co LO LO © Lo LO Ne © — (Te) Ne — [ap] ——— — — — ————— ——— —— — —— —— a —— —— — EE —— me” MISSIONS FORESTIÈRES A L'ÉTRANGER RUE DUT he AIT a | NANGY, IMPRIMERIE BERGER-LEVRAULT ET Co 4 HA ir a ET A - LNPBOBPR ETENREUSS MISSIONS FORESTIE À L'ÉTRANGER GRANDE-BRETAGNE. — AUTRICHE ET BAVIÈRE EX TRE ANT DES Annales de la Science agronomique française et étrangère PAS BERGER-LEVRAULT ET Ci, LIBRAIRES-ÉDITEURS 5, Rue des Beaux-Arts, 5 MÉME MAISON A NANCY 886 188 LAS Lo SHÉER VA ua MA A0 LANTA à & | ; A POMEMER DA MURS ten 0.4 auté COMRRNS % - | AA HER ‘4 ANT LOU AUTRE 4 on TNT ETS L = CE : A *2 j : | ut} 4 "hat 4 7 pres Y NA È 4 NAS 1488 | St À. 7 ee LES FORÊTS DE LA GRANDE-BRETAGNE L'étendue totale de l'Écosse est d'environ 8,080,000 hectares, parmi lesquels on compte à peine 2 millions en terres arables, forêts et gazons ; les trois quarts de la superficie sont occupés par les landes, les eaux des lacs et des rivières, les tourbières et les ro- chers nus. Il y a lieu d’être surpris quand, à côté de ces immensités en terrains vagues, les tableaux du ministère du commerce, publiés en 1872, accusent seulement 296,734 hectares de terrains boisés. Tout fait supposer qu'à une période reculée le sol de l'Écosse, aussi bien dans les basses terres que dans les terres hautes, a été recouvert d’épaisses forêts qui ont été successivement détruites par le fer et le feu des conquérants, les luttes de l’époque féodale et les effroyables tempêtes qui bouleversent certains districts à des inter- valles à peu près réguliers. La dévastation fut complète, et, en 1707, de loutes les vieilles forêts calédoniennes il ne restait plus que quel- ques lambeaux dans l’état le plus misérable. L'union des deux royau- mes inaugurait une ère nouvelle de calme politique, pendant laquelle le temps et les merveilleuses capacités forestières du solet du climat auraient certainement réparé bien des désastres si un ennemi héré- ditaire, plus redoutable que tous les autres — le mouton — n’était resté attaché aux flancs de la forêt. Les lords et les grands propriétaires fonciers s’émurent enfin d’un tel état de choses, les premiers ils sentirent la nécessité de restaurer les parcs qui entourent leurs demeures seigneuriales, et d’égayer par des massifs de verdure la teinte morne de la bruyère sans fin ; il fallait aussi, dans ces immenses solitudes où le pâturage et la ÉTUDES FORESTIÈRES. 1 2 ÉTUDES FORESTIÈRES. chasse sont les seules sources de revenu, créer quelques abris au bœuf highlander, au mouton à tête noire et au cer£ d'Écosse. Bien- tôt les petits propriétaires suivirent l'exemple des seigneurs ; grâce à l’inteligent patronage de la Société fondée en 1757 sous le nom de Sociélé choisie d'Edimbourg, la surface boisée s’étendit progres- sivement et, en 1819, l'Écosse possédait, outre 200,000 hectares de forêts naturelles, 160,000 hectares de forêts plantées. L'époque de 1815 marque un temps d’arrêt dans une ère de reboi- sement si vaillamment ouverte ; ce n’est pas ici la place de recher- cher les causes de ce phénomène économique, nous devons toutefois signaler, comme ayant exercé une influence des plus fâcheuses sur l’exploitation rationnelle du sol, la constitution de la propriété sous le régime de la loi de 1636. En vain les Parlements écossais ont cherché à réagir contre les dispositions trop draconiennes de cette loi, dont la principale conséquence est d'engager les propriétaires à ne se considérer que comme usufruitiers des domaines frappés de substitution et, par suite, de ne leur laisser qu'un intérêt médiocre à améliorer le fonds pour en augmenter la valeur vénale. Dès l'instant où on cessait de planter, l'étendue de la surface boisée devait diminuer rapidement ; car, quel que soit le mode de traite- ment appliqué aux forêts ouvertes sans réserve au pâturage du mouton, toute réalisation du matériel, qu’elle soit la conséquence d’une exploitation hasardée ou d’un accident de force majeure, équivaut à un défrichement. C’est ainsi que les relevés de 1872 accusent pour les forêts une diminution de plus de 60,000 hectares comparativement aux chiffres de 4812. Sont-ce les parcelles natu- relles ou les forêts plantées qui ont disparu pendant cette période de 60 ans ? Les documents officiels sont muets à cet égard, mais il y a tout lieu de supposer que le déboisement a porté aussi bien sur les unes que sur les autres ; car, d’une part, la création du chemin de fer des highland a nécessité l'emploi d’un grand nombre de tra- verses que l’on à pu se procurer sur place dans des bois âgés de 20 à 80 ans; d'autre part, la facilité des transports donnait, à cause de la rareté des bois en Angleterre, à de vieilles parcelles peuplées en bouleau, une valeur inattendue et bien faite pour tenter les pro- priélaires. 9 LES FORÊTS DE LA GRANDE-BRETAGNE. a) Depuis 1870, on semble reprendre avec ardeur les travaux sus- pendus pendant trop longlemps et, sur bien des points, on aperçoit de jeunes plantations qui s’élancent avec vigueur et semblent se hâter de grandir pour combler le vide qui les sépare de leurs ainées. Au point de vue forestier, l'Écosse peut se diviser en deux régions bien distinctes, séparées par une ligne fictive qui, partant de Perth au fond du golfe du Tay, aboutirait à Greenock à l’embouchure de la Clyde. Au sud de cette ligne se trouvent lies basses terres, où l'industrie a donné la main à l’agriculture pour constituer une des contrées les plus riches du monde, et la chaine des monts Cheviot, convertie dans toute son étendue en excellents pâturages à mouton. La situation économique est aussi prospère que possible dans cette plantureuse région et l’exploitalion raisonnée du sol ne devait y ré- server qu'une place insignifiante à la culture forestière. Au nord, au contraire, se développe l’àpre massif des Grampians, dont les nombreuses ramifications étendues dans toutes les direc- lions, forment cette rude contrée, rappelant dans ses profils la côte occidentale de la presqu'ile scandinave ; on dirait que dans des temps géologiques antérieurs au nôtre, les immenses glaciers du pôle, s’écoulant par-dessus la mer du Nord solidifiée, ont passé sur la haute Écosse, en ont poli et usé les montagnes, creusé les lacs et découpé les rivages. Ici la culture des céréales est confinée sur quelques points privilégiés, vers l'embouchure des fleuves et sur les bords de la mer, où les limons glaciaires constituent un sol des plus fertiles ; tout le reste est couvert par les eaux et par la bruyère. C’est ainsi que sur les 3,252,000 hectares de cette région, on en compte à peine 647,000, ou moins de un huitième en terres arables, en forêts et en gazons. Si de ces 4,605,000 hectares absolument dépourvus de toute culture, on attribue la moitié aux lacs, aux escarpements nus et aux cimes arides, il restera encore plus de 2 millions d'hectares en sol capable de nourrir de belles et bonnes forêts. Il y a là un beau problème économique à résoudre pour les- prit d'initiative de la nation anglaise et, pour ses capitaux, un vaste champ à féconder. Dans cette dernière région, qui devait tout spécialement nous À ÉTUDES FORESTIÈRES. attirer, les districts de Perth, d’Elgin et d’Inverness sont ceux qui renferment les plus grands massifs forestiers ; on y compte 100,000 hectares de terrains boisés, C’est aussi dans celte région desservie par un chemin de fer que les forêts sont le plus abordables. Partant de Perth, nous avons traversé l'Écosse de l’une à l’autre mer en faisant escale à Dunkeld, à Blair-Athole, Aviemore, Grandtown, Forres, Inverness et Beauly. Nous avons pu ainsi, tout en visitant spécialement les forêts, nous rendre compte de l’aspect général de la région. Partout, à quelques pieds au-dessus du niveau de la mer, comme sur les flancs des montagnes à 1000 mètres d'altitude, dans les sables de la dune, comme sur les schistes, les grès rouges, les granits et les gneiss de l’intérieur du pays, nous avons été frappé des merveil- leuses conditions que l'humidité constante et lumiformité du climat offrent à la végétation forestière. Dans les basses terres, jusqu’à 190 mètres d'altitude, on rencon- tre sur le bord des routes, à l’état d'arbres isolés, dans les forêts à l’état de massif, les grandes espèces feuillues, telles que : le chêne, l’érable, l’orme, le frêne, le hêtre et le tilleul ; par leur vigueur, la richesse et la coloration du feuillage, tous témoignent des conditions favorables de sol et de climat dans lesquels ils végètent. On reste frappé d’admiration en contemplant les colosses de toutes essences qui bordent les avenues de Scône, de Dunkeld et de Blair-Athole. C’est dans une dépendance de lun de ces domaines princiers que le doyen vénéré des forestiers écossais nous montrait avec orgueil une forêt de 150 hectares plantée en chêne pur 1l y a 60 ans, et dont les arbres, espacés de 8 à 10 mètres dans tous les sens, ont de 0,33 à 0,45 de diamètre ; leurs cimes touffues forment un couvert complet sous lequel s’abrite un fourré de rhododendron où pullulent des familles de faisans. Au printemps ce doit être une promenade féérique; mais, à part le sous-bois dont la luxueuse plantation ne convient guère qu'aux forêts des Nababs, cette superbe futaie d’ar- bres isolés nous donnait à réfléchir, car 1l y a peut-être là une des inconnues à trouver pour la solution du difficile problème de lédu- cation du chène pur en futaie. Dès qu’on franchit l'altitude de 150 mètres, on entre dans le climat LES FORÊTS DE LA GRANDE-BRETAGNE. 5 de montagne ; le pin, le mélèze et le bouleau restent les seuls mai- tres du sol. Certainement ceux qui ont créé les forêts à la fin du siècle dernier, ont donné une preuve éclatante de leur sens prati- que ; appelés à faire grand dès le début, ils ont choisi l'essence indi- gène, le pin sylvestre d'Écosse ; c’est ainsi qu'ils ont assuré la fortune de leur œuvre et tracé la voie à suivre par leurs successeurs. Ils ont eu aussi la main heureuse en introduisant le mélèze qui, transplanté des cimes glacées des Alpes dans la région tempérée par le Gulf- Stream, s’est naturalisé sans paraître souffrir d’un aussi brusque changement de latitude. Quand, en 1737, le duc d’Athole a rap- porté dans ses bagages, comme souvenir d’un voyage dans le Tyrol, les premiers mélèzes plantés dans son parce, il a rendu un véritable service à son pays. Les résultats obtenus au moyen de ces deux seules essences sont réellement merveilleux ; pour qui a visité la grande forêt de mélèze plantée en 1815 sur les rives du charmant lac Ortie, et l'immense rideau de pin qui se déroule au pied de la montagne de Brand-Vood à Grandtown, la question du reboisement de l'Écosse est résolue. Il n’est pas étonnant qu’à une époque où le hêtre n’était pas em- ployé comme bois d'industrie, on ne lui ait pas réservé la plus petile place dans les plantations ; à l’avenir il serait peut-être bon d’être moins exclusif à son égard, c’est, de nos jours, une essence précieuse, cerlainement indigène comme le pin et le bouleau et qu'on pourrait utilement substituer à ce dernier ou mieux encore mélanger avec lui sur bien des points. Étant donnés les éclatants succès obtenus avec le mélèze, peut-être ne serait-il pas trop hardi de tenter la naturalisation du pin de montagne dans les tourbières ? Ces immenses éponges recouvrant des cantons entiers, distillent les eaux noires qui donnent à tous les fleuves et à tous les lacs d'Écosse leur teinte sombre caractéristique ; elles ne sont utilisables que par le médiocre combustible qu’on y exploite et, si l’on parvenait à en reboiser une moitié, il resterait encore bien assez de tourbe dispo- nible pour subvenir aux besoins des distillateurs de Whisky. Tous ces grands massifs créés de toute- pièce et pour répondre à des besoins multiples, devaient réserver plus d’une surprise à des forestiers de l’École française, habitués à vivre dans la série amé- (6 ÉTUDES FORESTIÈRES. nagée et à ne rechercher dans la forêt qu'un champ de production ligneuse. Dès nos premiers pas nous sommes arrêtés par des barrières ; tous les massifs sont entourés de clôtures, et le régisseur emporte toujours la clef de ses forêts dans sa poche. Comme on a coutume de les employer dans le Jura pour les bêtes aumailles, iei ces bar- rières, ces clôtures si coûteuses, sont faites pour garder les moutons et les cerfs ; c’est avec intention qu’on enferme ainsi le loup dans la bergerie. Ge qui devait aussi nous frapper, c’est la monotone régu- larité des peuplements dans leur âge et dans leur consistance ; tout témoigne de leur origine artificielle et de absence complète d’ex- ploitations raisonnées. La forêt grandit telle que la main de Phomme l’a créée ; le sous-bois naturel, sans cesse brouté par la dent du bétail, ne perce nulle part, et, malgré ses immenses ressources, la nature reste impuissante à modifier le travail du planteur ou à ré- parer les erreurs du bûcheron. Quand la bourrasque d’une exploi- tation radicale ou celle de la tempête viennent à passer sur un massif, il disparait sans qu'il subsiste aucun lien entre la forêt du passé et celle à refaire pour lPavenir; c’est du moins ce que nous avons constaté partout dans le bassin du Tay et de ses affluents; el plus loin encore au pied du Cairn-Gorn. À quelques pas d’un château auquel reste attaché un des plus agréables souvenirs de notre voyage, nous avons rencontré ce qui ful jadis un grand domaine forestier. Il y à 20 ans, la forêt tout entière a élé convertie en traverses de chemin de fer ; aujourd’hui il n’en reste rien, que des souches noir- cies par le temps et des racines décharnées qui jonchent le sol en lui donnant l'aspect d’un immense ossuaire. Quel spectacle navrant de la forêt en ruine ! Le propriétaire actuel fait tous ses efforts pour reconstituer l’ancien état boisé ; mais, avec un système d’exploila- tion mieux entendu, on lui eut épargné bien du temps et de la dépense. En effet la perpétuation de la forêt par les seuls movens naturels semble bien facile en Écosse ; deux véritables observateurs nous ont mis à même d'en juger en nous montrant les essais tentés dans cette voie avec l’appui des intelligents propriétaires des domaines qu'ils régissent. Nous avons admiré les résultats obtenus par eux aussi LES FORÊTS DE LA GRANDE-BRETAGNE. 7 bien à Grandtow qu’à Beauly et les forestiers les plus exigeants ne trouveraient pas le plus petit reproche à faire à l'excellence de leur méthode. Rien ne manque à la théorie, pas même les arbres excep- tionnellement réservés sur la jeune forêt née de parents connus. Le procédé suivi est des plus simples : chasser le gibier, eæproprier le mouton, éclaircir prudemment le massif et enlever successivement les porte-graines au fur et à mesure que le jeune repeuplement se forme et grandit. Toutefois, ilne faudrait pas considérer comme définitif et sans appel l'arrêt de bannissement que nous venons de prononcer contre le mouton ; car s'il faut à tout prix l’éloigner des jeunes bois, plus tard il sera possible de le cantonner et nous sommes convaincus que, dans une forêt régulièrement traitée, le pâturage restreint aux seuls cantons défensables donnera plus de profit qu’une bruyère aussi élendue que la forêt tout entière. En effet, nous l’avons cons- taté partout et nous ne craignons pas d’être contredit sur ce point, la végétation forestière tue la bruyère, et tous les sols, quelle que soit leur origine géologique, se couvrent d’un tapis complet de ver- dure sous les peuplements âgés de plus de 30 ans. Si donc on consi- dère la forèt comme défensable à cet âge; si, adoptant une révolu- tion de 120 ans, on met en réserve les bois âgés de plus de 100 ans pour en obtenir la régénération naturelle, la moitié de la forêt sera ouverte au parcours ; dans cet espace on pourra certainement nourrir plus de moutons qu'on ne saurait le faire dans une lande d’une surface double. Mais si la réglementation du pâlurage est la condition nécessaire lorsqu'il s’agit simplement de créer une forêt, elle n’est pas suffi- sante lorsqu'il s’agit d’en tirer profit. Jusqu'ici, nous avons le regret de le constater, rien n’a été fait en Écosse pour donner à la propriété boisée sa véritable situation éco- nomnique. Les facultés productives du sol et du climat ont été mises en œuvre par des arboriculteurs habiles : sous leur impulsion, les seules forces de la nature ont accumulé un matériel considérable ; mais loules ces richesses sont là, exposées à l’insouciance des uns, à l'inexpérience des autres, attendant que la main d’un forestier vienne, par des aménagements raisonnés, leur imprimer le véritable 8 ÉTUDES FORESTIÈRES. cachet économique de toute propriété agricole ou forestière, le rapport soutenu et l'amélioration constante de la production. Certes il ne faudrait pas rendre les forestiers écossais responsa- bles d’un aussi regrettable état de choses ; tous ont compris depuis longtemps que la gestion des forêts qui leur sont confiées, laissait beaucoup à désirer ; mais, quels que soient leurs efforts, ils sont impuissants à faire triompher des idées dont la simple notion n'existe même pas dans le public le plus éclairé. Ils ont à lutter tout à la fois contre le pâturage, contre la routine, contre l’économie des uns ou la prodigalité des autres, et comme si tant d’ennemis conjurés ne suffisaient pas à abattre leur courage, ils ont encore à compter avec les fantastiques folies des chasseurs des deux mondes *. C'est ainsi qu’en étudiant tous ces faits nouveaux pour nous, qu’en devisant de tout et encore de la forêt, nous avons terminé à Beauly la série de nos excursions en Écosse, Nous quittions avec regret une contrée aussi pittoresque, aussi intéressante, où l’étude et le souve- nir des choses s'allie pour nous à un vifsentiment de reconnaissance envers les personnes. En disant à l'Écosse le Good-bye consacré, nous ne pouvons nous empêcher de lui présager un bel avenir fo- restier ; Car 1l ne faut pas être un bien grand prophète pour tout promettre à une région qui nourrit en même temps le chène, le hêtre, le mélèze et le pin, où l’on voit fructifier ets’élever en arbres de première grandeur les Abies Douglasii, nobilis, Menziezii, les Sequoias, les cèdres, en même temps que l'Araucaria imbricata et tant d’autres belles espèces exotiques qui ne font que languir misé- rablement sous le climat de Paris. Un mot encore sous forme d’avis ; le moment nous semble venu de décider du sort de tant de richesses forestières qui courent le risque d’être compromises précisément à cause de la valeur qu’elles acquièrent tous les jours. Le bois de pin propre au sciage vaut déjà 29 fr. le mètre cube; celui de mélèze se paie le double ; nous pour- rions citer tel peuplement en pin d'Écosse âgé de 80 ans valant, 1. Une chasse au cerf, dans une lande improductive, vient d'être louée à un richis- sime américain, pour une somme fabuleuse de 250,000 fr., à payer annuellement pen- dant neuf ans. LES FORÊTS DE LA GRANDE-BRETAGNE. 