NA RAT OO ANAL 4 HAS Pc EN) AUTRE î AR j! DAANIPIAULE L le, HE tt Le \ AA UNE y ji un M Et ie. 1 4 l ‘ i : . . à L21 A 4 1 4 L . nl . n [ Ë 4 Le { “| | M ; ’ . , { | MÉLANGES DE TÉRATOLOGIE VÉCGÉTALE PAR Mr le D' A. GODRON, Doyen honoraire de la Faculté des Sciences de Nancy, Correspondant de la Société. ER I DE L'ORGANISATION DES CARPELLES DANS LE FRUIT DES PAVOTS. On a déjà beaucoup écrit pour élucider cette question et deux théories restent encore aujourd’hui en présence. Dans l’une on admet que les placentas sont placés chez les Pavots entre les bords des feuilles carpellaires ; dans l’autre, les placentas correspondraient à la nervure médiane de cha- cun des carpelles qui composent le pistil. La première opinion nous semble la plus probable, la plus conforme à l’analogie; elle a été acceptée comme fait général par presque tous les auteurs. La seconde n’a été admise qu’à l’état d'exception dans des plantes dont les pistils composés ont, comme chez les Pavots, la placenta- tion pariétale. Retraçons l’historique de cette question, qui devait être nécessairement soulevée, comme une des con- séquences de la théorie des métamorphoses des organes Zdes plantes. de 6 en) 82 MÉLANGES DE C’est Pyr. de Candolle qui, le premier, a conçu et exposé l’organisation carpellaire des Pavots. I admet que le fruit de ces plantes est formé de plusieurs carpelles disposés en rayonnant autour d’un axe fictif. Chaque carpelle peut être considéré comme composé de trois pièces, deux latérales qui portent graines etune dorsale sans graines; les latérales de deux carpelles voisins sont soudées et forment ce que l'on a appelé une fausse cloison (4). De Candolle pense, en outre, qu'une expansion du récep- tacle s'étend sur l'ovaire, enveloppe les carpelles et ne permet qu’à la partie supérieure des valves de se réfléchir en dehors pour produire la déhiscence du fruit. Cette idée n’a pas été admise par les botanistes, et cependant elle ex- plique très-bien pourquoi cette déhiscence ne s'opère qu’au sommet et non dans toute la longueur des valves comme e les genres Chelidonium, Rœmeria, Glaucium, etc. ependant il est facile de voir, dans les capsules sèches des Pavots, que les petites valves qui s'ouvrent sous le disque stigmatique, se séparent sur leurs bords en deux membra- nes dont l’extérieure forme une sorte de bride de la base d’une valvule à la valvule voisine. Robert Brown admet aussi la position intermerginale du placenta et appuie cette opinion sur les faits qu’il a obser- vés en étudiant les métamorphoses plus où moins complé- tes des étamines en pistils, par exemple dans le Sempervwr- vum tectorum (2). (1) Pyr. de Candolle, Mémoire sur les aflinités naturelles @e la famille des Nymphéacées, dans les Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, 1821, in-40, T. I, p-229. (2) R. Brown, An account of a new genus of plants, named Raflesia, London, 1821, in-4°, et Annales des sciences naturelles, 2e série, T. VIII (1837), p. 52. TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 83 Aug. St-Hilaire reconnait positivement que les placentas pariétaux des Pavots naissent chacun entre les deux bords voisins de deux feuilles carpellaires (4), et il ajoute al- leurs : « (Les placentas pariétaux) des Pavots, au nombre » de 4 à 20, naissent d’épais cordons pistillaires, qui con- » stituent la charpente de l’ovaire; ils présentent la figure » d’une lame ou d’un coin, $'avançant vers le centre du » péricarpe.... » (2). M. Emm. Le Maout cherche en termes très-préeis à val- gariser cette doctrine, dans les deux passages suivants : Chaque cloison vous montre les ovaires de deux car- » pelles différents repliés à l’intérieur, et dont les bords » rentrants sont contigus ; chaque crête double, à laquelle » correspond une cloison, appartient donc aussi à deux ». carpelles différents » .... « Le dos de la feuiile car- » pellaire est donc situé entre deux cloisons, c’est-à-dire » dans l'intervalle des deux côtes ou grosses nervures » qui correspondent à ces cloisons. » (3) Enfin, M. Morière, en s’étayant sur des exemples de mé- tamorphoses des étamines de Pavots en carpelles, que nous examinerons plus loin, reste convaincu que les placentas et les ovules sont nés du bord des feuilles carpellaires (4). La seconde opinion, qui considère les placentas des Pavots comme correspondant à la nervure médiane des carpelles, à été d’abord émise par MM. Trécul et Paty, après l’examen d’une monstruosité observée sur les éta- À (1) Aug. St-Hilaire, Morphologie végétale, Paris, 1841, in-&, p. 534. (2) Aug. St-Hilaire, Ibidem, p. 511. (3) Emm. Le Maout, Leçons élémentaires de botanique, Paris, 1844, in-8o, p. 458. (4) Morière, Transformation des étamines en carpelles dans plusieurs espèces de Pavots, Caen, 1852, in-4°, p. 12. 84 MÉLANGES DE mines du Papaver orientale, Ts s'expriment ainsi sur ce fait: « Les étamines offraient plusieurs états bien différents » entre eux : les unes possédant la structure normale, les » autres se trouvant modifiées plus ou moins profondé- » ment; deux d’entre elles,en effet, portaient simultané- » ment du pollen et des ovules émanant en grand nombre » des deux faces suturales de l’anthère et formés du nucèle » recouverten partie par la primineet la secondine ; d’autres » étamines, enfin, plus profondément modifiées, étaient » transformées en carpelles et portaient des ovules nus sur » toute la partie moyenne longitudinale, vis-à-vis du fais- » ceau vasculaire; leur sommet, qui offrait, d’ailleurs, » l’apparence du stigmate, s’inclinait visiblement vers le » centre de la fleur... » Ces deux savants tirent de ce fait les conclusions suivantes : « La capsule des Papavé- » racées étant considérée, comme le font la plupart des bo- » tanistes, comme formée d’un nombre de feuilles carpel- » laires égal à celui des stigmates, le placenta représente » la nervure médiane et non les bords des feuilles soudées » entre eux ou avec un prolongement de l’axe, comme le » pensent les botanistes » (1). Nous espérons démontrer plus loin qu'il y a, dans l'exemple cité par MM. Trécul et Paty, non pas un carpelle unique, mais la réunion de deux éléments carpiques. M. Clos, de son côté, en s'appuyant d’une part sur une observation de M. Hugo Mob], relative à la transformation des étamines en carpelles, dans les Sempervivum et les Papaver, et, d'autre part, sur un cas de prolification obser- vée par lui dans un pavot et dont nous nous occuperons plus loin, professe avec conviction la théorie nouvelle. È4 (1) Trécul et Paty, Journal de Pharmacie et de Chimie, 3° sé- rie, T. VI] (1845), p. 158. TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 83 Quant aux faits observés par M. Hugo Mohl, ils ne l'empé- chent pas de considérer, dans les Sempertivum comme dans les Papaver, le connectif comme se changeant en dos carpellaire et les cloisons incomplètes, ainsi que les placen- tas, comme alternant avec le dos des carpelles (1). Ilajoute toutefois, à propos de la transformation des étamines en pétales : « On pourrait trouver ceci invraisemblable, par » la raison que si cette théorie est fondée dans la nature, » les placentas du carpelle représenteraient non le bord » de la feuille, mais une partie dela face supérieure. »(2) Ce passage n’est pas clair : on se demande quelle est la partie de la face supérieure qu'il considère comme consti- tuant les placentas ? Est-ce la partie médiane, ce qui serait favorable à l'opinion de M. Clos? ou bien seraient-ce les deux zones latérales de la face supérieure qui sont repliées en dedans et ovulifères? Quoi qu'il en soit, lathéorie, dont il estici question, a été acceptée, en ce qui concerne les pavots, par M. Duchartre ; il considère, en effet, le gros faisceau vasculaire sur lequel s'appuie la cloison incomplète comme marquant la ligne médiane des carpelles (3). On a invoqué à l’appui de l’une et de l’autre des deux théories dont 11 vient d’être question, plusieurs faits térato- logiques et tout d'abord, à l’exemple de MM. Trécul et Paty, la transformation des étamines en carpelles dans plusieurs espèces de pavots. Cette monstruosité n’est pas absolumentrare dans le Pavot des jardins (Papaver setige- (1) Hugo von Mohl, Beobachtungen über die Unwandlung tor Antheren in Carpelle, Tubingen, in-8, 1836, pages 24, 25 et 29 et Annales des Sciences naturelles, 2e série, T. VIII, 1837, p. 65, 66 et 69. (2) Hugo von Mohl, Zbidem, p. 37 et p. 74. (3) Duchartre, Eléments de botanique, Paris, 1866, in-8°, p.571. 86 MÉLANGES DE rum DC; Papaver hortense Huss.), ni dans les Papaver orientale et bracteatum ; mais elle se produit de deux ma- mères dont l’une n'offre pas, avec la même évidence qu l’autre, la solution de la difficulté. J'ai pu étudier vivantes les deux formes de cette transformation qui, dans lun et l’autre cas, est d'autant plus complète qu’elle affecte les étamines les plus voisines de la capsule centrale. La première se reproduit de graines, sinon intégrale- ment, du moins habituellement, lorsqu'on ne la sème pas trop dru ; elle m'a été envoyée du jardin de Berlin par M. Alex. Braun, sous le nom de Papaver somniferum var. poiycephalum. Dans cette forme de la métamorphose les premiers changements se manifestent dans le filet de l’éta- mine qui s'épaissit plus ou moins et quelquefois beaucoup surtout dans sa moitié supérieure; cette partie en se déve- loppant devient creuse à l’intérieur et, dans sa cavité, on voit de 2 à 7 bourrelets longitudinaux, fongueux, assez larges, mais peu saillants, couvert d’ovules (4). Ces placen- tas ne forment pas une cloison incomplète et ressemblent par leur forme à ceux de l’Argemone mexicana. Pendant que ces changements s’opérent dans le filet des étamines en voie de transformation, les anthères se modi- fient profondément, le connectif s’élargit et se transforme en un disque lobé, tandis que les valves des loges de l’an- thère en s’élargissant forment autant de rayons stigmati- ques convergents vers le centre qu’il y a de lobes, comme cela se voit Re le dans la capsule centrale. Chacun de ces HE s stigmatiques correspond à un bourrelet ovu- lifère. Ces étan mix 1es atteintes par la métamorphose sont Fes :s on presque toutes soudées ensemble à leur base et (1) Voyez Horière, op. eii. tab. 2, fig. 7. 9,.10, 11 qui repré- sentent très-bien ces placentas. TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 87 entourent étroitement comme par un large anneau le podo- carpe de la capsule centrale. Quelques unes des ces éta- mines-carpelles se soudent en outre avec une ou plusieurs voisines jusqu'à une hauteur variable pour former une sorte de petite grappe irrégulière de carpelles (4). Ces capsules surnuméraires différent des capsules nor- males non seulement par l’irrégularité de leur forme, leur courbure et leurs proportions, maïs surtout par les bour- relets placentairiens que J'ai décrits et qui ne ressemblent pas aux cloisons incomplètes ovulifères des fruits ordi- naires des Pavots. Cette monstruosité a éié figurée avec beaucoup de soin et de détails dans le travail important de M. Morière, qui y a consacré deux planches et 27 figures (2). Elles représentent très-bien la forme ovoïde de la capsule centrale et tous les détails de la transformation des étamines en carpelles, tels qu’on les observe dans le Paparer somniferum poly- cephalum de Berlin. S1 cette observation nous fait connaître le rôle qu'ont joué chacune des parties de l’étamine dans sa métamor- phose en carpelle, elle ne nous apprend rien, ce me sem- ble, sur la structure du fruit des Pavots, au point de vue surtout de la placentation dorsale ou intervalvulaire qui résulte de la réunion des éléments carpiques. (1) Ce Paparer somniferum var. polycephalum de Berlin n’est pas spécifiquement distinct du Pavot des jardins, qu’on apprécie pour ses beiles et nombreuses variétés, mais qu'on cultive en grand dans les Flandres et en Picardie pour ses graines, bien que sa capsule déhiscente sous le sommet puisse compromettre une partie du produit. La plante de Berlin a sa capsule centrale et ses carpelles supplémentaires indéhiscents ; elle serait dès-lors plus avantageuse en agriculture. (2) Morière, Transformation des élamines en carpelles dans plusieurs espèces d2 Pavots, Gaen, 1852, in-8°, tab. 88 MÉLANGES DE Le second mode de transformation des étamines en car- pelles a plus de portée sous ce dernier rapport. I a été, nous avons vu, observé et décrit par MM. Trécul et Paty, en 1845 (1); mais il l'avait été antérieurement par Turpin, qui en a donné de plus une bonne figure (2). Je l'ai observé en septembre 1865 sur le Papaver bracteatum et en août 1871, sur le Paparer orientale. Il est à remarquer qu’il s'agit, dans lun et l’autre cas, d’une seconde floraison, circonstance qui paraît rendre la métamorphose plus fré- quente. Il me reste à décrire les diverses phases de la métamor- phose des étamines en carpelles dans ces deux espèces de Pavots. Le connectif qui, à l’état normal, est si étroit qu'il se montre à peine entre les deux loges de l’anthère, s’élar- git beaucoup à sa base, forme un triangle isocéle dont. le sommet courbé en dehors par rapport à l'axe floral, est bordé sur chacun des côtés égaux par une des loges de Panthère, dont les valves forment bientôt une ligne papil- leuse et stigmatique. Le connectif ainsi élargi se prolonge en arrière en une membrane échancrée assez profondément à son milieu ; cette échancrure sépare deux lobes dont le bord externe est droit et de plus nu à son extrémité libre. Cette membrane avec le connectif triangulaire représente, ce me semble, un secteur du disque stigmatique dont la partie marginale échancrée est tournée vers l'axe floral et par conséquent disposée en sens inverse du disque stigma- tique de la capsule centrale (3); il en est de mème des (1) Trécul et Paty, Journal de pharmacie et de chimie, 2 série, T. VIT (1845), p. 158. (2) Turpin, Esquisse d'organographie végétale... pour servir à prouver la métamorphose des plantes de Goethe, Paris, 1837, in-fo, p. 55, tab. 4, fig. 23 et 23 bis. (3) Dans le Sempervicum tectorum, que l’on compare toujours TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 89 autres éléments de capsule produits par les étamines méta- morphosées. En même temps que ces faits se produisent, le connec- tif de plus en plus élargi se creuse en dessous et en avant, élargit, amineit et courbe en avant de chaque côté la partie inférieure de son bord anthérifère; celui-ci estentrainé dans le mouvement d'extension et de flexion, 1! s’élargit en une zone papilleuse longitudinale, qui tapisse près du bord latéral la face interne de la cavité et qui plus tard se cou- vrira d’ovules. Le filet, dont nous n'avons encore rien dit, s’est aussi élargi en même temps que le connectif et en est devenu la continuation en se creusant, comme lui, en gouttitre ouverte en avant. Les bords de cette gouttière creusée dans le connectif et le filet en se développant et en convergeant lun vers Pautre finissent quelquefois par se souder en un carpelle simple et fermé, qui présente intérieurement, de chaque côté de la ligne de soudure, une zone ovulifére. Ces carpelles simples et restant complétement ouverts en avant, peuvent se souder par les côtés au nombre de deux où trois, plus rarement quatre, et Punion a lieu par les parties similaires. Ce sont les parties latérales saillantes de la rainure qui se soudent deux à deux par leur face externe, tantôt jusqu'à leurs bords libres, tantôt un peu en deçà, ce qui dévoile d’une manière évidente le mode de formation des cioisons incomplètes ovuliféres ; elle résulte donc de la soudure de deux membranes appartenant à deux carpelles différents. Mais en même temps les secteurs simples de disque unissent aussi les lignes stigmatiques aux Pavots sous ce rapport, les étamines transformées en Car- pélles ont leur suture ventrale en dedans et non en dehors, comme dans nos Pavots. 