. 3 0 2'- Nébuleux. 27 9 Soir 1 2 0 6 Sans prefque de nuages. 27 10 3 0 Dim. Matin 6 0 4^ Couvert. 27 1 1 Apr. m. 3 0 3 Couvert. 27 10 Soir 1 2 0 4F Couvert. 27 9 Décembre. Matin 6 0 41 Couvert. 27 Si z 1 Lundi. Apr. m. 3 0 1 Couvert , neige. 27 Si Soir 1 2 I 7 Neige,pluie,unpeude vent.27 4 2 Mardi. Matin 6 I { Prefqu e cou v. un p eu de vent. 2 7 ; Apr. m. 3 2 Couvert. 27 Si Soir 12 2 f Couvert , vent. 27 2i 3 Merc. Matin 6 4 Petite pluie la nuit, couvert 5 vent le matin, petite pluie.27 1 des Sciences et Arts. 333 Mois & je urs. Thermomètre. Variations de l’ air. Baromètre. De'c. 1760. 3 Merc. Apr. m. 3 3 j Petite pluie. 26 io| Soir 12 S Pluie , grand vent. 2 6 S>r 4 Jeudi Matin S 6 P etite pluie la nuit , couvert ) grand vent. 2 6 pi Apr. m. 3 3 Couvert , pluie. 26 8 Soir 1 2 i Couvert , vent. 27 5 Vend. Matin 6 1 Neige la nuit , couvert. 27 I Apr. m. 3 3 Nébuleux. 26 1 1 Soir 1 2 1 Couvert. 26 8 6 Sam. Matin 5 1 Neige la nuit , couvert. 2 6 7 Apr. m. 3 y Neige. 2 6 9 h Soir 1 2 0 i Couvert. 27 2 7 Dim; Matin 6 0 î Neige. 27 4 Apr. m. 3 0 | Peu de nuages. 27 5l Soir 1 2 0 2i Couvert. 27 4 8 Lundi Matin 6 0 r{ Neige la nuit , neige. 27 S Apr. m. 3 0 Couvert. 27 7 Soir 12 0 2 Couvert. 27 Si p Mardi Matin 5 0 Neige la nuit , neige. 27 3 Apr. m. 3 1 | Neige , 27 H Soir 1 2 2 j Couvert /la neige fond. 27 2 1 0 Merc. Matin 6 2 j Brouillard. 27 2 Apr. m. 3 4 Couvert. 27 Soir 1 2 1 i Couvert. 27 M 1 1 Jeudi Matin 6 x Neige la nuit , couvert , » neige le matin. 27 il Apr. m. 3 a Prefque couvert. 27 Soir 1 2 a Couvert. 27 2ï 12 Vend. Matin 6 0 Prefque couvert, vent. 27 s Apr. m. 3 0 Prefque couvert , vent. 27 Si Soir 1 2 1 a Couvert , vent fort. 27 9 1 3 Sam. Matin 6 1 a Couvert. 27 S Apr. m. 3 2 Nébuleux. 27 9 Soir 1 2 1 Couvert. 27 4 14. Dim. Matin 6 1 Nébuleux. 27 4 Apr. m. 3 2 | Nébuleux. 27 Soir 1 2 1 a Très-peu nébuleux» 27 3| 1 5 Lundi Matin 6 2 Couvert. '37 4 334 Mémoires sur Mois O jours. Thermomètre. De'c. 1 760. Soir 12 02 1 6 Mardi Matin 6 02 Apr. m. 3 -j- Soir 12 i 1 7 Merc. Matin 6 3 Apr. m. 3 3 Soir 12 2 Apr, m. 3 2 { Soir 12 1 i ip Vend. Matin 6 1 Apr. m. 3 2 t Soir 12 1 7 ?o Sam. Matin 6 1 } Soir 2 1 Dim. Matin Apr. m. Soir 22 Lundi Matin Apr. m. Soir 23 Mardi Matin Apr. m. Soir 24 Merc. Matin Apr, m. Soir Z y Jeudi Matin DIFFERENTES PARTIES Variations de l’air. Baromètre . Couvert, grêle fine & abon- dante, 27 4? Quelques nuages. 27 7t r Couvert, vent. 27 7\ Couv. neige très-fine , vent. 27 4r 1 V ent , couvert. 27 3 Couvert la nuit , vent , & le matin. 27 21 1 Couvert, vent. 27 1 !» 2 1 Petite pluie, grand vent. 27 2 i Vent, petite pluie la nuit j vent, couvert. 27 27 27 27 Couvert , bruine, vent. Vent , couvert , neige. Couvert, vent, bruine. Petite pluie ou neige fondue , pluie, vent, un p eu de neige. 2 7 Pluie , vent. 27 La neige a fondu la nuit , nébuleux, vent le matin. 27 H i 1 2 11 I 3 2 1 Couv. un peu de v.& bruine. 27 1 2 1 i Nébuleux. 2 6 1 1! 6 i Neige la nuit, couvert, vent le matin , neige. 27 3 1 i Neige qui fond en tombant. 27 t 4 12 ï Nébuleux. 27 3 5 { Couvert. 27 5b 3 1 1 Couvert, neige qui a fondu peu apres. 27 r 12 S Couvert , vent. 27 3b 6 4 i Couvert, bruine. 27 3 S 4 Pluie. 27 4 12 2 f Nébuleux , vent. 27 5 <5 2 Couvert, vent. 27 8 3 3 Prefque couvert. 27 7| 12 1 1 Nébuleux, peu de vent. 27 7 6 1 1 Nébuleux, vent, un peu de neige & de grêle. 27 i Mois & jours. Déc. 1760. 25 Jeudi Apr. m. 3 Soir 1 2 26 Vend. Matin 6 Apr. m. 3 Soir 1 2 27 Sam. Matin 6 Apr. m. 3 Soir 12 28 Dim. Matin 6 Apr. m. 3 Soir 1 2 2$ Lundi Matin 6 Apr. m. 3 Soir x 2 3 0 Mardi Matin 6 Apr. m. 3 des Sciences et Arts. Thermomètre. Variations de l’air. 3 SS Baromètre. Soir 3 1 Merc. Matin 12 6 Apr. m, 3 Soir 12 2 z Couvert, pluie. 1 | Peu de nuages 6c de vent. 3 6 4 3 4 3 x 2 1 2 3 2 3 6 x O 2 de Couvert , un peu de vent, ~ Petite pluie , ouragan. 7 Ouragan, pluie. 1 Pluie la nuit , ouragan même la matinée, f Nébuleux, vent. - Couvert, Vaporeux, 1 Nébuleux. Couvert. Couvert. Nébuleux. Vaporeux. Couvert, petite pluie. Couvert, pluie, un peu de 27 27 27 27 27 27 27 27 27 27 27 27 27 27 27 vent. Clair. Brouillard. Brouillard. Couvert. 27 27 27 27 27 4i 3 ; 2* 4 5 6 S 5 5 4+ 4 3 6 7 5 4 ■M'" >|M 33<5‘ Mémoires sur différentes parties OBSERVATIONS DU THERMOMETRE, CONTINUÉES EN POLOGNE; Depuis le (f Mai que M. Guettard ejl parti de Varfovie lpâ2. Par l’Abbé J. D. * * * Mal 17S2, Jours. A j heures après-midi. A 10 heures du foir . 6 7 Temps couvert. 2r Beau clair de lune. 7 8 4i 8 10I Serein. 7 P 13i pf Nébuleux, 10 P Nébuleux, 1 1 lof Sombre. Serein, 12 1 2 Serein, 7? 13 1 6 10 14 1 6 Nébuleux, 1 3ï 1 S 1 9 Ht 16 l9\ 17 21 1 3i il 8 171 Sombre,' ni il P 2oi Nébuleux. *4? 20 22 14? 21 ipf Serein, ï? 22 2 3 17 23 20 12 £4 1 6 Temps couvert; iof *.$ l9 26 20 if 27 14 Sombre. P 2 S 1S 10 29 1 Nébuleux. P 30 10 5 3 1 12 Juin des Sciences et Arts. Juin 1761; Jours. 3 heures après-midi. ud Iq heures du j i 1 6 l 1 2 1 5 Grande pluie. IO 3 i; Grande pluie* * Le quinze , a fix heures du foir , il eft tombe' pendant une demi-heure une grêïâ d’une groffeur aflez confrdérable , de la largeur d’un tymphe , & de la groflèur d’un œuf de pigeon & plus ; l’orage a duré jufqu’à iq heures, avec des éclairs & des tonnerres continuels, Xx ij 34 6 Mémoires sur différentes parties Septembre 17 5z, ^ 3 heures après-midi- A 10 fceur« du fotr. Jours. 17 IOr 8 18 81 8 Ip P? n\ 20 12^ 81 21 13 81 22 IJ p! 23 17 it i 24 17? 12! 25 ip 14 25 18* 13I 27 17 12? 28 i5 S4ï 2 p 17 I3Î 20 20 Serein. *51 Octobre. ï 20 Beau ciel. i5 2 20 Serein. 15? 3 1P4 Nébuleux. 14 4 205 14 5 i8i - i5l 5 20| 131 7 Grande pluie. 31 Grande pluie. 8 51 Gelée , à 7 h. 1 du mat. 1 P <51 2 10 7 A 7 heures 1 du matin. 21 4 1 1 Pl 41 12 Pl 4 13 P 41 14 15 <51 4l Vent. 1 0 Beau ciel. i5 3 Grand vent. il Grand vent. 17 il Neige. I T Très-grand vent. 18 2I Nébuleux. 1 Vent. ip il Neige. 2 Neige, 20 4l Nébuleux. 2 21 37 2L 1 22 Pl Sombre. 71 Serein. *3 *31 Le matin, grande pluie. “1 Serein. des Sciences et Arts. Octobre i y 6 Jo.rs. 1. A 3 heures après-midi* ^ 10 heures du foir. 24. PT Nébuleux. 7+ Couvert. 2 $ 8I Temps pluvieux» 8| 26 I0r Idem. *î Grande pluie. 27 12 Sombre. 10 Grand vent. 28 2P H 9 Beau Temps. Si s 30 8 Temps couvert» 4t 3 1 Pluvieux. 3ï Beau clair de lune. Novembre.. 1 6 Serein» 1 4Î Pluvieux. 3? 3 6i Sombre. 4 Beau clair de lune. 4 8 Pluvieux. 6 5 Pt Pluie. 6\ Nébuleux. 6 Pt Pluie , grand vent» 4 7 4 Serein. 2ï Pluie* 8 7\ Pluvieux. 7 P 8? Serein. 4 Serein. ÏO 7ï Nébuleux* 5 11 <*T Serein. Serein. 12 7 Sombre. 4 Serein. 1 3 44 Sombre1. 4t Pluvieux. 14 1 1 Nébuleux. Couvert. pf Pluvieux j grand vent. T- 4* Serein. itf 4r Pluie. 2i Idem, 17 18 0 2t ii Serein. A huit heures du matin. 1 0 4 Serein. Neige, à 8 h. 25 min. 0 Serein. ip 24 Idem, *-i Neige. 20 ai Sombre.. H 21 24 Pluvieux. 2i 22 3^ Pluie. 21 Temps couyCrt, 23 3î Serein» °î- Serein. 24 2f O £ T Sombre. A 8 heures & demie, Oi. 1 O Z6 1 *4- Temps couvert 0 Pluie, 2ï 341 # 342 Mémoires sur différ Novembre ij6z. A 3 heures après-midi. .Jours, ENTES PARTIES A i o heures du foir. 27 3r Nébuleux. I C 4 28 2 Sombre. 2 2 p 3i Idem. 2 £ Z 30 4 Idem. 2 r 4 Décembre. 1 <5f Petite pluie. S | Pluie. 2 6\ Temps couvert. 2 .1 Idem. 3 ? Idem. 1 Idem , 1 4 44 Pluie & grand vent. 3 Pluie. 5 2I Neige. 3 4 Serein, t> af Pluie. 1 t 4 7 P Temps noir. 0 I 8 | Neige. 0 9 if Nébuleux, 0 1 Serein. IO l| Serein. 0 2 Serein, 1 1 0 I Couvert. 0 i| Idem. , 12 O Idem. p I 4 13 O Sombre; 0 2 -*• 14 o| Idem. 0 if M 0 M Noir. 0 if 16 Oi Idem , neige,' 0 1 17 i| Neige. 3 4 Neige» 18 i| Neige , 1 1 z \i9 0 n{ A huit heures & demie, F. 0 8i Serein. O 13! Serein, 0 I4 A huit heures & demie, ► 20 0 74 Serein. O 8| Serein. 4 210 2 Neige. O i{ Serein; 220 ii Sombre,1 O 3k ° Ml 26 o 131 27 O I 8| O I7| P Ml ® Ml Idem. . o Couvert, o Neige. o A huit heures & demie. Serein. o A huit heures. A neuf. A dix. A onze. o il Idem y neige* 1 2$ Serein. 14! Serein." Dans ma chambre à o * & entre les deux fené* très à o 1 3. 1 3 A quatre heures. des Sciences et Arts. Décembre i jSi. A 3 heures après-midi. A 10 heures du f air. Jours. J 27 O 12* A douze heures. o 13^ A cinq heures, o U- A une. o 13^ A fix. o 12 A deux. o 14^ A fept. o ii; A trois heures . ferein. o 15 A huit. o iyi A neuf. *8 o 18 A huit heures; o 1 71 A neuf, o 151 A dix. o 1 3 1 A onze, o i2i A douze; o 11* A une. on A deux, o 10! A trois, o 1 1 7 A quatre; o 1 1 | . A cinq, o i2j A huit, o 13 A neuf, 013 A dix. o i2[ A huit. ■29 o Neige. 30 o 2 Neige. 3 1 o 1 ' Neige. Janvier 1763. il 0 5 Serein. 2 O 5 Brouillard. O 12 A huit heures 3 0 54 Serein. 4 0 3 Neige. -15 0 21 A Nuages. 6 1 T" 1 4 Dégel. 7 0 N eige. 8 I 4 Nébuleux; 9 0 I Idem. ÏO 0 Serein. 1 1 0 4- Serein. Ï2 O 41 Couvert. 13 O r- z Neige. H 0 2 Sombre; Q 16 A dix, ferein. 0 5 0 4 Idem* 0 44 0 0 0 0 $ Serein. 0 2' Serein. 0 1 Neige. 0 2 0 2| Idem. 0 51 Serein. 0 <4 0 4 Idem. 0 3I A/em. 0 3 Neige; 0 Idem . 54* 344 Mémoires sur différentes parties Janvier 1 7^î* Jours. A j heures après-midi. A io heures du foir. iy 0 t Neige. 0 t £ 16 0 a Nuages. 0 a Idem . 17 0 Neige.* 0 1 0 74 A huit heures & demie. 18 0 4+ Sombre. 0 Serein. ip 0 2 à Beau Serein. 0 <5h Idem. 20 0 3 Serein. 0 3 Sombre. 0 7i A huit heures. 21 0 4 Serein. 0 8 a Serein. 0 13A A huit heures. 22 0 8 Serein. 0 io‘ Serein. 0 14 A huit heures. 23 0 7^ Serein. 0 ni. Serein. 4 0 i34 A huit heures. 24 0 5- ‘ Temps couvert. 0 8'- Serein. 4 . . 2t O 24- Sombre. 0 2 1 Idem. 7 2.6 0 2| Neige. 0 2' Brouillard, 27 O a Neige. 0 a Neige. 28 O Temps couvert. 0 iA Idem. 2 p O 2 a Brouillard. 0 4 Idem. 30 O 2 Serein. 0 4A Idem. 312 Dégel , ferein. 0 Couvert. Février. 1 4 Temps couvert. 2 t Idem. 2 0 Couvert. 0 iA Idem. 3 2 \ Couvert. 2 Idem. 4 1 I Idem. 1 Idem. jT ï 2 Neige. 1 A Couvert. 4 6 7 - 8 9 10 1 1 I 2 *3 14 15 3 4 6 4 3 8 7 J o 1 a Serein. Pluie. a Serein. Couvert. \ Couvert. Nébuleux.' | Idem. j Pluie. 4 2A Neige.' Serein, 1 2 3 3 * 4 ; 3 O O 4i 3ï Serein. Idem. Serein. Idem. Serein. Couvert. Pluie , vent du nord; Serein. Serein. 16 des Sciences et Arts, Février - Jours . 176}. A 1 heures après-midi. Ai 0 heures du foir. 16 17 Serein. 0 iï Idem. 17 3x Sombre. 2 Idem. 18 5^ Serein. 2 Idem 1 P 71 Serein. 5 Pluie. 20 7 Nébuleux; 2 Serein. 21 21 Idem, 1 i Nébuleux, 22 21 Pluvieux. i Couvert. 23 3 Pluie. 4 ï Grande pluie. 24 S\ Pluvieux^ 3 Serein, 2; 3^ Pluvieux, 3 4 Couvert. 26 S Serein. 1 Serein. 27 Beau temps. 2 4 Idem. 28 Mars. 10 Temps couvert. 5 ? Serein. 1 8 i Nébuleux. 3 Idem. 2 8 \ Beau temps. 4 Pluvieux, 3 P j Couvert. 5 i Idem. 4 7 Pluvieux. y ? Idem. 5 4 { Nébuleux, 1 Idem * 3 \ Neige. 2 î Ciel couvert. 7 J Couvert, 2 | Serein. 8 5 ■j Pluie. 4 \ Nébuleux. P 7 { Sombre.' 5 4 Serein. io 5 | Pluvieux. 0 Si Neige. 0 1 1 1 A fept heures du matin. ïi 0 8 Nébuleux. 0 ioi Serein. 0 \2{ A fix heures du matin. 12 0 4^ Serein. 0 $\ Serein. 13 2 Nébuleux. 1 Idem. 14 ; i Serein. 0 Idem. 15 3 î Sombre. 1 î Serein, 16 ; Nébuleux. 3 Idem. 17 5 f Sombre. 2 Idem. 18 7 Couvert. 3 \ Idem. ip 8 î Pluie. <3 Serein. 20 8 f Couvert: 5 1 Idem. 21 8 - Pojl pluviam . 5 i Serein. 22 p t Serein, S 4 Pluvieux. Tome, I, Yy 343, 34° ■*' Mars iy6$‘ Jours. A 3 heures après-midi. 24 8 \ Nébuleux. 25 1 \ Sombre. o 2 A huit heures du matin, '2.6 o i Sombre. 27 1 Neige. 28 o Neige. 2Ç) 1 Neige d’un pied, 30 3 ï Neiêe- 3 1 £ £ Nébuleux, DIFFÉRENTES PARTIES A 10 heures du foir. 3 5 Serein. 4 Serein, o 1 Cendré. 0 3 t Idem, o it Nébuleux,; o 2.1 Neige, o | Neige. 2 Dégel , temps couvert* £ Serein. corn nio ges coût relVe il el enti une de à çlv Va w té q v 0 ( I des Sciences et Arts. -347 MMKKMXKXXMXXXKMMMXMKXKXKM NEUVIEME MEMOIRE. Sur la Minéralogie de l’Italie. LEs obfervations dont on lira le détail dans ce Mé¬ moire , ne font pas de moi , mais de MM. d’ Aubreuil & Guenée ancien Profeffeur d’Eloquenee dans l’Univer- fité de Paris. L’amitié qui eft depuis long-temps entre lui & moi, l’engagea, il y a quelques années, à prendre des connoiffances en Minéralogie. Il n’avoit en vue que de m’obliger en fe les procurant. Ce fut dans plufieurs voya¬ ges que nous avons faits enfemble en France, qu il s ac¬ coutuma à tourner les yeux fur les objets d’hiftoire natu¬ relle , que nous avions occafion de voir. Attaché comme il eft aux fciences, autant par goût que par état , il rie put entrevoir celle-ci , fans chercher a la connoitre jufqu a un certain point. Les connoiffances qu il a acquifes en peu de temps, m’ont procuré beaucoup d’obfervations fur plufieurs endroits de la France , qu il a vus fans que je l’accompagnaffe. J’efpere faire ufage de ces obfervations dans quelqu’autre occafion. Celles qui m’occupent aujourd hui regardent 1 Italie, M. l’Abbé Guenée , choifi pour accompagner dans cet in- téreffant pays un jeune homme de grande elpérance, & qu’une mort prématurée lui a enlevé au milieu de les voyages, M. l’Abbé Guenée, dis-je, fe propofa, ainfi que fon compagnon , de ne manquer aucune occafion d’obferver ce qui leur paroitroit de plus intéreffant en Minéralogie , & fur -tout de fuivre le plan général que j’ai fait fur cette matière. P our être encore plus en état d’obferver avec jufteffe , ils prirent 1 un & 1 autre des no¬ tions de chymie , & revirent avec attention le cabinet * Feu M, Daubreuil , neveu de M, Roland de Fonferrierç. Y y y 348 Mémoires sur différentes parties d’Hiftoire naturelle de S. A. S. M. le Duc d’Orléans. Ainll munis de connoiffances préliminaires, ils partirent pour l’Italie, 6c y firent un grand nombre d’obfervations- que j'ai recueillies dans ce Mémoire. Je le diviferai en deux parties. Je rapporterai dans la première celles que nos voyageurs ont faites dans une partie de l’Italie. Dans la fécondé je donnerai la fuite de ces obfervations , & je la terminerai par quelques vues générales fur le plan qu’on pourroit former par rapport à la Minéralogie de ce pays. Je me fervirai à cet effet des obfervations de MM. Daubreuil 6c Guenée, 6c de celles que j’aurois pu recueillir d’autres voyageurs , 6c des Au¬ teurs qui ont écrit fur les minéraux ôc les foflïles de l’Ita¬ lie. MM. Daubreuil ôc Guenée , dans l’arrangement pris avant leur départ, ne dévoient pas feulement parcourir ce pays , mais voir l’Allemagne. Ils y ont pénétré jufqu’à Léipfic , où une petite vérole a enlevé en peu de jours à M. l’Abbé Guenée , M. Daubreuil , dont la famille perd en lui un fils qui lui étoit cher 6c précieux , 6c l’Etat un fujet qui lui auroit été utile , Ôc qui lui auroit fait honneur. Je ne rapporterai pas dans ce Mémoire les obferva¬ tions que nos voyageurs ont faites en Allemagne. Je les ferai entrer dans un Mémoire où je raffemblerai toutes les obfervations minéralogiques qui ont été faites dans cet Empire , au moyen defquelles je tracerai un plan fem- blable à celui que je donne aujourd’hui pour l’Italie. J’aurois defiré que M. l’Abbé Guenée eût pris le foin de rédiger ce Mémoire. Il n’y a jamais voulu confentk malgré mes inftances. Il a voulu que je regardaffe fon tra¬ vail comme m’appartenant , n’ayant été entrepris qu’en vue de me faire plaifir. Ce travail m’a paru trop intéref- fant pour le lailfer perdre , 6c j’ai cru que le meilleur ufage que je pouvois en faire, étoit d’en confier le réful- tat aux Mémoires de l’Académie , ôc le rendre par-là utile aux amateurs de Minéralogie. L’effentiel de ce travail fera donc dû à MM, Daubreuil ôc Guenée. Je n’ai fait des Sciences et Arts. 3^9 qu’extraire de leurs Journaux ce qui regarde les miné¬ raux & les autres foililes , & ce qui me flatte en cela , eft d’avoir trouvé l’occafion de m’acquitter envers eux , en étant de quelque utilité au public. Je paflfe aux oblei- vations. PREMIERE PARTIE. Pour fe rendre en Italie , nos voyageurs dirigèrent leur route par la Bourgogne , le Lyonnois & le Dauphiné. Ils pafferent par Sens , Auxerre, Dijon, Lyon & Grenoble . Ils virent enfuite la Provence , & allèrent s’embarquer à An¬ tibes. Ils n’ont point paffé par ces différentes provinces de la France, fans remarquer ce que leur route pouvoir leur offrir touchant la Minéralogie. Je ne m’arrêterai pour¬ tant point à rapporter en détail ce qu’ils ont noté depuis Paris .jufqu’à Lyon. Je dirai feulement en général que ce qui les a frappés eft femblable à ce que j’ai dit dans mon Mémoire fur les poudingues (a) ; dans celui que j’ai donné fur la Minéralogie des environs de Paris ( b ) ; dans un troi- lieme où j’ai traité de la pierre meuliere ( c) , & dans un où j’ai donné les obfervations que j’avois faites en France , lorfque je l’ai traverfée pour aller en Pologne, {d) Je ne m’arrêterai pas à dire qu’ils n’ont pas paffé par Fui & Ejfone , fans y remarquer les pierres meulieres ; par Fontainebleau, fans y voir, avec furprife , l’immen- fîté des rochers de grès , dont toutes les montagnes font chargées , & fans s’appercevoir que les terres y étoient fablonneufes , nature de terreîn , qui , fuivant qu’ils l’ont obfervé , commence dès Chailli. Les pierres blanches de Joigny , d’Auxerre , de Cr avant , de Vermanton , de Saint - (a) Voyez, pour le Mémoire fur les poudingues, les Mém. de l'Académie,’ pag. 'i, & fuivantes , première partie , ann. 17; j ; fcconde partie , p. 139, êc f iv. ann. 1753 ( b ) Voyc , >our la defeription Minéralogique des environs de Paris, les Mém. de l’Acidém. pag z 1 7 , & fuiv. ann. 175 6. (c Voyez, pour le Mémoire fut la pierre meuliere , les Mém. del’Acadé- pag. 203 , &. fuiv. ann. 17 fi. ( d ) Voyez , pour les Obfervations Minéralogiques faites en France , les Mém, de l’Académie, an#. -3; o Mémoires sur différentes parties Brice , de Vite aux , de Dijon , ne pouvoient manquer de fe faire remarquer à des voyageurs aufli attentifs qu’eux. Qui tient note de pierres aufli communes que le font les pierres calcaires , ne peut voir des granités, desfchites, des quartz , des fpaths , fans être frappé de la différence de celles-ci. Aufli M. Guenée remarque-t-il que la mon¬ tagne qui eft entre Ville-Franche 6c Lyon , n’eft à fon fom- met qu’un amas immenfe de ces pierres qui ont été rou¬ lées , & que ces mêmes pierres fe retrouvent dans toutes les plaines, & fur la plupart des montagnes qui font en¬ tre Lyon 6c Grenoble, 6c que les murs & les petits édifices en font conftruits. Il avoit même , dès avant Lyon , ob- fervé que les granités roulés entroient dans la compofi- tion des pavés d’ Auxerre 6c de Dijon. Ils font employés au même ufage à Lyon 6c à Grenoble. MM. Guenée ôc Daubreuil n’ont point remarqué de coquilles fofliles dans les pierres , depuis Auxerre jufqu’à Grenoble, excepté à la Maifpn neuve où M. Guenée crut voir une corne d’Ammon ; mais ils apprirent à Regennes , maifon de campagne de M. l’Evêque d’Auxerre , que les environs de cet endroit renferment des madrépores, des pyrites 6c des terres ferrugineufes. M. Daubreuil décrit de la maniéré fuivante l’endroit où l’on trouve ces fubftances. La terre labourable ou vé¬ gétale couvre de la profondeur d’un pied un gravier fin , qui en furcharge un qui eft plus groflier. Celui-ci con¬ tient des madrépores mêlés avec des cailloux de granité , des cailloux ordinaires 6c du grès. Les premiers font dé- compofés par l’eau , 6c , pour ainfi dire , tombés en déli- quefcence. Au-deflous de ce lit en eft un d’une argille feuilletée 6c foufrée , dans laquelle des pyrites font en¬ clavées , 6c qui eft coupée de veines ferrugineufes , &: de grès ferrugineux. Ces veines font très-fréquentes. Le fer eft difîout par l’acide vitriolique de l’argile & l’ocre en eft précipité. L’argile a fa furface blanche de fleurs de foufre 6c de vitriol ; ce qui fe fait aifément fen- tir au goût ftiptique 6c pénétrant de cette poufliere. Il des Sciences et Arts, 3 j 1 fort une eau pure des couches fupérieures; une ferrugi- neufe de plus bas: elle laiffe un dépôt de même nature quelle a entraîné en parcourant ces différentes ma¬ tières. Il y a fur le chemin de Regennes à Auxerre une car¬ rière d’où l’on tire des bivalves ou des huitres pétrifiées. M. Daubreuil , après une courte defeription des grottes d’Arci, remarque qu’un peu plus haut que ces grottes , il y en a d’autres d’où l’on tire du falpetre. On pourroit également s’en procurer des premières, puifque M. Dau¬ breuil a obfervé que les pierres des montagnes où font ces grottes , font dures , calcaires ôc enduites d’une ma¬ tière nitreufe. La montagne dans laquelle ces fécondés grottes font creufées , efl remplie de différens corps ma¬ rins pétrifiés. On trouve de femblables pétrifications, Ôc lùr-tout des bois pétrifiés du côté de Semur, ôc des cor¬ nes d’Ammon d’une grandeur confidérable , à Sainte- Reine , de même qu’à Alife. C’eft peut-être pour bâtir cette ville qu’on a creufé les grottes d’Arci , ou pour quelqu’autre ville de ce canton. Un endroit nommé Rives , fitué entre Lyon ôt Greno¬ ble i offrit à nos voyageurs un tuffau qu’on tir oit à quel¬ que diftance de Rives. Ce tuffau n’eft qu’un compofé de rofeaux , d’écorces d’arbre , ôc fur-tout de feuilles incruf- tées. On bâtiffoit de ce tuffau un petit pont fur la riviere qui paffe dans cet endroit. Apparemment qu’il fe durcit à l’air , ôc prend une confiflance plus forte que celle qu’il a en terre. Une pierre d’un blanc gris ôc d’un grain affez gros , fit voir à M. Guenée des empreintes de jolies pe«; tites plantes, que, faute de temps, il ne put pas bien ca- ractérifer , ôc dont il ne put déterminer les différentes efpeces. Rives efl dans la vallée du Gréftvaudan. L’entrée de cette gorge ou vallée, Ôc les montagnes qui la refferrent,' font d’une efpece des plus finguliere. Il faut que quel-, ques-unes de ces montagnes renferment des carrières de pierres calcaires , puifque les pierres de taille dont on 3*2 Mémoires sür différentes parties bâtit à Grenoble , font de cette nature. Leur couleur eft d’un gris tirant fur le bleu. Si quelques montagnes du Grèjivaudan font compo- fées de pierres calcaires, il faut aulli que plufieurs autres, & même le plus grand nombre , n’aient point de ces pierres, mais des fehites &. des granités. A Virille du moins & aux environs, on trouve des fehites & de véri¬ tables ardoifes. Le nouveau pont qu’on a bâti dans cet endroit , & qui eft d’une feule arche de cent vingt-fept pieds de hauteur, eft néanmoins d’une belle pierre un peu grilè, qui fe tire des montagnes Voiftnes. La Romance qui paffe fous ce pont, eft un torrent rapide qui entraîné beaucoup de pierres. Ces pierres ont paru à M. Guenée être des granités, des fehites, la plupart veinés de blanc, de rouge & de quelques autres couleurs. Ces veines , les blanches fur-tout , peuvent être du fpath ou du quartz. *La fontaine qui brûle , ou plutôt la riviere qui eft près du terreim qui brûle, coule fur des pierres ardoifées & des glaifes. Le feu qui fort du terrein qui brûle , durcit & change en quelque forte les glaifes en des efpeces de bri¬ ques. Dans tous les environs , même fur le definis des hautes montagnes , on voit des quantités étonnantes de pierres roulées femblables à celles que la Romance roule dans fon fein. Les montagnes des environs font des mêmes ïnatieres. Ces pierres le voient encore 'kVoroppe ; les plaines, de même que les hautes montagnes , en font remplies. Il fem- ble que ces pierres roulées continuent à faire le fond des terres jufqu’à Avignon. Les torrens font dans tous ces pays très-fréquens , & couvrent de temps en temps de ces pierres roulées de grandes & vaftes plaines. C’eft ce que l’on remarque encore à Tullins , où toutes les maifons font bâties de ces pierres. Il entre dans celles d’Aix un moelon qui tire fur le jaune, & qui fait très-bien dans les bâtimens. On obferve - . f _ - * Voyez Mérri. de l'Aca'de'itv. des Bèîîes-Letfres rann. tout des Sciences et Arts. 333 tout le long de la côte de Marfeille des poudingues. Ces pierres font compofées d’autres petites pierres de diffé¬ rentes couleurs , donqles unes font roulées , les autres feu¬ lement caffées. Le ciment qui les lie, eft argilleux : cette argiile forme les montagnes. Il eft rempli d’une infinité de pierres qui entrent dans la compofition des poudin¬ gues. Il eft aifé de remarquer ces différens objets dans les coupées à pic, qu’on trouve en revenant du ’ .