9 7,500 fr. par hectare; tel autre, en mélèze, estimé plus encore ; une forêt de 650 hectares peuplée en pin a été vendue, il y a quelques années, 2,300 ,000 fr., à raison de 2,000 fr. par hectare; les pineraries créées dans la dune de Forres trouvaient acquéreur à raison de 3,000 fr. par hectare lorsqu'elles sont âgées de 45 à 50 ans ; le jour même de notre passage à Grandtown, le régisseur venait de traiter une fourniture de bois de bouleau pour une somme de 50,000 fr. Tous ces chiffres peuvent être gros de conséquences; les proprié- taires de forêts doivent y réfléchir ; ils feront bien de se renseigner avant de trop couper, il est temps encore pour eux de profiter des sévères leçons du passé. Le bon Lafontaine a été maitre des eaux et forêts, qui sait si dans sa pensée il ne s’adressait pas à des forestiers en racontant la fable de la poule aux œufs d’or? Sans doute les grands mots d’aménagiste et d'aménagement sont faits pour effrayer bien des propriétaires; à ceux-là nous conseil- lons d’oublier le mot tout en préparant la chose. Rien ne sera plus facile, après une reconnaissance détaillée d’un domaine forestier, que de le fractionner en un certain nombre de parcelles, et, dans chacune de ces divisions présentant des conditions uniformes de sol et de peuplement, de compter les arbres ayant plus d’un mètre de tour en les classant par catégories de grosseur. On ouvrira ensuite à chaque parcelle un compte séparé sur lequel les chiffres de l'inven- taire figureront à son débit, et où seront inscrits à son crédit les volumes enlevés par chaque exploitation ; l'examen d’un tel registre permettra toujours de porter les coupes dans les parcelles les plus riches en laissant reposer celles qui paraïtraient fatiguées, et les bilans partiels rendront un compte exact de l’état plus ou moins pros- père de la propriété. Certainement après 10 ans de ce régime un aménagement s’imposera de lui-même et l'ordonnance du médecin ne fera plus peur au malade. Mais notre programme n'était pas rempli et de nouvelles excur- sions nous attendaient dans la vieille Angleterre. En quatre jours nous courons d'Inverness à Windsor par le canal Saint-Georges, Oban avec séjour pour visiter la grotte de Fingall, Édimbourg, Car- lisle et la ligne du Midland. 10 ÉTUDES FORESTIÈRES. Ce n’est pas en cinq heures d’une course rapide qu’on peut étu- dier Windsor, y füt-on conduit par quatre pur sang sous la direc- tion du meilleur des guides. L'histoire de ce parc splendide à été publiée avec un luxe tout princier par M. Simons, le regretté prédécesseur du conservateur actuel; c’est presque refaire l'histoire de l'Angleterre que de suivre dans toutes les phases de son développement un domaine où, depuis Guillaume le Conquérant, chaque souverain à donné son nom à l'arbre d’un carrefour. Windsor est le Westminster abbaye des végétaux en Angleterre, l'archéologie y tient plus de place que la sylviculture et les représentants de la faune y sont presque aussi nombreux que ceux de la flore. Toutefois le forestier, reléguant sa science au second plan en face d’exigences pittoresques ou artisti- ques non moins respectables, y trouvera le plus beau champ d’étude de botanique forestière que Pon puisse rêver ; on rencontre sur son chemin, soit à l’état isolé, soit sous forme de massif, des spécimens de toutes les belles essences indigènes ou exotiques croissant en Angleterre, et le soin qu'on a pris d’étiqueter l’âge et l’origine de chaque plantation permettrait d'y poursuivre les expériences les plus intéressantes sur le développement des grands arbres. Il serait plus difficile d’en faire sur leur longévité, car on serait tenté de croire que, dans cette terre sacrée, les arbres ne meurent pas de vieillesse. On retrouve dans ces reliques vivantes l'empreinte de cette sorte de religion des choses innée chez l'Anglais : au soufile d’un peuple qui sait vouloir et dicter ses volontés, les révolutions les plus violentes ont passé partout en respectant les monuments et les arbres! Tour à our arboriculteur, officier des chasses, directeur d'ateliers installés pour le royal ouvrier dont la mémoire est vénérée dans toute l'Angleterre, conservateur d’un musée des antiques, le régis- seur de Windsor n’a plus un instant de loisir pour être forestier. Est-ce faire de la sylviculture que de préparer des armures en fer pour préserver les preux de la forêt dans la lutte qu'ils soutiennent contre les éléments, ou dresser une béquille au pied de l’invalide amputé d’un membre pendant la dernière tempête ? Pour qui vient d'Écosse, aller de Windsor à la forêt Neuve, n’est LES FORÊTS DE LA GRANDE-BRETAGNE. 14 pas faire un grand voyage; quelques heures suflisent pour nous transporter des bords de la Tamise à la baie de Southampton. Aussi vieille que le pare de Windsor, la forêt Neuve n’a pas comme Jui la bonne fortune d’être la dépendance d’une résidence royale. Un sol trop ingrat a pu la préserver du défrichement même à une époque où la terre labourable s’estimait plus par son étendue que par sa fertilité ; mais, par contre, il a attaché à ses flancs une po- pulation pauvre, condamnée à vivre des ressources de la forêt et qui, par des abus inconscients, la menaçait d’une ruine certaine. Pendant des siècles, la forêt Neuve a été la proie d'usagers qui lPexploitaient sans méthode et sans frein; aussi l’on peut y constater que si la bruyère avance moins vite derrière les pieds des ponies que der- rière ceux des moutons, elle ne marche pas d’un pas moins sûr. Le seul remède à un tel état de choses était le cantonnement des droits d'usage : à tout prix il fallait faire la part du feu, abandonner une partie pour sauver le reste; c'est ce qui a été fait il y a environ 20 ans. Le sacrifice a été grand, car pour affranchir 5650 hectares il à fallu en céder près de 20000. Mais du moins la partie dégrevée pourra se reconstituer et donner un Jour une bonne forêt, tandis que les cantons devenus la propriété exclusive des usagers se consu- ment dans une agonie qui les conduit sûrement à la lande imculte et stérile. Ce n’est pas en 20 ans qu’on refait une forêt aussi maltraitée ; tout d’abord il fallait aller au plus pressé et remettre le sol en état de production; on à repeuplé en résineux les grandes taches de bruyère, et depuis quelques années les forestiers régisseurs cher- chent, par une mise en défens soigneusement observée, à rempla- cer par de Jeunes repeuplements naturels les vieux prés-bois autre- fois pâturés par les chevaux. Mais quels que soient les soins apportés à cette œuvre de restauration, il faudra 50 ans avant qu'on puisse soumettre le massif à un système d'exploitation régulier et suscep- tible de fournir un revenu constant. Aujourd’hui des peuplements contigus offrent entre eux les contrastes les plus bizarres ; icice sont de Jeunes pins sylvestres plantés en mélange avec des chênes, ail- leurs des chênes purs languissent sur un semis de châtaigniers ; à côté, des pins et des hêtres indiquent par le bon état de leur végé- L2 ÉTUDES FORESTIÈRES. tation, que c’est sur eux qu'il faut surtout compter pour assurer l'avenir ; plus loin encore on rencontre un massif de hêtres sécu- laires dont l’imposante majesté évoque le surnaturel; on s'attend à voir passer derrière ces troncs fantastiques l'ombre de Guillaume le Roux poursuivant le spectre de Tyrrel. Sans contester les attraits ar- tistiques qui font de la forêt Neuve un lieu de rendez-vous si cher aux amants de la nature, nous devons déclarer qu'avant longtemps, ce n’est pas là que le forestier, désireux d'enseigner son art, pourra planter sa tente. tevenu à Lindshurt, nous ne pouvions plus disposer que de trois jours et il entrait dans notre programme de visiter encore la forêt de Dean, aussi c’est presque à travers un rêve que nous l'avons en- trevue. L'emplacement où fut autrefois la vieille forêt de Dean, la vraie, celle qui a donné son nom à un important district industriel, se trouve dans l’angle formé par le golfe de la Severn et le bas cours de la rivière Wige. L’immense forêt galloise * a disparu presque en- tièrement pendant les dermiers siècles; et dans la crainte d’être accusé de partialité nous n’ajouterons pas ce nouveau méfait à la charge du pâturage, nous aimons mieux supposer qu’elle a été con- vertie tout entière en charbon ou en poteaux de mine pour les be- soins de l’industrie locale. C’est sur ses ruines qu’on a créé la nou- velle forêt de Dean, dont les plantations entreprises il y a moins d’un siècle, occupent déjà 6500 hectares sur les 9000 qui composent le domaine. Les peuplements ont été formés en chêne presque pur; les hètres, les châtaigmers et les bouleaux disséminés entrent à peine pour quelques centièmes dans le mélange ; les résineux représentés par l’épicéa, le pin sylvestre et le mélèze ne se rencontrent guère que dans les cantons repeuplés depuis moms de 30 ans ou dans les mauvaises parties tourbeuses. La végétation, assez belle en géné- ral, varie suivant les qualités du sol, mais partout elle porte le cachet de l’origine arüficielle des peuplements. C’est 1e1 Poccasion de faire remarquer combien la forêt plantée en bois feuillus est plus longue à se reconstituer que celle plantée en essences résineuses; tandis qu’en Écosse les massifs de mélèze et de pins sont superbes 1. Dean, dén, forêt en langue celtique. LES FORÊTS DE LA GRANDE-BRETAGNE. 135 de végétation, ici les chênes restent courts et ont à peine # à 5 mè- tres de füt. Il faut en chercher la cause dans ces faits que les chènes donnent bien moins de détritus que les résineux et que dans les forêts plantées on ne trouve pas toutes ces essences secondaires spontanées dont les débris organiques augmentent l'épaisseur de la couverture qui entretient la surface du sol dans un état de fraicheur constant. Aussi, lorsqu'on repeuple en chêne un terrain médiocre et depuis longtemps déboisé, 1l faut presque une vie d'arbre pour rétablir le sol dans des conditions convenables pour la végétation forestière, et ce n’est guère qu’à la seconde génération qu’on peut voir de tels peuplements entrer dans la phase de la production normale. En attendant la maturité des bois les plus âgés, on se contente d’v faire des éclaircies qui sont conduites avec sagesse. On peut dire que la forêt de Dean est une forêt d'avenir, elle est du reste entre bonnes mains et la réglementation du pâturage, assurée par des actes qui remontent à Charles [°*°, la préserve des plus graves dan- gers à craindre de ce côté. Après une longue promenade dans la forêt plantée, on se sent envahi par un sentiment de tristesse qui ne peut être attribué qu’à l’absence du sous-bois ; sans lui, la forêt est morne, sans vie, et le regard se perd dans la vague uniformité de teintes dont rien ne vient interrompre la fade monotonie ; aussi c’est avec un véritable soulage- ment que nous hâtons le pas pour arriver dans un canton où l’on nous annonce un taillis sous futaie. Enfin et pour la première fois nous allions entrer dans une série aménagée et régulièrement ex- ploitée! Nous pénétrons dans l’ancien domaine de lord Gage, acheté par la Couronne dans le but primitif d’en faire une dotation; cette forêt s'étend sur 15735 hectares, elle est aussi en chêne presque pur et depuis plus de 100 ans elle a été exploitée en taillis sous futaie à la révolution de 18 ans. | Ce serait bien ici l’occasion d'appliquer le vieux mot de futaie sur taillis, car [e sol est presque entièrement couvert de chênes de toutes catégories, croissant isolés dans les meilleures conditions de végétation. On peut compter près de 200 arbres par hectare depuis le baliveau de l’âge jusqu’à l’ancien 6 fois réservé, tous étalant une cime superbe sur des fûts de 7 à 13 mètres de hauteur ; les taillis 14 ÉTUDES FORESTIÈRES. sont nécessairement écrasés sous la réserve, mais quelle richesse et quel avenir dans un tel peuplement! Les plus gros arbres ont main- tenant 0%,35 à 0,45 de diamètre ; pour les couper 1l faudrait alten- dre qu'ils en eussent 0,60. Dès aujourd'hui cette série formerait un curieux champ d'expérience pour l'étude de la production du sol dans les forêts bien traitées en taillis sous futaie. Tels sont les caractères généraux des forêts que nous avons eu la bonne fortune de visiter, grâce à la bienveillance du bureau des forêts, à l’office des Indes, grâce aussi à l’extrème obligeance des lords propriétaires et de messieurs leurs régisseurs. Si notre rapide voyage s’est accompli dans des conditions aussi agréables qu'instruc- üves, il faut en attribuer tout le mérite à notre excellent ami, le co- lonel Pearson, qui, en nous conduisant avec une précision toute britannique, a gagné le pari de nous faire étudier, en moins de trois semaines, plus de 100000 hectares de forêts disséminées sur les points les plus divers de la Grande-Bretagne, depuis le cap Dun- cansby jusqu'à la pointe Sainte-Catherme. Nancy, le 15 décembre 1S8T. L. Bopre. LA FORÈT DU SPESSART Généralités. La région désignée sous le nom de Spessart est siluée au nord- ouest de la Bavière, sur la rive droite du Mein. Elle occupe le triangle formé par le dernier coude que dessine cette rivière avant d’entrer dans la plaine de Hanau et de Francfort. Le relief est formé par une succession de collines mamelonnées, à pentes moyennes, se rattachant à une arête centrale, orientée du sud au nord et dont l’altitude varie entre 500 et 600 mètres. Géologiquement, cette contrée semble se rattacher, par l'Odenwald, aux soulèvements des Vosges et de la Forèt-Noire : la base minéra- logique est formée par les grès bigarrés du système triasique dont les puissantes assises viennent buter, à l’ouest, contre un socle de graniL. La terre végétale, provenant de la désagrégalion de la roche, est assez abondante ; elle est composée par un sable siliceux à grains fins, faiblement mélangé d'argile et pauvre en éléments nutritifs. C’est en somme un terrain assez sec, filtrant, maigre et de médiocre qua- lité pour la production agricole. Aussi les défrichements n'ont-ils été effectués que sur des emplacements restreints, el la forêt s'étend encore aujourd'hui sur une superficie de plus de 50,000 hectares, d’un seul Lenant et sans autres interruptions que les enclaves que forment de rares villages exclusivement habités par une population de bücherons et autres ouvriers de la forêt. D'ailleurs, par sa profon- 16 ÉTUDES FORESTIÈRES. deur et son hygroscopicité relative, ce sol présente des qualités physiques avantageuses au point de vue forestier ; il est capable de nourrir les plus belles futaies de chêne, sous la condition d’être protégé par des massifs denses et continus, et enrichi par leurs détritus. Le climat présente la plus grande analogie avec celui des Vosges et de la Forêt-Noire. Les pluies, assez régulièrement réparties, font rarement défaut pendant la saison d'été. La neige persiste pendant plusieurs mois sur les crêtes et, vers le commencement du printemps, quand elle tombe humide et collante, elle occasionne, surtout dans les altitudes moyennes, des dégâts importants. Les essences spontanées appartiennent toules au groupe des feuil- lus. Toutefois les résineux, introduits en grand nombre pour repeupler artificiellement les parties appauvries ou ruinées, jouent aussi un grand rôle; car, aujourd’hui, 1ls occupent près de 15,000 hectares, c’est-à-dire un tiers de la surface totale. Is sont d’ailleurs cantonnés sur les périmètres qui sont en même temps les points les plus exposés aux ravages de la plus désastreuse des pratiques : l'enlèvement des feuilles mortes. Comme dans toutes les futaies où le hêtre domine, les peuplemenis feuillus sont de composition très simple. Le hêtre règne en maître ; envahissant par tempérament, il a successivement éliminé toutes les autres espèces. Si les chênes, qui appartiennent tous à l'espèce rouvre (sessiliflora), ont pu lui résister, c’est grâce à leur extrême longévité et aux soms Incessants dont ils sont l’objet; encore, dans bien des cantons, ont-ils déjà complètement disparu. Le charme, très rare en plein massif, se montre sur les lisières ; les espèces dissé- minées, frênes, érables, ormes, ne se rencontrent que dans quelques fonds de vallées où le sol trop humide ne convient pas au hêtre. C’est à peine si, de loin en loin, on distingue, perdu dans un gaubis, un bouleau ou un sorbier des oiseleurs. Les arbustes font à peu près complètement défaut, nulle part ils ne sont assez abondants pour constituer un sous-bois. La végétation des hêtres est très rapide, surtout dans la jeunesse. Is atteignent de fort belles dimensions en hauteur et en diamètre. Ils peuvent vivre 200 ans et plus ; mais, à parur de 140 à 150 ans, LA FORÊT DU SPESSART. 17 leur bois présente souvent des altérations plus ou moins graves. C’est vers 120 ans qu’on en tire le meilleur profit. Les chênes croissant en massif grossissent très lentement : à 200 ans, il n’ont pas plus de 0",50 à 0",60 de diamètre ; mais la hau- teur de leurs fûts atteint et dépasse parfois 25 à 28 mètres. Leur lon- gévité est très grande : des arbres de 400 et même 500 ans sont encore parfaitement sains ; ils ont alors des dimensions colossales. Les tiges de 1 mètre et 1°,20 de diamètre ne sont pas rares, du reste on ne considère les chênes comme exploitables que quand ils ont 2",50 à 2%,80 de tour au minimum. Leur bois, nécessairement tendre, très poreux, impropre aux constructions, est d’ailleurs excellent pour le travail. Les résineux introduits sont : le pin sylvestre, l’épicéa, le pin Wey- mouth et le mélèze, Le pin sylvestre, à cause de sa frugalité, a été semé en grandes masses partout où la bruvère avait envahi le sol. Il craint les vents violents et ne semble pas se plaire sur les crêtes; dans les stations moyennes, la neige lui est funeste, c’est donc surtout dans les zones les plus basses qu'il abonde. En ces terrains ruinés, sa végétation est médiocre, parfois chétive ; même si les conditions sont meilleures, les tiges, bien que d’un aspect vigoureux, sont déviées, sinueuses, comme cela se présente trop souvent chez les sujets de la race dite de Haguenau. L'épicéa, avec les facultés d’accommodation qui justifient la faveur dont il jouit en Allemagne, a été utilisé partout, de la base au som- met des collines. Dans les sols ayant conservé quelque fraicheur, sa croissance est assez rapide pour qu'il puisse lutter de vitesse avec lehêtre. Son bois, bien que moux et poreux, est employé sous forme de sciage et de menue charpente ; mais sa résistance à la flexion doit être assez faible et il serait peut-être dangereux de s’en servir dans les grandes constructions. Le pin Weymouth est bien moins exposé que le sylvestre à être brisé par la neige, aussi a-t-il été planté en assez grande quantité sur les hauteurs. Sa croissance est rapide et il acquiert en vieillissant des couches de bois parfait d’une valeur bien supérieure à celle de son aubier. ÉTUDES FORESTIÈRES,. 