*» g ***\ *vi 1 & •• ; - :..*> HARVARD UNIVERSITY. LIBRARY MUSEUM OF COMPAEATIVE ZOOLOGY. W -.HI OF ALEX. AGAS5IZ. u,\v^ lemon's of the $cluseunt of Companitibe Zoology AT HARVARD COLLEGE. Vol. XXVII. No. 2. REPORTS ON THE RESULTS OF T3REDGING, UNDER THE SUPERVISION OF ALEXANDER AGASSIZ, IN THE GULF OF MEXICO (1877-78), IN THE CARIBBEAN SEA (1878-79), AND ALONG THE ATLANTIC COAST OF THE UNITED STATES (1880); BY THE U. S. COAST SURVEY STEAMER "BLAKE," Liel't.-C'om. C. 1). Sigsbee, U. S. N., and COMMANDER J. K. Baktlett, U. S. N., Commanding. XL. LES BATHYNOMES PAR ALPHONSE MILNE EDWARDS et E. L. BOUVIER. [Published by permission of Cari.ii.e P. Patterson and Otto H. Tittmann, Superintendents of the U. S. Coast and Geodetic Survey.] With Eight Plates. CAMBRIDGE, U.S.A.: ^rinteU for tljc Jluscum. S'!,July, 1902. ISUmoirs of tbe Museum of (ftompanitibe £ooIocjd AT HARVARD COLLEGE. Vol. XXVII. No. 2. REPORTS RESULTS OF DREDGING, UNDER THE SUPERVISION OF ALEXANDER AGASSIZ IN THE GULF OF MEXICO (1877-78), IX THE CARIBBEAN SEA (1878-79), AND ALONG THE ATLANTIC COAST OF THE UNITED STATES (1880), U. S. COAST SURVEY STEAMER " BLAKE," LlECT.-COM. C. D. SlGSBEE, U. S. N., AND COMMANDER J. R. BaRTLETT, U. S. N., COMMANDING. XL. LES BATHYNOMES PAR ALPHONSE MILNE EDWARDS et E. L. BOUVIER. [Published by permission of Caulile P. Patterson and Otto H. Tittmann, Superintendents of the U. S. Coast and Geodetic Survey.] WiTn Eight Plates. CAMBRIDGE, U.S.A.: $rtntrto for tijc flusrum. July, 1902. TABLE DES MATIERES, Page INTRODUCTION 133 HISTORIQUE 134 DESCRIPTION DES BATHYNOMES 141 Bathynomus giganteus A. Milne Edw. Pl. I-VI 141 Forme geuerale 141 La tete et ses appendices 142 Le thorax et ses appendices 151 L'abdonien et ses appendices 153 Caracteres sexuels 157 Habitat, dimensions 158 Bathynomus Doderleini A. Ortm. Pl. VII, VIII 159 Forme geuerale 159 La tete et ses appendices 159 Le thorax et ses appendices 1G1 L'abdonien et ses appendices 1G3 Caracteres sexuels 104 Habitat, dimensions 164 Caracteres et affinites du genre Bathynomus 1G5 Caracteres adaptatifs des Bathynomes 165 Developpement des yeux 165 Position ventrale des yeux 166 Developpement des houppes branchiales 167 Circulation dans les appendices respiratoires 168 Les Bathynomes sont des Cirolanides 170 Caracteres du genre Bathynomus 171 Afflnites generiques des Bathynomes 171 CONCLUSIONS 173 INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 175 PLANCHES ET EXPLICATION DES PLANCHES INTRODUCTION.* On sait quels vastes espoirs les zoologistes avaient fondes, il y a un demi- siecle, sur l'exploration des profondeurs oceaniques ; a en croire plusieurs d'entre eux, c'est la que s'etaient refugies les survivants marins des faunes prehistoriques, et Ton devait compter sur quelque lieureux coup de fdet pour les ramener au jour. Depuis, on a dii reconnaftre que ces presomptions n'etaient pas justifiees, et laisser aux paleontologistes le soin de faire la lumiere sur les animaux des anciens ages. Pourtant on aurait tort de croire que les recherches abyssales, envisagees a ce point de vue particulier, sont restes completement infructueuses; les formes des temps geologiques se sont eteintes, mais plusieurs orit laisse au fond des mers une descendance qui, leur ressemblant de tres pres, etablit un lien naturel entre les etres d'autrefois et ceux de notre epoque. Qui ne se rappelle les admirables decouvertes de M. Alexandre Agassiz dans le merveilleux bassin de la mer cara'ibe ? Polypiers du genre Thecocyatlms, qu'on croyait disp'arus depuis les temps paleozoiquos, Gastero- podes du genre Pleurotomaire qui donnent la clef de l'organisation des plus anciens Mollusques infra-siluriens, Homolodromies et Dicranodromies tres voisines des ProtocarcinuS et des Prosopons jurassiques, sortes de Bracbyures en voie de formation et qui rattachent etroitement les crabes actuels aux Crustaces a longue queue du groupe des Homards. En dehors de cette liste, qu'on pourrait considerablement augmenter, il convient de citer, comme un acquit plus important des explorations abyssales, les innombrables formes zoologiques, jusqu'alors insoupc4onnees, qu'elles ont fait surgir des profondeurs. C'est reellement un monde nouveau et tout * J'ai trouve l'ancienne ebauche de cc memoire, et les trois gramles figures qui l'accompagnent, dans les papiers scientifiques laisses en moiiraut par A. Milue Edwards. Avec l'autorisation de M. Agassiz, j'ai acheve et mis au point cette etude que de lougues annees avaient interrompue, j'y ai joint des observations miuu- tieuses sur le Bathynomus Diiderleini, et je me permets de publier aujourd'hui le tout, au nom de mou venere Maitre et au mieu, heureux de coutiuuer une collaboration que la raort est venue brusquement interrompre. E. L. Bodvier. 134 INTRODUCTION. reinpli d'imprevu que celui dont nous leur devons la connaissance ; il defraye a, lui seul les volumineuses publications du Blake, du Challenger, du Talisman, de Y Investigator, etc., et, bien que la source commence a se tarir, on est loin d'en connaitre encore toutes les richesses. Pour ces derniers venus dans la Science, il a fallu e tend re les anciens cadres, reunir des groupes qu'on croyait disjoints, en etablir qui n'existaient pas, et coordonner ensuite tout cet ensemble. Jamais, depuis Cuvier, pareille revolution ne s'etait produite en zoologie. On aurait tort de croire, neanmoins, que les especes abyssales s'ecartent generalement, par leurs caracteres, de celles qui frequentent le littoral on les eaux peu profondes. C'est le contraire qui est le vrai. Les animaux des profondeurs sont assez souvent aberrants par leur forme, leur taille, 1'atrophie ou le developpement exagere des yeux et la presence de certains organes pbosphorescents, inais la plupart se rangent aisement a cote des formes mieux connues que nous considerons comme normales, les caracteres qui les distinguent etant dus a, des phenomenes d'aptatation secondaires qui ne masquent en rien leurs caracteres plus importants. Les Bathynomus, dont nous allons exposer l'histoire, sont, a ce point de vue, singulierement de- monstratifs ; ces gigantesques Isopodes semblent, au premier coup d'oeil, se placer tout a fait en dehors des formes connues du mome ordre: une taille demesuree, des yeux aux mille facettes, des branchies volumineuses et abondamment ramifiees leur donnent une apparence toute speciale, sans analogue dans les autres especes du groupe. Pourtant il ne nous sera pas difficile de montrer que ces etres si aberrants en apparence sont en realite des Isopodes tout a fait normaux, qu'ils rentrent dans un des groupes secon- daires depuis longtemps etablis dans cet ordre et que c'est tout au plus s'ils meritent de former un genre particulier dans l'une de ses families le plus ty piques. HISTOMQUE. C'est en 1878, pendant l'une des campagnes du Blake, que M. Alexandre Agassiz {1S78, 3, 4) fit la decouverte retentissante de l'lsopode volumineux que nous etudions aujourd'hui. II en captura un exemplaire nude (par 955 brasses dans les parages du banc du Yucatan, au nord-est des Tortugas) et lui attribua une place au voisinage des vEga. Le curieux animal fut envoye £i M. A. Milne Edwards, qui publia l'anni'e suivante {1879, 21, 22), dans les Comptes rendits de V Academic des Sciences, une note rapide sur ses principaux caracteres et sur ses affinite's. INTRODUCTION. 135 " Cet Isopode, auquel j'.ai donne le nom de Baihynomus gigardeus, di.sait l'auteur, n'est pas seulement remarquable par ses dimensions relativement enormes (il mesure, en effet, pres de 0m 23 de long sur 0m 10 de large), mais aussi par la disposition speciale de son appareil respiratoire, tres-different de celui de tons les autres Crustaces connus. " II semble que l'appareil respiratoire d'un Isopode ordinaire aurait ete insuffisant pour subvenir aux besoins physiologiques du Bathynome, et qu'il lui ait fallu l'adjonction d'instruments speciaux d'une puissance fonction- nelle plus grande. Les fausses pattes abdominales, qui d'ordinaire, dans ce groupe, constituent a elles seules l'appareil branchial, ne forment, chez le Bathynome, qu'une sort de systeme operculaire au-dessous duquel se trou- vent les veritables organes de la respiration, ou branchies. Celles-ci, con- siderees individuellement, ressemblent a de petits arbres ou a des panaches naissant par des tiges qui se divisent de plus en plus et constituent ainsi un veritable chevelu. Quand on les examine a la loupe, on voit qu'elles forment un certain nombre de faisceaux distincts et plus ou moins deve- loppes, que chacun de ces faisceaux nait par un pedoncule tubulaire a, parois membrane uses et flexibles, qui bientot fournit d'autres troncs; ceux- ci ne tardent pas a. se resoudre en une quantite d'appeudices allonges, presque semblables entre eux, mais disposes sans regularite et ayant l'apparence d'un fuseau a parois dedicates. "Si Ton injecte un liquide colore dans le sinus situe a la base des pattes branchiales, on remplit facileinent tout ce systeme et Ton pent suivre la marche du liquide non-seulement dans l'arbre branchial, mais aussi dans un reseau irregulier, creuse dans l'epaisseur de chacun des feuillets des fausses pattes abdominales, et comparable a l'appareil branchial tout entier des Isopodes ordinaires. Un vaisseau marginal sert a recueillir le sang qui a respire et le verse dans le tronc branchio-cardiaque. " Chez tous les Isopodes, au contraire, les fausses pattes abdominales sont tres-simples, et, quand elles se compliquent pour servir aux besoins d'une respiration plus active, c'est par le plissement toujours rudimentaire de la lame posterieure de ces membres. " On connait cependant deux genres d'Isopodes ou des appendices rameux se montrent sur les cotes du corps ; ce sont les genre Jone et Kepon, de la famille des Bopyrides ; mais entre cet appareil rudimentaire et celui du Bathynome, il y a des differences fondamentales, non-seulement dans la position des panaches branchiaux, mais aussi dans leur structure. 136 INTRODUCTION. "Par sa conformation generale, le groupement de ses anneaux, la com- position des pieces de sa bouche et la disposition de ses pattes, le Bathy- nome appartient incontestablement a la division des Isopodes marcheurs ; il se distingue des Spheromiens par ses articles abdominaux libres et par le developpement de sa nageoire caudale. Ces particularites le rapprochent des Cymothoadiens, et, parmi ceux-ci, des Cymothoadiens errants ; mais il off re dans la conformation de li tete, des antennes et des yenx certains caracteres qui l'isolent de tous les groupes conuus. Les yeux sont tres- developpes, contrairement a ce qu'on aurait pu supposer chez un animal vivant a une anssi.grande profondeur et dans un milieu tres-obscur; ils sont formes chacun de pres de quatre mille facettes carrees, et, au lieu d'etre places sur le dessus de la tete, comme chez tous les Cymothoadiens errants, ils occupent sa face inferieure et ils sont loges au-dessous du bord frontal, de chaque cote de la base des antennes. " Par la forme des pieces de la bouche, le Bathynome se rapproche plus des Cirolanes que des autres representants du meme groupe ; par la dis- position des pattes, il presente des ressemblances avec ces derniers Crusta- ces et avec les iEga. Mais les caracteres organiques que j'ai indiques plus liaut me paraissent assez importants pour separer le Bathynome de tous les autres Isopodes et pour le ranger dans une famille nouvelle du groupe des Cymothoadiens, que je proposerai de designer sous le nom de C//mothoa- dlens branckiferes." En 1885, dans son interessant ouvrage sur La vie au fond des mers, le re- grette H. Filliol (1885, 148, 149 et fig. 47, p. 147) s'arreta quelques instants sur le Baihynomits giganteus, en donna une figure fort instructive * et resuma tres exactement les observations de M. A. Milne Edwards sur l'interessant Crustace. Filhol avait pu voir et longuement examiner le Bathynome ; il insiste tout particulierement sur la position des yeux de l'animal, et 1'explique par des considerations fort rntionnelles. " Ils sont places [dit-il, p. 149], a la face inferieure de la tete, tandis que sur les Cymothoadiens, qui de tous les Isopodes paraissent avoir le plus d'analogie avec l'animal dont nous par- Ions, ils se trouvent etre situes sur le dessus de cette portion du corps. Ce changement de position est evidemment en rapport avec la perception d'une lumiere tres faible regnant dans les regions habitees pur le Bathynome et il doit . . . faciliter la recherche de la nourriture." * Cctte figure est la premiere que Ton ait eonsacre'e aux Bathi/nornus ; clle rcpresente l'animal mluit au tier.', it vu par la face ventrale. Tres analogue k la fig. 1, Plancue 11, du present memoire, clle est richc en details inorpliologiqucs et a fourni a M. Hansen la matiere des observations qui serout rulevees plus loin. 1NTK0DUCTI0N. 137 Lc Bathgnomus giganteus se trouve egalement represente dans le captivant travail ou M. Alexandre Agassiz (1SS8, 48, 49, fig. 252) a figure et brieve- ment decrit les principales formes zoologiques capturees pendant les trois campagnes du Blake* Cette figure est accompagne des tres breves observa- tions suivantes : " Bathgnomus giganteus est, de beaucoup, le plus grand de to us les Isopodes connus et mesure plus de onze pouces ! Les yeux de ce geant sont situes sur la face inferieure de la tete et, d'apres Milne Edwards, ne coinprennent pas moins de quatre mille faeettes." H. J. Hansen (1890, 