‘V ■ fuivant une remarque de M. Guenée , qu’il y ait dans le pays, des montagnes qui renferment des gra¬ nités. L’on voit dans l’Eglife fouterreine de S. Viêtor de Marfeille, une chapelle, dont la voûte eft foutenue de fept colonnes d’un granité qu’on dit être d Egypte, ôt qui font d’une belle grandeur. Il y a dans le cloître plufieurs autres petites colonnes de la même pierre. Ce granité eft verdâtre. L’on prétend que le Pape Urbain VIII les avoit envoyées de Rome à ce Monaftere , dont il avoit été Religieux & Abbé. M. Guenée eft porté à croire que toutes ces colonnes font d’un granité tiré des montagnes du pays. A quelque diftance de la pofte appellée le Baujfet , on entre dans ces montagnes très-élevées , couvertes de ro¬ ches nues , au pied defquelles on paffe. Ces roches font coupées à pic , & continuent jufqu’à Aulagne. A Gonfa- ron , il y a des terres argilleufes ou fableufes , tres-rou- ges , dans lefquelles il fe forme des pierres de la meme montagnes Lazaret. Il faut. couleur. Ce que Piganiol de la Force dit du fameux puits de Lerïns , n’eft pas jufte. L’eau de ce puits , quoi qu en dife cet Auteur , augmente ôt diminue félon le flux ôt le re¬ flux, fur-tout au mois de Février , où il eft augmenté^tou- tes les fix heures , ou à-peu-près, ôt diminue^ de meme. L’eau de ce puits, quoique très- voiflne de leau de la mer , eft douce ôt faine ; c’eft la meilleure de 1 Ifle. Au refte la douceur de cette eau ne doit pas furprendre : tant d’autres fources d’eau douce fe trouvent près de la mer $ Tornel , - 5 5" 4 Mémoires sur différentes parties & même dedans, qu’il n’eft pas extraordinaire que celle de ce puits le foit également. La communication avec la mer , prouvée par le flux & le reflux , qui fe fait fentir dans ce puits , fans que ces eaux foient falées , eft ce qu’il y a de plus remarquable. Eft-ce la filtration des eaux à travers les terres qui leur ôte leur falure ? ou cet effet ne dépend-il que de la preflion que l’eau de la mer fait la¬ téralement fur les eaux du puits qu’elle foutient fans s’y mêler, Ôt qu’elle oblige ainfi d’augmenter, & par celle qui y tombe des montagnes qui lui fourniffent l’eau qui s’y rend, &: par celle qui ne s’en écoule pas? Les pierres font calcaires à Toulon , leur couleur eft grifâtre, on les diroit de nature glaifeufe. Ce font ces pierres que les dails , qu’on mange dans cette ville , percent & criblent de trous. Cette même pierre fe voit à Soulier, bâti en par¬ tie fur une haute montagne formée d’une pierre fernbla- ble. Tout le territoire de Lacques & de Vidauban, paroît être d’une argille très-rouge. Les pierres de ce canton font également rouges & comme argiîleufes: Fréjus en a aufli. L’ancien Cirque eft bâti de pierres femblables, parmi left quelles on en voit de verdâtres & de noirâtres. Cette ef- pece de pierre ne fe continue pas beaucoup du côté de la ville d’//zèw,puifque cette ville, qui eft en amphithéâtre, eft bâtie fur une haute montagne de fchite. Elle ne fe continue également pas loin du côté de V Ejlrtlles , puis¬ que les montagnes de cet endroit renferment beaucoup de granités , les uns à grains plus fins, les autres à grains plus gros. Il y a dans ces granités beaucoup de paillettes talqueufes ou de Mica. On dit que ces mêmes montagnes renferment de beaux porphyres. M. Guenée y a vu des terres & des pierres femblables à celles de l’amphithéâtre de Fréjus , c’eft- à-dire , des pierres rougeâtres , verdâtres, noirâtres, & qu’on diroit être argiîleufes. Antibes eft b⬠tie en grande partie de pierres de granité ou graniteufes» Les rues font pavées de cailloux roulés, arrangés par com- partimens. Ces cailloux font blancs ou noirs. MM. Dau- breuil ôc Guenée remarquèrent à Nice , qu’on employait des Sciences et Arts, 35^ dans la conftruction du nouveau château quon y éievoit alors , de la Pouzzolane apportée de Rome, ; à Gênes , que la riviere fur laquelle cette ville eft bâtie , roule des cail¬ loux de fchites, de granités , de porphyres & de mar¬ bres , & que la ville eft bâtie de fchites remplis de vei¬ nes de fpath ou de quartz. Toutes les montagnes, depuis Gênes jufqu’à Autage 9 font de ces mêmes pierres. On y voit des pierres noires , gris-verdâtres , rougeâtres , ôte. On y a ouvert des ardoi- lieres : auffi toutes les maifons , même des villages , font- elles couvertes d’une ardoife qui paroît afiez bonne. Elle eft d’un beau noir, & meilleure que celle qu’on emploie à Gênes. On y voit auffi des pierres de Lavagne , forte d’ardoife. Le fable de la mer , fur une bonne partie des côtes de Gênes , eft noir; le fehite y domine , il eft mé¬ langé de quelques parties brillantes & de blanches , qui parodient être du fpath ou du quartz. * Tout ce canton femble donc être un pays fehiteux : il faut cependant qu’il s’y rencontre auffi de la pierre à chaux, puifque toutes les maifons font enduites & blan¬ chies de chaux. Peut-être auffi cette chaux eft-elle faite avec de mauvais marbres, tels que peuvent être ceux qui compofent ordinairement les premiers -bancs des carriè¬ res de cette efpece de pierres. Il pourroit bien auffi fe faire que cette chaux fût de pierres calcaires ordinaires, & que le terrein de ces fortes de pierres fe continuât jufques vers Gênes , & fût terminé à celui des fchites , comme cela s’obferve dans bien d’autres endroits. * « Toute la maffe du cap Porto-Fino , eft , félon M. Grofley , un poudingue sj continu , formé de Jilex d’inégal volume, lié par un ciment naturel , qui a la dureté de la pierre. Cependant, il n’a pu réfifter à l’effort du temps 6c des =j flots. Quelques parties de cette mafl’e, minées par la mer , 6c éboulées à pic , reifemblent à un mur fait de main d’homme; d’autres , excavées au » pied, pendent en l’air, 6c offrent ces vouffures fi fréquentes dans les ef- Mtampesde Callot. pag. 2 , tom. 3. » Ces cailloux de Jilex de toutes groffeurs détachés du cap fucceffivement , » pouffes à bord , & abandonnés par la vague , forment fur eux-mêmes , un si flux 6c reflux perpétuel, pag. 160. tom. 3. Ces cailloux , que M. Grofley dit être de filex , font-ils réellement de cette pierre , ou plutôt de quartz , de granités , de fchites , 8cc ? Porto-Fino n’eil qu’à quelques lieues de Gênes, On voit même Gênes du haut de ce cap. Z z ij Voy. Mem. de l'Acadé¬ mie. p. 474. ann. 174p. -350' Mémoires sur différentes parties Quoi qu’il en foit , toutes les montagnes de Campe* JZIarom , Voltagio , &c. ont paru à M. Guenëe avoir beaucoup de relfemblance avec celles du Dauphiné , elles font prelque compofées des mêmes pierres. Il n’a remar¬ qué dans les unes ni dans les autres aucunes coquilles. Il a appris cependant qu’il s’en trouve dans quelques en¬ droits , mais toutes fes recherches n’ont pu lui en faire découvrir aucune. Il n’eft pas impoiïible de concilier ces deux fentimens , en difant, comme je viens de faire, que les pierres à chaux fe pouvant continuer jufqu’aux environs de Gènes 3 ce fera dans ces pierres que les coquilles fe trouveront; & que comme M. Guenée n’a palfé que dans les endroits qui avoient des fehites & des granités, il n’a pas dû y trouver de ces foffiles qui ne s’y voient ordinairement pas. Ce qui femble appuyer ce fentiment , celui du moins qui regarde la proximité des pierres à chaux dans les en¬ virons de Gènes , c’eft qu’on en trouve à Gavi , qui n’eft pas fort éloigné de cette ville. On les trouve par maffes conftdérables dans les montagnes qui en parodient même formées : peu après le terrein change , & devient plus fer¬ tile. Les chênes , les ormes & autres arbres femblables y font plus communs. Cette pierre ne fe rencontre pas long-temps dans ce canton , puifqu’à Novi on commence à ne plus voir de pierres dans les campagnes , ainfi que dans les édifices ; tout e!! en briques dans les bâtimens : il en eft de même à Alexandrie , tous ceux qui font élevés entre ces deux villes , en font également bâtis : il en eft à-peu-près de même à Turin. Cette jolie ville eft bâtie prefque toute en briques. Les efcaliers cependant , les colonnes & autres ornemens femblables, font de marbres ou de granités. On trouva de cette derniere pierre , des fehites , du quartz & du fpath , dans la montagne de Super gue * & La pierre dont on fait la chaux forte , qui s’emploie à Turin , & dansles =0 environs , dit M. l’Abbe' Nollet , fe prend en plufieurs endroits d’une chaîna » de montagnes , qui s’étend depuis la petite ville de Montcaillier , jufqu’à celle' D dans fes e convie î Montcail des autr< long de On c pays à H tailler, £ filent K tikC/ifil- D>pergue ,1 •fetiiedf sOUÜgM 51 fois çre a venter » matien » imparf si pourra 31 J’ai i s pays, S à Mont j 11 dans p 11 Apenn à Boulo, 5iy avo !» client » mis e a mort mnebo 3iiaçp a mot » end » être 3>jug( 3ienc 31 toi » fer 51 fi ■ 31 cl 33 Û5 C Si d 3) i] MCI 3i( 33 1 w des Sciences et Arts. 35-7 dans fes environs. Du fommet de cette montagne on dé¬ couvre Turin , fes environs , les Alpes , îa P znneriz , Monte ailli&r , &c. & des coteaux amoncelés les uns à côté des autres , comme les flots de la mer. Le Pô coule le long de ces coteaux. On croiroit que , puifqu’on s’eft déterminé dans ce pays à bâtir en briques, il faudrait que les pierres aifées à tailler, telles que font les pierres calcaires ordinaires , y fuflent rares , ou quelles y manqualfent entièrement. Il 33 de Cafal : à caufe de la proximité , on la fait venir communément de Su- 33 pergue , lieu fort élevé , & célèbre par le vœu du Roi Victor. Cette pierre 33 fe tire de la carrière par quartiers ou pâr morceaux naturellement arrondis , 33 ou figurés comme de gros cailloux : elle eft d’une couleur grife 8c quëlque- 33 fois prefque noire , parfemée de petites lames d’un blanc brillant 8c fou- 33 vent entre-coupées par des couches , ou par de petites maifes de cette même 33 matière , qui relfemble aifez à du marbre blanc , ou à quelque cryftallifatioa =3 imparfaite ; d’ailleurs la pierre, par la finefl’e du grain, 8c par fa dureté , 33 pourrait être regardée comme un mauvais marbre. 33 J’ai cru pendant quelque temps , que cette pierre étoit particulière ad 33 pays , 8c qu’on ne faifoit de la chaux forte que dans cette partie du Pied- 33 mont-, mais j’ai bien eu occafion de me défabufet depuis : on en trouve 33 dans prefque tous les endroits de l’Italie , qui font voifins des Alpes 8c des 33 Apennins : j’en ai vu des chaînes jde rochers toutes entières en paflant d@ 33 Boulogne à Florence , 8t fur-tout à l’endroit qu’on nomme Pietra-Mala. Il 33 y avoit alors un grand nombre de travailleurs , occupés à lâ réparation du p3 cheminée des ponts qui font fur les torrens : je voyois que le même rocher , 33 mis en pièces , fournilfoit les pierres pour bâtir , 8e la chaux pour faire le 33 mortier. Dans toute la haute Maurianne , depuis Saint-Michel jufqu’à Lu- mnebourg ,on ne rencontre autre chofe que cette efpece de pierre, 8c je me 33 rappelle qu’en vifitant ces montagnes arides 8c pelées qui font au-delfus du 33 mont Cenis , 8c qu’on peut regarder comme la cime des Alpes , dans tous les 33 endroits qui n’étoient pas couverts de neige ou dé glace , le roc paroilfoit 33 être de la nature de cette pierre , qui femble tenir beaucoup du marbre : j’eri 33 juge , non-feulement par les caraéteres dont j’ai déjà fait mention ; mais 33 encore parce qu’on rencontre du marbre par-tout où elle fe trouve. Les 33 torrens qui tombent des montagnes , rempliffent les vallées par où ils paf- 33 fent, des morceaux de pierres qu’ils ont détachés 8c entraînés avec eux * O, fi l’on y voit du marbre , on eft prefque fur qu’il y a aufii de quoi faire de la 33 chaux forte. 33 Dans les environs d’4A , du côté de CouJBole , j’ai' vu faire d'excellente 33 chaux , avec une pierre un peu différente de celle-ci : au premier coup 33 d’œil, on la prendrait pour une glaife durcie.* Pour la tirer de la terre, 33 il faut creufer bien fouvënt plus de cinquante pieds , 8c en faifant ces efpe- 33 ces de puits , on trouve une pierre bife affez dure , 8c d’un grain très-fin , 33 avec laquelle on bâtit folidement , pourvu quelle foit enfermée fous quel- 33 que enduit, ou revêtue de briques , félon l’ufage du pays ; car dès qu’elle 33 demeure expofée à l’air , de fuperficie en fuperficie , elle fe réduit en pouf- 33 ficre , 8c s’ufe entièrement. 33 358 Mémoires sur différentes parties paroît cependant par les obfervations faites dans ce pays par M. l’Abbé Nollet , & rapportées dans les Mémoires de l’Académie , pour l’année 1749 , qu elles y font com¬ munes , & même en rochers dans plufieurs endroits. Ce ne fpeut donc être qu’un motif différent de celui-ci , qui ait engagé à fefervir, dans lesbâtimens de ce pays, de briques au lieu de pierres , & ce motif n effc peut-être qu’un ancién ufage qu’on fuit machinalement.’Au relie ce goût de bâtir en briques régné auiïi à Pavie ôt à Florence ; & , comme s’énonce M. Guenée, pour le dire en une feule fois, depuis Novi jufqu’à Florence , la plûpart des édifices font de briques. Il ne faut pas même être trompé aux co¬ lonnes , qui , pour le plus grand nombre , font de briques , revêtues d’un enduit en forme de pierres ou couvertes de marbre.*Il y a pourtant a. Pavie, dans les Eglifes, du gra¬ nité & de belles pierres pour les efcaliers. On les prend dans les montagnes d’au-delà du Pu. Ces montagnes font une continuation de celles de Turin. Cette chaîne s’étend jufqu’au Plaifantin , au Parmejan , au Modènois & au B ou- lonois , ôc ellen’ell que Y Apennin ou fes commencemens. Les maifons des payfans font dans tout ce pays faites de pierres roulées femblables à celles de la riviere de Gé- nes. M. Guenée l’a remarqué à Campo-Morone & à Autage. Ces pierres font apportées par les torrens. Celui qui pafie a Autage p s’elt, à quelque dillance de cet endroit, creufé un lit profond, en excavant une petite montagne qu’il a minée peu-à-peu, & au milieu de laquelle il s’ell formé un lit. C’ell encore de ces pierres roulées que les villa¬ ges par lefquels on paffe depuis Novi jufqu’à Turin , font bâtis. *M. Groflei , dans fes Obfervations fur l’Italie, dit que les briques font la matière la plus commune de tous les édifices de l’Italie. Les plus vaftes Eglifes , les plus grands palais en font bâtis : la pierre n’y eft employée , ainfl que le marbre , qu’en fimple parement. Les Architectes François n’ufent pas affez de cette reffource dans les lieux où la pierre eft rare. Ils pourraient cependant d’autant mieux s’en fervir qu’il s’en faut beaucoup que le bois nécef* faire pour la cuilfon de la brique foit auffi rare en France , qu’il l’eft en Ita- . lie. V oy. nouv- Mémoir. ou Obfervat. fur l’Italie, tom. 1 ,pag. au , Londr, f 764 des Sciences et Arts. 359 Entre Franca-ViUa & Novi , on trouve près de la ri¬ vière une vallée entourée de montagnes formées de fable de mer , & remplie de coquilles de la Méditerranée , de petites huitres de Gênes , de plus grofles de Corfe , de Lépas, de Clavis, &c. Le terrein de Monte aillier , mai- fon de plaifance du Roi de Sardaigne, peu éloignée de Turin , eft graveieux, à en juger par les fouilles , comme les environs de Paris , du côté de l’Ecole Militaire & du bois de Vê^inet. Il devient meilleur en approchant de Turin. Depuis Mortara jufqu’à Pavia , on paffe dans des fables qui rendent le chemin pénible fur-tout dans les grandes chaleurs. Tout ce terrein entre deux rivières eft fond un fablonneux , mais pourtant fertile. La rue de Plaifance appeilée Iljlradone , & qui eft de trois mille pas de longueur, a fur fes côtés de petites bornes de f granité ôt de fehite, au lieu que les trotoirs font de briques mifes fur le côté. On fuit cette conftruc- tion dans toutes les villes par lefquelles MM. Daubreuil & Guenée ont paffé depuis Gênes. Le Pô coule auprès de Crémone. Ce fleuve eft très- beau. C’eft le plus grand de ceux qui arrofent l’Italie. Toutes les rivières entre Y Apennin ôc YAdige fe jettent dans le Pô , ou du moins la plus grande partie. Il fe di- vife en plufteurs bras avant d’entrer dans le golfe de Ve-' nife i & tout le pays où ces bras coulent, font fujets à de grandes inondations. Prefque tout le pays entre Ferrare , Ravenne & la Chio^a , eft inondé , ou n’eft qu’un terrein fableux. Depuis Crémone jufqu’aux environs de San - Domuio , le pays n’eft pas extrêmement bon. Il y a beaucoup de terrein marécageux, fur-tout aux environs du Pô A Aufli * M. Grofley , dans fes Obfervations fur l’Italie, voulant faire connoître l’état de ce pays dans les temps! qu’il étoit gouverné par les Romains ou les Lombards , dit ce qui fuit, ce Aux bois qui couvroient une partie de l’Ita- 31 lie , joignons les marécages inhabitables qui environnoient les lits de la 35 plupart des rivier.es, & les lagunes 8c bas fonds où fç perdoient le P à 8c 'Ad.ge. Ces lagunes, ces marécages offrent aujourd’hui de fertiles 8c rian- 3> tes campagnes , qui doivent leur exigence aux travaux entrepris 8c exécu- Voy. Noui Mémoire ou Obferv. fut l’Italie t. i J pag. 268 8c a ,6p. Vitr. L. i . c. 14, Sirab, iLj 5, 5 tés pour réduire 8c contenir dans leur lit ces fleuves 8c ces rivières. Sil’an- 33 tiquité nous eût laiffé des cartes exaétes de tous les lieux , en les conférant » avec leur état aétuel , il en re'fulteroit une évaluation exacte du produit de » ces travaux. _ , . 33 Nous verrions que, fous l’Empire Romain, YEmilia , la Flamima , 8c 53 tout le pays Vénitien , n’étoient qu’un affemblage de terreins noyés , incul- 33 tes , 8c inhabités. Telles étoient , au temps de Vitruve , de Strabon , d He- •.» rodien, ces fertiles contrées que nous voyons aujourd hui entre Aquilee , 33 Altino , 8c Ravenne. Strabon ajoute que Brejfe, Mantoue , Reggio, 8c Corne , =3 étoient au milieu de marais, 8c que toutes les villes du pays Vénitien , ou 33 étoient entièrement environnées par la mer , comme Venife 1 eft mainte- 33 nant , ou que , baignées d’un côté par la mer , elles avoient de 1 autre des 33 lagunes , qui , dans le fiecle d’Hérodien , étoient encore navigables d Alti~ 33 np à Ravenne , 8c qu’ainfi tout le pays intermédiaire , dont Ferrare , qui 33 n’exiftoit pas alors , 8c fon fertile territoire , font aujourd’hui partie , ne- 33 toit habité que par des grenouilles. 33 *Ona découvert dans les fouilles que l’Infant a fait faire à V elléta un an-; cien édifice qu’on prétend être le Forum. M. Guenée croit que c’eft un Terri-' pie. Cet édifice eft un;quarré long , orné autrefois d’une colonnade , dont on voit les débris 8c les piedeftaux. Autour du pavé , régné un petit canal ou rigole pratiquée dans le marbre, dont ce quarré eft pavé. II y. a tout autour J des chambres où l’on apperçoit des conduits d’eau , des canaux , 8c quelques lièges. Rien ne peut mieux reffembler au Temple de Sérapis , découvert à Flapies. _ En revenant de Velle'la , on paffe par un petit village. On y voit des fer- pents ou couleuvres , qui , à l’ordinaire , ne font pfoint malfaifans ; auffi font- ils l’amufement des écoliers d’un petit Collège ou penfion des Prêtres de l’O¬ ratoire , établis dans cet endroit- _ Cette Cette l’eteig celui ( que le que F de ter monta y voit monta) ils fon On (a) fi c belles ville, nins. d’un dans pien Frar les 1 pare du i la f Prc yt de ( »{ 55 » 55 55 55 fl’ des Sciences et Arts. 361 Cette flamme dure jufqu’à ce que quelque coup de vent l’éteigne. Près de-là eft un petit terrein ardent , comme celui du Dauphiné. Les flammes y paroiffent mieux lorf- que le temps eft couvert. M. Guenée feroit porté à croire que Vdlèia auroit été détruite par quelque tremblement de terre. Il paroît, dit-il, qu’il peut y avoir eu dans ces montagnes des volcans plus confldérables que ceux qu’on y voit à préfent. Les chemins font très-difficiles dans ces montagnes : on ne peut y aller que portés fur des mulets ; ils font impraticables à toute autre voiture. On voit peu de pierres dans les environs de Bologne (a) fl ce n’eft dans les montagnes où il s’en trouve de très- belles près de Pia-Nova , qui eft à deux lieues de cette ville. On commence dans cet endroit à monter les Apen¬ nins. Toutes ce s montagnes ont paru à M. Guenée être d’un fond glaifeux , & cette terre eft la plus commune dans toute l’Italie, (h) On y trouve des fchites & des pierres femblables à celles de Bourbone & de Viteaux en France. Il femble que ce ne font que des glaifes durcies , les unes plus blanches & les autres plus grifes. Je com- parerois , dit M. Guenée , la Lombardie aux montagnes du Dauphiné & à celles du Grèfivauian , pour le fol; pour la fertilité & la maniéré de cultiver à la Tofcane & à la Provence. C’eft un fond de terre à-peu-près femblable. On y trouve les mêmes fruits , mais dans les montagnes plus de glaifes êc moins de granités. (a) Du temps des Romains , fuivant M. Grolley , « Bologne 8c Modene 55 fouffroient de très-grandes incommodités des eaux ftagnantes qui cou- 5> vroient une partie de leur territoire ; le relie de ce territoire étoit couvert 55 de bois : ce qui rendoit doublement dangereufe la communication de ces 55 deux villes. Tom. i , pag. iyo. (b) cc L 'Ajlefan , fuivant M. l’Abbé Nollet , eft une des provinces du Pié- 35 mont , ou la terre montre le plus de fertilité' : cependant il s’en faut que le 55 fol reffemble à ce que nous appelions bonne terre. C’eft une glaife dont la 55 couleur eft d’un gris alfez clair. Il paroît quelle eft mêlée de quelque fable qui la rend plus légère , plus diffoluble , 8c qui la met à-peu-près dans l’état 55 de celle qu’on prépare pour être cuite , 8cc. On en fait de la brique. 