90 MÉLANGES DE simples de deux carpelles voisins, pour former des rayons stigmatiques normaux; il en résulte, en outre, que les lobes du disque se complétent, excepté toutefois aux deux extrémités de la série carpique, où les lignes stig- matiques extrêmes restent simples, ainsi que la cloison ovulifère. Ces groupes de carpelles soudés ne ferment pas leur ca- vité générale, qui reste ouverte en avant, tandis que le bord du disque stigmatique lobé est tourné vers la capsule normale ctles rayons stigmatiques convergent en dehors. Il arrive, néanmoins, lorsque deux petits carpelles seulement se soudent par le côté, que les bords extérieurs des deux cavités séparées par la cloison ovulifère, sont à-peu-près complètement arrêtées dans leur dévelopnement comme si la plus grande partie de cette moitié du carpelle eût été supprimée avec la ligne stigmatique simple et sa zone ovulifère qui appartiennent normalement à cette moitié ex- terne; mais dans ce cas et conformément à la loi de balan- cement des organes, la cloison incomplète, provenant de la réunion de deux éléments carpiques, est plus saillante en avant et montre plus d’ovules sur ses deux faces. Ce dernier fait présente quelque chose d’analogue, mas seulement quant à sa signification crganogénique, avec le fait de prolification singulier, observé par M. Clos, et dont je vais, d’après lui, indiquer les caractères : sur huit cap- sules, appartenant à un même pied de Papaver sommife- rum, ce savant professeur trouva au centre de chacune d'elles une petite fleur, formée d’écaiiles blanchâtres et linéaires, dont les plus intérieures, tantôt se rapprochent, quoique encore distinctes, de la forme carpellaire, tantôt se soudent en un pistil semblable à celui des pavots. Cha- cune de ces folioles montre, au milieu de sa face dorsale, une raiaure longitudinale et aux deux bords de son extré-, TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 94 mité supérieure incurvée, un tissu papilleux, blanchâtre. Enfin: sur le milieu de la face interne des carpelles, et le long de la ligne correspondant à la rainure dorsale er- dessus mentionnée, se produit une excrorssance fongueuse et verticale ; c'est le placenta chargé de nombreux ovules (4). M. Clos fait observer en note que c’est sans doute du rap- prochement de ces deux bandes papilleuses que naissent les doubles lignes stigmatiques superposées aux cloisons. Je ne doute pas, pour ma part, qu’il en soit ainsi; mais, puisque ces deux lignes stigmatiques n'étaient pas réunies, il y avait donc au-dessus du placenta une division qui, ce me semble, peut être considérée comme l'indice d’une sé- paration originaire du placenta en deux lames. A l'appui de mon opinion, j’ai à faire connaître un exem- ple de métamorphose de capsules en pétales sur un pied de Pavot des jardins à fleurs très-doubles, que j'ai observé en juin 4866, dans mes cultures. C’est par conséquent, en ce qui concerne la question pendante, un fait inverse à celui qu'a étudié M. Clos ; mais la signification du fait pa- rait plus claire à débrouiller, les obiets se montrant sur de plus grandes dimensions, dans la métamorphose nouvelle dont je vais m'occuper. Elle s’est montrée à des degrés très-différents dans les treize capsules que j'ai observées; je vais décrire les deux degrés extrêmes : (3 Clos, Deuxième fascicule d'observations tératologiques, dans les Aémoires de l'Académie des Sciences de Toulouse, 5e série, T. VI, p. 68 et 69. On trouve dans les Œuvres d'histoire naturelle de Goethe, trad. par Martins, (Paris, grand in-8o, p. 294) l'exemple d’une prolifi- cation par emboitement, semblable à celle que M. Clos a obser- vée sur des tôtes de Pavots à ficurs doubles, mais les détails manquent. 92 MÉLANGES DE 1e capsule. -— Elle est formée de 11 feuilles carpellaires soudées entre elles et vertes en dehors dans leur moitié in- férieure,libres au contraire et plus ou moins pétaloïdes dans leur moitié supérieure. Les parties libres sont, dans le sens de leur longueur,courbées en une large gouttiéreäconvexité extérieure et cette gouttière continue inférieurement dans la partie où les carpelles sont soudés. Cette partie inférieure de la capsule présente donc à l'extérieur de larges côtes arrondies, séparées les unes des autres par des sillons dont chacun correspond exactement à une cloison incomplète, absolument comme cela se voit dans la capsule de l’Arge- mone mexicana. Les parties libres et pétaloïdes sont rouges et leur sommet, qui est entier, est bordé par deux lignes blanchâtres, glanduleuses, divergentes, en forme de V renversé et dans lesquelles on reconnait faci- lement deux lignes stigmatiques simples. Les commis- sures qui séparent les parties pétaloïdes, aboutissent tou- tes à l’un des sillons extérieurs que nous avons indi- qués et ceux-ci correspondent intérieurement à une cloison incomplète plus ou moins ovulifère; ces cloisons commen- cent en pointe à la commissure, puis deviennent de plus en plus saillantes en descendant le long du gros faisceau vasculaire placentairien. 2° capsule. —Dans une autrefleur la soudure des feuilles carpellaires à lieu jusqu'au sommet sur une partie de la circonférence de la capsule, et là les cloisons incomplètes sont normales et deux lignes stigmatiques soudées sont sur leur prolongement. Sur une autre portion du pourtour de la capsule qui est ouverte au sommet dans la partie cor- respondante, quelques folioles sont libres dans une faible étendue, ont les caractères pétaloïdes, ainsi que la partie supérieure des cloisons intermédiaires, visiblement dédoublées en ce point. Ces cloisons dans la partie péta- TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 93 loïde ne portent pas d’ovules; au dessous elles en montrent qui sontrudimentaires et infertiles; mais dans la partie de la capsule dont les cloisons plus épaisses et blanches com- muniquent avec les rayons stigmatiques, elles sont fécon- dées par les étamines mêlées aux pétales et produisent des graines parfaites. J'en ai recueilli dans une capsule en partie ouverte au sommet et présentant les conditions que je viens de décrire; ces graines ont germé, ont produit des pieds à fleurs doubles, mais avec des pistils parfaitement nor- maux. La monstruosité ne s’est pas montrée héréditaire. Ce fait tératologique justifiera peut-être, aux yeux des botanistes, l'interprétation que nous avons donnée du phé- nomène de prolification par emboitement étudié par M. Clos. Il est difficile d'admettre que sur une seule et même espèce de plante, 1l puisse se produire des faits contradic- toires; ces faits, du reste, s'ils se produisaient, ne prouve- raient absolument rien. Mais 1l nous semble que le fait nouveau,que nous avons produit dans la discussion, éclaire suffisamment le fait ancien, pour justifier les conclusions auxquelles nous sommes conduits, savoir : que, dans les Pa- vots, les placentas sont interposés aux feuilles carpellaires. Mais, d’autres faits viennent corroborer cette doctrine, et nous ne pouvons les négliger. Et d’abord, nous ferons observer que les faisceaux vas- culaires qui correspondent aux cloisons ovulifères, ne sont pas les seuls que présente la capsule des Pavots. Bien que ceux-Ci Soient épais, à raison sans doute du nombre consi- dérable d’ovules auxquels ils fournissent les vaisseaux du funicule, du raphé et de la chalaze, il en existe d’autres, il est vrai, moins épais et qui sont intermédiaires aux précédents. Ils se voient très-bien à l’œil nu, sur la face externe des cap- sules mûres du Papaver Rheas et, lorsque les capsules des diverses espèces de Pavots ont perdu par les pluies de l'hi- 94 MÉLANGES DE ver leur parenchyme, on distingue nettement ces faisceaux secondaires par la taille qui constituent, selon nous, la nervure médiane des carpelles. Les analogies si étroites, qui existent entre les Papavé- races et les Crucifêres, me semblent aussi un argument puissant pour admettre que l’organisation des fruits doit être analogue dans les deux familles. On est d'accord pour reconnaître que dans cette dernière famille des placentas sont insérés de chaque côté entre les feuilles carpellaires. Du reste, deux cas de prolification que j'ai observés sur les fieurs de Cardanune pratensis et sur celles de l’Hesperis matronalis à fleurs blanches et doub'es et que j'ai décrite, il y a longtemps (4), léveraient au besoin tous les doutes. Dans ces deux anomalies le fruit de la fleur supérieure se dédouble et se transforme en deux sépales ordinairement pourvus d’ovules rudimentaires sur leurs bords, et de l'axe naissent de nombreux pétales. Mais, il y a plus, il suffit de comparer les différents genres de Papavéracées entre eux, pour admettre que le fruit des Pavots, malgré la multiplicité ordinaire de ses carpelles, n’est pas formé d’après un système complètement différent de celui des genres Argemone, Meconopsis, Glau- cium, Chelidonium, etc. Eci le moûe de déhiscence dévoile l’organisation carpellaire. Sans rien préjuger, au sujet des exceptions admises par Hugo Mobl à la doctrine dans laquelle les placentas repré- sentent les bords des feuilles carpellaires, nous pensons que le fruit des Pavots ne constitue pas une de ces excep- tions à la théorie générale admise par Pyr. de Candolle, Robert Brown et Aug. St-Hilaire. {1} Godron, Description d’une monstruosité observée sur la flewr de plusieurs Crucifères, dans les Mémoires de l’Académie de Stanislas pour 1845, pages 39 à 50, fig. 4 et 5. TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 95 II . OBSERVATIONS SUR LES FASCIES. Les monstruosités végétales, connues sous le nom de faseres, affectent les tiges et les rameaux ; au lieu de con- server leur forme cylindrique, ces axes végétaux s’amincis- sent dans un sens efse dilatent dans le sens opposé, comme si elles avaient été fortement comprimées. Si la tige ou les rameaux ont par là considérablement changé de forme, ils n’ont pas changé de nature; leurs éléments anatomiques sont les mêmes ; ils conservent leurs dispositions relatives, soit que la fascie appartienne à une plante dicotylédonée, soit à une plante monocotylédone. Les fascies ne sont pas extrêmement rares : Moquin Tandon (4), qui énumére, en 4841, tous les exemples in- diqués jusque-là par les auteurs, en compte 63. Depuis une vingtaine d'années que je les recherche avec soin, j'en ai recueil 43; j'ai cru utile de les décrire et d'apporter ainsi mon contingent à l’histoire de ces monstruosités. 1. — FASCIES OBSERVÉES SUR DES PLANTES DICOTYLÉDONES. Les fascies de cette section, bien qu’elles ne différent pas entre elles par leur organisation, varient néanmoins dans leur forme, suivant la partie du système axile-ascen- dant qui est le siége de l'anomalie, suivant que celle-ci com- prend ou n’affecte pas Finflorescence, suivant que l'axe fascié appartient à une plante ligneuse ou à une plante herbacée. Ces diverses variétés sont classées dans les sections suivantes : (1) Moquin-Tandon, Eléments de Tératologie végétale, Paris, 1841, in-6o, p. 147. 