252, 253) s'est occupe du Bathgnomus giganteus, dans la monograpbie presque parfaite qu'il a consacree a la familledes Cirolanides. En raison des etudes approfondies qu'il avait entreprises sur ce groupe, M. Hansen se trouvait a meme, mieux que personne, d'interpreter corame il convient les caracteres des Bathynomes et de fixer leur position zoologique ; il l'a fait avec une surete de jugemcnt remarquable et pour- taut, sans avoir vu l'animal, avec les seul documents que nous avons signales plus haut. Nous croyons utile de relever completement ici, malgre ses critiques un pen apres, la traduction francaise du passage danois que M. Hansen a consaere au Bathgnomus giganteus.] A. Milne Edwards publie dans les Comjrtes rendus, Janvier 1879, une communication sur un Isopode gigantesque et nouveau, le Bathgnomus giganteus capture dans la mer caraibe, vers 955 brasses, par Al. Agassiz. Outre son enorme taille (230 mm. de longueur, 100 mm. de largeur), cet animal se distingue essentiellement, d'apres l'auteur, non-seulement par le fait que ses cinq paires de pleopodes servent toutes d'appareil respiratoire comme chez les Cirolanida3-Cymotboida3, mais aussi parce que cliaque pleopode forme cou- vercle au-dessus dune branchie tres ramifiee qui prend naissance a, la base de l'appendice. Ce developpement de brancbies supplementaires est un caractere tres interessaut, qui, suivant toutes probabilites, comme l'observe justetnent Milne Edwards, resulte de ce fait que l'organe respiratoire normal ne serait pas suffisant pour un animal de dimensions aussi enormes. L'auteur eciit aussi que chacun des yeux comprend environ 4000 faeettes et occupe exclusivement la face inferieure de la tete. Dans La vie au fond des mers de H. Filbol, on trouve a la page 147 une grande figure [47] do 1' animal vu en dessous ; une figure de l'animal vu de dos se trouve dans * La figure donnee par M. Agassiz represeute l'animal vu de dos et reduit au | ; elle ressenible beaucoup, abstraction faitc des dimensions, a la Fig. 1, PI. I, de notre memoire. t Je remercie vivemeut M. Hansen, qui a bien voulu traduire en anglais ce passage ct verifier l'exactitude du teste franpais que je domic ci-dessus, d'apres cette traduction. E. L. Bouvieb. 138 INTRODUCTION. Agassiz, Fig. 252 (voir plus loin), mais cette figure, a cause de sa position, est d'un interet moindre. La maniere dont est representee la structure de la bouche et des pattes n'est certainement pas tres exacte, mais elle reste suffisamrnent correcte pour qu'on puisse conclure immediatement, et avec certitude, que 1' animal appartient a la famille des Cirolanidae ; et en verite, si les curieuses branchies n'existaient pas, je l'aurais meme place sans hesi- tation dans le genre Cirolana, parmi les especes dont toutes les pattes sont exclusivement ambulatoires. En raison de l'appareil branchial, on doit le regarder comme appartenanta un genre special de la famille des Cirolanidae. Sans doute, Milne Edwards observe que la structure de la tete, des antennes et des yeux presentent des caracteres qui eloignent le Bathynomus de tons les groupes jusqu'ici connus de Cirolanidae-Cymothoidae, mais si j'en juge d'apres la figure de Filhol, qui est suffisamrnent correcte pour qu'on s'en serve, il ne m'est pas possible de decouvrir la moindre difference entre la tete et les antennes de cet animal et celle de nombreux Cirolanides. Ainsi qu'on l'a vu plus haut, les yeux sont decrits comme etant exclusivement situes sur la face inferieure de la tete, mais un coup d'ceil jete sur mes planches montre que frequemment, dans les Cirolanides, les yeux occupent une bonne partie de cette face ; il est vrai que dans le Bathynomus les yeux se trouvent seulement la et ne debordent pas sur la face superieure comme dans les Cirolanidae; il est vrai aussi qu'ils presentent un tres grand nombre de facettes (si l'assertion est exacte), mais ce sont la des caracteres qui sont tout au plus de valeur generique. L'auteur pense que la structure des pieces buccales se rapproche plus etroitement des Cirolanides que des autres representants du groupe Cirolanid-Cymothoa ; je veux seulement observer que la figure mentionnee ci-dessus rappelle une bouche typique de Cirolana. L'auteur ajoute d'ailleurs que les pattes presentent une ressemblance avec les Cirolana et avec le genre dEga; d'apres la figure, le-; trois paires anteri- eures, qui sont les pattes caracteristiques, ne ressemblent pas du tout a, celles des JEga, mais sont exactement conformees comme celles de beaucoup d'especes du genre Cirolana. Quand M. A. Milne Edwards, pour conclure, est d'avis que le Bathynomus, grace aux caracteres structuraux signales, doit constituer un nouveau groupe, celui des " Cymotlwadiens branchifh'es " parmi les Cymothoidae, je suis necessairement en disaccord avec lui ; quelques- uns des caracteres qu'il met en evidence, d'ailleurs assez vaguement, sont nettement contredits par la figure de Filhol (et par celle d'Agassiz) a laquelle j'accorde beaucoup plus de credit, et il reste seulement deux carac- INTRODUCTION. 139 teres : l'un, celui qui a trait a la position des yeux sur la face inferieure exclusivement, et a leur grand norabre de facettes, me parait etre d'assez faible importance; l'autre, plus interessant, celui relatif a la presence de branchies, est probablement, comme le declare l'auteur lui-nieme, la conse- quence de la grande taille de l'animal, c'est-a-dire un caractere biologique seoondaire, et par consequent peu propre a l'etablissement d'une tribu d'un rang plus el eve. Cette conclusion ne fut pas adoptee par MM. J. Wood Mason et A. Alcock, qui signalaient plus tard {1S91, 270, 271), et vraisemblablement sans avoir eu connaissance du memoire de M. Hansen, la capture ijite- ressante de plusieurs Bailtynomas giganteus dans les profondeurs du Golfe de Bengale. Acceptant la maniere de voir de M. A. Milne Edwards, ces auteurs rangent notre animal dans une famille speciale, celle des Bathijnomidts, et font suivre le nom de l'espece des simples observations suivantes : "Trois femelles de cette remarquable forme furent captures ;i la station 105, par 740 brasses. Elles mesurent respectivement 160, 195 et 200 millim. de longueur, en droite ligne depuis le bord frontal de la tete jusqu'a l'extremite du telson. Comme les orifices genitaux ne sont pas visibles, et coinme la grande piece oostegale mesure seulement 8 millim. de longueur dans le plus grand exemplaire, et seulement 4 millim. dans le plus petit, il est a presumer que les specimens ne sont pas adultes." Une seconde espece du meme genre fut rapportee du Japon par M. Doderlein et deposee par lui au Musee d'bistoire naturelle de I'TJniversite de Strasbourg ; elle fut recueillee dans la Baie Sagami, pres d'Enoshima, par des profondeurs sur lesquelles on n'a pas d'indication precise. M. Ortmann {1804, 191-193), qui l'a decrite sous le nom de Bathynomus Duderleini, accepte tout a fait les vues de M. Hansen et, a son exemple, place les Balkynomus dans la famille des Cirolanides. Nous indiquerons plus loin les caracteres du B. Duderleini ; nous nous bornerons a dire, pour le moment, que cette espece est moitie plus petite que la precedente, qu'elle est relativement plus longue et plus etroite, mais qu'elle lui ressemble par la position inferieure des yeux et par la presence de houppes branchiales sur les cinq paires de pleopodes. Apres cet expose historique tres complet il n'est pas difficile de mettre en evidence les questions sur lesquelles nous devious jeter la lumiere dans notre etude des Bathi/noimis. 140 INTRODUCTION. Quelle est la morphologie exacte de ces Isopodes, surtout de leurs appendices buccaux ? Quelle est la raison d'etre de la position et du developpement excessif de leurs yeux ? Oii se developpent leurs houppes branchiales et a quelle cause attribuer leur presence ? Quels sont les caracteres generiques propres au Butliy nonius. Et quelle place convient-il d'attribuer a. ce curieux genre dans la classification des Isopodes? Ces questions, et quelques autres d'un caractere plus general, seront successivement abordees et elucidees dans la suite de ce memoire. Les materiaux qui ont servi a, notre travail sont peu nombreux, mais de premiere valeur ; ils comprennent, en effet, le specimen de Batliynomus giganteus capture par le Blake dans la mer caraibe et les deux exemplaires de B. Doderleini rapportes du Japon par M. Doderlein. Nous devons la communication du premier de ces types a, M. Alexandre Agassiz et celle des seconds a M. le Professeur Doderlein, de Strasbourg. Avant de commencer la description des deux especes, nous tenons a, temoigner notre vive gratitude aux deux savants qui nous ont fourni les moyens d'en faire une e'tude comparative. DESCRIPTION DES CRUSTACES DE LA FAMILLE DES BATHYNOMES ISOPODES GIGANTIQUES DES GRANDS FONDS BATHYNOMTJS A. Milne Edwards. Bathynomus giganteus A. Milne Edwards. {Planches I- VI.) 1S79. Bathynomus giganteus, A. Milne Edwards, C. R. Acad, des Sciences, T. LXXXIII, 21-23. 18S5. " " H. Filliol, "La vie au fond des mers," 147-149, fig. 47. 1888. " " A. Agassiz, Bull. Mus. Comp. Zool., Vol. XV. 48, 49, fig. 252. 1890. " " H. J. Hansen, Vid. Selsk. Skr., 0 Raekke naturv. og mat., Afd. V, 3, 252, 253, 376. 1891. " " J. Wood Masou and A. Alcock, Ann. Nat. Hist. (6), T. VII, 270, 271. Forme generate (PI. I— III). Ce qui frappe au premier abord quand on examine le Bathynomus giganteus du cote dorsal, e'est la reduction et l'inflexion tres prononcees de la region cephalique, le developpement exagere du telson qui forme un large bouclier caudal a bord posterieur epineux et tres legerement arque, la faible difference de largeur qui existe entre les divers anneaux du corps depuis le deuxieme tboracique jusqu'a, l'avant-dernier abdominal, enfin et surtout les remarquables ressemblances qui existent entre la longueur et le largeur des derniers anneaux du thorax et des segments libres de l'abdomen. Le dos atteint son maximum de convexite au niveau du 3e anneau thoracique, aussi bien dans le sens longitudinal que dans le sens transver- sal. A partir de cet anneau la ligne longitudinale mediane va toujours en s'inflechissant vers le bas : rapidement en avant, surtout dans la region cephalique, ou elle finit par devenir verticale, tres lentement en arriere et suivant une courbe des plus legeres qui se continue jusque sur le telson. C'est egalement au niveau du 3e anneau que la convexite trans- versale du corps devient la plus forte ; elle se continue sur les articles 142 BATHYNOMUS GIG ANTE US. basilaires des pattes qui se transforment en larges episternites* verticaux. Les episternites formes par les deux paires de pattes precedentes s'infle- chissent assez fortement en dehors, mais ceux des deux anneaux qui suivent le troisieme restent presque completement verticaux ; quant aux episternites des deux dernieres paires de pattes ils se relevent progressive- ment et condLiisent ainsi aux pleurons faiblement recourbes vers le bas, qui terminent les tergites abdominaux. Grace a. ce relevement des parties Iaterales du corps, le maximum de largeur du corps correspond aux pleu- rons du 3e segment abdominal. En ce point, la largeur du corps egale presque exactement la moitie de la longueur totale, soit 111 millimetres contre 225. La surface dorsale est partout orne de ponctuations assez fortes qui devien- nent plus nombreuses et plus petites vers le bord posterieur des anneaux ; a droite et a gauche de la region mediane, elle presente en outre des sillons rap- proches tres pen profonds et paralleles, qui s'etendent assez regulierement d'arriere en avant. Ces sillons font absolument defaut sur le telson et sur la tete ; ils sont tres peu apparents sur les anneaux abdominaux. La tete ct ses appendices. — Comme dans la plupart des autres Isopodes, la tete (PI. I— II) du B. gigwnteus est formee dorsalement par la fusion des segments cephaliques avec le premier anneau da tronc ; en realite, c'est un cephalothorax ct Ton y distingue encore le segment thoracique, grace a deux sillons symetriques tres prononces qui occupent en arriere ses parties Iaterales. La tete presente deux faces, Tune superieure, 1' autre inferieure, nettement separes de chaque cote par un bourrelet saillant qui s'eteml depuis la lame * Pour designer les differentes parties des anneaux, nous aurons reeours a la nomenclature d'Audouin, telle que l'a comprise H. Milne Edwards,1 en y ajoutaut le terme de pleuron que le naturaliste Huxley 2 a introduit dans la science. Un auueau complet comprendra des lors mi tergite, un sternite, une paire de pleurons ou prolongements lateraux des tergites, des episternites formes par l'article basilaire des pattes et des ipimerex, e'est-a-dire des pieces comprises entre les pleurons ct lis Episternites. Conformeini'iit aux observations de M. H. J. Hansen,8 on vena dans la suite que la haifipe on synipo- dite des appendices compreud normalement trois articles dont le premier est reste meconnu par la plupart des auteurs. Tantot ces \vm> articles restent libres, tautot le premier ou les deux premiers s'ankylosent et prennent part a la formation des parois du corps. Claus 4 et M. Hansen donnent le nom d'epimeres ii ces parties appcndiculaires devenues pleurales, mais il vaut mieux, croyons-nous, leur appliquer le terme d'epi- stcruite, qui est plus conforme a la nomenclature proposee par Milne Edwards. 1 II. Milne Edwards : Histoire naturelle des massen und Mundtheilc bei Crnstaceen und Inselcten. Crustacea T. I, p. 10. 