Don rn TEE EE monte ICO PTE CLR ILES COCOON DPI LE mt ACICILIEIL IE IL MON JO ULTE 1 LADITE LL ILE IE CET ARE 7 54 + HT [A Fr er HE Tue D 4e EAU JAECET ISERE ul ü 1x MK et (AREA i LAON A PAR * 3! NP y M tué ti (in û QU l a “f LE FAN pit ; Han L a a mi h At W | LU ‘ "a il fl qe 1 an 4 A 1 an 1 l L } VAR ( DA HOME at à pa sd, } LIN ALES A ÿ ANT ) ji ANT Ÿ Au NPA MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DES SCIENCES NATURELLES DE CHERBOURG. LAMLATU TA : LA » / À 7e à MÉMOIRES DE LA é SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DES SCIENCES NATURELLES DE CHERBOURG, PUBLIÉS SOUS LA DIRECTION DE M. LE Dr. AUGte LE JOLIS, ARCHIVISTE-PERPÉTUEL DE LA SOCIÉTÉ. TOME IX: PARIS, J. B. BAILLIÈRE er Fizs, LIBRAIRES, RUE HAUTEFEUILLE, 19. CHERBOURG, BEDELFONTAINE Er SYFFERT, IMPR., RUE NAPOLÉON, 1. 1863. LU | M: MU 2 LE É | Abc Mn “i hè ‘1 NUM Von" ne 4; A We fu EX AE ï ' } Fou su TT TA RNNES ] au Le 1 f on M À 0 WW \t ie) Ju À ma Wen POUT (T° PEAU ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE DÉPARTEMENT DE LA MANCHE, Par M. BONISSENT. SUITE (1). TC 2% Époque — SOL SECONDAIRE. Synonymie : terrains neptuniens; terrains sédimentaires. TERRAIN CUMBRIEN (2). Synonymie : Terrain de transition inférieur ; partie de la fraction cumbrienne de M. Sedgwick (groupes moyen et supérieur); schistes argileux, grauwacke, etc. de M. Elie de Beaumont (schistes cumbriens); Etage phylladique de M. Cordier; Silurien inférieur de quelques géologues; partie inférieure de la période paléozoïque. Aux talcites phylladiformes (3) et glandulaires suc- cèdent : 1° Les phyllades satinés avec filon de quartz (1) Voir : Mém. Soc. Imp. Sc. nat. Cherb. T. VI, p. 73, et T, VII, p. 57. (2) Quelques géologues, parmi lesquels nous citerons M. P. Dalimier, proposent de supprimer le nom de terrain cumbrien, et d'appeler terrain silurien inférieur toutes les couches comprises entre les roches maclifères et les grès à Tigillites Dufresnoyi.Voir pages 27 à 34 de son mémoire sur la stratigra- phie des terrains primaires du Cotentin. (3) Les talcites dont nous avons parlé au terrain primitif, appartiennent aux taleites phylladiformes (taleites modifiés par les eaux). Ce sont les roches stratifiées les plus anciennes de notre pays. 3 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE noduleux (Saint-Lo) parallèle au sens de la stratification; 9° Des phyllades plus communs (Val-de-Saire) avec petits lits de quartz fin; 3° Des grauwackes contenant souvent des particules de mica. Cette formation est couronnée, tantôt par des couches d’anagénites à fragments polygéniques à surface arrondie, rarement anguleuse, qui passent à des grès grossiers ou fins anagéniques où à des schistes aussi anagéniques ou à des quartzites à éléments granuleux; tantôt enfin des arkoses et des métaxites, des poudingues ou des conglomérats terminent cette série. Ce terrain renferme encore plusieurs autres roches subordonnées aux précédentes au milieu desquelles on les voit en couches ou en amas. Ce sont des lydiennes avec couches minces de quartzite, des phtanites, du calcaire, des grès quartzeux, des grès feldspathiques, du jaspe, des euritines, des quartz très variés et de petits amas assez rares de graphite. Sur plusieurs points les phyllades se montrent seuls ; ailleurs, et c’est le cas le plus ordinaire, ils alternent avec la grauwacke, roche composée de feldspath, environ les quatre cinquièmes, tant à petit grain qu'à l’état d’euritine, de quartz grenu, de mica et de matières phylladiennes ou talqueuses, soit à grains distinets, soil méêlés avec la partie feldspathique com- pacte. Sur d’autres points l’anagénite est la roche dominante. L’anagénite, telle qu’elle est comprise par Les talcites et micaschistes sont rapportés par la plupart des géologues au terrain cumbrien sous le nom de schistes eristal- lisés modifiés, et si nous en croyons M. Delesse, les talcites, eux-mêmes, seraient composés en grande partie d’une variété de mica appelée séricite, et appartiendraient alors aux mica- schistes. DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 3 M. Cordier, se compose de matières talqueuses et phylladiennes avec fragments de feldspath, de quartz, de protogine, etc., le tout réuni par un ciment talqueux ou quartzeux, selon que la roche sur laquelle elle repose abonde en tale ou en quartz. Le phyllade est parfaitement compacte et ne contient point d'argile. Il est composé, d’après l'analyse de M. Cordier, de matières talqueuses atténuées et triturées à la manière des limons, mélangées avec quelques parties microscopiques de feldspath et de quartz, le tout réuni par un ciment siliceux; ses teintes sont très variées. Nous commenrcerons la description de ce terrain par les arrondissements du Nord, à partir de Herqueville jusqu'à Cherbourg; de là nous parcourrons le Val-de- Saire et les environs de Valognes; ensuite nous visiterons la commune de Carteret et nous terminerons par le canton des Pieux. La grauwacke, sans faire complètement défaut dans la Hague, est peu abondante comparativement aux phyllades qui eux-mêmes y sont peu répandus. Ces derniers sont quelquefois micacés gris-bleuâtre, gris- cendré, brunâtres, souvent verdâtres, nuance empruntée à la chlorite. Leur texture est généralement compacte; ils se divisent souvent en fragments pseudo-réguliers ou en parallélogrammes provenant de trois plans de clivage ordinaires à ces roches. Ils ne sont point satinés comme ceux de Saint-Lo et se rencontrent sur plusieurs points notamment à Omonville (sur la côte, près du fort et à la Cotentine), à Éculleville (Équervière), à Urville, à Beaumont et à Gréville où ils alternent avec quelques couches d’euritine. Dans l’anse qui précède le Val-Fer- rand (commune d’Éculleville), les roches cumbriennes nr ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE sont accompagnées d’un rocher de calcaire à grain cris- tallin de couleur rouge-brunûtre. La grauwacke de nuance bleuâtre et le calcaire confondent, sur quelques points, leurs éléments de manière à présenter l'aspect bréchiforme. Les phyllades et grauwackes ont été traversés par les diorites, les dioritines, les porphyres pétrosiliceux, syé- nitique, dioritique et protoginique. À Auderville, en face du phare, la syénite renferme dans ses plis des couches de grauwackes et de quartz calcédoine. Au N.-0. du même phare, les phyllades ont été soulevés sous un angle de 30 à 40° à peu près, par un porphyre dioritique avec lequel ils semblent alterner. Cetie masse considérable de roches, ainsi redressée, présente un bel effet géologique. Les grauwackes, qui alternent avec les phyllades, sont en général à grain fin, de nuance plus ou moins foncée. Eltes se montrent spécialement dans les communes d’Au- derville et d'Omonwville. A la suite des roches chloriteuses de la pointe du Heu et superposés sur elles, nous retrouvons les phyllades soit brunâires, soit bleuâtres, soit rosâtres, alternant avec les srauwackes. Les phyllades sont souvent grossiers, aréni- fères, renfermant quelquefois, entre leurs feuillets, de petits nids de grains quartzeux excessivement fins, mêlés à de très petites parcelles de tale blane. Ils ont les uns leurs feuillets plans, très réguliers, tandis que les autres présen- tent des courbes très prononcées. On voit avec ces roches des couches subordonnées d’un quartz parfaitement noir, veiné de quartz blanc etrecouvert d’une matière tachante, de teinte noire métallique très brillante, qui nous a paru appartenir à de l’anthracite. Nous y avons trouvé aussi un pelit amas degraphite dur écailleux (minéral composé de carbone presque pur), et de légères couches de phtanite DÉPARTEMENT DE LA MANCIIE. D altéré, à nuances brunâtre, rougeûtre, blanchâtre et ver- dâtre. Dans son état parfait, le phtanite est toujours com- pacte. Il est composé de quartz uni à une petite quantité de matières talqueuses ou phylladiennes, d’où lui vien- nent ses couleurs brunâtre , rougeâtre, blanchâtre et verdâtre qui lui donne assez souvent l'aspect zoné. Ces roches doivent leur redressement aux filons de granit, de pétrosilex, d’harmophanite et d’une protogine grisàtre, à grain fin schistoïde. Les roches grauwackiliennes de Bretteville et de Mau- pertus se dirigent du N.auS. à peu près et traversent la grande route de Cherbourg à Saint-Pierre-Eglise. Là, elles disparaissent sous les métaxites de Digosville, pour repa- raître sur la commune de Gonneville, à cent mètres de la Filature. Eîles sont exploitées, particulièrement la grau- wacke, pour les constructions et pour l'entretien des chemins ruraux. De cet endroit, on peut les suivre sur les communes du Theil, de Sauxemesnil, à un kilomètre Sud de l’église etjusque dans le bois de Barnavast et lieux circonvoisins. Sur quelques points, elles alternent avec desroches conglomérées et contiennent quelques couches subordonnées de grès feldspathique souvent altéré. Ce dernier est tantôt à grain fin, tantôt à grain moyen, de couleurs jaunâtre, rougeñtre ou blanc sale, unies ou bigarrées. Il est composé de six àneufdixièmes de parties feldspathiques triturées, mélangées de quartz et quelque- fois de mica et de phyllades, le tout lié d’une manière imperceptible par un ciment quartzeux ou siliceux, Nous avons remarqué dans cette roche un minéral que nous rapportons avec doute à la wawellite (phosphate hydraté d’alumine). Il y existe en globules composés de fibres divergeant du centre à la circonférence. Sa couleur est le blanc grisâtre, à éclat nacré. Le grès feldspathique se voit. 5 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE particulièrement au Theil (à la Poterie), à Sauxemesnii (au Quesne-à-Laye, à la Blesterie, près de la maison de Mr° Doucet, au hameau Puchot, à la carrière de M"° Loysel, étc.). Il est souvent accompagné d’une euritine noirâtre, soit compacte, soit à grain excessivement fin, quelquefois rayée par des lignes blanchâtres à peine visibles. Cette dernière blanchit au chalumeau et se résout en émail blanc; son gisement est à la Poterie et au hameau Puchot. Le porphyre, l’harmophanite etle pétrosilex vert, forment des filons et des enclaves dans ces diverses roches qui ont été pénétrées aussi bien que les roches pyrogènes précédentes, par de nombreux épanchements de quartz blanc-noirâtre. Sur la commune de Tamerville (au Bus, à Sidevast et au Mouchet-Chanteraine), nous retrouvons les mêmes roches avec amas subordonnés de phtanite zoné. Elles continuent de se montrer jusqu'à Valognes (dans la lande de Beaumont). À la ferme de M. Gallemand, les phyllades sont unis à de faibles couches de phtanite noirâtre, con- tenant de petites parcelles onctueuses de stéatite ; enfin la grauwacke et le phyllade se voient dans la lande du Catelet, sous le grès silurien; ils ont été relevés par le porphyre pétrosiliceux, taleifère, qui se trouve sur les lieux mêmes. De Valognes à Saint-Vaast, le même terrain forme presque tout le sol que l’on parcourt. Sous les argiles remaniées du keuper qui sont à la sortie de Valognes, nous avons remarqué que les phyllades et grauwackes sont très aliérés et qu’ils reposent sous les arkoses de Montaigu-la-Brisette, le long de la petite rue Rouget et à cent mètres environ au-dessus de la croix plantée au village de la Blanche-Maison. Au-dessous de l’église, vers le N.-E,, ils reparaissent dans un chemin très profond et DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. fr forment les petites éminences qui dominent le pays au Nord et au Sud. À partir de Montaigu jusqu'à deux kilo- mètres de l’église de la Pernelle, les grauwackes et phyllades sont tendres, onctueux, blanchâtres, rou- geûtres, etc. Dans la partie N.-E. des communes de Sainte- Croix et de Teurthéville-Bocage , ces roches sont sillonnées par d'immenses filons de quartz souvent carié, contenant de l'argile rouge-brunâtre ; tantôt ce quartz est très cristallin, blanc et rougeâtre, lorsqu'il est maculé par les argiles ; tantôt il est entièrement blanc compacte, happant à la langue, ou blanc aussi compacte, à aspect gris ou rouge-brunâtre, soit grenu à sa partie supérieure, soit compacte, soit en nodules ; tantôt enfin, il est blanc calcédonieux, quelquefois mamelonné. De Videcosville à Teurthéville, par Pied-de-choux, on traverse une bande de phyllades et de grauwackes altérés. Au moulin de Saint-Laurent (commune de Videcosville), les phyllades sont bleuâtres satinés et s'étendent à droite et à gauche de la route, d’un côté jusqu'à Quettehou, et de l'autre jusqu’au rocher Baveskien, sous Quinéville, par le bois du Rabet et Morsalines. Ils sont ou gris-verdâtre, ou verdâtres ; cependant on en voit quelques uns qui sont brunâtres. Leur direction est en général de l'E. 15°. N. avec pendements très variés. Les grauwackes prennent une teinte bleuâtre ou verdâtre et même rosâtre. Au Rabet, la plupart des phyllades offrent sur leur face un enduit ferrugineux, circonstance qui se présente sur le plan de clivage de la majeure partie des schistes des diverses époques géologiques. Les mêmes roches offrent des cannelures affectant la forme des moulures qui font l’ornement de nos meubles sous le nom de corniches. Cet accident provient des porphyres et des pétrosilex 8 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE qui, en relevant les couches, les ont fait glisser et se replier en même temps sur elles-mêmes. Au hameau du Pont (Quettehou), les grauwackes et les phyllades sont altérés, rosâtres, jaunâtres, grisâtres ou verdâtres ; quelques uns se font remarquer par la présence de petites plaques de tale chloriteux. A Morsalines nous voyons les mêmes roches avec cannelures plus grandes et plus variées. Elles renferment quelques couches subordonnées d’une roche verdâtre chloriteuse composée de conglomérat submicroscopique de détritus feldspathiques, endurcis par un ciment quartzeux, à laqueïle M. Cordier donne le nom d’euri- tine. Les roches phylladiennes de Grenneville sont accom- pagnées de couches et d’amas considérables de quartz gris-noirâtre pénétré dans tous les sens par un immense quantité de filons, veines, veinules et nodules de quartz blanc souvent cristallisé. Elles se retrouvent à la Saint- Germanerie et dans le petit sentier du Laurier. Dans la commune d'Octeville-la-Venelle, elles repo- sent sur les roches chloriteuses, au pied de la butte de Blémond, près d’un minerai de fer exploité autrefois. L’euritine à grain très fin, presque compacte, de cou- leurs grisâtre, rougeûtre, bleuâtre, unies ou bigarrées, est traversée par de légers filets de quartz blanc et forme de petites couches dans les phyllades et grau- wackes. Les teintes rougeûtre et noirâtre sont dues aux différents oxides métalliques qui se sont infiltrés dans les fissures. Cette pénétration ici, comme à Sciotot et autres localités, paraît avoir eu lieu après le redresse- ment et la dénudation des schistes cumbriens ; car les matières les plus riches en minerai sont celles qui forment la {tranche supérieure des couches qui affleurent DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 9 au jour. Plus on s'enfonce, plus le schiste devient pauvre, et finit par être tout-à-fait stérile. Les phylla- des ainsi dénudés sont très inclinés et presque verticaux sur plusieurs points. Depuis l'embouchure de la Saire jusqu’au Douet, dans le Cul-de-loup, sous la Hougue et même jusqu'au hameau Beauvain, les phyllades sont associés à du phtanite noir, veiné de quartz blanc baritinifére et à des grès feldspa- thiques tantôt à grain moyen, tantôt à grain fin, bigarrés de blanc-jaunâtre et de brun-rougeâtre, teirites qui disparaissent au chalumeau. Ils sont traversés par des roches de fusion, granit, diorite et porphyre dioritique. Nous y avons aussi reconnu le pétrosilex rosâtre, talei- fère, spécialement depuis Morsalines jusqu'à Lestre. Les phyllades de ces diverses contrées présentent quel- quefois des lits très minces de sable agglutiné, interpo- sés entre des lames de tale chloriteux. Parmi les quartz qui se sont injectés dans les roches de Saint- Vaast, nous avons remarqué un quartz gris-rosàtre, recouvert d’un faible enduit de tourmaline noire. Le même étage existe de Quettehou à Anneville-en-Saire et de là au Vast, suivant une ligne qui passerait par la Pernelle et Brillevast. A la Pernelle, au hameau des Trouques, près d'un moulin à eau, la grauwacke est bleu-verdâtre, quelquefois très chloriteuse; le feld- spath y est accidentellement très atténué et forme comme de petits lits peu sensibles. Elle alterne avec des phyllades grisâtres ou bleuâtres que colore une légère couche de fer oligiste. La direction est N.-E. à S.-O., l’inclinaison est N.-0. par 50°; de l’autre côté du petit ruisseau d'Escarboville, elle est S.-E. par 50°. De ce lieu à la ferme d’Ourville elle est encore S-.E.; mais depuis la ferme jusqu’au four à chaux les roches sont 10 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE presque verticales et labourées en tous sens par d'in- nombrables filons de quartz calcédonieux et de quartz ordinaire, contenant quelques particules talqueuses. Lorsqu'on gravit le mont de la Pernelle, du côté Sud et du côté Nord, on voit, sous les arkoses, des phyllades qui renferment de petites couches de phtanite zoné de gris et de jaune brunâtre. À un kilomètre Sud du Vast, les phyllades et grauwackes doivent leur inclinaison au N.-E. par 50 à 60°, aux porphyres qui se sont introduits dans leurs lits sous forme de couches de peu d'épaisseur. Nous avons constaté ce fait sur plusieurs points, notamment dans le chemin, parallèle à la rivière, qui conduit du Vast à Gonneville. Dans ce même chemin, ces roches sont traversées par de nombreux filons de quartz gris, rougeâtre, brunâtre, compacte, calcédo- nieux ou carié. C’est toujours la suite des mêmes roches que nous avons vues à Montaigu-la-Brisette, à la Per- nelle, à Gonneville, au Theil, etc. En sortant du Vast, par le chemin précité, pour aller à Gonneville, les phyllades sont bleu-verdâtre pyriti- fères et font effervescence dans les acides, à l’endroit frappé par le marteau. Au bois de Boutron, le sol est presque composé de quartz noir veiné de rouge, de blanc ou de gris foncé ; mais en général la nuance gris- ‘ noir est celle qu'affectionne habituellement ce minéral. Ici, comme dans beaucoup d’autres endroits, où l’on peut l’étudier, ce quartz est en même temps et dans la même masse, compacte stratiforme, pseudo-noduleux et quelquefois replié sur lui-même, laissant apercevoir dans ses plis de petites druses remplies de quartz cris- tallisé. Les phyllades que l’on voit à Négreville au moulin de Claire, au hameau des Rousses, ct ceux qui se montrent DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 11 dans la direction de l'Est jusqu’à Sauxemesnil, appar- tiennent au cumbrien; ils sont inférieurs aux arkoses et métaxites de la lande Desmares. À partir de cette dernière localité les phyllades et grauwackes manquent totalement etnese retrouvent qu'à Carteret où les phyllades seuls forment le cap sur lequel est bâti le phare. Ils sont en siratification discordante avec les roches du terrain dévonien, que l’on voit à droite et à gauche sur les deux côtés du chemin qui conduit au phare. Les phyllades micacés, plus souvent talcifères, de couleurs rouge, grise, brune, verdâtre, etc., parmi les- quelles domine le bleu-verdâtre, offrent, à la falaise partie S.-E., une succession de couches avec quelques petits lits d’un grès rosàtre, à grain excessivement fin. Ils renferment aussi de petites plaques très abondantes ettrès minces d’un calcaire blanc, à grain cristallin. Des filons de quartz blanc amorphe, souvent cristallisé en prismes, les ont traversés en plusieurs endroits; quel- quefois il en est résulté des roches à apparence bré- chiforme. En avancçant vers le Nord, on remarque que ces roches contiennent dans leur pâte des rognons aplatis, de la grosseur d’une petite noisette à celle d’un œuf de poule, formés d'un mélange de calcaire rougeûtre ou verdâtre et de parties argilo-quartzeuses grenues, à grain souvent cristallin, qui se sont condensées et concentrées autour des mêmes zônes d'attraction. Ils sont ordinairement plus durs que la roche dans la- quelle on les voit. Leur nuance est quelquefois la même que celle du phyllade; d'autrefois, elle en dif- fère totalement. Ces rognons lenticulaires ne sont pas également répartis dans tous les bancs; certaines cou- 12 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE ches en contiennent beaucoup, d’autres au contraire en sont privées. Les tubercules du même banc sont pour ainsi dire alignés dans un même plan parallèle à Ja stratification, faisant ainsi connaître le véritable sens de la direction des couches, lorsqu'elles offrent plusieurs plans de fissilité. Les rognons les plus riches en matière calcaire sont assez souvent corrodés par les eaux et par les agents atmosphériques ; alors ils sont à cavités vides comme les scories volcaniques. Les phyllades, qui ren- ferment des rognons calcaires, prennent le nom de phyllades amygdaloïdes calcarifères où de calschistes amygdaloïdes. Les couches inférieures sont aussi quel- quefois calcarifères schisto-compactes talqueuses (cal- schiste schisto-compacte), à bandes bleues et rougeà- tres ; d’autres sont à grains intimement unis ; d’autres enfin sont réticulées à schiste vert talqueux avec calcaire rose et blanc (calschistes à grains fins, calschistes réti- culés). Au point d'intersection des strates, on remarque assez souvent des cordons de spath calcaire rose et blanc fouettés de vert. Les phyllades de Carteret présentent habituelle- ment, sur leur surface, des nervures ou tubes saillants, courant dans toutes les directions sous des formes assez variées, en décrivant soit des lignes droites, soit des lignes plus ou moins courbes, soit des lignes cir- culaires souvent repliées sur elles-mêmes. Ces tubes ont habituellement à l’une de leurs extrémités un renflement ovoïde ; quelquefois cependant ils partent d'un centre commun un peu oblong, présentant alors quelque res- semblance avec l’organisation des Faucheux (1). Après (1) Espèce d’araignée qui a le corps petit et les jambes fort grandes. DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 13 avoir été enlevés, ces tubes laissent, à leur place, de petites traces assez semblables aux empreintes des pieds des myriapodes sur le terrain meuble que ces insectes ont parcouru (1). Tout près de l’ancien moulin à eau des Douits, entiè- rement enseveli sous les sables des dunes, il existait une carrière de phyllades tendres, grisâtres, micacés ou talqueux acquérant de la compacité à quelques déci- mètres au-dessous du sol, où ils deviennent calcarifères. Le calcaire, qui leur est inférieur et avec lequel ils alternent, est bleuâtre à mica talqueux, quartzifère, schistoïde en grand. Les couches souvent ondulées passent des unes aux autres, sans que l’on puisse décou- vrir le point de jonction. Ces roches appartiennent au terrain cumbrien et sont la suite de celles de la falaise. Le caleaire spathique que nous avons vu entre les fissures des phyllades a, par sa décomposition, provoqué la chûte des blocs qui couvrent le pied des falaises. La même cause a produit les grottes et les cavernes qui sont sur la côte et dont une plus célèbre que les autres porte le nom de Trou-du-Serpent. Nous avons découvert au milieu des phyllades, sur le rivage, des couches d'euritine grise ayant le même pen- dement et la même direction que la roche dominante de cette formation. Ce terrain a laissé à peine quelques traces de sa pré- sence d'ici au cap du Rozel, si ce n’est aux Moitiers- d’Allonne, à la roche de Ronde-du-Val, où il est repré- senté par un petit nombre de phyllades qui alternent avec une roche composée presque entièrement de mica (1) Ces nervures sont désignées par M. de Caumont, dans son Essai sur la distribution géographique des roches dans le Cotentin, sous le nom d’empreintes végétales, 11 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE talqueux dont les paillettes superposées affectent la structure sinueuse des micaschistes. On voit aussi cette roche à la falaise sur le chemin des préposés de la douane et au moulin des Douits. En arrivant au cap du Rozel, nous retrouvons les mêmes phyllades soit brunâtres, soit rougeâtres, soit verdâtres, quelquefois micacés, avec quartz cristallisé entre les joints de stratification. Ils alternent assez rarement avec un grès schisteux micacé brun tirant sur le verdâtre et avec la roche de Ronde-du-Val des Moitiers. On remarque sur les phyllades les plus tendres que recouvre chaque jour la mer, des impressions de fleurs qui, par la disposition symétrique des pétales, reproduisent d’une manière imparfaite, à la vérité, des roses avec leurs pédoncules. Ces apparences de fleurs résultent des excavations successives de trois à quatre millimètres d'épaisseur que se creusent des gastéro- podes (Patelles) qui vivent en très grand nombre sur les rochers de cette contrée. Les phyllades contiennent des nodules d’un calcaire verdàtre pyritifère et du spath calcaire rose. Leur direction est de l'E. à l'O. à peu près et leur plongement au S. L’amphibole ne s’y trouve point, comme il est rapporté dans l'explication de la carte géologique de France (1), mais nous y avons remarqué du manganèse oxydé, rouge, granulaire. Le redressement de ces roches s’est opéré en premier lieu par la venue au jour du porphyre rouge (2) et plus tard (1) Page 19% de l'Explication de la Carte géologique de France. (2) Ce porphyre a été désigné sous le nom de granit rose par MM. Hérault et Dufrénoy; voir page 347 du Bulletin de la Société géologique de France, année 1853-1854, et page 212 de V'Explication de la Carte géologique de France. DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 15 par l'apparition de la fraidronite (1). Ce fait est écrit en caractères très lisibles dans les fragments anguleux de porphyre rose que la fraidronite a englobés dans sa pâte. Au contact de la fraidronite, les phyllades sont plus solides qu'au contact du porphyre. Près de ce dernier, ils se divisent facilement en petits polyédres ; leur nuance est plus terne, plus grisâtre, tandis que les autres se lèvent aisément par grandes dalles comme ceux de Carteret. Les mêmes roches suivent, depuis les Pieux au Rozel, le ruisseau du Bus, rive droite et rive gauche, et vont former l’escarpement du chemin au N. et au S. du moulin. De là elles se dirigent à l'E. et à l'O. sur les communes de Bricquebost, Couville, Grosville et Saint- Germain-le-Gaillard. Celles que l’on voit le long du petit chemin qui mène du Rosel aux Pieux sont peu solides et revêtent des couleurs très variées, parmi lesquelles prédomine cependant le gris-bleuâtre. Dans les com- munes du Rozel et des Pieux, nous ne rencontrons que des phyllades sans grauwackes ; mais après avoir franchi les landes de Caudar et de la Lichette, les grauwackes reparaissent presque seules jusqu'au village du Vivrai. (1) M. Delesse appelle kersantite toute roche plus ou moins compacte composée de feldspath anorthose et de mica, qui-pré- sente le caractère du kersanton de Bretagne. C’est sous ce nom que M. Délesse désigne la fraidronite de M. Cordier. MM. Cordier et d'Omalius d’Halloy donnent le nom de ker- santon à une roche composée essentiellement de mica, d’am- phibole, de feldspath et de pinite. La fraidronite, selon M. Cordier, est composée, comme nous l'avons déjà vu, de mica mêlé intimement avec des parties de feldspath. Nous ne pensons pas qu’il y ait d’analogie entre la fraidronite et le kersanton d’après la définition de ces deux espèces minérales. 16 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE Leur grain est plus ou moins fin, quelques unes même sont à grain moyen et d’autres à gros grain avec des nuances très variées. Elles renferment quelquefois de petits cubes de fer oxydulé et des nids de fer oligiste, brillant, écailleux. Grosville nous offre les mêmes roches, auxquelles nous devons ajouter quelques amas de jaspe gris- blanchâtre, blanc-rougeûtre et jaunâtre, et des filons de quartz noir qui donnent lieu à des brèches porphyriques par leur intrusion dans les porphyres de ces deux der- nières localités. Au-dessus de l’église de Benoistville, au Nord des Pieux, route de Cherbourg, et à la suite des leptynolites sur lesquels ils reposent en stratification concordante, nous rencontrons des phyllades micacés, verdâtres, en alternance avec des grauwackes à grain moyen. Ils recouvrent une partie du sol de Sotteville et de Viran- deville jusqu'au pied, à peu près, de l’église de cette dernière commune. Nous allons retourner sur nos pas, pour étudier les roches clastiques (arkoses, métaxites et anagénites) qui appartiennent au terrain cumbrien. L’arkose, selon M. Cordier, est composée de mélange de feldspath et de quartz, dans lequel ce dernier est plus abondant (environ les huit ou neuf dixièmes). Elle est quelquefois micacée et contient souvent un peu d'argile et de phyllades qui la colorent. Sa texture est ou uniforme à grain fin ou moyen, ou poudingique et polygénique ou bréchiforme. Le métaxite est l’arkose dans laquelle le feldspath est décomposé (kaolin). Les éléments de ces roches varient beaucoup, et leur nature minéralogique correspond généralement à celle des roches qui constituent le soüs-sol. Ainsi l’on est DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 17 amené à distinguer d’abord celles qui reposent sur les espèces talqueuses ou chloriteuses, de celles qui recou- vrent les phyllades et grauwackes , ou les roches de fusion. Lorsqu’elles reposent immédiatement sur les pre- mières, il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de fixer la limite qui sépare les deux roches, tant les éléments de l’une et de l’autre sont intimement fondus ensemble. Ce cas a lieu particulièrement à Omonville, à Digulleville et dans quelques autres localités de la côte Nord de Cherbourg, à Bretteville (pointe du Heu), au Theil et dans le Val-de-Saire. Ce qui peut servir à les différencier, c’est la schisto- sité remarquable des roches talqueuses, qui disparaît presque toujours dans les arkoses et anagénites du Cumbrien à moins qu’elles ne soient micacées, comme cela arrive quelquefois. Le tale ou chlorite n’enveloppe plus dans celles-ci les fragments plus ou moins gros, plus ou moins fins qui les constituent, comme dans les talcites glandulaires à gros et à petits nodules. On reconnaît bien que, dans les premières, les divers élé- ments ont été déposés ensemble et forment une roche sui generis, tandis que l’origine des autres est démon- trée par les débris des roches qui les ont précédées dans la formation du globe. Insensiblement aussi, la simili- tude d'aspect, provenant de l'élément talqueux, s’efface à mesure que l’on s'éloigne du gisement des talcites glandulaires. Les roches de cet étage présentent un ensembie des plus variés, comme nous aurons occasion de le voir. Elles consistent quelquefois, pour l’assise la plus infé- rieure, en masses dépourvues de stratification; ce qui est à-peu-près certain si nous en jugeons par les frag- Oo) as 18 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE ments d’arkose miliaire brun-rougeâtre, provenant sans nul doute des dépôts les plus inférieurs, et offrant tout-à-fait l'aspect d’une roche massive. Ils font partie des éléments d’une arkose poudingique et polygénique des communes de Tocqueville et de la Pernelle. Ensuite viennent d’autres masses composées de débris roulés dont le volume est aussi gros que celui de la tête, oscil- lant entre cette dimension et celle d’un grain de sable. À celles-ci succèdent des arkoses uniformes poudingi- ques à gros grain et à grain moyen, puis des arkoses pseudo-porphyriques. Quelquefois les parties consti- tuantes de ces roches deviennent très fines, par suite d’une trituration plus complète qu'elles ont éprouvée ; cependant on distingue dans leur pâte d'assez gros galets de quartz variés disséminés en petite quantité. Sur quelques points, des roches à grain fin micacées, schistoïdes, blanches, grisâtres, rougeâtres, violacées, etc., selon que les éléments dont elles proviennent possèdent ces diverses nuances, font suite aux roches précédentes. Sur celles-ci reposent des roches à appa- rence argiloïde avec quelques parcelles de mica. Elles peuvent très bien être considérées, à première vue, comme des phyllades, mais ce sont des grès psammites à grain d’un extrême finesse. Ailleurs ce sont des pou- dingues et des brèches ne conservant plus que quelques petites parties de feldspath. Enfin, sur d’autres points, cette formation se termine par un grès fin grisâtre, blan- châtre, régulièrement picoté de points blancs (feldspath kaolinisé) et souvent parsemé de mica argentin. On remarque au milieu de ces espèces, lorsqu'elles descendent à la grosseur d’un grain de chenevis, des trainées irrégulières de cailloux d’un volume plus consi- dérable. Ce fait est dû à des périodes intermittentes, où DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 19 les eaux, qui charriaient ces matériaux, laissent lire l'action d’un transport plus énergique. Les arkoses et les anagénites occupent, dans la partie Nord de notre département, une étendue plus ou moins considérable du sol des communes de Herqueville, Auderville, Eculleville, Digulleville, Omonville, Gréville, Urville, Nacqueville, Equeurdreviile, Beaumont, Bran- ville, Sainte-Croix, Saint-Germain-le-Gaillard, Grosville, Bricquebost, Couville, Négreville, Maupertus, Tourla- ville, Carneville, Gonneville, Théville, St-Pierre-Eglise, Varouville, Tocqueville, Canteloup, Brillevast, Clitourps, Le Vicel, Le Vast, Valcanville, La Pernelle, Le Theil, Sauxemesnil, Mesnil-au-Val, Morsalines, Montaigu- la-Brisette, Theurthéville-Bocage, Tamerville, etc. Nous allons décrire les traits les plus saillants de ces espèces minérales, en donnant un exemple de quelques unes des localités où elles se trouvent. Près de Herqueville, le sommet du mont de Crève- Cœur est composé d’une arkose blanchâtre et grisätre, à grain moyen et à grain fin, mélangés de quelques parties grenues de. quartz noir ; elle est traversée en tous sens par un filon de quartz blanc compacte ; les joints de stratification sont séparés par une matière gris-verdâtre, très atténuée, que nous regardons comme une matière phylladique. À Auderville, les arkoses forment une partie du point culminant de la côte; puis elles se jettent assez loin dans la mer, où elles constituent de gros rochers. Elles sont poudingiques, à grain fin ou à grain moyen, à aspect souvent résinoïde, de couleurs grisâtre et même brunâtre, empâtant des fragments de talcites gris, roses, de phyllades micacés grisâtres, noi- râtres et rougeâtres, des morceaux anguleux d’agate, de calcédoine blanche, de quartz blanc, de vert, de ferru- 20 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE gineux et d’autres roches de nuances rosâtres. Un puis- sant filon de quartz blanc la pénètre, soit en se fondant dans la roche, soit en s’y divisant en une infinité de veines et veinules. Nous avons découvert sur le bord du rivage, sous le village de la Roque, au lieu nommé le Pont, un grès feldspathique à grain moyen, légèrement micacé, en couches subordonnées dans les arkoses. Ce grès con- tient des amas de fer oligiste qui est quelquefois attirable à l’aimant. Les roches clastiques d'Omonville, de Digulleville, etc., sont généralement poudingiques, à éléments poly- géniques, tels que noyaux de quartz noir, rose, blanc, de gneiss noirâtre, de taleites jaunâtres, blanchâtres, grisâtres, et de phyllades rougeûtres ; cependant, on en remarque aussi de gris-verdätre. Quelques lits sont aussi uniformes, verdâtres , à grain moyen, prenant la texture pseudo-porphyroïde par l’adjonetion de eristaux de feldspath rouge. Au hameau Vautier, c’est un grès arkosique et poudingique à grain presque fin, grisâtre, très solide, semé de grains fins de feldspath blanc et de galets roulés de quartz variés, blanc, noir, rose, etc., de la grosseur d’une aveline. Au hameau des Heugues, le même grès est uniforme et de même nature. Sa grande solidité résulte de l'injection, au milieu de sa masse, d’un fort filon de syénite porphyroïde, à grands et beaux cristaux de feldspath rouge. Ces deux espèces de grès sont identiquement les mêmes que ceux que nous verrons dans l'arrondissement de Coutances, à Montmartin-sur- Mer. Cette formation se termine à Sainte-Croix-Hague (carrière Vauquelin), à la lande de Nouainville et ailleurs, par une espèce de grès micacé à grain excessivement fin, schistoïide, composé des mêmes éléments que les arkoses et métaxites. DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 21 Dans les diverses localités où elles existent, les arkoses passent souvent aux métaxites et offrent tous les pas- sages d’une roche très dure et très compacte à une roche presque désagrégée. Les arkoses de la Hague se retrouvent sur la côte de Cherbourg, à Barfleur et à Saint-Vaast, avec quelques différences dans leur composition minéralogique. Les premières ne contiennent point de sulfate de baryte, tandis que ce minéral existe en grande abondance dans les dernières, Dans la Hague, on remarque, au nombre des éléments de cette roche, une grande quantité de fragments de talcites et de phyllades ; dans le Val-de-Saire, les tal- cites et les phyllades ont peu ou point fourni leur contingent aux roches clastiques. Cette différence dans la composition provient indubitablement de ce que les roches de la première région appartiennent à la partie inférieure de cet étage, et celles de l’autre à la partie ‘supérieure : ce qui d’ailleurs est constant par les pou- dingues et les brèches qui terminent cette formation dans le Val-de-Saire. On voit, au pied de la montagne du Roule, côté Nord, un peu Est, un poudingue composé de quartz gris-blanc et rosätre avec ciment quartzeux remplacé quelquefois par de la baryte sulfatée rose, en petits amas mame- lonnés, de la grosseur d’une tête d’épingle à celle d’une noisette, formés de petites lamelles concentriques réunies et placées perpendiculairement aux fragments du quartz. La nuance générale de ces roches est le rose et le jau- nâtre. Cette dernière teinte, due à un oxide de fer, recouvre toujours les petites concrétions dont nous venons de parler. Ce poudingue est la continuation de celui de Tourlaville et sert de base à la partie de la mon- tagne qui regarde l’île Pelée ; la partie Ouest repose sur ’ GE ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE le talcite en stratification discordante, comme nous le verrons en son lieu. Le métaxite de Tourlaville est à grain moyen, mais, peu à peu, il passe à la texture poudingique en admet- tant dans sa pâte des fragments de talcite rosâtre et des noyaux de quartz gras plus volumineux que ceux qui lui donnent latexture uniforme. Insensiblement le feldspath disparaît sans laisser la moindre trace de sa présence dans ces roches qui deviennent un véritable poudingue. Les arkoses du Vast et de Varouville présentent des alternances avec un grès gris-jaunâtre, à grain très fin, de quelques millimètres à un ou deux centimètres d'épaisseur. Ce grès est composé des mêmes éléments que l’arkose et s’étend en bandes parallèles sur un assez grand espace ; on en voit des fragments dans les arkoses poudingiques. Les arkoses du Val-de-Saire renferment dans leur masse de la silice de nuances variées, brunâtre, rou- geâtre et verdâtre parmi lesquelles domine la dernière. Cette matière se sera, sans doute, épanchée à l’état de gelée, lors de la formation de l'étage des arkoses. Elle se sera introduite au milieu des éléments arkosiques, sur une certaine étendue, tant qu’elle n'aura point rencontré d'obstacles ; dans le cas contraire, elle aura formé des nœuds ou des amas. Dans les communes de Varouville et de la Pernelle, elle donne lieu à des arkoses com- posées de quartz et de feldspath blanc ou rosé reliés par une pâte verdâtre sur quelques points, et brunâtre sur d’autres. La roche ainsi constituée peut bien à la rigueur passer pour une arkose ; mais à quelques mètres plus loin la même pâte est privée des grains quartzeux et feldspathiques qui sont remplacés par des cristaux de feldspath rose. Nous sommes alors en présence d’une: DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. DE roche qui a bien toutes les apparences d'un porphyre vert; mais soumise à l'épreuve du chalumeau, elle blar- chit et reste infusible. A la Pernelle la silice se montre aussi sous forme de nœuds composés, à leur centre, d’un noyau vert très solide contenant quelques rares grains de quartz et quelques petits amas de baryte sulfatée rose écailleuse. Ces espèces de nœuds sont souvent entourés d’une roche arénacée, siliceuse, à grain excessivement fin schistoïde, d'un gris-verdâtre , associée à du quartz blanc hyalin, cristallisé, rayonné, dans lequel sont ren- fermées des taches de quartz agate vert, jaune et brunâtre. Les arkoses de la commune du Vast offrent quelque analogie avec les roches précédentes ; avec cette diffé- rence cependant qu'ici nous avons des fragments et non des cristaux de feldspath. Dans les exemples précités, la silice ne se trouve pas toujours dans son état de pureté, elle est quelquefois unie à des matières phylladiennes qui permettent de la rayer avec une pointe d'acier. Après leur entière consolidation, les phyllades et grauwackes ont été labourés en tous sens par un grand nombre de filons quartzeux gris, noirâtre, etc., qui, à leur tour, ont vu surgir du sein du globe de nouveaux filons d’un quartz vert qui les ont traversés plus tard et se sont injectés jusque dans les arkoses. On voit à Théville et à la Pernelle particulièrement ce quartz vert qui tient englobés dans sa pâte des fragments anguleux de quartz noir et de brunâtre quil a arrachés aux anciens filons, en se frayant un passage au travers de leurs masses. Ce que nous avons dit, il n’y a qu’un instant, au sujet 2% ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE de la silice verte, nous pouvons le répéter à l'égard du quartz vert en filon : c’est qu'en face du chalumeau il devient blanchätre et n’est point fusible, ce qui empêche de le considérer comme un pétrosilex vert. Nous avons remarqué, au nombre des éléments des arkoses poudingiques, à la Pernelle, des fragments de leptynite bleuâtre, à grain excessivement fin, à Tocqueville et à la Pernelle, des portions de métaxite miliaire, rosâtre, et à Gonneville, un galet de péridot, de nuance brun-verdâtre, en grains agrégés formant une petite boule de la grosseur d’une noisette. Ce minéral est resté infusible au chalumeau seul; mais avec le borax, il s’est dissous, lentement à la vérité, en un verre diaphane. D'où est venu ce péridot, dont nous ne connaissons aucun gisement dans notre presqu'ile ? Les divers matériaux, qui composent les arkoses pour- dingiques, sont noyés dans des roches, à grain fin, de la même nature que celle des arkoses uniformes, mais les éléments enveloppants sont triturés et changés en sable libre ou agglutiné. Les arkoses des localités que nous venons de par- courir, etparticulièrement celles du Vastet de la Pernelle, sont quelquefois recouvertes d’un enduit de calcédoine blanche cristallisée et de manganèse soit à l'état com- pacte, soit en lamelles à éclat métalloïde sous forme de dendrites. A Tocqueville, dans une carrière de Gofontaine (carr. à Parain), nous avons recueilli une espèce de métaxite blanchâtre, d'une structure singulière, représentant assez exactement une stalactite de douze centimètres de longueur. Le centre est occupé par un canal de quatorze millimètres de largeur, à une des extrémités, et se ter- mine à zéro, à la partie opposée. Le canal central laisse un DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 25 vide autour duquel se groupent des cristaux d’un quartz blanc hyalin cristallisé. C’est autour de ces cristaux et sur eux que le même quartz cristallin est venu se placer concentriquement, laissant apercevoir, entre ses cou- ches, du feldspath très fin décomposé. La baryte sulfatée se montre dans le Val-de-Saire, tantôt à l’état compacte sous forme d’amas, ou rem- plissant les interstices et les fissures des roches, tantôt concrétionnée , tantôt écailleuse, soit blanche, soit rosätre, soit jaunâtre à la surface. Nous l'avons vue, à Valcanville, à texture aciculaire, revêtant la forme d’une feuille d’acanthe. Cette espèce est fort rare. Les métaxites reparaissent à quelques kilomètres de la Pernelle, dans le Cul-de-loup, aux Roquiers, sous la Hougue. Ils sont poudingiques et par lits de quelques centimètres à un décimètre d'épaisseur. Peu solides d’abord, ils acquièrent bientôt une grande solidité, qui permet de les employer à la construction des édifices, après qu'ils ont été exposés à l'air pendant un certain temps. Cette roche occupe un très petit espace (un demi kilomètre à peu près) dans un bassin entouré de roches pyrogènes, de phyllades, de grauwackes et de grès feld- spathiques, situé un peu au-dessous du niveau de la mer et borné au Sud-Ouest par un côteau de quelques centaines de mètres d’élévation. Ce métaxite, dont l'inclinaison est peu sensible, repose sous une terre glaiseuse, blanchâtre et sableuse, provenant des dépôts que la mer y charrie fréquemment. Il se passe un fait assez remarquable, lorsqu'on extrait cette pierre. A peine est-elle percée dans son épaisseur, qu’il surgit un jet d’eau douce dont la force soulève des masses assez considérables de ces métaxites, circonstance qui vient fort en aide aux ouvriers dans leur travail d'extraction. 26 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE Au hameau Beauvais (commune de Morsalines), nous retrouvons la même roche, à grain plus fin et à l’état de désagrégation. Elle a été soulevée par ur pétrosilex qui lui a imprimé la direction du N.-E. au S.-0. avec incli- naison de 25 à 30° au N.-O. Baveskien, rocher sous Quinéville, recouvert chaque jour par la mer, est la dernière étape du métaxite dans ces contrées. Il est gris-blanc, poudingique, solide et traversé par des filons de quartz calcédoine et de granit, qui lui ont donné alternativement diverses directions. Nous nous trouvons encore en présence du métaxite dans les chemins ruraux que l’on traverse depuis Quet- tehou au Theil, en passant par Theurthéville-Bocage et le bois de Barnavast. On le voit sur plusieurs points, soit à l’état solide, soit à l’état de désagrégation, spécia- lement le long d'un petit sentier très escarpé, que l’on gravit en quittant le bois de Barnavast, dans la direction du Nord, pour se rendre à Gonneville. Il recouvre une partie des phyllades et des grauwackes, qui sont très abondants dans ce pays. Les divers débris, résultant de de la décomposition des arkoses du Val-de-Saire, sont rapportés par M. Dufrénoy au terrain miocène, sans qu'aucun indice puisse faire soupconner cette asser- tion (1). En nous dirigeant vers l'Ouest, nous arrivons à Mon- taigu-la-Brisette, où seretrouvele métaxite. Ilestgrisâtre, à grain fin, passant à la texture poudingique, renfermant de gros fragments de calcédoine blanche, mamelonnée, et des noyaux de quartz ordinaire. Quelques-unes de ces roches ont l’aspect ciroïde et sont imprégnées de sulfate (1) Voir la Carte géologique de France. L DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 27 de baryte dû à l'influence des phénomènes ignés. Les poudingues sont quartzeux, les uns à ciment de feldspath blanc, les autres à ciment de baryte blanche et jaunâtre crêtée ou lenticulaire. Ce dernier est tout-à-fait analogue à celui de la montagne du Roule. ({) A Sauxemesnil (carr. des Genets, près de Montvason), le métaxite est représenté par un grès blane, plus ou moins fin, à texture uniforme passant à la texture pou- dingique. Il sert de limite au minerai de fer de Ruffosse, vers le N.-E. A partir du lieu nommé le Sapin jusqu’à Chiffrevast (Tamerville), la roche se présente sous un aspect différent. Ses composés minéralogiques sont plus nombreux et acquièrent un volume qui varie entre un grain de mil et la tête. Elle est ou uniforme ou poudin- gique, à éléments polygéniques ; c’est l'’anagénite de M. Cordier. Cette dernière espèce a la plus grande ressem- blance avec la protogine, lorsqu'elle prend la texture uniforme, à grain moyen. Au Moulin et au Pont-de-l'Arche, elle offre quelquefois des teintes sombres, qui sont ordinairement bigarrées. Elle est composée de quartz variés, blancs, noirs et rosâtres, de pegmatites jaunâtres à gros et à petit grain, de pétrosilex verdâtres pyritifères, de rouges, de bru- nâtres, de rosâtres quartzifères, de phyllades et de roches chloriteuses. Dans les environs de Chiffrevast (Tamerville) et spécialement à la carrière des Hutteriaux, l’anagénite est recouverte par un grès à grain fin, schisteux, composé des mêmes éléments et à nuances rose, rouge, lilas, bleue, verte, etc., unies ou bigarrées. Ces diverses couleurs présentent quelquefois des bandes alternatives, de cinq à six millimètres de largeur. (4) Page 24. 28 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE A la carrière Mouchel, l’anagénite est assez commu- nément à grain moyen; mais dans cette localité, aussi bien qu'à la carrière Potier, elle repose sous un grès grisätre, à grain fin, micacé, dont les parties deviennent excessivement tenues. Les lits supérieurs alternent avec une argile rouge- brunâtre, quelquefois verdâtre micacée. Aïlleurs, sur l'anagénite, sont superposés des grès gris à grain très fin (Le Val-Sinot), dans lesquels on remarque une certaine quantité de feldspath et de tale triturés. Au Mouchet-de-Chanteraine, la roche change d'aspect et n’est plus composée des mêmes éléments que les précédentes. Elle consiste en fragments amygdaloïdes de grauwacke, reliés par un ciment de même nature. Entre l’église de Tamerville et le carrefour des cinq chemins, le métaxite est représenté par un poudingue polygénique, offrant avec celui qui couronne le sommet de la Pernelie, celui de Cherbourg au pied du Roule, et celui de la lande de Beaumont près de Valognes, une grande identité, tant sous le rapport de la compo- sition minéralogique que sous celui de la position géognostique. Ils sont, les uns et les autres, placés à la partie supérieure du terrain cumbrien, sur les arkoses et les anagénites. | Dans la direction de l'O.-N.-0., l’arkose forme le sol de la lande Desmares (commune de Négreville). Elle est brun-rougeâtre, à grain fin (arkose miliaire) passant à la texture poudingique. C’est probablement ses débris que nous avons vus dans les arkoses de Tocquevilie et de la Pernelle. Des galets de calcédoine et de quartz nuancé de rouge et de verdâtre et des fragments d'argile bigarrée et endurcie, sont les seuls éléments qui la composent. Les minéraux qu'elle renferme, sont | DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 29 de la baryte tabulaire et de la baryte crêtée blanche et rose, contenant de petits amas de galène lamellaire. Elle est en stratification concordante avec des phyllades verdâtres, dans la pâte desquels on remarque des rognons de quartz hyalin. Les roches celastiques cumbriennes cessent de se montrer ici, pour reparaître à Grosville, à St-Germain- le-Gaillard, à Couville et à Bricquebost. Ce ne sont plus des arkoses proprement dites, mais des anagénites uni- formes et poudingiques que nous allons rencontrer. L’anagénite de Grosville commence à être visible au hameau des Curés, sous le grès silurien. Elle est à grain moyen rosâtre, mais elle prend insensiblement la texture poudingique, à fragments de phyllades et de roches granitoïdes parmi lesquels on distingue une syénite rosâtre. Cette roche disparaît pour faire place à une brèche quarizeuse gris-noirâtre , dont les éléments con- stituants sont du quartz blanc, du noirâtre et des phyl- lades grisâtres reliés ensemble, tantôt par un ciment quartzeux, tantôt par un ciment phylladique. À Saint-Germain-le-Gaillard, l’anagénite est à grain fin, à grain moyen et poudingique, avec nuances variant du blanc-grisâtre au gris-brunâtre. Les roches, qui en- trent dans sa composition, sont très nombreuses et appartiennent aux phyllades gris, bleuâtres, aux quartz blanc gras, brunâtre, noir et verdätre, à la calcédoine, au quartzite talcifère, traversé par un filon de quartz blanc qui contient du fer oligiste brillant. On y voit aussi des pegmatites roses, de violacées, de gris-blan- châtres à grain moyen et à grain fin, des pétrosilex vio- lâtres, des porphyres syénitiques, etc. Les anagénites de Couville et de Bricquebost ne pré- sentent point de différence essentielle avec celles de 39 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE Saint-Germain. C’est toujours la même roche déposée dans les mêmes circonstances. Quelquefois la nuance gris-blanchâtre paraît prédominer, dans quelques parties des communes de Couville et de Bricquebost. Ces roches prennent, en général, une texture très fine dans les lits supérieurs. Nous avons alors des grès anagéniques et des espèces de psammites composés de grains de quartz pour plus des trois quarts et de matière phylladienne, le tout lié par un ciment quartzeux ou quartzo-phylladien. Cette roche, schistoïde, est presque toujours micacée et se trouve en assez grande abondance sur la voie ferrée, dans la tranchée de Couville à Sottevast. Ses nuances sont le rougeâtre, le brunâtre, le noirâtre, le grisâtre, le jaunâtre et le blane sale. Les ondulations du terrain établissent, entre les ana- génites de Couville et les grès psammites de la tranchée, une solution de continuité. Les anagénites disparaissent d'abord sous le schiste du silurien moyen, après avoir subi un redressement très sensible ; en avançant vers la gare de Sottevast, on voit les psammites relevés au niveau des anagénites, pour se cacher bientôt dans une dépression du terrain, à la tranchée du Roquier, sous le grès à Scolithus linearis (1).Ce grès ne repose cependant pas immédiatement sur les psammites; il y a intermé- diairement un grès rougeâtre, maculé de blanc et de rouge-noirâtre, semblable à celui qui existe à l'entrée, à gauche de la gare de Cherbourg. C’est sur ce grès que se trouvent les grès de la montagne du Roule ei de la tranchée du Roquier. Les mêmes psammites se reconnaissent encore à Frito, (1) Scolithus linearis. C’est le nom que les géologues amé- ricains donnent au grès à fucoïdes ou à Tigillites Dufrenoyi. DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 91 village de Saint-Germainle-Gaillard, à Martinvast, le long de la rampe qui va du pont au château, et à Tolle- vast (côteau de la Houssaye). Les deux premiers sont d’un très beau blanc, quelquefois d’un blanc sale ou d'un blanc verdâtre, maculés de noir-brunâtre ; celui de Tol- levast est rosàtre et traversé par des veines de quartz ; les uns et les autres sont très micacés et à grain très fin. L’étude des anagénites, arkoses et métaxites, nous à démontré : 4° Que les lits inférieurs de ces roches alternent ordinairement en stratification concordante avec les phyllades et grauwackes ; 2° que les roches de fusion, protogine, pegmatite, pétrosilex, porphyre, etc., dont les débris ont concouru à la formation de ces roches clastiques, n’existent point à la surface du sol dans notre presqu'île. Ces fragments proviennent incontestablement de la démolition des roches ignées sousjacentes, déjà arrivées au jour et sur lesquelles la mer cumbrienne asseyait ses dépôts. Il y a cependant quelques roches en faveur desquelies nous devons faire exception: ce sont les porphyres quartzifères et le pétrosilex rosâtre, que l'on voit dans le voisinage des anagénites. Il est bien prouvé que les porphyres quartzifères et les pétrosilex existaient déjà à la surface du globe, lors de la formation des anagénites, puisque nous trouvons les fragments roulés de ces roches, mêlés aux éléments constituants de la roche clastique. Il est également évident que ces porphyres et pétrosilex ont continué, depuis cette première appari- tion, leur mouvement ascensionnel sur notre planète ; si l'on en juge par les filons qu'ils ont injectés non-seule- ment dans les anagénites, mais aussi dans les terrains d’époques plus récentes. 32 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE Avec les roches précédentes, nous avons trouvé à Saint-Germain-le-Gaillard, aux Pieux, à Omonville-Ha- gue, à Grosville, à Montaigu-la-Brisette et à Digullevilie, un grand nombre de brèches, dont les parties pétrosili- ceuses et porphyriques anguleuses, quelquefois arrondies sur les angles, sont réunies par un ciment feldspathique et phylladique. Elles reposent spécialement dans le voisinage des porphyres et des pétrosilex. Les unes sont verdâtres, d’autres rougeûtres, d’autres jaunâtres, etc. Celle de Digulleville se trouve sur le bord Ouest des arkoses et métaxites, et consiste en une bande assez étroite, visible dans le chemin qui est près du presbytère. Elle court N. un peu ©. et va se jeter à la mer, où elle se termine par une faible pointe resserrée entre les roches pyrogènes. Elle est d’un brun clair, mais les parties atténuées qui relient entre eux les fragments pétrosiliceux et phorphyriques, sont plus foncées et prennent une teinte brun-verdâtre. Dans les communes de Grosville et de St.