5, Prefque toutes les terres cultivées en Italie , font légères 8c fablon- k neufes. Cependant , j’ai remarqué quelles rapportoient beaucoup , §cc. T orne I, A a a Voy. Galbas Epift. ad Ci¬ céron. inter famil. 1. io. 8c Appian. bell. civil, 1. j. Voy. Mem. del’Académ, p. 472. an. 1749. Id. ibid. p, 47 J- 3 8c 38%, <3 1 des Sciences et Arts. 363 dre : elle eft couverte de châtaigniers , comme toutes celles qu’on apperçoit de loin. Le lac Cy minus , autrefois Vigo , eft au pied. Avant d’y arriver on paffe dans un grand bois également planté de châtaigniers. Il y a beau¬ coup de granité dans ce bois , & le fol n’eft formé que d’une terre grainue, dont le granité paroît avoir été com- pofé , ou qui n’eft elle-même que le réfultat de la décom- pofition de granités. Lorfqu’on eft arrivé à Rome , la beauté de cette ville f la magnificence des bâtimens & des monumens tant an¬ ciens que modernes qu’elle renferme , ne permettent pas aux étrangers qui viennent voir l’Italie , de palfer outre fans féjourner à Rome du temps , afin d’y fatisfaire leur curiofité. Audi MM. Daubreuil & Guenée contenterent- ils celle qu’ils avoient avant d’aller à Naples. Lorfqu’ils l’eurent remplie, ils partirent pour cette ville. En pafîant a V eletri , Sermonetta & Sepza , ils obferverent que les pierres de ces endroits font blanches. Près des deux der¬ niers endroits , qui font l’un & l’autre fur des hauteurs , on trouve des eaux foufrées. Leur odeur fe fait fentir de loin. Les pierres fur lefqu elles coule un de ces ruifleaux, font d’un beau blanc. Il tombe dans les Marais Pondus. M. Guenée dit avoir toujours remarqué des pierres blan¬ ches auprès des ruifieaux foufrés. Leur lit en renferme même de petites de la même couleur , & qui ont la forme de dragées , forme qui ne leur vient fans doute que des frottemens quelles fouffrent du roulement des eaux. Dans les environs des eaux appellées aquæ albulœ , cal - dare , & des ifies flottantes , les pierres font de la même forte. Le fond du terrein où pâlie le chemin de Tivoli , eft de la même pierre. Les Italiens la croient formée par les dépôts du ruifleau foufré. Toute la montagne de Piperno eft d une pierre blanche à grains fins , comme Scelle de Paleflrine , du mont Caf- Jîn & de plufieurs autres endroits. C’eft de cette pierre que la Cloaca maxima, conftruite par Tarquin le Super¬ be , eft bâtie, EUe n’eft pas belle comme la Trayertine ; Vïd. Muf. Métal, pag. 745.Bonon. 1648. in-fol. Voy. Nouv. Mém. ou ob- ferv. fur l’It. t. 3. p. 12$. 366 Mémoires sur différentes parties elle ne fe travaille pas fi aifément ni li bien ; on pré¬ tend qu’elle eft de plus de réfiftance : on la fait entrer dans les fondemens. Les blocs qui ont été employés à la conftrudion du grand égout , font d’une prodigieufe grolfeur. Les Temples anciens, les Eglifes modernes , le Colli- fée , le théâtre de Marcellus , & en général tous les grands édifices de Rome , font de la. pierre travertine. (a) C’eft la plus belle des environs de cette ville. On a em¬ ployé celle de Manno, pour les cheminées & les efca- îiers de beaucoup de maifons , cette pierre eft d’un bleu cendré ; elle réfifte mieux au feu que les pierres blan¬ ches ; elle eft plus compade & d’un grain plus uni. Les environs de Terracine ont auiïi de la pierre blan¬ che , mais le grain de cette pierre n’eft pas fi fin que ce¬ lui des précédentes. La montagne qui eft près de cet en¬ droit, eft coupée à pic fur le bord du chemin. Toutes ces pierres blanches refiemblent beaucoup à celles de Toulon, & du relie de la Provence ; en forte qu’à quel¬ ques endroits près , où , comme aux environs de Gênes , on trouve des fchites , des ardoifes , de la lavagne ou des pierres bleuâtres , telles que font celles du canton de Na¬ ples , il paroît que toute cette chaîne de montagnes eft de la même nature. On pourroit même en conclure que les différences qui peuvent s’y trouver , 11e font en partie que des accidens caufés par les volcans , les torrens , le roulement des pierres brifées & réduites en gravier qui k feraient réunis. Ces mêmes pierres blanches fe voient à Fondi , Mola , Gaete(b) &cCapoue.T)eux lieues ou à-peu-près avant Capoue, ( a ) M. l’Abbé Nollet parle de cette pierre dans le Mémoire que j’ai déjà cité. Il cherche à expliquer d’où peuvent venir certaines petites cavités dont font criblées quelques veines de ces pierres ; mais il ne dit rien de la nature de cette pierre ; je la crois calcaire , d’après ce qu’Aldrovande en dit. Aliqui Treverùnum faxum pro cake ad parie tes deaibandos commodijjitnum ejje opinantur. (I) ce En parcourant le terrein des environs de Mola , dit M. Groüey , je » vis les relies d’un mur d’une prodigieufe folidité , formé de très - groifes m pierres , uniformément taillées en bollàgcs. Ces pierres fe prêtoienj d’au- des Sciences et Arts. 367 commence la plaine appellée Campana Felice. Elle eft vafte & terminée par une chaîne de montagnes, qui va gagner la Calabre & la Sicile. On fçait qu’on en tire de beaux marbres. L’amphithéâtre de /’ Ancienne Capouc eft d’un beau marbre blanc & mat. En approchant d ’Averfe , & plus encore de Naples , les terres deviennent plus légères , ainlî qu’aux environs de Pouyyol, Bayes , Cumes , &c. de même qu \Portici, Pompèia, Statia. Elles font probablement mêlées de beau¬ coup de cendres & autres matières de volcan pulvérifées. c’eft peut-être de-là que vient en partie leur extrême fer¬ tilité. Les pierres des catacombes de la grotte de Naples & de celles de Cumes & autres , font une efpece de moëlon tendre & blanc-jaunâtre. Naples eft bâti de ces pierres & des marbres qu’on tire dans les environs. Toute la mon¬ tagne di Cap 0 di Monte , & toutes les autres de la ville paroilfoient formées de cette efpece de Moëlon. Allant de Naples à Pouytyl , on trouve une colline de pierre bleuâtre que les galériens taillent pour les ouvrages pu¬ blics , fur-tout pour le pavé de la ville : cette pierre eft une efpece de lave. La Po^yolane en grain , les pierres ponces légères & de couleur de cendre , des cendres quelquefois dans leur état naturel de divifion, quelquefois foiblement réunies en malle , forment une partie du terrein de Powyyol , Bayes & Cumes ; du refte ce font des pierres blanches : la montagne de Cumes en eft formée. Au-delfous de Cumes , on rencontre d’anciennes pifeines ouréfervoirs d’eau çreu- fés dans la même pierre. * » tant moins à cet agrément , qu’elles font un compofé de filex de la plus » grande dureté , uni par un ciment naturel. Ce que les Naturalises appel¬ ai lent du nom anglois Puding. Tout ce promontoire de G acte , eft une » malfe continue de cette efpece de compofition. *> * Ces dernieres Obfervations de M. Guenée femblent mettre quelque ref- tricUon à ce que M. de la Condamine rapporte dans fon Mémoire , où il dit => que toutes les montagnes ou coteaux des environs de Naples , feront vifi- =» blement reconnoître à l’examen pour des amas de matières vomies par des a> volcans qui n’exiitent plus, bc dont les éruptions, antérieures aux Hiitoires^ '3'6S Mémoires sur différentes parties Tant de voyageurs & d’Ecrivains ont parlé delà Soif ci¬ tera , du lac et Avertie, delà Grotte du Chien , du Monte nuovo , que M. Guenée n’a pas cru devoir rien noter fur ces endroits qui font fi connus par les remarques de tant d’autres Obfervateurs. M. Guenée palfe même très-légere- ment fur ce qui regarde Pordci. Il remarque feulement qu’il eft bâti fur les laves qui ont enfeveli Herculane. Pompèia l’eft fous un coteau formé des cendres du Véfuve. On trouve dans les fouilles qu’on y fait , outre les cen¬ dres j une pierre noire, légère & poreufe , mêlée départies brillantes également noires & qui femblent vitrifiées. La derniere lave qui a coulé fur le chemin de T orre del Grceco fumoit encore dans quelques endroits lorfque MM. Daubreuil & Guenée y palferent. On les alfura qu’on avoit: trouvé dans les fouilles de Pompéia des carreaux de vitres faits de véritable verre & non de pierre fpéculaire , & qu’il y a dans quelques-uns de ces fouterreins une vapeur mor-> telle ou mofflette. Des gens y étant inconfidérément en¬ trés, ont penfé y périr. Cette odeur reffemble allez , à ce qu’on leur dit , à celle de la Grotte du Chien; l’effet de l’une peut expliquer celui de l’autre. » ont vraifemblablement formé les ports de Naples & de Pou\\ol. Ce n’eft » pas feulement à Naples , 8c dans fon voifinage que j’ai trouvé de pareilles 33 matières : mes yeux exercés à diftinguer les différentes émanations du V e- S3 fuve , 8c fpécialement la lave , fous fes divers afpects , l’ont reconnu fans 33 équivoque fur toute la route de Naples à Rome , 8c aux portes de Rome 33 même , tantôt pure , tantôt mélangée ôt combinée avec d’autres ma¬ ss tieres. 33 Tout l’intérieur de la montagne de Frefcati , où étoit le Tufculum de 33 Cicéron , la chaîne de collines qui s’étend de Frefcati, à Grotte-F errata, à 33 Cajlel-Gotuiolfo , jufqu’au lac d ' Albano , la montagne de Tivoli en grande 33 partie ; celles de Caprarola, de Viterbe , 8cc. font composées de divers lits 33 de pierres calcinées , de cendres pures , de feories , de graviers , de matières 33 femblables au mâchefer , à la terre cuite , à la lave proprement dite : enfin 33 toutes pareilles à celles dont eft compofé le fol de Portici , 8c à celles qui 33 fontforties des flancs du Véfuve fous tant de formes différentes.On diftingue 33 à l’œil toutes ces diverfes fubftances, On reconnoît les cendres à la couleur, 33 8c même au goût : il n’eft pas poffible à quiconque examine avec attention 33 ces produirions du Véfuve de ne pas reconnoître une parfaite reiî'emblance 33 entr’ elles 8c celles qu’on rencontre à chaque pas fur fon chemin , en allant 33 de Naples à Rome , de Rome à Viterbe , de Rome à Lorette, 8cc. 33 P. 3 76 177* „ On des Sciences et Arts. _ r, Ontraverfe les riches vallées de Notera pour aller voir les fouilles de l’ancienne ville de Statia. Cette plaine eft de médiocre grandeur & entourée de hautes, montagnes. Le terrein eft extrêmement fertile & tres-bien cultive. La grande éruption du J^èfuvz y les fecoulTes des trembla- mens de terre , ayant rompu la croûte fur laquelle la ville était foutenue , elle fut engloutie toute entière & recouverte enfuite des matières que jette cette terrible montagne. On creufe douze a quinze pieds pour trouver les bâtimens. Ceux qui fouillent , rencontient d abord^trois pieds de bonne terre noire , & enfuite fix a huit. pieds ue pe- tites pierres légères comme la pierre ponce , qu iis appellent pumici : elles font fans liaifon entre elles , & tombent en une efpece de cendre quand onlesécrafe. Cetteforte.de terrein fe trouve dans tous les environs du V ejuve. Au lieu d„ ces petites pierres j on ne voit quelquefois que de la candie. Pompéia eft actuellement éloignée de deux ou trois milles de la mer : elle étoit vraifembiablement autrefois fur le rivage. Ce n’eft aujourd hui qu un tertre compofe de pes édifices moitié détruits, moitié fubfiftans , & ^ malle de diverfes matières venues par leVefuve,qui 1 ont .enveloppée d’une croûte très-épaiffe. En approchant de Nocera & lorfqu on en fort par la grande route, on trouve des fables & graviers avec do pe-, tits cailloux roulés. A l’endroit appellé la Cava , a Salerne, on revoit les pierres blanches dont il a été plus d une lois queftion ci-deffus. A Evoli ce font des efpeces de poudin- gués : on en tire de la montagne qui eft a dioite .de cet en¬ droit , & on les emploie dans les bâtimens. Ces pierres font compofées d’un amas d’autres petites pierres liées par un ciment naturel. On a toujours, a gauche de cette monta¬ gne , la plaine qui s’étend de Evoli a Pafli. Le.chemin de Salerne à la Cava eft magnifique & prefque taillé dans le roc de la montagne , le long de laquelle il paffe de meme que fur le bord de la mer. Il eft orné de parapets. Il pâlie encore entre des montagnes & dans des vallées où il eft foutenupar de très-beaux ponts. Tomtl. Bbb 370 Mémoires sùr différentes parties La pierre dont Pajli eft bâti, 6c dont les murs , les tem¬ ples, les colonnes ( elles font de plulieurs morceaux) font faits , eft de celles que les Italiens appellent pierres tubu¬ laires. Elles font formées par le dépôt pierreux que les eaux laiffent fur les rofeaux , quelles incruftent de cette matière. On dit que le ruifïeau qui coule dans la plaine, a la propriété d’incrufter ainfi en très-peu de temps tout ce qu’on y jette. C’eft là fans doute l’origine des pierres dont Pa(li eft bâti ôt des malles qu’on en voit entre cette ville ôc le vieux Capacdo. Il régné tout le long du golfe jufqu’au bord de la Sala & de-là jufqu’à Evoli, Ôc à trois lieues de Salerne, un mau¬ vais air, qui en été eft chargé de vapeurs malfaifantes. Il y a peu d’arbres dans tout ce canton. On obferve la même ra¬ reté dans tous les endroits où les vapeurs font nuifibles. Seroit-ce que ces fortes de terreins ne leur feroient pas propres ou qu’on craindroit d’augmenter la malignité de l’air en ombrageant le pays ? Capacdo eft le lieu le plus éloigné de l’Italie où M. {menée ait été. De retour à Naples , M. Daubreuil ôc lui n’y furent pas long-temps fans fe préparer à revoir Rome, où ils retournèrent par une autre route que celle par la¬ quelle ils étoient venus de Rome à Naples. Avant de les fuivre , il faut que je rapporte les remarques qu’ils firent à Naples même ôt dans fes environs. Une qui n’eft pas des moins intérefifantes regarde un coquillage de mer. M. Guenée examinant l’ancien temple de Sérapis qui eft à PouçtôI, remarqua que ce temple a été long-temps baigné jufqu’à une certaine hauteur par les eaux de la mer. A cette hauteur les colonnes de marbre de ce temple , tant celles qui font par terre, que les deux qui font encore fur pied , font percées de trous ronds. Leur nombre ôc leur forme confiante les firent reconnoî- tre par M. Guenée pour l’ouvrage de cette efpece de co¬ quillage qu’on appelle du nom de datte. Il refte encore dans ces trous des coquilles, dont quelques-unes font longues de trois pouces. des Sciences et Arts. 37l L’on dit communément que les pierres où 1 on trouve gÇgij 372 Mémoires sur différentes parties . & le Féfuve caufe beaucoup de ravages dans fes érup¬ tions * il produit au moins des matières dont les Napoli¬ tains ont fçu tirer quelque parti. Ils travaillent les iaves en font des tabatières quelquefois d’un très - grand prix. On vouloit en vendre une fmguliere cent fequins lans etre montée. Cette lave étoit de couleur grife & verte, avec des endroits rouges qui reffembloient à des rubis. Outre les bijoux que les Napolitains font avec ces laves , ils les fçient encore en petits quarrés qu’ils vendent aux curieux de ces fortes de matières. Ils en forment des fuites dont les morceaux font prefque auffi variés que ceux des marbres. Peut-être auffi que cette grande variété ne vient que de ce qu’ils coupent en plufieurs fens les mê¬ mes morceaux , ce qui peut faire beaucoup varier les ta¬ ches & même les couleurs : c’eft ce qu’ont fait, pour les marbres , les ouvriers Florentins & ceux de Rome, Quoi qu’il en foit des laves , je vais en faire connaître une fuite apportée par MM. Daubreuil & Guenée. Elle étoit compofée de quarante-cinq petits quarrés-longs ou reêlan- gles de lîx lignes de longueur , fur dix de largeur & une d épaiffeur. . Les plus jolis de ces morceaux font d’un allez beau noir avec des taches blanches, dont plufieurs forment des. étoiles irrégulières à cinq ou fix rayons courts & larges ils ont depuis deux jufqu’à quatre lignes de diamètre. Une autre lave qui ne différé de celle-ci qu’en ce que le fond efl moins noir , que les taches font plus petites ,, moins bien formées en étoiles & d’un blanc moins vif. Une troifiéme eft grife, avec des taches blanches , ron¬ des & plus ou moins-grandes. Une quatrième eft gris-clair, avec des taches blanches rondes, plus ou moins grandes, des taches noires en quar- ré-long , triangulaires , trapèzes , inégales en grandeur. Une cinquième eft gris-clair avec des taches blanches , lavées d’un peu de jaune, irrégulièrement quarré-long & avec des points noirs & lins. Une fixiéme eft d’un gris - terreux, avec des points* blancs & quelques taches blanches irrégulières. 313 des Sciences et Arts. Une feptiéme eft gris-noir pointillé de blanc. Une huitième eft gris-rouffâtre avec de petites taches FlS- s- irrégulières d’un blanc de lait & quelques gros points noirs. Une neuvième eft dun gris-rouffatre avec de petits Fig.?, points blancs extrêmement fins , parfemé de quelques ta¬ ches noirâtres, & quelques-uns d’un rouge de cinabre affez vif. Une dixiéme eft d’un gris-noir parfemé de très-petites Fig. 2. taches blanches , mais en petite quantité. Une onzième eft brocatelée de gris-terreux & de noir. Fig. p Une treiziéme eft d’un gris- clair , pointillé de blanc- terreux & un peu noir. Une quatorzième eft d’un gris-rouffâtre avec de petits Fig- ** points blancs ternes , & quelques autres qui font noirs. Une quinziéme eft d’un gris - clair parfemé de quelques Fig. 2, points blancs ôt de noirs. Une feiziéme eft brocatelée de brun , de noir & de jau¬ nâtre. Unedix-feptiéme eftgrife, pointillée de noir, lavée de jaunâtre & parfemée de petits points comme pyriteux. Une dix-huitiéme eft olivâtre, avec des tacnes blan¬ ches & petits points noirs. Une dix-neuviéme eft grïs-de-lm , parfemée de points FiS- 4* blancs , & de quelques-uns qui font noirs. Une vingtième eft brune avec de grandes taches irré¬ gulières plus foncées & points noirs. Une vingt-uniéme eft rouffâtre, parfemée de taches noires. Une vingt-deuxième eft olivâtre avec quelques points blancs , quelques taches blanches & des taches noires. Une vingt-troifiéme eft grife prefque fans points , ceux quelle a font noirs. Une vingt-quatrième eft jaunâtre , lavée de rouffâtre avec des points & taches noirs. Une vingt-cinquième reffemble a 1 albatre , elle eft veinée de blanc , de verdâtre & de noirâtre. Une vingt-fixiéme eft brocatelée de gris-clair & de noir. Fig. è* 374 Mémoires sur différentes parties Une vingt - feptiéme eft brocateiie de branc & de noir. Les autres morceaux avoient un fond d’une couleur qui tenoit du fond des uns ou des autres des morceaux qui viennent d’être décrits ; mais ce fond plus ou moins clair ou foncé , & les taches , de même que les points , étoient plus ou moins rares ou abondantes. Un feu aufli violent que le doit être celui que le Vé- fuve vomitjdans fes éruptions, les dilférens degrés de ce feu , la. variété des matières qui peuvent entrer dans la com- pofition des laves qui s’élancent de la bouche du vol¬ can , les différentes matières dont elles peuvent fe char¬ ger en coulant toutes enflammées far le penchant de la montagne & dans les plaines voifines, le temps plus ou moins long qu’elles font à fe refroidir & à prendre de la confiftance, toutes ces circonftances , dis-je, peuvent & doivent néceffairement occafionner des différences dans; ces laves , & l’on ne doit pas être étonné de la grande va¬ riété qui fe trouve dans, celles que je viens de décrire. Elles font plus variées que celles des autres pays que j’ai examinées. Leur compacité eft plus grande , elle l’eft même à un point, dans celles du moins que j’ai décrites, qu’ elles prennent un affez beau poli & fouvent tel qu’il approche de celui qu’on donne au marbre. Ces laves ne font pas, comme l’on fçait , les feules que le Véfuve jette dans fes éruptions. MM. Daubreuil & Guenée en ont ap¬ porté plufieurs fortes de celles qui font légères & remplies de trous : les unes font noires , les autres rougeâtres. Une eft d’une couleur de foufre pâle. C’eft de cette derniere qu’on retire le foufre par une préparation dont on peut lire la defcription dans la fécondé partie du Mémoire de M. l’Abbé Nollet que j’ai déjà cité plufieurs fois. Les pierres apportées par MM. Daubreuil & Guenée jettées fur les charbons ardents ne s’enflamment point , ne don¬ nent point d’odeur de foufre , mifes en poudre , & cette pouffiere femée fur de femblables charbons n’y exhale pas plus d’odeur de foufre & ne s’y enflamme pas da- D des Sciences et Arts. 57; vantage: il faut apparemment un feu plus continu & plus vif pour que le foufre puiffe fe dégager des matières avec lefqu elles il eft uni. M. l’Abbé Guenée ne put quitter Naples avant d’avoir vu l’ille de Caprée, fameulé