17, PI. I, fig. 3 (1834). Zool. Anz., Jabrg. XVI. HKS-19S, 201-212 (1S93). - 'I'll. Euxley: L'Ecrevisse. Edition francaise, * C. Clans: Neue Beitrage zur Morpliologie der p. 100, fii:. 36 ( l^so). Crustaceen. Arbeit, ausdem Zool. Inst. Univ. Wien, 8 II. .1. Hansen: Zur Morpliologie der Glied- B. VI, ii (1885). BATHYNOMUS GIGANTEUS. 143 frontale jusqu'au premier segment libre du tronc. Sa face superieurc s'in- lleehit fortement vers le has, se retrecit et devieat verticale eti avant, puis s'articule avec la lame frontale suivant une ligne arquee longue de 4 milli- metres. Sa face inferieure est divisee en deux parties par la lame frontale et les antennes. Chaeune de ces parties comprend en avant une region oculaire nettement convexe et, en arriere, un prolongement chitineux qui forme le cote correspondant du cadre buccal ; ce dernier presente, dans sa moitie anterieure, un large sinus a convexite externe oii se loge la partie basilaire des mandibnles. Un sillon oblique separe la region oculaire de la region buccale. Au-dessous du sillon, pros de la base des antennes externes, la region buccale forme un bourrelet tres saillant qui, dans sa partie la plus interne, se prolonge par un lobe triangulaire dirige en avant. Grace a. la position qu'ils occupent, les yeux (PI. IV, Fig. 3) regardent vers le bas et un peu en avant. lis ont la forme d 'un triangle convexe donfc la base, longue de 7 millim., s'inflechit en dedans et atteint Tangle du premier segment du tronc. Les deux autres cotes du triangle sont convexes en dehors ; le plus long est a peu pres parallele au bourrelet frontal et mesure 13 mill. \; le plus court occupe la partie inferieure du triangle et atteint 12 millimetres. De la sorte, le calcul donne pour la surface de 1'ceil une etendue de 437500 centiemes de millimetres carres ; mais comme le triangle oculaire est convexe et devient arque en dehors sur ses deux grands cotes, ce nombre est manifestemente trop faible. La cornee des yeux se compose de couches chitineuses superposees dont les corneules n'ont pas toutes la meine forme. Au voisinage des elements optiques, ces corneules sont des carres (PI. IV, Fig. 1) qui se suivent en lignes courbes regulieres, sans aucune alternance bien marquee. Certains des angles de ces corneules sont brievement tronques, et ces troncatures gagnant progressivement en longueur et en regularite, on arrive, dans les couches les plus externes, a, des corneules alternantes et irregulierement hexngonales (PI. IV, Fig. 2), dont la surface moyenne est de 160 centiemes de millimetres carres. Le calcul donne done pour chaque oeil 2730 corneules, mais, comme on l'a vu plus haut, la surface calculee du triangle oculaire etant trop faible, il y a lieu de croire que le nombre des corneules de chaque ceil n'est pas bien inferieur a 3000. La lame frontale (PI. Ill, Fig. 2), on segment antennulaire, a sensihlement la forme d'un trapeze regulier dont la grande base, un peu convexe vers le bas, s'articule avec le clypeus, et la petite base avec le bord retrcci du front. 144 BATHYNOMUS GIGANTEUS. On a vu que cette petite base mesure 4 millim. de longueur : la grande atteint 10 millim. et chacun des cotes du trapeze 4 millim. J. Les antennuks (PI. Ill; PI. IV, Figs. 5, G), on appendices de cet anneau, presentent les trois articles basilaires caracteristiques et un fouet de 60 articles, qui depasse un peu les yeux en dehors. Les trois articles du pedoncule diminuent progressivement, de la base an sommet, aussi bien en longueur qu'en largeur. Le dernier porte en dessous, a son extremite dis- tale, un fouet accessoire mobile (exopodite) qui se reduit a un court article conique et muni d'une soie terminale (PI. IV, Fig. 5). Le premier article du fouet principal se compose d'un demi-anneau situe au-dessus du fouet accessoire ; le second est presque aussi allong^ que le dernier article pedon- culaire, mais sensiblement plus etroit. Les autres articles sont courts et djbordent en arriere sous forme de saillie aigue, de sorte que le bord posterieur du fouet semble dente en scie ; un peu en avant de cette dent, cliaque article presente en dessous une rangee de cinq on six courtes soies (PI. IV, Fig. 6). Le clypeus (PI. IV, Fig. 9, c) ou segment antennaire, occupe une position franclieinent ventrale et s'articule a ano-le droit avec le segment antennu- laire ; il est plus large que long, ses cotes sont paralleles et son bord ante- rieur se prolonge en avant sous la forme d'une saillie triangulaire obtuse (asymetriqueinent situee dans notre specimen), que I'on apercoit un peu en avant quand on examine l'animal du cote dorsal. En dehors de cette saillie, les angles lateraux anterieurs du clypeus proeminent en une petite dent arrondie. Le bord posterieur du segment s'articule avec le labre, suivant une ligne courbe faiblement convexe en arriere ; sur les cotes, il se pro- longe en dehors, einbrasse le tiers antcrieur du labre, puis s'etale en une muraille qui remonte verticalement vers le haut pour fermer en dedans la cavite antennaire et, en arriere, s'insinuer entre les mandibules et la partie anterieure du cadre buccal. Les pedoncules antennaires (PI. IV, Fig. 7), comme dans la plupart des Isopodes, se composent de G articles. Le premier est immobile, interrompu en dessus a la base des antennules, et forme en arriere un prolongement triangulaire entre les parties late rales du clypeus et la partie inferieure de la region cephalique.* Le deuxieme anneau est mobile sur les deux voisins et, comme le premier, incomplet du cote dorsal ; le troisieme est coniplet, * Beaucoup d'auteurs ticuiK'iit cet article pour un simple lobe qui se serail ilrlnelir de la tele, et essajenl de justtfier cette interpretation en disant que, chez Irs Mvsis, la glande antennaire (qui manque cliez les Isopodes) s'ouvre sur le 2* article. En fait, cet article est le premier de la hampc antennaire. BATHYNOMUS GIGANTEUS. 145 e"troit en dehors, mats tres developpe en dedans, oil il depasse les deux precedents sous la forme dune bosse arrondie. Les deux articles suivants ont a pen pres le meme diametre et se dilatent progressivement dans leur region distale ; le sixieme est bien plus long et plus etroit. II n'y a pas trace d'e'caille ou de fouet accessoire. Quant an fouet principal, qui depasse en arriere le bord posterieur du deuxieme segment thoracique libre, il commence par im article assez long, se continue par une serie d'articles courts qui croissent progressivement en longueur, presente ensuite des articles alternativement courts et longs, puis se termine par un certain nombre de petits articles sube"gaux. Le labre (PI. II; PI. IV, Fig. 9, L) est situe en arriere du clypeus sur lequel il pent legerement se mouvoir, grace a l'articulation de son bord anterieur, qui affecte la forme d'ime ligne legerement courbe a concavite anterieure ; son bord posterieur presente une forte et large echancrure ; ses bords lateraux sont arrondis. A chacun des extremites de son bord ante- rieur, il forme sur sa face ventrale une faible saillie convexe en avant. Les mandibules (PI. II ; PI. IV, Figs. 10, 11; PI. V, Figs. 1-3) ont une base renflee (PI. V, Figs. 1, 2) qui se loge dans 1'echancrure anterieure du cadre buccal avec lequel elle s'articule par un condyle posterieur (c) assez saillant. Non loin de cette base, elle se retrecit en un col qui presente en dehors une profonde depression arrondie ou vient s'articuler le premier article du palpe. En avant du col, le corps mandibulaire emet en dehors un puissant condyle (c) en relation avec les ailes du clypeus, puis s'innechit reguliere- ment vers la ligne mediane, ou il se termine par les organes de la mastica- tion. Ces derniers sont tres complexes ; comme chez la plupart des Isopodes normaux, ils comprennent une partie coupante (pc) (acies. des auteurs), une lacinie mobile {I. m) {processus accessoire), et un fort prolongement egale- ment mobile, la partie triturante (p, in) (appelee aussi pars molnris). La partie coupante (PI. IV, Figs. 10, 11 ; Pl.V, Figs. 1-3, pc) n'est rien autre chose que la terminaison anterieure du corps mandibulaire vers la ligne me- diane ; sa face inferieure (ou externe) est exactement dans le plan du labre, qui, pourtant, recouvre un peu ses parties avoisinantes. Les organes cou- pants y sont representes par trois dents noires luisantes et taillees en biseau tranchant, grace a la direction un peu oblique de leur face suporieure (ou in- terne). La dent anterieure est en partie cachee par le bord posterieur du labre ; la dent moyenne, plus reduite, est completement visible ; quant a la dent posterieure, qui est, de beaucoup, la plus developpee, elle a un bord 18 146 BATHYNOMUS GIGANTEUS. anterieur sinueux et presente en dedans une profonde gouttiere qui la transforme en une sorte de gouge. — La lacinie mobile (PI. IV, Figs. 9, 10; PI. V, Figs. 1, 2, /. m) se trouve sur la face interne du corps mandibulaire, juste au-dessus de la partie coupante qui la dissimule a peu pres completement. C'est une sorte de saillie en biseau dont les deux faces sont convexes et qui s'attache aux parties voisines de la raandibule par une articulation merabra- neuse a, peine mobile. Son bord libre et arque se dirige de bas en liaut; il presente six grosses epines ambrees, immobiles, influcbies vers le baut, et deux ou trois autres epines plus reduites; a l'extremite inferieure de ce bord s'eleve une grosse dent noire, aplatie et obtusement triangulaire. — La par- tie t.riturante (PI. IV, Figs. 9, 10 ; PI. V, Figs. 2, 3, p. m) a la forme generale d'une lame de couteau retrecie vers le bas; ses deux faces superieure et inferieure sont un peu convexes, dc meme que son bord interne qui est muni d'environ 25 dents fort petites ; son bord externe est faiblement con- cave. Cette lame peut se mouvoir de debors en dedans ; dans sa position naturelle elle est comprise dans l'etroit intervalle aplati qui separe les levres des paragnathes. On considere generalement le corps mandibulaire des Crustaces comme forme par le premier article des mandibules. Les trois articles suivants de ces appendices constituent le palpe (PI. II ; PI. V, Figs. 1, 2, p) dont nous avons signale plus baut le point d'attacbe. Le premier article du palpe est court, large et dilate au sommet ; le suivant est long, tres comprime laterale- ment, plus large au milieu qu'aux deux bouts et frange de soies en dessus, dans sa moitie terminale. L'article suivant a la forme d'une lame ovalaire allongee dont les bords s'inuecbissent en dedans et qui se recourbe vers le baut; elle est ciliee sur son bord interne. Avant d'aborder l'etude des autres appendices buccaux, il ne sera pas sans interet d'etudier d'un peu pres les pieces cbitineuses qui les reQoivent (PI. IV, Fig. 9), la grande taille de notre animal permettant d'apercevoir certains details morphologiques qui passent inaper^us dans les Isopodes ordinaires. Uorifice buccal (B) est une etroite fente longitudinale comprise entre les mandibules dans un plan horizontal qui est superieure a celui du labre. Ccllc fente est Hmitee sur les cot<'s par des levres membraneuses sub- paralleles (I, I), en avant par une saillie arrondie (/. a) et a surface inegale qui se prolonge en un pli mrdian sur le toit pharyngien, en arriere (/./') par une saillie plus allongee a surface unie. La face inferieure des deux levres BATHYNOMUS GIGANTEUS. 147 est horizontale ; elle se prolonge assez loin en dehors, puis, avant d'atteindre les raandibules, se reflechit en dedans et en dessous, constituant de la sorte un repli charnu qui forme le paragnatke (/>) correspondant. Le bord interne de chaque paragnathe est fortement convexe du cote externe et situe tres en dehors du bord labial, de sorte qu'il se produit, entre les deux bords opposes, un large atrium prebuccal dont la hauteur atteint quelques milli- metres. En avant, les paragnathes sont libres, s'inflechissent en dedans, et viennent se terminer par deux lobes au-dessous de la lacinie mobile (I. m) des mandibules; le lobe triturant (p. m) de ces derniers appendices fait saillie au-dessus de ce point terminal et se prolonge d'avant en arriere contre la face inferieure des levres, entre le bord labial et le bord interne des para- gnathes. Les deux lobes qui terminent le repli paragnathal au-dessous de la lacinie mobile ont des structures assez differentes ; le lobe inferieur est arnie d'asperites et de spinules, le lobe superieur, un pen plus allonge, se termine par une surface couverte de poils courts et mous. Ce lobe a une paroi membraneuse tres mince ; il est plein et, vraisemblablement, doit etre capable de turgescence dans l'animal vivant. II est probable que les ali- ments, broyes par les dents mandibulaires et dechiquetes par les epines des maxilles, sont reduits en particules tres fines par la scie du lobe triturant, retenus un instant par les epines recourbees de la lacinie mobile et goiites par les poils mous du lobe paragnathal superieur. La paroi unie et assez fortement membraneuse des levres doit se preter tres pen a la gustation. Ajoutons, pour terminer cette etude de la bouche, que les paragnathes pre- sentent en dehors et surtout en avant (dans leur partie recourbee en arc) des epaississements chitineux assez sensibles. Les paragnathes convergent en arriere et viennent se rencontrer, par leur partie posterieure retrecie, au-dessous du lobe etroit qui limite poste- rieurement la bouche, entre les levres. Entre ce point de