-Germain-le- Gaillard, nous avons observé des roches porphyriques en décomposition, renfermant dans leur pâte des noyaux arrondis irrégulièrement, d'un feldspath compacte blanc-sale à l’intérieur, noir à la surface. Ces portions sont plus solides que la roche elle-même et leur désagrégation remonte sans nul doute à l'époque de la formation des roches clastiques, puisque nous retrou- vons dans celles-ci de petits fragments de ce porphyre. La roche ainsi composée pourrait fort bien être consi- dévée comme un conglomérat pétrosiliceux ou porphy- rique. Ce terrain n’existe plus dans l’espace qui nous sépare des arrondissements du Centre et du Sud, si ce n’est un petit ilot qui le représente au bas du Sey, chemin DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 393 d'intérêt collectif n° 13, aux limites des communes de Gourbesville et d’Amfreville, au commencement des landes de cette dernière. C’est un quartz noir compacte, traversé par de légers filets de quartz blanc. Ce filon, qui effleure le sol, est recouvert, en partie, par des terrains récents. Sa présence en ces lieux nous donne à penser que le golfe du Cotentin dans lequel se sont déposés les terrains du keuper, du lias et autres, ne mesure pas une très grande profondeur sur tous les points où il est visible. Des porphyres noirs légèrement calcarifères, des porphyres roses et quelques pétrosilex auxquels nous devons ajouter la fraidronite et l'harmophanite, ont redressé les couches de ce terrain dans lequel ils forment des coulées et des filons assez nombreux. Le terrain cumbrien, dans les arrondissements du Centre et du Sud de notre département, nous met sous les yeux à peu près les mêmes roches que nous venons de voir dans la partie Nord. Nous y avons cependant remarqué l'absence du phtanite, des grès feldspathiques et de l’euritine. La lydienne, roche composée de schiste ou phyllade argileux faiblement endurci par une matière siliceuse, se distinguant du phtanite par sa fusibilité, fait défaut dans la partie Nord, et se trouve en assez grande abondance dans les environs de Coutances. Enfin les anagénites sont remplacées par des poudingues phylladiques, composés principalement de galets de quartz hyalin, soit blanc, soit rose, soit noirâtre et de fragments de phyllades et de grauwackes qui ont été roulés, arrondis, puis mêlés avec une matière limoneuse et liés par un ciment quartzeux. Les phyllades recouvrent les leptynolites, sur deux points principaux, dans les arrondissements du Sud, où 0] « 34 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE ils forment deux espèces de triangles. Le premier a ses angles à deux kilomètres Nord de Saint-Ililaire, près de Parigny, à quatre Nord-Est de Mortaia, sous Romagny, et à deux Est du-bourg de Barenton. Le second peut être circonscrit dans trois lignes, partant de Saint-Jean- de-Thomas, touchant à Ducey, allant à Montanel, sur les limites du département d’Ille-et-Vilaine, et de là rejoi- gnant le point de départ, Saint-Jean-de-Thomas. À Villechien, les phyllades sont souvent grisâtres altérés; à Juilley, au contraire, ils sont très solides, de nuance noir-bleuâtre ; à Bourbe-Rouge, ils sont gris- bleuâtres, micacés, compactes, satinés sur les plans de stratification. Le chemin, qui conduit d'Avranches à Pons (Petit- Tertre), et le revers Nord de l’éminence sur laquelle est bâtie la ville (carrière de la Porionais), sont composés de grauwackes grises et de phyllades grossiers reposant en stratification concordante sur les leptynolites. D’Avranches à Granville, on retrouve les phyllades et la grauwacke grise, notamment depuis Sartilly. On les voit en stratification avec les leptynolites, sur la ligne de Chausey à Avranches. A la Godeïroy, il sont grisâtres et pénétrés par un filon de quartz pyriteux bleuâtre. Le phyllade de Saint-Pierre-Langers est gris-noirâtre recouvert d'une couche d’oxide de fer de plusieurs millimètres d'épaisseur. La grauwacke qui existe un peu au Nord du phyllade est grise; sa pâte est à grain fin, et son feldspath est passé au kaolin. Elle contient quelques fragments anguleux, de sept à huit millimètres de dimension, d’un phyllade altéré, gris, luisant, dont la présence dans la grauwacke démontre la priorité d’exis- tence. Le port de Granville est creusé dans une dépression DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 35 de phyllades cumbriens. ls sont tantôt grossiers, compactes, noirâtres ou verdàtres, traversés par de petits filets de quartz; tantôt ils sont bleuätres, micacés; ceux-ci se lèvent en petites plaquettes, les autres se brisent en petits polyèdres. Au Nord, ils forment une éminence coupée par la route impériale d’où ils se jettent à la mer en se perdant sous la grauwacke sur laquelle le fort et la ville sont assis. Leur inclinaison, à l'O. par 60° N., résulte de l’arrivée au jour des roches granitoïdes du massif de Sartilly et de l'immense filon de quartz gras que l’on remarque au Nord de la ville. Les phyllades et grauwa- ckes alternent ensemble et sont recouverts par un pou- dingue phylladique polygénique qui contient des eris- taux de feldspath altéré. Enfin, on voit au milieu de phyilades complètement ternes, quelques lits d’un autre phyllade de l'épaisseur d’un à deux centimètres, rempli de particules brillantes et très cristallines. La texture très serrée de ce dernier, l’a fait prendre à tort, par quelques géologues, pour du pétrosilex, roche qui n'existe point dans cette localité. Les grauwackes du Pignon-Butor et de la roche Gauthier, qui se trouvent au Sud de Granville, sont traversées l’une et l’autre par des filons de quartz gras amorphe qui sert de gangue à des pyrites et à du zine sulfuré, minerais trop pauvres pour être exploités. Les roches phylladiennes sont répandues avec abon- dance sur une très grande partie des cantons des arron- dissements de Coutances et de Saint-Lo, le canton de Carentan excepté. Elles sont souvent cachées sous les roches d’aggrégation, avec lesquelles elles alternent presque toujours. Nous allons indiquer leurs caractères les plus prononcés et quelques-uns de leurs principaux 36 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE gisements. Le phyllade, sur lequel est bâti le bourg de Bréhal, est gris-blanchätre et coloré, sur quelques points, par le fer oligiste ; à Guéhébert, la grauwacke estgrisätre, à grain fin, solide et légèrement micacée ; à Lingréville, (carrière à la Hoguette), elle est grise, à grain très fin, solide et sillonnée par de petits filets de quartz amorphe. Si nous suivons le chemin qui conduit de l’église du Mesnil-Aubert à celle de Herenguerville, en passant par Trelly et Quettreville, nous ne perdrons pas un seul instant de vue la grauwacke qui est ici plus souvent altérée et même en état de décomposition que solide. Sa nuance la plus constante est le gris-jaunâtre ou ie gris- cendré. Elle est micacée, schistoïde, à grain fin, avec petites veinules de quartz. Entre le Guislain et Hambie, elle est grise, solide et à grain fin; à Roncey (au moulin Trigault et au pont aux Tanneurs), elle est gris-bleuâtre et à petit grain ; à Bourey, elle est grisâtre, à grain fin, coupée par de petits filets de quartz blanc ; à la carrière de l'Hermitage, elle est gris-bleuâtre, presque compacte, très solide, avec petites veines de quartz blanc amorphe; à Servigny (carrière de M"° Capet), elle est grisâtre, schistoïde et à grain fin. La ville de Coutances est entourée de phyllades et de grauwackes du N.-E. au S.-0., depuis l'entrée de la route de Saint-Lo, à peu près, jusqu’à la rivière de Soule ; ils sont adossés contre les roches amphiboliques et feldspathiques, à partir de la pièce de terre le Théâtre, jusqu’à l’entrée de la route de Saint-Lo. La lydienne blanche à cœur noir, noire avec partie blanche, ou parfaitement noire, forme le sol sur lequel repose la ville. On la voit spécialement sur la place Milon et dans les rigoles ouvertes Le long du chemin qui tourne la ville à l'Ouest, pour descendre au pont de Soule. On en rencontre encore de petits amas, au bas de DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 37 la rue Saint-Pierre, à quelques portées de fusil de l’hospice. Cette roche a été redressée par les nombreux filons de quartz noirâtre, veiné de quartz blanc, que l’on remarque à l'Est de la ville à la Roquelle et sur tout le parcours de la route de St.-Lo à Coutances. Les communes de Belval, Cambernon et Cametours nous offrent aussi de la lydienne ; mais c’est particu- lièrement dans la lande des Vardes, à Courey, qu’elle se présente en grande abondance. Elle offre des teintes grises ou noirâtres qui sont quelquefois marbrées de gris, de blanc et de rouge, mais généralement elle est très noire. Sa texture est très compacte et souvent bréchi- forme. Il n’est pas rare de surprendre, sur quelques points, le passage du phyllade à cette roche dont on fait une extraction considérable pour l'entretien des chemins et pour les constructions ; c’est aussi ce schiste siliceux qui sert de pierre de touche aux orfèvres. En quittant le pont de Soule pour aller à Saussay, on voit à gauche une grauwacke gris-jaune, très solide, contenant du quartz jaunâtre cristallisé entre les fissures. Elle repose sous un poudingue phylladique, jaunâtre à grain ordinaire, légèrement micacé. Si de Coutances nous nous dirigeons vers l'Est, nous retrouverons encore les mêmes roches phylladiennes jusqu'à Cérisy-la-Forêt. A Dangy (village Collange) la grauwacke est très solide et coupée dans toutes les directions par un quartz à texture cariée; à Saint- Martin-de-Bon-Fossé (à la planche Ferron et au pont aux Touzards) elle est d’un gris-cendré, peu micacée et solide, quoique son feldspath ait une tendance à passer au kaolin. Le sol de Saint-Lo est formé entièrement par ce ter- 38 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE rain. À la Roquelle, les phyllades sont bleuâtres, xyloïdes, satinés et remplis de petits grains de quartz; au Maupas, nous avons la même roche; mais ici, au lieu de petits grains de quartz, c’est un filon de quartz gras, qui court parallèlement au sens de la stratification. Cette dernière est peu éloignée du gisement du talcite de la commune d’Airel. Les phyllades sont quelquefois noirâtres, gri- sâtres ou bleuàätres. Ceux de la Poterne sont assez solides et généralement de couleur ardoise; à l'entrée de la route de Percy, ils sont gris, tendres, un peu altérés, contournés en tous sens, sans qu'on puisse leur assigner de direction et d’inclinaison spéciales ; ils ren- ferment du fer hydroxydé quarizifère en quantité peu notable. À cinq cents mètres de Saint-Lo, route de Carentan, même roche. À un kilomètre de la ville, sur la voie qui conduit à Isigny, on voit une carrière de phyl- lades noduleux et de grauwacke qui laisse apercevoir, au centre de ses bancs, une bande de phyllade noir, très tendre, dont le peu de solidité contraste avec les autres bancs qui sont très solides ; à Moon (à la Pomme- d'Or), la grauwacke est jaunâtre, schistoïde, altérée, alternant avec des phyllades de même nuance, aussi altérés. Ils sont recouverts par le keuper en stratification discordante. Dans ces diverses localités, les phyllades et grauwackes sont en alternance, comme nous l’avons déjà dit, aussi est-il très facile de se procurer des échan- tllons renfermant les deux roches réunies et intimement soudées ensemble. À Rampan (carr. Coquager), le phyl- lade est ordinairement plus solide, de couleur bleuätre ou bleu-noirâtre, satiné lorsqu'il n’est point altéré. Il alterne avec une grauwacke qui est tantôt à texture schisto-grenue et tantôt compacte. Les parties consti- tuantes sont à peu près également réparties ; sa nuance DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 39 est le gris-bleuâtre avec nombreux grains de quartz hyalin. enfumé; quelquefois le feldspath est noir et abondant ; dans ce cas, la teinte devient plus foncée, et la roche acquiert plus de solidité. On y remarque assez fréquemment des veines de calcaire blanc, cristallisé, et des veinules de quartz blane laiteux. Le fer oligiste a laissé ici, comme sur beaucoup d’autres points, des indices de sa présence. Les phyllades et grauwackes des communes de Bahaiïs et de la Meauffe, sont, comme ceux de Rampan, quelquefois calcarifères. À un kilo- mètre et demi avant d'arriver au Pont-Hébert, route de Carentan, les phyllades sont altérés et forment un petit ilot isolé au milieu de terrains récents. En avançant vers l'Est, nous trouvons à Saint-Pierre-de-Semilly (village de Fontaine-l'Evêque) et subordonné aux grauwackes, un petit amas de graphite, tendre, écailleux, que quelques géologues ont pris pour de l’ampélite. Les phyllades, voisins de ce petit gisement, sont noirs et légèrement tachants. En général, les roches de cette formation, spé- cialement depuis Saint-Lo à Cérisy-la-Forêt, contiennent des veines de quartz schisteux noir, anthraciteux, dis- posées suivant les plans des lits; ces veines sont elles- mêmes assez souvent pénétrées par de petits filets de quartz blanc qui ont souvent traversé la grauwacke. On voit dans cette commune une grauwacke bleuâtre plissée, très talqueuse, associée tantôt à de gros filons de quartz gras bleuâtre, tantôt à des nodules de quartz hyalin rosâtre, qui parfois forme de petits filons paral- lèles à la stratification. Dans la direction de l'Ouest, c’est toujours le même terrain que l’on parcourt. À Hébécrévon, les phyllades sont ou noirâtres, très micacés, se levant par petites plaques, ou noirâtres très compactes, se brisant en petits 40 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE parallélogrammes. La grauwacke de teintes bleuâtre ou noirâtre et parsemée de petites paillettes de feldspath bleuâtre, contient du spath calcaire blanchâtre entre les joints des strates. A la Chapelle-en-Juger, à Saint-Louet- sur-Lozon, à Montreuil, etc., les phyllades et grau- wackes sont d’un gris-noirâtre et renferment, sur la propriété de M. Osmond, de petits lits d’euritine d’un noir-bleuâtre. Ils ont été labourés en tous sens par les roches dioritiques qui se sont introduites dans leur masse sous forme de banes de peu d'épaisseur. De St- Lo à Canisy, la grauwacke est souvent d'un gris-bleu, micacée, à grain fin; à Amigny (à la Petite-Duquéril), les roches phylladiques se montrent sous le gravier prove- nant de la décomposition des arkoses. De Saint-Lo à Thorigny, nous marchons sur des phyllades d'un gris- verdâtre ou bleuâtres, qui alternent avec des grau- wackes schisteuses et micacées. À Condé-sur-Vire (carr. Préleroy) , la grauwacke, de nuance grisätre, est asso- ciée à une autre grauwacke de teinte verdâtre, présentant une grande analogie avec celle que nous avons trouvée au Vast; comme cette dernière, elle fait effervescence dans les acides, à l'endroit frappé du marteau. C'est à une petite distance de ce bourg, vers le Sud, que l’on voit les roches de Ham, situées sur une émi- nence, d'où l’œil plonge au fond d’une belle vallée, dans laquelle la Vire promène silencieusement ses eaux. Ce paysage est un des plus beaux et des plus pittoresques des environs de Saint-Lo. Les roches grauwackiliennes, qui forment ces rochers, sont les unes grisàtres, les autres bleuâtres micacées. Elles renferment dans leur pâte des noyaux de quartz hyalin et alternent avec des couches subordonnées d’un grès à grain fin, micacé et de auance gris-verdâtre. Les phyllades, dont on fait des DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. Le f dalles d’une assez grande dimension, ont une parfaite analogie avec ceux de Carteret; ils sont presque ver- ticaux et atteignent quelquefois cent cinquante mètres environ d'élévation. Dans les environs du bourg de Tessy, ces roches ont quelques-unes de leurs fissures remplies de brèches composées de débris de phyllades réunies par du quartz jaunâtre fibro-rayonné. Au nord de Coutances, les phyl- lades et grauwackes se montrent par intervalle sur plusieurs points. À Monthuchon, ils sont verdâtres. Près de Vaudrimesunil, leur nuance est le grisâtre. Ceux de Montcuit sont tendres, altérés et d’un gris cendré. Le diorite qui les a redressés, leur a imprimé une solidité qui les rapproche de la lydienne. Ils reposent sous un métaxite à grain moyen, dans lequel on apercoit de très petites veinules d’un quartz gras, blanc amorphe. A Périers, ils sont gris-blanchâtres. De Périers à Lessay, la grauwacke est tantôt noirâtre ou grisätre, à grain exces- sivement fin, et très solide. Nous avons trouvé à Brétel, avec les phyllades solides, un phyllade tendre, noir, tracant, semblable à celui que nous avons vu à Cérisy- la-Forêt. En quittant la lande de Lessay, pour entrer dans le chemin de la Feuillie, on rencontre des phyllades d'un gris-verdâtre, altérés, pailletés entre les strates et alter- nant avec des grès feldspathiques soit blanchâtres, soit grisâtres, très solides. Ils contiennent parfois des noyaux oblongs, d’un phyllade verdâtre ou bleuâtre, plus dur que celui qui leur sert de gangue. À cinq cents mètres avant d'arriver au carrefour au Loup, en partant de la Feuillie, les phyllades se voient sous les métaxites; un peu plus avant dans le même chemin, on remarque un filon de syénite qui a traversé les phyllades, dans la direction de l'O. 20° N., à l'E. 20° S. avec plongement de 30° vers le $. 20° O. 42 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE Les communes du littoral de l'arrondissement de Coutances nous offrent partout des phyllades et des grauwackes. À Ancteville ils sont souvent altérés, pyri- tifères, gris-bleuâtres, parfois grossiers ou verdâtres, renfermant beaucoup de petits grains de quartz, de couleur de rouille et de forme allongée, mais ceux dont le gisement est près du presbytere de cette commune, sont souvent bleuâtres. En face du château de Savigny, la grauwacke est d’un gris noirâtre, à grain très fin, très solide et traversée par de petites veinules de quartz blanc. Sous l’église de Blainville et dans le chemin qui conduit à Agon, la grauwacke est grise à grain fin; les phyllades sont grossiers, bleuâtres et analogues à ceux de Granville ; leur direction est N. 40° E. Ils se montrent encore à la lande de Blainville, à Saint-Malo-de-la-Lande et dans les communes circonvoisines. La grauwacke de Gouville a été soulevée par la syénite et le pétrosilex que l'on aperçoit sous l’église de cette commune. À Anne- ville-sur-Mer les phyllades sont gris-cendré et alternent avec des grauwackes grisâtres quelquefois noirâtres, à grain fin, dans lesquelles se sont infiltrées des veines de quartz blanc. Ces dernières sont recouvertes, à la Buissonnière, par des grauwackes à grain moyen, auxquelles on voit succéder des poudingues phylla- diques, qui sont les mêmes que ceux qui constituent la partie supérieure de cette formation à Granville. Ils ont aussi beaucoup de rapport avec les roches de la baie Sainte-Catherine, dans l’île de Jersey, distante de vingt kilomètres au plus du rivage d’Anneville. Nous avons la continuation des mêmes roches sur les com- munes de Montsurvent et de Jeffoses. Dans celle-ci on voit un phyllade gris-verdâtre, grossier, arénifère, exploité à la carrière ouverte dans une pièce de terre ke... dE. à DÉPARTEMENT DE LA MANCUE. L3 nommée Namcé, située sur le bord du chemin de cette commune à Marigny. Les deux côtés de la rampe qui descend de Montsurvent à la lande de Lessay, sont formés en général de grauwacke grise, à grain fin, mais celle que l’on extrait de la carrière de la Poulinière, est d’un gris-noirâtre. Les roches phylladiques de Créances et de Pirou sont d’un jaune-verdâtre, grisätre, etc., Au moulin Gaveron, elles sont grossières et bleuâtres ; c’est toujonrs la suite des phyliades d’Anneville et de Saint-Germain-sur-Ay. Quelques uns de ceux qui sont sur le bord du rivage se lèvent par grandes plaques et offrent, comme à Carteret, des impressions vermiculaires. Une grande partie de ces roches contient du quartz gras, soit noir, soit blanc, en petites couches ou en veines ou en filons immenses. On trouve aussi associés et alternant avec elles de petits lits de grès, à grain fin, de nuances jaune-grisâtre ou gris- verdâtre. Nous avons déjà vu le calcaire figurer, en petite quantité, parmi les roches cumbriennes, sur les com- munes d'Eculleville (1) et de Carteret (2), au moulin des Douits, où il fut exploité jadis (3). Le premier confond ses éléments avec la grauwacke ; le second alterne, ainsi que nous l’avons dit, avec les phyllades et la roche mi- cacée que l’on rencontre sur les points culminants de la falaise de Carteret. Le calcaire reparaît encore au Mesnil-Aubert, à Tessy et dans les cantons de St.-Clair et de St.-Jean-de- Daye. (1) Page 4. (2) Page 13. (3) Pour la construction des maisons, he ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE Le carbonate de chaux du Mesnil-Aubert est d’un gris-bleuâtre à grain moyen et coupé par de nombreuses veines de spath calcaire blanc. Il repose sur la grau- wacke et occupe un espace très limité. Ses couches très inclinées, affectent diverses directions, résultant de l’éruption d'un filon de quartz qui imite les formes et l'aspect du feldspath et dont les nuances variées sont le blanc, le bleuâtre, quelquefois le rougeûtre et le noirätre. C’est le même minéral que nous avons déjà vu à Coutances, à Périers, à Convains, et que nous retrouverons à Lessay, dans la carrière de Marigny. L'extraction du calcaire est très difficile ; aussi n'est-il employé qu’à l’empierrement des chemins vicinaux. On trouve, à gauche du calcaire, un grès compacte, noi- râtre, fossilifére, et à sa droite un autre grès blanchâtre, entouré d’une croûte ferrugineuse et renfermant dans sa pâte de rares débris de fossiles; ils sont l’un et l’autre en stratification discordante avec le calcaire. Nous reviendrons sur ces grès. À Tessy (1), nous retrouvons le calcaire de même formation ; mais il n’est pas aussi pur que le précédent, à cause de la grande quantité d’argile qu’il contient. Sa couleur et sa texture sont assez variées ; ainsi il est rouge ou brun-rougeñtre compacte, très argileux, ou brunâtre compacte, argilifère, traversé par des veinules de spath calcaire blanc, ou grisâtre à grain cristallin, ou compacte gris, esquilleux, ou enfin pseudo-fragmentaire réunissant plusieurs nuances, telles que le brun, le rouge plus ou moins foncé, le grisâtre, le jaunâtre, etc. (1) C’est sur la commune de Tessy et non sur celle de Beau- coudray qu’existe le calcaire cité par M. de Caumont à la page 274 de son mémoire sur la distribution géographique des roches dans le département de la Manche, 2e partie DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. n5 Son gisement est, au village dela Davinière, dans une vallée et sur le bord de la rive gauche d’un petit ruisseau qui sépare Tessy de Montabot. Sa grande teneur en argile et ses fréquentes alternances avec les phyllade et grauwacke jaunâtres et rougeâtres, ont fait abandonner l'exploitation qui en avait été entreprise autrefois ; elle était plus onéreuse que lucrative et ne fournissait que de très mauvais produits. Le calcaire, que l’on exploite sur une grande échelle, depuis fort longtemps, dans les communes de la Meauffe, Bahais, Cavigny, Airel (Lande des Pezerils, La Roque- Hue, La Pégoterie, Bois du Coudray, ete.), est celui qui présente le plus d'intérêt, tant au point de vue de la science, qu'à celui de la spéculation. Son gisement se trouvant sur les deux rives de la Vire, nous le décrirons, en général, sans indication de localité spéciale. Il est plus ou moins argilifère, schisteux, révêtant des nuances très variées, parmi lesquelles prédomine le noir; les autres sont le vert, le blane, le gris, le rouge, le jaune et le gris moucheté de noir. Ce dernier est magnésifère (1), subla- mellaire ou grenu quartzifère. Le calcaire noir est très cristallin; les autres sont ou compactes ou semi-cristallins, ou à texture argiloïde, quelquefois ferrifères et pénétrés en tous sens par des veinules de calcaire spathique blanc. Le calcaire noir forme souvent des taches dans la même roche qui est de couleur différente et vice-versà. Au milieu de ce calcaire et alternant avec lui, se trouvent des phyllades rouges, de blanchâtres, de grisätres qui sont souvent luisants, très onctueux au toucher et calca- rifères sur leur point de jonction avec le carbonate de (1) Ilcontient 80 parties de carbonate de chaux, 60 de magnésie, 4 de silice, 6 d’alumine de fer, 40 de manganèse et 30 de perte sur 4000 parties constituantes. 46 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE chaux. Ils donnent naissance à des calschistes, soit à grains intimement unis, soit en lits distincts qui offrent chacun des teintes variées ou unicolores. Nous avons découvert dans les fissures et le creux de ces roches des nids de carbonate de cuivre (malachite) , de galène (plomb sulfuré), avec couches jaunes d’oxide plombeux (massicot), des cristaux rhomboëdriques obtus, jaunâtres,de carbonate de chaux et de lachaux carbonatée spongieuse (vulgairement nommée moëlle de pierre. Brard). Sa couleur est le blanc, elle est composée de molécules pulvérulentes, qui ont entre elles peu de cohésion : elle est douce au toucher, écrivante, légère et surnageant l’eau dans laquelle on la plonge, jusqu’à ce qu'elle ait absorbé tout ce qu’elle peut en contenir. Le calcaire est recouvert par une roche d’agrégation mécanique composée de grains arrondis de quartz noir et de quelques petits fragments de feldspath kaolinisé, réunis par une argile rougeàtre. Elle est calcarifère à la partie qui repose immédiatement sur le calcaire. Cette espèce de grès phylladique rougeûtre alterne avec un phyllade d’un rouge plus ou moins foncé. C’est le repré- sentant des poudingues de Troisgots et des environs de Coutances. On voit aussi à Moon (La Chapelle), à Bahais (au Quesney), des poudingues phylladiques schistoïdes; les uns sont rosâtres, les autres brunâtres, d’autres grisâtres. Ils passent tous à la texture à grain moyen, puis à celle à grain fin. Cette série de roches se termine par une brèche formée de fragments de quartz gras noirâtre et de biance, reliés par un ciment de grauwacke rosâire. Les phyllades que nous avons vus à Amigny (à la Petite- Duquéril), se retrouvent près du Pont-Hébert et sur plusieurs points du chemin que l’on suit, de ce lieu, pour C2 DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 717 se rendre à La Chapelle-en-Juger. On les voit avec les métaxites, dont les débris, arrachés par le temps et par divers agents destructeurs, forment un dépôt analogue à celui du Val-de-Saire. (1) Dans les arrondissements du Sud, les phyllades et grauwackes alternent, en stratification concordante, avec des roches qui ont recu de M. de la Béche le nom de conglomérat porphyrique, désignation qui ne leur convient qu'imparfaitement, puisque beaucoup d’entre elies sont privées de feldspath (2). Ce sont des pou- dingues phylladiques que nous regardons comme les équivalents des anagénites des arrondissements du Nord. Insensiblement les fragments phylladiens disparaissent, alors il ne reste plus qu'un poudingue quartzeux, qui bientôt devient lui-même un simple grès. Ces deux der- niers sont absolument les mêmes que ceux d'Omonville- Hague et offrent, comme ‘eux, sur lassise supérieure, des psammites micacés, dont les éléments etles nuances sont les mêmes que les principes minéraux qui com- posent les roches sur lesquelles ils reposent. Enfin les anagénites, poudingues, grès et psammites, soit isolés (1) Page 26. (2) Dans la réponse à la dixième question (géologie) posée par le congrès scientifique de France tenu à Cherbourg en septembre 1860, nous considérions, avec point de doute (?), les poudingues phylladiques et quelques grès et poudingues quartzeux, comme appartenant, les premiers au carbonifère et les seconds au silu- rien. Mais après avoir examiné de nouveau ces terrains, nous avons reconnu que les uns et les autres font partie du cumbrien (silurien inférieur de quelques géologues). En 1855, MM. Triger et Deslongchamps rapportaient au terrain carbonifère les poudingues et grès quartzeux de cet étage qu’ils plaçaient au-dessus du calcaire. (Tôme X des Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie.) 48 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE les uns des autres, soit ne formant qu'un seul groupe, dont le psammite clôrait la série, sont recouverts par une argile quelquefois feuilletée provenant de la décom- position de ces roches. Les teintes rougeâtre, verdâtre, brunâtre, rouge lie de vin, plus ou moins prononcées qui colorent les pou- dingues phylladiques et les grès du centre de notre département, se montrent assez rarement sur les mêmes roches qui se trouvent dans le Nord de notre presqu'ile. Les poudingues et grès sont renfermés dans un pen- tagone, dont les angles sont occupés par Regnéville, Le Perron, Villedieu, La Haye-Pesnel et Granville. Ils sont disséminés en lambeaux d’une certaine étendue, sur beaucoup de communes assez éloignées les unes des autres. Leur point de départ paraît être Regnéville, d’où ils se dirigent vers Hyenville, Saussey, Nicorps, le Pont- Brocard, Troisgots, Le Perron; de là ils poussent une pointe vers le Sud, à la Chapelle-Heuzebroc; ils tra- versent ensuite, en suivant une ligne parallèle à la pre- mière, les communes de Villebaudon, Montabot, Hambie, Percy, Gavray, Le Loreur, Hudimesnil, Anctoville, pour arriver à Granville. De cette dernière localité, ils pren- nent la direction de l'E. pour suivre une troisième ligne parallèle aux deux premières, en passant par la Haye- Pesnel, Le Tanu, Beauchamps, Champrépus, Villedieu, La Colombe, Ste-Marie-des-Monts, ete. (1)... Ce grand espace ainsi circonscrit dénote de forts courants qui ont déposé, dans ces localités aussi bien que dans les arrondissements du Nord, des roches formées de mor- (1) Nous ne voulons pas dire que les dépôts des poudingues doivent être limités à ces lignes. Ils y sont bien, à la vérité, plus apparents, mais cela ne les empêche pas de s'étendre sur une plus grande partie du sol resserré entre ces zônes. DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. ‘#9 ceaux arrachés aux rochers sur lesquels roulaient les flots de la mer cumbrienne. Après avoir examiné, sur les lieux, et à plusieurs reprises, l'étage des poudingues, nous allons le décrire le plus succinctement possible, en parcourant les lignes que nous venons d'indiquer: Nous ferons observer d’abord qu'il s’agit des pou- dingues phylladiques, des poudingues et grès siliceux et des psammites du terrain cumbrien. Les poudingues et grès quartzeux, de nuance grisàtre dominante, composés de quartz variés, de Iydiennes et souvent de quelques petits grains de feldspath altéré, se voient à Regnéville ou ils disparaissent bientôt en fuyant sous le calcaire carbonifère, pour se relever à Montmartin. À l'Ouest de ce bourg, ils sont recouverts par un grès psammite Jaunâtre, micacé, schistoïde, visible au village de Robillard, sur le chemin de la lande à l'Église, au Moulin-à-Vent, et à quelques mètres du bourg où il coupe la route qui conduit à Hauteville, et de là va se perdre dans l’intérieur des terres, sous le sol arable. Les poudingues et grès quartzeux se mon- trent dans Ja lande, à l'Est du bourg et près de la ferme du Colombier où ils sont exploités pour l'entretien des routes. Du lieu de l'exploitation, on peut les suivre, jusqu'à un kilomètre Ouest de l’église d'Hyenville, en allant par le petit chemin rural qui mène au pont de cette commune. Après une disparition peu prolongée, ces roches reparaissent de nouveau sur les communes de Saussey, d'Ouville, ete. Elles reposent sur le pou- dingue phylladique de Montmartin, au Sud de l’église et dans les carrières de la pente Dupré, sur le coteau qui regarde la mer à l'Ouest. Le poudingue phylladique de cette commune est à grain moyen et de nuances %. 50 ESSAL GÉOLOGIQUE SUR LE variées. À la carrière de la Pente, il est rouge-brunâtre; il perd peu à peu cette nuance et devient gris-verdâtre au Sud du bourg. A un kilomètre avant d'arriver à Hyenville, en suivant le petit sentier qui part de la ferme du Colombier, on trouve sur les deux côtés de cette voie et plus bas, sur le talus de la route impériale de Granville, le poudingue phylladique d'un rouge-brunâtre passant à un grès à grain très fin, puis à un psammite micacé, brunâtre. L'église d'Hyenville repose en partie sur le grès phylladique rouge et en partie sur le grès siliceux; ce dernier, qui est très cassant et à grain ordi- naire, prend la texture à grain fin, et contient quelques paillettes de mica argentin. Nous avons remarqué, le long du chemin qui mène à l’église, un filon de pétrosilex jaunâtre ; sa direction est N.-O0. à S.-E. Si nous descendons au bas de la lande d’Orval, à un kilomètre Sud du pont de Soule, nous arriverons à la carrière St.-Michel, où l’on exploite depuis fort longtemps le poudingue phylladique. Il est rougeätre ou rouge-brunâtre, composé de fragments de phyllade de même nuance et de noyaux de quartz calcédonien blanc, de quartz noir et de bleu-noirâtre, de la grosseur d'une noix à celle d’une courge et même plus ; quelques banes sont très solides, d’autres au contraire se désa- grégent aisément sous la plus simple pression des doigts. Cette roche passe d’une manière insensible à un grès qui est brun-rougeñtre, composé des mêmes éléments que le poudingue. En remontant le côteau, on reconnaît très bien que le grès quartzeux, qui occupe le sommet de la lande, est analogue à celui de Montmartin et qu'il repose, comme lui, sur le grès phylladique. Lorsque du pont de Soule on se dirige vers Saussey et Nicorps, on remarque, à un kilomètre sur la gauche DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 51 de la rampe, des grauwackes grises, à grain fin, qui prennent la texture à grain moyen et contiennent quel- ques petites parcelles de mica; sur la droite, ce sont des phyllades grisâtres, sur lesquels on voit, en strati- fication concordante, d’autres phyllades, de couleur brunâtre tirant sur le rougeâtre, et associés à une masse d'argile endurcie. A l’entrée de la lande de Saussey et à l’embranche- ment de la route de Nicorps, nous avons trouvé, à la carrière appelée Gris-de-Fer, un fort filon de quartz calcédoine, de teintes rosâtre, grisâtre, noirâtre, bru- nâtre et même verdâtre. Ce sont les fragments de cette roche qui, réunis à ceux des phyllades et des argiles rougeâtres, ont concouru à la formation des poudingues et grès phylladiques. Ces grès et poudingue arrivent quelquefois, et par ‘degrés, au psammite rougeâtre schistoïde, très micacé, qui supporte des poudingues et grès quartzeux dont la nuance la plus ordinaire, le gris-blanchâtre, devient souvent rougeâtre par suite d'infiltrations d'eaux char- gées d'oxides métalliques. C'est à leur désagrégation que l'on doit le terrain d’alluvion des communes d'Ouville, du Pont-Brocard, etc. À Cérisy-la-Salle, le grès quartzeux prend parfois une texture à grain excessivement fin, presque compacte, qui provient de l'injection d’un filon de quartz blane, fibro-rayonré, contenant une petite quantité de plomb et de fer sulfurés. Le même grès existe dans la lande de Dangy, mais on n’y rencontre ni galène ni pyrites. Nous en dirons autant des grès que l’on voit à la carrière de M. Paisant, et de ceux qui sont sur le bord du chemin de Roncey à Saint-Martin-de-Cenilly. En avancant vers VE., nous retrouvons à Troisgots, 52 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE dans les carrières de Vaux-la-Belle, le poudingue phy1- ladique, composé de quartz gris-blane, de noijrâtre, de quelques particules de feldspath décomposé, de phyl- lades rouges, grisâtres et d’une roche très onctueuse au toucher, que nous rapportons au talcite chloritique. À partir des carrières, ces roches s'étendent jusqu'au pied du côteau Nord de la vallée dans laquelle coule la Vire : quelques-unes sont recouvertes d’une forte couche d’oxide ferrugineux et présentent dans leur cassure des traces de glissement. Des fragments de pétrosilex et de syénite à petit grain altérée viennent s'ajouter aux éléments que nous connaissons déjà. Quoi- que très chargés d'oxyde de fer, les poudingues ont une tendance à prendre une teinte gris-verdâtre ; mais ce n’est qu'après avoir oscillé pendant quelque temps entre ces deux nuances, qu'ils adoptent décidément cette der- nière. Ce sont ordinairement les lits inférieurs, surtout lorsqu'ils ont une grande puissance, qui conservent la couleur verdâtre : quelques-uns même ont une grande analogie avec les anagénites de la Hague, spécialement avec celles qui reposent sur les talcites chloritiques. Après avoir passé la Vire, on gravit le côteau opposé à celui que nous venons d'explorer, en traversant un bois qui le recouvre jusque sur son sommet. Dans ce parcours nous avons vu la continuation des mêmes pou- dingues généralement gris-verdâtre, quoique cependant on en rencontre aussi assez fréquemment de rougeûtres. Les uns et les autres passent à un grès à grain fin ou aux psammites micacés. Sur quelques points, il n'existe plus que des poudingues formés de noyaux quartzeux, soudés par un ciment très fin, à peine visible, résultant de la triluration des phyllades et grauwackes. Au pont de Domjean, nous voyons un grès brunâtre, DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 5) à grain fin, micacé et un phyllade rougeûtre en alter- nance avec un poudingue gris-brunâtre très ferru- gineux. À quelques mètres de distance, ces roches ne conservent plus la nuance que nous venons de leur reconnaître ; elles deviennent brunâtres et même gris- jaunâtre. Au Mont-Hébert et au village de la Paillière, le poudingue renferme des fragments de grauwacke, à grain fin et de nuances soit verdâtre, soit grisâtre plus ou moins foncées; ensuite il passe à un poudingue quartzeux. À Condé-sur-Vire (à la Poche-du-Fest) le grès est rougeâtre, traversé par des filons de quartz blanc hyalin; peu à peu il devient très micacé, schistoïde, à grain fin. La commune du Perron offre les mêmes roches agrégées. À Saint-Symphorien, les roches arénacées sont ou brunes ou violettes et composées de noyaux de quartz, de grauwacke, de phyllade et de quelques cristaux de feldspath. À Guilleberville et à la Chapelle- Heuzebroc, le grès quartzeux est rouge, à grain fin, micacé schisteux; il est superposé sur le conglomérat qui, dans ces communes, passe à un grès soit rougeâtre, soit gris-blanchâtre. Dans la zône de la Chapelle-Heuzebroc à Granville, les particularités, qui différencient le poudingue phyl- ladique, sont fort peu sensibles. A Beaucoudray, il est très solide et consiste en fragments de roches verdâtres chloriteuses, de quartz variés, de grauwackes brunâtres, de phyllades, etc., reliés ensemble par un ciment de métaxite. Des grès grisâtres, à grain fin, forment avec le poudingue des bandes alternatives de plusieurs centi- mètres d'épaisseur, comme celles que nous avons vues à Domjean et à Omonville-Hague. La nuance de ces roches à Villebaudon est brunâtre ; à l’abbaye de Hambye, elle est rougetre et quelquefois verdâtre; à Lengronne 5% ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE (lande aux Morts), le poudingue est brunâtre et très solide ; à Gavray, il est brun-foncé pyritifère et passe au grès et au psammite micacé; sur ce dernier repose un grès quartzeux blanc-grisâtre, analogue à celui d'Hyen- ville et de Montmartin. A Ver (carrière Le Chevrel), les fragments constituants du poudingue phylladique bru- nâtre sont reliés très solidement par un ciment grenu de métaxite. Au Mesnil-Garnier, poudingue phylladique grisâtre sur lequel on voit un grès de même couleur avec quelques parcelles de mica. Le même poudingue prend aussi la teinte rougeâtre et contient du feldspath en grains disséminés. À Hudimesnil, la roche est tantôt rougeâtre, tantôt brunâtre et tantôt violacée. À la Co- lombe, elle est brunâtre, excessivement solide. Les éléments constituants sont des quartz variés, gris, roses, blancs et noirâtres, auxquels se réunissent des grains sableux de feldspath. Quelquefois ce poudingue prend la nuance grisâtre, plus tard c’est le verdâtre qu'il con- serve avec plus de persistance. Les parties élémentaires de ce dernier sont absolument les mêmes que celles des autres poudingues, mais le ciment, qui les réunit, nous paraît être un limon talqueux. La zône de Granville à Ste-Marie-des-Monts, ne pré- sente point de différence bien sensible avec la précé- dente. Le poudingue phylladique grisâtre, qui recouvre une partie de la pointe sur laquelle repose Granville, est composé de débris plus ou moins volumineux de grau- wackes de nuances très variées, de phyllades, de feld- spath altéré, de quartz noir, de blanc, de quelques petites portions de plomb sulfuré et de mica argentin. A Saint- Jean-des-Champs (au moulin d’Az), le poudingue phyl- ladique est analogue à celui de Bréhal et du Perron; ül prend la texture à grain fin schistoïde et se termine par * DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 55 un grès, à grain fin, rouge-brunâtre, parsemé de grains très fins de feldspath. On voit aussi, quelquefois, au milieu de sa pâte, des fragments de phyllade rouge. La Haye-Pesnel nous offre le même poudingue que celui de Gavray, mais il ne renferme point de fer sulfuré. Dans les communes de Fleury, Beauchamps, Equilly, etc., les poudingues phylladiques sont tantôt rougeûtres, tantôt grisätres, tantôt verdâtres et passent graduelle- ment à des grès à grain fin et à des psammites micacés. Ces grès et psammites sont de même couleur et possè- dentles mêmes principes constituants que les poudingues qui leur ont donné naissance. Dans le bois de Villedieu, le poudingue phylladique est rougeâtre ou grisätre, très solide, pyritifère et recouvert par un grès analogue à celui de Montmartin. Enfin, nous retrouvons à Sainte- Marie-des-Monts, un poudingue phylladique brunître, qui a beaucoup de rapport avec celui de la Colombe. Il supporte un grès quar(zeux, comme nous en avons déjà rencontré sur une grande partie des hauteurs où domine ce poudingue phylladique (conglomérat porphyrique). En suivant le littoral, depuis Agon à Lessay, nous ne retrouvons le poudingue phylladique que sur un seul point, à Anneville-en-Mer, au hameau de la Buissonnière. Il est placé en ce lieu comme point de repaire qui doit relier les arkoses, métaxites et poudingues des cantons de Lessay et de La-Haye-du-Puits aux poudingues phylla- diques du Sud de Coutances. Au-dessus du poudingue, le grès quartzeux, gris-blanchâtre, prend la texture à grain fin et même écailleuse (quartzite). Ici, comme à la lande d’Orval, il est parsemé de petits points noirs, roses, etc., qui appartiennent à diverses variétés de quartz. On le voit encore à la carrière de la Vasserie ou Vannerie, sur la commune de Gouville, et au rocher Senequet, sur lequel est élevé le phare. 56 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE Les arkoses, les grès et poudingues disparaissent pendant l’espace de quatre kilomètres à peu près, pour se montrer de nouveau dans la lande de Lessay et sur les communes de Pirou, Lafeuillie, Vaudrimesnil, Périers, Millières, Créances, Lessay, Saint-Germain-sur-Ay, Saint- Patrice-de-Claids, Gonfreville, Gorges, Saint-Germain- la-Campagne, Laune, Vesly, Angoville-sur-Ay, Brette- ville-sur-Ay, Mobec, Lastelle, Saint-Jores, Lithaire, La-Haye-du-Puits et Montgardon. Ces différentes roches sont absolument les mêmes que celles de la Hague et du Val-de-Saire. Elles sont ou rougeâtres ou grisâtres; ou gris-blanchâtres ou verdätres, quartzeuses et quelquefois micacées. Dans ce dernier cas, elles deviennent schis- toïdes, spécialement quand le mica se trouve en abon- dance entre les lits. Les grès contiennent peu de feldspath; les poudingues, au contraire, en offrent davantage, particulièrement à leur point de contact avec les arkoses. Les maisons des bourgs de Périers, Lessay et La-Haye- du-Puits sont en partie construites avec ces roches qui commencent à se montrer à cinq cents mètres à l'Ouest du premier de ces bourgs. Dans les environs de Périers, à Beaumarais, route de Gorges, le grès est rougeûtre ; au Grandbois, près de Millières, il est rouge ou brunûtre poudingique, laissant apercevoir quelques débris de phyllade, ce qui le rapprocherait du grès phylladique de Coutances ; aux Ruaux, il est rougeûtre ; à Regneville (village de Lessay), près de Vesly, à Mathan et à la lande des Fèves, nous trouvons des métaxites de nuances et de grain très variés. Nous avons remarqué à Marigny (hameau de Lessay), dansune carrière à droite sur laroute de La-Haye-du-Puits, un métaxite peu feldspathique, à grain fin, que l’on peut suivre jusqu'au village de la Pirouerie , en traversant le DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 57 petit bois taillis qui est au Sud de la carrière. Cette roche est jaunâtre et très solide, cependant elle s’égrène quelquefois assez facilement à la partie supérieure qui est en contact avec les argiles. Peu à peu, elle perd sa nuance jaunätre, pour prendre, à quelques décimètres de profondeur, la teinte blanc-grisâtre ; plus avant, elle devient très blanche et passe à un métaxite à grain fin, coupé sur plusieurs points par de petits filets de quartz calcédonieux. Il existe, au milieu de ce métaxite, un très fort filon de quartz blanc-grisätre et blanc-bleuâtre à apparence noduleuse à la surface du sol. Ce filon s’est injecté dans la roche, sous forme de couches qui lui donnent l'aspect d’un grès compacte. Avec un peu d'attention, on voit qu'il a dérangé les lits du métaxite en les rejetant dans différentes directions qui ne sont nullement en rapport avee celles qu'il affecte lui-même. fer sulfuré et le feldspath décomposé qui tapissent ses fissures et que l’on voit quelquefois dans ses parties les plus compactes, lui donnent une grande ressemblance avec celui des talcites de Cherbourg. Les divers filons de quartz que nous avons rencontrés jusqu'à ce moment, ont précédé la formation des pou- dingues et grès phylladiques et des poudingues et grès quartzeux, puisque ces roches sont composées, presque entièrement, de morceaux plus ou moins volumineux arrachés à ces filons. Si ce quartz a soulevé quelquefois, comme ici, les métaxites , ce ne peut être qu'après leur entière consolidation, et à la suite du redressement du filon lui-même, redressement occasionné par l'apparition de quelques roches de fusion, la fraidronite,par exemple, qui est très commune dans le pays que nous étudions. Au village du Buisson , sur Créances , le grès est rou- geâtre-micacé; à Pirou, il est parfois pyritifére; ailleurs, 58 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE il est représenté par un métaxite blanc-rosé, très peu feldspathique. Sur le littoral de Saint-Germain-sur-Ay, les grès sont grisâtres, brun-verdâtre, rouges, micacés, schistoïdes en grand et résonnant sous le coup du marteau. Ils alternent avec quelques couches de phyl- lades de mêmes nuances, et présentent quelquefois dans leurs fissures du quartz blanc rayonné , recouvert d’une couche d'oxyde de fer. Il n’est pas rare de voir sur ces grès, ou alternant avec eux, des grès blanchâtres ou bariolés de gris, de vert, de rouge, etc., associés à des argiles de mêmes couleurs. L’oxide rouge de fer est très abondant dans les grès qui forment une échancrure sur le bord du rivage, à l'endroit où est le vieux Corps-de- Garde; aussi, chaque fois que la mer montante frappe ces roches de ses vagues, même par le temps le plus calme, ses eaux prennent une teinte rouge, qu'elles conservent dans un rayon de près de cent mètres. Si nous suivons le chemin qui, du carrefour des Cinq-Étrilles (13500 mètres Quest de Périers) conduit à Saint-Jores, nous arriverons à une lande appartenant aux deux communes de Saint-Patrice-de-Claids et Gonfréville. Son sol est composé d’arkoses, de brèches, de poudingues et de grès identiquement les mêmes que ceux de Cavigny, d’Esglandes, etc., renfermant les uns et les autres du sulfate de baryte soit fibreux soit lamel- laire. À Angoville-sur-Ay, au village de Bot ( carrière Gossin), l’arkose est grisâtre tirant sur le verdâtre. Mobec nous présente la même arkose de nuances gri- sâtre, rougeûtre et quelquefois verdätre, à grain ordi- naire, devenant poudingique à la carrière de la lande Berville. Insensiblement elle perd son feldspath et passe à un poudingue dont les éléments constituants, de la grosseur d’une noix, appartiennent à des quartz DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 2 blanc, rose, bleuâtre, noirâtre, à des arkoses blanc- jaunâtre et à des grès blanchâtres réunis par un ciment de métaxite, très pauvre en feldspath. Lorsque le poudingue ne contient plus de feldspath, les parties qui le composent sont reliées par une pâte siliceuse d’un vert pomme. À ces diverses roches l’on voit succéder les grès gris-blanchâtre de Montmartin-sur-Mer et d'Omonville-Hague. A la carrière Lenoir, en face de l’église de Mobeec, nous avons trouvé, dans l’arkose, du sulfate de baryte, de nuance bleuâtre, différente de celle que ce minéral possède dans les gisements où nous l'avons déjà ren- contré. On voit à Gorges (village de la Villette), et sur une petite portion de la commune de Saint-Jores, des méta- xites qui alternent avec des phyllades tendres, rougei- tres et pailletés qui plongent au S.-0. par 30°. A l'Ouest de l’église de Montgardon, reparaït le grès blanc-sale, à grain fin, ou blanc-grisätre avec quelques petites parcelles de mica; à la Surellerie-de-Haut, les grès sont inférieurs aux précédents ; leur nuance est le brunâtre, le brun-rougeâtre etc., et leur pâte est par- semée de quelques écailles de mica et d’une grande quantité de grains de feldspath passé au kaolin, ce qui les fait rentrer dans la série des métaxites. La fraidro- nite s’est introduite, dans une direction du N. au S$., entre les strates de ces roches, sans que la direction des phyllades et des grès en ait ressenti le moindre effet. Le métaxite, comme nous l'avons vu (page 56), fait une halte au village de la Pirouerie, en partant de la carrière de Marigny. Passé ce village, il cesse de paraître jusqu'au hameau de Laville, commune de Lithaire. Toute la 60 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE distance que l’on parcourt sur Vesly et Gerville ne nous présente plus que des phyllades grisâtres alternant avec des grauwackes verdâtres, schistoïdes, micacées, ou brunâtres privées de mica. Ce n’est qu'au hameau de Laville que nous retrouvons le métaxite en superposition sur le poudingue phylladique analogue à celui des envi- rons de Coutances. Ce poudingue est brun-rougeûtre et formé de fragments de phyllades brunâtres, de quartz variés, de blanchâtre, de bleuätre, de grauwacke, de feldspath et de leptynolite bleuâtre à grain fin. Il prend la direction de Mobec où il passe à l'arkose, au méta- xite, au poudingue et au grès. En descendant le hameau de Laville, nous arrivons au bas de la rue des Fontaines où le métaxite perd presque tout son feldspath pour devenir un grès grossier rougeûtre ; le grain devient plus fin et la nuance rou- geâtre se trouve remplacée par une teinte d'un gris- foncé. Au pied du vieux château, le grès est d’un gris- bleuâtre et arrive à la texture poudingique. Il renferme des fragments arrondis ou oblongs de phyllades noirà- tres, non micacés, de la grosseur d'une petite noisette, mêlés aux débris de quartz gris-bleuâtre qui le compo- sent, La texture de ce grès est très serrée et même presque compacte, ce qui n'empêche pas cependant de discerner sur plusieurs points les grains quartzeux qui le constituent. Ce grès se retrouve à Cérisy-la-Salle, à Saussey, à Ouville, à Saint-Germain-sur-Ay, près du corps-de- garde, etc. Ce dernier est grenu et ne prend point la texture compacte ; il est aussi très micacé, schistoïde et repose sur les grès et métaxites de cette localité. Tous ces grès sont identiquement les mêmes que celui de Montcastre et occupent la même position géognostique. DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. GI ls appartiennent au terrain cumbrien et doivent être pla- cés immédiatement sous le grès à Tigullites Dufresnoyi. ‘La preuve la plus évidente que nous pouvons en donner se laisse lire au mont de Besneville où existe ce grès gris-bleuâtre, identiquement le même que celui de Montcastre. Voici l’ordre de superposition que nous avons reconnu à la montagne de Besneville dont l’alti- tude au-dessus du niveau de la mer est de 121 mètres : La partie la plus inférieure, au delà de laquelle aucune exploration n'a été faite, nous offre une espèce d'argile noirâtre, feuilletée, tendre, onctueuse, peu micacée, alternant à la partie supérieure avec des phyllades de même nuance, légèrement écrivants et à paillettes d’une plus grande dimension. Le phyllade alterne lui-même avec un grès assez solide, noirâtre, ayant l’un et l’autre un centimètre au plus d'épaisseur. Le grès finit par prédominer et se présente, sans mica bien apparent, avec une puissance qui ne dépasse pas un mètre. Alors ce grès gris-bleuätre passe sans transition sensible au grès silurien gris-blanchâtre. Le trait-d’union qui lie les deux nuances aussi bien que les deux grès est indiscer- nable, tant les grains et les teintes sont délicatement fondus. Il en résulte que lon ignore absolument où commence le grès silurien et où se termine le grès cumbrien. Les fossiles que nous trouvons dans les lits du grès gris-blanchätre peuvent seuls nous dire que nous sommes en présence du grès silurien ; d’ailleurs la discordance de stratification est insaisissable et ne peut nous venir en aide. Le grès gris-bleuâtre et le phyllade blanchissent au chalumeau sans que les paillettes ou lamelles contenues dans les deux roches éprouvent la moindre altération. Ces paillettes doivent appartenir au tale ou au graphite, 62 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE minéraux dont le premier a précédé la formation du cumbrien et le second est de la même époque. Le plongement de ces roches à Lithaire est à peu près vers le N. 10 à 15° E. Celles de Marigny inclinent vers le N. 25° O. Elles ont les unes et les autres une inclinason de 60 à 80°. La plupart des grès qui surmontent les poudingues soit à Hyenville, soit à Montmartin, etc., etc., présen- tent une particularité que nous ne rencontrons pas aussi fréquemment dans le Nord de notre département : c’est leur disposition habituelle en lignes parallèles, très souvent ondulées. Les couches du système cumbrien sont très irrégu- lières et varient, presque à chaque pas, dans leur direc- tion et leur pendement. Leur position est tantôt hori- zontale, tantôt verticale, oscillant plus ou moins entre ces deux termes, et se succédant avec des inclinaisons différentes. Leur surface est souvent unie et quelquefois arquée et même ondulée, d’où résultent des accidents de direc- tion et d'inclinaison, qui n’ont aucun rapport avec les direction et inclinaison générales. Toutes ces irrégularités proviennent de la grande quantité de filons de quartz variés et de roches éruptives, qui ont affecté la position primitive des phyllade et grauwacke. Après la formation de ces roches, il y a eu de grandes destructions, ce qu'attestent les poudingues et grès phylladiques, qui forment une ceinture soit autour des roches chloriteuses, soit autour de la grau- wacke, soit enfin autour des roches granitoîdes. Les nouveaux dépôts se sont accommodés à la pente qui leur était offerte et ont pu prendre ainsi une infinité de positions différentes. Si à cette circonstance bien natu- DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 63 relle nous ajoutons l’éruption de nouveaux filons de roches éruptives et de quartz blanc laiteux qui se sont injectés tantôt entre les lits sous forme de couches parallèles, tantôt les ont traversés perpendiculairement ou obliquemert, à des époques d'intermittence, sur cer- tains points et non sur d’autres, nous comprendrons aisément les différences si variées de direction et d’incli- naison de ces roches. Ces diverses couches obéissent cependant à une direction dominante qui est à peu près E. 20°. N. avec inclinaison de 40 à 65 et même 75° au N. 14 à 16°0 ; ou bien au S. 14 à 16° E. Effectivement, ces directions et inclinaisons ont été trouvées à Cherbourg, à Equeurdre- ville, sur la côte de la Hague, à St-James, à St-Lo, à Granville, à Carteret, à La Pernelle, à Bahais, etc. Cependant, on en reconnaît d’autres à Saint-Patrice-de- Claids, à la lande de Lessay, à Couville, etc., mais ces exceptions n'empêchent pas la constance générale des directions et inclinaisons E.-N. à O.-S. et N.-0. ou S.-E. Il existe aussi des anomalies dans la stratification con- cordante de quelques-unes des couches de ce terrain, spécialement à l'entrée du village de la Feuillie, au sortir de la lande de Lessay, et à La Pernelle côté S.-0. où nous avons vu les arkoses reposer sur les phyllades en stratification discordante. La coloration en rouge, en brun-rougeâtre, en vio- lâtre, en grisâtre, et même en verdâtre qui constitue un des traits les plus saillants du poudingue phylladique, résulte de l'apparition, à cette époque, de sources ferru- gineuses, dont les principes ont imprégné les eaux cum- briennes. Au moyen de ces eaux, qui leur servaient de véhicule, les oxydes ont pénétré dans les roches, à des profondeurs variables, en raison du degré de texture 6% ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE plus ou moins lâche, plus ou moins serré qu'elles pré- sentaient. Dans le premier cas, les infiltrations métal- liques avaientlieu assez profondément; dans le deuxième, les oxydes n'avaient d'effet que sur les surfaces exté- rieures des roches qu'elles coloraient en suivant les fentes, cassures et joints de stratification. Ils n’ont point toujours agi uniformément sur les roches soumises à leur influence. Ainsi quelques-unes réunissent sur un grand espace une teinte quelconque unicolore ; d’autres offrent, au milieu de cette teinte, des macules ou d’un gris- cendré, ou de jaunâtres ou de rougeûtres, ou de blanc- grisâtres ou de verdâtres, etc., de sorte que l’on a des nuances soit unies, soit bigarrées ; quelquefois les parti- cules métalliques sont en si grand nombre que la surface du poudingue est d’un gris d'acier foncé (Troisgots). Nous avons remarqué, dans les différentes localités que nous avons parcourues, que les arkoses, métaxites, grès et poudingues soit quartzeux, soit phylladiques, se trouvent presque toujours sur les phyllades en stratifi- cation concordante. Ce fait est évident; mais nous ne pensons pas que les phyllades inférieurs soient tout-à-fait les mêmes que ceux qui reposent immédiatement sur la première assise des roches clastiques. Nous regardons ces derniers comme phyllades remaniés. Les éléments qui les composent ont été enlevés, par les flots d'une mer très agitée, aux phyllades inférieurs auxquels se sont réunies des parties très atténuées provenant de la démolition des roches quartzeuses, feldspathiques et talqueuses dont les débris longtemps roulés au fond des eaux ont donné naissance à de nouvelles roches. Les éléments très légers étaient tenus en suspension dans les eaux de la mer, tandis qu'elle déposait la première couche des roches clastiques sur les phyllades, en fai- DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 6 sant pénétrer quelquefois dans leur pâte ramollie quel- ques-uns de leurs galets. Pendant quelques moments de calme , la mer laissa tomber , sur cette première assise, la matière qui devait former les phyllades remaniés. Ensuite sont venues se superposer sur ces derniers, les masses puissantes d’arkose, de grès et de poudingues quartzeux et phylladique. Nous trouvons, en effet, dans ces phyllades, des grains très fins et même de la grosseur d’un grain de raisin, d’un quartz bleu-noirâtre, qui est en filon ou en petits lits, dans les phyllades inférieurs. Les roches conglomérées, dont il est ici question, contiennent aussi de gros et même très volumineux fragments du même quartz, comme nous l'avons vu ailleurs. Nous pensons done que les phyllades qui alternent avec les premières couches inférieures clastiques, appartiennent à l'étage de ces dernières et non à l'étage des phyllades et grauwackes. On voit fréquemment , entre les strates des arkoses, poudingues et grès, ou sur ces mêmes roches, des lits ou amas tantôt d'une argile onctueuse et de nuances diverses, tantôt d'un phyllade ou grisâtre ou noirâtre , souvent pailleté, doux au toucher, qui, quelquefois, prend une certaine puissance , comme nous avons pu le remarquer au mont de Besneville. Les grès et poudingues de Montfort, d'Orgère, de Pont-Réan, etc. (en Bretagne), et ceux qui, partant de Falaise passent par les bruyères de Clécy pour aller s'éteindre à Montmartin-sur-Mer et à la pointe de Gran- ville, appartiennent à l'étage de nos poudingues phylla- diques, et non ausilurien comme le veulent MM. Dufré- noy (1) et Marie Rouault (2). (4) Page 180 de l'explication de la carte géologique de France. (2) Page 726 du bulletin de la Société géologique de France, tome VIT, 2me série, année 1850. e À 66 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE Ce terrain ne nous à donné jusqu'ici aucun débris organique animal. Cependant, M. de Caumont cite des Strophomènes dans les grès de Montabot et de Perey (1). Ces fossiles se trouvent très probablement dans un terrain plus récent, dans des grès identiques à ceux que nous avons découverts à Roncey et au Mesnil-Aubert, et dans lesquels nous avons recueilli des Orthocères, des frag- ments d’'Encrines, etc. (2); c’est ce que nous nous pro- posons d’éclaircir, en décrivant le terrain silurien. Quoi qu’il en soit nous ne désespérons pas de rencon- trer un jour, dans notre terrain eumbrien, quelques restes de la faune primordiale, d'autant mieux que dans plusieurs contrées du globe on trouve des fossiles dans (4) Page 272 de la Société Linnéenne de Normandie, 6e volume, année 1838, M. de Caumont parle encore de térébra- tules et d’encrines dans le calcaire de la Meauffe, lors de ses excursions géologiques en 182% (Mém. de la Soc. Linn. de Normandie) : « A la Meauffe, Cavigny, Bahaiïs, on trouve un calcaire noir de transition... La roche est très dure à Bahais, et ne contient que des térébratules el des encrines ; tandis qu’elle présente un grand nombre d’autres fossiles à Néhou, Coutances, ete. » Il est évident que M. de Caumont confondait ensemble ces divers calcaires qui appartiennent à différentes époques géologiques. Il y a eu erreur dans la classification des fossiles. M. Dufrénoy, page 213 de l’explication de la carte géologique de France, cite aussi des entroques dans le calcaire de la Meauffe. Plusieurs géologues font la même citation, d’après M. de Caumont. Un géologue, chargé de l’exploitation du calcaire de Bahaïis, pendant plusieurs années, a fait, sur notre recommandation et dans l'intérêt de la science, de vaines recherches pour déeou- vrir des restes organiques dans le calcaire des communes que nous venons d'indiquer. (2) On n'avait point encore trouvé de fossiles dans ces localités. DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 67 des couches de plus en plus anciennes dont quelques unes appartiennent à ce terrain. Aussi, sinous en croyons la plupart des géologues, ce serait dans le terrain de cette époque qu’auraient apparu les premiers germes de la vie. D'où viennent ces germes ? Nous l'avons déjà vu : les apparitions successives et spontanées des êtres sont le résultat de germes restés, depuis le principe des choses, sans manifestation extérieure, qui n'attendaient et n’attendent encore, pour arriver au jour, que l'instant favorable qui leur est fatalement imposé (1). En effet tout est combiné dans la nature de manière que chaque être, en venant prendre sa place au soleil, à l'heure indiquée, trouve, dans le milieu où il doit vivre, des moyens d'existence appropriés à ses besoins. Si nous ne retrouvons point dans le terrain cumbrien de notre presqu'ile, ainsi que nous l'avons dit, des vestiges fossiles de ces premiers animaux, nous y dé- couvrons des traces d’anthracite, substance charbon- neuse à laquelle il est difficile de refuser une origine végétale. Plusieurs filons de quartz noir recouverts de légères couches de ce combustible qu'ils ont rapportés, en arrivant à la surface du soi, après avoir traversé l'étage des phyllades et grauwackes, sont des témoi- gnages non équivoques de la présence de petits amas d’anthracite dans nos premiers dépôts sédimentaires. Nous pensons donc que, si le terrain cumbrien de notre presqu'ile n’a point vu l’éclosion des premiers globules de la vie animale, il a senti son cœur palpiter au moment suprême où les premiers germes de la flore (4) Voir page 23 de notre introduction à l'Essai géologique de la Manche. 