du temps des Romains par le féjour que plufieurs Empereurs y faifoient dans certains temps de Tannée. Cette file peut avoir fept milles de cir¬ cuit ; mais elle eft plus longue que large & compofée de quatre montagnes, dont les deux plus hautes font aux deux extrémités , Tune vers l’Orient , du côté de Maffa, Tautre à l’Occident du côté de la pleine mer. Au milieu & vis-à-vis de Naples eft une petite plage bordée d’une vingtaine de maifons. Ce petit hameau eft appellé la Marine. La montagne qui eft du côté de l’Orient eft coupée à pic. Elle peut avoir fix à fept cents pieds au delfus du ni¬ veau de la mer. C eft de-là que Tibere faifoit précipiter ceux qui encouroientfa difgrace.La montagne qui regarde l’occident eft aufti coupée à pic. L’efcalier que fit conf- truire Tibere le long de cette montagne eft taillé dans le roc, & a fix cents degrés, dont le plus bas a fept à huit pouces. On monte long-temps depuis la mer pour arriver au premier degré de cet efcalier. Au haut de la montagne eft un fort, & un peu plus loin le bourg appellé encore Ano-Capri. Cette montagne étant efcarpée de tout côté , T efcalier eft le feul chemin par où les habitans puiffent y monter , y porter leurs provisions & defcendre leurs mar¬ chandées. Les pierres de Tille de Caprée font blanches. Elles ont la dureté des marbres ôc en prennent le poli. On en fait beaucoup de chaux. On emploie cette pierre dure dans les fondemens des bâtimens. On en pave aulli les rues. Cette pierre eft difficile à travailler , & pour éviter cette peine & charger moins les bâtimens, les habitans fe fervent en¬ core de la pierre de Soriento. Elle eft grife & pleine de parties noires qu’on pourroit prendre pour du bois ou autres matières femblables réduites en charbon, Cette 57 6 Mémoires sur différentes parties pierre grile n eft autre chofe qu’une efpece de cendre ve« nue fans doute du Véfuve ou de quelqu autre volcan, & qui peu-à-peu a pris quelque çonliftance. Tl oute la mon-- tagnecï tSoriento enéftcompbfée.L’on en trouve de fembla- ble dans tous les environs de ce canton. Elle eft légère & s’emploie fur-tout dans les voûtes. La pierre de P ouppol eft bleuâtre tirant fur le noir. On en fait des feuils de porte , des linteaux & plufieurs ornemens. Elle a quelque reflem- blance avec la lave , mais elle eft moins dure à travail¬ ler. On la tire fur le bord de la mer. Outre ces pierres , il y a dans fille de Caprée une efpece de tuffau qui fert à-peu-près comme ceux des petits moelons auxquels il reffemblc. G eft dans cette efpece de pierre , tantôt plus , tantôt moins dure que font creufées les grottes de Peuji- lipe ôe de la fybille, les catacombes de Naples , & les cou- ferves d’eau de Cannes. Après avoir fait l’examen des différentes matières re- jettées par le Véfuve , & dont MM. Daubreuil & Guenée ont apporté des échantillons, après avoir décrit fille de Caprée , je dois maintenant parler des obfervations qu’ils ont faites fur la route de Naples à B ènèvent & de Bênévent à Rome. En fortant de Naples pour y aller , on paffe la plaine appellée autrefois Campania , aujourd’hui Terre de Labour ou Campagne heureufe , Campagne favorij èe des ajlres , terra di Lavaro , Campana felice , / hllata , &c. noms quelle mé¬ rite à bien jufte titre. On paffe enfuite à Carra , ancienne colonie Romaine,1 maintenant ville épifcopale , mais qui eft peu confidéra- ble. Avant d’arriver à Arrienfo, on entre dans les monta¬ gnes par une gorge ou vallée très-fertile & très-bien cul¬ tivée. Les montagnes qui font fur la droite font plantées d’oliviers, ou couvertes de bois.Celles de la gauche ne font qu’un rocher nud , ce qui continue prefque jufqu a la plaine de B ènèvent. On ne ceffe point enfuite de marcher dans les gorges qui faifoient partie du famnium & au milieu des chemins creux * des Sciences et Arts. 377 creux , on croiroit être dans les fameufes fourches caudi- nes , fi on ne fçavoit qu’elles font de l’autre côté des mon¬ tagnes. Après Arpaya , petit bourg, ces gorges s’élargiffent 6c l’on entre dans une petite vallée où l’on apperçoit la pe¬ tite ville d’Ariola , & plus loin Monte-Sarchto bâti fur un mont ifolé au pied d’une chaîne de montagnes plus éle¬ vées. Au fortir de cette riche vallée , on entre dans les mon¬ tagnes qu’on traverfe par de très-mauvais chemins, &1 on defcenddans uneaffez agréable plaine. Les Cafîni dont elle eft ornée, annoncent le voifinage de quelque ville confi- dérable, & en effet on ne tarde pas à découvrir Bènèvent. Les pierres de toutes ces montagnes font blanches & de la même efpece que celles de l’ifle de Caprée. Cette forte de pierres fe trouve depuis Piperno jufqu a Salerne , Bènèvent , Monte-Cajfino , Valmontone , ôcc. C efl de cette même pierre qu’étoient faits les trotoirs des voies Appien- ne * & Latine, . Ces trotoirs font ufés dans les endroits ou ils fubfiftent encore , tandis que les pierres noires dont le milieu de ces chemins efl: formé n’ont été altérés ni par la durée de tant de fiécles, ni par le frottement & les fe- coufles des voitures, qui n’ont fait que les enfoncer ou les déranger. Ce qu’il y a de fingulier , c’eft qu’il paroît que ces pierres , fur-tout les noires , fe voyent encore fur ces voies anciennes , depuis jufqu’à Brindes , &c. de Rome à Capoue , &c. AL Guenée a encore remarqué dans les mêmes monta¬ gnes avant Monte-S archio une pierre tendre entièrement femblable à celle des fouilles de Pompéia. Ces pierres * “ Après Terracine, dit M. Grofley , la voie Appienne eft aufli faine 8c » aufli entière , qu’elle fortit des mains du Cenfeur Appius . Toutes les => pierres dont elle efl forme'e , de grès d’une dureté que dix-neuf fiécles n’ont » point effleurée , font toutes à joints inégaux , 8c paroiffent jettées irrégu- » lierement , 8c au hazard. Mais la précifion avec laquelle elles font raccor- 33 dées , 8c entr’elles , 8c avec celui qui forment les bords 8c le parement de =» la chauffée , fait voir , dans cet arrangement , le réfultat de la plus fçavante => combinaifon pour la folidité d’ouvrages de cette efpece.^ Pag. 132 8c 135, tora. j. Tome I. C c c 37,8 Mémoires sur différentes parties font noirâtres , légères , tendres ôt remplies de cryftaux réunis en façon de petites boules. En frappant ees pierres avec une canne, on en tire un fon pareil à celui d’une brique bien cuite. La terre où elles fe trouvent eft graffe .& argiileufe; • < nm ■. v. D’Arpaya à Madaluni on palfe plaideurs villages. Ma- daluni eft une ville fituée fur le penchant d’un coteau au pied d’une haute montagne. Là , on laiffe à droite le chemin des montagnes, qui s’étend jufqu au-delà de Ca¬ potai , ôt dont les lommets font prefque tous incultes. Après quelques Cafati ou villages, on arrive à la nouvelle Caferte. Le pont de ce dernier endroit eft bâti de briques , de moelonsfemblables à ceux de Sorriento , & de la pierre blanche qui fe trouvent dans toutes ces montagnes. D’Aquino on va à IfoUtta , autrefois Inter amne , ôt iuivant la voie Latine on palfe un petit bois , quelques ruifféaux ôt torrens remplis de pierres roulées des mon¬ tagnes. De-là on va à Fragelli , ôt Frtifinone qui eft bâti fur une haute montagne. Ses environs font rians ôt bien cul¬ tivés. On fe rend enfuite à Fiorentino : c’eft l’ancien Fæ- rmtinum.  quelque diftance de cet endroit , au pied d’une chaîne de montagnes , on fent une odeur défagréable , occalionnée par une eau foufrée qui coule près d une. métairie. Cette eau eft blanche & imprégnée de foufre. Les cartes font mention près de cet endroit de fources dont les eaux, après avoir coulé quelque temps a l’air , fe perdent en terre, & difparoiffent. Sur la gauche eft une autre chaîne de montagnes affez agréables, & couvertes de bois. La vallée qui fe trouve au milieu eft belle ôt bien cultivée : elle conduit à la ville d Anagtii, bâtie fur une hauteur. La même vallée fe continue après Anagtii , en s’élargilfant ôt fe rétréciffant alternativement. La terre paroît être fertile, mais peu cultivée. D’ Anagni on paffe à Malmonte , enfuite à Coionna , autrefois Labium , & l’on arrive enfin à Rome. , D’ Anagni à Coionna le terrein eft inculte. A Anagni les pierres font blanches, Valmonte eft bâti fur un ro- DES S C.ï E N C E S- E T ; A RT S. _ J79 cher que M. Guenée croit être de pozzolanedtircfî, Les habitans, pauvres, fe font creufe, comme a CittOrCcijl&ilunff, , des grottes dans cette roche tendre. Ils y logent ou y met¬ tent leurs beftiaux & leurs proviftons. Après Colonna la terre eft cendrée de pozzolane , mêlée de pierres brûlées. On y voit un petit lac. MM. Daubreuil & Guenée , de retour de leur voyage de Naples , ne fortirent plus de Rome, jufqu’à leur départ pour l’Allemagne ,que pour faire des excurfions autour de Rome , ou pqür de petits voyages tels que ceux de Tivoli, Frefcati, P alejlrine ou P re/iefie , Civita-V~ eççhià., les trois fontaines & 1 Tjle Sacrée. Pour aller à Tivoli , ils prirent leur route par 1 endroit appellé Aquœ Albulœ, par Ponte-Lucano , & par le lieu qui s’appelle le Calcare . Avant d arriver a P onte-Lucano , on paffe fur le petit pont dun ruiffeau foufré. Il vient du lac d’eau foufrée, 'appellé Aquœ Albulœ. Il a été pra¬ tiqué par le Cardinal d Elle , pour deffécher les marais de ce canton. Il rend une odeur défagréable , & coule fur un lit très-blanc. On en tire des pierres en forme de dragées , dont il a été queftion ci-devant. Son lit eft femblable a ce¬ lui du ruiffeau fulphureux, qui eft près d t.Sermonetta. Le lac paroît être moins confidérable que 1 autre. Quand on y jette quelque corps , 1 eau bouillonne pendant du temps. On voit fur ce lac des Ifles flottantes. Une s eft fixée a gauche du ruiffeau.* Près de-là eft la carrière des pierres Travertines, Lapi~ des Tiburtini, que quelques Auteurs Italiens croient etre une concrétion fulphureufe. Elles font tendres , lorfqu on les tire de la carrière; mais elles fe durciffent a 1 air. Dans les environs du lac, on voit a fleur de terre des pierres ou roches blanches, qui pourroient confirmer lidée de ces Auteurs , ou plutôt qui feroient les feules formées par ces concrétions foufrées. * L’endroit appellé le Calcare * M. Soufflot parie de femblables concrétions , propres à bâtir 8c à faire de la chaux , formées par les eaux chaudes de Bollicarne , aux environs de V herbe. Ces eaux font contenues dans un baiHn d environ quatre-vingts Ccçij VcyMéml de l’Acad. R. D.S.pag, 62 8c fuiv. ann, 1750. Vcye\ fe Mercure de France de Déc. 1 755. P- 7. 380 Mémoires sur différentes parties eft un peu au-ddfus. On y voit des fours à chaux & des carrières qui fournilfent la pierre néceffaire pour y faire cette diaux.**.., o hiu- j> ^ . •. ï tb' Tivoliy qui eft à quelques lieues de cet endroit, eft fa¬ meux par la cafcade formée par le Teverone , qui eft le prœceps Anio d’Horace. Lariviere, en tombant de la caf¬ cade , écume & murmure entre des rochers de pierres blanches. Elle tombe enfuite par divers fauts dans une vallée profonde ou fe rendent aufli des ruilfeaux, qui fe précipitent de la hauteur de près de deux cents pieds de long d’une pente rapide. M. Guenée n’a remarqué dans fon voyage à Frefcati, que l’emploi qu’on y fait d’une pierre femblable à celle de Piperno , & qu’on tire à Frefcati même. Dans celui de Rome à Paleflrine ou Prèncfle , il a obfervé qu’en palfant de l’endroit appellé Grotta-F errata , à Marino , pour al¬ ler à Albano , les pierres bleues dont il a été parlé plus haut , fe tirent fur le bord du ruilfeau qui fépare Marino de Monte- Albano. Ainfi ces laves & les pozzolanes grifes ne font pas loin du lac d’Albe. Le Monte-Albano eft la plus haute des montagnes de ce canton. On l’appelle Monte- Cavo, parce que la partie qui regarde Rome, rentre en elle-même , & a une figure concave. On trouve fur la route le lac de Gobie ; à P rêne [le les: pierres blanches dont plufieurs ont quelques taches rou¬ ges. La montagne de Prénejle en eft compofée. Elles y font prefque comme du marbre , & aufli belles au moins que celles du Mont-Ca/Jln. On voit fur le chemin de Pré- nefle à Grotta-F errata , des terres cendrées, des pozzola¬ nes grifes, des pierres calcinées avec des brillans noirs. Le lac appellé Lago di Caflello , a un fable noir ôc blanc dû à des débris de talc noir & de fpath ou quartz. On pieds de diamètre, & qui n’a , dans l’endroit le plus profond , que quaran- te-fix pieds. Les gens du pays , cependant , prétendent qu’il eft fans fond. M.Soufflot penfe que certains tertres ou cônes tronqués de pierres , d’environ trois cents pieds de bafe , qui ne font pas éloignés de Bolliçarne , 8c defquels on tire la pierre pour faire de la chaux , ont pu être formés par de femblables eaux. des Sciences et Arts. 3-8 s trouve fur la montagne près des Capucins , une terre cen¬ drée, des morceaux confidérables de talc noir mêlés dans cette cendre. Le lac d’Albe efl entouré d’un cercle de montagnes allez haiites. Elles forment un baffin qui peut avoir huit milles de circuit , & le lac fix. Ce lac paroî- troit avoir été un véritable volcan affaiffé, à la place du¬ quel il s’efl formé un lac. La fituation du lieu , la poz- zolane de la Campagnt de Rome , les pierres de laves- des voies romaines, porteroient à le croire. L’émiffaire, ou la décharge du lac d’Albe eft creufée dans la montagne & la pierre blanche qui la compofe. * Les obfervations que M. l’Abbé Guenée a faites fur les mines d’alun , rendent fon voyage à Civitci-Vecckia pour le moins auffi intéreffant qu’aucun des autres qu’il a pû: faire en Italie. Il obferve d’abord que les chemins qui con- duifent aux alunieres , font prefque impraticables. Le premier objet qui mérite attention, qu’on rencontré, font les thermes ou bains, appellés autrefois Aqucz-Tatifi. Il y réfie encore beaucoup de débris des anciens bâtimens: conftruits par les Romains. L’on a reftauré quelques cham¬ bres pour la commodité des malades qui y vont prendre les eaux. On monte enfuite pendant plufieurs milles dans des montagnes couvertes de bois. On y voit fur une hau¬ teur ifolée une tour ou château , près, duquel il y avoit , dit-on , une mine de plomb allez riche , mais que: la mal- adreffe de ceux qui l’exploitoient a forcé d’abandonner.. Le terrein eft glaifeux dans ces montagnes. En appro¬ chant de Civita-Vecchia, il renferme des fchites & autres pierres de cette nature , avec des veines de fpath & de * La feule repréfentation fut «ne, carte topographique du lac d 'Alba.no , V sy.Mém.' de fes bords efcarpés & de Ion enceinte heriifée de rochers , me rappella le delaConda- foùvenir du lac Quilatoa , que j'ai décrit ailleurs , 8c dont les eaux exhalent min. Mém. quelquefois des flammes. Peu de jours après , l’efpece même du lac d’Albano déjà cité „ 8c des matières calcinées dont fes bords fontfemés , ne me laiffa plus de p. 378. doute furtfon origine. Je vis clairement l’entonnoir profond de la mine d’un ancien volcan, dans la' bouche duquel les eaux s’étoient accumulées. Son érup¬ tion , dont l’hiftoire ne fait pas mention , doit être ante'rieure à la fondation de Rome 8c d’Albe même, d’où le lac même a pris fon nom ; ce qui re¬ monte à près, de trois .mille ans.- 382 Mémoires sijr différentes parties quartz. On y voit encore des pierres d’ardoifes & des ar- doifes pures, & d’un affez beau noir. Ç>n arrive enfin à la manufadure d’alun,r IË t - :e ; » .> Le Directeur , ou plutôt le Fermier Générai, entre les mains duquel elle qft, a dans ce lieu un logement affez confidérable , & entouré d’une quarantaine de maiions occupées par ceux qui travaillent à l’alun, ou qui prépa¬ rent les outils néqeffaires pour les travailleurs. A deux milles de cette efpece de village,, au-deffus de/a T alfa , font les carrières d’où l’on tire la pierre d’alun. ^ Ces carrières font dans les montagnes qu’on a ouver¬ tes , pour en tirer les pierres , par le moyen de divers infi trumens de fer & de la poudre à canon. Quand on veut mettre le feu aux mines , les ouvriers , placés à quelque difiance , jettent des tifons de feu avec beaucoup d’adreffe fur les mèches ou tas de poudre , qui s’enflamment auffi- tôt , ôc font partir les mines avec grand bruit. D’autres travailleurs achèvent l’ouvrage avec des outils de fer. On ne peut les voir fans quelque frayeur. Ils font fulpendus à plus de cent ou cent cinquante pieds le long de ces ro¬ chers coupés à piç , & attachés à des cordes pendant leur ttavail. Les pierres que les ouvriers rejettent comme inutiles, font grumeleufesôt s’égrainent facilement entre les doigts; d’autres font noirâtres, quelques-unes blanchâtres. Tou¬ tes celles-ci ne font bonnes que pour bâtir. Celles dont on doit tirer de l’alun , font blanches comme de la craie- , Quelques autres , qui font aufli très-bonnes , quoique in¬ férieures aux précédentes, font d’un blanc-gris, ferré, ôc polies à-peu-près comme le fdex ou pierre à fufil. Elles ne donnent pas cependant de feu , frappées avec le bri¬ quet, & l’acide yitriolique ne leur fait pas faire effer- vefcence. Ces pierres tirées des carrières font mifes dans des fours comme les pierres à chaux. Il y a un degré de cuif- fon en-deçà & au-delà duquel on ne pourroit point en ti¬ rer de l’alun , du moins fi aifément. Quand elles font au des Sciences et A r ts: 383 jüfte degré, on les porté à la manüfafture. Les 'fours font irevêtus d’un granité grifâtre , ou il y a beaucoup de brillans répandus en allez grands moréeaux' : il fe tiré des montagnes voifines, Ou, tout au plus loin, dé î’ifF eWElUk. * A la Manufa&ùre, on étend les pierres dés différentes cuites, dans de grands quarrés-longs. On les entalfe les unes fur les autres à la hauteur de quatre à cinq pieds , fur environ trente de longueur & huit à dix de largeur. Autour de ces quarrés-longs, font des rigoles d’eau alfez larges, d’où plufieurs ouvriers jettent de l’eau fur ces tas de pierres avec des pèles de bois. Ces pierres ainfi mouil¬ lées fe fondent peu-à-peu comme la chaux , & fe rédui- fent de même en une pâte blanchâtre & moliaffe. Des taches rouges qu’on y voit à-peu-près comme dans le mar¬ bre blanc veiné de rouge , font l’effet de matières étran¬ gères ôt du feu par lequel ces matières ont paffé erï même temps qtie les pierres. Ces pierres ainfi réduites en pâte , font partagées dans dés* èhaudieres , où on les mêle dans l’eau qu’on y tient fur le feu qu’on ménage tellement qu’il rende feüîement * L’ifle d’Elbe étoit célébré par fes mines de fer dès le temps de Virgile ., qui dit de cette ille Ene'id. lxV. 10 . p. Z1Z* ...... -4/1 llva ... e'dit. de iVÎ. Infula inexhaujiis chalybum generofa me ta [Es. l’Abbé des Pline fait auffi mention de cette ifle comme contenant des mines de fer _, Fontaines .. lib. 3 , cap. 6. lib. 34, cap. 14. Audebert rapporte que cette ilîe fournit Paris 1714* de l’aimant ou calamite , 8c qu’il s’y en trouve de noir , d’un bleu foncé 8c qn troiliéme qui eft d’un roux brun. Les uns font denfes , folides„8c pelants ^ 8c plus forts en vertu ; les autres font poreux , comme fpongîeux 8c de moin¬ dre qualité. On l’a alluré qu’il y a auffi dans cette ille de l’aimant blanc , 8c qu’il eft le meilleur de tous. J’ai eu un morceau de cet aimant qui eft jaunâtre 8c iherborifé. Il a été pris à Porto-Longone, à vingt lieue- de Livourne , 8c à quatre lieues dé la côte. Audebert rapporte encore qu’il y a une grande quantité de bol rouliâtre dans les minières de fer-, 8c que celui qu’on vend pour du bol d’Arménie, vient de l’ille d’Elbe. Je ils dans une note que je dois à M. Hellot de cette Académie , qu’on prétend qu’il ne faut que vingt-cinq ou trente ans, pour qu’une terre fouillée , pour en tirer de la mine de fer , reproduife la même quantité de matière , mais que fe bois manque dans cette iflé. J’apprends encore par cette note , qu’on y a autrefois tiré beaucoup de plomb 8c d’étain, 8c quelle a auffi des mines de foufre 8c de yitriol. 11 eft dit dans le Dictionnaire de Vofgien , que cette ille a une carrière de marbres, Ces marbres né feroient-ils pas les granités dont parle M. Guenée ? 