96 MÉLANGES DE S 1. Fascies à inflorescence en créle., — L'inflorescence est raccourcie et élargie ; les fleurs extrémement nombreu- ses sont serrées les unes contre lés autres et forment par leur ensemble un groupe qui rappelle une crête de coq. Chacun connaît le Celosia cristata L. et le Sedum cristatum Schrad., qui n’est qu'une variété du Sedum reflexum , cultivés dans nos jardins et qui se propagent plus ou moins réguliérement de graines ; ces deux fascies appar- tiennent à cette section. Picris hieracioides L. — La fascie, que m'a présentée cette espèce, est une des plus remarquables, parmi celles qui ont été soumises à mon observation, par son dévelop- pement considérable. La racimeest longue de 0"27, pivotante, peu rameuse. Au-dessus d'elle et sur une hauteur de 0"02, on remar- que les cicatrices d’un très-grand nombre de feuilles radi- cales qui sont tombées. Immédiatement au-dessus de ce point, la fascie commence et s’étend sur une longueur de 071 et s’élargit insensiblement de bas en haut. Elle est creusée dès sa base de deux larges gouttières disposées en sens inverse, l’une sur la moitié d’une face, l’autre sur la moitié opposée de l’autre face; ces gouttières s’évasent beaucoup vers le milieu de la tige fasciée, qui là éprouve un mouvement de torsion d’un demi-cercle, puis la fascie est pliée en deux longitudinalement vers le haut et, dans sa plus ‘grande largeur, elle mesure 0"34. Je ne pense pas qu'on en ait observé Jusqu'ici de plus large. Elle est mince, mais S’épaissit un peu à son sommet où des fleurs extrêèmement nombreuses, portées sur des pédoncules sim- ples ou rameux, sont accumulées et forment une crête épaisse, décurrente sur les bords de la fascie et dont le dé- veloppement en largeur est de 037. Des feuilles nom- breuses sont disséminées sur les faces ; elles sont toutes TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 97 peu développées et çà et là elles offrent une disposition en arc oblique, trace sans doute de la spirale normale. Cette plante étant en fruits, lorsqu'on l’a recueillie, j'en ai semé les graines, et les pieds, que j'ai obtenus, n’ont pas reproduit la monstruosité. Cette fascie curieuse a été déposée au Muséum d'histoire naturelle de Nancy par M. Dilscheider, ingénieur des ponts et chaussées ; elle a été trouvée à Foug (Meurthe), en 1863, sur les berges du chemin de fer. M. Friant, mon préparateur à la faculté, m’a apporté, la même année, une seconde fascie de la même espèce, re- cueillie sur le côteau de Malzéville, près de Nancy. Elle offre aussi à la base de la tige un nombre très-considérable de feuilles desséchées ; elle est plus régulière que la précé- dente, plane dans toute sa largeur, mais elle ne mesure, au maximum, en largeur que 0"028. Elle porte, outre les fleurs en crête, quatre rameaux florifères, tous insérés sur l'un ou l’autre bord de la fascie. Carduus nutans L. — Cette espèce nous a fourni un second exemple d’une fascie présentant un développement ‘peu ordinaire. Ce monstre mesure 0" 60 de longueur et 0"115 dans sa plus grande largeur; la tige fasciée est droite, presque plane (à l’état frais) sur les faces élargies ; elle est couverte de feuilles excessivement nombreuses et parcourue de côtes longitudinales saillantes. La crête, lar- ge de 0" 20, est formée de 29 capitules plus ou moins déve- loppés et portés sur des pédoncules simples ou rameux de 0"02à0%10 de longueur. Cette plante a été rencontrée sur les côteaux calcaires de Boudonville, près de Nancy, ; Delphinium elatum L. — J'ai vu plusieurs fois la fascie de la tige de cette espèce dans les cultures de M. Rendatler et elle m'a aussi été envoyée de Dieuze par M. le docteur 7 98 MÉLANGES DE Ancelon. Chez toutes, les fleurs sont accumulées an som- met et forment une crête dense et décurrente sur les bords ; vers le sommet des faces les fleurs sont plus dis- séminées. L'une de ces fascies, conservée au musée d'his- toire naturelle de Nancy, s'étant accrue rapidement, est fis- tuleuse dans toute sa longueur. Une autre porte au sommet de la crête une fleur dressée, péloriée, à cinq éperons. Les côtes de la surface sont assez espacées et saillantes. Une troisième enfin, trouvée récemment, mesure 1"22 sur 003. | Echium vulqgare L. — Cette fascie a 0" 49 de longueur; elle commence un peu au-dessus de la base de la tige cou- verte des cicatrices d’un grand nombre de feuilles radica- les; elle s’élargit régulièrement de bas en haut et, vers le sommet, elle atteint 0 " 08 de largeur; elle est mince et plane. De petites cymes scorpioides fleuries forment au sommet une crête large de 0 » 15, très-dense, qui se pro- longe sur l’un et l’autre bord de la fascie presque jusqu’à la base, en devenant de plus en plus lâche. Je l'ai rencontrée sur les côteaux calcaires des environs de Nancy. Bunias orientalis L. — La fascie occupe toute la lon- gueur de la tige qui a plus d’un mêtre; sa plus grande lar- geur est de 0"045. Vers son milieu, elle se courbe dans le sens de ses bords et décrit deux tours de spire accolés et parallèles, dont le diamètre est de 0"13 à 01%; puis elle se redresse, et son sommet est une crête de fleurs accu- mulées et serrées les unes contre les autres et qui se pro- longe sur les bords ; au-dessous de la crête et sur les faces sont des fleurs disséminées dans une étendue de 0 "15. Plus bas on observe des rameaux floriféres qui tous par- tent d’un seul des bords de la fascie. Les côtes des faces sonttrès-prononcées et l’on y voit des séries interrompues de la spire que décrivent les feuilles. Je l'ai recueillie dans les cultures du jardin des plantes de Nancy. TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 99 Campanula linifolia Lam. — T'en possède deux échan- tillons recueillis sur la même plante au jardin de Nancy. Dans l’un et l’autre la fascie occupe toute la longueur de la tige ; elle est large de 0"01 ; elle a éprouvé un mouvement de torsion sur son axe. Desfleurs nombreuses sont dispo- sées en crête au sommet; des rameaux grèles, florifères, qu’elle porte dans sa moitié supérieure, prennent leur ori- gine sur ses bords ou à proximité des bords. Antirrhinum majus L. — La fascie affecte tout un rameau ; elle est large de 0,008, se courbe au sommet, où les fleurs rapprochées sur une même ligne forment une crête simple. Dans les cultures de M. Rendatler. Dans un autre échantillon, la longueur de la fascie est de 0 " 32; sa plus grande largeur est de 0 " 012; ses faces sont finement striées ; leurs fleurs sont en crête et les feuil- les très-nombreuses à chaque nœud, de façon à constituer un véritable état de phyllomanie. Cultures de M. Ber- ter. Barkhausia fœtida D.C. — La fascie s'étend à la tige entière qui est haute de 0 " 20. Elle se bifurque à son quart inférieure et là elle est large de 0" 028. La branche princi- pale porte au sommet une crête de 0" 04, formée de cala- thides sessiles, confondues et soudées les unes avec les autres; par l’un de ses bords cette même branche émet cinq rameaux floriféres normaux. La branche secondaire se divise en quatre rameaux, tous placés dans le même plan et dont deux étroitement fasciés portent chacun au sommet deux calathides encore distinctes. Les côtes des faces sont fines, mais bien distinctes. Côteaux calcaires des environs de Nancy. Fragaria magna Thull. — La déformation occupe toute la tige florifère sur une longueur d'environ 0 " 20; dans sa plus grande largeur elle atteint un peu plus de 0 ® 04. 100 MÉLANGES DE Elle émet de ses bords cinq ou six rameaux fleuris régu- liers et au sommet elle porte une accumulation de fruits pressés les uns contre les autres, plus ou moins soudés par leurs calices et qui forment une véritable crête de 0 ® 05 de longueur. Cultures de M. Rendatler. $ 2. Fascies à inflorescence bifurquée. — Ces fascies, comme les précédentes, atteignent l’inflorescence, mais le développement en longueur n’est pas entravé par l’accrois- sement en largeur, toujours modéré dans cette variété de fascies. Les fleurs, à peine plus nombreuses qu’à l’état normal, ne sont jamais accumulées au sommet, mais sont disposées sur les deux axes comme elles le sont habituel- lement sur un seul. La bifurcation de l’inflorescence est évidemment due à un phénomène de partition. Echium vulgare L. — La partie supérieure de la tige se fascie et la déformation s'étend à l’inflorescence. Celle-ci se bifurque un peu au-dessus de Ja base et les deux branches, à peu près de même longueur, sont toutes les deux fasciées jusqu’à leur sommet, sans dépasser la largeur de 0 ® 01. Les petits rameaux scorpioïdes de la grappe sont insérés sur les bords de la fascie. Je l'ai recueilli au vallon de Soultzbach dans la chaîne des Vosges. Digitalis hybrida. — J'ai observé cet exemple sur un pied d’une Digitale hybride née spontanément au Jardin des plantes de Nancy et dont un des parents est le D. lutea L.; je n’ai pu déterminer le second parent (4). La fascie commence au-dessous de l’inflorescence et acquiert sa plus grande largeur (5 millimêtres) vers le milieu de Ja grappe; celle-ci est bifurquée à son sommet et les branches de la bifurcation sont fasciées et d’égale longueur. Les fleurs unilatérales sont dans le même plan que la fascie. (1) J'ai parlé de cet hybride dans mes Nouvelles expériences sur l'hybridité dans Le règre végétal, Nancy, 1866, p. 34. TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 101 Un autre hybride du même genre, le Digitalis luteo- grandiflora, obtenu par la fécondation artificielle, a aussi la partie supérieure de la grappe fasciée et bifurquée. Lobelia syphilitica L. — La fascie commence à la base de la tige et règne sur une longueur de 0" 75, y compris l'inflorescence ; elle atteint dans sa plus grande largeur un peu plus de 0 "03. L’inflorescence principale, longue de 0 " 30, assez largement fasciée, se divise au sommet en deux branches égales et fasciées. Dans le quart inférieur de la tige, cinq rameaux grêles, florifères, non fasciés, partent de l’un des bord de la tige ; un peu au-dessus, et du bord opposé, s'élève un rameau robuste, fascié dans toute sa lon- gueur, y compris sa grappe; celle-ci divisée au sommet en deux branches égales et fasciées. Les côtes des faces sont inégales, assez saillantes. Dans les cultures de M. Rendat- IE: Thlaspi alpestre L. — La tige est fasciée dès la base et un peu au-dessus elle produit deux rameaux fleuris eylin- driques qui s’insérent à l’un et à l’autre bord de la fascie. Celle-ci s'étend à toute la grappe principale qui, dans son tiers supérieur, se divise en deux branches également fas- ciées. Recueillie au jardin des plantes de Naney. Cœlestina ageratoides Cass. — La fascie commence au milieu de la tige et s'étend Jusqu'au sommet de l’axe primaire de l’infiorescence, sur une longueur de 0"30 ; la largeur est de 004 ou un peu plus. A part la fascie de son axe primaire, le corymbe est normal, mais très-rameux et ses rayons partent indifféremment des bords et des faces de la fascie. Vers le milieu de la hauteur du corymbe, la fascie de l’axe primaire se bifurque en deux branches un peu inégales, èt terminées chacune par un petit corymbe particulier. Les stries des faces sont fines, mais três-visi- bles. Dans les cultures du Jardin des plantes de Nancy. 102 MÉLANGES DE Aster recurvatus Nees. — Tige fasciée dans toute sa moitié supérieure et atteignant au-dessous du sommet 0% 01 de largeur; là elle se bifurque en deux branches courtes, et étroitement fasciées. De nombreux rameaux floriféres naissent dans toute l’étendue de la fascie; dans sa moitié inférieure ils sortent des bords et, dans sa moitié supérieure, à la fois des bords et des faces. Dans les cultu- res du jardin des plantes de Nancy. S 3. Fascies terminées par un bouquet de feuilles en crête. — Elles affectent seulement les tiges et les rameaux ; elles s’élargissent au sommet comme les fascies à inflores- cences en crête, mais au lieu de fleurs, elles portent des feuilles. Pentstemum gentianoïdes Poir. — Tige longue de 0"40, fasciée dès la base, s’élargissant peu à peu vers le som- met où elle atteint 0" 055 de largeur. Les feuilles sont d'autant plus nombreuses qu’elles s’insérent plus haut et forment une crête dense au sommet. Sur les faces de la fascie les feuilles présentent dans leur insertion des frag- ments de spirale interrompue. Deux longs rameaux partent des bords de la fascie vers son tiers inférieur. Ils sont nor- maux, si ce n’est que leurs feuilles sont régulièrement verticillées par trois, au lieu d’être opposées en croix. Dans les cultures de M. Rendatler. Chelone barbata Cav. — Tige raccourcie, longue de 0 "45, fasciée dès la base; la fascie atteint au sommet 0 " 03 de largeur et se termine, comme dans le cas précédent, par une crête de feuilles; sur les faces les feuilles sont nom- breuses et par leur insertion forment des portions de spi- rale interrompue. Cultures de M. Rendatler. Leptandra sibirica Nutt. — Deux longues tiges sont fas- ciées dans toute leur longueur et la fascie atteint sous le sommet 0 “01 ou un peu plus. Les feuilles sont plus TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 103 nombreuses que de coutume aux verticilles de là partie moyenne et surtout de la partie supérieure de la tige. Ces verticilles sont un peu irréguliers et les feuilles com- mencent à prendre une direction spirale. Plusieurs de ces feuilles sont bilobées au sommet, soit qu'il sorte de la base du limbe deux nervures dorsales, soit que la ner- vure unique d’abord se divise plus haut en deux nervures égales. Recueillie au jardin des plantes de Nancy. Carlina vulgaris L, — La fascie affecte toute la longueur de la tige, qui présente 0" 41 de hauteur ; sa plus grande largeur est de 0 " 07. Les feuilles qui couvrent les faces sont nombreuses, disposées en fragments de spirale ; elles sont assez courtes et étroites, plus petites et plus conden- sées au sommet. Un rameau fascié, long de 017, sort de l’un des bords vers le milieu de la fascie. Les côtes sont fines, rapprochées, très-visibles. Recueillie aux environs de Nancy. Œnothera biennis L. — De la base au sommet de la tige cette fascie mesure 0 " 85 et sa plus grande largeur est de 0 * 03. Ses côtes sont peunombreuses, écartées, saillan- tes. Quatre rameaux cylindriques naissent de l’un et de l'autre bord au-dessus de la base. Vers son milieu la fas- cie se partage en deux branches également fasciées ; l’une d'elles est trifurquée au sommet. Une crête de feuilles ter- mine chacune de ses divisions. Cultures du jardin des plantes de Nancy. $. 