22 18 ÉTUDES FORESTIÈRES. Le mélèze a bien réussi à toutes les altitudes. Son bois de cœur abondant le fait préférer à toutes les espèces résineuses qui lui sont associées. Toutefois, ainsi changé de climat, sa longévité est singu- hèrement réduite: il ne semble pas devoir dépasser 100 ans. Les üges de cet âge ont de 0®,50 à 0,60 de diamètre. Parmi des plantations faites sur d'aussi vastes étendues, on est sur- pris de ne pas trouver une certaine proportion de sapin pectiné, car la station du Spessart serait pour lui presque normale. Sans doute il ne pouvait être employé à reboiser des terrains nus, mais, maintenant que le sol est couvert, il serait avantageux de l’introduire en sous- étage dans les perchis de pin sylvestre prudemment éclaircis. De tous les produits fournis par ces différentes essences, les seuls qui présentent une véritable valeur sont ceux du chêne. Le bois de hêtre n’est l’objet d'aucun commerce d’exportation sérieux et la con- sommation locale est impuissante à absorber les immenses quantités disponibles ; aussi les bois de feu n’ont-ils qu’une valeur presque dérisoire. Dans les cantons éloignés.des villages, on les laisse souvent pourrir sur place et même, s’il se rencontre des gros arbres dégradés sur pied, quand ils ne sont pas gènants, on les laisse trainer leur agonie, dans cette pensée qu'après leur mort, comme de leur vivant, Jeurs débris fourniront de l’engrais aux chênes. Les résineux donnent des bois de sciage, de petite charpente et de menu travail pour les besoins locaux, Ils ont trop peu de qualité pour supporter les frais d’un long transport. Du reste, dans la plu- part des cantons, les plantations sont encore de date trop récente pour qu’on puisse en tirer des pièces importantes. Par contre, les bois de chêne, à la condition qu’ils soient gros, atteignent dansle Spessart des prix très élevés. Actuellement encore, bien que la baisse énorme que les bois de cette catégorie subissent en France se fasse également sentir en Allemagne, les pièces de 0",75 à 0,90 de diamètre se vendent de 70 à 80 fr. le mètre cube en grume, sur le parterre des coupes. Ge sont du reste des bois de choix pour la menuiserie de luxe ; les larges rayons médullares qu'ils doivent à leur grand âge se traduisent, lors du débit, en maillures d'une beauté exceptionnelle. De ces chênes, les uns sont exportés en 2 LA FORÊT DU SPESSART. 19 Hollande par le Mein et le Rhin, les autres sont vendus à Munich pour la fabrication des meubles de luxe, quelques tiges saines et Les parties utilisables des sujets dégradés sont transformées en merrain sur place. Le massif est pourvu d’un système complet de voies de transport. Des chemins publics, des routes forestières, dont les chaussées em- pierrées sont en parfait état d'entretien, assurent des débouchés faciles aux cantons les plus reculés. La forêt est traversée dans sa plus grande largeur par la grande ligne ferrée de Francfort à Vienne, et le Mein est flottable dès son entrée dans la Basse-Franconie. Partant en voiture d'Aschaffenbourg, on arrive en trois heures à l’enclave de Rohrbrünn, au centre du massif. Trois constructions isolées, entourées de champs et de vergers, forment tout Le hameau ; deux sont des maisons (presque des fermes) forestières, où sont logés un garde général et un brigadier, la troisième est une auberge à l'enseigne du Spessart dont le pic-vert est l'emblème. Cette Gast- wirtschafft bien connue à 20 lieues à la ronde sert, pendant l'hiver, de rendez-vous de chasse à des hôtes princiers; pendant l'été, elle est pédestrement visitée par de nombreux touristes de toute l’Alle- magne et des artistes de Francfort, C’est aussi un point de rassem- blement pour des fêtes populaires dont le tir à la cible et la bière sont les principaux attraits. Rohrbrünn est d’ailleurs parfaitement situé comme station d’air ; l'artiste et le forestier ne sauraient choisir un meilleur centre d’exeur- sions. À quelques pas derrière l'hôtellerie, on entre dans une vieille futaie qu’on n’exploite pas, sacrifice fait à l’art, sous le couvert de l'ingénieuse étiquette: « Massif de protection pour l'enclave ». C’est une sorte de parc sauvage, d’une étendue de plus de 50 hectares et dont les beautés pittoresques ne le cèdent en rien à celles des séries arüistiques de Fontainebleau. À chaque pas, des colosses de la végé- tation atüirent le promeneur autant qu'ils létonnent : ici, c’est un vieux hêtre au tronc évidé en forme de guérite, dont la cime arrondie s’élale sur une immense salle de verdure ; là, c’est un chêne énorme : à travers son maigre feuillage on voit blanchir dans le ciel sa tête 20 ÉTUDES FORESTIÈRES. dénudée par la foudre et par les ans; plus loin, on traverse une tranchée dont la falaise de feuillage qui se déroule à perte de vue, rappelle les grandes lignes de Villers-Cotterets. En une heure on arrive facilement au sommet du Geyerskopf, point culminant du Spessart (616%). Chemin faisant, on rencontre le belvédère d’Annahôhe, sorte de plate-forme rustique, suspendue à 20 mètres au-dessus du sol, entre les fûts de quatre grands chênes. Du haut de cet observatoire, ombragé par la cime des colonnes vivantes qui le supportent, on découvre un panorama superbe. A tous les aspects, la forêt immense cache au loin la terre et les villages sous son épais manteau ; vers le sud-ouest, des lignes bleuâtres des- sinent les profils de l’Odenwald ; plus au nord, dans la direction du Taunus, la plaine du Mein se dérobe dans la brume, On peut varier les promenades à l'infini, en cheminant pendant des heures à travers des sentiers sableux que la nature filtrante du sol maintient toujours secs; s’attarder à son gré, à la lumière dans les jeunes coupes, ou sous les ombrages des grands arbres, et là, quand la vieille futaie de hêtre succède à la vieille futaie de chêne, le décor change sans rien perdre de sa majestueuse grandeur. Mais, après avoir payé sa dette à lAesthetik le forestier doit pénétrer plus avant dans les peuplements pour les étudier dans leur forme et dans leur consistance. Il Traitement. Tous les peuplements feuillus, les seuls dont nous nous occupe- rons, appartiennent à différentes variétés du type connu sous le nom de « futaie régulière », c’est-à-dire que la forêt est composée de massifs d’âges gradués.et dans chacun desquels l'élément prinei- pal à été obtenu au moyen de régénéralions, naturelles ou artifi- cielles, entreprises vers la même époque sur de grandes surfaces continues. Tout d’abord, il se dégage d’un examen, même superficiel, ce fail O LA FORÊT DU SPESSART. 21 fondamental, que, dans le Spessart, tous les efforts des forestiers convergent vers ce but unique : « Ufiliser les forces naturelles en vue de porter à son maximum la production du sol en gros chêne, étant donnée l'obligation de compter avec le hétre autant comme auxiliaire que comme ennemi. » Pour mieux faire comprendre la nature et l'efficacité des opéra- tions appliquées en présence de faits aussi contradictoires en appa- rence, nous avons été conduit à partager les peuplements en deux groupes principaux : 1° Ceux âgés de 100 ans et au-dessus, créés par les hasards de régénérations d'aventure, au moyen de procédés dont le souvenir semble perdu ; 2 Ceux âgés de moins de 100 ans et de consistance méthodique- ment cherchée. 1° Peuplements âgés de 100 ans et au-dessus. Dans ces moyennes et vieilles futaies, on doit également faire deux calégories : a. — Les parcelles dans lesquelles, le hêtre formant l'élément principal, on ne rencontre, en fait de chênes, que quelques vieilles écorces, rares débris de la forêt des siècles passés et qui ont peut- être vu plusieurs générations de hêtres s’éteindre à leur pied. Fait remarquable, mais parfaitement logique, les chênes de l’âge des hêtres font absolument défaut. Ici ces vieux chênes ne sont l’objet d'aucun soin particulier, et lorsque les massifs qui les renferment sont arrivés au terme de l’exploitabilité choisie pour les hêtres (gé- néralement 110 à 120 ans), on les régénère. Ces parcelles deviennent de jour en jour moins nombreuses ; on a hâte, en effet, de les rendre à la production normale du chêne momentanément interrompue ; dans 30 ou 40 ans, il n’en existera plus. Actuellement, elles four- nissent, avec les bois dépérissants réalisés dans toute la forêt, la presque totalité des chênes livrés à la consommation. b. — Les cantons où les chênes, plus ou moins nombreux, sont toujours assez largement représentés pour former un étage domi- nant à peu près continu. Depuis le commencement du siècle, on a 22 ÉTUDES FORESTIÈRES. fait tont le nécessaire pour assurer leur existence et favoriser leur développement. Dans ce but, on enlève, successivement et en jardi- nant, tous les hêtres de l'étage principal, dès qu'ils se montrent nuisibles ou dépérissants ; on respecte scrupuleusement tous ceux de l'étage dominé, quelle que soit leur taille. Puis, sur les points où, en suite de ces extractions, le peuplement est transformé en une futaie de chêne claire el à peu près pure, au fur et à mesure que cet état se présente, on complète les sous-bois par des plantations de hêtres. Pour exécuter ce travail, qui revient en moyenne à 20 ou 25 fr. par hectare, on utilise des jeunes plans de 3 ou # ans extraits en forêt, et on les dispose en quinconce avec un espacement de 1 mètre à 1%,90 dans tous les sens. Sous l’abriléger des chênes, ces plantalions réussissent très bien et se développent assez rapidement pour former fourré 7 ou 8 ans après leur exécution. C’est de cette façon qu'on reconstiltue les futaies à double étage dont parlent MM. Lorentz ct Parade dans leur Cours de Culture des bois. Mais, il faut le reconnaitre, actuellement du moins, la régénération artifi- cielle joue le rôle principal dans cette opération ; car les semis na- turels de hêtre sont trop irrégulièrement répartis et trop inégaux pour protéger efficacement le sol. Parmi les nombreuses parcelles ainsi traitées nous n’en citerons qu'une, de près de cent hectares d’étendue, dans laquelle les chênes, A âgés de 200 ans environ, forment un massif clair à peu près complet. Leurs tiges droites, saines, à écorce lisse, n’ont pas plus de 0,40 à 0,60 de diamètre, avec 20 ou 95 mètres de fût. Le sol est couvert par un sous-bois de hêtre, complété il v à huit ou dix ans, et formant un gaulis serré de cinq à six mètres de hauteur. D’après les prévi- sions de l’aménagement, cette parcelle doit encore rester plus de cent ans sur pied. Son aspect est d’ailleurs des plus satisfaisants ; l’état de végétation de ces chênes, croissant ainsi la tête libre et le pied couvert dans un sol maintenu toujours meuble et frais, est un sûr garant de l’avenir lointain que, grâce à la prévoyance des sylvi- culteurs, les aménagistes ont osé leur réserver. Du reste, ces longues révolutions de 300 ans et plus n’ont rien de trop surprenant pour le visiteur du Spessart ; car sur plusieurs points 1l rencontre des peuplements que l’on considère comme com- LA FORÊT DU SPESSART. 22 plets et en pleine croissance, bien que les chênes qui les forment soient certainement âgés de plus de 400 ans. Ces gros arbres sont, il est vrai, plus espacés que dans les parties moins vieilles, mais ce n’est qu'une raison de plus pour veiller davantage à la conservation du sous-bois. Malgré leur grand âge, le bois de ces chênes est encore parfaitement sain ; on constate toutefois qu'un grand nombre d'arbres portent des branches mortes ; des € cornes », dont cer- taines ont des dimensions à effrayer les plus confiants dans leur avenir. On ne semble pas trop se préoccuper de ces accidents, et il est assez rare, paraît-il, qu'on ait l’occasion de faire remonter Jus- qu’à la cime l’origine des caries graves. Il est naturel de supposer que les spores des champignons nuisibles circulent plus abondants dans les régions voisines de la terre et que le développement de ces parasites soit plus rapide dans l'atmosphère sombre et humide déli- mitée par le couvert, que dans les cimes qui s’étalent, en pleine lumière et en plein vent, au-dessus du massif, On constate, en effet, que les plaies faites sur le corps des arbres sont plus nuisibles à ce point de vue que les branches mortes. Pour ne rien omettre, il faul aussi tenir compte de la quantité relativement considérable des arbres dégradés sur pied ou gisants, qui se rencontrent à peu près partout. Il y a, certes, de riches moissons à faire pour les myco- logues ou les entomologistes. Mais ces épaves, vivantes ou mortes, constiluent un déchet nécessaire, fatal, dans tout mode de traitement où l’on se propose d'élever des arbres de dimensions exceptionnelles en massif de même âge. On est conduit, en effet, à sacrifier nombre d'individus au maintien du massif à l’état complet. C’est un argu- ment employé par les partisans du taillis sous futaie ; ils disent, avec quelque apparence de raison, que partout où le sol et le climat permettent de faire une application rationnelle de ce mode, chaque individu, indépendant du massif, peut être traité pour lui-même et exploité à l'heure de sa maturité. Mais, en somme, que représentent ces quelques mètres cubes de bois perdu, en comparaison de la masse énorme de richesses que le temps, avec leur aide, a entassées _ autour d'eux ? . Les véritables curiosités archéologiques de la forêt se trouvent près du village de Rothenbuch. Deux parcelles de près de 50 hec- 24 ÉTUDES FORESTIÈRES. tares chacune ne renferment que des vieux chênes âgés de cinq cents ans; ils sont isolés, irrégulièrement disposés, comme on dirait des arbres d’un parc. Le sous-bois leur manque complètement. Le sol est appauvri, durci par l'insuffisance du couvert, mais 1l est sim- plement tapissé d'herbes; la bruyère ne la pas encore envahi. Malgré leurs nombreuses branches mortes, ces doyens de la forêt ont le füt très sain; on n’en compterait pas plus de 30 à 40 par hectare, mais chacun d’éux fournirait de huit à dix mètres cubes en grume, ce qui, aux prix actuels, représente de 25,000 à 30,000 fr. Pour tout traitement, on les regarde vieillir et on attend. Sur le conseil de M. le D' Gayer, on a creusé de loim en loin des fossés, dits de régénération, qui sont espacés de huit à dix mètres et tracés suivant la perpendiculaire à la ligne de plus grande pente. Leur but est de retenir les feuilles et les eaux pour former un peu de terreau. | Pour préserver de la hache ces cantons historiques, les aména- gistes ont eu encore la pieuse pensée de les désigner comme massifs de protection. En fait, ils ne protègent plus rien: ce sont eux les protégés. Peut-être aussi, ce sentiment de respect est-il exagéré par certaines appréhensions bien fondées. Il est hors de doute qu’une régénération naturelle en essences feuillues soit assez chanceuse à tenter dans ces conditions difficiles. Dès lors, parmi les forestiers, quel est celui qui ne craindrait pas d’atlacher son nom à une opéra- tion qui pourrait avoir pour résultat de remplacer par un banal perchis de pin sylvestre ces vieilles gloires du Spessart ? 2° Peuplements ägés de moins de 100 ans. L'étude des jeunes peuplements nous conduit, tout naturellement, à parler des difficultés que l'on rencontre pour mener à bonne fin des massifs mélangés en chênes et hêtres de même âge. L'historique de celte nnportante question mérite d’être rappelé sommairement. Dès que la sylviculture, sortant du domaine de lempirisme, est devenue une véritable science d’observations, on a constaté, d’une manière générale, les avantages résullant du mélange des essences entre elles et, plus spécialement, les heureux effets produits sur le LA FORÊT DU SPESSART. 25 chêne quand il vit en mélange avec le hêtre. Après Hartig, MM. Lo- rentz et Parade font remarquer que cela est surtout vrai lorsqu'il s’agit de sols « légers, siliceux ou calcaires, médiocrement profonds », où les premiers profitent des détritus abondants déposés par les seconds. Ainsi, après avoir été partisan du chêne pur ou faiblement mélangé de hêtre, on arrivait à concevoir une future futaie de chêne, théoriquement obtenue d’un peuplement formé, à son origine, par une immense majorité de hêtres, au milieu desquels se trouve- raient, en nombre restreint, des jeunes chênes habilement répartis. Plein de confiance dans l'efficacité des éclaircies, on était convaincu qu’en dirigeant convenablement ces opérations, on assurerait à ces chênes la place progressivement nécessaire à leur complet dévelop- pement. Ces idées étaient à peu près généralement admises, aussi bien en Allemagne qu’en France, quand, vers 1850, Gustave Heyer fit parai- tre une remarquable étude intitulée: Aclhion de l'ombre et de la lumière sur les essences forestières *. Dans ce travail, qui devait être une véritable révélation pour le monde forestier, G. Heyer, après avoir fait ressortir les avantages incontestables des mélanges, signale leurs dangers. Il formule, à cet effet, les deux règles sui- vantes : 1° Dans un mélange de deux essences à couvert épais, celle dont la végétation est la plus rapide dans la jeunesse a des tendances à se substituer à l’autre ; 2° Dans un mélange de deux essences, dont l’une à couvert léger el l’autre à couvert épais, cette dernière aura des tendances à deve- nir envahissante. Les avertissements de l’éminent professeur de Giessen ? ne furent pas écoutés tout d’abord ; mais on ne devait pas tarder à s’apercevoir qu'il avait énoncé de véritables lois avec lesquelles il faudrait tou- Jours compter, sous peine des plus graves déceptions. Les tendances envahissantes du hêtre, essence d'ombre par excellence, se manifes- térent d'autant plus que les peuplements vieillissaient. Le travail de 1. Das Verhallen der Waldbaïüme unter Licht und Schatten. Erlangen, 1852. 2. Plus tard professeur à l'Université de Munich; mort en 1883. 