convergence et le tronc on voit, sur la ligne mediane, un certain nombre de pieces chiti- neuses disposees en series lineaires et qui correspondent aux sternites buc- caux. Ces pieces ont ete figurees par M. Hansen (1S90, Fig. 1, n) dans la Cirolana borcalis, mais cet animal etant de petite taille, l'auteur n'a pu en fixer le nombre ni en determiner la limite. Dans le Batbjnomvs giganteus, ces pieces sont au nombre de quatre (s1, s2, s3, s*). La premiere (s1) est tres reduite ; elle se compose d'un nodule chitineux arrondi qui est separe du point de rencontre des paragnathes par un profond sillon ; a droite et a gauche, ce nodule se continue en avant, 148 BATHYNOMUS GIGANTEUS. contre la face externe des paragnathes, sous la forme d'un arceau relative- merit etroit. L'ensemble forme une piece semi-circulaire qui presente une assez grande mobilite. Immediatement en arriere de cette piece, la paroi sternale forme un long bouclier a deux pans dont l'arete tres saillante est exactement situee sur la ligne mediane. Ce bouclier est mobile sur la piece precedente et sur le dernier sternite buccal ; en arriere, il s'infiechit en dehors et de chaque cute, sous la forme d'un aile transversale qui va se mettre en connection avec le bord correspondant du cadre buccal. C'est entre ce bord et le bouclier que viennent s'inserer les bases (Mil) des mandi- bules et des deux machoires (J/.e1 Ms?). Au reste, ce bouclier n'est pas simple ; en avant, il presente une ligne de suture tres nette, qui se recourbe en arriere et qui le divise en deux pieces inegales, mais immobiles l'line sur l'autre. Par consequent ce bouclier correspond au moins a deux sternites (s2, s3,). Le dernier des sternites buccaux (s4) est celui des pattes-maehoires (P M) ; il est mobile sur le precedent et forme sur la ligne mediane une crete longitudinale tres saillante, qu'une depression profonde separe de la longue crete des sternites plus anterieurs. De cette partie centrale se detachent de chaque cote deux ailes chitineuses, 1'une anterieure tres etroite qui vient se souder a l'aile transversale des sternites precedents, l'autre posterieure et plus developpee qui se dirige en dehors vers le cadre buccal. Les tissus etant tres plisses clans cet endroit, il nous a ete impossible de savoir si cette aile arrivait a rejoindre le cadre. En tons cas, nous pouvons affirmer que chaque patte-machoire vient se fixer entre les deux ailes. Les machoires de la premiere paire (PL V, Figs. 4-8) sont tres volumineuses ; en dehors elles atteignent et recouvrent le partie basilaire interne des man- dibules, en dedans et en avant les bords anterieurs et internes 'des para- gnathes. Elles ressemblent beaucoup mix machoires des Cirolanes qu'a figurees M. Hansen, mais presentent trois articles basilaires (1, 2, 3) dont deux s'articulent avec la petite lacinie (/, i) ; il est probable que ces deux articles correspondent a celui que M. Hansen designe avec le N° 1 ; l'un est court, triangulaire et se met en relation, par un de ses cotes, avec la base de la lacinie ; l'autre est long et n'entre en contact avec cette base que par un tubercule articulaire. Le 3e article (2e de M. Hansen) est longuement triangulaire (3) ; par son grand cote" anti'iieur. il so joint a l'article pn'cr- denl et par son petit cSte* avec la grande lacinie de l'organe. Les ilnux lacinies sont se*par<;es par un large intervalle membraneux : la plus interne (lacinie 1 de M. Hansen) a la forme d'une longue baguette (/. /) dilate"e vn P.ATHYNOMU.S GIGANTEUS. 149 avant et armee, en cet endroit, dn cote de la bouche, do quatre ('pines recourbees et jaun&tres, dont la ba.se renflee porte au soininet quelques soies tres courtes. Ces epines sont au nombre de trois dans les Cirolanes. La lacinie externe (I, e), beaucoup plus grande, est consideree par M. Hansen comme un troisieme article ; elle a la forme d'une lame qui s'elargit en avant oil elle se termine, du cote interne, par une surface nn pen excavee sur laquelle s'elevent de puissantes epines noires legerement recourbees. Au sommet, les bords de la face excavee portent sept epines dont une tenninale assez reduite, trois en dessous qui vont en s'allongeant de la premiere a la troisieme, trois en dessus qui sont tres developpees. Un pen plus en arriere, sur la ligne mediane de la mC>me face, se trouve une rangee de quatre autres epines qui diminuent de longueur a mesure qu'on s'eloigne du sommet. Les epines des deux lacinies sont tres legerement mobiles sur leur base. Les niachoires de la 2C paire (PI. V, Figs. 9-11) sont bien plus reduites que les precedentes ; elles s'inserent en dedans et un peu en arriere des prece- dentes et ne recouvrent guere que leur lacinie interne. Tres semblables ii cedes que M. Hansen a figurees dans les Cirolanes, elles comprennent trois articles basilaires dont le premier, qui a la forme d'un rectangle, est sans rapport avec les lacinies. Le premier article (1) de ces appendices presente une suture longitudinale qui le divise en deux parties (articles 1 et 2 de M. Hansen) dont le plus externe s'articule avec l'article suivant et avec sa lacinie. Ce dernier (2) article (article 3 de M. Hansen) a la forme d'une baguette etroite qui divise en deux trongons inegaux une ligne de suture transversale dont on ne trouve plus de traces dans le B. Doder- Iciui. La lacinie (/) de cet article (lacinie 2 de M. Hansen) s'etale vers la ligne mediane sous la forme d'une large lame qui se prolonge en avant au-dessous de la petite lacinie des machoires anteiieures, sous la forme d'un lobe triangulaire obtus, frange de nombreuses soies inegales sur son bord interne et sur son bord anterieur; la face inferieure de cette lacinie pre- sente en arriere un puissant sillon transversal qui n'atteint pas le bord in- terne de l'organe et qui correspond au dehors a la ligne de suture des deux trongons de l'article 2. L'article 3 (3) se compose, comme l'article 1, de deux pieces distinctes transversalement disposees; la plus interne de ces pieces a la forme d'un triangle qui s'articule par son long cote avec la lacinie de 2; la plus externe est separee de la precedente et de l'article 2 par une aire membraneuse. Chacune de ces parties s'articule en avant avec 150 BATHYNOMUS GIGANTEUS. une lame mobile, allonge, obtuse et munie en dedans et en avant de longues soies raides qui deviennent en realite de vraies epines dans la partie termi- nale de l'organe. Nous considerons la lame interne coinme un endopodite (en) et la lame externe coinme un exopodite (ex), non sans faire observer que M. Hansen les regarde comme constituant, avec leurs deux pieces basi- laires, la lacinie double de l'article 3. En tons cas, l'endopodite maxillaire recouvre partiellement en dessous la lacinie 2, de meme qu'il est reconvert en dehors par le bord interne de l'exopodite. Dans l'exemplaire de Bathij- noraus giganteus que nous avons etudie, le bord interne de la lacinie 2 de la machoire posterieure droite (PI. V, Fig. 11) est muni d'un prolongement epais et charnu, orne de quelques soies, qui se recourbo brusquement en arriere sous forme de harpon. Peut-etre est-ce la une disposition individu- elle anonnale ; en tous cas, nous n'avons rien observe de semblable dans le B. D'oderleini. Les paites-muchoires (PI II ; PI. V, Figs. 11, 12) s'articulent en arriere des machoires de la 2e paire, suivant une base d'attache (PI. IV, Fig. 9, r ji) transversale et fort etroite qui s'elargit un peu en dedans; leur sternite (54) est plus etroit et plus court que celui des appendices precedents, dont il est separe par un profond sillon. Leur premier article apparent est represente en dessous (PI. V, Fig. 12, 2) par trois aires chitineuses dont la plus externe s'articule en dehors avec un court et large epipodite (e/>). Dans le B. D'oderleini (PI. VII, Fig. 5) les trois parties de l'article sont fusionnees en une piece hoinogene qui se soude en dehors avec l'epipodite dont on observe encore la ligne de suture; vers la ligne mediane, dans la membrane qui rattache l'appendice au sternite, on apere,oit une petite aire chitineuse (1) ovoide, parfaitement distincte, dont on ne trouve pas de traces dans le B. giganteus. Cette piece rudimentaire represente vraisemblablement le premier article du sympodite des maxillipedes ; en tous cas, le dcuxieme article de ce sympodite est celui que nous avons decrit ci-dessus et qui porte la courte lame epipodiale du male. Quant au 3e article (3), il a la forme d'une pyramide triangulaire tronquee ; sa face inferieure est sensiblement trapezoide, plus etroite en avant qu'en arriere et ornee d'un sillon trans- versal qui delimite a peu pres ses deux premiers tiers; sa face superieure est a peu pres de meme forme, mais plus reduite, un pen excavee et di'pourviu' de sillon; le sillon transversal manque egalement sur la face interne, qui est vagucment triangulaire, aplatie et presque en contact avec la lace correspondante de l'appendice oppose. Au somrnet de l'article BATHYNOMUS GIGANTEUS. 151 precedent s'articulent cote a eote deux pieces ind^pendantes, l'une (4) inferieure qui est sans conteste le premier article de L'endopodite, l'autre superieure que M. Hansen regarde com me une lacinie inais que nous tenons plutot pour un exopodite (ex), dont la base d'attache se serait rap- procliee de la ligne mediane, en passant par dessus l'endopodite. Cet exopodite (PI. V, Figs. 12, 13, ex) a la forme d'un lobe a trois faces; il est dilate en avant, arrondi en dehors, un peu concave en dessous, plat et lisse en dessus et en dedans ; a son sommet obtus se trouve une rangee de longues soies et, sur son bord infero-interne, cinq on six epines robustes et recourbe'es en dedans qui se terminent en crochet corne. Quant a l'endopodite (4, 5, 6, 7, 8), il commence par un article etroit et court, a face inferieure trapezo'ide, qui dissimule presque completement la base de l'exopodite. Les quatre autres articles de l'endopodite sont aplatis en forme de lames longuement cilices sur les bords, et forment une sorte de palpe foliace qui s'ecarte lateralement et recouvre la base des divers appendices buccaux. Les rapports de dimension et de forme de ces divers articles sont tres exactement represents dans la figure de la Planche ; le plus large est l'article moven, le plus reduit est l'article terminal. Les endopodites des maxillipedes s'avancent en avant jusqu'au niveau des dents mandibulaires ; le lobe qui represente leur exopodite depasse a peine le milieu du second article endopodial. Le thorax et ses appendices (PI. I-III). — Les sept anneaux libres qui constituent le tronc, ou partie independante du thorax, sont • tons re- marquables par la forte courbure transverse de leura pieces tergales et par le faible developpement de leurs parties solides du cote ventral. En outre, ils sont tous completes lateralement par des episternites, e'est-a-dire par les articles basilaires, devenus pleuraux, des appendices thoraciques. Dans le premier segment thoracique, les episternites sont absolument confondus avec le reste de l'anneau et Ton ne distingue pas traces de leurs limites. Dans les six autres segments thoraciques, leur soudure avec les bords lateraux des tergites est indiquee nettement de chaque cote par une ligne sinueuse parallele a l'axe ; cette ligne de soudure se continue obliqueinent en dedans du cote ventral, sans toutefois atteindre la ligne mediane en dedans de 1' articulation de la partie mobile de Tappendice ; en ce point l'episternite se continue directement avec la surface sternale. II va sans dire que cette ligne de suture, comme celle des flancs, disparait sans laisser de traces dans le premier segment thoracique. 152 BATHYNOMUS GIGANTEUS. La partie mediane ventrale de chaque segment proemine fortement vers le bas sous la forme de saillies transversales arrondies ; les trois saillies intermediaires (segments 3, 4, 5) sont de beaucoup les plus grandes, la seconde et l'avant-derniere sont deja bien plus reduites, enfin la pre- miere et la derniere sont fort etroites et se continuent de chaque cote avec les parties latero-ventrales des segments. La saillie mediane des segments ventraux reste ton jours membraneuse ou, du moinSj depourvue cle piece chitineuse calcifiee. A droite et a gauche, les parties laterales de chaque segment se presentent sous la forme d'un toit transversal a deux pans dont 1' arete obtuse s'etend de la saillie jusqu'a l'articulation mobile de la patte. Dans les trois segments anterieurs, ces parties laterales sont recouvertes d'une piece solide continue qui s'echancre un peu sur l'arete au voisinage de la saillie mediane; dans les autres, chaque pan offre nne piece chitineuse distincte qui se rattache a, celle du pan oppose par l'arete membraneuse obtuse. Ces pieces ven- trales sont-elles les restes lateraux de sternites atrophies dans leur partie mediane ? ou bien representent-elles l'article basilaire, devenu episternal, de Fappendice correspondant ? II est difficile cle repondre, l'une ou l'autre de ces opinions pouvant etre egalement vraisemblables. Ce qui est certain, c'est que ces pieces chitineuses ventrales se continuent directement en dehors avec les grands episternites signales plus haut, qu'une ligne de suture evidente les en separe en avant et en arriere, enfin que cette ligne de suture ventrale se continue en dehors sur les flancs pour separer les tergites des episternites. La partie visible des tergites thoraciques diininue progressivement de longueur du premier au dernier anneau; mesuree sur la ligne mediane, nous trouvons en effet pour les anneaux 1 a 7 les chiffres suivantes : 22 mill., 19, 16.5, 16.5, 15, 12, 10. En meme temps, les episternites aug- mentent de longueur laterale et se diligent de plus en plus en arriere ; termines posterieurement en courbe largement arrondie, dans les trois segments anterieurs, ils deviennent lanceoles dans les autres et meme se terminent par une pointe fort nette dans les trois derniers segments. La derniere paire d'episternites thoraciques est bien plus etroite que les precrdcntes. Les patlcs sont depourvues de soies, sauf sur les bords de la face externe plane du basipodite des deux ou trois paires posterieures ; leurs autres articles presentent un nombre variable de spinules noiratres qui remplacent BATHYNOMUS GIGANTEUS. 