4. Faseies contournées en crosse au sommet. — Je ne connais cette forme de fascie que sur les rameaux des plantes ligneuses ; l'extrémité de la courbure en crosse, tronquée et lobulée, est bordée de petits bourgeons. Alnus glutinosa L. — J'ai sous les yeux trois exem- plures de cette fascie. Le plus grand mesure 0"46 de lon- sueur; il est courbé en gouttière et un peu tordu en tire- 104 MÉLANGES DE bouchon sur son axe. Il s’élargit peu à peu de bas en haut jusqu'à égaler, à proximité du sommet, 0075; là 1] se bifurque en deux branches qui se courbent en arc de cer- cle et s'enroulent chacune à leur extrémité et en sens in- verse. Les courbures sont dans le même plan que la fascie générale. Les côtes des faces sont assez fortes et saillantes. Trois rameaux naissent des bords de la fascie et sont nor- maux. Les deux autres exemplaires présentent moins de développement; ils sont plans, non divisés et également courbés en crosse à leur sommet. Celui-ci dans les trois échantillons est tronqué-lobulé et garni d’un rang serré de bourgeons. Recueillie à Nancy. Syringa vulgaris L. — Cette fascie s’est développée à l'extrémité d’un rameau normal de l’année précédente ; elle est longue de 0"30 et, dans sa plus grande largeur, elle égale 0"015. Elle est plane, courbée en crosse au som- met ; celui-ci est tronqué et bordé d’une crête de petits bourgeons. Quatre rameaux à l’état normal naissent de ses bords ;-un cinquième sort d’une des faces. Jardin du doc- teur Demange. Fraxinus excelsior L. — Elle est plane, longue de 0"60, s’élargit insensiblement jusqu’au sommet où l’on observe une crête de bourgeons large de 0"06. La courbe en crosse est assez régulière. Trouvée à Draguignan ; elle fait partie des collections de l'Ecole forestière de Nancy. Hibiscus syriacus L. — Branche fasciée presque dès son origine en une expansion qui égale 002 dans sa plus grande largeur. Elle se courbe dans le plan de la fascie de façon à décrire deux cercles et se termine en crosse. Sur le bord de la plus grande courbure du second cercle, elle émet quatre rameaux cylindriques, inégaux. Recueillie au jardin des plantes de Nancy. $. 5. l'ascies étagées. — Elles se montrent séparées en TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 105 deux ou trois étages par des bourrelets épais et transver- saux. Picea‘excelsa Link.— La fascie de l’Epicea paraît être très-rare; elle a été cependant observée en Allemagne par Rossmässler (4) qui a donné la figure d’une portion de cettemonstruosité remarquable. Les collections de l'Ecole forestière de Nancy possèdent deux échantillons de cette fascie, l’un et l’autre très-cu- rieux et méritant d’être décrits. Dans le premier la fascie est ramifiée et trés-compli- quée. Elle mesure 055 en longueur, mais la fasciation partait de plus bas et la pièce a été tronquée par le bas, Ce qui reste de sa parte inférieure mesure 0"10 de longueur sur 0"05 de largeur ; l'épaisseur est là plus prononcée que d'ordinaire. Cette portion de la fascie se divise à sa partio supérieure en trois branches principales, bien différentes lesunes des autres, quoique toutes les trois soient atteintes par la fasciation. La première branche, la plus longue, atteint 030 sur 0"06 de largeur; elle est un peu courbée et se termine par un bourrelet large de 0"10. Sur ce bourrelet s'élèvent 10 rameaux inégaux, longs de 0"08 à 6"12, rangés sur une même ligne onduleuse et terminés aussi chacun par un bourrelet secondaire. Celui-ci devient la base sur laquelle repose un troisième étage de rameaux courts, les uns fas- ciés étroitement et portant au sommet un bourrelet trans- versal de troisième ordre, les autres grêles, cylindriques, épaissis en une petite boule au sommet. Cette première branche émet, en outre, à son tiers infé- rieur et de l’un des bords, un rameau fascié assez long, s’élargissant au sommet en un bourrelet transversal de {1} Rossmässler, Der Wald, Leipzig, 1863, p. 315, fig. XLVI. 106 MÉLANGES DE 0"05. Celui-ci porte une expansion mince, carrée, de 005 de côté et de plus un rameau d’abord cylindrique, puis fas- cié, long de 0"10, terminé par un bourrelet surmonté d’une ligne de ramuscules cylindriques. La seconde branche est droite, longue de 0"25, large de 0"03, épaissie au sommet en un bourrelet transversal de 0"06 de largeur. Celui-ci est bordé d’une ligne de ra- meaux courts, dont cinq fasciés et épaissis en bourrelet au sommet, de ramuscules cylindriques épaissis en boule à leur extrémité et de quelques bourgeons. La troisième branche se divise presque dès la base en trois parties, dont la plus importante consiste en une fas- cie large de 0"05, haute de 6"10, munie d’un bourrelet à son bord supérieur et de quelques ramuscules. Les deux autres parties, plus étroites, bizarres par leur forme, sont fasciées et portent un bourrelet. La moëlle de cette fascie est allongée et applatie. ille a été trouvée dans les forêts de Pontarlier (Doubs). La seconde fascie du Picea excelsa a beaucoup moins de développement, mais offre des particularités qui méritent d'être signalées. Branche cylindrique, portant à son nœud supérieur un verticille un peu irrégulier de 18 rameaux grèles, inégaux, cylindriques. Au centre de ces rameaux on distingue de nombreuses écailles, débris d’un gros bour- geon terminal, d'où sont sortis trois rameaux fasciés. Le plus fort à 0"07 de hauteur, 1l est courbé en tube un peu tordu sur lui-même et dont le diamètre est de 0®02; son bord supérieur est épaissi en un bourrelet ondulé qui por- te un bourgeon bien reconnaissable. De petites aiguilles de 2 millimètres de longueur, très-fines, tapissent encore lin- térieur du tube, bien que les feuilles extérieures soient tombées. Un second rameau plus court est également enroulé en tube et porte aussi un bourrelet. Le troisième TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 107 rameau, plus étroit que les deux autres, haut de Om10, est courbé en gouttière et produit de ses bords deux ramusculss. Les faces et surtout les bourrelets de ces deux fascies étaient couvertes de feuilles, mais les limbes s'étaient par- tout détachés et comme désarticulés par la dessiccation ; les pétioles longs de un millimètre persistent et se prolon- gent par leur base en côte assez saillante. $. 6. Fascies simples, sans caractères spéciaux. — Elles affectent les tiges, sans modifier les inflorescences. Petunia hybrides. — J'ai observé assez souvent la fascie de ces plantes et elle s’est montrée toujours semblable à elle-même. Elle commence à la base des tiges et s’élargit insensiblement jasqu’à mesurer en largeur 6703, 0706, 0"09 etse termine carrément au sommet par un bord trans- versal, d’où s’élévent sur une seule ligne des rameaux pa- rallèles florifères qui n’ont rien d’anormal. Echeveria macrophylla. — La tige à partir de Ia racine s'élargit, s’applatit et forme une expansion charnue assez épaisse, s'étendant en largeur et formant une crête irrégu- liérement lobée et ondulée, qui atteint jusqu'à 0"30 à 0"%0 de largeur, la hauteur étant moitié moindre; cette crête ou bord supérieur porte des rameaux courts, cylin- driques, feuillés au sommet, rapprochés sur une même ligne onduleuse. Les faces de cette fascie sont munies de beaucoup de feuilles qui tombent de bonne heure. La moëlle de cette fascie est allongée et comprimée, tandis qu'elle est réguliérement cylindrique dans les courts rameaux qu'elle produit. Dans les cultures de M. Rendat- ler, qui la reproduit par boutures. Echeveria metallica H. Kew.— Sa longueur est de 074 ; sa plus grande largeur est, au tiers de la hauteur, de 005 où elle se divise en trois branches fasciées dans le même 108 MÉLANGES DE plan. La plus grande de ces branches se divise en trois rameaux fasciés, subdivisés de même au sommet et qui émettent de leurs bords, à différentes hauteurs, des pédoncules cylindriques plus ou moins longs et portant de petites inflorescences normales. La seconde branche se bifurque au tiers de sa hauteur et les deux rameaux sont fasciés et fleuris au sommet. La troisième branche se tri- furque supérieurement et porte de très-nombreuses inflo- rescences régulières. Cultures de M. Rendatler. Melaleuca paludosa R: Brown.— La tige de cette plante s’élargit légèrementets’applatitsur une longueur de 0015, puis s’épanouit brusquement, après avoir produit de cha- cun de ses bords un rameau normal vigoureux, en une expansion mince, ligneuse, absolument couverte de petites feuilles Imbriquées, large de 0"045 et haute de 0045, lo- bée à son bord supérieur, d’où s'élèvent de trés-courts rameaux feuillés. Serres du jardin des plantes de Nancy. Crepis virens L. — Tige fasciée depuis sa base jusqu’à l'origine de l’inflorescence, qui n’est pas modifiée. Elle mesure 044 en longueur et un peu plus de 001 en lar- geur. Les côtes sont rapprochées et très-visibles. Ranunculus sylvaticus Thuill. — Toute la tige est fas- ciée sur une longueur de 032; la plus grande largeur est de 0®013. Elle porte sur ses bords et au sommet des ra- meaux florifères. Verbena Aubletia L. — La fascie occupe toute la lon- gueur de la tige jusqu'au dessous de l'inflorescence qui reste normale ; elle ne dépasse pas en largeur 0006. Ses feuilles inférieures sont opposées, puis un verticille de trois feuilles avec trois rameaux axillaires leur succède ; le ver- ticille suivant montre quatre feuilles et quatre rameaux et le verticille supérieur cinq de ces deux organes. Cultures de M. Rendatler. TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 109 Linaria genistæfolia Mill. — La déformation commence à la base de la tige, s'élargit insensiblement jusqu’à 0014, puis serétrécit, meurt au sommet et produit au-dessous de la partie mortiliée des rameaux fleuris. Jardin des plantes de Nancy. Capparis spinosa L. — Tronçon de 022 d'une tige fas- ciée de cette espèce, large de 0"013, munie de feuilles nom- breuses. Côtes des faces assez saillantes. M’a été donné à Montpellier. Ailanthus glandulosa Desf. — Cette fascie mesure 1"32 de longueur; elle s’élargit peu à peu jusqu'à atteindre Ov9, un peu au-dessus des deux tiers de sa longueur; là elle se trifurque en trois branches fasciées et inégales. La premiére est longue de 0"34 et large de 004, elle est fendue au sommet en quatre lobes aigus et très-inégaux. La seconde est intermédiaire, longue de 042 et large de 0"05, trifide, à lobes inégaux. La troisième est la plus courte; elle est étroite, simple, aiguë. De larges côtes lon- gitudinales se montrent sur les faces. Cette pièce fait partie des collections de l'Ecole forestière de Nancy. Cucumis sativus L. — J'ai observé plusieurs fois sa fas- cie. Le Musée d'histoire naturelle de Nancy en possède un exemplaire long de 155 sur une largeur moyenne de 003. Les Côtes des faces sont assez grosses, inégales. Cultures de M. Rendatler. Convolvulus arvensis L. — La fascie est longue de 1m24. Etroite de 0002 à sa base, elle s’élargit insensiblement et atteint 0"007 dans sa plus grande largeur, c’est-à-dire à 085 de sa base; là elle se bifurque en deux branches fas- ciées et à peu prés égales. Elle est contournée en spirale lâche dans toute sa longueur et porte deux rameaux courts, non fasciés, naissant l’un et l’autre des bords. Les faces sont striées en long. Jardin des plantes de Nancy. 410 MÉLANGES DE Wisteria chinensis D.C. — J'en ai recueilli deux échan- üllons remarquables, affectant des rameaux. L'un mesure 1"70 en longueur et 003 en largeur ; il se divise au som- met en quatre rameaux fasciés, parallèles, longs de 0742. L'autre fascie est longuede 2m15, large de 0"03 et se divise au sommet en deux lanières. Les côtes des faces sont sail- lantes. Jardin de M. Friant. Pelargonium zonale Willd. — Tige fasciée à la base assez largement, se divisant profondément, un peu au-des- sus d’elle, sur l’un de ses bords, en six branches fasciées elles-mêmes, mais redevenant cylindriques à leur sommet où elles se préparent à fleurir. Cultures de M. Rendatler. II. FASCIES OBSERVÉES SUR DES PLANTES MONOCOLYLÉDONES. Je n’en ai jusqu'ici rencontré que deux exemples, mal- gré mes nombreuses recherches. Elles sont par conséquent bien moins fréquentes que dans les plantes dicotylédones. La structure propre des tiges dans les végétaux monocoty- lédons y est conservée et très-reconnaissable ; seulement les axes sont fortement applatis. Lilium croceum Chaix.— La fascie occupe toute la tige longue de 081 ; sa largeur moyenne est de 0w022. Versle sommet elle se courbe dans le plan de la fascie, devient horizontale dans une étendue de 020. Sur le bord supé- rieur de cette portion horizontale sont accumulées les fleurs au nombre de 39, toutes assez longuement pédonculées. Cette fascie m’a été adressée fraiche par M. Mehl, percep- teur à Nancy. Elle a été déposée au musée de Nancy. Asparagus officinals L.— Cette fascie a déjà été signalée par les auteurs. J’en possède un exemplaire qui affecte toute la longueur de la tige et qui mesure 038 de longueur sur 001 dans sa plus grande largeur. Les côtes des faces sont écartées et assez saillantes. TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 411 Tels sont les exemples de fascies que j'ai eu occasion d'observer. Il me reste à indiquer leurs caractères géné- raux et à les comparer ensuite aux cladodes qui sont aussi des axes déprimés. 1° La fasciation ne change pas la nature des tiges et des rameaux qu'elle atteint; pour être déprimés dans un sens et élargis dans l’autre, les organes axiles n’en conservent pas moins l’organisation qui les caractérise à l’état normal, qu'ils appartiennent aux plantes dicotylédones ou aux plantes monocotylédones. 2° Les fascies offrent sur leurs faces de petites côtes longitudinales, alors même que les tiges normales sont complètement lisses dans ces espèces, comme on le voit dans le Penstemum gentianoëdes Porr., Delplanium elatum L., Wisteria sinensis D.C., Echium vulgare L., ete. Ces côtes longitudinales plus ou moins fines résultent de l’écartement plus ou moins marqué des faisceaux fibro-vas- culaires par suite de lexpansion latérale de la fascie. I] faut toutelois en excepter les fascies des plantes grasses, comme nous l'avons constaté dans celle des Echeveria qui ne présentent sur leurs faces aucune trace de côtes. 