26 ÉTUDES FORESTIÈRES. dégagement pressait partout à la fois; on était débordé par des éclaircies, toujours plus urgentes, à répéter sur des surfaces sans cesse grandissantes. Dans les parties négligées faute de temps et d'argent, le hêtre reprenait rapidement son œuvre d'élimination ; tellement que, dans nombre de parcelles, il a sufli de quelques années d'abandon pour faire perdre, en même temps que les chênes, le fruit de toutes les dépenses antérieures. La crise devait être surtout sensible dans le Spessart, où la faible valeur du hêtre rend les éclaircies toujours onéreuses. On pensa y porter remède en élevant les chênes par bouquets, sur de pelites surfaces où 1ls seraient mamtenus à l'état pur, au milieu des massifs de hêtre abandonnés à eux-mêmes. Mais, pour avoir des chênes en quantité suffisante, il a fallu multiplier le nombre de ces places, et la charge des éclaircies, bien que sensiblement atténuée, était encore trop fatigante pour les agents et trop lourde pour le budget. Afin de la réduire à son minimum, sur lavis de M. le professeur Charles Gayer ‘, on a adopté le procédé suivant : Dès qu'une parcelle, appartenant à la catégorie (a) décrite ci- dessus, est entrée en tour de régénération, on choisit dans son enceinte les parties où le sol plus fertile, plus profond, mieux exposé, semble plus apte à la production du chêne. On détache ensuite dans ces dernières portions un certain nombre de compartiments, ayant chacun au moins un hectare de superficie, el auxquels on donne une forme aussi régulière que possible. Les surfaces de ces compar- üments, addilionnées entre elles, doivent fournir, relativement à l'étendue totale de la parcelle, une proportion égale à celle dans laquelle le chêne est appelé à être représenté dans le mélange : soit AUTOUR Cela fait, toute la parcelle est mise à l’état de coupe d’ensemence- ment sombre. On profite d’une glandée (celles-ci se présentent gé- néralement tous les à ou 6 ans) pour régénérer artificiellement par la semence tous les compartiments affectés au chêne. A cet effet, on y recèpe tous les hêtres préexistants, on ouvre des bandes parallèles 1. Die neue Wirthschaftsrichlung in den Staatswaldungen des Spessarts. Mu- nich, 1884. LA FORÊT DU SPESSART. 27 de 0,20 de largeur, espacées entre elles de 0",80 à 1 mètre et, dans ces bandes défoncées et cultivées, on répand les glands à raison de 42 à 15 hectolitres par hectare. Deux ans après la levée du semis, on pratique une coupe secondaire large, laquelle, 4 ans plus tard, est suivie d’une coupe définitive. Parallèlement, on traite les parties abandonnées au hêtre comme le comporte le tempérament de cette essence, c’est-à-dire par coupes secondaires successives, prudemment et lentement répétées pendant l'espace de 15 à 20 ans qui devra toujours s’écouler entre la coupe d’ensemencement et la coupe définitive. D'ailleurs, la régénération en hêtre s'obtient on ne peut plus faci- lement ; il suffit d’user de patience. En fait, les fainées complètes ne se présentent-guère que tous les 7 ou 8 ans, mais presque tous les ans il se produit des fainées partielles qui apportent à l’œuvre d’en- semble leur utile contingent. Dans les peuplements ainsi formés, si l’installation artificielle du chêne nécessite une première mise de fonds, du moins les dépenses d'entretien seront réduites à leur minimum. On se bornera, en effet, à continuer l’expurgade des hêtres dans l’intérieur des semis de chêne et leur recépage sur une zone de 2 ou 3 mètres autour des compartiments où ils sont cantonnés. Ces opérations ont pour but de subordonner définitivement le hêtre au chêne, mais elles n’ont pas pour conséquence de le faire disparaître ; car, 1l est bon qu’on le sache, les hêtres recépés pendant leur jeunesse fournissent tou- jours des rejets nombreux et abondants. D'ailleurs, deux ou trois recépages, répétés chacun à trois ans d'intervalle, suffisent pour supprimer toul danger d’envahissement. Ces semis de chêne, ainsi maintenus à l’état pur, forment bientôt un fourré, puis un gaulis uniforme ct complet ; jusqu'à la dimension de jeune perchis, leur couvert est suflisant pour protéger le sol. C’est seulement à partir de cette époque que le feuillage s’éclaireit fortement et, on compte . qu’alors le vent se chargera d'enlever aux hêtres d’alentour, pour le distribuer à leur pied, le supplément de litière dont ils auront besoin. On se propose aussi d’y introduire alors un sous-bois artificiel de hêtre. On néglige les semis de chênes naturels disséminés au hasard sur 28 ÉTUDES FORESTIÈRES. lesespaces réservés aux hêtres; à moins, toutefois, qu'ils ne se présen- tent en grande abondance sur des surfaces de plusieurs ares, qui seront alors traitées comme les précédentes, En général, les semis de hêtre sont complètement abandonnés à eux-mêmes; on prend soin, cependant, pour augmenter les rendements en bois d'œuvre, de répartir dans les vides et dans les clairières un petit nombre de plants résineux (mélèze, épicéa, pin Weymouth) de croissance assez rapide pour ne demander aucun soin particulier, Cest ici l’occasion de faire remarquer que, dans toutes ces régé- nérations, on a renoncé à réserver des chênes d'avenir lors du passage des coupes définitives. Ges grands arbres, habitués à l’élat de massif, disparaissaient rapidement et sans aucun profit, dès qu'ils étaient isolés. Néanmoins, actuellement, on se propose de réserver des groupes d'arbres au centre desquels se trouveraient renfermés les sujets d'élite. Ceux-ci auraient alors chance de se maintenir; car, progressivement, on les habituerait à l'isolement, en faisant dispa- raître un à un les tuteurs ou les écrans devenus inutiles. La méthode des semis par compartiments est appliquée depuis une dizaine d'années. Nous avons parcouru un certain nombre de parcelles, dont quelques-unes très grandes, trop grandes même, puisqu'elles ont près de cent hectares et, partout, les résultats obtenus sont réellement surprenants. Dans ces sols siliceux et secs, où les fautes sont si faciles à commettre et surtout si difficiles à ré- parer, on ne rencontre pas le plus petit espace qui ne soit en pleine production ; il n’y à ni vides, ni clairières; on chercherait en vain une touffe de bruyère. Ce ne sont que semis de chênes élevant à l’envi leurs cimes vigoureuses, au milieu d’un fourré de feuillage bleuâtre, ou semis de hêtre, buissonnants drus et serrés, sous le couvert de coupes secondaires lentement conduites de manière à retarder intentionnellement leur essor. Est-ce là la solution vraie, et le dernier mot de la question? Le temps en décidera. | Dès aujourd’hui, on peut y voir la mise en pratique du principe suivant qui sert de base à la culture intensive et dont la notion se retrouve dans tous les actes du peuple allemand : si, au lieu de dis- séminer une quantité donnée d'efforts sur des espaces indéfinis, on LA FORÊT DU SPESSART. 29 en limite l'application à des surfaces restreintes, on augmente la somme du travail utile et lu dépense produil son maximum d'effet. — Peut-être aussi les partisans de l’alternance des essences y trou- veront dans l'avenir un champ bien préparé pour expérimenter leur théorie. Quoi qu'il en soit, en présence de résultats si nettement voulus, si complètement acquis, on ne sait trop ce qu'il faut le plus admirer, ou de la méthode elle-même, ou de l'intelligence pratique et de l'esprit de suite qui président à son application. Il est assez curieux de constater que les idées qui dominent ac- tuellement au Spessart, se faisaient jour à l’École de Nancy à peu près à la même époque. Dès 1872, M. Broillard recommandait à ses élèves de recéper les semis de hêtre préexistants dans les coupes de régénération des forêts à chêne. Il faut, disait-il, installer le chêne le premier, lui subordonner complètement le hêtre si on ne veut pas qu'il soit éliminé. D’après ses conseils, à partir de 1878, dans l’une des séries qui servent de champ d’étude à l’École, on a nettoyé à fond des semis naturels de chêne, pour les mettre et les maintenir à l’état pur sur des espaces continus de 20 à 50 ares, pendant que les parties voisines, abandonnées au hêtre, n'étaient l’objet d'aucun soin. Les deux méthodes sont identiques, mais à Nancy, comme tout est subordonné au principe de la régénération naturelle, à l'ex- clusion de tout secours artificiel, les résultats sont infiniment plus livrés au hasard. Sans vouloir rien généraliser, nous tenons comme certain que dans toutes les régénérations où, les porte-graines fai- sant défaut, on sera obligé d’avoir recours à la voie artificielle, la méthode du Spessart sera d’une application heureuse. Il nous reste quelques mots à dire du traitement adopté pour les gaulis, les perchis et les jeunes futaies méthodiquement créés depuis le commencement du siècle. On retrouve nécessairement dans cette suite de peuplements l'empreinte de la méthode en honneur à l’é- poque où chacun d’eux a été régénéré. Les gaulis sont riches en chênes intimement mélangés avec des hêtres. On assure la prédominance des premiers par des nettoiements répétés, en procédant par étêtement. Ces opérations se continuent dans les bas perchis. Mais, à partir de ce moment, s’il se rencontre 30 ÉTUDES FORESTIÈRES. des parties d’une certaine étendue où les chênes soient assez nom- breux pour former entre eux un massif clair, même très clair, on trouve plus avantageux, au lieu d'y continuer les éclaircies périodi- ques, d'exploiter systématiquement tous les hêtres, quels qu’en soient le nombre et les dimensions. On crée ensuite arüficiellement le sous-étage de hêtre, tout comme nous l'avons vu faire dans les fu- taies de 200 ans. Si les chênes sont espacés, clairsemés, on les soigne individuel- lement; on taille hardiment autour de leur tige de façon à y revenir le moins souvent possible. Les soins nécessaires ont, en général, manqué aux peuplements qui datent de la fin du siècle dernier ; quand on à compris les dan- sers du mélange intime, il était trop tard pour eux, le mal était fait. Aussi, de toute la forêt, lés jeunes futaies de 75 à 100 ans sont les parties les plus pauvres en chène. Dans un grand nombre de par- celles, le hêtre est absolument pur. Dans ce cas, on n’y touche pour ainsi dire jamais et ellesne semblent pas plus mal s’en trouver : la sélection naturelle s'opère d'elle-même, les tiges les plus fortes sur- ciment les retardataires, qui meurent lentement en favorisant l’éla- gage naturel. Le feuillage et le couvert atteignent leur maximum de densité; sur la terre, une épaisse couverture de feuilles mortes se transforme en humus et, suivant expression de Gasparin, constitue une € avance » au profit des chènes de l'avenir. — Là on sent que le sol fournit en bois tout ce qu'il est capable de rendre, et on se demande si, en se contentant d'extraire les arbres morts, question d'hygiène et de propreté qui ne doit jamais être négligée dans toute forêt bien tenue, on se demande, disons-nous, si cet abandon relatif ne serait pas, en semblables circonstances, la meilleure manière de conduire une essence comme le hêtre, qui aime avant tout à vivre à l'état serré, et dont la valeur s'accroît en raison du cube total du massif, plutôt qu’en raison du calibre des tiges qui le composent. En résumé, si les peuplements mélangés de chêne et de hêtre sont désirables à tous égards, les problèmes culluraux que soulève leur traitement sont toujours délicats à résoudre. L'installation de tels peuplements, les soins incessants qui doivent les entourer pen- dant toute leur existence occasionneront toujours des dépenses no- . LA FORÊT DU SPESSART. 31 tables. Pour réduire ces dépenses à leur minimum, l'expérience des faits a conduit les forestiers du Spessart: 1° à ne tenter l'opération que dans les sols fertiles ; 2° à maintenir le chêne à l'état pur pen- dant sa première jeunesse, sauf à introduire plus tard le hêtre en sous-étage. | x II Aménagement. L’exposé des règles culturales appliquées dans la forêt domaniale du Spessart, nous conduit à donner quelques éclarcissements au sujet de l'aménagement qui la régit; car, avec les idées que nous nous faisons, en France, de la forêt ou de la série normale, 1l semble assez difficile de concilier les exigences spéciales d’un tel mode de traitement avec celles d’un aménagement régulier. Comment, en effet, conduire ensemble et juxtaposés dans une même parcelle, des peuplements dont les uns sont destinés à vivre 800 ans et plus, et les autres 120 ans seulement ? Pour faciliter l'intelligence de cette question relativement à la forêt quinous occupe, il nous parait nécessaire d'indiquer les grandes lignes du système d'aménagement le plus généralement appliqué, non seulement dans l'Empire d'Allemagne, mais encore dans les pays qui appartiennent à la sphère d’action de la science forestière allemande, c’est-à-dire l'Autriche, la Hongrie, la Suisse, ltalie et la Russie. Surface englobée duns un même aménagement. — La surface boisée qui fait l’objet d’un aménagement n’est pas, comme en France, limitée à une forél déterminée, à une propriété distincte des massifs voisins par sa situation, par son nom, par son origine, et dont les limites n’ont aucune relation nécessaire avec les divisions adminis- tratives. Mais, en général, on considère, pour l’exploiter, pour lui attribuer une possibilité, pour l’aménager enfin, la surface totale d’un cantonnement (Æevier) ou du moins, dans chacune de ces circonscriptions, l'étendue boisée appartenant à un même proprié- 32 ÉTUDES FORESTIÈRES. taire bénéficiant du régime forestier, c’est-à-dire : l’État, une com- mune ou un établissement public. En un mot, le cantonnement est l'unité technique ‘. On peut le considérer comme une grande série d'exploitation, soumise dans son ensemble à la condition de rapport soutenu ?. Par dérogation, quand le cantonnement est exceplionnellement vaste et hétérogène, on le partage en deux ou plusieurs unités amé- nagées séparément. Parcellaire. — On procède à l'assiette du parcellaire en allant toujours du grand au petit. On partage tout d’abord l'étendue appar- tenant au même propriétaire en un certain nombre de grandes masses d'un seul tenant et pouvant comprendre plusieurs centaines d'hectares. Chacune de ces masses, qui se distingue nettement de ses voisines par sa silualion naturelle ou certaines considérations économiques, telles que : droits d'usage où autres, s'appelle un district. On distingue chaque district par la suite des chiffres ro- mains ou par un nom de lieu-dit. Le district, considéré comme une unité définie, se divise en parcelles (Abtheilungen) suivant les pro- cédés connus. Actuellement, on donne à ces parcelles une étendue maxima de 20 à 25 hectares ; on les numérote par des chiffres arabes. Une même parcelle peut être subdivisée en sous-parcelles (Unter- abtheilungen). En général, les différences qui nécessitent ce fraction- nement doivent disparaître sous l'influence du traitement pendant le cours de la révolution ; mais cette régularisation n'a rien d’obli- gatoire, et on ne sacrilie jamais l'avenir de bois en croissance en vue de la réaliser. Ces sous-parcelles sont distinguées par des lettres. Classes d'exploitation. — Le parcellaire étant ainsi établi, on 1. Dans les pays où (comme en Bavière jusqu'à ces temps derniers) plusieurs can- tonnements étaient groupés pour former une maîtrise (Æcrslamt), c'est cette dernière qui a été prise le plus souvent comme unité technique. 2. Quand un grand massif boisé, divisé en plusieurs cantonnements, est susceptible d'être envisagé dans un travail d'ensemble, on peut, en cas de nécessité, admettre des compensations de produits de cantonnement à cantonnement. C’est précisément le cas pour le Spessart. LA FORÊT DU SPESSART. 55. réunit dans un même groupe et sans se préoccuper de leur situation relative, toutes les parcelles qui, eu égard aux facteurs de la végéta- ton, sont susceptibles d’être soumises à un même mode de traite- ment et à une révolution d’égale durée. Chaque groupe ou classe d'exploitation (Betriebs-Klasse) peut ainsi se composer de parcelles prises çà et là dans tout le cantonnement. Certains aménagistes ont même, exceplionnellement il est vrai, poussé le morcellement jusqu’à colloquer dans des classes d'exploitation différentes, des subdivi- sions d’une même parcelle. Classe d'äge. — Les parcelles appartenant à une même classe d’ex- ploilalion sont ensuites rangées dans le tableau dit des classes d'äge, lequel, pour les forêts traitées en futaie, comprend quatre divisions correspondant chacune à un quart de la durée de la révolution choisie. Si, par exemple, ce terme a été fixé à 190 ans, la 4° classe, dite des jeunes bois, comprendra les peuplements âgés de 1 à 30 ans. La 5° classe, dite des bois d’äge moyen, ceux de 31 à 60 ans. La 2e classe, dite des bois voisins de l’exploitabilité, ceux de 61 à 90 ans. La 1° classe, dite des bois exploitables, ceux de 90 ans et au-dessus. En additionnant les contenances des parcelles et sous-parcelles réunies dans chacune de ces catégories, on peut juger immédiate- ment si la classe d’exploitalion s'éloigne plus ou moins de Pétat normal, et prévoir s'il y aura des excédents de matériel à réaliser ou des épargnes à accumuler. Plan général d'exploitation. — Les révolutions de futaie sont invariablement divisées en périodes de 24 ans, ce qui entraine la nécessité d'adopter pour la durée de la révolution un chiffre multiple de 24, c’est-à-dire 72, 96, 120, 144, etc. À chaque période sont affectées des surfaces utiles aliquotes de la contenance totale dans chaque classe d'exploilalion) destinées à être régénérées dans le laps de temps correspondant. Ces affectations périodiques (Perioden- Flächen) sont le plus souvent morcelées, comme les classes d’eæploi- lalion auxquelles elles appartiennent. Le plun général d'exploitalion est ainsi dressé dans un tableau semblable à celui généralement adopté en France, mais où chaque ÉTUDES FORESTIÈRES. 3 34 ÉTUDES FORESTIÈRES. parcelle figure dans la colonne de l'affectation où elle a été colloquée, non seulement pour sa contenance, mais encore pour son volume pro- bable quand elle sera parvenue au terme de l'exploitabilité. Ce der- nier document, presque toujours négligé en France, est appelé à jouer un rôle très important lors de la détermination de la possibilité. On l’établit d’ailleurs différemment suivant l’âge des peuplements considérés. Pour les bois les plus vieux, ceux appartenant à la 1" et à la 2° classe d’âge, on détermine le volume actuel par des procédés plus ou moins rapides et on augmente ce cube d’une quantité égale à l'accroissement annuel moyen multiplié par le nombre d’années pendant lequel le peuplement devra encore rester sur pied. Les bois d'âge moyen et les jeunes massifs sont évalués d’après leur état actuel et par comparaison avec des peupléments plus âgés présen- tant des conditions de végétation analogues. IL est évident que le plan général d'exploitation, étant surtout cons- truit en vue d’égaliser les contenances, les volumes ainsi calculés seront loin d’être égaux de période à période. Possibilité. — On se préoccupe de l'état actuel de la classe d’ex- ploilation et des ressources en matériel qu’elle présente dans son ensemble pour fixer le chiffre de la possibilité applicable dès le début de la période. Si, ce qui est rare, le lableau des classes d’âge indique une cons- ütution voisine de la normale, on se contente de diviser le volume probable accusé par les deux premières affectations par le double de la durée de la période. Le quotient représente le chiffre de la possi- bilité à prendre dans ces deux premières affectations, soit en produits principaux, soil en produits accessoires !. -Si la situation actuelle s'éloigne sensiblement de la constitution normale, on considère surtout l’état de la classe des bois d’âge moyen (3° classe). Alors deux cas peuvent se présenter : ou bien le volume probable y est insuffisant, ou il est surabondant. 