384 Mémoires sur différentes parties l’eau tiede & un peu chaude, fans pourtant la faire bouil¬ lir. Ces grandes chaudières font de cuivre par le fond : le haut eft de briques revêtues de bon mallic. Tant que cette pâte eft dans l’eau , on la remue avec de longues pèles, dont les manches relfemblent à de petits folivaux. Il y a au 'bout une forte de cuillier de fer, avec laquelle les ouvriers retirent la terre , & les matières hétérogènes pendant que l’alun fe diffoutdans l’eau. Quand cette opé¬ ration eft finie , on fait couler l’eau des chaudières dans des cailfons ou cuves quarrées , longues , plus larges par le haut que par le bas, & qui peuvent avoir dix pieds de hauteur fur deux ou trois de largeur a chaque face. Elles font de planches clouées les unes aux autres , & bien calfatées; à mefure que l’eau fe refroidit, le fei ou alun fe cryftallife , en s’attachant aux parois. Il eft plus ou moins blanc , félon que l’eau eft plus ou moins chargée de matières étrangères. L alun ainfi cryf- tallifé , bn fait couler l’eau des cailfons dans des canaux qui la portent aux réfervoirs où elle eft confervée a caufe du fel ou alun dont elle eft encore chargée. Une roue avec un chapelet de féaux la remonte a la hauteur des chaudières , où elle fe verfe par des canaux , dans lefi quels fe dépofe & fe cryftallife encore une partie de 1 alun qu’elle retenoit. On fe fert tant qu on peut de la meme eau pour les chaudières : on fupplée feulement par de nouvelle eau à celle qui fe perd par 1 évaporation. L alun peut être fept à huit heures à fe cryftallifer. Les canaux par lefquels coule l’eau chargée d’alun, & la nouvelle, font de planches allez mal jointes : mais on en bouche les trous avec une craie jaune & gralfe, dont on ne fait pas d’autre ufage. _ On dit qu’un efclave Chrétien , échappé de Milo , ou il avoit travaillé long-temps aux alunieres que le Turc y fait exploiter, ayant trouvé le moyen de s’échapper , & s’étant réfugié à Civita-J ^ tcchici , découvrit dans les moi." tagnes ces pierres d’alun, fur linfpeélion principale¬ ment des pierres de la montagne , & par des filets d alun des Science set Arts. 38 ; d’alun de plume , qu’on prétend aufli y avoir été trou¬ vés. Le détail dans lequel M. l’Abbé Guenée eft entré au fujet de la fabrique d’alun, eft trop bien circonftancié , ôc nous développe trop bien les manœuvres qui y font em¬ ployées, pour que je l’eulfe fupprimé , fçachant même que feu M. Geoffroy le Médecin, & avant lui le fleur Au - debert, euffent décrit ce travail, l’un dans la fécondé partie de fon voyage en Italie , l’autre dans fa matière médicale. Ces deux Auteurs ne font point entrés dans cer¬ tains détails , qu’ils ont apparemment regardés comme inutiles , & qu’on pouvoit aifément imaginer ; mais en fait de defcription d’Art, il ne faut pas fouvent négliger de dire les moindres circonftances, la réuffite de l’opéra¬ tion dépendant fouvent de ces petites manœuvres qu’on a négligé de rapporter, & qui n’ont été ordinairement imaginées qu après bien des tâtonnemens , beaucoup de dépenfes & de pertes. On ne peut fouvent y parer que par la connoiffance des moindres manipulations ; ôc fi l’on pouvoit objeéter quelque chofe à M. Guenée, ce ne fe- roit pas d’avoir entré dans trop de détails , mais plutôt d’avoir peut-être oublié quelques circonftances qui pour- roient lui être échappées. Je reviens à la fuite du voyage de M. Guenée. La fa- meufe grotte des ferpens eft près Civita-V ecchia. S’il s’y fait quelques guérifons , elles font dues fans doute moins aux ferpens qui viennent, félon le Pere Labat, lécher les plaies ôc les ulcérés des malades , qu’à une vapeur fui- phureufe qui s’y fait fentir. En allant de Rome à l’endroit Alle-tri-Fontane , ou les trois Fontaines, on paffe par le MonteTeflaceo. Cette montagne , comme tout le monde fçait , eft fac¬ tice , compofée de taillons ou fragmens d’urnes Ôc autres vafes de terre : elle a deux cents palmes de haut , ôc près de fix cents pas de circuit : elle n’intérelfe les Phyficiens que par le vent frais qui en fort en été. Cette fraîcheur a engagé des particuliers à y faire des grottes qui leur fer- Tomel, Ddd Voy. Ma¬ tière Me'dic. p. 224, t. 1. Edit. Franc. Par. 174 in- 12. Hiil. del’Acad.R. des Scienc. p. 20 , ann. 1702. Voye\ le Voy. d'I¬ talie , par le fieur Aude- bert, 2. part. Par. 16 y 6. pag. 23 6 8c îuiv. ,^S6 Mémoires sur différentes parties vent de celliers. * On remarque que , depuis que ces grot¬ tes font devenues plus nombreufes, le vent eft devenu moins frais. On parle d’un puits voifin de ces amas de taillons , dont l’eau eft falutaire à boire , & bonne pour les plaies. Après cette efpece de montagne on paffe aux Grottoni ; on y fouille une pozzolane qui eft fort rouge. Les trois fontaines de l’endroit qui porte ce nom , ont chacune un goût différent. A quelque diflance de-la , eft YAqua Auto fa : elle a plus d’acrimonie que celle de la porte du peuple à Rome. Plus loin eft la Solfatera des Altieri , Ôt enfuite O fie , qui eft actuellement à trois milles de l’embouchure du Tibre , qui s y jettoit autrefois dans la mer. Pour aller à P Ife facrée, on fort de Rome par le che¬ min qui mene à Porto. On trouve, a un mille de Rome f une colline affez étendue, où il y a des carrières dont on a tiré de la pierre. On voit dans les grandes grottes que ce travail y a occafionnées , des congélations , qui , a la lumière des flambeaux, offrent divers couleurs de cryf- tal, de topafe, d’iris. On voit à-peu-près la même chofe dans les catacombes de Saint-Laurent : les gouttes d eau tombent des voûtes des niches où font les corps. Le Pere Kircher prétend y avoir vu un cadavre pétrifié ou plutôt incrufté. Après ces différentes courfes dans les environs de Ro¬ me, MM. Daubreuil & Guenée ne fongerent plus qu’à leur départ pour l’Allemagne ; ils ne firent pas moins dans eette route d’obfervations curieufes & intéreffantes r comme je le ferai voir dans la fécondé partie de ce Mé¬ moire. P~oy. Métal de l ’Acad. R.D.S.pag. 485 & fuitr. îon, 1745. * Les expériences faites par M. l’Abbé Nollet dans ces fouterreins, doivent r comme il dit , faire beaucoup rabattre de ce que 1 on raconte de cette fraî¬ cheur. Mais il eft certain , fuivant encore M. l’Abbé Nollet , qu il y lait plus froid que dans nos fouterreins les plus profonds. M. 1 Abbé Nollet demande fi cela ne pourroit pas venir de ce que les taiffons ne s échauffer oient pas- aüement? 3 S 7. des Sciences et Arts. SECONDE PARTIE. La première partie de ce Mémoire renferme les ob- fervations que Meilleurs Daubreuil & Guenée ont faites dans quelques endroits de la France , & depuis 1 entrée de l’Italie jufqu a Cappucio , endroit un peu au-delà de Naples. Je rapporterai dans cette fécondé , ce qu ils ont obfervé depuis Rome jufqu aux confins de 1 Allemagne * où ils fe font rendus en paifant par Femfe & le Tirol. Pour aller de Rome à Venife , on paffe d abord par le Ponte-Mole , autrefois Pons-Milvus ; c’eft fur ce pont que Conilantin défit Maxence. En continuant la route, on voit le Tibre à droite , & fur la gauche des coteaux for¬ més de pierres cendrées , qui contiennent des matières noires calcinées , des pierres ponces & quelques pierres blanches d’une nature très-différente de celles qm les ren¬ ferment. Les mêmes pierres fe revoient dans l’endroit appellé P rima-P orta ; on y trouve la voie Flaminia , dont il y a des parties affez bien confervées ; on la rencontre pendant un long efpace de chemin. On paffe enfuite à Borghellacïa , qui efi dans un val¬ lon bien cultivé , de même que Cajlel-Nuovo , où 1 on trouve une terre graveleufe dans le genre de la pouzzo¬ lane ; on vade-là à Regnano : à quelque diftance de-la on voit le bourg de Saint-Orefle. Entre ces deux bourgs commence le mont S oracle , dont parle Horace ; * il n étoit point alors couvert de neige , quoiqu un dernier des [Voyageurs en Italie prétende qu’il l’eft toujours. La pierre eft dans ce canton d un bleu noir , parfemée de glo¬ bules blancs , qui paroiffent être du quartz ou d’une ma¬ tière qu’on prendroit pour un fel fixé : c’eft de cette pierre qu’eft conftruite la voie Flaminia : elle eft très- dure, aufli a-t-elle réfifté fur ce grand chemin aux frot- temens des voitures. Les globules moins folides fe font échappés du corps delà pierre : c eft la feule perte ^qu elia paroiffe avoir foufferte. Cette pierre eft tm peu différente * Vides ut altâ fiat nive candidum Soracle. DddiJ 3' 8 8'. Mémoires sür différentes parties ea cela de celles des voies Appia , Claudia , &c. celles-ci n’ont point ces globules blancs , mais plutôt quelques^ points noirs : elles font de même très-dures & d’une cou¬ leur qui ell d’un blanc noir. On ne peut douter que les unes & les autres ne foient des efpeces de laves, & que le pozzolane n’ait éprouvé le feu. De Cajlcl-Nuovo on paffe à Citta-Cajlellana , que les ha- bitans prétendent, peut-être fans beaucoup de raifon , être l’ancienne JAeies. La fituation de cette ville eft fm- guliere, deux ruiffeaux ou torrens l’entourent entière¬ ment: ils ont creufé tout autour, des foliés naturels & très-profonds, dans l’efpece de tuffau, dont le terrein ell compofé. On y arrive , du côté d eRorne , par une gorge étroite & profonde , ou l’on paffe les deux ruiffeaux réu¬ nis, fur un pont conllruit nouvellement, on monte en- fuite à la ville par un chemin rude & efcarpé ,, taillé dans le roc ou tuf : on en fort par un pont qui ell en ce genre le plus bel ouvrage moderne des Romains.. Les. mêmes torrens ont creufé autour de la citadelle de cette ville un double folié naturel du côté de la campagne, {a)- En examinant la nature du roc ou tuf fur lequel Citta- Cajlellana (b) ell conllruite, & dans lequel les foffés font creufés , il ne paroît être qu’un tuffau rougeâtre , dans- lequel eh renfermé une quantité de pierres ponces noires & brûlées , les unes petites , les autres auffi groffes que le corps d’un homme. M. Guenée en détacha quelques- unes , qui jettées dans l’eau y furnagerent. Ce même tuf- fàu fe revoit à F alerte , ville autrefois célébré , & dont il ne fubfifte plus que les murs, une églife & une maifon : ( a ) Ce pont a été conllruit par l’ordre d’un Pape de îa maifon Caffini à rerîdroitoù aboutilïbit la voie Flaminia: Il ell compofé d’une double fuite d’arcades élevées; l\me fur l’autre: il- paroît avoir deux cent cinquante à trois cents pieds dans la plus grande élévation , fur une longueur à-peu-près égalé. X (A ) Cltta- Cajtellcma a déjà trois ou quatre fontaines alfez abondantes , ce qui n’empêche pas que la Communauté ne faflê actuellement une dcpenfe de 30000 écus romains pour conduire d’autres eaux par un aqueduç de fept à huit milles.’ Ce font des dépenfes étonnantes pour une auffi petite ville; mais les Italiens n’épargnent rien en ce genre. < '• des Sciences et Arts. 385» ces murs font bâtis de gros quartiers du même tuffau , placés les uns fur les autres , fans ciment; une partie eft entourée d’un folié creufé par un ruifleau ou torrent comme à Citta-Caflellana . Une ancienne voie romaine' venoit aboutir à un pont bâti fur ce torrent , & traver- fant la ville, gagnoit Per ouf e : on en voit encore les dé¬ bris & quelques relies de tombeaux. Les murs de cette ville ont allez la1 forme d’un clavecin dans leur étendue. On prétend que la difette d’eau n’a pas moins contribué à faire, abandonner Paierie par fes habitans , que les rava¬ ges quelle a éprouvés plufieurs fois. Le terrein eft in¬ culte dé couvert de bois depuis Citta-Caflellana jufqu’à Paierie , & depuis paierie julqu’à Capra-Vola. Cq^va-Vola eÛ un château fameux , qui appartient au Roi d’Efpagne ; au-deffous de la cour de- ce- château font des fouterreins voûtés & creufés dans Un tuf femblable à celui de Citta-Caflellana , & le terrein des jardins de Ca- pra-Vola eft également de ce même tuf. La terre des en¬ virons de ce château eft blanchâtre êt comme crayeufe. On y trouve des pierres très-tendres , dont le fond eft noir , femé d’un blanc de craie : il fembleroit que ce fe¬ raient des ëlTais des pierres de la voie Flaminia , que la nature prépare; les parties blanches feulement ne paroif- fent pas être de la même elpece : elles ne font pas 11 clai¬ res ni fi tranfparentes ; ces pierres tombent en grumeaux au moindre choc. On trouve beaucoup de ces terres & des pierres de la voie Flaminia , à Borghetto. Les maifons ôt les débris de la fortereffe de ce dernier endroit , font bâties du même tuffau qu’à Citta-Cafldlana. Les terres commencent à être mieux cultivées à Borghetto. De ce dernier endroit, on paffe à Ocrioli, ou l’ancienne O créa. On voit parmi ces ruines beaucoup de marbres & de granités. Avant de monter à N ami, qu’on trouve après Ocrioli , on voit des pierres compofées d’une multitude de petites pierres roulées , blanches comme celles du Mont-Caffin. Nami n’a rien de remarquable que les ref- tes d’un pont romain qui y étoiî confirait fur la Néra. Ce f 3po Mémoires sur diffère ntes r parties pont eft bâti fans ciment , de larges quartiers de la pierre blanche , dont la malle forme la montagne fur laquelle la ville eft fituée; ces pierres font taillées à refends , & la bâtiffe eft d’un très-bon goût. On dit communément qu’il eft bâti de marbre , fans doute parce que la pierre de la montagne reffemble au marbre blanc. On ne voit rien au relie qui l’en diftingue , fmon que le grain eft un peu plus liffe , & fans aucun des brillants qui fe trouvent dans les plus beaux marbres , & fur-tout dans celui qu on ap¬ pelle marbre faligno ; peut-être eft-ce un commencement de marbre que la nature n’a point entièrement perfeâion-: né. On en doit dire autant de la pierre de 1 amphithéâtre de Capoue, qu’on croit être fait de marbre, ôc qui y ref- femble , mais qui eft d’une pierre femblable a celle-ci. Avant d’arriver à Nanti, on fait plufieurs milles le long d’une montagne, au-deffus d’une gorge étroite, autour de laquelle coule la Néra. Cette riviere paroît de loin de couleur blanche mêlée de bleu & de verd. Le blanc ne paroît être autre chofe qu’un fuc pierreux qu elle en¬ traîne , fur-tout depuis qu’elle s’eft unie avec le Vèlino , précifément à la cafcade de Terni. Virgile appelloit 1 eau de cette riviere fulphureâ Nera albus aquâ ; on ne^ peut mieux la peindre. Au refte , il femble que plus on s éloi¬ gné de Rome , plus les champs font cultivés. On va de N ami à Terni , par une agréable & fertile plaine. Une femblable plaine conduit a la cafcade : elle eft coupée de ruiffeaux , qui font autant de faignées ti¬ rées de la Néra, & fertile au-delà de tout ce qu’on voit depuis Rome. A environ un mille de Narni , on com¬ mence à entrer dans des plantations d’oliviers qui font le plus agréable effet , & on monte infenfiblement jufqu’à Papigno, petit bourg bâti fur une langue de terre , au pied de hautes montagnes , dont elle eft la continuation î elle eft de tous côtés coupée à pic* & les torrens l’ont féparée des montagnes auxquelles elle n’eft plus jointe quepar un pont. Le chemin devient plus rude & les mon¬ tagnes plus efcarpées : on lys voit s’élever au-deffus de la des Sciences et Arts. ^ spi tête à plus de trois à quatre cents pieds , tandis qu’on a au-deffous de foi la N ira, qui mugit & écume à deux cents pieds, dans une gorge qui forme un précipice. Le chemin néanmoins eft fur, & fans aucun danger. Il a été depuis peu rétabli ôc taillé dans le roc, & eft affez grand pour qu’une caleche puiffe y palfer. On fait environ trois milles, toujours en montant, & l’on arrive aune petite plaine entourée d’autres montagnes très-hautes , quoique moins hautes que les premières ; c’eft dans cette plaine que coule le Vèlino , qui en fe précipitant forme la caf- cade. On appelle cette cafcade la Cafcata d&lle marmore.Cette cafcade , vue d’une pointe de terre qui eft a coté de la grande chute d’eau , ne peut 1 être qu avec 1 étonnement que caufe néceflairement un aufli fingulier fpeélacle. Le fleuve entier, après la première chute de vingt- cinq a trente pieds , fe précipite dans un abyme dont il n’eft pas polfible de voir ni de fonder le fond. Cette fécondé chute peut avoir environ trois cents pieds ; la plûpart des voyageurs l’affurent. Il faut pour cela que la montagne , à la prendre depuis la N ira jufqu’au Vilino , ait huit cents à mille pieds de hauteur , ce qui ne paroît pas hors de vraifemblance. L’eau déjà en écume par la rapidité de fon cours , 6c par le mouvement de la première chute , tombe comme un torrent de neige dans l’abyme où elle éprouve une commotion fi violente , que réduite en va¬ peur ou léger brouillard, elle remonte plus haut que la montagne : c’eft dans cette vapeur que parodient les arc- en-ciels qu’on y voit continuellement. Pour peu qu’il fafle de vent , elle eft emportée & re¬ tombe comme une pluie fur les fpe&ateurs : afin d’éviter cette pluie , on peut defcendre un peu plus bas dans un endroit d’où l’on voit, autant qu’il eft poflible au mi¬ lieu de ce brouillard , la hauteur de la chûte 6c le com¬ mencement du gouffre , que la pointe d’un rocher à moi¬ tié confumé par les eaux , fépare de la troifiéme chûte, La vue de ces rochers coupés à pic , le bruit des eaux? h 3^2 Mémoires sur différentes parties^ vapeur dont on eft enveloppé, forment un Tpedacle qu’on ne peut fe figurer fans en avoir été témoin. Si de cet endroit on remonte au-deflus de la première chute , on remarque que la pente du fleuve y eft fi ra¬ pide , qu’il entraîne en un inftant les plus groffes pierres; il écume Ôt mugit avec un bruit effroyable. En montant encore plus haut par des fentiers pratiqués dans des ro¬ chers , on diftingue aifément fon iit , qui eft creufé au fond de ces rochers. On dit que dans les temps de pluie ce fleuve s’élève au- deflus de fes bords efcarpés & profonds , remplit un au¬ tre lit qu’on lui a creufé à côté , & qu’alors la cafcade s’étend d’un bout de la montagne a 1 autre, ôt que, quel- qu’étonnant que puiffe paroitre le fpeôtacle de la cafcade ordinaire , il n’eft rien en comparaifon de ce qu il eft alors. Dans un des fentiers par lefquels on paffe , ôt dont il vient d’être parlé , M. Guenée a remarqué un trou ou des fta- laâiques étoient recouvertes par une forte de terre lé¬ gère ou efflorefcence, qui, jettée dans le feu, s y enflamme dès quelle a touché les charbons , & cela avec vivacité. La flamme eft belle ôc claire , mais elle paffe en un inftant. _ La troifléme chute peut avoir cinquante pieds , ôt eft plus large que toutes les autres : elle eft formée par toutes les eaux réunies , ce qui fait un coup-d œil impofant. En retournant à Papigno , on marche fur des plantes, dont la pointe étoit encore verte dans le temps que MM. Dau- breuil ôt Guenée y pafferent , le refte étant incrufté elles plioient fous les pieds, avec un bruit pareil a celui que peut faire du petit bois bien fec , fur lequel on mar¬ che. Par le chemin que MM. Daubreuil ôt Guenée tenoient, ils avoient à droite la N ira , réunie avec le Vtlino , ôt ces deux fleuves , emportésjpar la violence de la cafcade, for- moient une fuite de belles nappes d eau , en paffant par- deffus les rochers tombés de la montagne , ôt couverts de leurs écumes. Cette route , le long de la Niia, eft un des des Sciences et Arts. 39 3 'des plus affreux, & en même temps des plus beaux spec¬ tacles. Le fleuve mugit fous les pieds. L on a , a droite & à gauche, des montagnes couvertes d arbriffeaux verds,ôc coupées prefque à pic , qui s élevent prefque a ept ou uit cents pieds au-deffus de la tete. . Le pont de Papigno conduit dans une forte de jardin orné de belles allées d’orangers , à travers lesquelles on va gagner la montagne oppofée à la cafcade. La vue qu’on a dans cet endroit a quelque chofe de plus agréa¬ ble : l’autre eft plus affreufe ; mais toutes deux forment un des plus curieux Tpedacles qu’on puiffe jamais voir; c eft un contrafte fingulier que la tranquillité avec la¬ quelle la Néra coule vers la cafcade , à travers une belle plaine, & la rapidité impétueufe avec laquelle le Vdi.io fe précipite du haut de la montagne , & entraîne , en bouillonnant , les eaux de la N ira. * . , D . , Toutes les montagnes de la cafcade, d e Terni, de Fie di Luco , & plufieurs autres de ce pays, font de la même pierre blanche ; mais dans la plaine d’où tombe le Vdinoy & dans tous les environs de la cafcade , on trouve une autre forte de pierre : elle eft formée par les mcruftations des plantes, arbres, &c. qui s’y trouvent , & fur lefquels l’eau dépofe les parties pierreufes qu elle a délayées des montagnes ou du rocher; c’eft dans une maffe de ces in- cruftations qu’on a creufé affez profondément e it ans lequel le Vèlino coule depuis le pont. La plane eft rem¬ plie de grottes naturelles, tapiffées de fta a îtes, e ra cines incruftées , &c. là l’eau eft vraifemblablement char¬ gée de ces parties pierreufes , avant d arriver au roc et dans lequel elle fe précipite; peut-être quen y tom¬ bant , & que creufant par là chute ce rocher , elle s y charge encore davantage de ces particules pierreu es , car la rofée ou vapeur , en s élevant du gouffre , £ re~ * L’idée que M. Adiffon a eue fur la cafcade eft très-vraifemblable Cet Auteur penfe que le gouffre de la cafcade eft celui que Virg . le feptiéme livre de l’Enéide , ÔC dans lequel d fait replo g P tourner dans les Enfers* ^ Tomel. Eee 3P4 Mémoires sur différentes parties gtenc tombant enfuite fur les plantes des environs , même a une jes n certaine diftance , les en couvre & les incrufte ; ce qui pjani les fait mourir & occafionne une grande variété de ces incruftations. Il Tout le pays , en fortant de T erni , continue d etre ex- ^ant trêmement agréable & fertile , jufqu’ aux environs de Stret- ^ p tara : là les défilés deviennent plus étroits , & les monta- ^ vj gnes plus hautes. On n’y voit, pendant quelques milles , ^ que des chênes verds , & quelques autres arbres fembla- ^ ( blés , & peu de culture. On pafîe la montagne a laquelle c>£. fon élévation a fait donner le nom de Somma : les pier- , res dans cette route font toujours femblables a celles des environs de Terni ; il paroît cependant que le grain des premières eft encore plus fin. On remarque en defcenaant que , parmi ces pierres blanches, il y a des lits d une pierre de la même nature, mais qui eft de couleur rouge -.elle fert à bâtir , à paver les rues ôc a carreler les Eglifes . on la mêle avec la blanche, ce qui fait un affez agréable effet. ^ On trouve après Strettura , Spoleto , ville fituee fur une montagne, qui domine une plaine fertile, arrofee par le I Clitumne , riviere autrefois célèbre par la blancheur des } troupeaux qui paiffoient fur fes bords : on croyoit que les eaux du Clitumne , contribuoient a cette blancheur. Avant d’entrer dans la ville , on voit une côte agréable , cou¬ verte d’arbres verds. De Spoleto , on paffe a Fohgni , a Spello : on y retrouve les pierres blanches & les rouges . on va enfuite à la Madonna de gli Angeli , & puis à Pe- roufe. De Peroufe MM. Daubreuil fie Guenée revinrent a Foligni , allèrent à AJJife , & tournèrent vers Loretto. En paflant par Café- Nuove & Sara-Palle , a travers les Apennins , où ils montèrent pendant près de dix-huit mil¬ les, ils touchèrent fur le haut des montagnes jrlus. dune fois les neiges. Le chemin eft prefque toujours a mi-cote, avec des gorges profondes & étroites-: au-de flous & apres les premiers dix-huit milles, on fe trouve fur le haut de ces montagnes, auprès d’un petit lac, dans une plaine peu des Sciences et A r i s. 393 étendue. Dans toute cette route , on rencontre toujours les mêmes pierres : ici elles font enterrées dans une terre blanche ou rouge, dont vraifemblablement elles font for¬ mées celles du moins qui ont le grain extrêmement hn. Il eft probable que ces pierres font calcaires: cepen¬ dant la chaux eft plus rarement employée depuis Terni , & les briques plus communément en ufage. Le lac dont il vient d’être queftion, s’appelle Lago di code rionto. En defcendant à Sara-Valle, on rencontre la première fource du Chenu, qui coule en bas de cette petite ville ou bourg : c’eft un endroit fingulier que cette petite^vifie, & neit qu’un palfage ou défilé fi étroit, qu’on n’a pu y prati¬ quer qu’une rue fur le bord du ruiflfeau, formé par la fource dont on vient de parler. Des rochers nuds cou¬ vrent les montagnes qui s’élèvent au-delfus. En appro¬ chant de Macia , les défilés s’élargiffent , & le pays de¬ vient plus agréable & mieux cultivé ; ce qui continue, tantôt plus , tantôt moins , jufqu'à P onte delta Trava , & Valdmara. Aux approches de la derniere de ces deux poftes , le pays redevient affreux , & le chemin eft tour jours pratiqué fur les bords du Chcnti. Apres ce pays diffi¬ cile, on arrive à Tolentino , & de-là à Macerata , ville grande , riche , bien bâtie en briques , & fituée fur^ la croupe d’une montagne, d’où elle domine de tout cot fur ces plaines, ôt des vallées admirablement bien culti¬ vées. Avant d’arriver à Loretto , on palfe par la pofte e Sambuleto , qui eft au milieu de la belle plaine qui Lpare Macerata de Recanati , qui eft fur une montagne. Le che¬ min continue à être fur la croupe de la montagne jul- qu’à Loretto. De cet endroit Meilleurs Daubreuii ôc Guenée allèrent à Camerano , & de-là à Ancône : les chemins font mauvais , mais les campagnes tres-ferti es . ce font des vallons bien cultivés & bien peuplés. Ancône eft bâtie de briques & de la pierre blanche , dont il a ^ te parlé plufieurs fois ci-delfus : on la fait venir de trois a quatre milles d 'Ancône, du côté de Loretto. , On a remar¬ qué que celle-ci étoit trop tendre , & qu elle s éclatoit. E e e n Mémoires sur différentes parties à l’air, on lui a fubftitué une autre pierre de la même nature, mais apparemment plus dure, quon fait venir de Dalmatie : rien ne reffemble tant au marbre au brillant près. M. Guenée aobfervé, dans quelques-unes despre- mieres, de jolies cryftallifations , fie des morceaux confidé- rables de matières tranfparentes , qui forment comme des- pierres diftinêles au milieu de celles-ci. On trouve des montagnes en fortant d Ancône. : le pays continue à y être beau Ôt très-bien cultivé jufqu a Cafa.