68 ESSAI GÉOLOGIQUE. primordiale se sont épanouis sur son sein encore ense- veli sous les flots d’une mer universellement répandue sur tout le globe; mais dont la surface était parsemée d’un grand nombre d'iles de peu d’étendue qui n’of- fräient que de petites éminences, faibles représentants de ces fameux pics des monts de l'Himalaya et de tant d’autres montagnes qui devaient un jour porter leur tête altière jusque dans les régions où se forment les neiges. Les débris végétaux et animaux assez rares de cette époque seraient tous marins et auraient appartenu à des individus de la plus simple organisation, aux cryptoga- mes, aux zoophytes et aux mollusques. Ils seraient représentés chez nous jusqu'à ce jour par les quelques traces d’anthracite que nous avons remar- quées sur des filons de quartz noir. Nora. — En terminant la description de ce terrain, nous nous sommes aperçu que nous avions omis d’indi- quer ses divisions en étages; nous dirons donc, pour ré- parer cette omission, qu’il se divise, dans la Manche, en deux étages : L'un inférieur, étage des phyllades et grauwackes ; L'autre supérieur, étage des anagénites, poudingues et grès variés. Ce dernier est désigné sous le nom de grès pourprés ou grès rouges par M. P.Dalimier dans son intéressant travail sur la stratigraphie des terrains primaires de la Manche. ERRATUM : Page 34, au lieu de Chausey, lire Chansey. SUR LES BRACTÉES DES MARCGRAVIÉES, Par MM. J. E. PLANCHON et J. TRIANA, Membres correspondants de la Société. = — Les Marcgraviacées des auteurs n'étant pour nous, comme pour MM. Bentham et J. D. Hooker, qu'une tribu des Ternstræœmiacées, c’est sous le nom de Marc- graviées qu'il en sera question dans cette note. L'eupho- nie gagnera heureusement à la suppression de cette désinence acées qu'un amour excessif de l’uniformité logique a fait étendre à tous les noms de familles. Bien que rattachées intimement aux Ternstrœmiés par notre nouveau genre Pelliceria, les Marcgraviées n'en forment pas moins un petit groupe très naturel et très nettement caractérisé. Confinées dans les régions inter- tropicales de l'Amérique, elles comprennent trois genres que nous allons d’abord définir par leurs traits différentiels. Ce sont : 1° Les Marcgravia de Plumier, à feuilles distiques ; à fleurs rapprochées en fausse ombelle ; à bractées en capuchon, adnées à des pédicelles plus ou moins stériles ; à calice tétramère ; à corolle calyptriforme, tout d’une pièce par la soudure de ses quatre pétales. 2° Les Norantea d'Aublet, à feuilles insérées suivant la spire 2/5 (bien que parfois distiques par la direc- tion); à fleurs disposées en grappes ou en épis; à bractées de forme variée (souvent cucullée), toujours insérées sur un point de la longueur du pédicelle 70 SUR LES BRACTÉES (jamais au contact du calice, à moins que la fleur ne soit sessile) ; à calice et corolle pentamères, celle-ci toujours formée de pétales plus ou moins libres, au moins par leurs pointes. 3° Les Ruyschia de Jacquin, quitouchent aux Noran- tea par les feuilles, l’inflorescence, les formes variées des bractées, le calice et la corolle pentamères, et qui s'en distinguent à peine par le nombre défini des étamines (5) et la position de la bractée toujours au contact même du calice. Supprimant à dessein toute autre remarque de struc- ture ou d’affinités, c’est à l'étude exclusive des bractées que sera consacrée cete notice. Ces organes, en effet, bien que plusieurs fois étudiés, peuvent fournir matière à d’intéressantes observations anatomiques et morpho- logiques. Nous allons donc les considérer successive- ment au point de vue de la position, de la direction, de la forme, de la signification morphologique, de la structure interne, du rôle physiologique, enfin de leur importance relative pour la classification. 1° Position. Dans une inflorescence à deux degrés telle que la grappe, l’épi ou l’ombelle simple, la place normale des bractées, appendices de premier ordre, est sur le rachis ou axe primaire; celle des bractéoles, appendices de deuxième ordre, sur le pédicelle. Les Marcgraviées présentent dans leurs bractées ordinaires une exception à cette règle : car ces organes, au lieu de naître directement de l’axe primaire, semblent se détacher du pédicelle à des distances variables de sa base (Norantea), quelquefois même (Ruyschia) à son extrémité, c’est-à-dire au contact immédiat des bractéoles ealicinales et du calice qu’elles embrassent. Quant aux bractées des Marcgravra, elles manquent absolument DES MARCGRAVIÉES. 71 aux pédicelles fertiles, mais se confondent par une soudure longitudinale avee des pédicelles particuliers que termine souvent une fleur atrophiée, plus rarement une fleur à peu près normale et, dans ce cas, stipitée. Comment expliquer cette anomalie morphologique ? Faut-il croire qu’en réalité la bractée nait du pédicelle, comme les deux bractéoles latérales qui lui sont super- posées ? Ici les apparences disent oui, mais les analogies disent non, et quelques faits, peut-être accidentels, donnent raison à la logique contre l'apparence. De ces faits voici d’abord le plus concluant. Une espèce nouvelle de Norantea de la Nouvelle-Grenade que nous avons appelée mixta présente deux sortes de bractées. Les unes, tout-à-fait au bas de la grappe, reproduisent en petit la forme des feuilles, avec un limbe tout-à-fait plan : celles-là s’insèrent directement sur le rachis : les autres, creusées en capuchon, sem- blent naître du pédicelle, plus ou moins loin de sa base (environ vers le quart de sa longueur). Mais, entre ces états extrêmes qui répondent le premier au type ordi- naire des bractées en général et l’autre au type habituel des bractées particulières des Maregraviées, entre ces états s’interposent des nuances qui, pour la forme, comme pour la position, tendent à les relier l’un à l'autre. Telle bractée, par exemple, encore plane dans son limbe, mais tendant à se boursoufler en fossettes, présente entre son point d'insertion apparente sur Île pédicelle et son point réel d’origine sur le rachis, une côte saillante limitée par deux sillons latéraux et qui manifeste clairement une soudure congéniale entre l’appendice et l'axe. Plus on s'approche du bas de la grappe, plus la distinction est claire entre les deux organes connes : plus l’on s'élève et plus s'effacent les 72 SUR LES BRACTÉES signes extérieurs de cettesoudure, plus devienteomplète, même au point de vue anatomique, la fusion eatre l’axe de deuxième ordre (pédicelle) et l'appendice du rachis (bractée). Ici donc, l'anatomie seule ne suffirait pas pour expliquer les faits apparents. Elle pourrait même en masquer les vrais caractères, si l’induciion compa- rative ne montrait tous les degrés de transition entre des états au premier abord incompatibles. Si des nuances graduées d’un même organe chez une seule et même espèce, nous passons à son étude com- parée chez des plantes différentes, l'explication pourra devenir à la fois plus claire et plus générale. La soudure d’une bractée avec l'axe de second degré qu'elle sous-tend n’est pas un phénomène rare chez les cymes dites unipares ou bipares. Paver en a donné de très beaux exemples dans uu des chapitres bien faits de ses Éléments de botanique (Sedum album, 1. c., p. 121, fig. 191 ; Nolana atriplicifolia, p. 120, fig. 190; Sedum oppositifolium, p.118, fig. 188). Dans ces cas, de même que chez les Maregraviées, l'effet de l’adhé- rence entre l'axe et sa bractée axillante, est de faire naître en apparence la bractée de cet axe du 2"° ordre, au lieu qu’en réalité c’est l'axe qui naît de l’aisselle de la bractée. | Un rapprochement du même genre, mais plus inté- ressant encore, pourrait s'établir à cet égard entre les Maregraviées et les Conifères, s’il était bien prouvé que, chez ces dernières, l’écaille du cône est de natare pé- donculaire comme le pensent MM. Baillon (1) et Parla- tore (2), et non de nature appeudiculaire (ou carpellaire), (1) Observ. bot. 1. p. 6. (2) Comptes-rendus de l'Acad. des Sciences. DES MARCGRAVIÉES. 73 comme le suppose M. Caspary (1). Admettons un instant que l’écaille soit un axe, nous verrons, avec M. Parlatore, sa bractée axillante tantôt libre de toute adhérence avec elle (Pinus, Abies, etc.), tantôt adnée à son dos par une soudure congéniale, dont la trace est plus ou moins évidente (Cryptomeria, Cupressus, etc.). En tout cas, pédoncule ou double feuille carpellaire, ou même ces deux choses à la fois, comme nous penchons à le croire, l’écaille séminifère des Pinus, des Abies, des Cunnin- ghamia, des Araucaria, montre par rapport à sa bractée axillante ces nuances entre la séparation absolue et la connexion partielle que nous avons constatées dans les genres de Marcgraviées. L'absence complète de bractées à la base ou sur la longueur des pédicelles fertiles des Marcgravia n'est pas un fait extraordinaire, si l’on songe aux Crucifères, aux Myosotis, aux Nymphæacées, aux formes les plus répandues de l’'Helianthemum quitatum. Mais, de même que dans ces divers cas, la bractée, habituellement absente, reparaît de loin en loin comme phénomène acei- dentel et presque anormal, de même nous avons vu chez le Marcgravia nervosa, vers la base d’une ombelle lon- guement pédonculée, une bractée foliiforme, à limbe presque plan, naître directement de l'axe primaire, sans avoir néanmoins dans son aisselle un pédicelle développé. 2° Forme. Rien de plus étrange à cet égard, rien de plus varié que les bractées des Marcgraviées. Très rarement presque planes ou tout au plus concaves à leur face inférieure (Ruyschia clusiaefolia Jacq., Norantea Jussiæi Nob., Norantea anomala UBK., Norantea (1) De Abietin. fl. fem. structura morphol., in-4°, 1861. 7h SUR LES BRACTÉES mixta Nob., quant aux bractées inférieures); tantôt en forme de sac largement ouvert (Norantea brasiliensis Choisy) ou pourvu d’un orifice étroit (Norantea goya- zensis À. S. H. et Cambess., Norantea japurensis Mart., etc.) ; tantôt comme un chapeau à forme conique el à larges bords (Ruyschia pilophora Nob.) ; présen- tant toutes les nuances entre un capuchon, une amphore renversée (Marcgravia); simulant le labelle de certains Cypripedium, ou le casque de l'Aconit ou l’éperon de diverses Orchidées (Orchis, Platanthera): dans ce der- nier cas il présente souvent comme appendices de sa partie creuse deux sortes de bras ou si l'on veut de jambes étroites qui semblent chevaucher sur le pédi- celle, et font donner à quelques espèces de Ruyschia le nom pittoresque de Caballitos (petits cavaliers). Mais, ces formes, par leur multiplicité même, échappent à toute description rigoureuse, et nous ne les signalons en passant que comme une introduction à l'étude de la structure et de la signification de leurs éléments mor- phologiques. 3° Direction. Chez les Norantea, type dont les brac- tées sont le plus variées pour la forme, la direction de ces organes est également très diverse : tantôt ascen- dante, tantôt plus ou moins horizontale, d’autres fois réfléchie de telle sorte que, lorsque la bractée est creuse, son orifice regarde vers le haut. Chez les Warcgravia, au contraire, l’orifice du capuchon ou cornet regarde toujours en bas et sa cavité redressée est parallèle au pédicelle. Or, la seule différence qui se présente à cet égard entre les capuchons des Marcgravia et ceux de notre Norantea mixta, c'est que les premiers adhè- rent complètement au pédicelle dans le sens de leur longueur, tandis que les seconds, redressés mais non DES MARCGRAVIÉES. 75 adnés, ne tiennent au pédicelle que par un point limité de leur orifice. Par ces exemples s'établit l’analogie entre les bractées des deux types Norantea et Marc- gravia, analogie que va mettre mieux en lumière l'étude de leurs éléments constitutifs. 4° Constitution morphologique. Depuis A.-L. de Jussieu jusqu'aux auteurs les plus récents, personne n’a mis en doute que les organes dont il est ici question ne répondent à des bractées. L’évidence même des faits imposait cette conclusion. Ce que l’on a moins compris, c'est par quelle série de modifications graduées se fait le passage d’une bractée à peu près plane, comme celle du Ruyschia clusiæfolia, à la bractée en capuchon des Marcgravia. Sur ce point, le Norantea mixta va nous faire saisir, en quelque sorte, le secret de ces transfor- mations. Que nous montre, en effet, la grappe (peut-être un peu monstrueuse) de l’exemplaire sur lequel nous avons décrit cette espèce? Dans le bas, quelques bractées lancéolées, directement insérées sur le rachis, en tout semblables aux feuilles, sauf les dimensions. Plus haut, ces mêmes bractées foliiformes, non plus insérées sur le rachis, mais paraissant naître du pédicelle lui-même auquel elles tiennent par une partie adnée, rappelant la décurrence de la côte médiane de certaines feuilles sur la tige: ici la partie adnée semble répondre non au pétiole, mais plutôt au mérithalle inférieur ou tigellaire, dans le sens de Gaudichaud, mérithalle auquel nous rapporterions le coussinet et les décurrences adnées des feuilles, sans adopter, du reste, pour cela, dans tout son ensemble, la théorie des phytons. Quant au limbe de ces bractées, quatre fossettes à fond glanduleux s’y dessinent en creux sur la face inférieure, des deux côtés de la nervure médiane , et ces fossettes, reproduites en 76 SUR LES BRACTÉES relief sur la face supérieure, sont le premier degré de transformation d’un organe plan en organe creux. Plus haut, en effet, un capuchon à cavité largement cylin- droïde a remplacé la bractée foliiforme, et le fond légèrement bilobé du capuchon répond à deux des fosseties signalées, tandis que les deux autres forment parfois sur le capuchon principal un petit lobule acces- soire légèrement bilobé. La transformation de la bractée plane en bractée con- cave s’est donc faite par la boursouflure ou le creu- sement du disque de l'organe et non, comme l’a cru Aug. de S'-Hilaire (1), par soudure des bords rapprochés: les bords eux-mêmes, restés parfaitement libres, consti tuent le pourtour, souvent évasé, de l’orifice, et, si le limbe s’est creusé, c’est que le développement du disque ou portion centrale de la feuille a dépassé de beaucoup celui de la portion marginale. Ainsi s'applique, une fois de plus, cette loi de l'inégalité d'évolution qui rend compte de l’anatropie des ovules, des saillies carpellaires chez les fruits dits gynobasiques, de la formation du canal stylaire et du stigmate comme seule trace de l'ouverture que présentait à l’état naissant chaque feuille carpellaire isolée ou chaque verticille de carpelles soudés en fruit, bref, une foule de métamorphoses orga- nogéniques dans lesquelles on faisait intervenir, sans raison, la commode théorie des soudures. L'observation qui précède, fondée il est vrai sur l'unique inflorescence (peut-être anormale) d’une seule espèce, n'a pas une valeur simplement individuelle. Elle est confirmée, en effet, par l’étude de toutes les gra- dations normales que présente à cet égard la série entière (1) Flora Bras, mer. FE. 313, et Morphol. végét. p. 198. DES MARCGRAVIÉES. Girh des genreset espèces de Maregraviées.Chezles Norantea, par exemple, tous les degrés de creusement nous con- duiraient de la bractée ovale et simplement en fossette du Norantea anomala au sac oblong et presque fermé du Norantea papurensis. Nous y verrions également tous les passages entre l’état sessile et l'existence d’un pédi- cule plus ou moins long, plus ou moins grêle, servant à suspendre le corps utriculaire ou sacciforme de l'organe. Mais, cette étude, toute de détail, ne ferait que répéter ce qu’une seule plante a pu nous apprendre. Chez les Ruyschia du type Souroubea, la position équitante des bractées et leur forme des plus bizarres appellent quelques explications particulières. On a décrit parfois ces bractées comme ayant trois lobes, dont un médian en forme d’éperon, les deux autres latéraux , en forme de bras, de jambes ou d'oreilles. La vérité, c’est que le prétendu lobe médian répond à la partie centrale du limbe de la bractée : il ressemble à cet égard à l'éperon de la corolle des violettes, du labelle des Orchis, du calice des Tropæolum que personne ne songe à décrire comme des lobes : quant aux appendices brachiitormes, ce sont des expansions transversales du limbe de la bractée, dont le sommet organique à peine marqué occupe un point du bord inférieur de l'orifice de l’éperon. Reste à comprendre les bractées les plus complexes de toutes, celles des Marcgravia. Ici, par un des nom- breux exemples de la loi dite du balancement, ces organes, absents des pédicelles franchement fertiles, ne paraissent que sur des pédicelles à fleur rudimentaire ou très rarement développée. Placés au sommet et dans le centre même de l’ombelle simple (grappe contractée), ils rappellent les bractées également terminales, égale- 78 SUR LES BRACTÉES ment hypertrophiées aux dépens des fleurs, de l'Ananas et de l'Eucomis. Atténuées le plus souvent en un pédi- eule où stipes qui renferme à la fois les éléments con- fondus d’un pédicelle et du mérithalle inférieur de l'appendice bractéal, elles présentent un corps plus ou moins ventru, quelquefois en forme d’amphore ren- versée, dont l’orifice, un peu oblique, tourné en bas et en dehors, s’évase fréquemment en un limbe cireu- laire, relevé parfois en une courte languette. Sur la ligne médiane du corps renflé, du côté qui regarde l'axe idéalement prolongé de l’ombelle, une forte saillie en forme de côte représente le pédicelle congénialement adné. Au sommet de cette côte, un peu au-dessous du fond ou pointe apparente de la bractée, une dépression limitée par deux lèvres latérales (bractéoles) cache un rudiment de fleur, qui, parfois, devenu plus apparent, passe à l’état de fleur fertile et pédicellée. C'est ce qu'avait très bien vu Jacquin, lorsqu'il décrivait comme il suit l’inflorescence de son Marcgravia umbellata (Marcgraviarectiflora var. Jacquini Nob.) : Pedunculi proprit centrales instruuntur corporibus utricularibus, nunc floriferi, nunc steriles. Jussieu qui connaissait ces faits (d'après Jacquin et d’après L. C. Richard) essaya d’en saisir le sens réel, et d’assigner à la bractée et au pédicelle leurs limites respectives. Remarquant aux deux côtés de la côte pédicellaire deux petites lignes saillantes qu'il prit pour des traces de sutures, il crut voir dans le capuchon ou cornet des Marcgravia une bractée réfléchie, roulée en cylindre et soudée par ses bords avec le pédicelle qui s'étend sur sa longueur. D'après cette idée la base vraie de la bractée serait près son sommet apparent, c'est-à-dire à l'extrémité même du pédicelle, où se loge un rudiment de fleur : hypothèse DES MARCGRAVIÉES. 79 séduisante qui s'approche, selon nous, de la solution du problème, et que nous aurions acceptée peut-être, si le Norantea mixta ne revenait, cette fois, jeter un jour nouveau sur le sujet. Qu'on se rappelle les capuchons de cette espèce, redressés sur leur pédieelle et tournant en bas leur orifice. Que leur manque-t-il pour être pareils aux capuchons des Marcgravia ? Une seule condition : celle d'adhérer au pédicelle par leur ligne médiane, interne. Or, ces rapports que l'esprit concoit, la nature semble les avoir réalisés : la possibilité est devenue fait, et la bractée du Marcgravia, au lieu d’avoir sa base organique au sommet du pédicelle, nous semble l'avoir sur le rachis ou l’axe primaire : le pédicule du capuchon comprend à la fois et le pédicelle et le mérithaile pétiolaire (?) de la bractée : le limbe de cette dernière, parcouru par un sillon qui répond à sa nervure médiane, adhère intime- ment au pédicelle par la partie interne de celte nervure repliée; les deux nervules qui se voient parfois aux côtés du pédicelle appartiennent à la bractée dont le sommet organique est placé en avant sur le bord de son orifice. Supposez, par exemple, que la bractée du Tilleul fût creusée en cornet au lieu d’être plane, et qu’elle portât une fleur au lieu de plusieurs, on aurait reproduit la bractée florifère du Marcgravia. Avant d'en finir avec ces organes, nous devons une mention à l'hypothèse avancée par M. Miquel à l’occasion du Marcgravia crassifolia Vahl (M. acuminata Miq.). Ayant méconnu chez les fleurs fertiles de cette espèce les deux bractéoles calicinales que leur petitesse sous- trait aisément à l’observation, l’auteur hollandais a cru pouvoir considérer comme bractées les deux sépales externes (l’un antérieur, l'autre postérieur, par rapport 80 SUR LES BRACTÉES à l'axe), et de cette donnée inexacte combinée avec une étude incomplète des pédicelles stériles, il a tiré la conclusion que la bractée cuculliforme est l'analogue du sépale externe de la fleur fertile, le sépale interne (ou bractée) demeurant atrophié. Or, non seulement les faits repoussent cette explication, mais la logique s'oppose à l'existence de deux bractées primaires, l’une externe ou antérieure (antica), autre interne ou pos- térieure (postica). Ici, comme dans bien d’autres cas, une braciée antérieure est suivie de deux bractéoles latérales. 5° Structure interne. Bien que la distribution des faisceaux fibro-vaseculaires à l'intérieur des axes ne soit pas toujours un indice exact des éléments morpholo- giques qui s'y trouvent combinés, il importe néanmoins de chercher dans cette disposition anatomique des tissus la confirmation des idées auxquelles conduit l'étude extérieure des organes. Distinguer, par exemple, dans le pédicelle en apparence simple des Norantea, des Ruyschia, les éléments d’un axe et d’un appendice (bractée) ; dans la bractée, en apparence autonome, des Marcgravia les traces d’un pédicelle adné, tels sont les problèmes que nous nous sommes posés dès l’abord et dont un petit nombre de types, choisis à dessein, vont nous donner en partie la solution. Et d’abord, chez les Ruyschia, dont la bractée semble naître de l'extrémité même du pédicelle, aucune distinc- tion anatomique tranchée ne marque les limites de l'axe (pédicelle) et de la portion connée de l’appendice (mérithalle inférieur de la bractée). Il y a fusion com- plète entre les organes congénialement soudés et que l’induction morphologique peut seule idéalement séparer. DES MARCGRAVIÉES. 81 Même coalescence originelle et même fusion anatomi- que chez la plupart des Norantea, bien que les bractées dans ce genre ne soient pas soudées avec le pédicelle sur une aussi grande longueur. Mais, déjà, chez le Norantea mixta qui nous a tant servi pour cette étude, une faible séparation se dessine entre les éléments du pédicelle et de la braetée sur la portion de tissu qui s'étend entre le rachis et l'insertion apparente de cette dernière. Encore cette distinction anatomique n’existe- t-elle bien clairement que dans le cas où les bractées montrent au dehors une décurrence marquée sur le pédicelle, décurrence analogue à celle que les feuilles de la même plante produisent sur le rameau, c’est-à-dire sorte de côte saillante, continue à la nervure moyenne de la feuille et limitée sur les côtés par deux légers sillons superficiels. Dans le tissu même, la séparation des éléments fibro-vasculaires du pédicelle véritable et de la portion adnée ou décurrente de la bractée n’est que peu tranchée : elle se manifeste simplement par la forme de l’étui fibro-vasculaire qui parcourt l’axe flori- fère. Au-dessus du point d'insertion apparente de la bractée, cet étui présente une coupe transversale en forme de triangle, avec les côtés en courbe rentrante et les angles émoussés, ces angles étant placés de telle sorte que l’un regarde la ligne interne de l'axe et les autres ses deux côtés. Au-dessous du point d'insertion apparente de la bractée, le triangle en question est devenu une sorte de trèfle de carte, dont le pied court et obtus regarde la ligne externe de l'axe florifère et répond évidemment au corps fibro-vasculaire de la bractée. Il y a donc sur ce point union intime (mais non fusion complète) des principaux éléments anatomiques du pédicelle et de la bractée : mais cette distinction 6 82 SUR LES BRACTÉES n'est pas telle que la moëlle du mérithalle bractéal et celle du pédicelle ne s’unissent l’une à l’autre par une ligne qui, sur la coupe transversale, représente une sorte d’isthme ou d’étranglement. C’est ainsi que dans ie pétiole de la feuille florifère de l'Erythrochiton Hypophyllanthus, Planch. et Lind., les deux moëlles dela côte médiane de la feuille et du pédoncule hypophylle se confondent en un même cylindre par une confluence plus ou moins complète (1). Dans les bractées des Marcgravia, rien n’est plus acile que de constater au dehors, à la simple vue, l'existence d’un pédicelle adné à la ligne interne et médiane du capuchon. Une saillie en forme de côte, la présence très fréquente de petites verrues lenticellaires pareilles à celles des pédicelles libres, le rudiment de fleur et parfois même la fleur complète qui terminent ce pédicelle, tout en met hors de doute l'indépendance morphologique. Anatomiquement, il se distingue aussi de la bractée, mais par des nuances qu'une étude attentive et patiente peut seule réussir à discerner. Et d’abord, dans le pédieule ou stipes où sont mani- festement fusionnées la partie inférieure du pédicelle et la base rétrécie de la bractée, l'anatomie montre trois corps fibro-vaseulaires plus ou moins distincts. Chez le Marcgravia crassifolia, qui nous servira d'exemple, le corps fibro-vaseulaire principal est un prisme irréguliè- rement trigone, à faces latérales courbes et rentrantes, à face antérieure un peu convexe, à angle postérieur arrondi : bien plus développé que ses acolytes, son étui appartient probablement à la fois au pédicelle et à la côte médiane de la bractée dont les deux petits étuis fibreux (4) Voir Planch. in Mém. de l’Acad. Stanislas (de Naney) 1853. DES MARCGRAVIÉES. 83 latéraux représentent deux nervures secondaires, à peu près parallèles à la nervure principale. Plus haut, vers la partie moyenne du cylindre creux de la bractée, on retrouve les trois étuis fibro-vascu- laires du pédicule, mais cette fois bien moins inégaux et presque exactement cylindriques. Sur les côtés de la bractée, deux très petits étuis ou faisceaux fibro-vascu- laires représentent la portion descendante et réfléchie des nervules latérales de la bractée, tandis que, en avant, un faisceau pareil, un peu plus gros, figure la nervure médiane détachée du pédicelle et se dirigeant par une marche descendante vers l’orifice du cornet bractéal. En somme, et sans multiplier sur ce sujet des détails, naturellement arides, surtout en l'absence de dessins, les Marcgravia montrent dans l’organisation interne de leurs cornets ou capuchons des indices anatomiques suffisants pour confirmer les idées qu'inspire leur étude morphologique. C’est à dessein que nous supprimons, dans la partie anatomique de cette note, les observations qui ne se rattachent pas directement à la structure générale des bractées. Il est impossible néanmoins de ne pas donner une mention spéciale à quelques formes de cellules qui se présentent avec une remarquable fréquence dans les divers organes des Marcgraviées. Les cellules auxquelles nous faisons allusion rappel- lent, à des nuances près, ce que l’un de nous a nommé pneumatocystes, en les étudiant surtout dans la famille des Nymphæacées (1). Ce sont également des utricules (4) Voir Planch. : La Victoria regia, in Van Houtte FI. des Serres, année 1850-1851, et tirage à part, in-#%0, p. 39. 8% SUR LES BRACTÉES à parois épaisses, à corps divisé en branches diver- gentes, tantôt droites et subulées, tantôt courbes et irrégulièrement sinueuses, ici aiguës, là terminées en pointe mousse. On dirait parfois des poils malpighiacés, c'est-à-dire deux pointes divergentes réunies par une base commune un peu reñflée ; d’autres fois, quatre de ces pointes, unies par paires, forment comme les quatre branches d’un X ; ces deux formes s’observent surtout avee des passages de lune à l’autre, dans les pédicules du Norantea mixta. Elles sont placées dans le sens de la longueur du pédicelle, oceupant aussi bien la péri- phérie (corticale) que l’axe (médullaire) de l'organe, et présentant, quand on coupe le pédicelle par déchirure, l'apparence de longs poils internes. Plus fréquentes sont les formes à corps renflé, à branches sinueuses, variqueuses, bien plus courtes que les précédentes. Elles abondent dans le parenchyme des feuilles, des pédi- celles, des bractées, des corolles, formant souvent à elles seules des couches continues ou des îlots de tissu spongieux et lacuneux, parfois placées en petit nombre dans les lacunes d’un tissu cellulaire moins irrégulier, dans lequel leur grosseur et leur forme les font recon- naître. En général incolores, lisses, transparentes ou translucides, ces cellules se font remarquer par l'épais- seur de leurs parois et le calibre étroit des cavités qui s'étendent dans leurs rameaux, aboutissant toutes à la cavité centrale du corps. On devra les comparer non seulement avec les cellules dites rayonnées des Nym- phæacées, du Limnanthemum, de Y'Hydrocharis, mais aussiavec les cellules rameuses signalées par M. Schleiden dans la moëlle du Rhizophora Mangle et dans les feuilles de l'Hakea amplexifolia (Schleid, Grundzüge der Bot., édit. 3, L, p. 265 et 277). Nous n'osons rien présumer DES MARCGRAVIÉES. 85 sur le rôle physiologique de ces organes, bien que, plus hardi, peut-être plus imprudent jadis, l’un de nous ait supposé que, chez les Nymphæacées au moins, leur existence serait liée à la fonction respiratoire. D’autres cellules à parois épaisses, sont criblées de canalicules étroits qui, s’enfonçant du dedans au dehors dans leur épaisseur, leur donnent une apparence ponce- tuée. Ces cellules constituent la couche externe du tégument séminal du Marcgravia rectiflora var. Jac- quini. On les retrouve en abondance, formant dans l'épaisseur de la corolle et des bractées du HMarcgravia nervosa Nob. de petites masses granuleuses, que leur teinte blanchâtre fait distinguer à l'œil nu. 6° Rôle physiologique. Si l’on en juge par les indica- tions des auteurs qui ont vu ces plantes à l'état vivant (P. Browne, De Martius, A. de Saint-Hilaire, ete.), les bractées des Marcgraviées, au moins celles qui sont plus ou moins concaves, renferment habituellementunliquide. Leur direction même est établie de telle sorte que Île liquide puisse rester dans la cavité sans s’écouler spon- tanément par son orifice. C’est ainsi, par exemple , que chez les Marcgravia dont les cornets ont, par rapport à l'ombelle, l'ouverture dirigée vers le bas, les rameaux florifères sont habituellement pendants, circonstance qui renverse la direction de ces organes et leur fait présenter leur orifice vers le haut. Trompé par cette disposition, Patrick Browne a même supposé que ces cornets sont destinés à recueillir l’eau des pluies. On n’ad- mettra pas volontiers cette hypothèse si l'on songe que, d’après le témoignage d’Aug. de Saint-Hilaire, les bractées de diverses Marcgraviées renferment une liqueur sapide, douce chez le Norantea brasiliensis, un peu amère chez le Norantea Adamantium. L'observation pourrait sans 86 SUR LES BRACTÉES doute être étendue à tout le groupe et montrer dans le liquide des bractées concaves une véritable secrétion. Nous avons recherché soigneusement si la surface interne de ces cavités ne se distinguerait pas, sous le microscope, par quelque particularité anatomique capa- ble d’en mettre hors de doute la propriété secrétante. Pareille recherche, faite sur le sec, c’est-à-dire dans des conditions très défavorables, n’a pu nous donner de résultats bien positifs. Chez le Norantea quyanensis, par exemple, dont les bractées sacciformes se prêtent aisément à cette analyse, la partie intérieure du sac, parfaitement lisse à l'œil, très finement papilleuse et comme veloutée sous le microscope simple, présente à de forts grossissements un épiderme aisément sépa- rable, dépourvu de toute ouverture apparente, et formé d’une couche de cellules qui, par leur surface externe, se relèvent chacune en papille irrégulière et comme anfractueuse, marquée au sommet d’une petite fossette, autour de laquelle se dessinent en creux des sillons si- nueux et irréguliers. Rien, du reste, qui marque des ori- fices particuliers pour l'écoulement d’une secrétion :il est probable, néanmoins, que cette couche épidermique inco- lore, recouvrant un tissu lâche et coloré, laisse exsuder une liqueur. Mais l’épiderme en question se retrouvant, à des nuances près, sur la surface externe du sac, il est probable que les particularités signalées ne se rattachent pas nécessairement à des fonetions secrétoires. Pour les bractées des Marcgravia, une circonstance milite en faveur du fait de la secrétion : c’est l'existence de replis de l’épiderme interne de la bractée dans l'épaisseur même de cet organe. Ce fait, qu’on n'avait pas observé, devient évident par une coupe verticale el une coupe transversale de la partie du capuchon ou du DES MARCGRAVIÉES. 87 cornet plus ou moins voisine de son fond. La coupe ver- ticale y montre l’origine des replis épidermiques sous forme de dépressions linéaires parfois très courtes et simulant presque des trous. Une coupe transversale montre l’épaisseur du capuchon comme divisée cireulai- rement en deux couches concentriques, au moins de deux demi-cercles ou de quatre quarts de cercle de tissu cellulaire compacte, résinifère et coloré. Ce tissu, de nature épidermique,bien qu'en apparence médullaire, n’est pas toujours séparable en deux couches ; mais il est des points où cette séparation s’est spontanément opérée et où des lacunes existent entre deux surfaces épider- miques. Or, qu’il soit compacte ou qu’il soit dédoublé, ce tissu résinifère, semblable, à des nuances près, à l’épiderme interne du cornet, n’est pas autre chose que cet épiderme replié dans l'épaisseur de la bractée et y formant deux ou quatre processus intérieurs. L'idée qui se présente le plus naturellement à l'esprit lorsqu'il s’agit de bractées creusées, à surface intérieure secrétante, c’est de les comparer aux ascidies des Nepentkhes, des Sarracenia, des Cephalotus. Mais, la réflexion dévoile entre les ascidies foliaires de ces plantes, et les ascidies bractéales des Maregraviées, une différence assez importante : chez les premières, c’est la face supérieure de la feuille qui constitue la surface interne de la cavité; chez les Maregraviées, l'inverse a justement lieu, la face inférieure de la bractée constituant la surface interne de l’ascidie. Et, d’ailleurs, tandis que les ascidies foliaires semblent le plus souvent être des piéges à insectes, les ascidies des Maregraviées, toujours rapprochées des fleurs n’attirent probablement les in- sectes que pour leur faire jouer un rôle, indirect ou non, dans l'acte de la fécondation. 88 SUR LES BRACTÉES DES MARCGRAVIÉES. 7° Valeur taxonomique. Si la fréquence ou la constance d'un caractère est le criterium de sa valeur relative, la nature des bractées à droit de compter parmi les traits importants des Marcgraviées ; mais cette importance a des limites, et ne saurait être considérée comme abso- lue, ni suflire à faire distinguer ces plantes autrement que comme une section très naturelle de la famille des Ternstræmiacées. La diversité même des formes de ces bractées, leur retour vers l’état de lame plane, soit par métamorphose rétrograde, soit par un fait normal chez quelques types, tout empêche de faire d’un caractère de forme un caractère essentiel. Le propre de la méthode naturelle est justement de faire saisir sous la mobilité des formes ce fond immuable qui sert de base solide aux groupes bien légitimes. En résumé, les bractées des Marcgraviées peuvent manquer absolument chez les pédicelles fertiles (Warc- gravia), s’insérer en apparence sur les axes de second ordre (pédicelles) tandis que la théorie assigne une place sur le rachis (axe primaire) : leur forme varie de l'état plane à l’état le plus concave, et cela, non par soudure des bords, mais par boursouflement du limbe : elles sont le plus souvent libres, parfois au contraire adnées à un pédicelle (WMarcgravia) : organes de secré- tion, elles jouent peut-être dans la fécondation un rôle, au moins indirect; enfin leurs formes insolites fournissent pour la délimitation des Marcgraviées comme tribu, un caractère pratique et commode, mais d’une valeur insuffisante pour déterminer une famille. NOTES SUR QUELQUES ANIMAUX OBSERVES A LA NOUVELLE=CALÉDONIE, Pendant les années 1861 et 1862, Par M. Henri JOUAN. MAMMIFÈRES. Les mammifères se composent seulement de plusieurs Cheiroptères, d’une Souris et de quelques Cétacés. Les quadrupèdes domestiques ont été importés par les Européens, et les gros rats, dont le pays est aujourd’hui infesté, sont venus avec les navires. CARNASSIERS. 1. Pteropus (L.)....? Pteropus rubricollis, Leith.? — M'bu (1) des Naturels de Kanala. Longueur du bout du museau à l'extrémité postérieure du corps : 0" 25 ; envergure : 0" 70. Un ongle fort au doigt indicateur. Pas de queue. (1) Dans tous les mots Néo-Calédoniens, prononcez w comme ou; e comme € fermé; au comme a-0; di comme aye; ow comme 0-ou. 99 ANIMAUX OBSERVES Membrane très échancrée, pour mieux dire nulle, entre les cuisses. Oreilles très petites. Museau pointu. Le dessus de la tête, le dos et le ventre recouverts d’un poil laineux, roux, excepté au défaut du dos et du cou où il est blanc-jaunûtre. Ces Roussettes restent pendant le jour accrochées aux branches des grands arbres ; cependant quand le temps est sombre et pluvieux, on les voit voler aussi bien que le soir. La chair des femelles est assez bonne, elle rappelle le goût du lapiu ; celle des mâles a toujours une odeur et une saveur fortes et désagréables. Le poil est très recherché par les Naturels pour faire de petites cordelettes employées dans leurs ornements. 2. Ptercpus Vetula, Montrouzier. Longueur : 0" 16. Ressemble à la précédente, mais en diffère par sa taille constamment plus petite. Le poil est plus long, plutôt soyeux que laineux. CÉTACÉS. 1. Dugoeng (Cuv.)....? Halicore australis, Mac-Gillivray ? Je n’en ai aperçu qu'un, dans une des anses abritées des environs de Port-de-France. Il est moins rare, dit- ou, dans le Nord de l'Ile. Il y a lieu de croire que c’est le même qui est signalé sur la côte N.-E. de l'Australie par M. Mac-Gillivray (Voyage of H. M. S. « Rattlesnake » 1846-1850). 4 , 2. Orca (Eschricht)....? Üurou Epaulard, Cow-fish, des baleïiniers. Quelquefois pendant la saison d’hivernage, de dé- cembre en avril, de grands Dauphins s’aventurent, par A LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 91 petites troupes de cinq ou six, dans la rade de Port-de- France. Je n’ai pu me procurer que la tête d’un de ces Cétacés qui s'était échoué sur un des ilots voisins. Les dents robustes, coniques, garnissant entièrement les deux mâächoires, doivent le faire ranger dans le genre Orca © (Sarcophages, Eschricht). 3. Catodom (Lacép.)....? Deux fois seulement j'ai rencontré dans les eaux profondes, au large, mais auprès des récifs qui enve- loppent la Nouvelle-Calédonie, deux petits cachalots, sans doute des espèces du genre Kogia,Gray (Euphysetes, W. Wait), qui fréquente les parages de l'Australie. o 4. Balæmoptera (L.)....? Kyphobalæna, Gray; Megaptera, Eschricht. — Rorqualus nodosus, Hombr. et Jacq.?; Balænoptera Astrolabæ, Hombr. et Jacq.?; Humpback des pêcheurs. Les Baleines au corps trapu, à la nageoire dorsale courte, épaisse, peu élevée, en forme de bosse, dont les pêcheurs comprennent toutes les espèces sous le nom de Humpback, sont communes sur les côtes de la Nouvelle-Calédonie. Il n’est pas rare d’en voir dans l'intérieur des récifs par des fonds de 15 à 20 mètres. Leurs pectorales sont étroites, blanches en dedans, ondulées sur les bords, longues du quart de la longueur totale de l'animal. Au-dessus de la lèvre supérieure et sur le front, on voit des tubercules gros comme le poing et garnis de erins. Un de ces cétacés qui est resté pendant plus d'une heure près du navire, par un calme plat, m'a paru répondre à la description du Rorqual de l'Océan antarctique signalé par Hombron et Jacquinot sous le nom de Balænoptera Astrolabæ et figuré dans 92 ANIMAUX OBSERVÉS l'Atlas du ‘‘ Voyage au Pôle Sud etc. ” de Dumont- d'Urville. Les Humpbacks de la Nouvelle-Calédonie semblent cependant en différer par leur taille beaucoup plus petite. Tous ceux que j'ai vus à la Nouvelle-Calédonie, aux îles Loyalty et sur les côtes septentrionales de la Nouvelle-Zélande, ne dépassaient guère dix mètres de longueur ; beaucoup même étaient plus petits ; tandis que le Rorqual vu par les deux naturalistes cités, au milieu des glaces du Pôle Austral, avait de 70 à 80 pieds de long. Ne constitueraient-ils pas une espèce de Baleines naines des mers australes? D’après M. le professeur Eschricht, les Baleines naines connues sont des Fin-backs (Physalus, L.; Pterobalæna, Eschr.). Pendant près de deux ans, je n’ai jamais vu de Fin-backs aux environs de la Nouvelle-Calédonie, ni sur la côte orientale de la Nouvelle-Hollande, quoique ces Balei- noptères soient très répandues dans certaines parties des mers australes, et d’après les différents voyageurs, elles sont beaucoup plus communes que les autres dans l'Océan Antarctique. L'huile fournie par les Humpbacks est presque aussi bonne que celle du Cachalot, mais comme ils coulent presque toujours lorsqu'ils sont morts, on ne les poursuit pas habituellement, à moins que ce ne soit dans des baies ou des détroits dont l’eau est peu profonde et où on peut les retrouver quand ils repa- raissent sur l’eau au bout de quelques jours. Cependant la rareté des Baleines franches est cause qu'on ne les dédaigne plus autant aujourd’hui; à ma connaissance, plusieurs petits baleiniers, armés en Australie, ont fait leurs chargements avec des Humpbacks pris dans les récifs du détroit de Torrès et aux îles Loyalty. À LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 93 OISEAUX. Dans le n° de septembre 1860 de la ‘ Revue et Magasin de Zoologie ”, on lit un mémoire de MM. J. Verreaux et O. Des Murs sous le titre de ‘ Description d'oiseaux nouveaux de la Nouvelle-Calédonie et Indica- tion des espèces déjà connues de ce pays ”. Le nombre des espèces décrites ou énumérées simplement, est de 76, sur lesquelles 45 sont exclusivement propres à la Nouvelle-Calédonie, et parmi elles les trois beaux types génériques du Gazzola pour les Corvidées, du Phœno- rhina pour les Colombidées, et du Rhynochetos pour les Ardéidés ; 18 lui sont communes avec la Nouvelle- Hollande, dont une avec la Terre de Van-Diemen, et 13 seulement se retrouvent dans la Polynésie et à la Nouvelle-Guinée. Mes chasses, et la belle collection de M. E. Marie, officier de l’administration de la Marine à Port-de- France, m'ont montré seulement 67 espèces d'oiseaux ; mais quelques-uns, il me semble, ne figurent pas dans la liste de MM. J. Verreaux et O. Des Murs. Je dis : il me semble, parce que ces deux auteurs n'ayant, dans presque tous les cas, donné que le nom pur et simple des sujets sans l'accompagner de la description ni de la synonymie, je suis loin d’être fixé sur la détermination des espèces que j'ai eues entre les mains, et dont la plupart sans doute sont énumérées par les deux auteurs cités; aussi les notes qui suivent n’ont rapport qu'aux espèces qui me semblent offrir quelques particularités omises dans le travail de MM. J. Verreaux et Des Murs, ou qui n'y figurent pas. 1. Gcypterus leucorhynehos, Leach. Très commun. 9% ANIMAUX OBSERVÉS ; Imdicator (Cuv.)....? (La ss HER à ) Cuculus nitens Taylor’ Longueur totale : 0" 17. Beau plumage à reflets très brillants, dorés. Le dessus du corps gorge-de-pigeon, changeant, à reflets métalliques; le dessous à fond blanc, un peu gris, traversé par de petites bandes équidistantes, assez serrées, d’un vert changeant, à reflets d’or. Bec et pieds noirs.'Le bec de la longueur de la tête, déprimé, très peu échancré au bout ; l’arête supérieur sensible, un peu courbe ; la mandibule inférieure presque droite, suivant pourtant un peu la courbure de la supérieure. Pieds assez robustes ; le tarse à peu près égal en lon- gueur au doigt du milieu; le doigt externe reversible. — (Port-de-France ; coll. de M. E. Marie). Jusqu'à présent cet oiseau a paru assez rare en Nouvelle-Calédonie; à peine en a-t-on tué trois ou quatre individus. Il est sans doute de passage. À la Nouvelle- Zélande, je n’en ai vu qu’un exemplaire dans le musée d'Auckland ; dans cet archipel, il est de passage et rare. 3. Psitiacus (L.).......? Psitèentèles Diadema, I Verr. et O. Des Murs. MM. J. Verreaux et O. Des Murs ont décrit une femelle très adulte de celte espèce, qui est assez com- mune à la Nouvelle-Calédonie et aux îles Loyalty, et dans laquelle on trouve quelquefois d'assez grandes différences de coloration. Les individus suivants doivent sans doute lui être rapportés : (© 1° Longueur totale : 0" 30. Plumage vert gai, un peu jaune vers la gorge et le cou, jaune vers les joues; le front couleur de carmin. Une plume déliée, longue de 0" 06, verte à l’origine, rouge au bout, part 1 milieu (4) PP lat Lea étui Comes, fete A LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 95 du front, s’inclinant en arrière et faisant un petit plumet. Quelques individus ont deux de ces plumes. Les cou- vertures des ailes d’un vert un peu plus sombre; les rémiges bleues, noirâtres en-dessous. Le bec bleuâtre sur les côtés. Les pieds noirs. (2° La femelle semblable, mais sans le plumet. Nous avons gardé pendant quelque temps plusieurs de ces pthes tout-à-fait a apprivaisées. A VER (19 Aube pts ds Janus eg Sven. À dus Pains” 4. . (LS OR Ptilinopus Grayi, G. R. Gray ? On trouve, en Nouvelle-Calédonie, une jolie colombe qui y représente le genre Kurukuru si répandu sur toutes les terres tropicales de l'Océan Pacifique, et variable dans son plumage d'un archipel et même d’une île à l’autre. Mäle. Front et dessus de la tête pourpre, un peu vineux. Plumage vert-pré en-dessus. Du bleu aux ailes. Le cou et la gorge d’un vert plus päle, un peu gris. Du jaune et du pourpre aux plumes du ventre et des envi- rons de l'anus. Le bec et les pieds couleur pourpre. (Port-de-France, coll. de M. E. Marie). 5. Columba (L.).......? Carpo phaga (Phænorina) Goliath, G. R. Gray. NN /daun «des na. de fhanala . Ce nu Colombar, de fa taille d’une poule, est très bon à manger en mars et en avril. Longueur totale : de 0" 60 à 0" 70. Le bec fort, comprimé, rouge vineux, taché de noir au bout. Les pieds rouge vineux; les tarses courts; les doigts bien bordés, forts, garnis d'ongles robustes; on dirait les serres d’un oiseau de proie. La tête, le cou, le dos, les couvertures et la queue noir-brun. Sur la tête et la queue, des reflets métalliques 96 ANIMAUX OBSERVÉS et des taches rouge-brique. Les alentours du eroupion blanes et rougeâtres. La queue longue. 6. Columba (L.)....... ? END x Se en) (4 ec} At , Mulio, des naturels de Kanala. Mâûle. Longueur totale : 0" 43. Béc fort, un peu com- primé sur les côtés. La mandibule supérieure plus longue, un peu crochue, recouverte à la base d’une membrane formant de chaque côté un bourrelet sous lequel est la narine. Le bec est rouge à partir de la base jusqu’à la moitié de la longueur, couleur de corne au bout. Les yeux bordés de rouge de la même nuance que le bec. Les pieds couleur lie-de-vin un peu claire ; les doigts médiocrement bordés, les tarses courts, emplumés en dessous du genou. La 3° rémige la plus longue, presque égale à la 2° et à la 4°. La queue longue et égale. Plumage cuivré, changeant, sur la tête, le cou, la gorge et le ventre. Le dos et les couvertures des ailes noires à reflets métalliques, changeants ; les rémiges et les rectrices noires. Une tache blanche commencant sous le bec et s’étendant jusque sous les yeux, mais n’entou- rant pas le cou. La femelle est moins brillante. — (Kanala.) 7. Columba ere, Eath. Ah'neunn, des Roues de anala. dpi frappe © 8. Columba !L.)...... %: GCehnrba-cceanica, 4ath-? és Mâle. Longueur totale : 0" 32. Le bec court, un peu renflé par le bout; les narines oblongues. Les pieds robustes ; les tarses emplumés, ou mieux, couverts jus- qu'aux doigts d'un épais duvet blanc. Les 5% et 6° rémiges ie plus longues. Les plumes du su avancées 1) lady ptonvcæenso 0 do Vers a J. UV. ef Pole FHCEGTE 'ainprolerm Loto Jere tu, Gus e ex 18 s A LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 97 font paraître le front bombé. Le plumage du dessus du corps, vert-gai; la naissance des rémiges, d’un blanc verdâtre. Une tache blanche allongée part de dessous la mandibule inférieure et se prolonge en pointe en dessous et tout le long du cou; la gorge verte. Le ventre jaune un peu verdâtre; les alentours de l'anus et le dessous de la queue, jaune gomme-gutte. Sur l'estomac, une bande transversale noire, ayant en haut un liséré jaune et blanc. Le bec est noir ; les pieds violets. La femelle est moins chamarrée, presque entièrement verte. — (Kanala.) 9. Rhynocheins jubatus, J. Verr. et O. Des Murs. Kagu, des naturels du Sud de la Nouvelle-Calédonie. Cet oiseau, qui paraît être spécial à la Nouvelle-Calé- donie, tient des Gallinacés par son bec, des Ralles par ses pieds, et des Hérons par le plumage du cou. Il vit dans le voisinage de la mer, sur les plateaux couverts de fougères, se nourrit principalement de vers et d'insectes, et est surtout très friand d’une énorme sau- terelle (Locusta imperialis) longue de 12 à 15 centi- mètres. Il est très avide de nourriture, et on l'élève très bien en domesticité en lui donnant de la viande crue qu'il avale avec gloutonnerie. Beaucoup de personnes en ont dans leurs jardins à Port-de-France, comme chez nous on a des corbeaux ou des goélands. C’est un gibier assez délicat. Il court avecune grande vitesse, et dans ces moments, quand il est effrayé ou en colère, il redresse les plumes du dessus de la tête et du cou en forme de crête; ordinairement ces plumes sont couchées. Ces oiseaux paraissent tristes et solitaires ; cependant ils se réunissent en troupes, et le matin, au lever du soleil, on croirait, en entendant leurs cris, qu'il y a une meute de x 98 _ ANIMAUX OBSERVÉS jeunes chiens dans le voisinage. Avec des soins on pourrait les acelimater en France comme oiseaux de basse-cour ; mais il ne faudrait les exposer que peu à peu au froid, car ceux qu'on a apportés à Sydney (Australie) sont morts en hiver, et cependant les froids de Sydney sont bien peu rigoureux. Longueur totale : 0" 45. Le bec un peu plus long que la tête, un peu recourbé de haut en bas, comprimé laté- ralement, à # angles; la mandibule supérieure plus avancée, un peu échancrée au bout. Une cannelure sur les côtés du bec. Les narines dans un sillon, recouvertes d’une membrane cireuse de la grosseur du bec. Le dessus de la mandibule supérieure aplati, un peu arrondi ; la mandibule inférieure aplatie, cannelée en dessous; sa courbure suit celle de la mandibule supé- rieure. Le bec n’est pas fendu jusque sous les yeux. Les pieds assez forts ; les ongles longs, recourbés ; les doigts médiocres ; le talon petit; les tarses, longs, ne sont emplumés que haut au-dessus du genou. Les pieds et le bec rouge orangé. La queue très courte. Les ailes peu développées ; la 1" rémige la plus courte. Le cou assez court, peu plumeux. Les plumes du dessus de la tête allongées, dirigées en arrière, formant une sorte d’ai- grette. Le plumage gris cendré et ardoisé. Quatre bandes transversales noirâtres sur les ailes, avec quel- ques taches fauves; les intervalles entre les bandes blancs avec des points et des taches noirâtres. La figure du N° de septembre 1860 de la ‘‘ Revue de Zoologie ” ne donne qu'une idée incorrecte de cet oiseau, qui tient son corps beaucoup plus penché en avant sur ses jambes raidies. Le cou est ramassé ; Le dos voûté. De plus, le bec et les pieds ne sont pas jaunes, mais d’un rouge tirant sur le vermillon. A LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 99 10. Rallus (L.)....? Longueur totale : 0" 18. Le corps allongé, effilé. Le bec assez fort, pointu, comprimé au bout ; la mandibule supérieure très peu convexe, avancant sur l'inférieure. Les pieds très forts ; les doigts très longs, excepté le doigt postérieur ; les tarses un peu plus longs que le doigt du milieu. Les ailes petites; la 1" rémige est égale aux 3/4 de la 2°; la 2° égale la 4°; la 3° esi un peu plus longue. Plumage couleur chocolat sur le dos, gris noirâtre sur les parties inférieures du corps. Les plumes de la queue traversées en dessous par de petites raies blanc-sale. Les pieds couleur d’ocre rouge; le bec noir ; le tour des yeux rouge. — (Kanala.) 11. Podiceps (Cuv.).....7? Longueur totale : 0" 2%. Tous les caractères du genre. Le bec à peu près de la longueur de la tête, droit, couleur de corne avec du noir et du jaune ; la mandibule supérieure plus avancée. La tête noire, ainsi qu’une partie du cou. Une tache rouge-brûlé, allongée, part des yeux et s'étend de chaque côté du cou. Le dos brunâtre ; la poitrine gris argenté se fondant en blan- châtre sous le ventre. Du blanc aux ailes, qui sont très petites. Plumage très soyeux. — (Port-de-France ; coll. de M. E. Marie.) # 12, Sula (L.)....? Jade panne &. Ce Fou est venu s’abattre à bord de la ‘ Bonite ”, ne pouvant plus voler, dans un ouragan, à 50 lieues dans le S.-0. de la Nouvelle-Calédonie. Longueur totale : 0" 80. La tête, le cou (en dessus et en dessous), la gorge, le dos, le dessus des ailes et la queue, noir-brun. Le ventre blanc. La séparation du blanc du ventre et du 100 ANIMAUX OBSERVÉS noir-brun du dessous de la gorge, bien tranchée, en ligne droite. Le bec et les pieds blanc-verdâtre. 43. Phaeton phænicurus, Br. (Port-de-France). 14. Anas (L.)....? Canard rouge à Port-de-France. Rare. Un peu plus gros qu'une Sarcelle. Bec et pieds noirs. Plumage rougeûtre, plus clair en dessous qu'en dessus ; le ventre et les couvertures des ailes, rouge brique ; les rémiges noires ; le cou fauve ; le dessus de la tête noir. Une bande noire part de la nuque et suit le dessus du cou jusqu’au dos en se retrécissant. — (Port- de-France ; coll. de M. E. Marie.) 15. Anas (L.).....? Anas punctata var. Gould ? Longueur : 0" 35. Bec et pieds noirs. Plumage brunâtre en dessus, avec des reflets métalliques gorge- de-pigeon sur la tête, les joues et une partie de la poitrine. Le ventre blanchâtre ; Le bas-ventre brunûtre ; les alentours du croupion et le dessous de la queue, blancs. Les couvertures noires; les rémiges noires à reflets vert-sombre, avec du blanc. Le dessous des ailes blanc. — (Port-de-France ; coil. de M. E. Marie.) REPTILES. L’Erpétologie est très pauvre. On n’a, jusqu’à présent, trouvé que quelques Tortues de mer, trois Sauriens, et trois Serpents marins. CHÉLONIENS. Chelonia mydas, L.?. " Tortue franche. 7/0, dust Ve de l'UE Commune dans l’intérieur des récifs du Sud de Ha A LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 101 Nouvelle-Calédonie, où les naturels de l'ile Uen en pêchent d'énormes. 2. Testudo imbricata, L. Caret. Peu commune. Recherchée pour son écaille. On mange la chair sans inconvénient. SAURIENS. Platydactylus (Cuv.)....? 1° Longueur totale : 0" 18. Le corps couvert d’une peau flasque, plissée, grise, avec de petites Laches noires. La queue ronde. Pas d'ongles aux quatres pouces. 2° Un autre Gecko, différant surtout par sa grande taille, long quelquefois de 0" 40, au corps blanchâtre, épais et ramassé, pour lequel les naturels ont un respect superstitieux. Cependant (dit le P. Montrouzier) en certains endroits, à Hienghen par exemple, on le mange. Vit dans les creux et sous l'écorce des arbres pourris. Scincus (Cuv.)