153 vraisemblablement les soies cles Cirolanes. Le basipodite est allonge, con- vexe en dedans, aplati en dehors, et muni a sa base d'un condyle qui s'articule dans la cavite inferieure de l'episternite correspondant ; le doigt est arque, uni, et se termine par une griffe noire. Les pattes des trois paires anterieures sont plus courtes que les autres et presentent vine structure assez differente ; elles se font surtout remar- quer par la brievete de leur carpopodite qui proemine fortement en arriere, et par le prolongement anterieur de leur meropodite qui s'allonge en un processus arque le long du bord anterieur du carpopodite et du propodite. Ce prolongement est court dans la paire anterieure, tres allonge dans les deux suivantes. Le carpe des memes pattes est epais, fecourbe en arriere et se retrecit graduellement de la base a l'extremite ; il presente des denticules spiniferes sur son bord posterieur. Les pattes des quatre paires suivantes sont plus greles et s'allongent progressivement de la premiere a la derniere ; leur meropodite ne presente pas de prolongement anterieur; il s'inflechit un peu en arriere et ne se dilate pas sensiblement dans sa partie distale ; leur carpopodite presente une longueur un peu plus grande et, bien que se dilatant au sommet, ne forme en arriere qu'une preeminence assez faible ; leur propodite enfin est remarquablement grele, presque droit, sensiblement isodiametrique et ne ressemble a celui des trois paires precedentes que par les spinules noires de son bord posterieur. Grace a la transformation de leurs articles basilaires en episternites, les appendices thoraciques paraissent tres incomplets et reduits a six articles. A ce point de vue, comme nous le verrons plus loin, ils sont bien plus modifies, et s'eloignent davantage des appendices primitifs des Arthropodes que les pleopodes ou fausses pattes respiratoires de l'abdomen. L'abdomen et ses appendices (PI. I, II, III, VI). — Comme nous l'avons dit precedemment, l'abdomen, dans son ensemble, presente la meme largeur que le thorax, sauf dans sa moitie posterieure on il est constitue par une vaste piece terminale qui correspond vraisemblablement au sixieme anneau fusionne avec le telson. Sa courbure transversale est sensiblement moins prononcee, mais passe, par tous les degrcs, a celle des segments thoraciques posterieurs. La moitie anterieure de l'abdomen est constitute par les cinq anneaux munis de pleopodes; ces anneaux sont depourvus d'episternites mais pre- sentent des pleurons acumines qui ressemblent beaucoup aux derniers 19 154 BATHYNOMUS GIGANTEUS. episternites thoraciques. Le tergite du 1" anneau a 8 millim. de longueur sur la ligne mediane dorsale, son pleuron est tres court, et est atteint par le milieu du dernier episternite thoracique. Les tergites des trois segments suivants ont chacun 11 millim. | de longueur et presentent des pleurons bien developpes ; dans le plus anterieur de ces segments le pleuron deborde legereinent le dernier episternite thoracique et entre en contact avec son bord posterieur; dans le segment moven. la piece pleu- rale est plus longue encore et fortement inflechie en arriere ; le pleuron qui fait suite a. ce dernier est notablement plus court et bien moins infiechi. Le tergite du dernier segment pleopodifere a 9 millim. I de longueur et se termine par des pleurons transversaux, nettement plus courts que les trois precedents. Du cote ventral, les pieces chitineuses de la meme region sont beaucoup mieux developpes que celles du thorax; elles se composent d'un sternite median qui se divise pour embrasser la base des pleopodes, et se fusionne ensuite en une piece simple pour se confondre, sans trace de sutures, avec le pleuron correspondant. La piece terrmnale (PI. T, II, III) de l'abdomen est un large bouclier demi- circulaire, et un peu tronque dans la partie posterieure ; elle est dorsale- ment convexe et se retrecit un peu en avant, au point ou s'inserent les uropodes. Au voisinage des segments abdominaux libres, elle presentc sur la ligne mediane un sillon de 8 millimetres qui se bifurque en avant pour former un Y a branches courtes ; en arriere de ce sillon, un faible bourrelet obtus occupe la ligne mediane et se continue jusqu'au milieu du bord posterieur. Ce bord est occupe par une epine mediane tres forte, de chaque cote de laquelle se trouvent cinq autres epines inegalement developpees ; la plus voisine de l'epine mediane est un peu plus courte que les deux epines avoisinantes ; la derniere est tres reduite et l'avant- derniere un peu moins. En dehors de la derniere, se trouvent les rudiments d'une sixieme epine. Du cote ventral, la piece terminate du corps est fortement excavee dans ses deux tiers anterieurs, mais, en arriere, devient presque plane. Les pleopodes (PI. VI, Figs. 1—5, 7) ont conserve la structure normale des appendices des Orustaecs. en ce sens qu'il se composent (Figs. 1,4) d'une hampe ou sympodite de trois articles, et de deux lames lerminales, cndopodite et cxopodite. Le 1" article (1) du sympodite est represent^ par une petite lame chitineuse localisee a la base de l'appendiee. sur sa BATHYNOMUS GTGANTKUS. 155 face anterieure ou infe"rieure ; le 2" est un arcean <'troit (2), epaise en dehors et interrompu en dedans, ou line membrane mince relie ses deux extremites; le 3e est un anneau complet (3) qui se prolonge en dedans sous la forme d'un lobe quadrangulaire (p. i) dont le borde interne, i'ortement oblique, est cilie de puissantes soies ; en dehors, le meme article emet un lobe moins chitineux (p. c) et depourvu de soies, qui se dirige en arriere. Le lobe externe de la premiere paire de pleopodes (Figs. 1, 2, p. e) est reduit et subovalaire ; le lobe des quatre paires suivantes (Figs. 3, 4, 5, p. e) est sensiblement plus allonge, obtus et un pea dilate posterieurement. Les deux rarnes des pleopodes (en, ex) augmentent en surface et.en longueur du premier au dernier segment; celles de la paire anterieure (Figs. 1, 2) sont tres sensiblement moins developpees que les autres. Dans tons les pleopodes l'exopodite (ex) est plus chitinise que l'endopodite (en) qu'il recouvre inferieurement sur ses trois quarts les plus externes ; son bord postero-externe presente une courbure ties forte, tandis que le bord posterieur de l'endopodite est plutot tronque. Dans les deux lames, un large epaississement chitineux des bords indique la place cles vaisseaux sanguins. Les exopodites out le bord externe droit et le bord interne fortement arque ; ils se retreeissent tres progressivement dans leur moitie anterieure; ceux des trois paires posterieures presentent une echancrure vers 1'extremite distale de leur bord externe. Les endopodites sont plus grands; leurs deux bords lateraux paraissent tres sensiblement droits et subparalleles, encore que 1'externe s'etale en son milieu sous la forme d'un petit lobe triangulaire et obtus ; en avant, la meme lame se retrecit brusquement et presente un bord transversal qui vient' s'articuler au troi- sieme article de la hampe. Cette region articulaire divise le bord anterieur de l'endopodite en deux parties tres inegales, dont la plus interne est, de beaucoup, la plus developpee. On est reste dans une indecision absolue sur la position des houppes branchiales des Bathynomes jusqu'au jour ou l'un de nous (Bouvier 1901, 644) a signale dans les deux especes, la place qu'elles occupent sur les bords des lames endopodiales. Dans l'etude preliminaire publiee par l'un de nous (A. Milne Edwards, 1879, 22) il etait dit qu'elles sont situees au- dessous des pleopodes, et M. Ortmann (1S94-, 192) les faisait naitre de la base de ces appendices. En realite, ce sont exclusivement des productions de l'endopodite, et on les voit naitre sur les bords de cette lame (Fig. 3), dont elles occupent la moitie anterieure. Les plus volumineuses se detacbent 15G BATHYNOMUS GIGANTEUS. rle la partie interne du bord anterienr de l'organe, ordinairetnent par un seal tronc dans les quatre paires de pleopodes anterieurs, par nn tronc cnorme et par trois autres plus reduits dans les pleopodes posterieurs. D'autres houppes branchiales et moins fournies se detachent du bord antero-externe de l'endopodite par dix a, douze troncs disposes en unc serie marginale tres reguliere ; le plus volumineux de ces troncs occupe Tangle anterienr de l'organe, le plus red nit, qui est aussi le plus posterieur, se voit sur le bord externe, un pen en avant du lobe triangulaire signale plus haut. Ces troncs brancbiaux ont des parois membraneuses tres minces ; ils se ramifient rapidement et se resolvent en une serie de filaments courts et fusiformes qui forment les brindilles terminales d'un arbre extraordinaire- ment ramifie (Fig. G). Ces houppes branchiales viennent s'appliquer pres- que toutes contre la face posterieure de l'endopodite (Figs. 2, 5) et sur les pleopodes posterieurs, formant une enorme touffe qui remplit presque com- pletement la vaste concavite de la piece terminale (Figs. 4, 5). Pourtant toutes debordent un pen sur la face anterieure de l'endopodite, sauf celles qui occupent la partie interne du bord des pleopodes anterieurs. An reste, les houppes branchiales de cette paire sont moins fournies que celles des trois paires suivantes, et celles-ci, a leur tour, le sont beaucoup moins que celles des pleopodes posterieurs. A la fin du present memoire, nous examinerons la raison d'etre du deve- loppement de ces houppes branchiales et la position qu'elles occupent par rapport aux vaisseaux aiferents et efferents ; nous dirons seulement ici que les exopodites ne sont pas beaucoup plus chitinises que les endopodites, qu'ils presentent cotnme eux des vaisseaux de deux sortes et qu'ils doivent, a tres peu pres, jouer le meme role respiratoire que la partie non-branchi- fere des endopodites. Dans tons les pleopodes, ces deux sortes de lames sont munies de soies courtes sur la plus grande etendue de leurs bords. Les uropodes (PI. I, II, III, et VI, Fig. 8) sont des appendices bien plus incomplets que les pleopodes, car ils se reduisent a l'article terminal du sym- podite et aux deux lames natatoires candales. Rien n'indique plus les deux premiers articles de leur hampe, sauf la saillie volumineuse sur lnquelle s'articule cette derniere, et qui occupe la face inferieure de Tangle externe forme en avant par la piece terminale du corps. Bien que cette saillie ne pivsenle pas la moindre trace de sutures, il y a lieu de croire qu'elle corres- pond aux deux premiers articles syinpodiaux des uropodes, de sorte qu'il faudrait la considerer corame de nature episternale. BATHYNOMUS GIGANTEUS. 157 L'article (Fig-. 8) qui supporte les deux lames des uropodes a la forme d'un trapeze dont les deux bases sout siuueuses et subparalleles ; le cote" externe de ce trapeze est convexe en dehors et presente line ou deux spi- nules noiratres a Tangle posterieur ; son cote externe est beaucoup plus long et un pen concave en dehors ; avec le bord posterieur, il forme un angle tres aigu qui se prolonge assez loin en arriere et se termine en pointe faiblement obtuse ; quelques soies flexibles occupent cette pointe et line partie du cote externe de l'article. Les rames des uropodes debordent largement la piece terminale de 1' abdomen ; la rame externe, ou exopodite, est ovalaire, retrecie en avant, un pen concave en dessous et arrondie en arriere ; a son angle postero-externe, elle emet une petite pointe dirigee en arriere et en dehors. En avant de cette pointe, la moitie terminale du bord externe presente une rangee de 8 ou 9 epines noiratres articulees a leur base ; en dedans, quatre epines semblables occupent le bord posterieur. Les bouts de la rame sont franges de courtes soies, qui deviennent plus longues dans la region des epines, surtout en arriere. La rame interne ou endopodiale est bien plus grande que la precedente, quadrangulaire et con- vexe en dessous; elle s'elargit progressiveinent d'avant en arriere, et se ter- mine posterieurement par un bord tronque a Tangle externe duquel se voit une dent chitineuse ; le bord interne de Torgane est presque droit, le bord externe forme une legere courbure en dehors. Dans la moitie terminale, ce bord est arme de 4 a 6 petites epines noiratres ; une rangee de 12 epines semblables, mais plus fortes, occupe le bord posterieur. Les bords de la rame endopodiale sont franges de soies, comme ceux de T exopodite. Uanus est situe sur la face inferieure de la piece terminale, au point ou la concavite anterieure de cette piece s'inflechit en un rebord qui s'articule avec le segment abdominal precedent. II a la forme d'une fente triangu- laire a base posterieure et mesure longitudinalement pres de 9 