1. On néglige le volume à prendre sous forme d’éclaircie dans les bois d'âge moyen et dans les jeunes bois. LA FORÊT DU SPESSART. 3) Dans le premier cas, on arbitre la quantité de matériel qui fera défaut dès la 3° période, et on prélève sur le volume à réaliser dans les deux premières, un cube suffisant pour combler le déficit. Ce cube devant rester disponible jusqu’au début de la 3° période, la possibilité pendant les deux premières sera réduite proportionnellement. Par- fois, tout en établissant le fonds de réserve comme il vient d’être dit, on arrive à combler les déficits par la réalisation de vieux arbres épars dans les dernières affectations, lesquels sont enlevés avec pré- comptage au fur et à mesure de leur exploitabilité. Dans le second cas, l'avenir étant assuré, on exploite la possibilité telle qu’elle résulte des calculs relatifs aux deux premières affecta- tions, et cela, quel que soit l'excédent de matériel qui aurait pu y être constaté. Dans certains pays, pour opérer ces ventilations, on se sert de formules souvent ingénieuses, mais toujours très compliquées. Les plus connues sont celles de Hundeshagen et de Heyer et surtout Ja Kameral taxe, employée depuis 1788 jusque vers 1856, par l’admi- ustration forestière autrichienne. On procède de même pour chaque classe d'exploitation dans un même cantonnement, et le volume annuel que celui-ci devra fournir, se compose de toutes ces possibilités partielles additionnées. État d'assiette (Fällungs-Plan). — La possibilité du cantonnement étant ainsi fixée, on porte sur un état des coupes à asseoir pendant la prochaine sous-période de 12 ans, un nombre suffisant de parcelles assez riches en matériel pour que le gérant puisse y recruter le volume des produits principaux, plus toutes les parcelles ou sous- parcelles dans lesquelles des éclaircies sont prévues pour le laps de temps correspondant. En dressant ce tableau, on tient nécessaire- ment compte du degré d'urgence des régénérations à entreprendre ou à terminer, de la situation des parcelles, de la direction des vents dangereux, etc... Le gérant est libre de se mouvoir à son gré dans ce cadre, d'effectuer les coupes qui lui semblent commandées par les circonstances, pourvu qu’à la fin de la duodécennie il se soit con- formé aux prescriptions de l’état d’assiette. De ce côté son droit est absolu, à ce point que, si les circonstances l’y invitent, il peut, pen- [2] D ÉTUDES FORESTIÈRES. dant une ou plusieurs années, recruter toute la possibilité du canton- nement dans une seule classe d’exploilalion, en laissant reposer Les autres pour les réprendre plus tard. Il peut même, si les bois se vendent mal, ne réaliser qu'une fraction de la possibilité, sauf à regagner larriéré quand les bois seront d’une meilleure défaite. Les agents de contrôle sont d’ailleurs chargés de veiller à ce que les cérants n'abusent pas de Pautonomie dont ils jouissent, à ce point de vue, comme à beaucoup d’autres. L'état d'assiette duodécennal constitue, avec un devis des repeu- plements artificiels (Cullur-Plan) et un devisde construction de voies de vidange (Wegbau-Plan), le Réglement spécial d'exploilation (Spe- zieller Wirthschafts-Plan) pour la prochaine sous-période. Révision de l'aménagement. — Afin d'assurer l'application de l'aménagement, de le compléter et de l'améliorer, on effectue tous les 12 ans une révision qui est générale (wmfassende) ou partielle (einfache). La révision est générale quand 1l faut modifier le parcellaire, par suite d'achats de terrain, de cessions, d'échanges, ou quand il est nécessaire de remanier le plan général d'exploitation, soit en vue de l'application d’un nouveau traitement, soit parce que, en suite d’acci- dents météoriques, de cubages défectueux, les résultats obtenus ne répondent pas aux prévisions antérieures, Quand ces circonstances ne se présentent pas, la révision est simplement partielle. Dans Pun et l’autre cas, on dresse un nouveau tableau des classes d’âge, on revise la possibilité pour la prochaine duodécennie, on dresse en somme un nouveau règlement spécial d'exploitation et, enfin, on compare les résultats effectifs obtenus avec les prévisions formu- lées. L’assiette et l’application de aménagement sont contrôlées par la mise à jour des cartes forestières et l’apuration des comptes d’amé- nagement. Au point de vue de la cartographie, le royaume de Bavière est particulièrement bien doté. Le Gouvernement met à la disposition du service forestier deux sortes de documents : 1° Les épreuves de la carte au 25,000; la réunion des feuilles sur LA FORÊT DU SPESSART. B #| lesquelles se trouvent les massifs à englober dans un même aména- gement, constitue les cartes forestières d'ensemble ; 2° Les plans cadastraux détaillés et dressés à l'échelle de 1 à 5,000; on en extrait les cartes forestières spéciales. Le service du cadastre est chargé de tenir ces documents au courant, d’y porter les limites des parcelles après en avoir calculé les contenances. Les agents fores- üers n’ont plus, dès lors, qu'à intercaler les sous-parcelles avec leurs surfaces. Les cartes d'ensemble donnent un aperçu général de l'amé- nagement : on y indique en effet le mode de traitement, la nature des peuplements et les classes d'exploitation par des teintes conven- tionnelles. Sur les cartes spéciales, tenues constamment à jour, on figure l’emplacement et la date des coupes annuelles. Le contrôle comporte la tenue de deux registres : le grand-livre et le sommier de contrôle des exploilations. Sur ce dernier, on établit un compte séparé dans lequel on porte les quantités de bois abattus chaque année, en distinguant les produits principaux et les produits intermédiaires. À la fin de chaque sous-période, on totalise ces volunres par parcelles et les résultats sont portés au grand-livre. Celui-ci a done pour but de mettre en évidence, pendant toute la durée de la révolution, le rendement de chaque parcelle et permet, pour chaque sous-période, de comparer les résultats obtenus avec les prévisions de l'aménagement. Ce simple compte de doil et avoir ne comporte qu'une seule ligne d’écriture par duodécennie. Ajoutons enfin que toute étude relative à un aménagement nou- veau, que toute révision, même partielle, est précédée d’une enquête dirigée par un haut fonctionnaire de l'administration centrale délégué à cet effet. Celui-ci, lors de sa visite, réunit en conférence les prin- cipaux agents intéressés ; il discute et arrête avec eux les bases fon- damentales suivant lesquelles le travail devra être conçu et établi. Grâce à cette précaution, les aménagistes, pourvus d’une ligne de conduite nettement tracée, opèrent avec confiance et sûreté, sans risque de voir l’économie de‘leur projet remise en question lorsque le conseil d'administration sera appelé à l’examiner. Evidemment une forêt aménagée sur les bases que nous venons d'indiquer, avec ses affectations composées de parcelles éparses dans 38 ÉTUDES FORESTIÈRES. des classes d'exploitation morcelées, sera d’une constitution beau- coup plus complexe que celle de la forêt normale, telle que nous la rêvons en France, construite avec des affectations d’un seul tenant, se succédant de proche en proche dans la série bien massée. Par contre, il faut accorder à cette sorte d’éclectisme sa bonne part d’avan- tages. Nulle méthode ne présente à un même degré la souplesse désirable pour subordonner le traitement d'ensemble à la diversité des exigences locales, pour établir sans trouble ces parcelles de pro- tection dont l'usage, malgré leur efficacité, est encore si peu répandu chez nous, enfin pour réduire à leur minimum les sacrifices d’exploi- tabilité trop souvent imposés au propriétaire sous prétexte de régu- larisation. Sans vouloir faire 1ci le parallèle entre ce qui se fait en Allemagne et ce qui se fait en France en matière d'aménagement, nous nous contenterons de faire remarquer que si, en Allemagne, on semble tout subordonner à des faits culturaux permanents ou à des faits économiques passagers, il est certain qu’en France, on se laisse trop entraîner vers l'idéal d’une régularité parfois chimérique. L’aménagement de la partie domaniale du Spessart remonte à 1858. Les auteurs du projet décidèrent que chacune des trois maîtrises d’Aschaffenbourg, Lohr et Stadtprozelten, dans lesquelles ce vaste domaine était englobé, constituerait une unité technique soumise à une possibilité spéciale”. Is admettaient cependant des. compensa- tions de maitrise à maitrise pour l’ensemble du massif. Dans chacune de ces grandes sections administratives, les parcelles ont été groupées en quatre classes d'exploitation respectivement soumises aux révolutions de 144, 120, 96 et 72 ans. La premiére classe a été constituée au moyen des peuplements les mieux venanis, les plus vigoureux, composés de chênes et de hêtres, purs ou mé- langés ; il était d’ailleurs stipulé que tous les chênes d'avenir, qu'ils {. La division administrative du Spessart (partie domaniale) était établie comme suit : Maîtrise d'Aschaffenbourg. . . . . . . . . . . 11,786 hectares. — de'Tiobr. % 24 RENE CROSS 15) ACTE 17,579 — — de Stadtprozelten. 2... 11,307 — 13,672 hectares, LA FORÊT DU SPESSART. 39 fussent isolés, disposés par bouquets où en massifs plus ou moins étendus, seraient mis en réserve pour parcourir une seconde révo- lution. Les peuplements du même type, mais moins bien venants, tout en restant susceptibles d'être régénérés en mêmes essences, formaient la 2° classe. On a colloqué dans la 3° les parcelles de même composition eu égard aux essences, mais où le mauvais état de végétation nécessitait la substitution temporaire des résineux aux feuillus. Enfin, on soumettait à la révolution de 72 ans, les massifs de pin sylvestre et de mélèze qu'il importait de ramener le plus tôt possible à la production des feuillus. La première révision a été simplement partielle. En 1861, une révision générale fut jugée nécessaire. Les faits ayant démontré que la révolution de 420 ans était celle préférable, lorsqu'on veut tirer du hêtre le part le plus avantageux et en facili- ter la régénération naturelle, pensant aussi réduire dans une plus juste limite la durée de la révolution double appliquée aux chênes, la première classe d'exploitation, celle soumise à la révolution de 144 ans, a été supprimée et réunie à la seconde. Le nombre de ces classes était ainsi réduit de # à 3, mais aucune modification impor- tante n’était introduite dans le traitement appliqué jusqu'alors aux deux dernières. Après une enquête où l'opinion contraire avait été vivement dis- cutée et soutenue, l'administration centrale décida que la révision de 1873 serait partielle. Toutefois, on s’aperçut bientôt que la révision générale ne pou- vait plus être différée davantage. D'une part, certaines raisons cul- turales l’imposaient ; de plus, on pouvait prévoir que les changements projetés dans l’organisation du service forestier bavaroïis*, en modi- fiant l'étendue des anciennes maîtrises, rendrait nécessaire le rema- nement de tous les aménagements en vue de les faire cadrer avec les nouvelles unités techniques. A cet effet, dès 1882, une conférence fut ouverte sous la présidence de M. le conseiller supé- 1. Une ordonnance royale, en date du 19 février 1885, supprime les anciennes maîtrises bavaroises et les remplace par une organisation calquée sur le système prus- sien. 40 ÉTUDES FORESTIÈRES. ricur Friederich. Les résultats des reconnaissances, les longues discussions qui les ont suivies sont consignées dans un important document que nous devons à l’obligeance de M. le conseiller Viern- stein el qui ne contient pas moins de 109 pages in-folio. L'historique de l'aménagement et toutes les questions qui s’y rapportent y sont largement étudiées ; mais le chapitre le plus important est celui relauf au traitement, lequel constitue à lui seul un véritable traité de sylviculture. Dans ce travail, remarquable à plus d’un titre, on peut suivre pas à pas l’évolution qu'ont subie, en Allemagne, les idées relatives au traitement du chêne en mélange avec le hêtre. Nous en avons donné l'analyse dans la première partie de la présente étude. Les principales modifications prévues par l’avant-projet portent sur le parcellaire et la formation des classes d'âge. Les dispositions suivantes nous ont surtout paru devoir être signalées. Les parcelles trop grandes seront ramenées à des contenances plus rationnelles (25 à 30 hectares au maximum), en vue d’augmen- ter l’homogénéité des peuplements. Il conviendra aussi de distraire des anciennes parcelles et d’ériger en parcelles nouvelles certames crêtes, où les résineux dominent et où le jardinage s'impose à cause du manque d’abri'. Enfin, visant la distribution du chêne par com- partiments séparés, on recommande de constituer en sous-parcelles toutes les enceintes ayant au minimum un hectare d’étendue et dont la constitution du peuplement est de nature à influencer le traitement futur. D'ailleurs, ces sous-parcelles ne seront pas délimitées par de simples filets, mais par des bandes de 30 mêtres de largeur desti- nées à être éclaircies fortement, de façon à dégager les chênes sur les périmètres aussi bien que dans l’intérieur des compartiments. Lors de la description de ces parcelles, on se conformera à la termi- nologie adoptée par les stations d’expérimentation allemandes età l'instruction publiée par l'association. Provisoirement, la commission a été d'avis de conserver encore comme unité technique les limites des anciennes maitrises. 1. Si on se rappelle que le relief du Spessart est loin d'être assez accusé pour cons- tituer une région franchement montagneuse, on peut juger combien, en Allemagne, on se préoccupe de la protection des massifs, et combien, dans ce but, on use largement du jardinage. LA FORÊT DU SPESSART. 41 La modification la plus importante se rapporte à la constitution des classes d'âge, en tenant compte des exigences spéciales du chêne. Jusqu'alors, les chênes à réserver, disséminés dans toutes les classes d'exploitation, étaient simplement désignés lors du martelage des coupes de régénération ; 1ls ne pouvaient, dès lors, constituer une classe spéciale. Les membres de la commission, reconnaissant que les chênes du Spessart doivent rester sur pied environ trois révolu- tions de hêtre (360 ans), pour acquérir les dimensions qui les font rechercher, sont d'avis que, persévérer dans les anciens errements, c'est amener nécessairement les confusions les plus fâcheuses dans la distribution et la réalisation de ces produits qui constituent le revenu le plus important de la forêt. Il faut reconnaître toutefois que les premiers aménagistes, en mettant en réserve tous les peu- plements de chêne, ont fait acte de la plus grande sagesse. Grâce à leur prévoyance, depuis près de 50 ans il s’est accumulé dans le Spessart un abondant matériel de vieux chênes auxquels les soins les plus éclairés ont, en quelque sorte, permis de se survivre. De si utiles épargnes devaient avoir pour effet d’atténuer, dans les limites du possible, les importantes lacunes dans la succession des âges dont nous avons indiqué les causes probables à l’article Traitement. Actuellement, le moment semble venu d’en commencer la réalisation ; aussi on n'hésite plus à recommander pour ces chênes la formation d’une classe d'exploitation spéciale dans laquelle la révolution sera portée à 300 ans, cette mesure devant fournir les moyens : 1° D'élever le chêne en massif en lui prodiguant tous les soins désirables afin d’arriver à le régénérer systématiquement ; 2° De constituer un matériel normal de chênes permettant d’en réglementer la production et de calculer plus exactement la possibi- lité dans les autres classes d'exploitation ; 3° Enfin, de soustraire aussi longtemps que possible les peuple- ments de cette essence aux fâcheuses conséquences de l'enlèvement des litières'. On recommande d’ailleurs, comme nous l'avons dit déjà, de ne plus réserver de chênes épars, l’expérience ayant démon- / 1. Les populations riveraines du Spessart n'ont, en effet, le droit d'enlever les feuilles mortes que dans les peuplements ayant dépassé l'âge de la demi-révolution. 42 ÉTUDES FORESTIÈRES. tré que, dans ces conditions d'isolement, ils sont absolument sans avenir. Sous ces restrictions, la commission engage à conserver les trois classes d'exploitation soumises aux révolutions de 120, 96 et 72 ans, en les constituant d’une manière analogue à ce qui a été fait par le passé. C’est ainsi qu'après chaque période on peut voir les aménagistes modeler leurs prescriptions sur l’ensemble des faits culturaux acquis, et se hâter d'élargir leur cadre dès que les lois de la nature mena- cent de le rompre. IV Chasse, Toute étude sur une forêt d’outre-Rhin paraîtrait incomplète st, à son sujet, on ne disait pas quelques mots de la chasse. La forêt du Spessart se prête d'autant mieux à la circonstance qu’elle est en partie affectée aux plaisirs du roi *. A cet effet, un vaste enclos d’une contenance de 5,905 hectares est entouré d’une palissade en bois de 2",50 à 3 mètres de hauteur. Cette clôture n’est interrompue que sur les routes, où elle est remplacée par des barrières mobiles qui ne s'ouvrent que pour livrer passage aux voitures, puis, de loin en loin, par des échelles à deux rampes donnant accès aux piétons, et, enfin, par quelques larges chausse-trapes * permettant au gibier du dehors d'entrer dans l'enceinte, sans que celui du dedans puisse en sortir. 1. S. M. le roi Louis Il n’a pas la passion de la chasse, mais ses proches parents, les princes Léopold, Louis, Luitpold et Arnulf, viennent au Spessart surtout pour y chasser le sanglier. 2, Ces trappes sont d'une construction aussi simple qu'ingénieuse. Sur une largeur de 4 à 5 mètres, la palissade est remplacée par une série de pieux n'ayant pas plus de 1 mètre de hauteur et sur le sommet desquels est solidement fixé un clayonnage qui descend en plan incliné vers l'intérieur de l'enclos. Toute bête qui, venant du dehors, franchit les pieux, tombe sur le clayonnage dans lequel ses pattes s'engagent et s'embarrassent au point qu'il lui est impossible de faire un effort suflisant pour re- tourner en arrière. La longueur du plan incliné est d’ailleurs assez grande pour que les animaux de l'intérieur ne puissent le franchir d'un bond. LA FORÊT DU SPESSART. 