3° Nos observations confirment ce qu'a déjà dit Moquin- Tandon (1): que cette déformation tératologique est beau- coup plus fréquente dans les plantes dicotylédones que dans les monocotylédones, dans les plantes herbacées que dans les plantes ligneuses. Je constate, en outre, qu’elle n’a pas été vue sur les tiges articulées. 4° Je ne connais aucun exemple de fascie observé sur les racines, bien qu’on en ait rencontré sur les drageons souterrains et sur les stolons. (1) Moquin-Tandon, Éléments de Tératologie végétale, Paris, 1841, in-80, p. 150. At 112 MÉLANGES DE 5° Les fascies dénotent un excès de vie qui se manifeste surtout aux bords et au sommet, où se produisent d’une part des rameaux et de l'autre l'accumulation des fleurs ou des feuilles. 6° On observe en général qu’elles ont une tendance à la phyllomanie et que les feuilles opposées ou verticillées prennent, d'une manière plus ou moins marquée et tou- jours irrégulière, une direction spirale. 7° La fasciation favorise la partition de la tige et des ra- meaux. 8° Les fascies sontrarement héréditaires et jamais d’une manière absolue. Les cladodes sont, comme les fascies, des axes dépri- més et il me semble utile d'indiquer les analogies qui les rapprochent et les différences qui les séparent. Il est d’abord des cladodes qui offrent exactement la for- me et l’organisation des fascies des plantes dicotylédones, qui, comme elles, ont une moëlle très-applatie, tapissant intérieurement d’une manière continue la zone fibro-vascu- laire du rameau; celle-ci et la zone cutanée, au lieu de former des cercles concentriques, décrivent dans l’un et l’autre cas des ellipses très-allongées. On peut dès lors considérer les cladodes comme de véritables fascies nor- males et nous pouvons citer comme exemples les rameaux des Coccoloba platyclada, ceux du Carmichælia australis et autres espêces à rameaux comprimés de la famille des Légumineuses, enfin les Opuntia. Les premières parmi ces plantes ont comme les fascies des côtes fines longitudina- les sur leur face; les Opuntia en manquent au contraire comme dans la fascie des Echeveria. Malgré ces analogies de structure, il y a quelques différences qui les distinguent. Dans toutes les cladodes, et par conséquement dans celles que je viens d'indiquer, les véritables feuilles manquent TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 113 constamment, où plutôt sont représentées par de simples écailles ; dans les fascies, au contraire, lesfeuilles manquent très-rarement et je ne connais même d'exception que celle de la fascie de l’Asperge que j'ai décrite. Une autre diffé- rence entre les cladodes et les fascies, c’est que les premié- res se montrent exclusivement sur les rameaux et même sur tous les rameaux de l’espêce qui les présente, tandis que les fascies affectent le plus souvent les tiges, plus ra- rement les rameaux des plantes, dont un seul où un petit nombre sont atteints. Les cladodes des Ruscus ont une organisation bien diffé- rente de celle des fascies. Elles ressemblent à des feuilies et tous les anciens botanistes les ont considérées comme telles ; elles en remplissent du reste les fonctions physio- logiques. Mais la ressemblance et même l’analogie de struc- ture sont extrêmement frappantes si on les compare aux feuilles de plusieurs espèces de la même famille, telles que les Polygonatum, Streptopus, Majanthemun, Convallaria, etc. Non seulement la forme générale est la même dans les deux genres d'organes, mais les faisceaux fibro-vasculai- res sont disposés dans un seul et même plan, régulière- ment écartés les uns des autres et, en dehors du faisceau médian, ils forment les mêmes courbes qui ont mérité aux feuilles de ces plantes la qualification de curvineruiées. Ces faisceaux fibro-vasculaires sont reliés entre eux par des veines qu'on aperçoit très-bien dans ces deux genres d’or- ganes, lorsqu'ils sont desséchés et vus à contre jour. Ce- pendant personne ne doute plus que les cladodes des Rus- cus ne soient des organes axiles; mais ce sont des rameaux métamorphosés en feuilles, lorsqu'elles ne portent pas d’inflorescence sur leurs faces, comme cela a toujours lieu dans le Ruscus racemosus L., et il en estde même des cla- dodes non florifères des Rusceus androgynus L., Hypophyl- 414 MÉLANGES DE lum L., Hypoglossum L. et aculeatus L. Mais un plus ou moins grand nombre de ces rameaux foliiformes portent des fleurs chez ces dernières espèces, sur leurs côtes submar- ginales dans la première, sur le milieu de la côte médiane dans les trois autres. Ces côtes floriféres sont plus déve- loppées que les autres et remplissent le rôle de rameau, tandis que le reste de l’organe continue à ressembler à une feuille et à en remplir les fonctions. L'inflorescence sort chaque année du même bourgeon, qui s’accroit légé- rement par son centre, et l’on trouve à sa base les écailles et les pédoncules des années précédentes. Les cladodes des Xylophyllum constituent aussi des expansions foluformes ; mais par leur organisation elles différent des fascies et même des cladodes des Auscus. Elles présentent sur leurs faces des côtes fines comme dans les fascies ; mais, au lieu d’être toutes de même ordre, il en existe une médiane d’où naissent les autres d’après le mode alterne. Cette disposition augmente la ressemblance qu'elles ont avec les nervures des feuilles. Comme dans les fascies, la vie semble devenir plus active par les bords de l'organe, puisque c’est là que les fleurs se développent et forment de petites inflorescences fasciculées. Mais, si l’on étudie avec soin ces côtes nerviformes, comme l’a fait M. Trécul, on reconnaît qu’elles sont formées, non pas d’un simple faisceau fibro-vasculaire, mais d’un cerele de fais- ceaux entourant régulièrement une petite moëlle (1). Ces organes sont donc des rameaux, l’un primaire, les autres secondaires et alternes-distiques , le tout réuni par un parenchyme et entièrement enveloppé par les couches cor- ticales, si l’on en excepte les inflorescences qui sont libres et terminent l'extrémité des rameaux nerviformes. (1) Trécul, Comptes rendus de l'académie des sciences, T. 68 1869), p. 574. TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 115 Les cladodes des Phyllocactus, des Rlipsalis, des Epi- phyllum, ayant une moëlle centraie circulaire, entourée par une zone plus ou moins large de tissu fbro-vasculaire, d’où, comme l’a observé M. Trécul(?), partent latéralement des faisceaux qui se répandent dans le parenchyme, où 1ls se ramifient et s’anostomosent à la manière des nervures des feuilles, différent complétement des fascies et des autres cladodes’dont nous avons parlé. Quoiqu'il en soit, il n’en résulte pas moins que les ana- logies de forme et de structure que nous avons signalées entre certaines eladodes et les fascies, fournissent une nouvelle confirmation de cette loi posée par Moquin-Tan- don : « que les déviations du type spécifique dans un végé- » tal représentent l’état habituel d’un autre végétal. » (2). XL. DE L'EXISTENCE ANORMALE D'UN FRUIT BICARPELLAIRE DANS LA FAMILLE DES LÉGUMINEUSES. On sait que, dans les Papilionacées, les verticilles flo- raux sont établis d'aprés le système quinaire et, s'il n'y avait pas d’avortement, ce type numérique se montrerait aussi pour les carpelles. J'avais exposé cette théorie, dans une de mes leçons du mois de juin 4870, et je fus agréable- ment surpris lorsque, à la leçon suivante, un bon vieillard, M. Vaultrin, qui suit mes cours depuis plusieurs années, m'apporta deux pistils encore verts de Phaseolus vulgaris L., sortant de la même fleur, formés chacun de deux car- pelles soudés dans une grande partie de leur étendue, (1) Trécul, L. c. {2) Moquin-Tandon, Eléments de Tératologie végétale, Paris, 1841, in-8o, p. 193. 116 MÉLANGES DE libres au sommet et portant chacun leur styie distinct. Mon attention ainsi éveillée sur ce fait, il m'a été assez facile de me procurer de nouveaux exemples de ceite anomalie et à tous les degrés de développement jusqu’à la maturité. Tantôt ces carpelles doubles sont égaux en longueur et la direction de l’ensemble est droite ; tantôt un “pe lle est moins avancé et moins long que l'autre et alors la courbure naturelle du plus grand se maintient et force le plus petit à Suivre une incurvation contraire à ses tendances. : J'ai dû chercher s’il n'existait pas d'exemples sembla- bles dans les annales de la science et J'ai trouvé ce fait téra- tologique déjà figuré, il y a plus d’un siècle (1). Moquin- Tandon a constaté aussi, dans une même fieur de la même espèce, l’existence de deux ovelles, mais il ne donne sur eux aucun détail (2). Dans les faits recueillis par M. Vaul- trin et par moi, 1l est à noter que la soudure des deux pistils se fait par leur bord placentarien, de telle sorte que si, au lieu de deux carpelles, il y en avait cinq, le fruit de cette plante constituerait une capsule à cinq loges et à placentation axile. On sait, du reste, que Aug. St-Hilaire a découvert au Brésil une légumineuse, l’A/ffonsea juglan- difoha, pourvue normalement de cinq carpelles libres (3). Ces faits confirmen: done, come on voit, une théorie qui ne repose pas sur une simple vue de l'esprit. (1) Duhamel, Physique des arbres, Paris, 1758, in-4°, tab. XILI, fig. 818 et 219. (2) Moquin-Tandon, Eléments de tératologie végétale, Paris, 1841, in-80, p. 344. (3) Aug. St-Hilaire, Voyage dans le district des diamants et sur le littoral du Brésil, Paris, 1833, in-8e, T. 1, p. 386. TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 147 EV. DESCRIPTION D'UNE MONSTRUOSITÉ OBSERVÉE SUR LA FLEUR DE PLUSIEURS POTENTILLES. En 1857, j'ai recueilli dans la plaine de Tomblaine, près de Nancy, une anomalie assez remarquable de la fleur et surtout du pistil du Potentilla argentea L. Le calicule et le calice sont un peu plus développés que de coutume, mais conservent leur forme normale. Les pétales ont gardé leur couleur jaune; le limbe est orbiculaire et l’onglet est aussi long que lui, étroit et canaliculé supérieurement. Les étamines différent peu des organes mâles bien confor- més. Les pistils sont trés-nombreux, forment une masse ovoïde et serrée qui dépasse de plus du double le calice et les pétales. Le réceptacle est parfaitement glabre au lieu d’être velu et atteint un centimêtre de hauteur dans les fleurs les plus développées ; il est brièvement nu à la base. Les pistils sont longuement stipités; l’ovaire, au lieu d’être glabre, porte le vestimentum blanc-argenté des feuilles ; le style est plus long que de coutume. Quelques ovaires sont fen- dus en long et, dans l'ouverture béante, on observe chez quelques-uns un ovule bien distinct. I y a ici évidemment un commencement de transformation des pistils en feuilles. Il eût été intéressant de suivre le développement de cette anomalie; mais la plante a été recueillie trop tôt. Toute- fois, le second fait que j'ai à produire, y supplée et vient indiquer ce qui se serait produit, puisqu'on y rencontre tous les degrés de la transformation dont il s’agit. La Potentille sur laquelle ce nouveau fait a été observé est.un hybride cultivé par M. Rendatler. 1] a pour parents 118 MÉLANGES DE certainement le Potentilla atrosançquinea Don, fécondé par le pollen d’une espèce à grandes fleurs jaunes qui vraisem- blablement est le Potentilla recta L. Cet hybride, à l'état normal, a les divisions du calicule et du calice blanches, argentées en dehors. Les pétales, souvent augmentées en nombre par la transformation des étamines, sont d’un rouge-sanguin à la face supérieure, et d’un jaune plus ou moins rougeàtre à l’extérieur. Les feuilles sont blanches- argentées en dessous, un peu moins cependant que dans le Potentilla atrosanguinea Don; leurs stipules sont pro- fon‘lément dentées à leurs bords supérieurs et externes el non entières ; les feuilles radicales sont à 5 et quelquefois 4 foholes. La monstruosité, observée sur cet hybride, s’est montrée à tous les degrés de développement sur les divers échan- tillons soumis à l'étude. Sur la monstruosité à son premier degré, J'ai constaté les faits suivants : Le calicule et le calice sont à l’état nor- mal. Les pétales sont entièrement verts, élégamment et for- tement nerviés, velus-argentés en dehors, ou bien ils sont d'un jaune-verdâtre et plus ou moins nuancés de rougeà- tre et simplement velus en dehors; leur limbe est orbicu- laire et leur onglet, aussi long que le limbe, est étroit, cana- liculé en dessus à la manière d’un pétiole et présente, quelquefois près de sa base et de chaque côté des bords, une petite dent, trace évidente d’une stipule. Les étamines, au nombre d’une vingtaine, ont les anthéres régulières pour la forme, jaune-verdètres et sans pollen. L’axe floral se prolonge plus ou moins au centre de la fleur et peut atteindre jusqu’à cinq centimètres ; il est velu, nu dans sa moitié ou ses deux cinquièmes inférieurs et porte dans le reste de son étendue des pistils finement stipités, blancs- argentés, couronnés par un style et un stigmate, rangés TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 119 * symétriquement et montrant nettement la direction des fi- bres secondaires et formant par leur réunion une grappe simple, globuleuse, ovoïde ou oblongue, suivant qu’elle est plus ou moins dense. Les carpelles sont parfaitement clos, si ce n’est quelques-uns qui sont ouverts à leur bord supérieur et montrent quelquefois un ovule suspendu à son funicule. Dans le troisième degré de développement, les méta- morphoses deviennent plus complétes. Le calicule et le ca- lice ont conservé leur état normal. Les pétales sont verts, à limbe orbiculaire, muni d’une où plus rarement de deux dents latérales, à onglet plus long que le limbe, canaliculé et muni à sa base de deux petites stipules membraneuses, libres seulement à leur partie supérieure. Une vingtaine d’étamines verdâtres et sans pollen. L’axe floral s’allonge au centre, est un peu plus épais que le pédoncule, il est nu dans son tiers ou dans ses deux tiers inférieurs et porte une masse globuleuse, ovoide ou oblongue, d’expansions foliacées, vertes en dessus et d’un blanc argenté en des- sous, assez longuement pétiolées (4), à limbe ovale aigu, muni de quatre dents latérales et d’un lobe terminal portant au sommet un apiculum qui rappelle le style. Ces expan- sions sont d'autant plus grandes qu'elles sont plus infé- rieures. Ces deux espèces de Potentilles offrent donc un exemple de chloranthie plus ou moins complète. L dl) Ce que je nomme iei pétiole de ces petites feuilles, à par son aspect filiforme conservé plutôt le caractère d’un pédicule. 