....? Longueur totale : 0" 25; longueur de la queue : 0" 16. Très élégant. Le dessus du corps brun, avec des taches noires disposées en raies longitudinales. Des points blancs sur les côtés du dos, de la queue et des cuisses. OPHIDIENS. Hydrophis (Cuv.)... U Phatnrus LUA Cet, Lorna 1° — Longueur ? de 0" 40 à 1" 50. La tête petite, déprimée, couverte de grandes plaques. La queue très comprimée en forme de rame. Noir, avec des anneaux 102 ANIMAUX OBSERVÉS verticaux blanc-jaunâtre, équidistants. Commun dans Ia rade de Port-de-France, et surtout auprès des îlots coralligènes du voisinage ; on le rencontre très souvent à terre où il se meut très bien. ° — Longueur: 1" 40. Mêmes formes que le précé- dent. Le fond de la couleur est blanc-jaunâire ; le dos gris avec une suite de taches noirâtres elliptiques, dont le grand axe est perpendiculaire à la longueur de l'animal, aboutissant de chaque côté sur les flanes qui sont marqués de taches grises dans le prolongement des taches du dos. Les écailles assez grandes forment un hexagone régulier, ayant dans le sens de la longueur une arêle gauï rée très sensible. Peda, Le À al A ° ° — Le corps tout brun, plus foncé en dessus. On à écrit que les serpenis marins de la Nouvelle- Calédonie sont très dangereux; ils partagent sans doute la mauvaise réputation, bien méritée, de leurs congénères de l'Inde; mais, malgré leur double rangée de denis et leur génération vivipare, ils sont inoffensifs, ou du moins leurs morsures ne sont pas vénimeuses. Oa n’a jamais entendu parler d’un accident; et cependant il arrive qu'on en prend à chaque instant en allant à la pêche sur les récifs, et de plus, ils montent très bien à bord des navires, s'ils peuvent s’aider de quelque corde à la traîne. POISSONS, J'ai déjà adressé à la Société Impériale des Sciences naturelles de Cherbourg (1), la description de 98 Pois- sons, et quoique ce nombre ne soit pas celui de toutesles (1) Voir Mém. Soc. imp. Se. ae Cherb. T. VILE, p. 241, ( ane He A. 722% the ace = pue , Wmez en Egdounié LP 202 ducere te > ?. AU 748 Tom o He 1 De + pur Des 1 DU Dér'anee D Lenaisr tte A LA NOUVELLE-CALÉDONIE 103 espèces vivant dans les eaux de la Nouvelle-Calédonie , il en approche pourtant assez pour qu’on puisse conclure des espèces qu’il contient, que la Faune ichthyologique de la Nouvelle-Calédonie se rattache clairement à la grande division à laquelle on a appliqué le nom de Faune Indo-Pacifique; les Mollusques et les Crustacés de la Nouvelle-Calédonie donnent lieu de faire la même remarque. ‘ Les traits les plus saillants de cette popu- lation, en ce qui concerne les poissons, dit M. V. Thiollière, sont la prédominance des formes à couleurs brillantes et de moyenne taille, particulièrement des Squammipennes, des Labroïdes et des Sclérodermes, puis l’abondance des Theuties et des Sciènes, tandis que les Gades y He et que les Salmones et Les Cyprins y sont rares. De longues absences, et surtout de nombreuses occu- pations, m'ont empêché de continuer l'étude des Pois- sons ; les seules espèces nouvelles que je me sois procurées sont les suivantes : 1. Squalus (L.)....? Galeus (Cuv.)....? 4) Dans mes premières Notes sur quelques Poissons de la Nouvelle-Calédonie (1), j'ai signalé un Squale doni je n'avais vu que les mâchoires, et que, d’après la forme des dents, j'avais placé dans le genre Milandre. Depuis lors, j'ai vu une autre mâchoire de ce poisson, dont l'ouverture était plus du double de l'ouverture de la première, c’est-à-dire, de près de 50 centimètres. Enfin, en rade de Port-de-France, on vient de prendre un de ces ne long d’environ 1" 60, qui offre bien tous les c A du genre Milandre, mais ani diffère de den bd Ry ner ASE TA « un 31 atar 4) Mëm. 1 a Soc he Sc. natur. . Cherb., T, Aie DEUa y day sfoimehons Pr élaran fr) gr RER R Er { on de of MS. Wide: Vodf.partt. 1#F% - “= de Le: es AgorNE AM 2 À - 10% ANIMAUX OBSERVES Fespèce commune, Squalus galeus, L., par les taches de la peau et son museau plus arrondi. Le corps est allongé ; la peau un peu chagrinée, de couleur cendrée sur les parties supérieures du corps, blanche aux parties inférieures. Le dos et les flancs sont élégamment pommelés de taches plus foncées, en lignes longitudinales. Le museau est aplati, large et arrondi en avant; les narines placées près de l’ouverture de la gueule et en partie fermées par un lobule court. Les dents disposées comme on l’a dit ailleurs. Les nageoires pectorales sont assez longues, triangulaires, un peu den- telées, vers leur extrémité, au côté postérieur. La pre- mière dorsale est peu élevée, triangulaire, peu falci- forme, presque également éloignée des pectorales et des ventrales. Celles-ci, plus petites de moitié que les pectorales, sont à peu près carrées et entourent l'anus. La deuxième dorsale, un peu sur l'avant de l’aplomb de l'anale, est de la même grandeur que celle-ei qui est beaucoup plus échancrée en arrière ; ces deux nageoires se terminent en pointe en arrière par la partie qui touche au corps. La caudale est grande, à deux lobes, dont le supérieur est deux fois et demi plus grand que l'inférieur, et un peu échancré au bout ; à la naissance du lobe supérieur de la caudale, sur la face supérieure de la queue, on voit une profonde échancrure en crois- sant dont la convexité est tournée en arrière. Les côtés de la queue sont un peu carénés. — Ce Squale avait dans l'estomac un serpent de mer tout entier, long de 0" 45, la tête d’un autre serpent beaucoup plus grand, et les restes d’un Spare aux trois quarts digérés. 2. Balistes (L.).....? 47e D. 3; 2° D. 28; À. 26; V. 17; P. 14 ; C. 13. — Lon- gueur du museau à la naissance de la caudale : 0" 20; A LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 105 hauteur au milieu : 0" 115. — La forme du corps sub- rhomboidale ; la tête allongée, le museau pointu. A chaque mâchoire, kuit dents ressemblant aux dents humaines. Couleur générale noirâtre fuligineuse ; les lèvres rougeûtres, l’inférieure bordée en dessous de jaune. Les nageoires d’une teinte plus foncée que le corps. L’anale etla deuxième dorsale régulières, à peu près de même dimension, bien séparées de la caudale, à l’'aplomb l'une de l'autre, incolores à leurs bords externes. La eaudale un peu tricuspide. La première dorsale a trois rayons : le premier est très fort, dentelé à sa partie antérieure ; le troisième très court, écarté du deuxième ; cette nageoire peut se rabattre dans un sillon profond. Une forte pièce osseuse, suivie de seize aiguillons, constitue la ventrale. Les pectorales petites et arrondies. Huit rangées longitudinales de petits aiguillons, très résistants, inclinés d’arrière en avant, s'étendent de chaque côté de la queue ; la rangée d’en haut et celle d'en bas sont moins bien accusées que les autres. — (Récifs des environs de Port-de-France). 3. Muræna (L.).... Longueur : 0" 65. — Couleur noirâtre. Deux petits barbillons rouge orangé. Cette anguille, qui me paraît à peine différer de l'espèce commune en Europe, n’est pas rare dans les marais voisins de Port-de-France, dont l’un deux porte même le nom de Marais aux anguilles. 4. Apterichte..... Muræna cœca, M. apterygia, Bonn. ? Longueur totale : 0" 36. — Le corps serpentiforme, presque cylindrique. Un sillon longitudinal tient la place de la nageoire du dos. Un sillon pareil indique celle de la nageoire de l'anus. Deux sillons semblables 106 ANIMAUX OBSERVÉS sur les côtés. La queue pointue, sans nageoire. Des vestiges de pectorales, à toucher lesquelles, en avant et un peu plus bas, sont les ouvertures branchiales. La tête renflée par en bas ; le museau allongé, la mâchoire supérieure beaucoup plus avancée que l’inférieure. Pas d'yeux visibles. Le corps brun avec des anneaux jau- nâtres. Ce poisson m'a été envoyé dans l'alcool par le P. Montrouzier qui l'avait sans doute pris dans les récifs du Nord de la Nouvelle-Calédonie. Les naturels de Kanala le connaissent bien et le nomment Panah. 5. Diodon atinga (L.; Gm., Lacép.). D. hystrix, Bloch. — D. punctatus, Cuv. (Récifs de l’entrée de la baie du Sud.) 6. Leptocephalus (Lacép.)...? Long. 0" 09.—La tête étroite et très pelite ; mâchoires égales; des dents aiguës ; les yeux grands et très brillants. Le corps très comprimé, s’élargit tout-à-coup (de haut en bas) à partir de la tête, et garde la même largeur presque jusque à la queue qui se termine en pointe. Il est inco- lore, transparent, comme gélatineux. La ligne latérale est droite, un peu plus près du dos que du ventre. Des lignes obliques, serrées, équidistantes, viennent aboutir sur la ligne latérale de manière que les sommets des angles qu'elles forment à leurs intersections soient en avant. Il n’y à ni pectorales, ni ventrales, ni caudale. La dorsale et l’anale, qui vont de la tête à la queue, ne se composent chacune que d’une re membrane, très mince, à peine visible. — (Kanala). F 7. Blenmius (L.)...7? Long. totale : 0" 09.—D. 31; A. 21; V. 2; P. 13; G. 1h. Le corps allongé, Ps un La tête arrondie ; le front (+) Leg rv CA ras - Cosmintas ke EMA rent pra Le frus A Dr IE 2. Picunséte A NA ele Vug ox totved ce fUnée ) PE LA V4 PA ) es A LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 107 vertical; la bouche assez grande ; la mâchoire supérieure plus avancée. La nageoire du dos commence derrière la nuque, et est presque parallèle au dos excepté au milieu où elle s’abaisse un peu; son dernier rayon est réuni à la naissance de la caudale par une membrane. L’anale commence au milieu du corps et est bien séparée de la caudale. Les pectorales moyennes, arrondies. Les jugu- laires très petites ; la caudale assez développée, arron- die. Au-dessus de chaque œil, un petit filament en panache ; deux filaments pareils, un peu plus petits, sur la nuque. Brun, tacheté de points blancs et de traits noirs. — (Baie du Sud.) S. Bilenmius. (L.)..... Longueur totale : 0" 10.— D. 36; À. 24; V.2; P. 13; C. 14. — Le corps allongé, comprimé; le front vertical. La bouche assez grande ; la mâchoire supérieure plus avancée ; les dents en cardes. La dorsale commence derrière la nuque, est presque parallèle au dos, excepté au milieu où elle s’abaisse un peu. Son dernier rayon est réuni à la caudale par une membrane. L’anale, bien séparée de la caudale, commence au milieu du corps. Les pectorales moyennes, arrondies ; les jugulaires très petites. La caudale arrondie, assez développée. Couleur générale verdâtre, avec des points couleur de laque qui forment des lignes longitudinales sur le corps et les nageoires du dos et de l’anus. Au-dessus de chaque œil un filament palmé en panache, dont les ramures sont couleur de laque. Sur la tête, à partir de l'arrière des yeux, dans la ligne médiane, une petite membrane longitudinale forme une espèce de crête peu élevée, arrondie, hauie d’un peu plus du quart de la hauteur de la tête. — {Port-de-France). | ANIMAUX OBSERVÉS pars À PP 4247 Jef Led où #/ ; 74 # . ohne (Lacép. Eros Long. totale : 0" 12.—B. 4; 1° D. 6; 2° D. 143; A. 12; V.6; P.16; C. 16.— Le corps allongé, un peu comprimé. La tête plus large que le corps, comprise cinq fois dans la longueur totale (caudale comprise), un peu déprimée ; museau arrondi; mâchoires sensiblement égales (la supé- rieure à peine un peu plus avancée), garnies de dents pointues, espacées. La langue grosse, lisse et noire. Les yeux placés sur le haut de la tête, rapprochés, écartés à peine d’un diamètre, sur l'arrière des coins de la bouche. Les opercules en arrière, arrondis ; le préopercule soudé. L'ouverture des ouïes très diminuée par la membrane branchiostège. La ligne latérale invisible. Le corps cou- vert de petites écailles ciliées. Les pectorales longues, attachées immédiatement après l’opercule ; leur point d'insertion se fait sur une sorte d’appendice charnu qui occupe presque toute la hauteur de l’opercule; elles sont pointues et arrivent presque à l’aplomb de l'anus. Les ventrales beaucoup plus petites, pointues, un peu en arrière des pectorales, réunies à leur point d’inser- tion par un disque circulaire. La 1"° dorsale commence à peu près au quart de la longueur totale à partir du museau ; elle est soutenue par six rayons épineux ter- minés par des filaments et dont le 1° et le 6"° sont égaux, les autres plus grands. La 2°° dorsale, presque jointe à la 1°, a à peu près la même hauteur et ses rayons ont entre eux à peu près la même longueur. L’anale droit au-dessous de la 2° dorsale et un peu plus large. L’anus à peu près au milieu du corps. Ces deux na- geoires sont éloignées de la caudale qui est lancéolée, très grande, égale en longueur au quart de la longueur totale. Couleur générale vert-jaunâtre en dessus ; même teinte, plus claire, en dessous. Deux lignes de taches noires allon- A LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 109 gées sur le dos, et deux lignes plus accusées, rougeûtres, avec des taches noires, de place en place, sur les flancs. Le dessous de la mâchoire inférieure jaune ; des traits longitudinaux, carminés, sur les lèvres, les joues, les: pièces operculaires et l’appendice charnu des pecto- rales. Des lignes obliques rouges sur la 1° dorsale ; une bande rouge horizontale, parsemée de points jaunes sur la 2°; un trait rouge horizontal sur l’anale; des points et des traits rouges à la caudale.— (Baie du Sud). 10. Eleotris (Cuv.)..... Longueur totale : 0" 12. — Le corps allongé, gros et déprimé en avant, couvert de petites écailles, visqueux. La tête large, déprimée. La bouche oblique de haut en bas, d'avant en arrière. Les ouïes en arrière ; l’'opercule s’allongeant dans cette direction. Un sillon ou mieux une fosse longitudinale part de la première dorsale et aboutit à une fosse transversale entre les yeux. Ceux-ci sont séparés par un intervalle à peu près égal à deux de leurs diamètres. La première dorsale commence un peu sur l'avant du milieu du corps ; elle se rattache presque à la deuxième par une suite de rayons de plus en plus petits; la deuxième est à l’aplomb de l'anus ; elle est séparée de la caudale par un intervalle égal au tiers de la longueur du poisson. L’anale est à l’aplomb de la deuxième dorsale. Ces trois nageoires sont peu étendues en longueur. La caudale est grande, allongée, arrondie, paraissant pointue quand elle n’est pas développée. Les pectorales assez grandes, allongées, arrondies, charnues à leur insertion. Les ventrales petites, bien séparées à la base. L’anus au milieu du corps. En arrière de l'anus, une sorte de membrane ou plutôt de languette. Noir fuligineux ; des rangées longitudinales de points 110 ANIMAUX OBSERVÉS bruns. — Pris à Kanala, dans un grand cours d’eau douce, dans un recoin à l'abri du courant ; il est abon- dant dans cet endroit où la marée ne remonte pas et où . l'eau est toujours douce. JC Cri Hofa, Pr Sel hs hi Longueur, du museau à la naisssance de la caudale : 0" 09 ; hauteur au tiers de la longueur : 0" 03. — B. 7; D. 13/9; À. 3/5; V. 1/5; P. 17; C. 14. — Le corps gibbeux, presque en ligne droite à la partie inférieure, couvert d'assez grandes écailles. La tête, un peu allongée, comprend presque le tiers de la longueur du corps; elle est large, couverte d’écailles granuleuses et hérissée de forts aiguillons. Les yeux très grands, placés haut, séparés par un sillon profond. La bouche grande, fendue de haut en bas à partir du museau ; de petites dents confuses aux mâchoires et dans l'intérieur de la bouche. Les mâchoires égales, extensibles. Les ouvertures des ouïes très grandes. Trois aiguillons au bord montant du préopercule, deux à l’opercule ; quatre rangées sur une ligne au-dessous de l'œil; le bord supérieur de l'orbite armé de quatre épines ; sur la nuque, un peu en arrière, on en voit deux de chaque côté; trois sur le commencement de la ligne latérale. Tous ces aiguillons sont dirigés en arrière, très forts et très acérés. La ligne latérale bien marquée, un peu épineuse. La dorsale est surbaissée ; le 13° rayon épineux, qui est joint à la partie molle, est plus élevé que le 12°; la partie molle est plus élevée que la partie épineuse. La 2° épine de l’anale est très forte. Les ventrales et les pectorales sont, à peu de chose près, sur le même aplomb ; les premières sont peu étendues et n'atteignent pas tout-à-fait l'anus. Les pectorales sont A LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 1it grandes et arrivent au milieu du corps. La caudale arrondie, Couleur brunâtre ; des points rouges sur les nageoires. Cette Scorpène ressemble beaucoup à la Rascasse (Scorpæna Porcus, L.); mais elle en diffère par l'absence des barbillons. Ne serait-ce pas : Scorpæna aculeata, Lacép., Premnas unicolor, Cuv., incomplè- tement décrit par Lacépède? Les naturels redoutent beaucoup ses piqüres qui causent des enflures très douloureuses. — (Ti-Maka, sur la côte Est de la Nouvelle- Calédonie). — 4 fm Aer, 12. Pieroïs antenmata, Cuv. Scorpæna antennata, Bloch, Lacép. 13. Chætodom (L.)....? Petit individu, long de 0" 015. Couleur jaune d’or, un peu plus foncée vers le dos, où il y a une bande longitudinale noire nuageuse. Une bande noire très nette, courbe, part de la nuque, traverse l’œil et arrive sous la gorge, tournant sa convexilé vers le museau. La queue jaune, précédée d’une tache noire, arrondie et bordée en avant par un trait blanc, bien défini, ayant la même courbure. Un trait noir vertical à la naissance de la caudale. La partie antérieure de la dorsale est plus élevée que la partie postérieure. La caudale arrondie. La ligne latérale part du haut de l’opereule et va presque en (te droite jusqu'à la ne par le quart de la hauteur. — (lle Nu). 14. Acamthimiom (Lacép.).....7? B.? ; D. 30 ; A. 26; V.6; P. 15. — Longueur du bout du museau à l'extrémité de la caudale : 0" 45 ; hauteur au milieu du corps : 0" 31. 112 ANIMAUX OBSERVÉS L'ensemble de ce poisson est un triangle aux côtés arrondis, dont le museau est le sommet. Couleur bru- nâtre ou grisâtre, avec des bandes transversales plus foncées, qui après la mort se confondent avec la teinte générale. Le corps comprimé, couvert d’écailles qui s’étendent sur la plus grande partie des nageoires dor- sale et anale. Ces deux nageoires commencent, la pre- mière au milieu de la longueur du poisson, la deuxième un peu plus sur l'arrière; les rayons se suivent par une courbe régulière, de manière qu'elles s’arrondissent vers leurs angles externes; elles sont bien séparées de la caudale, qui est légèrement échancrée, un peu tri- cuspide. Les pectorales sont petites, un peu pointues, placées aux deux tiers de la hauteur à partir de la nuque, au-dessus des ventrales. Ces dernières, mé- diocres et pointues, ont un rayon épineux extérieur peu apparent renfermé dans la même membrane que les rayons mous et d’un tiers plus court que le premier de ceux-ci. Le museau est obtus; le front presque ver- tical; une dépression bien marquée à la nuque. La bouche très petite par rapport à l’ensemble, avec de pètites dents mobiles et flexibles. Les yeux moyens, séparés par un intervalle de plus d’un diamètre. Le bord montant du préopercule sans dentelures, un peu incliné d’arrière en avant, de haut en bas. Le bord de l’opercule s’avance un peu en arrière à son milieu. Narines à deux orifices. La ligne latérale, très courbe, part du haut de l’opercule, suit le dos par le quart de la hauteur et vient rejoindre le milieu de la caudale. Sous la lèvre inférieure, on voit une ligne de trous ou de pores parallèles à cette lèvre, au nombre de douze. Trois fortes épines isolées, dirigées en arrière, courbes, prises en partie dans la peau, en avant de la dorsale. A LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 413 Trois épines beaucoup plus petites en avant de l’anale, la première à peine visible. — (Port-de-France). 15. Sparus (L.)...... Longueur, du museau à la caudale: 0" 07; hauteur aux ventrales, au tiers de la longueur: 0" 023. — B.?; D. 13/12; À. 9/11; V. 1/5; P.16; C. 16? — Le corps comprimé, subovale, couvert de grandes écailles ciliées; la tête et les pièces operculaires écailleuses. Le museau plutôt arrondi qu'allongé. Les yeux grands, séparés d’un diamètre. La bouche très petite ; les mâchoires égales, bordées en avant d’une rangée de fortes dents pointues; des molaires en pavés sur un (?) rang. Les mâchoires extensibles. Le bord montant du préopercule incliné d’arrière en avant, de haut en bas. L’opercule un peu festonné, faisant une petite pointe mousse en arrière, vers son milieu. La ligne latérale parallèle à la courbure du dos, par 1/5 de la hauteur, vient se terminer sur le haut de la queue. La dorsale régulière; la partie molle est plus élevée que la partie épineuse ; cette nageoire ne se rabat pas dans un sillon, mais elle est en partie recouverte le long du dos par de grandes écailles rectangulaires ; elle est, de même que l’anale, bien séparée de la caudale. L’anale commence derrière l'anus, qui est au milieu du corps, et se termine sur le même aplomb que la nageoire du dos. Les ventrales, à l’'aplomb du commencement de la dorsale , sont longues et pointues, atteignant l'anus. Les pectorales sont tant soit peu en avant des ventrales moyennes; leurs rayons d’en haut sont les plus longs. La caudale grande, légèrement échancrée. Couleur noirâtre. — Sujet trop petit et trop jeune sans doute, pour être bien caractérisé. — (Ti-Wfaka, côte Est de la Nouvelle- Calédonie) 127720 e-# 114 ANIMAUX OBSERVÉS < 16. Sparus (L.)...? Longueur totale : 0" 11; Hauteur : 0" 4. — B.5; D. 11/9; A. 3/8; V.1/5; P.11; C. 16. — Corps très comprimé , presque ovale. La tête grande, contenue 3 fois dans la longueur (caudale non comprise), poin- tue ; le front allongé; le museau pointu. Mâchoires égales, la supérieure un peu extensible, armées toutes deux de deux grandes denis coniques, surtout en haut, de chaque côté du museau; de peiites dents irrégulières dans les intervalles des grandes et sur les côtés, et deux molaires arrondies. Joues et préopercule lisses. Les yeux très grands, placés haut, à peine écartés d’un diamètre. Le bord montant du préopercule oblique d’arrière en avant et de haut en bas. L’operceule arrondi, terminé en arrière (et en haut) par deux piquanis plats. Au-dessus des pectorales et remontant vers la nuque, une pièce écailleuse un peu saillante. La ligne latérale suit le dos par le quart de la hauteur. La dorsale est régulière ; le 1° rayon épineux très petit ; les rayons mous les plus grands. Cette nageoire, qui se rabat dans un sillon, commence à l’aplomb des ventrales au tiers de la longueur totale. Les pectorales un peu plus en avant, longues, pointues, attachées bas. Les ventrales pointues ; quand elles sont repliées, elles atteignent l'anus. Les écailles plates, auprès des ventrales, manquent; cela seul fait différer ce poisson d’un Spere déjà décrit. La caudale en croissant, ample, fourchue. Gris et verdâtre avec des lignes obliques brunes ; du jaune et du rouge aux pectorales et à l’anale. — (Baie du Sud). 17. Holacanthus (Lacép.)...7? Les opercules très finement dentelés. Une longue et forte épine dirigée en arrière au bas du préopercule. La A LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 415 dorsale, les pectorales et les ventrales sur la même ligne. 13 rayons épineux à la dorsale, à peu près tous de la même longueur ; les rayons mous plus longs; 3 épines à l’anale dont les rayons mous sont plus grands. Ces deux nageoires coupées perpendiculairement en arrière, ar- rondies à l’angle externe. Les pectorales pointues ; leurs rayons d’en haut atteignent l’anale. La caudale arrondie. Beau bleu foncé; des lignes courbes, à peu près demi- circulaires, blane mat et bleuâtre, disposées symétri- quement sur les côtés, ayant leur concavité tournée vers la queue. Les nageoires bordées d’un liséré bleu-ciel. — (Baie du Sud). A? pren 18. ee me na As B. 7; D. 9/15: ue P. 16; C. 16. — Evidemment une variété du poisson que j'ai décrit sous le nom de Plectropoma Kulas, Montr., ou Serranus Gaimardi (1), qui est probablement le même que celui qu'on appelle vulgairement Loche en Nouvelle-Calédonie. La Loche et le P. Kulas ne différeraient que par la cau- dale, très légèrement échancrée dans la première, et arrondie dans le second, mais je n’affirmerai pas qu'il n’y ait là quelque méprise. Dans la variété présente, la caudale est arrondie. Tout le corps est d’un rouge magnifique, déterminé par de nombreux points et taches vermillon sur un fond plus pâle ; ces points deviennent noirs sur l'extrémité postérieure de l’anale et de la dorsale. La Loche est un excellent manger; mais il faut se défier beaucoup de ce poisson rouge, qui cause, dit-on, de très vives douleurs dans toutes les articulations. — (Récifs des environs de Port-de-France). - let hs, Have. (4) Mém. Soc. Imp. Sc. natur. Cherb., T. VIII, p. 283. 116 ANIMAUX OBSERVES (CH) 19, Holoccntrus Harbua, Lacép. Therapon servus, Cuv. — Esclave Jarbua. Hou-ue4 n Mesuele . Longueur totale : 0" 22 ; hauteur : 0" 08. — B. 6; D. 11/10; A. 3/8; V. 1/5 ; P. 13. — Le corps comprimé. Le front allongé en pente douce. Le dos un peu gibbeux. La tête médiocre ; le museau obtus ; les yeux grands, écartés d’un diamètre. La bouche peu fendue de haut en bas, d'avant en arrière. Les dents pointues, irrégulières. La langue épaisse, arrondie au bout. Les pièces opercu- laires écailleuses ; le bord montant du préopercule finement dentelé , vertical , les dentelures plus fortes et plus longues par en bas ; l’opercule allongé en arrière, terminé en son milieu par une épine plate, longue et acérée. Derrière l'opercule, une pièce écailleuse, fes- tonnée, finement dentelée, se terminant au-dessus de l'insertion des pectorales. La ligne latérale suit le dos par le tiers de la hauteur. Le corps couvert d’écailles de moyenne grandeur. La dorsale est échancrée en son milieu, de manière qu’au premier aspect, on dirait qu’il y en a deux. Le 1° rayon est très petit, le 2° un peu plus grand , le 3° plus du double du 2°, le 4° le plus long de tous; puis les rayons vont en diminuant jusqu’au 10° inclus, qui est long comme le 2°. Le 11°, plus grand, fait partie du 2° segment de la dorsale, qui est en éven- tail comme la partie antérieure. La dorsale est bien. séparée de la caudale. L’anale, peu développée, com- mence un peu derrière l'anus, qui est sensiblement plus près de la queue que de la tête, et se termine sur le même aplomb que la dorsale; sa partie arrière est également échancrée. Les rayons épineux sont très forts; les 1° et 2° rayons mous sont les plus longs. L’anale et la dorsale se logent en partie dans des replis de la peau remplacantles sillons. La caudale développée, échancrée, «+ D JIM PE dela NL D , '? AP . A LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 117 ie lobe supérieur un peu plus grand que l'autre. Les ventrales pointues , un peu sur l'arrière des pectorales , qui sont petites, ayant leurs rayons d'en haut les plus longs. Les flancs grisâtres argentés; le ventre blanc, un peu glacé de rose. Trois bandes noires, un peu nuageuses sur lesbords, prennent, la 4"° à la naissance dela dorsale, la 3° sur la nuque, la 2° au milieu des deux autres, et se prolongent horizontalement jusqu'à la caudale, qui est grisâtre et marquée de cinq bandes horizontales noires, dont l’une embrasse l'angle externe du lobe supérieur. La partie antérieure et le bord de la partie postérieure dela dorsale, noirs nuageux; du jaune sale à cesnageoires. L’ 7 et les venirales rosées; les pectorales jaunâtres. 2272 27 Chaine. 20. Amplhipriom (Cuv.).... 2 Lane, Longueur du corps 0" C3. Brun; les nageoires et le ventre jaune d’or; deux bandes verticales blanches, lune derrière les yeux, l’antre un peu sur l'arrière du milieu du corps. Pièces operculaires Dons dentelées. — (Port-de-France). * AE RS NAT 21. Gobius (L.)..... 1 deh: * Kanala. Longueur totale: 0" 15.—B. 4; 1° D.G;2°D. 11; A.9; P. 19. — Le corps allongé , couvert de grandes écailles ciliées sur les bords. La tête large, déprimée, creusée en sillon entre les yeux qui sont en Faure séparés d’un dia- mètre. La bouche oblique de haut en bas, d'avant en arrière; la mâchoire inférieure avancée. Les deux dorsales d'égale hauteur ; la première commence au tiers de la longueur totale, à partir du museau, et est bien séparée de la deuxième, qui est elle-même bien écartée de la caudale. L’anale à l’aplomb de la deuxième dorsale , un peu plus large. La caudale longue , arrondie , paraissant pointue quand ellen’estpas développée. Les pectorales arrondies, 118 ANIMAUX OBSERVÉS " allongées, charnues à leur point d'attache. Les ventrales moyennes, réunies en entonnoir à leur base. L'anus au milieu du corps; derrière l'anus, un petit appendice charnu, triangulaire. Couleur jaune-verdâtre; une bande longitudinale composée de taches rectangulaires noï- râtres sur les côtés ; des lignes longitudinales de points bruns sur les nageoires du dos et de l'anus. Ce poisson a été pris à Kanala, dans un grand cours d’eau, dans un recoin où le courant ne se fait pas sentir, et où a été pris également l'Eleoiris précédemment signalé, La marée montante s'arrête à environ un kilo- mètre et demi de cet endroit, et on y est toujours douce. Pau dj He maur ae Cote . nel © / Th ls TNT 22, cebieides? ou: G Lrdnie Cu Longueur totale : 0" 20.— B. 6 ; D. 5/20 ou 5/21 ; A. 17; V. 1/5; P. 14; C. 14.—Le corps allongé, arrondi ou du moins peu comprimé latéralement. La tête large, déprimée. Le museau avancé, arrondi ; les lèvres, sur- tout la supérieure, charnues. La mâchoire inférieure plus avancée, la supérieure extensible; la bouche fendue obliquement de haut en bas à partir du museau. À chaque mâchoire des dents aiguës, irrégulièrement placées, et de petites dents en velours dans les intervalles; des denis en velours, très petites, au palais. La langue pointue, large à la base. Les yeux placés sur le haut de la tête, au milieu de sa longueur, bien en arrière de laplomb de la commissure des lèvres; ils sont séparés d’un diamètre, très saillants, et ayant comme une pau- pière à leur côté interne. L’iris est doré; la pupille oblongue et comme échancrée du côté intérieur de l'œil, de sorte que ce poisson paraît avoir le regard voilé. Les joues nues, non cuirassées. La tête est contenue quatre fois dans la longueur totale. Les pièces operculaires A LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 119 dirigées en arrière. Le préopercule arrondi; deux piquants, dont le plus élevé est acéré, au bord arrière de l'opercule. L'ouverture des ouïes grande; la membrane branchiostège très développée. La ligne latérale, bien visible, part du haut de l’opercule et forme une courbe très allongée au-dessus des pectorales pour aller re- joindre le milieu du corps. Le corps couvert d’écailles assez grandes, ciliées sur les bords, rudes au toucher. Le commencement de la dorsale, les pectorales et les ventrales sont sensiblement sur le même aplomb ; les dernières cependant sont un peu plus en avant. La partie épineuse de la dorsale est beaucoup plus basse que la partie molle dont les rayons sont à peu près égaux. Les épines sont petites et acérées ; les deux premières sont très petites, la 4° est la plus longue, double de celles-ci. La partie épineuse est planiée dans une fosse longiiudi- nale qui va jusqu’à la nuque. La dorsale est bien séparée de la caudale. L’anale, un peu moins large que la dor- sale, commence après l'anus, c’est-à-dire un peu en avant de la moitié du corps (non compris la caudale) et se termine sur le même aplomb que la dorsale. La cau- dale est développée, un peu tricuspide. Les ventrales sont pointues, assez écartées à leur base; l’avant-der- nier rayon (interne), le plus long, atteint l'anus. Les pec- torales arrondies, un peu charnues à leur point d’attache, vont jusqu’à l’aplomb de l'anus quand elles sont re- pliées. La couleur générale du poisson est roussâtre; le ventre est blanchâtre. Son corps semble translucide. Une large bande longitudinale, blanc-jaunâtre, part des pectorales, et va en ligne droite jusqu'à l'extrémité de la caudale ; au-dessous une ligne de taches roussâtres avec des points plus foncés. Deux bandes pareilles entre L 120 ANIMAUX OBSERVÉS le dos et la bande blanchâtre ; des bandes verticales, roussâtres, nuageuses. Ces diverses nuances sont bien tranchées sur le poisson vivant; mais, après la mort, elles se confondent dans une teinte générale d’un gris- roux. Des lignes obliques blanc-bleuâtre sur les pièces operculaires ; quelques points de la même couleur un peu plus en arrière. Les pectorales incolores ; une tache rougeâtre à leur origine. La dorsale jaune-citron, avec trois rangées longitudinales de points noirs. L’anale jaune-citron, bordée d’une rangée de points noirs et d’un liséré rougeâtre. La caudale rousse, avec du blane, du jaune, et des points noirs. Les trois seuls individus de cette espèce que nous ayons vus, ont été pris à la ligne par 10 mètres fond de vase, en rade de Port-de-France. Z Her. Hey, Chine CRUSTACÉS. Cette classe offre un vaste champ de recherches ; les Crustacés fourmillent sur les récifs, dans les marais du rivage, et, dans quelques cours d’eau, on trouve une espèce d’écrevisse, dont je n’ai jamais pu prendre une seule, mais qui néanmoins m'a paru différer de celle qu’on rencontre dans tous les ruisseaux des îles de la Société et des Îles Marquises. 1. Portunus (L.)....? Carapace évasée en avant, se rétrécissant en arrière ; la partie antérieure presque en ligne droite. Le front large, divisé en cinq grandes dents, les bords antérieurs des orbites formant la dernière de chaque côté. Les bords latéro-antérieurs présentent chacun quatre dents pointues, recourbées en avant. Les mains, grandes, dépassent le milieu du front quand elles sont repliées ; À LA NOUVELLE-CALÉDONIE. (2 trois épines à l’arête intérieure de leur troisième article; une forte épine à l'extrémité avant de l’arête supérieure du poignet; deux épines sur la serre. La quatrième paire de pieds la plus longue ; la cinquième aplatie en nageoire. 2, Lupea (Milne-Edw.)....? M'baua, des naturels de Kanala. Carapace deux fois aussi large que longue, légère- ment convexe, couverte de petites granulations; sa portion antérieure forme un segment de cercle régulier. Front à six dents, dont les deux du milieu sont plus petites. Le front est dépassé par l’épine inter-antennaire. Dents des bords latéro-antérieurs triangulaires, courtes et pointues, allant en augmentant jusqu’à la dernière en arrière qui est très acérée et trois fois aussi longue que la précédente. Pieds antérieurs très grands ; quatre fortes épines sur le bord antérieur du bras, une à l'extrémité du bord externe; trois au carpe, celle du milieu de moitié plus petite que les autres ; trois à la main, qui est une fois aussi longue que la carapace, prismatique à six pans inégaux, creusée en cannelure, séparés (excepté pour l’antérieur) par une arête arrondie. Les trois pieds suivants longs ; les deuxièmes, les plus longs, ont leurs derniers articles aplatis, étroits, un peu lancéolés. Le dernier article des pieds postérieurs aplati, élargi en nageoire presque elliptique. Le dessus du test vert grisâtre avec des points jaunâtres sur son rebord postérieur. Les différentes nervures du test marquées par une teinte jaune qui forme des dessins réguliers. En arrière et au milieu de la carapace, une tache jaunâtre ; de chaque côté, à la même hauteur que cette tache, deux autres de la même couleur. Le dessous 122 ANIMAUX OBSERVÉS du corps blanc ; la partie antérieure des premiers pieds et les autres pieds, bleus. — Se rapproche beaucoup de L. pelagica, Lam“., mais cependant en diffère. 3. Lupear sanguinolenta, Milne-Edw., var. + Sur un individu recueilli à Kanala, les trois grandes taches circulaires d’un rouge vif, sur la partie supérieure de la carapace (Milne-Edwards), sont brunes et entourées d’un cercle blanchâtre bien défini. 4. Ehalamis (Milne-Edw.).... ? M'pue, des naturels de Kanala. Longueur : 0" 04 ; largeur : 0" 075. — Carapace lisse, un peu bombée, hexagonale. Front large, partagé peu profondément en huit lobes ; ceux du milieu arrondis. La longueur du front est un peu plus grande que la moitié de la largeur de la carapace. Dents des bords latéro-antérieurs larges à la base, pointues, au nombre de cinq du côté droit, de quatre du côté gauche ; les premières de chaque côté, bifides ; les dernières ne sont guère plus grandes que les autres, mais elles sont plus acérées et plus spiniformes. Les pieds antérieurs très grands; leur troisième article dépassant beaucoup la carapace; les mains très hérissées de dents et à peu près de la longueur de la carapace, cannelées, recour- bées en dedans. Deux épines à la partie antérieure du bras; deux au carpe; une à la main. Les trois pieds suivants longs et minces ; leur tarse étroit, styliforme, cannelé. A l'extrémité du troisième article des derniers pieds, une petite épine ; les deux derniers articles de ces pieds très larges, très aplatis, ciliés sur les bords. Le dessus de la carapace vert-sombre; le dessous brun- rougeâtre ; les mains couleur de laque carminée. A LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 123 5. Podopiathalmus vigil. Leach. Augoti, des naturels de Kanala. 6. Mniuéia sangumimolenta. Montr. Tous les caractères du genre Matuia Milne-Edw.. La carapace verdâtre, avec des poinis nombreux, quelquefois rouges, formant des lignes continues. Ne serait-ce pas une variété du À. victor, Milne-Edw., ou M. Peronti, M. Banksii, Leach? 7. Camcer (L.)....? Carapace bombée, dont la largeur égale à peu près une fois et demie la longueur, lisse, arquée, décrivant en avant la moitié d’une ellipse, sans épines ; seulement à la partie arrière des bords latéraux on voit une petite échancrure et’une pointe émoussée. Une petite ex- croissance à l’angle externe de chaque orbite. Pédon- cules des yeux très courts. Le front droit; une dentelure très arrondie au milieu. Les mains grosses, arrondies, sans épines; les pieds disposés de même; leurs troisièmes articles un peu aplatis ; les derniers articles très pointus ; le troisième pied de chaque côté, le plus long. Ni épines, ni granulations, ni rugosités sur le test. Le dessus très joliment marbré de brun, de rouge et de gris. Les pieds brun-rouge ; le dessous du corps jau- nâtre. — (Très commun sur les récifs de corail). 8. Grapsus pictus, Lair. (Nouvelle-Calédonie). 9. Ocypoda (L.)....? Carapace rectangulaire, légèrement granulée, un peu plus large que longue; les bords latéraux un peu 124 ANIMAUX OBSERVES convergents en arrière. Le front très petit, recourhé en dessous. Aux bords antérieurs de chaque côté, deux épines dont une, aigüe, fait l'angle externe du test; la deuxième, moins proéminente, se trouve au tiers (à partir du front) du bord supérieur de l'orbite de l'œil. Les pédoncules oculaires se logent en entier dans cet orbite, et ne débordent pas au dehors de la carapace. Les mains repliées se rejoignent sur le front et sont creusées en cuiller; le bord inférieur du doigt fixe finement denté. Les arêtes du bras dentelées; une épine à l’angle interne du coude ; la main gauche plus grande que la droite. Les troisièmes et quatrièmes pieds les plus longs, à peu près égaux ; les arêtes des différents articles finement dentelées ; les tarses pointus, cannelés. Couleur générale roussâtre. 10. Gomoplax (Milne-Edw.)... 7? Macrophthalmus (Latr.). — Mbabeuh, des naturels de Kanala. Carapace granuleuse, presque rectangulaire. Les bords latéraux sont sensiblement courbes, surtout en arrière, et armés de trois dents ou épines dirigées en avant (comptant pour une dent l'angle orbitaire externe qui est très aigu). Le front est tronqué, échancré à son bord dont les deux extrémités sont saillantes, et ce bord est plus large que la base, ou du moins, que l’étrangle- ment qui est entre les deux orbites. Les mains grêles ; les serres infléchies. — Ce Macrophthalme semble avoir plus de rapports avec l'espèce fossile M. Latreller, Milne-Edw. T. IL, p. 66, trouvé incrusté dans un calcaire argileux dont la position géologique n’est pas connue, qu'avec le M. parvimanus, Latr. — (Kanala). À LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 125 11. Gelasimus (Latr.)... ? Main gauche rouge, très grosse. Le corps bombé, brun, avec des taches jaunâtres. Le front recourbé, non divisé. — An G. Duperreyr, Benn. ? 12. Gelasimus (Latr.)...? Main droite jaune, très grande. Carapace un peu bombée. Les bords latéro-antérieurs finement dentelés. Le front étroit, recourbé, non divisé. — An G. Marion ? 13. Leucosia urania, Fabr. (Nouveile-Calédonie). 14. Imachus (Latr.)...? Longueur : 0" 06. Plus grande largeur aux deux tiers de la carapace à partir du front: 0" 0%. Chaque bord du test armé de quatre fortes épines. De chaque côté du rostre, deux épines longues comme le corps de l'animal. Le front vertical et épineux. Sur la ligne médiane, en allant d'avant en arrière, on rencontre d’abord deux épines, puis deux autres sur une ligne transversale, puis une autre, puis deux autres encore à l'extrémité posté- rieure de la carapace. De chaque côté de la partie arrière de celle-ci, sur une proéminence, on voit une forte épine. La carapace bosselée, granuleuse, hérissée d’aiguillons plus petits. Sept articles à l'abdomen. Les pieds longs, assez grêles. Les mains de la longueur de la deuxième paire de pieds; leurs premiers articles granuleux et épineux près des articulations ; les autres articles lisses ; les serres petites, finement dentelées en dedans. Les articles des autres pieds cylindriques ; les derniers pointus. 126 ANIMAUX OBSERVÉS 15. Micippe philyra, Leach. (Nouvelle-Calédonie). 16. Calappa (Latr.)...? La carapace d’un tiers plus large que longue, évasée, coupée en arc elliptique en avant, tronquée et rétrécie en arrière. Le front, à deux lobes émoussés, peu proé- minent, un peu recourbé en avant, est à peu près égal à la 5° partie du bord antérieur et des bords latéro-anté- rieurs réunis. Les yeux portés sur un pédoncule dépas- sant très peu les orbites. Quatre dents à chacun des bords latéro-antérieurs, en y comprenant celle qui est formée par le bord externe de l'orbite. Les mains fortes, sans épines, mais avec des granulations, se rejoignent sous le milieu du front. Les autres pieds aplatis en crête ; leur dernier article pointu. L'extrémité des mains noires ; le corps blanchâtre ; tout le dessus et une partie du dessous, couverts de poils épais. — Très commun. 47. Pagurus (Milne-Edw.)... 7? Longueur totale : 0" 09. Rougeâtre avec des points blancs et bleuâtres. Les pieds très velus ; la main gauche beaucoup plus grande que la droite. 18. Birgus flaéro, Milne-Edw. Se trouve à Lifu, une des îles Loyalty, mais, d’après le P. Montrouzier, n’a jamais été vu jusqu'à présent en Nouvelle-Calédonie. 49. Seyllarus (Milne-Edw.)... ? La longueur du tronc est d’un tiers plus petite que la largeur ; il est presque rectangulaire, étendu sur les côtés, dentelé, ayant sept denis longues, profondément séparées et recourbées en avant; de plus, à la hauteur des yeux, une double dent séparée des autres par une { À LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 127 échancrure plus large. Le front finement dentelé, et égal à la moitié de la largeur totale du tronc. Les yeux sont placés à chaque extrémité dans une fosse orbiculaire dont le rebord est dentelé en crête. Les articles des antennes latérales très plats, dentelés. Les anneaux de la queue sont terminés sur les côtés par une triple dent, inclinée en avant. La nageoire du milieu de la queue tronquée, et non pointue comme celle de l’Ibacus de Commerson, auquel ce Scyllare ressemble assez du reste. La queue est d’un tiers plus longue que le tronc. La 92° paire de pieds la plus longue. Tout le dessus du corps granulé ; des points plus gros sur la ligne médiane. Les dentelures, les faux-pieds, etc., sont bordés de soies. Bleu et violet en dessus, jaunâtre en dessous; des anneaux d’un beau bleu sur les pieds. — (Récifs de corail). V'Eplbasess dtiènfete, 722 evbrrs 77 era 20. Palinurus margimatus, Quoy et Gaimard. (Ile des Pins, récifs de corail). | mt Po PP JCa ce (Sgytlane… ve ete one 11 — ce Fidas £D uw, CARTE DE L'ILE DE NOURANIVA (MARQUISES), Par M. Edel. JARDIN. Le 4° volume des mémoires de la Société contient un artiele sur la géologie et la minéralogie de l’île de Noukahiva, archipel des Marquises. La carte ci-contre, qui doit servir à l’intelli- gence de eet article, n’a pu être insérée dans le même volume, par suite de circonstances particulières. Comme on pourra le remarquer en lisant le texte, on n’a reproduit sur cette carte que les chaînes principales des mon- tagnes, laissant de eôté les chaînons secondaires et les contre- forts qui font de la partie ouest de l’île un terrain où il serait difficile de trouver un kilomètre carré de surface unie. Les contours des côtes n’ont jamais été déterminés d’une manière rigoureuse, mais la profondeur plus ou moins grande d’une baie, le prolongement d’un cap dans la mer, plus ou moins accentué, n'influent en rien sur la description orologique de l’île. Si Noukahiva avait été susceptible de servir de lieu de ravi- taillement et de réparation pour les navires baleiniers, nul doute que les abords en ceussent été étudiés hydrographique- ment d’une manière plus précise. Cependant M. le capitaine de frégate Jouan qui a commandé, en 1836, le poste de Taiohaë, a fait sur l'archipel des travaux hydrographiques qui ont été insérés dans la Revue coloniale (décembre 1857) et que les navigateurs pourront consulter avec fruit. em € Utuka-o1 2 Ha-ha haï-pua 3 : FE è = : Es E cr () à ee re # Ê À 5 > 2 din = 9 G a c C2 é £ SE EL 8 CH. Hatua-tua ER pas) L ES ( | Molokoknehi £ | ë . ” = = ë Eu Bd nus Nouka -hiva (72 Mu a Live. , — Archipel des uses. Aug: CA Funrdut à Charbou CALLITRICHE. ESQUISSE MONOGRAPHIQUE, Par M. le Dr E. LEBEL. Le genre Callitriche a, plus d’une fois, attiré l'attention des botanistes, depuis une trentaine d'années. Une meilleure appréciation de ses affinités a conduit à changer notablement sa place dans la série végétale. L'étude du pistil, à différents âges, a motivé ou justifié ce déplacement. Les poils singuliers dont la plante est couverte n'ont pas, eux-mêmes, été oubliés. De nom- breuses espèces ont été décrites. Et pourtant il reste plus d’une lacune et plus d’un doute dans l'histoire de ce tout petit genre! Si quelques points de son organisation sont mainte- nant bien connus, d’auires sont complètement ignorés, qui ne manquent pourtant ni d'intérêt, ni d'importance relative. Quelques-unes des notions acquises à son sujet auraient besoin d'être complétées ou même recti- fiées dans une certaine mesure. On est enfin bien loin de s'entendre sur la question des espèces. En présence d’une cinquantaine environ d'espèces ou de variétés nominales, peut-être même à-cause de cela, on conteste, 9 130 CALLITRICHE. en principe, toute division spécifique. Récemment en- core, le savant et dernier Monographe des Euphor- biacées déclarait le Callitriche monotype. Cet état de choses m'a décidé à faire connaître quel- ques recherches sur les Callitrics entreprises, depuis plusieurs années déjà, sans autre but que mon instrue- tion personnelle. Elles apporteront un petit supplément aux faits acquis et serviront peut-être à résoudre quelques-unes des questions en litige : elles auront en tout cas cet à-propos d'appeler l'attention sur elles, J'ai des grâces à rendre à plusieurs de mes corres- pondants qui ont bien voulu me communiquer quelques Callitrics, si rares dans toutes les collections : je dois surtout d’affectueux remerciments à mon savant ami, M. René Lenormand, qui s’empresse, en toute occasion, de mettre à ma disposition les richesses de son herbier. Habitat, port, durée.—Le genre Callitriche estrepré- senté dans les deux hémisphères. Ses espèces vivent indifféremment dans les eaux stagnantes et courantes qui ne sont ni trop profondes, ni trop rapides : elles ne craignent pas les eaux saumâtres et la seule station de Callitriche antumnalis que je connaisse en Normandie est dans une eau de cette nature. On voit souvent des Callitrics former un gazon court et touffu, du plus beau vert, au fond des fossés taris et à la surface des mares momentanément asséchées. Il n'est pas rare de les trouver accidentellement transportés sur les bords de leurs stations habituelles et même sur la crête des haies nouvellement relevées. La plante, en ce cas, est réduite à un petit nombre de branches courtes appliquées sur le sol et ne résiste pas aux intempéries de l'hiver. Dans les eaux, leur élément naturel, les Callitries ont un port ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 131 grêle, élancé et des dimensions parfois considérables (un mètre ou deux) en rapport avec la profondeur et le courant. Ils viennent d'ordinaire gagner la surface et les derniers rameaux de la plante y étalent leurs feuilles supérieures disposées en rosettes terminales. C’est sur ces rosettes que se concentre l'énergie vitale; la végé- tation y est particulièrement active et la floraison s’y accomplit. Il est des espèces que leur petite taille main- tient habituellement submergées et qui sont dépourvues de rosettes foliaires : tel est le Callitriche autumnaiis, qu'on serait tenté de prendre sous l'eau pour un petit Chara. C’est la seule espèce, à ma connaissance, dont les dimensions ne varient guères. Les Callitrics sont tout à la fois annuels et perennants. Dans l’espace d’une année, environ, la plante achève sa croissance, fleurit et mürit ses graines. Elle meurt alors, mais non tout entière : quelques-uns de ses entrenœuds, fixés et nourris par leurs racines adventives, deviennent le centre d’une végétation nouvelle. Les bourgeons, jus- qu’alors latents, se développent en ce point et repro- duisent une plante semblable à celle dont ils émanent : j'ai constaté le fait à n’en pouvoir douter. Bien des fois, à l'automne, en enlevant, pour l'étude, de très jeunes plants de Callitriche, sur les boues extraites des mares et des fossés, j’en trouvais un tiers ou moitié qui n'avaient pas d'autre origine. Il s'opère ainsi une double repro- duction parallèle et successive ; l’une par les graines, consécutive à une fécondation préalable et perpétuant l'espèce dans la limite de ses variations possibles ; l'autre par les tiges, véritable fissiparité, qui concourt aussi à la conservation de l'espèce, mais d’une manière plus restreinte, par Île renouvellement indéfini de l'individu. 192 CALLITRICHE., Racine. — La racine des Callitries est primitivement un pivot court, bifurqué inférieurement un petit nombre de fois. Un rétrécissement, plus ou moins marqué, le sépare nettement de la tige. De nombreuses racines adventives ne tardent pas à sortir du premier mérithalle et successivement des nœuds situés au-dessus. Tant qu’elles sont immergées, ces racines restent simples et conservent, d’un bout à l’autre, un diamètre à peu près égal : ce n’est qu'en touchant le fond qu'elles commen- cent à se ramifier, comme l'axe primordial lui-même. Celui-ci d’ailleurs va perdant de plus en plus de sa pré- dominance et la jeune plante ne tarde pas à être fixée par un faisseau toujours croissant de fibres radiculaires. L'état fasciculé définitif du système radiculaire est quelquefois encore hàâté par la destruction du pivot primitif en un point de sa longueur etle développement rapide de branches collatérales qui le remplacent. Les divisions ultimes de la racine se terminent par un bout très obtus, que grossit encore une courte piléorhize. Cette piléorhize existe, que les racines se soient déve- loppées en terre ou dans l’eau. Tous les axes de la racine sont dépourvus de stomates et de poils; ils donnent naissance à de nombreuses fibrilles ou suçoirs. Disons un mot de ces derniers organes et, en indiquant la structure de la tige, nous dirons en quoi celle de la racine en diffère. Les suçoirs ont la forme d’un tube creux, simple d'ordinaire et un peu subulé, sans cloisons dans son intérieur, largement ouvert à sa base dans la cellule mère, terminé au sommet par un renflement olivaire ou sphérique, imper- foré. Une double enveloppe très mince les constitue : ils contiennent un liquide que j'ai vu incolore et dans lequel je n’ai pu apercevoir de globules, sous un gros- ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 133 sissement de 300 : 1, peut-être parce que je l'ai constam- ment examiné après une immersion de la racine pen- dant quelques heures. La longueur des sucoirs est com- munément de 20 à 35 centimillimètres. IL y en a de beaucoup plus courts, mais peut-être n'ont-ils pas atteint tout leur développement. Leur largeur varie d’un peu plus à un peu moins d'un centimillimètre. Le ren- flement terminal mesure à peu près un centimillimètre et demi. La formation de ces sucoirs n’est pas moins simple que leur structure. Une des cellules épidermiques se soulève en une saillie d’abord mamelonnée, puis conique, qui continue quelque temps à s’allonger et se renfle à son extrémité. Rien de plus ressemblant à un poil simple : mais si l’origine et l'organisation sont pres- que pareilles, les fonctions sont différentes: ici de secrélion, là d'absorption. Les fibrilles ont aussi beau- coup d’analogie avec quelques algues unicellulées des plus simples, et dans ce cas, il n’y a pas moins analogie de fonctions que de structure. Tiges. — Les tiges sont arrondies, d'un vert clair, ou même blanchâtres, rameuses, radicantes, renflées aux nœuds qui portent des feuilles connées, opposées en croix. La longueur des entrenœuds et par suite de la tige dépend un peu de l'espèce et beaucoup des conditions dans lesquelles est placé l'individu. Le premier entre- nœud, qui porte les cotylédons, offre d'ordinaire infé- rieurement un renflement annulaire qui le limite nette- ment et le distingue de la racine. Ce renflement a la structure d’un nœud vital, qui serait aphylle et stérile. Sur trente jeunes plants de Callitriche, pourvus d’une à trois paires de feuilles, le renflement annulaire ne manquait que six fois. On se rendra facilement compte de l'inégalité de grosseur entre la tige et la racine si l'on 134 CALLITRICHE. se rappelle la manière dont la radicule sort, pour ainsi dire, de l'extrémité de l'embryon, au point même où le suspenseur avait son attache. Une légère torsion des entrenœuds rend oblique d'ordinaire la décussation des feuilles. Cette torsion existe souvent déjà sur de très jeunes mérithalles, ainsi que l'indique la position des feuilles sur les rosettes terminales. Le renflement des nœuds a sa raison d’être dans le grand nombre d'organes qui naissent de la tige en ce point: feuilles, bourgeons foliaires et floraux, isolés ou réunis, bractées, racines adventives nom- breuses (de 6 à 8). Le mérithalle inférieur dépasse le supérieur sur la circonférence entière, mais surtout aux pôles du nœud. Cette disproportion des deux méri- thalles à leur jonction et de chaque mérithalle à ses deux bouts est très apparente dans le très jeune âge, et le mérithalle commence même par être presque obeo- nique. Plus tard, la différence diminue et d’ailleurs est masquée par l'allongement relativement très considérable des entrenœuds. S'il naît plusieurs bourgeons foliaires à l’aisselle d’une même feuille, ils sont placés l’un devant l'autre ; ils ne sont pas d’ailleurs toujours con- temporains. Quand ils s’y trouvent avec des bourgeons floraux, on les voit tantôt en avant, tantôt en arrière de ceux-ci, mais les uns et les autres toujours en série linéaire, de la feuille à l'axe qui la porte. Poils étorilés. — Les tiges, sur toute leur longueur, sont hérissées de granulations d'apparence cristalline, que le moindre frottement peut enlever : ce sont des -poils étoilés, que M. le professeur Chatin a eu le mérite de bien décrire et le tort de présenter comme un organe nouveau, pour lequel il s’est cru obligé de créer le nom de Cystie. Ces singuliers poils, analogues, du reste, à ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 135 ceux de plusieurs autres plantes, ainsi que l’ont fait voir M. Prillieux et M. Chatin lui-même, sont beaucoup plus abondants sur les tiges que sur les feuilles. Il est remar- quable qu'on les trouve déjà très nombreux et bien développés sur les plus jeunes portions de la tige, ainsi que sur des feuilles très éloignées de leur forme défi- nitive et complètement dépourvues de chlorophylle. Je les ai vues se toucher et même se recouvrir, en partie, sur des mérithalles qui avaient à peine un demi milli- mètre de long. L'étoile du poil proprement dite est formée commu- nément de 8 à 12 cellules obovales cunéiformes, qui s'irradient d’un centre commun pour constituer une expansion à peu près orbiculaire, déprimée dans son ensemble, mais un peu renflée entre les cloisons ; dis- position qui l’a fait comparer avec assez de justesse au fruit du Sablier. J'ai compté jusqu’à 15 ou 16 cellules ; il est rare qu'il y en ait moins de 8, il est rare aussi qu’elles soient en nombre impair. Une cellule inférieure, en forme de tronçon de tube, recoit en dessous l'expansion étoilée à son point central et lui sert ainsi de support ou de pédicule. Ce pédicule est quelquefois formé de deux cellules. Le poil ressemble ainsi assez bien à une roue, dont les cloisons représentent les rais et le pédicule le moyeu. Mais son développement n’est pas toujours aussi régulier. Il arrive souvent que toutes les cellules n'atteignent pas le centre : toutes d’ailleurs ne se développent pas également à la circonférence. Il en résulte d'assez notables changements dans la forme générale de l'organe. La forme orbiculaire de l'étoile est d’ailleurs plus apparente que réelle et j'ai vu constam- ment un des diamètres un peu plus grand que le dia- mètre opposé : le plus grand mesure communément de 136 CALLITRICHE. 