43 Ce parc renferme actuellement 38 cerfs, 148 biches de tous âges, 45 faons, 150 sangliers solitaires, 210 marcassins et bêtes de com- pagnie, 21 brocards et 52 chevrettes. Les cerfs et les chevreuils se nourrissent facilement dans l’enclos ; mais les sangliers, qui ne peu- vent sortir pour aller à la viandée dans les cultures, y mourraient littéralement de faim, à ce point que, du mois d'avril au mois d’oc- tobre, on est obligé de leur porter à manger. Leur nourriture consiste en glands, pommes de terre, marrons d’Inde, orge, avoine, qu'on leur distribue dans différentes petites clairières. Au centre de cha- cune d'elles sont plantés des pieux alignés et assez rapprochés les uns des autres pour que les marcassins puissent seuls y pénétrer et prendre leur part sans avoir à craindre la voracité des vieux san- gliers. Ce n’est pas une des moindres distractions pour les touristes du Spessart que d’aller se poster le soir dans un buisson à proximité d’une de ces salles de festin. En se tenant tranquille, on peut assister à des scènes bien comiques; mais 1l ne faut pas bouger, car au moindre bruit les convives déboulent dans toutes les directions. Le nombre des pièces à abattre, en 1885, dans ce pare, est fixé à 12 cerfs dix cors, 30 vieilles biches bréhaignes', 50 solitaires, 80 bêtes rousses. Ces prévisions, en quelque sorte mathématiques, n’ont rien qui doive surprendre ; car, en Allemagne, le gibier est considéré comme une production spontanée du sol et exploité comme une source directe de revenu. L'art d’en tirer part dans les forêts domaniales est exclusivement de la compétence des forestiers. Les gouvernements, partageant en cela l'opinion courante, jugent qu'empêcher le forestier de chasser dans la circonscription qu'il administre, c’est l’amoindrir aux veux des populations et diminuer le goût qu'il a pour son métier. Ils pensent aussi que la recherche du gibier attire le chef de service dans des cantons qu’il visiterait moins s’il n’était pas chasseur. La chasse est ainsi érigée en une branche de connaissances systé- matique et raisonnée. Elle est enseignée au même titre que Ja sylvi- culture et les Jeunes gens qui sortent des universités forestières sont 1. Se dit des femelles stériles. 44 : ÉTUDES FORESTIÈRES. bien convaincus que le gibier doit être aménagé tout comme la forêt qui lui sert de retraite. Aussi, à tous les degrés de la hiérarchie, tous les forestiers bavaroiïis sont chasseurs ; aucun d’eux ne sort de chez lui sans avoir son arme sur l'épaule. Le plus souvent c’est un fusil double dont le canon droit est rayé et ne se charge qu'avec des balles de petit calibre. Iest vrai qu'en Allemagne la chasse n’est pas ce jeu bruyant où retentissent les fanfares des trompes, les hennissements des chevaux et les hurlements des chiens, au milieu du pompeux appareil qui constitue la grande vénerie. On ne chasse jamais qu'à tir, soit en requêtant isolément, soit à l'affût, soit en battue. Souvent même la manière de procéder ressemble quelque peu à un braconnage licite. Mais ces plaisirs plus modestes ne sont pas pour cela dépourvus de charmes et, quand, après avoir erré sous bois seul, pendant des heures, acharné à débrouiller une piste qui se dérobe à chaque pas, le forestier parvient, à force de ruse et de patience, à tirer un grand cerf ou un vieux sanglier, il a le droit d’être fier de son coup, car c’est son œuvre personnelle. Il ne doit son succès qu'à sa science et à son coup d'œil. Ce sont de tels hauts faits qui, avec la controverse forestière du jour, alimentent toutes les conversations lors des réunions fures- üères. L'esprit de corps, l'isolement dans lequel vivent les chefs de cantonnement, justifient ces réunions ; la chasse ou la visite d’un chef servent d'occasion pour les mulüplier. On travaille pendant la semaine, le dimanche on chasse et, le soir, on se repose en buvant force bière, en chantant de Joyeux refrains, souvenirs de l'Université. À Robrbrünn le hasard nous a fait assister à une de ces fêtes de famille, M. le conseiller Schmitt, en résidence à Wurtzhourg, prési- dait. Dès qu'il a connu notre qualité, il a eu lamabhilité de quitter sa société pour venir nous faire accueil, 1l a bien voulu mettre à notre disposition les chefs de cantonnements pour nous faire suivre l'intéressant itinéraire qu'il nous traçait pour le lendemain. Nous devons également à son obligeance, les renseignements que nous allons transcrire. L'inspection du Haut-Spessart qui vient d’être créée, s'étend sur douze cantonnements, soit 23,171 hectares de forêts domaniales (le LA FORÊT DU SPESSART. 45 pare compris) et 12,150 hectares de forêts communales. Au point de vue de la chasse, comme au point de vue forestier, c’est le chef de cantonnement (Revierverwaller) qui est le gérant autonome et responsable. Les brigadiers, gardes, aides-gardes et surveillants (Fôrster, Forstwarte, Forstgehilfen, Forstaufseher) placés sous ses ordres, sont autorisés à chasser avec lui. L'inspecteur vérificateur (Forstrat) en résidence au chef-lieu de la province, surveille de haut et contrôle cette gestion ; il a également le droit de chasser, mais à la condition de prévenir chaque fois le chef de cantonnement. En 1889, on a tué, dans la partie domaniale de l’inspection du Haut- Spessart, et en dehors du pare, » cerfs, 33 vieilles biches, 148 bro- cards (on ne tire pas les chevrettes) et 39 sangliers. Ce qui repré- sente par 1,000 hectares de 1 à 2 cerfs, 2 biches, 9 brocards et 2 sangliers. Nous ne possédons pas les renseignements relauifs aux produits de la chasse dans les dix autres cantonnements (nouveau style) du Spessart, mais il parait que leur possibilité en ce qui concerne les cerfs et les sangliers est moins élevée que dans le Haut-Spessart. Toutes les pièces abattues sont vendues à la diligence du chef de cantonnement au profit du Trésor. Le personnel forestier a le droit de préemption et il paie la venaison de chevreuil 1 fr.95 c. le kilogr., celle de sanglier 1 fr. 25 c. également, celle de cerf 1 fr. De plus, on délivre des primes en argent (Schussgelder) aux tireurs qui ont abattu les pièces vendues. La chasse, dans les forêts communales dépendant du massif du Spessart, est, d'habitude, amodiée pour une durée de six ans. Les preneurs ne lexploitent pas toujours avec tous les ménagements désirables. La législation bavaroise, comme du reste celle de toute l’Allema- gne, établit des périodes d'ouverture et de fermeture spéciales pour la chasse de chaque espèce de gibier. Ainsi, on ne peuttirer le cerf que du 24 juin au 15 octobre, la biche, du 15 septembre au 6 jan- vier, le brocard, du 1° juin au 9 février. Le sanglier, assimilé aux bêtes nuisibles en raison des dommages qu’il cause à l’agriculture peut, comme ces dernières, être détruit en tout temps. En se con- formant à ces indications, on peut donc chasser pendant toute 46 ÉTUDES FORESTIÈRES. l’année. Les permis de chasse sont valables pour un an ; mais, quelle que soit l'époque de l’année à laquelle on les prend, ce délai d’un an court à partir du 2 février précédent. Nous ne terminerons pas cette relation sans adresser les témoi- onages de notre vive gratitude à M. le Directeur des forêts qui nous à fourni l’occasion de visiter une région forestière instruc- tive entre Loutes. Nous devons également des obligations à MM. les conseillers Viernstein et Schmitt, à M. le professeur Gayer pour les lettres d'introduction et documents qu'ils ont bien voulu nous pro- eurer, enfin, à M. l'Oberfôrster Loeseh et à MM. les Forstassistenten Niedermaier el Verner, qui ont eu l’extrème complaisance de nous accompagner pendant toute notre tournée. Que tous veuillent bien ici agréer nos sincères remerciements. Nancy, le 50 décembre 1889. L. BoPpre ET E. REUSS. L'ENSEIGNEMENT FORESNTIER EN AUTRICHE ET EN BAVIÈRE |l° ROYAUME DE BAVIÈRE Pendant longtemps, en Bavière, l’enseignement forestier a été donné tout entier à l'École spéciale d’Aschaffenbourg ; mais, il y a quelques années, on à agité la question de savoir s’il ne serait pas préférable de la rattacher à une Université, comme cela a été fait à Giessen, pour le grand- duché de Hesse, et à Tubingen, pour le royaume de Wurtemberg. Si la résistance d’une partie de la Chambre des députés n'a pas permis au Gouvernement d'adopter franchement cette solution, du moins il a mani- festé des tendances à s’en rapprocher et, à partir de 1878, il a été décidé que l’École d’Aschaffenbourg serait simplement maintenue à titre d’école préparatoire, tandis que l’enseignement technique supérieur serait donné à l'Université de Munich. Actuellement, tous les candidats au service forestier de l’État bavarois doivent donc commencer leurs études à Aschaffenbourg et les compléter, soit à Munich, soit dans une autre université allemande ou école spéciale assimilée. ÉCOLE PRÉPARATOIRE D'ASCIHAFFENBOURG. But et organisation. — L'École d’Aschaffenbourg a pour but de donner un premier degré d'instruction aux candidats au service forestier de l'État bavarois ; elle admet également, comme auditeurs libres, un certain nombre d'étudiants qui peuvent y faire des études complètes. Le personnel enseignant comprend : 1° Le Directeur, qui est spécialement chargé de la partie théorique et pratique de l’enseignement forestier ; 2° Le chef du cantonnement de Kleinostheim, en résidence à Aschaf- 48 ÉTUDES FORESTIÈRES. fenbourg, qui prend également part à l’enseignement de l’économie forestière, aux exercices pratiques et aux répétitions ; 3° Un professeur de physique et de topographie ; 4 —- de mathématiques ; D° —- de botanique; 6° —- de zoologie ; 1e _ de chimie et de minéralogie ; 8° Un assistant qui est attaché à la personne du Directeur et remplit les fonctions de professeur de dessin et celles de bibliothécaire. Le Directeur a pour mission de surveiller l'application des programmes d'enseignement, de faire observer la discipline, de délivrer les certificats d'étude ; il est aussi chargé de la comptabilité. Les membres du personnel enseignant, réunis en conseil, statuent sur les questions suivantes: admission des élèves, fixation des époques des examens, Composition du jury, appréciation des résultats des épreuves, allocation des bourses, mesures disciplinaires graves. Ils peuvent aussi rédiger, pour les soumettre au ministère, des propositions relatives à l'organisation de l'École, aux programmes d'enseignement, et à loutes autres affaires concernant l'établissement. Inscription des étudiants. — Pour être régulièrement inscrits, les candidats au service forestier de l'État bavarois doivent présenter, outre les pièces relatives à leur condition sociale, à leur moralité et à leur constitution physique, un extrait de naissance établissant qu'ils n’ont pas dépassé l’âge de 22 ans, et un certificat d’études (classiques ou spé- ciales) dans un des gymnases de PEmpire allemand où dans une € Real- schule » assimilée à un gymnase. Il suffit aux élèves libres de fournir une pièce constatant qu’ils sont en état de suivre les cours et de les comprendre. Aussitôt après leur inscription, lous les étudiants doivent prendre en ville un logement dont ils donnent l'adresse au Directeur ; ils lui noti- fient également tout changement de domicile. Durée et nature de l’enseignement. — La durée des cours est fixée à 2 années. L'année scolaire commence dès la première semaine d'octobre et finit avec la deuxième semaine de juillet, avec 4 semaines de vacances dans l'intervalle, dont 2 à Noël et 2 vers Pâques; ce qui réduit le travail effec- tif à 18 semaines environ par semestre. Les cours théoriques n’ont lieu que cinq jours par semaine ; la durée des lecons ne dépasse jamais une heure. Pendant le semestre d'hiver, comme pendant celui d'été, la journée du samedi est entièrement réser- vée à des travaux pratiques dans les laboratoires ou en forêt; en outre, L'ENSEIGNEMENT FORESTIER EN AUTRICHE ET EN BAVIÈRE, 49 un certain nombre d’excursiens comprenant plusieurs journées consécu- tives peuvent être autorisées par le Directeur et dirigées par lui dans les régions forestières importantes des environs. Étant donnée la mission essentiellement préparatoire de l’École, les sciences fondamentales y forment le fond même de l'enseignement. Les sciences techniques sont réduites au strict nécessaire; on les professe surtout en vue de donner aux élèves libres une somme de connaissances à la rigueur suffisante pour gérer des propriétés particulières. La nature des matières enseignées et le temps consacré à chacune d'elles sont détaillés dans le tableau ci-après : NOMBRE d'heures par semaine. EE — A — 1re ANNÉE.| 2° ANNÉE. MATIÈRES ENSEIGNÉES. OBSERVATIONS. Semestres Semestres NOMBRE DES HEURES consacrées à chaque matière. . Mathématiques élémentaires. . . . . ; — supérieures . . . . . . Physique . Chinie inorganique — organique . Botauique . Zoologie . Minéralogie . Topographie et constructions de rou- Hbessiides plans: 4:11 2. 12e . Chasse Nombre d'heures par semaine . — par semestre . . . . 1404 Pendant les 2 semestres d'été, 72 heures sont, en outre, consacrées à des travaux pratiques obligatoires se rapportant aux matières suivantes: mathématiques supérieures, chimie, minéralogie, zoologie. L'enseignement de l’économie forestière ne dure que pendant une année. Les heures qui lui sont affectées sont choisies de telle sorte que les candidats au service forestier de l'État peuvent le suivre, soit en pre- mière, soit en seconde année, selon qu'ils sont admis à faire leur volon- ÉTUDES FORESTIÈRES. 4 50 ÉTUDES FORESTIÈRES. tariat soit en seconde, soit en première année. En effet, les candidats qui n’ont pas satisfait à la loi militaire avant leur entrée à l’École, peuvent, avec une autorisation que le Directeur n’accorde qu’à ceux dont le travail est très satisfaisant, faire leur volontariat à Aschaffenbourg. Mais cette nécessité sociale entrave considérablement la marche normale des études ; le Directeur et les professeurs s’en plaignent amèrement. L'enseignement complet, théorique et pratique, est obligatoire pour tous les candidats au service forestier de l'État bavarois ; les élèves libres peuvent à leur gré ne fréquenter que tel ou tel cours; mais, une fois leur déclaration faite, ils sont astreints à l’assiduité. Les professeurs sont autorisés à donner des leçons particulières (rému- nérées) à ceux des élèves qui leur en font la demande. Examens et certificats. — À Ja fin de chaque année d’études, les candidats au service de l'État doivent subir un examen sur chacune des matières enseignées. Ces examens se passent, par groupes d'élèves plus ou moins nombreux, devant un jury composé de trois membres ; d’habi- tude le professeur du cours auquel l'examen se rapporte préside et inter- roge. Le Ministère des finances se réserve le droit de déléguer un commissaire spécial qui peut assister à toutes les épreuves avec voix délibérative. Certaines tolérances sont admises qui permettent de réparer les examens insuffisants et, en cas de nécessité, de recommencer l’une ou l’autre des années d’étude. Cette dernière facuité n’est accordée qu’une seule fois au même étudiant, un second échec entraînant son exclusion définitive. Les étudiants libres subissent, à leur gré, des examens sur toutes les matières ou simplement sur celles qu’ils ont spécialement préparées. À la suite des épreuves jugées satisfaisantes, le Directeur est autorisé à délivrer les certificats ci-après : 1° Aux candidals au service forestier de l'Etat. a) Le certificat de fin d'année. — b) Le certificat de fin d’études qui donne le droit de se faire inscrire à l’Université de Munich et à la station de recherches qui en dépend. 2% Aux élèves libres. a) Le certificat de fin d’études, complet ou limité. — b) Le certificat d'assiduité. Frais d'inscription, frais d’études, bourses. — 1° Tous les étu- diants inscrits sont tenus de payer : Une somme de 7 mares (8 fr. 15) à l'entrée, pour frais d'inscription, L'ENSEIGNEMENT FORESTIER EN AUTRICHE ET EN BAVIÈRE. Di et une somme égale à la sortie, pour certificat de fin d’études. Le certi- ficat limilé et celui d’assiduilé ne sont soumis qu’à une taxe de 2 marcs (2 fr. 50); ; 2% En outre, les aspirants au service de l’État ont à verser T5 marcs (93 fr. 79) par an, à titre d'honoraires de cours, et les élèves libres 120 marcs (150 fr.) ; 3° Tout examen complémentaire doit, par mesure d'ordre, être précédé de la consignation d’une somme de 4 mares (5 fr.). Un certain nombre de bourses sont allouées chaque année aux étudiants qui se trouvent dans les conditions indiquées par les règlements. Installation, matériel d'enseignement. — L'École est installée dans un bâtiment à deux étages auquel est attenant un jardin botanique. Ce bâtiment renferme, outre les bureaux et le cabinet du Directeur, quatre grands amphithéätres : V'un est affecté à la chimie avec laboratoire et salle de travail pour le professeur; un autre à la physique avec salle spéciale pour les instruments de mathématiques et de physique ; le troi- sième. sert en même temps de salle de dessin ; enfin, le dernier est affecté à tous les autres cours. Le second étage est occupé par les col- lections relatives à l’enseignement de la botanique, de la zoologie. Cha- cune de ces collections est installée dans une salle spéciale aménagée en même temps pour servir de laboratoire et complétée par un cabinet dans lequel le professeur a sous la main tous Les moyens de travail. Une autre salle est réservée à la minéralogie, à la géodésie, aux armes, pièges et autres objets relatifs à la chasse. Au 1% étage se trouve la bibliothèque où les étudiants sont admis à travailler en attendant les heures de cours. Les collections, sans être très nombreuses, sont surtout composées pour servir d'instruments de travail. Ce sont : des préparations botaniques et zoologiques, des pièces naturalisées, des modèles en carton, en plâtre ou en cire, des figures amplifiées ou réduites ; enfin, toutes choses qui peuvent être utilement mises sous les yeux des élèves pour venir en aide à l’enseignement oral, et faciliter les descriptions ou les démonstrations. Elles sont d’ailleurs entretenues par chaque professeur qui les enrichit au moyen des crédits mis largement à sa disposition; c’est ainsi que le professeur de zoologie recoit chaque année 1,000 marcs (1,250 fr.). Ses collègues, bien que moins richement dotés, touchent cependant plus de 500 marcs (625 fr.) chacun. Le jardin botanique renferme des exemplaires des