~ Brugiala , & de-là jufqu’à Seni-Gaglia. Cette ville efl bâtie ôt pavée de briques , pofées de champ , comme dans la> plupart des villes de ce pays. Le port efl; un canal forme par la Mifa : les bords de cette riviere font revetus de murs faits de cette belle pierre blanche , dont^ il a été queftion plufieurs fois. Entre Morotta fit Fano , \ on paflfe la Mataure , fleuve fameux par la défaite d’Afdrubal , qui a laiflfé fon nom à une montagne voifine : ce fleuve ne l’eft que pendant les pluies ou fontes de neiges ; ce n’eft dans d’autres temps qu’un filet d eau : on le paffe fur un pont de bois de cinq à fix cents pas. Le port de Fano efl: très -peu de choie : c’eft aulfi un canal formé par VAriJfa : cette riviere fait une fort belle chute d eau : elle tombe fur un glacis de plus de foixante pieds, quon a pratiqué au-deflus du pont. , A Il n’y a qu’une polie de Fano à Pef iro : on y batifîoit un pont avec la pierre blanche ou marbre, quon fait venir de l’autre côté de la mer Adriatique^, de 1 Iflrie : elle a aulfi des cryftallifations : on la polit comme le mar¬ bre , ôt elle en a l’éclat : on en fait des colonnes , dont le fuft eft d’un feul morceau : les plus gros blocs font employés à revêtir les bords du canal , fit a les défendre contre les flots. Pefaro eft bâtie de briques , fit pavée de marbre: la pierre blanche n’eft employée que pour les fon- demens , cordons , ôte» cette ville eft fituée , comme Seni-Gaglia fit Fano , dans un lieu uni , près de la mer. De Pefaro on paflfe à Catolica , pour aller a Rimini r cette ville efl: l’ancien Ariminium , Augufte avoit conduit des Sciences et Arts. 39 1 jufqu ici la voie Flaminia à travers & fur les plus hautes montagnes des Apennins : cette route gagnoit cja.ro . \ n’en paroit, depuis cette derniere ville jufqu ici, aucun vef- tige que quelques pierres de la même efpece que celles qui font d’un bleu tirant fur le noir , parfemees de points blancs, & qu’on ne peut s’empêcher de regarder comme une forte de lave. Le même Empereur fit faire a Rimini un très -beau pont de la pierre blanche des Apennins , femblable à celle à’IJlrie , qui probablement eft une e - pece de marbre , & qu’on appelle de ce nom dans ce pays. L’arc de triomphe de Rimini eft encore de cette pierre. On trouve fur les bords de la mer , des fpaths , aga- thes , porphyres & autres pierres dures quelle amene ap¬ paremment des montagnes. En allant de Rimmi a Saint- Marin, on pâlie par un pays glaifeux, affez bien cultive. La ville eft bâtie fur le haut d’une haute montagne , dont les rochers font coupés à pic, & efcarpés de tout cote: ces pierres font de la pierre blanche ou de marbre. On y voit auflî du fchite , des pierres grifes veinées de quartz ou fpath: on y obferve du fpath arrange en rayons autour de ces pierres grifes , comme autour d un noyau. Tout le pays , depuis Rimini jufqu a Femjc , eft fa- b leux , en paffant par Cefemtico, CervmRavame Terre ii Prima, 0 , Commacchio , Folam , MafolaSn Chmfa : tout ce canton eft auffi couvert de beaucoup d eau , comme a Cefmitico , à Ccrvia, où le chemin paffe a travers des ma¬ rais , coupés de foliés pour l’écoulement des eaux. Corn- macchio eft fitué , de même que Femjc, au milieu dun vafte marais ou lagune. / T Les fables ont été vraifemblablement apportés par le débordement des rivières , telles que le P à ôc 1 Adigc , ou même la mer. Il y a dans les environs de Ravcnnc une efpece de forêt ou de bois , où l’on remarque quelques arbres à fruits , & fur-tout beaucoup de vignes qui y viennent fans culture. On s’imagine , en les voyant, que ce font des reftes qui annoncent que ces campagnes ont été autrefois cultivées , avant que les eaux, les euilent cou- -5^8 Mémoires sur différentes parties vertes. Il paroît que ces lagunes le deffechent peu-à-peu,’ & que les terres reprendront le deflus. Il y a actuelle¬ ment de grands projets à Rome, pour deffécher tous ces terreins, de même que le Fararois , le BoLonois ôc les i Marais Pontins. Ravenne efc fameufe par la quantité de marbres qu’on y voit, fur-tout par le marbre noir & blanc: il y en a au¬ tant qu'à Rome. On voit à lEglife de S. Vital, qui effc bâtie fur le modèle de Sainte-Sophie , deux colonnes d’une efpece de marbre qu’on nomme Plafme à Ravenne : ce marbre eft une forte de brefche, compofée de morceaux de porphyre , d’albâtre , de feipentine & de plufteurs marbres. Une des chofes des plus curieufes qu’on puiffe voir à Ravenne , eft la pierre qui feule couvre l’Eglife fur blai che la ni! taU fi"pao” pierre paroît être de la nature de celle à’IJirie : l’Eglife de malle, qu’on a peine à comprendre comment on a pu la tranfporter & la placer où elle eft. Quelques-uns veu¬ lent que ce foit une pierre fondue dans le lieu même ; d’autres qu’on n’a fait que creufer deffous pour bâtir l’Eglife. * Venife eft bâtie des pierres blanches d’Iftrie , & d’une efpece de marbre rouge : ces pierres bien taillées & join¬ tes avec du fer , font les fondemens des maifons foutenues fur des pilotis: les Eglifes, les ponts en font conftruits. ainfi que les quais & les jettées. Il y a, à quelques milles de la ville , une langue de terre qu’on appelle le Lado , c’eft-à-dire, le rivage ; ellefépare les lagunes de la mer. Voy. Oh- * «* Ravenne , fuivant M. Grofley , eft aujourd’hui éloignée de deux lieues fervat. fur » de la mer , qui formoit fon port à l’embouchure du Savio , que cet atter- j’Italie, t» i • 33 riflement a dérouté. P. 270, t. 1. Ravenne domine une plaine : fon an- « cienne fituation , d’après la defcription que Strabon nous en a laiffée , =» rcfiémbloit affez à la fituation actuelle de Venife. Elle eft maintenant éloi- » gnée de la mer de plus d’une lieue. Ibid, p, 3115. « Les Vénitiens ont travaillé à défendre Ravenne contre l’aétion des «eaux , en détournant l’embouchure du Savio, qui formoit autrefois fon « port. Cette rivierefe jette aujourd’hui dans la mer à travers les fables de w Ceryia. Ibid. p. 320. DES _ Sciences et Arts, ^ 399 & s’étend l’efpace de vingt-cinq milles, juiquà Chioja : on la défend en plufieurs endroits par des jetées ou quais faits de la même pierre à’Ijlrie. On dit que le pro¬ jet eft de la border ainfi d’une extrémité à lautre. Les fêtes & réjouilfances pour lefquelles MM. Dau- breuil & Guenée étoient allés à Fenife , étant finies , ils partirent pour Milan. Padoue eft la première vme confidérable qu’ils virent fur leur route : cette viire eu pavée de pierres bleuâtres & grisâtres , tachetées de points blancs , ou parfemées de trous d’où cette matière blan¬ che eft fortie, à-peu-près comme celle des pierres de la voie Flaminia. On dit qu’on tire cette pierre -des montagnes voifines de Padoue. Ces montagnes en com¬ mirent encore une autre qui eft blanche ; . c’en une el- pece de moelon : on en a bâti la belle Eglife de Sainte- Juftine, on y a aulfi fait entrer, comme dans beaucoup d’autres ouvrages , la pierre ou marbre d Iflrie. On y voit de plus, dans les rues & les trotoirs, beaucoup de marbre rouge de Feront. Toutes ces pierres font ega¬ lement employées à F enife pour les memes ufages. _ De Padoue l’on va à Ficenfe. Cette ville eft au pied des montagnes, qui font extrêmement bien cultivées , & forment autour de cette ville un amphithéâtre agréa¬ ble du côté de Padoue. La belle & riche plaine qu on traverfe pour venir à cette ville, s’étend jufqu’a Fenije, à Martres , & même plus loin. Les pierres qu’on em¬ ploie à Ficenfe font femblables à celles dont on fait uiage à Fenife & à Padoue. v Les marbres ne font pas moins communs a Verone : on les fait entrer dans la conftru&ion des maifons , des ponts ,: des trotoirs , & autres bâtimens. On compte deux cent cinquante efpeces de ces marbres. * Le marbre blanc * M. Spada n'en compte que trente-cinq dans le Catalogue qu il nous à Jônné de ces marbres. Il indique les marbrières luivantes._ n. Celle qui s’étend depuis les collines appellées di Chiefa nuova du côté du midi , jufqua la chapelle de feinte Ma gu qui elt à l’occident. 4oo Mémoires sur différentes parties ou pierre femblable à celle à’IJirie , s’y trouve auffi en quantité. Une autre pierre , qui y eft auffi très-commune , eH plus tendre , plus facile à travailler , 6c durcit à l’air. x°. Celle de la plaine di Chie fa nuova , près des édifices appelles en Ita¬ lien de Zamhelti vers 1 occident. _ _ _ 3°. Celle de l’endroit nommé Scandoli di Chiefa nuova, qui eft au midi.* 4°. Celle d’un endroit appelle Trafinon del Cerro. Une autre eft dans le bas du même Cerro , 8c toutes les deux vers l’occident. Celle du champ Saint- Vital, dans un lieu appelle Rovere di vélo , au midi. _ ... 6°. Celle du champ Saint - François , au midi. 7°. Celle du lieu dit Piegara , au midi. 8°. Celle de l’endroit appelle' Melugni d’Anago , au midi. 9°. Celle de l’endroit appelle Ga\o d! A\\ago , à l’orient. _ I0o. Celle de l’endroit appelle Lavandata d’Anago , à l’orient. ii°. Celle du champ à'A\\ago , dans la montagne, dit vulgairement Mafo , à l’orient. i2°. Celle du champ Lumiago , a 1 occident. 130. Celle du champ Calcari di Cre\\anay au midi. 14°. Une autre du même champ. . v i y . Celle du champ Rofar di Qre\\ana , fur le mont Solvant , a l’orient. i6°. Celle du mont il Bofco de lie Fontanelle , au midi. 17°. Celle du champ Lu go , dans la montagne Pernifa, au midi. 1 8°. Celle du même champ , à l’occident , fur le mont Mafotti, ip°. Celle du champ Alcanago , près la paroiffe, au midi. 20°. Celle du champ Stalavena d'Alcenago , fur le mont Rtvolto , a î’orient. .... ... „ ... ai°. Celle du même champ , dans 1 endroit appelle Breggtago , au midi. 22°. Celle du même champ , au fommet du mont Breggtago , à l’orient, 23°. Celle du champ Orfara di Luge\\ano , à l’occident. 24a. Celle du champ de lie V aliéné del‘ fae, au midi. 2 y o. Celle des endroits appelles Cojla-Longa , à l’orient; Preofa a lo- rien , e cà da Selva di val Police lia. 25°. Celle du fommet Cojla-Longa, près les champs Saint-George di val Policella. Celle du champ del Cor no , du même Saint-George. 27°. Celle du champ Preofa di val Policella , au midi Ôc a 1 occident. 28». Celles de Ma\urega à l’orient , di Suifi au midi , e delle P o\\e di Coma , à l’occident. . „ „ 29°. Celles du champ du village appelle Monte , du lieu dit Cavalla ii va’ Policella , & des champs di val dé Torri , au midi. . . 30°. Celle du village Monte , au pied du mont pajhlli , au midi. 3 1 °. Celle du champ Torri près le lac Benaco , à l’occident. ,2'. Celle du champ Brentonico , du diocèfe de Verone , au nord. 330. Celle des hautes montagnes appellées vulgairement di Val’.arfa , fut les confins du Veronois, à l’orient. . 340. Celles du champ Piga-^o 8c près l’endrott appelle le valet , dans la vallée appellée Squaranti , à l’orient. 3j°. Celle du champ A\\ago , à l’orient , près le lieu appelle vulgaire¬ ment Mato . & près des rochers qui regardent la vallée Pigai^o, des Sciences et Arts. 401 On l’appelle Mallone. C’eft un compofé de coquilles, dont la plupart fe diftinguent facilement. Elles paroilTent être des huîtres. Le beau baftion San-Mvchdi , & la belle porte del Paghrio font de cette pierre. Toutes les rues font pavées de pierres roulées , dont la plupart font de granités de diverfes couleurs. Il s y trouve aufli des fchites & des quartz. Les murs de la ville font en partie faits de ces pierres roulées, entre-melées de bu- qUEn fortant de V iront par le chemin qui conduit à Bref cia, on rertiarque des tas de pierres amaffées par es ^a boureurs, ou par ceux qui font des folfés : ce font des cailloux roulés; ils forment le fond du terrein a peu de diftance de la fuperficie : jufqu à une certaine pro on eue on ne trouve rien autre chofe, M. Guenée en conclut d Ri¬ bord que quelque fleuve ou torrent avcnt autrefois paüe par ces campagnes. On lit dans un des derniers voj a^es , que 1 ’Adige y couloit autrefois. M. Morani , Apothicaire de V iront , veut que ces pier¬ res croiffent telles dans le fein de la terre i , parce que , dit-il , on ne trouve point de rochers Semblables a ces pierres dans tout le pays ; mais ces pierres viennent Pr0 battement de plus loin. Au relie ces pierres roulees font toujours des granités , des fchites , des fpaths , _ es quar z. On voit à la fuperficie de la terre , parmi ces pierres , des matières pareilles à celles dont elles font compo ees , qui font peu liées enfemble , & très-aifees a rompre & a broyer. Ce font probablement des granités , qui fe décoin-, pofent , & tombent en poufliere. F Les montagnes du Véronois font riches en corps ma¬ rins fofliles. On en voit une belle colledion dans le cabi¬ net d’Hiftoire naturelle de M. Morani. On y remarque des huîtres oblongues de près de deux pieds de longueur. Il faut que ces coquilles y foient bien abondantes , puis¬ qu’il y a des montagnes & des carrières d ou 1 on tue des pierres toutes compofées de ces coquilles, ce a ire, de ces huîtres , d’échinites , de pierres numifmales , & de Tome J. ^02 Mémoires sur différentes parties quantité d’autres. Ces foiïiles ont paru à M. Guenée, ref- fembler beaucoup à ceux qu’on trouve à Laon &à Saint - Gobin. (a) On voit encore dans le cabinet de M. Morani , une colleêtion des pierres de Vérone, qui ont des empreintes de poiifons. ( b ) Une de ces empreintes fe fait fur-tout re¬ marquer , c’eft celle d’un ferpent de mer de trois à quatre pieds de longueur, fur trois morceaux de pierre. Outre cette colledion de pierres qui ont des empreintes depoif- fons, il y en a une des marbres de Bref cia, dont le noir eft très-beau. M. Guenée a appris de M. Morani, qu’il y a , près de San-Mmiato , une quantité prodigieufe de coquil¬ les foffiles, & proche du Mont Alcima&c. de Rendicofa , beaucoup de curiofités naturelles , & que les montagnes de Brejcia abondent en cryftaux. Les campagnes qu’on traverfe en allant ■ de Vérone à Bref cia , font riantes & fertiles , coupées de ruilfeaux , ôc couvertes de mûriers blancs. Toutes les petites villes , ou plutôt tous les bourgs tels que Cajlel-Nuovo , Pefchiera, & autres, font pavées de pierres roulées , femblables à celles des environs de Verone. Il en eft de même à Bref- cia. On emploie beaucoup dans cette ville la pierre dure qui eft pareille à celle d ’ljtrie. Elle fe trouve ici dans les montagnes des environs. L’Eglife d’ella P ace , à Bref cia. {a) M. Spada, dans fon Catalogue des foffiles des environs de Verone , parie de quarante-quatre efpeces de varie'tés de corne d’Ammon , de cinq efpeces de nautiles , de dix-fept codifies , de quatre nerites , de quatre trochites, de trois buccinites , de quinze turbinites , d’une purpurite , de vingt-neuf e'chini- tes , de trois belemnites , de quatorze conclûtes , de quatre chemites , d’une mufeulite , de trois bucardites , de huit pectinitcs , de fept oflracites , de deux anomies , de quatre gryphites , de fix terebratules , de neuf tubutites ? de cinq efpeces de dents de poiffons , d’os de poiifons , de vertébrés de poiifons ou entrochites , dont trois efpeces; de treize efpeces de coraux , de douze for¬ tes de pierres numifmales , de quatre oolithes , de douze fortes de bois pe'tri- fiés , de plantes 8c de fruits pe'trifie's, de 4 fungites , de cinq dendrophorites , de cinq pierres e'toilées , enfin de cryftaux , de pierres cryftallines , le'le'ni- tes 8t botrytes , dont fept fortes ; de 6 fortes de ftalachtes , de dix pyrites r de quatre etites ou géodes , & de fix draconiîes. (b) Ces pierres fe trouvent dans le mont appelle Bolca. M. Spada a donné la defcription 8c le plan de ce mont & quelques figures de poiifons. des Sciences et Arts. 403 eft bâtie de cette piene, & décorés de marbre rouge de CC La^ route de Bnf cia à Ber game eft unie, mais défa- gréable par les fecouffes que caufent les pierres roulées, dont les1 chemins font formés. Ces pierres font toujours des foaths, des quartzs & des granités de différentes cou¬ leurs On y en voit de différents rouges , de cramoifi , de verds. On difoit à Vérone, que le Diredeur de la manu- faébure des ouvrages de Florence avoit emporté trois ou quatre voitures de ces pierres roulées pour les employer dans les ouvrages de marqueteries ou mofaïques. On à Bref cia beaucoup de meules de moulins . les petites font d une pierre gris-blanc , tendre , qui fe taille ai - ment , & qui durcit à l’air : les grandes font de pierres compofées , dans lefquelles on voit des fohites & granités roulés , & d’autres pierres blanchâtres, qui paroiflent etre calcaires. Ces pierres compofées font auffi employées aux trotoirs, à YHofpe da Letto, ôc a la pofte fuivante, & au- "la6 btlWviere de YOglio pa roi. On a vu qu’ils en ont remarqué près du lac de Corne , à De^emgmo , Ponto , la Lerna , la Chioja , a Péri , Menin - go , la Madonna délia Corona , au mont Baldo , a Rovercdo , & à Trente. Ces endroits ne font pas beaucoup éloignés des montagnes du Tirol , fi plufieurs meme n y lont p^s rai- fermés. fVrcme, autour de laquelle il y en a une fi grande quantité , comme je l’ai rapporté dans une note , eft auftî 4x6 Mémoires sur différentes parties placée de ce côté ainfi que Padoue , où l’on en tire un qui eft blanc ; mais d’un blanc moins beau que celui du mar¬ bre de Gênes ôc de Carrare. Il y a donc lieu de penfer que le pays des marbres d’Italie s’étend davantage du côté du Tirol, que de tout autre côté ; ôc des hautes montagnes qui peuvent être une continuation des Alpes qui féparent la France, de l’Italie. Il eft vrai que MM. Daubreuilôc Guenée en ont auffi obfervé dans le pays de Labour ou Campagna Felice , qu’ils ont du moins dit en général que ce pays en renfermoit ; mais ce terrein fe continue peut- être avec celui des illes voifines qui peuvent avoir des marbres ; ce que je tâcherai de déterminer , lorfque j’aurai rapporté çe que j’ai recueilli fur les minéraux de ces ides. Les granités ôc les fehites font des pierres qui fe ren¬ contrent encore en Italie , ôc MM. Daubreuil ôc Guenée les ont auffi obfervées dans des cantons proches des hau¬ tes montagnes , ou qui faifoient partie de ces montagnes. C’eft fur-tout du côté du "Tirol. Les ifles Boromées font ^remplies de cette pierre. On le voit du côté de Trente de Colman , de Brixen , ôc de-là jufqu’à Infpruck , qui eft du Tirol. Ce même canton donne auffi du granité. Ces en¬ droits font prefque les feuls où ces MM. en aient obfervé en Italie. Le lac Cyminus ou de Vico , Pijloie , Saint - Ma¬ rin Ôc fille d’Elbe font les feuls où ils en indiquent. L’ifle d 3 Elbe a des granités, Pijloie ôc Saint-Marin des fehites. Des matières qui fe trouvent dans beaucoup plus d’en-i droits de l’Italie , font celles qui ont été ou qui font en¬ core vomies par des volcans. Les cantons dêAquapen- dente , de Rome , de Naples en font remplis. Je n’ai pu qu’être très-furpris qu’un pays brûlé ainfi par des volcans , fût , pour la plus grande partie , un pays calcaire ; les obfer- vations que j’avois d’ailleurs m’ayant convaincu que les volcans fe rencontroient dans des endroits où les pierres ëtoient d’une nature bien différente, ce qui m’avoit fait avancer comme un principe , que les volcans annonçoient des Sciences et Arts. 417 un pays rempli de granités , de feintes & de métaux. Cette irrégularité n’eft qu’apparente , & bien examinée elle con¬ firme au contraire le principe , au lieu de l’infirmer. Les matières de volcan qui fe trouvent dans des lieux calcai¬ res , me paroiffent y avoir été accumulées dans les diffé¬ rentes éruptions des volcans qui n’en font pas éloignés , & qui portoient les cendres, ôtles pierres quils vomit- foient , jufques dans ces endroits. Le volcan qui a formé l’amas des environs d’Aquapendente , de Viterbe , & de tout ce canton , eft éteint maintenant, &me paroît avoir été remplacé par le lac Cyminus. Celui qui a porte les ma¬ tières brûlées qui fe