6 à 9 centimillimètres et le moindre de 5 à 8. Placés sur une gouttelette d’eau, les poils. étoilés gagnent le fond ou flottent dans le liquide. Eux-mêmes d’ailleurs con- tiennent un liquide et quelquefois des granulations vertes que la teinture d'iode colore en jaune brun et qui paraissent être de la chlorophylle. Il n’est donc pas permis de regarder ces organes comme des flotteurs, puisqu'ils contiennent eux-mêmes un liquide, ont une pesanteur spécifique au moins égale à celle de l’eau et ne sont ni moins nombreux, ni moins bien développés sur les Callitrics qui ont toujours vécu à l’air libre. Pour avoir une idée exacte de l'origine des poils étoilés, il faut les étudier sur les très jeunes tissus de la tige ou de la feuille. On voit alors sur la couche épider- mique une cellule qui diffère de ses voisines en ce qu'elle est un peu plus grande et plus arrondie. Sa largeur correspond parfois à celle de deux utricules; elle dépasse d’ailleurs le niveau commun, continue à s’élargir, puis se divise, par une cloison parallèle à sa base, en deux cellules superposées. La superficielle s'accroît encore en circonférence et ne tarde pas à se fractionner, mais cette fois par des cloisons verticales, en deux d’abord, puis en quatre compartiments. Ceux- ci, triangulaires, opposés alternativement par leurs som- mets, se partagent à leur tour diagonalement; ce qui donne huit cellules. Ces dernières peuvent encore se dédoubler une fois et il est rare que quelques-unes, au moins, ne le fassent pas ; ce qui peut porter de 8 à 16 le nombre des compartiments. Il n’est pas d’ailleurs sans exemple que la cellule basilaire se divise une fois transversalement. Quelquefois, au lieu de s’étaler en étoile, les cellules terminales du poil s'élèvent presque verticalement, de manière à figurer une poire renversée: ÉSQUISSE MONOGRAPHIQUE., 197 c’est are variété de forme assez commune sur les très jeunes feuilles et les très jeunes mérithalles ; peut-être n'est-elle que transitoire. En tout cas, le poil étoilé provient d’une cellule épidermique plusieurs fois divisée. On ne peut le confondre, même dans le jeune âge, avec un stomate, puisque sa première transformation est s division en deux cellules superposées. Structure de la tige. — La tige et ses divisions sont constituées par deux zônes concentriques de cellules finalement tubuleuses et polygonales; l’extérieure rem- plissant les fonctions d’'écorce, la centrale logeant les vaisseaux et tenant lieu du système fibreux. Zône corticale. — La zône corticale comprend un nombre d'assises utriculaires qui varie suivant l'individu et un peu suivant l'espèce : il y en a communément de cinq à douze. L’assise superficielle diffère notablement des autres et doit être considérée comme un véritable épiderme. Ses cellules sont plus étroites et proportion- nellement beaucoup plus longues ; leur adhérence entre elles est plus intime ; leurs parois sont plus épaisses et plus manifestement pourvues de deux enveloppes. Elles sont, d'ordinaire, à 4 pans ; leur diamètre bilatéral est un peu plus grand que l’antéro-postérieur et de sept à vingt-quatre fois moindre que le diamètre longitudinal. J'ai vu, sur Callitriche vernalis, le premier varier de 0 ‘nm 009 à 0 027, le second de 0 "006 à 0 "014, et le troisième de 15 à 30 centimillimètres. Sur plusieurs autres espèces, examinées à ce point de vue, j'ai trouvé des dimensions un peu différentes, mais des rapports analogues. Les cellules épidermiques se terminent tantôt carrément, tantôt en plan un peu incliné, quel- quefois en un long biseau taillé le plus souvent aux dépens d'une des faces. Elles sont plus adhérentes 138 CALLITRICHE. entre elles qu'à la rangée contigüe et ne contiennent pas de chlorophylle. On rencontre assez souvent une cellule ovale intermédiaire aux bouts de deux cellules allongées, dont elle n’égale pas toujours la largeur. On serait tenté de la prendre pour un stomate, si l'absence de fente médiane n'empêchait l'erreur. Ce n’est autre chose, je pense, qu'une cellule destinée à former un poil et arrêtée dans son développement ; cet arrêt de dévelop- pement est-il définitif? Les assises intérieures de la zône corticale constituent un véritable parenchyme. Leurs cellules sont un peu fusiformes, à 5 ou 6 pans, à parois très minces. Leur longueur (8 à 20 centimillim.) égale deux à six fois leur largeur (3 à 6 centimillim.). Sur une tranche de la tige, ont voit l'aire des cellules augmenter graduellement de la 1°° à la 3° rangée, quelquefois à la 4°, ou même à la 5°, pour diminuer progressivement ensuite jusqu'à la zône centrale. Chez une forme robuste de Callitriche, La mesure de cette aire, sur les quatre rangées extérieures, était, de dehors en dedans, 51, 54, 55 et 45 millimilli- mètres. Les assises contigües laissent souvent entre elles, surtout aux points correspondant aux extrémités des cellules, des méats dont le nombre, la forme et la grandeur varient. Sur une coupe transversale ces méats sont triangulaires ou en losange : sur une coupe verticale ils paraissent irrégulièrement allongés et renflés vers leur milieu. Sur les tiges âgées les méats peuvent devenir de véritables lacunes. Les cellules de la zône corticale contiennent de la chlorophylle : celles des assises les plus profondes en contiennent d'ordinaire moins et souvent même très peu. Elle est en grains globuleux ou ovoïdes, parfois irréguliers, dont le dia- mètre le plus ordinaire varie de 0 ‘® 006 à 0 ‘"" 008. ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 139 lis paraissent quelquefois entourés d’une écoree plus claire. Leur nombre est parfois tel qu'ils se compriment mutuellement et semblent ainsi polygonaux. Dans d’au- tres cas les grains sont très peu nombreux et s’attachent aux parois de la cellule. Les cellules du parenchyme ont commencé par être sphériques, un peu comprimées de plusieurs côtés, Elles s’allongent progressivement, tant que dure l'accroissement de l'entre - nœud, et subissent, pendant ce temps, une ou plusieurs divisions transversales. | Zône centrale. — La zône centrale forme à peu près la cinquième partie du diamètre transversal de la tige et se compose aussi d'assises concentriques de cellules prismatiques, dont l'aire va également en diminuant un peu, à mesure que les assises sont plus profondes. La longueur des cellules égale douze à dix-huit fois leur largeur, celle-ci oscillant, sur la 1" rangée, entre 0 ‘006 à O ‘"® 018. Leurs bouts sont fermés par une cloison horizontale ou un peu oblique. On dirait leurs parois finement plissées en travers ; mais je crois que cette apparence ondulée est due à un épaississement linéaire siégeant alternativement sur l’une et l’autre face de la paroi; c’est là une disposition qui semble bien adaptée à des fonctions circulatoires. Cette zône ne contient pas de chlorophylle et paraît destinée à Ia transmission des liquides et des gaz. Entre la circonfé- rence de la zône centrale et son axe, mais en un point plus rapproché de celui-ci, on trouve de nombreux vaisseaux spiraux ou trachées (8 à 12 et même plus), circulairement disposés. Leur diamètre dépasse un peu celui des cellules contigües et varie de 0 °"" 013 à 0 ‘"" 019. La spire est continue et très régulière, avec quelques rares anastomoses entre les tours. Ce n’est que 110 CALLITRICIHE. sur les vieilles tiges, et encore rarement, qu'on ia trouve interrompue et remplacée en quelques points par des anneaux isolés. Au niveau de chaque nœud vital, la zône centrale se renfle et envoie, en arcade surbaissée, un faisceau de fibres et de vaisseaux à chacun des organes qui émanent de la tige en ce point. Les branches, les feuilles, les pédoneules en recoivent un, qui se grossit d’une couche empruntée à la zône corticale. Les racines adventives font seules exception sous ce dernier rapport; elles traversent la zône extérieure sans rien emprunter d'elle et restent exclusivement formées du faisceau fourni par la zône centrale. Plus tard le faisceau qui les constitue se divisera en deux couches, dont l’extérieure prendra les caractères de la zône corticale, mais sans contenir jamais de chlorophylle. Structure de la racine. — La racine ne diffère presque en rien de la tige par sa structure. Elle à aussi ses deux zônes d'assises cellulaires. La corticale est également limitée à l'extérieur par une enveloppe épidermique, exactement semblable : seulement les poils y sont remplacés par des suçoirs. Les autres assises de cette zône ne diffèrent de leurs analogues caulinaires qu'en ce qu'elles ne contiennent pas de chlorophylle : elles sont naturellement moins nom- breuses. La zône centrale conserve son diamètre relatif, se renfle également au niveau des divisions de l'axe et ne présente véritablement pas de différence importante à noter. Elle contient aussi des vaisseaux spiraux un peu moins nombreux (4 à 8), qui descendent presque jusqu'à l'extrémité des derniers rameaux radiculaires, un peu au-dessous du niveau supérieur de la piléorhize. Celle-ci est courte, formée de cellules lichement unies, ESQUISSE MONOGRAPIIQUE. 141 deux à trois fois aussi larges que celles de la couche épidermique. Feuilles. — Les feuilles sont, d'ordinaire, un peu charnues, d’un beau vert et d’un tissu si mou qu’il garde l'empreinte de la moindre pression : quelquefois, au contraire, elles sont très minces, plus consistantes, d’un vert pâle ou d’un vert très sombre. Elles sont toujours très entières, sauf une échancrure terminale assez fréquente. Cette échancrure, souvent très petite, peut devenir très profonde et plus large que la feuille par une disposition singulière des bords de celle-ci qui se prolongent en pointe arquée : il en résulte une sorte de croissant ou même de pince. Les feuilles sont connées, mais avec quelques diffé- rences. Tantôt elles sont semi-amplexicaules, un peu soudées inférieurement et laissent entre elles un sinus en angle rentrant (C. autumnalis L. part.). Tantôt la feuille envoie, de chaque côté de sa base, sur l'axe qui la recoit, un prolongement en forme de rebord, espèce de décurrence horizontale, qui s'unit à un prolongement semblable de la feuille opposée : le sinus interfoliaire est alors très obtus et limité inférieurement par une ligne à peine arquée (C. vernalis Kg., etc.). La configuration des feuilles est peu variée dans ce genre : on en voit de linéaires, d’ovales, d’obovales, de spatulées. Ces formes ne sontpastoujoursrigoureusement exactes et l'expression qui les désigne a parfois besoin d'être complétée. Le limbe, d’ailleurs, se rétrécit fré- quemment en un pétiole, dont la longueur peut égaler ou même surpasser la sienne ; il en résulte que la plupart des feuilles pourraient être dites spatulées, sauf à indiquer la configuration de la portion élargie. Leur nervation est analogue à celle des phyllodes et 149 CALLITRICHE. des feuilles sur un assez grand nombre de monocotylées. Quand il y à plusieurs nervures, les extérieures naissent de la médiane ou de l'intermédiaire et reviennent y aboutir, après avoir décrit une anse à convexilé exté- rieure. Exceptionnellement pourtant, les nervures don- nent naissance à un petit nombre de nervules divergentes qui se perdent dans le parenchyme. Les feuilles sont rarement uniformes sur toute la tige et les inférieures sont assez souvent plus étroites. Au sommet de la tige et des rameaux, la longueur des feuilles décroît rapidement et progressivement. Le raccourcissement se fait d’abord aux dépens du pétiole, quand il existe, ou de la portion moyenne de la feuille. Le pétiole ne tarde pas à disparaitre, moins sa gaine toutefois. La feuille, à ce moment, représente assez bien un capuchon admirablement disposé pour recevoir et protéger les organes qui naissent à son aisselle. C’est désormais le limbe qui va décroître à son tour : les feuilles en viennent à représenter deux espèces de petites valves connées à leur base et contigües par le reste de leurs bords. La couleur verte s’affaiblit peu à peu et finit par disparaitre. En remontant toujours, on arrive à trouver la feuille réduite à un petit mamelon latéral, isolé, de moins en moins saillant sur l'axe du bourgeon terminal. La face inférieure des feuilles est plus pâle que la supérieure : toutes deux sont pourvues d'épiderme : on trouve, à peu près également, sur l’une et sur l’autre, des poils étoilés et des stomates. Il est rare d'y trouver des poils simplement tubuleux. Stomates. — Les stomates sont disposés sans ordre apparent et plus nombreux aux environs du confluent des nervures. J’en ai aperçu sur les bords du limbe, au point ESQUISSE MONOGRAPIIIQUE. 143 où ils s’enfoncent pour former l'échancrure apicilaire. Leur forme est des plus simples : deux cellules s’accol- lent pour circonscrire extérieurement une surface ovale, un peu recouverte à sa circonférence par Îles cellules contigües et un peu susjacentes de l'épiderme. Les faces -en contact laissent entre elles une fente médiane longitu- dinale, divisée , sur sa longueur , par deux petits mame- lons, en trois portions, les extérieures ordinairement égales. C’est la portion moyenne qui est le véritable orifice stigmatique, suscepüble de s'ouvrir et de se fermer suivant la contraction ou la turgescence de ses lèvres. Celles-cicontiennent dans leur intérieur de petites granulations verdâtres disposées concentriquement à la circonférence du stomate. On admet généralement que les stomates s'ouvrent par l'humidité et se ferment par la sécheresse. Cette théorie me semble en contradiction avec les fonctions du stomate , qui sont de donner passage à des fluides gazeux, non moins qu'avec la propriété des cellules végétales de se gonfler par l'humi- dité et de se retracter par le dessèchement. Je suis donc porté à croire, je l'avoue, qu'iciles théories généralement admises ont besoin d’être modifiées. Structure de la feuille. — La feuille des Callitries se compose d'un parenchyme, parcouru de faisceaux fibro- vasculaires et recouvert d’un épiderme sur ses deux faces. L’épiderme, sur les feuilles dont le limbe est élargi, est formé d’une seule rangée de grandes cellules, oblongues ou allongées, en général, à parois très flexu- euses et conséquemment de configurationtrès irrégulière. On ne comprend pas que deux de ces cellules pussent se ressembler exactement. Ces sortes de cellules à parois ondulées ne sont pas sans exemple et l’épiderme de la Garance en montre de très analogues (A. de Juss. Elém. CEA €CALLITRICHE. bot. p. #1. t. 79). Sur les feuilles linéaires, les cellules épidermiques sont étroites, allongées, à parois droites. Les Callitrics qui présentent tout à la fois des feuilles linéaires et des feuilles largement limbées ont aussi les deux formes d’épiderme (C. hamulata). Les cellules épidermiques ne contiennent pas de chlorophylle. Le parenchyme n’a pas toujours la même épaisseur, ni sans doute le même nombre de rangées utriculaires. Jai compté le plus souvent trois rangées sur les feuilles larges. Les cellules sont en segment de tube ou de prisme, courtes proportionnellement à leur épaisseur et très remplies de chlorophylle. J'ai quelquefois apercu de petits méats, jamais de lacunes entre elles. Les nervures sont constituées par un faisceau de cellules semblables à celle de la zône caulinaire centrale et par quelques trachées. Ges trachées se retrouvent même dans les moindres nervules. Position relative des organes à l’aisselle de la feuille. — Dans une aisselle florale de Callitriche, on trouve d'ordinaire une étamine ou un pistil, quelquefois l’un et l'autre, très rarement un pistil entre deux étamines et parfois, en outre, un petit bourgeon foliaire qui ne se développe qu’exceptionnellement. J'ai rencontré, un petit nombre de fois, sur des Callitrics francais et améri- ricains, deux pistils, sans étamines. Etamines, pistils et bourgeon sont invariablement placés en série linéaire, de la feuille florale à l’axe qui la porte. Je n’ai jamais rencontré, moi-même, de pistil intermédiaire à deux étamines ; mais comme celle qui existe habituellement est tantôt en avant et tantôt en arrière de l’ovaire, il est incontestable qu'il peut, peut-être même qu'il doit normalement y en avoir deux et que l’absence de l’une est due à un arrêt de développement. ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 145 Opinions des auteurs. —- Quelques auteurs sem- blent bien avoir observé cet état normal et parfait de ce qu'on appelle la fleur des Callitries. Aucun n’est plus explicite à ce sujet qu'Endlicher: «stamen unicum, posticum, rarius stamina duo, anticum et posticum, sub germine inserta. (Enchyr. p. 154. 1841). Je ferai remarquer toutefois, contrairement à l'assertion du célèbre auteur, que c’est l'étamine postérieure qui manquait le plus souvent dans les nombreuses analyses faites par moi. Il me semble même que le fait et la théorie sont, en ce cas, parfaitement d'accord, puisque la fréquence des arrêts de développement est en propor- tion de l'éloignement de la feuille florale. Bartling se contente de dire « stamen 1, rarius 2. » (Ord. nat. p. 315. 1830). De Candolle (Prod. t. 3, p. 70. 1843) et Duby (Bot. gall. t. 1. p. 191) s'expriment avec le même laconisme : « sitamen 1, rarius 2 ». La flore de Paris la plus récente assigne à la fleur de Callitriche «élamines {—2, hypogynes, alternes avec les bractées ». La 2° édition du Synopsis de la même flore dit: «alternes avec les sépales ». La flore de France de MM. Grenier et Godron émet la même opinion que la flore de Paris, exactement dans les mêmes termes (FE. Fr. t. 1, p. 590. 1848). L'indication de deux élamines par les auteurs que je viens de citer est-elle le résaltat de l'observation directe ou de déductions analytiques ? je l'ignore. Linné, au contraire, et les floristes qui l'ont immédia- tement suivi, Gmelin, Willdenow, Persoon, tenant plus de compte du fait que de la théorie, ont classé et décrit les Callitries comme monandres. (L. syst. plant. éd. Reich. 1778-79; Syst. nat. éd. Gmel. 1790 ; Willd. spec. pliant. éd. #. 1797; Pers. Syn. plant. 1805). Il ne manque pas de boianistes contemporains qui partagent encore 10 1:6 CALLITRICIIE, cette manière de voir, adoptée par Reichenbach et par le professeur Kützing, qui ont fait une étude spéciale des plantes qui nous occupent. (Reich. fl. germ. exc. 752-53- 54-55 ; Lips. 1830 ; Icon. bot. tab. 891-900. 1831). Il est à remarquer, du reste, que, dans l’Iconographie bota- nique, la fleur de Callitriche vernalis est représentée par un pistil entre deux étamines. (Rchb. loc. eit. t. 881). Koch ne s’écarte en rien de l'opinion Linnéenne (Syn. éd. 2. t. 1. p. 271. 1843). Il en est de même de MM. Boreau (F1. centr.) et Lloyd (FI. Ouest p. 165. éd. 2. 1854). La plupart de ces auteurs, du reste, s'accordent à dire que les fleurs deviennent souvent unisexuelles, par avortement. Mais revenons à l'observation directe. Bractées. — Que l’étamine et le pistil soient soli- taires ou réunis dans une même aisselle, chacun d'eux est placé normalement entre deux appendices mem- braneux, blanchâtres, situés sur Ia même ligne que lui, l'un à sa droite, l’autre à sa gauche, et opposés en croix à la feuille axillante. Il n’est pas sans exemple de rencontrer ces appendices sur les côtés du bourgeon feuillé rudimentaire dont j'ai signalé la présence acciden- telle dans l’aisselle florifère ; ils forment alors avec la feuille florale et les feuilles du bourgeon une série dé- eussée. Leur position, en ce cas, jette un grand jour sur leur véritable nature. Intermédiaires er effet à deux systèmes de feuilles de génération successive, qu'ils relient physiologiquement, ils ne peuvent avoir eux- mêmes une nature différente. Ce sont des feuilles, modifiées par le voisinage et l'influence des organes reproducteurs. Dès ce moment done, et indépendam- ment des inductions tirées de la structure qui viendront confirmer cette manière de voir, nous les regarderons, avec la plupart des auteurs, comme des bractées. Le ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 147 nom de bractées doit être préféré à celui de bractéoles employé par Reichenbach et le professeur Kützing pour indiquer le degré relatif d'évolution. Comme les feuilles florales, en effet, chez les Callitries, ne différent en quoi que ce soit des autres feuilles de ces plantes, le nom de bractées ne saurait leur être convenablement attribué ; nous le réserverons done pour les organes qui nous occupent. Les bractées naissent en un point si rapproché du pédicelle et du filet staminal, qu'on se demande si elles n'en émaneraient pas directement, au point commun d’émergence. C’est bien, en effet, ce qui paraît avoir lieu. Plusieurs fois je les ai vues portées par le pédicelle et une fois même par le filet. Il est même assez facile de constater ces rapports sur les très jeunes fleurs, que le peu de résistance des parties permet d'isoler de la feuille axillante avec un petit lambeau de la base qui les supporte. Qu'il en soit, du reste, véritablement ainsi, ou que les bractées soient simplement opposées par paire à létamine et au pistil, toujours est-il que chaque paire appartient exclusivement à un seul des organes sexuels et n'a avec l’autre ou les autres qu’un simple hasard de voisinage, si je puis ainsi dire : elle isole et limite inférieurement un système floral distinet, réduit à sa plus simple expression, c’est-à-dire uni- sexuel. Il résulte de ceci que ce qui a été pris jusqu’à ce jour pour une fleur de Callitriche est, en réalité, une inflores- cence, normalement triflore, peut-être même pluriflore, à fleur femelle probablement centrale et à fleurs mâles périphériques : inflorescence que des avortements habituels ne laissent guère parvenir à son état complet et régulier de développement. Il en résulte encore qu’au 1418 CALLITRICHE. lieu d’être primitivement hermaphrodites et &e devenir unisexuelles, par arrêt de développement, les fleurs, chez les Callitrics, sont d’abord unisexuelles et ne prennent qu'accidentellement, par avortement des bractées, une apparence d’hermaphroditisme. J'ai pourtant observé une seule fois, sur un Callitriche de la Nouvelle-Zélande, une étamine dont le filet s’insérait sur un très court gynophore, à la partie antérieure de celui-ci, immédiatement au-dessous de l'ovaire. Le filet, court et presque horizontal, se trouvait logé d’abord dans le sillon marginal du pistil. La déhiscence anthé- rique avait eu lieu. Le gynophore avait ses bractées latérales : je n'ai pu m'assurer qu'il en eût existé d’autres, soit qu’elles manquassent en effet, soit qu'elles eussent été détruites pendant des recherches qui avaient un autre but. Ce fait unique peut donner l’idée d’untype normal et androgyne de la fleur, qui ne s’est au reste jamais révélé à moi par d’autres indices. Forme et structure des bractées. — Les bractées ne sont pas ici de simples lames foliacées ou périgonales, comme le donnent à croire toutes les descriptions qui en ont été faites jusqu'à ce jour. Ce sont de petits sacs finement membraneux, clos de toutes parts, cylin- droides, renflés dans leur milieu, amincis et presque en pointe aux deux bouts, arqués en dedans, comprimés de trois côtés et présentant trois faces, une antérieure et une postérieure, tournées un peu obliquement celle-ci vers la tige, celle-là vers la feuille florale ; enfin une face interne, plus étroite, déprimée ou même creusée en gouttière, par suite de la pression de l'ovaire naissant ou de l’anthère encore sessile. Ces sacs ont ainsi la forme d'un prisme triquêtre, aminei à chaque bout et plus ou moins arqué sur sa face interne. Leur profil ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 149 antérieur et postérieur figure assez bien un croissant ou une faucille. C’est évidemment ce profil qui a été seul apereu des auteurs et décrit comme la bractée tout entière. L'intérieur de la bractée contient une petite quantité d’un gaz aériforme, dont on peut constater la présence en ouvrant, avec précaution, le petit sac sous une goutte d’eau. J'ignore ia nature et les usages de ce gaz. Les bractées sont sujettes à de nombreuses variations de forme, de grandeur, de courbure. Leur sommet peui se courber au point de former un angle aigu avec l'axe de l'organe ; on le voit, au contraire, se redresser et mêmese refléchir ; au lieu de s’amincir, il peut se renfler et se diviser en deux dents. La direction des bractées n’est pas non plus constante et on les voit se déjeter en avant ou en arrière de la fleur. Aucune de ces modifi- cations de la bractée n’est caractéristique d’une espèce et toutes peuvent se renconirer sur le même individu, et qui plus est, sur le même rameau : c’est à ce point que les deux bractées d’une fleur unique ne se ressem- blent pas toujours. J'ai cru remarquer toutefois que les bractées sont, en général, un peu plus petites et plus étroites sur les Callitrics à feuilles linéaires. Elles ont, en général aussi, des dimensions un peu moindres à mesure qu'elles s’éloignent de la feuille florale. Celles de l'étamine sont, d’ailleurs, plus grandes que celles du pistil. Il suit des détails dans lesquels je viens d'entrer que les bractées, sur les Callitrics, forment un trait remar- quable du signalement générique etrestent, au contraire, sans valeur pour le diagnostic des espèces. L'impor- tance qu'on a voulu leur donner sous ce dernier rapport n’est pas une des moindres causes de l'obscurité qui 150 CALLITRICIIE. règne encore sur la valeur des espèces et même sur fa convenance d'une distribution spécilique dans ce petit groupe si naturel. Les bractées persistent quelquefois jusque sur le fruit : parfois aussi elles se détruisent de bonne heure. C'est du reste ce qui arrive pour les feuilles inférieures, dans ce genre. On rencontre souvent des fleurs nues par avortement des bractées : cet arrêt de développe- ment peut même se généraliser sur un individu : le Calli- triche autumnalis L. etle C. hamulata Kg. en offrent assez fréquemment des exemples. D’an autre côté, il n'est pas rare de trouver des bractées stériles, par atrophie de la fleur qui devait naître entre elles. C’est de préférence à la partie inférieure des tiges qu’il faut chercher ces arrêts de développement, surtout dans les eaux courantes. Que les Cailitries vivent dans l’eau, leur milieu naturel, ou à l'air libre, ce qui se voit souvent sur les boues, le bord des fossés et même dans les prairies, l'existence et la forme des bractées n’en éprouvent aucun changement; on ne peut donc songer à regarder ces organes comme des flotteurs. Les parois bractéales sont formées d’une assise, qui m'a paru unique, de cellules à bord très ondulés, abso- lument comme celles de l'épiderme des feuilles. Vers la base de la bractée les diamètres longitudinal et bilatéral des cellules sont à peu près égaux. Le diamètre longi- tudinal l'emporte de plus en plus jusque vers le milieu du sac bractéal et diminue graduellement ensuite vers le sommet : la plus grande disproportion est de cinq à “un. Les cellules bractéales sont dépourvues de noyau : elles contiennent quelquefois un petit nombre de grains de chlorophylle très tenus et accolés à leurs parois. La forme de ces cellules est pareille à celle des cellules de ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 151 l'épiderme. I me paraît difficile de ne pas regarder les bractées comme des feuilles arrètées de bonne heure dans leur développement et réduites à la seule couche superficielle, la place du parenchyme restant vide. La face inférieure ou externe de la jeune feuille trouvant seule de l’espace a pris un accroissement dispropor- tionné et, sous la pression des organes voisins, à fini par former les faces antérieure et postérieure de la bractée. La présence accidentelle des bractées à la base d'un jeune rameau, dont elles remplacent la première paire de feuilles, vient confirmer l'opinion que je me fais de leur nature. Leur position, qui ne peut rentrer ni dans le verticille, ni dans la spire, empêche d’ailleurs de les regarder comme un calice ou une corolle. En résumé, les bractées, dans le genre Callitriche, sont de petits sacs membraneux, clos de toutes parts et contenant un gaz aériforme.- Elles sont opposées par paire à l’étamine et au pistil, rarement portées sur le pédicelle, plus rarement encore sur le filet. Chaque paire embrasse et limite inférieurement une fleur unisexuelle. Leur position relative entre elles et avec les organes reproducteurs exclut toute idée de verticille ou de spire : elles n’appartiennent donc pas à un véritable périgone. Leur structure identique à celle de l'assise superficielle des feuilles, la chlorophylle qu'elles con- tiennent quelquefois, leur présence accidentelle à la base d’un rameau feuillé, indiquent leur véritable nature. Fleurs. — Les fleurs constituent, dans l’aisselle, une petite inflorescence, en série linéaire, de la feuille florale à l'axe qui la porte; une fleur femelle probablement intermédiaire à deux fleurs mâles. C’est une analogie de plus entre le petit groupe des Callitries et le genre qui donne son nom à la grande famille des Euphorbiacées. 152 CALLITRICHE. De fréquents arrèls de développement modifient ceite inflorescence et la réduisent à deux fleurs ou même à une fleur unique, la position relative des bractées ne variant jamais. Je viens d'indiquer l’unisexualité de la fleur, sa posi- tion relative dans l’aisselle et dans la série normale, ses rapports avec les bractées qui lui tiennent lieu de péri- gone, enfin les arrêts de développement qui la modifient et peuvent donner à un groupe de fleurs unisexuelles l'apparence d’une fleur hermaphrodite. Il ne me reste plus à décrire que l'organe sexuel lui-même : peu de mots suffiront pour la fleur mâle. Fleur mäle. — Elle est, ainsi que je l'ai fait voir, formée d’une étamine, entre deux bractées, ou acciden- tellement nue, aux extrémités du groupe axiliaire. Plus avancées que l’étamine dans leur accroissement, les bractées embrassent d’abord la jeune anthère et viennent se croiser en dessus d’elle. Il n’y a nulle autre trace de périgone, à quelque époque que ce soit. Le filet reste longtemps moitié plus court environ que l’anthère et s’allonge rapidement aux approches de la floraison : il peut, quoique rarement, rester plus eourt que l’anthère. Il monte, se déjète ou se réfléchit et peut ainsi, selon Île cas, porter l’anthère vers les fleurs du nœud situé au- dessus ou au-dessous. Sa direction n’est, du reste, rien moins que constante. L’anthère est presque orbiculaire, un peu plus large pourtant que haute et comprimée d'avant en arrière : ses faces sont un peu convexes &t son bord arrondi. Sa base est creusée d'une échancrure profonde, qui recoit le filet et s'implante directement sur lui. Si l’on ne tient compte que de la loge, on peut, à l'exemple de quelques auteurs, la dire réniforme ou en fer à cheval. Sur la portion libre de sa circonférence ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 153 court une suture reportée quelquefois légèrement en avant ou en arrière: c'est l'indice de l'issue qui doit s'ouvrir pour ie pollen. Sur chaque face une dépression médiane s'étend de léchancrure basilaire à la suture marginale. Le sommet de la loge est d'ordinaire régu- lièrement convexe, parfois un peu relevé en mamelon. Il ne paraît pas exister normalement de connectif. J’ai toujours vu la loge unique : en a-t-il été ainsi dès le prin- cipe ? Je n’ai pu m'assurer du contraire : mais sur un C. vernalis Kg., de l'ile Campbell, recueilli par M. Hooker (herb. Lenormand), j'ai trouvé deux fois une anthère à deux loges, ouvertes en bas et en dehors. Après l'émission du pollen, les valves de l’anthère se rétractent sensiblement, deviennent brunâtres et laissent entre elles un sinus considérablement réduit. Le pollen est d'ordinaire sphérique ou ovoïde, à surface lisse. Il est facile d’y distinguer deux enveloppes. Les faces de l'anthère, surtout aux approches de la déhiscence, pré- sentent comme des cellules bombées, à quatre ou cinq pans. C’est une apparence due à la pression des grains polliniques contre les parois anthériques. Après la déhiscence, ou voit que les valves sont formées d’un ou deux plans de fibres, dont l’arrangement est très va- riable. Leur disposition la plus ordinaire est un réseau à mailles quadrilatérales, les plus longs côtés courbés en arcades parallèles. Ailleurs, les nervures s'épanouissent en digitations superposées dont chacune envoie une de ses branches à la digitation située au-dessus. Quelle que soit la distribution des fibres, elles ne manquent jamais de s’anastomoser fréquemment et il est facile de voir qu’elles doivent avoir une action commune et solidaire. Le filet est formé de cellules allongées, recouvert d’une mince cuticule comme l’anthère elle-même et loge un 154 CALLITRICHE. petit faisceau fibro-vasculaire. Ses vaisseaux sont des trachées : le Lissu qui les entoure est analogue à celui de la zône centrale caulinaire. Fleur femelle, pistil, fruit. — La fleur femelle paraît occuper normalement le centre de la série axillaire et n’est pas moins simple que la fleur mâle. Un pistil inter- médiaire à deux bractées latérales, parfois avortées, et porté sur un pédicelle qui peut exceptionnellement rece- voir les bractées, la voilà tout entière. Mais ici de nom- breux objets appellent notre attention et nous obligent à de plus amples détails. À l’époque de la floraison le pistil présente quatre faces, une antérieure, une postérieure et deux latérales, séparées par autant de bords arrondis : il est, d’ailleurs, déprimé au sommet et à la base. Les faces latérales sont plus larges que les deux autres : toutes les quatre sont creusées d’une espèce de sillon médian longitudinal qui se prolonge sur la base et le sommet de l'ovaire et vient aboutir aux pôles de son axe vertical. Les sillons laté- raux sont des sutures dorsales, l’antérieur et le posté- rieur des sutures pariétales. La dépression basilaire recoit et loge le pédicelle : celle du sommet donne inser- tion à deux styles filiformes, placés côte à côte et appartenant chacun à une moitié latérale du pistil. Chaque sillon de l'ovaire répond à une cloison et chaque bord à une loge. Il y a ainsi quatre loges, dont chacune contient un ovule : l’organogénie nous dira qu'il n’en à pas toujours été ainsi. Un examen plus approfondi fera découvrir, sous ces traits généraux de ressemblance, une différence qui décidera plus tard de la forme du fruit. Dans un cas, chaque loge antérieure est opposée à la loge postérieure de l’autre côté et située dans le même ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 159 plan que ceiïle-ci : les loges sont ainsi divergentes. Dans l'autre, chaque paire latérale de loges est située dans le même plan, parallèle et plus ou moins soudée à la paire collatérale. Chaque développement ultérieur de l'ovaire rendra plus apparente la disposition de ses loges, là divergentes, ici parallèles, et sa forme générale ira se modifiant, en conséquence, de plus en plus. Sur le pre- mier type, la saillie des loges se prononce toujours davantage : engagées seulement par la portion moyenne de leur bord interne, elles sont disposées obliquement en croix, comme les branches d’une X majuseule. Les faces sont remplacées par des sinus en angle rentrant, les latéraux plus ouverts. Sur le second type, les faces laté- rales prédominent de plus en plus et les autres finissent d'ordinaire pour n'être plus qu’un simple bord, souvent creusé en gouttière, rarement plein. Cet arrangement des loges entre elles pourrait être comparé, jusqu'à cer- tain point, à la disposition des jambages d’un H. Dans tous les cas, l’'échancrure intermédiaire aux loges laté- rales s'agrandit, en haut et en bas, par l’exhaussement de leurs sommets. La dépression supérieure de lovaire se creuse et son sommet organique descend en propor- tion. C’est du fond de cette excavation que partent maintenant les styles. Immédiatement en-dessous d'eux vient se terminer le pédicelle, qui envoie, en ce point, à chaque loge, un faisceau fibro-vasculaire destiné à devenir ou du moins à fournir le funicule. Le sommet et la base organiques des loges sont ainsi contigus, un peu au-dessus de leur milieu, organique. Le fruit n'est pas assis sur le pédicelle; mais les carpelles viennent s’ap- pliquer sur cette espèce d’axe ou de colonne, un peu en-dessous de son sommet et embrassent ce sommet entre eux. 156 CALLITRICHE. Le pédicelle semble continué par les styles : mais la différence de leur struclure nous apprendrait, au besoin, qu'il n’en est rien et l’organogénie nous montrera bientôt que les styles ont une origine tout autre et qui ne peut être contestée. Quoiqu'il en soit, arrivés à leur période d'activité fonctionnelle, les styles sont très longs, fili- formes, un peu subulés vers le sommet, comprimés ou même un peu creusés en dedans, mais seulement à leur base. Ils sont dressés, divergents, étalés ou même réflé- chis : leur direction varie peu. Leur moitié supérieure est stigmatique et papilleuse. Les papilles sont formées par la portion supérieure des cellules superficielles qui se dégagent peu à peu, de bas en haut, de la colonne stylaire et dont le bout supérieur, libre en partie, forme une sorte de cran. Un bord saillant se développe souvent à ia circonfé- rence des carpelles : les descriptions le désignent sous le nom d’aile. Il n’est pourtant ni assez mince, ni assez large pour mériter ce nom. Celui de crête ne lui eon- viendrait pas mieux, puisqu'il est uni et très rarement un peu ondulé. Le nom de bord à l'inconvénient de n'être pas précis et d’ailleurs ferait double emploi, puisque le bord du fruit devra parfois être décrit en même temps que le bord des carpelles. Je ne vois pas pourquoi on n’emploierait pas, dans l'espèce, le nom de carène, que tous les auteurs appliquent à des excrois- sances analogues, dans une famille très voisine, si même elle est différente,celle des Euphorbiacées. La carène est constamment plus saillante sur la moitié supérieure des carpelles. Quand elle existe, elle rend plus profonde la gouttière marginale du fruit. L'inégalité d’accroissement des faces du carpelle ferait croire quelquefois que la carène naît à l'extrême limite externe de son dos. ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 157 Quand le fruit a pris tout son développement, le pédicelle peut s'être allongé et on le trouve parfois trois ou quatre fois plus long que le fruit lui-même : sa direc- tion est horizontale ou réfléchie. À cette époque, les bractées ne sont pas toujours tombées ; les styles le sont d'ordinaire, laissant pourtant quelquefois en place une portion de leur base. Le fruit est vert d’abord, puis brun. Sa couleur provient, ainsi que nous le verrons, de sa couche moyenne. À la maturité, les loges carpiques se séparent spontanément, soit que le fruit reste en place, soit qu'il ait quitté son support. Il est, d’ailleurs, facile, à tous les âges, d'isoler artificiellement ces loges. L’atrophie les atteint individuellement et rien n’est plus commun que de trouver un fruit à trois loges, à deux, ou même ou à une loge unique, d’ailleurs régulièrement développée. Les loges avortées gardent leur place sur le pédicelle, sous forme de petits noyaux verdâtres. Quand une moitié latérale du fruit avorte, le style correspondant est lui-même atrophié : les styles existent quand c’est la moitié antérieure ou la moitié postérieure des loges qui ne se sont pas développées. Quandle fruit est réduit à deux loges et plus encore à une seule, celles-ciont, d'ordinaire, des dimensions un peu plus considérables et, au lieu de rester dressées, s’infléchissent sur le pédicelle. Ces arrêts de développement ne sont pas sans intérêt, parce qu'ils permettent de bien saisir les rapports des loges entre elles, avec le pédicelle et avec les styles. Les détails que nous venons de donner pourraient faire croire qu'il entre quatre folioles dans l’ovaire et le fruit. C'est ainsi qu'en jugeaient Reichenbach, Koch et De Candolle: « Ovaria 4... Carpidia 4... » (Reichenb. f1. germ. exc.); « Drupe exsicca, denique in carpellos k secedens. » (Roch, syn. ed. 2. p. 271.); « Capsula 158 CALLITRICHE., constans carpellis # concretis. » (D. C. Prod, T. IE. p. 70). C'est aussi l'avis d’'Endlicher : « germen tetra- phyllum », (Covarium carpidiis qualuor conflatum. » (Endl. Enchyr. bot. p. 154 et Gen. Plant.). Rien n’est pourtant moins fondé que l'opinion qui compte en sa faveur de pareilles autorités,et chaque moitié latérale du pistil appartient bien véritablement à une foliole unique. C’est ce qu'a très bien fait voir M. Baillon, dans une communication intéressante à la Sociélé botanique de France (Bullet. t. 5, p. 337). Mes recherches sur ce point ne s’écartent en rien des siennes. Le pistil se montre d'abord sous forme de deux petits mamelons un peu divergents, contigus à leur base et bientôt connés. C’est exactement ainsi que paraissent les feuilles. La seule différence, c’est que les folioles ovariennes terminent un axe ; de là leur rapprochement précoce. Les faces enrapportde ces mamelons continuent à se rapprocher et à se souder, mais jamais jusqu’en haut. Sur deux folioles ovariennes longues d'environ six centi-millimètres, la soudure montait à peu près aux deux tiers. Le sinus intermédiaire ne montrait pas d'ouverture sur ses parois. Le point de rencontre des folioles, ou leur suture pariétale, rentrait sensiblement. La cloison médiane antéro-postérieure, celle que forment les bords rentrants et adossés des folioles, paraît donc à peu près complète à cette époque. IL n’y a en ce moment que deux loges, dont chacune contient deux ovules collatéraux. Bientôt le sommet de chaque foliole se soulève en une petite saillie, conique d’abord, qui s'allonge en s’effilant : c’est le rudiment du style. Au dessous de lui, le dos de chaque loge se déprime sur sa longueur etles sutures dorsales commencentà se montrer. C’est alors que s'organise la fausse cloison qui se porte de ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 159 la suture dorsale aux bords rentrants des folioles et divise chaque loge primitive en deux compartiments monospermes. Les styles continuent à croître, les sutures dorsales et pariétales à se caractériser davantage et le pistil ne tarde pas à prendre la forme quadrilatérale que J'ai précédemment indiquée Les bractées sont dévelop- pées plus tôt que le pistil:dans le principe,elles l'embras- sent latéralement et viennent se croiser en dessus de lui. Plus tard, ilse dégage peu à peu de leur étreinte, atteint et finit par dépasser leur niveau. Structure du péricarpe. — Le péricarpe est un peu élastique et assez résistant. Il se compose de trois couches, une extérieure, véritable épiderme, une mo- yenne ligneuse ou plutôt subéreuse,une interne cellulaire et un peu charnue. L'épiderme est formé de trois rangées de grandes cellules (5 à 12 centi-millim.) à quatre ou cinq pans et à diamètres assez inégaux. Celles de la rangée superficielle sont en général un peu plus grandes, plus régulières et bombées extérieurement : c’est ce qui donne au péricarpe son aspect granuleux ou ponctué. Cette couche est demi-transparente et recouverte d’une assez épaisse cuticule. La earène, quand il en existe une, est formée de cellules semblables et doit être regardée comme une véritable production épidermique. L'épiderme n’adhère pasintimementàälacouche moyenne; il s'en détache, à la maturité du fruit, et peut s’enlever artificiellement par lambeaux à toutes les époques. La couche moyenne, la plus mince des trois, a une structure très singulière et je ne lui connais pas d’analo- gues. Elle est formée d'espèces d’anneaux solides, de grandeur et de forme variables, à #-7 pans, qui s’adap- tent à des pans correspondants sur les anneaux contigus. La ligne de jonction des anneaux juxta-posés est toujours 169 C ALLITRICIHE. visible. Il reste quelquefois un petit vide, eà et là, entre les angles de quelques anneaux. Ces anneaux sont verts et puis bruns : leur couleur, transmise au travers de l’'épiderme, détermine la couleur du fruit. Deux plans très minces de fibres droites, les unes en dehors des anneaux, les autres en dedans, et dirigées les unes et les autres en sens contraire, solidifient celte espèce de chassis à claire-voie, tout en le laissant flexible. Sur la paroi interne et soudée des loges, les anneaux ne sont pastoujours complètement formés. Les derniers envoient, de leurs côtés libres, des faisceaux de fibres vertes ou brunes, de même nature. Ces fibres sont un peu diver- sentes, mais toujours quelques-unes s’anastomosent avec les faisceaux voisins: les autres se rapprochent, se soudent et les vides s’agrandissent et se régularisent entre les anastomoses. Tel estle mode de formation des anneaux.C’est quelque chase d’analogue à ce qui se passe sur la partie subéreuse de quelques écorces : aussi je pense que ces anneaux sont de la nature du liège plutôt que du bois. Quoi qu'il en soit, ces anneaux et les fibres qui les embrassent forment à chaque paroi du carpelie un panneau à claire-voie, à la fois solide et léger, élas- tique et résistant. Ces panneaux ne sont qu'appliqués par leurs bords : l’épiderme et la couche interne du péri- carpe les maintiennent suffisamment. Cette couche interne est cellulaire, un peu charnue, assez épaisse, et se compose de plusieurs rangées de cellules quadrilatérales, de 3 à 5 1/3 centi-millim. en tout sens. Les dimensions et l’arrangement des cellules pe sont pas toujours faciles à reconnaître à cause du grand nombre de noyaux logés dans leur intérieur. Cette couche adhère intimement à la moyenne. Aucune des rois couches du péricarpe ne bleuit par l'iode. Le ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 161 péricarpe est pourvu de vaisseaux spiraux ou trachées, qu'il est facile d'observer dans le jeune âge et qu'it faut chercher dans la direction des nervures de la foliole. Ovule, graine. — La graine, dans son ensemble, est réniforme, sessile et fixée vers le haut de son bord interne au bord correspondant de la loge : elle paraît ainsi très inégalement amphitrope. Si l’on fait abstrac- tion de l’arille qui s’insère à la base du funieule, em- brasse ce cordon et forme, en s’adossant à elle-même, la partie supérieure et interne de la graine; si, dis-je, on fait abstraction de l’arille, l’ovule, proprement dit, est pyriforme, comprimé et suspendu à un funicule horizontal ou en arcade ascendante. Le hile est situé un peu en dessous et en dedans du sommet de l’ovule, la chalaze vers le bas de son bord interne, le micropyle à son sommet, c’est-à-dire un peu en dessus et en dehors du hile. L’ovule est donc réellement anatrope. L'embryon est proportionnellement volumineux, cylin- drique, un peu arqué, axile et central. Sa radicule est tournée vers le hile, son extrémité cotylédonaire vers la chalaze. Les cotylédons forment habituellement le quart ou le cinquième, rarement le tiers de sa longueur. La gemmule se montre, sous forme d’un segment d'ovoide, au fond de la fente cotylédonaire. IL est rare qu'on ne trouve pas, à l’autre bout de l’embryon, une sorte de filament flétri, formé d’une à cinq cellules : c’est le reste du suspenseur et le point d’où sortira la radi- cule. Le périsperme est médiocrement abondant , blanc, charnu, accolé aux cotylédons et pénétrant quelquefois entre eux. Îl est très oléagineux, ainsi que l'embryon lui-même et ne bleuit nullement par la teinture d’iode. C'est une analogie de plus entre les Callitrics et les Euphorbiacees. Dans le jeune âge, le périsperme était 11 162 CALLITRICHE. abondant, sous forme d’émulsion blanchâtre. La graine est pourvue de trois enveloppes, si l’on veut y comprendre larille, dont j'ai dit quelques mots déjà. Des deux téguments propres de la graine, l’interne ou la secondine se montre le premier : il constitue souvent un sac presque complet, qui s’accole déjà un peu au funicule, formant ainsi un rudiment de raphé, quand l'enveloppe externe (primine) commence à pa- raître, ou n’est encore qu'une espèce de calotte qui coiffe le sac. Pendant que la primine continue à croître, Vovule poursuit son évolution ascensionnelle, bientôt horizontal, puis graduellement ascendant et, à la fin, complètement redressé. Le raphé s’est allongé à mesure. J'ai indiqué la position du hile, de la chalaze et du micropyle à cette époque. Mais l’arille se développe à son tour, naît du funicule, à son entrée dans la loge, continue à le recouvrir, en haut, pour arriver à l’ovule, contracte, en bas, quelques adhérences avec l’endocarpe et descend obliquement vers la chalaze, laissant ainsi en dessus et en dedans du sac ovulaire, un espace triangulaire assez étendu : 1l a pour limites en haut le funicule, en dehors l’ovule, par- tout ailleurs l’arille elle-même. La membrane arillaire s’épaissit en descendant vers la chalaze et on peut la suivre quelque temps sur l’ovule. On voit que l’arille modifie, en apparence, la forme de la graine et la ferait croire sessile, mais ne change rien, en réalité, aux rap- ports de l'embryon avec le funicule et avec les enve- loppes ovulaires proprement dites. Les enveloppes de l'ovule sont cellulaires et ne bleuissent pas par la teinture d’iode. Il est à remarquer qu’elles se développent suc- cessivement du sommet vers la base du funicule, c’est-à- dire en sens contraire des feuilles sur leur axe. ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 163 Floraison, germination; modes divers de repro- duction. — La floraison se fait d'ordinaire à l'air libre et spécialement sur les rosettes terminales. Etamines et stigmates se dégagent à ce moment de l’aisselle de la feuille qui leur forme une sorte d’involucre. Les an- thères émergées s'ouvrent et le pollen s’en échappe; puis bientôt l'allongement progressif des entrenœuds ramène sous l’eau les ovaires, qui vont poursuivre leur développement ultérieur dans ce milieu un instant quitté. Il n’en est pas toujours ainsi, du reste, et quelques formes, normalement ou accidentellement petites, fleu- rissent sous l’eau et n’en fructifient pas moins abondam- ment (C. autumnalis, L., G. hamulata Kg.). J'ai déjà eu occasion de faire observer que les Callitrics qui ont végété à l’air libre n’en ont pas moins une floraison et une fructification normales. À la maturité, l’épicarpe se gonfle, se ramollit et s’enlève par lambeaux. Le fruit se détache alors du pédicelle, en bloc ou par loges, et tombe au fond, où ses graines trouveront à se fixer et à vivre. La carène des carpelles, dont la nature est la même que celle de l’épiderme, se détruit en même temps que lui. L'embryon, grossissant toujours, distend de plus en plus la couche interne du péricarpe et tend à disjoindre les valves subéreuses de sa couche interne, que l’épiderme ne maintient plus. C’est ce qui finit par arriver d'abord sur le dos des loges : les anneaux de cette couche, d’ailleurs, peuvent se désagréger partiel- lement. De ce moment, la germination n’a plus d’obsta- cles. Quelquefois le fruit reste en place et les phéno- mènes que je viens d'indiquer se produisent d’ailleurs dans le même ordre. Dans des cas, que j'ai lieu de croire assez fréquents, le sommet des loges s’entr’ouvre avant que leur dos se soit disjoint et l'embryon sort par 164 CALLITRICIE, cette issue, la radicule en avant. En tout état de cause, la loge s'ouvre à son sommet, pour donner passage à l'embryon. Les courants, les variations de niveau du liquide déplacent et transportent souvent fruits, loges ou graines, favorisant ainsi l'extension de l'espèce. Indépendamment de la diclinie, peu de plantes sont placées, en apparence, dans d'aussi mauvaises condi- tions que les Callitrics pour se reproduire par leurs fleurs. Quelques espèces ont une tendance marquée à l'isolement des sexes sur des individus différents : le nombre des étamines est rarement en proportion avec celui des pistils. Quand les étamines sont dressées, les styles sont souvent étalés ou réfléchis, ou bien c’est l'inverse qui a lieu. Il doit être ainsi très difficile que les fleurs d’une même aisselle ou d’un même nœud puissent agir les unes sur les autres. Ce serait icile cas, sans doute, de faire jouer un grand rôle à la sélection, s’il était bien établi que cette théorie est autre chose qu'un nouvel et ingénieux synonyme de hasard. Quoi- qu'il en soit, malgré les conditions, en apparence, défa- vorables de leur organisation; malgré celles qui dépen- dent du climat, des milieux et de l’action de l’homme, les Callitrics se reproduisent abondamment par leurs graines. Le fruit, toutefois, est fréquemment atteint d’atrophies partielles et réduit à trois loges, à deux, ou même à une loge unique. On sait déjà que ces plantes ne sont pas réduites au seul mode de propagation séminale et j'ai indiqué plus haut la pérennance de la plante par quelques-uns de ses entrenœuds radicants. Il faut mentionner en outre la facilité avec laquelle des branches ou des rameaux de Callitrics séparés de la plante mère, à différentes épo- ques de sa végétation, viennent s’enraciner sur le pre- mier point du sol que leur racines ont pu atteindre. ESQUISSE MONOGRAPHIQUE, 165 Affinités. — L'habitude et des rapports superficiels ont fait longtemps retenir les Callitrics dans le voisinage des Haloragées. A. Richard, le premier, (Dict. class. 3. p. 59) leur donna place dans les Euphorbiacées, près de la Mercuriale. Un peu plus tard, Reichenbach, de son côlé, déclarait erronéesles affinités généralement admises pour ce genre et en formait une section des Euphor- biacées, rattachées elles-mêmes aux Rutacées. (FIL. germ. exc. p. 752, 1830). Ces vues nouvelles ne semblent pas avoir fait un chemin bien rapide, puisque Endlicher, dans l'Enchy- ridion, indique encore avec doute un rapprochement entre les (Callitrics et les Euphorbiacées, ce qui ne l'empêche pas de placer les deux familles très loin l’une de l’autre, celle-ci entre les Stackhousiacées et les Térébentinées, celle-là entre les Cératophyllées et les Podostemmées (Endl. loc. cit.). De Candolle, revenant pleinement aux anciennes tradilions, range aussi les Callitrics près des Cératophyllées, sur l'autorité de R. Brown et par suite d’une ressemblance prétendue avec le Myriophyllum (D. C. loc. cit.). Lindley donnant plus de valeur aux doutes d'Endlicher que cet auteur lui-même et ne mentionnant pas Richard, dont il ne semble pas connaître l'opinion sur ce point, Lindley a reporté dans les Euphorbiacées le genre qui nous occupe (Lindl. Veg. Kingd. ed. 2, p. 284). Tout récem- ment enfin M. Bailion est venu confirmer ce rapproche- ment par des preuves tirées de l’organogénie. (Bull. Soc. bot. Fr. t. 5. p. 337, 1858). Aujourd'hui la parenté des Callitries et des Euphor- biacées ne parait plus devoir être sérieusement con- testée : tout au plus pourrait-on en discuter le degré plus ou moins rapproché. On retrouve en effet dans la 166 CALLITRICHE. série des Euphorbiacées tous les caractères essentiels de la graine et du fruit chez le Callitriche, moins la fausse cloison qui double le nombre des loges primitives et isole les ovules sur celui-ci : hors de là, tout est sem- blable ou analogue. Ainsi le pistil est porté sur un pédicelle qui persiste après la chûte du fruit, de même que sur l’Euphorbe, la Mercuriale, le Crozophora. Il est à deux folioles, comme celui de la Mercuriale et du Palenga, Thw. Ses méricarpes sont souvent pourvus de carènes, comme les coques de l'Euphorbe. On connaît des Euphorbiacées à fruit indéhiscent, et d’ailleurs celui des Callitrics ne l’est pas complètement, puisqu’après la chûte de son épicarpe chaque loge s'ouvre au som- met, pour donner passage à l'embryon. Comme chez les Euphorbiacées, l’ovule est pendant et anatrope, si on fait abstraction de l’arille, sessile et amphitrope, si on prend l'arille pour une partie de la graine : le péri- sperme est également enveloppant, charnu et oléagineux: l'embryon également oléagineux, cylindrique, axile, à radicule supère tournée vers le hile, à cotylédons dirigés vers la chalaze. Les feuilles opposées, l’inflo- rescence axillaire, la diclinie se retrouvent sur les Euphorbiacées. L’arrangement des fleurs rapproche, à un certain point, le Callitriche de l'Euphorbe. Distribution géographique. — L'Europe et l'Amé- riqueseptentrionale sont la véritable patrie des Callitrics. Ils sont représentés en Afrique : je connais des échan- üllons algériens et d’autres des îles les plus orientales de cette partie du monde. M. Hooker et quelques autres naturalistes en ont rapporté de l'Océanie. Je ne puis me persuader que ces plantes manquent en Asie. Ces renseignements très incomplets, les seuls que je possède, neme permettentpas d’assigner, même approxi- ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 167 mativement, la répartition des Callitrics à la surface du globe. Il ne faut pas croire, d’ailleurs, que la rareté de ces plantes dans les herbiers soit la véritable mesure de leur rareté dans la nature. Ce qui me fait penser ainsi, c'est qu’elles ne manquent pas dans des îles où la Flore esttrès pauvre, moins encore par la rigueur du climat que par l'éloignement de tout grand centre de végétation; je citerai pour exemple l'ile Campbell, dans la Polynésie et l’île de Kerguelen, dans le grand Océan austral. Il est infiniment probable que dans des pays plus favorisés, où la Flore attire les yeux des botanistes voyageurs par sa richesse ou sa nouveauté, on néglige facilement d’hum- bles plantes qui ne se recommandent par aucun éclat et que leur air de famille, d’ailleurs, fait prendre aisément pour les espèces de nos climats. Bases d’une division spécifique. — Le genre Calli- triche ne peut être regardé comme monotype : la diver- gence en croix des méricarpes ou leur parallélisme sont des caractères invariables et faciles à saisir quile divisent naturellement en deux sections. La première, qui s’éloi- gne le moins, par les formes extérieures, du type car- pique des Euphorbiacées, ne comprend que deux espèces facilement reconnaissables à leurs feuilles et à quelques autres traits @ifférentiels. La seconde section, un peu plus nombreuse, soulève quelques doutes quant à la délimitation précise des types. Je regarde comme notes spécifiques de premier ordre celles qui sont tirées des carpelles et du sillon périphé- rique qui sépare leurs bords ous’efface quelquefois par la complète adhérence de ceux-ci. C’est sur le fruit mûr ou du moins parvenu à toute sa croissance qu'il faut les étudier. C’est sur le fruit vu d'en haut ou sur sa coupe transversale médiane qu'il faut examiner le sillon péri- 168 CALLITRICHE. phérique ou pariétal. On ne peut connaître véritablement les dimensions äu filet qu'après la déhiscence de l’an- thère. J'ai laissé de côté les dimensions absolues ou comparatives du fruit, sujettes à trop de variations pour ne pas induire en erreur. J’ai passé aussi sous silence, par le même motif, quelques particularités physiques de ses faces. J'avais essayé de tirer parti pour le diagnostic de la forme du pollen : mais les recherches entreprises dans ce but ne semblent pas devoir conduire à des résultats véritablement utiles. La forme du pollen, en effet, reste la même sur des types d’ailleurs très distincts et on peut trouver deux formes très différentes de pollen sur des individus appartenant à une espèce unique. J'étais arrivé précédemment à un résultat sem- blable sur quelques autres genres de plantes et en parti- eulier sur le genre Spergularia. Je n'ai pas cru devoir imposer des noms d’espèces ni même de variétés aux variations de taille, de feuillage, de port dues aux conditions de milieu dans lesquelles vit la plante : agir autrement ce serait se jeter dans un dédale inextricable. Comme conséquence naturelle je n'ai pas admis les autonomies établies sur ces bases. Je n'ai que très rarement cité des synonymes, n'étant pas toujours sûr d’avoir vu des tfbes authentiques. Je regrette de n’avoir pu consulter la collection du Musée du Jardin des Plantes et l'herbier du Musée Delessert ouvert si généreusement à tous ceux qui s'occupent des sciences naturelles : plus tard peut-être je pourrai combler cette lacune. En attendant, je ne regarde ce travail que comme une ébauche. ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 169 Euphorbiaccæ, Callitricheæ, Lindl. — Euphorbiaceæ, Callitrichimæ, Reich. — Euphorbiaceæ, Callitrichidæ, Baill. — Euphorbiaceæ, À. Rich. — Callitrichineæ, Link. CALLITRICHE, L. (Stellaria, Dill.) Herbæ amphigeæ, aquaticæ, tenellæ, annuæ nec non radicantibus gemmiferisque nodis redivivæ et parte quà- dam sui perennantes, ramosæ, pilis stellatis obsitæ, foliis oppositis, connatis, apice plerumque emarginato integerrimis, ramorum natantium supremis rosulato- congestis. — Inflorescentia axillaris, floribus in axillà ternis, (pluribus ?) abortuque sæpissime paucioribus, calyce corolläque destitutis, bracteatis nudisve, a folio ad caulem unicà serie dispositis, diclinibus, fæminceo, de more, centrali. — Bracteæ binæ, oppositæ, utrumque floris latus tenentes, non semel abortivæ, membranaceæ, aere quodam ineluso saccatæ, triquetræ, incurvæ ; falcatas dixerunt Autores qui latus unum bracteæ pro bracteà habebant. — KFlos masculus : stamen unicum, bracteis paulo majoribus, filamento elongato vel brevi, erecto, divergente vel reflexo ; antherà orbiculato-com- pressà, basifixà, uniloculari, marginali rimà dehiscente, polline globoso vel ovato. — Flos fœmineus : germen breviuscule pedicellatum, bracteis paulisper minoribus, pedicello non semel bracteifero, diphyllum, quadrilo- culare, gemmulis solitariis, angulo centrali prope apicem appensis, amphitropis; stylis autem binis, filiformi- subulatis, superne papillosis, erectis, patulis reflexisve. — Fructus forma duplex, pedicello adnexa brevi, rarius longiuseulo, persistenti; altera, carpidiis decussatim divergentibus, quadripartila ; altera, carpidiis parallelis plus minus connexis, suborbiculato-compressa, latere 170 CALLITRICHE. gemino, plano vel convexo, apice basique emarginato ; sulco peripherico inter carinatos carinâve destitutos carpidiorum margines exaralo, vel, carpidiis plane connatis, nullo. Fructus integumentum duplici constans membranà, interpositis lignosis vel potius suberosis annulis, angu- latis, primum viridibus denique fuscis, adnatis, uni- seriatis ; exteriore membranà nequaquam ab epidermide discrepante, triseriatà , subpellueidà ; interiore cellu- lari, pluriseriatà, nucleis fætà et subcarnosà; neutrà iodo cœrulescente. Semina, funiculo horizontali vel paulisper ascendente, pendula, anatropa, arillata, (sessilia et amphitropa, arillà mediante, diceres); hilo subapicilari, interno, micropyle subcontiguo, externo, raphe axin ovarii spectante ; peri- spermo parco, carnoso, oleaginoso; embryone et ipso oleaginoso, centrali, cylindrico, subarcuato, axillari, radiculà superà hilum spectante, cotyledonibus chalazæ obversis. Albumine, embryonis integumentis ipsoque embryone iodo minime cœrulescentibus. — Fructus loculi, epidermide carinâque deciduis, rimà dehiscunt apicilari embryoque sensim emittitur, radiculam eà parte proferens quà suspensus fuerat, cotyledones explicatu- rus : jamque de semine nune evoluto actum est et suam vicem plantula persequitur. I. — Carpidiis decussatim divergentibus. CALLITRICHE AUTUMNALIS L. part. Filamento brevissimo, carpidiis carinatis ecarinatisve, stylis patenti-recurvis vel reflexo-adpressis, foliis oblon- go-linearibus, acuto sinu connatis, apice lunulatim truncatis, nervo subtus prominulo uninervibus. ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. {71 æ — Stylis reflexo adpressis, ovario subquadruplo longioribus, carpidiis carinatis. C. autumnalis, Kg. in Reich. ic. bot. ; Reich. fl. germ. exc., part. — C. virens Gold. F1. Petrop., secundum specimina ex herbario Academiæ Petropolitanæ a cel. Ruprecht missa et in herb. Le Jolis asservata) ; forma carpidiis vix cavinatis, foliis virentibus, paulisper angustioribus, apicem versus sersim attenuatis. À julio in octobrem florens. Petropoli, in rivis frequens : Monin, in herb. Lenormand; In piseinis ad Eremitage : Lange, in herb. Cosson; Upsaliæ : Angstrôm, herb. Lnd.; Holmiæ: Nyman, herb. Coss.; Islay ? 2 \£ ? ? y (Scotiæ): Babingt., herb. Lnd.; Prope Postdam, ad ripas fluminis Havel : Albert, herb. Coss.; Hamburgi, in stagnis profundis : ; ; 8 ES P W. Sonder, herb. Coss.; Prope Leidam : herb. van den ? ? P Bosch; Prope Lug. Batavorum, in fossis : Oudemans, herb. ? » ? Le Jol. 8. Stylis patenti-recurvis, ovario suboctuplo Iongio- ribus, carpidiis ecarinatis. Ineunte julio jam marcescens et mox evanida. Carentonii, in Peninsulà Constantiensi Galliæ: Leb. Hic revocanda C. truncata Boreau (an Gussone?), carpidiis obesis, foliis paululum longioribus, oblongo-lanceolatis; Juigné- sur-Loire, prope Juliomagum : Boreau, herb. Le Jolis. Plante petite (10 à 25 centimètres), habituellement submergée, dépourvue de rosettes de feuilles, fructifiant abondamment, avec de fréquents avortements de quelques-unes des loges du fruit. Les feuilles, d’un vert sombre, sont de trois à six fois plus longues que larges, légèrement rétrécies vers le sommet, Je n’ai jamais vu varier leur forme. Le pollen est globuleux. — Cette plante paraît essentiellement européenne. Les stations que j'indique et dont j'ai vu des exemplaires lui forment une aire géographique triangulaire , qui comprend un quart environ de l’Europe, au Nord-Ouest; mais elle ne doit pas être confinée dans des limites aussi restreintes. 172 CALLITRICHE. CALLITRICHE STAGNALIS SCop. FE. Carniol. Filamento elongato, carpidiis carinalis, stylis reflexis, foliis ovatis vel obovatis, obtuso sinu connalis, tripli- septupli-nervibus, subretusis. Italiæ : Scop. loc. cit. ; Germaniæ: Kg. et Reich. loc. cit.; Galliæ ? La diagnose de Scopoli « folia ovata, fructus polygami, » n’apprend rien sur cette plante: mais les descriptions de Kützing et de Reichenbach et les figures de l’Iconographie botanique ne peuvent laisser de doutes sur son autonomie. C’est à ces sources que j'ai pris les éléments de la diagnose incomplète que j'en donne, n'ayant jamais vu la plante, dont l'existence en France ne me paraît pas prouvée jusqu’à ce jour. IL. — Carpidiis parallelis, plus minus connexis. CALLITRICHE PLATYCARPA Kg. Carpidiis longiusecule carinatis, subdimidià solummodo parte connexis, sulco peripherico altius angulatim exarato, stylis divergenti-recurvis reflexisve , ovario subtriplo longioribus, foliis ovatis obovatisve, subrelusis, tri-quinque-nervibus, inferioribus angustioribus. À verein autumnum. Valloniæ : Leb.; Saint-Sauveur-le-Vicomte : Tabard; Falaise : de Breb.; Saint-Denis-sur-Sarthon : Beautemps-Beaupré, herb. Coss.; Somersetshire: Babingt. herb, Lnd.; Nordhausen: Kg. in herb. nostro; Novæ Zelandiæ : herb. Coss. Plante petite ou de moyenne grandeur. Lefruit est d'ordinaire large et mince et quelquefois, quoique rarement, épais. Le bord de la carène est parfois légèrement ondulé. La saillie qu'elle forme ne peut se dire grande que comparativement. La portion soudée des méricarpes tantôt dépasse un peu, tantôt n’atleint pas tout-à-fait leur portion libre, J'ai vu le pollen globuleux sur des exemplaires de toutes les localitées citées. ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 173 CALLITRICHE VERNALIS Kg. Carpidiis minima parte disjunctis, brevissime cari- natis, pedicello longioribus, sulco peripherico ar- cuatim exarato, stylis erectis ascendentibusve , fuga- cibus, ovario duplo quadruplove longioribus, foliis ovatis obovatisve, in petiolum attenuatis, emarginatis aut subretusis, tri-quinquenervibus, inferioribus ple- rumnque linearibus. A vere in autumnum florens. LI Europæ ; Africæ; Americæ. Plante de taille très variable, fleurissant sous l’eau ou à la surface. Le pollen est globuleux ou ovoide, mais pas sur le même individu. Dans les deux espèces qui précèdent, le sillon marginal est formé tout à la fois par l’écartement des bords carpellaires et par les carènes; dans les deux qui suivent, les méricarpes sont entièrement soudés, mais leurs bords s’inclinent légèrement vers la ligne médiane. Les carènes presque seules forment ainsi le sillon. CALLITRICHE PEDUNCULATA D.C. F1. fr. ed. 3. Carpidiis obtusissimis breviter carinatis, margine paulisper inflexo connatis, pedicello subtriplo brevio- ribus; peripherico sulco leviter arcuatim impresso; stylis reflexis adpressisque, ovario duplo quadruplove longio- ribus ; foliis parvis, inferioribus linearibus, emarginatis, uninervibus, superioribus spathulatis vel lanceolato- spathulatis, trinervibus. Ab hyeme in æstatem. Valloniæ, Tamerville : Leb.; Jobourg : Bertrand-Lachênée; Saint-Sauveur-le-Vicomte, Vire: Lnd.; forêt des Maures : Hanry, herb. Lnd.; Surrey, near Esher-Station : G. Watson, herb. Le Jol. 174. CALLITRICHE. 8. Sessilis. — Fructibus antherisque subsessilibus, foliis brevissimis. Tortisambert, Orne ; Dur. Duq. in herb. End. Plante petite ou moyenne , fleurissant sur et sous l’eau. Les fruits supérieurs ne sont pas toujours pédonculés sur le type et quelquefois un petit nombre de pédoncules s’allongent dans la variété. Je ne suis pas sûr que celle-ci ait toujours les anthères presque sessiles. J’ai toujours trouvé le pollen globuleux. Les faces du fruit sont quelquefois un peu quadrangulaires, à angles mousses. Plus j'ai examiné ce Callitric et plus j’ai cru conve- nable de le séparer du précédent. Le pollen toujours globuleux, les styles plus longs et réfléchis de très bonne heure, la carène plus saillante, le sillon marginal plus superficiel et à fond plus large, les feuilles plus petites et différentes justifient cette sépa- ration, indépendamment de la longueur du pédoncule. CALLITRICHE HAMULATA Kg. in litt. etin Reich. fl. g. exc. Carpidiis obtusissimis, breviter carinatis, margine paulisper inflexo connatis, pedicello longioribus ; peripherico sulco leviter areuatim impresso ; stylis reflexis adpressisque, ovario triplo sextuplove longi- oribus ; fois linearibus, de more longissimis, apice lunulatis furcellatisve, uninervibus, natantibus supremis quandoque apice dilatatis, variis, tripli septupliner- vibus. À maio in augustum florens. « — Foliis duodecies sexagiesve longioribus quam latis, obtuso sinu connatis. Apud nos in aquis fluentibus stagnantibusque vulgatissima, nec non in reliquà Gallià infrequens. Specimina non nisi europæa vidi. Vire: Lenormand ; Montpinçon, Orne : Durand Duquesney; Bordeaux : Ch. Desmoulins ; Vosges : Salle, herb. Lnd.; Tarn, beal de Mezerac : de Larambergue; Zelandiæ : Van den Bosch, herb. End. ESQUISSE MONOGRAPHIQUE. 175 g. Pseudo-autumnalis. — Foliis oblongo-linearibus, quadruplo, septuplo longioribus quam latis, aeuto sinu connatis. €. hamulata et C. platycarpa, Mougeot, herb. Lnd., in Vogesis. Cette espèce varie beaucoup par sa taille et par ses feuilles flottantes supérieures. Son pollen est toujours globuleux. Sur le type, l'embryon est cylindrique et les cotylédons sont plan- convexes; les cotylédons sont cylindriques au contraire et l'embryon ovoide sur la variété. Les feuilles linéaires du C. hamulata l'ont fait prendre souvent pour C. autumnalis duquel son fruit le sépare nettement. Ce fruit est très ressemblant à celui du C. pedunculata, mais les feuilles ne se ressemblent pas et il y a d’ailleurs d’autres notes différentielles. Les feuilles ont parfois à peine un demi-millimètre de diamètre, ce qui contraste singulièrement avec l’échancrure terminale dont les bords s’écartent en large croissant ou s’allongent et convergent en pince assez allongée. Les échantillons de la Lère, du beal de Mezerac et de la forêt de Montpinçon sont les plus curieux sous ce rapport. Cette espèce est une de celles qui montrent le mieux les variations de forme des bractées. Etroites d'ordinaire sur les formes à feuilles toutes linéaires, elles se montrent larges sur les formes à feuilles supérieures élargies : sur la variété elles sont très étroites et en crochet. Il n’est pas rare enfin qu’elles manquent presque complètement. CALLITRICHE OBTUSANGULA Legall. fl. Morb. Carpidiis obtusissimis, carinà destitutis, plane con- nalis ; peripherico sulco nullo vel subnullo; fructu subsessili, desuper viso, angulatis rotundatis, quadrato; stylis erectis vel ascendenti-recurvis, ovario subtriplo longioribus ; foliis parvis, inferioribus linearibus, emar- ginatis, uninervibus, superioribus ovato vel obovato- spathulatis, obtusis, trinervibus. À maio in octobrem. 176 CALLITRICHE. In Neustrià et Armoricà frequens: Sainte-Marie-du-Mont, Beaupte, Quineville, Valognes, etc.: Leb.; Ile d'Elle, Luçon, Saint-Jean-d’Orbetiers, Saint-Jean-de-Monts: Lloyd, F1 O.; Americæ septentrionalis, Saint-Louis, Missouri: Geyer et Riehl. herb. Lnd.; Polynesiæ, insula Campbell ; herb. End. Fleurit à la surface de l'eau. Paraît remplacer en Amérique le C. vernalis. Son pollen est tantôt ovoide, tantôt globuleux, dans les échantilions de France; je l’ai toujours vu globuleux sur les exemplaires américains. SUPPLÉMENT A LA DESCRIPTION DES POISSONS DE LA NOUVELLE = CALÉDONIE, Par M. Henri AOUAN. 2e Aux cent vingt descriptions de poissons de la Nouvelle- Calédonie publiées dans les Mémoires de la Société des Sciences naturelles de Cherbourg, on doit ajouter celles des espèces suivantes que j'ai observées pendant les derniers temps de mon séjour dans cette ile. SYNGNATHUS (L.).. .? Long’ totale : 0" 17. — Le corps large, déprimé. — En dessus il est sur trois pans bien marqués par des angles dièdres aigus : le pan supérieur, horizontal, est sillonné par un angle rentrant : ceux des côtés sont sillonnés de la même manière. Le dessous du corps est à trois pans dont celui du milieu est le plus large et horizontal, de sorte que le poisson est aplati en dessous. Si on ne considère que les angles saillants, le corps n’est qu'à quatre pans, mais si l’on tient compte des rentrants, il est sur huit et même sur neuf. La queue, relativement courte, est sur quatre pans. L’anus, plus près de l'extrémité de la queue que de la tête. De la tête à l'anus, on compte 17 boucliers. La nageoire dorsale, qui compte 40 rayons, commence en dessus et un peu en arrière de l’anus. L’anale à peine visible. Pas de caudale. Les pectorales plus grandes qu'elles ne le sont ordinairement dans ce genre. La tête longue, osseuse. Un fort aiguillon dirigé en arrière, au-dessus 12 178 POISSONS de chaque œil. Sur le front, au milieu, une épine com- posée de la réunion de deux. Une autre un peu plus bas de chaque côté, Couleur générale verdâtre, avec un peu de rouge. À quelques rapports avec l’Épine double, Syngnathus biaculeatus, L. — (Port de France). SYNGNATHUS (L.)...? Long" : 0" 21. — Le corps à six pans {le supérieur et l'inférieur horizontaux) jusqu'à l'anus, c’est-à-dire jusqu'aux deux tiers de la longueur totale à partir du museau. La queue, beaucoup moins épaisse, est à quatre pans. Les arêtes bien marquées, dentelées suivant les boucliers, donnent au poisson un aspect un peu épineux. Daus la partie la plus épaisse, on compte 29 boucliers, semblables en quelque sorte à des écussons, par suite des dessins un peu saillants qu’on y remarque. La tête osseuse, mais sans épines saillantes. Pectorales moyen- nes, ayant presque la hauteur du corps à l'endroit de leur insertion. L'anale à peine visible. La caudale bien marquée, quoique petite, arrondie. La dorsale peu développée, commencant au-dessus de l'anus et ayant en longueur le septième de la longueur totale du poisson. — Ce Syngnathe m'a été communiqué par le D’ Proust, chef du service médical à la Nouvelle-Calédonie, qui m'a dit l’avoir reçu de Saint-Louis, à 35 kil. environ dans S.-E. de Port-de-France, où il aurait été pris dans la rivière au-dessus de l’endroit où les gendarmes abreu- vent leurs chevaux, par conséquent dans de l’eau tou- jours douce. (ofes mar eur Par ) MURÆNA (L.)...? Longueur totale : 0" 55. — Le corps allongé, arrondi: la queue pointue sans nageoire caudale, terminée par une pointe un peu dure. La tête aplatie, formant avec DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 179 le museau allongé un ensemble triangulaire. La mâchoire supérieure beaucoup plus avancée que l’autre. Un bar- billon court, cylindrique, de chaque côté du museau, à la lèvre supérieure. A chaque mâchoire, une rangée de dents aigües, recourbées en dedans. Une rangée de dents aigües, inclinées en arrière sur la ligne médiane du palais. Au museau, deux dents acérées, plus fortes que les autres. La langue courte, charnue, dure à l'extrémité. Une série de pores noirâtres autour des lèvres, s'étendant transversalement sur la tête jusque derrière les yeux. Des plis à la gorge et aux côtés de la tête. La peau sans écailles, visqueuse. La ligne latérale bien visible, marquée par une suite de points noirs. L'ouverture des ouïes en arrière, bridée, s’ouvrant à la naissance des pectorales : celles-ci sont assez pelites, en forme de spatule : les rayons du milieu sont les plus longs. La dorsale commence assez près de la tête, un peu en arrière des pectorales et s'étend presque jusqu’à l'extrémité de la queue. L’anale commence derrière l'anus, au milieu du corps et se termine à l’aplomb de la fin de la dorsale. Ces deux nageoires ont à peu près le même développement : l’anale est peut-être un peu plus large. La couleur est un blanc-sale avec une bordure noire, et un liseré d’un beau blanc au rebord. La couleur générale du poisson est blane-sale, noirâtre en dessus. La tête est blanchâtre : une grande tache noire s'étend transversalement en dessus entre la partie arrière du crâne et les nageoires pectorales. Quand cette anguille est dans l’eau, vivante, son corps parait comme translucide. Les naturels redoutent beau- coup ses morsures. Très commune dans le fond des anses, où la mer baigne les racines et les pieds des palétuviers. — (Port-de-France, Port-des-Pointes, etc.) 180 POISSONS BLENNIUS (L.)....? Longueur totale : 0" 05. — Corps allongé, comprimé; la tête moins grosse que dans les autres Blennies, le front moins vertical. La nageoire dorsaie commence derrière la nuque, a son bord extérieur parallèle au dos, et est jointe à la caudale par une petite membrane. Pas de filaments à la tête. Belles couleurs ; dessins formés par des lignes verticales blanches, brunes et roses. — {Environs de Port-de-France, dans les coraux). GOBIOIDE.... Longueur du museau à l'origine de la caudale: 0" 03. B. 6?; D. 18/3; À. 9/3; V. 2. — Le corps allongé, com- primé, la tête pointue, le front et le museau allongés. Les yeux grands, saillants, placés sur le haut de la tête, séparés par un intervalle moindre que leur diamètre. La bouche assez grande, fendue de haut en bas, à partir du museau. La mâchoire inférieure plus avancée, les deux mâchoires extensibles, celle d’en haut surtout. Toutes deux sont garnies d’incisives fortes et tranchantes. Les pièces operculaires lisses, arrondies ; l’ouverture des oüies grande. Le corps est couvert de grandes écailles. La ligne latérale, peu visible dans la partie antérieure, suit le milieu du corps. L’anus est à peu près à mi-dis- tance du museau au bout de la caudale. La dorsale, dont la hauteur est à peu près la moitié de celle du poisson, commence derrière la nuque, un peu en arrière des pec- torales ; elle est régulière, grandement séparée de la caudale et paraît comme bordée de blane, à cause de la couleur de l'extrémité de ses rayons. L’anale a le même développement et se termine sur le même aplomb que la dorsale. Les pectorales petites et pointues. Les ventrales Jugulaires, attachées un peu en avant des pectorales, se DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 181 composent chacune de deux rayons dont l'interne est filamenteux et se prolonge en arrière plus loin que l'anus. La caudale grande, rectiligne? (Cette partie du sujet était en très mauvais état : de là la difficulté de bien voir). Cou- leur brunâtre, avec des traits verticaux noirs, faisant le tour du corps. — (Baie du Sud, récifs de corail). GOBIOMORUS (Lacép.)....? Longueur 0" 12. —B. 6; 1° D. 6; 2° D.21; A. 11; V. 5; P. 12; C. 14. — Corps allongé, un peu cylindrique. La tête médiocre. Le museau pointu. Les mâchoires égales, armées de fortes dents espacées ; les lèvres grosses. Les yeux saillants, placés au haut de la tête. Les pièces operculaires allongées en arrière. La membrane bran- chiostège ferme, par en bas, l'ouverture des ouïes. Deux aiguillons, dirigées en arrière, au bord de l’opercule. Le bord montant du préopercule un peu incliné d’arrière en avant, de haut en bas. La ligne latérale, peu visible, se rapprochant du dos. L’anus en avant du milieu du corps. La première dorsale, épineuse, commence der- rière la nuque, au-dessus des ventrales, lesquelles sont un peu en avant des pectorales. Elle est presque jointe à la deuxième dorsale qui est molle, un peu plus haute que la première et bien séparée de la caudale. L’anale commence après l'anus et se termine à l’aplomb de la deuxième dorsale. La caudale grande, arrondie. Les pectorales arrondies, médiocres. Les ventrales longues, pointues, écartées. L’avant-dernier rayon interne le plus long, un peu filamenteux, dépasse de beaucoup l'anus. Le corps, couvert d’écailles, est rude au toucher. Gris-verdâtre sur le dos, blanc en dessous; des bandes noires, un peu nuageuses, verticales, un peu étranglées à la hauteur de la ligne latérale, font tout le tour du corps. — (Récifs de corail). 182 POISSONS CENTROPOMUS (Cuv.)....? Sheuhoh, des naturels de Kanala. Long’, sans la caudale : 0" 07; hauteur au tiers de la longueur : 0" 027. — B.5; D. 8/7; A. 3/10; V.1/5; P.9 ; C. 18.— Apparence d’une Clupée. Le corps com- primé, peu allongé, transparent, couvert de grandes écailles molles. Une bande horizontale, blane d'argent, part de l'œil et aboutit au milieu de la caudale. Les joues et les pièces operculaires lisses, argentées. La tête assez grosse, déprimée par un sillon transversal ; une fosse entre les yeux qui sont très grands, placés haut et séparés d'un diamètre. Le museau obtus. La bouche fendue obliquement de haut en bas : les mâchoires inégales, l’inférieure la plus longue : toutes deux exten- sibles, armées de dents pointues et serrées; des dents pareilles au palais. Le bas du préopercule dentelé, le bord montant sans dentelures, un peu incliné d’arrière en avant, de bas en haut. Le sous-orbitaire a une den- telure très peu visible. L'opercule un peu allongé en arrière. L'ouverture des ouïes grande. La ligne latérale part du haut de l’œil, suit le dos par le quart de la hauteur, puis arrivée à la moitié de la longueur, elle s’infiéchit assez brusquement pour suivre le milieu des flancs. La dorsale commence un peu en avant du milieu du corps (caudale non comprise). Le premier rayon épineux est très court; le deuxième et le iroisième sont les plus longs; les autres vont en diminuant jusqu’au septième qui a, en longueur, le double du premier. Le huitième rayon, iong comme le troisième, est joint aux rayons mous, dont le premier est le plus long ; les autres vont en diminuant jusqu’au dernier. On dirait qu'il y a deux dorsales en éventail, mais la même membrane les réunit. Cette membrane, transparente, plus épaisse en DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 183 bas qu’en haut, fait l'effet d’un sillon. L’anale commence, et se termine, à l'aplomb de la deuxième partie de la dorsale. Son premier rayon est très court ; le deuxième et le troisième sont longs. Le premier rayon mou est le plus long. La membrane qui les joint à la base fait pareillement l'effet d’un sillon. Ces deux nageoires sont bien séparées de la caudale qui est développée et échancrée. Les ventrales, allant jusqu’à l’anus, ont entre elles, à leur base, une languette écailleuse. Elles sont sur le même aplomb (un peu plus en avant peut-être) que les pectorales, à mi-distance entre la nuque et le commencement de la dorsale. Les pectorales pointues, leurs rayons d'en haut les plus longs. Du jaune-citron à la caudale. — Rivière de Nékété (côte Est de la Nouvelle- Calédonie), à une lieue et demie de la mer. J'ajouterai à ces sept descriptions, quelques remar- ques et quelques rectifications s'appliquant à celles qui ont été publiées déjà dans les Mémoires de la Société (1). 1° Le Tetrodon décrit sous le n° 9 (Tome VIII des Mémoires), a été reconnu par M. Aug. Duméril comme étant le Tetrodon lagocephalus. 2° L’Amphisile signalé sous le n° 12, dans le même tôme, est l'A. scutatum, Cuv. et Valenc. 3° Le Congre, n° 15, serait d’après le même profes- seur une espèce nouvelle. 4° La Murène n° 16 est la Murænophis variegata, Cuv. 5° Sur un individu quiappartient à l'espèce Murænophis grisea, Lacep.ex Commers., et qui est moitié plus petit que celui qui est décrit sous le n° 17 (Tome VIIT des (1) Notes sur quelques poissons de la Nouvelle-Calédonie, (Tome VIII). — Notes sur quelques animaux observés à la Nou- velle-Calédonie, pendant les années 1861 et 1862 (Tome IX). 18% POISSONS Mémoires), les pores des lèvres sont peu visibles. La teinte générale est plus brune, les marbrures moins marquées ; la bordure blanche de l’anale manque. Sur un autre individu, encore plus petit, le corps est simple- mentbrunâtre, sans marbrures. Ces deux poissons ont été pris dans un bras de mer qui baigne des palétuviers. 6° Le D' F.-D. Bennett (A Whaling Voyage round the World, Londres 1840), signale comme très commun aux environs de Timor, le Leptocéphale décrit sous le n° 6, tome IX des Mémoires. 7° Le Gobie? Mbéh des naturels de Kanala (T. IX, n° 21) a été rencontré aussi à une lieue et demie de la mer, dans la rivière de Nékété, côte Est de la Nouvelle-Calédonie. 8° J'ai trouvé dans le même endroit le Serran, d’eau douce (Tome VIIT, n° 56) : les naturels de Kanala le connaissent sous le nom de Gniin’ dir. 9° Les descriptions n° 70, tome VIEIL, et n° 19, tome IX, serapportent à deux individus de Therapon Servus, Cuv., Esclave Jarbua, Kao-uo, des naturels de Kanala. 10° Ils appellent eh, le Sillago décrit tome VII, n° 50. 11° Sur un Scombre, long de 0" 33, pris à Port-de- France, et appartenant à l’espèce décrite n° 75 (Tome VII), l'absence du corselet indique que cette espèce doit faire partie du genre Cibium, Cuy. La ligne latérale part du haut de l’opercule; puis, en arrière de la deu- xième dorsale, elle se replie par une ligne brisée, pour se diriger vers le milieu de la queue qui est carênée. Des taches rondes, noirâtres, tracent des lignes longitudi- nales sur les flancs. 12° La Theutie, décrite n° 85 (Tome VII), est appelée Mir par les naturels de Kanala. Sur quelques individus, {a ligne latérale est à peine visible ; mais j'en ai pris un, à Port-de-France, sur lequel elle était très visible, DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 185 suivant la courbure du dos, par le cinquième de la hauteur. 13° N° 89, T. VII. Nous avons pris, depuis que cette description a été écrite, des Fistulaires de la même espèce, longues de plus de 0" 50. 14° Le Serran décrit tome IX, n° 18, est peut-être le poisson dangereux signalé par M. E. Vinson (1) et appelé par lui Sparus venenosus, brun, maculé de taches rouges bordées de noir, qui causa des accidents parmi les équipages de Cook, en 1774. M. le D' Gasquet donne la description suivante d'un poisson dangereux, pris au mouillage de Kadji, dans le Nord de l’Ile-des-Pins (partie S.-E. de la Nouvelle-Calé- donie). Cette description m'a été remise vers les derniers temps de mon séjour dans la Colonie, avec prière de rechercher ce poisson, mais m'a été impossible de me le procurer, et, auparavant, il ne s’était jamais présenté à moi. Les naturels de l’Ile-des-Pins l’appellent N’dju. « Cest, dit le D' Gasquet, un beau poisson de taille « moyenne, de forme allongée, présentant deux faces « convexes , une tête volumineuse, une extrémité eflilée « qui se termine par une queue bifurquée. Sa chair « ferme est d’un beau blanc ; la bouche, petite, a deux « lèvres garnies de deux rangées de dents. La robe de « ce poisson est formée d’écailles imbriquées à l'ordi- « naire, s’enlevant facilement par le grattage, offrant « une teinte mélangée de rouge et de jaune dans la « partie supérieure de l'animal; dans la partie caudale, « les bords sont cernés par un liseré noir. De chaque « côté de la nageoire dorsale, le N’dju porte une grande (4) Eléments de Topographie médicale de la Nouvelle-Calé- donie et de l’île des Pins, thèse pour le Doctorat en médecine, E. Vinson, Paris, 1858. 186 POISSONS « tache oblonque d'un noir brillant qui tranche sur la « couleur de la robe. » « Les naturels reconnaissent ce poisson dangereux à « ce seul caractère de la tache noire qui règne de « chaque côté de la nageoire dorsale et quile différencie « d’un poisson de même apparence, dont l’ingestion est « sans danger. Cette tache noire persiste sur le derme « dépouillé des écailles, mais elle est un peu plus pâle. « La chair est d’un goût exquis au dire des matelots « qui en ont mangé. » | D'après les renseignements fournis par les naturels et le R. P. Chapuy, missionnaire à l’Ile-des-Pins, il résulte que, prise à quelque époque de l’année que ce soit, cette espèce de poisson détermine toujours des acci- dents graves ; jamais la mort (1). Peut-être ce poisson est-il le même que le Lethrinus mambo signalé d’après le P. Montrouzier, par M. V. de Rochas dans un ouvrage remarquable, tout récemment publié (2). « Ce poisson, dit le P. Montrouzier, atteint » la taille de 7 à 8 décimètres, et arrivé à cet âge, il est » fort vénéneux, tandis qu'on mange les plus jeunes » impunément..... Les indigènes ne laissent pourtant » pas de le manger quand ils sont pressés par la faim. » Ils atténuent alors la force du poison en faisant cuire » l'animal deux ou trois fois. Les individus de la taille » de 13 à 14 centimètres peuvent être mangés impuné- » ment. » Les naturels du Nord de la Nouvelle-Calédonie l'appent Mambo. (1) Cette dernière remarque se trouve dans une note qui m'a été remise au sujet de ce poisson et dont l’auteur m'est inconnu; je ne puis donc le citer. (2) La Nouvelle-Calédonie et ses habitants, par le Df Victor de Rochas, chirurgien de la marine impériale, Paris, 1862: DE LA NOUVELLE-CALEDONIE. 187 LesSphirènes, quoique mangées souvent impunément, doivent cependant être tenues en suspicion, ces poissons ayant souvent causé des accidents en différents parages et à différentes époques. Peu de temps avant mon départ de la Nouvelle-Calé- donie, j'appris de quelques naturels vivant sur les bords de la rivière Uaka, au fond de la baie de Dum’héa, à quelques lieues dans le Nord de Port-de-France, qu'il leur arrivait de prendre dans la rivière, bien au-dessus de l’endroit où la marée se fait sentir, une espèce de grand poisson, long quelquefois de 1" 50 à 2°. J'ai eu beau faire depuis, il m'a été impossible de voir ce pois- son. D’après la description très incomplète des naturels qui savaient à peine quelques mots de francais et d'anglais , je crois que c’est une très grosse anguille : peut-être est-ce un scombre, ou un petit dauphin remontant la rivière? Je pense que la première suppo- sition est beaucoup plus probable, d'autant plus que Îes naturels l’appelaient Uélé, qui est le nom des anguilles dans le Sud de l’île. | Une raie, à oreilles bleuâtres, qui atteint une assez grande taille, n’est pas rare. Malgré cela, je n'ai pu en prendre qu'une seule le jour de mon arrivée en Nouvelle- Calédonie, et pensant que j'en retrouverais d’autres, je négligeai de l’examiner. Je n'ai pu depuis réussir à en voir une seule de près, au moins entière, car j'en ai vu servies sur des tables et je puis dire par expérience que leur chair est très bonne à manger. an Le gr F ms | NOTES SUR QUELQUES ANIMAUX OBSERVÉS EN PLEINE MER DANS L'OCÉAN PACIFIQUE, ET PENDANT UNE TRAVERSÉE D'AUSTRALIE EN EUROPE, Par M. Henri AOUAN. Au mois d'août 1860, j'adressais à la Société des Sciences naturelles de Cherbourg quelques observations sur des animaux rencontrés dans une traversée de France à la Nouvelle-Calédonie, par la voie du Cap de Bonne- Espérance (1), et sur les parages fréquentés par les Cétacés et les Oiseaux pélagiens : j'ai l'honneur de soumettre ajourd'hui à la Société des observations analogues, faites pendant le temps que je suis resté dans la partie S.-0. du Pacifique, et dans la traversée de retour en France, par la voie du Cap Horn. Parayes de la Nouvelle-Calédonie et de l'Australie. Les nombreuses courses que j'ai faites dans ces parages, n'étant à vrai dire que du cabotage, je n'ai jamais remarqué, en fait d'oiseaux, que les espèces des rivages voisins, des Frégates, des Fous, des Noddies (Anoüs Stolidus, Leach), deux ou trois Lariens, aux environs de la Nouvelle-Calédonie, et en approchant des côtes de la Nouvelle-HHollande, les espèces qui sont propres à ce continent. (1) Mémoires de la Société Impériale des Sciences naturelles de Cherbourg, Tome VII. ANIMAUX OBSERVÉS EN PLEINE MER. 189 Pendant l'ouragan que nous éprouvämes dans les premiers jours de janvier 1861, à 40 lieues dans le S.-0. de la Nouvelle-Calédonie, un Fou (Sula parva, Gm.), ne pouvant plus résister à la tempête, s’abattit à bord. Je n'ai jamais vu cette espèce dans les îles du Pacifique Oriental. Les Grands-Voiliers des mers Australes, les Damiers et quelques espèces d’Albatros, surtout l'espèce D. superciliosa, Gould, ne se rencontrent guère, dans une traversée de la Nouvelle-Calédonie à Sydney ou à la Nouvelle-Zélande, que pendant les mois d'hiver. Au mois de juillet, à #0 lieues environ de Sydney, nous primes, à la ligne, un grand Pétrel, de la grosseur d’un fort Dindon qui, sauf un plumage un peu moins foncé, avait tous les caractères du Pétrel géant (Procellaria gigas, Lath.) qu'on rencontre au Sud de l'Amérique. Entre la Nouvelle-Calédonie et l’île Norfolk, on voit presque toujours des Paille-en-Queue à brins rouges, (Phaëton phænicurus, Briss.). Les grands Cétacés les plus communs, dans ces para- ges, sont des Baleinoptères du genre Rorqual (Hump- back, des pècheurs). En toute saison, nous en avons vu autour de la Nouvelle-Calédonie etmême dans les canaux formés par les récifs. En trois ans, nous avons rencontré quatre ou cinq Cachalots, pendant les mois d'été. Nous avons pris à 20 lieues de Sydney, une femelle de Dauphin que je crois appartenir à l'espèce Delphinus Novæ-Zelandie, Quoy et Gaym. Long” du bout du bec au bout de la queue.... 1" 90 Id. à l’origine de la dorsale....... 0 90 Id. à l’origine des pectorales...... 0 50 Id. de l'arrière des pectorales à la nais- ace.de Ricaudales 0 SAGE TE IN: 70 190 ANIMAUX Largeur de da candales Te Haute AN ASE ES .. 0 40 Distance de l’œil au bout du bec............ 0 30 Longueur des pectorales............... 12 2000030 Hauteur. du ÉCRpSE 2 24e TER At TORRES Distance de l’évent à la naissance du bec..... 0 20 Dents coniques, écartées, alternant à chacune des mächoires qui n'en sont pas garnies tout-à-fait jusqu’au bout; 92 dents à la mâchoire supérieure, 90 à l’inférieure. Le museau allongé, en pente très douce. À l'extrémité du dos, à 0" 20 de la caudale, on voit, au-dessus et au-dessous du corps, comprimé dans cette partie, une échancrure, une rainure transversale profonde. La tête, la partie antérieure du dos, et la queue, noir très-foncé, velouté ; le bas du dos plus clair. Sur les flancs une large bande gris-cendré, à reflets argentés, s'étendant sous la queue, et étranglée comme un 8 sur le milieu des flancs. Le ventre blanc pur. Un cordon blanc pur va d'un œil à l’autre, séparant la partie supérieure de la face de la naissance du bec. La mer, entre la Nouvelle-Calédonie, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, m'a paru être peu poissonneuse. Quelques Requins (Carcharias leucas), un petit nombre de Scombres et de Poissons volants, voilà à peu près tout ce que nous avons pêché. Au mois de juillet, à mi-chemin de Sydney, un grand Poisson-Lune (Ortha- goriscus...?) mesurant bien 3" 59 dans sa plus grande longueur, passa près du navire. Voyage de la Nouvelle-Calédonie à Tahïtr. Pendant les mois d'août et de septembre 1861, fin de l'hiver de l'hémisphère Austral, la Bonite fit un voyage à Tahiti. À partir de l’île Norfolk, la route du navire fut maintenue entre le 28° et le 31° parallèles. Quelques OBSERVÉS EN PLEINE MER 491 Pre cetlarcs foto Ale y Ch 41 Pétrels gris (P. Fulmar?), des Damiers (Daption capensis, Bp.), des Molly-Mokes (Diomedæa chloro- rhynchos, superciliosa) Vaccompagnèrent mais en petit nombre, jusque par 150° de long. oce. dans le voisinage de l'ile Rapa. On ne vit qu'une seule fois un Albatros de la grande espèce, D. exulans, L., par 31° de latit. et 161° de longitude oce.. Pas un cétacé, pas un poisson, si ce n’est un petit Squale, et quelques Bonites folles. Jamais je n'ai vu si peu d’animation en pleine mer. La route de retour se fit sur une ligne oblique du 17° au 23° degré, passant presque toujours à peu de distance d'archipels, d'îles isolées et d’écueils. Nous vimes, à tour de rôle, tous les habitants aériens de ces parages, des Fous blancs, des bruns, des Frégates, des Phaëtons à queue blanche et à queue rouge, les premiers plus communs, de jolis petits oiseaux blancs, qui volent par couples, s’écartant peu de terre (Gygis candida, Wagl.) Pas de poissons, si ce n’est quelques Poissons-Volants qui ne m'ont pas paru différer du tout de l’'Exocætus volitans, Lacép..Un Humpback(Balænoptera Astrolabe, Hombr. et Jacq.?) fut le seul cétacé que nous vimes. Retour en Europe. Le 23 mars 1863, commencement de l’automne de l'hémisphère Sud, je pris passage sur un clipper anglais, pour revenir en Europe, par la voie du Cap Horn. La route suivie gagne d'abord le Sud de la Nouvelle- Zélande, et se maintient sur le 52° parallèle, jusque par 152° de long. occ., et à partir de là s'incline, jusque par 59° de latitude, pour contourner le Cap Horn. De l’autre côté du Cap, au lieu des vents du Sud à l'Ouest, communs dans ces parages, qui nous auraient permis de remonter rapidement le long de la Patagonie, nous trouvâmes des 192 ANIMAUX vents de N.-N.-0. et de Nord, qui nous jetèrent dans l'Est, à moins de 80 lieues de la Georgie Australe. Notre séjour, dans les parages que fréquentent les oiseaux Grands-Voiliers, fut prolongé beaucoup plus que nous ne le désirions eu égard au mauvais temps, à la basse température et à l'humidité excessive. Nous ne vimes, dans cette traversée, des glacons flottants que deux fois, la première dans le Süd-Pacifique, par 115° de long. occ. et 53° de latit.; la deuxième dans l'Atlantique, près de la Georgie (1). Le 1° avril, dans le Sud de la Nouvelle-Zélande, à 25 lieues dans le S.-S.-0. des Snares (2) et à peu près à la même distance des îles Auckland, par une bonne brise de N.-N.-0., un temps brumeux et froid, une petite Hirondelle vint s’abattre à bord. Le bec est assez allongé, ayant les côtés plus longs que la base ; la man- dibule supérieure est recourbée au bout. Les tarses sont courts, emplumés un peu en dessous de l'articulation supérieure ; les ongles forts. La 1° et la 2° rémige sont égales et les plus longues ; la 3° un peu moins longue. Repliées, les ailes dépassent la queue : celle-ci est un peu fourchue. Le plumage, au-dessus de la naissance du (1) Les glaçons vus la 2€ fois, pouvaient avoir de 40 à 50m d’élévation. IL est probable que ce sont des masses de glaces pareilles, détachées de la Georgie Australe, qui ont fait croire à l'existence des îles de l'Aurore et des écueils Shag-rocks. Celles que nous avons vues se trouvaient tout près de la position attribuée à ces rochers sur les cartes. Dans deux voyages précédents, le capitaine du navire où j'étais passager avait été, à deux ou trois degrés plus au Sud, presque constamment au milieu des glaçons, depuis le Sud de la Nouvelle-Zélande jusqu'à peu de distance du Cap Horn. (2) Les Snares (Les Piéges), petit groupe d’ilots ou de rochers, presque sans végétation, à 15 lieues dans le Sud de la Nouvelle- Zélande. OBSERVÉS EN PLEINE MER. 193 bec, a une couleur fauve. Le dessus de la tête et le dos noir, à reflets bleu foncé; le dessus des ailes noir fuligineux. Le bas du dos jusqu'à la queue, roussâtre ; le dessous du corps, les flancs et les cuisses, de la même couleur. Bec et pieds noirs. Les Albatros commencèrent à se montrer vers le Sud de la Nouvelle-Zélande. Ceux de la grande espèce, Diomedæa exulans, L., étaient assez communs, mais le plus grand nombre appartenaient aux espèces D. chlo- rorynchos, D. superciliosa, Gould, que les marins appellent vulgairement Molly-mokes, Molly-hawñs. Quelques Albatros noirs (D. fuliginosa) se montraient de temps en temps, mais rarement. De nombreux Damiers (Daption Capensis, Bp.) tenaient compagnie aux Albatros. Après que nous eûmes dépassé les îles Auckland et l'île Antipode (Long. 179° E.), les Damiers s,nous quittè- rent et furent remplacés par des Pétrelé gris (Petrel fulmar 2), les mêmes qui avaient accompagné, en 1860, la « Bonite » du Cap de Bonne-Espérance en Australie. Nous vimes constamment de ces oiseaux jusque par 40° de lat. de l’autre côté du Cap Horn. Les grands Albatros (D. exulans) ne se sont montrés que très rarement dans ce trajet : c’est à peine si, de la Nouvelle-Zélande à l'extrémité de l'Amérique , nous en avons vu Cinq ou six, tandis que nous avions constamment des Molly-Mokes à notre suite, les unes à bec jaune, les autres à bec noir. Ces dernières étaient très nombreuses aux environs de la Nouvelle-Georgie. Je ne crois pas que ces différences de couleur dans le bec constituent des caractères spécifiques. J'ai exposé cela déjà dans les notes citées plus haut, en décrivant tous les oiseaux de haute-mer. Je ne reviendrai pas là- dessus. 13 194 ANIMAUX Les grands Albatros se montrèrent beaucoup pius souvent aux environs du Cap Horn, mais c’est dans l'Atlantique, du 1° au 2 mai, par 4B° de latit. et 45° de long. occ., que nous en avons vu le plus. Quelques voyageurs ont cru remarquer que, depuis quelques années, cetle espèce était plus rare qu'autrefois dans les parages où on la rencontrait habituellement. Nous vimes le dernier grand Albairos le 7 mai, par 38° de latitude, à la hauteur du Kio-de-la-Plata. Très peu d'oiseaux se montraient alors. De la Nouvelle - Zélande au Cap Horn, les Fuligineux étaient rares. Ils devinrent plus nombreux dans l’Atlan- tique, en compagnie des Molly-Mokes. Le 4 mai, nous en vimes peut-être plus de cent cinquante à la fois, par 1° de latit. et 20° de long. occ., à 300 lieues environ, dans le S.-E. du Rio-de-la-Plata. Ils devinrent plus rares à partir de là, et disparurent avec les autres oiseaux, vers le 35° degré. Le D° F. -D. Bennett (1) (A whaling voyage round the world, Londres, 1840) signale dans cette partie de l'Atlantique, un Albatros différant des Fuligineux, par un plumage pius clair, principalement sur la tête qui est presque blanche chez quelques-uns, et par le bec qui est brun clair au lieu d’être noir et bordé de bleu pâle à la mandibule inférieure. Nous avons vu plusieurs individus qui, de loin, paraissaient répondre à cette description. Pendant tout le trajet des mers Australes, nous vimes, de temps en temps, quelques Alcyons, et quelques-uns de ces jolis petits Pétrels bleuâtres (Prion pachyptila, Gould) appelés Whale birds; oiseaux de baleine. Le 2 mai, par 45° de latit. et 55° de long. occ., à 200 lieues de 4 Prin Virrates, Cire (4) Frère du savant Dr Georges Bennett, de Sydney. OBSERYÉS EN PLEINE MER. 195 toute terre, ils étaient en très grand nombre, plusieurs centaines peut-être, en compagnie des Fuligineux. Ks disparurent peu de jours après. Les Damiers, dont nous n'avions plus vu un seul depuis l'île Antipode, reparurent aux environs du Cap Horn et de la Nouvelle-Georgie, et nous suivirent jusque par 35° de latitude. Avec les Damiers, aux environs du Cap Horn et de la Georgie, nous vimes quelques Pétrels (ou Goëlands?) que les marins anglais appelaient Cape Horn pigeons. Hs ont, en effet, l'apparence d’un gros pigeon. On ne put réussir à en prendre. Poe que j'ai pu voir, tandis qu'ils passaient et repassaient tout près de l'arrière du navire, ils ont la tête, le de et les parties avoisinantes des ailes cendré-bleuâtre, le dessous du ones blanc les premières rémiges et l'extrémité des ailes noire ds blanc aux HÉbHete rémiges, la queue de la cou je du dos. Le bec est noir au bout, rougeûtre et traversé de blanc vers la naissance. Les Me sont rouges chez quelques uns, noirs chez les autres. 2eme AD te) Jrrele. À 50 lieues dans l’'E.-S.-E, des îles Malouines, nous vimes deux oiseaux tout blancs, gros comme des pigeons, sans doute les Pétrels des neiges, des marins, ou les Pigeons blanes antarctiques, Chionis vaginalis, Vieiil. Il est à noter que, dans ce long parcours des mers Australes, nous n'avons rencontré, soit au large, soit dans le voisinage des terres, ni le Pétrel géant (Procel- laria gigas, Lath.), ni le Cordonnier (Larus Cathar- ractes , Gm.) que dans d’autres campagnes j'avais toujours vus en grand nombre aux environs du Cap Horn et du Cap de Bonne-Espérance, les derniers souvent par une latitude assez basse, 30 et même 28°. Le 7 mai, par 32° de latit., à 250 lieues du Rio-de-la-Plata, nous vimes 196 ANIMAUX OBSERVÉS EN PLEINE MER. quelques oiseaux que je pris pour des Cordonniers ; cependant ils paraissaient être de plus petite taille. Ils m'ont paru répondre à la description que le D' F.-D. Bennett donne (ouvrage cité) d’un Pétrel rencontré par 37° de latit. S. et 53° de long. O. « Plumage noir, à l'exception d’une large bande blanche, traversant le sommet de la tête, faisant un demi cercle en avant des yeux et dont les deux bouts se rejoignent sous le menton. Bec et pieds noirs. Longueur totale : 07 60 ; envergure: 1® 35.» Ce voyageur regarde cet oiseau comme une espèce non encore décrite, à laquelle il donne le nom de Bridled Petrel. Les taches que l’on remarque de chaque côté de la face du Cordonnier sont couleur de chair et non blanches comme celles des oiseaux qui nous ont suivis pendant deux jours, et de plus le Cordonnier est plus grand. Nous avons rencontré peu de Cétacés dans les mers Australes, si ce n’est quelques Dauphins et un troupeau de Humpbacks (Rorqualus...) entre la Nouvelle- Georgie et les îles Malouines. Le 10 mai, par 30° de latit., à 250 lieues de la côte du Brésil, une grande Tortue franche (Testudo Mydas, L.) passa tout près du navire. Une Frégate (Pelecanus Aquila) se montra à une cin- quantaine de lieues des îlots de Martin-Vaz. À partir de ce moment jusqu'aux attérages de la Manche, nous ne vimes que deux ou trois oiseaux, mais de trop loin pour ouvoir les reconnaître. AU : (Gi 1e cellarce= te À are rater, a » TA TEE réel | = —— ‘Éas AT HE Per La NOTES SUR LA FAUNE ORNITHOLOGIQUE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. Observations faites en 1860, 1861 et 1862, La Le #1. see eva A Arms Len she Ces Prf Ex cc Zen AT nn Les Vofageurs qui ont visité la Nouvelle-Calédonie depuis sa découverte par Cook, en 1774, ont tous répété que les oiseaux n’y sont pas très nombreux, surtout quant aux genres et aux espèces. Il est vrai que, si l'on compare sa Faune ornithologique à celles de la Guyane et du Brésil par exemple, elle paraïitra bien pâle et bien res- treinte. Mais si, d’un autre côté, se rappelant la magni- ficence exceptionnelle de la création dans ces deux dernières régions, on compare la Faune ornithologique de la Nouvelle-Calédonie à celle de terres de la même dimension, placées dans des conditions à peu près pareilles, telles que celles qui composent les principaux groupes d'iles du Pacifique méridional, on verra que celte île n’a pas été trop mal partagée et qu’elle offre, sous le rapport de l’ornithologie, un champ productif aux naturalistes. en NN EG LAS : — - P Fe 20 1 Ceprtegrel ler 22 ot nan = — 198 FAUNE ORNITHOLOGIQUE Le séjour de Cook à Balade, à l'extrémité N.-E. de la Nouvelle-Calédorie, fut de sept jours seulement, du 5 au 13 septembre 1774. D'après lui, les oiseaux de terre n'étaient pas multipliés, mais on en apereut plusieurs qui étaient inconnus aux explorateurs et de ce nombre «une espèce de Corbeau et en outre de belles Tourte- relles » (1). Forster signale, de son côté, une grande variété d'oiseaux, la plupart entièrement nouveaux. « Des milliers d'oiseaux, dit-il dans le récit d’une de ses excursions, voltigeaient continuellement au sommet des arbres où ils se mettaient à l’abri des rayons brülants du scleit. Le ramage de quelques Grimpereaux produisait un concert charmant el causait un vif plaisir à tous ceux qui aimeut cette musique simple » (2). Les récits de Cook et de Forster ne sont pas d'accord ici, ais ce n’est pas la seule contradiction qu’on trouve dans les deux narrations, Forster était assez disposé à voir tout en beau, et, si on juge par ce qui se passe aujourd'hui, la quantité d'oiseaux dont il peuple la Nouvelle-Calédonie était exagérée. D'un autre côté, il peut bien se faire que la même chose ait eu lieu dans cette île que sur la plupart des autres terres du Pacifique depuis leur fréquentation par les Européens, c’est-à-dire que les rats, imporiés par leurs navires, aient causé une grande diminution dens le nombre des oiseaux, en détruisant les œufs dans les nids. Les naturels de la Nouvelle-Calédonie avaient déjà des Poules, à l’état de domesticité, lors du voyage de Cook. Ce ne fut que dix-neuf ans plus tard que la Nouvelle- Calédonie fut visitée par des navires européens. D'Entre- (4 ) Cook, 2me voyage. (2) Forster, voyage autour du momde, etc. lue Po }) LS, £ h D MEN AA [SES . Pro. fans À _ se # 7 AU REnges À 14 Cle D nie C Vie : VAE ie _ a «n dure Jen 74 Ca }, o purle «we My ten Der 27 4 PAT PA (272277 PATES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 199 casteaux mouilla à Balade le 18 avril 1793 et y resta jusqu'au 9 mai. Malgré les obstacles provenant du carac- tère hostile des habitants, le naturaliste Labillardière mit à profit cette relâche de vingt jours pour faire connaître une grande quantité de plantes nouvelles et quelques oiseaux, parmi lesquels une espèce de Pie qu’il a appelée Corvus Caledonicus, et dont il a donné la figure (1). Cet oiseau ne doit pas être très commun, car, pendant un séjour de trois ans, je ne l'ai jamais rencontré dans mes nombreuses courses, et je crois que M. Vieillard est le seul qui l'ait vu dans les environs de Balade (2). Depuis lors, aucune expédition scientifique, si ce n'est celle de la frégate anglaise la Havannalh (3), en 1850, n’a visité la Nouvelle-Calédonie. Cependant, dans les cinq ou six années qui ont précédé la prise de possession de cette île par la France, quelques-uns de nos bâtiments de guerre y ont relâché, et le Muséum d'Histoire Natu- relle de Paris leur est redevable d’un bon nombre d'oiseaux. Le RP. Montrouzier, dans un opuscule publié dans la « Revue Algérienne et Coloniale » (4), ne consacre que quelques lignes à l’Ornithologie Néo-Calédonienne. Ce n’est que depuis que l'île est devenue colonie française, qu’on s’est occupé, d'une manière plus suivie, de ses productions. Jusque-là les navires n'avaient fait (1) Il ne faut pas confondre cet oiseau avec le Corvus Caledo- nicus de Gmelin, Gazzola Caledonica, Bp. (2) Voir note À, à la fin du présent mémoire. (3) Dans cette exploration rapide de la Nouvelle-Calédonie, M. Moore, botaniste anglais, aujourd’hui conservateur du Jardin Botanique de Sydney était à bord de la Havannah. (4) Notice historique, ethnographique et physique sur la Nou- velle-Calédonie, par le P. X. Montrouzier, curé de Napoléonville. « Revue algérienne et coloniale », avril et mai 1860. 200 FAUNE ORNITHOLOGIQUE que de courtes relâches : d'heureux hasards seuls pou- vaient mettre des objets nouveaux sous les yeux des visiteurs. Alors seulement les observations purent être faites avec la suite que demandent les travaux d'histoire naturelle. Une commission scientifique, nommée par M. le gouverneur Saisset, fut chargée d'explorer les parties déjà accessibles du pays et, au bout de peu de temps, unebelle collection ornithologique futenvoyée à Paris(1). Cette collection fut examinée par MM. J. Verreaux et O. des Murs qui ont publié, en septembre 1860, le résultat de leur examen, dans la « Revue et Magasin de Zoologie », sous le titre de : Description d'oiseaux nouveaux de la Nouvelle-Calédonte et indication des espèces déjà connues de ce pays. Le nombre des espèces soumises à MM. J. Verreaux et O. des Murs était de 76. Il résulte de leur examen que, sur ce nombre, « 45, ou les 4 dixièmes 1/2, sont exclusivement propres à cette île : 18, ou près des 2 dixièmes, lui sont communes avec la Nouvelle-Hollande, et 13 seulement ou un peu plus d’un dixième, se retrou- vent dans la Polynésie proprement dite, y compris la Nouvelle-Guinée » (2). D'après M. le professeur Decaisne (3), la Nouvelle- Calédonie appartiendrait, par sa Flore, à la même forma- tion que la Nouvelle-Hollande, quoique sa distance à ce pays soit déjà grande (260 lieues marines environ). Son climat océanique et sa latitude lui donnent d'assez nom- breux rapports avec les archipels de l'Océanie. Si on se reporte aux résultats, cités plus haut, de (1) Voir note A, à la fin du mémoire. (2) J. Verreaux et ©. des Murs, travail cité, p. 26. (3) J. Verreaux et O. des Murs, id., p. 2. DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 20 l'examen fait par MM. J. Verreaux et O. des Murs, on n'arrive pas du tout à la même conclusion pour ce qui concerne la Faune ornithologique. « Au lieu de se rapprocher beaucoup plus de l'Australie orientale et tropicale que des Archipels Océaniens, elle se tient à distance presque égale de l’une et des autres (la diffé- rence n’était que de 18 à 13), et offre .un caractère et une homogénéité qui lui sont propres, et que ne pour- ront que confirmer les découvertes ornithologiques à venir dans ce centre si nouveau et si singulier de créa- tion. » ({) Dans des notes que j'adressais l’année dernière, de la Nouvelle-Calédonie, à la Société des Sciences naturelles de Cherbourg, et qu’elle a fait imprimer dans ses Mé- moires (2), je m'exprimais ainsi : « Mes chasses et la belle coilection de M. E. Marie, officier de l’aaministration de la marine, à Port-de- France, ne m'ont montré que 67 espèces d'oiseaux ; mais quelques-unes, il me semble, ne figurent pas dans la liste de MM. J. Verreaux et O. des Murs. Je dis i{ me semble, parce que ces deux auteurs n'ayant, dans pres- que tous les cas, donné que le nom pur et simple des sujets, sans l'accompagner de la description ni de la synonymie, je suis loin d’être fixé sur la détermination des espèces que j'ai eues entre les mains, et dont la plupart sans doute sont énumérées par les auteurs cités : aussi les notes qui suivent n’ont rapport qu'aux espèces qui me semblent offrir quelques particularités omises (1) J. Verreaux et O. des Murs, travail cité, p. 27. (2). Notes sur quelques animaux observés à la Nouvelle-Calé- donie, pendant les années 1861 et 1862, par M. Henri Jouan, (page 89 du présent volume). 202 FAUNE ORNITHOLOGIQUE dans le travail de MM. J. Verreaux et O. des Murs, ou qui n'y figurent pas. » Venaient ensuite l'indication et la description de 15 espèces. Une partie seulement des oiseaux de la Nouvelle- Calédonie que j'ai vus ont été soumis, depuis mon retour en France, à M. le D’ Pucheran, lequel a bien voulu les déterminer. Quoique bon nombre d’entre eux soient déjà connus par les ouvrages de M. Gould et le travail cité de MM. J. Verreaux et O. des Murs, je crois néan- moins utile de donner les descriptions que j’en ai faites sur les lieux et d'y joindre les descriptions de quelques autres espèces, pour venir en aide aux explorateurs futurs qui peuvent ne pas avoir à leur disposition les volumineux ouvrages du savant ornithologiste anglais, ni même des livres d’un format plus modeste. Peut-être quelques particularités sur les habitudes des oiseaux Néo-Calédoniens offriront-elies quelque intérêt. On trou- vera aussi, dans le présent travail, quelques rectifica- tions aux notes déjà publiées. Il est bien possible que des descriptions différentes doivent s'appliquer, en réalité, à la même espèce. On remarque assez fréquemment, chez quelques oiseaux de la Nouvelle-Calédonie, de très grandes variations de plumage en raison de l’âge du sujet, au point qu'on dirait des oiseaux différents. Cela a lieu, entre autres, pour un Butor et un Oiseau de proie. MM. J. Verreaux et O. des Murs donnent une des- cription détaillée d’une nouvelle espèce, nommée n’dino ou n’dio, par les indigènes, qu'ils ont appelée Gallirallus Lafresnayt, et qui vit dans les endroits marécageux. Cet oiseau singulier tient des Gallinacés et des Échassiers et, de plus, porte au pouce dé l'aile, un ongle assez long et très arqué. La collection de l'Exposition permanente DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 203 des Colonies en a un individu long de 0" 38. On dit qu’il atteint quelquefois la taille du Dindon. Peut-être est-ce une autre espèce. Jusqu'à présent on n’en sait rien, car l'exemplaire de l'Exposition, dû à mon ami M. Deplan- che, chirurgien de la marine, et pris dans le Sud de l'île, est le seul qu'on ait encore pu se procurer, ou du moins le seul sur lequel on ait fait des observations authentiques (1). Peut-être, avant de donner la description des espèces, ne sera-t-il pas hors de propos de présenter un tableau à grands traits du pays qu’elles habitent et de montrer la manière dont elles y sont réparties (2). La Nouvelle-Calédonie s'étend du S.-E. au N.-0. entre les parallèles de 20° et de 22° 1/2 de latitude Aus- trale, et les méridiens de 161° et de 164%° 1/2 à l'Est du méridien de Paris. Sa longueur est de 270 kilomètres sur une largeur moyenne de 55. Sa superficie est de 1,200 lieues carrées environ. Un immense récif madré- porique l'entoure, tantôt se rapprochant du rivage, tantôt s'écartant à une distance considérable, comme dans le Nord où il se projette à 60 lieues au large. Ce récif enclave, dans ses replis capricieux, une grande quantité d'ilots, les uns élevant leurs sommets mon- tueux à une grande hauteur, les autres simples bancs de sable, à peine au-dessus de la surface de la mer. Le sroupe des îles Nenema et Belep, enfermées dans le récif du Nord et l’île des Pins, distante de 40 milles dans le S.-E. de la Nouvelle-Calédonie, à laquelle elle est (1) L'Aptérix qu’a cru voir M. Bouquet de la Grye, ingénieur hydrographe, qui a pour toujours altaché son nom à la Nouvelle- Calédonie par ses maguifiques cartes, et qu’il n’a pu prendre, était sans doute le Gallirallus Lafresnayi. (2) Voir : Note B. à la fin du présent Mémoire, 20% FAUNE ORNITHOLOGIQUE reliée par une suite d’écueils et de récifs, sont les prin- cipaux de ces ilots et méritent même le nom d'îles par leurs dimensions, leurs produits et le nombre de leurs habitants. Les îlots et quelques falaises dont le pied, en certains endroits, plonge dans la mer, servent de refuge à une nombreuse population d'oiseaux marins des tropiques, Fous, Frégates, Paille-en-Queue, etc. La Nouvelle-Calédonie est couverte de montagnes parmi lesquelles on reconnaît deux chaînes principales dont la direction est celle du grand axe de l'île, reliées entre elles par de nombreux contreforts coupés eux- mêmes par des chaïinons qui ne laissent entre eux que des vallées étroites, excepté sur les bords de la mer où elles s’élargissent quelquefois, et vers le Nord où se trouve une assez vaste plaine. Les points culminants des montagnes atteignent jusqu'à 1,500 mètres. Les cours d’eau sont naturellement nombreux sur un sol aussi accidenté, mais leur parcours est peu étendu. Leur direction est généralement transversale au grand diamètre de l'ile. La plupart d'entre eux, surtout à la côte orientale, où les vents alisés poussent presque sans cesse les vagues par dessus les récifs à peine à fleur d’eau, et apportent ainsi des obstacles à leur écoulement à la mer, forment des deltas marécageux, quelquefois d'une étendue considérable, où vivent, au milieu des palétuviers, des Canards et des Echassiers, tandis qu'au sommet de ces beaux arbres, voltigent des Gobe- mouche attirés par les insectes. Les marais sont très nombreux à la Nouvelle-Calé- donie. Les côtes sont découpées dans tous les sens, quelquefois de la manière la plus bizarre, en baies, en criques, etc., et partout où une plage basse est acces- DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 205 sible aux flots de la mer, on est à peu près certain de trouver, en arrière d'elle, un marais avec des palétu- viers. Malgré la présence de ces marais, le pays est d’une salubrité sans exemple. On ne connait encore que deux nappes d'eau douce un peu considérables, auxquelles on a générafement donné le nom de lacs, quoiqu’elles aient à peine un kilomètre de largeur. Elles se trouvent encaissées dans les montagnes du S.