principales familles disposées dans un ordre systématique, des spécimens de toutes les plan- tes ligneuses qui peuvent croître dans la région; il est complété par une serre froide et une serre chaude et, enfin, par un aquarium et un outil- lage de pisciculture. Comme champs d’études pratiques, l'École a à sa disposition le petit 52 ÉTUDES FORESTIÈRES. bois dit de la Faisanderie qui touche à la ville et où sont installées les pépinières d'instruction ; le cantonnement forestier communal de Klein- ostheim, administré par le professeur de sylviculture et, enfin, le grand massif du Spessart qui commence à quelques kilomètres d’Aschaffenbourg. Les professeurs utilisent aussi, en y conduisant leurs élèves, les riches collections scientifiques et les jardins botanique et zoologique de la ville de Francfort. Le nombre des élèves qui fréquentent l'École n'a rien d’absolument fixe ; depuis quelques années il oscille entre 35 et 40 par année, dont 6 à 10 élèves libres ou étrangers. Parmi les candidats au service forestier de l'État, 2/3 subissent avec succès toutes les épreuves, 1/3 est éliminé ; restent donc environ une vinglaine d'élèves qui se trouvent dans les con- ditions requises pour être admis à suivre les cours de l’Université de Munich. | UNIVERSITÉ DE MUNICH. Décrire d’une façon complète l’organisation de l'enseignement forestier à Munich, ce serait entrer dans tous les détails du fonctionnement des universités allemandes en général et de la Ludwig-Maximilians-Univer- silät en particulier. Celte étude sortirait du cadre qui nous est tracé ; nous nous contenterons donc de donner les renseignements essentiels. Depuis 1878, à côté des 4 Facultés traditionnelles de théologie, de droi!, de médecine et de philosophie, on a créé à l'Université de Munich, sous le nom de Faculté des sciences politiques (Staatswirtschaftliche Facultät), une Faculté nouvelle où sont professées : l’économie forestière, l’éco- nomie politique, l'administration et la science financière. Le but principal de l'institution est de faire des matières qui viennent d’être énumérées l’objet d’un enseignement vraiment supérieur, s’élevant au-dessus des simples applications techniques ou des procédés d'une utilisation immé- diate. Son but accessoire est de permettre aux jeunes gens qui veulent entrer dans certains services publics, tels que ceux des forêts ou des domaines, d'acquérir l'ensemble des connaissances techniques exigées des candidats à ces fonctions. Dans ces conditions, l’enseignement forestier jouit de toutes les libertés qui sont le privilège des Universités allemandes. Indépendant de toute attache administrative, le savant qui devient titulaire d’une chaire peut avoir une spécialité différente de celle de son prédécesseur, car aucun programme officiel n'impose de limites au domaine de ses leçons. Sur les 9 chaires que compte la Faculté des sciences politiques, 6 ont été attri- buées à l’enseignement forestier. Nous donnons ci-après l’état des matières actuellement enseignées et les noms des professeurs titulaires : 1° Sylviculture proprement dite, D° Gavyer ; L'ENSEIGNEMENT FORESTIER EN AUTRICHE ET EN BAVIÈRE. 53 2° Chimie végétale, étude des sols, D° Ebermayer ; 3° Botanique forestière, D° Robert Hartig ; 4° Statistique forestière, cubage, estimation en fonds et superficie, D' Baur; 9° Aménagement, arpentage, routes, D' Weber; 6° Politique forestière", Dr Lehr. À chacun de ces professeurs est adjoint un assistant qui le seconde dans ses recherches et se prépare à conquérir une place dans la carrière de l’enseignement. Il faut reconnaître que le choix de professeurs si distingués et la noto- riété dont jouissent certaines &e leurs publications dans le monde fores- tier, justifient le prestige que la Faculté de Munich s’est acquis dès ses débuts. Aussi, sur une centaine d'étudiants inscrits, on en compte à peine moilié de la nationalité bavaroise dont la plupart sortent de l'école d’Aschaffen- bourg ; les autres viennent de tous les points de l’Allemagne, attirés par le désir d'entendre les leçons de savants en renom. Immatriculation. Inscription. — Les candidats au service forestier bavarois, sortant d’Aschaffenbourg avec le certificat complet, prennent à l’Université ce qu’on appelle la grande immatriculation (grosse Matrikel). Ceux qui n’aspirent pas à remplir des fonctions publiques sont admis au régime de la petite immatriculalion (kleine Matrikel), S'ils justifient des connaissances nécessaires pour suivre utilement les leçons. Cette formalité ne dispense pas de l'inscription aux cours. Il est vrai que les étudiants immatriculés ne sont pas astreints à se faire inscrire à tous les cours sur lesquels portera leur examen; comme € citoyens » de l'Université ils ne sont tenus qu'à une inscription à l’un des cours, pourvu que la matière à laquelle il se rapporte soit l’objet d’au moins quatre leçons par semaine, mais, malgré cette tolérance, les étudiants se font, en général, inscrire à tous les cours sur lesquels ils seront examinés. Durée et nature de l’enseignement. — La durée des études est de deux années, soit de 4 semestres comprenant environ 18 semaines chacun. Hiver comme été, la journée du samedi est réservée aux travaux pratiques ou aux excursions. Le tableau ci-après donne le délail des matières enseignées et le nombre des heures qui y sont consacrées : 1. Par là, on entend les principes qui doivent présider à la gestion des forêts de l'État et au contrôle de la gestion des autres propriétés boisées. La chaire de M. Lehr a été occupée précédemment par le savant Gustave Heyer qui enseignait l'aménagement et qui a été enlevé prématurément à la science en 1883. D4 ÉTUDES FORESTIÈRES. NOMBRE d'heures par semaine. A" 1re ANNÉE. | 2° ANNÉE. DES HEURES MATIÈRES ENSEIGNÉES. OBSERVATIONS. Semestres Semestres | NOMBRE consacrées à chaque matière, + = _ el = = _ 1E Sylviculture e proprement dite. a 2, Étude des sols et chimie agricole. . Principes fondamentaux de la produc- tion du sol 4. Cubage des bois. : À . Anatomie et phy OLORES végé tales - ru . Économie politique : . Exploitation des bois et Fimo ; . Climatologie et météorologie. . . Repeuplements artificiels . . Maladies des plantes. . Chimie végétale. TE : 2. Construction de routes et dés de plans . . ..Géodésie.» . 101 . Seience financière . Aménagement des forêts. . . . . . ; . Politique forestière (Voir la note, page 53). s 8. Fixation du FU Moer des forêts. . Notions générales de droit. . . . Nombre d'heures par semaine. . . — par semestre . Il résulte de l’examen de ces chiffres que pendant les 3 premiers se- mestres, les étudiants ont en moyenne de 3 h. 1/2 à 5 h. 1/2 de cours par jour. Pendant le dernier semestre, moins chargé, ils ont quelques loisirs soit pour suivre d’autres cours à l’Université, soit pour préparer l'examen d'État technique. En hiver, on ne fait qu'un petit nombre d’excursions en forêt; elles sont remplacées, le samedi, par des travaux pratiques dans les différents laboratoires ‘; chaque élève doit savoir faire spécialement : une détermi- 1. Notamment ceux de Ia Station d'expériences. L'ENSEIGNEMENT FORESTIER EN AUTRICHE ET EN BAVIÈRE. 9) nation de densité, une analyse de tige (S/ammanalyse), une préparation microscopique, une analyse chimique de sol et de cendres de bois. Par contre, en été, on va sur le terrain chaque samedi et, de plus, on profite des dimanches et fêtes pour exécuter plusieurs voyages d'étude de 3, 4 et o jours chacun. Examens. — Tous les ans s'ouvre à l'Université une session d’examens théoriques exclusivement à l’usage des jeunes gens qui se proposent d'entrer dans le service forestier bavarois. Ceux-ci, pour être admis à se présenter, doivent produire, outre certaines pièces réglementaires, un certificat constatant qu'ils ont suivi, pendant deux ans au moins, les cours, d'économie forestière dans une école supérieure ou une université d’Alle- magne et pris part, pendant une année, aux travaux pratiques de la Station d'expérimentation forestière de Munich. Quand ils ont fait leurs études à la Faculté de Munich, l’année de laboratoire peut se confondre avec lés deux autres. Les examens se passent devant un jury composé de professeurs de l'Université auxquels s’adjoignent, au besoin, des professeurs de l'École supérieure des arts et manufactures. [l est présidé par un des hauts fonc- tionnaires du service forestier. A cause de la multiplicité des épreuves, le jury est réparti en 2 ou 3 sections de 3 ou 4 membres chacune. L'examen est public et oral ; il porte sur les matières suivantes : 1° Économie politique ; 2° Encyclopédie du droit ; 3° Botanique forestière ; 4° Géologie forestière, climatologie ; 9° Sylviculture ; 6° Exploitation des forêts ; 1° Aménagement ; 8° Estimation des forêts en fonds et superficie ; 9° Cubage des bois ; 10° Administration des forêts de l'État, police des bois des autres pro- priétaires. La sanction de ces examens est arrêtée à la clôture de la session. Les candidats dont les épreuves ont été jugées satisfaisantes reçoiventle certi- ficat d'étude théorique et prennent le titre de Forstpraktikanten ; is peu- vent commencer leur stage qui dure, en moyenne, de 2 à 4 années. Ceux dont les examens ont été qualifiés d’insuflisants, sont informés par lettre des conditions dans lesquelles ils pourront se présenter une seconde fois et non plus. Sur 20 ou 30 candidats venant d’Aschaffenbourg tous les ans, il n’y en à pas plus de 2 ou 3 qui soient ainsi ajournés. Les autres étudiants bavarois ou étrangers peuvent aussi subir les n10) ÉTUDES FORESTIÈRES. mêmes épreuves el recevoir le certificat de fin d’études théoriques. Enfin, la Faculté des sciences politiques peut aussi, comme ses aînées, délivrer des diplômes de docteur et notamment de docteur en sylviculture. Frais scolaires, frais d'examen. -_ Bourses. — Les étudiants ont à payer, outre les frais peu élevés de l’immatriculation, une redevance pour chacun des cours auxquels ils se font inscrire. Celle-ci s'élève, par semestre, à la somme de 4 marcs multipliés par autant d'unités qu’il y a d'heures de ce cours par semaine. Ainsi, par exemple, pendant le semestre d'hiver de la première année, le cours de sylviculture occupe 6 heures par semaine, la redevance sera de 4 X 6 —24 marces (30 fr.). Il existe aussi des taxes de laboratoire diversement tarilées. Chaque examen doit être précédé de la consignation d’une somme de 26 mares (32 fr. 50 c.), dont 15 mares pour frais d'examen, 7 mares pour la caisse de l'Université et 4 pour frais de certificat. En cas d'échec, cette dernière somme est seule remboursée. L'Université peut accorder beaucoup de bourses, grâce à des fonds spéciaux et à des crédits alloués par l'État. On fait aussi aux étudiants pauvres une réduction sur les redevances de cours, ou même remise totale de ces frais. Installation matérielle. — La nouvelle Faculté a été installée avec le luxe dont l'Allemagne se fait gloire de décorer tout ce qui touche à l'instruction supérieure. Dans un vaste bâtiment à deux étages se trouvent rassemblés les prin- cipaux services relatifs à l’enseignement et les locaux occupés par la sta- lion de recherches ! : Le 4° étage est affecté à la botanique âvec amphithéâtre, salle de collec- tion, laboratoire, cabinet de travail. Le second étage, avec même disposi- tion, sert pour les diverses branches de l’économie forestière : sylviculture, exploitation, cubage, protection des forêts, etc. Ce bâtiment est entouré d’un jardin botanique renfermant des spécimens de toutes les essences indigènes et d’un grand nombre d’exotiques. On y a placé divers appareils pour les observations de la météorologie ou autres expériences, des serres, des cases de végétation, etc. Les cours de chimie agricole et forestière ont lieu dans les anciens bâli- ments de l'Université, où de vastes locaux ont élé mis à la disposition de M. le professeur Ebermayer. 1. Ces derniers ont été décrits par MM. Reuss et Bartet dans leur Llude sur les Stations de recherches en Allemagne. (Annales de la Science agronomique, 1854.) Gr | L'ENSEIGNEMENT FORESTIER EN AUTRICHE ET EN BAVIÈRE. 2° EMPIRE D'AUTRICHE ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES AGRONOMIQUES A VIENNE. But et organisation. — Cette école, la plus importante‘ de celles où lon s’occupe de l’enseignement forestier supérieur en Autriche, a été fondée par la loi du 30 avril 1872. Les étudiants sont répartis en trois groupes : agriculteurs, forestiers et ingénieurs agricoles. La section agricole a été ouverte la même année au mois d'octobre ; la section forestière le 12 octobre 1875, après la fermeture de l’Académie forestière de Mariabrunn. La section des ingénieurs agricoles est de créa- tion plus récente. Lu L'École des hautes études agronomiques est entretenue aux frais de l'État; elle donne l'instruction nécessaire à la gestion de grandes propriétés et domaines, et fournit à ceux qui étudient les sciences politiques et le droit, les moyens d'acquérir les connaissances techniques utiles à leur carrière future. Libre de toute attache avec l'administration, l'École relève depuis 1873 du Ministre de l'instruction publique, qui, lorsqu'il y a des mesures impor- tantes à prendre, s'entend avec son collègue de l'agriculture dont dépend le service des forêts. Elle est gérée par un recteur élu chaque année à la majorité des suffrages par le conseil des professeurs. Le personnel enseignant pour les trois sections se compose de 11 pro- fesseurs ordinaires, 5 professeurs extraordinaires, ? suppléants, 12 chargés de cours * et Privat-Docenten ; enfin 9 assistants el préparateurs. Le recteur, le vice-recteur et un doyen pour chacune des sections, sont élus parmi les professeurs ordinaires. Inscription des étudiants. — Discipline. — Les cours sont suivis par des élèves réguliers et des élèves libres ou auditeurs bénévoles. Pour être admis dans la première catégorie, il faut présenter un certi- 1. Parmi ces écoles, il faut citer celles de Weisswasser en Bohême, celle de Eulen- bourg en Moravie. On enseigne aussi la sylviculture à l'École supérieure des arts et métiers à Gratz et à l'École d'agriculture de Lemberg. 2. Ce sont des professeurs attachés à d'autres établissements et qui reçoivent des honoraires pour les cours qu'ils font à celui-ci. 38 ÉTUDES FORESTIÈRES. ficat de maturité délivrè soit par un gymnase de plein exercice, soit par une Aealschule supérieure. Il suffit aux auditeurs libres de prouver qu'ils sont âgés de 18 ans révolus et qu'ils possèdent les connaissances néces- saires pour suivre les cours. Enfin, avec l'autorisation du doyen, les professeurs peuvent admettre à des cours particuliers des élèves temporaires. Ceux-ci n’ont besoin d'aucun certificat d’études, mais ils ne peuvent recevoir de diplôme. Tous ces élèves sont astreints aux mêmes prescriptions disciplinaires à l’intérieur comme en dehors de létablissement. À lintérieur, lassiduité et la bonne tenue sont constatées, pour les élèves ordinaires, sur ur livret de présence servant pendant toute la durée des études et, pour les élèves libres, sur des feuilles valables pour un semestre. Ces pièces doivent être signées à la fin de chaque semestre par les professeurs, qui peuvent refuser leur signature en indiquant les motifs de ce refus ; elles sont ensuite soumises au visa du recteur. À l'extérieur, ils S'engagent comme dans toutes les Universités, à observer les règlements relatifs à la bonne conduite, la moralité et les convenances. En cas d'infraction, ils sont pas- - sibles de peines disciplinaires prononcées par le recteur et le conseil d'instruction. Durée et nature de l'enseignement. — La durée de lenseigne- ment est de 3 ans. L'année scolaire commence vers le milieu d'octobre et se termine à la fin de juillet. Elle est divisée en deux semestres : le semestre d'hiver finit dans les derniers jours de février, celui d'été commence le 1% mars. Soit au total six semestres d'enseignement composés chacun d'environ vingt semaines, y compris les congés de Noël et de Pâques. Pour chacune des trois sections, les matières enseignées se divisent en connaissances fondamentales, principales et accessoires. A de rares exceptions près, l’enseignement des sciences fondamentales est commun aux étudiants des trois sections. Outre les cours officiellement créés par les statuts organiques, les professeurs, répétiteurs, Privat-Do- centen ou assistants peuvent, avec une autorisation spéciale, ouvrir des cours complémentaires sur des matières se rapportant à l’enseignement de l’École. Dans ces conditions, le nombre et la variété des leçons devient tellement considérable qu’il serait absolument impossible à tous les étu- diants d’y prendre une part active. Aussi, en ce qui concerne Îles aspirants au service forestier domanial, on admet de ne considérer comme obliga- toires que les matières figurant dans le programme de l'examen d'État qu'ils ont à passer à leur sortie de l’École. A cet effet le plan d’études suivant leur est recommandé : L'ENSEIGNEMENT FORESTIER EN AUTRICHE ET EN BAVIÈRE. 59 I. —— ENSEIGNEMENT THÉORIQUE A. — Matières obligatoires. NOMBRE D'HEURES par semaine. EEE — 1re ANNÉE. | 2e ANNÉE. | 3° ANNÉE. MATIÈRES ENSBIGNÉES. Semestres. | Semestres.|Semestres. a — a , a , EN IL. L'ENIYE VE. Y z | OBSERVATIONS. = = a. — Connaissances fondamentales !. 1. Mathématiques. . . . . . . - - - 4 » EN QE » » s0 2. Physique et mécanique. . . . CE UE » » | » 160 | 3. Chimie organique et inorganique.| 4 + » | » » » 160 | 4. Botanique générale. . . . . . . 5 5 sn Dis 0 200 5. Minéralogie et géologie. . . . . .| 3 3 » » » » 120 6. Géométrie descriptive. . : OA NES » ? » » s0 HAÉbadétie.t Lu: 20.) 2. del. 3 MINE » | » 140 $. Économie politique. . . . . . . .| 3 3 » | » » | » 120 9gChimieagricole - -* - : - Ra FE | » £ » » | » S0 | 10. Météorologie et nie! LATRNUES 3 » » | » 60 11. Météorologie pratique. . . . . . .| » | » 2 | » » | » 40 12° Dessin des plans . - - .-. . . «+ .| » | » Pa L £ » 160 | b.— Connaissances principales ou techniques. 13. Sylviculture . : « . . . . . . . | » » 3 4 » » 140 | 14. Exploitation des forêts. . . . . .| » » 3 » » » 60 Le 15. Technologie chimique des bois. .| » » » 16. Protection des forêts et entomo- logie forestière: "#0. « <<] » ‘lus 3 3 » fe Cuhage dep bois : : "4. : HT » È » » Hu » RPRMORAPEMENt - 0. + 0. hr » » » 3 19. Statique forestière . . . . AU » » » » | 20. Estimation des forêts en tonte et | MRDERROIOS -V2 ela trs à 4e N 2 » » | » 3 » 21. Technologie mécanique des bois. .| » » » » », | 4 22, Hist. naturelle des essences forests.| » » 2 » » | » 23. Correction des torrents . . . . . . | | PE EE CC NOMBRE TOTAL des heures consacr AT ee GE AT | 2 c. — Connaissances accessoires. 24. Administration et législation . . .