millimetres. Les bords lateraux sont Halite's par deux arceaux chitineux qui se meuvent Tun sur T autre en avant, mais qui sont largement separes en arriere. Une membrane rattache ces arceaux. aux parties chitineuses avoisinantes. Caractevcs sexuels. — Les seuls caracteres sexuels de notre animal sont les deux penis (PI. II) tres rapproches qui se trouvent a. droite et a gauche de la ligne mediane, sur le dernier segment thoracique. Bien que munis d'un orifice terminal, ces organes sont fort reduits et se presentent sous la forme d'une lame quadrangulaire longue de 3 millimetres seulement. Ces organes sont relativement un peu plus longs dans nos exeinplaires de B. Doderlcini 158 BATHYNOMUS GIGANTEUS. et beaucoup plus dans quelques Cirolanes que nous avons sous les yeux ; dans ces deux formes d'ailleurs, les organes sexuels externes sont repre- sentes par une baguette chitineuse (PI. VIII, fig. 4) independante qui s'articule a sa base anfce"rieure sur le bord interne de la deuxieme lame endopodiale. Or eette baguette fait absolument defaut dans notre exem- plaire de Batbynome qui doit etre, des lors, considere comme un nude immature, ainsi (pie l'un de nous l'a fait anterieurement remarquer (Bou- vier, 1901, 044). Cette observation concorde remarquablement avec celle de MM. Alcock et Anderson {1891, 271) relative aux exemplaires du Golfe du Bengale. Ces exemplaires, au nombre de trois, pouvaient tous etre reconnus comme des femelles, mais malgre leur graude taille (100, 195 et 200 mill.) on dut les considerer comme immatures, parce que leurs lames incubatrices etaient incompletement developpees. Ainsi, le Batbynome capture par le Blake est un jeuue qui, vraisembla- blemeut, n'a pas encore atteint ses dimensions definitives. L'espeee a la- quelle il appartient se caracterise done par une taille veritablement deme- suree et merite, a juste titre, le nom de Baihgnomus giganteus que l'un de nous lui a donnee. Habitat, dimensions. — Le specimen type que nous venous d'etudier, fut capture par le Blake en 1878, entre les lies Tortugas et le banc de Yucatan (Agassiz 1878, 4), Station 29, Lat. N. 24 34', Long. 0. 84° 05', 955 brasses. Les dimensions de cet exemplaire sont les suivantes:* mm. Longueur totalc de la pointe du clypeus ;i celle de repine m/'diane posterieure 226 " de l:i tete (distance du bord posterieur a l'articulatiun frontale) . 30 " du thorax 105 " de la partie articulee de l'abdomen 47 " de la piece terminate (y compris l'epine roediane) 63 " " " " " (sans " " ) 57 Lai'gcur maximum de la tete 46 " " du 2' segment thoracique 98 <■' ll (« ge (( (( JQ>2 " " " 3C segment abdominal 110 " " " de la piece terminate s,i Trois exem])laires femelles, immatures comme le male precedent, out 6te* captures par Y Investigator en 1891, dans le golfe du Bengale, a une profon- * Tonics ces dimensions out etc prises en rcdressaut le plus possible l'aninKil, de maniere a lui donner une direction ;i ]icu pres rectiligne. BATHYNOMUS DODERLEINI. 159 deur de 740 brasses. D'apres MM. J. Wood Mason et Alcock (1891, 270, 271) ces exemplaires mesurent respectivement 160, 195 et 200 inilliui.de longueur. lis etaient de couleur rose au mouient de leur capture. Bathynomus Doderleini A. Ort.manx. (PlancJies VII et VIII.) 1S94. Bathynomus Doderleini A. Ortmann, Proc. Acad. Nat. So., Philadelphia, Is1.)!, 191-193. 1901. " " E. L. Bouvibr, C. R. Acad, des Sc, T. CXXXI1, pp. 643-645. Nous avons etudie les deux specimens types de cette espece ; ils sont desseches, mais il nous a ete possible de les ramollir et M. le Professenr Dbderlein a bien voulu nous permettre de sacrifier certaines parties du plus petit d'entre eux. Nous avons pu, de la sorte, faire une etude mor- phologique complete de cet interessant crustaee ; mais comme il ressemble beaucoup au B. gigantcus, nous nous contenterons cle relever ci-dessous les caracteres qui distiuguent les deux especes. Forme generate (PI. VII, Fig. 1). — Le corps du B. Doderleini est relative- ment plus long et plus etroit que celui du B. gigemteus ; sa largeur maxi- mum, en effet, ne depasse guere sensiblement le tiers de sa longueur totale, tandis qu'elle egale a tres peu pres la moitie dans le B. ejiganteus. La tete du B. Doderleini est plus large et beaucoup moins declive que celle du B. giganteus, le dos est partout plus convexe, ses bords lateraux sont plus paralleles, la piece terminale du corps est plus retrecie ; la partie articulee de 1' abdomen est relativement beaucoup plus longue par rapport au thorax; les episternites tboraciques sont presque tous sensiblement verticaux, tandis qu'ils s'inflecliissent plus ou moins nettement en dehors dans le B. giganleus. Les sillons longitudinaux qui se trouvent sur la face dorsale, au milieu des ponctuations, sont tres inegalement distincts ; fort apparents et nom- breuses dans le grand exemplaire, e'est a peine si on en trouve des traces dans le petit. La tete et ses appendices. — La tete du B. Doderleini est plus large, et du cote dorsal, beaucoup moins inflechie vers le bas que celle du B. giganteus ; pour le reste, les caracteres essentiels de cette region du corps sont ii peu pres les memes dans les deux especes; et pourtant on pent constater, dans le B. Doderleini, le retrecissement un peu plus net de la partie du bord frontal qui s'articule avec le segment antennulaire ; la profondeur beaucoup plus grande du sillon oblique qui. en dessous, sert a 160 BATHYNOMUS DODEELEESTI. separer la region oculaire de la region buccale ; enfin la reduction prononcee du lobe triangulaire qui, pres des antennes, forme saillie en avant sur le bourrelet marginal du cadre buccal. Les yeux (PI. VII, Fig. 2) sont demesurement developpes et presque aussi grands que ceux du B. giganteus ; ils ont comme eux la forme d'un triangle a sommet obtus et a, cotes courbes. Dans le grand exemplaire, les trois cotes du triangle mesurent respectivement, de sommet a sommet: 11 millim. 5, 10 mill. 25, et 6 mill. 4, mais comme les cornees sont legerement plus petites que celles du B. giganteus, et comme la surface du triangle qu'elles occupent est beaucoup plus bombee, il y a lieu de croire que le nombre des corneules doit etre fort pen different dans les deux especes. En tous cas, les dimensions de chaque ceil, par rapport au corps, sont beau- coup plus grandes dans le B. Doderleinl que dans le B. giganteus ; la differ- ence est presque du simple au double, comme on pent s'en convaincre en jetant un coup d'oeil sur le tableau des dimensions de chaque espece. Dans le petit exemplaire de B. Doderleinl l'ceil droit, qui est intact, a des cotes respectifs de 10 m. 7, 9 m. 3, et 6 millimetres; il parait relativement plus grand que celui de l'autre exemplaire, mais il est un peu plus echancre a. la base par l'episternite du premier segment thoracique. La lame frontale (PI. VII, Fig. 3 L, a) a la forme d'un triangle equilateral margine d'un bourrelet sur ses bonis lateraux ; ses deux angles basilaires sont obtus, et celui du sommet se retrecit peu a peu pour s'insinuer entre les bourrelets literaux qui delimitent de chaque cote l'etroit bord frontal. Les antennules ressemblent tout a fait a celles du B. giganteus, mais leur fouet, qui est en partie brise, parait un pen. plus dilate a sa base. Le clypeus (PL VII, Fig. 3 ; PI. VIII, Fig. 1, c) est a tres peu pres aussi long que large ; il se prolonge en avant sous la forme d'un grand processus tri- angulaire, aplati et tres obtus, qui de passe de beaucoup le fouet, quand on examine 1' animal du cote dorsal. La base de ce processus occupe a peu pres toute la largeur du clypeus, encore que ses angles latero-anterieurs fassent legerement saillie en avant. Les antennes (PI. VII, Fig. 4) ne different passensiblement de celles duZ?. giganteus, pourtant nous n'avonspu observer la moindre trace de soies sur les articles qui en constituent le fouet. Le labre (PI. VIII, Fig. 1, L) ne diflerc par beaucoup de celui du /»'. gigan- teus : il est toutefois plus fortement embrasse par le clypeus en avant et plus largement echancre en arriere. Les appendices buccaux sont egalement tres semblables dans les deux BATIIYXOMUS DODERLEINT. 16 L especes. Afin de ne pas deteriorer outre mesure les exemplaires qui nous etaient soumis, nous avons lais-se" en place les mandibules {Md), qui d'ailleurs paraissent identiques, jusque dans les details, a celles du B. giganteus ; nous observerons toutefois que leur partie basilaire est sensiblement plus elargie et que les deux premiers articles de leur palpe sont plus etroits et plus allonges. Aucune remarque speciale a propos des mdchoires anterieures, sinon que les epines de leurs lacinies terminales sont plus greles et celles de leur lacinie interne plus etroitement rapprochees ; le bord externe de cette lacinie, dans sa partie anterieure, proemine en dehors sous la forme d'un lobe triangulaire assez saillant. Les mdchoires posterieurcs ont identique- ment la structure et la forme de celles du B. giganteus, toutefois leur second article reste d'un seule piece et leurs deux lames terminales, surtout l'exopo- dite, paraissent relativement un pen plus longues que dans l'espece aineii- caine ; peut-etre ces lames presentent-elles a leur sommet des epines plus nombreuses et plus fortes, mais plusieurs de ces epines ayant disparu, il nous a ete impossible d'arriver, sur ce point, a une opinion tres precise. Les pattes vulckoircs (PI. VII, Fig. 5) presentent une bampe de trois articles inde- pendants; le ler de ces articles (1) (on, du moins, ce qui nous parait le representer) se reduit a, une lame cliitineuse assez mince qui s'enchasse dans la membrane basilaire de 1'appendice, a Tangle infero-interne de l'article suivant. Ce dernier (2) est beaucoup mieux developpe que dans le B. giganteus; sa face ventrale offre un revetement cbitineux absolument con- tinu et la ligne d'articulation de son epipodite {cp) n'est plus representee que par une profonde depression longitudinale ; quant a, l'article suivant, il ne presente pas traces de sillon transversal. L'endopodite se distingue de celui du B. giganteus par le 2e article qui est plus long du cote externe et par le 3C qui est plus long du cote interne ; l'exopodite est arme sur sa face interne de 4 ou 5 fortes epines legerement recourbees. Le thorax et scs appendices (PI. VII, Fig. 1). — Le premier tergite thoracique est relativement plus developpe que dans le B. giganteus; \\\\ bourrelet longitudinal, tres accentue dans le petit specimen, indique nettement la lio-ne suivant laquelle est venu s'y souder l'episternite correspondant. Ce dernier est sensiblement rectangulairc comme les deux suivants et, comme eux, presentent sur sa face externe un puissant bourrelet longitudinal qui, avec le bourrelet marginal, forme un angle tres aigu ouvert en avant; clans le B. giganteus, ces deux bourrelets sont tres rapproches 1'ira de l'autre et, fort reduits, ne sont guere sensibles que sur le premier segment thoracique. il 162 BATHYNOMUS DODERLEINI. Du premier au troisieme segment, les episternites augmentent progres- sivement de largeur, sans d'ailleurs cesser d'etre a pen pres quadrangulaires. A partir du quatrieme inclusivement, ils s'allongent, s'inflechissent de plus en plus en arriere et, de plus en plus, acquierent la forme d'une lame lanceolee a bord anterieur convexe et a, bord posterieur concave. La transition aux trois segments anterieurs est mieux menagee dans le B.gigan- teus : les lames episternales sont plus larges, moins verticales et moins inflechies en arriere. Dans les deux especes d'ailleurs, c'est l'episternite de l'avant-dernier segment qui est le plus long, celui du dernier est le plus etroit et le plus inflechi en arriere. La face ventrale presente la merae structure que celle du B. giganteus ; les parties chitinisees y sont peut-etre un peu plus etendues. Les pattes se distinguent surtout de celles du B. giganteus par leurs opines plus nombreuses et par la presence de quelques soies qui viennent s'y entremeler; ces deux caracteres ne sont, pour ainsi dire, pas sensibles dans les trois paires anterieurs, mais ils deviennent de plus en plus nets sur les suivantes, notamment clans le petit .specimen. Tres certainement, le nombre des soies et la longueur des epines diminuent relativement a, mesure que la taille augmente. II suffit, pour s'en convaincre, de jeter un coup d'oeil sur les Figs. 6 et 7 de la PL VII, qui representent des appendices voisins dans les deux exemplaires. "Les pattes," dit M. Ortmann (1S94, 193) '-etaient primitivement couvertes de poils qui ont presque entierement disparu, par suite de la conservation a l'etat sec." Cela est peut-etre vrai dans une certaine mesure, mais nous croyons que les soies de l'animal sont toujours rares, a peu pres de la taille des epines, et que les cicatrices qu'on observe sur les bords des articles des pattes sont bien plutot dues a la chute de certaines epines qu'a la disparition cle quelques soies. II n'est pas exact non plus de dire, avec M. Ortmann (192), que le doigt, on G° article libre des pattes est " a peine plus long que le cinquieme ;" il y a la sans doute un lapsus, car il faudrait, pour etre vrai, dire exactement le contraire. Les pattes du B. Db'derleini ont la meme structure que celles du B. giganteus et se laissent comme elles diviser en deux groupes (PI. VII, Figs. 6, 7 ; PI. VIII, Figs. 2. 3) ; toutefois leur article basilaire est phis court et dans les trois paires posterieures, presente sur les deux bords de sa face externe, des soies bien plus nombreuses et bien plus longues, qui s'y groupent en une frange continue. BATHYNOMUS DODERLEINI. 