-E. de l'ile : ce ne sont que les réservoirs des eaux pluviales qui découlent des hauteurs voisines, retenues par un terrain argilo-ferrugineux imperméable. On trouve un étang pareil, mais beaucoup plus petit, dans les hautes montagnes qui bordent à l'Est le port de Kanala, à la côte orientale. On avait dit que le sol de la Nouvelle-Calédonie était volcanique. Il n’y a aucun volcan en activité connu jus- qu'à présent et « les roches volcaniques y sont rares par rapport aux roches sédimentaires et métamorphiques. Ce qui domine de beaucoup, ce sont les schistes argi- leux et métamorphiques, micaschistes et stéachistes, les calcaires, les brèches, les grès et les poudingues. On ne connaît ni trachyte, ni basalte, mais la serpentine et le trapp » (1). Le fer est répandu à profusion, surtout dans le Sud et dans le S.-E., sous la forme de peroxyde en rognons et en grenaille, d'oligiste lithoïde, de fer oxydulé, etc. Une grande partie des montagnes sont boisées jus- qu'au sommet excepté sur les côtes et là où le vent desséchant de la mer empêche les arbres d'arriver à (4) V. de Rochas, La Nouvelle-Calédonie et ses habitants, p. 16. 206 FAUNE ORNITHOLOGIQUE un certain développement. Encore trouve-t-on sur ces sommets une végétation sèche et épineuse, de belles Epacridées et des Banksia qui rappeltent la flore du continent australien; quelquefois de grands Conifères, entre autres un superbe Araucaria qui, de loin, ressem- ble à un gigantesque candélabre. Là où il n'y a pas de bois, le sol est couvert de fougères, du genre Pteris ?, quelquefois de la taille d’un homme. C'est dans les ravins étroits, au fond des vallées, au bord des cours d’eau, qu’il faut aller pour voir la végétation des tropi- ques dans toute sa splendeur et tout son désordre. Au milieu de ces fourrés inextricables, des arbres à graines et à baies, fournissent la nourriture de plusieurs espèces de Pigeons et de Perroquets. Quelques localités, comme le fond de la baie d'Aukentio ou Baie du Sud, sont couvertes de forêts de haute futaie, et là les oiseaux sont en assez grand nombre. Une grande variété de Passereaux animent les bois, et dans les clairières on ren- contre quelques Ralles et une petite Caille. Les grandes vallées, les plaines sont en partie dénudées, couvertes seulement de grandes herbes, ne montrant, ça et là, que quelques bouquets de bois. Dans le Sud, l'arbre le plus commun des plaines est le Melaleuca leucodendron, Forst. (1), qui, avec son tronc blanchâtre, son feuillage un peu poussiéreux comme celui de l'olivier, donne un aspect assez triste au pays. Malgré le peu d'épaisseur de ce feuillage, les petits oiseaux sont assez nombreux dans les vallées. Les oiseaux de proie, Buses et Eperviers, qui sont très répandus, paraissent affectionner les bords de la mer. On les voit souvent voler par couples au-dessus (1) Appelé Niauli dans le Nord, M bé dans le Sud. DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 207 des baies, et ramasser, avec leurs serres, les débris qui flottent à la surface de l’eau. On a cru remarquer que leur arrivée dans les baies coïncidait avec le retour du beau temps. Comme ils sont extrémement nuisibles aux jeunes volailles, on leur fait la chasse dans les endroits habités par les Européens ; aussi commencent-ils à y devenir plus rares. L'année se partage en deux saisons : celle des pluies et des chaleurs, et la saison sèche ou fraîche ; mais les retours de ces saisons n’ont pas lieu avec la régularité qu'on remarque dans plusieurs pays intertropicaux. Dans la saison sèche, on a souvent des ondées rafraî- chissantes et même des jours pluvieux consécutifs, tandis que, dans la saison pluvieuse, on compte de belles journées pendant lesquelles Le temps est sec. On peut dire, en général, que la saison des pluies dure depuis la fin de décembre jusqu’en avril, et la saison sèche le reste de l’année. La moyenne annuelle de la température est entre + 22° et + 23° (1). Les rosées sont peu abondantes, les orages rares, excepté dans quelques localités de la côte orientale, où ils sont plus communs, mais sans cependant avoir la fréquence qu'on remarque sur beau- coup de points situés entre les tropiques. Quand nous nous sommes établis à la Nouvelle-Calé- donie, nous avons considéré comme une de ses dépen- dances naturelles le petit groupe des îles Loyalty qui s'étend parallèlement à elle, à une distance de 12 à 15 lieues dans l'Est (2). Ce groupe se compose de troisiles principales, placées dans la direction du N.-0. au S.-E.. (1) V. de Rochas, ouvrage cité, p. 71. (2) Notes sur les Îles Loyalty, par M. H. Jouan, « Revue coloniale », avril 1861. 208 FAUNE ORNITHOLOGIQUE à une distance moyenne de sept lieues les unes des autres, et de quelques petits ilots. Ce sont des terres basses, de la même nature que Tonga-Tabou et les ilots madréporiques de l'Archipel-Dangereux. L'eau potable y manque. Celle qu’on peut se procurer, au moyen de puits, est toujours plus ou moius saumâtre. Malgré la pauvreté du sol, la végétation, sous l'influence de la chaleur et de l'humidité, est, en quelques endroits, d’une puissance merveilleuse. La Faune ornithologique de ces petites terres est la même que celle de la Nouvelle-Calédonie, mais, par suite du manque d'eau sans doute, les indi- vidus sont peu nombreux. Nous n’y avons vu que quelques Perroquets, deux Nectarins et quelques Gobe-Mouche. Cependant on entendait dans les bois les roucoulements des gros Pigeons, et on nous a montré, dans l'ile d'Uvea, une lagune au bord de la mer, fréquentée par des Poules- Sultanes, d’autres petits Échassiers et des Canards. Nota.— J'ai adopté, pour l'écriture des noms indigènes desoiseaux, l'orthographe des missionnaires dans laquelle uw se prononce comme ou en français, e comme lé fermé. Les peaux d'oiseaux que j'ai rapportées en France ont été offertes, partie au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, partie au Musée de Cherbourg. Dans les descriptions, les espèces qui me paraissent propres à la Nouvelle-Calédonie sont marquées d’une aslérique. 6 1 RE vod corse cle fP? D Puenehsey (Caen 5 2 « ZA CALE A COR, 2700 LA RANER ’ Ÿ pes Légusr ee CO 1 SC A L > At CA She Dors Free £ Re PA 2 Le rer ee pe né Fu . dcr ct Mrtngt ie pa LD DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 209 RAPACES. 1. Haliastur (Selby)....? Aigle pécheur des colons. Long’ 0® 53. Le bec noir, assez fort et assez long, ne se courbant guère qu'au tiers de la longueur à partir de la base. Pieds très forts, serres énormes, tarses courts, forts. Les cuisses peu plumeuses (pas de longues plumes, mais un duvet assez épais). Les ailes atteignent le bout de la queue : les rémiges échancrées en dedans et en dehors ; la troisième est la plus longue. La queue arrondie. Brunâtre sur le dos. Rémiges noires. La queue brunâtre. Le cou et la tête blanc-sale, avec du roux et du brun. Le dessous du corps blanchâtre. Cette espèce se retrouve en Australie. (Port-de-France. Coll. de M. E. Marie). 2. Urospiza haplochroa, Sclater. Long" 0" 50. Formes sveltes et élégantes. Le bec noir avec une cire plombée. Les pieds jaunes, les ongles noirs, les tarses écussonnés. Plumage noir grisâtre en dessus, avec quelques taches rousses. Le dessous du cou, la gorge, la poitrine, le ventre, les cuisses, le dessous des ailes, rayés transversalement de petites lignes blanches et rousses dont l’ensemble est très élégant. Roussâtre sur les cuisses et le bas-ventre. (Port-de-France. Coll. de M. E. Marie). Un jeune individu, iong de 0" 30, tiré dans les bois de la Baie-du-Sud, a le plumage roussâtre avec un peu de blanc sale en dessus. Les parties inférieures du corps et des cuisses montrent deslignes transversales blanches sur un fond roussâtre, (Museum d’Hist. Nat, de Paris). | 54 210 FAUNE ORNITHOLOGIQUE Sur un autre, long de 0" 35, qui fait partie de la collec- tion de M. E. Marie, le roux du dessus du corps est noirâtre, et on remarque plus de blanc aux parties inférieures. Ces oiseaux offrent des différences considérables de plumage, suivant l’âge et le sexe. Leur chant est agré- able et rappelle un peu celui de l’alouette. LA j -$. Uros sir Cuy. Joue? YA, pr me eo uw » Le =” RAA DE For! a Pise fa 7 Formes élégantes. Bec fort etnoir. Poe serres très fortes. Plumage noir ardoisé sur le dos et le cou. La gorge, la poitrine, le ventre et les cuisses d’un beau blanc. La queue noire. (Port-de-France. Coll. de M. E. Marie). &. Circus Jardimii, Gould. Long’ 0" 57. Formes élégantes. Le bec petit, courbé dès la base, crochu à l'extrémité, une grande échancrure peu profonde à la mandibule supérieure. Les tarses écussonnés, un peu emplumés. Le doigt du milieu, beau- coup plus long que les autres, uni à la base à l’externe par une membrane. Les ailes arrivent aux 2/3 de la queue. La 1'° rémige est la moitié de la 2° ; la 3°, la 4° et la 5° presque égales ; la 3° et la 4° un peu échancrées au bout. La queue longue, très peu arrondie, composée de 12 pennes. Roussâtre, avec un peu de blanc sale en dessus ; roussâtre, avec des lignes transversales blan- chêtres, en dessous. Le bec noir, avec une cire bleuâtre. Les pieds jaunes, les ongles noirs. Le même qu'à la Nouvelle-Hollande, (Kanala. Muséum d’Hist. Nat. de Paris). | DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 211 5. Circus assimilis, Jardin et Selby. M'bd-ùri, des naturels de Kanala. Long" 0" 52. Formes assez sveltes. Le bec médio- crement long, peu courbé à la base, à peine dentelé à la mandibule supérieure. L’intervalle entre les yeux et les narines nu, sans plumes. Tarses longs, assez minces, écussonnés. Les doigts forts, armés d'ongles égaux, sauf celui du‘doigt externe qui est plus petit. Ce dernier est joint, à la base, à celui du milieu par une petite mem- brane. Aux jambes, de longues plumes dirigées en arrière. Les trois premières rémiges échancrées en avant et en arrière, la quatrième échancrée en avant. La queue longue et un peu arrondie. Le plumage peu fourni, les plumes longues. Noirâtre en dessus, blanc- sale en dessous, avec des taches longitudinales rousses. Le même qu’en Australie. (Kanala. Muséum d'Hist. Nat. de Paris). 6. Buteo (L.).....? M'ba-ùrt, des nat. de Kanala qui le confondent avec le précédent. Ni-i, dans le Sud de l'ile. Long" 0" 52. Le bec médiocre, courbé dès la base, arrondi en dessus. Une échancrure sensible à la mandi- bule supérieure, dont les bords recouvrent ceux de l’inférieure. Pieds robustes, serres très fortes, tarses courts, avec quelques petites plumes au-dessous de l'articulation. Ongles forts, égaux, sauf celui du doigt externe qui est plus petit. Ce doigt est réuni, à la base, à celui du milieu par une petite membrane. Les jambes garnies de longues plumes dirigées en arrière. Les ailes longues, atteignant presque l'extrémité de la queue : la 919 FAUNE ORNITHOLOGIQUE si 1"° rémige est plus courte que la 6° qui est égale à la 2°, peut-être un peu plus longue : la 4° est la plus longue de toutes. Les 4 premières rémiges sont bien échancerées en avant et en arrière ; la 5° l’est peu en arrière, mais sensiblement en avant. La queue longue, un peu arron- die. Plumage mêlé de blanc-sale et de roux, sur les couvertures des ailes, le cou, la tête et le dos ; les rémiges noires; la queue grise; le dessous gu corps moucheté. Le bec noirâtre ; Les pieds blanchâtres ; les ongles noirs. (Kanala). 7. Strix delicatula, Gould. Long' 0" 36. Bec et pieds blanchâtres. Plumage très soyeux, fauve ocellé sur le dos et les ailes ; blanc avec de petites taches noires sous le corps. (Kanala. Musée de Cherbourg). PASSEREAUX. (DENTIROSTRES.) 8. * Artamus leucorhynchus, Vieill. Ocypterus leucorhynchus, Cuv. Lanius leucorhynchus et dominicanus, Gm. Loxia melaleuca, Forst. Artamus melaleucus, 3. Verr. et O. des Murs. Long’ 0" 20. Cette petite Pie-grièche est très com- mune et remarquable par son vol qui ressemble au vol d'une Hirondelle. Sa présence est considérée, après les pluies, comme présageant le retour du beau temps. Le bec est fort, un peu convexe, bleuâtre, tirant sur le noir au bout. La mandibule supérieure est plus avan- cée, légèrement échancrée. Les narines en partie cou- vertes par les plumes du front. Le tarse un peu plus DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 213 long que le doigt du milieu. Les ailes, pointues, attei- gnent l'extrémité de la queue qui est égale. Le dos, la tête et le cou, la gorge, les ailes et la queue noires ; le dessous du corps blanc. Une tache blanche, transversale, au bas du dos. (Toute la Nouvelle-Calédonie. Musée de Cherbourg). Cet oiseau n'est-il pas le même que le Langrayen des Viti, Artamus Vitiensis, Hombr. et Jacq., figuré dans V'Atl. du Voy. au pôle Sud, Ois. pl. 19? Il semble ne différer que par sa taille, un peu plus grande, de l’Artamus papuensis, Tem., de la Nouvelle- Guinée, qui est caractérisé par la même phrase dans le Conspectus du prince Ch. Bonaparte : Nigricans, uro- pygtio, pectore abdomineque albis, avec cette seule différence : Minor. L'A. leucorynchus, Vieill. est signalé à Célèbes et aux FE. Philippines. 9. * Graucalus cæsius, Cuv. G. Caledonicus, Less. Corvus papuensis, Gm. Campephaga Caledonica, I. Verr. et O. des Murs ? N'tihio, des naturels de Kanala. Long’ 0" 30. Apparence d’un petit Corbeau. Plu- mage noir ardoisé, avec des reflets bleus. L'extrémité des rémiges d’un noir-roux : elles sont bordées d'un très mince filet blanchâtre ; la 4° et la 5°, presque égales, sont les plus longues. La queue longue et égale. Le bec fort ; les mandibules peu recourbées, tranchantes ; la supérieure échancrée et un peu courbée au bout. Les narines en partie cachées sous les poils qui s’avancent du front. Les pieds robustes. Bec et pieds noirs. (Toute l'île. Musée de Cherbourg). 21% FAUNE ORNITHOLOGIQUE Cet oiseau est très commun dans tous les bois et peu farouche. Nous avons essayé d'en manger malgré sa ressemblance avec un corbeau, et nous avons trouvé, au mois d'avril, époque où il est gras, que c’est un assez bon gibier. Au mois de septembre 1860, dans la Baie du Sud, nous avons vu, en grand nombre, des oiseaux à peu près de la même taille, ayant une tache roussätre à l'épaule. Est-ce une variété, ou une espèce du même genre ? 10. * Pachycephala Morariensis, J. Verr. et O. des Murs. — fP-pes, PTea AE Décrit par MM. J. Verr. et O. des Murs, travail cité. Mâle. Long” 0" 18. Plumage vert jaunâtre, olive, sur le dos, les ailes et la queue. La tête etle cou gris ardoisé foncé, presque noir. Le ventre d’un beau jaune d’ocre ; le dessous du cou et la gorge blancs. Un collier noir. Le bec droit, long, plus haut que large ; l’arête supérieure bien marquée, s’avançant entre les plumes du front qui sont un peu ébouriffées en avant. Les mandi- bules à peu près égales; celle d’en haut un peu plus lon- gue, légèrement échancrée au bout. Les pieds robustes; les tarses plus longs que le doigt du milieu. Les ailes assez grandes. Bec et pieds noirs. (Museum d’Hist. Nat. de Paris). La femelle a, à peu près, les mêmes couleurs, mais moins brillantes et plus nuageuses. L'individu décrit a été tué à la Baie du Sud. Je l'ai trouvé aussi à Lifu, l’une des îles Loyalty. Son nom spé- cifique de Morariensis lui vient de la Baie de Moraré (qu’on appelle aujourd’hui plus correctement Bulari), où les premiers exemplaires ont été obtenus. DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 915 A1. ‘ Pachycephala assimilis, J. Verr. et O. des Murs. 2 Harrffofiæa Sfr ÿne. furet Mâle. Long" 0" 18. Bec court, fort; mandibule supé- rieure plus longue, courbée et échancrée au bout. La base du bec enfoncée dans les plumes du front. Le tarse plus long que le doigt du milieu qui est soudé à la base avec l’externe. La 1° rémige courte; la 2° plus du double de la 1"° ; les 3°, 4°, 5° égales. La queue égale et assez longue. La tête, lé cou et les ailes, cendré- noirâtre ; la gorge blanche ; un collier noir. Le ventre roux cannelle. Les rémiges et les rectrices finement bordées de gris cendré. Bec et pieds noirs. (Kanala). Femelle. Long. 0" 16. Bec brun; pieds noirs. Le des- sus du corps et de la tête cendré-noirâtre avec quel- ques reflets olive. Le dessous de la tête et du cou, la gorge, roussâtres avec des traits longitudinaux noirs. Du roux au sommet des ailes et une mince bordure rous- sâtre aux rémiges et aux rectrices. (Kanala. Port de France). Deux exemplaires du mâle etun de la femelle ont été offerts au Musée de Cherbourg. 12. * Lalage Montrouzieri, J.Verr. et O. des Murs. Décrit travail cité. 1° Mâle ? adulte. Long" 0" 18. Bec un peu aplati, large à la base, enfoncé sous les plumes du front, plus court que la tête. La mandibule supérieure un peu courbe, dépassant l’inférieure, tombant du bout qui est légèrement échancré. Pieds robustes, le tarse beaucoup plus long que le doigt du milieu. Les 3°, 4° et 5° rémiges les plus longues. Queue assez longue, étagée la- téralement. Plumage noir, tournant au brun, sur la tête VV 4 FA S 216 FAUNE ORNITHOLOGIQUE te dos et la queue. Une grande tache blanche sur la cou- verture supérieure des ailes. Quand celles-ci sont déplo- yées, elles paraissent traversées par leur milieu par une bande d’un blanc pur. Les dernières rémiges finement bordées de blanc. Le croupion blanc et gris. Le cou, la gorge et le ventre blancs, avec un peu de gris. Les deux rectrices extérieures de chaque côté largement bordées et terminées par du blanc pur. Le dessous des ailes en partie blanc. Bec et pieds noirs. (Uvéa , I. Loyalty ; Port de France). 2° Jeune âge. Long" 0" 20. Le dessus de la tête, du cou, des ailes et de la queue, brun noir. Des taches rousses et blanchâtres sur les couvertures supérieures des ailes, dont les rémiges sont finement bordées de roux. Le dessous des ailes en partie blanc. Le cou, la gorge, le ventre et les flancs, blancs avec un peu de roussâtre ; le croupion blanc sale. Les quatre rectrices extérieures bordées et terminées par dublanc. Bec et pieds noirs. (Kanala). Ces deux exemplaires ont été remis au Musée de Cherbourg. 13. * Fopsaltria flavigastra, J. Verr. et O. des Murs. Décrit travail cité. Long’ 0" 18. Bec moins long que la tête, déprimé à la base qui est garnie de poils raides, droit; l’arête su- périeure bien marquée, un peu arrondie, s’avançant sous les plumes du front. La mandibule supérieure un peu plus longue, échancrée et recourbée au bout; l’in- férieure droite. Les pieds grêles, le tarse plus long que le doigt du milieu. La 1° rémige petite, la 3° égale la 6° ; la k*et la 5° sont les plus longues. La queue peu DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 247 longue et peu fournie. Noirâtre en dessus, grisätre sur D la corge et la poitrine, jaune vers le bas ventre. Bec et (o Ib © Ï » J pieds noirs. (Baie du Sud. Mus. d'Hist. Nat. de Paris). DAT TA RACE Long’ 0 " 17. Bec court, fort ; la mandibule inférieure un peu renflée, celle d’en haut un peu plus longue et légèrement échancrée au bout qui se recourbe sur le bout de l’inférieure. Les narines presque cachées par les plumes du front. Pieds robustes ; les larses très longs; le doigt externe soudé, à la base, au doigt du mi- lieu. Le dessus du corps olive, vert jaunâtre; le dessous blanc sale. Bec et pieds couleur de corne. (Kanala). HeD 15 * Myagra Caledonica, Bp. Long” 0 * 12. Le bec fort, très large, plat; la mandi- bule supérieure débordant au dessus de l'inférieure, échancrée et se courbant en pointe, au bout ; la base enfoncée dans les plumes du front et garnie de longs poils raides. La 1"° rémige courte ; la 2° à peu près le dou- ble de la 1°; les 3°, 4°, 5° et 6°, presque égales ; la 4° la plus longue Les ailes repliées arrivent au tiers de la queue qui est longue et égale. Le dessus du corps, la tête, le cou, la gorge et la poitrine, bleu foncé avec des reflets verts; le ventre blanc. Les plumes de la queue tirant un peu sur le brun, avec un peu de blanc aux bords ; les ailes pareillement un peu plus brunes. Bec bleuâtre ; pieds noirs. (Lifu, îles Loyalty. Musée de Cherbourg). Se rapproche beaucoup de Myagra nitida, Gould, et de Muscivore Moine, Hombr. et Jacq.« Voy. au Pôle Sud. Ois. pl. 12 bis », signalé comme de la Terre de Van- Diémen: TZ, pielanrita, GP? A | lion Ale È 218 FAUNE ORNITHOLOGIQUE D" À AU à 16. L Mÿyagra... 216 + Caledonica (femelle) Bp.? Oceanica, Pucher. ‘ ” ? outcÂA ll 72 RL mien, Ch | A NRC A ag de RAT À Long’ 0" 12. Le dessus du corps noirâtre. La gorge et la poitrine fauve ; le ventre blanchâtre ; du blanc aux plumes de la queue. Bec large, noirâtre, garni de poils raides à la base. Pieds noirs. (Port-de-France. Coll. de M. E. Marie). | Ressemble, si ce n’est le même, au Platyrhinque Océanien, Hombr. et Jacq., originaire de Hogoleu, Iles- Carolines. N'est-ce pas la femelle du précédent ? C’est probable, d’après ce que dit le prince Ch. Bonaparte dans la « Revue et Magasin de Zoologie, » n° 2, 1857, à propos d’une espèce de Myagre de la Nouvelle-Calédonie: Myagra Caledonica, Bp. Rostro latissimo ; caudä subro- tundä, rectricibus lateralibus apice late albis, Mas. pectore nigricante. Fœm. pectore vividèe rufo. We de) Long" 0" 16. Très petit corps ; queue longue, étagée latéralement, toujours en mouvement. Les ailes repliées arrivent à la moitié de la queue. Le bec droit, robuste, garni de longs poils raides à la base; la mandibule supérieure échancrée et courbée au bout. Les pieds grêles, le tarse double du doigt du milieu. La 4° rémige la plus longue. Plumage brunâtre; un peu de roux à l'abdomen ; du blanc sale au rectrices ; du gris truité de brunâtre sous la gorge. Le dessqusde la tête blanc : un trait blanc part de dessus les yeux et se prolonge jusqu’au bec. (Toute la DA ou Lu Musée de Cherbourg). a Pranee "cé + CRIE : A4 C2 Fe A L di ’ Éfle AC en re M «= 4! fLatee- : 0757 ne. dade— LP Pcegt Années de Codes, SP 7e / DE LA NOUŸELLE-CALÉDONIE. 219 LPS «_ 18. : Mnoive— WP Huoeér À AR Un tout petit oiseau au plumage terne, noirätre sur le dos, grisâtre sur le ventre, avec quelques teintes nua- geuses jaunâtres. La queue très longue. Un individu de la collection de M. E. Marie a, en tout, 0" 08 de longueur. Le bec, noir, est long comme la tête; la mandibule supérieure est un peu plus longue, très peu échancrée au bout. Pieds grêles, tarses très longs. La 1"° rémige courte ; la 2°, double de la 1° ; les 3°, 4°, 5° et 6° presque égales ; la 4° la plus longue. Les ailes longues ; la queue pareillement. Plumage gris jaunâtre et noirâtre en dessus ; la gorge et la poitrine blanc-sale ; le ventre jaune-verdâtre ; un peu de blanc à la queue. 19. Turdus (L.)....? An Turdus æanthopus, Forst ? Long’ 0" 24. Le bec à peu près de la longueur de la tête, presque droit ; la mandibule supérieure légèrement déprimée à la base où il y a quelques poils raides, fléchie et un peu comprimée au bout ; l’arête supérieure un peu arrondie. La mandibule inférieure droite. Les bords des deux mandibules un peu infléchis en dedans: ceux de la supérieure couvrent ceux de l’inférieure. Pieds robustes, tarses longs ; le talon à peu près égal en longueur au doist interne, plus fort que les autres doigts, armé d’un ongle presque double des autres. Ailes moyennes ; les quatre premières rémiges à peu près égales; la 2° et la 3° les plus longues. Queue assez longue, arrondie. Plumage brun-verdâtre. Bec et pieds jaunes. (Kanala). 20. * Aplonis Caledonicus, Bp. Tifui, des naturels de Kanala. Mâle. Long" 0" 22. Le bec fort, plus court que la tête, 2920 FAUNE ORNITHOLOGIQUE fendu jusque sous les yeux, légèrement arqué surtout au bout ; la mandibule à bords tranchants ; la supérieure un peu plus longue, un peu échancrée au bout. Les narines petites, à peu près circulaires. Les pieds robustes ; le tarse plus long que le doigt du milieu, qui est très long et soudé, par la base, au doigt externe. Les ailes médiocres; les rémiges arrondies à leur extrémité; la 3° est la plus longue. Huit pennes à la queue qui est égale. Plumage vert bronzé, avec des reflets violacés sur la tête et une partie du cou. Iris rouge. Bec et pieds noirs. Ces oiseaux construisent leurs nids en société. On les élève très bien en cage et même on les apprivoise aisément. Leur chant est agréable. (Kanala. Musée de Cherbourg). (FISSTROSTRES.) 21. * Collocalia Troglodytes, G. R. Gray. Long” du bout du bec au bout de la queue : 0* 11. Le dessus de la tête, le dos, les ailes et la queue, noir, changeant au vert bronzé et au bleu foncé; le croupion blanchâtre. Les ailes très longues, dépassant de beaucoup la queue qui est courte et égale, à dix rectrices. Le bec court, fendu sous les yeux ; la mandibule supérieure courbée au bout. Les pieds courts, les doigts antérieurs presque égaux ; le doigt externe reversible ; les ongles forts. Bec et pieds noirs. (Port-de-France. Musée de Cherbourg). //14/ace«, Île Philippe 22. * Collocalia....? Plus petite que la précédente dont elle a le plumage. Ses ailes plus courtes constitueraient, d’après M. Puche- ran, une nouvelle espèce. (Port-de-France. Muséum d'Hist. Nat. de Paris). DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 291 (CONIROSTRES.) 23. Fringilla psittacea, Gm. Estrelda psittacea, G. R. Gray. r € Ÿ T 1 1 L " L Long” 0" 10. Plumage vert gai. Le front rouge presque cramoisi ; le dessous de la tête et du cou, la gorge, le croupion et la queue, de même couleur. Pieds robustes, le tarse un peu plus grand que le doigt du milieu qui est très long. Bec et pieds noir brun. Ce charmant petit oiseau est excessivement répandu dans la Nouvelle-Calé- donie. (Musée de Cherbourg). 24. Corvus moneduloïdes, Less. N'Käkä, des naturels de Kanala (imité de son eri). Long" 0" 45. Bec droit, fort, noir ainsi que les pieds. Plumage tout noir avec des reflets vert-bouteille. La femelle est d’un tiers plus petite que le mâle. Très commun dans les bois. (Musée de Cherbourg). (CURVIROSTRES.) Tf P.. AA e " a os 0" 35. Plééiage t ge it noir, un peu brun. Bec allongé, légèrement eo) plus haut a. large ; les mandibules ayant lamême courbure, terminées en pointe aigüe. Celle d’en haut un peu échancrée au bout ; l’arête supérieure arrondie, un peu voûtée. Narines percées d’outre en outre, presque cachées par une membrane. La langue est longue et filamenteuse. Tout le tour des yeux est bordé par une sorte de membrane, charnue, un peu flasque, allongée, de couleur jaune orangé, que traverse un sourcil noir.Une étroite bande de petites plames noires se voit également au bas de cette tache jaune. Cette membrane se prolonge un peu en arrière et forme une D 25. Se Aubryanus, J,Yer . et O. des Murs. 9 29 FAUNE ORNITHOLOGIQUE sorte d’excroissance charnue, demi-circulaire, en avant des oreilles. Pieds robustes, les tarses doubles des doigts du milieu, à scutelles lisses, pourtant visibles. Le pouce fort, armé d’un ongle robuste. Les ongles forts, recourbés, non sillonnés sur les côtés. La 1"° rémige courte, la 2° plus longue d’un tiers ; les 4°, 5° et 6° égales et plus longues que les autres. Queue allongée, arrondie. Bec noirâtre ; la majeure partie de la mandibule inférieure jaune. Les pieds blanchâtres, les ongles noirâtres. (Baie du Sud, dans les bois. Musée de Cherbourg). Cette espèce a été dédiée, par MM. J. Verreaux et O. des Murs, à M. Aubry Le Comte, directeur de l'Expo- sition permanente des Colonies. 26. * Tropidorhynchus Lessoni, G. R. Gray. Küindo, des naturels du Sud de la Nouvelle-Calédonie. Kuaiu, des naturels de Kanala. Oiseau très élégant, aux formes élancées, très com- mun dans toute la Nouvelle-Calédonie et les îlots qui en dépendent. On l'élève très bien en cage : il est très gai et imite assez bien le chant des autres oiseaux, les cris des animaux domestiques, etc. Très bon à manger. Long' 0" 33. La femelle ne diffère du mâle que par sa taille un peu moindre. Le bec long, arqué, à mandi- bules tranchantes, pointu au bout; la mandibule supé- rieure un peu plus courte, un peu échancrée. Pieds robustes. La queue longue, égale. La tête, le dos et la poitrine olivätres. Des plumes blanches de chaque côté de la gorge et brunes en son milieu, font une sorte de fraise ou de jabot. Du blanc aux couvertures des ailes. Les rémiges noires. La queue noire et grise. Bec et pieds noirs. (Toute la Nouvelle-Calédonie, les îles Loyalty, etc. Musées de Paris et de Cherbourg). DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 293 27. * Glyciphila fasciata, G. R. Gray. Certhia fasciata, Sparm. Long" 0" 22. Formes élégantes. Le bec long, arqué, pointu. Les mandibules égales, à bords s’infléchissant en dedans; celle d'en haut faiblement échancrée au bout. La langue longue, en tube, filamenteuse. Les pieds robustes ; les tarses longs, les ongles forts surtout au doigt postérieur. La queue longue et égale. Le dessus de la tête, du cou, du dos, des ailes et de la queue, olivätre. Les premières rémiges bordées de jaune exté- rieurement ; les dernières largement bordées de roux en dedans. Le dessous des ailes roux-cannelle et gris. Le dessous de la queue gris. Les côtés de la tête, le dessous du cou, la gorge, la poitrine et le ventre, élégamment striés transversalement de noir peu foncé sur un fond blanchâtre. Quelques plumes lavées de jaune au crissum. Bec et pieds noirs. Le mâle est un peu plus grand que la femelle. Le jeune mâle diffère de l'adulte par une tache jaune sous le cou, s'étendant jusqu'à la mandibule inférieure. (Kanala. Musées de Paris et de Cherbourg). Cet oiseau ressemble beaucoup, si ce n’est le même, au ZTropidorhynchus Vulturninus, Hombr. et Jacq. figuré dans l’Atl. du Voy. au pôle Sud, Ois. pl. 18. 28. * Glyciphila chlorophæa, Gould. Certhia chlorophæa, Forst. Long’ 0" 14. Formes élancées. Couleur générale, vert jaunâtre. Les rémiges et les rectrices bordées exté- rieurement de jaune tirant sur le vert. Le dessous du corps blanc-sale et jaunâtre. Le bec long et arqué, pointu au bout, plus haut que large. La langue très longue, en tube, filamenteuse. Les narines en partie sis 74 29% FAUNE ORNITHOLOGIQUE couvertes par une grande membrane nue. Les pieds robustes, les tarses forts, plus longs que le doigt du milieu. Bec et pieds noirs. Très commun, en dans les marais à palétuviers, où il chasse les insectes. Voix forte, agréable. (Musée de Cherbourg). 29. * Certhia....? Myzomela sanguinolenta, Gould ? Charmant petit oiseau, commun dans les bois, où sa présence fait penser aux Oiseaux-Mouches. Le dos, le dessus des ailes et de la queue noir-brun; la tête, le cou, la gorge et la poitrine d'un magnifique rouge de laque carminée : une tache de la même couleur au crou- pion. Le ventre, le dessous des ailes et de la queue blanchätres. Les flancs lavés de carmin. Le bec long et fort. La langue en tube. Les pieds robustes, les tarses longs et forts. Les ailes assez grandes. La queue peu longue et égale. Bec et pieds noirs. (Baie du Sud. Musée de Cherbourg). M. Pucheran pense que c’est une espèce nouvelle, tandis que MM. J. Verreaux et O. des Murs l'ont rap- porté à l'espèce Certhia sanguinolenta, Lath., Myzo- mela sanguinolenta, Gould., qui se trouve à la Noïÿelles Hollande. 30. * Certhia..... ? Joe An Certhig nait ha .fy 78 RATS - Le; es 0" 12. Le bec on la longueur de la tête, médiocrement arqué; la mandibule inférieure plus longue, aplatie en dessous. Les pieds forts, les tarses robustes, presque doubles, en longueur, du doigt du milieu. Le doigt postérieur, grand, armé d’un ongJle fort et recourbé. Les ailes petites, la 3° et la 4° rémige les DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 295 plus longues. Plumage vert en dessus, vert-jaunâtre en dessous. Un cercle blanc autour des yeux. Bec et pieds noirs. On élève facilement ce petit oiseau en cage. (Kanala. Musée de Cherbourg). (SYNDACTYLES.) 31. Halcyon sanctus, Forst. Mâle. Long" 0" 20. Vert-bleuâtre sur la tête et le cou. Les ailes et la queue bleues à reflets verts. Le dessous du corps blanchâtre, avec du roux. Cette teinte se prolonge autour du cou de manière à former un collier complet bordé de noir. Très commun dans toute la Nouvelle-Calédonie. Se trouve en Australie. (Musée de Cherbourg). GRIMPEURS. (COUCOUS.) 32. * Cuculus bronzinus, G. R. Gray. — D sert 9 Long" 0" 28. Bec médiocre, un peu arqué, aussi haut que large. Tarses assez courts, un peu emplumés. Ailes moyennes ; la 3° rémige la plus longue. Queue longue, étagée, à 10 pennes. Le dessus du corps, de la tête et des aïles, vert bronzé. Le dessous roux. Une bande blanche, transversale, à la face inférieure des ailes. De petites bandes blanches, transversales, sur le dessous de la queue. Bec noir bleuâtre; pieds jaunes. (Kanala. Muséum d’'Hist. nat. de Paris). Un autre individu, de la collection de M. E. Marie, montre les mêmes couleurs plus accusées. 15 226 FAUNE ORNITHOLOGIQUE 33 Chalcites lucidus, Gm. Long’ 0" 17. Très beau plumage, à reflets dorés, très brillants. Le dessus du corps gorge de pigeon, chan- geant, à reflets métalliques. Le dessous (gorge, poitrine, ventre , cuisses) blanc un peu gris, traversé par des bandes équidistantes de couleur vert-doré, changeantes, à reflets métalliques. Bec et pieds noirs. Le bec de la longueur de la tête, un peu courbe, très peu échancré au bout, déprimé. Les pieds assez robustes, le tarse à peu près égal (un peu plus grand) en longueur au doigt du milieu. (Port de Fance. Coll. de M. E. Marie). J'ai déjà décrit (1) cet oiseau sous les noms de : {ndi- cator, Cuculus nitens, Taylor (2). Il me paraît être as- sez rare à la Nouvelle-Calédonie ; à peine y en a-t-on tué trois ou quatre individus. À la Nouvelle-Zélande, j'ai vu, dans le musée d’Auckland, la dépouille d’un in- dividu tué dans le nord de l’île Ika-a-mawi. On le dit de passage dans eet archipel. PERROQUETS. 3% * Trichoglossus Deplanchii, J. Verr. et ©. des Murs. Tiria (le mâle), des naturels de Kanala. Kiki, la femelle. Mâle. Long" 0" 28. Joues plumeuses. Queue étagée. (4) Notes sur quelques animaux observés a la Nouvelle-Calédo- nie pendant les années 1861 et 1862 par M. Henri Jouan, (p. 94 du présent volume). (2) Le Ra Taylor signale ce Coucou sous le nom de Cuculus Nitens, dans son ouvrage : Te-ika-mawi, or New-Zealand and its inhabitants, Londres 1855. DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 297 Le dos, le dessus des ailes et de la queue, vert-pré, laissant voir des taches rouges sur le dos et le cou. Le sommet de la tête, les joues et le devant du cou, bleu {avec quelquefois un peu de blanc et une sorte de col- lier noirâtre). La poitrine, le haut du ventre et la partie antérieure du dessous des ailes d’un beau rouge carmin qui se prolonge par taches jusqu'aux cuisses. Les rémi- ges noirâtres, bordées de vert foncé en dessus, jaune en dessous, noir foncé au bout. Les cuisses, le crissum et les couvertures sous-caudales, d'un vert-jaunâtre avec des taches vertes. Le dessous de la queue olivâtre, avec du jaune au bord des rectrices. Le bec rouge, terminé de jaune orangé. Les pieds noirâtres. La femelle a les couleurs moins vives. Les plumes vertes de l'abdomen sont mélangées de rouge. Du reste le plumage varie quelque peu, probablement suivant l’âge des individus. Ces petits Perroquets volent en troupes nombreuses et sont communs dans les lieux boisés. Au mois d’octo- bre, nous en avons vu beaucoup à Kanala, sur de grands arbres du genre Erythrine qui commencent à cette épo- que à perdre leurs fleurs. L'espèce a été dédiée par MM. J. Verr. et O. des Murs, à M. E. Deplanche, chirurgien de la marine, qui l’a fait connaître. (Musée de Cherbourg). 35. Flatycercus cornutus, Gould. Kinkin ? des nat. de Kanala. Long’ 0" 30. Le dessus du corps vert-pré; le des- sous vert-jaunâtre, s’éclaircissant de manière à devenir presque jaune sur la poitrine et le devant du cou. Du beau jaune d’or sur les joues, gagnant vers la nuque. Du noir à la naissance du bec. Le front couleur de carminr. 228 FAUNE ORNITHOLOGIQUE Une plume déliée, longue de 0® 06, part du milieu du front, vert-brun à sa naissance, rouge à l'extrémité, et fait un plumet à l'oiseau. (Quelques individus ont deux de ces plumes.) Les couvertures des ailes vertes, un peu plus sombres ; les rémiges noires, largement bordées de bleu foncé à leur bord externe, Cette teinte bleue devient plus pâle vers les extrémités. Le dessous des ailes noirâtre. La queue longue, un peu arron- die. Le côté interne des rectrices, à la face supé- rieure, noir ; leur côté externe est vert à l’origine, et bleu foncé vers le bout. La face inférieure de la queue noirâtre. Le bec fort d'un côté à l’autre, aplati et ramassé d'avant en arrière, bleuâtre sur ies côtés, blanc- jaunètre de face. Les pieds noirs. (Port de France. Musée de Cherbourg). 36. * Cyanoramphus Saisseti, J. Verr. et O. des Murs. Kinkin, des naturels de Kanala. Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente. Ce quise voit de prime abord, c’est le manque de plu- met. Le bec, semblable à celui des Platycerques, est de couleur plombée avec l'extrémité noire. Le sommet de la tête de couleur rouge. Ce rouge s’étend en travers des yeux jusque sur les oreilles. Le dessus du corps vert- pré. Une tache rouge de chaque côté du croupion. Le dessous du corps vert-jaunâtre. Les rémiges noirâtres, bordées de bleu foncé qui s’éclaireit vers les extrémi- tés. Les rectrices vertes, tournant au bleu vers l’extré- mité. Pieds noirâtres. (Port de France. Iles Loyalty). Sur l'individu que j'ai remis au Muséum d’Hist. Nat. de Paris, on voit de grandes taches jaunes à la face infé- rieure des ailes. RO bo Le) DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. E 7 SR EMRN RE LEE De la taille d’un pigeon. Plumage presque entier vert- pré, excepté les rémiges qui sont noires, bordées de bleu foncé, noires au bout. Le dessous des ailes noir, excepté à la partie antérieure où elles sont d’un magnifi- que carmin qui s'étend sur les flancs. La queue verte en dessus, noire en dessous. Le bec très fort, couleur de corne. Les pieds noirs. N'est-ce pas un Trichoglossus Deplanchii, très adulte ? (Port de France, coll. de M. E. Marie). On m'a parlé à Kanala, d'un perroquet à couleurs vives, rouge et vert, avec une crête ou mieux une huppe, qui aurait été vendu à un officier de ce poste par des naturels venant des montagnes de l'intérieur de l'ile. C’est la seule fois que j’aie entendu parler de cet oiseau, et je ne crois guère à son existence, Comme espèce Néo-Calédonienne du moins. Je cite cela unique- ment pour éveiller l'attention des futurs explorateurs. PIGEONS. 38. * Ptilinopus Greyi, G. R. Gray. Pt. purpuratus, Bp. ; C'est encore ici une des nombreuses espèces du genre Kurukuru, répandues dans toutes les îles de l'Océanie et différentes dans chacune d'elles. Front et dessus de la tête d’un pourpre un peu vineux. Plumage vert-pré en dessus. Du bleu aux ailes. Le cou et la gorge d’un vert plus pâle, un peu gris. Du jaune et du pourpre aux plumes du ventre et des environs de l'anus. Le bec et les pieds couleur de pourpre. Cette espèce me paraît assez rare, (Port-de-France, coll. de M. E. Marie). 230 FAUNE ORNITHOLOGIQUE 39. * Lamprotreron holosericeus, G. R. Gray, ex Tem. Ani, des naturels de Kanala. Mâle (1). Long’ 0" 32. Le bec court, un peu renflé au bout ; les narines oblongues. Les pieds robustes ; les tarses emplumés, ou mieux, couverts jusqu'aux doigts d’un épais duvet blanc. Les 5° et 6° rémiges les plus longues. Les plumes du front avancées font paraître le front bombé. Le plumage du dessus du corps vert-pré ; la naissance des rémiges d’un blanc verdâtre. Une tache blanche allongée part de dessous la mandibule inférieure et se prolonge, en pointe, en dessous et tout le long du cou. La gorge verte. Le ventre jaune, un peu verdätre. Le crissum et le dessous äe la queue, jaune gomme- gutte, éclatant. Sur la poitrine une bande transversale noire, ayant en haut un liseré jaune et blanc. Le bec noir ; les pieds violets, les ongles noirs. La femelle est moins chamarrée, presque entièrement verte. (Kanala. Museum d’Hist. Nat. de Paris). On élève très bien ces pigeons en cage et dans des volières. &O. * Carpophaga (Phænorhina) Goliath, Gray. N'dan, des naturels de Kanala. Nôdu, dans le Sud de l’île. Long" de 0" 60 à 0" 70. Ce grand Colombar, de la taille d’une poule, est très bon à manger en mars et en avril. Il habite les bois où il vit principalement des fruits d’une espèce d’Elæocarpus. « Son roucoulement (1) Décrit, par erreur, sous le nom de Columba Oceanica, Lath., dans mes Notes, elc. DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. DA sourd, dit le P.Montrouzier , au milieu de la solitude des bois, porte plus qu’à la tristesse. » Le bec fort, comprimé, rouge-vineux, taché de noir au bout. Les pieds rouge-vineux ; les tarses courts ; les doigts bien bordés, forts, armés d'ongles robustes : on dirait les serres d’un oiseau de proie. La tête, le cou, Le dos, les couvertures et la queue, noir-brun. Sur la tête et la queue, des reflets métalliques et des taches rouge brique. Les alentours de l’anus blancs et roussâtres. La queue longue. Le gésier de ce Pigeon-géant est garni de plaques cornées qui doivent considérablement augmen- ter la puissance de cet organe. Les œufs sont de la taille de ceux d’une petite poule, parsemés de points blancs irréguliers sur un fond blane-verdâtre. (Musée de Cherbourg). Bi. Columba vitensis, Quoy et Gaim. Maülio, des naturels de Kanala. Mâle. Long’ 0" 43. Le bec fort, un peu comprimé ; la mandibule supérieure plus longue, un peu recourbée, recouverte, à la base, d’une membrane formant de chaque côté un bourrelet sous lequel est la narine. Le bec est rouge à partir de la base jusqu'à la moitié de sa longueur, et couleur de corne au bout. Les yeux bordés de rouge, de la même nuance que le bec. Les pieds couleur lie de vin ; les doigts médiocrement bordés. Les tarses courts, emplumés au-dessous de l'articulation. La 3° rémige la plus longue, presque égale à la 2° et à la 4°. La queue longue, égale, à 12 pennes. Le dessus de la tête, du dos et du croupion, ainsi que les côtés de la gorge, brun sombre avec des reflets métalliques verdà- tres. Les ailes et la queue d’un brun mat, plus foncé vers la pointe. Une tache blanche, commencant sous le 232 FAUNE ORNITHOLOGIQUE bec, s’élend sous les yeux et vers le cou, mais sans l'entourer. (Musée de Cherbourg). La femelle a le plumage plus terne. Ce Pigeon est assez commun dans les bois de Kanala. C’est sans doute le même que MM. J. Verreaux et ©. des Murs signalent sous le nom de Carpophaga (Jan- thœnas) hypænochroa, Gould., comme provenant de ‘île des Pins. Il est figuré, comme venant des îles Viti, ou Fidii, dans l'Atlas du Voy. de l’Astrolabe, pl. 28. &2. * Chalcophaps (Gould.)....? A’h'neun, des naturels de Kanala. Mâle. Long’ 0" 30. La mandibule supérieure du bec est plus avancée, un peu courbée. Le bec orangé avec une membrane lie-de-vin à la base. Les pieds rouge de laque claire. La tête, le cou et une partie du dos, rouge vineux, se fondant et s’éclaircissant sur la gorge, la poitrine, les flancs et le bas-ventre qui est presque gris. Le dessous des ailes d’un rouge-brun, un peu plus vif, surtout aux couvertures inférieures. Les couvertures supérieures vert éclatant. Les rémiges rouge-brun à leur limbe postérieur, noir-brun, finement bordées de rouge-brun au limbe antérieur. Un peu de blanc au croupion. La queue courte, arrondie, à 12 pennes, noir- brun avec des taches rouge-brun en dessus, noirâtre en dessous : du gris-blanchâtre aux deux rectrices exter- nes. Une tache blanche, au pouce de l'aile, manque chez la femelle. (Kanala. Musée de Cherbourg). Ce pigeon s'élève facilement en cage et dans des volières. D’après M. Pucheran, ce serait une espèce de Chal- cophaps, non encore décrite, particulière à la Nouvelle- Calédonie. C'est sans doute celle que MM. J. Verreaux DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 233 et O. des Murs désignent sous le nom de C. chryso- chlora, Gould. var., provenant de l’île Nu (environs de Port de France) et la même qu'à la Nouvelle-Hoïlande. Dans mes Notes, 1. c., je l'ai signalée, par erreur, comme Columba œnea, Lath. GALLINACÉS. 43. Coturnix (Gesner)...... ae Caille des colons. Long’ 0" 15. Bec et pieds couleur de corne, Joli plu- mage brunâtre, ocellé de noir et de brun rouge en des- sus, grisâtre en dessous. La même espèce qu'en Austra- lie ? Assez rare ; serencontre dans les clairières. En 1862, la frégate l’Ises a apporté de la Réunion, une assez grande quantité de Cailles, mâles et femelles qu’on a lâchées aux environs de Port-de-France. Si elles peuvent échapper aux oiseaux de proie, et se mulli- plier, les explorateurs futurs de la Nouvelle-Calédonie devront prendre garde à cette espèce, différente de l’es- pèce indigène. ÉCHASSIERS. (GRALLES.) 44. * Charadrius (L.)...... ? Bec et pieds noirs. Plumage brun-noirâtre, mêlé de jaunâtre en dessus ; roussâtre sur le devant du cou et la gorge, blanc sale en dessous. (Coll. de M. E. Marie). 45. * Scolopax undulatus, Forst. De la taille d’une grosse bécasse ; plumage à peu près semblable à celui de ce dernier oiseau. Bec et pieds noirs. (Coll. de M. E. Marie). 23% FAUNE ORNITHOLOGIQUE (HÉRONS.) 46 *. Ardea(L.)...... ? Le bec deux fois long comme la tête, très comprimé, la mandibule supérieure cannelée, un peu plus longue et un peu courbe, l’arète supérieure arrondie. Le cou très long et grêle. Plumage noir, un peu ardoisé, excepté sur le devant du cou qui est sillonné d’un trait blanc longi- tudinal. Bec et pieds noirs. (Kanala. Coll. de M. E. Marie). An Ardea (Herodias) albo-lineata, G. R. Gray, signa- lé par MM. J. Verreaux et O. des Murs comme venant de l'ile des Pins ? 47. Ardea (L.)...... ? Bec noirâtre, corné. Pieds verdâtres. Le plumage tout entier d’un beau blanc. (Coll. de M. E. Marie). 48. * Nycticorax caledonicus, G. R. Gray. Shina, des nat. de Kanala. Long" 0" 70. Bec noirâtre. La mandibule supérieure un peu courbe et un peu plus longue. Les pieds jaunà- tres. Le dessus de la tête et du cou noirs avec des reflets bleuâtres. Le dessus du corps et des ailes roux cannelle, un peu clair. Le dessous du corps blanc. Du haut de la tête partent deux plumes blanches,longues et déliées, qui tombent en arrière sur le cou et le dos. Ces plumes ne se voient que chez le mâle adulte. Chez les tout jeunes individus,le bec et les pieds sont jaune-verdâtre. Le plumage noirâtre, à reflets roux, moucheté de blanc sale et de roux. Les rémiges couleur de rouille. On dirait une espèce tout-à-fait différente. (Kanala, Port-de-France, etc.) DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 235 49. * Rhynochetus jubatus, J. Verr. et O. des Murs. (1) (1 Kagu, des naturels du Sud de la Nlle-Calédonie. Cet oiseau, qui paraît être particulier à la Nouvelle- Calédonie, tient des Gallinacés par son bec, des Ralles par ses pieds et des Hérons par le plumage du cou. II vit dans le voisinage de la mer, surles plateaux couverts de fougères, se nourrit principalement de vers et d’in- sectes et est surtout très friand d’une énorme saute- relle (Locusta imperialis), longue de 12 à 15 centimè- tres. On l'élève très bien en domesticité en lui donnant de la viande crue coupée par petits morceaux, qu'il avale avec gloutonnerie. Quelques habitants de Port-de- France en avaient dans leurs jardins, comme chez nous on a des Corbeaux ou des Goëlands;seulementsa présence n’est pas favorable aux fleurs, surtout aux fleurs rouges dont la vue lui donne parfois des accès de colère. Il court avec une grande vitesse, et dans les moments où il est effrayé ou en colère, ce qui lui arrive assez faci- lement, il redresse les plumes de la tête et du cou en forme de crête; ordinairement ces plumes sont cou- chées.Ces oiseaux paraissent tristes : cependant ils se réu- nissent en troupe, et le matin au lever du soleil, en entendant leurs cris, on dirait qu'il y a une meute de jeunes chiens à aboyer dans le voisinage. Avec des soins on parviendrait peut-être à les acclimater en France, comme oiseaux de basse-cour ; mais il ne faudrait les exposer au froid que par degrès, car ceux qu'on a ap- (4) Décrit par MM. J. Verr. et O. des Murs, travail cité, p. 24. J'en ai déjà donné la description dans les Notes, etc., (page 97 du présent pe 2 Le 22772 LE. 18 y. Ver Ê, fharse, FORrAEME EE Dedint, D PTT 236 FAUNE ORNITHOLOGIQUE portés à Sydney (Australie) n’ont pas pu supporter l'hiver qui cependant est bien peu rigoureux. Malgré leur genre d’alimentation, c’est un bon gibier. Long’ 0" 45. Le bec un peu plus long que la tête, un peu courbé de haut en bas, comprimé latéralement, à quatre angles ; la mandibule supérieure plus avancée, un peu échancrée au bout. Le dessus de la mandibule supérieure aplati, un peu arrondi ; ia mandibule infé- rieure aplatie, cannelée en dessous : sa courbure suit celle de la mandibule supérieure. Le bec n’est pas fendu jusque sous les yeux. L'iris brun. Les pieds assez forts, les ongles longs, recourbés ; les doigs médiocres; le doigt postérieur petit; les tarses longs. Les pieds et le bec rouge-orangé. La queue et les ailes peu dévelop- pées. Le cou assez court, peu plumeux. Les plumes du dessus de la tête très allongées, dirigées en arrière, formant une sorte de huppe. Le plumage gris cendré et ardoisé, plus ou moins ocellé de taches brunâtres, suivant l’âge. Quatre bandes transversales noirâtres sur les ailes avec quelques taches rousses. Les intervalles entre les bandes, blancs avec des points et des taches noirâtres. (Musée de Cherbourg). La figure du n° de septembre 1860 de la « Revue de Zoologie, » dessinée d’après le premier exemplaire mis en peau, qui figure à l'Exposition des Colonies, ne donne qu’une idée incorrecte de cet oiseau. En réalité, il tient son corps beaucoup plus penché en avant sur ses jambes raidies ; le cou est ramassé, le dos voûté. Les pieds et le bec ne sont pas jaunes comme dans la figure, mais rouge- orangé, tirant sur le vermillon. Dans le Sydney Morning Herald du 20 juin 1861, on trouve les détails suivants sur le Kagu, par le D' Georges Bennett, de Sydney. : à ALES ns Dsl. pe Alt de NÉE SR ENUS à. MAT ce 22 cre tre Jre Eee ne PTE T: / HA ns. : D D PRIE LS EAU Le ee Zerte LAS Loic 7 22 “ . ce LE ds à fine Jaude VivrattC— Dai Pl u7 ftte-r aet ei ep = 24 A e = (2 << PAGES fe Pinigaëtles soil mprelle d'un À. Ur à y DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 9237 « Peu de jours après mon arrivée, je remarquai dans la ménagerie du Jardin botanique, un oiseau qui me parut être d’une nouvelle espèce. Cet échantillon vivant, et un autre empaillé que possède le Musée de Sydney, ont été donnés par M. Deplanche, chirurgien sur la frégate française la « Sibylle, quiles a apportés de la Nouvelle- Calédonie. Cet oiseau est, dit-on, commun dans cette île, près du rivage : les naturels le nomment Kagu. Il porte une srande et belle crête toujours couchée, et nous ne pou- vions la lui faire dresser qu’en l’etfrayant par l'introduction d’un Epervier dans lamême cage... Quand on le poursuit, il court avec une grande rapidité, sans jamais essayer de s’envoler. Lorsqu'on parvenait à Le saisir, il poussait des cris forts et perçants, et ce n’était que dans cette occa- sion qu’on l’entendait émettre un son quelconque. Cet oiseau paraît robuste : il vit d'insectes et de viande crue. Il est très glouton et fait preuve d’un tempérament batailleur quand on le dérange. Il court rapidement, se faisant mince et allongeant la tête et le cou comme les Ralles. Dans le même compartiment de la ménagerie, il y a un Ralle de la Nouvelle-Zélande, le Weka (Ocydromus australis, Sparm.). Les habitudes des deux oiseaux sont les mêmes, et on remarque une grande ressemblance dans la structure de leurs doigts de pieds. Tous deux aiment à fouiller la terre pour attrapper des vers, et à chercher des insectes et des limaces dans l'herbe ; mais le Kagu, quand il n’est pas dérangé, a un air plus grave que le Ralle, et sous ce rapport, se rapproche davantage des Hérons ou des Grues. Il me semble que cet oiseau est une transition entre les Grues et les Ralles, point qui pourra être décidé quand on aura des observations sur son anatomie et principalement sur la conformation de son squelette. » DAT Arte La ia pee fi Liv muet ( ne. Va LUS 7 221 Tes ae un enneniuee de crete ce NUE fi ) 238 FAUNE ORNITHOLOGIQUE (RALLES.) 50. Porzana leucophris, Gould (1). Aghia, des naturels de Kanala. Long" 0" 18. Le corps allongé, effilé. Le bec pointu, assez fort, comprimé au bout. La mandibule supérieure très peu courbe, avançant sur l'inférieure. Les pieds très forts ; les doigts très longs excepté le postérieur ; le tarse un peu plus long que le doigt du milieu. Les ailes petites. La 1"° rémige est égale aux 3/# de la 2° ; la 2° égale à la 4°; la 3° un peu plus longue. Plumage couleur de chocolat sur le dos, gris-noirâtre sur les parties inférieures du corps. Les plumes de la queue traversées en dessous par de petites bandes blanc sale. Les pieds couleur d’ocre rouge. Le bec noir. L’iris rouge. (Kanala; se trouve en Australie). 51. Rallus philippensis, Gm. Rallus pectoralis, Guy. Ralle Tricot, des colons (2). Bec couleur de corne. Pieds noirâtres. La tête brune avec du noir. Le dessus du cou brun-rouge ; cette teinte se prolonge sur les joues et entoure les yeux. Le fond de la couleur du dos et des ailes olive, très agréablement pailleté de noir et de blanc. Des bandes transversales brun-rouge sur les rémiges. De petites bandes transver- sales noires et blanches en dessous. La poitrine traversée par une grande bande fauve, bien tranchée. Reflets bril- lants sur tout le plumage. $e trouve en Australie. (Port- de-France. Coll. de M. E. Marie). (1) Signalé par MM. J. Verr. et O. des Murs, travail cité. Décrit sous le nom de Rallus....? dans mes Notes, |. c. (2) Voir Note C à la fin du présent mémoire. DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 239 52. Porphyrio melanotus, Tem. Poule sultane. Le bec et la plaque du front d’un rouge vif. Plumagèe bleu, plus ou moins foncé, changeant, presque noir sur le dos. Une tache blanche à l'anus. Le dessus des ailes à reflets vert sombre. Le même oiseau qu’en Australie on appelle Red Bill, et qui est très prisé comme gibier. PINNATIPÉDES,. 53. Podiceps (Lath)....? Long" 0" 24. Le bec dur, à peu près de la longueur de la tête, droit, couleur de corne, avec du noir et du jaune. La tête et une partie du cou noires. Une tache allongée, rouge brûlé, part des yeux et s’étend de chaque côté. Le dos brunâtre ; la poitrine gris-argenté, se fondant en blanchätre sous le ventre. Du blanc aux ailes qui sont très petites. Plumage très soyeux. (Coll. de M. E. Marie). PALMIPÉDES. (LONGIPENNES.) 54. Gelastes Gouldi, Bp. G. pacificus, Mus. Paris. Long” 0" 42. Bec et pieds carmin ; les ongles noirs. Le tour des yeux bordé d’un filet de la couleur du bec. Iris rouge. La tête et la plus grande partie du corps blanc. La queue blanche, égale. Le dos et les couvertures des ailes, gris-cendré. Les rémiges, dépassant la queue, noires avec de grandes taches blanches, pas tout-à-fait à l'extrémité. Dans le jeune âge, cet élégant oiseau n’a pas d'aussi belles couleurs. Long" 0" 40. Des taches roussâtres et brunâtres se mêlent au gris-cendré du dos et des ailes. 240 FAUNE ORNITHOLOGIQUE Les rémiges noires ont des taches blanches plus petites que chez l'adulte. Le bec rougeâtre et noir-brun. Les pieds rougeâtres, terreux ; les ongles noirs. (Un adulte et un jeune au Musée de Cherbourg). 55. Larus (L)....? Long" 0" 52. Le bec jaune, de la longueur de la tête. Pieds peu robustes, noirs. Les ailes arrivent à l’extré- mité de la queue qui, du reste, n’est pas très longue. La 3° rémige est la plus longue. Plumage blanchâtre ; des traits longitudinaux, noirs et roussâtres, sur la tête ; le cou blanchätre; le dos et les ailes parsemés de taches noires et rouges. Les rémiges noires en dessus, grises en dessous. Le ventre blanchâtre. (Coll, de M. E. Marie). 5G. Anoüs stolidus Leach. Sterna noddy, Less. Plusieurs individus sont tombés à bord de la Bonaite, à 20 lieues dans le $. S.-O. de l’ile des Pins pendant un violent coup de vent d’Est. Cette direction me porte à croire qu'ils avaient été enlevés de Maré, une des îles Loyalty. 57. Sterna (L.)....? ST A DRE eu, 9 vué Long’ 0" 38. Le manteau cendré. Le dessus de la tête et du cou noir. Le bec orangé, noir au bout, les pieds rouges. Ressemble beaucoup au Pierre Garin. (Coll. de M. E. Marie). (TOTIPALMES.) 58. Sula parva, Gm. Long 0" 80. La tête, le cou (en dessus et en dessous), la gorge, le haut de la poitrine, le dos, le dessus des DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 241 ailes et de la queue, noir-brun; le ventre blanc. La séparation du blanc et du noir de la poitrine bien tran- chée, en ligne droite. Le bec et les pieds blane-verditre. Ce Fou est venu s’abattre à bord de la Bonite, pendant un ouragan, ne pouvant plus voler, à 50 lieues dans le S.-0. de la Nouvelle-Calédonie. (Musée de Cherbourg). 59. Piscatrix candida, Bp. Sula piscatrix, Gm. G0. Tachypetes minor, Gm. La présence de ces Frégates dans les baies est un indice assez certain de mauvais temps. GI. Phaëton phænicurus, Briss. Paille-en-Queue à brins rouges. Long’ 0" 52. Le bec fort, dentelé aux bords, rouge- orangé. Une tache noire longitudinale en avant des yeux; une pareille en arrière, mais moins bien dessinée. Plu- mage blanc, un peu de noir sur les couvertures. Les tarses blanchâtres ; les doigts, et les membranes qui les unissent, noirs. Un individu, tué à 60 lieues dans le S. S.-0. de la Nouvelle-Calédonie n'avait qu'un brin rouge, long de 0" 17 ; mais en y regardant de plus près, on remarquait le commencement d’un deuxième brin, long de 0" 02. Cela venait-il de la jeunesse de l’oiseau, ou bien était-ce une plume perdue qui repoussait ? J'admettrais volon- tiers cette dernière supposition, l'individu étant trop dur à écorcher pour être jeune. G2. Phaëton candidus, Briss. Port-de-France. Toute la Nouvelle-Calédonie. 16 212 FAUNE ORNITHOLOGIQUE (LAMELLIROSTRES.) 63. Anas superciliosa, Gm. Nia, des naturels de Kanala. Ka, des naturels du Sud de l'ile. Long" 0" 50. Long" du bec, 0" 055. Le bec noir, déprimé, un peu élevé entre les narines avec des den- telures aplaties sur les bords. Plumage brun, mêlé de gris-roussâtre. Les côtés de la tête fauves avec une bande longitudinale noire, un peu brune, passant sur l'œil. Une bande pareille, mais moins accusée, part de la eommissure des mandibules. Le dessus de la tête noir. Une large bande d’un beau vert, à reflets métalliques, bordée en haut de noir, et en bas, de noir avec un liseré blane, sur les ailes. Le dessous des ailes blanc. Com- mun par troupes dans les rivières et les marais, là où on ne l'a pas encore trop chassé. Le même qu'on trouve en Australie et dans le Nord de la Nouvelle - Zélande. (Musée de Cherbourg). Gk. * Anas punctate, var., Gould. Long 0" 35. Plumage brunâtre en dessus, avec des reflets gorge-de-pigeon sur la tête, les joues, le cou et une partie de la poitrine. Le ventre blanchâtre, le bas- ventre brunâtre, le crissum et le dessous de la queue blanc. Le dessous des ailes blanc. Bec et pieds noirs. (Port-de-France, coll. de M. E. Marie). 