120 MÉLANGES DE Y. OBSERVATIONS SUR LES FLEURS DOUBLES DES PETUNIA. On sait, depuis longtemps, que c'est par des métamor- phoses rétrogrades plus ou moins complètes et par multi- plication anormale des pétales que se forment les fleurs doubles (A). Mais ces modifications offrent quelquefois des faits spéciaux intéressants; c’est ce que montrent préci- sément les fleurs doubles des Petunia et c’est là ce qui m'engage à décrire ce que leur examen m'a permis de constater. Dans la fleur simple des plantes de ce genre, les filets des étamines sont, dans leur tiers inférieur, adhérents au tube de la corolle, mais restent distincts et font saillie en dedans de ce tube, comme s'ils y étaient simplement collés par leur face externe. Ces organes sont cylindriques dans leur partie libre, mais la partie adhérente au tube corollin s’élargit un tant soit peu et sa face interne est parcourue par un sillon longitudinal. Lorsque les fleurs des Petunia commencent à doubler, c'est, comme d'habitude, par les étamines que commen- cent les modifications. Leurs filets s’élargissent dans leur partie adhérente et, dans cette étendue, se confondent, le plus souvent, les uns avec les autres de façon à former un tout continu, un véritable tube staminal qui double ainsi la partie inférieure du tube corollin en faisant corps avec lui. Au sommet de ce tube staminal on voit se développer à la base de la partie libre des filets des étamines, soit dans (1) In’est pas question ici des fleurs des Corymbifères, dont toutes les corolles sont anormalement toutes ligulées, et qu'on nomme aussi fleurs doubles, mais qui ne méritent pas cette dé- nomination. TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 121 l'intervalle qui les sépare, soit à leur face externe, des pé- tales libres, de forme plus ou moins irrégulière, ordinaire- ment ondulés ou repliés ; on y observe aussi assez souvent un ou plusieurs pétales infundibuliformes, à tube allongé et effilé, à limbe entier et oblique et la coloration des faces est l'opposé de ce qu’elle est dans la corolle normale, c’est- à-dire qu’elle est plus pâle en dedans et plus brillante en dehors. Ces pétales, ayant pour origine le tube staminal, peuvent devenir trés-nombreux et former à eux seuls des. fleurs très-doubles. Les étamines peuvent aussi se multi- plier, se former en nombre double et même triple de celui de l’état normal. Or celles-ci ont une tendance plus ou moins marquée à se métamorphoser, à des degrés plus ou moins marqués, en expansions pétaloïdes ; mais il en reste presque toujours un certain nombre qui se conservent à l’état normal, au moins en ce qui concerne leurs anthères qui renferment un pollen fécond. C'est ce pollen que nos horticulteurs utilisent pour féconder les fleurs simples des Petunia et préparer ainsi, pour l’année suivante, une abon- dante moisson de Petunia à fleurs doubles et de couleurs variées. Ce ne sont pas là tous les résultats de la transformation de la fleur. Le pisül et les organes qu’il renferme sont plus ou moins profondément modifiés. Et d'abord le pistil varie dans le nombre des feuilles carpellaires qui le constituent. I. Tantôt 1! est formé de deux feuilles carpellaires, nombre normal dans les Solanées, ce qu’on constate faci- lement par les deux sillons opposés qu’on observe distinc- tement sur l'ovaire et qui constituent les traces de leurs soudures. Les styles sont au nombre de deux; ils sont rapprochés, mais distincts, inégaux, terminés par un stig- mate plus ou moins déformé, vert sur sa partie glanduleuse 122 MÉLANGES DE et violacé sur son pourtour L'ovaire est porté sur un po- docarpe-court et épais ; il est souvent bien plus gros que d'habitude, ovoïde-oblong (et non ovoïde-conique), et ses parois sont amincies. Si l’on pénêtre dans son intérieur, on est fort étonné d’y rencontrer, au lieu d’ovules, des anthères très-reconnaissables, nombreuses, d'autant plus développées qu’elles sont plus extérieures ; elles sont por- _tées sur des filets qui s’insérent sur la masse placentai- rienne et occupent ainsi la position des ovules qu’elles remplacent. Ces anthères incarcérées dans la cavité de l'ovaire se présentent sous trois formes: 4° la forme nor- male, c’est-à-dire à loges de l’anthère accolées par le dos dans toute leur longueur et munies chacune de son sillon latéral : elle est la plus fréquente ; 2° une forme à loges de l’anthère divariquées à la base, comme celles de certaines Labiées; 3° une forme à loges de l’anthère accolées par le côté au lieu de l'être par le dos et présentant en minia- ture l'aspect d’une graine de Tropæolum majus. Sur d’autres fleurs la transformation de ce pistil bicar- pellaire est plus avancée. L'ovaire est ouvert et montre au sommet deux stigmates sessiles, inégaux, plus ou moins déformés, mais reconnaissables ; les parois de l’ovaire deviennent de plus en plus minces, prennent même une teinte plus ou moins pétaloïde et montrent au bord de leur ouverture quelques anthères sessiles ou subsessiles. Dans un état encore plus prononcé de la métamorphose, l'ovaire est raccourci, très-ouvert, et son ouverture est bordée d’étamines bien conformées, et même fertiles, ordi- nairement au nombre de 40 ou de 15 à une unité prés, for- mant ainsi un second tube staminal; mais une portion d’entre ces étamines, et il en est de même de celles qui procédent de la masse placentairienne, se transforment en partie ou en totalité en pétales très-irréguliers, qui peuvent TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 193" se multiplier encore par dédoublement, de manière à for- mer une fleur très-double et qui acquiert des dimensions assez considérables. Le calice s’est alors considérablement accru et ses divisions sont devenues largement ovales ou oblongues; la corolle suit le calice dans son développement et la fleur atteint, sur certains pieds, un décimètre de diamètre. I. Le pistil compte quelquelois plus de deux feuilles carpellaires et la forme de l'ovaire varie avec ce nombre ; il est obtusément trigone, tétragone ou pentagone suivant qu'il en compte trois, quatre ou cinq. Ces ovaires, lors- aw’ils sont ouverts, portent au sommet autant de styles et destigmates plus ou moins irréguliers qu’ilentre de feuilles carpellaires dans la composition de l'ovaire. Si, au con- traire, les ovaires sont fermés au sommet, il n’y a qu'un‘ style et le stigmate est à 3, à 4 ou à 5 lobes. Lorsque l'ovaire est ouvert et que les styles sont distincts, il arrive quelque- Le que la partie supérieure de chaque style se transforme n anthère et que le stigmate semble devenir un appendice du connectif. Dans tous ces cas Fovaire renferme Invaria- blement des élamines plus ou moins rudimentaires. Enfin, dans les fleurs très-doubles, où Povare et les ovules sont complétement métamorphosés en étamines et en pétales, on trouve assez souvent, sur le prolongement de l'axe floral, un second ovaire, petit, stipité, fermé, à stigmate lobé et qui renferme aussi des anthères rudimentaires. Ce faittératologique est três-remarquab'e par la tendance des organe femelles à produire en abondance des étamines et toutes les transitions entre ces organes mâles et les pétales. Mais la transformation des ovules en étamines constitue un phénomène bien plus inattendu, puisqu'il semble indiquer que les ovules appartiennent au système appendiculure et non au système axile. 124 MÉLANGES DE VI. DE LA DISSOCIATION DES ÉLÉMENTS CABPIQUES DANS UN SAPONARIA OFFICINALIS L. A FLEURS DOUBLES. On sait parfaitement aujourd’hui que dans la famille des Silénées, les placentas ne sont centraux qu’en apparence et qu’en réalité ils sont axiles. Il est constant, en effet, que, dans l’ovaire très-jeune, il existe des cloisons qui dispa- raissent par compression à la suite du développement des ovules et des graines. Cependant ces cloisons ne dispa- raissent pas toujours complètement ; lorsqu’à la base de la colonne centrale il ne naît pas d’ovules, les cloisons persistent en ce point et on l’observe d’une manière évi- dente dans les Viscaria et dans les Vaccaria, ainsi que dans les Silene de la section Behenantha. Dans les Silene . longiflora Ehrh. et swertiæfolia Boiss. dont la capsule est longue et étroite, les cloisons persistent jusqu’à une grande hauteur et les semences sont, dans chaque loge, empilées sur deux rangs. Tous ces faits suffisent grandement pour indiquer la signification véritable des placentas dans la famille des Silénées. Mais on ne peut trop accumuler les faits sur la constitution de l'ovaire dans les plantes de cette famille naturelle. Une variété à fleurs doubles du Saponaria officinalis L. vient nous montrer la dissociation à différents degrés des éléments carpiques qui forment son pistil. Tantôt cet organe est à l’état normal et porte trois styles; tantôt il est anormai et présente les variations suivantes : 4° Trois carpelles distincés dans toute leur longueur; surmontés chacun d’un styie et pourvus d’ovules sur deux rangs à leur angle interne; 2° Un seul carpelle isolé, muni d’un style; les deux autres carpelles soudés par les faces latérales correspon- dantes, mais ayant chacun leur style Hbre ; TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 195 3° Trois carpelles entiers, séparés au sommet, réunis à la base ; 4° Deux pistils libres, chacune à 3 carpelles isolés seu- lement au sommet et à styles inégaux ; 5° Quatre, cinq ou six carpelles réunis par leur angle interne et séparés les uns des autres par des sillons. On trouve quelquefois, à l’aisselle d’un ou deux pétales, deux ou trois petites fleurs formées de pétales inégaux et décolorés, de quelques étamines et de deux ou trois petits carpelles libres ou plus ou moins soudés. VET. SUR DES FEUILLES A NERVURE MÉDIANE BIFURQUÉE ACCIDENTELLEMENT. A ( Pyr. De Candolle considère la Et accidentelle de la nervure médiane des feuilles, comme résultant de la sou- dure de deux feuilles par leurs A ès-rapprochés à l’époque de leur premier dév RE Il en citeeten figure deux exemples fournis, l’un par une feuille du Jushciaoxyphylla D.C. et l'autre par une feuille du Laurus nobilis L. (1). Avant De Candolle, Bonnet avait observé un fait semblable sur une feuille du Punica Granatum L. @), Schlotterbecc dans celle du Zilac vulgare L. (3) et Stein- heil dans des feuilles du Hedera Helix L., du Plantago major L., du Geranium nodosum L. (4). (1) Pyr. de Candolle, Organographie végétale, Paris, 1827, in-8, T. 1, p. 341 et T. IL, pl. 17, üg. 8 et pl. 48, fig. 2. (2) Bonnet, Œuvres d'histoire naturelle et de philosophie, Neufchâtel, 1779, in-40, T. If, p. 432, tab. 31, fig. 2. (2) Schotterbecc, in Acta helvetica, in-49, T. IE, pl. 1, fig. 9. (4) Steinheil, dans Moquin-Fandon, Eléments de Tératologie végéiale, Paris, 1841, in-8o, p. 294. 126 MÉLANGES DE Mais y a-t-il eu, dans ces exemples, réellement soudure? cela me paraît fort douteux et j'y vois de préférence un simple partage en deux parties de la nervure médiane, ce qui entraine la division de la feuille en deux lobes termi- naux et plus ou moins profonds. Ces faits sont d'autant plus remarquables qu'ils se montrent normalementsur une plante à feuilles opposées, l'Urtica biloba Hort., ce qui ne milite pas en faveur d’une soudure. Aux exemples déjà connus, je puis en ajouter d’autres que j'ai moi-même observés. Telle est une feuille de Glo- æina speciosa Lodd., dont ia nérvure médiane se bifurque * au tiers inférieur du limbe; celui-ci offre au sommet deux lobes assez saillants et divergents. Deux feuilles opposées de Viburnum Opulus L. présen- tentégalement les mêmes faits, tandis que les autres feuilles du rameau n’en offrent pas la moindre trace. Y aurait-il une parenté originelle plus grande entre les feuilles qui appar- tiennent à un même nœud, qu'entre celles qui naissent de nœuds difrérents ? Nous possédons aussi deux feuilles du Rosa alba L. dont la foliole terminale a sa nervure médiane bifurquée, et toutefois, bien que cette bifurcation se soit produite au tiers ou à la moitié de la foliole, le sommet n’est pas posi- tivement lobé, mais plutôt tronqué. Une feuille de vigne, dont les deux moitiés sont parfai- tement symétriques, a deux nervures médianes, ou plutôt la nervure médiane unique se divise bien peu au-dessus de la limite qui sépare le limbe du pétiole; le lobe médian de cette feuille est bilobé au sommet, mais peu profondé- ment. Je trouve aussi la même disposition de la nervure médiane sur une autre feuille de la même plante. Mais cette feuille anormale est soudée par toute la longueur de son TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. 