1G3 L'abdomen et ses appendices. — L'abdoinen (PI. VII, Fig. 1) a sensible- ment la meme largeur que le thorax et presente une convexite un peu plus faible ; il est relativement plus long, par rapport au thorax, que celui du B. giganteus. Son tergite anterieur est un peu plus court que les autres, mais les quatre suivants sont de longueur sensiblement egale; les pleurons presentent a peu pres la meme forme et la meme disposition dans les deux especes ; corame ceux du B. giganteus, ils sont excaves sur leur face poste- rieure, mais presentent en ce point des soies plus longues et plus serrees. Des soies aussi abondantes se trouvent sur la face interne des deux paires d'episternites precedents. Les sternites abdominaux et les pleopodes (PI. VIII, Figs. 4-6) ont iden- tiquement la meme structure dans les deux especes ; pourtant ces derniers paraissent un peu plus longs, moins larges et ceux des trois dernieres paires presentent une echancrure plus profonde sur le bord externe de leur exopodite. Les branchies occupent identiquement la meme position et offrent la meme structure dans les deux especes ; la seule difference un peu apparente, c'est que les houppes branchiales paraissent un peu moins touff ues dans le B. D'odciicini, et se reflechissent moins loin sur la face supe- rieure de 1'endopodite. Comrae de coutume, celles des pleopodes posterieurs sont, de beaucoup, les plus developpees. La piece terminale du corps (PI. VII, Fig. 1) est un peu plus large que longue et affecte une forme sensiblement quadrangulair>, a cause de ses bords lateraux et de son bord posterieur qui sont tres peu arques. E'le est oceupee sur la ligne mediane dorsale par une carene tres saillante qui s'elargit en avant et finit par disparaitre a quelque distance du tergite abdominal precedent. Dans ce hiatus se trouve un tres leger sillon longitudinal qui, dans le grand exemplaire, presente en avant les traces d'une bifurcation. Au bord posterieur de la piece se trouve une forte epine mediane sur laquelle se prolonge la carene ; a droite et a gauche se voient, de chaque cote, d'abord une petite epine, puis une seconde notable- ment plus grande, enfin, plus en dehors, une sorte de dent plus ou moins aigue qui marque la limite posterieure des bords lateraux de la piece terminale. Les uropodes (PI. VIII, Fig. 7) sont un peu plus reduits que ceux du B. giganteus; leur exopodite est plus etroit et leur endopodite bien plus obliquement tronque en arriere ; les deux lames se terminent par une forte dent a leur angle postero-externe. Bien que beaucoup d'epines marginales 164 BATHYNOMUS DODERLEINI. aient disparu dans les deux specimens, il y a lieu de croire que ces epines sont a peu pres en meme noinbre dans les deux especes. Quant aux soies des deux raines, elles sont relativement beaucoup plus longues dans le B. Dodcrkliii. luafente anale est presque close dans celui des exemplaires que nous avons pen etudies a ce point de vue ; ses bords paralleles sont limites, 1'un et l'autre, jjar un arceau chitineux qui s'elargit en arriere. Caractercs sexuels. — Les deux exemplaires types de cette espece sont des males adultes munis de verges sur le dernier segment tboracique et de baguettes copulatrices sur le bord interne de l'endopodite des pleopodes de la 2e paire (PL VIII, Fig. 4). Ces baguettes s'inserent par un basse art i- culaire vers le milieu du bord et, legerement inflecbies en dedans, se pro- longent en arriere aussi loin que la lame ; elles se retrecissent jusqu'ii leur tiers posterieur, puis redeviennent ensuite un peu plus large. Les verges sont tres reduites; elles out au plus 1 millimetre \ de longueur dans le grand exemplaire. Ces organes sont relativement bien plus developpes dans les Cirolanes ou ils doivent, a coup sur, jouer un rule plus important. Habitat, dimensions. — Le B. Doderleini, dit M. Ortmann (1804, 193) "se trouve sur la cote japonaise, a Sagami Bay, pres d'Enoshima. La pro- fondeur n'est pas indiquee ; il vit probablement au milieu des fameuses Hexactinellidees et Lithistidees japonaises." Les seuls exemplaires connus de cette espece sont les deux precedents, que M. le Professeur Doderlein a rapportes du Japon et donnes au Musee de Strasbourg. Voici le releve de leurs dimensions : Lougueuv total c " de la tete " du thorax ......... cle la jiartie articulee de l'abdomen " de la piece terminale (avec Tepinc) " " " " (sans l'epine) Largeur maximum de la tete " " du 2e segment thoracique " " du 6e " " " " du 3" " abdominal " " de la piece terminale . . GranJ. IVtit. 124 105 15.5 14 5G 47 2G 22.5 ?,1 28 28 24.5 24 21.5 41.5 36 43 37.5 •13 38 36 31.5 CARACTKKKS KT AKI'INITKS \)V (iKNKE l'.ATII YN< )M KS. 165 Caracteres et affinites du genre Bathynomus. Caracteres adaptatifs des BatJu/nomes. — Abstraction faite de leur grande taille, les Batliynomes se distinguent des autres Isopodes non parasites par trois caracteres essentiels : le developpement de leurs yeux, la position presque absolument ventrale de ces organes et l'existence de houppes branchiales. 11 est facile d'etablir que ces caracteres sont dus a des adaptations de second ordre et ne pertnettent nullement de determiner la position zoologique des animaux qui nous occupent. 1° Developpement des yeux. — Ainsi que l'an de nous l'a recemment etabli (Boiivier, 1901, 644), le grand developpement des yeux n'est du, en aucune facon, aux dimensions demesurees des Bathynomes, mais apparait coinrae une consequence de l'adaptation a, la vie abyssale. Au premier abord, on serait tente de croire que les 3000 facettes des yeux des Bathynomes sont le resultat d'un accroissement oculaire qui a suivi' le meme rapport que raccroissement en surface du reste du corps. En effet, le Bathynomus gigantcus est 8 fois plus long qu'une Cirolane ordi- naire, ce qui correspond a une surface 64 fois plus grande et, des lors, a un nombre de facettes 64 fois plus considerable, ce qui donnerait pour l'lsopode geant 2560 corneules, c'est-a-dire, a tres pen pres, le nombre d'elements optiques qu'il compte reellement. Mais ici, le calcul conduit certainement a une conclusion inexacte, car il se trouve en defaut pour le B. Doderleim qui devrait avoir 4 fois inoins de corneules que le B. gigardeus et qui, en realite, en compte a peu pres autant. Ainsi, le nombre des corneules n'est nullement la consequence de l'ac- croissement de taille des Bathynomes, et Ton pent en dire autant de la sur- face de ces organites. Ceux-ci, conune on l'a vii plus haut, ont sensiblement un diametre double de celui des corneules des Cirolanes ordinaires; mais ce diametre est a tres peu pres le meme dans les beux especes, malgre leurs grandes differences de taille ; et d'autre part, si la proportionnalite des cor- neules a la taille se trouvait reelle, ce n'est pas un diametre de 15 a 16 centiemes de millimetres que devraient avoir ces organites dans le B. gigan- teus, mais bien un diametre 4 fois plus grand. A ce point de vue encore, la question parait devoir entrainer une solution negative. A quelle cause, des lors, attribuer le grand developpement des yeux des Bathynomes ? Pour le savoir, il nous suffira de suivre les modifications que subit l'appareil oculaire chez des Crustaces qui s'adaptent, par tons les 1GG CARACTERES ET AFFINITES DU GENRE BATHYNOMUS. de*gre"s, a la vie abyssale, c'est-a-dire aux Anomoures de la tribu des Gala- theines. Ainsi que nous l'avons fait observer dans un travail anterieur,* les Galatheines sont representes dans la zone sublittorale par les Galathca, dans des eaux plus profondes par les Munida, et dans la region des abysses par les Galacantha, les Munidopsis et autres formes analogues. Les Galathca se trouvent dans des niveaux ou penetre largement la lumiere et ne presen- tent que des yeux a surface mediocre ; les Munida se tiennent dans des eaux ou, abstraction faite de la phosphorescence, regne une obscurite plus ou moins grande, ce qui correspond a une cornee fortement dilatee ; quant aux formes franchement abyssales, telles que les Galacantlm et les Munidopsis, elles ont quitte la zone ou penetre la lumiere du jour et sont absolument aveugles. Mais cette cecite ne s'est pas produite tout d'un coup ; les Gala- cantlm, qui se rapprochent beaucoup des Munides, ont conserve la grande surface corneenne de ces dernieres, tandis que les 3IuuidojJsis, qui en sont plus eloignees, n'ont qu'une surface corneenne reduite, ou meme n'en ont plus du tout, leurs pedoncules oculaires etant devenus des stylets aceres. II semble done bien que les Galatheines, en s'adaptant progressivement a la vie abyssale, ont tente de recueillir la plus grande quantite possible des vagues radiations lumineuses ou phoqjhorescentes qui eclairaient leur milieu, que la dilatation de leur cornee est le resultat de cette adaptation, mais qu'elle est bientot devenue insuffisante et qu'alors s'est produite la cecite. A notre avis, les Bathynomes ont subi les phenomenes d'une adaptation analogue, mais etant depourvus de pedoncules oculaires, leur surface cor- neenne a pu demesurement s'agrandir de maniere a conserver utilement quelque activite fonctionnelle. An contraire, la cecite est devenue com- plete dans une espece abyssale voisine, Y Anuropus branchiatus, dont la tete est peu developpee.t 2° Position ventrale des yeux. — Dans son ouvrage sur La vie an fowl des mers, II. Filhol (ISSo, 148) a compare les Bathynomes an Gnathophausia et tente d'expliquer la position antero-inferieure des yeux par le besoin de re- cueillir les radiations phosphorescentes des abysses. Cette hypothese nous parait completement justifiee. II est probable que beaucoup d'etres phos- phorescentes sont de petite taille ou fonnent sur le fond une couche * A. Milne Edwards et E. L. Bouvier. — Considerations gene rales sur la famille des Galatlieides. — Ann. des Sc. nat,, Zool. (7), T. XVI, 195-199; 1894 f F. E. Beddard — Report on tli ■ hopoda collected by H. M. S. Cliallenger during the years 1873— 76. — Challenger, Zool., Vol. XVII, 15-2-156, PI. VII, lig. 1-5; 18S6. CARACTERES ET AFFINIT&S DU GENRE BATHTOOMUS. 167 plus ou moins lumineuse ; en tous cas, les rayons qu'ils emettent ne sauraient venir d'en haut (sauf lorsqu'il s'agit d'animaux nageurs) et des lors, on comprcnd que les yeux des Bathynoines aient quitte le vertex pour occuper la partie antero-inferieure de la region cephalique. Une telle disposition des yeux permet aux Bathynoines de rechercher, aussi bien que possible, les animaux vivants ou morts qui servent a, leur nourriture, mais elle a le desavantage de les livrer facilement aux carnas- siers nageurs qui vivent dans les rnemes eaux. Dans rimpossibilite ou ils sont d'apercevoir les poissons voraces qui planent au-dessus d'eux, les Bathy- noines doivent, sans aucun doute, jouir de quelque faculte qui les protege eontre ces ennemis. On peut croire qu'ils ne negligent pas les retraites des grands fonds et qu'ils s'y cachent plus ou moins completement a la maniere des Homards ; mais il est vraisemblable que leurs teguments epais, et sur- tout leur tres grande taille, les mettent bors d'atteinte de nombreux agres- seurs, surtout quand ceux-ci gardent des proportions plus reduites. De sorte que, envisagee a ce point de vue, les dimensions demesurees des Bathynoines seraient, elles aussi, le resultat de l'adaptation a, la vie abyssale. 3° Deceloppement des houppes bronchioles. — Les organes respiratoires des Isopodes se reduisent aux deux lames natatoires qui terminent les fausses pattes des cinq paires anterieures d'appendiees abdominaux et, dans bien des cas, a la lame interne seulement, c'esfc-a-dire a l'endopodite. Chez quel- ques formes, des replis transversaux, toujours peu eleves, se forment a, la surface de ces lames et augmentent, dans une mesure restreinte, leur dten- due respiratoire. Mais, abstraction faite des Bathynoines et de certains Bopyrides (Ioniens, Entonisciens), de vraies branchies differenciees ne se rencontrent pas chez les Isopodes. Les branchies des Ioniens et des Entonisciens sont constitutes par des arborescences plus ou moins complexes, qui se developpent aux depens des pleurons et de l'exopodite des pleopodes, ainsi que l'ont observe MM. Giard et Bonnier.* Com me l'ont fait remarquer ces deux auteurs, elles sont le resultat d'une adaptation a, la vie parasitaire, les Bopyrides qui en sont pourvus vivant dans des cavites branchiales presque closes, en des points ou ne penetre pas regulierement le courant d'eau respiratoire de l'hote. D'ou resulte la necessite d'une surface d'echange aussi grande que possible. On ne saurait evidemment attribuer a la vie parasitaire le developpement des houppes branchiales si caracteristiques des Bathynoines, mais il n'est pas * A. Giard et T. Bouuier. — Contributions a l'etude des Bopjriens, 1887. 