voient aux environs de Rome , pa- roit être le volcan également éteint maintenant , a la place duquel eft actuellement le lac dElbe. Le Véfuve qui brûle encore maintenant , ceux qui ont brûlé ou qui brûlent encore de temps en temps , &qui font dans les ifles voifines de Naples, font ou ont été les foyers qui ont re- jetté les matières que l’on retrouve maintenant amonce¬ lées dans les pays calcaires voifins. Les environs de ces volcans éteints ou allumés de nos jours , renferment des granités ou des fehites talqueux. MM. Daubreuil & Guenée en ont remarqué aux environs du lac Cyminus , & du lac d’Albe. J’ai appris qu on en trouvoit dans ceux du Véfuve. Si ces montagnes font fi près de celles qui contiennent des pierres calcaires , fi el¬ les en font même entourées , fuppofe quelles le foient, c’eft qu’elles 11e font que le refte de quelque chaîne de montagnes détruites par les fecouffes des tremblemens de terre , êc qui probablement ont , par leur deftruétion , donné entrée aux eaux de la mer , qui ont formé la Médi¬ terranée. L'époque de ce terrible bouleverfement ne nous eft pas connue ; mais fi l’on peut juger de cet effet par ceux beaucoup moins confidérables, fur lefquels on a des da¬ tes , il y a tout lieu de croire que l’état actuel de 1 Italie n’eft dû qu’à de femblables événemens. M. Freret prouve Voyez le très-bien , dans fa differtation , intitulée Réflexions fur les y^^em^e Tome J, Hhh ï’Acad. des belles lettres pag. 414 6c iuiv. Voyei Le Guide des E- trangers de Sarnelli, tra¬ duit par Bu- lifon j pag. 1 dp , in- ia. Ibid. p. 1 Bp. 418 Mémoires sur différentes parties prodiges rapportés par les Anciens , que la ville d Albe & tout le Palais d’Ailadius , onzième Roi de cette ville ^fu¬ rent engloutis par un tremblement de terre dû a une in¬ flammation du volcan qui étoit fous le lac d Albe. M. Fre- ret prouve encore que c’eft à de pareilles inflammations qu’on doit rapporter les pluies de pierres tombées dans les environs de cette ville, & les évacuations deaux abon¬ dantes forties du lac d’Albe. Après la deftruétion de Baies par les Lombards & les Sarrafins, la mer en couvrit une partie. Ce qui relie des bâtimens engloutis , ôt le chemin pavé de grandes pierres , qui fe voit encore dans la mer , en font des preuves convaincantes. Une partie ae la métairie de l’Orateur Quintus Hortenfius , elt couverte de l’eau de la mer. Cette métairie étoit fituée vers le ri¬ vage de Bauli. La découverte qu’on a faite des villes d ' U&rculanum &L de Pompeia , enfevelies fous les cendres & les laves forties du Véfuve, ell une des preuves les.plus fortes & les plus convaincantes des ravages caufés par les volcans. Si 1 idée,. que les anciens avoient, & à laquelle on ne peut guere s’empêcher de confentir, quê les ifles de la Méditerranée, qui font fur les côtes d Italie , ont autrefois fait partie du. continent, & quelles en ont été féparées par les tremble- mens de terre, occafionnés par les éruptions duVeiuve ou des volcans qu’elles renfermoient; fi, dis-je , cette idee eft vraie, rien ne peut mieux prouver combien^ 1 Italie a changé de face, & combien lbn état primitif étoit. diffé¬ rent de celui où elle ell maintenant. , Il n’eft donc pas étonnant que la régularité avec la¬ quelle les minéraux font arrangés dans les pays qui ne font pas ainfi bouleverfés, ne fe retrouve pas en Italie. On en fera encore moins furpris , fi l’on fait attention que les volcans élancent les matières qu ils vomiffent dans leur* éruptions à des diftances quelquefois très-confidérables. On lit dans la Differtation de M. Freret.plufieurs exem¬ ples de ces éruptions violentes tirés deDionCaffius, de là chronique du Comte Marcellin , de la Sicile de F azelii des Sciences et Arts. 412 & du Dialogue latin du Cardinal Beriibo : dans l’une ou l’autre des éruptions citées par M. Freret, les cendres & les pierres ont été portées jufqu a Rome, julqu a Conftan- tinople , & même jufqu en Egypte. Doit-on donc être fur- pris de rencontrer au milieu d’un pays calcaire, des ma¬ tières dûes aux volcans , & formées dans leur fein , fi l’on fait fiir-tout attention au peu a éloignement qu’il y a des volcans éteints, ou actuellement allumes en Italie, des endroits où les matières vomies par ces volcans fô voient de nos jours ? Cette proximité peut aufii éclaircir la difficulté qu on pourroit faire au fujet des eaux thermales, foufrées, bitu- mineufes, qui font placées dans des endroits renfermés dans le pays calcaire, ou qui en font tres-peu éloignées. Les eaux de ces fontaines peuvent venir , par des canaux fouter- reins, de ces montagnes qui vomiflént actuellement des flammes, ou qui en cachent danyleur fein, & fortir de terre dans des endroits qui font calcaires; elles peuvent entraîner avec elles le foufre qu elles rencontrent dans ces fouterreins, où il s’eft fublimé, ou fe charger du bitume qui entretient le feu qui leur donne la chaleur qu elles ont en fortant de terre : ou , fi 1 on aime mieux , ces fontai¬ nes , ne defeendant point des volcans , en feront échauffées par le feu renfermé dans ces montagnes , lequel s étend dans les canaux ou boiâux qu ils fe font formes dans leurs environs, en calcinant & détruifant tout ce qu ils y ren¬ contrent. C’eft ainfi , à ce qu’il me paroît , qu’on peut expliquer la chaleur des eaux thermales , & les fontaines îulphu- reufes & bitumineufes qui font près des pays calcaires ou qui y font renfermées. J’embralfe d autant plus volon¬ tiers ce fentiment, queBaccius,dans l’excellent traité qu il a donné fur les eaux thermales , dit que la partie de 1 Ita¬ lie qui regarde la mer Adriatique , a peu de fontaines chaudes , au lieu que celle qui lui eft oppofée én fournit une grande quantité : auffi eft-ce celle ou font placés le Véfuve & les ifles qu’on regarde comme d anciens voD Hhhij Vid. EâCC. deTherm. p. 1^9. Rom. 1 6zz.in-fol. 420 Mémoires sur différentes parties cans. C’eft aufli de ce côté qu’on trouve plus de fontaines qui jettent du foufre ou du bitume, plus de ces endroits d’où il fort une chaleur fouterreine dont on a profité pour faire, des étuves ou fudatoires , & où le fol eft le plus échauffé : il y elt quelquefois à un point qu’on ne peut y enfoncer la main fans fe brûler, & y marcher fans fentir la chaleur à travers même les fouliers. * Il ne me refte plus qu’à parler des mines ôt minières de l’Italie. Plufieurs Auteurs modernes prétendent que ce pays eft pauvre en mines : les anciens, au contraire , regar- doient l’Italie comme un pays riche en toutes fortes de mines. Quelle peut donc être la caufe d’une contrariété de fentimens fi grande ôt fi oppofée? Lorfquon lit dans Denis d’Halicarnaffe que l’Italie a des métaux de tout genre; dans Virgile, qu’il renferme des mines d argent, de cuivre, 6c des rivières qui roulent de lor; dans Stra- bon qu’on y a découvert des métaux de tout genre ; ÔC dans Pline , qu elle ne Cede à aucun pays par fa fertilité en tous métaux, on ne peut être que furprisde voir que plu- lîeurs voyageurs modernes contredifent formellement les anciens. * Les bains des environs de Pouzzol , font ceux de î j . Arc. 20. Grotte de la Sybille, Palumbâria; z. Aftrunis , d’un Auteur inconnu ; Af- 21. Grotte Tragonara, Dragonara,- fruna, Favonarole ,Struma-Ugolini. 22. Lucie ( Ste ). 3. Bagnoli. 23- Marie (Ste ). 4. Bolla. M* Marmeo. Bulla T Pifciarelli vulgo. 5-Bracola. 424 Mémoires sur différentes parties les deux fontaines qui font peu éloignées de Syracufe , connues par les anciens fous le nom de Cyane , ôt mainte¬ nant fous ceux de Pifma ôt Pifmota. Les carrières de Sy- racuje , les thermes appellés Hymertce fie Ge^tæ , fie la col¬ line qui eft près d ’Agrigente, nommée colline de V ulcain , font également mis au nombre des moffettes par Baccius. Baccius regarde , probablement avec raifon, ces différents effets comme une fuite des feux fouterreins de F Æthna ; il leur rapporte encore , avec autant ôt même plus de jufti- ce , les vapeurs chaudes qui s’élèvent de différens endroits de la Sicile , ôt dont on a profité pour faire des étuves ou fudatoires. Plufieurs des eaux chaudes dont il vient d être parlé en font réellement, de même que les fouterreins des bords de la mer où eft placé Stluntinum. Enfin , fuivant Baccius , il y a peu d’endroits dans le monde où il y ait autant de différentes efpeces de bains que dans la Sicile. Un volcan dont les effets fe font fentir dans toute l’é¬ tendue d’une ifle aufti confidérable que la Sicile , qui a foixante-fix lieux dansunfens , ôt quarante-cinq dans 1 au-, tre , ôc cent quatre-vingt-dix-huit par conféquent de cir¬ conférence; un tel volcan n’a pfi qu’occafionner beaucoup de ravages dans le fol de cette ifle. Aufti, au levant de Catant ôt du côté de la mer, tout le terrein eft environné des laves ôt des autres matières que 1 Æthna a vomies. Les cendres qu’il rejette ont été portées jufqu’à qne centaine de milles. L’Ifle eft toute remplie de cavernes du côté de l’Afrique, cavernes qui, félon les anciens ôt fuivant Baccius qui en cite plufieurs, font les embouchures par lef quelles la mer porte dans Y Æthna une partie des matières qui entretiennent les feux qui s’élancent de temps en temps de cette montagne avec la plus grande violence , qui occafionnent dans toute rifle des fecouffes fi terribles que plufieurs villes ôt plufieurs villages en ont été plus d’une fois renverfés , ôt qui , fuivant les anciens , ont été caufe de la féparation de la Sicile , d’avec le continent de l’Italie. tC’eft à de femblables fecouffes que les mêmes anciens attribuent at o t< b 1 c ( < - n des Sciences et Arts. . 42 j attribuent les petites ides qui font entre la Sicile & 1 Italie. Ces ides font fille â’Hicra ou de Vulcain, d' Tp ara ou de Lipari , dTceJïa ou Satina , d jbvonymos ou F ackeluce , de Strongyle ou Stvombolï , de Didynic , de P hcenicufa ou Fi- Licuvi , d’Ericufa ou Plicuri , d U tica ou Lcjlica. Toutes ces ifles font autant de volcans éteints ou qui jettent de temps en temps des flammes , du moins celle de Stram- boli, dont le volcan ne le cede fouvent pas a 1 Æthna par les éruptions violentes ôt les fecoufles terribles qu il oc- cafionne. Les autres ont anciennement brûle , fi Ion en croit les anciens dont Baccius a rapporté le,s témoignages. C’eft même de là que font venus les noms grecs ôt latins , Hephejhacks & Vulcanicc infulœ qu’elles ont anciennement portés, comme celui d tThtrmcfue infulcc leur venoit de la grande quantité de bains chauds qu elles renferment. L’ifle dTfcJna,_ connue aufli fous les noms de Pithrufa. & d’ Ænaria , elt aufli célébré par un grand nombre de bains & par plufieurs étuves ou fudatoires naturels. *• * Ces bains font ceux de , 1. Fornello. 2. Fontana. 3 . Caftiglione. 4. la Spelonque. j.l’Eftomac. 6. des Dents. 7. du Collo ou Cofunche. 8. du Fer. 9. de l’Or. 10. de l’Argent. 1 1. de Calumbrofo. 12. de Colala ou de Lefllus. 1 3. de Sinigalla. 14. de Bagnitello. 15. de la Rate. Les étuves ou fudatoires, font 1 . de Caftiglione. 2. de Cacciotto, 3. de Fraffo. 4. de Cotto. 5. de S. Ange. 6. de Barano ou Teftaccio. Tome /. 1 6. de Capitello. 1 7. de Ste Reftitue. 18. de S. Montan. 19. de Citara. 20. Dagnone. 2 1. de Solliceto. 22. de Gradone. 23. de S. Ange. . 24. de Doiano ou Ulnutello. 2 $. de Nitrofa. 26. de Succellario. 27. de Spiaggia Romana. 28. de Nitrole. 29. de Saffo ou de Caillou. 30. du Jardin de Pontanus. ceux : 7. De Tête ou Cremala. 8. De S. Jerôme. 9. du mont S. Pierre. 10. de Ste Reftitue. 1 1. des bains de Gradone. 12. De S, Ange. '42 6 Mémoires sur différentes parties Si les eaux chaudes manquent dans fille Pantalaria , cé n’eft pas cependant que fonterrein ne foit échauffé: il leff au contraire à un point , què, fuivant Baccius , on ne peut y marcher nuds pieds. Cette chaleur eft caufe , félon le même Auteur qui le rapporte d’après Fazellus, quil s’élève des vapeurs humides dans une caverne qui eft au milieu de fille, qui font fi abondantes, qu’étant conden- fées , elles forment une affez grande quantité d eau pour toute fille , qui, étant aride , en manquerait fans ce fe- cours. _ Quelques Auteurs modernes avoient avancé que 1 ille Prochyta, & les autres illes qui font devant MiJ'ene , ne manquoient pas d’eaux chaudes, que peut-être même elles proauifoient de for , & plulieurs autres métaux. Ces Au¬ teurs n’ avoient, à ce qu’il paroît, avancé ces faits que d a- près un paffage de Strabon, où. il eft dit qu il arrive quel¬ quefois que ces illes ont des eaux chaudes. Un examen plus exaét a fait voir que fille Prochyta manquoit d eaux chaudes & de métaux. Voyra les On lit dans la Relation des voyages du Chevalier de Seigneur de Villamont , que Yi&zPontia eft remplie de pierres ponces;' Viïamont. mais comme ce voyageur n’a vu cette ille que du haut de îdop'in'^T montagne de MiJ'ene. , ôc qu’il prétend que la pierre ponce a emprunté fan nom de celui de 1 ille , on pourroit peut-être penfer , fans fe tromper , que ce voyageur s eft fait illufion , & fur la nature des pierres de cette ille, & fur l’étymologie du nom qu’il donng de la pierre ponce. Une ille aufli remplie de mines de fer , que 1 ille d Elbe s dont j’ai déjà parlé , ne peut manquer d avoir beaucoup de pyrites ferrugineufes , & grand nombre d eaux qui tien- Bacc. de nent de la nature de ces pyrites & du fer. Aufti, fuivant Therm. pag. Baccius , la côte occidentale de cette ille montre-t-elle un: rocher très-élevé , qui eft prefqu entièrement compofé de ce minéral , c’eft-à-dire , de pyrites. Il fort , ça & la , plu- fieurs ruiffeaux de ce rocher. Leurs eaux font froides , d un goût âcre & aftringent : elles gâtent les dents, mais elles font utiles contre les maladies des yeux , qui dépendent des Sciences et Arts. 427 d’un relâchement des vaifleaux cle cet organe. De toutes les ifles de la Méditerranée , fur lefquelles j ai recueiLi des Qbfervations , & defquelles je me fuis propofe de aire quel¬ que chofe , celles de Corfe & de Sardaigne font les feules dont il me refie à parler. Nous les connoiffons jufqu apré- fent peu du côté de la Minéralogie. Ce que. j ai a rap- porter de fille de Corfe , a été tiré de Baccius , & des Mémoires Hifloriques fur la Corfe , par M. Jaullin. . Cette ille eft remplie de montagnes prefque auffi hautes fur0^‘Coer^' que les Alpes j & bordée de rochers qui, s ils ne 1 entou- ti. p. ni rent pas entièrement , comme il femble que Seneque le veut faire entendre , l’hériffent dans plufieurs endroits de fes côtes. Il y en a de tels le long de la cote orientale , depuis Bajlia jufqu’aux bouches de Botiifacio , & fur la côte occidentale depuis le golfe de Sagonne jufqu a Ajaccio. Toutes les plages font de fable. ^ Des montagnes auffi hautes que celles de 1 ille de Cor¬ fe, parodient, dans les principes de Minéralogie que j ai adoptés , devoir être de celles qui renferment des mines de différens genres. Il y en a de toutes efpeces, fi 1 on en croit M. Jauffin. Baccius, qui dit aulfi que la Corfe eft mon- /W. P-1*?- tueufe, ne la regarde féconde qu’en quelques efpeces de mines ; encore met-il au nombre de ces mines celles d a- lun & de fel , qui font près de Calari. L une des deux autres qu’il nomme , eft une mine d argent fituée près Grijen ; la fécondé eft une mine de fer , placée a trois mille pas de Santo-Florentio , & près le cap Corfe. M. Jauf- fin rend cette ifle beaucoup plus riche, puifqu il nomme dans le Catalogue qu’il donne des mines qu’il dit fe trou¬ ver dans cette ifle, non-feulement l’argent & le fer, mais le cuivre , for ,& le vif argent. .. Je ne fçais cependant fi les principes fur lefquelles il prétend avoir reconnu de ces dernieres minières , font allez fûrs pour qu’on pu ifle y compter. Par exemple , M. Jauffin croit pouvoir avancer qu’il y a lieu d efperer de découvrir une mine de vif argent « dans les montagnes T* j1?-# » qui font vis-à-vis la tour de Padudla} ôt où 1 on trouve Xiiq 428 Mémoires sur différentes parties » les villages de T^infolafca , de Pero , ôc de Carbonnaccie } 5> Ôc cela parce qu’on trouve au bas de ces montagnes , des » pierres d’une grande blancheur, très-friables, ôc fembla- » blés à de la chaux , & que ces endroits font inondes » d’eaux , ôc remplis d’une efpece de fumée ou brouillard » épais , fur-tout le matin. » Différentes marcaffites que Ibid. p. 4Z3. M. Jaulîin a rencontrées dans les montagnes de B 0 go gua¬ no , lui ont fait penfer que ces montagnes pouvoient ren¬ fermer des mines d’or, d’argent, Ôc de cuivre. Je n affir¬ merais pas encore que les caraèteres auxquels M^Jauffin prétend reconnoître fur-tout des mines d or Ôc d argent , fulfent fuffifans pour déterminer qu’elles annonçalfent des raines de l’un & de l’autre métal. Je ne ferois pas difficulté au relie de croire, avec M. Jauffin , que lille de Corfe Uni pag. abonde en fer dans plufieurs endroits. Il y a peu de 460 ôc 467- payS d’Europe qui n’en renferme. Le lieu ou M. Jauffin a trouvé une fauffe hæmatite, ôc qui ell entre Ajaccio , ôc la maifon de campagne des Jéfuites , en renferme probablement ; l’hæmatite étant une fubflance qui donne beaucoup de ce métal, de même que les pierres d’aimant auxquelles M. Jauffin compare, de petites pierres ferrugineufes qu’il rencontra dans le jardin aes Ibid. p. 418. mêmes Religieux. Le terrein des défilés qui font entre Bo~ gognano ôc Ajaccio , étant remplis de matières noires , femblables à du mâchefer , ôc les eaux qui roulent fur ce® matières ayant un goût ferrugineux , il pourroit bien le faire que ces matières fulfent réellement des morceaux de mines de fer, fi elles n’étoient pas peut-être des matières dûes à quelque volcan. La terre onôtueufe ôc citrine , que Ibid. p. 430. M. Jauffin trouva au Nord de ces défilés , Ôc qu il regarde^ comme une ocre, eft encore un indice de matières ferru¬ gineufes. On peut donc alfûrer que Fille de Corfe doit renfermer des mines de fer dans plufieurs endroits de fou étendue. Les eaux acidulés ou vitrioliques qu’on connoit en Cor- T.i,p.iji. fe, femblent en être encore une preuve. M. Jauffin, qui dit T- z, p. 603. que « L Corfe eft remplie par-tout1 de fontaines min erale% des Sciences et Arts. 42# S> loi t chaudes , foit froides , & de bains chauds admirables , » indique les fuivantes comme étant les principales. »I1 y en a une , fuivant lui , dans le diftriéf ou la P ieve à’AlcJ ani ; une autre dans les environs de Corte ; une troifiéme dans ceux de Eqa, province de Capo-Corfo ; une quatrième à Mero- fagLia ; une cinquième à Sta^gona , P vive d ’Ore^a. Enfin dans le jardin de la maifon des Jéfuites , dont il a été parlé plus haut j les réfervoirs renferment une eau qui tombe des petites montagnes vGifines, ôt qui a un goûtfembla- ble à celui des eaux des fontaines précédentes. On peut en¬ core joindre à ces fontaines minérales ferrugineufes , celle du cap Corfe, quielt à un endroit nommé Olmetta, & qui contient une matière qui tient beaucoup de la nature du bol, & qu’on regarde comme très-propre à guérir les cra- chemens de fang. Quant aux fontaines chaudes, M. Jauflin n’en nomme que deux, celle de Milacciaio , & celle de Vico, qui n’a pas tant de chaleur que la première. Ges eaux paffent pour être fulphureufes. Baccius parle de quelques autres : il cite celles de Petra-Pola , peu éloignées de Pnmelli, ôc du fleuve Aleria ; celles de Caldana , fituées à environ dix-huit milles d’Ajaccio , dans le difbricl d ’Ornani ; celles de Mo- ra^ana , du Diocèfe de Mariana ; celles du Château de Banco , & celles du village de T alago , qu’il dit être plus chaudes que les précédentes, ôc même que celles de Vico , dont il parie aulïi. Baccius fait encore mention d’autres eaux médicinales , d’une vertu contraire à celle des eaux chaudes , c’eft-à-dire , que bien loin d’avoir quelque cha¬ leur , elles font, au contraire, fmgulieres par leur grande fraîcheur. On en voit' de femblables près le village d 'Efo , près des bains de Vico ; des troifiémes à quatre milles d’ Aboville, fi tuée dans la vallée de Caregia ; & des quatriè¬ mes dans la vallée de Saint-Antoine. On entrevoit, par les Obfervations rapportées jufqu’à préfent , que fille de Corfe peut être, en partie, d’un ter- rein de la nature de ceux oh fe forment les métaux : on fe- roit en état de fe déterminer entièrement à ce fujet , A Toftl, 2, p. 467. Tom. i 3 pàg. 131. Ibid. p. 1 3 1 Tom. z , pag. 60 3 8c 604. De thcrm, p. 1 8p. Ibid, p, 2 07. Ibid. p. 21 Si 430 Mémoires sur différentes parties M. Jauffîn fe fût appliqué , plus qu'il n’a fait , à déterminer la nature des pierres dont les montagnes de cette iile font formées. Le peu qu’il en rapporte , lèmble cependant ap¬ puyer ce fentiment. On lit dans fon ouvrage, que les mon- Mém. fur tagnes de Bogognano produifent du cryftal de roche , de la Corfe , t. l’émeraude, qui n’eft, à ce que je crois, que de la prime 420 * d’émeraude ; du porphyre, du quocolos , ou pierre à verre , 3.2.. ’ * que je penfe être du quartz ; des cailloux femblables au caillou de Medoc,qui me paroiflent être de la matière de cryftal , c’eft-à-dire , du quartz ou du cryftal informe , ÔC peu tranfparent; du galaclites d’un bleu pâle , ôt marqué de quelques petits points noirs, qui pourroit être une terre métallique; du Jmcclis ou terre grade, favoneufe, & pe- fante. Les autres terres de ces montagnes ont paru à M. JauiTm avoir du rapport avec celles que les anciens appelaient terre de Malte , de Chio , 6t terre faponaire. Les montagnes pelées & arides qui font du côté du cap Mém fur Fitno , ôt du petit village Api&fio , ont des rochers formés îa Corfê, t. d’une pierre très- dure , qui renferme uneamianthe grife,' 2^ p. 4 7a & verdâtre , foncée , & dont les ftlamens font forts , & ferrés. 