197 pétiole, au pétiole d’une autre feuille, de telle façon que les deux limbes sont appliqués l’un contre l’autre par leurs faces correspondantes et, dans le cas présent, c’est par les faces organiquement supérieures. Mais, en outre, ces deux limbes sont unis l’un à l’autre par la soudure de leurs nervures médianes jusqu'à la première ramification de celles-cr. Ce n’est pas la première fois qu’un fait tératologique semblable a été observé. Il en est, à ma connaissance, deux autres exemples consignés dans les annales de la science. M. His (1) a observé deux feuilles d'oranger dont les limbes étaient ainsi greffés par la partie inférieure des nervures médianes et se regardaient aussi par leurs faces supérieures. Bonnet (2) a vu, au contraire, deux feuilles de Laitue soudées par leurs nervures médianes de manière à se regarder par leurs deux faces de dessous, comme il l'explique lui-mème. Il est à remarquer que, dans les deux cas, l'union a lieu par des parties homologues. (1) His, dans Moquin-Tandon, Eléments de Tératologie végétale, Paris, 1841, in-8v, p. 250. (2) Bonnet, 1. c., p. 309. SUR LE MOUVEMENT DES ETAMINES DANS LE PARNASSIA PALUSTRIS PAR M. Arthur GRIS, Docteur ès-Sciences, Aide-Naturaliste au Museum de Paris, Membre correspondant de la Société. ee La Parnassie des marais, qui embellit vers la fin de l'été nos prés humides et les marais de nos montagnes, est une petite plante remarquable par son élégance, par les particularités d'organisation et de développement que pré- sente sa fleur et surtout par le mouvement de ses étamines qui, depuis longtemps, a fixé attention des botanistes. Me trouvant, pendant le mois de septembre de l’année 1868, dans le canton de Vaud, à proximité d’un lieu où croissaient des Parnassies, je profitai de l’occasion qui m'était offerte de me rendre compte du mouvement de l'androcée. Ce que j'avais lu à ce sujet dans nos auteurs Français m'était alors seulement connu. Je fus surpris de constater expérimentalement qu’ils n’avaient eu qu’une idée incom- plète et erronée des phénomènes. De retour à Paris, je pris connaissance des publications de Linné, de Humboldt, de Sprengel, deM. Widler sur la physiologie de la Parnassie. J'hésitai dès lors à utiliser mes notes. Mais bientôt, consi- DANS LE PARNASSIA PALUSTRIS. 129 dérant que le phénomène dont l’androcée est le siège était encore l’objet d'opinions contradictoires, que, sur ce point, des assertions erronées étaient généralement répandues dans nos ouvrages classiques comme aussi dans des mémoires récents, que les phases successives du phéno- mène n'avaient pas été suivies à des intervalles assez rap- prochés et qu’enfin la structure des étamines elles-mêmes avait été presque entièrement négligée, je crus utile de soumettre àl’Académiedes Sciences unrésumé très-succinct de mes observations (1). Je me propose de présenter ici un exposé plus complet de ces mêmes observations. Quel est le mode d'évolution des étamines ? Cette évolution a-t-elle pour cause et pour fin la fécondation de l'ovaire dans la fleur où elle s'exécute ? Dans quel ordre se fait-elle ? Quelle en est la durée ? Telles sont les questions que je vais successivement examiner. I QUEL EST LE MODE D'ÉVOLUTION DES ÉTAMINES ? Lorsqu'on consulte les auteurs qui, depuis le temps de Linné jusqu'à nos jours, ont parlé des mouvements de l’androcée soit en observateurs soit en compilateurs, on voit que ces mouvements ont été diversement interprétés. On lit dans le Sponsalia plantarum de Linné (2) : « Parnassiæ 5 Ssunt stamina curta, quorum unum quamprimum elongatum est filamentum antherà ipsum libat stigma ; expleto sic munere pulvereque amisso mox ab uxore discedit, ut quod antea incurvum erat nunc gerat (1) Comptes-rendus 1868 (T. LXVII, p. 913). (2) Sponsalia plantarum, 1746, p. 46. 130 MOUVEMENT DES ÉTAMINES formam recurvam et ad altitudinem fere corollæ excrescit filamentum ; accedit deinde pari methodo et modo stamen ordine secundum; tum tertium, quartum et quintum, ut debita sic jura persolvant mariti omnes. » Conrad Sprengel (1) annonce que le filament de chaque étamine s’allonge jusqu'à ce que l’anthère vienne se cou- cher sur le stigmate, puis s'éloigne du pistil et finalement s'étale horizontalement sur la corolle, De Candolle (2) dit également que les étamines, préala- blement appliquées sur le pistil, s’en éloignent ensuite. D'aprés Humboldt (3), le phénomène serait plus com plexe. Selon lui, les étamines se dirigeraient vers l'ovaire, s’en approcheraient rapidement et d’un seul coup, puis s’en éloigneraient en trois temps. Vaucher (4) paraît reconnaitre l'existence de ce double mouvement, car il dit que les filets, d'abord courts, s’allon- gent brusquement, viénnent placer les anthères au sommet de l'ovaire et, qu'après l’émission du pollen, ils repren- nent leur position primitive. « Chaque filet, » dit Auguste de St-Hilaire, dans son élé- gant traité de morphologie végétale « s'incline à son tour « vers le pistil, l’anthère s'ouvre et le filet reprend sa po- « sition première. » (5) Cette dernière manière de voir a été admise par M. Kabsch (6) : « il faut citer ici, dit-il, le mouvement de (1) Das entdeckte Geheimniss der Natur in Bau und in der Befruchtung der Blumen. 1793. (2) Encyclopédie méthodique et Flore Française. (3) Annalen der Botanik von Paulus Usteri. Band 1, St. 3, p. 7. (4) Histoire physiologique des plantes d'Europe. (5) Morphologie végétale, p. 441. (6) Anatomische und physiologische Untersuchungen über einige Bewegungserscheinungen (Bot. Zeit. 1861). DANS LE PARNASSIA PALUSTRIS. 131 plusieurs étamines vers le pistil dans le but de l'émission du pollen et leur retour dans leur position primitive. » Dans une thèse d’agrégation soutenue en 1863 (1), M. E. Fournier admet également le double mouvement des étamines, et enfin M. Bennett (2) se rallie à l'opinion de Vaucher, qu'il cite textuellement. Nous croyons inutile de signaler ici les auteurs d’ou- vrages généraux (traités de Botanique, dictionnaires d’his- toire naturelle, Flores) qui n’ont fait que reproduire, sans contrôle, l’une ou l’autre des deux interprétations qui viennent d’être mentionnées. En résumé, suivant les uns (Sprengel, De Candolle), les étamines appliquées sur l’o- vaire s’allongent de manière à amener leur anthère sur le sommet de cet organe, puis se déjettent sur les pétales; suivant les autres (Humboldt, Vaucher, A. de St-Hilaire, . Kabsch, etc.), il y aurait dans les pièces de l’androcée un double mouvement de transport, l’un vers le pistil, l’autre en sens inverse de ce pistil. Nous nous sommes assuré, comme on va le voir, que la première de ces deux interprétations du phénomène offert par l’androcée est la seule vraie, et c’est cependant la seconde qui a été et qui est encore généralement adoptée par les auteurs. Dans le bouton, les cinq étamines que la fleur renferme sont appliquées par leur filet et leur anthère sur la surface ovarienne, et se montrent inégales à cause de la différence de leur âge. Elles arrivent, une à une et successivement, au temps de leur épanouissement. Elles grandissent sans s’écarter sensiblement de l'ovaire ; par l'allongement du filet, l’anthère vient bientôt reposer sur le sommet du (1) De la fécondation dans les phanérogames, p. 58 (1863). (2) Journal of the Linnean Society. Avril 1869. 132 MOUVEMENT DES ÉTAMINES gynécée; elle peut s'ouvrir en ce point, mais, le plus souvent, elle s'élêve encore un peu au-dessus avant de s'épanouir. Avant d'aller plus loin, arrêtons-nous un moment sur la structure de l’étamineetsur le sens suivant lequel se fait la déhiscence de l’anthère. Les étamines présentent en effet une particularité de structure qui n’est point signalée par les auteurs que j'ai consultés. D'ailleurs les uns décrivent les anthères comme introrses (Asa Gray), les autres comme extrorses (Endli- cher, Bennett); il en est qui n'indiquent point le sens de la déhiscence (Bentham et Hooker). M. Payer, dans son traité d’organogénie, a donné une figure inexacte de Ja structure de l’étamine. L'anthère jeune n’est pas basifixe, comme il l’a représentée; elle n’est pas non plus dorsifixe. Le filet qui la supporte s'attache un peu au-dessus de la base d’un connectif échancré, sur la face interne de ce connectif, celle qui regarde l'ovaire et lui est contiguë. Il est singulier que cette particularité de structure n'ait pas été signalée. Elle se retrouve dans les genres Lilium et Colchicum. Quant au sens suivant lequel se fait la déhiscence, 1] suffi- sait de suivre les étamines dans leur évolution pour expli- quer les divergences des auteurs. Dans de très-jeunes bou- tons, les lignes de déhiscence des anthères regardent le pistil et ne sont pas visibles en dehors. Lorsque la corolle s’entrouvre, les lignes de déhiscence sont placées exacte- ment à droite et à gauche de l’anthère. Enfin, au moment où les bords contigus de chaque loge s’écartent, les lignes de déhiscence sont tout-à-fait extérieures. Ainsi, suivant le degré de développement de l’anthère, la position des lignes de déhiscence change successivement, et d’intérieure devient extérieure. C’est en considérant les DANS LE PARNASSIA PALUSTRIS. 133 étamines dans les premières périodes de leur développe- ment que M. Payer a pu dire que les anthéres de la Par- nassie sont introrses et il n’a pas remarqué le mode d’in- sertion du filet sur le connectif; c'est en considérant ces mêmes organes au moment de leur épanouissement qu'on a pu les dire extrorses. Le fait de la direction définitive des lignes de déhiscence nous servira bientôt à résoudre la seconde question que nous nous sommes posée. Mais revenons à l’évolution de l'étamine. Après la déhiscence de l’anthère, le filet s'écarte, dans sa région inférieure et suivant un angle très-aigu,de la surface ovarienne ; 1l se coude ensuite un peu au-dessous du milieu de sa longueur et, à partir de ce point, 1l décrit un arc dont l'amplitude va toujours croissant. Le sommet du filet, à partir de ce coude, est donc successivement oblique par rapport à la surface de l'ovaire, perpendiculaire à cette surface et, finalement, sa pointe est dirigée en bas. Tel estle mode d'évolution que j'ai constamment observé sur des pieds de Parnassie mis depuis peu de temps en pot et cultivés dans les meilleures conditions possibles, et que l'on peut constater sur des pieds croissant dans leur station naturelle. Néanmoins j'ai remarqué chez ces derniers, par- ticulièrement après la floraison (soit avant la déhiscence du fruit, soit lors de cette déhiscence), que lés filets stami- naux offraient souvent une position un peu différente de celle qui paraît marquer la phase ultime de leur évolution. Ils sont à la vérité toujours divergents, mais leur pointe regarde obliquement en haut en sorte qu’ils paraissent as- cendants et non plus réclinés. Cette position spéciale peut d’ailleurs appartenir aux cinq étamines d’une même fleur ou n'intéresser qu'une partie de ces étamines. Diverses circonstances ne m'ont pas permis de m'éclairer sur son origine. 13% MOUVEMENT DES ÉTAMINES D'après ce qui précède, on voit que les étamines n'of- frent point un mouvement vers le pistil comme plusieurs auteurs l'ont dit et le disent encore, et il est difficile de comprendre comment Humboldt a pu signaler l'existence de ce mouvement et insister sur sa rapidité. Appliquées sur l'ovaire, les étamines demeurent en un contact plus ou moins intime avec lui jusqu'au moment de leur déhiscence; elles n’offrent pendant cette période aucun indice dirritabilité et ne font que s’allonger peu à peu. L'androcée n’a d'autre mouvement que celui par lequel il s'écarte du gynécée. (1) II L'ÉVOLUTION DES ÉTAMINES A-T-ELLE POUR CAUSE ET POUR FIN LA FÉCONDATION DE LA FLEUR DANS LAQUELLE ELLE S'EXÉ- CUTE ? Linné répondit aflirmativement à cette question dans la charmante dissertation dont nous avons textuellement cité le passage qui concerne la Parnassie. « Quamprimum elongatum estfilamentum anthera ipsum libat stigma.» (2) Humboldt (3) affirme aussi que les étamines viennent verser leur pollen sur le stigmate. De Candolle, Poiret (4), (1) « L’allongement successif des filets, dit M. Bennett (loc. cit.), a été observé il y a longtemps par sir Ed. Smith. L’accrois- sement qui est de trois à quatre fois la longueur primitive doit se faire très-vite; l'adhésion avec l'ovaire, pendant ce temps, est si forte qu'on ne peut recourber ces filets sans les casser. » (2) Loc. cit. (3) Loc. cit. (4) Lecons de Flore. T. 1, p. 192. — Histoire des plantes de l’Europe. T. VI, p. 196. DANS LE PARNASSIA PALUSTRIS. 135 Aug. de St-Hilaire, Le Maout (1) et de nombreux compila- teurs ont reproduit la même manière de voir. Cependant, dés l’année 1793, Sprengel avait déclaré que l'anthère ne s’ouvre pas en dedans, sur le sommet même du pistil, mais en dehors; que le stigmate ne s’épanouit pas, mais demeure clos pendant toute la durée de la déhis- cence successive des anthères et ne commence à étaler ses parties constituantes qu'après que toutes les étamines se sont écartées du pistil avec leurs anthères vides de pollen. Il avait conclu de là que la fécondation directe du pistil par les étamines est impossible et que l'intervention des in- sectes est ici nécessaire. Vaucher signale aussi les deux faits avancés par Sprengel; 1l annonce que le.pollen ne peut pas tomber sur le stigmate, mais qu’il tombe sur les nectaires et que « l’émanation de ces glandes peut seule fertiliser le stigmate. » (2) Nous avons constaté l'exactitude des propositions avan- cées pour la premiére fois par Sprengel. À l’époque de leur maturité, les anthères offrent, comme nous l'avons dit plus haut, leurs lignes de déhiscence en dehors; la masse dorée des grains de pollen ne regarde donc pas le sommet du pistil au moment où elle est mise à nu, mais se présente précisément en sens inverse. D'ailleurs le filet s’écartant bientôt de plus en plus du pistil, la difficulté de la chûte . des grains de pollen sur le sommet du gynécée ne fait que s’accroître encore. Ce n’est donc qu'accidentellement et par l'effet du hazard que des grains pourraient tomber en ce point. (1) Botanique (édit. Curmer). 