65. * Anas (L.)....? Canard rouge, des colons de Port-de-France. Un peu plus gros qu’une Sarcelle. Bec et pieds noirs. Plumage rougeàtre, plus clair en dessous qu'en dessus ; DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 943 le venire et les couvertures des ailes rouge brique; le cou roux; le dessus de la tête noir. Une bande noire part de la nuque et suit le dessus du cou en se rétrécis- sant graduellement. Rare. (Port-de-France. Coll. de M. E. Marie). Telles sont les 65 espèces auxquelles se réduisent, après un examen plus sérieux, les 67 que j'ai observées pendant mon séjour à la Nouvelle-Calédonie. J'en ai eu davantage entre les mains, surtout des petites, mais ou bien elles étaient en trop mauvais état pour les recon- naître et les décrire, ou bien la chaleur du climat m'a empêché, dans beaucoup de circonstances, de les con- server assez longtemps pour en préparer les dépouilles. J'ai élé moins heureux que la Commission scientifique, puisqu'elle a pu soumettre à MM. J. Verreaux et O. des Murs, 76 espèces et que je n’en ai observé que 65; encore ai-je des doutes sur la réalité, comme espèces, des n% 3, 16, 18 et 37. Sur les 65 espèces, j'en trouve 32 appartenant en propre (jusqu’à plus ample information !) à la Nouvelle- Calédonie, et ainsi distribuées : Passéreaux..: 21450 17 Grimpeurs......:1.2. 1 Perrpquets. 270. 3 Pigeons...:.. LEE EE k Hehassiers.. 21 Le, 5 Palmipèdes ......... 2 32 Parmi elles se trouvent les types remarquables du Pigeon Géant (Carpophagus Goliath) et du Kagu Î Rhynochetus jubatus), RE (actsctebe des He. 1 00 Tole PRES à Mrten 142%) PE nul 2h4 FAUNE ORNITHOLOGIQUE Vingt-quatre espèces sont communes à la Nouvelle- Calédonie et à l'Australie, et quelques-unes, dans le nombre, se retrouvent à la Nouvelle-Zélande et dans les archipels au nord de Australie : RADAGES... SL DRE Passereaux :. 50e 0e GHDEUTS.-. CCE Gallinacés...1...2. AA DE | EchaSsiers 2:00 Palmpedes. 62.009 Les derniers Palmipèdes, appartenant, saufun Canard, à l’ordre des oiseaux Grands-Voiliers, se retrouvent dans la plus grande partie des îles tropicales du Grand- Océan. Je ne suis pas assez fixé sur les neuf espèces qui restent pour faire le compte des 65, pour dire, au juste, jusqu'où s'étend leur patrie. En terminant ces notes, je répéterai ce que j'ai dit au commencement. La notice de MM. J. Verreaux et ©. des Murs, les magnifiques ouvrages de M. Gould, feront connaître aux vrais naturalistes, les oiseaux de la Nouvelle-Calédonie beaucoup mieux que je ne pourrais le faire, mais le premier de ces travaux est aussi laconi- que que possible; ce n'est guère qu'une « table des matières » ; les livres de M. Gould soni trop volumineux et surtout trop coûteux pour les personnes qui sont à même de faire connaître les richesses naturelles de la Nouvelle-Calédonie, généralement des officiers, de petits fonctionnaires qui cherchent dans l’étude un remède aux ennuis d’un lointain exil. Or, rien ne détourne des études d'histoire naturelle comme de ne pouvoir au DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 245 moins classer, où nommer, du moins à peu pres, les objets qui tombent entre les mains. Voilà pourquoi j'ai écrit mes descriptions telles que je les ai faites sur les lieux, dans l'espoir qu’elles pourraient être utiles aux personnes dont je viens de parler. Il n’y a dans ces notes aucune prétenlion scientifique, mais seulement des faits exposés le plus clairement possible. Ce qu'il peut y avoir de scientifique est dû au travail, tant de fois cité, de MM. Verreaux et O. des Murs, dans lequel j'ai abondamment puisé, et à M.le D' Pucheran qui a bien voulu examiner une partie des oiseaux en peau que j'ai rapportés. Qu'il me soit permis de lui exprimer ici toute ma reconnaissance. NoTE A. — Quand on s’oceupe de l'histoire naturelle de la Nouvelle-Calédonie, les noms de MM. Vieiilard et Deplanche, chirurgiens auxiliaires de la marine, reviennent souvent. Ces deux naturalistes, après un séjour de plusieurs années dans l’île, n’ont fait, pour ainsi dire, que toucher barre en France et sont revenus au, mois d’août 4862, reprendre le cours de leurs recherches. On doit à M. Vieillard une grande quantité de plantes. M. Deplanche a fourni la plus grande partie de la collection ornithologique qui figure à l'Exposition permanente des Colonies. J'ai déjà cité ailleurs le Rd. P. Montrouzier, missionnaire mariste, qui depuis plus de vingt ans s'occupe de l’histoire naturelle de ces régions éloignées. NoTE B. — Pour de plus amples détaiis sur la description de la Nouvelle-Calédonie, je renverrai : aux « Instructions sur la Nouvelle-Calédonie, par M. le capitaine de vaisseau Tardy de Montravel, » Dépôt de la Marine, 1857; aux : « Renseignements nautiques sur la Nouvelle-Calédonie et les Iles Loyalty, » par M. Grimoult, lieutenant de vaisseau, commandant le Styx, 1859 ; au travail du P. Montrouzier: « Notice historique, etc. 246 FAUNE ORNITHOLOGIQUE. sur la Nouvelle-Calédonie, » revue Algérienne et coloniale, avril et mai 1860 ; à la « Thèse pour le Doctorat en médecine, présentée el soutenue a la faculté de Paris, par M. L. P. Eugène Vinson : Eléments d'une Topographie médicale de la Nouvelle Calédonie et l'Ile des Pins, » 1858; et enfin à l’intéres- sant livre que vient de publier M. V. de Rochas, chirurgien de la marine : « La Nouvelle-Calédonie et ses habitants », Paris 1862. Note C. — Notre concitoyen, M. Tricot, capitaine d’infante- rie de marine, tué malheureusement dans une embuscade pen- dant l’expédition contre les naturels de Hienghen, en 1859, est le premier qui ait trouvé le Rallus philippensis, à la Nouvelle- Calédonie. On lui doit l’exemplaire qui est à l'exposition des Colonies. : NoTe D. — Dans l’énumération des principaux écrits sur la Nouvelle-Calédonie, j'ai omis les « Essais, etc., » par MM. Vieillard et Deplanche, publiés dans la « Revue maritime et coloniale, » septembre 1862, — janvier 1863, dont je n’avais pas une connaissance complète, lorsque j'ai écrit ce qui précè- de. Quoique ce long travail soit plutôt consacré aux mœurs et aux usages des habitants, sur lesquels les deux auteurs ne lais- sent que bien peu de choses à dire aux explorateurs futurs, qu’à l’histoire naturelle $ cependant on y trouve de nombreux et excellents renseignements. On y remarque le passage suivant à propos du N'diuo : « Le N'diuo (Gallirallus Lafresnayanus) qui atteint la taille du Dindon, et dont la chair, au dire des naturels, est très déli- CAB eee: Il vit très bien en société. A Port-de-France, au magasin des vivres, on en a gardé un qui a vécu sept ou huit mois et n’est mort que par accident. » Je ne pourrais dire si c’est la dépouille de cet individu qui figure à l'Exposition des Colonies. DE LA NOUVELLE CALÉDONIE. : 247 TABLE DES ORDRES ET DES GENRES. Genres. Nombre des espèces. Pages: RAPACES. À D DUT À CAN es OA AE LU ere ARE PNA TER GPA ES 209 UTOSDIAR SR ANR D ER SP ROENE E AE PORN PT AE 209 CITCUS ARTE A RO LL EN PP PAL APTE Pa ale ie 1210 Buteo::. "5... Sata de NS a de nt ea AE à 211 LS LE D PANNE MA EME AIN PATES me eeelciais AA DEAN 212 PASSEREAUX. AMAMUSE rene vaniee AU AO METRE EL an 212 GLAUCAS TT ISERE à A RE PALM AT FRERE 213 Pachycephala. enr RU NE RAA LU 214 161 EC ERRRAMEPARERA APE E IMERÈRE AE RIB ENT R AETRA 215 HOpSAIUrIA LR en es teneur SA LRE . 216 mr ele ee cles se cie RIRE ON ER IAA + le Myagra ....... See ele tien D AIRE RSR PAIE 217 Museylva.....….. NAS an er DNS EE CAPE CE CLR Ra 218 ROC US era la lee ele le tetes (COOP CPR B PAR PE 219 Do) USER EME D EE EE 219 Collocalia. ..... nono ae US IE MR FU PE ss lat 220 j OL EST TE DREAM PERMET Le set R lee 221 Corus sie RONA SPA El ENS EE sa DDR ÉOPLOTHISE annee ee aratslattet € Le Ah ie IA 221 Tropidorhynchus........ CRE HUB LANEI EE PAMEAENIE POSTS 222 GED RER IR AT UNS D ALES qe PERS PUIS . 223 Certhla test DU RARNN ES SUR MDN de Dee ata de 224 Halo re ise'e DEEE LAC ANEPUER RARE ER 225 GRIMPEURS. Cuculus:. 7%, PR MR CT ERE : ROSE A AE PE A IE 225 Chalcites..... RAS PPS CHENE 4 (OPA ARR HOTTE AUS …… 226 PERROQUETS. Trichoglossus..... RE ET AES De orale aa ee A .. 226 Platyceicus AU ANUR, Pas LÉCDEE see.) 22 Gvanoramphusi: ue ARLES PANNE saute 228 248 FAUNE ORNITH. DE LA N'°-CALÉDONIE. à Genres Nombre des espèces. Pages. PIGEONS. Ptilinopus ....... SANT ARE AR NS EE 229 Éamproireron- ©; :....,20 ER EE. 230 Carpophagsai. 5000027 A RS IO Re Saire 230 DORA ut eisrele à MENACE ANI ER AS 231 Chalcophaps ets sense APT s see ED 232 GALLINACÉS. CORP MERS ieueeuvene LR SR ENREE 233 ÉCHASSIERS. CBArAdTIUS ES Lies ee Mo roars ns Sale ditos 233 DODIOPAR APE CEA Lt due MEN IEE Ar Er TE 283 ATOPATAR TEE ae real ANEUess see 234 INNETCDAARE EE RUE camelene ete : RSS PT EEE SE 234 Rhynobhetns. tete ESCORT MS 235 PorrAna RENE. Re MR : ROSE RE NPA NE 238 RATES SRE RASE à PÉRAAS PERRR .-:1298 POrPhyTIO RM RERO ER L'ARL semiemeralee 239 PINNATIPÉÈDES. Podiceps 242120 etes Li 205 SERRE 239 PALMIPÉDES. Gelasies renier etsese TRS Seau eue te 239 DARUS ESS des ES ONE À ORNE EN PV AES RTE 240 ANOUS SSSR TELE RRE Re DÉS ER EE Riel eee 240 Sienna Na es Leu ere SRE MENPRRP MEET. ie 240 LOL EPA EPA LEE AR DR PT LT RE © 1240 MACHYDE LES: LANCE ERRE RE LE 241 ANAGtON AM RP SATA TEE 2 OR RENE PAL 241 Anasi die nie CEA CLS SIC s PR PAPER 242 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE DÉPARTEMENT DE LA MANCHE, Far M. BONEISSENT. SUITE. 3° Époque. — SOL SECONDAIRE. TERRAIN SILURIEN. Synonymie : Terrain ardoisier ; formation caradocienne de M. Huot; terrain de transition moyen; Stiper-stones (Schropschire); Lingula ffags (Pays-de-Galles), Landeilo flags, Caradoc Sandstone et formation de Wenlock des Anglais; Etage ampélitique de M. Cordier; partie de la période paléozoïque, ete. Ce terrain se divise dans la Manche en deux étages et se compose de grès, de schistes et de calcaires. ÉTAGE MOYEN : Assise inférieure : grès à Scolithus linea- ris et à Lingules (Lingula flags, Stiper- stones). Assise supérieure: schistes ardoisiers à Calymene Tristani, avec grès offrant les. mêmes fossiles (Landeilo flags : grès à faune de May, grès de Caradoc). ÉTAGE SUPÉRIEUK : Assise inférieure: schistes à Cardiola interrupta avec Graptolites colonus et calcaires. (Couches à Cardiola). Chez nous, la vie a commencé par la faune seconde, représentée par un grand nombre d'êtres, doués de la “structure la plus élémentaire et dont les types se sont 250 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE perpétués jusqu’à nous. Nous avons nommé les Zoo- phytes, réveils douteux de la végétation et de l’anima- lité: Ainsi, apparaissent les Encrinites et les polypiers avec quelques mollusques et un grand nombre d’ani- maux dont les plus singuliers sont les Trilobites, qui n'ont plus aujourd’hui de représentants. Ils ressemblent un peu à d'énormes cloportes, mais ils avaient le corps divisé en trois lobes par des sillons longitudinaux, et ne possédaient, selon toute probabilité, en guise de pattes, que des lamelles membraneuses, disposées pour la nala- tion (1). Nous ne rencontrons donc point, dans la Manche, la série complète des étages du terrain silurien. Ce pays ne nous offre que la partie inférieure de l'étage supé- rieur, et à peu près toutes les assises de l'étage moyen. L'étage inférieur, dans lequel on trouve la faune première (schistes protozoïques de M. Barrande), n’y a point encore été découverte et semble faire défaut. Cependant il peut arriver, d’un jour à l’autre, et après d’actives recherches, que cette faune se découvre sous. le marteau de quelque heureux géologue. Ce qui nous porte à le croire, c’est la découverte récente d'Olenus et de Paradoxides (2), que M. de Verneuil vient de faire en Espagne, dans des roches en tout point semblables aux roches cumbriennes de Saint-Lo, du Val-de-$Saire et autres lieux. Nous n'avons donc point à nous occuper, pour le mo- ment, de l'étage silurien inférieur, soit qu'il existe une (1) Milne-Edwards. Cahiers d'histoire naturelle. (Géologie, leçon 4° à 7me). (2) Genres de Trilobites remarquables par le développement maximum des thorax et par la réduction du pygidium à un petit’ nombre de segments. DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 9251 lacune entre les terrains cumbrien et silurien moyen, soit que notre terrain cumbrien, par la découverte de la faune primordiale, vienne plus tard prendre place dans la série silurienne. Dans ce dernier cas, nous l’aurions déjà décrit. Il ne resterait plus qu'à donner la nomen- clature des fossiles qu’il renfermerait. Dans le Nord de notre presqu'ile, les étages moyen et supérieur (faunes deuxième et troisième de M. Bar- rande), présentent une superficie que l’on peut évaluer à 35 ou 40,000 mètres de longueur, sur une largeur moyenne de 15 à 16. Ils forment des îles et îlots dont les bords sont recouverts en grande partie par le terrain dévonien et par des terrains plus récents, mais qui recou- vrent eux-mêmes le cumbrien, comme nous aurons occa- sion de le voir. Ces îles sont au nombre de cinq principales : La première est un polygone ayant ses angles les plus saillants à Cherbourg (le Roule), Martinvast, Grosville, le Vretot, Bricquebec, Magneville, Valognes, Montaigu- la-Brisette et Brix. La deuxième est une sorte de parallélogramme à angles placés à Huberville, Montebourg, Quinéville et Lestre. La troisième est un pentagone dont les angles sont à Carteret, le Vretot, le Val-de-Cie, Saint-Pierre-d’Arthé- glise et les Moitiers d’Allonne. La quatrième est un carré à angles situés sur les com- munes de Neufmesnil, les Moitiers-en-Beauptois, Sainte- Colombe et Besneville. Enfin, la cinquième serait un triangle dont les angles occuperaient : celui du sommet, la baie d'Ecalgrain, sur la commune d’Auderville, et ceux de la base les Pieux et Octeville, près de Cherbourg, à 5 ou 600 mètres à peu 259 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE près, du poteau, limite de la garnison de Cherbourg, dans les landes, au couchant du bourg. Cette dernière, quoique séparée de la première par un faible espace, ne nous parait pas avoir fait avec elle une seule et même ile dont elle aurait été distraite plus tard. Nous pensons qu'à l’époque où se déposait le terrain silurien, il exis- tait de forts courants qui traversaient la partie comprise depuis le Bus, au-dessous des Pieux, jusqu’à Cherbourg, et balayaient les dépôts siluriens, chaque fois qu’ils ten- taient de se former. Les grès siluriens du Nord de la Manche n'appartien- draient pas tous, selon nous, au même niveau géolo- gique. Ainsi nous regarderions les grès de Cherbourg, Mortain, Lieusaint, Tollevast, Sottevast, Montebourg, etc., grès qui contiennent des Scolithus linearis, comme synchroniques du Stiper-stones des Anglais; ceux des Moitiers-d’Allonne seraient contemporains des schistes ardoisiers à Calimene Tristant (Landeilo flags). Enfin, les grès du Val-de-Cie, du Vretot et de Besneville, seraient du même âge que celui de May (grès de Caradoc). Nous nous appliquerons donc à étudier les caractères paléon- tologiques qui les distinguent, seul moyen de recon- naître leurs divers horizons géologiques. Ce terrain se révèle dans la Manche par des rides de grès blanchâtre ou grisàtre, dont l'altitude varie de 110 à 180 mètres. Ordinairement, le grès quartzeux (1) est à l’état de (1) Le grès silurien est ordinairement composé de grains de quartz arrondis, plus ou moins fins, de couleurs grise ou blan- châtre, souvent colorés en jaune ou en rouge par des oxides. La présence d’une faible quantité de matière phylladienne suffit pour lui imprimer une teinte verdâtre, ce qui a lieu fré- quemment sur la commune de Bricquebec, surtout près des Belles-Fontaines. DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 253 quar{zite sillonné par de nombreux filons, veines et vei- nules de quartz blanc amorphe. Dans les différentes localités que nous avons visitées, nous avons remarqué que les schistes siluriens reposaient toujours sur les grès à Scolithus. Ce fait, assez difficile à constater au pied de la montagne du Roule, n’en est pas moins évident, si l’on parcourt les environs de Cherbourg vers l'Ouest. Nous verrons, en effet, au fond des vallées, le grès recouvrir immédiatement les talcites et les roches cumbriennes. À la Glacerie, la superposition est de la plus grande évi- dence. Les roches de la gare de Sottevast et celles qui sont sur le chemin rural qui, partant de la route impé- riale de Cherbourg à Valognes, conduit à Brix, par le fond d'une vallée, nous en donnent des exemples frap- pants. Enfin, dans la Hague, le même grès est partout supporté par le cumbrien, et nulle part par les schistes de son âge. M. Dufrénoy s'exprime judicieusement et de la manière la plus précise à cet égard: « Presque par- tout, dit-il, ce grès est fort développé; il forme, en général, toutes les chaînes qui sillonnent de l'E. à lO., la presqu'île du Cotentin. Cette disposition singulière a pu faire croire, de prime abord, que le grès est cons- tamment à la partie supérieure des terrains de transi- tion. Elle tient à ce que les couches du terrain présen- tent des plis nombreux, et que, les schistes étant beau- coup moins résistants que les grès, ils ont été détruits en partie, tendis que les grès ont résisté. » (t) Les schistes siluriens du Roule sembleraient, à la premiére inspection, contredire cette assertion, ce qui ressort, du reste, du peu d’inelinaison qu'ils présentent (1) Page 216 de l'explication de la carte géologique de France, tome Ier. 25% ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE relativement aux grès qui les accompagnent. Mais nous ferons observer que l’inclinaison du grès de Beauséjour est aussi elle-même en parfait désaccord avec celle du Roule. Ce désaccord provient du mouvement opéré dans ce massif, par le pétrosilex rosâtre qui laissait aperce- voir, il y a peu de temps, ses rochers sur le sol où l’on a ouvert la rue Hélain et bâti l’église du Vœu. Avant l’éruption de cette roche de soulèvement, il n'existait aucune solution de continuité entre les grès du Roule et de Beauséjour. Ces grès ne formaient alors qu'un seul chainon dont le pétrosilex est venu briser l'harmonie, en se frayant un passage au milieu de ces roches. Sur la rive droite de la Divette, le mouvement s’est opéré de telle sorte que le grès présente des bandes ondulées, recourbées en arc de cercle, horizontales et même verticales ; tandis que sur la rive gauche, à Beau- séjour, le même grès offre des blocs entassés les uns sur les autres d’une manière régulière. Il est donc évident que ces deux parties de la montagne ont été remuées différemment par la roche de fusion, et que la portion de la rive droite a été redressée comme par un coup de ressac de la vague pétrosiliceuse qui n’a point atteint le grès de Beauséjour ni les schistes qui l'accompagnent vers le Sud. Après avoir tracé plus haut les limites dans lesquelles est renfermé le terrain silurien, nous allons le décrire dans l’ordre que nous avons indiqué. Le grès, dans les environs de Cherbourg, prend nais- sance au hameau de la Glacerie à l'Est et près de l’église, où il est en stratification discordante sur le talcite chlo- riteux phylladiforme (1). De là il suit la direction de (1) Stratification du talcite : E.-0., avec plongt au N. par 45°. Stratification du grès : S.-0., avec plongt au N.-0. par 50°. DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 255 l'O.-S.-0., passe au sud du château de Martinvast et va s’éteindre à cinq cents mètres de la route O. des Pieux, près du hameau Launey. Nous avons reconnu, dans les roches du Roule, l’ordre de succession suivant, en allant de bas en haut : la plus inférieure est un talcite chloritique phylladiforme, puis un grès talcifère qui alterne avec un talcite grisâtre maculé de jaunâtre, de brunâtre et de rougeûtre ; vient ensuite un poudingue barytinifère et un métaxite à grain presque fin. C’est sur ces roches que nous trouvons immédiatement et avec une faible discordance de strati- fication, le grès du Roule. Ce grès est d’abord schistoïde, grisâtre, à grain très serré, de quelques millimètres d'épaisseur, recouvert sur les plans de stratification par du mica talqueux argentin, sali par une matière argileuse rougeûtre, jaunâtre et verdâtre. La roche qui suit est un grès à grain fin, nuancé de blanc, de gris et de rosâtre, contenant dans sa pâte, et couchés parallèlement aux strates, des fragments anguleux de talcite chloritique nacré et très onctueux. Ces diverses variétés de roches sont exploitées sur le versant ouest de la montagne. (2) Le grès change bientôt d'aspect ; il se présente en masses imposantes, distinctes, d'épaisseur variable, séparées soit par quelques minces feuillets de schistes noirâtres ou blanc-sale, soit par de très petits lits d'argile jaunâtre. Dans l’origine il était à texture grési- forme, mais il n’a pas toujours conservé cette manière d'être. Par l'effet du contact des roches feldspathiques et de nombreux filons de quartz qui s’y sont injectés, il est passé à la texture compacte cristalline, translucide, (2) C’est le peroxide de fer qui tache les grès en rouge surtout le long des fissures et des fentes transversales, et l’hydroxide du même métal qui les teint en jaune. [Le 56 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE à cassure inégale, esquilleuse ou conchoïde. C’est à ce grès ainsi modifié que l’on a donné le nom de Quartzite. Toutes les couches n’ont point éprouvé la même modi- fication : les plus voisines de la roche d’épanchement et du quartz ont été changées totalement en quartz''e, celles qui s'en éloignaient un peu, quoique ayant la même compacité, laissent apercevoir, dans leur pâte, des grains de quartz opaque et des parties translucides ou hyalines. Les lits, les plus éloignés du foyer des roches pyrogènes, n’ont souvent ressenti aucune modi- fication, de sorte qu’à partir de ceux-ci jusqu’à ceux qui sont en contact avec les roches ignées on peut suivre aisément la marche progressive du métamorphisme. On remarque parfois, entre les joints ou fissures des grès, de petits cristaux de quartz hyalin pyramidé et de l'hématite rouge soit compacte, soit en petites masses mamelonnées dont l'intérieur est fibro-radié et la surface veloutée. Quelquefois lhématite est semée de très petits cristaux de quartz pyramidal et de fer oligiste auxquels viennent s'ajouter de petites agates et quelques cristaux de fer sulfuré. Le minéral le plus commun dans ce grès est le sulfate de baryte soit opaque, soit limpide, sous forme de filons, de cristaux tabulaires et d’amas infor- mes. Nous avons également observé dans ces grès des stries et un poli que nous croyons occasionnés par le frotte- ment des roches sur elles-mêmes. Cette circonstance serait due à l’exhaussement de la roche par le pétro- silex, la fraidonite et le porphyre qui ont surgi dans ces lieux. La roche se serait divisée en deux masses dont l'une plus solide et d’un poids plus lourd, trouvant le vuide par le refroidissement des roches pyroïdes, se serait affaissée en glissant sur l’autre. Les surfaces sont DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 257 planes dans le sens longitudinal des stries. Nous rencon- trerons fréquemment ces surfaces de glissement dans les roches dévoniennes de la Manche. Les fossiles sont assez rares dans ce grès. Nous y avons découvert, entre autres, quelques Lingules voisines de la Zingula Lesueuri, une petite bivalve que M. de Verneuil rapporte avec doute aune nucule etle Scolithus linearis. Ce dernier est assez commun au Roule, et se voit indistinctement dans Les quartzites les plus com- pactes comme dans les grès qui sont demeurés dans leur état normal ({). Si de Cherbourg nous avançcons vers le Sud, nous arriverons à Tollevast où les grès les plus inférieurs sont composés de brèches quartzeuses qui portent, en preuve de leur position sur les roches talqueuses, quelques débris arrachés à ces dernières. Ils perdent insensible- ment cette texture et se terminent par un quartzite soit rosàtre, soit grisâtre. Ici, comme à la montagne du Roule, le sulfate de baryte se montre en amas assez volumineux de nuances rosâtre et brunâtre. Aux Chipais, le grès n’est plus d’un grain aussi serré, quelquefois même il s’égrenne. Il renferme une très grande quantité de Scolithus de la plus belle conservation, et dont les tiges atteignent souvent un mètre au moins de hauteur. À Breuville, nous avons trouvé des Orthis redux et (1) Le Scolithus linearis se présente sous forme de tiges cylin- droïdes un peu cannelées, avec des espèces de nœuds de distance en distance; ces tiges sont placées presque toujours perpendi- culairement à la direction des couches, c’est-à-dire dans une position inverse à celle qu’auraient dû prendre des corps charriés par les eaux: il faut donc qu’ils appartiennent à des coraux qui ont vécu sur la place même où on les observe actuellement, ou à des plantes qui ont végété en même temps que le grès se dépo- sait. — Dufrénoy. 17 258 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE quelques autres fossiles réduits à un état tellement fruste qu’il est impossible de les rapporter à aucune espèce. Les grès des deux communes précitées, celui de Brix et de Bricquebec, prennent quelquefois, au milieu de la couleur gris-blanchâtre, une teinte noirâtre et même d’un noir foncé. À Catigny et à la Cressonnière (carrières sur Bricquebec) il est noir et contient une grande abondance de fer pyriteux (1) soit cubique, soit en grandes plaques. On y voit aussi des débris de Trilo- bites tels que thorax et pygidium (Calymene Arago). C’est dans le même grès légèrement micacé que l'on a ouvert à Breuville, il y a une trentaine d'années, une carrière sur la terre du Manoir, au hameau des Niepces. Il renfermait une grande quantité de Calymene Arago avec quelques Orths et alternait avec un schiste solide bleuätre. Cette carrière est comblée. La rencontre de Calym. Arago associé à C. Tristani, nous fait penser que ces grès et schistes appartiennent à l’assise des schistes d'Angers. Aux Forges, sur Bricquebeec, on retrouve les mêmes grès sans fossiles ni pyrites. Ils forment des têtes de rocher redressées presque verticalement par la frai- dronite qui les a traversées sur plusieurs points. En sortant de Valognes, par la route de Cherbourg, et peu loin de la rue des Ludés, le grès noirâtre se montre sur le côté droit de la route. À Brix (au Mont à la Kaisne et dans le bois des Tisons), il est quelquefois d’un noir-verdâtre à cassure largement conchoïde. Dans ces divers lieux il suit la direction de l'E. à l'O. et repose sur le grès gris- blanchâtre. Le grès des environs de Valognes est grisâtre, très solide, souvent parsemé de taches rouge- brunâtre, particulièrement à la lande du Catelet et dans celle du Gibet. (1) Les pyrites soumises au chalumeau se réduisent en une petite boule parfaitement ronde, très attirable à l’aimant. DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 259 Au nord de la ville, sur la rive droite de la Gloire, il constitue la Roche aux Fées ; sa texture est très serrée et sa nuance est le gris-blanchâtre ; il n’est point fossi- lifère, mais sur la rive opposée le même grès contient des Orthis. À la Roque-Dubost et à la Roque-Samson, la partie inférieure du grès qui est sur les arkoses se compose d’une brèche dont les éléments sont du grès fin gris-verdâtre, du quartz, du quartzite rosâtre et rou- geàtre, du sulfate de baryte compacte, d’opaque et de blanc limpide. Elle est recouverte par un grès gris- verdâtre légèrement talcifère qui est traversé par un filon de baryte sulfatée. À cette roche succède le quar- tzite de la Roche aux Fées. Ces grès sont parcourus en tout sens par des filons, veines et veinules de quartz compacte, blanc et amorphe ; parmi ces filons nous en avons remarqué un spécialement dans la petite rue Gra- vière ; c'est un quartz gris compacte auquel on peut appliquer la dénomination de quartz pseudo-xyloïde, par sa parfaite ressemblance avec le bois pétrifié des Conifères. On retrouve le grès à Montaigu-la-Brisette où il forme le petit mamelon recouvert de bois, côté gauche de la route de Valognes à Saint-Vaast. Sur le penchant Ouest, il est grisâtre, compacte avec quelques Orthis ; sur le versant Est, il est rougeâtre argileux schistoïde. Les îlots de Lieusaint, à la lande de Persil, ceux de Colomby et de Flottemanville n’offrent rien de parti- culier quant à leur composition ; mais on y voit par- ticulièrement à Lieusaint le Scolithus linearis, coloré en rouge par un oxide de fer. L'hématite en petits cristaux bacillaires prismés, contournés, allongés et pressés Les uns contre les autres, s’y présente sous forme de dendrites avec du quartz en petits amas mamelonnés, 260 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE sur lesquels on remarque du carbonate de cuivre fibro- radié, d'un beau vert émeraude, en aiguilles soyeuses, divergentes. Le quartz, qui s’est infiltré dans les fentes et fissures de ces roches, n’est point le même que celui que nous avons examiné jusqu'ici. C’est à Lieusaint qu’il est le plus commun. Il est plus ou moins compacte, plus ou moins translucide, rubané rougeâtre, rubané gris et rose, vert-pomme uni, enfin grisätre. Ces diverses variétés, parfois très belles, sont connues sous le nom de quartz agate et quartz calcédoine. Le grès, à 10 kilomètres de Lieusaint et dans la direc- tion de l'Ouest, reparaît à Bricquebec où il s'élève, au N., au N.-E. et à l'E. du bourg, en petites collines de 110 à 120 mètres d'altitude, au Melleret, à Brémond, à la Roquette, au Roqueret et à la Grosse-Roche. Le grès du Melleret prend naissance à une petite dis- tance E. de l'Église et va se perdre très près de la lande du Foyer, sous le terrain dévonien. Celui qui est au N.et au N.-E. part du Vretot (à la Paperie), passe par le Neuf-clos, la Roquette, Bremond et le Roqueret pour arriver à la Grosse-Roche. Ces grès sont presque tous modifiés; cependant l’origine arenacée yestencore recon- naissable par la présence des grains de quartz et des pail- lettes de mica qui n’ont point été entièrement fondus. Souvent aussi, ils ont conservé leur premier état et se désagrègent aisément sous la simple pression des doigts. À la Paperie et au Neuf-Clos, ils sont souvent schis- toïdes ; au pied de la Roquette, ils prennent la texture poudingique et revêtent des nuances blanchâtres, grisà- tres, rosàtres, verdâtres, jaunâtres et bleuâtres unies ou bigarrées. Les gros grains quartzeux sont blancs et noyés dans un grès fin soit solide, soit friable. Sur quelques points, ces roches sont à l’état de brèches assez variées, DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 261 formées d’un grès à grain fin avec fragments d’un phyl- lade gris-noirâtre ; tantôt ces fragments sont d'un gris- rosâtre ou jaunâtre, tantôt eufin ils sont grisâtres et soudés si intimement ensemble qu'ils donnent au grès l'apparence d’une roche pseudo -fragmentaire. Ces diverses espèces minérales poudingiques et frag- mentaires, qui comptent au nombre de leurs éléments quelques grains de lydienne et quelques rares petites plaques d’un tale chloritique, nous démontrent que nous avons affaire à la partie ka plus inférieure du grès. Effectivement la roche immédiatement inférieure à celle- ci est un grès à grain très fin composé des mêmes élé- ments que le mélaxite, appartenant conséquemment au terrain cumbrien. Les grès arrivent insensiblement à la texture à grain fin et renferment des Orchis redux à la Roquette (1) et des Scolithus linearis sur le versant S.-E. de Catigny. La butte de Brémond, séparée de la Roquette par un petit vallon, n’a de remarquable qu'un filon de porphyre rose converti, par sa décomposition, en sables feldspathiques. Le Roqueret, au Pied-du-Val, présente un phénomène assez curieux. Le rocher, à partir du sommet de la pointe quis’avance sur la Trappe, semble, par son aspect, indiquer le passage d’un torrent rapide, qui aurait, pendant des milliers de siècles, déversé ses eaux au milieu des grès dont des blocs plus ou moins volumineux, arrachés de vive force, jonchent le sol des environs. Le sillage du torrent est marqué par (1) À cent cinquante mètres à peu près de la Sablonnière et à trois cents de la Ramée, on voyait, il y a quelques années, un puits qui portait le nom de la Mine. Il a servi à l’extraction d’un misperai de fer, à en juger par la grande abondance de mâchefer qui se trouve dans le voisinage et dont une certaine quantité a été transportée aux Belles-Fontaines. 262 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE plus de vingt mètres de hauteur, trois mètres de pro- fondeur, sur une largeur de trois mètres avec une pente peu prononcée. C'était sur le grès de la Grosse-Roche, que les Druides immolaient d’innocentes victimes pour appaiser l’impla- cable colère de leurs Dieux! On y voit encore une galerie, l'autel et la pierre des sacrifices. À six kilomè- tres vers l'Ouest, le même grès traverse entièrement de l'E. à l'O. les communes de S.-Martin-le-Hébert et de Quettetot. Au pied de la lande des Bouillons, 20 mètres avant le Pont-aux-Curés, sur le talus du chemin des Pieux et dans la rigole, le'grès repose distinctement et immédia- tement sur le métaxite. Les communes de Rauville-la-Bi- got et de Saint-Martin-le-Gréard ne nous présentent rien d’intéressant; mais celle de Sotitevast met sous les yeux une série de roches dont nous avons déjà parlé (1). De la gare on aperçoit au N.-E. une ligne de faite composée de grès courant de VE. à l'O. à peu près, sur une longueur de 6,000 mètres, avec points culminants de 149® 30, au pied du clocher de Brix et de 191® 50 au mont Epinguay. Cette ligne est divisée en deux mamelons, à VE. de l’église, par une gorge profonde dans laquelle coule un petit ruisseau tributaire de la Douve. La voie ferrée coupe ce grès à Sottevast à la tranchée du Roquier, où elle a mis au jour un seul fossile, Scolithus linearis. Cette tranchée, jusqu’à Couville, traverse une succession de petits tertres quartzeux et schisteux, qui donnent au sol des formes ondulées. Nous allons donner le nom de chacune des roches de ces petites éminences : la pre- mière est un grès à Scolithus ; la deuxième est un grès quartzeux solide de nuances très variées superposé sur les métaxites et formé des mêmes éléments ; la troisième (1) Page 30 du présent volume. DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 263 ne diffère point de la précédente ; celle qui suit renfer- me des schistes siluriens et présente une direction embarrassée occasionnée par l'injection d’un fort filon de quartz blanchâtre qui est en grande partie calcé- donieux. À la lande de Saint-Martin-le-Gréard, nous retrouvons les mêmes schistes traversés par une roche d'épanchement très altérée. Iei les schistes sont esquil- leux et alternent, à leur partie la plus inférieure, avec de très petits lits de grès. La dernière roche que l’on rencontre, après les prairies et le petit bois, est un grès arkosique ; enfin jusqu'à la gare de Couville, on ne voit plus que des argiles, provenant de la décomposition des métaxites qui ont été ravagés par un fort filon de quartz blanchâtre et rosâtre. En rétablissant sur les lieux mêmes, par la pensée, l’état primitif de ces petites buttes, on les réduira à leur plus juste expression, s’il est permis de s'exprimer ainsi en géologie ; en d’autres termes, on leur rendra la suc- cession qu'elles doivent avoir dans l'ordre chronologique. On aura alors les superpositions suivantes de bas en haut : anagénites, schistes et grès micacés anagénitiques schisteux de nuances très variées ; grès siluriens maculés de rouge comme au Roule et alternant avec de petits lits d'argile blanchâtre schisteuse; grès à Scolithus ; schistes grisätres ; enfin schistes verdâtres de la faune troisième reposant, à Bricquebec et au village de Sotte- vast, sur le grès sans aucune roche intermédiaire. La direction générale des roches est E. 20° N. à0.20° S. avec inclinaison vers le S. par 20° E. De Sottevast transportons-nous à Ruffosse, commune de Sauxemesnil, nous remarquerons que le grès se ressent ici du voisinage d’un gisement de fer hydroxidé qui le recouvre en partie. Il prend dans ce cas une teinte 26% ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE rougeâtre plus ou moins foncée dans les fentes et fissu- res, les joints de stratification et même dans le corps de Ja roche où l'hydroxide de fer a pu pénétrer. Nous en dirons autant du grès des bassins de fer hydroxidé de la Pierre-Buttée sur la commune de Tourla- ville près de Cherbourg, d’Octeville-la-Venelle, de Tamerville, de Saint-Germain-de-Tournebut, de Bric- quebec (aux Forges et à la Ramée), de Brix et des autres lieux où existe ce minerai (1). À Ruffosse, le grès est supporté par des phyllades, grauwackes et anagénites du terrain cumbrien. En nous dirigeant vers Montebourg, nous passerons par Octeville-la-Venelle, oùunous aurons occasion de voir la butte de Blémond composée d’un quartzite très com- pacte et d’un brun foncé. Lei, comme à Ruffosse, la partie inférieure sur laquelle se trouve le grès silurien et le mi- nerai qui lui est associé est formé de grauwackes et de phyllades arenifères.Sur ces roches repose unebrèchede quartzite à grainexcessivement fin, d’un brun foncé, avec quelques débris d’un grès grisâtre cimentés par un élément quartzo-ferrugineux brun-rougeûtre, le tout sillonné par de petits filets de quartz jaunâtre cristallisé. Au-dessus de laroche fragmentaire estle minerai qui passe par le moulin Biderault et suit la rivière de la Sinope, sur Octeville. (1) Le fer hydroxidé de ces différentes localités présente des variétés assez tranchées. Les unes sont très denses, quoique fortement caverneuses, d'un rouge-brun assez foncé, très cohé- rentes; d’autres sont très ocracétes et d’une composition chi- mique bien différente. Quelques échantillons donnent 2 0/0 de résidus siliceux, tandis que les autres en ont laissé près de 40 (Sauxemesnil). Celui de la Pierre-Buttée est moins pur et donne un résidu siliceux plus considérable, mais ne descendant pas cependant au-dessous de 40 0/0. DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 265 Ce gisement est, comme celui de Ruffosse, dans un bassin entouré de grès silurien et de roches d’une époque plus récente qui en recouvrent une portion. La substance ferrugineuse à pénétré certaines couches des roches cumbriennes ; mais cette pénétration, comme on peut l'observer partout où elle se montre, n’a eu lieu qu'après le redressement et la dénudation des phyllades; car les roches les plus riches sont celles qui composent les tranches supérieures. Plus l’on s'enfonce, plus le phyl- lade est pauvre et finit par devenir stérile. Les couches cumbriennes, qui sont mises à découvert, sont très ineli- nées et presque verticales; l'inclinaison du grès, au con- traire, est beaucoup moins sensible. Nous touchons au grès de Montebourg, grès dominant par son élévation les terrains liasique et du trias dont il est entouré. Il comprend les communes de Huberville, Tourville, Lestre, Saint-Floxel, Quinéville et Octeville. A Tourville, le grès est souvent schistoïde, micacé, tan- dis qu’à la chapelle Saint-Michel et de l’autre côté du moulin, il constitue de grandes assises inclinées au S.-0. Il occupe une partie de la commune de Quinéville et se prolonge aux îles Saint-Marcouf, en passant par le rocher Baveskien, où il prend une texture excessivement com- pacte et cristalline, en offrant une sorte de demi-fusion que lui a fait subir le filon de quartz calcédoine qui s’y est injecté. À Quinéville, il contient de l'hématite en petits amas mamelonnés ; celui de Montebourg est quel- quefois, dans sa partie inférieure, poudingique, à galets de quartzite et de roche feldspathique décomposée, aux- quels viennent s'ajouter quelques débris de talcite jau- nâtre phylladifère. Les fossiles sont très rares dans ces localités ; cependant nous avons reconnu des Orthis indéterminables sur les limites N.-E. de ce massif. 266 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE Le grès de la troisième île se trouve à la pointe de la falaise de Carteret, où il semble sortir de dessous les roches du terrain cumbrien, laissant voir ses déchique- tures que les dépôts des phyllades azoïques n'auraient pu aiteindre. Nous disons, où il semble sortir, car en réalité il n’en est rien ; il est bien certainement supérieur aux roches précédentes. Les schistes azoïques verdâtres sur lesquels il est assis se seront, sans doute, affaissés sous sa pression, tandis que, sur les autres points, ils se seront relevés, lors de leur soulèvement, et l’auront accosté de tous côtés, de manière à lui donner l’appa- rence d’une roche qui aurait sa base placée sous les phyllades, et dont les sommets n'auraient point été recouverts. I consiste à sa partie la plus inférieure en poudingue quartzeux, qui prend bientôt la texture grenue et même la texture compacte. On le retrouve à la carrière de la Chibard sur les Moitiers-d’Allonne ; de là il traverse la route de Barneville aux Pieux, passe par la Masse de Romond, puis il se dirige à gauche sur ie Vretot, et à droite sur les communes de la Haye-d’Ectot, Sortosville- en-Beaumont, Saint-Pierre-d’Arthéglise, le Vaidecie, et de Fierville ; enfin, il se termine en pointe à la Roquelle, commune de Néhou. Il est labouré, à la Haye-d’Ectot, aux Moitiers-d’Allonne et au Valdecie, par des filons de quartz agate translucide, blanchâtre, rosâtre et vert- pomme. $es fissures sont souvent remplies (à la Haye- d'Ectot) de beaux cristaux de quartz hyalin pyramidé et de petits cristaux de quartz améthiste. Au Valdecie, les joints de stratification sont recouverts de baryte sulfatée, soit en amas, soit en cristaux hachés. Le grès des Moitiers-d’Allonne, à la Chibard, incline un peu vers le S.-0. Il est grisâtre, à grain très fin, DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 267 parsemé de petits points blancs de stéatite. Ses fossiles sont identiquement les mêmes que ceux des schistes ardoisiers d'Angers (schistes à Calymene Tristani). Aussi le rapportons-nous à cette assise. Fossiles que nous y avons reconnus : Trilobite (Calymene Tristani) glabelle et pygidium — Jllænus Salteri. — Nuculus. — Redonia. — Orthis redux. — Ascocrinus, Barr. (trouvé par M. P. Dalimier). — Orthoceras (Spec. nova). — Id., dernières loges ; et plusieurs autres indéterminables. Les schistes de cette assise, qui ordinairement accom- pagnent les grès, n’y sont représentés que par quelques petits lits insignifiants qui ne sont point fossilifères. Au Valdecie, les grès sont généralement micacés, blancs, très solides; quelquefois cependant leur texture est lâche et leur nuance souillée par divers oxides. À Romond et au Vretot (Bavent, lande Lancon) ils sont presque toujours schistoïdes en grand, micacés, blancs, parfois maculés, sur une assez grande étendue, par le per- oxide de fer quis’y présente en petits cristaux radiés. Nous regardons, comme équivalents du grès de May (Calva- dos), ceux du Vretot, du Valdecie et de Fierville (lande de la Ferrière), puisque leurs fossiles sont absolument les mêmes. ” Nous y avons trouvé : Trilobite (Homalonotus rarus?) tête, pygidium, thorax en assez grande abondance et même quelques individus complets, mais mal conservés. — Ortlus redux.— Arches, parmi lesquelles l’Arca Naranjoana? — Nucules. — Leda (espèce de Nucule). — Sanguino- lites. — Aviculamatutina(Lyonsia normanianaD'Orb.) — Conularia ? — Orthoceras. Une bande de terrain dévonien sépare la troisième île 268 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE de la quatrième. Celle-ci est remarquable par les monts de Doville, Etanclin, Taillepied et de Besreville qui en font partie et qui offrent tous une altitude de 120 à 130 mètres. Les grès de ces montagnes sont à peu près les mêmes que les précédents. Aux monts de Besneville et d’Etanclin ils sont blanchâtres, grisätres, quelquefois micacés et sillonnés par des filets et filons de quartz blanc amorphe qu'accompagnent parfois de petits cris- taux de quartz pyramidé, recouverts d'une légère pelli- cule de carbonate de cuivre de nuances variées. Ces grès inclinent généralement de 20 à 25° vers le S.-E. On voit dans leur pâte des espèces de taches allongées ou ovales ou triangulaires noirâtres, micacées, prove- nant de détritus des phyllades inférieurs, placés entre le terrain silurien et le cumbrien. Il faut bien se garder de confondre ces sortes de taches, toutes très irrégulières dans leur forme, avec le Scolithus linearis. Les pre- mières ne sont qu'accidentelles, les deuxièmes sont de véritables fossiles. À Saint-Sauveur-le-Vicomte et à Rauville-la-Place, le grès est gris-blanchâtre, souvent tacheté par des oxides de fer. Quelques filons de quartz, en traversant les phyl- lades micacés, noirâtres, ont enlevé des fragments à ces roches et les ont empâtées; ces divers débris ont produit des brèches quartzeuses. Les mêmes filons contiennent de petits fours à cristaux de quartz blanc hyalin pyra- midé, recouverts quelquefois d’un léger enduit d’oxide de fer d’un très beau rouge vif. La galène, en petits nids, se trouve réunie aux filons quartzeux, comme à Montebourg ; enfin la baryte sulfatée et les pyrites sont communes dans ces roches, dont la direction est à peu près E. 27° N. et leur pendement S.-E.27°. À Saint-Sauveur-de-Pierrepont et près de l’église, 1} DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 269 existe une carrière ouverte pour l'entretien des chemins vicinaux. La roche a une direction de l'E. à l'O. un peu S. C’est un grès grisätre, quelquefois noirätre, schis- toïde, micacé, qui alterne avec de faibles lits de schistes brunâtres ou noirâtres. Ces roches sont les mêmes que celles de la Sangsutrière. Elles contiennent de petits nœuds de la grosseur d’une noisette et représentent assez bien la tête d’un gros clou. Ces amas ou nœuds sont très ferrugineux et n’ont aucun caractère particulier qui puisse servir à les déterminer. Nous avons reconnu, dans les grès de Saint-Sauveur- le-Vicomte, Rauville-la-Place, Besneville et d'Etanclin, les fossiles de la faune de May. A Besneville : Æomalonotus (tète et pygidium) assez rare. — Oréhis redux. — Cœlaster (Zoophyte rayonné, ordre des Astéroïdes). — Crinoïide (représenté par des lignes de près de 12 centi- mètres de longueur, partant d’un centre com- mun qui n'existe plus). — Avicula matutina. — Bivalves indéterminables. À Saint-Sauveur-le-Vicomte : Homalonotus. — Orthis redux. Sur les coteaux du Grippois. — Bivalves: indéterminables. A Varenguebec : Cleidophorus Hall. A Etanclin : Orthis redux. A Saint-Sauveur-de-Pierrepont : Empreintes présentant quelque analogie avec celles du Nerites cam- briensis. Les grès de notre cinquième île sont bien les mêmes que ceux que nousavons vus jusqu'ici. Ils sontcompactes, blanchâtres ou grisâtres, rarement à texture lâche et toujours traversés par de nombreux filons de quartz blanc amorphe. 270 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE Ils forment une pointe qui s’avance vers le rivage et qui estresserrée entre les roches syénitiques des massifs de Jobourg et d'Auderville. De la baie d'Ecalgrain ils prennent la direction de l'E. en touchant aux communes de Jobourg, Omonville, Digulleville, Beaumont, Sainte- Croix-Hague, Flottemanville et Sideville; ensuite ils courent vers le S. à Teurthéville-Hague et à Helleville ; de là ils se jettent à l'O. sur la commune de Siouville et remontent vers le N. à Vasteville, Biville, Vauville et à Herqueville. Les fossiles qu’ils renferment sont peu nombreux. A Sideville, ce sont des Lingules voisines de la Lingula Lesueuri avec un petit crustacé inédit et une petite bivalve semblable à celle du grès du Roule. On y voit aussi de la baryte sulfatée rose en blocs très volumineux; à Helleviile, on remarque du quartz calcédoine brunâtre associé à des cristaux de quartz prismé radié; à Vaste- ville, il est recouvert d’une forte couche de fer hydroxidé compacte ou en géodes (Pierres d’Aigle) (1). Tous ces grès reposent sur les arkoses et métaxites à Auderville, Jobourg, Herqueville, Vauville, ete. Le petit ilot des Pieux constitue à Sciotot la roche à Coucou et une partie de la iande au S. du bourg. C’est un quartzite compacte dont les fissures et les fentes sont remplies quelquefois de fer oolitique mamelonné et dans lequel on ne trouve que le Scolithus linearis ; il est en stratification immédiate sur les leptynolites. Les filons de quertz qui y sont injectés offrent des géodes tapissées de cristaux de quartz pyramidé légèrement teintés en violet; parfois ce même minéral affecte une texture cariée à l'instar des pierres meulières. Nous allons nous transporter dans les arrondissements (4) Voir page 91 du Tome VIII des présents Mémoires. DÉPARTEMENT DE LA MANCIIE. 971 du centre et du Sud pour étudier le grès de ces contrées en commencant par Mortain, point le plus éloigné. La ville de Mortain est bâtie à mi-côte d’une fracture de grès, presque au pied de l’Ermitage qui compte 31% mètres au-dessus du niveau de la mer. A l'Ouest, elle plonge sa vue sur de petites vallées semées de rocs de grès, qui mêlent leurs pointes, brunies par le temps, à la cime de milliers d'arbres, paisibles habitants de ces lieux solitaires. Le silence de ces vallées est interrompu par le bruit continuel des eaux réunies de la Cance et de la Rivière-Dorée tombant en cascades torrentueuses au milieu des blocs de grès arrachés aux rochers dont elles ne cessent de battre les flancs, depuis un temps qui pourrait nous effrayer, et que nul chronomètre ne peut préciser. Mais laissons aux paysagistes et. aux poètes la description de ce pays auquel ilne manque rien pour en faire le lieu le plus pittoresque de la Manche, et revenons à nos grès. | Le grès de Mortain forme une bande d’une largeur moyenne de 4 kilomètres et d’une longueur d’au moins 14 jusqu'aux limites du département de l'Orne, sur lequel il jette des ramifications. Cette chaîne dirigée de l'E. 4 à 5° N., est coupée, comme celle de Brix, par plusieurs petits ruisseaux qui vont porter leurs eaux à la Célune. Le grès est en strati- fication discordante sur les leptynolites et les phyllades cumbriens. On peut dire encore que le granit lui sert de base, puisqu'on aperçoit sur plusieurs points, notam- ment au pont Brocard, dans le lit de la Cance et au fond d’une carrière que l’on rencontre sur la route de Vire, à une faible distance de Mortain, la roche d’épanchement qui sert de lit sur lequel il s’est déposé. IL est grisâtre, blanchâtre et coupé par de nombreux filons de quartz. D 272 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE À sa partie inférieure, il acquiert une grande compacité et devient un quartzite que l’on pourrait prendre de prime-abord pour un quartz gras. Les lits supérieurs contiennent des Scolithus linearis placés, comme nous l'avons déjà vu à Cherbourg, presque perpendiculai- rement à la direction des couches. Le grès des landes ou bruyères de Justice n’est pas le même que celui de la forêt de Mortain et de Lande-Pourrie. Le premier est composé de petits grains de quartz noir et de bleuâtre mêlés à des grains de quartz blanc dominants ; le quartz bleuâtre y est aussi représenté par des grains de la gros- seur d’un pois: le tout parsemé de grains de feldspath kaolinisé ; le second n’a pour éléments constituants que le quartz qu'accompagnent parfois des pyrites de fer, soit amorphes, soit cubiques. Celui des landes par sa composition est inférieur à celui de Mortain et de Lande- Pourrie et se rapproche du niveau de la formation des arkoses et anagénites du Val-de-Saire et de la Hague. Nous avons dit que les grès blancs ou grisâtres à Scolithus linearis étaient partout inférieurs aux schistes à Calymene Tristant ; il nous semble l'avoir prouvé plus qu’à suffir par les exemples que nous avons cités, en décrivant les grès siluriens des arrondissements du Nord de la Manche. Mortain vient ajouter encore un témoignage de plus à notre conviction. Enfin, une preuve irrécusable est la preuve négative: nulle part on ne rencontre non seulement les schistes à Cal. Tristanr sous le grès dont il est ici question, mais encore on ne trouve même pas de débris de ces schistes dans la pâte du grès, tandis qu'il renferme assez communément, dans sa partie la plus inférieure, quelques fragments de quartz variés, de métaxite, de phyllade, de tale, etc., selon qu’il repose sur quelques-unes de ces roches. DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 973 Le grès de Mortain est quelquefois recouvert, en stratification concordante, par un oxide de fer d’épais- seur variable ne dépassant pas 30 centimètres, et mêlé très irrégulièrement au milieu d'une assise de grès schisteux, brunâtre, parfois maculé de rouge, se divisant aisément en polyèdres sous une faible pression. L’hydro- xide de fer se voit sur plusieurs points, notamment aux Forges de Bourbe-rouge, au Marais, à Grande-Fontaine et près de la Rivière-Dorée. Il renferme, mais acciden- tellement, des veines et veinules d’hématite brune, fibreuse, analogue à ceïle du grès de Cherbourg et de Bricquebee, au Neuf-Clos. Ce minerai, lorsqu'il se ren- contre avec les schistes, est toujours placé intermédiai- rement aux schistes et aux grès. Nous regardons comme synchroniques de cette même assise silurienne, quoique ne nous ayant point offert de fossiles jusqu'à ce jour, les grès et quartzites des arron- dissements du Centre et du Sud de notre département ; par exemple, ceux en partie de Cérisy-la-Salle avec filon de quartz blanc rayonné contenant de petits lits de galène; de Dangy, Guéhébert (1), carrière de M. Pai- sant, Saint-Martin-de-Senilly, Montabot, Saussey et en général tous les grès quartzeux formés entièrement ou à peu près de quartz en grains, plus ou moins finement agolutinés on passés à l’état de quartzite, et succédant immédiatement, sans solution de continuité, soit aux grauwackes et phyllades, soit aux poudingues et grès phylladiques, soit aux arkoses, soit enfin aux poudingues et grès arkosiques. Nous exceptons ceux qui, quoique succédant aux (1) Voir, page 51 du présent volume. L’alinéa commençant par ces mots : À Cerisy-la-Salle, se rapporte au silurien moyen. A Ja ligne 7, on a omis de mettre Guéhébert. 18 27 ! ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE roches précédentes, sont recouverts eux-mêmes par des grès schisteux, micacés, phylladiques, qui terminent sur plusieurs points la série cumbrienne. La position qu’occupent les grès siluriens sur les roches quartzeuses cumbriennes et l'absence de fossiles, mettent très souvent le géologue dans une sorte d'impos- sibilité de préciser le point de contact de lune et de l'autre (1), et force est souvent de rester dans le doute. L'absence de fossiles ne serait pas toujours, selon nous, une raison plausible de refuser aux grès en ques- tion, la position que nous venons de leur assigner. En effet, il est très possible que, lors du cataclisme survenu à l’époque silurienne, les êtres organisés, surpris dans leur paisible retraite, aient été accumulés par les eaux et en très grand nombre sur quelques points, sur d’au- tres en quantité minime, et que de très grands espaces aient été privés de leur présence ; ce dernier cas expli- querait d’une manière suffisante la raison pour laquelle on ne retrouve point leurs dépouiiles dans ces grès. Au surplus, la stratigraphie nous vient ici en aide. Que l’on établisse une coupe qui traverse le départe- ment dans toute sa longueur, du N. au $., en partant, soit de Digulleville (Hague), soit de la Pernelle (Val-de- Saire) pour aller se terminer à la Haye-Pesnel ou à Villedieu et même au delà, on aura une succession de roches telle que celle-ci. En allant de bas en haut : Talcites. | Cherbourg, Airel. 1eCiorot, Brecey, Barenton, Saint-James, Leptynolites. Fes Grauwackes et nes Bretteville, Saint-Lo, Tessy, phyilades. Granville, Pontorson, etc. (4) Voir page 61 du présent volume. DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 275 x La Hague, Tocqueville, Chiffrevast, Saint- Ana génites, pou- Germain-le- Gaillard, Orval, Saussey, Lu et grès phyl- Montmartin- sur-Mer, Troisgots Ville- LG dieu. ‘ ne HenieM bec, “La Haye-Pesnel, etc. Arkoses, poudin- je Hague, Tocqueville, La Pernelle, Mo- spathiques. Calcaire. l'Airel, La Meauffe, Mesnil-Aubert. Grès compactes ax0iques- de nuance | Pesneville, Montcastre, Cerisy-la-Salle, bleuâtre. Grès à Scolithus linearis sur quelques points, à Sc- lin. et au Montebourg, une partie de Lingules sur d’autres et parfois azoïques, Montcastre, Mortain, etc. de nuance gris-blan- châtre. Schistes ardoisiers } Hortain, Cherbourg, La Sangsurière, à Calym. Tristani. Siouville, etc. Grès silurien à fau- LBE Vretot, Le Valdecie, Fierville, Besne- ne de May. ville, S aint-Sauveur-le- Vicomte. ss k à dE Mortain, Varenguebec, Saint-Sauveur-le- 22 ; di Vicomte, Le Vretot, Siouville. tolites colonus. Nous pouvons donc suivre, d’une extrémité à l’autre de notre département, les formations stratifiées d’après leur ordre chronologique mis en évidence dans le tableau ci-dessus, et nous convaincre que les grès des arrondis- sements du Centre et du Sud, grès auxquels nous cher- chons ici à assigner leur véritable position géognostique, sont de même âge que ceux de Cherbourg, Bricquebec et autres. Nous avons étudié de nouveau les roches des communes du Mesnil-Aubert, de Roncey, de Montabot et de Percy, à l'égard desquelles nous avions fait quel- 276 : ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE - ques réserves (1). Les grès grisâtres ou noiràlres de Roncey avec Orthoceras, à la vallée de la Vanne (à la Gacherie), de Montabot, au Nord du village, de Percy, au N.-E. du bourg, et du Mesnil-Aubert, doivent être placés au niveau des grès grisâtres, gris-blanchäires et noirâtres de Bricquebec et de Breuville. Nous n’enten- dons point parler ici des grès azoïques bleuâtres, très compactes de Besneville, de Montabot, de Montcastre, d'Ouville, de Cérisy-la-Salle, du N. un peu E. de Saussey et des grès noirâtres micacés de Saint-Germain-sur-Ay ; nous les avons décrits (2). Le grès du Mesnil-Aubert est à grain fin, de couleur noire, recouvert, sur les stries de glissement qu'il présente assez fréquemment, d'une teinte métallique noir de jais. Il contient des pygidium de Calymene Tristani, des Orthis et des parties d'En- crinites formées d’un calcaire blanc rosé qui tranchent sur le fond noir de la roche. Ce grès est assis sur la grauwacke le long du chemin vicinal conduisant de l'église à la route départementale de Gavray à Coutances, et n’est éloigné que de 4 à 500 mètres au plus d’un autre grès fossilifère dont le gisement est au S.-