47îf Çes mêmes montagnes donnent une terre bolaire, & du talc. Comme M. Jauflin donne, dans un autre endroit de Ibid, p. 370. fon ouvrage, le nom de talc & de pierre fpéculaire à une même pierre , * il n’eft pas aifé de déterminer fi le talc, dont il parlé ici , eft réellement du talc. Ce nom eft celui que la pierre fpéculaire porte communément à Paris, M. Jauflin peut s’en être fervi pour défigner cette efpece de plâtre. M. Jauflin a encore trouvé dans ces montagnes,’ une pierre qu’il regarde comme une pierre de touche, & une comme une pierre calaminaire , un bol blanc, pu terre aftringente , & qui fait une impreflion forte fur la langue. Les montagnes qui font du côté de Baflia , renferment une terre bitumineufe que M. Jauflin regarde comme une pierre noire ou ampetile : le jayet fe trouve dans les ro- * Talc ou pierre tranfparente , à forme raboteufe , de couleur de cendre , jnêle'e de taches brillantes & bleues , qui vient en côte. Talcus , fn e Lapis fpecularis afpera fade , colore cïnereo , fplendidls C(S- pgeifque viacuüs variants , in Corfica nafcens, p, 371 f des Sciences et Arts, 431 'chers qui font entre Vivario & Bogognano : il y eft abon¬ dant. La pierre quarrée , ou Pictra quadrata , dont M. Jauffin parle , nie paraît être une pyrite de la na¬ ture de celle qu’on trouve dans les ardoifes ou dans les fchites. Si les obfervations précédentes femblent concourir à établir que fille de Corfe doit faire une partie d’une bande métallique , les fuivantes donnent lieu de penfer que toute cette ille ne doit pas y être com- prife. Les montagnes qui font entre Ajaccio & Valpayola , font voir une infinité de coquilles folfiles , & mille autres corps étrangers. Toutes les collines des environs font for¬ mées de lits & de couches remplis de femblables coquil¬ les , placées horizontalement. Dans quelques - unes des montagnes où M. Jauffin a découvert de l’amianthe, il a rencontré une efpece de pierre qu’il regarde comme une bélemnite. Mais cette pierre en eft-elle bien une? Celles que M. Jauffin a vues , étoient brunes, cylindriques, lon¬ gues de cinq à fix pouces , de la grolfeur du doigt , dures & couvertes d’écailles inégales & raboteufes. Les bélem- nites font coniques , & fans écailles. Le corps trouvé dans le même canton , ôt mis au nombre des cornes d’ammon , par M. Jauffin, en eft-il une ? Suivant M. Jauffin, ce corps efl long de trois ou quatre pouces, menu, d’un gris foncé , & un peu femblable à une corne de bélier.- Ces différens foffiles , & les pierres fuivantes , femblent annoncer que fille de Corfe renferme en partie une bande marneufe. Les pierres dont je veux parler, font la pierre d’aflo ou farcophage, dont M. Jauffin fait mention. Il dit que c’eft une pierre fpongieufe , friable , remplie de taches jaunâtres , d’un goût fort âcre , & qui fe couvre d’une fleur légère, propre à nétoyer les vieux ulcérés. Cette pierre fe trouve dans les montagnes où M. Jauffin a rencontré les marcaffites qu’il prétend annoncer de for, de l’argent , ôc du cuivre. C’eft dans ces mêmes montagnes où il a encore ramalfé une efpece de LacLunæ , qu’il appelle Moueîle de pierre, & qui formoit dans les fentes des rochers, des pelo¬ tons irréguliers, La turquoife & f unicorne minérale étant Ibid. p. 34^ Ibid, p , J07. Ibid. p. 483. Ibid. p. 483, Ibid. p. 4 74;. Ibid, p, 47jv Ibid. p. 424 & SP4- Ibid. p. 556. Tom. i , p. 130. Voy.Mém. de l’Acadé. ann, 176a. Mém. fur la Corfe , t. 3. , p. 42 f. Vid.de an- tiq. auri, &C. fodinis,oj>uJ- çul. p. 74. 432 Mémoires $ur différentes parties des parties d’animaux dépofés dans la terre , on doit rap¬ porter au terrein marneux les deux foffiles de cette forte , dont M. Jauffin fait mention. La mine de fel , qui eft près de Calari , & dont j ai parlé d’après Baccius, l’étang de Diano , dont il eft fait mention dans les Mémoires fur la Corfe , & dont 1 eau dépofe en été du fel, feroient penfer qu’il pourroit bien aulü y avoir en Corfe une bande de terrein, qui contient des mines de fel, comme il y en a une en Pologne , & peut-être en France. • Enfin fi la tradition que les Corfes ont fur le Logo fuma- m&nto étoit vraie, on pourroit croire que la Corfe a eu des volcans , ou qu’il pourroit s’y en allumer. Les gens de ce canton prétendent que ce lac fumoit toujours, & quil a difparu tout-à-coup. Si ce fait eft confiant, il ne peut pro¬ bablement être arrivé que dans quelque, tremblement de terre, ou que parce que l’endroit où il étoit, a été miné par des feux fouterreins qui 1 ont fait ecrouler , & ont ab^ le lcic Ce qu’on vient de lire fur la Minéralogie de rifle de Corfe , ne fera , fans doute , regardé , & a jufte titre , que comme une ébauche très-imparfaite ; mais cette ébauche fera due aux modernes , les anciens ne nous ayant rien laiffé à ce fujet. On lit feulement dans Pline , qu on trouve dans cette ifle une pierre qu il appelle Catochytes , que cette pierre eft finguliere en ce qu elle s attache a la main f comme pourroit faire de la glu. Les recherches & les in-, formations queM. Jauffin a faites au fujet de cette pierre^ n’ont pû lui rien apprendre qui 1 éclairaffent fur fa nature^ ni fur les lieux où il pourroit en trouver. On ne trouve guère plus de lumières dans les Anciens fur la Minéralogie de la Sardaigne. Blafius Caryophyllus, que j’ai déjà cité, fe trouve embarraffé lorfqu’il veut parler des métaux que les Anciens avoient découverts dans cette ifle. Que rapporterai-je , dit-il , des métaux de la Sardaigne ? je n’en peux dire que ce qu on lit dans Solin. Suivant cet Au¬ teur , cette ifle a plufieus mines d’argent. Si Dion Apoî- * linaire des Sciences et Arts. _ . 43 J îînalre fait auffi mention de l’argent qu on en tiroit. L iti¬ néraire d’Antonin indique des endroits qui contiennent des fubftances métalliques & des mines de fer , au-defius 4e Calari , appellé aujourd’hui Cagliari. Pline rapporte qu’on trouve en Sardaigne de lalun, de même que dans les ifles de Melo , de Lipari , & de Stwn- ^ gyle } aujourd’hui Stromboli. Ce même Auteur dit encore qu’on apportoit de cette ifle une craie dont on fe fervoit c. n- pour dégraiffer les étoiles blanches, & qui étoit, de tou¬ tes les terres cimolées , la moins bonne. On fçait que la far- doine ne porte ce nom que parce que les Sardes font les premiers qui ont trouvé cette pierre. On faifoit , du temps ibid. Iib. 37, de Pline, moins de cas de la fardoine tirée de cette ihe , caF-7- que de celle qui venoit des environs de Babylone , celle- ci fe trouvant dans l’intérieur des rochers. On lit dans les Vjd.Ann, Annales de Sardaigne, par Salvator Vitalis , que cette ifle frp p.Sai~ eft riche en or dans plufieurs endroits , & fur-tout dans les vator. Vital . environs de la ville des Grecs, appellée maintenant Ygle - l65SI‘ fias. Le même Annalifte dit , de plus , qu’on trouve du b' même métal dans les montagnes d Orgofoli , près du Monte* novo , & qu’un ruifleau, qui prend fafource dans ces mi¬ nes, entraîne avec fes eaux une terre de la nature de 1 o- cre. On en voit encore des indices dans les montagnes de Calari , principalement fur la pente de la montagne Barat - fini , fur laquelle on a bâti une Eglife dediée a fatntPierre, & nommée l’Eglife du Paradis. Salvator Vitalis parle , d’après Solin , Raviflus , Thomas de Caftellone , & Maginius , des mines d argent de^cette ifle. Elle a auffi des mines de fer, fuivant lui, ou plutôt fui- vantDimas,Carillus, Auteurs Efpagnols, d apres lefquels il cite ce fait. Selon un palfage de Baccius , qu il rapporte^ cette ifle a non-feulement de l’argent, mais du plomb, de Pétain , & de l’alun. Elle fournit auffi du foufre ; Salvator du moins le prétend. . Il veut encore quelle produife de la pierre laluzi , de 1 a- methifte, des faphirs, des fardoines,& des fardonix. Il s’appuie , pour le prouver , dç l’autorité de Carillus , dq ‘ ^ Tome L Kk* 434; Mémoires sur différentes parties Textor , & dun troifiéme Ecrivain anonyme. Le pre¬ mier de ces Auteurs prétend qu’on a trouvé des veines- de pierres précieufes près le promontoire de Calari , ÔC qu’on en apporta plu (leurs échantillons en Efpagne. Enfin Salvator Vitalis dit que la Sardaigne renferme différentes- fortes de carrières de belles pierres , mais quelle manque de marbre blanc. Il prétend , d apres un vieux monument , que les colomnes du Panthéon, qui eft a Rome, ont été tirées d’une montagne de Sardaigne, de meme que celles du baptiftaire de la ville dePife. _ Vid. Bac. Quant aux fontaines minérales , Baccius rapporte , d a- de 'fier. p. près Solin , que cette ifle en a dans quelques endroits , qui zo7' font chaudes. Il dit de plus , que l’onvoyoit de fon temps , des reûes de bains anciens, qui avoient été bâtis vers e milieu de l’ifle, & que , au bas de la montagne efcarpée qui regarde Gaete, il y avoir une mine abondante de le! natif y & d’un beau rouge , dont on fefervoit dans les ali- Les obfervations rapportées ci-deffus , & qui regardent la Minéralogie des ifles de Corfe & de Sardaigne, méri¬ teraient fans doute d’être confirmées par des Natura¬ lises modernes, afin quelles euffent l’authenticité dont el¬ les ont befoin pour avoir un degré de certitude fur lequel on puiffe s’appuyer. En attendant , j ai cru cependant en faire ufage, m’étant propofé dans ce Mémoire, de recueil¬ lir ce qu’on pouvoit avoir dit en ce genre fur les ifles qui dépendent de l’Italie , ou qui en font voifines. Suivant ce plan, je dirai encore ce qu’on peut Ravoir en ce genre fur les pays qui bordent la mer Adriatique. Il n’y a point d’ Auteur qui nous ait autant éclairé fur ce fuiet , que M. Allioni dans fon traité ou effai fur PHif- toire naturelle de la mer Adriatique. J’ai déjà rapporté ce ou’il a obfervé dans les endroits qui font en Italie ; il s a- gira ici de ceux qui fontfitués de l’autre coté de cette mer y en Dalmatie , en Iflrie , en Albanie , &c. Voy. m- « L’Iftrie , dit M. Allioni , la Morlaquie , la Dalmatie ; fai fur i’Hîft. »p Albanie, & quelques pays voifias, quoique Méditerra- -natur. de la. ® r » c » < »] » i v } » i » » » » » » » » 5 des Sciences et Arts. 43? » nées , les rochers , les files , & le fond de la mer , ne font £* » que d une feule & même malle de marbre opaque. 1 out » ce marbre a le même grain , il eft blanchâtre , & prefque » par-tout également dur. C eft ce meme marbre que nous » connoiffons fous le nom de marbre de Rovigno , & que » les Anciens appelloient marmor Tragurienfe. Ce marbre » eft entre -mêlé de plufieurs autres y tant dans la m^r^ » que dans le continent. On remarque la meme chofe dans » cette efpece de marbre qui a de fi belles couleurs , qui » dure fi long-temps , & qu’on appelle a Rome , brtccia co - rollata. On en trouve de grandes maffes en plufieurs » lieux, & des montagnes entières dans les parties de la » Morlaquie , qui font près de la mer. Les memes pays ont » aufti de grands rochers d autres marbres : par exemple , » Corrola a une breche de plufieurs couleurs ; un marbre 7) jaune & un blanc , très-femblable a celui de Carrara. Ca :* » taro a dans fes environs , un marbre verd fort beau , êc qui » reffemble fort à celui de Candie. Le marbre gris ou cen~ » dté , le rouge & le noir , ne font pas rares dans ce pays , » non-plus que plufieurs fortes d albatre tres-beau , & de » plufieurs couleurs. On y trouve aufti du tuf , pierre qui, » dans fon origine, ne différé guere de 1 albatre; mais or-*. » dinairement , on ne le trouve que loin de la mer. » Il eft temps maintenant de former le fyfteme minérale»-* gique de fltalie. Je n’aurois pu en donner une idée qui eût quelque jufteffe , fi je ne fuffe pas entré dans^ quelque dé¬ tail fur les ifles & les continens voifins de 1 Italie. De la réunion de toutes les obfervations que j ai rapportées, on peut , à ce que je crois, en conclure que ce pays peut fo divifer généralement en trois bandes. L une renferme les pierres calcaires ordinaires ou marneufes , la fécondé les marbres , & la troifieme, les granités, les lchites, & les métaux La première comprend la plus grande partie de 1 Italie» O eft-à-dire que la chaîne des montagnes des Apennins, qui s’étend d’un bout à l’autre de 1 Italie, y^eft entièrement, ou prefqu’entierement comprife, qu’il n en faut exceptes [ ^ Kkkijt 43 6 Mémoires sur différentes parties que quelques petites portions des montagnes qui font les plus proches des mers Méditerranée & Adriatique. Cette bande s’étend prefque dans tout le Piémont, dont il ne faut, comme je l’ai déjà dit , en retrancher qu’une très-pe¬ tite partie. Elle paffe même en Savoie par le pays de Mau¬ rienne , & fe communique probablement à la bande mar- neufe de la Suiffe, par les montagnes qui régnent le long du lac de Geneve. Cette même bande marneufe a une communication , comme il y a lieu de le penfer , avec celle de la France, & cette communication paroît fe faire par une partie des montagnes du Dauphiné 6c du Langue¬ doc , puifque MM. Daubreuil & Guenée ont trouvé des pierres calcaires dans ces deux provinces de la T rance , & ont continué à les rencontrer jufqu’à Gênes & dans le Piémont. ■ Le pays qui renferme les marbres , ne fe peut bien déter¬ miner qu’en le traçant par l'Albanie , la Dalmatie, la Mor- laquie & l’Iftrie, dont les cotes ne font, comme je 1 ai dit plus haut, d’après M, Allioni , qu un maffif de marbre. Il y a lieu de foupçonner que ce pays palfe par le Frioul , & s’étend dans le Tirol. MM. Daubreuil 6c Ouenée ont du moins trouvé beaucoup de montagnes de marbre du coté de Trente, & de -là à Brixen. C’eft dans cette bande, ou fur fes confins, que font fituées, à ce qu il paroît, les fon¬ taines minérales chaudes, bitumineufes, faunes-, & les mi¬ nes de fel. Du côté de la Méditerranée, cette bande pa¬ roît s’étendre du côté de Gênes ôcde Carrare & avoir com¬ munication avec celle de la France par les montagnes de Languedoc & du Dauphiné , qui renferment aulli des marbres. La bande fchiteufe ou métallique eft formée par les hau¬ tes montagnes qui font derrière celles qui font compofees de marbres. Il y faut par conféquent comprendre celles de l’Albanie , la Dalmatie, la Morlaquie, l’Iftrie , celles du Frioul , du Tirol, des Alpes , du Languedoc , & du Dau¬ phiné. La pîûpart de ces montagnes , comme 1 on fçait , font riches en toutes fortes de métaux, & renferment des fchites ôc des granités. des Sciences et Arts. 437 L une ou l’autre de ces trois bandes paroiffertt fe pro<; longer jufques dans les ifles de la Méditerranée. On a vu que la Sicile avoit des corps marins foffiles dans la partie qui regarde l’Italie.On lçait qu’elle renferme de très-beaux marbres. L’ifle Caprée eft toute calcaire , comme nous Font appris MM. Daubreuil & Guenée. La Corfe & la Sardai¬ gne pourraient bien n’appartenir qu’à la bande métal¬ lique , ou n’avoir qu’une petite partie des deux autres bandes. J’ai dit plus haut qu’il paroiffoit que les Apennins ’étoient calcaires , & qu’il n’en falloir probablement excepter qu’une petite partie. Je n’ai avancé cette pro- pofition , que fur quelques - unes des obfervations de MM. Daubreuil & Guenée , & que fur ce que quel¬ ques Auteurs ont dit des mines de quelques endroits de l’Italie , & fur - tout de la Calabre. Davity , par Pag. fit, exemple , rapporte que la Calabre citérieure a des mi¬ nes d’or , d’argent & d’azur. On prétend que Macchia, , de la même Calabre, a des mines d’or , de plomb & de foufre ; que dans les environs de Longobucco , on a dé¬ couvert des mines d’argent & de vif-argent ; qu'à Pierre fitte , près de la riviere d’Ifpica , il y a une mine d’acier , une de plomb & une de fel ; qu’à Regina , il y en a une de fel , & au territoire de Seffe , une d’or & d’ar¬ gent ; que près de la ville de Cojen^e , peu éloignée du Jouinïo , il y en a une d’or & une de fer. Le mont Ohbano , dans la Principauté citérieure , renferme une mine d’argent. Il y en a une de foufre dans la même Principauté. Dans l’ultérieure , il y en a d’or tk d’argent auxquelles on ne travaille plus , parce qu’elles ne font pas allez abondantes. Quelques endroits de la Calabre citérieure renferment des mines de fer comme on vient de le voir. Je dirai , de plus , qu’il y en a d’acier à Martrano , de la même Calabre , & qu’il y avoit deux fiécles , fuivant Davity , qu’on avoit découvert dans les terres du Marquis de Sorito , fituées dans la Calabre in¬ férieure , une mine de bol femblable à celui d’Arménie^ 4^8 Mémoires sur différente s parties ôc des plus excellens. A M'diàno , de la Calabre citérieurej il y en a une de fel Ôc d’alun , ôc à Lialo , dans l’Abruzze, line de poix, découverte en 1577. En un mot , on dit en général que le Royaume de Naples a des mines d’or , d’argent , de plomb , d’azur , de vermillon , de fer , d’alun , de foufre , de poix , de fel blanc , d’albâtre , de cryftal Ôc de pierres d’aimant. Il paroît donc par ces obfervations que j’ai tirées d’un manufcrit qui m’a été communiqué par M. Hellot de cette Académie , que le Royaume de Naples eft , binon en entier , du moins en partie , d’une bande métallique. Il faut aufli renfermer dans cette bande quelques autres endroits de l’Italie qui ont des unes ou des autres de ces mines. Le Vicentin a des mines d’argent & de fer à Trello , le mont B allô en renferme d’airain. Le Bergamafc en a de fer dans plufieurs endroits , ôc nommément dans la vallée de Brembam , ÔC dans celle de Sclave. La Marche Trévifane en a dont on fait de très-bon acier. Le Frioul , dans la partie qui dé¬ pend de l’État de Venife , renferme des montagnes où l’on trouve du fer , du plomb , de 1 étain , du cuivre ÔC du mercure , de l’or même ôc de l’argent , aufli-bien que des mines de cryftal, des cornalines, des berilles Ôc des camayeux. Les mines d'Idria y font fameufes par le mer¬ cure qu’elles fourniffent. Lamine de fer de Tropia dans le Brejfan , fournit ordinairement cinq cent cinquante mille pefant de fer chaque année ; on y employé trois cents ou¬ vriers : on y trouve des mines de cuivre dans les vallées , des mines de jafpe , d’albâtre , ôc des pierres de parangon noires comme de l’ébene, ôc fi claires, qu’on peut en faire des efpe-; 'ces de miroir.Le pays de Volterre polféde des mines de cuivre d’alun , ôc de foufre , Ôc , de plus , une mine d’une terre jaune qui refiemble à l’orpiment, ôc de petites boules d’un cer¬ tain azur fort eftimé des Peintres : ôc en général, la Tof- cane a des mines de divers métaux , ôc minéraux , nom¬ mément une d’argent à Pietra-Santa. Enfin , Ciaro , monta¬ gne à douze lieues italiennes de Plaifance , renferme une fourçe d’huile de Petrole, des Sciences et Arts. _ 43 j) Quant au Piémont, que j’ai dit être prefqu entièrement calcaire, il faut en excepter les endroits fchiteux , ou qui ont de l’ardoife, dont j’ai déjà parlé; la vallée de Lucerne , qui a des mines d’argent, de vitriol, ôt dalun : celle de Lens en a d’argent, de cuivre , de vitriol , ôt d’alun ; cel¬ les de cuivre font les plus abondantes, elles y font prefque à fleurs de terre. On fçait en général que le Piémont a des mines d’or ôt de fer. Le grand nombre des obfervations rapportées dans ce Mémoire , me mettraient en état de tracer une carte miné¬ ralogique de l’Italie , que je pourrais joindre à ce Mémoire. Je demanderois cependant qu’on ne la regardât que comme une ébauche de ce qu’on peut faire en ce genre fur ce pays û intéreflant à cet égard.* La perfection de cette carte dé¬ pendra du goût que les voyageurs, Naturaliftes fur-tout y qui verront l’Italie, pourront prendre pour cette partie de l’Hiftoire naturelle , ôt principalement des OryCtographies particulières de chaque pays que les Naturaliftes Italiens pourront donner au Public fur le plan de celles du Pié¬ mont, par M. Allioni, ôt des environs de Verone, par M.Spada: exemples qu’il ferait à fouhaiter que beaucoup de Naturaliftes Italiens vouluflent fuivre, ôt qui nous donneraient une connoiflance plus ample de la Minéralo¬ gie de l’Italie , que je n’ai pu le faire dans ce Mémoire. * J’cfpcre donner cette carte dans une autre occafion. Je ne pourrai que la perfectionner en la différant. J’ai déjà recueilli de nouvelles obfer¬ vations , depuis la lecture que j’ai faite de ce Mémoire à l’Académie , 8c que je n’ai pas eu le temps d’y inférer. Fin du Tome premier . ✓ s '■» V< n’’ cil V • , -.i \ i \:ji ■- / ER RATA, Ayant été obligé de faire un voyage dans le temps qu on imprimoit ee Volume , il s’y eit glifle un plus grand nombre de fautes d împreinon , qu il ii’y en auroit probablement eu, fi j’eulfe pu voir les Epreuves. Le Lecteur eft prié de corriger celles qui font indiquées ci-deffous. Page ligne au lieu de Xcix feille crete aui Se. épine ufcs. épineufes. & qui côtes . divifoient animaux l’une belos. auroit trouvée' il ne le fera cependant pas. portoir fe on fait Oe & de manquerait ce que avancé Lares de & Volvie carreaux Stalx. leur Zin Seaux ' calcinée4 Pe-tun-tfi imparfaitement fe trouva qui travail d’etre , utile ma moire comment le fleur le Guay î claftiques clalfique peut être je trouve des délient ces mêmes précautions grades Cauçcaleri monter trouvée cendre 3 $ 33 ; 9 3+ : 1 6 27 1 17 3 13 is 38 3 41 2 6 6i 7 8î 28 89 X S9 2 89 II 89 3-7 89 33 9s 18 . -IOS XX 106 3 107 H IIO 2 2 114 28 114 28 ïi4 z9 114 3° I 16 9 114 1 6 12.6 7 127 19 138 ISO I IS« ï9 16I 21 166 166 1 66 26 1 66 2 6 18S 3 100 IS 10 1 30 103 19 c 109 8 109 zi 110 2 6 141 S 1^0 *6 1^8 3<* 162. 17 z66 4 Z67 8 2.7O 7 e7o *3 Tome L lifez feille crête au Si , effacez le point , &• portez- le après les lettres a , a. effacez le point & quelle côtes . divifoit f.nimaux marins ’un éclos auraient trouvé . cela ne fera cependant pa« dan-* cile poïtoienr s’en on a fait On & le manqueraient que ce que avancé étoit faux. Laves de Volvie coteaux. Sthal. fon Zinck Schavv calcaire Pe-tun-tfe lifez de même par-tout: parfaitement s’en trouva que effacez ce qui travaille . d’étre utile ma mémoire effacez ces cinq mots diadiques diadique pour être je trouve trop de les lient a avec ces mêmes précautions grades Cancaten mouler trouvé fendre LU Page ligne au lieu de Î51 ?o ann. 357 z8 Maurianne 357 z8 .Lunebour 35 9 19 fan-Domino 360 7 Bergo 3-:-- :*q fl&y ./.f /gf . /, v.:.,V , $ i if')- 'tB Ë '.Wi pllll V ;R 4 pK\0fi| 5yJ* 4- iff-l 4 i : ■ Tir ; nBw * vy- i J a W 1 *v' Ai® p|. v ■'*•'^5^^?^ ÆsStff? à 1% w AlsfcA ^5l§ I J ■ Bi f - 1» wr