| » » » » 6 4 25. Gestion d’un domaine boisé. Comp- SABILIIO. » + 2 Er ARE EC » » » 2 » 26. Science de l’ingénieur farexHer . 1 (EE » » » 6 » Total des heures par semaine. .| 27| 26| 20| 13| 29| 14! 2580 — par semestre. .| 540 | 520 | 400 | 260 | 580 | 250 I, mm 2580 1. À l'exception de la géométrie descriptive et du dessin, l’enseignement des autres matières fondamen- tales est commun aux deux sections (agriculteurs et forestiers). 60 ÉTUDES FORESTIÈRES. B. — Matières facultatives. NOMBRE D'HEURES par semaine. A —— MATIÈRES ENSEIGNÉES. 1re ANNÉE |2° ANNÉE.|5° ANNÉE. Semestres. | Semestres.| Semestres. V. Zoologie générale et spéciale. Statistique agricole. . RAS 5 Études des stations favorables aux es- sences forestières . . L . . : . : Pathologie des plantes. 5 Technologie mécanique née, Étude des grands travaux d'art. . . . Histoire et littérat. de la science forest. Encyclopédie agricole . Chasse. . . IT. — ENSEIGNEMENT PRATIQUE. semestres. TOTAL NOMBRE # n © © œ 2 = NOMBRE D'HEURES variable par semaine, A — — , , Fe # MATIÈRES ENSEIGNÉES. 1re ANNÉE. | 2: ANNÉE. | 3€ ANNÉE. Semestres.| Semestres.| Semestres. ; 1 14 EMI TUE RE Chimienæ te. MER 314 Conférences de bétaique : Géodésie pratique . , . . M © Exercices de construction (Géométrie descriptive). . . . NS. NTIC Exercices de construction n (Art de l’in- génieur forestier) . 30 Exercices pratiques (Sylviculture et exploitation). . . . . : Exercices pratiques oh des forêts). — (Cubage). . . (Aménagement). . (Statique forest.). = (Station des peu- plements forestiers). 4 AS Exercices pratiques (stoenanenle forestière). Maniement du microscope . —_ d'instruments de gSoAiAe Exercices pédagogiques . :s consacrées OBSERVATIONS. OBSERVATIONS. sd ft ent L'ENSEIGNEMENT FORESTIER EN AUTRICHE ET EN BAVIÈRE. 61 L'enseignement pratique est assuré par l'obligation de fréquenter les laboratoires et d'assister aux exercices sur le terrain et de visiter les champs d'expériences appartenant à l'École. Les laboratoires sont ouverts tous les jours aux étudiants, à des heures fixées par les règlements. Les excursions se font en général le samedi et, de plus, pendant les deux semestres d’été correspondants à la 2° et à la 3° année d’études, les professeurs organisent des voyages forestiers dont la durée atteint parfois de 10 à 15 jours. Examens. — Les examens subis à l'institut sont de lrois ordres. Les uns ont pour but de s'assurer que les étudiants poursuivent avec profit leurs études ; d’autres sont passés en vue de l’obtention des diplômes; d’autres, enfin, constituent les épreuves de l'examen d'État qui donne accès aux fonctions publiques. La {'° catégorie d’examens consiste dans des interrogations indépen- dantes les unes des autres qui portent sur les différentes matières ensei- gnées à l'École. Elles sont faites publiquement, sous la surveillance du recteur, par les professeurs compétents, et ont lieu, en général, à la clôture d’une série de cours consacrés à un sujet déterminé. Les étudiants sont jugés, en outre, d’après leurs devoirs écrits, leurs exercices dans les salles de dessin et les laboratoires et même d’après les travaux qu'ils effectuent à domicile. On leur délivre à la suite de ces exa- mens des certificats (Fortgangszeugnisse) sur lesquels sont mentionnées les notes obtenues. Les épreuves dont il s’agit sont facultatives, aussi ont- elles perdu beaucoup d'importance depuis la création, à l'École (8 octobre 1881), des examens d'État dont nous parlerons plus loin. Les jeunes gens qui n'ont pas brigué le Fortgangsteugnisse peuvent réclamer, en place, des certificats d’études (Abgangsseugnisse) constatant qu’ils ont fréquenté soit tous les cours de l'École, soit seulement un certain nombre d’entre eux. Le diplôme procure au titulaire différents avantages au point de vue de l'admission à certains emplois publics ou de leur équivalence avec d’autres diplômes ou grades universitaires. Les épreuves pour l'obtenir sont sé- rieuses et très difficiles. Elles consistent en deux séries d’examens dont la première embrasse les connaissances fondamentales, la seconde les connaissances principales, en y comprenant le droit, qui rentre- dans les connaissances accessoires. En ce qui concerne l’enseignement forestier, les programmes sont conçus comme sui : + 1" Série. — 1. Physique et climatologie. — 2, Chimie. — 3. Botanique générale et spéciale. — 4. Minéralogie, géologie et étude des sols. — 9. Mathématiques. — 6. Géodésie. — 7. Mécanique. — 8. Géométrie des- 62 ÉTUDES FORESTIÈRES. criplive. — 9. Économie politique. — Si le candidat le désire, cet exa- men peut être scindé en deux suites comprenant : la 1", les numéros de 4 à 4et la 2°, ceux de 5 à 9. 2° Série. — 1. Sylviculture. — 2, Exploitation des forêts et technologie. — 3. Protection des forêts, zoologie forestière. — 4. Droit. — 5. Aména- gement. — 6. Estimation en fonds et superficie, statique forestière. — 7. Art de l'ingénieur forestier. — Cette série peut aussi se subdiviser en deux suites (1 à 4;5 à 7). Les épreuves de la 1" série sont orales, celles de la 2° sont à la fois orales et écrites; ces dernières se font en loge, sans l’aide d’aucun livre ou document manuscrit. La durée de l'examen oral ne doit pas dépasser trois heures, l'épreuve écrite dure au plus six heures. Certaines facilités sont accordées aux étudiants pour réparer des exa- mens insuflisants , mais en aucun cas on ne peut se présenter plus de trois fois à la même épreuve. Les examens dits d'État sont ceux qui ouvrent les carrières publiques aux étudiants qui les ont passés avec succès. De même que les précédents, ces examens comportent deux degrés; les programmes sont aussi composés d’une manière analogue. Les membres du jury sont désignés par le Ministre de l'instruction * publique ; le ministère de l’agriculture peut déléguer un commissaire du Gouvernement chargé d'assister aux épreuves. Les examens sont oraux et publics; leur durée, pour chaque candidat, ne doit pas dépasser trois heures. Outre les sessions ordinaires, on ouvre dans l’année un certain nombre de sessions extraordinaires où les candidats ajournés peuvent se repré- senter dans les délais fixés par le jury. Les sessions ordinaires pour l'examen du 1° degré s'ouvrent à la fin du 9° où au commencement du 4° semestre de l’enseignement. Pour être admis à se présenter, les candidats doivent fournir des certificats consta- tant leur assiduité aux cours sur lesquels porte l'examen et indiquant qu’ils ont obtenu la note bien pour les travaux de géométrie descriptive. L'examen du second degré ne peut être subi avant la fin du 6° semestre. Les pièces à fournir sont de même nature que pour le 1° degré, et le cer- tificat d'admission à celui-ci est nécessaire. Les diplômes obtenus à l'institut peuvent dispenser de ces examens d'État. Le Ministre de l'agriculture peut aussi, par décisions spéciales, admettre aux examens d’État de l’un ou l’autre der des candidats pourvus d'un certificat d'étude dans un gymnase ou une Aealschule qui ont, en, oulre, suivi avec succès l’enseignement d’une école forestière secondaire. A côté des trois catégories d'examens qui viennent d’être décrites, L'ENSEIGNEMENT FORESTIER EN AUTRICHE ET EN BAVIÈRE. 63 on a créé à l’Institut de Vienne, en même temps que la section des ingé- nieurs agricoles, des examens à l'usage des jeunes gens qui se destineni à l’enseignement dans les écoles forestières secondaires et primaires. - Frais d'inscription, frais d'études. — Bourses. — Les frais d'inscription et d’études à la charge des élèves sont établis d’après les tarifs suivants : Taxe d'inscription pour les étudiants de toute catégorie, 5 florins (12 fr. 90 c.). Frais scolaires pour les étudiants réguliers, 25 florins (62 fr. 50 c.) par semestre; pour les auditeurs bénévoles, 1 florin 50 (3 fr. 15 c.) par semestre pour chacun des cours auxquels ils se sont fait inscrire. La taxe semestrielle pour les exercices pratiques dans les laboratoires de chimie varie de 5 florins à 15 florins (12 fr. 50 e. à 37 fr. 50 c.), sui- vant le nombre des heures de fréquentation. Les étudiants réguliers peuvent suivre gratuitement les cours de l'École supérieure technique’ de Vienne ; ils sont obligés de payer pour suivre ceux de l'Université. Le conseil des professeurs est autorisé à dispenser de la moitié ou de la totalité des frais scolaires ceux des étudiants réguliers qui justifient d’ane situation de fortune insuffisante. Aucune dispense de cette nature n'est accordée aux auditeurs bénévoles. Chaque série d'examen doit être précédée de la consignation d’une somme de 50 florins (195 fr.). L'impétrant à aussi à sa charge les frais de confec- tion de diplôme et les droitsde timbre. Les frais d'examens d’État s'élèvent à 10 florins (25 fr.) pour les épreuves de chaque degré. Nombre des étudiants. — Le nombre des étudiants est monté rapi- dement de 70 qu'il était en 1872 à 601 pour l’année 1881. Il est descendu à-452 pour l’année scolaire 1883-1884, mais cela tient sans doute à ce fait que, à partir de cette époque, le Gouvernement a imposé aux candidats au service de l'État, l'obligation de faire une année de stage pratique dans un cantonnement avant leur entrée à l’École. Les étudiants de la section forestière figurent en général pour plus de moitié sur les listes d'inscription. Chaque étudiant passe en moyenne par année 2 à 3 des examens facultatifs destinés à vérifier la façon dont il profite de l’enseignement. Près de la moitié des étudiants forestiers se présentent aux examens d'État, qui sont assez difficiles, puisque le nombre des jeunes gens refusés aux épreuves du 1° degré a atteint, en 1883-1884, 40 p. 100 du chiffre total des candidats. 1. Technische Hochschule, sorte d'école centrale des arts et manufactures. (62 ÉTUDES FORESTIÈRES. Quant au diplôme, il nécessite des études tellement approfondies, qu'il n’a, jusqu’à présent, été délivré chaque année qu’à 2 ou 3 forestiers. Installation. — Matériel d'enseignement. — L'École des hautes études agronomiques est provisoirement installée dans deux hôtels situés à peu de distance l’un de l’autre et loués à cet effet dans le 8° arrondis- sement postal de la ville de Vienne. Bien que la distribution première de ‘ces locaux ne réponde pas précisément à leur destination actuelle, du moins, au point de vue de la place, tous les services sont convenablement dotés. Un des immeubles est affecté aux deux sections agricoles, l’autre à la section forestière. Dans ce dernier, chacune des branches de l’enseigne- ment comportant des travaux pratiques est pourvue d’un amphithéâtre spé- cial, avec salles de collections, laboratoire et cabinet de travail y attenant. Un jardin avec serre et dépendances permet, en attendant mieux, de disposer les pièces encombrantes et de poursuivre les expériences qui demandent de lair et de la place. Chaque professeur est annuellement doté d’un crédit suffisant pour créer, entretenir et perfectionner, en même temps que ses collections d'étude, tout un matériel scolaire composé de dessins et de planches ex- plicatives ; rien n’est négligé en effet pour allier à une savante théorie la pratique la plus large de l’enseignement par les yeux. Parmi les nombreuses collections d'enseignement, il faut citer les sui- vantes : Collection pour la géodésie et la géométrie descriptive ; — pour là construction des machines et la technologie méca- nique ; — pour la science de la production forestière ; — pour l'aménagement théorique et pratique ; — pour le cubage des bois; — pour la climatologie et la météorologie. L'ancienne Académie forestière de Mariabrunn, située sur le chemin de fer, à quelques minutes de Vienne, renferme un musée relatif à l’exploi- tation et à l'industrie des bois, un autre se rapportant à la production forestière, enfin, différentes collections à l’usage des sections agricoles, des pépinières et des terrains d'expériences et d'instruction. L'enseignement forestier est également en relation directe avec la sta- tion de recherches forestières dont le directeur, M. de Seckendorff, est en même temps professeur à l'École. Les étudiants ‘peuvent aussi profiter de toutes les riches collections d'État rassemblées dans les différents établissements scientifiques de la capitale, L'ENSEIGNEMENT FORESTIER EN AUTRICHE ET EN BAVIÈRE. 6 S'il nous est permis de nous inspirer du travail récemment publié dans le fascicule B du Bulletin de la Direction des foréls, nous pourrons faire un rapprochement entre les méthodes d'enseignement adoptées dans les trois principaux, parmi les nombreux établissements de langue allemande où se professe la science forestière. Les instituts forestiers de Neustadt-Eberswald, d’Aschaffenburg et Mu- nich et de Vienne, conduisent les étudiants vers les fonctions publiques par des routes qui, tout en présentant parfois des alignements très diver- gents, se confondent néanmoins dans certaines parties de leur tracé. Si quelques-uns de ces points de sujétion sont imposés par le tempérament et les mœurs germaniques, d’autres relèvent cerlainement de raisons su- périeures à toute question de race. Nous nous contenterons de signaler les uns et les autres sans prétendre qu'il faille, en France, rejeter les premières de parti pris ou accepter les deuxièmes sans réserves. 4° Tous ces établissements, quels que soient leur organisation et leur nom, participent du régime universitaire : le principe de l’externat est une règle qui ne présente aucune exception; 2 L'étude des sciences naturelles forme la base fondamentale de tout l’enseignement, sans pour cela que les mathématiques soient exclues des programmes ; 3° Les connaissances techniques ou spéciales sont précédées, dans le plan d’études, des connaissances fondamentales sur lesquelles elles repo- sent; 4° La plus large part est faite à l’enseignement pratique et, par là, il faut entendre non seulement les excursions, les manipulations et autres exercices de laboratoires, auxquels un jour par semaine est exclusivement réservé, mais encore celle alliance complète de la théorie à l’enseignement par les yeux au moyen de planches, de figures, de préparations et de tout un matériel scolaire pour le perfectionnement constant duquel aucun crédit n’est ménagé ; 9° La durée de l’enseignement est partout de 5 semestres? au minimum; elle en comprend parfois 8; 6° Si l’enseignement théorique est poussé aussi loin qu’il soit raison- 1. Neustadt-Eberswald et Münden, pour la Prusse; Tharand, pour le royaume de Saxe ; Eisenach, pour le grand-duché de Saxe ; Giessen, pour le grand-duché de Hesse : Carlsruhe, pour le grand-duché de Bade ; Aschaffenburg et Munich, pour la Bavière : Tubingen, pour le Wurtemberg; Vienne, Weisswasser, Eulenberg, Lemberg, pour l'Autriche ; Zurich, pour la Suisse. 5 2. Le semestre de préparation qui précède l'entrée des étudiants à l'école de Neu- stadt-Eberswald, doit nécessairement être compté comme temps d'instruction. D'ailleurs, après leur séjour de 2 ans à l'École, les élèves doivent encore suivre, pendant 2? se- mestres, des cours de droit et d'économie politique dans une université, 66 ÉTUDES FORESTIÈRES. nablement désirable, nulle part on ne prétend le compléter par l’ensei- gnement professionnel. C’est en dehors de l'École et sous forme de stage, que l'étudiant breveté doit acquérir les connaissances qui lui permettent d'affronter la responsabilité des fonctions publiques ; 1° Afin de donner aux professeurs et aux éludiants le temps nécessaire pour travailler en dehors des heures affectées à l’enseignement oral, les interruptions de cours sont fréquentes el largement réparties. Elles sont en général de 8 à 10 jours à Noël, de 4 à 5 semaines à Pâques et de deux mois et demi aux vacances d'automne. 3° ROYAUME DE HONGRIE École supérieure. — L'enseignement forestier est professé à l’école de Selmecz (Schemnitz), dans laquelle on admet comme élèves réguliers les jeunes gens qui sortent d’un collège ou d’une école réale avec leur diplôme de maturité. La durée de l’enseignement à l’Académie forestière est de trois ans; toutefois, les aspirants au grade d’ingénieur forestier doivent faire une quatrième année pendant laquelle ils complètent leur instruction en mé- canique et en travaux d'art. Comme l’école forestière et l’école des mines sont réunies, les mathé- matiques, la physique, la géométrie et les travaux d’art sont enseignés en même temps et par les mêmes professeurs aux élèves des deux sections. Trois professeurs titulaires et trois professeurs adjoints sont spécialement chargés de l’enseignement des matières relatives à l’économie forestière. L'établissement, fondé depuis plus de 70 ans, possède une riche biblio- thèque et dispose de belles collections d'enseignement", Les cours se font en langue magyare. Un petit bois, situé dans le voisinage, est affecté à l’enseignement pra- tique. Les élèves font aussi chaque année, en compagnie de leurs profes- seurs, un voyage d’études forestières dans diverses régions du pays. Le régime est celui de l’internat et l’enseignement est gratuit. L'école dispose de 20 bourses de 300 florins (750 fr.) données après concours, aux plus méritants parmi les élèves pauvres. 1. Nous en avons donné ailleurs la description sommaire. (Revue des foréls, mai 1886.) L'ENSEIGNEMENT FORESTIER EN AUTRICHE ET EN BAVIÈRE. 67 A la clôture des cours, les étudiants qui passent des examens satisfai- sants, reçoivent un certificat d'aptitude qui leur donne droit, lorsqu'ils ont fait deux ans de candidature pratique, de passer leur examen d’État. D'ailleurs, les jeunes Hongrois qui ont fait leurs études forestières dans une école de même rang que celle de Selmecz, peuvent passer le même examen de clôture de cours et recevoir un certificat leur donnant les mèmes droits. Pendant le temps de pratique qui précède l'examen d’État, les aspirants forestiers reçoivent une subvention de 360 florins (900 fr.). Ceux qui prétendent au brevet d'ingénieur forestier, touchent la mème indemnité et ont droit à faire compter leur quatrième année d’études comme temps de pratique. Nancy, le 10 février 1886. L. Bopre et KE. REuss. Nancy, impr. Berger-Levrault et Cie UE NOTE Le Mobil MOD 1 LOCRNERCT OCT NC TBE à AA LERRPEETUT INR ET LE NT 4 ne OCR PTCL ANR 20) 01 ENT \08 1 ONE A LACEENTE TS) URI vil fi tuuR L: SEE LT ET NT if NW: TEE N lu FTUIS, fur DUON Ab Cu CT Ur en ONE S RON NS NT ESC. AU PA ER RREE à rt id | in + : à e AT is os "+ : We Re: . # ds noie 2 DES | 2 de Æ IN L'MCUE « un PORTES À de one TT RE, 1170 ALL EL OU | | AR vEF pilote , : AH LL 10) DATITATT A: E: TT 2: Aug NET L { LV ALLO TONI ICTT A PRNMENE TTL © 7 DENT (UE UE 0, A ht dou DEL UT) SPAM Ov DUT : " vrt ) 4 L _ me PRÉECT s ? 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