1852. p. 323. (2) Pour M. Bennett, la fonction des nectaires n’est pas de favo- riser le retour du pollen au stigmate d'une même fleur, mais de fournir aux insectes les moyens de le porter sur d’autres fleurs dans lesquelles les stigmates sont déjà épanouis. 136 MOUVEMENT DES ÉTAMINES I est du reste très-aisé de voir, comme Sprengel l'a annoncé le premier, comme Vaucher l’a déclaré ensuite, comme M. Widler (1) et M. Bennett l'ont fait remarquer de nouveau, que le stigmate ne se développe pas tant que dure l'évolution des étamines. D’après nos propres obser- vations, c’est seulement quand Ja cinquième étamine est devenue divergente que les lobes stigmatiques commen- cent à s'épanouir. Avant cette époque le sommet atténué de l'ovaire se termine par trois ou quatre petits lobes arrondis et peu apparents. Après que les étamines divergentes ont non seulement perdu le pollen dont leurs anthères étaient gorgées, mais que ces anthères elles-mêmes sont le plus souvent tombées dans la coupe formée par la corolle, on trouve le stigmate épanoui. Ses lobes sont triangulaires et un peu obtus au sommet, convexes en dessus, à bords réfléchis en dessous, papilleux, blancs, obliquement dres- sés, et un peu Inégaux. Ainsi les feuilles carpellaires n'achèvent leur dévelop- pement qu'après que les étamines ont parcouru les phases successives de leur évolution et ont perdu leur pouvoir fécondateur. — D'après ces considérations nous sommes naturellement conduit à rejeter l'opinion qui établit une relation directe entre le mouvement des étamines et la fécondationde l’ovaire, et à nous rallier à celle queSprengel a émise le premier 1l y a plus de soixante ans et qui avait été oubliée ou repoussée par presque tous les botanistes venus aprés lui. En résumé: l’évolution des étamines n'a pas pour cause etpour fin la fécondation de l'ovaire dans la fleur ou elle s'exécute. (1) Morphologische Beiträge (Flora, n° 44, 1844). DANS LE PARNASSIA PALUSTRIS. 137 III QUEL EST L'ORDRE D'ÉVOLUTION DES ÉTAMINES ? Vaucher a remarqué que les étamines qui se meuvent successivement ne sont pas contiguës, mais alternes entre elles. L'ordre suivant lequel chacune d'elles exécute son mouvement propre a été recherché par Humboldt(1).« La nature suit, dit-il, une loi déterminée. Quand on a numéroté les étamines en allant de droite à gauche, le n° 4 se mouvant d’abord, 5 vient ensuite, puis 2, puis #, finalement 3.» M. Widdler, qui répéta ces observations en 1844 (2), crut d’abord n’être point d'accord avec Humboldt; mais il revint sur sa première assertion en 4857 (3) et reconnut l'exactitude des conclusions de ce savant. M. Bennett dit que ses observations ne confirment pas celles de Vaucher, car il a souvent observé deux étamines contiguës se suivre l’une l’autre dans leur allongement. Quant à moi j'ai constaté l’ordre d'évolution des étamines en observant jour par jour un certain nombre de fleurs développées sur des pieds de Parnassie que je cultivais en pot. Sur six fleurs soumises à l'observation, quatre m’offri- rent le mode d'évolution indiqué par Humboldt, c’est-à- * dire que j'ai vu se mouvoir successivement les n° 4,5, 2, k, 3. Dans les deux autres fleurs j'ai vu se mouvoir succes- sivement les étamines 4, 2, 5, 3, 4. C’est le même mode d'évolution dirigé en sens inverse. (1) Aphorismen aus der chemischen Physiologie der Pflanzen. (2) Flora, n° 44 (1844). (3) Flora, n° 2 (1857). 138 MOUVEMENT DES ÉTAMINES IV QUELLE EST LA DURÉE DE L'ÉVOLUTION STAMINALE ? Conrad Sprengel est le seul auteur qui, à ma connais- sance, ait parlé dela durée de l’évolution staminale. Il se contente de dire que chaque étamine fleurit environ un Jour et que, conséquemment, l'épanouissement total de l’androcée s'effectue en cinq jours. J'ai fait à ce sujet un certain nombre d'observations suivies dont les résultats concordent entre eux, sauf quel- ques légères variations dont je ne rechercherai pas 1ei les causes déterminantes multiples. Ils confirment d’ailleurs le rapide énoncé de Sprengel. Je reproduis ici les notes de mon Journal relatives à deux fleurs soumises à un examen suivi, l’une prise sur un pied cultivé en pot (n° 1), l’autre sur un pied croissant dans sa station natale (n° I). Ne I. Une étamine a dressée, déhis- cente. Les 4 autres courtes, inégales, appliquées sur lo- aire. L'étamine a est devenue di- vergente. Une autre b est dres- sée, déhiscente. Les 3 autres courtes, inégales, appliquées sur l'ovaire. L'étamine b n’a pas sensi- blement changé de position. Le filet de l’une des trois éta— 3 h. du soir. Œ courtes, €, s’est allongé { ler Septembre.(6 h. du matin. | 8 h. du matin. de manière à élever l’anthère encore close un peu au-dessus du sommet du gynécée. 2étamines divergentes, a etb. L'étamines ç est dressée et déhiscente. Des deux étamines courtes appliquées sur l'ovaire l'une d est un peu plus longue que l’autre. 2 Septembre | 3 Septembre .8 h. du matin. 3 Septembre 4 Septembre 5 Septembre 6 Septembre 7 Septembre 8 Septembre 9 Septembre 10 Septembre 9 h. du te ES DANS LE PARNASSIA PALUSTRIS. 5 h. du soir. 10h. du 5 h. du 9 h. du No 6 h. du matin. 6 h. du matin. 8 h. du matin. matin. matin. malin. matin. 139 L'étamine c est encore dres- sée. Le filet de l’étamine d s’est allongé de manière à élever l'anthère encore close un peu au-dessus du sommet de l’o- vaire. 3 étamines divergentes @,- b, c. L’étamine d est dressée et déhiscente. La cinquième n’a pas encore atteint le sommet de l'ovaire. 4 étamines divergentes @, b, €, d. La cinquième dressée élevant un peu au-dessus de l'ovaire son anthère encore close. 5 étamines ts stig- mat commençant à s’épa- nouir. IT. 2 étamines divergentes; a, b gont les anthères ont déjà per- du beaucoup de pollen. Des trois autres l’une c élève son anthère encore close un peu au-dessus de l'ovaire. 3 étamines divergentes à, b, ; des deux étamines a et b one a perdu son anthère. Des deux autres l’une d élève son anthère encore close un peu au-dessus de l'ovaire. 4 étamines divergentes &, b, c, d. L'une sans anthère : deux sans pollen. La 5° étamine a son anthère épanouie reposant (sur le sommet du gynecée. Fast encore connivents. étamines divergentes ; 2 ne anthère. Stigmates épa- nouis. TROIS OBSERVATIONS D'INOCULATIONS ACCIDENTELLES DE LA VARIOLE HÉMORRHAGIQUE RECUEILLIES PAR M. Le Dr Ch. RENAULT. 18 observation.— Une personne de 20 ans vint, au mois de décembre dernier, me consulter pour un bouton qu'elle avait à la joue gauche. « Voilà plusieurs jours, me dit-elle, qu'il s’est développé; mon médecin prétend que c’est un furoncle, mais moi je ne suis pas convaincue, Je suis In- quiète et j'ai besoin d’être fixée sur la valeur de mon indis- position. » Cette jeune personne avait les attributs d’une bonne constitution ; interrogée sur ses antécédents, Je fus vite convaincu qu’elle était d’une bonne santé habituelle et j'ap- pris qu’elle venait de soigner nuit et Jour sa mêre qui était morte d’une variole hémorrhagique. Je lui demandai si sa mère l'avait souvent embrassée pendant sa maladie, elle me répondit què oui. Venant ensuite à l'examen direct de sa maladie, je trou- vai vers le milieu de la joue gauche une tumeur du volume VARIOLE HÉMORRHAGIQUE. 141 d’un petit furoncle, de couleur rouge violacé, portant à son sommet aplati une petite tache noire d'un millimètre carré environ, entourée d’un petit cercle de vésicules remplies d’une sérosité transparente. Tout autour de la tumeur la joue avait conservé sa coloration normale et était légère- ment ædématiée. La tumeur ne causait qu'une démangeai- son légère. Les ganglions sous-maxillaires n’étaient point engorgés, la malade n’avait point de fièvre et n'avait pas perdu l'appétit. L'idée d’une pustule maligne me vint immédiatement à l'esprit. Je crus devoir proposer à la malade une cautéri- sation énergique, elle s’y refusa avec obstination. Ne pouvant alors employer le bichlorure d’hydrargyre qui est conseillé comme caustique par les médecins de la Beauce contre la pustule maligne, je me bornaiï à prescrire à la malade l'usage d’une pommade au protochlorure d'hydrargyre. Le surlendemain je fus appelé près de la malade, son état s’était aggravé. Le pouls était à 90 pulsations, la lan- gue saburrale, l’haleine fétide ; la malade se plaignait de maux de tête, de douleurs de reins et d’un grand anéan- tissement ; 11 y avait constipation. Sur la joue la tumeur avait augmenté de volume, la plaque gangréneuse s'était accusée et tout autour, sur la joue, on voyait apparaître de petites pustules rouges ayant l'aspect de pustules de variole en voie de développement. L'œdème de la joue s'était étendu, mais les ganglions sous-maxillaires ne s'étaient point engorgés ; Je reconnus dès lors que j'avais affaire à une inoculation accidentelle de la variole hémorrhagique. Je ne parlai plus des caustiques, leur usage était selon moi devenu inutile. Les jours suivants, les symptômes généraux allèrent 142 INOCULATIONS ACCIDENTELLES en s’améliorant etsur la joue des pustules varioliques dis- crêtes au nombre de quinze ou vingt suivirent toutes les phases de leur évolution. Elles étaient disposées en cercle autour du point inoculé dans un rayon de 3 à 4 centimé- tres. — Enfin au bout de douze jours la malade fut guérie et les croûtes laissées par les pustules tombèrent sans lais- ser de cicatrices. Le traitement fut des plus simple, je me bornai à entre- tenir la liberté du ventre, à faire poudrer les pustules, qui étaient pleines d’une sérosité hyaline, avec un mélange d’amidon, de précipité blanc, et d'oxyde de zinc. — La ma- lade portait des traces de vraie vaccine. 2e observation. Le 4 janvier dernier, je fus appelé dans une famille qui venait de perdre deux de ses membres de la variole hémorrhagique. Le fils aîné âgé de 25 ans, qui leur avait donné des soins, venait de tomber malade à son tour. Quand je le vis, il était couché depuis deux jours. Il avait un mouvement fébril très-vif, de la céphalalgie, des douleurs de reins et de la constipation. Il portait à la face, sur la narine gauche, un gros bouton du volume d’une aveline. L’aile du nez était fortement tuméfiée, d’un rouge trés-intense et présentait déjà çà et là des élevures rouges. L'inflammation ne s’arrêtait pas à la narine, elle suivait sans doute le canal nasal, car on retrouvait, en allant vers l'œil, le sac lacrymal très-gonflé et rouge ainsi que les con- duits lacrymaux. Ce jeune homme ne fitaucune difficulté de nous dire que pendant la maladie de son frère et de sa sœur, il avait né- gligé de laver ses mains et qu’il les portait souvent à ses narines. Prévenu par un cas que nous venions d'observer et en présence de toutes les circonstances concomitantes, nous DE LA VARIOLE HÉMORRHAGIQUE. 4143 vimes que nous avions affaire à une inoculation varioli- que. En effet des pustules de variole discrète se développèrent les jours suivants et suivirent leur évolution complète ; le nez devint énorme, l’œdème s’étendit à la joue gauche et aux paupières correspondantes. Je comptai vingt-trois pustules sur l'aile du nez, sur le côté gauche de cet organe et sur la joue dans son voisinage. Comme dans le cas précédent, il ne vint aucune pustule sur le reste du corps et au bout de douze à treize jours la maladie était terminée par la guérison. Les pustules ont laissé quelques cicatrites qui sont encore apparentes. Ce jeune homme avait été vacciné. 3° observation. — Dans le courant de janvier dernier, je donnai des soins à un homme de 45 ans qui succomba à une variole hémorrhagique. Cet homme fut soigné avec le plus grand dévouement par sa femme. Malgré mes recom- mandations, cette dame embrassait fréquemment son mari malade. Le 14 janvier, cinq Jours à peu près après le décès de son mari, elle me fitappeler. Je la trouvai assise sur une chaise dans le plus grand accablement. Son premier mot fut ce- lui-ci: « je crois bien que j'ai gagné la variole! » Elle avait une fièvre vive, la langue saburrale, l’haleine fétide, des maux de tête, de reins et de la constipation. Elle portait au milieu de la joue gauche une tumeur du volume d’une grosse noix ; cette tumeur présentait à son sommet aplati une petite plaque noire gangréneuse très- apparente et sur sa périphérie on apercevait des papules en voie de développement ; sur la joue. autour de ce gros bouton, dans un rayon de 2 à 4 centimètres, on voyait éga- lement une éruption en voie d'évolution. Les jours suivants les papules devinrent des pustules de 144 INOCULATIONS ACCIDENTELLES variole discrète, puis se desséchèrent, les symptômes géné- raux s'améliorèrent graduellement et finalement la malade fut guérie vers le 43° jour, à partir du début de sa maladie. Cette dame, ägée de 38 ans, avait été vaccinée. Je viens de rapporter trois faits qui pour moi sont des cas d’inoculation accidentelle de la variole hémorrhagique; ces trois cas ont eu la terminaison la plus heureuse et je suis le premier à reconnaitre que ce n’est pas au traite- ment qu'il faut l’attribuer, mais bien à l’innocuité de la maladie elle-même. Il est impossible de rien conclure sur trois cas observés dans des conditions spéciales, et sur des individus vacci- nés. Il faudrait réunir un grand nombre d'observations pour se faire une opinion à ce sujet ; je prie donc instam- ment nos collègues de la section de médecine de vouloir bien nous communiquer les observations qu'ils ont pu faire sur ce sujet. \ ; DES ÉLECTRO-AIMANTS. 303 dernière équation, la valeur de b, c’est-àfdire le nombre des éléments en quantité composant chaque groupe, est AU TA donnée par là formule d — vi et le nombre des grou- pes qui sont alors disposés en ténsion, par la formule 4 =N/ —- P 8° Pour calculer la force d’une pile et son meilleur arrangement avec un électro-aimant donné, pour fournir une force donnée, on calèule d’abord la valeur de I à l'aide de la formule V P X 0,0000855 I = \/—