168 CARACTERES ET AFFINITES DU GENRE BATHYNOMUS. difficile d'etablir que ces organes sont, eux aussi, le resultat de pbenomenes adaptatifs particuliers. Ainsi que A. Milne Edwards l'a suppose des le debut (1879, 23), Us sont necessites par la grande taille de ces animaux. "Chez les Isopodes nonnaux, disait Tun de nous dans une note recente (Bouvier, 1901, 644). les lames endopodiales des cinq paires de pleopodes suf- fisent aux besoins de la respiration ; inais si Ton songe que 1'accroissement en surface d'un animal auginente sensiblement en raison du carre de la taille, et 1'accroissement volumetrique en raison du cube, on concoit que les lames respiratoires des Isopodes normaux ne suffisent pas a un animal qua- tre fois plus grand, comme le B. Dodcrlcini, ou neuf fois an moins comme le B. gigantms. Aussi les Bathynoines sont-ils munis de houppes brancbiales qui n'existent pas dans les Isopodes non parasites .... Dans le B. D'dder- leini, elles sont moins rameuses et moins touffues que dans le B. giganteus, l'animal qui les porte etant de plus faible taille. II seinble done bien, com- me le disait A. Milne Edwards, 'que l'appareil respiratoire d'un Isopode ordinaire aurait ete insuffisant pour subvenir aux besoins pbysiologiques' des gigantesques Batbynomes." Cette conclusion est singulierement justifiee par l'etude des Anurojms. Ainsi qu'il resulte des recbercbes de M. Beddard,* cet Isopode abyssal atteint la taille deja remarquable de 7 centimetres, et presente une surface respira- toire extra-normale, grace a, la structure de ses uropodes qui sont minces et ricbement vascularises comme les deux rames des pleopodes. Circulation dans les appendices respiratoires (PI. VI, Fig. 7). — Etant donne le developpement de houppes brancbiales sur la partie anterieure des bords internes et externes de l'endopodite respiratoire, on est en droit de se demander quelles modifications a subies le cours du sang a l'interieur de ces organes. Chez les Isopodes normaux, chaque lame respiratoire est parcourue par deux vaisseaux que relient eutre eux de nombreuses anastomoses; le vais- seau afferent suit le bord interne de l'endopodite et le vaisseau efferent le bord externe. Ce simple schema convient assez bien a la rame exopodiale des Batbynomes, mais on ne saurait l'appliquer a l'endopodite, sous jieine d'admettre que le sang bematosd du vaisseau afferent traverse un appareil respiratoire bien difft'rencii' (branchies du bord externe), ce qui ne se ren- contre dans aucun repre'sentant du regne animal. En fait, il n'en i>. Le meme, partie basilaire de la meme machoire vue par la face ventrale ; memes indications que dans la Fig. 4. Gr. 4i. Fig. 7. Le meme, partie terminale de la lacinie externe vue en dedans. Gr. 6. Fig. 8. Le meme, machoire anterieure gauche vue par la face dorsale. Gr. appr. 2. Fig. 9. Le meme, machoire posterieure gauche vue par la face ventrale ; 1, 2, 3 articles basilaires, / lacinie de Particle 2, en lame endopodiale, ex lame exopodiale. Gr. U. Fig. 10. Le meme, la machoire precedente vue du c,6te dorsal ; memes lettres que dans la figure precedente. Gr. 2. Fig. 11. Le meme, machoire posterieure droite vue par la face ventrale. Gr. 2. Fig. 12. Le meme, patte-machoire gauche vue par la face ventrale. Gr. 2£. Fig. 13. Le meme, patte-machoire precedente vue du cote dorsal ; 2, 3 articles basilaires, ep epipodite, ex exopodite, en (4, 5, 6, 7, 8) endopodite. Gr. 2£. "Blaki iomus. Bathynomus giganteus PLANCHE VI. Fig. 1. Bath y an in us giganteus, pleopode anterieur gauche, face veutrale ou anterieure ; 1, 2, 3 articles basilaires, /. s.,f.i. fossettes d'insertion des muscles moteurs de l'appendice, p. i. lobe interne de l'article 3, p. e. lobe externe, en endopodite branchifere, ex exopodite. Gr. 1£. Fig. 2. Le meme, pleopode precedent vu par sa face posterieure; m@mes lettres que dans la Fig. 1. Gr. IJ. Fig. 3. Le meme, pleopode gauche de la 3e paire, avec les troncs d'origine des houppes brauchiales ; face posterieure. Gr. 1£. Fig. 4. Le meme, pleopode posterieur gauche vu par la face anterieure. Gr. 1£. Fig. 5. Le meme, pleopode precedent vu par la face posterieure ; memes lettres que dans la Fig. 1. Gr. 1^. Fig. 6. Le meme, extre'mite d'une touffe branchiale. Gr. 50. Fig. 7. Le meme, schema de la circulation dans un endopodite respiratoire ; A, a, b vais- seaux afferents, E, E' vaisseaux efferents. Fig. 8. Le meme, uropode gauche vu par la face inferieure. Gr. nat. )MUS GIGANTEUS PLANCHE VII. Fig. 1. Bathynom/us Doderle/ini vu par la face dorsale. Gr. nat. Fig. 2. Le meme, ceil gauche. Gr. nat. Fig. 3. Le meme, lame frontale (L) et parties avoisinantes vues en avant ; c clypeus, A1 pedoncule antennulaire, A2 pedoncule antennaire. Gr. 5. Fig. 4. Le meme, antenne droite vue par la face inferieure. Fig. 5. Patte-machoire gauche du petit specimen de la meme espece, face veutrale ; l'exo- podite n'est pas represente et le contour des quatre derniers articles de l'endo- podite est indique en poiutille ; 1,2, 3 articles basilaires formant le sympodite, rp epipodite. Gr. 5. Fig. 6. Sixieme patte droite du grand exemplaire de B. Diiderleini, face anterieure. Gr. 5. Fig. 7. Derniere patte gauche du petit exemplaire, face anterieure. Gr. 5. Blake" Bathynomus . ■ \.i ■** Bathynomus Doderleini PLANCHE VIII. Fig. 1. Bathynomus Doderleini, clypeus et labre du grand exemplaire vus par la face infe- rieure avec la partie anterieure des mandibules. Gr. 5. Fig. 2. Patte anterieure gauche du petit exemplaire de B. Doderleini, face posterieure. Gr. 5. Fig. 3. Deuxieme patte gauche du grand exemplaire, face posterieure. Gr. 5. Fig. 4. Deuxieme pleopode droit du grand exemplaire vu par la face anterieure ; les let- tres comme dans la Fig. 1, PI. VI; b c. baguette copulatrice. Fig. 5. Le nieme, appendice vu par la face posterieure. Fig. 6. Troisieme pleopode gauche du petit exemplaire vu par la face anterieure. Fig. 7. Uropode gauche du grand exemplaire, face iuferieure. "Blake Bathvnomus . ••: 8 EL Bouw'er BATHYNOMUS DODERLEINi The following Publication^ of the Museum contain Reports on the Dredging Operations of the U.S. Coast Survey Steamer "Blake ": — Bulletin, Vol. V., contains: — No. 1. Letter No 1 t" C. P. Patterson, Supt, I s Coast Survey, on Ike DREDGING OPERATIONS 01 Hi.' I s c. S. Mr ■■ Blake " I'o \ Vcassiz pp 9 April, Is7s 10c No. 6. Letter No 2 to C P. Patterson, Snpt. I . S. Ooast Surrey, on tlie DREDGING OPERATIONS of tbe i S 0 S. Sir. " Blake " B) A Igassiz Willi Preliminary Keporr on tin- Mollusca of the Expedi- tion l:v XT, II. Dall. pp In. 2 Plates Julj 1*7S 20e. No. 8. I. Description of SOUNDING MACHINE, Water-Bot- tle, an, I Detacher. By Linn r nander G. i» Sigsbee, V, S-, N pp 11 5 I'l s. December, 1S7S. 80c. No. 9. II. ECHINI, by A ASassiz CORALS and CRINOIDS, In L F iiePudutai.es. OPHIURANS, by T Lvnis i.o. 58. 10 Plates December, 1878 VI 50 tio.10. Ill Report on HYDRO I DA By S. F. Clakke pp. 14. 5 Plates. January, 1879. 65c. No. 12. TV. Preliminary Report on the WORMS'. Bv Prof. Ernst EhlbRs of Gdttingen. pp.6. June,18<9. 5c No. 14 Letter No 3 to 0. P. Patterson, Supt. I s Coast Survev, on the DREDGING OPERATIONS of the V. s. C. s. st i -Blake " By A. Agassiz. |.p 14 2 Maps. .Inne. 1ST!' 35c Bulletin, Vol. VI., contains : — No. 1 List of the DREDGING STATIONS occupied by the U s. 0. s Steamers "Corwin,*1 " Bibb," " Huss- ler," and " Blake," from 1867 to 1879, Benjamin Petrce and Carlile P. Patterson, Superintendents of the U. S. Coast Survey. pp. 16. September, 1879. No. 3. V. General Conclusions from ;i Preliminary Examina- tion of the MOLLUSOA ByW. H. Dall. pp.9. February, 1880. 10c No VI. Report on the CORALS and ANTIPATHARJA By L. F. in: Pourtai.es. pp.26. 3 Plates. Feb- ruary, 1880. 55c, No. 8. Letter No 4 to C P Patterson, Supt. U S. Coast Sur- vey, on the DREDGING iil'KII ITIONS of the D. S. (.' S. Str. " Blake," Cm inder Bm-tlett, U S. N., during the Summer of 1880. l-\ y Vgassiz i ■ i ■ 8. September, 1880 10c No 9. VII. Descripti i o GRAVITATING TRAP for ob- taining Sj imens "i Animal Life from interme- dial Ocean Depths By Lieut.-ComniMuder C. D. Sigsbee, U S N pp 4. 1 Plate. September, 1880 I"..' Bclletin. Vol. VIII .contains: — No I. VIII. Etudes preliminaires sur les CRUSTACES. P:ir A. Milne-Fiiw urns. 1« Partie. pp.68. 2 Plates. December. 1880. 90c No. 2. IX. Preliminary Report on the ECHINI. By A Ac issiz. II1 7. December, 1880. 5c. No. 4. List of DREDGING STATIONS occupied during the year 1880 by the 0 S. C s Sir, " Flake " pp. 4. February, 1881. 5c. No. 5. X Report on the CEPHALOPODS and on some Ad- ditional Species dredged by the II. S. F. C. Str. "Fishhawk," during the Season of 1880. Pv \ E. Yerrill pp. 17. B Plates March, 1881. SI. 00. No. 7. XI. Report on the Al'ALEPH.E By J. W. Fewkes. pp. 14. 4 Plutes March 1881 50c No. 11. XII. Iteporf on the SELACHIANS. By S Garman. pp. B. March, 1881. 5c. No 12. XIII. Report on the PVCNOGONIDA. By E P.. Wilson, pp is. 5 Plates. March.,1881 65c Bulletin, Vol. LX.,coDtains: — No. 1. XIV. Description D'ASTERIES. 1881. 30c somuoaire des Especes nouvelles P:ir E. PbRRIBB pp. 31. June. No. 2. XV. Preliminary Report on the MOLLUSCA, By W. II Dall. pp 112. Decenjber, 1881. VI 00. No. 3 Letter N" 5 to C. P Patterson, Snpt U S Coast Survey, on Hie FX PLOP A 'I'll INS ill the Vicinity of the Tortugas, during March and April, 1881 By A Agassiz pp. 5 JuPj , 1881. 5c No. 4. XVI. Preliminar) Report on the i'iiMU'UL.E By P. II. Carpenter, pp 20. 1 Plate. October, 1"1 20c Bulletin, Vol. X., contains : — No 1. XVII Report on the CRUSTACEA. Parti DECA- PODA. By S 1. Smith, pp. 108. 16 Plates. June, 1882. »2 50 No. 4 XVIII The STALKED CRINOIDS of the Caribbean Sea. By P. II. Carpenter, pp 16. December, 1882. ISc No 5. XIX Report on the FISIIF.S | K , 1 poasl of Hie U. S.] B\ G, Brown Goode and Tarleton II. Bea.v pp 37 April, 1883 30'c. No. 6. XX. Report on the OPHTUROIDEA Bv Theodor] Lyman, pp 50, 8 Plates May, 1883. $1 00 Bulletin, Vol \ i itains No. 1 XXI. Report on the kNTHOZOA and e Addi- tional Species dredged bj the " Blake in 1878-79, and i'\ the U*. S. I'i-h Ci ission Steamer " Fish- hank " in 1880 82, Bl A li \ 1 RRILL. pp. 72. 8 Pi B Julj 1888 -12'. No, 2 XXII V Chapter in the HiBtory of the GULF STREAM. By Vlexan Agassiz, pp. ,".. M113 1- 8 No 4. XXIII, Report on the ISO POD A. By Oscar Uargeb pp 18. I Plate- Septc 1 1883. iOc Memoirs, Vol. x . contaius : No. 1. \\|\, pari I. Report on the ECHINI. Bj ilex- andbb Agassiz. pp 126, 32 Plates September 1888 87 .00. Bulletin. Vol. XI., contains — No 5. XXV Supplei itary Report on the "Blake" CEPHA- LOPODS Bj A 10 \ iiikiLi, pp, 12 3 Plates October, 188.8, 40c No. 7. XXVI Verzeichniss der yon Jen United States least Survey Steamers " Ifassler" uud "Blake,'' yen 1867 zu 1879. gesaminolten MYZOSTOM1DKN Von Dr. L v Graff, pp. 9. November, 1888 IOc. Bulletin, Vol. XII., contains :-'■ No 2. XXVII Report on tin- Specimens of BOTTOM HE- POSITS. By John Mi rum. pp. 25, October, IKS;',, f.'ic. No. 5. XXVIII, Description of thirteen Species ami two Genera of FISHES from the "Blake " Collection. By !■' Brown Goode ami Tarleton II Bean. pp 28. .inli , 1886. 50c No. 6. XXIX. Bepnri on the MOLLUSCA Part I. BRA- CHIOPODA and. PELEOYPODA By W. H Din. PP lis 11 Plates September, 1886 S2 50. Bulletin. Vol. Will , contains: — XXIX Iteport on tbe MOLLUSCA. Part II. GAS TROPOitA ami SCAPHOPODA. Bl W. II. Iull. pp 4li2 31 Plates .lone, 1889 V5.50. Bulletin, Vol. XIII. .contains: No 1 XXX Report mi the HOLOTHURIOIDEA. By H. Treel. pp. 22. 1 Plate. October, 1886. 30c. Bulletin, Vols. XIV., XV., contain — A Contribution to American THALASSOGRAPHY Three CRUISES of the United Slates Coast aii'l Geodetic Survey Steamer "Flake." in the GULF OF MEXICO, in Hie CARIBBEAN SEA, ami along Hie ATLANTIC COASTof the UNITED STATES, from 1877 to 1880 By Alexander Agassiz 2 vols. pp. xxii. 314, and (6), 220. Maps i Woodcuts. [April,] 1888, For sale by Houghton, Mifflin, .Y Co. MEMOIRS, Vol. XV., contains — XXXI Report on the ANNELIDS, By Ernst Ehlers. pp. vi, 335. 6ii Pi, Hes October, 1887. $12.50. Bulletin, Vol. XIX.. < tains: — No 3 XXXII. Report on the NUDIBRANCHS. Bv Run. Rergu. pp. 27. 3 Plates, March, 1890. 75c. Memoirs, Vol. XIV., contains : — No, 3. XXXIII. Description des Crustacea de la Famille des PAGURIENS recneillis pendant I'.Expedition. Par Alphonse Milne-Edwards et E. L. Bouvier. pp. 172. 12 Plates. April I- Bulletin, Vol XX III., contains : — No. 0. XXXIY Report on Hie MOLLUSCA ilrclee.l by the ■ Flake " in 1880, including descriptions of several new species by Catherine Jeanette Push', pp. 199. 2 Plates.' January, 1S93 MEMOIRS, Vol XIX., contain- No 2 XXXV. Descriptions des CRUSTACES de la F ille ,le-' GA(/ATHEIDES recneillis pendant l'Expe,li- tion ilu " P.l.ike." Par MM A. Mii.ne-Fdw arps et E, L BnuviEK pp 141. 12 Plates. May, 1897. Memoirs, Vol XXII , contains : — XXXVI. OCEANIC ICHTHYOLOGY. By G Brown G e ami Tarleton II Bean. 1 vol. text ; 1 vol. Alias October, 1896. Bulletin. Vol XXX . contains — No 3. XXXYI1 Supplementary Notes on the Crustacea. Bv Walter Faxon, pp.16. 2 Plates. November, 1896 Bulletin, \'-.l XXXII , contains : — No. 10. XXXVIII. Etude M >graphique des Pleurotomaires Actuels. Par K. L. BOUVIER et, II. FISCHER, pp. 66 4 Plat,-. September, 1899 Memoirs, Vol. XXVII., contains: — No 1. XXXIX. I.e. in iacesetOxyi Par A. MlLNE- EDWARD9 et F.. L. Bouvier. pp. 127. 25 Plates. April, 1902 XL. Les Bathynomes. Par V Milne-Edwards et E. I.. Bouvier.' pp. IS 8 Plates, July, 1902. PUBLICATIONS OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY AT HARVARD COLLEGE. There have been published of the Bulletin, Vols. I. to XXXVII.; of the Memoirs, Vols. I. to XXIV. Vols. XXXVIII., XXXIX., XL., and XLI. of the Bulletin, and Vols. XXV., XXVI., and XXVII. of the MEMOIRS, are now in course of publication. A price list of the publications of the Museum will be sent on application to the Librarian of the Museum of Comparative "Zoology, Cambridge, Mass. Harvard MCZ Libri 3 2044 066 30 >**- * ~S "*■> / • 'J f* • A: t«i :. r 7*